Î er : | ANNALES + LP 2. * re A Les ! rE ANNALES SCIENCES NATURELLES QUATRIÈME SÉRIE SE — BOTANIQUE es ne S Paris, — Imprimerie de L, MARTINET, rue Mignon, 2, Photaneentl. Dipastas nt, ANNALES ANS x» MILLES ASS cË, o NS PR COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE L'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉE DES DEUX RÈGNES ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES RÉDIGÉES POUR LA ZOOLOGIR PAR M. MILNE EDWARDS POUR LA BOTANIQUE PAR MM. AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE QUATRIÈME SÉRIE BOTANIQUE TOME XIII ——"s9—— | PARIS LIBRAIRIE VICTOR MASSON ET FILS PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE 1560 À | À wibaséer 11460 IN eTAwa HA M HAT _ 6.24 un.” aptes [ta sut LR oherst nr ta RAMONOME LA: die À a € % 4 sul \ he. A D #1 d OM Ce Ra “FUN h i | | e | - D OU TES mano "es UR 4 ( LA ' : h ; À Mo > IC ON OURE AIRS end à 5 ÿ f / an LE YA au n 1 on a ot Auot fe. | 42 RS) ET d : Ru TA HOSREN HOT IEIPELT :,58 "a: rs mr R US ne =: 2 _ N L rh-rormthn i ere Da à É(talye + rh Le sn PERL Lee | L \ ! . EU S'il a . \ ne “4 LR me. de : * æ de d ANNALES SCIENCES NATURELLES PARTIE BOTANIQUE DE QUELQUES SPHÉRIES FONGICOLES, À PROPOS D'UN MÉMOIRE DE M. ANTOINE DE BARY SUR LES NYCTALIS (1), Par MM. TULASNE (2). S'il est vrai, comme on paraît le reconnaître, que la mycologie soit aujourd’hui dans un état de transition, et que des parties très étendues de son domaine exigent impérieusement de nouvelles études, les observateurs qu’elle réclame devront non-seulement avoir à cœur de mettre à profit les faits récemment acquis à la (1) Voy. la Botan. Zeitung de Berlin des 18 et 25 novembre 1859 (t. XVII, p. 385 et suiv., pl. x, fig. 4-49). (2) La première partie de cette Note est empruntée des Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, dans lesquels elle a été publiée {t. L, p. 16-19), au commencement du mois de janvier dernier. L'analyse succincte qui en fut donnée aussitôt par le journal l’Institut (t. XXVIII, n° 1357, p. 1-2), a été depuis traduite dans la Botanische Zeitung de MM. de Mohl et de Schlechtendal (&. XVII, p. 448 ; n° 46, du 20 avril 4860). 6 TULASNE. science, de les vérifier et d’en accroître le nombre par des re- cherches scrupuleuses , mais encore user d’une telle prudence, que, tout en ne craignant pas de formuler au besoin les consé- quences légitimes que ces faits rénferment , ils aient néanmoins grand soin de ne jamais conclure prématurément, soit d’observa- tions encore imparfaites, soit de circonstances susceptibles d’inter- prétations diverses. Cette circonspection est devenue d’autant plus indispensable , que la voie nouvelle dans laquelle est entrée la science des Champignons expose l'observateur à de plus graves méprises. Chaque jour, en effet, confirme davantage notre thèse, à savoir l'existence habituelle, normale, de plusieurs sortes de spores (graines) et d'appareils reproducteurs dans la même espèce fongine (2) ; d’où il suit naturellement que l’histoire des Champi- gnons est infiniment plus complexe que nos maîtres ne la suppo- saient, et que les progrès récents faits dans deur étude nous ont surtout montré combien nous étions éloignés de les connaître réellement, C'est. dire qu'il arrive pour la mycologie ce que tour à tour constate chacune des sciences dont l’objet est la connaissance des œuvres de Dieu. On serait donc mal fondé, soit à regretter ces progrès parce qu’ils rendent dorénavant notre tâche plus pénible, soit à nier et à repousser sans examen des faits avérés, dans le but d’écarter des difficultés nouvelles et importunes ; car il n’est pas plus permis de fermer les yeux à la lumière d’une science saine- . ment acquise, que d’attenter à l’admirable économie qui gouverne toute créature vivante, en faconnant les êtres à l’étroite mesure de notre esprit. Ces réflexions, bien élevées peut-être pour notre humble sujet, nous semblent néanmoins s’y rattacher naturelle- ment, et en tout cas les principes et les intérêts d’un ordre géné- ral qu’elles voudraient défendre ne sauraient voir leur importance amoindrie par la petitesse ordinaire des productions qui nous four- nissent l’occasion de les rappeler. Si l’on considère, en effet, l’effrayante multitude des Champignons répandus à la surface de la terre et le rôle redoutable auquel ils sont trop souvent appelés, (1) Voy. les Comples rendus de l’Académie des sciences de Paris, séance du 34 mars 1851, ou les Ann. des sc. nat., 3° série, t. XV, p. 375. SPHÉRIES FONGICOLES. 7 on conviendra-sans peine, avec M. Ehrenberg (1), que ces végé- aux sont aussi des hôtes importants de ce monde, orbis cogno- scendi graves incolæ ; et cette conclusion répugnera d'autant moins À un naturaliste véritable, que plusieurs des questions générales relatives aux êtres organisés paraissent à bon droit devoir être étudiées de préférence, c’est-à-dire avec plus de fruit, chez les moins élevés en dignité, là où une structure plus simple laisse mieux saisir les phénomènes de la vie, malgré l'obscurité méta- physique qui les enveloppe toujours. Des motifs moins nombreux suffiraient encore à concilier aux Champignons un intérêt sérieux et à justifier les botanistes qui s'appliquent à leur étude. M. le professeur Ant. de Bary partage ce sentiment ; aussi de- vons-nous à ses recherches non-seulement de nombreux travaux sur les Algues, mais encore d'importants mémoires de mycologie, et spécialement une histoire approfondie du groupe paradoxal des Myxomycèles, qui sembleraient par leurs caractères étranges un ordre nouveau d’êtres intermédiaires entre les animaux et les plantes (2). M. de Bary aurait-il été aussi heureux dans ses obser- vations sur les Vyctalis ; c'est ce sur quoi il est permis de conser- ver des doutes que nous nous hasardons à lui soumettre. Si imparfails que soient certains animaux parasites, tels que les larves où premiers rudiments de plusieurs vers intestinaux, le zoologiste est rarement exposé à les méconnaïitre et à les prendre pour une dépendance naturelle des tissus, au sein desquels ils se rencontrent. Il en est parfois autrement des parasites végé- taux. Sans doute que le Gui, les Zoranthus où les Misodendron ne seront jamais confondus avec les arbres qui les portent; les Orobanches où les Cuscutes seront aussi toujours distinguées des plantes qu’elles épuisent ; mais plus d’une Rhizanthée, telle que le Pilostyles et ces gigantesques Rafflesia , qu’une fleur semble constituer tout entiers, aura vraisemblablement passé bien des fois pour la fleur même du végétal nourricier. Cette confusion est sur- (4) Voy. sa dissertation célèbre De Mycetogenesi, dans les Nov. Act. Acad. nat. Cur., t, X. part. 11, p. 462. (2) Voy. la Zeitschr. f. wiss. Zoologie, t, X (4859). 8 TULASNE. tout facile chez les Champignons, dont la nature a été si longtemps méconnue, où soumise à tant d'interprétalions bizarres. A propos des Guépes ou Mouches végétantes des Caraïbes et du Y’er-Plante des Chinois, c’est-à-dire de ces exemples curieux du parasitisme de certains Fungi sur les insectes, Needham et d’autres auteurs n’ont-ils pas identifié le Champignon avec sa victime, et cru recon- naître des êtres ambigus passant alternativement de la vie animale à la vie végétale ? À une époque beaucoup moins éloignée de nous, M. Unger a voulu voir dans les Urédinées des productions mor- bides et exanthématiques, de telle sorte qu'à son sens leurs pré- tendus organes ne seraient que des parties diversement altérées des tissus végélaux qui les contiennent. M. Fries lui-même refuse à la plupart des Champignons entophytes la qualité de plantes vé- ritables et autonomes. Mais de tous les Champignons parasites, les plus difficiles à distinguer de leur hôte sont sans contredit ceux qui vivent aux dépens d’autres Champignons, M. de Bary a ren- contré des parasites de cette nature en s’occupant des Myctalis. Le type du genre Nyctahis de M. Fries est l'AÆçaricus parasi- ticus de Balliard, Champignon qui nourrit très habituellement dans son parenchyme un autre Champignon parasite, l’Asterophora agaricicola Cord. (Asterotrichum Ditmari Bonord.).Son aspect est alors assez changé pour qu'il ait été méconnu, même par Bulliard et salué par lui d’un nom différent du premier, du nom d’A gari- cus lycoperdoides. Cette erreur a été renouvelée par Ditmar et accrue par M. Fries, qui s’est imaginé trouver dans l’Agaricus lycoperdoides Bull., matière à plusieurs espèces différentes. Plus tard cependant MM. Vittadini, Corda, Klotzsch, Berkeley et d’autres auteurs ont judicieusement reconnu deux entités végétales distinctes dans |’ A garicus lycoperdoides Bull., etnous nous rangions à leur avis (4). M. de Bary, au contraire, non-seulement revient à l'opinion de Bulliard en distinguant l’A garicus hycoperdoides Bull., de |’ 4 garicus parasiticus Bull.; mais il soutient que l’Asterophora (Asterotrichum Bonord.), dont la présence, suivant nous, diffé- rencie seule le premier du second, loin d’être une production (4) Voy. les Ann. des sc. nal., 3° série, t. XX (1853), p. 27, note 2. SPHÉRIES FONGICOLES. 9 étrangère, un végétal parasite, n’est rien moins qu'un appareil secondaire de reproduction propre à cet Agaricus lycoperdoides Bull. (Wyctalis asterophora Fr.; Bary). Il étaye son opinion de ce que l’A garicus parasiticus Bull. possède, dit-il, lui aussi, un appa- reil analogue; de ce que chez l’un comme chez l’autre Agaric cette fructification subsidiaire est extrèmement constante et tou- jours disposée de la même manière. Mais il avoue qu'elle exelut l’appareil reproducteur normal ou principal, très fréquemment chez l’Agaricus lycoperdoides Bull., et toujours, ce semble, chez l'A garicus parasiticus Bull. ; il reconnait, en outre, qu'elle se tra- duit par des spores tout à fait comparables à celles de certains Champignons fongicoles, tels queles Sepedonium, dont il ne sau- rait mettre en doute l'autonomie et la nature parasite. M. de Bary ne nie pas davantage qu'il ne soit habituellement très difficite de discerner sûrement, même par l’examen microscopique le plus minutieux, ce qui, en pareil cas, appartient au parasite de ce qui constitue le tissu hospitalier. Cette incertitude, et plus encore des raisons multiples d’analogie, infirment les conclusions de l’obser- valeur allemand. Si l’Asterophora agaricicola Cord. a tant de res- semblance avec les Sepedonium, ne serait-il pas aussi bien qu'eux un parasite autonome plutôt qu'une portion intégrante de l’Aga- ricus lycoperdoides Bull.; et l'appareil reproducteur supposé de l’Agaricus parasilicus Bull. ne pourrait-il pas être lui-même une autre sorte de Sepedonium ? On objecte qu'ils se développent tou- jours à la même place, dans le même temps, et qu’on ne les ren- contre pas chez d’autres Agarics; mais tous ces caractères ne sont-ils pas aussi ceux de plusieurs parasites déclarés des Agarics, du Sphæria laterihia Fr., par exemple, qui ne croit que dans l’hymenium de l’Agaricus deliciosus L., où il détermine un avor- tement presque complet des lamelles? D'ailleurs la prétendue fruc- hfication secondaire de l'A garicus parasitieus imite trop, d’une part, l’Asterophora, et de l’autre certains Sepedonium fréquem- ment parasites des Bolets, pour ne pas nous enlever toute créance à la thèse de M. de Bary. A notre sens, il faudra chercher ailleurs la preuve que les Agarics peuvent offrir une double fructification. Des observations multipliées nous ont convaincus, à n’en pas 410 TULASNE. douter, que l’Asterophora et les autres Sepedonium ou Myco- gene appartiennent à autant d'espèces particulières de Sphéries du genre des Hypomyces Fr., pour lesquelles ils constituent cha- eun un appareil doublement conidifère, car rien, que nous sa- chions, n’est venu contredire la légitimité des associations que nous avons proposées le 22 octobre 1855 dans un premier tra- vail sur ces productions. (Voy. les Comptes rendus de l Académie des sciences, t. XLI, pp. 615-618.) (II Si donc nous sommes fondés dans l'appréciation que contiennent les pages précédentes, M. de Bary, en identifiant l’Æsterophora agaricicola Cord. avec le Nyctalis qui le porte, ne se serait guère moins mépris, il nous en coûte de le dire, que feu le docteur Wallroth qui, ayant un jour rencontré le Peziza hemisphærica Wigg. (2. Labellum Bull., Champ., pl. 204) habité par l’A4ste- rophora Pezizæ Cord., ne sut point distinguer le parasite de son hôte, et prit l’un et l’autre pour une seule et même production qu'il déerivit plus tard sous le nom de Sfephanoma strigosum (Voy. son Compend. FI. Germ., 2° part., p. 269, n° 1820). Ceci rappelle encore l'erreur dans laquelle Paulet était autrefois tombé, car Persoon remarque, avec raison, que le Cèpe soufré de cet auteur n'est pas autre chose qu'un Bolet farci de Mycobanche chrysosperma Pers. (Sepedonii sp. Fr. ) (1). Les recherches que nous avons continuées, aussi assidûment que possible, depuis notre communication à l'Académiedes sciences, nous permettent de donner aujourd’hui une diagnose du genre Hypomyces, fondée sur l’étude d’un nombre d'espèces suffisant déjà, nous l’espérons, pour lui valoir quelque crédit auprès des mycologües. Nous souhaiterions du moins que le lecteur, et M. de Bary surtout, y vissent comme nous la justification de nos asser- tions. (1) Voy. Paulet, Traité des Champ., t. Il, (1793), p. 391 et 392, pl. 183, fig. 1-2 (Tubiporus sulphuratus Paul.); et Persoon, Champign. comestib. (1818), p. 133 et 134. SPHÉRIES FONGICOLES, A1 HYPOMYCES Fr. ( subgenus Hypocrearum, inter Sphæriaceos fungos, S. Veg. Sc., p. 383.) Myceuum byssinum, achroum v. fucatum, in fungis e variis or- dinibus parasiticum (primitus saliem), modo pareum aut in ma- trice latens, modo abundans palamque late effusum. Coniniorum genus duplex; alia, nobis microconidia v. conidia proprie dicta (quæ varia sistunt ’erticillia, Botrytides, Trichothecia, Fusisporia, Cladotricha aut Sporotricha Auct.), copiosissima , achroa, ovata, ellipsoidea v. cylindrica, simplicia aut septata, levia, acrogena, primum catenata fasciculata v. solitaria, et cum seruntur germina varia (ipsa cito, et quidem bifariam, conidifera) exserentia ; alia (quæ 4sterophoras, Sepedonia, Mycogenas, Asterotricha, Stepha- nomala ac consimilia Auctor. diseriminant, et chlamydosporæ apud el. Ané. à Bary dicuntur), sæpius parciora, vulgo autem multo erassiora, varie fucata, echinata, rarius levia, acro- velmesogena, ex utriculis paueis inæqualibus in seriem aut in globum sociatis facta, quandoque simplicia, germinaque, tempore etloco faventibus, item protrudentia. PeriTEciA exigua, globosa, in papillam v. rostellum breve rectum et apicale producta, glabra v. parce piligera, nune in matrice v. hyphasmate natali immersa, nunc contra emersa tuncque sessilia, singula ex parietibus tenuibus subcarnosis molli- bus tandemque rugato-collapsis ; asci longe et anguste lineares v. obovati, octospori, rarius 2-4-spori, vulgoque paraphysibus since- ris destituti; sporæ oblique monostichæ, lanceolatæ, oblongo- lanceolatæ aut ellipicæ, sæpius utrinque acutæ, imo breviter api- culatæ, rarius obtusæ, leves, plasmate granoso refertæ, plerumque biloeulares et nonnihil inæquilaterales, debitoque tempore in cir- rhos exiguos, deformes et pallidos eructatæ. Stirpes hujus generis quas ex autopsia novimus sequuntur. 1-3. Hypomyces lactifluorum et H. hyalinus Schw. (sub Sphæria. — Herb. Mus. Par.) qui cum Æ. lateritio Fr. habitu et crescendi ratione congruunt. Nostratis Hypomycets lateritn Fr. quem e pinetis Pictonum, amicissimi nostri Sosthenis a LAGRoIx, presbyteri, gratia, iteratis vicibus 12 TULASNE. vivum habuimus (autumno), conidia omnia consimilia, sphærica, perexi- gua, levia, achroa, parcissimaque deprehenduntur. h-5. Hypomyces aurantius Pers. (sub Sphæria) et H. australis Mntgn. (sub Nectria), uterque (chilenis speciminibus in Mycotheca Musæi parisiensis contentis, aperte monstrantibus) bysso copioso et peri- theciis nudis instratis donatus. Conidia proprie dicta late elliptica, sim- plicia aut bilocularia, in priore vidimus. | 6. Hypomyces armeniacus +, mycelio mucedineo, floccoso vel bys- sino, niveo, tandem araneoso et evanido ; conidiis ovatis vel obovatis et continuis, rarius ellipticis aut elliptico-oblongis septoque medio biparti- tis, solitarie geminatim ternatimve acrogenis (fulcris aciculatis et verticil- latis) ; macroconidiis s. chlamydosporis crassis, oblongo-ellipticis, sessi- libus vel breviter stipitatis, de more autem solitariis, 2-4-locularibus, torosis, granulato-asperis, ex albo sordide et saturate lateritio-violaceis ; peritheciis globosis, breviter papillatis, armeniacis et in stromate dilute vitellino crassoque, mycelii floccis rarefactis superstite, partim demersis ; ascis longe linearibus; sporis octonis, lanceolatis, bipartitis, breviter utrinque apiculatis et pulverem candidum efficientibus (eructatis). — Hospitatur primum in Russulis variis, Agarico adusto Pers., Lactario camphorato Fr., etc., in terra autem et quisquiliis perfectiores edit fructus. Julio et augusto in sylvis agri versaliensis nobis obvius est; coni- diophorus frequens est et Botrytidem agaricinam Lk. (Verticillium aga- ricinum CornÆ)tuncsistit ; ascophorus vero longe rarior occurrit. Mycelio conidifero evanescenti sæpissime supersunt sclerotia globosa, minima (inermi enim oculo pleraque ægre conspicua) et albida, quorum inchoa- menta e floccis mire articulatis et incrassatis, chlamydosporas quodam- modo mentita sunt; inde fortassis colligere licet chlamydosporas quasi tot sclerotiorum vices agere, aut sclerotiorum more fungilli vitam propagare. 7. Hypomyces rosellus Alb. et Schw. (sub Sphæria), hyphasmate late effuso, tandem densato et e niveo læte purpurascente; conidis proprie dic- tis elliptico-oblongis, sæpius tripartitis, levibus, in fasciculos acrogenas primum digestis, fulcris verticillatis ; perithecus ovato-globosis, obluse papillatis, semi-immersis, confertis, saturate purpureis; ascis longe linearibus et monostiche octosporis; sporis oblongo-lanceolatis, nonnihil incurvatis, utrinque mucronulatis, bipartitis (rarius unilocularibus) et in cirrhos albos prodeuntibus. — Parasitatur primum in fungis agariceis ; subinde vero in terra, muscis et quisquiliis circumjacentibus expanditur, SPHÉRIES FONGICOLES. 13 inspissatur et conceptacula ascophora sero autumno hiemeque gignit. Haud unica vice nobis occurrit in sylvis agri versaliensis (Clamart, Meu- don, etc.). Chlamydosporas novimus breviter pedicellatas, demum apodes, e seg- mentis 3-5 crasse globosis, inæqualibus, echinatis et tandem purpureis factas, quæ ad Hypomycetem rosellum Alb. et Schw. spectare videbantur. Fungillus hic et antecedens, nitido colore pariter insigniti, indubia necessitudine devinciuntur. 8. Hypomyces luteo-virens Fr., mycelio s. bysso effuso, brevi, ex albido sordide luteo-virente v. cinereo ; floccis omnibus exilibus et laxe ramosis; conidiis vulgo solitarie acrogenis et unilocularibus, aliis achrois, ellipsoi- deis et levibus, aliis (chlamydosporis BAryo) longe crassioribus, anguste ovatis, minutissime granulosis et cinereo-virentibus ; peritheciis mycelio imspersis; thecis longe linearibus ; sporis octonis, lanceolatis et 2-partitis. — Oritur et fructus edit perfectos, autumnali tempore, in Boletis quos corrumpit. Fungillus conidifer tantum nobis hactenus occurrit circa Pari- sios et Compendium ; ascophorum autem vidimus, olim in Britannia lectum a clar. BROOME, cui contra, ni fallimur, conidia cujuslibet sortis omnino latuerunt. 9. Hypomyces chlorinus +, boletophagus, luteo-virens, a præcedente ferme non discrepans nisi chlamydosporis duplo crassioribus et levibus aut, ut videtur, obsolete striatis.— Viget æstate et autumno in Boleto scabro Bull., subtomentoso L., cyanescenti Bull. aliisque ; conidiferum legimus æstate et autumno Parisiis, Compendii, Fontebellaqueo ; ascophorum au- tem nondum reperimus. 10. Hypomyces Baryanus +, mycelio e floccis intestinis maxime in- tricatis ; chlamydosporis fuscis, unilocularibus, levibus, elliptico-oblongis, vulgo hinc obtuse et obsolete mucronatis, illinc contra subtruneatis, utrinque vacuis et pallidicribus, nucleo autem medio e cellula elliptica et infuscata facto. (Cfr. Dissert. Baryanam supra cit., p. 393 et seq., fig. 14-19.) — Nascitur in stipite et pileo Agarici adusti Pers., horni vel annotini, et maxime in lamellis mire tumefactis cineraceisque Agarici parasitici Bull; utramque matricem fungillo infartam, julio et augusto anni currentis MDCCCLX, sexcenties reperimus in sylvis agri versaliensis (Cha- ville, Ville-d’Avray, etc.); conidia vero minora et conceptacula ascophora huc usque frustra quæsivimus. Basidia rite tetraspora in lamellis illis Agarici parasitici Bull., quæ simul etiam seminibus Hypomycetis nostri A TULASNE. abunde scatent, interdum exstare, multipliei et assidua comperimus experientia;, quare miramur eadem basidia oculos clariss. BARyI qui (a- men centena dissecuisse specimina contendit, semper effugisse. Neque præterea minus miramur nullum hactenus offendisse Agaricum parasiti- cum Bull. qui hospite vacaret; alterutrum enim fangilli de quo agitur aut Hypomycetis asterophori Nob., infra descripti, semper, ut videtur, apud nos saliem, fovet et alit; priorem si exceperit, speciem illam assu- mit quæ apud BuzLiARDuM nostrum (Fung. Gall., tab. 574, fig. Il) exhibetur. 11. Hypomyces violaceus Schm. (sub Sphæria, auctore FRIEs10 in suo Syst. myc., tom. Il, p. 441), mycelio byssino et niveo, partim inlestino, partim photobio, tenui adpressoque ; peritheciis globosis, perexiguis, ple- risque immersis, ostiolo singulis obtuso et ægre conspicuo ; thecis angus- tissime linearibus; sporis minimis, ellipticis, rectis, muticis et 2-loculari- bus. — Hospitatur in Fuligine violacea Pers. (Æthalio septico Fr.) quam pro legitimo illius stromate immerito habuit amicus noster clar. W. Nyzanper (Anal. mycol., p. 125, n. 24. — a. D. 1859). Huic benevolo specimina (e terris finnicis, ubi plantula adeo abundare perhi1- betur ut Fuhigo abieticola ejus expers vix occurrat) ascophora debemus. Fungillum autem conidiferum in myxomycete quodam atro et pinicola, Fontebellaqueo, septembri mense, reperisse arbitramur ; illi erant conidia anguste ovata s. lineari-oblonga, 1-2-locularia et pallida, chlamydosporæ autem late ovatæ, utrinque obtusissimæ, admodum leves et saturaté fuscæ. 42. Hypomyces asterophorus Fr. (sub Artotrogo; S. Veg. Scand., p. A97), mycelio intestino simulque parcius palam effuso, e floccis palli- dis, maxime ramosis et intricatis, aliis æqualibus et exilibus, alüis autem crassioribus et nodoso-articulatis ; microconidiis lineari-eylindricis, utrin- que truncatis, niveis, primum in fila longissima catenatis, tandemque ab invicem solutis; chlamydosporis terminalibus vel mesogenis, quandoque etiam in seriem geminatis, ovatis vel globosis, in appendices breves, cras- sas, obtusas v. bifurcas, laxe et undique productis ac propterea echinatis, maturisque dilute cervinis et pulveraceis ; peritheçiis inspersis aut semi- immersis, perexiguis, obverse pyriformibus, globosis scilicet, ac breviter longiusve rostratis aut papillatis, glaberrimis, demumque pallide cervinis ; thecis brevissimis, obovatis, 2-/-sporis; sporis oblongo-lanceolatis, cur- vulis et 2-locularibus. — Parasitatur in Agarico adusto Pers., horno v. annotino, et in Ag. parasitico Bull., tunc propterea plus minus monstroso facto et Ag. lycoperdoide Bull. (Asterophora typica Luxio et DrrMARIO ; SPHÉRIES FONGICOLES. 15 Nyctali asterophora Friesio et Barvo) dicto ; æstate et autumno frequens nobis integer et perfectus occurrit, tum Fontebellaqueo, tum in quercetis et castanetis agri versaliensis, Modoni nempe, Cavillæ, ete. Fungillus coni- diophorus Asterophora agaricicola apud b. Corpam, Asferotrichum autem Ditmari apud cl. BONORDEN audit; nec nisi chlamydosporas quibus abundat hactenus mycologis tradiderat. Semina hæc echinata in intimo Agarici adusti pileo aliquando generantur, ibidemque sepulta latent do- nec matrix solvatur. Idem etiam accidit, ut supra dictum est, de chlamy- dosporis Hypomycetis Baryant nostri. Inde gravissimum oritur argumen- tum contra clar. BARYI opinionem super ficta seminum diversitate apud Nyctalim ; etenim, ni nos omnia fallunt, res ipsa manifestissime testatur has chlamydosporas neutiquam ad Nyctalim, sed ad fungillum tum Nyctalis, tum Agarici adusti Pers. hospitem spectare. Lamellæ Nyctalis que Hypomycetem asterophorum alit, vulgo maxime angustatæ et decurtatæ, mireque tenuatæ (nec incrassatæ fuscæque, contra BuzLraRpt enunciata [Champ., tab. 1661), e sola enim trama filamentosa factæ, et quapropter pellueidæ deprehenduntur ; quandoque tamen hyme- nium solitum e basidiis breviter clavatis et tetrasporis passim induunt, ila ut super his organis Nyctalis asterophora a Nyctah que Hypomy- cetem Baryanum fovet (ea si fertilis nihilominus evaserit) minime discre- pet. Lamellæ autem prioris sæpissime prorsus aboriuntur, pileusque simul in globum incrassatur, agaricino typo in lycoperdineum quasi mutato. (Cfr. Mich., N. PI. Gen., tab. Lxxxn, fig. 1 | Asterophora Fr., S. Veg. Sc., p. AA6].) Ex his omnibus insuper sequitur ne minimam quidem superesse cau- sam, non solum cur Agaricus parasiticus Bull. (quem cum Agarico lycoperdoide ejusd. Burziarpi [Champign., tab. 166 et 516, fig. 1] simul sumptum intelligimus) a sincerrimis Agaricis sub titulo Friesiano removeatur (4), sed etiam cur idem fungus in typos plurimos, qui e fun- gillis variis et diverse hospitio susceptis evidenter penderent, temere dilaceretur. Hypomycetem Baryanum et H. asterophorum nostros nunquami in eodem Agarico parasitico Bull., aliquando autem in eodem Agarico adusto Pers.simul obvios deprehendimus. Ag. parasiticus Bull. , utriusque Hypomycets solita matrix, æquo modo luxuriet in Ag. adusto horno- (4) Genus Friesianum Nyctalim superfluum et Agaricum parasiticum Bull. ab Agarico lycoperdoide ejusd. neutiquam typice diversum, jam pridem denun- tiavimus in hisce Collectaneis, ser. mn, tomo XX (1853), p. 27, not, 2, 16 TULASNE. tino s. recenti et in eodem anniculo ; hic autem verisimillime, ut arbitra- mur, parasitum anno superiore jam aluit, ejusque mycelium quod fructus alteros opportunis temporibus redeuntibus explicaret, suis in penetralibus, aridus, perennans confovit. Eumdem Ag. parasiticum Bull. asteropho- rum nonnisi in Ag. adusto Pers. crescentem, semel tamen Russulæ fœtenti Pers. insitum, hactenus vidimus. 15. Hypomyces chrysospermus Bull. (sub Mucore) mycelio byssino, exilissimo, achroo, in matricis penetralibus ægre conspicuo, ejusdem vero superficièem indumento velutino niveoque involvente; conidiis ovatis ellipti- cisve, in summis fulcris longis et nudis vulgo solitarie evectis, achrois ; chla- mydosporis (Sepedonium chrysospermum Fr. constituentibus) sphæricis, L-locularibus, echinatis, primum breviter stipitatis et in racemos digestis, tandem apodibus, nitide aureis et pulveraceis ; peritheciis fusco-aureis, matrici inspersis, quasi in crustam colliculosam densatis, levibus, globo- sis et brevissime papillatis ; ascis longe et anguste cylinäricis, monostiche octosporis ; sporis lanceolatis, curvulis et 2-locularibus, loculis sæpissime inæqualibus, minoreque vulgo sterili. — Frequens parasitatur, æstate et autumno, in Boletis, multo rarius in fungis aliis ; conidiferum sexcenties vidimus non solum in plerisque Boletorum nostratium sortibus, sed etiam in Agarico involuto Batsch., Sclerodermate verrucoso Pers., Melano- gastro variegato Tul. et Octaviana asterosperma Vitt.; ascophorus vero (qualis scil. nulli hactenus innotuerat), simul et abunde bifariam conidio- phorus, nobis semel occurrit in Boleto quodam corrupto, augusto ineunte anni currentis, prope Vallacoublay agri versaliensis. Chlamydosporæ in Ag. involuto crassiores generari videntur. Stirps hæc præ cæteris apertissime declarat fungillos Sepedonieos quos ad infimos Haplomycetes quasi una mente omnes amandarunt mycologi, sedem multo digniorem in Fungorum ordine, locum nempe inter Asco- mycetes mererl. Fungillos sequentes ut insuper ad Hypomycetes trahamus, summa et perquam legitima suadet analogia, licet sola eorum conidia (utriusque autem generis) nobis ad hanc horam innotuerint. Sunt nempe : 14. Hypomyces cervinus Ditm. (sub Mycogene); 15. H. Link Nob. (Mycogene rosea Lk.); 16. H. Pezizæ Cord. (sub Asterophora, micro- conidiis neglectis); 47. et H. ternatus Bonord. (sub Cladotricho). Ali etiam Hypomycetes exstant in agro parisiensi quos si contigerit SPHÉRIES FONGICOLES. 17 aliquando ut perfectiores reperiamus, una cum superioribus rite descri- bere et iconibus illustrare, DEO favente, nobis in animo est. Sphæria Trichoderma Hoffm., Sph. Pannus Kze. et Sph. agaricicola Chaill. quas nonnisi descriptionibus evulgatis cognovimus, sub Hypomy- cetis signo jure etiam militaturæ videntur. Contra ab Æypomycetum typo nonnihil fortassis recedit fungillus insequens quem tamen certam propter analogiam solitamque suam sedem hic adumbrare liceat : Hypomyces? melanostigma +, mycelio parcissimo, tenui, intricato et fuligineo ; conidiis autem abundantissimis, niveis, minimis, lineari-cylin- dricis, rectis, continuis, utrinque truncalis, e floccis peculiaribus erectis, divaricato-ramosis el in fragmenta minuta totis quantis citissime solutis ; peritheciis sessilhibus aut semi-immersis, perexiguis, globoso-acutis, atris et glabris; thecis ovato-lanceolatis, sæpius, ut videtur, tetrasporis; sporis lineari-lanceolatis, utrinque mire attenuatis, subrectis pallidisque ; para- physibus nullis. — Hospitatur sera æstate autumnoque in stromatibus ascophoris Hypocreæ rufæ Pers.; inde in cjus suffulcris expanditur, ac omnem matricem veluti farina nivea conspergit. Ex omni parte minimus est, ejusque conceptacula oculo quidem armato ægre conspiciuntur. Cavillæ agri versaliensis nobis obvius est. De apparatu conidiophoro, thecis sporisque, ad Æypomycetem astero- phorum nostrum polissime accedit. Les pages qui précèdent complètent, d’une façon sans doute très inattendue, l'histoire des Sepedonium, que nous avions commencé d’esquisser 11 y einq ans. Alors nous essayämes de montrer, contre le sentiment de M. Corda, que ces Champignons n'étaient nullement parasites de Micromycètes d’un ordre inférieur, et qu'ils possédaient deux sortes de corps reproducteurs. Nous nous sommes cependant assuré depuis qu’ils n'étaient encore sous cette dimorphie que des Champignons incomplets, et qu’en revêtant leur forme manifestement la plus parfaite, ils prenaient rang parmi les Pyrénomycètes les mieux caractérisés. De toutes les Sphériacées charnues, les Hypomyces se trouvent être les plus richement pourvus d'organes divers de multiplica- üon. Chez les Hypocrea, leurs alliés les plus proches, et très fré- quemment, sinon constamment fongicoies comme eux, nous avons surtout observé des conidies très ténues, analogues aux microconi- 4° série, Bot. T. XIIL. (Cahier n° 1.) 2 2 18 TULASNE. dies des Hypomyces. Ces corpuscules, dans notre Hypocrea deli- catula (A), naissent d’un appareil qui pour un disciple de M. Corda, serait un élégant F’erticillium. Les conidies de l’'Hypocrea rufa Pers. (sub Sphæria), ne sont pas autre chose que les spores mêmes du Trichoderma viride Pers.; car les pulvinules ainsi qualifiés, d’abord blanes, puis d’un vert cendré et pulvérulents, loin de constituer une plante parfaite, comme on l’a cru jusqu'ici, | ne sont vraiment qu'une manière d’être de l’Hypocrea rufa Pers. Les stroma thécigères de celui-ci sont en effet fréquemment asso- ciés d’une façon très étroite, et fort instructive pour le mycologue, aux coussinets du prétendu Trichoderma, de même qu'ils portent souvent en abondance des flocons conidifères absolument iden- tiques avec ceux dont ces coussinets se composent. En d’autres cas, ces mêmes stroma revètent un appareil conidifère différent, dont les éléments principaux sont des filaments aciculaires, courts, dressés, presque simples, et qui donnent naissance à de très petites conidies ovales, et solitairement acrogènes. De sorte que l’'Hypo- crea rufa Pers. posséderait, comme la plupart des Æypomyces, deux genres de conidies. Celles que nous venons de mentionner en dernier lieu rappellent assez les conidies de l£pichloe typhina Fr., dont nous avons eu plusieurs fois occasion de parler. L’appa- reil que constitue le Trichoderma, est au contraire beaucoup plus analogue à celui qui précède ou accompagne l’Hypocrea delicatula. Une structure pareillement verticillée s’observe quelquefois dans le byssus où mycelium alors conidifère du Sphæria ophioglos- (1) Hypocrea delicatula +, mycelio byssino, initio verisimillime fungicola, postea autem in omni corpore vivo moriuove multifariam effuso, strata vulgo tenuia, e niveo demum albida laxe texente, totoque e floccis tenuissimis, su- premis assurgentibus et brachia brevissima spisse verticillata apiceque fascicu- latim conidifera interrupte enitentibus; conidiis sphæricis, minimis, levibus, niveisque ; peritheciis primitus mycelio immersis, Hocce autem tandem atte- nuato quasi emersis et sessilibus, tuncque simul luteolis glabris ventreque globoso ac rostello brevissimo crassissimo et quasi truncato utentibus ; thecis lineari-cvlindricis, breviusculis et subsessilibus ; sporis minimis, senis denis, monostichis, globosis, primitus sursum deorsum nonnihil depressis, levibus et albis ; paraphysibus nullis. —- Hieme crescit in sylvis agri versaliensis (Clamart, Chaville). ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. 19 soides Pers. , lequel est, comme on sait, l’un des Pyrénomycètes fongicoles les plus remarquables de notre flore ; les filaments de ce mycelium sont très déliés, et leur belle couleur jaune-citron est celle des parties inférieures de la clavule même de la sphérie; les conidies sont également de couleur citrine, leur forme est presque sphérique et leur volume égale à peine celui des spores du Tri- choderma viride Pers. ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION, Par M. Hermann HOFFNMANN. (Bolanische Zeitung, n°% 5 et 6 de 1860, 3 et 10 février.) L'histoire naturelle des ferments, considérés dans leurs rap- ports avec les phénomènes de la fermentation et de la putréfac- tion, présente encore de l'obscurité ou tout au moins du doute sur plusieurs points, malgré les nombreux travaux dont elle a fourni le sujet aux botanistes et aux chimistes ; cette circonstance me fait penser qu'il ne sera pas hors de propos de publier les ré- sultats d’une série de recherches que j'ai faites en vue de me fixer à cet égard. 1. Personne jusqu'à ce jour n’a recherché d’une manière mé- thodique d’où provient le ferment des sucs de plantes bruts, comme le jus des pommes, des poires et des raisins. Les per- sonnes qui se sont occupées de l’étude des phénomènes de la fer- mentation et de la putréfaction (ils sont en général mal distingués les uns des autres par les chimistes), tantôt ont passé très légè- rement sur ce sujet, tantôt ont fait naître le ferment par génération spontanée. Un petit nombre d’entre elles, et en premier lieu Schwann, se 20 Hi. HOFFMANN. basant sur des raisons indirectes, les font venir d'organismes vi- vants, qui dérivent d’une source inconnue par la voie de l’atmos- phère. Mais jusqu'à ce jour aucune d’elles n’a donné à ce sujet une seule preuve directe. M. Karsten (1) admet que le ferment doit provenir des petites vésicules qu’on trouve à l’intérieur des cellules des fruits ; il le fait même venir des nucléus de ces cellules (p. 476). Or mes observations m'obligent à nier formellement cette identité prétendue entre ces formations et les cellules du ferment. M. Schleiden a combattu de même, au moins partelle- ment, cette manière de voir (2). Si l’on examine au microscope du jus fraichement exprimé de groseillés à maquereau ou autres, on y voit çà et là non-seulement quelques cellules de ferment, mais encore des spores de Clados- porium, Stemphylium, etc., dont certaines présentent même de courts filaments germinatifs. La présence de ces spores rend déjà fort invraisemblable l’idée que ces formations proviennent de l'in- térieur du fruit; mais un examen direct ne tarde pas, en outre, à montrer que les cellules de ferment elles-mêmes n’ont pas non plus cette origine. En effet, c’est peine perdue que de chercher à en voir sur une tranche bien propre du tissu intérieur de ces fruits. IL faudra rechercher plus loin si les cellules peu altérées et en- core vivantes du tissu constitutif des fruits, peuvent, dans un jus fraichement exprimé, subir des altérations analogues à celles de la fermentation et de la putréfaction. Il faudra voir également si, dans les liquides animaux frais (dans l'urine, le sue gastrique et la bile), les cellules mucilagimeuses encore vivantes exercent une action sur le liquide ambiant, et déterminent la décomposition. Il est dès lors très vraisemblable que les germes du ferment viennent de la surface de ces fruits et n'arrivent dans leur jus qu’accidentellement lorsqu'on écrase ceux-ci, pouvant même pas- ser à travers un filtre. On sait que l’eau bouillante détruit assez promptement la fa- culté germinative de ces cellules ; me basant sur cela, j'ai plongé (1) Bolanische Zeitung, 1848, p. 459. (2) Grundzüge der wissenschaftlichen Botanik, 3° édit., t. F, p. 207. ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. M1 des groseilles à maquereau dans de l’eau bouillante, pendant quatre à dix secondes, avant de les écraser, et je les ai ensuite retirées rapidement. Le résultat de cette opération a été que, dans le jus qui a été ensuite exprimé, il n’y a pas eu de fermentation accom- pagnée d’un développèément de gaz, ou bien qu’il n’y en à eu qu'une très faible et incomplète, qui s’est déclarée seulement plusieurs jours plus tard que dans le jus brut. (Dans l’un et l’autre cas, j'avais ajouté du sucre, absolument comme on le fait dans la préparation du vin de groseilles.) Mais le liquide s’est recouvert de moisissures. Si l’on tient dans de l’eau froide, pendant trois quarts d'heure, des groseilles à maquereau fraiches et qu'on les agite de temps en temps, le liquide décanté, au bout de ce temps, peut être employé à titre de ferment, faible à la vérité, et déterminer une production d’acide carbonique dans une solution de sucre. Cette eau a done pris sur la peau intacte des fruits quelque chose d'analogue au ferment. Ces faits nous conduisent à une observation décisive. Si l’on racle, avec un scalpel émoussé, la surface d’une groseille et qu’on porte sous le mieroscope ces raclures (qui sont blanchâtres), on y reconnait, au milieu de toute espèce de saletés informes, de par- ticules terreuses, etc., les mêmes spores de Champignons qu’on trouve dans le jus exprimé ; seulement on les y voit en quantité incomparablement plus grande. Elles sont les unes brunâtres (Stemphylium, Cladosporium), les autres incolores ; ces dernières sont arrondies, ovoïdes, un peu fusiformes ou cylindriques. La plupart d’entre elles sont semblables à des articles des chapelets d'Oidium, Monilia, Torula, qui auraient été détachés, emportés par le vent et qui se seraient attachés au fruit, c’est-à-dire à des spores d'Hyphomycètes. Quelques-unes de ces spores sont déjà pourvues de courts filaments germinatifs. Si l’on met ces raclures avec une goutte d'eau disüllée, et à l'abri de toute poussière exté- rieure, en situation convenable pour germer, déjà au bout de vingt-quatre heures on voit des groupes touffus de filaments ger- minatfs, avec un grand nombre de véritables cellules de ferment # 2 HI. HOFFMANN. à tous les degrés de leur formation par bourgeonnement et par étranglement, et on y remarque la même diversité de formes qui caractérise en général le jus de fruits brut, ce qui, seul, fait déjà présumer des origines diverses. Plusieurs de ces formations con- stituent des chaines courtes, et l’on reconnait combien on a eu raison de regarder comme des T'orula les cellules de ferment. On y voit aussi fréquemment des Bactéries, et pas très rarement des animalcules infusoires. Dès lors le mot de ferment ou levüre est une expression collective et non pas le nom d’une espèce végétale. Il est à peine besoin de dire qu’on obtient les mêmes formes en raclant d’autres surfaces végétales ; je les ai obtenues des prunes, des baies de la pomme de terre, des haricots à moitié mürs, ete. On s’explique ainsi fort simplement pourquoi Brendecke a réussi à déterminer une faible fermentation avec de la paille et des corps analogues. D’après Anthon (1), les pousses ainsi que les feuilles et les vrilles de la vigne renferment beaucoup de ferment; les Champignons comestibles en offrent presque autant que la pré- sure ; les rafles du raisin en portent trois fois autant que les grains ou même davantage. 2. Ferment des sucs végétaux cuits, et fermentation des so/u- hons sucrées pures. — Dans cette catégorie, le premier qui se présente est la levüre de bière et le ferment alcoolique , qui a beaucoup moins de diversité de forme que le précédent, quoiqu'il en ait bien moins qu'on ne le croirait, d’après les figures qu'on en donne habituellement. On y trouve non-seulement des cellules rondes et ovales, avec ou sans productions secondaires, mais encore des cellules cylindriques, et de plus le Bacterium Termo, qui vraisemblablement entre toujours dans la levüre. Les cellules varient assez de grandeur; on voit également varier en nombre et en longueur les vacuoles et gouttes d'huile ou les nu- cléus, comme on les nomme. Quant à la distinction élablie par les brasseurs entre le ferment supérieur et le ferment inférieur (Ober- hefe, Unterhefe), à en juger du moins par les échantillons que j'ai (1) Chem, Centr.-Blatt, 1859, p. 248. ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. 23 eus sous les yeux, elle n’est pas fondée, bien que M. R. Wag- ner (4) et d’autres aient avancé que le premier est formé de chaines de cellules, tandis que le second consisterait en cellules isolées. La fermentation inférieure (Untergachrung) ne diffère généralement, à ce qu'il paraît, de la fermentation supérieure (Obergachrung) qu'en ce qu’elle s'opère par une température de 5-8° R., tandis que la dernière s’opère par une température de 15-22° R. A la vérité le ferment est ajouté artificiellement au moût de bière par le brasseur, et pendant la fermentation, il se multiplie d'environ deux tiers; mais cela ne résout pas du tout la question de savoir comment il naît; eela ne fait que reculer la difficulté. Il s'agit de reconnaître d’où ce ferment lire sa première origine. Abandonné à lui-même, le moût de bière ne fermente pas ou fermente à peine ; il subit la fermen- talion désordonnée qui forme de lacide lactique et s’accom- pagne de pourriture en même temps que la surface de la ma- tière se couvre d’une végétation de moisissures (Penaicillium glau- cum, Ascophora Mucedo Tode; Corda, Ze. HE, tab. A4, fig. 78); immédiatement sous ee revêtement de Champignons il se produit un faible dégagement de gaz. I s'offre deux moyens pour reconnaitre ce qu'est le ferment de la bière. L'un, auquel on a eu surtout recours, consiste à le cultiver et à observer quelles sont les formes de plantes qui en proviennent en changeant les conditions (à l'air). L'autre moyen est de chercher à obtenir directement le ferment lui-même des Champignons qu’on présume lui donner naissance. C’est ce que M. Bal a fait pour lAscophora elegans, un Mucor etle Penicillium glaucum (2). La première méthode a été suivie par M. Kützimg (3), qui à vu se produire une matière fongique, à laquelle il a donné le nom de Sporotrichum; aux places sèches, celle-ci est passée à l’état d’un Champignon qu’il a nommé Mucor, et que sa figure me fait regarder comme un Aspergillus. M. Kützing ne dit pas si, (4) Journ. f. prakt. Chemie, t. XLV, p. 241, (2) Flora, 1857, n°° 27 et 28. (3) Journ. f. prukt. Chemie, 1837, p. 388 ; confirmé par M. Wagner. 2/i H, HOFFMANN. dans ces expériences, il s’est mis à l'abri de la poussière flottant dans l'air; il n'est pas même vraisemblable qu'il en soit ainsi, car, dans le même article, il donne simplement comme naissant par génération spontanée des flocons de Champignons dans des infusions aqueuses, des teintures, ete. (Hygrococis, etc.), de même que l’Ulvina aceti dans le vinaigre en décomposition, et il ne dit pas du tout que des spores de champignons aient pu être apportées - par l'air. Ces expériences n’ont donc qu’une valeur conditionnelle pour la question en litige. Mes propres observations ont été faites, les unes en grand, dans une brasserie, les autres en petit, par voie de culture. Dans les brasseries, c’est un fait constant que la levüre dont on s’est servi et qu’on jette dès lors de côté, se couvre d’une couche gri- sûtre de Penicillium glaucum ; il est vrai qu’on y voit en même temps en petite quantité d’autres moisissures, comme le Penial- lium brevipes Corda, Le. IV, tab. 8, fig. 93 ; l'Ascophora elegans Corda, Ze. IL, fig. 43; Nees, Syst, fig. 75, etc. Ordinairement il se forme peu à peu une grande masse de fila- ments qui n'existaient pas encore dans le ferment normal, et pour lesquels 1l importe d’en reconnaitre ja provenance directe des cel- lules du ferment. Les cultures en petit, faites avec les précautions nécessaires pour s'opposer autant que possible à l’arrivée de spores étran- geres, m'ont donné les résultats suivants. Le plus souvent l’expé- rience n’a pas réussi, comme cela est arrivé à M. Baïl, ce qui ne doit pas surprendre, puisque le ferment vit sous l’eau, tandis que les filaments fructifères des moisissures ne peuvent se développer qu’à l'air. Mais dans quelques cas, j'ai pu, grâce à des circon- stances favorables, voir le ferment produire des filaments, soit en petits échantillons, propres à être examinés immédiatement sous le microscope, soit en grands échantillons ; alors j'ai reconnu, entre autres espèces, le Penicillium glaucum (vu aussi par M. Reissek), l’Ascophora Mucedo, l'As. elegans et le Periconia hyalina, tantôt isolés, tantôt mélangés. Voici la méthode par la- quelle on obtient le plus aisément ce résultat. On verse quelques gouttes d’eau dans un tube à réactif qu’on place obliquement; on ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. 95 met ensuite dans sa portion médiane un peu de levüre fraiche, et l’on bouche le tube avec de la ouate pour empêcher l'entrée des poussières extérieures. Dans ce récipient rempli de vapeur, on voit quelquefois provenir des flocons. MM. Berkeley et G.-H. Hoffmann ont obtenu aussi de la levüre le Penicillium par le même procédé, à ee qu'il paraît (4). | Si le ferment dérive en général d’un champignon filamentenx, ce qu'il y ade plus vraisemblable, c’est qu'il provienne du Penicillium glaucum ou de l’Ascophora Mucedo, qui sont des Hyphomycètes les plus répandus et les plus abondants précisément dans le voi- sinage de l’homme sous tous les climats, qui se montrent surtout inévitablement sur toutes les substances sucrées. Je dois faire observer en outre, quant au Penicillium glaucum, qu’il se déve- loppe absolument de miême sur des liquides très différents dans presque toute sorte de conditions, et par conséquent qu'il possède une amplitude extraordinaire dans les conditions de sa végétation, comme me l’ont prouvé des expériences que j'ai faites avec des solutions de sucre, de gomme arabique et de colle forte. Même le brunissement partiel de son mycelium déliquescent, dont le con- tour est très variable, ainsi que la production de ces filaments . noueux particuliers qu’on remarque dans ce mycelium, ne présen- tent rien de constant avec différents liquides. Je dois dire encore à ce propos que j'ai observé avec toute certitude le passage du Pencillium glaucum au P. candidum et à une forme d’un jaune- soufre (var. sulfurea Hoffm. (2)), enfin au Coremium glaucum Corda (Prachtflora, tab. 25); ce dernier changement avait été pré- sumé pouvoir exister par Wallroth et Corda. (M. Berkeley en parle aussi, dans son Introd. to Cr. Bot.,p. 302 et 312.) Ces faits jettent du jour sur le polymorphisme de ce Champignon, bien que nous ne sachions rien encore sur les relations qui rattachent sa forme aux conditions dans lesquelles il se développe. Dans ce qui suit, je crois donner la preuve directe qu’on peut (1) Berkeley, Zntrod. to Crypt. Bot., 1837, p. 242 et 299. (2) Différente du P. aureum Corda, Prachtflora, tab. 18, et du P. fuloum Corda, Ic. III, tab. 2, fig. 33. 26 _H. HOFFMANN. tirer réellement le ferment de la bière de ces Champignons com- muns, particulièrement du Penicillium. Tandis que, dans ses re- cherches, M. Bail s’est contenté de porter son attention sur les caractères optiques, j'y ai joint pour ma part l’étude chimique poursuivie à tous les moments. Si l’on met dans un tube à réactifs une solution de sucre, qui toute seule ne fermente pas, mais moisit à sa surface; si l’on in- troduit dans ce liquide des spores sans mélange et susceptibles de germer de Penicillium glaucum, qu’on agile fortement, et qw’on place ensuite ce tube en repos, dans une situation aussi oblique que possible (presque horizontale), les spores obéissent à la lé- géreté que leur donne l'air adhérent, et s’élèvent dans l’intérieur de la masse du liquide ; mais, au lieu d'arriver immédiatement au contact de l'air, elles viennent en majeure partie contre la paroi antérieure du tube, et v restent, au moins temporairement, sub- mergées. [l suffit d’agiter le liquide une fois chaque jour, et déjà, dès le deuxième ou troisième jour, on voit (par une température d'environ 20 degrés centigrades) qu’il se forme autour des spores des flocons de mycelium, et que dans ces flocons, et non ailleurs, il commence à se développer du gaz. Ce gaz augmentant beau- coup la légèreté de ces jeunes flocons, et tendant à les élever à la surface du liquide, il faut, dès ce moment, agiter plus fréquem- ment, afin de les maintenir toujours submergés. Cette expérience, variée d’un grand nombre de façons, m'a donné toujours les mêmes résultats, et je suis entièrement convaincu que le déve- loppement gazeux se rattache à la végétation de ce Champignon. Au bout de quelque temps, le liquide s’acidifie (acide acétique), et il cesse de se produire du gaz. En examinant alors le liquide, qui s’est un peu troublé, on y reconnait bientôt, outre quelques fila- ments fructüifères, un nombre immense de filets de mycelium et de spores présentant des filaments germinatifs, les uns courts, les autres longs, ainsi qu’une quantité très considérable de cellules de ferment à tous les degrés de leur multiplication. Mais quelle est la connexion morphologique de ces cellules de ferment avec le mycelium ou avec les filaments fructifères du Penicillium ? L'étude qu’on en fait montre qu'il y a ici d’abord ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. 2 des filaments fructifères plus ou moins atypiques de Penicillium, dans lesquels toutefois on ne peut souvent méconnaïtre encore le caractère sur lequel a insisté Meyen (1) des ramifications génicu- lées. Les cellules de ferment qui se forment sur ces filaments submergés diffèrent des spores normales et développées à l'air du Penicillium, uniquement parce qu’elles sont pour la plupart plus grandes ; mais on voit nettement toutes les transitions possibles des unes aux autres, et elles conservent particulièrement la ten- dance à se multiplier par étranglement, ainsi que la facilité à se détacher, qui caractérise les chapelets de spores des Penicillhum. On y retrouve même les faisceaux de chapelets ; ils forment des cellules fusiformes {Cylindrium, Hormiscium, ete.), qui se mul- tiplient aussi par étranglement ou qui donnent même de petits chapelets, dont le moindre ébranlement détermine la rupture en majeure partie. — En outre, le ferment naît encore par un bour- geonnement des spores elles-mêmes, qui suppose la submersion dans le liquide, et enfin par une production de conidies (par étran- element) sur les ramifications du mycelium aquatique. L’Asco- phora Mucedo présente également cette formation de conidies dans des conditions analogues ; cependant les cellules de ferment que donne celui-ci sont plus grosses que celles du Penicillium. Je n'ai pas observé dans mes expériences la production endogène de cel- lules-germes, que M. Bal a vue avoir lieu, par l'effet d’un étran- olement, chez un Mucor sur du malt cuit. Tandis que les filaments fertiles proprement dits de cet Hypho- mycète se développent uniquement à l'air, c'est seulement dans les circonstances opposées qu'il manifeste la tendance à déve- lopper un mycelium aquatique de filaments continus ou un schi- zomycelium (ferment). La forme de ferment ne se montre que sous la condition de l’absence complète et constante de lair gazeux (sans air dissous, cette végétation est impossible comme toutes les autres). Cependant cette condition ne suffit pas à elle seule pour qu'il se forme du ferment ; quelquefois j’ai vu se pro- duire un mycelium aquatique fort développé sur des parties de (1) Syst. d, Pflanzenphysiologie, tab. X, fig. 20, 21. 28 H, HOFFMANN. plantes en décomposition, qui étaient submergées à plusieurs cen- timètres sous l’eau. De plus, le développement de la forme de fer- ment est favorisé par l’état mucilagineux du liquide, que cet état Jui soit naturel, comme pour les jus de fruits, ou qu’on l’obtienne artificiellement par une addition de gomme arabique ou de muci- lage de guimauve. La présence du sucre ne paraît pas être indis- pensablement nécessaire pour la production du ferment; mais elle l’est, comme on le conçoit sans peine, pour la fermentation. Cette forme de nutrition du ferment, car on doit la considérer comme telle, n’est point d’après cela une condition essentielle d’existence pour lui. Même, quand il y a du sucre, la production gazeuse est diminuée ou arrêtée par l’action d'un excès d'acide acélique, ou par celle d’une addition artificielle d'acide tartrique (£), tandis que la formation de filaments parait être favorisée par la trop forte prédominance des acides. L'expérience suivante est très instructive relativement à l’in- fluence qu'exerce la situation des cellules à la surface du liquide ou dans sa profondeur. On sait que, pour préparer lé vin de gro- seilles À grappes ou de groseilles à maquereau, on ajoute au jus exprimé du sucre, deux volumes d’eau, et on abandonne le tout à la fermentation spontanée. Mais si, après avoir exprimé le jus de groseilles à maquereau, on l’agite fortement et pendant longtemps avec un volume égal d’eau dans un tube à réactifs, et qu’on laisse ensuile le tout en repos parfait dans la direction verticale, le liquide ne fermente pas, mais il se couvre à sa surface d’un tapis de Penicillium glaucum et autres moisissures. Évidemment la cause de cette différence consiste en ce que les spores de Cham- pignons, à l’état frais, étant encore remplies d’air, et n'ayant par conséquent qu’une faible densité, montent bientôt toutes également à la surface du liquide alors homogène et bien fluide, où elles pro- duisent non pas un schizomycelium, mais des flocons fructifères. Si, au contraire, on a le soin de secouer le tout chaque jour, pen- (1) L’acide tartrique diminue la fermentation dans le jus des groseilles ordi- naires et à maquereau ; au contraire, il la favorise dans celui des pommes et des poires avant leur maturité. E-F. Authon. ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION, 29 dant plusieurs jours, la fermentation normale a lieu, parce qu’on oblige ainsi les spores à rester dans la masse du liquide. La production d’un mycelium et celle de conidies sont des phé- nomènes très analogues, comme le prouve ce fait, que parfois, dans un groupe flottant de spores attachées les unes aux autres, on voit au microscope que Îles unes émettent des filaments, tandis que les autres donnent des corps reproducteurs. Parmi tous les liquides dont j'ai fait usage, le moût de bière est le plus avantageux pour la production artificielle d’un ferment tout à fait ou en majeure partie dépourvu de filaments. Tant que le ferment est en végétation active et flotte dans les parties supérieures du liquide, il se montre ordinairement sous la forme de ehapelets ayant de 4 à 12 articles (Saccharomyces Meyen, Syst., tab. X, fig. 22), qui souvent aussi se ramilient en petits arbuscules. Peu à peu ces articles se séparent, et 1ls vont au fond sous la forme d’un poussière déliée, incolore ; ils restent là isolés les uns à côté des autres, ou bien en cellules distinctes et séparées, ou bien ayant produit des cellules secondaires. Les caractères qu'on à assignés au ferment supérieur et au ferment inférieur pourraient dès lors être mieux employés pour distinguer les fer- ments jeunes et ceux qui sont entiérement formés. De même qu'avec le Penicillium, on peut déterminer une fer- mentation plus où moins intense avec beaucoup d’autres spores de Champignons (à une température de 20 à 25 degrés centigrades). C'est ce que j'ai fait pour 1e moût de bière fraichement cuit, pour la solution de sucre de raisins, et pour celle de sucre de canne, pour le jus bouilli de groseilles à grappes et de groseilles à maque- reau, avec l’Ustilago Carbo(Uredo segetum),\ Ascophora Mucedo, le Séachylidium pulchrum, le Bacterium Termo (qui est incon- testablement un Champignon, un Schizomycète pour M. Nægeli), ainsi qu'en y tenant plongées des feuilles de Rosier couvertes de Phragmidium incrassatum et d'Epitea (Uredo) Rosæ , enfin avec le Torula fruchigena Pers. Plusieurs de ces Champignons, par exemple les trois derniers, développent sans peine par étrangle- ment des conidies (spores secondaires) sur leurs filaments germi- natls. Mais comme, pour la plupart de ces espèces, il est à peu 30 H. HOFFMANN. près impossible d'obtenir les spores absolument pures et sans mélange de spores de moisissures, on peut aussi attribuer la fer- mentation en partie ou tout à fait aux Penicillium, Ascophora, Bacterium, etc., qui les auraient accompagnées. Ainsi, au bord supérieur du liquide dans lequel les feuilles de Rosier, dont'il vient d’être question, avaient déterminé la fermentation, j'ai vu le Peni- cillium glaucum se développer abondamment et sans mélange ; en | place du Séachylidium 1l est venu l’Ascophora Mucedo, qui s’est montré aussi en place de l’'Uredo segetum. Quand j'ai employé le Bovista plumbea, le Lycoperdon cælatum et Y'Ustilago Carbo, j'ai trouvé, après la fermentation, parmi toute sorte de filaments, des cellules de ferment et des Baclerium à côté de spores qui n'avaient pas germé. Enfin, dans ces circonstances, on trouve assez fréquemment des animalcules infusoires. La poussière tombée des livres détermine elle-même la fermen- tation, quand on opère de la même manière ; le liquide renferme finalement du ferment et un plus ou moins grand nombre de Bac- téries ; enfin, il se développe sur la surface du Penicillium et de l’Ascophora ; quelquefois il ne se produit que des Bactéries, et la fermentation est faible, mais bien caractérisée. Le ferment obtenu ainsi artificiellement, a toutes les propriétés du ferment ordinaire des jus de fruits bruts et la même variété de formes (ses cellules peuvent varier en grosseur de 4 à 15). Aïnsi, celui que le Penicillium produit dans le moût de bière, et qui est or- dinairement mêlé de Bactéries, ressemble au ferment de bière ordinaire au point de pouvoir être confondu avec lui. Les propriétés chimiques de l’un et de l’autre sont également identiques. En effet, ce ferment artNiciel détermine une production continue et tout à fait normale d'acide carbonique ; en outre, dans plusieurs expériences, j'ai préparé avec le ferment que j'avais obtenu, par exemple à l’aide des feuilles de Rosier, de la pâte qui a levé tout aussi bien et a formé des pores aussi grands que celle à laquelle on ajoute la meilleure levûre. Ce ferment employé en proportion convenable, peut encore opérer la transformation du sucre si complétement, que le liquide finit par ne plus réduire le cuivre, dans le procédé de Trommer. ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION, ol Au contraire, je n’ai pu déterminer la fermentation ni la pro- duction d’un ferment au moyen de spores fraiches et pures d’4 ga- rieus campestris, excoriatus Schælf., n1 de celles du Boletus gra- nulatus qui, à l’état frais, renferment de l’eau et vont dès lors au fond des liquides; ces spores pourraient sembler, sous ce rapport , très avantageuses ; mais, une fois submergées dans l’eau, elles ne germent plus ou ne le font qu'exceptionnellement. Il résulte de ces observations que tous les Champignons ne sont pas aptes à déterminer la formation du ferment, ni la décomposi- tion du sucre avec dégagement de gaz. Cette propriété ne parait point tenir à ce qu’ils possèdent ou ne possèdent pas la faculté de produire des conidies sur leurs filaments germinatifs, mais plutôt peut-être à ce que la nature les attache à des parties de plantes saines, où mourantes ou mortes. Provisoirement on peut admettre comme très vraisemblable que cette propriété de décomposition, qui agit profondément sur la composition chimique des substances ambiantes, est surtout l’apanage des Hyphomycètes. Ainsi je me suis assuré, par exemple, que dans tous les cas, les feuilles tachées de brun-noir qu’on voit sifréquemment, en été en en automne, sur les plantes les plus diverses, présentent constamment dans leurs taches un mycelium filamenteux qui passe quelquefois avec toute évidence au Cladosporium herbarum et à d’autres Champignons analogues. Pour le Peronospora Solani, ceci est connu depuis long- temps. Maintenant s'offre la question, déjà discutée antérieurement, de savoir si les Champignons (et les Infusoires) contribuent et jusqu’à quel point ils contribuent à la décomposition ainsi qu'à la putré- faction des corps organisés. Si c'est exclusivement à certains Champignons (et Infusoires) qu'appartent la propriété de décomposer les liquides sucrés en amenant un développement de gaz, ou de faire passer les autres liquides organiques à la putréfaction à l’aide d’une absorption d'oxygène , propriété qui n’a pas été encore reconnue chez d’autres corps soit vivants, soit morts, du moins pour ce qui est de la fermentation, il s'ensuit qu'en mettant ces liquides à l'abri de l'influence de ces Champignons, on devra les con- 92 K. MOFFMANN. server inaltérés. Schwann a cherché, par des expériences ingé- nieuses, dont les résultats ont été confirmés par Ure, à prouver que des Champignons et des Infusoires sont la condition sine qué non de la fermentation et de toutes les sortes ordinaires de putré- faction organique (1). Schroeder à également publié, à ee sujet, une série d'expériences remarquables (2) desquelles il résulte que la poussière de l’air est, dans presque tous les cas (les exceptions partielles existent dans l’aigrissement du lait, la décomposition de l'albumen, etc.), la cause pour laquelle se décomposent les h- quides organiques dépourvus de germes (cuits), les jus de viande, les décoctions, l'urine, ete. Après avoir admis que, dans ces cir- constances, des spores de Champignons exerçaient une puissante influence, il à plus tard renoncé à moitié à cette opinion en voyant que des spores de Champignons, après avoir été chanffées (jus- qu'à quel degré? humides ou sèches?), ne déterminaient plus la décomposition. Il parait en cela être parti de l’idée que ces spores n’agissaient que par leur peutesse (dès lors par une action de sur- faces, comme pour la mousse de platine), et non comme des or- ganismes vivants et en végétation, capables de sécréter et assimi- ler, et il est arrivé à cette conclusion que la poussière, ete., ne détermine la décomposition que lorsque auparavant elle a été im- médiatement en contact avec l'air libre. Je montrerai, dans ce qui va suivre, que les choses se passent tout autrement, et qu’on peut produire la décomposition avec des spores de moisissures quand celles-ci ont été chauffées à 100°, pendant une heure entière, dans l’intérieur du liquide, en sup- posant toutefois que celte action de la chaleur ne les ait pas tuées. Je mesuis servi, absolument comme Schroeder, de tubes à réac- üfs remplis partiellement d’un liquide organique, que je bouchais exactement avec de la ouate, et dans lesquels je déterminais une ébullition non interrompue pendant une heure. Le liquide ainsi (1) Müllers Archiv f. Anut., 1836, p. 108, et particulièrement Poggendf. Ann., vol. XLI,:p. 189, 1837. © (2) Ann. d. Chem. u. Pharm., 1853, 2° cahier, 1859, 1°’ cahier. ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. 9 traité ne s’est pas décomposé pendant un espace de trois à huit mois, malgré la chaleur excessive de l'été de 1859; c’est ce qui a eu lieu pour du bouillon, des pois euits, une solution fable de sucre additionnée de gélatine, une solution de sucre de raisin avec ‘de la gélatine ou des grains de blé, du sirop de sucre, une solution de gélatine, de l’urine, des pommes cuites, de l’eau miellée, etc. J'ai fait la contre-épreuve de la manière suivante. Avant de _ poser sur le tube le bouchon de ouate, j'y ai enfoncé un gros fil de fer que j'ai fait passer à travers ce bouchon, et à l'extrémité infé- rieure duquel j'avais fixé un tube de verre étroit, long de 5-6 cen- timètres, qui avait été étiré, à ses deux bouts, en deux pointes fines, coudées horizontalement, que j'ai fondues ensuite à la lampe. Ce petit tube renfermait des spores sèches du Champignon sur lequel devait porter l’expérience. Un second gros fil métalli- que, placé à côté du premier, était contourné en boucle à son bout inférieur; il avait pour usage, après que l’ébullition était terminée et lorsque le liquide était en train de se refroidir, de casser le petit tube à ses deux extrémités et de mettre ainsi les spores en contact avec ce même liquide ambiant. Ce dernier but n'a pas pu être toujours atteint parce que, dans certains cas, l’air contenu dans Île petit tube n’en sortait pas entièrement et empê- chait ainsi, soit partiellement, soit complétement, la sortie des spores. | Résultat. Les spores ainsi traitées de Penicillium glaucum sans mélange s'élèvent immédiatement à la surface du liquide et v pro- duisent en peu de jours un feutre épais de ce Champignon pourvu de ses filaments fertiles ordinaires, sans rien de plus; ce feutre provient directement des spores flottantes. Le résultat a été sem- blable avec d’autres Champignons, tels que l’Ustilago Carbo, le Stachylidium pulchrum, de la levûre de bière sèche et pulvéri- sée, ete. Mais comme il est fort rare, ainsi que je l'ai dit plus haut, qu'on puisse obtenir ces spores sans mélange, l'apparition, dans ces expériences, de Penicillium, Bacterium, etc., n’a rien qui doive surprendre. Le liquide n’a pas fermenté ou l’a fait faible- ment, ce qui s'explique parce que les spores sèches se sont éle- 4° série. Bor. T. XIII. (Cahier n° 4.) ? 3 ol NW, HOFFMANN. vées à la surface et sont venues y flotter. Dans ia solution de sucre cuite, le Stachylidium à développé un mycelium et quelques * chapelets de conidies, comparables au ferment, sans développer de gaz. Dans un autre cas, 1l ne s’est produit que des filaments de mycelium, mais à côté se montrait, évidemment par l'effet de la présence accidentelle de saletés étrangères, une grande quantité de Bacterium Termo qui ont rendu le liquide laiteux et ont déter-- miné une faible fermentation. Au bout de quatorze jours, le tout s'était déposé comme un précipité délié, composé en majeure partie de Bacterium morts avec quelques-uns encore vivants et en mouvement, qui s'étaient divisés en leurs différents articles (nor- malement ils commencent par être reliés les uns aux autres en forme de chaîne) (A). Les spores du Leocarpus vernicosus sont restées absolument sans action, comme si elles étaient mortes. La levüre sèche a perdu, ce semble, sa force végétative; au lieu de cellules de ferment, elle a donné un gazon superficiel de Peni- cillium glaucum. Dans plusieurs cas, le liquide s’est rempli uni- quement de Bactéries, après quoi il a fermenté. L'Ustilago Carbo a germé, a développé des mycelium étrangers, qui appartenaient au Penicillium, quelques chapelets de conidies, des Bactéries, et a déterminé une légère fermentation. L'Uredo longissima (en état de germer) n’a produit aucune fermentation. Les spores mortes, ou en état de germer, n’exercent aucune action sur le liquide. Si l’on remplace le petit tube fermé à ses deux bouts par un tube ouvert, on reconnait que, même sans humectation directe, la simple vapeur de l’eau bouillante tue les spores; dans ce eas, le liquide reste inaltéré absolument comme si l’on n’avait pas ajouté de spores. En réalité, on ne peut faire des expériences sans que la pous- sière qui flotte dans l’air apporte dans le liquide quelques spores de Champignons ; mais l’ébullition les fait périr. On sait depuis longtemps que la poussière, surtout dans les (1) Mes observations sur le Bacterium Termo, qui est un véritable Schizomy- cète et qui se développe non-seulement dans les liquides, mais encore dans l'air humide, ne concordent pas entièrement avec celles de M. Cohn (Ueber Zoogloea Termo in Nova Act. L., vol. XXEV, par. I, plan. XV, fig. 9). ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. 29 habitations, renferme des spores de Champignons ; je m'en suis moi-même assuré plusieurs fois ; j’ai même fait germer ces spores. On comprend sans peine que, par exemple, les fentes entre les planches, grâce aux lavages fréquents des appartements, qui font arriver beaucoup d’eau entre et sous les planches, sont très favo- rables au développement d’abondantes moisissures, même dans les maisons propres (1). Quant à une multitude d'habitations ou de lieux sales et humides, il n’est pas même besoin d’en parler. Les spores se déposent aussi en abondance dans le mucus nasal, par l'effet du mécanisme de la respiration. Lorsqu'on met un liquide organique, qu’on a fait préalablement bouillir, dans une fiole venirue et à goulot étroit, laissée ou- verte, on voit se former, au bout de peu de jours, sur la surface du liquide, un petit gazon de moisissures, qui se trouve exacte- ment au-dessous de l’ouverture, si ce vase est resté parfaitement en repos; il est done évident que les spores ont dû y tomber de l'extérieur. Les expériences que je viens de rapporter jettent du jour sur le procédé d’Appert pour la préparation des conserves de hari- cots, de pois, etc., dans des boîtes de fer-blane, ainsi que sur la plupart de nos méthodes de conservation des substances liquides ou humides. La première opération, qui consiste à cuire et pré- parer les légumes, tue les nombreuses spores de Champignons qui s’y trouvaient. Ensuite vient là soudure hermétique du vase. La seconde ébullition, pendant laquelle on tient le vase dans l’eau bouillante, a pour objet de tuer les spores qui ont pu s’introduire dans eelui-ci avant ou pendant sa fermeture ; une seule spore suffirait pour détruire tout l'effet de l'opération. On voit que cette explication fort simple diffère essentiellement de celles que don- nent les chimistes, qui se basent sur l’idée purement hypothétique du défaut d’action de l’oxygène sur l’albumine cuite, etc. On suit encore une autre méthode, Ainsi on conserve des cerises (1) Ce passage se rapporte à l'usage qu'on fait habituellement en Allemagne, de simples planchers fréquemment lavés, en place de nos parquets de chêne cirés et non lavés. (NoTE DU TRADUCTEUR.) 29 HU. HOFFMANN. et autres fruits analogues en les mettant sans préparation dans un vase de verre qu’on bouche avec une peau de vessie mouillée et qu’on expose pendant une demi-heure à la chaleur de l’eau bouil- lante. La peau de vessie est une sorte de tissu serré, formé de fibres susceptibles de se gonfler, qui n’empêchent la pénétration de l'air qu'imparfaitement et seulement quand elles sont humides, qui laissent même filtrer les liquides aqueux. Cependant dans les vases qu’on bouche ainsi, il ne s'opère pas de décomposition, et la seule cause en est évidemment que la vessie est un filtre trop serré pour laisser passer des spores de Champignons. En même temps cette observation prouve de nouveau que: là: génération spontanée est simplement un rêve, bien que, dans ces derniers temps, beaucoup de personnes s’en soient déclarées parti- sans, surtout en France. Le libre accès de l'air ne donne pas lieu lui-même à la moindre formation d'Infusoires, de Champignons ni de Bactéries, comme le prouve l'expérience que je vais rapporter, pourvu qu'un simple changement de position dans l’ouverture des vases rende impossible la pénétration des germes de ces or- ganismes. On prend un petit matras rempli à moitié d’un liquide orga- nique, et dont l’ouverture est bouchée avec un bouchon de liége. A travers ce bouchon on fait passer un tube de verre de 3-5 mil- limètres de largeur, dont l'extrémité libre et extérieure est recourbée vers le bas sur une longueur de 8 à 6 centimètres. On fait bouillir le liquide dans le matras pendant une heure ; on ferme ensuite l’extrémité du tube avec un tampon de ouate qu’on enlève seulement après que le tout s’est entièrement refroidi. La sub- stance organique se trouve dès lors en communication directe et parfaitement libre avec l'oxygène de l’air extérieur ; cependant elle reste pendant six mois et plus, malgré les plus hautes tempéra- tures de l'air, parfaitement fraiche, inaltérée, dépourvue d’Infu- soires et de Moisissures ; évidemment cette parfaite conservation est due seulement à ce que les spores, flottant dans l'atmosphère, ne peuvent y tomber. Les choses se passent ainsi pour le bouillon de viande, le moût de bière, le lait (qui du reste se coagule), les ferments cuits, les pois cuits, des morceaux de pommes, même - ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. 97 pour l'urine qui reste parfaitement claire, fablement acide et qui ne dégage pas du tout de carbonate d’ammoniaque. Cette expérience est beaucoup plus simple et plus concluante que celles dans lesquelles on fait passer l’air à travers l’acide sul- furique. En effet, dans cette dernière manière d'agir, quelques spores, protégées par la vésicule d’air qui les entoure, peuvent arriver intactes jusqu’au liquide, surtout lorsque le passage de l'air à travers l’acide s’opère un peu vite. On peut faire la même objection au passage de l’air à travers un tube de verre chauffé au rouge sur une partie de sa longueur, comme l'ont fait MM. Doep- ping et Siruve. D’après cela, si nous considérons les décompositions des sub- stances organiques en général, nous voyons que la plupart d’entre elles, abstraction faite de celles qui ont pour cause l’affinité ou une action de surface, dépendent évidemment de l'action de membranes cellulaires vivantes. Toute l’activité chimique des organismes vivants repose sur cette action; c’est là leur état physiologique. Une forme particulière de décomposition des substances organiques , indépendante de la vie physiologique des organismes auxquels elles appartiennent, c’est la pourriture, et elle parait occasionnée par la végétation de Champignons et d’Infusoires, peut-être aussi par les cellules mourantes de l'organisme lui-même, c’est-à-dire encore par la végétation de cellules. Une autre forme particulière est la fermentation, simple division des groupes d’atomes organi- ques; or, elle se rattache essentiellement au ferment (1). Jusqu'à présent on ne connait pas d’autre ferment alcoolique. La synap- tase fraiche ( émulsine) décompose sur-le-champ l’amygdaline ; pour la fermentation alcoolique on ne peut l’employer qu'après qu'elle est restée longtemps à l'air, ce qui la trouble et, d’après M. R.Wagner, donne naissance à du ferment (2). Si l'acide cyan- (1) Voyez les travaux de M. Pasteur : Comptes rendus, t. XLV, p. 943 et 4032. (2) C'est ici le lieu de rappéler les observations faites par M. Schacht sur la réduction du calomel et la formation d'acide cyanhydrique de l’amygdaline sous l'influence de Champignons. Voyez son Lehrbuch d. Anat. u. Phys. d. Gew. Voyez aussi Traube, dans le Jahresber. f. Chemie de M. Kopp, 1858, p. 229. 30 H. WOFFMANN. hydrique, enfermé dans un tube fermé à la lampe, se décompose spontanément; si à la lumière les matières colorantes de nature végétale pâlissent, le nitrate d’argent est réduit, le chlore se com- bine avec l'hydrogène ; si l’empois, traité par l'acide sulfurique, ou la salive, ou l'extrait de malt frais, se change immédiatement en sucre; dans tous ces cas, il ne peut être question d’influences vitales. Mais il en est tout autrement pour les décompositions de corps organisés, vivants ou morts, qui ont lieu fréquemment et librement dans la nature et qu'accompagne un dégagement gazeux ou la putréfaction. Des décompositions sont déterminées de mille manières différentes, tantôt par action de surfaces, par affinité, tantôt par dissolution spontanée de la faible connexion qui unis- sait les molécules entre elles. Mais, dans les phénomènes de la fer- mentation et de la putréfaction, on ne peut s'empêcher, dans l’état actuel des choses, de déduire ce qui a lieu d’une action vitale. Dans ces cas, il faut admettre un ébranlement moléculaire, résul- tant d’un trouble dans l'équilibre des molécules, qui reconnaît pour cause l’action de la membrane de cellules en voie d’accroissement, c’est-à-dire de déplacement des atomes. Je laisse indécise la question de savoir si l’acide carbonique est le produit d’une sécrétion s’opérant à l’intérieur des cellules, ou s’il est produit extérieurement à leur surface. Dans l’intérieur des cellules de ferment normales et actives, on ne voit jamais une bulle de gaz (on doit se garder de prendre pour telles les vacuo- les); néanmoins ce gaz pourrait exister dans leur intérieur dissous comme il l’est dans le sang. Dans l’état actuel de la science, je ne vois pas de moyen pour résoudre cette question par l’observation directe. Il est certain que, pour la fermentation, on doit accorder beaucoup d'importance à la végétation du ferment qu’on a regardé à tortcomme «rappelant les formations fongiques inférieures », ou comme « d'importance secondaire » dans la fermentation alcoolh- que, et qu’on fait provenir d’albuminates, tandis qu’il est composé en grande partie de cellulose (4) et que l'acide sulfurique le trans- (1) D'après M. Payen, le ferment es composé de 62 p. 100 de substances azotées, de 29 de cellulose, etc. (Mém. des savants étrangers. 1839), ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. 39 forme en sucre... Il est certain que le développement d'acide car- bonique dans les solutions sucrées se relie immédiatement aux cellules du ferment, et qu'il n’est pas dû à une substance soluble, susceptible de diffusion, en voie de transformation; c’est ce qui résulte des expériences suivantes. 1. Des spores, parfaitement sans mélange, de Penicillium ou d’Ascophora, déterminent une fermentation complète et normale dans une solution sucrée cuite ou dans le moût de bière; le liquide renferme ensuite du ferment. 2. S'il se produit alors des mycelium, on peut voir, même à l'œil nu, que le développement gazeux commence toujours dans ces flocons. 3. Si l’on partage une solution sucrée ou bien du moût récem- ment cuit, mis dans un tube à réactifs, en deux moitiés séparées par une cloison de ouate bien tassée, et si l’on met ensuite du fer- ment dans la moitié supérieure de ce liquide, la fermentation s'opère uniquement dans celle-ci, et elle peutaller jusqu'à en faire disparaître tout le sucre, tandis qu’elle n’a pas lieu dans la moitié inférieure du même tube. Au bout de quelques jours 1l sort de la ouate et en dessous quelques bulles de gaz qui augmentent peu à peu au point de former une couche gazeuse épaisse de 6 à 13 mil- limètres qui isole entièrement le liquide inférieur ; le sucre reste tout à fait inaltéré dans celui-ci. LL. Si l’on remplit en partie un tube à réactifs avec une solution sucrée ou avec du moût de bière cuit depuis peu, qu’on dispose ensuite ce tube obliquement et qu'après le refroidissement on mette un peu de ferment dans sa portion antérieure, où le liquide a peu de profondeur, on voit la fermentation se déclarer sur ce point et ne s'étendre latéralement qu’à quelques millimètres de distance, pendant que la plus grande partie du liquide ne subit aucune altération. Cela tient à ce que le ferment n'a aucun moyen pour s'étendre horizontalement, tandis que si le vase est disposé verticalement, les bulles de gaz qui s'élèvent contribuent à en répandre uniformément partout les cellules. Au reste, la production d’acide carbonique gazeux se relie exclusivement à la forme en ferment du myeelianm aquatique ; mes h0 H, SMOFFMANN. observations m'ont appris que la forme purement filamenteuse ne donne lieu à aucun développement gazeux. Cette influence énergique et profonde qu’exercent certaines végétations fongiques sur les liquides organiqnes fait disparaître tout le merveilleux qu'il semble y avoir dans les ravages exercés par des Moisissures dans les grandes maladies des plantes. Il n’est plus possible de discuter encore pour savoir si, dans ces cas, les Champignons sont la cause du mal, ou un phénomène accidentelle- ment concomitant, ou bien absolument sans importance. Les recherches qui ont été faites jusqu'à ce jour sur les différentes maladies des vers à soie, sur celle des abeilles, sur la maladie de la pomme de terre, de la vigne, ete., nous montrent-que nous avons affaire ici à la véritable cause; nous voyons aussi que, parmi ces Champignons et Infusoires (en supposant, on le conçoit, des conditions extérieures convenables qui ne se présentent pas toujours, ou même une combinaison particulière de circonstances météorologiques), il y a, d’un côté, des êtres fort utiles, comme les ferments; tandis que, d’un autre côté, nous devons recon- naître dans d'autres des agents chimiques puissants, agissant en grand, destinés à préparer la transformation des substances orga- niques en combinaisons plus simples, faculté qui en fait quelque- fois des ennemis redoutables pour les plantes, les animaux et peut-être aussi pour l’homme. Sous ce dernier rapport, il faudra des recherches ultérieures, particulièrement eu égard à la conta- 210N. Quant à la maladie de la Pomme de terre, la question peut être considérée comme résolue depuis la belle découverte de M. Speer- schneider; aussi est-ce uniquement parce que quelques personnes n’ont pas réussi à vérifier l'exactitude des énoncés de cet habile observateur, que je vais rapporter succinetement les résultats de mes propres observations sur ce sujet, 1. Des tubercules malades ont été partagés et leur section a été appliquée contre celle de moitiés de tubercules sains ; le tout ainsi disposé ayant séjourné dans la terre humide, l’allération se com- mupique aux moitiés saines. On trouve ensuite dans les portions attaquées ‘de celles-ci des filaments de mycelium semblables à ÉTUDES MYCOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. 11 ceux que le Peronospora Solant présente dans l'intérieur des feuilles (2). 2. Vingt tubercules parfaitement sains de pommes de terre tardives ont été lavés et enveloppés de feuilles de cette plante remplies de Peronospora; on les a couverts ensuite d’une couche mince de terre et on a arrosé journellement. Au bout de seize jours, il n’y en avait que trois de malades. Cette expérience a été faite au commencement du mois d'octobre 1859, c’est-à-dire à une époque. où la peau des pommes de terre était évidemment déjà trop endurcie par la développement des cellules subéreuses pour se laisser percer par le mycelium du Champignon. 3. A la même époque, vingt moitiés de pommes de terre frai- chement coupées ont été couvertes, sur leur tranche, de feuilles riches en Peronospora ; on les a mises ensuite en pleine terre en les recouvrant d’une couche très mince; on a arrosé chaque jour. Au bout de seize jours, toutes étaient malades, atteintes de pourri- ture sèche pour les unes, humide et très avancée pour les autres ; le mycelium se retrouvait profondément à leur intérieur, comme dans la première observation. Dans presque tous les cas, la ma- ladie était partie principalement ou exclusivement de la tranche ; sur beaucoup de points elle avait déjà pénétré à 2 centimètres de profondeur. L'observation au microscope a montré qüe le brunis- sement, c’est-à-dire la mortification des cellules, était très étendu comparativement au nombre encore faiblé des filaments de miyec- hum. D'où l’on voit que l’action de ceux-ci n’est pas circonscrite à la substance cellulaire qu'ils touchent. Des moitiés de tuber- cules traitées de la même manière, ont été mises dans une serre froide, en pots, leur tranche en dessus et couverte de feuilles infestées de Peronospora ; on les a recouvertes ensuite d’une couche de à millimètres de terre; après quoi on a arrosé chaque jour. Au bout de onze jours, toutes, au nombre de dix, étaient malades, (4) Fresenius a déjà démontré depuis longtemps l'existence du Champignon de la pomme de terre sur les tubercules (Flora, 1847, n° 1, fig. 7, Botrytis in- festans). M. Schacht a prouvé que le Fusisporium Solani et l'Oidium violaceum sont la même chose. Le mycelium du Peronospora Solani n’est pas coloré en bleu par l'iode, dans les feuilles ni dans les tubercules. 12 H. HOFFMANN. quelques-unes superficiellement, la plupart jusqu'à une grande profondeur. On y voyait le mycelium, comme dans les précé- dentes. D'un autre côté, des tubercules également partagés et traités de même, n’ont pas été atteints par la pourriture. 5. Au même moment, des tubereules coupés par moitié ont été mis en terre, dans des pots, la tranche en haut; on a couvert leur tranche d’une couche d'environ 3 millimètres de terre qu’on avait passée à travers un tamis fin, et sur cette couche on a posé des feuilles atteintes par le Peronospora. On a arrosé journellement. Au bout de onze jours, sur six moitiés, il y en avait quatre de malades, en partie très profondément et surtout à partir de la section. 6. J'ai réussi quelquefois, mais rarement, à infecter, avec du Peronospora frais, de jeunes feuilles saines de pomme de terre. Pour y parvenir, j'ai attaché des feuilles malades contre la face inférieure d’une feuille saine; j'ai mouillé et sur le tout j'ai posé une cloche de verre, pour conserver l'humidité (fin de juillet 1856). 7. Le Peronospora existe sur lés tiges des pommes de terre. 8. Au mois de septembre 1856, j'ai reconnu que la fane de la pomme de terre peut être fortement infectée de Peronospora, tan- dis que les tubercules sont épargnés, si le temps est constamment sec et avec du soleil. 9. Ce n’est pas le Peronospora qui produit toutes les taches des feuilles de pommes de terre malades. Ainsi, en 1859, il a eu deux périodes parfaitement distinctes : 1° au mois d'août : temps sec. Les places tachées des feuilles ne présentent pas de Peronospora, mais principalement le Sporidesmium fuscum Bon., Cladospo- rium herbosum Lk., Stemphylium, Ascophora, Sporotrichum, Trichothecium. 2° A la fin de septembre, après une période très fraiche, humide et sans soleil, le Peronospora s’est montré tout à coup en grande quantité; les fanes sont mortes aussitôt; au bout de peu de jours il y avait beaucoup de tubercules malades. 10. Avec des feuilles de pomme de terre et de diverses autres plantes, qui étaient attaquées par des Champignons autres’ que le Peronospora, je n'ai pas pu parvenir à déterminer la maladie des ÉTUDES MICOLOGIQUES SUR LA FERMENTATION. (6) tubercules, en procédant comme je lai dit à la troisième observa- tion ci-dessus. De ce qu'on vient de voir découle ce qui suit comme résultat final, relativement à la maladie des pommes de terre. Après des pluies abondantes et continues, accompagnées d’une température fraiche, qui arrête l’évaporation, et en l'absence du soleil (1), le Peronospora Solani se développe en immense quan- tité sur les feuilles de la pomme de terre et en fait périr rapide- ment le feuillage en y produisant des taches de brülure. Les spores, à leur maturité, tombent sur la terre; et, si l'humidité ainsi que la chaleur sont suffisantes, elles y développent leurs filaments ger- minatifs qui pénètrent dans les tubercules couverts d’une peau encore mince (M. Kühn a montré que, en outre, les tubercules jeunes sont pourvus de stomates), et y déterminent la pourriture, c’est-à-dire la maladie de la pomme de terre. Après s'être intro- duits dans ces tubercules, ils altérent le contenu des cellules, finalement les parois cellulaires et la fécule, et ils amènent enfin la décomposition. Ainsi les observations de M. Speerschneider (2), que celles dont Je viens d'exposer les résultats confirment de tout point, ont résolu dans sa partie essentielle, le problème qui a tant occupé les esprits et mis en mouvement tant de plumes. Dés lors, voici les indications qui s'offrent à l'esprit pour un traitement curatif ou plutôt préventif de la maladie de la pomme de terre. Aussitôt que, après la combinaison de circonstances que je viens d'indiquer, le feuillage de la pomme de terre présente une sorte de revêtement blanchâtre {Peronospora) et meurt en se tachant, on est menacé de la pourriture des tubercules, à moins qu'il ne règne une sécheresse continue. Ce qu'il y a de plus convenable alors, c’est de couper les fanes et de les détruire. Il peut être utile, (1) Voyez Hoffmann Pflansenklimatologie, p. 195, 496, 247 ; 1857, ainsi que 6°" Bericht der Oberhess. Ges. [. Nat.u. Heilkunde, p. 15, 1857; et 7° Bericht, p. 66, 1859. + (2) Botanische Zeitung, n° 8 de 4857. hf | H. HOFFMANN. dans ceriains cas, d’arroser la terre où sont les tubercules avec du lait de chaux ou une solution de chlorure de calcium, ou bien, comme pour les vignes malades, de soufrer, le tout afin de détruire la faculté germinative des spores de Champignons. Enfin, si la maladie a déjà commencé d'atteindre les tubercules, il faut, avant de les enfermer, les laver et les faire sécher. La suppression des fanes, à l’époque où les tubercules sont déjà formés, ne parait pas avoir d’inconvénients. D'après mes observations, cette époque arrive ici, sept semaines après que les tubercules ont commencé de se former, quatorze semaines après la plantation des pommes de terre tardives, douze semaines après celle des pommes de terre hâtives. Dans tous les cas, les inconvénients que pourrait amener, relativement à l’accroissement des tubercules, la suppression des fanes, à la fin du mois d'août ne peuvent être qu'insignifiants. Sans nous faire juge de la valeur des expériences de MM. Herm. Hoffmann et Speerschneider, nous rappellerons que celles d'un habile observateur, M. Harting, l'ont amené à des résultats diamétralement opposés. Le travail de M. Harting, inséré dans le volume VI des Annales des sciences naturelles, 3° série, page #2, se résume ainsi : 1° Ni la substance malade des tubercules, ni les sporules prises sur les diffé- rents Champignons qu’on y rencontre, ne produisent la maladie lorsqu'elles sont appliquées sur l'épiderme parfaitement intact d'une pomme de terre saine. 2° La substance malade seule, prise pendant la première et la seconde période, c'est-à-dire lorsqu'il n'y a encore aucune trace de Champignon, communique la maladie aux tubercules sains privés d'épiderme. 3° Les sporules des différents Champignons, appliqués sur le tissu parfaite- ment sain, mais. privé d’épiderme, n'ont jamais donné naissance à des Champi- gnons appartenant à l'espèce qui les avait fournis, et jamais l'endroit inoculé n'a contracté la maladie. 4° Non-seulement il a été possible de communiquer la maladie aux tubercules des pommes de terre par l'application, sur un tissu dénudé, de la substance malade, mais on pouvait, par le même procédé {c'est-à-dire en altérant le tissu), communiquer la maladie au tissu des poires, des pommes et même des navets. 5° D'après tous ces faits, M. Harting croit qu'on peut appeler la maladie des pommes de terre une ulmification ou humification qui débute dans l'albumine contenue dans le suc cellulaire pour se propager ensuite aux autres substances qui y sont dissoules, tandis que plus tard lu fécule et enfin les parois cellulaires prennent aussi leur part à la transformation moléculaire générale. (Rén.) e RECHERCHES SUR LA MATIÈRE COLORANTE VERTE DES FEUILLES, Par M. E. FRÉMY. (Comptes rendus de l’Académie des sciences du 27 février 1860.) La substance verte des feuilles, qui est si abondamment répan- due dans l'organisation végétale et qui paraît exercer de l'influence sur la respiralion des plantes, a toujours été regardée comme un des corps les plus importants du règne organique ; aussi a-t-elle donné lieu à de nombreuses recherches de chimie et de physiolo- oie végétales. Les travaux de M. Hugo Mob! ont jeté le plus grand jour sur tous les points d'anatomie qui se rapportent à la constitution de cette singulière substance ; ses propriétés chimiques ont été parti- culièrement examinées par Pelletier et Caventou, par Clamor Mar- quart, par Berzelius, par Mulder et en dernier lieu, d’une manière remarquable, par M. Morot. Les résultats constatés par les savants que je viens de citer sont intéressants, et je ne manquerai pas de faire ressortir leur importance lorsque je publierai le détail de mes expériences; mais ils laissent encore bien des questions à résoudre. Ainsi certains observateurs considèrent la matière verte des feuilles comme un principe immédiat qu’ils désignent sous le nom de chlorophylle; d’autres admettent que la coloration des feuilles est due au mélange de plusieurs matières différentes : les uns pensent que la chlorophylle est azotée, les autres lui donnent une composition ternaire : dans une communication récente, hG E. FRÉMY. M. Verdeil annonçait que la chlorophylle présentait quelques rap- ports avec la matière colorante du sang et qu’elle contenait du fer comme elle. | En présence de résultats qui offrent ‘entre eux de si grandes différences, il paraît évident que la matière colorante des feuilles n’a jamais été obtenue à l’état de pureté, que dans cette question délicate les ressources de l’analyse immédiate n’ont pas été entiè- - rement épuisées, et que ce point intéressant de la chimie végétale exigeait de nouvelles recherches. Dans cette persuasion, j'ai repris l'examen de la matière verte des végétaux : cette étude rentrait du reste dans le cadre des questions que je voulais aborder dans mes recherches générales de chimie appliquée à la végétation. Avant de chercher les analogies plus ou moins contestables qui peuvent exister entre la chlorophylle et les corps qui l’accompa- gnent dans la végétation, j'ai pensé qu’il fallait déterminer d’abord la constitution de cette matière verte, et surtout examiner si elle est simple, quant à sa couleur, ou si elle ne résulte pas du mélange ou de la combinaison d’un corps bleu avec un corps jaune. On sait avec quelle facilité l’alcool dissout la matière colorante des feuilles; ce liquide donne par l’évaporation une huile verte fort complexe désignée autrefois sous le nom de chlorophylle et à laquelle je conserverai ce nom provisoirement, quoiqu'elle con- tienne, comme on l’a démontré plus tard, plusieurs principes immédiats différents. Sans me préoccuper des corps gras qui, dans la chlorophylle, accompagnent obstinément la substance verte et que l’on ne peut éliminer qu’au moyen de réactifs énergiques qui modifient toujours la matière colorante, j'ai voulu agir directement sur l'huile verte et déterminer avant tout la nature du principe coloré qu'elle contient. | Pour recherchersila matière colorante des feuilles est composée de deux principes différemment colorés, j'ai eu recours d’abord à une méthode dans laquelle la matière verte des feuilles est mise en présence d’un corps dont l’affinité pour les substances colorantes peut être modifiée à volonté ; dans ce but, j'ai choisi l’alumine MATIÈRE COLORANTE VERTE DES FEUILLES, A7 hydratée : l’affinité de cet hydrate se trouve augmentée ou diminuée par des additions d’eau ou d'alcool absolu. En développant ainsi avec lenteur l’affinité de l’alumine pour les corps colorés, j'avais l'espoir de décomposer la matière verte des végétaux, en admettant qu’elle füt formée par un mélange de substance jaune et de substance bleue qui pourraient avoir, pour l'oxyde métallique, des affinités différentes. J'ai donc introduit de l’alumine hydratée dans une dissolution alcoolique de chlorophylle : la matière colorante, étant retenue d'abord par l'alcool, ne se combine pas avec l’oxyde métallique ; ‘inais si, par des additions d’eau successives, on diminue de quel- ques centièmes la force alcoolique du liquide, il arrive un moment où l’affinité de l’alumine pour la matière colorante peut s'exercer et la combinaison se déterminer. En faisant varier les conditions de cette expérience, j’ai pu opé- rer jusqu’à un certain point le dédoublement de la chlorophylle : comme la matière jaune des-feuilles paraît avoir moins d’affinité pour l’alumine que n'en a l’autre substance colorée, lorsque la liqueur est très alcoolique, j'obtiens une laque verte très foncée, tandis que l'alcool retient en dissolution une substance d’un beau jaune: quand, au contraire, la dissolution est étendue d’une quantité d’eau considérable, toute la matière colorante s’unit à l’alumine et produit une laque d’un vert jaunâtre qui rappelle exactement la coloration des feuilles. Dans cette série d'expériences, j'ai donc éliminé une certaine partie de la matière jaune contenue dans la chlorophylle ; j'ai même obtenu une matière verte plus foncée que celle qui existe dans les végétaux, mais il m'a été impossible de pousser plus loin le dédoublement et d'obtenir des laques bleues. Agissant alors sur la combinaison d’alumine et de chlorophylle, j'ai pensé qu'en la décomposant par des réactifs faibles qui pour- raient exercer sur elle une action inégale, j'isolerais peut-être les principes qui par leur réunion formaient la couleur verte. L'emploi des dissolvants neutres, tels que l'alcool absolu, l’éther, le sulfure de carbone, l'essence de térébenthine, devait me donner des résultats intéressants : j’ai reconnu, en effet, que ces liquides 8 E. FRÉMY. décomposent inégalement les combinaisons d’alumine et de matière colorante. Les uns, comme le sulfure de carbone, portent principalement leur action sur le composé d’alumine et de principe jaune, ils peuvent donc être employés pour extraire ce dernier corps et foncer la teinte verte du résidu; les autres, comme l’éther, l'alcool ou l’essence de térébenthine, agissent d’une manière égale sur les différentes parties qui forment la laque et isolent la matière verte avec sa première teinte; lorsque ces différents dissolvants sont employés successivement et après le sulfure de carbone, ils donnent des substances vertes qui sont plus bleuâtres que les premièrés ; par celte méthode je modifiais donc encore la teinte de la substance verte, mais jen obtenais pas son dédoublement. Tous ces résultats, quoique incomplets, étaient cependant impor- tants pour moi, puisqu'ils me prouvaient qu'il était possible, par l'emploi de certains réactifs, de séparer en partie le corps jaune contenu dans la chlorophylle et de produire des matières vertes contenant plus de bleu que la substance verte normale. Ces chan- gements de teinte de la chlorophylle semblaient donc prouver que sa couleur verte est due réellement au mélange d’un corps bleu et d’un corps jaune. Les expériences synthétiques que je vais décrire devaient, à cet égard, me donner des enseignements que l’analyse m'avait refusés. J'ai pensé que, s’il m'était possible de décolorer la matière verte des feuilles et de reproduire ensuite sa coloration première, je pourrais peut-être saisir les corps colorés au moment de leurs transformations et les séparer avant que leur mélange pût s’eflec- tuer de nouveau. J'ai été assez heureux pour réaliser cette séparation dans des circonstances curieuses que je vais faire Connaître. | Les corps réducteurs qui opèrent si facilement la décoloration de plusieurs principes colorés n’agissent pas sensiblement sur la ehlo- rophylle; mais J'ai reconnu que sous d’autres influences, et prin- cipalement par l’action des bases, la matière verte des feuilles se change en une belle couleur jaune que l'alcool dissout avec facilité. MATIÈRE COLORANTE VERTE DES FEUILLES. 