Ale As be Lo En Les ie A ie rare eme À se A Male he, 1 2e DU (NA Pr : Re. #16 4! (D FES PR. LU x ch r ja: eu È s. LA 1 di ; d con ANNALES SCIENCES NATURELLES QUATRIÈME SÉRIE BOTANIQUE mn ETS L | ANNALES DES SCIENCES NATURELLES PARTIE BOTANIQUE NOUVELLES RECHERCHES SUR v LES CARACTÈRES SPÉCIFIQUES ET LES VARIÉTÉS DES PLANTES DU GENRE CUCURBITA, Par M. Ch. NAUDIN, Aide-naturaliste au Muséum. Après tout ce qui a été dit et écrit sur les Courges cultivées, on pourrait croire qu'il est superflu d'y revenir, et qu'il n'y a plus qu'à accepter les conclusions des derniers auteurs qui s’en sont occupés. Ce serait cependant là une erreur, et j'espère démontrer dans ce Mémoire que, bien loin d’avoir fixé définitivement les caractères des espèces , et rattaché à chaque type les variétés qui en sont sorties , les travaux les plus récents n’ont fait qu'accroitre et rendre presque inextricable la confusion qui régnait à ce sujet. Ce résultat malheureux me paraît tenir, d’abord à l’excessive va- riabilité de ces plantes, ensuite à la difficulté d’en réunir dans les jardins un assez grand nombre de variétés pour les observer à l’état vivant ; enfin à l’idée fausse, mais généralement admise, que les espèces de ce genre, très enclines à se féconder réciproque- ment lorsqu'elles sont à proxunité les unes des autres, ont, par là même, donné naissance à un grand nombre de formes hybrides. Des expériences suivies pendant deux années consécutives, et une EL « . É 6 CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS observation attentive des faits qui en sont résultés, me permet- tront, je crois, de rectifier bien des erreurs à cet égard, et de mettre plus d'ordre qu'il n’y en a actuellement dans un vaste groupe, où, malgré l’étonnante mobilité des formes, les véritables caractères spécifiques restent tout à fait inébranlables. Ce sera quelque chose, je pense, que de pouvoir préciser ces carac- tères et de les rendre faciles à saisir ; mais:cen’est pas le seul but que je me suis proposé : j'en ai poursuivi un autre d’un ordre plus élevé et d’un intérêt plus général , celui d’opposer de nouveaux arguments aux partisans d’une doctrine récente que je crois dan- gereuse pour les progrès ultérieurs de la science , et qui consiste à professer l’invariabilité absolue de la forme dans une même espêlée, doctrine dont la conséquence est d'élever à la dignité d'espèces toutes les variétés capables de se perpétuer par le semis. Peut-être serai-je assez heureux pour donner la preuve que la transmission constante de certains caractères, même très frappants, n’est pas nécessairement le privilége exclusif de ce qu'on entend par une espèce naturelle, et qu'il est des genres de plantes où, sous l'influence de la culture du moins, les vraies espèces peuvent osciller entre des limites fort étendues , et finalement se résoudre en types secondaires ou races, doués, comme le type primitif lui-même, du pouvoir de se conserver indéfiniment , tant que des causes étran- gères ne viennent pas les altérer en leur imprimant des modifi- cations nouvelles. Ces conclusions ne sont pas purement théoriques : ainsi que je l'ai donné à entendre tout à l'heure, elles s'appuient sur des obser- vations positives. Nous avons, M. Decaisne et moi , réuni au Mu- séum la plus grande collection de Cucurbitacées vivantes qui ait peut-être existé jusqu’à ce jour. Pour y parvenir, nous avons eu recours non-seulement aux principales maisons de commerce de oraines de Paris, mais encore aux horticulteurs de profession , aux botanistes voyageurs, et aux directeurs de beaucoup de jardins botaniques étrangers. C’est ainsi que nous avons obtenu des graines de Cucurbitacées , et plus particulièrement de Courges , de différentes parties de la France, de l'Espagne , de l’Itahe, du nord de l'Afrique, de l'Égypte, de l'Orient, et même des Antilles et de DU GENRE CUCURBITA. | 4 l'Amérique du Sud. Dans la seule année 1856, nos observations ont porté sur plus de douze cents échantillons vivants; aussi pensons- nous être dès maintenant en mesure, malgré les lacunes qui exis- tent encore dans notre collection, et qui probablement ne se rem- pliront jamais toutes, de rattacher sûrement à leurs types spécifiques les innombrables variétés de Courges produites par la culture , et de tracer les caractères des espèces elles-mêmes de telle manière que les variétés nouvelles qui en sortiront dans l’avenir puissent, sans hésitation, leur être rapportées. Avant d'exposer mes propres idées, je crois utile de faire l’his- toire abrégée des remaniements successifs dont le genre Cucurbita a été l’objet de la part des botanistes qui s’en sont occupés à diffé- rentes époques. Cet exposé fera voir à quel point le sentiment de l'espèce à varié ici, et combien il importerait, au point de vue de la systématisation en général, de définir l’espèce de telle manière, que non-seulement cette définition püt être universellement acceptée en théorie, mais aussi trouver une facile application dans les travaux de botanique descriptive. I. Résumé des travaux monographiques qui ont eu pour objet le genre Cucurbita. | Pour Linne, le genre Cucurbita ne renfermait, à l’époque où il achevait le Species plantarum (en 1762), que cinq espèces , dont deux, les C. lagenaria et citrullus, en ont été détachées plus tard, pour devenir types de nouveaux genres. Les trois autres étaient : le C. Pepo, amalgame de deux et peut-être de trois espèces dis- tnetes, comme nous le verrons plus loin, le €. verrucosa et le C. Melopepo, qui ne sont, pour nous, que des variétés de l’une des espèces confondues sous le nom de €. Pepo. Quelques années après, il décrivit (1), sous le nom de C. ovifera, une quatrième forme que nous rattachons encore au C. Pepo proprement dit. En somme, on peut dire que le grand botaniste suédois méconnut entiérement les espèces alors cultivées du genre Cucurbita. Kaœlreuter, qui vivait à la même époque, tomba dans une erreur (1) Mantiss., 126. Ô CH. NAUDIN. —— ESPÈCES ET VARIÉTÉS à peu près semblable. Ayant fécondé, en 1766 , une très petite variété de Courge à fruits maliformes (peut-être le C. aurantia de Willdenow) avec le pollen d’une autre Courge à fruits volumineux et comestibles , il en obtint une forme hybride ou plutôt métisse , exactement intermédiaire entre les parents pour le volume et la forme des fruits; et comme cette hybride contenait des graines bien conformées, il en conclut, d’après les idées qu’il s'était faites, que toutes les Courges alors connues ne constituaient qu’une seule espèce. Bien que les plantes qui lui servirent à faire cette expé- rience ne soient que très vaguement décrites dans son Mémoire (1), il est plus que probable , à mes yeux du moins, qu’elles appar- tenaient toutes deux à l’espèce désignée par Duchesne sous le nom de C. Pepo polymorpha, et que la forme nouvelle obtenue de leur croisement n’était pas une véritable hybride , dans le sens que l’on attache aujourd’hui à ce mot. Kœælreuter disait vrai d’une certaine manière; mais il se trompait en méconnaissant, comme Linné, une ou deux autres espèces fort distinctes de celle sur laquelle avait porté son expérience. Willdenow (2), tout en admettant les espèces de Linné, en sé- para cependant deux formes secondaires sous les noms de C. sub- verrucosa et C. aurantia. Nous verrons plus loin qu'elles ne sont encore que des variétés plus ou moins constantes du C. Pepo poly- morpha de Duchesne, c’est-à-dire de notre C. Pepo actuel. A peu près vers la même époque, un simple amateur, Duchesne, à qui on a refusé le titre de botaniste, mais qui était doué d’un grand talent d'observation, entreprit de débrouiller le chaos dans le- quel étaient tombés les botanistes de profession au sujet des Courges. Il jugea avec raison qu'il fallait faire table rase des idées de ses prédécesseurs et de ses contemporains, et constater, par des obser- vations directes faites sur le vivant, ce qu'il y avait de con- stant et de variable dans les formes de ces plantes, afin d'en fixer les espèces et d’en reconnaitre les variétés. Ses recherches , poursuivies pendant un grand nombre d'années, eurent un plein (1) Dritte Fortsetzung der vorlaüfigen Nachricht, etc., p. 118, n° 63. (2) Species, IV, p. 607 et 609. DU GENRE CUCURBITA. 3 succès : le premier, 1l reconnut, d’une part, que le C. Pepo de Linné contenait plus d’une espèce, et que, d'autre part, une multi- tude de variétés très peu stables avaient été décrites comme espèces distinctes. En conséquence, il divisa les Courges en deux grandes espèces : les Potirons, dont il fit le €. maæima, et les Pépons, qui devinrent pour lui le €. Pepo proprement dit. C'était déjà un très grand pas que d’avoir su faire cette distinction. | Mais le groupe des Pépons était très large, et comprenait des variétés extrèmement différentes les unes des autres. Avec non moins de sagacité, Duchesne les divisa en deux groupes : les Welo- nées ou Courges musquées ( C. Pepo moschata ), et le Pépon poly- morphe (C. Pepo polymorpha); ce dernier subdivisé encore en un grand nombre de variétés ou sous-variétés que nous indiquerons plus loin. Duchesne eût été tout à fait dans le vrai, et il n°y aurait eu presque rien à modifier à son travail, si, au lieu de rattacher le groupe des Melonées aux Pépons, il en eût fait dès l’abord une espèce totalement distincte. On a lieu de s'étonner que les idées si nettes et si exactes de Duchesne, acceptées par Lamarck et reproduites dans le Diction- naire encyclopédique, aient si peu profité à ceux qui, apres lui, eurent à s'occuper des Courges ; car nous voyons renaitre dans leurs ouvrages une confusion aussi grande, plus grande peut-être, que celle qui existait à l’époque où il entreprit ses expériences. Je n'excepte pas de cette réprobation le travail monographique de M. Seringe dans le Prodrome de De Candolle (1), bien qu'il admette, d'après Duchesne, la différence spécifique des Cucurbita maæxima, C. moschata et C. Pepo, car il continue à considérer comme espèces distinctes les €. Melopepo , verrucosa | subverru- cosa, auranha et ovifera, que Duchesne avait rattachés avec raison au C. Pepo. D'un autre côté, il attribue au €. maæima des variétés qui ne lui appartiennent pas ; quelquefois aussi il confond ensemble des variétés appartenant à deux espèces distinctes. Dans un travail plus récent, dont je parlerai plus loin, M. Seringe modifie quelques- unes des idées émises par lui dans le Prodrome, mais sans qu'il en résulte plus de clarté pour le sujet qui nous occupe. (4) T. I, p. 346. 410 CH, NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS En 18/41, un auteur allemand, Metzger, revenant à l’idée de Linné et surtout de Kælreuter, ne voit dans toutes nos Courges cultivées (à l'exception, sans doute, du €. melanosperma qu'il pa- rait n'avoir pas connu ), qu'une seule espèce, le C. Pepo ; mais il la divise (4) en neuf sous-espèces, savoir : 1° La Courge commune (Feld Kürbis), qui est notre Potiron proprement dit, ou C. maæima de Duchesne. 2° La Courge longue (Langer Kürbis), à fruits plus ou moins allongés, souvent renflés en massue du côté de la fleur : c’est le C. Pepo de Duchesne, ou notre Giraumon actuel. 8° La Courge porte-manteau (Mantelsack Kürbis ), à fruits très grands, allongés, souvent renflés aux deux bouts. C’est, pour Metzger, le C. moschata de Duchesne; pour moi, elle n’en est qu’une forme particulière, celle que M. Gasparrin à décrite (2) sous le nom de C. macrocarpa. h° La Courge turban (T'urban Kürbis), à fruits déprimés d’avant en arrière, laissant saillir les carpelles hors du tube calicinal. Ainsi que je le dirai plus loin, cette forme n’est qu'une variété, remar- _quable d'ailleurs, du Potiron proprement dit, ou €. maæima. 9° La Courge clypéiforme (Schild Kürbis), quiest le C. Melo- pepo de Linné, notre Pâtisson commun. 6° La Courge melon (Melonen Kürbis), à fruits globuleux ou obovoïdes. C’est notre Melonée, simple variété du C. moschata. Metzger la subdivise en une vingtaine de sous-variétés distinguées par la forme plus ou moins allongée, la coloration générale et les mouchetures des fruits. 7° La Courge pomiforme (Apfel Kürbis), à fruits petits, à peu près sphériques, de la grosseur et de la couleur d’une Orange. C’est le C. aurantia de Willdenow et de M. Seringe, la Coloquinte orangine de nos jardins. 8° La Courge pyriforme (Birn Kürbis), à fruits très petits, pyri- formes, à coque dure et ligneuse. Elle répond au C. Pepo, var. pyxidaris, de Duchesne, ou Cougourdette du même auteur. % La Courge oviforme (Eter Kürbis), que Metzger distingue à (1) Landwirthschaftliche Pflanzenkunde, p. 662 et suiv. (2) Ann. des sc. nat., 3° série, t. IX, p. 208. DU GENRE CUCURBITFA. 11 peine de la précédente. Elle n’est autre que le C. ovifera de Linné, qui, pour Duchesne, n’est qu’une variété du €. Pepo. On voit que, dans ce système de classification, Metzger ne tient compte que de la forme des fruits. Pour lui, les caractères que fournissent les organes de la végétation et les fleurs sont non avenus Mais tandis que cet auteur confond toutes les espèces en une seule, Rœmer, par une exagération en sens contraire, trouve moyen de créer, dans le genre Cucurbita, trois sous-genres qui, malheureusement, ne correspondent pas du tout aux trois espèces si explicitement indiquées par Duchesne. Chacun de ces trois sous- genres n'est qu'un pêle-mêle de variétés appartenant à ces trois espèces. On en jugera par le tableau suivant que j'extrais des Synopses monographicæ de cet auteur (4). Pour abréger, je me dispenserai de reproduire les caractères sur lesquels il fonde ses divisions principales. Sugeenus I. — PEPO. AuwFoliatmglliais «00, . . 19 C. moschata. { 2° C. Pepo. | 3° C. citrullus. 4° C. verrucosa. C. subverrucosu. C. aurantia. B. Folia scabra. . € C. pomiformis. °C. pyidaris. C. ovifera. C. grisea. C. pileiformis. \49° C. littoralis. Dans ce premier sous-genre figurent, comme on le voit, le C. moschata de Duchesne, le C. Pepo type, ainsi que plusieurs de ses variétés élevées au rang d'espèces; puis un C: pileiformis, qui, d’après la description de l’auteur, n’est qu'une petite variété du Potiron turban (C. maæima). Ainsi les trois espèces de Du- chesne se trouvent déjà réunies dans le sous-genre Pepo. Elles reparaïtront nécessairement dans les sous-genres suivants. (1) Fascic. If, p. 83. 49 CH, NAUDIN. —— ESPÈCES ET VARIÉTÉS Suscenus 11. — MELOPEPO. A. Pepones inferne volvato-dilatati , fructum quasi ex 13° C. turbaniformis interiore alterum minorem propullulantes. . . . . B. Pepones depresso-umbonati, 10-costati; costis basi, } “er: {4e C. Melopepo. medio, vel apice in gibberes excurrentibus. . . .) ho De ces deux prétendues espèces , la première appartient effecti- vement au €. maæima de Duchesne, et la seconde au C. Pepo, qu'on verra encore fournir une partie des espèces du troisième sous-genre. Suecenus III. — CUCURBITA. A. Folia cordata, obsolete 5-loba vel 5-angulata, pe- | is LOS Spies LOTIR SE, RSS RON | 16° C. Courgero. k | 17° C. fœtidissima. B. Folia ovato-cordata, 3-5-loba, . . . . . . . . . . 18° C: pyriformis. \19° C. lagenaria. 20° C. siceraria. C. Folia angulato-sublobata, . . . . . . . . . . . . . É D odoiiers. 220 C. lignosa. 23° C. multiflora. 24° C. urnigera. ; 98° - # D.,Eoladebala, "ml DE Le ee. .. ÿ ed 27° C. tuberculosa. 28° C. farinosa. \29° C. pinnatifida. E, Folia multipartita; pepones sphæroidei, mammosi. 30° C. mammeata. F. Folia.....; pepones rotundi, coccinei. . . . . . . . 31° C. coccinea. [ci encore reviennent au moins deux des trois espèces qui ont fourni la matière des deux sous-genres précédents, savoir le C. maæima et le C. Pepo. C’est en effet à ce dernier que se ratta- chent, comme simples variétés, les C. Courgero, pyriformis, tuberculosa et urnigera. Les C. villosa et farinosa de Blume (1), cultivées à Java sous le nom de Baligo, paraissent, autant qu’on peut en juger sur des descriptions excessivement incomplètes, devoir rentrer dans le C. moschata (2). Dans ce cas, ce dernier sous-genre réunirait les trois espèces qu’on à vues figurer dans (1) Bijdr., 934. (2) Il se pourrait aussi que les C. villosa et farinosa de Blume, surtout la der- nière, ne fussent autre chose que le Benincasa cerifera. DU GENRE CUCURBITA, 15 le premier, Parmi les autres espèces indiquées, plusieurs devront, selon toute probabilité, être retranchées du genre Cucurbita. En 1847, M. Sermge donna , dans sa Flore des jardins et des grandes cultures, la liste des Courges cultivées qui lui étaient plus ou moins connues. Il'en distingue vingt espèces, savoir : 4° Le Potiron — C. maxima. 2° Le Courgeron — C. Courgero. 3° La Courge porte-manteau — C. hippopera. 4° La Melonée — C. moschata. 5° Le Pâtisson —C. Melopepo. 6° Le Giraumon — C. Pepo. 7° La Cougourdette — C. oviferu. 8° La Courge orangine — C. aurantia. 9° La Courge verruqueuse = C. verrucosa. auxquelles il ajoute les onze espèces suivantes, qu’il dit ne con- naître qu'imparfaitement : 10° Le Potiron d'Espagne. 11° La Coucourzelle ou Courge d'Italie. 12° La Courge à la moelle. 13° Le Courge de Valparaiso. 44° La Courge crochue, ou Crook neck des Américains. 15° La Sucrière du Brésil. 16° La Courge Sucrine. 17° Le Potiron Malamoco. 18° La Citrouille à la moelle. 19° La Courge blanche non coureuse. 20° La Courge sucrière. Toutes ces prétendues espèces n’en font en réalité que trois : les C. maxima , Pepo et moschata , distinguées, dans la seconde moitié du siècle dernier, par Duchesne, ainsi que je l’ai dit plus haut. La Courge porte-manteau, dont M. Sermge fait une nou- velle espèce sous le nom de C. hippopera, n’est qu'une des nom- breuses formes de la Courge musquée ou C. moschata. Enfin le savant auteur de la Flore des jardins et des grandes cultures donne le nom de Pâtisson (C. Melopepo) à la Courge turban proprement dite, réservant celui de Giraumon (C. Pepo) au vrai Patisson des jardiniers. Même lorsqu'il s’agit des simples noms vulgaires , il y Al CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS a de l'inconvénient à les changer ou à les confondre les uns avec les autres ; aussi pensé-je qu'il y a lieu de conserver le nom de Turban à cette variété du Potiron qui se fait remarquer à la saillie de ses carpelles hors du tube du calice, et de né donner le nom de Pâtisson qu’à la variété déprimée el si connue du Pépon qui se prolonge sur les côtés en huit ou dix lobes plus ou moins saillants, et dont la tige, courte et dressée, resterait verticale si, à la longue, le poids des fruits qu’elle porte ne la forçait à s’incliner. Après les travaux que je viens de rappeler, il n’existe plus, sur le sujet qui nous occupe, que de courtes observations ou des notes disséminées dans divers ouvrages. Les plus importantes sont celles de M. Gasparrini, qui, dans un Mémoire (4) présenté à l’Académie des sciences de Naples, et reproduit en partie dans les Annales des sciences naturelles (2), décrivit deux espèces de Courges qu'il croyait nouvelles , les €. macrocarpa et melanosperma. Nous savons déjà que le C. macrocarpa n’est qu'une forme du C. moschata ; quant à la seconde espèce, elle avait été annoncée, dès l'année 1824, pré- cisément sous ce même nom de melanosperma , par M. Al: Braun, dans le Catalogue des plantes du jardin de Carlsruhe ; puis; en 1837, par M. P. C. Bouché, de Berlin, sous celui de ficifoha ; elle est enfin décrite, avec détail, sous son premier nom, par M. A. Braun, dans l’Appendix specierum novarum, etc., du jardin botanique de Ber - ln, en 1853, et, d’après le même auteur, dans le tome I(p. 362) de la 4° série des Annales des sciences naturelles, en 1854. Dans le Mémoire cité plus haut, M. Gasparrimi a séparé du genre Cucurbita, sous le nom générique de Pileocalyx, l’ancien C. clypeiformis de J. Bauhin , ou C. turbaniformis de Ræœmer, notre Potiron turban proprement dit, se fondant sur ce que l'ovaire n'y est qu'à demi adhérent et le stigmate sessile et étalé. J'ai déjà dit, en 1855, dans ma Motice sur la nature des vrilles et la struc- ture de la fleur des Cucurbilacées (3), que je ne pensais pas que ce (1) Osservazioni diagnostiche e morfologiche sopru alcune specie di Z'ucche collivate. (2) 3° série, t. IX, p. 207. (3) Ann. des sc. nat., 4° série, t. IV, p. 47. DU GENRE CUCURBITA. 15 nouveau genre düt être conservé, et que probablement il ne fallait voir dans la forme si remarquable de la Courge turban qu'une simple variété du Potiron ordinaire. Les observations que j'ai faites depuis cette époque n'ont pleinement confirmé ce que je conjecturais alors, l’identité spécifique de ces deux formes. 1. Description comparative des espèces du genre Cucurbita et de leurs | principales variétés. Dans l’état actuel de la science, on ne connait avec certitude que six espèces de Courges : les C. maæima, Pepo, moschata, mela- nosperma, perennis et digitata. Les cinq premières sont cultivées dans nos jardins ; la dernière, indigène de l'Amérique septen- trionale , est seulement indiquée par une courte description de M. Asa Gray (1), qui ne laisse cependant aucun doute sur sa qualité d'espèce distincte. Peut-être faudra-t-1l aussi rapporter aux Cucurbita \ A podanthera undulata du même auteur, qui, à en ju- ger sur une description incomplète, semble cependant présenter les vrais caractères du genre. De ces six espèces, trois sont alimentaires et cultivées depuis longtemps en Europe : ce sont les €. maxima, Pepo et moschata, dont la patrie première est inconnue. L’une d'entre elles, le C. Pepo, a peut-être été connue des Romains et des Grecs, au moins vers l’époque de Pline; les deux autres sont ou paraissent beaucoup plus modernes : leur introduction dans nos jardins ne remontant guère au delà de deux siècles. Ce sont ces trois espèces seules qui ont donne lieu à toutes les confusions que j'ai signalées dans la première partie de ce Mémoire. Elles ont d’ailleurs entre elles les plus grandes affinités. Presque identiques par le port, elles se ressemblent encore par leur qua- hté de plantes annuelles , leur tempérament et leur éroissance ra- pide, qui permettent d’en faire des plantes potagères Jusque sous les latitudes déjà froides de l'Europe moyenne, où elles fructifient dans le cours d’un été. Mais le trait le plus saillant de leurs ana- logies consiste dans des variations de même ordre et en quelque (4) Plantæ Wrightianæ, 2° partie, p. 60. 16 CH. NAUDIN, — ESPÈCES ET VARIÉTÉS sorte parallèles : les modifications dont une espèce est susceptible se présentant presque toutes chez les deux autres. C’est ainsi qu’on trouve chez les trois espèces des variétés précoces et des variétés tardives, des variétés à fruits énormes et d’autres à fruits com- parativement très petits ; des plantes très sarmenteuses et des plantes à tiges raccourcies. Dans toutes trois, les dimensions du feuillage et la grandeur des fleurs varient également; mais ce qui frappe surtout dans ces altérations communes des trois types, c’est la prodigieuse variabilité de la forme, du volume et de la couleur des fruits, qui, véritables protées, se montrént indifféremment tantôt allongés en massue, tantôt sphériques ou tout à fait dépri- més , les uns à peau molle, les autres à coque dure et ligneuse, etc. Enfin, ce qui est encore un caractère commun à ces trois espèces, c'est que la plupart de leurs variations sont plus ou moins per- sistantes et capables de se perpétuer, peut-être indéfiniment, lors- qu'on les maintient pures de tout alliage, mais aussi la plupart extrêmement fugaces , lorsqu'on laisse s'effectuer l’échange des pollens entre les variétés de même espèce. Cette grande variabilité de forme que je viens de signaler en quelques mots n’est pas exclusivement propre aux espèces du genre Cucurbita ; on la retrouve dans celles des autres genres de même famille qui ont été, comme elles, l’objet d’une culture sécu- laire. Les Calebasses (Lagenaria) et les Melons (Cucumis Melo, C. flexuosus, C. Dudaim, C. Chate, etc.) ne sont pas moins remarquables sous ce rapport. C’est là d’ailleurs un caractère géné- ral de presque toutes les plantes depuis longtemps cultivées, et qui semblent, par une loi providentielle, avoir été organisées de manière à pouvoir se plier à des variations considérables de sols et de climats, et même, pourrait-on dire, aux caprices ou, si l’on aime mieux, aux besoins de l’industrie humaine, variable elle- même suivant les temps et les lieux. Les Blés, la Vigne, la plupart des arbres fruitiers, un grand nombre de légumes et de plantes d'ornement, ont perdu entre les mans de l’homme l'aspect pri- mordial de l'espèce, pour se résoudre en un nombre indéfini de variétés ou de races, d’espêces secondaires en quelque sorte, dont la stabilité, au moins apparente, peut les faire assimiler à de DU GENRE CUCURBITA. A7 véritables espèces naturelles. La recherche des origines de ces formes secondaires et des circonstances dans lesquelles elles se sont produites offrirait un sujet d’études bien digne d'occuper les naturalistes, et la solution des difficultés dont la question est en- tourée apporterait un notable progrès à la partie philosophique de la science. Ce que je me propose ici n’est pas de faire la description bota- nique complète des espèces dont j'ai à parler, mais seulement de faire ressortir les caractères qui les distinguent les unes des autres; ces caractères seront d’ailleurs d'autant plus faciles à saisir, qu'ils _seront mieux dégagés de ce que ces plantes ont de commun, 4. Cucurbita maxima. C. maxima Duch. in Lamk, Dict. encycl., IT, p. 316. — DC., Prodr., II, 316. — Sering., Flor. des jard., p. 531. — C. Pepo, var. a, Linn., Spec., 1435. — C. major rotunda, flore luteo, folio aspero, Bauh., Pinax, 213. — .C. indica rotunda, Dalech., Hist., 616. — C. pileiformis et C. turbaniformis, Rœm., Synops. monogr., IL, p: 86. —C. Furinæ, Mozzetti, Cat. Hort. neap. — Pileocalyx elègans, Gasparr., L. c. — Cucurbita Melopepo , DC. et Sering., l. c., pro parte; non C. Melopepo, Rœæm. — Vulgairement : le Potiron. C. annua ; caulibus subleretibus repenhibus ; folits reniformibus -lobrs, lobis rotundalhs, sinubus inter lobos subnullis, petiolorum pilis œqualibus asperis non autem pungentibus ; pedunculis flori- feris (masculis fæmineisque) leretibus ; calycis tubo obconico nun- quam sub insertione corollæ constriclo, sepalis linearibus filifor- mibus interdumque abortientibus ; pedunculo fructifero crasso suberoso strialo nunquam vere sulcalo; pulpa fructus vix aut minime fibrosa ; placentis spongiosis nec facile deliquescentibus. Tiges presque toujours longues ettrainantes, quelquefois courtes et peu coureuses, mais jamais dressées, cylindriques ou très obscu- rément anguleuses. Feuilles plus ou moins réniformes , à cinq Jobes courts, obtus, arrondis, entre lesquels les sinus sont à peine sensibles ou même tout à fait nuls. Exceptionnellement et rare- ment, les lobes sont aigus, mais les sinus qui les séparent sont toujours peu prononcés. Pédoncules floraux (mâles et femelles) ke série, Bot. T, VI. (Cahier n° 4.) 3 2 48 CH. NAUDIN, —— ESPÈCES ET VARIÉTÉS cylindriques et non anguleux. Tube du calice (4) des fleurs mâles campanulé ou plutôt obconique , à contour arrondi, ne présentant aucune constriction au-dessous du point où sont insérés les sé- pales. Ces derniers sont généralement étroits, linéaires, grêles, quelquefois filiformes ou tout à fait avortés, très rarement élargis et prenant un aspect foliacé. Corolle campanulée, à lobes réfléchis, généralement d’un jaune vif. Le pédoncule du fruit, dans l’espèce du Potiron, fournit aussi d'excellents caractères spécifiques. Il est toujours cylindrique ou claviforme , car assez souvent il se renfle vers son insertion sur le fruit ; presque toujours il présente, vers l’époque de la maturité , des gerçures longitudinales irrégulières , mais 1l n’est jamais an- guleux et surtout jamais relevé de ces côtes saillantes que nous verrons caractériser celui des Pépons. Tout au plus offre-t-il, dans un petit nombre de variétés , des lobes peu saillants au point même de son attache avec le fruit. Les fruits des Potirons sont généralement de grande ou de moyenne faille; dans quelques variétés cependant, ils dépassent à peine la grosseur du poing, mais c’est l'extrême minimum; fré- quemment ils ont le Volume de la tête; dans les plus grandes variétés, ils mesurent de 60 à 80 centimètres de diamètre trans- versal , et quelquefois plus. Leur poids n’est pas en rapport avec cet énorme développement, parce que, dans.ce cas , leur cavité intérieure est considérable ; elle est au contraire d’autant moindre, toute proportion gardée, qu'ils sont moins volumineux. La forme typique des Potirons est celle d’une sphère déprimée : sphœra polis compressis, comme disait déjà Sauvages, professeur de botanique à Montpellier, vers le milieu du xviu® siècle. Mais cette forme, qui d’ailleurs se présente aussi dans certaines variétés des C. Pepo et C. moschata, n’est pas exclusive ici; elle est seulement la plus ordinaire : car il y a des Potirons dont le fruit s’allonge au (1) C'est pour me conformer à l'usage que je parle ici d’un tube du calice. Ce prétendu tube n'est pour moi qu'un torus dilaté, appartenant au pédoncule, et ne résultant pas de la soudure des folioles du calice qu'on retrouve d'ailleurs tout entières à son sommet. On peut voir ce que j'ai déjà dit, à ce sujet, dans ma Notice sur les vrilles et la structure de lu fleur dans les Cucurbitacées. DU GENRE CUCURBITA. 