en Vu. < ES 7 Ter à LI ET 2 à De ns Te Vds Me GR ne ce de ronde. Æ Cu CPE me Ge em om TT qe Dm à 6 Et ue F | TRE ANNALES DES SCIENCES NATURELLES QUATRIÈME SÉRIE a BOTANIQUE ere QUI En AN Paris, — Imprimerie de L. MARTINET, Tue Mignon, 2. COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE L’ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉE DES DEUX RÉGNES ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES . RÉDIGÉES POUR LA ZOOLOGIE PAR M. MILNE EDWARDS POUR LA BOTANIQUE PAR MM.-AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE D QUATRIÉÈME SÉRIE BOTANIQU TOME XVIII PARIS VICTOR MASSON ET FILS PLACE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE 1562 Wa Us LE | ne | ‘ LR “Bain ro [Ra ACTA OU Ya TNA | er va zou: à ni LOST PRE ANT ae À AE J CT e af LA. Re" virent | | aiAL UE dE | Nade: 0 r LL MALI 0 TA En, TAN: dy M APN NCIS ANNALES SCIENCES NATURELLES PARTIE BOTANIQUE MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES, Par M. Casimir DE CANDOLLE. Une véritable monographie des Juglandées présenterait d’assez grandes difficultés. Le mauvais état et l’insuffisance des échan- üillons d’herbiers, le petit nombre d’espèces cultivées en Europe, représentées d’ailleurs par quelques individus isolés, la lenteur de la végétation d'arbres qui ne fleurissent qu’à un âge avancé, toutes ces circonstances rendent difficile l’étude complète d’une famille encore Si peu connue. Occupé depuis assez longtemps de sa révision pour le vo- lume XVI du Prodrome, j'ai eu sous les yeux quelques-uns des principaux herbiers d'Europe (du Muséum de Paris, de Berlin, de MM. Delessert, Hooker, Boissier, De Candolle), ainsi que plusieurs espèces vivantes. Ces matériaux nombreux m'ont mis à même de rédiger des descriptions, soit des Juglandées ancien- 6 C. DE CANDOLELE. nement connues, soit de quelques espèces nouvelles. Mes re- cherches m'ayant conduit à reconnaître plusieurs faits nouveaux et à établir entre les espèces des rapports et des distinctions jusqu'ici inaperçus, il m'a paru nécessaire de compléter le travail descriptif en publiant séparément le résumé de mes observations. Après quelques généralités, je passerai en revue les organes de la végétation et ceux de la fructification dans les différents genres de la famille, et j'essaverai de tirer quelques cos géné- rales de cet examen détaillé. On trouvera aussi dans ce mémoire les diagnoses des espèces et variétés nouvelles, ainsi que celles des genres et des sections de la famille. Enfin un article spécial sera consacré aux Juglandées fossiles de l’époque tertiaire, dont MM. Brongniart et Heer ont bien voulu me faciliter l’étude. I. — GÉNÉRALITÉS. — DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. Les J'uglandées tirent leur nom du genre J'uglans, le plus an- ciennement connu de ceux de cette famille. Le mot J'uglans vient lui-même des deux mots Jovis glans, par lesquels les Romains désignaient le fruit du Noyer. Théophraste décrit le Noyer sous le nom de Képuoy. En réunis- sant les différents passages dans lesquels il parle de cet arbre (p. k1, 42, hh, 45, 47, 119, 114, 116, 299, édit. 1613), on ne peut avoir aucun doute sur son identité avec le J'uglans regia L. des auteurs modernes. Il en est de même du Kégovoy et Kzpuov Bacuuxoy de Dioscoride. Pline (liv. XV, chap. xxu) décrit le Noyer sous le nom de Nux Juglans. 11 fait venir cet arbre de Perse (et has e Perside transla- tas indicio sunt græca nomina), et cite les noms grecs de Persi- con, Basihcon, Caryon. Linné distingue cinq espèces de J'uglans. Il place ce genre dans sa vingt et unième classe, entre les Quercus et les F'agus. De Candolle est le premier qui ait considéré les J'uglans comme formant une famille distincte. Il lui donne le nom de J'uglandées MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES. 7 (Th. élém.), et la place entre les Xanthoxylées et les Térébin- thacées. Les J'uglandées ne formèrent d’abord que le seul genre J'uglans. C’est à ce genre qu’on adjoignit plus tard plusieurs espèces décou- vertes en Amérique, et introduites en Europe, sur la fin du siècle dernier, sous le nom commun de Voyers d'Amérique. On n’a signalé jusqu'ici aucune espèce de la famille des J'uglan- dées dans les contrées qui relient la Bolivie à l'Amérique du Nord ; mais la présence d’une variété du J. nigra L., isolée dans ce pays, me porte à penser que cette famille n’est point entièrement absente des flores, encore peu connues, du Pérou, de l’Équateur et de la Nouvelle-Grenade, d'autant plus que le Mexique possède dans le J. pyriformis Lieb. une espèce très voisine du J'. nigraL. Plusieurs espèces du genre J'uglans sont cultivées en Europe depuis une époque plus ou moins reculée. La culture du J'. regia L. remonte à la plus haute antiquité. J’ai déjà dit que Théophraste en parle à plusieurs reprises, et que Pline fait venir cet arbre de l'Orient. Tout confirme cette opinion de l’auteur latin. Le J, re- gia L. n’est, en effet, spontané que dans les provinces du midi du Caucase (Imérétie, Géorgie, Talysch), et il devient de plus en plus rare, ou cesse même d’être spontané, à mesure qu’on s'éloigne de ce point central, soit vers lorient, soit vers l’occident. Ainsi le J. regia L. n’est déjà plus spontané en Asie Mineure (Tchihatcheff, Asie Mineure, t. 1, p. 172), et c’est à peine s’il existe du côté de lorient, au delà du Caucase. On le signale comme très rare dans le Béloutchistan ( herb. Boiss.); cependant le docteur Hooker l'a trouvé dans l'Himalaya, à Kamaon et à Sikkhim, soit sous sa forme ordinaire, soit sous celles de plusieurs variétés. Aujour- d’hui le J. regia L. est, de toute la famille, l'espèce la plus répan- due. Elle est cultivée dans presque toute l’Europe, où elle s’avance vers le nord jusqu’au 56° degré de latitude à l'occident, et jusqu’au 52° degré à lorient (Alph. De Candolle, Géogr. bot., t. I, p. 293). On la cultive aussi dans plusieurs localités de l'Algérie septentrio- nale, dans l’Amérique du Nord, et même an Chili, où elle a été in- troduite à une époque fort ancienne (Gay, Flore du Chili). Les J. nigra L. et cinerea L., qui sont spontanés aux États- 8 C. DE CANDOLLE. Unis, sont aussi cultivés en Europe depuis la fin du siècle der- nier. Les Carya manquent complétement à l’ancien continent. On ne les a trouvés jusqu'ici que dans l’Amérique septentrionale, où ils s’avancent, au nord, jusqu'aux frontières du Canada, et au midi, jusqu’au Texas inclusivement. On à introduit en Europe presque toutes les espèces de ce genre; mais leur culture n’y a pas encore pris d’extension. Marshall (Cat. alph. arbr.), ainsi que Willdenow (Spec.), Duha- mel (Träité des arbres, V, h), les deux Michaux et Lamarck (Dict. encycl.), désignent plusieurs de ces Noyers d'Amérique comme des espèces du genre J'uglans. François-André Michaux (Hist. des arbr. forest.) en donna de fort bonnes figures. Nuttall, le premier, réunit presque toutes ces espèces améri- caines en un genre nouveau, qu'il appela Carya. Ce nouveau genre comprenait alors neuf espèces. André Michaux, dans son Flora boreali-americana, décrit sous le nom de J'uglans plerocarpa un arbre qui croit dans les pro- vinces au midi du Caucase, et dont Kunth (Ann. sc. nat., 182k) a fait plus tard le type du genre ms cr aujourd’hui admis par tous les auteurs. Enfin, les deux nouveaux genres Engelhardtia et Platycarya sont venus s'ajouter aux trois précédents. Le premier, découvert à Java, vers le commencement du siècle, par Leschenault, décrit plus tard par Reinwardt sous le nom de Pterilema , a repris au- jourd’hui son nom d’Engelhardtia que Leschenault luiavait d’abord donné. Quant au genre Platycarya, il a été décrit pour la pre- mière fois par Siebold, qui l'avait découvert au Japon (Abhandl. der Münch. Acad., I, p. 743, s. 5). Il ne comprend jusqu'ici qu'une seule espèce qui croit aussi en Chine, d’où elle a été rap- portée par Fortune. M. Lindley (Journ. hort. Soc., V, 1, p.180) l’a décrite sous le nom de Fortunea sinensis ; mais j'ai jugé con- venable de revenir au nom plus ancien que lui avait donné Siebold. Ainsi la famille des J'uglandées se compose aujourd'hui des cinq genres suivants : J'uglans, Carya, Pterocarya, Engelhardha, MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES. 9 Platycarya, formant un total de vingt-neuf espèces bien connues et existant dans la plupart des herbiers, plus un petit nombre d’autres douteuses ou peu connues. Ces cinq genres sont répandus d’une manière fort inégale dans les différentes parties du monde. Le genre J'uglans, celui dont l'aire est la plus étendue, existe à la fois dans l'Amérique du Nord (du Canada et la Californie