Er VLèT Pau — : LP PERTE seed L'ETAT lei , T'spé 2 mn EF Dr siipes En MES] Abbas bete han tar re 3 mx 2 aUt me mt tiiotauamr us hmums ste ETS À ï ” c * LEE FPE Ni à ni L J ot Joata siretdez 83 5/4 4 à éistisamarts sd ri] sstidues | pepe Dirt tere TissTns hate t 2% TERAE Gi ART PR Er LETET dr TES tp vnitiadel ANNALES SCIENCES NATURELLES BOTANIQUE ne ee PARIS - Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, L’ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉE DES DEUX RÈÉGNES ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES RÉDIGÉES POUR LA ZOOLOGIE PAR M. MILNE EDWARDS POUR LA BOTANIQUE PAR MM. AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE nt QUATRIÈME SÉRIE BOTANIQUE TOME II PARIS LIBRAIRIE DE VICTOR MASSON PLACE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE 185/ | AIOUMATON À, H190400% Ranodd La and SAMOS MOINE A1 TA abri ea Me 22h AONO æinon aa amor} La | # LARMES ENS * | 4190001 1i 4109 SARANE AAÏM 46 LIRE es À ain 14 130% 0 LÉ Le AUS RU 18Q ne Dm. * AÜOIATOA [It HMOT | étA AG 1e 0248 PTT TNT ET LL. is CU Le) à x6 db: 1e ARABE. RENE ANNALES DES SCIENCES NATURELLES PARTIE BOTANIQUE MÉMOIRE SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES DE L'OVAIRE DANS DIVERSES FAMILLES DE PLANTES MONOCOTYLÉDONES, Par M. AD. BRONGNIART (1) L'origine du fluide ordinairement visqueux et sucré, quelquefois presque aqueux , qu'on observe au fond de beaucoup de fleurs, et qui constitue ce qu’on a nommé le nectar des fleurs, est loin d’avoir été bien constatée dans la plupart des plantes. Si, dans plusieurs cas, on à observé des organes glanduleux extérieurs , soit autour de la base de l'ovaire , soit vers la base des étamines ou des pétales, auxquels on a pu attribuer cette sécrétion, il est d’autres cas fort nombreux où l’on n’a rien observé de sem- (1) Depuis la lecture de cette notice à la Société de botanique de France, dans sa séance du 28 juin 1854, j'ai reçu de M. Parlatore un Mémoire qu'il vient de publier à Florence sur le même sujet. Je ferai seulement remarquer qu'indépen- damment de la différence fréquente des plantes qui ont fait l’objet de nos recher- ches, mes observations remontent en partie à huit ou dix ans, quelques-unes mêmé à 1838 et 1840, et ont été plusieurs fois signalées dans mes leçons au Muséum. 6 AD. BRONGNIART., —— MÉMOIRE blable, et où l’on a dû considérer le fond du tube de la corolle ou la base de l’ovaire comme l’organe sécréteur lui-même. La plupart des Liliacées, des Amarvyllidées et des Broméliacées , paraissaient dans ce, eas ; car, à l'exception des Fritillaires et d’un petit nombre d’autres genrés, on n'y avait pas observé d'organes sécréteurs extérieurs, et cependant presque toutes ces plantes offrent au fond de leurs fleurs un liquide abondant au moment de la floraison. [y a déjà fort longtemps que, cherchant à vérifier une hypothèse mise en avant sur la composition du pistil de diverses familles de Monocotylédones, et d'après laquelle les carpelles, ou parties consti- tuantes du pistil, ne correspondraient pas aux loges, maisaux valves qui alternent avec elles, et la cloison ne serait qu’un repli du milieu de cet organe (4), j'ai étudié la constitution des cloisons qui séparent ces loges, pour chercher à reconnaitre si, dans leur système vascu- laire ou dans quelque point de leur organisation, on trouverait une preuve ou de leur simplicité, ou de leur formation par l’adossement des parties latérales des carpelles. Cet examen me montra que, dans beaucoup de Liliacées, la cloi- son qui sépare les loges de l'ovaire présentait, dans son milieu et dans une étendue plus où moins considérable, un dédoublement et une cavité étroite dont les parois étaient généralement appliquées l’une contre l’autre, mais n'étaient cependant nullement adhérentes. La cloison est ainsi partagée , dans une étendue plus ou moins grande , en deux feuillets qui appartiennent à chacun des carpelles contigus, et qui ne sont réunis que vers l'axe et vers la surface externe. Le tissu qui forme cette partie non adhérente de la cloison, et qui tapisse ainsi cette cavité à parois contiguës, est plus dense que celui du reste de l’ovaire; il est composé de cellules plus petites, d’une forme différente et ordinairement colorées en jaune , tandis que le reste de la cloison, comme les parois externes de l'ovaire, est formé d’unissu cellulaire plus lâche, incolore, où souventrempli de ma- lière verte, à cellules plus grandes, et dont les méats intercellulaires (1) Mémoire de M. Steinheil, aus des sciences naturelles, 2° série = t. 1, p. 99 (1834). SUR LES GLANDES NECTFARIFÈRES. 7 sont en général remplis d'air, ce qui n’a jamais lieu dans le tissu glanduleux. ( L'aspect du tissu qui tapisse ces cavités me porta presque immé- diatement à le considérer comme un tissu glanduleux; et, en effet, en examinant avec soin la disposition de cette sorte de fente ou de dédoublement de la eloison , je vis que, fermée du côté central de l'ovaire par l’adhérence et la continuité de la partie de la cloison qui correspond aux placentas , fermée également du eôté extérieur par l’union des deux carpelles juxtaposés, elle se prolongeait cependant vers l'extérieur soit dans sa partie inférieure, soit dans sa partie moyenne, soit plus rarement, du moins dans les Liliacées, vers le haut, en un canal étroit qui venait aboutir à la surface de l'ovaire, dans le fond du sillon, qui indique presque toujours au dehors la ligne de jonction des carpelles. Souvent, par ce petit orifice extérieur formant une fossette à peine distinete, et lorsque la sécrétion ne remplit pas encore le fond de la fleur , ou lorsqu'on l’a enlevée avec soin , on voit s’'épancher une gouttelette de liquide (4). On ne saurait done douter que ces cavités À parois appliquées l’une contre l’autre ne soient des cavités sécrétantes tapissées par un tissu glanduleux, et destinées à fournir à la fleur le liquide qu’on observe en effet le plus souvent autour de la base de l'ovaire. Je dé- signerai maintenant ces glandes sous le nom de glandes septales de l'ovaire. Elles constituent une forme des organes sécréteurs, bien rare dans le règne végétal ; car , dans presque tous les cas connus , ces organes sont extérieurs, représentant le plus souvent une sorte de eupule qui, à un moment donné de la vie du végétal, se couvre d’un liquide plus ou moins abondant, sécrété par sa surface. C’est ce qu'on observe dans les glandes pétiolaires de beaucoup de végé- taux, et dans ces sortes de scutelles sécrétantes placées à la base (1) Cette petite fossette avait été observée par Steinheil sur l'ovaire des Scilles, mais il l'avait considérée comme l'organe sécréteur lui-même, et dans le caractère du genre Urginea , il dit : Ovarium tripartitum apice glanduloso necta- riferum. — Annales des sciences naturelles, %° série, t. VI, p. 276 (1836). — Lindley les avait aussi indiquées dans le genre Nectaroscordum. — Bob. veg., n° 1942. 8 AD. ÆRONGNIART, — MÉMOIRE des pétales des Fritillares et de plusieurs autres Liliacées, organes qu’on retrouve avec des formes différentes dans beaucoup d’autres fleurs de diverses familles. Dans d’autres cas tres fréquents, la sécrétion s'opère dans une cavité close de toute part, formée par le tissu cellulaire sécréteur , et qui ne laisse échapper le liquide qui s’accumule dans cette cavité que par transsudation ou par le déchirement artificiel de son tissu. C’est ainsi que sont constituées les cavités glanduleuses si apparentes de la peau de l'Orange ou du Citron, et celles plus petites, mais bien plus fréquentes, des feuilles de beaucoup de végétaux. Mais je ne sache pas qu’on ait déjà reconnu dans le règne végé- tal des cavités sécrétantes bien définies, à parois formées par un tissu glanduleux propre, et possédant un conduit excréteurrégulier, comparable, jusqu’à un certain point, à ceux des organes glandu- leux, ou surtout de certains cryptes des animaux. Le désir de voir jusqu’à quel point ces organes pouvaient fournir, par leur absence ou leur présence et par leurs modifications de forme , des caractères naturels, m'a fait longtemps tarder à publier mes observations à ce sujet; mais, sans être encore parvenu à les multiplier autant que je l'aurais désiré, je crois cependant leur avoir donné assez d'extension pour qu’elles offrent quelque intérêt ; car j'avais depuis longtemps reconnu l'existence de ces organes sécré- teurs dans des plantes appartenant à cinq des famillesles plus impor- tantes parmi les Monocotylédones , savoir : les Liliacées, les Ama- ryllidées, les Broméliacées , les Cannées et les Musacées. Plus récemment, je les ai également observés dans des Iridées et des Hæmodoracées. Dans les Liliacées , ces glandes offrent beaucoup de diversité quant à leur existence même, et quant à leur étendue et à la position de leur canal excréteur. Ainsi je n’en ai pas aperçu de trace dans le Frotillaria imperia- his, dans le Lalium candidum , dans l'Eremurus altaicus , dans les Nothoscordum gramineum et fragrans, dans l’Erythronium dens- canis, dans le Streptopus roseus, le Peliosanthes teta. Elles me pa- raissent manquer dans la plupart des plantes de la tribu des Aspara- gées, telles que Convallaria maialis, Smilacina racemosa, Danaida SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 9 racemosa, Smilax herbacea; mais cependant elles existent dans d’autres espèces de cette même tribu, aussi bien que dans des genres de Liliacées très voisins de ceux que je viens de citer comme en étant dépourvus. Ainsi les Asparagus officinalhis et amarus, le Polygonatum multiflorum, offrent dans le milieu de leurs cloisons des glandes peu étendues qui s'ouvrent vers la partie supérieure de l'ovaire. Dans les Hyacinthus orientalis et serotinus, on en observe aussi de peu étendues , assez rapprochées de l’axe et des vaisseaux pla- centaires. L'Ornithogalum umbellatum en présente de plus étendues pla- cées vers le milieu des cloisons. La même disposition s'observe dans le Phalangium Liliastrum . Dansle Scilla peruviana et le Scilla amæna (pl. 1, fig. 1,2, 3), elles sont très apparentes, occupentune grande partie de la cloison, surtout dans la première espèce ; dans la seconde, le canal excré- teur, long et grêle, vient s'ouvrir d’une manière très apparente à la surface externe de l'ovaire, un peu au-dessus de la moitié de sa hau- teur. Dans le Scilla autumnalis, elles sont plus étroites, et s'ouvrent à la base de l'ovaire par un orifice peu distinct. Les Asphodelus luteus (pl. 1, fig. 5) et ramosus offrent des glandes qui occupent presque toute l'étendue des cloisons , et se distinguent très facilement à l’épaisseur et à la coloration jaune du tissu sécréteur ; leurs conduits excréteurs courts s'ouvrent aux deux ers environ de la hauteur de l'ovaire. Les genres Eremurus et Bulbine, si voisins des Asphodèles , en paraissent au contraire dépourvus. Dans l’ovaire très allongé des Aloès (Aloe nigricans et subtuber- culata, pl. 4, fig. 11), j'ai observé des glandes très étendues, mais dont je n’ai pas remarqué l’orifice extérieur , quoi qu'on voie un nectar abondant déposé au fond de la fleur. Le Yucca gloriosa présente aussi des glandes qui occupent le milieu des cloisons de la base au sommet de l’ovaire ; mais 101 je n'ai pu reconnaître aucun orifice extérieur , ni de trace de hquide à la surface de l'ovaire, et la glande m’a paru, au contraire, communi- 10 AD. BRONGNIART, — MÉMOIRE quer par sa partie inférieure avec la base du canal central qui fait suite à celui du style, et qui occupe tout le centre de l'ovaire. Une disposition analogue existe peut-être dans l’A{/buca major , dont les glandes septales m'ont paru communiquer avec la cavité centrale de l'ovaire (pl. 1, fig. 14), et sur lequel je n’ai pas re- connu d’orifice extérieur. Les deux genres formés aux dépens de l’ancien genre Hemero- callis présentent , sous le rapport de ces organes , des différences très marquées. Dans les vrais Hemerocallis (H. flava), je n’a observé que des glandes très peu étendues situées non pas dans les cloisons mêmes qui séparent les loges, mais dans la partie inférieure de l'ovaire au-dessous des loges, dans le plan, ilest vrai, qui fait suite à ces cloisons. Ces glandes, au nombre de trois, ressemblent , à quelque égard, par la ramifieation de leur cavité, à’ celles dont nous parlerons dans les Broméliacées à ovaire libre ; elles ne sont cependant pas confluentes entre elles vers le centre, et s'ouvrent chacune àla base de l’ovaire par une fente très étroite ; dans les Funckia, au contraire (F. lancifolia), ces glandes qui oceu- pent les cloisons depuis la base jusqu’au sommet dans toute la lon- gueur de l'ovaire, sont aussi larges que ces cloisons, et s'ouvrent par une petite fente au sommet de l'ovaire près de la base du style. Les Allium présentent une des modifications les plus remar- quables de la structure de ces organes , et deux types bien diffé- rents dans cette organisation. M. J. Gay, dans un Mémoire sur quelques espèces d’A llium(Allii species octo pleræque Algerienses, Ann. sc. nat. , 8° sér., t. VIII, p. 185 , 1847 ), avait déjà signalé dans ces plantes des organes nectarifères dont la présence se dé- notait par des fossettes étroites ou des excavations de forme tubu- leuse sur le gynobase qui soutient l'ovaire. La plupart des espèces que j'ai observées, Allium Moly (pl. L, lig. 9, 10), scorzoneræfolium, ursinum, subhirsutum, n'offrent sur le gynobase que des orifices très étroits formant une légère dépression linéaire, une petite fente qui correspond aux sillons qui séparent les trois loges ; à l’intérieur, ces orifices correspondent à des glandes septales irès analogues à celles des autres Liliacées , mais occupant la partie de la eloison qui est au-dessous des loges , SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 11 ou du moins la partie très épaisse qui sépare le fond de ces loges au-dessous des ovules. | Dans d’autres espèces signalées par M. Gay , cet orifice est pro- fondément excavé, et forme même des canaux cylindriques sous la surface du péricarpe. J'ai retrouvé cette structure dans PA Uium saæatile, et je crois que ces tubes, larges , cylindriques , alternant avec les loges et complétement béants, qui s'étendent depuis le gynobase jusqu'au sommet de l'ovaire, ne sont encore que des ca- naux excréteurs , le fond seul de ces cavités ayant l'apparence d’un tissu glanduleux que n'offre pas le reste de leur surface interne. D’après ces observations , que j'aurais voulu pouvoir étendre à un plus grand nombre des genres si variés de cette vaste famille, on voit que ces organes paraissent exister dans la majorité des genres de Liliacées , mais que leur présence ou leur absence n’est pas en rapport avec les divisions qu’on est porté à admettre dans cette famille, que souvent des genres très voisins offrent sous ce rapport de grandes différences; cependant ce caractère bien étudié aidera, sans aucun doute, à la coordination générique de plantes ‘dans lesquelles les caractères se nuancent d’une manière si graduelle, et pourra souvent, comme M. Gay l’a montré pour les Allhrum, fournir de bons caractères spécifiques. Ces glandes septales paraissent se montrer d’une manière encore plus fréquente chez les Amarvllidées; les exceptions sont peu nombreuses, et la plus remarquable est celle des A/stræmeria , qui forment un groupe très naturel dans cette famille, et qui en sont complétement dépourvus : aussi ne voit-on aucune trace de sue nectariforme au fond de leurs fleurs. Ces glandes m'ont paru manquer aussi dans le Galanthus nivalis, mais Je n’oserais pas l’affirmer d’une manière aussi positive, mes observations déjà anciennes étant assez incomplètes. Dans les Nar- cisses (IV. poeticus, Gouani ), elles n’ont que très peu de dévelop- pement, et ont presque disparu ; ee ne sont que de petits canalicules étroits, placés au bord interne des cloisons entre les faisceaux pla- centaires dans la partie la plus supérieure de l'ovaire seulement, et venant s'ouvrir au sommet de l’ovaire au fond du périanthe ; cependant ces petits canaux sont tapissés d’un tissu plus délicat 19 AD. BRONGNIART. —- MÉMOIRE ayant l’aspect des tissus glanduleux, et ne sauraient être méconnus pour les analogues des glandes que nous verrons bien plus déve- loppées dans diverses plantes de cette famille. Tels sont les Ama- ryllis, les Crinum, les Hymenocallis, les Agave, ete. Le Pancratium maritimum forme , pour ainsi dire , le passage ; les glandes, quoique ayant déjà la forme aplatie, et tapissant une sorte de fente, n’oceupent qu'une portion très limitée de la cloison vers son bord interne et supérieur : elles viennent s'ouvrir près de la base du style. Dans l’Hymenocallis caribæa (ancien Pancratium caribœæum ), ces glandes sont bien plus étendues ; elles occupent toute la lon- gueur et la plus grande partie de la largeur des cloisons épaisses et renflées qui séparent les loges dans cette plante, et viennent s’ou- vrir Chacune par un pore très visible au fond du tube du périanthe sur le sommet de l'ovaire ; mais cette plante est très propre à faire reconnaître l’existence de vaisseaux spéciaux destinés à fournir à la sécrétion de ces glandes, et qui, dans beaucoup de cas, ne peuvent que difficilement se distinguer des vaisseaux placentaires. Ici, en eflet, chaque loge ne renferme que deux ovules dressés naissant du fond de la loge, et il n’y à pas le long du bord interne des clor- sons de vaisseaux destinés aux ovules ; les faisceaux vasculaires du périanthe , des carpelles et du style ont une position bien définie en dehors des loges, et cependant les cloisons présentent, des deux côtés de la glande qui occupe leur partie médiane, de nombreux faisceaux vasculaires qui la parcourent dans toute sa longueur, et sont placés à peu de distance du tissu glanduleux. On ne peut guère douter que ces faisceaux vasculaires ne soient destinés à fournir à ces glandes lés matériaux de leurs sécrétions. Nous retrouverons une disposition analogue dans plusieurs Broméliaccées. Dans les ÆAmaryllis (A. cinnamomea , longifolia) , les glandes, fort étendues dans chaque cloison, n’offrent rien de particulier, et s'ouvrent chacune par un canal étroit au fond du tube du périanthe. Le Crinum taitense présente une modification très habituelle chez les Broméliacées ; les trois glandes qui occupent le milieu des cloisons épaisses et charnues se réunissent entre elles vers le centre et à la base de l'ovaire , au-dessous des loges qui ne s'étendent pas SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 13 dans cette partie inférieure ; elles sont là confluentes , formant une seule cavité divisée en trois fentes rayonnantes , et plissées ou sil- lonnées de manière à accroître la surface sécrétante. Dans le Clivia nobilis, les cloisons , assez minces vers leur bord extérieur , sont fortement renflées du côté de l’axe de l’ovaire vers leur bord placentaire ; c’est dans cette partie renflée que se trouvent les glandes nectarifères, qui offrent cette particularité que je n’a nulle part observée d’une manière aussi prononcée : c’est que les surfaces sécrétantes ne sont pas contiguës, mais tapissent une cavité béante remplie par le liquide sécrété, qui vient s’épancher au fond du périanthe par trois pores allongés bien distincts. L’A gave yuccæfolia, qui offre des glandes septales très étendues et très apparentes, ne mérite une mention spéciale que par la ma- mère dont s'ouvrent ses canaux excréteurs, qu'on ehercherait mu- ülement sur le sommet même de l'ovaire, mais qui s'étendent jusque dans la base même du style, et s'ouvrent à une petite hau- teur au-dessus de son origine par trois pores placés dans les sillons de ce style triangulaire. | Une des familles dans lesquelles la présence de ces organes pa- rait la plus générale, est celle des Broméliacées ; ils y acquièrent même habituellement un grand développement en rapport avec l'abondance du sue visqueux et sucre que renferment presque tou- jours leurs fleurs On sait que cette famille comprend des genres à ovaire complé- tement adhérent, d’autres où il est semi-adhérent ou très faible- ment adhérent par sa base, d’autres enfin où il est complétement libre ; distinction qui n’a pas , du reste, toujours été bien établie, et qui est plus ou moins apparente, suivant l’âge de la fleur qu'on examine. Cette variation dans l’adhérence du périanthe à l'ovaire , qui a, jusqu’à présent, servi de base à la division des Broméliacées en sections, fournit des coupes très peu naturelles, et devra être remplacée par des caractères plus essentiels et plus précis tirés de la structure du fruit et surtout de la graine; mais, pour l'examen des glandes ovariennes, elle est assez convenable, et en rapport avec la disposition de ces organes. Dans les Broméliacées à ovaire adhérent , les glandes septales , A AD. BRONGNIART, — MÉMOIRE généralement très étendues, offrent une grande analogie avec celles des Amaryllidées. Dans le Bromelia pinguin et dans plusieurs espèces cultivées , mais encore inédites du même genre, ces glandes s'étendent plus ou moins bas dans les cloisons, et se terminent par un conduit excréteur étroit qui s'ouvre sur le sommet de l'ovaire , souvent par un canal élargi en forme d’entonnoir. Dans les diverses espèces de Billbergia, si répandues maintenant dans les serres à cause de l’éclat de leurs inflorescences, telles que les B. zebrina, vittata, Moreliana, 1ridifolia, amæna, pyramidalis, et dans plusieurs espèces nouvelles, j'ai toujours trouvé des glandes septales très étendues , depuis la base de la cloison où souvent elles confluent vers le centre, jusque vers la partie moyenne ou près du sommet où elles se terminent en un conduit étroit qui s'ouvre à la surface supérieure de l'ovaire, entre la base du style et celle du périanthe (Billbergia vittata, pl. 3, fig. 6-11). Le plus souvent ces glandes sont sillonnées ou plissées longitudinalement , offrant amsi des replis appliqués les uns contre les autres , qui augmentent leur surface sécrétante (fig. 10); cette surface est formée , comme dans la plupart des autres organes analogues , de deux ou trois rangées de cellules à parois très minces, parfaitement contiguës, et remplies d’un liquide transparent jaunâtre , qui donne à l’ensemble de cette couche plus de transparence qu'au issu environnant ; de nombreux faisceaux vasculaires accompagnent au-dehors cette couche de tissu olanduleux, surtout vers la base de l'ovaire. Les Æchmea(Æ. fulgens, discolor, Melinonis) présentent une disposition tout à fait analogue dans ces organes sécréteurs , qui ne différent que par leur étendue et les replis plus ou moins marqués qu'offre leur surface. Je n’ai pas vérifié l'existence de ces glandes dans les genres Arœæococcus et Hohenbergia ; mais je ne doute pas de leur pré- sence, car elles acquièrent un développement énorme dans un nou- veau genre très voisin de ceux-ci ( Echinostachys ), dont l'ovaire ne renferme dans chaque loge que trois ovules suspendus , qui occu- pent seulement le sommet de ces loges. Les eloisons , dilatées dans leur partie inférieure, sont occupées par une cavité commune aux SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. Â5 trois cloisons , dont les parois plissées et anfractueuses ne sont pas contiguës, maislaissent entre elles un espace vide très marqué, qui s'ouvre supérieurement par trois canaux aboutissant sur le sommet de l'ovaire, par lesquels s’écoule le liquide sécrété dans cette cavité. Les genres que je viens de passer en revue ont tous le fruit charnu et complétement adhérent ; ils constituent les tribus des Broméliées et des Æchmées. Ceux qui nous restent à signaler ont tous le fruit capsulaire libre ou en partie adhérent. Parmi ces der- niers se trouve le nouveau genre Melinoma , dans lequel l’ovaire et le fruit mür sont adhérents au calice dans la moitié de leur éten- due , et qui, par la structure de ses graines, se rapproche des Pourrehées. Dans ces plantes , dont les serres du Muséum renferment deux espèces nouvelles provenant de la Guyane ( Melinonia rubiginosa et M. incarnata ), la partie de l’ovaire non adhérente au calice est formée de trois carpelles qui ne sont unis que par leur angle in- terne , et dont les faces latérales sont seulement appliquées l’une contre l’autre ; plus bas ces earpelles , unis au tube du calice exté- rleurement, sont encore séparés latéralement par des glandes sep- tales fort étendues distinctes vers le haut, et se réunissant entre elles le long de l'axe dans la partie inférieure. Les deux surfaces de ces glandes sont fortement plissées et sillonnées longitudinalement ; elles n’ont pas de conduit excréteur distinct, mais viennent épan- cher le liquide sécrété dans la fente formée par les carpelles libres, mais contigus supérieurement (Melinonia incarnata, pl. 3, fig. 1-5). Une organisation fort analogue se retrouve dans le Puya chilen- sis, Mol. (Pourretia coarctata, R. et P.), si ce n’est qu'ici la partie de l’ovaire adhérente au calice est très peu étendue , et que l'ovaire a été considéré comme entièrement libre. La glande necta- rifère occupe cette partie adhérente, et s'étend même au-dessous des loges en une grande cavité unique à parois plissées et anfrac- tueuses, qui épanche le liquide abondant qu’elle sécrète entre les carpelles au fond de la fleur. On retrouve une structure presque identique dans le Pitcairnia punicea des jardins , qui diffère complétement des Pütcairnia par ses graines, et formera un genre voisin des Puya et des Melinonia. A6 AB. EBRONGNIART, — MÉMOIRE La glande ovarienne est placée de même, seulement dans la partei adhérente de l’ovaire , et s'étend même au-dessous de ses loges ; elle constitue une cavité unique divisée en trois fentes , correspon- dant aux cloisons et à surface diversement plissée. Dans cette plante, dont le Pitcairnia pruinosa, Kunth, me parait congénère, comme dans les Puya et les Pitcairnia, l'ovaire, qui est adhérent au calice par sa partie inférieure à l’époque de la floraison, parait plus tard complétement libre par le défaut d’accroissement de cette partie basilaire de l'ovaire. | Je n’a pas étudié la disposition des organes nectarifères des Dychia, mais je présume qu'ils doivent être analogues à ceux de ces derniers genres. Dans tous les Prtcairnia que j'ai examinés, j'ai trouvé les glandes ovariennes disposées comme dans les genres que je viens de citer, c’est-à-dire n'occupant que la base de l'ovaire adhérente au calice , et correspondant en grande partie à la portion des loges qui est inférieure au placenta. Ces glandes, quoique séparées, au moins dans leur partie supérieure, sont le plus souvent confluentes dans leur partie inférieure , et forment ainsi une cavité unique di- visée en trois fentes à parois plissées, mais contiguës et s’ouvrant par trois fentes distinctes dans l'intervalle des carpelles au point où ils deviennent indépendants du calice, et n’adhérent plus entre eux que par leur angle interne. Je manque d'observations exactes sur ces organes dans les genres T'ilandsia, Vriesia, Neumannia. Les Gusmannia m'en paraissent dépourvus, du moins je n’en ai pas aperçu de trace dans une nouvelle espèce de ce genre ; et l’on aurait pu croire qu'ils manquent dans les genres de Broméliacées à ovaires complétement libres, ce qui serait assez en rapport avec la position qu'ils occupent seulement dans la partie adhérente de l'ovaire des Pütcairnia, Puya, ete. Ce- pendant il existe un genre nouveau de Broméliacées à ovaire complétement libre, Pogospermum (Tillandsia nutans , Swartz, et Tillandsia nitida, Hook.), dont les carpelles sont entière- ment soudés entre eux, et dont les cloisons présentent chacune une glande très distincte, quoique assez étroite, et placée vers le SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 17 bord interne de la cloison, près des faisceaux placentaires : c’est du moins la disposition que j'ai observée dans le Pogospermum nutans. J'avais cherché inutilement ces glandes dans plusieurs Iridées , les Zris, les æiaetles Sisyrinchium, maisje les ai observées récem- ment, d'une manière très distincte, dans le Gladiolus gandavensis des jardins. Elles n’occupent que la partie supérieure des eloisons dans une étendue d’un peu plus d'un Uers de la longueur de l'ovaire, et se terminent par un canal excréteur aplati qui s'ouvre par un orifice très petit à la base des trois sillons du style. Ces glandes sont accompagnées sur leur partie latérale, entre elles et la surface des eloisons, par de nombreux faisceaux vasculaires qui paraissent en rapport avec les fonctions de ces organes. Dans les Hæmodoracées, les Conostylis m'avaient paru privés de glandes et dépourvus de nectar, et j'étais porté à croire que ces organes manquaient dans cette famille ; mais ayant étudié cet été les fleurs de l’Anygosanthos flavida, j'y a retrouvé ces organes très développés , et affectant une disposition fort remarquable. Les cloisons qui séparent les loges sont fortement renflées dans une partie de leur étendue par la présence du tissu glanduleux; mais cette partie renflée, rapprochée de l’axe vers la base de l'ovaire, cecupe, au contraire, la partie externe de la cloison vers le haut, s'étendant ainsi de bas en haut et de dedans en dehors, eu venant aboutir à un canal excréteur qui s'ouvre en dehors de la surface supérieure libre de l'ovaire, au point où 1l cesse d’adhérer au tube du périanthe. Quant à la glande elle-même, elle est fort épaisse ; son lissu cellulaire, plus transparent que celui du reste de la cloison , est che, mais très délicat; les deux surfaces plissées et comme mamelonnées s'appliquant exactement l’une contre l’autre, et les saillies de l’une s’emboiïtant dans les dépressions de l’autre, il en résulte que la fente qui les sépare est également si- nueuse dans les coupes horizontales et longitudinales. Cependant les plis ou ondulations de ces deux surfaces paraissent plutôt dirigées transversalement, relativement à la direction générale de la glande. On observe l'inverse dans la plupart des cas, et particulièrement dans les Broméliacées, où ces plis ou sillons sont dirigés longitudi- nalement, et convergent vers le canal excréteur. 4e série, Bor. T. IT. (Cahier n° 4.) 2 +9 18 AD, BRONGNIART, —— MÉMOIRE Dans la famille des Cannées , j'ai observé ces organes dans plu- sieurs espèces de Canna : ces glandes n’occupent qu'une petite partie des cloisons près de l’axe, entre les faisceaux vasculaires du placenta ; leur coupe transversale est elliptique, et le tissu qui les constitue forme une couche assez épaisse, dont les cellules superf- cielles qui tapissent la cavité de la glande sont allongées, linéaires , dirigées perpendiculairement à la surface, comme les thèques et les paraphyses de l’hyménium d’un Champignon thécasporé. Les couches plus profondes sont composées de petites cellules qui for- ment comme la base des précédentes, et toutes sont à parois minces et délicates, transparentes et sans air interposé ; elles se distinguent ainsi très facilement du tissu général des eloisons et du reste du péricarpe. On pourrait au premier coup d'œil confondre la coupe transversale de ces glandes avec celle des faisceaux vascu- laires, dont les cellules allongées qui accompagnent les vaisseaux ont aussi beaucoup plus de transparence que le parenchyme envi- ronnant ; mais, indépendamment de l’absence des vaisseaux dans les glandes , la direction des cellules allongées, et l’existence de cette fente moyenne, dont les surfaces, naturellement contiguës, s’écar- tent très facilement , ramènent ces organes au type habituelde s glandes septales. Dansles Zingibéracées, j'ai cherché cesorganes sur un Hedychium (H. Gardnerianum), et je n’en ai trouvé aucune trace ; la partie moyenne des cloisons est occupée par un faisceau vasculaire très fort, qui, par sa structure, ne saurait être confondu avec les glandes septales. Il y a cependant une sécrétion d’un liquide abondant au fond du tube du périanthe ; mais on peut probablement l’attribuer aux corps glanduleux , saillants, qui naissent du sommet de l'ovaire, et que plusieurs botanisies considèrent comme deux styles avortés. J'ai examiné aussi à ce point de vue les Strehitzia de la famille des Musacées, et dans le S. ovata, j'ai trouvé des glandes très ana- logues à celles des Amaryllidées. Elles occupent, en ellet, les deux tiers supérieurs environ de chaque cloison dans une grande partie de leur largeur, et viennent se terminer par un canal excréteur étroit et grêle, qui s'ouvre au fond du tube du périanthe entre la base du style et les parois de ce tube. La surface de cette lente glan- SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 49 dulaire est plissée longitudinalement , et des faisceaux vasculaires, assez nombreux , rampent dans la cloison en dehors du tissu glan- duleux. Telles sont les principales observations que j'ai pu faire jusqu’à ce jour sur les glandes nectarifères de l’ovaire dans diverses fa- milles de Monocotylédones. Ces recherches auraient besoin d’être étendues à quelques autres familles qui me paraissent, sans que j'ose cependant l’affirmer d’une manière absolue, en être dépour - vues : telles sont les Joncées, les Commélinées, les Mélanthacées, les Aroïdées. Elles devraient aussi être poursuivies dans un plus grand nombre de genres ; mais la nécessité de faire ces observa- tions sur des fleurs fraîches, sur lesquelles ces études sont beau- coup plus faciles, et le peu de durée de la floraison de beaucoup de ces plantes, m'ont obligé déjà à prolonger ces recherches pendant plusieurs années. Pour compléter l'indication des faits connus sur ce sujet, j’ajou- terai que M. Parlaiore, dans la Dissertation sur de nouveaux genres et espèces de plantes monocotylédones qu'il a publiée à Florence à la fin de juin 1854, consacre une introduction fort étendue à l’étude des organes nectarifères des Monocotylédones, et particulièrement aux glandes septales de l'ovaire qui font le sujet de ce travail. Ses observations portent sur plusieurs des mêmes familles qui ont été le sujet des miennes : les Liliacées, les Amaryllidées, les Broméliacées, les Iridées ; mais, à l'exception des Iridées, je crois qu'elles ont embrassé moins de genres différents. Dans les fridées, où je n’ai observé ces organes que dans les Gladiolus, M. Parlatore a étendu ses recherches aux Babiana, aux Antholiza, aux Anomotheca. Dans ces deux derniers genres et dans quelques Amaryllis, ce savant si-- gnale une organisation dont je n’ai vu aucun exemple, et dont il me paraît même difficile de se rendre compte sans des détails plus pré- cis. Suivant M. Parlatore, les glandes, au lieu d’avoir trois orifices à la partie supérieure de l'ovaire, en offriraient six. La position de ces glandes dans chacune des cloisons ne me permet pas de comprendre comment peuvent être placés ces six orifices distincts. Dans quelques cas, j'ai vu des dépressions du sommet de l'ovaire alterner avec les ouvertures des canaux excréteurs, et simuler 20 AD, BRONGNIART. —- MÉMOIRE ainsi six ouvertures distinctes ; ou bien, dans des coupes trans- versales, les trois canaux du style, qui font suite au sommet des loges de l’ovaire, alternant avec les trois canaux excréteurs, forment six petits canalicules dans cette partie charnue de l'ovaire qui sépare les loges de la base du style, mais trois seulement , ceux qui cor- respondent aux glandes, aboutissent à l'extérieur, au fond du tube du périanthe. L'existence de ces six orifices se comprend, au contraire, parfai- tement dans le Butomus umbellatus, où M. Parlatore les signale comme alternant avec les six ovaires de cette plante soudés seule - ment par leur base. Le même botaniste annonce n'avoir pas observé ces organes dans plusieurs familles de Monocotylédones, parmi lesquelles il cite les Hæmodoracées et les Cannées ; mais on a vu, par les exemples que j'ai cités, que ce fait n’est au moins pas absolu , et que dans beaucoup de familles on ne peut pas étendre à leur ensemble les caractères tirés de ces organes, dont la présence ou l’absence varie re à l’autre. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 1. Glandes ovariennes des Liliacees. Fig. 1-3. Scilla amæna. 4. Ovaire entier grossi, montrant vers les deux tiers supérieurs un des pores ou orifice excréteur. 2. Coupe longitudinale d’une des cloisons qui met à découvert la surface d’une des glandes et son canal excréteur. 3. Coupe transversale d’une des cloisons dont le milieu est occupé par une des glandes a. Fig. 4-8. Asphodelus luteus. 4. Ovaire entier grossi, montrant l'orifice excréteur d’une des glandes. 5. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne , montrant les trois glandes qui occupent toute l'étendue des cloisons «a a: la coupe pssse par le canal excréteur de l’une d'elles en b. 6, 7, 8. Développement des ovules et de l’arille sec qui recouvre les graines. Fig. 9-10. Allium Moly. 9. Coupe longitudinale de l'ovaire gynobasique de cette plante, et de la SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 241 glande « placée dans la partie inférieure de la cloison au niveau du fond des loges; b, orifice du canal excréteur. 40. Coupe transversale de l'ovaire à la bauteur des glandes a a a : la coupe passe par le canal excréteur de l’une d'elles en b; ccc, fond des loges au- dessous de l'insertion des ovules. Fig. 11-13. Aloe subtuberculata. 11. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne : “aa, glandes septales ; bb, deux des ovules bisériés dans des loges. 12-13. Ovule au moment de la fécondation, et plus développé, en partie recouvert par l'arille. Fig. 14. Albuca major. Coupe transversale de l'ovaire montrant les trois glandes septales, et leurs rapports avec la cavité centrale de l'ovaire. PLANCHE ‘. Glandes ovariennes des Amaryllidées. Fig. 4-3. Amaryllis cinnamomea. A Coupe longitudinale de l'ovaire, divisant une des loges et une des cloisons, et montrant la glande a qui en occupe le milieu dans toute son étendue, et son canal excréteur b. | +9 . Coupe transversale à la base du périanthe et du style, montrant la surface supérieure de l'ovaire et les trois orifices des canaux excréteurs b bb. 3. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne, et des glandes aa a qui occupent le milieu de chaque cloison. Fig. 4-6. Hemerocallis caribæa. &. Coupe longitudinale de l'ovaire passant par le milieu d’une des cloisons, et montrant la glande a et le canal excréteur b qui en occupent la plus grande partie. 5. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne, présentant les cloi- sons très épaisses, et occupées par les glandes et les vaisseaux qui les accompagnent. 6. Coupe transversale d’une de ces cloisons plus grassie, montrant l'aspect du tissu glanduleux au milieu du parenchyme général et des faisceaux vascu- laires. Fig. 7. Clivia nobilis. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne, pour montrer le ren- flement particulier des cloisons dans la partie qui correspond aux glandes nectarifères, et la cavité béante de ces glandes aa a, dont les surfaces ne sont pas contiguës comme la plupart des autres plantes. Fig. 8-12. Agave yuccæfolia. 8. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne, pour montrer la 29 AD. BRONGNIART. — MÉMOIRE disposition des glandes «a a dans le milieu des cloisons très épaisses qui séparent les loges. 9. Coupe transversale du sommet de l'ovaire au-dessus des loges ; bbb, ca- naux excréteurs ; ccc, canaux stylaires. 10. Coupe du style à sa base, immédiatement au-dessus de l'ovaire, mon- trant les canaux excréteurs a a a quil renferme. 11, Coupe du style un peu au-dessus, au point où les canaux excréteurs sortent du style. 42. Coupe transversale d'une des cloisons plus grossie, avec la glande qui en occupe la partie moyenne. | PLANCHE 9. Glandes ovariennes des Broméliaceées. Fig. 4-5, Melinonia incarnata. 1. Coupe longitudinale de l'ovaire, divisant une des cloisons etla glande a qui en occupe le milieu. 2. Coupe transversale de l'ovaire au-dessous des ovules ; les glandes sont con- fluentes et offrent de nombreux sillons longitudinaux. 3. Même disposition plus développée sur une coupe transversale prise un peu plus haut. k. Coupe transversale un peu au-dessous du point où cesse l’adhérence du calice à l'ovaire ; les trois glandes sont distinctes dans chaque cloison et vont S'ouvrir dans l'intervalle des carpelles. 5. Coupe transversale dans la partie libre de l'ovaire, montrant les carpelles libres entre eux et simplement appliqués par leurs faces latérales. Fig. 6-11. Billbergia vittuta. 6. Coupe longitudinale de l'ovaire passant par le milieu d’une des cloisons, et montrant une des surfaces de la glande septale avec ses plis ousillons, et son canal excréteur s'ouvrant dans l'entonnoir formé par la surface supé- rieure de l'ovaire. 7. Coupe de la partie inférieure de l'ovaire au-dessous des placentas, montrant la confluence des trois glandes au centre. 8. Coupe transversale correspondant à la partie inférieure des placentas où les glandes aaa sont distinctes et moins sillonnées. 9. Coupe transversale ‘vers la partie supérieure des placentas correspondant aux trois canaux excréteurs bbb. A0. Portion des glandes confluentes prise sur la coupe figure 7, pour faire voir les rapports des faisceaux vasculaires avec ces glandes et leurs replis. A1. Coupe transversale d'une portion de glandes, figure 8, observée au mi- croscope, pour montrer la différence lu tissu glauduleux aa et du paren- chyme propre des cloisons b b. SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 23 PLANCHE /L. Glandes ovariennes des Canneées et des Musacées. Fig. 1-2. Canna aurantiaca. 1. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne : aaa, les trois glandes septales placées entre les faisceaux musculaires du placenta b b b. 2, Coupe transversale plus grossie de la portion de la cloison qui correspond à une des glandes et aux faisceaux vasculaires. 2 a. Portion du tissu glauduleux plus grossi. : Fig. 3-9, Strélitzia ovata. 3. Coupe longitudinale de l'ovaire passant par le milieu d'une des loges et d'une des cloisons, montrant la glande septale de cette cloison et son long canal excréteur s'ouvrant au fond du tube du périanthe. 4. Coupe transversale en 4, fig. 3, au-dessus des loges, montrant les canaux excréteurs bbb. 5. Coupe transversale vers le sommet des loges en B, fig. 3 : commencement des glandes étroites, mais accompagnées de nombreux faisceaux vasculaires qui leur paraissent propres. 6. Coupe transversale en C, correspondant à la partie moyenne des loges et des placentas. 7. Coupe transversale en D, un peu au-dessous du milieu des placentas, près de l'extrémité des glandes. 8. Coupe vers la partie inférieure du placenta en E , au-dessous de la termi- naison des glandes septales. 9. Coupe d’un des ovules. DE LA NÉCESSITÉ DE FAIRE DISPARAITRE DE LA NOMENCLATURE BOTANIQUE LES MOTS TORUS ET NECTAIRE, Par le Dr D. CLOS. Professeur et directeur du Jardin des plantes, à Toulouse, À mesure que la science fait des progrès, à mesure que son domaine s'agrandit, elle tend à se simplifier de plus en plus, et c’est un de ses plus beaux priviléges. Aux théories spéculatives succèdent des observations pré- cises; aux hypothèses, des lois, et c’est par ces lois que la science de l’orga- nisation marche vers ce degré d'unité qui a été le rêve de tous les esprits vraiment philosophiques. 21 D. CLOS. -— NÉCESSITÉ D£ FAIRE DISPARAÎTRE Mais, en même temps que les diverses parties de la science se perfec- tionnent, sa glossologie ne doit pas rester en arrière ; car, on l’a dit depu is longtemps, le langage traduit le degré de perfection d’une science. Cependant, soit respect pour les anciennes traditions, soit par tout autre motif, il est certaines parties du langage botanique reconnues défectueuses par la plupart des botanistes, et qui sont encore d'usage même dans les ouvrages élémentaires. C’est ce que nous allons essayer de prouver pour les mois {orus et nectaire, qui, à notre avis, devraient disparaître du cadre de la nomenclature botanique. Examinons-les l’un après l’autre. DU TORUS. Le mot forus fut proposé par Salisbury (Trans. Linn. Soc., V, 141), et mis surtout en vogue par de Candolle. Depuis lors, il a été souvent employé, et aujourd’hui il l’est encore très fréquemment. Nous pensons que la conservation de ce mot est non-seulement inutile, mais nuisible pour la science. Pontedera avait introduit dans le langage botanique le mot récep- tacle (4). Linné consacra, de son autorité, l'usage de ce terme ; c’était pour lui la partie terminale du pédoncule qui sert de support à tous les or- ganes de la fleur : Receptaculum basis qua partes fructificationis con- nectuntur (Philos. Bot.). Ge mot était convenable, euphonique, expres- sif. Dans quel but chercha-t-on à lui substituer celui de torus ? C’est difficile à dire. Toutefois l'inconvénient d’un second terme pour exprimer un même objet eût été léger, si ce mot {orus avait eu un sens précis; mais 1l s’en faut bien, et il nous semble que son emploi a donné lieu à de déplorables confusions. Quelques exemples empruntés à divers auteurs vont en fournir la preuve. Salisbury avait défini le (orus, le support général ou la base des diffé- rentes parties d’une fleur unique (2). De Candolle déclare dans sa T'héorie élémentaire (3° édit., p. 348) que le mot torus est synonyme de réceptacle; mais bientôt, dans son Orga- nographie végétale, il restreint, d’une part, l’acception de ce mot, et de (1) Voco itaque receptaculum corpus quoddam figura dissimile, atque varium, cui stamina et petala semper adhærent et in quam tum apicum tum petalorum succus corrivari solet ut a receptaculo sensim embryoni subministretur. (Ponte- dera, Antholog., p. 26, anno 1620.) (2) Thef common support, or base of the different parts of a simple flower. (Loc. cit.) LES MOTS TORUS ET NECTAIRE. 29 ” l'autre il en étend la signification. Il la restreint, lorsqu'il dit: «Le torus paraît être une expansion du sommet du pédicellé, de laquelle naissent les pétales et les étamines, et qu’on peut considérer comme la base de toutes les parties mâles et corollaires des fleurs. » (Organ., 1, 483.) Définition qui se trouve à peu de chose près reproduite à la page 39 du même ou- vrage. C’est qu’en effet le réceptacle donne naissance non pas seulement à la corolle et aux étamines, mais encore à toutes les autres parties de la fleur. Le même savant a donné, au contraire, un grand degré d'extension au mot torus, quand il ajoute qu’il se prolonge quelquefois autour du fruit ou sous forme d’écailles pétaloïdes distinctes comme dans l’An- colie, ou de filets filiformes comme dans plusieurs Cypéracées, ou sous la forme d'un godet membraneux, et il cite pour exemple le Pæonia moutan, le Nuphar, le Pavot, l’Oranger, le Carex. (Org. I, 39.) Déjà, dès 1835, M. Alph. de Candolle faisait remarquer à ce propos que, dans l’Orange et le fruit des Papavéracées, l'enveloppe coriace externe n'est pas un prolongement du torus; car elle est continue avec le style, et nettement séparée du torus de la fleur ([ntrod. à la bot., I, 183, note); et depuis, la morphologie nous à éclairés sur la véritable nature de plusieurs de ces parties que de Candolle rapportait au forus. Les auteurs qui sont venus après de Candolle, s’autorisant de cet exemple, devaient adopter des vues diverses sur le torus. M. Lemaout, définissant le torus la partie du réceptacle située entre le calice et le pistil, considère le mot torus comme synonyme de disque (Atlas, p. 54). Mais d’autres botanistes, auteurs aussi d'excellents ouvrages élémentaires, et qui, par cela même, ont dû porter plus d’une fois leur attention sur ce point, ont cru devoir revenir à la première opinion de de Candolle, et re- garder le mot forus comme tout à fait synonyme de réceptacle : tels sont MM. Lindley (Zntrod. to Botan., 2° édit., 176), A. Richard (Elém., 7° édit., 322), de Jussieu (Élém., 5° édit., 232). Ce même sentiment est adopté par M. Martius (Beitr. z. Kenntn. der Amarant., p. 27). Si nous résumons les considérations qui précèdent, nous arriverons aux conclusions suivantes. Il faut rejeter le mot torus, parce que : | 1° Il à été employé par les divers auteurs dans des acceptions diverses. 2° Un même auteur lui a donné des sens divers. 3° Les maitres de la science actuelle ne le distinguent pas du mot réceptacle. Ajoutons encore que des savants, dont on ne récusera certes pas l’auto- rité, ont déjà signalé l’inutilité de ce mot. «Il nous semble, dit A. Richard, que M. de Candolle a confondu le réceptacle ou torus, qui n’est à propre- 26 D, CLOS. — NÉCESSITÉ DE FAÎRE DISPARAÎTRE ment parler que le sommet du pédoncule, auquel s’attachent toutes les par- ties constituantes de la fleur avec les appendices, les disques, qui en nais- sent. » (Nouv. élém., 7e édit., 334.) M. A. de Saint-Hilaire est encore plus explicite ; on lit dans sa Morphologie végétale, p. 465 : Le mot torus a été confusément appliqué tout à la fois au disque et au réceptacle. Il convient donc, ce semble, de revenir au mot réceptacle, en tant que désignant l’extrémité du pédoncule, d’où partent toutes les parties de la fleur ; et quant au réceptacle des Composées, qui a reçu tant de noms divers , il est sans doute aussi plus rationnel de lui conserver la dénomina- tion de réceptacle commun, qui ne peut donner lieu à aucune amphibo- logie. DU NECTAIRE. Si le mot forus ne doit pas être conservé, si les considérations que nous venons de développer à l’appui de cette opinion sont fondées, bien plus fortes encore sont celles que l’on peut faire valoir lorsqu'il s’agit des nectaires. Sans recourir à des citations inutiles, je me bornerai à rappeler que Linné, après avoir donné une définition parfaitement rigoureuse du mot nectaire (1), détourna plus tard complétement ce nom de sa signification primitive en lui accordant la plus large extension. Depuis lors, la plupart des auteurs modernes ont consacré un chapitre au nectaire ; mais il règne entre eux à ce sujet le plus grand désaccord. « Il est peu de termes, dit de Candolle, dont on ait autant abusé que de celui de nectaire. » (Organogr., I, 534.) En effet, chaque botaniste a sur ce point une opinion différente de celle des autres , et l’on réunit sous ce nom les choses les plus hété- rogènes. En même temps que Linné créait le mot nectaire, son antagoniste Adanson proposait celui de disque. On doit entendre par ce dernier mot, d’après Adanson, une sorte de réceptacle placé sous les étamines, ou sous l'ovaire, ou à la fois sous les étamines et l’ovaire , souvent confondu avec la partie de la corolle appelée nectaire (Fam., I, ccij et cecviÿ). Or nous avons vu que M. Lemaout considère les mots {orus et disques comme synonymes ; d’un autre côté, M. À. de Saint-Hilaire prend ce dernier terme pour synonyme de nectaire. Mais il s'éloigne beaucoup des définitions données soit du nectaire par Linné, soit du disque par Adanson, lorsqu'il définit le disque, tout verticille, sous quelque forme qu’il se présente, com- (1) Nectaria, stricto sensu, sunt organa humorem nectareum secernentia. (Phil. bot.) | LES MOTS TORUS ET NECTAIRE. 27 plet ou incomplet, qui se trouve entre les étamines et l’ovaire. A. Richard, au contraire, conserve la distinction entre le disque et le nectaire, et con- sacre à chacun d’eux un chapitre distinct. (Ælém. de bot., 7° édit., p. 396-399). Il en est qui rejettent les mots forus et disque, n’admettant que celui de nectaire ; mais encore ici quelle divergence d'opinions! Poiret ne voit dans les nectaires que des corps glanduleux , refusant ce nom aux appen- dices de la corolle ou des étamines. Mirbel, tout en critiquant Linné d’avoir abusé de ce nom, encourt le reproche qu’il adresse au grand naturaliste suédois (£lém. de physiol. véqg., 1, 270). À. de Jussieu voudrait que l’on revint à la première définition de Linné, et que cenom denectaire fût ré- servé aux points de la fleur où se montre la formation du nectar (Cours élém., 1" édit., p. 465). Le même sentiment est exprimé par A. Richard : € Si l’on voulait, dit-il, conserver cette expression de nectaire, nous pen- sons qu'il faudrait exclusivement la réserver pour les amas de glandes si- tués dans l’intérieur de la fleur, et destinés à sécréter un liquide mielleux et nectaré. » (Elém., p. 400.) Une opinion analogue a été émise par de Candolle père(Organogr., I, 53h), par de Candolle fils ({ntrod. à la bot., 1, 167), et par Treviranus (Physiol. der Gew.,l, 255). Turpin avait aussi proposé de n’admettre qu’un seul terme pour désigner les nectaires et les disques , et il avait cherché à faire prévaloir celui de phycostème, qui signifie, pour lui, éfamines déquisées (Tconogr., p. 53). Mais on pouvait lui demander si toutes les surfaces nectarisées avaient cette signification morphologique. Ainsi les uns veulent qu’on revienne à la première définition de Linné; d’autres (Lemaout, Bravais, etc.) appliquent le nom de nectaire à toute partie qui, sans avoir aucun rapport entre elles, semblent s'éloigner de la forme normale des organes essentiels de la fleur. Les uns lui donnent la plus grande extension ; les autres voudraient distinguer le nectaire du disque, du torus (4). En pareille occurrence que faut-il faire? Remarquons d’abord que déjà plusieurs botanistes, et des plus célèbres, ont senti le vague de ce mot, et exprimé la nécessité de l’exclure de la nomenclature botanique. Lamarck a dit : « Employer de pareils termes, c’est jeter de l’équivoque dans l’étude de la botanique, et pervertir l'usage des noms, qui doivent toujours réveiller dans l'esprit une idéeréelle et précise. » (Art. NECTAIRE de l’Encycl. méth., (1) M. L. Bravais a cherché à défendre les idées de Linné sur le nectaire, ajoutant quatre espèces de nectaires à celles qu'admettait le savant suédois. (Voyez Ann. sc. nat., 2° sér., XVIII, p. 452.) 28 mn. CLOS. — NÉCESSITÉ DE FAIRE DISPARAÎTRE , ETC. et Flore franç., 2° édit., I, p. xim). Bulliard n’a pas.été moins explicite : « Ce mot, appliqué à tant de choses essentiellement différentes , qu’il est impossible de le définir avec précision, doit être rejeté et remplacé par un autre plus propre à la chose que l’on observe. » Enfin A.-L. de Jussieu, dans la belle préface du (Genera plantarum, s’est aussi nettement pro- noncé : Rejiciendum e scientia botanica nomen vagum nimis.(Ann. sc. nat., 2e sér., VIII, p. 132, note.) Parmi les auteurs modernes, M. Lindley est presque le seul qui ait eu le courage de ne pas consacrer un chapitre au nectaire (Introd. to Bot., 2° édit.). Il nous paraît que cet exemple devrait être universellement suivi. Tant que l’organographie était dans l’enfance ; tant que la morphologie, avee ses admirables lois de symétrie, ne nous avait pas éclairés sur la si- gnification des appendices des Nigelles, des Drosera , il était peut-être utile d’avoir un mot général pour exprimer tous ces organes jusqu'alors de nature douteuse, et qui semblaient s'éloigner par des caractères plus ou moins marqués des parties normales de la fleur. Aujourd’hui la science est tout autre; mais, par trop de respect pour le passé, on lui a conservé quelques-uns de ses anciens priviléges. Il est temps, je crois, de l’en dé- barrasser. « Lorsqu'on a accoutumé son esprit, dit de Candolle, à un cer- tain ensemble d'idées et à des termes inexacts, on arrive, par une pente in- sensible, à n’être plus frappé des inconséquences que l’on a toujours admises. » (T'héor. élém., 3° édit., p. 99.) Les appendices des calices et de la corolle peuvent conserver, suivant les cas, les noms de bosses, cornes, éperons. Le nom de disque s’appli- quera à ces anneaux glanduleux qui entourent la base de l'ovaire (Cobæa) ; lorsque les parties du disque sont isolées, chacune d’elles prend le nom de glande. Quant à ces parties d'organes quelles qu’elles soient, écailles, bosses, éperons, fossettes , surfaces planes, qui excrètent une humeur miellée, l’épithète de nectarifère (producteur du nectar) suffira pour les caractériser avec certitude. TENTAMEN METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, ADDITIS DESCRIPTIONIBUS COMPLURIUM NOVARUM SPECIERUM NOVIQUE GENERIS HOLOSTYLIS, Auctore P. DUCHARTRE. PARS 1°. DIVISIO ET CONSPECTUS GENERIS ARISTOLOCHIA. I. Columna apice triloba; antheræ per paria approximatæ im à catervas lobis columnæ oppositas. A. AsreroLyTes, Columna tripartita, lobis truncatis margine in- crassato flexuosis vel undulatis. Calyx tubulosus, limboparvo bilabiato labio altero sæpius bifido. Capsula apice dehiscens, valvis Stellatim patentibus a columna centrali decidua dis- junctis. — Herbæ humiles, parvifloræ , in America boreali crescentes. ( À. serpentaria, Linn.; À. reticulata, Nutt. ; A. polyrhizos, Pluk. Spreng. B. Sipnisia, Rafin. Columna trifida. Lobi triangulari-lanceolati, margine non incrassaio recto. Calyx tubulosus refractus, limbo nune trilobo nune annulari obsoletissime trilobo. Capsula ge- neris oblonga , hexagona , 6-valvis, dehiscentia septicida ba- silari. — Frutices Scandentes , elati, in America boreali et Napalia crescentes. (4.sipho, l'Hérit. ; À. tomentosa, Sims ; À. saccata, Wall. C. Hexonox. Columna subtripartita. Lobi apice bifidi; antheræ magnæ. Calyx refractus, nune unilabiatus labio trilido, nunc peripherico - bilabiatus. — Frutices scandentes, in America boreali et Japonia crescentes. (A. sericea, Benth. ; À. Kæmp- feri, Willd. 90 P. DUCHARTRE. — TENTAMEN If. Columna sexæloba rarissime quinqueloba. Antheræ æquidistan- tes singulatim smgulis columnæ lobis oppositæ. À. Gvmnozogus. Lobi columnæ exappendiculati, id est, proces- sibus transversis destituti. Lineæ stigmatosæ longitudinales marginantes suleum medium vel depressionem faciei externæ loborum, inferne sub sinubus confluentes. — Species neogeæ S. americanæ. $ 1. Pentandræ (Einomenia, Rafin.). Flores pentandri unilabiati, imberbes, instructi bractea sæpissime in ipsa basi ovarii, rarius in pedunculo non procul a flore. Capsulæ 5-val- ves, dehiscentia septifraga apicali (saltem in À. micrantha Dire. , sola specie eujus fructum maturum et dehiscentem videre mihi contigit. (A. pentandra, Lin.; À. hastata, Kunth.; À. brevipes, Benth.; "A. mi- crantha, Dire.; * A. bracteosa, Dtre.; A. longiflora, Engelm. et À. Gray; * À. velutina, Dtre.; ‘A. flexuosa, Dire.; À. fœtida, Kth. S 2. Hexandre. Flores hexandri, bractea basilari destituti. Capsula 6-valvis, dehiscentia septicida basilari. + Unilabiatæ. 4° Apice caudatæ (A. caudata, Lin.; A. Ehrenbergiana, Cham.; À. tri- lobata, Lin.; À. macroura, Gomez; À. caracasana, Spreng.…… 2° Apice caudatæ. a. Labio interne barbato. (A. barbata, Jacq.; * À. dictyantha, Dtre.; "A. eurystoma , Dtre.; A. macrota , Dire.; À. taliscana, Hook.; "A. Galeotti, Dtre. ; ‘A. cyclochilia, Dtre.; A. pardina , Dtre. ; "A. chiquitensis , Dtre.; À. odora, Steud.; À. peltata, Lin... A. macradenia, Hook.; À. glandulosa, Kickx. b. Labio facie interna sub apice papilloso seu verrucoso. (*A. ovali- folia, Dire.; "A. elliptica, Dtre.;? A. oblonga, Arrab. c. Labio fimbriato. (A. fimbriata, Cham. d. Labio facie interna margineque glabro et lævi. METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. o1 + Labio unguiculato, id est, basi angustato. *Tubo recto. (A. pilosa, Kih. ** Tubo refracto. (A. cynanchifolia, Mart.; À. Surinamensis, Wild. B. Labio sessili contmuo, id est, basi non angustato. * Labio ovato vel cordato. 4. Labio refracto. (A. truncata, Field et Gardner. 2. Labio non refracto. + Tubo recto, floribus solitariis. (À, rumicifolia, Mart.; À. bilo- bata, Lin. ; À. oblongata, {acq. ; À. obtusata , Swartz; À. in- flata , Kth. ++ Tubo incurvo vel refracto , floribas racemulosis vel racemosis. (‘A. gibbosa, Dtre.; À. geminiflora, Kth. ; À, maxima, Lin. ** Labio angusto lanceolato. TL. Labio tubum longitudine multo superante. (À. punctata, Lam. 2. Labio tubum non aut vix longitudine superante. ( 4. angusti- folia, Cham.; À. anguicida. Lin.; A. acutifolia, Dtre.; "A. Pa- voniana, Dire.; À. fragrantissima, Ruiz; À. nummularifoha, Kith.; “A. Claussenii, Dire. ; “A. orbicularis, Dtre.; À. Raja, Mart. | 3. Labio incurvo, rostriformi, basi dorso aculeiformi. (*A. bi- rostris, Dtre. h. Labio spathulato. (A. reniformis, Wild. 9. Labio subnullo. (A. triangularis, Cham. ; À. chilensis, Bridg. *** Labio transverso. (A. eriantha, Mart. ++ Bilabiatæ. 1° Parvifloræ. (A. deltoidea, Kth.; A. bilabriata, Lin... A. platyloba, Garcke. | 2° Grandifloræ. a. Foliis oblongo-cordatis ; labio altero brevissimo. (*A. Weddellu, Dtre. b. Foliis reniformi-cordatis ; duobus labiis elongatis. (A. cymbafera , Mart.; À. galeata, Mart.; À. Brasihiensis, Mart.; A. labiosa, Ker; À. ringens, Vahl. 9? P. DUCHARTRE, —— TENTAMEN +++ Peltifloræ, id est, limbo cireum os tubi manifeste continuo peripherico. 1° Caudatæ. Flores gigantei. (A. grandiflora, Swartz; À. fœtens, Lindl. 2° Ecaudatæ. Flores plerumque minusculi, rarius magni. a. Fimbriatæ. (4. ciliata, Hook.; ‘A. prostata, Dire. b. Fimbrüs destitutæ. (4. gigantea, Mart.; À. picta, Karst. ; "A. ma- cropoda, Dtre.; A. odoratissima, L.; A. glaucescens, Kih. ; A. vartifolia, Dire. ; "A. Goudotii, Dtre. | Incertæ sedis ob flores ignotos. (A. macrophylla, Dtre.; "A. Gardneri, Dire.; "A fiipendulina,Dtre. B. Dicocogus, seu Aristolochiæ veræ. Lobi columnæ appendi- culati, id est, basi instructi totdem processibus transversis lateribus connatis, quamdam involuerti speciem supra stami- num apices efformantibus. Lineæ stigmatosæ transversæ in margine processuum sitæ. Calyx unilabiatus raro subbilabia- tus. — Species gerontogeæ. $ 2. Calyx super ovarium süpitatus, 1d est, mediante collo elongato gracit germini insidens. (A. bracteosa , Retz; À. Mauritiana, Pers.; À. Kotschyi, Hochst. ; A. Tagala Cham.; À. acuminata, Lam. ; À. 1ndica, Lin. ; ? À. Ti- morensis, Dne.; "A. Gaudichaudii, Dtre.; “A. multflora, Dtre. ; ?"A. albida, Dtre. $ 2. Calyx super ovarium sessilis. 1. Calyx poro apicali apertus, limbo proprie dicto destitutus. ( À. micro- stoma, Boiss. JL. Calyx late apertus, limbatus. a. Calyce recto. (A. auricularia, Boiss.; À. pistolochia, Lin.; À. cle- matitis, Lin.; À. contorta, Bunge; À. rotunda, Lin.; À. debilis, Sieb. et Zuccar.; À. longa, Lin.; À. Fontanesti, Boiss. et Reut. ; A. lutea, Desf.; À. pallida, Wild... METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 39 b. Calyce recurvo. (À. altissima, Desf.; A. sempervirens, Lin.; A. bœtica, Lin. A. parvifolia, Sib. et Sm.; À. Tourneforti, Jaub. et Sp.; À. ma- croglossa, Jaub et Sp.; À. Billardieri, Jaub. et Sp. A. maurorum, Lin. ; À. Aucherti, Jaub. et Sp.; À. Bottæ, Jaub. et Sp. ; À. Oliverii, Boiss. À. cretica, Lam. ; À. pontica, Lam. ; 4. Bruguieru, Jaub. et Sp. A. hirta, Lin. Incertæ sedis ob flores a me non visos. (A. pubera, R. Br.; À. Jacku, Steud..… PARS 2°. NOVÆ SPECIES. HOLOSTYLIS genus novum. (Ab 6)os, integer, et orvkos, stylus, ob stylum non in lobos fissum.) Flores hermaphroditi, gynandri. Calyx coloratus, irregularis, in- ferne ovario adhærens, supra ovarium ab 1ipsa basi campanulatus indeque sensim ampliatus in limbum obliquum periphericum late ovato-lanceolatum ; antheræ sex stylo tota facie dorsali adnatæ ; extrorsæ, dithecæ; ovarium inferum, 6-costatum , 6-loculare , multi-ovulatum ; stylus columnaris æqualis, supra stamina indi- visus, tubulosus ore ampliato margineque patulo subreflexo grosse 6-crenatus crenis latis obtusis staminibus oppositis. Fructus m statu Jjuvenili abbreviato-ovoideus hexagonus umbonatus. Species unica HoLosTYLIS RENIFORMIS, Dire. Hoc genus differt ab Aristolochia calyce bast non in utriculum inflato nec superius in tubum contracto sed campanulato , styloque tantum apice crenato non in lobos diviso. Hocosryzis RENIFoRMIS, Dtre. ( Aristolochia campanæformis , DC., herb. ; Caule herbaceo erecto vel ascendente, tetragono-costato-angulato, olabro; foliis amplis, petiolatis petiolo breviuseulo valido, reni- k° série, Bor, T. IT. (Cahier n° 3.) 5 3 alt P. DUCNARVRE. — TENTAMEN formibus, apice acutato-euspidatis, basi longe in petiolum eunea- im excurrentibus , pedatim 5-nervis nervis validis venisque inferne prominentibus, glabris, subtus pallidis glaucescentibus ; floribus parvis, racemosis, minute bracteatis; racemis elongatis, laxis, præcipue in ima caulis parte catervalis. Rhizoma abbreviatum , irregulariter subrotundum , pluriceps , plures emittens radices longas et simplices. Caulis herbaceus induratus sublignescens centro medullosus seu fistu- losus, erectus vel ascendens, non volubilis firmus et pro statura plantæ crassus, tetragono-costatus costis angulisve obtusis crassis, glaber vel sub lente tantum puberulus, internodus fohio multo brevioribus , Om,2-0m,3 altus. Folia ab ima planta ad summam crescentia supremis maximis, petiolata, estipulata. Petiolus robustus ipsimet cauli crassitie sæpe subæqualis, basi sæpius flexuosus , superne late complanato-canaliculatus inferne grosse costatus costis cum nervis himbi continuis et inferne in caulis angulos de- currentibus. Limbus reniformis apice nonmihil angulatim porrectus , basi utrinque insculptus sinu parum profundo rotundato lato lamina longe in petiolum cuneatim excurrente auriculisque maximis rotundatis, ambitu in- tegerrimus, pedatim 5-nervius nervis robustis inferne valde prominentibus lateralibus externe semi-pinnatim ramosis nervulis venisque anastomosan- tibus et inferne prominentibus reticulatus , utraque pagina glaber et lævis inferiore pallidior glaucescens , subcoriaceus , pellucido-punctulatus , in summa planta 0w,2 latus 0,",15 longus vel paulo major. | Flores parvi racemosi , breviter peduneulati , intus obscure purpurel. Racemi elongati, laxi, elongati, Om,1-0m,15 longi, axillares, in tota caulis longitudine sed præcipue in ima planta catervati, bracteati, 5-10 flori. Rachis nunce erectiuseula nunc patula, subrecta, robusta, costata. Bracteæ parvæ, reniformi-cordatæ, venosæ, integræ, subsessiles. Pedunculus proprius striètus, puberulus, 0®,01 longus. Ovarium pedunculo continuum eoque vix apicem versus Cr'asSius , ipso vertice acutatum, 6-costatum, brevissime puberulum, sub flore arcuatum, 0,04 longum. Calyx superus, forma supra memorata, extus nervosus nervis intensius coloratis, inter nervos rugis transversis distantibus areolis subquadratis insignitus. Columnæ forma supra memorata. Fructus et semina desiderantur. METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 39 Habitat in Brasiliæ provincia Goyaz, in humidis; ibi lecta a beato Gardner qui eam n. 3970 signavit. V. S. ( Herbar. Mus. Paris , De Les., DC., Barker-Webb.) ARISTOLOCHIÆ NOVÆ. A. ARISTOLOCHIA MICRANTHA, Dire. (Berlandier, n° 203.) Pubescens; caule humili, herbaceo, gracili, nonnihil flexuoso , striato ; foliis subseeundis, petiolatis petiolo sæpe flexuoso striato, ovato-sagittatis vel subhastatis, obtusis acuminatisve acumine obtuso, sinu baseos angusto auriculisque subparallelis, peda- lim 7-nervis nervis infirmis; floribus minimis, solitariis, axillaribus, pedunculatis, minute bracteatis, unilabiatis ; capsula parva, ovoidea, pentagona, 5-valvr. Planta pro genere pusilla, habitu, ut ita dicam, convolvuloideo, undique pubescens. Rhizoma gracile, horizontale, flexuosum, notatum excrescentiis nodi- formibus quæ originem, caulium annis præterilis exstantium indicare videntur. Caulis e basi internodiis brevissimis conflata emittens ramos elongatos ita ut multiceps videatur, herbaceus, gracillimus, striatus, internodiis folio brevioribus, 0m,20-0%,50 altus. Folia petiolata, estipulata, plus mimusve seeunda, parva. Petiolus sæpius flexuosus, striatus, canaliculatus, basi tribus lineis prominulis vix conspi- cuis decurrens, 0®,04-0%,02 longus. Limbus ovato-sagittatus subhasta- tusve, apice obtusus vel acutus quandoque acumimatus, sinu baseos angusto fundo rotundato lateribus parallelis vel sæpius convergentibus in sextam usque partem folii penetrante, auriculis sæpissime parvis interne rotundatis externe nonnihil productis leviterque divergentibus, margine integerrimus, pedatim 7-nervius nervis infirmis lateralibus minoribus externe ramosis , duabus paginis fere concolor , sæpius 0®,025-0%,03 longus (rarius 0%,04-0®,05), 0n,042-0m,01/4 in medio latus. Flores minimi (unicum imperfecte servatum videre mihi contigit), axil- lares, peduneulati, solitarii, minute bracteati. Peduneulus pubescenti-hispidus, petiolo brevior, 0®,005-0"008 longus, post anthesim plus minusve flexuosus, in tertia parte superiore gerens brac- team minutam, cordatam. 36 P. DUCHARTRE, —— TENTAMEN Ovarium peduneulo continuum , anguste obovatum, apice constrietum , longitudinaliter 6-suleum, hispidum. | Calyx externe hispidus, basi tumens in utriculum ovoideum e cujus ver- tice assurgit recta tubus latus superne productus in labium complicatum, oblongum , arcuatum (descriptio ex unico flore observato). Columna stipitata , subovoidea , ab apice fere ad medium usque divisa in 5 lobos latos cordato-lanceolatos obtusos facie externa parum conca- vos lineis stigmatosis marginatos, pentandra antheris magnis ovatis dis- tinctis singulis dithecis thecis approximatis et in stylo quasi stipitatis, id est, processu medio longitudinali im sectione transversa perspicuo affixis; styli tubus centralis triangularis. Fructus capsula parva (0°,01 longa), ovoidea, longitudinaliter pentagona costis valvarum angulos efficientibus, apice dehiscens in 5 valvas a disse- pimentis secus suturas secedentes, ideoque dehiscentia sephfraga non septicida ; dissepimenta ipsa ante valvas decidua. | Semina in quoque loculo circiter 10 , uniseriata , obcordata , 0w,003- 0,004 longa totidemque fere lata, facie inferiore atra planiuscula punc- tulis prominulis æqualibus scabrida , facie superiore testacea inæqualiter et irregulariter verrucosa subplana et a basi ad apicem in medio notata linea elevata, marginibus obtusa ; albumen album copiosum carnosum faciei inferiori seminis proximum, id est, testa tenui obtectum, a facie superiore distans, id est obtectum testa et strato crasso spongioso rhapheos expan- sione conflato. Embryo pro more minutissimus, dicotyledoneus, ovoideus, hilo proximus. Habitat in Mexico loco dicto Tampico-de-Tamanlipas unde a Berlandier, anno 1827, relata. (Herb. Mus. Paris., De Les., DC.) V. $ 9. ARISTOLOCHIA FLEXUOSA, Dtre. Hirsuta; caule elongato, flexuoso, ramosissimo; foliis subses- siibus, ovato-cordatis acutis, sinu baseos angusto auricu- lisque rotundatis meumbentibus, pedatim 5-nerviis costa valida nervisque laterahbus minoribus ; floribus minuseulis, race- mosis racemis elongatis, pedunculis basi apiceque bracteatis : calvce recto unilabiato labio lanceolato. Caulis elongatus , flexuosus , contorto-subvolubilis, ramosissimus ramis longissimis gracilibus flexuosis, subangulatus, non sulcatus, hispidus, par- tim rubens. METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 97 Folia subsessilia, amplectentia , estipulata ; caulina magna , ramealia parva. Petiolus subnullus vix 0®,004 vel minus longus, hispidus, basi vix lateribus decurrens , costæ crassæ recta continuus. Limbus ovato- cordatus, acutus, basi cordatus sinu angustissimo rectiusve scissura, auri- culis rotundatis interne dilatatis incumbentibus caulemque ambientibus, in- tegerrimus, pedatim 5-nervius costa valida et nervis lateralibus minoribus, utraque pagina sed præcipue inferiore hirsutus, 0,13 longus 0,075 latus. Flores minusculi, viridescentes et apice obscure rubri, in ramis nunc et rarissime solitarii axillares, nunce et sæpissime racemosi racemis axillaribus longis sæpe ramosis, bracteatis. Bracteæ duplicis ordinis nempe primariæ ad cujusque pedunculi ortum cordatæ, sessiles, acutiusculæ, 0®,042 circiter longæ, secundariæ ad basim ipsam floris, id est,in apice pedunculi minores ovato-lanceolatæ obtusius- culæ, binæ hirsutæ ut et racemi rachis et pedunculus. | Pedunculus proprius gracilis et brevis, 0",007-0",008 longus. Ovarium oblongum, basi et apice angustatum, longitudinaliter 5-costa- tum et 5-sulcum, hirsutum, 0",006 longum. Calyx externe pubescenti-hirsutus , basi modice tumens in utriculum ovoideum subregulare 0®,007 longum, e cujus vertice assurgit tubus la- tiusculus rectus æqualis 0,007 longus, inde abrupteampliatus in faucem brevem, productusque in labium elongatum lanceolatum subacutum supra basim nonmihil angustatum longitudinaliter nervosum interne glabrum et concavum. Columna cylindracea, brevissime stipitata , superne parum alte fissa in © lobos obtusos facie externa excavatos depressione media longitudinali angusta basim versus paululum ampliata marginata lineis stigmatosis pro- minentibus inferne longe productis et confluentibus, pentandra antheris ovatis vix distantibus dithecis thecis contiguis. Fructus et semina desiderantur. Habitat in Mexici fierra caliente in montibus circa pagum Aparingan, ubi lecta a cl. Ghiesbreght qui eam n° 216 signavit. V. S. (Herbar. Mus. Paris.) 3. ARISTOLOCHIA BRACTEOSA , Dtre. (A. rotunda in herbar. De Les., ex herbar. Lambert, a Mocino et Sesse lecta). Hirsuta; caule herbaceo, erecto, simplici; foliis subsessilibus, ovato-cordatis sinu baseos late aperto auriculisque magnis ro- tundatis , apice rotundatis obtusissimis vel emarginatis , pedatim 38 P, DUCHARTRE, — TENTAMEN 7-nervis nervis duobus costæ approximatis et subparallelis ; floribus solitariis, axillaribus, basi bractea ampla ovato-cordata suffultis ; calyce recto unilabiato labio cordato-lanceolato. Planta tota superficie plus minusve hirsuta. Caulis herbaceus, erectus, simplex (in unico specimine observato), pilis inferne rariusculis superne crebris hirsutus, longitudinaliter sulcatus , in- ternodiis folio inferne æqualibus in medio et superne brevioribus. Folia breviter petiolata subsessilia, pseudo-stipuläta. Petiolus hirsutus, canaliculatus, longitudinaliter striatus ob manifestam nervorum decurren- tiam, basi triplici linea carina lateribusque decurrens, 0®,005-0°,008 lon- gus. Limbus ovato-cordatus, recta angustatus a basi ad apicem rotundatum imo quandoque emarginatum, basi insculptus sinu parum profundo angusto late aperto, auriculis magnis rotundatis , integerrimus, pedatim 7 nervius nervis 2 lateralibus costæ approximatis et subparallelis nervo extimo mi- nimo, pagina superiore pilis raris longiusculis inferiore pilis longioribus et frequentioribus in nervis venisque hispidus, 0%,08 longus 0,05 latus. Stipulæ intrafoliaceæ vices gerit fohiolum axillare, subrotundo-cordatum, obtusum, integrum, sessile, 0®,012 longum, quod mihi rectius pro prima ramuli floriferi bractea habendum videtur et quod ideo pseudo-stipulam dico. Flores solitarii, axillares, bracteati, maqusculi. Pedunculus crassus, leviter arcuatus, longitudinaliter striatus, hirsutus, 0®,012-0",015 longus, apice una gerens florem et bracteam flori propriam. Bractea flori propria eximiæ magnitudinis, 0®,025-0",05 longa, 0m,02 et paulo magis lata, ovato-cordata, apice acuta mucronulata, basi subcor- data sinu parum profundo, sessilis, triplinervis nervis valde approximatis , utraque pagina breviter hirsuta. Ovarium peduneuli apici geniculatim insidens , obconicum, angulatum , in angulorum intervallis dense hirsutum, 0,008 longum. Calyx pilis densis hirsutus in utriculo tubo nervisque faciei externæ labii, basi tumens in utriculum ovoideum regulare æquilaterum cum ovario rectilineum eique immediate insidentem 0,008 longum, e cujus vertice assurgit tubus gracilis rectus vel levissime arcuatus , 0®,0L longus , apice leviter ampliato gibboso-incurvato productus in labium cordato-lanceo- latum acutiusculum, complicatum, 0,03 longum. Columna, in unico specimine quod examini subjicere mihi licuit, sub- sessilis, parva, cylindracea, apice usque ad tertiam longitudinis partem fissa in 4 lobos basi lata breves , obtusos, facie externa insculptos depres- sione media angusta marginata lineis stigmatosis crassis inter stamina con- TE 7 METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 99 fluentibus ibique ad mediam usque horum longitudinem descendentibus , tetrandra antheris magnis ovatis a basi columnæ usque ad ejus tertiam partem superiorem extensis distantibus dithecis thecis conspicue distinctis. Fructus et semina desiderantur. | Habitat in Mexico ubi a Mocino et Sesse lecta. (Herbar. De Les.) V.S. h. ArisroLocia VELUTINA, Dire. (À. anguicida, Pavon in herb. el. Webb non Lin. nec auctor.) Caule erecto?, simplici, pubescente; fois petiolatis , cordatis sinu baseos parvo auriculisque brevibus rotundats , apice acuminato acutis, pedatim 7-nervis , superne hirto-pubescenti- bus, inferne rulescenti-velutinis ; floribus axillaribus, solitariis, longe peduneulatis, suffultis bractea ovalo-lanceolata acuta versus apicem peduneuli tortilis insidente ; calyce.…. Caulis verisimiliter non volubilis, simplex in parte plantæ observata, in- ternodus folio adulto duplo triplove brevioribus , sulcatus, pubescens pilis mollibus in parte superiore caulis creberrimis flavescentibus patulis lon- gisque. | Folia petiolata, estipulata. Petiolus rectus, canaliculatus, striatus, basi marginibus dorsoque in triplicem lineam prominentem decurrens, pilis vestitus villositatem caulis referentibus, 0®,025-0,03 longus. Limbus cordatus, apice acuminato acutus, basi insculptus sinu parum profundo fundo angustato et subangulato ob laminæ in petiolum excurrentiam cu- neatam ore latiore, auriculis brevibus rotundatis, margine integerrimus, pedatim-septemnervius subtrinervius ob nervos 8 utriusque lateris una fere orientibus ex apice partis integræ longæ marginantis, nervis a costa majore ad extimum imminutis omnibus inferne velutinis pilis brevibus patulis, margine integerrimus, pagina superiore hirto-pubescente pilis rariusculis, inferiore pilis brevibus numerosissimis rufescentibus velutina, in folio adulto 0,075 longus 0",055 latus. Flores axillares, solitarii, bracteati, desiderantur. Pedunculus in duas partes bractea divisus : prior pars ex axilla oriens gracilis, spiraliter contorta, apicem versus paululum incrassata, 0®,0A longa, vertice gerens bracteam ovato-lanceolatam acutam basi cuneatam amplexantem circiter 0,01 Iongam ; posterior prioris apici in- sidens eoque gracilior, flexuosa, spiraliter contorta, sensim paululum in- crassata, circiter 0,012 longa. Prior pars mihi nihil aliud esse videtur k0 P. DUCHARTRE. —— TENTAMEN quam ramus primarius Cujus unicum adest evolutum internodium cum unico quoque et parvulo folio, dum posterior pro ramo secundario habenda est pedunculi proprii vices gerente. | Ovarium longe velutinum, plerumque arcuatum, plus minusve spiraliter contortum, 5-costatum, apice lateraliter productum in appendicem corni- culiformem cum ovario rectilineam, 0,011 longum. Nota. Ex ovario quinquecostato certum mihi videtur floris hujus speciei columnam 5 lobis et 5 antheris præditam esse. Habitat in Mexico. V. S. (Herbar. cl. Webb in quo exstant 2 specimina absque flore et fructu ex herbario Pavon provenientia). 5. ARISTOLOCHIA DICTYANTHA, Dtre. (À. ecaudata, DC. , in herba.) Caule volubili , fruticoso, gracili, passim ramuloso , sulcato , glabro ; foliis petiolatis, hastato-cordatis sinu baseos profundo obtuso auriculisque interne dilatatis incumbentibus plerumque clauso, apice rotundatis obtusissimis, pedatim 7-nerviis, superne glabris, inferne bispidulis præcipueque ad nervos scabridis ; floribus majuseulis, axillaribus, solitartis, longiuscule peduncula- tis, ebracteatis, calycis incurvi fauce ampla reticulata labioque subrotundo emarginato infra medium barbato basi contracto. Caulis fruticosus, volubilis, gracilis, passim ramulosus, obscure trian- gulatus angulis rotundatis faciebusque 1-2-sulcis, glaber, internodiis folio brevioribus vel ei subæqualibus (Lignum vidi divisum in 3 partes majores angulis externis oppositas late sejunctas totidem radis medullaribus, et in 2-3 partes minores exteriores pulvinis facierum oppositas, vasibus per- multis latisque pervium). Folia petiolata, estipulata. Petiolus flexuosus, canaliculatus, longitudi- naliter striatus, basi carinatus, decurrens tribus lineis prommentibus quarum media major, 0",02-0*,025 longus. Limbus hastato-cordatus, apice rotundatus obtusissimus, basi insculptus sinu profundo fundo rotun- dato lamina vix in petiolum excurrente ore plerumque clauso incumbentia auricularum, auriculis magnis externe rotundatis margine interno valde concavo dilatatis incumbentibus, sinubus laterum modice excisis, inte- gerrimus, pedatim 7-nervius nervis gracilibus costaque majore , facie su- periore glaber, inferiore pallida breviter hispidus præcipue ad nervos ve- nasque scabridus, 0w,07-0",08 longus, 0»,04-0",05 latus. Flores axillares, solitarii, longiuscule peduneulati,ebracteati, majusculi. METHODICÆ DIVISIONIS . GENERIS ARISTOLOCHIA. LA Peduneulus gracilis, plus minusve flexuosus , longitudinaliter striatus , post anthesim spiraliter contortus, glaber, petiolo longior, 0°,025-0",03 longus. Ovarium gracile elongatum, peduneulo duplo erassius, longitudinaliter 6-costatum et 6-suleum sulcis sub lente puberulis, sub anthesi et postea spiraliter valde contortum, apice productum in gibbulum lateralem. Calyx sub lente externe puberulus, ovario angulatim insidens collo brevi, inde tumens in utriculum ovoideum valde inæquilaterum nervis validis longitudinalibus insignitum 0",072 longum, ex quo assurgit tubus latius- culus, arcuatus, nervosus, mox ampliatus in faucem late infundibularem lateque apertam externe insignitam nervis reticulatis prominentibus qui originem præcipue ducunt e duobus nervis longitudinalibus in labium abeuntibus, tandem productus in labium subrotundum apice obtusissimo emarginatum in slipitem brevem basi angustatum tertia parte inferiore olabrum in reliqua faciei internæ parte barbatum ciliatumque processubus subcarnosis corniformibus intense brunneis numerosis, quæ ultima pars abrupte desinit in zonulam transversam atro-brunneam glabram ; calyx integer 0®,06 longus et labium 0",02 longum 0,018 latum. Columna obconica, subsessilis, ad mediam usque longitudinem superne fissa in 6 lobos lanceolatos apice subacuto incurvos facie externa concavos depressione triangulari marginata lineis stigmatosis crassis inferne inter antheras confluentibus ; hexandra antheris angustis elongatis vel basi distantibus dimidia columnæ parte longioribus dithecis thecis contiguis. Fructus et semina desiderantur. Habitat Caracas ubi lecta a doctore Jose Vargas, anno 1829. V. $. (Herbar. DC. et Barker-Webb). Species Aristolochiæ barbatæ affinis; ab ea differt foliis obtusissimis apice rotundatis omnibus hastato-cordatis auriculis imcumbentibus, calycis labio breviore et latiore emarginato non sensim longeque basi angustato in faciéi internæ parte multo majore barbato. 6. ARISTOLOCHIA EURYSTOMA, Dire. Caule volubili, fruticoso ?, sulcato ; foliis magnis, petiolatis, oblon- gis, basi hastato-cordatis sinu baseos profundo rotundato auriculisque oblongis paululum divergentibus , pedatim 7-ner- viis costa valida nervisque reticulatis, superne glabris, in- lerne dense pubescentibus subtomentosis ; floribus solitariis , axillaribus, ebracteatis, peduneulatis ; calveis incurvi faues latis- à : P, DUCHARTRE. —— YENTAMEN sima truncaia lateque aperta , labio ovato-lanceolato acuto ad medium usque barbato basi contracto. Planta volubilis, fruticosa ? ramis elongatis gracilibus longitudinaliter sulcatis pulvinis inæqualiter promimentibus. Folia petiolata, estipulata, magna. Petiolus contorto-subvolubilis, plus minusve flexuosus, superne canaliculatus, inferne carinatus, longitudina- liter striatus, basi lateribus carinaque decurrens, 0”,05-0",055 longus. Limbus oblongus, apice rotundatus, basi hastato-cordatus sinu profundo lato rotundalo late aperto, lamina in petiolum cuneatim excurrente, auri- culis oblongis apice rotundatis paululum divergentibus, utroque sinu late- ral vix distincto, integerrimus, pedatim-septemnervius nervis a costa valida ad extimum imminutis quoad originem distantibus basi marginanti- bus , reticulato-nervosus , pagina superiore glaber inferiore dense pubes- cens subtomentosus, 0,165 longus 0",075 latus. Flores solitarii, axillares, ebracteati, pedunculati. Pedunculus gracilis, longitudinaliter striatus, 0,025 longus. Ovarium pedunculo continuum eoque crassius 6-costatum, apice latera- liter productum in brevem appendicem corniformem 0",001 circiter longam. | Calyx facie externa glaber, inferne tumens in utriculum subglobosum inæquilaterum, id est, antice ventricosum 0,012 longum 0,01 latum longitudinaliter nervosum, e cuJus vertice assurgit tubus æqualis gracilis arcuatus nervosus 0,017 longus, apice abrupte ampliatus in faucem latissimam latissimeque apertam margine truncatam facie externa nervis antice reticulatis postice longitudinalibus parallelisque insignitam quæ forsan labium inferius rectius diceretur 0,01 altam, tandem productus in labium rectum ovato-lanceolatum basi angustatum apice acutum interne concavum etin dimidia superiore parte barbatum processubus subcarnosis piliformibus 0®,01/4 longum 0,01 latum. Columna pro floris magnitudine magna, obconica, breviter stipitata, usque ad tertiam circiter longitudinis partem divisa in 6 lobos angustos rectos externe exaratos sulco medio angustissimo basim versus sensim ampliato marginato lineis stigmatosis inter antherarum apices descendenti- bus ibique confluentibus, hexandra antheris latis ovatis basi contiguis apice distantibus dithecis thecis contiguis. Fructus et semina desiderantur. Habitat in Antillis insulis. V. S. (Herbar. Mus. Paris.). METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 3 7. ArisroLociA macRoTA, Dire. (A. Surinamensis, Miq.; Plan. Surinam., editæ à R.