19 point de devenir obovoïde et même cylindrique, bien que ce cas soit beaucoup plus rare. La chair des Potirons est fine, à peine filandreuse, dans la plu- part des cas d’un jaune viftirant sur l’orangé ; quelquefois elle est d'un blanc jaunâtre ou légèrement rosé , d’autres fois d’un jaune brunâtre; je n’en connais aucune variété où elle soit décidément rouge. Les placentas sont généralement spongieux ou pulpeux, * formant une pâte plus ou moins molle lorsqu'on les malaxe entre les doigts, mais ne présentant pas la déliquescence qu’on trouve dans ceux des Pépons ; aussi les graines y sont-elles plus adhé- rentes que dans ces derniers, où il suffit de les presser légèrement avec la main pour les détacher. Enfin, les graines offrent aussi des caractères assez tranchés pour qu'avec un peu d'habitude on puisse discerner, au premier coup d'œil, l'espèce à laquelle elles appartiennent; mais dans chaque espèce elles varient considérablement. Chez les Potirons , elles sont toujours assez grandes (longues de 20 à 24 millimètres, sur 42 à 4h de large), d'un bel ovale, à margination tantôt sail- lante, tantôt plus ou moins effacée, quelquefois nulle, d’une eou- leur qui varie du blanc pur au fauve basané. Dans ce dernier cas, la margination ,se dessine autour de la graine sous la forme d’un liseré blane , qui tranche sur la teinte plus foncée des deux faces. Le Potiron est la seule Courge connue où, dans certaines varié- tés, les carpelles fassent saillie hors de la cupule réceptaculaire ou tube du calice. Ceux qui présentent cette disposition à un degré marqué constituent le groupe des Turbans proprement dits. Cette conformation existe d’ailleurs à tous les degrés, depuis celui où les carpelles, presque entièrement enveloppés , ne se montrent que sur un cercle de 2 à 3 centimètres de diamètre, jusqu’à celui où ils sont plus qu'aux deux fiers saillants au-dessus du réceptacle, souvent alors réduit à une sorte de plateau. D'après ces diffé- rences de structure du fruit, nous diviserons les variétés des Poti- rons en deux groupes : les Turbans on Potirons couronnés et les Potirons simples ou sans couronne. 20 CH. NAUDIN. —— ESPÈCES ET VARIÉTÉS À. Porirons couronnés ou TurBaxs. — Cucurbita clypeiformis, J. Bauh., L. c. — C. Melopepo, Prod., IL, p. 316, pro parte.-— Pileocalyx elegans, Gaspar- rini, L. c. — C. pileiformis et C. turbaniformis, Rœm., L. c. À ce premier groupe appartiennent : 1° Le T'urban rouge, à fruits gros (de 40 à 60 centimètres de diamètre transversal), plus où moins déprimés, à carpelles ordi- nairement très saillants et formant trois ou quatre lobes arrondis au sommet du fruit. Cupule réceptaeulaire d’un rouge vif ou rouge orangé ; carpelles plus fréquemment bariolés de rouge et de jaune. Il en existe une sous-variété presque entièrement verte, ou bario- lée de jaune et de vert sur les carpelles. Dans quelques Turbans, la peau s’encroûte d’un dépôt ligneux qui leur forme une coque presque aussi épaisse et aussi dure que celle de la Calebasse. La chair est d’un beau jaune, fine et très estimée ; les graines sont d’un blanc parfait, lisses, peu ou point marginées et un peu larges eu égard à leur longueur. Comme sous-variétés, on peut citer encore : 1° le Turban étranglé, dont les carpelles, à denn émergés hors du réceptacle, sont resserrés par le bord de ce dernier, au-dessus duquel ils prennent plus d’ampleur. Il en résulte que le fruit semble étranglé par le milieu; 2° les petits T'urbans rouges et verts qui ne sont que des diminutifs du Turban commun, et qu'on cultive plutôt comme objets de curiosité que comme plantes d'utilité. Il en est dont la grosseur ne dépasse pas celle d’une Pomme de Reinette ordinaire. Je dirai ici, en passant, qu’un des caractères sur lesquels M. Gasparrini a fondé son genre Pileocalyæ, la forme des stig- mates élargis et sessiles au sommet de l’ovaire , n’a aucune con- stance. Si on l’observe fréquemment dans les fleurs des Potirons turbans, on trouve aussi des cas où cet organe a repris sa forme ordinaire. J'ajoute que la structure propre aux fruits de ces varié- tés ne se maintient qu'artificiellement, c’est-à-dire en évitant avec soin les fécondations croisées. J’ai vu disparaître en totalité le caractère du Turban, c’est-à-dire la saillie des carpelles hors du réceptacle, à la suite de la fécondation de ses fleurs par le pollen DU GENRE CUCURBITA. 21 d'un Potiron ordinaire, genre de dégénérescence qui est d’ailleurs commun à toutes les variétés de l'espèce. 3e Le T'urban nouveau du Brésil, variété à fruits verts, très dé- primés, de moyenne taille, à chair remarquablement ferme et com- pacte, à graines épaisses, très basanées ou couleur de eafé au lait, liserées de blanc sur le bord où la margination est presque insen- sible. Cette variété, introduite depuis peu d'années de Amérique du Sud , a déjà dégénéré au point d'être méconnaissable , partout où elle a été cultivée en éompagnie d’autres Potirons. Plusieurs de ceux que j'ai récoltés au Muséum, en 1856, avaient totalement perdu leur couronne et par conséquent rentraient dans le groupe des variétés suivantes. Ce Turban est le seul Potiron qui, à ma connaissance, ait les feuilles marbrées de blanc dans les angles des nervures, particularité au contraire très fréquente dans les C. Pepo et moschala. B. Porinons SIMPLES OU SANS COURONNE. — ucurbita maxima, Duch., loc. cit., Seringe, loc. cit., etc. — C. Furinæ , Mozzetti, etc. Quelques variétés présentent encore un reste de la couronne des Turbans, mais trop faible pour que leur forme en soit altérée. Ce sont particulièrement : 1° Le petit Potiron plat, dont le fruit, très déprinné d dans le sens antéro-postérieur, mesure en moyenne de 830 à 35 centimètres de diamètre transversal. Il présente autour de l’ombilic une couronne peu saillante de 4 à 8 centimètres de diamètre, dans laquelle les carpelles ne font aucune saillie. Cette variété est assez estimée et parait fréquemment sur les marchés de Paris. 2° Le Potiron œil vert, moins commun que le ape sans être rare. Il est de moyenne grosseur (25 à 30 centimètres de diamètre transversal), sphérique, moyennement déprimé , jaune rosé à l'extérieur avec des bandes longitudinales plus claires , lisse et sans côtes ou à sillons à peine ‘sensibles. Son caractère distinctif consiste en ce que l'œil, ou vestige du stigmate, est au fond d’une cavité en forme d’entonnoir, étroite et profonde, dont le bord se confond avec celui de la couronne, qui n'a guère que à à 4 centimètres de diamètre. Cette couronne est entourée d’un 22 CH. NAUDIN, —— ESPÈCES ET VARIÉTÉS cercle verdâtre. Dans cette variété, les placentas sont fermes, et les graines s’en détachent difficilement. Ces dernières sont très blanches et à peine marginées. 3° Le Potiron ou Courge marron, à fruits petits (45 à 25 centi- mètres de diamètre transversal), sphériques et plus ou moins dé- primés de l'avant à l’arrière , lisses, d’un rouge vif à l'extérieur, sauf la couronne quiest verte et large de 3 à 4 centimètres. Comme dans la variélé précédente, elle circonscrit une dépression plus ou moins profonde, au fond de laquelle est le stigmate. Quoique très rouge à l'extérieur , cette Courge a la chair jaune orangé. Elle est pleine comme la plupart des petits Potirons; sa saveur est un peu musquée. Parmi les Potirons tout à fait dépourvus de couronne, c’est-à-dire dont les carpelles sont entièrement ou presque entièrement enve- loppés par le réceptacle, je mentionnerai : le Le Potiron ou Courge châtaigne, de grande taille (35 à 45 cen- timêtres de diamètre transversal), extrêmement déprimé de l'avant à l'arrière. Le pédoncule, très renflé à son insertion sur le fruit, et par conséquent d’une forme conique, occupe le centre d’une large dépression, dans laquelle l’eau de pluie s’amasse lorsque le fruit, comme il arrive d'ordinaire , repose sur sa face antérieure. La couleur générale de cette Courge est le rose, avec des bandes lon- gitudinales de nuance plus claire. La chair en est jaune, tendre et très estimée. 5° Le Potiron ou Courge de Californie, qui diffère peu du pré- cédent. Il est à peu près de mème taille, moins déprimé, à côtes arrondies, peu saillantes, rose ou rougeâtre extérieurement , avec des bandes longitudinales plus pâles et des marbrures ou des bariolures vertes, marquées surtout autour de l'œil et de l'insertion des pédoncules. La chair est jaune pâle et légèrement rosée. | Go Le Potiron maraïîcher ou jaune gros de Hollande, une des plus grandes variétés connues et la plus habituellement cultivée à Paris. Ses fruits sont quelquefois énormes ; on en voit qui ont jusqu’à 70 centimètres, ou plus, de diamètre transversal. Leur forme la plus ordinaire est celle d’un sphéroïde très déprimé ; DU GENRE CUCURBITA, 23 quelquefois la partie antérieure est proéminente où bombée. Leur couleur est en général le jaune rosé, qui disparait plus ou moins sous un réseau de gerçures analogues à celles d’un Melon brodé. Malgré la grandeur de la cavité qui oceupe l’intérieur du fruit, la chair est épaisse de 5 à 8 centimètres; elle est d’un beau jaune orangé , ferme, d’une cuisson facile, légèrement sucrée. Les graines sont grandes, fortement marginées, plutôt blanchâtres que tout à fait blanches. Par sa grosseur , sa beauté et l’excellence de sa chair, ce Potiron justifie bien la faveur dont il jouit sur les mar- chés de Paris. | 7 Le gros Potiron gris, qui diffère du Potiron maraicher par la teinte grise ou verdâtre de sa peau, mais qui acquiert le même volume et est tout aussi estimé dans les lieux où on le cultive. Il est beaucoup moins commun que le précédent à Paris. 8& Le Potiron lisse, simple sous-variété du Potiron maraïcher, dont il ne diffère que par sa teinte plus jaune et l’absence de bro- derie sur la peau. 9° Le Potiron de Corfou, presaue aussi grand que le Potiron maraicher, sphérique, un peu déprimé, d’un gris d’ardoise et très finement brodé. Ses graines sont grandes, très épaisses, lisses, luisantes et très basanées, entourées d’un liseré blanc qui tient lieu du bourrelet marginal ordinairé. Elles ressemblent totalement à celles du Turban nouveau du Brésil, dont il a été parlé ci-dessus. 10° Le grand Potiron blanc de Naples, presque de la taille du Potiron maraicher, avec ou sans côtes, uniformément blanc à l'extérieur, lisse ou très finement réticulé. La chair en est jaune pâle ou légèrement rosée, épaisse, sucrée et riche en fécule; c’est, à mon avis, une des meilleures Courges. Malgré son excel- lence, il est peu connu des maraïchers parisiens. 11° Le petit Potiron blanc de Constantinople, à fruits petits ou moyens (environ 30 centimètres de diamètre transversal), sphé- riques ou déprimés, à côtes arrondies, peu saillantes, très blancs et très lisses. Sa qualité ne répond pas à sa beauté ; Ja chair en est pâle, un peu aqueuse, presque insipide; du moins, nous l'avons trouvée telle dans ceux qui ont été récoltés au Muséum. 42° Le Potiron musqué, à fruits gros ou moyens, presque sphé- 9] CH. NAUDIN. -— ESPÈCES ET VARIÉTÉS riques, marbrés de vert sur fond orangé. Les graines sont grandes el fortement marginées. Par exception, dans l'espèce du Cucurbila maxæima , le pédoncule est quelquefois sillonné de légères canne- lures longitudinales près de son insertion ser le fruit. 43 Le Potiron pain du pauvre, à fruits gros (de 30 à 40 centi- mètres de diamètre transversal), en sphéroïde très déprimé, lisse, de couleur chocolat à l'extérieur, entouré d’une coque semi- lisgneuse, dure, épaisse de 2 à 8 millimètres, qui souvent se fen- dille à l’époque de la maturité et présente de longues et profondes fissures, dirigées irrégulièrement dans tous les sens. Ea chair en est jaune orangé, assez épaisse, un peu sèche et ferme. Les graines sont grandes, blanches, à peine marginées. Ce Poliron passe pour un des meilleurs. Ah° Le Potiron messinais ou Courge de Messine, à fruits gros, plutôt ovoïdes que sphériques, d’un rouge pâle, à côtes saillantes, arrondies , ‘irrégulières, comme boursouflées, séparées par des sillons étroits. La chair en est très épaisse, d’un jaune terne et brunâtre, très aromatique et d’une saveur qui la rend difficilement acceptable pour beaucoup de personnes. Cette variété, déjà remar- quable par la forme de ses fruits , l’est encore par la grandeur de son feuillage, et surtout par la grosseur tout à fait insolite du pédon- cule du fruit, qui n’a pas moins de 6 à 7 centimètres d'épaisseur et qui est strié de lignes noirâtres sur fond vert. Les graines sont très grandes, d’un blane sale, et fortement marginées. 15° Le Potiron de Farina, qui est la variété la plus caractérisée et probablement la plus différente du type de l'espèce. Elle est si singulière, au premier aspect, que plusieurs botanistes n’ont pas hésité à en faire une espèce à part : aussi la trouve-t-on indiquée, dans plusieurs catalogues de jardins, sous le nom de Cucurbita Farinæ, qui rappelle celui de son introducteur en Europe, le voyageur italien Farina. Elle est originaire du Brésil et ne date, dans nos jardins, que d’un petit nombre d’années. À plusieurs égards , elle s'éloigne des formes connues dans le C. maæima, auquel cependant elle appartient par ses caractères les plus essen- tiels. Ses feuilles sont beaucoup plus allongées que dans toutes les autres variétés de même espèce ; non-seulement leur lobe médian DU GENRE CUCURBITA, 25 dépasse notablement la mesure commune, mais la base même du limbe se prolonge, entre deux grosses nervures latérales, en une pointe cunéiforme qui leur donne un faciès sensiblement différent de celui des feuilles des autres Potirons. Ses fleurs mâles et fe- melles n’offrent rien de particulier. Le fruit, au contraire , est caractéristique ; il est toujours de petite taille (18 à 25 centimètres de diamètre longitudinal), tantôt à peu près sphérique, tantôt et plus souvent en ovoïde court, d’un vert noirâtre, avec quelques bandes longitudinales et des marbrures irrégulières d’un blanc verdâtre. Le pédoncule, toujours cylindrique, est comparativement long et grêle, souvent épaté à son insertion sur le fruit. La chair s’est montrée remarquablement dure et sèché, d’un jaune orangé, riche en fécule , mais peu sucrée , au moins dans les échantillons que j'ai eus sous les yeux. Les placentas, qui remplissent l’intérieur du fruit sans y laisser de lacunes, sont eux-mêmes fermes et com- pactes. Les graines, plus épaisses que dans toute autre variété , si ce n’est peut-être dans le Potiron de Corfou, sont largement ovales, quelquefois presque tout à fait orbiculaires, très basanées ou cou- leur de café au lait, avec un liseré blanchâtre sur le bord où le bourrelet marginal a disparu. On voit qu’elles ressemblent de tous points à celles du Turban nouveau du Brésil et du Potiron de Cor- fou, avec cette légère ss sas qu'elles sont d’un ovale un peu plus arrondi. Cette remarquable variété se reproduit toujours très identique- ment lorsqu'elle est isolée des autres Potirons, ou qu’on la féconde artificiellement avec son propre pollen ; mais elle s'allie aussi avec la plus grande facilité aux autres variétés du €. maæima, si l’on néglige ce soin, et alors elle donne des métis qui ne rappellent presque plus son propre type. En voici un exemple : en 1855, un pied ou deux de cette Courge furent cultivés au Muséum sur une couche où se trouvaient en même temps plusieurs autres variétés de Potirons , entre autres des Potirons maraîchers jaunes et gris et des Turbans. Des graines, recueillies par moi, sur les fruits qu’ils produisirent et qui avaient bien conservé le caractère de la variété, furent semées en 1856. Sur sept pieds qui fructifièrent, il y en eut deux qui reproduisirent exactement le type du C. Farine ; deux 26 CH. NAUDIN. :— ESPÈCES ET VARIÉTÉS autres donnèrent des Turbans à large couronne et à carpelles saillants, dont la moitié postérieure était rouge, et l’antérieure, ou la couronne, d’un vert foncé avec des bariolures blanchâtres : c'était là tout ce que ces fruits avaient conservé des traits de la variété mêre. Les trois autres pieds produisirent des Potirons de petite ou de moyenne taille; l’un d'eux, très déprimé, d'un rouge vif, ressemblait de tous points à la Courge marron, sauf quelques marbrures d'un vert noirâtre ; le second était un Potiron gris; le troisième un Potiron rose marbré de brun ; tous contenaient des graines plus ou moins basanées, mais d’ailleurs parfaitement con- formées. Il est visible que ces formes nouvelles étaient des pro- duits métis entre le Potiron de Farina et les Turbans et Potirons ordinaires qui, en 1855, étaient cultivés à côté de lui. Ce fait éta- blit bien l’identité spécifique de ces différentes variétés , mais il démontre en même temps que leurs caractères propres se repro- duisent avec une grande constance par les semis, lorsqu'on ne leur permet pas de se féconder mutuellement. Ceci revient à dire que les variélés se conduisent iei comme le feraient de véritables espèces ; ce n’en sont pas les seuls exemples qu'on pourrait citer parmi les plantes cultivées, 16° Le Potiron ou Courge de l’Ohio, qu’on peut subdiviser en deux variétés cstinctes, la brune et la blanche. Elles sont de moyenne grandeur, la première un peu plus grosse que la seconde, Toutes deux sont ovoïdes et prolongées en pointe à la partie anté- rieure. Elles sont également estimées, quoique peu connues des maraichers de Paris. J'ai vu une sous-variété de la première qui était extrêmement sucrée, mais qui a promptement dégénéré par un mauvais croisement. | L 17° Le Potiron Malamoco, d'assez grande taille, d’un gris ver- dâtre, presque sphérique, mais présentant une petite couronne du milieu de laquelle s'élève un bec conique, qui n’est autre chose que l’extrémité des carpelles. On voit done reparaître ici quelque chose de la conformation des Turbans. On a beaucoup vanté, il y a une vingtaine d'années, les qualités alimentaires de cette Courge, qui n’en est pas moins restée une planie de curiosité; elle n’est ni meilleure, ni plus mauvaise qu’une multitude d’autres variétés. DU GENRE CUCURBITA. 27 48° Le Potiron ou Courge de Valparaiso, variété reconnaissable à la forme allongée et obovoïde de son fruit, ce qui est un cas rare dans l'espèce du €. maæima. Quelquelois aussi le feuillage de cette variété présente des lobes aigus, qui pourraient, au premier abord, faire supposer des analogies avec le C: Pepo; mais ces analogies ne seraient qu'apparentes. Par tous ses caractères essentiels, cette Courge rentre dans la première de ces deux espèces. Le fruit est moyen, obovoïde, un peu allongé en pointe antérieurement, long, en moyenne, de 30 centimètres sur 40 à 20 de diamètre trans versal. Il est rosé à l'extérieur et plus ou moins couvert de bro- derie, comme le Potiron maraicher. La chair en est jaune orangé, très fine, sucrée et légèrement musquée. La Courge de Valparaiso est une variété fort recommandable ; elle est le seul Potiron, à ma connaissance, qui ait les graines jaunes. 19 Le Potiron gris de Virginie, introduit tout récemment des États-Unis. Le fruit est oblong-obovoïde , mais comme tron- qué à la partie antérieure, où le vestige du stigmate est enfoncé dans une dépression profonde qui est circonscrite par une étroite couronne. C’est l'inverse de ce que nous avons vu tout à l'heure dans le Potiron Malamoco. Cette variété m'est incomplétement connue; elle parait un peu tardive, au moins à en juger par les échantillons que j'ai fait cultiver au Muséum et qui n’ont pas eu le temps d'y mürir leurs fruits. | | 20° Le Pohron Hahre Eslamboul, dont les fruits sphériques où à peine ovoides n’ont pas dépassé, dans nos cultures du moins, le volume d’une Noix de Coco. Cette variété nous a été envoyée du Caire par M. Figari, directeur du jardin botanique de cette ville. Le nom arabe que nous lui conservons ici signifie Courge de Constantinople. Elle est remarquable par la brièveté de ses tiges, qui n'ont pas atteint À mètre de long. Le fruit est rose rou- geñtre, à chair jaune, sans vide dans l’intérieur. Au point de vue du jardinage maraicher, cette variété est tout à fait insigni- fiante. 28 CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS Cette liste est loin de contenir toutes les variétés du Potiron. Je n'y ai cité que les plus remarquables parmi celles qu’il m'a été donné d’observer. Mais sans parler de celles qui me sont incon- nues et dont le nombre doit être fort grand, puisque la plante est cultivée depuis plusieurs siècles dans toutes les contrées chaudes et tempérées de la terre, je dirai que j'ai volontairement négligé celles dont les caractères mixtes ou trop peu arrêtés n’au- raient pas pu être facilement reconnus sur des descriptions de quelques lignes. Au surplus, une énumération complète n'aurait rien ajouté d’essentiel au but que je me suis proposé ; elle n’au- rait été non plus d'aucune utilité pour la pratique horticole qui s’attachera toujours exclusivement au petit nombre de variétés qui se recommandent par le grand développement et les qualités de leurs fruits, et dont la culture est la seule profitable. Une autre observation à faire, c’est qu'il ne faut pas s'attendre à voir toujours exactement reproduits les caractères que j’ai assignés aux variétés ci-dessus décrites et que j'ai tirés d'individus qui m'ont paru les présenter à un degré éminent. Les croisements, ainsi que je l’ai déjà dit, se font entre toutes les races de Potirons avec une étonnante facilité, et lorsqu'on n’a pas pris les mesures nécessaires pour les prévenir, on voit ces races s’abâtardir, d’une année à l’autre, au point de devenir totalement méconnaissables. J'ajoute que ces races, ou ces simples variations, étant primitive- ment le résultat d’influences toutes locales, on peut tenir pour extrêmement probable que plusieurs d’entre elles, toutes peut- être, s’altéreront à la longue par le seul fait du changement de pays et donneront lieu à l'apparition de formes nouvelles: Toute- fois, au milieu de ces incessantes transformations, il y aura quel- que chose qui ne variera pas : ce sera le type de l'espèce, toujours fixe, toujours reconnaissable, du Cucurbita maxima. DU GENRE CUCURBITA. 29 L 2. Cucarbita Pepo. . C. Pepo DC., II, 316. — Sering., Flor. des jard. et des gr. cult., p 531. — C. Pepo var. ? Linn., Spec. plant., 1435. — C. Pepo polymorpha et C. pyæi- daris Duch. in Lamk, Dict. encycl., IT, p. 148 et sequent. — C. verrucosa et C. ovifera Linn., Mant., 126. — C. verrucosa et C. aurantia Willd. — DC., l ©. — C. Courgero Sering., !. c. — C. Melopepo Rœm., Synops. monogr., fasc. II, p. 83; non C. Melopepo DC., nec Sering. — C. Citrullus, C. grisea et C. pomiformis Rœm., !. c. — C. urnigera, C. tuberculosa, C. asteroides ? | Schrad., Linnæa, X, p. 110. — C. marsupiiformis, C. coronata, C. auranti- formis, C. pyriformis, C. variegata, C. bicorporea, C. bicolor, C. stellata, C. turbinata, C. variegata, C. maxima verrucosa, C. verrucosa minor listata, Hortor. — Ut videtur etiam C. cucumifera Schrad., et C. elongata Bean, in Linnœa , XI, p. 407.— C. succado Næg., Hort. Frib.— C. hybrida Bertol., Hort. Bonon. — C. ceralocreas et C. medullaris ? Haberl. — C, moschata ? Cat. Hort. Tergest., non Duch. — C. texana As. Gray. Plant. Lindh., IT, p. 193.— C. mammeata Molin., Chili, p. 104 et 337.— Tristemon texanum, Scheele , in Linnæa, XXI (1848), p. 586.—Vulgairement : Pépon, Citrouille, Giraumon, etc. C. caulibus nunc longis repentibus, nunc sed infrequentius abbreviatis et erectis, angulosis sulcatisque; foliorum lobis haud raro lobulats; sinubus inter lobos ut plurimum profundis, acutis aut rotundatis ; pilis peliolorum nervorumque in pagina inferiore fol rigidulis, fere aculerformibus et sæpe pungentibus ; pedunculis florum omnium obluse pentagonis ; calycis masculorum tubo cam- panulato, sub insertione corollæ nonnihil constricto, dentibus subu- latis ; pedunculo fruchfero sæpius lignoso, polyedro sulcisque inter costas validas 1nterjectis exarato; pulpa fructus fibrosa ; placentis facile deliquescentibus. , Tiges lantôt longues et trainantes, tantôt courtes et plus ou moins dressées, ne s’inclinant que sous le poids des fruits, géné- ralement polyédriques, à cinq angles obtus, et souvent sillonnées dans le sens de leur longueur. Vrilles ordinairement rudimen- taires ou même nulles dans les variétés à tiges courtes et non cou- reuses. Feuilles à cinq lobes, plus aigus et toujours plus développés que chez les Potirons, divisés souvent eux-mêmes en lobes secon- daires, séparés par des sinus plus ou moins profonds qui, chez quelques variétés, s’avancent presque jusqu’à la nervure médiane, 30 CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS et donnent à leur feuillage quelque chose du faciès de celui des Pastèques. Les feuilles sont généralement plus roides que dans les Potirons ; très fréquemment elles présentent des marbrures blanches, triangulaires, aux angles des nervures; leurs pétioles et le dessous des nervures sont armés, surtout dans les grandes variétés, de poils roides et piquants, qui n’ont pas d’analogues dans les Potirons. Les pédoncules des fleurs mâles et femelles sont plus où moins visiblement prismatiques, à cinq angles obtus. Le calice des fleurs mâles est très caractéristique ; son tube est sensiblement pentagonal, au moins dans la plupart des variétés, toujours un peu resserré au-dessous du limbe, ce qui lui donne une forme plus campanulée que dans le Potiron; ses divisions sont généralement charnues et subulées, jamais véritablement linéaires ou foliacées. La corolle diffère peu de celle des Potirons ; elle est seulement d’un jaune un peu plus orangé, avec des lobes moins étalés, quel- quefois tout à fait dressés. Les fruits sont excessivement variables de forme; mais celle qui domine est un ovoïde renversé, plus ou moins long, avec ou sans côtes longitudinales; ils sont tantôt lisses, tantôt verruqueux. Leur peau est souvent assez molle pour être facilement attaquable par l’ongle ; souvent aussi elle s’encroûte de matière ligneuse , au point de former une coque presque aussi solide que celle des CASbAUSEE Ce n'est pas sans raison que Duchesne qualifiait celte espèce de polymorphe : aucune autre, dans la famille des Cucurbitacées (et peut-être dans tout le règne végétal), ne subit des métamor- phoses aussi nombreuses et aussi brusques, et il n'y a rien d'étonnant à ce que la plupart des botanistes qui ont entrepris de classer les Courges aient fait plusieurs espèces distinctes de ces variétés et les aient même confondues avec certaines formes: du Potiron et de la Courge musquée. Ici, d’ailleurs, ce ne sont pas seulement les fruits qui varient, c’est aussi le feuillage et tout le port de la plante. Néanmoins, je crois qu'on la distinguera toujours facilement des deux autres espèces, si l’on veut ne pas perdre de vue les caractères différentiels que je m'efforce de faire ressortir. Ces caractères sont quelquefois peu marqués ; 1l arrive même que plusieurs d’entre eux s’effacent presque entière- DU GENRE CUCURBITA. o1 ment, mais il en reste toujours quelques-uns qui remettent l’ob- servateur sur la voie. | | Un genre d’altération fréquent dans le Cucurbita Pepo est l'abréviation de la tige qui, sans qu'on puisse l’expliquer, s’arrête et fructifie lorsqu'elle n’a encore que quelques décimètres de lon- gueur. Dans certaines variétés, surtout lorsque la terre est peu substantielle, elle ne dépasse pas ou même n'atteint pas 30 à 0 centimètres. Quelquelois après avoir été longtemps stationnaire à cet état nain, elle s’allonge et se met à traîner sur le sol à l’égal des races les plus coureuses, Dans tous les cas, lorsque la tige est ainsi raccourcie, soit dans le Pâtisson , soit dans le Courgeron, la Coucourzelle, la Courge Cou-tors ou toute autre, les feuilles se ressemblent dans toutes ces variétés ; elles sont généralement plus grandes et plus molles que dans les variétés coureuses , très pressées les unes contre les autres , formant une toufle épaisse et arrondie ; elles sont surtout très longuement pétiolées. Les vrilles, bien qu'elles soient inutiles à des plantes qui s'élèvent droites et fermes, existent souvent ici, tantôt aussi développées que dans les plantes coureuses ou grimpantes, tantôt plus ou moins rudimen- taires ; mais souvent aussi elles manquent entièrement ou se trans- forment en appendices anormaux, moilié vrilles, moitié feuilles, portant ordinairement un bourgeon ou une fleur sur leur pédicule. Ce dernier caractère est pour moi la preuve que la vrille des Cueur- bitacées n’est autre chose que la première feuille transformée d’un rameau qui avorte presque toujours. Ce qui n’est pas moins singu- hier, c’est que la vrille disparait quelquefois totalement sur des variétés à tiges très longues et très eoureuses. Les fleurs mâles varient peu quant à la forme, mais très sensi- blement quant aux dimensions. Elles sont généralement beaucoup plus grandes dans les fortes variétés, où la corolle, proportionnel- lement plus molle, est souvent aussi plus ouverte et plus étalée ; mais toujours leur pédoncule est plus ou moins prismatique, et leur calice un peu resserré au-dessous du limbe. Les dents en sont constamment subulées, épaisses à leur partie inférieure, aiguës au sommet , plus longues ou plus courtes suivant les cas. Dans les fleurs femelles, le pédoncule est généralement court sur toutes les 32 CH, NAUDIN. -—— ESPÈCES ET VARIÉTÉS variétés à gros fruits; mais il est quelquefois grêle et allongé dans les variétés très petites, particulièrement dans les Coloquinelles et les Cougourdettes ; chez les unes et chez les autres, il est toujours prismatique et plus ou moins sillonné longitudinalement; jamais il ne s'y montre franchement cylindrique, comme dans toutes les races ou variétés du Potiron. De même que chez ce dernier, c’est le fruit qui présente ici les anomalies les plus grandes et où surviennent les transformations les plus imattendues. La plus saillante de ces anomalies est la diffé- rence relative des volumes. Pour la mettre dans tout son jour, il suffit de rapprocher le fruit de certaines Coloquinelles de la grande Citrouille verruqueuse : tandis que la Coloquinelle égalera tout au plus une Poire moyenne, la Citrouille verruqueuse rivalisera par sa masse avec les plus grands Polirons, présentant ainsi un volume qui surpassera plus de deux mille fois celui de la première. On conçoit sans peine que tous les intermédiaires existent entre ces deux extrêmes. Les différences des formes ne sont guère moins étonnantes que celles des grosseurs relatives. Si la figure typique et primordiale des fruits du Potiron est, selon toute probabilité, celle d’une sphère déprimée, on peut conjecturer avec non moins de vraisemblance que celle des Pépons est un ovoïde renversé et plus ou moins long. Mais cette forme, qui est encore la plus fréquente, est devenue, sans doute, par suite d’une culture très ancienne, fort élastique. En effet, elle s’allonge, dans certaines variétés, au point de passer à celle d’un cylindre ou d’un prisme ; dans d’autres, ellese raccour- cit et se transforme, suivant le degré, en ovoïde ou en sphère, et cette sphère elle-même se déprime, même à un plus haut degré que dans le Potiron : il est telles variétés de Pépons dont les fruits, à force de se raccourcir dans le sens antéro-postérieur, devien- nent tout à fait disciformes. Ces allongements et ces raccourcisse - ments, combinés avec d’autres modifications, donnent souvent naissance à des formes extrêmement bizarres. Une altération qui doit encore être signalée, parce qu'elle est fort remarquable et qu’elle modifie, dans une certaine mesure, le faciès des fruits du Pépon, c’est la production de verrucosités qui DU CENRE CUCURBITA. 