19 Ce corps jaune, semblable à la substance verte, peut contracter avec l’alumine une combinaison insoluble et former une belle laque jaune, qui cède ensuite sa malière colorante aux dissolvants neutres, tels que l'alcool, l’éther, le sulfure de carbone : lindus- trie pourra peut-être utiliser un jour ces laques vertes et jaunes que l’on peut produire st facilement avec la chlorophylle. En soumettant la matière jaune précédente à l’action de certains réactifs, j'ai pu rendre à l'alcool, qui la tient en dissolution, sa couleur verte primitive; quelques acides et surtout l'acide chlor- hydrique opèrent facilement cette transformation remarquable. La double réaction que je cherchais était donc trouvée; au moyen des expériences que je viens de décrire, je pouvais, à volonté, décom- poser et reproduire la couleur verte des feuilles. Il restait à résoudre la seconde partie de la question qui était la plus difficile. En admettant que la substance verte fût composée de bleu et de jaune, il fallait séparer, au moment de leur forma- tion, les deux corps qui, par leur mélange, reproduisaient Ja malière verte. Après des essais multipliés que les chimistes comprendront facilement, mais dont les détails ne peuvent trouver place dans cet extrait, je suis arrivé à empêcher les deux couleurs différentes de se mélanger au moment de leur formation, et j'ai pu décomposer le vert des feuilles en bleu et en jaune. Pour arriver à ce dédoublement, j'ai employé simultanément deux liquides agissant d’une manière différente sur les deux élé- ments de la couleur verte et ne pouvant pas se mélanger ensuite : l’'éther et l'acide chlorhydriqne m'ont paru réaliser ces deux con- ditions de la manière la plus complète. Je savais, en effet, que l’acide chlorhydrique avait la propriété non-seulement de dissoudre la matière colorante des feuilles, mais de la régénérer lorsqu'elle est détruite; et de plus, des essais préalables m'avaiert également appris que la substance jaune était très soluble dans l'éther. Voulant donc séparer les deux matières colorantes qui donnent 4 la chlorophylle sa couleur verte, j'introduis dans un flacon bouché à l’émeri un liquide composé de deux parties d’éther et d'une partie d'acide chlorhydrique étendu d’une petite quantité k°® série Bot. T. XIII. (Cahier n° 4.) # 4 50 E. FRÉMY. d’eau ; j’agite fortement le flacon, de manière à saturer l'acide chlorhydrique d'éther, des expériences m'ayant appris que, si l’acide est trop concentré, il décompose la matière colorante et que son action dissolvante est très énergique lorsqu'il est ainsi saturé d’éther. | En soumettant alors à l’action de ce liquide le corps qui pro- vient de la décoloration de la chlorophylle, et agitant la liqueur pendant quelques secondes, on voit se produire une réaction bien remarquable ; l’éther retient la matière jaune des feuilles et con- serve une coloration d'un beau jaune ; tandis que l'acide chlorhy- drique, réagissant sur la partie de la chlorophylle qui a été déco- lorée, reproduit une substance d’un bleu magnifique. Les deux couleurs de la chlorophylle, le bieu et le jaune, se trouvent donc ainsi isolées et ne peuvent plus se mélanger pour produire une teinte verte, puisqu'elles sont retenues par deux liquides différents, l’éther et la liqueur acide ; si, au contraire, ces deux substances colorantes retirées des deux liquides précédents sont mélangées entre elles sous l'influence de l'alcool quiles dissout, elles donnent immédiatement une teinte verte comparable à celle que présente la chlorophylle. J'ai donné le nom de phylloæanthine à la matière jaune soluble dans l’éther, et de phyllocyanine à la matière bleue qui reste en dissolution dans la liqueur acide. Le corps jaune qui résulte de l'altération de la phyllocyanine et qui peut la reproduire sous cer- taines influences, sera étudié sous le nom de phylloæanthéine. Il n’est pas inutile de faire remarquer ici que la phyllocyanine peut être produite à l'abri de l’air, qu’elle se forme sous l'influence de plusieurs acides et qu'elle dérive de corps solubles dans lal- cool et l’éther. Ces circonstances de formation empêchent de la confondre avec les corps bleus que forme l'acide chlorhydrique lorsqu'il agit, sous l’influence de l'oxygène, sur les substances albumineuses. Après avoir prouvé qu’au moyen de la chlorophylle altérée on peut reproduire, par des réactions assez simples, une matière jaune et une matière bleue qui, par leur mélange, donnent la teinte verte des feuilles, j'ai pensé qu'il fallait aller plus loin et séparer MATIÈRE COLORANTE VERTE DES FEUILLES. O1 directement les deux substances colorées qui existent dans les feuilles ; en un mot, réduire le corps vert en matière jaune et en matière bleue. Jai pu encore réaliser cette décomposition : en soumettant, en effet, au mélange d'acide chlorhydrique et d’éther la chlo- rophylle obtenue au moyen de l'alcool, on voit la teinte verte brunir d’abord et se dédoubler ensuite en phyllocyanine qui colore en bleu la liqueur acide, et en phylloxanthine qui donne à l’éther une belle ‘teinte jaune. Cette expérience curieuse peut être faite soit avec de la chlorophylle, soit avec des feuilles vertes desséchées. Après avoir examiné la substance verte des feuilles et les corps qui en dérivent, il était intéressant de comparer cette matière avec la substance jaune qui se trouve dans les jeunes pousses et princi- palement dans les feuilles éfiolées. Il m'a été facile de reconnaitre que, dans ces différentes cir- constances physiologiques, la substance jaune des feuilles se trouve exactement dans le même état que celle qui résulte de la décom- position de la chlorophylle : j'ai pu l'extraire au movên de l’alcool et la transformer partiellement en matière bleue sous la double influence de l'éther et de l'acide chlorhydrique. Les feuilles étiolées soumises à l’action des vapeurs acides prennent rapidement une belle coloration verte; il existe donc des rapports très simples entre les corps qui donnent aux feuilles leur coloration verte et ceux qui les colorent en jaune. Les feuilles qui jaunissent en automne ne contiennent plus de phyllocyanine, et sont colorées uniquement par la phylloxanthine. En traitant ces feuilles jaunes par Palcool et soumettant cette liqueur à la double action de l'éther et de l'acide chlorhydrique, je n'ai pas produit de traces de phyllocyanine, tandis que la substance jaune est restée en dissolution dans l’éther. On voit donc que la phylloxanthine est beaucoup plus stable que la matière bleue ; c’est elle qui apparaît en premier lieu dans les feuilles et qui se retrouve encore dans les feuilles qui tombent : cette persistance de la substance jaune empêche que la phyllocya- 592 E, FRÉMY. nine devienne apparente dans l’organisation végétale: en effet, on n’a jamais vu de feuilles bleues. Tels sont les faits nouveaux que je me proposais de soumettre à l’Académie dans cette première communication sur la chlorophylle; qu’il me soit permis de les résumer en quelques mots : 1° La substance verte des feuilles peut donner naissance à une matière bleue et à une matière jaune (1). | 2° Ces substances colorantes contractent avec l’alumine des combinaisons insolubles dans lesquelles ai pu faire varier l’affinité de l’oxyde métallique pour la matière organique. 3° La matière bleue de la chlorophylle est plus altérable que la substance jaune : sous des influences variées elle peut perdre sa couleur bleue et la reprendre ensuite. L° L'étude de ces phénomènes de décoloration m'a permis de dédoubler la matière verte des feuilles en bleu et en jaune, et de fixer ces couleurs dans deux liquides différents qui, ne pouvant plus se mélanger entre eux, empêchent la substance verte de se reproduire. 5° Comparant la couleur jaune des feuilles étiolées avec la couleur verte des feuilles insolées, j'ai démontré que le corps qui résulte de la décoloration de la phyllocvanine et que les réactifs produisent si facilement, existe dans l’organisation végétale; il précède la matière verte; il se trouve dans les jeunes pousses et (1) Dans cette première communication, je suis loin d'avoir épuisé toutes les questions intéressantes qui se rattachent à la coïoration des feuilles : comme l'a fort bien dit M. Chevreul, il sera utile de déterminer la nature de la substance rouge qui préexiste ou qui se forme à un certain moment dans piusieurs espèces de feuilles; cette matière colorante me paraît présenter une grande analogie avec celle qui existe dans un grand nombre de fleurs roses ou rouges. Je me propose également de rechercher si la phyllocyanine et la phvlloxan- thine n’ont pas été modifiées par les réactifs que j ai employés, et si elles existent réellement dans les végétaux : dans ce dernier cas, les corps colorés se trouvent- ilsen simple mélange ou er combinaison entre eux ? Pour résoudre ces points importants de chimie végétale, j'aurai particulièrement recours à l’action de la lumière qui, sous l'influence de la chlorophylle naturelle, donne naissance, comme on le sait, à des phénomènes fort remarquables. MATIÈRE COLORANTE VERTE DES FEUILLES. D9 dans les feuilles étiolées. Il se colore immédiatement en bleu sous l'influence des vapeurs acides ; ces substances colorées présentent donc entre elles des relations très simples et dérivent probablement du même principe. En communiquant à l’Académie ces faits nouveaux qui me paraissent éclaircir plusieurs points de la chimie végétale, je suis heureux de reconnaitre que, dans ce travail, j'ai trouvé de nom- breuses applications des principes que nous devons à notre illustre doyen de la section de chimie, M. Chevreul. J'ai compris avec quelle raison 1! recommande aux chimistes de n'avoir recours à l’analyse élémentaire que lorsque les corps sont obtenus dans un état de pureté absolue, et de revenir souvent à l’analyse immé- diate organique, trop négligée aujourd'hui. C’est ainsi, en effet, que la chimie conservera son caractère de science naturelle, et qu’elle pourra résoudre des questions générales dont l'importance ne sera conteslée par personne. REVISIO SELAGINELLARUM HOR TENSIUM ù Auctore A. BRAUN. Quum Selaginellæ species, quæ in hortis coluntur, quamvis Mettenius in opere De filicibus hort. bot. Lipsiensis egregie de us egerit, pleræque etiam atque etiam nominibus aut erroneis, aut irritis designentur, novam et criticam specierum in dies numefo auctarum recensionem haud superfluam esse æstimavi. Comparatis hune ad finem omnibus, quæ in hortis, botanico Be- rolimenst et vicinis, inprimis Borsigiano et Augustiniano, sup- petebant, cum collectionibus herbarï regit, plurimas species cultas ad species cognitas referre, nonnullas novas descriptionibus illustrare licuit. In quarum enumeératione sectiones vasti et diffi- cillimi generis, quales clar. Spring in monographia Lycopodiacea- rum proposuit, utpote ex parte artificiosas magis quam naturales, non stricte secutus, sed distributione paululum mutata, habitus differentias magis respiciente usus sum. CLAVIS SECTIONUM. [. Folia homomorpha, undique directa : HomorropÆ (HoMoPHyLLÆ Spr.). À. Folia polysticha : Polyshiche. a.) Bracteæ polystichæ : Cyhindrostachyæ(S. spinulosa À. Br.). b.) Bracieæ tetrastichæ : Tetragonostachyæ (S. rupestris Spr.). B. Folia tetrasticha (et bracteæ tetrastichæ) : T'etrashichæ (S. san- guinolenta Spr.; S. ulhiginosa Spr.; S. pumila Spr.). REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. D II. Folia dimorpha, tetrasticha, bifariam expansa : DicHOTROPÆ (HETE- ROPHYLLÆ Spr.). A. Bracteæ homomorphæ, spicæ tetragonæ : Tetragonostachyæ (Hook. et Gr.). a.) Caulis continuus, radices posticæ : Continuæ (Spr.). «. Surculi repentes, undique radicantes, continue et inde- finite crescentes aut, vegetatione interrupta, ex apice innovantes ; folia plerumque undique dimorpha : Repentes. * Parce ramosæ (S. apus Spr. el aff.). #* Expanse ramosæ (S. helveñca Lk.;, S. denticulata Lk., etc.). ##% Pinnatin ramosæ (S. serpens Spr.; S. uncinata 11) PAR On) 1 6. Surculi adecendentes, sæpe radices aereas demittentes, pyramidatim vel fastigiatim ramosi : Adscendentes. * E surculorum apicibus immutatis, sæpe ad terram recurvis innovantes, perennantes : Persistentes (S. Martensu Spr.; S. fleœuosa Spr., etc.). “Ex apicibus ramorum superiorum vel inferiorum mutatis, nonnunquam flagelliformibus et bulbilliferis vegelationem annuam repelentes : Redivivæ (S. c1- liata À. Br.; S. increscentifolia Spr.; S. abyssinica Hochst. et Spr.). y. Surculi adscendentes, libere erecti vel scandentes, inde- finite crescentes, ramis definite compositis, frondiformi- bus, ad basin utrinque (vel altero latere) soboliferis : Proceres. * Erectæ, e surculi parte inferiore tantura soboliferæ (S. inæquahfohia Spr.). “* Scandentes (S. lœvigata Spr.; S. exaltata Spr.?). d, Sureuli erecti, basi radicantes et stolones hypogæos vel epigæos emittentes, inferne simplices, superne ramosi et in formam frondis definite compositæ expansi. Folia in caule primario plerumque homomorpha : Caulescentes (S. pubescens Spr.; S. caulescens Spr.; S. flabellata b À M Spr., ete.) 6 A. BRAUN. . Surculi ordine spirali succedentes, circa sympodium cen- trale rosulati, frondiformes, basi præsertim radicantes, siccitate plerumque circinatim involuti : Rosulatæ (cir- cinatæ Spr.) (S. involvens Spr.; S. cuspidata Spr.; S. lepidophylla Spr., etc.). b.) Caulis ad ramorum originem articulatus, radices anticæ : Arthiculatæ (Spr.). a. Repentes (ut supra). * Expanse ramosæ (S. hortensis Mett.). * Pinnatim ramosæ (S. stolonifera Spr.). B. Adscendentes (S. Poppigiana Spr., S. Galeottu Spr.). y. Caulescentes (S. asperula Spr.). B. Bracteæ dimorphæ, bifariam expansæ ; spicæ complanatæ : Platystachyæ (Hook. et Gr.). a.) Bracteæ posticæ majores; spicæ non resupinatæ : Pronæ (S. ciliaris Spr.). b.) Bracteæ anticæ majores indeque spicæ resupinatæ : Resu- pinalæ (species pleræque repentes vel adscendentes e. g. S. myosuroides Spr.; S. Lychnuchus Spr.; S. steno- phylla À. Br., etc.). SELAGINELLA. SECTIO Ï. — HomorroPpzÆ. A. Polystichæ. a.) Cylindrostachyæ. 1. S. srinuLosa À. Br. in Dôll. rh. FI. p. 48; $. spinosa (Pal. d. Beauv.) Spr. monogr. If, 59; S. selaginoides Lk. h. Ber. TT, 161. ; Lycopodium selaginoides L. In alpibus et subalpinis Europæ et Americæ borealis. Dispositio folio- rum valde variabilis, spiralis aut rarius verticillata, ad $, #, ©, ? (obli- que versus À), +, in spicis insuper ad (5) #, (2) à; (4) ++ Plantula peren- REVISIO SELAGINELLARUM. HORTENSIUM. 57 nis, repens, vage ramosa, ramis spicigeris elongatis erectis. Microsporæ sulphureæ ! plerumque quaternatim (ad formam tetraedri) conjunctæ, sin- gulatim -- mm. crassæ, sparsim et longe muricato-papillosæ , papillis s. aculeolis = im. longis, obtusis vel truncatis, rarius acutis, rarissime apice bipartitis malleiformibus. Macrosporæ magnitudine insignes, diam. : mm., luteo-albæ, dense breviter papillosæ. b.) Tetragonostachyæ. 2, S. RuPEsTRIS Spr. monog. Il, 55; Lycopodium rupestre E.. Species cosmopolitica, per Americam septentrionalem et australem, Africam australem et Indiam orientalem divulgata. Colebatur in hort. Anglicis t. Sweet. (Knze, Znd., p. 35). Folia ad disposita; spicarum bracteæ decussatæ, concinne tetrastichæ. Microsporæ cinnabarinæ; ma- erosporæ albidæ. Maturas non vidi. B. Tetrastichæ. 9. S. PUMILA Spr. monogr. Lycop. IE, p. 60 ; Lycopodium pu- milum Schlehtd. Adumbr. p. 6,t. 3; Lk. h. Ber. IT (1833) p. 160; ZL. pygmœum et L. bryoides Kaulf. enum. p. 9 et 10. Africa australis. Plantula annua, erecta, simplicissima aut parce ra- mosa, olim e sporis excussis speciminum a cl. Bergius missorum in horto Berol. culta. Caulis exacte tetragonus. Folia cathedra, inferiora opposita, superlora disjunceta, antitrope decussata. Bracteæ laxe tetrastichæ. Micro- sporæ miniatæ, pleræque tetraedrice cohærentes, == mm. crassæ, tenuis- sime et densissime breviter papillatæ; macrosporæ luteo-albæ, ; mm. crassæ, grosse reticulato-exsculptæ. SECTIO Il. — DicaorroPpz, A. Tetragonostachyæ. a.) Continuæ. a. Repentes. * Parcius ramosæ, amentis terminalibus. h. S. aus Spr. monoer. p. 75; Lk. Fil. h. Ber. p. 159; Met. 98 | A. BRAUN. Fil. h. Lips. p. 493; Lycopodium apodum Y..; L. brasiliense Raddi Fil. Bras. 82, t. 1; Lk. h. Ber. IT, 162. Cæspitosa, humilis, flaccida, repens vel adscendens, laxe ra- mosa; folis undique dimorphis, inferioribus remotis, lateralibus rectangule patentibus et leniter retrorsum arcuatis, late oblongis, antice duplo fere latioribus, acutiusculis, mconspicue marginatis, minute serrulatis, basi integra antice dilatata et rotundata caulem tegente; folus intermediis duplo-triplo minoribus, adpressis, vix divergentibus, et basi integra obliqua oblongis, acuminatis, serru- latis ; bracteis quam folia longioribus, patulis, et basi ovata sensim acuminats, serrulatis. In America septentrionali et meridionali (Canada ; Carolina ; Beyrich; Louisiana : v. Chrismar; Texas ; Zindheimer ; Brasilia, etc.). In hortis sub nomine S. apode, apodæ minoris, densæ, brasiliensis et (confusione nominum) decompositæ colitur, cæspitibus lætissimis, densioribus vel laxioribus perennans. Radices filiformes, tenuissimæ. Caulis tener, anceps potius quam tetragonus, antice et postice convexus, siccitate antice utrin- que leviter exaratus. Folia (lateralia æque ac intermedia) simplici serie cellularum angustissimarum cincta, hinc sublente tenuissime et vix con- spicue albo-marginata. Nervus foliorum lateralium sub apice evanescens, supra vix carinatus, subtus inconspicuus (vix sulcatus), foliorum interme- diorum ad apicem excurrens, supra evidentius carinatus. Folia cæterum nunc remotiora, nunc confertiora, latiora vel angustiora. Spicæ magnitu- dine insignes, surculo vegetativo latiores, in caule primario et ramis superioribus terminales. Microsporæ fusco-rufæ (sub microscopio fusco- aureæ), 35-37 mm. crassæ, subleves vel tuberculis depressis irregulari- ter exasperatæ. Macrosporæ luteo-albæ, vix ultra + mm. crassæ , grosse reticulato-tuberculatæ. Sel. albidula Spr., L. c., p. 95, secundum specimina herbari Willde- nowiani mera varietas $. apode, foliis confertioribus, rigidioribus, palli- dioribus, lateralibus evidentius acuminatis. 5, S. Lupovicaxa 4. Br.; S. apus y denticulata Spr. 1. c. D: ON Cæspitosa, elatior et rigidior, repens vel adscendens, laxe ra- mosa, foliis undique dimorphis, remolis, laterahbus subrectangule patentibus, non recurvatis, late oblongis vel ovatis, antice triente REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. 99 fere latioribus, acutis vel breviter acuminatis, evidenter margi- natis, serrulatis, basi integra antice dilatata et rotundata (nonnun- quam subcordata) caulem tegente ; foliis intermediis duplo-triplo minoribus, adpressis, subdivergentibus, e basi integra obliqua oblongis, acuminalis, late albo-marginatis ; bracteis folia longitu- dine æquantibus, erecto-patentibus, ovato-lanceolatis, serrulatis. Hab. in Louisiana. In hortis (in hort. Berol. ab anno 1839) colitur sub nominibus $. apodæ, apothesæ, apothecæ et Louisianæ. À præcedente notis indicatis constanter distinguitur. Folia firmiora, minus pellucida, plerumque latiora et evidentius acuminata, lateralia et intermedia cellu- larum angustarum et chlorophyllo carentium seriebus 4-5 marginata. Nervus in fohis lateralibus supra suhtusque inconspicuus, nec in folis intermedis supra carinatus. Microsporæ iis $. apodæ similes, leves ; macrosporæ majores, ; mm. crassæ , reliculo elevato minus tuberculoso ornatæ. Huic affinis est S. apus B. tetragonostachya Spr., l, c., (S. pallida Beyrich in herb. reg. non Spr.) e Brasilia, quam sub nomine S. Beyri- chu distinguo. Differt præsertim foliis lateralibus magis obliquis, antice late, postice angustissime marginatis, fois intermedns fongius aristato- acuminatis, bracteis angustioribus longe acuminatis, posticis manifeste minoribus et pallidioribus, qua nota ad S. Lychnuchum e sectione pla- tystachyarum accedit. Expansæ ramosæ, spicis ramigenis. 6. S. neLverica Lk. Fil. h. Ber. p. 159; Spr. monogr. Il, p. 88; Met. Fil. b. Lips. p. 123; Lycopodium helveticum L.. ; L. radicans Schrank. In subalpinis Europæ, Asiæ Minoris et Caucasi. Surculi terræ adpressi, radicibus tenuissimis. Spicæ ramos laterales scapiformes erectos laxe homophyllos terminantes, elongatæ, laxæ, haud raro bifidæ vel fastigiato- dichotomæ. Macrosporæ luteo-albæ, demum saturatius lutescentes, ? mm. crassæ, tuberculis minutis non confluentibus dense obsitæ ; microsporæ rufæ, mm. crassæ, tenuissime punctatæ, vix elevato-granulatæ (sec. Mettenium manifeste granulatæ). 7. 5. penricuara Lk. Fil, h. Ber. (1841) p. 154 (exclusa pl. 60 A. BRAUN. tum temporis in hort. Ber. culta); Spr. monogr. IF, p. 82; Lyco- podium denticulatum L. _ Hab. per totam Europam meridionalem, nec non in Syria et insulis Cana- riis, sec. Spring etiam in promontorio Bonæ Spei (Lycopodium depres- sum Sw.). Genuinam nuper tandem ex horto bot. Atheniensi accepimus, nec non ex aliis hortis sub nomine erroneo S. obtusæ. Habitu cum S. hel- vetica convenit, sed foliis latioribus, cuspidatis, evidentius serrulatis fa- cile distinguitur. Rami spiciferi minus elongati, non scapiformes, parte vegetativa in fructiferam sensim abeunte. Color intense glauco-virens, ætate cupreo-rufescens. Macrosporæ iis S. helveticæ similes, tuberculis paulo longioribus obsitæ ; microsporæ evidenter tuberculoso-granulatæ. Specimina in horto culta hucusque sterilia. *#*° Pinnatim ramosæ, spicis ramulos terminantibus, O. 5. DELICATISSIMA. Parvula, cæspitosa, sureulis repentibus vel adscendentibus, distanter ramosis, excurrentibus, ramis pluries divisis delique- scentibus ; foliis remotis, in ramulis superne confertis, lateralibus erecto-patentibus (in ramulis subrectangule patentibus), supra concavis et siccitate sursuin inflexis, late ovatis, rotundato-obtusis, subæquilateris (antice paulo latioribus), margine anteriore ad <-+ 25 posteriore basi tantum laxe ciliatis, apice minute denticulatis, basi obliquis, utrnque rotundatis vel subcordatis, caulem subtus tegen- tibus, nervo supra vix prominulo instructis ; intermediis duplo minoribus, subdivergentibus, angustius ovatis, apice attenuatis obtusiusculis, inferne longe ciliatis, superne minute denticulatis, basi obliquis, exteriore evidentius cordatis, supra nervo carinatis. Sub nomine indicato ex horto Lindenu in hortos Berolinenses pervenit. Patria mihi ignota et affinitas propter spicas nondum observatas dubia. Quoad formam foliorum similis est S. subspinulosæ Spr. (add. ad mo- nogr. Lycop., p. 7), javanicæ, quæ foliis magis pellucidis (e cellulis majoribus contextis), intermediis manifeste acuminatis et ad apicem usque remote cihatis differt; nec non S. minimæ Spr. e Guyana gallica, quæ ex descriptione caule brevissimo, foliis undique approximatis pellucidis, intermedis à-{plo minoribus, minute denticulatis (nec ciliatis) gaudet. S. microphylla Spr., in Columbia et Brasilia reperta, folia habet quoad REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. GA formam subsimilia, sed quoad directionem omnino contraria, dorso con- vexa et siccitate deorsum flexa, cauli denique applicata. Habitus S. dehi- catissimæ ratione culturæ mire variat. Humiditate et calore favente valde gracilescit et magis adscendit, ramis dissitis et foliis undique remotis luxurians ; statione sicciore et minus fervida caule firmiore humifuso prorepit et pinnatim ramos magis concinnos foliaque ramulorum dense conferta profert. Caulis tenuis, albidus, obtuse pentagonus, supra leviter bisulcatus, carina dorsali passim sulco exarata. Radices tenuissimæ. Folia læte viridia, supra opaca, subtus pallidiora et mitida. Nervus in foliis la- teralibus et intermediis sub apice evanescens. Margo foliorum simplici cellularum serie cinctus. 9. S. serres Spr. monogr. I, 102; Lycopodium serpens Desv. Prostrata, surculis longe repentibus, flaccidis, anguste et laxe bipinnatis, surculo primario ramisque exeurrentibus; foliis remo- tiuseulis, lateralibus erecto-patentibus (ramorum subrectangule patentibus) supra concaviusculis, siccitate sursum inflexis, ovatis vel ovato-triangularibus, obtusiusculis, subæquilateris, margine anteriore ultra medium, posteriore prope basin rigide ciliatis, apice subintegerrimis, basi obliquis, antice rotundatis caulem subtus tegentibus, postice sinuato-dilatatis, nervo supra prominulo instruetis; intermediis duplo-triplo minoribus, oblique ovatis, euspidatis, margine Loto breviter et rigide ciliatis, basi valde obli- quis, exteriore longe cordato-productis, nervo supra vix promi- nulo; spicis brevibus, ramulos ultinmi ordinis terminantibus ; bracteis adpressis, ovalis, leviter acuminatis, denticulatis. Hab. in Jamaica et Cuba. Planta hortensis, quæ e Jamaica allata sub nominibus S. mutabihs, S. variabihs (« Hook?») et S. jJamaicensis militat, cum speciminibus Devauxianis in herb. Willd. (n° 19375) et Kunth. exacte congruit. Memoratu digna est quotidiana coloris mutatio, quæ in hac specie observatur. Color matutinus saturate prasinus interdiu lucis effectu sensim pallescit et albescit ; interveniente nocte color viridis restituitur. Planta siccata supra prasino-viridis, subopaca, subtus palli dior et nitida est. Radices tenuissimæ, ut in præcedentibus. Caulis a dorso complanatus, anceps, subtus convexus, siccitate sulco levi exara- tus, supra profunde bisulcatus et medio acute carinatus. Folia undique 62 A, BRAUN. dimorpha, intermedia parallela vel subconvergentia, adpressa, mucrone patulo. Nervus foliorum omnium sub apice evanescens. Margo singula (in foliis intermediis versus basin duplici) cellularum serie formatur. Micro- sporæ aurantiacæ, -, mm. crassæ, sparsim elongato-papillosæ, papillis cylindricis, obtusis vel truncatis, += mm. fere longis. Macrosporæ albæ, diametro ; mm. vix superantes, tenuissime et inconspicue farinaceo- exasperalæ. CI. de Schléchtendal et de Chamisso (Linnæa, V, p. 622), quos cl. Spring secutus est, cum S. serpente speciem distinctissimam mexicanam, a peregrinatoribus Schiede et Deppe prope Papantlam lectam, commis- cuerunt, quan Selag. Schedeanæ nomine distinguo. Surculis gaudet prostratis, longe repentibus, passim æqualiter dichotomis, cæterum remote alternatim ramosis, ramis inæqualiter dichotomis, cuneatim expan- sis. Caulis debilis, tetragonus, pleurotropus, superne utrinque sulco angusto laterali exaratus el medio leviter depressus, subtus quoque late exaratus. Radices tenues. Folia undique dimorpha, remotiuscula, in ramulis magis approximata, sed tamen discreta, lateralia subrectangule patentia, oblongo-lanceolata, subæquilatera, obtusiuscula, utroque mar- gine ultra medium remote cilata, ciliis marginis anterioris in statu sicco ad paginam folii supinam reflexis, versus apicem minutissime serrulata, basi caulis dorsum non tegentia, longitudinaliter inserta, contracta, postice magis dilatata, sed non auriculata, inconspicue marginata, nervo supra prominulo, subtus leviter impresso, sub apice evanescente instructa. Folia intermedia 3-hplo minora, subconvergentia, adpressa, apice sub- patula, ovato-oblonga, subfalcata, longe cuspidata, marginata, parce et remote ciliata, basi obliqua, exterius subauriculatim producta, dorso leviter carinata. Spicæ ramulos terminantes, brevissimæ, ramo folioso vix angustiores. Bracteæ subdimorphæ!, ïinferiores paululum minores et pallidiores, ex ovato sensim acutatæ ciliolatæ. S. serpenti affinis et quoad habitum valde similis est Sel. cordifolia Spr., L. e., p. 103 (Lycop. cordifolium Desv.), quæ in hortis nostris de- sideratur. Foliis lateralibus et intermediis cuspidato-acuminatis facile distinguitur. Gaule primario in sarmentum filiforme microphyllum excur- rente ad sequentem quoque accedit. A0. S. SarmenTosa 4. Br; ? 5. patula Spr. monogr. II, p. 96 ; ? Lycopodium patulum Sw. syn. Fil p. 184 et 4 ; L. heterodonton Desv. - Prostrata, surculis longe repentibus, laxe pinnatim vel bipin- REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. 63 natim ramosis, apice in sarmentum filforme microphyllum excur- rentibus ; foliis remotiuseulis, in sureuli parte filiformi abbreviatis erectis subhomomorphis, lateralibus erecto-patentibus , supra convexiusculis, oblongo-lanceolatis, apice subfalcatis acutiusculis, margine anteriore ad medium, posteriore prope basin remote ciliatis, superne minute serrulatis, basi oblique adoatis, antice rotundatis, postice sinuato-rotundatis caulem subtus tegentibus, _nervo supra prominulo; intermedüs duplo-triplo minoribus, obli- que ovalo-oblongis, apice falcatis cuspidatis, remote ciliaus, basi obliquis, exteriore subcordatim productis ; spicis brevibus, ramu- los ultimi ordinis termimantibus ; bracteis adpressis, ovalis, acu- minatis, Ciatis. Species verisimiliter jamaicensis, facile recognoscenda, sed quoad synonyma dubiis intricata. Specimina authentica Lycopodii heterodonti Desv. (Lyc. patuh Sw.) in herbario Willd. asservata, incompleta et ste- rilia, a nostra specie habitu alieno, surculis scilicet, ut videtur, adscen - dentibus et subcaulescentibus discedunt; in unico tantum specimine rudimentum dubium sarmenti terminalis filiformis conspicitur. Accedunt folia paulo breviora et rigidiora, lateralia basi latiora, antice ultra medium ciliata, intermedia paulo minus introrsum curvata et brevius cuspidata. Nihilominus cum planta hortensi plurimis notis adeo congruunt, ut Sel. patulam et sarmentosam eamdem esse fere persuasum mihi sit. Nomen Sel. patulæ autem nostræ minime convenit, quum rami et folia lateralia erecto-patentia, folia intermedia adpressa et bracteæ, quæ in descriptione Swartziana patulæ dicuntur, in spica exacte tetragona erectæ et adpressæ sint. Quoad habitum Sel. sarmentosa proxime accedit ad S. cordifoliam, a qua præter folia lateralia longiora et angustiora, non cuspidata præser- tim foliis supra convexiusculis (siccitate deorsum flexis), nec concavius- eulis differt. In hortis æque ac S. Ludoviciana sub nomine corrupto S. apothecæ vagatur ; forte et S. ormithopodioides hortorum Anglicorum (Knze, Ind., p. 85) eadem est. Habitus laxius pinnatus, quam in S. serpente, ramis pauciramulosis, excurrentibus. Surculus primarius passimque et rami apice innovaliones microphyllas, tenues, filformes, valde elongatas, repentes vel ab ollis dependentes emittunt, quæ apice ad formam sureuli dilatati et pinnati deni- que redeunt. Folia innovationum lateralia et interinedia magnitudine qui- dem conveniunt, quoad formam autem paulo differunt, lateralibus ovatis GA A. BRAUN. subæquilateris acutiusculis basi subcordatis, intermediis angustioribus breviter cuspidatis basi obliquis. Caulis complanato-pentagonus, supra bicanaliculatus el medio carinatus. Radices tenues. Color prasino vel glauco-viridis, opacus, subtus pallidior, nitidus. Folia intermedia inferne cellularum diaphanarum seriebus 2-3 marginata, ciliis in latere interiore brevioribus, cuspide integerrima apice plerumque tridenticulata. Micro- sporæ miniatæ, - mm. crassæ, muricato-papillatæ, papillis cylindricis, obtusis vel truncatis ; macrosporæ albæ, ! mm. crassæ, tenuissime sca- bridæ. AL. S. uncinaTa Spr. monogr, If, p. 109; Mett. Fil. h. Lips. p. 124 ; Lycopodium uncinatum Desv. Species sinensis in hortis sub nomine $. cæsiæ bene cognila et propter coloris amænitatem dilecta. Caulis longissime repens, longe excurrens, ramis remotis, pyramidatiro vel subflabellatim ramulosis. Radices quam in præcedentibus validiores. Folia in caule primario valde remota latiora, in ramulis dense conferta angustiora, exauriculata, integerrima (sub mi- croscopio minutissime et remote subdentata), manifeste albo-marginata ; intermedia acuminata, acumine uncinatim recurvo. Fructificatio mihi ignota, 42. S. Breynu Spr. monogr. If, 419 (ubi synonyma videas). E pulcherrimis! Ex horto van Houtte sub nomine erroneo S. Poppi- gianæ accepimus; sub eodem nomine in Miquelii horto Amstelodamensi citatur ; in hortis Anglicis sub nomine Lycopodii Panamensis colitur. Secundum Spring in Guyana, Brasilia et Cordilleris Chilensibus habitat. Surculi solo arcte adpressi, radicibus numerosis validioribus affixi, e bivel tripinnato decrescentes indeque pyramidato-ramosi. Rami in axi pri- mario subflexuoso alterni, approximali, erecto-patentes, excurrentes, ramulis ultimis plerumque subæqualiter bifidis. Caulis a dorso modice compressus, facie bisulcatus, medio et margine carinatus, dorso convexus et siccilate medio leviter exaratus. Folia undique dimorpha et dense con- ferta, læte viridia, subtus pallidiora et nilidissima (Q aureo fulgore splen- dentia » Spring), lateralia rectangule patentia, succube imbricata, planum supra concaviusculum formantia, lineari-oblonga, antice paulo latiora, obtusiuscula, margine anteriore infra medium ciliata, cæterum minute serrulata, margine posteriore basi ciliis paucis instructa, dein integerrima, versus apicem minutissime serrulata, basi constricta, oblique adnata, an- tice dilatata et rotundata, caulem subtus tegentia, poslice leviter sinuata. REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. 65 Nervus sub apice evanescens, supra inconspicuus, subtus levissime sulca- us. Folia intermedia triplo minora, adpressa, conniventia (ita ut apices in seriem unicam fere ordinentur), oblique ovata, albo-marginata, latere exteriore rotundato (semicirculari) et ciliato, interiore leniter curvato et denticulis paucis instructo, apice in aristam (viridem) folio duplo brevio- rem acuminata, basi integra. Nervus in cuspidem intrans, superne versus apicem carinatus. Margo foliorum lateralium simplici, foliorum interme- diorum dupliei vel triplici cellularum serie formatur, cellulis Iævibus ! nec ut in plerisque aliis speciebus (S. Martensi, serpente, sarmentosa, deli- cahissima, etc.) tuberculis minutis distantibns exasperatis. Spicæ numero- sissimæ , ramos ramulosque, imo nonnunquam caulem primarium ter- minantes, graciles et (ad pollicis longitudinem) elongatæ, ramo folioso quadruploangustiores. Bracteæ ovatæ, sensim acuminatæ, carinatæ, margine nec non ad carinæ partem rare serrulatæ, vix distincte marginatæ. Microsporæ ochraceo-ferruginæ ! = mm. crassæ, tuberculis subcylindricis diametro vix longioribus obtusis él truncatis obsitæ. Macrosporæ albæ, 5-3 Mn. crassæ, tenuissime rugulosæ. Fructificatione nondum peracta ad ex apice caulis primarii et ramorum majorum, 1mo nonnunquam ex ipsis spicis, innovantur. Specimina Schomburgkiana in Guyana lecta a planta hortensi hic descripta paulo differunt surculis magis elongatis, ramis remotioribus, folio- rum intermediorum margine interiore subintegerrimo, arista demum paulo longiore. Species huic affines sunt S. Lindenu Spr., mexicana, S. radiata Spr., guyanensis, et præserlim S. jungermannioides Spr. (Lycop. Gaudich.), in Brasilia satis vulgata, quæ a S. Breynii omnium partium mole minore, ramis subrectangule patentibus, fois lateralibus paulo bre- vioribus et acutioribus, margine posteriore medio quoque serrulato, foliis intermediis brevius aristatis et margine interiore breviter ciliatis differt. Novam denique ex harum contubernio speciem prope Bogotam detexit cl. Dr. H. Karsten, S. truncatam, quæ a simillima S. Breynu foliis late- ralibus apice truncato-rotundatis, margine superiore infra medium denti- culis elongatis serrulato sed vix ciliato, foliis intermediis breviter et obtu- siuscule acuminatis, non aristatis, latere exteriore basi ciliatis, superne, nec non latere interiore serrulatis facile distinguitur. B. Adscendentes, * Persistentes. 15. S. Martens Spr. monogr. If, p. 129; Mett. Fil. h. Lips. £° série, Bor. T. XIE. (Cahier n° 2.) { : J Gé F l'en» 16 A. BRAUN. p. 124; Lycopodium flabellatum Martens et Galeotti (non L.); L. stoloniferum Link h. Ber. IT (1833), p. 162 (non Sw.); S. stellata Link Fil. h. Ber. p. 159 (non Spring); S. sulcata Knze. Ind. Fil, p. 85 (quoad plantam horti Ber. et Lips. non Spring) ; S. decomposita Spr. monog. I, p. 16 (quoad plantam hortensem ! et spontaneam ?); L. brasiliense hort. sec. Spr. Hab. in Mexico (S. Martensü) et Brasilia ? (siquidem S. decomposita Springii spontanea revera huc pertinet). Species maxime variabilis, in hortis vulgatissima et jam dudum culta (vidi specimina a. 1832 siccata in herb. Kunth.), cujus formas varias, habitu inter se valde discrepantes, sed notis essentiahibus congruentes et intermediis arcte conjunctas, Mette- nium secutus, in unam speciem collegi. Notæ omnibus communes sunt : Surculi e basi decumbente oblique adscendentes, leniter incurvati, apice cernui, rarius omnino erecti, decomposito- et pyramidato-ramosi, ramis inferioribus remotis, sureulum primarium æmulantibus. Radices aereæ validæ, valde elongatæ, ad terram descendentes, primariæ poslicæ, quibus haud raro secundariæ anticæ accedunt. Caulis pallidus, stramineus, in planta viva subteres, a dorso leniter compressus, subanceps, utrinque (facie altius) convexus; in planta sicca supra utrinque sulco simplici vel rarius duplici exaratus, medio alte carimatus, carina ipsa nonnunquam sulco exarata. Folia undique dimorpha, saturate vel pallide viridia, sabtus pal- lidiora, micantia, lateralia postica, oblique patentia, ovato- vel lineari- oblonga, antice (versus apicem postice) paulo latiora, recta vel subfalcata, obtusiuscula vel acutiuscula, evidenter marginata, basi media angusta affixa, margine anteriore basi dilatato, rotundato, caulis dorsum tegente, ciliato, ciliis sensim brevioribus et in serraturam minutam, versus apicem folii densiorem abeuntibus, margine posteriore basi exciso et subauriculato, cilits paucis instructo, medio remole et inconspicue, versus apicem den- sius serrulato. Nervus apicem fere attingens, supra vix, infra manifestius prominulus. Folia vetustiora demum sursum inflectuntur. Folia lateralia 3-5-plo minora, conniventia, adpressa, oblique ovata vel suborbicularia, aut sensim, aut subito in aristam folio vix breviorem patulam contracta, basi interiore cordata, exteriore in auriculam longiorem producta, mani- feste marginata, aut Loto margine remote ciliata, aut basi exteriore tantum ciliata et superne brevius serrulata, arista quoque serrulata. Nervus in aristam excurrens, dorso carinatus. Spicæ ramulos laterales terminantes, aut breviores et crassiores, aut longiores et graciliores, ramulo folioso duplo-quadrupla angustiores, Bracteæ ovatæ, acuminatæ, denticulatæ, sub- à rom et A de. / RL REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM, 67 dimorphæ, superiores scilicet paululum longiores, magis carinatæ, carina nonnunquam anguste cristata s. subalata et denticulata, altero latere (sur- sum spectante) intensius virides; inferiores pallidiores, nervo viridi per- eursæ. Microsporæ fusco-aurantiacæ (6) vel sordide lateritiæ vel rufo- fuscæ (3), plerumque tetraedrice cohærentes, © 5 Mm. crassæ, tenuiter ruguloso-granulatæ. Macrosporæ albidæ, ; mm. crassæ vel paulo ultra, tenuiter elevato-reticulalæ. Varietates distinguo sequentes : o. S. Martensii normalis surculo altius adscendente, axi primario parum flexuoso, ramis erecto-patentibus, longe pyramidatis; caule supra bi- vel trisulcato; radicibus anticis plerumque deficientibus ; foliis oblon- sis vel ovato-oblongis; spicis brevioribus et crassioribus. Foliis nunc longioribus et angustioribus ad varietates 6 et y, nunc brevioribus et latio- ribus ad var. 4 et « accedit. (Huc pertinent S. Martensu, stolonifera, sulcata, decomposita et pulla hortorum.) | B. S. M. flaccida habitu præcedentis, foliis angustioribus, lineari- oblongis, flaccidioribus, lætius coloratis ; spicis longioribus, gracilioribus, angustioribus, bracteis evidentius heteromorphis, superioribus cristatis. (S. MartensiB Mett. L. c.; S. serpens hort. et Knze. Ind. p. 85: S. alata hort.) y. S. M. compacta sureulis humilioribus , ramis breviter pyramidatis vel subfastigialis ; caule crassiore et rigidiore, supra tri-quinquesulcato ; radicibus anticis plerumque evolutis; foliis densius confertis, oblongis, margine antériore evidentissime cilatis et serrulatis: Sspicis ut in &. (S. Martensüi y. Mett. L. c.; S. Martensu var. compacta Knze. Ind. L. c. ; S. Huegelu, Danielsiana, monstrosa, asplemfoha hort.) 0. S. M. divaricata surculis flaccidis latius expansis, axi primario valde flexuoso, ramis divaricatis apice cernuis; caule tenui supra bisulcato; foliis laxius dispositis, lateralibus brevioribus, ovatis vel ovato-triangula- ribus, acutiusculis, minus conspicue serrulatis, basi exterivre evidentius auriculatis ; foliis intermediis brevius et minus abrupte aristatis ; spicis abbreviatis. (S. Martensü var. fleœuosa Knze. Ind. !. c.; $. fleæuosahort., non Spring. ; $S. Hoibrenkii hort. Nomen varietatis mutavi, ne cum S. fleæuosa vera confundatur.) e, S, M, congesta, minor, surculis erectiusculis, subcæspitose conges- lis, axi primario parum flexuoso, ramis brevioribus erecto-patentibus ; caule tenuiore, bisulcato; foliis ut in var. 9, sed subeciliatis; spicis abbreviatis. (Lycopodium ramosum et compactum hort. Rollisson.) S, fleæuosa vero (Spr. monogr. I, p. 431; Lycopodium stoloniferum 68 | A. BRAUN. Raddi, non Sw.; L. L. brasihiense Desv.), species in Brasilia vulgaris, in hortis deest. Habitu locum inter S. Breynu et S. Martens quasi medium tenet, a posteriore foliis non ciliatis, lateralibus basi exteriore cuneatis (nec auriculatis) facile distinguenda. * Redivivæ. Ah. S. ciziarTa ; Lycopodium ciliatum Willd. sp. pl. V, p. 38 et herb. No.19384 (non Desv., quod sec. Spring ad Selaginellam con- fusam pertinere videtur) ; L. Novæ Hollandiæ SW. syn. fil. p. 184 et 410 ; Selaginella Novæ Hollandiæ Spr. monogr. I, p. 209; S. Warscewiczsiana KI. in herb. reg. et hort, Berolinensibus. Hab. in America meridionali. « In devexo Andium Quitensium ad alt. 1000 hexap. » lectam misit Francis Hall 1833 (herb. Kunth); in Nova Granada legit de Warszewiez (sec. KI. h. r. Ber.), qui plantam in hortos introduxit. CI. Swartz et Willdenow, qui hujus speciei patriam Novam Hollandiam esse contendunt, certo errant. CI. Swartz specimina a Willde- nowio accepit, Willdenowius ex herbario Humboldtiano et Bonplandiano, Bonplandius a peregrinatore Nee, qui per multas plantas non solum in Nova Hollandia, sed etiam in America australi collegit, unde confusio quædam in loci natalis indicatione orta esse videtur. Specimina herbari Willd. et Kunthiani cum planta culta exacte congruunt. Species tenella, rigidiuscula, parvifolia, habitu singulari distincta. Sur- culi. oblique adscendentes vel omnino erecti, bi- vel tripinnati, ramis ramulisque sub angulo acuto abeuntibus, erectiusculis. Axis primarius ramique excurrentes, ramuli ultimi sæpe inæqualiter bifidi. Radices ex inferiore sureuli parte, nonnunquam ad mediam usque altitudinem exortæ tenuissimæ, superiores terram non attingentes. Caulis tenuis, strictius- culus, utroque latere et supra obtuse angulatus, leviter bisulcatus, dorso convexus aut medio planus, plano angulis levioribus limitato. Folia infima caulis primarii subhomomorpha, superiora et ramorum dimorpha, omnia remotiuscula, læte viridia aut subfuscescentia, opaca, subtus pallida, sub- nitentia, passim transverse rugulosa ; lateralia postica, transverse vel paululum oblique adnata, erecto-patentia, oblique ovata, antice latiora, sensim acutata, apice leviter falcata, basi utrinque rotundata, antice sub- cordata, margine anteriore manifeste albo-marginata et longe ciliata, pos- teriore revoluta et inlegerrima, apice utrinque serrulata , adulta supra concaviuscula et apice demum sursum inflexa. Nervus ad apicem fere 2e ha ms REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. 69 excurrens, supra inconspicuus, subtus prominulus (nec sulcatus). Folia intermedia in caule primario paululum, in ramis subduplo minora, sub- divergentia, subrecta, ovata, acuminata, utrinque albido-marginata et breviter ciliata, apice denticulata, basi exteriore in auriculam rotundatam producta et ciliis nonnullis longioribus deorsum directis ornata, nervo medio carinata. Spicæ ramulos terminantes, breves, rarius elongatæ, ramulo folioso duplo fere angustiores. Bracteæ ovatæ, acuminatæ, ciliato- serratæ, subheteromorphæ, superiores scilicet paululum longiores, magis carinatæ, altero latere virides, altero pallidæ, inferiores totæ pallidæ. Microsporangia orbicularia, nec oblonga, ut in plurimis speciebus (S. serpente, sarmentosa, Martensu, etc.). Microsporæ rufæ, - mm. crassæ, sæpe tetraedrice cohærentes, læves vel vix granulatæ. Macrosporas maturas non vidi. Vegetatio annua, rediviva turionibus ex apice ramorum, aut inferiorum, aut superiorum denique ad terram depressorum, micro- phyllis, strictis, sensim clavato-incrassatis, subcarnosis, carneo-fuscescen- . libus, mox radicantibus et facile a planta matre secedentibus, quæ sub evolutione innovationum sensim marcescit. 15. S. incrEescENTIFOLIA Spr. Monogr. Il, p. 106; Mett. Fil, h. Lips. p. 123. Patria sec. Spring Columbia et Peruvia, sed vereor, ne cl. auctor hanc speciem cum præcedente commiscuerit, quum descriptio ejus ex parte potius in hanc quadret, quam in $. increscentifoliam nostram. À simili præcedente inprunis bulbillis differt, quibus in annum secun- dum propagatur. Præterea habitus flaccidior ; rami ramulique superiores apice densius foliati et sæpe cernui, foliis a basi versus apicem magnitu- dine crescentibus ; rami ramulique inferiores, nec non superiorum non- null apice flagelli instar attenuati, sæpe recurvati, foliis e basi versus apicem decrescentibus, magis magisque remotis instructi, apice in bulbil- lum obovatum vel subglobosum, 1-2 mm. crassum, foliis squamiformibus minimis tectum intumescente. Folia lateralia specie trinervia, margine anteriore argute denticulata, nec longe ciliata ; intermedia utrinque remote et argute denticulata, basi subæqualiter rotundata, latere exteriore non auriculatim producta. Autumno surculi emoriuntur, bulbillis solis hiemem perdurantibus. Spicas in horto Berolinensi hucusque non protulit. 10 A. BRAUN. y. Proceræ. * Erectæ. 16. S. inxquaurozia Spr. monogr. p. 148 ; Mett. Fil. h. Lips. p. 12h ; Lycopodium inœæqualifolium Hook et Grev. Hab. in Ind. or. (Hindost., Assam, Java), Sureali e basi prostrata subito erecti, 1-2 pedes supra terram elati, subindeterminati 1. e. anno secundo plerumque apice novo incremento aucti. Rami in caule erecto aiterni, magnitudine sensim crescentes, inferiores remoti, infimi depau- perali vel omnino rudimentarii, e quorum altero latere prodeunt stolones horizontales epigæi (nunquam subterranei). E latere ramorum superio- rum quoque nonnunquam (sed rarius) rami accessorii oriuntur. Rami . Superiores (evoluti) patuli, subverticaliter expansi, pyramidatim ramulosi, e basi bi- vel tripinnata decrescentes, triangulari-flabelliformes. Caulis facie carinatus et leviter bisulcatus, latere utrinque sulcatus, dorso latiore convexus. Radices validæ e caulis primarii axillis, superiores aereæ. Folia caulis primari (parte suprema excepla) subhomomorpha, remota, erecta ; ramorum et ramulorum dimorpha, conferla, prasino-viridia, nonnunquam rufescentia, opaca, subtus pallida, nitentia : lateralia oblique patentia, caulis dorsum non tegentia, subverticaliter affixa, ovato-oblonga, supe- riora oblongo-lanceolata, versus apicem subfalcata, acula, integerrima, anguste albo-marginata, basi inferiore excisa, dein rotundato-dilatata, superiore auriculata, auricula parva angusta uncinata deorsum inflexa. Nérvus sub apice evanescens, supra versus apicem folii convexiusculi carinatus, subtus vix prominulus. Folia intermedia duplo-triplo minora, adpressa, subconvergentia, oblonga, acuminata et versus apicem carinata, basiexteriore in auriculam decurrentem adnatam obtusam longe producta, nonnunquam et interioré minute auriculata, integerrima, albo-marginata. Folium axillare ad originem ramorum caulis primari foliis caulinis duplo majüs, late obovatum, brevissime acuminatum, basi utrinque auriculatum ; ad originem ramulorum magnitudine foliorum lateralium vel paulo minus, anguste obovatum vel spathulatum. Cellulæ epidermidis foliorum (margi- nales et superficiales) læves, non verrucosæ. Spicæ ramulos terrninantes, elongatæ (fere pollicares), basi apiceque attenuatæ. Bracteæ ovato-trian- gulares, sensim acumina{æ, basi auriculatim dilatatæ, late albo-margi- natæ, minute et irregulariter fimbriatæ, fimbriis (cellulis prominulis) obtusis, varie directis, nonnunquam reflexis. Microsporangia valde com- REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM, TA planala, basi truncata, apice rotundata. Microsporæ (maluræ ?) pallide ochraceæ, = mm. crassæ, appendicibus lamelliformibus hyalinis, in regione æquatoriali alam subcontinuam formantibus instructæ (sec. Mette- nium tenuiter reliculatim exseulptæ). Macrosporæ ? mm. crassæ, nigræ et cinereopruinosæ, grosse verrucosæ, verrucis passim reticulatim con- fluentibus. **# Scandentes, 17. S. Lævicara Spr. monogr. Il, p. 137; Lycopodium lœvi- gatum Wild. sp. pl. V, p. 45; L. Wulldenowu Desv.; L. plu- mosum L. et Sw. sec. Spring, non Willd. et auct. recent. ; Sela- ginella arborea s. cæsia arborea hort.; $. uncinata var. arborea Mett. Fil. h. Lips. p. 124; S. altissima KI. in herb. reg. Ber. ; Miq. hort. Amstelod. (Alia complura hujus speciet synonyÿma in monographia cl Spring eitantur.) Hab. in Indiæ orientalis variis partibus, nec non secundum Spring in America æqualorialhi. Omnium specierum, quéæ in hortis coluntur, maxima, surculis scandendo erectis, incremento indefinito altitudinem 10-12 pedum et ultra attingentibus. Rami frondis compositi instar incremento definiti, Î-2-pedales, e basi 3-/A-pinnata decrescentes, elongato-pyramidati. Ex axillis ramorum radices aereæ validæ, postice et antice refractæ, et Jjuxta ramos emorientes utrinque turiones erecti prodeunt. Caulis prima- rius ad digili minimi fere crassitiem intumescit, foliis subhomomorphis longe remotis erectis obsitus. Folia ramorum heteromorpha, lateralia oblique patentia, verticaliter aflixa, caulis dorsum non tegentia, ovali- oblonga, ramulorum angustiora oblongo-lanceolata, subfalcata, obtusa, basi exteriore excisa et truncato-vel cordato-dilatata, superiore auricu- lata, auricula minuta, cauli undulatim applicata, integerrima, immargi- nata. Nervus sub apice evanescens, supra in pagina folii convexiuscula carinalus, subtus leviter prominulus. Folia intermedia duplo-quadruplo minora, adpressa, leviter incurva, oblonga, versus apicem paulo angustata, sed mutica et obtusiuscula, basi exteriore in auriculam adnalam obtusius- culam producta, apice patula et subuncinata, integerrima, nervo supra prominente leviter carinata. Folia axillaria lateralibus paulo breviora, basi utrinque æqualiter auriculata. Cellulæ epidermidis foliorum læves. Color foliorum in statu sicco utrinque læte viridis, in vivo supra pulcherrime cœærulescens et iridescens, ut in $. uncinata, quæ, ut de habitu taceam‘ 79 A. BRAUN, foliis exauriculatis, manifeste marginatis facile distinguitur. Spicæ ramu- los terminantes, breves, densæ. Bracteæ latissime ovatæ, breviter acumi- natæ, obtusiusculæ, integerrimæ et immarginatæ. Microsporangia valde complanata, semiorbicularia, basi truncata. Microsporæ sordide flavescen- tes, = mm. crassæ, verrucis plerumque lamelliformibus el anastomosan- tibus grosse reticulatæ. Macrosporæ ejusdem coloris, grosse et inæqua- liter verrucosæ, verrucis aliis hemisphæricis, aliis compressis et hinc inde anastomosantibus. à Caulescentes. 18. S. cauLEscENs Spr. monogr. Il, 158; Lycopodium caules- cens Wall.; Selaginella peltata Presl., ete. (conf. Spr. L. e.). In India orientali. Plantas vivas juveniles tantum, nuper in hortos introductas, vidi, sed foliorum forma et nervatione singulari cum spontaneis herbarii convenientes. Stolones subterranei, elongati. Surculi frondiformes elongato-pyramidati, stipite (in speciminibus bene evolutis) pedali stricto suffulti. Folia stipitis homomorpha, arcte adpressa. Folia rachidis supe- riora et ramorum dimorpha, lateralia caulem dorso tegentia, ovato-oblonga, subfalcata, acuminatissima, margine anteriore albo-marginata et ciliolato- serrulata, posteriore integerrima, basi cordata, anteriore dilatata, supra concaviuscula et siccitate sursum inflexa. Nervus subtus medio et utroque latere subsulcatus, unde folia specie bi- vel multinervia. Folia intermedia triplo minora, ex ovato longe acuminata, subaristata, obsolete denticulata, medio carinata et latere interiore juxta carinam sulcata, basi exteriore producta. Ramuli siccitate sæpe subcircinato-inflexi, ut in Selaginellis rosulatis. | 19. S. ErvraRopus Spr. monogr. If, p. 156; Mett. Fil. h. Lips. p. 124; Lycopodium erythropus Mart. ic. sel. pl. Crypt. p. 39, t. 20, f, 3; L. umbrosum Lemaire (non Willd.) ex Knze. Ind. . In Brasilia, Columbia, Guatemala et regno Chilensi. Facile distingui- tur stipite cum foliis subhomomorphis, nec non stolonibus (epigæis vel subterraneis, sæpe descendentibus) puniceis, foliis lateralibus dorsum caulis tegentibus, oblique ovatis, falcato-acuminatis, margine anteriore ciliolatis, basi posteriore excisis et subauriculatis, anteriore dilatatis et subcordatis. Spicæ ramos ramulosque terminantes, elongatæ, basi atte- nuatæ, ramulis foliosis paulo angustiores. Microsporæ ex aurantiaco vel \ À REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. 79 ochraceo fuscescentes, -= mm. crassæ, longe et sparse verrucosæ, verru- cis cylindricis obtusis vel truncatis. Macrosporæ albæ, £ mm. crassæ, inconspicue et laxiuscule reticulatæ. 20. S. viricur.osa KI. in Linnæa XVIIE, p. 524 ; Spr, monogr. Il, p. 186; Mett. Fil. h. Lips. p. 124. In Columbia. Ab affini præcedente facile distinguitur stolonibus epi- oæis gracilioribus (nonnunquam pedis longiludine), viridibus et folis albidis obsitis ; surculi frondiformis stipite breviore viridi ; folüis laterali- bus minus acuminatis, margine anteriore usque ad medium et posteriore prope basin densius et mollius ciliatis, basi anteriore in auriculam unci- natam adnatam productis. Microsporæ lateritiæ, - mm. crassæ, sæpe tetraedrice cohærentes, verrucis paulo minoribus, quam in præcedente, obsitæ. Macrosporæ alhæ, ïis præcedentis magnitudine et sculptura simi- les, sed vix conspicue reliculatæ. Folia lateralia, nonnunquam etiam ramuli, æque ac in præcedentibus, siccitate paululum sursum invol- vunlur. CI. Spring hanc et præcedentem in sectionibus longe remotis colloca- vit, priori caulem pleurotropum, posteriori caulem goniotropum adseri- bens. Equidem in utraque specie eamdem caulis conformationem observavi, caulem scilicet dorso convexum, facie planiusculum et siccitate sulco mediano leviter exaratum, utroque latere denique leviter sulcatum. 21. S. FLABELLATA Spr. monogr, If, p. 174; Lycopodium fla- bellatum Y. In insulis Ind. occid. et Columbia, nec non (var. 8. Spring.) in Peruvia et Philippinis. In herbario Kunthiano specimen e Museo Parisiensi com- municatum asservatur, cujus schedulæ patria « Teneriffa » inscripta est, ubi hæc species neque ab auctoribus, qui de Flora Canariensi scripse- runt, indicatur, neque a peregrinatoribus recentioribus reperta est. Planta hortensis cum spontanea Antillarum notis essentialibus quidem convenit, sed habitu valde recedit, surculis humilioribus, brevius pyramidatis, magis expansis, laxioribus, ramis longius excurrentibus, medio dilatatis et apice decrescentibus, arcuatim recurvatis, foliis denique majoribus et minus confertis gaudens. Neque S. flabellata GB. expansa Spring (Sel. anceps Presl.) secundum specimina herbarï regii plantæ hortensi respondet. A præcedentibus facile distinguitur. Stolones epigæi, tenues. Caulis e viridi flavescens, anceps, facie et dorso convexus et subangulatus. Ramorum 7 A. BRAUN. folia lateralia ovata, sensim acutata, subfalcata, basi anteriore cordato- subauriculata, posteriore paululum contracta, margine anteriore basi ciliata, superne serrulata, posteriore integerrima, versus apicem serrulata, nervo supra prominulo parum conspicuo. Folia intermedia duplo minora, adpressa, subconvergentia, ovalia, breviter acuminata, subintegerrima vel remote denticulata, basi oblique adnata, exteriore magis producta. Spicæ elongatæ (semipollicares et longiores), basi attenuatæ, laxiusculæ. Bracteæ ovato-oblongæ, longe et sensim acuminatæ, ciliato-denticulatsæ, versus apicem integerrimæ, immarginatæ, nervo subearinatæ. Microspo- rangia oblonga. Microsporæ ochraceæ, + mm. crassæ, verrucis brevio- ribus sparsis obsitæ. Macrosporas in speciminibus cultis non inveni. 22. S. Fiicna Spr. monogr. If, p. 189 ; S. Karsteniana KI. in herb. reg. Ber.; S. hæmatodes KI. in Linnæa XX, p. 436 (non Spring.) ; $. dichrous hort. Anglic. In Columbia, nec non sec. Spring in Peruvia. Colitur in horto Berol. inde ab anno 1853, quo ex horto Loweano accepimus. Eodem fere tempore cum truncis Filicum arborearum a cl. Karsten e Venezuela missis hortis Berolinensibus allata est. Specimina spontanea a cl. Karsten prope Puerto Cabello et prope Bogotam lecta cum planta eulta omnino conveniunt. Inter affines hæc speciosissima est, surculorum magnitudine, caulis colore et foliorum nitore et perluciditate insignis. Surculi frondiformes erecti, ultra bipedales, longe stipitati, elongato- pyramidati, eleganter tripinnati. Stolones subterranei. Caulis obtuse octo- gonus aut, si mavis, tetragonus et goniotropus, angulis scilicet sulco levi latiusculo exaratis, hine duplicatis, inferne cireumcirca persicino-puni- ceus, superne præsertim dorso persicinus. Folia stipitis homomorpha, erecla, pallida, lata basi adnata et callo transversali plus minusve con- Spicuo insidentia, oblonga, obtusiuseula vel acuta, anteriora magis acu- minata quam posteriora, specie integerrima, sed sub microscopio toto margine minutissime et dense serrulata, nervo inconspicuo fere ad apicem percursa. Folia in caulis primarii parte superiore et ramis dimorpha, se- cundum ordinem ramorum decrescentia, læte viridia, subtus pallida, albo- nitentia, flaccidiora quam in præcedentibus et valde diaphana; lateralia postica, oblonga, subfalcata, acutiuscula, antice versus hasin latiora et rotundata, ima basi attenuata, exauriculata, immarginata, margine ante- riore (sub microscopio) tenuissime serrulata, posteriore integerrima, nervo nullibi prominente. Folia intermedia duplo-quintuplo minora, REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. 79 adpressa, parallela, in ramulis denique in seriem specie simplicem con - esta, ovato-oblonga, exauriculata, acuminata, tenuissime denticulata et indistincte marginata, nervo supra prominente. Spicæ ramulos laterales terminantes, minutæ, graciles, 3-9 lineas longæ. Bracteæ ovatæ, acumi- natæ, distincte marginatæ, remote ciliato denticulatæ. Microsporangia oblonga, basi subtruncata. Microsporæ aurantiacæ, - mm. crassæ, bre- viter et sparse verrucosæ. Macrosporæ albæ, 7 mm. crassæ, superficie obsolete reticulatæ. 23. S. arricana. Sureulis erectis, sub terra stoloniferis stipi- tatis, frondiformubus, triangulari-pyramidatis, e tri-quadripinnato decrescentibus, apice longe excurrentibus, ramis ramulisque con- lertioribus, erecto-patentibus: caule dorso pubescente ; foltis sti- pitis homomorphis, longe remotis, ovatis, cuspidato-acuminatis subdenticulatis, basi truncâto-peltatis subeiliatis ; rachidis et ramo- rum dimorphis, approximatis, pectinalo-confertis ; lateralibus anticis, verticaliter affixis, erecto-patentibus, ovato-lanceolatis, subfalcatis, acutiusculis, integerrimis, basi superiore sinuatis, inferiore subsinuatis decurrentibus, supra convexis, margine demum revolutis, nervo supra prominulo, subtus subsuleato ; inter- mediis duplo-quadruplo minoribus, subconvergentibus, ovatis, cuspidato-acuminatis, basi adnato-peltatis, in appendicem acumi- natam decurrentem productis; bracteis carinatis, ovatis, acumi- nas, subdentatis; microsporangiis reniformibus; microsporis albidis. Species hucusque rarior, nuper sub nomine indicato in hortos intro- ducta. Unde profecta sit, eruere non potui, sed origo africana confirmari videtur affinitate proxima cum S. Pervillei (Spr., L. c., 169) Madagas- cariæ et S. Vogelii (Spr., L. c., 170) insulæ Fernando Po, quæ secun- dum descriptiones $. africanæ notis plurimis : pubescentia (in Selagi- nellis rarissima !), foliis lateralibus posticis, intermediis adnato-decurren- tibus etc. accedunt. Habitus et ramificatio fere Selaginellæ flabellatæ. Sureuli 1 !-2-peda- les, stipite 5-6-pollicari. Rami alterni, approximati vel inferiores distantes, infimi sequentibus longiores 20-26-ramulosi. Rachis primaria ramique longe excurrentes, Ramuli infimi iterum pinnati, imo subbipinnati, supe- riores simplices. Caulis primarius (stipes et rachis) teretiusculus, ohtuse 76 A. BRAUN. pentagonus, supra medium obtuse angulatus et utrinque leviter exaratus, dorso latior et convexus, fuscescens, versus apicem, æque ac rami, stra- mineus, supra lævis, dorso pubescens, pilis albidis rectis obtusiusculis unicellularibus. Folia subcoriacea, non diaphana, integerrima, immargi- nata, colore atroviridi, in planta viva subcœrulescente insignia, infra pal- lidiora, utrinque subopaca, ætate sæpe cupreo-rufescentia, siccitate dorso inconspicue longitudinaliter rugoso-striata, nec transversaliter corrugata. Folia lateralia 4 mm. longitudine vix superantia, versus apicem ramulo- rum paulo decrescentia, in rachidis etramorum parte inferiore remotiora, latiora, basi verticaliter peltata, antice plerumque undulato-bisinuata, postice in angulum caulis decurrentia, superiora et ramulorum conferta, angustiora, basi paulo contracta, verticaliter adnata, non peltata, ante- riore simpliciter sinuata, posteriore subsinuata, decurrentia. Folia inter- media adpressa, convexiuscula, versus apicem leviter carinata, cuspide pallidiore curvato-patula, inferiora e media fere basi appendice lineari decurrentia, superiora e basi exteriore appendicem adnatam acuminatam demittentia. Spicæ ramulos terminantes, breves (2-3 lineas longæ), ramulo folioso duplo angustiores, exacte tetragonæ. Bracteæ dense confertæ, pallidæ, sæpe rufescentes, ovatæ, valde acuminatæ, acute carinatæ, mar- gine remote et inæqualiter denticulatæ, basi peltatæ vel subcordato- excisæ, vel irregulariter dentato-lobatæ. Microsporangia transverse reni- formia, tumida. Microsporæ albidæ, +-., dense granulatæ. Macrosporas perpaucas neque satis maturas vidi, ? mm. crassas, fuscescentes, subtuberculatas. mm. crassæ, minutissime et 24. S. pusescens Spr. monogr. p. 173; Lycopodium pubescens Wall. Cat. ; S. Fogelu Mett. Fil. h. Lips. p. 124 (non Spr. 1. ec. p. 170). Surculis erectis, sub terra stoloniferis, stipitatis, frondi- formibus, oblongo-pyramidatis, tri-quadripinnatis, ramis ramu- lisque distantioribus, subrectangule patentibus ; caule pubescente ; folis stipitis homomorphis, longe remotis, oblongis, acutis, basi truncato-peltatis, irregulariter subdentatis ; rachidis et ramorum dimorphis, remotiusculis, supremis quoque subdistantibus ; late- ralibus anticis, verticaliter affixis, subrectangule patentibus, ovato- oblongis, obtusis, integerrimis, basi superiore paulo contractis, inferiore subsinuatis decurrentibus, supra convexiuseulis, siceitate transverse rugulosis, margine demum revolutis, nervo versus apicem subprominulo, cæterum inconspicuo ; intermedus duplo- | | | en ner REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. ‘ ‘74 triplo minoribus, subdivergentibus, ovato-oblongis, acuminatis, basi adnato-pellatis, superioribus in appendicem acuminatam decurrentem productis ; bracteis ventricosis, subcarinatis, ovato- triangularibus, breviter acuminatis, subintegerrimis ; microspo- rangiis orbicularibus ; microsporis et macrosporis umbrino-fuscis. Distinctissima hæc species, quæ per decennium fere sub nomine erro- neo $. lœvigatæ s. Willdenowu (Knze. Ind., p. 85) colitur, ex horto societatis horticulturæ Chiswicensi prodiisse videtur, sine dubio ex India orientali allata, ubi Wallichius (in prov. Ava) S. pubescentem detexit. CI. Spring nostram plantam fide schedulæ autographæ in herbario Kun- zeano ad Sel. Vogelu pertinere declaravit, sed ex descriptione hæc spe- cies a planta hortensi adeo differt, ut a monographo cl. dissentire liceat. Adscribuntur scilicet S. Vogelu : caulis compressus, rami oppositi, folia subtus micantia, lateralia ovato-lanceolata falcata acuminata 2” Jonga, intermedia falcata concava, antheridia ovata farina alba impleta, globuli albidi, quæ omnia plantæ nostræ non conveniunt. Descriptio S. pubescen- ts ejusdem auctoris, nisi omnino, melius tamen in nostram plantam qua- drat, cui speciei plantam hortensem revera adnumerandam esse specimine Wallichiano in herbario regio asservato satis probatur. Ramificatione laxiore et magis divaricata foliisque multo minoribus a præcedente primo adspectu valde discedit, notis essentialibus ei prope accedit. Sureuli À ;-2 pedales, stipite 5-6-pollicari. Rami in rachi sub- flexuosa alterni, inferiores præsertim remoti, infimi sequentibus plerum- que breviores, maxime evoluti 16-20-ramulosi. Caulis teretiusculus obtuse tetragonus vel, plano faciali medio angulato, pentagonus, dorsa convexus, stramineus vel carneo-rubescens, versus apicem, æque ac rami,. albidus, supra parcius, dorso densius pubescens, pilis, ut in præcedente, unicellularibus et eglandulosis (etiam in S. pubescente spontanea, cui el. Spring ramos glanduloso-pubescentes adscribit). Folia lætius viridia, non diaphana, subtus pallidiora, utrinque opaca. Folia lateralia 2 mm. longa, ovata vel ovato-oblonga, ‘obtusa, in sicco propter margines versus apicem revolutos specie acuminata, margine sub microscopio cellulis prominulis subcrenulata. Folia intermedia adpressa, convexiuscula, sub microscopio subdenticulata, apice pallido plus minusve patulo, nervo ver- sus apicem vix prominulo, inferiora basi rotundata, superiora ad latus externum in appendicem descendentem acuminatam producta. Spicæ ramulos (erminantes, breves (2-3””"longæ), ramulo folioso vix angustiores. Bracleæ pallide virides, versus apicem denticulis nonnullis instructæ. 78 A. BRAUN. Microsporangia orbicularia, bracteis paulo breviora. Macrosporangia pau- ciora ad basin aut in medio spicæ, magnitudine insignia, bracteam fere superantia. Microsporæ umbrino-fuscæ, = mm. crassæ, muricato-papil- losæ, papillis conicis vel cylindricis, acutiusculis vel truncatis. Macro- sporæ ejusdem coloris (immaturæ albidæ), ultra £ mm. crassæ, dense tuberculatæ, tuberculis hemisphæricis vel conicis , hine inde confluen- tibus. e. Rosulaiæ. 25. S. cuspinaTA Lank Fil. h. Ber. p. 498; Spr. monogr. IT, p. 66; Mett. Fil. h, Lips. p. 123; S. pallescens KI, in Lin- næa XVIIT, p. 520; Lycopodium cuspidatum Link h. Ber. I, p. 164; L. pallescens Pres].; L. circinale Cham. et Schlecht im Linnæa V, p. 622 {non Lam. Willd.). 8. Elongata Spr. 1. ec. 67; Mett. I. c. 124; S. cordifolia hort. (non Desv.);$. Avilæ Karst. mspt. (nomen à monte Caracasano Avila); S. sulcangula Spr. monogr. p. 163. In Mexico, Guatemala et Columbia. Forma normalis in hortis per tri- ginta fere annos colitur, var. 5. serius e Columbia introducta esse vide- tur. S. sulcangulam, quam cl. Spring in sectionem longe remotam inseruit, huc quoque spectare speciminibus herbari regii ab 1pso auctore determinatis, et spontaneis, et cultis, confirmatur. S, tamariscina s.tama- riscifolia hort. (Knze. Ind., n° 775) sec. specimina hucusque sub hoc nomine e variis hortis accepta ad S. cuspidatam quoque pertinet, nec ad veram S. famariscinam Spr., p. 64 (Lycop. tamar. Desv.; Lycop. circinale Lam., Sw., Willd.). Indiæ orientalis, quæ foliis lateralibus obscure denticulatis, nec ciliatis, in aristam piliformem excurrentibus facile distinguitur, Descriptionibus S. cuspidatæ pauca tantum addam. Folia lateralia angusta, intermedia et bracteæ late albo-marginata. Cellulæ marginis verrucosæ. Microsporangia macrosporangiis minus numerosa, oblonga, Microsporæ coccineæ, = mm. crassæ, tenuissime punctato-granulatæ, Macrosporæ luteo-albæ, 5 mm. paulo superantes, tenuiter et laxiuseule reticulatæ, Var. 6, surculis elongatis (pedalibus et ultra), suberectis, inferne simplicibus (stipitatis), superne magis divaricato-ramosis, foliis REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. 79 ramulorum laxius dispositis differt, sed notis essentialibus cum forma typica rosulato-expansa convenit. 26. S. convozura Spr. monogr. p.69; Lycopodium convolutum Walk. Arnott; L. hygrometricum Martins. In Brasilia, Guyana et Columbia. Accepimus ex horto Petropolitano sub nomine $. paradoææ « Mart. », sed Selaginella hujus nominis nul- libi descripta est et Lycopodium paradoæum Mart. (ic. sel. pl. Crypt., p98, 1.20, F 2) planta est longe alia, ad Lycopodia vera perlinens. L. paradoæum H. et B. est L. phyhicæfolium Desv. et Spring. Planta hortensis, cultura paululum mutata, a spontanea differt sureulis altioribus (4-6 poll. longis), erectioribus, evidentius stipitatis, magis pyra- midatis, bipinnato-ramosis; foliis minus arcte imbricatis, lateralibus subrectangule patentibus, angustioribus, brevius cuspidalis, Intermediis ratione lateralium paulo (in caule primario duplo, in ramulis fere triplo) minoribus. Folia dura, coriacea, infima (stipitis) homomorpha, erecla, imbricata, longe cuspidata, fusca ; superiora et ramorum dimorpha, late- ralia postica, caulis dorsum omnino tegentia, oblique ovata vel ovato- oblonga, antice latiora, apice subfalcata et plus minusve cuspidata, utrinque serrulata, basi anteriore in auriculam descendentem elongatam obtusam fimbriatam producta, posteriore subauriculata, auricula parva rotundata partim sub anteriore occulta, supra prasino-viridia, subtus cinereo-argentata, margine anteriore fascia alba latissima, versus apicem folii angustata et evanescente, ætate demum fusca, notata, nervo medio viridi latissimo plano vel subdepresso (in latere superiore inconspicuo) percursa. Folia intermedia adpressa, parallela, nervo præsertim versus apicem supra prominente percursa, cæterum plana, oblonga, cuspidata, utrinque serrulata, basi subfimbriata, inæqualiter cordato-auriculata, auricula interiore majore et longius descendente, exteriorem minutam partim obtegente vel cum eadem peltatim confluente. Dentes foliorum e cellula media prominente binisque lateralibus juxta mediam plus minusve adscendentibus formantur. E ramis surculorum vetustorum ramuli pro- deunt basi contracti et quasi stipitati, denique soluti et propagationi inser- vientes. Fructificatio in hortis nondum apparuit,. 27. S. puarera A. Br. (in der Sitz. d. Gesellsch. naturf. Freunde 17, Maerz 1857); S. lepidophylla Mett. Fil. h. Ber. p. 123 (non Spring). 80 | A. BRAUN. Surculis numerosissimis, rosulatim confertis, horizontaliter expansis, siccitate circinato-conglobatis, inæqualiter dichotomis, fastigiatis; folis pectinato-imbricatis, caulem suboccultantibus, lateralibus planiusculis, ovato-ohlongis , subfalcatis, cuspidato-piliferis, serrulatis, basi inæquali- ter cordatis et ciliatis; intermediis triente fere minoribus, oblongis, bre- vius cuspidato-piliferis, remote serrulatis, nervo apice prominulo percur- sis; bracteis e basi ovata longe acuminatis, albo-marginatis, ciliolatis. In hortis hucusque sub nomine S. lepidophylle colebatur, nescio unde allata. Specimina texana in montosis ad fluvium Rio Grande infra el Paso una cum S. lepidophylla à cl. Wright anno 1849 collecta comm. D' G. Engelmann. Folia in speciminibus spontaneis arctius, in cultis laxius imbricata, lateralia in cultis magis patula. Color foliorum supra flavo-viridis, subtus pallidior, argenteo-nitens. Folia lateralia margine anteriore superne anguste, versus basin late albo-marginata ; margine posteriore fascia cine- reo-argentata limitata. Folia intermedia supra quoque paululum cineras- centia et nitentia, nervo lato viridi percursa. Serratura in margine ante- riore foliorum lateralium densa, in posteriore, nec non inutroque margine foliorum intermediorum remota. Ciliæ ad basin foliorum lateralium, præsertim basin anteriorem rotundatam et cordato-auriculatam, densæ etelongatæ ; ad basin subpeltatam foliorum intermediorum minus conspi- cuæ. Nervus foliorum lateralium neque supra, neque infra conspicuus, sed in foliis luci objectis evidens. Apex piliformis albidus in foliis lateralibus ad dimidiam fere folii longitudinem extensus, basi e cellulis pluribus paral- lelis, apice e cellula unica valde elongata formatus. Spicæ ramulos plu- rimos terminantes, ramulo folioso vix angustiores, laxiusculæ, elongatæ (-1-pollicares), inferne macrosporangiis numerosis , superne microspo- rangiis onustæ. Bracteæ virides, superne angustius, versus basin late et indistincte albo-marginatæ, superne brevius, inferne longius ciliolatæ, acute carinatæ, carina scabra, apice breviter aristatæ. Microsporangia oblonga. Microsporæ aurantiacæ, + mm. crassæ, granulatæ. Macrosporæ albæ, ; mm, crassæ, tenuiter elevato-reticulatæ. Ab hac specie differt : S. lepidophylla Spr. monogr. p.72 (Lycopodium lepidophyllum Hook. et Grev.; Meissner in Linnæa XIT, p. 150, t. 3; L. circi- nale Mart. et Galeotti) surculis rosulatim confertis, prostratis, siccitate cireinato-conglobatis, bipinnatis, foliis arctissime squa- REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. 81 mato-imbricatis, caulem omnino occultantibus, lateralibus dorso convexis, late ovatis, obtusis, margine anteriore late membrana- ceis tenuissime fimbriatis, basi subpeltatis ciliolatis ; intermediis paulo minoribus, ovatis, obtuse apiculatis, albo-marginatis, cilio- latis, enerviüs; bracteis late ovato-triangularibus, margine late membranaceis, minute fimbriatis. ho Hab. in Mexico, Texas (Wright), nec non sec. Spring in California et Peruvia. In hortis hucusque desideratur. Inter rosulatas forte pulcherrima, maxime concinna, supra amœæne viridis, subtus variegata, nitidissima, folus lateralibus scilicet versus marginem posteriorem coriaceis viridibus, versus marginem anteriorem tenuissime membranaceis, albidis, medio fusco-luteis, ætate demum omnino griseo-fuscescentibus. Folia intermedia lateralia supra maximam ad partem tegunt, plana vel convexiuscula, non carimata, basi peltata. Nervus neque in foliis lateralibus, neque in inter- mediüs conspicuus. Spicæ breves (2 lineas longæ), ramulis foliosis non angustiores, exacte tetragonæ. Bracteæ quam inS. pilifera multo latiores, breviter acuminatæ, muticæ, medio virides, ad latera pallidæ. Microspo- rangia reniformia, transverse latiora, tumida. Microsporæ coccineæ, tetrae- drice conjunctæ, ultra = mm. crassæ, granulatæ. Macrosporæ flavescentes, ; Mm. crassæ, grosse et irregulariter reticulatim exsculptæ. b). Articulatæ. a. Repentes. * Vage ramosæ, spicis lateralibus sessilibus. 28. S. HortTensis Met. Fil. h. Lisf. p.125; S. denticulata hortorum, nec auctorum ; L.(Selag.) Kraussianum Knze. in Lin- næa XVIIL, p. 114 (ex parte ?); S. mnioides Spr. monogr. p. 123 (ex parte ?). Antiquissima et vulgatissima hortorum species (in hort. Carlsruhano ante annum 1820 culta), in hortis ubique pro S, denticulata habita et ab ipso Spring cum hac confusa, quam Mettenius denique propriam et à S. denticulata omnino alienam esse demonstravit. Ex hort. van Houtte sub nomine erroneo S. pectinatæ quoque accepimus. Patria Sicilia (ad montem Etna, Sello 1823; herb. Kunth), Madeira? (« prope St. Anna » ; herb. A. Br. nescio a quo lecta) et ad promontorium ke série. Bor. T. XIII. (Cabier n° 2) 2 6 82 A. BRAUN. Bonæ Spei (im Kooksbosch in der Zitzikamma, Breutel 1853; herb. À. Br.) (A). Species distinctissima ! Caulis ad ramorum originem constricto-articulatus, depresso-tetrago- nus, plano faciali et dorsali margine utrinque sulcato. Radices anticæ, tenues, simplices, apice denique breviter dichotomæ. Folia lateralia sul- cis lateralibus inferioribus inserta, fere rectangule patentia, oblonga, acuta vel breviter acuminata, basi anteriore rotundata et caulis dorsum paululum tegentia, posteriore paululum angustata, margine anteriore ubique, posteriore supra medium subtiliter serrulata, nervo tenero sub apice evanescente. Folia intermedia divergentia, ovata, acuminata, apice patula, basi obliqua, exteriore subauriculala, margine serrulata. Spicæ laterales, sessiles !, plerumque locum ramuli primi exterioris tenentes, graciles, subflexuosæ, macrosporangio unico, basilari. Bracteæ ovatæ, longe et anguste acuminalæ, valde carinatæ, serrulatæ. Microsporangia breviter reniformia vel subcordato-orbicularia, tumida, medio paululum constricta. Microsporæ dilute flavæ vel subaurantiacæ, -+-+- mm. crassæ, acute muricalæ. Macrosporæ ultra ? mm. crassæ, albæ vel subcinera- scentes, laxe et regulariler elevato-reticulatæ. ** Pinnatim vel pyramidatim ramosæ, spicis lateralibus subsessilibus. 29. S. Gazeorru Spr. monogr. Il, p. 220 ; Mett. Fil. h. Lips. p. 4925 ; S. suavis KI. in Linnæa XVIII, p. 521 (non Spring) ; L. stoloniferum et fruticulosum Mart. et Gal. Hab. in Mexico, Bolivia et Panama. Colitur in hortis sub nomine S. Schottu. Surculi longissime prostrati aut penduli, nonnunquam adscen- dentes et apice demum ad térram reflex, laxe bipinnatim, nonnunquam pyramidatim ramosi, laxe foliosi. Radices crassiores, folia duriora et mi- nus diaphana quam in præcedente. Caulis ad originem ramorum nodose articulatus, depresso-tetragonus, facie bisulcatus et medio carinatus, utroque latere sulco leviore exaratus. Folia lateralia sulcis lateralibus inserta, dorsum caulis non tegentia, oblique patentia, ovato-oblonga, an- tice latiora, oblusiuscula, basi anguste cordato-excisa, utrinque breviter (1) CI. Kunze, L. c., præter alias localitates hanc quoque indicat, sed diagno- sis Lycopodii Kraussiani in specimina Breuteliana non exacte quadrat. An forte ‘duas species commiscuit ? Descriptio S. mnioidis in monographia Springiana raagis etiam discedit, TT RS … À limit REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM, 8 auriculata (auricula anteriore pallida, inflexa, cauli arcte adpressa, ciliis nonnullis instructa ; posteriore subangulata, rarius ciliata), integerrima, sub microscopio apice denticulata, supra convexiuscula et nervo promi- nulo ‘subcarinata. Folia intermedia sulcis caulis anticis inserta, duplo- triplo minora, adpressa, oblique ovata, breviter acuminata, obtusiuseula, apice denticulata, margine anteriore plus minusve serrulata, basi sagittato- auriculata, auricula exteriore latiore obtusa repando-dentata, interiore breviore et angusliore acuta. Aut in utraque auricula, aut tantum in inte- riore, ciliæ nonnullæ observantur elongatæ et articulatæ ï. e. cellulis 2-h compositæ. Spicæ breves (2-3/”longæ), laterales, aut ramulis bre- vioribus insidentes, aut omnino sessiles, macrosporangio basilari unico, maximo, plumbeo-fusco instrucltæ. Bracteæ ovatæ, breviter acuminatæ, obtusiusculæ, inferne præsertim denticulatæ, immarginatæ. Microspo- rangia subglobosa. Microsporæ pallide fuscescentes, Æ mm. crassæ, pa- pillis cylindricis truncatis dense muricatæ. Macrosporæ majores * mm. 4 crassæ, fuscæ , grosse elevato-reticulatæ et mainores 5 mm. crassæ, flavescentes, angustius et tenerius reticulatæ. 80. S. süLcaTA Spr. monogr. , p. 214; Lycopodium sulcatum Desv. In Brasilia frequens, nec non in Columbia. In hortis Berolinensibus deest, colitur autem sec. Spring in horto Parisiensi (Lycop. stolomferi nomine). Habitu Sel. Martensii æmulatur, sed caule articulato, foliis la teralibus utrinque auriculatis, auricula anteriore calcariformi, longe de- currente, decolorata, membranacea et ciliata, spicis denique lateralibus, sessilibus aut subsessilibus facile distinguitur. B. Platystachvæ. o b). Resupinatæ. ol. S. srexoPnyzLa. Sureulis e basi repente adscendentibus, undique radicantibus, superne pyramidatim ramosis, subtripin- nals ; caule continuo, dorso convexo, facie carinato et leviter bi- sulcato ; radicibus posticis ; foliis undique dimorphis, flaccidis, hyalino-striolatis, lateralibus posticis, oblique vel subrectangula- riter patentibus, lineari-lanceolatis, rectis (vix subfalcatis), acu- tiuseulis, serrulatis, basi subdilatatis ciliolatis, anteriore rotundatis, 8! A. BRAUN. posteriore cordato-subauriculatis ; intermedns ovatis, aristato - acuminatis, ciliolatis, basi oblique cordatis, exteriore auriculatim productis ; spicis ramigenis, bracteis dimorphis, superioribus lon- gioribus viridibus ovato-lanceolatis cristato-carinatis, inferioribus pallidis ovato-acuminatis. Patria dubia. In hortis colitur sub nominibus erroneis S. microphyllæ s. sulcatæ microphylle et S. stellatæ. Inter species mihi cognitas nostræ proxima est S. albonitens (Spr. monogr. p. 80) Ind. occidentalis, quam e contubernio $, apodæ removendam aptiusque cum S. Lychnucho con- sociandam esse censeo. Convenit foliorum colore et striis hyalinis, nec non bractearum superiorum carina cristata, differt vero statura minore et debiliore, foliis lateralibus basi non auriculatis, intermediis basi cu- neatis longius aristatis, bracteis minus evidenter dimorphis. Ab altera parte $. stenophylla maxime propinqua est S. Martensü, quacum plurimis notis, inprimis surculorum ramificatione convenit, sed caule tenuiore, radicibus gracilioribus, foliis angustioribus et bracteis evidentissime di- morphis primo adspectu distinguitur. Folia læte vel flavo-viridia, subtus pallidiora et nitentia, diaphana, sub microscopio striis pellucidis decolo- ratis longitudinaliter vel suboblique decurrentibus et varie interruptis no- tata. Folia lateralia in caule vetusto siccitate nonnunquam sursum inflec- tuntur, nervo supra leviter sulcato, subtus prominulo instructa, margine superiore versus basin anguste albo-marginata. Folia intermedia dorso subcarinata, arista patula. Spicæ numerosæ, ramos ramulosque termi- nantes, juventute nutantes, quoad longitudinem valdè variabiles, ramulo vegetativo paulo angustiores, supra dilatatæ. Bracteæ superiores margine remote et breviter ciliolalæ, carina in cristam s. alam atroviridem denta- tam extensa ornatæ; bracteæ inferiores breviores et magis ventricosæ, margine densius ciliolatæ, nervo medio viridi non cristato percursæ. Ma- crosporangia et microsporangia in eadem spica numerosa. Microsporæ in- tense puniceæ, cæterum iis S. Martensiüi, æque ac macrosporæ albidæ omnino similes. Species dubia. 32. S. RIGIDA hort., nuper, ni fallor, ex horto van Houtte di- vulgata, ab omnibus speciebus, quas supra recensui, differt, sed, quum Juvenilem et sterilem tantum viderim, utrum species nova Sitan cognilaram quædam, dijudicare nequeo. Surculis gaudet REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM, 89 erectiusculis, subæqualiter dichotomis ; radicibus anticis; caule rufescente ; foliis undique dimorphis, remotiuseulis, quoad for- mam et serraturam lis S. hortensis similibus, sed lateralibus bas euneatis et intermediis longius cuspidatis. CLAVIS ALPHABETICA SYNONYMORUM. africana (hort.) A. Br. v. No. 23.[{(S. Brasiliensis Desv. (sub Lyc.) —S. — S. Pervillei. alata hort. — S. Martensii 6. flac- cida. albidula Sw. (sub Lyc.) Spr. S. apus var. albidula herb. Shutlew. —$S, Lu- doviciana. albonitens Spr. v. sub No. 31.) altissima KI. et hort. — S$. lævi- gata. anceps Presl. — $S, flabellata. apoda hort. (major) — S. Ludo- viciana. | apoda hort. (minor) — S. apus. apotheca hort. —$S. Ludoviciana. — $. sarmentosa. apothecia Bevis (sub. Lycop. — S. Ludoviciana?). apothesa hort. — $S. Ludoviciana. — $. sarmentosa. apus L. (sub Lyc.)Spr. v. No. 4. apus hort. ex p.—$. Ludoviciana. apus minor hort. — $S. apus. — — apus y. denticulata Spr. — $. Lu- | doviciana. apus 8. tetragonostachya Spr. — S. Beyrichii.) arborea hort. — S$S. lævigata. argentea hort. Veitch. —$. ser- pens. asplenifolia hort. — S. Martensii y. compacta atrovirens Pres]. (sub Lyc.)non Spr. — $S. Breynii. atroviridis Spr. v. V° 14. Avilæ Karst. ethort. — $, cuspi- data G. (— Beyrichii À. Br. v. sub No. 5.) (— flexuosa. ) Brasiliensis hort. sec. Spr. — de- composita Spring. Brasiliensis Raddi (sub Lyc.) S. apus. Brasiliensis Lk, (nec Raddi, nec Desv.). — S. apus. Breynii Spr. v, No. 12. bryoides Kaulf. (sub Lyc.) — S. pumila. cæsia hort. (van Houtte 1846-47). — S. uncinata. cæsia arborea hort. —S$S. lævi- gata. cæsia violacea hort. (Booth. 4855). — $. uncinata. caulescens Wall. {sub Lyc.) V. N0.20, chinensis h. Lodd. Knze. ind.— ? uncinata. ciliata W. (sub Lyc.) v. No. 14. circinalis Cham. et Schl. (sub Lyc.) ethort. —$. cuspidata. circinalis Lam.—$. tamariscina.) circinalis Mart. et Gal. (sub Lyc.) — S. lepidophvlla.) compacta h. Rollis. (Lyc.) — S$. Martensii e. convoluta Walk. Arn. (sub Lyc.) Spr. v. No. 28. cordata hort, — $S. cuspidata fG. elongata. cordifolia hort. (non Desv.) —S$. cuspidata G. cordifolia Desv. (sub Lyc.) Spr. v. sub No. 9.) crispa hort. Lodd. Knze.ind. — ? cuspidata Link, v. No. 25, Spr. 86 S. cuspidata f elongata Spr:v..No. 27. — * No, 29. -- formosa hort. Veitch et alior. A. BRAUN. Danielsiana hort.—$S. Martensi y. decomposita hort.gandav. et alior. (et Spr.?) — S. Martensii. decomposita hort. Berol.—$S.apus. decomposita var. compacta. S Martensii y. compacta. decora hort. (Linden 1858) —? delicatissima (hort.) À. Br.v.No.s. densa hort, — $. apus. denticulata L. (sub Lyc.) Lk. Sp. x. No denticulata hort. — S. et S. Kraussiana. denudatahort Genuens.(non Spr.). — S. Kraussiana. dichotoma hort. —S Martensii [( — hortensis —— ‘à. divaricata À - depressa Sw. hort brit. 1839 (sub Lyc.) — S. denticulata ca- pensis. dichrous s. dichrus hort — S.| — Blicina et S. hæmatodes. elongata hort. — S. cuspidata B. | — elongata. — erythropus Mart. (Lyc.) Spr, v. No. 26. filicina Spr. v. No. 22. —=S. hæ- matodes. flabellaris hort, — S. flabellata. flabeilata L. (sub Lyc.) Spr. v. flabelleta Mart. et Gal. (sub Lyc.) —S$. Martensii. flexuosa Spr. v. sub No. 13.) + flexuosa hort. (van Houtte 1853, non Sw.).— S. Martensii à diva- ricata. S. Martensii (3. flaccida. fruticulosa BI. (sub Lyc.) — S. caulescens. fruticulosa Mart. et Gal. (sub Lyc.) — $S. Galeottii. Galeottii Spr. v. No. 29. hæmatodes Knze. (sub Lyc.), Spr. v. No. 23. hæmatodes KI. (non Spr.) —S. filicina. helvetica L. (sub Lyc.) v. No. 6. beterodonta Desv. (sub Lyc.) — ? 5. sarmentosa. S. Hoiïbrenkii hort. — $S, Martensii d. divaricata. hortensis Mett. v. No. 28. —S. Kraussiana. Huegelii hort, —$S. Martensii y. compacta. - hygrometrica Mart. {sub Lyc.) — S. convoluta. Jamaicensis hort. — $S. serpens. inæqualifolia Hook. et Gr. (sub Lvc.) Spr. v: No. 47. increscentifolia Spr. v. No. 15. interrupta A. Br. in hort. —S. sarmentosa involvens Bisch. (non Sw. nec Spr.). — $S. Kraussiana. jungermannioides Gaud. (sub Lyc.) v. sub No. 19.) Karsteniana KI. — $. filicina. Kraussiana Knze. (sub Lyc.) — ? S. hortensis. lævigata W,. (sub Lyc.) Spr. v. No. 18. lævigata hort. — $S. pubescens. lepidophylla Hook. et Gr. (sub Lyc.) Spr. v. sub No. 27.) lepidophylla hort. — S. pilifera. leptophylla cat. hort. Emman. Gay. —?5$. lepidophylla hort. Lobbii Veitch. v. N° 26. Loosiana h Low. 1858 — ? Louisiana hort, (v. Houtte 1852- 1853). —S. Ludoviciana. Ludoviciana À. Br. v. No. 5. Lyalii Hook et Grev. (sub Lyc.) Sp. N° 24. Marginata Gaudich. —$. sulcata. Martensii Spr. v. No. 43. Martensii congesta À. Br. v. No. 13.7 Martensii compacta Knze. v. No. 13. y. Martensii divaricata À. Br. v. No. 15 0. Martensii flaccida À, Br. v. No 13. 6. Martensiü flexuosa Knze. Martensii d. Martensii normalis À. Br. v. No. 13. «. Martensiüi pl. Lechler, n° 2045. —S Pôppigiana. = 6 PT REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM: microphyila Kunth. (sub Lyc.) Spr. | v. sub No. 8.) | microphylla hort. (non Knth, Spr.), | — $. stenophylla. minima Spr. v. sub No. 8.) mnioides Spr.ex part. —$. Kraus- siana et ? S. hortensis. munstrosa hort. — S: Martensii y. compacta. mutabilis hort. — $S. serpens. Novæ Hollandiæ Sw. (sub Lyc.) Spr. — S. ciliata. obtusa hort.(non Spr }.—S. denti- culata. ornithopodioides hort. Angl. (non L. Spr.?) —?S$. sarmentosa. ornithopodioides Wall. (sub Lyc.) —S$. lævigata. Pallasiana hort. (Luddens 1858). — $. cuspidata G. pallescens Presl. (sub Lyc.) KI. — $. cuspidata. pallida Beyr. non Spr. —$S. Bey- richii. ) Palusiana hort. (Linden 1858). — S. cuspidata £. ; palusiensis hort. Low. 1858). = S. cuspidata f. panamensis hort. Rollis. (sub Lyc.) — $. Breynii. paradoxa hort, — S. convoluta. patula Sw. (sub Lyc.) Spr. = ? S. sarmentosa. pectinata hort. van Houtt. (non Spr.) — S. hortensis. peltata Presl. — $, caulescens. Pervillei Spr. v. sub No. 25). pilifera À. Br. v. No. 27. plumosa hort. (Makoy 1857) — S. viticulosa. S. plumosa. L. (sub Lyc.) sec. Spr. [( — S. lævigata. plumosa Schkuhr. (sub Lyc.) sec. Spr. — $. Breynii. Pôppigiana Hook. Fil exot. S. Martensii. Püppigiana hort. (non Hook. et Gr.) — S. Breynii. — — pubescens Wall. (sub Lyc.) Spr. v. |(— No, 27. pulla hort. — S. Martensii «. pumila Schlecht. (sub Lyc.) Spr. v. No. 3. 07 pygmæa Kaulf. (sub Lyc.) — pumnila. radicans Schrank (sub Lyc.) —S. helvetica. ramosa hort. Rollis. (sub Lyc.) — S. Martensii &. rigida bort. (Linden 4854). — S$. Pôppigiana. rupestris L. (sub Lyc.) Spr. v. No. 2. sarmentosa À. Br, v. No. 40. scalariformis hort. Argentor. S. Ludoviciana. Schiedeana À. Br. v. sub No. 9.) Schottii hort, — $S, Galeottii. selaginoides L, (sub Lyc.) Link. S. Spinulosa. serpens Desv. (sub Lyc.) Spr. v. No? 9 serpens hort. —$S. Martensii GB. flaccida. serpens Schlecht. et Cham, — 5. Schiedeana.) — - Spinosa P. Beauv. Spr. — S. spi- nulosa. spinulosa À. Br. v. No. 1. stellata Link et hort. ex part. (non Spr.) —S$. Martensii à. stellata hort. ex part. — S, ste- nophylla. stenophylla À. Br. v. No. 31. stolonifera Lk. et hort. (non Sw..) — S. Martensii &. | stolonifera hort. Par. sec. Spr. S. sulcata. stolonifera Mart.et Gal. (sub Lyc.) — $. Galeottii. stolonifera Raddi (sub Lyc.) —S. flexuosa.) suavis KI. (non Spr.)—s$. Galeottii. subspinulosa Spr. v. sub No. 8.) sulcangula Spr. —S. cuspidata £. sulcata hort, — S. Martensii «. sulcata Desv. (sub Lyc.) Spr. v. No. 32. sulcata hort. v. microphylla hort. —S. stenophylla. tamariscifolia hort.—S .cuspidata. tamariscina Desv. (sub Lyc.) Spr. v. No. 25.) lamariscina hort. (non Desv.) — S. cuspidata. truncata Karst. v. sub No. 42.) 88 A. BRAUN. S. umbrosa Lemaire (sub Lyc.) hort. |{S. Vogelii Spr. v. sub No. 23.) — S. erythropus. — Warscewicziana KI. — S$S. ciliata. — uncinata Spr. v. No. 14. — Wartonii hort. angl. (Low. 1858). — uncinata B. arborea Mett. — $. — $. sarmentosa. lævigata. — Willdenowii Desv. (sub Lyc.) — — variabilis (Hook ?) h.—$. serpens. S. lævigata. — varians hort. — $. serpens. — Willdenowii hort. ( van Houtte — viliculosa KI. v. No. 21. 1852-53). — S. pubescens. — Vogelii Mett. (non Spr.)) —S. pu- bescens. APPENDIX. SECTIO [. — HomorroPrz. A. Polystichæ. a). Cylindrostachyæ. 1. S. spinucosa À. Br.; spinosa P. d. Beauv., Spr. S. sela- ginoides Lk.; Lycopodium selaginoides 1. Europ. et Amer. bor. b). Tetragonostachyæ. + 2. S. rupesrris Spr.; Lycopodium rupestre \. Amer. sept. et aust., Afr. austr., Ind. or. B. Tetrastichæ. + 3. S. eumiza Spr.; Lycopodium pumilum Schlehtd.; Lk. h. Ber. II (1833), p. 160; L. pygmœum et L. bryoides Kaulf. enum. Africa australis. SECTIO II. — DicHoTROPÆ. A. Tetragonostachyæ. a). Continuæ. - a. Repentes. | h. S. apus Spr.; Lk. Fil. h. Ber. p. 159; Meit. Fil. h. Lips. 193, Lycopodium apodum L.; L. brasiliense Lk. h. Ber. IL. 162 (non Raddi); S. albidula Spr. 0 1 REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM. 89 In Amer. sept., nee ahbi hucusque reperta. CI. Spring præler sequentem speciem et alias complures cum Sel. apoda commiseuit. Planta pôppigiana, in Peruvia lecta, ha- bitu et foliorum forma differt, sed propter sterilitatem non rite determinanda est. Specimina brasiliana, quæ vidi, omnia ad S. crassinerviam Spr. ducenda esse convictus sum, ad quam Raddii $. brasiliensis (secundum collectiones a doctore Rudio nuper missas prope Sebastianopolin vulgatissima), nec non S. Bey- richii mea (ind. sem. 1857, p. 12), et, ni fallor, S. polysperma Spr. (sec. specimina herb. Kunzeani) pertinent. Hæc species, Sel. apodæ habitu subsimilis, sed notis characteristicis valde dis- lincta, Selaginellis platystachyis adsocianda est, inter quas S. ano- malam Spr. proxime accedit. Sel. apus bracteis gaudet omnino homomorphis, in carina dorsi erista s. ala superne latissima et laminam excedente auctis, Fissidentis folia fere æmulantibus. Selaginellæ crassinerviæ bracteæ magnitadine quidem subæquales sunt, sed quoad formam, texturam et colorem dimorphæ, anticæ beteropleuræ, latere superiore plano mtense viridi, inferiore sub- ventricoso pallido, porro valde carinatæ, carina angustius cristata ; bracteæ postice utrinque pallidæ, dorso non eristatæ. Microsporæ Sel, crassinerviæ miniatæ, L°" crassæ, papilhis elongatis parce ob- sitæ; macrosporæ luteo-albæ, """ crassæ, minus grosse reticulatæ. 9. S. Lupoviciaxa À. Br.; S. apus +. denticulata Spr. Amer. sept. calidior. Vidi specimina spontanea in herb. Kunzei e Florida sub nomine $. albidulæ (Shutileworth) nec non in herb. Mougeoti ex herb. Richardiano sub nomine S. apodæ. 6. S. ñezverica Lk. L. helv, L., L. radicans Schrank. In subalpinis Europæ, Asiæ min. et Cauc. eo 7. S. DENTICULATA Lk.; L. dent. L. Europ. merid., Syria, ins. Canar. et Madera. L. depressum Sw. e Cap. b. sp. a el. Spring huc ductum sine dubio speciei propriam sistit (conf. ind. sem. anni 1858, p. 20 sub S. hortensii). 8. S. DELICATISSIMA (hort.) 4. Br. ind. sem. h. Ber.1357, p. 18. Patria mihi ignota ; planta culta hucusque spicas non protulit, 99 A, BRAUN. 9. S. sERPENS Spr.; L. serp, Desv. Ind. occ. et Mexico. 10.8. sarmenTOsA 4. Br. ind. sem. b. Ber. 1857. p. 14 ; S. patula Spr. monogr.; ? Lycopodium patulum SW. syn, Fil. : L. heterodonton Desv. Ind. occ.? Ex hortis Anglicis nomine Selaginellæ W hartonti quoque divulgatur. AL. S. unciNaTA Spr. monogr.; Mett. Fil. h. Lips.; Lycopodium uncinatum Desv. China. De fructificatione conf. ind. sem. anni præteriti, p. 20. 12. S. Breynn Spr. monogr.; S. atrovirens Pres. ; S. pana- mensis horl. Amer. austr. (et centralis ?). B. Adscendentes. * Persistentes. 15. S. Martens Spr. monogr.; Mett. Fil. h. Lips.; Lycopo- drum flabellatum Martens. et Galeotti (non L.); L. stoloniferum Link. h. Ber. IT (4833), p. 162 (non Sw.); S. stellata Link. Fil. h. Ber. p 159 (non Spring); $S. sulcata Knze. Ind. Fil. (quoad plantam horti Ber. et Lips. non Spring) ; S. decomposita Spr. mo- nogr. (quoad plantam hortensem! et spontaneam ?); S, Pôppigiana Hook. Fil. exot. (1857), t. 56 (nec aliorum). a). normalis, B). flaccida, y). compacta, d). divaricata, e). congesta. Mexico. In hortis vulgatissima et nominibus permultis erroneis salutala, quæ omnia in indice alphabetico invenies. 14. S. arrovirinis Spr. monogr. Il, p.124; L. atroviride Wall. Ind. orient. Ex insula Borneo à peregrinatore Thomas Lobb in hortum Veitchii introducta est. Similis Sel. Martensu y, sed major, intensius viridis, foliis lateralibus margine superiore minutissime denticulatis, infe- riore integerrimis, subtus specie trinerviis; foliis nan circumcirca minute denticulatis, nec ciliatis. REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM, 91 ** Redivivæ. 15. S. ciraTa À. Br. ind. sem. h. Ber. 1857, p. 16; Lycopo- dium cihiatum Willd. (non Desv.); L. Novæ Hollandiæ SW. ; Se- laginella Novæ Hollandiæ Spr. monogr.; S. Warscewicziana KI. in herb. reg. et hortis Berolinensibus. America australis. 16: S. increscenrirouta Spr.; Mett. Fil. h. Lips. Amer. australis. Anno præterlapso sero autumno spicas demum pro- tulit parum conspicuas et apice sæpius in bulbillos abeuntes. y: Proceræ. * Erectæ. 17. S. inæquauiroua Spr.; Mett. Fil. h. Lips. L. inæquali- folium Hook. et Grev. Ind. orient. ** Scandentes. 18. S. Levicara Spr.; Lycopodium levigatum Willd.; L. Willt- denowtu Desv.; L. plumosum L. et Sw. sec. Spring, non Willd. et auct. recent.; Selaginella arborea, cæsia arborea hort.; S. un- cinala var. arborea Mett. Fil. h. Lips.; S. altissima KI. And. orient. » 3. Caulescentes. 19. S. cauzescens Spr.; Lycopodium caulescens Wall; S. pel- tata Presl.; L fruticulosum BI. In India oriental. 20. S. ervraropus 9pr.; Lycopodium erythropus Mart.; S. um- brosum Lemaire (non Willd.). America austr. 21. S. virricucosa KI.; Spr.; Mett. Fil. h. Lips. In Columbia. 22. S. FLABELLATA Spr.; L. flabellatum 1. | Amer. australis et Ind. occidentalis. Planta culia ex insula Martinica in hortum Parisiensem introducta esse dicitur. 25. S. næuarones Spr. monogr. If, p. 156; Lycopod, hœæma- 99 A. BRAUX. todes Knze. in Linnæa IX (1834), p. 9 et Farnkr. in Abbild. f, p. 61,t. 30; S. fiicina Spr. L. c. p. 189; S. Karsteniana KI. In Columbia et Peruvia. Comparatis speciminibus Sel. hæmatodis à Pôppigio et Orbignyo lectis in herb. Kunzeano et Richardiano (nunc Fran- quevilleano) asservatis cum speciminibus S. fiicinæ a Karstenio, Lindenio et Fendlerio (plant. Venezuelanæ N° 461) lectis utramque identicam esse certior factus sum. 2h. S. Lyazzu Spr. monogr. If, p. 168; Lycopodium Lyallir Hook. et Gr. Madagascar. Species insignis, nuperius introducta, quam hucusque ste- rilem tantum observawi. 25. S. Pervizzei Spr. monogr. Il, p. 169; S. afrieana hort. et A. Br. ind. sem. b. Ber. 1857, p. 19. In Insula Nosi Beh ad Madagascar. 26. S. Lossn James V'eitch. Species nova speciosa, trunco elato erecto et ramis filicoideo-pinnatis, pubescentibus! insignis. Ex insula Borneo vivam misit Th. Lobb. Vidi specimen siceum incompletum ex horto Veitchiano. 27.8. puBescEns Spr.; Lycopodium pubescens Wall. S. Fogelu Mett. Fil. h. Lips. (non Spr.). India orientalis. s. Rosulatæ. 28. $S. cuspiparTa Link Fil. h. Ber.; Spr. monogr.; Mett. Fil. h. Lips.; S. pallescens K1.; Lycopodium cuspidatum Link h. Ber.; L. pallescens Presl.; L. circinale Cham. et Schlecht (non Lam. Willd.). 6. elongata Spr.; Mett. 1. c.; S. sulcangula Spr.; S. cordfohia hort. (non Desv.); S. Avilæ Karst. ined. (nomen a monte Cara- casano Avila); S. palusiana hort. In Mexico, Guatemala et Columbia. 29. S. convozura Spr.; Lycopodium convolutum Walk. Arnott; L. hygrometricum Martus ; $. paradoæa hort. Petrop. In Brasilia, Guyana et Columbia. 30, S. puurEera À. Br. Sitz, d. Gesellsch. naturf. Freunde 17. REVISIO SELAGINELLARUM HORTENSIUM, 93 Maerz 1857, ind. sem. h. Ber. 1857, p. 20; S. lepidophylla Mett. Fil. h. Lips. (non Spring). | Texas. b). Articulatæ. 91.5. Kraussiaxa Knze. in Linnæa XVIII (1844), p. 414 (sub Lycopodio) ; S. Aortensis Mett, Fil. h. Lips. p. 125; A. Br. md. sem. h. Ber. 1857, p. 21, et 1858, p. 20; S. mnioides Spr. monogr. Il, p. 223 quoad plantam africanam ; $. denticulata hor- torum omnium (nec auctorum) inde ab initio hujas sæeuli; S. 2n- volvens Bischoff in hort. Heidelb. et Mett. Beit. z. Bot. p. 7; S. denudata hort. Genuens. non Spr.; L. depressum Sweet hort. Brit. ed. [IT (1539)? (non Sw.). In Africa australi ad caput Bonæ Spei (Krauss, Breutel) et portum Nata- lensem (Gueinzius). Reliqui loci natales, querum 1. supra cit. mentionem feci, valde mihi suspecti sunt. CI. Spring sub S. mnioidi species duas distinclissimas confudit, alte- ram africanam, à cl. Kunze sub nomine S. Kraussianæ descriptam, quacum Mettenii S. hortensis, antiquitus in hortis culta, omnino convenit, alteram americanam, in Sieberi Flora mixta sub nomine Sel. mnioidis editam. Posterior hæc insulem Mauritii habitare quidem dicitur, sed spe- cimina Sieberiana certo certius in insula Trinitatis lecta sunt, quippe quæ cum specimimibus a cl. Krüger ibidem lectis et in herb. Kunzeano asser- vatis ad amussim congruant. Cum hac conjungenda est S. cihauricula Spr. e Columbia, quæ, habitu robustiore excepto, notis essentialibus non differt. S. cirrhipes Spr. e Columbia paulo magis quidem discedit caule tenuiore, nodis minus perspicuis, foliorum lateralium auriculis minus evolutis, foliis intermediis longius acuminatis et magis falcalis, sed nihilo- minus Selaginellæ mmioidi varietatis loco subjungendam esse censeo. Hæ omnes (æque ac Sel. (raleottii Spr.) a Sel. Kraussiana ciliarum struc- tura (a cl. monographo neglecta) omnino discrepant. Denticuli in mar- gine foliorum S. Kraussianæ constanter unicellulares sunt, apiculo denso cellulam secundam mentiente superati; ciliæ vero, quæ in parte basilari et auriculis foliorum Sel. mmioidis et affinium reperiuntur, revera e £el- lulis pluribus (3-8) superpositis et elongatis componuntur. 32. S. Gazeorru Spr.; Mett. Fil. h. Lips.; $. suavis KI. (non Spring) ; L. stoloniferum et fruticulosum Mart. et Gal. Hab. in Mexico, Panama (et Bolivia ?). Of A. BRAUN. 39. S. SULCATA Spr.; Lycopodium sulcatum Dev.; S. margi- nata Gaudich. In Brasilia frequentissima ; cultam vidi ex horto Petropolitano. Habitus Selaginellæ Martensu, a qua caule articulato et foliis lateralibus auricula superiore elongata instructis facile distinguitur. 3h. S, Pôrpiciana Spr.; monogr. Il, 217 ; Lycopodium Poppigia- num Hook. et Gr.; $.rigidahort. ind. sem. h. Ber. 1857, p. 22. Amer. austr. Planta hortensis, difficile colenda, nunc demum optime vigens, sed nondum fructificans, satis bene cum descriptione Springiana convenit Surculi e basi repente subito adscendentes, spithameï, ramis cuneatim di- visis, subfastigiatis. Caulis crassiusculus, succulentus, plerumque sordide purpurascens, recens teretiusculus, siccando sulcis supra 2-3 et utroque latere exaratus. Nodi parum conspicui, demum tumiduli. Folia undique dimorpha, remotiuseula, opaca, lateralia antice et verticaliter adnata sub angulo recto patentia, oblonga, latere superiore paululum dilatata, recta vel apice subfalcata, subacuta, versus basin angustata, subæqualiter adnata vel basi posteriore paululum emarginata, sed vix auriculata, margine an- teriore remotiuscule et versus apicem brevissime denticulata, margine posteriore subintegerrima, immarginata. Denticuli unicellulares. Nervus sub apice evanescens, supra parum conspicuus, infra prominulus. Folia intermedia triplo minora, adpressa, incurvalo-conniventia, longius acu- minata, basi cordalo-auriculata, auricula exteriore multo majore et deor- sum producta, rotundata, margine circumcirea æqualiter denticulata, herbaceo-viridia, non pallide marginata , dorso nervo prominulo subea- rinata. N Ad hanc speciem pertinet Selaginella N° 2015 inter plantas Lechleria- nas (sub nomine S. Martensu edita), quæ a planta hortensi statura ma- jore et caule crassiore pallido paululum differt, S. Poppigiana Hostm. et Kappler plant. Surinam. N° 3 est S. epirrhizos Spr. B. Platystachyæ. b). Resupinatæ. 