-F. Hohenacker, 1845, non Willd.) Caule volubili, elongato, gracili, sulcato, glabro ; folus petiolatis , hastato -trilobis basi transversa cuneatim in petiolum pro- ductis, auriculis maximis costæ perpendicularibus , sinu late- rum obtusissimo, apice rotundatis obtusis, trinerviis nervis lateralibus in lobum medium exeurrentibus, saperneglabris luer- dis, inferne pallidis sub lente puberulis; floribus solitarns , axil- laribus, ebracteatis, pedunculatis ; ealyeis ineurvi fauce latissima truneata ciliata labioque subtriangulart obtusissimo emarginato ad basin usque angustatam barbato. Caulis gracilis, elongatus, volubilis, longitudinaliter sulcatus, interno- diis superioribus folio subæquilongis, glaber. Folia petiolata, estipulata. Petiolus gracilis, contorto-volubilis, canali- culatus, longitudinaliter striatus, glaber, basi tribus lineis prominentibus decurrens, 0",04 longus. Limbus eximie hastato-trilobus, apice rotunda- tus, auriculis maximis longitudine lobum medium subæquantibus sed eo angustioribus apice rotundatis directione in costam folii perpendiculari sinu profundo rotundato lato eflormatis, basi sinu admodum superficiali insculptus lamina longe in petiolum cuneatim excurrente, margine integer, trinervius nervis lateralibus basi longe marginantibus in costam obliquis lobum medium petentibus tantumque ramos in auriculas externe emitten- äibus,integerrimus, pagina superiore glaber lucidus intense viridis inferiore pallidior reticulatim nervosus sub lente puberulus, 0°,09-0°,11 plérumque latus 0®,08-0%,085 longus, rarissime multo et fere duplo major. Flores axillares, solitarii, ebracteati, majusculi. Pedunculus gracilis, longitudinaliter striatus, sub lente puberulus. Ovarium elongatum, cylindraceum, peduneulo duplo crassius apice 1pso paululum incrassatum et lateraliter productum in appendicem cormifor- mem fere 0",002 longam, longitudinaliter 6-costatum, sub lente pubes- cens, 0,02 longum. Calyx externe sub lente brevissime hispidulus, basi tumens in utricu- lum ovoideum inæquilaterum longitudinaliter nervosum 0®,018 lon- gum 0,012 latum, e cujus vertice angulatim assurgit tubus suban- gustus arcuatus longitudinaliter nervosus primo sensim inde suba- brupte ampliatus in faucem latissimam ore convexo-truncatam late apertam externe grosse reticulato-nervosam margine ciliatam in integrum cum LA P. DUCHARTRE. — JENTAMEN fauce 0,05 longus, tandem productus in labium magnum basi contractum in brevem stipitem inde abrupte dilatatum in limbum triangularem angu- lis obtusissimis terminalique emarginato ipsa basi atro-violaceo coloratum glabrumque in tota fere pagina interna margineque barbatum processubus subcarnosis piliformibus ex areolis reticuli nervorum orientibus. Columna ratione habita florum magnitudinis magna, breviter stipitata, obconica, superne ad tertiam usque circiter longitudinis partem fissa in 6 lobos e basi lata lanceolatos obtusiusculos facie externa exaratos sulco angusto basim versus sensim ampliato marginato lineis stigmatosis usque . sub antherarum apicem descendentibus ibique more solito confluentibus , hexandra antheris ovatis magnis dimidiam columnæ longitudinem æquan- tibus distantibus dithecis thecis contiguis. Fructus et semina desiderantur. Habitat in Guyana anglica ubi lecta a viatoribus Schomburgk (1838) qui eam n° 679 signavit, Hostmam (1642) qui eam n° 611 signavit, A. Kappler (edita ab Hohenackerio anno 18/45) qui eam ad aquas prope urbem Paramaribo repertit. V. S. (Herbar. Mus. Paris., De Less., DC., Barker- Webb). Nota. Species affinis Aristolochiæ barbatæ sed distinctissima folis et floris labio. 8. ARISTOLOCHIA GALEOTTIH, Dtre. Glabra ; caule volubili, herbaceo ; foliis petiolalis , ovato-cordatis sinubus baseos profundis obtusis auriculisque magnis rotundatis, apice rotundato obtuso mucronulatis , pedatim 5-nerviis nervis lateralibus brevibus dichotomis , inferne pallidis; floribus axil- laribus , solitariis , ebracteatis, longe pedunculatis peduneulo gracili tortili ; calycis unilabiati tubo recto , labio lato-lanceolato complicato pagina interiore longe barbato. Caulis herbaceus, volubilis, tortuosus, in planta exsiccata nonmihil an- gulatus, glaber, internodiis folio æquilongis. Folia petiolata, estipulata. Petiolus contorto-volubilis, basi crassus, inde sensim attenuatus, longitudinaliter striatus , glaber sed basi signatus de- pressione subnaviculari pilosa, 0",035-0%,04 longus. Limbus ovato-cor- datus, apice rotundato mucronatus, basi cordatus sinu lato ad quintam partem folui penetrante fundo rotundato lamina vix in petiolum decurrente lateribus aliquantulum divergentibus , auriculis magnis rotundatis paral- METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. h5 lelis, integerrimus, pedatim 5-nervius costa majore nervis lateralibus gra- cilioribus brevibus solito ramosioribus nervis venisque insigniter reticu- latis areolis majusculis, utraque pagina glaber, inferne pallidus, in folio adulto 0,085 longus 0,062 latus. Flores solitarii, axillares, ebracteati, brunnei ex cl. Galeotti, cum fauce intensius colorata, longe pedunculati. Peduneulus spiraliter tortus, gracilis, a basi ad apicem attenuatus, lon- gitudinaliter striatus, 0®,05-0",055 longus. Ovarium gracile, peduneulo paulo crassius , longitudinaliter 6-angu- latum et 6-sulcum , glabrum, apice lateraliter productum in corniculum breve. Calyx glaber, ovario fere recta insidens disculo ovario duplo latiore, -subinde tumens in utriculum oblongo -obovoideum subæquilaterum 0,01 longum, e eujus apice recta assurgit tubus duplo angustior longitu- dinaliter nervosus fere 0,02 longus rectus, apice dilatatus in faucem in- terne glabram productam angulo recto cum tubo in labium lato-lanceola- tum apice subacutum carinato-complicatum toto margine et pagina interiore inter nervos onustum processubus subcarnosis longis consper- sumque maculis parvis seriatis. : Columna obconica, subsessilis , fere ad mediam usque longitudinem su- perne divisa in 6 lobos lanceolatos, obtusos, juxtapositos, externe exaratos sulco medio angusto basique tantum ampliato lineis stigmatosis crassis marginato, 6-andra antheris oblongis distantibus dithecis thecis contiguis. Fructus ignotus. | Habitat San Blas et Mazatlan in Mexico ubi reperta a cl. Galeotti qui eam botanicis tradidit cum n° 242. (Herbar. Mus. Paris. et De Les.) V. S. = Nota. Proxima Ar. Taliscanæ Hook. quantum conjectare licet ex brevi descriptione clarissimi auctoris. Ab ea tamen mihi videtur differre foliis ovato-cordatis non cordato-rotundatis, labio lanceolato non late ovato, hirto processubus piliformibus setaceis non clavatis (club-shaped). 9. ARISTOLOCHIA cYCLocHiLIA, Dire. Caule volubill contortuplicato, graciti, lignescente, trigono, = glabro; foliis petiolatis, oblongis, hastatis sinu baseos latis- sino late aperto aurieulisque ineurvis rotundatis basi angustatis divergentibus, apice obtuso mucronatis, pedatim 5-7-nerviis nervis basim longe marginantibus, utrmque glabris ; floribus parvis, solitaris, axillaribus, ebracteatis, longe peduneulatis : 6 P, DUCHARTRE, —— TENTAMEN calice recto, umilabiato, labio patulo suborbiculari mucronulato utroque latere mtus barbato. Caulis lignescens, gracilis, volubilis contortuplicatus, trigonus angulis modice protensis strictis, quaque facie exaratus 2 sulcis lateralibus costam latam obtusam circumscribentibus, glaber et lævis, internodiis nune abbre- viatis nunc folio æquilongis vel imo longioribus. Folia petiolata, estipulata. Petiolus flexuoso-volubilis, gracilis, superne canaliculatus, striolatus, glaber et lævis, tribus lineis quarum media carinæ continua majore decurrens, plerumque 0",015-0",02 longus. Limbus hastatus, angusto-oblongus, apice obtuso mucronatus, auriculis longis et incurvis e basi angustiore extremitatem versus rotundatam paululum in- terne ampliaüs valde distantibus, sinu basilari latissimo latissimreque aperto semicirculari, lamina vix in petiolum excurrente, margine integerrimo in planta exsiccata revoluto, pedatim 5-7-nervius costa majore et duobus nervis interioribus suhparallelis cæteris demissis auriculas petentibus ner- vorum omnium basi sinum basilarem longe marginante, utraque pagina glaber, sæpius 0°,035-0”,045 longus, 0",03-"0,035 inter auricularum apices in medio 0",02 vel paulo ultra latus, raro multo major. Flores parvi, solitarn, axillares, ebracteati, longe pedunculati. Pedunculus gracilis, flexuosus, æqualis, glaber, petiolo duplo longior. Ovarium elongatum, gracile, pedunculo paulo crassius, æquale, longitu- dinaliter 6-costatum, post floris lapsum spiraliter contortum et basi re- flexum, glabrum, apice lateraliter productum in brevem appendicem, cir- citer 0",015 longum. Calyx externe glaber, ovario oblique insidens disculo super quem adest collum breve contractum, desuper tumens in utriculum ovoideum subglo- bosum 0,007 longum æquilaterum, e cujus vertice assurgit tubus an- gustus vix sensim ampliatus ore vix latiore 0,016 longus, tandem productus in labium suborbieulare paulo latius quam longius sessile 1d est ab ipsa basi ampliatum pagina interna inferne notatum macula pallida or- biculari glabra in reliqua superficie intensius coloratum margine et facie barbatum processubus subcarnosis piliformibus longis acutis secus lineam mediam absentibus. ; Columna breviter stipitata, subobconica, superne fere ad mediam usque longitudinem fissa in 6 lobos lanceolatos rectos vel subincurvos, externe exaratos sulco medio marginato lineis stigmatosis strictis inferne inter staminum apices confluentibus, hexandra antheris oblongis dimidio co- lumnæ totius brevioribus paululum distantibus dithecis thecis contiguis. METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. [7 Fructus prismatico-hexagonus oblongus, ad angulos costatus costis valde prominentibus totidem alas pene eflicientibus, parum profunde 6-suleus, transverse notatus lineis prominulis irregularibus , 6-valvis, septicide à basi dehiscens dimidia superiore parte peduneuli fissa in 6 ramos costis continuos. Semina plurima membranacea , alata, triangulari-rotundata , 0w,006 longa 0,005 lata, pagina inferiore plana in medio ob presentiam nuclei paululum prominentia, superne vix concava margine vix elevato cireumdata notata macula longa triangulari verruculosa atro-brunnea nucleum ra- phemque indicante. Habitat in insula Cuba prope la Havane ubi lecta, anno 1828, a cl. Ramon de la Sagra. (Herbar. Barker-Webb in quo exstant 4 specimina fructifera cum 2 floribus disjunctis; Herb. DC.) V.S$. 10. Ar:ISTOLOCHIA PARDINA, Dtre. Gaule volubili , elongato , gracili, ramoso , trigono , glabro ; foliis petiolatis , ovato-cordatis sinu baseos profundo lato obtuso au- riculisque magnis rotundatis, apice obtusissimis emarginatisve, pedatim 5-sub 7-nerviis, glabris, scabridis, subtus pallidis ; floribus solitaris, axillaribus , ebracteatis , longe peduneulatis pedunculo gracih contorto-flexuoso ; calyce incurvo, infundibu- lart, bilabiato labio altero brevissimo truncato altero ovato- Janceolato acutissimo basi nonnihil angustiore in dimidia supe- riore parte barbato. Planta alta, intricata. Caulis volubilis, gracilis, ramosus, trigonus, longitudinaliter in qualibet facie sulcatus, glaber ad nodos in axilla pubescens, internodiis folio æqui- longis vel longioribus. Folia petiolata, estipulata. Petiolus a basi crassiuscula ad apicem atte- nuatus , contorto-volubilis , superne et præcipue basim versus canalicula- tus notatusque linea pilosa longitudinali, inferne carinatus, longitudinaliter striatus, basi lateribus et carina decurrens, 0",03 et paulo ultra in foliis plerisque longus. Limbus ovato-cordatus, apice rotundatus obtusissimus vel emarginatus, basi insculptus sinu profundo ad tertiam fere longitudinis partem penetrante fundo rotundato lamina vix in petiolum excurrente ore angustiore in plerisque foliüis contra ob divergentiam latérum latiore in foliis maximis, auriculis magnis rotundatis, integerrimus, pedatim 5-sub 7-ner- vius nervis lateralibus basi primo patulis breviter marginantibus eximie LS P. DUCHARTRE. —— TENTAMEN ramosis superne basi pubescentibus, uiraque pagina glaber, reticulato- venosus, pagina inferiore pallidus, plurimis verruculis sub lente perspicuis scabridus, 0",09 longus 0,07 latus raro longior et latior. Flores axillares, solitari, modicæ magnitudinis , longe pedunculati , ebracteati, in planta exsiccata externe fulvi conspersi multis maculis atro- brunneis parvis subpunctiformibus plerumque secus nervos longitudinales seriatis in media floris parte crebris et majoribus labium versus et tubi basim numero ut et magnitudine imminuentibus, interne ipsa basi labii superloris signati macula magna margine radiata atro-brunnea. Pedunculus gracilis, contorto-flexuosus, plus minusve patulus, ipsa basi puberulus, longitudinaliter striatus, petiolo duplo longior (0”,04-0°,06 longus). Ovarium pedunculo duplo crassius, arcuatum, sæpe tortum, longitudi- naliter 6-costatum et 6-sulcum, glabrum, apice lateraliter productum in oibbulum, 0 ,012-0w,015 longum. Calyx externe glaber, ovario insidens disculo quem sequitur collum breve nonnihil contractum,subinde tumens in utriculum subgloboso-obco- nicum regularem 0”,005-0®,006 diametro æquantem, e cujus vertice assurgit tubus latiusculus areuatus post 0,021 longitudinis sensim am- pliatus in faucem infundibularem ore distincte bilahiatam ; labium inferum breve truncatum, superum e basi nonnihil angustata ovato-lanceolatum acutissimum margine et pagina interna barbatum processubus subcarno- sis longis conicis. Columna breviter stipitata, obconica, fere ad dimidiam usque longitudi- nem fissa in 6 lobos latos et crassos obtusos externe excavatos lata profun- daque depressione triangulari lineis stigmatosis angustis manifestis superne confluentibus marginata, hexandra antheris oblongis late distantibus dimi- diam columnæ longitudinem æquantibus, dithecis thecis exacte juxtapositis. Fructus et semina desiderantur. Habitat in Mexici terra caliente, in planitiebus eirca Colima ubi reperta a cl. Ghiesbreght et ab eo divulgata , anno 1845, sub n° 214. (Herbar. Mus. Paris.) V.S. Nota. In eodem herbario exstant 2 specimina omnibus partibus maxima, forsan efficientia varietatem majorem, foliis majoribus rotundato- subreniformibus sinu basilari latiore et magis aperto , floribus majoribus pallidioribus externe signatis maculis minoribus rarioribusque. Nonne potius planta in loco humido et umbroso vegetans ? METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 19 A1. ARISTOLOCHIA CHIQUITENSIS, Dtre. Tuberosa ; caule herbaceo, procumbente, volubili, glabro ; folis petiolatis, triangulari-cordatis subhastatis sinu baseos profundo lato obtuso auriculisque magnis rotundatis subparallelis, cu- neatim in petiolum decurrentibus, apice obtusis vel acutatis, pedatim 7-nerviis nervis lateralibus basim longe marginan- tibus, superne glabris subtus pubescentibus ; floribus solitartis , axillaribus, ebracteatis, peduneulatis peduneulo gracili tortili ; calyeis externe pubescentis recti tubo elongato infundibulari , labio ovato-lanceolato acuto basi angustiore in dimidia superiore parte pilis brevibus barbato. Stirps rhizomate perennans, herbacea. Rhizoma”? flexuosum, crassitie pennæ anserinæ vel paululum ultra, primo verticalis in terram ad 0,15 circiter penetrans, 1bique in unico specimine incrassatum in tuber ovoideum solidum, in alio specimine ibi contortuplicatum absque tubere bifurcum, indeque horizontaliter sese ex- tendens. Caulis herbaceus, procumbens, plus minusve volubilis, simplex vel ex axillis ramulos breves emittens, teres, lævis et glaber vel in ramis juve- nilibus puberulus, sub foluis decurrentia petiolorum costulatus, internodiis inferne brevibus superne folio æquilongis vel longioribus. Folia petiolata, estipulata. Petiolus contorto-volubilis, superne super- ficialiter canaliculatus, longitudinaliter striatus, puberulus, basi in 3 lineas prominulas lateribus carinaque decurrens, 0°,02-0*,03 longus. Limbus triangulari-cordatus subhastatus, apice obtusus vel acutatus, basi insculp- tus sinu profundo ad quartam vel tertiam longitudinis partem penetrante lato fundo obtuso lateribusque subparallelis, lamina eximie in petiolum decurrente, auriculis magnis rotundatis parallelis, integerrimus, pedatim septemnervius nervis lateralibus basi longiuscule integris marginantibus, pagina superiore intense viridis et glaber inferiore pallidus lutescensve pu- bescenti-tomentosus, 0,09-0",10 longus, 0",06-0",08 latus. Flores axillares, solitarii, ebracteati, sordide lutescentes violaceo striati pictique (ex notis cl. Weddellii in planta viva desumptis). Pedunculus gracilis, post anthesim spiraliter contortus, longitudinaliter striatus, puberulus, 0",02-0",025 longus. Ovarium pedunceulo reeta continuum, eoque vix crassius, longitudinali- ter 6-costatum et 6-sulcum, sub anthesi spirahter tortum , apice late- 4e série. Bor. T. IT. (Cahier n° 1.) # n 50 P. DUCHARTRE. — TENTAMEN raliter productum in brevem gibbulum, pubescens, circiter 0,015 longum. Calyx externe pubescens, longitudinaliter nervosus, basi tumens in utri- culum subobconicum irregularem inæquilaterum antice gibbum 0®,011 lon- gum, e cujus latere minus convexo recta assurgit tubus rectus 0®,03 lon- gus basi angustus indeque sensim ampliatus in infundibulum ore truncato late apertum, superne productus in labium 0°,025 longum basi contrac- tum inde ovato-lanceolatum acutum in os tubi inflexum (ex icone ad vi- vum à cl. Weddellio depicta) acutum in dimidia superiore parte vel paulo ultra barbatum processubus piliformibus subcarnosis densis brevibus vio- laceis in dimidia pene tota inferiore parte glabrum cum interjecta inter has 2 partes macula transversa arcuata in medio lata lateribus angustiore vio- laceo-nigrescente (ex icone Weddellii). | Columna breviter stipitata, obconica, in dimidia superiore parte fissa in 6 lobos lato-lanceolatos apice incurvos externe depressos depressione lon- gitudinali lata lateque aperta parum profunde insculpta lineis stigmatosis crassis rotundatisque marginata , 6-andra antheris elongatis angustis late distantibus dimidiam columnæ longitudinem æquantibus , dithecis thecis sibi invicem juxtapositis. Fructus et semina desiderantur. Habitat‘ in Boliviæ provincia Chiquitos ubi ab Indicolis Buco-buco di- citur. Reperta septembre et octobre 1845 a cl. Weddell, qui eam in pro- prio catalogo n° 344 signavit. V. S. (Herbar. Mus. Paris.). Tuber hujus speciei in Indorum medicina adhibetur. 12. ARISTOLOCHIA OVALIFOLIA, Dtre. Caule fruticoso , erecto, ad nodos tumido, scabrido ; fois magnis breviter petiolatis, ovatis, basi subcordatis, apice subacuminatis, 5-nerviis nervis lateralibus infirmis brevibusque , superne gla- bris. inferne præcipueque ad nervos puberulis; floribus majus- culis, solitarus ?; calyeis unilabiati tubo refracto ore ampliato truncato margineque revoluto, labio lato-lineari recto apice obtuso mucronato intus in dumidia parte superiore faciei internæ verrucoso. . Planta fruticosa, erecta, ut videtur ex specimine Herbarii Delessert in quo caulis, folia flore que disjuncta tantum exstant. Caulis lignosus, teres, nodis tumidis, internodiis longis, longitudinaliter striatus, scabridus, apicem versus sub lente brevissime puberulus. METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 51 Folia breviter petiotata, estipulata. Petiolus brevis 0°,015 tantum lon- gus, varie contortus, pubescens. Limbus ovatus, apice subacuminatus, basi subcordatus sinu angusto fundo angulum acutum efficiente lamina in pe- tiolum minime excurrente, integerrimus, quinque-nervius costa valida pin- natim ramosa 2 nervis lateralibus non omnino basilaribus infirmis et bre- vibus extimis minimis, pagina superiore glaber inferiore præcipueque ad nervos puberulus, 0,155 longus 0,07 latus. Flores verisimiliter solitarn, majusculi. Pedunculus ovariumque desiderantur. Calyx facie externa undique sub lente hirtulus, basi tumens in utricu- lum ovoideum inæquilaterum basi in collum breve angustatum 0",047 lon- oum 0",011 latum, e cujus vertice assurgit tubus refractus arcuatus latus apice ampliatus in infundibulum late apertum margine revolutum et trun- catum 0,055 longum, inde productus in labium rectum lato-lineare la- teribus revolutum apice subrotundato mucronatum facie interna suleo medio basim versus exaratum in dimidia parte superiore verrucosum 0,023 longum. Columna oblonga, cylindracea, longiuscule stipitata, ad dimidiam usque longitudinem superne fissa in 6 lobos angustos lanceolatos rectos apice obtusiuseulos externe sulco medio fere ad verticem usque exaratos conti- ouos, hexandra antheris angustis elongatis valde distantibus tertiam circi- ter longitudinis columnæ partem æquantibus, dithecis thecis contiguis. Fructus et semina desiderantur. Habitat in Mexici provincia Oaxaca, ad altitudinem 2000 pedum, ubi reperta a cl. Galeotti qui eam n° 2138 signavit. Vulgo ab incolis Flor de Guaco dicta. V. S. (Herbar. Deless. et Mus. Paris.) 13. ArisroLocnia ELLiPTICA , Dtre. (À suberosa, DC., Herb.) Fruticulus ramosissimus, glaber ; caule gracih, volubili, intricato, suberoso, tereti ; foliis parvulis, numerosis, petiolatis, ellipücis, basi apiceque rotundatis obtusissimis, trinerviis costa media pro- minente nervisque 2 lateralibus minimis, imferne pallidis sub lente punetulalis ; floribus parvis, soltartis, axillaribus , ebrac- teatis, longe peduneulatis ; ealycis unilabiati tubo refracio , Iabio e basi lata oblongo obtuso emarginato intus sub apice papilloso ; capsula ovoidea, hexagona, obiusa, 6-valvr. Fruticulus ramosissimus, plus minusve volubilis, intricatus, glaber. Caulis inferne lignosus, ligno vasibus numerosis magnisque pervio, lon- 5? P. DUCHARTRE. —— TENTAMEN gis radiis medullaribus in (6) cuneos diviso, externe suberosus subere ri- moso pro caulis diametro crasso (suberis duplex crassities ligni diametrum æquat vel superat), gracilis, 0”,003-0",0035 d'ametro æquans im parte inferiore crassissima; pars caulis folüfera, viridis, herbacea, gracillima, 0",001 vel paulo ultra crassa, superficie quasi irregulariter verrucoso- rugosa, teres vel obscure angulata, glabra. Folia numerosa, in genere minima, petiolata, estipulata. Petiolus gra- cillimus, a basi ad apicem attenuatus, sæpe post limbi lapsum aculeum gracile recurvum quodammodo referens, flexuosus, glaber , explanato- subeanaliculatus, 0",005 longus. Limbus exacte ellipticus vel oblongo- ellipticus , apice basique rotundatus obtusissimus quandoque mucro- nulatus, margine integerrimo revolutus, trinervius costa media inferne prominente nervis duobus lateralibus minimis parum perspicuis cæteris evanidis, utraque pagina glaber inferiore pallidus sub lente tenuissime punctulatus, 0",015-0",002 longus 0",006-0",008 latus (in uno speci- mine herbarii Delessert ex herbario Lambert proveniente subduplo major). Flores parvi, axillares, solitarti, ebracteati, longe peduneulati, tota su- perficie externa maculati maculis parvis irregularibus sæpissime inter nervos seriatis atro-purpurels. Peduneulus filiformis. striatus, glaber, folio æquilongus vel paulo longior. Ovarium in pedunculo rectum, gracile, elongatum, basi apiceque atte- nuatum unde subfusiforme, 6-costatum, glabrum, plus minusve ar- cualum. Calyx ovario recta insidens collo basilari brevissimo angustoque, inferne tumens in utriculum globoso-obconicum subdepressum æquilaterum 0,007 longum totidemque latum, e cujus vertice assurgit tubus basi an- gustus sensim ampliatus recurvus 0,012 circiter longus, apice abrupte expansus in limbum 0°,02 longum unilabiatum complicatum e basi lata paululum angustatum inde apice spathulato-emarginatum ibique interne serentem papillas prominentes oblongas pubescentes. Columna stipitata, subobconica, superne ad tertiam usque longitudinis partem fissa in 6 lobos rectos latos crassos obtusos externe insculptos de- pressione triangulari marginata lineis stigmatosis strictis inferne inter sta- minum apices confiuentibus, hexandra antheris ovato-rectangulis basi tan- tum contiguis inde distantibus, dithecis thecis contiguis. Fractus ovoideo-hexagonus costis mediis valvarum valde prominentibus, transverse irregulariter rugosus, apice obtusus subumbonatus(si quid con- jectare fas est de forma ex inspectione valvarum disjunctarum), a basi = +) METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. on septicide dehiscens in 6 valvas explanatas costa media carinatas utraque extremitate lanceolatas, parti tertiæ superiori pedunculi 6-fidæ continuas. Dissepimenta lucida secus marginem axilem serie regulari minutorum fo- raminum insignita. Fructum tantum jam diu apertum vidi. Semina desiderantur. Habitat ad rupes circa Habannam ubi lecta a el. Ramon de la Sagra, Galeotti, etc. (Herbar. Mus. Paris., Delessert, DG.) V.S. A4. ArisrozacuiA GiBBosa, Dtre. (A. odoratissima? Benth. ; Plan. Hartweg., p. 82.) Glabra, caule volubili, gracih, trigono, e qualibet axilla flori- fero ; folis petiolatis, subrectangulo-cordatis sinu baseos an- œusto obtuso auriculisque magnis rotundatis, apice aeutis, peda- im 7-nervüs ; floribus una solitariis et in ramis axillaribus acemios laxos bracteatos efformantibus ; calveis reeti unilabiati utriculo basilari hine gibboso , tubo gracili brevi, limbo amplo eordato aeuto ; capsula ovoideo-fusiformi , hexagona , longe api- culata, 6-valvi. | Planta sarmentosa, undique glabra. Caulis gracilis, volubilis, trigonus, in qualibet facie longitudina- liter sulcatus; internoduis longis folio subæquilongis, e qualibet axilla florifer. Folia petiolata, estipulata. Petiolus gracilis, plerumque contorto-volu- bilis, canaliculatus, longitudinaliter striatus, basi more solito triplici linea prominula marginibus et carinæ continua decurrens. Limbus subrectan- gulo-cordatus , apice abrupte angustatus sæpe acuminatus basi cordatus sinu profundo angusto fundo rotundato lateribus parallelis vel convergen- tibus, auriculis magnis rotundatis sæpe interne dilatatis, integerrimus, pedatim 7-nervius nervis debilibus, 0",06-0",07 longus 0",04-0",045 latus. Flores numerosi, modicæ magnitudinis, intense atro-purpurei glau- cescentes in planta exsiccata, bracteati. Inflorescentia duplex : etenim e fere qualibet axilla oriuntur inferne flos solitarius ebracteatus, superne racemus elongatus, laxus, bracteatus; in inferiore caulis parte quandoque solus adest flos solitarius. Rachis gracilis, flexuosa ad cujuslibet floris ortum leviter geniculata, quandoque 0",13-0",14 longa, 6-10 flores gerens. 5l BP. DUCHARTRE. — TENTAMEN Bracteæ subrotundo-vel ovato-cordatæ, distincte petiolatæ, apice rotun- datæ cum vel absque acuminulo, nervatura folii, plerumque 0,015 longæ 0",011-0",12 latæ. Pedunculus ex axilla bracteæ prodiens, gracilis, bractea longior. Ovarium gracile-elongatum hexagono-prismaticum vel subfusiforme, pedunculo recta continuum, 6 costis totidemque sulcis longitudinaliter notatum. Calyx ovario recta insidens disculo super quem adest breve collum vix contractum, inde tumens in utriculum ovoideum irregulare hine eximie oibbosum (multo minus tamen quam in À. inflata Kunth}) inde modice convexum 0,008 circiter longum et latum, e cujus lateris minus con- vexi vertice assurgit tubus gracilis brevis 0",005 tantum longus, abrupte expansus in limbum magnum cordiforme acutum canaliculato-complica- tum 0",025-0",028 longum. Columna breviter stipitata, subobconica, ab apice usque ad tertiam par- tem inferiorem divisa in 6 lobos lato-lanceolatos apice incurvos et obtusos facie externa late canaliculatos, in quorum depressione insunt totidem an- theræ] angustæ et eximie elongatæ fere usque ad partem eorum incurvam sese extollentes, valde distantes, dithecæ thecis juxtapositis. Fructus elongatus ovoideo-fusiformis basim et apicem versus sensim attenuatus longe apiculatus, 6-valvis, prismatico 6-costatus et 6-sulcus costis decurrentibus in pedunculi partem superiorem sub dehiscentia divi- dendam in totitem ramos ; dehiscentia basilaris. Semina (in unico fructu nondum dehiscente observata) parva, 0",002 Tonga, plurima, exacte cordata, inferne et superne valde concava, unde margo crassus utramque paginam muri instar cireumdans, testacea, su- perne verrucosa verrucis distantibus inferne lævia, raphe haud promi- nente. | | ) Habitat in Mexico unde a cl. Hartweg anno 1837 missa. V. S. (Herbar. Mus. Paris., Deles., DC., Webb.) 15. ARISTOLOCHIA ACUTIFOLIA, Dire. Caule gracili elongato, volubili, striato ; foliis breviter petiolatis, oblongo-lanceolatis, basi subcordatis, acutis , pedatim 5-nerviis costa prominente valida nervisque lateralibus infirmis , superne . glabris, subtus pubescentibus ; floribus in quahibet axilla cymoso- racemulosis, subsessilibus, minute bracteatis ; ealveis externe Lé METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 29 pubescentis recti tubo infundibulari longiuseulo , labio oblongo- lanceolato acuto externe longitudinaliter nervoso. O Planta verisimiliter fruticosa, in fere tota superficie pube brevi vestita. Caulis gracilis, elongatus, volubilis, longitudinaliter striatus, internodiis folio brevioribus in parte caulis inferiore brevissimis, nodis nonnihil in- crassatis. Folia breviter petiolata, estipulata. Petiolus plus minusve contorto-volu- bilis, superne canaliculatus, longitudinaliter striatus, basi triplici linea pro- * minente in caulem decurrens, 0",02 longus. Limbus oblongo-lanceolatus, ambitu subtriangularis, apice longe acutatus, basi subcordatus sinu parum profundo fundo angusto oreque late aperto ob divergentiam laterum, auri- culis brevibus parvisque obtusis, integerrimus , pedatim 5-nervius costa validiore nervis lateralibus minoribus, pagina superiore glaber inferiore pubescens, 0,09 longus 0",04 latus. Flores parvi, in axilla eujuslhibet fol cymoso-racemulost. Rachis brevis 0",02 longa, pubescens, ad ortum cujusque floris brac- teata bracteis minutis lanceolatis acutis pilosis, Pedunculus brevissimus vix 0",004-0",005 longus, ascendens. Ovarium obconicum, longitudinaliter 6-costatum et 6-sulcum, pu- bescens. Calyx externe pubescens subtomentosus interne glaber, basi tumens in ,006 longum , e cujus vertice m utriculum ovoideum regulare parvum 0 recta assurgit tubus rectus gracilis 0",015 longus, sensim ampliatus in faucem obconicam, productusque in labium oblongo-lanceolatum acutum externe longitudinaliter nervosum rectum tubum cum utriculo longitudine æquans, id est, circiter 0",02 longum. Columna elongata, longe stipitata, apice fissa ad mediam usque longitu- dinem in 6 lobos angustos lanceolatos elongatos facie externa exaratos _sulco medio profundo sibi invicem applicitos, hexandra antheris oblongis omnibus omnino contiguis verticillum densum eficientibus, dithecis. Fructus et semina desiderantur. Habitat in America meridionali, verisimiliter secus fluvium La Plata, ubi reperta a cl. Poeppig qui eam n° 2913 signavit., V. S. (Herbar, Mus. Paris., Deles., DC.) 16. ArisTozocia Pavoniana, Dire. Caule sublignoso, flexuoso, volubili?, tereti, glabro cum cireulo piloso ad cujuslibet folii ortum ; foliis petiolatis cordalis , acutis , 96 BP, DUCHARERE, — TENTAMEN sinu baseos rotundato ore ampliato auriculisque subinæqualhibus rotundatis divergentibus, pedatim 7-nervis, superne glabris et lævibus, inferne reticulatis et puberulis ; pseudo-stipula axillari, orbiculari, subscariosa, undulata ; floribus parvulis, in ramus axillaribus foliatis racemosis ; calycis puberuli, nervosi, recti, unilabiati tubo gracili, labio angusto complicato obtuso. | Caulis sublignosus flexuosus, volubilis ?, glaber, teres, non striatus, internodis folio æquilongis vel longioribus', ad cujuslibet folii ortum cir- cumdatus linea cireulari angusta pilosa ex axilla oriente. Folia petiolata, pseudo-stipulata. Petiolus gracilis, verisimiliter brevis (in unicô specimine observato folia tantum exstant separata petiolo forsan non integro), anguste canaliculatus, pilis raris in maxima parte crebrioribus lon- gioribusque apice et superne præditus ut et nervi sinum basilarem foli marginantes, basi vix ac ne vix decurrens. Limbus cordatus, acutus , basi insculptus sinu vix ad quintam partem longitudinis penetrante modice lato fundo utrinque rotundato lamina vix in petiolum excurrente ore ampliato, auriculis subinæqualibus rotundatis divergentibus paululum elongatis , margine integerrimus, breviter et irregulariter ciliatus, pedatim septem- nervius nervorum basi brevissime marginante nervis a costa ad extimum imminutis, pagina superiore glaber et lævis inferiore eximie nervoso veno- soque reticulatus sub lente brevissime puberulus, 0*,06 longus 0,045 in- ter auriculas latus. Pseudo-stipula in axilla cujuslibet folii exstans cauli applicita, am- bitu orbicularis, subscariosa, integra valde undulata unde in planta exsiccata pluries complicata evadit, stipulam primo intuitu referens sed certe natura non vere stipulari ob ejus situm a folie separatum pedunculo floris axillaris solitarn et vigente ramo florifero. Ordo partium inde ita se habet : 1° fo- lium, 2° flos solitarius , 8° ramus florifer vel rachis inflorescentiæ, 4° fo- lium orbiculare vel pseudo-stipula, 5° caulis. Insuper hocce folium valde insigne videtur eo quod, in hac sola specie, forma omnino differt tum a foliis caulinis tum a foliis rami floriferi hic caulinis similibus et quæ, in omnibus aliis speciebusracemi-vel cymiferis, aliquo modo a foliis normalibus differunt et ideo bracteæ vulgo dicuntur; pseudo-stipula hæcce mihi nil aliud esse videtur quam primum folium seu rami floriferi seu ramuli non evoluti, quod absque dubio demonstrat plurium specierum investigatio. Flores parvi, racemosi. Racemi laxi, 10-12-flori elongati, usque ad 0",15 longi (vel potius rami floriferi et foliati, cum nullumrevera discrimeñ cerni queat hosce inter ramos et caulem, et cum insuper gemma quoque METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 97 exstet inter quemlibet florem et ramum) ; rachis (vel ramus) inferne recta, rigida, internodiis longioribus, superne ad ortum cujushibetflorisgeniculata, internodiis brevibus, tribus lineis prominentibus e basi cujusque folii flo- ralis ortis costulata, glabra sed sicut caulis insignita cireulis pilosis ex axilla rectiusve e gemma axillari ortis et apicem versus pubescens; folia floralia disticha, foliis caulinis similia, a basi rami apicem versus imminuta. Pedunculus proprius gracilis, rectus, longitudinaliter striatus, pubes- cens, 0%,02-0°,025 longus. __ Ovarium elongatum, gracile, vix pedunculo erassius, arcuatum, pubes- cens, 6-costatum, apice lateraliter productum in appendicem corniformem incurvam 0,001 longam, unde apexflorifer lateralis evadit, 0",042-0",015 longum. Calyx externe puberulus, nervosus, in unico flore speciminis observati 0,029 longus, ovario insidens angulo subrecto, rectus ipse et ob curvam ovarii simulque insertionis modum reflexus, ipsa basi contractus in breve collum, inde tumens in utriculum obovato-elongatum subimæquilaterum 0",007 longum, e cujus vertice assurgit tubus gracilis subrectus utriculo æquilongus , abrupte ampliatus in faucem antice prominentem brevem, tandem productus in labium angustum complicatum obtusum dimidiam totius calyei; longitudinem efficiens. Golumna subsessilis, obconica, superne ad mediam usque longitudinem fissa in sex lobos lanceolatos angustos subacutos rectos facie externa exara- tos sulco medio angusto lineis stigmatosis strictis marginato, hexandra an- theris oblongis approximatis, dithecis thecis contiguis. Fructus et semina desiderantur. | Habitat in Mexico (in herbar. Barker-Webb exstat hujus speciei speci- men unicum ex herbario Pavon proveniens, cum schedula a Pavonio scripta : Aristolochia Nova spec. Nueva Espana). V. S. 17. ARISTOLOCHIA CLAUSSENN, Dtre. Pumila ; caule erecto, gracili, tereti, simplici vel subsimplici, gla- bro; folis parvis , breviter petiolatis, sæpissime pendulis, reni- lormi-cordatis, ab ima ad summam plantam ex apice obtusissimo- emarginato ad subacutum sensim productis, sinu basilari angusto profundo obtuso auriculisque latis subtruncatis, pedatim 5-7-ner- vis, reticulato-venosis, superne glabris inferne puberulis ; flori- bus minutis, sæpissime solitariis, axillaribus, peduneulo gracili 58 P. DUCHARTRE. — TENTAMEN subfructu accrescente nsidentibus ; calyce recto unilabiato ; cap- sula globoso-hexagona, obtusa vel umbilicata. Planta, e speciminibus plurimis, pumila. Caulis erectus, rectus vel ad nodos subgeniculatus, gracilis, teres, strio- latus, simplex vel raro e nonnullis axillis ramulosus, internodiüis brevibus plerumque 0”,012-0",018 longis unde foliis imbricatis fere omnino vela- tus, glaber. Folia parva, breviter petiolata, subcoriacea, estipulata. Petiolus plus mi- nusve erectus, nonnihil sursum versus arcuatus , superne canaliculatus, glaber , basi tribus lineis prominulis decurrens, 0",008-0",010 longus. Limbus e petioli apice sæpissime pendulus, in ima tantum caulis parte reni- formis et emarginatus inde et ideo sæpissime reniformi-cordatus subacumi- natus apice rotundato obtusus quandoque subacutus non emarginatus, basi insculptus sinu angusto ad quartam longitudinis folii partem penetrante fundo rotundato vel truncato lamina in petiolum non excurrente lateribus parallelis et ore non ampliato, auriculis rotundatis subtruncatis parallelis rarissime incumbentibus, margine integerrimus, pedatim 5-7-nervius ner- vis inferne prominentibus basi breviter marginantibus, reticulato-venosus, pagina superiore glaber inferiore brevissime pubescens, latitudine lon- gitudinem subæquante in plerisque paulo majore in infimis reniformibus, plerumque 0",03-0",035 longus. Flores minuti, plerumque in axilla solitari rarius in ramulo. axillari fo- lioso quasi racemosi. | Pedunculus filiformis, striatus, sæpe post florum sterilium lapsum re- flexus, circiter 0°,01 longus sub fructu maturo dimidio longior, glaber. Ovarium in apice pedunculi plerumque arcuatim deflexum, parvum, fusiforme, 6-costatum, glabrum. Calyx insidens ovarii apici acutato collo brevi inferne excavato, inde tu- mens in utriculum parvum ovoideum subæquilaterum , e cujus vertice assurgit recta tubus gracilis rectus subæqualis, abrupte ampliatus in fau- cem parvam brevemque antice protensam, tandem productus in labium rectum lineare basi non angustatum obtusum complicatum ; calyx in inte- grum 0°,022 longus labio dimidiam hujus longitudinis partem æquante. Columna brevis et lata, breviter stipitata, cylindracea, apice breviter fissa . in 6 lobos latiores quam altiores obtusos externe exaratos sulco medio an- gusto marginato lineis stigmatosis crassis inferne supra staminum apices confluentibus, hexandra antheris brevibus et latis omnibus contiguis dithe- cis thecis ovatis. METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 5) Fructus globosus, pisum volumine parum superans , sexcostatus et hexagonus, 6-suleus, apice obtusus vel umbilicatus, dehiscens septicide à basi in 6 valvas totitem partitionibus extremi pedunculi continuas, subco- riaceas, glabras. | Semina parva (0“,003 longa et lata), triangulari-obcordata, lævia, in- ferne convexa superne modice concava marginulata exarata lamina rapheos prominula (Deser. ex unico specimine imperfecte maturo). Habitat in Brasiliæ provincia Minas-Geraes, ubi vulgo dicta Jarimha do campo. Lecta a cl. P. Claussen. (Herbar. Mus. Paris., Deles., DC., Bar- ker-Webb.) V.S. Nota. Species affinis Aristolochiæ nummularifoliæ Kunth (in Humb. Bonpl. Nov. gen.) a qua differt : habitu, caule ‘breviore recto non pros- trato nec scandente, internodiis multo brevioribus foliisque ideo imbricatis, foliis cordatis potius quam reniformibus non emarginalis auriculis non imbricatis, forma floris obtusi, fructu non umbonato sed obtuso vel umbi- licato, etc. 18. ARISTOLOCHIA ORBIGULARIS, Dire. (A. obtusifolia Mocino et Sesse in schedula herbarii Lambert.) Caule herbaceo, flaccido, volubili, hispidulo ; foliis longe petiolatis petiolo gracili, orbiculato-reniformibus obtusissimis sinu baseos profundo ore angustato auriculisque magnis rotundatis conver- gentibus, pedatim 5-nerviis nervis lateralibus basi marginanti- bus , utrinque hispidulis, eiliatis ; floribus parvis, solitariis, axil- laribus , ebracteatis ; calyeis externe hispiduli incurvi subrefracti unilabiati tubo gracili labioque angusto obtuso complicato. Caulis herbaceus, flaccidus, volubilis et tortuosus, nunc simplex nunc ramosus ramis gracilibus elongatis foliosis et floriferis in axilla florem inter et caulem enatis, internodiis folio subæquilongis, pilis brevibus et rariusçu- lis hispidus. ju Folia petiolata, éstipulata. Petiolus gracilis, contorto-volubilis, striatus, pilis brevibus hispidulus, basi decurrens tribus lineis vix prominentibus, 0°,035-0",0/ longus in foliis caulinis duplo brevior in ramealibus. Limbus orbiculato-reniformis , apice rotundato obtusissimus vel emarginatus, basi insculptus sinu profundo ad tertiam folii partem vel paulo ultra penetrante fundo rotundato lamina vix in petiolum excurrente ore angustato ob auricu- las magnas rotundatas interne dilatatas convergentes, margine integerrimo 60 P. DUCHARTRE, — TENTAMEN ciliatus , pedatim quinquenervius nervis lateralibus basi marginantibus extimo in auriculas descendente nervis omnibus gracilibus, utraque pagina præsertim vero inferiore ad nervos pilis brevibus hispidulus , in foliis caulinis 0°,055-0",06 longus 0",055 latus in rameis longitudine lati- tudineque plus dimidio minor. { Flores parvi, axillares, solitarii, ebracteati, in planta exsiccata pallide fulvi labio picto colore brunneo-purpureo abrupte prope faucem angulatim desinente. Pedunculus gracilis, subrectus, petiolo in caule breviorin ramis æqualis, striatus, hispidulus. Ovarium pedunculo rectilineum, fusiforme strictum , longitudinaliter 6-costatum, hispidum. Calyx externe hispidulus, ipsa basi contractus in collum teres an- gustum 0",001 longum quo germini insidet angulo subrecto, inde tumens in utriculum subglobosum inæquilaterum 0",005 longum, e cujus vertice angulatim assurgit tubus gracilis cireiter 0",04 longus rectus vel nonnihil arcuatus, apice modice dilatatus in faucem parvam et brevem etinde por- rectus in labium elongatum e basi latiore lineare obtusum longitudinaliter canaliculatum et nervosum 0",02 vel paulo ultra longum. Columna subsessilis, ovoidea, insigniter supra antheras incrassata, ad mediam usque longitudinem fissa in 6 lobos rectos transverse angustos in directione radiorum carinatim complicatos ideo facie externa exaratos sulco angusto marginato lineis stigmatosis crassis inferne supra staminum apices confluentibus , hexandra antheris ovatis brevibus approximatis dithecis verticillum continuum efficientibus. Fructus et semina desiderantur. Adest unica capsula valde juvenilis ovoidea longe umbonata. Habitat in Mexico. Exstant : 1° in Herbar. Deles. specimen unicum ex herbario Lambert, a Mocino et Sesse lectum, sub nomine Arist. obtusifolia ; 2° in herbario Barker-Webb duo specimina ex herbario Pavon oriunda). V.S. 19. ARISTOLOCHIA BIROSTRIS, Dtre. Fruticosa, glabra; caule debili, elongato, volubili, ramosissimo ; fohis longe petiolatis, ovato-cordatis sinu basilari angusto auri- culisque rotundatis parallelis, junioribus acuminatis acutisve adultis subacutis vel obtusis vel imo emarginatis, pedatim 7-ner- viis nervis incurvis ; floribus parvis, axillaribus, solitariis, ebrac- | METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 61 teatis, raris ; calycis subrefracti, unilabiati, labio incurvo rostri- formi dorso acutangule gibboso-mucronato ; capsula oblonga, hexagona, obtusissima ; seminibus submembranaceis, cuneato- cordatis. Planta fruticosa, glabra. Caulis elongatus, debilis, volubilis, ramosissimus ramis gracilibus di- varicatis volubilibus alte et anguste sulcatis, superficie rimoso-suberosa _albida vel testacea, internodiis superioribus folio longioribus. Folia longe petiolata, estipulata. Petiolus contorto-volubilis, flexuosus, canaliculatus, longitudinaliter striatus, basi carina lateribusque decurrens, 0®,05-0%,06 in folio adulto longus. Limbus ovato-cordatus, apice acumi- natus vel tantum acutus in folio juniore in adulto subacutus vel obtusus cuspidatusque vel quandoque emarginatus, basi cordatus sinu angusto pro- fundo fundo obtuso lamina paululum in petiolum decurrente, auriculis ro- tundatis parallelis, integerrimus, pedatim 7-nervius nervis gracilibus in- curvis basi brevissime marginantibus, 0",08-0",09 longus, 0",055 latus. Flores parvi , axillares, solitarii, ebracteati. Planta parcissime florifera. Pedunculusgracillimus , petiolo plus duplo brevior, 0",02 tantum longus. Ovarium pedunculo subduplo crassius, eique recta sub flore continuum postea reflexum, 0",006 longum, prismatico-6-costatum et 6-sulcum. Galyx ovarii apici insidens disculo quem sequitur collum longiusculum, subinde tumens in utriculum obconicum pro longitudine floris magnum inæquilaterum 0",01 longum et fere æque latum, e cujus vertice angula tim assurgit tubus leviter arcuatus 0",01 longus antice desinens in pro- cessum prominentem,superne ampliatus in faucem dorso productam in pro- cessum acutum quodammodo aculeiformem, tandem areuatim porrectam in labium carinatim complicatum incurvato-incumbens apice rotundatum rostriforme. Columna parva, breviter stipitata, obconica , superne divisa in 6 lobos breves obtusos facie externa notatos depressione angusta angulum acutum efficiente marginata lineis stigmatosis crassissimis vix aut non antherarum vertice demissius descendentibus, hexandra antheris brevibus latisque ova- tis contiguis dithecis thecis sibi imvicem juxtapositis. Fructus oblongus, obtusissimus, hexagonus et 6-suleus, fere 0",04 lon- gus, septicide a basi dehiscens in 6 valvas medio costatas quarum costæ continuæ 6 filamentis peduneuli sub fructu aperto in dimidia superiore parte G-fidi. | Semina numerosa submembranacea, Cuneato-cordata, facie infera con- 62 P, DUCHARTRE., —— TENTAMEN vexa verruculis distantibus aspera , facie supera valde concava Iævia cum rapheos lamina media prominente spongiosa, brunnea, raphe pallidiore. Habitat Bahia in America meridionali, ubi lecta a cl. Blanchet qui eam sub numero 2383 evulgavit (Herbar. Mus. Paris., Deles., DC., Webb). Vo... 20. Arisrococaia Weppezzit, Dtre. Caule elongato, gracili, debili, acutangulo et sulcato, glabro; folis petiolatis, oblongo-lanceolatis, basi cordatis sinu obtuso ore am- pliato auriculisque brevibus rotundatis parallelis, pedatim 7-ner- vis, supra glabris tenuissime punetulatis subtus pallidis reticu- lato-venosis, nervis venisque scabrido-hispidis ; pseudo-stipula axillart, orbiculato - cordata ; floribus maximis et longissimis , solitarns, peduneulatis ; calycis glabri, refracti, bilabiati, utri- culo ventriculiformi maximo, tubo brevi, labio inferiore brevis- simo subnullo, superiore longissimo, angusto, lanceolato, acuto, carinato-undulato. Caulis elongatus, gracilis, debilis, acutangulus et sulcatus, internodiis plerumque folio longioribus (0",15-0",2 longis), glaber vel pilis raris tan- tum sub lente conspicuis puberulus, in ramulis subpubescens. Folia petiolata, pseudo-stipulata, ob longitudinem internodiorum in planta rara. Petiolus quandoque contortuplicatus subvolubilis, canaliculatus, lon- gitudinaliterstriatus, pis brevibus præsertim apicem versus hispidulus, basi triplici linea prominente decurrens, 0",03-0",04 longus.Limbus oblongo- lanceolatus marginibus primo subparallelis inde convergentibus usque ad apicem subobtusum, basi cordatus sinu parum profunde insculpto fundo angustato rotundato ore latiore , auriculis brevibus rotundatis parallelis, integerrimus margine in planta exsiccata revoluto, pedatim-septemnervius nervis quo ad ortum approximatis, pagina superiore glabra sub lente tenuis- sime punctulata inferiore pallida reticulato-venosa nervis "ns scabrido- hispidis, 0",1-0",11 longus 0",05-0",06 latus. Pseudo-stipulæ. In axilla cujuslibet folii adest pseudo-stipula (stipula auctorum) unica , pagina inferiore caulem spectans, orbiculata, basi cor- data, apice obtusissima vel emarginata, integra, utrnque glabra, 0",02 vel paulo ultra longa et lata, sita ita ut flos oriatur eam inter et folium et ut, si insuper ramulus exit, oriatur florem inter et pseudo-stipulam, unde 1° fo- lium, 2° flos, 3° ramulus, 4° pseudo-stipula, 5° caulis. METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 6: Flores solitarii, maximi et longissimi, albidi sordido violaceo intenso re- ticulati (ex icone a el. Weddell ad vivum depicta), 0",5 circiter longi. Pedunculus primum rectus, sub anthesi apice deflexus ita ut ovarium peduneulo parallelum evadat, longitudinaliter sulcatus, hispidulus, 0",07- 0" ,08longus. Ovarium diametro pedunculum æquans, ei recta continuum in flore juve- nili postea sub anthesi deflexum arcuatumque, unde flos adultus fit resupi- natus, apice nonnihil attenuatum ibique lateraliter productum in appendi- cem brevem. Calyx glaber, ovario insidens angulo recto et collo angusto brevi, basi - tumens in utriculum maximum ventriculiformem valde inæquilaterum 1d est latere inferiore insigniter inflatum superiore subrectilineum 0",06 lon- gum 0",035 latum, sub cujus apice exit angulo recto et superne tubus la- tus brevis sensim ampliatus in faucem duplo latiorem oreque bilabiatam : labium inferius brevissimum subnullum truncatum vel emarginatum mar- sine reflexum et sinuolatum, superius longissimum (circiter 0",4 longum) angustum (0,025 tantum basi latum) apice lineari-lanceolatum, carimato- undulatum, venis purpureis ubique reticulatum, interne pilos raros basim versus crebriores gerens. Columna stipitata, nonnihil obconica, apice scissa in 6 lobos breves mox basi latiore connatos lanceolatos subineurvos externe exaratos sulco an- gustissime sub ipsorum basi late ampliato in depressionem marginatam ut et sulcus lineis stigmatosis prominentibus strictis inferne ad mediam fere antherarum longitudinem descendentibus, hexandra antheris longis et an- sustis late distantibus dithecis thecis omnino contiguis, 0",01 es, Fructus et semina desiderantur. Habitat in_Brasiliæ provincia Matto-Grosso secus Jauru flumen ubi re- perta esta el. Weddell florens julio et augusto 1845. V.S. (Herbar. Mus. Paris.) 21. ARISTOLOCHIA PROSTRATA , Dire. Caule herbaceo, prostrato, flexuoso, simplici, trigono, hispido ; folis longissime petiolatis, seeundis , reniformibus sinu baseos lato profundo obtuso auriculisque latis rotundatis, pedatim 7-ner- viis nervis lateralibus basi longe marginantibus, supra scabrido- hirtulis subtus pallidis. hispidis ; floribus axillaribus, solitariis , ebracteatis, peduneulatis ; calycis externe hispidi, refracti, tubo angusto æquali, limbo peripherico orbieulari-cordato mueronato Gl P, DUCHARTRE. — TENTAMEN cihis subcarnosis apice incrassatis longissimis fimbriato ; capsula cylindraceo-hexagona, basi apiceque umbonato attenuata. Caulis herbaceus, prostratus flexuosus, simplex vel aliquot ramulos bre- ves in parte inferiore emittens, ad nodos angulum obtusum efformans, plerumque manifeste trigonus in qualibet facie 2 sulcis longitudinalibus exaratus, pilis rigidis subulatis hispidus , internodiis in inferiore caulis parte abbreviatis (0°,01-0",02) inde sensim magis ac magis elongatis usque ad 0",06-0",07 longitudinem. Folia longissime petiolata, estipulata, secunda. Petiolus superne cana- liculatus, basim versus carinatus, longitudinaliter striatus, flexuosus et quandoque volubilis , internodio longior 0",06-0",07 æquans, basi mani- feste triplici linea in caulem decurrens; petioli foliorum e latere caulis humi prostrato nascentium basi sese abrupte deflectunt ita ut caulem am- biant et sursum vadant. Limbus reniformis, apice et ambitu rotundatus, basi insculptus sinu lato usque ad quartam fol partem penetrante fundo utrinque rotundato lamina in petiolum manifeste et longiuscule excurrente ore lato lateribus parallelis, auriculis magnis rotundatis parallelis, integer- rimus, pedatim 7-nervius nervorum basi longe marginante, pagina superiore intense viridis sub lente scabrido-hirtulus, inferiore pallida nervosa non ve- nosa pilis rigidis subulatis ut caulis et petiolus hispida , 0",045 longus 0",065 latus. Flores axillares, solitarii, ebracteati, tantum in superiore caulis parte enascentes, extus læte viridescentes, intus violaceo sordido levissime in limbo intense marginem versus picti, cum linea multo pallidiore secus ipsum marginem, ciliis intense sordide violaceis (secundum iconem ad plantam vivam a cl. Weddellio depictam). Pedunculus petiolo triplo quadruplo-ve brevior, longitudinaliter striatus, trigonus qualibet facie profunde bisulca, flexuosus, post fæcundationem dejectus ita ut fructus unicus a me visus terram recta petere videatur, pilis crebris hispidus, apice arcuatus. Ovarium peduneulo paulo crassius, longitudinaliter 6-costatum et 6-sul- eum, post anthesim spiraliter tortum, hispidum, apice refractum et latere in brevem gibbum productum. | Calyx externe hispidus ovarii apici insidens disculo quem sequitur col- lum breve modice contractum, subinde tumens in utriculum obovoideum inæquilaterum 0,12 longum, e cujus lateris brevioris vertice assurgit tubus gracilis infractus et arcuatus, 0°,015-0",02 circiter longus ore non ampliato, abrupte expansus in limbum rotundato-subcordiformem , METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 65 apice breviter mucronatum, periphericum, margine consitum ciliis unise- riatis longis subcarnosis apice incrassatis, in flore emarcido non perspicuis ob eorum intra limbum complicatum reflexionem, pagina interna glabrum. Calyx emarcidus eximie reticulatim venosus. Columna stipitata , elongata, obconica, superne ad mediam fere longi- tudinem fissa in 6 lobos crassos , ovatos , apice rotundatos, facie externa super antherarum apicem insculptos fovea parvula lineis stigmatosis mox confluentibus marginata, 6-andra antheris elongatis dimidia parte columnæ longioribus basi contiguis apice distantibus dithecis thecis juxlaposilis. Fructus cylindraceus, æque apicem basimque versus subabrupte an- gustatus , umbonatus umbone crasso truncato , longiludinaliter 6-costatus et 6-sulcus costis rotundatis, 6-valvis, a basi septicide dehiscens , breviter hispidulus, 0",045 longus, 0",014 latus. Semina plurima, parva, triangulari-obcordata, submembranacea, mar- gine sursum muri instar elevato valde concava raphe verticaliter alato notata, subtus planiuscula nonnihil marginata sulco medio longitudinali exarata, 0,005 longa, 0,003 lata. Habitat in locis arenosis cultis et incultis Boliviæ in provincia Cordil- lera, ubi novembre et decembre 1845 a el. Weddellio reperta et in Cata- logo proprio sub numero 3698 inscripta. V. S. (Herbar. Mus. Paris.) 22. ARISTOLOCHIA VARHFOLIA, Dire. Humilis, herbacea, biennis, villosa; caule ascendente, flexuoso , gracil, angulato ; foliis variiformibus cordatis vel cordalo-hasta- is vel hastatis unico vel utroque latere , sinu baseos angusto auriculisque subovalibus externe obtusissimis , apice acuminato acutis vel obtusiuseulis, utrinque scabrido-hispidulis ; floribus parvis, axillaribus, solitariis, peduneulatis peduneulo gracili apice bracteato; ealyeis externe bispido-pubescentis tubo sub apice geniculato, imbo peripherico ovato-subcordato mucronato. Planta herbacea biennis, villosa præsertim in petiolis folus junio- ribus et caule. | Caulis ascendens, flexuosus, gracilis, decurrentia petiolorum costato- angulatus , villosus et apicem versus subtomentosus , internodis brevibus im caulis parte inferiore longioribus, 0”,3 et paulo ultra altus, Folia petiolata , estipulata. Petiolus brevis , pilis albidis hirsutus , basi triplici linea decurrens, plerumque 0,04 longus. Limbus nunc in ma;ore 4° série, Bor. T. II, (Cahier n° 2.) ! 5 66 P. DUCHARTEE. — TÉNTAMEN et superiore caulis parte oblongo- vel elongato-hastatus, acüminatus acutus vel suhobtusus , basi insculptus sinu angusto plus minusvé profundo an- gulatim aperto vel lateribus parallelis, utroque latere Ssinuätus siiu alte exciso angulum acutum efficiente indeque auriculis divergentibus sub- ovalibus externe obtusissimis, nunc in parte caulis inferiore unico latere hastatus vel hastato-cordatus vel cordatus tuncque multo latior ratione habita longitudinis, pedatim 7-nervius costa validiore nervis 2 lateralibns suberectis cæteris patulis auriculas petentibus, integerrimus, duabus pa- ginis fere concolor, utrinque pilis brevibus scabrido-hispidulus , 0%,045-0m,06 longus 0",045-0",03 latus. Flores parvi axillares, solitarii ; brunnei cum macula in limbo centrali ovata oreque tubi pallidis verisimiliter in planta viva luteis, externe villoso- hispidi, parvi, bracteati. | Pedunculus gracilis, angulatus, sub flore spiraliter contortus, hispidus, O®,01 vel paulo magis longus , apice gerens bracteam minutam, ovato- cordatam. Ovarium obovato-cylindraceum , pedunculo continuum nonnihil ärcua- tum, hispidum, 0°,005 tantum longum. Calyx externe hispido-pubescens , basi tumens in utriculum ovoideum regularem et æquilaterum 0",008 longum, e cujus vertice assurgit tubus 0®,015 longus primo rectus inde apicem versus geniculatim deflexus, ver- tice nonmihil inflatus, tandem abrupte expansus in limbum periphericum ovato-subcordatum apice mucronatum interne glabrum 0”,018 longum, 0®,011-0",012 latum. à Columna breviter stipitata , subconica, superne usque ultra medium fissa in à lobos elongatos, lanceolatos, in facie externa profunde quasi cari- natim complicatos , lineis stigmatosis marginantibus valde prominentibus , fissuris inter lobos usque infra antherarum apices penetrantibus, pentan- dra antheris 9 ovatis distantibus dithecis thecis juxtapositis. Fructus et semina desiderantur. Habitat in Mexici Cordillera (Oaxaca) secus mare Pacificum ubi detecta a cl. Galeotti (Collect. . Galeotti 1840, no 208. Herbar. Mus. Paris et Deles.). V. S. 23. ArisrococnrA Gounorn, Dire. Rhizomate vertical, crasso, extus suberoso ; caule gracili, flexuoso, simplici, trigono , glabro; foliis longe petiolatis , tenuiter mem- branaceis, acuminatis mucronülatis, reniformi-cordatis ; sinü METHOÔDICÆ DIVISIONIS CÉNERIS ARISTÜLOCHIA. 67 “Bases mägho Sémi-ciréulari Aüriculisque Magnis rôtundatis, pedatim 5-nervis nervis lateralibus palulis, reliculato-vénosis Supra &läbris , Subtus glauco-albidis ; floribus parvis, racemu- =. Josis, minute bractealis i calycis externe glabri, refracti, tubo lato 153 limbo peripherico cordato NDS. sb (i im- matura) oblonga, subclavata, apiculata. ÿ Rhizoma verticale subteres arcuatum utrinque angustatum inferne obtusum ,Superne nunc abrupte emittens (in uno specimine) caules 2 aëreos graciles, nunc (in alio specimine) sensim angustatum in caulem unicum primo crassum allius gracilem , tota superficie obtectum cortice suberoso Tim os0, e rimis emittens radices plerumque graciles, ramosas. Caulis aëreus gracilis, flexuosus , simplex, trigonus faciebus planis vel paululum concavis, in quaque facie exaratus duobus sulcis costulam me- diam cireumscribentibus, ut tota planta glaber, viridis, internodiis superio- ribus folio longioribus. Folia longe petiolaia, estipulata, tenuiter membranacea. Petiolus gracilis, contorto-volubilis, basim versus longitudinaliter sulcatus et superne cana- liculatus, carina sed lateribus vix conspicue decurrens , 0",055-0",05 lon- sus. Limbus reniformi-cordatus, apice acuminatus mucronulatus, basi in- sculptus Sinu lato latissime aperto lateribus divergentibus fundo éximie rotundato lamina in petiolum vix aut minime excurrente ad quintam usque ..Partem longitudinis minusve penetrante, auriculis rotundatis magnis paral- lelis; margine integerrimus, pedatim quinquenervius nervis lateralibus costam æquantibus basi angulo fere recto patulis et longiuscule marginan- tibus, reticulatim in utraque pagina venosus, pagina inferiore glauco-albidus sub lente brevissime præcipueque ad nervos hispidulus, pagina superiore glaber i in areolis venarum sub lente punctulatus, 0®,09 longus et latus, vel paulo longior quam latior. Flores parvi , räcemulosi, breviter pedunculati, in planta sicca pallide fulvi cum venis brunneo-purpureis in utriculo et in parte inferiore tubi, atro-purpurascentes in parte superiore tubi, in limbo maculati maculis atro-purpureis magnis. Rachis brevis, 0",01-0",02 lonsa, pluries geniculata, àrticulis 0®,002- 0" 003 longis, præsertim in parte superiore gracili, in quoque geniculo gerens bracteam minutam ovato-lancealatam 0,001 el paulo magis lon- gam e cujus axilla prodit flos solitarius. … Bracteæ distichæ, ideo et flores distichi. 68 P. DUCHARTRE. — TENTAMEN Pedunculus gracilis, rectus vel apice recurvus, longitudinaliter striatus, glaber, 0",012-0",015 longus. Ovarium pedunculo continuum, subfusiforme, longitudinaliter 6-costa- tum, glabrum, apicis latere productum in gibbulum vel breve corniculum. Calyx externe glaber,angulo recto ovario insidens, ipsa basi expansus in disculum inæquilaterum , subinde post collum breve tumens in utriculum obovoideum inæquilaterum 0",012-0m,015 longum e cujus vertice angulo fere recto assurgit tubus latus circiter 0®,01 longus, interne et præsertim basi vestitus pilis brevibus albis clavatis, tandem expansus in limbum peri- phericum cordatum apice acutum mucronulatum 0,02 longum. Columna obconica, stipitata, superne fissa in 6 lobos elongatos conicos divergentes, facie externa exaratos sulco angusto basi tantum latiore lineis stigmatosis marginato, hexandra antheris ovoideis in media parte contiguis dithecis thecis sibi invicem applicitis. Fructus adest unicus in speciminibus observatis, immaturus, sHtBEES, subclavatus, apiculatus apiculo in disculum desinente. Habitat Novam Granatam loco dicto Llano San-Martin ubhi detecta a beato Justino Goudot. (Herb. Mus. Paris). Vulgo dicta guuco. V.S$. 2h. ARISTOLOCHIA MACROPHYLLA, Dtre. Fruticosa ; caule ramoso, ramis elongatis, gracilibus, volubilibus , glabris ; foliis magnis longisque, breviuscule petiolatis, oblongo- Janceolatis lateribus longe parallelis, acuminatis , basi cordatis. sinu profondo angusto auriculisque rotundatis parallelis, pedatim 7-nervis, supra glaberrimis glaucescentibus lucidis tenuissime verruculosis, subtus fulvo-velutinis ; floribus..…..; capsula hexa- gono-prismatica elongata ; seminibus parvis, subcordatis, supra concavis marginalis, subtus convexis. Planta fruticosa, ramis elongatis, gracilibus, volubilibus, glabris, stria- tis, internodiis a basi apicem versus sensim RTE sed semper folio brevioribus. Folia magna, breviuscule petiolata, estipulata. Petiolus arcuatus, sub- tortilis, superne basim versus canaliculatus, glaber, basi decurrens triplici linea prominula sensim subevanescente , 0",03-0,04 longus. Limbus oblongo-lanceolatus lateribus longe parallelis, sub apice longe angustatus et acuminatus, basi cordatus sinu profundo angusto fundo obtuso lamina in petiolum non excurrente lateribus parallelis vel paululum convergenti- METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 69 bus, auriculis rotundatis parallelis, integerrimus, pagina superiore glau- cescens lucidus glaberrimus sub lente tenuissime et creberrime verrucu- losus, pagina inferiore velutinus pilis crebris brevibus sub lente capitellatis fulvo-ferrugineis reticulatim venosus venis prominentibus, pedatim 7-ner- vius nervis a Costa media valida pinnatim ramosa ad extimum debilem de- crescentibus nervorum ramis sæpissime anastomosantibus , 0",2 et ultra longus 0",06-0",08 latus. Flores desiderantur. Fructus in specimine herbarii Delessert apertus, valvis omnino disjunc- tis angustis elongatis 0",003-0%,005 latis 0%,06-0m,07 longis (unde fructus nondum dehiscens certe forma angusto-elongata ) costa media va- lida prominente instructis, septicide dehiscens. Semina parva, subcordata, interne cuneata, externe rotundato-cordata, inferne convexa verruculosa, supèrne margine elevato valde concava, Iævia, instructa lamina media tenui rapheos prominente præsertim a medio ad basim, testa undique tenui ad marginem tantum paululum incrassata, atro- brunnea, albumine copioso. | Habitat prope Cayennam ubi reperta a cl. Leprieur anno 1839. V.S. imcompletam. (Herbar. Delessert.) 25. ARISTOLOCHIA GARDNERI, Dtre. Glabra ; caule herbaceo , erecto , simplici; foliis breviuseule petio- latis, oblongo-triangularibus , acutis , basi subcordatis auriculis brevibus rotundatis, utroque latererectilineis, pedatim 7-nervüs, discoloribus pagina inferiore pallida lutescente scabrida ; floribus axillaribus, solitariis, ebracteatis, breviter peduneulatis; calyce.…; capsula oblonga, hexagona , umbonato - apiculata , transverse lineata; seminibus submembranaceis, supra concavis, subtus explanatis, triangulari-subcordatis. Planta glabra. Caulis herbaceus ipsa basi lignescens , erectus , simplex , lævis, sub in- sertione foliorum costatus, internodiis brevibus, ad nodos paululum incras- satus et compressus. Folia majuscula, numerosa et approximata, breviuscule petiolata, estipu- lata. Petiolus eximie canaliculatus , striatus, a foliis inferioribus ad supe- riora sensim brevior, in infimis 0w,03 in supremis Om,01 tantum longus, in prioribus flexuosus. Limbus oblongo-triangularis, acutus , basi subcor- 70 P. DUCHARTRE. — TENTAMEN LG @ datus sinu parum mn utroque latere rotundato Jamina in petiolum insigniter excurrente late aperto, auriculis brevibus rotundatis, integerri- mus ; lateribus rectilineus , pedatim septemnervius neryis à Costa majore ad extimum imminutis basi marginantibus omnibus inferne prominentibus, venis anastomosantibus plerisque iransyersis reticulato-venosus nerYosus- que , ufraque pagina glaber, discolor pagina inferiore pallidus 1 lutescens scabridus, 0",09-0",1 longus Om .05- Om,06 latus. Flores axillares, solitarii, ebracteati desiderantur. . Pedunculus gracilis, glaber,. brevis petiolo brevior m ima planta el æquilongus i in superiore 0w,015- om" ,048 longus, Jongitudinaliter sulcatus, sæpe a folio directione aversus. Ovarium (post floris lapsum) g gracile, elongatum, arcuatum et in pedun- culo reflexum, 6-costatum costis in pedunculum decurrentibus, elabrum, apice HSE productun i in appendicem corniculiformem longiusculum. Calyx et. colümna desiderantur. … Fructus maturus et dehiscens, oblonous, hexagonus, basi apiceque an- gustatus, umbonatus apiculo post dehiscentiam in 6 mucrones valvarum diviso, 6-valvis valvis planiusculis costa media lata et depressa exaratis, tota superficie notatus lineis transversis prominulis irregulariter undula- tis, glaber, dehiscentia septicida, 0w,045 longus. Semina plurima, triangulari-subcordata interne cuneata externe rotun- dato-emarginata, submembranacea sed margine sursum valde recurvo na- vicularia, inde pagina inferiore subexplanata vel parum convexa perspicue marginala, superiore valde concava alte et abrupte marginata medio longi- tudinaliter carinata lamina verticali rapheos e cujus fere vertice utrinque eritur ala tenuis ; {esta castaneo-brunnea, verrucosa verrucis crebris bre- yibus truncatis, raphe ejusque alæ atro-violaceæ ; albumen in semine sicco fenuissimum. … Habitat Piahauy in America meridionali; lecta anno 1840 a beato Gardner qui eam n° 2299 signavit. V. S. (Herbar. Webb in quo exstat unicum specimen fructiferum. }) 26. ARISTOLOCHIA FILIPENDULINA, Dire. Tuberosa, radicibus in media circiter longitudine incrassatis in inberculum ovoideum rarius subglobosum vel obconieum ; pilis * patulis rigidis hirsuta ; caule cl acih, tereti, volubili ; foliis longe petiolatis , ovato- us SU profundo angusto auriculisque 2 _Magnis QUES > APICe ohbtusis. vel r'arius acutatis apieulatis , | METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 71 pedatim 5-nerviis nervis gracilibus, utrmque sed præcipue in pagina infera glauco-albida seeus nervos hirsutis ; floribus axil- laribus, solitariis, ebracteatis ; calÿce.….; capsula hexagono-sub- globosa longe umbonata. Rhizoma tortuosum, abbreviaium, in unico specimine gracile et 0w,025 longum , in aliis speciminibus crassius et 0,02 longum , e CUJUSs apice oritur caulis, dum e fere tota ejus superficie oriuntur radices. Radices plures distinctæ , simplices in speciminibus observatis ( unico excepto ), rigidæ , in planta sicca angulatæ , conspicuæ verrucis irregula- ribus e quibus ortum quandoque ducunt radicellæ , sed quæ nullum vel sub lente squamarum vestigium ostendunt ; longissimæ radices 0w,015-0",016 æquant, sed nulla non extremitate orbala; in media circiter longitudine omnes incrassatæ in tuberculum ovoideum 0",01-0",025 longum, Om,01 crassum. Unicum specimen omnibus partibus majus fert tubercula duplo crassiora sub eadem longitudine, inter quæ unum obconicum inferne acutum superne planum. Caulis volubilis, gracilis, esulcus, pilis patulis hirsutus, internodiis folio plerumque æquilongis et longioribus in superiore caulis parte. Folia petiolata , estipulata. Petiolus contorto-volubilis, gracilis, canali- culatus, longitudinaliter striatus, hirtus, 0",04-0",05 longus , basi carina præsertimque marginibus decurrens. Limbus ovato-cordatus, apice obtusus v. rarjus acutatus apiculatus, basi insculptus sinu profundo angusto fundo obtusato lamina vix in petiolum decurrente lateribus nonnihil angustato auriculisque magnis rotundatis, pedatim 5 nervius nervis gracilibus externe ramosis, integerrimus , utrinque sed præcipue inferne maximeque secus nervos hirsutus, pagina inferiore glauco-albidus, plerumque 0,07 longus, 0" ,055 latus. N. B. Speciminis supra memorati folia majora sunt, apice rotundata, reniformi-cordata, 0,09 longa et lata. Forsan varietas major ? | Flores ‘axillares, solitarii, ebracteati, lilacini ex incolarum dictis, desi- derantur. Pedunculus petiolo paulo longior, longitudinaliter striatus, hirtus. Ovarium pedunculo continuum, elongatum, gracile , longitudinaliter 6-angulare et 6-sulcum , flore delapso curvatum vel imo reflexum, valde hirtum. ST. a: Calyx ignotus. Fructus subglobosus vel breviter ovoideus , longe umbhonatus , 6- “angu- pa P. DUCHARTRE, —- TENTAMEN | laris et 6-sulcus, 6-valvis, valvis medio valide costatis , septicide à basi dehiscens ita ut valvæ umbone apice integro inter se cohæreant et pedun- culus ad mediam usque longitudinem dividatur in 6 ramos graciles costis valvarum continuos , apice hirtus in reliqua superficie pilis delapsis sub- glaber, 0w,02 cum umbone longus fere 0,02 crassus. — Semina...… Habitat Salinas in Brasilia centrali, ubi vulgo dicta Jarrinha, Balatinha. Ejus radice purgante utuntur Indi. Detecta a cl. Weddell. (Herbar. Mus. Paris.). V.S. 27. ArisroLocniA GaunicHauDir , Dire. Caule herbaceo ? contorto-volubili, smplici, vage trigono suleato , glabro ; foliis adultis amplis, petiolatis, subquadrato -hastatis au- riculis brevibus rotundatis divergentibus, acuminatis, junioribus basi subtruncatis, pedatim 7-nervis, reticulato-venosis, utrin- que glabris ; floribus minuseulis breviter peduneulatis, racemu- loso-cymosis, minutissime bracteatis; calyeis glabri, meurvi, unilabiati, tubo elongato gracili arcuato, fauce ampliata , labio subrotundo apiculato. Caulis herbaceus (?), contorto-volubilis, simplex, internodiis folio bre- vioribus, vage trigonus, longitudinaliter sulcatus, sulcis costisque obtusis, glaber. Folia petiolata, estipulata, adulta magna. Petiolus superne canaliculatus, longitudinaliter sulcatus , basi tribus lineis prominulis vix conspicuis de- currens, 0®,02-0%,023 longus. Limbus subquadrato-hastatus auriculis brevibus rotundatis divergentibus, apice acuminatus acutus , basi in foliis junioribus subtruncatus in adultis paulo altius insculptus sinu angusto et subangulato, integerrimus, pedatim septemnervius duobusnervis lateralibus costæ approximatis , reticulato -venosus venis majoribus inter nervos pri- marios transversis, utraque pagina glaber, in folio adulto 0,17 longus 0" ,12 inter auricularum apices latus. In speciminibus observatis omnia folia cauli adhuc affixa multo minora sunt. Flores minusculi, axillares, breviter pedunculati, in planta exsiccata fer- rugineo-brunnei, in rhachi abbreviata 0",02 vel minus longa racemuli spe- ciem referentes sed revera cymosi, bracteati. Bracteæ minutissimæ , ovato-lanceolatæ, basi amplectentes , brevissime ciliatæ, quarum una basilaris caulem spectans rhachim inter et caulem axillaris, aliæ singulatim floribus oppositæ. METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 73 Pedunculus floris gracilis, apicem versus paululum incrassatus sensim in ovarium transiens ibique longitudinaliter sulcatus , 0",008 tantum longus. Ovarium peduneulo rectilineum eoque crassius , fusiforme apice con- strictum, longitudinaliter G-suleum, glabrum. Calyx glaber, forma insignis, ovario insidens collo elongato recto stipiti- formi basi in disculum dilatato, inde tumens in utriculum ovoideum basi apiceque angustatum 0,01 longum, sensim desinentem in tubum gracilem arcuatum 0,013 circiter longum, apice abrupte ampliatum in faucem date infundibularem utroque margine inflexam, productamque in labium sub- rotundum acuminulatum cum fauce 0®,015 longum. | Columna breviter stipitata, obconica, superne fere ad mediam usque longitudinem fissa in 6 lobos conicos distantes , ad quorum basim adsunt 6 processus transversi margine libero transversoque stigmatosi inferne connati, infra medium hexandra sex antheris dithecis quarum thecæ latæ sunt et abbreviatæ basi et apice post dehiscentiam subtruncatæ omnes æque sibi invicem contiguæ. Fructus ignotus. 4 Habitat in insula Australasiæ Rawak dicta, unde a claro Gaudichaud relata. (Herb: Mus. Paris. et Delessert). V.S. 28. ARISTOLOCHIA MULTIFLORA , Dire. Caule herbaceo bast lignescente, elongato, volubili(?), smplici, tri- gono, glabro; foliüs breviuscule petiolatis, cordato - sagittatis sinu baseos angusto auriculisque interne dilatatis, apice acumi- nato complheatis et recurvis, subpalmatinervis, subcoriaceis, glabris, pagina infera reticulato-nervosa viridi-ferruginea disco- loribus ; floribus minuseulis, numerosissimis, cymoso-racemosis cymis elongatis sæpius 9-floris, bracteatis bracteis minutis oppo- siifloris ; calyeis glabri incurvi unilabiati tubo arcuato gracili, fauce abrupte ampliata, labio oblongo-spathulato emarginato ; capsula (immatura) hexagono-pyriformi, verruculosa. Planta videtur herbacea perennis. Caulis herbaceus, basi sublignosus , elongatus, verisimiliter volubilis, simplex, glaber, trigonus, in qualibet facie bisulcus sulcis costam latam circumscribentibus, internodiis plerisque folio subæquilongis, superne lantum longioribus. 7l P, DUCHARTRE. — TENTAMEN . Folia breviuscule petiolata, estipulata. Petiolus sæpius contorto-volu- bilis, inferne et præsertim basim versus carinatus, superne canaliculatus, longitudinaliter striatus, carina marginibusque decurrens m tres lineas ; prominentes angulos ai inferioris eflicientes, glaber, 0,015 lon- gus. Limbus cordato-sagittatus, apice acuminatus complicatus et arcuatim deflexus, basi insculptus sinu angusto ad sextam vel septimam longitudinis partem penetrante fundo angulato ore sæpius angustato, auriculis rotunda- tis interne dilatatis, sinibus lateralibus vix excisis, integerrimus , sub- palmatinervius ob neryos laterales fere ex ipsa basi fol originem ducentes, subcoriaceus, inferne reticulatim nervosus et venosus, ambabus paginis fere concolor vel pagina inferiore paulo intensius coloratus subferrugineus, utrinque glaber, 0",075-0",08 longus 0,035 latus. re F lores 1 in planta exsiccata brunnei, minusculi, numerosissimi, cymos0- racemosi, cymis solitariis vel geminis e qualibet axilla orientibus. Cymæ laxæ, elongatæ, graciles, sæpius 9-floræ, rachi gracili glabra longitudinaliter striata recta vel levissime geniculato-flexuosa, ad ortum cujuslibet floris gerente bracteam parvam ovato-cordatam acutam flori oppositam. Pedunculus gracilis, sæpe contortus, glaber , apice gradatim in ova- rium transiens, brevis, 0",005-0",008 longus. Ovarium pedunculo recta continuum, gracile-obconicum, ipso apice nonnihil dilatatum in disculum cui inest conulus apiculiformis florem gerens. | Calyx glaber, ovario recta insidens disculo quem sequitur collum gra- cile fere 0w,02 longum, subinde tumens in utriculum globosum 0®,004- 0",005 diametro æquans æquilaterum, e cujus vertice assurgit tubus gracilis vix 0®,001 latus reflexo-arcuatus circiter 0,01 longus, apice abrupte dilatatus in faucem infundibularem margine reflexam, produc- tam in labium oblongo-obcordatum basi angustatum 0,02 longum. Columna abbreviata, crassa, basi contracta in stipitem crassum, apice 6-loba lobis conicis distantibus, paulo supra mediam longitudinem gerens processus 6 transversos margine stigmatosos lohis antherisque oppositos confluentes in membranam periphericam involucriformem 6-plicatam plicis inter antheras descendentibus, 6-andra antheris abbreviatis et latis dithe- cis distinctis thecis ejusdem antheræ contiguis. Fructum unicum vidi nondum maturum, inanem, ovoideum subpyri- formem, apice obtusum, basi euneatim angustatum sensimque transeuntem in pedunculum incrassatum, 6-valvem valvis medio costatis transverse ve- nosis verruculosis, 0",04 fere longum 0°,02 latum. METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 75 . Semina non vidi. "Habitat ad rupes in insula Mayotte ubi a beato Boivin detecta (Herh. Mus. Paris). V.S. 29, ARISTOLOCHIA ALBIDA, Dire. Glauco-albida, glabra. Caule gracili, volubili- contortuplicato , ra- moso, sulcato ; foliis petiolatis, cordatis sinu basilari rotundato ore angustato 6 auriculas amplas rotundatas interne dilatatas , apice acuminulato obtusis, utroque latere sæpe subpanduratis , pedatim 5-nerviis; floribus cymoso-racemosis, bracteatis brac- teis suborbiculari- RUE opposilifloris ; calycis (in flore valde juvenili) tubo brevi recto, labio elongato recto apice obtuso ; capsula hexagono-obconica; seminibus magnis, planis, sub- membranaceis, triangularibus , margine crasso alatis , raphe utrinque alata. Planta herbacea? perennis. L HR Caulis gracilis, volubilis et contortuplicatus, ramosus, alte sulcatus, ut tota plañta glaber et glauco-albidus, internodiis folio brevioribus. -“Folià petiolata, estipulata, nisi bractea infima inflorescentiæ pro sti- pula falso habeatur. Petiolus volubilis et flexuosus, canaliculatus, basi pro more generis decurrens tribus lineis prominentibus, in folio adulto 0®,05 longus. Limbus cordiformis , levissimis sinibus laterum sæpe sub- pariduratüs , apice subacuminatus et obtusus, basi insculptus sinu rotun- dato ore angustato, lamina in petiolum decurrente, auriculis rotundatis interne dilatatis et convergentibus, integerrimus, pedatim quinque-nervius costa validiore, nervis lateralibus basi marginantibus externe ramosis, pa- gina inferiore nervis prominentibus reticulatus, in folio adulto 0",14 lon- eus 0,11 latus. | Flores cymoso-racemosi, inflorescentiis solitariis fere e qualibet nil orientibus, laxis, bracteatis, A-6-foris. Rachis plerumque flexuosa, sulcata, 0",08-0",14 longa. Bracteæ rotundo-vel ovato-cordatæ, basi auriculis incumbentibus rachim amplectentes, sessiles, 0®,02 longæ et paulo minus latæ. Earum imfima axillaris, caulem inter et rachim sita; aliæ singulæ ad ortum cujusque floris, huicce oppositæ. | | Pedunculus gracilis, nunc rectus, nunc flexuosus, flore delapso erectus, 0" ,025-0m. 03 longus. 76 P, DUCHARTRE, — TENTAMEN, ETC. Ovarium (post florem delapsum) pedunculo recta continuum eoque du- : plo crassius hexagono-prismaticum, apice ipso paululum incrassatum, 0®,008 longum. Calyx floris desideratur. Unicum alabastrum videre mihi contigit, valde juvenile, 0,003 in integrum tantum longum, in quo se præbuit calyx basi tumens in utriculum depressum æquilaterum, e cujus vertice assur- gebat tubus brevis rectus, productus in labium rectum, apice vbtuso pilo- sum, longitudine æquans tubum cum utriculo et ovario. Columna valde juvenilis ejusdem alabastri hexandra, e cujus forma an- tumo columnam adultam processibus stigmatosis transversis præditam esse. Fructus obconicus, apice obtusus, basi sensim transiens in pedunculum sub debiscentia in 6 ramos valvis continuos ad dimidiam usque partem vel ultra divisum, 6-gonus et 6-sulcus, 6-valvis. Valvæ dehiscentia septicida disjunctæ transversim rugosæ, costa media parum prominente. Semina magna, 0w,011 longa 0,009 lata, plana submembranacea, margine ampliato late alata, ala peripherica fragili, trianguli curvilinei formam referentia cum exscissura basilari e qua prodit funiculus acutus , pagina superiore nonnihil concava, notata raphe suberosa prominente in modum collis vertice truncati e cujus basi utrinque lateraliter exit ala tenuis. horizontalis semini parallela nucleum seminis latitudine æquans, pägina inferiore nonnihil convexa, pallide subfusca in medio intensius colorata ; nucleus ambitu cordatus ; testa tenuis, Iævis. Habitat in sylvis Bondou (Africa occidentalis) ubi rara dicitur a cl. Heu- delot, qui eam detexit anno 1836 fructificantem mense décembre. (Herb. Mus. Paris. et Delessert.) V. $. EXPLICATIO TABULARUM. Tabula 5a. Holostylis reniformis Dtre : 1, flos, magnit. natur.; 2, columna.— Aristolochia reticulata Nutt. : 3, flos auctus ; #, columna a latere visa; 5, co- lumnæ sectio verticalis dimidiata, — À. saccata Wall. : 6, columna. — 4. se- ricea Benth. : 7, calyx; 8, columna. — 4. micrantha Dtre : 9, flos cum brac- tea ; 10, columna ; 41, columnæ sectio transversa ; 42, frustulum cum fructu aperio ; 13, fructus apertus antice visus ; 14, semen inferne (4) et superne (B) visum ; 15, seminis sectio verticalis ut albumen et embryo appareant ; 16, se- minis sectio transversa ; 17, embryo. Tab. 61. Aristolochia dictyantha Dtre : 1, frustulum floriferum ; 2, columna. — A, Gaudichaudii Dire : 3, folium nondum adultum; 4, flos; 5, columna. oo SECOND MÉMOIRE SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. Par M. L.-R. TUÜULASNE, de l'Institut. (Planches VII-XII.) Depuis le Mémoire que j'ai écrit sur les Urédinées et les Ustila- ginées (1), ces entophytes ont été l’objet de nouvelles études de la part de plusieurs botanistes, parmi lesquels je dois surtout citer MM. Léveillé et Ant. de Bary. Cependant on ne sera point surpris qu'il soit encore possible d'ajouter beaucoup à leur histoire, car personne n’ignore combien d'efforts réunis, que de recherches longues et patientes sont nécessaires pour arriver à connaître, tant soit peu, même les productions les plus infimes de la nature, D'autre part, si, comme on n’en saurait douter, il n’est point d’être au monde, si petit, si obseur qu'il soit, qui n’ait sa place marquée parmi les créatures et un rôle défini à remplir, puisqu'il a été appelé à la vie, l'homme , interprète né de toute La nature , ne fait “point un vain usage de ses facultés quand il les applique à l’exa- men de tels objets. Omnis creatura, a dit un illustre anonyme, parva quidem et vilis, puris corde speculum vitæ est, et liber sanctæ doctrinæ. A ceux qui penseraient différemment , il a été maintes fois suffisamment répondu, et je me persuade avoir ici contre eux l’assentiment de tous les naturalistes sérieux. Entre toutes les considérations qui pourraient être invoquées en faveur de (4) Voyez les Annales des sciences naturelles, 3° série, t. VII (1847), pp. 142-127, pl. 2-7. Ce premier mémoire a été publié en commun avec mon frère , auquel sont dus tous les dessins qui l’accompagnent; il à bien voulu prendre la même part à celui-ci, et les mycologues, j'en suis sûr, ne lui en sau- ront pas moins de gré que moi-même. 78 L.-R. ŒTULASNE. — MÉMOIRE nos études, et satisfaire au cui bono décourageant de certains critiques , 1l en est une qui ressort du sujet même que j'ai à traiter. On sait trop, en effet, quels fléaux sont devenus pour nos cultures divers Champignons parasites plus où moins analogues aux Urédi- nées , et quels dommages celles-ci peuvent elles-mêmes causer à nos moissons où aux légumes de nos potagers. Or, bien que nous n'ayons point encore reussi à mettre un obstacle à la multiplication de tous ces ennemis que leur commune petitesse dérobe si facile- ment à nos regards et met à l'abri de nos coups, personne n’oserait dire qu'il fut désormais inutile d'en tenter l’entreprise. Cela étant, qui pourra-mieux diriger de pareils essais et procurer leur succès , s’il nous est jamais donné de le voir, qu'une étude préalable et approfondie des êtres qu'il s’agit de combattre? Je lavoueraï- cependant, si j'ai dù espérer être utile, en me livrant aux recherches dont je publie aujourd’hui les résultats, ma préoccupation n ‘a nulle: ment été d'obtenir pour l’agriculture un profit immédiatement réalisable. Ce but sera plus facilement atteint par d’autres observa- teurs ; celui que nous avons poursuivi, mon frère et moi, était purement, spéculatif ou scientifique , l'expérience de ces dernières années nous ayant appris combien l'étude des êtres inférieurs, dans tous les ordres, peut procurer d'avancement à la science des corps organisés. | Deux questions de l’histoire des Urédinées m’occuperont spécia2 lement ; ce Sont celles que j'ai abordées dans les notes présentées à l’Académie des sciences les 20 juin 1853 et 24 avril dernier. L'une et l’autre demandent évidemment à être étudiées plus complétement qu’ elles ne le sont dans ces courtes commünications ; mais je ne ine flatte pas, tant s’en faut, d'apporter ici tout ce qu’elles pro- mettent de faits, d'idées et d’aperçus nouveaux. Je Soübaiterais seulement que mon faible contingent déterminât quelques rnyto- ldguës à porter bien{ôt leurs investigations dans le nouveatt champ qu'elles ouvrent à la sagacité et à l’industrie patiente des obser- Valeurs. | SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 79 I. Du dimorphisme des Urédinées. Il est dans l’histoire des Urédinées un fait singulier, connu de- puis longtemps , et qui a reçu diverses explications , sans qu'on ait encore épuisé néanmoins toutes celles dont 1l est susceptible. Je veux. parler de la cohabitation presque constante de la plupart des Uredo avec des Urédinées d’une organisation plus compliquée. Les hypothèses proposées pour rendre raison de cette circonstance bio- logique l'ont été surtout à propos des Phragmidium, que l’on sait être les hôtes ordinaires des Uredo orangés qui vivent aux dépens des Rosiers, des Framboisiers, des Potentilles et de quelques autres Rosacées. I. Persoon (Syn. Fung., pp. 215 et 230), Albertini et Schwei- nitz (Consp. Fung. Nisk., p. 134), M. de Schlechtendal (in Lin- nœa, !. 