33 en rendent la surface irrégulière el très inégale. Duchesne Ja con- sidérait, peut-être avec raison, comme un état morbide. Ce qui est certain, c’est qu'elle n’est pas constante dans une même variété, des graines tirées de fruits verruqueux pouvant donner naissance à des plantes dont les fruits seront lisses, et réciproquement. La présence de ces verrucosités est générale dans le groupe indécis des Barbarines; elle est fréquente aussi dans ceux des Citrouilles et des Giraumons; mais elle me parait rare dans les vraies Oran- _gines, les Coloquinelles et les Pâtissons ; du moins, c’est ce que j'ai cru observer dans le cours de mes expériences. Dans tous les Pépons, la chair des fruits présente un caractère constant qui la différencie, au premier coup d'œil, de celle des Potirons et des Melonées ou Courges musquées : c’est la présence de grosses filandres, dont elle est pour ainsi dire toute composée et que la cuisson, tout en les attendrissant, ne fait cependant pas dispa- raître. Ces filandres, dirigées transversalement et formant un plexus serré qui sert de point d'appui aux placentas , présentent leurs tranches sur les coupes longitudinales du fruit et se distin- guent aisément à l'œil nu. On peut même les isoler sans peine les unes des autres, au moins dans certaines variétés où elles sont fortes , sèches et lâchement umies. On conçoit que ces filandres ne sont pas exclusivement propres aux Pépons; elles se retrouvent chez les autres Courges, et même chez toutes les autres Cucurbita- cées ; mais, tandis que dans les Potrons et les Courges musquées elles se fondent plus ou moins en une pulpe homogène , elles se conservent loujours nettement accusées et distinctes dans les innom- brables variétés de Pépons. Si la chair des Pépons ne varie pas dans sa structure, elle subit, en revanche, dans sa couleur, sa consistance et les principes qu’elle contient, de nombreuses modifications. Dans certaines va- riétés, et souvent dans certains échantillons d'une même variété, elle est ferme et compacte ; dans d’autres, elle est molle et aqueuse; jaune ou jaune orangée dans quelques-unes, elle est blanche , jaune pâle, jaune rosée ou rougeâtre dans un grand nombre. Elle est très sucrée dans la variété connue sous le nom de Sucrière du Brésil , légèrement farineuse dans la plupart des Coucourzelles et &° série, Bor. T. VI.(Cahier n° 4.) 5 3 li CH. NAUDIN, — ESPÈCES ET VARIÉTÉS des Giraumons , insipide ou d’une saveur herbacée dans les Bar- barines et l’Orangine ; enfin je l'ai trouvée sensiblement amère dans une variété de Coloquinelles : ce qui autoriserait peu -être à conjecturer que le type primitif du Pépon participait à l’amer- tume si généralé et si caractérisée dans les Cucurbitacées restées à l'état sauvage, et que c’est par la ESS qué ses fruits ont acquis leur douceur actuelle. Nous avons vu les graines varier un peu de forme, de grandeur et de couleur dans l’espècé du Potiron ; ici, la couleur est unifor- mément la même : c'est le blanc isabelle où blanc sale, plus ou moins terne; tout au plus pourrait-on y signaler de légères diffé- rences de ton. Toujours aussi les graines sont marginées, présén- tant un bourrelet saillant sur leur contour ; mais elles varient un peu dans leur forme, tantôt un peu plus allongée , tantôt un peu plus courte proportionnellement à leur largeur. Par compensation, leurs différences de grandeur sont extrêmement remarquables. Chez plusieurs variétés, elles atteignent à peine 6 à 7 millimètres en longueur ; chez certaines autres, elles en dépassent 25. Dans aucun cas, elles ne sont enchâssées dans des placentas pulpeux , comme ceux dés Potirons; ces organes étant ici comparativement peu dé- veloppés et tombant en déliquium à la moindre pression. La coloration des fruits varie presque autant que la forme : on trouve toutes les nuances depuis le vert noirâtre jusqu'à l’orangé , en passant par le vert pâle , le blanc ét le jaune. Tantôt la couleur est uniforme, tantôt élle offre des teintes alternativement plus claires et plus foncées, distribuées en marbrures ou en batiolurés assez régulières ; souvent aussi deux ou trois couleurs tranchées existent simultanément : par exemple, le vert et le jaune, ou le vert et l’orangé. Il serait superflu d’ailleurs d'en retracer ici toutes les combinaisons ; je me borne à dire que, dans la plupart des variétés du Pépon, les fruits, à mesure que leur maturité s’avance, tendent de plus en plus vers les teintes jaunes ou oran- gées uniformes, et que ces teintes, la dernière surtout, sont en général d'autant plus vives que ces fruits, avant leur maturité , ont été d'un vert plus foncé. Les teintes blarihes ou jaune 4 sont celles qui changent le moins. DU GENRE CUCURBITA, 35 Nous allons retrouver, dans leC. Pepo, le phénomène que nous avons déjà constaté dans l’espècé du €. maxima, savoir, des vas riétés très fugitives, et d’autres, au contraire, douées d’une stabilité presque comparable à celle des espèces les mieux caractérisées. D'après la forme des fruits, et un peu aussi d’après leur volume, je divisérai les innombrables variétés du Pépon en sept groupes, bien plus artificiels que naturels, mais qui, je crois, seront encore réconnaissables dans la plupart des cas ; ce sont : 1 Les Courcerons, à fruits sphériques, plus où moins dépri- més dans le sens antéro-postérieur, et rappelant par ce caractère la forme typique du Potiron. Ces fruits sont de moyenne grandeur, c'est-à-dire ayant de 20 à 30 centimètres de diamètre transversal (mais non de diamètre longitudinal) ; ils sont comestibles et $e distinguent suffisamment par là de ceux des Barbarines et des Orangines , toujours beaucoup plus petits et, par suite, de nul emploi dans l’économie domestique. Comme variétés principales, je rapporte à ce groupe : a. Le Courgeron de Genève (C. Courgero Sering., Flore des jard., L. c.\, à tige dressée, longue à peine de 40 à 50 centimètres, à fruits lisses, très déprimés , d’un vert noir dans le premier âge, passant À l’orangé vif, à la maturité. b. Le Courgeron ou Courge de Maroc, plante coureuse, à fruits de la grosseur et de la forme d’un Melon cantalou, à côtes plates ét prononcées, verts dans la jeunesse, prenant une belle teinte orangée en mürissant. % Les CrrrouILLES PROPREMENT pires, de grande et de moyenne fille , à fruits lisses où verruqueux, dont la forme est ovoïdé, obovoïde ou elliptique, c’est-à-dire dont le diamètre longitudinal W’excède pas sensiblement le double de leur diamètre transversal pris dans la partie la plus développée, nous trouverons dans ce dPOUpE : a. La grande Citrouille verruqueuse, dont les fruits énormes, plutôt obovoïdes qu'ovoïdes, atteignent jusqu’à 70 centimètres de lüngueur. Ils sont d’un vert plus ou moins foncé dans la jeunesse, souvent bariolés de bandes plus claires , et se couvrent çà et à de grosses verrues. La.plante est extrêmement forte, très cou- 36 CH, NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS reuse, à tiges cannelées, présentant au plus haut degré les carac- tères que j'ai assignés à l'espèce du Pépon. Cette Courge est un peu tardive sous le climat de Paris et doit par conséquent être semée de bonne heure. Elle est d’ailleurs voisine de la suivante, dont on peut la considérer comme une sous-variété. __b. La Citrouille de Touraine, plante forte et coureuse , dont les fruits, encore très gros, sont généralement ovoïdes-ellip- tiques , lisses, d’un vert foncé, souvent marbrés de vert clair, passant à un orangé un peu terne, vers l’époque de la maturité. La chair en est jaune orangé, et les graines, extrêmement grandes (plus de 25 millimètres de long sur 17 à 18 de large), se font encore remarquer par la grosseur insolite de leur bour- relet marginal. Cette variété précoce, d’une culture peu exi- geante et d'ailleurs productive, est cultivée en grand dans cer- taines provinces de l'Ouest, bien plus pour l’alimentation du bétail que pour les usages culinaires. C’est dire que sa qualité est mé- diocre, ce qui est d’ailleurs le fait de la plupart des Citrouilles. c. La Citrouille longue d’Espagne, coureuse, à fruits moyens, lisses, obovoiïdes, vert clair, entourés d’une coque semni-ligneuse, à chair jaune pâle ou blanchâtre , dure, très filandreuse. Cette variété, qui paraît fort médiocre, donne une grande quantité de graines un peu allongées, qui seraient peut-être utilisées avec profit pour la production de l’huile. d. La Citrouille Sucrière du Brésil, coureuse, à fruits un peu au- dessous de la moyenne (environ 25 centimètres de long), ovoïdes- elliptiques, présentant ordinairement quelques verrues, d’un orangé un peu terne, à chair jaune rougeûtre et remarquablement sucrée dans les échantillons de race pure. D’après les analyses faites au Muséum par M. Frémy, le sucre de cette Courge serait du glucose ou sucre non cristallisable, impropre, par conséquent, aux usages ordinaires, mais pouvant, peut-être avec bénéfice, être con- verti en alcool. Cette variété, qui est très constante lorsqu'elle n’a pas été hybridée par quelque autre de même espèce, est assez ré- pandue en France et cultivée comme plante potagère. Il convient d'ajouter que sa saveur un peu aromatique , que ne déguisent pas toujours les préparations culinaires , déplaît à beaucoup de per- DU GENRE CUCURBITA, 37 sonnes qui cependant mangent avec plaisir la pulpe accommodée du Potiron. Les Citrouilles passent, par des dégradations insensibles, au groupe suivant, que je désignerai comme il suit : 3 Les Giraumons, reconnaissables à leurs fruits allongés (ayant plus de deux fois en longueur leur diamètre transversal ), tantôt renflés du côté de la fleur et prenant par suite une forme obovoïde allongée, tantôt cylindriques, lisses on verruqueux , quelquefois relevés de grosses cannelures longitudinales plus ou moins sail- lantes -et présentant souvent autour du pédoncule de cinq à dix rides rayonnantes qui semblent la continuation des côtes plus ou moins fortes de ce dernier. À ce groupe je rapporterai : a. Le Giraumon de Patagonie ou Courge des Patagons, qui, par sa grosseur, tient encore d’assez près aux Citrouilles proprement dites. Sa forme est un ovoïde très allongé (de 40 à 50 centimètres de long sur 15 à 20 de diamètre transversal). Son caractère essen- tiel consiste en cinq fortes cannelures de la grosseur du doigt, ordmairement très saillantes, et qui se prolongent d’une extrémité du fruit à l’autre; souvent il en existe cinq autres, presque aussi fortes, entre les premières, ce qui porte à dix le nombre de ces côtes. Dans cette race, on peut signaler trois sous-variétés princi- pales , savoir : 1° la Courge des Patagons noire, plante coureuse, à fruits d’un vert foncé, marbré de taches presque noires ; 2° la Courge des Patagons blanche, coureuse et presque semblable à la précédente, mais à fruits blancs ou plutôt blane jaunâtre , et 3° la Courge verte de Marseille, variété non coureuse, à fruits très gros et presque semblables à ceux de la Courge des Patagons noire. Les deux premières variétés sont assez généralement cultivées aux environs de Paris, où elles dégénèrent promptement par le peu de soin qu’on prend de les conserver pures ; aussi rien n'est-il plus fréquent que de les voir se transformer, soit en Citrouilles, soit en d'autres formes de Giraumons. b. Le Giraumon Coucourzelle ou Courge longue d'Italie, dont le fruit allongé, un peu renflé en massue vers l'extrémité florale, ést à peu près de la grosseur de celui du Giraumon de Patagonie , mais 1l en diffère en ce qu'il est lisse et sans cannelures , sauf les 38 CH. NAUDIN. —- ESPÈCES ET VARIÉTÉS rides plus ou moins prolongées qui rayonnent autour de l'insertion du pédonceule et qui sont la continuation des côtes saillantes de ce dernier, Sa couleur est le blanc jaunâtre ou le jaune orangé, quand la maturité est parfaite. La chair en est jaune pâle. filandreuse, mais fort bonne. Je distingue deux sous-variétés principales dans la Coucourzelle : l’une coureuse, à tige trainante ; l’autre, à tige très courte et dressée, ne s’inclinant que sous le poids de ses fruits, Elles passent facilement l’une dans l’autre. Il est très fréquent d’ailleurs de voir la Coucourzelle dégénérer, et ses fruits devenus à la fois moins longs et plus épais, se transformer en véritables Citrouilles. La Courge blanche non coureuse de quelques jardiniers ne me parait pas différer de la Coucourzelle proprement dite ; elle s'approche aussi de la suivante. c. La Courge à la moelle, ou F’egetable marrow des Anglais , qui n’est autre chose qu’une Coucourzelle plus petite et peut-être un peu plus molle. Par sa forme ovoide-oblongue et régulière , elle appartient à peu près autant au groupe des Citrouilles qu’à celui des Giraumons. Elle est très estimée en Angleterre et aux États-Unis, où on la mange, avant sa maturité, apprêtée à la ma- nière du Concombre blanc ; on en fait peu d'usage chez nous. Peut-être est-ce la même variété que la Courge zouquette ou zou- quetti des Marseillais, qui est employée de la même manière: Je dois dire en passant que toutes les Courges, cueillies avant la ma- turité, et même peu de temps après la floraison, peuvent être. utih- sées de même. Le Cucurbila urnigera, signalé dans.les çata- logues de plusieurs jardins botaniques, ne me paraît différer par rien d’essentiel de la Courge à la moelle, dont il est à peine une sous-variété peu ou point coureuse. | | d. La Courge de Larnaca , plante coureuse, demi-coureuse ou à tige tout à fait courte et dressée , suivant les individus. Dans la variété pure les fruits sont allongés, presque uniformément eylin- driques où un peu en massue , longs de 40 à 50 centimètres sur 10 à 12 de diamètre transversal, lisses, blanes-jaunâtres, à chair jaune. Elle dégénère d’une année à l’autre en se croisant avec les autres variétés. du Pépon: Par ses qualités, elle ressemble à la Coucourzelle. DU GENRE CUCURBITA: 09 e. La Courge de Barbarie, l’un des plus gros Giraumons con- nus , et aussi un de ceux qui sont le plus mal définis. comme va- riété. La plante est en général très forte, presque aussi développée que celle de la grande Citrouille verruqueuse , à feuillage grand et profondément lobé. Les fruits, presque toujours un peu plus épais vers l'extrémité florale que vers l’autre, ont généralement de 60 à 70 centimètres de longueur sur 20 à 30 de diamètre, dans la partie la plus renflée ; ils sont lisses et unis, ou présentent quelque- _foisles vestiges de cinq côtes effacées qui leur donnent une forme vaguement polyédrique ; leur couleur est le blane jauntre , le jaune, l’orangé ou le vert, tantôt isolés, tantôt réunis en plaques, marbrures où bariolures sur le même fruit. Par certaines de ses formes, cette variété s'approche du Giraumon de Patagonie ; elle passe facilement, par d’autres, au groupe des Citrouilles. f. La Courge blanche très. allongée, variété non coureuse, à fruits blanes ou jaune très pâle, longs de 40 à 50 centimètres, de. la grosseur du bras, lisses, mais offrant les vestiges de cinq côtes mousses qui leur donnent un aspect un peu polyédrique, ordinairement claviformes et très souvent courbés dans la moitié ou. le tiers le plus rapproché du pédoncule. Ce fruit est un excel- lent légume, surtout lorsqu'il est cueilli avant la maturité. g- La petite Courge bicolore, plante coureuse, reléguée d’ordi- naire parmi les plantes d'agrément ou de curiosité sous le nom de fausse Coloquinte, mais appartenant réellement au groupe des Giraumons par la forme allongée de son fruit un peu elaviforme, tantôttout jaune, tantôt entièrement vert foncé, plus souvent moitié jaune etimoitié vert, auquel cas cette dernière couleur occupe le côté de la fleur. Je ne signale cette variété, d’ailleurs très sujette à dégé- nérer, que parce qu'elle est cultivée depuis longtemps au Muséum. h. La Courge Polk, plante coureuse, quelquefois totalement dépourvue de vrilles; à fruits très longs, eu égard à leur gros- seur (de 30 à 50 centimètres, sur 6 à 8 de diamètre (ransver- sal), extrêmement verruqueux, de l’orangé le plus vif, très sou- vent eourbés sur eux-mêmes, à coque semi-ligneuse. Ces fruits, remarquables par leur forme et leur brillant coloris , peuvent faire rechercher cette variété comme plante ornementale ; en eux-mêmes 0 CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS ils ne sauraient avoir aucune utilité. La Courge Polk a considé- rablement varié dans les cultures du Muséum, où elle n’a pas été mise à l’abri du pollen des autres variétés du Pépon. On en jugera par ce fait : onze pieds, provenus en 1856 de graines récoltées, en 1855, sur la variété type, ont donné le résultat sui- vant : cinq plantes non coureuses , ressemblant presque de tous points à la Courge cou-tors ou crook-neck, et six plantes cou- reuses , les unes pourvues de vrilles, les autres sans vrilles, dont une seule reproduisit fidèlement le type de 1855. Les cinq res- tantes se transformérent, à des degrés divers, soit en petites Citrouilles , soit en Giraumons ordinaires , lisses ou tuberculeux ,. verts ou orangés. Sans le croisement avec des variétés différentes, la Courge Polk aurait probablement une certaine stabilité. _ 1. La Courge cou-tors où crook-neck des Américains , variété très voisine de la précédente , comme on peut en juger par le fait de transformation que je viens de rapporter, et qui s'explique d’ail- leurs par la circonstance qu’en 1855 les deux variétés étaient rapprochées l’une de l'autre et presque contiguës. Sa tige est courte et dressée ; l'ovaire , dans les fleurs femelles , long de 8 à 40 centimètres, et à peine de la grosseur d’une plume à écrire, au moment de la floraison, s'incline par son propre poids , en se courbant dans sa moitié postérieure. Il en résulte que les fleurs sont tournées vers la terre, et que les fruits qui conservent généralement cette position en grossissant, sont brusquement courbés en crosse. De là est venu le nom de crook-neck , tra- duit en français par celui de cou-tors, sous lequel cette variété nous à été donnée par M. Vilmorin. Les fruits sont d'un bel orangé , plus où moins verruqueux , renflés en massue et géné- ralement un peu pointus du côté de la fleur. Leur coque est semi-ligneuse. Par leur brillant coloris et leur forme bizarre, ils assignent à la variété une place dans les jardins d'agrément, ce qui est le seul usage auquel elle nous paraisse propre. Elle donne une sous-variéte à fruits ovoïdes, courts, presque pointus aux deux extrémités , du reste tout semblables au type par la couleur et les verrucosités, et qu’on connait sous le nom de Coloquinte de Liége. Sur quatre pieds de cette dernière qui ont été cultivés au Muséum DU GENRE CUCURBITA. Li en 1856, un seul conserva Île type de la sous-variété ; les trois autres se métamorphosèrent complétement en Courge cou-tors proprement dite. Celle-ci d’ailleurs dégénère aisément sous l’in- fluence du pollen d’autres variétés ; je l'ai vue, en 1856, devenir très coureuse et produire de gros fruits lisses qui n'étaient guère plus que des Giraumons ordinaires. __ l° Les Parissons, groupe très vaguement défini et qui n’est bien reconnaissable que dans la variété type, encore est-elle très polymorphe. On peut dire d’une manière générale que ce sont des plantes à tige courte et dressée, ou excédant à peine ! mêtre de longueur, à feuillage grand et développé , à fruits petits ou tout au plus moyens, le plus souvent déprimés, quelquefois à peu près sphériques, avec ou sans côtes, lisses ou plus rarement verru- queux, jamais entourés d’une coque ligneuse. Par certaines formes, peut-être dégénérées, ils se lient intimement aux Citrouilles ; par d’autres ils passent aux Giraumons, La varieté type est la sui vante : | | a. Le Pâtisson proprement dit ou Artichaut d’Espagne, ou en- core Bonnet d’électeur et Arbouse d’ Astrakhan, plante à tige courte et dressée, présentant communément des vrilles à tous les degrés de transformation et de développement, quelquefois totalement dépourvue de ces organes. Au moment de la floraison , l’ovaire a la forme d’un cône surbaissé, ayant la corolle à son sommet, et huit à dix lobes arrondis sur le contour de sa base , au centre de laquelle s’insère le pédoncule. Cette forme se conserve plus ou moins jusqu’à la maturité du fruit, mais elle présente aussi de grandes variations suivant les individus. On en voit dont les fruits sont tout à fait déprimés dans le sens antéro-postérieur, d’autres chez lesquels la forme conique est très prononcée, d’autres encore dont les lobes ou cornes , éloignés de la base, se rapprochent de la partie antérieure du fruit pour y former une espèce de couronne. Ïl en est enfin qui sont presque entièrement sphériques ou en ovoïde court, et sur lesquels les lobes saillants sont placés tantôt près de la base, tantôt au milieu ou près du sommet. Tous ces fruits varient de 10 à 20 centimètres de diamètre transversal. Leur couleur est très fréquemment le blanc jaunâtre, soit pur, soit mar- 2 CH, NAUDIN. —— ESPÈCES ET VARIÉTÉS bré de vert; quelques sous-variétés sont d’un orangé assez wif; la chair en est filandreuse, mais assez fine, blanchâtre.ou jaune très pâle et généralement estimée. On voit fréquemment à Paris, chez les marchands fruitiers et les restaurateurs, des fruits de Patissons de toutes les formes que je viens d'indiquer. | Le Pâtisson, lorsqu'on l’isole suffisamment, dans les jardins ; des autres variétés de Pépons, se conserve franc et présente tous les caractères apparents d’une bonne espèce : aussi at-il été dé- signé comme.tel par plusieurs botanistes, sous le nom de Cucur- bita Melopepo ; mais celte stabilité cesse dès qu’il peut recevoir du pollen des autres races de Pépons, .et il se transforme alors brusquement en Citrouilles ou en Giraumons, suivant les variétés qu. ont fourni le pollen. En 1856, sur cinq pieds provenus d’une plante type, à fruits jaune pâle, qui avait été cultivée, en 1855, au milieu de nombreuses variétés de Giraumons et, de Citrouilles , un seul pied reproduisit le Pâtisson proprement dit; les quatre autres s'étaient totalement transformés, savoir : deux en Giraumons ou plutôt en Giraumons-Citrouilles de couleur jaune päle, un troisième en un Giraumon vert foncé ; le quatrième en une petite Citrouille à fruits sphériques. Ces modifications me donnent lieu de penser que les variétés suivantes ne sont que des dégénérescences analogues du vrai Pâtisson, tel que je l’ai décrit plus haut. b. Le Pâtisson vert à côtes, plante non coureuse, dont les fruits ronds et déprimés, d’un vert foncé et à côtes très marquées, ressem- blent presque complétement au Melon cantalou noir des Carmes. À n’en juger que par la forme , cette variété rentrerait dans les SALES PAR . Le grand Pâtisson coureur, dont les tiges , longues environ d’un mètre, trainent sur le sol, et dont les fruits, presque entière- ment sphériques, jaune orangé et un peu verruqueux , rappellent, pour la forme et le volume, les gros Melons cantalous ordinaires. Par une de ses sous-variétés à fruits très déprimés et presque aplatis d'avant en ‘arrière, il se rattache plus directement au Pâtis- son proprement dit. Toutefois cette variété dégénère très vite par son croisement avec d’autres Pépons ; en 1856, je l’ai vue se méta- DU GENRE CUCURBITA. 1 morphoser en une grosse Citrouille verte très coureuse et presque toute semblable à la Citrouille de Tourane. Il existe. encore plusieurs autres variétés de Pâtissons d'un moindre intérêt et qu’il serait trop long de décrire 1e1. 5° L'OranGIN où COURGE ORANGINE , nommée ainsi pour la res- semblance de ses fruits avec des Oranges de diverses grosseurs. De toutes les variétés du Pépon, c’est celle, à mon avis , qui pré- sente le plus de stabilité et qui ressemble le mieux à une espèce Jégitime ; aussi n'est-il pas étonnant que beaucoup d'auteurs, à l'exemple de Willdenow, l’aient érigée en espèce sous le nom de Cucurbita aurantia. Elle est toujours coureuse ; son feuillage, plutôt à trois qu’à cinq lobes, est comparativement petit et peu découpé, et les lobes en sont assez obtus ; mais par tous ses autres caractères elle rentre indubitablement dans le €. Pepo. Ses fruits sont à peu près sphériques, lisses, d’un orangé un peu rougeâtre, à coque mince et cependant assez ferme, variant du volume d’une Pomme d’Api à celui d’une grosse Pomme d'Adam. La chair en est fade, filandreuse et jaunâtre. Quoique cultivée, en 1855, au milieu d’une multitude d’autres Pépons dont elle a reçu les pollens par l'intermédiaire des abeilles, c’est à peine si cette variété en a élé altérée l’année suivante. Sur trente-sept échantillons cultivés au Jardin en 4856, il n’y en eut que quatre dont la forme fut sensiblément modifiée. Sur deux pieds les fruits étaient devenus obovoïdes et ressemblaient à de très petites Citrouilles; sur deux autres ils s'étaient allongés en Giraumons, mais tous avaient conservé la couleur de la variété type. Ce fait, tout en démontrant la parenté de l’Orangine avec les autres Pépons, me semble établir en même temps sa résistance à se laisser modifier par des pollens qui lui sont étrangers : on en verra plus loin une preuve remarquable. L'Orangine est très fréquemment cultivée comme plante d’or- nement. Ses fruits, lorsqu'ils ont bien müri et que l’automne a été sec, se conservent facilement dans toute leur beauté, d’une année à l’autre. 