jus- qu’au Mexique inclusivement), dans les Antilles (Cuba, Jamaïque), dans l'Amérique du Sud (une variété du J'. nigra L. en Bolivie), en Asie (Caucase, ‘nord de l'Inde, Chine, Mandchourie), et au Japon (d’après Siebold, inéd.). La distribution géographique des Pterocarya est assez singu- lière. En effet, le P. fraæinifolia Spach, qui est le type du genre, croit spontanément dans les provinces du midi du Caucase, aux mêmes lieux que le J. regia L. Il semble même localisé dans cet étroit espace, car on ne l’a trouvé ni en Asie Mineure, ni dans le nord de l’Inde. Ce genre manque aussi complétement au nouveau monde. On ne le retrouve qu’en Chine, où il est représenté par le P. stenoptera Cas. DC., et au Japon, où MM. Siebold et Zucearini en signalent deux espèces. Le P. fraæimifolia Spach est le seul qu'on ait introduit en Europe. Sa culture commence même à devenir assez générale. Les Engelhardtia croissent pour la plupart à Java ; cependant on en trouve aussi une espèce à Singapore, deux aux Philippines, une à Hong-kong, quatre dans le nord de l’Inde. Enfin, le genre Oreomunea d'OErsted, que j'ai réuni aux Engelhardtia, a été dé- couvert dans l’Amérique centrale, Le genre Platycarya, représenté par une seule espèce, le PI. strobilacea Sieb. et Zucc., n’est spontané que sur les collines de la Chine orientale, dans l’île de Chusan et au Japon. En résumé , la presque totalité des J'uglandées habitent l'hé- misphère boréal. L'ile de Java et la Bolivie sont les habitations les plus méridionales de la famille, dont la Mandchourie et l’extrême nord des États-Unis d'Amérique sont les plus septen- trionales. 40 C. DE CANDOLLE. IL. — ORGANES DE LA VÉGÉTATION. La grande uniformité des feuilles dans toute la famille me porte à croire que la structure anatomique de la tige et de la racine est aussi assez uniforme. N'ayant pas fait de recherches sur ce sujet, je me bornerai à quelques considérations générales sur le bour- geon et la feuille. Bourgeons. Chez toutes les Juglandées, à l'exception peut-être d’une seule, on voit naître plusieurs bourgeons, placés en ligne droite les uns au-dessus des autres, à l’aisselle de chaque feuille. Celui qui est le plus éloigné de la feuille est le plus ancien, tandis que le plus rapproché du pétiole est le dernier formé. Le nombre de ces bourgeons ainsi superposés s'élève quelque- fois à quatre ou cinq, ou se trouve réduit à deux (J. regia L.). Le Carya porcina Nuit. est la seule espèce dans laquelle je n’aie jamais trouvé plus d’un ‘bourgeon à l’aisselle de chaque feuille ; mais le seul arbre de cette espèce que j'ai vu pourrait bien être un individu exceptionnel. Lorsqu'on examine la vernation des bourgeons ainsi superposés à l’aisselle d’une même feuille, on trouve que les écailles de chacun d’eux sont disposées de telle manière qu’ils doivent avoir tous la même feuille mère (fig. 4). Ainsi se trouve écartée l’idée d’un avortement de feuille ou d’axe, et plusieurs de ces bourgeons sont réellement surnumé- raires. Il existe de très grandes différences entre les bourgeons des diverses J'uglandées ; mais ces différences ne correspondent point assez avec celles beaucoup plus importantes qui ont servi à établir les genres, pour qu'on puisse fonder sur elles autre chose que des caractères de sections. Aïnsi on peut distinguer : 1° Des bourgeons à un petit nombre d'écailles décussées (c'est-à- MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES,. A1 dire arrangées par paires alternes) en vernation valvaire, de telle sorte que chaque paire recouvre complétement la suivante, qui recouvre à son tour la troisième, et ainsi de suite (tous les J'uglans, Carya amara Nutt., C. aquatica Nutt., C. olivæformis Nutt., figmä02,8, h). On pourrait, en outre, distinguer deux sortes de bourgeons de cette première catégorie. En effet, dans les uns, les deux écailles extérieures, qui sont les prophylles de la feuille mère, sont distinctes l’une de l’autre, tout en se touchant par leurs bords; tandis que, dans les autres (C. aquatica Nutt. et olivæformis Nutt.), ces deux écailles exté- rieures sont soudées ensemble, et figurent une gaine enveloppant le bourgeon. 2 Des bourgeons à un grand nombre d’écailles en vernation équitante (C. alba Nuit., sulcata Nutt., tomentosa Nutt., porcina Nutt., fig. 5, 6). Ceux-ci ne différent les uns des autres que par leur couleur ou le nombre de leurs écailles. Ainsi, dans le C. alba Nuitt., ils en ont de 15 à 20, et seulement de 6 à 8 dans le C. tomentosa Nutt. 3° Les bourgeons des deux catégories précédentes sont tous pétiolacés, c’est-à-dire que leurs écailles représentent des feuilles réduites à leurs pétioles plus ou moins charnus (C. amara Nuitt.), ou plus ou moins membraneux (C. porcina Nuit.) Mais dans les Pterocarya, les enveloppes du bourgeon, au nombre de six environ, sont d'une nature tout autre. Elles ont l’apparence de véritables feuilles arrêtées dans leur développement (fig. 7). Ces bourgeons sont done foliacés. En outre, ils ont, à un haut degré, un caractère peu ou point développé dans les bourgeons des deux premières catégories, qui consiste en ce qu'ils sont placés sur une sorte de support. Ce support résulte de l’accroissement anticipé de la portion de leur axe située entre la base de la feuille mère et les deux prophylles, avant l’évolution du bourgeon lui-même. On peut donc facilement reconnaitre, à première vue, les bourgeons du lterocarya, soit par leur support, soit par leur nature foliacée. he Les bourgeons du Platycarya strobilacea Sieb, et Zucc. 19 C. DE CANDOLLE, , (fig. 6) sont aussi reconnaissables à première vue ; ils ont un sup- port allongé, analogue à celui des bourgeons des Pterocarya, et leurs écailles sont pétiolacées en forme de fer de lance, petites, et en vernation équitante. On peut grouper ces divers caractères en un tableau synoptique, tel que le suivant : 4° Ecailles peu nombreuses (4-6),décussées, qe Toujours ses- plus ou moins B. Les deux extérieures fe olivæformis Nutt. «. Les deux extérieures { Tous les Juglans. non soudées ensemble. Carya amara Nutt. siles avant churnues. soudées en une gaîne. . < l’évolution C. aquatica Nutt. ’ ou portés par ca un support très 6à8........,.. (C. tomentosa Nutt. $ 1) LR do 52 tante C. sulcata Nutt. PRRERSPE \ plus ou moins : nombreuses. Das 55. 70e C. porcina Nutt. C. alba Nuit. b. Portés avant l'évolution par un petit support. . . . ... Platycarya strobila- cea Sieb. et Zucc. foliacés. . . Portés avant l'évolution par un support très allongé. . . . . Pie stenoplera Cas. 4 Feuilles. La disposition des feuilles est la même pour toute la famille ; elle répond à la fraction de divergence à. Les organes résultant de la modification des feuilles sont dis- posés suivant les fractions de divergence comprises dans la série À, À, 8, 5, is ae... Aiïnsi les écailles qui se trouvent le long de la tigelle des Juglans sont disposées suivant la fraction À, et les bractées du cône du Platycarya strobilacea suivant la fraction =. La forme générale des feuilles est aussi la même dans toute la famille. Toujours dépourvues de stipules, elles sont composées et terminées par une foliole impaire. Dans le genre Engelhardtia, cette foliole impaire avorte le plus souvent, et alors la feuille en semble dépourvue ; mais il est en général facile de la retrouver à l’état rudimentaire au sommet du rachis. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES, 43 L'organogénie des feuilles du J'. regia L. est la même que celle des feuilles du Rosier (4). La foliole impaire paraît la première, et reste quelque temps stationnaire, pendant que les autres nais- sent par paires de bas en haut. Les feuilles des Juglandées n’atteignent en général leur com- plet développement qu’à l’époque de la maturité des fruits; c’est done à cette époque de la végétation de l’année qu'on devrait comparer leurs dimensions. D’autre part, à mesure qu'elles gran- dissent, elles changent d'aspect ; leur pubescence diminue, et elles finissent souvent par devenir complétement glabres. Les feuilles d’un jeune arbre ne sont pas non plus toujours iden- tiques avec celles de ce même arbre devenu plus âgé. Ainsi les feuilles d’un jeune J, regia L. ont des folioles dentées, tandis que celles du même arbre, âgé de cinq ou six ans, ont des folioles à bords parfaitement entiers. En outre, la nature du terrain et de l’exposition influe beau- coup sur la végétation des J'uglandées. Ces variations dans l’aspect des feuilles , ainsi que le mauvais état des échantillons dans la plupart des herbiers, rendent très dif- ficile la comparaison des feuilles des diverses espèces. Le rachis est toujours articulé à la base. Dans mes descriptions d'espèces, je donnerai le nom de pétiole à la portion du rachis comprise entre son articulation et la pre- mière paire de folioles, réservant le terme d’entre-nœud pour désigner spécialement les portions du rachis comprises entre les paires de folioles. La longueur du pétiole est assez constante dans la même espèce, Le rachis se continue jusqu'à l'extrémité de la foliole terminale, dont il forme la nervure principale. En comparant des feuilles arrivées à leur complet développement, on trouve que leurs lon- gueurs sont peu différentes d’une espèce à l’autre. Les plus grandes feuilles, celles d’une variété du J. nigra I. croissant en Bolivie, atteignent 70 centimètres. Les folioles sont ordinairement sessiles, et opposées par paires (1) Scacht, Lehrbuch. Al C. DE CANDOLLE. le long du rachis. Cependant on trouve dans la même espèce des folioles sessiles et d’autres munies d’un court pétiole, des folioles rigoureusement opposées et d’autres presque ou complétement alternes. Dans le genre Engelhardtia, les folioles sont le plus souvent pétiolulées. Mais ce caractère est trop variable pour servir à la description ; il en est de même de la pubescence et de la con- sistance des feuilles. Une observation un peu attentive montre aussi que la forme des folioles varie souvent chez le même individu, et par conséquent dans la même espèce. Il n’est pas rare de trouver des feuilles qui ont à la fois des folioles atténuées à la base, d’autres ovales ou obovées, ou cordiformes à la base. Le rapport entre la longueur et la largeur des folioles est aussi très loin d’être constant ; au contraire, le nombre des paires de folioles fournit un assez bon caractère. Il ne s’écarte guère de certaines limites dans chaque espèce. Les folioles sont toujours penninervées, et le nombre des ner- vures secondaires varie très peu, La nervation est donc aussi constante que la forme générale des feuilles. On observe trois sortes de poils à la surface des organes fo- liacés : 1° Des poils articulés, terminés par une glande en forme de disque cloisonné (fig. 8, 9). 2 Des poils non articulés, isolés ou réunis par petits faisceaux de quatre ou cinq, partant d’une même cellule. 8° Enfin, dans la plupart des cas, les poils articulés sont ré- duits à leurs glandes terminales, et se présentent sous la forme de poils disciformes (fig. 10). Les poils non articulés constituent ces petites touffes blan- châtres qui existent presque toujours à l’aisselle des nervures secondaires des folioles. Les poils non articulés et les poils disciformes se trouvent sur- tout sur les écailles des bourgeons et sur le péricarpe. La couleur jaune de certains bourgeons (Carya amara Nuit., MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES. 15 C. aquatica Nutt.) est due à une grande abondance de poils articulés ou disciformes, répandus à la surface des écailles. Ramification. La multiplicité des bourgeons aux aisselles des feuilles semble être l'indice d’une ramification très compliquée; 1l n’en est ce- pendant rien. En effet, la presque totalité des bourgeons axillaires avortent, et les rameaux continuent à se développer pendant plusieurs années, uniquement par leurs bourgeons terminaux. Aussi observe-t-on en général que les feuilles forment des touffes aux extrémités de rameaux très allongés et droits. Ce développement par l'extrémité s’arrête toutes les fois que le bourgeon terminal produit un épi de fleurs femelles. Dans ce cas, les bourgeons axillaires situés le plus près des fleurs se déve- loppent, et donnent naissance à de nouveaux rameaux. IL. — ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. Inflorescence. Les Juglandées sont toutes monoïques, et leurs fleurs, toujours unisexuées, excepté dans quelques cas de monstruosité, forment des inflorescences indéfinies. Les fleurs mâles sont groupées en chatons toujours axillaires, c’est-à-dire latéraux, et les fleurs fe- melles en épis qui sont le plus souvent terminaux. Ces chatons et ces épis peuvent rester isolés ou se combiner entre eux, de ma- nière à produire des inflorescences assez diverses. Voici en peu de mots en quoi consistent ces inflorescences dans chaque genre : JUGLANS. Les chatons naissent à l’aisselle des feuilles, et sont toujours complétement distincts les uns des autres; mais, de même que 16 C. DE CANDOLLE. les bourgeons, ils peuvent se trouver au nombre de deux ou trois, l’un au-dessus de l’autre, à l’aisselle d'une même feuille mère. Chez toutes les espèces du genre, 1ls naissent comme les bour- geons dans le courant de l’été, et restent stationnaires jusqu’au printemps suivant. Îls s’épanouissent alors avant même l’appari - tion des premières feuilles, et précèdent ainsi les fleurs femelles qu'ils doivent féconder. Les épis sont toujours terminaux, courts, et composés d’un petit nombre de fleurs. Ainsi, chez le J'. cinerea L., où ils attei- gnent le plus grand développement, leur longueur ne dépasse ouêre 8 centimètres, et ils ne portent guère plus de huit fleurs. Quant aux fleurs elles-mêmes, elles sont toujours sessiles et dé- pourvues de bractées. Je m’expliquerai plus Iom sur l'absence de celles-c1. CARYA. Chez presque tous les Carya, les chatons naissent en même temps que les fleurs femelles. Au lieu d’être isolés comme ceux des J'uglans, ils sont réunis trois’ à trois vers le sommet d’un pé- dicelle commun, de manière à former de petites panicules. Dans cette disposition, le chaton central est la continuation du pédicelle commun (rachis communis de mes descriptions), qui nait lui- même de l’aisselle d’une feuille modifiée, analogue aux écailles des bourgeons. Les deux autres chatons naissent chacun de l’aisselle d’une bractée située vers le sommet du pédicelle com- mun. Ces bractées, de forme et de longueur variables, souvent opposées entre elles, produisent dans certaines espèces l'apparence d’un involucre enveloppant la base des trois chatons (C. tomen- tosa Nutt., C. porcina Nutt.). Chez d’autres espèces, ces bractées très petites tombent de bonne heure (C. aquatica Nuit., C.amara Nutt.). Elles sont toujours latérales par rapport à la feuille mère du pédicelle commun, et en sont les prophylles. Cette feuille mère peut d’ailleurs porter à son aisselle plusieurs groupes de MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES, 417 chatons, placés les uns au-dessus des autres comme des bour- geons à l’aisselle des feuilles ordinaires (C. tomentosa Nutt.). Les épis des Carya sont tout à fait semblables à ceux des Ju glans, et leurs fleurs femelles sont aussi sessiles le long de ces épis et dépourvues de bractées. PTEROCARYA. Les chatons sont isolés comme ceux des J'uglans, et naissent aussi pendant l'été, en même temps que les fleurs femelles. Is sortent de petits bourgeons situés à l’aisselle des feuilles ordi- naires, et dont les prophylles restent stériles. Les épis sont latéraux et jamais terminaux; ils atteignent géné- ralement une longueur de 30 à 40 centimètres, et portent un grand nombre de fleurs. Ces dernières sont sessiles à l’aisselle de petites bractées, qui se soudent plus tard avec leurs bases. PLATYCARYA. Toutes les fleurs mâles et femelles sont réunies en chatons ; ceux-ci sont tantôt uniseæués et mâles, tantôt hermaphrodites, mâles dans leur partie supérienre, femelles dans leur partie infé- rieure. Ils sont tantôt disséminés à l’aisselle des feuilles ordi- paires, tantot rapprochés les uns des autres aux extrémités des rameaux, et à l’aisselle de feuilles plus ou moins modifiées. Dans ce second cas, le rameau est terminé par une sorte d’ombelle, dont les axes secondaires sont des chatons mâles, et l’axe pri- maire un chaton hermaphrodite. Les chatons mâles sont donc toujours axiliares, et les chatons hermaphrodites tantôt axillaires, tantôt terminaux. Tous sont dres- sés et jamais pendants. Les fleurs mâles du Platycarya peuvent donc se trouver au- dessus des fleurs femelles sur le même axe, Ce fait n’est peut- être pas aussi singulier qu'il paraît au premier abord ; en effet, on trouve quelquefois des rudiments d’ovaire dans les fleurs mâles des J'uglans, des Carya, des Engelhardtia. J'ai même observé, &° série. Bor. T. XVIII. (Cahier n° 4.) % 2 4 18 ) C. DE CANDOLLE. dans une fleur mâle de J. regia, un ovaire portant deux stigmates parfaitement développés. Or ce sont toujours les fleurs inférieures des chatons qui manifestent cette tendance à l’hermaphroditisme. ENGELHARDTIA. Les inflorescences mâles et femelles sont tantôt distinctes, tantôt combinées. Dans le premier cas, l’inflorescence mâle se compose de chatons formant une panicule à trois ou cinq branches. Les cha- tons