1, pp. 237 et 240) et d’autres observateurs se sont bornés à constater que l'aire de ces Uredo devenait souvent un lieu d’élec- tion pour les Phragmidium , mais ils ne semblent pas s'être autre- ment préoccupés du phénomène. J'ai rapporté sommairement, dans ma première dissertation sur les Urédinées (L\, les opinions de MM. Eysenhardt et Schwabe, qui s'accordent à supposer que ch aque grain d'Uredo s'accroît {ôt ou tard en un fruit de Phragmidium. (Voy. la Linnœa, t. HI [1828], pp. 104 et 278.)M. Unger se garde d'ajouter foi à une pareille métamorphose, et ne croit pas davantage, que les Phragmidium soient parasites des Uredo, où vivent de leurs détritus ; ce ne sont, dit-il, que des productions contemporaines et associées : «Beide Formen (Uredo w. Phragmidium), threr Ent- Stehung nach, als von einander unabhængige u. nur in ihrer £eillichen Entwicklung vereinte Bildungen angesehen werden mis- sen.» (Ung., Evanth. der Pf1., p.293.)M. Corda (2) et M. Fries(3) (1) Voyez les Ann. des sc. nat., 3° série, t. VII, pp. 74 et 72, (2) Zcon. Fung., t. IV (1840), p. 49. (3) Sum. veg. Scand., p. 507. 80 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE ont préféré tenir les Phragmidium pour des parasites des Uredo(A |. Quant à nous, 1l nous avait paru, comme à M. Unger, que la trans- formation des grains d'Uredo en Phragmidium, et le parasitisme de ces Phragmidium sur ces mêmes Uredo étant également impos- sibles à admettre, 1l ne fallait voir dans la vie commune de ces ento- phytes qu’une association comparable à celle des diverses Grami- nées qui peuplent nos prairies. M. Ant. de Bary, dans l'ouvrage qu'il a publié l'an dernier sur les Urédinées, ne pense pas différem- ment (2). Il est vrai que M. Itzigsohn a depuis renouvelé l'opinion de MM. Eysenhardt et Schwabe; mais 1] ne me paraît pas lavoir appuyée sur des arguments nouveaux ou des observations plus rigoureuses (voy. la Bot. Zeit. de Berlin, t. XI[1853], p. 787)(3). A l'égard des Puccinies proprement dites, ou de celles dont les fruits sont ordinairement biloculaires, Bénédict Prévost a été l’un des premiers à signaler qu’elles vivent fréquemment aussi en com- pagnie d'Uredo ; mais il'eut le tort de croire que ces derniers représentaient les graines devenues libres des Puceinies, et qu'ils s’engendraient dans les logettes de celles-ci. (Voy. B. Prévost, Mémoire sur la cause immédiate de la carie ou charbon des Blés, etc. [Montauban, 1807, in-4°}, pp. 21-95 et passim.) M. Unger a indiqué sept ou huit espèces de Puccinies, qui sont habituellement accompagnées d'Uredo ; il déclare cependant ces productions indépendantes les unes des autres, et ne saurait admettre qu'un rapport nécessaire existe entre elles. (Exanth. der (1) C’est aussi le sentiment de M. de Schlechtendal (F1. Berolin., t. II [1824], p. 156)et de M. Léveillé. (Voy. le Dict. univ. d’hist. nat. de M. d'Orbigny, t. XII (18481, pp. 776 et 779.) (2) Voy. ses Untersuch. üb. die Brandpilze, etc. (1853), pp. 50 et 129-133, (3) M. Itzigsohn croit que les grains orangés mêlés au Phragmidium incras- satum Lk., sont les semences de ce champignon, et qu'en germant ils se trans- forment directement en fruits noirs et pluriloculaires : conséquemment il admet aussi que ces grains sont primilivement contenus dans de pareils fruits, dont l’épaisse membrane se décolorerait et se détruirait peu à peu, sous l'influence de l'humidité, pour les rendre libres et leur laisser l'aspect qu'on leur connaît. M. Itzigsohn n'attribue donc point, comme presque tous les autres observa- teurs, les grains en question à l’Epitea Ruborum Fr.; il les considère de la même manière que B. Prévost considérait les Uredo qui accompagnent les Puccinies. | | | | SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 81 Pfl., p. 293 etpassim.) M. Corda pense au contraire que les Puc- cinies sont, comme les Phragmidium, des parasites secondaires, c'est-à-dire qu'elles vivent aux dépens des Uredo qui les aceom- pagnent ou les ont précédées. (Zcon. F'ung., t. IV, p.9.) II. Ce court exposé montre qu'au jugement des observateurs les plus récents, les Uredo etles Phragmidium où Puccinia qui vivent dans les mêmes sores constituent des individualités végétales distinctes, et qui seraient tout au plus unies entre elles par les liens d'un parasitisme contestable. Les botanistes d'un autre temps ont tous cru, au contraire, que ces Uredo appartenaient au Phragmi- dium ou à la Puccinie qu’ils accompagnent; suivant les uns, ils représenteraient les graines de ces Urédinées plus complexes où leur appareil reproducteur femelle (voy. Prévost, Mémoire cité, chap. VE, p. 27 et passim) ; suivant d’autres, tels que Eysenhardt et Schwabe (1), la première forme ou le premier âge des fruits des mêmes Champignons. Ces opinions s'accordent avee le senti- ment des agriculteurs qui veulent que les rouilles orangées et les roulles noires des moissons ne soient que des âges différents d’un seul etmême parasite (2). Mais un tel sentiment se prête évidemment à plusieurs interprétations. De Candolle le comprenait, en 4807, de la même manière que Banks, quand il écrivait que la routlle « est » due à un Champignon parasite qui change d'aspect selon son âge. » Dans sa Jeunesse, ajoutait-1l, il est jaune, et à un pédicelle si court » qu'il a été pris pour un ÜUredo, et décrit... par Persoon sous le » nom d’Uredo linearis. Dans un âge avancé, il devient noirâtre, » et évidemment pédiculé ; il a été décrit « en cet état » sous le nom » le Puccinia graminum, qu'il devra désormais conserver (3). » (Ann. du Mus. d'hist. nat.,t. IX, p. 73. -— Encycl. méth., Bot., t. VITE, p. 249.) Quelques années plus tard, De Candolle abandonna (1) Voyez la Linnœæa, t. III (1828), p. 104 et 278. (2j Jos. Banks, en son mémoire On the Blight in Corn (London, 1805, in-4, pp. Set11}, semble incliner vers cette manière de voir; cependant il la voudrait mieux justifiée, etcite Fel. Fontana (Osservaz. sopra la Ruggine del Grano , Lucca, 1767; in-8) qui était d'un avis différent. (3) Persoon autorisait un peu ces jugements, en disant d'abord de l'Uredo 4° série. Bor. T. II. (Cahier n° 2.) ? 6 82 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE cette manière de voir, en reconnaissant la présénce Simultanée, dans les mêmes sores, de l'Uredo linearis Pers. et du Puccinia Graminis Pers. naissant; mais avant de prendre à cet égard un parti arrêté , il s'était demandé si ces deux éntophytes he seraient point « deux états de la même espèce. » (Cfr. DC., F1. fr., &° ed. [1815], t. IT, pp. 223 et 233 [n° 596 et C24],ett. VI, pp. 60 et 84 [mêmes n° 596 et624].) Ce soupçon (L) de l'illustre professeur de Genève, nous le tenons aujourd'hui pour l'expression dé la vérité. Après les nouvelles recherches auxquelles nous nous sommes livré, estimer quél'Uredo et la Puecinie qui babitent ensemble sont une seule et même planté, ne nous parait plus uné opinion aussi invraisemblable qué lors dé notre premier travail ; ét puisque la certitudé nous est actuellement : acquise qu’une foule de Champignons possèdent plusieurs sortes de corps reproducteurs , il est permis de croire , sans témérité , qué certaines Urédinées participent à cet avantage. Les associations dont il s’agit ne peuvent sure, en éffet, rece- voir que deux explications plausibles, si l’on rejette celle que nous apportons. Elles sont fortuites, accidentelles, sans caractère phy- siologique, ou bien déterminées par un parasitismé nécessaire. La première hypothèse , exelusive de la seconde , a contre elle 14 fré: quence incontestable du phénomène qu'il faut intérpréter, et 16s rapports nalurels qui existent manifestement entre les éntophiytes associés. À l'égard du parasitisme supposé, plusieurs considérations le rendent extrêmement improbable , sinon tout à fait Ivraiséem- blable. Il s’exércerait d’abord entre des êtres de nature identique ét presque de tout point similaires, ce qui seraitinout dans l’histoire des linearis : « Vereor ne junior plantula Pucciniæ graminis modo sit; » puis du Puccinia graminis : « Lineas parallelas nigras eœhibet, primo pulverulenta, flava.» (Cfr. Pers., Syn. Fung. [1801], pp. 216 et 228.) (1) «... Suspicio illa, disaient Albertini et Schweinitz,.… mere quidem hacte- nus hypothelica, sed urgentissima lamen : anne in plantis perquam mullis, Gra- minibus v. c., Juncis, Circæis, Polygonis, Faba, Galio, etc. Uredines fungulli ju- niores sint (dilulius colorali magisqué æslivi) tidem qui perfecti deinde (saturatiores et magis aulumnules) Pucciniæ audiant ? Digna ulique hypothesis, in quam repelilo examine ullerioreque observatione sludiose inquirantur. » (Consp. Fung. Lusat. sup. et agri Nisk. [1805], p. 134.) | SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 88 êtres organisés ; car il y à toujours entre le parasite et son hôte, quels qu'ils soient l’un ét l’autre, des dissemblances considérables, essentielles, qui feraléñit ici entièrement défaut (1). En second lieu, (1) Je ne connais jusqu'ici qu'un petit nombre de Champignons qui Soient vraiment parasites des Urédinées. Quatre d’entre eux, l’Hendersonia Uredineæ- cola Desmaz. (in Ann. sc. nat., sér. 3, t. XI, p. 345), le Diplodia Uredi- neæcola ejusd. (ibid., t. XIV, p. 114), le Sphæria læpophaga Tul., dont je joins ici là description *, et une autre très petite Sphérie (Diplodia punclata Lév., in d'Orb., Dict. univ. d'hist. nat., t. XIT, p. 779) qué je n'ai encore rencontrée qu'à l'état de pycnide dans les pulvinules de divers Uredo (U. farinosà Pers., U. Sa- licis DC., U. Euphorbiæ Rebent., U. Epilobü DC., etc.), appartiennent à la famille des Hypoxylées. Le cinquième qu'il m'ait été donné de rencontrer a reçu autrefois de Ditmar le nom de Tubercularia persicina (voy. Sturm, Deutschl. Fl., III Abth., 1er Band [1817], p. 99, pl. A9), ét plus récetimment de M. Desmaziéres celui d'Uredo lilacina (Desm., Pl. Crypt. de Fr., 2e édit., n. 4076, et Ann. des sc. al., 3° sér., t. VIII [1847],p. 11.— Lévis même réedeil t V[1846],p 272, et t, IX [1848], p. 246). Il croît dans les sores ou sur l'aire de divers Æcidium, tels que les Æcidium Euphorbiæ sylvaticæ DC., Æ. Pericltymeni DC., Æ. Grossu- lariæ DC., Æ. Convallariæ Schum., Æ. Thesù Desv., et autres semblables, de méthé que sur les pulvinules du Péridermitm Pini Fr., après là dispersion des spores de cet entophyte. Ses spores bleues, lisses et sphériques, naissent iso- * SPHÆRIÀ LOEPOPTAGA + peridiis globosis, oblusissimis aut vix papillatis (papilla obtu- Sissia }; admodum exiguis, sessilibus, glabris, atris, sine nitoré, paucis congregatis, prorsus inter se liberis nudisque: paräphysibus linearibus, äliis interdum nodosis, aliis veluti ramulosis ; fhecis 6bovato-oblongis, obtusissimis, Subsessilibus, nonnihil flexuosis, octosporis, e membrana initio cräSsissimà pôsteaque summopere tenuata et quasi tota consumptà fâctis, Mâturaque ætate sporis acervatis ex integro repletis; sporis majus- culis, lineari-lanccolatis, utrinque acutissimis (appendicibus autem destitutis ), qua- dantenus arcuatis et torulosis, vulgoque propter septa transversalia 6-locularibus; epi- sporio levi, fusco et semipellucido, protoplasmate autem granoso. Provenit autumnali tempore in subiculo decolore sed adhuc vivo Peridermii Pini Fr. (foliicolæ), vere proxime elapso semina enixi, matricisque epidermidem rimatam (vivam aut subexSuécam) protrudens paulatim in lucem venit. Præterca etiam ejus Péridiis fréquens, ni étrâverim, substernitur Subiculum, conidiferum , atro-violaceum, litéäte, Substantià sclerotium mentiens, et Tuberculariæ pérsicinæ Ditm. statum s: Poôtius forriam loco definitam referens. Vivam legi et rarissimäm in Pinu Pinastro Lamb., Camposigli, prope Cæsarodunum, octobri ineunte anni vertentis 1854. Lœpophagam dixi quia e reliquiis Peridermü vescitur. Cui autem ex innumeris con- generibus propior accedat, eruere vix in præsenti valeo; Sphæriarum grezem S. deco= loranti Pers. affinium, ob subiculum sclerotiiforme conidiisque sphæricis et violaceis conspersum, verisimiliter sequitur, 8! _ LR. TULASNE. — MÉMOIRE on ne saurait accorder, avec la vie prétendue parasite des Phragmi- dium ou des Puccinies, laquelle nécessairement ne pourrait être autre, celte circonstance facile à constater, que ceux de ces ento- phytes qui sont le plus souvent associés à un Uredo excluent fré- quemment de leurs sores toute trace de ce compagnon. D'autre part, enfin , il existe chez plusieurs genres d’Urédinées, comme je le montrerai bientôt , de telles relations organographiques et physio- logiques entre l'Uredo et la forme plus complexe qui lui est jointe, qu'il est impossible de voir un instant dans leur association celle d’un parasite avec son hôte. II, Le phénomène de cohabitation , le dualisme , ou mieux le dimorphisme dont il s’agit, ne se borne pas, à beaucoup près, au petit nombre d'exemples que les auteurs en ont cités. Une multi- tude de Puccinies, comme je m'en suis assuré par des observations scrupuleuses, vivent en commun avec des Uredo, avec ceux-là en particulier qui constituent les genres T'richobasis Lév. et Epitea lément ou en chapelets très courts au sommet de stérigmates linéaires et intime- ment unis. Dans sa jeunesse il ressemble beaucoup à un Uredo ; mais, plus tard, son coussinet prend le volume et la consistance d'un Tubercularia. C’est une production dont la place véritable dans la grande classe des Champignons est restée pour moi fort incertaine, jusqu'au jour où j'ai cru reconnaître qu'elle ne devait être autre chose que le subiculum conidifère de certaines Sphéries, telles que le Sphæria læpophaga dont je viens de parler. Le Xenodochus carbonarius Schlecht. (in Linnœa, t, ? [1826], p. 237, tab. 1m, f. 3; Fr., S. myc., III, 498), que l’on dit vivre sur l'Uredo miniata Pers. (San- guisorbæ officinalis), et le Torula Uredinis Fr., Syst. myc., HIT, 503 (Oidium Uredinis Lk., Sp. pl., VI, 1, 123), que Link a observé le premier sur l'Uredo Ruborum DC., sont rangés l’un et l’autre parmi les Sporidesmiées (Fr., S, v. Scand. , p. 505), et me sont, je le regrette, tout à fait inconnus. Quant au Botrytis ( Peronospora) parasitica Pers., qui semble bien vivre en parasite aux dépens de l'Uredo candida Pers. (Cystopus Lév.), on ne devrait peut-être pas le considérer comme tel essentiellement, car on le trouve assez souvent sur des feuilles ou des tiges qui ne portent aucune trace apparente de cette Urédinée. En tout cas , ce Botrytis est doué d'une organisation assez diffé- rente de celle du Cystopus candidus Lév., pour qu’en le supposant réellement pa- rasite de ce dernier, il justifie , loin de les infirmer, les réflexions générales que j'exprime ici, SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 89 Fr. (Lecythea Lév.). Ce sont aussi, comme on le sait, des. Epitea qui accompagnent ou précèdent les Phragmidium. Entre les fruits cylindriques, pluriloeulaires et très obscurs de ces Phragmidium, et les grains arrondis et orangés des Epitea qui leur sont unis, il y à, sans doute, de grandes dissemblances, mais une même matière plastique rouge-orangée remplit tous ces corps, comme si les uns et les autres la puisaient à une source commune. La naissance printanière des £pitea, l’affaiblissement de leur végé- tation vers le milieu de l'été, c’est-à-dire vers le temps où les Phragmidium commencent à paraître dans leurs sores, et leur disparition successive’au fur et à mesure que ces Phragmidium acquièrent plus de développement, sont des faits assez connus pour qu’il suflise de les rappeler 1e1. Je notera seulement qu'il n’est pas rare d'observer dans le cours de l’automne une seconde végétation de l’Æpitea des Ronces (Uredo Ruborum DC.), laquelle n’est pas ordinairement accompagnée ou suivie de production de Phrag- midium ; de même qu’on rencontre facilement en été des sores de ces derniers tout à fait exempts d'EÆpitea (1), à côté d’autres groupes où les deux formes sont confondues dans des proportions diverses. | Chez les Puccinies, il est moins difficile de trouver des similitudes entre leurs fruits et les grains des Uredo qui les accompagnent. Ces ressemblances sont fréquemment très évidentes dans le Puc- cinia Graminis Pers: Là, les grains de l’Uredo (U. linearis Pers.) affectent une forme oblongue qui imite celle des jeunes fruits de la Pucenie , et il n’est pas rare d’en voir emprunter à ceux-ci leur couleur brune, du moins partiellement , de telle sorte qu’on peut facilement les tenir pour intermédiaires entre les formes normales de l’'Uredoet celles de la Puccinie. On trouverait encore de pareilles ressemblances dans les Puccinia arundinacea Hedw. fil. (Uredo Phragmihs Sehum. ![U. arundinacea Nouel ; Desm.] ef Puccinia socia), P. Vincæ Cast., PI. Mars., 1, 202 (Uredo Vincæ DC. cum Pucc.), P. Umbelliferarum DC. (Uredo Cynapii DC. simul sumpta cum Pucc. comte), P. Rumicum DC. (sub Uredine, Puccinia socia hactenus prætervisa) et beaucoup d’autres. (1 ) Ce fait est confirmé par M. de Bary dans son livre Ueb. die Br die , pp. 50, 130 et 131. 86 L.-R. TULASNE. —— MÉMOIRE Les Uredo des Puccinia V iolæ DC., P. Polygonorum Schl., P. Betonicæ DC., P. Adoxæ DC. (1), P. Epilobii DC. (à savoir les Uredo Violarum DC., U. Polygonorum DC., U. Eabiatarum DC. et U. Epilobu DC.) et autres semblables, sont colorés en brun comme leurs fruits, mais moins obscurs, et ils les égalent ou dépassent même en volume. Dans le Puccinia Pruni DC., l'Uredo (U. Prunastri DC.) semble parfois une sorte de contraction de le Puccinie, et il est comme elle ponetué-hérissé. … Malgré ces rapports de similitude, il faut se hâter de reconnaitre que l’Uredo se distingue toujours facilement de la Puecinie. Ses grains sont, en effet, habituellement hérissés, même chezles Pueci- nies à fruits hisses ; leur cavité est indivise, etleur tégument qui est ousans couleur propre, ou moins coloré d'ordinaire que eelui de la - Puceinie, possède dans le nombre et la position de ses pores impar- faits (oseules, oscilla) des caractères qui ne permettent point de les confondre avec les fruits biloculaires des Puccinia. Ainsi que je l'ai dit ailleurs, ces pores sont le plus souvent au nombre de trois ou de quatre, et placés symétriquement à l’équateur du gran d’'Uredo. S'ils sont plus nombreux , ils sont distribués sur toute sa surface, et, dans ce cas, conservent encore entre eux des distances à peu près égales. (Voy. les Ann. des sc. nat,, 3° sér., t. VIE, p. 61 et suiv.) Les loges ou segments des Puccinies, comparés aux Uredo accompagnants, présentent deux dissemblances principales qui sont très constantes. D'abord ces loges n’ont qu'un pore, etil est termi- nal ; en second lieu, le protoplasma qui les remplit renferme tou- jours dens son sein un noyau sphérique plus transparent et moins coloré, que M. Corda regarde comme une cavité libre (2). Ce nucleus occupe ordinairement le centre de la loge, mais 1l est par- fois très excentrique, comme on le peut observer dans le Puceumia Menthæ Pers. On a vu chez les Phraginidium qu’en général la dernière forme (1) L'Uredo qui est joint au Puccinia Adoxæ DC. paraît avoir été regardé comme identique avec celui du Puccinia Saxifragarum Schlecht. (2) Voy. Corda, Je. Fung., t. IV (1840),p. 10. M. Unger donne à ce noyau je nom de sporidiolum, tant dans les Puccinies que dans les Uromyces (Exanth. der Pf., pp. 278, 281, 282, 284 et passim). EN SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 87 du Champignon, ses fruits noirs et plurilaculaires, ne se produisent abondamment qu'après la disparition plus où moins complète de la forme initiale et moins parfaite ou de l'Uredo. Il en est à peu près de même de plusieurs Puceinies, telles que les Puccinia coronata Cord. et P. obtegens Lk. (sub Cæomate) qui succèdent aux Uredo Ru- bigo-vera DC. et U. suaveolens Pers. Le Puccinia Graminis Pers., auquel appartient l'Uredo linearis Pers., tarde moins à paraitre, et n'attend pas pour se mêler à celui-ci que sa fécondité soit épuisée. Chez un grand nombre d'espèces, telles que les P. Polygonorum Schl., P. Violæ DC., P. Pruni DC., P. Hieraci Mart. (Uredinis Cichoru DC. comes), P. Caricis Rebent. (Uredini Caricis Schum. mixla), P. Menthæ Pers. (U. Labiatarum DC. et P. Menthæ Pers. simul sumptæ), P. Gentianæ Lk: (Uredo Gentianæ DC. et Puccinia Genhianæ1k.), P. Valantiæ Pers. (Uredo Gal Dub. et Puccinia Galii-cruciah ejusd.), P. Noli - Tangeris Cord., P. Cerasi Cast. (PI. Mars.,1, 199)etbien d’autres, sansdoute (1), les deux formes de l’entophyte sont presque contemporaines. Néanmoins, on peut tenir pour constant que l’Uredo précède toujours, et parfois longtemps d'avance, la Puccinie ou l’Urédinée plus complexe qu'ilannonce, bien qu'en plusieurs ças il continue de fructilier, pendant que celle-ci se développe et donne elle-même ses semences. On remarquera aussi que, chez les plantes herbacées, T’Uredo naît plus volontiers sur les feuilles , tandis que la Puccinie (2) abonde davantage sur les tiges etles rameaux (ex. gr., Puccinia Polygoni Convolvuli Hedw. fil.). Les Puccinies à pulvinules épars , comme les P. Caricis DC., P. Asparagi DC., P. Echinopis DC. (3), P. Polygonorum Sehl., (1) Je ne cite ici et dans les pages précédentes que les espèces qu'il m'a été possible d'étudier moi-même; mais il en est d’autres dont l’association avec un Uredo a été signalée par divers auteurs : ce sont, par exemple, les Puccinia Saæi- fragarum Schlecht. (Prost in Dub., B. Gall., II, 891), P. Convolvuli Cast. (Cfr. Désmaz. , in Ann. sc. nat , Sér. 3, t. VIII, p.10). P. Luzulæ Lib. (Cfr. Desmaz., PL. Crypt. de Fr., 2° éd., n° 1360), P. variabilis Grev. (Cfr. Corda Icon. Fung., t. IV [1840], p. 18, pl. v, f. 64), P. Calthæ Lk. (Req. in Dub, Bot. Gall. IT, 891), P. Asphodeli Dub. (ibid.), etc. (2) On peut dire la même chose des Uromyces comparés à leurs Uredo respec- üfs, et l'Uromyces appendiculatus Lév., en est un exemple vulgaire. (3) On n’a pas encore, que je sache , donné de nom particulier aux Uredo des 88 L.-R. SMULASNE, —— MÉMOIRE P. Graminis Pers., P. Menthæ Pers., P. Pruni DC. et tant d’autres , renferment dans chaque pustule des proportions très diverses d’'Uredo ; ou bien 1ls se composent tout entiers , dans un moment donné, soit de grains d’Uredo exclusivement, soit des fruits biloculaires caractéristiques de la forme parfaite du Cham- pignon. J’ai eru reconnaitre que les Puccinies, dont les sores sont circinants, c'est-à-dire disposés en cercles sur un ou plusieurs rangs (ex. c. P. Dianthi DC., P. Glechomæ DC., P. Cnici oleracei Desmaz., P.Circeæ Pers.), n’offraientd’Uredo que très rarement ; quand cet Uredo se montre , il occupe d'ordinaire le centre même . de l’aire circulaire de la Puccinie, et c’est par lui que commence l’évolution centrifuge du système. On peut citer comme un exemple assez fréquent de cette circonstance le Puccinia Vrolæ DC., quoique ses pulvinules soient encore plus souvent épars que circinants. Ceux du P. Adoxæ DC. se voient également tantôt distribués sans ordre apparent, tantôt réunis en groupes circulaires à développement cen- trifuge. Les pustules, qui, chez ces deux espèces d'entophytes , échappent à tout arrangement symétrique , admettent généralement une notable quantité de grains d’Uredo parmi leurs fruits bilocu- laires, grains qui font, au contraire, défaut dans les sores circinants. IV. Les Uromyces représentent la loge terminale isolée d’une Puccinie ; aussi ont-ils été justement qualifiés de Puccinies à une loge par De Candolle (4). Leur cavité simple renferme, comme chaque moitié de celles-ci, unnucleus transparent, central ou excen- trique (ex. gr. Uromyces Phaseolorum DC. [sub Uredine] ) (2), ef s'ouvre, au temps voulu, par un pore unique et terminal. Il n’y a donc point lieu d’être surpris que presque tous les Uromyces Puccinia Echinopis DC. et P. Asparagi ejusd., non plus qu'à ceux des P. Impa- tientis Fr., S. v. Sc., p. 514 (P. Noli-Tangeris Cord., Ic. Fung., t. IV, p. 16, pl. v, f. 57) et P. Cerasi Cast. (Desmaz., PI. crypt., 2° éd., n° 1534) que j'ai cités plus haut. (1) Voy. De Cand., F1. fr., 3° éd., t. IT, p. 224. Je ne sais aucune Urédinée autonome qui puisse être regardée comme une Puccinie réduite à sa loge infé- rieure, et je ne devine pas quelles espèces d'entophytes M. Fries envisage de la sorte. (Cfr. Fries, Syst. myc., t. III, p.510.) (2) Uredo appendiculata + Phaseoli Pers., Syn. Fung., p. 222; Desmaz., PL. Crypt. de Fr., 2° édit., n° 360. SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES,. 09 soient, aussi bien que les Puccinies, accompagnés chacun d’un Uredo particulier (T'richobasis sp. Lév.), et qu'entre leurs fruits parfaits et les grains de ces derniers existent les mêmes signes distinetifs que nous avons indiqués chez les Puccinies , comparées à leurs compagnons uniloculaires. Les grains de l'Uromyces appendiculatus Lév. (Uredinis sp. Pers., Puccinia F'abæ Grev.) sont portés sur un long stipe, et se distmguent sans peine de l'Uredo (Uredo Fabæ Pers.) (4) qui leur est joint, dont les globules sont presque sessiles. Les fruits de l'Uro- myces Junci Tul. (Puccima J'unci Desmaz., PI. crypt. de Fr., 2° éd., n° 170) sont également lisses et longuement pédiculés, tan- dis que ceux de l'Uredo qui leur appartient sont, comme l’Uredo Fabæ Pers., finement hérissés et pourvus de très courts stérig- inates. Il en est autrement des Uromyces Ficariæ Lév. (Uredinis sp. Alb. et Schw., Pucciniæ DC.), U. excavatus Tul. (Uredinis sp. DC.), U. Betæ Pers. (sub Uredine), U. apiculatus Lév. (Cæoma- hs sp. Schlecht.) (2) et de leurs semblables ; car leurs fruits uni- pores, très brièvement stipités, pourraient être pris pour des Uredo, si l’on n'avait égard aux caractères que nous avons notés plus haut. Je commis cette erreur, lorsque j’annonçai (à) que l’Uredo La - burni DC. vivait en compagnie d’un autre Uredo. Ce second Uredo, prétendu, à fruits percés d’un pore terminal (Ann. des sc. nat., ac sér.,t. VIE, pl. vu, f. 34), doit aujourd’hui recevoir le nom plus exact d'Uromyces apiculatus Lév., et l’'Uredo Laburni DC. (pl. citée sup., fig. 32 et 33) lui appartiendra au même titre que l’Uredo Fabæ Pers. appartient à l’'Uromyces appendiculatus Lév. L’Uredo qui habite les pulvinules de l’'Uromyces Ficariæ Le. (Pucciniæ sp. DC., Uredinis Dub., B. G., p. 900) y est souvent peu abondant, et pour ce motif, sans doute, n’a point jusqu'ici fixé l'attention des observateurs. Ses grains, ovoïdes où glo- buleux, sont bruns, mais plus pâles que les fruits proprement dits de l’Uromyces ; de petites proéminences hérissent leur surface, et, quand ils sont devenus libres , ils manquent de tout vestige de (1) Uredo Leguminosarum, var. Fabæ, Desmaz., Pl. Crypt. de Fr., 2° édit., La ME ne 2362. (2) Uredo apiculosa. var. Laburni, Desm., PI. Crypt. de Fr., 2° édit., n. 233. (3) Vovy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. VIL (1847), p. 70. 90 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE pédicelle ; leur genèse est d’ailleurs exactement la même que celle de l’'Uromyces. La pustule mixte qu'ils coniposent ensemble est d’abord de couleur orangée, puis elle prend un ton brun et bigarré. Les groupes exclusivement formés de grains d'Uromyces sont, au contraire , d’un brun foncé uniforme. Ainsi que M. Unger (4), j'ai rencontré parfois sur les mêmes feuilles de Ficaire l'Uromyces dent il s’agit etun Æcidium (Æ. Ranunculacearum DC.) M. Unger, qui, dans la planche VIT de son livre sur les Exan- thèmes des plantes, à figuré les Uredo et Puccinia Fabæ de Gre- ville (Uromyces appendiculatus Lév.), lesquels sont bruns l’un et l’autre, y a dessiné également, dans leur société naturelle , les Uredo el Puccinia Phyteumarum de De Candolle(Uromyces P hyteu- marum Lév.), dont le premier a des grains orangés, et le second. des fruits d’un jaune brun. (Cfr. Unger, Exanth. der Pfl., p.281.) J'ai observé cet automne, sur les feuilles des Laiterons, le Puc- cinia Sonchi Rob. (2) dont je puis parler ici, parce qu'il n’est fré- (1) Cfr. Ung., Exanth. der Pfl, p. 248 ; là sont cités plusieurs autres exem- ples de la coexistence accidentelle sur les mêmes feuilles nourricières de divers Æcidium avec certaines Puccinies. Ces entophytes de genres différents restent d’ailleurs tout à fait étrangers les uns aux autres. (Ofr. etiam A. de Bary, Unters. üb. die Brandpilze, p. 131.) | (2) Pucernia Soncai Rob, pulvillis(soris, acervulis) perexiguis, papilli- s. puncti- formibus, obtusissimis, inter se æqualibus, fuscis, modo sparsis discretisque, modo Contra in globos sejunctos aut in orbes adgregatis, singulis tegmine fusco(e cellulis cylindricis obtusissimisquein membranulam brevem inferne coalitis) sub matricis epidermide instructis, ac propterea quasi obvallatis, homœæosporis v. sæpius hete- rosporis : sporis triplicis nature, mixtis v. segregatis : aliis, uredineis scilicet, dilute aureis, obovatis, minutissime echinulatis, in episporio tenuissimo subachrois et imperviis(saltem videtur); aliis intermediis, nempe uromyceis, itidem obovatis sed forma magis yaris, fuscis, levibus nucleoque pallido medio donatis, epispori crassi poro apicali ægre conspicuo ; aliis denique cæteris perfectioribus et crassioribus, S. puccinieis, oblongo-ellipticis (0"",03-04 longis, 0®",02-03 latis), in vertice obtusissimis . obtuse conicis, inæqualibus, 9-locularibus, in membrana modo subæquo crassiuscula levibus et dilute fuscis, poroque primitus occluso in vertice vix incrassato instructis ; seminum qualibet sorte, pariter, initio saltem, pedicel- lata, pedicello autem uredinis breviore achroo et mox pereunte, uromycis contra et pucciniæ longo dilute fusco atque persistente.— Puccinia Scnchi Rob.; Desmaz. in Ann. sc. nul., ser. 3, t. XI(4849), p.274 ; Crypt. de Fr., ed. alt., n°4530. Provenit autumno in pagina postica, rarius antica, foliorum, necnon in cau- an. p POUR OR SEE nn x à | | CCR SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 91 quemment qu'un simple Uromyces facilement. reconnaissable à l'exiguité habituelle de ses pulvinules. Un caractère particulier à cette Urédinée lui donne de l’intérêt entre toutes ses congénères ; elle est pourvue d'un appareil protecteur, qui forme comme une haie de poils ou de paraphyses brunes et eylindroïdes autour de ses sores , et ces poils sont soudés, surtout vers leur base, en une membrane qui imite un véritable peridium. On possède encore un exemple d'Uromyces brun, à deux sortes de fruits, dans l'Uromyces scutellatus Lév. (Uredo scutellata Pers.), qui vit à la face inférieure des feuilles de l'£uphorbia Cyparissias L. (1). Cette Urédinée était assez abondante an com- mencement du mois de mai dernier, auprès du bel étang de Pont- Chevron dans le Gâtinais. Ceux de ses fruits, qu’on a seuls connus jusqu’à ce jour, sont comme chagrinés à leur surface, brièvement stipités, et pourvus d’un petit noyau central transparent qui manque aux corps reproducteurs secondaires de l’entophyte, e’est-à-dire aux grains qui devraient constituer l’Uredo associé. Ces grains sont plus globuleux que les autres, et ils les surpassent souvent en grosseur; leur couleur brune est moins foncée , et leur surface finement hérissée offre trois pores peu apparents. Jai vu plusieurs fois sur les mêmes feuilles, qui portaient l'Uromyces seutellatus Lév., l'Æcidium Cyparissiæ DC. ou ses spermogonies. Les feuilles qui nourrissent le premier de ces entophytes sont trois ou quatre fois plus larges et beaucoup plus épaisses que les feuilles sames ; elles coexistent d’ailleurs généralement avec ces dernières sur les mêmes tiges , dont elles occupent la partie supérieure. bus Sonchi oleracei L. et S. arvensis L. Copiosissimam legi prope Cenomanum (Marolles les Braux) et Cæsarodunum (Chimpceaux ) septembri et octobri 1854. Doctrinam de seminum apad Uredineos fungillos natura multiplici aptissime comprobat, namque Uredinem, Uromycetem Pucciniamque sub eodem tegmine conjungit. Vereor propterea ne Uromyceles sinceri pauci olim inveniantur, cum de eorum seminum quam perfeclissima structura accuratius inquisitum fuerit. Pucciniam Sonchi Rob., ejus suadente peridio, P. præcinctam s. vallatam primo obtutu salutaveram. In ïisdem Sonchi oleracei foliis Puccinia Sonchi Rob. et Coleosporium Res Lév. (longe dissimiles) commisti frequenter occurrunt. (1) L'Uredo excavata DC., qui, dans le midi de la France, croît sur diverses Euphorbes, et notamment, d'après M. Castagne (PI. de Mars., 1. 241), sur VE. serrata L., est évalement un Uromyces, ainsi que je m'en suis assuré, 92 L.-R, TULASNE. — MÉMOIRE V. Le Pileolaria Terebinthi Cast. (PI. Mars., 1,204, pl. x1)(4) est une Urédinée curieuse, que M. Léveillé a décrite autrefois sous le nom d'Uredo Decaisneana (2), et qu'il a depuis regardée comme un type du genre Uromyces (3); l’étude que j’en ai faite m’a mon- tré qu’on devait lui rapporter l’Uredo Terebinthi DC. (Desm., PL. crypt. de Fr., 2 éd.,t. XXVIIE, n°1365), pour les mêmes raisons qui nous font regarder l'Uredo Fabæ Pers. comme une part de l’'Uromyces appendiculatus Lév. Les fruits, longuement pédiculés, du Pileolaria, s'observent ordimairemeut à la face supérieure de la feuille nourricière, où ils forment des sores volumineux et irrégu- hers. Au milieu d'eux, on trouve fréquemment une certaine quan- üité de grains ovoïdes-globuleux. presque sessiles et hérissés ; mais ces grains, qui sont ceux de l’'Uredo Terebinthi DC., composent plus souvent des sores particuliers, moins bruns que les premiers, et qui sont placés justement au-dessous d’eux à la face inférieure des feuilles. Cette correspondance constante, jointe à leur mélange plusieurs fois constaté dans le même pulvinule , ne permet pas de douter que les deux sortes de grains ou fruits dont il s’agit, n’ap- partiennent à une seule et même espèce d’entophyte. VE. Les rapports de cohabitation ou de succession , et les analo- oies de forme et de structure que j'ai signalées jusqu'ici entre les Uredo d’une part, etles Phragmidium (h), les Puccinia, les Uro- myces et le Pileolaria de l’autre, fournissent assurément de puis- santes raisons de croire aux relations intimes qu'il me semble découvrir entre ces entophytes ; néanmoins, l'exactitude des appré- ciations que je propose est peut-être encore mieux justifiée par l'organisation particulière aux Urédinées qui constituent les genres Coleosporium Lév., Melampsora Cast., Cronartium Fr. et Cysto- pus Lév. dont je parlerai successivement. SRI De tous les genres que M. Léveillé a formés , il y a quelques (1) Desmaz , PI. Crypt. de Fr., 2° édit., t. XXII, n° 1085. (2) Voy. Lév., in Demidoff, Voy. dans la Russie mérid., Bot., p. 129, pl. vi, fig. 2. | (3) Voy. d'Orbigny, Dicl. univ. d'hist. nat., t. XIT, p.786 (0° Uréninées). (4) On verra plus loin que les Triphragmium, qui sont fort analogues aux Phragmidium, sont aussi accompagnés d’un Uredo (Trichobasis). SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES,. 93 années , aux dépens des Uredo, celui des Coleosporium est sans contredit, ainsi que ce savant mycologue en fait lui-même la remarque , un des mieux caractérisés. M. de Bary à consacré a ces Urédinées un chapitre de son livre (4); mais, de mème que M. Léveillé (2), il n’a su que la moitié de leur histoire, et il a juste- ment inaperçu ce qu'elle offre de plus intéressant pour notre thèse. Il est bien vrai, comme je l’a dit autrefois, en parlant des Uredo Senecionis DC., U. Rhinanthacearum DC. et autres analogues (3), que les spores globuleuses des Coleosporium sont primitivement soudées en sériés linéaires juxtaposées verticalement , ét plongées ensemble dans un mucilage incolore , puis qu'elles finissent par devenir libres et pulvérulentes ; mais il faut aussi observer que tous les pulvinules du même Champignon n’ont pas un sort égal, et même que beaucoup d’entre eux ne se resolvent jamais tout entiers en poussière reproductrice. Ces pulvinules particuliers, ou ces portions de pulvinules , imitent entièrement pour Faspect ceux qu'ils accompagnent; mais ils s’en distinguent à l’examen micro- scopique, en ce que les cellules obovales et allongées qui les com- posent restent entières , les loges ou articles dans lesquels elles sont partagées ne se dissociant jamais. Du reste, une gangue muqueuse , mcolore , comme celle qui retient d’abord les spores olobuleuses, enveloppe ausst toutes les cellules fixes et eloisonnées ; mais celles-ci sont remplies d’un protoplasma très oléagineux,dont la couleur rouge est beaucoup plus vive que chez les spores pulvé- rulentes. Pendant ou plus souvent après la dissémination de ces dernières, si le Ghampignon est placé dans des conditions favorables, on voit bientôt chaque article des cellules multiloculaires, adhérentes (4) Voy. A. deBary, Unters. ueb. die Brandpilze, pp. 24-28, pl. u, fig. 8-10. (2) Voy. d'Orbigny, Dict. univ. d'hist. nat., t. XIX, p. 786, v° Uréninées, (3) Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. VIT (1847), p. 51. La cohérence initiale des spores pulvérulentes (précoces) des Coleosporium est indiquée par Link pour leurs principales espèces, telles que le Cœoma Rhinanthacearum Lk., le C. Campanularum Lk. et le C. compransor Schlecht. (Cfr. Lk., Sp. pl. Linn., 1. VI, p. x, pp. 12, 16 et 17.) M. de Bary a fait connaître cette organisation par de bonnes figures (Brandpilze, pl. 11, fig. 8-10), tandis que le dessin analytique de l'Uredo Tussilaginis Pers. (Coleospori sp. Lév.) publié jadis par M. Unger ( Exanth., pl. v, fig. 26) la laissait tout à fait ignorer. 94 LR. MULASNE: — MÉMOIRE à la planté nourricière, émettre un long tube qui reste simple, et produit à sôn extrémité une sporé réniforme. Les Coleosporiwm sont donc ; encore plus manifestement que les Puccinies ou les Phrag- midium, des Urédinées à double forme ; cat il est impossible, quand on lés a étudiées avec l'attention nécessaire, dé ne pas rapporter à une seule et même plante les spores libres pulvérulentes ét les cellules cloisonnées , finalement fructifères. (Voy. notre pl. VIH, fig. 41, et lés fig: 1- 9 de la pl: VIE) VI. L'organisation des Melampsora Cast. a de l’analogie avec celle des Coleosporium Lév.; mais leur végétation est beaucoup plus lente. Ces derniers aecomplissent tous les phénomènes de leur frucüfication dans le cours de l'été, et meurent avec les feuilles où _les tiges herbacées qui les ont nourris. Il en est autrement des Melampsora, dont les spores pulvérulentes naissent, à la vérité, en été ou en automne, et pendant la vie de la plante mère, mais dont le second pere de reproduction n'atteint toute sa perfection ou ne fructifie qu'au printemps suivant, quelquefois après avoir grandi, ce semble, aux dépens de tissus complétement privés de vie. Cet appareil reproducteur tardif est lé de telle manière au pre- mier, que M. Fries, avec sa perspicacité ordinaire, regardait autre- fois (1) nos Melampsora comme des Urédinées concrètes (Uredines concrelæ), comme des Selérotiacées ayant chacune son analogue parmi les Coniomycètes entophytes, et il allait jusqu’à dire qu'on ne se tromperait peut-être pas beaucoup si l’on prenait l'Urédinée et son Sclerotium correspondant pour des états différents d’un même type végétal, pro diversis ejusdem typi evolutionibus. Toute- fois, si j’entre bien dans la pensée du célèbre mycologue suédois , il n'entend point dire que l'Urédinée et le Sclerotium pourraient être un Seul et même Champignon; ear il ajoute, pour expliquer Sa proposition , que les mêmes types d’orgänisation se rétrouvent en des groupes naturels très différents , et qué c’est ordinäirémént par l'intermédiaire des plus simples d’entre ces types communs que les familles des êtres naturels se touchent de plus près, et s’unis- sent les unes aux autres. Le mot fype n’est done pas employé dans (4) Voy. son Syst. mycol., t. II (4822), pp. 261-263, pu -pue EE . ur Eee SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 95 le passage cité comme synonyme d'espèce. D'ailleurs M. Fries a, jusqu’en ces derniers temps, continué d'associer les Melampsora aux Selérotiacées et aux Gymnomycètes , bién qu'il paraisse avoir éntrevu leurs affinités avec les Coleosporium. (Voy. sa Summa veg. Scand. [1849], pp. 482 et 512.) A. — Le Melampsora populina Lév. (L) est peut-être l'exemple (4) MezawpsorA roruzina Lev. (tab. nostra VIT, f. 10), hypophylla epiphylla v. bifrons, primitus tota flava s. aurantia; sporis æstivis (uredineis) obovato- oblongis , -déorsum attenuato-acutis v. truncatis, fulcimini breviet anguste cylin- drico primodum innixis, 0"",025-038 longis, 0"",013-022 latis, echinulatis ; paraphysibus iminixtis longe obovatis capitatis s. claviformibus, e membrâna superne maxime incrassata, in soro recenti raris aut nullis, in seniore abun- dantissimis : peridio e cellulis polygonis, irregulariter rupto et lacerato, ac persistente; pulvinis sclerotioideis s. melampsoreis initio luteo-fulvis, per men- ses hibernos nigrefactis, postea vero increscentibus, tumentibus, colorem læte cinnamomeum aut nitidius flaventem plerisque tandem induentibus, tuncque rotundatis aut oblongis sed discretis matricique semper pagina postica inte- gris hærentibus ; elementis s. cellulis quibus constant, prismalicis, arctissime coadunatis, 5-6-gonis, 0"®,04-05 longis, 0"",008-0095 latis, e membrana Subluteola levi et in vertice incrassata faclis, debitoque tempore tubum rectum, æqualem (0"",007-008 crassum), pallide aurantium vel flavum, vulgo simplicem et sterigmata 3-4 Secunda et subæqualia enitenteñm sin- gulatim e vertice medio agentibus; sporidüs sphæricis aureis levibus et On 01 diämetro æquantibus.-— Uredo longicapsula o. DC. (U. populina + Pers; U. cylindrica Str.), simul etSclerotium (Xyloma) populinum Er., S. M., U, 262 (pro parte); Mazerio, PI. Crypt., ed. alt., n° 580, et plerisque mycologis. — Fungum ad Melampsoras trahendum fore merito æstimarunt cl. Leveilleus (in Ann. sc. nat., t. VIII [1847], p. 375), Friesius (S. Feg. Sc., [1849], p. 489), Mazerius (PI. Crypt. de Fr. [1850], n° 1647), et Castanius (PI. Mars., suppl. [1831], p. 80). Frequentissimus fungus est apud nos, præsertim in foliis Populi nigræ L. Sporas primigenas s. uredineas æstate spargit, postremas autem dissimiles (Sporidia) a februario in ver usque. Merampsoran Treuuzæ Tul. (Sclerotium populneum Pers , Syn. Fung., p. 198; Moug. et Nestl., Stirp. V.-Rh., n. 385), quæ ad præcedentem proxima accedit, suflicienter ob sporas æstivas s. uredineas (Uredinem ovatam Str. ) ellipticas v. rarius obovatas ac multo minores, paraphyses graciliores, cellulasque melampso- réas apice haud incrassatas et paulo majores dissimilem arbitror. — Vulgaris provenit circa Parisios, Cæsarodunum, etc., in inferna pagina foliorum Populi Tremulæ L. Forma melampsorea in foliis quæ pube destituuntur præsertim nasCitur septembrique apparere incipit, uredine socia v. déficiente ; forma 96 L.-R., TULASNE. —- MÉMOIRE le plus facile à rencontrer du genre singulier d'Urédinées dont nous parlons. Ses spores pulvérulentes , initiales, d'une belle, couleur d’or, constituent l’'Uredo Populi Mart. (U. longicapsula « DC. ); elles mürissent à la fin de l’été ou en automne, et ressemblent extrêmement aux cellules associées des pulvinules, qui sont desti- nés à attendre la fin de l'hiver pour terminer leur végétation. Il importe de faire remarquer que ces spores et leurs nombreuses paraphyses naissent dans une enveloppe propre, dans une sorte de peridium, qui reste indistinct, uniquement parce que sa membrane constitutive adhère tout entière à l'épiderme de la feuille nourri- cière, au temps même où elle se déchire irrégulièrement avec Jui. Les sores pulvérulents de l’entophyte sont mêlés aux pul- vinules solides où mélampsoriques (Sclerotium populinum Fr., : pro parte), et le même pulvinule est fréquemment pulvérulent ou Uredo pour une partie, et Melampsora ou solide pour l'autre. Le plus souvent, cependant, la pustule-Uredo est à la face inférieure de la feuille, et immédiatement au-dessus , sur la face supérieure , repose un pulvinule solide; c’est-à-dire qu'on observe 1er les mêmes rapports que nous avons indiqués entre le Pileolaria Tere- bintha Cast. et l’'Uredo Terebinthi DC. Les utricules oblongs, qui composent à eux seuls toute la masse des pulvinules-Melampsora, sont, en automne, remplis d’une huile orangée très abondante, et adhèrent très fortement les uns aux autres. Le coussinét, d’abord d’un jaune brunâtre à sa surface , s'obscurcit bientôt davantage, et semble cesser de végéter pendant les rigueurs de l'hiver. Mais avant la fin de cette saison, et dès le commencement de février, si la température est douce, il se gonfle peu à peu, et acquiert une teinte jaune-cannelle qui atteste sa nou- velle vie. Ses cellules constitutives se dissocient alors plus facile- ment quand on tente de les isoler ; leur contenu oléagineux a pis une consistance muqueuse-granuleuse, et l’on distingue au sein de cette matière plastique un petit noyau sphérique, pâle et transpa- autem tota uredinea in pubentibus foliis, durante æstate, copiosior observatur. Vix est ut moneam folia pubentia cordata simul et glabra orbiculata in eadem arbore ne dicam in iisdem ramis. occurrere. Uredo serotina in ipsis pulvinis melampsoreis media frequentissime gignitur, Ph RS RSS OS ne fe SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 97 rent, exactement comme chez les Puccinies et les Uromyces. C’est alors que chacune de ces cellules se prend à germer , ainsi que je l’exposerai plus loin. 2.— Les mêmes phénomènes de végétation que je viens de signaler s’opérent plus rapidement dans le Melampsora betulina Desmaz. (1), dont l’organisation imite d’ailleurs presque entière- ment celle du M. populina Lév. Dès la fin du mois de janvier, ses pulvinules solides, après avoir bruni, ont repris une teinte de jaune-orangé extrêmement vive, et se soulèvent alors au-dessus du parenchyme qui les porte, sans cependant s’en détacher entière- ment. Je les ai vus abondamment fructifiés avant le 40 février , et j'en ai rencontré en cet état jusqu'au milieu du printemps. Les spores estivales ou pulvérulentes de ce Melampsora betulina : (4) Mecampsora BETULINA Desmaz. (tab. nost. VIT, f. 8-9, et tab. VII, f. 40-12) hypophylla, totaque in principio nitide flava v. aurantia; sporis uredineis (æstivis) oblongo-cylindricis v. obovato-cuneatis, basi truncatis, brevissime stipitatis , echinatis, 0"",032-038 longitudine , 0"",016-019 au- tem diametro metientibus ; paraphysibus circumpositis vel immixtis, obovatis, levibus, hyalinis, inferne attenuatis, e membrana tenui ; peridio crasso e cel- lulis polygonis , ostiolo angusto et quasi ciliato pervio; pulvinis melampsoreis lineis rectis (venis matricis) initio plerisque definitis, per hiemem infuscatis s. obscuratis, tempore vero maturitatis iterum nitidissime aurantiis , tuncque globosis tumentibus et pro parte a matrice solutis; cellulis quibus con- stant eodem tempore facillime disjungendis, in membrana ubique tenui levique achrois (0"",03-05 longis, 0"",013-016 latis), et seu vertice seu basi tubum tortilem, simplicem aut bifurcum, protoplasmate aurantio refertum, moxque in segmenta 3-4 partitum et sterigmata totidem secunda agentem singulis exseren- tibus ; sporidiis sphæricis. — Melampsora betulinum Desm., PI. Crypt. de Fr., ed. alt., n° 1647 ; Moug., Stirp. Vog.-Rhen., t. XIII (1850), n° 1276.—Sclero- tium (Xyloma) betulinum Fr., Syst. myc., t. I, p. 262.—Sclerotium Betuli Lib., Crypt. ard., n° 336 (fide cl. Mazerii). — Simul et Uredo longicapsula 8 betulina DC. ; Duby, Bot. Gall., p. 895 (Lecytheæ sp. Leveilleo ). Provenit frequens prope Parisios, Cenomanum Cæsarodunumque, æstate et au- tumno, in pagina postica (glaberrima aut dense pubente in eodem ramo pri- mario) foliorum Betulæ albæ L. (præsertim junioris arboris et etiam surculo- rum s. virgarum [annotinarum bienniumve] quæ e truncis senioribus solo tenus excisis assurgunt), fructusque ultimos, nobis sporidia dicta, ab extremo januario in ver usque pro aeris conditione edit. Uredo recens odorem debilem quasi floris Primulæ veris L. spargit, ejusque semina laxe adglutinata sicut cirrhi s. fila aurea brevia contortaque e suis conceptaculis prodeunt. 4° série. Bor. T. II. (Cahier n° 2.) 5 1 98 L.-R. MULASNE. — MÉMOIRE constituent, pour la plupart des mycologues , une variété (4) de l’'Uredo populina Pers.; on les peut observer jusqu'à la fin de novembre, dans le voisinage des premiers rudiments de l'appareil hibernal de fructification. Elles sont elliptiques ou oblongues , cunéiformes , finement verruqueuses , remplies d’un protoplasma orangé, et dépourvues du noyau décoloré, propre aux cellules qui germent au printemps , c’est-à-dire qu'elles ressemblent extrême- ment aux spores dé l’Uredo populina Pers. proprement dit. Les “paraphyses qui les accompagnent sont, au contraire, très différentes de celles du Melampsora populina Lév. Ce sont pour la plupart de grandes cellules obovales, presque vides de toute matière sohde ou colorée, et dont la membrane hyaline est uniformément mince. Chaque sore est pourvu d’un peridium distinct, dont il est facile de . reconnaître la texture celluleuse au travers de l’épiderme très aminci qui le recouvre en partie ; et, pour peu qu’on l’étudie avec une attention suffisante, on s'assure que ce tégument s'ouvre par un pore terminal et comme cilié, qui permet aux spores mûres de s’é- chapper en cirrhes donne (Voy. notre pi. VII, fig. 8.) Toute cette organisation était restée inconnue jusqu'ici, 3. — Il naît aussi très communément sur les feuilles de certains Saules, tels que les Salix Capræa L. ét S. viminalis L., un Melampsora particulier (M. salicina Lév.) (2), qui a été jusqu'ici (1) C'est l'Uredo populina B betulina Pers., Syn. Fung., p. 219. (2) Merampsora saucixa Lév. (tab. nost. VII, f, 6-7), epiphylla aut hypo- phylla, soris $. acervulis uredineis vulgo sparsis, crassis vel exiguis, dilute aureis, nitide aurantiis aut cineraceis ; sporis ovato-globosis, 0"",016-019 dia- metro metientibus, echinatis, stipite gracili æquali nune longo nunce abbre- viato primitus suffullis; paraphysibus capitatis s. rarius obovato-claviformi- bus; peridio proprio nullo v. ineonspicuo; pulvinis melampsoreis sæpius epiphyllis, sparsis aut aggregatis, initio sordide luteis v. luteo-fuscis, mox autem magis infuscatis tandemque subnigrentibus , aliis exiguis rotundatis, als multo majoribus varüformibus et folium quasi bullatum efficientibus, aut maculas spar:as prominulasque fingentibus, cuncetis matrici semper maxime “hærentibus nec maturescendo lætius coloratis ; cellulis quibus struuntur oblongis, 5-6-gonis, sibi invicem arctissime junctis, 0%”,032-038 lon- gis, 0 ,013-016 latis, e mernbrana crassa dilute fusca formatis, proto- plasma granosum rubro-aurantium foventibus , debitoque tempore tubum erec- tum æ ualem brevem simplicem et sterigmata secunda , tria w. quatner, ee mb dés SE — maigres. 272 he. — Qu: he à SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 99 regardé comme un Sclerotium par la plupart des mycologues. Ce prétendu Sclerotium (S. salicinum DC.) (4) commence à paraître, comme ses congénères, vers la fin de l'été ou en automne, dans le voisinage de l’'U redo qui lui appartient, c’est-à-dire de l'Uredo qui a reçu le nom d’Uredo Epitea Kze (U. Viütellinæ DC., U. Salicis ejusd., U. mixta Steud.), sur les feuilles de l’Osier et autres Saules analogues , et celui d'Uredo Capræarum DC. sûr le Marceau. Les pulvinules de cette production sont d’abord à peu près de la même couleur jaune-orangée que l'Uredo ; mais ils ne tardént pas àbrunir, et deviennent souvent presque noirs. Pendant l'hiver, si la feuille qui les porte repose sur un sol humide, ils grossissent peu à peu, et commencent à fructifier vers là mi-février, mais sans abandonner leur teinte obseure, ni rien perdre soit de leur consistance, soit de leur étroite adhérence à la feuille. A cet instant , les cellules qui les constituent sont formées d’une membrane épaisse et brunâtre ; leur forme est celle d’un prisme à cinq ou six pans, et elles sont encore intimement unies entre elles. L'épiderme qui recouvrait primitivement le pulvinule est alors aminet, et paraît quelquefois s'être réduit à la cuticule ; il est d’ailleurs presque partout complé- tement soudé aux sommets épaissis des cellules dont je viens de 0®®,043-046 longa ac vulgo monospora edentem, e vertice singulis agen- tibus ; sporidiis sphæricis pallide aureis, diametro 0®®,01 circiter æquantibus, pulvereque copioso pulvinulos obruentibus. — Uredo Caprœæarum et U. Sa- licis Candolleo (U. Epitea Kze.), necnon U. mixta Steud., quæ Lecytheis vel Podosporiis clar. Leveilleo annumerantur; simul et Sclerotium salicinum Pers. ; Fries, S. M., 1, 262 (inter Xylomata ); Moug. et Nestl, Stirp. V.-Rh., n° 386; Desmaz., PI. Crypt. de Fr., ed. alt., n° 953, = Fungillum ad Me- lampsoras ducendum fore arbitrat sunt cl. Leveilleus in Ann. sc. nat., ser. 3, t. VAL, p. 375; Friesius, Sum. Veg. Scand., p. 482, et Mazerius, PI. Crypt., ed. alt., n° 1647. Vulgaris nascitur circa Parisios in folis Salicum, præsertim S. Capreæ L. et S. viminalis L. Forma sclerotioidea s. melampsorea sub februarii finem semina gignere incipit. Eadem, ni fallor, sola sæpe generatur, forma uredineà deficiente ; quod imprimis apud Sulicem viminalem L. contingere mihi videtur. Sori uredinei in hac Salice vulgo minores, sporæque brevius stipitatæ et deor- sum acutaltæ deprehenduntur. (1) Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rh., n° 386; Desm., PI. Crypt. de Fr., 2e éd., n. 953. 400 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE parler, et semble faire corps avec eux, quoiqu'il reste très transpa- rent et à peu près incolore. Le Melampsora salicina Lév. est, à son origine, très fréquem- ment accompagné de lUredo que j'ai désigné plus haut; mais on le voit presque aussi souvent se développer à peu près seul, et en- vahir, sans obstacle, la face supérieure de la feuille, qu'il recouvre tout entière de ses coussinets inégaux et difformes. Ce cas s’observe surtout chez le Salix viminalis L. De son côté, l'Uredo n’est pas toujours suivi du Melampsora, et son abondance est alors d’autant plus grande, comme on le peut voir surtout dans le Saule Marceau. Les sores d'Uredo, qui, sur les feuilles de cet arbre, correspondent aux pulvinules naissants du Melampsora, sont généralement mal développés, de couleur cendrée et si petits, que les poils de l’épi- . derme les cachent presque entièrement. C’est un de ces sores ru- dimentaires que notre figure 6, planche VII, représente. Né à la face inférieure de la feuille, au-dessous du pulvinule solide ou mélampsorique, il est avec lui dans les mêmes rapports que ceux qui existent si fréquemment entre l’Uredo populina Pers. et le Melampsora populina Lév. Je n’ai pu reconnaitre de trace d’en- veloppe propre ou de peridium dans l’Uredo du Melampsora sali- cina Lév. h.— Dans le Melampsora Euphorbiæ Cast., qui a servi de type à la fondation du genre (1), les spores pulvérulentes (Uredo Eu- phorbiæ Reb., Lecytheæ sp. Lév.) sont globuleuses, et n’offrent aucune ressemblance avec les éléments cellulaires des pulvinules solides ou mélampsoriques qui les accompagnent. Ceux-ci, au moment de la dispersion des grains urédiniques orangés, sont sou- vent imparfaits, et consistent en taches noires ou brunâtres, qui entourent exactement Les pulvinules-Uredo, ou leur sont contigus (4) Voy. Castagne, PI. de Mars. (1845), p. 206, pl. v; Desmaz., PL. Crypt. de Fr., 2° édit., t. XXII, n°1086. C'est le Sclerotium (Xyloma) herbarum à Eu- phorbiæ Fr., S. M., II, 263. M. Léveillé n’admet qu'avec doute les Melampsora parmi les Urédinées, et il est même tenté de croire que ce ne sont point des Champignons véritables, mais seulement des portions altérées du tissu des feuilles. ( Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér.,t. VIII, p. 375, et le Dict. univ. d'hist, nat. de M. d'Orbigny, v° Unrépinées, t. XII [1848], p. 787.) SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 101 par un point quelconque de leur pourtour (4). Ces taches deviennent promptement plus saillantes sans cesser d’être noires, et avant la fin de l’automne, on les trouve uniformément composées de cellules simples, identiques pour la forme avec celles que nous avons décrites chez les Melampsora populina et M. betulina ; seulement la mem- brane de ces cellules est colorée en brun foncé, et épaissie dans son sommet , comme le fruit de la plupart des Uromyces. Un pertuis terminal y est aussi très manifestement préparé pour la sortie future du germe. J'ai observé très fréquemment autour de Paris, dans le Maine et en Touraine, le Melampsora Euphorbiæ Cast., erû sur l’Eu- phorbia exigqua L. Tant sur les feuilles que sur les tiges et les rameaux de cette petite plante, on voit le mycelium plastique de l’entophyte déterminer çà et là par son développement sous-épider- mique des taches orangées, qui portent à la fois des tubercules pul- vérulents (Uredines), autour desquels l’épiderme rompu se relève, et des coussinets noirs (Melampsoræ), de forme irrégulière , qui s’engendrent sous cette membrane, et la conservent toujours pour organe protecteur (2). La connexion de ces deux sortes de pulvi- nules n’est pas moins évidente sur les feuilles de l’Euphorbia he- lioscopia L. qu'habite aussi fréquemment notre entophyte. 9. — Si, chez les Coleosporium, on ne saurait nier le rapport étroit qui unit les sores pulvérulents à ceux que caractérisent une organisation et une fin différentes , il est également impossible de ne pas reconnaître les mêmes rapports entre les deux appareils reproducteurs qui constituent un Melampsora , quoique les fruits (1) Ces relations de position sont les mêmes que celles du Puccinia Alliorum Cord. (Xyloma? Allii DC.) avec son Uredo (U. Alliorum DC.), lesquelles ont été observées par De Candolle lui-même. (Voy. sa F1. fr., 3° éd., t. VI, pp. 82 et 156.) (2) C'est probablement ce mélange de pulvinules noirs et de sores orangés qui a inspiré à M. Link les courtes observations qu'il ajoute à la description de son Cæoma punctosum Lk. (Sp. pl. Linn.,t. VI, part. n, p. 34), lequel est l’Uredo punctata DC. (Fi. fr., 3° éd., t. IE, p. 236); mais M. Léveillé a très bien reconnu que cette espèce prétendue n'était autre chose que l’Uredo (Lecythea) Euphorbiæ Rebent. habité par un Diploda parasite, ( Voy. le Dict. univ. d'hist. nat. de M. d'Orbigny, t. XII [1848], pp. 779 et 787.) 402 L.-R. ŒULASNE, — MÉMOIRE tardifs de ceux-ci aient une autre structure que ceux des Coleospo- rium. À la vérité, M. Fries, qui dit avoir vu sur les feuilles du Populus balsamifera des tuberculés mi-partis Uredoet Melampsora, déclare néanmoins que eë sont à des productions distinctes , et même trop dissemblables ; pour être rangées dans la même fa- mille de Champignons (4); mais il eût certairiernent interprété autrement la circonstance vulgaire qu'il mentionne, si, usant du microscope, il avait comparé l’organisation inlime de toutes les parties des tubercules en question, et s’il avait suivi leur développe- ment jusqu'à sa dernière phase. Les Coleosporium et les Melampsora sont évidemment des ehtophytes tout à fait du même ordre, les premiers correspondant aux Puccinies, les seconds aux Uromyces. Les Coleosporium parviennent à leur maturité et fruetifient sur des | plantes vivantes, comme les Puccinia Dianthi DC., P, Circeæ Pers., P. Cerasi Cast., P. Glechomæ DC. et autres semblables ; tandis que les Melampsora imitent plutôt par leur végétation les Puccinia Polygonorum Schl., P, Graminis Pers. et leurs ana- logues , ou bien les Polystigma, les Rhytisma, et tous ces Champi- gnons épiphylles qui commencent leur vie en parasites véritables, c'est-à-dire aux dépens de tissus sains et vivants, mais qui ne peuvent compléter leur développement ou donner leurs fruits que longtemps après que ces mêmes lissus ont perdu toute vie propre. Il y a lieu, en outre, de faire, à l'égard des Coleosporium et des Melämpsora, quelques observations analogues à celles que nous avons consignées plus haut en parlant des Puceinies et des Uro- myces. Ainsi l'Uredo, ou l’état pulvérulent du Champignon, déter- miné par de grosses spores globuleuses ou oblongues, et munies de pores plus où moins distincts; cet état, comme nous l'avons vu, précède toujours l'apparition de la seconde forme de la plante, mais il peut aussi coexister avec elle. Cette dernière circonstance est la règle commune à tous les Coleosporium qui croissent en été ou en automne sur des plantes annuelles, ainsi qu’à plu< sieurs autres qui soht parasites dés végétaux vivaces. Seulement chez ces derniers, tels que le Colecsporiuin T'ussilaginis Lév., (4) Voy. Fries, Sum. Veget. Scand., p. 482, note 3. SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 103 les individus qui se montrent tout à fait à l'arrière -saison n'offrent souvent que la seconde forme du Champignon ou la plus parfaite. J'ai observé à la fin du mois de novembre de l'an der- nier (1853) des sores de ce Coleosporium Tussilaginis Lév. qui étaient encore en pleine végétation, et se couvraient incessamment de sporidies réniformes de la plus belle couleur rouge-orangée ; leur développement était centrifuge ,' et il n’y avait plus parmi eux la moindre trace d'Uredo. Celte dernière forme dénote au printemps les ecommencements de la plante, et se rencontre pendant tout le cours de l'été, soit seule , soit jointe à l'appareil auquel appartient une fécondité d’une autre espèce. Les sores de l’une et l’autre sorte peuvent être confondus et épars sans ordre sur la feuille, ou bien lormer des groupes circinants et distincts. En ee dernier cas, il existe fréquemment au centre des groupes cireulaires de tuber- cules solides et rougeâtres une ou plusieurs pustules pulvérulentes et orangées (Uredo Tussilaginis Pers.). | VIIL. On voit par tout ce qui précède combien l'étude des Coleo- sporium et des Melampsora est favorable à la doctrine du dimor- phisme chez les Urédinées ; je parlerai maintenant des Cronartium Fr., dont l'examen ne sera pas moins instructif. . Ce genre d’Urédinées a pour type le Cronartium asclepiadeum Fr., Champignon très commun en France , au milieu de l'été , à la face inférieure des feuilles du Dompte-Venin (Æsclepias F'ince- toæicum L.). L'épiderme de ces feuilles se trouve soulevé çà etlà par une multitude de très petites pustules obtuses , éparses ou groupées symétriquement , et dont l’évolution est en ce dernier cas mani- festément centrifuge. Au-dessus de chacune de ces proéminences, là membrane épidermique se perce bientôt d’une ouverture arron- die, autour de laquelle elle se colore peu à peu d’une teinte brune. L'examen de la pustule v fait découvrir un Uredo (U, Vincetoxicr DC., FE Fr., éd. 3, VI, 85) doré, à spores elliptiques-arrondies , finement verruqueuses, longues de 0"",022-099, larges d’envi- ron 0"",016-025, et portées chacune par une vésicule cylindrique Où obovale qui leur sert de pédicelle (stérigmate). Cet Uredo n'est point, comme on l’a cru jusqu'ici, uniquement protégé par lépi- 404 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE derme de la plante qui le nourrit; aussi bien que les Uredo du Peuplier et du Bouleau , il possède un tégument propre; il est ren- fermé dans une sorte de bourse, dont les parois minces et trans- parentes sont formées de cellules tabulaires et polyédriques. Cette enveloppe particulière s'ouvre par un pore étroit qui correspond à la rupture de l’épiderme protecteur (4), et laisse échapper les spores de la même manière à peu près qu’on voit sortir celles des Sphéries par l’ostiole de leur conceptacle. Bien qu’elle reste entièrement incluse, c’est-à-dire qu’elle ne s'élève point au-dessus de l’épi- derme, à la manière du peridium des Æcidium, des Ræstelia ou des Peridermium, elle constitue évidemment un organe tout à fait analogue à ce peridium, et sa présence ici, comme chez les Uredo du Peuplier et du Bouleau , efface une des différences principales supposées exister entre les Uredo et les Æcidinées. Aussi en con- clura-t-on que les mycologues ont été mal inspirés, qui ont accordé tant d'importance à la présence ou à l'absence du peridium chez les Urédinées , et par suite réparti les genres de cette famille de Champignons , pourtant si naturelle, en des ordres extrêmement disparates (2). (Cfr. Corda, Anleit. z. Stud. der Mycol. [1842], pp. 8 et 73.) Pendant que les spores de l’Uredo du Dompte-venin se déve- loppent et se disséminent de la façon que nous avons expliquée , il naît du milieu de l’aire étroite qui les engendre une petite co- lonne ou ligule cylindrique qui s’accroit jusqu’à atteindre 2 milli- (1) M. Link a noté cette déhiscence particulière de l’Uredo Vincetoxici DC, (in Willdenow, Sp. pl. Linn., t. VI, p. 1, p. 14). (2) M. Fries condamne tout à fait l'alliance des Æcidinées avec les Gastéromy- cètes, « a quibus tota genesi et morphosi recedunt » ; aussi qualifie-t-il leur tégu- ment de pseudo-peridium. Il a tort toutefois de supposer cette enveloppe formée par l'épiderme de la plante qui nourrit l'entophyte. (Cfr. Fries, S. myc., t. III, pp. 511 et 512, et S. veg. Sc., p. 510, note 4.) En mettant les Æcidium et leurs alliés les plus proches au rang des Gastéromycètes, M. Corda se trouvait d'accord avec le sentiment que M. Meyen avait exprimé peu de temps aupara- vant sur les affinités réciproques de ces Champignons. M. de Bary a déduit quel- ques-unes des raisons qui doivent faire juger ces affinités plus apparentes que réelles. (Cfr. Meyen, Pflanzenpath. u. Pfl. Terat. [1841], p. 450, et À. de Bary, Untersuch. üb. d. Brandpilze, p. 94.) . SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 105 mètres de longueur, sous un diamètre de 5 à 8 centièmes de milli- mètre. Cette columelle charnue , atténuée-obtuse à son sommet, est tout entière formée de cellules oblongues ou fusiformes , inti- mement soudées entre elles, et pourvues, comme le sont les loges d’une Puccinie, d’un noyau sphérique transparent. Une matière plastique, granuleuse et orangée, presque identique avec celle que contiennent les grains de l’Uredo, remplit indistinctement toutes ces cellules, et leur communique seule la couleur qu’elles présentent ; dans quelques-unes qui restent stériles, elle se convertit plus tard, au moins partiellement , en un liquide oléagineux décoloré. On a cru jusqu'ici que la ligule dont il s’agit était un conceptacle ou peridium (pseudo-peridium Fr.)tubuleux, destiné à engendrer dans son sein et à rejeter au dehors, par une ouverture terminale , les corps reproducteurs du Champignon (1); mais on s’est en cela singulièrement mépris sur ses fonctions et sa structure. Il n’est pas d’abord fort cifficile de s'assurer par des coupes en divers sens, pratiquées sous la loupe, et par un examen microscopique bien en- tendu , que l’organe en question est un corps solide, parfaitement clos , privé de tout canal intérieur, et n’offrant , en un mot, aucun des caractères d’un peridium quelconque. En second lieu , et c’est là ce qui a dû le plus facilement échapper à l’observation , toute la _ surface de ce corps baculiforme est un véritable kymenium , en ce | | | | | | | | | _ sens que les cellules qui le composent émettent successivement des espèces de germes ou processus cylindriques tout à fait analogues à ceux qui sortent , à un moment donné , des fruits biloculaires des Puccinies ou des Podisoma , processus qui de même se flétrissent après avoir produit un petit nombre de sporidies pédicellées. Tel (1) Cfr. Unger, Die Exanth. der Pfl., p. 303-304; Fries, Syst. myc., t. III, | p. 513 en note, et Sum. veg. Scand., p. 510. Voici la diagnose que M. Corda donne du genre Cronartium Fr. : « Sporangium membranaceum , tubulosum, dein | supra apertum ; stromate tenui ; sporis pulpæ immersis, conglutinatis, appendicula - | dis, simplicibus, episporio tenui , nucleo viscido, gutlulis oleosis repleto.» (Cord., Anleit. z. Stud. der Mycol., p. 73.) Schmidt et Kunze, dont M. Corda loue | l'exactitude, avaient également qualifié les ligules du Cronartium asclepiadeum Fr. de « tubi (pseudoperidia?) celluloso-membranacei... intus primo sporidiferi , | demum sporidiis conspersi. » (Mycol. Hefte, t. IL [1823], p. 98.) 106 L.-R, TULASNE. — MÉMOIRE est done le rôle physiologique de la ligule des Cronartium, qu'il est impossible de ne pas y voir une analogie remarquable avec les Podisoma. Seulement chez les Cronartium , les cellules fertiles constituant la columelle sont dépourvues de pédicelle ; et n'ont point, à raison de leur agencement partieulier , l'apparence d’indi- vidualité qui appartient aux organes analogues dans les Podisoma. De plus les Cronartium possèdent ce qui parait manquer à ces der- mers, c'est-à-dire un appareil précoce dé corps reproducteurs globuleux, un Uredo, semblable à ceux qui précédent ou accom- pagnent les Puccinia Graminis Pers., P. ceoronata Cord:, P. La- biatarum DC. (sub Uredine), et tant d’autres. On a distingué en ces derniers temps du Cronartium asclepia- deum Fr. un Champignon absolument du même genre, qui vit à la face inférieure des feuilles des Pivoines , et M. Castagne l’a décrit | sous le nom de Cronartium Pœoniæ , en faisant la remarque qu’à l'instar du précédent, ilest précédé d’un Uredo (U. Pæoniæ Cast.), dont il pourrait aussi être regardé comme le parasite (voy. Castagne, PI. de Mars. [1845], pp. 211 et 217-218). M. Desmazières a de: puis publié ce même Uredo Pæoniæ Cast. sous la désignation d'Uredo Pæoniarum Desm. (4), et son association à un Cronartium (C. asclepiadeum. Fr. var. Pæoniæ Desm., PI. Crypt., ®% édit., n°1009 )ne lui a pas non plus échappé. Personne, j'imagine, ne sera plus désormais surpris qu’il en soit ainsi, puisque les Uredo men- tionnés ne sont réellement que les Cronartium eux-mêmes dans un état primordial particulier. L'étude de ces Urédinées montrera d’ail- (4) Voy. Desmaz., Ann. des sc. nat., 3° sér., t. VIII (1847), p. 11, et ses PI. Crypt. de Fr., 2° édit., t. XX VIH, n. 1364. M. Léveillé, en sa Description des Champignons de l'herb. du Mus. de Paris, donne une synonymie détaillée du Cronartium usclepiadeum Fr., qui ne croîtrait pas seulement sur le Dompte-venin et les Pivoines, mais encore sur les Thesium et les Ribes (voy. les Ann. des sd, nat. ; 3° sér., t. V, p. 272). Pendant mon séjour à Champceaux (Touraine), au mois de septembre dernier, j'ai étudié de nouveau le Cronartium du Pæonia. offi- cinalis Retz.; que j'avais vu autrefois avec M. Delastre au château de la Cour de Chiré (Poitou), et il m'a semblé trouver dans ses couleurs très vives et les di- mensions plus considérables de toutes ses parties des caractères suffisants pour le distinguer spécifiquement de celui du Dompte-venin. SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 107 leurs qu’elles se comportent à divers égards exactement comme celles dont nous avons déjà parlé. Ainsi l'Uredo est quelquefois le seul de leurs appareils de fructilication qui se développe, la ligule centrale avortant où restant imparfaite; en d’autres cas, celle-ci acquiert, au contraire, une valeur prédominante ; elle exelut l’Uredo ou ne lui laisse produire qu’une faible quantité de spores qui échap- peraent facilement à l'observateur, s'il ne les cherchait avec un som attentif. Il est vraisemblable que M. Unger aura , lui aussi, rencontré ces mêmes grains d'Uredo, en examinant le Cronartium asclepiadeum Fr. mais il les prend à tort pour un état initial ou imparfait des corps reproducteurs de ce Champignon : il eroit qu'ils sont nés dans le sein de la columelle (Balg où peridium pour M. Unger), et qu'ils y acquièrent avec le temps une forme allongée ( £xanth. der Pfl., p. 304). D’après le même auteur, ces prélendues spores perfectionnées , en s’échappant par l'orifice terminal supposé de la ligule, demeureraient adhérentes à sa paroi externe à cause de la viscosité qui les enduit (L. c:, et pl 1v, fig. 23, h;h). Quiconque observéra avec plus d'attention les objets dont il s’agit reconnaîtra que ces sporés singülières ne sont autre chose que les processus où germes dont nous avons parlé plus haut, et que les sporidioles que M. Unger en fait sortir (fig. cit., 2) sont les spores proprement dites nées suf ces mêries processus. Jusqu'à ce jour personne n’a, que je sache, redressé toutes ces inexactitudes. M. Corda, qui les pres- sentait, s’est justement eru autorisé à dire que les mycologues. étaient dans une complète ignorance de l’histoire du Cronartium(1), mais il n’a rien tenté pour les éclairer. M. Castagne s’est approché davantage de la vérité, car il a vu les ligules du Cronartium Pæomæ Cast. se couvrir d'une poussière blanche contenant des « rudiments de filaments, » et «une multitude de corpuscules arron- dis, » qu'il supposait avoir dû sortir de l'intérieur des ligules. (Voy. Cast., PI. de Mars., p. 218). MM. Albertini et Schweinitz avaient eux-mêmes , des l’année 1805 , fait une observation ana: logue : « Ostiola, écrivaient-ils, exoleta (Sphæriæ flaccidæ Alb, et (1) Voy. Corda, Anleil, 3. Stud. der Mycol., p. 73. 108 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE Schw., scil. Cronartii Pæoniæ Cast. ) pube quadam alba byssina parasilica (quam nunquam deficientem vidimus) obteguntur. » (Consp. Fung. Agri Nisk., p. 82.) I y aura dans l'histoire des Cronartium un fait singulier à enregistrer, c’est que le Cronar- tium asclepiadeum Fr. à été par plusieurs botanistes, tels que Willdenow , Funck, M. Martius (1), M. Duby (2) et autres, rejeté hors de son groupe naturel légitime pour être associé aux Erineum, c’est-à-dire à des productions dont la nature fongine et l’autono- mie sont aujourd’hui encore fort mcertaines ; tandis que Schmidt et Kunze, Link (3) et M. Fries (4) le tiennent pour un allié des Æcidium et des Ræstelia , et que M. Unger (5) voit en lui l’expres- sion la plus élevée d’un Champignon urédiné. On peut contester aux Cronartium cette dignité relative ; mais dans le cas même où elle leur serait concédée , MM. Albertini et Schweinitz les estime- raient encore bien déchus , puisqu'ils les admettaient parmi les Hypoxylées (6). IX. Enfin il est encore un genre d'Urédinées très favorable à la thèse que nous soutenons : je veux parler du genre Albugo Pers. ou Cystopus Lév., qui a pour type l’Uredo candida Pers. L’organi- sation de cet entophyte a déjà été décrite par beaucoup de mycolo- oues ; les figures publiées , il y a quelques années, par M. Berke- ley (7), et celles plus récentes qu’on doit à M. A. de Bary (8), font (4) Voy. Funck, Crypt. Gewæchse des Fichtelgeb., VItes Heft (1806), n. 445, et Martius, Flor. Erlang. p. 347. (2). Bot. Gall., p. 909. (3) Sp. pl. Linn., t. VI, part. 2, p. 65 (Cæoma [Ceratites| cronartites Lk.). (4) Syst. myc., pp. 513-514, et S. veg. Scand. (1849), p. 510. (5) Exanth. der Pf., p. 246, 303 et passim. (6) Voy. Alb. et Schw., Fung. Nisk., p. 31, n. 94. On a de la peine à com- prendre comment ces auteurs ont pu voir dans le parenchyme des feuilles de la Pivoine officinale des conceptacles globuleux tels qu'ils les ont décrits et figurés (op. cit., pl. vn, f. 4), conceptacles dont les ligules du Cronartium n'auraient été que les ostioles linéaires. M. Fries a aussi partagé cette erreur (Syst. myc., t. II, p. 516, et Elench. Fung., t. II, p. 109). (7) Voy. son Mémoire On the white Rust of Cabbages, dans le Journal of the hortic. Society of Lond., t. III (1848), pp. 265-274. (8) Voy. ses Untersuch, üb. die Brandpilze, p. 20, pl. u, fig. 3-7. . SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 109 beaucoup mieux comprendre en quoi elle consiste , que le dessin incomplet donné jadis par M. Unger (Æ£æanth. der Pfl., pl. vi, fig. 32). Toutes ces figures cependant , ainsi que les descriptions publiées jusqu'ici des Cystopus , sont insuffisantes ; du moins lais- sent-elles ignorer le fait important que nous devons signaler, à savoir , l'existence simultanée en ce genre de Champignons, de deux sortes de spores. Tandis que le Cystopus candidus Lév. est tout entier de couleur blanche, le C. Portulacæ Lév.(Uredinis sp. DC.) est d’une teinte jaune pâle, qui imite assez bien celle des toiles de Nankin. Le premier croit surtout, comme on le sait, aux dépens des Crucifères et de diverses Composées (1), et de même qu'à M. de Barvy, il m'a toujours semblé identique avec lui-même, sur quelque plante que je l’aie observé. Jusqu'ici je n'ai rencontré le Cystopus Portu- lacæ (DC.) qu’à la surface des feuilles du Pourpier cultivé (Portu- laca oleracea L.), et je ne sache pas non plus qu'il ait jamais été vu parasite d’une autre plante. Son mycelium , composé de fila- ments très rameux, pâles et fort inégaux en diamètre, se développe abondamment au travers du parenchyme qui le nourrit, et de ses rameaux les plus superficiels naissent en faisceaux les cellules obovales ou brièvement claviformes qui engendrent les spores. La spore naissante n’est pas autre chose que le sommet très obtus de la cellule génératrice, lequel s’en détache peu à peu en prenant une forme globuleuse pour être aussitôt remplacé par un autre corps semblable à lui, et qui éprouve le même sort. Ces spores, ainsi successivement formées , demeurent quelque temps unies entre elles par des isthmes plus courts qu’elles - mêmes, et dont l’épaisseur s’amoindrit sans cesse de bas en haut du chapelet reproducteur, jusqu'à s’annihiler tout à fait, et permettre la sépara- tion ou la dispersion des semences de l’entophyte (2). Les figures (1) D'après M. Berkeley (Mémoire cité sup., pp. 266-267), le Cystopus candi- dus Lév. végéterait également sur les Amarantacées , les Caryophyllées, les Che- nopodées, les Convolvulacées, les Capparidées, les Malpighiacées et les Euphorbes. (2) Le mode de développement des spores des Cystopus rappelle celui des co- nidies des Eurotium, que M. Ant. de Bary a très bien fait connaître, c'est-à-dire la genèse des corps reproducteurs de l'Aspergillus glaucus Lk., et des productions 410 L.-R. TULASNE. -—— MÉMOIRE ci-jointes (pl. VIT) montrent des séries continues de six à huit de ces semences. Chez l'Uredo candida Pers. , les mêmes cellules fertiles sont rattachées les unes aux autres par des isthmes plus courts , et elles sont le plus souvent tontes égales entre elles. Les pulvinules du Cystopus Portulacæ Lév. contiennent, au contraire , presque toujours deux sortes de semences : les unes, qui sont briè- vement cylindriques, et très obtuses aux deux extrémités, mesurent de 16 à 19 millièmes de millimètre dans un sens, et 13 environ dans l’autre : on les voit facilement réunies en longs chapelets, et, à l’état de liberté, elles constituent la plus grande part de la masse pulvérulente du Champignon. Leur contenu est ordinairement assez homogène et très pâle, leur tégument lisse et tantôt à peu près incolore, tantôt teinté de brunâtre. À ces spores sont mêlées, dans | des proportions très variables , d’autres corps reproducteurs aisé- ment reconnaissables à leur forme sphéroïde et trigone, à leur volume plus considérable, et eafin à leur teinte jaune-brun toujours plus ou moins foncée. (Voy. notre pl. VIH, fig. 2.) Ces corps se rencontrent le plus souvent libres ; ils sont surtout abondants à la partie supérieure du pulvinule qui vient de rompre l’épi- derme de la feuille nourricière , et ils sont appliqués en grand nombre à la face interne de cette membrane protectrice. Cette circonstance indique clairement qu'ils sont les derniers articles des chapelets fertiles de l’entophyte , et qu’ils mürissent les pre- miers, Des analyses attentives et multipliées me les ont effee- tivement montrés plusieurs fois attachés au sommet de ces chape- lets. J’imagine toutefois que les articles des séries ainsi terminées ne sont pas tous destinés à devenir successivement des spores sphéroïdes trigones et colorées. Je suis disposé à croire qu'il en est ainsi pour certains chapelets dont les cellules composantes renfer- ment un protoplasma granuleux, peu homogène ; mais il'est égale: ment très vraisemblable qu'une foule de chapelets ne produisent qu'une ou deux des spores particulières dont 11 s’agit, tous leurs autres éléments restant des spores cylindroïdes. Dans l’Uredo candida Pers., ainsi que je l'ai dit plus haut, les analogues. (Voy. la Botanische Zeit. de Berlin, t. XII [1854\, pp. 425 et suiv., pl. x) SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. a11 spores sont habituellement toutes semblables entre elles ; cepen- dant il m'est arrivé plusieurs fois d’en distinguer quelques-unes un peu plus volumineuses que les autres et assez manifestement tri- quètres ; de sorte que le dimorphisme si évident dans le Cystopus Portulacæ (DC.) existe pareillement , quoique à un moindre PAR dans le C. candidus Lév. M. Léveillé, dans sa dernière classification des Urédinées, a associé les Cystopus aux Polycystis et aux Ustilago, c’est-à-dire aux Urédi- nées qui posséderaient, suivant le savant mycologue , un réceptacle filamenteux et non un clinode charnu (4). S'il m'est permis d’ex- primer ici une autre opinion sur les-affinités des Cystopus , je dirai que je les crois moins voisins des Ustilago que des Cœoma Tul. (Uredo Lév., pro parte), des Coleosporium (2) et surtout peut- être des Æcidinées , quoiqu'ils soient privés de peridium ; car par la genèse de leurs spores, ils imitent évidemment les Ræstelia, et s’éloignent des Ustilaginées proprement dites. X. S'il est impossible de refuser aux Cystopus deux sortes de spores, puisque ces semences s’engendrent simultanément les unes æt les autres des mêmes stérigmates , il suit de À une présomption extrêmement favorable à notre manière d'interpréter le dimor- phisme des autres Urédinées. Quiconque aura bien voulu suivre l'exposé que je viens de tracer des faits relatifs à ce sujet, recon- naîtra que les motifs principaux qui doivent faire regarder les Uredo comme des formes particulières, des états ou des organes sui generis , de diverses autres Urédinées d’une structure plus compli- quée , que ces motifs, dis-je, consistent dans des phénomènes con- stants de cohabitation où de précession, ainsi qu'en des ressem- blances de forme et des communautés d’origine non équivoques. On ne saurait infirmer les raisons déduites du premier de ces chefs en disant, à limitation de M. Unger, que les circonstances signalées ampliquent seulement les lois du développement respectif des pro- ductions dont il s’agit; car chacun peut aisément souscrire à une | (1) Voy. d'Orbig., Dicl. univ. d'hist. nat., t. XII, p. 787, v° Uréninées. (2) « Durch die Sporenbidung, écrit M. de Bary, schliesst sich Cystopus zunæchst an Coleosporium an. » (Brandpilze, p. 98.) 419 L.-R, TULASNE. — MÉMOIRE telle proposition sans aucunement compromettre ou gêner la liberté de son jugement dans la question, quel qu’il doive être. La contemporanéité ou la succession des formes associées devient un fait très significatif dès l'instant qu'il est commun à uné multitude d'espèces de genres différents, et constant pour chacune d'elles. Il atteste plus que de simples particularités biologiques , et je me persuade facilement que sa portée ou sa signification a été méconnue jusqu’à présent. La cohabitation dont il s’agit a d’ailleurs lieu de telle sorte qu’on ne saurait en inférer un parasi- tisme réel. Que ce parasitisme n'existe point au profit de l’'Urédinée la plus parfaite, c’est ce qui ressort de toutes les considérations que nous avons exposées en leur lieu, et spécialement de ce fait que chez toutes les Urédinées dimorphes, sans exception, on trouve . toujours simultanément des pulvinules mixtes ou hétérospores , et des sores exclusivement.composés de fruits ou organes reproduc- teurs tous semblables entre eux. Le parasitisme de l’Uredo aux dépens de l’Urédinée plus complète est encore moins admissible , car il est toujours né avant la production qui lui est associée. Ilest, en outre, une remarque qui à sa place naturelle ici. Je veux dire que très vraisemblablement plusieurs Uredo ou ento- phytes analogues ne pourront être facilement rapportés à aucune autre Urédinée supérieure, soit qu’en réalité ces productions repré- sentent à elles seules autant d'espèces entières, soit qu’elles ne se complètent que dans des cas rares ou exceptionnels. D'autre part, nous connaissons déjà diverses Puccimies et plusieurs Uromyces toujours privés, ce semble, d'Uredo ; d'où l’on peut conclure que cette forme initiale du végétal n’est pas indispensable à sa propaga- tion ni à la perpétuité de sa race. Aussi ne faut-il point s'étonner que les Æcidium et leurs analogues (Ræstelia, Peridermium, etc.), les Cæœoma Tul., les Podisoma et les Ustilaginées n'aient encore présenté qu’un seul ordre de corps reproducteurs. Il en sera, sans doute, des Urédinées comme des Champignons théca- sporés, chez lesquels, comme on sait, beaucoup. n’offrent qu’une seule sorte de séminules , tandis qu’un grand nombre d'autres pos- sèdent plusieurs appareils distincts de multiplication qui, vraisem- blablement, se peuvent suppléer les uns les autres. SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 115 Si l’analogie ne nous trompe point, lUredo serait pour l'Uré- dinée qui le possède une sorte de pyenide , c’est-à-dire un système reproducteur précoce, de rang inférieur, et dont les éléments cor- respondraient aux stylospores des Champignons pourvus de thé- ques (1). Je ne me dissimule pas toutefois qu’une telle assimilation ne convient pas, d'une manière égale, aux grains de tousles Uredo, aussi bien ; par exemple , aux grains libres et pédiculés de l'Uredo des Puccinies ou des Uromyces, qu’à ceux de l’Uredo des Coleo- sporium, qui sont primitivement soudés entre eux et comme ses- siles ; mais j'imagine que les uns et les autres ont néanmoins une valeur égale ou de semblables fonctions à remplir dans la vie de: la plante. Il faut pareillement reconnaitre que la dénomination de stylospores appliquée à ces mêmes corps ne les distingue pas des: {ruits plus complexes, presque tous pédiculés, aussi heureusement. qu'elle différencie les séminules acrogènes des Diplodia d'avec les spores endothèques des Sphéries qui correspondent à ceux-ci. Les pages suivantes jusüfieront encore l'exactitude de cette remarque , en montrant que les deux sortes de graines des Urédinées hétéro- spores reproduisent différemment la plante mère, ou du moins qu'elles n’offrent pas ordinairement dans leur végétation respective là parité qui s’observe communément entre la germination des stylospores des Champignons thécasporés et celle de leurs semences endothèques. | EX. Des Spermogonies des Urédinées. Pour n’accorder aux Urédinées que deux appareils reproducteurs, comme je le faisais tout à l'heure, il faut ne pas tenir compte de | leurs spermogonies, c’est-à-dire des organes qui, chez elles, sem- | blent les analogues de ceux que j'ai désignés par ce nom en d’autres familles de Champignons, ainsi que dans les Lichens (2). M. Unger (1) Voy.; pour l'intelligence des termes stylospores et pycnides, les Ann. des | sc. nat., 3° sér., t. XV, p.378, ett. XVII, p.108. (2} Voy. les Ann. des sc. nat,, 3° sér., t: XV, p. 372, 377 et 378. #° série. Bor. T. IT. (Cahier n° 2.) “ 8 A1 L.