35. S. sTENOPHYLLA À. Br.ind. sem. h. Ber. 1857, p. 22 et 1858, p. 20; S. microphylla hort. (non Spr.). Mexico. PRIMITIÆ FLORÆ AMURENSIS, Auctore Car, Joh. MAKINONICZ. NOVA GENERA CUCURBITACEARUM. SCHIZOPEPON Maxim. Flores hermaphroditi. Calycis lubus globoso-ovatus, supra ovarium constrictus, Himbo late campanulato 5-partito, Corolla idem, lobis ovaiis calycem â-plo superantibus. Stamina 5 tri- adelpha, annuli adpressi styli basim cingentis margini inserta, solitario petalis alterno, filamento brevi, anthera dimidiata lateri connectivi adnata bilocularti, adelphiis petalis oppositis, connectivo apice emarginato subbidentato, antheris rectis hilocularibus extror- sis. Stylus crassus, stigmatibus 5 (sic) Hineari-oblongis subpatulis coronatus. Ovarium ovato-orbiculare, à-loculare, loculis 1-ovu- latis. Ovula ex apice loculorum prope parietem pendula, anatropa. Pepo carnosus, ovatus, acutus, flore persistente coronatus, semi- nibus duobus, rarius tribus fœtus, septis evanidis 4-locularis, maturitate irregulariter tumens in valvas 3 ab apice ad basin clastice involutas, semina im glomerulum conglutinata explodens. Semina ovala, plana, margine crassiore. — Herba scandens babitu Bryoniæ v. potius Melothriæ, ob antherarum structuram Melothricis adnumeranda, loculis L+ (raro 2-) ovulatis, staminibus triadelphis, pepone ä-valvi insigne. Schizopepon bryoniæfolius Maxim. Hab, ad ripas inferiores v, meri= dionales flum. Amur. Mirrosicÿos Maxim. Flores (hermaphroditi? vel) polygami. F{. hermaphroditi. Calyx tubus semi-orbicularis verrucosus eum ovario connatus, limbo 96 CAR. JON. MAXIMOWICZ. rotato 5-parlito, laciniis e lanceolata basi longe flabellato-acumina- us. Corolla calyei adnatim inserta rotata 5-partita demum cum calyeis limbo caduca, lacinus quam calyeinæ latioribus, vix lon- gioribus, conformibus. Stamina 5, ad basin corollæ inserta, hbera. Filamenta brevia. Antheræ ovali-sphæricæ, biloculares, extrorsæ, connectivo oblongo elliptico anthera breviori adnatæ. Stylus brevis- crassus apice bifidus, segmentis bilobis, lobis stigmatosis. Ova- rium seminiferum, tylo persistente coronatum, depresso-orbi- culare, tubo calyeino verrucoso, portione superiore a calyee libera Iævi, 1-loculare, 2-ovulatum, ovulis e placenta parietali prope apicem sita pendulis anatropis. Pepo tenuiter carnosus ellipticus v. Ovatus, inter portionem imferiorem verruculosam maJorem calyptramque Iævem apice paullo obliquam acuminatam subcon - strictus, 1-locularis, 2- v. abortu 4-spermus, operculatim apertus. Semen ellipticum subacutum , compresso planum , margine vix incrassato plantusculo sulcato, faciebus rugosis, teste coriacea. Embryo exalbuminosus, cotyledonibus foliaceis planis, radicula supera. — Flor. masculi (dum adsunt). Calyx tubo nullo, Himbo rotato conformi, corolla staminaque confornna. Germinis vesti- gium nullum.-— Herbæ inter Sicyoideas collocandæ, Sicyos cujus- dam facie, annuæ, teneræ, volubiles ; floribus albidis parvulis in Mandshuria atque China boreali orientali mdigenæ. 1. M. lobatus Maxim. Foliüs cordatis basi auriculato-hastatis tri- quinque lobis, lobis acutis, terminali acumimato ; floribus axillaribus soli- tariis hermaphroditis (?). Hab. ad ripas Amuris inferioris. 2. M. racemosus Maxim. Foliüs cordato-ovalis acuminatis obsoletius trilobis obtusiusculis ; racemis axillaribus multifloris bracteatis, floribus terminalibus fertihbus, ceteris masculis deciduis. Flos fertihis vulgo uncius rarius duo. Hab. Pekin, extramuros urbis ad canalem Ocrr-Tschsha. | à | | : NOTE SUR L'ORIGINE ET LE MODE DE FORMATION DES CANAUX PÉRISPERMIQUES DANS LA GRAINE DES MARANTÉES Par M. Arthur GRIS, Aide natnraliste au Muséum. Les graines des genres de la tribu des Marantées qu'il nous a élé possible d'étudier, renferment dans leur albumen, outre le canal embryonnaire, un ou deux canaux supplémentaires qui ont été signalés depuis longtemps par les auteurs, mais dont la struc- ture et l’origine ont été jusqu'ici presque complétement négligées. Endhicher (1) en fait mention en ces termes : « Albumen..…. » rarius Cavitatibus pluribus parallelis, centrali solum embryonifera, » lateralibus vacuis. » Robert Brown (2) signale l'existence et Ia po- sition des canaux parallèles dans le Thalia, et les considère comme les cavités distinctes de deux embryons avortés. Nees d’Esen- beck (3) dit, en parlant de la même plante : « Quos quidem canales » e massa cellulosa intermedia et connectente ovuli campylotropu » ab embryone interjecto ad utrumque latus dimota ortos esse ovu- » lorum hujusce modi evolutione demonstratur. » De plus, il ne les considère pas comme tout à fait vides; en effet, nous lisons : « Canalis..…. membrana subfibrosa fuscescente vestitus inanis » fibrisve hinc inde cellulosis refertus. » Enfin, M. Kôrnicke, dans le travail qu'il publia en 1858 sur les Marantées (4), signala l'existence et la manière d’être des canaux (1) Genera plantarum. (2) Prodr. Nov. Holl., p. 307. : (3j Linn., 1831, &. VI, p. 314. - (4) Beiträge zur Kenntniss der in unsern Gärten cullivirten Muranteen. Gar- tenflora, 1858. &° série. Bor. T. XIII. (Cahier n° 2.) 5 7 98 A. GRIS. — FORMATION DES CANAUX PÉRISPERMIQUES dans les divers genres de Marantées, mais sans s'expliquer sur . Jeur nature. Au moment où la note que nous publions aujourd’hui allait être livrée à l’impression, nous prenions connaissance d’une nouvelle édition du mémoire de M. Kôrnicke, insérée dans les nouveaux Mémoires de la Société impériale des naturalistes de Moscou (1). Nous allons signaler, dans le chapitre consacré à la graine, ce qui a particulièrement rapport aux canaux périspermiques. L'auteur mentionne le canal coloré en brun qui s'élève entre les deux branches de lembryon et parallèlement à elles dans les genres Maranta, Ischnosiphon ct Calathea. « Dans le Phrynium dicho- tomum, dit-1l, se partage au-dessous de la courbure de l'embryon en deux larges rameaux entre lesquels l'embryon est saisi comme entre les dents d’une fourche. La forme de ce canal est encore plus étonnante dans les T'halia geniculata et Th. dealbata. Tà aussi il se partage, mais beaucoup plus profondément , en deux branches qui s'élèvent parallèlement à Fembryon, et se recourbent, comme lui, en fer à cheval. La partie la plus courte de ces branches en fer à cheval n’atteint pas tout à fait la longueur de la plus courte branche de l'embryon. Robert Brown considère ces branches comme ayant leurs analogues dans le Cycas et le Gui, qui possèdent plusieurs sacs embryonnaires.» M. Kôürnicke se demande, en terminant, quelle est l’origine des canaux périspermiques, et reconnait qu'une histoire exacte du développement de la graine dans les Marantées serait du plus grand intérêt pour résoudre celte question. Nous espérons dans ce travail répondre aux vœux de M. Kôrnicke. Au mois d'octobre 1859, j’annonçais dans les Comptes rendus de l’Institut que les canaux n'étaient pas vidés, comme on l'avait cru, mais au contraire occupés par un tissu dont l’élément essentiel était le vaisseau spiral, I sembla à M. Brongniart, qui voulut bien s'intéresser à mes observations et m'aider de ses conseils, que ces canaux devaient appartenir à la chalaze. D’autres savants, au con- traire, qui me faisaient part de leurs doutes à ce sujet, semblaient (1) Tome XI, 4859 : Monographiæ Marantearum prodromus. DANS LA GRAINE DES MARANTÉES, 99 être portés à admettre l'opinion de Robert Brown sur les canaux parallèles du Thalia, et à les considérer comme des embryons avortés. J'attribuai néanmoins une origine chalazienne, non- seulement aux canaux parallèles du T'halia dealbata, mais aussi aux canaux plus où moins droits qui s'élèvent entre les deux bran- ches de Pembryon dans les graines des Maranta indica, Calathea villosa et Stromanthe sanguinea, et j'annonçais cette manière de voir dans mes observations sur la fleur des Marantées (À). Je ne me dissimulai pas cependant que la question ne serait complétement résolue qu'après avoir suivi le développement de l'ovule dans les genres que je viens de citer, et surtout dans le Thalia dealbata. V'ai déjà communiqué à la Société botanique de France, dans la séance du 27 avril 1860, le résultat de mes obser- vations sur le Séromanthe sanguinea et sur le Maranta indica (2). Je vais done exposer le développentent de l’ovule dans ces deux plantes, et y ajouter ce que j'ai vu depuis dans le Thalha dealbata et dans un Zschnosiphon cultivé dans nos serres, et qui semble être une variété de l’Zschnosiphon surinamensis Miq. En agitant à plusieurs reprises l’inflorescence du Stromanthe sanguinea, j'ai obtenu une sorte de fécondation artificielle indi- recle qui à provoqué, sinon la maturation complète de la graine, au moins un accroissement de l’ovule suffisant pour me permettre d’assisier au mode de formation du canal périspermique. Dans de jeunes boutons, j'ai trouvé des ovules, chez lesquels le sommet du nucelle semblait avoir déjà décrit un are de 90°, son axe étant parallèle au plan horizontal mené par le point d’attache de l’ovule, etle micropyle étant par conséquent latéral (pl. 14, fig. 4); bientôt le sommet du nucelle s’abaisse un peu, en même temps que la chalaze, c’est-à-dire le point d’adhérence du nucelle avec (1) Ann. des sc. nat., 4° série, t. XIT, cah. n° 4. (2) Nous avons constaté depuis la publication de cette note que M. Schleiden (Mém. des cur. de la nat.,t. XIX, tab. 40, fig. 19) a donné une figure repré- sentant la coupe longitudinale de la graine d'un Maranta dans laquelle le canal périspermique est indiqué par la lettre C, qui veut dire chalase. On ne trouve de détails sur ce sujet ni dans l'explication des figures, ni dans le texte mime du travail. L 100 A. GRIS. -— FORMATION DES CANAUX PÉRISPERMIQUES les téguments se relève dans la même proportion (pl. 4, fig. 2). L'axe du nucelle est alors oblique relativement au plan horizontal du point d'attache de l’ovule. Enfin, le sommet du nucelle conti- nuant toujours son mouvement descendant, le micropyle se rap- proche du hile en même temps que la chalaze s'élève. L’axe du nucelle est encore un peu oblique relativement au plan du point d'attache de l’ovule. Cependant, à cet âge, l’ovule peut être consi- déré comme anatrope. Quand la fleur est épanouie, le micropyle est très voisin du hile. La secondine se prolonge en dehors de la primine, et la cha- laze n’est point placée dans le point diamétralement opposé au sommet du nucelle, mais un peu au-dessous, sur le côté (pl. 4, fig. 3); un cordon trachéen s'élève du hile à la chalaze: ce n’est déjà plus un véritable ovule anatrope, mais il n’est pas non plus campylotrope. Dès que l'ovaire commence à se changer en fruit, l’ovule se développe très inégalement. La base du nucelle se rapproche de plus en plus de son sommet ou du micropyle, en sorte que ce nu- celle prend presque la forme d’un demi-cercle interrompu, vers sa partie moyenne, par une échancrure qui est l’origine du eanal en question (pl. 4, fig. 4). La chalaze prend successivement, à mesure que le nucelle s’accroit, l’apparence d’une petite fossette, puis d’un cæcum quise creuse de plus en plus (pl. 1, fig. 5), enfin, d’un canal étroit terminé en cul-de-sac (pl. 1, fig. 6); en même temps l'ovule passe insensiblement à la forme campylo- tropique. Le raphé, très court, s'étend depuis le hile jusqu'à l’ori- oine du canal. Nous ne nous étendrons pas sur le développement de l’ovule du Maranta indica et de l’Zschnosiphon, dont les différentes phases offrent beaucoup d’analogie avec celles que nous venons de décrire. Dans la figure 9 (pl. 2), on voit l’origine du canal périspermique de l’Zschnosiphon, qui n’est encore indiqué que par une petite dépression de la chalaze en forme de fossette. Cette fossette est devenue dans la graine adulte, dont la figure 12 représente une coupe verticale, un canal droit très ollongé qui s'élève entre les deux branches de l'embryon. DANS LA GRAINE DES MARANTÉES, 101 J'ai représenté, dansles figures 1 à 6 de la planche 2, diverses phases de l’évolution des ovules du Thalia dealbata. On voit suc- cessivement l'axe du nucelle d’abord perpendiculaire au point d'attache (fig. 4), décrire un are de 90° (fig. 2), puis s'infléchir de plus en plus (fig. 3) jusqu'à ce que, le micropyle étant très voisin du hile, on puisse à la rigueur considérer lovule comme anatrope (fig. 4), bien que son axe soit un peu oblique. Dans les figures 5 et 6, on voit la base du nucelle se rapprocher insensiblement de son sommet. Cherchons maintenant quelle est l’origine des canaux parallèles au canal embryonnaire qu'on observe dans la graine de cette plante. Ces canaux sont-ils des embryons avortés comme le suppose Robert Brown? Il n’en est rien. Voilà ce qui se passe. La chalaze, au lieu de former un canal unique muni d’un seul cordon trachéen, comme on le voit dans les Stromanthe, Maranta, Cala- thea, Ischnosiphon, se développe en deux prolongements latéraux parallèles, en même temps que le cordon trachéen se divise en deux branches, comme cela est indiqué dans la figure 7. On voit dans la figure 6 une sorte de cœcum arqué, dont la cavité regarde la base du nucelle, et qui est l’un des deux prolongements latéraux et parallèles de la chalaze. En grandissant et en se recourbant de plus en plus, il finit par prendre la forme d’un crochet, comme on le voit dans la figure 8, qui représente une coupe longitudinale de la graine adulte intéressant l’un des deux canaux parallèles, ou, ce qui revient au même, l’une des deux branches de la chalaze. EXPLICATION DES FIGURES. p. Primine, e. Embryon. 8. Secondine. a. Albumen. c. Chalaze. ar. Expansion arilliforme, cp. Chalaze transformée en canal périspermique. PLANCHE À. Fig. 1 à 6. Stromanthe sanguinea Sonder. Fig. 4,2, 3, 4, 5. Ovules entiers, à des degrés successifs de développement, dont les tissus sont devenus transparents sous l'influence d'une dissolution de potasse caustique, et dessinés à la chambre claire. 102 a. &RiS. — FORMATION DES CANAUX PÉRISPERMIQUES, ETC. Fig. 6. Coupe longitudinale d’un ovule déjà très développé. Fig. 7. Ovule jeune de Culathea : a, vu à sec ; b, sous l'influence de la potasse. Fig. 8. Ovule de Calathea dans une fleur adulte. (ee) PLANCHE Ÿ. Fig. 1 à 8. Thalia dealbata. (eje) Fig. 4 à 4. Ovules entiers, vus par transparence, après l'action de la potasse. Fig. 5 et 6. Coupes verticales d’ovules plus âgés. La figure 7 est destinée à montrer la bifurcation du cordon trachéen qui se dirige dans chacune des branches de la chalaze. : EF. Fig. 8. Coupe verticale de la graine intéressant l’un des deux canaux parallèles, ou, ce qui revient au même, l’une des branches de la chalaze. Fig. 9 à 12. Jschnosiphon surinamensis. Fig. 9. Ovule après la floraison, vu par transparence. Fig. 10. Ovule, vu à sec dans le bouton. Fig. 14, La graine : »m, micropyle. Fig. 4%. Coupe verticale de la graine. INDEX SEMINUM IN 0 HORTO BOTANICO ARCHIGYMNASIT BARCINONENSIS, Auctore Ant. Cip, COSKA. Dianthus attenuatus Sm. var. Catalaunicus Willk. et Cost; Wk. Pugill. pl. nov. p. 89. (D. Catulaunicus Pourr. imed. in. herbar. Salvador!) — Varietas pulchra à specie typica aliena turio- nibus in cespites densos et extensos aggregatis, foliis ex omni parte minoribus rigidisque fere pungentibus glaucis, petalorum limbis fimbriatis v. incisis raro grandidentatis. -- Medio sæculo proxime elapso reperit Salvador pr. Calella ubi etiamnum existit in solo arenoso et ad rupium fissuras; crescit etiam versus Pineda, Malgrat, ete. — In collo Formich montium Monseny et pr. he- remitam de San Marsal dictam d. 16 Augusti 1855 ipse copiosam et florentem legi. — In horto semina nondum dedit, quamobrem semina offeruntur ex loco natali. Dianthus multiceps Cost. Adic. al Progr. de Bot. p. 246; Wk. Pugill. pl. nov. p. 88. — Hab. pr. Manresa ubi florentem d. 20 Jul 1855 detexi. Crescit etiam in Monte Serralo et alibi inde à Cardona ad Berga opp. usque. Semina hoc anno in Monte Serrato lecta fuerunt. Vide descript. in Pugillo cit. Eleusine barcinonensis Cost. Adic. al Progr. de Bot. p. 252; Wk. Pugill. pl. nov. p. 125. — Perennis, cespitosa, culmis in- lerne compressis 8-15-20” longis sæpe geniculatis, foliis angustis Junioribus vaginisque longe remoteque ciliatis, ligulis brevibus 2-8-multifidis, spicis 1-5!" longis sæpissime geminis rarius solita- ris v. ternis densioribusque (in pl. culta), spiculis distichis in _ rachide anguste alata regulariter dispositis 4-8-floris ex viridi- purpurascentibus, glumis parvis et glumellis carinalis muticis, 104 A. €. COSTA. — INDEX SEMINUM cariopsidibus obsolete trigonis plerumque rugosis v. foveolatis. — Species Æ. oligostachyæ Lk. affinis quæ tamen a nostra differt, præler habitum alienum, radice annua, spiculis quadriseriatis, caryopside globosa Iævi v. parce rugosa nec foveolis instructa.— Hab. in cæspitosis pratisque juxta. Barcinonem, pr. Badalona, Hospitalet, Prat, ete., haud procul à hittore. — Eam hoc nomine insignavi non quia certe persuasum haberem hanc esse hujus str- pis patriam originariam, sed quia 1 nostra regione salis frequens est et allunde nondum in tropicis, ubiipsius congeneres virescunt, reperta fuit. — In Horto culta duos adhine annos, a vere novo ad autumnum usque floret. | Ervum gracile DC. var. longepedunculatum WKk. et Cost. Pugill. pl. nov. p. 98. — Varietas caulibus gracillimis, foliolis apgustissimis, peduneulis fructiferis 8-5-plo longioribus, semini- bus fuscis nigro punctatis satis diversa. — In collo Monjuich pr. Barcinonem creseit. Martio-Aprili floret. © Scabiosa macropoda Cost. Adic. al Progr. de Bot. p. 248; Wk. Pugill. pl. nov. p. 103. — Species pulchra, floricultoribus commendanda, quæ in Horto nondum fructificavit et ideo semina offeruntur in plantis spontaneis collecta. — Crescit in cultis et in- culüis sterilibus regionis montanæ Catalauniæ et æstate floret. Vide descript. in Pugillo. Sideritis ihicifolia Villd. var. hispanica WK. im Bot. Zeit. 1859, p. 273. (S. fragans? Cost. ined.) — Species dubia et cum als speciebus sect. Eusideritidis observanda, quas quidem obser- vationes ad exitum perducere promisit cl. Willkomm loc. cit. — In sterilibus pr. Balaguer, Gerp, etc. Calalauniæ centralis d. 8 Augusti 1858 hanc stüirpem fructiferam et fere defloratam detexi. — Semina eodem tempore et loco lecta fuerant. Silene crassicaulis Wk. et Cost. Pugill. pl. nov. p. 91. (S. monserratensis Pourr. ined. in herb. Bolos ?) — Species in Horto nostro mire crescens ab anno 1858 ; Majo et Junio floret. — Hab. in Monte Serrato ubi anno 1857 a me reperta fuit et primo intuitu S. sfalicæ Pers. varietatem credidi. Sed utramque speciem in horto cultam vidi, hisque comparatis 1llam a nostra differre videtur statura minori, petalorum ungue auriculato, IN HORTO BOTANICO ARCHIGYMNASII BARCINONENSIS, 105 anthophoro validiore superne incrassalo prismalico, capsula majore post dehiscentiam late profundeque dentata, seminibus dorso non canaliculatis facieque vix concavis. Vide deseript. in Pugillo. Kernera polysperma WKk. et Cost. Pugill. pl. nov. p. 86. (Cochlearia polysperma Cost. ined.).—-Radice annua ramosa, caule plus minusve ramoso inferne piloso, ramis fructiferis plerumque _ elongatis glabriusculis, foliis basilaribus oblongis obtusis obsolete _dentatis pilis sæpe ramosis apice uncinatis utrinque adspersis, caulinis amplexicaulibus auriculatis ciliatis, sepalis erectis margine membranosis, petalis albis calyee duplo longioribus longe ungui- eulatis, siliculis obovatis globoso-lurgidis, valvis convexissimis 5" longis 3" latis, pedicello patulo duplo brevioribus, stylo longe api- culatis, seminibus numerosis (15-26) Iævibus immarginatis badtis. In campestribus, pr. oppidum Berga d. 20 Jul 1856 fructife- ram et omnino defloratam detexi. — CI. Joannes Puiggari Medici- | næ D. nuperrime invenit (d. 20 Maji 1859) c. flore et fructu im | cullis pr. Prats de Rey. — Semina paucissima habemus hujus speciei, qua de causa in hujusce anni elencho non apparet. DU DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET EN PARTICULIER DE SA RÉSORPTION DANS L’ALBUMEN DES GRAINES EN GERMINATION, Par M. Arthur GRIS, Aiïde-naturaliste au Muséum, Quand on place une graine à albumen farineux dans des con- ditions favorables à sa germination, cet albumen se ramollit par l’action combinée de la chaleur et de l'humidité ; la fécule, d’in- soluble qu’elle était, se change en une nouvelle substance, dont la composition chimique est la même, mais qui est soluble, et peut par cela même servir à la nutrition de la jeune plante. Suivant MM. Payen et Persoz, cette transformation serait déterminée par la diastase, laquelle paraît se former au moment de la germination, el dont l’action est si énergique, qu’elle peut transformer deux mille fois son poids de fécule en dextrine, puis en glucose. Mais comment se fait la résorption du grain de fécule? Se transorme-t-il en dextrine soluble sans présenter de traces d’une modification aussi profonde? disparaît-il subitement sous l’action puissante de la diastase? ou bien est-il attaqué graduellement et de telle manière que l'œil, aidé du microscope, puisse suivre pas à pas, par les modifications de structure qu'il présente, la marche de son altération ou plutôt de sa transformation en matière assi- milable ? Telle est la question que je me suis posée : elle m'a semblé in- téressante au double point de vue de l’anatomie et de la physiologie végétales. À l’époque où je fis mes premières observations, c’est-à-dire vers la fin de l’année 1858, je croyais cette question entièrement neuve, et ce n’est qu'après avoir lu une première nole sur ce | DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE, ETC. 107 sujet dans la séance de la Société botanique de France du 11 mars 1859, que j'appris qu'elle avait déjà été effleurée par M. Schleiden dans son livre intitulé : Physiologre des plantes et des animaux. Bien que nous ayons: restreint le cadre de nos recherches aux phénomènes qui se passent dans l’albumen des graines en germi- nation, nous mentionnerons cependant les faits déjà publiés qui se rapportent à la résorption de la fécule, quelles que soient les circonstances ou la partie de la plante dans lesquelles se fasse cette résorption. M. Schleiden, qui s'élève contre la théorie de la diastase, a étudié le mode de dissolution du grain de fécule dans le tubercule de la Pomme de terre en végétation. « Le procédé de résorption, dit-il, consiste dans une dissolution progressive de la fécule de dehors en dedans, de manière que l’extrémité où est placé le noyau principal de la matière amylacée, ainsi que le bout opposé, oppose la plus longue résistance à la force dissolvante, et que le grain de fécule, d'abord ovoïde, devient peu à peu oblong et allongé. » Le même mode de dissolution se retrouverait dans PAvoine; les plus gros grains se transforment en fragments qui se dissolvent ensuite progressivement de dehors en dedans. Étudiant l’action du levain de bière frais sur la fécule de Pomme de terre, et voyant le grain attaqué par places, creusé de trous, sillonné de canaux, se détruire progressivement de l’intérieur à l'extérieur, M. Schleiden dit que le même procédé de dissolution a aussi lieu dans l’Orge en germination. M. Nageli, dans son bean travail sur l’amidon (Die Starkekôr- ner), a parlé de la dissolution de la fécule dans la plante vivante, mais à des points de vue différents de celui qui nous à spéciale- ment occupé. C’est ainsi qu’il a constaté qu'à l’intérieur du végétal, les grains d’amidon présentaient parfois des indices d’altération consistant en une petite cavité centrale, en rayons plus ou moins longs, s'étendant du centre vers la circonférence, et même pou- vaient être réduits à une simple vésicule. Il est revenu également sur les faits déjà signalés par M. Schleiden dans la Pomme de terre. Il pense qu’en général la dissolution se fait en dehors sur toute la surface du grain, et s'empare d’un volume de substance amylacée 108 A. GRIS. — DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION proportionnel au temps. Un grain de fécule ovoïde devient de plus en plus allongé et linéaire. Enfin, ce savant a porté son at- tention sur les espaces réticulés ou granuleux qui apparaissent fréquemment à la surface des grains d’amidon des céréales. I les regarde comme des formes particulières de dissolution, et expose ensuite les hypothèses qui lui semblent de nature à expliquer ces myslérieux phénomènes. Dans son travail sur les formations vésiculaires dans les cellules végétales (1), M. Trécul a consacré un chapitre à la résorption des grains d’amidon. Le volume dans lequel ce mémoire est inséré porte la date de 4858 ; mais le cahier des Annales qui contient le chapitre sur la résorption de la fécule à paru seulement au mois d'août 1859. L'auteur étudie ce qui survient pendant la dissolu- tion de l’amidon dans les gros grains simples des Graminées, et reconnait deux types de dissolution : suivant l’un, la stratification des conches est dévoilée ; suivant l’autre, elle ne l’est pas. Il exa- mine ensuite ce qui se passe dans l’amidon du Lihium candidum et du Phajus grandiflorus, où la dissolution a lieu cireulairement suivant des plans superposés perpendiculaires à l’axe du grain ; dans l’amidon du rhizome du Zingiber Zerumbet, où la résorption se fait encore avec plus d’irrégularité, et dans les grains composés du Fcaria ranunculoides. Nous ferons remarquer ici que nous avions nous-même présenté avec détail les modifications que subit l’amidon du Blé, lors de sa germination, dans une note lue à Ja Société de botanique de France, le 11 mars 1859, c’est-à-dire cinq mois avant la publication de ce passage du mémoire de M. Trécul, et groupé autour de ce type du Blé les genres Æordeum, Ægilops, Zea Mais, etc. Cette note était accompagnée de figures explicatives qui ont été mises sous les yeux des membres de la Société et de M. Trécul lui-même. Les plantes dont j'ai fait germer les graines pour y étudier la résorption de l’amidon appartiennent aux groupes des Graminées, des Commélynées, et des Aroïdées pour les Monocotylédones, et (1) Ann. des sc. nat., 4° série, t. X,. DANS LES GRAINES EN GERMINATION. 109 à ceux des Polygonées, N'yctaginées et Phytolaccées pour les Dico- tylédones. J'ai choisi le plus souvent pour sujets d'étude les plantes les plus vulgaires. Les modifications que subit la farine du Blé, du Seigle, de l’Orge, de l’Avoine, du Riz, du Maïs, lors de la germi- nalion, ne semblent-elles pas de nature à intéresser les savants, même étrangers à la botanique ? J'ai agrandi un peu le plan de ce travail en y introduisant l'étude du développement de la fécule. Pour certaines plantes, il n’est qu'indiqué; pour d’autres, il est exposé avec détail. Cette étude était, du reste, nécessaire dans certains cas où la fécule, à son état adulte, se présente sous des formes si compliquées, qu’il faut, pour les comprendre, lavoir suivie dans les differentes phases de son évolution. Voici la liste des genres et des espèces dont l’amidon à été l’objet de mes études : GRAMINÉES. Hordéacées . . . . . . . . . Triticum vulgare Will. — polonicum L. Secale cereale L. — montanum Guss. Ægilops speltæformis Jord, — ovala L. — triaristata L. Hordeum vulgare L. — _ zeocriton L. Abbhacées..u ss den cel …, Avena: sativa.L: Festucacées . . . . . . . . . Bromusexaltatus Bernh. — tectorum L. Phléoïdées . . . . . . . . . . Alopecurus utriculatus Pers. — agrestis L. Paricees TEE C0] DONNE Cdix Lacryma L. Lea Maïs L.! Or GHesNAUNNIET | , . " Oryza sativa L. A10 A. GRIS. — DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION COMMÉLYNÉES. Commelyna stricta Desf. Tradescantia virginica L. AROIDÉES. Arum italicum Mill. * POLYGONÉES. Polygonum orientale L.; P. Fagopyrum L.; Rheum rhaponticum L.; Emex spinosa Campd. NYCTAGINÉES. Mirabilis longiflora L. PHYTOLACCÉES. Rivina lævis L. HORDÉACÉES. Les grains de fécule contenus dans l’albumen des espèces d’Hordéacées que nous allons passer en revue sont simples ; leurs formes ainsi que leurs dimensions sont variables dans chaque espèce. Les petits grains sont en général sphériques; les gros, dont le contour est plus ou moins arrondi, ovale ou elliptique, présentent deux faces souvent inégalement convexes. Blé. L’albumen d'un grain de Blé arrivé à la maturité renferme de oros grains amylacés, dont le plus grand diamètre peut atteindre 0"".03925. Ils sont donc très favorables à l'observation. Ces grains, chez lesquels on ne voit pas aisément les zones con- centriques, sont le plus souvent homogènes (pl. 3, fig. 4). Nous y avons souvent remarqué une particularité de structure, DANS LES GRAINES EN GERMINATION. fat qui a déjà été signalée et figurée par M. Nägeli. C’est une sorte de vague réseau de petites taches grises ou blanches suivant la distance focale, et qui sont ou arrondies, ou le plus souvent poly- gonales. Ce réseau tantôt occupe toute la surface du grain, tantôt la moitié, ou le tiers, ou un point seulement de cette surface. Il est quelquefois constitué par un petit nombre de taches groupées en cercle autour de l’une d’entre elles comme centre, et celte dispo- sition régulière est aussi curieuse qu'inexpliquée (pl. à, fig. 2). Ces phénomènes prennent un grand développement dans le Seigle ; on les observe aussi dans le Maïs, lÆgilops, l’Orge. Je veux signaler encore la curieuse modification que présentent les grains d’amidon du Blé dans leur jeunesse, modification qui est le plus souvent inappréciable lorsqu'ils sont arrivés à l’état adulte. Si l’on examine ces grains dans de jeunes cellules périsper- miques, à cet âge où ils ont en moyenne 0"",0080 à 0"",0035 en diamètre, et sont souvent groupés autour du nucléus, on s’aper- çoit qu'ils sont presque tous munis d’un noyau central; mais ce noyau n’est ni un amincissement, ni une partie où la substance du grain serait d’une inégale densité, comme on pourrait le croire au premier abord. J'ai vu, en effet, ces petits grains, agités d’un mouvement assez vil dans l’eau sucrée, changer souvent de posi- tion, et par suite se présenter de profil, et de telle sorte qu’un renflement plus où moins arrondi faisait saillie à leur surface. Des grains d’un diamètre de 0"",0060, et même de 0"",0150, m'ont présenté cette particularité et d’une manière encore plus sensible (pl. 8, fig. à, 4, 5, 6, 7). Mais il est temps d'examiner comment l’agent actif de la ger- mination attaque les grains d’amidon du Triticum vulgare, par exemple. Ces grains, en général homogènes, ne présentent que rarement en leur centre de courtes fissures en forme de V ou d’Y. On voit d'abord ces petites fentes grandir et se multiplier par une sorte de ramification de nouvelles fissures vers le centre du grain (pl. 8, fig. 1). Et dans le rayon de ce réseau de fissure, l’action corrosive se manifeste en dépressions, enamincissements, en peliles écornures sur les bords des segments déterminés par ces fissures, Très fréquemment celles-ci s’élargissent, et se changent en sillons 112 A. GRIS.— DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION qui isolent des segments volumineux de matière amylacée. Quel- quefois ces segments sont polyédriques, et disposés de manière que le grain a en quelque sorte la fausse apparence d’un grain composé (pl. 8, fig. 2). N'oublions pas de dire que parfois, sous les premières atteintes de l’agent de la germination, le grain est attaqué sur plusieurs points à la fois vers sa circonférence. Les couches concentriques sont ainsi dénudées et mises en évidence, suivant des cônes dont la base est à la circonférence et le sommet tourné vers le centre. Mais les grains qui présentent ce mode d’altération d’une grande élégance sont excessivement rares. Par suite de la continuité d’action du réactif naturel de la ger- mination, on voit sur le fond très épuisé du grain apparaitre comme des ilots de matière amylacée demeurée plus ou moins intacte, de forme et de grandeur variables (pl. 8, fig. à). Ces dif- férentes parties sont souvent simultanément trouées et sillonnées de mille façons. Si l’on traite les grains qui présentent ces diverses modifications par une dissolution très étendue de chloro-iodure de zine, on conçoit que les différences d'intensité de la coloration sur les divers points d’un même grain, aussi inégalement corrodé suivant son épaisseur, offrent d’une manière aussi précise qu’élé- gante des renseignements certains. Les parties polyédriques, les îlots grands et petits, se détachent en violet plus foncé sur un fond pâle ; les sillons et les véritables perforations laissent passer la lumière blanche. Dans un degré d’altération plus avancé, certains grains ont une teinte uniforme à peine bleuâtre, et sont parcourus par des canaux sinueux analogues à ceux que tracent les insectes xylophages (pl. 8, fig. 4), et en même temps troués, échancrés sur les bords. Le grain brodé à jour n’est plus pour ainsi dire que le squelette du grain primitif. Un pas de plus, et nous ne trouve- rons plus que les lambeaux du grain avec ses trous et ses échan- crures. Ces restes s’usent à leur tour, et finalement se réduisent en très petits morceaux de forme irrégulière, ronds, ovales, allongés et minces, qui diminuent et se rongent de plus en plus jusqu’à leur complète dissolution (pl. 8, fig. 5, 6, 7). Nous donnons la figure d’une jeune cellule périspermique de T'riticum polonicum, où l’on voit des grains d’amidon tres petits DANS LES GRAINES EN GERMINATION. 113 (pl. 8, fig. 8) accumulés autour du nucléus, ou engagés dans les filets de protoplasma qui en partent. Sous l'influence de la germi- nation, les choses se passent sensiblement comme nous venons de le voir dans le Triticum vulgare ; seulement la mise en lumière des couches concentriques est un fait beaucoup plus fréquent (pl: 6, fig. 8). Seigle. Les grains d’amidon de l’albumen sec du Secule montanum pré- sentent souvent en leur centre une fissure longitudinale, ou un système de deux fissures en croix, ou même une étoile à trois ou cinq rayons. On y distingue aussi assez souvent des zones alterna- tives concentriques blanches et grises. Quand le fruit commence à germer, les fentes primitives des grains amylacés grandissent, se multiplient, et souvent une fissure circulaire, sur laquelle peu- vent se greffer de petits rameaux de fentes, détermine la formation d'un noyau isolé au centre du grain. On voit fréquemment les erains lisses, ou ceux qui ont gardé intactes leurs fissures primi- tives, ou bien encore ceux que sillonne un réseau de petites fis- sures, attaqués par une foule de ponctuations circulaires. Plus rarement la résorption commence à se faire vers les bords du grain en coins ou en losanges allongés qui dévoilent la stratifica- ton. Dans le Secale cereale, la formation d’un noyau au centre du erain par l'effet d’une fissure circulaire, l'apparition des petites ponctuations, mais surtout la présence des coins vers le bord du grain, et partant la mise en évidence de zones concentriques très pressées, sont des faits excessivement fréquents. Quand les grains de l’une et de l’autre espèce ont subi un degré d’altération plus profond, les parties ménagées forment avec celles qui sont très épuisées, ou chez lesquelles la matière amylacée a été complétement dissoute, des figures irrégulières et capricieuses, et les lambeaux déchiquetés qui en résultent ne tardent pas à dis- paraitre. &° série. Bor. T. XJIL. (Cahier n° 2.) 4 3 11/4 A. GRIS. — DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE E1 SA RÉSORPTION Ægilops. De même que pour le Triticum, nous avons remarqué dans les jeunes cellules périspermiques les rapports des grains d’amidon avec le nucléus et les filets protoplasmiques qui en émanent (pl. 5, fig. 9). Dansl’albumen sec de l'Ægilops speltæformis, les grains de fécule sont le plus souvent homogènes ou présentent vers leur centre un petit cercle ou une ligne plus pâle (pl. à, fig. 10); on v distingue aussi des zones concentriques plus où moins vagues. Quand les grains amylacés commencent à ressentir les premiers effets de la sermination, ils sont attaqués de diverses manières. Tantôt, au centre, règnent des fissures ramifiées irrégulières; tantôt, au con- traire, la partie centrale n’est point attaquée et demeure lisse, et c’est dans la partie moyenne du grain que se creuse un sillon cir- eulaire profond, Ce sillon isole ‘inst une sorte de noyau central intact, tandis que dans la partie externe et voisine des bords se dessinent vaguement des lignes concentriques. D'autres grains sont criblés de perforations sur les deux faces; d’autres encore, et ceux-là sont en grand nombre, sont bordés d’érosions cunéi- formes qui laissent distinguer les zones concentriques. Cette forme est souvent alliée à l'existence d’un système de fissures vers le centre du grain. Souvent un grain qui laisse près de ses bords deviner les zones concentriques, est divisé, vers son centre, en 4, 5, 6 fragments, et rappelle l'aspect d’un grain dit composé. . Quand la germination est plus avancée, un grand nombre de gra- nules laissent voir très nettement leurs couches concentriques sur presque toute leur surface , la matière qui les dissimule ne formant souvent plus que des lignes étroites et nombreuses qui rayonnent du centre à la circonférence. Quelquefois ces rayons sont interrompus dans l'intervalle de chaque zone concentrique, et ne sont plus représentés que par des points en séries rectilignes. En général, les figures de ces grains sont d'une admirable élé- pance. Bientôt ces grains, sur lesquels on ne distingue plus les zones concentriques, achêvent de se détruire à la manière .de DANS LES GRAINES EN GERMINATION. A15 ceux que nous avons déjà examinés plus haut (pl. 8, fig. 9 à 15). Les ehoses semblent se passer d’une manière très analogue dans les Ægilops ovata et triaristata. Orge. Les gros grains amvylacés dans l’albumen see de l'Æordeum vulgare sont le plus souvent homogènes, ou présentent vers leur centre une courte ligne pâle, quelquefois deux, ou même trois. Sous l'influence de la germination, les bords du grain sont fré- quemment attaqués suivant ces espaces cunéiformes dont nous avons déjà parlé (pl. 8, fig. 16). A celte forme est souvent jointe la présence des fentes qui sont simples, bifides, trifides ou ramifiées. Plus tard, des îlots de matière amylacée demeurée plus où moins intacte se détachent sur un fond très épuisé (pl. 8, fig. 19). Dans les grains de moyenne et de pelite taille, on voit souvent la dissolution commencer par le centre (pl. 8, fig. 18, 21). Dans l’Hordeum zeocriton, là tendance qu'a le principe actif de la germination à agir d’abord sar le centre du grain et à se pro- _pager ensuite vers la circonférence devient très manifeste : en sorte qu'on voit souvent des grains très épuisés sur la plus grande partie de la surface, présenter encore vers leur périphérie, soit un anneau continu de manière amylacée intacte, soit un cercle marginal de petits ilots de forme et de grandeur variables (pl. 8, fig. 41). I me semble que c'est souvent sur le trajet et dans le rayon du système de fentes centrales que le grain commence d’être attaqué. Cependant il est des grains chez lesquels cette dissolution cen- trale se fait sans qu'elle paraisse avoir été précédée par un réseau de fissures. Je ferai ici une observation que J'aurais déjà pu faire dans les exemples précédemment cités, c’est que sur le fond très dénudé d'un grain, on voit souvent que les bords des fentes ne sont pas encore corrodés irrégulièrement, que leurs arêtes sont encore plus où moins droites et vives. Ce fait n’est point aisé à | comprendre. C'est seulement quand [a dissolution du grain est | presque complète, que les bords des fissures commencent À se 116 A. GRIS. —— DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION ronger. Il est très rare de rencontrer dans celte espèce des in- dices de stratification, tandis que leur mise en lumière était le cas le plus général dans les phénomènes de dissolution des grains d’amidon chez l’Hordeum vulgare. Jetons maimlenant un coup d’œil rapide et rétrospectif sur les différences et les analogies que présentent les modes de résorption de l’amidon dans les quatre genres de la tribu des Hordéacées que nous venons de passer en revue. Dans ces genres, nous remar- quons, au début de l’altération du grain, l’agrandissement des fis- sures primitives et leur mulhplication. Nous ne partageons donc pas l'opinion qui attribue la présence de ces fentes seulement à la contraction de la matière amylacée lors de la dessiccation du grain. Nous disons que ce réseau de fissures nombreuses est un des premiers effets de la germination. Dans tous ces senres également, la stratification est dévoilée : mais elle lest faiblement dans le Traticum vulgare, V'Hordeum zeocriton, et le Secale montanum, d’une manière plus sensible dans l’Æordeum vulgare et le Secale cereale, et tout à fait admirable dans les Ægilops. Remarquons surtout que, dans cette tribu, le grain ne se dé- truit pas également et à la fois par toute sa surface et toute son épaisseur, mais, au contraire, par places, d’une manière quelque- fois assez régulière au début, toujours irrégulière au terme de son altération. Nous appellerons ce mode de résorption, que nous re- trouverons dans d’autres genres de Monocotylés et de Dicotylés, mode de résorption locale. Avoine, Nous avons suivi avec soin le mode de développement de l’ami- don dans l’Avena sativa ; afin de ne point déranger les rapports de position des parties dans les jeunes cellules périspermiques, ni l’économie intérieure des grains amylacés, nous avons souvent observé cescellules sans l'intermédiaire de l’eau. Faisons remar- quer d’abordque, dans ces jeunes cellules périspermiques, lappa- rilion, de la fécule autour où à la surface des nucléos est un fait très manifeste. On en a des exemples dans les figures 44 et 12 de DANS LES GRAINES EN GERMINATION, 117 la planche 3. Dans la figure 14, on voit autour du nucléus et sur ses bords un amas de granules tous très petits, mais de forme et de volume variables. Les plus gros de ces granules (leur diamètre estenviron de 0"",0030), observés à un trèsfort grossissement, ne m'ont pas semblé homogènes : mais il faut avouer que lobser- vation est très délicate. Dans Ja figure 42, les grains sont déjà constitués par un certain nombre d'éléments partiels : leur plus grand diamètre est d'environ 0"",0050 ; ces éléments sont de fins granules qui, sous l’eau, sont fréquemment mobiles. Les figures 43, Al, 15, représentent des grains de la figure 42 vus à un plus fort grossissement sous l'eau, et à granules constituants mobiles (4). (1) A la page 256 de son mémoire, M. Trécul s'exprime ainsi : « La descrip- tion de cette figure m'offre l'occasion de parler d'un phénomène extrêmement curieux, et qui ma fort étonné la première fois que j'en ai été témoin dans le Phytolacea esculenta. 1] consiste en ce que les granules élémentaires de ces grains multiples sont si peu adhérents entre eux, vers l'époque à laquelle ils se détachent de l’utricule protoplasmique, que dans un grain, en apparence bien constitué, on les voit s'agiter du mouvement brownien... » Dans une note lue à la Société botanique le 26 novembre 1858, j'avais annoncé ce curieux phénomène du mou- vement des granules constitutifs de certains grains composés, avant la publica- tion du travail de M. Trécul. — C’est dans les grains de fécule que contient le pédoncule floral de l’Aglaonema simplex, queje l'observai en premier lieu. J'extrais de cette note le passage suivant : « ..... Mais tous les grains composés n'ont - pas leurs granules constituants immobiles ; il en est, et en grand nombre, chez lesquels on observe un fourmillement prononcé... Quand on les traite par la potasse caustique, ils sont subitement déplacés, puis le mouvement de trépidation des granules cesse, enfin les phénomènes de gonflement se produisent (pl. 6, fig. 4 et 5).....» Ces grains m'ont rappelé les formations analogues curieuses que j'ai jadis observées dans le tissu lacuneux du pétiole des admirables feuilles du Colocasia odora.” Voici comment je les ai décrites dans mon mémoire sur la chlorophylle: « Ces grains contiennent des granules assez volumineux, tantôt mobiles, tantôt immobiles. Dans le premier cas, ces petits granules, qui sont blanchâtres, exécutent des mouvements d’oscillation et de trépidation très vifs, mais ne sortent jamais du cercle limité par la surface du grain. Si l’on traite par la potasse caustique, les granules s'arrêtent et le grain tout entier subit un brusque mouvement de recul. Au bout d'une ou de deux secondes de repos, un ébranlement général se produit, le grain se crève, et laisse échapper un jet rapide de granules qni se mettent à tourbillonner autour du grain pendant un . temps très considérable. On croit assister à la rupture d'un grain de pollen sous 115 A. GRIS. — DÉVELOPPEMENT LE LA FÉCULEÉ ET SA RÉSORPTION Les ligures 46,17, 48, 19, 20, nous offrent ces mêmes grains arrivés à des degrés divers et successifs de développement; leur diamètre varie alors de 0°*,0075 à 0"",0450. Quand le diamètre de ces grains à atteint environ 2 centièmes de millimètre, leurs éléments conslitutifs ont tellement grossi, qu’ils ont pris une forme polyédrique, par suite de leur pression réciproque (fig. 24, 29). Ces grains sont accompagnés, dans iles cellules périspermiques, de pelits grains simples et de grains binaires, ternaires, quater= nares (fig. 24, 25, 26), etc. Dans l'albumen adalte et sec de cette même plante, nous remar- querons : Lun grand nombre de petits granules amylacés simples, dont le contour peut être arrondi, ovoïde, fusiforme, polyédrique : l'influence de l'eau. » Dans la séance du 11 février 1859, j'annonçai que j'avais rencontré dans le Lissu central de la tige de la même plante, outre un nombre immense de petits granules amylacés libres et mobiles, des grains dont la sur- face était comme picotée de pelites taches grises, des grains composés à gra- nules immobiles et d’autres à granules mobiles. Mais les grains de la première sorte, que j'appelai grains tigrés, m ont présenté une modification de structure spéciale. « Les uns offraient sur quelque point de leur surface granuleuse un cercle blanchâtre qui leur donnait en quelque sorte l’aspect d’un nucléus muni de son nucléole (pl. 6, fig. 2). D'autres présentaient sur leur bord une échan- crure plus ou moins profonde (pl. 6, fig. 3), ailleurs cette échancrure s’allongeait en un col étroit d'égal diamètre dans toute sa longueur, ou bien ce col se dila- tait en ampoule à son extrémité. La ligne noire qui limite à l'extérieur le contour brillant du grain passe sans s’infléchir au-dessus de la dépression où du canal creusé dans la masse amvylacée. Si l'on traite un de ces grains par le chloro- iodure de zinc, il bleuit, tandis que le contour et la dépression prennent une couleur douteuse variant du blanc au blanc jaunâtre. » Dans ce même tissu j'observai, en outre, des grains dont la curieuse organisation semblait indiquer un passage entre les grains simplement tigrés et les grains composés de gra- nules mobiles. « C'étaient des grains simplement tigrés dans une partie de leur masse, tandis que dans l’autre fourmillaient d'innombrables granules. La matière interposée entre les granules, et les dissimulant pour ainsi dire, avait done, dans une partie du grain, subi la modification spéciale qui met ces granules en évi- dence et leur permet de se mouvoir. » | Ces modifications des grains amylacés ne se rencontrent pas seulement dans les tissus de l'Aglaonema simplex. Je les ai trouvées dans l'axe du spadice du Colocasia cordifolia, dans le rhizome du Colocasia antiquorum, et elles existent très probablement dans d'autres genres de la famille des Aroïdées. PS DANS LES GRAINES EN GERMINATION. 119 parmi eux, il en est qui résultent de la désagrégation de quelque grain, et dont les arêtes sont vives ; les autres, à contours plus ou moins arrondis, sont nés librement dans les cellules périsper- miques ; 2° les grains binaires, ternaires, quaternaires.…; les gros grains, dont le diamètre peut atteindre jusqu'à 5 centièmes de millimètre, qui sont sphériques, ovoïdes, ete., et dont la sur- face est comme une mosaïque de segments polyédriques (pl. 3, fig. 23). .Le lecteur sera peut-être surpris, en jelant les veux sur ceux de nos dessins qui indiquent les phases successives du développement des grains d’amidon à éléments constituants plus où moins nom- breux dans l’Avena sativa, de voir qu'ils ne sont point analogues à ceux que M. Trécul (4) a donnés comme indiquant les phases diverses de la multiplication de Pamidon dans lAvena hirsuta et dans l’Avena pubescens. D'où peut provenir la dissemblance de nos figures? Il est peu probable que le développeinent se fasse différemment dans les différentes espèces d’un même genre. Y aurait-il Gone deux modes de formation des grains dans un même albumen ? car les grains binaires, ternaires, quaternaires, ete., ont peut-être servi de type à M. Trécul pour établir sa théorie de la formation des grains par division dans lAvena hirsula, pubes- cens, ete. Mais le grain représenté dans la figure 112 de sa planche 9 a-t-il réellement passé par toutes les phases comprises entre les figures 117 et 112 pour arriver à cette dermière forme? Ou bien chacun de ces prétendus âges n'est-il pas au contraire l’état (1) M. Trécul admet le mode de multiplication des grains par division dans plusieurs espèces d'Avena. « J'ai représenté, dit-il, divers degrés de développe- ment de l’Avena hirsuta dans les figures 143 à 148 de la planche 9. La figure 148 montre un grain globuleux simple; la figure 117, un grain qui s'est un peu allongé et partagé en deux ; la figure 416, un grain divisé en trois ; celui de la figure 415 l'est en quatre ; ceux des figures 114 et 113, en plusieurs; enfin, le grain représenté par la figure 112 possédait un plus grand nombre de grains partiels, résultant sans doute de la subdivision des premiers, et ces grains par- tiels s'isolaient les uns des autres. Les grains d'amidon de l'Avena strigosa, de l'A. brevis, présentent des phénomènes identiques. » M. Trécul montre aussi les grains de l'Avena pubescens en multiplication par division (pl. 9, fig. 85 à 107). 120 A. GRIS. — DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION adulte d’un grain primitivement formé de deux, trois, quatre petits noyaux ou granules constituants ? Mais que deviennent les divers éléments constitutifs de cet albumen sous l’influence de la germination? L’albumen d’une graine dont la germination est encore peu avancée nous offre de gros grains dits composés, plus on moins complets, c’est-à-dire qui ont déjà perdu un nombre variable de leurs éléments polyédriques ; des agglomérats irréguliers de ces mêmes éléments encore soudés ensemble ; ces mêmes éléments isolés ; des grains binaires, ter- naires, ete.; enfin de petits grains simples aux contours arrondis et de forme variable. Quand la germination est plus avancée, on ne trouve plus que de petits granules isolés dont le nombre va toujours en diminuant, et qui ne présentent pas ces altérations locales si prononcées, dont les grains d’amidon des genres de la tribu des Hordéacées nous ont offert de si beaux exemples. Ces eranules semblent donc se détruire d’une manière uniforme et égale par toute leur surface. FESTUCACÉES. Brome. Dans le Bromus eæallatus, les grains de fécule simples sont ronds, ovoides, elliptiques, et leur diamètre, ou leur plus grand axe, peut varier de 0"",0016 à 0°°,02 (pl. 5, fig. 27, 28). Sous l'influence de la germination, ces grains ne présentent point une altération locale irrégulière ; ils ne sont point sillonnés de canaux, écornés, troués, déchiquetés ; ils demeurent lisses avec un contour entier. La destruction semble done se faire sensiblement par toute leur surface ; en sorte que, dans un albumen très attaqué par la germination, on trouve de petits grains arrondis, allongés, étroits, quelquefois amincis à leur partie moyenne, et un peu renflés à leurs deux extrémités (pl. 3, fig. 29, 30, 31). Maïs. Avant d'étudier l’albumen du Maïs à l’état adulte, jetons les yeux sur ce qui se passe dans les jeunes cellules périspermiques, DANS LES GRAINES EN GERMINATION, 491 et demandons-nous comment se développent ces grains d’amidon qui, plus tard, rempliront les cellules en si grand nombre, qu'ils y seront pressés les uns contre les autres en une sorte de mo- saïque. Ces grains se développent-ils à où nous les voyons dans les cellules adultes, c’est-à-dire en un point quelconque ou plutôt sur tous les points de la paroi utriculaire ? Il n’en est rien. Dans les jeunes cellules périspermiques, tantôt c’est seulement et exclusivement autour du nucléus, près de ses bords où à sa surface, que se montrent les petits granules amylacés ; tantôt quel- ques-uns de ceux-ci se montrent également dans un petit nombre de filets protoplasmiques qui parfois relient le nucléus aux parois cellulaires (pl. 4, fig. 1, 2, 3). Dans ce dernier cas, c’est encore autour ou à la surface du nucléus qu'on observe la masse des gra- nules amylacés. Nous ne croyons donc pas, comme le dit M. Tré- cul, que, dans deux cellules voisines de l’albumen, l’amidon ap- paraisse, dans l’une seulement autour du nucléus où à sa surface, tandis que, dans l’autre, son apparition commence dans foutes les parties du liquide avant de se montrer sur le nucléus. Dans le Maïs, c’est le nucléus qui est le centre de production des granules amylacés : il en est l’orgune excréteur ou nourricier. Dans des cellules périspermiques un peu plus âgées, le nucléus est souvent complétement dissimulé par l’amas des globules amylacés qui le recouvrent et dont le volume est très augmenté. Leur diamètre varie alors de 0"",0095 à 0"",0035, et l’on en voit de disséminés dans la cellule, Un peu plus tard, les grains, par une pression ré- ciproque, commencent à devenir polyédriques, et il est aisé de comprendre comment, par suite de leur développement, ils finis- sent par remplir toute la cellule. Examinons maintenant l’albumen du Maïs arrivé à l’état adulte. Tout le monde sait qu'il n’est point homogène dans toute son épaisseur : d’un jaune d’or et comme corné dans ses parties ex- ternes, il est blanc et farineux dans les parties centrales. Les cel- lules les plus externes de la zone cornée, c’est-à-dire celles qui sont placées immédiatement sous le tégument de la graine, sont petites, souvent allongées en travers et de formes variables. Elles sont gorgées de fins granules qui brunissent par le chloro-iodure 1922 A, GRIS. —. DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION de zinc, mais elles contiennent, en outre, en quantité variable, de petits grains d'amidon plus ou moins arrondis et ovoïdes, et dont la plus grande longueur n’atteint guère que 0"",0045. Les. cellules de l’albumen situées au-dessous de celles-ci sont très allongées dans le sens radial et complétement remplies de grains d’amidon pressés les uns contre les autres. Ils sont polyé- driques, comme l’a dit et figuré M. Payen (pl. 4, fig. 4 et 5), et offrent presque tous un point plus clair placé à peu près en leur centre de figure. Telles sont et la structure et la forme des grains de la zone cornée, quand on enlève une petite portion de ce tissu à la pointe du scalpel. Mais si, avec un bon instrument tranchant, on fait des coupes très minces de ce même tissu, on voit que sou: vent tous les grains d’une même cellule offrent une partie centrale à contours plus ou moins anguleux, et qui, sous l'influence du chloro-iodure de ziné, prend une teinte plus où moins pâle, et reste quelquefois tout à fait blanche, tandis que les bords du grain sont colorés en bleu noir (pl. 4, fig. 6 et 9). Nous croyons avoir obtenu ainsi des coupes transversales de graius d’amidon faites à diverses hauteurs, suivant les arêtes de ces grains, et telles qu’elles montrent souvent une cavité centrale assez considérable. C'est ainsi qu'un grain d’amidon de 2 centièmes de millimètre en dia- mètre, par exemple, m'a offert un trou ovalaire central de 0"",0085 de diamètre (pl. 4, fig. 8). . Si, maintenant, on observe sous l’eau cette partie de l’albumen voisine de l'embryon qui est blanche et farineuse, on voit que les grains, dont la taille varie et dont, en général, les contours sont arrondis, présentent souvent à leur centre un petit cercle ou une petite ligne claire, et que parfois de ce centre partent deux ou trois rayons vagues qui peuvent s'étendre jusqu’à la circonférence du grain. Chez les grains les plus volumineux, on remarque également quelques veines indécises très pâles. Maintenant que nous connaissons la structure diverse des grains d'amidon du Maïs à l’état adulte, étudions le mode de résorption de ces grains sous l'influence de la germination, Comme ceux des Hordéacées, ils sont soumis au mode de résorption locale. Les premiers efforts de l'agent de la dissolution déterminent l’agran- = DANS LES GRAINES EN GERMINATION. 125 dissement et li multiplication de ces raies blanchâtres que nous avons signalées dans les grains de lalbumen sec. Ces lignes, tantôt rayonnent du centre à la circonférence, tantôt de la eirconférence au centre (pl. 4, fig. 10 et 11). Quelques orains présentent à la fois ces deux modes d’altération. Par suite, on les voit fréquemment divisés en autant de coins de ma- tière amylacée dont la base est très souvent tournée vers la circon- férence du grain (pl. 4, fig. 13). En même temps leur surface est parfois criblée de petites ponctuations. J'ai figuré (pl. 7, fig. 9) un grain parfaitement étoilé, présentant de petits îlots allongés de matière amylacée disposés d’une manière élégante autant que régu- lière en séries rectilignes. Cette disposition plus où moins régulière des parties demeurées intactes dans Ja substance du grain est bientôt masquée. : les parties préservées présentent des formes incon- stantes les plus variées (pl. 7, fig. 10). Enfin les grains perforés, creusés de canaux sinueux, écornés, ne tardent pas à se rompre; de sorte que dans les parties les plus internes de l’albumen d’une graine dont la germination est suffisamment avancée, on ne trouve finalement que des fragments anguleux, troués, découpés de mille manières (pl. 7, fig. 11). Coix. Dans leur jeunesse, les globules amylacés m'ont semblé sphé riques éf homogènes. Quand l’albumen est arrivé à l’état adulte, on y voit, comme dans celui du Maïs, une partie exierne Jaunâtre cornée, et une centrale blanche ét grenue. Vers l'extérieur de la zone cornée, les cellules nérispermiques renferment des grains d’amidon arrondis et assez petits. Dans les couches plus profondes de cette zone, les grains sont polyédriques, et présentent fréquem- ment en leur centre de figure un petit cercle blanc. Hs peuvent atteindre 0"",050 en diamètre. Sil’on fait des coupes minces de ce tissu, on y voit, comine dans le Maïs, des grains annulaires ou plutôt des sections de grains qui offrent en leur centre une perfo- ration dont la plus grande longueur peut atteimdre 0°",01 (pl. 4, fig. 42, 15 et 16). Les grains de la partie centrale, blanche, gre- nue, sont, pour la plupart, plus où moins régulièrement globu- 124 A. @GRIS. — DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION leux. Sous l'influence de la germination, les grains d’amidon sont attaqués localement. De petits cônes de dénudation dont la base repose sur le bord du grain; des bandes blanches, rectilignes, qui d'avance coupent, pour ainsi dire, ce grain en morceaux ; des ilots de matière amylacée intacte sur un fond très épuisé ; enfin le grain réduit en fragments irrégulièrement déchiquetés, telle est la marche de la résorption de la fécule dans le genre que nous examinons ici (pl. 7, fig. 12, 13, 4h). Alopecurus. Le nucléus semble être, dans les cellules périspermiques des Alopecurus agreshis où A. utriculatus, le foyer de production des granules amylacés. Nous avons représenté dans la figure 2, pl. 5, des grains isolés, très jeunes, dont le diamètre est de 0"*,0025 à 0°" ,0050, et que j'ai observés danslesue cellulaire, sans l'inter- médiaire de l’eau. Dans la figure 1, pl. 5, on voit les rapports des grains dits composés un peu plus âgés avec le nueléus. Is sont accompagnés de granules amylacés beaucoup plus petits et simples. Bientôt apparaissent ces grains formés d’un grand nombre de petits granules qu’on voit s’agiter sous l’eau, sans sortir du rayon de la sphère du grain (pl. 5, fig. 3). Plus tard, ces grains sont formés de petits segments polyédriques plus où moins nettement accusés (fig. 5, 6, 7, pl. 5). Enfin, dans l’albumen de la graine sèche de l’Alopecurus utriculatus, les grains d’amidon dits composés, dont le contour est plus ou moins arrondi, etqui sont ainsi plus ou moins sphériques ou ovoïdes, sont formés d’un grand nombre d’éléments partiels à contours polvgonaux. Leur plus grand diamètre peut alleindre 0"",0312, On y trouve également des grains binaires, ter- naires, quaternaires (pl. 5, fig. 10), etc.; enfin des grains simples qui sont généralement de petite dimension et très souvent polyédri- ques (pl. 5, fig. 11); on en voit aussi d’arrondis, d’ovales, de fusi- formes. Le développement simultané des grains dits composés et des grains simples se fait aussi dans les Alopecurus agrestis et utriculatus absolument de la même manière que dans l’Avena sativa. Nous aurions done à répéter ici les observations que nous avons faites plus haut, à l’occasion de cette dernière plante, sur la DANS LES GRAINES EN GERMINATION. 125 manière dont M. Trécul y indique la formation des grains com- posés (1). Sous l'influence de la germination, les grains dits composés se désarticulent; chacun des fragments qui résultent de cette désa- grégalion, et chacun des grains simples primitifs semblent ensuite se détruire d’une manière sensiblement égale par toute la surface du gran : car, de même que dans les Avena, il ne m'a pas été possible d'y saisir de traces d’altération locale. ORYZÉES. Riz. Dans l’albumen du Riz sec, on trouve des grains dits composés dont le contour est arrondi ou ovale, et de petits éléments amy- lacés simples, polyédriques. Chose singulière, sous l’influence du chloro-iodure de zine, les réactions ne sont pas identiques sur des échantillons de Riz de provenance différente. Ainsi, chez celui du commerce qui est débarrassé de ses enve- loppes, les granules amylacés bleuissent d’une manière très sen- sible et uniforme, même sous l’action d’une très faible solution du réactif, J'ai observé les mêmes effets sur des échantillons de Riz de la Camargue remis par M. Vikmorin à M. Brongniart, qui a eu la bonté de me les communiquer. Il n'en fut pas de même d’une espèce de Riz cultivée dans les serres du Muséum qui y a donné des fruits mürs, et dont les graines ont germé. Une petite quantité de l’albumen de ces graines agitée dans de l’eau sur une lame de verre, et traitée par une dissolution convenable de chloro-iodure de zine, donne une préparation qui, regardée à l'œil nu par trans- parence, n'offre point une teinte noirâtre comme on aurait pu s’y attendre, et comme cela se passe dans les deux cas précédemment cités; cette teinte est au contraire d’un rouge brun. Ces granules (1) À la page 321, M. Trécul dit que les grains d'amidon des Àlopecurus Niriculatus, agrestis, etc., présentent des phénomènes identiques avec ceux que présentent les grains d'amidon des Avena hirsula, slrigosa, brevis, etc. (Voyez pl: 10, fig. 47 à 21.) 196 A. GRIS. —- DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION amylacés, qui, vus en masse, forment comme une poussière rouge, observés isolément sous le microscope, présentent l’orga- nisation suivante : Les uns ont un contour rougeâtre et un noyau d’une couleur foncée plus où moins noirâtre, homogène (pl. 7, fig. 29); les autres présentent sur un fond brun des figures foncées plus ou moins irrégulières ; chez d’autres encore, ces parties, qui se déta- chent par l'intensité de leur coloration sur le fond rougeñtre du rain, affectent des formes régulières souvent très élégantes. C’est fréquemment une sorte d'étoile à quatre ou six rayons, dont les branches reposent sur les bords du grain qui, dans ce cas, est en général dénué de contour (pl. 7, fig. 41, 82, 34). Du Riz de Chine envoyé par M. Montigny, que je dois à lobli- geance de M. Grünland, m'a présenté les mêmes phénomènes. Je compte multiphier mes observations, afin de (âcher de me rendre compte de ces effets si divers. Y aurait-il des variétés de Riz chez lesquelles la matière qui bleuit dans le grain de fécule serait en quantité variable ? Cette composition chimique différente n’entrainerait-elle pas des équivalents nutritifs différents aussi ? Sous l'influence de la germination, les granules amylacés du Riz müri à l'aquarium, et ceux du Riz de Chine communiqué par M. Grünland, m'ont offert des résultats semblables. Ils m'ont paru soumis au mode de résorption locale; on les voit échancrés sur les bords, fréquemment grumeleux, comme si la résorption se faisait suivant des lignes plus ou moins circulaires, isolant de petits ilols de matière préservée. Il ne paraît pas en être ainsi dans le Riz de la Caniargue, qui bleuit nettement à sec, don les granules amylacés m'ont semblé, sous l'influence d’un com- mencement de germination, se détruire d’une manière uniforme, égale. Commélynées, Les T'radescantia virginica, caricifolia, mais surtout le Com- melyna stricia, ont été l'objet de mes études, J'ai vu fréquemment de jeunes grains d'amidon sphériques ou ovoïdes se développer | | | | | | | | DANS LES GRAINES EN GERMINATION. 127 autour ou à la surface des nucléus ; ils sont formés d’un grand nombre de petits granules constituants arrondis (pl. 5, fig. 45, 44, 45, 16), et m'ont présenté des phénomènes analogues à ceux que j'ai déjà signalés spécialement dans l’Aglaonema. Ainsi j'ai vu des grains dont tous les granules constituants étaient mobiles, et d’autres où une partie de leur masse n’était pont attaquée ; mais cette partie préservée ne l'était que momentanément. J'ai même vu de ces grains à granules mobiles se résoudre en leurs éléments devenus alors complétement libres. Par suite du développement, les petits granules arrondis qui entrent dans la constitution des grains grossissent peu à peu, et deviennent polyédriques par suite de leur pression réciproque (pl. 5, fig. 17). Enfin, dans l’albumen de la graine adulte fraiche, on voit déjà les granules partiels offrir à leur partie moyenne une partie plus claire arrondie où anguleuse, qui estsans doute la cavité centrale de ce granule. Dans la graine sèche, l’albumen est dense, crustacé, cassant. Si l’on en écrase un fragment entre deux lames de verre, et qu’on l’observe sous l’eau, on voit de gros grains intacts mêlés à des fragments irréguliers et aux parties composantes de ces grains souvent complétement isolées. Ces grains, dont le plus grand dia- mètre ne dépasse guère 0"",0275, sont plus ou moins sphériques ou ovoïdes, et sont formés, comme nous l'avons déjà dit, d’un erand nombre de petits éléments polyédriques munis de leur cavité centrale (pl. 5, fig. 18 et 19). Chaque grain est donc comme erillagé, ou parait composé de très petites cellules à parois épais- sies. Les parties composantes de ces grains ont de 0"",0025 À 0"*,0040 en diamètre (pl. 5, fig. 18 a). Des coupes très minces de ce même albumen fournissent de très élégants assemblages de ces grains, qui, par leur rapproche- ment, forment une sorte de trame cellulaire en apparence criblée de trous. Bien que cette structure des gros grains soit presque géné- rale, j'en ai rencontré quelques-uns qui n'avaient plus cet aspect grillagé, mais dont les parties composantes étaient compléte= ment solides et homogènes, où dont la surface présentait des 198 a. GRIS. — DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION mamelons également homogènes, saillants. Cette surface m’a même semblé quelquelois à peine granuleuse; mais, comme je viens de le dire, ces dernières formes de grains étaient exception- nelles. Si maintenant on examine cette partie pâteuse de l’albumen qui avoisine l'embryon dans une graine en germination, on n’y voit plus de gros grains grillagés ; ils sont remplacés par de petits granules, dont les contours sont en général arrondis. Ces gra- nules sont certainement les éléments constituants des gros grains : ils ont perdu leur forme anguleuse; leur diamètre a considérable ment diminué (j'en ai mesuré qui n'avaient plus que 0"",0012 dans leur plus grande longueur); de plus, leur cavité centrale n'est plus sensible. En effet, ceux qui sont encore assez volumi- peux offrent, sous l'influence du chloro-iodure de zinc, un con- tour d'un blanc rougeûtre et un noyau bleu (pl. 5, fig. 20). Il me semble donc que les parties composantes des gros grains, après leur désarticulation, se détruisent d’une manière sensible- ment uniforme par toute leur surface, mais point localement. AROÏDÉES. Arum, Nous avons représenté, dans la figure 21 de la planche 5, une portion d’une jeune cellule périspermique de l’Arum italicum. On y voit un nucléus entouré d’une couche protoplasmique granu- leuse et épanouie en rayons muqueux qui vont se terminer sur la paroi cellulaire. Dans cette couche, autour du nucléus, et à l’ori- oine des filets muqueux, il m’a semblé voir des granulations ‘dis- tinctes des ponctuations propres au protoplasma. C’est peut-être ici la première manifestation du développement de la fécule dans l'albumen (1). (4) Voici comment M. Trécul décrit le développement de la fécule dans l'Arum ilalicum, à la page 269 : « Le protoplasma qui environne le nucléus ou qui l'avoisine paraît seul persister ; alors se manifeste dans ce protoplasma une sorte de végétation déjà annoncée par la protubérance a de la figure 26. Dans DANS LES GRAINES EN GERMINATION. 199 Dans les cellules périspermiques un peu plus âgées, le nucléus est à la fois baigné, sur une partie de son contour, par le proto- plasma granuleux dont nous venons de parler, et entouré, sur d’autres points de sa surface (fig. 22, pl. 5), de petites masses plus où moins arrondies, dans la constitution desquelles entrent de petits granules analogues aux granules libres que nous avons d’abord signalés. Dans la figure 23 de la planche 5, on voit le sde entouré de grains sphériques ou ovoïdes : ceux-ci sont également engagés dans les filets muqueux à la manière des grains d’un chapelet. Le nombre des granules constituants dans les jeunes grains dont je viens de parler n’est pas toujours infini, comme le dit M. Trécul. Il est certain que parfois le nombre en est très restreint, comme on peut le voir dans les figures 24, 25, 26, 27 et 28 de la planche 5. Ces grains ont un diamètre qui varie de 0"",0030 à 0°",0050. | On retrouve encore, dans un âge beaucoup plus avancé des cel- lules périspermiques, des grains d’amidon accumulés autour des nucléus, qui ont atteint un diamètre d’environ 0"",0195, et qui sont tout mouchetés ‘de petites taches grises. J'ai représenté l’un d'eux dans la figure 29 de la planche 5. Telle est la forme des gros grains à cet âge; cependant on. peut trouver, dans le même albumen, des grains à éléments constituants, non plus ainsi dis- simulés, mais parfaitement visibles, libres, et mobiles. Cet état particulier, qui nous parait représenter un âge moins avancé, n’est pas exclusivement provoqué par l'influence de l’eau, puisque j'ai trouvé des grains dont les granules étaient libres et mobiles dans le suc cellulaire seul. On peut voir, dans la figure 31 de la même planche 5, com- ment un grain qui, ayant, sans doute, eu primitivement les formes représentées par les figures 30 et 29, a augmenté de diamètre, et les figures 27, 28, 34 et 35, planche 8, de semblables protubérances formées par une sorte de gonflement du protoplasma devenu granuleux, environnent la base du nucléus ou le nucléus lui-même, Ces protubérances se délimitent peu à peu, s'isolent sous la forme de grains composés d'une multitude de granu- lations d’abord très fines. » 4° série. Bor. T. XIIL. (Cahier n° 3.) 1 9 130 A. GRIS. — DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION comment, en même temps, ses éléments constitutifs arrondis ont grossi. Le passage de ce grain à ceux qui offrent un grand nombre d'éléments partiels polyédriques est parfaitement naturel. D'après tout ce que nous avons dit jusqu'ici, on comprendra pourquoi, dans l’albumen sec et adulte de l’Arum itahicum, on trouve des grains simples, le plus souvent polyédriques et de petite dimension (leur plus grande longueur variant entre 0"*,0016 et 0**,0060) (pl. 5, fig. 34); des grains dits composés, plus ou moins ovoides ou sphériques, qui atteignent souvent 0*",03 ou 0"",0350 en longueur, et sont formés d’un grand nombre d’élé- ments partiels pressés les uns contre les autres, et affectant chacun une forme polygonale (pl. 6, fig. 6) ; d’autres grains dits composés formés par l'association d’un petit nombre d'éléments parüels et en général moins volumineux (pl. 5, fig. 35, et pl. 6, fig. 1); des grains bmaires, ternaires, quaternaires (pl. 5, fig. 32 et 33), qui sont plus fréquents que ne semble le croire M. Trécul; enfin, de gros grains à surface irrégulièrement granuleuse ou mouchetée dont la structure véritable ne se laisse pas nettement distinguer, et qui résultent peut-être d’un développement irrégulier de leurs éléments constituants. Sous l'influence de la germination, les éléments des grains dits composés se séparent, et leur dissolution, ainsi que celle des grains simples, parait, s'effectuer d’une manière uniforme, sans indice d’altération locale. Remarquons, en terminant, que le mode d’accroissement des grains d'amidon, dans l’Arum italicum, présente la plus grande analogie avec celui que nous avons exposé dans l’Avena sativa (et pour s’en assurer, le lecteur peut comparer les figures qui représentent ce mode d’accroissement dans les planches 3 et 5); que, de plus, la structure des grains d’amidon, dans l’albumen adulte de l’Ærum ilalicum , est identique avec celle de ces mêmes grains dans l’Avena sativa. Il en résulte que, dès que la matière amylacée a pris la forme de grains, si petits qu’ils soient, il n'est plus possible (si nous nous en rapportons à la nomenela- ture de M. Trécul) de distinguer un grain dit composé de l’Avena d'un grain dit multiple de l’Arum. DANS LES GRAINES EN GERMINATION. 131 POLYGONÉES. Emex spinosa, Le développement de la fécule chez cette plante se fait parfois exclusivement dans un anneau protoplasmique qui enveloppe le nucléus, ou bien son apparition se manifeste également dans les filets muqueux qui, en nombre plus ou moins considérable, relient ce nucléus aux parois cellulaires (pl. 6, fig. 7). C’est ainsi que cet organe est plus ou moins complétement recouvert par un amas de jeunes granules amylacés qui sont en outre fréquemment disposés comme les grains d’un chapelet (pl. 6, fig. 8) dans des filets pro- toplasmiques nombreux et rayonnanis (1). Peu à peu ces grains erossissent (pl. 6, fig. 9), et comme ils sont en très grand nombre, ils finissent bientôt par se presser, et ne plus former qu’une masse unique dont la forme extérieure représente la forme même de la cellule dans laquelle ces grains se sont développés (pl. 6, fig. 10). Il résulte de là que, si l’on place une petite portion de l’al- bumen de la graine sèche sur le porte-objet du microscope, on voit se séparer sous l’eau de volumineuses masses amylacées for- mées d'éléments arrondis : si l’on traite par le chloro-iodure de zinc, on reconnait à sa coloration jaune la présence de la paroi cellulaire qui se moule assez exactement sur le contenu amylacé pour en être parois peu distincte. Les grains d’amidon sont plus ou moins régulièrement globuleux : leur diamètre varie de 0"*,0025 à 0"",0070. Leur structure n’est pas uniforme. Il en est beaucoup (1) A l'occasion de l'Emex spinosa, M. Trécul s'exprime ainsi à la page 268 de son mémoire : « Il arrive parfois que le protoplasma, au lieu d'être réparti principalement autour de la cellule et du nucléus, est étiré en filaments qui . rayonnent du nucléus dans toutes les directions et vont se terminer à la péri- | phérie de la cavité utriculaire. Quand cette distribution du protoplasma a lieu, | c'est dans ces filaments que j'ai vu commencer l'apparilion de l'amidon. » L'auteur | ajoute à la page 273 que, dans la même plante, l'amidon se développe dans | le nucléus même, et que parfois « la membrane nucléaire enveloppante dispa- raissait après la formation de l'amidon, et que les grains pouvaient alors se répandre dans la cellule et se mêler à ceux qui étaient nés dans la cavité utri- culaire proprement dite. » | | !| | 1 132 A. GRIS. — DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION qui sont complétement homogènes , d’autres présentent un petit point clair en leur centre de figure. Il en est même qui offrent pour ainsi dire les prémisses de leur altération future, c’est-à-dire quel- ques vagues rayons plus clairs ou quelque échancrure vers le bord du grain. Ces grains sont, en effet, attaqués localement sous l’in- fluence de la germination (pl. 7, fig. 495, 16, 17). On les voit se diviser en segments, présenter des îlots de matière préservée dans leur propre substance, ou bien se dissoudre de préférence vers le centre, laissant leur bord intact en une sorte d’anneau, enfin ne plus offrir que des fragments de forme variable, fréquemment en manière de demi-anneau, de virgule, etc. (pl. 7, fig. 19, 29, 25, 24, 25). | La constitution de l’albumen de la graine sèche du Rheum rha- ponticum (pl. 7, fig. 18) est très analogue à celle des mêmes par- ties dans l’£meæ spinosa. Les petits granules d’amidon y sont également globuleux et peuvent atteindre 0"*,0090 en diamètre. Ils offrent les mêmes particularités de structure. Leur mode d’alté- ration se fait sensiblement de la mêine manière. Les grains de fécule des Polygonum orientale et Fagopyrum sont également sou- mis au mode d’altération locale (pl. 7, fig. 26, 27, 28). NYCTAGINÉES. Mirabilis longiflora. Si l’on place sur le porte-objet du microscope une petite quan- tité de l’albumen de la graine sèche, on ne voit, au premier abord, qu’un nuage épais de très petits granules, dont le diamètre semble varier de 0"",0012 à 0°",0025, et qui bleuissent par le chloro- iodure de zme. Cependant on ne tarde pas à distinguer çà et là quel- ques masses amylacées compactes, granuleuses, et surtout exces- sivement volumineuses. Les unes ont une forme bien arrêtée qui rappelle celle des cellules mêmes de l’albumen, et leur grand axe peut attemdre 12, 15 et même 17 centièmes de millimètre; les autres sont plus ou moins ébréchées. M. Nägeli range ces masses: amylacées dans la division des grains composés formés d’un grand nombre de parties (vielzahlig). Mais ces prétendus grains ne sont DANS LES GRAINES EN GERMINATION,. 153 autre chose que de simples agrégats dont nous allons essayer de suivre le mode de formation. Dans de très jeunes cellules périspermiques, on observe souvent un nucléus pariétal baigné dans un large cordon muqueux et granu- leux, appliqué à la face mterne de la paroi cellulaire (pl. 6, fig. 14) ; cette couche, finement granuleuse, est quelquefois plus étroite et comme ondulée. C’est le plus ordinairement dans cette couche qu’apparaissent de petites masses bien limitées, arrondies, dont la structure granuleuse est plus ou moins appréciable, mais souvent insensible, lorsqu'on les observe sans l'intermédiaire de l’eau. Tantôt ces petits globules sont inégalement distribués dans l’épais- seur de la couche plasmique ; tantôt ils se pressent en grand nombre autour du nucléus qui baigne dans cette couche ; ou bien ils sont groupés en partie autour du nucléus dans le liquide cellu- laire, et en partie engagés dans la zone granuleuse (pl. 6, fig. 12). Les petits globules, représentés dans là figure 12, ont un dia- mètre d'environ 0%*,0025 à 0"",0030. On peut même les voir se développer à la surface même du nucléus (pl. 6, fig. 43) sur lequel ils sont exactement appliqués. Quand ces globules sont devenus plus volumineux, auquel cas leurs éléments constitutifs sont alors bien visibles, il arrive souvent que la zone plasmique semble également avoir subi une sorte de développement; elle est plus franchement granuleuse (pl. 6, fig. 15; ici les globules ont environ 0"*,0050 en diamètre). Mais je crois (et c’est un point qui demande à être étudié de nouveau) qu'il est également des cellules qui renferment un grand nombre de glo- bules amylacés , chez lesquelles la zone granuleuse est peu ou point sensible. Dans ce dernier cas, la couche plasmique se serait peut-être tout entière transformée en globules, tandis que dans le premier une partie seulement de cette zone aurait subi cette métamorphose (1). (1) On lit à la page 250 du mémoire de M. Trécul : « Dans les cellules de l'albumen de certaines plantes, la couche protoplasmique est assez épaisse ; elle éprouve même une sorte de végétation parfois très sensible, qui l’accroît encore (albumen du Mirabilis jalapa); elle est transformée par là (dans le Mirabilis) presque entièrement, sinon tout à fait, en granules d'une extrême ténuité qui A3 A. GRIS.—- DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION . Quoi qu'il en soit, lorsque l’albumen assez avancé en âge est devenu blanc, et qu’on l’observe sous l’eau, on trouve un grand nombre de cellules qui offrent une large zone granuleuse à teinte fauve, dans laquelle sont plongés des grains volumineux sphé- riques (leur diamètre atteint 0"*,0075), dont les granules consti- tuants sont très visibles, et qui ont la même coloration. Les gra- nules constituants de cette zone, et ceux des grains sphériques, sont fréquemment mobiles (pl. 6, fig. 16); d’autres cellules sont presque entièrement remplies de granules mobiles (pl. 6, fig. 17); d’autres le sontabsolument. Nous croyons que cette masse innom- brable de petits granules, qui fourmillent dans toutes les cellules périspermiques arrivées à une certaine période de leur développe- ment, résulte, d’une part, de la zone plasmique granuleuse dont les éléments ont grossi et se sont peut-être multipliés, et, d'autre part, de la dissolution des grains sphériques dont les éléments constituants sont devenus libres. Peu à peu ces granules grossissent, se pressent, elne constituent bientôt plus qu’une masse unique dont la forme extérieure repré- sente la forme même de la cellule dans laquelle ils se sont déve- loppés. Telle est l’origine de ces agrégats amylacés volumineux qu'on aurait grand tort, comme on vient de le voir, de con- fondre avec des grains dits composés ou multiples. Le premier eflet de la germination sur l’albumen adulte et sec de la graine du Mirabilis longiflora est la désagrégation de ces masses volumineuses amylacées dont les éléments se mêlent à ceux qui étaient déjà à l’état de liberté. Il est impossible avec les meil- leures lentilles qu'on possède aujourd’hui de voir nettement com- ment ces granules, dont la ténuité est si grande, cèdent aux actions conservent toujours cette petitesse extrême. » À la page 259 on lit : « J'ai trouvé ces grains agrégés ou multiples dans les Boerhavia, Oxybaphus, Mira- bilis longiflora ; mais dans ces dernières plantes, je n'ai pas eu l’occasion d’en suivre le développement ; cependant, d’après ce que j’ai observé dans le Mira- bilis longiflora à la maturité, et ce que j’ai décrit du M. jalapa, j'ai lieu de croire qu'une partie seulement de la couche sécrétée au pourtour de la cellule et accrue par la végétation, est transformée en grains agrégés ou multiples ; tout le reste ne produirait que des granules isolés. | DANS LES GRAINES EN GERMINATION. 135 chimiques qui les sollicitent. Cependant 1l me semble que les plus gros d’entre eux, c’est-à-dire ceux dont le diamètre est de 0"",0025, m'auraient offert quelque trace d’altération locale, si tel avait dû être leur mode de résorption. PHYTOLACÉES. Rivina lævis. Si l’on presse avec précaution sous l’eau une petite partie de l'albumen de la graine adulte du Rivina lœvis, on le verra, sous le microscope, composé de formations amylacées volumineuses, dont les formes rappellent celles des cellules mêmes de l’albumen : leur plus grande longueur atteint jusqu’à 42 et 13 centièmes de milli- mètre (pl. 7, fig. 8). Pour en comprendre le véritable sens, il est indispensable d'assister pas à pas à leur développement. J'ai fait mes observations à sec, afin que l’économie intérieure des cellules en fût moins troublée. Dans de très jeunes cellules périspermiques, on voit le plus souvent un nucléus hémisphérique où un peu allongé appliqué par sa face plane en quelque point des cloisons cellulaires (pl. 7, fig. 4). Bientôt ce nucléus offre, sur une partie plus ou moins étendue de son contour, une sorte de protubérance arrondie, muqueuse et finement granuleuse (pl. 7, fig. 8), ou bien il est comme enchàssé dans deux prolongements de même nature qui peuvent s'étendre plus ou moins loin sur la paroi cellulaire (pl. 7, fig. 2). Tels sont les aspects les plus ordinaires que présentent les jeunes cellules périspermiques quand le tégument de la graine estencore blanc. Mais quand ce tégument est devenu rougeûtre, les nucléus sont le plus souvent bordés d’une auréole, ou enve- loppés d’un amas de petits globules libres dont le diamètre est d'environ 0"",0036, qui ne sont point homogènes, mais dont la véritable structure est difficile à discerner, à cause de leur peti- tesse (pl. 7, fig. 4). Souvent aussi on voit dans le mucus granuleux qui entoure ce nucléus, ou tapisse comme un cordon la paroi cel- lulaire, apparaître de petits noyaux bleuâtres, qui semblent être la première ébauche de ces globules amylacés (pl. 7, fig. 5). 136 A, GRIS.— DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION Quand ceux-c1 ont atteint un diamètre de 0"*,0050 à 0°°,0060, ils sont ovoïdes ou arrondis, et il est déjà facile de s’assurer qu'ils sont finement granuleux (pl. 7, fig. 6). Leur disposition autour des nucléus est encore très manifeste à cet âge où le tégu- ment de la graine est brun et déjà résistant. Enfin, quand ce tégu- ment est devenu noir et cassant, et que la baie est encore blanche, les cellules périspermiques sont souvent entièrement remplies de grains sphériques dont le diamètre varie entre 0"*,0075 et un centième de millimètre, et qui sont composées d’une grande quantité de petits granules. Nous croyons que c’est ici l’âge adulte de ces grains; en effet, c’est à partir de ce moment qu'on com- mence à trouver à côté d'eux, dans les cellules, de nombreux gra- nules libres, mobiles, en tout semblables à leurs éléments consti- tutifs, et plus tard ces grains ont disparu pour faire place à ces seuls éléntents. Ceux-ci fourmillent dans les cellules, même à sec. Nous croyons qu'ils résultent de la dissolution des gros grains. Après leur mise en hberté, ces petits granules grossissent. Il en résulte qu’à un moment donné, qui précède un peu celui de la maturité de la graine, les cellules périspermiques sont remplies de ces éléments, lesquels, par suite de leur accroissement individuel et de leur pression réciproque, finissent par former des masses compactes qui sont les moules internes exacts de ces cellules. M. Trécul n’a-t-il pas représenté ces agrégats sous le nom de grains multiples ‘adultes, comme s'ils résultaient du développe- ment parfait des grains sphériques dont nous avons parlé plus haut? Mais le diamètre de ceux-ci ne dépasse pas un centième de millimètre, tandis que la plus grande longueur de ces agrégats peut atteindre, comme nous l'avons déjà dit, 12 et 13 centièmes de millimètre. Sous l'influence de la germination , les agrégats amylacés se désagrégent, et leurs éléments semblent se transformer comme nous l’avons dit pour le WMirabilis longiflora. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Les rapports de position du nucléus avec la matière verte, à l’origine de son développement, sont demeurés inaperçus, ou DANS LES GRAINES EN GERMINATION. 137 n’ont été que vaguement indiqués pendant longtemps, Dans mon Mémoire sur la chlorophylle (1), j'ai appelé l'attention des savants sur ces rapports de position, et sur les fonctions d’excrétion ou de nutrition que le nucléus paraît remplir. Depuis ce temps, de nou- velles observations ont donné un nouveau crédit à l’opinion que je soutins alors. Il est des circonstances qui permettent d'assister pour ainsi dire à la formation ou à la nutrition de la chlorophylle par le nucléus, et M. Trécul a reconnu comme moi que, dans cer- tains cas, la matière verte semble naître des matières excrétées par le nucléus, ou que cet organe, par les matières qu’il élabore et excrète, parait contribuer à sa nutrition. Ce fait qui peut être, comme je viens de le dire, observé directement (ou indirectement par les rapports de position du nucléus avec la matière verte), j'en ai établi la fréquence, je dirais même la vulgarité. Mais il paraît que Je le fis avec plus de franchise que de prudence, puisque la forme sous laquelle je condensai la somme de mes observations me valut le reproche d’avoir à tort généralisé. Ce même fait, nous le retrouverons dans la formation de la matière amylacée. Le Blé, l'Avoine, le Maïs, lAlopecurus , les Commelyna et Tradescantia, V Arum, l'Emex, etc., nous en offrent de beaux exemples. Le mode de développement des grains amylacés à éléments constituants nombreux dans le Mirabilis longiflora, et le Rivina lœvis, par exemple, n’est pas sans analogie avec le mode de développement de ces grains de chlorophylle qui ont été précédés dans la cellule par une gelée verte amorphe. Il y a également de grandes ressemblances de forme et d'aspect entre les forma- tions amylacées des Phytolacca dioïca, Silene pendula, Lychnis dioica, et les formations chlorophylliennes que l’on observe dans les bulbes des Phajus et des Acanthophippium. Quant aux grains d’amidon considérés en eux-mêmes, il est naturel de les diviser en deux catégories: ceux qui sont simples et ceux qui ne le sont pas. Ceux-ci, pour plus de simplicité, pour- (1) Recherches microscopiques sur la chlorophylle. (Ann. des sc. nat., 4° série, +. VII, p. 179.) 138 A. GRIS.-—— DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION raient s'appeler composés, quel que soit leur mode de formation et de développement. Cependant il est une grande différence entre ceux des Avena, des Alopecurus, des Arum, etc., dont les élé- ments constituants grossissent, deviennent polyédriques, et qui se conservent entiers et intacts jusqu’à la maturité de la graine, et ceux des Mirabilis, Rivina, etc., qui n’ont qu’une existence éphé- . mére, et sont remplacés dans la graine mûre par des agrégats volumineux qui ont la forme et les dimensions des cellules péri- spermiques. Les grains composés des Rivina et des Mirabilis pourraient être considérés comme des états imparfaits des pre- miers, qui leur ressemblent beaucoup à une certaine période de leur développement, cette dernière remarque étant tout à fait indépendante de la question de l’origine première de ces deux sortes de grains. Si nous essayons de rappeler enfin les principaux faits exposés dans ce travail, quant à la résorption de la fécule, nous verrons que, sous l'influence de la germination, elle se dissout suivant deux modes particuliers. Dans le premier, que j'ai appelé mode de résorption locale, le grain, attaqué par places d’une manière irré- gulière et suivant des dessins capricieux, est rongé, troué, mis en lambeaux. À ce mode se rattache la fécule de tous les genres à grains simples que nous avons examinés (Triticum, Secale, Ægilops, Hordeum, Coix, Zea, Rheum, Rumex, Polygonum), sauf celle du genre Bromus. Dans le deuxième mode de résor- ption, qu'on pourrait appeler mode de résorption égale, le grain semble se dissoudre d’une manière uniforme, égale, et par toute sa surface qui demeure lisse. Il n’est point troué, déchiqueté, il diminue insensiblement de volume. C’est ce mode de résorption que suit la fécule du genre Bromus et de tous les genres dont l’albumen contient ou a contenu à une certaine époque de son développement des grains composés, tels que les Avena, Alo- pecurus, Arum, Mirabilhis, Rivina, etc. DANS LES GRAINES EN GERMINATION, 139 EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 9. Fig. 4 à 8. Amidon du Blé. Fig. 4. Gros grain d'amidon à surface lisse et homogène. Fig. 2. Gros grain présentant un petit groupe de taches disposées en cercle autour de l’une d'elles comme centre. Fig. 3, 4, 5, 6, 7. Jeunes grains d'amidon offrant un renflement arrondi qui fait saillie à leur surface. Fig. 8. Jeune cellule périspermique du Triticum Polonicum, pour montrer les rapports de position des grains d’amidon avec le nucléus et les filets proto- plasmiques qui le relient aux parois cellulaires. Fig. 9. Jeune cellule périspermique de l'Ædgilops ovata, pour montrer les rapports des grains d'amidon avec le nucléus. Fig. 10. Gros grains d’amidon de l’Ægilops speltæformis, offrant une fissure centrale blanche. Fig. 11 à 26. Avena sativa. Fig. 41. Portion d'une très jeune cellule périspermique observée sans l’inter- médiaire de l’eau. On voit de très jeunes grains d’amidon groupés autour du nucléus et accompagnés de nombreux granules très petits. À cet âge la présence de l’amidon, à la surface on autour des nucléus dans les jeunes cellules de l’albumen, est un fait général. Fig. 42. Portion d’une jeune cellule périspermique un peu plus âgée, observée sans l'intermédiaire de l'eau. Les grains d’amidon environnent encore le nucléus, et leur structure est alors nettement granuleuse. Fig. 43, 14, 45. Grains d'amidon, appartenant à la cellule qui a donné la figure précédenie, observés à un fort grossissement et sous l’eau. On y voit nettement les petits noyaux qui entrent dans leur constitution et qui sont souvent mobiles. Fig. 16 à 23. Degrés successifs du développement des grains amylacés. . Le volume total des grains et celui des granules constituants augmentent peu à peu, en sorte que ces derniers finissent par prendre, par une pression réci- proque, une forme polvédrique. Fig. 24. Un petit grain simple. Fig. 25. Un grain binaire, Fig. 26. Un grain quaternaire. Fig. 27 à 31, Bromus exaliatus. 140 À. GRIS. — DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION Fig. 27 et28,. Grains d'amidon dans l’albumen de la graine sèche. Fig. 29, 30, 31. Grains d’amidon attaqués par l'agent actif de la germination et qui semblent se détruire d’une manière uniforme par toute leur surface. PLANCHE A. Fig. 4 à 13, Zea maïs. Fig. 1,2, 3. Jeunes cellules périspermiques dans lesquelles on voit les rapports des grains d'amidon avec le nucléus ou les filets protoplasmiques qui le relient aux parois cellulaires. Ces grains ne se développent pas dans le suc cellulaire proprement dit, mais à la surface ou sur les bords du nucléus. On les voit parfois engagés dans les filets protoplasmiques qui en partent. Fig. 4. Grain d’amidon polyédrique appartenant à la zone cornée de l’albumen. Fig. 5. Grain polyédrique pris dans un albumen ramolli par un commencement de germination. Fig. 6. Image d'une tranche mince pratiquée dans la zone cornée de l’albu- men. On voit que tous les grains d’une même cellule périspermique offrent une partie centrale à contours arrondis, qui, sous l'influence du chloro-iodure de zinc, prend une teinte dont l'intensité varie et qui demeure quelquefois tout à fait blanche, tandis que les bords du grain sont colorés en bleu noir. Nous croyons avoir obtenu ainsi des coupes transversales de grains d’amidon faites à diverses hauteurs, suivant les arêtes de ces grains, et telles qu'elles montrent plus ou moins parfaitement la cavité centrale de ces grains. Fig. 7. Grain polyédrique pris dans l’albumen d'une graine ramollie par un commencement de germination. Fig. 8. Coupe d’un grain d’amidon de la zone cornée offrant un trou de 0"*,0085 de diamètre. Fig. 9. Une partie de la préparation qui a donné la figure 6, fortement grossie. Fig. 40, 41. Grains d'amidon qui commencent à ressentir les atteintes de l'agent de la germination. Fig. 12. Coupe d'un grain de la zone cornée. Fig. 43, Un grain attaqué suivant des lignes rayonnantes par l'agent actif de la germination. Fig. 14. Un grain d'amidon du Coix lacryma. Fig. 45 et 16, Coupes de grains d’amidon polyédriques, appartenant à la zone cornée de l’albumen du Coix lacryma. On y voit une large perforation centrale, DANS LES GRAINES EN GERMINATION. AA PLANCHE 9. Fig. 1 à 42. Alopecurus. Fig. 41. Jeune cellule périspermique d’Alopecurus agrestis ; on voit de jeunes grains d'amidon groupés autour du nucléus et dont la structure granuleuse est déjà manifeste. Fig. 2, 3, 4, 5, 6, 7. Ages successifs du développement des gros grains amylacés ; leurs éléments constituants, souvent mobiles (fig. 3), deviennent plus tard polyédriques par suite du développement et d'une pression réci- proque (fig. 5, 6, 7). Fig. 8, 9, 10. Grains composés d'un petit nombre d'éléments constituants, dans l’albumen sec de l’Alopecurus utriculalus. Fig. 14. Grain simple polyédrique de l’albumen sec de l’Alopecurus utriculatus. Fig. 12. Petits grains simples et fragments résultant de la désassociation des gros grains à éléments constituants polyédriques, attaqués uniformément sous l'influence de l'agent actif de la germination. Fig. 43 à 20. Tradescantia et Commelyna. Fig. 13 à 47. Degrés successifs du développement des grains d’amidon dans le Tradescantia. Le volume total des grains et celui des granules constituants augmentent peu à peu, en sorte que ces derniers finissent par prendre une forme polyédrique par suite de leur pression réciproque. Fig. 18,19, 20. Commelyna stricla. Fig. 18. Grain d'amidon pris dans l’albumen de la graine sèche et adulte. Ses éléments constituants offrent en leur centre une cavité centrale à contours plus ou moins polygonaux et de couleur blanche. a, deux des éléments consti- tuants isolés. Fig. 49. Grain d’amidon pris dans une coupe transversale de l’albumen de la graine sèche. Fig. 20, Petits granules à des degrés divers d’altération pendant la germina- tion. Fig. 21 à 35. Arum ilalicum. Fig. 21 à 23. Premiers développements de la matière amylacée. Fig. 24 à 31. Degrés successifs de développement des gros grains amylacés. Fig. 32 à 35. Grains d'amidon pris dans l’albumen de la graine sèche. Fig. 32. Grain ternaire, Fig. 33. Grain binaire. Fig. 34. Grain simple polyédrique. pr Fig. 35. Grain composé seulement de cinq éléments constituants, 112 A. GRIS. —— DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE ET SA RÉSORPTION PLANCHE 6. Fig. 4 et 6. Grains formés d'éléments polyédriques dans l'albumen de la graine sèche de l’Arum italicum. Fig. 2à 5. Grains de fécule observés dans l’Aglaonema simplex. Fig. 7, 8,9, 10. Emex spinosa. Fig. 7, 8, 9. Figures destinées à montrer le développement de la fécule autour ou à la surface du nucléus, ainsi que dans les filets protoplasmiques qui, souvent en grand nombre, relient ce nucléus aux parois cellulaires, et dans lesquels les grains d’amidon sont fréquemment disposés comme les grains d’un chapelet. Fig. 40. Agrégat amylacé, pris dans l’albumen dela graine adulte. Il résulte du développement et de la pression des grains amylacés réunis en une masse unique, dont la forme extérieure représente la forme même de la cellule dans laquelle ces grains se sont développés. On peut reconnaître, à l’aide des réactifs, la présence de la paroi cellulaire qui se moule assez exactement sur le contenu amylacé pour en être parfois peu distincte. Fig. 14 à 48. Mirabilis longiflora. Fig. 11. Jeune cellule périspermique où l'on observe un nucléus pariétal baigné dans un cordon muqueux et granuleux, appliqué à la face interne de la paroi cellulaire. Fig. 12. Jeune cellule périspermique dans laquelle de jeunes grains amylacés sont en partie groupés autour du nucléus et en partie engagés dans la zone granuleuse qui tapisse la paroi cellulaire. Fig. 13. Destinée à montrer comment les jeunes grains d’amidon peuvent se développer à la surface même du nucléus. Fig. 14. Jeunes grains amylacés à structure granuleuse (comme ceux de la figure précédente) affectant une forme polygonale. Fig. 45. Cellule périspermique plus avancée en âge que celles des figures 11 et 12. La zone plasmique et les jeunes grains amylacés sont devenus plus franchement granuleux. Fig. 46. Cellule périspermique appartenant à un albumen déjà blanc, et observée sous l'eau. On y voit une large zone granuleuse à teinte fauve, dans laquelle sont plongés des grains volumineux sphériques dont les granules constituants sont très visibles et qui ont la même coloration ; les granules contenus dans cette zone et dans les grains sphériques sont fréquemment mobiles. Fig. 17. Cellule d’un albumen déjà blanc, presque entièrement remplie de gra= nules mobiles. Il n'y a plus de grains sphériques. DANS LES GRAINES EN GERMINATION, 143 Fig. 18. Grains sphériques ou polyédriques à un âge qu’on peut considérer comme adulte. PLANCHE 7. Fig. 4 à 8. Rivina lœvis. Fig. 4,2, 3. Aspects les {plus ordinaires aux Jeunes cellules périspermiques lorsque le tégument de la graine est encore blanc. Fig. 4,5, 6. Cellules périspermiques plus âgées dans une graine dont le tégu- ment est déjà brun et résistant. On voit de jeunes grains d'amidon dont la structure granuleuse est déjà sensible dans la fig. 5, et très appréciable dans la fig. 6. Les grains de cette dernière figure ont un diamètre variant de 0"",0050 à 0°”,0060. Fig. 7. Grains d'amidon sphériques, dont le diamètre varie entre 0"",0075 et un centième de millimètre, observés dans les cellules périspermiques d’une graine dont le tégument est noir et cassant lorsque la baie qui le renferme est encore blanche, Fig. 8. Agrégat amylacé qui est le moule interne d'une cellule périspermique, à l’époque de la maturité de la graine. Fig. 9. 