latéraux de cette panicule naissent chacun à l’aisselle d’une petite écaille, et ils sont plus ou moins rapprochés les uns des autres. Dans ce cas, l’inflorescence mâle des Engelhardtia est presque la même que celle des Carya, dont elle ne diffère que par un plus grand développement, et l’inflorescence femelle est la même que celle des Pterocarya. Dans le second cas, les deux inflorescences combinées forment une panicule latérale, dont l'axe principal se termine par un épi, tandis que les branches latérales sont formées par des chatons. Ainsi on peut dire d’une manière générale que l’inflorescence des Engelhardta est, ou bien celle‘des Carya pour les fleurs mâles, et alors celle des Pterocarya pour les fleurs femelles, ou bien une combinaison de ces deux modes d’inflorescence pour en former une à la fois mâle et femelle (E. spicata BI.). | Résumé. On voit que l’inflorescence est la même dans toute la famille. Les fleurs sont toujours en inflorescence indéfinie, car un chaton n’est qu'un épi raccourci portant un grand nombre de fleurs. La disposition des chatons du Carya par groupes de trois résulte de ce que, dans ce genre, les prophylles de la feuille mère sont fertiles, au lieu d’être stériles, comme dans les J'uglans et Ptero- carya. Le J. cinerea, dont les épis portent un grand nombre de fleurs MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES. 19 femelles, sert de passage aux épis très aliongés et aux grappes des Plerocarya et des Engelhardha. FLEURS. Ce sont les modifications de la fleur qui ont servi à établir les différents genres de la famille. Je vais indiquer ces modifications, d’abord pour les fleurs mâles, et ensuite pour les fleurs femelles. Elles présentent trois types bien distinets : Fleurs mâles. 1° Dans le genre J'uglans, chaque fleur placée à l’aisselle d’une petite bractée, et soudée à la base de cette dernière, se compose d'un périgone à six lobes, au fond duquel sont insérées les éta- mines en nombre variable (fig. 14,12). Lorsqu'on examine les fleurs d’un jeune chaton de J. regia L., on trouve à l’aisselle de chaque bractée un petit disque charnu, portant six mamelons, qui seront plus tard les lobes du périgone. Il ne m'a pas été possible de m'assurer de leur ordre de forma- ion, mais leurs positions relatives peuvent le faire préjuger (fig. 19). | Les deux plus extérieurs sont latéraux, et représentent les pro- phylles de la bractée. Je les désignerai dorénavant par les n° 4 et 2. Viennent ensuite deux lobes que j'appellerai à et 4, et qui sont opposés à l’axe du chaton ; l’un d’eux est antérieur et l’autre pos- térieur. Enfin les deux lobes les plus intérieurs sont latéraux, et seront désignés par les n° 5 et 6. Dans certaines espèces, ce périgone reste rond (J, regia L., pyriformis Sieb.), et chez d’autres espèces il s’allonge d’avant en arrière. Les étamines sont placées sur deux ou plusieurs rangs ; celles du rang le plus extérieur sont alternes avec les lobes du périgone. Leur nombre varie entre des limites très étendues, et atteint le chiffre de 36 chez les J. nigra L. et pyriformis Sieb. 20 C. DE CANDOLLE. Chez tous les J'uglans, les anthères sont glabres, et le connectif forme une protubérance plus ou moins allongée au-dessus des loges. La fleur mâle des Pterocarya et des Engelhardtia appartient au même type que celle des Juglans, c’est-à-dire qu'elle se compose aussi d’un périgone à six lobes, soudé à la base d’une bractée (fig. 15). 2 Mais il n’en est plus de même dans le genre Carya. Dans toutes les espèces de ce genre, la fleur mâle se compose d’un pé- rigone à trois lobes portant un ou plusieurs rangs d’étamines (fig. 13, 14). Un de ces lobes est antérieur, et plus extérieur que les deux autres, qui sont latéraux. 3° Enfin, dans le genre Platycaria, la fleur mâle acquiert un dernier degré de simplicité. Les étamines sont insérées directe- ment sur un disque adhérent à la fois à la base de la bractée et à l'axe du chaton (fig. 16, 47). Ces étamines, au nombre de dix dans les fleurs complètes, sont sur un seul rang. Trois d'entre elles sont antérieures, trois pos- térieures, et quatre ou deux latérales. Tels sont les trois types de fleurs mâles qu’on rencontre dans la famille des Jnglandées. | IL est facile de voir que la fleur mâle des Carya est une simpli- fication de celle des J'uglans, dans laquelle les lobes 6, 5, 4, 3, ont avorlé. En effet, le lobe antérieur du périgone des Carya, étant plus extérieur que les deux lobes latéraux de ce même péri- gone, ne saurait représenter le lobe 3 des J'uglans, et occupe au contraire la place de la bractée. La consistance de ce lobe justifie d’ailleurs cette manière de voir dans la plupart des cas. Si maintenant on suppose l’avortement des deux lobes latéraux du périgone des Carya et les étamines réduites à un rang, on arrive au type du Platycarya. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES. 21 Fleurs femelles. A chacun de ces trois types de fleur mâle correspond un type de fleur femelle. Ainsi on a : 4° Dans les J'uglans, Pterocarya et Engelhardtia, des fleurs femelles formées par la soudure d’une bractée et d’un périgone avec l’ovaire (fig. 49, 20, 21). 2 Dans le genre Carya, des fleurs femelles formées d’un seul verticille soudé avec l'ovaire, et formé par la bractée et trois lobes du périgone (fig. 18). 8° Enfin, dans le genre Platycarya, la fleur femelle se compose d'un ovaire soudé à deux appendices latéraux, et inséré à l’ais- selle d’une bractée libre. Je montrerai plus loin que ces appendices latéraux représentent deux étamines (fig. 27). Les ileurs de ces trois types ont toutes ce caractère commun qu'elles n'ont qu’un seul ovaire uniloculaire, renfermant un seul ovule orthotrope, sessile, au sommet d’un placenta central s’éle- vant en forme de colonne. Mais chacun de ces types subit, en outre, des variations importantes que je vais décrire, en passant en revue les différents genres. Premier type. Juglans. — Si, dans la fleur mâle, on suppose l’avortement des étamines, et la soudure de la bractée avec les lobes 1 et 2 en un tube terminé par trois dents, portant à son sommet les quatre autres lobes et adhérant avec un ovaire, on obtient la fleur femelle, Je donne le nom de périgone extérieur à l’enveloppe extérieure formée par la soudure de la bractée avec les lobes 4 et 2, et j'appelle périgone intérieur la seconde enveloppe formée par les quatre autres lobes. Cette manière ‘ d'envisager la fleur femelle des J'uglans se trouve d’ailleurs confirmée par plusieurs faits. D'abord, chez aucune espèce de ce genre on ne trouve de brac- 22 | C. DE CANDOLLE. tée proprement dite libre à la base des fleurs femelles. Dans cer- taines espèces (J. cinerea L., rupestris Engel.), le lobe antérieur du périgone extérieur se trouve inséré plus bas que les autres, et suggère tout de suite l’idée qu’il représente une bractée soudée avec la base de la fleur. Enfin l’estivation des lobes des deux périgones de la fleur fe- melle (fig. 22) est tout à fait la même que celle des diverses parties de la fleur mâle. Pterocarya. — La fleur femelle de ce genre semble au premier abord bien éloignée de celle des J'uglans ; elle se compose d’une bractée soudée, ainsi que ses deux prophylles a, a, avec la base de l’ovaire, dont la portion supérieure est recouverte par les qua- tre lobes plus intérieurs (b, €, d, e, fig. 23). Il est facile cependant de montrer que cette disposition revient à celle du calyce et de la corolle des J'uglans, avec quelques diffé- rences de forme. En effet, lorsque la fleur femelle du Pterocarya est jeune, la bractée est libre, et l’estivation des deux prophylles a, a, ainsi que des quatre lobes intérieurs €, d,e, f, est tout à fait la même que celle des lobes 4, 2, 3, 4, 5, 6, de la fleur femelle des J'uglans. | Ainsi le périgone extérieur des J'uglans se retrouve ici sous la forme de la bractée et de ses deux prophylles, et le périgone inté- rieur est représenté par les quatre lobes intérieurs qui couronnent. l'ovaire. Les parties sont plus distinctes et leurs formes différentes, mais leur nombre et leur ordre sont les mêmes. Engelhardtia. — La fleur femelle des ÆEngelhardtia se com- pose d’une enveloppe extérieure (a, b, c, d, fig. 21)de consistance foliacée, tout à fait semblable à celle des Carpinus, et soudée avec la base de l'ovaire qu’elle enveloppe même du côté de l’axe, et d’une seconde enveloppe, plus intérieure que la précédente, terminée par quatre dents, et adhérente à l'ovaire, qui porte deux et quelquefois quatre stigmates. , Dans toutes les espèces du genre, l'enveloppe extérieure se ter- mine du côté antérieur par trois lobes (a, b, c, fig. 