6° Les BarBariNes , groupe indécis et arbitraire , dans lequel je suis forcé de réunir les variétés véritablement innombrables et ll CH, NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS toujours changeantes de Courges d’ornement, vulgairemerit con- nues sous le nom de fausses Coloquintes et que leur faible volume ou le peu d'épaisseur de leur chair rendent tout à fait impropres aux usages domestiques. Toutes sont coureuses , presque toutes à feuillage très découpé, ce qui les distingue d'emblée de l’Orangine proprement dite. On y retrouve, mais sous des volumes beaucoup moindres, toutes les formes de Pépons que nous avons énumérées jusqu'ici ; ainsi il en est dont les fruits sont très déprimés ou sphé- riques : d’autres où ils sont obovoïdes, cylindriques, plus ou moins allongés, renflés en massue, etc.; chez quelques-unes, ils sont lisses; chez un plus grand nombre d’autres, ils sont verruqueux, tantôt unicolores, tantôt marbrés de jaune, d’orangé, de blanc et de vert. Les plus grandes variétés se nuancent avec les Courge- rons, les Giraumons et les Citrouilles; plusieurs ressemblent à s’y méprendre aux vraies Orangines, en faisant toutefois abstraction du feuillage ; enfin j'en ai vu qui reproduisaient à peu près exacte- ment certaines formes de Pâtissons. Ces modifications sans fin se produisent surtout lorsque, plusieurs années de suite, on en cul- tive un certain nombre de variétés au voisinage les unes des autres ; on peut même en produire à volonté de très bizarres par des croisements artificiels entre variétés très différentes , alliées, soit entre elles , soit avec les autres formes du Pépon. Il est impossible de signaler des variétés véritablement stables dans ce groupe , et il serait inutile de décrire celles qui naissent tous les ans dans les jardins d'amateurs, ordinairement pour dispa- raitre l’année suivante. Les formes les plus communes et aussi les plus recherchées sont celles que plusieurs botanistes ont décrites sous les noms de Cucurbila verrucosa et C. subverrucosa, dont les fruits, sphériques ou obovoïdes, sont plus ou moins couverts de verrues. Ils varient de la taille d’une Pomme d’Api à celle d’une Citrouille moyenne. Je citerai encore, parmi les Barbarimes , la Coloquinte pomme hâtive, ou Apple early egg, de la collection de M. Vilmorin, dont le fruit jaune très lisse et très déprimé d’avant en arrière, est entouré d’unecoque aussi dure quecelle d'une Calebasse. Dans la plante type, cultivée en 1855, ces fruits n'avaient guère que la grosseur d'une petite Pomme aplatie ; en 1856, sans doute DU GENRE CUCURBITA. UT) par suite du croisement, ils élaient douze à quinze fois plus volumineux, mais toujours de même forme et de même cou- leur. 7° Les CoLoquinEeLLes et CoucourpeTTes, qui répondent tant bien que mal aux Cucurbita ovifera, pyæidaris et pyriformis, et proba- blement encore à d'autres prétendues espèces distinguées par les auteurs. C’est tout au plus si l’on peut les séparer du groupe précé- dent, avec lequel elles se lient par de nombreux intermédiaires. Toutes sont coureuses , à feuillage très découpé , à fleurs toujours plus petites que celles des Citrouilles et autres grandes variétés de Pépons. Leur principal caractère réside bien plus dans la petitesse des fruits que dans leur figure, qui est tantôt pyriforme , tantôt ovoïde ou presque sphérique. Ces fruits sont lisses et non verru- queux, unicolores ou bariolés de blanc, de jaune et de vert. Le pédoncule, dans certaines variétés au moins, est, toute proportion gardée , beaucoup plus long que dans les Citrouilles et les Girau- mons, car, tandis que dans ces derniers il n’a guêre que le quart, le cinquième, quelquefois le dixième ou le douzième de la longueur du fruit, dans les Coloquinellès et les Cougourdettes 1l atteint et même dépasse fréquemment cette longueur tout entière. Une par- ticularité que je ne dois pas omettre, c’est que toutes ces plantes sont incomparablement plus fécondes que les grandes variétés de Courges. Un seul pied bien cultivé peut produire de cinquante à cent fruits , peut-être davantage , comme si la nature tenait à com- penser la faiblesse du volume par le nombre. Ce fait, du reste, n’est pas propre à ces variétés; il appartient à toutes les espèces de Courges, et même , d’une manière plus générale, à toutes les Cucurbitacées, dont les fruits, sur un même individu, sont toujours d'autant plus nombreux qu'ils sont plus petits. Deux formes principales peuvent être distinguées dans ce groupe ; ce sont : a. La Coloquinelle oviforme , dont les fruits obovoïdes ressem- blent assez exactement à des œufs d'oiseaux ; il en est de presque tout blancs , qu’on peut comparer , suivant leur taille , à des œufs de Poule ou de Cygne. Leur coque dure permet de les conserver une année entière , ou même plus longtemps, sans altération. [ 16 CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS Quelques sous-variétés, à fruits plus gros et bariolés, tendent à se rapprocher des Citrouilles. | b. La Cougourdette proprement dite, dont la forme type est celle d'une Poire un peu allongée, ou mieux encore d’une Gourde à goulot étroit. Elle est tantôt toute blanche, tantôt verte bariolée de blanc; quelquefois le vert est remplacé par le jaune et alterne avec des bandes plus pâles. Généralement sa coque ést ferme et ligneuse ; elle acquiert souvent toute la dureté du bois, et comme elle a une certaine épaisseur, on peut la vider et en faire de petits vases, ce qui à valu, sans doute, à la variété son nom vulgaire, et probablement aussi son nom botanique de pyæidaris. Communé- ment, les fruits sont de la taille d’une poire moyenne, mais ils sont quelquefois beauconp plus petits ; j’en ai vu qui, bien qu’arrivés à parfaite maturité et contenant de bonnes graines, ne dépassaient guère le volume d’une grosse noix. Dans la sous-variété à fruits verts bariolés de blanc, j’ai trouvé la pulpe du fruit sensiblement amère , mais ce caractère ne me paraît pas constant. Duchesne, tout en rattachant la Cougourdette au type du €. Pepo, revendique pour elle une fixité de caractères qui én ferait une variété de premier ordre ou une sous-espèce. Je ne partage que jusqu’à un certain point son opinion à cet égard : si la Cougour- détte se reproduit identiquement dans beaucoup de cas, il en est d’autres cependant où elle varie de la manière la plus remarquable et perd totalémentles caractères qu'on lui assigne. Sur une trentaine de pieds cultivés au Muséum en 4856, le tiers environ fut notable- ment modifié, probablement par l'influence des divers pollens que les fleurs du pied mère avaient reçus l’année précédente. La plupart donnèrent des fruits sphériques ou ovoïdes, blancs ou bariolés de vert, qui ne différaient pas sensiblement de ceux de la Coloqui- nelle oviforme; ‘il y en eut un qui se transforma en une petite Citrouille à fruits ovoïdes, et un autre enfin, plus profondément altéré, dont les fruits devinrent de véritables Giraumons, douze à quinze fois plus volumineux que les fruits de la variété type. Quelque dissemblables que soient entre elles les nombreuses variélés que j'ai sommairement décrites dans le C. Pepo, et qui ne sont qu’une faible partie de celles qui existent réellement ou qui DU GENRE CUCURBITA. h7 peuvent se produire , il ne me parait plus possible aujourd’hui dé mettre en douté leur identité spécifique. Toutes sont fort proba- blément des produits de la culture, puisque nous en voyons chaque année naître de nouvelles, soit par le fait du hasard, soit par celui dé nos procédés artificiels de fécondation. Toutefois, si les croise- ments entre variétés sont un puissant moyen de multiplier les _ formes, il faut reconnaitre aussi qu'ils ne sont pas toujours néces- _éairés ét qu'au moins les premières variétés qui apparurent dans le C. Pepo eurent uné autre origine. Concluons-en, avec la majo- rité des botanistes, que les espèces ne sont pas toutes absolument énchainées dans le cercle étroit où 1} nous plaît de les enfermer ; qu'aujourd'hui encore elles jouissent d'assez de souplesse pour Variér dans des limites considérables , et qu’elles peuvent, sous l'influence continue de certaines conditions de sols ét de climats, soit naturelles , soit artificielles , se subdiviser en formes secon- daires , qui ne diffèrent des espèces véritables qu’en ce qu’elles peuvent s’allier les unes aux autres par voie d'hybridité , sans que leur descendance perde la faculté de se perpétuer. 3. Cucurbhita moschata. C, moschata Duch., Dict. des sc. nat., XI, 234. — DC., Prod., HI, 347. —= …C. Pepo moschäta Lamk, Dict. encycl,, IT, p. 452.— C, moschata et C. hippo- pera Sering., Flor. des jard. et des gr. cuit. p. 531.—C. macrocarpa Gasparr, Le. — Fortassis C. villosa et C. farinosa Blum., Bijdr. Ind. or., p. 931. — Courge musquée; C. muscade, Melonnée; C. berbère ou bédouine, etc. C. annua; caulibus repentibus, rarissime abbreviatis, subtere- bus; foliis pro genere mollibus, intense viridibus, frequentissime albo marmoratis, lobis sinubusque acutis (in quibusdam varieta- hibus rotundatis) ; pilis petolorum nervorumque nunquam pungen- bus; florum masculorum pedunculis hirsutis, subteretibus tereti- busve ; calycis tubo brevissimo aut fere nullo, sepalis linearibus planis, apice ut plurimum dilatato-foliaceis aut lobatis ; fæœmineo- rum pedunculis pentaedris ; fructibus maturis pulvere tenuissimo glaucescentibus ; pulpa vix fibrosa ; placentis facile deliquescen- tibus. | Getle remarquable espèce est encore géntralement confondue L8 CH. NAUDIN. —— ESPÈCES ET VARIÉTÉS avec les Potirons et les Pépons ; Duchesne lui-même (Dictionnaire encyclopédique)ne la distinguait pas suffisamment de ces derniers. Pour Sageret, c'était une espèce intermédiaire : aussi la nommait- il Potiromon, voulant indiquer par là qu’elle tenait également des Potirons et des Giraumons. Nous verrons bientôt qu'elle diffère essentiellement, comme espèce, des uns et des autres. La Courge musquée demande plus de chaleur que les deux espèces précédentes : aussi n'est-elle commune que dans le midi de l’Europe, en Afrique, aux Antilles, et généralement dans les pays chauds. Sous la latitude de Paris, elle ne vient bien qu’à la condition d’être semée de bonne heure et activée par la chaleur artificielle des couches et dés châssis vitrés ; quelques variétés plus précoces, mais dont les fruits n’atteignent relativement qu'un faible volume, réussissent cependant par les seuls procédés de culture en usage pour les Potirons. Moins variable que le Pépon, la Courge musquée L'est cepen- dant encore beaucoup. Sur une cinquantaine de pieds de diverses provenances qui furent cultivés en 1856 au Muséum, il n’y en eut qu'un dont la tige resta courte et à demi coureuse, et peut-être n’était-ce qu’un accident. Généralement, toujours peut-être, quand le développement est normal, la plante est sarmenteuse et trai- nante; il me paraît même que, sous ce rapport, elle l'emporte sur le Potiron proprement dit, et que c’est surtout à ce caractère qu’elle doit d’être plus tardive dans nos climats. Toute proportion gardée, ses tiges sont un peu plus grêles que celles des espèces précédentes ; elles sont à peu près cylindriques ou obscurément pentagonales et présentent souvent une tache noirâtre autour de l'insertion des pétioles. Ces derniers sont cylin- driques , comme rayés de bandes alternantes de vert pâle et de vert foncé, uniformément hispidules, mais n'ayant jamais de ces poils aiguillonnés et piquants qu’on trouve chez presque tous les Pépons. Les feuilles sont généralement d’un vert foncé caracté- ristique , presque toujours aussi elles sont marbrées de taches blanches aux angles formés par les principales nervures ; elles sont veloutées, comparativement molles et douces au toucher, arron- dies-réniformes, denticulées-crénelées sur leur contour, à cinq et U | | | \ | | | | = | | DU GENRE CUCURBITA. h9 quelquefois sept lobes ordinairement aigus, plus rarement obtus ou arrondis, séparés par des sinus également aigus. Dans quelques variétés qui nous ont été envoyées des Antilles, les premières feuilles présentaient tous les caractères que jé viens d'indiquer; mais lorsque les plantes furent adultes , ces organes prirent un aspect sensiblement différent ; leurs sinus se prolongérent presque jusqu'à la nervure médiane ; leurs lobes se découpèrent eux- mêmes jusqu'à un certain point et s’arrondirent ; il en résulta des feuilles qui rappelaient d'assez près celles des Pastèques ou, mieux encore , de la Courge mélanosperme , et auxquelles leurs grandes et nombreuses macules blanches donnaient une élégance inusitée dans le genre. Les fleurs mâles offrent des caractères plus sallants et qui permettront, je crois, dans la plupart des cas, de reconnaitre immédiatement l’espèce. Tandis que, dans le Potiron et le Pépon, le tube du calice est toujours ‘plus ou moins campanulé , ici, au contraire , le tube est pour ainsi dire nul et réduit à une sorte de plateau à peine relevé sur ses bords. Les sépales, au lieu d’être fiformes comme chez les Potirons, ou subulés comme chez le Pépon, sont aplatis, linéaires, très souvent terminés par un ou deux lobes, vestiges d’un limbe avorté ; souvent aussi ce limbe se développe en une petite feuille plus ou moins arrondie et dentieu- lée, dont la largeur va jusqu’à 10 ou 15 millimètres. En général, les sépales sont d'autant plus larges qu'ils sont plus réduits à l'état de simples pétioles, d'autant plus étroits, au contraire, que le limbe terminal est plus développé. Leur teinte ordinaire est un vert très foncé , ce que je regarde aussi comme un des caractères propres à cette espèce. Les corolles ne différent pas sensiblement par leur forme et leur grandeur de celles du Potiron , mais elles sont généralement d'un jaune moins vif. Quelques auteurs les décrivent comme élant presque blanches ; je n’en ai vu aucun exemple. L'ovaire varie beaucoup de forme dans la Courge musquée ; quelquefois il est ovoïde où presque sphérique ; plus souvent il est allongé, cylindrique et plus ou moins renflé dans son tiers supérieur , de manière à rappeler celui de certaines variétés de 4° série, Bor, T, VI, (Cahier n° 4,) 4 50 CH. NAUDIN. —— ESPÈCES ET VARIÉTÉS Gourdes ; d’autres fois il est légèrement étranglé dans le milieu ; il est tantôt droit et tantôt un peu courbé. Lorsqu'il est court et ovoïde, sa structure intérieure ne diffère pas de celle des ovaires de Po irons et de Pépons ; mais lorsqu'il est allongé, les carpelles n’en n’occupent que la partie terminale et renflée ; cette structure devient plus frappante sur les fruits développés. Ceux-ci effectivement sont tout à fait caractéristiques, bien que leurs formes et leurs volumes relatifs varient considérablement. Il en est de simplement ovoïdes, avec des côtes plus ou moins pro- noncées : la Melonée proprement dite, par exemple; d’autres sont obovoïdes ou pyriformes; toutefois, dans la majeure partie des cas, 1ls conservent ces formes allongées et renflées en massue que j'ai indiquées dans les ovaires, et alors toute la partie rétrécie du fruit est pleine, ferme et compacte; il n’y a de cavité séminifère que dans le haut du fruit, là où existe le renflement dont j'ai parlé. Il résulte de cette disposition que, eu égard au volume, ces fruits pèsent beaucoup plus que ceux des Potirons ou des Pépons, chez lesquels le vide intérieur est toujours beaucoup plus grand. La couleur la plus commune des fruits de la Courge musquée est le vert noirâtre, passant plus ou moins au jaune orangé, lorsque la maturité est complète, mais se conservant aussi quelquefois sans altération. Toutefois, dans certaines variétés, les fruits sont d'un vert plus clair, souvent marbrés et bariolés de blanc; il semble même, d’après Metzger, qu'il en existe d’entièrement blanes, ce que je n’ai pas été à même de vérifier. Un caractère essentiel , et sur lequel j’insiste d'autant plus qu’il a été moins remarqué, c’est que tous ces fruits, à quelque variété qu’ils appartiennent, se couvrent , lorsqu'ils ont atteint toute leur grosseur, d'une pous- | sière cireuse, glauque ou bleuâtre , très fine, très analogue à ce qu’on appelle la fleur dans les Prunes müres, et, pour chercher un | exemple plus voisin, tout à fait semblable à celle des Bénincasa. Elle est seulement un peu moins abondante que dans cette dernière Cucurbitacée ; mais elle est très visible, surtout aux environs du pédoncule, là où le fruitaété exposé à moins de frottements. - Le pédoncule, dans la Courge musquée, n’est jamais cylindrique comme dans le Potiron ; par sa forme polyédrique, il se rapproche DU GENRE CUCURBITA. 01 davantage de celui des Pépons, mais il est comparativement moins gros et surtout moins cannelé ; très fréquemment , il s’élargit en une sorte de patte à cinq lobes, au point où il s’insère sur le fruit, Il est généralement hérissé de poils qui persistent jusqu’à la ma- turité. La chair, dans l'espèce qui nous occupe, se rapproche beaucoup plus par sa consistance de celle des Potirons que de celle des Pé- “pons. Elle est à peine filandreuse, ou, si l’on aime mieux, les filan- dres s’y fondent en une pulpe homogène, moins fine cependant que celle des Potirons. En revanche, cette chair a une saveur plus relevée et qui place, dans l’opinion de beaucoup de personnes, la Courge musquée au-dessus du Potiron comme plante économique. C'est là, sans doute, une affaire de goût et sur laquelle il n’y a. pas à discuter ; je me borne à constater que dans les pays méridionaux on lui donne généralement la préférence sur le Potiron. Pour com- pléter ce que j'avais à en dire, j’ajouterai que, dans cette espèce, la couleur de Ja chair varie du jaune pâle au rouge de sang, que les placentas ont peu de consistance, et que les graines, toujours d’un blanc sale, sont entourées d’un bourrelet saullant et dont la nuance est ordinairement plus foncée que celle des deux faces, Je ne conpais qu'un petit nombre de variétés de Courges mus- quées, car plusieurs de celles que nous avons faitcultiver au Muséum, soit par défaut de chaleur, soit pour avoir été semées trop tard, n'ont pas pu fructifier. Néanmoins, en m’aidant des notes recueil- lies par d’autres observateurs, je crois pouvoir les ramener aux trois formes suivantes, qui n’ont cependant rien d’absolu, des intermédiaires nombreux les reliant les unes aux autres. 1° La MeLonée ou Courge muscade des Marseillais, généralement cultivée en Provence , où elle acquiert le volume des plus grands Polirons. Sa chair est rouge de sang et fort estimée, Il est probable qu elle se retrouve sur tout le périmètre européen de la Méditerra- née, et sans doute aussi en Afrique. C’est à elle que se rapporte pdubitablement une Courge dont les graines nous ont été envoyées de Trieste sous le nom de Courge de Chine, mais dont les fruits n'ont pas encore pu se développer sous notre climat, D’après ce qui 52 CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS nous a été dit, ces fruits acquerraient un volume énorme et pèse- raient jusqu’à 50 ou 60 kilogrammes. La Courge de Madagascar en est une autre sous-variété, qui ne diffère de la Melonée proprement dite que par un volume beaucoup moindre et qui ne dépasserait pas celui de la tête d’un homme. Je n’affirme pas que ce caractère soit constant; il se peut qu’il ne soit qu'accidentel , car je n’ai pu en juger que d’après un seul échantillon. 2 La Courge berbère, répandue de l'Égypte au Maroc , ainsi que dans le midi de l’Europe. Je la considère comme la forme type de l’espèce. Elle est allongée, cylindrique, droite ou courbée, tou- jours renflée en massue, ou plutôt en pilon, du côté de la fleur, pleine dans tout le reste de sa longueur. Elle porte différents noms suivant les localités ; nous l’avons reçue d'Algérie, sous le nom de Courge bédouine, et d'Égypte sous celui de Æahre-Ahmar. Je l'ai vue devenir pyriforme dans nos cultures, et se rapprocher par là de la Melonée proprement dite ; il est probable qu’elle passe aussi à la forme suivante, avec laquelle d’ailleurs on peut la confondre sans inconvénient. 9° La grande Courge pleine, à laquelle seule il conviendrait, je crois, de réserver le nom de Courge pleine de Naples et celui de Courge porte-manteau. Elle se distingue autant par l’énormité de ses fruits que par leur forme tout à fait cylindrique. D’après M. Gasparrini, qui l’a décrite comme une espèce distincte sous le nom de C. macrocarpa, et de qui nous en avons reçu la graine, ses fruits atteindraient de 4 à5 pieds de long. Elle a médiocrement réussi au Muséum , quoique située à bonne exposition. Sur cinq pieds , dont quatre ont pris un développement énorme, il n’y en eut qu'un seul qui fructfia, et encore très tardivement. Son fruit unique , arrêté dans sa croissance par la fraicheur des nuits d'octobre , et bien loin encore de l’époque de sa maturité, avait environ À mètre de long sur une épaisseur de 25 centimètres. Sa forme était presque entièrement celle d’un cylindre ; il n’en différait qu'en ce qu’il était un peu rétréci à son extrémité antérieure, ce qui est précisément le contraire des fruits de Ja variété précédente. Toutefois ce n’était qu'à cette extrémité rétrécie que se trouvait la cavité séminifère ; dans tout le reste de son éten- DU GENRE CUCURBITA. 53 due, il était plein et à chair très ferme : aussi était-il remarqua- blement lourd. La Courge musquée est totalement inconnue sur les marchés de Paris; elle parait même fort rare dans les jardins d'amateurs du nord de la France. Cependant ses excellentes qualités pota- oères, si bien appréciées dans les pays du Midi, la recomman- dent assez, sinon pour la faire adopter par nos maraichers, du moins pour lui faire donner une place dans les jardins particuliers. &. Cucurbita melanosperma. C. melanosperma, Al. Braun, Cat. Hort. Karlsr., anno 1824, et App. spec. nov. Hort. Berol., 1853. — Gasparr., Ann. des sc. nat., 3° sér., t. IX, p. 208. — C. ficifolia, Bouché, Hort.Berol. — Courge ou Melon de Siam, C. méla- nosperme. C. annua ; caulibus gracilibus, longe repentibus; folus 5-lobis, lobis sinubusque rotundatis; fructibus rotundato-ovoideis , albo marmoratis, plenis, cortice subliynoso tectis; cairne dulcri, alba, fibrosa ; seminibus nigricanhibus aut ebiam nigerramis. Cette espèce, beaucoup plus éloignée des trois précédentes que celles-ci ne le sont entre élles, n’est guère connue en Europe que depuis le commencement de ce siècle. On ne sait précisément ni d’où ni par qui elle y a été introduite, mais son nom vulgaire de Courge de Siam autorise à croire qu’elle vient originairement de l'Asie méridionale (1). Elle n’a encore donné aucune variété en Europe, et est encore telle aujourd’hui que le premier jour où elle (1) Lors de l'envoi des yacks de Chine en France, par M. de Montigny, en 1854, une grande quantité de Courges mélanospermes avaient été embarquées à Chang-Haï, pour servir de nourriture à ces animaux durant le voyage. À leur arrivée au Muséum, où l'on sait que les yacks séjournèrent près d’un an, il restait encore plusieurs tonneaux de ces fruits parfaitement conservés. Il sem- blerait, d'après ce fait, que la plante est cultivée en Chine sur une grande échelle, Sa demi-rusticité jusque sous la latitude de Paris, sa culture facile et la longue durée de ses fruits en feront peut-être un jour une plante économique d'une certaine importance en Europe pour l'alimentation du bétail, surtout pen- dant l'hiver. 5h CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS ÿ 4 paru, ce qui permet de supposer , avec une grande vraisem- blance, que sa culture, en Asie, ne date pas de loin. Ses caractères parfaitement tranchés ne permettant de la con- fondre avec aucune autre Cucurbitacée, je me dispenserai de la décrire avec détail. Je me borne à dire qu’elle se distinguera tou- jours à première vue des autres Courges par son feuillage moyen, d’un vert un peu jaunâtre, à lobes très obtus, séparés par des sinus profonds et arrondis. Ses fruits, communément de la grosseur de la tête, ont une certaine ressemblance avec ceux d’une Pastèque commune ; ils Sont marbrés, réticulés où bariolés de blanc sur fond vert, et protégés par une coque mince, semi-ligneuse et un peu fragile. La chair en est d’un blanc parfait, ainsi que les pla- centas qui en remplissent tout l’intérieur et dans l’épaisseur des- quels sont nichées de grandes graines noires, quelquefois seule- ment brunes, qui, sauf la couleur, ressemblent exactement à celles des Potirons communs. Jusqu'aujourd’hui la Courge mélanosperme n’a guère été con- sidérée que comme plante de curiosité. Ses fruits, qui ne sont pas dénués d’une certaine élégance, et qui à ce mérite joignent celui de se conserver intacts pendant plusieurs années, lorsque toutefois ils ont été cueillis bien mürs, n’ont pas d’autre usage, à Paris, que de servir d'ornement aux devantures de quelques restaurants. Il semble cependant qu’on pourrait en tirer un meilleur parti. Cueillis jeunes et à demi-grosseur, leur chair est très fine, tendre et légè- rement sucrée, ce qui permettrait de les préparer à la manière du Concombre blanc. Lorsqu'ils sont arrivés à maturité, elle est dure et filandreuse, et alors elle ne convient plus qu’à la confection de conserves analogues à celle qu’on prépare dans le Midi avec la Pastèque commune. >. Cucurbhita perennis. Cucurbita perennis, As. Gray, Plant. Lindh, IL, p. 193 ; et Plant. Wright., Il, p. 60. — Ndn., Revue horticole, ann. 1855, p. 64, cum icone. — Cucumis perennis, E. James, Exped. Rocky Mount., IT, 345.— DC., Prodr., II, p. 302. — Courge vivace. C. radice perennante, crassa, dauciformi; caulibus annuis, DU GENRE CUCURBITA, 99 longissimis, scandentibus ; foliis triangularibus, obtusis, integris ; corollis aurantiacis, violam redolentibus ; fructibus parvis, sphæ- ricis obovoideisve, pulpa fibrosa amarissima. La Courge vivace, de même que l'espèce suivante, est une sin- gulière anomalie dans le genre Cucurbita, auquel, malgré tout, elle appartient de la manière la plus incontestable ; mais son faciès, _sa manière de végéter et le climat sous lequel elle est indigène la feraient rejeter bien loin de ce genre, si l’on ne jugeait que d’après ces considérations, qui sont ici tout à fait secondaires. Au premier abord, elle semble un composé de plusieurs espèces fon- dues en une seule : que d’une volumineuse racine de Bryone on fasse naître les longs sarments d’une Courge , qu’à ces sarments on adapte les feuilles très agrandies de l’Ecbalium , les fleurs du Potiron et les fruits bariolés d’un Pépon coloquinelle , on repro- duira à très peu près l’ensemble de la Courge vivace. Indigène des contrées tempérées de l’Amérique septentrionale (Texas et Californie), la Courge vivace est assez rustique pour croitre et fructifier en plein air sous le climat de Paris. Sa racine, qui, lorsqu'elle est dans un sol riche et meuble, s'enfonce jusqu'à 4 mètre ou plus, est suffisamment protégée par la terre qui la re- couvre contre les froids de l’hiver. Du sommet de cette racine s'élèvent tous les ans, sur la fin d'avril ou au commencement de mai, des tiges d'autant plus fortes et plus nombreuses qu’elle est plus vieille et plus grosse, et qui trainent sur le sol ou grimpent sur les objets qu’elles peuvent saisir à l’aide de leurs vrilles. D'autres tiges, qui rampent dans l'épaisseur du sol et rayon- nent dans différentes directions, vont sortir à des distances plus ou moins grandes de la racine mère , pour y former de nouveaux pieds, bientôt isolés par la destruction du stolon souterrain qui leur a donné naissance. Toute la plante est hérissée de poils courts, serrés , blanchâtres , qui communiquent surtout à ses feuilles une teinte d’un vert cendré. Ses tiges, grosses à peine comme le petit doigt et longues de 5 à 8 mètres, sont presque cylindriques et remarquablement résistantes. Les pétioles sont pleins ; les feuilles sont presque triangulaires , un peu allongées , à angles obtus ou 56 CH. NAUDIN, — ESPÈCES ET VARIÉTÉS arrondis , entières, roides, de moyenne grandeur. Les fleurs sont presque de même grandeur et tout à faitde même forme que celles des Potirons, mais d’un ton plus orangé ; elles exhalent une odeur de violette prononcée. Les mâles sont abondantes et précoces ; les femelles, au contraire, sont toujours peu nombreuses et compara- tivement tardives. Les premières donnent une grande quantité de pollen, mais qui est peu recherché par les abeilles , probablement parce que l’exsudation sucrée du fond de la corolle est mêlée d’une certaine amertume ; aussi y aurait-1l, chez nous du moins, très peu de fleurs femelles qui noueraient leurs fruits si l’on ne prenait la peine de les féconder artificiellement. Il est vraisemblable qu’en Amérique cette fécondation est aidée par des insectes particuliers, auxquels ne répugne pas l’amertume de la plante. Les fruits sont tantôt sphériques , tantôt obovoïdes , de la grosseur d’une Pêche moyenne où d’un œuf de poule, d’un vert plus ou moins foncé, et ordinairement bariolés de blanchâtre. Leur chair est filandreuse, peu épaisse et excessivement amère, ainsi que l’amande des graines dont la forme et la grandeur rappellent celles des plus pe- tites variétés de Coloquinelles. La Courge vivace , encore peu connue des horticulteurs, doit être rangée parmi les plantes d'ornement rustiques ; elle est très propre à couvrir des murs, des haies ou des broussailles. Dans les parcs et les grands jardins, elle pourrait être employée aussi à former, à l’aide de tuteurs, des pyramides , dont la verdure grise et les grandes fleurs orangées , vues de loin surtout, ne seraient pas sans agrément. 6. Cucurbhita digitata. C. digitata As. Gray, Plantæ Wrightianæ, part. I, p. 60. Cette dernière espèce, qui est indigène du Nouveau-Mexique et n’a pas encore été introduite en Europe, ne nous est connue que par la courte phrase descriptive de M. Asa Gray, qui la désigne ainsi : C. radice perenni, carnosa; folus 5-parhitrs, subtus ramisque hispido-scabris, supra glabelhs, secus costus venasque pube bre- | DU GENRE CUCURBITA. 07 vissima sœpius albo variegalrs, infimis segmentis oblongis sinuato- lobatis, superioribus lobis linearibus elongatis subintegris ; calycis lobis florum femineorum brevissimis, masculorum obsoletis ; fructu globoso. Il n’y a guère de doute qu’elle appartienne au genre Cucurbita ; elle est vivace par sa racine, comme le €. perennis , dont elle diffère par des feuilles profondément découpées. Outre les six espèces que nous venons d'examiner, il en existe encore quelques-unes qu’on a rapportées au genre Cucurbita , mais qui sont presque toutes trop vaguement ou trop incompléte- ment décrites pour qu'on puisse décider avec certitude à quel genre elles appartiennent. Afin de compléter autant que possible ce travail, je crois utile de les signaler ici, ne füt-ce que pour appeler sur elles l'attention des botanistes qui pourront être à même de les observer ; ce sont les suivantes : 1° C. littoralis, Hassk., Cat. plant. hort. Bogor., 190. Plante de Java, dont l’auteur dit : peponibus globosis, urenti-hispidis den- sissimeque glauco-pruinosis; 1l est bien douteux que ce soit un vrai Cucurbila. 2 C. fœtidissima, Kunth, Synops. plant. œquinoct., 1, p. 429. Plante du Mexique, très abondante aux environs de Guanaxuato, à la hauteur d'environ 2000 mètres. D'après les quelques mots de description de Kunth, on peut supposer qu’elle appartient au même groupe que les C. perennis et digilata. 3 C. pyriformis, Rœmer, Synops. monogr., Il, p. 89. — C. Pepo, Velloz., Flor. flum., X, t. 100 (non C. Pepo, Linn.). Espèce des environs de Rio-Janeiro, que Velloso a rapportée au C. Pepo de Linné, et qui est décrite par Rœmer comme une espèce différente, ce que semblent justifier les expressions de : folia suborbicularia , petala subrotundo-obovata , qu'il lui applique et qui conviennent effectivement à la figure donnée par Velloso, L'espèce n’en demeure pas moins fort incertaine. h° C. lagenaria, Velloz., l. c., tab. 98 (non C. lagenaria, Linn.). De Rio-Janeiro. Rœmer dit de cette espèce : cirrhi sim- plices, mediocres, parum convoluti : pelala obovalo-oblonga, rotun- 58 CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS data; ce quiimpliquerait jusqu’à un certain point qu’elle n’est pas un Cucurbita ; cependant, à en juger par la figure de Velloso, je suis porté à croire qu’elle n’est autre chose qu’une des mille va- riétés du C. Pepo. do C: siceraria, Molina, Hist. nat. du Chili (édit. franç. de Gruvel), p. 104 et 337. Espèce à fleurs blanches , dont les fruits volumineux et à coque dure servent à confectionner des vases pour contenir les liquides. Molina la caractérise par cette phrase : C. foliis angulato-sublobatis tomentosis, pomis lignosis globosis. On en compte, dit-il, jusqu'à vingt-six variétés au Chili, les unes à fruits doux, les autres à fruits amérs. 