44. Zea maïs. Fig. 9, 40. Grains attaqués par l'agent naturel de la dissolution, pendant la germination de la graine. Fig. 41. Fragments des grains d’amidon se détruisant pendant la germina- tion, Fig. 12, 43, 44. Grains attaqués pendant la germination dans le Coix lacryma. Fig. 45, 16, 17. Grains d'amidon de l'Emex spinosa attaqués pendant la ger- mination. Fig. 18. Grain d'amidon appartenant à l’albumen sec du Rheum rhaponticum. Fig. 20, 21. Grains d'amidon isolés de l'Emex spinosa dans l'albumen sec et adulte. Fig. 419, 22, 23, 24, 25. Grains de la même plante attaqués par l'agent de la germination. Fig. 26, 27, 28. Grains amylacés du Polygonum orientale attaqués sous l'in- fluence de la germination. Fig. 29 à 34. Figures représentant l’organisation variable. des grains d’amidon appartenant à l’albumen sec de certaines variétés de Riz lorsqu'on les soumet à l'action du chloroiodure de zinc. Dans les mêmes conditions, les grains d'amidon du Riz du commerce ou du Riz de la Camargue bleuissent ge tement et uniformément. Al A. GRIS. — DÉVELOPPEMENT DE LA FÉCULE, ETC. PLANCHE 8. Fig. 4 à 7. Amidon de Blé attaqué par l'agent de la dissolution pendant la ger- mination. Fig, 1. Le grain d'amidon offre un réseau de fissures qui résulte des premiers effets de l'agent de dissolution. Fig. 2. Le grain est plus profondément attaqué. Les ‘fissures élargies isolent des segments volumineux de matière amylacée préservée, ce qui donne au grain la fausse apparence d'un grain dit composé. Fig. 3. Le grain est encore plus altéré. Des flots de matière amylacée demeu- rée plus ou moins intacte apparaissent sur le fond épuisé du grain. Fig. 4. Le grain n'a plus qu'une teinte uniforme pâle. Il est troué, sillonné de canaux sinueux. Fig. 5, 6, 7. Le grain est mis en morceaux qui s'usent à leur tour, et finale- ment se réduisent en petits fragments de forme irrégulière qui diminuent et se rongent de plus en plus jusqu'à leur complète dissolution. Fig. 8. Grain d'amidon du Triticum polonicum où la mise en lumière des cou- ches concentriques dans le début de l'altération du grain est un fait assez fréquent. Fig. 9 à 45. Ægilops spellæformis. Fig. 9. Grain d'amidon qui, sous l'influence des premiers effets de la germina- tion, est bordé de parties cunéiformes dénudées de manière à laisser distin- guer des zones concentriques pressées. Fig. 10,13, 414. Ces figures représentent quelques-unes des formes très élé- gantes offertes par les grains dans les premières phases de leur dissolution, alors que les zones concentriques sont fréquemment dénudées et ;que les parties préservées sous forme de rayons offrent parfois une certaine régula- rité. Fig. 42, 15. Grains plus profondément altérés, creusés de canaux sinueux, percés de trous, etc. Fig. 11. Grain d'amidon de l'Hordeum zeocrilon où le grain, très attaqué sur la plus grande partie de son étendue, présente encore, vers la périphérie, un cercle marginal de petits îlots de forme et de grandeur variables. Fig. 46 à 21. Hordeum vulgare. Dans la figure 16,0on voit un grain attaqué suivant des espaces cunéiformes qui dévoilent les couches concentriques. — Dans les figures 417, 49, 20, des îlots de matière amylacée demeurée plus ou moins intacte se détachent sur un fond déjà épuisé. — Les figures 48 et 21 représentent des grains de moyenne taille chez lesquels la dissolution commence par le centre. RECHERCHES SUR LA DISTRIBUTION DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, Par M. LL. GARREAU, Docteur ès sciences. 4 PREMIERE PARTIE. CHAPITRE PREMIER. 1. Si le mauvais choix des moyens d'investigation appliqués aux recherches scientifiques a fréquemment retardé le progrès des connaissances humaines, c’est surtout dans l'étude des phéno- mènes physiologiques des plantes que de tels faits se sont le plus fréquemment présentés ; ils sont la conséquence de l'abandon de cette partie importante de l'étude des végétaux par les botanistes les plus éminents qui, depuis Magnol jusqu’à notre époque, ne s'occupèrent que de recherches anatomiques ou taxinomiques, laissant aux physiciens et aux chimistes le soin de dévoiler les fonctions vitales qui s’exécutent à l’aide de tissus dont ils igno- raient souvent la composition organique (1). Aussi, il faut le dire à la louange de ces derniers, la physiologie végétale, telle que nous la connaissons aujourd'hui, est en partie leur œuvre ; malheureu- sement, 1l faut aussi le reconnaitre, cette science n’est encore composée que de faits mal agencés qui, le plus souvent, ont été recherchés pour des applications étrangères à la physiologie des plantes. | C’est ainsi, pour ne citer que des faits relatifs au sujet qui nous (1) « Les explications que je puis donner, dit Théodore de Saussure, au sujet de là variation des principes des cendres dans les diverses parties d'un même végétal, sont quelquefois éloignées d’être satisfaisantes ; elles tiennent souvent à une connaissance que je n'ai pas, c’est celle de l'organisation végétale. » PRP.28:.) 4e série. Bor. T. XIIT. (Cahier n° 3) 2 10 146 L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES occupe, que les éléments minéraux des plantes ont été analysés par un grand nombre de chimistes ; mais les uns, tels que Kir- wan, Ruckert, Théodore de Saussure, Boussingault, Daubeny, Knopp, etc., avaient pour but des applications plus spécialement agricoles ; les autres, parmi lesquels on peut citer Perthuis, Ber- thier, Samio, Malagutti et Durocher, etc., cherchérent les pre- miers à déterminer leur richesse en sels alcalins, et les seconds les relations de quantités et de nature de ces mêmes éléments dans les principaux groupes naturels de végétaux. 2. Van Helmont, Tillet, Bonnet, Duhamel, qui tous ont fait de nombreuses recherches sur la physique des plantes, étaient arrivés, par suite de l’emploi de moyens défectueux d’expérimentation, à soutenir que les végétaux ne puisent que de l’eau dans le sol, et que les engrais et ce sol lui-même ne constituaient qu'un milieu propre à fixer le végétal et à retenir la chaleur et l'humidité, tandis que l’air et l’eau, sous l'influence de la force vitale, se combinant de diverses manières, produisaient tous les matériaux d’accrois- sement des organes, y compris les substances minérales qu'ils donnent à l’incinération. Bergmann, Kirwan et Hassenfratz, prou-— vérent bientôt la défectuosité des expériences qui menaient à de telles conclusions ; et Théodore de Saussure, à l’aide de recherches dont tout le monde apprécie l’habileté, prouva, un des premiers, le peu de fondement des théories de ces nouveaux alchimistes, en montrant, à l’aide d'expériences irréprochables, que les racines des plantes absorbent les sels et les extraits du-sol, mais en pro- portion moindre que l’eau qui tient ces matières en dissolution. 3. Dès qu'il fut admis que les végétaux puisent avec l’eau du sol les matières minérales fixes qu’ils recèlent, Saigey et après lui la plupart des chimistes pensèrent que le milieu qui sert à fixer la plante ne lui cède aucune matière qui doive rester inerte, et qu’en conséquence les cendres qui constituent le résidu de sa combus- tion n’y existaient pas à l’état purement adventif, mais faisaient partie intégrante de l'individu vivant. h. Le but que nous nous proposons dans cet écrit est de recher- cher, à l’aide d'expériences suffisamment nombreuses, les prinei- pales causes qui concourent à la distribution des matières miné- ti DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 147 rales fixes dans les divers organes des plantes, et d'étudier ces matières lant sous le point de vue de leurs quantités comparées au poids de l'organe d’où elles proviennent, que sous celui du rôle qu’elles jouent dans le végétal. L'examen d’un sujet aussi ardu que vaste demandait un temps considérable ; nous le lui avons donné en recevant pour dédommagement les jouissances qu’appor- tent une vie doucement occupée et l'espoir d’ajouter quelques faits à la science. Gi Des matières minérales contenues dans les divers organes des plantes | pris à des âges différents. 5. Avant d'aborder ce sujet, 1l est convenable de rappeler que la répartition quantitative des matières minérales a déjà été con- statée dans quelques-uns des organes des plantes phanérogames, d’abord par Perthuis {Ænn. de chim., t. XIX), qui révéla le pre- mier que le tronc des arbres en contient moins que les branches, et ces dernières moins que les feuilles ; plus tard, Théodore de Saussure constata que l'écorce en recèle plus que le bois, et le bois moins que l’aubier. Ce savant vit, en outre, que les feuilles des arbres toujours verts fournissent beaucoup moins de cendres que celles des arbres qui se dépouillent en hiver, et que ces maté- faux Amemeninient de quantité dans toutes les feuilles, depuis leur naissance jusqu'à l’époque de leur chute. 6. La liste des organes analysés par cet habile expérimentateur est, comme on le voit, assez bornée, et les résultats obtenus ne peuvent permettre de porter un jugement aussi éclairé que s'ils eussent été fournis par tous les organes des plantes pris à différents âges et convenablement isolés les uns des autres. Il manque, en. effet, aux analyses de ce savant, les plus importantes pour le physiologiste, celles : L° des radicules, 2° des fibrilles, 3° de l’axe . embryonnaire, 4° de la plumule, 5° des cotylédons, 6° du péri- sperme, 7° des feuilles prises au centre du bourgeon, 8° des axes naissants de ces mêmes bourgeons, 9° des pétioles, 10° des ner- vures primaires et secondaires, 11° du parenchymie intermédiaire AS L. GARREAU, —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES auxdites nervures, 42° des feuilles des plantes grasses, 1° des feuilles persistantes prises à différents âges, 14° des axes et des feuilles des, plantes aquatiques submergées tant phanérogames que cryptogames, 15° de la couche génératrice, 16° de la moelle, 17° des ovules, 18° des pétales, 19° des épidermes, 20° des couches libériennes, etc. : en cherchant à combler cette vaste lacune, tra- vail nécessaire pour asseoir notre jugement, nous ne saurions avoir, à notre tour, la prétention de ne rien laisser échapper d’utile, et. de trouver toujours l'explication la plus rationnelle des faits observés, car chacun envisage les choses d’après ses con- naissances et son jugement propres, et il est rare que ces qualités, même élevées, suffisent pour scruter assez profondément les causes d’où ils émanent. 7. Les physiologistes savent que les substances diverses qui composent les milieux dans lesquels les êtres vivants se déve- loppent subissent, à mesure qu’elles arrivent sur le chantier de l'organisation, des changements plus ou moins profonds, quel- quelois nuls, de telle manière que les unes s’imprègnent de vie en s’unissant à l’individu qu’elles accroissent, tandis que les autres, quoique ordinairement modifiées, échappent à cette desti- nation. Ce départ, ce résultat d’un‘triage, opéré sous l'empire des forces vitales, constituera, pour nous, la première donnée analy- tique, suscepüble de servir de guide et de terme de comparaison pour arriver à la détermination des matières minérales associées à l'organisation des plantes, ainsi que pour l’évaluation et la déter- mination de celles qui paraissent lui être étrangères, et que l’on trouve inégalement réparties dans les divers organes d’un même individu. Comment, en effet, pourrait-on distinguer, après la combustion d’une’plante ou de l’une de ses parties, les cendres qui proviennent de l’organisation vivante, de celles qui les accompa- gnent et qui sont demeurées ou devenues inertes, leurs variations de quantités vraies ou apparentes, ainsi que les causes qui les déterminent, si l’on ne soumettait à l’analyse que des plantes ou leurs parties qui ont subi l’action modificatrice plus ou moins pro- longée des agents extérieurs? Personne n’ignore que les tissus DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 119 morts où vivants sont perméables ; que l’eau qui les pénètre leur abandonne, sous l’empire de lois purement physiques ou chi- miques, les molécules fixes qu’elle tient en solution, ainsi que celles qui sont susceptibles de le devenir par combinaison, et que l'air chargé des mêmes particules concourt aussi, quoique dans une très faitle proportion, au même résultat. C’est done dans le végétal ou dans l’organe qui viennent de naitre et qui peuvent se développer normalement, durant un certain temps, sans rien fixer du dehors, qu'il faut chercher la base propre à servir d'unité de comparaison, pour l'évaluation des matières minérales fixes des plantes, et suivre les oscillations que ces quantités présentent dans les divers organes à mesure qu’ils s’accroissent ou vieillissent, 8. Le tissu naissant, qui est celui dans lequel la vie se révèle par un accroissement rapide, présente en effet, comme nous le verrons bientôt, dans les diverses parties d’un même végétal, la même quantité de matières minérales fixes, et ces matières sont de même nature. La dernière couche de l’aubier prise dans sa période de crois- sance, les parties les plus centrales du bourgeon très jeune, la gemmule et la tigelle prises dans la graine, la radicule qui nait, se présentent au choix : cependant, comme ces divers organes sont susceptibles de se modifier rapidement, tant sous l’influence du contact des agents extérieurs que sous celle des matières ali- biles qu’ils puisent dans les tissus avec lesquels ils sont en conti- nuilé, ce n’est qu'à une époque déterminée qu'il convient de les choisir, et cetle époque doit correspondre à celle où le jeune organe n'a encore rien perdu par évaporation et rien acquis en dépôts fécu- lents, huileux, sucrés, incrustants, ete., conditions qui se trouvent réalisées : 1° dans l'embryon des plantes périspermées, 2° dans l'embryon apérispermé, moins les cotylédons, 8° dans la radicule naissante. C'est donc au centrede la graine, et principalement dans l'axe embryonnaire et ses extrémités naissantes, que l’on trouvera le tissu le plus fixe, puisqu'il s’est formé dans des conditions et dans un milieu qui excluent toute cause marquée d'absorption de matériaux étrangers et d’évaporation. Disons, pour compléter la justification de notre choix, que la plante emprunte au sol deux 150 L, GARREAU, —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES ordres de matières minérales fixes. Ces deux sortes de matières, que le chimiste trouve à peu près uniformément réparties dans les divers organes d’une jeune plante prise avant la floraison, se scindent graduellement depuis l’époque de la fécondation jusqu’à celle de la maturité des graines ; de telle sorte que ces dernières, qui sont la continuation de lindividu vivant, et qui, dans les plantes monocarpiennes, vont bientôt exclusivement le résumer, ont été formées à l’aide des matières vivantes de la plante mère, Jiées à des matières minérales fixes d'une nature particulière, indispensables à leur organisation ; tandis que cette planté mère, en cédant ce qui vivait en elle, a conservé des matières miné- rales d’une nature différente, et, comme la graine est protégéé par un péricarpe qui évapore peu, que la tigelle et la gemmule le sont par les membranes ordinairement multiples de la graine et ses cotylédons ou le périsperme, il reste constant, suivant nous, que l'axe embryonnaire et ses extrémités naissantes présentent le tissu le moins incrusté et le plus exempt de matières minérales ou immé- diates étrangères à la composition des organes. 9. Si l’on soumet à l’incinération les divers organes d’une graine mûre, on constate que la relation des principes minéraux fixes s'y montre dans des proportions très différentes ; on voit, en effet, que le périsperme et les cotylédons ne recélent que fort peu de cendres, parce que leur tissu est déjà obstrué par le dépôt de matières alibiles nécessaires aux développements futurs de l’axe et des extrémités embryonnaires , tandis que ces derniers organes, qui n’ont encore rien emmagasiné, en fournissent des quantités relatives beaucoup plus élevées. Quant à l’épisperme, celles qu’il contient sont d’une nature et existent dans des proportions bien différentes ; il devait en être ainsi, puisqu'elles appartiennent aux restes de la plante mère. 10. Pendant la germination, les substances minérales fixes contenues dans le périsperme, les cotylédons et les téguments de la graine, diminuent dans, une faible proportion, tandis que la radicule naissante recèle ces matières en quantité ün peu plus élevée que celle que l’on constate dans la tigelle et la gemmule : plus tard, pendant l'accroissement, elles subissent dans ces mêmes DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 151 organes des oscillations dont nous aurons à rechercher les causes. La table qui suit, dans laquelle les divers organes d’une même plante ont été pris à différentes époques de la végétation extra- ovarienne, suffira pour démontrer les variations de quantités des matières minérales qu'ils recèlent, et justifier provisoirement les propositions que nous venons d'émettre. 100 parties de ces organes exactement isolés et séchés à 400 degrés ont donné, savoir : DÉSIGNATION DES ORGANES. Le] = 8 LS] © [=] ee) Le) è Cl ° ce > > A = À © 00 15,00 19. ,00 Graines ou fruits entiers . . . Épisperme (1) Périsperme ou cotylédons Embryon Radicules Tigelles. Et 1 Tiges 25 jours avant ‘la floraison . 8,50112,60 Tiges pendant la floraison . . . .| 6,20110,75 Tiges après maturation 5,50| 8,00 Feuilles après maturation. . . . 1#ade 17,75 — 3 © œ ex 2 - ET % © © WDONINICO OS — OT CO ne 7% © © O0 O0 O7 Or IS © S.S.-Ct © I 1 $ IL Des matières minérales fixes contenues dans les radicules et les fibrilles prises à différents âges, alors qu’elles n’ont végété qu'aux dépens de la graine et de l'eau distillée. A1. Pour observer avec fruit les causes qui concourent à la répartition des matières minérales dans les racines, il était impor-- tant de suivre les premiers développements de ces organes à l’abri du contact de tout corps étranger, capable d'offrir à l'absorption des éléments inorganiques susceptibles de modifier les quantités de ceux qui leur sont fournis par la graine. Pour atteindre ce but, des semences d'espèces diverses ont été humectées avec de l’eau distillée aérée, placées sur des tamis de crin neufs et lavées à l'eau pure, puis recouvertes d'un drap de laine humide. Ces ger- moirs, placés sur des terrines dont le fond était garni d’eau, 152 L. GARREAU, —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES mettaient les graines dans une atmosphère constamment humide ; de sorte que les radicules, dont le développement marchait régu- lièrement pour chaque espèce, formaient, sous les mailles du tamis et au-dessus de la surface de l’eau, des taillis dans lesquels la récolte était des plus faciles. Les radicules recueillies à des âges divers. ont été, comme dans loules nos expériences, séchées À 100 degrés, puis incinérées à blanc, et la cendre pesée chaude. La table suivante mdique les quantités de matières minérales con- tenues dans 100 parties de radicules ; elle montre, en outre, que ces mêmes matières diminuent à mesure que l'organe s'accroît : QUANTITÉ DÉNOMINATIONS. AGE. TAILLE. . OBSERVATIONS. cendres, | m LL 3 jours .| 6,025 | 7,50 L’incinération de cés radi- Froment cultivé. . | ; les s'est loujours opérée ave , ; id. D Bu eu «LY de fieté dut eee des { ours . graines qui leur ont donné nais- Haricots flageolets. J° 1 : sance 10 id. 0,055 | 6,80 , L ++ 5 jours .| 0,030 | 7,85 Laitue cultivée. . À 7 id. 0.050 | 7,80 ii 3 jours .| 0,020 | 8,75 Pavot somnifère. | 6 ol 0,045 | 8,27 | 4 jours.| 0,030 | 7,56 Moutarde noire . : nr" 0 050 | 7 46 - 12. Nous avons déjà dit que Théodore de Saussure, en consta- tant l’absorption des matières minérales par les racines des plantes, avait reconnu que les solutions qu’il employait à ses expériences n'étaient pas absorbées au même titre que celui sous lequel il les présentait à ces organes, et que le liquide introduit était moins riche en substance saline ; cependant les fibrilles, comme nous allons le voir, sont, de tous les organes des plantes, ceux qui, eu égard à leur âge, fixent les plus fortes proportions de matières minérales. $ IL. Des matières minérales fixes contenues dans les fibrilles des plantes aquatiques et terrestres. Les fibrilles choisies pour ces recherches ont été prises sur des DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 155 plantes adultes un peu avant la floraison; toutes ont été recueillies saines, parfaitement blanches et exemptes d'éléments minéraux adhérents ; elles n’ont, du reste, été séchées et incinérées qu'après un lavage opéré alors qu’elles tenaient encore à la plante, et Ia netteté de leur surface constatée à l’aide de moyens optiques appropriés ; la récolte en a été faite pour chaque espèce et chez le même individu sur des axes dépendants ou sur le même axe, mais à des hauteurs différentes, de manière à fournir deux lots que nous désignerons sous les mots de fibrilles jeunes et de fibrilles plus âgées. Les résultats obtenus sont consignés dans la table ci-jointe : ; FIBRILLES |FIBRILLES DÉSIGNATION DES PLANTES. OBSERVATIONS. jeunes. |plus âgées. Hottonia palustris . . 1 23,00 | 27,00... L'incinérationa tou- x jours été facile et le Sium Sn cheb pue) ds, 6 e 20,00 23,00 produit riche en ses- Ranunculus aquatilis. .| 21,08 | 26,02 | quioxyde de fer. AQUATIQUES «\ Ranunculus sceleratus . 20,00 | 23,00 Hippuris vulgaris . . .| 20,06 | 22,00 OEnanthe Phellandrium.|, 25,85 | 33,00 Helianthus tuberosus. .| 15,90 | 12,70 vnsras | Necurils annual 18270 |, 43:07 Ribes rubrum . . . .. 6,04 Ces exemples témoignent que les fibrilles des plantes aquatiques qui n’ont aucune tendance à se lignifier fixent graduellement et en forte proportion une partie des matières salines du milieu dans lequel elles végètent, tandis que celles des plantes terrestres exa- minées semblent perdre, à mesure qu'elles se développent, une partie de celles qu’elles avaient acquises. 413. Si l’on soumet à l’incinération des racines de diverses gros- seurs recueillies chez une plante ligneuse, on peut également se convaincre que le résidu constitué par la cendre est en quantité inverse de leur âge, ce qui démontre que les matières minérales fixes y décroissent comme dans les racines des plantes annuelles et vivaces; mais cette décroissance est beaucoup plus marquée dans le bois que dans l’écorce, dernier organe qui semble les 154 L, GARREAU, — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES contenir dans des proportions qui oscillent entre des limites assez étroites ; &’est au moins ce que semblent justifier les exemples suivants, trop peu nombreux encore pour arriver à une opinion définitive. & IV. Des matières minérales contenues dans les racines du Noyer. CENDRE GROSSEURS MOYENNES ' CENDRES CENDRES contenues ) À des racines, 52 du bois. de la racine entière. dans l’écorce. 0,0005 k,50 3,00 &,30 0,0010 4,00 2,00 3,00 0,0300 k,00 4,50 2,00 0,1000 L,30 1,40 1,50 8 V. Des matières minérales contenues dans les tiges prises à des âges différents. Li. Nous avons constaté que la tigelle recueillie et incinérée immédiatement après la germination fournissail moins de matières minérales que les radicules. Cette inégalité dans la répartition des matières minérales dé la graine germante, dans les axes souter- rains el aériens, avant qu'ils aient reçu les matériaux de leur accroissement d’un milieu autre que les cotylédons ou le péri- sperme, se trouve liée à des causes purement physiologiques; mais quand l’axe aérien reçoit du sol une partie des matériaux de son accroissement, les matières minérales qu’il recèle subissent, comme nous allons le voir, des oscillations remarquables à diverses époques de la végétation. Pour mieux faire saisir ces variations, nous l’examinerons successivement depuis sa naissance jusqu'à son entier développement : 4° Dans les tigelles ; 2 Dans les tiges monocarpiennes, terrestres et aquatiques ; 3° Dans les tiges polycarpiennes, prises dans les bourgeons et à des âges différents ; | DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 155 h° Dans les frondes des végétaux acotylédonés. Nous avons vu : 1° que l’axe embryonnaire du Phaseolus vul- garis laissait cinq centièmes de matières minérales fixes à l’inci- nération ; 2° que les embryons macropodes du Blé blazé et du Maïs, que nous considérerons iei comme des axes, en contenaent le premier sept, et le second huit centièmes; 3° que les tigelles prises immédiatement après la germination contenaient des quan- tités moindres desdites matières, en raison d’une inégalité de répartiion vraie ou apparente, qui fait que les radicules et la semmule en sont, à poids égaux, plus richement dotées. Si l’on soumet à l’analyse les tiges monocarpiennes qui n’ont pas de tendance marquée à la lignification, on constate que les matières minérales y augmentent avec l’âge, jusqu’à l’époque de la floraison , pour décroitre ensuite dans une proportion notable jusqu’à la maturation, comme l’indiquent les résultats qui suivent : BLÉ F pavor | maricor | OYENNE AGE DES AXES. MAIS des blazé (1). blanc, flageolet. cendres, Axe embryonnaire. . . . . 7,00 180 orties 5,00 6,60 Migelle trés jeune., .!: . .| 3,60 5,30 4,49 4,00 5,14 Tiges "de 30 jours. : . .. 7,80 9,50 9,00 9,00 8,83 — A5 j. avant la florais. .| 8,50 | 12,70 | 14,80 | 12,60 | 12,15 — pendant la floraison. .| 6,20 9,40 | 43,40 | 10,75 9,93 — à la maturation . . .| 5,00 9,30 | 441,27 8,00 8,39 (4) Triticum sativum, var, (Blé blanc, blazée, blanc zée, etc., à grain tendre). Ces exemples montrent, comme nous venons de le dire, que les matières minérales fixes s'accumulent graduellement dans les tiges des plantes herbacées jusqu’à l’époque de la floraison, pour dééroître ensuite dans ces organes jusqu’à la maturité des graines. _D'äilleurs, les tiges des plantes herbacées qui, comme celles de lHelianthus tuberosus, dé l’Inula Helenium, de l’Althæa officr- nahs,elc., ont une tendance plus ou moins grande à se lignifier, subissent exactement la même loi, seulement la décroissance des matières minérales fixes se montre bien plus tôt; elle est, en outre, plus marquée. RO 156 L. GARREAU, -— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES 15. Quand on incinère séparément les divers mérithalles d’une tige herbacée chez laquelle on ne remarque pas de tendance à la lignification, le dépôt des matières minérales se montre, en quel- que sorte, proportionnel à l’âge, et suit, comme nous le verrons bientôt, la même progression que dans les feuilles. La table sui- vante, dont les exemples ont été choisis parmi d’autres plus nom- breux, et pris à dessein sur des plantes terrestres et aquatiques submergées, témoigne en faveur de la proposition que nous venons d'émettre : DÉSIGNATION DES ORGANES. Ranunculus aquatilis Hippuris vulgaris Hottonia palustris. Potamogeton Deux premiers mérithalles Deux derniers mérithalles Premiers Mérithalles Derniers SRRGNIES. ARFANBIS, mérithalles. moyens. mérithalles. 10,04 | 8,00 25,00 22,00 18,00 16. Pour déterminer les variations de quantité des matières minérales dans les axes des plantes ligneuses pris à des âges diffé- rents, nous avons cru devoir, en raison de la lenteur que les graines qui les produisent mettent à germer, nous adresser aux jeunes mérithalles des bourgeons qui s’épanouissent ; car, bien que ces organes aient augmenté la somme de leurs matières mine rales fixes par leur transpiration et leur respiration hivernales, leurs axes ne différent en réalité des tigelles ou de l’axe embryon- naire qu’en ce qu'ils ont subi l’action modificatrice de l'air et de la chaleur à une époque de l’année où elle se fait le moins sentir. La table qui suit indique à la fois les quantités de cendres obte- nues des jeunes mérithalles, des rameaux d’une année et des tiges de quinze à trente-cinq ans : DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 157 MÉRITHALLES RAMEAUX RAMEAUX DÉSIGNATION DES ESPÈCES. pris dans d’un an, d’un an, MANS LT) le bourgeon, | avecécorce, | sans écorce. PYrOS eDIDMIUNMS. . . .!. . 3,00 2,27 1,56 0,50 Id. autre variété . . . . . 8,00 2,39 1,68 0,47 Malus communis. . . . . . 7,50 1,95 1,36 0,65 Persica vulgaris. . . . . . 9,00 2,07 1,96 0,95 Tilia europæa . . . . . . . 7,50 2,13 1,75 1,05 Populus tremula. . . . . . 7,00 2,47 4,87 0,59 Acer campestre . . . . . . 9,00 2,69 1,87 1,00 Corylus Avellana. . . . . . 7,00 1,75 4,12 0,80 SAR GADrEA, Landes s 15! « 7,00 1,19 4,75 1,40 Sambucus nigra. . . . . . 10,00 1,45 0,95 0,65 Syringa vulgaris. . . . . . 7,00 2,00 4,50 0,80 Ulmus campestris. . . . . 10,00 4,50 4,00 0,54 Juglans regia. . . . . .. 9,50 2,89 2,25 4,00 Moyennes. . . . . 8,19 2,05 1,58 0,776 D’après ces données, on voit que, ainsi que Perthuis l'avait annoncé et que Théodore de Saussure l’a reconnu depuis, le tronc contient moins de cendres que les jeunes branches, tandis que les jeunes mérithalles des bourgeons en recèlent des quantités relativement énormes, et que ces quantités diminuent rapidement à mesure que ces organes se lignifient. Ce dernier fait, qui, comme nous l’avons dit, assimile l’axe du bourgeon à celui de l'embryon, confirme une fois de plus que le rôle physiologique de deux orga- _nismes qui concourent au même but final se trouve lié à la fois & leur composition chimique et à leur organisation élémentaire, Mais si, à mesure que les axes aériens vieillissent, ils fournissent, comme les axes souterrains, des quantités décroissantes de pro- | duits à l’incinération, cette loi ne se soutient plus alors que l’on examine les couches externes d’un trone, et que l’on compare la | somme des matières minérales fixes qu’elles recélent avec celles | que l’on obtient de l'axe entier d’une pousse ligneuse d’une année ; les quantités dans les deux cas sont sensiblement égales, et ces cendres sont de même nature. Ce fait, qui semble être en oppo- siion avec les observations de Perthuis, est cependant très natu- | | | rel, 1l dépend de l’âge de la couche analysée ; car si l’on examine | Ja zone ligneuse naissante d’un tronc, elle donne la même quantité | 155 L. GARREAU., —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES de cendres que la zone correspondante d'un rameau, et ces quan- tités correspondent à celles que contiennent la radicule, les axes très Jeunes et leurs appendices naissanis ; organes qui, tous, for- ment chez les Dicotylédonés la couche la plus externe, que l’on peut considérer comme une sphère irrégulière, richement dotée de matière animale vivante, sphère qui en encadre d’autres qui s’appauvrissent de ces mêmes matières vivantes et minérales, en raison directe de leur âge. La table qui suit montre les différences que présentent le bois et l’aubier, au point de vue des quantités de matières minérales qu’ils donnent à l’incinération ; toutefois les résultats obtenus de deux régions dont l’âge relatif peut seul être déterminé ne sont mentionnés ici que pour être comparés entre eux, et confirmer les données déjà acquises par Théodore de Saussure : DÉSIGNATION DES ESPÈCES. AUBIER, BOIS. BRANCHES. OBSERVATIONS, mnt || panmmmmneemsemememneest || rem |) ne — — ———————à Sambucus nigra . . .| 4,40 0,59 1,52 Les te JPA MRApRER ont été, autant que pos- Quercus pedunculata.| 0,69 0,29 0,70 sible, pris du même âge Ulmus campestris . .| 0,96 | 0,66 1,00 que l’aubier. Carpinus Betulus. . .| 0,83 0,70 0,87 Ils montrent cependant que, comme nous l’avons déjà avancé, les tissus de même espèce et de même âge recèlent les mêmes quantités de matières minérales. Le jeune tissu qui procède de la couche génératrice, et qui, à l’époque de la séve, se montre sur- tout dans les bois blancs, sous la forme d’une couche visqueuse, enlevé en raclant à l’aide d’une lame obtuse, tant sur le tronc que sur les branches, se montre chez le même arbre aussi richement doté de matières minérales fixes dans l’une et dans l’autre de ces régions, du reste de même âge ; la moelle naissante en fournit des quantités sensiblement égales. Si l’on examine la moelle naissante et la couche génératrice du Sureau, on trouve que ces parties donnent à l’incinération les mêmes quantités de matières miné- rales, et qu'elles en fournissent d'autant moins, qu'on les analyse à une époque plus éloignée de leur état naissant : ce qui tient, DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 159 d’une part, au transport de ces matières pour la formation des tissus périphériques les plus vivants, et de l’autre à l’incrustation des tissus qui vieillissent, Seulement, dans la moelle, lappauvrissement parait devoir être entièrement rapporté à la première de ces causes. S VI. Des matières minérales fixes contenues dans la moelle et la couche génératrice du Sureau. IIIC IV° v° | DÉSIGNATION DES ORGANES. Pt et dernier || mérithalle, |mérithalle.| mérithalle, AT RTE IE | LRIR I eNAILS Pousse de l’année, Moelle. . . . . . . k,30 8,50 | 13,00 emma composée de 5 mérithalles. {Couche génératrice. .| 13,00 | 13,30 | 13,20 | 17. L'écorce qui revêt les axes ligneux, étant sans cesse exposée à l’action dissolvante de l'air, recèle de fortes proportions de matières minérales. Ce fait avait été bien constaté par Théodore de Saussure, et confirmé par la plupart des chimistes ; seulement, on n’a nulle part, au moins que nous sachions, fait la remarque des différences qui peuvent exister sous ce rapport entre les cou- ches corticales et libériennes, et, comme dans la question qui nous occupe, il était important, pour arriver à la détermination des causes qui président à leur distribution, d’analyser séparément ces parties, des écorces de Chêne, de Tremble et de Noyer, encore recouvertes de leurs épidermes non fissurés, ont été recueillies, et, après l’ablation de la couche épidermique, chacune de ces écorces a été divisée en trois parties sensiblement égales : l’une, interne , formée des couches libériennes les ‘plus jeunes; la deuxième, ou moyenne, formée de couches libériennes plus âgées ; et la dernière formée des couches dites corticales. Voici les résul- tats obtenus par leur caleination à blane : l 160 L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES : J PREMIÈRES DEUXIÈMES COUCHES DÉSIGNATION DES ESPÈCES. couches libériennes. {couches libériennes, corticales, Juglans regia. . . . 12,55 8,55 11,85 Populus tremula . . . . 7,50 6,10 6,80 Quercus Robur. ... : . 8,70 7,20 8,00 Ces faits, quoique peu nombreux, montrent que les jeunes couches du liber recèlent plus de matières minérales fixes que les couches corticales proprement dites ; quant à l’épiderme, celles qu'il contient s'élèvent à un chiffre souvent considérable (Fou- oères, Bambous, Grémil, etc.), qui croît avec l’âge, et leur accu- mulation dans cet organe s'explique par l’évaporation dont 1l est le siége, ainsi que par les fonctions sécrétoires qu’il remplit. 18. Si l’on compare les écorces des axes radicaux et aériens pris à des âges divers, on remarque que les matières minérales sont plus abondantes dans celles de ces derniers, et qu’elles pré- sentent, en outre, une période d’accroissement et une période de décroissement successifs ; c’est du moins ce que semblent mdi- quer les résultats inscrits à la table ci-jointe : L ÉCORCES DÉSIGNATION ÉCORCES AÉRIENNES. SOUTERRAINES, 4 CHEVELU, es TT, ESPÈCES. Moyennes,| Grosses. Petites. Moyennes] Grosses. Cerasus vulgaris. .| 5,07 1,64 1,13 3,45 3,68 2,90 Populus tremula. .| 7,00 6,00 9,40 6,25 7,00 6,10 Juglans regia . . .|[ 6,50 5,02 5,79 9,25 | 10,85 9,60 Pyrus communis. .| 4,25 3,52 3,00 4,00 8,75 7,56 Malns,4upaaltes < 4,37 2,84 2,60 5,50 8,75 6,57 i Les faits relatés à la première ligne de cette table ont été observés par notre estimable collègue et habile expérimentateur, M. Violette; mais bien que nous soyons certain de nos résultats et de ceux de notre savant collègue, nous n'’osons en tirer des conclusions définitives, parce qu'ils sont, d’une part, trop peu nombreux, et que, de l’autre, les organes analysés ne pouvaient être pris dans des conditions exactement comparables. 161 ORGANES DES PLANTES, DANS LES DIVERS 1 “0849qss0[qos 39 Surddog |‘ : *JOuU09PAg | * ” 0008 ‘uoÂeq 0&‘96 "JarAn0g 09‘63 “uoÂeq 00'‘£8 te 95 00°88 00‘07 00‘GY 0G°6€ "sasÂqeur sep ‘s29%e snjd SungLAv SALNV'Id ‘souweso]dÂls sojuerd sop sapuouy no Soxe so SUP sonu9JU09 SO]PIQUIU S9JQT)EU SO JIA $ « 0S'LI 00'81 00‘ 81 00 0€ 00‘L& ‘soJjupe SHINV'Id “wunjeue|du09 mÉpoo el ‘UOJIO9OJUIUOF SON ° * * *sue}iny wnudÂH A1 TN DA *SAUIVINISYA SANVI0LdANI #4: d * ‘OJPIANT * ‘UWUNSOUIT * ‘OSU9AIP * ‘o[EuRIq nant ‘ -snsourn8 * * SISUOAIP * ‘SNSOIDIOP ne *ŒISIAO199 Renan * "suousiduey) V/ C2 9 \ / * Sooes XnP SANV9IOLdAUD CU (À * “SIJBUIOHJO EUI[[EA07) lier n * ‘ *SHP[NAII BAJOJUO") * * ‘SI[RUIJSOJUI vA]N CCC “eprdsiq = * * ‘ ‘SHBSINA PI) * _‘SUSONOISOA SNON * * “egundo epouÂter (| * SAUIVTNTIAN *S99n0p xne | bars LE: XIE (Cah L erle A°S 162 L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES Les produits de l’incinération des plantes cryptogames portés à la table qui précède n’ont pas, comme on le voit, tous été obtenus par nous; ceux qui correspondent aux deux colonnes, et qui com- portent des résultats doubles, fournis par des plantes de mêmes éspèces prises à des âges différents, sont les seuls que nous ayons obtenus ; mais, quelles que soient leur origine et les différences pro- bables apportées par l’âge des sujets et la composition chimique des milieux où ils vivaient, il n’en demeure pas moins évident que les plantes cellulaires aquatiques, alors qu’elles ne montrent pas de tendance à la formation de principes immédiats particu- liers, recélent des proportions énormes de matières minérales fixes, et que ces quantités se montrent d'autant plus grandes, qu’on les examine à une époque plus avancée de leur végétation annuelle. & VIIL. Des matières minérales fixes contenues dans les feuilles. 19. Nous avons constaté que les jeunes mérithalles des bour- geons pris à l’époque où ils commencent à s'épanouir contenaient de fortes proportions de matières minérales, et que ces axes en recélaient de moins en moins à mesure qu’ils s’accroissaient et avançaient en âge. Les feuilles présentent le phénomène inverse; mais pour le mettre en évidence et apprécier plus rigoureusement ‘les causes dont il dépend, nous examinerons ces organes dès leur apparition, c’est-à-dire dès le moment qu'ils vont quitter leur état de vernation jusqu’au terme de leur végétation annuelle. Quand les jeunes feuilles commencent à refouler les écailles qui les pro- tégent, elles ont à peine évaporé, et les sels minéraux qu’elles contiennent s’y trouvent sensiblement dans les mêmes rapports que danses autres organes pris à leur origine ; c’est du moins ce qui ressort des exemples qui vont suivre, et à l’aide desquels il deviendra facile de saisir, en outre, la progression qui suit l’accu- mulation des matières minérales dans les feuilles des plantes ligneuses, herbacées, persistantes, grasses et aquatiques submer- gées, recueillies à des âges différents. Les résultats inscrits à la DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 163 table qui suit ont été obtenus à l’aide de feuilles recueillies la même année sur les mêmes sujets, à quatre époques différentes de leur végétation ; elles appartiennent à des arbres et à des arbrisseaux à feuilles non persistantes. 2 premières | 2 premières | 2 premières feuilles , ° feuilles de l’axe, 15 ;. , DÉSIGNATION DES ESPÈCES, pe 29 Mae prises|de l’axe prises du bourgeon, P épanouissem, | le 4er juillet. |le 50 septemb, 2 premières feuilles feuilles PIAIOUFODER. .". . & À: Populus tremula Juglans regia. Malus communis Pyrus communis RL. Persica vulgaris. Rubus idæus Ribes rubrum Acer campestre Syringa vulgaris. . . . . . Corylus Avellana Salix capræa Ulmus campestris Vilis vinifera - _ ” C2 D - - _ 22 LT] 6,54 9,30 8,30 7,00 8,00 1,00 - - - - Armeniaca vulgaris. . . . . Sambucus nigra S SO OS OO © © © © © EE © © 7,9 1,8 8,2 6,1 6,0 6,0 8,0 6,5 7,5 7,5 7,0 6,5 6,0 8,9 8,0 6,6 7,0 8,9 - + = ee ©c Moyennes. . 7,875 8,790 Ces exemples confirment pleinement l’opinion de Théodore de Saussure, qui admettait que les matières minérales augmentent graduellement dans les feuilles avec leur âge ; mais, bien qu'ils aient été pris dans des conditions que nous croyons préférables à celles qu'avait choisies ce savant distingué, nous ne pouvions nous dissimuler que des causes diverses, telles que lexposition et la température variées sous lesquelles nous avons dû opérer nos récoltes, eussent pu, en dehors de la durée du temps, augmenter ou diminuer les chiffres obtenus. Pour obvier aux inconvénients que pourraient présenter les écarts dus aux causes qui viennent _ d’être signalées, nous avons cru devoir analyser séparément les feuilles d’une même pousse de l’année, recueillie à la fin de 164 L. GARREAU, —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES septembre; les résultats obtenus sont consignés dans les tables qui suivent. & IX. Matières minérales fixes contenues dans chaque feuille d’une pousse de l'année, recueillie le 30 septembre. Arbres à feuilles distiques. NUMÉROS D ORDRE des feuilles, à partir de la base TILLEUL. du rameau. - -— _ C2 CO I O Or & 0 9 = Ÿ 3 CO Co 00 0 © «oO D © © I AI I © Co SOS Se ee © - SX Des matières minérales contenues dans les feuilles des rameaux à spires quinconciales. N°S D'ORDRE | ABRICOTIER. POIRIER. ROSIER. PÊCHER. OBSERVATIONS, des feuilles. mm. | es | | mme. | Are 14,38 8 9,27 1%,20 Toutes les fenilles ont 7 té récolté 50 sep- 6 13,15 ,89 14,00 nie 4 CICR Bien que ces exemples confirment pleinement la loi de l’accu- mulation graduelle des matières minérales dans les feuilles, il est bon de faire observer qu’elle se trouve quelquefois modifiée par des causes accidentelles, dues principalement à ce que la feuille DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 1695 exhale, proportionnellement à sa masse, beaucoup plus dans sa première jeunesse qu'elle ne le fait plus tard; de sorte que si, pendant cet âge, des causes d'évaporation plus puissantes mfluent sur elle, elle peut fournir d’aussi fortes quantités de cendres que celles qui sont un peu plus âgées. Cette remarque est surtout applicable aux feuilles terminales du rameau en croissance, com- parées à'celles du bourgeon qui s’épanouit ; les premières subis- sant l'influence d’une température généralement plus élevée que celle qui accompagne les premiers développements des secondes : c’est du moins ce qui ressort de la comparaison des exemples n° 5 de la table qui précède avec les n° 6,7, 16, 17, de la table page 165. 29, Les feuilles des plantes herbacées sont soumises aux mêmes lois que celles des végétaux ligneux, et ce qu’il y a de très remar- quable, c’est que celles qui appartiennent aux plantes aquatiques submergées, qui, par conséquent, se trouvent à l'abri de toute cause extérieure d’évaporation, suivent la même règle, et donnent des résidus salins beaucoup plus abondants. La table qui suit met à même d'apprécier la valeur des propositions qui précèdent : Feuilles des cinq premiers mérithalles|28,00 -- des cinq mérithalles moyens.|22,00 — descinq derniers mérithalles. |4 8,00 Premier verticille. . . Lysimachia vulgaris. Cinquième verticille. Neuvième et dernier verticille. . . . herbacées\ 4 tclochia Clematitis ee premières feuilles de l'axe, . Veronica arvensis. . PLANTES Trois dernières feuilles de l’axe . . Feuilles inférieures de l'axe . . . . supérieures de l'axe . . . . caulinaires inférieures . ramaires supérieures . . . terrestres. Euphorbia palustris. Ranunculus sceleratus Feuilles de la région moy. de l'axe. — de la partie sup. de l’axe. . PLANTES |, — dela région moy. de l'axe. . otamogeton lucens. =: Hoibacéés { — de la partie sup. de l'axe. de la portion moy. de l'axe. de la portion sup. de l'axe. . de la portion moy. de l'axe. de la partie sup. de l'axe. . Hottonia palustris. . aquatiques Ranunculus aquatilis. \ Hippuris vulgaris. . 166 L. GARREAU. —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES 21, Les feuilles des plantes grasses, ainsi que celles des arbres toujours verts, qui persistent durant un temps plus ou moins long, et deviennent plus ou moins charnues ou ligrneuses, pouvaient présenter les matières minérales qu’elles recèlent, dans des rap- ports autres que ceux que nous avons constatés dans les recherches qui précèdent ; aussi avons-nous dû les examiner sous le même point de vue. Voici l'exposé des résultats que nous avons obtenus : Feuilles Feuilles DÉSIGNATION DES ESPÈCES. de la base |du sommet de l'axe, | de l’axe, {Saxifraga” longifolia.| 49,40 | 7,84 Sempervivum tecto- FM... . - à -.. .| SCO A2.00 Pt race Ga shareuee Saxifraga crassifolia.| 4,73 4,73 ë 19 Aloe socoterina . . .| 44,50 6,72 Epiphyllum Eckma- Uni... .... .| 20,00 | 43,00 \Sedum Telephium. .| 24,05 | 48,66 Laurus nobilis.. . .| 2,24 2,90 Rhododendrum ferru- Arbres ou arbrisseaux toujours vertsi gineum. . . . .. 8,00 2,60 Ilex Aquifolium. . .| 7,72 3,70 Nerium Oleander. .| 8,74 | 49,00 Ces chiffres montrent que les feuilles des plantes grasses con- tiennent, comme celles des plantes aquatiques, de fortes propor- tions de matières minérales fixes, bien qu’elles n’exhalent que faiblement, et que ces matières s’y accumulent en quantité d’au- tant plus grande, qu’elles avancent plus en âge; ils tendent, en outre, à prouver que les feuilles de quelques arbres ou arbris- seaux toujours verts perdent avec l’âge, ou dissimulent par les produits immédiats ou incrustants auxquels elles donnent nais- sance, une partie de celles qu'elles avaient acquises. 22. Dans des recherches déjà anciennes (1), nous avons cher- ché à administrer la preuve que l’eau exhalée par les feuilles l'était en plus forte proportion par les nervures que par le tissu intermé- (1) Annales des sciences naturelles, 1850, p. 324. DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES - 167 diaire qu'elles parcourent; et comme il n’est pas douteux que les substances minérales contenues dans ces organes proviennent en grande partie de celles que contenait l’eau du sol qui s’est éva- porée ou exhalée de la feuille, il était intéressant de rechercher le mode de distribution de ces matières dans le pétiole, les nervures et le tissu qui leur est intermédiaire. Dans nos incinérations, nous avons fait trois parts : l’une com- prenant le pétiole, la deuxième formée des nervures primaires et secondaires, et la troisième du parenchyme et des nervilles inter- médiaires aux nervures. Comme les résultats obtenus ont été fournis par chacune des parties appartenant à une même feuille, ils deviennent facilement comparables. NERVURES |PARENCHYME : médiaires | intermé- DÉSIGNATION DES PLANTES. | PÉTIOLE, Se - SORRE OBSERVATIONS. primaires.| nervures, 2 | ———————————__—_——— | ——— — OEnanthe Phellandrium.| 48,90 | 46,00 | 44,00 | Rachis, pétioles, folioles. Nymphæa lotus. . . . .| 18,44 | 43,14 | 10,00 |'pétiole et nervure subm. Cissus quinquefolia . . .| 46,00 | 21,50 | 43,46 | Pétiolecylinar. charnu, Alnus viscosa. . . . . .| 42,15 | 441,21 9,50 Helianthus annuus. . . .| 24,10 | 20,00 ! 18,65 Säambücus nigra. . . . .| 20,85 | 149,56 9,65 Fagopyrum cymosum. .| 16,66 | 15,38 9,14 Nicotiana Tabacum . . . » 18,00 | 18,00 Arctium Lappa. . . . . ». 21,00 | 46,00 Centaurea macrocephala. » 15,75 | 40,00 Gentiana lutea. . . . .| » 9,23 6,15 Aristolochia Sipho . . . » 22,71 | 414,00 Æsculus macrostachya. . » 14,14 | 40,66 Bignonia Catalpa. . . .| » 10,20 8,70 Cesexemples, rapprochés des considérations que nous avons fait valoir au commencement de ce paragraphe, prouvent suffisam - ment que ce sont les parties de la feuille qui reçoivent le plus d’eau, et qui évaporent le plus, qui recèlent le plus de matières minérales; car, lorsque le pétiole, au lieu de s’aplatir, prend la forme d'un cylindre plein, comme cela arrive pour celui du Cissus quin- quefolia et le rachis du Robinia pseudo-acacia, 11 perd de ses propriétés exhalantes, la surface devenant moindre, et, par suite, 168 L, GARREAU, — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES il recèle moins de matières minérales fixes que les nervures aux- quelles il donne naissance. 23. Les pétales, dont la durée est généralement limitée, étant presque constamment dépourvus de stomates et toujours enduits d’une couche de matière grasse, n’exhalent, malgré Ja surface qu'ils présentent et la délicatesse de leur tissu, que de faibles quantités d’eau ; aussi le chiffre des matières minérales qu’ils don- nent à l’incmération est-il moins élevé que celui des feuilles non persistantes prises dans la vigueur de leur végétation, et dépasse à peine celui que ces organes donnent peu de temps après qu'ils ont quitté leur état de vernation. & XI. Des matières minérales contenues dans les graines, comparées à celles de l’ovule. 24. Nous avons déjà constaté que les matières minérales étaient très inégalement réparties dans les divers organes dont la graine se compose, et que l’épisperme et les cotylédons sous lesquels l'axe embryonnaire et la gemmule se trouvent le plus ordinaire- ment garantis de l’action des agents extérieurs, n’en recèlent que des quantités relativement très faibles ; 4/ résulle de là que l’inci- nération des graines entières donne des résultats mixtes peu propres à conduire à la délermination des causes qui concourent à pro duire ces différences. Mais si l’on réfléchit, d’une part, qu’il n’est pas possible d'isoler le nucelle et les membranes de l’ovule non fécondé d'avec le sac embryonnaire et son contenu, comme on isole l’épisperme du périsperme ou des cotylédons; et de l’autre, que l’ovule peut, dans son ensemble, être comparé à la graine, on devine que, sous ce point de vue, l'évaluation des quantités de matières minérales fixes de l’ovule et de la graine peut conduire à des observations utiles. En effet, les ovules, avant ou peu après la fécondation, contiennent plus de matières minérales que les graines müres qu'ils développent, et ce fait, que nous retrouve- rons dans les appréciations que nous nous réservons de faire à la suite de ces recherches, est précisément l’inverse de ce que l'on remarque dans les feuilles, bien que l’on doive considérer les DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 169 ovules et les graines comme des bourgeons dans lesquels ces appendices sont annexés à des axes d’un poids relatif presque nul, La table qui suit, quoique bornée à quelques exemples, montre à la fois les quantités absolues et relatives des matières minérales contenues dans les ovules pris peu de temps après la fécondation et les graines mûres : Ovules peu après DÉSIGNATION DES PLANTES, GRAINES MURES, la fécondation, Brassica campestris v. oleifera. . . . . . 10,50 5,00 Brassica campestris (Nord). . . . . . . . 9,90 k,50 Papaver somniferum . . . . . PEUR de 14,95 8,50 Divaspn, AAtI VUE ee atidie es (is 10,10 k,50 RS MiSra. lotte. Pool OT À |. » 5,90 Linum usitatissimum. . . . . . . . . . . » 4,50 MAAAMIsariS. Sn dre ver d dr Se » 3,90 us utivus. !. . . LL . .,n . + » 3,40 RM ARUNUINS JL LUN ERIQU RS CI DURS: » 3,95 Miasativaihesen. al ctréh haha » 4,30 Zea mays (moins le péricarpe). . . . . . . » 1,30 CHAPITRE DEUXIÈME. 8 I. De la nature des matières minérales contenues dans les divers organes des plantes. 25. La nature et les proportions relatives des matières miné- rales contenues dans les divers organes des plantes ont été recher- chées par un grand nombre de chimistes, parmi lesquels on doit citer très honorablement Théodore de Saussure, Leutchenweiïss, Rammelsberg, Fresenius, Will, Plichon, Payen, Boussingault, Berthier, Malagutti, Clifton, Sorby, Durocher, etc., etc.; de telle sorte que de nouvelles analyses semblent superflues. Mais, quand on réfléchit que le choix, l’âge de l’organe analysé, l’époque de sa récolte, le milieu d’où il provient, le mode de dessiccation, les _modes d’incinération et d'analyse mis en pratique, apportent des variations inévitables dans les résultats, et que, le plus souvent, 170 ceux qui ont été obtenus, et qui sont encore loin de porter sur tous les organes des plantes, doivent étre pour la plupart envi- sagés comme provenant de l'examen du mélange des cendres de plusieurs organes distincts (graines, fruits, bois, écorces, etc.), on concevra que, malgré les données éminemment utiles obtenues par les savants que nous venons de citer, nous avons dû nous trouver dans l'obligation de compléter, autant que nous l'avons pu, par de nouvelles analyses, la série des faits qui nous était indispensable pour asseoir notre jugement. L. GARREAU. —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES 8 IL. Composition des cendres des graines. 26. Les analysés des cendres obtenues par là combustion des graines ont donné, entre les mains d'analystes différents, des résul- tats généralement concordants, et leur comparaison suffira pôur faire ressortir la grande analogie qu’ils présentent ; seulement nous ferons remarquer que les épispermes dont les graines analysées étaient revêtues ont dû abandonner des matières fixes étrangères à celles de l’embryon et du périsperme ; de sorte qu’il ne faut pas s'attendre à retrouver l’expression exacte de la composition nor- male de ces parties des plantes, mais üñe approximation seule- ment. Nous nous contenterons de rapporter les exemples qui suivent : Charbon et perte. . DIVERSES. GRAMINÉES. NATURE [Ur ACCUS EL a ges ni Lin,- | Colas; À MATIÈRES MINÉRALES . par” par ui as “aigle, . =. EE FIXES. Boussin-| je: ra Fr Frese- |parFre-| Letel- gaulle je É nius. | senius.| lier. | Potasse et soude. . .137,80127,20125,18130,06137,21138,84|30,08135,37| l'Ghausigesaft. . n°4 10,10126,00/1412,94/11,33) 2,92! 3,06! 4,30) 2,42 | Magnésie. . . . . . 11,90100,02144,39! 7,77111,13113,54117,00/13,89 | Acide phosphorique.|30,40140,10145,95138,71147,29149,21150,10|48,86 | Acide sulfurique. . .| #,07| 4,00! 0,53! 4,86] 4,46! » » 0,44 Core. nes 1,10! 0,09! 0,44! 0,34] 0,04! » » | 0,00 l'Silite, > HAT à 1,80! 0,00! 0,44! 0,351 0,00! » | 0,80! 0,29 | Oxyde de fer. : . .| » 3,70| 0,52! 4,40 0,80! » » 0,29 3,43| 1,89/03,30| » » » | 0,02! » . | DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 171 97. Si l’on examine les cendres fournies par les diverses parties de la graine incinérées séparément, on voit que l’épisperme four- nit des matières fixes d’une nature toute différente de celles des organes qu'il revêt ; elces différences tiennent à ce que cet organe, quoique abrité par le péricarpe, n'en est pas moins un organe exhalant et secréteur : aussi le trouve-t-on souvent, comme dans les Borraginées, la Moutarde, le Pavot, etc., riche en carbonate calcaire, silice, etc., matériaux que l’on ne retrouve pas dans l'embryon. Les résultats analytiques qui suivent peuvent donner une idée de la distribution qualitative et quantitative des matières minérales des diverses parties d’une même graine avant et après la germination : Cotylé- |Cotylé- Epi- Epi- Romy deRE JE Gem- |Radieu-| SPerme | sperme! © PHASEOLUS VULGARIS. avant | après Tigelle. raies. ES avant après pelles . germi- germi- get mi- germi= nation. | nation, nation, | nation. Potasseet soude. . .145,50146,00144,90145,00147,00! 6,00! 5,00127,53 RS 1 » 5,85| 6,00! 6,00! 5,50! 6,00145,50145,00124,58 Magnésie. . . . . . 9,00110,00! 9,00! 9,00! 9,00! 4,00! 3,50! 0,36 Acide phosphorique.|36,60137,00137,50138,00136,00! 5,50! 5,60! 3,13 — carbonique. .| » » » » 1,50134,00135,80139,56 — sulfurique.. .| » » > » » 1,40! 1,50! 1,49 CHIeNEQU UE j Ji » » » » » 0,60! 0,47! 0,85 PRE nn. os » » » » » » > A : 40 Oxyde | trace l traces traces | traces | traces 1,50! 1 ,40 traces Charbon et perte. .| 1,05| 4,00! 2,60| 2,50| 0,50] 4,50! 4,73] 4,17 28. Peu après la germination, les radicules et les fibrilles pui- sent des matières minérales dans le milieu où elles végètent, et ces matières, dont la quantité s’élève quelquefois au tiers du poids de l'organe, diffèrent d'autant plus de celles qu’elles possédaient origimairement, qu’on les examine à une époque plus éloignée de celle où elles ont pris naissance. Les exemples suivants montrent quels sont les matériaux con- tenus dans les radicules et les fibrilles naissantes, et ceux nouvel- lement introduits dansles fibrilles d’un âge plus avancé : 1 L, GARREAU, :— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES Fibrilles Fibrilles Fibrill Radicules Fibrilles adultes de |plus âgées de “eh DÉSIGNATIONS. du Sinapis |du Tritticum| l'OEnanthe | l'OEnanthe 4 À ec og nigra, sativum. Phellan- Phel- ] ii drium. landrium, [US aquatilis. Potasse et soude. , . .| 18,30 36,00 24,94 12,02 9,65 CARS Es te ete 17,80 3,00 24,05 35,03 27,13 Magnésie. . . . . . . 15,80 | 43,00 L,47 1,77 1,75 Acide phosphorique. .| 45,00 47,00 3,25 0,92 0,93 — sulfurique. . .| 4,00 ; 2,75 0,80 1,37 — carbonique. . . » » 30,32 33,78 29,77 Culone. à Lhorusdrant 0,50 » 6,07 3,03 3,41 ENREP. 2 . Seau » » 2,00 3,00 3,00 Oxyde de fer. . . . . » Ù 1,00 5,00 16,00 Charbon et perte, . . . 1,90 1,00 1,18 4,65 3,39 Les résultats fournis par les radicules de la Moutarde noire et les fibrilles du Blé proviennent de l'imcinération desdits organes, développés à l’air humide, et en l’absence du contact de toute substance minérale ; ils diffèrent, comme il est aisé de le voir, de ceux obtenus par l’analyse des fibrilles qui ont végété dans l’eau ou dans le sol, par la prédominance de l’acide phosphorique et de la potasse, ainsi que par l'absence du carbonate de chaux, du chlore, de la silice et du sesquioxyde de fer. 8 III. Composition des matières minérales contenues dans les axes et les feuilles très jeunes du bourgeon. 29. Les axes très jeunes et les feuilles naissantes du bourgeon, remplissant les mêmes actes physiologiques que la graine ger- mante, devaient offrir à l’incinération des résidus de matières minérales fixes d’une composition analogue ; c’est en effet ce que constatent les analyses rapportées à la table qui suit : DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 1WE MALUS COMMUNIS. ACER CAMPESTRE, JCORYLUS AVELLANA. DÉSIGNATIONS,. Te, PR COUCOU Mérithalles| Feuilles. IMérithalles| Feuilles, IMérithalles| Feuilles. | mm fe À. | nes Potasse et soude. .| 39,20 | 36,35 | 38,93 | 38,80 À 35,59 | 34,18 a 11,33 | 12,99 | 40,82 | 44,52 À 45,25 | 44,94 Magnésie... .. .| 6,24 6,90 6,25 6,60 5,87 6,23 Acide phosphoriq. .| 36,66 | 37,00 | 39,37 | 37,97 | 36,86 | 37,85 — carbonique. .| 2,50 1,95 1,65 2,15 4,48 2,07 — sulfurique. .| traces | traces | traces | traces | traces | traces Dre... so. 1,48 1,17 0,46 » 6,95 0,47 Silice (trace d'oxyde 0 74 TT MORE 1,00 0,50 | traces | traces | traces | traces Charbon et perte. .| 41,79 3,14 2,72 2,96 0,80 k,59 60. Nous n'avons pas fait d'analyse de l’aubier; mais les recherches de Théodore de Saussure nous apprennent que cette région des végétaux ligneux ne recèle que fort peu de carbonates terreux, else montre très riche en phosphates alcalins et terreux. Ce savant, en s'adressant à l’aubier, analysait des couches de diffé- rents âges, et il est très probable que s’il se füt appliqué à l’exa- men de la partie la plus externe de la couche de l’année, ses résul- tats eussent été très différents et les mêmes que ceux que l’on obtiendrait de l'analyse des cotylédons ou de l’endosperme, organes dont l’aubier remplit, en effet, le rôle physiologique. Aussi voit- on, alors qu’il s’est adressé aux jeunes branches du Chêne et du Noisetier, les cendres s’appauvrir de leurs carbonates terreux, tandis qu’elles augmentent le chiffre de leurs phosphates terreux et alcalins. 31. Nous avons pu constater que la nature des cendres est sen- siblement la même dans les jeunes tissus, et plus spécialement dans les jeunes feuilles et les axes qui les portent, les uns et les autres étant pris au centre du bourgeon non encore épanoui ; mais leur composition première se modifie graduellement, à mesure que ces organes s’accroissent et vieillissent. Les tables qui suivent montrent la composition en centièmes des cendres des axes des plantes ligneuses, herbacées, des frondes des Crypto- es et des feuilles des arbres : A7 L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES & IV. Analyses des bois. (Tronc.) AL A 1 DÉSIGNATIONS. ce Aune. ‘4 ue pe Chêne, |[Orme. ni Jà ne ee es |] me | ms | mm | | Potasse et soude. ...113,39111,65112,72110,11111,30112,16124,68135,45| 6,55 Chaux. ......|37,26141,25143,84143,63135,01148,22133,58|31,98)42,20 Magnésie..,,.,....| 5,83| » 2,52| 3,24] 5,74] 0,58} 5,00| 1,62] 1,96 Oxydes de fer et de manganèse .....| 1,621 5,59! 3,86] 3,22| 5,74| » 0,70| 1,88| 0 62 Acide sulfurique....| 0,05! 3,94! 0,36! 1,27] 4,31| 1,45] 0,97| 2,24€] 0,82 — phosphorique.| 6,07! 8,93] 3,61! 1,62| 7,21| 0,77| 2,06| 5, 39! 2,491 — Carbonique...[32,27125,58128,72128,78|28,32|39,16 |30,50/28,81 138, 54 Chlore......s..».| 0,01! 1,69] 9,03] 0,07} 0,84} 0.184 » 0,14! 0,19 SHiCe. ...0.00...| 2,13] 0,82] 4,78| 7,64| 3,37| 3,70] 2,18| 2,15| 1,961 Nota. — Ces analyses sont dues à M. Berthier. 8 V. Analyse des cendres de tiges herbacées terestres, des légumineuses et des graminées incinérées après maturation des graines. DÉSIGNATIONS. Lentille| Fève. | Pois. Potasse et soude. . . . . . 19,31154,74| 4,72136,52117,03/10,00 54,40 PhagR LRU he. 50,32/20,00153,00137,43| 8,98| 9,00| 4,90 DIMÉNOSIEN SN se ... | 3,05| 6,40] 7,50! 6,35! 2,39] 0,62} 1,80] Oxydes de fer et de manga- Héébolhes és ie de 2,90! 0,65! 0,90! traces | 4,39] » 0,90 Acide phosphorique . ….. | 0,60! 7,20] 4,80! 5,50! 3,80] 3,50111,86 rer carbonique. SIM À » » » » » » » — sulfurique... . . . . 0,90! 1,10! 6,62] 2,00! 0,81! 1,50] 41,00 Chlore. . . . . .... .| 4,00| 2,50! 0,06| 4,64| 0,40! 0,62| 0,30 Silieb. 2,1 is .....M7,88| 7,05! 2,00! 8,66/63,89/70,69/23,30 | nes | mes | mm | mn | ms | Charbon et perte.. . . . . 1,00! 0,46! 2,40! 1,90 4,07! 4,54 DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 175 8 VI. Analyses des cendres de tiges herbacées terrestres de diverses familles. Colza, Chanvre, PRES , par ns par ; DÉSIGNATIONS. Ragimel in Robert ie CR Potasse et soude. : ,. ... , 4. … .!. 2794 l'17,30 8,20 8,65 CMOS. LR 20,05 | 18,37 | 42,05 | 33,00 Le Lo sd | "3/00 J4.£,88 |, 9,2p Oxyde de fer et de manganèse. . . . . 0,04 2,00 0,37 1,60 Acide phosphorique.. . . . . , , . . 2/79 10,00, 320 0,40 ES aNDNiQue. E .. À Com -l? 16,34 | 25,00 | 31,90 | 40,35 ue. |. on la 7,60 d 07 4,10 0,18 CS fa 19,93 | 2,70 | 14,53 | 0,96 NN NN RARES Rem 2m SE PA TC 9,00 6.75 k,79 Charbon! et} perte: … . | , lui 46e QE 1,96 0,00 0,61 $ VIL. Analyses des cendres de tiges de plantes aquatiques submergées. f Hottonia Ranunculus | Potamogeton DESIGNATIONS. palustris. aquatilis. és OBSERVATIONS. | Potasse et soude... . L'incinération des P'Chaux. plantes a été opérée à À l’époque de la florai- |f Magnésie. ne son. La portion moy. Oxyde de fer. Aie: des axes a seule été û Acide phosphorique. incinéree, | — carbonique.. sulfurique. . Charbon et perte. . 4176 L. GARREAU. —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES $ VIIL. Analyses des cendres de Cryptogames cellulaires aquatiques. Corallina |. Ulva Chara Hypoum | Ferment DÉSIGNATIONS. officinalis. "tape hispida fluitans. | de bière. Potasse et soude. . . . . . 0,54 3,42 1,41 3,93 | 39,50 arte Mnesndett! 9 Poires M dl 49,00 | 39,20 | 46,80 | 36,60 | 1,24 MaPhécie. 1 PA EL 344 | 07,12 L:16,10 11. ET UTP Wardedeters. del "ef |. 0,28 2,20 2,00 7,00 » Acide phosphorique. . . . . 0,19 0,96 0,46 4,92 | 53,52 — sulfurique. . . . . . 1,55 0,92 0,46 1,38 » — carbonique. . . . . .| #1,27 | 38,68 | 40,45 | 31,65 3 CAIOPO EL AMEL "9 LE LE 0,97 2,46 1,13 2,70 » UE pe d'apévet À À 0,97 3,00 2,00 7,00 » RE r 1,80 | 2,04 | 0,54 | 3,07 La première analyse de la table qui précède est due à M. Bon- nier, et la dernière, qui présente des résultats très dignes d’être remarqués, appartient à M. Mitscherlich : elle montre, en effet, une composition identique avec celle des cendres du caryopse des céréales dont le fruit, par ses matières protéiques, sert à la multi- plication du ferment de la bière, et qui, à part les matières amy- loïides qu'il recèle, se trouve être, que l’on nous passe cette expression, isomère avec le ferment. | DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 177 Mo? Analyses des cendres de tiges et de frondes de Cryptogames vasculaires. ss sat PER EEE RTE 2 SERRE EE OO RE Athyrium filix| Edquisetum DÉSIGNATIONS. fœmina, hiemale, BERTHIEK, BRAGONNOr. Lycopodium complanatum, OBSERVATIONS. mt | orme À ne. Potasse et soude. . 0,70 7,93 6,66 FN 470 rl boul. 2020 13,89 7,64 SE Dollars Vétis Magnésie.. . . .. 0,86 » 2,19 AT: été dosée avec la Oxydede fer. . . .| traces traces (TN A Acide phosphorique. 0,54 PAM T 5,91 — sulfurique. . » 1,28 0,28 — carbonique. .! 410,91 3,49 6,60 MDIOTÉMETCUE.S1 0 : » 1,12 1,61 De D 7 te 73,00 14,73 65,10 2,85 Peu- | Char- |Moyen- DÉSIGNATIONS. drier. * | plier. me. nes. Chlorures alcalins . . . . .| 8,55| 1,73] 9,80| 2,70| 3,70| 4,87! 4,05 Potasse et soude. . . . . . 14,17/25,48114,50117,20110,90113,86116,98 AE ee Ciene its Lai op 40,48153,64138,50146,70149,00148,50145,13 Magnésie. . . . . . . . , 7,78] 9,83| 6,90| 8,95| 8,80] 7,80| 8,34 Oxyde de fer, de manganèse, dIUMNE .}: . … .… . . « el" 5,49! 0,60! 2,50! 4,701 2,30! 2,20|.92,41 Acide phosphorique . . . .| 8,24| 4,03) 7,50| 6,85| 9,00! 6,10| 6,94 — sulfurique. . . . . .| 4,68| 2,64| 1,95| 2,87) 2,70| 2,00| 2,27 DPRRS. QE ALI, 45e 2,02124, 9,00112,50113,08 112,92 ce | etre——— | aa——— À —— | ——— | —— | ———— s lu10t Le at e Les deux premières analyses qui figurent sur la table qui pré- cède sont dues à M. Staffel ; les chlorures alcalins ont été, comme il est aisé de le voir, dosés à part, et tous les produits calculés comme exempts d'acide carbonique. 4° série. Bor. T. XIII. (Cahier n° 3.) # 412 178 L, GARREAU, —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES 32, Si l’on compare les résultats que nous avons exposés dans le premier chapitre de ce travail, il est aisé de reconnaitre que les matières minérales fixes sont, eu égard à leurs quantités, très iné- galement réparties, et subissent des oscillations remarquables dans les divers organes des végétaux; on voit, en effet, ces matières diminuer graduellement dans les axes, y coinpris ceux de l’embryon et du bourgeon naissant des plantes ligneuses, à mesure qu’ils s’accroissent et vieillissent, tandis qu'elles augmen- tent avec l’âge dans les axes des plantes hérbacées, terrestres et aquatiques, tant qu’ils conservent leur caractère herbacé, ou, en d’autres termes, qu'ils ne s’obstruent pas à l’aide de dépôts orga- niques ou incrustants. Cette accumulation graduelle suit la même loi dans les feuilles, et ne rencontre d’exceptions que parmi celles qui persistent et s’obstruent de dépôts incrustanis ou autres. 93. Mais si l'accumulation graduelle des matières minérales ne souffre que peu d’exceptions dans les feuilles considérées comme organes distincts, ul n’en est plus de méme alors qu'elles s'unissent pour former des calices, des péricarpes charnus ou ligneux, des ovules, etc., et qu’elles perdent sensiblement de leur surface avec l'air ; leur rôle physiologique se modifie graduellement, et les matières minérales qu’elles recèlent décroissent au lieu d’aug- menter, comme on le remarque dans les organes que nous venons d’énumérer, ainsi que dans les bourgeons souterrains du Saæi- fraga granulata, dans la graine comparée à l’ovule, les cotylé- dons, etc. Cette loi est la conséquence de la formation des maté- riaux immédiats et àlibiles, jointe à la diminution ou à la suppres- sion de l’exhalation aqueuse. La cause première de ces changements ne semble-t-elle pas être l’œuvre d’une admirable prévoyance, quand on considère qu'il fallait un aliment tout préparé à la graine, : et que le procédé le plus simple pour le lui conserver consistait, en effet, dans sa soustraction au contact de l'air jusqu’à l’époque de la dissémination. Ces faits ne sont pas les seuls sur lesquels nous aurons à nous appesantir. Nous avons constaté que les fibrilles, les feuilles des plantes grasses, les plantes aquatiques submergées, tant cellulaires que vasculaires, recélaient généra- lement plus de matières minérales que les parties aériennes des DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 179 plantes terrestres ; nous aurons en conséquence à en rechercher les causes. Mais avant d'aborder ce sujet, il est nécessaire de rappeler sommairement la nature et les quantités respectives des matières minérales fixes contenues dans chacun des organes que nous avons examinés. 84. Le fait le plus frappant que nous avons déjà eu l’occasion de signaler consiste dans la différence qui existe entre la compo- sition des cendres de la graine privée de son épisperme, et celles des autres parties de la plante monocarpienne, prise à sa maturité. On remarque, en effet, que, tandis que la première ne recèle que les éléments propres à constituer des phosphates de chaux, de potasse, de soude et de magnésie, les secondes contiennent des oxydes de fer, de manganèse, des carbonates de chaux et de magnésie, des sulfates, des chlorures, de la silice, qui en consti- tuent la masse ; les phosphates ont presque entièrement disparu au profit du jeune individu destiné à perpétuer l'espèce. Cette com- position des cendres de la graine devait se retrouver dans les diffé- rentes parties de l’embryon prises isolément ; c’est, en effet, ce que nous avons constaté. Les axes naissants et les feuilles rudi- mentaires du bourgeon, dont le but final est le même que celui des graines, a fourni les mêmes résultats ; et s’il nous a été donné de reconnaitre de légères différences, il est permis de les rappor- ter aux causes que nous avons indiquées, c’est-à-dire à l'influence de l'organe contigu et à l’évaporation. En un mot, tous les jeunes organes d’une même plante, albumen, cotylédons, axe embryon- maire, gemmule, radicule, bourgeon naissant, donnent à Pinei- nération les mêmes matières minérales fixes que la graine privée de son épiderme, et si d’autres substances inertes, telles que des chlorures, des sulfates, de la silice, des carbonates, ete., s’y trou- vent en quantité minime, leur présence n'est pas constante, et par conséquent non indispensable ; on peut donc les considérer comme accidentelles. La moelle très jeune, lovule pris avant ou peu de temps après la fécondation, ainsi que la couche génératrice, qui sont abreuvées d’une très grande quantité d’eau, montrent ce mélange des matières minérales liées à l’organisation avec celles qui lui sont étrangères ; ce fait s'explique par l'abondance du fluide 180 L. GARREAU, -— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES aqueux chargé de matières minérales diverses, dont quelques- unes doivent rester étrangères à l'individu vivant, et que l’on retrouve plus tard si bien isolées dans la graine et son épisperme. 35. À mesure que les organes vieillissent, que la somme des matières minérales diminue ou augmente, ils s’appauvrissent tou- jours de leurs combinaisons phosphorées, et les carbonates alca- lins, calcaires, magnésiens, les oxydes de fer et de manganèse, la silice, l’alumine, les chlorures et les sulfates, etc., résument, à la fin de leur existence, la presque totalité de celles qu'ils ont aceu- _mulées: ainsi la chaux, qui ne se montre qu’en proportion relati- vement minime dans tous les organes qui viennent de naïtre, et toujours combinée avec l'acide phosphorique, constitue les deux cinquièmes des cendres des tiges herbacées, des tiges ligneuses, des feuilles, des frondes, des Cryptogames aquatiques, etc.; et si l’on réfléchit que la chaux, qui fait partie de ces cendres, existait, en certaine proportion, unie à l’acide carbonique dans l’organe inei- néré, on arrive à reconnaitre que le carbonate calcaire constitue à lui seul la majeure partie des matériaux des cendres de la géné- ralité des plantes ou de leurs organes qui ont parcouru le cercle de leur végétation. Ces comparaisons, que nous pourrions con tinuer et que chacun peut faire en se rapportant aux analyses inscrites aux pages qui précèdent, confirment donc ce fait, qui constitue l’une des bases de notre travail, à savoir, que les matières minérales fixes contenues dans l'individu végétal qui vient de naître, et qui s'accroît à l'abri du contact des agents extérieurs, sont d’une tout autre nature que celles de l'individu qui a par- couru les diverses phases desa végétation ; les premières sont liées à l’organisation , les deuxièmes ne font pas partie de l'individua- lité organique. 86. Si maintenant nous recherchons les causes qui concourent à la répartition des matières minérales fixes dans les organes des plantes, nous verrons qu’elles découlent : 1° Des propriétés chimiques de ces mêmes matières ; 2° Des fonctions vitales (respiration, assimilation, sécrétion); æ De l'action évaporante de l’air et de la chaleur. 37. On sait que ce n’est qu’en mettant les substances solides DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 151 dans un état de dilution convenable, que les parties perméables des végétaux peuvent les admettre, et que, malgré les conditions favorables sous lesquelles elles sont naturellement offertes aux parties les plus déliées des racines, elles ne sont pas absorbées dans les mêmes rapports qu’elles existent dans l’eau du sol; il fallait donc un agent spécial, propre à dissoudre en petite quantité à la fois, mais d’une manière continue, les éléments minéraux dans lesquels les racines végètent, l’acide carbonique. Les eaux pluviales, les engrais, les racines elles-mêmes, le fournissent aux milieux dans lesquels les plantes végètent ; les carbonates de chaux et de magnésie, d’insolubles qu'ils étaient, passent à l’état de bicarbonates et se dissolvent ; le phosphate de chaux se dissout sous l’action du même acide, et le sesquioxyde de fer, au contact des matières organiques en décomposition, se réduit en partie, passe à l’état de bicarbonate de protoxyde, et se dissout comme les sels dont il vient d’être parlé. Ces matières pénètrent le tissu des racines avec l’eau qui les dilue, mais cette sorte de filtration opère un premier départ qui a pour effet d'éliminer une partie des matières minérales dissoutes, de sorte qu'il se fait mécaniquement un premier dépôt de ces matières dans les principales voies d'absorption ; ce qui explique pourquoi les fibrilles sont de tous les organes des végétaux ceux qui, malgré leur peu de durée, recèlent les plus fortes proportions de substances minérales. À mesure que le liquide pénètre les fibres du prosenchyme, ou circule dans les cellules, les bicarbonates de chaux, de magnésie et de fer, dont la stabilité est très faible, abandonnent une partie de l'acide qui les retenait dissous, et se déposent : aussi les trouve- t-on disséminés jusqu'au centre des axes ligneux les plus incrustés. D'ailleurs, ce qui semble prouver que le départ de l’excès d’acide carbonique d’une portion des bicarbonates au sein du végétal est dû à un acte d’assimilation, €’est l'abondance des carbonates cal- caires et magnésiens dans le tissu des plantes submergées, tant cryptogames que phanérogames, qui n’ont d’autre ressource pour assimiler du carbone que celle qui leur est offerte par les bicar- bonates alcalins, terreux et ferriques, que recèle l'eau dgns laquelle elles végétent. En effet, les Corallines, les Ulves, les Charagnes, 182 L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES les Potamogétons, la Renoncule aquatique, etc., plantes complé- tement submergées, ne peuvent avoir acquis ces sels par l’évapo- ration ou la décomposition spontanée des carbonates terreux, puisqu'elles n’évaporent pas ; c’est done sous l’influence de la vie que ce départ et ces dépôts ont été opérés. A mesure que le liquide s'élève dans les feuilles et parcourt le pétiole et les nervures, les bicarbonates non encore décomposés, ainsi que les autres sels solubles plus fixes, se déposent en proportions plus considérables que dans les autres parties aériennes du végétal, parce que, aux causes que nous avons signalées, se joignent les effets de l’exhala- tion et de la transpiration aqueuses, qui, comme nous l’avons démontré, s’opèrent sur de larges proportions, qui déeroissent du pétiole aux nervures, et de ces dernières au parenchyme et aux nervilles qui leur sont intermédiaires. Si done on retrouve dans ces organes les matières minérales en rapport de quantité avec l’eau qu'ils ont évaporée, il faut admettre que l’évaporation et l’exhalation aqueuse, dont ces parties sont le siége, concourent à l'accumulation des matières minérales qu’elles recèlent, 38. Mais toutes les matières minérales absorbées n’ont pas une composition aussi fragile que celles dont nous venons de parler; les sulfates de potasse, de soude, de chaux, les chlorures et les carbonates alealins, la silice, les azotates, ete., résistent plus à l’action des causes physiques et vitales que les précédentes, et, bien qu'introduites avec elles, leur répartition devait être diffé rente. En effet, c’est dans les tiges herbacées, dans les feuilles, les péricarpes minces, les écorces, les épidermes, et prineipale- ment dans le pétiole et les nervures des feuilles, organes qui, tous, sqnt le siége d’une évaporation constante, qu’on les retrouve en plus fortes proportions, et, le plus ordinairement, sous la forme de cristaux. Quant aux phosphates terreux et alcalins qui, à eux seuls, con- stituent les éléments minéraux des cendres du végétal pris dans son essence la plus pure, c’est-à-dire dans la graine, leur réparti- tion suit celle de la matière azotée vivante dont ils font partie, et, si on les retrouve en petite proportion, unis aux matières minérales qui proviennent de l'incinération des axes ou des appendices des DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 183 végétaux qui ont'atteint le terme de leur végétation, c’est, d’une part, parce que ces parties ne sont pas entièrement privées de matières vivantes, et que de l’autre une portion de ces sels a nécessairement dû échapper à l'assimilation. 39. Les causes qui font varier les quantités de matières miné- rales fixes dans le même organe pris à différents âges sont, si l’on se reporte aux exemples que nous avons cités, facilement saisis- sables. En effet, l’axe et l’appendice pris dans la graine et le bour- geon contiennent chacun des quantités déterminées et différentes de matières minérales fixes ; celles du premier décroissent rela- tivement à sa masse, parce qu’il s’obstrue de dépôts incrustants à mesure qu'il s'accroît et vieillit, qu’il cède ses combinaisons phosphorées au profit des graines, et que, enfin, il n’exhale et n’évapore que très peu; et cette décroissance est d'autant plus marquée, que cet axe a plus de tendance à la lignification ou à former des produits immédiats ou incrustants : aussi, quand cette tendance est nulle ou peu marquée, comme cela se remarque dans la plupart des plantes herbacées, aquatiques ou terrestres, ces mêmes axes accumulent leurs matières minérales en suivant la même progression que les feuilles, mais cette progression est moins marquée. L0. La formation des dépôts incrustants ou alibiles, tels que le sucre, la gomme, la pectine, la fécule, l’inuline, les matières grasses, huileuses, ete., sont les principales causes de la diminu- tion des matières minérales dans certaines feuilles, et si, comme on peut le voir par les exemples qui suivent, on soustrait les matières alibiles emmagasinées dans les cotylédons ou le péri- sperme des graines, et qu’on soumette le tissu restant à l’inciné- ration, on retrouve une somme de matières minérales fixes sen- siblement égale à celle que fournissent leurs tissus naissants. A8/ L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES 1° Graines à cotylédons ou à périsperme huileux. —— Matières Matières | minérales Matières contenues GRAINES DE Eau, Huile. ; miné- CASE és Satés 100 parties de matières organiques. mm. | ensnem……s | na, | eme. Brassica campestris (hiver}.| 6,00 | 40,00 | 50,00 | 4,00 7,607 Brassica campestris (print.).| 8,00 | 37,00 | 51,00 | 4,00 1,272 Papaver somniferum. ... . «| 14,00 | 41,00 | 38,00 | 7,00 | 45,568 Myagrum sativum.. . . . . 14,00 | 31,00 | 54,00 | 4,00 7,272 Sinapis nigra. . . . . . « «| 7,00 | 30,00 | "58,00 | 5,00 7,986 Linum usitatissimum. . . .| 9,00 | 37,00 | 50,00 | 4,00 7,407 2° Graines à cotylédons ou à périsperme féculents. |. 10 Matières amidon, su Matières Malières TT à ee à dextrine, organiques, | minérales. 4 Se graisse, etc. t À en ei Faba équinai". LM. 8 59,00 38,00 3,00 7,317 Faba vulgaris. . .,. . . . . 64,00 36,00 3,00 7,691 PSI SALIVUMN. . se «seche 64,00 33,00 3,00 8,333 NC SAUVA EE ES 63,40 34,00 2,60 7,146 Endosperme du HhaER . .| 83,00 15,80 4,20 7,023 Endosperme du maïs.. . . .! 84,00 14,70 1,30 8,120 RAA. En dehors des causes principales qui concourent à la distri- bution des matières minérales des plantes, il en existe d’autres moins accessibles à nos moyens d'investigation : ce sont celles qui résultent des fonctions sécrétoires, ou de la combinaison des principes immédiats élaborés par l’organe, lesquels s'unissent soit pendant leur élaboration, soit postérieurement, aux matières minérales fixes avec lesquelles on les retrouve combinés. Pour ne citer que quelques exemples, nous rappellerons que les feuilles du Saæifraga longifolia se recouvrent, principalement sur leurs bords, de concrétions entièrement composées de carbonates DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 185 de chaux et de magnésie. Cette matière est le produit d’une sécré- tion opérée par l’épiderme, et plus spécialement par les glandes qui résultent de l'union des cellules piliformes qui bordent les feuilles de cette plante. Les concrétions calcaires des Corallines, des Charagnes, les matières siliceuses et calcaires si abondantes dans les épispermes des Lithospermum, le carbonate de chaux qui forme les noyaux des Celtis, les concrétions siliceuses des Bam- bous, etc., doivent être attribués à cette même fonction, et il doit en être de même, suivant nous, des combinaisons qui résultent de l'union des acides organiques, ou des matières qui en jouent le rôle avec les bases alcalines ou terreuses, sécrétions que les recherches successives de Meyen, de Mirbel et de M. Payen nous ont fait connaître sous le double point de vue de leur localisation et de leur composition. & XI. Des procédés suivis pour la récolte, le choix, la dessiccation, la carbonisation des organes et l'analyse de leurs cendres. h2. La récolte des organes, faite dans les conditions et à l’aide des moyens qui ont été mdiqués, a quelquefois nécessité des opéra- tions préliminaires qui avaient besoin d’être conduites avec quel- ques précautions, afin d'éviter le mélange de matières minérales de plusieurs organes contigus : c'est ainsi que, pour la récolte des cotylédons, du périsperme et de l’axe embryonnaire, nous avons dù placer les graines et les caryopses dans une atmosphère conve- nablement saturée de vapeur aqueuse, de manière à ramollir ces diverses parties, et pouvoir les isoler les unes des autres sans les baigner dans l’eau. Les jeunes axes et les feuilles naissantes des bourgeons ont été isolés les uns d’avec les autres, en prenant le soin d’enlever les écailles et les feuilles les plus externes de ces parties des plantes, pour ne recueillir que les portions les plus centrales, et les choisir, autant que possible, dans des conditions analogues à celles où se trouvent l’axe embryonnaire et la gemmule dans la graine. Les organes ainsi choisis et isolés étaient séchés à l'air libre, réduits en poudre grossière dans un moulin à noix, 186 L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES puis séchés à l'air à 100 degrés au bain d’eau, et pesés en sortant de l’étuve. La carbonisation, opérée dans un creuset d'argent muni de son couvercle, a été obtenue à l’aide d’une température infé- rieure au rouge sombre, et l’incinération a été effectuée dans une capsule de platine évasée, tapissée intérieurement d’une calotte de fils de platine à mailles serrées, sur laquelle la matière carbonisée était déposée et chauffée au rouge sombre seulement apparent à « l'obscurité; dans ces conditions, l’incinération s’est en général opérée rapidement : la cendre a toujours été pesée chaude. Les matières minérales fournies par les diverses parties de l'embryon, les radicules, les, axes et les portions appendiculaires les plus intérieures des jeunes bourgeons, la couche génératrice, la moelle très jeune, etc., ont constamment retenu des traces impondérables de charbon qui leur donnaient une teinte légère- ment grise. L'analyse quantitative des cendres a été opérée par la méthode suivante, qui est, à de légères modifications près, celle indiquée par le docteur Fresenius : 1° Là 6 grammes de cendres étaient imtroduits avec einq fois leur poids d’eau distillée dans un petit ballon muni de deux tubes : l’un, effilé à sa partie inférieure et fermé supérieurement à l’aide d’un bouchon, contenait de l'acide chlorhydrique dilué; l’autre, coudé et empli de chlorure de calcium granuleux. Le tout était placé sur une balance et taré, puis l'acide chlorhydrique était mis graduellement en contact avec le mélange, en débouchant le tube qui le recélait; l’effervescence terminée, le ballon était chauffé à 25 degrés centigrades, puis refroidi et renouvelé d'air par aspira- tion : la différence de poids, ou perte éprouvée par l’appareil, représentait l'acide carbonique contenu dans la cendre. Dosage de la silice. — Le liquide acide contenu dans le ballon était soigneusement recueilli et évaporé dans une capsule de por- celaine, en opérant à l’aide du bain-marie. Le résidu était traité de nouveau par l’acide chlorhydrique concentré, chauffé pendant cinq minutes, et évaporé de nouveau à sec, puis chauffé à 100 degrés; il était ensuite mis en digestion durant une heure avec une nouvelle quantité d’acide chlorhydrique concentré, et | meme DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 187 tout était après étendu d’eau distillée chaude; la silice était ensuite séparée et séchée à 210 degrés : l'acide silicique ainsi séparé se dissolvait complétement dans une solution de potasse caustique concentrée. La liqueur acide, d’où les acides carbonique et silicique avaient été séparés, était divisée en trois parties égales. Dosage du phosphate et de l'oxyde de fer. — 4° La portion de liqueur n° À éfait sursaturée d’ammoniaque, puis additionnée d’acétaie de soude et d’acide acétique, de manière à donner au liquide une réaction franchement acide, et dissoudre tous les phosphates ealcique et magnésique. Le liquide était chauffé dou- cement, et le précipité blanc jaunâtre qui se séparait était lavé à l’eau chaude, séché, calciné et pesé ; son poids donnait celui de l'oxyde de fer uni à l'acide phosphorique. Quand la liqueur rête- nait de l’oxyde de fer, elle était addiionnée d’ammoniaque qui le précipitait ; il était alors lavé, séché et pesé à part. Dosage de la chaux. — Les liqueurs provenant de l’opération précédente étaient réunies, acidulées par de l’acide acétique et additionnées chaudes d’un excès d’oxalate d’ammoniaque. Après un repos de quatre à cinq heures, le précipité était recueilli, lavé et calciné au rouge sombre; s’il se montrait un peu alealin, il était chauffé avec précaution avec du carbonate d'ammoniaque. Le poids du carbonate de chaux donnait celui de cette base. Dosage de la magnésie et de l’acide phosphorique.— Les liqueurs d’où la chaux avait élé séparée étaient divisées en deux parties égales : l’une de ces parties était additionnée d’ammoniaque et de sulfate de magnésie, qui forniait du phosphate ammoniaco-magné- sien, d’où l'acide phosphorique était dosé ; l’autre était additionnée de phosphate de soude et d’ammoniaque, et précipitait encore du phosphate ammoniaco-magnésien qui servait à doser la ma- onésie. Dosage de la potasse et de la soude. — Dans la deuxième por- tion de liqueur acide, de l’eau de baryte ajoutée en excès, le liquide étant chaud, précipitait les acides phosphorique, sulfurique, l’oxyde de fer, l’oxyde de magnésium, ete, ; le précipité était lavé, les eaux de lavage réunies à la liqueur, et traitées par du carbonate d'ammo- 188 L. GARREAU, —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES niaque et de l’ammoniaque, pour enlever l'excès de baryte. Le liquide était, après filtration, évaporé, calciné et pesé. Le résidu, composé de chlorures alealins, dissous dans l’eau en état de concentration, était traité par le chlorure de platine qui précipitait la potasse. Le chloro-platinate était lavé à l’alcool à 76 degrés, séché et pesé ; de son poids on déduisait la potasse. Les quantités de chlore et de potasse trouvées, alors que nous soupçonnions la présence de la soude, servaient à doser cette dernière. | Dosage de l'acide sulfurique. — Une troisième partie de solu- tion était précipitée par le chlorure de baryum, et le précipité, lavé à l’aide d’eau acidulée par l’acide chlorhydrique, était ealciné,. Dosage du chlore. — Une deuxième portion de cendres était épuisée par l’eau additionnée d’acide azotique, et la liqueur était précipitée par l’azotate d'argent. Le précipité, lavé à l'acide azo- tique très dilué et calciné, donnait le poids du chlore. ‘ DEUXIÈME PARTIE. J, — Fonctions de la matière azotée des plantes. 1. Les recherches nombreuses dont les éléments organiques des plantes ont, dans ces derniers temps, été l’objet, en faisant mieux connaître leur texture, leur composition et leurs rela- tions intimes, ont permis à plusieurs botanistes d'établir diverses théories sur leur évolution et leurs fonctions. Mais la physiologie des plantes, comme celle des animaux, étant subordonnée à leurs organismes, et, ces derniers étant eux-mêmes loin d’être complé- tement connus, il en résulte que chaque découverte apportée dans leur organisalion peut entraîner avec elle une interprétation nou- velle d’une partie de leurs mécanismes physiologiques. 2. La cellule, regardée par beaucoup de botanistes comme le premier-né de l’organisation végétale, serait un être presque indé- pendant; formé d’une membrane close de toutes parts, susceptible de s’accroitre, de se multiplier, d’absorber et de transmettre par DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 189 endosmose les matériaux ambiants destinés à la nourrir. Cette définition, vraie dans tous ses termes, quand on en fait l'examen avec le secours de moyens amplifiants trop faibles ou trop puissants, ou que l’on expérimente sur la matière morte, ne saurait lui étre entièrement applicable quand on l'examine à l’aide de grossisse- ments appropriés, et qu’on l’étudie en tant qu'organisme vivant. Car il devient possible alors de se convaincre qu'elle n’est pas aussi simple dans sa texture qu’on avait cru le reconnaître, et aussi indépendante qu’on l'avait présumé alors qu’elle concourt à la formation d’un tissu. Mais bien que partout où elle existe isolée ou agrégée, son organisation essentielle soit toujours la même, il faut, pour la pénétrer plus aisément, s'attacher aux parties des végétaux qui sont le siége actuel d’une végétation marquée, exemples de sécrétions intra-cellulaires, et chez lesquelles la cel- lulose et les matières incrustantes n’ont pas encore formé d’épais- sissements toujours nuisibles quand on veut faire un examen approfondi de sa cavité. à. Si l’on prend une lame de tissu assez mince pour qu’elle ne soit formée que de l'épaisseur d’une ou au plus de deux cellules superposées, conditions faciles à réaliser dans les poils, le tissu des spongioles, du limbe des feuilles charnues, les jeunes épi- dermes, la moelle, le parenchyme des jeunes pétioles, des fruits, etc., et qu’on l’examine humide, à une température de 20 à 25 degrés, le microscope fait bientôt découvrir dans chacune des cellules un petit conglomérat souvent d'apparence granuleuse, qui se voit appliqué contre la paroi intérieure. Tel est le petit corps que M. Robert Brown a désigné sous le nom de nucléus, et qu'il regarde, avec MM. Schleiden et Hugo Mohl, comme ayant préexisté à la formation de la paroi cellulaire, et que ces savants considèrent, en outre, avec MM. Schultz, Slack et Meyen, comme étant formé par la réunion plus ou moins intime de petits granules azotés,. Mais ce petit organe n’est pas entièrement formé par la réunion de granules agelomérés, et l’on serait facilement trompé dans les recherches que l’on entreprendrait pour le reconnaitre, si l’on comptait toujours le rencontrer sous laspect qui vient d’être 190 L. GARREAU. —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES signalé ; car, dans la plupart des poils simples des plantes herba: cées, les épidermes et presque tous les jeunes tissus, il se montre le plus ordinairement sous l’apparence d’un globule opalin, de volume variable, et réfractant la lumière à la manière des matières grasses. Il ÿ à plus, avec une forme souvent très irrégulière, il sé présente fréquemment dans les cellules sous-épidermiques des feuilles, infiltré de chlorophylle, avec quelques granules à son centre ; ailleurs, tel que dans les jeunes cellules, le pollen en voie d’accroissement, il paraît formé de flocons lâchement unis en sphères irrégulières, tandis que dans les cellules des jeunes Chara, de l'Hydrocharis morsus ranæ, du Stratiotes aloides, du Caulinia fragihs, du Sagittaria sagittifolia, des poils des jeunes pousses du Porrago officinalis, de l’épiderme des pétioles des jeunes Arum, elc., il n’est plus représenté que par des flaques vis- queuses sans formes déterminées, Organe essentiellement variable, le nucléus ne pouvait manquer de faire naître les opinions les plus divergentes sur sa nature, son origine et ses fonctions, et l’on ne dirait rien que d’exact en avançant qu’il n’est pas deux botanistes qui soient complétement d’accord sur sa composition ou sur le rôle qu’il est appelé à remplir. Mais si ce corps est susceptible de prendre des apparences diverses, celle sous laquelle il se montre le plus ordinairement le rapproche d’un sphéroïde semblable à un globule de mucus, au centre duquel seraient réunis quelques gra: nules demi-transparents et assez mous pour adhérer faiblement entre eux. Or, la présence de la matière granuleuse au centre de cet organe devait suggérer l’idée que la surface pourrait bien être limitée par üné pellicule membraneuse, et des recherches faites dans ce sens me prouvèrent que cette supposition était fondée; car 1l suffit, pour mettre les faits en évidence dans l’épiderme du Tradescantia virginica, de traiter la lame de tissu en observation par une goutte d’ammoniaque liquide à 12 degrés, pour que l’on voie disparaître le petit conglomérat intérieur, tandis qu'il persiste un disque membraniforme, qui n’est autre chose que la poche aplatie dans laquelle les granules étaient contenus. Mais cette pel- licule, molle, est d’une transparence si grande et tellement mince, qu'il devient quelquelois très difficile de la distinguer nettement — DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 191 dans ses contours, surtout si, comme cela arrive assez fréquem- ment, elle se trouve appliquée contre la paroi cellulaire. 4° Si, au lieu de s'adresser à l’épiderme, qui toujours, du reste, doit être d’une grande transparence, on fait choix de parties plus aqueuses, telles que les jeunes fibres radicales, les spongioles, la tige des plantes grasses encore jeune, les pétales, etc., l'étude de cet organe devient plus facile, car alors le dépôt granuleux est moins abondant, de sorte que l’on aperçoit plus distinctement la petite poche membraniforme, hyaline, qui le contient baigné dans un liquide, dont le pouvoir réfringent parait être un peu plus grand que celui que contient la cavité cellulaire. En soumettant la préparation à l’action d'un acide affaibli où de l’alcool à 86 degrés, on voit bientôt la petite poche se contracter, se crisper, chasser une partie du liquide qu’elle contient, et se réduire au tiers ou au quart de son volume primitif. Si, dans cet état, on humecte le tissu avec un peu d'ammoniaque liquide à 12 degrés, la petite poche reprend sa forme primitive ; seulement elle présente un peu plus d’ampleur qu'auparavant, et elle est devenue un peu moins trans- parente, soit qu’elle ait été nn peu altérée par l’action des réactifs, soit parce que la nature du liquide qu’elle contient se trouve modi- fiée par la présence des mêmes agents. Choisit-on pour sujet d'observation les fleurs de l'Ephémère, au moment où elles com- mencent à se flétrir, époque à laquelle la matière colorante a pu s’épancher dans la cavité cellulaire, on peut, en humectant la pré- paration d’acide chlorhydrique très dilué, étudier avec plus de pré- cision encore sa forme et ses caractères chimiques ; la matière qui le constitue, étant facilement pénétrée par la substance colorante, en est plus fortement imprégnée que la coque cellulosienne, vire au rouge intense, et se crispe, pour reparaitre sous les veux de l'observateur avec une teinte verdâtre et une ampleur un peu plus grande, par la saturation de l'acide à l’aide de l’ammoniaque ou de toute autre base soluble employée en léger excès. Enfin on peut, en suivant le lambeau de tissu sur ces bords, et le comprimant légèrement sous le verre qui le recouvre, faire sortir quelquefois de ces petits organismes hors des cellules qui ont été ouvertes, et s'assurer qu'ils différent à peine dans leur forme et leur nature 192 L, GARREAU. —- DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES des globules muqueux. Ajoutons que, si, pendant que ce petit corps est sous l’influence de l’acide, on l’examine avec soin, on reconnait que son centre est occupé par les granules fortement condensés en une petite masse d’un rouge plus foncé que la paroi plus molle qui les renferme, et sur laquelle ils ne s'appliquent que par un seul point. D’après ces faits, il est déjà aisé de reconnaitre que le nucléus n’est pas seulement composé de particules adhé- rentes entre elles, comme MM. Robert Brown, Slack, Schultz, ete., le supposaient, mais bien d’une cavité limitée par une matière albuminoïde, molle, membraniforme, dans laquelle sont contenus des granules et un liquide, matière membraniforme et granules que l’addition d’un acide condense à des degrés différents. Quand on a fait l’étude de cet état particulier du nucléus, dans les tissus dont les cellules présentent un diamètre suffisant et des parois assez transparentes, qu’on à pu se faire une idée juste de ce qu'il est, on peut, sans le secours de réactifs, le reconnaitre et l’étudier, même dans la majorité des plantes, et dans presque toutes leurs parties actuellement vivantes et transparentes. Mais il est plus aisé, si l’on veut seulement constater sa présence, de recourir à une solution faible d’iodure de potassium ioduré qui ne tarde pas à le temdre en jaune pâle, puis en brun. Toutefois il est bon de prévenir que ce réactif n’agit pas dans toutes les plantes ou leurs parties avec la même intensité, que la coloration qu'il produit se fait attendre plus ou moins longtemps, et semble se trouver jen rapport avec le degré d'élaboration du liquide cellu- laire et la quantité de granules azotés contenus dans l’enveloppe membraniforme. Jusqu'ici ce petit corps a été considéré comme un globule à peu près sphérique, mais cette forme n’est pas tou- jours celle qu'il présente, quoiqu’elle se montre la plus répandue, quand le liquide qu’il renferme le tient dans un état de plénitude, ce qui arrive dans les parties des plantes gorgées d’une grande quantité d’eau. Mais quand sa cavité est moins pleine, ou quand il esten mouvement, il devient tantôt comme ridé (Erodium moscha- tum), où à la fois ridé et mamelonné (Salvia Sclarea), et très irrégulier dans ses contours. Quant au volume qu'il est suscepüble d'acquérir, il est très DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 193 variable, mais il se trouve assez généralement en rapport avec celui des cellules, quand elles sont arrivées au terme de leur accroissement ou un peu avant celte époque. C’est ainsi qu'on le trouve très développé chez les Liliacées, les Commélinées, les Orchidées, les Cactées, les Crassulacées, les Aroïdées, la plupart des Chénopodées, des Solanées, et dans les parties charnues de toutes les plantes, telles que les fruits des Rosa- cées, des Rhamnées, des Ampélidées, des Grossulariées, etc., qui présentent généralement des cellules volumineuses ; et qu’il l’est peu dans la plupart des Graminées, des Apocynées, des Amenia- cées, des Jasminées, dont les cellules n’offrent souvent qu’une petite dimension. Ce volume, comparé à celui de la cellule prise dans le jeune âge, est proportionnellement très grand, ainsi qu'on peut S'en assurer dans l’épiderme de la fleur non épanouie de l’Æelleborus niger, les jeunes mérithalles, les spongioles, les feuilles, les fleurs et le pollen en voie d’accroissement, et ce volume est tel, qu'il occupe quel- quelois le quart et plus de la cavité cellulaire. Quand la cellule à acquis Son entier développement, il s’est accru avec elle, mais il est loin d'occuper un espace proportionnellement aussi grand que dans le principe; cet espace, très variable du reste, se trouve alors réduit au dixième, au quinzième, et même moins de la cavité cellulaire. Mais s’il ne suit pas la cellule dans son accroissement, nous verrons dans la deuxième modification que cet organe nous présentera bientôt, que des annexes qui en émanent, s’accroissent comme elle, et prennent un développement proportionné à l’éten- due de ses parois. Examiné sous le point de vue de sa consistance, il est mou, extensible, et se rompt quelquefois quand, distendu par le liquide qu'il contient, on détache par traction brusque les petits lambeaux de tissu que l’on veut examiner. Sa surface est lisse, mamelonnée ou ridée, différence d’aspect dont nous retrouverons bientôt la cause. Enfin il n’est pas rare non plus de le voir bordé de petites ampoules qui, peu à peu, sous Pœil de l’observateur, diminuent oraduellement de volume, et se confondent avee lui. Les positions qu'il occupe dans la cavité cellulaire sont égale- 4° série. Bor. T. XIII. (Cahier n° 4.) 