21), réunis du MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES. 23 côté de l’axe par un quatrième lobe plus court, et dont les bords sont plus où moins crénelés. Comme on ne trouve pas trace de bractée à la base des fleurs, on est naturellement conduit à considérer l’enveloppe extérieure comme une bractée, Plusieurs faits confirment d'ailleurs cette manière de voir. ' D'abord, dans les jeunes fleurs, l'enveloppe extérieure est presque libre, et n’adhère à l'ovaire que par la base. En outre, on trouve fréquemment des fleurs mâles, dont la bractée trilobée prend un développement anormal, qui la fait ressembler entière- ment à l'enveloppe extérieure des fleurs femelles. Ce genre de monstruosité n'est point rare. Blume en donne un dessin dans son Flora Javæ, et je l'ai observé dans la plupart des herbiers. Jai même vu, dans l'herbier de Kew, un chaton de J. spicata, dont les fleurs mâles présentaient toutes ce déve- loppement anormal de la bractée. Mais si l’enveloppe extérieure des fleurs femelles représente une bractée, leur enveloppe inté- rieure correspond au périgone des fleurs mâles réduit à quatre lobes. | Cette réduction du nombre des lobes du périgone n’a d’ailleurs rien qui doive étonner. On trouve presque toujours vers le som- met des chatons des fleurs mâles, dont le périgone n’a plus que quatre ou trois lobes. Souvent même il manque complétement, et les étamines sont insérées directement sur la bractée. D’après ce qui précède, la bractée de la fleur femelle, dans le genre Engelhardha, correspond à ce que j'ai appelé périgone eæté- rieur chez les J'uglans, et l'enveloppe intérieure représente en partie le périgone intérieur des J'uglans. Je n’ai malheureusement pas eu sous les yeux des fleurs assez jeunes pour observer l’estivation de ces diverses parties. Deuxième type. Carya. — Tous les auteurs ont réuni sous le nom de Carya des espèces très analogues, en apparence, aux J'uglans, mais dont 24 C. DE CANDOLLE. la fleur femelle leur semblait dépourvue de ce qu’ils nommaïient corolle chez ces derniers. En effet, les fleurs femelles des Carya ne se composent que d'une seule enveloppe soudée avec l'ovaire, et terminée, à son sommet, par quatre dents, dont deux opposées à l’axe d'’inflores- cence et deux latérales. L’ovaire porte deux stigmates opposés à l'axe, et dont les bases forment, en se réunissant, une sorte de disque charnu (fig. 18). Ces stigmates sont persistants, et se retrouvent au sommet de la noix de tous les Carya. De même que chez les J'uglans, on ne trouve point de bractée à la base de la fleur des Carya. L’estivation des lobes de l’enve- loppe extérieure (fig. 24) est la même que celle du périgone:de la fleur mâle. Il est donc vraisemblable que la bractée fait partie de l’enve- loppe extérieure de la fleur femelle; et, en effet, le lobe antérieur de cette enveloppe est toujours inséré plus bas que les autres, et plus long qu'eux (fig. 18). D'ailleurs on trouve souvent dans les fleurs mâles de certains Carya (C. olivæformis Nutt.) un quatrième lobe postérieur et opposé à l’axe. Je nommerai périgone simple cette enveloppe extérieure de la fleur femelle des Carya. On voit qu’il représente à la fois le périgone extérieur et le. périgone intérieur des J'uglans. Troisième type. Platycarya. — Chaque fleur femelle naît à l’aisselle d’une brac- tée libre, et se compose d’un ovaire muni de deux appendices laté- raux, et terminé par deux stigmates aussi latéraux, par rapport à l’axe d’inflorescence (fig. 25-27), ou quelquefois par trois ou quatre stigmates, dont deux sont latéraux. On voit que la fleur femelle du Platycarya ressemble beaucoup à celle du Myrica Gale L. (fig. 28-80). Mais cette analogie est plutôt apparente que réelle ; en effet, MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES, 925 dans le Myrica cordifolia (fig. 31), les deux appendices latéraux de l’ovaire sont sous la forme de lobes occupant la place des pro- phylles de la bractée, et chez le M. cerifera l'ovaire est entouré de quatre lobes (fig. 32) qui forment un vrai périgone. Il est donc probable que les deux appendices latéraux de l'ovaire du M. Gale représentent les prophylles de la bractée. Il n’en est pas de même pour les appendices latéraux de l’ovaire du Platycarya. Ces derniers me paraissent, en effet, représenter deux des étamines latérales de la fleur mâle. Voici sur quels faits je base cette hypothèse : J'ai dit, en parlant de l’inflorescence du Platycarya, que ses chatons terminaux portent à la fois des fleurs males et des fleurs femelles. Les premières occupent la partie supérieure des cha- tons, et les fleurs femelles sont à la base. Entre ces deux régions d’un même chaton, il existe toujours une zone intermédiaire com- posée de fleurs plus ou moins complétement hermaphrodites. Celles qui avoisinent la portion femelle du chaton ont l'ovaire mieux développé et les étamines moins nombreuses, tandis que le contraire a lieu dans les fleurs qui se rapprochent de la région mâle. On peut ainsi observer une transition presque continue des fleurs femelles à des fleurs hermaphrodites, et de ces dernières à des fleurs mâles. Or, si l’on suit attentivement le passage entre les dernières fleurs femelles et les fleurs complétement herma- phrodites, on voit les appendices latéraux se détacher de plus en plus de l'ovaire, se munir d’anthères d’abord incomplètes (fig. 33-35), puis parfaites, et devenir enfin de véritables. éta- mines. En sorte que, dans les fleurs complétement hermaphro- dites, les appendices latéraux sont remplacés par une paire d’éta- mines latérales. Mais si ces appendices latéraux sont des étamines, il faut supposer l'avortement des prophylles et du périgone. Or cet avortement a toujours lieu dans les fleurs mâles; en outre, on trouve souvent, parmi les fleurs femelles proprement dites, des cas où la base de l'ovaire est entourée de lobes qui occu- pent la position des prophylles et des lobes du périgone (fig. 36 et 37). 26 | C. DE CANDOLLE. Aïnsi la fleur femelle du Platycarya est encore plus simple que celle des Carya. En résumé, la fleur femelle présente une forme particulière dans chaque genre. Bien que ces cinq formes puissent se grouper en trois types, elles m'ont paru suffisamment distinctes pour être conservées comme caractères génériques. D'ailleurs chacune de ces formes, prise dans l’ordre dans lequel je viens de les décrire, offre un degré précis de simplification, si on la compare à la précédente. C’est ce qu'on verra clairement dansle tableau suivant, dans le- quel les genres sont groupés d’après les caractères tirés de leurs fleurs : Soudé jusqu’au ’ ’ Périgone externe for- Apart ni éélisin à : Fleur femelle mé’par la bractée € "°°" 1h FIN. Fleursmâles formées par formée et ses deux prophylles une bractée soudée PTOPOJTES: ! Soudé avec la par deux péri- gones soudés avec un ovaire, avec un périgone à six base del’ovaire Pterocarya. lobes. A Périgone externe formé par la bractée SON. + . . de: dE Engelhardtia. Fleur femelle formée par un seul périgone soudé jus- qu'au Sommet 46 l'O... . . . - = Carya. une bractée soudée avec un périgone réduit à Fleurs mâles formées par deux ou trois lobes. Fleur femelle formée par un ovaire soudé avec deux appen- dices latéraux et insérée à l’aisselle d'une bractée libre. Platycarya. des étamines insérées sur la base Fleurs mâles formées par de la bractée. | FRUIT. Lorsque la fleur est très jeune, son ovaire est uniloculaire, et son placenta central s'élève librement du fond de la loge, portant à son sommet un ovule orthotrope sessile. Mais il se produit bien vite un grand changement; en effet, il ne tarde pas à se former dans l’intérieur de l'ovaire des cloisons qui le partagent en plusieurs loges. Ces cloisons sont longitudinales , et unissent les parois de l'ovaire au placenta central, auquel elles se soudent. Elles sont toujours interrompues vers le sommet du placenia, mais réappa- raissent presque toujours au sommet de l'ovaire. Il en résulte que MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES. 27 ce dernier n’est réellement cloisonné qu’à ses deux extrémités, et que toutes les loges correspondent entre elles. On verra plus loin que le nombre, l’épaisseur et le degré’ de développement des cloisons varient beaucoup dans les diffé- rentes espèces. A mesure que l’époque de la maturité approche, l'ovaire ét ses cloisons intérieures s’incrustent, et finissent par devenir osseux. L'ovaire devient ainsi ce que je nommerai la noïæ. Dans cer- taines espèces, le tissu osseux de la noix et de ses cloisons est percé de lacunes plus ou moins larges, simulant parfois de véri- tables