11 est impossible de ne pas reconnaître dans cette espèce l’ancien Cucurbita lagenaria, où la Gourde proprement dite. Est-ce bien la plante dé Molina que M: de Bary a prétendu annoncer, en 1855, dans le Catalogue du jardin de Fribourg, sous le nom de C. siceraria ? Je suis disposé à croire qu'il y à eu erreur de détermination, et que la plante du jardin de Fribourg n’est autre chose qu’une variété du €. Pepo: 6° C. odorifera, Velloz., L. e., tab. 99. — Rœm., L. c., p. 90: Espèce du Brésil, dont il est impossible aujourd’hui de déterminér le genre, d’après la figure incomplète donnée par Velloso. 7° C. lignosa, Mill., Dict., vol. I. — Roœm., L. e., 90. — De l'Amérique méridionale. Rœæmer dit de cette plante : fructus ad præservandam aquam aptissimus , ideoque planta colitur ; Ce qui peut s'appliquer à toutes les variétés de Gourdes Eee et à quelques Pépons à coque dure. 8 C. multiflora, Forst., ex Spreng. Syst. V, p. 45. =— Des îles de la Société. Cette espèce n'appartient certainement pas au genré Cucurbita. 9 C. pinnatifida, Schrnk., in Syllog. pl., 1, 190. — Rœm:.; l. c., 91. Espèce de genre incertain, du moins d’après la descrip- tion. Elle est du Brésil. 10° C. Coccinea, G. Don. — Rœm., L. ce. — Cucurbitacée de Sierra-Leone, dont le fruit est ainsi décrit : pepo rotundus, cocci- neus, magnitudine aurantu. C’est probablement uñ genré nou- veau. 41°C. asperata, Gill., Mss., ex Hook. Bot. misc., II, 324. — DU GENRE CUCURBITA. 59 Espèce du Chili, que M. Arnott a séparée avec raison du genre Cucurbita (1), sous le nom de Chizoshiyma asperatum. 190 C. exanthematica, Fenzl. mss. ex Ach. Rich., Tent. Flor. Abyss., 1, 296. — Espèce d’Abyssinie, qu'il faudra, selon toute probabilité, exclure du genre, lorsqu'elle sera mieux connue, ainsi que l'indique déjà la forme de ses vrilles, simples et non . divisées. 13° C. umbellata, Klein, ex Wild. Spec. 608.— DC. Prodr. IT, 318. — Espèce de l’inde, trop brièvement décrite pour qu'on s’en fasse une idée exacte. Le caractère qu’on lui attribue d’avoir les fleurs mâles réunies en ombelles semble devoir l’exclure du genre Cucurbita. J'ai rapporté au Cucurbita Pepo 1e C: mammeata de Molina, me fondant sur la description qu'il en donne : C. foliis multipartihs, pois Sphæroïdeis mammosis ; et en effet ces feuilles multipartites ne peuvent convenir qu'au Pépon; mais j'ai lieu de croire que, sous ce nom de mammeata, il a confondu deux espèces, et que les fruits mamelonnés dont 1l parlé ne sont'autre chose que ceux du Potiron turban. IT. Essais d’hybridation entre les différentes espèces de Courges. C’est une opinion généralement reçue, ainsi que je l’ai dit en commençant ce mémoire , que les différentes espèces de Courges se fécondent réciproquement, lorsqu'elles sont au voisinage les unes dés autres, ét qu’elles donnent par 1à naissance à des formes mixtes qui varient à lmfini. On va plus lom : beaucoup d’horti- culteurs, des botanistes même , ne répugnent pas à croire que de tels alliages s'effectuent entre les Courges et'les Melons, et que c’est au mélange de leurs pollens que les seconds doivent de dégé- nérer. Nous allons examiner à quel point ces croyances peuvent être fondées , et surtout ce qu’il faut penser de la dernière. Je ne nie pas d’une manière absolue la possibilité des hybrides entre les diverses espèces de Courges ; mais peisonne, que je sache, n’en à encore cité un seul exemple authentique, et pour (1) Hook., Journ. of bot., IX, 275. 60 CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS ma part je n’en ai jamais vu, quoique depuis plusieurs années j'observe ces plantes croissant les unes à côté des autres en grand nombre et dans les conditions les plus favorables à la production de ces variétés mixtes. Je ne me suis pas contenté d'attendre du hasard les faits sur lesquels je fonde une opinion contraire aux idées régnantes ; jai expérimenté directement dans le but de n'’éclairer , et tout ce que j'ai recueilli de mes recherches tend à me faire admettre qu’il n’existe aujourd'hui aucun hybride de Courges, et que c'est à peine si l’on peut supposer que ces hybrides soient possibles, même passagèrement. Les plantes dont je m'occupe ici sont essentiellement de celles chez qui la fécondation ne peut être effectuée que par l’art ou par l'intervention des insectes. Leur pollen est trop gros et trop lourd pour être soulevé par le vent; il tombe et s’accumule au fond de la corolle, au moment où il s'échappe des anthères ; le plus souvent il est enlevé par les abeilles et autres hyménoptères qui sont avides du suc mielleux sécrété par leurs fleurs. On se ferait difficilement une idée, si l’on n’en était témoin, de l'ardeur de ces insectes à butiner dans ces larges corolles. Malgré l'abondance du pollen qui s'échappe de toutes parts du faisceau staminal , 1l suffit que les fleurs de Courges aient été abandonnées une heure aux abeilles, pour qu’elles en soient presque totalement dépouillées ; aussi de- vient-il très difficile de faire des fécondations artificielles chez ces plantes, si l'on n’a eu le soin de prévenir les déprédations de ces pelits animaux, soit en opérant de grand matin avant leur arrivée, soit en abritant la veille, sous des sachets de gaze ou par tout autre moyen, les fleurs déjà près de s'ouvrir et qui doivent servir aux expériences du lendemain. Si les abeilles dépouillent promptement les fleurs mâles de leur pollen , elles ne le disséminent pas avec moins de rapidité sur les stigmates des fleurs femelles. A peine celles-ci sont-elles ouvertes, ces insectes s’y précipitent, et, en cheminant sur les stigmates dont ils pompent les sucs, ils laissent sur les papilles dont ces organes sont hérissés la plus grande partie du pollen qu'ils ont charrié avec eux. A quelque heure du jour que l’on examine, à l'aide d’une loupe, les stigmates d’une fleur de Courge ; à moins DU GENRE CUCURBITA. 61 que ce ne soit au moment même où la fleur vient de s'ouvrir, on les trouve criblés de grains de pollen. Un grand nombre d’abeilles se succèdent dans la même fleur, apportant chacune leur contin- gent, et si plusieurs espèces de Courges sont simultanément en fleurs, dans le même jardin, on peut dire qu'il n’en est pas une qui nereçoive du pollen de toutes les autres. L'intervention des insectes me paraît si nécessaire ici, queje ne doute guère que ces plantes ne fussent toujours stériles si on les soustrayait entièrement à leur action. Ce concours si actif des insectes dans la fécondation des Courges m'a obligé à recourir à un certain arlifice pour assurer le succès de mes expériences. Cet artifice a été d’ailleurs fort simple : il a consisté à introduire les fleurs femelles, avant qu’elles ne s’ouvris- sent, dans des sachets de gaze ou de canevas léger , que je fer- mais en les assujettissant par un lien serré autour de leur pédon- cule, et dans lesquels elles trouvaient assez d'espace pour s’épa- nouir librement. Souvent aussi j'employais le même moyen pour conserver, du jour au lendemain, dans les fleurs mâles, le pollen dont j'avais besoin pour opérer. Lorsque les unes et les autres étaient épanouies , j'enlevais la gaze qui les protégeait, et après avoir répandu le pollen sur les stigmates , et toujours en grande quantité pour avoir plus de chance de réussir, je recouvrais les fleurs femelles de leur sachet de gaze, jusqu’au moment où la corolle flétrie et le stigmate ramolli annonçaient que toute fécon- dation ultérieure était devenue impossible. Les expériences dont on va lire le résumé ont été presque toutes faites d’après la mé- thode que je viens d'indiquer , et avec assez de soin pour me per- mettre de donner avec confiance les résultats que j'en ai obtenus : 4° Expériences sur le Cucurbita maxima. Ac En 1854, sur une fleur femelle fraichement ouverte, mais qui n'avait pas été protégée contre l'accès des insectes et qui cer- tainement avait reçu du pollen de l'espèce, le stigmate fut couvert d’une grande quantité de pollen de C, perennis. Le fruit noua et donna un Potiron moyen dontles graines furent parfaites ; vingt- sept de ces graines ayant été semées en 1855, j’en oblins un pareil 62 CH. NAUDIN. —— ESPÈCES ET VARIÉTÉS nombre de plantes qui ne différérent en rien du €. maæima et donnèrent toutes des fruits semblables à ceux de la plante mère. Le pollen du C. perennis n’avait done produit ici aucun effet. 2° En 1855, une fleur femelle, abritée avant et après l’opéra- tion, vierge par conséquent, fut fécondée, le 18 juillet, par le pollen du C. perennis. L'ovaire noua et arriva à la grosseur de la tête, après quoi il périt, ce qu’il faut peut-être attribuer à ce que la plante nourrissait déjà six autres fruits de même âge ou plus avan- cés. On verra plus loin quelle idée on doit se faire du résultat de ces fécondations croisées , lorsqu'elles semblent le mieux réussir. ô La même année , au 26 juillet, deux fleurs femelles de Ja même plante, abritées contre les insectes et certainement vierges, reçurent une grande quantité de pollen de la Courge des Patagons (C. Pepo) ; toutes deux périrent en peu de jours, sans qu'il y ait eu aucun accroissement de leurs ovaires. | h° Le 30 août 1856, par une journée chaude et très favorable à ce genre d'opérations, une fleur femelle, bien abritée, reçut du pollen de C. melanosperma; l'ovaire ne s'acerut point et périt dans les quatre à cinq jours qui suivirent. 9° Le 2 septembre de la même année, une autre fleur femelle, également abritée, reçut du pollen de la grande Citrouille verru- queuse (C. Pepo) ; l'ovaire ne s’accrut pas et se détacha peu de jours après. | 6e Même résultat sur deux fleurs femelles, isolées et vierges, qui, à Ja même époque, furent largement couvertes par le pollen du €, moschata. Ainsi, sur huit fleurs dé Potiron qui furent soumises à l’action de pollens étrangers à l’espèce, il n’y en eut qu’une seule dont l'ovaire prit quelque accroissement. Il est bon de noter que l'espèce qui lui avait fourni le pollen, le €. perenns, est de toutes celles du genre celle qui, par ses caractères , s'éloigne le plus du Potiron. 2° Expériences sur le Cucurbitu Pepo. 4° Le 20 juillet 4855, une fleur femelle de Ja Courge orangine (C. Pepo var. aurantia)fraichement ouverte et certainement vierge du pollen de la variété, puisqu'aucune fleur mâle de cette dernière DU GENRE CUCURBITA. 63 n’était épanouie en ce moment, mais ayant déjà indubitablement reçu du pollen d’autres variétés de €. Pepo, fut abondamment couverte par celui du C. maxima et immédiatement enfermée dans un sachet de gaze. L'ovaire noua et produisit un très beau fruit qui fut récolté mür le 19 septembre. Ses graines étaient parfaitement conformées. J'en semai vingt-quatre en 1856, qui toutes levèrent et reproduisirent le type de la Courge orangine sans altération notable. Quelques fruits seulement, au lieu d'être tout à fait sphériques ou légèrement déprimés d’avant en arrière, affectèrent une forme tant soit peu allongée, elliptique ou obovoïde, mais qui conservaient la taille ordinaire, la structure et la couleur typique de la variété. Le pollen du Potiron n'avait done produit aucun effet, ce qui n’est pas surprenant ; mais ce qui est à remar- quer, c’est que les pollens des diverses variélés de €. Pepo, aux- quels était due la fécondité de la fleur soumise à l'opération, n'avaient pas ou avaient à peine altéré le type de la Courge oran- gine. J'ai eu d’ailleurs plusieurs autres exemples de la persistance et de la fixité de ce type, qui s'élève par là presque au niveau d’une véritable espèce. . 2 Du 15 au 26 juillet 1855, cinq fleurs femelles de Citrouilles de Touraine ou de sous- variétés voisines, isolées dans des sachets . de gaze avant et après l'opération, reçurent du pollen de €. peren- «is; toutes périrent dans les quatre à cinq jours qui suivirent. 5° Le 18 juillet (1855), même résultat sur une fleur femelle de Giraumon bicolore que j’essayai de féconder par le pollen du C. perennas. L'ovaire périt, malgré la fécondité de la plante, qui nouait tous ses fruits sous l'influence du pollen des autres variétés de C. Pepo. | > Les 10 et 11 août (1855), trois fleurs femelles de Pâtisson, abritées avant et après l'opération, reçurent du pollen de C. peren- ms. Deux ovaires périrent dans les trois où quatre jours ; le troi- sième parut nouer, mais périt quinze jours plus tard, après avoir atteint où même dépassé la grosseur d’un œuf de poule. C'est à peine si je dois ajouter qu’un essai de croisement de la même plante avec le Lagenaria vulgaris ne produisit non plus aueun résultat. 9° Le 4 août de la même année (1855), une fleur femelle de GA CH. NAUDIN, —- ESPÈCES ET VARIÉTÉS Citrouille de Touraine, convenablement isolée, fut couverte, à neuf heures et demie du matin, par le pollen du C. melanosperma; l'ovaire périt dans les trois jours, sans avoir grossi. 6° Le L* août (1855), une fleur femelle de Courge barbarine, ayant été isolée et couverte de même avec le pollen du €. mela- nosperma, refusa de nouer et périt peu après. 7° Le même jour, à neuf heures du matin, une fleur femelle de Pâtisson à fruits sphériques, parfaitement abritée, reçut du pollen de C. melanosperma; le résultat fut le même que dans les deux cas précédents. 8° Le 11 août, même année, à trois heures du soir, une fleur femelle de Citrouille de Touraine, bien abritée contre les insectes, fut abondamment couverte de pollen de C. moschata; malgré les soins apportés à l'opération et le temps qui était on ne peut plus favorable , l’ovaire périt sans avoir noué. | 9° Le 23 juillet, même année, à quatre heures du soir, par un temps chaud et très favorable , une grande quantité de pollen de Potiron turban fut déposé sur les stigmates d’une fleur femelle isolée de Pâtisson; l'ovaire n’en fut pas modifié et périt dans les trois jours. 40° Le 4 août 1855, une autre fleur de Pâtisson, isolée et vierge comme la précédente, reçut, à huit heures et demie du matin, du pollen de Potiron commun; l’ovaire se maintint stationnaire une huitane de jours ; après quoi il périt, sans avoir pris d’accroisse- ment. 41° Les 23 juillet et 3 août 1855, même imsuccés sur deux fleurs femelles isolées d’une Coloquinelle pyriforme, qui reçurent du pollen de Potiron commun. Les ovaires périrent dans les cmq ou six jours sans avoir grossi. Je rappellerai que ces petites varié- tés de C. Pepo sont extrêmement fécondes et que leurs ovaires nouent presque toujours sous l’influence du pollen de l’espèce. 12° Le 20 juillet, même année, à huit heures et demie du matin, une fleur femelle de Courge barbarine, isolée avant et après l'opé- ration , reçut, avec aussi peu de succès, du pollen de Potiron. L'ovaire parut nouer ; il arriva à la grosseur d’un œuf de pigeon, après quoi il périt et tomba. DU GENRE CUCURBITA, 65 43° Le 4 août, même année, une fleur femelle de Giraumon bicolore, isolée, resta stérile après avoir reçu du pollen de Poti- ron commun. Toutefois l'ovaire se mantint stationnaire une hui- taine de jours, après quoi il périt. 14° En 1856, le 28 août, même opération et même insuccès sur une fleur femelle de Courge barbarine à fruits très déprimés, tenue à l’abri des insectes et couverte par le pollen du Potiron. L'ovaire ne prit aucun accroissement et périt peu après. 15° Le même jour (28 août), deux fleurs de Coloquinelles, l’une à fruits pyriformes, l’autre à fruits déprimés, tenues sous sachets de gaze avant et après l'opération, reçurent du pollen de Potiron et tombèrent dans les quatre à cinq jours qui sui- virent. 16° Le 25 août 1856, une fleur femelle de Coloquinelle pyri- forme, isolée et vierge, fut abondamment couverte par le pollen de la Courge musquée (C. moschata); même résultat que dans l'observation précédente. 17° Le 30 août, même année, sur une sous-variété de Coloqui- nelle pyriforme à fruits jaunes et très petits, une fleur femelle , parfaitement isolée, reçut du pollen de C. melanosperma ; l'ovaire périt sans avoir pris d’aceroissement. 18° La même variété de Coloquinelle a été encore le sujet de plu- sieurs autres expériences qui se firent sur la fin d'août et au com- mencement de septembre 1856. Celte plante était remarquable par Ja ténuité et la longueur de ses tiges, le peu de développement de son feuillage , la petitesse de ses fleurs, et surtout par la rareté de ses fleurs mâles et l’abondance de ses fleurs femelles dont les pé- doncules étaient extraordinairement grêles et allongés. Les ovaires nouaient à peu près tous, malgré le petit nombre des fleurs mâles quine se montraientque de temps à autre. Afin de m'assurer qu'ici, comme dans les autres Courges, la présence du pollen était né- cessaire pour déterminer la grossification de l'ovaire, j'isolai une fleur femelle dans un sachet de gaze, où je la laissai fleurir sans la féconäer. Le résultat attendu se produisit : il n’y eut aucun gros- sissement de l'ovaire, qui périt peu de jours après la floraison. Cette vérification faite, deux fleurs furent parfaitement isolées, &* série. Bot. T. VI. (Cahier n° 2.) ! 5 66 CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS et fécondées par le pollen de la grande Citrouille verruqueuse, variété remarquable, ainsi que je lai dit plus haut, par l’énormité de ses fruits. Les deux ovaires nouërent sans difficulté et en quel- ques jours eurent acquis le volume d’une petite poire, ce qui était à peu près la grosseur normale des fruits de la variété. Deux autres fleurs femelles , isolées et parfaitement vierges, furent fécondées, le 5 septembre, par le pollen da Potiron : l’un des deux ovaires périt; l’autre noua et donna un fruit presque aussi développé que ceux du cas précédent. Du 28 août au 4 septembre, trois autres fleurs, également iso- lées, reçurent du pollen de Conrge musquée; toutes trois nouèrent leurs fruits ; l’un d’eux périt cependant au bout de quelques jours; les deux autres continuèrent à grossir comme dans les cas de fé- condation normale. | Ainsi, sur cette seule plante, je devais m’attendre à récolter plu- sieurs fruits développés à la suite de fécondations hybrides. Malheu- reusement, toutes ces expériences avaient été faites trop tard; une forte gelée, survenue dans le courant d'octobre, y mit fin, bien avant la maturité des fruits. Toutefois, elles viennent à l'appui de ce que je vais constater d’une manière plus positive par d’autres observations, savoir : la possibilité d'obtenir, chez les Cucurbi- tacées, des fruits en apparence parfaits, par l'emploi d’un pollen étranger à l'espèce qui sert de sujet à l'observation. 19° L'expérience qui suit est tout à fait concluante. Sur la fin d'août 1856, deux fleurs femelles de Coloquinelle oviforme (C. Pepo ovifera), à fruits blancs, parfaitement isolées avant et après l’opération, reçurent l’une du pollen de Potiron turban (C: maxima), l'autre du pollen de Courge musquée (C. moschata). Les deux ovaires nouèrent et devinrent de très beaux fruits, qui ne différaient en rien de ceux qui étaient provenus de fécondations normales. Ces fruits furent récoltés murs au commencement d’oc- tobre, et conservés jusqu’au mois de janvier de cette année. Les ayant ouverts, à cette époque, j'en trouvai la chair ferme et épaisse ; mais toutes les graines, sans exception, dans l'un et dans l’autre, quoiqu'à peu près de grandeur normale, se réduisaient aux en- veloppes ; pas une seule ne renfermait le moindre vestige d'em- DU GENRE CUCURBITA, 67 bryon. Ce fait n’est pas isolé; je l’ai aussi observé sur l’£cbalium fécondé par la Bryone et par le Cucumis dipsaceus, ainsi que sur le Cucumis abyssinicus fécondé par le Melon et par les Citrullus Colocynthis et vulgaris, et nous allons le voir se reproduire presque identiquement sur la Courge mélanosperme. Bien que rien ne me le certifie encore, j'ai tout lieu de penser qu'il en eût été de même des fruits de la Coloquinelle pyriforme dont j'ai parlé tout à l'heure et qui avaient grossi sous l'influence du pollen du Potiron et de la Courge musquée. Ainsi, les expériences qu’on vient de lire, et qui ont eu pour sujet diverses variétés du C. Pepo, se résument en trente-deux fécondations hybrides, dont deux seulement ont pour conséquence le développement de fruits bien conformés et arrivés à maturité , mais chez lesquels il n'existe aucune graine embryonnée. 3° Expériences sur le Cucurbita moschata. 41° En septembre 1856, deux fleurs femelles, isolées et vierges de toute fécondation, reçurent du pollen, l’une d’une variété de Courge barbarine à fruits coniques, l’autre de la grande Citrouille verruqueuse, appartenant toutes deux à l'espèce du C. Pepo. Ces deux fleurs périrent au bout de quelques jours, sans que leurs ovaires eussent pris d’accroissement. 2° Vers le milieu du mois d'août de la même année, une fleur femelle isolée fut couverte par le pollen du Potiron turban. L'ovaire parut nouer ; mais 1l périt au bout d’une dizaine de jours , après avoir atternt le volume d’un œuf de poule. 4° Expériences sur le C. melanosperma. 1° En 4855, deux pieds de Courge mélanosperme étaient culti- vés au milieu d’un grand nombre de Potirons et de variétés de Pépons. Ainsi qu'il arrive à peu près constamment dans cette espèce, les fleurs femelles furent d'environ quinze jours en avance sur les fleurs mâles. Le 18 juillet, bien avant que ces dernières ne fussent ouvertes, je fécondai deux fleurs femelles par le pollen du C, perennis. Ces fleurs ne furent pas mises à l'abri des incursions 68 CH. NAUDIN, — ESPÈCES ET VARIÉTÉS des insectes, qui y apportèrent indubitablement beaucoup de pollen des deux aütres espèces de Courges cultivées tout à côté; dans tous les cas, elles ne purent en recevoir de leur propre espèce, puisqu'il n’en existait pas encore de disponible. L'un des deux ovaires périt au bout de quelques jours sans avoir grossi; le se- cond se développa et atteignit environ la moitié du volume d'un fruit normalement fécondé ; il fut récolté mür le 3 octobre suivant. | Je l'ai ouvert le 6 février 1856 et n’y ai trouvé que quarante- quatre graines, plus ou moins noires, et à peu près de la grandeur des graines bien conformées. Toutes les autres, en nombre plus considérable , étaient restées blanches et n'avaient pas pris tout l'accroissement dont elles étaient susceptibles ; beaucoup même étaient demeurées à l’état d’ovules avortés. Les graines les mieux conformées élaient épaisses, comme gonflées d'air, et réagissaient élastiquement sous la pression des doigts, ce qui était l'indice d’un avortement plus ou moins complet de l'embryon qu’elles devaient contenir. | Trente-cinq de ces graines furent analysées ; toutes renfermaient un grand sac embryonnaire rempli d’air et gonflé comme une vessie. Dix-huit d’entre elles ne contenaient aucun vestige d’em- bryon. Dans les dix-sept autres, 1l existait un embryon rudimen- taire, réduit à la radicule et à un commencement de cotylédons ; sa longueur totale variait de À à 7 millimètres. Restaient neuf graines, qu'au toucher j'avais jugées plus richement embryonnées que les précédentes ; elles furent mises à part et semées sur couche chaude , au mois d'avril, dans les meilleures conditions possibles, mais aucune d'elles ne put germer. 2 Sur un autre pied de C. melanosperma, et à la même époque (20 juillet 1835), une fleur femelle non abritée, mais vierge du pollen de l'espèce qui n'existait pas encore, fut fécondée par ce- lui du Pâtisson, puis immédiatement recouverte d’un sachet de gaze. L'ovaire noua et devint un fruit de moyenne grosseur, qui fut récolté mür en même temps que celui de l’observation précé- dente. L’ayant ouvert le 6 février de l’année suivante, j'en retirai quarante-huit graines ayant à peu près la grandeur normale, les DU GENRE CUCURBITA. 69 unes toutes noires, les autres plus ou moins pâles ou tout à fait blanches ; elles étaient tuméfiées et élastiques comme celles du cas précédent. Les treize qui me parurent les mieux conformées, mais chez lesquelles cependant il était facile de reconnaître qu’il n'existait qu'un rudiment d’embryon, furent mises de côté pour être semées au printemps. Les trente-cmq restantes ayant été analysées, neuf se trouvèrent totalement dépourvues d’embryon ; toutes les autres en contenaient un , mais réduit à la radieule et à des vestiges de cotylédons. Leur longueur totale variait entre 1 et 8 millimètres, mesure extrême qu'aucun ne dépassait. Les treize graines mises en réserve furent semées sur couche chaude en avril ; 1l n’y en eut qu'une seule qui germa ; mais la plante fut si faible, qu’elle ne put pas sortir de terre et qu’elle périt sans avoir eu la force de se débarrasser de ses enveloppes. Il n’est pas douteux que tous ces embryons ne fussent de véritables hybrides ; ce que je ne puis décider, c’est de savoir s’ils se sont produits sous l'influence du pollen du €. Pepo ou sous celle du pollen du C. maxima, puisque la fleur fécondée avait dû en rece- voir de ces deux espèces avant l'opération effectuée sur elle. 3° Le 17 août 1855, quatre autres fleurs du €. melanosperma, tenues à l’abri des insectes avant et après l’opération, reçurent du pollen de C. perennis; toutes quatre périrent sans qu'il y ait eu aucun accroissement de leurs ovaires. 4° Du 18 au 29 juillet de la même année, quatre fleurs femelles de la même plante, isolées et vierges, reçurent du pollen de diverses variétés de Citrouilles et de Giraumons (C. Pepo); toutes périrent peu après sans que leurs ovaires eussent subi la moindre modification. 5° Le 29 juillet 1855, une fleur femelle, abritée et vierge, fut couverte par le pollen du Potiron turban ; même résultat que dans le cas précédent. 6° Le 20 juillet, deux autres fleurs également abritées reçu- rent, sans plus de succès, une grande quantité de pollen de Potiron ordinaire. Les deux ovaires périrent sans avoir pris le moindre accroissement. 7° Le 8 septembre 1856, autre fleur femelle de la même espèce 70 CH. NAUDIN. — ESPÈCES ET VARIÉTÉS couverte par le pollen de la grande Citrouille verruqueuse ; l'ovaire reste stationnaire ef périt peu de jours après. On voit qu'ici, sur treize fleurs soumises à l’action de pollens étrangers, deux seulement arrivent à former des fruits , dont les graines sont vides ou incomplétement formées et ne sont pas sus- ceptibles de se développer. Mais il n’en reste pas moins, comme nous l'avons vu plus haut en parlant des Coloquinelles , que le fruit lui-même peut quelquefois se former sous l'influence du croisement avec une autre espèce. 5° Expériences sur le Cucurbita perennis. le En 1854, une dizaine de fleurs femelles , les unes abritées contre l’action des insectes, les autres laissées à découvert , reçu- rent en grande abondance du pollen de Potiron. Chez toutes, les ovaires refusérent de s’accroître et périrent. 2% En 1855, une fleur femelle, abritée dans un sachet de gaze et couverte par le pollen du Patisson , parut nouer son ovaire qui atteignit le volume d’un œuf de pigeon; mais 1l s'arrêta bientôt et périt. 3 En 1856, deux fleurs femelles, abritées avant et après l’opé- ration, furent inutilement couvertes par le pollen du C. melano- sperma. Leurs ovaires périrent de même sans s'être acerus. Je rappelle qu'ici les fleurs femelles fécondées artificiellement par le pollen de l’espèce nouent presque mvariablement leurs fruits. Ces expériences, on le voit, ne sont pas favorables à l'hypothèse que, dans le genre des Courges, des hybrides peuvent naïtre de la fécondation des espèces les unes par les autres ; cependant, mal- gré la grande probabilité que cette opinion est erronée, je n’affirme encore rien à cet égard d’une manière absolue : de nouvelles expé- riences sont nécessaires pour que la question puisse être tranchée définitivement. Toutelois, elles constatent le fait que, sous l’in- fluence d’un pollen spécifiquement étranger, des fruits peuvent quelquefois se former tout aussi bien qu’à la suite d’une fécondation légitime , sans contenir pour cela des graines embryonnées. Ce fait permet peut-être de supposer que, chez les Cucurbitacées au DU GENRE CUCURBITA. 71 moins, les ovules ne profitent pas seuls de linflux exercé par la matière pollinique , et qu'une partie de celle-ci est employée à vi- vifier l'ovaire lui-même. Ainsi s’expliquerait la nécessité d’un nombre très considérable de grains de pollen pour féconder des ovaires où le nombre des ovules est comparativement fort restreint. Dans eette manière de voir, ily aurait en quelque sorte une double imprégnation : celle de l'ovaire d’abord , puis celle des ovules; la première n’entraînant pas nécessairement la seconde. _ Reste à examiner si quelque chose justifie l'opinion générale- ment accréditée parmi les jardiniers, que les Melons dégénèrent et retournent à la Courge , suivant leur expression , lorsqu'on les cultive au voisinage des Potirons ou des autres espèces du genre. Il est à noter qu'ici la détérioration porterait, non sur les fruits de la seconde génération, c’est-à-dire sur des fruits hybrides , mais directement sur ceux de la première , sur ceux qui succèdent aux fleurs qu’on suppose avoir été souillées par le pollen des Courges. Tout étrange que soit cette opinion, et malgré le peu de probabilité du fait, on n’est pas encore fondé à la rejeter d’une manière abso- lue. Ce quiest avéré, pour moi du moins, c’est que, dans la famille qui nous occupe, des ovaires peuvent se développer en fruits, bien que ne produisant point de graines fertiles, sous l'influence d’un pollen étranger à leur espèce. Or, jusqu'ici rien ne prouve qu'il n’en puisse pas être de même de ceux du Melon, stimulés par le pollen de quelque espèce de Courge ; ce qui est plus douteux, c’est que leur qualité en soit altérée ; mais, en l'absence de toute preuve à cel égard, il convient de suspendre son jugement. C’est au surplus une des questions que je me propose d'éelaireir cette année , et que de nouvelles expériences me permettront peut-être de ré- soudre. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE À. Variétés du Potiron (Cucurbita maxima). ; Fig. 4. Turban étranglé, Fig. 2. Potiron ou Courge de Valparaiso. Fig. 3. Potiron œil-vert. Fig. 4. Potiron ou Courge de Farina, 79 CH. NAUDIN. —— ESP. ET VAR. DU G. CUCURB. Fig. 5. Potiron de Messine ou Courge messinaise. Fig. 6. Potiron ou Courge châtaigne. Fig. 7. Potiron de l'Ohio. Fig. 8. Pédoncule du Potiron de Messine , présentant à un degré remarquable le caractère assigné au C. maxima. Ce pédoncule est très gros, court, cylin- drique, finement strié dans le sens de sa longueur, et plus ou moins gercé à la maturité du fruit. Il n'offre rien qui rappelle les fortes cannelures des pé- doncules des diverses variétés de Pépons. Fig. 9. Graine du Potiron de Messine; elle est ovale-allongée et fortement marginée. Fig. 10. Graine du Turban du Brésil; elle est proportionnellement plus large et surtout plus épaisse que celles de la plupart des autres Potirons (excepté le Potiron de Farina et celui de Corfou); elle est de couleur bistre sur ses deux faces et présente sur son contour un liseré blanc qui tient lieu de margi- nation. Fig. 11. Coupe transversale de cette même graine pour faire juger de l'épais- seur de son tesla et de l’amande qu'elle contient. PLANCHE 9. Variétés du Pépon (Cucurbita Pepo, et de la Courge musquée (C. moschata). A, — C. Pepo. Fig. 4. Courgeron de Genève. Fig. 2. Citrouille de Touraine. Fig. 3. Citrouille sucrière du Brésil. Fig. 4. Giraumon de Patagonie ou Courge des Patagons blanche. Fig. 5. Giraumon ou Courge Polk. Fig. 6-7. Deux sous-variétés d'Orangine, ne différant que par le volume. Fig. 8-9-10. Fruits de Coloquinelle-Cougourdette. Fig. 41. Pédoncule de la Citrouille de Touraine , isolé, pour faire mieux ressortir les cannelures caractéristiques de cet organe dans le C. Pepo. B. — C. moscaÀra. Fig. 4. Courge Berbère, nommée aussi Courge pleine de Naples. Fig. 2. La même tranchée longitudinalement, pour montrer sa structure inté— rieure. On voit que toute la partie rétrécie du fruit est pleine, et que la cavité carpellaire n'existe que dans la partie antérieure et renflée. Fig. 3 Melonée proprement dite, de forme obovoide et à côtes. Fig. 4. Pédoncule isolé de Courge musquée, pour mettre en relief ses cannelures moins prononcées que celles du pédoncule des Pépons. et sa dilatation en une sorle de patte au point où il s’insère sur le fruit, REGEL, —- ADNOTATIONES BOTANICÆ,. 73 PLANCHE 9. Variations dans une méme variété de Cucurbita Pepo. Cette planche a pour objet de donner une idée de la rapidité avec laquelle les formes de certaines variétés de Pépons s’altèrent en se croisant avec d’autres variétés. Les quinze fruits qui y sont représentés ont été récoltés , en 1856, sur un pareil nombre de pieds issus de graines produites, en 1855, par une seule et même plante que ses fruits, en forme d’hémisphère un peu conique, et pré- sentant quelques verrues, me faisaient supposer métisse entre une Barbarine et le Pâtisson commun. Ses fleurs , n'ayant pas été abritées contre les incursions des insectes, ont dû recevoir du pollen d'un grand nombre d’autres variétés de Pépons cultivées tout à l'entour. On voit par les figures ici rapprochées, et qui sont toutes au huitième de la grandeur naturelle, à quel degré s’est modi- fiée la descendance de cette première variété, et cela en 1856, c'est-à-dire dès la seconde génération. Les n° 1, 2, 3, sont les seuls où les formes de la variété mère soient reconnaissables ; tous les autres s’en écartent considérablement. On voit, par exemple, que les n° 7, 8, 9 rappellent certaines formes dégénérées du Pâtisson ; les n° 10 et 11, courts et pyriformes, sont précisément l'inverse de la variété mère, ainsi que des n% 1, 2, 3. Le n° 43 retourne à la Citrouille, et les n° 14 et 15 au Giraumon. On voit en même temps que certains fruits sont lisses , tandis que d’autres sont verruqueux. ADNOTATIONES BOTANICÆ EX INDICE SEMINUM HORTI BOTANICI PETROPOLITANI EXCERPTÆ, Auctore REGEL.,. Smilax grandifolia Reg., I. c. Spec. nov. S. scandens, glabra; ramis quadrangulis, sparsim aculeatis ; aculeis validis, incurvatis ; foliis cordato-oblongis vel ovali-oblongis, acuminatis, apice complicato-recurvatis, 5-nerviis, nervis subtus prominentibus acu- leolatis ; umbellis axillaribus vel 2-3 in ramulos bracteatos terminales dispositis ; pedunculo petiolum æquante vel superante. Rami alte scandentes. Folia inferiora basi cordata, 7 pollices interdum longa, 3 ? poll. lata; superiora basi rotundata, circiter 4 ! poll, longa et 2 poll. lata ; omnia 5-nervia, nervis subtus prominentibus, utroque 7h REGEL., — ADNOTATIONES BOTANICÆ. extimo tenuiore. Petioli subcontorti, basi vaginati, infra medium (in apice vaginulæ) bicirrhati, cirrhis longissimis vel subnullis. Umbellæ multifloræ. Pedunculi teretes, pollicares. Receptaculum globosum, bracteolatum. Pe- dicelli & pollicares. Flores masculi campanulati, flavi. Sepala oblongo- lanceolata, obtusiuscula, 3 lineas circiter longa. Stamina brevia, compla- nata, antheris linearibus filamenta æquantibus terminata. Planta S. officinali affinis, e Brasilia oriunda, unde cl. Riedel semina Petropolim misit. | Agave maculata Reg. Spec. nova. À. acaulis, glabra , foliis basilaribus lineari-lanceolatis, recurvo-paten- tibus, coriaceis, supra canaliculatis, subtus convexis, ecostatis, acutissimis, absque aculeo terminali, apice convoluto-teretibus, tenuissime cartilagi- neo-albo -marginatis et margine dentibus minutissimis cartilagineis instruc- tis, læte viridibus et utrinque fusco maculatis; scapo 3-pedali, inferne foliis, superne squamis distantibus munito, apice racemum simplicem pauciflorum gerente; floribus pedunculatis, ereclis, e viridi purpurascen- tibus, basi squamis lanceolato - subulatis suffullis ; corolla imfundibuli- formi, supera, 6-fida, apicem versus purpurascente, 4 poll. longa, germen cylindricum interdum squamis munitum æquante, laciniis. lanceolatis; staminibus 6, corollæ tubo adnatis, longe exsertis, purpurascentibus ; antheris linearibus, dorso affixis; stylo purpurascente, staminibus æqui- longo. Planta affinis À. rubescenti Salm Dyk et quibusdam aliis. Semina Petropolim e regione mexicana misit Karwinski. FLORÆ MADAGASCARIENSIS FRAGMENTA SCRIPSIT COLLECTAVE DIGESSIT L.-R. TULASNE, Acad, sc. Par. et Monac. soc. ms FRAGMENTUM PRIMUM COMBRETEAS , MYROBALANEIS JUNCTAS, ALANGIEAS ET RHIZOPHOREAS INCLUDENS. COMME RET'A€CMÆA. CousreTaceæ Rob. Brown, Prodr. FI, N.-Holl., t. 1 (1810), p. 351. —— Endl., Gen. pl., p. 1179 ; Enchirid. Bot., p. 681. —- Lindi., J’eget. Kingd., ed. alt., p. 717. -= MYROBOLANEZ et quæ- dam Onagrarum gencra Juss., in Ann. Mus. par., 1. V (1804), p. 225; et in Levraldi Lee. sc. nat. ,t. XXXV (1824), p. 158. Stirpes sub signo præmisso ordinatæ, in cohortes duas CANDOL- Li0, ENDLicHEROqUue, JussiæÆo ipso edoctis, prout petalis instructæ v. destitutæ sunt, cotyledonesque tenues et spiraliter convolutas v. crassiores et varie corrugatas ostendunt, dispertiuntur ; dolendum vero quod diserimina e corolla et embryonis structura tal modo desumpta non semper una conveniant nee cum plantarum uni- verso habitu plane quadrent. Pævrea enim quæ TERMINALIEIS $. MyroBALANEIS sinceris Jussiæ1, propter embryonem vulgo annu- meratur, quandoque ob eandem causam Combreto, phalangis alte- rius typo , propius accedere videtur. Hoc sane 1ll. Ros. Browniuu haud fugerat qui T'erminaliam cum Combreto sociare neutiquam dubitavit (Cfr, ejus op. cit.). Ea etiam causa est cur in ordinandis 76 L.-R, TULASNE., — FLORÆ MADAGASCARIENSIS paucis ComBreraceis madagascariensibus mihi hactenus notis, majorem habitus quam seminis aut petalorum rationem habere maluerim. Floribus omnibus corollatis mihi exploratis inerant petala sem- per, quantum dijudicare lieuit, primitus imbricata et quidem spi- raliter convoluta (v. gr. in Pævreis), licet de ComBRETACEARUM præfloratione aliter sentiat Enncicaerus (locis cit.); sepala autem valvatim disposita s. connata in Combreto, Pœvrea et Terminalia, rarissime contra, scilicet in sola Lumnitzera, margine imbricata deprehendi. Præter T'erminaliam Badamiam DC. et T. rhomboideam Spreng. quas non vidi, Specimina stirplum omnium quarum dia- gnoses infra seripsi, in botanicis Musæi nostri parisiensis, aut in phytotheca Lessertiana, cujus thesauris, solita heri erga me bene- volentia et annuente et adhortante, uti licuit, continentur. $ I. COomBRETACEÆ OPPOSITIFOLIÆ. |. PŒVREA Comm. msc. (1). —P. Th., Obs. on plant. Ins. Afr.-austr., p. 28. — DC., Dissert. de Comsrer. Ordine (1898), p. 10 et 27-28 ; Prodr. Regni V'egq., t. IE, p. 17.—Guill. et Per- rott., F1. Seneg., p. 283. —Endl., Gen. pl., n. 6086.— Walp., Repert. Bot. Syst., t. 1, p. 64. — Crisrarra Sonner., It. Ind. et Sin., t. I1(1782), p. 247. Pœvreæ madagascarienses infra descriptæ inter se et cum afri- canis mihi notis ac præ cæteris cum P. aculeata DC., olim Can- pouLio (Dissert. cit., tab. IV), nuperiusque Floræ Senegalensis auctoribus eleganter depicta , foliis oppositis , eglandulosis, petio- loque supra basim articulato ac tandem soluto suffultis , nec non floribus pentameris, calycibusque sæpius longe tubulosis etinfun- | (1) Pevræa scribitur apud Jussizum, Gen. pl., pp. 320 et 477, stirpsque sic nuncupata Combreli congener æstimatur. Pœvrea s. Poivrea (sicuti scripse- runt Tuuarsius, Canpozuius omnesque recentiores) in honorem celeb. Petri Poivre, Lugdunensis, de omni Francorum in India oriental et terris Mascarenis colonia, per sæculum proxime elapsum, optime meriti, dicitur. | FRAGMENTUM PRIMUM. 77 dibuliformibus congruunt. Fructus paucissimi, quos vidi, samaræ sunt pentapteræ, alis tenuiter membranaceis. Cotyledones modo crassæ et carnosæ, ut in Combretis genuinis, modice tantummodo equitant (v. gr. apud P. aculeatam DC. [1] et P.coccineamEjusd.), modo contra tenues, et eleganter replicitæ, in spiram contractam simul obvolvuntur (Cfr. enim nostram P, albifloram. Stirpes nostræ omnes inermes dicendæ sunt, petiolorum enim basis persistens in spinam nunquam informatur, sicuti videre est apud Pæœvream aculeatam DC.; spinæ ligneæ P. alternifoliæ DC. (Combreti sp. veteribus), cujus fruticis americant folia nune rite opposita, nunc dissociata deprehenduntur , ex eodem fonte origi- nem ducere, scilicet tot foliorum tenere locum videntur. 4, Petalis donatæ. 1. Pœvrea coccinea DC., Prodr., tom. IT (1828), p. 18. — Sims., Bot. Mag., tom. XLVI (1819), t. 2102. — Bot. Regist., tom. V (1819), t. 429. — Georg. Don, Gen. syst. of Gard. and Bot., tom. Il (1832), p. 665, fig. 89.—Combretum coccineum Lamk., Encycl. bot., tom. I, p. 734; Illust. Gen., tom. Il, p. 423, tab. 282, fig. 2 (a SONNERATIO mutuata). — Combretum purpureum Nahl, Symb. Bot., part. I, p. 51. — Lindl., Veg. Kingd., 1. cit., fig. 478. — Cristaria coccinea (gallice Aigrette) Sonner., loc. cit., tab. 140.— Chigommier (2) de M adagascar Lamk., locis cit, — P.Th., Obs. in pl. Ins. Afr. austr., p. 28. — FRUTEx arbores scandens, ramis teretibus ac medullosis; novellis pube minuta ferru- ginea et aliquando vix conspicua veslitis, annotinis autem glabratis; adultorum (etiam tunc foliigerorum) cortice externo atro (siccato), lon- gitrorsum transversimque rimato, in squamas soluto ac secedente, strato supposito ruguloso. FozrA amplissima, oblonga v. elliptica, breviter et obtuse mucronata, basi rotundata, 10-20 centim. longa, 5-10 c. m. lata, subcorjacea, utrinque venosa, subtus in venarum axillis (haud conspicue (1) Mmseun icones analyticæ (Ælem. phys. veget , lab. 44, fig. 5), quas ad Pœvream aculeatum Caxnozuvs trahendas duxit ( Dissert. de Comerer.) cum em- bryonis plantæ istius structura mihi explorata, sat recte quadrant. (2) Chigommier v. Chigomier a vernaculo nomine Chigouma cuidam Combreto (C. laxo Aubl., C. Aubletii DC.) apud Galibienses indito (Cfr.Auezerir Plant, Guian., t, I, pp. 354 et 353), deducitur. 78 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS glanduligeris) saturate rufo-hirsuta, cæterum glabra ; petiolo valido, glabro aut vix pubente, et pulvinulo multo crassiore insidenti. RACEMI axillares ali (solitarii v. superposite geminati), ali terminales, sæpe, foliis summopere minoratis, in paniculam amplissimam laxam confertamve digesti ; floribus subsessilibus (pedicello autem sæpius distinctissimo ), densatis laxisve ; bracteis linearibus, perquam exilibus, longitudine maxime variis, quando- que subnullis, ut plurimum cito labentibus. CaLyx supra ovarium late tubulosus , in fauce nonnihil angustatus , in limbo autem dilatato 5-den- tatus, dentibus latis, breviter acute angusteque cuspidatis ; pariete externo toto glaberrimo, interno contra ultra basim dense setoso-tomentoso, rufo- que. PETALA 5, calyci subæquilonga , oblongo-acuta, brevissime unguicu- lata, utrinque glaberrima, erecta, viva nitide rubra. STamINA 10 longe exserta, glaberrima, et petalis styloque (præ stamina ex alabastro longe prodienti) concolora. Ovaru glabri et obtuse 5-goni loculus simplex ovula 2-3 anatropa, pendula (funiculis partim coalitis) fovere solet. FRUCTUS 5-ala- tus, ellipsoideus, utrinque obtusissimus, subsessilis, infuscatus, levissimus, nitens, 25-395 millim. longus, 15-20 latus. SEMEN solitarium , lineari- lanceolatum, sulcis 5 notatum, utrinque acutum, glaberrimum ; testa tenui et membranacea. EMBRyo rectus, semini conformis, nempe longe lanceolatus et pentagonus, e cotyledonibus duabus carnosis, crassis, li- neari-lanceolatis, margine hinc alia, illinc altera, anguste introrsum re- plicitis, modice obvolutis s. invicem equitantibus et arcte contiguis, nec manifeste contortis, radiculaque brevissima et nuda constat. Frequens vigere dicitur in variis Madagascariæ locis, testibus in Herb. Mus. parisiensis clar. Boserio, BREONE, SGanziNo (Herb. priv. n. 232), LasTELLIO , Ricarpoque (Herb. priv., n. 314). CAPELIERO nostro olim occurrit in oris insulæ orientalibus ; nuperius autem Bovinio in Nossi-Cumba, julio (1850) florens (Herb. priv., n. 2198), atque in S. Mariæ insula, Amboudifolathre inter et Sabé, septembri et novembri (1848-1850) fructibus onusta (Herb. priv., n. 1895). Splendidos super arbores efferentem flores Guporius julio mense (1833) vidit in Madagascaria centrali, circa Fito, apud Ambanivulas ; novembri . quoque floriferam prope Sunsan jam repererat. Crescit etiam prope Mananzari, in sinu Antongilliano (Bos., Hort, maurit., p. 13h). Vulgo Manouc-Hai-Bonga apud Madecasses fruticem audire CAPE- LIERUS auctor est (in Herb. Mus. par.). | Formam peculiarem hujus stirpis (8 m#aæcrophytlam (foliis majori- bus et ohovatis calyceque longiori distinctam notavit LamarkIuS (ÆEncycl. bot.stom.1[1783],p. 734). Altera exstat (sit y vefesténæ) quæ a proto- FRAGMENTUM PRIMUM. 79 typo modo descripto propter ramos saturatius diutiusque rufo-tomentosos, folia in venarum axillis subtus nuda aut vix hirsuta, anthemia e contrario in pedunculis, pedicellis, ovariis calycibusque tenuiter velutino-tomentosa et luteola, nec non petala ni fallor solito breviora, discrepat. Obvia est primum el. PERVILLEO posteaque, scilicet augusto 1818, lugendo Bovinio in insula Be Madecassium ( Herb. Pervill., n. 250 ; Bovin., n. 2198/2); BoyerIUS eam in oris occidentalibus Madagascariæ vidit, vernaculeque Amounouk-hi-Bounka dici audiit (Bos. msc. in Herb. Mus. par.). . Oritur etiam Pœvrea coccinea DC. in Mascarenis insulis, testibus BERNERIO et cl. DE BonnaY in Herbario Musæi parisiensis. SONNERATIO vivente, deeus et ornamentum hortorum Mauritianorum propter flores jam æstimabatur. (Cfr. auct. laud., tom. cit., p. 148.) In tepidariis Europæ colitur ab anno 1818, monente GEorc. Don (loc. cit.). SoNNERATII icon, supra citata, plantæ nostræ habitum eleganter refert ; peccat autem, sicuti ejusdem auctoris descriptio, de ovarii situ, quando- quidem utraque superum et extra calicem productum fingit, ovario vero pro pediculo perperam habito; fructus recte depingitur. Adumbratio hæc a LAMARKIO non melior facta est ; ille verum SONNERATH verba etiam mutuatus, de ovari situ tacere voluit. 2. Pœvrea violacen+.— Combretum violaceum Boj. > MSC. in Herb. Mus. par. — FRuTEx scandens, 10 metr. et quod excedit altus, ramis vix teretibus, novellis dilute rufescenti-tomentosis, violaceis v. flavi- dis, adultis glabratis, corticeque infuscato longitrorsum scissili et in fibras soluto vestitis. FOLIA ovato-lanceolata , acuminata v. cuspidata , utrinque modice pubentia. RACEMI terminales v. axillares, patentissimi, longi, den- siflori, molliter et dilute fulvo-tomentosi ; hracteis anguste lanceolatis, sub linearibus, 8-12 mm. longis, acutis v. cuspidatis. FLorEs 15 mm. circiter longret pedicello longiusculo sigillatim fulti. CALYx totus extrinsecus ad- presse tomentosus, luteo-virens, supra germen ovatum infundibuliformis s. tubuloso-calycinus et in fauce dilatata 5-dentatus, dentibus angustis acu- tisque; pariete interno supra basim propter discum innatum glabram longe rufo-piloso, superneque pubenti tantum. PETALA 5 anguste oblongo-linearia, utrinque acula, calycinis dentibus quibuscum alternant quadantenus lon- giora ; dorsoque dense , in ventre autem parcius villosa. SrAMINA 10, longe exserta, glaberrima. OvVARIUM ovatum, 5-gonum; ovula 3-4, sub vertice loculi pendula, parietem ejus micropyle spectant, funiculis liberis v. geminatim coalitis, 80 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSI Oritur tum in opacis nemorum , tum in sylvis cæduis, prope Marou- Vorai Madecassium. (Bos., loc. cit.) 3. Pœvrea albiflora +. — Pœvrea alba Rich., msc. in Herb. Mus. par. — FRUTEX scandens, ramis gracilibus et teretibus, novellis molliter denseque rufo-tomentosis, quasi velutinis, annotinis vero glabra- tis. FozrA late ovato-elliptica v. orbicularia , basi obtusissima et sæpissime acute emarginata, in apice autem nunc etiam obtusissima, nunc breviter acuminata (acumine sæpius obtusato), 3-5 centim. longa et fere totidem lata, utrinque molliter rufo-tomentosa, petioloque brevi et gracili (rufo- tomentoso) suffulta. RACEMI axillares aut terminales, densiflori, et dilutius ex omni parte rufo-tomentosi. FLoREs exiles, longiuscule pedicellati brac- teaque ampla lanceolato-acuta, pedicello nec axi inserta, sigillatim stipata. Cazyx anguste tubulosus et ab interno pariete modice hirsutus v. setosus ; dentibus brevibus acutisque. PETALA calyci subæqualia, obovato-elongata , obtusissima v. sæpius nonnihil emarginata, basi acute attenuata, et utrinque glaberrima. OvuLa in singulis ovariüis 3-4, e funiculis longis, liberis v. geminatis, pendula, anatropa, raphe uniuscujusque centrum loculi, micropyle autem parietem spectante. Frucrus pedicello florali vix elongato suffultus, alis 5 semi-orbicularibus et divergentibus ornatur, ma- turescendoque fere totus (2 centim. vix longus) glabrescit. SEMEN lineari- lanceolatum, ac suleis 5 alte exaratum, testa tenui et glaberrima tegitur. EmBryo semini conformis , e cotyledonibus 2 tenuibus (membranaceis), trapezoideis s. quasi triangularibus, in caudiculo perquam obliquis, lon- gitrorsum in modum flabelli mire plicatis, invicem equitantibus, præte- rea insimul spiraliter convolutis, radiculamque exilem longiusculam et rectam quasi totam involventibus constat ; ita ut nonnisi peculiari cotyle- donum plicatura a solito T'erminaliarum embryone differat. Viget in collibus arenosis Madagascariæ boreali-orientalis, ad sinum dictum de Diego Suarez. (RicH. Herb., nn. 165 et 588. -- Bovinu Herb., n. 2687.) h. Pœvrea villosa +, — Combrelum villosum Boj., msc. in Herb. Mus. par. — FRUTEX scandens, ramis gracilibus, teretibus, initioque molliter rufo-hirsutis; internodiis primariis longis. FoLrA ovato- elliptica, basi rotundata, breviter acuminata, 3 centim. longa, 2 c. m. circiter lala, utrinque rufo-villosa , villis adpressis , petioloque brevi et pariter vestito suffulta. RacEeMr singuli terminales, quasi in capitulum contracti, densiflori, ac toti nitide rufo-tomentosi. FLos brevissime pedi- FRAGMENTUM PRIMUM. S1 cellatus, bracteaque obovato-lanceolata seipso triplo breviore stipatus. Cazyx extus ab omni parte densissime hirsutus et nitide rufus, ultra germen obovato-globosum æquofere modo tubulosus, et in limbo 5-dentatus, den- tibus acutissimis ; ab interna pagina, in imis penetralibus, ut solet, glaber- rimus est, supra vero longe rufo-pilosus, ac tantummodo pubet in fauce. PeTaLA 5 anguste oblongo-linearia, acuta, basi attenuata, antice subgla- bra, postice dense et adpresse villosa, dentibus calycinis vix duplo longiora, Sramma 10 longe exserta, glaberrima. Ovarium 1-loculare et 2-ovulatum ; ovula anguste elongata, pendula, anatropa, parietem loculi micropyle spectant ; funiculis longis , liberis , sub uteri vertice insertis. Crescit in insula Delphinensi s. terra Madecassium, prope Marou- Voaï-Bombatok. (Bos., loc. cit.) Pœvreæ albifloræ affinis est, sed foliis mmoribus, floribus contra cras- sioribus et petalis villosis utique discrepat. 2. Apetalæ. 5. Pœvrea macrocalyx+.—FRUTEx ramis hornis tenuissime ac vix manifeste rufo-pubentibus, adultis prorsus glabratis, teretibus, corticeque albicante, sericeo, longitrorsum scissili et quasi in fibras secedente vestitis. Fozra oblonga, obtuse acuminata, basi rotundata et quandoque nonnihil emarginata, 5-8 centim. longa, 15-25 millim. lata, utrinque glaberrima, quadantenus coriacea, petioloque tereli, vix semicentimetrum longo, glabro aut parcissime pubente suffulta ; venis, folioexsiccato, utrinque prominen- tibus, secundariis tertiariisque exilibus et dense reticulatis ; axillis primariis cavernula ciliolata glanduliferaque? instructis. FLORES confertim spicati (subsessiles), spicis solitarie axillaribus citoque ebracteatis (bracteis , ni fallor, perexiguis, vix conspicuis). CALYx petaloideus, rubens, ultra germen secundum morem oblongum et obtuse 5-gonum longe productus (25 mm. æquans), infundibuliformi-campanulatus, nempe super ovarium subito globoso-ventricosus, ultra autem constrictus statimque iterum maxime ampliatus, tenuatus et in corollæ sortem ringenti-repandæ, ve- nosæ, membranaceæ, 5-dentatæ, dentibus 8-angularibus acutissimisque, expansus; pagina illius utraque, præter coronam rufo-hirsutam qua pars ima disco (innato) illinita a superiore nuda antherifera dividitur, admodum glabra. CorozLa nulla. SramixA 10 æquilonga, glaberrima, longe exserta ereclaque, alia, quinque scilicet, calycinis dentibus opposita, totidem alterna et nonmihil altius inserta. SryLus filiformis stamina-æquat. Ovarium gla- berrimum, 1-loculare , ovula 2 anatropa , e funiculo libero singulatim dependentia, funiculis inæqualibus, fovet. 4° série. Bor. T. VI, (Cahier n° 2.) ? 6 89 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS Nascitur in Madagascaria (BERNERN Herb., n. 209). Corollæ defectu calycisque natura et forma, stirps hæc et insequens inter congeneres facile dignoscuntur. Flores præcedentis arescendo ni- grescunt, dummodo specimini suppetenti fidere fas sit. - 6. Pæœvrea Berncriana +. — FRUTEx scandens, ramis teretibus, decussatim patentissimis, novissimis ob pilos rufos divaricatosque molliter hirsutis, adultis autem admodum glabratis, corticeque pallido (cinereo) annulatim hinc et inde rimoso involutis. FoLtA ovato-elliptica v. sæpius obovalo-acuminata et acuta, basi autem angustata sive rotundata et qua- damtenus etiam cordata, 6-9 centim. et quod excedit longa, 3-4 centim. lata, integerrima, antice tandem subglabrata, postice e contrario molliter hirsuta semper, laxeque venosa (nervorum axillis spissius hirsutis et anguste glanduloso-cavatis); petiolo hirsulo, fulvo, vix semicentimetrum longo. SPicÆ solitarie axillares v. ramos abbreviatos terminantes, densifloræ, axi tomentoso ; bracteis anguste linearibus , longiusculis citissimeque caducis. Cazvx amplus (45 millim. longus) campanulatus, petaloideus, tenuis scilicet rubensque, venosus, extus vix pubens, intus præter pilorum coro- nam summo cisco quem calycis ima penetralia induunt impositam glaber- rimus; limbo in dentes 5 æquales et acutissimos alte partito. COROLLA nulla. STAMINA 10 glaberrima, æqualia longeque exserta. STYLUS iisdem haud brevior. OvarIUM sessile, lineari-obovatum , obsolete 5-gonum, vix centimetri quadrantem æquans , totum fulvo-hirsutum et 2-ovulatum ; ovulis pendulis, funiculis autem maxime inæqualibus. Viget in Madagascaria boreali, auctore BERNERIO (in Herb. Mus. par. et Lessert.). Admodum analoga est Pæœvreæ macrocalycr, sed foliorum forma et vestitu, calyce in basi haud inflato, ovarioque maxime hirsuto, sufficienter discriminatur. Species minus nota. 7. Pœvrea rufipes +. — Pœvreæ sp. Bvn.,msc. in Herb. Mus. par. — FRUTEx ramis adultis teretibus, cortice albente, glabro, transver- simque rimato indutis; novellis autem minute rufo-pubentibus. Fora ovata, obtuse et breviter acuminata, basi rotundata v. nonnihil emargi- nata, 7-8 centim. longa, 3-9 centim. lata, initio utrinque modice rufo- pubentia , adulta vero antice prorsus glabrata , postice contra pubem. diulius relinentia et in axillis venarum cirrhis pilorum saturale rufis wrnala; pelioto exili vix ventimetrum Jongo, antice dense saturateque Lé FRAGMENTUM PRIMUM. 83 rufo-tomentoso, postice e contrario puberulo tantum. FLORES spicati, rubri (teste Bovinio) haud suppetunt. Crescit ad sinum de Rigny Madagascariæ septentrionalis, decembrique foret. (Bovinu Herb. prop., n. 2688.) Il. comererum Loœf., Jin. Hispan. (1758), p. 308 (1). — Lion., Gen. pl., edit. VI (4764), p. 189, n. 475. — Gærtn., De Fruct.,t.1,p. 176, tab. 36. -— DC., Prodr., t. II, p. 18. — Endl., Gen. pl., n. 6087. — Walp., Repert. Bot. Syst., t. LH, p. 65. Combrela sincera Pœvreæ sunt depauperatæ, seu tetrameræ ; pléraque insuper, ni fallor, calyce utuntur multo breviore, pocilli- . formi; super fructus structura Pœvreas imilantur ; hoc saltem de _sequenti valere arbitror, eujus etiam ramuli pulvinulis suberosis, exiguis petiolorum residuis,asperantur. Pulvinulos hos, fol limbo fortassis abortiente, in spinas quandoque excrescere testari videtur Combretum spinosum Don (in Edimb. Phil. Journ., t. XI[1824|, p. oh5), quapropter Pœvreæ aculeatæ DC. » SUÜTpIS pariter africanæ, æmulum. | Combretorum embryo e cotyledonibus 2 crassis et varie corru- gatis, GÆRTNERG (De Fruchb., loc. cit.), Mirsezio (Elem. phys. veget., (ab. 4h, fig. 4), et-Cannozrio (Dissert. de ComsrerT. supra laud.) delineatus est. Coembretum obscurum +. — FRUTEX ramis teretibus et opposi- tis; hornis dense ferrugineo-tomentosis, lepidibus peltatis tomento immixtis;, annotinis autem glabratis, corticuloque tenui longitrorsum rimoso et in fibrillas abeunte vestitis. FoLrA opposita, ovato- vel obovato- elliptica, obtuse breviterque acuminata, basi rotundata v. nonnihil emar- _ gimata, 6-8 centim. longa, 4-5 centim. lata, integerrima, quadamtenus coriacea, eglandulosa, primitus utrinque lepidibus cooperta et in costa | Superne ferrugineo-tomentosa, adulla autem antice prorsus nudata et | glabrata; petiolo semi-tereti, 5-8 mm. longo , initio ferrugineo-tomen- | tososimul et lepidigero, postea verum subglabrato. Spicæ solitarie axilla- res; folio ut plurimum breviores, erectæ et densifloræ ; axi gracili, | saturate denseque ferrugineo-tomentoso, lepidibus autem destituto ; brac- (1) Combretum, vox Pliniana, plantæ cujusdam tenuifoliæ apud veteres | cognomen (Cfr. Glossar. Bolunicum Alexandri pe Tueis, p, 425). L 8li L.-R, TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS teis dentiformibus s. potius pulviniformibus, brevissimis, crassis et uni- floris. FLORES exigui, admodum sessiles. Cazyx campanulatus in tubum perbrevem angustumque desinens, brevissime in limbo 4-dentatus ( den- tibus acutiusculis, sinubus autem latis et obtusissimis ), extrorsum totus lepidifer, intus contra parce ferrugineo-tomentosus (imo fundo subglabro). PETaza 4 obovata, obtusisshina, quasi eroso-crenulata, in unguiculum longe attenuata, sub calyeis margini (dentibus alterna ) inserta , erecto- patentia, utrinque glaberrima, calyceque multo breviora. STAMINA 8 gla- berrima et longe exserta, majora s. demissius inserta dentibus calycinis opposita ; totidem petalis anteposita. SryLus subulatus, teres, apice haud incrassatus, glaberrimus et stamina æquans. Ovarium calyci suppositum s. continuum, tetragonum, basi truncata sedens, extus copiose lepidiferum, intus glabrum 1-loculare et 2-ovulatum; ovulis anatropis e summo loculo, funiculorum discretorum ope, collateraliter pendulis. Frucrus haud suppelit. Oritur in Madagascaria , testibus CAPELIERO et LASTELLIO in Herb. Mus. par. Lepidum vestitu, universo habitu, florumque fabrica Combretum squa- mosum Roxb. et C. punclatum Blum. præsertim imitatur, floribus autem multo minoribus tomentoque rufo-ferrugineo anthemiorum , ut cæteras taceam notas, ab utroque discriminatur. IT. PENTAPTERA Roxb., Hort. Bengal., s. Catal. pl. Horti Calc. (1814), p. 3k.— DC., Dissert. de Comerer. Ordine (1828), pp. 5 et 19-22; et Prodr., t. II, p. 14. — Endl., Gen. pl., n, 6077. — Walp., Rep. bot. syst., t. II, p. 62. Terminaharum characteres referre nec nisi fructu coriaceo simul et alato discriminari, Pentapteræ, arbores indicæ, Canvoz- L10 (Cfr. Prodr., loc. cit.) dicuntur ; pariter etiam folus variant mire glanduligeris aut admodum eglandulosis ; hæc autem modo sparsa s. alterna, modo opposita deprehenduntur. Quas vidi, potius Pævrearum et Combretorum quam Myrobalunorum speciem ge- runt. Cotyledones tenues Pentapieræ glabræ Roxb. (Miq., in Hoben. PL. Indie Canar. eæs., n. 797) longitrorsum plicatæ et insimul spiraliter convolutæ, embryonem Pævreæ albifloræ supra descriptum prorsus imitantur. Pentaptera Roxburghii, — Pœvrea Roxburghii Spr., S.Veg., tom. IT, p. 331; DC., Prodr., tom. I, p. 18.