1 13 194 LL. GARREAU. —- DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES ment très variables, mais on l’observe le plus ordinairement fixé au centre ou appliqué contre la paroi, et dans ce cas, quand la cellule est allongée, il se montre presque toujours également distant de ses deux extrémités ; cependant il arrive que, dans celles qui composent les poils, il n’est pas rare d'en voir d’appliqués sur les cloisons (T'radescantia virginica, Chelidonium majus). : La constance de cet organe dans les cellules en voie d’accrois- sement avait fait pressentir à M. Schleiden qu’un rôle important devait lui être dévolu dans la physiologie des plantes, et c’est en cherchant à me faire une conviction sur ce point, qu'il me fut donné d’étudier ses formes diverses, quelques-unes de ses pro- priétés, et ses relations avec les parois cellulaires. Après avoir soumis de nouveau à l'observation la plus assidue et la plus minutieuse la plupart des tissus que j'avais déjà examinés, et qui m'avaient offert des cellules à la fois assez développées et transpa- rentes, j'ai pu me convaincre que la poche membraniforme, dont les caractères viennent d’être exposés, émeltait fréquemment des filaments d’une très grande mollesse, souvent anastomosés, et dont les extrémités très déliées de plusieurs d’entre eux allaient se con- fondre avec la couche de matière azotée qui tapisse la cavité cellu- laire. C’est alors seulement que je m'aperçus que j'avais affaire à une modification importante du nucléus qui, au lieu d’être appliqué directement contre la paroi cellulaire, se trouve suspendu au centre de la cavité , et en relation médiate avec cette paroi, à l'aide des processus visqueux dont il vient d’être parlé. MM. Slack et Meyen avaient, depuis longtemps, soupçonné les relations de ces fila- ments, qu'ils nomment des courants, avec le nucléus. MM. Schultz et Hugo Mohl, de leur côté, les ont reconnus d’une manière plus précise, mais aucun de ces savants ne paraît les avoir étudiés dans les conditions les plus favorables, sans quoi ils auraient reconnu, ce que je me propose d'établir, à savoir : que ces processus sont susceptibles, dans beaucoup de cellules, de se constituer en canaux contractiles, dans lesquels circule un fluide granuleux. Alors que l’on examine à l’aide d’un bon instrument, par un grossissement de 300 à 400 diamètres, suivant le volume des cellules, et à une température de 25 à 30 degrés, un lambeau de DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 495 tissu dont les cavités cellulaires présentent des nucléus filamen- teux, telles que celles de l’épiderme adulte des feuilles de l’Ephé- mère des jardins, des poils de la Sclarée, de la Chélidoine, de l'Erodium moschatum, prises en été ou en automne, on ne tarde pas à reconnaitre, par un éclairage à rayons parallèles à la lumière ordinaire du jour, et mieux à la lumière artificielle, qui, l’une et l’autre, permettent d’ombrer un peu les granules du fluide en cir- culation, que ces mêmes granulés sont contenus dans des canaux constitués par une matière membraniforme extensible, qui n’est que la continuation de celle du nucléus, mais dont la transparence est plus grande encore. Joignons à cela que leur diamètre est sou- vent très réduit, que le fluide qu’ils conduisent ne charrie sou- vent que des granules transparents d’une grande ténuité, et que l'existence de tels canaux dans la cavité cellulaire a toujours été regardée, par la majorité des botanistes, comme improbable, et l'on concevra aisément comment ils ont pu échapper aux recherches des micrographes. Cependant, quand on est averti, il n’est pas difficile de constater leur présence, voire même dans les cellules de dimension moyenne, pourvu qu’elles soient assez transparentes et qu'on les observe avec beaucoup de patience. Il suffit, pour cela, d'humecter la préparation sans trop la baigner, d'éviter avec soin la présence de l'air qui peut adhérer à sa surface, puis de recou- vrir d’une lame de verre et de regarder avec persévérance, en se plaçant dans les conditions de température indiquées plus haut. Si les canaux ne se montrent pas, il faut rapprocher les parois cellu- laires à l’aide d’une compression légère, regarder de nouveau et attendre : les canaux, d'abord confondus avec la paroi interne de la cellule, s'en séparent bientôt et se relèvent à son centre, où ils se montrent avec leurs anastomoses. Quand on a pu constater l'existence de ces canaux sans le secours de réactifs, ce qui est de beaucoup préférable, on peut les faire ressortir à l’aide de l’iodure ioduré de potassium, qui les teint en jaune clair où en marron, comme le nucléus. Mais ce moyen, bien préférable à l’alcoolé ou à la solution aqueuse d’iode, ne donne pas l’image fidèle de ce qui est, car, bien que privé d’acide iodhydrique, ce réactif contracte éeUre la matière des canaux et les déforme un peu; en outre, 196 KL. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES quand la coloration doit se manifester, elle se fait attendre plus ou moins longtemps, suivant l’état du fluide en circulation. Il est donc de toute nécessité, quand on veut en faire un examen sérieux, de s'abstenir de l'emploi de ce réactif et même de tout autre; car, comme nous le verrons bientôt, leurs mouvements vitaux, que ces agents abolissent, sont les premières et de toutes leurs propriétés les plus importantes pour les étudier avec fruit, et, il est nécessaire de le répéter, il faut, pour bien les reconnaître, étudier leurs rap- ports et leur distribution : A° Faire l'examen de la cavité cellulaire à la lumière ordinaire du jour. 2° En contrôler les résultats à la lumière artificielle, qui permet de reconnaître certains rapports qui échappent au premier de ces moyens. | 3° Faire ces observations par une température de25 à 30 degrés, qui a pour effet d’exciter leurs mouvements vitaux. Les canaux.qui se constituent dans une même cellule, prise ailleurs que dans les poils, peuvent avoir des origines variables ; je vais d’abord exposer les caractères de ceux qui sont en con- nexion avec le nucléus, en commençant leur étude à partir des points où ils se distinguent de ce dernier. Ces canaux, étant con- stitués par la matière membraniforme qui continue celle du nucléus, naissent à la périphérie de ce dernier, et présentent une ampleur très variable qu’il est difficile de déterminer pour chacun d'eux, parce qu'elle varie suivant leur activité propre ; il en est dont le diamètre en largeur égale momentanément la moitié de celui des nucléus, d’autres n’en atteignent momentanément pas la vingtième ou la trentième partie. Leur nombre varie comme leurs dimensions : on peut en compter dans certains moments jusqu'à douze dans les cellules épidermiques des feuilles de l’Éphémère des jardins ; de six à huit dans l’épiderme des fleurs du Lupinus albus, de l’Ellébore noir, du Lis blanc ; dans les feuilles de la Joubarbe des toits ; dans l’épiderme et le réseau cellulaire sous- épidermique des feuilles de l’Asphodelus luteus ; dans les poils des jeunes mérithalles de l’'Orvale, des Géraniums, etc. Du reste,un certain nombre échappent toujours à l'observation, parce qu'il n’est DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 197 pas possible de les amener tous à la fois au foyer de la lentille, ct qu'ils subissent pendant l'examen des changements de rapports et de dimensions qui empêchent de les distinguer tous nettement les uns des autres. Ces canaux irradientordinairement du nucléus pour se porter à la périphérie interne de la paroi cellulaire. Les uns, dans ce trajet, diminuent un peu de calibre ; les autres traversent la cellule en conservant une largeur uniforme, et presque tous s’anastomosent fréquemment, soit directement, soit à l’aide des branches qu'ils émettent : il en résulte un réseau qui varie suivant chaque cellule, et qui se voit tantôt suspendu dans la cavité cellu- laire, tantôt appliqué en partie contre ses parois. Il arrive aussi que là où des canaux s’anastomosent, il en résulte assez sou- vent un élargissement assez grand qui représente l’image d’un deuxième nucléus qui fonctionne comme le premier, c’est-à-dire qu'il devient le centre où convergent un certain nombre de cou- rants. Avant de suivre ces canaux dans la paroi cellulaire, nous rappellerons quelques-uns de leurs principaux caractères phy- siques et chimiques. Ils se présentent sous l’aspect de filaments minces, extensibles, d’une très grande transparence; la matière dans laquelle ils se constituent a l'aspect d’un mucus visqueux, et ne parait différer que par une consistance plus grande de celle qui compose les petites flaques mouvantes, qui exécutent leurs mou- vements rotatoires dans les jeunes cellules du Nitella flexilis, des Chara, dans celles des poils de l’'Hydrocharis Morsus ranæ, du pétiole du Sagüttaria sagültifolia, ele. Quand on n’est pas exercé à leur recherche, on éprouve, en raison de leur grande transpa- rence, quelques difficultés pour les découvrir, surtout quand on veut les examiner dans les tissus très aqueux où leur pouvoir réfrin- gent est à peine différent de celui du liquide qui les baigne. L’al- cool à 86 degrés, en agissant sur eux, diminue un peu leur trans- parence, en même temps qu'il les contracte, comme il le fait des matières animalisées ; si son action se continue, il n’est pas rare de voir quelques-uns de ceux qui sont fortement distendus se rompre et se pelotonner en se retirant vers le nucléus, ou sur la paroi cellulaire, si la rupture s’est faite près du nucléus, ce qui est plus rare. 198 L. GARREAU. —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES L’acide chlorhydrique les contracte également, en diminuant un peu leur limpidité ; l’azotate acide de bioxyde de mercure les con- tracte de la même manière, en leur communiquant la temte rosée qu'il occasionne sur toutes les matières albuminoïdes. L’ammo- niaque liquide et les autres bases solubles affaiblies produisent un effet contraire ; elles leur donnent de l'ampleur, et tendent à les dissoudre. D’après ces caractères, on voit que la nature de ces canaux se rapproche de celle de l’albumine, elle est la même que celle du nucléus, et il serait en effet, même sans l’emploi des réactifs, difficile de concevoir qu’elle püût être différente. I serait peut-être à propos de parler ici des causes internes qui modifient sans cesse le calibre, l’aspect et les rapports de ces canaux ; mais il est plus utile de le faire dans la deuxième partie de cet écrit, afin d'éviter les redites. Jusqu'ici il n’a été question que de la portion de cet appareil qui se voit libre dans la cavité cellulaire, nous allons le suivre dans la paroi; mais pour retracer plus exactement les rapports qu’il affecte, 1l est important de rappeler quelques faits relatifs à cette dernière. Dès l’année 1836, M. Girou de Buzareingues avait cru recon- naître que, à part les épaississements de la membrane externe, la cellule était composée de deux membranes distinctes contenues Vune dans l’autre; plus tard, M. Harting s’est occupé de ce sujet et a spécialement étudié l’action de quelques agents chimiques sur celle de ces membranes qui circonscrit la cavité cellulaire, et sur deux autres couches qui, d’après ce savant, se déposent à sa face externe; et il reconnut ce que nos propres recherches nous avaient appris, que la membrane interne, qu’il nomme ptychode, se com- porte vis-à-vis de l’iode, de l'alcool et des acides, comme le nucléus. M. Hugo Mohl s’occupa de ce sujet avec son habileté ordinaire, et ses recherches vinrent témoigner que cette mem- brane, qu'il nomme primordiale, se rencontre dans toutes les cel- lules qui ne sont pas trop âgées ou epaissies par les dépôts des matié res incrustantes. Enfin M. Hartüing, en 1846, reconnut que ja membrane interne dé la cellule adhère faiblement à la paroi externe, ce qui est, du reste, d’une constatation facile. A Pépoque DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 199 où je fis l'étude de cette couche membraniforme (1845), j’igno- rais une partie des travaux dont elle avait été l’objet, et c’est en poursuivant l'examen du nucléus et des canaux cellulaires, qu'il m'a été donné de constater aussi son existence dans toutes les cellules en voie d’accroissement, ainsi que dans celles qui ont achevé leur croissance, et qui ne sont pas trop fortement pénétrées de dépôts incrustants. Cette membrane, étant immédiatement appliquée contre la paroi cellulaire, ne saurait être aperçue sans le secours de réactifs, tant qu’elle conserve ses rapports normaux. Mais l'iodure de potassium ioduré la colore en jaune plus ou moins foncé, comme le nucléus et les processus qui en émanent; elle se colore en rose de la mêmé manière sous l’action de l’azotate acide de bioxyde de mercure, se contracte sous celle des acides et de l’alcool, de telle manière qu’eile ne semble pas distincte, par sa nature, de la substance du nucléus et des processus qui la relient à cette mem brane. Quand elle a été détachée de la paroi à l’aide de l’alcoo!l à 86 degrés, elle se présente sous la forme d’un sac léger, flexueux, d'une extrême finesse et sans texture appréciable; mais il n’en est plus de même si on l’examine sans le secours des réactifs dans les cellules des poils transparents de l’Orvale, où elle peut se détacher sur quelques-uns de ses points seulement d’une manière sponta- née, et il suffit pour cela de les laisser se flétrir un peu, en pla- çant le rameau qui les porte dans une atmosphère un peu humide, telle que celle qui se trouve à l’entrée d’une cave. Dans cet état, les rapports de cette membrane étant peu changés et sa vitalité n'étant pas encore détruite, 1l devient plus facile de l’étudier, et l’on est bientôt à même de constater, de la manière la plus visible, qu’elle est sillonnée de petits canaux qui se constituent dans sa substance, canaux dont les plus volumineux se dirigent appliqués à sa face interne, et dont les plus déliés forment dans son épais- seur un réseau anastomotique à mailles très rapprochées. Au reste, il n’est pas nécessaire, dans les cellules de la partie de la plante qui vient d’être citée, d'attendre que cette membrane se détache partiellement de la paroi contre laquelle elle $’applique ; celte constatation, alors qu’on est prévenu, se fait également bien 200 L. GARREAU, —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES pendant qu’elle conserve ses rapports normaux. Alors que la mem- brane primordiale est partiellement décollée de la paroi cellulaire, si l’on examine avec beaucoup d'attention les petits espaces qu’elle laisse entre elle et cette paroi, dans les points où elle ne s’est que très faiblement détachée, paroi qui, dans ces poils, parait être uniquement représentée par une {rès faible couche de cellulose et la cuticule, on pourra reconnaître quelques filaments très ténus implantés dans cette paroi, et si, pendant que l’on fait celte con- statation, on éloigne un peu cette même paroi, de telle manière qu’elle soit portée un peu au delà du foyer de l'instrument, on aperçoit encore ces filaments former des lignes saillantes et plus éclairées que le reste de la paroi cellulaire, effet qui n'aurait pas lieu s’ils étaient situés dans la portion décollée de la membrane primordiale. Ce dernier fait, si je ne me suis pas trompé, laisse pressentir l’origine des matériaux de la euticule (4), qui, en raison de sa composition, ne peut guère les recevoir de la coque cellulo- sienne, en quelque sorte inerte, sur laquelle elle est appliquée. Cependant, si je dépose ici mon opinion, je dois aussi m’empresser de reconnaitre qu’elle ne constitue pas une conviction, puisque l'observation des faits qu'il m'a été donné de faire se borne à la pénétration des processus dans la coque cellulosienne ; d’après cela, il est naturel d'admettre que, puisque les processus qui émanent du nucléus se divisent pour former le réseau anastomo- tique de la membrane primordiale, une partie de ce dernier pénètre jusque sous la cuticule ou très près d'elle, et que ce n’est que par la rupture de quelques-unes de ses mailles que la mem- brane primordiale se détache de la paroi contre laquelle elle est appliquée. Il vient d’être dit que les canaux qui, d'ordinaire, irradient du nucléus pour se porter à la paroi cellulaire, se divisent en canaux plus petits dans la membrane primordiale : ‘mais tous ne se com- portent pas ainsi ; il en est quelquefois, et souvent des plus volu- (1) Nous avons reconnu, dès 4849 (Ann. des sciences nalureiles, 1850), que la cuticule constitue un principe immédiat particulier, la cuticulose, nom admis dans la science et préférable à celui de cutine, qu'on a proposé de lui substituer. DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 201 mineux, qui, au lieu de s'arrêter à cette paroi, la pénètrent de part en part pour s’anastomoser avec d’autres canaux semblables, éma- nant des nucléus des cellules voisines, fait dont il est possible de s'assurer en fixant avec précaution un faible lambeau d’épiderme de la fleur de l’Éphémère des jardins sur une lame de verre, et le laissant sécher à demi pour le faire adhérer, puis le brossant ensuite à l’aide d'un pinceau de cheveux imprégné d’ammoniaque faible qui finit par détacher la cuticule. On distingue alors un réseau visqueux qui fait communiquer toutes les cellules de lépi- derme entre elles, et ressemble assez bien au réseau des laticifères à mailles régulières. Dans cette recherche, il arrive fréquemment que l’on entraîne avec la cuticule une portion du réseau que l’on cherche à conserver intact; et ce fait semble confirmer ce que nous avancions tout à l'heure, à savoir , que les processus envoient leurs prolongements jusqu'à la euticule, car, sans cela, on ne concevrait pas comment ils peuvent être entraînés par elle, alors qu'on la détache des cellules à parois très molles qu’elle recouvre. La communication des processus à travers la paroi des cellules a son importance physiologique, car elle explique comment la matière animale vivarite qui les constitue peut se répartir dans les diverses parties d’une même plante, et se déloger des cellules à-mesure qu'elles vieillissent, pour se porter ailleurs et principalement à la périphérie, pour constituer les jeunes cellules où, comme on le sait, cette matière abonde. IT. — De la circulation. La circulation intra-cellulaire, observée par Corti, et étudiée depuis par MM. Treviranus, Amici, R. Brown, Schultz, Raspail, Meyen, Slack, Pouchet, Dutrochet, Schleiden, Stemheil, Becque- rel, Dujardin, Schacht, Trécul, Hugo Mobl, etc., dans un petit nombre de plantes, est encore aujourd’hui généralement regardée comme un simple mouvement rotatoire borné à quelques végétaux seulement. Mais la présence constante dans les cellules en voie d’accroissement d’une matière azotée vivante, les modifications de formes diverses qu’elle affecte, les mouvements vitaux dont elle 202 L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES est animée, et que nous allons exposer en détail, montreront au moins, je l’espère, que cette circulation n’est pas toujours une simple rotation, et qu'elle est aussi générale que la cellule. Toutes les plantes ou leurs parties, chez lesquelles le nucléus ét sés annexes se découvrent avec facilité, sont propres à étudier les mouvements vermiculaires de la circulation intra-cellulaire, et il suffit d'examiner un poil, une lame mince de tissu dans les condi- üons précédemment indiquées, pour reconnaître ce beau phéno- mène. Mais l’une des plantes dans lesquelles il se montre avec le plus de variétés, est l’Orvale. Cette Labiée vigoureuse se couvre sur toute sa surface, et principalement sur ses jeunes mérithalles, de poils volumineux, d’une belle transparence, formés de trois à cinq cellules ajustées bout à bout, et dont les diaphragmes con- tigus sont d’une limpidité parfaite. Si l’on fait choix de cette plante, et qu'on observe sous l’eau un petit lambeau d’épiderme recouvert de ses poils, on reconnait bientôt dans ceux de ces derniers qui débordent la lame de tissu les canaux dans lesquels se fait la cir- culation ; et, en suivant attentivement leurs trajets de la périphérie, ou de tout autre point, au centre occupé par le nucléus, on voit les granules qu'ils contiennent ruisseler pour aboutir à ce point, et quelques-uns de ces granules se heurter alternativement sur les parties latérales et opposées de ces canaux dans lesquels ils cir- culent. La vitesse avec laquelle ces courants s'effectue est aug- mentée par la chaleur et varie dans chaque canal ; elle est presque nulle à 10 degrés, et marquée entre 25 à 30 degrés. Les granules d’un courant traversent quelquefois la moitié du diamètre longi- tudinal d’un canal dans quelques secondes, tandis que ceux de certains autres emploient souvent plusieurs minutés pour parcourir le même trajet ; dans d’autres la circulation est momentanément arrêtée, et quelquefois, dans ceux où elle a lieu, elle s’arrête instan- tanément. Tous ces courants centripêtes se voient également dans les canaux dont on distingue les anastomoses et dans ceux où l’on n’en distingue pas ; et pendant qu'ils ont lieu, ces mêmes canaux sont, les uns tendus comme des fils roides, les autres plus lâches et plus volumineux. La première fois que j'observai ces courants, jé songeais peu à remonter aux causes qui leur communiquent le | | | | | | | DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 203 mouvement, et je m’en serais tenu peut-être à la simple constata- tion du fait, si cette cause ne fût venue d’elle-même attirer mon attention, et cette cause est la contraction. A la vue de cet étrange phénomène , que je contemplai longtemps avec cette curiosité inquiète qu'engendrent les choses surprenantes et complétement inattendues, je cherchai à attribuer à quelque illusion; mais force fut bien de céder à l'évidence, quand l'expérience, répétée cinq cents fois depuis dix ans sur cette plante et beaucoup d’autres, m'’eut montré les mêmes résultats. Les contractions des canaux se font ordinairement de proche en proche, de telle manière que le fluide granuleux se trouve graduellement poussé, à mesure que la contraction d’un même canal se continue, et forme au devant de la partie qui se contracte une ampoule plus ou moins volumineuse qui continue à marcher jusqu'au nucléus, au bord duquel elle s'arrête souvent, jusqu'à ce qu’elle ait fait corps avec lui. Dans leur progression vers le nucléus, ces portions rénflées sont sou- vent retardées dans leur marche par des points anastomotiques, et elles ne l’atteignent alors qu'après s’être portées en haut, en bas, de côté, ete., suivant la disposition des parties anastomosées ; pendant que ces contractions ont lieu, le canal, aminci en arrière et très dilaté en avant, semble s'étendre et fluer dans quelques cas en formant des plissements qui s'accumulent près du nucléus. On pourrait croire, au premier abord, que, comme cela se présente dans la plupart des processus filamenteux des poils de la Courge et dans ceux des cellules encore très jeunes, la matière membra- niforme, molle, très extensible, est une matière visqueuse qui se porte d'elle-même vers le nucléus. Mais si l’on observe un canal dirigé parallèlement à l’axe de la cellule, portant un rameau ana- stomotique qui lui soit perpendiculaire, on voit ce dernier gra- duellement poussé vers le nucléus, former un angle de plus en plus aigu, et quand le relâchement s’effectue, ce qui a lieu lente- ment, on le voit aussi revenir, ou à péu près, dans ses premiers rapports, et former de nouveau un angle droit avec le canal auquel il communique. Cependant, en citant cet exemple, je n’entends pas dire que les canaux conservent une fivité permanente, ce qui serait contraire à 201 L. GARREAU, — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES la réalité, puisque nous savons que la matière animale dans laquelle ils se constituent est susceptible de se mouvoir et de se déplacer. Meyen, observateur distingué, parait avoir le premier aperçu une partie des mouvements qui s’exécutent dans la matière vivante des cellules ; mais ses conclusions témoignent qu'il ne les a observés qu'en se plaçant dans des conditions peu favorables, car il les prend tous comme résultant des courants de la matière mucilagi- neuse intra-cellulaire qui se confondent et se séparent successive- ment. Mais il n’est pas douteux que ce savant les eût mieux décrits s’il lui füt venu à l’idée de persévérer dans l'examen de ce qu’il voyait, en variant les sujets et les conditions d'observation ; car alors il eût pu se convaincre que la plupart de ces courants sont de véritables canaux qui se contractent, et dans lesquels circulent de nombreux granules, avec une vitesse plus grande que les mou- vements centripètes de la matière molle qui les constitue , dernier fait qui n'aurait pas lieu s’ils étaient entrainés avec cette matière; d’ailleurs il eût pu voir aussi ces petits granules circuler dans quelques canaux tendus et complétement immobiles, dont le con- tenu reçoit son impulsion des contractions éloignées de canaux communicants. M. Hugo Mohl à certainement vu quelques-uns des faits que je signale, car il reconnut l’existence de petits canaux dans la matière animale intra-cellulaire, qu'il désigne sous le nom de protoplasma , et M. Slack , tout en niant l'existence de canaux dans certaines cellules, dit, de son côté, au sujet de la cir- culation dans les cellules de l’Hydrocharis Morsus ranæ : « Les petits globules suivent les gros, et quelquelois un des globules verts traverse la cellule dans un courant de particules plus petites, passant forcément à travers un canal qui a peine à les admettre. » Les canaux qui se constituent dans la matière azotée animale d’une cellule ne se contractent pas toujours graduellement ; 1l n’est pas rare d’en voir plusieurs chasser à la fois, par un mouvement assez brusque, le fluide granuleux qu'ils contiennent : dans ce cas, ces canaux se distendent insensiblement, et, pendant que le fluide qu'ils doivent chasser en se contractant afflue dans leur intérieur, on les voit souvent changer de rapports, et se ballotter comme des cordes mal tendues, jusqu’à ce qu'ils soient devenus plus roides DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 205 et plus volumineux ; alors 1ls se tendent, prennent une temte d’un blanc mat, et se contractent une ou plusieurs fois de suite. Après que ces contractions ont eu lieu, les canaux en partie vides et plus allongés qu'auparavant se réunissent quelquefois en un fais- ceau qui, d’une part, se voit fixé aux extrémités de la cellule, et de l’autre au nucléus, faisceau qui simule alors un axe mucilagini- forme sans distinction de parties. Mais si l’on persiste à obser- ver, on voit, après une demi-heure et quelquefois plus, suivant des conditions qu'il ne m’a pas été possible de reconnaître, ces mêmes canaux s’emplir de nouveau et se contracter. Tel est le mécanisme à l’aide duquel le fluide granuleux, contenu dans la matière azotée vivante, afflue de la périphérie vers le nucléus. Il existe aussi un mouvement centrifuge qui s’effectue par des contractions plus lentes, moins marquées, et il s'exécute avec une vitesse variable dans chaque canal. Le nucléus lui-même se con- tracte, mais ses contractions sont lentes et graduelles, et l’on ne peut apprécier ses mouvements que par ses changements de rap- ports et de volume ; car, quand ces contractions ont lieu, on le voit diminuer d’ampleur insensiblement et prendre une teinte d’un blanc mat, en même temps qu'il se déplace faib lement. Au sur- plus, cet organe, flottant comme les canaux et les courants vis- queux dans la cavité cellulaire, subit des déplacements variés bien moins limités qu'on ne le croit généralement, et qui trouvent leur cause visible dans les propriétés contractiles et extensibles de ce corps et de ses annexes. Il ne m'a pas encore été donné de constater si le fluide granuleux peut retourner du centre à la périphérie, par tous les canaux qu’il a parcourus pour arriver au nucléus ; mais ce dont on peut se convaincre, c’est que l’on voit simultanément des canaux parallèles chez lesquels la cireula- tion est, dans les uns, centripète, et dans les autres centrifuge. Or, comme ces canaux sont en relation avec le nucléus, il faut que cet organe puisse se contracter partiellement, comme le font les canaux ; car on ne comprendrait pas, si toute sa masse agissait à la fois, comment il pourrait y avoir des courants centripètes et des courants centrifuges. Le fluide en cireulation est ordinairement limpide ; cependant, 206 L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES dans les végétaux à latex blanc, tels que dans le Campanula pyra- midals, le Sonchus oleraceus, elc., il devient un peu opaque, et, dans le Chelidontum majus, il est semé de granules jaunâtres, coïncidences qui permettent, sinon de conclure, au moins de con- jecturer que les matériaux deslaticifères tirent leur origine de ceux du fluide nourricier intra-cellulaire. Les granules qu’il charrie sont de deux sortes : les uns, assez volumineux, à peu près sphériques, mais mous et peu nombreux, s'accumulent dans le nucléus en plus forte proportion que dans les canaux; les autres, d’une extrême ténuité, sont moins réguliers, et paraissent être un peu plus denses que leliquide qui les baigne ; car, dans l’Ephémère et l’Erodium moschatum, plantes dans lesquelles on les distingue avec facilité, ils sont plus serrés à la partie inférieure qu’au centre des cariaux. Le fluide nourricier ne se meut pas seulement dans les canaux qui se voient libres et flottants dans la cavité cellulaire ; il circule aussi dans le réseau que les canaux forment dans la mem- brane primordiale, ainsi que dans ceux un peu plus volumineux qui rampent obliquement à sa face interne. Mais pour reconnaître cette circulation, il faut un peu plus de soins et de patience ; les canaux dans lesquels elle se fait sont, à la lumière artificielle, plus transparents que la membrane dans laquelle ils se constituent, et, en suivant leurs trajets, on les voit se renfler graduellement et par places de petites ampoules mobiles, qui représentent en petit celles qui se forment par les contractions des canaux libres de la cavité cellulaire. Enfin, et pour terminer ce chapitre de faits, si l’on fait choix d’un poil encore frais, mais qui présente sur une surface très limitée de son étendue la membrane primordiale faiblement séparée de la coque cellulosienne, on y découvre les mêmes mou- vements dans les filaments non rompus qui unissent ces deux parties de la cellule; seulement, ces filaments étant d’une grande ténuité, les ampoules sont très réduites, mais toujours appréciables à un grossissement de 300 à 400 diamètres. Tous les mouve- ments vitaux qui s’exécutent dans la matière azotée intra-cellu- laire cessent alors que les cellules sont baignées pendant quelques minutes dans une solution aqueuse de sulfate de strychnine au 347. L'acétate de morphine au même degré de dilution produit DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 207 les mêmes effets ; seulement ils se font attendre un laps de temps à peu près double. Les poils transparents de l’Erodium moscha- tum, pris sur les jeunes mérithalles, se prêtent tout aussi bien aux observations qui viennent d’être rapportées ; il en est de même de ceux du Chelidonium majus, du Glaucium glaucum, du tissu cel- lulaire, des épidermes des Sedum, de celui du pétiole du Dipsacus fullonum, des Arum , etc.; seulement, dans ces derniers exem- ples, ils sont moins faciles à étudier, leurs mouvements vitaux étant plus obscurs et les parois cellulaires moins transparentes. Les mouvements que la matière azotée des cellules exécute ne bornent pas leurs effets à la circulation du fluide granuleux qu'elle content ; le fluide aqueux qui la baigne et qui emplit la cellule, sans cesse déplacé par ces mêmes mouvements, exécute une trans- lation rotatoire moins marquée, il est vrai, que celle qui s’observe dans les cellules des Chara, des Nitella, de V'Hydrocharis Morsus ranæ, du Strathotes aloides, etc., mais cependant très visible, ce liquide étant semé de petits granules qui permettent, avec quelque attention, de reconnaitre sa marche dans les poils des Labiées, de la Courge, etc. 1 y a aussi deux mouvements distincts dans l’inté- rieur des cellules : l’un, spontané, dû à la matière vivante qui se contracte; l’autre, passif, dû au déplacement du liquide ambiant. Dans l'exposé qui vient d’être fait de la manière d’être de la matière vivante des cellules, de ses mouvements et de ceux qu’elle imprime au liquide qui la baigne, notre examen n’a porté que sur celle qui se constitue en nucléus, en canaux et en filaments con- tractiles ; mais dans beaucoup de plantes, et entre autres dans les cellules de l’épiderme des pétioles des jeunes Ærum, des poils des Ombellhifères, des Borraginées ; dans celles de l’épiderme des feuilles du Scolopendrium officinarum v. undulatum, elle com- mence à perdre ces caractères, et n’est plus représentée que par des filaments qui émergent d’une masse demi-fluide, et qui s’éti- rent en se déplaçant avec lenteur sur la membrane primordiale, en imprimant le mouvement au fluide que ces cellules contiennent, Il est vrai que la plupart des physiologistes, qui se sont occupés du mouvement rotaloire qui s'exécute dans les cellules des Chara, _ l’attribuent à d’autres causes ; mais, à notre avis, il n’y a guère 208 L. GARREAU, —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES. que MM. Schleiden, Hassal et Hugo Mohl qui en aient bien com- pris le mécanisme, en l’attribuant au fluide dense qui occupe la paroi interne de la cavité cellulaire. MM. Dutrochet et Donné en ont soupçonné la cause dans les mérithalles déjà avancés de ces plantes : le premier en suspendant son cours à l’aide d’agents toxiques, et le second en reconnaissant les mouvements sponta- nés des lambeaux détachés et vermiformes de la membrane pri- mordiale. Toutefois ces savants semblent accorder aux globules verts une influence qu'ils n’ont pas, car ces macules de chloro- phylle sont à peine apparentes dans les très jeunes rameaux du Nitella flexilis, et manquent complétement dans les cellules corti- cales des rhizomes des Chara. Cependant la circulation est beau- coup plus active dans ces parties que dans les mérithalles plus âgés, dans lesquels les macules vertes abondent ; aussi renferment- elles une matière azotée, plastique, remplie de granules excessive - ment ténus qui rampent sur la paroi du tube en imprimant le mou- vement au liquide aqueux semé de globules qu'il contient ; ce qui prouve que telle est la cause du mouvement dans ces jeunes cel- lules, c’est que, quoique plus dense que le liquide qui la baigne, elle s'élève le long du tube contre la pesanteur, et progresse avec une vitesse incomparablement plus grande que celle du liquide qui se meut avec elle. À mesure que les mérithalles se développent, cette matière paraît se fixer à la membrane primordiale qu'elle concourt à développer, laquelle, étant fixée à la paroi cellulaire, fait progresser le liquide inclus, non pas, comme on l’a supposé, à l’aide de cils vibratiles, mais par des ondulations assez rapides et semblables à celles que produit la surface de l’eau touchée par un vent léger. Si, au lieu de se borner à l'examen des mouvements vitaux de la matière azotée dans l’intérieur des cellules des plantes phanéro- games et de quelques Charagnes, on l’étend aux Cryptogames tant cellulaires que vasculaires, on remarque que cette gangue vivante, en subissant des métamorphoses variées, se présente fréquem- ment sous l’aspect d'individus de formes déterminées, qui pen- dant longtemps ont été confondus avec les Infusoires. Que l’on examine les anthérozoïdes des Chara, des Nitella, des DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 209 Fougères, des Mousses, des Préles, des Hépatiques, ete., suivis dans leurs développements et décrits avec tant de soin dans leurs formes et leurs propriétés vitales par M. G. Thuret, et après ou à la même époque par MM. Nægeli, Suminsky, Pringsheim, Derbès et Solier, etc., et l’on verra si la spontanéité du mouvement dont ces êtres sont doués est douteuse, et si leur origine, comme prenant sa source dans la métamorphose ou le développement des matières protéiques vivantes des cellules, est contestable. Nous les avons observés, pour notre compte, dans plusieurs Chara, dans le Natella fleæilis, dans le Marchantia polymorpha, etc., et la con- tractilité et le mouvement spontané de ces êtres nous ont paru si peu douteux, que nous ne craignons pas de dire, tout en respectant l'opinion des savants qui les nient, que leurs observalions ont dû être faites en temps inopportun. Que l’on contemple les mouve- ments des zoospores, pris par Nees d’Esenbeck pour des Infu- soires, êtres dont l'origine a été signalée par M. Meyer, et dont l’organisation a été décrite par Unger dans le Y’aucheria clavata, puis par M. G. Thuret, et enfin ceux des sporoïdes de différentes Fucacées par MM. Decaisne ct G. Thuret, étudiés avec un soin si admirable par le dernier de ces honorables savants, dans un grand nombre d'espèces, tant sous le point de vue de leur organisation que sous celui de leurs propriétés vitales, et l’on concevra que si la matière azotée vivante qui se meut dans l’intérieur des cellules des plantes phanérogames n’a pas la forme déterminée d’un Infu- soire, comme celle qu'elle atteint dans les animalcules des anthéri- dies et les zoospores, 1l existe entre elles un certain degré de parenté. Et ee qu'il y a de très remarquable, c’est que les zoospores actuellement vivants, mouvants, ne tardent pas, après s'être fixés en un point, àse déformer en élaborant des cellules ; mais, quoique morte, pour nous, sous ce voile qui la dérobe en partie à nos regards, leur substance vit cependant en secret, puisqu'elle élabore une plante qui les ressuscite. Ce cercle n'est-il pas curieux et bien digne de fixer au plus haut degré l'attention des micrographes et des physiologistes, puisqu’à lui seul 1l semble nous révéler la véri- (able nature des plantes ? Il existe, 11 est vrai, de très grandes différences entre les Algues et l'immense majorité des autres végé- £° série. Bor. T. XII. (Cahier n° 4) ? 15 210 L. GARREAU, —— DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES taux ; mais ce n’est ni dans la forme, ni dans les fonctions acces- soires qu'il faut chercher des rapprochements, mais dans les mou- vements et les principales fonctions de leurs matières azotées. Ces mouvements, visibles dans toutes les plantes en voie d’accroissement, n’ont pas d'action marquée sur la paroi trop résistante des cellules; mais dans les Oscillaires, dont les unes s’allongent à la manière des vers et les autres se crispent sous forme de spires, on retrouve des conditions nouvelles, à l’aide desquelles la matière vivante de ces plantes, sans paraître changer de nature, se trouve dépouillée de l’écorce qui limitait ses mou- vements. Enveloppons, par la pensée, une Oscillaire d’une coque cellulosienne plus résistante, et nous aurons tous les éléments organiques d’une fibre ligneuse ; donnons la même enveloppe à l’Amibe diffluente, et nous retrouverons ceux d’une cellule parenchymateuse. Mais si les matières azoiées qui existent dans les cellules des plantes possèdent la propriété de se mouvoir et de se reproduire comme celle qui constitue les animaux, jouissent-elles des autres fonctions qui sont liées à cette dernière ? C’est ce que nous allons examiner. La matière protéique des plantes qui sert au développement de celle des animaux n’a pu jusqu'ici être isolée complétement des éléments organiques et inorganiques avec lesquels elle est en rap- port; mais ce que nous avons dit, dans l'écrit quia précédé celui-ci, montre qu’elle tend à s’isoler dans les graines avec les phosphates terreux et alcalins. | Si l’on extrait le gluten des céréales, il donne à l’analyse les substances animales et minérales que l’on retrouve, à peine modi- fiées, dans nos tissus propres. Si ce même gluten subit le contact d’un globule de ferment, il se transforme entièrement en globules qui constituent ce Champignon, composé lui-même, à l'exception de la couche à peine visible de cellulose qui l’enveloppe, des élé- ments du gluten et dans les mêmes proportions. Si l’on enlève avec précaution l’endochrome des mérithalles des Chara, on lui trouve, à part la matière grasse el les traces de fécule qu'il recèle, la même composition chimique. I] ne parait DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 211 done pas y avoir de différence entre la composition de la matière qui vit dans les plantes et celle des animaux. On rencontre, il est vrai, les matières protéiques des plantes constamment imprégnées de cellulose, tandis qu’elles ne parais- sent l'être qu'exceptionnellement chez les animaux (T'unicrers, Disselmis). | En appréciant à notre point de vue les mouvements vitaux et la composihion chimique de la matière protéique des plantes, notre intention n’est pas de soutenir que les animaux et les plantes sont organisés et sentent de la méme manière; la seule thèse que nous soutenons, c’est que la matière vivante des plantes présente une composition chimique et remplit des fonctions fondamentales sem - blables ou analogues à celles des animauæ. On à eru pendant longtemps qu'à l’inverse des animaux, les plantes respiraient à l’aide du gaz acide carbonique qu’elles extraient du sol, ou qu’elles puisent dans l'atmosphère, gaz qu’elles réduisent pour assimiler du carbone et rejeter de l'oxygène, de telle sorte que la plante semble respirer à l’aide d'un agent asphyxiant. Mais si l’on considère que les Champignons, la plupart des Algues, les Orobanches, les racines, les tiges, les fleurs, les fruits verts, etc., de tous les végétaux phanérogames, expirent constamment de l'acide carbonique en consumant de leur carbone à l’aide de l'oxygène ambiant, on est obligé de reconnaître que les plantes respirent comme les animaux, et que le résultat final de cette fonction consiste, chez les uns comme chez les autres, dans la décarbonisation de leurs fluides ou de leurs tissus et la produc- tion de chaleur. M. Bérard, dans un mémoire couronné par l’Académie des sciences, avait reconnu que les fruits verts, même les plus jeunes, expirent, au soleil comme à l'ombre, des quantités notables d’acide carbonique, et, dans une suite de mémoires publiés dans les Annales des sciences naturelles, nous avons constaté, à l’aide d'expériences nombreuses, que les bourgeons eties jeunes pousses qui leur succèdent, les plantules, les feuilles adultes, etc., con- sument, dans les mêmes conditions, une partie de leur carbone à l’aide de l'oxyde ambiant ou de celui qu’elles forment dans leurs 219 L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES tissus, et que cette fonction, qui diminue d'intensité à mesure que la feuille vieillit, était d'autant plus marquée, qu’elle s'exécutait sous l'influence d’une température plus élevée, Ces faits, que des travaux plus récents sont venus confirmer, établissent, comme on le voit, que la plante est douée d’une respiration animale constante, le jour comme la nuit; seulement sa respiration animale diurne est plus ou moins voilée dans ses résultats, cette fonction pouvant s'effectuer à l’aide de l'oxygène provenant de la réduction de l'acide carbonique qu'elle forme, et qu’elle verse sans cesse dans les lacunes de son tissu ou dans son atmosphère. Il est très facile de constater cette double rotation en faisant respirer une plante verte ou ses feuilles dans une atmosphère limitée, en présence de l'eau de baryte qui se couvre bientôt d’une pellicule de carbonate de cette base, tandis que si l'expérience a lieu dans la même atmosphère, la base étant supprimée, on ne retrouvera aucune trace de gaz acide. S'il est facile de constater qu'il existe une respiration animale continue au sein du végétal, il est également possible d'établir Ja relation qui existe entre cette fonction et la calorification qui en est la conséquence ; il nous suffira de rappeler quelques expériences dues à Théodore de Saussure, à Dutrochet, à M. Adolphe Bron- gniart, en leur joignant les observations qui nous sont propres pour la faire ressortir. Datrochet, à qui l’on doit les recherches les plus délicates sur la chaleur des êtres vivants à basse température, a démontré(Annales des sciences natureiles, 1845, p. 5) que toutes les parties des végé- taux possédaient une chaleur propre supérieure à celle du milieu ambiant, et que l'élévation de température observée avant lui sur les Arum, les Caladium, ele., n’était que la manifestation plus marquée d’un phénomène commun à tous les êtres vivants. Mais ce phénomène n’est lui-même que la traduction faible d’un fait plus matériel, c’est-à-dire de la combustion chinico-vitale du carbone par l’oxygène. Ainsi, chez les plantes comme chez les animaux, l’acte respiratoire a pour résultat final appréciable de leur enlever du carbone en élevant leur température, et ces deux effets sont bien réellement en corrélalion intime chez les uns et DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 213 les autres ; car les recherches de Théodore de Saussure montrent ” que les tubercules, les racines, les tiges ligneuses, etc., n’expirent guère que la moitié de leur volume d’acide carbonique dans les vingt-quatre heures, et celles de M. Dutrochet ont constaté que ces parties ont une chaleur propre à peine appréciable. Le premier de ces savants a vu que dans les fleurs monoïques les mâles consomment plus d'oxygène que les femelles, et le second a reconnu que leur température est aussi beaucoup plus élevée. Les recherches de Sennebier sur la chaleur de l’Arum macula- tum, celles de M. Schul{z sur le Caladium pinnatifidum, celles de Gœppert sur l’Arum Dracunculus, de MM. Adolphe Brongniart, de Vrolicke et de Vriese sur le Colocasia odora, ainsi que celles déjà fort anciennes de Lamarck et les nôtres sur le spadice de V’Arum italicum, établissent d’une manière rigoureuse la cause du phénomène et ses rapports avec l’oxygèneet le carbone consumés. Voici les moyennes approximatives de la chaleur propre déter- minée par M. Dutrochet sur un certain nombre de plantes et l’acide carbonique expiré dans le même laps de temps. Le volume de l’organe est pris pour unité. Oxygène | TR ae Auteurs Chaleur Auteurs DÉSIGNATION DES PLANTES. pénddut des. ss Nb red observations. |moyenne.| observations. Poiremvérte. 4. ul. :, 0,50 Bérard. 0,06 |Dutrochet. POMEAVER Bin les la coschoe à 0,70 Id. 0,06 Id, Prune de reine-Claude . . . 1,60 Id. 0,09 Id. 10 gr. feuilles de Joubarbe. . 0,20 | Garreau. 0,03 Id. Spathe de l'Arum maculatum. 4,00 |De Saussure.| 0,22 Id. Spadice de la même fleur. . .| 38,00 Id. k,60 Id. | Organes mâles de la même Te, 135,00 Id” 7,00 Id. Organes femelles de la même a lue one surel CHk0,00 Id. 4,50 Id. BEUEUS Course, . |. . . . . 7,60 Id. 0,50 |De Saussure. MOIS aUrEUS ". | . .1, .. 7,50 Id. 0,45 |Dutrochet. D'après ces faits, pris à des sources différentes, il est aisé de voir qu'il existe une relation bien marquée entre la quantité de car- 21 KL. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES ” bone brûlée et l’élévation de température produite. Ces données manquent, il est vrai, du degré de précision que l’on doit appor- ter dans des recherches de cette nature, car il est à regretter que Théodore de Saussure et M. Bérard aient négligé de nous apprendre d’une manière exacte, comme l’a fait M. Dutrochet, les tempéra- tures moyennes sous lesquelles leurs observations ont été faites. Malgré cette omission, on voit cependant que les relations que nous avons indiquées existent. Voici d’ailleurs une table qui relate des observations qui nous sont propres, à l’aide de laquelle il est facile de saisir les rapports qui existent entre l'oxygène consommé et la calorification qui résulte de son union avec le carbone de la plante. Respiration du spadice de l'Arum italicum, à la température de 20°. > 2 D QG Volume Chaleur Chaleur shnati de l’oxygène xyssne consommé ropre moyenn ï HEURES DU PAROXYSME. PE TE one l'obeans du spadice. par heure. élant pris pour unité, a PS PE tés sa L 30 3,2 39cc. 14,1 Deuxième id. Ÿ: . # + | 5,3 57 16,2 Troisième id. | à d É | 7,8 73 21,4 Quatrième id. : ; 83 | 400 28,5 Cinquièrhé id, 1 qe “4 | 6,0 50. 14,2 Sixième id. e$ ES d' 2,7 20 5,7 Moyennes par heure de paroxysme. 5,3 | 868 16,1 Oxygène consommé pendant six heures. . . .| 341 On peut objecter que la production d’acide carbonique au sein du végétal et celle du calorique qui résulte de sa formation sont les résultats d’une action purement chimique, et non la consé- quence d’un acte physiologique. Mais si l’on réfléchit que les DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES, 215 recherches de Théodore de Saussure, ainsi que celles de MM. Bé- rard et Dutrochet, ont été faites sur des organes vivants en voie d'accroissement, et que les parties des plantes broyées cessent de former de l’acide carbonique, comme les expériences de Théodore de Saussure, celles de M. Frémy et les nôtres l'ont fait voir, et que d’ailleurs la mort du tissu constatée par la perte sans retourdu mouvement de la matière azotée abolit la production de ce gaz, il est naturel de conclure que sa formation est la conséquence d’un acte vital. Du reste, ce qui, pour nous, avec les causes qui vien- nent d’être énumérées, témoigne que la respiration animale des plantes a son siége dans la matière azotée vivante qui se meut dans les cellules, c’est la relation qui existe entre la quantité de cette matière contenue dans un organe vivant et celle de l’acide carbo- nique qu'il expire. La table suivante, extraite de notre premier Mémoire sur la respiration des plantes (Annales des sciences naturelles, 1851, p. 5), paraît du moins justifier notre assertion : 24 heures, La levûre a été étalée sur un papier sans colle et suspendue dans l'at- mosphère de l'appareil. Moelle blanche du Sureau Bois de Chêne en copeaux fins. . . Racine de Carotte. Aubier frais du Sureau Aubier frais du Marronnier . . . . Fibres radicales du Seneçon comm. Fibrille de la racine de Mercuriale. Acide expiré DÉSIGNATION DES PARTIES. en OBSERVATIONS. Boletus aureus . . . . 7 | Levüre en consistance de pâte. . . Levüre lavée à l’eau distillée . S © Où © Où © Où © © © D’après ces expériences, dans lesquelles le volume de l’organe qui respire est pris pour unité de comparaison, on voit que les parties des plantes privées de matière azotée vivante ne respirent pas, tandis que celles qui, comme les fibrilles les plus déliées, Vaubier, les Champignons, la levüre, ete., en sont richement 216 L. GARREAU. —- DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES dotées, respirent d'autant plus qu'elles en recèlent davantage. Il est bon de remarquer que les graines et les fruits, quoique riches en matières protéiques, ne produisent que des quantités minimes d'acide carbonique; mais on comprendra que ces organes sont à peine perméables au gaz oxygène, protégés qu'ils sont par des enveloppes épaisses, et surtout par leur volume comparé à leur surface relativement très petite. Cet obstacle , apporté à la respi- ration de ces parties, devenait indispensable à leur développement, car, sans lui, ni la fécule, ni l'huile si nécessaire au développe- ment germinalif du jeune embryon, ni la pectine, le sucre, les concrétions ligneuses des fruits, ne se fussent formés, l’un des éléments nécessaires à leur formation, le carbone, ayant été con- sumé. Ce qui prouve que celte assertion est vraie, c'est que le fruit et les graines placés dans des conditions propres à faciliter le contact de l'oxygène, à stimuler et à entretenir les mouvements vitaux de la matière azotée, respirent et se dépouillent, comme le témoignent les analyses de M. Boussingault, d’une grande partie de leur carbone, sans rien perdre de Leur azote. La matière protéique des plantes exerce sur les aliments respi- ratoires qu’elles recèlent une action semblable à celle que la sub- stance des animaux exerce sur les mêmes malières, de sorte que plus un organe sera perméable à l'air et riche en matières azotées, moins il emmagasinera de produits féculents, sucrés, huileux, ete. C’est ce que l’on remarque pour les fibrilles, les jeunes feuilles, lee pétales, les étamines et les tiges herbacées de végétaux forcés à l’aide d'engrais; le contraire aura lieu à mesure qu’il perdra son contact avec l'oxygène : c’est ce que nous voyons dans les fruits, les graines, les racines volumineuses, organismes dans lesquels nous retrouvons ces aliments en plus ou moins grande quantité, et que, dans quelques espèces, nous parvenons à développer en plus forte proportion en préservant quelques-unes de leurs parties du contact de l'air (Pomme de terre, Betterave). L'action que la matière protéique exerce sur l'aliment respiratoire qui, à son con- tact, à un autre genre d'influence, alors qu’elle s'exerce avec une certaine intensité, c’est d’abréger la durée de l'organe qui en est le DANS LES DIVERS ORGANES DES PLANTES. 217 siége, ou de diminuer sa consistance; aussi voit-on les jeunes fibrilles, les pétales, les étamines, les Champignons, etc., se flétrir rapidement, et les tiges du Lin, de nos céréales, ete., développées sous l'influence d'engrais azotés ou employés en trop grande abon- dance, verser sur le sol par l'insuffisance de dépôts cellulosiens ou incrustants, substances auxquelles, dans les conditions ordinaires, elles doivent la propriété de résister plus facilement à l’action de la pluie et des vents. D'après les faits consignés dans ce travail, la matière azotée vivante qui se meut dans l’intérieur des cellules des plantes réunit les principaux attributs de celle qui vit chez les animaux; elle en possède l’excitabilité, la contractilité, la composition élémentaire ; sa respiration, eu égard à ses résultats les plus appréciables, ne diffère pas de celle des animaux, et son rôle, dans le régime de ces derniers, est de convenir même au carnassier qui peut au besoin, comme l’herbivore, trouver en elle tous les éléments de sa propre substance. Seulement le premier, n'étant pas conformé pour les extraire, avait besoin d’un intermédiaire plus apte à les lui procurer. Mais si la matière protéique des plantes réunit la composition et quelques-unes des principales fonctions de celle des animaux supérieurs, elle possède une force assimilatrice que l’on ne retrouve que chez les animaux très inférieurs ; c’est celle à l’aide de laquelle elle relie la matière brute à sa propre substance et à la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 12. Fig. 4. Poil d'un jeune mérithalle de l'Erodium moschatum, avec des canaux cellulaires. — A, nucléus avec une portion de ses canaux : il contient deux sortes de granules. — BBB, ampoules qui se forment au-devant des parties en contraction et qui cheminent vers le nucléus. — CC, canal fortement tendu, 218 L. GARREAU. — DES MATIÈRES MINÉRALES FIXES, ETC. momentanément immobile, et dans lequel circulent avec vitesse un liquide dont les particules granuleuses heurtent en cheminant les parois opposées du canal. Fig. 2. Poil d'un jeune mérithalle de l’Orvale (Salvia sclarea). — AA, cellules _ montrant la disposition et les anastomoses de la matière animale avec des canaux qui se contractent. — B, disposition du réseau anastomotique dans la membrane primordiale, avec ses petites ampoules mobiles. Fig. 3. Épiderme de la portion axillaire externe d’une feuille adulte de l'Éphé- mère avec la matière animale se constituant en canaux, dont quelques-uns communiquent avec ceux des cellules voisines. Fig. 4. Tissu cellulaire pris à la base de la nervure moyenne d’une feuille de Glaucium flavum, dont la matière animale présente la même disposition que dans la figure précédente. DE MACULIS PLANTARUM VASIS CELLULISQUE LIGNOSIS OBVIIS. Auetore Hermann SCHACHT. Inter poros sive stratorum membranam cellulæ vegetabilis incrassantium loca tenuiora ab antiquo jam forma innotuit, in qua inter pororum canales utriusque cellulæ vicinæ parietes inter se contiguos interstitium cavum, plerumque lenticulare, invenitur, quod superne inspectum ut orbiculus sive area pori canalem verum ambiens apparet. Sed in quibusdam tantum cellularum formis ut in Comferarum et Cycadearum cellulis lignosis vasisque Dico- tyledonum maculatis pori illi areis cireumdati inventi sunt; im ceteris omnibus nihil nisi pori simplices videntur adesse. Utrique vero structura et functione differunt, qua re fas esset eos termino quoque distinguere. H. v. Mohl (1), quem de cellulæ parietis structura perscrutanda optime meritum esse nemo certe ignorat, omnes canales strata ejus secundaria perforantes maculas appellat, vera foramina vero, qua- liae. gr. in Sphagni folio inveniuntur, poros, cum contra Schlei- den hoc termino omnes canales illos strata secundaria perforantes designet, interstitio illo, de quo supra diximus, adsitne necne non respecto. In libro nostro « die Pflanzenzelle » et postea in opere « Lehrbuch, etc. » (2), poros et maculas distinximus, formam- que pororum canalium, ubi inter cellularum binarum parietes contiguos interstitium cavum, maculæ interstitium, adest, macu- (1) Ueber die Poren des Pflanzenzellengewebes, 1828, p. 15. (2) Pflanzenzelle, p. 20. — Lehrbuch der Anatomie und Physiologie der Gewächse, 1, p. 27. 2920 Hi. SCMACHT, — DE MACULIS IN PLANTARUM VASIS lam appellavimus, cum contra porum pori canalem simplicem designemus. Hic solam maculam sensu nostro intellectam tractabi- mus terminoque pro hac sola notione utemur. Maculæ seu pororum canales, qui interstitium cavum inter se habent, jamdudum quidem notæ sunt; evolutionis vero earum historia et structura vera, dignitasque in plantæ vila usque ad hoc tempus in obscuro relictæ erant, de qua re vix mirari licet propter partium exiguitatem inquirendique difficultatem. Malpighi (4) in Coniferarum cellula lignosa, nisi fallimur, pri- mus maculas vidit, sed tubercula subrotunda, granis inter cellulas sitis effecta habuit, quam sententiam postea Treviranus etiam delen- dit. Moldenhawer contra eas pro cellulæ parietis aperturis habuit, orbiculum internum vero seu pori canalis ostium pro cellulæ parietis prominentia. Kieser maculæ interstitiun primus videlur obser- vasse; maculas cum Sprengel, cellulæ parielis aperturas declarat. Link (2) vero maculas pro cellulis globosis materia grumosa impletis inter cellulas lhignosas sitis habuit. Tum H, v. Mobl (3) primus in maculæ structuram accuratius inquisivit, quæ secundum eum cellularum binarum parietibus contiguis divergentibus eflicitur ideoque in cellulæ cavum protu- berantiam minimam format. Quæ divergentia intra orbiculum cireumseriptum tantum efficitur, qui hac re, si macula superne inspiciatur, area ejus apparet. In cujus orbiculi medio cellulæ paries extenuatur, ut membrana tenerrima tantum relinquatur ; qui locus extenuatus, si orbicularis est, maculæ orbiculum internum seu porum format, quem Moldenhawer, Kieser, Sprengel pro apertura habuerunt. Membranam hanc extenuatam super poro vere adesse, secundum v. Mohlipsius verba propler permagnam ejus tenuitatem et perluciditatem difficillime certiorem fieri licet. Ut conspieua fiat e ligni abiegni sicci frustulo oblique sursum (angulo 45° ciruiter cum cellularum axi incluso) segmenta tenuissima exci- dantur, qua re sæpe macula una alterave ipso medio persecatur, tum luce opportuna membrana tenerrima super orbiculum inter- (4) Opera omnia. Londini, p. 40,f. 25. (2) Elementa philos. bol., p. 80. (3) Ueber die Poren des Pflanzensellengewebes, 1828. CELLULISQUE LIGNOSIS OBVIIS. 203 num expansa apparet. Raro tantum v. Mohl teste contingit, ut hanc membranam prorsus manifesto conspicias ; suspicatur sæpissime eam cultro a circumferentia solidiore avelli; quod si fiat, observa- torem facillime ad maculas foramina existimandas induci posse, In Cassyta glabella, teste v. Mohl, vasorum parietis maculæ perma- gnæ sunt facileque segmentis transversis et longitudinahibus inspi- ciendis certiorem fiert licet, aream cavo inter parietes vasorum contiguos effici maculæque canalem meatum esse inde a vasis lumine cavum(maculæ interstitium) versus ducentem ostioexterno membrana tenui obturatum. Maculæ ejusdem structuræ elsi mino- res, secundum v. Mohl,inveniuntur in Lauris nobili et Sassafras, et Aleurite triloba et Acacia Lophanta. Maculæ areæ superne inspectæ figura secundum v. Mohl e maculæ interstiti forma pendet; maculæ canalis vero figura stratorum incrassantium structura efficitur. In Cassyta glabella canalis introrsum in fissu- ram, obliquam ampliatur, cum altera parte prope maculæ inter- süitium circularis appareat. Itaque maculæ canalis superne inspectus fissura apparet, in eujus medio orbiculus exiguus situs est. Orbiculus ergo ad strata incrassantia exteriora, priora pertinet, fissura ad interiora, recentiora, qua re ÆAleuritis structura a v. Mohl demonstrata explicatur ubi maculæ 2 ad 6 in serie transversa _sitæ fissuram communem habent vel ut verbo Mohliano utamur, totidem macularum fissuræ confluxerunt. — Cum v. Mohl structu- ram illam difficihime inquirendam maxima cum perspicuitate expo- suerit eoque doctrinam macularum structuram tractantem in primis promoverit, vasorum scalarium in Filicibus et Monocotyleis obvio- rum maculas pro poris (sensu nostro intellectis) declarat, quod intershitiis macularum destitutæ sint; qua ex causa quoque Chi- lianthi arborei vasa scaliformia, quibus macularum interstitia sunt, veris vasis scalaribus non adnumerat. — Vasorum porosorum maculæ ergo secundum v. Mohl Conferarum cellularum lignosa- rum maculis analogæ sunt. De maculæ evolutionis historia v. Mohl (1) hæcce tradit: In (1) Vermischte Schriflen, p. 32-34, 282. — Vegetabilische Zelle, p 1432, Ueber den Bau porüser Gefüsse, p. #53.— Poren des Pflanzenzellengewebes, p.16. 229 H. SCHACHT. —— DE MACULIS IN PLANTARUM VASIS Salisburya et Pino cellulæ lignosæ novellæ secundum eum tener- rimæ, subgelatinosæ sunt, membranis homogenis, in quibus ali- quanto post annuli cellularum lignosarum adultarum maculæ magniludine apparent, pauloque post etiam orbiculus internus distingui potest. Principio subtilissime tantum indicata macula cel= lularum lignosarum pariete incrassato distinctius cireumscribitur prorsusque perficitur. In vasis quoque maculæ interstitium poro (maculæcanalt)prius formatur ; interstitium principio succum con- tinet neque ut Schleiden indicavit, aërem. Quomodo vero maculæ interstitium formetur et quæ dignitas ei adseribenda sit, v. Mohl in dubio reliquit. Secundum Meyen quoque maculæ area pori canale in centro ejus sito prius formatur et ex iconibus ab eo additis videri potest eum et ipsum membranam porum a maculæ interstitio separantem adesse pulasse, quæ sententia a Gæppert (1) quoque proponitur. Porro Meven demonstrat, poros vasorum scalarium in Fulicibus obviorum maculas oblongatas esse et interstitia habere, quod cerlissime confirmare debemus. Secundum Schleiden (2) vero maculæ interstitium aëris vesicula inter binarum cellularum parietes contiguos apparente formatur ; cæterum eo quoque teste interstittnm maculæ canal prius adest. Quæ aëris vesicula materiarum inter binas cellulas vicinas com- mutationem impedit eoque cellulæ membranæ nutritionem ; hoc modo porus (macula) formatur porique canalis cellule membranæ atrophia partial. Sed recuüssime Schleiden ipse censet, hanc poro- rum canalium formationis theoriam cum eorum in cellularum epi- dermidis pariete externo (e. gr. in Cycade) præsentia convenire non posse. Tum maculæ interstitium, si minimum tantum adsit, observationem fugere dicit, ex quo patet, Schleiden cellularum vegetabilium telæ poros in universum pro maculis (sensu nostro) habere ; poro aream maculæ, si poricanalis ac maculæ interstitium æque amplus sit, deficere tradit; maculæ hoc modo constructæ nobis non innotuerunt. (1) Gæœppert, De Coniferarum structura, 1841, p. 48, 49. (2) Grundzüge, 2° Aufl., IT, p. 421. CELLULISQUE LIGNOSIS OBVIIS, 293 Secundum Th. Hartig (4) maculæ interstiium lenticulare aut nil est nisi interstitium intercellulare, aut membrana interna obductum ; tum vero aut cellula propria aut cellularum vicinarum parietum pars, quam ad sententiam probandam maculæ interstitii formam et magnitudinem constantes et circumscriptionem defini- tam nec non cellularum telæ parenchymaticæ similem raaculis arcte juxtapositis effectam formæ mutationem, ele. affert. Hartig maculæ interstitium formari putat « fibræ lignosæ ptychodis (Holzfaser-Ptychode) » 1. e. novissimi cellulæ lignosæ strati secun- dar evaginatione, quod cum contento ad « sacculum prolifieum externum (äusseren Brutbeutel) » 1, e. ad cellulam externam con- strictione aut perfecte aut imperfecte separetur. Illa conditione membrana maculæ imterstiium imvestiens cellulæ hgnosæ pars esset in interstitium intercellulare evaginata et constrictione sepa- rata, hac vero processus cum « fibræ lignosæ ptychode » adhuc continuus. In seminis Ælephantusiæ (Phytelephantis) macrocarpæ albumine Hartig intersüitium maculæ ut cellulam intermediam liberam separasse sibi videtur; hie vero, ut infra demonstrabimus, maculæ interstititum verum omnino non adest. Ex sententia Harti- giana a priorum auctorum opinionibus valde abhorrente intersti- tium maculæ inter cellulas lignosas binas altera parte, ubi alterius cellulæ evaginatione ortum, apertum, altera parte vero clausum est. Interstitium maculæ ab Hartig ergo ut cellula intermedia conside- ratur, postquam membranam illud investientem demonstraverit, quam postea in ligno cujusdam Leguminosæ fossilis ligno vere adesse confirmare debuimus (2). Solutione etiam zinci chlorati cum iodo adhibita hæc mémbrana in cellulis lignosis et vasorum, cum stratoincrassantrintimo nondum ligmficato correspondens, a nobis observata est. In macularum ligni Coniferarum evolutione perscrutanda cum v. Mohl, Meyen, Hartig interstitium maculæ succo impletum ante maculæ canalem formatum apparere observare potuimus. Inter- (4) Beiträge zur Entwicklungsgeschichte der Pflanzen (1843). — Leben der Pflanzenzelle (1844), p. 37. (2) Pflanzenzelle, p. 49, 496, 204. — Lehrbuch der Anatomie und Physio- logie, K, p. 27. / 99! SH. SCHACHE, — DE MACULIS IN PLANTARUM VASIS stitium cum v. Mohl utrinque a binis ejus pororum canalibus seclusam habuimus et cellulam intermediam parvam consideran- dum esse putavimus, Cujus originem quidem explicare non pote- ramus. Sed re tempore recentiore denuo amplius perquisita ad alium finem pervenimus, quo res adhuc in dubio relictæ explican- tur; de qua re prævia quædam eaque brevissima jam publici juris fecimus (1). Maculæ, ut recentioribus disquisitionibus experti sumus, simili modo formantur quo pororum canales simplices a quibus, dum cellulæ succum continent, sola figura differunt pori canalis basi ampliati, quæ ampliatio maculæ aream format. Hic vero postquam cellulæ succum perdiderunt plerumque membrana utriusque cel- lulæ vicinæ pororum canalium ampliationes separans evanescit, qua re maculæ interstitium oritur. Cellularum lignosarum et vaso- rum ergo aërem jam continentium maeulæ ubt cellulis item aërem continentibus contiguæ sunt, cellulæ parietis vera foramina sunt ; ubi vero cellulæ lignosæ et vasorum cellulis succun continentibus attinguntur, maculæ foramina non sunt, sed pororum canales basi ampliati. Maculæ crgo aperlæ et clausæ distinguendæ sunt ; sequentibus ea, quibus sentenua nostra probatur, exponemus. Radix Panisilvestres propter cellulas Hignosas amplas carumque maculas ad proportionem magnas inquirendo præ cæteris apta est, seementaque transversa et longitudinalia extremæ tenuitalis diffi- cile quidem perlicienda tum vero nihil in dubio relinquentia mense junio strati cambialis fines imternos versus macularam in cellulis Tignosis novellis originem exhibent. In segmento transverso cambii cellulæ itemque cellule hgnosæ novissimæ ex ns ortæ tabuliformes apparent : paries tenerrimus est et ut segmentum longitudinale exhibet, prorsus lævis. Postquam modo cellula lignosa transverse secta quadrata facta est, 1. e. radiorum medullarium directione æque lata ac principio jam tangentis directione fuerat, et paries incrassari incepit, prima macularum rudimenta discernuntur prominentiæ exiguæ, in segmento longitudinali radiali orbiculos simplices ejusdem ampltudinis, quæ postea maculæ interstitio, (1) Botanische Zeitung, 1859, p. 238. CELLULISQUE LIGNOSIS OBVIIS. 295 formantes. Qui orbiculi primum luce temperata tantum conspicui pariete magis incrassato magis distinct fiunt, et mox linea duplici cireumscript apparent. Tum segmentum transversum prominen- liam principio minutissimam gradatim progredientem exhibet, quæ in segmento longitudinali tangentiali eodem modo apparet et cellulæ parietis plica circularis consideranda est, qua pori canalis formatur, qui basi satis amplus, plica circulari cellulæ lumen ver- sus progrediente oslium magis magisque angustatum accipit. Pariter segmentum quoque secundum radios medullares excisum postquam primus maculæ orbiculus linea duplicr cireumscriptus conspieuus factus sit orbiculum alterum internum exhibet, primum orbiculo externo proximum, sensim vero angustiorem pori canalis ostio formatum, Cum in plantarum cellulis omnibus parietum con- tiguorum pori semper exactissime inter se correspondeant, hic quoque bini semper pori basibus ampliatis contigui sunt, et utrius- que cellulæ membrana primaria separantur. Pori canalis ipse vero in utramque cellulam protuberantiam format parvam horologii vitri planiusculi instar convexam ; item pori canalis superne, ergo in segmento secundum radios medullares perfecto, inspecti basis ampliata orbiculus externus dupliciter cireumscriptus seu maculæ area apparet, ostium angustatum orbiculus internus seu porus. Septum vero alteram port canalem ab altero cellulæ vicinæ sepa- rans in segments et transverso et longitudimali tangentiali distincte conspicuum est. (Fig. 1.) Qui priores macularum evolationis gradus sats celeriter absol- vuntur ; cellula hignosa novella hoc tempore nondum lignificata et levissime tantum incrassata est ; paries postea sohdior fit et ligni- ficatio incipit ; quo tempore maeula vix amplius mutatur. Ubi pri- mum autem cellula lignosa perfecte explicata est cellulæ succus evanescit et cum eo etiam maculæ septum, quod æque ac stratum incrassans intimum cellulæ lumen et pori.canalem intus investiens non hignificatum erat. Maculæ interstitium ergo hic septi port canales binos separantis resorptione ortum est; quare macula cellulæ lignosæ perfectæ aërem continentis verum cellulæ parietis foramen est; membrana vero, quæ à v. Mohl maculæ intersüitium a port canale separare &° série, Bor. T. XIIT (Cahier n° 4.' 15 2926 MH, SCHACHT. — DE MACULIS IN PLANTARUM VASIS dicitur, quam adesse et ipsi olim putabamus, nunquam adest ; infra explicabimus, quæ oculorum deceptio: ad hypothesin illam induxerit. | Cellulæ Hignosæ jam præcociter succum perdunt et macularum septum hac ex causa mature evanescit. Nihil ahud hie fit quam in celluhis vasorum ubi cellularum seriatim superpositarum septa et ipsa cum cellularum succo evanescunt, qua re e cellularum sueco refertarum serie fit tubus aere repletus (vas). Analogia major autem apparet, si vasorum evolutionis hisloriam persequaris et cognoscas, annulum'in vasis maculatis multis septum ambientem ergo cellularum binarum fines designantem exacte ut Coniferarum ligni maculas constructum esse et in vasis amplis dimensione tan- tum a macula differre. Si ergo primo vere in ramulos novellos Fraæini eæcelsioris inquiratur non procul a vagina medullari vasorum adhuc angustis- simorum pariete lateral maculato præditorum formationem per- sequi licèt ubi in septio transversali oblique posito macularum for- matio, qualem e Pant silvestris cellulis lignosis deseripsimus, distinctissime observari potest. Quæ maculæ amplitudinis ad pro- portionem satis magnæ pori canale quidem ampliort aperiuntur, septum vero, dum cellulæ succo repletæ sunt, eodem modo quo Coniferarum maculæ exhibent. Cum cellulæ succo demum septum evanescit; tum hic quoque maculæ interstitium lenticulare adest. In ramuli novelli vasis amplioribus serius formatis, item in vasis rami magis provecli, quæ ramulorum novellorum vasa maculata prima amplitudine ter ad quater superant, ad proportionem maculæ quoque et pororum canalium earum ostia ampliora sunt, septum vero non lignificatum cum cellulæ succo evanescit, ut de vasis Caricæ Papayæ jam indicavimus. Annulus septum illud principio ambiens ergo pori canali amplissimo comparari potest (1). Nee vero in plantis omnibus vasorum cellularum septa forami- num rotundorum instar evanescunt; non raro septa præcipue oblique posita serie foraminum superpositorum aut. rotundorum aut horizontaliter oblongatorum perforantur. Foramina hujus septi (4) Monatsbericht der k. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1856, p. 528. | | CELLULISQUE LIGNOSIS OBVIIS. 997 plura rotunda in Ephedra nota a Kieser primum visa sunt ; fora- mina horizontaliter oblongata autem in plantis multis septa scalæ instar perforata descripta sunt (in Betula, Alno, Corylo, Platano, Myrica, Buxo, Viburno, Vaccinio, Clethra, Visnea, Ilice, Thea, ete.). In Ævicenniæ specie quam indefinitam fuisse dole- mus septum transversum vasorum subhorizontale elegantissime maçulis veris numerosis partim orbiceularibus partim oblongis præditum est et in Aizophora Mangle sepü transverst aperturæ oblongæ quodammodo transitum sistunt inter foramina orbicularia in Ephedra serie duplici sæpe immo tripliei juxtaposita et fora- mina oblongata vasorum septorum scalæ instar perforatorum. Indagatio microscopica accurata et in Rhizophora et in Ephedra foramina illa in vasorum septis transversis obvia veras maculas esse demonsitrat, et in Rhizophora certissime colligi potest, eas eodem modo, quem in Fraxino descripserimus, oriri, cum præ- sertim margo septi, quod evanuit, remaneat inque maculæ inter- stitu ostium promineat. Sed in £phedræ vasorum quoque septi transversalis oblique positi foraminibus rotundis maculæ intersti- tlum in segmentis longitudinalibus bene perfectis prætermitti non potest; quod foraminum illorum orbiculum duplicem, quem v. Mohl jam contra Meyen defendit, explicat. In sepüs vasorum aëre repletorum Æ£phedræ oblique positis el _ cellularum vasorum aëre repletaram Rhizophoræ septis quæ scalæ instar perforata dicuntur, etc., quin maculæ apertæ sint dubium esse non potest neque unquam de hac re quisquam dubitavit (1) ; nec vero maculas minores in earumdem vasorum cellularum parie- | bus lateralibus obvias neaue Coniferarum cellularum lignosarum maculas , apertas esse tam facile demonstrari potest. Duabus | methodis de hac re certiorem fieri potest: 1° segmentis Immensæ | tenuitatis , 2° fluidis, in quibus pigmenta non soluta subtilissime distributa sunt, injiciendis. Secundum primam methodum multum temporis et dexteritatis (1) Gôüppert, in commentatione de Coniferarum struct. anat., immo parietis lateralis Ephedræ vasorum macularum quasdam foramina esse censet ; icone vero (fig. XLIIT) inspecta nescimus an in hac re errore deceptus sit. 228 H. SCHACHT, —— DE MACULIS IN PLANTARUM VASIS postulantem in Paint silvestris rec non Æraucariæ brasiliensis radicis et Dracænæ Dracomis lignis maculas apertas esse certis- sime nobis persuasum est. Segmentum transversale pro boc fine assequendo pori canalis ostio crassius non esse idque ipsum secare debet ; quod si conti- gerit — difficile sane impetrandum ! — pori canalis meatus aper- tus maculæ cum interstilio communicare observari, et circum- seriptione prorsus inlegra facile certiorem fieri licet, eultro mem- branam pori canalem à maculæ interstitio separantem avulsam non esse. Cum maculis talibus ipso medio sectis in eodem seg- mento transversal maculas alias cultro aliqüanto extra medium perseetas invenias ; hic pori canalis a maculæ interstitio mem- brana separatus videtur. Si vero objectum lentis objectivæ ope magnitudine 600 1es augeas positionemque adversus lentis focum accurate respicias facile observabis membranam illam, quæ pori canalem secludere videatur, sub pori canalis in maculæ intersti- tium ostio sitam esse et ad ostii marginem pertinere. In methodo altera multo facilius perficienda antlia pneumatica parva a Sauerwald mechanico Berolinensi construeta usi sumus, cujus vas recipiens stearima liquefacta, in qua carminum subtilis- sime distributum erat, implebatur. Ligni frustula in hoc vase reci- pienti aqua calida cireumdato posita aere exhauriendo stearina injiciebantur. Lignum radicis Araucariæ brasiliensis huic fini, eum resina plane hberum sit, aptissimum apparuit ; Pine silvestris vero radicis lignum longius alcoole digerendum eoque à resma liberandum erat. Quorum ligni generum utrumque idem fere exhibebat ; utriusque cellulæ lignosæ stearina et carmino imple- bantur ; radiorum medullarium vero cellulæ in Araucaria omnes stearinam quidem, nec vero carminum receperant ; in Peni ligno autem radiorum medullarium cellularum series summæ et infimæ incrassatione anfractuosa maculisque parvis præditæ et ipsæ car- mino implelæ erant; cum contra series cellularum radiorum medullarium intermediæ poris amplis præditæ stearinam tantum nec vero carminum recepissent. Segmenta (enera transverse et longitudinaliter utraque, qua perfer solent, directione e lignis stearina- et Carmino injectis excisa hanc rem certo certius proba- CELLULISQUE LIGNOSIS OBYVIHS. 299 verunt. Hic quoque certissime nobis persuasum est, membranam pori canalem a maculæ interstitio separantem abesse, cum carmi- num haud interruptum ex cellularum flignosarum contiguarum utriusque lumine per pori canalem utrumque in maculæ intersti- tium transiret. Ubi cellula lignosa Araucariæ vero cellulam radio- rum medullarium parietibus tenuissimis præditam attingebat , semimacula, si hoc verbo uti liceat, aderat, i. e. in cellula Hignosa tantum pori canalis basi ampliatus erat, radium medullarem ver- sus ab hujus cellula membrana tenera seclusus. Hic carminum ad membranam separantem tantum pervenerat nec vero in radi medullaris cellulam, quæ stearinam solum receperat, transierat. In Pini silvestris cellularum radiorum medullarium seriebus inter- mediüis idem apparebat; pori magni semimaculæ demonstrabantur, 1. e. cellulæ lignosæ parte tantum port canales, a radii medullaris cellula membrana tenera separati, quæ hic etiam carmini in radii medullaris cellulas 1llas transitum impedierat, cum contra series radiorum medullarium cellularum summæ et infimæ incrassatione anfractuosa et maculis apertis præditæ carminum in lumina rece- pissent. | Si experimenti contrarn vice Sambuci medullæ frustulum vasi antliæ pneumaticæ recipienti imponeretur, cellulæ omnes stearina implebantur, sed cultro tantum apertæ carminum recipiebant ; quanquam Sambuci medullæ cellularam parietes innumeri nsque satis amplis poris præditæ sunt. Porro, ne nobis objici possit membranam tenerrimam quæ secundum v. Mohl et sententiam a nobismet ipsis olim editam pori canalem a maculæ interstitio separet, aëre nimia vi exhausto disruptam esse radicis Araucariæ lignum siccum juxtaque eum Sambuci medullam siccam in steari- nam liquefactam cum carmino mixtam imbuimus. Hic quoque Araucariæ ligni cellularum exteriorum maculas carmino repletas Sambuci contra medullæ cellulas integras stearina solum refertas invenimus. Cellulæ membrana ergo pori canalem obturans filtri malterlis solutis permeabilis, insolutas vero retinentis effectum habet. Si plantæ Dicotyledonis (Rhizsophoræ, Bauhiniæ, Ipomææ tube- _rosæ) lignum siccum stearinæ cum carmino permixtæ imponatur, 230 EH. SCHACHT. — DE MACULIS IN PLANTARUM VASIS antha pneumatica adhibita, primum vasa mixtura implentur, et, ubi vas maculatum parenchymati lignoso aut cellulis radiorum medullarium contiguum est, semimaculæ cognoscuntur, i. e., hie quoque vasis parte tantum pororum canales basi ampliati, mem- brana tenera a cellula parenchymatis lignosi aut radii medullaris seclusi. Quos fines carminum hic quoque non transgreditur. Ubi vero vasa maculata bina juxtaposita sunt, maculæ perfectæ 1. e. apertæ apparent e binis pororum canalhibus bast ampliata contiguis ortæ, quæ hic etiam carmino implentur et communicationem aper- tam inter cellulas vasis contiguas binas sistunt. Sed carmino injecto viX Opus est eum in plantis omnibus a nobis perquisitis, in primis in plantis vasis amplis prædilis segmentis transversalibus tenerri- mis accurale indagandis vasorum parielis lateralis cellulæ paren- chymatis lignasi aut radii medullaris contigui semimaculæ distinc- tissime observentur, ubi vero cellulæ vasorum binæ contiguæ sint, macula perfecta interstitio, eujus origo in Pino et Fraæino à nobis descripta, prædila inveniatur. | In vasorum cellularum pariete ergo eadem lex observatur quæ in cellularum lignosarum (Coniferarum et verisimillimé omnium cellularum lignosarum maculatarum) pariete, quod inter cellulas lignosas binas aërem continentes macula adsit vera, aperta, inter cellulam lignosam vero et cellulam rad medullaris suecum reti- nentem macula clausa appareat. | Jam vero vasa succum, nisi series cellularum undique elausa- rum Jongitudinalium sint, non continere, usque ad hoc tempus autem cellulam quamque nucleum proprium habere Inter omnes constat. Succo evanescente septum quoque, ut omnes sciunt, evanescit, qua re e cellularum clausarum serie tubus fit aëre refertus, qui vas designatur. Cellulæ lignosæ autem vasis vix tar- dius suecum perdunt, quo evanescente ut supra demonstravimus septum inter binos pororum canales basi ampliata præditos obvium evaneseit, ut per maculam communicatio inter cellulas lignosas binas efficiatur. Vasorum rmaculatorum autem maculæ, ut v. Mohl jam demonstravit, Comferarum ligni maculis prorsus analogæ sunt; porro cellularum vasorum quarumdam plantarum septa scalæ inslar perforala mhil sunt nisi septa maculis apertis prædita, CELLULISQUE LIGNOSIS OBVIIS. 231 immo septa foramine rotundo perforata in cellulis vasorum planta- rum aliarum (Fraxæini, Caricæ) obvia secundum evolutionis historiam maculæ apertæ consideranda sunt. Itaque vix mirandum est, cellularum vasorum parietis lateralis cellulæ vicinæ, quæ et 1psa suecum perdiderit contigui maculas foramina sistere. Maculæ apertæ ergo inveniuntur : L° inter cellulas bmas æqua- les pariter aëre repletas, inter cellulas vasorum ergo aut lignosas binas juxtapositas ; 2° inter cellulas binas inæquales, sed pari modo præcociter aëre relertas, inter cellulas lignosas scihicet et cellulas radiorum medullarium serierum summarum et infimarum in Pino, quæ cum eellulis lignosis suceum perdunt, et verisimil- lime inter cellulas vasorum maculatorum et lignosas. Nec vero maculæ omnes apertæ sunt. Inter cellulas vasorum et parenchymatis lignosi item inter cellulas vasorum, et radiorum medullarrum maculas clausas obvias esse vidimus, etsi vas jamdiu succum perdiderit. Porro inter cellulas lignosas aëre repletas et cellulas radiorum medullarium suceum diu retinentes (Arau- cariæ et Pini) maculas septo non evanescente præditas ergo clau- Sas COgnovimus, quæ si alterius cellulæ tantum paries conspicuam incrassationem exhibeat, alterius autem parum incrassatus sit, semimaculæ apparent (in Araucaria brasiliensi et vasorum sca- larium A/sophilæ ceilulis, nec non im vasis maculatis Robimeæ, Caricæ, Avicenme, ete.) ; si vero cellulis vicina quoque medio- criter incrassaia sit, pororum canales basibus ampliatis septoque conservato, ergo quasi cellularum vasorum et vasorum sibi contiguarum £succuin adhue continentium maculæ apparent {in Fraxæino). Palmarum quoque (Phænicis dactyhiferæ et Phylele- phantis macrocarpi) albuminis cellulæ succo semper repletæ poro- rum eanales habent basi paulo ampliatos septaque conservant, quæ albumine cum kali caustico digesto in laminas binas diffindi possunt, Qui pororum canales superne inspecti propter bases ampliatas maculæ speciem exhibent, pori eanalis ampliatione basali cireulari orbiculum externum, ejusdem ostio angustiore et 1pso circulant orbiculum internum referente, Maculæ vero semimaculæ a nobis designatæ eadem ex causa superne inspectæ eamdem spe- _ciem, quam maculæ veræ ulraque parte explicatæ præbent, cum hic quoque pori canalis basis ampliata orbiculus externus seu 232 U, SCHACMT, —— DE MACULIS IN PLANTARUM VASIS maculæ area, pori canalis pars anguslior vero orbiculus internus seu porus, aut, fissuræ figuram si æmulet, fissura intra maculæ aream appareat. Albuminis nucis eburneæ (Phytelephantis macro- carpi) pori canales et cujusvis vasis parietis semimaculæ eadem ex causa polarisatione lucis sub microscopio adhibita in area inspecta (Gesichtsfeld) nigra idem exhibent, notissimam maculæ crucem, in quam botanicorum animos jam pridem vertimus. Membrana denique interstitium maculæ investiens a Th. Hartig primo observata, quam vere adesse præcipue in cellulis hgnificatis negari non potest, macularum indohi a nobis expositæ nullo modo obstat, immo plane cum ea convenit. Quæ membrana nempe cel- Jularum illarum stratum incrassans intimum novissimum conside - randa est, quod pororum canales quoque ut inter omnes constat, quasi pellicula tenerrima investit et in cellulis cæterum lignificatis e cellulosa pura semper constat, ergoque solutione zinci chlorati cum 1040 adhibita pellicula cœruleo aut violaceo colore tineta cel- lularam lignosarum et vasorum lumen totum nec non pororum canales investiens apparet. Quæ pellicula in Leguminosarum (os- silium ligno in calcariam carbonicam mutato deletionem fugerat; eo cum acido hydrochlorato diluto digesto ergo tunica intima, cellulæ lumen, quod fuerat, definiens restitit, cellularumque higno- sarum pororum canales quasi totidem processus apparuerunt, inter quos macularum interslitia ut cellulæ parvæ suspensæ erant, cum pororum canalium contiguorum binorum bases quoque am - pliatæ eadem membrana investiente præditæ essent. (Fig. 2.) Maculæ interstitium ergo ut cellula intermedia consideranda non est; neque eo, quem Hartig suspicatus est, modo oritur. In ligno Teak (Tectonæ grandis) ætate provecto sæpe striæ longitudinalis telæ in siliciam mutatæ e vasis maculatis et paren- chymate lignoso constantis inveniuntur. Quorum vasorum in sili- ciam mutatorum cinis eamdem pelliculam intimam membranam siliceam exhibet, in qua pororum canales basibus ampliatis hie vero semimaculæ ut processus elegantissimi positi sunt, macula - rum ligni Leguminosarum fossilium cellularum lignosarum, de quibus supra diximus, compar præbentes. In Comferæ cujusdam fossilis ligno denique ex toto in siliciam mutato segmentis trans- versalibus tenerrimis poliendo perfectis (Querschliffe) inspectis CELLULISQUE LIGNOSIS OBVIIS. 239 maculæ hine inde evolutionis stadis diversis conservatæ apparue- runt. Cellularum lignosarum binarum pororum canales contiguos hic basibus ampliatis membrana integra separatos invenimus, hic ut in Rhizophora membranæ marginem in maculæ interstitium jam ortum prominentem, hie interstitium absque membranæ, quæ eva- nuerat, vestigio ; idemque observari licet in Pint silvestris ligno autumnali, ubi septum item non semper resorptione evanescit. Si denique e Pains silvestris aut aptius P. canariensis ligni segmentis transversalibus tenerrimis cum Kali chlorico et acido nitrico digestis tum acido sulphurico extractis substantiæ intercel- lularis rete hberum præparetur, bine inde, ubi macula ipso medio dissecta erat, substantiam intercellularem maculæ interstitium ut pelliculam tenerrimam, pori canahis ostio perforatam investire observatur, et in segmentis transversalibus æque tenuibus acido nitrico substantiam intercellularem colore flavo tingenti adhibito idem apperet. In macula explicanda ergo ut in Piano silvestri fusius descripsimus, cellulæ lignosæ utriusque prominentia vitro horo- logii planiuseulo comparanda vere plica circulart effier videtur, inter quam formandam substantia intercellularis massa adhuc liquida inter binas membranæ plicam circularem formantis lami- nas pervenit. Si, ut ad finem perveniamus, maculam et pori canalem compa- remus, e0S proxime affines et principio vix inter se diversos esse invenimus, uterque cum locum cellulæ parietis stratis secundartis incrassatitenuiorem sistat, quo diosmosis ope inter cellulas vicinas succorum commutatio efficiatur. Utrique, maculæ et pororum canales, dum cellulæ succos continent, parietis foramina non sunt, sed parietum cellularum binarum contiguorum membranæ primariæ alterius pori canalem à contiguo alterius separant. Uhi vero in cellulis lignosis et vasorum, ut omnes sciunt, præcociter suceus evanuit, maculæ membrana pororum canales binos con- tiguos separanti resorpta vera foramina fiunt eodem modo, quo cellularum vasorum suprapositarum septa transversa succo eva- nescente perforantur. Jam si, ut in maculis semper fieri videtur, pori canales bini . contigui basibus ampliati sint, membrana separanti evanescente maculæ interstitium quod dicitur oritur, plerumque lenticulare (in 261 H. SCHACHE, — DE MACULIS IN PLANTARUM VASIS cellulis lignosis et vasorum maculatorum maculis), rarius oblon- gatum (in vasis scalaribus Filicum, etce.).Sed inter cellulas tantum utraque parte aërem continentes septum evanescit, quod ubi cel- lala lignosa aut vasis cellulam succo repletam attingit, conservatur, ut in Pini silvestris ligno e radiorum medullarium cellulis dispa- ribus præ cætleris conspieue patet. Jam fas esset port terminum prorsus abolere et cum v. Mohl omnes cellulæ parietis stratorum, incrassantium loca tenuiora maculas designare, tum vero inter maculas apertas et clausas distinguere ; cum vero formatio, pro qua maculæ terminum usque ad hoc tempus usurpavimus, a poro simphici pori canale basi ampliatoabhorreat, itaque superne inspecta area cireumdata appareat, et hoc pororum canalium genus, septo, permaneatne an evanescat non respecto, cellularum formis certis proprium sit, amplius quoque inter poros maculasque distinguemus porosque parietis cellulæ loca tenuiora basi non ampliata, quæ præterea nunquam foramina vera fiunt, vocabimus, cum Mmaculas pororum canales basi ampliatos designemus et inter maculas apertas et clausas distinguamus. Maculæ apertæ inter cellulas tantum quæ vivere desierunt, inveniuntur, clausæ contra plerumque inter cellulas altera parte aërem continentes altera succo repletas, raro ad proportionem multoque minus distincte explicatæ inter cellulas utrinque succum continentes (in albumine Phænicis dactyliferæ et nucis eburneæ). Pori simplices denique cellulis semper suceum continentibus nullibi cellulis aëre repletis contiguis proprn sunt. Parenchyma, ubi obvium et quomodo explicatum sit, non respecto, poros habet, qui, Si parietem conspicue incrassatum perforent pororum canales vocantur, {um vero interdum parvam canalis plerumque angus- tissimi ampliationem transitum ergo ad maculas clausas exhibent. Epidermidis cellulæ et ipsæ poros habent, eosque in Cycade pori canale basi paulo ampliato. Cellulæ liberis et tubi cribrosi, nec non parenchyma lignosum cellularumque lignosarum formæ suc- eum diu retinentes interdum immo amylum continentes (in Boeh- meria rubra et Datura arborea) et ipsa poros habent ; cellulæ lignosæ veræ autem suecum præcociter perdentes vasaque quæ porosa dicuntur (maculata) veris maculis prædita sunt, quæ ubi cellulæ lignosæ et vasorum inter se contiguæ sunt, postea maculæ CELLULISQUE LIGNOSIS OBVIIS. 935 apertæ fiunt. Maculæ apertæ et cellularum vasorum septorum transversorum perforationes affines sunt ; utræqueforamina cellulæ parietis succo evanescente demum orta, foramina in Sphagn folio cellulis nota foraminaque a Pringsheim altisque in Algarum quarumdam organo femineo demonstrala cellulæ vivæ permanentis perforationes sunt. Foramina inter cellulas plantarum binas conti- guas vivas permanentes nondum innotuerunt. Radiorum medullarium cellularum Pani silvestris series sammæ et infñimæ maculis apertis præditæ ut cellulæ lignosæ per paucas hebdomades tantum succum continent, cum contra eorumdem radiorum medullarium series intermediæ maculis amplis clausis præditæ sæpe plus 30 annis suceum retineant, et cum ductuum résiniferorum verticalium cellulis membrana tenera præditis sed per idem tempus succo repletis succorum Im ligno veteri commu- meationem efficiant. Maculæ apertæ ergo una cum plantæ succo- rum communicatione normal adesse non possunt, sed in ligno jam emortuo cellulæ vivæ secretionibus favent, ut resinæ in Pini silvestris et À bietis excelsæ duramine depositiont ; item sucei e tela viva in mortuam transitum, quæ inter sucer abundantiam (ut in arboribus sanguinem effundentibus) fit, faciliorem forsan red- dant, quem vero maculæ clausæ quoque impedire non possint. ICONUM EXPLICATIO TABULÆ 9 B. Fig. 4. 300 jes aucta. P. Segmentum transversum ligni radicis Pini silvestris, maculæ evolutionis historiam exhibens. R. Corticis cellulæ novellæ. C. Cam- bium. H. Lignum, cujus cellulæ quo magis a cambio remotæ perfectius expli- catæ sunt, quod et ex forma et ex incrassationis progressu cognosci potest. a. ergo maculæ stadium novissimum, et d. maculæ perfecte explicata quæ septum jam perdidit ergo apertum inter cellulas vicinas canalem sistit b. c. gradus evolutionis intermedii. Lineæ punctis designatæ a. d. lateraliter ad orbiculos duos ducentes maculæ aspectum, si superne inspiciatur, explicant. Cellulæ lignosæ prope d. perfectæ sunt succumque jam perdiderunt. x. annuli anno- tini fines designat, lignum antumnale ergo anni præcedentis. Fig. 2. 600 ies aucta. Pellicula intima (b) cellularum lignosarum ligni Legumi- nosarum fossilium, cellularum parte olim lignificata (a) remota; e. substantia intercellularis, t. maculæ interstitium, p. maculæ canalis. SUR LA FORMATION DE ZOOSPORES CHEZ QUELQUES CHAMPIGNONS. PREMIER MÉMOIRE. Par M. Antoine de BARXY, Professeur de botanique à l’université de Fribourg en Brisgaw (1). (Planche 13.) - Si multipliées qu'aient été en ces derniers temps les études relatives au développement des Champignons, elles ont cepen- dant laissé sans solution beaucoup de questions importantes, surtout de celles qui ont trait à la germination des spores, en prenant ce mot germination dans son acception la plus large; car, d’une part, la germination d’un grand nombre de ces corps reste encore à observer, et de l’autre, celle qui l’a été n’a pu être suivie dans son développement que pendant un intervalle de temps insuffisant. Cependant les résultats obtenus par les re- cherches des mycologues s'accordent tellement entre eux sur un grand nombre de points essentiels, qu’on pourrait être, ce semble, autorisé à en déduire, pour l’ordre entier des Champi- gnons, des lois générales, aussi bien que des caractères spéciaux qui distingueraient parfaitement ces végétaux, même des Algues avec lesquelles ils offrent le plus d’analogie. Les corps reproduc- teurs qui chez les Champignons ont été jusqu'à présent qualifiés de spores, consistent tous, si variées que soient leur structure et leur génération, en cellules pourvues d’une membrane distincte et (1) Le mémoire que nous traduisons ici a été publié vers la fin de l'année 1866, dans les Bullelins ou Actes de la Société d'histoire naturelle de Fribourg en Brisgaw ; nous devons à une obligeante communication de M. de Bary les figures ci-jointes qui étaient demeurées inédites jusqu’à présent. (Tran. ) FORMATION DE ZOOSPORES CHEZ QUELQUES CHAMPIGNONS. 237 privées de tout mouvement propre. Quels qu’ils soient, lorsqu'ils germent, ils s’allongent en tubes cylindriques qui ont été souvent déerits, ou bien ils émettent des sortes de hernies sacciformes. Parmi ces germes, les uns s’accroissent indéfiniment en longueur, et constituent le réseau filamenteux propre à chaque espèce de Champignon, ou ils semblent tout au moins aptes à produire ulté- rieurement ce même réseau; d’autres au contraire, après s'être plus ou moins allongés, engendrent des spores secondaires, les- quelles possèdent certainement ou vraisemblablement la faculté de donner naissance à un byssus fertile. A aucun instant de cette végétation il ne se montre, pense-t-on, des corps comparables aux Zoospores qui caractérisent tant de tribus différentes de l'ordre des Algues. Car c'est à peine si l’on peut tenir compte ici des cellules douées de mouvement qui se produisent lors de la germination des Myxogastres ; ces derniers êtres en effet, comme je l’ai démontré ailleurs (1), sont placés à tort au rang des végé- taux, ou bien ils constituent parmi eux un groupe tout à fait excep- tionnel. Cependant l'opinion commune des mycologues modernes, relativement à la germination des vrais Champignons, est positi- vement contredite par les observations de Bénédict Prévost, qui datent de l’année 1807 (2). Cet habile naturaliste, dont l’exactitude eût dû être constatée tant de fois depuis cinquante ans, décrit avec beaucoup de détails les phénomènes que lui ont offerts les spores de l’Uredo -candida mises dans l’eau, et ce qu’il rapporte à ce sujet, si incroyable que cela paraisse, ainsi que j’en avais jugé moi-même, ne peut s'entendre aujourd’hui que d’une génération de zoospores. Toutelois nul observateur n'avait réussi jusqu'à présent à se rendre témoin des faits racontés par l’illustre géne- vois. M. Tulasne, aux citations duquel je dois la connaissance des travaux de B. Prévost, a vu germer, il est vrai, à la manière accoutumée, les grosses spores trièdres et jaunâtres qu’il a décou- (1) Voyez le tome X du Zeitschrift für wiss. Zoologie, de MM. Siebold et Külliker. (2) Voyez son Mémoire sur la cause immédiate de la carie, ou charbon des - Blés, elc., publié à Montauban. 238 À. DE BARRY, -—- FORMATION DE ZOOSPORES vertes dans le Cystopus Portulacæ, mais il n’a pu observer aucun phénomène certain de germiration dans les spores cylindriques et incolores qui constituent la majeure part des corps reproduc- teurs du même Cyst. Portulacæ, et qui existent à peu près seules dans les Cyst. candidus et C. cubicus(1). M. Hermann Hoffmann, dans le ‘cours de nombreuses expériences plus où moins infruc- tueuses, a vu ou cru voir germer quelques spores de Cystopus, et pour ce motif il se croit autorisé à refuser toute créance à une idée hasardée, pense-t-1l, mise en circulation par B. Prévost (2). Les recherches que J'ai faites durant ces derniers mois sur la multiplication des Champignons parasites m'ont fourni l’occa- sion de reprendre le sujet en question, et m'ont appris que non- seulement il est très facile de répéter exactement l'expérience de B. Prévost, et d'en retirer la conviction qu’il se forme des _zoospores dans la classe des Champignons, mais encore que le Cystopus n’est point le seul genre de ces plantes où ait lieu un semblable phénomène. Mes observations se sont particulièrement exercées Sur le. Cystopus candidus, parasite du Capsella Brursa-pastoris, et sur le Cyst. cubicus que nourrit le T'ragopogon pratensis, et qui se distingue peut-être du premier comme une forme particulière du même type, sinon comme une espèce entièrement différente, tant par la forme que par la structure et le volume de ses corps reproducteurs. Les prétendues spores de ces Champignons, les- quelles sont, comme on sait, incolores, cylindriques ou ovales- cylindriques, sont des zoosporanges ou des cellules mères de zoospores. Les sème-t-on sur une goutte d’eau, en ayant soin qu’elles soiententièrement mouillées et non pas seulement déposées à la surface du liquide (ce qui s'obtient aisément si l’on applique une seconde lame de verre sur le verre porte-objet du micros- cope), alors les phénomènes suivants se produisent d’ordinaire au bout d'une heure et demie à trois heures. Les sporanges, comme par une cause endosmotique, absorbent rapidement une (4) Voyez les Ann. des sc. nal., &° série, t. IT (1854). (2) Voyez le Botanische Zeitung pour l’année 4859, p. 240. CHEZ QUELQUES CHAMPIGNONS. 