-R. ŒTULASNE, — MÉMOIRE estle premier observateur qui ait donné une attention sérieuse âux spermogonies des Urédinées. Il avait reconnu, dans les Æcidium etles genres voisins, qu'elles précèdent l'apparition des conceptacles sporophores, et, par suite, ilne voyaiten elles qu’une sorte d’ébauche de ces derniers, qu’une forme infime d’exanthème correspondant aux Æcidium et leurs alliés, de la même manière, sans douté, que les Uredo correspondent aux Puccinia. L'uniformité de leur struc- ture leur valut d’être rapportées toutes par cet ingénieux botaniste à un type unique, sous le nom d’Æcidiolum Exanthematum Ung. (Cfr. Ung.; Exanth. der Pfl. [1833], pp. 300-304, pl. HE, fig. 18-19.) Plus tard, M. Meyen, AT TE à l'étude des mêmes objets, ne craignit pas d'émettre la pensée qu'ils représentaient peut-être l'appareil du sexe masculin chez les Urédinées ; supposition hardie, sinon téméraire , alors que la sexualité des Champignons devait être regardée comme une thèse absolument neuvé, €t qu'elle n'avait pas même en sa faveur un commencement de preuve acceptable. Mais M. Meyen admit en même temps qu'il ne pouvait pas être question d’une fécondation véritable chez des végétaux tels que les Urédinées, ne s’inquiétant pas autrement de concilier cetté manière de voir avee l'appréciation précédente (4). La critique à facilement triomphé de cette contradiction, au moins apparente, et M. Schleiden en a pris occasion de plaisanter agréablemeéntle savarit professeur de Berlin (2). De même , lorsqu'en ces derniers temps M. Bonorden a écrit son Manuel de Mycologie, 1 n’a tenu aucun compte de l'opinion de M. Meyen, et a préféré ranger l'Æcidiolum de M. Unger parmi les Ræsteha, sous le nom de À. exanthematica Bonord. (5). Il ne semble pourtant pas possible d'accorder à M. Schleiden, non plus qu'à M. Unger, qu'il y ait une complète indépendance entre des productions telles qu'un Æcidium et l'Æcidiolum qui l'accompagne , que ce soient des Urédinées absolument étrangères (1) Cfr. Meyen, Pflanzenpath. u. Pfl. Terat. (1841), p. 143-447. (2) Cfr. Schleiden, Grundz. der wiss. Bot., 3° édit., t. Il, p. 40-41. (3) Cfr. Bonord. , Handb. der Mycol,, p. 54, pl. 1, fig. 20 ( empruntée de M. Unger). RL SUR LES URÉDINÉES EŸ LES USTILAGINÉES. 125 l'une à l’autre, et autonomes au même titre. Leur position relative, l'ordre de leur développement respectif, sont des faits remarquables trop constants pour ne pas dénoter entre ces corps des rapports nécessaires , comme ceux qui existent entre les diverses parties essentielles d’une même plante. C’est du moins cé qui nous avait semblé, lorsque, au mois de mars 4854, nous rangions les Uré- dinées au nombre des Champignons pourvus de spermogonies (1). Depuis, notre sentiment a été partagé par le myvcologue qui, en cés derniers temps, s’est le plus occupé des mêmes entophytes. M. A. de Bary a, en effet, parfaitement reconnu le rôle de précurseur que joue l'Æcidiolim vis-à-vis dé chaque Æcidium ; 1 s’est assuré. qu'ils procèdent tous lés deux d’un seul et même mycelium , et le premier lui a semblé, comme à nous, offrir tant d’analogie avec les spermogonies des Lichens , qu'il ne fait pas difficullé de lui aecor- der le nom de cés organes et la même valeur physiologique, quelle qu'elle soit d’ailleurs. (Cfr. de Bary, Brandp., pp.57-65 et78-82.) Cette valeur est effectivement incertaine, et le séra sans doute long- temps encore. Il n’est pas invraisemblable, ainsi que le reconnait M: de Bary, que des fonctions fécondatrices soient dévolues aux spermaties des Urédinées ; mais on peut douter qu'il soit jamais possible de le constater d’une manière rigoureuse , et à l'abri de toute critique. Peut-être ces corpuscules ne différent-1ls point des spermaties que MM. Berkeley et Broome (2) seraient disposés à regarder comme une sorte particulière dé spores ; jusqu'ici, cepen- dant, je n'ai pu les voir germer. Ges incertitudes nous obligent évidemment à préparer, selon nos forces, aux mycologues à venir, les moyens de porter un jugement pluséclairé sur la nature et le rôle des spermogonies des Urédinées. On conçoit d'abord combien il importerait d'arriver à montrer que ees productions n’appartiennent point seulement à quelques genres (1) Voy. les Comptes rendus des séances de l'Acad. dessc.,t. XXXII, p. 472, et t. XXXVI, p. 1093(20 juin 1853). Je rectifie en ce dernier endroit l'erreur que j'avais précédemment commise en regardant le Tubercularia persicina Ditm., qui m'était alors inconnu , comme identique avec l'Æcidiolum Exanthematum Ung. M. de Bary a justement signalé cette méprise (Brandp., p. 59, note 3). (2) Cités par M. de Bary, Brandp., p. 78. 416 L.-R. TULASNE, — MÉMOIRE d'Urédinées, et qu’au contraire elles se rencontrent chez tous, puis- qu’alors on ne pourrait plus guère douter qu’elles ne fussent réelle- ment des organes spéciaux de ces Champignons, et non des végé- taux autonomes. Jusqu'ici, elles sont connues dans les Æcidium , le Ræstelia cancellata Rebent. , les Centridium Chev., et quelques Uredo, tels que l’Uredo suaveolens Pers. (Cæomatis sp. Lk., Sp. pl., VI, u,19), VU. Orchidis Mart. (Cæoma Orchidum Ek., ibid., p. 9), et l’'U. gyrosa Rebent. (Cæomathis sp. Lk., l. c., p. 38). M. de Bary ajoute, avec doute, à ces espèces le Peridermium Pini . Fr. (Cæœoma [Peridermium] pineum Lk., vol. cit., p. 66), le Peridermium A bietis Fr. et l'Æcidium (Peridermium Lk.) colum- nare À. et Schw. (1). D’après mes propres recherches , plusieurs Urédinées analogues au Cæoma Orchidum Lk., par exemple le C. Mercurialis Lk., l’'Uredo Evonymi Mart. et l'U. pinguis DC. (Lk., {. c., p. 30), possèdent également des spermogonies. L'U. gyrosa Rebent. (Physonematis sp. Lév.), que j'ai étudié avec soin, ne diffère en aucune manière de l’U. Ruborum DC. (U. Rubi fruticosi Pers.), et conséquemment les spermogonies solitaires ou très peu nombreuses qu'il entoure de ses sores confluents appar- tiennent, ainsi que lui, au Phragmidium bulbosum Schm. et Kze. (P. incrassatum 6 Lk., op. cit., p. 85). A l'égard de l’Uredo sua- veolens Pers., comme il n’est, à mon sens, que la première forme d’une Puccinie analogue au Puccinia Compositarum Schlecht., les spermogonies , très abondantes, auxquelles il est souvent mêlé, devront être rapportées à cette Puccinie. Je conserverais peut-être des doutes sur la légitimité de ce rapprochement, s’il ne m'était arrivé de rencontrer chez une autre espèce du même genre, le Puccinia Anemones Pers., des spermogonies parfaitement carac- térisées, et dont la couleur, l’habitus, la position, ne permettent pas d’hésiter un instant à les attribuer à la Puccinie qu’elles accompa- gnent (2). J'ai encore reconnu la présence de nombreuses sper- (1) Cfr. À. de Bary, Brandpilze, p. 58. (2) Je dois à l’obligeance de M. le docteur Léveillé des échantillons de Puccinia Liliacearum DC. (in foliis Ornithogali pyrenaici L.) qui sont manifestement pour- vus d’abondantes spermogonies (groupées). C'est à cette même Puccinie qu'il faut, je pense, rapporter l’Uredo concentrica Desmaz. (PI. crypt. de Fr., 2° édit., t. XXII, n° 4078 [in folis Scillæ nutantis Sm.|). D'autres Puccinies, observées SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 117 mogonies groupées dans l'espèce la plus connue du genre Tri- phragmium , le T. Ulmariæ LK. (op. cit., p. 8h), où elles imitent à beaucoup d’égards celles du Cæœoma pinque Lk. Enfin il m’a été permis de vérifier que le Peridermium Pini Fr. possède aussi, comme M. de Bary l'avait soupçonné, de très belles spermogonies, auxquelles leur isolement fréquent, leur forme très obtuse, et une belle couleur orangée , donnent une apparence particulière qui les fait aisément reconnaitre. Les spermogonies des Urédinées, celles du moins que j'ai pu examiner, sont toutes, ainsi que je l’ai dit ailleurs (1), d’une struc- ture très simple ; elles consistent en un tégument (peridium) plus ou moins défini, globuleux ou hémisphérique , et dont la paroi in- térieure est tapissée d’une épaisse forêt de filaments simples et dressés. Du sommet de ces filaments (stérigmates) naissent isolé- ment, ou associés en courts chapelets (2), des utricules (sperma- lies } ovoïdes ou oblongs, très petits, et dont la multitude remplit: bientôt la cavité simple de la spermogonie. Celle-ci sécrète, en outre, une matière visqueuse, qui se joint aux spermaties et s’é- panche avec elles hors de l’orifice unique du conceptacle. Suivant la fluidité de cette matière , variable , ce semble, avec l’état hygro- métrique de l'atmosphère, on voit tantôt des gouttes d’un liquide en divers herhiers, m'ont également présenté des spermogonies , mais je n'ose- rais l’affirmer pour chacune d'elles, avant de les avoir étudiées vivantes. (1) Voy. les Comptes rendus de l’Acad. des sc.,t. XXXVI, p.1095. (2) Je n’ai jamais vu les spermaties d'aucune Urédinée former de longues sé- ries telles que M. Unger en a figuré ( Exanth., pl. nr, fig. 18). Cet auteur est également inexact, si je ne me trompe, quand il représente tous les cils termi- naux de l'Æcidiolum passant au travers d’un stomate. Quoique l’ostiole des sper- mogonies des Urédinées soit une très petite ouverture , cependant il excède les dimensions ordinaires d’un stomate. La végétation des Urédinées ne semble pas d’ailleurs avoir avec les pores de l’épiderme qui la protége les mêmes rapports que celle d’autres Champignons entophytes, tels, par exemple, que les Peronospora Corda. À cet égard, plusieurs des figures données par J. Banks du Puccinia Gra- minis Pers., en son mémoire, déja cité, On the Blight in Corn, sont d’une exacti= tude contestable. M. Bonorden, qui a emprunté de M. Unger la figure de l'Æcidio- lum Exanthematum Ung. (Ræstelia exanthematica Bonord. ), l’a reproduite très altérée ; ily remplace les cils de l’ostiole par des chapelets de corpuscules sembla- bles à ceux du centre de la gerbe (Cfr. Bonord., Handb. der Myc., pl. 1, fig. 20). 118 | L.-R. MULASNE. —— MÉMOIRE trouble, tantôt des cirrhes ou fils contournés sortir des spermogo- nies, c’est-à-dire que la matière spermatifère se comporte ici exactement comme chez une foule de Pyrénomycètes et de Discomy- cètes. (Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. XX, p. 129.) Sa cou- leur est communément orangée; elle est brune dans le Puccinia Anemones Pers., dont les fruits ou spores sont, comme on sait, d’un brun très foncé. Il ne faudrait cependant pas induire de cette dernière circonstance qu'il y ait habituellement parité de coloration entre les spermaties et les spores du même entophyte ; ear le con- traire semble avoir plus souvent lieu. Les spermaties de la plupart des Æcidium , celles des Cœoma pinque Lk. et C. Ribesu Lk. mesurent rarement plus de 4 millièmes de millimètre dans leur plus grande dimension. Elles atteignent , dans le Triphragmium Ulmariæ Lk. et le Puccinia Anemones Pers., jusqu’à 0°",0065 en longueur, tandis que leur épaisseur est moitié moindre. Les plus volumineuses que j'aie rencontrées appartien- nent au Peridermium Pini Fr,; leur dimension longitudinale égale parfois presqu’un centième de millimètre , mais leur largeur ne dépasse guère 4 millièmes de millimètre. Tous ces corpuscules, ainsi que le liquide mucilagineux qui”les agglutine , répandent en- semble une odeur souvent très appréciable, et assez analogue à celle du pollen des Saules, Les spermogonies qui sont mêlées à l’Uredo Serratulæ Secham, exhalent surtout cette odeur, aussi Persoon donna-t-il à cette urédinée Le nom d’Uredo suaveolens(Pers,, Syn. Fung., p. 221), croyant qu'elle se distinguait par un tel caractère de toutes ses congénères. Son odeur, que Link trouve désagréable (Sp. pl. Linn., t. VI, p.u, p.19), est comparée par M. Léveillé au parfum des fleurs de l’Oranger , et par M. de Bary à celui des corolles dorées de l’OEnothera biennis L. (Brandp., p. 57, en note), M. Léveillé a reconnu une pareille odeur à lÆcidium Tragopogi Pers. (Lk., vol. cit., p. 50 ); mais il n'indique pas si elle appar- tient plutôt aux spermogonies qu'aux peridium sporophores (2). Les spermogonies, plongées dans le tissu de la plante nourri- cière, ne font parfois , conime chez les Phragmidium, presque au- " (4) Voy. le Diet. univ. d'hist, nat. de M. d'Orbigny, t, XIT, p. 775,02 Unré- DINÉES. SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 119 cune saillie au dehors , ou peuvent même figurer des ponctuations déprimées très peu visibles. Plus fréquemment elles se reconnais sent à la protubérance obtuse (Cæoma, Triphragmium, Perider- mium) ou longuement acuminée (Æcidium, Centridium, Puccinia) qui les surmonte. Ces apparences diverses sont surtout dues à la structure marginale de leur orifice , qui est quelquefois mutique ou muni de cils courts ( Cæoma, Phragmidium , Ræstelia), plus sou- vent, au contraire, orné d’un pinceau de longs poils (paraphyses de Bary ) raides et dressés , qui sont orangés ( Æcidium ) où bruns (Puccinia Anemones Pers.), comme les spermaties auxquelles ils livrent passage, Ces cils, que j'ai toujours vus simples, très étroits , privés de diaphragmes intérieurs et pointus, atteignent en longueur jusqu’à 7 centièmes de millimètre ; ils sont tels dans les spermogo- nies du Puccinia Anemones Pers. , et rappellent à plusieurs égards la frange de cellules tubuleuses qui forme la parte la plus apparente de l'enveloppe brune du Puccinia Sonchi Rob. (supra, p. 90). J'ai déjà signalé, dans ma première note sur l'appareil reprodue- teur des Champignons (4), les rapports de position qu’observent entre eux les sores et les spermogonies des Urédinées. Chez le plus grand nombre des Æcidium foliicoles, les sores sont disposés en un cercle plus ou moins régulier dont l'aire est occupée par un groupe de spermogonies ; en même lemps , sur le point correspondant de l’autre face de la feuille , observe-t-on fréquemment d’autres sper- mogonies, souvent même réunies en plus grand nombre (ex. gr. ap. Æ. Tussilaginis, Æ. Clematidis DC., Æ. Convallariæ Schum., Æ. Periclymenr DC., ete.). Les taches d’un rouge-orangé très vif, qui annoncent en automne la présence du Ræstelia cancellata Rebent. sur les feuilles des Poiriers, portent, comme on sait depuis longtemps (2), de petits tubercules brunâtres très abondants qui (1) Voy. les Comptes rendus de l'Acad. des sc., t. XXXILI, p.472, et les Ann. des sc. nat., 3° sér.,t. XV, p. 377. (2) Cfr. Rebentisch, Prodr. Floræ Neomurch. (1804), p. 350. Cet auteur dit de l'entophyte dont il s’agit : « Æstale in foliis ut macula dilule crocea et punctata apparet.… » (P. 351.) Cependant il ne lui attribuait point ces ponctuations épi- phylles qu’il veut mentionner; elles constituaient à ses yeux une individualité végétaic particulière, une sorte de Sphæria, qu'il décrit sous le nom deS. hypo- 120 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE sont autant de spermogonies. Chez les Centridium , tels que les Æcidium cornutum Pers. et Æ. Amelanchieris DC., dont les fruc- üifications sont de même presque toujours hypophylles, les sper- mogonies reposent presque exclusivement sur le point opposé de la face supérieure des feuilles. Chez les Phragmidium , les spermogonies , qui sont, comme je l'ai déjà dit, solitaires ou très peu nombreuses, se voient aussi con- stamment, quand elles existent , à la face antérieure des feuilles , exactement au-dessus du sore, qui, sur le côté dorsal , se couvre successivement de spores jaunes et de fruits noirs. Les spermogo- nies du Triphragmium Ulmariæ LKk. sont, au contraire, ordinaire- ment hypophylles, et entourées soit par l’Uredo seul, soit en même temps par une génération de spores triloculaires. Celles du Peri- dermium Pini Fr. accompagnent en petit nombre ses peridium blancs comme la neige, ou naissent sur d’autres feuilles qu'eux ; en outre, elles offrent cela de particulier que leur développement n’est pas seulement printanier , comme celui de ces peridium ; parfois , en effet, elles reparaissent en automne sur les mêmes feuilles qui ont nourri leurs pareilles ou des conceptacles sporophores, au commencement de la belle Suson, et qui en portent encore des restes très reconnaissables. Les Urédinées qui constituent notre genre Cæoma (1) pré- sentent communément des sores cireinants autour d’un groupe de spermogonies, aussi bien que des Spermogonies opposites (ex. gr. C. Orchidum Lk., C. Ribesüi Lk., C. Mercurialis Lk., C. pingue Lk.); sous ce double rapport, elles imitent donc tout à fait la plu- part des Æcidium. La disposition circulaire de leurs sores est cependant moins régulière ou moins constante que celle des Æci- dium circinants, et, à cet égard, elles se rapprochent des Puccinia, des Coleosporium , des Triphragmium et autres genres, dont les pulvinules fertiles sont, dans la même espèce, tantôt distribués en cercles concentriques, tantôt simplement groupés ou épars sans aucune symétrie. phylla Rebent. (op. cit., p. 336, n° 1138). Cette méprise rappelle tout à fait celles dont les spermogonies des Lichens ont été si longtemps l'objet. (4} Vov: infr., p. 125. SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 121 Quand les tubereules sporophores ne conservent pas entre eux d'ordre appréciable , ainsi qu'il arrive pour l’Æcidium Euphorbiæ sylvaticæ DC., l'Æ. Cichoracearum DC., V'Æ. quadrifidum DC. ; les Puccinia suaveolens Pers. (sub Uredine)et P.Anemones Pers., alorsles spermogonies sontéparses au milieu d’eux, sans qu’on puisse douter qu’elles ne leur appartiennent. Cependantla dépendance qui les lie à ces tubercules est moins évidente que chez les Urédinées elremantes, où, indépendamment de leur rapprochement symé- trique des sores, elles reposent avec eux sur une tache commune, _ Qui est naturellement moins définie, où manque même tout à fait chez les Urédinées non circinantes. Iarrive aussi fréquemment, pour ces mêmes Urédinées à sores épars, que les spermogonies et les pul- vinules fertiles sont tres inégalement répartis sur la feuille nourri- cière, ou même dispersés sur des feuilles ou des individus différents, comme-s’il s'agissait des organesreproducteurs d’une plante dioïque. L'ordre du développement des spermogonies, par rapport à l'appareil sporophore, est important à noter. Il est facile de consta- ter, comme l'ont fait MM. Unger, Meven etde Bary, que ces organes apparaissent généralement avant les sores fructifères de l’'Urédinée, quelle qu’elle soit, qui les revendique. Cette précession s'observe surtout très bien chez les Æcidium , et peut être de plusieurs se- maines. Toutefois, même dans les espèces où cette précession est le plus caractérisée, on trouve facilement réunis des sores et des sper- mogonies fertiles, parce que le développement des uns et des autres est simultané pendant une grande part de la vie de l’ento- phyte. I n’en est done point exactement ici comme des anthéridies et des archégones des Fougères, qui paraissent coexister rarement, à l’état adulte ou parfait, sur le même individu. Les Urédinées , si leur sexualité était admise, seraient seulement un exemple de plus de la précocité qui, chez les végétaux, appartient, en général, à l'organe du sexe maseulin , quand on compare son développement à celui de l’organe femelle. Le développement des spermogonies, considéré en lui-même , est visiblement centrifuge lorsqu'elles sont groupées; sous ce rapport, elles ne diffèrent point des pulvinules ou des conceptacles sporophores qui sont dans les mêmes conditions. Si, quand elles 122 LR. TULASNE. — MÉMOIRE sont éparses , leur développement est contemporain de celui de la feuille qui les porte , il le suit exactement ; ainsi, on peut voir au printemps que les spermogonies et les sores des Æcidium des Euphorbes (Æ. Euphorbiæ sylvaticæ et Æ. Cyparyssiæ de De Cand.), commencent à naître au sommet des jeunes feuilles , et s’avancent vers leur base à mesure qu’elles s’allongent, de manière à rendre très sensible le mode d’accroissement de ces organes. Par leur position centrale dans les groupes cireinants et opposite en d’autres cas, en même temps que par leur précocité relative, les . Spermogonies renouvellent les rapports que nous avons signalés dans les pages précédentes entre l’Uredo et l'appareil reproducteur plus complexe qu'il précède ou accompagne. Chezles Phragmidium et les Triphragmium où coexistent des spermogonies et un Uredo, les premières devancent celui-ci, qui, lui-même, précède les fruits pluriloeulaires, expression la plus élevée du végétal parasite. Mais l'apparition successive de ces divers éléments de l'espèce entophyte et leur durée relative sont telles, qu’ils se rencontrent fréquem- ment tous à la lois dans le même groupe ou sur la même feuille nourricière. | Je ne m’étendrai pas davantage sur les spermogonies des Urédi- nées, surtout après l’histoire détaillée qu’en a écrite M. de Bary. Je ferai seulement remarquer, en terminant, qu'aujourd'hui il serait peut-être imprudent de vouloir, avec cet auteur, distribuer tous les Champignons en deux catégories, suivant qu'ils posséderaient ou non des spermogonies (1). De ce partage résulteraient nécessaire- ment, dans l’état actuel, c'est-à-dire très imparfait, de nos connais- sances , des dissociations tout à fait regrettables, parce qu'elles seraient certainement contraires aux affinités légitimes ou les plus naturelles. La présence des organes en question dans les Phrag- midium, les Triphragmium et les Puccinia, montre déjà combien peu on eut été fondé à éloigner ces genres des Æeidinées, autant que le jeune mycologue de Francfort inclinait à le conseiller. Les Uré- dinées, encore très nombreuses, qui semblent privées de spermo- gonies , ne sauraient donc être actuellement, pour ce seul motif, : (1) Cfr. de Bary, Untersuch. üb. die Brandpilze, pp. 92-99. SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES, 125 séparées de celles qui en présentent; carilest probable qu'une telle disparité s’évanouira devant les découvertes futures des myco- logues, on y trouvera tôt ou tard son explication. HE. De la germination des Urédinées et des Ustilaginées. Les phénomènes de végétation dont j'ai entretenu l’Académie des sciences au mois de juin de l’année dernière (voy. les Comptes rendus de l’Académie, t. XXX VI, p. 1093) féront le sujet de la troi- sième partie de ce Mémoire. Bénédict Prévost parait avoir observé le premier de quelle manière la vie continue à se manifester dans les fruits ou spores des Urédinées, après qu'ils sont devenus libres ; les faits intéressants qu'il a publiés à cet égard sont relatifs aux Uredo linearis Pers., U. Alliorum DC. et U. candida Pers., ainsi qu'à l’Ustilago Carries DC. et VU. Carbo Tul. I ne dit rien de la germination des Æcidium, et il n’a pas vu davantage celle des Puc- cinies et des autres Urédinées à fruits pluriloculaires (4). J'ai exposé il y a quelques années, dans mon premier travail sur les Urédinées et les Ustilaginées, la germination de l’Uredo suaveolens Pers., de l’Æcidium Euphorbiæ sylvaticæ DC., du Puccinia Cirsiorum Desm. et de quelques Ustilago (2). Ces obser- vations , et celles faites postérieurement par M. Ant. de Bary sur les Epitea Ruborum Fr. et E. populina Fr., ainsi que sur les Uredo linearis Pers. et U.suaveolens Pers., prouvaient bien que J. Banks, De Candolle et d’autres botanistes s'étaient trompés sur la véritable nature des fruits des Urédinées , en les considérant comme des capsules remplies d’une infinité de corps reproduc- teurs ; mais elles laissaient ignorer ce qu'étaient en réalité les germes issus de ces fruits et le rôle qu'ils avaient à remplir. Ces germes linéaires semblaient , en général, imiter si exactement les filaments qui sortent des spores ordinaires des Champignons, qu'il (4) Voy. son Mémoire sur la cause ünmédiate de la Carie ou Charbon des Blés, etc. (1807). (2) Voy.les Ann. des sc. nat,, 3° sér., t. VIT (1847), pp. 66 et suiv., pl. vi et vu. 421 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE n’était guère possible de leur supposer d’autres fonctions que celles départies à ces mêmes filaments. Cependant il en serait autrement dans un très grand nombre de cas, suivant les nouvelles observa- üons qu'il m'est arrivé de faire l’an passé et dans le cours de l’été dernier. Pour mettre de l’ordre dans l’exposé de ces observations, Je les grouperai d’après le genre d'Urédinée auquel elles se rappor- feront, en commençant par les Urédinées proprement dites. IL —URÉDINÉES. 41. Czoma Tul. (Cæomatum sp. Lk., Uredinum Lév.). Le groupe des Uredo, diminué des Ustilago et de leurs alliés, comprend, suivant la plupart des auteurs, toutes les Urédinées supposées privées de peridium , et dont les spores sont unilocu- laires. En avant. égard à la genèse de ces corps reproducteurs et à d’autres caractères secondaires, M. Léveillé a reparti ces ento- phytes en huit genres différents ainsi désignés : Uredo, Trichobasis, Uromyces , Coleosporium, Lecythea, Podosporium, Physonema et Cystopus (1). Les Trichobasis, Lecythea , Physonema et Podospo- rium, ainsi qu'il résulte des observations rapportées dans les pre- mières pages de ce Mémoire, sont des Urédinées dont la forme la plus parfaite a déjà reçu un autre nom dans la nomenclature, c’est-à-dire qu'ils font surtout double emploi avec les genres Puc- cinia, Phragmidium et Melampsora. Les genres Uromyces et Coleosporium peuvent conserver leurs noms respectifs, mais les caractères de chacun d’eux ont besoin d’être complétés ; ceux qu’on attribue aujourd’hui aux Coleosporium ne sont effectivement em- pruntés qu’à l’état le plus imparfait de ces Urédimées. Les Cystopus forment aussi un groupe naturel dont la distinction, comme on l’a vu plus haut, peut encore être légitimée par d’autres caractères que ceux qui lui ont été reconnus. Quant aux Uredo proprement dits de M. Léveillé, il en est, si je ne me trompe, qui devraient éprou- ver le sort des Trichobasis ou des Lecythea, tandis que d’autres (4) Voy. le Dict. univ. d'hist. nat. de M. d'Orbigny, t. XII (1848), pp. 785-787 (v° Uréninées). SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 125 mériteraient davantage de composer un groupe ou genre par- ticulier. Je considérerais comme des types ou des espèces sincères de ce nouveau genre, qui pourrait recevoir le nom, aujourd'hui à peu près négligé, de Cœoma, les Uredo pinguis DC. (Rosæ, Poten- tillæ), U. Mercurialis Mart. (U. confluens DC.) (1), U. Evonymi Mart. (2), U. Orchidis Mart., et autres semblables. Par la genèse de leurs spores, ces Urédinées imitent les Coleosporium et les Æcidium ; le coussinet générateur y porte des séries verticales et linéaires de corps reproducteurs d’abord soudés entre eux, et dont le développement successif a lieu de haut en bas ; de façon que Ics spores les plus âgées, celles qui vont devenir libres les premières, occupent le sommet de chaque série. Ces séries sont, dans leur partie inférieure, d’une nature presque muqueuse , elles sont plus ou moins unies entre elles , et se confondent par leur base avec la substance même du pulvinule. Une autre ressemblance de nos Cæœoma avecles Æcidium naît de ce que, comme ces derniers , ils possèdent des spermogomies ; leurs sores, qui sont généralement cirenants, entourent une aire définie, quoique souvent irrégulière, et à la surface de laquelle s'ouvrent les ostioles de spermogonies ordinairement très abondantes. Cette surface, dans l’Uredo pin- guis DC. (Potentillæ Fragariæ Poir.), est de couleur jaune d’or, et rendue visqueuse par la matière semi-fluide qui s’épanche hors des spermogonies. L’orifice de ces dernières manque des cils dressés qui ornent les spermogonies des Æcidium ; je ne les ai pas vus davantage dans l’Uredo Evonymi Mart. Ces détails font reconnaitre que les Cœoma dont il s’agit sont peut-être plus voisins qu'aucun autre genre d'Urédinées des Æci- dium, puisqu'ils n’en différeraient, ce semble, que par le défaut d’enveloppe propre ou peridium autour de leurs sores. Leur ana- logie d'organisation avec les sores pulvérulents des Coleosporium est complète ; aussi M. Léveillé a-t-il associé l'Uredo pinguis DC: à ces entophytes (3). (1) Desmaz., PI, crypt. de Fr., éd. n,ifasc. XX, n° 955. (2) Desmaz., op. cit., fasc. XV, n° 722. (3) Voy. le Dict. univ. d'hist. nat. de M. d'Orbigny, t. XII, p. 786. 126 LiéB. TULASNE. — MÉMOIRE Je n'ai pu voir germer les spores des Cœoma, bien que je les aie plusieurs fois sournises aux mêmes épreuves qui ont eu plus de succès vis-à-vis d'autres Urédinées. 2. Æciviu Pers. (pro parte). (Planche IX, fig. 24-33.) Je ne saurais omettre ici les Æcidium et leurs analogues , parce qu'il aura semblé à quelques mycologues que leur place légitime , dans la grande classe des Champignons, était moins à côté des Uredo et des Puccinia de Persoon que parmi les Gastéromycètes. Pour partager cette manière de voir, 1l faut, à mon sens, ne tenir aucun compte des affinités véritables ou les plus naturelles des Æci- dinées, et accorder systématiquement à l’enveloppe générale (peri- dium) qu’elles possèdent une importance évidemment exagérée. Les taxonomistes auxquels nous faisons allusion se sont certaine- ment mépris sur la valeur de ce peridium en tant que caractère de classification , car les Æcidium et leurs alliés les plus proches , tels que les Ræstelia, les Centridium et les Peridermium, sont des Uré- dinées, autant par toute leur structure que par leur mode constant de végétation, et n'ont presque aucune affinité réelle avec les Gastéromycètes. Il y a plus ; ces genres n’ont même pas dans leur peridium un signe distinetif qui leur soit exclusivement propre parmi les Urédinées, puisque nous avons rencontré un pareil tégu- ment dans une Puccinie (Puccimia Sonchi Rob.), chez les Me- lampsora du Peuplier et du Bouleau , et le Cronartium asclema- deum Fr. (1). | Les Æcidium sont le type principal du groupe des Æcidinées (Æcidiaceæ Cord., Anleit., p. 73); ils composent le genre le plus riche en espèces et celui dont l'organisation est le mieux connue, J'ai exposé autrefois la genèse de leurs spores , qui est tout à fait analogue à celle que nous avons observée chez les Cæoma Tul.; elle a été aussi, de la part de M. de Bary, l’objet d'observations (1) Voy. sup., pp. 90, 95, 97 et 404. SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 127 très exactes (L). Plus heureux que M. Meyen (2), j'ai obtenu Ja germination de ces corps, soit en les répandant sur une goutte d’eau sous un dé de verre, soit en renfermant dans une atmo- - sphère très humide ou en plaçant sur l’eau les feuilles mêmes qui les avaient nourris. Il m'est arrivé aussi bien des fois d’en rencontrer de germés naturellement à la surface de ces feuilles, autour des sores. J'ai toujours observé, dans le cours de mes expériences, que les spores plongées dans l’eau germaient plus _ difficilement que celles qui étaient restées dans l'air. Du reste , si les conditions où elles se trouvent sont suffisamment favorables , leur germination a lieu en peu d'heures, comme celle des corps reproducteurs de tant d’autres Urédinées. Jusqu'ici je n'ai vu dis- tinctement sur aucune d'elles des pores destinés au passage des germes au travers de l’épispore ; mais il m’a semblé plusieurs fois être fondé à en soupçonner l'existence, notamment chez l’Æcidium Ranunculacearum DC. Toutefois les spores de cet Æcidium, qu’on l’observe sur la Ficaire (F'icaria ranunculoides Mœnch.) ou sur le Populage (Caltha palustris L.), donnent rarement plus d’un germe qui atteint très promptement en longueur trente fois et plus le dia- mètre de la Spore, sous une épaisseur variable de 3 à 6 millièmes de millimètre. Ce filament reste ordinairement simple , il est sou- vent toruleux, et contourné en spirale allongée ; je lai vu aussi quelquefois se partager en deux branches presque égales et très écartées l’une de l’autre. La spore, en germant, se vide de son contenu plastique, se contracte et perd de son volume ; c’est alors surtout que son tégument incolore parait offrir plusieurs oscules , correspondant à autant de parties faiblement saillantes. (1) Voy. ses Untersuch. üb. die Brandpilze, pp. 65-72, pl. v-vrr. (2) M. Meyen dit avoir toujours inutilement semé les spores des Æcidium ; il doute qu’elles aient réellement part à la propagation de ces entophytes , et, par suite, n’ajoute, ce semble, qu'une foi médiocre à ce que rapporte M. Corda (Ze. Fung., t. IL, p. 46, pl. su, f. 45) de la germination de l'Æcidium Tussila- ginis Pers. Il s’étaie d’ailleurs de l'autorité de M. Unger qui n'avait non plus jamais vu germer les spores des Urédinées , et n’attribuait la multiplication de ces Champignons qu'à une génération équivoque ou spontanée (originaria s. æquivoca). (Cfr. Meyen, Pflanzenpath., p. 450, et Unger, Exanth. der Pf., $ 43, pp. 333-340.) 198 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE Dans les mêmes conditions que les précédentes , les spores de l’'Æcidium crassum Pers. (Rhamni Frangulæ L.) émettent aussi de très longs germes qui décrivent des spirales dont les tours se rapprochent de plus en plus vers leur extrémité. De pareils fila- ments imitent tout à fait le mouvement volubile de la tige d’un Haricot ou d’un Liseron. Je n’ai rien observé de semblable dans la germination de l'Æcidium Cyparissiæ DC. ; ses spores, qui ont le même volume que celles de l’Æcidium de la Ficaire (Æ. con- fertum « Ficariæ DC.), produisent chacun un germe solitare et flexueux, qui bientôt se bifurque en deux rameaux très divariqués. Ces germes ont cessé de s’accroitre et se sont détruits, quand leur longueur dépassait à peine quinze fois le diamètre de la spore. Les grains de l’Æcidium Tragopogr Pers. ( Æ. Cichoracearum DC.), et ceux de l’Æ. Tussilaginis Pers., germent aussi très facilement sur l’eau, et donnent fréquemment naissance à deux tubes ou filaments épais. Ceux-ci ont un diamètre inégal, ils deviennent très flexueux , et poussent çà et là des branches nom- breuses courtes et diversement contournées. L’Æcidium Violæ Schum. (Æ. Vaolarum DC.) offre dans le phénomène de sa germination une particularité analogue à celle que nous aurons à signaler chez l’'Uredo Vincetoxici DC. Le germe unique qui sort des grains de cet Æcidium s’enroule fré- quemment vers son extrémité antérieure , en spirale lâche ou res- serrée, comme il arrive chez plusieurs des espèces ci-dessus men- tionnées ; mais, plus souvent encore, cette même extrémité sé renfle en une grande vésicule ovoïde, irrégulière, qui continue l’axe du filament-germe, ou qui fait avec lui un angle plus ou moins pro- noncé. En d’autres cas, la vésicule semble plutôt s'asseoir sur l’ex- trémité du filament que former cette extrémité même. De quelque manière qu’elle soit placée, elle attire à elle tout le protoplasma orangé qui se portait incessamment vers le bout du germe, et à peine cette matière s’y est-elle condensée que la cellule en question, dont la membrane est plus épaisse que celle du tube gé- nérateur, devient le point de départ d’un développement nouveau , car elle se prend à produire à son tour un filament-germe. Seule- ment ce filament de seconde formation est constamment beaucoup SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES, 129 plus grêle que le germe initial, il est roide, et je ne l'ai pas vu RECHERCUES Les expeériènces destinées à vérifier l'action fécondanté des an- _thérozoïdes, à féconder les spores d’une espèce avec les anthéro- zoïdes d'une autre, etc., peuvent très bien se faire avec quelques vases remplis d'eau de mer, dans lesquels on dépose les deux sortes d'organes ensemble où séparément. Néanmoins, on pourrait craindre que l’eau ne contint déjà quelques anthérozoïdes, et, pour éviler cet inconvénient, il ne suffirait pas de la filtrer ; car les an- thérozoïdes passent à travers le papier à filtre. I vaut done mieux se servir de lames de verre, sur lesquelles on met quelques gouttes d’eau de mer dont on peut vérifier la pureté sous le microscope. Les spores germent très bien dans cette petite quantité de liquide, pourvu toutefois qu'on empêche l'évaporation. Je me sers à cet effet de petites étagères de verre ou de cuivre, sur chacune desquelles je puis placer une vingtaine de lames de verre. Je mets ces étagères dans une assiette avec un peu d’eau ou de sable mouillé, et je les recouvre d’une cloche. Ce petit appareil a le précieux avantage de permettre d'établir un grand nombre d'expériences simultanées , en rangeant côte à côte des lames de verre sur lesquelles on place des spores issues d'un même réceptacle, et dont les unes sont seules, les autres mêlées aux anthérozoïdes de leur propre espèce où à ceux d'une espèce différente. On a ainsi des expériences exactement comparatives , dont les résultats sont aussi concluants que faciles à vérilier. Afin d'empêcher l’altération de l’eau et le dé- veloppement des Infusoires, qui pourraient nuire à la germination des spores, 1l est bon de renouveler de temps en temps la goutte d’eau qui les baigne. Cette petite opération est facile quand les spores sont fécondées ; car elles adhérent alors assez fortement à la lame de verre, et l’on peut même laver celle-ci dans l’eau de mer sans crainte de les détacher. Les spores non fécondées, au contraire, marines, sont généralement peu conformes à la nature. C’est ainsi qu’un grand nombre des belles figures publiées par M. Kützing, dans son Phycologia genera- lis, représentent évidemment des organes plus ou moins altérés , lors même que l'auteur annonce avoir fait ses dessins sur le vivant. Je ne puis attribuer qu’à ce mode imparfait d'observation tant d'erreurs encore universellement admises, par exemple, dans une foule d'Algues olivacées où l’on décrit comme une spore unique l'amas de zoospores renfermés dans le sporange, dans les Floridées où l'on représente les tétraspores entourés d'ün large limbe transparent , etc., etc, SUR LA FÉCONDATION DES FUCACÉES. 213 continuent à flotter hHbrement dans l’eau, et ne deviennent adhé- rentes que quand elles se décomposent, cu qu'elles sont revêtues d’un tégument. Déposées ensuite dans des vases remplis d'eau de mer, mes ger- minations se sont conservées vivantes depuis plus de quinze mois. Malheureusement, quoiqu'elles n’offrent encore aucune trace de décomposition, ilne semble pas que, dans des conditions pareilles, elles soient susceptibles de se développer au delà d'une certaine limite. Leur accroissement, qui était extrêmement rapide durant les premiers jours, n’a point tardé à se ralentir, et me parait à peu près arrêté, depuis qu'elles ont atteint une longueur de # à 2 milli- mètres. En cet état, d’ailleurs, elles offrent une parfaite ressem- blance avee les petites germinations de Fucus que l’on trouve en abondance au printemps, quand on examine avec attention la sur- face des rochers où végètent ces plantes. Aussi je ne doute nulle- ment que les produits de mes fécondations artificielles ne eonti- nuassent à croître comme celles-ci et ne parvinssent bientôt à leur grandeur normale, s'ils étaient placés dans les mêmes circon- stances. J'aurais voulu pouvoir fure quelque tentative de ce genre sur les hybrides supposés du l'ucus vesiculosus , dont il serait fort curieux de suivre le développement complet. Diverses difficultés d'exécution m'ont obligé d'y renoncer. Je souhaite qu'il se trouve quelque naturaliste plus heureux que moi, qui soit en position de pousser ces recherches plus loin, et de réaliser une expérience dont les résultats pourraient avoir un assez grand intérêt pour la phy- siologie végétale, EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 192. Fig. 1. Coupe transversale d'un conceptacle mâle de Fucus vesiculosus, L, (Grossissement de 50 diamètres. ) Fig. 2. Poils rameux articulés, détachés de la paroi du conceptacle, et portant des anthéridies à divers degrés de développement (Grossissement de 160 dia- mètres.) À Fig. 3. Anthéridies représentées au moment où elles se videntdes anthérozoïdes qu'elles renferment. (Grossissement de 330 diamètres.) 21! G. THURET. — RECHERCHES , ETC. Fig. 4. Spores et anthérozoïdes. Deux des spores tournent avec rapidité, entrai- nées par les anthérozoïdes qui sont appliqués sur leur surface. (Grossissement de 330 diamètres.) PLANCHE 13. Fig. 5. Coupe transversale d’un conceptacle femelle de Fucus vesiculosus, L. (Grossissement de 80 diamètres.) Fig. 6. Fragment de la paroi interne du conceptacle, portant deux très jeunes sporanges. (Grossissement de 160 diamètres.) Fig. 7. Sporanges plus âgés. (Même grossissement.) Fig. 8. Sporange complétement développé. (Même grossissement.) Fig. 9. Sporange vide. (Même grossissement.) PLANCHE 1/1. (Toutes les figures de cette planche sont représentées à un même grossissement de 160 diamètres.) Fig. 40. Octospore de Fucus vesiculosus, L., représenté au moment où il vient de sortir du sporange. Fig. 44,42,13, 1%, 15. Ces cinq figures sont destinées à montrer la manière dont les spores se dégagent successivement de leurs enveloppes, peu après que l’octospore a été plongé dans l’eau de mer. Fig. 16. Octospore dont les anthérozoïdes ont arrêté l’évolution régulière, en s’agglomérant sur la partie supérieure de l'épispore qui commençait à se dissoudre. Fig. 17. Spores et anthérozoïdes. Fig. 18. Germinations à divers degrés de développement. PLANCHE 19. { Toutes les figures de cette planche sont représentées à un même grossissement de 160 diamètres.) Fig. 19. Germinations plus avancées. Fig. 20. Spores qui n'ont point été fécondées, mais qui cependant se sont revé- tues d'un tégument et ont émis un prolongement de forme irrégulière. Fig. 21, Dispore du Pelvelia canaliculata , Dene et Th. DE LA FÉCONDATION NATURELLE ET ARTIFICIELLE DES ÆGILOPS PAR LE TRITICUM, Par M. GODRON. Bien que l'attention des naturalistes soit éveillée, depuis plus d’un siècle, sur l'hybridité dans le règne végétal , la recherche des plantes hybrides développées spontanément a été longtemps négli- oée. Cependant cette étude est non-seulement très intéressante en elle-même, mais elle offre , en outre , une importance scientifique incontestable. D'une part, ces croisements adultérins rendent souvent très liti- gieuses certaines espèces végétales , et leur détermination devien- drait à peu près impossible si l'on ne distinguait pas avec-soin les formes dues à l’hybridité de celles qui constituent de véritables types spécifiques. C’est ainsi que MM. Alex. Braun, Koch, Wim- mer, Fries, Nægeli, Lang , ete., sont parvenus à élucider certains genres de plantes jusque-là à peu près inextrieables, et qui faisaient le désespoir des botanistes descripteurs. Nous pouvons citer comme exemples les genres Cirsium , Carduus, Mentha, Verbascum, Polygonum , Salix. D'une autre part, les plantes hybrides, lorsqu'elles sont fertiles, tendent à revenir, après un certain nombre de générations, à l’un des deux types qui leur ont donné naissance ; et comme les croise- ments peuvent avoir lieu en sens inverse, on rencontre quelquefois des séries complètes d'intermédiaires entre deux espèces parfaite- ment distinctes lune de l’autre. C'est ainsi que M. Grenier (4) à recueilli dans une prairie des environs de Pontarlier une semblable série de formes entre lés Varcissus pseudo-narcissus et poeticus ; (1) Annales des sciences naturelles, 3° série, t. XIX, n° 3, 216 GODRON. —— FÉCONDATION que M. Le Jolis (1) a observé également à Cherbourg une suite com- plète d'individus présentant toutes les modifications qui peuvent exister entre les Uleæ nanus el europæus, et comprenant au milieu d'elles l'Ulex Gallii, On pourrait citer d'autres exemples parfaite- ment semblables. L’observateur qui aurait sous les yeux une de ces séries qui semblent réunir et confondre deux espèces végétales Imcontestable- ment distinctes, serait naturellement conduit, s'il méconnaissait l’origine hybride de ces formes intermédiaires , à considérer, par exemple,le Varcissus pseudo-narcissus comme une simple méta- morphose du Varcissus pocticus , ou, en d’autres termes , à ad- mettre la transformation d’une espèce en une autre espèce, quelle que soit la valeur morphologique des caractères qui séparent ces deux types. L'étude des hybrides, qui se produisent simultanément, est done utile à la botanique descriptive, mais elle a une importance bien plus grande au point de vue de la fixité de l'espèce. Les observa- tions et les expériences, dont nous allons rendre compte , feront ressorlir encore mieux les considérations qui précèdent. L'origine du Blé cultivé, qui n’a été retrouvé jusqu'ici à l'état sauvage sur aucun point du globe, a déjà préoccupé les naturalistes anciens, et fut même attribuée par les Grecs à un Ægilops. Cette opinion a été reproduite de nos jours par plusieurs botanistes , et, en dernier lieu, par M. Fabre, d'Agde, et par M. le professeur Du- nal (2). Ces deux habiles observateurs ont An moins produit, ce qu'avaient négligé leurs devanciers, des faits à l'appui de leur ma- nière de voir, et il nous semble indispensable de rappeler 11 le résultat de leurs observations. Chacun sait que l’épi de l'Ægilops ovata se rompt à sa base à la malurité, qu'il ne se désagrége pas, et qu'il conserve ses graines étroitement fixées aux enveloppes florales. Cet épi s’introduit en terre tout d’une pièce, et les quatre graines qu’il renferme donnent naissance , l’année suivante , à quatre pieds d'Ægilops distincts les (1) Mém. de la Soc. des sc. nat. de Cherbourg, 1852. (2) Mém. de l'Acad. des sciences et lettres de Montpellier, 1853. DES ÆGILOPS PAR LE TRITICUM, 217 uns des autres, mais qui entrecroisent leurs racines, et, par leur réunion, forment un petit gazon. Ces graines reproduisent toutes ordinairement la plante mère; mais quelquefois lune des graines donne naissance à une plante bien distincte de la première , et qui, par son port, rappelle le Froment cultivé : c’est l'Ægilops triti- coides. Ce fait si intéressant, constaté par M. Fabre, a été souvent vérifié par moi autour de Montpellier. M. Fabre a eu l’idée de semer les graines de l’Ægilops triticoides, et a suivi pendant douze géné- rations successives les produits fournis par les graines recueillies primitivement sur cette Graminée sauvage. La plante a pris peu à peu une taille plus élevée, l’épi est devenu plus gros, il a cessé d'être cassant à sa base, ses glumes ont perdu l’une des deux arêtes qui distinguent lÆguops triticoides ; en un mot, cette plante a pris, en partie du moins, les caractères du Blé. Faut-il maintenant conclure de ces faits que le Froment cultivé tire son origine de l’'Ægilops ovata? Cetle opinion a été exprimée , de la manière la plus formelle, par le savant doyen de la Faculté des sciences de Montpellier. Cette conclusion nous parait srave , et l’on se demande si l'opinion émise par M. Dunal résulte en réalité d’une déduction rigoureuse des faits observés par M. Fabre. Pour juger cette question avec maturité, il faut, avant tout, Ce nous semble, avoir égard non-seulement au fait principal , mais aussi aux circon- stances au milieu desquelles il se produit ; toutes pouvant avoir de l'importance , aucune ne doit être négligée , surtout lorsqu'il s’agit de se prononcer sur un sujet qui à une si haute portée scientifique. L'examen de ces circonstances va nous conduire à une solution que l’expérimentation directe viendra ensuite confirmer. Et d’abord, où croit habituellement l'Ægilops triticoides? Nes observations , faites dans diverses localités du midi de la France, nous ont démontré que c’est toujours aux bords des champs de Blé ou dans leur voisinage que se rencontre l’Ægilops trihicoides , et jamais dans les lieux stériles éloignés des cultures de céréales. M. Fabre toutefois dit l'avoir recueilli à Agde dans un lieu meule complétement entouré de Vignes. Cela est vrai; mais il faut ajouter que des champs de Blé d’une grande étendue existent à une fable distance. 218 GODRON. — FÉCONDATION Nous ferons aussi remarquer que lÆgilops triticoides n’est ja- mais très abondant nulle part, mais se trouve disséminé çà et là comme s’il éfait réellement le résultat d’un accident. D'une autre part, cette plante, recueillie par M. Fabre à Agde, affecte dès la première année de culture absolument le port du Blé Touzelle, généralement cultivé aux environs de cette ville, et cette circonstance remarquable a été observée par M. Fabre lui-même. On se demande dès lors si la Touzelle, au lieu d’avoir pour origine l’Ægilops ovata transformé en Ægilops triticoides, comme le pense M. Dunal, ne serait pas, au contraire , pour quelque chose dans la production de cette dernière plante. Mais il y a plus : là où l’on cultive le Blé sans barbes, l'Ægilops triticoides a lui-même ces organes à peu près rudimentaires ; il est, au contraire, pourvu de barbes là où l’on cultive le Blé barbu. Ilest dès lors constant que lÆgulops triti- coïdes varie; et puisque ces variations sont en rapport avec celles que présentent les Blés cultivés dans chaque localité, c'est que vrai- semblablement le Blé n’est pas sans influence sur la production de cet Ægilops. Lorsque M. Fabre a, pour la première fois, semé des graines d’Ægilops triticoides sauvage, il a observé que peu de pieds ont donné des graines et n’en ont fourni qu’une petite quantité. Nous avons également , dans le but de reproduire la série d'expériences faites par cet ingénieux observateur, semé, en automne 1852, des graines d'Ægilops triticoides sauvages. Cés semences ont parfaite- ment germé , et, bien que ces plantes aient fleuri , elles ne n'ont donné aucune graine ; et cependant plusieurs autres espèces d’Ægi- lops, semées tout à côté, ont au contraire très bien fructifié. Une autre circonstance qui ne peut rester inaperçue est celle-c : le même épi d’Ægilops donne naissance à la fois à des pieds d’Ægi- lops ovata et d’Ægilops triticoides, c’est-à-dire à deux plantes tel- lement distinctes et tellement bien caractérisées , que jusqu'ici per- sonné n'avait hésité à les considérer comme des espèces légitimes. Mais cet épi ne donne jamais naissance à autre chose, jamais il n'a produit d'intermédiaires entre ces deux plantes. IT s'agissait done ici d’une transformation toujours brusque, toujours également sail- lante. Jamais cette prétendue métamorphose ne se fait par degrés, DES ÆGILOPS PAR LE TRITICUM. 219 et n’exige pour se compléter la longue période de temps que les partisans les plus déclarés de la variabilité des espèces admettent cependant comme une condition indispensable. Jamais on n’a vu, même la culture, ee modificateur si puissant, développer dans les plantes des changements aussi importants et surtout aussi rapides. Nous ne pouvons done pas admettre qu’il y ait à une simple trans- formation d’une espèce en une autre espèce. Mais la science est aujourd’hui riche de faits semblables à celui qu'a découvert M. Fabre ; ils nous fournissent l'explication bien simple de l'origine de l’Ægilops triticoides, et des modifications par lesquelles 1l passe ensuite pour se rapprocher du Froment et presque se confondre avec lui. L’'Ægülops triticoides présente tous les carac- tères des plantes hybrides : production brusque d’une plante qui tient à la fois par ses caractères de deux espèces distinctes ; influence des variétés et des races sur le produit intermédiaire ; naissance accidentelle çà et là au milieu des parents ; action fécondante peu développée dans cette plante et retour des individus fertiles vers le type mâle après plusieurs générations. Aueun caractère ne fait défaut, et ilnous semble évident que l'Ægilops triticoides n’est pas autre chose qu’une hybride, résultant de la fécondation acciden- telle de l’Ægilops ovata par le Triticum vulgare. Bien que les faits ei-dessus indiqués me semblent justifier ri- goureusement la conclusion que j'en ai déduite, je devais cepen- dant, en présence d’une opinion différente émise par un savant qui fait autorité dans la science, recourir à l’expérimentation di- recte et donner ainsi à cette conclusion le caractère d’une dé- monstration complète. J'ai tenté, dès lors, de reproduire l’Ægtilops triticoides par la fécondation artificielle des Ægilops par les Tri- heum, et il me reste à faire connaître ées expériences et les résul- tats qu’elles ont produits. J'ai procédé de trois manières. Dans une première expérience, j'a cherché à opérer la fécondation artificielle sans castration des fleurs de FÆgilops ovala, soumettant ainsi eette plante , À Ta fois, à l'action de son pollen propre et à celle de son pollen étranger. Dans une seconde tentative, la castration n’a été que partielle ; dans la troisième, elle a été complète. Ces essais de fécondation ont été 2 220 GODRON, -— FÉCONDATION faits à Montpellier pendant le mois de mai 1853, et les produits obtenus ont été plantés dans des vases à Besancon, le 27 mars 1854, el soustraits à l’action des derniers froids de l'hiver. Première expérience. — Le 20 mai 1853, j'ai répandu sur six épis d’Ægilops ovata, qui se préparaient à fleurir, du pollen de Triticum vulgare mulicum, Xoulant ainsi placer lÆgilops dans les mêmes conditions où il se trouve, lorsque végétant sur le bord d'un ehamp de blé, ilest accidentellement atteint par la poussière fécondante de cette céréale. Le pollen étranger pénètre d'autant plus facilement dans la fleur, qu’à cette époque de la vie dé la plante et jusqu'après l’anthèse, les balles de l'Ægilops ovala s’écartent naturellement d'un millimètre environ les unes des autres. Ces six épis ont été recueillis au moment de leur maturité et plantés au printemps de cette année, ils ont donné le résultat suivant : cinq de ces épis ont reproduit exclusivement l’Ægilops ovata ; le sixième a fourni également plusieurs tiges de cette graminée, mais une des graines à donné naissance à deux tiges bien plus élevées que celles de la plante mère, et leurs épis présentent la ressemblance la plus parfaite avec ceux de la variété d’Ægulops triticoides dont les arêtes sont demi-avortées et pour ainsi dire rudimentaires. Cette variété, que j'ai recueillie à l’état spontané autour de Montpellier, est donc le résultat de la fécondation de l'Ægilops ovata par le blé sans barbes. Deuxième expérience. — Ne pouvant prévoir à l'avance le succès de l'expérience précédente et désirant reproduire le fait si curieux de deux plantes distinctes sortant d'un seul et même épi d'Ægilops ovala, j'ai eu recours à la castration et à la fécondation artificielle que j'ai opérées sur deux fleurs seulement de chaque épi de cel Ægilops. L'enlèvement des anthères, avant que la fécondation naturelle ait pu avoir lieu et alors que ces organes sont encore renfermés dans la fleur, semble, au premier abord, une opération très délicate à exécuter. Il n’en est rien cependant, si l’on suit le procédé opéra- toire que j'ai adopté et qui n’exige d’autres instruments que les doigts et une petite pince à branches très étroites. Je tiens d'autant plus à décrire ce mode opératoire, qu'il est extrèmement simple et DES ÆGILOPS BAR LE TRITICUM. 22 que sa connaissance permettra à tous les batanistes de reproduire ét de contrôler mes expériences. Il consiste à saisir étroitement , entre le doigt indicateur placé en dessous et le pouce placé en des- sus, les barbes de la glumelle externe le plus près possible de leur origine, puis de presser avec la pulpe du doigt médius sur la base de l'épi, de manière à lui imprimer un léger mouvement de bas- eule, ce qui permet en même temps de fixer l’épi solidement entre ee doigt et l'indicateur. Par ce mouvement, la glumelle externe est assez fortement courbée en dehors, la fleur est largement ouverte et l’on distingue facilement ses organes sexuels. Je dois prévenir toutefois que la glumelle externe entraine quelquefois, dans son mouvement, la glumelle interne ; mais, comme cectte dernière est simplement membraneuse et qu'elle fuit saillie au-dessus de l’ex- terne, il est on ne peut plus facile de l’écarter. On procède alors à l'enlèvement des étamines et on les extrait une à une en les saisis- sant par leur filet au moyen d’une pete pince. On substitue immé- diatement à ces organes une anthère de froment, choisie parmi celles qui commencent à s'ouvrir et on la place transversalement au-dessus des stigmates. On rapproche ensuite l’une de l'autre les enveloppes de la fleur par une pression légère. L'anthère de fro- ment laisse échapper successivement son pollen; elle met en outre obstacle par sa présence à ce que le pollen propre de l'Ægilops puisse atteindre les stigmates des fleurs soumises à la castration, ce qui assure le succès de l'opération. J'ai procédé de cette manière sur quatre épis d’Ægilops ovata, et j'ai tenté la fécondation sur deux fleurs de chacun d'eux, par le pollen du Triticum vulgare barbatum. J'ai obtenu, de ces quatre épis plantés entiers et à distance les uns des autres, un certain nombre de tiges d'Ægilops ovata et neuf échantillons d’Ægilops triticoides, qui ne différent de ceux recueillis à Agde par M. Fabre, que par leur taille plus élevée (l'été a été pluvieux), par leur épi plus lâche et complétement vert. Mais la variété de blé qui m'a servi à opérer la fécondation, se sépare précisément du blé T'ouxelle par ces deux derniers caractères. J'ai opéré, le même jour et de la même manière, sur deux épis d'Ægilops triaristala, et sur deux fleurs de chacun de ces épis j'ai 222 GODRON. — FÉCONDATION, ETC. remplacé les anthères propres par des anthères de Triticum durum barbatum. L'un de ces épis a reproduit exclusivement lÆgilops triaristata ; l’autre m'a donné trois échantillons d’une hybride re - marquable par ses longues barbes, et qui, à ma connaissance, n’a jamais été observée. Troisième expérience. — Le 25 mai 1853, j'ai opéré la castra- tion complète sur quatre épis d’Ægilops ovata, dont j'ai enlevé l’é- pillet supérieur qui ne renferme que des fleurs mâles. j’ai placé dans chaque fleur hermaphrodite une anthère de Triticum spelta barbatum commençant à s'ouvrir. J’ai obtenu deux tiges d’une hybride nouvelle, et pas un seul représentant de la plante mère. De tous ces faits, on peut déduire les conclusions suivantes : 1° L’hybridité peut se produire spontanément dans les Graminées, et l’Ægilops triticoides est le premier exemple connu d’une hybride observée dans cette famille. % Les Ægilops doivent être réunis génériquement aux Triti- cum, ce que confirme du reste la forme de leur caryopse, organe qui fournit, dans la famille des Graminées, des caractères géné- riques bien plus importants que la conformation des enveloppes florales. 3° Les observations faites par M Fabre sur l’'Ægülops triticoides ne prouvent, en aucune façon, que le blé cultivé ait pour origine l’Ægilops ovata, ni qu'une espèce puisse se transformer en une autre espèce. CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE, Par M. Thém. LESTIBOUDOIS , Membre correspondant de lPlustlitut, etc., etc, Dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Acadé- mie (4), je me suis efforcé de démontrer que la disposition des feuilles sur la tige et les rapports symétriques qu'elles ont entre elles dépendent du nombre, de l’arrangement, du mode d'expansion des faisceaux fibro-vasculaires des tiges et des rameaux. J'ai mon- tré aussi que les diverses dispositions des feuilles ne sont que des modifications les unes des autres. J’ai prouvé, enfin, que les or- ganes floraux sont analogues aux feuilles, sont formés comme elles et disposés comme elles. Aucun doute ne peut s'élever quant aux sépales et aux pétales, et même aux étamines ; la sépalotaxie et la pétalotaxie nous présentent les mêmes faits, reposent sur les mêmes principes que la phyllo- _taxie. Il est moins bien établi que le fruit est formé d’expansions analogues aux feuilles. La complexité de cet organe fait obstacle à ee qu'on reconnaisse facilement sa structure primitive ; il est formé : par le pistil fécondé, développé et profondément modifié, constitué lui-même par des parties diverses, l'ovaire, le style, le stigmate. On sait que le péricarpe est formé d’une seule ou de plusieurs pièces ou carpelles, lesquels proviennent d’une seule fleur ou de plusieurs fleurs différentes. Ces carpelles sont parfois distinets, parfois sou- dés, et constituent un fruit composé de parois ou valves, de cavités ou loges, de cloisons ou prolongements membraneux séparant les loges du fruit, de trophospermes ou placentas qui donnent msertion aux graines ; de podospermes, division des placentas, qui fournis- sent les vaisseaux des graines ; d’arilles , prolongements du podo- sperme autour du hile, ou point d'insertion des vaisseaux sper- miques. (1) Phyllotaæie anatomique, in-4°, 1848 (Ann. des sc, nat., 3° sér., t. X). 29! LESTIROUDOIS. Toutes ces parties différent par la forme, par le nombre, la con- sistance, le degré de soudure, le mode de séparation à la maturité, les positions respectives. Le nombre des carpelles est défini ou indéfini ; ils sont en cercle ou en tête. Le nombre des graines que renferment ceux-e1 est aussi très variable. | La consistance du péricarpe présente mille nuances, depuis le plus sec jusqu'à celui qui est le plus charnu, depuis celui qui est membraneux jusqu'à celui qui estosseux. Les soudures sont quelquefois nulles ou à peine apparentes ; d’autres fois elles sont si profondes, qu’on ne peut plus discerner les parties confondues. La désunion est, en certains cas , impossible, même à la matu- rité; d'autres fois , elle s'opère plus ou moins complétement : les fruits se partagent en pièces entièrement closes ou débiscentes; ou bien les carpelles restent unis par les cloisons, par l'axe central, et s'ouvrent à l'extérieur, à l’intérieur, au sommet, à la base, par des trous, par des fentes, par des dents. Les positions des parties carpellaires apparaissent diverses par leur étendue respective, par les soudures opérées , et la variété du mode de séparation. Ainsi les trophospermes sont basilaires , api- cellaires , axiles, centraux, pariétaux , et ceux-ci sont intra-sutu- raires, valvaires (marginaux où médians), intervalvaires. C'est au milieu de cette diversité de conformations qu’il faut re- chercher les lois fondamentales de la structure du fruit, saisir les analogies qu'il peut présenter avec les autres organes, montrer les altérations successives que subissent les parties qui le constituent, et indiquer comment les altérations d'un type uniforme produisent les aspects si changeants qu'affectent les péricarpes. C’est ce que je me propose de faire ; si quelques lois générales ont été formulées , il est nécessaire de les sanctionner par des preuves directes ; 1l est utile surtout d’y assujettir tous les modes de structure : les principes ne sont utiles que s’ils président à la coordination de tous les faits. Je vais tenter d'établir, en exposant rigoureusement les faits, que les péricarpes sont formés par les mêmes faisceaux vasculaires que les feuilles ; que ces faisceaux ont les mêmes modes d'expan- CARPOGRAPIHE ANATOMIQUE, 229 sion ; que, par conséquent, les carpelles ont essentiellement l'or- ganisation des feuilles, et que cette organisation normale peut se reconnaitre au milieu des conformalions multiples des espèces variées de fruits. De cette donnée fondamentale doit ressortir une idée exacte et rigoureuse de la structure générale des péri- carpes ; il faudra de plus qu’elle nous fasse comprendre les arran- gements et les altérations qui sont restés obscurs , inexpliqués où faussement appréciés, et qu'elle nous permette de poser les bases d’une classification naturelle des fruits, dont tout le monde a senti la nécessité, et que personne encore n’a complétement formulée. En même temps elle nous fera comprendre l’urgence de renoncer à la pensée de créer une série d'espèces distinetes de fruits renfer- mant toutes les modifications que peut offrir le système carpellaire. Pour arriver à ces résultats, je vais examiner : 4° La configuration générale des carpelles ; 2 Leurs arrangements symétriques ; 9° Leur mode de formation ; h° Les allérations de leur structure primitive. Alors il sera possible d’établir les lois de la classification des fruits. Conformation générale des Carpelles. Je rappelle d'abord , en adoptant l'opinion du plus grand nombre des botanistes, que les carpelles, ou divisions du gynécée, ont exté- rieurement la conformation des organes foliaires, quand ily a plu- sieurs ovaires dans la fleur : chacun d'eux représente une feuille , qui serait repliée longitudinalement suivant la ligne médiane , de manière à rapprocher ses bords du côté interne, et à les unir pour former une cavité ou loge , renfermant les graines attachées aux bords de la suture interne. La nervure médiane semble se prolonger pour former le style; les nervures latérales, souvent plus volumi- neuses, circonscrivent les bords de la feuille, constituent les tro- phospermes, qui servent de point d'attache aux graines, et se mettent en communication avee le sügimale. La même organisation est encore manilesie quand les carpelles , au lieu de se séparer, comme le sont les feuilles épanouies , restent ! 4e série Bor. T. IT. (Cahier n° 4.) 5 15 996 LESTIBOUDOIS,. unis, de manière à former un seul ovaire. Dans ce cas, si l'ovaire unique renferme plusieurs loges, il apparaît à tous les yeux qu'il est formé par la simple soudure des carpelles plus ou moins nom- breux qui ont greffé leurs surfaces en contact. Quand l'ovaire unique a une seule loge, portant les graines atta- chées aux sutures que présentent ses parois, la nature des feuilles carpellaires reste encore plus évidente ; elles ont conservé tous leurs caractères ; elles sont restées planes; elles n’ont pas formé de cavités partielles, elles ont seulement soudé leurs bords avec ceux des carpelles voisins : au lieu de s’isoler et de s'épanouir comme les feuilles ordinaires , elles restent unies par les tissus dans lesquels se forment les faisceaux foliaires. Dans tous les cas, les carpelles conservent done la conformation des feuilles : 1ls en conservent aussi les dispositions. Arrangementdes Carpelles (carpellotaxie). Nous avons dit (Phyll. anat.) que les calices , les corollés , les étamines des dicotylédones affectent habituellement Ia symétrie qui- naire , parce que les expansions florales ne représentent que des feuilles, et que les faisceaux qui forment les spires foliaires sont assu- jettis au nombre cmq. La spire des cinq feuilles décrit deux cycles, c'est-à-dire fait deux fois le tour de la tige ; conséquemment, avant le développement, quand les feuilles se pressent, deux d’entre elles appartenant au premier cycle sont extérieures ; la troisième est demi-extérieure ou demi-recouverte ; les deux dernières , formant la fin du deuxième cyele, sont complétement recouvertes. La même disposition se retrouve dans le calice et la corolle. La seule diffé- rence qu’on remarque dans la fleur, qui est le dernier épanouisse- ment des faisceaux de la tige, quiest un bourgeon terminé, c’est que les faisceaux foliaires et les faisceaux réparateurs, qui sont placés entre ceux-ci, s'épanouissent à la fois , de sorte que le récep- tacle ne porte pas, comme la tige , une seule série de feuilles spi- ralées dont les parties respectives se correspondent ; il porte réelle- ment deux séries de feuilles spiralées : les parties propres à chacune se correspondent entre elles, mais alternent avec celles de l’autre CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. ‘ 997 série. Ainsi les feuilles calicales alternent avee les feuilles corol- laires ; les feuilles staminaires, qui dépendent des mêmes fais- ceaux que les feuilles calicales, correspondent à celles-er. Les carpelles viennent prendre leur place dans cet arrangement symétrique. Dans l'ordre régulier ; les fleurs sont isocarpellées , c'est-à-dire que les feuilles carpellaires sont en même nombre que les sépales et les pétales. Dans ce cas les carpelles sont habituelle- ment placés vis-à-vis les pétales, comme les étamines sont opposées aux sépales. Ces dispositions du système carpellaire se remarquent dans les plantes dans lesquelles les carpelles ne contractent aucune soudure, comme dans les Crassula, les Sedum, ou dont les carpelles sont unis par une soudure partielle, comme dans les Cotyledon, ete. Elles s’observent de même dans les plantes dans lesquelles les carpelles, par leur union complète, constituent un fruit unique : ainsi les loges sont en même nombre que les divisions des enve- loppes florales dans les Rhododendron, les Azalea, les Oxalis, les Pelurgonium, ete:, ete. Dans les monocotylédonés , on trouve des dispositions analogues. Dans le Butomus, le Damasonium, ete., le calice est formé de six sépales (trois pétaloïdes), et les carpelles sont au nombre de six. Si l’on considérait les monocotylédonés comme ayant un calice à trois sépales et une corolle à trois pétales, on trouverait le Scheuchzeria , quelques T'riglochin qui ont trois carpelles ; le T'ulipa, l'Agapanthus, le Lilium, ete., ete., qui ont un fruit à trois loges. Mais ici une remarque est à faire : nous venons de dire qu'en général les carpelles sont opposés aux pétales, comme les éta- mines sont opposées aux sépales ; dans certaines plantes cepen- dant, dans les Nigella, les Aquilegia, par exemple , les carpelles , au lieu d’être opposés aux pétales sont opposés aux sépales , comme on voit les étamines , placées vis-à-vis les divisions de la corolle, au lieu de répondre aux divisions du calice, quand les fibres dépendant des faisceaux ealieaux avortent, tandis que la division des faisceaux corollaires va se multipliant, Dans le Tulipa, l’Ayapan- thus, le Lilium, l'Iris, les Narcissus, etc., les carpelles sont opposés aux sépales extérieurs; de sorte que si l’on considérait ces derniers comme représentant un ealice, et les divisions inté- CO 228 LESTIROUDOIS. ricures comme conslituant une Corolle, les carpelles répondraient encore aux sépales. | Quelquefois les carpelles deviennent plus nombreux , et alors il arrive que les spires qu'ils forment sont si rapprochées, qu'ils pa- raissent insérés sur un seul cercle : c’est ec qu'on voit dans le Malva, le Stegia, l'Althœa ; mais d’autres fois ils forment des spires bien apparentes, et alors ils suivent dans leurs arrangements les mêmes lois que les feuilles. Leurs spirales contiennent les mèmes nombres d'expansions que les spirales foliaires, c'est-à- dire 5,8, 15, 21 , ete., et les situations respectives des parties sont les mêmes. Dans certains cas, on voit les spires des feuilles, des sépales, des élamines, des carpelles, rester toutes composées d'éléments en même nombre ; mais aussi, de même que nous avons vu la spira- tion des feuilles varier, et les diverses spires s’engendrer les unes les autres, on peut voir les carpelles présenter successivement les diverses spires qui sont dérivées du nombre fondamental. Aïnsi , dans les Magnolia, on voit les spires caulhinaires et les diverses spires florales ne pas affecter les mêmes chiffres. Les feuilles for- ment habituellement des spires de 8: c'est ce qu’on voit, par exemple, sur la tige du M. tripetala ; les sépales unis aux pétales forment aussi des spires de 8 dans les M. granchflora et purpurea. Dans le M. Yulan, la spire de 8 est dépassée d’un pétale ; dans le M. tripetala elle est presque doublée. Les étamines forment.une spire de 21 dans le M. Yulan, ainsi que dans le M. grandiflora, d’une manière un peu irrégulière cependant , et les carpelles for- ment des spires de 15. Les fleurs de ces arbres ont la préfloraison convolutive ; leurs sépales ou pétales se recouvrent généralement selon l’ordre de leur évolution. Ils présentent cependant une singulière anomalie : quel- quefois un pétale est entaillé sur le bord, de telle façon que la partie supérieure est recouverte par le pétale que la partie infe- rieure recouvre. Exemple : Magnolia purpurea. On peut done être trompé sur l’ordre d'évolution des pétales; 1l peut varier, d’une manière apparente au moins, par le développement inégal des bords des divers pétales, ete, CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 2929 Si le nombre des carpelles peut s'accroitre, 11 peut aussi des- cendre au-dessous du nombre normal : le nombre des carpelles est de quatre dans les Labiées et dans beaucoup de Borraginées. Dans le plus grand nombre des dicotylédonés , le fruit n’est plus formé que de trois où de deux carpelles, soudés en un fruit 3-lo- culaire ou 2-loculaire. Enfin le nombre des carpelles peut se réduire encore ; le fruit peut n'être plus formé que par une feuille carpellaire , comme la dernière spire foliaire d’un rameau peut se réduire à une seule feuille. Les spires corollaires et staminaires, bien que n'étant pas la terminaison des expansions des faisceaux fibro-vasculaires, peu- vent elles-mêmes ne présenter qu'un seul phylle. Ainsi, par avor- tement, quelques Renoncules, lAmorpha, n’ont qu'un pétale ; les V'aleriana ont de une à cinq étamines, ete. ; les carpelles, à plus forte raison, peuventsubir, en vertu es mêmes causes, les mêmes réductions. L'avortement des carpelles semble parfois n'avoir lieu que gra- duellement. Ainsi, dans les Valerianella, le fruit a trois loges ; mais une seule est fertile, deux sont vides. Dans les Centranthus , les deux loges avortées ne sont plus représentées que par des côtes saillantes placées sur l’une des faces du fruit; dans la famille des Composées, qui a une plus grande affinité avec celle des Vale- rianées, on trouve souvent les mêmes côtes, qui attestent que fon- damentalement leur fruit est tricarpellure : on voit ces côtes dans l’Hyoseris , le l'anacetum, le Matricaria, le Pyrethrum, etc. Lorsque le fruit n’a plus de trace de carpelles avortés, le carpelle restant est au moins inéquilatère, car une feuille pliée a une figure insymétrique : c'est ce qu'on remarque dans les drupes des Rosacées , ele. Un fruit mullicarpellaire n’est symétrique que par l'assemblage régulier de parties insymétriques en elles-mêmes. Toutes ces dispositions montrent que les carpelles ont les mêmes arrangements que les autres spires florales et foliaires ; et si les spires carpellaires éprouvent des altérations , ces allérations se retrouvent dans les spires.des autres expansions foliacées. On peut même dire que le mode d'évolution des feuilles est Ja cause immé - diate de la réduction ordinaire du nombre symétrique des carpelles. 250 LESTIBOUDOIS. En effet, nous avons dit que dans la spire quinaire, qui est celle qu'affectent le plus fréquemment les dicotylédonés, les deux pre- mières feuilles sont extérieures ; la troisième est à moitié extérieure, à moitié intérieure; la quatrième et la cinquième, formant la fin du deuxième eyele, sont intérieures. Si donc les feuilles carpellaires ne se séparent pas , si elles restent soudées en un fruit unique , les carpelles extérieurs auront la facilité de se développer, tandis que les éléments des carpelles intérieurs resteront eonfondus avec ceux des premiers ; le fruit aura done deux ou trois loges. Ainsi l'anoma- lie apparente qu’on observe dans la symétrie du fruit trouve sa cause dans la disposition même qui appartient aux feuilles spiralées. On est done autorisé à considérer les expansions carpellaires comme tout à fait analogues aux feuilles ; mais leur nature ne se révélera d’une manière parfaite que si l’on peut constater qu'elles sont formées par les mêmes faisceaux vasculaires, et qu’elles sui- vent le même mode d'évolution. C’est à démontrer cette vérité que nous voulons spécialement nous appliquer. Mode de formation des Carpelles. Lorsqu'on examine les carpelles au moment où ils apparaissent, on constate qu'ils se présentent de même que les feuilles, comme de simples mamelons, d’abord transparents, qui s’allongent, s’élar- oissent, s'amincissent, sans former de cavités entièrement closes et sans offrir d'ovules. Ce n’est que plus tard que leurs ovules se montrent, et que les cavités formées par les expansions carpellaires se ferment. Exemples : Æsculus Hippocastanum, Pœonia, Digi- talis, Geranium Robertianum , Pelargonium zonale, Brassica, Bryonia, pl. 16, fig. 11-20 ; Cucumis melo, pl. 16, fig. 3-7. Les mamelons carpellaires sont tout à fait semblables à ceux qui représentent les sépales, les pétales et les étamines à leur origine. Les mamelons carpellaires sont formés par le tissu parenchyma- teux, etles vaisseaux des faiscetix fibro-vasculaires des pédon - Te Une simple dissection, mettant à nu les cordons vasculaires des earpelles, montre bien qu'ils proviennent des ‘mêmes fais- ceaux qui ont constitué les autres parties de la fleur et les feuilles , et atteste ainsi , d’une manière décisive , qu'ils sont réellement les CARPOGRAPIIE ANATOMIQUE, 231 analogues des feuilles, comme l'indique leur apparence extérieure, et leurs arrangements normaux. Les faisceaux foliaires forment les sépales et les étamines , les faisceaux réparateurs les pétales et les carpelles ; chaque faisceau fournit ainsi deux expansions successives : il en fournit un plus grand nombre lorsque les fleurs sont, par exemple, diplostémones, ou que leurs organes sont en spires multiples. Ces dispositions deviendront évidentes par les exemples que nous allons successivement mettre sous les Yeux. Dans le Cotyledon crassifolium, la symétrie est parfaitement quinaire : la fleur a cinq sépales, eimq pétales, dix étamines , et, en même temps, cinq carpelles. Le pédoncule présente dix faisceaux, dont cinq sont un peu plus extérieurs. Les faisceaux extérieurs du pédoncule se portent au dehors pour former les sé- pales et les étamines sépaliques ; les faisceaux intérieurs s'épa- nouissent plus haut pour former les pétales et les étamines péta- liques, puis les carpelles. Dans le Ruta , les carpelles , les pétales et les sépales sont aussi en nombres égaux ; les carpelles sont sou- dés par la base , de sorte que le fruit tient le milieu entre ceux qui ont les carpelles distincts et ceux qui les ont soudés ; on reconnait, si l’on fend perpendiculairement un ovaire, que les faisceaux sé- paliques, corollaires et carpellaires ont là même origine que dans l'exemple précédent. Dans les fruits dont les carpelles sont complétement soudés , dans les monocotylédonés comme dans les dicotylédonés, les mêmes dispositions peuvent s’observer. Dans certaines plantes, tous les faisceaux qui doivent former les cycles floraux s'unissent, comme s’anastomosent les faisceaux cau- linaires au point d’épanouissement des feuilles : c’est ce qu’on con- state dans le Ruta. Si l'on coupe transversalement le pédoncule de cette plante, on voit les faisceaux fibro-vasculaires serrés formant un cercle presque continu ; mais st la section est faite plus haut, on voit que les fibres s’agglomérent en faisceaux épais vis-à-vis les points où s’épanouiront les sépales. Ces points sont au nombre de cinq dans les fleurs à cinq sépales, qui naissent entre les premières divisions des pédoneules dichotomiques, au nombre de quatre seu- 252 LESTIBOUDOIS, lement dans les fleurs qui n’ont que quatre sépales. Pu milieu de ces faisceaux sortent les nervures principales des sépales, et celles les étamines correspondantes, de sorte que les faisceaux se trou- vent par cela même partagés en deux, De l'intervalle des faisceaux sortent les fibres, qui se rendent aux pétales et aux étamines oppo- sitives et aux carpelles ; on les voit si l’on coupe transversalement le disque podogyne. Les parties restantes des faisceaux consti- tuent les nervures trophospermiques; il semble done que les fais- ceaux des diverses expansions florales sont successivement formés par les fibres émanées de deux faisceaux principaux, eomme les faisceaux foliaires sont reconstitués par les faisceaux réparateurs. Mais ici les expansions sont en nombre double; la réalité est donc que tous les faisceaux s'unissent, que les fibres des spires alternes s’échappent du cercle commun, qu'il reste entre elles les divisions latérales ou trophospermiques des feuilles carpellaires, qui sont si considérables qu'elles semblent former la continuation des faisceaux principaux partagés en deux. Au lieu de s'unir et de se confondre sous la fleur, les faisceaux vasculaires des expanstons florales peuvent, au contraire, se séparer bien avant le point où ils s’épanouissent. Les monocotylédonés ont des faisceaux vasculaires essentiellement isolés, de sorte que eeux qui forment les expansions successives ne sortent pas les uns des autres; on devra donc trouver les fibres florales isolées même dans les pédoncules. Ainsi la section dx pédoncule du Tulipa, du /Varcissus poeticus, de l'/ris flavescens, de l’'Hemerocallis flava (Phyll. anat., pl. 4, fig. 27), ete., ète., montre à la circon- férence des faisceaux nombreux épars ; ces faisceaux extérieurs se rendent aux sépales externes et internes ; au centre sont d’autres faisceaux plus volumineux qui semblent rapprochés trois à trois. Chacun de ces groupes est séparé par un faisceau plus petit ; de sorte qu'ils sont assez généralement au nombre de douze. Ces faisceaux intérieurs se rendent aux étamines et aux valves carpellaires en même temps. Six de ces faisceaux forment d’abord les étamines, puis se continuent pour former les faisceaux carpellaires ; les divi- sions restent done au nombre de douze : trois sont les nervures médianes , elles répondent au milieu des valves; trois sont les ‘) CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 299 nervures latérales , elles répondent au bord extérieur des cloisons, et sont communes à deux carpelles voisins ; six sont les nervures marginales , et répondent aux trophospermes ; ces derniers sont fort rapprochés , les deux bords :carpellaires étant unis. Malgré la tendance qu'ont les monocotylédonés à tenir leurs faiseeaux isolés, on voit cependant chez quelques -uns d’entre eux les soudures que nous avons précédemment signalées. Le pédoncule de l'A ga- panthus (Phyll., pl. 4, fig. 18 à 20) présente aussi les douze faisceaux centraux et quelques autres extérieurs. Ces faisceaux se réunissent en trois gros faisceaux au-dessous de la fleur (fig. 24) pour former les divers cycles floraux ; aux faisceaux volu- mineux correspondent les sépales externes et les étamines externes ; à leurs intervalles, les fibres qui forment les sépales internes et les étamines qui leur correspondent (fig. 22, 23). Après avoir fourni ces expansions, les faisceaux primitifs reprennent leur position ; 1ls sont divisés en trois, et chacun des groupes va former un carpelle. La même disposition se retrouve exactement dans le Tradescan- ha erecta (Phyll., pl. 4, fig. 24-25); seulement les faisceaux cen- traux n’abandonnent pas leur place primitive, et ne vont pas se confondre avec les fibres sépaliques, ete. (fig. 25). Les dispositions que nous venons d'indiquer montrent que les feuilles carpellaires reçoivent normalement, comme les feuilles ordinaires , des faisceaux qui forment : 1° leur nervure médiane, ou celle qui occupe la partie moyenne des valves; 2 des nervures latérales , qui constituent les valves elles-mêmes et les cloisons, occupant fréquemment le point où les valves s’infléchissent pour former les cloisons ; 3° des nervures marginales qui, parcourant les bords des valves, constituent spécialement les trophospermes. Dans le Soya, chacun des deux carpelles qui compose le fruit présente très nettement le faisceau de la ligne médiane des valves, les faisceaux latéraux, le faisceau du point d’inflexion des valves et les faisceaux des bords trophospermiques. Mais ees dispositions sont fort sujettes à changer. Dans le Ricin, le faisceau médian des valves est divisé en deux ; dans l’Iris, dans le Gladiolus Daleni (Phyll., pl. k, fig. 30), dans lesquels l'ovaire est mfère, et dans lesquels les valves correspondent 251, LESTIBOUDOIS, aux sépales et aux étamines externes , trois faisceaux occupent la ligne médiane des valves. Dansle Ruta, dans le Cotyledon, les faisceaux valvaires sont très peu marqués ; mais les faisceaux trophospermiques sont plus visibles dans le dernier genre, très développés dans le premier. Au point d'inflexion des valves, on voit plusieurs petits faisceaux dans le Ricin, on en voit trois dans le Gladiolus Daleni (Phylt. anat., pl. 4, fig. 30). Dans le Tulipa, pl. 16, fig. 22, dans le Lilium (Phyll. anat., pl. k, fig. 47), dans le Narcissus, pl. 16, fig. 23, dans l’Iris, dans le Gladiolus (Phyll. anat., pl. 4, fig. 30), il n'y a qu'un faisceau au point où les valves s’infléchissent, les fais- ceaux correspondants des carpelles voisins s'étant confondus en un seul dans la soudure de ces earpelles. Les cordons trophospermiques, qui occupent les bords des feuilles carpellaires, restent distinets dans le Tulipa, pl. 16, fig. 22, dans le Lilium et l’'Hemerocallis (Phyll. anat., pl. 4, fig. 17 et 28); ils sont soudés avec les faisceaux correspondants des carpelles voisins dans le Ricin, dans le Varcissus, pl. 16, fig. 22, dans l’fris, dansle Gladiolus (Phyll. anat., pl. 4, fig. 30) ; de sorte que dans ces plantes, au lieu de trouver deux faisceaux placés de chaque côté de l’angle interne des loges, on trouve un faisceau unique correspondant à chaque cloison. Dansles Pelargonium, les deux faisceaux trophospermiques, au lieu de se souder avec ceux des carpelles voisins, se soudent entre eux ; de sorte qu’au lieu de former des faisceaux correspondants'aux valves , ils forment des faisceaux correspondants à l’angle interne des loges. Aïnsi, dans le Pelargonium macranthum, si l’on coupe le basi- gyne, pl. 17, fig. 12, on trouve cinq faisceaux, d’où naissent les fibres valvaires et les faisceaux trophospermiques considérables qui semblent la continuation des faisceaux principaux, et sont pla- cés vis-à-vis l'angle interne des carpelles. La même disposition s’observe dans l’Alcea, dans le Stegia. Mais dans ces plantes, au-dessus de Fattache des graines , les faisceaux marginaux se séparent; ils ne laissent plus qu'une fibre sans Importance vis-à-vis la suture interne ; ils se soudent avec les CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 239 faisceaux marginaux des carpelles voisins, et forment des faisceaux entre les carpelles. Exemple : Pelargontum , pl. 47, fig. 18. Les faisceaux trophospermiques , dévenus nécessairement cen- traux quand le fruit est formé de carpelles closet soudés entre eux par toutes leurs faces correspondantes, paraissent, en raison de leur volume, la continuation des faisceaux principaux du pédoncule, et semblent constituer un axe, regardé par beaucoup de botanistes comme un organe spécial, auquel on a donné des noms particuliers comme celui de columelle ; mais dans le plus grand nombre des cas, on peut constater qu'ils ne sont que des dépendances des faisceaux carpellaires. Ils n'existent plus au centre, dès que les trophospermes cessent d'être centraux ; ils ne constituent d'ailleurs pas un corps unique, mais sont disposés cireulairement , et leur nombre esten concordance avec celui des faisceaux qui constituent le cercle vasculaire et avec celui des carpelles. Des faits précédemment exposés , il résulle que les faisceaux pédoneulaires forment les feuilles carpellaires, aussi bien que Îles feuilles sépaliques, pétaliques et staminaires ; que ces faisceaux for- ment toutes les expansions florales, comme les faisceaux caulinaires forment les feuilles; que seulement ils ne se distinguent pas en faisceaux foliaires formant des feuilles en spires successives dont les parties se correspondent, et en faisceaux réparateurs qui recon- stituent les premiers, quand ils ont fait éruption au dehors. Tous les faisceaux pédonculaires s'épanouissent à la fois, formant amsi une double spire dont les parties alternent ; les faisceaux foliaires for- ment habituellement les sépales et les étamines, et les faisceaux réparateurs forment les pétales et les earpelles , cet ordre pouvant varier cependant , chaque ordre de fibres pouvant fournir un plas grand! nombre de divisions ou d’expansions. Dans quelques plantes , les fibres qui forment les diverses spires florales se séparent au-dessous du réceptacle ; dans d’autres , les faisceaux se réunissent, de sorte que les faisceaux des diverses expansions florales semblent sortir d’un même cerele ; les fibres de chacune des divisions florales semblent quelquefois formées par les fibres de deux faisceaux voisins, comnie les feuilles. Les faisceaux des expansions carpellaires se divisent prompte- 256 LESTIBOUDOIS, ment, et leur fournissent habituellement une nervure médiane, des nervures latérales et des nervures marginales ou {rophospermiques. Les nervures médianes sont quelquefois peu apparentes, quelque- fois divisées où multiples; les nervures latérales présentent les mêmes variations : dans les fruits formés de plusieurs carpelles soudés, elles se confondent souvent avec celles des carpelles voi- sins, de sorte qu'il n’y à qu'une nervure principale vis-à-vis le bord extérieur des cloisons formées par la réunion des carpelles. Les nervures trophospermiques, le plus souvent d’un volume plus considérable que les autres, semblent, dans beaucoup de cas, la continuation des faisceaux floraux, qui paraissent, par cette raison, constituer un axe spécial. Ces faisceaux conservent quelquefois leur position au bord des valves ; quelquefois les deux faisceaux des bords rapprochés d'un même carpelle se soudent en un faisceau unique, placé vis-à-vis la suture interne ; d’autres fois les faisceaux trophospermiques se soudent avec ceux des carpelles voisins , constituant un faisceau unique placé au bord interne des eloisons ; enfin les faisceaux trophospermiques de certains carpelles , après s'être réunis pour former un faisceau vis-à-vis la suture interne, se séparent pour s'unir avec eeux des carpelles voisins, et former un faisceau vis-à-vis la cloison. Dans les fruits que nous avons examinés, le nombre des car- pelles est pareil à celui des expansions des autres spires florales ; mais nous avons dit que ce nombre diminue dans une multitude de plantes. Dans les Borraginées, pl. 17, fig. 23-28, dans les Labiées, le nombre des carpelles est de quatre; dans le Riein, il est de trois ; dans les Valerianella, 11 y a naturellement trois carpelles , mais deux sont souvent dépourvus de graines ; quelquefois les car- pelles avortés sont réduits à l’état de simples stries comme dans le Centranthus. Dans les Composées le fruit n’a jamais qu’un carpelle fertile ; mais il est inéquilatère , et porte souvent des stries sur une face comme le fruit du Centranthus. Dans le Datura, pl. 46, fig. 1-2, il n’en a que deux, mais chacun est subdivisé en deux parties ; dans le Soya, les Ombellifères, ete., il y a deux carpelles non subdivisés ; il n’y en a plus qu'un seul dans l’Astragalus, pl. 17, fig. 17-18 ; le Lotus, pl. 17, fig. 44-16, etc. Lo CARPOGRAPHIR ANATOMIQUE. 