— Combretum FRAGMENTUM PRIMUM, 89 decandrum Roxb., PI. Corom.,tom. 1(1795), p. 45, tab. 59. —Fru- TEx scandens (RiCARDO teste) vel arbuscula (auctore LESCHENALDO), ramis oppositis et teretibus; novellis parce sericeo- s. velutino-tomentellis ac ferrugineis, adultis glabratis levibusque. FoLrA opposita, patula, elliptica vel elliptico-oblonga, obtuse breviterque acuminata, basi rotundata v. quadamtenus emarginata , integerrima, subcoriacea, eglandulosa, 6-10 centim. longa, 4-6 centim. lata, postice primum parce pubenti- villosa, mox vero utrinque glaberrima; venis secundariis costaque in pagina postica prominentibus, reliquis exilibus, et transversim subpa- rallelis, petiolo semitereti, valido, 6-10 mm. longo et in margine puberulo. SpicÆ densifloræ, graciles, rigidæ, velutino- v. sericeo-tomen- tosæ, ex toto fulvæ, 6-10 centim. longæ, solitarie v. geminatim (super- positæ) axillares, aut terminales; pleræque, foliis comitibus maxime minoratis, tenuatis, decoloribus bractearumque petaloidearum speciem induentibus, in paniculas amplissimas, laxas, axillares et patentissimas v. terminales, digestæ;, floribus sessilibus, exiguis, infernis decussatim oppositis (nec disticho ordine, ut perperam dixit SPRENGELIUS, distri- butis), supremis sparsis, singulis omnibus bractea lanceolata vix seipsis breviore citoque ut plurimum caduca stipatis. CALYx poculiformis, ex omni parte sericeo-pubens, 5-6 -dentatus, dentibus æqualibus, quasi totis in cuspide angusta brevique; disco incrassato, obsolete corrugato, re- pando et dense tomentoso imum parietem internum vestiente. PETALA 5-6, perexigua, calycis dentibus alterna eique sub margine inserta, obovata, utrinque acuta, patentia, parce pubenti-sericea et cum calice ipso cui hæ- rent ut videtur decidua. SrAMINA 10-12 parietibus calycinis duplici ordine circinatim inserta, subinclusa, quæ petalis opponuntur reliquis paulo breviora, omnia glaberrima ; antheris ovatis, dorso affixis, versatilibus. STYLUS subulatus, rigidus, in summo minute capitellatus, nec stamina excedens. OvarIuM obsolete 5-gonum, extus sericeo-fulvum, uniloculare 2-ovulatum ; ovulis de more pendulis, funiculis liberis. SAMARA flore aride diu coronata, linearis, sed propter alas 5 semi-ellipticas quibus ornatur quasi elliptica, utrinque obtusissima , totaque tandem glabrata; semen inclusum longitrorsum 5-sulcatum (immaturum suppetit). Oritur in Madagascaria, teste Ricarpo in Herb, Mus. par. (Herb. propr.., n. 329); nec non in Indiæ orientalis regione bengalensi ( LESCHENALDO teste in Herb. Mus. par.), in Malabaria (BoviNio monente) et Coromandelia (docente RoxBurGHio); colitur etiam in Horto Regio insulæ nostræ bor- bonicæ ( Bovinir Herb.). Arry-Coota in Telingarum lingua dicitur, ait RoxBURGIUs, 86 L.-R. TULASNE. — FLORX MADAGASCARIENSIS À Pœvrea calycis et petalorum forma styloque brevi, a Combreto pare tium numero quinario differt; cum utroque quoad fructum congruit. Analoga quodam modo videtur Combreto ovalifolio Roxb. (Wicnrn Herb. propr., n. 1054) cujus tamen flos tetramerus est, vel Combreto tri- chantho Fresen., abyssinico (ScaimPerr Herb., n. 1435). Exigua ejus petala haud obstare quin ad Pentapteras merito duceretur censui. IV. CAroPyxIS Ÿ. - Cazvx late cyathoideus v. infundibu- lHformis, petaloideus et breviter 5-dentatus, dentibus reflexis. CoroLLa sæpius nulla. Sramina 10, calvei inserta, alia, superiora nempe, dentibus ejus alterna, alia totidem tisdem opposita vulgoque inclusa; filamentis exilibus; antheris ovatis, 2-lobis, 2-rimosis, introrsis, dorso_ fuleimini affixis et versatilibus. Sryzus longus, sigmate simplici terminatus. Ovariun inferum, oblongum, teres, L-loculare, 2-ovulatum ; ovulis anatropis, e fumieulis longis et liberis singulatim dependentibus. Carsuza (carcerulus videtur ) sublignea, globosa v. oblonga, nune subteres, nunc pro parte aut tota pentagona, angulis obtusis, acutis vel quidem in alaram sortes (haud membranaceas) productis. Semen solitarium, globosum, rarius oblongum, et tegumento tenui indutum. Emsryo e. coty- lédonibus 2 carnosis, vulgo crassissimis subhemisphæricis et vix antice rugulosis, nec non e radicula brevissima vix manifesta ; gemmula inconspicua. FruTices plerique haud scandentes, ramis decussatim PROS - * folüs similiter decussatis, integerrimis, petolo eglanduloso sufful- hs, pulvinulumque suberosum pereundo linquentibus ; anthemiis lerminalibus et paucifloris ; floribus subsessilibus , capitahs , aut in spicas breves digestis. Stirpes insequentes quas ob fructus formosos quos edunt, Calopyxides nuncupavi, inter se aplissime conveniunt. Quinaria floris symmetria, calycis forma frequentiori, assuetoque petalorum defectu, ad Pentapteras in pri- mis accedere videntur ; sed propter embryonem sub eodem signo atque Combreta recte et merito militabunt. 1. Calopyxis sphæroîdes +. — FRUTEX gemmis saturate ferru- gineo-tomentosis, ramis autem novellis vix pubentibus, adultis glaberri- mis, teretibus, corticeque albente et longitrorsum rimoso tectis: FOLIA FRAGMENTUM PRIMUM. 87 slaberrima, ovato-oblonga, obtuse acuminata, basi rotundata , integerri- ma, 4-7 centim. longa, 2-3 centim. lata, petioloque gracili subtereti et 8-12 millim. longo suffulta; venis frondis exsiccatæ superne præsertim reticulato-prominentibus , earumque axillis primaris cellula ciliata (nectarifera?) rotundaque cavatis. SPICÆ omnes terminales, breves (8-15 millim. longæ) laxi- et pauci- (8-12-) floræ, ac ut plurimum de- missæ; aæi tereti vix pubente; bracteis unifloris, cito caducis et pulvi- nulum dentiformem linquentibus. FLORES subsessiles; plerique inferio- rum uniuscujusque spicæ oppositi v. suboppositi. CALYx urceolato- seu potius late campanulato-poculiformis , tenuis, corolliformis, venosus, in limbo extremo 5-6-dentatus, dentibus 3-angularibus, acutiusculis extusque revolutis ; pariete 1llius externo toto glaberrimo , interni autem parte superna parce pubenti aut subglabra, ima angusta glaberrima et quasi disco innato illinita, media denique antherifera copiose tomentosa proptereaque sordide fulva. CoroLLA nulla. STAMINA 10 - 12 glaberrima, vix exserta, duplici serie calyei inserta, inferiora 5-6 dentibus calycinis opposita ; filamentorum apice tenuato introrsum revoluto; antheris ovatis, dorso medio affixis, mobilibus. Sryzus simplex, rigide assurgens, apice tenuatus aut vix capitellatus, staminibusque paulo brevior. OvariIuM gla- berrimum, teres, lineari-ellipsoideum aut sublanceolatum, 1-loculare et 2-ovulatum ; ovulis anatropis, collateralibus, e summo loculi pariete pen- dentibus, funiculis quibus utuntur longis et liberis. Frucrus suppetit seorsus, capsularis (indehiscens”?), globosus (licet obsolete 5-gonus), utrin- que obtusissimus, glaberrimus, e pariete firmo factus et nucis avellanx crassitudine ; semen pendulum globoso-ellipsoideum atrum (immaturum) glabrumque in eo latet, cujus testa tenuis est, et embryo e mole paren- chymatosa erassa ac de specie vix partita constat. Viget in Madagascaria vulgoque Voantzou Hola (i. e., ut videtur, faba fatua) dicitur, teste BERNERIO in Herb. Boviniano (n. 667). Embryo modo deseriptus stirpem Combreto multo magis quam Pœ- vreæ aut. sinceris Myrobalans affinem testatur. Pari modo coalescere videntur cotyledones in Combreto butyroso Bertol. (sub Scheadendro, in Dussert. I de plant. Mozamb., p.12, tab. 4A et AB.—Walp. Ann. bot. syst., tom. III, p. 860) cujus specimina florifera mecum benevole communicata sunt. 2. Calopyxis velutina +.— FRUTEX ramis teretibus , decussato- patentissimis, initio propter tomentum molliter velutinis saturateque fulvis, senescendo autem glabratis, corticulumque pallidum et fibril- 88 L.-R, TULASNE. —— FLORÆ MADAGASCARIENSIS loso-scissilem exuentibus. FoLiA ovata v. obovata, acuminata, acuta, basi rolundata et nonnihil emarginata, integerrima , 2-4 centim. longa, 15-20 millim. lata, antice glabra, postice in costa nervisque pro- minentibus et primariis venarum axillis (églandulosis) fulvo-tomentosa, petioloque brevissimo (3-4 millim. lougo) fulta, pulvinulum globosum in ramo linquunt. FLORES paucissimi (4-6) in vertice ramulorum capi- tato-congesti, sessilesque, bracteis exiguis et cito caducis stipantur. CALYx ‘ut videtur, breviter infundibuliformis v. obverse campanulatus, extus dense sericeo-tomentosus, intusque longe pilosus deprehenditur. COROLLA stami- naque non suppetunt. STYLUS teres, columnaris glaberque. Ovarium lineari- oblongum, obsolete 5-gonum, in vertice recte truncatum, deorsum attenua- tum, adpresse sericeo-tomentosum proptereaque luteo-fulvum, 1-loculare et 2-ovulatum; ovulis inæqualibus, majore e funiculo brevi, minore contra e resticulo multo longiore pendentibus, funiculis basi coalitis. FRucTuS globosus, obsolete ohtusissimeque 5-gonus, papilla obtusa coronatus, 2 centim. longus ac totidem fere crassus, brevissime stipitatus, totusque ob tomentum fulvum molliter velutinus; parietibus natura lignoso-membrana- ceis, parenchymateque seu medulla suberosa intus vestitis ; utero amplo et monospermo; semine ellipsoideo-globoso, pendulo et glabro (immaturum video). Oritur in terra Madagascariensi, circa T'ananarivo Hovarum (Guporu Herb., ap. LESSERTIUM). 9. Calopyxis oxygonia +. — FRUTEX ramis decussatim oppositis, patentissimis, recentibus minute ferrugineo-tomentosis, annotinis autem glabratis et teretibus ; corticis epidermide cito albescente et in fibras subti- les soluta pereunte. GEMMÆ axillares solitariæ, ovato-acutæ, exiguæ et sa- turate ferrugineæ. Fozra decussatim opposita, rarius nonnihil dissociata, ovata, oblonga v.sublanceolata, acuminata, basibreviter cuneata, 5-7centim. longa, 25-30 millim. lata, integerrima, adulta utrimque (præter vena- rum axillas primarias postice nonnihil excavatas et ferrugineo-tomen- tosas ) glaberrima, oculoque armato minutissime albo-punctulata , petiolo præterea vix 9 millim. longo et in marginibus parcissime pubenti suffulta ; venarum reticulo in pagina dorsali densissimo, nervisque secundariis et costa 1bidem prominentibus. SpicÆ laxe paucifloræ et 10-20 millim. longæ ramulis finem imponunt. FLORES haud suppetunt. Frucrus glaberrimi nitentes et sessiles pyxidem globosam acute 5-angularem, brevissime mu- cronatam, 45 millim. longam ac paulo angustiorem referunt; pariete lirmo et crassiusculo struuntur, semenque globosumsinguli fovent; hujusce FRAGMENTUM PRIMUM. 89 tegumentum tenue est, infuscatum et glabrum, totaque illius moles e coty- ledonibus 2? æque carnosis, subhemisphæricis, antice deplanatis, alia vero ruga irregulari exsculpta, altera e contrario gibbere respondenti aucta, arc- tius propterea sibi invicem adplicitis, radiculæque minimæ (vix mani- festæ) angustissime simul hærentibus constat; gemmula nulla adparet. Viget in oris orientalibus Madagascariæ et vernacule Manouk-Hahe- Bonga (i.e. sürps solitaria pratorum) et Madinik-Ravine (gallice petite- feuille) nuncupatur, auctore CAPELIERO, cui, ineunte sæculo currente (anno nempe 1805), fructifera occurrit. Planta exsiccata in foliis et fructibus nigrescit. Species hæc et antecedentes fructus forma inter se congruunt; inse- quens pentaptera dici magis meretur. L. Calopyxis alata +. —FRUTEX ramis teretibus et patentissimis ; novissimis sordide ac saturate fulvo-tomentosis etiamque, ni fallor, pruina albente hinc et inde fœdatis ; adultis glabratis , corticeque tenui, varie scissili et pelliculam albentem exuente involutis, ligno duro, pal- hido; medulla densissima et exiliter cylindrica. Forra anguste oblonga v. sublanceolata, acutiuscula, basi tenuato-rotundata, 3-h centim. longa, 10-15 :mm. lata, integerrima , utrinque copiose prominenti-venosa , adulta superne glabra, postice autem in primartis nervorum axillis cirrhis pilorum fulvis instructa, cæterum eglandulosa , petioloque semicentime- trum vix longo suffulta; pulvinulo ïis decidentibus relicto crasso, globoso ac suberoso. FLORES pauci (12-20), in vertice ramulorum abbreviatorum (nempe vix centimetrum excedentium), folia 2 vel 4 exigua in basi vulgo gerentium, initioque saturate fulvo-tomentosorum dense congesti, decussa- tim oppositi, sessiles, bracteaque cujus pulvinulus reliquus dentem teretem et longiusculum mentitur singulatim stipati. FRUCTUS qui soli suppetunt glaberrimi , oblongi, utrinque obtusi, brevissime pedicellati, centimetra 3 circiter longi, 15-18 millim. lati, in alas 5 æquales longitrorsum producti, toti ex eadem natura suberoso-lignosa, tandemque ut videtur vertice hiantes (als scissihbus). SEMEN unicum, glabrum, e summo loculo amplo, strato suberoso-medullo$o undique vestito, pendet. Crescit in Madagascaria centrali, haud procul ab oppido regio quod Emirne seu Tananarivo dicunt. (Guporn Herb., anno 1840, el. Les- SERTIO accept.) Fructus e floribus infernis uniuscujusque capituli provenire videntur ; flores superiores propterea fore tantum masculos, sicuti apud T'ermina- las accidit, libenter crederem. 90 : L.-R. TULASNE, — FLORÆ MADAGASCARIENSIS Species minus nota. 9. Calopyxis eriantha +.—FRUTEX (scandens, ut videtur)ramulis gracillimis, teretibus, oppositis v. ternis ; recentibus molliter fulvo-tomen- tosis, adultis autem prorsus glabratis et albentibus. FoLrA opposita ternave, ovata , breviter acuminata , basi rotundata interdumque nonnihil emargi- nata , vix pollicaria , superne glabra , sublus in primariis venarum axillis fulvo-tomentosa (venis exilibus paucisque), et petiolo exili fulvo-tomentoso ac semicentimetrum circiter longo innixa ; quibus deciduis superest pulvinu- lus subglobosus, antice truncatus, naturaque suberoso-ligneus s. induratus. FLORES in summis ramulis solitarie axillares v. etiam terminales, paucissimi el sessiles. Cazyx infundiduliformis, e basi scil. angustissima ad extremum limbum usque æquo modo dilatatus, nec usquam constrictus, membrana- ceus, tenuis, venosus, corollam mentiens, 12-15 mm. longus ac brevissime 5-dentatus, dentibus triangularibus acutis et reflexis ; pagina ejus externa parce fulvo-pubente, interna autem (præter ima penetralia hirsulo-tomen- tosa) subglabra. PETALA ovata et longe unguiculata fortassis exstiterunt. STAMINA 10 inclusa, glaberrima ; quinque videlicet in sinubus acutis fau- cis calycinæ (ad petalorum, si quæ fuerint, radices), totidemque in pariete calyeis submedio ante ejusdem dentes inserta ; flamentis linearibus et acutatis, supremis brevissimis, inferioribus autem longioribus; anthe- ris ovatis, exiguis, dorso medio affixis, versatilibus, 2-lobis, late ?-ri- mosis, introsis, cadueis. STYLUS columnaris, stigmate capitato terminatus, totus glaberrimus, et ad calycis faucem pertingens. Ovarium (de more in- ferum) breviter sublanceolatum, utrinque truncatum, teres, tomentoque fulvo et densissimo totum involutum ; loculo unico 2-ovulato; ovulis col- lateralibus, e funiculo longo sigillatim pendulis. In monte Chasal Madagascariæ (centralis ?) Boserio oceurrit. ( Herb. Mus. par.) Super corollæ præsentia aut defectu nil adfirmare audeo, specimen enim adumbratum magis mancum suppetit quam ut rei certior fieri valeam. $ IT. COoMBRETACEÆ ALTERNIFOLIÆ. V. TERMINALEIA (1) Linn., Gen. pl. (edit. Reichard., 1778), p. 540, n. 1961. — DC., Prodr., II, 10. — R. Wight., Zlustr. of Ind. Bot., t. I (1840), tab. 91 (Term. Belerica Roxb.). —- (1) Terminalia à terminare, propter folia sæpissime in summis ramis con- gesta, derivari dicunt. FRAGMENTUM PRIMUM. 91 Endl., Gen. pl., n. 6076. — Walp., Repert. bot. syst., 11, 60. == F'arrea Juss., in Ann. Mus., t. V (1804), p. 223, etin Levr. Lex. sc. nat., L:. XVI (1820), p. 206. = Cararpa, Myro8ozanus et Bapanu Gærin., De Fructib., t. IF, pp. 90 et 206. = Carapra Rumph., Herb. Amboin., vol. I, p. 174. T'erminalus fere omnibus folia sunt alterna et sæpius in sum- mis ramis congesta ; quæ nunc glanuduligera, nune glandulis desti- tuta, cum deciderint, cortex cicatriculis planis signatur nee pulvi- nuls asperatur. Pleræque ramos peculiares ostendunt inusitata crassitudine insignitos, napi: seu fusiformes, aut cylindricos, sem- per annulatim striato-rugosos, qui quotannis folis fasciculatis coro- _nantur, vix elongantur, debito tempore flores edunt, fructusque | veluti ex annona cümulata alunt, donec in virgam exilem sparsim folhigeram nudamve et plerumque sterilém sua vice tandem pro- | trahantur. Ex incremento tali modo interrupto s. inæquali, rami hince et inde incrassati proveniunt, mira T'erminaliarum nota. Discrimen T. Catappam et aflines inter et 7. Badamiam analo- | gasque e fructu desumptum vage traditum hactenus video ; tutiores, ni fallor, differentiæ € putaminis natura et fabrica retirent His | in stirpibus quas drupaceas dico, endocarpium forma et duritie | variat; modo ex utraque pagina læve, intus vero spongiosum | S. Cavernosum, modo contra extrorsum varie suleato-exseulptum, introrsus læve.et in substantia solidum deprehenditur: Termina- ham Catappam L. alteramque humiliorem, Terminaliæ macro- pteræ Guill. et Perrott. inæquo modo propter fractum æmulas, | à Cæteris sejuncetas soclavi, dixique samarigeras. Seminis, embryonisque strueturam fere eamdem in Pæœvrea ulbiflora nostra, Pentaptera glabra Roxb., et T'erminalus quæ fructus maturos mibi ministrarunt, v. gr. Ÿ. Catappa L., Bovinu | etgracili nostris, nec non pumila Th., deprehendi. 1. Drupaceæ genuinæ ; fructu carnoso , tereti v. polygonio, angulis modice productis. | | a. Arbor macrophylla ; putamine utrinque levi nec manifeste lacunoso. | . _ | 1. Terminalia erenata + Byn., in sched.— ARBOR ramis primitus | parce fulvo-sericeis, postea autem glabris, cortice tandem crasso et sube- [ | 92 L.-R, TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS roso tectis, medullaque pentagonia imo et quasi pentaptera copiose fartis. Fozra de more in summis ramis, cæterum nudis, congesta, ampla, ovato- elliptica v. oblonga, in acumen v. cuspidem longiusculam producta , basi aut obtusa aut breviter cuneata, semper autem in petiolum prælongum (4-6 centim.) nonnihil decurrentia, 10-15 centim. et quod excedit longa, h-8 centim. lata, in toto ambitu elegantissime serrato-crenata, hinc et inde abunde venosa et glabra (adulta saltem), pleraque eglandulosa, non- nulla vero glandulis piligeris et vix conspicuis, in axillis venarum primariis, postice instructa. SpicÆ solitarie axillares, erecto-patentes, 15-20 cen- tim. longæ, supra basim densiuscule floriferæ; axi modice fulvo-pubente. FLORES exigui, polygami. STERILIBUS quispicam supremam de more tenent, calyx est poculiformis et alte 5-partitus, divisuris acutis et æqualibus; pagina ejusdem externa glaberrima, interna autem abunde fulvo-hirsuta. CoroLLA nulla. STAMINA 10 glaberrima, imo calyei inserta longeque exserta, quæ, quinque scil., cum dentibus calycinis alternant, reliqua isdem triplo brevioribus opposita longitudine excedunt; antheris ovato- globosis. STvLus nullus. OvariuM abortivum pedicelliforme. (FLORES fertiles desunt.) DRuPA (immatura suppetit ) obovato-globosa s. turbinata, sessilis , obtusissima et papillata, centimetrum circiter longa, corticulum pallidum squamatim secedentem induit ; palpa parcissima ; putamine cras- sissimo, vix indurato, materie saturate vel sordide purpurea copiosaque intus variegato et infuscato, loculis resiniferis obsoletis. SEMEN s. potius ovulum sterile e funiculo exili et prælongo dependens video. Nascitur ad sinum Suarezianum Madagascariæ boreali-orientalis , de- cembrique (1848) Bovinio reperta est (Herb., n. 2683). Strps est inter congeneres propter petiolos prælongos , folia crenata, fructusque naturam distinctissima. b. Arbores mucrophyllæ ; putamine osseo, durissimo, extrorsum alte lateque cavernoso Sulcato v. exsculplo, nec manifeste resinifero. 2. Terminalia Badamia DC., Prodr., t. IT, p. 12. — Boy., Hort. Maurit., p. 184. — Badamia Commersoni (Badamie de Madagascar) Gærtn., de Fruct., t. Il, p. 90, tab. 97. — Myrobalanus (1) Terminalia Poir., Encycl. bot.; Suppl. tom. IT, p. 707.—Lam., [llustr. gen., tom. IT, p. A4AO, tab. 849, fig. 2 (a GÆRTNERO mutuata). — ARBOR (teste Bosgrio) foliis obovatis. (1) Myrobalanus s. Myrobolanus (ppoy, Béhavos), i. e. glans aromatica, vox est Puinio usitata, FRAGMENTUM PRIMUM. 93 DRupaA cujus imaginem analysimque dedit GÆRTNERUS, crassa (malum armeniacum subæquat, ait Poiret), elliptica, breviter mucronata, basi oblusissima, brevi suffulta pediculo, glaberrima, dilute spadicea , levisque videtur ; carnem ejus fungosam, parcam, fibrosam, putamen autem osseum, crassum, longitrorsum hexapterum, extus cellulosum fibrosumque, intus contra lævigatum et uniloculare dicunt; semen forma amygdaloideum. (Cfr. auct. citatos.) . Oritur in Madagascaria orientali, secus flumen Zvoundrou, haud procul ab oppidulo T'amatave; colitur etiam in Mauritio, ubique. Decembri et malo floret. Hatafang apud Madecasses, sicuti 7°. Catappa L., audit, Badamier autem in Mauritii insula. (Cfr. BosEerIUM, loc. cit.) Hac super stirpe GÆRTNERO citatur SONNERATIUS (tin. ind. et sin., tom. IT, p. 63) qui nil scripsit nisi se Madecasses vidisse qui animam re- euli olim beneficentissimi in Badamiam arborem migravisse credebant. T. Badamiæ ne minimum quidem specimen præ oculis habui. 3. Terminalia exseulpta +. — ARBoR excelsa ramis vagis nec (præter morem) interrupte congestis et patentibus, corticem crassum (for- tassis suberosum}), tomento dilute fulvo adpressoque diu vestitum, in- duentibus, et medullam crassam soliäam ac polygoniam foventibus. For initio ut videtur ex utraque parte sericeo-fulva , adulta et coriacea facta, antice glabrescunt nec nisi in nervis posticis prominentibus (antice contra impressis ) ac præsertim in axillis earumdem primarus ( haud manifeste glanduligeris) tomentum retinent; longe lanceolata v. obovato-lanceolata, acuta imo et subacuminata, deorsum versus etiam longe attenuata, in universo margine obsolete et aliquando vix manifeste repando-crenulata , 15-20 centim. hinc et 4-6 centim. illinc metiuntur, seseque in petiolum validum triquetrum, ex omni parte sericeo-fulvum, et 3-4 centim. longum excipiunt. ANTHEMIA fructifera solitarie axillaria, in apice monocarpa, et parte superna (olim verisimiliter floribus masculis onusta) nunc demi- nuta ; axi sic abbreviato, crasso et fulvo-tomentoso, 3-4 centim. metiente. DruPA crassa, ellipsoidea, obtuse papillata, basi obtusissima, sessilis , 35 mm. circiter longa, 20 autem lata, glabra et lævis ; pulpa maxime fibrosa s. stupea et coloris saturati, sub epicarpio pergameneo ac pallido; putamine drupæ conformi, tereti scil., crassissimo , osseo, sulcis, ca- vernis , foveisque labyrintheis, late extrorsum apertis ac propterea pulpa fartis, confosso , exsculpto (longitrorsum præsertim) et perforato ; locello interno simplici angustoque. SEMEN lanceolatum. 9 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS Viget in Macroneso Madecassium boreali-occidentalium, i. e. in insula quam Bé vocant, ad ripas rivuli dicti d’Andradroit (Bovinir Herb.), fruc- tusque maturat martio mense. Stirps hæc et sequens cum 7°. Badamia DC., de fructus structura et crassitudine congruere videntur ; super foliis prior T°. mauritianam Lam. quodammodo imitatur, sed glandulis in petiolo deest. T'erminaliam mauritianam Lamk., succum suaveolentem exsudantem, benjoin propteréa dictam, Mauritiique, Boyerio auctore ( Hort. maurit., p. 133), sylvestrem, ex omni Madagascaria exulare ægre crederem; ea fortassis est Fatra FLacurTI0 citata (Hist. de M adag. [1661], p. 132), arbor benzoifera. h. Terminalia suleata +.— ARBOR alta, ramis medullosis (me - dulla, ut solet, ob duritiem sublignea) et crasse corticatis; novellis propter tomentum sericeum cinereo-fulvellis, adultis vero glabratis, interrupte congestis patentibusque (nullis, ut videtur, fusiformi-incrassatis s. clavatis, sicutiin T.mauritiana Lam. analoga accidit). FoLrA in summis ramis den- sata, obovato- v. elliptico-oblonga, obtusa aut vix etobtuse mucronulata, basi rotundata v. brevissime cuneata, 8-10 centim. longa, 25-35 millim. lata, pleraque integerrima, superne in costa puberula, in dorso autem universo abunde molliter et adpresse tomentosa ac dilute fulva; costa venisque secundariis ( quarum axillæ magis pubent sed eglandulosæ plerumque vi- dentur) postice prominentibus, cæteris tomento subvelatis. SpicÆ solitarie axillares, fructiferæ nondum penitus glabratæ ; axi residuo ( maxime veri- similiter abbreviato) 2-3 centim. longo apiceque monocarpo. DRuPA admo- dum sessilis, glabra, levis , elliptica, utrinque obtusissima ( vix in vertice papillata), 20-25 millim. longa, et 13-18 lata ; epicarpio duro, membra- naceo ; pulpa maxime fibrosa ; putamine osseo formam fructus referente, sed sulcis s. foveis 8-10 altis, latis et inæqualibus longitrorsum exsculpto, proptereaque 8-10-costato, costis 4-5 cæteris nonnihil protractioribus. Crescit tum in campis, tum in declivibus montium, circa Vohémar Madagascariæ boreali-orientalis (Ricarpi Herb., n. 72). Præcedenti analoga est, sed foliis minoribus et aliter effiguratis, nec non fructu minori ac putamine minus exsculpto discrepat. C. Frutices microphylli, eglandulosi; putaminis ulrinque lævis materie ossea, lacunosa et resinifera. a. Fructu ecostato v. obsolete angulato. 5. Terminalia Fatren DC., Prodr., t. II, p. 12. — Bos., Hort, Maurit., p. 184. = Terminalia Madagascarriensis FRAGMENTUM PRIMUM. 95 Spreng., Syst. wegel., t. Il, p. 358. — Fatrea madagasca- riensis Juss.,msc. in sched., docente Poiret loc. infra cit. — Fatrea buxifolia ejusd. Juss.,in Levraldi Lexic. sc. nat., tom. XVI (1820), p. 206. — Myrobolanus Fatrea Poir., Encycl. bot.; Suppl., t. IE, p. 708. — Quon ad habitum foliaque spectat, cum T'. pumila infra descripta bene congruit, sed fructibus ovato-acutis (nec ellipticis ) et obsolete tantum 5-costatis discriminari videtur. FLORES non suppetunt. . Clar. Bovinio nostro obvia est in oris insulæ Marianæ (Bourahe indi- genis), mense maio 1847 (Herb. propr., n. 1892). Crescit etiam, auctore Boyerio, in littoribus Madagascariæ mediæ orientalibus, nempe circa Tamatave et Foulepointe Hovasiorum, floretque decembri et februario. Vernacule F'atre (Cr. Juss. in Ann. Mus., tom. V, p. 223), et Voua- Fatre (Bos.) dicitur (1), sicuti T°. puinila P. Th. 6. Terminalia Bovimii F. — ARBUSCULA circiter trimetralis, dumosa, ramis spissis et foliosis; adultis teretibus glabratis corticeque in- tegro vestitis ; permullis brevissimum quotannis incrementum capientibus, diu maxime abbreviatis, simplicibus, a basi ad apicem similiter crassis, annulatim rugoso-striatis, gemmaque et quasi fasciculo foliorum termina- lis; plerisque ex his in ramulum exiliorem sparsimque foliiferum tandem productis ; intimo omnium cortice luteolo : virente nodulisque calcareiïs albis sparsim immersis Indurato ; ligno autem duro et flavido. FoLrA ohovata v. obovato-oblonga, obtusissima, rarius nonnihil emarginata aut obluse mu- cronulata, deorsum cuneata seu longius attenuata et in petiolum perbrevem desinentia, 25-35 mm. longa, 10-15 mm. lata, et in margine quadante- nus revoluta ; pagina utraque adultorum glabra et exiliter venosa. FLORES non suppetunt. RaAcEMI fructiferi exiles, 10-15 mm. longi, patentes, in apice confertim 2-3 -carpi; axi vix pubente. DrupA subexsucca , olivæ- formis, scil. ellipsoidea et acute mucronata, in pedicellum perbrevem te- retemque abrupte contracta, prorsus ecostata levisque ; pulpa parcissima ; putamen leve, ecostatum atque de more resiniferum. Viget in plagis Madagascariæ boreali-orientalibus, et circa Vohémar BERNERIO reperta est (Herb. propr., n. 266). Foliorum druparumque forma et magnitudine variat; ideo præter lypum supra descriptum, formas insequentes distinguere licet, nempe : BG anicrocarpaon, drupis brevissime ovato-acutis, subglobosis, (4) Voa s. Voua pro fructu v, semine interpretatur Urvizuus, in suo linguæ Madecassium Jexico, 96 L.-R. TULASNE, — FLORÆ MADAGASCARIENSIS exiguisque distinctam, ac PERVILLEO nostro (Herb. propr., n. 652) in arenis aridis terræ occidentalis Ambongo dictæ, obviam. y chiorophyllarn, drupis brevioribus crassioribusque quam in proto-typo, sessilibus v. subsessilibus , utrinque obtusissimis et in apice minutissime papillatis, nec non foliis minoribus et peculiariter ex utraque parte chloreis diseriminatam. Forma hæc ultima, Terminalia eglandulosa Bovinio in schedis dicta, ii in maritimis, loco dicto Port-Lewen, martio et aprili (1849) fructifera occurrit. (Bovin. Herb., n. 2685.) 7. Terminalia gracilis +. — FRUTEX præter gemmas parce rufescenti-tomentellas, ex omni parte (adultus) glaber, ramis teretibus et propter extimam epidermidem in lacinias longitrorsum solutam pilosque sericeos adplicitos quodammodo sparsim mentientem , quasi cinereo- albicantibus. FoLrA obovata v. sublanceolata, basi attenuata, 4-6 centim. longa, 15-20 mm. lata, margine nonnihil revoluta, petioloque brevi (5-7 mm. longo) semitereti et gracili suffulta ; vents præter costam pariter exilibus , immersis et vix conspicuis. SpicÆ fructiferæ erecto patentes, gracillimæ, 3-4 centim. longæ. FRuCcTUS laxi, pauci, ovato-compressi, subancipites, obsolete 4-5-costati, brevissime acutati, in pediculum brevem abrupte (haud aliter atque ovarium ipsum , nec longius) contracti et atte- nuali, maturique 6-8 mm. longi; pulpa parca ; putamen crassissimum, leve , et locellis resiniferis quasi superficialibus confossum. SEMEN soli- tarium, lineare, teres, utrinque attenuatum, loculum sibi conformem totum replet; esta levis et glabra e membrana constat crassiuscula ; em- bryonis exalbuminosi recti seminique conformis cotyledones 2 suborbicu- lares, utrinque nonnihil emarginatæ, leves, spiraliter insimulque convo- lutæ, radiculam teretem longiusculam et superam totam velant. Provenit in oris maritimis insulæ comorensis Mayotte dictæ, prope Panmari, Longoni, Passaminti, julioque fructus maturos profert. ( Bovin Herb., n. 3405.) Fruticis modo descripti forma peculiaris (6 m2acrocarpa) adest venis foliorum secundariis perquam exilibus et prominentibus, nec non fructibus multo crassioribus, ovato-acutis, teretibus, obsolete et vix costatis, ac subsessilihus distincta. Ex üisdem locis oriri videtur ac typus, Terminaliamque Fatream DC. proxima imitatur. FRAGMENTUM PRIMUM. 