259 part de l’eau ambiante et se gonflent, leurs extrémités s’arron- dissent en manière de protubérances ; l'angle primitivement assez aigu qui sépare ces extrémités du corps du sporange s’élargit peu à peu, et bientôt le centre de l’une d'elles devient une papille large et obtuse dont la longueur égale la moitié du diamètre transversal du sporange, et qui par suite figure le col peu allongé du flacon auquel B. Prévost compare assez exactement le zoospo- range. Toute la capacité du sporange est uniformément remplie d’un plasma finement grenu et semi-transparent, dans lequel on voit se former en nombre variable des vacuoles de diverses grandeurs, pendant que le conceptacle subit dans sa forme générale les modifications dont j'ai parlé tout à l'heure. Plus tard le plasma semble semé de granules obscurs et plus volumineux, les grandes vaeuoles disparaissent ordinairement, toujours même, dans les cas normaux ; puis enfin des lignes très fines de démarcation par- tagent au même moment tout le contenu du sporange en portions polyédriques qui présentent chacune, dans leur centre, une petite vacuole faiblement teintée. Ces parts plastiques sont autant de zoospores normales. Leur nombre en chaque sporange varie de o à 8 chez le Cystopus candidus, et de 8 à 12 dans le Cystopus cubicus. | Quelques minutes après ce travail de partition intime, on voit les segments placés à la partie inférieure du conceptacle s’isoler un peu de la paroi de celui-ci, tandis qu’au contraire les segmenis supérieurs, ceux qui occupent la papille dont j'ai parlé plus haut, s'appliquent intimement à la membrane qui les enserre. | | Er ’ | Celle-ci pour ce motif se renfle en manière de vésicule, elle s’atté- nue, devient à peine distincte, de façon que le sommet de la papille semble bientôt pourvu d’une ouverture bien définie, large et arrondie. Par cette issue les zoospores sont poussées dehors une à une, sans qu'elles donnent le moindre signe de mouvement propre. Ainsi expulsées, elles prennent une forme lenticulaire que je déerirai plus bas avec soin, elles se groupent sous la vésicule dont j'ai parlé tout à l’heure et dont la présence se trahit rarement d’une autre manière, puis elles demeurent au- 240 A. DE BARY. — FORMATION DE ZOOSPORES devant de l'ouverture du sporange sous forme d'une masse glo- buleuse, compacte, qui imite à tous égards les zoospores groupées du Pythium, peu de temps après leur complète formation. (Voy. Pringsh., Jahrb. f. wiss. Bot., tome I, p. 287, ett. Il, p. 182.) Aussitôt que le sporange est vide, les zoospores commencent à se mouvoir. Des cils vibraüles se montrent au bord de la vacuole mentionnée plus haut, laquelle vient s'appliquer au côté dela z00- spore dirigée vers la périphérie de la sphère formée par les zoospores réunies ; et grâce à ces appendices, le globe entier se meut d’un mouvement oscillatoire d’un côté sur un autre, en même temps que les zoospores se déplacent incessamment les unes par rapport aux autres. Finalement ces corpuscules s’éloignent du lieu de leur origine, soit que chacun d’eux s’isole alors de ses voisins pour nager librement dans le hiquide ambiant, soit que le globe entier des zoospores quitte lui-même l'ostiole da sporange pour errer et pirouetter quelque temps à la manière d'une Pando- rina et ne se dissoudre que plus tard en ses éléments constitutifs. Souvent après ce phénomèrie de dissociation, on voit encore deux ou trois zoospores réunies continuer de se mouvoir d’an mouve-- ment commun. Cette génération des zoospores fait parfois place à une autre qui rappelle tout à fait celle qu'on observe chez les Py- thium; le contenu du sporange en sort sans avoir encore subi de division.il prend dehors une forme plus ou moins arrondie et se fractionne seulement alors. Plusieurs fois je l’ai vu se détruire dans ces circonstances qui cependant, comme je l’ai aussi constaté, ne s'opposent pas absolument à la formation de zoospores normales. Les zoospores libres affectent la forme d’une lentille épaisse, plane-convexe ou faiblement concave-convexe, et dont les bords sont obtus. Elles sont un peu plus aplaties dans le Cystopus cubi- cus que chez le C. candidus. Vues de face, elles présentent un contour, soit exactement circulaire, soit très largement elliptique; c'est sous une des faces et le plus souvent au-dessous de celle qui est tantôt plane et tantôt légèrement concave, que se trouve immédiatement placée une vacuole disciforme et bien limitée. Celle-ci est toujours fortement excentrique et même habituellement rapprochée de ce point marginal particulier qui, pendant le mou- CHEZ QUELQUES CHAMPIGNONS. 9h41 vement de la zoospore, regarde en avant, et trahit des pulsations rhythmiques, dès que celte dernière est complétement formée. Vers le centre du corpuscule on peut distinguer un second disque trans- parent, mais je n'ai pu m'assurer s'il constituait une autre vacuole ou une sorte de nucléus. Au bord de la vacuole pariétale et indi- catrice du rostre, sont attachés deux cils, l’un plus court et dirigé en avant, vers l'extrémité rostrale, pendant la marche de la zoospore, l’autre plus long, diamétralement opposé au premier, et qui semble trainer après le corpuscule quand il se déplace. C’est là une disposition semblable à celle que j'ai signalée chez plu- sieurs espèces de Pythium, et les Saprolégniées, leurs alliées (voy. Pringsh., Jahrb., t. IT, p. 182). Du reste la structure des zoospores dont nous parlons correspond entièrement à celle que l'on connaît dans les genres Pythium et Achlya. Leur mouve- ment est tout à fait celui de la plupart des zoospores des Algues : c’est une translation, dans le sens du rostre indiqué par la vacuole, au moyen d'une rotation très vive autour d’un axe parallèle à la direction du mouvement. Ce mouvement dure au moins deux à trois heures. Alors il se ralentit ; la zoospore paraît décrire des cercles de plus en plus étroits, puis elle se repose dans une complète immobilité, et ses cils disparaissent. À ce moment le corpuscule prend une forme plus globuleuse et paraît bientôt défini par des contours plus nets, car il sécrète autour de lui une enveloppe de cellulose qui malgré sa lénuité n'échappe point à une observation attentive. Les modi- fications ultérieures du corpuseule sont encore complétement ana- logues à celles que l’on sait depuis longtemps avoir lieu chez les Saprolégniées; des vacuoles s’engendrent dans le plasma, et celui-ci semble bientôt distinctement appliqué aux parois qui le renferment; puis la cellule émet d’un point quelconque de sa, surface un tube mince et flexueux qui atteint sur le porte-objet du microscope une longueur 2 à 5 fois égale au diamètre de la spore, et dont l'extrémité devient claviforme ou se renfle en manière d’utricule, pendant que le plasma paraît cheminer peu à peu dans sa cavité. Souvent, ainsi que B. Prévost l'avait déjà reconnu, les z00- 4° série, Bor T. XIE. (Cahier n° 4 ) # 16 2h12 A. DE BARY, —— FORMATION DE ZOOSPORES spores, après être devenues immobiles, semblent se fondre et ne présentent bientôt plus qu'un amas irrégulier de granules. Quelques tentatives que j'ai faites pour constater la pénétration des filaments-germes dans les tissus de la plante mère ne m'ont donné jusqu’à présent aucun résultat satisfaisant. D'après ce que j'ai appris du Peronospora, comme je le dirai tout à l'heure, je me crois fondé à admettre que les Cystopus ne se comportent pas autrement; peut-être aussi pourrait-on accorder aux spores de ces derniers une faculté perforante telle que celle dont jouissent les Chytridium. Que tout ce que nous venons de voir se passer chez les zoospo- ranges soit en effet conforme à leur sort normal et ordinaire, c’est ce dont il est facile de s'assurer. Si, après une pluie de quelques heures, on recueille l’eau qui s’est amassée dans la gaine ou l’aisselle d’une feuille caulinaire de Tragopogon., chargée de Cystopus, on trouvera la plupart du temps dans celte eau tout à la fois des sporanges évacués et des zoospores en mouvement ou déjà germées. En terminant ce que je voulais dire des Cystopus, je dois ajouter que je n'ai pas été plus heureux que M. Tulasne dans tous les essais que j'ai tentés pour obtenir la germination des spores ou sporanges de ces entophytes, tantque je me suis borné âles placer dans un air humide, où sur une surface mouillée d’eau, en usant soit d’une feuille de la plante mère, soit d’une lame de verre. Le second cas de génération de zoospores m'a été offert par le Peronospora devastatrixæ Casp., Champignon qui occupe dans la série générale des Fungi une place assez éloignée de celle com munément attribuée aux Cystopus. Les travaux nombreux dont le redoutable parasite de la Pomme de terre a élé l’objet ont depuis longtemps appris que chacune des branches des flocci arborescents qui s'élèvent hors du paren- chyme nourricier porte une grosse spore facilement caduque (acrospore Casp., in Monatsb. d. Berl. Akad. der Wiss., mai 1855). Ces prétendues spores sont à peu près citriformes ; elles sont ovales, terminées supérieurement par une petite papille obtuse, et munies à la base d’une sorte d’appendice ou de pédicelle court, qui CHEZ QUELQUES CHAMPIGNONS. 213 se distingue toujours aisément de la papille terminale en ce qu'il est coupé carrément. Elles sont faites d’une membrane assez résistante et visiblement épaissie dans la région papillaire ; leur contenu est un plasma finement grenu, uniformément réparti, et dans lequel il n’apparaît qu'après un assez long séjour de la spore dans l’eau, soit une grosse vacuole centrale, soit plusieurs vacuoles plus petites et éparses. | Ces acrospores présentent trois modes différents de germina- tion. Elles germent d’abord en émettant ces filaments que pro- duisent habituellement les graines des Champignons, et cette forme de germination déjà vue par beaucoup d’observateurs, a par- ticulièérement été étudiée avec succès par M. Speerschneider (voy. le Bot. Zeit.,t. XV [1857], p. 121). D'après mes obser- valions personnelles, les filaments-germes naissent constamment du sommet papilhforme de l’acrospore ; ils restent simples ou se ramifient de diverses manières, et possèdent la faculté de pénétrer dans les tissus de la pomme de terre en perçant la paroi de ses cellules superficielles. J'ai observé cette germination en semant les acrospores soit sur les tubercules de la Pomme de terre, soit à la surface humectée de certaines parties souterraines des tiges et sur les stolons, soit enfin dans une goutte d’eau sur le porte-objet du microscope. La seconde forme de germination est caractérisée par la forma- tion d’une spore secondaire. Du sommet de l’acrospore sort un tube simple qui acquiert en longueur deux où plusieurs fois le grand diamètre de celle-ci; puis son extrémité se renfle en ma- nière de vésicule et semble peu à peu attirer à elle tout le plasma contenu dans le germe. Ce renflement terminal devient réguliè-- rement ovale, ou plus souvent il affecte une forme un peu asymé- trique et comparable à l’oogonium du Faucheria sessilis ; puis, lorsque tout le contenu plastique de la spore est venu se renfer- mer en lui, 1l s'isole dufilament-germe par une cloison etconstitue une cellule distinete. La membrane constitutive de cette cellule et son contenu acquièrent tous lescaractères que possèdent les mêmes parties dans l’acrospore ; l’épaississement du tégument dans son sommet (ordinairement un peu papilliforme) fait même rarement 24 A. DE BARY. — FORMATION DE ZOOSPORES défaut. Cette cellule secondaire ne diffère guère de l’acrospore primitive que par sa forme et son volume constamment moindres. Quant à son sort ultérieur, je ne sais qu’une chose, c’est que par- fois elle engendre à son tour une spore tertiaire, par un procédé entièrement semblable à celui qui lui a donné naissance à elle- même (1). Cette production de spores de deuxième ou troisième ordre est un phénomène relativement rare, et qui n’a, selon toute apparence, qu’une importance secondaire. Ces mêmes spores ne naissent généralement qu’en pelit nombre, mais elles sont tou- jours le fruit unique de la germination des acrospores dont elles procèdent, si l’on sème celles-ci sur un fragment de tige aérienne ou de feuille de Pomme de terre humecté et recouvert d’une cloche de verre. Je mets au nombre des cas isolés ceux dans lesquels j'ai vu ces spores secondaires naître d’acrospores déposées sur une goulte d’eau ou répandues sur les parties souterraines de la plante nourriciére. Le troisième mode de germination des acrospores, s’il est per- mis d'employer encore 1ci le motde germination, consiste en ce que chacun de ces corps devient un zoosporange. C’est nn phénomène qui s'observe très facilement, si l’on place des acrospores müres et fraîches dans une goutte d'eau sur le porte-objet du microscope et sous une lame de verre. Au bout de trois heures quelquefois, mais plus souvent après environ cinq heures ou même un intervalle de temps plus considérable, on voit tout le contenu du zoosporange partagé par des lignes fines et transpa- rentes en un certain nombre (9 à 16) de portions polyédriques dont chacune possède une vacuole centrale, arrondie et transpa- rente. La forme du sporange et la condition de sa membrane constitutive sont les mêmes qu’au moment du semis. Bientôt après les parties du plasma les plus voisines de Ia papille terminale se contractent tout à coup et s’isolent de la membrane enveloppante générale, pour s'appliquer de nouveau presque aussitôt contre la (1) M. de Bary a constaté plus tard que les spores secondaires peuvent aussi devenir des zoosporanges. (Voyez la description de la figure 8.) (Nore pu Tranucreur.) CHEZ QUELQUES CHAMPIGNONS. 2h 5 papille. Celle-ci est poussée en dehors, puis devient promptement méconnaissable ; à sa place se forme dans la membrane du spo- range un pertuis arrondi par lequel passent rapidement, les unes après les autres, toutes les parts plastiques emprisonnées, et cha- cune de celles-ci devenue libre prend aussitôt la forme d’une z00- spore parfaite et commence de s’agiter. En peu d’instants toute Ja cavité du sporange est vide, et les zoospores sont toutes disparues du champ du microscope. La zoospore parfaite est ovale; elle est un peu aplatie d’un côté, pointue par le bout qui se dirige en avant quand elle se meut, et largement arrondie à l'extrémité opposée. Près de la pointe rostrale et immédiatement sous la surface du côté aplati existe une vacuole arrondie, des bords inférieurs de laquelle naissent en un même point deux cils inégaux, l’un, le plus court, dirigé en avant dans la marche du corpuscule, l’autre qui traine après lui. De même que chez les Cystopus, on voit ici briller au centre plas- tique de la zoospore un cercle étroit et transparent. Par la manière dont celle-ci se meut, elle imite tout à fait les zoospores des Cystopus et de la plupart des Algues. Son mouvement dure environ une demi-heure et s'éteint dans les cercles que, avant d'entrer en repos, elle ne décrit plus qu'avec lenteur. Devenue immobile, la zoospore prend une forme régulièrement arrondie et s'allonge par un côté en un tube-germe ténu et courbé qui, en peu d'heures, acquiert une longueur égale à 3 ou 4 fois le diamètre de la zoospore. Au bout de douze à vingt-quatre heures, les germes accrus dans l’eau se sont considérablement allongés; le plasma primitivement contenu dans le corpuscule en germination en Sort peu à peu complétement et s’en éloigne ensuite incessamment de plus en plus, à proportion de l’accrois- sement du germe. Quand celui-ci arrive à mesurer 10 à 12 fois le diamètre initial de la zoospore, sa portion inférieure, soit 1/6° ou 1/8° de sa longueur totale, est entièrement vide, aussi bien que la zoospore elle-même, et elle s’isole par une cloison de la por- tion antérieure du germe, laquelle est alors pleine de matière plastique. Les germes plus âgés poussent fréquemment dans 246 A. DE BARY. — FORMATION DE ZO0SPORES l'eau, sur le porte-objet du microscope, un ou plusieurs rameaux, puis ils finissent par se détruire. Sème-t-on au contraire les zoosporanges sur des portions de la plante nourricière, alors si les autres circonstances sont égale- ment favorables, les zoospores s'appliquent et se fixent sur l'épiderme de ces fragments, elles donnent leurs germes accou- tumés, el ceux-ci, après avoir rampé un instant au'dehors, pénè- trent dans les cellules épidermiques. Leur extrémité ainsi engagée acquiert aussitôt une épaisseur considérable, et s’accroit ensuite en un tube qui ressemble parfaitement aux filaments du mycelium adulte des Peronospora, et s'msinue bientôt dans les profondeurs des tissus de la plante hospitalière. La matière plastique que con- tient la zoospore passe très vite tout entière dans la portion du germe qui à pénétré dans l’épiderme; la base de ce germe restée en dehors et la cellule-zoospore demeurent vides et ne tardent pas à se détruire. Tous ces phénomènes s’observent parfaitement, si les zoospo— ranges du Peronospora sont placés dans l’eau sur une grande plaque de verre, en même temps qu'on dépose au milieu du liquide un petit fragment bien vivant d’un turion de Pomme de terre. Dans ces circonstances on constate sans difficulté si, et à quel instant, la formation des zoospores a lieu ; puis, lorsque après 18 heures environ on vient à enlever au fragment qui est plongé dans l’eau un lambeau de son épiderme, on y reconnait aisément les germes pénétrant dans ses cellules. Les choses ne se passent pas autrement, mais d’une manière plus constante encore, si les zoosporanges sont répandus sur un sol convenablement humide; la pénétration des germes s’effectue en ce cas aussi bien dans les tiges normalement souterraines de la Pomme de terre que dans les portions enfouies de ses tiges aériennes ou folüfères. Dans ces mêmes circonstances les zoospores sont de beaucoup le produit le plus ordinaire de la germination des acrospores, et il n'est pas inutile de faire remarquer que ce sont de tels exemples qui m'ont conduit à la découverte des zoospores ; car dans les recherches dont je publierai ailleurs les résullats, et qui avaient surtout pour | CHEZ QUELQUES CHAMPIGNONS. 27 objet la maladie de la Pomme de terre , après avoir semé les acrospores sur les parties axiles et hypogées de cette plante, je ne retrouvais guère en abondance que des zoosporanges absolu- ment vides, ouverts, et ces productions particulières que la suite de mes études m'a fait reconnaître pour des zoospores germées et partiellement introduites dans le végétal nourricier. Les conditions extérieures qui déterminent le développement des zoospores et la formation des premiers produits de leur ger- mination, semblent fort difficiles à apprécier, etje ne me hasarde- rai pas à le faire dans l'incertitude où je suis à cet égard. Celle-ci nait surtout de ce que bien souvent dans la même goutte d'eau, et toutes circonstances parfaitement égales, semblait-il, j’ai observé à la fois les deux modes principaux de germination propres aux acrospores, quoique la génération des zcospores constituât toujours le mode dominant. Les faits acquis à la science et constatés par mes observations sont les suivants. Aïnsi que je l’ai déjà dit, je n’ai jamais obtenu de zoospores en semant les acrospores sur les tubercules de la Pomme de terre. Si les acrospores sont répandues sur une terre bumide ou sur des tiges enfouies, la formation des zoospores a lieu dans la plupart de cas, et souvent même à l’exclusion de toute ‘ autre forme de germination ; on peut dire la même chose des semis faits sur une goutte d’eau. Les zoospores s’engendrent aussi bien dans l'obscurité qu’à la lumière diffuse ; elles ne se produisent pas au contraire, ainsi que Je m'en suis convaincu par mainte expérience, si le semis reçoit directement la lumière des rayons solaires, ou si, étant fait sur une lame de verre blane, il est éclairé par la lumière que réfléchit le miroir concave du microscope. Les semis préparés dans ces dernières conditions, bien que pro- tégés contre la dessiccation, ne donnent jamais de zoospores; au bout de 10 à 12 heures, le plasma des acrospores semble ordinai- rement se contracter, et ces corps se détruisent ; quelques-uns ne subissent pas d’altération ; d’autres aussi émettent des filaments- germes. Place-t-on au contraire les mêmes semis recouverts d'une cloche de verre blanc et transparent, dans un lieu modéré- ment éclairé, ou les protége-t-on contre la lumière sous une cloche 248 A. DE BARY, — FORMATION DE ZOUSPORES noircie, les zoospores se produisent en abondance. De telles prépa- rations soumises à l'examen microscopique au moment voulu, montrent à la fois de nombreuses zoospores et des sporanges vides ; des sporanges à plasma fractionné donnent après quelques instants le spectacle de l’élargissement des zoospores ; d’autre, chez lesquels cependant une partition intérieure s’est déjà produite, mais peut-être depuis trop peu de temps seulement, ne subissent plus de modifications et périssent bientôt en contractant irréguliè- rement leur noyau plastique ; jamais 1l ne m'est arrivé, même dans l'observation des semis les plus heureux, d’être témoin du partage de ce noyau: il a échappé à mon regard même chez les sporanges qui étaient le plus manifestement près de le subir, et dans le sein desquels se voyaient de petites vacuoles pâles, aussi nombreuses et aussi symétriquement disposées qu'elles devaient l'être après la division de la masse plastique. Quant à la température à laquelle peuvent naitre les zoospores, je ne saurais la préciser exactement ; j’observais ces corpuscules à la fin de l'été et en automne, et durant ce temps mes expériences parurent indifférentes aux variations presque continuelles du ther- momètre placé à l’air libre. Tout ce que je viens d'exposer autorise à penser que les acro- spores des Peronospora autres que celui de la Pomme de terre, sont aussi des zoosporanges ; cette présomption ne peut cependant jusqu'ici s'étayer d'aucune des expériences que j'ai instituées pour la vérifier. Tous les semis que j'ai faits des spores des Peronospora effusa Desm. {du Chenopodium album), P. ganglioniformis Berk. (du Senecio vulgaris et du Lactuca sativa), P. Papaveris Tul., P. parasitica Tul. (du Capsella Buyrsa-pastoris) et P. Alsi- nearum (du Stellaria media), m'ont donné pour commun résultat que ces spores ont émis des filaments-germes, tantôt (suivant les espèces) de leur sommet, lantôt de leur paroi latérale, et que ces germes se sont rarement bien développés, quoique parfois ils aient commencé de se montrer peu d’heures après le semis ; tandis que des semis de Peronosp. devastatriæ, disposés à côté des premiers et ne recevant pas d’autres soins, ne manquaient pas de produire des zoospores. CHEZ QUELQUES CHAMPIGNONS. 219 Si l’on suppose que les acrospores des Peronospora ci-dessus nommés, lesquelles sont bien manife stement des organes absolu- ment analogues aux zoosporanges du P. devastatrix, se compor- tent toujours comme dans mes expériences, il ne s'ensuit pas nécessairement que ces mêmes Peronospora soient privés de z00- spores. La plupart des espèces de ce genre de Champignons, ainsi que MM. Tulasne et Caspary l'ont fait connaître, possèdent une seconde sorte de cellules reproductrices, des endospores ordinai- rement plongées dans les tissus de la plante hospitalière, et je tiens pour extrêmement vraisemblable, bien que je ne possède pas encore de preuve certaine à cet égard, qu'après une période d'inertie plus prolongée que celle nécessaire aux acrospores, les spores endothèques remplissent comme ces dernières le rôle de Zoosporanges. | De tout ce qui précède, et pour nous tenir seulement à cé qui demeure avéré de la génération des zoospores dans le Peronospora devastatriæ et les Cystopus, il ressort deux choses. La première c'est que ces Champignons sont unis par tant d’affinités naturelles avec les autres genres et groupes de plantes du même ordre, qu'on est dès à présent assuré de trouver des zoospores chez d’autres représentants de la grande classe des Champignons. Ouvrir Ja voie à ces futures découvertes, tel aura été le but de cette pre- mière communication. En second lieu, avec la preuve désormais acquise, du moins pour les exemples cités plus haut, que les Champignons possèdent des zoospores, s’évanouit le seul caractère morphologique qui dis- ünguât ces végétaux des Conferves zoosporées (et des Siphonées). On ne saurait conserver de doute à cet égard, pour peu qu’on exa- mine les Saprolégniées qui ont été décrites dans les écrits que j'ai déjà cités ; car d’un côté ces Algues touchent manifestement aux Siphonées, et de l’autre elles imitent, souvent jusque dans les moindres détails, les Champignons dont nous venons de parler, tant sous le rapport des zoospores que sous celui des organes de la végétation. De même il ne sera plus permis de voir dans les Champignons et les Algues deux groupes de même valeur que les différentes classes de Cryptogames archégoniophores ; c’est de la 250 A. DE BARY. — FORMATION DE ZOOSPORES totalité des Cryptogames privées d'archégones, qu'il conviendra de former une seule grande division du règne végétal, dans laquelle les Champignons et les Lichens constitueront un ou plu- sieurs groupes équivalents aux plus grands ordres reconnus aujourd’hui parmi les Algues. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 13. Nora. — Toutes les figures sont dessinées à un grossissement de 400 dia- mètres. Fig. 4 à 9. Peronospora devastatrix Casp. Fig. 4. Zoosporange plongé dans l'eau depuis peu de temps. Fig. 2 et 3. Zoosporanges dont le contenu plastique est déjà partagé ; l’un deux (fig. 2) contient six zoospores, mais il n’en montre que quatre; l’autre (fig. 3) en renferme dix dont cinq seulement sont visibles. Fig. 4. Ce même sporange à dix zoospores, vu dans l'instant où ces corpuscules sont mis en liberté. Fig 5. Zoospores libres vues par divers côtés : a, zoospore tuée et colorée par l'iode. Fig. 6. Sporange évacué, mais dans lequel deux zoospores sont restées empri- sonnées ; elles y sont devenues immobiles, et l'une d'elles a germé. Fig. 7. Zoospores germées dans l’eau et représentées à divers états de déve- loppement. Fig. 8. Zoosporanges qui ont produit des spores secondaires ; l’un d'eux, a, a même donné une spore tertiaire. Le sporange b, que je n’ai rencontré qu'après la rédaction du texte de mon mémoire, m'a permis de voir directe- ment des zoospores s’engendrer dans la prétendue spore secondaire, ce qui écarte toute incertitude sur la destination des formations de cette sorte. Fig. 9. Zoosporanges {acrospores)dont le plasma s’allonge en tubes ou filaments- germes, tantôt simples (a), comme c’est le cas le plus ordinaire, tantôt diver- sement ramifiés. Fig. 10 à 15. Cystopus cubicus. Fig. 10. Zoosporanges plongés depuis peu dans l'eau. CHEZ QUELQUES CHAMPIGNONS. 291 Fig. 41, Autres dont le plasma se partage en zoospores. Fig. 12. Les zoospores sortent de leur conceptacle : en b, elles se réunissent en une masse globuleuse, aussitôt leur élargissement, et demeurent au-devant de l'ouverture qui leur a donné passage. Fig. 13. Autres zoospores ainsi agglomérées à l’ostiole d'un sporange, et sur le point de se dissocier. Fig. 14. a, zoosporange dont le plasma présente de grandes vacuoles et reste indivis; b, le même, vu dans le moment où sa cellule primordiale s'échappe avec son contenu également non fractionné; €, cette même masse plastique vue libre et divisée en deux parts par une sorte d'étranglement médian: l'une des moitiés est déjà partagée en segments, l’autre est encore entière; d, la même préparation vue un peu plus tard: elle a pris une forme régulière, oblongue, et s'est partagée en un grand nombre de zoospores tout à fait normales. Fig. 15. a, zoospore agile vue ici par la face, là et le côté ; b, la même, devenue immobile et commençant à Siren Fig. 16 à 18. Cystopus candidus. Fig. 16. a,a, zoosporanges observés après complète partition de leur contenu; b, autre zoosporange vu dans le moment de son évacuation: €, autre qui vient de se vider ; d, groupe de zoospores sur le point des'isoler les unes des autres. Fig. 17. Zoospores libres et agiles ; près d'elles sont figurées des zoospores (a) tuées et colorées par l’iode. Fig. 18. Zoospores devenues immobiles et mêlées à d’autres qui ont commencé de germer depuis plus ou moins de temps. DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES ET DE LA PARTHÉNOGÉNÈSE, Par M. KARSTEN. INTRODUCTION HISTORIQUE. Certaines plantes ne portent des fruits etdes semences fécondes que lorsqu'elles croissent plusieurs ensemble dans le même lieu. L'observation de ce fait remonte aux temps les plus reculés, et ce sont les écrivains arabes qui en a fait mention lês premiers vers l'an 900 de l’êre chrétienne, en assimilant ce phénomène à celui de la génération des animaux. La culture du Dattier, des Pista- chiers, du Carica Papaya, elc., à fait pressentir aux expérimen- tateurs quelle pourrait être la valeur du pollen et de l’ovule végé- tal au point de vue de la production de la semence. Mais Clusius a été le premier botaniste qui ait signalé d’une manière précise le Carica Papaya staminifère comme plante mâle, et le Carica Papaya fructifère comme plante femelle. John Ray (Rajus), par de nombreuses expériences et de nom- breuses observations, est arrivé à la conclusion que les étamines des plantes mâles étaient absolument indispensables au développe- ment de l'embryon dans les femelles. Mais c’est à R.-J. Camera- rius, célèbre professeur de Tubingen,que nous sommes redevables de la première exposition scientifique de la théorie du système sexuel des plantes. Ce sont les recherches de ce savant botaniste qui ont servi de base au premier système logique du règne végétal, que Linné a livré, trente ans plus tard, à l'appréciation de ses contemporains. Les travaux des Burckard, des Morland, des C.-J. Geoffroy, des Bradley, des Vaillant, des Blair et autres naturalistes, sont | | | | DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 253 venus élucider successivement différents points de la question de la sexualité des plantes, en complétant et en multipliant les obser- vations déjà si nombreuses et si précises de l’illustre botaniste suédois. Ce dernier avait déjà démontré d’une manière indubitable que les plantes femelles du Cannabis sativa ne produisent point de semences fécondes, lorsqu'elles sont tenues soigneusement à l’abri de la poussière pollinique. Les idées de Tournefort et de Pontedera sur la destination des élamines, idées qui, d’ailleurs, étaient basées sur des observations inexactes, ne pouvaient en aucune manière infirmer les faits expo- sés par Linné et par Dillenius. Les recherches de Needham (1745) et de Gleichen (4781) sur la structure du pollen et des papilles du sligmate, ainsi que les expériences de Kôülreuter, dans lesquelles ce botanisle réussit à faire naître de véritables bâtards végétaux par la translation du pollen d’une plante sur le stigmale d’une plante d'espèce différente, sont venues au contraire fournir un point d'appui d’une haute valeur au système de la sexualité des plantes. Les observations d’ailleurs peu exactes de F.-J. Schellver et de Henschel ne pouvaient suffire pour faire suspecter l'exactitude des résultats trouvés par Camerarius, Linné, Kéôlreuter et tant d’autres. Par les travaux des anatomistes les plus éminents de notre siècle, le système de la sexualité des plantes est entré dans une nouvelle phase. Dés 1823, M. Amici avait pu observer l’allonge- ment de la cellule secondaire du pollen. M. Brongniart, quatre ans plus tard, observait dans beaucoup de plantes des tubes sem- blables qui sortaient du pollen placé sur le stigmate, et des protu- bérances correspondantes qui sortaient par le micropyle. Il con- sidérait ces dernières comme étant seulement des tubes conduc- teurs qui servaient à amener dans le sac embryonnaire, découvert par Malpighi à l’intérieur de l’ovule, la favilla du tube pollinique qui, d’après l'opinion de M. Brongniart et de Needham, se crève dans le parenchyme conducteur du cordon pistillaire. M. Amuci, prenant ensuite ces tubes polliniques à leur point de départ sur le grain (le pollen même, les a suivis à travers le parenchyme con- 254 KARSTEN. ducteur du cordon pistillaire et de l'ovaire jusqu'au petit orifice de l’ovule découvert par Grew en 1671, et appelé micropyle par Turpin, etil les a vus pénétrer dans l’ovule même. Ainsi se trou vait vérifiée, par les recherches si exactes et si scrupuleuses de M. Amici, l'observation faite par S. Morland, que le pollen descen- dait à travers le cordon pistillaire jusque dans l'ovaire, et péné- trait dans l’ovule même par le micropyle. En partant du même point de vue, l'observation faite en 1814 par Richard, qui avait vu des filaments pénétrer dans les ovules du Blyæa Auberu, devient facile à expliquer d’une manière rationnelle. Les recherches de Robert Brown, faites de 1831 à 1833 sur les familles des Orchidées et des Asclépiadées, dans lesquelles ce botaniste a répété les faite avancés par M. Amici, ont confirmé entièrement la découverte de ce dernier, qui avait raison de con- sidérer l'allongement de la membrane intérieure du pollen comme se produisant par procédé végétatif aux dépens du liquide produit par le parenchyme conducteur, et non comme une simple dilata- tion de cette menibrane. M. Schleiden, suivant jusque dans le tissu même de l’ovule l'extrémité du tube pollinique qui pénètre dans son intérieur, a cru avoir trouvé chez un grand nombre de plantes les premiers éléments de l’embryon, à l’intérieur même du tube pollinique qui avait ainsi pénétré dans l’ovule. Horkel, Wydler et Meyen (ce dernier du moins en partie), ont adopté l'opinion de M. Schleiden ; et M. Schacht, dans son Histoire du développement de l’embryon végétal, ouvrage couronné par l’Institut royal néerlandais, a donné des preuves nombreuses de l'exactitude de la découverte de M. Schieiden. Beaucoup d’expé- _riences et de recherches faites par moi-même m'ont déterminé à partager l'opinion de ces naturalistes, tout en considérant comme exacte, en thèse générale, l'opinion de M. Brongniart et de Meyen, que la réunion du contenu des deux cellules hétérogènes, c’est-à-dire du pollen et du sac embryonnaire, est seule nécessaire pour déterminer la naissance du nouvel individu, soit dans le tube pollinique, soit dans le sac embryonnaire, selon le degré de diffu- sion dominant dans les membranes en question. DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 255 Quoi qu'il en soit, dès 1835, Griffith avait observé à Calcutta, sur le Santalum album et sur l’'Osyris, l'allongement du sac embryonnaire en un tube, tantôt plus long, tantôt plus court, qui sortait de l’ovule nu, et pénétrait jusqu'au spermophore. L’em- bryon ne naissait qu’à l'extrémité de ce tube, qui était en contact avec le tube pollinique, L’embryon du Fiscum lui paraissait, au contraire, naître à l’intérieur du tube pollinique. C’est en 1846 que MM. Amici, Mohl et Hoffmeister, ont défini- tivement adopté l’opinion que l’embryon ne se produit nullement dans le tube pollinique, mais provient du grossissement d’une cellule qui nage librement dans le liquide du sac embryonnaire, après qu’il a été atteint par le tube pollinique. Après que les observateurs les plus éminents eurent exposé des opinions si différentes, M. Schleiden est venu reconnaître que, dans quelques cas, l’embryon pouvait, conformément à l'opinion de M. Brongniart, prendre naissance par la copulation du tube pollinique avec une cellule embryonnaire préexistante. Les savants que nous avons nommés plus haut, auxquels se sont joints plus tard M. Radikofer, et enfin M. Schacht lui-même, qui, après les observations qu’il fit à Madère sur le Gladiolus segetum, à adopté exclusivement l’opinion de MM. Amici et de Mohl. Aucun de ces anatomistes ne contestait le théorème relatif à l'origine sexuelle des plantes qui avait été proposé d’abord par Camerarius et par Linné. Il y avait seulement divergence sur la question de savoir sile nouvel individu naissait exclusivement : 1° dans le sac embryonnaire, où 2° dans le tube pollinique, ou 9° par la réunion des deux organes, conformément à ce qui a lieu dans la copulation des Conferves. La grande majorité des bota- nistes tend actuellement à admettre que la cellule végétale conte- nue dans le sac embryonnaire peut seule fournir les éléments de l'embryon, et qu'il ne peut jamais en être de même du pollen, dont la matière ne peut exercer qu'une action fécondante. Quoi qu'il en soit, la plupart des plantes, désignées sous toute réserve par Linné comme Cryptogames, ont été plus tard recon- nues être Phanérogames. Le comte Leszezyc-Suminski, par l’exa- men des prothalliums des Fougères en 1848, a démontré d’abord 256 KARSTEN. que les organes désignés par Hedwig comme étant les véritables anthères et les véritables pistils des Mousses, en remplissaient réellement les fonctions sexuelles. En 1850, j'ai moi-même envoyé du Venezuela à M. Ehrenberg, secrétaire de l’Académie dé Berlin, la première histoire complète de la fructification d’une Conferve (Vaucheria); j'y confirmais entièrement l'opinion émise par M. Nægeli, que les deux ramifications de formes différentes qui avaient déjà été observées antérieurement par Vaucher étaient réellement des organes sexuels. Ces deux travaux ont, en outre, fait connaitre les formes défi- nitives de l'organe fécondant des Cryptogames : dans un cas notamment, l'appareil moteur comparable à l’exine du pollen se développait d’une manière prédominante ; dans l’autre, c'était la cellule comparable à l'intine du pollen dont le développement était plus prononcé. Toutelois, dans les deux cas, cette dernière était toujours l'organe fécondant proprement dit; mais sa fonction avait échappé à un grand nombre d’observateurs, soit que, dans les Cryptogames cellulaires, ils l’aient considérée comme une par- lie intégrante du filament spiral moteur, soit que, dans les Crypto- games vasculaires, ils aient observé des filaments spiraux, dont la cellule fécondante était détachée. D'autre part, mes observations sur une espèce du genre F'au- cheria m'avaient démontré de la manière la plus nette que la copulation des spirogyres, décrite antérieurement par Vaucher, était le mode de fécondation le plus simple, ce qui, du reste, est admis encore actuellement par la plupart des botanistes. Outre le cas où la fécondation de l’archégone nu s'opère au moyen d'une cellule globuliforme entièrement libre (fig. 5 a, pl. 9) qui sort par un orifice situé au sommet de l’anthéridie, dans l’intérieur de laquelle elle à pris naissance, s’accole contre l’arehégone (fig. 4 a, pl. 9), et finit au bout de quelque temps par se réunir à ce der- nier (fig. 10 et fig. 2, pl. 9), de telle sorte que tous deux réunis forment la base du nouvel individu, j'ai observé quelquefois aussi que le sommet de l’archégone vient s’accoler contre l’anthéri- die (fig. à a, pl. 9). La cuticule de l’anthéridie se résorbe alors au point de contact, et la cellule encore remplie de la substance DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 257 mucilagineuse, grenue, incolore, qui s’y trouvait, pénètre dans l’archégone : dans un cas de ce genre, j'ai vu une fois bien nette- ment (fig. à c, pl. 9) la cuticule de l’archégone repoussée à l’in- térieur, tandis que la sécrétion qu’elle contenait diminuait pour faire place à la cellule qui ÿ pénétrait. Bien que ce mode de fécondation soit facile à observer dans son ensemble, les fonctions spéciales de la cuticule de l’archégone, lorsqu'on n'effectue pas sur la plante à l’état natutel les prépara- lions convenables, sont cependant aussi difficiles à observer que celles du sac embryonnaire dans les plantes composées. Pour rendre ces fonctions sensibles à la vue, j'ai fait sécher les cellules pendant que leur réunion s’opérait : la matière colorante qui recouvyrait la paroi intérieure de l’archégone se retirait alors du sommet, qui était rempli par la cellule qui y était entrée (fig. 23 b etiéipls 9): | Lorsque la fécondation est terminée, l’archégone reprend l’as- pect qu’il avait antérieurement ; mais, par transparence (fig. 4 a, pl. 9), on peut voir en son milieu la cellule qui y a pénétré, et qui présente une couleur brunâtre. Le résultat des deux méthodes différentes, suivant lesquelles le contenu de l’anthéridie se réunit à celui de l’archégone, est tou- jours le même : c’est l'embryon d’une jeune plante qui prend la forme d’un tube simple ou très peu ramifié, soit immédiatement, soit aussitôt que les conditions favorables lui sont fournies. Si, en effet, après que la fécondation est opérée, on humecte la plante seulement assez pour qu'elle ne soit pas entièrement sèche, les germes qui ont pris naissance ne se développent pas : leur con- tenu se décolore entièrement, tandis que leur cuticule s’épaissit considérablement. J'ai conservé ainsi ces germes pendant trois mois. Par l’action de l’eau, ils se colorent de nouveau en vert, et se développent en longs filaments. Les faits que je viens de signaler ici constituent la série com- plète des observations que j'ai faites il y a dix ans. Si je suis entré dans d'aussi grands détails, c’est alin de pouvoir les comparer avec les citations fuites par M. Prmgsheim, citations qui ont induit en erreur plusieurs écrivains modernes, qui ne se sont pas donné & série. Bor. T. XIIT. (Cahier n° 5.) 1 17 258 KARSTEN. la peine ae vérifier l'exactitude de ces citations en remontant aux originaux. . M. Pringsheim, qui n’a pas eu connaissance de la plante obser- vée par moi à la colonie de Tovar, près Caracas, mais qui a fait des observations sur des plantes qui présentaient beaucoup d’ana- logie avec elle, dit, en citant les faits exposés par moi :: « D’après M. Karsten, l’extrémité de la cellule primaire des spores (Sporen- _ mullerzelle) vient se mettre latéralement en contact avec la petite protubérance cornée; la membrane de cette dernière se rompt alors au point de contact latéral, et la cellule passe par cet orifice de la petite protubérance cornée dans la cellule mère des spores, » En ce qui concerne la représentation de ce fait donnée par M. Karsien, je ne puis que penser que l'explication, jointe par lui à la figure, s'appuie sur une fausse interprétation de ce qu'il a vu. » La petite protubérance cornée ne présente jamais d’orifice latéral. C’est par une circonstance due au hasard seul que, dans la figure donnée par M. Karsten, cette petite protubérance se trouve en contact avec la cellule primaire ; mais, dans cette figure même, la protubérance est complétement fermée à la partie infé- rieure, et surtout il n’était rien sorti de la protubérance cornée, ce que, du reste, la figure de M. Karsten, qui représente la petite protubérance cornée encore pleine de son contenu plastique, démontre plus exactement que son interprétation. » M. Pringsheim donne ensuite la copie de la figure 8 €, en omettant la figure à b qui représente l’anthéridie vide, et qui ren- drait palpable l’inexactitude de sa reproduction si peu fidèle des faits exposés par moi. M. Pringsheim lui-même, dans les recherches qu’il a faites sur le mode de fécondation des OEdogonium, des Bolbochæte et des Saprolegnia, a élé forcé de confirmer les observations que j'avais faites sur les J’aucheria, par la découverte de relations sexuelles analogues dans les Saprolegnia. On trouve, en effet, dans ces plantes, deux modes de fécondation : l’un, par le mélange du con= tenu hétérogène de deux ramifications voisines, qui est compa- rable à la copulation et à la fécondation des F’aucheria représentées dans la figure 3 ; et l’autre, au moyen de vésicules munies de cils DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 259 mobiles, qui correspond à la fécondation des Cryptogames vascu- laires d’un ordre plus élevé. M. Pringsheim trouve dans ces différents modes de fécondation des caractères génériques : pour moi, je m'étais contenté, en 4830, de les considérer comme des formes différentes du même phéno- mène, déterminées dans une seule et même espèce par une végé- {ation plus où moins riche provenant d’une plus ou moins grande abondance de principes nutritifs. . Ce sont les travaux de MM. Thuret et Cohn qui nous ont sur- tout fait connaître ce mode de fructification des Algues, tandis que c'est à ceux de MM. Mettemus et Hofmeister que nous sommes redevables de nos connaissances sur la fécondation des Crypto- games d’un ordre plus élevé. Les travaux si serupuleux de ces naturalistes et de plusieurs autres ont rendu incontestable ce fait qu’il existe dans les végétaux deux modes de multiplication ayant pour but la conservation de l'espèce : l’un, par prolification, s’opérant soit au moyen d’une seule cellule qui se détache du parenchyme, soit au moyen d’un ensemble de cellules (propagu- lum où gemme) qui restent adhérentes à la plante mère qui leur a donné naissance ; l’autre, par reproduction proprement dite, déterminée par des relations sexuelles. C’est le mode de généra- tion dont on a reconnu l'existence dans toutes les classes du règne végétal, à l'exception des Champignons et des Lichens. Dans ces derniers même, M. Ehrenberg a vu et admis des phénomènes sexuels. Plus tard, MM. Itzigsohn et Rabenhorst ont découvert dans les Lichens, et M. Tulasne dans les Champignons, des corpuseules qui fonctionnent comme anthérozoïdes. J'ai observé aussi la fructification d’un Lichen dont je ferai la relation plus loin, et qui démontrera que ces végétaux, bien que de l’organisation Ia plus simple, présentent des fonctions sexuelles. Ces différentes observations relatives à la fructification des Cryptogames nous apprennent, en outre, que son imécanismé (c’est-à-dire le mode de rapprochement des deux cellules hétéro- gènes) est d'autant plus variable que la structure des végétaux est plus simple. Il est tout à fait sans importance, pour l’acte de la végétation, que la cellule qui contient la matière fécondante (pollen, 260 KARSTEN. anthérozoïdes, spermatozoïdes, etc.) soit ou non munie d’un organe moteur. Les idées admises par Spallanzani, Henschel, Schelver, Ber- nhardi et par d’autres, que, dans les cas normaux, c’est par l’action de la cellule pollinique qu'il s’eflectue dans l’ovule une produc- tion de nouvelles cellules constituant les éléments d’un nouvel embryon; mais que, d'autre part, un nouveau groupe peut aussi se former dans l’ovule sans l’influence fécondante du pollen, sem- blaient complétement réfutées. Mais les anomalies qui tiennent du miracle trouvent toujours des partisans. En 1841, Smith publiait que le Cælebogyne be cultivé au jardin botanique de Kew, ne présentait pas de fleurs mâles, et que, néanmoins, cette plante donnait des graines suscepübles de sermer. Cette observation a engagé M. Naudin à répéter les expériences que Spallanzani avait faites sur des espèces du genre Cannabis et du genre Mercurialis ; se fondant alors sur l’observa- tion que des plantes femelles des genres que nous venons d’indi- quer avaient donné des graines susceptibles de germer, bien qu’elles fussent isolées, et que le même fait s'était présenté pour un Bryonia dioica femelle cultivé dans un enclos où il ne se trouvait aucune plante mâle de même espèce, M. Naudin avait cru pouvoir affirmer que la fécondation de l’ovule végétal n’était pas itidispensable pour la production d’un embryon normal. M. Radikofer (1857-1858), influencé par les observations de M. Siebold, qui croyait les œufs d’Abeilles et de Papillons non fécondés susceptibles d’un développement complet, prit pour point de départ les expériences de M. Naudin, pour proposer son système de la parthénogénèse des plantes ; il oubliait que la pro- duction normale des bourgeons dans les plantes, et l’évolution anormale de l’ovule, qui présente de l’analogie avec la production des bourgeons, sont des phénomènes connus depuis longtemps, et qui correspondent au mode de reproduction des Pucerons et des Trématodes vivipares, ainsi qu’au développement des œufs d'insectes non fécondés. Influencé par ses idées préconçues, il n'a pas remarqué non plus que les expériences de M. Naudin avaient été faites sur des DE, LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 261 plantes polygames (1); c’est pour cette raison qu'il nous parait vraisemblable qu’une fleur mâle dont la présence était masquée, ou bien une étamine qui s'était produite à l’intérieur d’une fleur femelle, avaient échappé à l'observateur. Du reste, les observations faites par Smith sur le Cælebogyne semblaient être pour M. Radlkofer une preuve suffisante à l’appui de son opinion de la parthénogénèse des plantes. Les expériences que M. Radlkofer lui-même a faites à Kew sur le Cælebogyne, dans le but d'étudier son ovaire, n’ont pas suffi, bien qu’il y eût du pollen à la surface de l'ovaire, pour lui faire penser que son opinion pouvait être inexacle. Il en a été de même de M. Braun qui, la même année, avait fait disséquer par M. Deeke des ovaires de Cœælebogyne cultivés au jardim botanique de Berlin. Bien que M. Deeke ait reconnu qu'il y avait dans le sac embryonnaire de ces plantes une fécondation anormale de lovule, M. Braun n’a cependant pas hésité à présen- ter à l’Académie de Berlin ses idées sur la parthénogénèse des plantes. M. Braun appuyait son hypothèse sur les travaux déjà mentionnés de Henschel et d’autres observateurs plus anciens, et sur ce fait que l’on ne rencontre que bien rarement les plantes mâles du Chara crinita; aussi a-t-il admis, sans aucune hésita- tion, un mode parthénogénétique de reproduction pour cette plante. Les observations faites par MM. Regel et Schenk ont eu pour but de démontrer que les expériences de M. Naudin, de même que celles de Spallanzani, de M. Lecoq, etc., qui avaient prétendu avoir constaté un développement analogue d’ovules non fécondés de Spinacia et d’autres plantes, étaient inadmissibles. D'une part, M. Regel trouvait toujours des fleurs mâles avec les fleurs femelles sur la même plante; d’autre part, M. Schenk, dont les observations si précises venaient concorder avec celles de (1) L'auteur fait erreur : le Cannabis et la Bryone sont des plantes franche- ment dioïques, et nous rappellerens à ce sujet qu’en rendant un £cbalium femelle par la soustraction de toutes les fleurs mâles, M. Naudin l'a rendu stérile, quoique cet individu fût placé au voisinage de la Bryone dont il est question. (Voy. Ann, des sc. nat.) 262 | KARSTEN. M. Regel, ne pouvait pas arriver à constater que des semences susceptibles de germer eussent pris naissance en dehors de l’action du pollen sur l’ovule végétal. Ces deux observateurs sont arrivés ainsi à tomber d’accord que, de toutes les plantes désignées comme parthénogénétiques, le Cælebogyne, qu’il ne leur était pas possible d'observer, était la seule qui fit exception à la loi généralement admise. M. Schenk, s’en rapportant à l’autorité de M. Braun qui prétendait avoir observé cette plante pendant longtemps et de la manière la plus scrupuleuse, était convaincu de la réalité de cette exception. M. Regel, moins prévenu, n'avait pas une confiance aussi complète dans les indications du reste isolées de MM, Braun et Radikofer. MM, Schenk et Regel, observateurs si exacts, se seraient très facilement convaincus que l'hypothèse de MM. Radiko- fer et Braun était mal fondée, s'ils avaient pu observer un Cælebo- gyne en fleur. MM. Radikofer et Braun prétendaient démontrer à priori, en partant de la structure d’une fleur mâle normale, que l’existence d'une fleur hermaphrodite dans les Cœælebogyne était impossible, bien que, d’après les observations que j'ai faites pendant deux ans au jardin botanique de Berlin, le cinquième des fleurs soif hermaphrodite. On pourrait, sinon excuser, du moins expliquer par la rapidité du voyage, comment ces fleurs hermaphrodites ont échappé à M. Radikofer ; cependant le pollen trouvé sur le stigmate aurait dû le rendre plus circonspect. Mais ce qui est plus difficile à com- prendre, c’est que M. Braun ait pu observer cette plante pendant plusieurs années, sans reconnaître qu'il y existait des fleurs her- maphrodites pendant tout le cours de l'été, depuis le commence- ment de mai jusqu’à la fin du mois d’août, et qu'il n’en ait pas. reconnu la présence, même après que M. Deeke eut démontré dans le sac embryonnaire l’existence d’un tube pollinique fécon- dant, DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 9263 CÆLERBOGYNE, J. Sm. Les fleurs hermaphrodites du Cælebogyne ilicifohia que j'ai observées appartiennent toutes à la monandrie. La seule étamine développée est placée à la partie périphérique de la fleur; elle alterne, à l'extérieur, avec le premier sépale inférieur et avec le quatrième qui l’avoisine, à l’intérieur avec deux carpelles. Quel- quefois il existe encore une autre étamine moins développée, qui alterne aussi avec deux carpelles, et qui est presque opposée au troisième sépale. Les étamines sont fixées au torus ; la plus déve- loppée, qui présente la même longueur que les sépales, est com- posée d’un filet cylindrique, ascendant, qui se recourbe ensuite vers l'extérieur; ce filet est épais, charnu, et s’élargit peu à peu en un connectif libre à l'extérieur ; à ce connectif est fixée une anthère ovale, réniforme, de couleur jaune orangé, s’ouvrant par une fente qui passe sur le sommet. Les loges parallèles, séparées l’une de l’autre, se réunissent dans la première période de leur développement ; cetle réunion est déjà effectuée à une époque où l'étamine est encore entièrement cachée dans le calice et où le pollen n’est nullement développé. M. Braun ayant eu occasion d'observer des fragments d’une inflorescence mâle conservés dans l’herbier de Kew, et qui sont considérés comme appartenant à un Cœlebogyne, décrit l’anthère comme oblongue, composée de deux moitiés réunies à la partie supérieure et à la partie inférieure, mais séparées au milieu par le connectif; ces deux moitiés sont bombées plus fortement du côté extérieur où se trouvent aussi les fentes longitudinales destinées à la déhiscence (1). (1) L'auteur entrant ici dans de longs détails relatifs à la valeur des termes ovales ou oblongs appliqués aux loges de l’anthère, ainsi qu'à la forme entièreou échancrée des stigmates, nousprions les lecteursde jeterles yeux sur la planche 11 du tome VIT des Annales (1857), qui représente les analyses des fleurs mâles et des fleurs femelles du Cæ lebogyne. On comprend, en effet, que ni la forme des | loges des étamines, ni celle des stigmates, ne sont d'aucune importance pour décider la ;question' de la par thénogénèse que combat M. Karsten. (Rénacr.) 261 KARSTEN. Les fleurs femelles que j’ai étudiées ont été prises sur les indi- vidus dont M. Braun a fait le sujet de ses observations. D’après ce botaniste, le calice de la fleur femelle du Cælebogyne ilicifolia est partagé en cinq parties, et rarement en quatre. Pour moi, j'ai trouvé, au contraire, que le calice était complétement pentaphylle, et que les sépales étaient absolument libres et présentaient une préfloraison imbriquée, mais que jamais le calice n’était gamosé- pale, ni partagé en cinq parties ou lobé. La forme du stigmate n’est pas non plus exactement celle qui a été décrite par M. Braun : ses lobes ne sont pas légèrement échancrés à leur sommet (lobis expansis integris subemarginatis), mais chacun d’eux ést plus ou moins profondément crénelé à son bord supérieur, qui présente généralement trois ou quatre créne- lures, rarement deux, et qui en est plus rarement encore entière- ment privé. Enfin, les stigmates ne sont pas moulés et appliqués sur l'ovaire; dans les fleurs développées, ils sont plutôt horizon - taux et un peu ascendants. Une glande, de dimension assez grande, hémisphérique, aplatie à son sommet, par lequel s'effectue sa sécrétion, se trouve ordi- nairement de chaque côté de la base des sépales extérieurs ; une cinquième glande, semblable aux autres, existe souvent à la base du bord libre du troisième sépale. L'inflorescence consiste en plusieurs fleurs femelles, réunies ensemble à l'extrémité des rameaux qui forment des épis très peu serrés, peu fournis, et présentant à leur sommet une belle fleur terminale qui se développe plus tôt que les fleurs latérales dont les supérieures lardent à suivre les inférieures. Les fleurs, même celles qui sont latérales, ne sont cependant pas sessiles ; elles présentent des pédicelles, courts, placés à l'aisselle d’une bractée. Ces pédicelles sont munis de deux brac- téoles qui portent ordinairement, comme les sépales, une glande de chaque côté de leur base. Les bractéoles dont sont munis les pédicelles et le développe- ment plus prononcé de la fleur terminale sont des preuves incon- testables qu'il n’y a pas là véritablement un épi peu fourni, mais plutôt une cime dont les fleurs latérales ont des pédicelles si courts, DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 265 que la eyme présente l'aspect d’un épi, et qu'elle est une cyme spiciforme (cyma spiciformis). Bien que la description du Cælebogyne ilicifolia, donnée par M. Braun, ne suffise pas pour constater que j'ai observé la même espèce que lui, cependant je suis convaincu de lavoir fait, parce qu'il n'existe au jardin botanique de Berlin que trois Cælebogyne ilicifolia donnant des fleurs, et que j'ai eu occasion d'en observer deux. Ainsi tombe le dernier point d'appui, bien faible du reste, de la parthénogénèse des plantes ; ainsi aussi se trouve démontré d’une manière évidente le fait que la génération d’un embryon normal dans l'ovaire provient toujours de l’action fécondante du pollen. Le pollen. Le pollen du Cælebogyne ilicifolia est sphérique ; il est formé d’une enveloppe très ténue, unie, sur laquelle on peut observer trois points disposés symétriquement, présentant une teinte plus foncée ou plus claire, et contenant un liquide dans lequel nagent un grand nombre de corpuscules solides, sphériques et ovales. L'iode les colore partiellement en jaune et partiellement en bleu. Le degré différent de transparence des trois points dépend de ce que ces points sont encore recouverts de petits corpuscules sphériques d'aspect collenchymateux, ou de ce que ces petits cor- puscules sont détachés, de sorte que, à la place des logettes dans lesquelles ils étaient fixés, il reste dans la membrane des taches claires, orbiculaires, présentant une teinte foncée sur les bords. C'est vers ces points que la membrane intérieure du pollen, que l’on ne peut pas distinguer sans employer des réactifs chimiques, se dirige dès que le pollen est arrivé sur le stigmate. Les grains de pollen de l’anthère encore imparfaitement déve- loppée, enfermés quatre à quatre dans les cellules parenchyma- teuses primaires qui constituent dans chaque anthère quatre por- ons de parenchyme, présentent des enveloppes cellulaires plus épaisses. La cellule primaire spéciale (special Mutterzelle) ÿ peut être observée avec netteté ; mais elle s’épaissit déjà pendant la 266 KARSTEN, complète liquéfaction de la membrane qui appartient à sa cellule primaire (Mutterzelle) et prend en même temps l’aspect d’une cel- lule collenchymateuse (pl. 10 en bas, à gauche). Ces cellules ren- ferment quatre cellules du second degré, dont l’une, l’intine du pollen naissant, remplit presque seule sa cellule primaire, et con- tient encore un liquide homogène, trouble, mucilagineux, tandis que les trois autres ne se développent que très peu et sont com- primées par la première contre la paroi intérieure de la cellule primaire, de sorte qu’elles se trouvent enfermées entre la mem- brane extérieure (eæine) et la membrane intérieure (inéine) du pollen. Ce sont les corps intermédiaires signalés par M. Fritzsche (Zwischenkôrper) et qui ont toujours dans chaque espèce de pollen la même situation; cela vient sans doute d’une cause identique avec celle qui fait que les vésicules qui constituent les pores cana- liculaires des cellules parenchymateuses correspondent toujours entre elles par leurs parois voisines. En même temps que le développement des cellules polliniques avance, la cellule primaire collenchymateuse se résorbe de plus en plus et finit par être réduite à une pellicule très ténue, à peine visible, telle que nous la trouvons dans le pollen entièrement déve- loppé et mûr pour la fécondation. Elle finit même par être rompue sous l'influence d’un liquide résorbant par les trois vésicules qui s’échappent au dehors. Au moment où, chez les Cœlebogyne, ces petites cellules se détachent de la cellule primaire, on peut à peine reconnaitre leur caractère spécial ; leurs parois sont si épaisses, que leurs vacuums, ressemblant à celui de l’amylum, sont très étroits. Quant à leur caractère génétique, ce sont des cellules ponctuées (Tüpfenzelle), et non des cellules poreuses (Porenzelle). Depuis les recherches de M. Fritzsche sur le pollen, nous savons qu'il existe souvent, dans des pollens entièrement développés, des corps inter- médiaires qui sont de véritables cellules. J'ai dessiné dans mon Flora Columbiæ (t. 1, pl. 4h), le pollen du Schachtea, dans lequel on peut reconnaître aussi avec beaucoup de netteté la même cir- constance. Les corps intermédiaires auxquels on peut reconnaître # DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 267 indubitablement le caractère de vésicules, fonctionnent en même temps dans cette plante, de même que dans le Cælebogyne, comme opercules (Deckelchen, Fritzsche); ils sont poussés en avant par la membrane intérieure (intine). Jusqu'à ce moment, ils formaient le canal ponctué (T'üpfenkanal) qui existe dans la paroi de la mem- brane extérieure (eine). La longueur du canal dépend naturellement, en partie de l’épais- seur de l’exine du pollen, en partie de la dimension des cellules qui constituent les corps intermédiaires. Chez les Cælebogyne, ce canal est excessivement court, tandis que, dans les OEnothera et les Clarkia, son développement est assez considérable. Non-seule- ment la cellule dont il est formé y est de grande dimension, mais, en outre, le canal, qui est en dehors de cette cellule, pénètre très profondément dans l’exine qui est très épaisse. Le dernier travail de M. Schacht sur ce sujet nous montre “encore combien il est indispensable de connaître exactement l’his- toire du développement des corps organisés pour pouvoir se faire une idée juste de leurs relations de structure. Bien qu’il représente avec une précision admirable des coupes de pollen de Clarkia arrivé à maturité, il parait s'être trompé cependant sur la nature des corps intermédiaires de ce pollen, de même que sur la nature des corps intermédiaires du pollen des Cucurbita et d’autres plantes, en les prenant pour des épaississements de l’intine. Les cellules ponctuées du Cælebogyne et des espèces analogues sont donc, de même que la cellule qui contient la favilla, des cel- lules secondaires par rapport à l’exine ; mais on ne leur recon- nait ce caractère qu’en étudiant les différentes phases de leur déve- loppement. Elles n’atteignent, en effet, que les premiers degrés de leur développement, comme les cellules qui jouent le rôle d’or- ganes sécréteurs : ce n'est que dans des cas très rares qu’elles renferment des sécrétions comme dans les Onagraria et les Geranium. Elles ont évidemment pour fonction d'effectuer, par leur con- tenu si diffusible ou par leur membrane qui se gonfle dans l’eau et se transforme en mucus, la rupture de l’exine qui est restée ici très mince, et de procurer ainsi un passage qui permette la sortie 268 HKARSTEN, de l’intine après qu’elles ont été elles-mêmes expulsées au dehors ou dissoutes. Il est mdubitable que la perforation de l’exine est effectuée partout par des cellules du même genre, lorsque le pollen mür vient au contact de la sécrétion humide du stigmate ou de tout autre liquide de même nature. Outre ces cellules, qui ont primitivement une valeur égale à celle de l’intine, on rencontre très fréquemment dans le liquide de l’exine des vésicules jouant véritablement le rôle d'organes sécré- teurs, qui contiennent des huiles essentielles et d’autres sécrétions. Ce sont ces dernières qui contribuent surtout à produire la grande variété des formes du pollen en se développant sous forme de verrues ou d’aiguillons à la surface de l’exine, qui est ordinaire- ment en partie résorbée, en partie transformée en lignin, ou bien en s'étendant uniformément dans tous les sens, jusqu’à ce qu'elles touchent les unes aux autres, et forment ainsi sur l’intine un tégument épidermoïde. Dans les grains de pollen qui sont munis de plis, les parties des plis qui sont saillantes à l’intérieur ne présentent pas ce tégu- ment. Des cellules endogènes naissent également dans les cellules ponctuées , souvent très nombreuses , qui constituent en partie les pores de l’exine : elles contribuent encore à augmenter la variété des formes du pollen. M. Mol, dans son excellent ouvrage sur le pollen, avait déjà émis l’opinion que la membrane extérieure du pollen doit être considérée comme un organe composé de cellules ou de rudi- ments de cellules reliés ensemble par un ciment homogène. Mais ce célèbre anatomiste, prenant pour point de départ ses recherches sur la cuticule des plantes , a donné plus tard un exposé moins précis de la structure du pollen, qui a contribué à confirmer les idées fausses actuellement admises, d’après les - quelles la couche extérieure de l’épiderme est formée de matières qui proviennent d’exsudalion, ou qui s’y sont déposées mécani- quement. Il est bien à désirer que ces idées qui ont cours depuis une trentaine d'années, et qui mettent obstacle aux progrès de la phy- siologie, finissent par disparaître. Bien que les faits exposés dans DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 269 plusieurs des écrits que j'ai publiés n’aient pas pu les faire mettre à l'écart, je pense cependant que toute personne qui étudiera avec attention l’exposé que j'ai donné du mode de production de la résine et des couches cuticulaires cérumineuses, sera convaincue que les êtres organisés ne se produisent pas par un acte méca— nique, mais bien par un acte dynamique. Je viens de dire que, dans les cellules ponctuées qui sont acco- lées à la paroi intérieure de l’exine, et qui déterminent plus tard sa perforation, 1l se forme aussi de nouvelles cellules. C’est ce que l’on peut observer quelquefois sur les cellules ponctuées du bois des Conifères, et ce que l’on peut constater avec certitude sur le pollen d’une Bignoniacée, représentée dans la planche 4 de mon Flora Columbiæ, dont la membrane est tapissée d’une quan- tité de petites cellules ovales qui ne sont pas complétement apla- ties, et ne sont pas latéralementen contact lesunes avec les autres : chacune d’elles contient elle-même un certain nombre (seize) de cellules (vésicules) tertiaires. Toutes ensemble forment le tégu- ment de l’intine, parfaitement unie, qui y est enfermée. Après une courte macération dans l’acide sulfurique étendu, les cellules secondaires se séparent de la cellule primaire à la paroi inté- rieure de laquelle elles étaient adhérentes, et peuvent être enrou- lées sous une lame de verre. Les membranes de ces différentes générations de cellules ne prennent pas plus de développement : s’il en était ainsi, elles formeraient des figures comme celles que nous présentent les Synanthérées, les Nyctaginées, les Convolvula- cées, ele. On doit seulement faire observer que, dans ces der- nières, les cellules secondaires et tertiaires se développent souvent à la surface de l’exine sous forme d’aiguillons, ce que l’on peut reconnaître très nettement aux poils de l’épiderme. La structure des spores des Cryptogames, si bien expliquée par M. Mob], nous fait connaître, en outre, d’une manière bien nette, la raison de Ja disposition réticulée de la surface de ces corpuseules qui se rapprochent tant des grains de pollen par leur mode de déve- loppement. Les spores des Acrostichacées, des Aspléniacées et des Aspidiacées , dont j'ai représenté quelques-unes dans l’ou- vrage cité tout à l’heure (pl. 52 et 57), peuvent surtout confirmer 970 KARSTEN, cette manière de voir. Les cellules endogènes, qui tapissent dans ce cas la surface de l’exine d'une couche qui y forme une sorte de tissu, ne présentant aucune discontinuité, ne sont pas aplaties dans ces spores comme dans presque toutes les autres, mais ressem- blent aux cellules ponctuées (corps intermédiaires de Fritzsche), de forme polyédrique dans les groupes indiqués , tandis qu’elles sont de forme sphérique dans d’autres. Comme elles ne contien- nent aucune nouvelle génération de cellules, il parait par cela même fort douteux qu'on doive les ranger parmi les cellules ponctuées ou les vésicules poreuses, ce qui présente, du reste, peu d'importance lorsqu'il s’agit de comprendre la structure des spores, L'examen de ces spores enveloppées dans des cellules est surtout intéressant, en ce qu'elles présentent une sorte d’aiguillons que l’on rencontre à leur surface dans une période plus avancée de leur développement, et qui sont tout différents de ceux qui se produisent par un allongement des vésicules poreuses à leur péri- phérie. Les parois des cellules qui constituent les $pores, et qui, d’une part, touchent à l’intine, et, d'autre part, sont latéralement en contact les unes avec les autres, prennent seules plus de déve- loppement ; mais leur développement ne s'effectue pas d’une manière complète ; 1l s’effectue seulement de la manière indiquée, en commençant par les points où trois cellules se trouvent en contact les unes avec les autres. L’exine même et la paroi péri- phérique des cellules endogènes qui est en contact avec l’exine ne se développent pas, mais se détruisent plutôt dans les spores dont le développement est plus avancé, de sorte que les parties angu= leuses qui se sont développées et les parois qui restent affectent la forme d’aiguillons ou celle de listeaux. On peut rencontrer des productions semblables dans les pollens des Phanérogames, dans les pollens de Cobæa scandens par exemple, qui ont été assez bien décrits par M. Mohl. MM. Fritzsche et Schacht, au contraire, contestent que le tégument cellulaire ét réticulé qui forme l'extérieur de ces pollens soit composé de véri- tables cellules, Ils le considèrent comme une exsudation qui, par des causes que l’on n’a pas pu déterminer, a pris la forme de plis: DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 271 Par l’examen de la marche du développement des pollens, on peut facilement reconnaitre que les cellules, qui forment entre l’intine et l’exine une couche parfaitement continue, se lignifient de la même manière que les spores des Polypodiacées ; mais nous devons remarquer, en outre, que les parois de ces cellules, qui sont latéralement en contact les unes avec les autres, deviennent poreuses en s’épaississant, et présentent une série de pores affec- tant une disposition radiée. Cet épiderme cellulaire des spores des Fougères est du reste quelquefois partagé en trois parties limitées par des parois plus épaisses : ce qui peut faire penser que le tégument cellulaire de l’intine unie des Fougères est composé de trois cellules qui tapis- sent l’exine ténue et caduque des spores; ce sont ces cellules qui remplissent l'intervalle des deux membranes, et qui contiennent chacune un certain nombre de cellules endogènes. Cetie membrane des spores des Fougères, divisée en trois par- tes, nous ramène aux dispositions analogues des grains de pollen aux exines s’ouvrant par des opercules simples ou celluleux, lisses ou pourvus d’aiguillons. Dans un grand nombre de Passiflores, an trouve trois opercules qui composent la presque totalité de la périphérie du pollen ; dans les autres espèces de cette famille et dans les Cucurbitacées, les opercules sont plus petits. La formation des opercules de l’exme, qui est munie en outre de cellules sécrétoires se prolongeant en aiguillons, dépend évidemment de la cellule ponctuée (corps inter- médiaire) qui aboutit à chaque opercule. Il est très probable que, dans les Passiflores, ce sont les corps intermédiaires de très grande dimension qui constituent eux-mêmes ces opercules. Dans la planche 51 de mon Flora Columbiæ , j'ai dessiné le pollen du Passiflora sérvilensis avec ses trois grands opercules, qui sont repoussés par la pression qu'exerce l’intine en sortant au dehors. L'examen de ce pollen démontre que les différentes couches que Fritzsche a observées dans l’intine ne sont pas toujours des couches d’une seule et même membrane; que l’intine même n’est pas tou: 9272 KARSTEN, : jours la cellule du second degré, mais qu’elle peut être aussi la cellule du troisième degré. Entre les deux couches de l’intine que l’on avait considérée jusqu'ici comme une membrane simple, ilexiste en effet une petite cellule ponctuée, que l’on peut facilement observer dans le pollen de beaucoup de Monocotylées ; il en existe trois dans le pollen des Cælebogyne et de la plupart des Dicotylées. Il se forme donc dans lintine deux cellules : dans l’une se sécrète la favilla, tandis que l’autre est destinée à faciliter à la première sa sortie de la cel- lule primaire. Le pollen des Conifères paraît présenter les mêmes dispositions, ainsi que cela résulte des observations de MM. Meyen et Schacht. Dans les recherches qui seront faites ultérieurement sur le pol- len, il sera bon de regarder si cette disposition existe. On devra aussi vérifier si ce sont les cellules ponctuées elles-mêmes qui donnent naissance aux opereules des différents pollens, ou si ces opercules sont formés d’une portion de l’exine, et sont le résultat de son contact avec une cellule ponctuée. Les deux cas peuvent se présenter. Il n’est pas invraisemblable que les cellules poreuses, qui sont fréquemment remplies de sécrétions, puissent, de même que les cellules ponctuées, servir immédiatement à la formation de l’opercule ; mais les opercules se produisent aussi sans le con- cours de ces cellules. Leur position et leurs dimensions sont déter- minées par les cellules ponctuées contiguës, ainsi que cela a lieu dans les Cucurbitacées par exemple, dans lesquelles les cellules ponctuées (corps intermédiaires de Fritzsche) ne viennent pas se rattacher à l’intine comme couche épaississante, conformément à l'opinion de M! Schacht, mais existent d'abord à l’état libre entre les deux membranes, et viennent plus tard se rattacher plus forte- ment à l’exine. C’est pour cela qu’elle reste accolée à l’extérieur de l’exine , lorsque celle-ci se sépare de l’intine et se retourne, en sorte que la surface pourvue d’aiguillons est dirigée vers l’inté- rieur. | Les pollens des Thunbergia avec leur exine se développant en spirales rappellent surtout les spermatozoïdes des Cryptogames DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 273 vasculaires, et nous représentent une modification des spores des EÉquisetum, tandis que les pollens des Zpomæa, avec leur mem- brane pourvue d'aiguillons, ressemblent aux spores ciliées ligni- fiées des F’aucheria , ainsi que je l'ai montré dans l'exposé que j'ai donné du développement de ces plantes. Chacun des cils de l’épithélium des spores ciliées des 7’au- cheria, de même que le eil des cellules anthérozoïques (Anthero- zoïdenzellen) et des filaments spiraux, estune vésicule qui, en se développant, donne naissance à un poil, dont les vibrations parais- sent avoir pour cause le grand pouvoir absorbant de ses parois, dont le développement a été inégal, et les grands efforts de diffusion de son contenu. Ces vibrations continuent jusqu’à ee que la diffu- sion du contenu soit complétement achevée, et ce sbnt elles qui font avancer le corpuscule dont le eil fait partie. Celui qui ne connaît pas le mode de développement de ces cel- lules peut seul penser que les cils sont des excroissances immé- diates de l’utricule primordiale. De la formation de l'embryon. Le pollen du Cælebogyne ilicifolia ne présente aucune particu- larité à partir de son arrivée sur le sligmate, jusqu'au moment où, en se développant, il arrive au contact du nucléus de lovule. L'amylum contenu dans l’intine et les vésicules azotées (vésicules mucilagineuses) sont passés à l’état liquide, et le tube pollinique, en arrivant au grand sac embryonnaire, le trouve rempli d’un liquide et, vraisemblablenient aussi, d’un certain nombre de vési- cules qui nagent à l’intérieur de ce liquide, et dont une partie ren- ferme des nucléus. Une ou deux des cellules qui nagent ainsi dans le liquide s’atta- chent à la paroi du sac embryonnaire qui est en contact avec le tube pollinique. Les cellules commencent alors à augmenter, et il n'est pas rare que, pendant un certain temps, l'augmentation soit égale dans deux cellules; cependant l’une finit par augmenter plus que l’autre, et constitue alors seule l’embryon (pl. 10). L'expérience n’a pas encore suffisamment établi st la paroi du &° série. Bor. T. XII. (Cahier n° 5.) ? 18 27h KHARSTEN. tube pollinique qui se trouve en contact avec le sac embryonnaire est résorbée, ou s’il s’est simplement opéré une diffusion par exosmose du liquide qu'il contient. Le plus grand nombre des rudiments de cellules contenus dans le liquide du tube pollinique, au moment où il arrive au contact du sac embryonnaire, servent à former l’albumen qui enveloppe l'embryon pendant qu'il se développe (pl. 1). MM. Radikofer et Braun pensent que cet embryon pourrait prendre naissance en dehors de l'influence du tube pollinique sur le sac embryonnaire, et ils basent leur opinion sur ce qu'ils n’ont souvent pas réussi à découvrir le tube pollinique. Ce raisonnement ne sera certainement pas admis par les personnes qui ont l’habi- tude de ce genre de recherches; en effet, même avec la plus grande adresse et la plus grande expérience, il arrive souvent qu'on ne peut pas reconnaitre le tube pollinique dans d’autres plantes, bien qu’il y existe positivement. Il reste encore à répondre à la question fort intéressante de savoir s’il faut plusieurs tubes polliniques pour déterminer le déve- loppement simultané de plusieurs embryons dans un sac embryon- naire. Ces cellules embryonnaires paraissent préexister déjà dans le sac embryonnaire sous forme de vésicules à parois très ténues (auxquelles on a donné le nom de vacuoles), avant que le tube pollinique soit arrivé au contact du sac embryonnaire. On observe du moins ces cellules sans trouver le tube pollinique; mais cela n’est pas toujours une preuve qu'il manque réellement. Dans quelques-unes des vésicules qui nagent librement au sein du liquide, et dont les parois deviennent alors plus épaisses et plus visibles , il commence à naître une nouvelle vésicule que l’on désigne sous le nom de nucléole (Kernkôrperchen) , tandis que l’on nomme nucléus (noyau) les vésicules qui nagent librement dans le liquide, et qui renferment la petite cellule secondaire (le nucléole), en admettant qu'il se dépose à leur périphérie une couche-de cellulose qui forme la membrane dela cellule à laquelle la cellule, existant originairement, sert de noyau. Cela n’est cependant pas exact ; au contraire, à membrane même se trans- | | | | | | DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 975 forme en cellulose ; la vésicule, cellule secondaire ou nucléole, qu’elle contient, se développe en même temps, et il y apparait une ou plusieurs nouvelles petites cellules. Comme il est facile de reconnaître, à l’intérieur du sac embryon- naire, des cellules arrivées à des degrés très différents de déve- loppement, sans pouvoir rien préjuger de l’ordre dans lequel elles sont nées, l'observateur peut naturellement, en partant de à, émettre toute espèce de conjectures, el admettre, ou bien que les cellules extérieures se déposent peu à peu en couches sur la cel- lule intérieure, sur le nueléole, ou bien que les cellules intérieures prennent naissance au sein du contenu liquide des cellules exté- rieures, qui néanmoins continuent à se développer. Bien que j'aie déjà traité ee sujet, en 1843, dans mon mémoire De cella vital, dans lequel j'ai fait observer le premier qu'il existait des cellules secondaires qui ont été nommées plus tard par M. Mohl utricules primordiaux, et que j'y sois revenu fréquem- ment, je crois cependant nécessaire d'exprimer de nouveau ici mon opinion. qu'il ne s'effectue aucune production de membrane cellulaire de cette nature qui puisse venir se déposer sur un noyau muclagineux , celluleux, ete. Une opinion pareille ne peut être basée que sur une fausse appréciation des faits observés, qui peut venir (le ce qu'on ne connaissait pas les phénomènes que pré- sente le développement de la membrane, dont j'ai signalé l’exis- tence à l’attention des physiologistes, dans un mémoire récent (Annales de Poggendorff), dans lequel j'ai exposé la transforma- tion de la cellulose en cire et dont j'ai déjà parlé. Il faut nécessairement que les phénomènes physico-chimiques, qu constituent les différentes phases de l'accroissement des cel- lules, soient exactement connus avant que nous puissions avoir quelque espoir de comprendre les phénomènes physiologiques plus compliqués de l'organisme. C'est, ainsi que je l'ai dit, par manque de matériaux pour faire mes observations qué je n'ai pas pu mettre en évidence, dans le Cælebogyne, si le contenu celluleux s’était déjà formé avant l’arri- vée du tube pollinique au contact du sac embryonnaire, ce qui est vraisemblable, puisque, dans d’autres cas de graines sans em- 976 KARSTEN. bryon, on peut reconnaître un commencement de production d’albumen, aussi le contenu celluleux n’a pris naissance que par l’action du pollen, et en outre, si la formation de l'embryon com- mence déjà dès que le tube pollinique se trouve à proximité, ou si le contact du tube pollinique avec le sac embryonnaire est néces- saire. Ce sont des questions certainement bien intéressantes au point de vue de la comparaison des embryons ordinairement uniques des Pharénogames et des Cryptogames vasculaires, avec Îles embryons multiples, dans la plupart des cas des Cryptogames cellulaires et surtout des Mousses et des Hépatiques. Dans mon Flora Columbie, j'ai rapproché les spores des Mousses de l’embryon (Theilembryo), provenant de la subdivision du sac embryonnaire, que l'en rencontre dans les Coniféres : en effet, les spores contenues dans les sporanges des mousses, de même que les embryons des Coniféres, proviennent de la multiplication d’une cellule fécondée, tandis que les embryons multiples qui existent souvent dans le sac embryonnaire des autres Phanérogames sont tous séparés l’un de l’autre et nagent en liberté au sein du liquide contenu dans le sac embryonnaire. J'en ai observé dix à douze dans un Hymenocalhs, de trois à quatre dans les Mangifera, dans les Steriphoma et dans les Socratea : M. Schacht en a même observé jusqu’à cent dans le genre Citrus. Par suite de la grande différence qui existe, au point de vue morphologique, entre les éléments fécondants des Cryptogames cellulaires et ceux des Phanérogames, on ne pourrait pas conti- nuer au delà de ce point de suivre parallèlement la formation de l'embryon dans ces deux grandes subdivisions du règne végétal. I n’est déjà pas certain que le contenu d’un seul grain de pol- len suffise pour déterminer l’entier développement de plusieurs embryons et qu’un seul anthérozoïde soit l'équivalent d’une cellule pollinique. Et lors même que le fait serait reconnu, on ne pourrait jamais comparer les nombreux embryons des Mousses avec les embryons mulüpartites des Gymnospermes el avec les nombreux embryons libres des Angiospermes. Il faudrait considérer la cel- lule centrale libre des sporangium des Mousses, dans le premier L© DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 214 cas Comme un Ovule, et dans le second cas comme un sac ermbryon- nalre, De la connaissance exacte des phénomènes sexuels dans les Cryptogames de Linné, résultent donc les deux lois suivantes : 1° Les modes de fructification sont d'autant plus variés que la structure des organes végétatifs est plus simple. 2° Le nombre des embryons que produit chaque fructification, est d'autant plus grand dans les organismes que ceux-ci sont d’une structure plus simple. L'examen du mode de fructification des Cœnogonium, dont nous allons nous occuper maintenant, fera encore mieux ressortir l'exactitude de cette dernière loi. CœnoconiuM, Ehrenb. ( Horæ physicæ berolinenses, 1820, p. 120.) Character emendatus : Thallus discoideus in ambitu erescens, contextu stuppeo, € tubulis confervoideis articulatis subvirescentibus, strato corticali simplici filamentoso albido cancellatim vestitis, intertextus. Apo- thecia terminalia et lateralia, primitus globosa, elausa, denique suborbieulata, scutelliformia, peltata, stipitata ; hymenio (disco) aurantiaco : ascis sporigeris, paraphysibus eylindricis apice globo- sis mixUS ; sporis octonis, ellipsoideis, bicellosis. C. Linki Ehrenb. Tubulorum articuli 0,045"" longi, 0,010"" in diam., gelatinam virescentem includentes; apothecia plerumque terminalia, subimmarginata. Habitat in Brasilia. C. andinum Hrst (pl. ID. Tubulorum articult 0,12"" longi, 0,035"" in diametro, gelatinam virescentem includentes ; apothe- Cia plerumque lateralia, albido marginata, Crescit in silvis mon- tuosis Novæ-Granatæ et Venezuelæ ad arborum ramos ; altitu- dine 1600-2000 metr. L’habitus de ces plantes, de même que la matière colorante verte, amorphe, contenue dans le tube central articulé, et les 20 KARSTEN. apothécies, assignent à ces plantes une place paroi les Lichens où Ebrenberg et Koerber les avaient en effet placées. Chacun des filaments cylindriques dont lenlacement constitue le thallus, est composé : 1° d’un cylindre central articulé, formé d’une série de cellules endogènes dont les parois longitudinales, de même que les parois transversales, sont épaisses, se colorant en bleu par l’action d’une dissolution de chlorure de zinc iodée et ne se dissolvent pas dans l’hydrate de potasse; 2° d’une couche mince de tubes filamenteux, très ténus, se ramifiant et s’anastomo- sant, qui servent d’enveloppe au cylindre central ; et 3° d’une cuticule, aussi très ténue, qui recouvre toute la plante. Les deux dernières couches ne sont pas colorées en bleu par la dissolution de chlorure de zinc iodée, mais se dissolvent dans lhydrate de potasse. Les ramilications des filaments ne sont pas en nombre très considérable : elles sont cependant assez abondantes pour qu’il puisse se former par l’entrelacement de tous les filaments hori- zontaux un thallus bien compacte. Ce thallus, à partir de son point d'attache sur le rameau, s'étend également dans toutes les diree- tions. C’est à la partie latérale de ces filaments que se trouvent dans le Cœnogonium andinum les apothécies de forme discoïdale qui sont rattachées au filament par un pédicelle très court, tant à la superficie qu’à la face inférieure du thallus : très rarement, il s’en trouve à l'extrémité terminale du filament. Dans ces apothécies, la partie discoïde est de couleur rouge orangé, tandis que les bords du disque sont blancs et ressortent d’une manière plus prononcée dans le jeune âge de la plante. L'hymenium de couleur rouge orangé est formé d’utricules fusiformes (fig. 1, 6 et 15) qui renferment huit spores elliptiques, bipartites (fig. 12), et de paraphyses un peu plus longues, d’une forme semblable à celle des utricules, mais dont l'extrémité termi- nale est sphérique. Les utricules fusiformes, de même que les paraphyses, sont supportées par des filaments courts, articulés, qui se prolongent par leur partie inférieure jusque dans la matrix qui est composée * DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 279 de cylindres étroits, ramiliés, articulés, s'anastomosant et s’entre- mêlant entre eux (fig. 1 m et 5 m). Cette matrix repose sur un tissu d'une structure semblable dont les cylindres sont plus larges, qui lentoure et s’anastomose avec elle, et notamment avec la couche corticale qui forme aussi le bord de l’apothecium. Cette utricule enveloppe d'abord entièrement l’hymenium nais- sant: et, pendant le développement de celui-ci, elle se rompt à son sommet et finit par former une bordure qui se développe par la partie supérieure conjointement avec le tissu de la matrix el de l'haymenium qui s’accroit dans la même direction. Si l’on cherche à découvrir les premiers éléments des apothé- cies, on les trouve d’une forme tout à fait semblable à celle des ramifications les plus jeunes ; mais ils en diffèrent en ce que la cellule centrale de la ramification est rattachée au filament principal par une base large, tandis que, dans la ramification devenue sporange, la cellule centrale a pris la forme sphéroï- dale et n’est pas attachée (fig. 7, 9 et 10 a). L’apothécie très jeune est globuliforme ; la ramification, lorsqu'elle est jeune, est conique. | C’est surtout par le mode de développement de la cuticule qui enveloppe la cellule centrale que ces deux organes sont très faciles à disüinguer. Les filaments ténus, transparents, semblables au mycelium, qui enveloppent le cylindre central de la ramilication du thallus, ne se prolongent pas également dans l’archégone ; ils conslituent plutôt un tégument celluleux autour de la cellule cen- trale sphéroïdale qui est devenue libre par suite de la formation de cellules secondaires. C’est cette couche de petites cellules vésiculaires qui représente dans cet organe les eellules, dont la réunion constitue le cylindre de l’archégone des Cryptogames vasculaires. Quelques-unes des vésicules s'élèvent au-dessus de la superficie de l’archégone, et se séparent enfin de la cellule primaire (fig. 9 et 40), conformément à ce qui a lieu pour les trois cellules ponc- tuées du pollen des Cælebogyne, où pour les cellules ponctuées si nombreuses des Alsinées. Il reste dans le tégument de petites 280 KARSIEN. ouvertures, que l’on peut également observer avec facilité dans l'archégone des Saprolegniées. A la base de cette apothécie naissante (archégone), de forme sphéroïdale, se développent des ramifications de l’enveloppe cor- ticale qui s'élèvent au-dessus de la superficie, et se développent de la même manière que dans les Coleochæte ct les Saprolegnia, au-dessus de l'archégone , en s’y accolant et en s’élargissant par places en renflements qui contiennent un liquide mucilagineux, au sein duquel se trouvent des granules très petits. Ces renfle— ments se trouvent placés, comme dans les Saprolegnia, au-dessus de petites ouvertures qui se sont produites par la séparation des cellules ponctuées ; plus tard, on observe que ces renflements sont vides. Des cellules commencent en même temps à se former dans la cellule centrale de couleur verdâtre : quatre cellules secondaires prennent ainsi naissance , et en même temps la couche celluleuse (les cellules de l’archégone) qui enveloppe la cellule centrale, grossit, devient opaque, et masque les cellules qui y sont renfer- mées. Les ramifications qui entourent l'archégone jusqu’à son sommet se ramifient davantage, surtout à la base, et contribuent à retenir l’archégone qui continue à se développer à proximité de la ramification génératrice et des ramifications qui l’avoisinent, et forment autour de lui une sorte d’enveloppe cuticulaire. Sur des coupes longitudinales très minces qui contiennent la couche moyenne de l’archégone naissant, on peut voir, quelque temps après la fructification , le centre entièrement rempli de grandes cellules à parois ténues, qui sont accolées quatre à quatre, et qui contiennent une substance trouble, d'aspect gélatineux. Dans quelques-unes de ces cellules, on ne peut reconnaître aucun corps de forme définie, tandis que dans d’autres on peut observer quelques petits granules ou petites vésicules. En étirant ou en comprimant la couche longitudinale sous l’eau, on peut arriver à isoler les cellules accolées quatre à quatre. Sur des couches semblables d’un archégone dont le développe- ment est plus avancé, on peut observer que ces grosses cellules à parois minces, qui sont produites aux dépens d’une cellule cen- DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 281 trale, libre, de l’archégone, sont remplies de petits corpuscules ellipsoïidaux. Ce sont indubitablement les vésicules ci-dessus décrites, arrivées à un degré plus avancé de leur développe- ment. Des coupes longitudinales d’archegonium, d'un développement encore plus avancé, mais cependant encore complétement fermées, montrent d’abord, avant d'avoir élé entièrement pénétrées par l’eau, les groupes de cellules qui semblent contenir une matière granuleuse, et qui ont donné naissance au tissu central. Mais lorsque l’imbibition de la couche est complète, ce tissu représente un ellipsoïde symétrique, aplati à son sommet et à sa base ; celte dernière est entourée d'une couche de tissu cyathiforme (la matriæ qui s’est produite par la modification des cellules de lar- chégone), qui présente des pores un peu plus petits que la cuti- cule ; cette couche de tissu entoure le tout, et, au sommet, elle paraît couvrir immédiatement les grandes cellules qui ne peuvent plus alors être isolées. Si l’on déchire la couche longitudinale- ment, on reconnait que les grandes cellules du centre s’entre- lacent avec les tissus voisins, et que leur contenu, qui parait gra- nuleux, est composé de longues cellules cylindriques qui, fixées au {issu périphérique, sont isolées du côté du centre. Ces filaments constituent une transition entre les utricules fusi- formes et les paraphyses ; elles ont un aspect gélatineux, ne sont pas uniformément cylindriques, mais ressemblent à un collier de perles, dont des spores à l’état naissant, placées l’une à côté de l’autre, constilueraient les segments. En outre, les cellules de l’archégone (matrix) sont devenues filamenteuses, de même que le tissu cuticulaire, et ne peuvent plus être séparées de ce dernier, ni de l’hyménium, sans être déchi- rées. Ces trois formes de cellules s’anastomosent entre elles, en sorte que les utricules paraissent être les extrémités des couches cuticulaires. En comparant ce développement de l’apothécie avec celui du Sporange des Cryplogames cellulaires foliacées, nous trouvons dans la cellule centrale, d’abord libre, de l’archégone de celles-ci, qui, en se développant, forment un sporange (pendant que l'extrémité 282 KARSTEN. inférieure, la soie fufure, s’accroissant par en bas, s’unit avec le receptaculum) , un analogue de la cellule qui produit par elle- même l’hyménium : en effet, les extrémités périphériques de toutes les parties de celui-ci s'unissent aussi avec le tissu voisin. C'est dans le cas qui nous occupe ici qu’il existe encore des cellules primaires des spores, même après le développement com- plet des sporanges, tandis que dans les Mousses elles sont résor- bées avant le développement complet des spores. Au lieu des élatères que l’on rencontre dans les Hépatiques, il existe des para- physes dans les Lichens. Par une macération prolongée dans l’eau, la cuticule des jeunes apothecium se résout en cellules endogènes libres, que l’on peut reconnaître en ce qu’elles forment sur les ramifications libres des séries de cellules secondaires (fig. 2 a et fig. 5 a). Ces cellules nous rappellent les spermaties trouvées par Itzig- sohn, mais je n’ai pas pu réussir à y observer la motricité ana— logue à celle des anthérozoïdes, que MM. Rabenhorst et Itzigsohn avaient remarquée dans les spermalies. Le mode de fructification du Cænogonium andinum nous rappelle la copulation de deux ramifications de formes différentes des Fau- cheria (pl. 9, fig. 3 a), dont les contenus hétérogènes détermi- nent par leur mélange la production d’un nouvel embryon, qui est d'autant plus certainement un produit sexuel, que, si l’on modifie l'habitus de la plante (4), les mêmes organes effectuent le mode de fructification décrit en deuxième lieu, qui se rapproche beau- coup du procédé normal (2) (pl. 9, fig. 1 a, et 1 a et b). (1) J'ai fait ces observations, aussi bien sur des plantes placées entre deux plaques de verre sous l'eau que sur des plantes qui se développent sur un verre de montre par une légère humectation. Il nest pas besoin de faire remarquer que, dans le dernier cas où les cellules se trouvaient dans une situation plus naturelle, aucune cellule ne pouvait nager dans l'eau, et c'est dans ce cas que s'est présenté le troisième mode (pl. 9, fig. 23), la copu- lation des deux cellules que l'on ne pouvait observer que dans d’autres formes (appartenant à une autre espèce), croissant sur une terre humide, qui portent ces cellules à l'extrémité de petits rameaux dressés. (Bot. Zeitung, 1852, p. 114.) (2) J'ai représenté (pl. 5, fig. 9 b) un jdéveloppement irrégulier et affecté DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES, 289 Le produit d’une fructification n’est pas dans ce cas un seul embryon comme dans les Mousses, les Hépatiques et quelques autres genres d’Algues (Saprolegnia el Achlya), mais plutôt plu- sieurs où même un grand nombre d’embryons. En outre, la fruc- ification du Cæœnogonium ressemble à celle de l'Algue citée en dernier lieu, en ce que l’archégone ne reçoit pasla matière fécon- dante seulement d’un côté, mais en ce qu’elle la reçoit de plusieurs côtés à la fois. Cet exposé du développement des apothécies du Cæœnogonium montre le chemin que l’on doit suivre pour s’assurer de la fonc- tion des spermaties d'Izigsohn, en admettant qu’elle soit sexuelle, comme le supposent aussi MM. Rabenhorst et Tulasne. Ce ne sont assurément pas les cellules primaires des spores qui reçoivent la matière fécondante, mais c’est la cellule primaire qui a servi à la génération de tout l’hyménium, et qui est contenue dans l’ar- chégone. Où pourrions-nous chercher l’archégone ? L'histoire du déve- loppement de l’apothécie nous apprendra. Peut-être M. Speerschneïder l’a-t-il déjà va sur le Ramalia cali- caris, sur lequelil a trouvé souvent les parois des gonidies garnies de matières celluleuses. Pour moi, je crois probable que la cel- lule de l’archégone du Cœnogonium correspond aux gonidies des Lichens à thallus foliacé ; les observations de M. Speerschneider ne confirment pas le fait qu’il se développe également des gonidies dans les Lichens ; mais ce phénomène, considéré comme méta- morphose, n’est pas entièrement en contradiction avec un pareil mode d'interprétation. Pour les Champignons, qui ressemblent tant aux Lichens par leur organisation, le développement suit assurément les mêmes lois ; on ne doit pas s'attendre à y trouver une fructification des de perturbation des deux cellules qui servent à la fructification. La perturba- tion vient indubitablement de ce que la cellule fécondante a atteint l’archégone nu trop longtemps après que sa cuticule s'était déjà épaissie. En effet, dans le cas où il existe une véritable copulation des deux cellules dont j'ai observé fré- quemment toutes les phases, l'archégone est toujours couvert d'une cuticule très mince qui ne s’épaissit qu après la complète réunion des deux cellules. 