97 Le plus fréquemment les carpelles, dans les dicotylédonés, sont au nombre de deux ; 1ls sont encore assez souvent au nombre de trois. Dans un grand nombre de plantes qui paraissent avoir quatre carpelles , il n’y en a réellement que deux qui ont été subdivisés : c’est ce qui semble exister dans les Labiées et les Borraginées. Le stigmate n'a que deux divisions, les carpelles sont rapprochés deux à deux, et les faisceaux vasculaires sont quelquefois communs à deux carpelles. Ainsi dans le Salvra , on voit le style à deux divi- sions séparant, par sa base saillante inférieurement , les carpelles en deux paires. Si l’on examine la coupe transversale de la base du disque, on voit qu’elle présente deux faisceaux vasculaires , qui se prolongent dans le style; on les reconnait dans la coupe de celui-ci. Ce sont donc les faisceaux médians de deux feuilles carpellaires. De chaque eôté sont seulement deux faisceaux allongés, qui , un peu plus haut, commencent à se partager, et qui, plus haut encore, sont entièrement séparés ; chaque division fournit à chaque locelle une fibre valvaire et un faisceau trophospermique. On peut donc considérer les faisceaux latéraux comme formés par l’union des fibres trophospermiques de deux earpelles voisins , qui se séparent ensuite l’un de l'autre, en même temps que les car- pelles se partagent sur leur ligne médiane. Dans les Borrago, on voit dans la coupe, faite tout à fait au point où les loges se séparent, planche 17, figure 28, que les faisceaux carpellaires se rapprochent aussi deux à deux ; mais les lobes du stigmate correspondent à l'intervalle des earpelles rapprochés. Le rapprochement des faisceaux et la division du stigmate con- duisent encore à penser que le fruit est vraiment bicarpellaire, et l’on est confirmé dans cette pensée parce qu'on trouve dans les Borraginées des fruits biloculaires. Dans le Borrago, il est bien évident que les cordons trophospermiques ne sont que des émana- tions des faisceaux carpellaires ; ces cordons se recourbent pour gagner la partie interne des carpelles. C’est ce qu'on constate par- faitement en coupant perpendiculairement le fruit, planche 17, figure 26. Lorsque ces carpelles, en se développant, s’allongent par leur base en même temps que la portion du disque qui les porte , 238 LESTIBOUDOIS. figure 27, ces cordons se recourbent davantage pour gagner la partie inférieure des carpelles. Lorsque, comme dans le Cynoglossum, pl. 17, fig. 28-24, c'est la base du style qui s’allonge, les cordons trophospermiques remontent jusque près du sommet des carpelles, et s’insèrent au point 2, figures 24 et 25. Le fruit du Datura, qui partage ses deux loges et ses deux valves, indique bien comment s'opère la division des deux carpelles. Ce fruit montre encore d’une manière parfaite comment les fleurs à symétrie quinaire ont des fruits bicarpellés. Cette plante , en même temps, met en évidence complète le mode de formation de toutes spires florales et leur étroite connexion ; elle mérite done d’être étudiée avec quelque attention, d'autant plus qu’on peut obtenir avec facilité une préparation complète de son système vas- culaire. Si on laisse à la pluie, pendant un hiver, le fruit de cette plante accompagné du ealice, le tissu cellulaire est entièrement détruit par l’action de l'humidité et de l’air ; il ne reste que le lacis des vais- seaux, et l’on voit distinetement, planche 16, figures 4-2 , les deux cercles vasculaires formés par les cinq faisceaux foliaires et les cinq faisceaux réparateurs. Les faisceaux a, a, a, a, a S'anastomosent en arcades pour former un cerele extérieur ; les faisceaux 6, b, b, b,b, pour former un cercle plus intérieur uni au précédent. Chacun des faisceaux a se rend à une division du calice, et produit intérieurement un petit faisceau qui forme une étamine ; chacun des faisceaux b produit extérieure- ment un petit faisceau qui répond à un lobe de la corolle, et va former ensuite les carpelles. Dans ce cas les phylles corollaires, en raison de leur petite dimension relativement aux carpelles, ne sem- blent plus que des appendices de ces derniers; mais, en réalité , nous voyons toujours cinq phylles ealicaux avee leurs étamines axillaires, cinq phylles corollaires avec les faisceaux carpellaires dans leur aisselle. Les faisceaux carpellaires conservent donc leur symétrie, c’est-à-dire restent au nombre de cinq, quoique le nombre des carpelles soit réduit; nous allons voir comment ces carpelles sont organisés , et comment einq faisceaux n'arrivent plus à former que deux carpelles. Le fruit se compose de deux CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 239 phylles carpellaires , munies de nervures médianes ; elles ont aussi des faisceaux latéraux aux points d’inflexion des valves et au centre du fruit, Ensuite les bords de chaque phylle se prolongent encore dans les loges, en s’unissant pour former les corps trophosper- miques, qui ont au centre leur cordon vasculaire; les corps tro- phospermiques forment une saillie assez considérable pour se sou- der à la ligne médiane des feuilles carpellaires, de manière à subdiviser les loges en deux parties , dans chacune desquelles fait saillie un des bords trophospermiques. Cette soudure n’a leu que dans les deux tiers inférieurs du fruit ; supérieurement la soudure n'a pas lieu, et les loges conséquemment ne sont pas partagées au sommet. Au moment de la déhiseence, les portions extérieures des feuilles péricarpiques se séparent des cloisons vraies et des cloisons fausses , et se fendent vis-à-vis le bord externe de ces dernières ; de sorte que le péricarpe présente quatre valves. Dans certains fruits, pl. 16, fig. 4, b,b,b,b,b, quatre des faisceaux vasculaires du péricarpe répondent au milieu des valves, le cinquième répon- dant à un intervalle des valves (ligne médiane d’une feuille carpel- laire); dans d’autres fruits, au contraire, les faisceaux répondent aux intervalles des valves (lignes médianes et bords infléchis des feuilles carpellaires), le cinquième faisceau répondant au milieu d’une des valves. Dans ces deux cas, l’une des feuilles carpellaires répond à trois faisceaux corollaires ou carpellaires et à deux cali- eaux , l’autre répond à deux faisceaux corollaires et trois calicaux ; seulement, dans le premier cas, ce sont deux faisceaux sépalaires qui sont interposés entre les feuilles carpellaires ; dans le second, ce sont deux faisceaux corollaires. Les variations qu'on observe dans la corrélation des feuilles péricarpiques et des faisceaux qui les forment sont fréquentes , lorsque le nombre de ces feuilles n’est plus le même que celui des faisceaux. Ainsi, dans l’Helleborus viridis, les trois carpelles, qui sont placés dans un calice pentasépale , affectent des positions très différentes relativement à chacun de ces sépales , et correspondent tantôt aux sépales, tantôt à leurs intervalles (2). (1) Dans une fleur, un carpelle répondait à l'intervalle d'un sépale externe et 240 LESTIROUDOIS., ; On trouve dans Île fruit du Séramonium la preuve évidente que les cordons trophospermiques ne sont qu’une dépendance des fais- ceaux qui constituent les valves. La figure 2, planche 16, nous montre que les faisceaux latéraux des valves €, €, qui fournissent des fibres nombreuses à la vraie cloison, produisent à la base un gros rameau vasculaire d, d, qui se recourbe en bas et en dedans ; bientôtil se partage en deux parties : l’une, e, s’unit à la partie sem- blable du côté opposé de la feuille carpellaire, pour former le fais- ceau qui occupe la partie centrale du fruit, l’autre se subdivise en deux fibres, f et g, qui se rendent l’une à l’origine, l’autre au centre du trophosperme , et S'anastomosent au sommet avec les fibres semblables de l’autre côté de la feuille carpellaire. Ainsi l'étude anatomique de cette plante remarquable montre, de la manière la plus nette, la structure simple de la fleur : elle est formée par l'épanouissement presque simultané de tous les faisceaux qui composent le cercle vasculaire du pédoncule, qui se sont préalable- ment unis Sous le réceptacle. Cinq de ces faisceaux constituent les sépales ét les étamines ; cinq autres , alternant avec les précédents , forment les pétales et les carpelles. Les expansions carpellaires ne sont pas en nombre correspon- dant aux faisceaux; celles qui sont dans le eyele extérieur de la spire peuvent seules se développer ; mais les faisceaux fondamen- faux conservent leur nombre normal, et s'unissent diversement pour composer les carpelles en nombre réduit. Ceux-ci prennent la forme des expansions foliaires ordinaires à nervures centrales , latérales et marginales , ou trophospermiques. Dans certaines plantes, le nombre des faisceaux vaseulaires des carpelles se réduit réellement, soit par avortement, soit par soudure. En effet, dans le Salvia que nous avons cité, on voit qu'il n’y a que quatre faisceaux ; à la vérité le nombre des faisceaux s'accroît en- suite, mais seulement par la subdivision des faisceaux primitifs ; et d'un interne, un à l'intervalle d'un sépale demi-externe et d’un interne, le troi- sième au deuxième sépale externe. Dans une autre fleur, un carpelle répondait à un sépale externe, un au sépale demi-externe , le troisième à l'intervalle d'un sépale externe et d'un interne; enfin, dans une autre fleur, les carpelles répon-. daient au sépale demi-externe et aux deux internes. CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 21 lorsque ceux-ci ont fourni les faisceaux valvaires et trophosper- miques , ils sont au nombre de dix, comme si le péricarpe avait emprunté tous les faisceaux des deux spires florales pour se former. Les ovaires infères emportent naturellement dans leur tissu les faisceaux de ces deux spires , puisque le péricarpe est soudé avec le calice , la corolle et les éfamines. Alors les fruits, même lors- qu'ils sont bicarpellaires , présentent les dix faisceaux dans leurs parois ; ils ont, en outre, les faisceaux trophospermiques, divisions des faisceaux péricarpiques. Ainsi les Ombelliféres, dont la fleur est pentasépale et pentapétale, ont un ovaire qui porte dix fais- eeaux, cinq pour chaque carpelle, formant des stries saillantes. Exemple : Æthusa , pl. 17, fig. 9, à, b, c, d,e. On a remarqué que les stries correspondaient alternativement aux sépales, et à leurs intervalles ou aux pétales ; de telle sorte que l’un des carpelles portait trois faisceaux sépaliques et deux pétaliques, et que l’autre carpelle portait deux faisceaux sépaliques et trois pétaliques. Toute- fois la correspondance n’est pas absolue, parce que souvent les faisceaux qui correspondent aux bords des carpelles se rapprochent beaueoup, et rappellent ainsi d’une manière exacte les dispositions que nous avons observées dans le Séramonium. Sur la face interne de chaque carpelle est un faisceau trophospermique , Æthusa, pl. A7, fig. 9, &; Laserpitium, pl. 17, fig. 10, £, qui forme une des branches de l’axe qui se partage en Y. Entre les faisceaux vasculaires sont des vaisseaux propres ou des lacunes souvent pleines de gomme-résine jaune, qui ne descendent pas toujours jusqu’à la base des fruits, et qui manquent quelque- fois. Exemple : Æthusa, pl. 17, fig. 9,f, g, h,2. Deux lacunes semblables existent sur la face interne, entre les faisceaux vaseu- laires occupant le bord du fruit et les cordons trophospermiques : Æithusa, pl 17, fig. 9,7,7; Laserpitium, pl. 47, fig. 40, 7, 7. Les lacunes paraissent le plus souvent enfoncées entre les côtes vasculaires , et pour cette raison elles ont été appelées vallecule ; mais celte expression est impropre, parce que quelquefois ce sont les points correspondants aux vaisseaux propres qui se relèvent en côtes et même en ailes. Ainsi dans le Laserpitium , pl. A7, fig. 10, les ailes /, g, h, à correspondent aux vaisseaux propres, et non aux &° série. Bor. T. Il. (Cahier n° 4.) 4 16 242 LESTIBOUDOIS. fibres vasculaires. Pour cette raison elles sont au nombre de quatre et non au nombre de cinq sur chaque carpelle, et, par conséquent, au nombre de huit pour le fruit entier ; dans ce cas les ailes latérales ne correspondent plus exactement aux bords des carpelles. Il faut encore remarquer, parce que ces faits ont causé des erreurs dans les descriptions, que les fruits des Ombellifères peuvent paraitre avoir huit côtes au lieu de dix par une autre cause : les côtes qui forment les bords des carpelles peuvent s'appliquer étroitement contre celle du carpelle opposé , et paraître ne plus former avec eux qu'une seule côte. C’est ce qu’on voit dans l’Æthusa cynapium, pl. 17, fig, 9, a,e. Ainsi, dans les Ombellifères, les côtes saillantes ne sont pas toujours formées par les inêmes organes, et conséquem- ment leur nombre et leur position varient ; de plus elles peuvent paraitre se réduire à huit par des causes distinctes, ce qui n'a pas été remarqué, Je ne mulüplierai pas davantage les exemples pour mettre en évidence la structure intime des carpelles ; ceux que nous avons cités suffiront pour démontrer que leurs éléments organiques sont les mêmes que ceux des feuilles, et que leur mode d'expansion et la disposition des parties sont identiques. L'anatomie vient done don- ner la preuve de cette vérité que les apparences extérieures avaient fait entrevoir : les carpelles sont de véritables feuilles ; leur confor- mation extérieure, leur arrangement symétrique, l’origine de leurs vaisseaux, le mode d'expansion de ces vaisseaux, les dispositions essentielles qu'ils affectent, sont les mêmes que dans les feuilles. Ces vaisseaux forment une nervure médiane et des nervures laté- rales , et parmi ces dernières , les marginales ou trophospermiques prennent une importance particulière parce qu’elles portent les graines. Le fruit ne renferme pas d'autre organe que des feuilles carpe!- laires, constituant un assemblage plus ou moins complet et régulier. L’axe ou columelle qu’on a admis dans certains péricarpes , et qu’on a considéré comme un organe spécial et distinct, autour duquel seraient disposées les autres parties , n’est pas étranger à Ja feuille. ILest formé par les cordons trophospermiques ou marginaux qui prennent une importance plus ou moins grande , ef des positions CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 13 diverses par des soudures. On peut done considérer comme anato- miquement démontré que les carpelles sont des feuilles. Ce principe reconnu vrai doit jeter des lumières sur les struc- tures si diverses des fruits ; 1! doit indiquer leurs analogies et leurs dissemblances, dévoiler le secret des structures anormales qui sont mexpliquées , les rattacher toutes au type fondaniental de la structure primitive , permettre enfin de les répartir dans une elas- silication naturelle. Ce sera done utiliser le principe posé, et en même temps le confirmer, que de faire ressortir par son application le véritable caractère des différentes espèces de fruits admises par les botanistes. On rencontrera là la partie la plus essentielle de l'étude carpologique. PLANTES NOUVELLES RECUERILLIES PAR M: P. DE TCHIHATCHEFF, EN ASIE MINEURE, ET DÉCRITES PENDANT L'ANNÉE 1854 Par M, E. BOISSIER, D IBERIS GLAUCESCENS , l. Sp. l. perennis glabra {ola glaucescens, rhizomate lignoso tortuoso ramoso ramos announos. alios brevissimos steriles dense foliosos alios floriferos paulo longiores edenti, foliis anguste elliptico-li- nearibus acutis basi longe attenuatis carsosulis margine sub lente scabridulis ramulorum sterilium confertis floriferorum sparsis, racemis términalibus florileris....... fructüferis ovato - oblongis laxiuseulis, pedicellis basi strictis dein curvatis siliculæ subæqui- longis, siliculis ovatis basi apiceque obscure emarginatis lobis teriminalhibus brevibus obtusis sinu angustissimo fissuræformi 2h E. ROISSIER. — PLIXTES NOUVELLES sejunetis, stylo emargimatura subbreviori, — Hab. prope Kizildagh, ad radices montis Akdagh declivitatem borealem montis Bul- ghurdagh Ciiciæ constituentis ubr legit cl. P. a Tcehthatcheff. Planta 2-3 pollicaris quoad flores non satis nola omnino referens speci- mina minora £. saxatilis a qua differt silicuhs paulo minoribus quarum lobi terminales subcontigui sunt fissura angusta vix perspicua sejuncti nec divergentes sinu intermedio lato sæpe rotundato. Habitus quoque Euno- miæ tberideæ sed semina pleurorrhizea. ALYSSUM CONSTELLATUM, N. Sp. (sect. Odontarrhen«. A. perenne lotum indumento stellato squamoso in parlibus junioribus denso cano in velustioribus sparso canescens pallide vi- rens, eaulibus basi suffruteseentibus ascendentibus vel procum- bentibus dein rectis corymbose ramosis sparse foliosis, foliis oblongo-spathulatis acutiuseulis in petiolum longe attenuatis, ra- meis minoribus subsessilibus, racemis florum densis umbelliformi- bus ad ramorum apicem 3-5 breviter peduneulatis corymbosis, foribus intense aurets, filamentis majoribus ultra meditnn alatis alæ parte libera filamento breviori apice bidentata, filamentis minoribus basi squama lanceolata eis Guplo breviori auctis, racemis fructiferis non elongatis subumbellatis densis strictis, pedicellis tenuibus fructu sublongioribus, siieulis elliptieis basi et præsertim apice attenuatis acutiusculis squamulis stellatis sparsis conspersis stylo recto eis dunidio breviori terminatis , loculis uniovulatis, semini- bus apteris.— Hab. prope Rizildagh ubi legit cl. P. a Tchihatcheff. Caules 6-9 pollicares, folia caulina cum petiolo fere pollicaria 2 lineas lata. Affine À. serpyllifolio Desf. quod differt indumento omnium partium densissimo cano, foliis confertis minoribus abbreviatis sæpe recurvis, flori- bus pallidioribus, siliculis densissime canis apice minus acutatis imo sæpe oblusis. DiANTHUS MUTABILIS, Sp. nov. (sect. Armeriastrum). D. perennis , radice crassa longa vertical, caudiculis suffrutes- centibus denudatis abbreviatis prostratis ramos steriles brevissimos foliosos cæspitosos caulesque floriferos tenues ascendentes simplices REGUEILLIES EN ASIE NINEURE. 2h45 vel apice paree ramosos edentibus, foliis intense viridibus brevissi- mis rigidis lanceolatis acutis trinerviis ad nervos et margines plus minus scabridis ramorum sterilium confertis subrosulatis eaulium floriferorum angustioribus strictis internodio multo brevioribus, floribus ad caulium vel ramulorum apicem 2-3 aggregatis brevis- sime peduneulatis foltis summis à basi lanceolatis Tineari-setaceis squamas sæpe æquantibus bractealis , squanis calyeinis quaternis pallide rufescentibus e basi oblonga obsolete nervosa in eaudas lineari-setaccas tubum calyeis subæquantes productis, calveis tubo eylindrico abbreviato parte superiort rubello nervoso dentibus lanceolatis ciliatulis, petalorum laminis parvis anguste oblongo- spathulatis acute denticulatis glabris primum lutescenti-virentibus dein purpureis. — Hab. inter Kadjimanvailasst et Farach Cataonia CL. P. a Tehihatcheff. Folia semipollicaria ramealia basi sæpe lineam lata. Caules floriferi h-5 pollicares superne 1-3 fasciculos florum ferentes. Calyces 6-7 lineas longi. Species pulchella affinis D. viscido B. et Ch. à quo caulibus glabris humilioribus, folus abbreviats rigidis glabris, squamis calyeinis non infla- üs tenuius longiusque aristatis, petalis minutis versicoloribus eximie diflert. DranTaus ocuLarus, n. sp. sect. Caryophyllum. D. perennis totus glaucescens ad folia eaulesque scaber sub lente papillosus, radice verticali tenui fascieulum foliorun: unicum cau- lesque floriferos plures erectos elatos flexuosos nodoso-incrassatos superne dichotome ramosos edenti, foliis elongatis gramineis sub- lus plarinerviis longe apice setaceo-acunnnatis flexuosis, fascieuli sterilis angustioribus rigidioribus caulinis pro longitudine latioribus internodia inferiora subæquantibus vagina basilart fol Tatitudine sublorgiori, floribus magnis ad ramulorum apicem subsolitaris, Squamis calycinis octonis stramineis adpressis oblongis breviter et tenuiter acuminatis membranacco-marginalis calvee triplo brevio- ribus, calyeis longe cylindrici glaucescenti-virentis tenuiter striati dentibus lanceolatis elongatis basi purpurascentibus extrenutate pallidis margine puberulis, petalorum lamina oblongo-cuneata acute denticulata extus lutescenti intus purpurea areola central 216 E. BOISSIER. — PLANTES NOUVELLES papillosa oculo semicireulart purpureo-nigro picta. — Hab. in Cili- cia trachea boreali et in Cutaonia inter Hadjin et Gæksyn. el. P. a Tehihatcheff. HAN I Collum basi dilatata foliorum vetustorum squamosum. Caules pedales sesquipedalesque superne dichotome ramosi, folia inferiora bipollicaria, calyces fere pollicares. Collocandus juxta D. viridescentem Vis. a quo differt scabritie, folus elongatis angustatis , calyce ejusque squamis non longe setaceo-acuminatis, floribus majoribus , corolla ad faucem eximie nigro-oculata. TUNICA XYLORRHIZA, D. Sp. T. perennis tota mdumento velutino papilloso glanduloso-viscido obsita pallide virens, rhizomate erassissimo lignoso tortuoso in fasciculos hibrosos tandem soluto caules numerosos nudiuseulos rubellos erectos superne opposite vel dichotome ramosissimos in- tricatos edente, foliüs abbreviatis lineari-lancéolatis aculis suban- thesi in parte inferiort caulium jam destruelis ad ramorum ramu- lorumque ortum tantum obvis, floribus rarius solitariis sæpius in fasciculos axillares et terminales breviter peduneulalos 2-4 floros secus ramulos dispositis paniculatis basi squamatis, squamis ealv- cinis senis breviter lanceolatis herbaceis viscidis superioribus ca- lyce dimidio brevioribus, calyeis eylindrico-campanulati glandu- loso-velutini nervis 5 latis viridibus dentibus lanccolatis acutis subæqualibus , petalorum unguibus in laminas oblongo-lineares retusas albidas 3 nervis rubellis percursus sensim abeuntibus, sta- minibus 10, ovario ovato, stylis duobus, capsula..….…. — Hab. in locis montosis sylvaticis Ponti meridionalis inter pagum 4/mas et urbem Niksar CI. P. a Tehihatcheff. Rhizoma pollice sæpe crassior, caules tenues inferne præsertim nodosi 9-6 pollicares flores numerosi, fasciculati magnitudinis eorum S. hirsutæ La Bill. Species quoad genus ob semina ignota subdubia habitu cum Saponaris subgeneris Bolanthi sat congruens sed calycibus hasi squa- matis discedens et T'unicæ potius adnumeranda. An ex nomine specifico eadem ac F. ortegioides F. et M. in Ann. sc. nat. 1851 nimis incomplete descripta? sed in hac flores dichotomiorum sessiles, petala crebre reticu- lata dieuntur quæ T1; Xylor#hisæ non conveniunt: RECUEILLIES EN ASIE MINEURE, 247 ALSINE TomimaTeHewu, n. sp. (sect. Minuarticæ). À. perennis cæspitosa caudiculis denudatis tenuibus prostratis caules numerosos pumilos ascendentes dense foliosos breviter pu- bescenti-scabros edentibus, foliis tenuiter setaceis strictis oblique mucronatis basi membranaceo -dilatata connatis rarius glabris sæpius breviter puberulis, axillis omnibus fasciculos foliorum ju- niorum edentibus , floribus 2-3 in fasciculos axillares brevissime peduneulatos dispositis racemos breves interruptos formantibus, pedicelhs florum brevissimis puberulis, ealyce glabro vel hirtulo post anthesin clauso oblongo-eylindrico basi subtruneato, sepalis lanceolatis æqualibus valde acuminatis fascia viridi inferne nervo albo bipartita marginibus albo-seariosis paulo angustiori percursis, petalis oblongis calyce 2 + PE brevioribus, staminibus 10 petalorum longitudine , capsula ealyce breviori ad basin trivalvi semimibus reniformi subcompressis emarginatis eximie muriculato-tubercula- is. — Hab. in monte AntiTauro Catauniæ meridionalis CI. P. a Tchihatcheff. Caules 2-8 pollicares, folia caulina 3-4 lineas longa stricta tenuissima basissubtrinervia, flores magnitudinis eorum A. Jacquini quæ radice annua alusque notis discedit. À. setacea ab ea discedit inflorescentia laxe corymbhosa, petalis calyce longroribus. ARENARIA GLUTINOSA, Sp. nov. (sect. Euthaha). À. perennis cæspitosa, radice fibrosissima, foliis seeus sureulos steriles abbreviatos et partem inferiorem caulium densissime con- fertis setaceo-subtriquetris rigidis strictis oblique mueronatis suba- cerosis margine scabridis infimis abbreviatis sæpe subtetrastiche imbricatis , axillis fasciculos densos foliorum juniorum edentibus, cauhbus floriferis Supra basin dense foliosam ad apicem usque elutinosissimis remote foliosis ad nodos incrassatis superne ter quaterve dichotome trichotomeque ramosis, folus caulinis latiort- bus abbreviatis internodio 3-4°® brevioribus, ramulis pedicellisque fliformi-capillaribus eis flore paulo longioribus, bracteis minimis 218 E, BOISSIER, -— PLANTES NOUVELLES membranaceis triangularibus acuminatis, calyee subgloboso, sepalis coriaceis ovatis acuminatis COnCavIs Carina erassa viridi obtusa per- cursis margine membranaceis miüdis, petalis albis oblongis obtusis calyce duplo longioribus, capsula oblonga apice sexdentata calyce paulo longiori. -— Hab. in Cilicia Trachea CI. P. a Tchihatcheff. Planta dense cæspitosa. Caules inferne parte dense foliifera vix pollicares foliis tenuissimis 3-4 Tineas longis dein laxe et remote foliosi semipedales divisione priori dichotomi dein trichotomi vel dichotomi cum flore in di- chotomia. Calyces À + lineam vix longi. Affinis À. Ledebourianæ Fenzl. a qua differt caulibus multo procerioribus glutinosis nec glabris, inflores- centia multo magis composita, floribus fere dimidio minoribus, sepalis abbreviatis nec oblongo-lanceolatis. À. acerosa B. et Heldr. foliis crassio- ribus abbreviatis, inflorescenñtia contracta, calyce glandulosa etr. longius differt. COUSINIA HUMILIS, D. Sp. C. tota indumento araneoso plus minus cana, eaule nano à bast amoso folioso dense corymboso, fois lanceolato-linearibus vix coriacets supra glabrescentibus pallide virentibus subtus araneoso- canis infimis ultra medium superioribus breviter pmnatilobatis lobis triangularibus in spinas tenues flavidas abeuntibus, caulinis in alam brevein dentato-spinosam decurrentibus , capitulis parvis approxi- mats breviter peduneulatis ovatis folüis floralibus anguste lanceo- lato-subulatis spinulosis suffultis, involueri araneoso-eani squamis anguste lanceolatis subcarinatis rectis apice in spinam glabram flavam abeuntibus, flosculis parpurascentibus, achentis junioribus corrugatis obsoletissime coronulatis, pappi setis seabris achenio æquilongis, — Hab. in Cappodocia orientali CI P. a Tehihatchelf. Planta 3-4 pollicaris polycephala. Folia sesquipollicem longa 3-4 lineas latä capitula multiflora cum floribus circiter sex lineas longa. Valde affi- nis €. brachypteræ DC. quæ differt foliis pinnatipartitis inflorescentia minus contracta involueri phyllis brevius spinosis patulo-subrecurvis. Mezcenium PonTicun, n. sp. (sect. Azalma,. M. perenne radice abbreviata præmorsa subtus fibras longas cylindricas edenti, folis glabris radiculibus petiolo gracili cis æqui- RECUEILLIES EN ASIE MINEURE. 249 longo vellongiori suffultis subæquilateraliter hastato-triangularibus cireumeirea acute crenatis lobis lateralibus divaricatis, caulinis im- ferioribus ad petiolum dilatatum oblongam vaginæformem limbo minimo irregulariter triangulari acute denticulato superatum reduc- tis, superioribus sessilibus à basi lanceolata caudato-acuminatis olanduloso- ciliatis, caule gracili erecto inferne glabro superne glan- duloso-hirto in corymbum laxum paueiflorum abeunti, bracteis lan- ceolato-linearibus peduneulisque floris æquilongis vel brevioribus hirsutissimis, involueri nigricantis phyllis exterioribus 3-/ irregu- lariter brevioribus parce glandulosis , interioribus 8-9 linearibus planis glabriusculis pappum æquantibus, flosculis cæruleis, ache- mis angulatis striatis apice vix angustatis ecoronatis pappo sor- descenti eis æquilongo superatis. — Hab. in montosis humidiuseu- lis sylvaticis Pont centralis inter Seleyailassi et Ketchderessi CL. P. à Tchihatchelf, Semipedale pedaleve, folia radicalia 4 5-2 pollices longa lataque. Corymbus 3-10-florus. Involueri phylla interiora 5 lineas longa lineæ ‘ lata. Species elegans affinis AZ. cacaliæfolio quod est planta multo major caule ramoso foliorum petiolis late appendiculatis et M. azureo quod pappo niveo, foliis lyratis, etc., differt. Rosa Payçra, n.sp. (sect. Caninæ|. R. ramis elongats crebro et breviter ramulosis glabris nitidius- culis rubellis, aculeis sparsis validis valde adunceis basi subeumpres- sis, stipulis late linearibus parte libera triangulari ovatis glandu- loso-ciliatis folis 5-7 jugis ad margines faciem inferiorem et secus petiolos glandulis breviter süpitatis crebris adspersis, foliolis minu- is ovalis acute et crebre a basi ad apicem biserratis dentibus glan- duliferis, floribus ad apicem ramulorum solitariis binisve pedunculo ovario subæquilongo suffultis, bracteis obovatis crenulatis breviter mueronatis, ovario glabro ovato-oblongo, laciniis calyeinis e basi lanceolata longe caudatis simplicibus vel pinnatifidis stipitato-glan- dulosis petala lutea subæquantibus. — Hab. in Phrysia occidental CI. P. à Tchihatcheff. Species foliis floribusque minutis, indumenti natura juxta Rosam ru- 250 E. BOISSIER, -— PLANTES NOUVELLES biginosam collocanda ab ea et affinibus petalis ut in R. eglanteria flavis distinctissima. Fructus infausto casu desunt. Lotus MACROTRICHUS, n. sp. (sect. Eulotus). L. annuus {otus indumento longo patulo albo hispidus pluri- caulis, caulibus ascendentibus pumilis alïis simplicibus aliis a basi ramosis ut et rami erecto-patuli medulla farctis, stipulis magnis basi valde obliqua ovatis acuminatis petiolum æquantibus superanti- busve, petiolo complanato angusto, foliolis obovato-ellipticis utrin- que attenuatis foliorum inferiorum obtusis spathulatis superiorum acuminatis lateralibus duobus sæpe obliquis, floribus 3-5 magnis capitatis peduneulo axillarifolio duplo longiori suffultis, involueri triphylli foholis elliptico-lanceolatis acuminatis calycibus sæpius brevioribus, calyeis longissime et patule hirsuti lacimis lineari- setaceis tubo triplo longioribus vexillo subduplo brevioribus, co- rolla aurantiaca , vexillo obovato , alis obovatis latis carinæ subtus angulo recto eurvatæ longe rostrato-attenuatæ æquilongis, stylo edentulo , stigmate minutissime capitato , leguminibus junioribus angustis linearibus longissimis rectis vel subineurvis. — Hab. in declivitate septentrionali montis Metosis CL. P. a Tchihatcheff. Caules 3-6 pollicares, flores majores eis L. corniculati. Habitus L. Ægeiet sulphurei qui differunt radice perenni, hic dentibus calycinis lanceolatis ille leguminibus multo brevioribus latioribusque. OxoBrycHis PiLosA, n. sp. (sect. Hymenobrychas. O. perennis, caulibus elatis flexuosis simpliciuseulis teretibus patule hispidis, stipulis liberis vel superioribus latere exteriori breviter connatis triangulari-lanceolatis acuminatis, foliis longius- cule petiolatis 5-6 jugis petiolis longe hirsutis griseis , foliolis omnibus subæqualibus petiolulatis oblongo-ellipticis obtusis mu- cronulatis supra glabris subtus adpressiuscule et longe hirsutis, racemis axillaribus longis foho longioribus , bracteis lanceolatis pedicello longioribus , floribus.…… , calyeis dense hirsuli grisei la- cinus lanceolatis longe acuminatis tubo duplo longioribus, legu- mine faleato suborbieulato nitido ad areolam eentralem et margines RÉCUEILLIES EN ASIE MINEURE. 251 breviter crispolanato areolkæ centralis scrobiculata im 4-6 aculeos inæquales producta, erista marginali radiata margine denticulata areola centrali angustiori. -— Hab. in Anti Tauro meridiopali CI. P. a Tchihatcheff. Planta pedalis, folia eum petiolo fere semipedalia, foliola 9-10 lineas longa, 3-4 lata. Legumina diametro majori 6-7 lineas lata. Affinis mdu- mento et foliolorum forma et magnitudine O. vaginali G. À. M. quæ differt Stipulis infimis vaginantibus cæteris longe nec breviter acuminatis legumi- nis densius {omentosis areola centrali tuberculata nec aculeata. Flores ignoti. CAMPANULA STRIGILLOSA, HN. Sp. (sect. Medium). C. tota pilis retrorsum adpressis brevibus albis strigillosa canes- cens basi procumbenti suffruticosa ramosissima ramis rigidis intricalis abbreviatis simplicibus vel superne patule ramulosis, lolis omnibus caulinis rameisque lanceolato - linearibus linea- ribusque imferioribus basi subattenuatis omnibus acutiusculis imargine revolutis Scaberrimis, floribus minulis ad extremitatem ramorum ramulorumque laxe racemosis sessilibus bracteis basila- ribus duabus oblonèo-lanceolatis altera minima altera tubo calyeis paulo breviort , ealyeis valde albo-strigillosi tubo obconico lobis triangularibus acutis tubo paulo brevioribus, sinubus appendieibus reflexis oblongo-triangularibus obtectis, corollæ pallide cæruleæ extus valde strigillosæ ad 3/4-partitæ lacintis linearibus , eapsula sulcata brevi apice truncata poris basilaribus dehiscenti. — Hab. in Cappadoeia orientali CI. P. à Tchihatcheff. Gaules inferne suffrutescentes sæpe prostrati denudati ramos numerosos inter se intricatos vix semipedales-edentes, folia strigosissima patula vel reflexa 8-9 lineas longa 2-3 lata. Flores omnino Phyteumatum a sec- tione Podantho quibus habitu omnino accedit sed calyce appendiculato capsulæque dehiscentia basilari Campanulis Medis hæc strips curiosis- sima adnumeranda est. ANCHUSA ASPERA, N. Sp. A. perennis pallide virens tota secus eaules et folia setis densis basi tubereulats ascendentibus adpressiuseulis altis minoribus sæpe 252 E, BOISSIER. — PLANTES NOUVELLES intermixtis strigosissima , radice vertical simpliciuseula eaule unico inferne præsertim densiuscule folioso superne parce ramoso, foliis infimis lineari-spathulatis inferne attenuatis cæteris linearibus. aeutis omnibus integerrimis, florum racemis sub anthesi scor- pioides subeapitatis fructiferis Taxis abbreviatis, pedicellis brevibus rectis, calvce setis adpressis strigoso chconico ad 2/3 longitudinis in lacinias lineares obtusas partito, fructifero subpatenti vix accreto corollæ glabræ primum carneæ dein cæruleo-violaceæ tubo calyce duplo longiori Hmbi infundibuliformis lacinis oblongis rotundatis, fornicibus oblongis dense aurantiaco-papillosis, nuculis griseis obsolete tuberculatis dorso areolato-angulatis à basi annulari in- trorsum curvalis extremitate acutis sublus carinatis, stylo calycem et nuculas excedente. — Hab. in littoribus Ciliciæ pediæ CL P. a Tehihatcheff. Planta pedalis, folia inferiora cum petiolo tripollicaria superne tres li- neas lata cætera breviora et angustiora, Calyx 2 5 lineas vix longus, corolla 7-8 lineas longa. Nuculæ minutæ. Habitu affinis À: leptophyllæ R. et Sch. quæ differt indumento multo molliori e setis tenuioribus lon- gioribus adpressioribus constanti, calyce multo longiori ad tertiam partem tantum fido tubum corollæ æquanti fructifero accreto subinflato. À. li- nearifolia Urv. eodem indumento tenui non strigoso foliisque apice acu- minatis differt. ORIGANUM LÆVIGATUM, n. Sp. (sect. Enoriganum. O. elaberrimum cauhibus interne longe denudatis procumbenti- bus ascendentibusque dein erectis foliosis superne in paniculam oblongam ob ramos tenues erecto-patulos gracillimam abeuntibus, foliis pallide virentibus subcoriaceis glabris subtus punctis depres- sis obsitis integris brevissime petiolatis ovato-oblongis acutiusculis basi subeuneato-rotundatis, floribus ad apicem ramorum paniculæ spicas paucifloras capituliformes laxiuseulas ercetas formantibus , bracteis anguste lineari-lanceolatis tandem rubellis acutiusculis calyces æquantibus superantibusve, calyeis eylindrico-coniei gla- bri glanduloso-punetati nervoso-costati rubelli dentibus lanceolatis tubo triplo brevioribus æquilongis , fauce intus villosa , corollæ RECUEILLIES EN ASIE MINEURE. 253 purpureæ hirtæ tubo subexserto. — Hah. in Cataonia meridionali et AnhiT'auro. C1. P. a Fehihatcheff. Caules pedales longioresve graciles tenues, folia majora 6-7 lineas longa k lata, panicula 4-5 pollicaris sæpe brevior depauperata spicæ 3-7-floræ, corolla fere 3 lineas longas. Species distinctissima habitu et floribus magnis Origanos sectionis Anatolicon referens sed ab eis spicis erectis, calvcis- que dentibus æquilongis discedens. À speciebus Euorigant glabritie, brac- teis angustis, spicis laxiuseulis paucifloris calvcibus floribusque longioribus distmctissima. Taymus PrüNosUS, n. sp. (sect. Serpyllum). T. totus dense et brevissime papilloso-pruinosus eanescens a collo suffrutescenti eæspitoso-ramosissimus, radice erassa vertiealr, ramis basi denudatis procumbentibus dein erectis densiuseule fo- liosis pumilis , fois parvis anguste linearibus obtusis subtus mar- oine revolutis impunctatis præter indumentum pruinosum inferne sparsim ciliatis, floribus subsessihbus capitula pauciflora terminalia formantibus, folis floralibus conformibus calyce subbrevioribus , calyeis campanulati pruinoso - velutini dentibus labii superioris ovato-triangularibus acuts, inferioris duobus sublongioribus li- neari-lanceolatis, fauce albo-hirsuta coroilæ albæ birtæ tubo sub- exserto. — Hab. in planitiebus excelsis lapidosis Cappadociæ orrentalis inter pagos Gurum et Mandjalik. CI. P. a TehibatchefT. Suffruticulus dense cæspitosus ramis via bipollicaribus, foliis strictis 1 5-2 lineas longis. Flores minimi Calyx linea vix longior. Affine T'. cappadocico Boiss. Diagn. quod differt defectu indumenti pruinosi fo- lus majoribus subtus elevatim uninerviis glanduloso-punctatis , calycinis dentibus plumosis. CALAMINTHA NIVEA, n. sp. (sect. Clinopodium). C. perennis Lota indumento erispo-lanato brevi denso secus cau- les subdetersili pannosa nivea, rhizomate procumbente, caulibus numerosis ascendentibus foliosis, foliis parvis sessilibus ovatis in- tegerrimis obtusis, floralibus diminutis verticillastro multo brevio- ribus, verticillastris 3-5 multifloris subsessilibus remotis, floribus 25/ E. BOISSIER. — PLANTES NOUVELLES subunilateraliter confertissimis, braeteis linearibus minimis, calveis cylindrici albo-velutini glanduloso-punetati basi subgibbi obseure bilabiati fauce albo-villosa dentibus omnibus brevissimis superio- ribus tribus triangularibus acutis villo faucis occultatis, inferiori- bus duobus suBduplo longioribus lanceolatis acutis , corollæ roseæ velutino-hirtæ tubo breviter exserto, filamentis styloque longe exsertis, acheniis minutis oblongis obtusis insertione hirtulis. — Hab, in Cappadocia centrali mter Ketche-Mesara et Guruno locis montosis lapidosis CE. P. a Tehihatcheff. Caules 1-1 + pedales. Folia majora 6 lineas longa 3 lata. Verticil- lasti invicem pollicem vel sesquipollicem distantes, calyx 2 1/4 lineas lon- ous. Species indumento pannoso niveo calycisque dentibus vix perspicuis tubo 6-8-plo brevioribus insignis prope C. origanfolium collocanda. € e % mn” THESIUM HETEROPHYLEUM, nn. Sp. T. monocarpicum? radice vertieali filiformi subsimplici, folus radicalibus subrosulatis sessilibus oblongo-lanceolatis acutiusculis basi attenuatis pinguibus subenerviis margine apicem versus cal- loso-papillosis caulibus plurimis sub rosula et inter ejus folia oriun- dis procumbentibus a basi latere superiori folosis , decurrentia nervi medii foliorum angulatis , folüs lineari-subfalcatis acutis margine papilloso-denticulatis basi cum peduneulis fasciculorum floralium breviter coalitis fasciculos longe superantibus, floribus basi pluri-bracteatis 3-5 in fasciculos breviter pedunculatos con- gestis a basi caulium racemum subunilateralem laxum formantibus, bracteis denticulato-papillosis basi subtus carinatis acutis altero flore longiori cæteris brevissimis triangularibus, filamentis anthera ovata longioribus drupa ereeta sicca ovata nervoso-reticulata peri- gouii laciniis persistentibus rectis lineari-lanceolatis ea brevioribus superata. — Hab. in locis elatis sterilibus Cappadociæ inter urbes A lbistan et Gurum CI. P. a Tchihatcheff. Folia radicalia pollicaria 3-8 © lineas lata. Caules à basi floriferi se- mipedales prostrati foliis caulinis 6-9 lineas longis vix lineam latis. Bracteæ basilares numero probabiliter abortu florum superiorum irregulares forsan RECUEILLIES EN ASIE MINEURE. 299 normaliter tribracteatæ. Species foliis heteromorphis floribusque fascicula- tis notabilis prope T'. kumile et T'. maritimum Meyer collocanda. AGrosris Pisipica, n. sp. A. annua multäicaulis glabra, radice fibrosa, culmis erectis vel basi ascendentibus foliosis foliorum vagina tenuiter striata ligula oblonga acutiuseula imbo anguste linear: superne setaceo-attenuato flexuoso brevi siccitate convoluto , panicula e folio supremo brevi subexserta oblonga nebulosa multiflora, ramis verticillatis pedicel- lisque captllaribus flexuosis apice merassatis spicula pluries lon- gioribus Iæviusculis, spiculis minimis oblongis, glumis æqualibus lævibus nitidis viridibus margine pallidioribus submembranaceis oblongis acutis exteriori trinervia interiori L-nervia, flosculo gla- berrimo mutico glumis sublongiori paleis virentibus obsolete ner- vosis Sublente scabridulis exteriori concava acutiuscula interiori subbreviori lineari obtusa. — Hab. in colhbus herbosis Pisidiæ boreahs inter T'chukur et pagum a hyrkor ad extremitatem meri- dionalem lacus Ægirdir CI. P. a Tehihatcheff. Gaules pedales, panicula sæpe semipedalis 2-3 pollices lata. Affinis ha- bitu et spiculärum magnitudine À. nebulosæ B. etR. quæ ab ea bene distin- guitur ramis paniculæ pedicellisque scabridis, floseulo glumis dimidio bre- viori, etc. AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES NOUVEAUX OU PEU CONNUS, Par M. J.-E. PLANCHON. Plusieurs des notes suivantes datent de l’époque où j'avais le soin de l’herbier de sir William Hooker. Comme , après un intervalle d'au moins six ans, des remarques neuves alors ne l’étaient sou- vent plus aujourd'hui, j'ai dû soumettre toutes ces notes à un tra- vail de révision pour exelure celles qui sont publiées ailleurs , ou compléter ce que d’autres offraient d’arriéré par rapport à la seience du jour. Malgré le soin que j'ai mis à ce travail, je n'ose me flatter de l'avoir toujours préservé d'erreur. En tout cas ce ne seraient pas des erreurs de négligence, mais les omissions inévitables qui résultent de la dissémination des documents dans les mille publi- cations de botanique systématique. Un travail tel que celui-ci ne comporte pas un ordre régulier. Je parlerai donc des plantes à mesure qu’elles se présenteront ; mais une table alphabétique mise à la fin de la série facilitera les recher- ches en indiquant les numéros d'ordre des divers articles. À. OcnranTHE arGuTA, Lindl. Bot. reg., t. 1819 (decemb. 1835 |. — Staphylea simplicifolia, Gardn. et Champ., in Hook., Kew Journ. of Bot., 1, p. 309. — Æyrea vernalis, Champ. et Benth., in Hook., Kew Journ. of Bot., IT, p. 331. Après avoir fait d'abord du genre Ochranthe une famille parti- culière d’affinité très douteuse, le docteur Lindley l’a joint plus tard (Feget. kingd.) aux Cunoniacées. Il y a longtemps que la vue seule de la figure et la lecture de la description m’avaient fait reconnaitre AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 257 dans cette plante une vraie Staphyléacée, peut-être génériquement identique avec le T'urpinia de Ventenat ou le Darymplea de Roxb., deux types dont les limites ne ‘sont pas encore nettement définies. A l'égard de l’affinité des Staphyléacées , je partage pleinement l'avis de M. Bentham, en regardant ce groupe comme voisin des Sapindacées, auxquelles il me parait se lier par l'intermédiaire des Acérinées et des Hippocastanées. 2. Cosræa cuBensis, Ach. Rich., F1. Cub., I, p. 75, tab. 53. — Purdiæa cubensis, Planch. Il n’est pas difficile de reconnaitre dans cette intéressante plante une seconde espèce de mon genre Purdiæa , décrit en 1841 sur un arbuste de la Nouvelle-Grenade. Achille Richard, en plaçant son genre Costæa tout à côté de Cyrilla dans la famille des Ericacées, confirme implicitement les affinités que j'avais signalées entre ces plantes. 9. Zucca. Commers. in herb. Deless. Zucca Commersoniana , Seringe in DC., Prodr. — Momordica mixla, Roxb.!— Wight et Arn., Prodr. F1. pen. ind., 1, p. 819. M. Aug. de Saint-Hilaire , en rapportant le premier le Zucca aux Cucurbitacées, faisait observer avec raison que la bractée de ce genre correspondait exactement à celle des Momordica Cha- ranhia et Balsamina. C'était pressentir avec sagacité la détermi- nation que la vue d'exemplaires authentiques m'a rendue facile. h. MexyanTHes nympHoines, Thunb., F1. jap. Fide specim. ex herb Lugd.-Batav. in herb. Mus. Par. non L. Limnanthemum pelta- tum, Griseb. in DC., Prodr. = Hydropeltis! Ne se distingue pas par les feuilles de l’Æydropeltis purpurea. L'exemplaire porte une fleur trop peu développée pour servir à caractériser l'espèce. En tout cas, il est intéressant de retrouver au Japon un genre signalé déjà à la Nouvelle-Hollande aussi bien que dans l’Amérique septentrionale. £® série. Bor. T. II. {Cahier n° 5.) 1 17 258 J.-E. PLANCHON. 5. BazanTEeæ, End. — Rem. Synops. Le genre Balanites, type unique de cette petite famille, com- prend deux espèces jusqu'ici confondues, et pourtant bien faciles ? à distinguer, savoir : _ 1° Balanites ægypliaca , Delile, caractérisé par ses pétales gla- bres : c’est l'espèce d'Égypte, Eos l , de Nubie et du Sénégal ; | 2% Balanites Roxburgui, Planch. ( Balanites œægyptiaca , Roxb.; Wight, non Delile), à pétales velus. C’est l'espèce de la péninsule de l’Inde. Par une singulière inadvertance , on avait donné à ce genre un albumen abondant. M. Wight a montré que cette sub- stance n'existe pas dans ses graines. L’aftinité du genre est extrêémement obscure. Cependant on ne saurait l’éloigner beaucoup, ce me semble, des Méliacées. Les fleurs ressemblent singulièrement à celles des Soymida ; mais le fruit est entièrement différent. 6. Parasremon , Alp. DC. in Ann. des sc. nat., sér. n, p. 96. — Embelia urophylla, Wall. fide Alp. DC. D’après des exemplaires incomplets, l’auteur avait rattaché avec doute ce genre aux Olacinées. Grâce à des matériaux plus io ba (fleurs et fruits) que renferme l’herbier de sir W. Hooker, j'ai pu reconnaitre dans cette singulière plante une véritable Chry- sobalanée. 7. LepuroreraLow, Elliott., Endl. Gen., n° 4637. Les placentas occupent dans ce genre la portion médiane ou dor- sale interne de chaque carpelle, et non, comme on l’a cru, les bords mêmes des feuilles carpellaires. Par ce caractère il se rap- proche beaucoup des Parnassia, dont plusieurs espèces, par exem- ple, le Parnassia Kotzebuei du nord-ouest de F Amérique , ont l'ovaire très manifestement adhérent par sa base avec le calice. Rappelons à cette occasion un rapport déjà signalé par M. R. Brown entre le Parnassia et les Saxifrages. AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 25u 8. Gyranpra, Wall, List. = Daphniphyllum, Blume. Bijdr., 1153. Type extrêmement curieux, qui me paraît devoir se placer à côte du genre Scepa, LindI. , dans le petit groupe des Scépacées. Une espèce japonaise existe dans l’herbier de Kæmpfer au British Mu- sewm ; mais je ne trouve plus la note où j'en avais marqué le nom. 9. AneniLemA, Blume. Bijdr., p. 1120. Ce genre , que l’on a laissé jusqu'ici parmi les Saxifragées , me paraît appartenir évidemment à la section des Spiréacées parmi les Rosacées. Je n'ai pas vu la plante de Java, mais bien une ou deux espèces inédites de l'Inde septentrionale , que j'ai pu, sans hésita- tion , rapporter au même type générique. 40. Anawra, Wall. F1. Nep., h6, tab. 36. Je pense que ce nom devra céder la place à celui des Dichroa : Loureir. (F1. Cochinch., p. 801), resté perdu jusqu'ici parmi les genres d’affinité douteuse. C’est à regret néanmoins qu’à une déno- mination générique , justifiée par une excellente description et une bonne figure, on devrait en substituer une dont l’objet ne nous est connu que par une description très imparfaite. A1. Carica Pyrirormis, Hook. et Arn. non Willd. — CI. Gay, FT, : Chil.,. p. M3, t. 25 (mala).= Fasconcellea chilensis, Planch. L'ovaire de cette plante est à quatre ou cinq loges. Les graines . dans le fruit mür, sont le plus souvent solitaires dans chaque loge, et s’attachent, non à l'angle interne, mais à l’intérieur de la portion dorsale du carpelle, caractère saillant du genre Fasconcellea. Aussi, bien que l’on ne connaisse pas les fleurs mâles de la plante chi- lienne, on ne peut guère douter de son identité générique avec l'espèce origmale que M. Aug. Saint-Hilaire découvrit jadis au Paraguay, et que j'ai étudiée sur le vivant dans le jardin botanique de Gand, | | 260 J.-E. PLANCHON. 19. Mackaya, Arn. in Jardine’s, Magaz. of zool. and Bot., I, p. 551 (1838). — Endl., Suppl., II, n° 5148. — eu palum, Blume, Bijdr., 921, — Endl., Gen., n° 5148. - Mackaya APE Arn., l. c.= 2 A bn: 14 Planch. Genre tout à fait anomal et devant faire une famille à part (Ery- thropaleæ), dont il n’est pas facile de saisir les affinités. L’estivation des pétales est valvaire. Le fruit ne renferme qu’une graine , dont l'albumen est charnu et l’embryon petit, droit, avec une longue radicule cylindrique regardant le haut de la loge et deux petits cotylédons. Du sommet de la loge unique de l'ovaire pendent trois ovules anatropes. On sait que le port de la plante est celui des Modecca. Le genre Balingayum, Blanco, F1. de F'ilip., p. 187, est peut- être le même type mal décrit ; cependant le nombre de graines que l’auteur porte à six semble s'opposer à cette réunion. 13. AnTaozoma, Labill. Vouv.-Holl., Il, 1921. — Voyage, tt. AA. — Choisy, in DC., Prodr., 1, p. 565. — Endl., Gen., n° 5462. Placé contre toute évidence entre les Margraviacées , ce genre appartient au groupe des Tiliacées-Elæocarpées. Ah. Acrinopñora FRAGRANS, Wall., List, n° 4163. — R. Br. in Horsf., PI. Jav. rar., IN, p. 289, it. 46 (ann. 1852). — Schou- tenia ovata, Korthals in De Vriese, Vederl. Kruidk. Arch., 1, p. 313, ann. 18/5. Il ne peut guère y avoir de doute sur l'identité générique de ces . deux plantes. Les différences qui se remarquent dans les descrip- tions, notamment pour le fruit, tiennent probablement à ce que M. Korthals a décrit cet organe avant sa complète maturité. Une espèce voisine, sinon la même, existe, ce nous semble, dans les collections de Griffith que renferme l’herbier Hooker, où je l'avais autrefois étudiée. AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 26 1 / 15. SocenanrHa, G. Don. Syst., Il, p. 39. S'il est permis d’en juger par la description , ce genre, au lieu d'appartenir à la famille des Rhamnées , serait tout simplement un double emploi du genre Hymenanthera , Rob. Br. , qui me pa- raît être une Violacée, ainsi que l’a reconnu le docteur J.-D. Hooker (F1. of N. Zel., I, p. 17). L’ovaire est, en réalité, uniloculaire. 16. Eucrypia, Cavan. M. Claude Gay, dans la Flora Chilena, 1, p. 348, fait de ce genre une famille particulière, qu'il rapproche encore des Hypéri- cinées, comme on l'avait fait le plus généralement jusqu’à lui. Avant de connaitre la singulière espèce chilienne dont les feuilles sont pinnées, j'avais été frappé des ressemblances de végétation et de caractères qui se présentent entre ce type et les Saxifragées-Cuno- niacées. Les rameaux et les feuilles (dans l'espèce pinnée ) sont comme chez les Feinmannia ; les étamines rappellent celles des Belangera : les capsules ont la déhiscence et la structure du groupe en question , auprès duquel je n'’hésiterais pas à placer les Eu- crypluées, malgré l'insertion hypogynique des pétales et des éta- mines. 17. Hereronenpron , Desf. in Mem. du Mus., IV, 8, tab. 3. — Endl., Gen., n° 5955. Doit rentrer, sans aucun doute, dans la famille des Sapindacées , à côté du Cupania. Le disque interposé aux pétales et aux étamines est un des traits caractéristiques de cette famille, et ne se retrouve pas chez les Térébinthacées. 18. DipcocaLyx cHRYSOPHYLLOIDES, ACh. Rich. F1, Cub., II, p. 81, tab. 54. L'auteur rapporte ce genre supposé nouveau à la famille des Sapotées. Je crois y reconnaître une espèce de Schæpfa (Sch. chry- sophylloides , Planch. ), dont la structure a été mal représentée , surtout en ce qui touche au mode d'insertion des ovules. 262. J.-E, PLANCHON. A9. Sarcorneca, Blume. Mus. Lugd.-Bat., 1, p. 241. = Rou- cheria, Planch. in Hook. Lond. Journ. of bot., VI,p. 144. L'identité de ces deux genres me parait évidente. M. Blume à rapporté sa plante aux Hugoniacées : c’est aussi près de l’Hugonia que j'avais placé le même type, mais en considérant les Hugonia- cées comme une simple section des Linées , opinion dans laquelle je crois devoir persister , aussi bien que dans l’idée de l’affinité étroite des Linées avec les Erythroxylées. 20. Arrasia, Loureiro, Cochinch., 107.— DC., Prodr., WE, 399. Endl., Gen., n° 5150. Ce genre, décrit d’une manière tout à fait inexacte et sur des éléments de plantes disparates (au moins en ce qui regarde le fruit), a été mis provisoirement à la suite des Cueurbitacées. L’échantillon authentique de Loureiro , dans l’herbier du Muséum , n’a que des boutons ; mais on ne saurait douter que ce ne soit tout simplement une espèce de Vitex ( Vitex Allasia, Planch. ). Les rameaux, le dessous des feuilles, les cymes et les calices sont couverts d’un tomentum épais de couleur rousse. Il est probable que cette espèce est très voisine du Vitex lanigera, Schauer in DC., Prodr., XI, p. 695 , qui croit dans l’île de Madagascar, c’est-à-dire non loin de la côte de Mozambique, patrie de l’Allasia Payos , Lour. 21. XyLopia uNpuLara, Pal. Beauv., F1. d'Ow., I, p. 27, tab. 16 (Icon pessima), fructu excluso. — Monodora Myristica, Dun. — Bot. mag., tab. 3059 (Saltem Monodoræ sp.). Depuis longtemps le Xylopia undulata de la Flore d’Oware reste, comme beaucoup d’autres plantes de cet ouvrage plus bril- lant qu’exact, une énigme indéchiffrée. Les caractères de la fleur empêchaient évidemment de le laisser parmi les Xylopia , et sur les renseignements erronés que l’auteur avait publiés, on s’explique aisémen que M. Dunal et De Candolle en aïent fait une espèce d’'Unona. La vérité me paraît être dans la synonymie qui commence cette note, et je n'hésite pas à croire que le prétendu Xylopia , tel que de Beauvois le représente, est formé d’une branche fleurie de AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 263 Monodora Myristica, sur laquelle on à greffé le fruit d’un vrai Xylopia , probablement de la Maniguette ou Poivre de Guinée. J'ai sous les yeux, dans la collection Delessert, les fragments de l’exemplaire très imparfait de la plante de Beauvois : il ne s’y trouve pas un seul fruit. On peut même aisément soupçonner que le fruit figuré sur la branche v aura été fixé par l'imagination du dessinateur ; car ce fruit porte un numéro comme les détails analy- tiques isolés. En confrontant la figure du X'ylopia undulata et celle du Bota- nical magazine qui représente le Monodora Myristica, 11 faut se rappeler que le coloris des planches de la Flore d'Ovvare est le plus souvent fantastique. Si, d'autre part, on n’aperçoit pas sur la figure du Monodora la bractée qui se voit sur le pédicelle des fleurs du soi-disant X'ylopia, cette bractée est mentionnée dans la descrip- lion que trace sir William Hooker. Les autres différences s’effa- ceront probablement par la comparaison des exemplaires des deux types. Si l'identité que je signale ici se trouve définitivement établie , on aura confirmé le soupçon émis depuis longues années, par la sagacité de M. Rob. Brown, sur l’origine africaine du Monodora Myristica. Cet illustre botaniste suppose que l'arbre en question a pu être transporté par les nègres de la côte occidentale d'Afrique dans les Indes occidentales, où il n'existe que cultivé. Le genre Xylopia , bien caractérisé par l’estivation des pétales et par le fruit (et renfermant, comme l’a reconnu Ach. Richard, les genres Cælocline et Habzeha, DC. fil.), n'existe pas seulement en Amérique et dans l'Afrique tropicale. J’en ai reconnu dans l’herbier de sir William Hooker plusieurs espèces encore inédites et sans nom, appartenant aux Flores de Ceylan et de Malacca. 29. Ononranpra AcuMINATA, Humb. et Bonpl. in Rœm. et Schult., Syst., V, p. 511. Nov. gen. et sp., VII, p. 229. L’apparence de la plante est tout à fait celle d’un Zeica à feuilles unfoliées. L’estivation de la corolle est valvaire comme dans les Icica, près desquels ce genre doit probablement se ranger. 264 À J.E, PLANCHON. 23. Acrossanraus, Presi. Bot. Bemerk., p. 22. — Walp., Annal. bot., 1, p. 129. = Fismiæ sp. L'auteur rapporte sa plante aux Guttifères ; il est évident, d’après la description même, qu’il s’agit tout simplement d'un Fisma. 2h. Garraria, Zoll. et Moritzi, Verzein. der auf Jav. versamm. Pflanz., p. 19 (ann. 1845-1846). — Walp., Ann., I, p. 633. — Cremostachys, Tul. in Ann. sc. nat., sér. m, vol. XV, p. 299. — Bennetia, Rob. Br. in Wall., List, n° 8555 A. B. C. D., et in Horsf., PI. Javw. rar., p. 245, tab. 50. L'identité de ces trois genres est positive. Mais il y a là une question de priorité très délicate que je ne prends pas sur moi de décider, savoir : si les noms autographiés dans le catalogue de l’her- bier de la Compagnie des Indes , herbier distribué dans les grands centres d'étude de l’Europe, doivent ou non être préférés à des noms publiés avec l’accompagnement de descriptions. Il est no- toire, du reste, que M. R. Brown, avant de faire paraitre la des- cription du Bennetia, avait communiqué ce genre à ses amis de Londres, de Paris et probablement d'Allemagne. 25. Curisraxraus, Hook. fil., in Hook. Zcon. pl., t. VIII (1848), … 101. 779. = Candelabria, Hochst. in Regensb. Flora, ann. 1843, pe 7 Euphorbiacée voisine du Briedelia, certainement très différente des Passiflorées et des Samydées , parmi lesquelles on a rangé le genre Candelabria.—Cleistanthus polystachyus, Hook. fil. = Can- delabria polystachya , Planch. 26. PenrapayLax, Gardn. et Champ. in Hook. Journ. of Bot. and Kew. Gard., Misce., 1 (1849), p. 244-245.—Champ. in Trans. Soc. Linn., 1853, vol. XXI, p. 114, tab. 12. Ce singulier genre de Ternstræmiacées , avec ses anthères ou- vertes par des pores , me paraît apporter une preuve nouvelle à l'appui du rapprochement intime des Ternstræmiacées et du groupe des Bicornes. AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 265 27. Scepa, Lindi. Zntrod., ed. 1, p. 44A.-—Endl., Gen., n°1897. — Confer : Aporosa, Blume, Bidr., p. 514. — Endl., Gen., 1877. Si cette identité que nous signalons est confirmée, le nom d’Apo- rosa, publié en 1825 , devra prévaloir sur celui de Scepa , posté- rieur à 1830. Dans ce cas, on devrait changer le nom de ScEPACEZ, Lindl. en celui d’Aporosez, Lindl. (sub Scepaceæ). 28. Lozania, Seb. Mutis. — DC. Prodr., II, 30. — Endl., Gen., n° 6074. Genre mal connu , évidemment étranger aux Vochysiacées. Je pense , d’après la description , que ce n’est rien autre que le Laci- stema de Swartz. Les Lacistémées me paraissent assez justement placées par le docteur Lindley à côté des Flacourtianées. 29. ArisroTeLia, Herit. = Friesia, Auct. (pro parte). . Voir ce que dit à ce sujet (F4. of N. Zeland., T, p. 38) le docteur J.-D. Hooker, dont je me plais à reconnaître la parfaite loyauté, lorsqu'il a parfois occasion de faire usage des rapprochements opé- rés par moi, dans l’herbier de sir William Hooker, entre des genres litigieux. G. Don, d’après le docteur Hooker, aurait signalé le pre- mier la ressemblance des anthères entre les Aristoteha et les Elæocarpées. Mais c’est bien par moi (et non par G. Don) qu'a été constatée l’identité générique entre l’Aristotelia et le Friesia, au moins en ce qui regarde le Friesia racemosa, All. Cunningh. (Dicera ? serrata, Forst. Aristoteha Forsteri, Planch. mss. in herb. Hook. Aristotelia racemosa, Hook. fil.). C’est bien moi qui, sans connaitre le passage de Don, ai mis dans l’herbier Hooker l’4- ristotelia parmi les Tiliacées-Elæocarpées. A l’époque déjà ancienne où je reconnaissais ces affinités, j’éta- blissais aussi dans mes notes celle des Trémandrées avec les Élæo- carpées, rapprochement que M. Steetz a confirmé sans connaître mes idées , en plaçant les Trémandrées à côté des Lasiopétalées, c'est-à-dire dans la classe qui renferme les Tiliacées et les Mal- vacées. | 266 J.-E. PLANCHON. — AFFINITÉS, ETC. 30. CHEIRANTHERA , AI Cunningh.— Bot. Reg., tab. 1719. — Brongn., Voy. de Duperr., Bot.,t. 77.-— Hook., Zcon., t. 47. — F1. des serr., tab. 856. Ce genre est un de ceux par lesquels s’établit, de la manière la plus évidente, l’affinité trop méconnue entre les Pittosporées (dont il fait partie) et les Violacées. 91. ANISOSTEMON TRIFOLIATUS, Turezan. in Bull. de Moscou, XX, p. 454. = Connarus polyanthus, Planch. in Linn. trans., XXIIT, p. 4928. L'auteur rapprochait ce genre , supposé nouveau , du Pegia et du Solenocarpus, qu’il ne connaissait pas, mais qu'il pensait appar- tenir aux Térébinthacées. C’est bien évidemment un Connarus, 92, Dapania, Korthals in De Vriese, Nederl. Kruidk. Arch.,185h, p. 884. L'auteur place ce nouveau genre dans la famille des Chrysobala- nées, dont il s'éloigne par son insertion hypogynique, son fruit à cinq loges , ses graines pendantes et pourvues d’albumen. On s’é- tonne d'autant plus de cette détermination, contraire à toute évi- dence, que M. Korthals signale les rapports du Dapania avec les Connaracées, d’une part, et les Oxalidées de l’autre. C'est, en effet, à côté de l’Averrhoa que ce type doit se placer. Je le connais- sais depuis longtemps dans les collections de feu Griffith (Herb. Hooker) , et le regardais alors, aussi bien qu'aujourd'hui, comme une vraie Oxalidée par 1es caractères carpiques et floraux, mais en même temps comme le lien évident de cette famille avec les Con- naracées. (La suite à un prochain numéro.) SUR LES CYSTOLITHES , OÙ CONCRÉTIONS CALCAIRES DES URTICÉES ET D'AUTRES VÉGÉTAUX , Par M. H.-A. WEDDELL, Aïde-naturaliste au Muséum. Vers l’année 1827, J. Meyen découvrit, dans les feuilles du Ficus elastica, et dans celles de plusieurs autres espèces du même genre, certains corpuscules pédicellés qu'il supposa formés de gomme ou d’une matière analogue ; 1l constata que ces corpuscules grossissaient par la superposition de nouvelles couches, et qu'ils se couvraient enfin de dentelures composées d’une matière cris- talline calcaire , soluble avec effervescence dans les acides (car- bonate de chaux }. Longtemps après la découverte de Meyen , M. Payen entreprit l'étude des mêmes corps, dont il démontra la présence dans un grand nombre d’autres plantes de la famille des Urticées, et il con- clut de ses recherches que leur matière constituante, regardée par Meyen comme étant de nature gommeuse , était de la cellulose, et que celle-ci y formait non des couches concentriques , mais de véritables cellules réunies en grappes, et destinées chacune à la sécrétion d’une certaine quantité de carbonate de chaux. Cette manière de voir, adoptée par plusieurs botanistes, a été combattue par quelques autres. Aïnsi M. Schleiden, qui s’éleva, le pre- mier, contre elle, semble penser que les corpuscules qui nous occupent sont analogues à ces dépôts qui obstruent à la longue la cavité de quelques poils, chez les Boraginées, par exemple, et que l'on voit, notamment dans le Figuier ordinaire, former un pro- longement dans la cavité du bulbe de ces mêmes poils. Les cellules dans lesquelles prennent naissance les corpuscules seraient même, dans l'opinion de M. Schleiden , des poils urticants dont la base seule se développerait. Le seul argument qu'il soit nécessaire d'op- 268 H,-A, WEDDELL. poser à cette théorie, c'est que les corps en question apparaissent souvent bien au-dessous de l’épiderme, et même dans la moelle elle- même. Le dépôt contenu dans les poils du Figuier s’y forme d’ail- leurs d’une tout autre façon que les corps gommo-calcaires pédi- culés de Meyen, et se comporte avec les réactifs d’une manière très différente (1). Plus récemment encore, la théorie de M. Payen a trouvé un antagoniste dans M. Hermann Schacht, auquel on doit un Mémoire fort étendu sur ce sujet. Je me contenterai de dire ici qu’il n’ajoute absolument rien d’essentiel à ce que Meyen nous avait déjà dit de la constitution anatomique des corps dont on lui doit la découverte. M. Schacht partage d’ailleurs tout à fait l'opinion de M. Payen relativement à leur constitution chimique, et nous les montre, en outre, caractérisant le tissu d’une autre grande famille de plantes, les Acanthacées, où leur présence paraît avoir été d’abord consta- tée par M. Gottsche d’Altona. Enfin, j'ai eu, moi-même, l’occasion, il y a quelques années, d'étudier ces singuliers petits corps ; et le résultat de mes observa- tions a été également tout à fait d'accord avec celui auquel était arrivé Meyen, du moins quant à la constitution de la partie renflée des corpuscules. Frappé alors des différences qui me semblaient exister entre ces corps développés dans des cellules spéciales et toutes les autres sécrétions minérales des végétaux, je leur donnaiï le.nom de cystolithes (de xôoru, vessie et Abo, pierre). Ces con- crétions jouent d’ailleurs dans la physionomie des végétaux où ils se rencontrent un rôle plus important qu'on ne serait d’abord tenté de le supposer, et peuvent fournir pour la diagnose des caractères précieux ; il était donc utile qu’on püt les désigner plus clairement qu'on ne l’avait fait jusque-là. Leur figure la plus ordi- naire est celle d’un sphéroïde; mais dans un grand nombre d'Urti- cées, et dans beaucoup d’Acanthacées (2), ils affectent une. forme (1) Ce n’est pas à dire cependant que les cellules épidermiques, au sein des- quelles naissent les corps pédicellés, ne puissent prendre plus ou moins la forme de poils. Ce cas est même normal chez certains Figuiers (fig. 2). (2) J'ai constaté, après MM. Gottsche et Schacht, la présence de cystolithes dans la. plupart des genres de cette famille : elle y est. cependant moins SUR : LES CYSTOLITHES. 269 oblongue ou plus ou moins linéaire, atténuée vers les extrémités ; d’autres fois celle d’un arc, ou plus rarement d’un fer à cheval. Dans la plante vivante, ils ne sont visibles que par la dissection ou par transmission de la lumière ; les feuilles qui les recèlent pré- sentent alors, étant vues à la loupe, des lignes ou des points trans- lucides, dont on aurait cependant de la peine à tirer des caractères diagnostiques précis. Il n’en est plus de même lorsque la plante est desséchée. En effet, les cystolithes ne subissant pas, par l’évapora- tion, le même mouvement de retrait que le reste du tissu de la feuille ou de la tige, sont en quelque sorte poussés au dehors, et le tissu mince et membraneux qui les recouvre se moule si exacte- ment sur eux, qu'on à de la peine à croire, en les voyant ainsi (fig. 11), qu'ils étaient cachés, auparavant, dans l’épaisseur de l'organe. Beaucoup de botanistes, trompés alors par leur forme souvent linéaire, par leur couleur blanchâtre , et, en particulier, par leur relief remarquable, les ont décrits comme des poils adnés, d’autres comme des poils malpighiacés, ou enfin comme de simples tubercules. Gaudichaud (Voyage de l'Uranie, part. bot.) est le premier qui ait reconnu leur nature minérale ; seulement il les regardait comme de véritables raphides : opinion adoptée depuis par plusieurs auteurs, mais qui ne peut soutenir un examen sérieux. Toujours est-il que les eystolithes, rendus visibles à l’exté- rieur par la dessiecation, fournissent des caractères spécifiques et même génériques , bien précieux dans une famille aussi naturelle que celle des Urticées. Parmi les genres de ce grand groupe, où ces petits corps fournissent surtout de bons caractères, je citerai ici, en particulier, le genre Pilea , dont les espèces connues s’élèvent au- jourd’hui à plus de cent ; et le genre Elatostema qui en compte près de quarante. Un autre genre d’Urticées , portant le nom de Myrio- carpa , peut être reconnu au premier abord, et en l’absence des organes de la fructification, par la disposition rayonnante des constante dans les plantes de ce groupe que chez les Urticées. M. Schacht fait, en effet, remarquer, et avec raison, qu'ils manquent complétement dans un ou deux genres d’Acanthacées, tandis que les nouvelles études que j'ai eu occa- sion de faire sur les vraies Urticées me portent à croire qu'aucune espèce de cette famille n’en est dépourvue. 270 H.-A. WEDDELL, cystolithes autour de la base des poils qui hérissent la surface supé- rieure de ses feuilles. Dans toutes ces plantes , les corpuscules cal- caires sont généralement plus ou moins fusiformes ou linéaires ; dans la plupart des Orties piquantes , au contraire, dans les Parié- taires et les Boehmériées, ils sont presque constamment sphéroï- daux, et se présentent à l'œil, dans la plante desséchée, sous forme de points saillants , qui, souvent, donnent à la feuille une certaine aspérité que l’on chercherait en vain sur la plante vivante. Toutes les fois que j'ai cherché à étudier le développement des eystolithes sphéroïdaux, il ne m’a pas été difficile d’apercevoir leur pédicule, bien qu’il soit quelquefois d’une grande ténuité ; mais cette ténuité du filament suspenseur est poussée encore plus loin chez les cystolithes linéaires, à tel point que M. Schacht avoue l'avoir cherché en vain. I n’est cependant pas douteux qu'il n'existe, au moins dans la première période du développement du corpuseule , car si on regarde la cellule de dehors en dedans, on aperçoit toujours un petit point sur sa paroi extérieure, trace évidente de l'insertion de ce pédicule. Il peut arriver d’ailleurs que le suspenseur se trouve, à la longue, complétement dissimulé par les couches nouvelles ajoutées successivement au corps de la conerétion, qui semble être sessile sur la paroi de la cellule qui lui à donné naissance. Elle simule, en quelque sorte, alors, un poil malpighiacé développé dans l'intérieur d’une cellule. Le volume des cystolithes est extrêmement variable ; ceux dont la forme est linéaire ou fusiforme atteignent cependant ordinaire- ment de bien plus grandes dimensions que les autres. Pen ai ob- servé dans plusieurs espèces de Pilea, dont la longueur était de plus de 4 millimètre. Il y en a, d'autre part, de forme sphéroïdale, dont le diamètre est à peine de 2 ou à centièmes de millimètre. J'ai pu maintes fois constater, et, à ce qu'il m’a paru sans pos- sibilité d'erreur, la disposition par couches concentriques de la substance du corps des cystolithes (fig. à et 10); mais, dans aucun cas , le pédicule ne m'a présenté les couches superposées figurées par Meyen et M. Schacht; il m'a toujours semblé être un appen- dice parfaitement homogène de la paroi cellulaire, de lépaississe- ment eirconserit et non interrompu de laquelle il est résulté SUR LES CYSTOLITHES. 271 (fig. 1,2, ete.); aussi sa substance se comporte-t-elle avec les réac- tifs exactement de la même façon que la substance de cette paroi, si ce n’est que l’iode y décèle plus fréquemment des traînées de ma- tières azotées. C’est là un fait que M. Payen n’a pas manqué d’indi- quer ; et il n’est guère douteux que cette matière ne soit pour quelque chose dans le rapide développement de ces corps. Peut- être le pédicule , dirigé vers le centre de la cavité cellulaire , y agit-1l à la manière d’un corps étranger , autour duquel se dépose- rait la matière calcaire. Quoi qu’il en soit, la concrétion et son pédi- cule restent toujours organiquement bien distincts (fig. 3). Quant au rôle physiologique des eystolithes considérés dans leur ensemble, il est difficile de le déterminer avec précision ; si cepen- dant on a égard à leur situation , à l’époque où ils acquièrent leur complet développement (le moment de la chute des feuilles), et enfin, à leur composition, on est amené à les regarder plutôt comme un genre d’excrétion, que comme une sécrétion utile à quelqu’une des fonctions du végétal. Sous £e rapport, les eystolithes peuvent donc fort bien être assimilés aux autres matières minérales que l’on rencontre dans les cellules végétales, et en particulier à l’état de cristaux. On sait que Link a comparé ces derniers aux calculs que l’on rencontre chez les animaux ; mais l’analogie entre certains de ces calculs et les cystolithes me parait être bien plus remar- quable. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 18. N. B. Les lettres suivantes servent à désigner les mêmes objets dans toutes les figures. ep : épiderme. c: cystolithe. p : pédicule d'un cystolithe , ou corps destiné à en devenir un. Le chiffre qui suit le numéro d'ordre de la figure indique le nombre de dia- mètres dont l’objet a été grossi. Fig 4 (850 d.). Cellules épidermiques de la face supérieure d'une feuille d’un Figuier exotique (Ficus salicifolia ?) ; de la paroi supérieure de l'une d’elles, plus développée que ses voisines, est né un appendice claviforme homogène , dont l'extrémité libre deviendra le noyau d’un cystolithe. 272 H.-A. WEDDELL. — SUR LES CYSTOLITHES. Fig. 2 (550 d.). Cellule épidermique d’une feuille de Ficus montana (Hort. par.), dont la paroi développée, d'un côte, en un poil très court, a donné nais- sance, de l’autre, à un appendice analogue à celui présenté par la figure précédente. Fig. 3 (200 d.). Cystolithe de l'épiderme d'une feuille de Ficus bengha- lensis , privé de son élément calcaire par l'action lente d’un dissolvant; les couches concentriques (c") qui composent la concrétion sont ainsi rendues visibles par transparence, de même que l'indépendance de l’appendice clavi- forme, dont l'extrémité libre lui a servi de noyau. Fig. 4 (300 d.). Coupe verticale de la feuille du Boehmeria nivea. Une cellule très développée et légèrement proéminente de l’épiderme supérieure renferme un cystolithe lobulé d'une grande élégance. Fig. 5 (550 d.). Cystolithe globuleux d'une feuille de Pariétaire commune, arrivée à son complet développement et suspendue par un pédicule extrême- ment grêle; sa surface est tuberculeuse. Fig. 6 (550 d.). Cystolithes jeunes de la même plante; leur surface ne s'est pas encore hérissée de tubercules ; l’épiderme de la face inférieure de la feuille porte un poil crochu. Fig. 7 (250 d.). Cystolithes d'une feuille du Pilea decora, vus, par trans- parence, à travers l’épiderme de Ja face supérieure. En p' se remarque un petit point au-dessous duquel est inséré le pédicule de la concrétion; st, stomate. Fig. 8 (250 d.). Coupe tangentielle d'une feuille du Püilea decora, ana- logue à celle représentée par la figure précédente, mais vue en dessous; la forme des cellules, très développées inférieurement, qui renferment les cysto- lithes, y est mise en évidence. Fig. 9 (550 d.). Cystolithe arqué d'un Pilea (P. densiflora? ), pendant de la paroi supérieure d'une cellule dont il n’a été représenté qu'une petite partie. Fig. 10 (550 d.). Coupe transversale de la concrétion pions, montrant la disposition concentrique de ses couches. Fig. 41 (60 d.). Petite partie de la surface supérieure d'une feuille desséchée de Pilea ; on y remarque, en c’, l'apparence présentée par les cystolithes, lors- que, par le retrait du parenchyme, ils sont poussés au dehors, n'étant plus re- couverts alors que par le tissu membraneux qui s’est moulé sur leur surface. MÉMOIRE SUR LES FORMATIONS SECONDAIRES DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, ET SUR LES FORMATIONS SPIRALES , ANNULAIRES ET RÉTICULÉES, EN PARTICULIER, (Lu à l'Académie des sciences dans les séances du 26 juin et du 6 novembre 1854.) Par M. A. TRÉCUL., De toutes les parties de l’anatomie végétale , celle sur laquelle on a le plus discuté, et sur laquelle on est encore le moins d'ac- cord, c’est la structure et l’histoire des vaisseaux, DC., Org. ves., t.l, p. 31. Les formes si élégantes et si variées de ces jolis organes ont vive- ment intéressé les botanistes depuis bientôt deux siècles ; mais les formes spirales sont celles qui ont le plus excité l'admiration, Chacun voulut les connaître et chacun les décrivit, aidé souvent de: moyens amplifiants bien imparfaits ; aussi existe-t-il sur leur struc- ture.et leurs fonctions les opinions les plus différentes ; et c’est des trachées surtout que l’on peut dire qu'iln’est pas possible d'émettre sur leur structure une idée qui n’ait été formulée. En effet, sont- elles constituées par une simple fibre contournée en hélice , allant. soit à droite , soit à gauche, ou ici dans un sens, là dans un autre ? La fibre est-elle plate, cylindrique, plus ou moins déprimée, creusée en gouttière ou tubuleuse à l'intérieur? Est-elle accompagnée ou non d’un tube membraneux ? Ce tube environnie-t-1l la spiricule, ou est-il entouré par elle ? Ou bien y a-t-1l seulement une membrane interposée entre les tours de spire ? La spire est-elle adhérente à la membrane ou libre dans sa cavité ? Y a-t-1l deux membranes, l’une interne par rapport à la spirieule , l’autre externe? Les opinions ne sont pas moins nombreuses sur les autres par- £° série. Bor. T. II, ( Cahier n° 5. ) ? 