loges (fig. 42, 4h, A5, c). Pendant cette transformation de l'ovaire, l'ovule préml un accroissement considérable. Après s'être revêtu d’une membrane unique qui devient le testa de la graine, il se boursoufle, et pé- nètre dans les différentes loges formées par des cloisons. Il les remplit, etse moule dans leurs anfractuosités. | La graine ainsi produile contient deux gros cotylédons charnus qui remplissent toutes les cavités de l'ovaire, et se réunissent au sommet à une radicule supère. La tigelle est enfoncée entre les cotylédons, et il n’y a pas d’albumen. Tous les organes qui, dans la fleur, étaient soudés avec l’ovairé, lui restent adhérents jusqu’à la maturité. Il en résulte que le fruit des Juglandées appartient à la catégorie des fruits anthocarpes. J'ai adopté le terme de péricarpe pour désigner l’ensemble des parties adhérentes à la noix. Il est vrai que ce terme s’applique ordinairement à l'ovaire lui-même devenu enveloppe du fruit ; mais, on l’a souvent étendu à d’autres organes, et je n'ai pas craint de m’en servir ici. Il en est de même du mot noix qu'on applique or air LA aux fruits formés d’un seul ovaire durci, et non soudé aux organes de la fleur. Néanmoins, comme on a toujours donné le nom de noix au fruit des J'uglans, je n’ai pas hésité à conserver ce terme pour désigner l’ensemble de l'ovaire devenu. osseux. Je lui substitue le terme de coque, lorsque je veux parler de la noix, en {ant qu'enveloppe osseuse, indépendamment de ce qu’elle contient. 28 C. DE CANDOLLE. Cela dit, voici les principales modifications du péricarpe et de la noix dans les différents genres. Péricarpe. — Dans les genres Platycarya, Engelhardtia et Pterocarya, le péricarpe ne se sépare jamais de la noix; il est membraneux, et a identiquement la même forme que la fleur, Mais dans les deux autres genres, le tube formé par le périgone extérieur devient plus ou moins charnu, et constitue l’enveloppe verte connue sous le nom de brou. Le péricarpe des J'uglans n’est jamais déhiscent; mais il ne se comporte pas toujours de la même manière au moment de la ma- turité. Ainsi celui du J. regia L. se déchire irrégulièrement, et laisse tomber la noix avec laquelle il a cessé d’être adhérent. Il reste alors lui-même suspendu à l’épi; tandis que, dans les autres espèces, la noix tombe encore enveloppée de son péricarpe qui se pourrit sur la terre. A l'inverse de celui des J'uglans, le péricarpe des Carya est déhiscent. 11 s’ouvre par quatre valves, qui correspondent aux dents du périgone, et la noix tombe librement. L’épaisseur du péricarpe varie beaucoup d’une espèce à l’autre : ainsi ilest très épais dans le C. alba Nutt., ét presque membraneux dans le C. amara Nutt. Mais il est toujours vert ou jaunâtre, et couvert de poils disci- formes. Noix. — Dans le genre J'uglans, la noix est formée par deux valves, allernes avec les deux stigmates, et par conséquent laté- rales par rapport à l’axe d’inflorescence. Elle est tantôt sphérique (J. nigra L., rupestris Engel.), tantôt ovoïde (J. regia L., sinen- sis Cas. DC., fig. 38), tantôt cylindrique, atténuée au sommet (J. cinerea L., mandchourica Max.). Très rugueuse dans les J. nigra L., cinerea L. et mandchou- rica Max., elle est finement striée chez le J. rupestris Engel. Ces différences dans la nature de la surface sont même assez pro- noncées et. assez constantes, pour permettre de dire à première vue l’espèce à laquelle appartient une noix donnée. La forme et le volume des noix sont au contraire assez variables dans la même espèce. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES JUGLANDÉES, 29 Les noix de J'uglans renferment deux ou quatre cloisons, dont deux opposées aux valves, et deux alternes avec elles. J’appelle les premières cloisons ventrales (sepimenta ventrahia), et au autres cloisons dorsales (sepimenta dorsalia). Dans les J. cinerea L., rupestris Engel. et mandchourica Max., les cloisons ventrales existent seules, ou les autres sont à peines indiquées à la base et au sommet. Dans toutes les autres espèces du genre, les quatre cloisons existent simultanément. En général, dans toutes les noix de J'uglans, excepté celles du J'. re- gia L., les cloisons sont très épaisses, et leurs lacunes, ainsi que celles de la coque, sont volumineuses. Ainsi, dans les noix des J. cinerea L. et mandchourica Max. (fig. A5), les lacunes Simulent de véritables loges. Mais on distingue facilement les loges proprement dites, en ce qu'elles sont remplies par les replis de la graine, tandis que les fausses loges contiennent une matière pulvérulente. Les lacunes sont le plus souvent disposées d’une manière symé- trique; cependant 1l arrive souvent qu'elles se rejoignent entre elles ou se développent inégalement. | Les noix de Carya diffèrent de celles des J'uglans par plusieurs caractères faciles à saisir. 1° Leurs deux valves sont opposées aux stigmates, et par con- séquent aussi à l’épi. 2° La suture de ces valves est à peine marquée d’une fente, tandis que chez les J'uglans elle est (ortement accusée par une côte saillante. Cependant les noix du C. aquatica Nutt. offrent des côtes analogues à celles des noix de J'uglans. 9 Les noix de Carya sont presque toujours anguleuses (fig. 51, etc.), et leur surface lisse ou finement striée. Celles du C. aguatca semblent seules faire exception à cette règle. L° Enfin les cloisons sont au nombre de quatre, dont deux ven- trales et deux dorsales chez tous les Carya, excepté les C. olivæ- formis Nuit. et C. myrishicæformis Nutt. (fig. 58, 59), dont les noix n’ont que les deux cloisons dorsales. Les noix de Pterocarya, bien: que fort petites, ressemblent tout à fait à celles des J'uglans (fig. 47, 48). Elles ont quatre cloisons 30 qi €, DE CANDOLLE, et deux larges lacunes, remplies d’une matière analogue à de la seiure de bois. Les noix d'Engelhardtia sont. formées de deux valves alternes avec l’axe de l’épi; elles renferment quatre cloisons, qui ne se prolongent pas au-dessus du point d'insertion de l’ovule, Enfin les noix du Platycarya strobilacea ont deux cloisons ventrales , plus épaisses que la coque (fig. 60, 61, 62), et qui, échancrées à la hauteur de l'insertion de l’ovule, se prolongent vers le sommet de Ja noix. Graine. — Du nombre et de l'épaisseur des cloisons, de la surface intérieure de la coque lisse ou K%& Où "I 19 Où OÙ = 9 © » 2 3 k 5) 6 7 8 9 En we + D D D 02 2 2.0 2 0 2 SO SC = © © © © © D © Où Où 9 Or «1 R -Ÿ O0 © C9 TI NO 19 OÙ = = - = * La mannite en cenlièmes a été calculée sur le poids des feuilles séchées de 100 à 120 degrés. D'autres déterminations de mannite ont été faites avec des feuilles recueillies, le 26 février de cette année 18692, sur treize pieds différents d'Olivier végétant dans le Jardin botanique de Naples. En voici les résultats : FORMATION DE LA MATIÈRE GRASSE DANS LES OLIVES, 197 * NUMÉROS ÉPOQUE DE LA RÉCOLTE POIDS DES FEUILLES | MANNITE OBTENUE : ne | _.. D'ORDRE. des feuilles. Le ADS PU us k 1 Sur Humides. | Sèches. |En totalité, 100 parties. rene gr. gr. gr. 26 février 1862. . . . .| 402,0 | 52,0 | 0,285 | 0,55 . » 400. 67,2... 0.901 | 4,32 64,0 | 0,525 | 0,82 87,9 | 4,360 70,9 | 0,874 66,6 | 0,440 38,4 | 0,232 © O0 TT Où Or = C0 9 56,2 | 0,710 65,7 | 0,724 65,0 | 0,680 56,6 | 0,489 63,9 | 0,853 nr 80,1 | 0,544 * La mannite en centièmes a été calculée sur le poids des feuilles séchées de 410 à 120 degrés. On y remarque que, presque à la même époque, la quantité de mannite déterminée dans les feuilles des Oliviers des environs de Pise est plus faible que celle dosée dans les fenilles des Oliviers du Jardin botanique de Naples. On sait que les feuilles de l’Olivier sont persistantes, c’est-à-dire - qu’elles ne se détachent de la plante que lorsque les nouvelles feuilles sont déjà formées et développées. Elles doivent par consé- quent remplir quelque fonction importante dans la végétation de l'Olivier. La mannite se retrouve en abondance dans les fleurs de lOli- vier. À cet effet, il suffit de placer ces fleurs dans de l’alcool pen- dant le mois de juin : ce liquide se maintient limpide et transparent pendant tout l’été, tandis que l'hiver, par une différence de tem- pérature de 10 à 15 degrés seulement, il se trouble à cause de la mannite qui se dépose et qu'on peut facilement recueillir sur un filtre; la solution alcoolique, lorsqu'on l’évapore, donne une nou- velle proportion de mannite. Mais si les fleurs de l’Olivier contiennent une proportion un peu grande de mannite, on constate encore qu'après l’accomplissement du phénomène de la fécondation, les fleurs qui se détachent de la 128 | S. DE LUCA. plante et qu’on recueille en quantité sur le sol ne