28/ KARSTEN. basides et des utrieules fusiformes, mais on doit plutôt y recher- cher la fructhification dans les premiers rudiments de la chape. Peut-être Ehrenberg avait-il déjà entrevu le mode de fructifica- lion de l’Amanita rosacea, en même temps qu’il observait la copu- lation du Syzygites ; mais l’idée qu'un embryon doit immédiate- ment résulter de ce fait a empêché de poursuivre ultérieurement son développement. M. Reisseck et moi nous avons déjà émis depuis longtemps l’opi- nion que beaucoup de formes végétatives , que l’on a considérées jusqu’à nos jours comme des espèces de Champignons, ne sont pas de véritables Champignons, mais des cellules du tissu végé- tal ou animal qui ont pris un développement anormal. J'ai démontré le premier que l'Hygrocrocis cerevisiæ est formé de cellules de ce genre et de mycelium de Champignons. Il faut que l’on fasse souvent et sur une grande échelle des expériences semblables pour connaître les véritables limites inférieures du règne végétal, c’est-à-dire les espèces de plantes qui se multiplient réellement par propagation sexuelle, et pour les bien distinguer des exeroissances morbides des organes élémentaires qui provien - nent d’une nutrition anormale, et qui accompagnent en général un grand nombre de maladies des plantes. MM. Bail et Hoffmann ont constaté une partie de ces faits, et, en répétant leurs expériences, j'ai toujours obtenu les mêmes résultats. J'ai démontré par ces recherches que les segments qui se déta- chent du tube pollinique, et qui, par leur développement, donnent naissance à des Hypomycèêtes, ne forment pas de nouveaux tubes, mais prennent une Îorme tout à fait différente ; d'autre part, MM. Hoffmann, de Bary, Bail et Caspary, ont constaté que des ra- mifications sporifères, de formes différentes, naissent sur un seul et même mycelium. Nous ne connaissons pas encore leur valeur relalive; on ne sait pas si ces différences de forme sont produites par une nutrition inégale, et sont par conséquent des variétés ou des produits pathologiques, ou s’il existe dans une véritable espèce de Champignons deux organes différents servant à la génération sexuelle, cas dans lequel on pourrait supposer qu'ils appartien- DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 285 nent, comme le Syzygites, au prothallium d’une espèce de Cham- pignons d’un ordre plus élevé. ( En résumé, le résultat de toutes ces recherches est le suivant : Dans toutes les véritables espèces de plantes, outre la multiplica- tion nou sexuelle des individus par des cellules qui se séparent de la plante où par des bourgeons, 1l existe aussi une reproduction des espèces par des embryons provenant d’une génération sexuelle. Jamais un embryon d’un développement normal ne se produit dans l'organe destiné à cette fonction sans le concours d’une matière fécondante ; il n’existe donc pas de parthénogénèse dans les espèces du règne végétal, | À: M. .. R:: TULASNE. DE LA VIE SEXUELLE ET DE LA PARTHÉNOGÉNÈSE DES PLANTES. Dans un premier chapitre, l’auteur donne un résumé historique de nos connaissances en ce qui concerne la fructification des plantes. C’est par un grand nombre de recherches morpholo- giques et anatomiques que l’on était parvenu à constater qu'il existe indubitablement des organes sexuels dans les Phanérogames, et que l’embryon prend naissance dans le sac embryonnaire par le contact du tube pollinique. Quant aux Cryptogames de Linné, c’est M. Suminski qui, en 1848, à observé le premier la fructification des Fougères ; d'autre part, MM. Mettenius et Hofmeister ont observé celle des Cryptogames vasculaires et des Cryptogames cellulaires munies de frondes ; enfin, j'ai moi-même exposé le premier, en 4850, la fructification d’une Algue (4). Il a été ainsi reconnu que, dans toutes les plantes, à l'exception des Lichens et des Champignons, la formation d’un embryon normal provient de fonctions sexuelles. Cependant l’idée que, dans certains cas, un embryon normal (1) Les Recherches sur les zoospores des Aigues et les anthéridies des Crypto- games de M. G. Thuret, ainsi que le Mémoire sur les organes reproducteurs des Alques de MM. Solier et Derbès, ont êlé couronnés par l'Académie des sciences en 4847, et publiés en 1850 dans les Annales, 3° série, t. XIV. (Rén.) 286 KARSTEN. pouvait aussi naître en dehors du concours d’un organe mûle, a reparu à différents intervalles. On a allégué, comme preuve à l'appui de cette hypothèse, les observations faites sur les genres Spinacia, Cannabis, Bryonia et Cælebogyne ; mais les expériences de MM. Regel et Schenk sont en contradiction avec ce théorème, qui est surtout soutenu actuellement par MM. Naudin, Radlkofer et Braun; dans ce travail, je prouve que le Cælebogyne est une plante polygame, dont on n'avait pas observé jusqu’à présent les étamines. Les autres chapitres de ce même travail traitent de la structure du pollen du Cælebogyne, ainsi que de cette structure du pollen et des spores en général, et leur développement est comparé avec celui des spores ciliées et des anthérozoïdes. J’examine : ensuite la formation de l'embryon dans le Cælebo- gyne, et comme il se produit souvent plusieurs embryons, je suis amené à considérer la polyembryonie en général, phénomêëne assez commun chez les Phanérogames. Chez les Angiospermes, ces embryons nagent au sein du hquide du sac embryonnaire ; chez les Gymnospermes, les embryons multiples sont en partie formés par la subdivision d’un seul embryon contenu dans le sac embryonnaire. Les Cryptogames cellulaires les plus simples vien- nent par suite se rattacher à ces Gymnospermes; en effet, dans ces plantes aussi, une seule cellule fécondée peut donner naissance à un grand nombre d'embryons. C’est un fait reconnu chez les Mousses, ainsi que chez quelques Algues qui, en ce qui concerne le nombre des embryons qui ont pris naissance dans une seule fécondation, se trouvent dans le même cas que les Cryptogames cellulaires les plus rapprochées des Cryptogames vasculaires. Jus- qu'ici on ne connaissait ni le mode de fécondation des Cham- pignons et des Lichens, à l'exception de celui du Syzygites, ni le mode de développement de l'embryon. Je les ai montrés le premier sur un Lichen de l'Amérique tropicale, le Cænogonium andinum. Deux lois résultent de ces recherches : 1° Les modes de fructification sont d'autant plus variés que la structure des organes végétalifs est plus simple. DE LA VIE SEXUELLE DES PLANTES. 287 2 Le nombre des embryons que produit chaque fructification est d'autant plus grand que les organismes sont d’une structure plus simple. Il résulte, en outre, de toutes ces recherches que : Dans toutes les véritables espèces de plantes, outre la multipli- cation non sexuelle des individus par des cellules qui se séparent de la plante ou par des bourgeons, 1l existe aussi une reproduction des espèces par des embryons provenant d’une génération sexuelle. Jamais un embryon d'un développement normal ne se produit dans l'organe destiné à cette fonction sans le concours d’une matière fécondante; il n'existe donc pas de parthénogénèse dans les espèces du règne végétal. Il faut bien distinguer de ces véritables espèces de plantes les cellules d’un développement anormal appartenant à un tissu végé- tal ou animal, comme celles de l’Hygrocrocis cerevisiæ et d’autres végétaux cellulaires, que l’on rencontre sur les plantes malades, et dont Reisseck et Unger ont fait voir, comme moi, la nature, il y a déjà plusieurs années. nt et mt mo on ne te OBSERVATIONS SUR LA GERMINATION DU MILTONIA SPECT ABILIS ET DE DIVERSES AUTRES ORCHIDÉES, Par M. Ed. PRILLIEUX. Des graines de Miltonia spectabilis parvenues à maturité dans les serres de matame Pescatore à la Celle-Saint-Cloud, puis semées par les soins de M. Aug. Rivière, aujourd’hui jardinier en chef du palais du Luxembourg, ont germé en grand nombre, et il m’a été permis de suivre pas à pas les premiers développements de cette belle Orchidée. Jai pensé qu'il ne serait pasinutile de publier mes observations àce sujet, et de retracer avec quelque détail les trans- formations que subit l'embryon d’une Orchidée quand il germe. Mais pour bien saisir l’importance des phénomènes tout spéciaux qu'offre cette germination, il est nécessaire de se faire une idée exacte de la structure que présente l'embryon dans la graine avant de germer; j'indiquerai donc tout d’abord comment la graine müre (1) est crganisée dans un assez grand nombre d'Orchidées exotiques, el en particulier dans diverses espèces de Millonia, de Pleurothalls et de Catasetum. Ces graines, extrêmement ténues, sont formées d’un petit corps celluleux, ovoïde, plus où moins allongé, qu’enveloppe une sorte de sac membraneux, fort grand d'ordinaire, eu égard au volume du globule celluleux qu'il contient, et qui donne aux graines cet aspect singulier, que l’on a fort bien indiqué en les comparant à de la sciure de bois (semina scobiformia). Ce sac est formé de cel- (1) J'ai considéré comme müres les graines sorties de fruits qui s'étaient ouverts naturellement, quand même ïl ne m'a pas été possible de m'assurer qu'elles fussent aptes à germer. GERMINATION DU MILTONIA SPECTABILIS. 269 lules allongées, dont les parois contiguës, qui sont assez épaisses, dessinent sur la membrane qu'elles composent une sorte de réseau ; le plus souvent, ces cellules sont marquées de fines stries transversales ; elles sont du reste toujours facilement reconnais- sables durant les premières phases de la germination. Ce sac est le lesta de la graine. OS Le corps ovoïde qu'il contient est formé uniquement de cellules ; c’est l'embryon qui ne présente ni cotylédon, ni gemmule, ni radi- . eule, et n’est rien autre chose qu’un globule celluleux plus ou moins allongé, qui porte seulement, du côté qui regarde l’ouver- ture du sac (testa), un prolongement celluleux, que l’on voit très nettement dans la graine müre d’un assez grand nombre d’espèces. Ce prolongement, tantôt simple (Maæillaria punctulata), tantôt rameux (Pleurothallis clausa, Pl. racenuflora, Restrepia vittata), est formé de petites cellules placées bout à bout, et disposées sur un rang (Maæillaria) où deux rangs (Multoma, Calasetum),. (Voy. pl. 14, fig. 1-5.) Cette organisation , extrêmement simple, est, ce me semble, tout à fait comparable à celle qu'offrent les embryons monocotylés ou dicotylés à une certaine période de leur développement, où, eux aussi, sont uniquement formés par un petit corps celluleux à peu près sphérique (globule embryonnaire), qui porte à son extrémité un prolongement celluleux (suspenseur). Mais tandis que, dans les autres plantes, l’embryon ne fait que passer par cette forme, qui pour lui n’est que transitoire, ici au contraire cette structure rudi- mentaire est permanente ; l'embryon ou plutôt l’ébauche d’em- bryon s'arrête à ce point de son développement, et n'’atteint jamais dans la graine la forme plus compliquée d’embryon mono- cotylé. L’embryon que contient une graine mûre d’Orchidée peut donc, ce me semble, être considéré comme un embryon monoco- tylé, dont le développement s'arrête avant qu'il soit entièrement formé, et qui nait, si l’on peut ainsi dire, normalement avant terme. Il est cependant viable , il est capable de germer ; mais on conçoit aisément que ce rudiment d'embryon soit beaucoup plus délicat que l'embryon parfait des autres plantes, et que sa germi- nation ne puisse se faire que dans des conditions particulièrement &° série. Bor. T. XII. (Cahier n° 5). 5 19 290 ED, PRILLIEUX. favorables. En effet, on à rarement réussi à obtenir des Orchidées de semis, et l’on ne possède encore, touchant leur mode de ger- mination, qu'un petit nombre de faits isolés. | Ma premiére observation du développement des graines du Mil- tonia spectabilis remonte à la fin du mois de mai 1858. À ce moment, elles commençaient seulement à germer. Au commencement de la germination, le corps embryonnaire se colore en vert, grossit sans changer notablement de forme, et remplit bientôt tout l’intérieur du testa. Quant au suspenseur, en partie desséché déjà dans la graine, il ne prend aucun accroisse- ment; les cellules qui le composent sont brunâtres, et ne vivent plus, mais elles persistent longtemps encore, et permettent de reconnaitre aisément la partie inférieure de l'embryon. L’accroissement du corps embryonnaire continue, mais l’enve- loppe qui l'entoure ne grandit pas; aussi bientôt elle se déchire, et ses lambeaux forment autour de la petite masse celluleuse qui grossit toujours une sorte de réseau dont on distingue longtemps les restes (voy. fig. 7). Pendant ce temps on voit sur divers points de la partie infé- rieure du corps embryonnaire se développer des papilles formées chacune d’une cellule allongée en une sorte de poil, et tout à fait semblables à celles que portent d'ordinaire les racines des plantes phanérogames, le prothallium des Fougères, etc. ; elles sont des- tinées de même à puiser dans le sol les aliments nécessaires au développement de la plante naissante. Ces papilles naissent par groupes de deux à quatre, et sont assez souvent ramifiées. Chaque bouquet de papilles forme un tout limité par un cercle de six à huit cellules plus allongées, plus : étroites que celles de l’épiderme (fig. 46 et fig. 11). Au centre de cecercle, on trouve quelquefois une, ordinairement deux, trois ou quatre grandes cellules provenant de la division en deux de la cel- lule primitive, et de la division encore en deux des deux cellules secondaires , ou seulement de l'une d'elles ; ce sont ces cellules centrales qui portent les papilles. Naïssant de la surface de l’em- bryou encore entouré du testa, ces papilles traversent les crevasses qui s’y produisent de toutes parts. Elles sont souvent ramifiées ; GERMINATION DU MILTONIA SPECTABILIS. 291 elles se bifurquent chaque fois qu’elles rencontrent à leur extré- mité un obstacle qui les empêche de s’allonger. Le corps embryonnaire grossit surtout par sa partie supérieure, c’est-à-dire par la partie opposée à celle où l’on voit le suspenseur, et prend, par suite, à peu près la forme d’une toupie. Mais cette forme n’est pas bien régulière, parce que la croissance est plus grande par le côté qui repose sur le sol que par l’autre, de telle sorte que le corps embryonnaire teud à se courber et à redresser son sommet. Sur un embryon qui est déjà parvenu à la grosseur d’une graine de Pavot, on voit que le sommet du petit corps est aplati, et un peu déprimé vers son centre où se trouvent les cellules les plus petites et les plus jeunes. C’est vers le fond de cette dépression qu’apparait, sous forme d’un petit mamelon, la première feuille de la plante (fig. 8). La structure anatomique de l'embryon, en ce moment, est fort simple ; il est encore uniquement formé de cellules; celles de la partie inférieure contiennent une matière brunâtre comparable à celle que j'ai déjà observée dans l'embryon germant de l’4n- grœæcum maculatum , et que l’on retrouve fréquemment dans le parenchyme des racines terrestres des Orchidées; celles de la partie supérieure contiennent de Ja chlorophylle. A la partie inférieure, au-dessus des cellules dépourvues de matière verte, l’épiderme porte des papilles ; à la partie supérieure où le paren- chyme est coloré en vert, l’épiderme porte des stomates (fig. 74). Le mamelon né vers le sommet de l’embryon prend rapide- ment un assez grand développement et se façonne en feuille verte: puis, vis-à-vis du point où elle est née, apparait un autre mame- lon celluleux, qui bientôt prend la forme d’une seconde feuille (fig. 42 et 13). C’est à ce degré de développement qu'était parvenue la jeune plante à la fin du mois de juin. Le corps de l'embryon était alors gros à peu près comme un grain de Millet. En en faisant des coupes longitudinales, passant par le milieu des feuilles, j'ai pu voir, à ce moment, apparaitre dans le corps même de l'embryon, au-dessous de l’origine de la feuille la plus âgée, puis dans les 292 ED. PRILLIEUX. deux feuilles, de jeunes vaisseaux qui se montrent d’abord sous forme de cellules longues et étroites, dont les parois sont mar- quées de fines et nombreuses stries transversales. La deuxième feuille prend un bien plus grand accroissement que la première, puis on voit s’en développer une troisième qui nait au-dessus de la deuxième; car, pendant que ces feuilles poussent, le petit corps charnu, que l’on peut nommer le tuber- cule embryonnaire, a changé un peu de forme : la dépression que l’on voyait à son sommet, et dans laquelle s’est montrée la pre- mière feuille, s’est comblée. Le point d’où naissent les eu fes suivantes, au lieu d’être déprimé, fait maintenant saillie, de sorte que le petit corps charnu présente son plus grand diamètre non plus à son sommet, mais un peu au-dessous ; il commence ainsi à prendre à sa partie supérieure la forme élancée d’une tige (fig. 14). Du reste, la jeune plante est encore dépourvue de véritables racines, et n’a pour se fixer au sol et en tirer sa nourriture que les bouquets de papilles que porte le petit tubercule embryon- nalre. | | Tel était l'état de la plante au milieu du mois d’août, c’est-à- dire à peu près (rois mois après le commencement de la germina- ton. À ce moment, mes observations ont été interrompues. Les jeunes plantes, s'étant trouvées dans des conditions défavorables, cessèérent de prendre du développement, et périrent presque toutes. Je croyais qu'aucun pied n'avait survécu, quand, il y a quelques mois, J'appris qu'il en existait encore deux (fig. 15). Ils étaient bien chétifs, bien petits, eu égard au long espace de temps écoulé depuis qu'ils avaient commencé de germer. Leur pelite tige, longue de quelques millimètres, portait trois feuilles desséchées et deux feuilles vertes assez grandes, mais dépourvues d’articulation ; elle était fixée au sol par deux grandes et fortes racines; sa partie postérieure brune et déjà morte en portait encore deux ou trois autres entièrement desséchées, qui paraissaient s'être développées sur la tige, au-dessus du point où étaient nées les premières feuilles. Il convient de constater la lenteur extrême du développe- ment dé la petite plante qui, plus de deux ans et demi après avoir GERMINATION DU MILTONIA SPECTABILIS. 293 germé, n’a pas encore de feuilles articulées et de pseudo-bulbe, et qui, en un mot, n’est pas encore parvenue à l’état adulte ; mais il serait, je crois, fort imprudent de donner ce faitcomme normal, Il semble à peu près certain que les fâcheuses conditions dans les- quelles se sont trouvées les jeunes plantes ont dû retarder beau- coup leur développement. Si maintenant on rapproche les faits que nous avons observés dans la germination du Müiltonia spectabihs, de ce que l’on sait déjà touchant les premiers développements de diverses autres Orchidées , et si l’on cherche à tirer des diverses observations que l’on connaît quelque idée générale, on doit être, ce me semble, frappé d’un fait qui me paraît fondamental, c’est l'absence de racines durant les premières phases de la vie de la jeune plante, qui n’est, au moment où la germination commence, qu’un petit corps celluleux dans lequel on ne peut distinguer d'organes spé- ciaux, et qui vit à peu près à la façon des végétaux inférieurs, en puisant directement sa nourriture dans le sol à l’aide des papilles qui le couvrent. Les diverses observations qui, à ma connais- sance, ont été publiées à ce sujet, aussi bien que celles que j'ai pu faire moi-même, me semblent d'accord sur ce point. Dans toutes les Orchidées que l’on à Ctudiées durant les premiers moments de leur développement, l'embryon se renfle, grossit, produit des feuilles, et végète durant un temps plus ou moins long avant de porter des racines et de vivre à la façon ordinaire. Dans toutes, la première période du développement paraît à peu près identique ; mais cette phase transitoire de la végétation, qui pré- cède l’apparition de la première racine, varie beaucoup de durée, Les racines apparaissent plus ou moins tard ; la plante naissante se développe, s’accroit plus ou moins avant qu’elles se mon- trent. Ainsi, dans les Ophrydées (1), la première racine apparaît de fort bonne heure, et se développe à la partie supérieure du tubercule embryonnaire, au-dessous de la première ou de la (1) La germination de ces plantes a été parfaitement décrite par M. Th. 1r- misch, avec la précision et la clarté habituelles à cet excellent observateur, Les . faits ont été également observés par M. Favre. 29/ ED, PRILLIEUX, deuxième feuille, qui sont de simples gaïnes, avant que les feuilles vertes se soient développées. Dans d’autres plantes, les feuilles vertes se déploient, la tige se forme et s’allonge plus ou moins avant l’apparition des racines, qui naissent de la tige, au-dessus de l'insertion des premières feuilles, C'est ce qui a lieu, selon toute apparence, non-seulement dans le Milionia spectabilis, mais dans beaucoup d’autres Orchidées. J'ai eu occasion d'observer un ÂVeottia exotique (fig. 19) et une Vanille (fig. 47 et 18) dans lesquels le petit tubercule embryon- naire, couvert de papilles, portait une tige élancée d’où nais- saient des feuilles vertes, et qui cependant n’avaient pas encore de racines. Malheureusement, il ne m'a pas été possible de suivre le développement de ces jeunes plantes jusqu’à l’apparition de la première racine. Dans toutes ces plantes, la croissance du corps embryonnaire, qui se renfle en tubercule, s'arrête de bonne heure, en comparai- son de ce que j'ai observé dans l’Angræcum maculatum (1), où la tige, qui porte les feuilles et les racines, n’apparaît que très tard, et après que le tubercule embryonnaire a pris un développement excessif, Dans cette plante, le bourgeon terminal du tubercule embryonnaire ne produit pas de feuilles vertes, mais seulement de petites écailles, à l’aisselle desquelles naissent des rameaux char- nus, qui forment en se développant un tubercule lobé qui vit, comme le tubercule initial, en puisant sa nourriture dans le sol au moyen de papilles, atteint un volume considérable, et produit enfin une tige dressée, munie de feuilles vertes et de racines. Ce n’est que lorsque cette tige est bien enracinée, qu’elle s’est renflée en pseudo-bulbe, qu’elle présente en un mot sa forme définitive , ce n’est qu'alors que le tubercule, dont le rôle est achevé, languit, meurt, pourrit et disparait. Enfin, dans le Corallorhiza innata et l'Epipogum aphyllum, on voit un tubercule lobé qui est formé de la même façon que celui de l’Angræcum maculatum, mais qui, au lieu d’avoir seulement une existence passagère, persiste au contraire durant toute la vie (1) Ann, des sc. nat., 4° série, t. IV, p. 419 et suiv., pl. 5, 6 et 7. GERMINATION DU MILTONIA SPECTABILIS. 295 de la plante. Jamais ces singuliers végétaux ne portent ni feuilles vertes, ni racines. Quand ils sont parvenus à l’état adulte, ils pré- sentent une si complète ressemblance avec la forme primitive qu'offre l’Angræcum durant sa germination, qu’ils semblent s’être arrêtés dans leur développement, au milieu de la période embryon- naire qu’ils n’ont pu dépasser. En résumé : L’embryon des Orchidées peut être considéré comme étant incomplétement formé dans la graine müre. Quand il germe, il végète pendant un temps plus ou moins long d’une façon toute spéciale, vivant à peu près à la manière des végétaux inférieurs, jusqu’au moment où il donne naissance à des feuilles vertes, à une tige et à des racines, et, parvenu enfin à un plus haut degré d'organisation, vit comme vivent les végétaux supérieurs. Dans un certain nombre d’'Orchidées, l’apparition des racines et le commencement de la végétation normale ont lieu d'assez bonne heure ; la végétation transitoire dure peu. ni Dans d’autres, la plante ne parvient que tard à sa forme défi- nitive ; la vie normale est précédée d’une longue phase transi- toire. Enfin, dans quelques cas, l’organisation primitive, au lieu d’être passagère, dure autant que la vie de la plante, qui demeure tou- jours pour ainsi dire en enfance, et parvenue à l'état adulte, offre encore la conformation rudimentaire que les autres Orchidées ne présentent qu’au moment de leur germination. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 14. Fig. 1-5. Embryons de graines müres d'Orchidées portant à leur partie supé- rieure un suspenseur, Fig. 4. Embryon de Pleurothallis racemiflora. Fig. 2. Embryon de Maæillaria punctulata. Fig. 3. Embryon de Catasetum. 206 ED, PRILLIEUX. Fig. 4. Embryon de Restrepia vittata. Fig. 5. Embryon de Pleurothallis clausa, L'embryon est à demi retiré de l'in- térieur du testa. Fig. 6-16. Développement de l'embryon du Miltonia speclabilis. Fig. 6 et 7. Jeune embryon germant, Il s’est renflé et a déchiré le testa dont on voit encore les débris autour de lui. Au bas de la fig. 7, on voit encore le sac suspenseur de l'embryon. Fig. 8. Jeune embryon au moment où apparaît la première feuille. Fig. 9. Partie supérieure du même, plus grossie et vue en dessus. Fig. 10. La même, vue de côté. Fig. 11. Embryon un peu plus développé, mais n'ayant encore qu'une seule feuille. On voit à sa surface des stomates à la partie supérieure et des bou- quets de papilles à la partie inférieure. Au bas de la figure, on distingue net- tement encore le suspenseur de l'embryon. Fig. 12. Jeune embryon coupé par la moitié; on voit à son sommet, à l'inté- rieur de la première feuille, une deuxième feuille très jeune. Les cellules de la partie inférieure de l'embryon contiennent des pelotes de matière gom- meuse brunâtre. | Fig. 143. Embryon muni de deux feuilles coupé par la moitié. On distingue dans les feuilles de jeunes vaisseaux. Fig. 14. Embryon portant 3 feuilles. Fig. 15. Jeune plante âgée de deux ans et demi, de grandeur naturelle. Fig. 16, Groupe de cellules d'où naissent les papilles. Fig. 417 et 18. Vanilla planifolia. Fig. 17. Jeune plante munie d'une feuille. Fig. 18. Jeune plante portant deux feuilles et encore dépourvue de racines. Fig. 49. Neotlia, espèce exotique. Jeune plante terminée inférieurement par un petit tubercule embryonnaire et ne portant pas encore de racines. EXPÉRIENCES SUR LES EFFETS DES GAZ NARCOTIQUES ET CAUSTIQUES SUR LES PLANTES, Par M. John S. LIVINGSTON, Membre de la Société royale de physique d'Edimbourg (1). Il y a quelques années, l’effet des gaz narcotiques et irritants sur les plantes fut le sujet d’une suite d'expériences faites en com- mun par le docteur Christison et feu le docteur Turner, au témoi- gnage desquels on avait eu recours pour une affaire pendante devant les tribunaux, et dans laquelle on réclamait des dommages et intérêts pour la destruction d'arbres et la détérioration d’une propriété, attribuées aux exhalaisons d’une fabrique de noir ani- mal établie dans le voisinage. Dans ce cas, la question des effets des gaz sur les plantes acquiert un intérêt plus que scientifique, et attire l'attention même de ceux qui considèrent ces recherches comme peu intéressantes, à moins qu'elles ne soient positivement et matériellement utiles aux intérêts de l'humanité. Plusieurs des expériences dont je vais donner le détail sont les mêmes que celles des docteurs Christison et Turner ; j'ai voulu ainsi ra’assurer de leur exactitude, et jai évité avec intention d’em- ployer les mêmes proportions de gaz. Cependant il y a plusieurs gaz sur lesquels j'ai seul fait des expériences ; je ne les ai pas toutes citées à beaucoup près, mais seulement les plus intéres- santes. Le modus operandi, quand j'avais beaucoup de gaz à employer, consistait simplement à le recueillir, d’après la manière ordinaire, (1) Extrait des Transactions of the Bolanical Society, vol. VI, part, 3, p. 380. 298 3. S. LIVINGSTON. dans des bouteilles d’une contenance cubique connue, et de le laisser se répandre sous des cloches recouvrant les plantes. Ces cloches reposaient sur une couche de mastie de vitrier; en appuyant légèrement, on y enfonçait un peu les bords, et en mastiquant encore le bord extérieur, on pouvait être certain qu’elles étaient hermétiquement fermées. Quand nous n'avions à employer que de petites quantités de gaz, nous pouvions, au moyén d’un trou percé dans la table, injecter, avec une exactitude parfaite, à l’aide d’une seringue de verre graduée, du gaz, depuis 4 pouces cubes jusqu'à 4/20° de pouce cube. | I. — Acide sulfureux. 1. Un jeune Laburnum et un Psoralea furent introduits sous une cloche de la contenance cubique de 6 litres 3/4, avec À cen- ümètre cube et demi d'acide sulfureux (SO?), dans la proportion de 4 à 444 . Les plantes furent exposées à cette atmosphère pen- dant six heures, avant qu’on remarquât aucun changement, après quoi les feuilles commencèrent à se contracter. On les laissa ainsi pendant toute la nuit, et quand on les examina le lendemain matin aprés une expérience de vingt-deux heures, le Psoralea était tout à fait mort ; les feuilles tombaient, et étaient d’une couleur brune jaunâtre. La tige n’était pas morte, mais la plante était perdue. 2. On introduisit dans une cloche de 6 litres 3/4 un jeune Laburnum, avec 3/h de centimètre cube de gaz. En vingt-quatre heures, les cotylédons se décolorèrent à leur jonction avec la tige, et en quarante-huit heures, ils séchèrent, seridèrent, et les feuilles tombèrent. Au bout de soixante heures, on n’observa d’autre changement qu'une légère disposition du pétiole à se faner. Le cinquième jour, il était tout à fait fané, mais sans décoloration. Le sixième jour, on ne remarqua aucun changement; mais le septième, les bords de quelques-unes des feuilles devinrent d’une couleur fauve, et les folioles se replièrent sur elles-mêmes. 3. On plaça un autre Laburnum sous une cloche pouvant çon- EFFETS DES GAZ SUR LES PLANTES. 299 tenir 70 centimètres cubes, avec 2°%,8 d'acide sulfureux pendant vingt-quatre heures ; le gaz ne produisit aucun effet. Au bout de quarante-huit heures , on put observer une légère tendance des folioles à se friser ; et le troisième jour, les feuilles étaient flétries. Le quatrième jour, les feuilles du haut paraissaient tout à fait fanées. À la huitième heure du septième jour, les cotylédons étaient fanés ; et, à deux heures de l’après-midi du même jour, on put remarquer que quelques-unes des feuilles de la plante étaient décolorées et pendaient comme si elles se mouraient. On retira alors la plante qu’on put sauver, mais non sans qu’elle perdit d’abord ses feuilles. IT. — Acide hydrochlorique. Nous avons observé que l'acide sulfureux, en très petites pro- portions, agit puissamment comme poison et comme caustique sur les plantes exposées à son action, mais l'acide hydrochlorique est encore plus pernicieux. 4. Un Laburnum fut placé sous une cloche contenant 6 litres 3/4 d'air avec 1 centimêtre cube et demi d’acide hydrochlorique, ou dans la proportion de 1 à 444 5. Au bout de quarante minutes, la plante avait pris une teinte d’un gris verdâtre. Au bout de vingt- deux. heures, les cotylédons étaient presque bruns, secs el ridés ; les folioles étaient ridées de même, et d’un vert-olive foncé. 2, On introduisit, avec une Balsamine, 8 centimètres cubes d'acide hydrochlorique (proportion de 4 à 8 en volume), sous une cloche pouvant contenir 70 centimètres cubes d'air. Au bout d’une demi-heure, la plante commença à se flétrir et à présenter une légère décoloration sur les bords et à la pointe des folioles. Au bout d’une heure et demie, la plante paraissait languissante et fanée. Vingt-deux heures après, elle était presque morte; les feuilles étaient presque brunes, et leur tissu avait si peu de con- sistance, qu'elles tombaient en poussière au toucher. 3. Un Psoralea fut introduit avec 2,8 d’acide hydrochlorique (proportion de £ à 105 en volume) sous une cloche pouvant con- tenir 14 centimètres cubes d’air. Au bout de dix minutes, la plante 300 | J. S. LIVINGSTON. s'était fanée ; après une heure et demie, quelques-unes des feuilles étaient décolorées et la plante entière paraissait languissante. Au bout de vingt-deux heures, urie grande partie des feuilles étaient à moitié décolorées, d’autres l’étaient complétement, et tous les pétioles pendaient. h. Huit millimètres cubes de ce gaz furent introduits avec une Balsamine dans une cloche pouvant contenir 6 litres 3/4 d'air. Au bout d’une demi-heure, les bords des cotylédons étaient décolorés, avec une tendance légère, mais visible, à se flétrir. Après une heure et demie, ils étaient décidément flétris, et l’on pouvait remar- quer leur tendance à se rider. Au bout de vingt-deux heures, les feuilles pendaient, et après quarante-huit heures , elles étaient brunes à la pointe et aux bords ; les cotylédons étaient fanés et secs, et la tige principale même était un peu flétrie. En retirant la plante, les cotylédons et trois des feuilles tombèrent. On porta Ja plante dans une serre où elle revint à la santé, mais après avoir perdu toutes ses feuilles ; de jeunes feuilles se montrèrent bientôt. I était curieux d'observer que plusieurs étaient fanées à la pointe , la feuille ayant été, quand elle sortait à peine, exposée à la mauvaise influence du gaz ; mais la plante possédant encore une vitalité suf- fisante pour développer la feuille entière et la côte de la feuille, les traces de l'effet produit sur le bouton continuaient à paraitre, et devaient continuer à se montrer durant toute la durée de la plante. III. — Chlore. 1. Un jeune Laburnum fut mis sous une cloche contenant 6 litres 3/4 d’air , avec 1 centimètre cube et demi de chlore (pro- portion de 4 à444% en volume). Au bout d’une heure vingt minutes, on put remarquer une légère tendance des feuilles à devenir brunes ; après vingtminutes, la tendance à la décoloration était positive. Les effets du gaz furent moins rapides pendant les heures suivantes , la décoloration n’augmenta pas; mais, après vingt-quatre heures, les feuilles avaient complétement perdu leur couleur et parais- saient sèches et flétries. Cette plante qu’on enleva, comme dans EFFETS DES GAZ SUR LES PLANTES. 01 les autres cas, perdit ses feuilles, en eut de nouvelles, et redevint aussi vigoureuse qu'avant l'expérience. 2. On introduisit sous une cloche dela contenance de 6 litres3/A d'air un jeune Laburnum, avec 2+,5 de chlore (proportion de 4 à 166 © en volume). En moins d’une heure, quelques-unes des feuilles se décolorèrent complétement, d’autres plus ou moins, mais aucune ne se flétrit encore. En moins de deux heures, beau- coup de feuilles prirent une teinte blanchâtre, et une seule résista à l’action du gaz. Nous observâmes que les feuilles avaient toutes commencé à blanchir par la pointe, et que la décoloration s'était ensuite graduellement étendue jusqu'à la base. Au bout de vingt- quatre heures, la plante avait complétement blanchi, à l’exception du bourgeon terminal qui n’était pas même attaqué; il en avait été de même dans les expériences précédentes, probablement parce que la feuille n’étant pas développée, elle n'avait pas commencé à servir à la respiration de la plante, et ainsi n'avait pas été imbibee de la vapeur pernicieuse. Dans ces deux expériences, la tige resta verte et vigoureuse ; on put sauver la plante, qui ne perdit qu’une première pousse de feuilles, à la suite d’une épreuve qu’on aurait pu croire lui devoir être tout à fait fatale, et elle se couvrit bientôt après d’un nouveau et abondant feuillage. IV. — Hydrogène sulfuré. 1. On introduisit sous une cloche d’une contenance de 6 litres 3/4 d'air une Balsamine et un Laburnum, avec 1°,5 d'hydrogène sulfaré (proportion de 4 à 44h % en volume). Il ne se produisit aucun changement de couleur en vingt-deux heures ; mais les deux plantes se flétrirent, la Balsamine beaucoup et le Laburnum légèrement. Au bout de vingt-sept heures, le Labur- num était beaucoup plus flétri, mais n’avait pas encore changé de couleur ; les feuilles de la Balsamine pendaient presque perpendi- culairement, mais on ne pouvait, pas plus que pour le Laburnuim, observer aucune décoloration. Les plantes furent retirées, et au 202 3. S. LIVINGSTON. premier abord parurent sauvées, mais tout à coup elles se flétrirent et moururent. | 2. On introduisit sous une cloche pouvant contenir 70 centi- mètres cubes d’air les deux mêmes plantes que dans la première ‘expérience, avec 2%,3 du même gaz (proportion de 1 à 28 7 en volume). En vingt-quatre heures, la Balsamine ne fléchit que légèrement et le Laburnum à peine. Au bout de vingt-sept heures, non-seulement les feuilles, mais les pétioles du Laburnum se fanèrent, mais sans décoloration. La Balsamine fléchit beaucoup, et quelques-unes de ses feuilles tombèrent quand on la retira de dessous la cloche ; mais la plante ne paraissait pas avoir souffert et élait aussi verte que quand on l’y avait mise. Ce résultat est inté- ressant, car il montre qu'une grande quantité de gaz affecte moins la plante, selon toute apparence, qu'une quantité moindre. 2. On plaça sous une cloche de Ia contenance de 47 centimètres cubes une Balsamine, avec 2"*,8 de gaz (de 1 à 162 © en volume). La plante ne parut ressentir aucun effet pendant vingt- quatre heures; mais au bout de vingt-sept heures, elle se flétrit. Quoiqu’elle survécüt à cette expérience, elle ne redevint jamais vigoureuse. On doit faire observer que, dans toutes ces expé- riences avec l’hydrogéne sulfuré, les bords et les pointes des feuilles se couvrirent de goultes d’eau. V. — Ammoniaque. À. On introduisit sous une cloche de la contenance cubique de 60 centimètres une Balsamine, avec 7 millimètres cubes d’am- moniaque (de À à 90 en volume). En vingt-six heures, la plante se flétrit beaucoup, mais aucune trace de décoloration ne parut sur les feuilles. 9, Une même plante, placée dans 26 centimètres cubes avec À millimètre cube d’ammoniaque, ne présenta au bout de vingt- six heures d’autre changement qu’un peu de flétrissure, sans déco- loration, la plante étant aussi verte et aussi vigoureuse qu’aupara- van. EFFETS DES GAZ SUR LES PLANTES. 208 VI. — Protoxyde d'azote, ou oxyde nitreux. 4. On plaça sous une eloche de la contenance de 6 litres 3/4 une Balsamine, avec 8 centimêtres cubes de protoxyde d’azote (de 1 à 83 + en volume). En une demi-heure, la plante se flétrit beau- coup. En dix-huit heures, elle ne se fana pas davantage, mais une des feuilles se rida et un cotylédon tomba. Deux des feuilles avaient la pointe couverte de moisissure, mais tout en étant aussi vertes qu'auparavant. Aucun changement ne se produisit en quarante- trois heures, excepté la chute d’une feuille et d’un autre cotylé- don. Au bout de soixante-huit heures, 1! n’y avait rien de nouveau; on retira la plante, qui mourut rapidement. 2. On introduisit sous une cloche de la contenance de 70 cen- timètres cubes d’air une Balsamine, avec 8 centimètres cubes 4/10° de protoxyde d’azote, et en une demi-heure la plante se flétrit légèrement. Cette flétrissure n’augmenta pas en dix-neuf heures ; mais deux des feuilles étaient tombées couvertes de moisissure. On laissa Ja plante exposée à l'influence du gaz pendant trois jours entiers, sans qu'on eùt à remarquer d’autres symptômes d’altéra- tion. Quand on retira la plante, elle mourut vite. VII, — Oxyde de carbone. 4. Une Balsamine fut placée, avec L centimètre cube et demi d'oxyde de carbone (de 1 à 28 5 en volume), sous une cloche de la contenance de 44 centimètres et demi. En dix-neuf heures, la plante fléchit , et quelques-unes des feuilles se ridèrent. Une feuille tomba, et la base du pot se couvrit de taches de moisis- sure, mais aucune décoloration ne survint. En quarante-huit heures, l'effet du gaz n’augmenta pas; deux feuilles seulement tombèrent. Quand la plante fut retirée, elle mourut rapidement. 2. On plaça sous une double cloche de la contenance cubique de 61 centimètres cubes une Balsamine, avec 2*,3 du même gaz (de 4 à 26 ; en volume). Au bout de dix-neuf heures, la plante 20 3. S. LIVINGSTON. était très fanée, et le pot se couvrait de moisissure. On la laissa encore trois jours, sans remarquer d'autre effet que la chute d’une des feuilles. Après avoir été retirée, la plante mourut rapidement. VIIT. — Gaz de la houille. 4. Un Laburnum fut placé sous une cloche de la contenance de 28 centimètres cubes, avec 1,3 de gaz de la houille (de 1 à 91 en volume). Les feuilles se flétrirent en vingt heures. Au bout de vingt-cinq heures, le sommet de la branche principale se flétrit aussi. On laissa la plante pendant quatre jours soumise à cette expérience, sans qu’on remarquât plus de flétrissure. Les cotylédons tombèrent quand on retira la plante de dessous la cloche, et l’on put la sauver. 2, On plaça sous une cloche de la même contenance un autre Laburnum avec 9 centimètres cubes de gaz. En vingt-quatre heures, la plante se fana positivement. On la retira, et on la SUNEE 3. On introduisit sous une cloche de la contenance cubique de 60 centimètres cubes un jeune Laburnum et une Balsamine, avec 9,5 de gaz de charbon, ou de À à 7 en volume. En vingt heures, aucun changement visible ne se produisit. Au bout du quatrième jour, on ne put observer rien de nouveau. Les plantes paraissaient fraiches, à l'exception de la tige de la Balsamine. On put sauver ces deux plantes. h. Un Laburnum et une Balsamine urent introduits avec 4°°,3 du même gaz, ou de 4 à 50 en volume, sous une cloche de la contenance de 70 centimètres cubes. En ving, heures. les cotylé- dons de la Balsamine se frisèrent légèrement; e Laburnum ne souffrit aucune altération. Il n’y eut aucun changement qu’au quatrième jour ; alors les cotylédons de la Balsamine pâliremr e4 se flétrirent, les feuilles séchèrent, jaunirent à la pointe, et pendiren. languissantes. Chez le Laburnum, le sommet des feuilles pâlit, et elles tombérent même en les touchant avec le plus grand soin. Ces deux plantes purent être sauvées. Ces expériences avec le gaz de EFFETS DES GAZ SUR LES PLANTES, 209 charbon servent à démontrer, comme nous l'avons fait pour l'hy- drogène sulfuré, que, quand la proportion est forte, l'effet sur les plantes parait moindre que quand la proportion est plus faible. Il devient done évident, par les expériences qu’on vient de lire, que les gaz se divisent en deux classes, d’après leur action sur les plantes : en gaz caustiques et en gaz narcotiques. Cette distinction, quelle qu’en soit la cause, est aussi positive quand il s’agit des plantes que lorsqu'il s’agit des animaux. Les plantes exposées à l'influence d’un gaz narcotique ne perdent pas leurs couleurs, et restent aussi vertes et aussi vigoureuses à la fin qu’au commence- ment de l’expérience. Quand la plante, commençant à se flétrir, est retirée, placée sur une couche, et bien arrosée, elle n’en revient pas davantage ; elle meurt même souvent plus vite, que si l’on avait continué à la laisser exposée à l’action continue du gaz. En un mot , les gaz narcotiques détruisent la vie de la plante. Quant aux gaz caustiques, leur action prend un caractère plus local. La couleur de la pointe des feuilles commence d’abord à s’altérer, et la décoloration s'étend vite sur toute la feuille et de proche en proche sur la plante entière; mais si l'on soustrait les plantes à cetle influence, avant que la tige soit attaquée, on pourra toujours les sauver, mais non sans éviter qu’elles ne perdent leurs feuilles. Au bout de quelque temps, de nouvelies feuilles poussent, et les plantes ne conservent aucune trace d’altération ; cependant en les soumettant plusieurs fois à l'influence d’un gaz irritant, on peut être certain de les détruire. &* série. Bor. T. XJII. (Cahier n° 5.) 4 209 MÉMOIRE LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES, Par MM, J.-E. PLANCHON et J. TRIANA. Amenés par nos études sur la Flore de la Nouvelle-Grenade à nous occuper des Guttifères, nous avons été frappés dès labord de l’étonnante diversité de structure d’un groupe d'ailleurs si naturel. Peu de familles montrent à ce point la variété dans l’unité ; pas une peut-être ne soulève de plus intéressantes questions de symétrie florale et d’affinités multiples ; il n’en est pas enfin entre les Dicotylédones qui pût offrir au même degré l'attrait des obser- vations neuves et des résultats imprévus. Ces diverses causes nous ont séduits : le sujet s’est graduelle- ment étendu sous nos recherches : les herbiers du Muséum de Paris, de MM. Delessert, de Franqueville, De Candolle, Boissier, Buchinger, libéralement offerts et soigneusement consultés, ont fourni les matériaux et comme la base de notre travail. Commen- cées, il y aura bientôt deux ans, dans le cadre restreint de la Flore néo-grenadine et de nos propres collections ; reprises en 1860 sur un plan un peu plus large; transportées entin par une étude de trois mois sur le champ tout entier du sujet, nos recherches, sans épuiser la matière, auront fixé peut-être, d’après les ressources actuelles, les limites des grandes divisions du groupe, et peut-être aussi sur divers points, celles des coupes génériques. Pour introduire de l’ordre dans un sujet aussi complexe, nous Le diviserons en trois parties : 1° Une partie systématique comprenant jusqu’au genre et par- ET | MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 3507 fois jusqu'aux espèces inclusivement , tout ce qui concerne la classification, la synonymie, les affinités, et subsidiairement la distribution géographique du groupe. Les faits de structure ne seront là signalés qu’à l'appui de la classification. 2° Une partie organologique et physiologique comprenant les questions de morphologie, d'anatomie, de physiologie, qui méri- tent une attention spéciale. 3° Enfin une partie d'application, où nous essayerons de résu- mer les connaissances acquises sur les DOUCE des Guttifères et sur leurs produits usuels. CHAPITRE PREMIER. REVUE SYSTÉMATIQUE DES GUTTIFÉRES. $ |. — Formation et délimitation de la famille. Linné connaissait d’une façon trop imparfaite les quelques genres de Guttifères décrits de son temps, pour pouvoir les réunir dans un groupe vraiment naturel; aussi les dispersa-t-1l dans quatre classes différentes de ses Methodi naturalis fr ra (Phalosophia botanica, ann. 1751). I y place : 1° Le Clusia dans son ordre des Culminiæ, parmi des Tiliacées (Muntingia, Tilia, ele., etc.), des Bixinées (Bixa, Kiggelaria) et une Büttnériacée (T'heobroma). 2° Le Garcinia dans le groupe des Hesperideæ, avec les seuls genres Citrus et Siyrax 9° Le Cambogia, séparé mal à propos du Garcinia dans le groupe des T'ricoccæ, juste à côté de l'Euphorbia. h° Les types Mesua, Mammea et Calophyllum, se suivant dans la série des genres {ncertæ sedis, et précédant les types Elæocar- pus, Microcus (Grewia), Ochna, Sauvagesia et Fateria. On remarque l'absence de tout rapprochement direct de ces genres de Gutifères avec l’Hypericum (Perforatarum genus, L.), avec le Margravia, mis par lui, comme par Bernard de Jussieu, 508 J.-E. PLANCHON ET J, TRIANA. près des Capparts ; enfin avec les Ternstræmiacées, dont les élé- ments sont encore épars en divers groupes. L'illustre auteur des Familles des plantes (1765), Adanson, ne fut pas heureux dans la place assignée aux Gultifères ; il en énu- mère plusieurs genres (Vagatampo où Mesua, Coddampuli ou Cambogia, Magostan où Garcinia, Mamei ou Mammea, Calaba ou Calophyllum), dans la seconde section de la plus hétérogène peut-être de ses familles, celle des Cistes. Mêlées, on ne sait pourquoi, aux types Fraæinus, Paris et Alkanna (Lawsonia), ces plantes y sont du moins dans le voisinage des genres d’'Hypé- ricinées. Le Clusia, d'autre part, figure dans la fanulle des Tithy- males entre le Buæus et le Cascarilla (Croton); le Rheedia, dans la premitre section des Cistes, entre le Prockia et le Sal- vadora. Enfin parut le Genera de Jussieu (1789), Ici la famille des Gutli- fères (Gulhiferæ, les Guttiers), est nettement constituée entre les Hypéricinées (Hyperica) et les Aurantiacées (Aurantia). Jussieu la divise en trois sections, Savoir : 1° Stylus nullus ; genres : Cambogia, L.; Clusia, PI.; Garci- nia, L.; Tovomita, Aubl.; Quapoya, Aubl.; Grias, L. 2° Stylus unicus ; genres : Moronobea, Ve Macoubea, Aubl.; Mammea, L.; Macanea (Macahanea), Aubl.; Singana, Aubl.; Mesua, L.; Rheedia, L.; Calophyllum, L. 3° Genera aliernifolhia, hinc Guttiferis, inde Aurantuis affa ; ocnres : Vaiteria, L.; Elæocarpus, Burm.; Fatica, L.; Allo- phyllus, L. Sauf quelques genres douteux, tels que Grias, Macanea, Macou- bea et Singana, on peut dire que la base des Guttifères est tout entière dans les deux premières sections , sections que, du reste, l’auteur ne considérait pas comme naturelles en tant que subdi- visions du groupe. A.-L. de Jussieu lui-même essaya d’ailleurs à trois reprises de retoucher celle partie de son œuvre : d'abord, en 1805 (Annales du Mus., XI, p. 25h et 235), en rapportant lAllophyllus aux Sapindaceées , et les genres Ælæocarpus, F'atica et F'ateria, aux Filiacces , 1! supprima de fait Fr iroisième section des Guttifères. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 309 Plus tard, en 1809, à l’occasion d'une nouvelle espèce de War- gravia (Ann. du Mus., XIV, p. 39 et suiv.), il établit, d’après l'avis et Paulorité de L.-C. Richard, Paffinité de ce genre avec la famille des Guttifères, à laquelle il rattacha, par des raisons plus spécieuses que justes, le Marila de Swartz, le Godoya de Ruïz et Pavon, et l'Æugia, ou plante à vernis de Chine, de Loureiro. Enfin (en 1813), dans un de ses remarquables mémoires Sur les caractères généraux des familles tirés des graines (Ann. du Mus., XX), il eut l’idée peu heureuse de ramener aux Gutti- fères le F’ateria (devenu depuis une Diptérocarpée), et d’v ratta- cher, bien qu'avec doute, le F’enana de Lamarck ou Breæia des auteurs récents. Introduire de nouveau parmi les Guttifères des types à feuilles allernes, c'était méconnaitre un des caractères les plus essentiels de la famille, celui d'avoir des feuilles opposées ou décussées. Choisy commit la même erreur, en laissant où introduisant dans cette famille les genres Godoya, Mahurea el Canella. Mais il eut, du moins, le mérite de tracer le premier dans le groupe des sections à peu près naturelles dans leur ensemble. Le premier travail de Choisy sur les Guttifères, lu devant la Société d'histoire naturelle de Paris le 45 mars 4822, fut publié en 1824 dans le premier volume des Mémoires de cette Société. Dans l'intervalle (aussi en 1824), l’auteur avait fait paraitre l’ar- licle Guttiferæ du Prodrome de De Candolle. Sauf un détail sans importance, les deux travaux sont identiques, et la même analyse peut en rendre compte. Choisy (in DC., Prodr.) établit dans le groupe des Guttiferes quatre tribus : 1° Clusieæ : fruit multiloculaire à loges polyspermes. Genres : Mahurea, Aubl.; Marila, SW.; Clusia, L.; Quapoya, Aubl. (Xanthe, Schrh.); Havetia, HBK. % Garcinieæ : fruit multiloculaire, loges monospermes, anthères introrses. Genres : Ochrocarpos, Th.; Marialva, Vand. (Tovomit&, Aubt.; Beauharnoisia, R. et Pav.; synonymie déjà établie par Jussieu) ; . Macranthera, Choisy ; Garcinia, L. 910 J.-E. PLANCHON ET J, TRIANA. 3° Calophylleæ : fruit uniloculaire drupacé ou en baie; semences peu nombreuses dans un péricarpe sec ou pulpeux. Genres : Mammeu, L.; Xanthochymus, Roxb.; Stalagmits, Murr.; Mesua, KL. Calophyllum, L. h° Symphonieæ : fruit multiloculaire à loges mono- ou poly- spermes ; anthères extrorses, polyadelphes. Genres : Canella, Br.; Moronobea, Aubl. (Symphonia, L. fil.) ; Chrysopia, Th. Suivent les genres douteux : Macanea, Singana, Rheedia, Macoubea et Chloromyron ou Ferticillaria (ce dernier justement placé dans le Mémoire, dans la tribu des Garciniées),. Ce premier essai de la subdivision des Guttifères présente sans doute des imperfections et des lacunes ; mais 1l faut tenir compte à son auteur de la difficulté du sujet, et de l'obscurité qui régnait alors sur les caractères exacts des genres. C'était beaucoup que d’avoir su, contre l’imposante autorité d’un Jussieu, exclure de la famille les genres Grias, L., Augia, Lour., et Y’enana, Lamk., qui lui sont complétement étrangers. En 1898, nouveau progrès dans la classification et la conception des affinités de ce groupe. Le mémoire de M. Cambessèdes : Sur les familles des T'ernstræmiacées et des Guthfères (Mém. du Mus.), trace à la fois d’une manière très nette et les rapports et les limites de ces deux familles. L'opposition des feuilles est reconnue pour un caractère constant, et dès lors important, des vraies Guttifères. Le Marila, malgré ses feuilles opposées, passe à côté du Mahurea dans les Ternstræmiacées. Enfin l’auteur établit dans les Guttifères, débarrassées cette fois de tout élément étranger, quatre sections, auxquelles il ne donne pas de noms spéciaux, mais qui répondent avec des modifications plus ou moins heureuses aux quatre tribus de Choisy. C’est un progrès, par exemple, d’avoir su rapprocher le Tovomita du Clusia, malgre ses loges monospermes ; d’avoir réuni dans la troisième section les genres Garcinia, Rheedia et Stalagmitis ; d’avoir nettement défini la deuxième et la quatrième section répondant aux Symphoniées (Moronobées) et Calophyl- lées. C’est une erreur d’avoir fait du Ferticillariaune Clusiée, du Mammea une Garciniée ; d’avoir confondu le T'ovomita et l’Ochro- | MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 311 carpus, le Stalagmitis et le Brindonia. Mais la plupart de ces méprises s'expliquent par l’imperfection des matériaux mis en œuvre ou des documents consultés, et nous ne les signalons ici que pour nous donner ailleurs l'avantage de la sincérité de l'éloge. Voilà donc les Guttifères constituées comme famille et divisées en tribus. M. Tulasne, en ressuscitant en quelque sorte, après Crüger, le genre Quiina d’Aublet, y reconnut le type d’une tribu nouvelle de Guttifères, tribu que nous conservons, sans altération, sous le nom de Qurinées. Nous pourrions étendre heaucoup cet historique en analysant les idées de Bartling (ordines naturales), d'Endlicher (Genera), de Lindley (7’egetable Kingdom) ; maïs les diversités ne portant là que sur des nuances, seront plus naturellement signalées à l'occa- sion des sections et des genres, Ün seul travail d'ensemble sur les Gutüfères mérite encore de nous arrêter ; c’est le récent mémoire de Choisy sur les Guttifères de l'Inde (1). Dans les considérations générales qui précèdent ce travail ou plutôt qui en forment le fond principal, Choisy, s’exa- gérant les rapports des Ternstrœmiacées et des Guttiféres, penche à fondre ces familles en une seule, subdivisée en cinq sous-ordres (l’auteur dit quatre ou cinq) : Ternstræmiacées, Quiinéacées , *Canellacées, Moronobéacées, Guttifères. Quant aux Guttifères proprement dites, illes subdivise en cinq tribus, savoir : Marireæ : Marila. CLusieæ : Clusia, Arrudea, Cochlanthera, gen. nov. ilavetia, Renggeria. MarraLvez : Marialva, V'erticillaria, Chry- sochlamys. Garanieæ : Xanthochymus, Garcinia, Rheedia, Hebra- dendron , Triplandron, Mammea, Discostigma. CaALoPnYLLEz : Mesua, Calophyllum, Calysaccion, Gynotroches (?). Dans cette œuvre où les forces de l’auteur ont évidemment trahi ses consciencieux efforts, nous pourrions nous donner le triste avantage de relever le vague, l’inexactitude, les méprises dans les considérations d'ensemble et dans les faits de détail : (1) Description des Guttifères de l'Inde, etc., etc..., précédée d'Observations générales sur cette famille. (Mém. de la Soc. d'hist. nat. de Genève, ann. 4849- . 1850, t. XIT, in-4, tirage à part.) 912 J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. mais si les droits de la vérité rendent légitime la critique des faits et des idées, la justice veut qu’on fasse la part des circonstances atténuantes, qui sont ici l'ignorance presque absolue de la struc- ture intime des genres, et particulièrement de l’organisation des oraines , élément indispensable d’une bonne classification des Guttifères. Ceci nous conduit à parler des bases mêmes de notre travail, à légitimer la confiance que nous inspirent, vanité d'auteur mise à part, les caractères sur lesquels reposent nos grandes subdivisions de la famille, divisions pour lesquelles nous avons été heureux d'adopter des noms établis, mais en donnant à des limites vagues ou fausses une évidente précision. L'importance des caractères des oraines pour la classification des Guttifères est déjà nettement pressentie dans un des mémoires de Jussieu (4nn. du Mus., XX). Avec cette sagacité merveilleuse qui tient chez lui de la divina- tion, il rectifie par la pensée des erreurs de fait de Gærtner sur les oraines des Garcinia ; il emprunte à des observateurs émérites, tels que L.-C. Richard et Poiteau, des indications précises et malheu- reusement peu nombreuses sur la consütution des graines des Clusia et des Mammea. Mais ces jalons ne suffisent pas à luitracer une marche assurée, et l'idée que la plupart des Guttifères ont une masse embryonnaire formée de cotylédons, cette idée, restée dans la science comme fait admis et non discuté, a suffi pour égarer, à la suite de Jussieu, tous ceux qui se sont occupés du même sujet. On a cherché hors de leur place les éléments d’une classification rationnelle. La nature du fruit, la placentation, lesti- vation, le nombre de pièces florales, tels sont les caractères mvo- qués pour cet objet; mais ces caractères n’ayant qu'une valeur secondaire, subordonnée à ceux des graines, n’ont pu conduire qu’à des approximations plus ou moins heureuses, à des tâtonne- ments toujours indécis. Autres sont les résultats, dès qu'intervient en première ligne la structure bien comprise des graines. C’est à le vrai fil d’Ariadne, dans un labyrinthe de faits en apparence contradictoires. Combinés avec les caractères signalés, ils en règlent l'importance, et, tout en les dominant, leur empruntent la preuve de leur propre légitimité. Ceci ressortira, nous l'espérons, MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 313 avec une évidence palpable, de l'ensemble et des détails de la partie systématique de ce travail. Nous exposerons plus loin, à la partie organographique, les nuances que présentent à cet égard les divers types de la famille. Mais, dès à présent, 1l importe de constater en quelques mots les faits de structure des graines qui se lient à la classification. Les Guttifères présentent à cet égard trois types d'organisation bien tranchés : Premier type. — Embryon à ligelle (radicule) très grosse, à cotylédons très petits, mais bien distincts. Telle est l’organisation que L.-C. Richard, le premier, signala chez un Clusia de Cayenne (Clusia palmicida, Rich.); que Turpin retrouva chez le Clusia rosea, et que nous regardons comme constant chez toutes les Guttifères à fruit capsulaire avec une placentation axile. Deuxième type. — Embryon à tigelle (radicule) énorme, plus ou moins tubériforme, offrant une moelle plus ou moins déve - loppée, que l’on a prise parfois pour l'embryon tont entier, que l'on à décrite souvent comme commissure de cotylédons soudés ou comme une radicule intérieure. — Cotylédons nuls, ou repré- sentés par de simples replis de la surface de la graine. Ce type se rencontre chez les Garciniées et les Moronobées. Troisième type. — Embryon à tigelle (radicule) très petite, à cotylédons énormes, libres où soudés ; caractère général chez les Calophyllées et les Quiinées. Tels sont les faits ; essayons de les appliquer à la classification, en les combinant avec d’autres faits de structure. Cet essai ne sau- rait mieux se présenter que sous la forme concise d'un tableau synoptique de la famille; ce sera l'introduction naturelle à la revue détaillée des genres. CONSPECTUS DIAGNOSTICUS. GUTTIFERÆ. Flores diclines, sæpius polygamo-dioïci. Petala hibera (fere semper), hypogyna. Placentatio axillaris v. basilaris. Semina exal- buminosa. Folia opposita, decussata. Partes diversæ resinifluæ. ä4/ d.-E, PLANCHON ET J. TRIANA, Tris. I. — CLUSIEÆ. Capsulæ plurivalves, valvis navicularibus, columellam angu- Jlato-alatam nudantibus. Sligmata radiata, distincta. Placentatio axilis. Embryonis tigella (vulgo radicula) cylindracea v. fusifor- mis, maxima ; cotyledones minutæ, sed foliiformes. Sectio tota americana. Arbores v. frutices interdum scanden- tes, frequenter pseudo-parasitici. SugrriB. À. — EUCLUSIEÆ. — Ovuri loculi pluri-ovulati. Calyx 4-5-phyllus. Petala 4-8. Stamina indefinita. Capsulæ polyspermæ, endocarpio non cartilagineo. . . . . . Clusia, L. Calyx 40-phyllus. Petala 5-6. Stamina indefinita. Antheræ connectivo cuspidatæ. Staminodia (fl. masc.) in corpus ananthe- rum centro floris concreta. . . . . . . . . … Oxystemon, Nob. Calyx 10-phyllus. Petala 5-6. Stamina subdefinita (18-20). Antheræ muticæ. Staminodia 4-5 in corpus apice antheris abor- tivis obsolete ornatum concreta. . . . . . Cochlanthera, Choïs. Calyx 4-5-phyllus. Petala 4-5."Stamina plura, concreta. An- theræ loculis pluribus, sacciformibus, apici filamenti cupulæformi RÉ EUTT RECENT INR . . . . Polythecandra, Nob. Calyx 5-phyllus (multibracteatus). Petala 5-10. Stamina plu- rima, in massam conicam concrela. Antheræ lineares, biporosæ. Capsulæ endocarpio {ubi noto) cartilagineo. . . Arrudea, Camb. Calyx 5-phyllus. Petala 5, sepalis alterna, æstiv. convoluta. Staminodia (fl. fœm.) in cupulam concreta, dimorpha, margina- lia resiniflua, cupulata. Ovarium 5-loculare. Ovula plurima, horizoniali-déscendentia.. 490 ht centied te Clusiella, Nob. Calyx 5-phyllus. Petala 5. Androcæum (fl. masc.) e basi tumida staminodis glandulosis concretis obsita columnare, apice antheri- ferum. Antheræ biloculares. Staminodia (fl. fæm.) ananthera, in annulum hypogynum concreta. . . . . . Androstylium, Miq. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES, 319 Calyx 5-phyllus. Petala 5, partim sepalis opposita. Stamins (A. masc.) indefinita v. definita, in massam conferta (non vere coadunata). Antheræ biloculares, loculis bilocellatis , biporosis. Capsulæ endocarpio cartilagineo (an semper ?). . . . . . . . . Quapoya, Aubl. (partim). _ Calyx 5-phyllus. Petala 5. Stamina (fl. masc.) 5-10, recepta- culo columnæformi inserta, in orbem radiatum huis tels disposita. Antheræ biloculares, birimosæ. Staminodia (fl. fœm.)5, hypogyna, antheræ vestigium exhibentia. . . . . ... . . Rengifa, Pæpp. (Quapoyæ, sp. Aubl.. Calyx 4-phyllus, foliolis, decussatis. Petala 4, non decussata, sæpius sepalis alterna. Stamina (fl. masc.) 5-6, monadelpha. Antheræ biiculare Divalves. LM à ce on, Balboa, Nob. Calyx 4-phyllus, foliolis decussatis. Petala 4, decussata. Fila- menta basi ventricosa. Stamina (fl. masc.) 8-12, triseriata. An- theræ cuneatæ, biloculares, birimosæ. . . . OEdematopus, Nob. Calyx et corolla præced. Stamina (fl. mase.) 4, basi dilatata confluentia. Antheræ ovatæ, biloculares, bivalves. Staminodia LE Lu à . : . ie. . . Havetiopsis, Nob. Calyx et corolle præced. Staminodia (fl. fœm.) in cupulam concreta. Semina in loculo singulo 2, arillodio pilettormi ornata, resupinato-pendula, raphe extrorsa. . . . . . Pilosperma, Nob. Calyx et corollæ præced. Stamina 4, sepalis alterna. Antheræ sessiles, 3-loculares. Semina in loculo singulo 2, suspensa, arillo arillodioque ornata, semianatropa, hilo lineari ventrali, raphe OT NE, Havetia, HBK. Suerrir, B. — TOVOMITEÆ, — Ovarii loculi uni-ovulati. Semina arillo sacciformi, dorso pervio inelusa. . . . . . . . Chrysochlamys, Pœpp. et End. Semina exarillata, tegumento externo carnoso, venos0. . . . Tovomila, Aubl. 316 J.-E. PLANCHON ET J. ‘TRIANA, Tri. 11. — MORONOBEÆ. Æslivalio calycis quinconcialis, corollæ contorta. Stylus 5-fidus, divisuris apice foveola minuta sligmatosis. Ovula in loculis ovarii plura. Bacca corticosa, indehiscens, oligo vel polysperma. Em- bryonis tigella maxima, cotyledones nullæ. Stamina in tubum lagenæformem inferne longe concreta, su- perne pentadelpha. Discus cupuliformis staminum basim extus cingens. Bacca oligosperma. Semina extus lomentosa. . . ... . Moronobea, Aubl. Stamina et discus Moronobeæ. Bacca polysperma. Semina Iævia, Chrysopia, Thouars. Stamina a basi pentadelpha, glandulis disei 5, phalangibus inter- jectis. Filamenta plane concreta. Antheræ liberæ. Bacca oligo- Spa AIMER ee AU. t'PEORITOURIETT., PROHET: Stamina inferne breviter pentadelpha, glandulis 5 phalangibus interpositis. Filamenta longe libera. Antheræ liberæ. Bacca oli- gosperma. Seminum testa glabra. . . . . . Pentadesma, Don. Stamina præced. Baccæ loculi monospermi. Seminum testa tomentosa to UMR, LE QUI VOUS RRrIGRAT MATE Tris. II. — GARCINIEÆ. Ovarium 2-pluriloculare , loculis angulo interno 4-ovulatis. Stigmata in discum concreta. Baccæ loculi monospermi. Semina exarillata, Embrvonis tigella maxima, cotyledones minutæ v. nullæ. Calyx primum clausus 2-phyllus, bivalvis. Stamina (in fl. her- maphrod.) plura, uniseriata. Ovarium 4-loculare. Cr. Ochrocarpus, Thouars. Calyx 4-phyllus. Petala 4. Stamina (fl. masc.)indefinita, 1. her- maphrod. v. pseudo-hermaphrod. uni-v. pluri-seriata. Garcinia, L. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 917 Calyx 4-phyllus. Petala, 4. Stamina (A. masc.) indefinita, an- (heris biporosis. Staminod. (fl. fœm.) ananthera. Discostigma, 4 Calyx 5-phyllus. Petala 5. Stamina pentadelpha. Ovarium 3-5 loculare, in stylum productum. . . . . . Xanthochymus, Roxb. Calyx 2-phyllus. Petala 4, bisertata. Stamina (fl. hermaphrod.) subuniseriata, masc. congesta. Ovarium 2-3- loculare, in stylum D DR DVOUNCNN, : . à . 2, .- r\s1003 018 . . . liheedha, L. Tri8. IV. — CALOPHYLLEZÆ, Ovarium 1-2 loculare, loculis L-2-/4 ovulatis. Ovula anatropa, e basi loculi erecta. Stylus 4. Drupa 1-2-4 locularis, 1-4 sperma v. capsula bivalvis. Cotyledunes maximæ, liberæ v. coadnutatæ, tigella (radicula) minima. Stipulæ 0. Ovarium 1-loculare, 1-ovulatum. Bacca monosperma, puta- Joue à om «2 Calophyllum, L. Ovarium chat RE ne Stylus apice 4-fidus. Khayea, Wall. Ovarium 2-loculare, loculis 2-ovulatis. Capsula bivalvis. . . . Mesua, L. Ovarium 2-4-loculare, loculis 1-2 ovulatis. Bacca corticosa, L-4-sperma endocarpio fibroso testæ seminum fibrosæ adhærente. Mammea, L. (Calysaccion, Wight.) Tais. V. — QUIINEÆ. Ovarium 2-3 loculare. Ovula in loculo quavis 2 angulo interno basim versus affixa, adscendentia. Styli 2-3 distincti. Bacca ex- succa, corticosa, 1-4 sperma. Semina tomentosa. Embryonis cotyledones crassæ, tigella (radicula) minima, Supulæ ad basim foli cujusvis 1-2. Genus unicum. ….!. . … . : ... . . Quina, Aubl., Tulasne. 318 J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. $ IL. — Étude plus spéciale des tribus et des genres. Oro. — GUITIFERÆ , Juss. — Choisy. — Cambess. (Eccl. gen.) Garcinieæ, Bartl. (excel. sect. A, Carpodontea). — Clusiaceæ, Lindl., Endl. (exclus. gener.). Tai. EL — CLUSIEÆ, Nob. (supra, p. 314). Guttiferarum, sect. 41°, Camb., 1. c. (exclus. genere Verticil- laria). — Clusieæ et Marialveæ, Choisy, Guttif. ind. Susrris. À. — KUCLUSIEÆ, Nob. (supra, p. 314). Clusieæ, Choisy. GEN. LE — CLUSIA, Plum — L. — Jacq. Clusiæ sp. auct. -— Triplandron, Benth. Calyx 4-5-phyllus. Petala 4-5-6-8. Stamina fl. masc. indeli- nita. Ovarü loculi pluri-ovulati. Capsulæ polyspermæ, endocarpio non cartilagineo. Semina anatropa, arillodio amplo carnoso in- voluta. SECT. 1. — EUCLUSIA. Calyx A-phyllus. Petala 4-8. Stamina fl. masc. dimorpha; externa fertiia, pluriseriata, in coronam cupuliformem v. annulum concreta, antheris linearibus connectivi productione cuspidats, loculis 2 Imearibus rima longitudinal dehiscentibus : interna ste- rilid in globum resimifluum conferruminata. Floris fœm. stamino- dia in cupulam concreta, plane ananthera v. hinc inde antherifera. Semina subhorizontalia. Clusia rosea, L.; Clusia grandiflora, Splitg.; Clusia nemorosa, Mey. et affines. | MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES, 319 SECT, II, — OMPHALANTHERA. Calyx 4-phyllus. Petala 5. Stamina (flor. masc.) in corpus soli- dum, superficie areolatum, plane concreta. Antheræ discoideo- annuliformes, umbilicatæ, apice filamenti semi immersæ, unilocu- lares, columella solida verticali centrali donatæ, margine interiore ruptura irregulari dehiscentes. Flores fœm. ignoti. Clusia eugenioides, PI. et Lind. (Vov. Granat., Schlim.). SECT. IT, — GOMPHANTHERA. Calyx 5-phyllus. Petala 5. Stamina (fl. mase.) in globum areo- latum concreta. Pistlli rudimentum in apice androcæi semi-immer- sum, Stigmate sterili crasso, 5-lobo. Antheræ in apice filamenti semi-immersæ, discHormi-umbonatæ, uniloculares , columella destitutæ, dehiscentia verosimiliter 1rregulari. Clusia Gardnerr. Nob. (Brasilia, Gardner, n° 4098). SECT. IV. — PHLOIANTHERA, Calyx 4-phyllus. Petala 5, rarius 4. Stamina (fl. masc.) m cor- pus solidum concreta, connectivorum apicibus vix conspicuis. Pistlli rudimentum nullum. Antheræ 2-3-4-loculares, in stratum quasi corticalem dense conglutinatæ, loculis verticahter cylindra- ceis apice rima brevi v. poro apertis. Floris fœm, staminodia in urceolum latum coalita, pluriseriata, filam, connatorum limitibus obsoletis, antheris nullis v. abortivis, muticis. Clusia Gaudichaudii, Choisy non Camb.; Clusia lanceolata, A. S.-H. et Camb.; Clusia Hilariana, Schlecht. (Clusia Lhotzs- kyana, Choisy, pro parte, non Schlecht.) ; Clusia microstemon, Nob. (Brasil., Spruce, n° 2511); Clusia myriandra, Nob. (Tovomita? myriandra, Benth.). Species sequentes fl. masc. ignotis in sectione dubiæ. Clusia minor, L. (Clusia parviflora, Humb. et Bonpl.; €: pra- _ tensis, Seem.) ; Clusia odorata, Seem.; Clusia Plumieru , Nob. 220 J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. SECT. V. — RETINOSTEMON. Calyx 4-5-phyllus. Petala 4-5. Stamina (fl. masc.) in massam resinosam superficie lobulatam v. lævem concreta. Antheræ 2-8-!-loculares, loculis superficiahbus in longum adnatis v. semi- immersis discretis, rima extrorsa longitudinali dehiscentibus. Sta- minodia fl. fœm. (ubi nota) in cupulam anantheram concreta. Ovula in loculis pauca (2-8) ; an semper ? Typus À. — GYMNACRON. Androcæi massa pulviniformis, basi antherifera, cæterum nuda, non lobulata. Antheræ circiter 86-40, biseriatæ. Clusia laurifolia, Nob. (Nov. Granata, Triana). Typus. B. — TRIPLANDRON, Nob. (Gen. Triplandron, Benth.). Stamina plus minus regulariter triseriata, intima 4 in lobos totidem cruciatos tumentia, foveola apicali pistilli rudimentum minutum includente. Clusia lineata, Nob. (T'riplandron lineatum, Benth.). Typus C. — PENTACRON. Androcæum tolum fertile, apice 5-lobum, lobis monantheris. Stamina alia (præter 5-apicalia) obscure triseriata, Ovarii rudi- mentum nullum. Fl. fœm. staminodia ananthera, in cupulam concreta. Ovarii loculi 6-7-8-ovulati. Ovula horizontalia. Clusia decussata, R. et Pav, mss.; Clusia Spruceana, Nob. (Spruce, n° 4197). Typus D. — DIPLANDRON. Calyx 4-phyllus. Petala 4. Androcæum apice {L-lobum, lobis MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 921 2-antheris. Antheræ biseriatæ, seriei infer. cireit. 16, seriei supe- rioris 8, geminatim approximatæ. Pistilli rudimentum nullum. Clusia loranthacea, Nob. (Nov. Granata, Triana). Typus E. — SORANDRON. Calyx 4-phyllus. Petala 4. Androcæum totum fertile, non lobu- Jatum. Antheræ 2-5-loculares, inordinatim congestæ. Clusia Seemanni, Nob. (Triplandron lineatum, Seem. non Benth.). Typus F. — MESOSTYLION. Calyx 4-phyllus. Petala 5. Androcæum globosum, apice e fovea lata columnam styliformenm (pisülli rudimentum) exserens, undi- que antheriferam. Antheræ parvæ, biloculares, inordinatim con- fertæ. Clusia Candelabrum, Nob. (regio A mazonica, Spruce, n° 2431). SECT. VI. — CORDYLANDRA. Flores polygami. Calyx 4-5-phyllus. Pelala 5. Mase. : Sta- mina 20-95, irregulariter 2-3-f-seriata. Filamenta crassa, angu- losa v. teretia, cuneata v. elaviformia, libera v. basi confiuentia, apice truncata v. depressa. Antheræ apicales, biloculares, loculis disereus rima longitud. extrorsa dehiscentibus. Hermaphr.: Sta- mina illis fl. masc. subconformia, antheris minoribus, interdum semi-effætis. Sügmata 5, crassa, in pyramidem conniventia. Ovula plura horizontalia v. subpendula. Clusia Gaudichaudii, Nob. (Brasil, Gaudichaud, n° 781); Clusia organensis, Nob. (Brasil, Gardner, n° 330 et 331); Clusia renggerioides, Nob. (Brasil., Spruce, n° 2895). 4° série. Bor T. XI. (Cahier n° 6.) ! 21 # 329 _ JE. PELRANCHON ET J. TRIANA. SECT. VII. — CLUSIATRUM. Calyx 4-5-phyllus. Petala 6-8. Stamina (fL. mase.) plurima, receptaculo disciformi inserta, Filamenta brevia. Aniheræ lineares, muticæ, loculis 2 marginahbus, rima longiiud. dehiscentibus. F'œm. : Stamimodia plura, obscure biseriata, linearia, ananthera, basi in annulum confluentia. À | Clusia cuneata, Benth.; Clusia crassifolia, Nob. (Guyana, Schomb., n° 709). | SECT. VII, — STAUROCLUSIA. Flores polygami. Sepala 4. Petala 4, cruciatim biseriata. Masc.: Slamina plurima, receptaculo mserta, congesta, libera. Filamenta brevia. Antheræ basifixæ, muticæ, biloculares, loculis laterali- introrsis, rima longitudinali dehiscentibus. Hermaphrod. : Sta- mina 4-5-8-hypogna hbera, nune plus minus effœæta. Clusia flava, L.; Clusia alba, Jaeq. et affines. SECT. IX. — CRIUVOPSIS. . Calyx 5-phyllus. Petala 5, crassiuscula. calyee paulo longiora, sepalis plane opposita. Masc. : Stamina indefinita , receptaculo tumido acervatim inserta; filamenta brevia, libera. Antheræ basi- fixæ, lineares, muticæ, loculis 2 marginahibus rima longitud. dehiscentibus. F{, pseudo-hermaph. : Staminodia 5, petalis oppo- sita ; filamenta complanata, bast dilatata in annninm confluentia ; antheræ complanatæ, truneatæ; loculis 2 marginalibus semi: effœtis, angustis, rima longitad. dehiscentibus. Stigmata 5, erassa, conniventia. Ovula ascendenti-horizontalia. Clusia acuminata, Nob. (Renggeria acuminata, Seem.); Clusia amazonica, Nob. (Quapoya, Spruce, n° 2878). MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES QUTTIFÈRES. 323 SECT. X, — CRIUVA. Calyx 4-5-phyllus. Petala 5, sepalis partim opposila, non crassa. Mase. : Stamina plura receptaculo prominulo inserta. Antheræ sect. præcedent, Pseudo-hermaphrod. : Staminodia section Criu- vopsis: Ovula in loculo generis directione varia. Clusia Criuva, À. S. H. et Cambess.; Clusia Sellowiana, Schlech£. SECT. XI. — ANANDROGYNE. Calyx 4-5-phyllus. Petala 5-6. Stamina plura receptaculo pro- minenti inserta, quasi monadelpha, Filamenta brevia, libera. Antheræ lineares v. lineari-oblongæ, connectivo angusto loculis marginalibus, rima longitudinali dehiscentibus. Staminodia 5-40, bypogyna, membranacea, dentiformia, plane ananthera. Clusia multiflora, HBK.; Clusia Ducu, Benth. et affines. Les sections multipliées dans lesquelles nous avons dû subdi- viser le genre Clusia répondent à des variétés d'organisation parfois si tranchées, qu'on pourrait y voir partout ailleurs d’excel- lents caractères génériques. Mais ces types, en apparence Si divergents, se lient entre eux par des nuances graduées, et lors- qu’on en parcourt la série entière, on n'hésite pas à les admettre comme de simples modifications d’un même genre. C’est ce que nous essaierons de prouver en prenant un à un les divers membres de cette série, pour montrer les éléments dont ils se composent, les limites qu'on peut leur assigner, et leurs tendances particu- lières vers tel ou tel autre genre de la tribu. Chemin faisant, nous consacrerons aux espèces types ou aux espèces nouvelles les déve- loppements qu’elles sembleront mériter. D’autres espèces seront simplement signalées ; mais l’énumération comprendra toutes les espèces à nous connues. Cette section est admise ici comme le prototype du genre, parce qu'elle renferme l'espèce la plus anciennement signalée (Clusia rosea, L.; Cenchramidea, etc., Pluken.), et que d’ailleurs les 221 J.-E. PLANCHON ET J. FRIANA. espèces qui la constituent peuvent passer pour les plus complexes et les plus nobles au point de vue de l'organisation. Nous n’avons pas à développer le résumé des caractères de la section ; quelques faits seuls doivent être mis en relief. 1° Nous considérons avec M. Miquel, comme une masse de sta- minodes, le corps central de [a fleur mâle qui laisse découler une abondante résine, et que l’on à généralement décrit comme un rudiment de pistil. Cette idée s'appuie sur des observations posi- tives et sur des analogies. Chez des fleurs de Clusia palmicida, Rich., conservées en alcool (collect. Mus. Paris), nous avons vu le prétendu rudiment d’ovaire se séparer sous une légère traction en filaments linéaires, dont les extérieurs plus longs et rabattus sur les plus internes, figuraient sur le corps discoïdal tout entier des espèces de côtes rayonnantes ; ces filaments représentant des filets de staminodes sans trace visible d’anthère. Chez le Clusia insignis, M. de Martius décrit comme il suit le corps central de la fleur (mâle) : « Sigma peltatum..... densissime squamulis purpureis rubris subulatis adspersum, non radiatum. » Les squamulæ subu- latæ sont probablement des connectifs de staminodes. Enfin M. Miquel a pu faire l'analyse de fleurs de Clusia grandiflora con- servées en alcool, et c’est d’après cette étude qu'il a cru devoir considérer comme staminodes ce que d’autres avaient pris pour un pistil. Nous-même avons eu sous la main des fleurs desséchées de Clusia grandiflora, chez lesquelles le corps en litige, au lieu de montrer des rudiments de loges ovariennes, n’a présenté sur une coupe transversale qu'un tissu compacte, criblé d'ouvertures de canalicules résinifères, tels qu’on les trouve dans les staminodes soudés des autres Guttifères. % Chez le Clusia grandiflora, les étamines des rangées exté- rieures sont introrses, celles des rangées intérieures extrorses. Nous n'avons pu, faute de matériaux convenables, vérifier si ce fait se retrouve chez d’autres espèces de la section. SECT. |. — EUCLUSIA (vide supra, p. 318). 1. Crusia RosEa, L. — Turpin, 4él. Dact, sc. nat., tab. 156. — Schlecht. in Linn., VIT, p. 181, tab. 1v (specim, fœmin.). MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 929 Cenchramidea arbor saxis adhærens, ete., Pluken., Almag., 92, tab. 157, fig. 2 (fide auct.). —Catesby, Carol., IF, p. 99, tab. 99 (fide auct, et fide specim. a Michauxio in ins. Bahamas lecto). Clusia flore roseo major fructu subviridi. Plum., Gen., p. 21. —— Ejusdem Icon. inedit (Biblioth. Mus. Paris.), tab. 86 et 87! cum descriptione. Clusra retusa, Poir., Dict., NV, p.183.—Icon. Lamk., Zllustr., tab. 852 (monente Desfontaines in herb. Mus.). Clusia alba, Willd., Spec., IV, tab. 976 (quoad stirpem Hum- boldtianam). Les Antilles ; îles Bahamas (Catesby, Michaux) ; Saint-Domingue (Plumier, Jacquin); Jamaïque (March, fide Griseb.); île Saint- Thomas (herb. Mus. Par.). — Venezuela près de Caripe et sur le mont Cocollar (Humboldt et Bonpland, variété à fleur blanche : Clusia alba, Willd. non Jacq.; Clusia rosea, HBK.). — Panama (Seemann !'ex folis specim. authentici). 4e Vulgo : Figuier maudit aux Antilles françaises, Cupay dans le Venezuela (Humboldt), Cope grande à Panama (Seemann). Le nombre des pétales varie de six à huit. Sur ce nombre, quatre (extérieurs) sont opposés aux pièces du calice. Les fleurs peuvent être blanches (Swartz, Observ.). Le synonyme de Clusia retusa, Poir., est ici rapporté sur la foi de Desfontaines qui en a vu le type dans l’herbier Lamarck. 2, CLusia GrannirLora, Splitzg.; Miq., Stirp. Surinam. set. tab. 25-26. Clusia maxima, L.-C. Rich. mss, in herh. de Franqueville. Clusia rosea, Ch. Lem. in Hortic. univ., HE, pag. et tab. 33, non L. Ahli Guyane , Surinam, Cayenne; cultivé dans le Jardin des plantes de Paris, où il a fleuri en 1842 (Herb. Houllet). « Maximis arboribus innata, truncos radicibus implicitans et eas sensim strangulando necans. Flores amplissimi 4-6-pollicares, odorem Rhei cathartici exhalantes. In sylvis vetustis. » L.-C. Rich. mss. 226 J.-E. PLANCHON EX 93. TRIANA. D'après la seule fleur desséchée de cette éspèce que nous ayons pu étudier, il nous a semblé que les pétales adhèrent sur une étendue de 7 à 8 millimètres, à la base externe de la couronne slaminale. Ce caractère veut être vérifié sur le frais, et recherché chez d’autres espèces. Peut-être existe-t-il plus ou moins marqué chez le Clusia rosea, duquel Plumier dit, dans une description manuscrite : « Flores monopetah, hypocrateriformes et veluh e plurimis petalis constantes, » phrase qui se trouve reproduite avec de simples nuances dans le caractère même du genre Clusia, tel que Plumier l’a publié (Genera, p. 20). 8. CLusia isiGnis, Mart,, Now. gen. et sp., IE, p. 104, tab. 288. Brésil septentrional, Rio-Negro (De Martius}. h. CLusia Pazmicipa, L.-C, Rich., in Ann. du Mus. (ann. 1844), tab. 10, fig. 64 et65 (nomen lantum ef icones seminis embryo- nisque). Clusia alba, Choisy in herb. Mus. Paris, non L. C. foliis petiolatis obovatis basi cuneato-attenuatis apice rotundatis coria- ceis (15-20 centim. longis), nervo medio valido, laterahibus veniformibus tenuibus obliquis parallelis, cymis (fl. mase.) breviter pedunculatis nutan- tibus paucifloris (interdum bis trichotomis, floribus breviter pedicellatis (diametro 6-7 centim. in sp. exsiccalo) bracteis calycinis 2-4, sepalis 4, pelalis sæpius 6-8 obovatis basi in unguem latum angustatis, staminibus pluriseriatis in cupulam latam longe concretis, antheris linearibus cuspi- datis connectivo ultra loculos breviter producto, staminodiis in centro floris corpus discoideum radiato-sulcatum sistentibus. Guyane française : Cayenne (L.-C. Rich. in herb. dé Fran- quev., Martin in herb. Mus. Paris.) ; Guyane anglaise (Schom- burgk, n° 739, indéterminé). Petala plane hypogyna, a corona staminea penitus lbéra. Diffère du Clusia insignis par ses étamines beaucoup moins nombreuses, ses cymes florales plus ou moins nutantes, son corps staminodial sillonné et non hérissé de pointes. 9. CLUSIA NEMOROSA, G. F. W. Mey., Prumat. Esseq., p. 203- Lun MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 327 204; Miquel in Linn., XVHE, p. 23/4 (staminodiis internis per- peram pro ovario descriptis). Clusia Lhotzkyana, Schlecht. in Linn., VIH, p. 184 ; Choisy, Gutthif. de l'Inde, p. 45 (pro parte, præsertim quoad variet. B polygama et exelus. Icon. , tab. [, A, fig. 4, et tab. IT, ad speciem valde alienam spectantibus). Clusia mammosa, Casaretto, Nov. Stirp. Bras. decad. 60, n° 62, ex descript. Clusia Hoffmanseggiana, Sehlecht. in Linn., VII, p. 485 (forma foliis magis lanceolatis, minns coriaceis, nervis lateralibus crebrioribus). Clusia bicolor, Mart., {Vov. gen., M, 165 {ex descript, nimis brevi). | Clusia maculata, Steud. …… Gummi Gamona, arbor Surinamensis, Vaillant (herb. Mus, Paris.) ; folia tantum. Guyane hollandaise : île Wacanama (ex Mey.}, Surinam (Focke ; Kegel, n° 48. Hostimann, n° 590 et 1207). — Guyane française : Cayenne (Marün; Leprieur in herb. Mus. Par. et Deless.). — Guyane anglaise : Roraima (Schomburgk, n° 657). — Para, Rio Negro (herb. Lusitan. in herb. Mus. Par; probablement le même type que le Clusia Hoffmanseggiana, Schlecht., ou Ciusra flava, berb. Willd,, n° 48954, non LE. ex Schlecht.). — Brésil; Fer- naubuco (Gardner, n° 940 in herb. Deless.), Bahia (Lhotzsky, Cusarello, Salzmann, Blanchet, n. 79, 4701 et 3219). Espèce assez variable pour la forme et la texture des feuilles (obovales ou elliptiques, ou oblongues-lancéolées, à face supé- rieure luisante où opaque, plus où moins coriaces, à nervures plus ou moins nombreuses), pour le nombre des pétales (4 ou 5), pour les stamnodes demi-fertiles de la fleur femelle dont le nombre est peu défini (15-20 et au delà). Choisy a figuré (1. €. , tab. 4, fig. B, 2-5), d’après le n° 3219 de Blanchet, un ovaire de cétte espèce sans trace de ces staminodes demi-fertiles ; mais dans de texte, il dit positivement : « Ovarium cinchum staminum annulé cum antheris albidis imperfectis. » 920 JE, PLANCUON ET J. TRIANA. Par la présence de tels staminodes chez la fleur femelle, et par les étamines de la fleur mâle réunies à la base plutôt en anneau qu’en couronne, le Clusia nemorosa commence à s'éloigner quel- que peu du type pur des vrais Euclusia. SEcT. 1. — OMPHALANTHERA (vide supra, p. 319). Species typiea : 6. CLusia EuGENIOIDES, Planch. et Lind., PI. Columb. inedit. — Glaberrima, ramulis tetragonis, foliis cunealo- oblongis longiuseule petiolatis apice obtusis interdum obsolete acuminatis, margine tenui subrevolulis, exsiccatione rigide-coriae ceis vernicoso-lucidis, nervo medio valido, lateralibus cerebris tenuibus parallelis venisque prominulis ; cymis (fl. mase.) termi- nalibus sæpius bis-trichotomis nutantibus_ folia haud æquantibus ; calycis 2-bracteolati 4-phylli foliolis externis mimoribus; petalis 6 anguste obovatis albis roseo colore suffusis ; staminibus in globum obovoideum concrelis, antheris apicalibus discoideo-annulatis, medio umbilicatis. . Nouvelle-Grenade, province de Santa-Marta, forêts au-dessus de Jiracasaca (Schlim, n° 934). L'espèce unique sur laquelle est fondée cette singulière section n’est encore connue que par ses fleurs mâles. On pourrait croire, au premier abord, que ses anthères sont des disques uniloculaires s’ouvrant par un pore central; mais un examen plus attentif montre clairement que les disques supposés sont de véritables anneaux, et que la loge circulaire unique entoure une sorte de columelle ou de pivot solide, qui persiste longtemps après que la loge elle- même a disparu par déchirement de sa membrane. SECT. III. — GOMPHANTHERA (vide supra, p. 319). Species typica : 7. CLusia GarpNEri, Nob.—Foliis petiolatis an guste oblongis v. oblongo-ellipticis bast acutiusculis v. subobtusis apice obtusis, margine tenui revolutis, coriaceis, nervo medio valido, lateralibus(30 et ultra) parallelis obliquis feré ad marginem extensis; cyma pluriflora; calyeis 5-phylli foliolis concavis æstiva- fione 5-conciali valde imbricats ; stamnibus (. mase.) sub pisülli MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 929 rudimento 5-lobo in massam globosam superficie arcolato-lobu- losam concrelis, antheris propter filamenta elavata concrela apica- libus discoideis columella centrali destitutis membranæ ruptura irregulari dehiscentibus. Brésil, province de Goyaz (Gardner. n° 4098). Très voisin du précédent, dont il diffère par ses anthères sans columelle et par la présence d’un rudiment de pistil chez la fleur mâle, ce type manifeste par ce dernier caractère, et par ses éta- mines soudées à la surface d’un réceptacle conique, une certaine tendance vers l’Arrudea. Peut-être ferait-on bien de considérer les trois sections Ompha- lanthera, Gomphanthera et Phlæanthera, comme des nuances d’une section unique, qu’on appellerait Sphærandra. Mais nous n'avons pas osé opérer cette fusion, avant de connaitre les deux premiers types d’une manière plus complète. SECT. IV. — PHLOEANTHERA, Nob. (vide supra, p. 319). lei, comme dans les deux sections précédentes, les étamines des fleurs mâles forment une masse compacte, dans laquelle les filets, confondus avec le réceptacle, représentent la partie centrale ou interne, et les anthères la partie externe ou corticale (de là le nom de Phlæanthera). Ces anthères elles-mêmes , très petites, très nombreuses, d'une étude très difficile, sont allongées dans le sens vertical ou perpendiculaire à la masse de l’androcée. Elles com- prennent 2-3 ou A loges cylindriques, à peine séparées par des couches minces et peu régulières du tissu du connectif, et dont les extrémités à peine sallantes, sous forme de très petites papilles, s'ouvrent parfois assez distinctement par un pore. Nous distinguerons dans ce groupe trois catégories d’espèces : 4° celles dont on connait les deux sexes, et qui sont les types évidents de la section ; 2° celles dont on ne connaît que le sexe mâle ; et 3° celles dont on ne connaît que les femelles, Ces deux dernières catégories sont donc admises.ici provisoirement comme éléments encore douteux. 990 J.-h. PLANCHON ET J. ERPANA, Species typicæ, genuinæ, bene nolæ. 8. CLusia LancEoLaTA, Cambess. in Aug. Saint-Hil,, FF. Bras. Mer, A, 918, Brésil : Corcovado, Tijuca, près de Rio-de-Janeiro (A: Saint- Hil.). Sepala h, biseriata, Petala 6-8. Stamina fl. masc. indefinita una eum receptaculi productione conica in massam ovoideam v. obo- voideo-oblongam concreta. Filamenta brevia, non distincta, stra- tum resiniferum propter receptaculimassam centralem corticosum efficientia. Antheræ innumeræ, minutæ, biloculares, dehiscentia apicali (forsan 2-porosæ), nune loculis confluentibus uniloculares; in substantia connectivorum concretorum alte immersæ: Ovarti rudimentum nullum. = FI. fœm.: Calyx, corolla maris. Annulus FAN IAA DE concrelis anantheris constans. Stig- mala circiter 12, brevissime süpitata (in frnelu immaturo)a puncto centrali verticis ke distantia, angusle triangularia, noi in lon- gum dépressa. 9, CLusia Hizarrana, Schlecht. in Linn., VITE, 481. Clusia rosea, Cambess. in Aug. Saint-Hil., FE. Bras. merid., F, 316, non L! Clusia Lhoizkyana, mt Guttif. de l'Inde {pro parte), tab. LA, fig. 4, et tab. F, nempé quoad stirpem mascul, non Clusia Lhbbéigands su Brésil, province d’Espiritu-Santo (Aug, Saint-Mil.), De de Bahia (Blanchet, n° 3220). | Folia spathulato-cuneata, apice obtusata v. rotundata bast in petiolum brevem latum sensim angustata, coriacea, margine levi- ter sinuato-revoluta, nervo medio valido, lateralibus parallelis obliquis subtus prominulis. Corona staminodiorum (in specim. Hilariano) sub ovario accreto persisténs, latiuscula, margine levi- ter repanda extus sub margine plüristriata, antherarum abortiva- rum vesligiis nullis v. obsoletis. Stigmata 8, ovato-triangularia in ovario accrelo à se invicem sat discrela. ns. @- Mins né MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES, 991 En figurant sous le nom de Clusia Lhotzkyana le n° 3220 de Blanchet, Choisy ne s’est pas aperçu qu'il rapportait à cette espèce de Schlechtendal une plante entièrement différente, et qui, d’après la parfaite identité dans les feuilles, est évidemment le type mâle du Clusia Hilariana, Schlecht. (Clusia rosea, Fl. Bras. merid., non L.). Très distincte du vrai Clusia rosea, cette espèce diffère d’ailleurs du Clusia Lhotzkyana par la structure des fleurs, et mème par la forme et la texture des feuilles. Le Clusia Lhotzkyana n'est, on l’a vu plus haut, qu’un synonyme du Clusia nemorosa, Mey. Species florib. fœm. ignotis, in sectione dubiæ. 40. CLusia Gaunicaaupu, Choisy in herb. Mus. Paris., certe non Cambess. in Aug. Saint-Hil,, FE, Brasil. merid., 1, 317. Foliis oblongo-obovatis in petiolum attenuatis obtusis v. obfuse acuminalis, coriaceis, nervo medio utrinque prominente, late- ralibus non crebris obliquis venis connexis; cymis términalibus paucifloris floribus parvis, calyee 4-phyllo, petalis 5 ; staminibus (H. masc.) in massam discoideam concretis, antheris minutis bilocularibus, loculis poro v. rima brevi apicali apertis. Brésil, Rio de Janeiro (Gaudichaud in herb.: Mus. Paris, exem- plaire mäle. — Embouchure du Solimoes, région de l’Amazone (Spruce, n°1551). La plante de Therbier du Musénm, que Choisy a étiquetée de sa main Clusia Gaudichaudu, est bien celle que nous venons de décrire. Mais, par suite d’une confusion, M. de Cambessèdes a dû recevoir comme Clusia Gaudichaudii une espèce toute différente, que nous décrivons plus loin dans la section Criuva sous le nom de Clusia Cambessedii. Les exemplaires de Spruce (1581) paraissent également se rapporter au vrai Clusia Gaudichaudii. Nous n’en connaissons que Îles fleurs mâles. A1. CLusra microsremon, Nob. — Folis longiuscule petiolatis obovato-oblongis basi cuneatis apice breviter et obtuse acuminatis, nervo medio valido, lateralibus obliquis prominulis, evmis termi- nalibus paucifloris trichotomis, floribus pedicellatis, nutantibus 992 J.-E. PLANCHON ET 3. TRIANA. (exsiceatis diametro circit. 4 eentim.), calyce bibracteato, sepalis H decussatis, petalis 6 obovatis ungue lato basi intus sub lente papilloso, androcæo depresso-hemisphærico in massam compac- tam concreto, antheris innumeris conferuissimis, apicibus papillæ- formibus obsolete 4-lobis lobis geiminatim connexis v. 2-lobis lv. 2-porosis. Rio Uaupès, région de l’Amazone (Spruce, n° 2541). nn — Les fleurs de cette espèce, autant qu’on peut en juger d’après le sec, ont des pétales pourpres, avec une macule d’un rouge plus foncé sur chaque onglet. La surface, légèrement papilloso-verru- culeuse, de cette même région des pétales rappelle un caractère attribué par M. de Martius à son Clusia leprantha (Nov. gen., UT, 164), espèce trop incomplétement décrite pour que nous puissions la reconnaître avec certitude, Les anthères de notre plante sont biloculaires, à loges bilocellées , et ouvertes chacune par deux pores terminaux, ou plus rarement unilocellées et à un seul pore. Les loges du rang le plus externe des anthères sont plus ou moins divergentes à la base, et obliquement adossées au som- met du filet. 12. CLusia myrianDra, Nob.-—Tovomita ? myriandra, Benth. in Hook., London Journ. of Bot., I, 367. Walp., Repert., Il, 810. Guyane anglaise (Schomburgk, n° 5h). Stamina in corpus discoideum, crassum, depressum, ambitu obluse pentagonum concreta, lateribus pentagoni petalis 5 oppo- sitis. Filamenta plane conferruminata, extimis tantum strns tenuis- simis suturalibus obsolete distincta, tamen nullomodo solubiha. Antheræ materie elutinosa plus minus illinitæ, inter se eohæren- tes, 1-2-3-h-loculares, loculis nempe inter se varie aggregalis in substantia connectivi plus minus alte immersis, dehiscentia ?.… verosimiliter apicali® Cette espèce et la précédente, par leur androcée essentiellement glutineux, forment, à certains égards, la transition à la section qui suit. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. J00 Species floribus fœm. tantum notis, in sectione subdubiæ,. 13. Crusia mor, L., Sp. (edit. °, ann. 1753), p. 510. Clusia venosa, L., Sp. (édit. 3"), 1495 (quoad synonym. et iconem Plumerio-Burmannianam), non Jacquin! — Lamk, En- cycl., Il, p. 5à (exclus. synonym. Jacquin. et excl. var. 6. Clusia flore roseo minor, fructu [lavescente, Plum., G'en., p. 21. Clusia flore roseo minor, fructu e viridi rubro, Plum., Tcon. inedit. (in Biblioth. Mus. Paris.), tab. 88 (flores in icone perperam monopetali). Clusia folirs venosis, Burm. in Plum., Zeon., tab. LXXXVIT, fig. 2 (Icon plane erronea, nempe ex elementis iconum duarum Plumerii ad species 2 spectantibus- conflata : folia et fructus, tab. 88 Plumerianæ, flores 2 aperti figuris analvticis a, a, Plu- merii [Genera, lab. 10] mutuata), exel. var. 8. Clusia parviflora, Humb. et Bonpl. in Willd., Sp., IV, p.976. Clusia alba, HBK., Nov. gen. et Sp., V, ip. 199, non L.! — Ach. Rich., F1, de Cuba, I, p. 98. Clusia pratensis, Seemann, Bot. of Herald, p. 89! Clusia alba, Griseb., FL of West. Brit. Islands, 1, 407 (pro parte, nempe quoad stirpem Dominicanam, quoad fol. descript. et partim quoad synonym.), non L. nec Jacq. Clusia Couleti, Duchass. mss. Indes occidentales : Saint-Domingue (Plumier), Saint-Tho- mas (Finlay, n° 148), Cuba (Ramon de la Sagra ex A. Rich.). — Guadeloupe : Martinique, Dominique, Jamaïque (ex Griseb.). — Venezuela, près de Caripe et sur le mont Cocollar (Humb, et Bonpl.). — Nouvelle-Grenade : Susumuco, province de Bogota (Triana), Santa-Marta (Goudot.!).— Amérique centrale : Panama, commun dans les savanes (Seemann, Duchassaing). Vulgo : Cupay, au Venezuela (Humb. et Bonpl.); Cope Chico, à Papama (Seemann) ; Copecillo, Cuba, ete. 9934 J.-E. PLANCHON ET J. RIANA. Folia spathulato-obovata, in petiolum longiusculum sensim attenuata, exsiccatione nervis lateralibus crebris obliquis parallelis prominulis exqui- site striata. Flores terni v. in icone Plumeriana 6, racemosi, per paria oppositi, amplitudine mediocri, circiter fl. Rosæ canine, peduneulati. Bracteæ calycinæ 2. Calyx 4-phyllus, foliolis biseriatis. Sepala 4, decussata, rarius 9. Petala 5, rarius À, obovato-orbiculata, inunguem latum contracta. Cupula staminodiorum (in fl. fem.) margine sinuata, extus nunc plane sterilis, nunc antherarum plus minus effætarum vestigia exhibens. An- theræ staminodiorum uniloculares, ellipticæ, adnato-inseulptæ, rima longi- tudinali late hiantes, nune plus minus abortientes, infra marginem coronæ extus uniseriaiæ, verticales v. obliquæ, sæpe geminatæ et lune inferne geminatim convergentes. (An igitur loculi antheræ unicæ discreti?) Ova- rium 6-8-loculare, cupula staminod. plane velatum. Stigmata 6-8, obtuse triangularia, radiato-conniventia, vertice ovarii nudo polyedrico. Capsula ellipsoidea, 6-8-locularis, loculis oligospermis ; seminibus interdum 4 vel minus, directione varia, supremo interdum resupinato-pendulo, raphe ex- trorsa, infimo adscendenti, raphe introrsa, omnia arillodio sacciformi antice fisso involuta. Valvæ fructus angustæ, stigmate triangulari sub apice appen- diculatæ, ex icone Plumeriana revoluto-patentes. (Gharact. fructus, semi- num et floris penitus feminei ex specim. Seemanniano. Charact. fl. pseudo- hermaphrod. ex specim. Finlayano (Saint-Thomas, n° 118.) Rien de plus embrouillé que la synonymie de cette espèce ; rien de plus confus que les notions qu’on à pu avoir sur son compte. Tant d'erreurs accumulées, dont nous épargnons au lec- teur le détail, dérivent d’une erreur première, dont Burmann, innocemment peut-être, s’est fait l'éditeur. Plumier (Gen. plant., ann. 1703, p. 20-21), en fondant le genre Clusia, énuméra, sans les décrire, quatre espèces de ce genre, SAVOIT : 1° Clusia flore albo, fructu coccineo. 2 Clusia flore roseo, major, fructu subviridi. 9° Clusia flore roseo, minor, fructu flavescente. h° Clusia alia minor, flore albo, fructu virescente. Dans la première édition de son Species (1753, p. 509), Linné confondit, sous le nom de Clusia major, et le Clusia n° 4 de Plumier (devenu depuis Clusia alba, L.), et le Cenchramidea MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 335 arbor, etc., de Plukenet (devenu plus lard Clusia rosea, L.), et le Terebinthus folio singulari, ete., de Sloane (un des synonymes du Clusia flava, L.). Non content de cette triple confusion, lillustre auteur rattacha, comme variétés à son Clusia major, le n° 2 de Plumier (var. &) et le n° 4 Plamier (var. y). I admit à part, sous le nom de Clusia minor, le seul n° 3 de Plumier. Comment Linné caractérisait-1l ces deux Clusia ? De la manière suivante : le major par les mots fohis avenuis, le minor par les mots foliis venosis, et il ajoutait à ces signes diagnostiques, pour le premier, pedunculi aæillares, sæpius triflori ; pour le second, racemus florum terminalrs. Comment Linné avait-il pu introduire dans ces diagnoses des caractères dont il n’est pas fait mention dans le Genera de Plu- mier ? Parce qu'il avait vu en Hollande celles des figures inédites de Plamier, que Boerhaave avait fait copier à Paris, dans la Biblio- thèque du Roi, par les soins du célèbre peintre Aubriet et sous la direction de Vaillant (1). Ce sont ces mêmes dessins, dont une partie fut publiée à Amsterdam par J. Burmann, entre 1755 (1) Ne voulant accuser à la légère ni Aubriet, ni Vaillant, et moins encore Plumier, des erreurs flagrantes que nous allons signaler plus loin, nous avons cherché à connaître avec le plus d’exactitude possible de quels ouvrages manus- crits, originaux ou copiés, se compose l'héritage scientifique de Plumier, et voici ce que nous permettent de dire sur ce sujet les renseignements pris dans la préface des Plantæ americanæ, édit. F. Burmann, dans le Bibliotheca botanica de Haller, et les indications verbales que s'est empressé de nous donner, avec sa bienveillance habituelle, M. Desnoyers, bibliothécaire du Muséum. Outre sept volumes in-fol. de l'Histoire naturelle des animaux des Antilles et onze volumes in-folio de cinq autres ouvrages intitulés : Botanicon medicum (2 vol.), Penu botanicum (5 vol.), Hortus botunicus (2 vol.), Botanicon pari- siense (A vol.), Area Umbelliferoram (A vol.), tous remplis de dessins originaux, le Muséum possède de Plumier les ouvrages suivants concernant les Antilles : 4° Botanicon americanum, 8 vol. in-fol. (reliés en basane), 1219 dessins (avec ou sans texte en regard). Ce bel ouvrage, le seul de Plumier que nous ayons consulté, était au Jardin des plantes longtemps avant les vingt et un volumes qui lui sont venus de la Bibliothèque royale en 1833; il devait être à la Biblio- thèque du Roi, lorsque Boerhaave, en 1733, en fit copier 508 dessins par le peintre Aubriet, sous la direction de Vaillant (Note de Boerhaave, d'après la - préface citée de Burmann). Cette copie, faite en deux volumes grand in-folio 1 Gt}, 336 3.-K. PLANCHON EE J. TRIANA. et 1760 (Haller, Biblioth. bot., p. 15). Deux Clusra figurent seuls parmi ces Zcones de Plumier, édition Burmann, savoir : tab. LXXX, fig. 1, le Clusia foliis aveniis (avec indication dans le texte de la phrase spécifique de la première édition du Species de Linné, mais suppression du nom major) ; et même table, fig. 2, le Clusia foliis venosis (avec citation de la première édition du Species et suppression du nom spécifique minor). V Mais que sont ces planches de Clusia de l'édition Plumier- Burmann, que tout le monde a citées de confiance, sans se douter de leur flagrante inexactitude ? Ce sont tout simplement des chi- mères , des composés d'éléments divers, greffés l’un sur l’autre avec une incroyable ignorance. Ici les dessins originaux de Plumier, conservés à la bibliothèque du Muséum, vont nous fournir de curieuses révélations. Cette admirable collection renferme cinq figures de Clusia : 1° Volume VI, table 85 (sans texte) : Clusia flore albo, fructu COCCine0. C'est la planche publiée par Burmann sous le nom de Clusia foliis aventis ; seulement sur le dessin de Burmann on a mis à la place d’un bouton du dessin original une fleur ouverte apparte- nant à l'espèce de la table 89 de Plumier, espèce dont Plumier a —— (sous forme d'atlas), envoyée en Hollande par les soins de Shérard, consultée par Linné, qui en traça, avec l'aide de Van Royen, de courtes descriptions dont il dut faire usage pour son Species, fut achetée, après la mort de Boerhaave, par Burmann, qui en publia une partie des dessins ; enfin elle existe aujourd'hui à la Bibliothèque de Leyde. 2° Botanographia americana, plantarum ex America icones. 3 vol. in-fol. dont * un de dessins. — 248 dessins. 39 Antillarum insularum natur. icones bot. À vol. in-fol., 1490 dessins. Ces deux ouvrages sont venus de la Bibliothèque rovale à celle du Muséum en 1833, avec les autres manuscrits ci-dessus indiqués. On suppose que la Biblio- thèque royale les avait eus du fonds du couvent des Minimes, en 4793. Les deux volumes de dessins de ces derniers ouvrages, plus les huit volumes du premier, renferment ensemble 4657 dessins. La bibliothèque Delessert possède les calques de tous les dessins des huit volumes du Botanicon americanum de Plumier, calques provenant de la Biblio- thèque de Jussieu. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 3917 pris les détails analytiques pour caractériser son genre Clusia. De plus, une partie de ces mêmes détails analytiques a remplacé, sur la planche de Burmann, les vraies analyses du dessin original n° 85. Les analyses de ce dessin 85 représentent la coupe transverse d'un fruit à cinq loges, deux fleurs pédonculées faisant partie d’une cyme triflore, et présentant deux bractées calycinales, quatre sé— pales verts décussés, quatre pétales blancs concaves. Ajoutons qu'une fleur vue par devant montre les quatre pétales concaves en croix et formant coupe, plus au centre un faisceau serré d’éta- mines, dont on ne distingue que les extrémités des anthères. Nous reviendrons plus loin sur ce dessin à propos du Clusia alba, qu'il représente en réalité. 2 Table 86 (specim. fructif.) et table 87 (specim. florif.), avec texte : Clusia flore roseo, major, fructu subviridi. C’est la plante qui est devenue depuis le Clusia rosea, L. Il n'y a pas d’autres analyses que la figure d’un fruit ouvert. 3° Table 88 (avec texte) : Clusia flore roseo minor, fructu e viridi rubro. | Malgré la variante légère relative à la couleur du fruit (fructu e vridi rubro, au lieu de fructu flavescente), on ne peut guère dou- ter que ce dessin ne représente le Clusia flore roseo minor, fructu flavescente du Genera de Plumier (p. 21), et par conséquent le Clusia minor, L. sp. (edit. 1°), ou Clusia venosa, L. sp. (edit. 2 et poster.). Mais ici l’ignorance de l'artiste chargé de copier les des- sins de Plumier pour Boerhaave (nous n’osons accuser Vaillant d'avoir commis une pareille méprise), l’ignorance du copiste a complétement alléré le dessin original. Prenant, en effet, de ce dessin de Plumier, les feuilles, l’inflo- rescence, les fruits et les quatre boutons floraux, le copiste a cru pouvoir remplacer les deux fleurs ouvertes par des fleurs d’une autre espèce prises directement dans les figures analytiques de Clusia, publiées dans le Genera de Plumier. Or les fleurs en ques- tion ont six pétales obovales-orbiculaires, et brusquement con- tractés en onglet étroit, de manière à lisser des intervalles vides entre leurs bases ; celles de l’origina ont cinq pétales obo- vales-orbiculaires, plus étalés que les préédents, et tellement 4° série. Bor, T. XIII. (Cahier n° 6). 2 22 L 398 .3.-E, PLANCHON ET J. TRIANA. larges à la base, que leur ensemble représente une corolle gamo- pétale à cinq lobes, d'autant plus que Plumier, n’ayant pas évi- demment donné le dernier fini à ce dessin, n’a tracé que vaguement les limites de pétales sur les points où ils sont en recouvrement l’un sur l’autre. C’est probablement l’état quelque peu ébauché de ces fleurs ouvertes de la figure 88 qui aura donné au copiste l’idée de leur substituer des fleurs, suivant lui parfaites, des dessins analytiques du Genera de Plumier, Mais en greffant ainsi sur son dessin ces éléments empruntés, il a fait preuve d’une maladresse nouvelle : car l’une des fleurs (celle de droite), dans le dessin ainsi fabriqué (tab. 87, fig. 2, de Burmann), est placée de telle sorte que, étant censée vue de face, elle présente dans son centre une colonne pistiliforme, terminée par cinq appendices d’appa- rence stigmatique. Or la fleur, ainsi présentée comme de face, est tout simplement une fleur vue par derrière, telle qu’elle existe, table 10 a, dans le Genera de Plumier. Sa colonne pistilliforme est un pédicelle ; ses appendices, d'apparence stigmatique, sont des bractéoles (1). En somme, les deux mêmes fleurs ouvertes des analyses du Genera de Plumier, l’une vue du dos, l’autre de face, ont servi pour les deux dessins des Zcones de Burmann, et ces fleurs, ainsi employées à double fin, n’appartiennent en réalité ni à l’une ni à l’autre espèce. L’une des fleurs même, celle qui est vue du dos, est évidemment fantastique, car elle ne reproduit pas l'excellente figure correspondante du dessin original de Plumier, et ses quatre bractéoles, à la base même du pédicelle, sont presque sûrement inventées. Les véritables analyses du dessin n° 88 de Plumier consistent seulement en deux fruits, dont l’un, coupé transversalement vers son milieu, montre six loges, et dont l’autre représente sept valves naviculaires, récurvées-réfléchies, c’est-à-dire fortement arquées en arrière par suite de leur déhis- (4) Pour surcroît d'inexactitude, la figure de Burmann montre par erreur de copiste cinq de cesappendices ou bractées, au lieu de quatre qui sont représentées dans le Genera de Plumier, et, dans le Genera lui-même. Ces appendices ont dû être ajoutés par inadvertance, car on ne voit pas de traces dans le dessin original de Plumier (tabl. 89) à cette même fleur vue par derrière, et très exactement figurée. - MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 999 cence, et laissant à leur centre une columelle oblongue, à sept ailes étroites. Les nervures latérales, qui ont fait nommer venosa l'espèce que représente ce dessin, sont moins nombreuses dans la figure que dans les exemplaires des Antilles, de Panama et de la Nouvelle- Grenade, que nous y avons rapportés. Mais le dessin n’est évi- demment pas fini, et ne mérite pas, pour les détails, la confiance presque toujours due à l’admirable exactitude, aussi bien qu’au talent d'artiste de Plumier. Voici, du reste, pour compléter les renseignements sur cette espèce, la descriplion inédite que l'illustre auteur à mise en regard de son dessin : « Clusia flore roseo minor, fructu e viridi rubro. « Nucem europæam adæquat hæc arbor, ligno pallenti-candicante, corti- ceque crasso cinereo et resinoso. Ex ejus primoribus ramis rami alt pro- ducuntur longissuni, alios etiam producentes longiores, tenuiores, nodosos et ad singulos nodos binis foliis imstructos oppositis linguiformibus equidem sed ad pediculum angustatis, tres aut quatuor pollices longis, crassiuscu- lis, acidulis, unitis ac desuper quam inferius virentioribus. Tandem circa ultimos ramos alii nascuntur ramuli etiam nodosi, flores- que quosdam deferentes per paria oppositos paullo magis quam nummum gallicum amplos, monopetalos, hypocrateriformes, in quinque partes rota- tos purpureoque nitore splendentes. Ex ipsorum autem calyce polyphyllo rubente et resinoso exsurgit pistillum striatum resinosum subluteum per- lucéns capituloque virente etiam striato instructum (évidemment l’auteur confond ici comme pistil, le pistil lui-même avec son stigmate ou capitu- lum et la cupule des staminodes qui recouvre et cache le pistil), quod deinde abit in fructum ovatum ovo columbino fere æquale, e viridi rubens, intus resinosum et in plures partes a summo adimum dehiscentem, semi- nibus tandem fœtum oblongis et acuminatis ac placentæ conicæ sulcatæ et corallinæ affixis Multoties plantam reperii apud insulam Sandominicam et per varias régiones. » Nous avons écrit en italique les passages qui nous ont paru devoir être remarqués. Il ne faut pas ajouter à l'expression mono- petalos un sens tout à fait rigoureux, car Plumier introduit ce mot dans la caractéristique du genre Clusia, bien que ses analyses 2/0 J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. mêmes présentent des fleurs polypétales. La couleur du calice et le nombre primaire des pétales sont à noter pour distinguer la plante de notre Clusia Plumerii dont il va être bientôt question. L’habi- tat de l’espèce per varias regiones prouve qu’elle est relativement assez répandue hors de Saint-Domingue, et fait présumer que nous avons raison d’y rapporter nos exemplaires des localités citées. Ceci dit, revenons aux dessins originaux de Plumier. h° Table 89 (avec texte) : Clusia flore incarnato fructu e viridi pallente. | C'est le type de notre Clusia Plumerti, dont nous allons traiter ci-après. Pour terminer cette longue dissertation, disons pourquoi nous avons rétabli pour son objet le plus spécial le nom de Clusia minor de la première édition du Species de Linné, au lieu de Clusia venosa (les éditions subséquentes. C’est que minor, nom presque oublié, a l’avantage d’être à la fois ancien (et préférable par droit de priorité), et nouveau (moins compromis par une synonymie embrouillée). Sous le nom de venosa, au contraire, Linné a dési- gné une espèce (fantastique en tant que fondée sur une figure fabriquée d'éléments divers); Jacquin en a décrit imparfaitement une autre (Clusia Mangle. L.-C. Rich.?); enfin M. Grisebach a cité avec doute la figure de Plumier-Burmann (tab. 87, fig. 2), c'est-à-dire le type du Clusia venosa, L., comme se rapportant peut-être à son T'ovomita Plumieri. 4. GLusra PLumerir, Nob.—Arbor, ramis tenuibus expansis arbo- res radicibus aeriis amplectentibus, foliis obovato-oblongis in petio- lum attenuatis(cireit. 4 pollie. longis), cymis terminalibus pauciflo- ris, floribus pedicellatis, bracteis calycinis 4 (v. minus ?) sepalis 4 candidis, petalis 6 (v. plura ?) in orbem expansis obovato-orbicu- latis basi in unguem contractis rubicundis, staminodiorum (floris fœm.) urceolo subgloboso basi ima albido eæterum fulvo (ex icon.), stigmatibus 6-7 radiatis, capsulæ ovoideæ valvis 6-7 navi- cularibus dehiscentia demum stellato-patentibus non vero retror- sum arcuatis, seminibus in loculo singulo circiter 4 pendulo-paten- tüibus, pulpa (arillodio) corallina involutis. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 341 (Charact. ex icone et descript. Plumer. inedit. elicitum.) Saint-Domingue (Plumier). Clusia flore incarnato fructu e viridi pallente, Plum., Zcon. inedit., tab. 89, cum descriptione sequente : « Planta hæc arbor est longa lateque distenta, caudice equidem satis tenui pollens, at caudicis tenuitatem ramorum longitudo satis spectabilis compensat ; cum decem aut duodecim pedes longi reperiantur pro longi- tudine satis tenues radiculasque funiculosas emittentes, quibus rete spira- rum multiplici contortione ad vicinas arbores annectunt. Lignum caudicis albicans est tenerum ac medullosum corticeque indutum crassiusculo intus rufescente, exterius vero tabeculis leucophæis candidis ac virentibus macu- loso, ac resinam, si concidatur, fundente subcandidam valde inflamma- bilem ac picem pineam olentem et sapientem. Ex ramis autem jam dictis longissimi ali producuntur rami terra penitus incumbentes, ni vicinarum arborum sustentaculo fruiscantur, et ex his tandem alii etiam sed semper exiliores et breviores, quibus ultimis quædam insident folia per paria semper opposita oblongo-rotunda ligula- rum instar plicata quatuor circiter pollices longa, glabra, omnino e luteo virescentia ac, si concidantur, resinam etiam effundentia. Ramulorum tandem summitatibus flores quidem prominent rosis sylves- tribus v. caninis perquam similes, nummo gallico paulo ampliores, rotacei, plurimis scilicet petalis constantes subrotundis, in orbem positis et in- carnato rubore spectandis. Ex ipsorum autem calyce candido et tetra- phyllo exsurgit pistillum angulosum seu striatum viride globuloque resi- noso cereo ac perforato præcinctum, quod deinde abit in fructum ovatum, ovo columbario fere æqualem, subviridem intus innumeris poris fistulosis resinam fundentibus pervium, ac tandem in plurimas partes a saummo ad basim radiatim dehiscentem seminibusque fœtum fere reniformibus aut cylindraceis purpureis, pulpa tenerrima et coralli instar rubente contec- tis intraque rimas placentæ conicæ et striatæ contentis. | Plantam multoties reperii apud sylvas insulæ Sandominicanæ. » Le dessin, joint à cette description, ne présente, comme en- semble, qu’un rameau simplement fructifère; mais il est accom-- pagné d'excellentes analyses des fleurs, fruits et graines, dont la plupart ont été reproduites dans le Genera de Plumier, à l’appui de la description générique du Clusia. C’est donc là rigoureusement le prototype de ce genre, et si nous en connaissions les fleurs oh J.-E, PLANCHON ET J. TRIANA. mâles, nous aurions pu regarder l'espèce en question comme le type de la section Æuclusia. Malheureusement les plantes de Saint- Domingue sont tellement rares dans les herbiers, que nous avons cherché vainement celle-ci dans les plus riches collections de France, et tout ce que nous en connaissons est emprunté à l’excel- lent dessin colorié et à la non moins remarquable description de Plumier. Observons en passant que les analyses ROLE de ce dessin n’ont été reproduites par les gravures du Genera de Plumier qu'avec de notables inexactitudes et dans des proportions réduites : les pétales y sont beaucoup trop rélrécis en onglet; les valves de fruit au nombre de cinq et de six, au lieu de sept ; les graines en rangées de trois, au lieu de quatre; la fleur a, vue sur le dos, ést imaginée, et s'éloigne beaucoup de célle qui lui correspond dans l'original. Or ce sont cés reproductions inexactes qui se retrouvent en partie dans la planche LXXXXIT, figure 1, des Zcones de Plu- mier-Burmann, et dont la même fleur a été gréftée sur les a gps de deux éspèces toutes différentes. Les erreurs que nous signalons ici pour les Clusia dans les Icones de Plumier (édition Rurmann) doivent peut-être tenir les botanistes en garde contre l'exactitude supposée des planches de cet ouvrage, et rendent d'autant plus précieuse l’admirable collec- tion des dessins originaux de l’auteur. Après ces explications, une difficulté reste encore, c’est la sui- vante : Des quatre espèces de Clusia énumérées dans le Genera de Plumiér, la quatrième est caractérisée par cette phrase : Clusia alia minor, flore albo, fructu virescente. Or, aucune plante répon- dant à ces caractères n'existe dans lés manuscrits de Plumier. Burmann, qui ne saurait avoir vu la plante en litige, la rapporte néanmoins, sans hésiter, comme variété g à son Clusia foliis venosis. Linné lui-même l’avait déjà rattachée comme variété y à son hétérogène Clusia major (Species, édit. 1, p. 509). Mais ces opinions ne reposent sur aucune base, et le mieux est de laisser indéchiffrée une énigme dont on ne possède pas la clef, Comment se fait-il, d’autre part, que Plumier n’énumère pas, MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 3113 parmi ses quatre espèces primitives de Clusia, justement celle dont il a pris les analyses comme illustration des caractères du genre, c'est-à-dire le Clusia flore incarnalo, fructu e viridi pal- lente de ses manuscrits? Serait-ce que son Clusia alhia minor, flore albo, fructu virescente, lui parut une simple variété de cette der- nière espèce (1)? Mais alors pourquoi ne pas mentionner cette variation dans son texte imprimé où manuserit ? Il y a là, nous le répétons, un problème pour nous insoluble ; mais le Clusia, que nous appelons Plumerti, n’en est pas moins parfaitement carac- térisé. 15. CLusia OboraTa, Seém., Bot. of Herald., p. 89. Vulgo : Copecillo oloroso (Seem.). Veraguas, volean de Chiriqui (Seemann). Bracteæ calyemæ 2. Calyx 4-phyllus, foliolis biseriatis. Petala À (forsan interdum 5) non regulariter decussata. Cupula stamino- diorum margine repanda, ananthera. Stigmata 6-7 orbiculari- ovala, infra apicalia. Flores albi, odorati, diametro circiter pollicari (Seemann). Nous n’avons vu qu'un exemplaire imparfait de cette espèce, et n'avons pu en analyser qu’un bouton. Serait-ce par hasard le Clusia alia minor, flore albo, fructu virescente de Plumier, dont il a été question ci-dessus comme d’une espèce dont la trace est perdue ? Ses fleurs blanches et petites justifient peut-être cette pré- somption. 16. CLusta rosæFLORA, Planch. et Lind. mss. — Ramulis com- pressis, foliis longiuscule petiolatis, anguste cuneato-lanceolatis v. cunéato-oblongis basi longe attenuatis, margine tenui revolutis siccitate chartaceis glaberrimis nitidis, nervo medio utrinque pro- minente, lateralibus crebris (25-30) obliquis fere ad marginem usque extensis, cymis (in specim. unico forsan depauperato) tri- floris folia haud æquantibus peduneulatis, floribus pedicellatis magnitudine circit. Rosæ caninæ albis, odoratis, bracteis calyci- (1) M. Seémann constate que son Clusia pratensis (C. minor, L. et Nob. supra) varie à fleurs roses ou blanches, avec macules sanguines. dll J.-E., PLANCHON ET J. TRIANA. nis À, externis parvis, calvce 5-phyllo (an semper?), petalis 5 ca- lyce longioribus obovato-orbiculatis in unguem latum contractis, staminodiorum cupula extus circit. 10-12 costata sub margine 10-12 crenato extus foveolis glandulosis exsculpta, stigmatibus 5, radiatis, triangulari-ovatis. Venezuela, Truxillo (Linden, n° 384). Évidemment voisin du Clusia odorata. I en diffère par le nombre de sépales et des pétales, par les staminodes avec trace de glandes remplaçant les anthères, etc. SECT. V. — RETINOSTEMON (vide supra, p. 320). Nous avons hésité longtemps à considérer ce type, d’ailleurs assez complexe, comme une simple section du Clusia. Cette con- elusion néanmoins nous est en quelque sorte imposée par les rap- ports intimes entre les Retinostemon et les Phlæanthera, et par l'impossibilité de définir le type Clusia lui-même, sans com- prendre dans son cadre les Retinostemon. Le fruit seul qui ne nous est pas connu chez ce dernier type, pourrait, s’il offre des carac- tères bien particuliers, lui donner droit à figurer comme genre à part, au même titre au moins que le Quapoya et l’Arrudea, que les fleurs mâles seules ne distingueraient pas suffisamment du Clusia. Typus À. — GYMNACRON (vide supra, p. 320). A7. CLusra LauriFoLia, Nob. — Foliis lanceolato-oblongis acu- minatis utrinque acutis integris coriaceo-chartaceis, nervo medio sat valido lateralibus utrinque 12-15 patentibus arcuatis utrinque prominentibus, eymis terminalibus breviter pedunculatis nutanti- bus bis trichotomis in specim. nostro 9-floris, pedicellis flore brevioribus, floribus diametro cireit. pollicari, calyce bibracteato 5-phyllo, foliolis externis oppositis minoribus, petalis 5 inæquila- teris oblique orbiculatis, staminibus (fl. mase.) in globum depres- sum vertice nudum resinosum concretis, antheris biseriatis sessi- libus bilocularibus, staminodiüs (fl, fœm.) in annulum .integrum coalitis, stigmate 10-radiato. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES, 35 Nouvelle-Grenade, Cordillère du Choco, alt. 1300 m. (Triana). Arbor erecta. Ramuli apice tetragoni. Folia 10-18 centim. longa, 3 1/2-6 centim. lata, petiolo 1 1/2-2 centim. longo. An- theræ cireit. 36-40, biseriatæ, contiguæ, seriei cujusvis circiter 16-20 irregulariter alternæ, biloculares, extrorsæ, loculis oblon— gis connectivo angusto adnatis rima verticali dehiscentes. Ovarium cylindraceum, 40-loculare, loculis parvis. Ovula in loculo singulo pauca (2-5? v. ultra ?). Typus B. — TRIPLANDRON (vide supra, p. 320). Triplandron, Benth., Dot. ofthe Sulph., 73, tab. 98, 18. CLusra LINEATA, Nob. — T'riplandron lineatum, Benth., L. c:; Walp., Repert., V, 145. | Colombie, Tumaco et San-Pedro, sur les côtes du Pacifique (Sinclair). — Même région, sans localité spéciale (Née, in herb, Facult. medic. Monspel., sub Calophyllo). Voici les caractères de l’androcée, tels que nous avons pu les vérifier chez l'exemplaire de Née, que nous avons découvert dans l’herbier de l'École de médecine de Montpellier, où une erreur de localité l’indiquait comme venant des Philippines : Environ seize étamines à la rangée inférieure ; huit environ à la rangée moyenne, dont quatre un peu plus hautes que les autres ; quatre au sommet de l’androcée. Anthères biloculaires, à loges adnées, extrorses, divergentes à leur base, s’ouvrant extérieure- ment par une fente longitudinale. Tyeus C. — PENTACRON (vide supra, p. 320). 19. CLusia pecussaTa, R. et Pav. mss. in herb. Deless. — Scan- dens (?) ramulis tetragono-compressis, foliis petiolatis obovato-v. elliptico-oblongis acuminatis acutiusculis margine integro v. re- pando tenui subrevolutis chartaceis nervo medio prominente late- ralibus crebris (utrinque 25-30) obliquis prominulis simplicibus v. parce ramosis, cymis terminalibus plurifloris, floribus parvis pedicellatis, calyce bibracteato 4-phyllo, petalis 4, staminibus 1rre- gulariter pluriseriatis, in globum concretis, 5 (v. rarius 4) api- 3/6 J.-E, PLANCHON ET J. TRIANA. cali-centralibus cæteris majoribus radiatis, staminodiorum urceolo plane ananthero, stigmatibus 6-7 radiatis. Pérou (Ruiz et Pav.). — Dombey in herb. Mus. Par. Bracteæ calycinæ 2. Foliola calycina 4, biseriata, decussata, concava, æstivatione valde imbricata. Petala 4, biseriata, externa 2 semisepaloidea, altero alterum æstivatione marginibus amplec- tente, in alabastro evoluto late orbiculata, in unguem latum bre- vem contracta : interna 2 præcedentibus alterna, orbiculato-obo- vata, leviter inæquilatera, apice biloba lobo altero tecto, altero tegente. Stamina apicalia 5 cæteris multo majora, rimis 5 radian- tibus discreta, connectivo crasso, obtuse triangulari, loculis 2 discretis convergentibus, connectivo multo minoribus. Ovarium (in fl. f@m.) 6-7-loculare, urceolo staminod. plane cinctum, locu- lis ad axim 6-8-ovulatis, ovulis biseriatis, horizontalibus, anatro- pis, basi arillodio cupulæformi cupulatis. 20. CLusia SprucEANA, Nob.—Foliis oblongo-obovatis, basi cu- neatis, in petiolum brevem latum sensim attenuatis apice obtusis v. obtuse acuminatis nervo medio valido, lateralibus tenuibus obliquis fere ad marginem extensis, cymis terminalibus nutanti- bus breviter pedunculatis trichotomis, floribus pedicellatis, calyce bibracleolato 5-phyllo, petalis 6, staminibus 25 et ultra in massam ovato-elobosam concreta irregulariter plurisériata, anthéris termi- nalibus 5 radiantibus, loculis 2 extrorsum adnatis rima longitudi- nal dehiscentibus. Pérou oriental, près de Tarapote (Spruce, n° 4197, sub Tri- plandro cum « ? »). Loculi antheræ cujusvis 2, paralleli, discreti, basi divergentes, oblongi, bilocellati, locellis discretis, parallelis, demum latere in- terno rima apertis, unde loculus totus post dehiscentiam quasi unilocularis late hians evadit. Typus D, — DIPLANDRON (vide supra, p. 320). 21. CLuusiA LORANTHACEA, Nob. — Arbor erecta, foliis petiolatis oblongo-obovatis (cireit. 8-15 centim. longis) breviter acuminatis MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 3047 acutis coriaceis nervo medio valido latcralibus erebris patentibus parallelis in nervulum marginalem connexis utrinque prominulis, cymis (fl. mase.) terminalibus trichotomis plurifloris, floribus pe- dicellatis parvis, calyce 4-phyllo, petalis 5, androcæi apice 4-lobi antheris biseriatis, seriei superioris 8 geminatim lobo singulo adnatis, inferioris circiter 16, loculis 2 discretis incomplete bilo- cellatis, dehiscentia irregulari (?) ruptis. Nouvelle-Grenade, forêts du Choco, alt. 100 m. (Triana). Rami, sicut folia, glaberrimi, novelli, sicut inflorescentiæ folia- que, exsiccatione rufiduli. Folia subtus pallidiora et obsolete punc- tata, cæterum opaca. Petioli circit. 2 centim. longi, basi more affinium in foveolam ampliati. Rami inflorescentiæ compressi, divaricati, sæpius bis-divisi, à-flori. Bracteæ parvæ, ovato-trian- gulares, naviculares, divaricatæ, ad ramorum inflorescentiæ fur- cationes geminæ. Pedicelli nudi. Flores explicati (non visi) forsan cireiter diametro 12-14 millim. Calyx 4-phyllus, foliolis biseriatis, externis 2 ovato-orbiculatis, crassioribus, æstivat. subvalvatis, interiora latiora anguste imbricata tegentibus. Petala 5, æstivat. o-Conciali 1mbricata, obovato-orbiculata, externis 2 cum fololis calycinis internis alternantia. Stamina in massam depresse globo- sam apice 4-lobam lacunis resiniferis confertam plane concreta. Antheræ seriei inferioris circiter 16, in cireulum basi ima andro- cæi insertæ, seriei superioris 8, omnes biloculares loculis adnatis semi-immersis ellipsoideis v. triangulari - suborbiculatis , intus incomplete bilocellatis. Typus E. — SORANDRON (vide supra, p. 32). 22, CLusiA SEEMANNI, Nob.— T'riplandron lineatum, Seemann, ‘ Bot. of Herald, 88, non Benth. —Foliis petiolatis late lanceolato- ellipticis basi acutis apice acuminatis et acutiusculis margine integerrimo revolutis, nervo medio valido secundariis oblique patentibus erebris utrinque prominulis, cymis terminalibus re- peuto-trichotomis, floribus (masc.) parvis, calyce 4-phyllo, peta- lis 4 decussatis, staminibus indefinitis in acervum dense congestis 918 J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. et concretis, antheris 2-3-4-locularibus, loculis apieai ang immer- sis rima transversa dehiscentibus. Baie du Choco (Seemann). Très sembläble par l’apparence extérieure au Triplandron lineatum, Benth., si bien que M. Seemann a cru devoir ly rap- porter. Mais le nombre, la disposition et la structure des étamines, l'en distinguent complétement. Ici, pas de rudiment d’ovaire, pas de lobes terminaux à l’androcée, pas d’anthères, en grande partie superficielles et à déhiscence longitudinale; mais des anthères nombreuses, irrégulièrement groupées, à logettes plus ou moins plongées dans la substance des filets soudés en masse et à déhis- cence transversale. C’est sur l’exemplaire de M. Seemann, que ces caractères ont été vérifiés. Typus F. — MESOSTYLION (vide supra, p. 32). 23. CLusta CanneLzaprum, Nob. — Foliis oblongo-obovatis, basi cuneata in petiolum attenuatis coriaceis nervosis, cymis termina- hbus trichotomis, floribus pedicellatis ampliusculis, calyce bibrac- teato 4-phyllo, petalis 5 obovato-orbiculatis, androcæo (fl. masc.) e massa subglobosa centro pervia a medio ad apicem dense anthe- rifera constante, antheris bilocularibus parvis superficialibus, loculis 2-parallelis v. basi divergentibus rima longitudinal extrorsum dehiscentibus, ovarii rudimento e basi incrassata in columnam cylindraceam apice recurvo 5-lobam producto. Près de Panure, sur le Rio Uaupes, région de l’Amazone (Spruce, n° 2431). Sepala 4, biseriata, inæqualia, non regulariter dec ussata. Petala 5, imbricato-convoluta. Filamenta staminum in massam urceoli- formem, intus lacunis resiniferis farctam concreta. Antherarum connectiva non conspicua. Columna sterilis intus fistulosa. La déhiscence des anthères par des fentes au lieu de pores est le seul caractère de quelque valeur qui distingue cette section des Arrudea, dont il sera question plus loin, et qui seraient peut-être MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 3h19 mieux placés comme simple section dans les Clusia, que conser- vés à part comme genre. SECT. VI. — CORDYLANDRA (vide supra, p. 321). 2h. CLusra FLumINENSIS, Nob. — Foliis obovatis basi cuneata in petiolum brevem latum attenuatis apice obtusissimiscoriaceis, nervo medio valido lateralibus erebris prominulis obliquis nervo margi- nali connexis, cymis terminalibus axillaribusque paucifloris, flori- bus breviter pedicellatis ampliusculis, alabastris globosis, calyce 2-bracteato 4-phyllo, petalis 5, fl. masc. staminibus circiter 15-16, intimis 5 uniseriatis, filamentis clavatis plane liberis, antheris apicalibus bilocularibus, loculis rima longitudinali dehiscentibus, pistilli rudimento 5-gono intra stamina occultato. Brésil, Rio de Janeiro (Gaudichaud, n° 781). Sepala 4-decustata. Petala 5 æstivatione imbricata. Filamenta staminum tetragona, apice leviter concava. Antheræ apicales, obli- que extrorsæ, sessiles, adnatæ, loculis parallelis oblongis rima Jongitudinali dehiscentibus. Pistilh rudimentum stigmatibus 5 tri- gonis in calyptram approximatis coronatum. 25. CLusrA oRGANENSIS, Nob.— (Tovomitæ sp. dubia innominata, Gardner in Hook, Lond. journ. of Bot., Il, 334.) Frutex, ramis dichotomis epidermide grisea vestitis, ramulis apice tantum fo- liosis, foliis oblongo-obovatis parvis (6-8 centim. longis) apice rotundatis nunc retusis margine tenui revolutis, floribus termina- libus pedicellatis, calyce h-phyllo, petalis 5, staminibus circiter15, intimis 5 uniseriatis, filamentis liberis quadrato-clavatis, antheris apicalibus bilocularibus, fl. fœm. staminodus cireit. 12 clavatis liberis v. hinc inde coalitis apice rudimentum antheræ gerentibus, ovario 5-loculare, stigmatibus 5 triangulalis peltatis in calyptram pyramidatam conniventibus. Montagnes des Orgues, près de Rio de Janeiro (Gardner, n°330 et 331 in herb. Delessert). _ Frutex circit. 8-pedalis (Gardner). Rami denudati. Ramuli apice parce foliosi. flores terminales (an semper?). Pedicelli flore sub- 350 J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. breviores. Corolla post anthesim reflexa, Ovarium (ex specimine fœm. n° 21, in herb. Mus. Par. collectoris nobis ignoti) 5-locu- lare. NE in loculo pauca (6-8) anatropa, angulo interno bise- riatim affixa, semipendula. 26. CLusra RencGerioIdEs, Nob.—Ramis furcatis, foliis ad apices ramulorum 2-} obovato-oblongis basi cuneata attenuatis, cymis pedunculatis dichotomis, floribus subsessilibus parvis, bracteolis calycinis 6 decussatim triseriatis, calyce 5-phyllo, petalis 5, staminibus circiter 20 obscure 3-seriatis intimis 5 radiatis, fila- mentis brevibus crassis cuneatis, antheræ loculis 2 (rarius 3) in formam litteræ V obversæ conniventibus rima dehiscentibus, Panure, Rio Uaupes, région de l’Amazone (Spruce n° 2895). Nous avons eu un instant l’idée de rapprocher de cette espèce le Renggeria littoralis, Poepp. et Eddl. (Nov. gen., tab. 209, B), dont on ne connaît pas les fleurs hermaphrodites. Mais comme il est dit positivement dans la description, que les loges de l’anthère s'ouvrent par deux pores au sommet, 1l est probable que ce type rentre plutôt dans le genre Quapoya, Aubl. (pro parte) dont le Schweiggera, Mart., ou Renggeria, Meisn.,, ne sont que des synonymes. SECT. VII. —CLUSIASTRUM (vide supra, p. 322). 27. CLusia cuneara, Benth, in Hook. Lond. journ. of Bot., II, 368. Guyane anglaise (Schomb. n° 317, in herb. Mus. Paris.). — Guyane française, Karony. Sagot, ibid. Ramuli tetragoni apicem versus tetragono-compressi. Folia cuneato-oblonga, basi sensim angustata, in petiolum brevem late alatum contracta, interdum plus minus glaucescentia, nervo medio valido, lateralibus crebris parallelis oblique patentibus apice in nervum marginalem connexis. Cymæ terminales , trichotomæ. Flor. masc. bracteæ calycinæ 2-4-6 orbiculatæ, ampliusculæ. Sepala 5, quincungiatim imbricata. Petala 6-8 cuneata, membrana- cea, alba, flabellalo-venosa. Stamina numerosa centro floris in MÉMOIRE : SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES,. 351 acervum dense congesta, brevia, hbera, intimis tantum materia resinosa conglutinatis , omnia receptaculo crassiuseulo depresse .cupulæformi undique inserta, receptaculi basi externa nuda, centro intimo . fere nudo, ovari rudimento nullo. Filamenta gracilia, externa cæteris longiora. Antheræ basifixæ filamento continuæ et eo paulo latiores, loculis angustis connectivum lineari-clavatum marginantibus, introrsum rima longitudinali dehiscentibus, con- nectivo ultra loculos breviter producto, apice glanduloso resinam quamdam exsudante. Flor. fæm. Bracteæ. calyx, corolla maris, Staminodia plura, linearia, crassa, ananthera, obscure biseriata, in cupulam ovarium amplectentem concreta, resiniflua. Ovarium sessile, depresse ovatum, circiter 16-sulcum, stigmatibus 16, anguslis, radiantibus coronatum. 28. CLusia crassiroLiA, Nob. — Foliis obovatis basi in petiolum brevem latum marginato-alatum semi--amplexicaulem contractis apice rotundatis margine revolutis valde coriaceis nervo medio valido lateralibus tenuibus, inflorescentia (?) floribus (masc.)amplis (diametro cireit. 8 cenim.), calyce 4-phyllo bibracteato, petalis 6 obovatis, staminibus numerosis centro floris in acervum confer- üs receptaculo leviter prominenti in discum expanso insertis, filamentis brevibus liberis, antheris linearibus quadrato-compla- natis, connectivo angusto apice truncato ultra loculos vix pro- ducto, loculis marginalibus rima dehiscentibus. Guyane anglaise, Roraima (Schomburgk n° 709 in herb. Mus. Paris. y. Malgré l'absence de fleurs femelles sur l’exemplaire unique ici décrit, on ne peut guère hésiter à faire rentrer cette espèce dans la section Clusiastrum, à côté du Clusia cuneata. La structure des étamines (sauf de légères nuances), l'insertion de ces organes sur un réceptacle discoïde peu saillant, le nombre des ik enfin le facies, tout autorise ce rapprochement. : Sect. VIII. — STAUROCLUSIA (vide supra, p. 322). La décussation ordinairement parfuile des bractées, sépales et pétales, disposés par paires croisées; la forme carrée de récep- 292. J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. tacle qui supporte les étamines; les staminodes (plus où moins pol- linifères) en nombre habituellement restreint ; les étamines toutes groupées en faisceau compacte, mais d’ailleurs libres; les anthères : linéaires ou oblongues non cuspidées, voilà tout un ensemble de traits, qui, dans un type moins polymorphe, suffirait amplement à distinguer génériquement des vrais Clusia, tels que le Clusiarosea, la section à laquelle nous donnons comme prototype le Clusia flava, L. Mais on a vu déjà par quelle série de gradations se fait le passage des sections l’une à l’autre ; comment la soudure ou la séparation des étamines, la forme, la structure, la déhiscence des anthères, la soudure ou la séparation, la stérilité complète ou la demi-fertilité des staminodes forment autant de termes variés, dont aucun pris isolément ne saurait fournir les éléments de bons carac- tères génériques, mais qui, par leur combinaison rationnelle, peuvent servir à caractériser des sections. Pour l’ordre même des sections, nous avons procédé de telle sorte que, prenant surtout pour base les staminodes, nous avons vu ces organes soudés en cupule chez les Euclusia, les Phlæanthera, les Retinostemon, en partie libres chez les Cordylandra et les Clusiastrum ; ils vont devenir presque tout à fait libres chez les Stauroclusia. En nom- bre plus ou moins indéfini dans les sept premières sections, nous les voyons se réduire de 4 à 8 chez la huitième ; nous les suivrons ensuite chez les trois dernières, fixés au nombre de 4 à 5 (rare- ment 10 par dédoublement). Presque fertiles chez les Sfauroclusia, les Criuvopsis, les Criuva, ils arriveront chez les Ænandrogyne à n'être que de simples denticules membraneux, dernier vestige de l’étamine modifiée. Species typicæ&. 29, CLusia FLAvA, L., sp. (edit. 2°, ann. 1763), p. 1495. — Willd., sp., IV, p. 977. Clusia major, L., sp. (edit. L*, ann, 1753), p. 509 (pro parte). Var. « Sloanei : bracteis calycinis numerosis (40-12). Clusta flava, lacq., Americ., 279, tab. 167.—Id., Zcon. pict., tab. 951. Terebinthus folio singulari non alato rotundo succulento, flore MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 393 pallide luteo, fructu majore monopyreno. Sloane, Jamaic., II, p. 91, tab. 200, f. 1 (exeluso fructu, ad stirpem alienam spec- tante). Var. £. Brownei : bracteis calycinis paucis (2-4). Clusia arborea, foliis crassis nitidis obovato-subrotundis, floribus solitarns, Patr. Brown., Jamaic., 1, p. 236 (exclus. syn. Catesb. et Pluken.). — Andr., Bot. Repos., 223, tab. 293. — Icon. inedit. Facult. sc. monspel. tab. 824. &. Jamaïque (Sloane, Jacquin). — £. ibid. (P. Browne). Des deux formes ou variétés que nous avons distinguées dans cette espèce, la première, ou Sloanei, ne nous est connue que par les figures et les descriptions de Sloane et de Jacquin ; la seconde, décrite par P. Browne, figurée bien plus tard par Andrews, a fleuri souvent en Europe, et particulièrement dans le Jardin des Plantes de Montpellier, où l’un de nous la fit dessiner jadis, sous les yeux de son maitre Dunal, pour la collection de vélins de la Faculté des sciences. Bien que nous n’ayons pas osé indiquer d'autres caractères distinctifs entre les deux types, de peur d’inter- préter inexactement de simples descriptions ou figures, nous devons signaler, dans les dessins de Sloane et de Jacquin, la pré- sence de nervures latérales marquées sur les feuilles, tandis que le dessin d’Andrews et la plante du jardin botanique de Mont- pellier n’en offrent à peu près aucune trace. Si le type Brownei est le seul qui soit ou ait été cultivé en Europe, c’est alors le Clusia flava, Mill. (Garden. Dict.), qui, d’après cet auteur, aurait été introduit des Barbades en Angleterre, antérieurement à 1759, par un M. Parker, de Croydon (Surrey). Jacquin décrit, chez sa plante, comme fleur hermaphrodite sté- rile, une fleur mâle dans laquelle existe, au centre desrangs pressés d'étamines, un rudiment d’ovaire couronné par un appareil stig- matique à quatre divisions (sigma crassum capitatum, auctum quatuor appendiculis lateralibus). Pareil rudiment figure parmi les analyses du Clusia flava d’Andrews. Le « perianthium heæa- decaphyllum, quadrangulare, imbricatum, foliolis..… lin quolibet _ordine » dont parle Jacquin, doit s'entendre d’un calice de quatre &° série. Bot. T. XIII. (Cahier n° 6.) 5 23 35h J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA, sépales et de douze bractées calicinales, le tout, sépales et brac- lées, décussés par paires et non disposés par verlicilles quater- naires. Le fruit, d’après le même auteur, est une capsule presque arrondie, grande, verdâtre, couronnée de douze stigmates dis- tincts, de couleur brune, formant ensemble un carré, avec un espace nu dans son milieu. | | Patrick Browne, d’antre part, donne à sa plante, dont 1l n’a décrit que la fleur femelle et le fruit, un périanthe de six à huit écailles en quatre rangées, ce qui, les quatre pétales retranchés, laisse seulement deux ou quatre braetées. Il y ajoute quatre pétales et des étamines placées deux ou trois ensemble dans les intervalles entre les quatre pétales. Ces étamines sont des staminodes plusou moins fertiles, qui, chez l'exémplaire des vélins de la Faculté des sciences, sont en effet groupés deux par deux entre les pétales, et par conséquent au nombre de huit en quatre faisceaux. Leurs anthères sont linéaires et creusées latéralement au-dessous du sommet d’un filet linéaire aplati, portant vers sa base comme deux petits denticules. C’est évidemment par erreur que Patrick Browne décrit les anthères de son Clusia comme subrotundæ. L'expression de floribus solitariis, employée par le même auteur, convient aux fleurs femelles de l’exemplaire des vélins de Montpellier ; mais la figure d’Andrews montre des fleurs mâles en cyme pauciflore (5 fleurs). Il n’est pas impossible que l'étude faite sur la nature des types _ Sloaner et Brownei révèle entre eux des diversités vraiment spécifiques. 80. CLusta oviGErA, Nob, —Foliis obovato-oblongis ampliusculis (15-20 centim. longis, petiolo tereli circit. 5 centim. longo) apice obtusis v. obtusissime acuminalis basi acutis coriaceis non valde crassis, nervo medio valido lateralibus tenuibus, cymis terminali- bus trifidis $- v. plurifloris nutantibus, floribus longiuscule pedun- culaus, calycibus 4-phyllis, petalis 4 decussatis elliptico-quadratis patentibus, staminibus in acervum 4-gonum congestis receptaculo prominenti insertis, filamentis brevibus, antheris muticis ovato- oblongis bilocularibus, fruciu oviformi (immaturo cireit, 9 centim. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 099 longo) apice suleis 5 impressis notato stigmatumque jam delapso- rum eicatricibus insignito. Mexique (Ghiesbreght, Collect. carpolog. du Mus. de Par. n° 1831, fl. mâles et fruits en alcool). Évidemment du même groupe que le Clusia flava. Remarqua- ble par les cinq sillons superficiels tracés sur la partie supérieure du fruit. 34. Czusta BroNGNIaRTIANA, Nob. (Tovomita oblongifolia, Hort. bot. Par.).—Frutex erectus ramosus folis petiolatis oblongis acu- minalis subacutis crassiusculis nervo medio prominente lateralibus paucis tenuibus, eymis (FL. mase.) terminahibus 3-plurifloris, flo- ribus magnitud. mediocri albidis (exsiccatione leviter flavescenti- bus) pedicellatis, bracteis calyeinis 6 triseriatis adpressis ovalo-or- bieulatis, sepalis 4 decussatis petalis demum patentibus, receptaculo slaminifero prominente quadrato, staminibus in acervum quadri- laterum congestis, obscure -seriatis, filamentis brevibus, antheris muticis, cuneato-oblongis, loculis 2 Hinearibus laterali-introrsis. Cette espèce, originaire de Cayenne, est cultivée dans Îles serres du jardin des Plantes de Paris : elle se rattache clairement aux Clusia flava et ovigera. Species ob corollam interdum 5-meram in sectione minus typica. 82. Cuusta azBa, L., Sp. (edit. 2), p. 1495.— Wild., Sp, IV, p. 976 (pro parte). | Clusia flore albo fructu coccineo, Plum., Gen. ,p. 22.—Ejusd, icon. inedit. tab. 85, cum figuris analyt. supra p. 337 descripts. Clusia major, L., Sp. (edit. 42), p. 509 quoad synonymon primum Plumerianum, exelus. synon. aliis. | Clusia foliis aveniis, Burmann Plum., Zcon.,p.85,tab.87,f, 1 (exclusis flore et figuris analyticis ad Clusiam Plumeri Nob. spectantibus). Clusia alba, Jacq., Amer., 261, (ab. 166.—Ejusd. Amer. pict., tab. 250 (saltem quoad tabulam, descriptione calyais eorollæque forsan rectificandis). 996 | J.-E. PLANCHON ET J. YRIANA, Martinique (Jacquin ; Bélanger, n° 518 in herb. de Franque- ville). —G uadeloupe (Collect. carpolog. de la Faculté des sc. de Montp.). La plus grande incertitude règne sur le compte de cette espèce, dont nous n'avons pu, malgré nos soins, nous procurer des échan- tillons en fleurs. L’exemplaire récolté par M. Bélanger en septem- bre 1853, au Morne rouge dans la Martinique, répond exactement par son fruit (non mür) et par ses feuilles à la figure qu’en a donnée Jacquin. Ces feuilles présentent en effet sur le sec des veines obliques saillantes, caractère que n'offre pas la figure de Plumier, qui a probablement été faite sur le frais. On a vu plus haut quelle singulière méprise a fait repré- senter, dans l'édition des Zcones de Plumier, publiée en Hol- lande par Burmann, les rameaux et le fruit du Clusia flore albo fructu coccineo, avec les fleurs et les détails analyliques de notre Clusia Plumieri. C’est une question vidée et sur laquelle il serait superflu de revenir. Mais, Jacquin lui-même, malgré son exacti- tude habituelle, semble avoir commis quelque légère confusion à l'égard de son Clusia alba ; car, la description qu'il en a donnée s’écarte à quelques égards de la figure jointe à l'appui. On lit, par exemple, dans la description : «Perianthium enneaphyllum persis- tens ; foliolis.… imbricatis in quolibet ordine tribus, quorum interme- diatria duplo majora tribus exterioribus et duplo minora interiori- bus. Petala5, subrotunda, etc. » Or, dans la figure des Zcones pictæ, la fleur ouverte montre clairement quatre pétales au lieu de cinq, pétales dont la couleur blanche se détache nettement sur le jaune des pièces calicinales que l’on aperçoit en partie. Quant au nombre des bractées et pièces calicinales prises ensemble (neuf en trois rangées), On peut s’en rendre compte en supposant quatre bractées et cinq sépales, moins régulièrement décussés que d'habitude, vu l'addition, peut-être accidentelle, d’un sépale supplémentaire, répondant à l’addition analogue d’un cinquième pétale. Du reste, la fleur à quatre pétales représentée par Jacquin est évidemment le type femelle (ou pseudo-hermaphrodite) de la fleur mâle égale- ment tétrapétale des analyses inédites du Clusia flore albo fructu MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 997 coccineo de Plumier., Les fruits confirment cette concordance des deux figures de Plumier et de Jacquin, au moins dans leurs carac- tères généraux. Jacquin, il est vrai, a décrit et représenté des nervures latérales dont la figure de Plumier n'indique pas même la trace. Mais ces nervures, que nous retrouvons dans l’exem- plaire récolté par M. Bélanger, n'apparaissent peut-être, comme nous venons de le dire, que par suite de la dessiccation des feuilles. Voyez, pour les détails, la description probablement très bonne de Jacquin. Il y a dans la fleur femelle de cinq à huit staminodes libres, à filets linéaires, aigus, avec une anthère attachée à leur face interne, et plus ou moins pollinifère. On ne saurait douter que le Clusia alba ne fasse le passage de la section Stauroclusia aux sections Criuvopsis et Criuva. Species in sectione dubiæ, 33. CLusia FRAGRANS, Gardner in Hook., Lond. Journ. of Bot., Il, p. 354. Flores polygami. Bracteæ calycinæ 2. Calyx 4-sepalus. Petala 4, alba, æquilatera. Stamina in fl. masc. numerosissima, filamentis fere lin. longis complanatis, antheris linearibus filam. longioribus. Folia late obovata. Flores 2-3 terminales, magni (diametro circit. à poil.) fragrantissimi (Charact. ex descript. Gardner.). Brésil, montagnes des Orgues, alt. 1500 m. (Gardner, n° 339). SECT. IX, — CRIUVOPSIS (vide supra, p. 322). Cette section est très peu distincte de la suivante, et nous l’y aurions probablement réunie, si nous n’avions tenu à faire ressor- tir les rapports qui l’unissent avec le Rengifa de Pæpp., qui n’en est presque qu’une nuance à étamines définies. D'ailleurs les deux espèces qui conslituent jusqu’à présent ce petit groupe s’éloignent des Criuva proprement dits par leurs feuilles longuement pétio- lées et non cunéiformes à la base, par leurs pétales assez épais, à peine plus longs que le calice, et toujours remarquablement oppo- sés aux cinq pièces calicinales, f V4 358 J.-E. PLANCHON EF J. TEREANA. Peut-être le Quapoya Pana-Panari, Mart., Nor. Gen., I. tab. 206, 1 (non Aubl.!), rentre-t-1l dans les Criuvopsis, sinon parmi les Criuva. On peut supposer dans les denx cas que les pétales, représentés comme alternes avec les sépales, leur sont, en réalité, opposés, du moins en partie. 8h. CLusia ACumiNaTA , Nob. — Renggeria acuminata, Seëm., Bot, of Herald F'oy., 88. — Walp., Ann., IV, 364. Amérique centrale, baie du Cupica, Darien (Seemann). | | . Folia Jongiuscule petiolata, ovato-oblonga, cuspidata.. Cymæ plurifloræ. Flores (fæm.) bracieolis 8-10 imbrieatis invelucrati. Bracieolæ inferiores parvæ, ovato-orbiculatæ, cæteris sensim majoribns, orbiculatis. Petala ovato-oblonga, sepalis paulo lon- giora, iisdem plane oppostta. Staminodia 5, petalis opposita, pis- tillo paulo breviora. Filamenta basi in annulum connexa, inferne triangulari-dilatata, superne sensim. attenuala : antheræ (eflœtæ) quadrato-elliplicæ, localis 2 linearibus connectivum latiusculum marginantibus, leviter introrsis, runa longitudinal dehiscentibus. Ovarium acute pentagonum, 5-suleum, stisgmatibus 5 peltatis, crassis, ovato-triangularibus, radiantibus, in umbonem approxi- matis coronatum, 5-loculare, loculis pluribus angulo inlerno affixis patenti-adscendentibus. 85. Ceusta AMAzoNICA, Nob. — Scandens (?), foliis longiuscule pe'iolatis oblongis acuminafis, évmis terminalibus brachiatis multi- floris, Aoribus parvis breviter pedicellatis, bracteis calycinis apud fl. mase. 2, apud fl. fœm. 8-9, sepalis 5 scariosis orbiculatis, peta- lis 5 calyce paulo longioribus anguste 6blongis crassiustulis sepalis plané oppositis, Staminibus (f. mase.) pluribus in acervum con- g'estis liberis receptaculo depresso undiqué inserlis demum diver- gentibus, filamentis brévibus, antheris linearibus muticis, loculis 2 rima Jongitudinali déhiscentibus marginali-introrsis, staminodiis (. fœm.) 5 basi dilatata inter se connexis, anthera efltéla, ova- rio 5-loculari ad axin pluri-ovulato. Région de l’Amazone, rio Uaupes près de Panure (Spruce, n° 2878). MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFERES. 399 SECT. X. — CRIUVA (vide supra, p. 325), 36. CLusia Criuva, Cambess. in Aug. de Saint-Hil., F1, Bras. merid., 1, 817, tab. 65 (Icone quoad seminis structuram erronea). Brésil, Carascos de la Serra-Negra, dans la partie sud de la province de Minas-Geraes, et les bords du fleuve Tarere, dans la province de Saint-Paul (Aug. de Saint-Hil. et Gaudichaud , n° 998); Minas-Geraes (Claussen, n° 236, m herbb. Mus. Par. et Deless. forma folis crassioribus). Folia euneato-obovata, basi acuta, petiolo brevi continua, char- tacea, nervis laterahibus obliquis prominulis. Bracteæ calycinæ 2. Sepala 4. Petala 5. Staminum connectivum in appendicem am- pliusculam productum. Slaminodia apice truncata, vel cuspidata. Capsulæ valvæ coriaceæ (non lignosæ), endocarpio Iævi a meso- carpio non secedente. Semina in loculo quohbet 4-5 (1-2 abor- tivis quandoque adjectis), directione parum varia, inferius sæpe semi—-adscendens, nune tamen semi-descendens , intermedia subhorizontahia v. semi-adseendentia v. semipendula, superius v. subhorizontale v. leviter dependens. Raphe semper introrsa. Embryo affinium, nempe ügella (radicula) maxima, cotvledonibus minutis. | 97. CLusia SEzLowiana, Schlecht. in Linn., VIIL 183. — C. ganabarica, Casarelto, Nov. shrp. Bras., decad. 6, n° 63; Walp., Repert., V, Ali. Clusia ldefonsiana, Ach. Rich. mss., pro parte, nempe quoad specimina florifera. Clusia? micrantha, Choisy mss. in herb. DC. Clusia Gaudichaudii, Choisy in schedula speciminis Gaudi- chaudiant in herb. DC.; non Choisy in herb. Mus. Par., nec Cambessedes. Brésil, Rio-de-Janeiro (Sellow, Casaretto, in herb. DC., Gau- dichaud, n° 780 in herb. Mus. Paris.). Nous ne sommes pas du tout persuadés que cette espèce soit 360 J.-E, PLANCHON ET J. THIANA, bien distincte du Clusia Criuva, Camb. Les caractères de la fleur, et particulièrement des étamines, n’ont pu nous fournir aucun cri- térium certain de séparation spécifique. Au premier coup d'œil, on croit pouvoir fonder cette différence sur les feuilles, qui, chez les exemplaires authentiques du Clusia Criuva, sont toutes aiguës à la base et continues à leur pétiole, tandis que dans la plupart des cas, chez le Clusia Sellowiana (particulièrement dans l’exemplaire n° 780 de Gaudichaud, et dans la plante florifère nommée par Ach. Richard Clusia Lldefonsiana), elles présentent une base cunéiforme, mais brusquement contractée et plus ou moins obtuse, ou même subémarginée à son point d'attache avec le pétiole. Mais ce caractère n’est pas constant ; il manque (d’après la des- cription de Schlechtendal) dans le prototype même du Clusia Sellowiana ; il n’existe pas non plus dans l’exemplaire authentique du Clusia ganabarica de Casaretto. Restent des différences de grandeur des feuilles, ces organes étant généralement plus déve- loppés chez la plante de Rio-de-Janeiro; mais les limites sont trop vagues entre 2 pouces et 6 pour donner une base solide de distinction. Nous ne conservons donc ici le Clusia Sellowiana que d’une manière provisoire, et pour attirer sur cette espèce douteuse l'attention des futurs observateurs. M. de Schlechtendal donne à cette espèce 5 sépales, 5 pétales et 4 staminodes. Mais, d’après la description même, il est facile d'interpréter cette structure de la manière suivante : 2 bractées calicinales, 4 sépales, k staminodes. Il est positif, du reste, que certaines fleurs. sont pentamères, quant à la corolle, aux stami- nodes et même aux sépales: en effet, un ovaire noué de l’exem- plaire n° 780 de Gaudichaud nous présente 5 stigmates, 5 stami- nodes et les débris de 5 folioles calicinales. 38. CLusraCamsessennr, Nob.—ClusiaGaudichaudi, Cambess., L. c., p. 317, non Choisy. — ? Clusia Criuva, Schlecht. in Linn., VIII, 182 (quoad stirpem insulæ S'® Catharinæ et formam Sel- lowianam angustifoliam). Brésil, Rio-de-Janeiro (Aug. de Saint-Hil.) ; Minas-Geraes MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUITIFÈRES. 361 (Claussen, n° 235, sub Marialvæa) ; île Sainte-Catherine (Pohl, n° 3542 in herb. Buchinger). | ” Species ob fl. fæm. ignotos, in sectione subdubia, tamen habitu et structura fl. mase. hue spectans. Calyx 4-5-phyllus. Stamina numerosa, Centro floris in acervum congesta, receptaculo brevis- simo discoideo insidentia. Filamenta brevia, complanata, crassa, apud stamina interiora paulo longiora, in connectivum eis conti- nuum linearem abeuntia. Antheræ lineares, submuticæ, loculis dorso connectivi adnatis laterali-extrorsis rima longitudinali dehis- centibus, connectivo viæ ultra loculos in apiculum interdum obso- letum producto. In centro acervi staminum floris examinati cor- pusculi 4 aderant, minuti, papilliformes, forsan pistili rudimentum nisi staminodia abortiva sistentés. La structure des anthères, dont le connectif se prolonge à peine en pointe au delà des loges pollinifères, distingue au premier abord notre Clusia Cambessedii du Clusia Criuva, avec lequel on le confond parfois dans les herbiers. SECT, XI, — ANANDROGYNE (vide supra, p. 323). 99. CLUSIA MULTIFLORA, HBK., Vov. gen. et sp., V, 200. Nouvelle-Grenade, andes du Quindiu, alt. 1364 mètres (Humb. et Bonpl.). Calyx (fl. fœm.) ebracteatus, 4-phyllus, foliis decussatis. Petala 5, æstivatione imbricata. Staminodia 40 v. minus (?) dentiformia, triangularia, minuta, sæpius geminata basique una geminatim concreta cum carpellis alternantia. Ovarium ovato- oblongum, apice breviter 5-lobum stigmatibus suborbicularibus sub apice loborum extus affixis. Ovula in loculo quovis pauca (4-5) subhorizontalia tamen leviter horizontali-descendentia. 0. CLusta ALaTA, Nob.—Arbor erecta non pseudo-parasitica, ra- mis tetragono-alatis, foliis sessilibus cuneato-obovatis obtusissimis inferioribus oblongo-ellipticis in petiolum brevem alatum contrac- 907 JE. PLANCHON EX J. ‘HRHANA, ts, margine tenui non reflexo, integerrimis, nervo medio valido, lateralibus crebris obliquis subtus prominentibus, floribus in cyma spiciformi pedunculata paueis (sæpius 5) sessilibus (raro uno v. altero in axilla fol solitario), calyce 2-bracteato 4-phyllo, petalis… staminodiis 8-10 minutis dentiformibus cum loculis ovari totidem alternantibus, stigmatibus triangulari oblongis radiantibus. Nouvelle-Grenade, entre Quetame et Susumuco, alt. 4000- 1400 mètres (Triana). -Vulgo : Gaque ou Cape-cape. Fola inferiora ampla, cireit. 8 decnn. Jonga, 45 centim. lata, petiolo crasso subtus carinato margine ala crispa folii laminæ con- tinua aucto. Pedunculus communis ancipiti-alatus. Bracteæ ad basim florum inferiorum ovatæ, cireiter 3 centim. longæ, cæteræ multo minores. Sepala externa cireiler # centim. longa, ovato- orbiculata. Flos terminalis ebracteatus. AE. CLusra spaærocarra, Nob. — Ramis di-trichotomis epider- mide grisea vestitis, foliis elliptico-oblongis (longitud. 5-7centim.) apice rotundatis basi in petiolum marginatum angustatis chartaceis nervis secundaris obliquis nervo marginal connexis, pedunculis terminalibus brevibus trifloris fructiferis plus minus curvatis, floribus subsessilibus, bracteis calyeinis 2, sepalis A late orbiculatis, staminodiis cireiter 12 geminatis triangularibus dentiformibus, cap- sula baccata cerasi mediocris mole, sphærica, stylis 6 brevibus con- tiguis stigmatibusque totidem radiaüs coronata,6 locularis, loculis 2-ovulatis abortu monospermis, ovulis seminibusque pendulis. Pérou (Pavon in herb. Boissier). C’est peut-être à cette espèce que s'applique en réalité le nom de Dillenia rotundicapsula Pav., qui se trouve aflixé, par transpo- sition sans doute, à un exemplaire de Clusia rubescens. Les deux plantes sont tout à fait distinctes, tant par les feuilles que par la forme, l'apparence et surtout la structure interne des fruits. En effet, les loges du Clusia rubescens sont polyspermes, et celles du Clusia sphærocarpa monospermes par avortement de l’un des deux ovules. Ces ovules, du reste, aussi bien que les graines MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES, 909 qui leur succèdent, présentent l’arillode qui caractérise en partie les Clusia, et sont par là nettement séparés des ovules et graines non arillodées nt aritlées des Tovomita. - h2. Czusia ecuiprica, HBK., /Vov. gen. et sp., V, 199. Dillenia rubescens, Pav. mss. in herb. Boiss. Rami crebri, foliosi epidermide brunnea vestiti. Folia obovato- elliptica, haud magna, 5-8 centim. longa, apice rotundata, basi in petiolum brevem marginato-alatum siccitate crispum contracta, margine tenui revoluta, rigide chartacea, nervis lateralibus paten- tibus prominulis. Pedunculi terminales, triflori, fructiferi arcuato- reflexi. Fructus brevissime pedicellatus, ealyce ebracteato 4-phyllo stipatus, subglobosus, 6-locularis, 6-suleus, in stylos 6 rostri- formes valde diseretos productus. Semina in loculo quolibet 5-6 imbricato-pendula, staminodiorum sterilium -vestigtis sub fruetu vix ullis. Andes de Loxa, alt. 2065 mètres (Humb. et Bonpl.). — Pérou, Pillao (Pav. in herbb. Boiss. et Mus. Par.). Les exemplaires de lherbier de Pavon répondent par leur aspéct, par la consistance et la grandeur de leurs feuilles, à éeux de Bonpland, conservés au Muséum de Paris sous le nom de Clu- sia elhiptica. Mais les fruits peu développés de ce dernier sônt munis de longs styles rapprochés entre eux, tandis que les échan- tillons de Pavon portent des fruits presque arrivés à maturité, et surmontés de styles cornus parfaitement libres. Chez tous deux, les inflorescences sont très courtes ; mais elles paraissent légère- ment réfléchies dans la plante de Pavon. h3. Gzusra Pavoxir, Nob. (Dillenia magnicapsula, Pav.mss.)— Ramis erassis di-tricholome divisis, fohis orbieulato-obovatis apice rolundatis basi in peliolum brevem amplexicaulem marginato-ala- tum abrupte contractis coriaceis, nervo medio valido, lateralibus parallelis patentibus, cymis terminalibus crasse pedunculatis tri- floris, floribus sessilibus, sepalis 4 decussatis, petalis 5 calyce lon- gioribus, staminibus indefinitis in acervum conjectis subliberis(?), 264 J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. antheris linearibus muticis, staminodiis circiter 12 dentiformibus seminatis v, ternatis v. solitariis, ovario late ovato in rostra 6 crassa apice sligmate orbiculato coronata producto, fructu (immaturo) ovoideo-subgloboso 6-sulco 6-rostrato, loculis poly- spermis (?) Pérou (Pavon in herb. Boissier.) Évidemment du même groupe que l'espèce précédente, dont elle se distingue aisément par ses feuilles plus coriaces, plus larges (parfois presque orbiculaires), par ses pédoncules longs ct droits, ses pédicelles nuls, ses fleurs plus grandes, ses styles plus gros et continus aux lobes de la capsule. Nous aurions adopté volontiers le nom spécifique proposé par Pavon, si ce mot grandi- capsula avait pu s'appliquer à une plante dont le fruit, presque à maturité, n’atteint pas le volume d’une petite noix. C’est probablement à côté de cette espèce que se placera, lors- que ses fleurs seront connues, un Clusia nommé par Pavon (herb. Boissier) Dillenia magnifolia. D'après cet auteur, cette plante porte dans le Pérou, sa patrie, le nom vulgaire de Conutayoo de Iccutunam. Nous n’en connaissons que deux feuilles détachées dont la plus grande a 37 centimètres de longueur sur 24 de largeur. Leur forme est obovale; elles sont contractées en un pétiole ailé très court et très large, arrondies au sommet, à bord entier et légèrement réfléchi, de consistance coriace, à nervure médiane très proéminente en dessous, à nervures secondaires nombreuses, parallèles avec des veinules transversales. BA. CLusia THurIFERA, Nob. (Dillenia thurifera, Pavon, mss.) — Ramis crassis apice præsertim foliosis, foliis amplis (12-25 cent. longis) cuneato-oblongis basi in petiolum marginato-alatum am- plexicaulem sensim attenuatis apice rotundatis margine tenui integris chartaceo-coriaceis, cymis (fœm.) terminalibus à v. pau- cifloris contractis bracteatis, fructibus sessilibus calyce 4-phyllo stipatis, staminodus dentiformibus 7-8, capsula subglobosa 7-8- sulca apice in rostra totidem brevia abeuntia, 7-8-loculari, seminibus in loculo singulo pluribus (6 et ultra), imbricato- adscendenhibus obscure biseriatis. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 369 Vulgo : Arbol del incienso. Cet arbre, ainsi que l'indique son nom vulgaire, est un de ceux qui portent dans les colonies espagnoles de l'Amérique le nom d'arbre de l’encens. 11 doit produire en effet une exsudation rési- neuse qui brüle avec une odeur aromatique. Un produit analogue a été signalé chez des Clusia de la même section, et en particulier chez le Clusia multiflora du Quindiu. Au point de vue de l’organisation, 1l importe de signaler chez l'espèce la direction ascendante des graines, par contraste avec la direction descendante des mèmes organes chez le Clusia rubescens. h5. Czusra Larires, Nob. — Foliis obovato v. elliptico-oblongis brevissime et abrupte acuminalis v. apiculatis basisæpe cuneata in petiolum brevem latissimum alatum contractis coriaceis margine integro revolutis nervis lateralibus crebris parallelis utrinque pro- minulis, cyma terminal pluriflora pluries tricholtoma, floribus (femin.) parvis subsessilibus bibracteatis, calyce 4-phyllo, co- rolla..… staminodits 5 anantheris subulatis, ovario ovoideo-oblongo apice 5-rostro, rostris (stylis) apice stigmate ovato-orbiculato coronatis, ovulis in loculo singulo paucis adscendentibus. Nouvelle-Grenade, prov. du Choco, alt. 150 metres (Triana). Bracteæ parvæ, non coloratæ. Ovula in ovario accreto arillo- dio sacciformi amplo laxe involuta, arillodiis collateralibus 2-3 sæpe 1n unum COnnexIs. A6. CLusia PENTARHYNCHA, Nob.—Frutex erectus non pseudo-pa- rasiticus, foliis oblongo-lanceolatis acuminatis acutis basi acuta in petiolum angustum attenuatis rigide papyraceis subtus corpusculis nigris conspersis, nervissecundariis subtus præsertim pulchre pro- minentibus parallellis venis reticulatis, eyma spiciformi terminali pauciflora, floribus parvis, bracteis aurantiaco-rubescentibus , calyeis 5-phylli foliolis oblongis æque ac bracteæ coloratis, peta- lis... staminodiüs 5 triangulari-subulatis anantheris in annulum confluentibus, ovario 5-loculari 5-rostro, rostris (stylis) conico- cylindraceis stigmate oblongo pulviniformi terminatis, ovulis in loculo singulo paucis (3-5) biseriatis adscendentibus. 206 J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. Nouvelle-Grenade, prov. du Choco, alt. 4000 mètres, dans les bois (Triana). Plante très remarquable, surtout par ses nervures latérales relevées en lignes parallèles, par les corpuseules noirâtres dont la face inférieure de ces mêmes feuilles est parsemée, et, par ses brac- tées et calices vivement colorés. Les ovules adscendants rappel- lent ceux de l’espèce précédente. A7. CLusia PsEuDo-HaveTIA, Nob.—Ramis rubescentibus, epider- mide in pelliculas minatas transverse fissa, foliislate obovato-oblon- o1s (12-18 centim. longis, 6-8 centim. latis)basi in petiolum brevem latum cuneato-attenualis apice rotundatis margine tenuiter revo- lutis coriaceis nervis secundariis parallelis patentibus, cymis fœmi- neis terminalibus pedunculatis mulli- et confertifloris trichotome divisis, floribus subsessilibus bracteis calveinis 2, sepalis 4, stami- nodiis 4 triangularibus v. uno hine inde subulato plane anantheris capsulis ovoideis stylis 5 brevibas approximatis stigmatibusque totidem coronatis 2-3 centim. longis 5-locularibus, loculis biovu- lats abortu monospermis. Pérou (Pav. in herb. Bossier). Les staminodes triangulaires, dentiformes, au lieu de former une cupule, les ovules anatropes, les graines pourvuesd’arillode etnon d’arille, voilà des caractères qui, même en l'absence des fleurs mâles, suffisent pour distinguer cette plante du Havetia. D'ailleurs l’analogie avec le Clusia Ducu dont on connaît les fleurs mâles semble justifier l’admission parmi les Clusia, de ce type à loges monospermes et peut-être parfois uniovulées. h8. Czusia Ducv, Benth., PI. Hartw., p. 196. — Walp., ANR. L, 120. Equateur, Andes de Loxa (Hartweg, n 718). — Pérou. 5. Schlimiana, PI. et Lind. mss.— Foliis basi longius attenuatis. Nouvelle-Grenade, prov. d'Ocaña, alt. 1625 mètres (Schlim, n° 3h). MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 367 Calyx 4-phyllus. Petala 4. Filamenta staminum basi in andro- phorum connexa. Des exemplaires mâles et femelles de cette espèce, en tout semblables au type recueilli par M. Hartweg, existent dans l’her- bier de M. Boissier, avec l'étiquette suivante de Pavon : Clusia del Peru, de Pillao y Chincao, F. P., p. 261, c. I. (ces dernières abréviations signifiant probablement, Flora peruviana, p. 261, con lamina, c’est-à-dire avec planche). Voici quelques indications sur les caractères de cette plante péruvienne. | Folia obovata in petiolum attenuala, apice rotundata, raro et casu retusa. Cymæ masc. et fem, terminales, peduneulatæ, tri- chotomæ, mulufloræ. Flores parvi. Bracieæ calyeinæ 2, triangu- lari-ovatæ. Sepala 4, membranacea, margine pellucida. Petala 5, spathulato-oblonga, in unguem longtusculum latumque angusiata, extimo latiore. Stamina indefinita, sublibera, basi una tantum varie leviterque connexa, papillis 8-4 parvis (pistilli rudimentis ?) centro floris occultatis. FI. fœæm. Calyx corolla maris. Staminodia 6-8, dentiformia, triangularia, plane ananthera, singula v. gemi- natim cum ovarii loculis alterna. Ovarium ovoideo-oblongum, lageniforme, in stylos À rectos approximatos, basi confluenies sensin productum. Sligmala suborbiculata stylorum apices ves- tientia, Loculi 4 parvi. Ovula 2, angulo interno loculorum colla- teraliter appensa, anatropa, hilo famen à micropyle sat remoto, arillodio sacciformi involuia ; semina (matura non visa) in loculo quovis plerumque solitaria, raro gemina. Nous avons souligné dans la description le caractère des graines presque toujours solitaires dans chaque loge, par avortement de l’un des ovules. Ce fait de structure, assez exceptionnel chez le Clusia, se retrouve dans les Clusia sphærocarpa et pseudo-Havetia. Il prouve qu'on doit ajouier peu d'importance au nombre des graines chez les Clusiées,. | 368 S.-E. PLANCHON ET J. TRIANA, Species ob fl, fem. ignotos in sectione subdubiæ. h9. Crus? naveriomEs, Nob. (Tovomita havetioides, Griseb., of Brit. West. Ind. 1sl.,1, 106.) Jamaica, Wilson in herb, Hook. ex Griseb. — Purdie in herb. Hook et ex herb. Hook in herb. Planch. La similitude remarquable du port et des caractères {au moins des fleurs mâles) nous engage à rapprocher cette plante du Clusia Ducu. Elle ne saurait, ni par le calice, ni par l’androcée, appar- tenir aux T'ovomnita. Le nombre des sépales varie de 3 à 4; celui des pétales est de 5. Les anthères sont un peu plus courtes que celles du Clusia Ducu; mais elles s'accordent avec ces dernières par leur structure générale, étant formées de deux loges latérales à peu près parallèles entre elles et bordant un connectif étroit. La connaissance des fleurs femelles fixera la place définitive de ce type. 00. CLusia PoPAyANENSIS, Nob.— Arbor non pseudo-parasitica, foliis late elliptico-oblongis (circit. 10-15 centim. longis, petiolo 2-2 1/2 centim.) apice rotundatis basi in petiolum marginato-ala- tum contractis integerrimis coriaceis, nervo medio valido, laterali- bus crebris tenuibus patentissimis exsiccatione utrinque prominulis, pagina superiore nitida inferiore opaca exsiccatione rubescentibus, cymis terminalibus multifloris confertiuscule repetito-dichotomis, ramis infloresc. compressis, floribus parvis subsessilibus, calyce k-phyllo 4-bracteato, petalis 6, stamimibus androphoro brevi in fasciculum centralem congestis, filamentis brevibus, antheris linearibus muticis connectivo angusto loculis marginalibus rima dehiscentibus. Nouvelle-Grenade, prov. de Popayan, alt. 1500 mètres (Triana). 51. CLusia vorusizis, HBK., Vov. gen. et sp., V, p. 200. Nouv.-Grenade, Quindiu (Humb. et Bonpl. — Goudot in herb. Mus. Paris. — Triana). | F1. masc. Calyx tetraphyllus, foliolis decussatis. Petala5, æstiva- MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 969 tione imbricata. Stamina indefinita in centro floris dense congesta : filamenta libera, antheræ lineares, filamentis 2-3-plo longiores, erectæ, loculis angustis connectivum lineare marginantibus rima longitudinal dehiscentibus. 52. CLusia cassiNoibEes, Nob. — Ramis tetragono-teretibus, foliis oblongis (6-12 centim. longis) basi in petiolum non dilata- tum contractis v. sensim altenuatis apice rotundatis v. leviter emarginatis rigide chartaceis interdum margine subrepandis, nervo medio valido sublus prominente, lateralibus tenuibus parallelis oblique patentibus utrinque prominulis venisque reticulatis, cymæ terminalis thyrsoideæ sessiles v. breviter peduneulatæ ramis infe- ricribus trifloris, alabastris (ÎL. mase.) subglobosis, calycis 4-phylli foliolis subrotundis concavis, petalis 5, staminibus crebris in acervum congestis receptaculo prominenti insertis, filamentis brevibus, antheris linearibus muticis bilocularibus, loculis rima longitudinali dehiscentibus, staminodiis (fl. fœm.) dentifor- mibus (numero eorum non viso) anantheris, capsulæ cerasiformis 6-7-locularis valvis navicularibus, stylis brevibus obverse cuneato- conicis stigmate concavo coronatis, seminibus in loculo quovis pluribus (10-14) biseriatis horizontalibus v. horizontali-adscen- dentibus. Pérou, Cochero (Pavon in herb. Boissier). Ici décrit d’après deux exemplaires mâles en bouton et un exemplaire en fruit. Ce dernier doit, à en juger par toutes les apparences, appartenir au même type spécifique que les exem- plaires mâles. Nous n'avons pu y découvrir que des vestiges de slaminodes persistants à la base des capsules. La forme de ces staminodes et les autres caractères placent l'espèce dans la section Anandrogyne. 53. CLusta ManGue, L. C. Rich. mss.—Foliis sessilibus amplexi caulibus late obovatis obtusis coriaceis paralleli-nervosis, racemo flor. masc. terminali paucifloro, floribus sessilibus, bracteis calv- cinis 2 ovatis, sepalis 4 biseriatis decussatis ovato-oblongis, peta- lis 5 calyce longioribus, staminibus pluribus inferne monadelphis. 4° série. Bot. T. XIII. (Cahier n° 6.) 4 2, 379 J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. antheris linearibus muticis et submuticis, loculis connectivum angustum marginantibus. La Guadeloupe, sur la montagne volcanique de la Soufrière (L. C. Richard in herb. Franqueville). D'après le nom de Palétuvier de montagne que porte à la Martinique le Clusia venosa de Jacquin (non L.), on pourrait croire que cette espèce estidentique avec celle que nous décrivons ici. Mais la description de la plante de Jacquin ne justifierait en aucun point une telle détermination. L'espèce de la Guadeloupe est très remarquable par ses feuilles coriaces, sessiles, ses fleurs en grappe spiciforme, et bien que nous n’en connaissions pas le sexe mâle, ses caractères ne laissent guère de doute sur la place à lui assigner dans la section Anandrogyne. 5h. CLusia PsEunO-ManGe, Nob.—Foliis sessilibus amplexicau- hbus late obovatis obtusis coriaceis parallele nervosis, racemo spt- gïformi paucifloro, floribus sessilibus solitariis v. ternis non ma- guis, bracteis calyeinis 2 ovalis, sepalis 4 biseriatis ovato-orbi- culatis, interno orbiculato-elliptico, petalis 5 calyce longioribus, staminibus pluribus subliberis, filamentis anthera brevioribus, antheris linearibus muticis et submuticis, loculis linearibus con- nectivum angustum marginantübus. Mont Guayrapurima, Tarapoto, Pérou oriental (Sprace n° 4886). Tout à fait semblable au Clusia Mangle. I s’en distingue prin- cipalement par ses étamines presque entièrement libres, au lieu d’être assez longuement monadelphes; ou, si l’on veut s'exprimer plus exactement, parce que la partie staminifère du réceptacle y est de beaucoup plus courte que chez l’espèce de la Guadeloupe. Species non satis notæ. 55. CLusia RuPICOLA, Casaretto, Vov. Stirp. Brasil. decad., 61, n° 64. — Walp., Repert., V, 14h. Montagne des Orgues, près de Rio-Janeiro (Casaretto). D’après la localité de cette espèce, ainsi que d’après la des- . / MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES, 371 cription très incomplète qu’en a donnée son auteur, on pourrait la soupçonner d’être identique avec le Clusia fragrans, Gardn. Seu- lement Gardner attribue à sa plante quatre pétales; Casaretto en signale six chez son Clusia rupicola. 56. CLusia ILneronstana, Ach. Rich. mss (herb. Franqueville), pro parte, nempe quoad fruetum et exclus. specim. floriferis Clusia sp. Weddell Teon. inedit, n° 1830. C. frutex erectus, a basi, ramosus ramis paucis inferne denu- datis, ramulis apice parce foliosis, foliis brevissime petiolatis cuneato-obovatis obtusissimis coriaceis glaueis, floribus......, capsulis ad apicem ramulorum solitariis v. ternis breviter pedun- culatis fusiformi-oblongis leviter pentagonis, valvis 5 basi longius- cule attenuatis dorso coronatis, sub apice stigmate subsessili trian- gulari-ovato appendiculatis, endocarpio crustaceo crasso nitido, seminibus in loeulo quovis 8-10 biscriatis imbricato-pendulis oblongis arillodio aurantiaco involutis. Brésil, Rio de Janeiro (ldefonso Gomez, in herb. A. Rich. nune de Franquev.). — Restinga de Copa Cabana, environs de Rio-Janeiro (Weddell). Nous ne connaissons cette remarquable espèce que par un dessin inédit qu’a bien voulu nous communiquer M. Weddell, et par les fruits qu'Achille Richard avait rapportés par mégarde à des exemplaires florifères de Clusia Sellowiana. Ces fruits, dont nous avons décrit les principaux caractères, ont environ 5 centim. de long, sur un diamètre plus de deux fois moindre. Ils se distin- guent de tous les fruits de Clusia à nous connus par la consistance tout à fait crustacée de leur endocarpe, dont chaque valve, séparée des cloisons membraneuses qui l'unissent à la columelle, se pré- sente comme une espèce de barque allongée, légèrement arquée, aiguë et ouverte à sa partie supérieure ou stigmatifère, creusée en forme de nid de pigeon à sa partie basilaire, el marquée à sa face interne de légères dépressions produites par la saillie des graines. Cette face interne elle-même, vue sous la loupe, présente des | _stries transversales flexueuses, excessivement fines, mais sans 312 J.-E, PLANCHON ET J. TRIANA, traces des profondes rides transversales qui se remarquent sur l’endocarpe crustacé du Quapoya pana-panari d'Aublet. Nous n'avons pu retrouver à la base de ces capsules aucun vestige des staminodes, n1 des pièces florales. Les notes de M. Weddell signalent le Clusia dont il est ici question, comme l’une des plantes caractéristiques de la végétation du Restinga de Copa Cabana, près de Rio-Janeiro (voy. sur cette végétation singulière des Restinga Weddell, Ann. des sc. nat., sér. 3, L'XIL, p. 43). Le Clusia fldefunsiana y forme un arbuste haut d’un mètre au plus, à branches dénudées, à rameaux terminés par un petit nombre de feuilles épaisses et glauques qui s’étalent souvent dans un plan presque horizontal. Autant qu'on peut en juger d'après le fruit, le Clusia Tldefon - siana se rapprocherait plus du Clusia alba, L., que de tout autre type du genre. Mais la connaissance de ses fleurs est absolument nécessaire pour lui assigner une place dans le genre si polymorphe des Clusia. I ne serait pas impossible que ce fût l'individu femelle du Clusia fragrans, Gardner, où du Clusia rupicola, Casaretto. 57. CLusra suBsessicis, Benth., Bot. of Sulph., p. 72. Colombie, Atacamas (D' Sinclair. M Bentham ditavoir cherché vainement chez les fleurs femelles de cette espèce les traces des étamines. I] est possible que les stami- nodes manquent en effet complétement, ou qu'ils soient réduits à des dimensions assez petites pour échapper aisément à l’obser- vation. Nous sommes tentés de rapporter à ce Clusia subsessilis un exemplaire imparfait de l’herbier de Pavou (in herb. Boissier), qui porte l'étiquette suivante : « Clusia vernacule Mangle, F. H., n° 405 L. 653, 1805, F1. Huayaquil, herb. Pav. » Le fruit unique de l’exemplaire en question, long d'environ 5 centimètres (peut- ètre avant sa maturité complète), est à peu près de forme oblongue, et présente sept valves, portant chacune un stigmate terminal, triangulaire, à surface légèrement concave. Les graines. nombreuses, sont horizontales ou légèrement ascendantes. Les MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 3718 restes d’un calice à quatre (?) pièces sont réfléchis à la base du fruit. On distingue vaguement des traces de staminodes larges, triangulaires-arrondis, charnus, dépourvus de toute anthère. Les feuilles cunéiformes-obovales présentent des nervures obliques et parallèles. 98. CLusia Nurans, Nob.— Glaberrima, ramis alato-tetragonis, folis sessilibus cuneato-obovatis obtusissimis margine integro tenui leviter reflexis coriaceis, nervo medio valido, lateralibus cre- bris parallelis obliquis venisque prominentibus, cymis terminali- bus repetito-trichotomis , ob pedunculum basi subrefractum nu- tantibus, floribus (femin.) breviter pedicellatis pro genere parvis, calyeis bibracteati 4-phylli foliolis 4 orbiculatis, petalis 5-6 orbi- culatis concavis caducis, disco cupuhformi lato integro ovarium amplectente, ovario subgloboso stigmatibus circiter 42 radiatis coronato, loculis pluriovulatis, ovulis subhorizontaliter dispositis. Nouvelle-Grenade, prov. de Barbacoas, alt. 150 m. (Triana). Folia cireiter 10-12 centim. longa. Bracteæ ad basim ramorum inflorescentiæ parvæ triangulari-ova'æ complicatæ dorso carinatæ. Calycis foliola 4 decussata late imbricata, internorum duorum altero majore latiusque membranaceo. Petala 5-6. Discus cupuli- formis ovarii basim cingens, materia resinosa repletus. Ovarium depresse globosum circiter 12-loculare. Ovula plurima loculorum angulo interno affixa, obscure biseriata, horizontalia, anatropa, teeumento externo membranaceo, exostomio in arillodium cupu- lhiforme reflexum margine erosum expanso. L'absence de fleurs mâles sur nos exemplaires de cette plante en laisse les affinités douteuses. Il est possible qu’elle rentre parmi les Retinostemon. 59. CLusia peTIoLarIs, Nob. — Arbor erecta non parasitica slaberrima nitida, foliis late obovato-oblongis (12-18 centim. lon- gis, 5-8 centim. latis) sæpius obtusis basi in petiolum longum (3-h centim.) attenuatis margine tenui leviter revoluto integris v. obsolete repandis rigide chartaceis, nervo medio subtus promi- nente, venis crebris tenuibus exsiccatione magis supra quam infra 974 J.-E. PLANCHON EF 3. TRIANA. prominulis, evmis (fl. femin.) terminalibus plerumque trifloris autantibus pedunculatis, peduneulo pedicellisque subpollicaribus, calycis bibracteali 4-phylli foliolis biseriatis decussatis subæqua- hbus membranaceis, petalis 5 subrotundis concavis basi in un- ouem latum brevem contractis carnosulis roseo-albis, staminodiis in cupulam coriaceam ovarium laxe cingentem connatis, stigma- tibus 5 subrotundis peltatis. | Nouvelle-Grenade, entre Susumuco et Villavicencio, dans les andes de Bogota, alt. 400-1000 m. (Friäna). Les feuilles de cette espèce sont remarquables, sur le sec du moins, par des lignes de couleur brune, qui, légèrement sinueuses et de loin en loin ramifiées, s’avancent la plupart de la nervure inédiane jusque vers le bord du limbe, en croisant obliquement les nervures secondaires, sans se confondre d’ailleurs avec elles. On voit des lignes pareilles chez un très grand nombre de Gutti- fères ; mais elles sont très souvent plongées dans un parenchyme épais et opaque qui les dissimule à la vue, surtout pendant que la feuille est fraiche. Des fragments de quelques millimètres de ces cavités vasculiformes ne nous ont offert, chez le Clusia petiolaris, aucune trace de cloison. | S'il est permis d’en juger en l'absence des fleurs mâles, le Clu- sià peholaris rentrera peut-être dans la section Phlæanthera. 60. CLusia Rabicans, Pavon (pro parte). — Pseudo-parasitica, radicibus aereis prædita, ramis tetragono-teretibus, foliis petio- latis lanceolato-elliptieis bast acutiuseulis apice acuminatis acutis (6-8 centim. longis, 4-5 centim. latis) integris coriaceis, nervo medio prominente, lateralibus obliquis subtus præsertim prominu- lis, inflorescentis..…… foribus {mase.) parvis, bracteis calycinis 2 ovalis, sepalis 4 biserialis orbiculatis, petalis 5, staminibus pluri- bus (30-40?) margine receptaculi in cupulam leviter expansi in- sertis obscure 2-3-seriatis, filamentis brevibus, antheris cuneato- linearibus muticis, loculis 2 connectivum latiusculum marginan- libus laterali-introrsis rima longiludinali dehiscentibus. Pérou, Chacahuassi (Pavon, ann. 1787, ex herb. Boissier). MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. 519 Rami epidermide rubeseenti-fusca vestili, hiné inde radicibus aerels, eracilibus, simplicibus instrueli. Alabastra mase. paullo ante anthesim Piso majora, subglobosa. Pisulli rudimentum nul- lum. Voisin des Criuvopsis par la structure des étamines, il en dif- fère par les sépales au nombre de quatre, au lieu de cinq. Il s'éloigne d'autre part des Clusiastrum par le nombre de ses pé- tales, cinq au lieu de quatre. Sous le nom de Clusia radicans del Perta, Pavon a désigné une autre espèce très différente de celle-e1, espèce que uous nous abstenons de décrire, parce que les fruits et les fleurs femelles imparfaits qui y sont rapportés dans l’herbiër Boissier sont com- plétement détachés des tiges feuillées, ét pourraient ne pas leur appartenir. GT. CLusia Leprara, Mart., Nov. gen., LE, 165. Brésil septentrional (de Martius). 62. CLusia PsEuDO-Cnina, Poepp. et Endl., Vov. gen. et sp., WU, Busta. Pérou (Poeppig). 68. CLusia BICOLOR, Mart., /. c., p. 165. Brésil septentrional (de Martius). Ces trois espèces sont trop incomplétement décrites pour qu’on puisse rien préjuger quant à leurs caractères et à leurs affinités. On pourraiten dire autant des Clusia alba, flava et rosea, signalés par M. de Martius au Brésil, et qui doivent être différents des vrais types linnéens connus sous ces noms. Species a genere Clusia exclusæ. Clusia leucantha, Sehlecht. in Linn., VIE, p. 166. Nous verrons plus loin que c’est un T'ovomita el non un Garei- nia, comme l’a cru Choisy, qui l’a rapporté avec doute au Garcinia _brasihensis, Mart. 976 J.-E. PLANCHON ET J. TRIANA. Clusia sessilis, Forst., Prodr., n° 391. L’'exemplaire authentique de Forster {in herb. Mus. Paris) est malheureusement dépourvu de fleurs. Ses feuilles semblent indi- quer une Guttifère, mais douteuse quant à la section. En tout cas, la plante est bien différente du Clusia sessilis, Hook. et Arnott (in Bolany of Beechey's Voyage) non Forster. Ce dernier a été re- connu par le professeur Asa Gray comme une vraie Diosmée (Palea clusiæfoliu, À. Gray, Char. of some new gen. of pl. mostly of Polynesia, p. h, ann. 1853). Clusia pedicellata, Forster, L. c., n° 390. Nouvelle-Calédonie (Forster). Rapporté dubitativement par Choisy (in DC., Prodr., 559) au Clusia flava, L. 11] va sans dire que cette détermination est con- traire à la vérité comme à-toute raison d’analogie. L’exemplaire authentique de Forster que possède l’herbier du Muséum est privé de fleurs, et ne peut se rapporter aux Guttifères que d’après le facies. C’est plutôt une Garciniée qu’une Clusiée, ces derniéres appartenant toutes à l'Amérique. Clusia galactodendron, Desvaux, in Ann. des sc. nat., 2° sér., t. XVIU, p.313, tab. VIIL fig. 2. Caryaca, Venezuela. D'après la figure évidemment très imparfaite de la plante (un rameau stérile seulement), ce n’est probablement pas une Guttifère. (La suite à un prochain numéro.) DESCRIPTION DE TROIS ESPÈCES NOUVELLES DE CYPRÈS CULTIVÉES DANS LE JARDIN BOTANIQUE DU MUSÉUM DE FLORENCE Par M. PHIL. PARLATORE Î. —— CUPRESSUS GLOBULIFERA, Parl. Arborea ; coma subpyramidali, effusa ; ramis confertis, horizon talibus, inferioribus subpendulis, ramulis primariis valde elongatis pendulis, secundartis subdistichis compresso-tetragonis ; folns obscure virentibus, minutis, ovatis, obtusis, dorso convexis, arcle adpressis, quadrifariam imbricatis ; strobilis ad basin ramulorum primariorum subsolilariis, peduneulo brevissimo squamoso erec- tis vel horizontalibus, exacte globosis ; squamis 9-10, inæqualibus, dorso convexis, medio mucronatis, mucrone brevissimo obtusis- simo ; seminibus sublenticularibus, apice rotundatis, margine an- guste alatis. Patria ignota. Probabiliter ex Oriente allata; colitur in Horto botanico Musæi Florentini. Arbor 35-40 pedes alta, coma subpyramidali, effusa. Rama a basi ad apicem conferti, inferiores subpenduli, reliqui horizontales ; ramuli pri- marii valde elongati, penduli; ramuli secundarii compresso-tetragoni, uti folia obscure virentes. Foha minuta, arcte adpressa, quadrifariam imbri- cata, ovata, obtusa, dorso convexa et subcarinata, eglandulosa. Strobih plerumque solitarii ad basin ramulorum primariorum quandoque approxi- mati, peduneulo brevissimo suffulti, erecti vel horizontales, exacte glo- bosi, minores quam in C. horizontal et pyramidali, fere fructus Mes- pili communis magnitudine, cinereo-plumbei. Squamæ plerumque 10, dorso convexæ, in medio mucronatæ ; mucrone in fructibus maturis per- sistente, brevissimo, obtusissimo. 378 PH, PARLATORE. À Cupresso horizontali et sphærocarpa habitu, ramulis prima- riis valde elongatis pendulis, foliis saturatius virentibus, strobilis subsolitartis , ab horizontali strobilis globosis et a sphærocarpa squamarum mucrone minus prominulo et obtusissimo præcipue differt. IT. — CUPRESSUS SPHÆROCARPA, Parl. Arborea ; Coma Subpyramidali, éffusa, ramis horizontalibus ascendentibusque, inferioribus subpendulis,. undique ramosis, ramulis primarns subpendulis, secundariis patulis, subtetragonis ; foliis obscure virentibus, ovatis, obtusis, dorso carinatis, eglandu- losis, arcte adpressis, quadrifariam imbricatis ; strobilis ad apicem ramulorum primariorum glomeratis, peduüneulo brevissimo squa- moso subpendulis, globosis; squamis 11-12, subinæqualibus, dorso convexis, medio mucronatis, mucrone brevissimo, obtu- siusculo ; seminibus sublenticularibus, apice rotundatis, subemar- ginatis, Submucronulatis, margine angüste alatis. Colitur in Horto Bot. Musæi Florentini ubi nunc 70 pedes alta. Ab affini Cupresso horizontal facile dignoscitur coma magis effusa, ramis numerosioribus, longioribus, ascendentibus, ramulis prinariis subpendulis, strobilisque globulosis magisve etiam in maturitatée mucronatis. Cupresso globuliféræ strobilorum forma et tagnitudine proxima sed àb illà præsertim habitu, rmis ramu- lisque omnino diversa. IT. — CuPREsSSUs UMBILICATA, Parl. Arborea; coma conica, stricta ; ramis conferlis, erécto-patenti- bus, ramulis patulis, tetragonis ; foliis obscure virentibus, ovatis, obtusis, dorso convexis, arcte adpressis, quadrifariam imbricatis ; strobilis ad apicem ramulorum primariorum subsolitariis; peduh- culo brevissimo pendulis, subglobosis ; squamis sub:10, sübæqua- libus, dorso umbilicatis, ibique in medio muücronatis, mucrone lato, obtusissimo, brevissimo ; seminibus sublenticularibus, äpice rotundatis, Submarginatis, mucronatis, margine anguste alatis. Pätria ignota. Colitur in Horto Bot. Musæi Floréntini, vulgo dei Semplici. DESCRIPTION DE TROIS NOUVELLES ESPÈCES DE CYPRÈS. 979 Arbor excelsa, subquadraginta pedalis, Cupressi pyramidalis facie ; coma stricta, conica, acuta. Rami conferti, erecto-patentes. Folia arcte adpressa, quadrifariam imbricata, squamiformia, ovata, obtusa, dorso- convexa, eglandulosa. Strobili subsolitarñ, penduli, subglobosi, paulo- minores quam in Cupresso globulifera, et viridi fuscescenti varii. Squamæ sub 49, subæquales vel duæ supremæ minores, latæ, suborbiculares, irre- _gulariter angulalæ, inferiores ad basim umbilicatu sulcatæ, reliquæ pro- funde lateque umbilicatæ, ibique in medio mucronatæ, mucrone lato brevissimo obtusissimo. Squamæ dehiscentes exsiccato-lignosæ, subpa- tulæ, dorso minus umbilicatæ et cinereæ, antice castaneo-fuscæ. Semina ejusdem coloris, sublenticularia. | Species ab omnibus affinibus strobilorum forma, squamisque in medio umbilicatis omnino diversa. Speciés novæ quas nune describo, ad sectionem hujus generis sub Cupressorum maecrocarparum nomine instruendam pertinen- tes; omnes probabiliter in Oriente indigenæ et cum Cupresso py- ramidali aut horizontal hactenus confusæ, Alia Cupressorum sec- tio species microcarpas amplectitur ut Cupressus torulosam, lusi- tanicam, funebrem, Govenianam aliasque præsertim americanas. Utræque sectiones habitu, foliorum strobilorumque characteribüs facile disunguuntur. DESCRIPTIO SPECIERUM NOVARUM, AUCTORE l'h. de HELDREICH. [. — CampanuLaA LEUKVEINN, Heldr. ( Sect. Medium ). \ C. perennis, radice brevi ecrassa cCaules floriferos rosulasque -foliorum steriles edente, Lola pilis albis brevibus ad folia adpressis . secus caules patulis in folidrum pagina inferiori ramulisque den _Sissimis incano-pubescens, caulibus adscendentibus inferne parce fohosis a medio ramulos axillares subsecundos apice unifloros sur- 380 ‘FH. DE HELDREICH, sum sensim abbreviatos gerentibus, foliis rosularibus ovato-oblon- gis obtusis irregulariter crenato-dentatis hine inde breviter lobu- latis undulatisve basi inæqualiter reniformi-cordatis in petiolum eis subbreviorem breviter attenuatis, caulinis ramulos floriferos superantibus late ovalibus, inferioribus in petiolum æquilongum breviter attenuatis, superioribus in petiolum brevem spathulato- decurrentibus, summis eximie trinerviis basi lata spathulato-semi- amplexicaulibus, floralibus ovato-oblongis oblongisve sessilibus calyei sabæquilongo arcte approximatis, lobis calvcinis late ovato- acuminatis trinerviis corolla plusquam dimidio brevioribus patulis in fructu elongatis squarrosis, appendicibus obtuse triangularibus lobis dimidio brevioribus, corollæ pallide cæruleæ amplo-campa- nulatæ extus secus nervos tantum setosæ ore parce ciliato-barbatæ lobis brevibus basi latissime triangularibus, stigmatibus 3 v. hinc inde 4-5 corolla quarta parte brevioribus, capsula triloculari bæmisphærica appendicibus valde mflato-auctis reliculato-nervosis occultata. Habitat in Eubœa septentrionali ad rupes præruptas supra Oro- bias (Ogobrar, Pobiais hod.) et prope Ægianako ad montem Kaval- lari, alt. 500-1500" cire. ubi æstate 1843 detexit cl. et am. Leukvein. Culta in villa Leukveini prope Kephissiam Atticæ luxuriose viget abundanterque hoc anno floruit et fructificavit. Flor. Jun.-Aug. Species insignis, habitu €. tomentosam et C. peluiformem simulans, distinctissima tamen foliorum forma et indumento, capsula trilocular: alis- que notis. Caules pedales, folia rosularia cum petiolo 3-4 poll. longa, 2 poll. lata (petiolo 1-1/2-bipollicari); corolla sesquipollicem longa ampli- tudine corollæ C. Medii. IT. — CENTAUREA NiepEri, Heldr. {Sect. Chrolophus, DC.) C. perennis multicaulis tota niveo-tomentosa, lana demum hinc inde araneoso-detersili, collo lana densa vestita, caulibus erectis adscendentibusve angulato-striatis foliosis a medio parce ramosis, ramis erecto-patulis monocephalis subcorymbosis, foliis radicali- DESCRIPTIO SPECIERUM NOVARUM. 581 bus et caulinis inferioribus longe petiolalis pinnatipartitis, seg- mentis inæqualibus inter se remotis, alisque minoribus intermixtis apicem folii versus plus minusve confluentibus, oblongis v. oblongo- lanceolatis obtusiusculis sæpius basi paucidentatis lobulatisve, ter- mioali vix majori, fois caulinis superioribus sessilibus basi utrin- que 2-3-auriculato-lobatis pinnatipartitis segmentis paucis, saummis capitulo valde approximatis oblongo-lanceolatis sæpe integris, in- volucri subglobosi squamis pallide virentibus striatis glabris v. parce subaraneosis in appendices productis coriaceo-membra- naceas erecto-patulas squama longiores ovato-triangulares medio stramineo-flavicantes v. in nonnullis fusco maculatas subdecur- rentes pectinato cillatas, apice seta exil appendice æquilonga attenuato-aristalas, ciliis lateralibus albis divergenti patentibus diametrum appendicis superantibus, squamis interioribus longio- ribus linearibus in appendices breves ovato-spathulatas scariosas plus minusve cillato-laceras apice brevius aristatas abeuntibus, flosculis purpurascentibus marginalibus neutris radiantibus, achæ- nus jumoribus pallidis adpresse puberulis, pappi candidi setarum serie exteriori achænio parum longiort, interiori et breviori. Habitat in rupibus calcareis Ætoliæ regionis inferioris prope Misolongi (Mecohdyyuv) ubi maio 1860 detexit et mihi amicissime communicavit cl. Dr. Nieder de historia naturali Ætoliæ Acarna- niæque bene meritus. Species insignis, habitu et indumento Centauream Musarum, Boiss. et Orph. vel C. Busambarensem Guss. haud male referens, sed involucri appendicibus egregie pectinato-cilialis aristatisque amplis eas C. Balsa- mitæ Lam.,et C. coronopifohiæ Lam. simulantibus distinctissima et inter Chrolophi species affinitate dubia nulli mihi notæ proxima. Caules plerumque pedales rarius 9-pollicares v. sesquipedales 2-10-cephali, folia radicalia et caulina inferiora cum petiolo 6-8 pollicaria medium versus 4 1/2 pollices lata, capitula ea C. Cinerariæ Linn. æquantia, involucri squamæ mediæ cum appendice 5 lineas longæ, appendices cum ciliis explanatis 2 usque 2 1/2 lineas dimelientes squamas omnino occultantes, aristæ terminales acutissimæ in capitulis evolutis 1-1 1/2 lin. longæ, in florentibus sæpe labescentes. 382 TN, DE HELDREICH. IT. — Marria Scamipru, Heldr. = M. perennis, cæspitosa, tota lanugine densa in peduneulis caly- cibusque longiori incano-tomentosa, caulibus pumilis à basi dense foliosis, foliis omnibus angustissime lineari-spathulatis acutis sur- sum sensim abbreviatis erectis, corymbo densifloro, peduneulis calycem æquantibus vel vix superantibus, calycis fere vel ad basin usque fissi lacinis anguste linearibus obtusiusculis, corollæ luteo- purpurascentis calvce vix duplo longioris lobis lineari-spathulatis rotundatis tubo fere dimidio brevioribus erectis, fornicibus pro- xime sub apice tubi insertis ovato-triangularibus obtusis glabnis, antheris corollæ lobos subæquantibus, stylo longe exserto, nu- Habitat in rupestribus calcareis reg. superioris montis Dirphyis Eubœæ (m. Delphi bod.) alt. 3780 ped. supra mare, ubi florife- ram legit cl. 20 Mai 4860 el. et aim. J.-F. Jul. Schmidt speculæ astronomicæ Athenarum præfectus, rerum naturæ studia inde- fessus indagator, eruditus et perspicax. Species affinis Mathæ grœcæ Lh. DC. (Binderæ grœcæ Boiss. et Heldr.) sed mdumento lanuginoso (nec argenteo-sericeo) caule folioso foliis angustissimis (Helichrysi Stæchadis instar) optime ab ea distineta videtur, quanquam fructus adhuc ignoti sint. Caulis in specimine unico h pollicaris corymbo terminali multifloro (cire. 30). Folia inferiora 1-1 4/2-pollicaria, apicem versus semilineam lata. Corolla 4 lineas longa. FIN DU TREIZIÈME VOLUME. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. Études mycologiques sur la fermentation, par M, Hermann Horrmans. . 49 Recherches sur la matière colorante verte des feuilles, par M. E Freuy. 45 Note sur l'origine et le mode de formation des canaux périspermiques dans la graine des Marantacées, par M. Arthur Gus. . . . . . 96 Du développement de la fécule, et en particuher de sa résorplion dans l'albumen des graines en germination, par M. Arthur Gris. . . . 406 Recherches sur la distribution des matières minérales fixes dans les divers organes des plantes, par M. L. GarReau. . . . . . . 445 De maculis in plantarum vasis cellulisque lignosis obviis, auctore Her- mann SCHACHT . . . MP Poe ME ER AS 20 Sur la formation des zoospores ts quelques Champignons, premier mé- moire, par M. A. pe Bary. . . : énth-n0À : . 236 De la vie sexuelle des plantes et de la Nr par M. Erolri . 252 Observations sur la germination du Miltonia spectabilis, par M. Ed. Prir- PEUX - ! * à DR Ml ue © à . dns ns PERS Expériences sur 1 effets 4 gaz narcotiques et Vire sam sur les plantes, par: M... lohn S\ Lmgsten. | QD . gousiagnet situe e0upt100997 MONOGRAPHIES ET BESCRIPTIONS DE PLANTES. De quelques Sphéries fongicoles, à propos d'un mémoire de M. Antoine de Bary sur les Nyctalis, par M L'-R ToLASNE . . . . . . . 6) Revisio Selaginellarum bortensium, auctore A. Braun. . . . . . . 54 Index seminum in horto botanico PER Barcinonensis, auctore Ant. Cip. Cosra. : PARU LOS + en SNS Mémoire sur la famille des Guttifères, par MM. J.-E. Praxcuon et ET. A TS RS SF e ant os CS RE Description de trois espèces nouvelles de Cyprès cultivées dans le Jardin botanique du Musée de Florence, par M. Phil. PARLATORE. . . . 377 Descriptio specierum novarum, par M. Th. de HeroreicH. . . . . 379 FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Primitiæ Floræ amurensis. Nova genera Cucurbitacearum, auctore Carol. ONG 0 à oO à . 7 0 , 00 6 000 ot 6m te mm Po Er qe re rte re — ccm rares tr = 2 ee TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS. ! | 1 Bany (Ant. de). — Sur la forma- | sexuelle des plantes et de la tion des zoospores chez quel- parthénogénèse. . . 252 ques Champignons. Premier Livinésron (John). __ Expérien- mémoire. .. . . . . . 236] ces sur ie effets des gaz nar- Braux (Alex.).— Revisio GR | cotiques et caustiques sur les nellarum hortensium . . 5%] plantes . . ue sos 1t1R0R Costa (Ant. Cip.). — Index se- | Maximowicz (Car. Joh ). — Pri- minum in horto botanico ar- | miliæ Floræ amurensis. Nova chigymnasii Barcinonensis. . 403) genera Cururbitacearum . . 95 Freuy {Edm.). — Recherches ParcarTore (Phil.). — Descrip- sur la matière colorante des | tion de trois espèces nouvelles feuilles. _. . . . .. . 45| de Cypres cultivées dans le Garreau (L ). — Recherches sur Jardin botanique du Musée la distribution des matières de'llorenCe. * 4. one els minérales fixes dans les divers Praxcuox :J -E.). — Mémoire organes des plantes. . . 145] sur la famille des Guttifères. 306 Gris (A. thur) — Du développe- Prizuieux ( Edouard. — Obser- ment de la fécule, et en parti- vations sur la germination du culier de sa résorption dans Miltonia spectubilis. . . 288 l'albumen des graines en ger- ScHacur ( Herm.). — De macu- mination. . .. 406! lis in plantarum vasis cellulis- Heupreicu (Th. de). — _ Descrip- que lignosis obviis. . . 249 tio specierum novarum. . . 379 |TRiana (José). — Voy. PLANCHON. Horrmanx (Herm.)}— Études my- Toasne (L.-R.). — De quelques cologiques sur la fermentation, 19] Sphéries fongicoles, à propos Karsten (Herm.). — De la vie d'un mémoire de M. Ant. de Dary.., mures ot 0. EE —_—— ———"—"—— —— —_————"——————"———_——_—— — — —— ——— _— — _————_—_—_— — — TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. 4 à 8. Développement et résorption de la fécule. 9. A, Vaucheria; B, fibres poreuses. 40. Cœlrbogyne ilicifolia. A1. Cœnogonium andinum. 42. Poils et épiderme. 13. Pero:ospora devastatrix et Cystopus. 44. Germination du Mittonia spectabilis. 15 et 16. Guttiferes-Clusiées. FIN DE LA TABLE. Bot. Zome 13. PL 1. Furet Ft û A) QU He d i nn Er pa Te com 6 ei Ras ‘ ne an apr nn AM7< Douliot se. WAemond tmp.r. Frelle-Estrapade 15, Larvs . Pot. Tome 13, MT Doultot sc, Ê NN ARemond ürp.r. Viele-Estrapade, 15, Zaris . pis 4'°Serce. Por. Tome 13. PL; À. fe, Développement et résorplion de Le le , ; ” Pol. Tome 13. PL. 4. Den Tue. 2 ent M" Doulot se Developpement eÉ resorplion «de la Zecale. NV, Rlemond Impr. Vieulle-Estrapaude, 18, Larur. RL RS à dissts … et assé di sh AËL ds ma TNT CT Ann.des Setenc. nat. 4° Serie. Pot. Tome 13. LL. 8. Cris ad camn.,luc. del, M! Pouliot sc. Developpement el r'ES0rP on de La J'ecale ; | WAemond imp. r. Vielle-Ectrapade, 15, Phrés. Ann. des EN rat. 4° Serie. Dot. Lome 13. LL. 0! 2 CEST 8 NP ton. a 50 «0% d À. LITRES £ . / CA Es SsT Le A. Cris ad cam.luc.del. M Pouliot sc. Developpement cl resorplion ee x : fecale L W Aemond imp. r. Vreille-Estrapade, 15, Jarus. Ann. des Seterc.nat. 4°Serte. Dot. Tome 13. FL,7. Pr. 29. 30 , =. CELA? 30 ; : ER 72 33. CARE UE 2 _. y o) De / | Le DA, KE 4 29 CN (7 € es =) 0 7, NN PA ENV À. ris ad cam. luc. del, M*Poulot se. PDevelorpernt enl et r'Csorp lon de la Lecule . D. Remond ump. r. Vieille -E'strapade, 15, l’arts Ann.der Science. ral. 4° Serre. Bot. Tome 18. 71.8 I Doutliot sc. Developpement el resorplion de la fecule. N, Rémond zmp.r. Welle -Estrapade 15, Lars. * var F .K MINE CET. à | ” re LS “ h \ AA" COAAS : + ni — » ? ! . À # RE , : % + : J LR E 4 Es p 7 - j | RP PONT ON PORT PONT PURE PORT CU ee ee ” il , ) “ ; Ann.des Jezenc.nat. Z‘Serte. Bot. Tome 13. Pl. g. AM Douliot s A Vaucherta . B, /7ôres POTCUSES. Remond unp. r. leille- Hstrapade,15, a l’arir . ÆAnn.desr Science. nat. 4° Serce . Bot. Torme.13. PL, 10. M LA 4 LL Casldogune alor Sun A Augo Zroschel se Le D : Le t re HE tre: { ; rs Ap { : =. F1 = st . JF SE Ce + Hs +2 les he ») | » 4 e .* & pi % Vd ARE - LA =. À = 2r ie L Pi % 4 Er CL < lt. 4 ‘ n = ‘ à 2 5 Ag » _ « y e Ps, 0] * < é we , ; à « J 2Y 73 J « x , . 4 ï nl 4 È — » 46 si EE D Ce = L' L & ST . - Le F 4 ce D » 5 pt % … cu L \ 3 LES TO + > # L + , ë 2 « ». . r À + < SU . Le * +, ” TonLelrT,; PL:'74 Bot. Ænn.des Jtienc nat. 4°SJerre. Tue Troschel del et st . LIRE 5 2: COROGORUUTN LD Zome13. PIL.r2, Pot. Ann.des Serenc. nat. 4° Serte. MT Douliot sc. L. Garreau del. Potlr Æprderme À NN, hemond 2772 r. Veille-Estrapade, 1£, Larts. F: < D Sac nat. Z4°Sertre. | Bot. Tome 13. LL. 13. | AdeD. del. MT Doutiot sc. Leron ospora devastalrir. et Cystop US. WhRémond imp. 7. Pieille-Lstrapade, 15, Luris Ann.des Sezenc.nal. 4° Serte . Bot. Tome 13. FE, 14. Ld.l/rilieux del. M Doukot sc. Germination du Millonta. LT. Wfemond imp r. Vralle-Lstrapade, 15, a Lurte. x \/ MUSr - OT : | ; Ann .des Seienc, nat. £°Serre, Bot. Tome 13. PL, 15. APP. et, M? Douliot ve. Gulliferes - (lustces . D. Rémond tmp. r, Wieille-Estrapade, 15, Larts. set dé Bot. Zome 13. PL, 16. Ann.des Sctenc.nal. 4° Serre . M Douliot sc. JE.P. del. CG. ulliferes — (lustées. NV. Remeond tmp... Veille -Litrapade, 15 Lares.