18 271 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES ties du sujet; aussi faut-il avoir une grande confiance dans ses observations pour se décider à écrire sur une pareille question, et surtout pour émettre des idées nouvelles. C’est pourtant ce que je me propose de faire dans ce travail. Je sais bien que l’on pourra me dire : Osez-vous prétendre faire prévaloir, mieux que ceux qui vous ont précédé, votre opinion personnelle ? Je n'hésite pas à répondre que oui, parce qu'il ÿ a aujourd'hui une multitude d'excellents in- struments répandus dans un grand nombre de mains exercées , et que la vérification des faits séra, par conséquent , prompte. L’Aca- démie sait d’ailleurs que je ne fais jamais une asserlion sans avoir à ma disposition les objets susceptibles de prouver ce que j'avance. Aujourd'hui done , comme toujours, je suis en mesure de donner des preuves capables de porter la conviction dans les esprits. Avant de donner la description des faits qui font le sujet de ce mémoire, je ferai, d'une manière assez étendue , l’histoire de l’im- portante question que je me propose de traiter. C'est un micrographe anglais qui, le premier, a parlé des vais- seaux spiraux. Il montra les trachées du Noyer à la Société royale de Londres, dans sa séance du 48 mars AC61, etil fit voir qu’elles s’allongent en hélice. On trouve à cette date, dans le procès-verhal de la séance (The history of the royal Society of London, by Birch., 1756, t. L'", p. 37), la phrase suivante : «17. Ienshaw exhibitel the spirals of nut-lrees, shewing, that lhey grow snailwise. » Ce qu'il y a de singulier, c'est que Grew, qui était membre de la Société royale , et qui, dix ans plus tard , publiait son Anatomy of plants, en T67L, ne parait pas avoir eu connaissance de ce fait, dont il ne dit rien dans son ouvrage. Il ne parle pas de ces spirales si intéressantes pourtant, et qu'il s'applique à décrire avec tant de détail dans son édition de 1682. Dans la première, il signale seule- ment deux sortes de pores dans le corps ligneux du bois, et une troisième espèce beaucoup plus petite qui lui a été montrée par M. Hook, membre aussi de la Société royale; mais il ne dit rien qui dénote la connaissance de la structure intime de ces vaisseaux et de ces fibres ligneuses ; car, sous le nom de pores, il comprenait les uns et les autres. | Si c’est à Henshaw qu'appartient la découverte des vaisseaux DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 275 Spiraux c'est à Malpighi que revient l'honneur de les avoir décrits le premier et de les avoir appelés trachées, à cause de leur analogie avec celles des insectes. HS se trouvent décrits dans son Anatomes plantarum idea, Lond., 1675 ; et dans ses Opera omnia, Lugd. Bat., 1687, Malpighi dit (Anatomes plantarum idea, page 3) qu'il y a dix ans qu'il étudie les vaisseaux spiraux (spirales fistulæ), et qu'il les à trouvés dans les parties ligneuses de toutes les plantes. Ils sont moins nombreux, continue-{-1l, que les fibres ligÿneuses , mais plus gros qu'elles, de manière que leur ouverture se voit distinetement sur des eoupes transversales de la tige, dans laquelle ils occupent des positions diverses; cependant 1l pense que le plus souvent ils sont placés en cercles concentriques autour de l’axe du végétal. Ces canaux spiraux n'ont pas toujours la même forme ; mais le plus souvent elle est oblongue et tubuleuse , et se rétrécit un peu çà et là, de telle sorte qu'ils sémblent autant d’utricules s'ouvrant lesunes dans les autres ; d’autres fois ce sont désutricules polygonales formant un tube continu. . Malpighi a vu (Anal. plantarum, page 9) que, dans le Chêne, les plus grands vaisseaux spiraux contiennent des espèces de vési- cules pulinonaires, dont il donne une excellente figure planche VI, figure 21 , en M : ce sont des cellules quelquefois de forme ovale, dit-il , fermées par un bout, et s’ouvrant les unes dans les autres, de manière qu'elles paraissent peu différentes des vésicules pulmo- naires des insectes. il est bien évident, par ses deseriptions et par ses figures , que Malpighi appelait indifféremment spirales fislulæ , tracheæ, tous les vaisseaux du bois. Les vésicules pulmonaires qu'il observa dans les plus gros vaisseanx du Chêne sont de là nature des cellules qui se développent assez souvent dans ces organes chez un grand nombre de végétaux. « Les canaux spiraux (Anat. plantarum idea, page 3) sont com- posés d’un ruban étroit, ténu, transparent, de la couleur de lar- gent, disposé en hélice, et soudé par les côtés de façon à constituer un tube un peu rude à l'extérieur et à l’intérieur ; l'extrémité du ruban ou de la trachée étant tirée, celle-ci, chez lés plantes et chez les insectes, ne se résout pas en anneaux séparés comme la trachéé 976 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES des animaux parfaits ; mais elle se divise en un ruban unique par la traction. Dans les herbes et dans quelques arbres, surtout en hiver, on est témoin d’un joli spectacle, quand on rompt avec pré- caution une tige ou un rameau vert; il reste à l'extrémité des frag- ments des portions de trachées déroulées, qui conservent quelque- fois pendant longtemps une sorte de mouvement péristalhique , duquel il est possible de déduire peut-être le mouvement observé dans le Mimosa pudica. » Il dit aussi ( Anat. plant., p. 9) que la lame grêle, de couleur d'argent et contournée en spirale, est revêtue de corpuscules squa- meux comme la peau des poissons. Comme il regarde aussi les vaisseaux ponctués comme des trachées , il est probable qu'il a pris les ponctuations pour des écailles. Neb. Grew (Anatomy of plants, 1682) appelle vaisseaux à air (aer-vessels) tous les vaisseaux du bois. I les considère (p. 417 e suiv. ) comme très souvent formés par une bandelette de largeur variable, ou fréquemment aussi par un fil cylindrique contourné en hélice. Que l’on se figure, dit-il, un étroit ruban roulé en spirale autour d’un bâton, on aura l’image d’un vaisseau à air, lorsque après avoir retiré le bâton, le ruban restera seul. Mais ce vaisseau, qui semble composé d’un fil disposé en spirale , est en réalité, sui- vant Grew, formé de deux sortes de fibres : les unes courent paral- lëlement en spires, et ne sont point adhérentes entre elles ; les au- tres courent en travers de celles-ci, et les lient les unes aux autres, de manière que les premières représentent la chaine d’un tissu , et les dernières la trame. DE Comme dans un üissu les fibres de la chaîne et celles de la trame peuvent être de différente grosseur, si ce sont celles de la chaîne qui sont beaucoup plus grosses, et, par conséquent , plus fortes que celles de la trame, le vaisseau se déchire en spirale. Les fibres de la trame peuvent être elles-mêmes plus où moins grosses ; là où elles sont plus fortes, comme dans la racine, il faut une plus grande quantité de chaîne, c'est-à-dire une plus large bandelette ou fibre pour les surpasser en force ; tandis que où elles sont beaucoup plus petites, comme dans les tiges et les feuilles , un fil de la chaine , DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 277 c'est à-dire une seule fibre spirale, sera assez forte par elle- même. Grew distingue dans les plantes (p. 118 ) deux parties substan-- tiellement différentes : l’une médullaire, l’autre ligneuse ou textile. Les vaisseaux sont de même substance que la moelle et les autres parties parenchymateuses ; 1] à reconnu dans celles-ci la même texture. Aussi pense-{-il que beaucoup de vaisseaux, au moins ceux qui ne sont pas nés avec la semence, tirent leur origine des éléments parenchymateux. Ceux-ci semblent, par une certaine altération dans la qualité , la position et la texture de leurs fibres , avoir été trans- formés en vaisseaux aériens. Et comme la moelle elle-même, par la rupture et la contraction de plusieurs rangées de vésicules, de- vient souvent tubuleuse , lacuneuse , de même il est possible que dans d’autres parties du parenchyme , une seule rangée ou file de vésicules régulièrement et perpendiculairement empilées, puissent souvent, par la contraction de leurs fibres horizontales , communi- quer les unes avec les autres, et former une cavité continue où un tube. A-t-on aujourd’hui une autre idée de la constitution des vais- seaux ? À part sa manière de voir sur la texture de la membrane uiriculaire , nous professons à peu près les mêmes opinions. Et si l'on remarque que Meyen (et plus récemment M. Krüger) admettai: que la membrane utriculaire était composée de fibres longitudi- nales , et que les anatomistes les plus modernes reconnaissent que cette membrane est doublée à l’intérieur, à l’origine des formations secondaires, d’une ou plusieurs fibres roulées en hélice , doit-on s'étonner beaucoup que Grew ait cru ces fibres entrelacées comme celles d’un tissu? Avec les mstruments amplifiants que possédait Grew, on conçoit très bien que certaines formations réticulées , rayées ou ponctuées , lui aient inspiré la pensée de ces fibres de largeur variable dans la chaine et dans la trame , qu'il s’imaginait reconnaître dans les vaisseaux. Toujours est-1l que c’est lui qui , le premier, avec Malpighi qui l'avait déjà indiquée, a vu sous son véritable jour la composition utriculaire des vaisseaux, sur laquelle on a cependant beaucoup discuté depuis. Sarrabat, dit de Ja Baisse, en 1733, fit monter des sues colorés 978 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES dans les plantes, et Bonnet, qui connaissait ses expériences, les renouvela en 1754 (4); mais c'est Reichel (Diss. de vasis spirali- bus, præs. C.-R. Reichel, resp. G.-C. Wagner. Lips., 1758, in-8) qui annonça que les vaisseaux spiraux peuvent être remplis par ees liquides colorés. Il les considère comme composés de fibres rondes, et comme ayant quelquefois des étranglements qui ne sont pas des valvules, mais qui sont dus à des spires plus serrées. Duhamel (Physique des arbres, 1758, 1. I‘), après avoir décrit (page 42) les trachées comme constituées par un ruban roulé en hé- lice, ajoute (page 43) après quelques observations : « Si,cela est, les trachées formeraient une grande partie du corps ligneux ; je dis olus : peut-être qu'en examinant avee plus d'attention ces tra- chées , on trouvera qu'elles deviennent de vraies fibres ligneuses, et que ces fibres forment par leur agrégation les gros vaisseaux dont on aperçoit les orifices sur l'aire de la coupe d'un morceau de bois. » Nous verrons plus tard que cette idée sera reprise par quelques auteurs, et développée par eux de manières différentes. A la page 4h, Duhamel exprime des doutes sur les fonctions que Malpighi attribue aux trachées. Van Marum ( Diss. philosophica inauguralis de motu fluidorum in plantis, ete. Groningue, 1773) pense que les vaisseaux aérifères sont composés de fibres roulées en spirales , de sorte que leurs bords sont contigus et ferment un tube. Cette organisation s’observe dans toutes les parties ligneuses des arbres ; elle est facile à voir dans le Tilleul et dans la Vigne. La partie intérieure de ces vais- seaux est tout à fait revêtue de petits follicules ( ce sont, sans doute, les ponciuations que présentent ces vaisseaux). J.-H.-D. Moldenhawer (De vasis plantarum, 1779) croit que les vaisseaux spiraux sont formés d’un ruban roulé en spirale, dont les bords sont soudés au moyen de fibres longitudinales extrême- ment minces. Ils conduisent la séve. (1) C'est à tort que cerlains auteurs ont attribué à Magnol l'emploi des li- queurs coloré:s pour étudier la circulation dans les végétaux. Aux endroits cités, on ne trouve rien qui indique qu'il ait entrepris de telies expériences. On voit seulement dans l'Histoire de l'Académie d2s sciences , 1709, p. 45 et suiv., qu'il a combattu l'opinion émise par Perrault sur ce phénomène. (Note de l'auteur.) DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 219 Ilest clair que ce savant a pris pour des fibres isolées les linéa- ments qui parcourent souvent la membrane de certains vaisseaux, et qu'il n'a pas aperçu cetie membrane. Mustel (Traité théorique et pralique de la végétation , 1781; pages 68 et 61) dit : « On ne peut douter que la jeune pousse ne soit contenue dans le bouton à bois, comme les fleurs et les fruits le sont dans les boutons à fruits ; toutes les parties ne peuvent qu'être extrêmement resserrées, et plites étroitement dans un si petit espace, car entin elles y sont toutes. I faut, pour formerune branche, une préparation de fibres ligneuses , qui doivent , dans leur déve- loppement, prendre une longueur assez considérable. Admirons comment s’y prend la nature. Ces parties ligneuses , rudiments du bois qui doit se former, sont pliées dans le bouton en spirale, comme le serait un tire-bourre, dont les hélices seraient très com- primées ; la finesse et la ductilité de ces tendres fibres s’y prêtent aisément. Le bouton s'ouvre, et le tire-bourre sort tout replié ; la partie inférieure de l’hélice, qui ent aux fibres ligneuses du bois, dont, sans doute, elle a été formée, s’allonge la première en pous- sant toujours en avant le paquet des spirales. Lorsque le premier tour de l’hélice s'est totalement allongé de ce point-là , la branche ne peut plus s’allonger ; et, en effet, l'expérience prouve qu’elle ne s'allonge plus. » | Cette théorie de Mustel ne parait être que le développement dé l'idée émise avec doute par Dahamel. La fibre ligneuse étant creuse, il en résulte que, dans cette théorie , la spiricule doit être creuse. Mustel ne s’est pas expliqué à cet égard , mais d'autres vont le dire. Mayer (Mém. sur les vaisseaux des plantes, dans les Mém. de l’Acad. des sc. de Berlin, 1788 et 1789 ) soutient une opinion con- traire à celle de Mustel. D'après plusieurs passages de son mémoire, ce seraient les vaisseaux spiraux qui tireraent leur origine des fibres ligneuses , qu'il nomme vaisseaux fibreux. I dit, page 56 : que les vaisseaux spiraux, qu'on nommait autrefois trachées , res- semblent à un cylindre entouré d'un fil très mince, qui fait des contours spiraux , et qu'on à présentement reconnu comme un canal. Les tours ou révolutions de ce canal spiral sont plus ou moins étroits, et s'ils s'approchent tellement qu'ils puissent pro- 280 A, TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES duire un vaisseau spiral , 1ls sont unis entre eux par un tissu mu- queux très mince , et paraissent même avoir de petits pores dans la cavité du vaisseau spiral ; mais je ne suis pas tout à fait sûr de ce dernier fait. ». Il a reconnu aussi des vaisseaux spiraux à spires dilatées , dans lesquels la spiricule est entourée d’une meMbrane très mince. Voici le passage où Mayer indique leur origine probable, sui- vant lui. Il parle des vaisseaux fibreux ( fibres ligneuses ) : « Leur direction est droite, et ils sont rangés en long dans la proximité des vaisseaux spiraux et sur ces vaisseaux mêmes, dont plusieurs d’entre eux semblent tirer leur origine ; on peut les remplir aussi bien que les tuyaux spiraux des trachées par le moyen de liqueurs colorées employées pour la nutrition des plantes. Leur diamètre égale le diamètre des tuyaux spiraux des trachées, et ils ressemblent à de pareils tuyaux qui n'auraient pas encore élé contournés. » Ne semble-t-il pas que l’idée de la cavité de la spiricule vienne de l’origine fibreuse supposée de celle-ci émise par Duhamel pour la première fois. C’est donc à tort que l’on attribue à Hedwig la découverte de la cavité de la spirieule ; car il ne parait pas du tout certain que lui et ses prédécesseurs l’aient vue. Voici comment Pyr. De Candolle s'exprime à ce sujet en parlant d'Hedwig : « Remarquons (Org. , 1837, page 35) qu'un tube n’a été vu que par un petit nombre d’observateurs, et qu'Hedwig lui-même semble l'avoir moins vu que conçu par la théorie; car, malgré son habileté comme dessi- nateur, il n’a pas osé en donner la figure. » Quoi qu'il en soit, Hedwig (De fibræ vegetabilis et animalis ortu, Lips., 1790, pag. 20 et suiv. ) regarde la trachée comme formée d’un tube membraneux central autour duquel est enroulée la fibre spirale. Le premier contient de l'air; la seconde, qui est aussi un tube creux, renferme le sue nutritif. C’est pour cela qu'il nomme la trachée ductus pneumatochymiferus, le tube central ductus pneu- matophorus , et le tube spiral ductus adducens spiralis et ductus chymiferus hydrogerusque. C'est , suivant Hedwig (Fondamentum historiæ naturalis muscorum frondosorum , Lipsiæ, 1782, 1" partie, page 56), ce DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 231 conduit (chymifére) spiral qui se teint par les liqueurs colorées ; car il a vu dans le Cucurbita, et dans quelques autres plantes, que tout le vaisseau est rougi quand les spires sont très serrées (lieu eité pl 2, fig. 9, c), et que la membrane du tube central ne l’est pas quand les spires sont écartées (loc. cit., fig. 9, dete). Hedwig pensait aussi, comme Mustel et Duhamel, que ces petits conduits succigères s’allongeaient pour se transformer en fibres ligneuses (De fibræ veg. et anim. ortu, pag. 28 et suiv.). Des mo- Jécules terreuses sont déposées, dit-1l, sur leurs parois ; et réunies par une matière oléo -glutineuse ; ce qui rend le transport du suc de plus en plus difficile, de manière que bientôt les cavités sont presque entièrement remplies, et les chymifères consolidés changés en fibres. De celles-ci naissent continuellement d’autres vaisseaux qui s’allongent et se consolident comme les premiers. D’autres paeumato-chymifères sont aussi envoyés pendant toute la vie du collet de la racine; ils s’allongent sous l'influence de la chaleur et des sues qu'ils transportent. L'élongation de ces organes se fait alternativement par en haut et par en bas, suivant les saisons. Ainsi un arbre ne peut croître par la partie supérieure pendant l'hiver ; mais, à la faveur de la cha- leur souterraine, il s’allonge par en bas , et renouvelle ses organes de succion ou ses radicelles. Suivant Senebier (Physiol. vég., 1. F*, p. 103), la trachée est formée par un fil presque cylindrique contourné en hélice ; mais la section de ce fil est quelquefois ellipsoïde. Il fait des objections à la théorie d'Hedwig sur la transformation de la spiricule en fibres ligneuses. Sprengel (Anleitung zur Kenntniss der Gewächse, Halle, 1802, t. I, p. 97 et suiv.) combat Hedwig. Il prétend que la fibre spirale n’est pas creuse, qu'elle n’est qu’une lame qui n’est accompagnée d'une membrane ni à l’intérieur ni à l'extérieur. Une ou deux fibres spirales constituent la trachée. Il divise les vaisseaux spiraux en deux classes : les trachées et les fausses trachées. Les trachées se changent peu à peu en fausses tra- chées ; et celles-ci ne différent des premières que parce qu'elles ne Diriiéné que des canaux à fentes transversales. 282 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES De Mirbel ( Traité d'anatomie et de physiologie végétale, an x) pense (page 66 ) que le fil tourné en spirale de droite à gauche , et qui constitue la trachée, n’est pas un tube, comme l'ont avancé plu- sieurs auteurs. n'a pas remarqué non plus d’étranglements dans la longueur des trachées , comme l'ont dit Malpighi et Reichel; et:il croit que les fentes et les pores sont bordés de petits bourrelets. Il prétend aussi qu'il existe de tels bourrelets sur les bords de la spricule des trachées ( Exposition de la thévrie sur la végétation, p. 74). Dans un mémoire communiqué à la classe des sciences de l’In- sütut en 1804, et publié dans les Mémoires de l’Institut , tome IX, il dit, page 111, que les trachées ne sont que des tubes fendus de telle façon qu'ils peuvent se dérouler comme un tire-bourre ; que les fausses trachées sont des tubes coupés de fentes et qui ne peuvent se dérouler. Il crovait que la substance mucilagineuse , appelée cambium par Duhamel, se transformait immédiatement en vaisseaux ; car 1l dit, page 314 : « Les trachées pénètrent visiblement dans le petit bou- ton ; mais leur extrémité s’efface, et n’est plus pour notre œil, armé des verres les plus forts, qu'une légère trace de substance mucila- gineuse. » Et page 319 : « Dans la troisième colonne , la substance mucilagineuse est transformée en vaisseaux. » Cependant il dit un peu plus loin qu'il est porté à croire que les vaisseaux ne doivent leur existence qu'aux nombreuses modifica- tions du tissu cellulaire, qui, lui, naitrait dans la substance muei- lagineuse. | Il combat ensuite l'opinion d'Hedwig sur la nature de la trachée, et sur la transformation de celle -ei dans les autres formes de Vaisseaux. Bernhardi, d’après la traduction donnée par M. de Mirbel ( Beo- bachtungen üeber Pflanzen Gefässe, page 21, 1805), dit que le fil spiral est contenu dans un tube. Suivant lui, les vaisseaux des plantes sont de deux sortes : les pneumatiques et les propres. Les pneumatiques sont formés par une membrane qui n'a nt pores, ni ouvertures visibles, mais qui est garnie de bourrelets dont la fonc- tion consiste à tenir les tubes dilatés pour que Pair et les fluides y DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 233 puissent pénétrer. Ces bourrelets sont quelquefois attachés à la membrane, d’autres fois ils sont libres, Dans ce cas, ils forment , soit des filets roulés en hélice, voilà les trachées ; soit des anneaux placés les uns au-dessus des autres, voilà les vaisseaux annulaires. Lorsque ces bourrelets adhèrent aux tubes membraneux , ils sont divisés en portions plus ou moins longues, de là les vaisseaux nom- més poreux el les fausses trachées. 1 arrive aussi que les bourre- lets d’un même tube se montrent alternativement en petites por- tions fixées sur la membrane, et en fil continu détaché : ce sont les vaisseaux mivles de M. de Mirbel. Les bourrelets ne forment done pas de vaisseaux par eux-mêmes, comme on pourrait le croire par l'inspection de la lame de la tra- chée. Ils ne sont que des portions accessoires, et les véritables vaisseaux sont des tubes membraneux parfaitement entiers. Tous les physiologistes ont pensé, depuis que Mirbel a appelé leur atten- tion sur la structure des fausses trachées, que les vaisseaux étaient coupés de fentes ; c’est-une erreur. Les fausses trachées sont des tubes relevés de bourrelets Saillants , et ces bourrelets ont été pris généralement pour des ouvertures. Si ces tubes étaient fendus ainsi qu'on le suppose, les fluides se répandraient de tous côtés; et les moyens pour l'œuvre de la végétation ne seraient plus en harmonie avec les résultats, ce qui implique une contradiction. » Voici maintenant la réfutation abrégée de M. de Mirbel (Exp. de la théorie de la végét., 1809, p.73): « Lorsque les fentes des fausses trachées sont très prolongées, eliacun de ces vaisseaux parait com- posé d’une suite d’anneaux placés les uns au-dessus des autres. C'est là ce qu’a très bien vu M. Bernhardi ; mais ce savant n’a pas reconnu l'identité de ses vaisseaux annulaires avec mes fausses trachées..…. Non-seulement il nie, avec quelques phystologistes , l'existence des tubes poreux ; mais encore il soutient , contre tous, que les fausses trachées ne sont point coupées de lentes transver- sales, et il ne s'aperçoit pas que ce sont ces fentes mêmes qui forment ses vaisseaux annulaires. » Il est évident aujourd'hui qu'il y a de l’exagération dans les deux opinions. On reconnait maintenant avee M. de Mirbel qu'il y a réellement des organes poreux et fendus , et que les fentes appa- 28k A. MRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES rentes des vaisseaux ne sont point dues à des bourrelets comme le pensait Bernhardi, mais que très souvent aussi ce ne sont ni des pores ni des fentes ; que ce sont seulement des parties où la paroi utriculaire à moins d'épaisseur , ainsi que M. Ad. Brongniart l’a démontré le premier. Treviranus (Jon inwendigen Bau der Gewächse und von Sajt- bewegqung in denselben. Gættingen, 1806, in-8) admet trois espèces de vaisseaux spiraux : les vaisseaux spiraux vrais, les vaisseaux spiraux faux, et les vaisseaux spiraux ponctués. Les vaisseaux spiraux vrais sont composés d'un canal membra- peux, à l'intérieur duquel s’enroule une fibre élastique ronde. Quelquefois plusieurs fibres contiguës forment une sorte de ruban. Les vaisseaux spiraux faux sont de gros canaux marqués de lignes transversales plus ou moins longües, formées par des fibres circu- laires, mais non spirales. Il à reconnu que les vaisseaux annelés sont constitués par des anneaux éloignés les uns des autres, et sans Communication réciproque. Les vaisseaux ponetués consistent en des membranes minces, sur lesquelles une infinité de points sont dispersés. Il a vu que dans plusieurs plantes , ces ponetuations sont autant de pores qui quel- quefois sont aréolés. Rudolphi (Anatomie der Pflenzen , 1807, in-8 , p. 180 et suiv.) dit que les trachées sont composées de petits fils un peu aplatis et roulés étroitement en spirale de manière à former un tube. Une , deux ou plusieurs fibres, réunies en une sorte de ruban, peuvent entrer dans la composition du vaisseau. Les vaisseaux scalaires sont formés par la soudure des fibres spirales , qui s'unissent au point que les parois vasculaires devien- nent membraneuses , de fibrillaires qu'elles étaient ; mais il y reste cependant des traces de leur constitution primitive. De petites lignes ou seulement des points, dans les vaisseaux les plus âgés, indi- quent les places où les filets étaient contigus , et dans ces endroits- là , les fibres ne semblent pas encore bien soudées. Link (Grundlehren der Anatomie und Physiologie der Pflanzen, Gœttingen, 1807, p. 46 et suiv. ) pense que le vaisseau spiral est seulement formé d’une lame hélicoïde dont les bords sont relevés DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 285 en gouttiére à l’intérieur. Les tours de la spire, quelquefois éloi- gnés les uns des autres, ne sont pas unis par une membrane, Cette hélice est souvent composée de plusieurs lames tournant dans le même sens ; il y en a jusqu'à sept dans le Musa paradisiaca. I à reconnu que dans là même plante, la lame spirale tourne tantôt à droite, tantôt à gauche, et que le même vaisseau est quelquefois formé par deux lames roulées en sens opposé. Il'admet aussi la métamorphose des vaisseaux spiraux en vaisseaux scalaires , ponctués et annulaires. Les lames spirales se soudent par les bords qui , relevés à l'intérieur dans la trachée , s’aplatissent peu à peu. La pression des parties voisines produit les lignes transversales , et les intersections de deux lames produisent les points. Les vaisseaux annulaires sont formés par des fragments de la spire , qui, adhé rente au tissu cellulaire voisin, se casse lorsque celui-ci prend un accroissement trop prompt. | Moldenhawver (Beitr., 1812, p. 203) considère la trachée comme formée par une membrane qui contient à l’intérieur une lame spirale. Kieser ( Mémoire sur l’organisation des plantes , Harlem, 1844 ) s'exprime à peu près en ces termes à la page 120 : Les vaisseaux Spiraux simples ne sont composés que par une ou plusieurs fibres spirales contiguës. [ls n’ont jamais de membrane entourant la fibre spirale, ni entourée par elle, ni entre les tours de spire. Les spires laissent bien quelquefois un espace entre elles ; mais alors la paroi du vaisseau n’est close que par les parois des cellules adjacentes. (Page 121.) Les vaisseaux annulaires sont composés d’anneaux superposés sans membrane comme les vaisseaux spiraux simples. (Page 123 et suiv.) Les vaisseaux ponctués sont des vaisseaux spiraux ou annulaires dont les spires s’écartent dans un âge avancé, et dans les interstices desquelles vient s’interposer une membrane marquée de points elliptiques , tantôt sombres , tantôt percés et transparents. La membrane étant plus mince que les spires , celles- ci sont proéminentes à l’intérieur et à l'extérieur. (Page 127.) Les vaisseaux réticulairesetles ramifiés n’ont pas de membrane ; ils sont formés par les vaisseaux spiraux dont les spires, d’abord contiguës , s'éloignent , et se soudent entre elles par des rameaux qu'elles émettent. Les vaisseaux ramifiés sont ceux dont 286 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES les spires ne sont encore unies que par un petit nombre de rami- fications. | Cas ini (Opuscules phytologiques, 18926, 1. If, p. 518) pense que les canaux qui sont pleins de séve et découpés en hélice, ont été improprement nommés trachées ; il propose de les appeler héli- cules. Amici ( Ann. sc. nat., Are série , 1894, t. IN, p. 226 ):c J'ai démontré (Mém. soc. atal., vol. XVII) que les trachées, et les vaisseaux poreux du Symphytum offjicinale et de différentes autres plantes, ne renfermaient aucune espèce de sue, et ne contenaient que de l'air ou du gaz.» (Page 248. )« Quant à l’autre discussion, si la spire de la trachée est creuse ou non à l’intérieur, et si elle forme un canal pour le suc, je me bornerai à répondre que cette question reslera indécise tant qu'on n'aura pas de moyens d'optique, que probablement nous ne posséderons jamais , capables de faire voir la structure de la membrane des végétaux; car Ia dimension de la spire de la trachée ne surpasse pas la grosseur de la membrane des autre: tubes, dans laquelle aueun observateur n’a jamais cru pou- voir découvrir les canaux pour le transport des liquides. » Pyr. De Candolle ( Organ. véqg., 1827 ) ne croit pas ( page 86) que la spire des trachées soit contenue dans un tube particulier. I] ne pense pas, comme Mustel, Mayer et Hedwig l'ont cru, que la spiricule soit tubulense , mais il partage l’avis de M. de Mirbel ; elle lui parait plane avec deux bords plus opaques, et probablement un peu plus proéminents. Théod. Bischolf ( De vera vasorum spiralium plantarum strue- tura et indole. Diss. inaug. Bonnæ, 1829, in-8) établit que le tube membraneux des vaisseaux spiraux n’est nien dedans ni en dehors de la spirale, soit continue, soit interrompue ; mais que celle-ci est sur le même plan que la membrane, de manière qu'elle y fait saillie sur les deux parois interne et externe. « Cette opinion me parait certaine pour les vaisseaux rayés, ponc- tués ou réticulés, dit De Candolle dans l'extrait qu'il a donné du tra- vail de Bischoff, dans la Bibliothèque universelle de Genève, 1830, tome XXXIV, page 69; elle me parait, ajoute-t1l, avoir besoin de quelques preuves ultérieures pour les vraies trachées, et, en géné- L DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 287 ral, ilme semble prématuré d'affirmer complétement l'identité des trachées avec les autres vaisseaux. » Bischoff combat l'hypothèse de M. Schulfz, qui considère les ponctuations des vaisseaux comme des espèces de globules animés. C'était aussi à peu près là l'opinion de Dutrochet, ainsi que nous le verrons bientôt. Link (Sur les trachées des plantes, dans Ann. sc. nat., 1" série, 1834, t. XXI). Nous avons vu plus haut qu'en 1807 Link crovait que la spiricule était une lame creusée en gouttière, c'est-à-dire à bords relevés à l’intérieur ; dans le mémoire que je viens de citer, il abandonne cette première opinion pour adopter en partie celle d'Hedwie. I dit, page 145, en parlant de lui : «IT s’est trompé dans ce qui regarde l'usage de ces vaisseaux, mais 1l ne s’est pas trompé sur la structure de ces organes. » Et page 150 : «Cest le tube entier qui conduit la séve ; ce n’est pas le tube en spirale, comme le pré- tendait Hedwig. On le voit très distinctement planche 6, figures 1 et 2. Cependant l'opinion de cet auteur n'est pas tout à fait inexacte : la fibre spirale est vraiment un vaisseau; je l'ai vue très souvent colorée dans son intérieur, comme le fait voir la figure 3. Cette figure représente un morceau d'une racme de Phœænix dactylifera, coupé longitudinalement. On voit en b des trachées modifiées qu’on appelle fausses trachées, dont les restes du tube spiral sont colorés, comme l’est le tube entier en a. » (Page 151.) «On voit Ia même chose à la figure 4, qui représente un morceau d’une feuille d’Ana- nas coupé longitudinalement. En a, on trouve une trachée dont le tube spiral est coloré... ;: ene c'est encore un fube droit. » «Il y a done un système de vaisseaux minces, tantôt droits, tantél lournés en spirale, qu'on peut appeler vaisseaux Iymphatiques.…. J n'y a pas de différence réelle entre les trachées, les fausses tra- chées, les tubes poreux et les vaisseaux annulaires. Tous ces or- ganes sont des vaisseaux qui conduisent la séve, et qui la répandent dans toute la plante. On peut les colorer en bleu tous de la même manière, que je viens d'exposer. » Je ferai remarquer que Link admet pour la trachée la structure décrite par Hedwig ; c’est-à-dire un tube membraneux, autour du- quel tourne la spiricule creuse. D'un autre côté, il représente en b, 288 A. TRÉCUL. —- FORMATIONS SECONDAIRES figure 3, une trachée modifiée , dont les restes du tube spiral sont colorés. Le vaisseau figuré est un vaisseau rayé, à raies courtes et larges. Ce sont ces raies qui sont remplies de matière colorante ; ce sont ces dépressions de la membrane qu’il considère comme des fragments, des restes du tube spiral. De plus , Link rapproche la spiricule, de prétendus tubes droits très minces, qu'il a vus se co- lorer comme elle. Ces tubes, d’après sa figure, neme semblent être que des méats intercellulaires. Lindley (Zntroduction to Botany, London, 1832)définit (page 17) les vaisseaux spiraux : « des tubes membraneux terminés en cône, avec une fibre roulée en spirale dans leur intérieur, et susceptible de se dérouler avec élasticité. » (Page 23.) Il regarde les vaisseaux annulaires et les vaisseaux réticulés comme des modifications des précédents. Les vaisseaux annulaires sont formés par le fil spiral brisé, et disposé en anneaux dans l’intérieur du tube membraneux qui les unit les uns aux autres. « Dans les vaisseaux réticulés, la fibre spirale s’anastomose çà et là, de manière à prendre l'apparence d’un réseau ; ou bien elle se divise en fragments courts, qui, adhérant à la membrane, consti- tuent ce que l’on considère comme des fentes ou des pores. M. de Mirbel {dans ses Recherches sur le Marchantia polymorpha, page A7) compare la formation des trachées à celle des élatères de cette plante. Il s'exprime ainsi : « Les utricules allongées en tubes ne différaient d’abord des autres utricules que par la forme; elles avaient donc une paroi membraneuse , mince, unie, diaphane, entière, incolore ; mais elles ne tardèrent pas à s’épaissir, à perdre leur transparence ,-et elles se marquèrent tour à tour, dans toute leur longueur, de deux stries parallèles très rapprochées et tracées en hélice. Puis elles grandirent, et leurs stries devinrent des fentes qui découpèrent d’un bout à l’autre la paroi de chacune en deux filets , etles circonvolutions des filets s'écartérent, imitant les eir- convolutions du tire-bourre..…..… L'identité organique est notoire entre les élatères du Marchantia polymorpha et les tubes découpés en hélice, que Grew a nommés aer-vessels, et Malpighi trachées. » Après avoir décrit l’évolution des cellules fibreuses des antheres, DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 289 il ajoute, page 58 : « Ainsi, dans les anthères, les utricules percées de trous comme les tubes poreux , fendues comme les fausses tra- chées, partagées en anneaux éomme les tubes annulaires , décou- pées en hélice comme les trachées, ont été originairement des utricules membraneuses et closes, et ne sont après leur métamor- phose que les analogues des tubes poreux, des fausses trachées, des tubes annulaires ou des trachées , lors même qu’elles ne s’al- longent pas. » Le 28 août 1837 (Comptes rendus), il démontre l'origine cellu- laire des vaisseaux. H a vu dans les racines les utricules de la partie centrale former des séries longitudinales, et s’accroitre en longueur et en largeur. Pendant quelque temps, ces utricules ne changerent pas d'aspect, puis tout à coup leur partie supérieure et leur partie inférienre disparurent sans qu'il en restât de traces. Les cavités des grandes utricules , séparées jusqu'alors par des diaphragmes, communiquerent entre elles. Il en résulta un grand tube continu , dont la paroi s’elargit et s’ouvrit de fentes transversales parallèles disposées en plusieurs rangées longitudinales. Henri Slack (£xposilion des issus élémentarres des plantes, avec quelques exemples de circulation végétale , Ann. sc. nat., 2° série, 1854, t. [°*) considère tous les organes élémentaires des plantes comme «composés d’une membrane délicate, transparente, qui parait imperforée, et qui forme une cavité ou sac fermé, sphérique, dodécaédrique , fusiforme,..….. ou allongé en tube , terminé en cône comme dans la fibre ligneuse , les vaisseaux, et la membrane qui entoure la fibre ou le fil des vaisseaux spiraux ; dans le tissu cellulaire et la fibre ligneuse, le sac est ordinairement parfaitement simple : mais, dans les vaisseaux spiraux et dans la plupart des autres vaisseaux , il se développe dans l’intérieur une fibre parti- cuhière où un fil qui affecte diverses formes. On peut montrer, dans beaucoup de cas, que les vaisseaux réticules et ponclués, et les vé- sicules du tissu cellulaire qui présentent le même caractère, résul- tent de l’adhérence du fil primitif développé en spirale. » Aïnsi, pour M. Slack comme pour Bernhardi, les pores, les raies, les anneaux, les réticulations, auraient pour origine [a spire qui se se- rait fragmentée ef soudée à la membrane utriculaire. «On rencontre 4° série. Bor. T. IT. (Cahier n° 5.) 5 19 290 A. TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES cependant, ajoute-t1l, des exemples de tissu cellulaire, de fibre ligneuse , et peut-être quelques vaisseaux ponctués , dans lesquels les ponctuations ne peuvent en aucune manière être rapportées à cette cause , mais paraissent dues à des corps adhérents à la mem- brane, et non à des ponetuations ou à des perforations dans sa sub- Stance. » | M. Girou de Buzareingues (Sur la distribution et le mouvement des fluides dans les plantes, dans Ann. sc. nat., 2° série, 1836, t. V, p. 226) : Toute membrane utriculaire est composée de deux cel- lules , dont l’une contient l’autre. L’intérieure contient du gaz, et l’espace qui les sépare est occupé par un liquide ou par les concré- tions qui en naissent. Partant de ce principe, M. Girou de Buza- reingues admet que tous les vaisseaux ont une composition ana- logue. (Page 230.) « Les vaisseaux spiraux se composent aussi d'une tunique interne contenant du gaz, et d’une tunique externe à laquelle la spire est attachée, et sous laquelle est le liquide. » (Page 232.) « Le corps spiralé m'a paru tubulé...... Le corps spiralé m'a paru contenir un liquide. » (Page 234.) M. Girou pense que le gaz renfermé dans la tunique intérieure du vaisseau se dilate et se meut de bas en haut; qu'il exerce une pression du centre à la circonférence sur les tuniques , et que cette pression fait monter le liquide qui les sépare. La spirale tient lieu de valvule ; elle est une valvule continue, qui soutient le liquide et l'empêche de descendre. (Page 235.) « Le vaisseau annulaire se compose de deux tuniques comme le vaisseau spiralé , et la distribution des fluides y est la même. Je n'ose affirmer, dit-il, cependant, que l'anneau soit tubulé, et contienne un liquide... L’anneau n'est pas soudé vers les deux extrémités de la ligne courbe qui le forme , et il permet au liquide de s'élever ; mais 1l devient un obstacle à ce qu'il descende, et il remplit réellement les fonctions d’une valvule. » (Page 238.) « Jamais la trachée, même à sa naissance, ne s’est montrée à moi comme formée d’une suite d’utrieules posées bout à bout. Elle est pour l'ordinaire, dès son origine, ou cylindrique, ou conique , ou fusiforme; il n’en est pas de même de la fausse tra- DANS LES CELLULES VÉGÊTALES. 291 chée. » Cependant l’auteur ajoute, en note, une remarque qui est Ja condamnation de son opinion ; il dit: « On doit se garder de prendre pour des séries d’utricules les trachées devenues monili- formes par les obstacles que certaines circonstances ont apportés à leur développement. » Pour M. Girou de Buzareingues, les trachées et les vaisseaux annulaires servent à l'ascension de la séve ; et les fausses-trachées, ou les vaisseaux réticulés etles ponctués, conduisent la séve descen- dante. Leur structure est analogue à celle des vaisseaux décrits pré- cédemment ; mais dans les raies et dans les ponctuations la mem- brane est si mince, que l’on peut même douter si elle y existe. C’est par ces ouvertures ou ces mailles, qui figurent des ponctuations ou des raies, que s'échappe la séve descendante, qui est ainsi distri- buée latéralement. » Duirochet dit (Mémorres, t. {er) d'abord (page 108) que lexis- tenee de la tubulure de la spire , admise par Hedwig, n’a point été confirmée par les observations faites avec les meilleurs micro- scopes ; que l'existence d’un tube membraneux intérieur ou exté- rieur à la spire, de laquelle il serait distinet, n’est point démontrée non plus. Cependant il dit, page 409 : « Les spires des trachées ne sont pas toujours immédiatement appliquées les unes sur les autres ; souvent 1} existe entre elles un espace plus où moins consi- dérable, qui est rempli par une membrane transparente. Cela se voit facilement sur les trachées du Solanum tuberosum , dissociées et isolées par la cuisson dans l'acide nitrique..……. On voit claire- ment par ce moyen que les espaces qui séparent les spires ne sont pas des fentes en spirale, comme le pense M. de Mirbel , mais que ces espaces transparents sont occupés par une membrane dia- phane, mtermédiaire aux spires qui sont opaques. Ordinairement, c’est cette membrane intermédiaire aux spires qui se déchire, lors- que, par une fraction mécanique, on déroule les trachées ; mais il arrive quelquefois aussi que cette membrane est résistante ; alors le déroulement de la trachée s'opère par le décollement de deux lames spirales, dont l'association forme la spire géné- rale. » C’est pour cela que la spirale lai apparaît comme un ruban bordé 9299 A. TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES de chaque côté par un rebord opaque et saïllant dans le Sambucus nigra. Nous avons vu plus haut que de Mirbel et De Candolle admet- faient que la spiricule était toujours bordée de deux bourrelets. Ces deux opinions erronées ont une même source que jindiquerai plus tard. | Suivant Dutrochet (page 116 et suiv.), les vaisseaux rayés et ponctués ne sont dus n1 à des fentes, ni à des pores, nià des amin- cissements de la membrane (1), mais que ce sont de petits organes utriculares, cylindriques ou globuleux, qui constituent les raies et les pores. Dans ses Recherches anatomiques et physiologiques sur la structure intime des animaux et des végélauæ et sur leur motilité, 1824, in-8, Dutrochet cherche à démontrer que ce sont des cor- puscules nerveux (page 16), des cellules globuleuses nricroscopiques remplies de substance nerveuse. Ach. Richard (Élém. de bot., 1838, p. 57, et édit. de 1846, p. 83) semble croire à la constance d’un tube extérieur dans la tra- chée ; car il s'exprime ainsi : « XXIX. Les trachées sont des tubes cylindriques contenant un corps mince et fillforme nommé spiricule, roulé en hélice dans leur intérieur. » XXX. L'existence de ce tube n’est pas toujours évidente. ILest presque impossible de le constater, quand les tours de la spire sont très rapprochés et contigus. Quand, au contraire, ils sont écartés, son existence ne saurait être niée » XXXI. La spiricule est plane, et tantôt sous la forme d’une lame très étroite , tantôt cylindrique et filiforme. » XXXIT. Malgré les assertions contraires de plusieurs observa- teurs, la spiricule m'a toujours paru pleine et non creuse intérieu- rement. » Jusqu'ici nous avons vu que les spires, les anneaux, les raies, Les réticulalions et les pores ou ponctuations, étaient attribués à des (4) M. Ad. Brongniart a démontré que, dans beaucoup de cas, il y a une membrane obturatrice beaucoup plus mince que la membrane du vaisseau ou de l'utricule ; ce qui fait que, dans ces cas mêmes, il semble y avoir une perfora- tion. (Note de l'auteur.) DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 295 bourrelets en hélice, annulaires ou réticulés, à des fragments de la spire restés adhérents à la surface interne de la membrane ; ou à des fentes spiroïdales, annulaires, ou en réseau, ete., opérées dans cette membrane elle-même ; ou bien encore à des corpuseules vé- siculeux, comme le croyait Dutrochet. Des observations plus ré- centes ont faut la part de chacune de ces opinions; elles ont fait voir, par exemple, que les anneaux, les raies et les ponctuations, n'ont point une origine commune, là spiricule, ainsi que l'avait cru Bernhardi ; elles ont montré que les anneaux sont réellement des parties proéminentes dans l’intérieur des tubes membraneux, quand il y a une membrane ; mais que les raies et les points sont dus , au contraire, à des dépressions et même à des ouvertures ; de manière que le système de M. de Mirbel serait aussi beaucoup trop exclusif. On peut admetire avec lui l'existence d'ouvertures dans l'épaisseur de la membrane dans un grand nombre de cas; mais il ne faut pas non plus accepter que les mailles de toutes les réticulations , toutes les raies, tous les points et même les anneaux, soient réel- lement des perforations de [a membrane. | [ci apparaît une théorie nouvelle, qui a été émise par Valentin en 4835 (Repertorium für Anat. and Phys., 1 Heft, 1835), mais dont on trouve le germe dans Hedwig, qui pensait que les spiri- eules étaient transformées en fibres ligneuses par des dépôts effec- tués dans leur intérieur. Nous avons vu qu'il a souvent été question précédemment du passage d’une forme vasculaire à une autre, de la transformation des vaisseaux spiraux en vaisseaux réticulés, annelés, rayés ou ponctués, par la soudure et par la fragmentation des spires. Cette opinion a eu des partisans jusque dans ces derniers temps ; Link, Meyen, etc., l’ont défendue. Il y aurait dans ce cas une véritable métamorphose, | Dans ces dernières années, on a attaché à celte expression méta- morphose des vaisseaux spiraux une tout autre idée, qui n’a rien de commun que le nom avec l’ancienne théorie. M. Schleiden la résume en ces termes dans son mémoire inti- tulé : Observations sur les formalions spirales dans les cellules végé- lales , dans Flora, 1839, et Ann. sc. nat., % série, 1840, €. XIE. 29/4 A. ERÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES p. 865) : « Les couches qui se déposent sur la membrane cellulaire primaire homogène offrent partout, comme forme primitive , lors de leur première apparition, une disposition en un ruban spiral (ou fibre), et c’est de cette forme primitive que se développent, de dif- férentes manières, toutes les modifications de ce qu’on appelle parois vasculaires et parois cellulaires, mais sans que ces diverses formes puissent être considérées comme des états de transition. » Voici, au reste, l'exposition abrégée de la théorie propre à M. Schleiden sur le développement des divers organes dont il est ici question. Suivant ce célèbre physiologiste, la vie des cellules végétales offre deux périodes : celle de la formation et de l’acerois- sement, et celle de l'apparition des organes subséquents. (Page 366.) Dans cette seconde période, «il se dépose une couche nouvelle sur la surface intérieure de la paroi cellulaire ; sans exception aucune, cette couche se présente sous la forme d’un ou plusieurs rubans contournés en spirale bien dense, en sorte que les spires, sans être continues, offrent néanmoins généralement la contiguïté la plus parfaite. » Ces spires correspondent à des courants ascendants et à des courants descendants de la matière formatrice muqueuse. « C'est de cette structure que se développent tous les organismes si variés des cellules et des parois vasculaires, selon l'influence diverse des circonstances...» Ces organismes se divisent en deux groupes principaux : les spiroïdes et les poreux. « À l’époque où commence l’épaississement de ses parois par des dépôts spiraux, la cellule a déjà atteint son parfait développe- ment, ou ne l’a pas encore atteint... Dans l’un et dans l’autre cas (page 867), «la fibre déposée se soude avec la paroi cellulaire, et les spires de la fibre se grellent entre elles. » «a. Si la cellule s'étend encore beaucoup après la naissance de la fibre, quelques spires se soudent de bonne heure avec elle; d’autres se déchirent et se transforment en anneaux ; de là les vaisseaux annulaires. » M. Schleiden décrit cette formation à la page 373 ; il suppose la spiricule distendue , et formant çà et à deux tours de spire contigus qui se soudent en anneaux , bientôt isolés par la résorption des portions de la fibre spirale qui les unissait d’abord. DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 295 » b. Si la dilatation de la cellule est encore assez considérable, et que la fibre ou les fibres se soudent peu ou point avec la paroi cel- lulaire , il en résulte les vaisseaux spiraux déroulables, à spires éloignées. » €. Si l'extension de la cellule, à laquelle la fibre simple où mul- üiple est en général intimement soudée , est peu notable , on a les vaisseaux spiraux déroulables à spires rapprochées. » d. Si l'extension de la cellule est médiocre , et si les spires se soudent entre elles sur quelques points, on a les vaisseaux spiraux ramaifiés, réliculés, striés et scalariformes. » Quand, à l'époque où les dépôts commencent à se former , la cellule à déjà atteint sa parfaite extension , la formation du dépôt peut être précédée de celle de bulles d’air sur la paroi extérieure de la cellule, entre celle-ci et Ta voisine ; les spires qui se forment sont très rapprochées; elles s’écartent en fente vis-à-vis de chaque bulle d'air, et s'entre-soudent 1à où l’écartement n’a pas lieu. La fente , d'ordinaire étroite, peut s’arrondir par un dépôt de matière forma- trice. C'est ainsi que M. Schleiden explique l'apparition de tous les Organismes poreux. Je ferai immédiatement remarquer qu'il y a beaucoup de cellules et de vaisseaux poreux, dont les membranes contiguës ne sont pas écartées vis-à-vis des pores ; et qu'au moment de la formation des ponetuations, chez certaines plantes au moins, 1 n°v à pas de bulles gazeuses interposées, attendu que toute Ta surface des membranes est parfaitement transparente. J’aurai l’occasion plus loin de reve- nir sur ce point important, et de montrer que M. Sehleiden a géné- ralisé quelques faits particuliers. Je reprends l'exposé de sa théorie, Les dépôts spiraux se continuent dans certains cas presque au- tant que le permet le volume de la cellule. (Page 369.) « Dans ce cas, on peut établir la règle que les dépôts subséquents se règlent absolument d’après les premiers, de quelque manière que ceux-ci soient modifiés par les influences indiquées plus haut, en sorte que les points de la paroi cellulaire, que le dépôt originaire n’a point recouverts, ne le sont pas non plus par les dépôts opérés plus tard (ex. : les fibres annulaires et spirales de Mamillaria, ete. ). » «On reconnait cependant déjà quelques exceptions intéressantes 296 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES à cette règle, en.ce que, après que le premier dépôt spiral est change par l’extension de la cellule, une nouvelie couche vient s'appliquer sur toute la face intérieure, sans distinction de fibre ni de membrane cellulaire primaire ; mais, comme cette seconde couche se trouve dans un autre rapport à la paroi cellulaire primaire que la première, elle affectera , conformément à ce qui a été dit, une autre forme , c’est-à-dire elle se fera poreuse (ex. : Taæus baccata, Tilia euro- pœa, Prunus Padus, etc.). » En sorte que, suivant cette théorie , les pores aréolés du T'axus baccata naïtraient après les fibres spi- rales. Nous verrons plus loin que c’est le contraire qui a heu; car les aréoles apparaissentles premières. Il est vrai que l’on rencontre de jeunes fibres ligneuses munies de spires où d’anneaux et dé- pourvues de pores ; mais c’est que ces derniers ne doivent pas se développer. Nous verrons aussi que les cellules des Mamilla- ria,etc.,ne sont pas soumises à la loi qui régirait leur développe- ment, suivant l'opinion de M. Schleideu. M. Hugo Mohl (Recherches sur la structure des vaisseaux annu- laires, dans Flora, 1839, p. 673 ; Ann. sc. nat., 2° série, 1840, t. XIV, p. 244) : « Celui qui aura examiné le développement des vais- seaux spiraux et des cellules spirales, et qui aura reconnu l’analogie constante de ces deux organismes entre eux et avec les cellules ponctuées , n’hésitera pas un instant à voir dans la fibre des vais- Seaux Spiraux non un organisme particulier existant par lui-même, mais bien la membrane secondaire de l’utricule vasculaire divisée dans une direction spirale en une ou plusieurs bandelettes. » « Dans le mémoire cité ci-dessus (Sur l’organisation de la membrane cellulaire) j'ai exposé les raisons qui militent en faveur de l'opinion queles membranessecondaires possèdent une organisation fibreuse, reconnaissable par des stries, par la plus grande facilité à se déchi- rer dans la direction spirale, par des enfoncements et des sillons se dirigeant dans le même sens, et plus particulièrement par des fentes qui pénètrent à travers toute l’épaisseur de la membrane cellulaire. Tous ces phénomènes, qui se voient si fréquemment sur les points de la membrane cellulaire situés entre les ponetuations des cellules, se montrent aussi dans les fibres des vaisseaux spiraux dérou- lables ; mais on les y reconnait moins fréquemment, soit qu'à cause DANS LES CELLULES VÉGETALES. 297 du peu de largeur de la fibre spirale on les observe plus difficile- ment, soit que fréquemment, et malgré les grossissements les plus forts, la fibre spirale se présente à l'œil comme homogène. Lorsque, au contraire, la fibreoffre une largeur considérable, en sorte qu’elle ressemble plutôt à un ruban aplati qu'à un fil demi-rond où qua- drangulare , elle ne présente pas naturellement , dans un grand nombre de eas, un aspect homogène ; mais on y observe des sillons plus ou moins profonds, qui se dirigent dans le sens de la fibre soit par rangées, soit les uns à côté des autres , et, dans ce dernier cas, ils Lui font prendre un aspect rétiforme. » M. Mohl s'est aperçu que les anneaux sont souvent parcourus par des lignes qui, quelquefois, les partagent en deux parties annu- lures, qui semblent des anneaux superposés. « La direction que prend cette ligne de partage est parallèle aux bords latéraux de l’an- neau, dit-11 page 248, puisque, par cette fente, l'anneau se trouve partagé en deux anneaux superposés, qui tantôt se touchent im- médiatement, et tantôt se trouvent placés à une petite distance l’un de l’autre. Selon Schleiden, cette ligne de partage proviendrait de ce que les spires de la fibre spirale sont plus où moins soudées ensemble , et toujours par deux. On reconnait facilement que, dans ce cas, la ligne de partage devrait se diriger en spirale d’un bord de l'anneau vers l’autre, et qu’elle ne saurait être parallèle à ses bords. Or, comme ce dernier cas se présente constamment , il faut reje- ter cette explication sur l'origine et la valeur de la ligne de par- tage. » L’objection de M. Mobl est fort juste ; mais nous verrons bientôt que ce qu'il regarde comme une fente, M. Schleiden comme la jonction de deux tours de spire soudés , et MM. de Mirbel et De Candolle comme une dépression entre deux bourrelets, cette ligne médiane plus claire, que Dutrochet regardait, dans le Su- reau, Comme une membrane entre deux spiricules, est une cavité tupbuleuse dans l’intérieur de l'anneau ou de la spiricule, s'il s’agit d’une trachée. (Page 250.) Dans cette ligne qui partage un anneau par la moi- üé, M. Mohl ne voit à qu'une formation transitoire de l'anneau simple à deux anneaux situés à d'assez grandes distances lun de l’autre. « Une organisation absolument analogue se rencontre aus 298 A. XRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES dans la fibre spirale , dit-il; car on trouve des vaisseaux spiraux dont la fibre est parcourue au milieu par une fente étroite, dans la- quelle la décomposition de cette fibre spirale simple en deux fibres placées à une certaine distance, parallèlement l’une à l’autre, ne se trouve qu'indiquée. » M. Mohl établit ensuite que la forme annulaire et la réticulée ne sont point une transformation de la forme spirale, mais que la membrane secondaire se dépose, dès le principe , sous la forme qu'elle doit conserver. | Je crois avec M. Mohl qu’il est un très grand nombre de vais- seaux réticulés et ponctués, ete., dans lesquels il en est évidemment ainsi. Les vaisseaux ponctués du Paulownia imperialis ne provien- nent certainement pas d’un dépôt effectué en spires, qui se seraient soudées en quelques parties et écartées en d’autres. Il apparaît immédiatement à la surface interne de la cellule une sorte de ré- seau à mailles très petites, régulières, quelquefois arrondies dès le début, souvent un peu polyédriques, dont la forme se modifie par l’épaississement ultérieur de la membrane. Iest inutile de multiplier ici les exemples. Si je reconnais avec M. Mobl qu’il en est amsi le plus ordinai- rement, je dois dire aussi qu'il me paraît mdubitable que certains gros vaisseaux fendus et rayés de l’Zmpañens fulva, ete., par exemple, ont été primitivement spiraux ; mais que, par un chan- gement ultérieur survenu dans la membrane, et que je décrirai plus loin , celle-ci a donné naissance aux ramifications qui unissent les spires, el qui sont ordinairement perpendiculaires à l'axe de celles- ci. Ces spires sont parfaitement continues dans quelques-uns de ces vaisseaux ; la production des ramifications qui s’anastomosent avec elles, ainsi que je viens de le dire, ne les a pas fait dévier de leur direction primitive. Unger (Mémoire sur l’origine des vaisseaux spiraux, dans Lin- nœa, 1841, p. 885, et Ann. sc. nat., 2° série, 1842, t. XVID. (Page 234.) « La formation des vaisseaux en général peut donc se réduire aux points suivants : | » L'utricule vasculaire naît d’abord sous la forme d’une cellule à parois minces, dont la membrane est parfaitement homogène, DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 299 et ne présente pas la moindre trace de stries ou de formation fibreuse. » C’est sur cette membrane tendre que, plus tôt ou plus tard, 1 se dépose à l’intérieur, sous forme d’anneaux superposés, de fibres contournées en spirale, ou bien de lamelles réticulées ou en tamis, une seconde couche de matière de nature analogue ou identique, ou bien la formation fibreuse passe, par suite d’un dépôt postérieur encore de cette matière, de la forme spirale à la forme réticulaire. » En même temps que ce dépôt se fait à l’intérieur , une forma- tion de couches semblables du côté extérieur résulte de l’épaississe- ment des parois des organes élémentaires contigus, et détermine la disposition des places perforées. » La membrane secondaire, enfin, ne commence à se former qu’alors que l’utricule vasculaire a atteint presque son parfait déve- loppement. » Pour M. le comte de Tristan (Ann. sc. nat., 2° série, t. XVI, page 63), « la membrane des trachées est formée par le mucus épaissi, et, avant qu'elle se forme, les filets spiraux sont libres. » (Page 61.) Ayant vu que la spiricule se terminait en pointe, il considéra cette pointe comme l'extrémité naissante du filet. (Page 62.) Il croit qu'au moins dans quelques cas, les filets qui constituent une même trachée ne sont pas contemporains. « Le même organe, dit-il, m'a montré un filet terminé par un globule, qui, sous mes yeux, à beaucoup diminué. Jai pensé que ce filet était creux , qu’il avait été rompu , qu'il en était sorti une goutte de fluide. » Il reconnait, dans ce que l’on appelle trachée , deux sortes d’or- ganes : les uns sont, dans l’origine, un tube simple qui se découpe en hélice ; il les nomme gyrocopes ; les autres n’ont jamais été une membrane ; ils sont forniés d'un où plusieurs filets qui s’allongent ou s’enroulent en hélice, et qui quelquefois sont réunis ensuite par une membrane formée par le mucus environnant ; il les appelle gyronèmes. (Page 63.) L'auteur croit avoir vu spécialement dans le Cucur - bita | mais aussi dans beaucoup d’autres plantes , que le filet ou les filets, au lieu de s’enrouler autour d’un vide , entourent de leurs 900 A, MBÉCUL, -— FORMATIONS SECONDAIRES replis un corps evlindrique composé de cellules allongées. M. de Tristan ayant bien reconnu l'existence des raies marquées sur là membrane, je ne sais ce qui lui à donné l’idée de ces gyronèmes pleins. Je les ai beaucoup cherchés dans le Cucurbita Pepo, et je ne suis pas parvenu à les découvrir. (Page 77.) «Il arrive souvent que le spiroïde, lorsqu'il a la forme d'un ruban où membrane mince, s'applique à la membrane pri- maire, et y adhère seulement par ses bords, tandis que sa ligne mé- diane n’y adhère pas. Il résulte de là une espèce de conduit, quel- quefois très remarquable, qui circule autour du tube. » (Page 78.) « Mais je ne sais pas si ces deux mots dépôts et -concrétrons sont bien correctement l'expression de ce qui se passe. Je suis porté à croire que, dans bien des cas, les molécules appor- iées sur la membrane par ces courants qui circulent de diverses manières y sont plus que déposés ; elles y sont identifiées ; elles la nourrissent; elles soutiennent sa vie et y prennent part : cela ne peut s'appliquer au eas où le spiroïde n’adhère point à la mem- brane (1). » M. de Tristan assure (page 88) avoir vu nettement la cavité des anneaux d'un vaisseau du Ligushicum Levisticum. Il y a dans les travaux de M. le comte de Tristan de bonnes ob- servations ; mais elles y sont mêlées à des erreurs graves, qui les ont fait méconnaitre. La manière surtout dont elles ont été pré- (1) Cette opinion avait déjà été formulée plus exactement, je crois, en 1840, par MM. Payen et Brongniart. Celui-ci, dans un rapport sur un mémoire de M. Payen, s'exprime comme il suit (Ann. sc. nat., 2° série, t. XIII, p. 309): « Ainsi l'on peut conclure, tant des recherches consignées dans le mémoire de M. Payen que de celles auxquelles il s’est livré sur la demande de vos commis- saires, que les matières incrustantes qui s'ajoutent à la cellulose, dont les jeunes cellules sont d’abord uniquement formées, ne se déposent pas comme une véri- table incrustation à la face interne de ces parois, mais pénètrent dans le tissu même qui les constitue, en très petite quantité dans la partie déjà formée précé- demment, en très forte proportion, au contraire, dans la zone intérieure qui se développe postérieurement, zone dont le réseau essentiel est encore la cellulose imprégnée seulement d'une quantité plus ou moins considérable de ces matières particulières qui distinguent les tissus ligneux du parenchyme celluleux ordi- naire. » (Note de l'auteur.) DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 301 sentées à contribué d'autant plus à les faire rejeter, qu'elles sont arrivées quand MM. Mohl et Schleiden, qui avaient la confiance _des botanistes, venaient de publier leurs travaux sur les formations spirales, annulaires , ete. Mais en élaguant ses gyronèmes pleins , ses filets errants, l'isolement primitif des spiricules qui s’allongent par leur extrémité amincie, et dont les spires sont ensuite réunies par du mueus qui produirait la membrane de ces vaisseaux ; en né- oligeant tout son système de nomenclature , il reste l’idée de la ea- vité des spiricules, émise avec doute, il est vrai, de celle des anneaux, et de cette lame ployée sur sa face externe, et soudée par les bords à la membrane utriculatre. Cette dernière idée , quelque bizarre qu'elle paraisse, mérite cependant de fixer l'attention des anatomistes, parce qu’il est des cas où 1l y a réellement apparence d’un tel ruban. En multipliant ses observations à cet égard, M. de Tristan n'eut pas manqué de découvrir la vérité, Je ne puis omettre de parler ieï de la théorie de M. Hartig sur la formation de la cellule; elle fut publiée, en 1844, dans les Annales des sciences naturelles, 3° série, E. F7, Selon cette théorie , la cellule est formée de trois membranes : une interne, que l'auteur appelle ptychode ; üne externe, qu'il nomme eustathe : et une intermédiaire aux deux précédentes, à la- quelle il donne le nom d'asfathe. Le ptychode nait le premier , l’astathe vient ensuite, l’eustathe apparait le dernier ; celui-ci est toujours intimementuni, soudé avec leustathe des cellules voisines. Les trois membranes constituantes de la cellule se développent done, suivant M. Hartig, de l’intérieur à l'extérieur. Ce botaniste distingue quatre périodes dans la vie de la cellule : celle de la multiplication, celle de la consolidation, celle de l’aubier et celle de la lignification. (Page 857.) « Au commencement de la période de consolidation, les membranes primitives simples (ptychodes)des cellules adjacentes sont appliquées l’une contre l’autre, et s'unissent à des places limi- lées, arrondies, hexagonales ou en bandes. Ces surfaces d'union sont toujours disposées suivant une spirale plus ou moins interrom- pue qui suit toute la paroi de la cellule, (Page 358.) Alors ch: que cellule séerète des matières, qu'elle dépose à à l'extérieur entre les 302 A. ÆTRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES membranes adjacentes. Les premières sécrétions sont des gaz, aux- quels succède une humidité qui se colore en bleu par l’action de l'acide sulfurique et de l’iode ; c’est l’astathe naissant. « Ordinairement, bientôt après l’apparition des premières couches d’astathe, le plus souvent longtemps avant qu’elles soient à l’état parfait, on voitse produire, à la limite du dépôt d’astathe de deux cellules voismes, un ciment commun qui est l’eustathe. » Les membranes primaires ou intérieures de cellules contiguës sont restées adhérentes, ai-je dit, à des places déterminées, tandis que les autres parties ont été écartées par les dépôts de l’astathe et de l’eustathe ; ce sont les points d’adhérence qui figurent les ponctua- tions, les raies ou les réticulations. (Page 360.) « La fibre spirale déroulable n’est pas autre chose quele mur de séparation entre deux séries de ponctuations con- fluentes. Par conséquent, la spiricule n’est pas creuse ; elle ne se compose pas d’une seule substance, mais bien d'un astathe enve- loppé et soutenu par le ptychode. » Nous verrons bientôt ce qu'il y à de vrai dans cette dernière idée. Pour le moment, je me contenterai de faire quelques objections à la théorie de M. Hartig sur la constitution de la spiricule. D'abord il est impossible, d’après la théorie, que la spiricule ne soit composée que de deux parties, l’une contenant l’autre. Elle devrait être for- mée de trois substances : par le ptychode ployé en gouttiére sur sa face externe, dont la cavité serait remplie par l’astathe recouvert de l’eustathe du côté de la face externe du vaisseau. Comment expliquer ensuite la consütution de la spiricule dans les vaisseaux à spires écartées, et munis d’une membrane à l'extérieur. La spiricule, dans ce cas, a la même structure que celle des trachées déroulables. Pour envelopper complétement le filet hélicoïde d’astathe, le ptychode serait obligé de se replier autour de lui, et de se souder par les bords des deux replis opposés, en s’introduisant entre la membrane et la spiricule. Ce phénomène n'a pas lieu, comme le prétend M. Hartig, dans les vaisseaux que j'ai examinés, et dans les cellules fibreuses des Cactées. Mais ces dépôts d’astathe ne s'effectuent (toujours suivant la théorie) que 1à où les ptychodes des cellules adjacentes ne sont pas DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 905 soudés entre eux, et des modifications semblables sont produites sur les parties correspondantes de ces cellules. On conçoit bien cela pour les ponetuations , mais on ne le comprend pas quand il s’agit des spiricules. En effet, il y aurait d’après cela un dépôt spiral semblable sur toutesles cellules qui entourent une trachée. Il est clair que ceci ne s'accorde pas avec l’observation. Cela serait-il exact que les replis du ptychode seraient obligés de s’interposer entre ces deux dépôts contigus. Comment concevoir , en outre , la concordance de toutes les spires des cellules voisines? Quoi qu'il en soit, 1 n’y aurait pastei d’eustathe ; car la membrane de ces vais- seaux spiraux est simple quand elle existe. J'aurai l'occasion, par la suite, de parler encore de la théorie de M. Hartig, qui n’a aperçu qu'un point de l’accroissement en épaisseur des cellules, et qui l’a généralisé. Je décrirai quelques phénomènes qui sont en contra- diction manifeste avec son opinion, mais je citerai aussi quelques exemples qui viennent justifier en partie ses assertions. Dans ses premiers travaux, M. Hugo Mohl admettait la théorie de Valentin, celle qui fut acceptée par MM. Schleiden, Unger, ete. , depuis par la plupart des botanistes , et qui consistait dans la for- mation de couches secondaires déposées sur la face interne de la membrane primaire par les liquides renfermés dans la cellule : mais la publication du mémoire de M. Hartigengagea M. Mobl à faire de nouvelles recherches, dont le résultat a été publié en 184 (Hall. Bot, Zeit., p. 273), et dans les Annales des sciences natu- relles, 3° série, 1845, t. HE, sous le titre suivant : Observations sur la structure de la cellule végétale. L'auteur y admet en principe (page 71) que les parois (des cel- lules et des vaisseaux) sont composées d’une membrane primaire extérieure imperforée, et d’une membrane secondaire, munie or- dinairement d'ouvertures , et formée de couches superposées. Ce- pendant M. Mohl admet dans ce mémoire (page 73) l'existence d’une, cellule primordiale, qui n’est pas la membrane primaire, et qui nait avant cette dernière ; car elle est la partie Ia plus interne de lutricule, comme le ptychode de M. Hartig, et la membrane primaire est au contraire la plus externe. C’est une sorte « d’am- poule parfaitement close, semblable à une cellule à parois minces, 30/4 A, TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES qui , sur la plante fraiche, s'applique exactement à la face inté- rieure de la cellule, et la fait échapper à l'observation, tandis que, sur les pièces conservées dans l'alcool , elle se trouve contractée , et s’est plus ou moins détachée de la membrane, sur laquelle elle se trouvait d’abord appliquée. » (Pace 791... En général, à mesure que la cellule avance en âce, et que les parois s’épaississent par le dépôt des couches secon- daires, l’utricule primordiale tend à disparaitre. Deux modifications se présentent dans ce ças : ainsi l’utricule primordiale se trouve ou intimement attachée , et recouvrant la face interne des cellules Agées sous la forme d’une sorte de membrane ténue, granuleuse, que l’iode teint en jaune; ou on la rencontre, ainsi que dans les cellules plus jeunes, détachée de la membrane cellulaire, non plus sous la forme d’une cellule close, mais avec celle d’un réseau irrégulier, composé de bandelettes ou de fils plus ou moins larges, membraneux , couverts de petites granulations ; réseau semblable à celui de la substance mucilagimeuse, qu'on voit s'étendre fré- quemment sur Ja paroi intérieure des cellules de nouvelle forma- tion, et que l’iode colore en jaune. » | Je crains bien que M. Hugo Mobl n'ait confondu deux choses la membrane interne de la cellule qu'il décrit fort bien dans le Pinus, et la substance mucilagineuse contenue dans les cellules. Toutes ses descriptions, et surtout ce qu'il en dit page 81, m'inspi- rent cette crainte. En effet, que penser du passage suivant : «I résulte de ce que j'ai exposé que la présence de l’utricule primor- diale est très répandue , mais que, cependant, son rôle est passa- “er , et que sa part dans la formation cellulaire des Phanérogames n’est pas constante ; ainsi que le nucléus, elle est un organe passa- ver, lié à la formation de la cellule. On doit se demander si l’on doit considérer ici l’utrieule primordiale comme une membrane cellu- laire, ou si l’on ne doit pas la rapporter de préférence au contenu des cellules, et y voir un enduit mucilagineux et coagulé de la membrane cellulaire. » | Je regrette de ne pouvoir suivre ici l’auteur dans sa discus- sion sur l’origine de cette utricule primordiale, qu'il distingue avee douie, comme on le voit, de la membrane cellulaire et DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 305 du contenu de la cellule. Je crois cependant, en raison de l’im- portance de la question, et de la haute considération qui s’attache aux observations de M. Mohl, devoir examiner quelques points de cette discussion. En voici un , par exemple, qui montre encore l’incertitude de ce savant. (Page 77) « ....…. Si l’on pou- vait démontrer maintenant avec certitude que, dans les cellules observées à l’époque de leur multiplication, on observe deux utricules primordiales placées l’une à côté de l’autre, avant la formation d’une cloison qui tendrait à les séparer, il serait prouvé pour la couche de cambium (couche génératrice de quelques auteurs) , aussi bien que pour l’extrémité du tronc et de la racine, qu'à ces places la formation de l’utricule primordiale précède celle de la cellule, et le nom que je lui impose serait justifié. » Je ne com- prends pas bien que deux utricules primordiales puissent exister dans une cellule sans qu'une cloison les sépare. Je ne concois pas davantage que M. Hugo Mohl se soit servi de la dénomination d’utricule primordiale, sans être assuré de la primogéniture de cet organe. Il est vrai qu’un peu plus loin, M. Mohl est plus précis ; car 1] dit, page 79 : « M. Schleiden fait précéder cette dernière du nucléus , sur lequel elle serait appliquée comme le verre d’une montre, et veut que le nucléus forme une partie de la cellule déve- loppée elle-même. J’admets, au contraire, dit M. Mohl, que la sub- Stance cellulaire enveloppe constamment le nucléus sous la forme d’une vésicule close, qui, dans certains cas, me semble placée à quelque distance de cet organe, de manière à ce que le nucléus n'offre aucun point de contact immédiat avec la membrane cellu- laire (4). Le second point sur lequel nous différons porte sur la nature de cette première membrane cellulaire. Selon M. Schleiden, cette dernière constituera par la suite la membrane la plus exté- rieure de la cellule. Pour moi, au contraire, elle me paraît être l’atricule primordiale. » Il résulterait de là que, suivant M. Mohl, il y aurait une cellule primordiale correspondant au ptychode de M. Hartig ; qu'il se dé- velopperait ensuite sur sa face externe (l’auteur ne dit pas comment" (1) Je partage complétement en cela l'opinion de M. Mo]. (Note de l'auteur.) £° série, Bor. T. J1. (Cahier n° 5.) 4 20 306 A. TRÉCUL, -— FORMATIONS SECONDAIRES une membrane primaire , à l’intérieur de laquelle se déposeraient les couches secondaires ; que , pendant que les dépôts secondaires s’effectueraient, la cellule primordiale, qui est à l’intérieur , ten drait en général à disparaître ; que cependant on la trouve quel- quefois intimement attachée et recouvrant la face interne des cel- lules âgées, sous la forme d’une membrane ténue, granuleuse, que l’iode teint en jaune. Malgré les incertitudes de M. Hugo Mobhl, on voit qu'il s’est aperçu que, dans certaines cellules, la membrane interne n’est pas toujours la plus jeune, comme il l'avait pensé d’abord, et comme le croient MM. Schleiden, Unger, et avec eux la plupart des bota- uistes. Voici comment s’exprimait M. Ad. de Jussieu en parlant des vaisseaux spiraux dans son Cours élémentaire de botanique : « Les observations les plus exactes, à l’aide des imstruments les plus parfaits que nous possédions maintenant, font voir ce fil (la spirale) toujours plein, mais variant de forme, suivant les places et les parties dans lesquelles on l’a pris ; 1l est quelquefois aplati en ruban , plus souvent épaissi, et sa coupe présente un cerele , une ellipse ou un quadrilatère… « L'écartement des tours de spire entre eux varie, et générale- ment chaque tour touche immédiatement les deux tours les plus voisins au-dessus et au-dessous de lui. Alors dans leur mtervalle, pour ainsi dire nul, la membrane extérieure ne peut s’apercevoir ; sans doute, unie au fil, elle le suit en se déchirant, lorsqu'on le tire et le déroule. D’autres fois, les tours laissent entre eux un inter- valle apercevable quelquefois, et même beaucoup plus grand que l'épaisseur du fil; et c'est seulement dans ce cas qu’on peut voir un peu nettement la membrane extérieure. » L'ouvrage de M. Ad. de Jussieu était, quand il parut, un excel- lent résumé de l’état de la science ; il est encore aujourd’hui le re- présentant des idées dominantes ; c’est pour cela que j’ajouterai la citation du passage dans lequel M. de Jussieu décrit la cause des divers aspects que prennent les cellules par l'apparition des for- mations secondaires. « Cet examen, dit-il, nous apprend que la cellule , au moment où DANS LES CELLULES YÉGÉTALES, 307 nous commençons à l'apercevoir comme un organe distinet, est un petit sac formé par une membrane simple, parfaitement continue et homogène, dont la substance, d’abord molle et humide, se sèche et dureit peu à peu ; elle peut persister à cet état en changeant seule- ment de volume et de forme. Mais d’autres fois, à une certaine époque ultérieure, sur toute la surface intérieure du sac, il s’en forme une seconde. Cette nouvelle membrane ne parait pas iden- tique avec la première dans son mode de développement; car , au lieu de s'étendre en une toile continue parfaitement correspondante à la premiere, elle se rompt en divers points, peut-être paree que le sac intérieur, plus jeune et plus mou que l'extérieur, ne peut pas toujours le suivre assez vite dans son développement. Dans ces points, le premier n’est pas doublé par le second , et de là résulte cette inégalité d'épaisseur à divers endroits de la surface. On pour- rait supposer que la membrane interne ainsi distendue s’éraille en un grand nombre de points, et détermine ainsi les ponctuations qu'on aperçoit sur beaucoup de cellules ; mais, le plus souvent, une merveilleuse régularité parait présider aux solutions de continuité de l'enveloppe intérieure, qui se déroule du bas en haut de la cel- lule en un 5 ou en un ruban spiral. Si les tours de cette spire sont éloignés l’un de l’autre par un intervalle appréciable , on a deux zones spirales parallèles : l’une où la membrane externe est doublée par Pinterne, l’autre où elle est à nu. Siles tours se touchent exacte- nent, leur intervalle n’est plus indiqué que par une strie extrême- inent fine, où cessant même d’être perceptible. Mais souvent ils s'écartent un peu de distance en distance , laissant la membrane extérieure à nu dans les espaces qui, pour notre œil, n’excèdent pas en étendue un point ou une courte ligne. De là peut-être la ré- gularité et la direction qu'on observe fréquemment dans ces points et ces lignes, dont la cellule se montre toute parsemée. Les bandes eù anneaux où en réseau paraissent susceptibles d’une explication analogue... » « L'épaisseur des parois de la cellule peut être successivement augmentée par la formation d’un troisième sac qui se dépose à l’in- térieur du second , d’un quatrième qui se dépose à l'intérieur du iroisième, et ainsi de suite. S'il arrivait que le troisième ne se mou- 908 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES lât pas exactement sur le second, mais vint tapisser les intervalles où celui-ci a laissélamembrane primitive à nu, on conçoitqu'il pourrait être aperçu dans ces intervalles, et caché dans tous les autres en- droits où elle se trouvait déjà doublée. Quelques auteurs ontexpliqué ainsi l’apparence en quelque sorte composite de certaines cellules, par exemple, celles sur lesquelles se dessine un réseau dont les aréoles sont ponctuées ; le réseau appartient à la seconde mem- brane ; les ponctuations appartiendraient à la troisième. Mais ordi- nairement la seconde membrane sert de moule à celles qui se développent successivement à l’intérieur ; elles la suivent dans tous ses contours, et s’interrompent aux mêmes endroits. » M. Ad. de Jussieu ne croyait pas à la métamorphose des vais- seaux. « En suivant le développement d’un vaisseau, dit-il, on n’en trouve pas qui, dans ses diverses phases , ait représenté tous les autres ordres de vaisseaux , et la même chose peut se dire des utri- cules. » Depuis son dernier mémoire sur cette question, M. Hugo Mohl a donné sur la cellule végétale un travail général publié, en 1850, dans le quatrième volume du Handwôrterbuch der Physiologie von R. Wagner. I reconnait encore une utricule primordiale, autour de laquelle se forme une membrane primaire , et puis sur la surface interne de celle-ci des couches secondaires , d'autant plus jeunes qu'elles sont plus centrales. Ayant déjà discuté cette opinion, je ne m'y arrêterais pas davan- tage, si elle n'avait été adoptée par M. Schacht dans son livre inti- tulé : Die Pflanzenzelle, der innere Bau und das Leben der Gewächse. publié à Berlin en 1852. Voict, en résumé, l’opinion de ce savant anatomiste : (Page 34.) L'utricule primordiale est la membrane la plus in- térieure de la cellule ; elle est très mince, et non composée de cel- lulose; elle est vraisemblablement azotée comme le protoplasma , dont elle parait naitre. Il lui attribue les mêmes caractères que M. Mohl. Ainsi, la solution diode, et l'iode et l'acide sulfurique la teignent en jaune, et cet acide ne la dissout pas. Elle se trouve dans toutes les jeunes cellules végétales, et aussi, bien que non toujours développee au même degré, dans toutes les cellules vi- DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 909 vanies; on la cherche en vain dans les cellules déjà remplies d'air (4). L'utricule primordiale nait de deux manières, soit spon- tanément autour d’un nucléus, soit de la division d’une utricule pri- mordiale déjà existante. La paroi cellulaire s’épaissit par l’excrétion de la cellulose sé- crétée par l’utricule primordiale ; il en résulte une membrane pri- maire, qui est bientôt revêtue à l’intérieur par des couches secon- daires formées aussi de cellulose et de la même manière, et qui sont d'autant plus jeunes qu’elles sont plus intérieures, et plus rap- prochées par conséquent de l’utricule primordiale. La membrane primaire constitue un sac fermé, aui est nulle part originairement troué ; seulement, dans les cellules vasculaires et dans les cellules des Sphagnum, de véritables trous naissent par résorption. Les couches secondaires où d’épaississement, au contraire, ne se déposant pas sur toute la surface de la membrane primaire, 1l en résulte des pores, des fentes ou des spirales. M. Schacht ne confond pas l’utricule primordiale avec la mem- brane de cellulose la plus interne, qui tapisse souvent les canaux qui donnent lieu à l'apparence de ponctuations ; car il dit, page 13 : « Cette pellicule de cellulose se dépose aussi dans les canaux des pores. » Cette confusion, s'il l’eût faite, eût été favorable à son sys- tème, car cette pellicule, ainsi que nous le verrons plus loin, est souvent, sinon toujours, plus âgée que les couches externes qui la séparent de la membrane primaire, dont elle a été écartée dans les endroits où il n’y a ni raies n1 ponetuations. Une autre objection grave se présente d’abord tout naturelle- ment, relativement aux fonctions de la prétendue utricule primor- diale. MM. Hugo Mohl et Schacht admettent que c’est l’ufricule pri- mordiale qui produit, qui excrète la membrane primaire ou externe et les couches secondaires ou d’épaississement , qui, toutes, ont pour base la cellulose; d’un autre côté, ils prétendent que l’utricule (1) Note de l'auteur. Elle disparait done comme le protoplasma et avec lui, dont elle ne me paraît pas différer. 310 A. MRÉCUL. -—- FORMATIONS SECONDAIRES primordiale ne contient pas de cellulose (4). FE v a ici une incompa- tibilité : si Putricule primordiale sécrète de la cellulose, si elle donne naissance à des membranes qui en sont composées, elle doit en contenir; si elle n’en renferme pas, c'est que ce n’est pas elle qui sécrète cette cellulose ou les membranes qui en sont formées. M. Schacht combat, avec raison, l'opinion de Meven et de M. Krüger, suivant laquelle les membranes cellulaires séraient formées de l’agrégation de prétendues fibres primitives. Selon cetanatomiste, l’espace lenticulaire qui sépare fréquemment les canaux des pores de deux cellules voisines, est revêtu d’une membrane cellulaire propre (c'estune cellule particulière), qui em- pêche toute communication immédiate entre les cavités de ces deux cellules (Pinus sylvestris, P. maritima, Taxus baccata, ete.). Si l’opinion de M. Schacht était vraie, la membrane primaire étant, suivant lui, ordinairement imperforée , 1l devrait y avoir deux membranes de chaque côté de la vacuole lenticulaire ; or, il n’en signale qu'une seule. Qu'est donc devenue la membrane pri- maire? Il pourrait même y avoir trois membranes, si la couche la plus interne tapissait, comme 1l le dit page 13, le fond des canali- cules des ponctuations. Les prétendues membranes obturatrices, que M. Schaeht consi- dère comme dépendant d’une cellule particulière , sont regardées par M. Hugo Mohl comme formées par les membranes primaires des deux cellules contiguës , qui ont été écartées dans ces points. M. Mohla raison en cela; la cavité lenticulaire est environnée par les membranes primaires ; mais en étudiant plus attentivement la structure du Pinus pinea, qu'il a figurée, en 1850, dans son travail sur la cellule végétale (loc. cit., p. 182, fig. 32), et les Pinus sylvestris, P. maritima, Taæus baccata , Ginko biloba, ete., ete., il acquerra la conviction que, lorsqu'il voyait une membrane obtu- ratrice, c’est que sa coupe ne passait pas par le centre des pores; elle passait très probablement près de la cireonférence de la petite ouverture , qui s'étend sans interruption de la cavité d’une cellule à celle de l’autre dans des organes complétement développés. | (1) Hugo Mohl, 1850, Die vegelabilische Zelle. L. 1.,p. 1499 ; Schacht, 1852, Die Pflanzenselle, der innere Bau und das Leben Gewächse, p.34. DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 941 Je ne dirai rien de plus de l’opinion de M. Schacht, qui ne diffère ouère de celle de M. Mohl que par ce dernier pont. Telles sont les théories qui ont été émises sur le développement des cellules et des vaisseaux. F’ai cru devoir rapporter textuellement certains passages qui résument le mieux l'opinion des auteurs, sur- tout des plus modernes. Cette méthode, qui entraîne peut-être dans quelques longueurs, a deux avantages qui rachètent bien cet mcon- vénient. D'abord on ne peut être soupçonné d’avoir mal interprété leurs idées, ainsi que je l'ai déjà dit ailleurs , et ensuite le lecteur peut juger quelle à été la manière de procéder de chacun d’eux. Je passerai maintenant à la description des faits qui font le sujet de ce mémoire. Mes prémières observations m'ont été fournies , par ce que l’on appelle fibres ligneuses spirales et annulaires chez les Cactées. Ces plantes, dont les formes sont généralement si remarquables, ont un système fibro-vasculaire central, qui, à la première vue, semble ne pas différer de celui des autres végétaux dicotylédonés ; mais les espèces qui ont la tige globuleuse principalement , comme les Echinocactus , les Mamillaria , les Melocactus , etc., ont une structure qui n’a pas d’analogue chez les autres végétaux. Les fibres ligneuses ordinaires y sont très souvent remplacées par des cel- lules oblongues , à parois minces, transparentes, qui renferment tantôt une lame spirale contournée comme un escalier à vis, tantôt des anneaux ou des disques percés d’un trou au milieu, et placés à des intervalles réguliers en travers de ces utricules. Ces éléments divers sont mélangés dans Ia même plante avec des vaisseaux spi- raux, qui s’en distinguent surtout par leur spiricule plus étroite. Cette curieuse structure a été étudiée d’abord par Meyen , puis elle fut connue de Robert Brown; enfin M. Schleiden (4) ét M. Ad. Brongniart (2) l’étudièrent simultanément. Depuis cette époque, M. Miquel en a aussi parlé dans son Mémoire sur la struc- (1} Mémoires de l'Académie des sciences de Saint-Pélersbourg, 6° série, 4. AV: | (2) Archives du Muséum d'histoire naturelle de Paris, 4840, t. I, p. 442 et suiv. Observations sur la structure intérieure du Sigillaria elegans comparée à celle des Lepidendron et des Stigmaria, et à celle des végétaux vivants. 