contiennent pas la moindre trace de mannite. En poursuivant Ja recherche de la mannite, il est facile de démontrer que les petites Olives à peine formées contiennent en abondance cette matière sucrée. En effet, les Olives recueillies le 49 juin 4859 étaient si petites, qu’on n’a pas réussi à les séparer de la partie inférieure de la fleur, c'est-à-dire des pédoneules ; mais ces Olives à l’état de formation, qui avaient été conservées dans l'alcool, ont déposé spontanément de Ja mannite, et la solution alcoolique filtrée ei évaporée au tiers de son volume a fourni une nouvelle quantité de cette même substance, Les Olives tant qu'elles sont vertes contiennent toujours de Ja mannile, mais cette matière se trouve seulement en forte propor- tion pendant la première période de leur développement, ensuite elle diminue progressivement à l'accroissement des Olives; mais lorsque ces fruits sont parfaitement murs et ont perdu leur teinte verte, ils ne conticnnent nullement de mannite. Aiusi celte ma- tière, qui se trouve dans toutes les parties dela plante de FOlivier, racines, écofces, bois, branches grosses et minces, et en plus orande quantité dans les feuilles, dans les fleurs et dans les Olives, disparaît complétement dans les fruits mürs qui contiennent un maximum d'huile. La chlorophylle, ou malière verte analogue, qu'on rencontre en abondance dans les feuilles et dans les Olives, accompagne tou- jours la mannite et disparait avec elle, de manière que les feuilles” jaunes et les Olives mûres ne contiennent ni chlorophylle, ni man- nite. | Dans la recherche de la mannite, soit qu'on l'obuüenne des feuilles ou des Olives, on observe un phénomème qui mérite d’être signalé : lorsqu'on a séparé d’un liquide, par les moyens connus, toute la mannile cristallisable, les eaux mères abandonnées à elles- mêmes pendant plusieurs semaines, en s'évaporant spontanément au contact de Pair, se changent en une matière visqueuse. dans laquelle se forme lentement une nouvelle eristallisation de mannite que l’on peut facilement séparer par l'alcool bouiilant. est par conséquent probable que. là mannite se trouve daws Îles feuilles et FORMATION DE LA MATIÈRE GRASSE DANS LES OLIVES. 4129 dans les fruits de l’'Olivier en présence aussi de la mannitane, et que cette dernière, au contact de l'air, en s’assimilant les éléments de l'eau, passe à l’état de mannite; mais, pour vérifier celte hypo- thèse, il faut isoler directement la mannitane pour en faire l’ana- lyse et en examiner les propriétés. Quoi qu'il en soit, la présence de la manaite et de la chlorophylle dans les Olives pendant l'accroissement de la matière grasse, et la disparition de ces mêmes substances lorsque les Olives contiennent un maximum d'huile, montrent qu'il doit exister quelques rela- lions entre toutes ces matières, et que si la chlorophylle et la man- te disparaissent, c’est qu'elles donnent origine à quelques autres substances que les études ultérieures pourront faire connaitre. k° série. Bot. T. XVIIL. (Cahier n° 3.)1 9 FLORE DE L'ILE DE DISSÉE (MER ROUGE), Par M. Alfr, COURBON. L'ile de Dissée, située dans la mer Rouge, par 45° 98’ de latitude et 37° 81! de longitude, s'étend à peu près du nord au sud, à l’en- trée de la baie d’Adulis ou de Docnou. Elle à environ 5 milles de long sur 2 milles 1/2 de large, et est formée par un grand nombre de monticules ou mamelons coniques, figurant par leur ensemble des circonvolutions sinuéuses et compliquées. Ces monticules, dont le plus considérable offre une altitude de 416 à 117 mètres, se composent de couches presque verticales, et dirigées N. © E., de gneiss, de micaschistes, de leptinites et d’amphibolites, qui alternent ensemble. Ces dernières roches sont quelquefois impré- gnées de grenats, qui tantôt s'y infiltrent et se fondent avec la masse, tantôt y forment de petits amas cristallins jaunâtres, ou s’y disséminent en cristaux isolés de la grosseur d’un pois. Entre ces divers mamelons circulent de petites vallées ou plaines, composées, à l'exception d’une seule, d’un sol argilo- sableux salifère. La seule plaine qui ne présente pas entièrement la constitution dont nous venons de parler est de beaucoup la plus intéressante : c’est la plaine du village. Elle occupe toute la lar- geur de l'ile, et, dans le sens de la longueur de cette dernière, elle présente en général (car son trajet est irrégulier et sinueux) une étendue de 200 mètres. Elle est successivement formée de l’est à l'ouest par une belle plage de sable, par un sol argilo-sableux sa- lifère, par une argile brunàtre, puis rougeñtre, qui oceupe la plus grande partie de son étendue ; enfin par un petit marais que les eaux de la mer entretiennent, et qu'un banc madréporique cir- conserit. C'est dans cette plaine que se trouve la seule eau douce que RE | FLORE DE L'ILE DE DISSÉE. A3 contienne l'ile, Cette eau est formée par les eaux pluviales, très rares il est vrai (puisque quelques pluies se montrent seulement en janvier, février et mars), qui coulent des montagnes du nord ; elle remplit des puits ou plutôt des fosses creusées au milieu du sol argileux rougeâtre dont nous avons parlé, En ereusant le sol dans tout autre point de l’île, on n'obtient qu’une eau saumâtre. Cette esquisse géologique de Dissée suffit pour nous montrer dans la flore de cette île quatre stations bien disünetes : 4° les montagnes; 2° les vallées argilo-sableuses salifères; 3° la plaine du village, seulement argileuse dans la plus grande partie de son étendue ; 4° le marais salé, circonserit par un banc madréporique qui termine à l’ouest la plaine du village. Sur les montagnes croissent le Cucumis prophetarum Lin., le Capparis cartilaginea Dene, le Cadaba longifohia Ach. Rich., les Acacia Seyal Del. et mellifera Benth., et un assez gros arbre, le Sterculia cinerea Ach. Rich. — Dans la partie argileuse de Ia plaine du village, on trouve : le Gieseckia pharnaceoides Lin., l'Amarantus sylvestris Desf., le Digera arvensis Forsk., le Pupa- lia lappacea Moq., le Desmochæta flavescens DC., les Trian- thema pentandra Lin. et sedifolia Visiani, l’Aristolochia Kotschyi Hochst., les Zndigofera cordifolia Roth. et ornithopodioides Cham. et Sch., le Sphæridiophorum abyssinicum Jaub. et Spch, et, après la saison des pluies, plusieurs espèces de Graminées et de Cypéracées. — La flore des vallées argilo-sableuses salifères est caractérisée par le Boucerosia Russeliana Alfr. Courb., le Leucas Neufhzeana Alfr. Courb., le Sfatice Bovei Jaub. et Spch, l’Eu- phorbia cœrulescens H., l'Euphorbia Forskalii J. Gay, les Jatropha ricimfoha Fenzl et pelargonüfolia Alfr. Courb., l’Andrachne aspera Spreng., le Zygophyllum simpleæ Lin. et le Cissus qua- drangularis Lin. — Enfin l’Avicennia officinalis Lin., le Cor- chorus trilocularis Lin., le Boerhaavia repens Lin., le Suæda . fruticosa Forsk. et le Polycarpæa staticæformis Hochst. et Steud., sont les plantes caractéristiques du marais et du banc madrépo- rique qui Le circonscrit. Du reste, les plantes que j'ai recueillies dans l'ile de Dissée for- ment soixante-huit espèces. Ce nombre restreint ne doit pas nous 182 | A. COURBON. étonner, si l’on songe qu’il n'existe dans l’île qui nous occupe aucune source ni ruisseau, que les pluies y sout extrêmement rares el peu abondantes, que la température y est très élevée (de 27 à 30 degrés centigrades en hiver, de 35 à 40 degrés et même quelquefois plus en été), circonstances qui font de l’île de Dissée, comme de presque tout le littoral de la mer Rouge, un pays aride et désolé. Quelle que soit sa pauvreté, la flore de l’île de Dissée est loin cependant d’être dépourvue d'intérêt. Indépendamment des espèces nouvelles ou peu connues qu’elle renferme, elle nous offre plusieurs faits curieux au point de vue de la géographie botanique. C'est ainsi que le Sterculia cinerea Ach. Rich., très rare dans la région montagneuse qui avoisine la baie d’Adulis, couronne toutes les petites montagnes de Dissée, tandis que le Rhizophora can- delaria Ach. Rich., complétement étranger à cette île, est com- mun sur le littoral du continent voisin. Les Zndigofera cordifolia Roth. et ornithopodioides Cham. et Sch., et le Sphæridiophorum abyssinicum Jaub. et Spch, que l’on trouve à Dissée, dans la plaine du village, sont des plantes qui appartiennent tout à fait à l’intérieur de l’Abyssinie. Enfin, sur les soixante-huit espèces de plantes que je rapporte de Dissée, cinq sont nouvelles, et plusieurs ont été incomplétement décrites. Dans l’énumération que nous allons faire maintenant de ces plantes, nous décrirons naturellement, d’une manière détaillée, celles qui sont nouvelles, et nous compléterons la description des espèces imparfaitement connues. GRAMINÉES. A. VicrA SPicaTA Vahl., Symb. bot., 1, p. 9. — Steud., Synops. Gram., p. 160, n. 97. Srorogozus sricaTus Kunth, Enum. pl., 4, p. 210.