312 A, TRÉCUL. -—— FORMATIONS SECONDAIRES ture des Melocactus , dont il a été donné une traduction dans les Annales des sciences naturelles, 2 série, t. XIX. J'ai moi-même déjà décrit, dans les Comptes rendus de l’Acadé- mie, le mode de développement et la structure intime de ces or- ganes , dont l’étude jette un jour tout nouveau sur les formations spirales , annulaires et réticulées des cellules végétales, des vais- seaux des plantes, sur la production et la structure desquels il règne encore, comme on vient de le voir, beaucoup d’obscurité. En effet, de toutes les opinions citées précédemment laquelle admettre? Les trachées, par exemple, ne sont-elles que le résultat de la découpure en spirale d'une membrane utriculaire, ainsi que le pensait M. de Mirbel ? Ou bien cette découpure en spirale ne s'est-elle opérée qu'après que des formations secondaires sont venues se déposer en hélice à la surface interne de la membrane utriculaire primitive, qui, en se dilatant ou se déchirant, aurait donné lieu à l’écartement des fils qui constituent cette hélice déliée, ainsi que le pensent géné- ralement les botanistes de notre époque, avec MM. Mohl, Schlei- den, Unger, etc.? Quelle est la forme de cette spiricule ? Est-elle aplatie ou cylindrique ? Ou bien encore est-elle creusée en gouttière dans toute sa longueur , ainsi que Link l’a cru autrefois ? Ou bien faut-il, avec Hedwig, considérer la spiricule des trachées comme un vaisseau roulé en hélice autour d’un tube membraneux ? Bien que- cette dernière opinion soit généralement abandonnée aujour- d’hui, nous verrons bientôt qu’elle mérite quelque considération en ce qui concerne, au moins, la cavité de la spiricule. Des observations déjà anciennes , mais incomplètes , m'avaient suggéré des doutes sur la valeur de plusieurs des opinions propo- sées ; mais l'examen des formations spirales et annulaires chez les Melocactus , les Echinocactus et les Mamillaria, et l’étude de leur développement, ont dissipé pour moi tous ces doutes. De nouvelles observations, nombreuses aujourd’hui, sont venues confirmer mes premiers résultats. En cherchant l’origine des fibres ligneuses, spirales et annu- laires des plantes que je viens de nommer, j'ai remarqué qu’elles naissent absolument comme les fibres ligneuses ordinaires. Dans un jeune Échinocactus et dans un petit Mamaillaria quadrispina, je DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 513 les ai trouvées, comme elles, à la face interne de la couche appelée communément génératrice (pl. 19, fig. À a) par les botanistes, sous la forme de cellules oblongues, à parois minces, lisses et transpa- rentes, dépourvues de nucléus, et disposées en séries horizontales rayonnantes. Les plus jeunes que j'aie observées m'ont paru si m- timement unies qu’elles semblaient provenir d’une même cellule ; mais je n'ai pu constater iei cette division comme je l'ai fait ailleurs ; cependant il y en avait, à l’extérieur de celles-ci, de plus larges, qui semblaient se dilater pour se diviser plus tard. Les cellules e, figure 1, peuvent en donner une idée. Chaque série horizontale de ces cellules, dans la couche génératrice, était composée de quatre, cinq ou six utricules ou jeunes fibres oblongues. D'abord intime- ment liées entre elles, comme je l’ai dit tout à l'heure , à peu près rectangulaires , elles s’arrondissaient ensuite par leurs extrémités. Ainsi arrondies par leurs deux bouts (fig. 3), toute trace de leur origine commune et de la cellule mère a disparu. Quand toute la série rayonnante de ces jeunes éléments fibreux a pris cette forme, on voit dans la cellule la plus rapprochée du cylindre fibro-vascu- laire , dans celle qui est à son contact, on voit, dis-je, se dessiner une ligne spirale très ténue (fig. 4, s) sur la membrane qui était d’abord lisse comme dans la figure 3. Cette spiricule, à peine per- cephble, d'une teinte plus elaire que le reste de la membrane, sans bords nettement accusés, a ses tours de spire très écartés les uns des autres dès le principe; ses bords se fondant insensiblement dans la matière environnante, à l’époque de son apparition, se dessinent bientôt avec plus de netteté; elle semble alors une hélice déliée , déposée à la face interne de la cellule (fig. 1 b). En examinant avec beaucoup d'attention, on découvre qu'à la vérité elle fait saillie dans l'intérieur de l’utricule ; mais aussi on s’aperçoit qu'elle occupeune partie de l'épaisseur de la membrane (fig. 5), dont elle est évidem- ment une dépendance, et non un simple dépôt secondaire formé sur la paroi interne de la cellule primitive. A cet âge de la spiricule, la membrane de la cellule qui lui donne naissance est encore unie extérieurement sur toute son étendue ; un peu plus tard, ayant sans doute un accroissement plus prompt que la spiricule, cette membrane se renfle (fig. 5, p) dans les par- o1/ A. TRÉCUL. —- FORMATIONS SECONDAIRES ties (qui alternent avee le filament hélicoïde : la cellule est donc par- courue à cette époque par un sillon qui suit à l'extérieur les con- tours de l’hélice. Cette structuré est d'autant plus remarquable que, plus tard encore , on observe souvent une disposition mverse , c'est-à-dire que la membrane est rentrante, et que la spiricule fait saillie (fig. 8). On remarque aussi fort souvent que cette membrane primiivement unie, sans ondulations, qui est devenue ensuite on- dulée, redevient sensiblement rectiligne ; c’est que la spiricule, dans son accroissement en largeur, n’a pas suivi la dilatation de Ia membrane cellulaire; elle s'est élargie avec plus de lenteur. D'abord simple linéament à la face interne de l’utricule , elle s’est élargie progressivement au point d'occuper fréquemment presque tout le rayon de la cellule, et de figurer une lame contournée comme un escaher à vis (fig. Le; fig. 6, 7, 8 et 10). J'ai observé depuis sur quelques autres individus, qui étaient plus âgés que les deux plantes que j'ai nommées, que cette alter- nance dans l'accroissement de la membrane et de la spiricule n’est pas constante. Ainsi j'ai vu des cellules de différents âges, à la sur- face desquelles on ne remarquait pas les éminences et les dépres- sions Spiroïtdales que j'ai signalées. 1 serait possible que ce phéno- mène fut du à là très grande activité de la végétation des jeunes plantes que j'ai d’abord examinées. Tout, du reste, était semblable J'ai remarqué que, pendant l'accroissement de cette spirieule, rien ne semblait annoncer qu'il se fit par des dépôts successifs de la matière contenue dans la cellule. I paraïssait s’accomplir , au contraire , par la dilatation de la spiricule, par une véritable nutri- tion, par intussusception. Sa structure, que j’exposerai plus loin avec plus de détail, viendra confirmer cette opinion. Dans un âge avancé de l'organe , la membrane qui avait donné naissance à la Spiricule, qui l'avait nourrie pendant son développe- ment, Soit d’abord directement, c’est-à-dire par les substances qu'elle s'était assimilées , soit ensuite indirectement par les matières que renfermait sa cavité, et que la spiricule, jouissant d’une vie propre, pouvait absorber immédiatement et s’assimiler, cette membrane, dis-je, a quelquefois disparu (fig. 10) ; il ne reste RE alors que des spiricules à côté les unes des autres. DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 019 Les jeunes fibres de la couche génératrice subissent suecessive- ment toutes ces modifications, à mesure qu'elles avancent dans leur développement ; mais les tours de leurs spiricules ne sont pas tou- jours aussi écartés que je les ai vus dans les plantes qui ont fourni les observations que je viens de décrire ; je les ai quelquefois trou- vés assez rapprochés dans quelques parties de certains Mamillaria. La formation des fibres annulaires présente des phénomènes analogues ; seulement ce sont des anneaux qui naissent à la place de la spiricule. Leur origine est la même. On a souvent des fibres annulaires et des fibres spirales superposées ou à côté les unes des autres (pl. 49, fig. 4, d). Malgré cette analogie de développement, je dois cependant entrer dans quelques détails sur la formation des fibres annulaires. Elles constituent, dans le principe , comme les précédentes , de simples cellules oblongues, lisses et-transparentes. De même qu'il est né de la membrane de celles-ci une spiricule fai- sant un nombre de tours de spire variable, de même il naît à des distances sensiblement égales un nombre variable aussi d’anneaux dans chacune des utricules annulaires. Ces anneaux commencent , comme des lignes plus claires, au milieu de la substance plus grise de la membrane cellulaire (pl. 20, fig. 44, à); ils semblent alors autant de cloisons qui vont diviser l’utricule. Quand 1ls commencent à être nettement dessinés autour de la membrane, on voit la cellule se gonfler dans les intervalles (fig. 49, 43 et 14), comme elle s’est distendue entre les divers tours de l’hélice des fibres spiralées. Son apparence devient telle, alors, qu’il serait impossible de s'imagimer qu'il y a à une simple cellule, si on ne l'avait vue se modifier ; ou plutôt cette utricule a tout l'aspect d’une éellule mère, qui vient de se partager par des cloisons pour produire plusieurs autres cel- lules (2). Ces anneaux, primitivement fort étroits, s'élargissent peu à peu ; tantôt ils n'acquièrent qu'une largeur minime ; tantôt ils arrivent à ne laisser dans l’axe de ia cellule qu’une ouverture excessivement (1) Je dois répéter ici ce que j'ai dit des fibres spirales; c'est que ce gonfle- ment, qui était constant pour toutes les fibres naissantes des jeunes Æ£chinocactus et Mamillaria que j'ai cités, ne m'a pas été offert par d’autres individus plus âgés, dont les membranes cellulaires restaient rectilignes. (Note de l'auteur.) 516 A. TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES réduite (fig. 15 et 19). Comme la spiricule , chaque anneau se di- late, et finit par effacer les tuméfactions que la membrane a présen- tées peu de temps après sa naissance. Aussi mince à son origine que la membrane de la cellule elle-même , il prend une épaisseur beaucoup plus considérable qu'elle en grandissant; car celle-ci conserve à peu près la même ténuité à tous les âges. Les anneaux ont par conséquent une consistance bien plus grande que celle des membranes ; c’est pourquoi, par la compression que les cellules exercent les unes sur les autres, pendañt leur accrois- sement, les anneaux refoulent les parois des cellules voisines vers le centre de chacune d’elles. Les spiricules des cellules à hélice offrent la même résistance que les anneaux ; elles pressent de même les cellules contiguës; aussi les trouve-t-on souvent toutes enche- vêtrées les unes dans les autres, quand les membranes de leurs cellules génératrices ont disparu en vieillissant. La compression que les cellules exercent les unes sur les autres a encore une autre influence ; elle empêche les anneaux et les spi- ricules de se développer régulièrement. En effet, si cette compres- sion n'existait pas, ces spirieules ou ces anneaux grandiraient dans des cellules à peu près cylindriques ; les anneaux seraient toujours cireulaires (pl. 20, fig. 14,15 et17), et les spiricules auraient un bord externe régulièrement convexe dans toute son étendue, comme dans les figures 7, 8 et 10. Au contraire, suivant que la pression des cellules latérales est plus ou moins grande, les anneaux présen- tent sur leur pourtour des échancrures qui leur donnent une figure variée. Ainsi ils peuvent offrir quatre ou cinq échancrures alter- nant avec autant de.parties saillantes (pl. 20, fig. L8 et 19), si quatre ou cinq cellules les comprimaient latéralement; d’autres fois, la pression étant venue principalement d’un côté, ils n’ont qu’une seule échancrure (fig. 20); le reste de leur contour est arrondi; ils figurent une sorte de croissant percé d’un trou. Les spiricules su- bissent des modifications analogues. La figure 9, planche 19, repré- sente une telle spiricule des plus remarquables, déformée par la compression, et qui est double dans les deux tiers de sa longueur. Tels sont les phénomènes qui accompagnent l’évolution de ces organes. DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 317 J'ai omis avec intention la description d’un point très important de la structure des organes dont je viens d’esquisser le développe- ment. La découverte du phénomène dont je vais parler a eu pour résultat de me conduire à d’autres observations du plus haut intérêt. J'ai vu, en effet d’abord dans des fibres qui avaient été soumises à la macération , ensuite dans des organes frais, que leur spiricule, qui était considérée comme formée d’une substance homogène, déposée à la face interne de la membrane utriculaire, j'ai vu, dis-je, que’cette spiricule est formée de deux substances : d’un tube creux, à parois minces, bien définies, d’une couleur différente de celle de la substance qu’il contient , et qui parait avoir le plus souvent la consistance d’une gelée (pl. 20, fig. 22, 25, 26 et 29 en o). On voit quelquefois cette dernière sortir par le petit pertuis, quand la spiri- cule est fracturée. Pour observer nettement la cavité, j'engagerai à prendre d’abord des tissus de Mamillaria, d'Echinocactus, ete., avancés en âge, qui auront macéré ou qui auront été desséchés. Il sera bon de la cher- cher d’abord dans les spiroïdes ou vaisseaux spiraux des racines , bien que la spiricule y ait un plus petit diamètre (fig. 25, 0) ; elle sera néanmoins plus favorable , parce que sa paroi se casse ordi- nairement avec plus de netteté. La spiricule des fibres de la tige, au contraire, étant très mince et plus large, offre souvent une cassure très inégale qui nuit à l'observation ; assez fréquemment aussi, les bords de la membrane se rapprochent, et ferment l’ouverture de la cavité tubuleuse. Quand la cassure est nette, et que l'ouverture se présente bien de face sous le microscope, on reconnaît que ce petit pertuis à une forme elliptique ou lenticulaire (fig. 26, en o), et qu'il est arrondi dans la spiricule des trachées (fig. 25). En renouve- lant souvent cette observation sur des tissus qui ont macéré ou qui avaient été préalablement desséchés, ainsi que je l'ai dit plus haut, on ne peut douter de la nature tubuleuse de la spiricule. On reconnaitra ensuite avec plus de facilité la tubulure dans des fibres fraiches. Dans tous les cas, il est important d’avoir des tranches ou une cassure bien perpendiculaire à l'axe de la spiricule. Une observation attentive prouve aussi que les anneaux sont creux, comme le filament ou la lame hélicoïde de ces fibres singu- 318 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES lières. Comme 1l est très rare d’avoir des coupes convenables des grands disques fournis par la tige, je conseille d'étudier les anneaux bien plus petits que contiennent les racines (lig. 23 et 24). Dans les plantes qui ont macéré ou dans celles qui ont été desséchées, on arrive très facilement à un résultat satisfaisant. Les figures 23, 24 et 25 représentent des éléments de la racine du Mamullaria doli- chocentra (4). 4) Suivant M. Schleiden, ces anneaux ne se développeraient point ainsi que je l'ai décrit, et ils auraient une structure bien différente. 1ls proviendraient tou- jours, ainsi qu'on l'a vu dans l'exposé de sa théorie, d'une spiricule qui se divise- rait en fragments, dont chacun, en se contractant et se soudant , formerait un anneau composé de deux tours de spire. J'ai décrit et figuré plusieurs fois un phénomène analogue à celui qui est généralisé à tort par M. Schleiden. Je dis à tort, parce qu'ici, et probablement dans beaucoup d’autres eas, les anneaux apparaissent immédiatement sous la forme annulaire. M. Schleiden ne semble pas avoir suivi le développement de ces anneaux ; il paraît l'avoir déduit, par analogie, d'observations faites sur d’autres plantes. Ce qui a induit en erreur le célèbre anatomiste allemand, c'est que l’on trouve quelquefois des cellules qui renferment simultanément des anneaux et une spiricule. J'ai vu aussi quelquefois, dans les mêmes cellules. des anneaux incomplets, n'occupant que la moitié ou les trois quarts de la circonférence; ils figuraient un croissant peu avancé (pl. 20, fig. 16, c), « Suivant Meyen, dit M. Schleiden, la fibre (spiricule), de même que l'épais- sissement dans d'autres cellules, se composerait de plusieurs couches, visibles seulement à un grossissement de 1000 à 2000 fois. Je n'en ai rien pu aperce- voir à un grossissement de 940 fois... » «Néanmoins, l'histoire du développe- ment démontre clairement qu'il doit en étre comme l'indique Meyen, continue M. Schleiden, parce que, dans le cambium {couche génératrice), des fibres (spi- ricules), qui plus tard deviennent larges etdistantes, sont d’abord à peine visibles. Quelquefois l'épaississement de ces fibres va si loin que l'anneau devient un disque, au milieu duquel ne subsiste plus qu'un petit pertuis. » IT est donc bien clair que, pour M. Schleiden et pour Meyen, l'épaississement des spiricules et des anneaux se fait par des couches qui s'ajoutent suecessive- ment de l'extérieur à l'intérieur. En parlant de la composition primitive des anneaux, quil regarde, ainsi que je l'ai dit plus haut, comme formé de deux convolutions , de deux tours de spire soudés , M. Schleiden assure que « quel- quefois ils se décomposent en leurs couches constituantes ; » et il donne de ce phénomène une figure (planche VIIT de son mémoire, figure 7 en A), dans la- quelle un de ces anneaux paraît présenter, à la fracture, ces deux couches super- posées. On pourrait comprendre, à la rigueur, que deux tours de spire simple- DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 919 Je n'ai point borné mes observations à l'étude de ces organes chez les Cactées. Je les ai renouvelées sur un grand nombre d’autres espèces. Partout où j'ai trouvé des spiricules suffisamment grosses et des anneaux assez volumineux; partout ; dis-je, j'ai vu une cavité centrale , renfermant tantôt un liquide, tantôt une ma- tire de consistance gélatineuse, quelquefois tout à fait solide. Voiei une liste des plantes sur lesquelles j'ai trouvé l’observation plus facile, parmi les espèces que j'ai examinées : Phytolacca de- candra, Impatiens Balsamina, 1. fulva, 1. Royleana, Cucurbita Pepo, C. perennis, Atropa Belladona, Nicotiana Tabacum, Sam- bucus nigra, Allium Cepa, un Y'ucca, Glaucium flavum , Ara- ha edulis, Hydrophyllum virginicum , Batatas edulis, Phar- batis violacea, Cobæa scandens (les plus grosses trachées), Datura Stramonium , Lycopersicum esculentum , :Solanum dulcamara , S. tuberosum, Lavatera arborea, Althœæa officinalis, À. rosea, A. laurinensis, Beta vulgaris, Rheum Rhaponticum, Æsculus Hippocastanum, Helianthus annuus, Carthamus tinclorius, Cen- taurea Jacea, Hieracium murorum, Campanula rapunculoides, OEnothera macrocarpa, Cuphea lanceolata, Bryonra dioica, San- guisorba canadensis, Nolana prostrata et N. atriplicifolia. Chez toutes ces plantes, la cavité n’est pas toujours également visible ; il faut quelquefois choisir leurs plus gros anneaux ou les plus grosses spiricules. ment soudés pussent se séparer plus tard, mais ce que l'on concevrait plus dif- ficilement, c'est que toutes les couches ajoutées après la soudure, parallèlement à un plan vertical, pussent elles-mêmes se partager en deux lames horizon- tales. Voici probablement ce qui a eu lieu : Ces anneaux discoïdes, aplatis par con- séquent, sont creux, ai-je dit ; ils ont donc une paroi supérieure et une infé- rieure ; une Cassure inégale aura montré ces deux parois ou membranes à M. Schleiden, qui les aura prises chacune pour un tour de la prétendue spire originelle. On serait porté à croire, d'après les citations que je viens de faire, que des grossissements très considérables soient nécessaires pour bien étudier ces or- ganes. Cependant, avec un bon instrument de Georges Oberhaeuzer, donnant 400 diamètres, on verra facilement tout ce que j'ai décrit jusqu'ici. (Note de l'au- teur, { 920 A. TRÉCUL. —- FORMATIONS SECONDAIRES L'Impatiens fulva est particulièrement favorable à ce genre de recherches. Ses vaisseaux, soit déroulables, soit munis d’une mem- brane , m'ont donné des coupes , sur lesquelles j’ai pu reconnaître avec facilité la structure que je viens de signaler. Très souvent, la spiricule des trachées de cette plante étant cassée, j'ai pu voir un petit cylindre solide sortant de la cavité de la spiricule. J'ai fait la même observation sur les trachées d’un pétiole d’Æsculus Hippo- castanum. Dans ce dernier cas , le cylindre central sortait longue- ment du tube membraneux. J'ai aussi très fréquemment aperçu une goutte de liquide recou- vrir l'extrémité du tube , ou bien s’épancher au milieu de l’eau pla- cée sur le porte-objet; cette liqueur , ordinairement d'apparence mucilagineuse, contenait souvent des granulations inégales en suspension, ou peut-être plutôt, elle formait des granulations en se divisant dans l’eau. Pour reconnaitre plus facilement la membrane tubuleuse qui constitue la spiricule, je choisis des coupes minces des rameaux de l’Impatens fulva, dans lesquelles les spiricules ou les anneaux sont coupés transversalement ; je les place sur une lame de verre, dans de la teinture hydralcoolique d’iode préparée comme il suit : teinture alcoolique d'iode saturée, 1 partie; eau, 5 parties; 1l se fait un précipité d’iode qui maintient la solution à l’état de satura- tion. Après quelques instants de contact avec cette teinture , J'a- joute de l’acide sulfurique, qu’il convient quelquefois d’affaiblir un peu, suivant l’état de la membrane utriculaire, de la spirale ou de l'anneau. L’acide dilate ces organes, dont les parois ont été colorées par l’iode en un beau jaune d’or ou orange plus ou moins foncé; on voit alors très distinctement une cavité souvent assez con- sidérable, environnée par la membrane. Il est très bon aussi d'isoler les vaisseaux par la macération de la plante dans l’eau pendant quelques jours. On les dégage facilement ensuite du tissu cellulaire qui les entoure; on les fragmente le plus possible, et on les soumet ensuite au traitement de l’iode et de l'acide sulfurique. Après quelques moments, on les place sous le microscope , et il n’est point rare de voir quelques extrémités des fragments se présentant convenablement, et montrant de la manière DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 321 la plus nette l’ouverture de la cavité de la spiricule (pl. 20, fig. 29, o). | Quand celle-ci est ainsi gonflée , on peut même reconnaitre en- core aisément la tubulure , par transparence, à travers la mem- brane (fig. 29, d), en plaçant le vaisseau de manière que le plan qui passe par son axe soit au foyer de l'instrument. On a, dans ce cas, l’image d’une coupe longitudinale, et l’on distingue avec pré- eision la paroi interne et la paroi externe du tube spiral, à peu près comme l'indique la figure 29 en o. Bien que ce dernier moyen ne laisse aucun doute dans lPesprit de celui qui a l’habitude de ces observations, 1l faut cependant voir une section transversale del’hélice, comme en o, afin d'obtenir une certitude parfaite de n'avoir pas été trompé par une simple appa- rence; ce qui, du reste, n’est pas possible dans cette circonstance. On peut juger de la même manière de la structure des anneaux. Toutes les plantes, lors même qu'elles ont de grosses spirales et d’épais anneaux, ne sont pas également favorables pour ces re- cherches. Bien que le Cucurbita Pepo, par exemple, soit la pre- mière plante étrangère à la famille des Gactées que j'aie examinée, et sur laquelle j’aie constaté le phénomène dont je m'occupe en ce moment, je ne conseillerais pas de Fexaminer d’abord , parce que la membrane de ses spiricules est assez mince, et exige beaucoup d'attention pour être aperçue sans le secours de l’iode et de l'acide sulfurique ; et même, après leur action, elle reste encore très mince, tandis que la cavité qu’elle environne est spacieuse. Il faut donc iui préférer l’Impatiens fulva. Les anneaux du Maïs, de l'Arundo donax, de l'Elymus euro- pœus, et de quelques autres Graminées que j'ai étudiées, présentent le même inconvénient, bien qu'ils soient plus volumineux encore que les grosses trachées du Cucurbita Pepo. Cet inconvénient, au reste, n’est pas grand ; car les spiricules et les anneaux à membranes épaisses sont très nombreux. Ce sont ces spiricules et ces anneaux qui ont été regardés par MM. de Mirbel et De Candolle comme bordés de bourrelets (pl. 20, fig. 25). C'estdans ces organes que M. Dutrochet voyait deux spiricules unies par une membrane plus mince. Ce sont ces anneaux qui ont fait croire à 4e série. Bor. T. LL. (Cahier n° 6.) ! 21 329 A. TRÉCUL, —- FORMATIONS SECONDAIRES M. Schleiden que chacun d'eux est composé de deux tours de spire ; et qui ont porté M. Hugo Mohl à penser qu'il y avait à deux anneaux superposés , séparés par une fente à leurs points de jonc- tion, Il voyait de même deux spiricules contiguës et soudées dans celles qui ont l'aspect représenté par la figure 25. En effet, le tube central se dessine fréquemment avec beaucoup de netteté à l’exté- rieur, à travers la membrane qui l’enserre. La substance qu'il ren- ferme a une couleur différente de celle de cette membrane ; elle est ordinairement brillante, d'un bleu léger, argentin, presque blanche , tandis que les parois de la spiricule ont une teinte plus foncée. Cette différence de teinte est très sensible dans l{mpatiens fulva, le Pharbitis violacea, et la plupart des plantes que j'ai nom- mées plus haut. L'erreur dans laquelle sont tombés les botanistes que je viens de . désigner eût pu être évitée, s'ils avaient examiné les anneaux paral- lèlement à l’axe du vaisseau dont ils faisaient partie, c’est-à-dire perpendiculairement à leur diamètre ; ils auraient souvent trouvé, sinon toujours, non plus deux anneaux superposés, mais deux anneaux concentriques, comme l'indique la figure 24, séparés aussi par une ligne brillante, exactement semblable à celle qu'ils avaient observée dans l’autre sens. Il est bien clair que, pour que ces deux lignes soient également épaisses , il faut que la section transversale de l'anneau représente un cercle. Si l'anneau était déprimé paral- lèlement à l’axe du vaisseau, la ligne médiane, ou mieux la cavité de l'anneau aurait une largeur moindre dans cette direction. Si, au contraire , l'anneau était comprimé dans le plan perpendiculaire à l'axe du vaisseau, comme les anneaux représentés figures 17, 48, 19, 20, la cavité aurait dans ce sens une plus grande dimension; aussi ne verra-t-on qu'une bordure ténue dans les figures 17et 18, indiquant l'épaisseur de la membrane, Il arrive assez souvent que, dans ces anneaux des Cactées, on n’aperçoit pas nettement l'épais- seur de lamembrane autour du pertuis central (fig. 49 et 20); c'est que la membrane de l'anneau va graduellement en s’épaississant de ce côté, et la cavité, par conséquent, en se resserrant peu à peu. Maintenant que j'ai étudié la structure de la spiricule, je ne crois DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 323 pas inutile de dire quelques mots sur la constitution générale des VaiSSCaux SpIr'aux. | Cette spiricule seule compose-t-elle Le vaisseau tout entier, comme l'onteru beaucoup d'observateurs? Ou bien est-elle toujours accom- pagnée d’une membrane? Quelle est la position de ectte membrane par rapport à la spiricule? Y a4-1l quelquefois deux membranes, l’une intérieure, l’autre extéricure, entre lesquelles serait placée la spiricule ? Telles sont les questions qui ont été agitées, sans que l’on soit tombé d'accord sur aucun de ces points. Ces divergences d’opi- ion sont presque toujours dues à ce que les observateurs n’ont examiné qu'une face de la question. Ils ont jugé d’après un fait, qu'ils se sont empressés de généraliser. Presque toutes les plantes élevées en organisation contiennent des vaisseaux spiraux qui ne sont munis de membrane ni à l’exté- rieur , ni à l'intérieur de la spiricule (pl. 20, fig. 22) ; celle-ci seule les constitue, Je parlerai plus loin de leur développement. H serait bon, je crois, de ne se servir du mot de crachées que pour désigner ces seuls vaisseaux, et d’appeler fausses trachées ceux qui sont pourvus d’une membrane. Car les vaisseaux spiraux qui en sont munis (et je prends ce terme de vaisseau spiral dans son acception la plus restreinte) ne sont pas moins nombreux queles précédents. Eh bien, dans ce cas, la membrane, toutes les fois que j'ai bien constaté son existence, élait placée à l'extérieur ; elle entonrait la spiricule qui y était ordinairement adhérente (pl. 20, fig. 29, et pl. 21, fig. 32). Celie adhérence est plus ou moins forte ; quelquefois elle est si considérable que la séparation des deux parties du vaisseau , de la membrane et de la spiricule, ne peut s'effectuer sans la déchirure de l’une ou de l'autre. J'ai figuré (pl. 24, fig. 32) un vaisseaut qu avait lé isolé par macération, dans lequel la fermentation avait distendu beaucoup la membrane entre les tours de spire qui claient très écartés ; la spiricule, ne pouvant suivre ce mouvement d'exten- sion en largeur de lamembrane, s'était séparée en partie de celle-ci, en laissant à sa surface un peu de sa substance (voyez en s, fig. 32). Quand la membrane d’un vaisseau, à spires très écartées , est 92! A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES ainsi très inégalement dilatée, elle peut donner lieu à une cause d'erreur. Il semble quelquefois que la spiricule soit extérieure , et qu'elle comprime ainsi la membrane entre ses contours sinueux. Avec un peu d'attention , je suis parvenu à m’assurer , dans quel- ques circonstances, qu'elle était réellement à l’intérieur. Cependant la détermination de la place qu’occupe la membrane m'a quelquefois embarrassée ; elle me semblait être insérée entre les spires. En plaçant ces vaisseaux dans de l’acide sulfurique, soit seul, soit après les avoir imprégnés de teinture hydralcoolique d’iode pour le colorer , j'ai vu plusieurs fois la membrane se déta- cher du pourtour de la spiricule, et devenir évidemment extérieure par rapport à celle-cr. Dans quelques autres circonstances , j'ai vu des vaisseaux spi- raux non déroulables, et des vaisseaux annulaires de l’Zmpatens fulva, etce., dont les spires et les anneaux, qui étaient très rappro- chés les uns des autres, étaient tous en relief à l'extérieur , et ne présentaient aucune apparence de membrane de ce côté ; mais je ne suis point parvenu à distinguer s’il y en avait une à l’intérieur , ou si la membrane génératrice était interposée entre les tours de spire et les anneaux. N'ayant pu éonsacrer que peu de temps à l'examen de ce phénomène, j'espère, dans le courant de l'été prochain, être en mesure de me prononcer sur cette question. Nous venons de voir qu’il y a des vaisseaux qui ont une mem- brane, et qu'il en est aussi qui n’en ont pas du tout ; en existe-t-il qui en aient deux? M. Girou de Buzareingues pense qu'il y en a deux partout : une à l’extérieur, et l’autre à l’intérieur de la spiri- cule, des anneaux ou des réticulations , etc. En observant certains vaisseaux, j'ai Cru aussi quelquefois qu’il y en avait deux ; mais par un examen attentif, en élevant et abaissant alternativement le vais- seau pour mettre successivement divers points de sa surface au foyer du microscope, je me suis convaincu que j'étais dupe d’une illusion. Voici ce qui m’induisait en erreur. La membrane de ces vaisseaux ({mpatiens, Cucurbita, ete.) est très souvent marquée de lignes longitudinales (fig. 29 et 32), et quelquefois de transversales, sullantes au dehors, dont la disposition rappelle ordinairement la forme des cellules adjacentes. Quand ces lignes longitudinales DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 329 s'étendent beaucoup sans présenter de lignes transversales, il peut arriver que le vaisseau soit placé de manière qu’elles paraissent à sa surface, près de ses côtés, comme les lignes a et b dans la fig. 29, soil en dessous comme @, soit en dessus comme b, Si l’on n’observe pas avec beaucoup d'attention, il est facile de s’y tromper ; on peut prendre ces lignes pour une membrane interne. Mais , en élevant et abaissant l’objet avec précaution , on acquiert la conviction que les lignes représentant cette prétendue membrane interne sont un peu plus élevées ou un peu plus basses que celles que donne la membrane externe du vaisseau, quand l’axe de celui-ci est au foyer du microscope ; ce qui ne pourrait avoir lieu s’il y avait deux mem- branes. Dans ce dernier cas, en effet, les deux lignes seraient exactement à la même hauteur. Les vaisseaux spiraux proprement dits et les vaisseaux annulaires ne sont pas les seuls dont les productions secondaires offrent une cavité à l’intérieur, car beaucoup de vaisseaux réticulés offrent une disposition analogue. L’Echinocactus Brongniartii m'a fourni trois formes de réticu- lations. Dans l’une, la membrane primitive est entière, unie à l'extérieur, et paraît doublée à l’intérieur d’une seconde membrane d'une teinte plus claire, et interrompue de manière à figurer des réticulations ou des raies : c’est la forme connue des botanistes. Dans la seconde, la paroi vasculaire offre des renflements sur ses deux faces interne et externe (pl. 20, fig. 21 et 27, r); de sorte que, sur une coupe longitudinale , on aperçoit une série de dila- tations et de contractions, comme l’indiquent ces deux figures. Les contractions donnent lieu à l'apparence de raies ou de fentes qui existent quelquefois réellement, car la membrane cellulaire peut être résorbée dans ces endroits-là. Les dilatations , de même que les spiricules, présentent à E. pourtour une Do mince, mais bien apparente, qui renferme ordinairement une substance gélatiniforme et paraissant aussi quelquefois avoir beaucoup moins de densité ; on croirait alors la cavité dépourvue de toute substance solide. Il me paraît que, dans ce cas, il n’y a qu'un liquide, comme je l’ai souvent constaté de la manière la plus évidente dans les spirieules et dans les anneaux. 326. A, TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES La figure 21 m'a été donnée par un vaisseau du Cucurbita Pepo, et la figure 27 par un Echinocactus Brongniartii, dans le tige du- quel les vaisseaux de cette sorte étaient très abondants. La troisième forme réticulée que m'a fournie la tige de cet Echi- nocactus est celle qui est représentée figure 28. Les mailles sont très larges, et les branches ou fils du réseau très étroits. Ces branches coupées transversalement offrent le même aspect que celles des spiricules et des anneaux, c’est-à-dire qu'elles sont tubu- leuses (fig. 28, £), et renférment une substance dont la consistance peut varier aussi, Dans le vaisseau figuré , la membrane avait entièrement disparu des larges mailles qu'il formait. Bien que son aspect seul me l’in- diquât, je m'en suis néanmoins assuré en le mettantdans de la tein- ture d’iode ; les mailles restèrent parfaitement incolores, tandis que toutes les autres parties devinrent d’un beau jaune doré. Jai aussi trouvé une fois un véisseau semblable dans une jeune tige de Cucurbita Pepo ; mais ce joli vaisseau, dont les réticulations étaient également tubuleuses, était muni de sa membrane cellulaire qui paraissait interposée aux branches du réseau. J’ai obtenu égale- ment de l'{Zmpatñens fulva et de quelques autres plantes des vais- seaux réticulés dont les branches étroites , coupées transversale- ment, avaient exactement la même composition. Dans cette dernière plante , l’{mpatiens fulva, une autre forme est bien plus commune. La coupe transversale des branches du réseau, au lieu d’être arrondie ou ellipsoide comme dans les exemples précédents, est convexe du côté interne 2, figure 34, planche 24, et plane du côté externe e. Cette figure 34 représente seulement un côté du vaisseau, l’espace ne m'ayant pas permis d’en figurer davantage. Vers l’intérieur, la membrane du vaisseau, bien qu’assez mince, est cependant très apparente; vers l’exté- rieur, au contact des cellules voisines, il m'a été plusieurs fois impossible d’en bien constater l'existence; mais dans quelques vaisseaux (fig. 33 et 34) comme dans la figure 27 en b, on distingue nettement les deux membranes à l'extérieur et à l’intérieur. Ces vaisseaux étaient traversés de larges fentes , où la membrane avait le plus souvent disparu complétement ; dans quelques parties rares, DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 227 elle avait été conservée , et se colorait par liode, au heu que les fentes réelles restaient tout à fait incolores, la membrane ne s’y trouvant plus. Comme dans les spiricules et dans les anneaux, on remarque sur les bords du réseau les parois de la membrane, qui avaient fait croire aussi à l'existence de bourrelets autour des mailles, des fentes et des ponctuations. Autour des fentes des vaisseaux de l’Impatiens fulva, il reste souvent une étroite bordure de la mem- brane qui n’a pas été entièrement résorbée , et c’est cette bordure mince qui donne lieu à l’aréole que présentent souvent ces fentes. Tous ces faits singuliers s'accordent peu avec les idées régnantes sur l'accroissement en épaisseur des cellules. Is ne peuvent être expliqués par la théorie des dépôts secondaires opérés successive- ment à l'intérieur les uns des autres par le liquide renfermé dans les cellules ; ils ne s'accordent pas non plus avec la théorie de M. Hartig. Quel est alors le mécanisme de leur développement ? J'ai déjà décrit plus haut la naissance de la spiricule et des anneaux dans les cellules fibreuses des Cactées ; j'ai dit qu’elles commencent dans l'épaisseur même de la membrane utriculaire; qu’elles y appa- raissent d'abord sous la forme de lignes plus claires que le reste de la membrane ; qu’elles s’épaississent et deviennent saillantes à l'intérieur de la cellule. J'ai dit aussi que cet épaississement, au lieu de se faire par des dépôts successifs qui s’effectueraient de la circonférence au centre , s’accomplit sous l'influence d’une véri- table nutrition par intussusception ; ce qui le prouve, c’est que ces spiricules et ces anneaux se creusent, et renferment un peu plus tard une substance d’aspect différent de celle qui constitue leur membrane extérieure ; de manière que la spirieule est une véritable cellule hélicoïde, dont la cavité se fait par une sorte de dédouble- ment de la substance primitive de l’héliee ou de l'anneau, qui, en se dilatant, se creuse, et remplit le canal qui en résulte d’une matière qu’elle sécrète, qu’elle élabore. On conçoit très bien ce phénomène ; mais comment comprendre la formation des spiricules qui ne sont pas accompagnées d'une cellule enveloppante , et dont il a paru si difficile de saisir l’évolu- tion. N’en connaissant pas la structure , il n’était pas aisé de voir 528 A. TRÉCOUL, —- FORMATIONS SECONDAIRES dans son développement autre chose que ce qu’en à dit M. de Mir- bel, qui croyaitque la spiricule d’une trachée était tout simplement le résultat de la découpure en spirale d’une membrane utriculaire. Quand la spiricule est dépourvue de membrane, c’est probablement que celle qui lui a donné naissance a été résorbée dans les inter- valles qui séparent les tours de spire. Comme ces tours de spire sont très rapprochés, il n’est pas étonnant que M. de Mirbel n'ait vu là qu'une simple découpure. Au reste, il n’a décidé cette question que par analogie, ainsi que nous l'avons vu plus haut ; et nous verrons plus loin combien il est imprudent de déduire le développe- ment &’un organe de celui d’un autre, quand même il a avec lui une ressemblance plus où moins marquée. L'étude de ce phénomène est très délicate, et mérite à elle seule de faire l’objet d’un travail spécial. Un résultat satisfaisant ne pourra être obtenu que par des coupes convenablement dirigées. Ce tra- vail devant probablement exiger beaucoup de temps, je n’ai pas cru devoir suspendre mes autres observations pour continuer immédiatement cette recherche, qui, d’ailleurs, après les faits dont j'ai l'honneur de donner la description à l’Académie, n'a plus qu'un intérèt secondaire. Quant aux réticulations, elles sont produites par un mode ana- logue à celui qui donne naissance aux spirieules ; seulement Ja sécrétion, au lieu de se faire en hélice, s'effectue en réseau plus ou moins dilaté, et quelquefois en une couche presque continue, comme cela se voit dans les fibres ligneuses représentées figures 30 et 81 de la planche 20 (1). Avant d'aller plus loin , il faut que je m'explique sur le sens que j'attache aux mots sécrétion et dédoublement que j'emploie très sou- vent dans le cours de ce mémoire. Je dis qu'il y a dédoublement d'une membrane, quand celle-ci, après s'être épaissie par l’assimi- lation ou plutôt par l’organisation de molécules semblables à celles qui laconstituent, vient à se partager en deux membranes de même (1) D'autres fibres ligneuses de la même plante (Echinocactus Brongniartiü) , plus avancées dans leur développement, offraient une troisième couche plus épaisse, interposée entre la membrane interne et la membrane externe qui étaient plus minces. (Note de l'auteur.) DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 329 nature. Il y a sécrétion d’une membrane, ou peut-être mieux excrétion, quand les molécules qui la composent ont été organi- sées , sécrétées par la membrane préexistante, et rejetées ensuite soit à l'extérieur, soit à l’intérieur de cette membrane forma- trice. Mais , quand la végétation est très active, il n’est pas toujours facile de distinguer s’il y a eu dédoublement ou seulement excré- tion, car les deux phénomènes semblent se confondre. En effet, quand la sécrétion est très prompte , l’accumulation des molécules nouvelles dans l’intérieur de la membrane sécrétante lui donne un air de jeunesse qu’elle n’a pas dans toute autre occasion ; alors elle diffère peu de la membrane excrétée, qui prend vite la même appa- rence qu'elle. Dans un grand nombre de cas où la sécrétion et par conséquent l’excrétion se font avec plus de lenteur , il n’en est point ainsi ; la membrane excrétée a , dès le principe, un aspect tout différent de la membrane qui lui a donné naissance, etce sont ces cas très nom- breux qui ont fait croire aux formations de dépôts effectués par les liquides contenus dans les cellules. En effet, quand une cellule vasculaire à acquis une certaine étendue , elle commence à s’épaissir. On découvre souvent alors à sa face interne une couche mince, brillante, plus claire quelquefois que la membrane primitive. Cette couche peut être partielle ou cou- vrir toute la surface de l’utricule. Le plus souvent elle est partielle ; alors les parties où elle ne se forme pas simulent des ponctuations , des raies ou les mailles des réticulations. J'ai dit tout à l'heure que la membrane sécrétée n'avait pas tou- jours une teinte différente de celle de la membrane sécrétante. J'ai observé fréquemment , dans les vaisseaux réticulés de l’Zmpatiens fulva , que les deux membranes sont complétement Semblables , de telle sorte qu’elles paraissent plutôt résulter du dédoublement d’une même membrane que de la sécrétion de l’une par l’autre, d'autant plus que la membrane génératrice est simple , 1à où il n’y a pas eu d’épaississement très marqué (fig. 33, a). Assez fréquem- ment (non dans l’!mpatiens fulva), l'accroissement en épaisseur de la membrane s'arrête là; mais très souvent aussi, le plus ordinai- 330 A, TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES rement peut-être, surviennent des modifications que fera bien comprendre l'explication des figures 27, 33, 34 et 35. Le vaisseau d’après lequel a été dessinée la figure 33 était bordé d’un côté par une fibre ligneuse, à paroi peu épaisse f ; c’est le côté du vaisseau appuyé à cette fibre que je représente dans cette figure, l’espace ne me permettant pas de donner tout le diamètre de l'organe. La membrane vasculaire est çà et là très étroite et simple dans ces parties rétrécies, ou mieux non dilatées (a) ; où elle est tuméliée, il y a deux membranes séparées par une substance semi-liquide et de même nature que celle qui est contenue dans les spiricules. À l'endroit des contractions, sur le côté adjacent à la fibre ligneuse, il y a de petits espaces semi-cireulaires, v, vides de toute matière liquide ou solide, tels qu’on en observe vis-à-vis des ponc- tuations chez certaines plantes ; mais iei la cellule fibreuse est par- faitement rectiligne , ce qui prouve une fois de plus que, contre l'opinion de quelques anatomistes, une modification sur un organe n'entraine pas nécessairement une modification semblable sur la cellule adjacente. Dans la figure 34, et en b figure 27, la tuméfac- tion ne s’est faite que du côté interne du vaisseau. Le dédouble- ment a été complet partout ; il y a deux membranes bien distinctes, 1 même où il n'y à pas eu épanchement (fig. 34, €), sécrétion de la matière qui détermine l’écartement des deux membranes. La figure 35 représente, d’un côté du vaisseau, le même phéno- mène sous une forme un peu différente. Au-dessus des fentes dont la paroi vasculaire est perforée, on aperçoit en p cette paroi compo- sée de deux membranes séparées par la même substance semi-fluide ou gélatineuse ; de l’autre côté du vaisseau, les branches du réseau avaient été coupées transversalement, de manière que l'on voyait très bien se dessiner le petit cercle membraneux au pourtour de quelques-unes d’entre elles en o. Toutes ces figures ont été don- nées par un des rameaux supérieurs de l’Zmpatiens fulva (à la fin d'octobre). Dans la fig. 27, tirée de la tige de l’Echinocactus Brongniartii, on voit les mêmes phénomènes. La paroi utriculaire est partagée en deux membranes concentriques , qu’une matière de teinte un DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 991 peu différente, 6à et Ià plus abondante, sépare l’une de l’autre. Dans quelques points, les deux membranes sont encore contiguës, et l'on reconnait que ce sont ces parties où la sécrétion ne s’est pas opé- rée qui constituent les raies du vaisseau, La membrane de ces raies avait aussi disparu comme dans le vaisseau de lImpatiens fulva que je viens de décrire. Je ferai observer ici que, lorsque les fentes ou perforations sont larges, comme dans cet Zmpatiens, elles sont fréquemment bordées d’une aréole étroite, due à l’amincisse- ment de la membrane autour de l'ouverture. Les solutions de continuité qui se sont faites ici suivant des lignes interrompues, peuvent ailleurs alterner avec des découpures en spirales ; c’est alors que l’on a des vaisseaux à larges spirales rayées ou réticulées. Ce qui se passe dans l’intérieur de ces membranes vasculaires primitives parait tout à fait analogue à ce que j'ai observé dans la production de la cavité de la spiricule. Celle-ci est d'abord homo- sène comme ces membranes, puis elle se creuse en se remplissant d’une matière liquide ou gélatiniforme, qui même peut devenir solide. Cependant il ne faut pas s'empresser de généraliser un phé- nomène qui peut être vrai seulement dans certains cas, parce que, comme l'indique cé que je viens de dire de l’exerétion et du dédou- blement, on peut arriver à des formes semblables par l’un et autre moyen. Cette proposition deviendra plus évidente’par la suite. Un phénomène du même ordre que ces dédoublements se pré- sente dans la paroi commune à deux cellules adjacentes , qui ont une mème origine, qui toutes les deux proviennent de la division par cloisonnement d'une cellule mère. On a souvent pensé que, dans ee dernier cas, il y a originairement deux membranes réunies. Je ne erois pas que cela soit, parée que les moyens qui nous servent à déceler deux membranes, là où elles existent réellement, ne réussissent pas ici, quand les cellules sont suffisamment jeunes. Je ne vois à qu'une membrane qui plus tard se partage en deux parles progrès de la végétation. Pourquoi répugne-t-il de croire au dédoublement d’une mem- brane utrieulaire ? Comprend-on mieux la multiplication, la divi- sion d’une cellule en deux , où même en plusieurs utricules, de 392 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES quelque manière qu'elle se produise ? Et cependant on ne peut la nier. Dans un mémoire spécial sur la multiplication utriculaire , je donnerai d’autres exemples du dédoublement des membranes cel- lulaires. | La nature , qui a le moyen de faire deux cellules d’une seule, a aussi celui de faire deux membranes d’une membrane primitive. Pour que la science fasse des progrès , il ne faut pas nous laisser conduire par notre seule raison ; il ne faut pas rejeter ce qu’elle ne comprend pas, par cela seulement qu'elle ne le conçoit pas ; il faut accepter les faits, et n’en déduire que les conclusions qu'ils peuvent rigoureusement donner ; car lorsque l’on veut aller au delà de ces faits, on se laisse souvent entrainer par l'imagination ; l’histoire de la question que je traite en ce moment nous prouve assez que l’on doit toujours être guidé par. l'observation directe, et ne pas s’em- presser de généraliser quelques observations isolées . La membrane qui sépare deux utricules naissant par division est donc simple dans le principe, suivant mon opinion. C'est une pareille division des utricules qui détermine la multi- plication des fibres ligneuses ; c’est au moins ce que j'ai observé dans le Paulownia imperialis et dans l’Ulmus rubra (1). La dispo- sition des jeunes fibres ligneuses dans les autres végétaux me porte à croire que c’est par le même mode de génération qu'elles sont produites. Toujours est-il que ce n’est jamais par un liquide circu- lant entre le bois et l'écorce que sont engendrées les nouvelles couches de bois et d’écorce. Je crois avoir surabondamment prouvé cela par les divers mémoires que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Académie dans ces dernieres années. Les fibres ligneuses des Conifères sont dans leur jeunesse, comme celles du Paulownia, comme celles de tous nos arbres di- cotylédonés , disposées en séries rayonnantes. Toutes ces jeunes cellules sont séparées de leurs voisines par une membrane unique, ainsi que l’indique le fragment de la couche génératrice du Taæus baccata, représenté planche22, figure46. Non-seulement les parois (1) Voyez mon mémoire intitulé : Origine et développement des fibres ligneuses dans le tome XIX des Annales des sciences naturelles, 3° série ; et celui qui a pour titre : Reproduction du bois et de l'écorce par le bois décortiqué (même volume). DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 299 qui séparent les cellules d’une même série offrent cette conforma- lion, mais aussi celles qui appartiennent aux utricules de deux séries adjacentes. Ce serait là le cas de soutenir la duplicité de la membrane utriculaire ; car, puisque ces cellules se multiplient par séries horizontales rayonnantes, on peut supposer que chaque série, au moins, doit avoir ses membranes particulières. Eh bien, dans ce cas-1à même, quand la végétation est très active, cette com- position ne s’observe pas (1). Je dis quand la végétation est très active, car toutes les parties d’une même couche ligneuse de l’année , également éloignées du centre, ne sont pas à un même degré de développement, On observe fréquemment, par des coupes perpendiculaires au rayon, faites dans ce que l’on appelle la couche génératrice, que çà et là sont des séries rayonnantes plus ou moins avancées que leurs voisines. On comprend alors que leurs parois doivent être distinctes; mais quand ces séries sont à un même degré de végétation, et que celle-ci marche vite, on ne distingue pas de ligne de démarcation entre leurs parois. Ce n’est qu’un peu plus tard que le dédoublement s’accomplit ; et il se fait entre les séries parallèles (en p, fig. 47, pl. 22), avant de s’opérer entre les cel- lules d’une même série en c. La figure 48 montre la séparation accomplie dans les deux directions, et les cellules sont environ- nées d’un peu de matière intercellulaire. Ce n’est quelquefois que beaucoup plus tard que les cellules d’une même série se disjoi- gnent ; d’autres fois, au contraire, leur disjonction a lieu de très bonne heure, comme l'indique la figure 48 que je viens de citer. Ce dédoublement des membranes cellulaires des séries parallèles contiguës est fort intéressant à suivre dans les Conifères que j'ai examinées, eten particulier dans le T'axæus baccata. Quand la plante est en pleine végétation, si l’on fait, dans la couche génératrice, des coupes minces perpendiculairement aux rayons médullaires , on voit d’abord dans les coupes les plus ex- ternes, faites à travers les cellules naissantes, que les cellules de deux séries adjacentes n’ont qu'une paroi commune, simple, recti- ligne (fig. 36, p, p); sur des coupes un peu plus profondes, on voit (1) Quand je dis qu’une membrane est simplé, je ne veux pas dire qu'elle le soit essentiellement, mais qu'elle l'est anatomiquement. (Note de l'auteur.) 991 A. RÉCUL, —— FORMATIONS SECONDAIRES la membrane commune se renfler, s’épaissir par places, de manière à simuler une série de nodosités et de contractions alternantes (fig. 37 et38). Les parties renflées sont de longueur variable (mêmes figures en a et b). On pourra assez souvent remarquer dans les ren- flements d, d (fig. 37) que la membrane estencore simple, comme dans les parties non tuméfiées s, s; mais À un état de développement un peu plus avancé, la membrane épaissie se divise longitudinale- ment €, €, etde la matière intercellulaire s’interposeb; et fréquem- ment celle-ci est partagée elle-même en longueur en deux lames qui tapissent chaque eellule adjaëente (fig. 38, a et b), de façon que chaque cellule, dans ees parties, parait avoir une double mem- brane : l’intérieure, plus mince et plus compacte , est formée par la membrane primaire; l'extérieure, plus épaisse et moins dense, l'est par la matière intercellulaire. Celte matère intercellulaire, incluse dans des espaces circonserits, semble done sécrétée par les membranes environnantes , avec lesquelles elle est d’abord eon- fondue, ainsi que le montrent les parties renflées à leur début (d, d, fig. 87). D'autres exemples montreront aussi que ces produe- tions extracellulaires appartiennent réellement aux cellules conti- guës, par lesquelles elles sont sécrétées. Nonimées 1natières anter- cellulaires, paree qu'on n’en connaissait pas l’origine, on les a con- sidérées comme une substance à part, tandis qu’elles constituent en réalité une formation secondaire à l'extérieur de la cellule , analogue à celle qui se fait à l’intérieur. La composition élémentaire est semblable à celle des cellules qui l'ont produite. Ainsi que l’a démontré M. Paven, elle a pour base la cellulose ; mais si ce sont des fibres ligneuses qui l’ont produite, elle jaunit comme elles par l’action de la temture hydralcoohique diode et de l'acide sulfurique ; car ilestrare queles fibres ligneuses deviennent inmeédiatement bleues sous l'influence dé ees réactifs, éme :en parle, Je dis même en parie, parce que je n'ai point vu ce que M. Hartig appelle l’astathe prendre cette couleur bleue , quand le ptychode et l’eustathe deviennent jaunes. Dans quelques cas rares , dans le Tilleul par exemple , j'ai vu cet astathe devenir bleu clair ; mais le ptvchode, où membrane interne, était d’un bleu foncé très intense. La caractère donné par M, Hartig, el foudé sur DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 390 la composition chimique déterminée au moyen des réactifs que je viens d'indiquer, ne peut donc être pris en considération. Quand, au contraire, la matièreintercellulaire, où mieux les for- mations secondaires externes ont été produites par le tissu paren- chymateux, elles bleuissent immédiatement. Dans le tissu cortical du T'axus baccata, elle se développe abso- Jlument de la même manière qu’à la surface des jeunes cellules li- gneuses. Le dédoublement des utricules estle même ; elles ont leurs renflements et leurs partiès non tuméfiées. Dans d’autres tissus, il se fait aussi de la mème façon ; mais les formations secondaires externes (matière intercellulaire) y sont bien plus abondantes. Dans le tissu subépidermique où épidermique (peu importe le nom que lon veuille adopter) du Cereus peruvianus , le développement de cette matière est fort remarquable. Les cellules contiguës n’ont dans le principe qu'une membrane commune (pl. 24, fig. 42enc); puisleur séparation se fait d’abord entre les séries parallèles à la cuticule en p, ensuite entre les cellules composant ces séries , c’est-à-dire dans les parois perpendiculaires à la euticule. La matière intercellulare produite dans la première direction p, p est déjà très abondante, comme on le voit par l'inspection de la figure 42, quand il n°v en a pas du tout encore dans la seconde d, d. Souvent même on ne re- marque pas en ce moment le dédoublement de la membrane comme en €,C. Ces formations secondaires externes, de même que les internes, ne se développent pas sur toute la surface des cellules ; il y a des points où il ne s'en produit pas (fig. 43, e). Les membranes des cellules contigués, restant fortement adhérentes dans ces dernières parties, sont refoulées vers l’intérieur de leurs cellules respectives, là où la matière intercellulaire 2, à est plus ou moins abondante. Si elle esten grande quantité, il en résulte des sortes de tubes plus ou moins allongés, qui simulent des ponctuations quand on les voit parallèlement à leur axe, et qui correspondent aux parties adhé- rentes des membranes. Quand la végétation de ces utricules est très active, il arrive quelquelois que leur membrane primaire se confond en partie avec les productions secondaires qu’elle sécrète, Ce fait, et un autre dont 390 A. TRÉCUL. --— FORMATIONS SECONDAIRES je parlerai bientôt, démontrent, 1l me semble, que c’est réellement cette membrane qui sécrète, qui engendre cette substance, qui s’en recouvre à l’extérieur, de la même manière que d’autres cellules se revêtent à l’intérieur. Je crois qu’en y regardant de plus près qu’on ne l’a fait, on trou- vera que les cellules subépidermiques des Beta vulgaris, tri- gyna, etc., se comportent comme celles que je viens de décrire. Je pense que l’on reconnaîtra que la membrane interne est la mem- brane primaire, et non la membrane tertiaire. Je ne voudrais rien affirmer à cet égard , parce que je n'affirme pas , quand je n’ai pas vu la naissance , l’évolution d’un organe ; mais la structure de ces cellules indique qu’il en doit être ainsi. Lamembrane primaire que M. Mohl croit avoir vue en £,t, figures 44 et 45,n’y existe point. C'est une ligne brillante due à la moindre densité du bord de la matière intercellulaire , que l’on observe après avoir fait réagir l'iode et l'acide sulfurique, que ce savant a prise pour la membrane primaire, séduit qu’il fut par une idée préconçue, conforme à sa théorie sur la constitution de la cellule. L'action de l’acide sulfurique sur ce tissu isole souvent toutes les cellules qui le composent , et chacune d'elles entraine avec elle la matière intercellulaire qu'elle a sécrétée. Cette matière, comme sur les cellules du Cereus peruvianus, n’est pas répartie également sur toute l'étendue des utricules ; il n’y en a pas où ces cellules sont restées ‘adhérentes (fig. 44); ce qui fait qu'après leur isolement, ces cellules sont doublées sur quatre , cinq ou six de leurs côtés d’une masse épaisse de cette substance, dans laquelle on remarque des stries parallèles à sa surface (fig. 45). Dans le Cereus, la ma- üère intercellulaire se partage de mème ; chaque cellule, en se sé- parant, emporte avec elle la moitié correspondante de la couche environnante, mais celle-ci n’est pas distribuée avec la même re- gularité que dans le Beta vulgaris ou dans le B. érigyna. Tout cela vient à l’appui de l’opinion que j'ai émise relativement à l’origine de la matière intercellulaire. Je suis persuadé aussi que l’on trouvera la même chose pour les cellules du périsperme du Phytelephas, quand on en pourra suivre le développement DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 99 1 A côté de ces formations secondaires externes viennent se ran- ger d’autres formations, qui paraissent tout d’abord n'avoir avec elles aucune ressemblance. Ce sont les cellules spiralées que ren- ferment les feuilles de certaines Orchidées. Les feuilles épaisses de quelques Pleurothallis, de certains Stelis, du Physosiphon Loddi- gesù, du Lepanthes cochlearifolia , etc., ont une structure mani- festement différente de celle des feuilles des autres plantes de la même famille. Cette dissemblance consiste dans l’existence , sur les deux faces de la feuille, d’une couche de cellules dépourvues de _chlorophylle, placée entre l’épiderme et le parenchyme qui con- tent la matière colorante verte. A la face inférieure , 1l n’y à ordi- nairement qu'une couche de grandes cellules spiralées, tandis qu’à la face supérieure il v a, immédiatement au-dessous de l’épiderme, deux, trois ou quatre rangées de cellules incolores de moyenne grandeur , ét, au-dessous d'elles, en contact avec les cellules mu- nies de chlorophylle , on trouve un rang de cellules beaucoup plus grandes que toutes les autres , et allongées perpendiculairement à l'épiderme. Ce sont fréquemment ces dernières cellules, mais sur- tout celles de la rangée voisine de l’épiderme inférieur, qui ont la structure que j'ai signalée, et dont je veux décrire l’évolution. Dans quelques Stelis, etc., ces cellules spiralées sont aussi disper- sées au milieu du parenchyme vert, Les spiricules, que l’on voit très bien se contourner en colima- con vers les extrémités des utricules, sont saillantes à l’intérieur de celles-e1 ; assez souvent, les tours de spire sont séparés les uns des autres par la résorption de la membrane qui les unissait d’abord. Assez fréquemment aussi, surtout dans les très longues cellules de la face supérieure de la feuille, il n’y a point de spiricules propre- ment dites ; mais les membranes sont simplement plissées en hé- lice , sans qu'il y ait de productions secondaires comme celles que je vais décriré. Ces cellules, quand elles sont munies de spiricules, ont donc beaucoup d’analogie avec les vaisseaux spiraux et les cellules des Cactées dont jai parlé précédemment ; mais si, de l’évolution de ces derniers organes, on voulait préjuger celle des autres, on Lom- berait dans une erreur bien grande. En effet, tandis que les Spiri- 4° série. Bor. T. II, ( Cahier n° 6. }2 29 298 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES cules des cellules fibreuses des Cactées , etc., appartiennent évi- demment aux formations secondaires internes, celles des cellules spiralées des feuilles des Orchidées, dont il s’agit ici, se rangent parmi les formations secondaires externes (4). Voici comment leur développement s'accomplit. Ce que je vais dire se rapporte surtout au Lepanthes cochlearifohia et au Physosi- phonLoddigesii, dans lesquels j'ai étudié ce phénomène avec le plus de facilité. Les cellules qui le présentent sont, dans leur jeunesse, séparées par une membrane commune à deux cellules. La produc- tion des spiricules peut commencer dès cette époque ; c’est ce qui m'a paru avoir lieu le plus souvent dans le Lepanthes cochleari- folia ; mais fréquemment, surtout dans le Physosiphon Loddigestü, leur évolution commence lorsque la membrane de chaque utricule est distincte. Si le développement se fait quand la cloison , ou membrane qui sépare deux cellules, est simple, la modification peut s'effectuer sur l’un ou l’autre côté de la cloison seulement, ou sur les deux côtés à la fois. Supposons d’abord, ce qui arrive fort souvent, qu'il ne naisse de spiricule qu’à la surface de l’une des deux cellules que sépare cette cloison. On voit alors , sur des coupes transversales , que la membrane s'épaissit du côté de cette cellule à des intervalles réguliers. Comme l’épaississement s'opère dans l’intérieur de la cloison, il en résulte que la membrane fait dans la cavité de la cel- lule des saillies ou des ondulations alternant avec des parties dépri- mées, tandis que la surface interne de l’autre cellule est restée rec- tiligne. Quand ces éminences , qui décrivent une hélice dans l’intérieur de la cellule, sont arrivées à une certaine dimension, on reconnait que l’épaississement se divise en deux parties : l’une, mince, circonserit la cavité de la cellule , c’est la membrane utri- culaire ; l’autre, qui ressemble à de la matière intercellulaire, rem- plit les tubulures formées par les ondulations dues à l’écartement de la membrane. (1) Meyen, qui a signalé ces cellules spiralées dans l'Oncidium maæimum, l'O. juncifolium, le Vanda teretifoliu, jugeant &e leur développement par leur apparence, s était imaginé que la spiricule était à la face interne de la membrane cellulaire. (Voyez Meyen, Physiologie, t. 1°", p. 435.) (Note de l’auteur.) DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. . 399 Ce qui s’est produit d’un seul côté de la cloison peut s’opérer sur les deux, c’est-à-dire sur les deux cellules adjacentes. Alors les ondulations de l’une des cellules sont rarement opposées à celles de l’autre; elles sont plus fréquemment alternes, de manière, au contraire, que les dépressions d’une cellule correspondent aux éminences ou spiricules de l’autre. Le produit de la sécrétion d’une cellule est donc parfois bien distinct de celui de la sécrétion de sa voisine ; et les ondulations, ou renflements, sont quelquefois sépa- rées par de courts espaces, dans lesquels la membrane primaire n’a pas été modifiée , épaissie ; mais quand la végétation est très active, la sécrétion peut être assez abondante pour que les matières épanchées entre les deux parois soient confluentes : il n’y à pas alors de ligne de démareation entre l’épanchement fourni par l’une et par l’autre cellule. Toute la formation secondaire à , dans ee cas primeipalement, les caractères de la matière intercellulare , telle que les botanistes la comprennent ordinairement. Quand, au contraire, des l’origine de ces formations secondaires externes, les membranes des cellules contiguës sont distinctes. là phénomènes généraux sont les mêmes ; mais on distingue mieux encore ce qui appartient à chacune des utricules. Le Physosiphon Loddigesu, dans cette circonstance, est très favorable à l’observa- tion, bien que ce phénomène soit aussi bien souvent apparent dans d’autres espèces. Dans ce cas, done , de même que dans le précé- dent, il arrive très fréquemment que l’une des deux cellules seule- ment est active. On la voit se plisser régulièrement, en s’écartant à des intervalles égaux de sa voisine , au contact de laquelle elle demeure dans les parties où il ne se fait pas d’excrétion. À mesure que l’écartement a lieu , les petits espaces intercellulaires se rem- plissent d’une matière fluide, dont la densité est manifestement plus grande près de la cellule formatrice. Si les deux cellules sont écartées par la section en préparant l'objet, la cellule active em- porte avec elle ce qu’elle a produit, et l’on voit distinctement que la malière sécrétée, qui est nettement délimitée, n’est bordée à l’exté- rieur par aucune pellicule qui puisse résulter d’un dédoublement de la membrane mère, analogue à celui que j'ai représenté figure 33, planche 21, par exemple, en r,r. Mais, à une époque un peu plus 3/0 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES avancée, on s'aperçoit que la sécrétion acquiert plus de densité vers sa limite externe ; une pellicule d’abord d’une très grande té- nuité apparaît; elle augmente insensiblement et finit par atteindre l'épaisseur de la membrane mère, qui a été refoulée vers le centre de la cellule. Une production semblable peut naître aussi de l’autre côté de la cellule adjacente. Dans ce cas, la sécrétion des deux cellules voisines est distincte, même avant l’apparition de la pellicule ex- terne ; car les deux sécrétions contiguës sont séparées à leur point de contact par une ligne noire très déliée, suivant laquelle naissent bientôt les membranes externes. Celles-ci paraissent quelquefois unies comme le serait l’eustathe de M. Hartig, auquel elles corres- pondent évidemment; mais dans un âge plus avancé encore , cet eustathe, ou mieux ces deux membranes tertiaires externes se séparent, ce qui n'aurait point lieu d’après la théorie de M. Hartig. Bien que les parties constituantes de ces cellules spiralées appa- raissent de l’intérieur à l'extérieur, leurs spiricules n’ont cependant pas la composition que cet anatomiste attribue aux spiricules en général; car, suivant lui (Ann. se. nat., 8° série, . I‘, p. 860), la spiricule est formée d’un astathe environné et soutenu par le Ptychode, tandis que nous avons, dans les spiricules des feuilles des Orchidées mentionnées ici (en adoptant les termes de M. Hartig), le ptychode, l’astathe et l’eustathe. Ainsi, dans ce cas spécial même, qui diffère au plus haut point des spiricules des Cactées et des vais- seaux spiraux décrits précédemment, la spiricule n’a pas, je le ré- pète, la composition que M. Hartig a cru trouver dans les vaisseaux Spiraux en général, bien que la production de cette spiricule s'accorde avec sa théorie sur l'accroissement de la cellule. Voilà des faits qui justifient à peu près complétement l'opinion de ce savant, si on la considère comme l'expression de quelques cas particuliers ; malheureusement ce botaniste, croyant pouvoir gé- néraliser quelques observations isolées , a cité des exemples, tels que le Taæus baccata, etc., qui ne sont pas du tout conformes à sa théorie, ainsi que je vais le démontrer maintenant. Cette digression sur les formations secondaires externes m'a éloigné un peu des fibres ligneuses des Conifères, ou plutôt du. DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. ali Taæus baccata ; mais elle était indispensable pour montrer l’analo- gie qui existe dans l’origine des formations secondaires internes, ou prétendus dépôts intérieurs, avec ce que je désigne par forma- tions secondaires externes. Je reviens maintenant à ma description des fibres ligneuses du Taæus. Je disais donc que les très jeunes cellules qui les consti- tuent, d’abord intimement unies entre elles (pl. 22, fig, 46), com- mencent à se séparer les unes des autres dans la direction paral- lèle, aux rayons médullaires (fig. 47, p,p), et ensuite, quelquefois beaucoup plus tard, perpendiculairement à ces rayons, en c, en émettant chacune une couche mince de la substance dite intercel- lulaire (fig. 48), comme si elle était tout à fait mdépendante des cellules qu’elle environne, comme si elle n’en était qu’un moyen d'union venu on ne sait d’où. Pendant que ces phénomènes se passent à l'extérieur, on en ob- serve d’autres à l’intérieur des cellules ; mais ils sont un peu plus tardifs. Je dis qu'ils sont un peu plus tardifs, parce qu'ils n’appa- raissent qu'après la disjonction des cellules parallèlement aux rayons médullaires ; souvent aussi on les aperçoit longtemps avant la séparation des utricules qui se fait dans le sens opposé en c, fig. 47. Je veux parler des formations secondaires internes. Pour bien étudier leur apparition , il faut examiner surtout des coupes parallèles aux rayons médullaires, au moment où la végéta- tion est très active. On découvrira , dans le bois de l’année précé- dente, toutes les fibres parfaitement isolées les unes des autres, unies ou non par de la matière intercellulaire , car celle-ci dispa- rait quelquefois (fig. 51 et 52). Chacune d’elles est alors composée de trois membranes (fig. 51) : une extérieure p, qui représente l’eustathe de M. Hartig; une intérieure s, qui correspondrait au ptychode de cet auteur ; et une intermédiaire a, qui serait l’équi- valente de son astathe. Si la formation secondaire externe à n’a pas été résorbée , elle sera commune à deux cellules voisines , et il y aura deux membranes de plus que M. Hartig ne le pense. Dans tous les cas, ces fibres seront toujours séparées les unes des autres, soit par de la matère intercellulaire (fig. 51, 2,2), soit que cette substance ait disparu (fig. 52). 3112 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES Dans le bois de l’année, on pourra observer la même structure ; les fibres pourront être isolées complétement ; on bien, quoique munies de leurs ponetuations aréolées, de leurs spires ou de leurs anneaux , elles pourront encore être soudées entre elles par leurs membranes primaires, comme l'indique la figure 49 en p,p, planche 22 ; l’astathe, ou membrane moyenne, pourra avoir aussi une assez grande épaisseur (comme en”, m, fig. 49). Je me ser- virai des termes de M. Hartig, parce qu’ils peuvent être employés ici sans inconvénient. Dans des cellules plus jeunes, on ne distinguera plus les anneaux, ni les spires (fig. 49, K,R,T,X,Z); mais il pourra y avoir encore les ponctuations imparfaites, représentées par des cercles assez larges, bordés d’une très petite aréole 0,0. Ces cercles sont remplis d’une matière qui contient des granulations en suspension. ‘ Dans ces cellules, l’astathe et le ptychode ne sont pas encore dis- tinets l’un de l’autre ; il n’y à qu’une couche homogène et épaisse (kg, fd) à la face interne de la membrane primaire p,p. Le pty- chode, ou membrane interne, n’est indiqué que par une densité plus grande, et une légère teinte du bord interne de la membrane. Cette teinte, bien délimitée autour de la cavité de la cellule , se fond peu à peu vers l’intérieur de cette membrane secondaire. L’épais- seur de celle-ci ne parait pas sensiblement moindre dans des cel- lules arrivées au degré de développement dont je parle (fig. 49, X), que dans les fibres plus vieilles m, m ; mais dans des fibres moins avancées encore, elle est notablement moins épaisse fd, cb; son bord interne est souvent un peu sinueux d, c,b, et, chose remar- quable, son épaisseur n’est pas égale sur tout le pourtour de la cellule fd, cb ; elle est plus petite du côté externe, c’est-à-dire du côté de l'écorce e que du côté interne ou de la moelle. Ces cel- lules X, R, T ont aussi des disques aréolés avec granulations. Plus à l’extérieur encore , la cellule X est marquée de même de disques aréolés et granulés; mais la cellule Z, plus jeune que les précé- dentes, n’a plus de traces de l'apparition des ponctuations. Par l'examen de ces cellules d’âges différents , on peut s'assurer que la membrane secondaire interne diminue d'épaisseur à mesure que l’on observe des cellules moins âgées , et que le côté externe DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 313 est ordinairement plus mince que l’interne, ainsi que je l'ai dit plus haut. Dans la cellule X, cette membrane interne est encore sen- Sible vers l’intérieur de l'arbre en a ; elle ne l’est plus du côté de l'écorce ou de la cellule Z. Dans cette cellule Z, il n’v a pas de traces de la membrane secondaire. Il ne reste plus, ou mieux il n’y à que la membrane primaire qui soit développée, celle qui est la plus extérieure dans la fibre parfaite, celle que M. Hartig regarde comme la plus jeune, et qui est en réalité, comme on le voit, née la première. Les autres apparaissent donc à la face interne de celle-e1, d’abord sous la forme d’une couche inégale, dont le bord interne paraît refoulé vers l’axe de la cellule par une substance qui s’m- terpose entre lui et la membrane primaire ; ce qui prouve que c’est encore celle-ci qui élabore ces productions internes , comme elle paraît donner naissance à la matière intercellulaire , ou formation secondaire externe. La couche secondaire interne, d’abord simple, comme je viens de le dire, se divise en deux quand elle a acquis à peu près l’épais- seur qu'elle doit avoir. La plus intérieure est mince, l'autre beau- coup plus épaisse. Au moment où s'opère cette division se montrent les spiricules ; elles naissent, comme celles des Cactées que j'ai décrites , sous la forme de lignes très grêles, plus claires que le reste de la paroi cellulaire, et dans l'épaisseur de celle-ci; elles s’accroissent insensiblement, et finissent par faire saillie dans lin- térieur de l’utricule. Aïnsi, cette membraneinterne ou le ptychode, formant dans le principe le bord libre, plus dense et un peu coloré de la production secondaire, a été sécrété avant l’astathe ; et tous les deux tirent leur origine de lamembrane externe, ou eustathe de M. Hartig, qui serait par conséquent primaire et non tertiaire (4). (1) Quand je dis que la membrane interne ou ptychode et la membrane moyenne ou astathe tirent leur origine de la membrane externe ou primaire, je ne veux pas dire que l'astathe naisse immédiatement de celle-ci; mais je crois, au contraire, qu'elle naît du ptychode ou membrane interne. Ainsi, je pense que la membrane primaire sécrète la membrane interne, et que celle-ci à son tour produit l'astathe ou membrane médiane, parce que toutes les fois qu'une mem brane en sécrète une autre, la densité va ordinairement en diminuant de l'organe sécréteur à la surface de la partie sécrétée, quand cette différence est encore sensible , car il arrive un moment où elle ne l’est plus. (Note de l'auteur.) ol A. ‘'TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES Si, après avoir examiné des coupes longitudinales parallèles aux rayons médullaires, on étudie de nouveau des coupes perpendicu- laires à ces rayons, on observe des phénomènes semblables à ceux que je viens de décrire pour ce qui concerne les formations secon- daires internes, à mesure que les coupes seront faites plus profon- dément. On verra aussi que, dans l’intérieur même de l’aubier, les deux membranes primaires p,p (fig. 39, pl. 21) des cellules voi- sines pourront rester enchâssées dans les formations secondaires interne as et externe t, en conservant leurs dilatations et leurs con- tractions, ou mieux leurs parties entre lesquelles la matière inter- cellulaire 2,2 ou formation secondaire externe sera plus où moins abondante. Cette structure communique aux tissus le plus singulier aspect, et il faut absolument les avoir vus naître pour s’en rendre un compte exact. Il serait impossible de comprendre à la première vue ce que sont ces lignes sinueuses qui courent au milieu de la substance de la paroi utriculaire. Quand , au contraire, on a vu ces parois cellu- lairesréduites à ce que montrent les figures 36, 37 et 38, planche 24, en p,p, ce phénomène , qui semble d’abord inexplicable ; devient de la plus grande simplicité. On n'hésite plus à reconnaitre dans ces lignes sinueuses les membranes primaires des deux cellules ou fibres ligneuses adjacentes, séparées par de la matière intercellulaire, et enveloppées par leurs couches respectives de formation secondaire interne. On remarquera quelquefois aussi, sur des coupes perpen- diculaires aux rayons médullaires, un autre phénomène intéressant. J'ai dit plus haut que toutes les jeunes cellules collatérales , mais appartenant à des séries rayonnantes différentes , ne sont pas tou- jours au même degré de développement dans la couche génératrice. J'ai trouvé des exemples fort remarquables de ce fait dansle Taœus baccata, et je les représente dans les figures 40 et 41, planche 21..A côté de fibres parfaites (fig. 41, F), déjà munies de spiricules très développées, de couches secondaires très épaisses «, s, j'ai remar- qué quelquefois, dis-je, d’autres cellules B,C,c, dans lesquelles la formation secondaire était nulle ou extrêmement réduite ; voyez en C,s',s', où elle ne consistait qu’en une couche fort mince qui revêtait les membranes primaires p’, p'ravec leurs renflements plus DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 309 ou moins prononcés. Les deux membranes des cellules adjacentes n'étaient même pas toujours séparées æ. La coupe, représentée par cette figure 41, offrait aussi deux pores 0, 0, dont la deseription est digne d'intérêt. ILy avait perforation complète, communication d’une cavité cellulaire à l’autre, et, ce que j'ai vu avec surprise, c’est que la membrane interne d’une cellule B était parfaitement continue avec la membrane interne de l’autre F, de même que celle de cette cel- lule F était continue avec la membrane interne de la cellule D. Fai vérifié ce fait par un grand nombre d’autres observations. Je ferai remarquer que, dans cette figure qui représente des fibres jeunes encore , et dans quelques autres coupes de tissus jeunes et vigou- reux aussi, l’espace lenticulaire o qui sépare ordinairement les fibres à l’endroit des ponctuations, comme ceux que montre la coupe transversale figurée sous le n° 52, planche 22, et les coupes longi- tudinales (fig. 53, 54, 55, 56, et pl. 21, fig. AO), cet espace len- ticulaire, dis-je, n'existait pas dans la coupe qui a donné la figure 41. D'où il suit que ce n’était pas le renflement causé à l'intérieur des cellules par la production de cette vacuole, qui avait déterminé l'absence de dépôt secondaire sur la paroi interne des cellules, puisqu'iln’y avait pas eu épanchement de gaz comme le pense M. Schleiden. Je m'empresse d'ajouter cependant que l'opi- non de ce célèbre anatomiste sur l’origine de cet espace lenticu- laire n’est pas sans fondement, ainsi que je le montrerai plus loin. Nous avons vu précédemment que les ponctuations, ou mieux les pores, vus sur des coupes parallèles aux rayons médullaires , commencent par des cereles remplis d’une substance mucilagi- neuse tenant des granules en suspension (fig. 49 en 0,0); que ces cercles apparaissent en même temps ou un peu avant les forma- tions secondaires internes. Peu à peu les disques granulés dimi- nuent de largeur, tandis que les aréoles environnantes augmentent, et bientôt le disque est réduit à une ponctuation arrondie , envi- ronnée d’une autre aréole plus petite, ronde également , et quel- quefois aussi d’une troisième plus petite encore, mais elliptique. Ces granulations sont dues, sans doute, à la désorganisation de la membrane, qui détermine la formation des ouvertures. Bien que, ainsi que je viens de le dire , j'aie vu très souvent, 36 A, TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES au printemps, des perforations complètes avant l'existence des espaces lenticulaires , il m'est arrivé dernièrement, au mois d’oc- tobre, en cherchant à vérifier encore une fois mes observations, de trouver que , entre des membranes cellulaires encore nunees, il y avait des séries de ces petits espaces remplis de gaz, sans commu- nication avec les cavités des cellules, ainsi que l’a décrit M. Schlei- den; mais on voit, par ce que l’on vient de lire, que ce ne sont point ces cavités lenticulaires, je le répète, qui font que la paroï ne s’épaissit pas dans les endroits où des ponctuations doivent appa- raître, puisqu'il y a souvent dans de jeunes tissus des ouvertures sans ces espaces intercellulaires. | Il est évident déjà que ces perforations, que quelques anato- mistes ont niées, ne se forment point comme on l’a prétendu; ce que je vais ajouter achèvera de le démontrer. Puisqu'il y a perfora- tion complète, il n’y existe pas de membrane primaire obturatrice ; et, de plus, les membranes internes des deux cellules voisines sont parfaitement continues à travers les ouvertures (fig. 41, 55 et 56 en o) ; et cela ne se voit pas seulement dans les organes très Jeunes, mais encore dans des fibres de l’aubier, lorsque la séparation des membranes primaires n’a pas été entière, comme le montrent les figures 52 et 54 en u, u. C’est ordinairement près de ces espaces lenticulaires que la scission des deux cellules se termine. Avant qu’elle soit complète, on suit très bien autour des vacuoles lenticu- laires la continuité de ces parois, que je n’ai trouvée interrompue que lorsqu'il y avait un peu de matière intercellulaire (fig. 53, 2), ou entre des fibres plus âgées, dont la disjonction des membranes primaires était entièrement opérée. Après cette séparation totale des deux fibres, on observe aussi que la membrane externe de chacune est en continuité manifeste avec sa membrane interne, et il résulte de là que ce qui a été appelé astathe par M. Hartig est tout à fait enclavé , comme dans une tunique, dans ce que j’ai désigné par membrane primaire et membrane secondaire la plus interne dans mes descriptions. Il semblerait à cette époque tardive, d’après cette structure , que la membrane primaire s’est dédoublée , ainsi que je l'ai dit pour les vaisseaux réticulés de l’Zmpatiens fulva , et qu'entre ces parties dédoublées s'est épanchée une matière demi- DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 347 liquide, mucilagineuse. Mais le phénomène ne s’est pomt accompli de la sorte : la membrane primaire, vue pendant le développement des autres, ne paraissait pas s'être dédoublée , et e’est iei que le mot sécrétion où excrélion peut être employé avec justesse; car dans le tissu, par exemple, qui m'a fourni la figure 40, planche 24, la membrane primaire p, p enveloppant la matière intercellulaire 2, presque confondue avec elle, avait une consistance très grande, l'aspect argentin un peu bleuâtre des jeunes utricules , tandis que la formation secondaire s’,s’ avait complétement l’apparence gé- latineuse. Ici, comme on le voit, il y avait, à côté de l’une de l’autre , deux fibres à un degré de développement différent. Dans l’une , la membrane interne était déjà munie de ses spiricules F, tandis que l’autre € en était dépourvue. Cette membrane, avec spiricules s, était consistante , mais moins que la membrane pri- maire p, avec laquelle elle était continue à l'ouverture de la per- foration o. On remarquait une certaine dissemblance dans leur teinte, dans leur densité ; mais on n’observait pas de discontinuité bien manifeste. Dans l’autre cloison , la différence de densité entre les membranes primaires p',p’ et la formation secondaire s, s’ qui la revêt, était bien plus sensible encore, car cette dernière avait tout à fait l'aspect gélatineux. J'ai dit tout à l'heure que c’est au pourtour des vacuoles lenticu- laires (Tüpfelraum des anatomistes allemands) que la séparation des membranes primaires des cellules adjacentes s'opère en dernier lieu. Il résulte, de cette scission tardive en ce point, qu'avant qu’elle soit entièrement accomplie, comme en w,u, figures 52 et 54, planche 22, chaque vacuole est entourée d’une membrane continue. Ce reste d’adhérence a probablement contribué à faire croire à M. Schacht que ces vacuoles(ou T'üpfelraum) sont des cellules mu- nies d’une membrane propre. Par un nouvel examen, M. Schacht s’apercevra certainement qu'il n’en est pas ainsi; 1l reconnaitra que souvent , sur des coupes soit transversales , soit longitudinales , il n'y à plus adhérence que d’un côté de la vacuole comme en 0’, ligures 52 et 54; il s’apercevra enfin que ces espaces lenticulaires ne sont limités que par les membranes primaires des deux cellules VOIsines. 318 A. RÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES J'ai aussi acquis la certitude que ce T'üpfelraum, ou espace len- ticulaire, contient, à son début, une matière d'apparence gazeuse, ainsi que l’a dit M. Schleiden , et non un liquide renfermant des oranules, comme le pense M. Schacht. Cette substance granuleuse se trouve dans l'épaisseur de la membrane, pendant que celle-ci se résorbe pour produire les ouvertures ou perforations que je viens de décrire. Je terminerai ce mémoire en reconnaissant qu'il m’a élé impos- sible jusqu'ici de voir l’évolution complète de ces perforations. Je n'ai pu saisir , n1 sur des coupes transversales , n1 sur des coupes longitudinales, les premiers indices de leur apparition ; mais la disposition des parties qui les environnent me porte à croire que c’est dans ces endroits où les membranes primaires n’ont pas été séparées que se développent ces pores. Conclusions générales. Des principaux faits renfermés dans ce mémoire, je conclus : 1° Que la cellule végétale peut produire des formations secon- daires externes et des formations secondaires internes ; 2° Que certaines cellules ne donnent naissance qu’à des fofma- tions secondaires externes ; 9° Que d’autres cellules ne produisent que des formations secon- daires internes ; L° Qu'il est des cellules qui réunissent à la fois ces deux sortes de formations ; 5° Que les spiricules des vaisseaux, les réticulations, les an- neaux , etc., sont engendrés par la membrane primaire qui les a précédés ; 6° Que les spiricules sont toujours trouvées creuses , et renfer- mant une substance liquide ou mueilagineuse, ou tout à fait solide, suivant l’âge auquel on l’examine, toutes les fois qu’elles sont suffi- samment grosses pour être bien observées ; 7° Que les anneaux des vaisseaux annulaires sont également tu- buleux et remplis d’une substance analogue à celle que contiennent les spiricules ; DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 319 8° Que les vaisseaux réticulés présentent trois formes différentes, quant à leur structure intime : 4, les uns sont formés de deux zones, d’une membrane primaire qui est à l’extérieur , et d’une membrane interne sécrétée par la précédente ; elle est çà et à inter- rompue, et figure de larges mailles ou de simples raies, ou seule- ment des ponctuations ; B, d’autres vaisseaux semblent aussi for- més de deux membranes réunies aux fentes , aux pores où aux dépressions qui les simulent, mais elles sont séparées dans les autres parties par de la substance semblable à celle que j'ai signalée dans les spiricules ; €, dans la troisième forme, les branches du réseau sont étroites, et ne constituent que de petits tubes grêles , anastomosés, contenant la même matière que les autres vaisseaux ; 9 Que les fibres ligneuses de plusieurs végétaux que j'ai étudiés ont une structure et un mode de développement analogues ; 10° Que , dans le T'aæus baccata par exemple , les jeunes fibres contiguës ne sont séparées que par une membrane simple qui se dédouble, et sécrète de la matière intercellulaire à l'extérieur, et les membranes secondaires des auteurs à l'intérieur; 41° Que la plus interne de ces membranes n’est pas la plus jeune, comme on le croit généralement, mais que c’est la médiane qui apparait la dernière ; 12° Que les cavités des fibres contiguës communiquent entre elles par des perforations de leurs parois ; 13° Que, dans les fibres adultes, la membrane interne de chacune est en continuité parfaite avec sa membrane externe ; et que, dans des fibres plus jeunes, les membranes internes des deux cellules adjacentes sont aussi continues , intimement réunies à travers les ouvertures; 14° Que, par conséquent, la membrane médiane qui est la der- mère formée est enveloppée de toutes parts par les deux autres ; 15° Enfin que, de tous ces faits , il résulte que ces membranes secondaires ne sont pas dues à des sédiments abandonnés par les liquides contenus dans les cellules végétales. 850 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 19, Fig. 4. Coupe longitudinale d'une partie de la tige de l’Echinocactus Courantii, montrant en c de jeunes cellules fibreuses spiralées parfaites ; en d, une cellule munie d'anneaux; en b, de jeunes cellules garnies de spiricules très peu dé- veloppées ; en a, des cellules de même nature non encore munies de spires ou d'anneaux ; en e, des cellules plus larges qui, en se dilatant transversale- ment, puis se divisant longitudinalement, devaient reproduire des cellules semblables aux précédentes ; f, jeunes cellules corticales. Fig. 2. Coupe transversale des parties représentées figure 1: c, couche fibro- vasculaire ; b, cellules à spiricules; d, cellules à anneaux; a, jeunes cellules fibreuses de la couche génératrice, réduites encore à la membrane primaire ; f, cellules corticales ; r, r, rayon médullaire, Fig. 3. Une des jeunes cellules fibreuses représentées en a dans les figures 1 et 2, isolée et réduite à la membrane primaire. Fig. 4. Même cellule un peu plus âgée; on y aperçoit la spiricule naissante. Cette spiricule ne se distinguait d'abord de la membrane qu'en ce qu'elle avait une teinte plus claire que le reste de celle-ci, dans l'épaisseur de laquelle elle naît. Fig. 5. Cellule de même nature, montrant la spiricule un peu plus avancée que celle de la figure #4. On voit en à, i, que la spiricule commence dans l'épais- seur de la membrane primaire. Fig. 6. Cellule fibreuse du même Echinocactus Courantii, renfermant une spiri- cule plus âgée. Fig. 7. Cellule fibreuse munie d’une spiricule plus dilatée encore transversa- lement. Fig. 8. Cellule fibreuse spiralée, dont la membrane s’infléchit à l’intérieur. Fig. 9. Cellule fibreuse à spiricule bifurquée dans les deux tiers supérieurs de sa longueur , et développée irrégulièrement sous l'influence de la compression exercée latéralement par les cellules voisines. La membrane primaire est résorbée. Fig. 40. Spiricule développée normalement , et privée de sa membrane primaire qui a été résorbée. PLANCHE 20. Fig. 41. Jeune cellule fibreuse montrant en a,a des anneaux naissants ; elle fut obtenue d'un très jeune Mamillaria quadrispina. Fig. 42. Jeune cellule à anneaux un peu plus avancés: ils naissent dans l’épais- seur de la membrane comme les spiricules. DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 351 Fig. 43. Jeune cellule annelée plus avancée encore. Fig. 14. Cellule plus âgée que les précédentes: ses anneaux sont déjà très larges. | Fig. 45. Cellule fibreuse dont les anneaux sont parfaits. Fig. 416. Cellule fibreuse contenant à la fois une spiricule s, des anneaux com- plets «, et des anneaux incomplets offrant la figure du croissant c. Fig. 47. Anneau d'une de ces cellules développé normalement. Fig. 48. Anneau développé en carré sous l'influence de la compression des cel- lules voisines. Fig. 19. Anneau comprimé de cinq côtés pendant son accroissement. Fig. 20. Anneau développé sous l'influence d’une compression unilatérale. Fig. 21. Fragment d'un vaisseau rayé tiré du Cucurbita Pepo. Ce genre de vais- seau est bien plus fréquent dans l'Echinocactus Brongniartiüi. Les parties qui séparent les raies sont renflées à l'extérieur et à l'intérieur r,r, et formées d'une membrane interne et d'une membrane externe entre lesquelles est une substance gélatiniforme. Fig. 22. Vaisseau spiral du Cucurbita Pepo, dont la spiricule est formée d’un tube contenant une substance gélatineuse, quelquefois liquide, suivant l'âge. La spiricule a été coupée transversalement en 0,0; cette section fait voir la structure tubuleuse de cette spiricule. Fig. 23. Portion d'anneau tiré de la racine du Mamillaria dolichocentra, mon- trant que cet anneau est tubuleux comme la spiricule de la figure précédente. Fig. 24. Anneau entier tiré de la même racine; il est vu par transparence, et montre la cavité centrale remplie d’une substance d'aspect différent de celle qui constitue les parois. Fig. 25. Fragment d'une spiricule tirée de la même racine du Mamillaria ds - chocentra. On voit en 0, o, les ouvertures du tube, et dans les parties inter- médiaires on aperçoit par transparence la substance centrale. Fig. 26. Fragment de spiricule d’une cellule fibreuse de l’Echinocactus Couran- ti. On voit en o, sur les tranches, que cette spiricule est tubuleuse comme les précédentes ; elle contient une substance gélatineuse. Fig. 27. Coupe longitudinale d'un vaisseau rayé de l’Echinocactus Brongniartii. On voit qu'il est composé de deux membranes , l’une interne, l’autre externe, entre lesquelles est une substance d'aspect gélatineux. On voit en r que les deux membranes sont parfaitement continues dans les fentes. Fig. 28. Portion de vaisseau réticulé tiré de la tige de l’Echinocactus Bron- gniarti. On voit en 1, t que les ramifications du réseau sont tubuleuses, comme les spiricules citées plus haut. Fig. 29. Fragment de vaisseau tiré de l’Impaliens fulva. La membrane primaire est extérieure à la spiricule, et parcourue longitudinalement par des lignes saillantes. Cette figure a pour but de montrer que ces lignes, dans certaines positions du vaisseau sous le microscope , peuvent faire croire à deux mem- 302” A. TRÉCUF. — FORMATIONS SECONDAIRES branes : l'une interne et l’autre externe par rapport à la spiricule. C’est lors- que deux de ces lignes occupent la position des lignes a et b. En plaçant le vaisseau de manière que son axe soit au foyer du microscope, les lignes a et b, si elles appartenaient à une membrane interne, devraient être sur le même plan que les lignes p, p', représentant la membrane externe; mais en élevant et abaissant successivement le porte-objet, on reconnaît que la ligne b est plus haut que p, et que a est plus bas que p'; elles sont donc à la surface de la membrane extérieure à la spiricule. Cette spiricule est tubuleuse 0, d, d. Fig. 30. Portion d’une fibre ligneuse normale de l’Echinocactus Brongniarlii. La membrane était composée de deux couches; l'interne était plus claire que l'externe. D'autres fibres avaient trois couches ; la médiane était plus épaisse que les deux autres. La partie inférieure à de cette fibre ligneuse s'était moulée sur un vaisseau rayé. Fig. 31. Fibre ligneuse de la même plante; elle a pris la forme des intervalles dans lesquels elle s’est moulée. PLANCHE 91. Fig. 32. Portion d'un vaisseau d'Impatiens fulva, qui avait été séparé par la macération dans l’eau. La macération ayant été trop prolongée, la membrane de ce vaisseau avait été distendue par la fermentation, et la spiricule, ne pou- vant suivre cette extension de la membrane, s’en était détachée, en laissant à la surface de celle-ci des traces de sa déchirure, Comme on le voit en s. La spiricule était aussi tubuleuse. Fig. 33. Portion d'une membrane pariétale d'un vaisseau de l’Impatiens fulva. Cette figure a pour but de montrer comment la membrane primaire peut sé dédoubler pour donner naissance à des réticulations ou à des raies. f est un fragment d'une jeune fibre ligneuse contiguë au vaisseau ; a, a, Sont des pär- ties de la mémbrane vasculaire dans lesquelles elle n’a pas été dédoublée : r,r, Sont dés parties de la même membrane, dans lesquelles elle a été dédou- blée ; de la matière gélatiniforme est interposée entre les deux membranes qui résultent de ce dédoublement; v, v, petits espaces intercellulaires. Fig. 34. Portion d'une membrane pariétale d’un autre vaisseau de l’Impatiens fulva. Dans ce vaisseau, la membrane était dédoublée dans toute son étendue, dans les parties déprimées c, c, aussi bien que dans les parties renflées à, à, où il y avait seulement eu sécrétion de la matière gélatiniforme. Fig. 35. Portion de vaisseau rayé de l’Impatiens fulva coupée longitudinale- ment. On voit en p,p, la composition de ce vaisseau dans un intervalle de deux séries de raies; il y a deux membranes pariétales, une interne et une externe, entre lesquelles est une substance d'aspect gélatineux ; en 0, 0, on voit la structure tubuleuse des branches qui séparent les raies. Fig. 36. Taxus baccata. Coupe longitudinale perpendiculaire aux rayons médul- laires de jeunes fibres ligneuses, prise dans la couche génératrice. p, p, mem- — DANS LES CELLULES VÉCÉTALES. 3D9 brane simple commune à deux cellules adjacentes ; c,c, cavités de ces cellules; 0,0, ponctuations aréolées naissantes : un cercle de matière granuleuse dû, sans doute, à la résorption de la membrane, est environné d'une aréole étroite ; r,r, cellules d’un rayon médullaire. Fig. 37. Taœus baccala, Coupe longitudinale perpendiculaire aux rayons mé- dullaires , faite dans un tissu un peu plus âgé. Les membranes communes à deux cellules, qui étaient d’abord simples partout, comme dans la figure pré- cédente, se dédoublent, et de la matière intercellulaire qu'elles sécrètent est çà et là interposée ; f, f, cavités des cellules remplies d’une matière liquide qui contient beaucoup de granules en suspension. La membrane encore simple dans les parties s, s, est épaissie dans les espaces d, d; elle est tout à fait dédoublée dans les endroits ce, c; et l’on voit que de la matière est interposée dans les endroits a, b, b. Le dédoublement ne se fait donc pas avec uni- formité, ce qui permet de mieux constater l’origine des diverses parties de la paroi de la cellule fibreuse ; r, r, cellules d'un rayon médullaire. On voit que les membranes de celles-ci sont d'abord confondues, intimement unies avec celles des cellules fibreuses voisines. Fig. 38. Coupe de même sorte faite dans un tissu un peu plus âgé; f, cavité d'une fibre ligneuse ; p, p, parois qui la séparent des cavités des fibres voi- sines. Ces parois sont simples en s, s; elles sont dédoublées dans les autres points , et les deux membranes qui résultent du dédoublement sont séparées par de la matière intercellulaire ; en a et b, cette matière est séparée longitu- dinalement en deux parties par un espace vide de toute substance solide; r, r, cellules des rayons médullaires. Fig. 39. Coupe longitudinale perpendiculaire aux rayons médullaires du bois du Taxœus baccala; p, p, membranes primaires représentées dans les figures 36, 37 et 38 ; à, i, matière intercellulaire; s, s, membranes secondaires qui ont produit les spiricules ou les anneaux qui environnent les cavités f, f des fibres ligneuses ; a, a, membrane tertiaire formée comme l’indiquent les figures 40 et #l;r,r, rayon médullaire. Fig. 40. F, partie de la cavité d’une fibre ligneuse adulte : C, cavité d’une fibre ligneuse plus jeune ; p,p’, membranes primaires ; à,à, matière intercellulaire ; s, membrane secondaire revêtue de ses anneaux dans la fibre adulte ; a, mem- brane tertiaire ; la cavité de la fibre C n'est encore revêtue que d’une couche secondaire s’, s', plus épaisse du côté de la fibre plus âgée, adulte F, que de l’autre côté, où cette couche secondaire est fort mince; 0, o/, ouvertures simulant les ponctuations aréolées; elles établissent la communication entre les cavités des fibres ligneuses voisines. Fig. 41. Taxus Laccata. Coupe longitudinale perpendiculaire aux rayons médul- laires ; R, cellules d’un rayon médullaire ; F, cavité d'une fibre ligneuse adulte ; B, C, c, cavités de fibres moins avancées dans leur développement ; æ, membrane primaire simple non épaissie, comme dans la figure 36; p,p, 4° série, Bor, T. 11. (Cahier n° 6.) 5 23 551 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES membranes primaires épaissies, mais non dédoublées ; p', p', membranes pri- maires dédoublées ; ces dernières p', p’ et x sont revêtues d’une couche $econ- daire mince s', s', qui n'existe pas encore en n dans les cavités c; ©. Cette couche secondaire, en s’épaississant, prend plus de densité à sa face interne libre qui devient lamembrane secondaire interne s, revêtue de spiricules comme en F, ou d’anneaux, tandis que l’autre partie, plus jeune et moins dense, forme la membrane tertiaire a, qui sépare la membrane interne ou secondaire $ de la membrane externe ou primaire p. Fig. 42. Coupe du tissu épidermique ou subépidermique du Cereus peruvianus , montrant le développement de la matière intercellulaire; a, euticule; c; c, cloisons qui séparent des cellules de l’épiderme ; ces cloisons sont formées par une membrane simple; d, d, sont des cloisons dans lesquelles la membrane , d’abord simple comme dans les cellules précédentes , est dédoublée, mais sans matière intercellulaire ; cette matière existe déjà en petite quantité dans les cloisons e, e; elle est bien plus abondante dans les cloisons p, p, qui séparent des cellules appartenant à des séries différentes. Fig. 43. Même tissu du Cereus peruvianus, mais plus avancé; a, Cuticule ; €, c, cavités cellulaires; i, i, matière intercellulaire; e, e; endroits däns lésquels la matière intercellulaire ne s’est pas développée entre les membranés pri- maires. Fig. 44. Coupe transversale du tissu subépidermique de la tige du Beta trigyna ; c, c, cavités cellulaires entourées par les membranes primaires ; 1, i, matière intercellulaire ; chaque masse est divisée en autant de parties qu'il y à de cel- lules adjacentes. Lorsque l’on met ce tissu en contact avec de l’acide sulfu- rique un peu étendu d’eau; la matière intercellulaire se gonfle et refoule vers l'intérieur de chaque cavité cellulaire la membrane primaire. Les céllules s'isolent même quelquefois complétement, comme le montre la figure 45, emportant avec elles la matière intercellulaire qu'elles ont sécrétée. Fig. 45. Une des cellules du tissu représenté dans la figure précédente est isolée par l'action de l'acide sulfurique. La membrane primaire p est entourée par la matière intercellulaire à, ou formation secondaire externe qu'elle a sécrétée. PLANCHE 29. Fig: 46. Coupe transversale de jeunes fibres ligneuses prisés dans la couche génératrice du Taæus baccata. Les cavités des céllules adjacentes sont sépa- rées par une cloison ou membrane simple. Fig. 47. Coupe transversale de fibres ligneuses du Taxus baccala un peu plus agées. Les séries de cellules fibreuses sont séparées parallèlement aux rayons médullaires, en p, p, et séparées par de la matière intercellulaire. Fig. #8. Coupe transversale de jeunes fibres ligneuses de la même plante, qui toutes sont séparées les unes des autres par de la matière intercellulaire, après que les membranes ou cloisons primitives simples ont été dédoublées. DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 399 Fig. 49. Coupe longitudinale du Taœus baccata ; montrant un peu de l'écorce interne et un peu de l’aubier; e, partie de l'écorce; Q, portions de jeunes fibres ligneuses de la couthe génératrice, réduites à la membrane primitive où cloison simple P, P, représentée transversalement en p, p, dans la figure 46. La jeune fibre Z n'a qu'une membrane primaire P, P commune aux cellules voisines ; elle ne renferme pas de trace de formation secondaire interne. La cellule X est dépourvue aussi de formation secondaire du côté de la cellule plus jeune Z, mais une couche secondaire mince a revêt la membrane primaire p du côté de la cellule un peu plus âgée T. Cette cellule T est munie d’une couche secondaire sur toute sa surface interne, mais cette couche est un peu ondulée et plus épaisse du côté de la cellule plus âgée À que du côté de la cellule plus jeune X. La cellule R a une couche secondaire beaucoup plus épaisse que la cellule T, mais elle est plus mince du côté de cette dernière cellule que du côté de la cellule Æ qui est plus vieille ; elle est encore ondulée en d ; elle est unie en f, ce qui indique que de ce côté elle est plus rappro- chée de l'état adulte. La cellule X à une couche secondaire de l'un et de l'autre côté g, h. À mesure que ces formations secondaires avancent en âge, on voit le bord qui limite la cavité utriculaire prendre une densité plus grande. Enfin, on aperçoit des anneaux ou des spiricules naissant de ce bord plus dense 8, S, qui finit par former une membrane distincte. Quand la végétation est très active, cette membrane secondaire interne s,s, paraît séparée de la mem- brane primaire p par une matière fluide qui se condense plus tard ; la fluidité de cette matière fait même qu’en s'épanchant elle cache quelquefois la mem- brane primaire, que l’on découvre cependant en élevant un peu l'objet; 0, o, ponctuations ou perforations aréolées à divers degrés de développement. Cette figure montre que les ponctuations paraissent avant les spiricules et les anneaux. Fig. 50. Cette coupe, faite dans le même sens que la précédente, montre des fibres munies de spiricules et d’anneaux sans ponctuations : c'est que celles-ci ne devaient pas se développer. Fig, 51. Coupe transversale fournie aussi par la tige du Taæus baccata qui était arrêtée dans son développement. Æ, tissu cortical interne; /, fibres ligneuses les plus jeunes ; toutes sont parfaitement isolées les unes des autres et séparées même par la matière intercellulaire, comme les représente la figure #8 sur une coupe transversale aussi ; mais elles n'ont pas encore de formations secondaires internes ; f", fibres ligneuses parfaites, séparées par de la matière intercellu- laire à et pourvues de leurs formations secondaires internes «, s; s, membrane secondaire ; a, membrane intermédiaire sécrétée après la membrane s. Fig. 52. Coupe transversale d'un petit fragment du Taxus baccata adulte. I n'y a pas ici de malière intercellulaire interposée ; chaque fibre ligneuse est formée de ses trois membranes ; la membrane interne est parfaitement continue avec l’externe à travers les perforations, comme on peut le voir en 0, 0. [ne peut 396 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES, ETC. donc y avoir de membrane obturatrice près de la cavité lenticulaire qui sépare les perforations de deux fibres adjacentes. Fig. 53. Coupe longitudinale montrant la structure de ces ouvertures ou préten- dues ponctuations ; 0, o, cavité lenticulaire; les perforations qui établissent leur communication avec l’intérieur de chacune des fibres, vont en s’évasant vers la cavité de celle-ci : il y a un peu de matière intercellulaire à, à, entre les deux fibres figurées. Fig. 54. Coupe longitudinale des parties représentées dans la figure précédente ; mais il n’y a pas de matière intercellulaire entre les deux fibres, dont la cloi- son primitive ou membrane primaire est seulement dédoublée. On voit en u, u que le dédoublement ne s'étend pas toujours à l'âge de ces organes jusqu'à la cavité lenticulaire o. C'est probablement ce qui a fait dire à M. Schacht que la cavité lenticulaire était pourvue d'une membrane particulière ; la continuité de la membrane interne avec l’externe est très apparente aussi. Fig. 55. Coupe longitudinale des mêmes parties, mais moins avancées encore que dans la figure 54. La membrane primaire p, p n’est pas du tout dédoublée. I y a end, d, une séparation accidentelle de la membrane primaire et des formations secondaires. Fig. 56. Coupe longitudinale de même nature ; 0, cavité lenticulaire et perfora- tions sur les côtés; p, membrane primaire non dédoublée; s, s, membranes secondaires non Laine encore d'anneaux ou de spiricules : a,a matière géla- tineuse interposée ; 0’, cavité lenticulaire coupée excentriquement. RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION, Par M. BOUSSINGAULT. (Extrait présenté à l'Académie des sciences , séance du 2 octobre 1854.) Ce Mémoire est divisé en trois parties Dans la première, je fais voir que, dans une atmosphère limitée et qu’on ne renouvelle pas, la végétation s'accomplit d'une manière normale, si le sol renferme tous les éléments nécessaires à la vie des plantes. Dans la seconde partie, je recherche si un végétal, vivant dans une atmosphère continuellement renouvelée, condense et fixe le gaz azote. Dans la troisième partie, je détermine quelles ont été les quantités d’azote absorbées par des plantes qui ont véeu à l'air hbre, mais à l'abri de la pluie, et suffisamment éloignées des émanations du sol. PREMIÈRE PARTIE. Dans un précédent Mémoire, j’ai constaté que trois plants de Cresson alénois, venus dans une atmosphère confinée, ont porté des fleurs et des graines, et j'ai fait remarquer que les organes développés dans cette condition n’avaient pas atteint à beaucoup près les dimensions ordinaires. Ainsi les tiges, bien que très droites , étaient aussi déliées qu’un fil très fin, et ne dépassaient pas une hauteur de 14 centimètres. La surface des feuilles était tellement réduite, qu’on en traçait le périmètre dans une circon- férence de 2 à à millimètres de diamètre. Comme le sol avait été suffisamment pourvu de substances minérales exigées par la végé- tation, que l'atmosphère renfermait plusieurs centièmes de gaz acide carbonique qu’on renouvelait au besoin, j'attribuai l’exiguité des organes et des fruits à l’absence de la matière azotée assimi- lable, de l’engrais, qu'on avait exclu à dessem. Si cette explication était juste, on devait faire disparaitre les différences observées entre les produits de la culture confinée et ceux de la culture nor- male , en donnant à la plante enfermée un sol où seraient réunis tous les éléments de la fertilité, 298 BOUSSINGAULT. Le 17 mai 1854, j'ai rempli un pot à fleurs avec 3 kilogrammes de bonne terre prise dans le jardin. J'ai mis un poids égal de la même terre dans un vase cylindrique de verre , d’une capacité de 68 litres. La terre était humide, mais bien égouttée. De part et d'autre, j'ai semé à graines de Cresson. Le vase de verre a été bouché , au moyen d’un liége et d’un manchon de caoutchouc, par un ballon contenant 2 litres d'acide carbonique. Un mois après , le 16 jui, les plantes venues dans l’appareil avaient une hauteur double de celle des plantes qui avaient poussé dans le pot à fleurs, à l’air libre ; les feuilles étaient beaucoup plus larges. Dès le commencement de cette expérience, j’eus l’occasion de faire une remarque assez curieuse : quand le temps se maïintenait au beau, la terre enfermée dans le vase de verre devenait, le jour, aussi sèche à la superficie que le sol du jardin; généralement elle redevenait humide pendant la nuit. Cependant il arrivait quelque- fois que, le matin, elle n’était pas encore complétement imbibée , car on apercevait çà et là des places circulaires que l’eau n’avait pas encore envahies. Pendant la pluie , cette dessiccation superfi- cielle ne se manifestait pas , dessiccation qu’on explique d’ailleurs par les températures si différentes qui régnaient dans l'appareil le jour ou la nuit, et, par suite, par les diverses quantités de vapeur aqueuse que l’atmosphère confinée devenait capable de retenir... Le 45 juillet, le Cresson enfermé était couvert de belles fleurs ; sa tige la plus haute atteignait 64 centimètres ; les tiges du Cresson poussant à l’air libre ne dépassaient pas en hauteur 34 centimètres, et elles portaient moins de fleurs. Le 15 août, les plants ont été arrachés; les tiges du Cresson confiné avaient alors 72 à 79 centimètres de longueur, et 3 à 4 mil- limètres de diamètre : elles ont fourni 210 graines. Les tiges du Cresson venu à l'air libre avaient 40 à 42 centi- mètres de longueur, 2 à 3 millimètres de diamètre ; on en a retiré 369 graines. Le Cresson venu à l'air libre, bien qu'avant eu, en apparence , une végétation moins vigoureuse , des fleurs moins abondantes, a cependant rendu plus de graines que le Cresson dé- veloppé dans l’appareil. La différence entre les rendements des deux récoltes est peut-être due en partie à cette circonstance, que RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 359 la terre du pot à fleurs a toujours été tenue parfaitement nette, tandis que, dans l’impossibilité eù l'on se trouvait de pouvoir sar- eler, la végétation confinée a été envahie par des mauvaises herbes. C'est ainsi qu'il s’est développé dans le vase de verre trois touffes de Fromental, hautes de 23 centimètres, et deux plants de Mou- ron, dont chacun portait une vingtaine de semences. Cette expérience établit de nouveau qu’en vase clos une plante accomplit toutes les phases de la vie végétale , et, de plus , qu’elle *, peut y atteindre un accroissement comparable à celui qu’elle acquiert dans les conditions ordinaires de la culture, quand le sol qui la supporte et l'atmosphère qui l’environne réunissent en proportion suffisante les principes nécessaires à son existence. DEUXIÈME PARTIE. Dans cette série d'expériences , les graines placées dans un sol préalablement calciné, mêlé de cendres et humecté avec de l’eau pure, se sont développées dans une cage de 104 litres de capacité, et formée par l'assemblage de plusieurs glaces fixées sur des châssis de‘fer verni. L'appareil, scellé sur un socle de marbre , était en relation, d’un côté, avec un grand aspirateur établi près d’une source , et, de l’autre , avec un système de tubes présentant une longueur de 1",50. Les tubes étaient remplis avec des fragments de ponce imprégnés d'acide sulfurique , sur lesquels l’air devait passer pour parvenir dans la cage, quand l’aspirateur fonctionnait. Une disposition très simple permettait de mêler à l'air aspiré, avec la régularité d’une horloge, des quantités déterminées d’acide car- bonique, de manière que l’atmosphère où vivaient les plantes con- tint toujours 2 à à pour 100 de ce gaz (1). La ponce caleinée qui recevait les graines était contenue dans des pots à fleurs de 4 décilitres de capacité ; on les chauffait au rouge avant de s’en servir : cette précaution est indispensable ; chaque pot disposé pour une expérience reposait dans un vase de verre évasé, dans lequel se trouvait de l’eau... (1) Les planches et les détails que ne comporte pas cet extrait se trouvent dans le Mémoire qui a paru dans les Annales de Chimie, 3° série, vol. XLIIT. 360 BOUSSINGAULT. : J'ai fait tous mes efforts pour ne faire intervenir dans ces re- cherches que des cendres exemptes de charbon , parce que j'ai eu l’occasion de remarquer que les cendres alcalines dans lequelles il reste du charbon contiennent souvent de fables proportions Sans doute, le charbon n’exerce pas par lui-même une action bien prononcée ; mais si sa présence devient l'indice d’un principe azoté, il y a une raison suffisante pour ne faire usage que de cendres qui en soient exemptes; et s’il n’est pas possible de les obtenir entièrement blanches, même par une incinération ménagée, on ne doit pas négliger de les soumettre à l'analyse pour y rechercher et, s'il y a lieu, pour y doser Pazote..…… Pour doser l’azote dans les cendres, j'ai fait usage d’une li- queur normale décime', dont 10 centimètres cubes équivalent à 05",0175 d'azote; quand on emploie un acide aussi dilué, qui per- met de doser l’azote à de faibles fractions de milligramme, il faut s’entourer de beaucoup de précautions, et commencer par déter- miner celui que contient presque toujours l'acide oxalique purifié, dont on se sert pour opérer le balayage des tubes... Les cendres que j'ai ajoutées à la ponce , dans les expériences faites cette année, ont été obtenues en brülant un mélange de tiges etde feuilles de Haricots et de Lupin ; malgré le soin que j'ai mis à les préparer, elles ont conservé une teinte grise, et elles se sont frittées par suite de leur richesse en potasse : l’analyse a indiqué que À gramme de ces cendres renfermait 058,1 d'azote. Dans les cendres plus chargées de charbon , j'ai dosé de plus fortes propor- tions d'azote. En voici quelques exemples : Cendres de Foin. — J'ai brülé une botte de Foin provenant de prairies hautes (non irriguées). Une partie de la cendre a été mise dans un creuset, et maintenue au rouge pendant quelques heures; la matière prit une consistance pâteuse, qui rendit impossible la combustion du charbon : elle était presque noire, et fortement frittée. Dans À gramme de cette cendre, il y avait À milligrammes d'azote, dont une partie se trouvait certainement à l’état de eyanure de potassium. En effet, en ajoutant à la lessive de cette cendre assez d'acide acétique pour la rendre légèrement acide, séparant la silice RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 961 gélatineuse précipitée , et versant dans la liqueur filtrée du sulfate de fer, il y eut un précipité blanc abondant, qui, peu à peu, prit une tente bleue oecasionnée par l'apparition du bleu de Prusse. La réaction du sulfate de cuivre fut encore plus nette, en ce que le pré- cipité produit présenta tout de suite la belle couleur cramoisie de cyanolerrure de cuivre, ce qui prouve que, dans la cendre, il ÿ avait du prussiate jaune de potasse. Cendres de Froment. — On a brülé sur une plaque de tôle une gerbe de Blé; les grains carbonisés pendant la combustion de la paille avaient conservé leur forme. Après avoir broyé la cendre, on l’a chauffée au rouge dans un creuset, sans qu’on ait pu détruire le charbon qui lui communiquait une teinte grise. Dans 1 gramme de cette cendre , on a dosé 5""8,8 d'azote. Je n'ai pu y déceler la présence d’un eyanure alealin. On a chauffé sous la moufle pendant trois heures, avec beaucoup de ménagement, une petite quantité de cette cendre ; la matière devint d’un gris très clair : dans À gramme on ne trouva plus qu'une proportion douteuse d'azote, 0,07. Cendres de Pois. — On les a préparées en brülant des Pois dans un creuset. La première cendre, riche en charbon, a été broyée et chauffée, en élevant graduellement latempérature jusqu’à ce que la matière commençât à devenir pâteuse. La cendre était grise ; on y apercevait quelques particules de charbon. Dans 1 gramme, il y avait 3"illis 1 d'azote. Cendres d'A voine. — Obtenues en brülant 1 litre de graines au rouge obseur ; elles étaient d’un gris clair : à la loupe, on y dé- couvrait du charbon. Dans 1 gramme de cendres, on a trouvé 7millis 5 d'azote. Dans les cendres dé Pois et d’Avome, d’ailleurs peu alcalines, il n’y avait pas de cyanure. Cendres de Chiendent. — On a mis le feu à un gros tas de Chien- dent qu’on avait extirpé d’une Vigne. Il en est résulté un brélts ou cendres noires, que l’on considère avec raison comme un excel- lent amendement. Dans À gramme de cette cendre , mêlée , on le conçoit, à beaucoup de terre, il y avait 358,5 d'azote... … Je désignerai sous le nom de cendres mixtes les cendres prove- nant de la combustion de plantes de Haricots et de Lupins ; comme 862 __ BOUSSINGAULT, je l’ai dit, elles n'étaient pas exemptes d'azote; mais, en raison de leur forte alcalinité, je n’ai pu les employer dans mes expériences que dans'une proportion très limitée. Je leur ai donné, comme supplément, des cendres lavées de fumier de ferme... Dans les graines semées, il y avait en azote pour 400 : gr. Haricois uns. - -s … -N Ulis UE DÉDRS U de ad see ONU. IE Première expérience. — Végétation du Lupin pendant deux mois et une semaine. Une graine pesant 05,337, devant contenir 05,0196 d'azote, a été plantée le 12 mai 1854. Ajouté à la ponce : 0*,05 de cendres mixtes. 19 juillet. — La plante porte onze feuilles ; les cotylédons sont flétris. Dans cette expérience, il est passé dans l’appareïl 37 000 litres d'air. gr. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0187 Dans la exaine 1 at t +5. DID Durant la culture, perte en azote. . . . 0,0009 Conclusion. — Il n’y a pas eu d’azote fixé pendant la végéta- tion. Deuxième expérience. — Yégétation d’un Haricot pendant deux mois et dix jours. Une graine pesant 05,720, devant contenir 05,0322 d’azote, a été plantée le 14 mai 1854. Ajouté au sol , 05,01 de cendres mixtes et 5 grammes de cendres lavées. 22 juin. — La plante a six feuilles normales d’un vert foncé ; les feuilles séminales sont fortes et charnues. 2 juillet. — Les cotylédons et les feuilles séminales sont fanés. 20 juillet. — Trois feuilles situées vers le bas de la tige sont tombées ; la floraison commence. 25 juillet. — La plante porte quatre fleurs épanouïies ; douze feuilles développées d’un vert pâle, et trois feuilles naissantes d’un RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 363 vert foncé ; la tige a 28 centimètres de hauteur. La plante , dessé- chée à l’étuve, a pesé 2 grammes. Durant cette expérience, il est passé dans l'appareil 42 500 litres d'air. gr. Résumé : Dans la plante recoltée et dans le sol, azote. 0,0325 PAR dh graine. : . - .:.:.,..,. :W0IN1E 0,0898 Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0003 Conclusion. — Iln’y à pas eu une quantité appréciable d'azote fixée pendant la végétation. Troisième expérience. — Végétation d’un Haricot tbe trois mois ; production de graines. Une graine pesant 05,748, devant contenir 05°,0335 d'azote , a été plantée le 4/4 mai 1854. Ajouté au sol : 05,2 de cendres mixtes et 1 gramme de cendres lavées. 12 juin. — Les feuilles séminales sont fortes et charnues ; 1l y a six feuilles normales , dont la couleur est presque aussi foncée que celle du Haricot du jardin ; les cotylédons sont jaunes. 1° juillet. — Depuis la chute des cotylédons, les feuilles ont pris une teinte pâle ; la plante porte huit fleurs. 15 juillet. — II y a deux gousses formées, ayant chacune 3 cen- timètres de long. Depuis la floraison, les feuilles sont encore deve- nues plus pâles ; plusieurs sont tombées ; il en reste vingt et une, dont douze assez petites. 2h juillet. — Une des gousses a pris un développement remar- quable , l’autre s’est détachée. 12 août. — On ne voit plus apparaître de nouvelles feuilles; la gousse, qui était d’un vert foncé le 24 juillet, a pris une couleur jaune. 47 août. — La gousse est müre ; la plante est extraite de la cage. La tige a 28 centimètres de tntbte et 6 millimètres de diamètre à la base; la gousse, 6 centimètres en longueur et 7 millimètres en largeur. On en a retiré deux Haricots blancs parfaitement confor- més , mais très petits : ils ont pesé 6 centigrammes. La plante sèche, y compris toutes les feuilles tombées qu'on avait recueillies 564 ROUSSINGAULT . avec le plus grand soin, a pesé 25,847 : la totalité de la récolte a été analysée en deux opérations. Durant cette expérience, il est passé dans l'appareil 54 000 litres d'air. gr. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0341 Bansla.grainme. .. . :. + .. , - nuisse 00998 Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0006 Conclusion. — Il n’y à pas eu une quantité appréciable d’azote fixée pendant la végétation. Quatrième expérience. — Végétation d’un Haricot pendant trois mois et demi. Une graine pesant 05,755, devant contenir 0#,0339 d'azote , a été plantée le 10 mai 1854. Ajouté au sol : 05,5 de cendres mixtes et gramme de cendres lavées. 22 août. — La plante porte deux gousses : l’une müre, l’autre, encore verte , provient d’une fleur apparue tardivement. De la gousse on a extrait un Haricot blanc bien conformé pesant 4 centi- grammes. La tige a 30 centimètres de hauteur. Pendant cette expérience, ilest passé dans l'appareil 58 000 litres d'air. gr. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0329 Dans Hargrainés : s0hdlçmet auce zaraizsilo0,: 0388 Durant la culture, perte en azote. . . . 0,0040 Conclusion.— Il n'y à pas eu d’azote fixé pendant la végétation. Cinquième expérience. — Végétation de deux Haricots pendant trois mois et une semaine. Deux graines pesant 45,510, devant contenir 0:",0676 d'azote, ont été plantées le 12 mai 1854. Ajouté au sol : 05,3 de cendres mixtes et à grammes de cendres lavées. | 17 juillet. — Les deux plantes portent vingt-six feuilles et treize fleurs. 25 juillet. — Quatre petites gousses dont la couleur, d’un vert très foncé, contraste avec la päleur des feuilles, RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 365 10 août. — Deux gousses se sont développées. 19 août. — On retire des gousses trois Haricots blanes sembla- bles , à la grosseur près, à la semence qui les a produits : les trois Haricots ont pesé 7 centigrammes ; la plante sèche 55,45. Pendant cette expérience, il est passé dans l'appareil 55 500 litres d'air. Résumé : Dans les plantes récoltées et dans le sol, azote. 0,0666 Mneries gaines + ‘se: . nn. 00070 Durant la culture, perte en azote. . . . . 0,0010 Conclusion. — Il n’y à pas eu d'azote fixé pendant la végétation. TROISIÈME PARTIE. Dans cette série d'observations, rien n’a été changé aux dispo- sitions adoptées dans les recherches précédentes, en ce qui concer- nait le sol, les cendres ajoutées et l’eau. Les pots à fleurs ont été abrités dans un appareil de verre, où l’air cireulait avec la plus grande facilité , à ee point que , pour peu que le vent se fit sentir, les feuilles étaient agitées sans qu’on eùt à craindre que celles qui se détacheraient fussent entraînées au dehors. L'appareil était établi sur un balcon, à 10 mètres au-dessus du sol. Première expérience. — Végétation d’un Haricot pendant trois mois et demi à l'air libre. Une graine pesant 08,78, devant contenir 05°,0349 d'azote, a été plantée le 27 juin 1851. Ajouté au sol : de la cendre de fumier. 12 octobre. — La plante porte une gousse dans laquelle 11 y a une graine encore imparfaite. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0380 and lasaraine, 144. be us rl etant 0:03 49 Durant la culture , gain en azote. . . . 0,0034 Deuxième expérience. — Végétation d’un Haricot pendant trois mois, à l'air libre. Un‘ Haricot flageolet pesant 0,537, devant contenir 05,021 866 BOUSSINGAULT. d'azote ( 3,97 pour 100 ), a été planté le 10 mai 1852. Ajouté au sol : de la cendre de fumier: l juillet. — La plante porte six belles fleurs. LL juillet, — Les fleurs sont tombées sans laisser de gousses. - 22 juillet, — Il apparaît trois fleurs nouvelles. 12 août. — Il s’est formé une gousse longue de 8 millimètres ; depuis la floraison les feuilles pâlissent et se détachent , 1l n’en reste plus que sept : la tige a 24 céntimètres. La plante sèche, y compris les feuilles et les fleurs détachées, à pesé 25", 11, gr. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0238 Dans AS ETES. : (Luce Met VEUU UE Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0025 Troisième expérience. — Végétation de l’Avoine pendant trois mois et demi, à l’ar hbre ; production de graines. Quatre graines d’Avome pesant 0%,151, devant Contenir 05",0031 d'azote, ont été plantées le 20 mai 1852. Ajouté au sol : de la cendre de fumier. L® septembre. — Les plants ont de six à neuf feuilles, et chacun a un jet latéral ; les tiges sont très droites, rigides ; chacune d'elles porte une graine müre, bien formée, mais très petite : les Cinq graines ont pesé 2 centigrammes ; les plants secs 05,67. Les graines semblables à celles qui avaient été semées et la récolte ont été analysées, en faisant usage de la même liqueur normale décime. gr. Résumé : Quatre grains d’avoine, pesant 08r,151, contenaient en azote. 0,0031 Les plantes récoltées et le sol. . 21; uusvust ane se1e00084 Durant la culture, gain en azote. . . . . . . . . 0,0010 Quatrième expérience. — Végétation d'un Lupin pendant trois mois, à l’air libre. Une graine pesant 05,368, devant contenir 05',0214 d'azote, a été plantée le 18 mai 1853. Ajouté au sol : de la cendre de fumier. 7 juillet. — La végétation est remarquable. 6 août. — Les cotylédons sont tombés. RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 367 La plante a perdu des feuilles qui ont été remplacées par de nouvelles pousses. 22 août. — Depuis le 6, les feuilles ont pris une teinte très pâle. La plante porte onze feuilles ; desséchée, elle a pesé 1,585. gr. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote, 0,0256 Dhs fn Érhiné:, 92 4, 2 gaulois tan ONE Durant la culture, gain en azote, . . . 0,0012 Cinquième expérience, — Végétation d’un Haricot nain pendant deux mois et demi, à l’air libre. La plante a été arrosée avec de l’eau chargée d’acide carbonique. Une graine pesant 0,655 , devant contemir 05,0293 d’azote, a été plantée le 17 mai 1853. Ajouté au sol : de la cendre de fumier. 9 juillet. — La plante a sept fleurs épanouies. 20 août. — Les fleurs n’ont pas donné de fruit ; la tige a 33 cen- limètres de hauteur, elle porte quinze feuilles : les cotylédons et les feuilles séminales sont flétris, mais ils adhèrent encore. La plante ést dans toute sa vigueur : desséchée, elle à pesé 28,72, gr. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0270 Dans laerainéna Late 4 L'air Line. race 10: 0808 Durant la culture, perte en azote. : . . 0,0023 Sixième expérience. — Végétation d’un Lupin pendant deux mois et trois semaines, à l’air libre. | Une graine pesant 0% ,34L, devant contenir 08,0200 d'azote, a été plantée le 15 mai 1854. Ajouté : 05,1 de cendres mixtes , et 2 grammes de cendres lavées, La plante a été arrosée avec de l’eau chargée d'acide carbonique. 23 juillet. — Le Lupin a treize feuilles, dont quelques-unes sont très pâles : les cotylédons sont flétris. Un Lupin , planté le 45 mai dans de la terre du jardin, a vingt-cinq feuilles d’un beau vert, et ses cotylédons charnus d’un vert foncé. 7 août. — Les feuilles les plus âgées commencent à se détacher : le Lupin a 47 centimètres de hauteur. Desséché, il a pesé 45,96. 368 BOUSSINGAULT . gr. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0229 Dans: la(craine MP... 2 : œe, + ‘1600000 Durant la culture, gain en azote, . . . 0,0029 Septième expérience. —Végétation de deux Lupins pendant deux mois , à l’air libre. Deux graines pesant 0,630 , devant contenir &,0367 d'azote, ont été plantées le 30 juin 1854. Ajouté au sol : 2 grammes de cendres lavées. 5 septembre. —Chaque Lupin a huit feuilles : les cotylédons sont flétris, les plants ont 11 centimètres de hauteur. er, Résumé : Dans les plantes récoltées dans le sol, azote. 0,0387 Dane is érames" US 2 à Us Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0020 Huitième expérience. — Végétation d'un Haricot pendant deux mois et demi, à l’air libre : la plante a été arrosée avec de l’eau chargée d’acide carbonique. Une graine pesant 0#,710, devant contenir 05,318 d'azote, a été plantée le 14 mai 1854. Ajouté au sol : 05',1 de cendres mixtes, et 4 grammes de cendres lavées. 24 juillet. — La plante porte quatre fleurs épanouies, dix-huit feuilles : sa hauteur est de 29 centimètres. Après dessiccation elle a pesé 25,20. gr. Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0350 Dans .la,grainehus. es Gysank veau dt COM a Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0032 Neuvième expérience. —Végétation du Cresson alénois pendant deux mois, à l'air libre ; production de graines : 0”,50 de Cresson contenant, d’après l’analyse, 05°,0259 d'azote, ont été semés le 15 juillet 1854. Ajouté au sol : 0,1 de cendres mixtes et 1 gramme de cendres lavées. La plante a été arrosée avec de l’eau chargée d'acide carbonique. 2h juillet. — Les feuilles séminales sont développées. 30 juillet. — Apparition des feuilles normales. 6 août. —- Les feuilles séminales sont flétries : on recueille, pour les conserver, celles qni tombent. RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 369 18 août. — Commencement de la floraison : les feuilles sont très petites si on les compare à celles du Cresson de jardin ; les tiges sont très grèles, mais elles ne fléchissent pas. 28 août. — Depuis le 18 , la floraison à continué; les feuilles fixées sur le bas des tiges se fanent à mesure qu’il en surgit de nou- velles à la partie supérieure : il y a déjà quelques graines. 15 septembre. — Chaque tige porte une graine très petite, bien que le fruit qui la renferme ne diffère pas beaucoup , en grosseur, de celui du Cresson du Jardin. gr. Résumé : Dansles plantesrécoltéeset dans lesol, azote. 0,0572 Dans les 05r,5 de graines. . ,. . _. . 0,0259 Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0012 Ainsi, dans les conditions où ces expériences ont été faites , la quantité d’azote acquise par les plantes à toujours été tellement faible , que, véritablement, elle reste comprise dans la limite des erreurs inhérentes à ce genre d'observation ; néanmoins , comme , à une exception près, l'assimilation s’est constamment manifestée , je discute, dans mon Mémoire, si cette faible proportion d’azote provient du carbonate d’ammoniaque ou des corpuscules organisés transportés par l'atmosphère, et dont la présence s’est constamment révélée dans les observations faites à l'air libre, par l’apparition d’une substance verte qui s’attachait à l'extérieur des pots à fleurs , en formant çà et là des taches superticielles. Je n'ai jamais vu cette végétation cryptogamique colorer les vases des appareils dans les- quels les plantes vivaient enfermées ; mais je l’ai remarquée maintes fois, en filaments verdâtres, dans l’eau recueillie au commencement d’une pluie et qu’on avait conservée dans un flacon. C’est sur ces Cryptogames que , tout récemment, un professeur de la Faculté de Lyon, M. Bineau, a fait une découverte physiologique d’un baut intérêt, en constatant que, « sous l’influence de la lumière solaire , » ils absorbent et décomposent les sels ammoniacaux dont ils assi- » milent les éléments ; de sorte qu’une eau pluviale cesse bientôt de » contenir de l’ammontaque quand elle est en contact avec eux... » Je termine ce Mémoire par quelques considérations sur le rôle que paraît remplir dans la végétation la substance organisée azotée 4e série. Bor. T. FE. (Cahier n° 6.) 4 94 370 FR. LIEBMANN. —— INDEX SEMINUM qui préexiste dans la semence ou qui est formée par le concours des engrais. À cette occasion, j'expose les recherches que j'ai faites sur le développement d’un végétal provenant d’une graine dans laquelle il n’y a qu’une quantité à peine pondérable de cette matière orga- nisée, puisqu’une telle graine ne pesait quelquelois que 4/68° de milligramme. Le résultat de ces recherches est peut-être la preuve la plus frappante, par cela même qu’elle est la plus facile à acquérir, que l'azote gazeux de l'atmosphère n’est pas directement assimilable par les plantes. INDEX SEMINUM IN HORTO ACADEMICO HAUNIENSI, ANNO 1894 COLLECTORUM, Auctore Fr, LIEBMANN. ADNOTATIONES AUCTORE LANGE. CiRSIUM MICROGEPHALUM , Lange, ad int. Affine C. lanceolato foliis decurrentibus, supra hispido-scabris, subtus tomentosis, sed differt foliüis margine subrevolutis, pagina superiore multo minus aspera, calathiis duplo minoribus in axillis superioribus singulis sessilibus inque apice caulis congestis, junioribus ovato-cylindricis, adultis ovatis, achæniis minoribus tereti-subcompressis sectione transversali ovali (nec elliptico-lanceolata). Spinæ foliorum flavicantes , habitu aliquantulum ad C. ttalicum DC. accedit, sed hujus folia brevius decurrentia, folia involucralia calathia longe superantia. À €. lanceolato nostro satis recedit; an tamen ejus forma australis ? Hybrida proles minime censenda, cum copiosissima adesset sine ullo vestigio €. lanceolati typici. In campis asperis ad oppidum Bilbao, oct. 1854. Ecnium ROSULATUM , Lange. Perennis v. biennis ; infra rosulam foliorum radicalium centralem oriuntur caules satis numerosi, adscendentes v. dein longissime diffusi , pilis brevioribus adpressis satisque rigidis albidis e glandula atropurpurea surgentibus vestiti ; foliis radicalibus lanceolatis , obtusiusculis, breviter petiolatis, nervo medio valido , nervis secundartis conspicuis; foltis cau- linis sessilibus, basi breviter angustatis, oblusis ; racemis denique valde elongatis , floribus remotis , inferioribus extra-axillaribus ; calyce fere ad basin quinquefido , laciniis mæqualibus (interiori minori); corollæ tubo limbo breviore , calveis fere longitudine ; corolla externe pubescente , Ju- IN HORTO ACADEMICO HAUNIENSI. 571 niore rosea, adulta cærulea (labio inferiore pure cæruleo, supériore vio- laceo-striato ); filamentis plus minusve pilosis ; nuculis ovatis.; abrupte acumina{is, dorso subeonvexo, ventre acutangulo in vivo tesselato-punctato (siccato sublævi). Inflorescentia denique sparsiflora floribusque inferioribus sæpe extra- axillaribus ad Æ. calycinum, Viv., et £. arenarium, Guss., accedit, à quibus autem rosula foliorum centrali, calyce non acoresénte , corolla magna, filamentis pilosis abunde differt, E. plantagineum L. differt Co- toile externe vix et nonnisi apice pilosa, foliorum nervis lateralibus magis prominentibus, foliis caulinis basi amplectentibus, caule erecto et Et dente; Æ. maritimum Willd., foliis multo asperioribus, racemis densi- floris, filamentis glabris need Reliquas species £chui nobis notas cum hac commutare non licet. In Gallecia præsertim littorali, ad vias et in campis , satis frequens. Aug.-Sept. 1852. Fumaria APICULATA, Lange, Foliorum lacinüs elliplicis, acutiusculis ; racemiis 10-19-floris : pedhcellis semper crectis, bracteas Janceolato-lineares subæquanti- bus ; sepalis lanceolato-ovatis, utrinque 4-2-dentatis acutiusculis; latitudine corollam paulo superantibus, longitudine tertian partem corollæ subæquantibus ; fructu compressiusculo, ovato-globoso , styli basi insigniter apieulato, superne bifoveolato , in vivo longi- tudinaliter striato, sicco obsolete rugoso. fl. Pettcri, Rchb. differt bracteis pedicello multo brevioribus, pedicellis post anthesin curvatis, fructibus obtusis muçronulatis tubereulatis. Fructus forma proxime accedit ad F. parvifloram Lam. , quacum cæterum nihil commune habet. #. Reuterr, Boiss., nobis ignota, describitur foliorum laciniis minutis anguste linearibus, fructu minuto acutiusculo ovoideo vix compresso. An nihilominus planta nostra ad hanc speciem pertineat, donec adsint specimina authentica non dijudicare ausus sum. In sylvis montanis montium Carpetan. ad Æscorial et Guadarrama , _junio 1852. LiNaRiA LILACINA, Lange. Planta pulcherrnna , perennis , proxime affinis L. verticillatæ , Boiss., a qua disünguitur corolla pallide Hlacma striis atroviolaceis (nee flavo-virente), calcare sordide luteo corolla breviore (nee eum corolla concolore eaque paullo longiore), labio superiore ultra me- dium bifido (nee ad tertiam partem bilobo ), palato lilacino reticu- latim striato (nec vitellmo v. aurantiaco), fauce solum intus auran- haco-velutina; seminibus undique marginatis (nee submarginatis). 272 FR. LIEBMANN. — INDEX SEMINUM Semina cæterum variant disco Iævi et obsolete granulato-punetato (quod idem in L. glaciali observavit el. Cosson\, ita ut non lævis- sima appellari possimt. L. anticaria, Boiss. et Reut., affinis quidem , sed hæc tota glaberrima ( partibus floralibus exceptis ), fauce intense cærulea, seminibus tubercu- latis, etc., differt, et sec. specimina authentica in Mus. Par. comparata RD ASS NE Ur HN habitu prorsus aliena. Cum reliquis speciebus nobis notis non confundi É potest. In fissuris rupium circa urbem J'aen satis frequens, majo 1852. NoONNEA MICRANTHA, Boiss. et Reul., & COERULEA. N. Bourgæi, Coss., fide ipsius autoris ad eamdem speciem pertinet, sed differt corolla ochroleuca, ideoqne B ochroleuca dicenda. In specimi- nibus nostris ut in Cossonianis fornices ciliato-barhatæ, nec, ut in descri- ptione Boissieri indicatur, glabræ. An igitur hic character variabilis. In collibus glareosis ad Granatam urbem lect. Apr. 1852. SPEGULARIA CASTELLANA, Lange. — Specularia falcata B scabra , DC., Prodr., VIE, p. 490? Caule erecto, a basi inde sæpius ramoso, ramis diffusis ; foliis crenato- undulatis, inferioribus obovatis basi attenuatis, superioribns ovato-lanceo- latis semi-amplexicaulibus ; floribus remotis, in spicam elongatam dispo- sitis ; calycis laciniis linearibus , sub anthesi patentibus, rectis v. apice reflexis, tubi tertiam partem v. ejus dimidium æquantibus ; corollæ tubo brevissimo, limbo calyeis lacinias subæquante (paulo breviore v. longiore) ; seminibus rotundato-lenticularibus. Tota herba, præsertim foliorum pagina inferior, scabra. À Sp. falcata differt caule apice nec hasi ramoso, calycis lacinüs lon- gissimis lanceolatis tubum æquantibus , corollæ duplo longioribus ( lobi col. 6-8 lin. longi, falcati, latiores quam in Speculo DC. ), denique tota herba glabra v. caule scabriuseulo. S. falcata B scabra, DC. e Madera (Lowe), quæ describitur « caule, calycibus nervisque foliorum scaberrimis hirtellis, lobis calycinis corolla vix duplo longioribus » forsan ad nostram pertinet. In campis siccis utriusque Castiliæ satis frequens. SPECIES NOVÆ AUCTORE LIEBMANN. ANrauriuM KunTHianum, Liebm. Acaule; folüs breviter petiolatis obovato -oblongis acutiuseulis basin versus longe et anguste attenualis coriaceis nitidissimis pen- ninervis , nervis utrinsecus 10-15 intra marginem arcuato-con- Muentibus , costa antice acutangula, postice rotundata , ad basin IN HORTO ACADEMICO HAUNIENSI. 919 luminæ geniculato-merassatis suberosis , petiolis antièee subplanis v. leviter canaliculatis, dorso acutangulis v. rotundatis ; peduneulo longitudinem fol æquante teretiusculo longitudinali percurso , spadice eylindrico digitum erasso apicem versus attenuato, spatha late lanceolata acuta reflexa cucullata e callositate hemisphærica exeunte. Folia ad geniculum petioli 30 longa, 6 À-9" lata, petiolus 4-5”, pedun- culus 30”, spadix 5”, spatha 2” 5 longa, 4" lata. Species ab À. mexicano , Liebm. , differt nervis folii intra marginem confluentibus, costa et petiolo postice rotundatis, pedunculo sulco longitu- dinali percurso. lisdem notis ab À. Schlechtendalii Hovk. et ab À. cras- sinervio distincta. BiLBERGIA PALLIDIFLORA, Liebm. Acaulis ; foliis longissimis ligulatis canaliculatis coriaceis spinuloso-ser-- rulatis furfuraceo-squamulosis ; scapo centrali foliis breviore vaginis con- volutis membranaceis lanceolatis acutis obsito ; floribus laxe spicatis pa- tulis bractea minutissima scariosa lato -lanceolata suffultis ; perigoni sexpartiti laciniis 3 exterioribus calyciformibus erectis obtusis ecarinatis convolutis virentibus ; laciniis 3 interioribus petaloideis multo longioribus flavo-virentibus lato-linearibus obtusis canaliculatis patulis demum reflexis ; staminibus 6 ima basi perigonii adfixis æquilongis et lacinias interiores perigonii subæquantibus ; filamentis trigonis apice subulatis virescentibus cæterum concoloribus ; antheris basifixis linearibus arcuatis incumbenti- bus flavidis ; stylo trigono trisulcato crassiusculo ; stigmate profunde tri- partito, lacmiis linearibus lividis leviter torts apice modo papillosis ; ovario infero, obsolete trigono-ovato rugoso albo- -pulverulento. Folia bipedalia, 2-2 5" lata; scapus 16”; spica 6”; vagina scapi 4-5” ; perigonii lac. int. 16" longæ, 27 latæ ; filamenta pollicaria ; anthere 3” 2; stylus 9”; stigmatis laciniæ 6”; ovarium 6”, Specimina viva e Nicaragua reportavit D' Œrsted. MapvicrA, Liebm. — Nov. Gen. Bromeliacearum. (In honorem viri celeberrimi F.-N. Madwig, prof. philologiæ dicatum). Perigonii superi sexpartiti laciniæ ext. 3 calycinæ , erectæ , carinatæ , ovatæ, acutæ, tubo trigono duplo breviores, extus parce furfuraceæ , hya- linæ; interiores petaloideæ, usque ad basin liberæ et annulo epigyno insertæ, nudæ, albæ, exterioribus duplo longiores, elongato-lanceolatæ , deorsum longe attenuatæ, æstivatione convolutiva patulæ. Stamina 6, 3 cum petalis connata et longe decurrentia ; 3 libera, annulo epigyno inserta. Fila- menta petalis parum breviora, teretia , superne incrassata , glabra , alba. Antheræ dorso affixæ, introrsæ, lineares, basi bifidæ, erectæ, demum sub- horizontaliter arcuatæ , biloculares, longitudinaliter dehiscentes ; pollen albidum. Ovarium inferum, triloculare. Ovula plurima, in placenta e locu- 27 FR, LIEBMANN. —— INDEX SEMINUM lorum angulo centrali prominula, horizontalia, anatropa. Stylus longitudi- nem staminum æquans, exsertus, teres, superne incrassatus. Stigmata 3, subpetaloidea, recurvata, canaliculata, margine papilloso-fimbriata, alba. Genus a Bromelia differt : staminibus 3 Jiberis, 3 cum petalis connatis , filamentis superne incrassatis, stylo longo tereti elavato, stigmatibus sub- petaloideis canaliculatis recurvis. | Maovicia pensirLorA, Liebm. Subacaulis stolonifera. Folia dense rosulata, vaginantia. coriacea, pa- tulo-reflexa, lato-linearia, longe acuminata, acutissima, enervia, subcana- liculata, margine undulata aculeato-denticulata , dentibus parvis falcatis subhyalinis, supra glabra nitida, subtus albo-furfuracea. Flores dense fasci- culati, in axillis foliorum superiorum sessiles, inflorescentia prolifera. Flos Spatha hyalina arcte adpressa vaginante lanceolata acutata suffultus, albus. Sub nomine Bromeliæ humilis olim ab Horto Utrechtiano accepimus, Diocox, Liebm. — Nov. genus Papilionacearum. Calyx bibracteolatus, eampanulatus , bilabiatus, ciliatus ; labio superiore bidentato ; inferiore trifido : lobo infimo productiore. Corollæ papilionaceæ vexillum suborbiculatum , reflexum, basi ad costam canalieulatam bicallosum ; alæ unguiculatæ, lato-faleatæ , obtusæ, carinam æquantes ; carinæ petala antice connata, ungui- culata, falcata, obtusa. Stamina 410 , diadelpha. Filamenta filifor- mia , glabra. Antheræ globosæ, dorso affixæ, biloculares , flavæ, longitudinaliter dehiseentes. Ovarium plariovulatum , glabrum. Stylus incurvus, antice lineis duabus barbatis notatus. Stigma ca- pitatum , basi ciliatum. Legumen süipitatum, compressum , ensi- forme, apiculatum, glabrum, 4-5-spermum. Semen strophiolatum, subglobosum, nitidum, fascum, nigro-punctatum. Dipocox éLyanoines , Liebin. Frutex volubilis, ramis teretibus cortice rugoso fusco tectis, ramulis pilosulis. Folia petiolata, trifoliolata ; foliolo intermedio remotiori, avato- rhomboïdali , obtuso , mueronulato , supra nitido, suhtus glauco ciholato , stipellis 2 setaceis suffulto; lateralibus oppositis, breve petiolatis , oblique ovatis, obtusis, mucronulatis , utroque stipella lanceolata ciliata suffulto , petiolo communi canaliculato, parce pilosulo; stipulis oblique lanceolatis, semi-amplectentibus, ciliatis. Flores axillares, racemosi. Peduneulus folio sus multoties longior, angulatus, striatus, pilosulus. Pedicelli pilosi, flore breviores. Folia 2-2” 1 longa, petiolus communis 4”, foliorum intermedium 1” lon- gum latumque , lateralia 42-14" longa 9-10 lata, petioluli 1’. Pedun- IN HORTO ACADEMICO HAUNIENSL. 279 culus 4-5”, pedicelli 2°”, calyx 2”, vexillum 5-6” longum latumque, alæ 5” longæ 2//' latæ, carinæ petala 5°” longa 2/5 lata. Legumen subpolli- care, superne 3” latum, deorsum attenuatum. Semina e Brasilia missa nobis communicavit cl. Hofmann-Bang. Genus affine Glycinæ. Purvniun Ruevezn, F. Didr. Glabra. Costa vix puberula. Capitulo ovali. Phrynio velutino (Pœpp.) valde affine. Ex Horto imperiali San-Christoväo prope Rio-J'aneiro. Fusiorem descriptionem vide in Naturhist. Forenings videnskabelige Afhandlinger. Æcamea Weizsacaun, F. Didr. Habitu Æchmeæ discoloris, Bot. Mag., 4293. Scapo bracteisque coc- eineis, ovarlo rubello, laciniis perigoni exterioribus cœruleis immutatis , interioribus pallide earneis demum nigris. Legi 1847 in monte Corcovado prope Rio-J'aneriro. Descriptionem vide in op. cit. INDEX SEMINUM HORTI BOT. HAMBURGENSIS , ANNO 1854, Auetore LEHMANN. NOVITIÆ PLANTÆ. BROWALLIA PULCHELLA, Lehm. Caule erecto, suffruticoso, humili; folus alternis, inferioribus ellipticis oblongisve, in petiolam elongatun aftenuatis, utrinque elabris ; foralibus lanceolatis bracteiformibus puberulis viseo- sisque ; floribus parvis : infimis intrafoliaceis v. oppositifohis, reli- quis in racemis terminalibus solitartis v. conjugatis ereetis pube- rulis viscosis bracteatis ; calycibus longitudme pedicellorum erectis, infundibulhformibus , decemangulatis : lacinns ovaüis acutiusculis latissimis patentissimis, quinta reliquis majore ; corollæ tubo gra- cili, inferne tenuissimo , calyce duplo longiore , Himbo explanato (intus violaceo, extus albido), lobis subæqualibus ovatis acutiusculis. B. abbreviata, Hortul. non Benth. PB. abbreviata (Hook.?) W. Neubert, Deutsch. Mag. für Garten-und Blumen-Kunde, 1854, fase. 5,p. 142, cum icone. — Lehm., in E. Otto, (Grarten-und Blumen. — £eit., X, p. 375. 376 LEHMMANN. —— INDEX SEMINUM, ETC. Isozoma KmRamerIANa, Lehm. ï Caulibus erectis, teretiusculis, herbaceis, carnosis, petiolisque patenter piloso-villosis ; folnis petiolatis, ternatis, oblongis, utrinque acutis, basi subinæquilateris, simpliciter crenatis, molliter sericeo- pubescentibus ; peduneulis axillaribus bracteatis, 1-5-floris, ra- cemum elongatum formantibus ; calycinis lobis ovatis, acutis, brevissimis ; corollis tubuloso-campanulatis, ore constrictis, mi- niato-cinnabarinis, externe villoso-hirsutis, interne sanguineo- maculatis æqualiter quinquelobis, lobis patentissimis brevibus ovatis obtusis pilis glanduliferis ; genitalibus melusis. Gesneria mollis, Hortul. (ex parte). Non Humb. et Kunth. Proxime accedit ad Gesneriam (Æsolomam) Linkianam Klotsch et Bouch., a qua facile distinguitur pedunculis bracteatis et petiolis patenter piloso-villosis. PorenTizLa THURBERI, Asa Gray, Mss. Saturate viridis; caulibus adscendentibus petiolisque patenter pilosis ; foliis inferioribus longe petiolatis septenatis quinatisque, superioribus quinatis ternatisque , floralibus subsimplicibus , utrin- que glabellis v. pilis brevibus raris adspersis ; foliolis obovato-oblon- g1s, basi integerrima cuneatis , reliquo margine grosse serratis : serraturis æqualibus, ovatis, obtusis ; stipulis caulinis bi-v. triden- tatis, superioribus foliaceis ; sepalis subæquilongis, oblongo-lan- ceolatis : externis acutiuseulis, reliquis acumimatis ; petalis obcor- dato-rotundatis, calycem fere æquantibus, atrosanguineis. Discus fere P. palustris ; carpophora fructifera magna scrobiculata ; petala 3 lineas longa. (Asa Gray, in litt.) Prope Sancta-Rita del Cobre (in Novo Mexico) collegit Georgius Thurber. Floret Augusto. Proxime accedit ad P. Nepalensem, Hook. — Differt præsertim folüs inferioribus septenatis, glabritie foliorum et corollis multo minoribus atro- sanguineis. (Lehm., in E. Otto, Gart-Zeit., X, p. A59.) ENUMERATIO SEMINUM REGIL HORTI BOT. TAURINENSIS, AaxxO 1854, Auctoribus F.-H, MORIS, Bot. Prof., et F. DELPORTE, Horto Adst, ARTHROCNEMUM MACROSTACHYUM, Mor. Salicorria macrostachya, Moric. FT. Ven., 1, p. 2. (Ex ejusd. specimin. e littore veneto in herb. DC. ) — Guss. FE, Sic. Syn., I, p. 7. —Tenor. F1. Nap., IV, p. 161. Salicornia fruticosa (non Linn.!}) Koch, Syn. FT. Germ. 2, p. 693, et generatim auctorum quibus, inter cæteros characteres, semina descripta traduntur glabra et tuberculato-scabra. Arthrocnemum fruticosum q. macrostachyum, Moq. Chenop. En., p422;.et in DC., Prodr. 15, p. 151. Nedum specie at genere Salicornia macrostachya, Moric., differt à Salicorma fruticosa, Linn. In S. macrostachya seminum integumentum duplex, testa crustacea , tuberculato-foveolata, glabra, nigra ; embryo semi-annularis v. hemicycli- cus ; albumen farinaceum, copiosum, centrale et laterale. In $. fruticosa seminum integumentum simplex, membranaceum, fulvum, hirtum ; embryo conduplicatus v. annularis, et albumen carnosum pareum prorsus cireum- cingens. — In $. macrostachya calyx fructifer transversim superne nec carinatus , nec alatus ; in $. fruticosa transversim carinato-alatus. — In S. macrostachya flores ex area orbiculari-obovata , concava , neutiquam obsoleteve trifoveolata, nec non ex internodii Himbo semi-exserti. In S. fru- hicosa flores singuli propria foveola, in ipsis internodiis exseulpta , arctim nidulantes, nec ex ipsa foveola exserti. Quamobrem Salicornia macrostachya spectat ad Arthrocnemum , Moq., Chenop. En , p. 111. Salicornia autem fruticosa , Linn., a ge- nere Salicornia, Moq., 1. c., p. 213, sejungi nequit, INDEX SEMINUM HORTI BOT. NEAPOLITANI 1855, ADNOTATIONES Auctore TENORE. ZurLoa, Ten. (F'amilia Meliacearum.) Flores hermaphroditi, decandri, monogyni. Calyx urceolatus , quinquedentatus. Corolla pentapetala, hypogyna; petalis subro- tundo-ellipticis, æstivatione valvari. Tubus stamineus in centro 378 ŒENORE. — INDEX SEMINUM floris , ex filamnentis Connatis conflatus, apice 10-dentatus , ore pervio, intus totidem antheris instructus. Antheræ biloculares , ellipticæ , adnatæ. Pistillum basi diseo carnoso insidens. Ovarium simplex, quinquesuleatum. Stylus conieus. Stigma pelviforme. Capsula subrotunda , turbinata , 5-angulata, 5-valvis , 5-locularis, corticosa , loculicida. Semina solitaria , exarillata , ovalia , nigra, castaneæ magnitude. ZURLOA SPLENDENS, Ten. Arbor sempervirens : foliis alternis , impari-pinnatis; foliolis integerri- mis, subretusis, glaberrimis, lueidis; floribus (albo-roseis) in amplam paniculam terminalem dispositis ex racemis alternis compositam. Sub nomine Afzeliæ splendentis hæc planta in Horto regio advecta est, absque alia nota. Vide Ragquaglio de’ lavori della Reale Academia delle scienze, N a- poli 1841.— Catal. del R. Orto Bot. nap., 184, p. 99. — Ati della R. Acad., t. VI, p. 141, cum icone. Napoli, 1694. Dixi in honorem J'osephi Zurlo, scientiarum fautoris bene meriti. O8s. In descriptione Zurloæ (1. e.), früetus rudimentum ad baccam referre putavi. Fructus maturos nec postea vidi, quamvis planta pluries floruisset, adeuntem usque annum, quo floret Majo, inde fructum unicum, octo post menses ad maturitatem pertulit. Quapropter fructificationis cha- racteres reformare atque complere necessarium duxi. Genus hoc ad Meliacearum familiam, tribus Trichihiarum, proeul dubio pertinet. Guareæ Linnæi afline. PITCAIRNIA AURANTIACA, Ten. Folüs inermibus loriformibus undulatis scapo tripedali longiori - bus; spica strobiliformi bracteis foliaceis imbricatis pallide viren- tibus; floribus semisuperis; perigonti sexpartitt laciniis tribus exterioribus calyeinis persistentibus pubeseentibus albo-virentibus, tribus interioribus petaloideis croceis convolutis apice galeatis in- cumbentibus, basi squania bifida instructis ; staminibus annulo perigyno insertis. Ab affinibus P. Altensteinii et P. undulata differt inprimis petalis aurantiacis nec coccineis (ut in P. Altensteinti) v. albis (ut in P. undu- ‘ lata), sepalis viridibus. Sub nomine Puyæ Altensteinii ad nos missa fuit. In Horto regio Julio floruit, sed fructus rudimentum tantum protulit. Puyæ genus, pro unica sua P. chilensi a Molina conditum, à Pitcairnus ovario omnino libero differre videtur ; idcirco hæc nostra ad Pitcairniam rite referre oportet. HORTI BOT, NEAPOLITANT 1999. 879 PriTcaiRNiA HumMiLS, Ten. Folis linearibus eanaliculatis, scapo subpedali brevioribus, den- ticulato -spinosis; floribus racemosis; racemo laxo paucifloro ; peduneulis subpollicaribus ; perigonii semisuperi laciniis tribus exterioribus calycinis fusco-rufis, tribus interioribus petaloideis subconvolutis coccineis, calyce triplo longioribus , basi squama bifida instructis. Pitcairnia humilis quædam ex auctoribus nomine tantum cognita est. Hæc nostra quæ ob scapi brevitatem revera humilis dici potest ab affini- bus differt : videlicet, a P. pruinosa foliis linearibus canaliculatis læte virentibus 4-5 lineas latis, nec lanceolatis planis 15-16 lineas latis albo- pruinosis, nec non ob corollam calyce triplo nec duplo longiorem. À P. an- gustifolia bracteis minimis v. nullis, racemo duplo breviore, foliis angus- tissimis. À P. Redouteana peduneulis patentibus calycem æquantibus (8-10 lin. longis), foliorum spinis exiguis albidis apice nigricantibus , racemo duplo breviore paucifloro. Pinus MaDERIENSIS, Ten. Ramis pyramidatis perennantibus ; foliis geminis ternisve elon- galo-patulis ( 6-7 pollices longis) strobilo duplo longioribus ; stro- bilo solitario ovato (2 5-8 pollices longo, 2 { pollices lato ); apo- physi depressa inæquilatera transverse carinata concolore fusca nitida , umbone centrali tuberculato subuneinato ; seminibus suh- apteris ovato-angulatis, dorso plerumque gibbis, testa lignosa (8-9 lin. long. 4 lin. lat.); albumine fatuo. À P. Pinea differt apophysi maxime inæquilatera, umbone tubereulato subuneinato nec plano , folüs duplo longioribus quandoque ternis, ramis non fastigiatis sed illis P. Pinastri similibus, cujus habitu gaudet. E. seminibus a cl. Fox-Strangways acceptis, eum schedula inscripta Pinus ex Madera, hæc arbor obtenta est, quæ in viginti circiter annorum periodo vix ad 18 pedum altitudinem se extulit, et in ultimo bienno tan- tum unum v. duos conos protulit. SALVIA MENTHÆFOLIA, Ten. © Caule suffruticoso eæspitoso; ramis floriferis cernuis bifariam pilosis ; foliis ovaus, basi oblique rotundatis erenatis (4 poil. longis, 8 hp. latis), petiolo duplo longioribus ; verticillastris nudis, floribus 2-6 deciduis; calycibus labio superiore integro ovato, inferiore bifido laciniis euspidalis ; corolhis (2 poll. long. ) calyee triplo lon- a1oribus , coceineis, fauce maxime inflata, tuba exserto, lahio 900 | REUTER . inferiore dilatato lateribus revolutis, prope basim dentibus 4-2 aucto ; connectivis longitudinaliter connatis loculum cassum feren- übus ; stylo barbato exserto. S. chamædryfoliæ romine in hortis colitur, a qua differt glabritie, folus floralibus nullis, calycibus minus profunde sectis, corollis calyce triplo longioribus coccineis nec cœruleis. CATALOGUE DES GRAINES OFFERTES EN 1854 PAR LE JARDIN BOTANIQUE DE GENEVE, Auctore REUTER. AQUILEGIA NEVADENSIS, Boiss. et Reul., mss. Pubescenti-viscosa ; foliis radicalibus longe petiolatis biternato- partitis subtus præsertim petiolisque molliter puberulis, partitioni- bus subrotundis trilobis : lobis apice 4-5-lobulatis ; caule ramoso striato-viseoso ; floribus pallide et sordide cœrulis ; sepalis paten- üibus oblongo-lanceolatis apice virescenti longe attenuatis ; calcari- bus rectis apice vix incurvis, Himbo truncato-rotundatolongioribus ; gentalibus exsertis ; antheris ovato-oblongis ; stylis stamina supe- rantibus; carpellis rectis viscoso-puberulis transverse rugosis ; seminbus semi-ovatis angulatis nitidulis tenuiter punctatis. Habitat ad rivulos Sierra Nevada Regni Granatensis, ubi semina legi julio 1849. — À. viscosa, Gouan, differt caule breviore minus ramoso, floribus majoribus , sepalis latioribus ovato-lanceolatis, calcaribus brevio- ribus apice incurvatis, carpellis brevioribus ventricosis , stylis extus valde curvato-attenuatis. ANTIRRHINUM Huet, Reut, Caule glabro apice villoso-glanduloso demum ramosissimo tor- tuoso ; foliis glabris plerisque oppositis lanceolatis, basi in petiolum longe attenuatis , apice obtusiusculis minute mucronulatis; floribus magnis laxe racemosis; sepalis bracteisque oblongis obtusis glan- duloso-villosis ; corolla ochroleuca leviter rubello-striata palato citrino, extus sparse et tenuiter villosa, basi valde gibbosa ; labu CATALOGUE DES GRAINES. 981 superioris lobis quadratim et oblique truneatis leviter emarginatis ; capsula ealyce duplo v. triplo longiore, dense glanduloso-villosa, apice angustata ; seminibus profunde serobiculatis atris. Habitat in Pyrenæis orientalibus prope Villefranche , unde specimina seminaque retulit cl. Alfred Huet.-— Antirrhino latifoho , DC., valde affine. Differt foliis longioribus angustioribusqu, basi et apice angustatis ; sepalis bracteisque magis oblongis ; corolla labiis amplioribus ; capsula apice magis angustata seminibusque submaJoribus. ANTIRRHINUM LATIFOLIO-SICULUM , Reut. Caule glabro, apice glanduloso-villoso ; foliis plerisque oppositis, oblongo-lanceolatis glabris, basi in petiolum longe attenuatis ; flori- bus magnis laxe racemosis ; bracteis ovatis, sparse villoso-hirtellis ; sepalis ovatis inæqualibus pedicellisque villaso-glandulosis ; corolla basi gibbosa, extus sparse villosa, carneo-rubella , striis mtensio- ribus picta, inferne et ad faucem ochroleuca palato citrino ; capsula villoso-glandulosa, superne angustata imeurva, calvee duplo lon- giore ; Seminibus atris, profunde scrobiculatis. Stirps hybrida inter A. latifolium et A. siculum, sponte enata, præcedenti facie valde similis; caules foliaque purpureo suffusi ; flores magnitudine eis À. majoris; corouæ labiis magnis : superioris lobis emarginatis, tubo sæpe monstrose hinc ad basin usque fisso; capsula magnitudine nucis avellanæ minoris. ZANNICHELLIA TENUIS, Reul. Caules capillares tenuissimi ramosi albidi repentes, fibris longis simplicibus radicantes, in eœno vel arena sepulli. Folia tenuissima, lineari-subulata , acuta fusco-viridia , nervo tertiam partem latitu- dinis æquante ad apicem usque percursa, sub aqua erecto-patentia. Stipula intrapetiolaris membranaceo-hyalina convoluto-vaginæfor- mis caulem basinque foliorum juniorum arete involvens, cito de- structa, Flores axillares, plerique fœminer. Carpella 2-4, erecta. Stigma ovatum , oblique peltatum , obsolete repandum , dense et tenuissime celluloso-areolatum, stylo longius triploque latius. Sta- men unieum in flore hermaphrodito, primumi longitudine stylorum, demum eos triplo superans. Anthera ovata, bilocularis, apice bre- viter apiculata. Carpella 2-4, plus minusve ereeto-patentia, areuatim leviter incurva, eompressa, dorso præsertim eristato-denticulata, 382 REUTER. —— CATALOGUE DES GRAÎNES, rostro lenui quartam parte suæ longitudinis æquanti superata. Caulés 4-2 pollices longi ; folia cireiter À pollicem longa, vix milli- metr. lata ; Carpélla cum rostro cireiter lineam longa. Habitat copiose in stagnulis minus profundis ad littus Lemani lacus, prope Geneva, infra ostium fluvii la Versoix, ubi mense septembri 1854 detexi. — Z. brachystemon Gay (repens, Rchb., palustris auctorum ex parte}, quæ& in Rhodano infra Genevam abunde crescit, differt statura omnium partium multo majore, caulibus plusquam semipedalibus fluitan- tibus tantum basi radicantibus fili crassitie ; foluis patentibus læte viridibus nervo medio quarta parte diametri angustioris percursis ; contextu areo- lari majore; stigmate orbiculari, margine sinuato, contextu laxo papillari. FIN DU DEUXIÈME VOLUME, oo ot ie a TE —_—_——— _— nn a —— TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. Mémoire sur les glandes nectarifères de l'ovaire dans diverses familles de plantes monocotylédones, par M. Adolphe BroxGnraRt, . . 5 De la nécessité de faire disparaitre de la nomenclature botanique les mots Torus et Nectaires , par le docteur CLos. . , 23 Recherches sur la fécondation des Fucacées, suivies d observations sur r les anthéridies des Algues, par M. Gustave Taurer. . . 197 . De Ia fécondation carole et arülicielle des Ægilops par le Tritiour par M. Goprox. . . .… _ : Si, À», es à re. Glandes septales de l'ovaire dans les Liliacées. WAemond imp. r. des Noyers. 65. L'arir . ru ; Aer ñ { \ si | À 1 » Li” € 7h LIU * ‘ J , des Seienc. nat. L° Serte. Bot. Tom. 2. PL, 2. Fe & r s: ! + ——_— M Pouliot sc. Glandes soplales de l'ovaire dans Les Amaryllidees. NW. Aémond EmpT. des Noyers.66.7arts . FL. 3. Bot. Tom. 2. A7 Doulot se. L4 ÆCCCS : re dans Les Proméele. Clandes seplales de L'ov V Aemond imp. r. des Noyers. 65. Parts . { Jom.2. 1. 4. Pot. es Seienc. nat. 4°Serte. $ à K È. à Glandes soptales de l'ovaire dans Les (années et les Musacees NW. Ztemond imp. r. des Noyers. 65. Zarts. LÉ nt Le AL Sn id Ann.des Seine. rat. Z°Serte . Bot. Tome 2. 7L,5. D. del. HT Douliot sc. —… Æoboslyles reniformis Dire. 1-2) Aristolochia reticulata Nutt /3-5/ Mu T saccata Wa ft), À. sericeæ Benth. /r-8): À pucrantha Dire [o-7) Wfemond inp.r.des Woyers, 65. Lart. ee, Jecene. rat. 4° Serre. Bot. Tome 2. 71.6. | M Douliot se. Il Anestolochia dictyantha Dre.jis) À. Ceudihaid; Dére. [3-5/ Nemond 2np. r des Noyers, 65. Juris. | 1tt Rd Lune es n. des Seience.nat. 4° Serre. Bot. Tom.z2. ?L 7 JT. Thomas 1-2 Cvstopus Portulacæ Ze». 6-7 Melampsora salicima Ze». 7-9 Melampsora betulina Zeomex. 70 M. populina Zv. 7 Colcosporium Rhinanthacearum Ze. N. Remond tmp. r. des Noyers. 65. Jarus . |; Lie FE. Jom: 2. Pot. certe. fe ae. des Seiene.nal. 4° Z. Zhomas sc. INA 2ernax, ora betul Melamps 274 40 Zeb, Tusslaginis x: gt j Zeb, l Sonch Sporium | Coleo À. Zemond tmp. r, des Noyers. 65, fers. CE ST 4 Î Yo VAE LES ‘ar hr.des Jeune. ral. 4° Serte. Bot. Tom. 2. PL. 9. AT y AA ” D ET Z Thomas sc 8 Puccnia Graminis zx. 9-2 Puce. Moliniæ 7. 22-74 Uromyces appendiculatus (Fabæ) zen. CR a : EU 7 Phragmidrum bulbosum sg» &4xe. 28-25 Phr.obtusum Éorumd, 24-37 Æcidium Euphorbiæ syhaticæ 2° N Rémond ump. r. des Noyers, 66, l'art. / { 1 … AREA DESRSS 11 hd. ” ‘ : DRE 7r « 4} Wnn.des Seuenc. nat. 4° Serte. Bot. Tom. 2. Lo. J. Thomas sc. Fz2 Podisoma Jumperi communis z. z? Peridermium Pin 72-28 Triphragnium Ulmariæ z4. KR NW Aemond cmp. r. des Noyers, 65, Parts. gs 1 | \ | pa Inn. des Seienc. nat. 4° Serte., : (ronartium ascle piadeum incetorici } Fr . s | N. Alémond. Emp. r. des Wovers. 65, Laris . x [ RÉ M .des Seténe: nat. 4°Serte. J. Thomas Se. 2-26 Tilletia Cartes z7. 27-33 Ustilago receptaculorum (Tragopogi) # 34 -40 Usulago receplaculorum (Scorzoneræ )#s. NW. Aemond tmp. r.des Noyers. 65, Faris . À) | |: | Sn, Ann. des Science. nat. 4° Sérce., Dot. Tom. 2, FL. 12, 2 Ziocreux del. Prcart se. Pucus vesteulosus, Z 2 WAemond imp. r. des Noyers, 65, Parcs . l'E 5 Ann. des Science: nat. 4° Série. l'ucus vestculosus, L. W. Aemond imp. r. des Woyers, 65, Paris, Pot. Jom. 2. FL. 13. Bot. Jom.2. PL 14. ‘ “Serie. Ann. des Seuenc. nat: 4 r Great - Sons ottie htegi: éfinr SE. l’icart Z: CUlOSUS, CUS TESLC & ,» À Aocreux del > £ ai je. PTS NS NT RL 1, SAS Ÿ & S à Ÿ Ÿ È à $ à à on 10, Tome. FL Pet. Arr des Stern. nat. 4 Serie. = (] Prcart se. Aiocreuz et Bornet del. et Thur . &a, Dene Pelpelia canalitu LCULOSUS , Z. lucus Des W Zemond 1rp.7r. des Noyers, 65. Farts. Lo, 6,0 Cradle mis AO, 4 ae At Éf :.5 1 4 t din dti Sn DE AS SE CAS D OO Ann.des Jcienc. rat. 4° Serte. A Lies { he LA 4 dv, re EE er DE RE Ge orne de er ET Se ls M Doulot se. Carpographte arnalomigue D. Leémond imp. r. des Woyerr, 66, Larts. Fe DIE. TOM De 17. 17. Tr - ’ (l a totem ee manne MR L ee Mmes men ete men triementen ie ci nets che —énent ment chere mn lue mer coms ed 7“DPoulot ve. 2 graphite art dort cyu e. É 27 VA 7 [4 Les ; Doudois del. | | WoRemond zmp.r. des Noyers. 68. Paris. 7 - . # Es tés | ia ji | Ann. des Setenc.nat. j° Serie. Pot. Tom. 2. PL. 18. Dir D ET A > M Poulol sc. g séoûthes des UÜrlicees . M Aemond tmp. r. des Noyers, 65. arts. 0 xs # sant PL. 39. Pot. Tom. 2. Ann. des Seiene. nat. j° Série. / Rp PE TT fl } À | (7 4 À A» | lt ! \ ÈS } 4 JU Î A 1 AA rm te titan à >5e 2. — held dE. Sd Se des 4 re Douliot Te. Zormations secondaires dans Les cellules vegelales. D. Remond tmp. r. des Noyers, 66. Parts . : ei 20. 42 Bot. Tom. 2. Ann. des Sezenc. nat. 4° Serre. ÿ $ RE ER |{ Hi ; ie % : 1 À V, ee M7 Douliot se. res Llormalions secondatu {| À, Trécul del. cgctales . dans Les cellules D NW. Aemond mp .r.des Noyers, 66, Zaris er pu si FL, 96. PE M7 Douliot Bot. Tom. 2. NN NE EE SR — D ed R = Et ee = TE je = = SE re TT — re H nn — a — 1 ef CCOR dau CS à PE OA SK Ê ITESESS a —. SR — Trecul del. C7 dans Les cellules veagctales. W. Jemond tmp. r. des Noyers. 65. laris + / ’ ‘is : 4 ; : l mn 2 7 : * + = # 7 .* » É 4 1 - “ \ ï 7 ‘ ’ si c } l S, * . t ô à ‘ . i “ 3 > ET — | . un Î ” à à < / / È “ ter a LL à Î È & ; : D à = Dec F Ex K = » ï — F = 7, 22, Bol. Tom. 2. HN NN | AN 7 Ÿ A) f] Fu Al | ILUA À LA TOI 0 | | Ra AUARA | nn) TION | | / D tanaur | | Ÿ Lormalions secondaires dans Les cellules végétales. WAémond imp. r. des Noyers, 65: Paris mm —)— . à ; / a 4 18 . . ve. . CA > [ 1 y e, ki Œ n] l | : ; LA k “ = } # À > Es . L} . L F#, 2 1 1! Î [ 7 L P - = nn Ji " . — / + L | =) ï AC # | E nu i # F6 > | J y. f Le " \ | ? à - | = = 4 à 1 ' 1 à _ 7 fl El ; à Il ; : " / 4 ; > NE < 2 ON \ , Î À ” Ne À e 9 l Ü Ê _ " € | " À | L t à c : " 2 mr. EE Er 1 - L L' + + € L] . dr po e & L à : Dr ALL A CP Ÿ : l [LOL TA 1 : LS di NES PTS vi ' T'AS s 4 ) l M£ L TN “és 7 du. 4 nl l 1e , h É in PME \ FI Pan > Las SE ri pe 2 DERARES : F4 4 4 À + pe A 7 ï s' - | * L se SP Ÿ = La 0 "” Ci Ce] é PE L) Ni Û s: ‘ 5 . 2 L *. 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