— Del., For. Ægypt., tab. 10, fig. 4 , sub Agrostis,.— Agrosris Vireinica Forsk., fide Kunth. OBsERvATION. — Si le genre T'riachyrum de Hochstetter mérite d’être conservé, cette plante devra y appartenir, et former ainsi le Triachyrum spicatum. La glumelle présente, en effet, les trois FLORE DE LILE DE DISSÉE. 135 valves qui ont fait admettre par Hochstetter le genre Triachy- rum. Recueillie dans la plaine du village ; lieux argileux. 2. ERAGROSTIS PILOSA Lin., Spec. plant., 1, p. 391. — Steud., Synops. Gram., p. 263, n. 1. Plaine du village, lieux argileux. 3. ÉRAGROSTIS ARABICA Jaub. et Spch, Ellustr. plant. Orient., tab. 322. j | Plaine du village, heux argileux. h. DacryLocrEnNIUM ÆGypriacumM Willd., Steud., Synops. Gram., p. 212, n. 1. — Beauv., Agrost., tab. 15, fig. 2. Plane du village, lieux argileux. 5. DACTYLOCTENIUM GLAUCOPHYLLUM, species nova. D. culmo repente, nodis dense et longe pilosis, radicantibus proliferisque ; culmis a nodis ortis elongatis, erectis vel ascenden- tibus, basi foliosis, ahibi fere penitus nudis; foliis brevibus, glau- els, puis raris ciliatis ; spicis quaternis, abbreviatis, rhacheos acu- minatæ parte nuda duplo, triplo quadruplove longioribus ; glamæ superioris arista floseulis ‘atque gluma ipsa breviore ; inferioris valvulæ carina penitus convexa ; semine ovoideo transversim r'ugoso. _ Herba prostrata, longe procurrens, nodis dense pilosis, radices emittentibus atque proliferis. Folia albescenti-glauca, rigida, brevia (12-30 millim. longa; 3 millim. lata), oblongo-lanceolata, margine un- dulata, pilis raris basi bulbosis ciliata, aliquando reflexo-curvata. Ligulæ breves, 3/4 millim. latæ, ciliatæ. Cuimi secundarii ascendentes vel erecti, basi solum foliosi, alibi fere penitus, ut culmi repentis internodia, nudi, elongati, À 1/2-3 decim. longi. Spicæ digitato-fasciculatæ, qua- ternæ, abbreviatæ, 8-12 millim. longæ, rhachi apice nuda mucronem triplo quadruplove spica breviorem efformante, basi nigrescente, late- raliter scabra, glabra præter basim dense pilosam. Spiculæ unilatera- 134 A. COURBON. les, in rhachi distichæ, compressæ, dense imbricatæ, 3-5-floræ; glumæ 2 carinatæ , carina tenuiter scabro-ciliata; superioris inferiore paulo lon- gioris arista flosculis glumaque ipsa brevior, aliquando solum ultimam æquans. Flosculi ovato-oblongi, aliquando fere ovatb-lineares. Valvula inferior, magis minusve distincte trinervia, carinata, carina leviter scabra, in tota longitudine convexa, vulgo apice truncata vel obtusa, ali- quando subulata, arista brevi ab apice vel sæpissime etdistinctissime infra apicem nascenteterminata. Valvula superior inferiore paulo brevior margi- nibus inflexa, inde bicarinata, carinis tenuiter ciliatis, apice acuta, bifida. Squamulæ obscure et_ irregulariter trilobæ. Stamina exserta, filamentis . gracilibus, antheris quintuplo vel sextuplo longioribus quam latioribus. Styli basi confluentes ; stigmata evidenter pilis ramosis plumosa. Semen ovoideum , transversim rugosum, lineis tenuibus pene perpendiculariter rugas secantibus. In locis siccis, sabulosis. b. robustior : folis longioribus, 3-6-centimetralibus ; spicis pinguioribus, mucrone racheos quintuplo spica breviore; spicu- lis 4-S-floris, ovato-oblongis. c. elongatior : folüs linearibus, 6-15 centim. longis; interno- dis culmi repentis caulibusque e nodis nascentibus longioribus, ultimis sæpe 4-decimetralibus ; spicis typi characteres præben- tibus. Osservarion, — Cette espèce se distingue facilement par sa tige rampante, très poilue au niveau des nœuds qui sont prolifères, et donnent naissance à de nombreuses racines; par ses feuilles glauques peu poilues, à graines souvent entièrement glabres ; par ses chaumes secondaires ascendants ou dressés, très élevés, de 10 à36 centimètres, feuillés seulement à la base, presque entière- ment nus dans tout le reste de leur étendue; par ses épillets nom- breux, comprimés, ovales ou ovales-oblongs, à fleurs nombreuses (de 4 à 8), à glame supérieure, dont l’arête, de longueur variable, souvent assez courte, quelquefois de même longueur que la glume elle-même, est toujours un peu plus courte que les fleurs voisines; par la glumelle inférieure des fleurs très courtement acuminée, ovale-oblongue, à carène convexe dans toute son étendue, tandis que dans toutes les autres esjèces du genre la glumelle inférieure, FLORE DE L'ILE DE DISSÉE. 135 étant fortement concave au-dessous du sommet et convexe à la base, dessine, par cette double courbure en sens inverse, le demi- contour d’une poire ; enfin par ses étamines dont les anthères sont cinq ou six fois plus longues que larges, et par ses graines ovoïdes plutôt que globuleuses. Comme l’arête de la glame supérieure est souvent peu déve- loppée, du moins comparativement à l’épillet ; comme les fleurs qui composent celui-ci sont nombreuses, pressées, fortement comprimées, très régulièrement disliques et imbriquées; comme la glumelle inférieure, souvent à peine acuminée, et beaucoup plus longue que large, a sa carène convexe dans toute son étendue ; comme enfin chaque épillet, par suite de sa structure et du nombre des fleurs, est ovale-oblong , tandis que dans les autres espèces il est à peu près égal dans ses différents diamètres , il en résulte qu’au premier abord on prendrait cette plante pour un Eleusine; mais elle appartient par tous ses caractères essentiels au genre Dactyloctenium, dont elle ne saurait être distraite, Les deux variétés que j'ai notées n’appartiennent pas à Dissée. La première, qui est des petites plaines calcaires de l’île Doomai- rah (à l’entrée de la mer Rouge), est remarquable par le nombre des fleurs des épillets (il est de 6 à 8) et la grandeur de ces épillets; la seconde, par ses feuilles, qui sont linéaires, très allongées, et par la longueur des tiges secondaires, qui atteignent souvent jus- qu'à 35 et même AO centimètres. Cette dernière variété provient des environs d’Ennecoullou, sur le continent, près de Massouah. 6. DACTYLOCTENTUM SEMINIPUNCTATUM, spec. nov. D. culmo repente; folis præsertim in parte inferiore vaginisque longe pilosis sæpe spicas æquantibus vel superantibus ; spicis L-6"%, abbreviatis , parte nuda rhacheos mucronem efformante solum quartario longioribus ; spiculis trifloris, glamæ superioris arista glumam ipsam fere æquante, valvulæ inferioris carina inferius convexa et superius Ann.des J YSUTR Pécdur culiluint. Tr. Æarst. capi Ca .r. Veille -Estrapade, 15, laris d imp CITOTE NW. À NAMUR all Lt ÿ 1 LA A : f WA ct HAT à 1) 7 d : 0 ” Li t 4 | . % à ET + 4 La LR ve à Â ai * f d (al 1 1 : d Pa k 2 : Ke | n LES 2 1 LE : Î ë Ve n'a « "TA Le Lo ea AL 4 & À » # 0 « Ad CPt re F MU TE PO AL te Teste Ca Qu MI À ti 1: EU nl , \ Un + 4 ’ 's ñ # (Le h714 k ve) le Éd hr: : ÿ Fi | Le 1 Te LA sn. À à L. { À CAR CNRS LR, ‘ - 4 146 " L'OR EUR * APCE OL DEN 1 , 2 RIRE ONE Can . n dr \ . Fa 2 : es 2 5 Er Fe = ; L | (re \ ? Il ! d } \ s a A k : « [ur Mes j % x Fe à gs \ À "| # ils M “ii | jui | ‘ or Ra er ï ES L 3 ï de Le f L « à sn Cu à ( [ L Î l [l LL Ü CM ‘ k ï | : (| i \ eo ÿ El LU i p ï ul ' è É Que AL tut CA n Fr) 1] 1 s de ï " "| #7 Nr A : È À | MU 0, Tin CAO 1e à re s “al ' hi 7 x LJ / nl m Î AUS il 74 Fu er \ (2 FF Ü « e À fl j t e l ER Fa Il ! L N AAA Î ns É "1 L = n A ÿ LA » Ta WE i * bit, «| d'A l'URL «“ 1e \ PER RE) \ PA LR wi UCI ARS TON it CA PAT FA JUN Ann.des Serenc. ral. 4° Jerte. Bot. Jbme 18. PL. 20 . A Piocreux del , A. Dumenil sc. Zynchocarpe Weloilschit. min. . Rémond tmp . r. Vieille -Estrapade, 15, a Lartr. DAT ET +! * Ann.des Scrtenc. nat, 4° Serte . Bot. Tome 168. PL. 1. ÆArocreux del, Duméni sc. T1rian OSRPET ITA Pela 72e CRC , D, Femond 72 7. Vieille -X. sérapade, 15, lartr, Tome 16. PL. 79. Bot. Ann. des Science. nat. 4° Serre. Dr Zazillant se À. Riocreur del . fo la (COS, 72€ l’erraliderra eo RÉRECRE € N. Rermond tp. Tr. Pieille-Prtrapade, 1h, larts, + | que " Bit " ï re du #1 À Por: Tome 14. PL. 18. 2 EN Ann.des Setenc.nral. 4°SeTte . STEN \, a À RAIN À, lrocreux del. Tourrneuxtia PAT Da Cour. I, Pémond rnp.r. VWeille-Estrapade, 15, lurts, be TE Le RUN Ep À L : [A a JS # Lx Le LL u = EC énmencheererianex tnt e msané-ée-ré déesse fe Le t | l t | 'É L À 11 14 ra : 's Ê L] 11 ; à {1} La . r É 11 s :È ta à 54 Fe 55 en REED ‘ ? # { ; / 14 je Es " d A y ‘ Ÿ 1.4 (A FeE r j à À 5x 4 A PC rE" Lou " k " 3 \ à s ET à D 44 v , A , ‘ e . à © \i w V4 We i F3 : te À À gp ef \ \ Muni ro Le { er : 1 5 à fx | ñ [a ' À