97 6. Fructu alato s. angulato. 8. Terminalia pumila + Thuarsio, in sched. mse. — Myria racemosa Noronhæ, in suopte Herb. (nunc, saltem pro parte, e thesauris Lessertianis). — ARBUSCULA, teste RICARDO, v. frutex (tri- v. h-pedalis, ait Tauarsius [1]) buxiformis (Guporio docente), ramis teretibus, hornis gracilhibus adpresseque rufo-sericeis v. tomentellis, anno- tinis autem glabratis ; corlice infuscato, nunc integro, nunc contra longi- trorsum rimoso-fimbriato. FoLrA in ramis aliis (hornis) elongatis et vir- gatis sparsa, reTota, in alis autem pluribus, annotinis vel senioribus, gemma unica terminal donatis, nec nisi brevissimum quotannis in- crementum aliquandiu capientibus , quasi fasciculata, omnia glabra, subcoriacea, lucida, obovata, obtusissima v. brevissime mucronulata, deorsum in petiolum perbrevem 3-5 mm. longum (initioque ferrugineo- tomentosum) attenuata, 25-40 mm. longa, 10-15 mm. in apice lata, et margine quadamtenus revoluta; venis secundariis omnibus pari fere modo exilibus, prominulis (folio exsiccato) et reticulato- anostomosantibus. SPicÆ gracillimæ 1-3, e gemmis singulis axilaribus nondum evolutis, v. e gemmis ramos crassos teretes abbreviatosque supra memoralos terminanti- bus, circumcirca prodeunt, 15-30 mm. longæ, et ultra medium laxiuscule multifloræ ; axi modice pubenti; bracteis unifloris exiguis ovato-acutis et cilissime caducis. FLORES exigui, sessiles, albidi, rosacei s. myrtoidei (ait Goupor), extusque admodum glabri. ALABASTRUM globosum, ovario tereti-oblongo impositum. CaLyais adulti rotato-cyathiformis dentes 5 late 3-angulares, acutiusculi et æquales; paries internus abunde totus rufo- tomentosus et in ima parte, styli circa basim, incrassato-repandus. PETALA nulla. STAMINA 10 subæqualia, calycis duplo brevioris parietibus inserta, > scilicet 1llius dentibus opposita, totidemque sdem alterna, cuncta glaberrima ; filamentis initio introrsum plicatis, antheris autem (oblongis, 2-lobis, ac medio dorso affixis) semper introrsis. SryLus subulatus et glaberrimus stamina subæquat. Ovariom 1-loculare et 2-ovulatum ; ovulis pendulis ; funiculis longiusculis et liberis. DRuPA subexsucca , ellipsoidea, brevissime papillata, basi obtusa, costis 5-7 acutis, angustis et inæquali- bus longitrorsum ornata, glaberrima, 12-15 mm. longa, et 8-10 lata, pediculo tereti brevissimoque suffulcitur. Putamen crassissimum formam drupæ refert, cavernulisque s. loculis resiniferis intus confoditur, pariete autem utroque continuo et levi. (4) Obs. sur les pl. des Îles australes d'Afrique, p. 19, &° série, Bor. T. VI. (Cahier n° 2.) 5 7 98 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS Nascitur in Madagascaria (Du Per.-Taouars, herb. propr. — BREON, in Herb. Mus. par.— Ricu., herb. priv., n. 818), In collibus arenosis, ad ostium fluminis Hanangarès, haud procul ab oppido T'amatave Hova- siorum, frequens florebat januario 1832. (Goupor, Herb. propr., n. 25.) Colitur etiam in Horto Regio insulæ nostræ borbonicæ. (Bovin.) Baccæ, maturæ glauco-virentes, eduntur, et sapore melimelum æmu- Jlantur, Guporio auctoré {in Herb. Lessertiano). Voa-Faiz, Noronna teste (loc. cit.), et Voa-Fatre, auctore Tauarsio (loc. cit.), apud Madecasses audit frutex. 9. Termimalia Mariana +. — FRUTEX ramis teretibus moxque omnino glabratis. FoLiA oblonga, utrinque, basi autem manifestius, acu- tata, tenuia, margine revoluta, adulta glaberrima, 3-4 centim. longa, 42-18 mm. lata, petioloque brevissimo instructa ; venis omnibus exilibus et hinc atque hinc, planta emortua, prominulis. FLORES non suppetunt. Drupa ovato-lanceolata, nempe hinc et illinc attenuato-acuta , 2 centim. et quod excedit longa, costis s. alis 5 angustissimis longitrorsum ornata ; pulpa parcissima; pulfamen crassissimum, et propter cavernulas s. cel- lulas resiniferas quibus confoditur quasi spongiosum. In ‘insula Sanctæ-Mariæ Madecassium cl. BerRNERIO occurrit. (Bovinu Herb., n. 1893/2.) Propter folia ad T°. pumilam, Fatreamque proxima accedit, fructus autem forma et crassitudine ab utraque discriminatur, 10. Terminalia rhombhoidea Spreng., Syst. veg., t. II (1825), p. 398. — DC. Prodr., t. IT, p. 12. — Myrobalanus rhom- boidea Poir., Encycl. bot.; Suppl., tom. IE, p. 708. — Lam., JU. Gen., tom. LIL, p. 440, tab. 849, fig. 1.— Fruricuzi truncus in ramos fulvos, patulos, inæquales, cylindricos, apicem versus nonnihil com- pressos s, angulosos discedit. FoziA alterna, breviter petiolata, glabra, subcoriacea, lanceolata, integerrima, pollicem aut sesquipollicem longa, alia obtusa in apice, alia acuta, cuncta basi angustata et venosa depre- henduntur. RAcEmI breves et axillares. DRuPA subexsucca, minor fructu T, Fatreæ DC., ovalis, subrhomboidea, utrinque acuta, sulcis 6-7 inæ- qualibus alte exarata totidemque angulis prominentibus ornata; putamine uniloculari et monospermo. (Cfr. Porerir locum cit.) Crescit in Madagascaria (PoIRET.). T. Fatreæ proxima, foliis longioribus et fructus structura præsertim discriminatur (Poïr.). FRAGMENTUM PRIMUM. ‘ 99 Hanc ad stirpem, cujus nullum suppetit specimen, T'erminaliam meam Marianam modo descriptam duxissem, ni obstasset quod de fructus exi guitate affertur. Lamarkiana icon rudis fructus exhibet punctulatos nec multum a drupis 7°. pumilæ Th. dissimiles. Nulla 7°. rhomboideæ Spr. fit mentio in Bosern Horto M auritiano sub titulo T'ermainalia (Cfr. op. cit., pp. 433 et 134). - 11. Fexmimalin fMlavieans + Bvn., in sched. msc. — FRUTEx ramis recentissimis adpresse parceque sericeis, annotinis senioribusque glabratis, teretibus, et cortice longitrorsum striato-rimoso ac veluti variegato tectis. FoLrA in ramis annotinis de more quasi fasciculata, exi- gua, primitus parce (superné autem copiosius) sericea simulque tomento aureo seu furfure e pilis s. squamulis linearibus brevissimis ereclis citis- simeque caducis, hinc et inde cooperta, mox autem prorsus nudata, obovato-elliptica, vbtusissima, basi vix attenuata et petiolo brevi suffulta. SPICÆ plurimæ eamdem ac folia quibus commiscentur sedem habent, non- nihilque breviores manent; axis perexilis, flores pauci (5-8) minimi et subcapitati, nec non bracteæ ovato-acutæ brevissimæ citissimeque caducæ quibus initio singuli stipantur, indumento s. tomento aureo, foliorum instar , aliquandiu pariter vestiuntur. ALABASTRUM globosum. Carycis partes 9-6 basi cohærentes, crastæ, acutæ, et ab interno pariete longe pilosæ ; parietibus staminigeris similiter vestitis. STAMINA 10-12 inclusa ; antheris ovato-globosis. Ovuza 2 inæqualia et pendula, funiculis partim coalitis. Viget in terris orientalibus Madagascariæ septentrionalis, ad sinum Suarézianum, nec non in insula australiori S. Mariæ ; decembri folia nova floresque simul explicat. (Bov. Herb. propr., nn. 2427 et 2684). Facile speciei criterium in indumento universo aureo fugacique et in floribus perexiguis ac subcapitatis versari videtur. Quoad foliorum formam et exiguitatem ad 7°. Fatream et propinquas accedit. 2. Samarigeræ; frucius exsucci, ancipitis et 2-alati, putamine quasi toto spongioso-celluloso. 12. Terminalia Catappa Linn., Mant., 519.— Jacq., Leon rar., tom. T, p. 19, tab. 197 (fructu semineque pessime expressis). — Lamk., llustr. gener., tom. I, p. 439, tab. 848, fig. À (a JacQuiNo mutuatæ). — DC., Prodr., tom. IT, p. 41. -— Bot. Mag., tom. IV (1830), tab. 3004. — Catappa domestica Rumph., Herb. Amb., part. 1 (1741), pp. 174-176, tab. 68. — Adamaram Rheed., Hort. 400 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS malab., tom. IV (1673), p. 5, tab. 3 et A. — ARBoR præalla et spe- ciosa quamdam propter brachia in orbes interrupte superpositos porrecta, CoNiFERARUM speciem mentitur (Cfr. RHEDIUM) ; innovationes ejus recentes teretes, medullosæ, ob tomentum densum quo vestiuntur velutinæ satura- teque ferrugineæ, rami autem adulti glabrati, deprehenduntur. FozrA in summis ramis congeruntur; recentissima superne in costa tantum, postice ubique sed parce aureo-tomentella (pilis subsericeis adpressisque) ; adulta utrinque (præter costam imam hinc et inde rufo-tomentosam) gla- brata, amplissima, late obovata, brevissime obluseque mucronata, deorsum longe cuneata et in basi (quasi 2-auriculata posticeque 2-glandulosa, glan- dulis costæ juxtapositis rotundis tomentoque velatis) nonnihil emarginata, 46-20 centim. et quod excedit longa, 12-14 centim. lata, petioloque crasso, 10-15 mm. longo, et dense velutino-tomentoso innixa; costa subtus obtusa v. subacutata; venis secundariis laxis, reéliquis admodum exilibus et laxe réticulatis; axillis primariis glandula late aperta rotunda- que singulatim instructis. SricÆ exiles, solitarie axillares, 12-25 centim. longæ, densifloræ; axi adpresse fulvo-tomentoso; bracteis ovato-acutis, perexiguis, tomentosis, ac citissime caducis. FLORES inordinati, exigui, paucissimi (inferiores scilicet) androgyni fertilesque, plurimi contra, ovarn abortu, solummodo antheriferi. CALYx nondum explicatus globosus, deinde alte 4-5- (rarissime 410-) fidus (divisuris late 3-angularibus, acutis re- ploque marginali introrsum auctis), late cyathiformis, extrinsecus vix pubens, ab interno autem, imo præsertim, pariete, longe hirsutus. STA- MINA 8-10 (rarius 20) exserta, glabra, subæqualia. SryLus teres stamina æquat. OvARIUM ovato-ohlongum, acutum, adpresse aureo-tomentosum; ovula 2? collateralia, pendula e summo loculo, funiculis liberis. FRuCTus late obovato-lanceolatus, acuminatus, anceps, compressus, superne bre- viter alatus, 70 millim. circiter longus, dimidio autem angustior, et sub- exsuceus, fere totus e putamine crassissimo lignoso-spongioso molli levique constat, semenque unicum lineari-lanceolatum fovet. x Sylvestris nascitur in maritimis Madagascariæ ( Guporio teste in Herb. Lessert.), insulæ Marianæ (Bourahe incolis) et Mohillæ Comorarum, mar- tioque floret (Bovinit Herb., n. 1892). Crescit etiam v. colitur in insulis Mascarenis (Cfr. Tauarsir Obs. de pl. ins. Afr. austr., p. 18 ; et Bose- ru Hort. Maurit., p. 133), variis Indiæ orientalis plagis insulisque (Plant. Javan. exsicc. ZoLLiNG., n. 778; Philippin. Cumnen, n. 1205), nec non in Antillis Americæ (StEBER, F. Trin., n. 829; PERROTTET, Poteau in Herb. Lessert., etc.), in Gambia Africæ occidentalis (D, BruN- NER, in Herb, Lessert.), etc. FRAGMENTUM PRIMUM, 101 Peculiaris forma, foliis postice densius vestitis distincta, Bovinto, junio mense (1848), occurrit in angustiis nemorosis montium Mayottæ, Como- rensium insulæ, loco dicto Pamanzi (Bov. Herb., n. 3404). Vernaculum nomen Badamier s. Grand Badamuer arbori cultæ co- lonis gallicis inditum, a vocabulo indico Bahadame, CoMMERsONE volente, derivatur; Catappa a voce malaica Catappan (Cfr. Rumpxium, loc. cit.) , Stirps apud Madecasses, UrvizLio docente, Fataf, Ataf et Atafan audit, - Arborem cultam vulgo triferam esse, umbram ministrare gratissimam , placentas e foliis ejus sapidas confici, seminaque oleo amygdalino nun- quam rancido scatentia in deliciis esse tradit Ruepius (loc. cit.). 13. Terminalia pavweiflora +. — FRUTEX decempedalis , ramis teretibus, angustissime medullatis, cortice integro levi glabroque tectis, et materiem duram luteolamque præstantibus ; plerisque ternatim v. quater- natim subverticillatis , centraliori cujuslibet verticilli maxime abbreviato s. gemmiformi, annulatim rugoso-striato, folusque subfasciculatis coronato, cæteris autem nudis. FozrA anguste obovata , obtusissima, emarginata v. obtuse mucronulata , deorsum longe attenuata, sessilia, 25-40 millim. longa, 6-10 apicem versus lata , utrinque glaberrima et concolora, subcoriacea , eglandulosa, venisque laxe reticulatis exilibus et hinc et illinc prominentibus ornata. Spicæ ex axillis foliorum novissime delap- sorum solitarie nascuntur, brevissimæ (vix enim centimetrum longæ), in apice 1-5-floræ, vulgoque tandem monocarpæ; axi tereli exili totoque ob tomentum adpressum saturate rutilanti-ferrugineo. FRuCTUS tenuis, samaroideus, amplus, ellipticus, obtusus, mucrone autem exili et longius- culo abrupte (primitus saltem) terminatus, deorsum contra attenuato- contractus, pube purpurascenti-fulva instar pedunculi totus vestitus, et in medio longitrorsum utrinque tumens ac subcristatus, ovula 2 e funi- culo libero, prælongo et perquam exili sigillatim pendula immaturus fovet. Viget secus rivulos in regione Ambongoensi Seclavorum, fructusque februario profert. (PERVILLEI Herb., n. 656.) Samaræ quæ suppetunt adhue carnosulæ , a maturitate longe absunt, plurimæ tamen 20 mm. in latitudinem et 25-35 in longitudinem jam me- tiuntur ; ejusdem ferenaturæ atque fructus T'erminaliæ macropteræ Guill. et Perrott. (T'ent. F1. Seneg., T, 276, tab. 68) futuræ videntur. Hujusce moles pari modo ac fructus 1. Catappæ L., ex endocarpio crassissimo in intimis penetralibus osseo, solido, in parte autem externa spongioso- lacunoso (lacunis s. cellulis perexiguis, rotundis, succoque densato refer- tis) et fragiliquasi tota constat; sarcocarpiums. mesocarpium tenuissimum 402 LR. MULASNE, —— FLORÆ MADAGASCARIENSIS nucleus iste induit, alæque epicarpio pro maxima parte debentur. Auctores Floræ Senegambiæ supra laudati laxiorem s. externam putaminis com- pagem pro sarcocarpio perperam habuerunt. Species minus notæ. * 1%. Ferminalia rubrigermmis . — ARBOR ramis propter hir- sutiem copiosam initio rubeo-fulvis adolescendoque sordide fuligineis, cæterum terétibus, cortice tenui et fibrilloso vestitis, ac in apice solo confertim folüferis. Foliorum gemma recens tomentum purpureo-fulvum induit rütilatque. FoLiA evoluta ampla, obovato-oblonga, breviter acumi- nata, basi rotundata aut subcuneata, 20-25 centim. et quod excedit longa, 8-10 centim. lata, ex omni parte maxime hirsuta (pilis initio purpureo- fulvis, posteaque decoloribus ), admodum eglandulosa, tenuiaque, petriolo valido similiter hirsuto et 45-20 millim. longo nituntur. FLORES fructus- que desiderantur. | Crescit apud Madecasses ad sinum boreali-occidentalem Passandavæ, et promontorium Anssifi dictum. Specimen quod suppetit PERvILLEO debetur, Bovinioque in Europam allatum habemus. Propter foliorum formam et amplitudinem ad 7. Catappam accedit. “ 45. Terminalia calophylla +.— T'erminaliæ (Fatreæ) spec. Bovinio, in sched. — FRUTExX ramis adultis longe virgatis, exilibus nempe, teretibus foliosis glabrisque. FoLra sparsa, aut in gemmis vix explicatis subfasciculata (pauca), obovato-lanceolata, eleganter obtuseque acuminata, basi longe cuneata, 4-5 centim. longa, 15-25 mm. lata, antice glaberrima virentiaque , postice autem rufula et in costa prominente modice tomentella; vemis omnibus exilibus; peñiolo brevi (5-7 mm. longo). FLORES fructusque desunt. | Oritur prope Loucoubé insulæ boreali-occidentalis N. Bé, martioque mense (18/41) Bovinio sterilis occurrit. … 16. ermimalia modesta +. — Terminaliæ sp. Bovinio, in sched. mss. — FRUTEx ramis teretibus ; hornis gracillimis, velutino- rufoque tomentellis ; adultis vero glabratis. FoziA sparsa aut fasciculata (pauca insimul), ovata v. sublanceolata, utrinque, basi autem longius, cuneata, 3-4 centim. longa, 15-20-mm. lata, superne glabra, subtus in venis primaris, pariter exilibus, et in costa præprimis dilute rufo-tomen- tella; petrolo quo fulciuntur brevi (2-4 mm. longo) parceque tomentoso. FLores fructusque non suppetunt. fase mat ut mnt De FRAGMENTUM PRIMUM. 103 NViget ad littora oceani in Johanna insula Comorarum vernaculeque Léva-Moro audit, teste Bovinio. Sterilis maio offenditur. Non longe a T°. calophylla præeunte recedere videtur. VI. zumnrrzemaA Willd., in Nov. Act, Nat, Cur. Berol.. t. IV (1803), p. 186, nota b (1); non Jacq. — Endi., Gen., pl, n. 6084. — Walp., Repert. bot. syst., 1. 11, p. 68. — Bnvevisra P. Th., in Levraldi Dict. se. nat.,t. V (1817), p. 375 ; Gen. nov. Mad., p. 21, n. 70; non Lamk. = Lumwrrzera el Brucuiera DC., Prodr., t. UK, pp. 22 et 23. — Lacuncurarrz Sp. Galdich., ap. Freycin. Jter (1826), p. ASL, tab. 104 et 205. LumnirzerA RACEMOSA Willd., loc. cit., p. 187. — Lumnitzera racemosa et Bruguriera madagascariensis DC., Prodr., tom. IT, pp. 22 et 23. — Kada-Kandel Rheed., Hort. Malab., tom. VI, p. 67, tab. 37 (?). — ArpuscuLa 1-2 metr. alta, ex omni parte plaberrima, ramis sparsis, cortice tenui ac longitrorsum rimuloso involu- tis, hornis sub foliis angulosis, annotinis teretibus, medullamque exiliter cylindricam in materie densa pallidaque foventibus. Forr4a alterna, ear- nosula, obovato-oblonga, obtusissima emarginatave, deorsum in petioli modum longe attenuata, 4-5 centim. et quod excedit longa, 10-15 mil- lim. apicem versus lata, subavenia, utrinque conformia et concolora, ac in ambitu nunc integerrima, nunc obsolete crenulata. SpicÆ solitarie axil- lares, 6-10 centim. longæ, ascendentes, laxifloræ; bracteis ovato-acutis, minimis, unifloris et citissime caducis; bracteolis autem 2 conformibus, summo uniuscujusque floris ovario ancipitiinsertis, adversis, cum bractea alterms , ac subimmutatis persistentibus. CALYx coriaceus, anguste tubu- losus, striatus , eglandulosus , in margine dilatato 5-dentatus, dentibus late ovato-acutis vel subtriangularibus, primitus margine imbricatis, deinque apertis. PETALA 5 oblonga, vix acula (alba, auctore Tauarsio[2]), deorsumr euneata, initio convolutim imbricata, postea patenti-deflexa, caduca. STAMINA 10 subæqualia , vix petalorum longitudine et cum iüis summo calycis tubo inserta. SryLus subulatus, teres, quasi ligneus, persis- tens, in vertice integro nonnihil excavatus, staminibusque vix brevior. Ovariuu breviter obovatum, anceps, 1-loculare , et 4-ovulatum, ovulis (4) Lumnilzera dicitur, ait b. Wiczoenovius, in honorem clarissimi Lumnitzer, Floræ posoniensis auctoris. (2) In Levrainr Lexico, loc. cit. 104 L.2R, TULASNE, —— FLORÆ MADAGASCARIENSIS anatropis e funiculo exili et prælongo singulatim pendulis, funiculis libe- ris. ACHÆNIUM calyce haud mutato coronatum, amphoram seu lagenam ancipiti-compressam referens, 15 mm. circiter longum naturaque lignoso- suberosum ; endocarpio corneo, levi, et parenchymati ambienti maxime hærente. SEMEN maturum non vidi. Oritur frequens in maritimis tum Madagascariæ borealis, v. c. ad sinum Suarezianum et Vohemarium (Ricarpt Herb., n. 76), tum insularum adja- centium, scil. N. Bourahe et N. Bé; viget etiam Mayottæ Comorensium, floretque totum fere per annum. (Herb. Bovinur, nn. 1894, 2199, 2686 et 3406. — PEerviLer Herb., n. 239.) Rhediana icon supra dubitanter allata, certa Lumnitzeræ cujusdam figura est, et Lumnitzeram purpuream Presl. (Lagunculariam purpu- ream Galdich., loc. cit., tab. 104, sub tit. Lag. coccineæ) etiam expri- mere æstimatur ; hæc enim stirps, suadente WALPERSIO, a nostra fortassis non düiffert. Bracteolas RHEDIUS omisit. Cotyledones Lagunculariarum Galdich., foliaceæ sunt ac secundum longitudinem sese inutuo spiraliter amplectuntur. (Cfr. loc. FRÆCINETN cit.) Bracteolas adversas, medio calyci adnatas, pro perianthio s. calyce externo et diphyllo habuerat Wizzpenovius. (Cfr. loc. ejus cit.) Plures ComererAceæ mihi non occurrerunt dum botanica pari- sina evolverem. Chuncoæ obovatæ Pav., stirpis peruvianæ, cujus specimen inter plantas Lastellianas aberrarat, mentionem facere nolui, licet Chuncoæ ex orbe veteri non omnino exulare videantur (Cfr. enim ill. Brown Animadversiones de pl. Terræ austr., p. 16) (1). Getonia floribunda Roxb. tum in India orientali, tum in Madagascaria nascilur, si SPRENGELIO fidem adlhuibueris (Cfr. 1llius Syst. vegel., t. IT, p. 360). Quod ad Quisquulem madagascarien- sem Boj. (Hort. Maurit., p. 13h) attinet, doleo ne minimam qui- dem ejus descriptiunculam, certe quod sciam, unquam prodnsse. (1) Quid etiam de Auscernt verbis super ejus Combreto laxo (C. Aubletii DC.), stirpe guianensi, illi in Mauritio commoranti e Madagascaria allato , posteaque ob flores speciosos accurate servato cultoque sentiendum ? {Cfr. auct. laud., PL. Guian. ,t.1,p 353, tab. 137). Combrelum cujus mentio est duplici uti patria, nempe in Guiana et terra africana simul vigere, perquam lepitimum movet dubium. FRAGMENTUM PRIMUM. 105 Oritur in provineia Emirnensi, prope Tanana-Arrivou ; cultaque in horto regio mauritiano, vere floret (Cfr. op. cit.) ALLAN GA RE A. AraxGieæ DC., Prodr. regni veget., t. III (1828), p. 203. — Rob. Wight, Zllustr. of End. bot., t. IE, part. 1, p. 1. — Endi., Gen. pl., p. 1184; Enchar. bot., p. 633. — Araxcucez Lind., Veget. Kingd. (edit. alt. — 1847), p. 749. ALANGIUM (gallice ANGozam) Lamk., Encycl. bot., t.1(1789), p. 174 (1).—Juss., Gen. pl., p. 823.—Corr., Ann. Mus. par., t. X (1807), p. 161, tab. 8 (x), fig. 2, — DC., Prodr., loc. cit. — Endl., Gen. pl., n. 6096. —- Rob. Wight, Zcon. plant. Ind. or.,t. I(1840), tab. 194 (41. decapetalum Lamk.— W. et Arn.) ; Illustr. of Ind. bot., t. IF, part. 1 (1841), p. 2, tab. 96 (AT. hexa- petalum Lam.). — Æwcoran Rheede, Hort. Malab., part. 1v (1673), pp. 39 et 59, tab. 17 et 26. ALANGIUM MoHILLÆ +. — ARBUSCULA ramis hornis foliosis, teretibus, glabris, tuberculisque suberosis et albentibus (lenticellis) copiose aspera- tis; nonnullis abbreviatis in spinam acutis; ligno flavicante. Forra alterna, estipulata, ovata, obovata, v. obovato-elliptica , 8-13 centim. et quod excedit longa, 35-65 millim. lata, brevissime acuminata, basi cu- neata, integerrima, epunctata, novella adpresse fulvo-pubentia, adulta utrinque glabra sed in primartis venarum axillis postice pilosula {nec non quandoque ut videtur minute glanduligera) ; nervis posticis laxis, promi- nentibus et crassiusculis, tertiariis transversim reticulatis ; petiolo semi- tereti, glabro, nudo, 10-15 millim. longo, pulvinuloque prominenti insi- dente. ANTHEMIA axillaria , tota ob tomentum densum saturate luteo- fulva, erecta, petiolo vulgo breviora, gemmam recentem stipantia singulaque e pedunculis 2-3 fasciculato-collateralibus, 4-2-floris, crassis , 1-2-brac- teatis (bracteis alternis, ovato-linearibus, patentibus brevibusque), sub flore _ dilatatis et quodammodo poculiformibus. ALABASTRUM longe tubulosum , | | | | | | [l | sub vertice constrictum. CALYcis limbus brevissimus, crassus, late poculi- formis et 5-8-dentatus, dentibus acutis et sæpius inæqualibus; pagina in- (1) Stirpes hujus generis vernacule Angolam et Alangi apud Malabarenses audiunt, auctore ill. Ruenio, loc. cit., unde cognomina Alangium (Lamk) et Angolamia (Scop.). 406 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS terna parcius aureo-sericea. COROLLA imo calyci, disco carnoso crasso glaberrimoque vestito, circinatim inserta, e petalis 5-7 anguste linearibus, 20-25 millim. longis, vix acutis, basi recte truncatis, crassis (sepaloïdeis), calycinis dentibus alternis, initio valvatim connatis apiceque introrsum dense tomentoso diutius cohærentibus, rectis (1. e. haud contortis), utrinque aureo-tomentosis, ac tandem vage arcuato-patentibus deciduisque. STAMINA cireiter 20 longe linearia, cum petalis paulo longioribus inserta ( quasi uno eodemque ordine, licet antherarum in alabastro corona saltem du- plex offendatur), e basi libera, semper erecta, demumque decidua; fila- mentis supra basim introrsum curvato-geniculatis, ibidemque hinc etillinc dénse rufo-tomentosis; anthera suffulcro continua vixque erassiore , 2 «loculari, 2-rimosa, dimidiamque staminis longitudinem excedente. STYLUS e disci centro cavato emergens, totus teres et exilis, staminibus æqualis, stigmateque capitato et obsolete A-lobo términatus. Ovarium obco- nicum, inferum, calycemarcescente coronatum, eparielibus crassis intusque glabris, uniloculare et uni-ovulatum ; ovulo ellipsoideo, anatropo, esummo loculi vertice pendulo, funiculo vix manifesto. FRucrus ellipsoideus, teres (obsolete nervosus), utrinque obtusissimus, 2 centim. circiter longus, 15mm. crassus, calyce arido coronatus, parenchymateque carnoso et tenui veslitus; pariete interno item tenui at duro subligneo vixque fragili; loculo amplo. SEMEN tereti-oblongum, testa glaberrima, albente perga- menaque involutum, et longitrorsum (testa intromissa) sulco alto utrinque dissectum ; endospermium subcorneum (ab interna facie multo minus den- satum molliusque } in partes 2 æquales semiteretes natura partitum. Em- BRyO medius, inversus, planus, rectus, semine paulo brevior, e radicula tereti et longiuscula, cotyledonibusque 2 arcte adplicitis, ovato-acuminatis, basi emarginatis, integerrimis, teneribus, amplis, venosis et æqualibus. Crescit in insula Mohilla s. Mohely (Ricarpi Herb., nn. 372 et 674) ét Mayotta (Bovinu Herb., n. 3407), utraque Comorarum. Stamina viginti sæpius numeravi, eadem petalis triplo numerosiora offendi notat Bovinius in schedis. Petalorum æstivatione haud convolu- liva,styloque basi non dilatato-inerassato, stirps nostra ab Alangiis hucus- que descriptis, aut saltem a typo ENDLICHERO ficto, discrepat. CHI ZOPHRORE AE. Ruzornorez R, Brown, Gen. Remarks on the Bot. of T. austr. (4814), p. 17. — DC., Prodr., t. IE, p. 31. — W. Arnott, in Ann. of nat. hast., t. T (1838), p. 859. — R. Wight, Zllustr. of bé RE v ge ee Plant @ dem | er = ns . TS FRAGMENTUM PRIMUM, 107 Ind. Bot.;t. 1 (4840), p. 207 (tab. 89 et 90). — Endl., Gen. pl., p. 4184 ; Enchirid. Bot., p. 634.—Lindl., J’eget. Kingd., edit. princip. (1846), p. 726. == Paréruviers Savigny, in Lam., Encycl. Bot., t. IV (1796),p. 696.== Lecnorinezæ et RHIZOPHOREÆ Blumeo, Mus. Bot. Lugd.-Bat., t. F, pp. 126 et 131 (exeunte anno 1849 edit.). . Cognominis stirpibus hujusce Ruizopnorearum ordinis mditi causa in eo versatur quod pleræque in paludibus maritimis vigen- tes, innumeras € trunco v. ex omni ramorum parte radices æreas agunt quæ limum petunt, statimque, mutata conditione, tot trun- corum novas vices gerunt. Duplici cæterum ratione radiciferæ dici merentur; cum, præter radices epigæas modo memoratas, alias e fructibus pendulis mirum in modum exserunt. Etenim eorum se- men ne aliquantisper quidem, ut eæteris mos est, in fructu maturo torpescit. Rhizophora nomen ex hoc tamen neutiquam (4) deri- vatur, licet quidam aliter sensisse videantur (Cfr. Alex. ne Tunis Glossar. Bot., p. 100), namque præcoces islæ s. primogenitæ ra- diculæ quas, Tauarsium (2) secutus, caudiculos sammopere elon- gatos aptius dixeris, fructus seminave apud veteres utplurimum salutantur. Cæierum non solum embryonis, sed etiam seminis, vix lidæ apud phylographos adhucdum exstiterunt et icones et descriptones, Velint propterea.scientiæ curiosi pagellis istis ignos- cere, si in recensendis singulis omnium organorum partibus, eura minuftiori usus fuisse videar ; ea enim quæ jamdiu nomen acce- perunt, reipsa multo minus quam recentiora sæpe noscuntur. Præler embryonis germinationem intra-uterinam jamdudum notam, 1d insuper apud Raizornoreas animadvertendum est, vide- hicet forma et conditio variæ embryonis istius, modo enim e mole cotyledonea indivisa (Blastocarpo pseudomonocotyledoneo Th.), ey- (1) Rhisophora, a ramis radicatis, ait Magister (Philos. Bot., edit. alt. [1763], p. 472). (2) Cfr. ejus dissertationem de Rhizophora (gallice Manglier) apud A.-N. Desvaux [Diarium Bot., t, IL (1813), p. 27 et seq., tab. XI]; videas etiam cla- rissimi Decaisxe animadversiones in Ann. sc. nat., ser. IE, t. IV (1835), p. 75-77. 108 L.-R,. TULASNE. :— FLORÆ MADAGASCARIENSIS lindrica v. torosa (vid. Rhizophoram et Ceriopem), modo contra, v. gr. in Bruguieria, e cotyledonibus discretis alteque bipartitis constantis (1), nec non ovarii aut prorsus liberi, aut multimode cum calyce coaliti, uterus nunc 2-5-locularis, septis continus perfectisque, nune propter dissepimenta variis modis imperfecta (apud Ceriopem et Kandeliam) unilocularis. LEGNOTIDEÆ quæ præter genera Expzicnero recensita Gynotro- ches Blum. et Carallias Roxb., volente ill. Bzuneo, includunt, a RaizoPHoREIS perquam proximis præsertim discrepare æstimantur propter semina albummosa nee in fructu matri hærente germinantia, folia haud raro serrata corticemqueresinifluum (Cfr. BLumerop. cit., p. 126, in nota). Quod autem ad albuminis præsentiam attinet, vereor ne tutum discrimen exinde LEGNoripeis non oriatur ; teg- men enim seminis RHIZOPHOREARUM, etsi hoc aperispermieum dici- tur, strato crasso parenchymatoso, ex albumine saltem transitorio, introrsum vestitur quod embryo, ex tempore quo natus est sine in- termissu demde, præter legem, increscens mox totum absumpsit. Fœtidiam Comm. 1ll. BLüMmE sociandam Raizoporeis duxit (2), ea autem harumce consorlio ob folia alterna et süipulis destituta, ovu- laque in singulis ovari loculis plurima, horizontalia, et placentæ mediæ (ax) hemisphæricæ crassissimæ ac 2-partitæ dupliet or- dine hærentia, manifeste repugnat ; quæ placentæ, ni fallor, his omnibus qui Fætidiæ loculos 2-ovulatos v. 2-spermos dixerunt, pro ovulis v. seminibus imprudenter habitæ sunt. Fœtidia, sieuti mulis jamdiu visum est, cum Myrraceis altermifoliis et cpunctatis aptius militat. $ I. RaizoPHoREÆ SINCERÆ, quæ scil. ovario infero v. semi-infero donantur. (Rhizophoreæ veræ G. Don, Gen. Syst. of Gard. and Bot., t.11[1832], p. 673.) Ï. RaIzoPHOwA Linn., Gen. pl., n. 592. — Gærtn., De Fruct., t. 1 (1788), p. 212, tab, 45, fig. 1. -— Poir. in Lam., Encycl. Bot.,t. VI(180h), p. 187 (partim).—W. Arn., in op. cit, (4) Ruizopuorearum cotyledones Enbcicuerus generatim OPEN immerito planas dixit (Enchir. Bot., p. 634.) (2) Videas auctoris laüd: Musœum bot. Lugduno-Batavum, t. I, pp. 143 et seq. FRAGMENTUM PRIMUM, 409 p. 861. — Endl., Gen. pl.,n. 6098. — Blume, op. cit., p. 131. — Rnizopnoranum sect, 1. DC., Prodr., t. HE, p. 31. Rhizophora mueronata Lamk., ÆEncycl. Bot., tom. cit., p. 189; Zllustr. Gen., tom. Il, p. 517, tab. 396, fig. ? (iconib., inpri- mis analyt., haud fidis). — DC., Prodr., tom. IT, p. #2. — Decsne, in Ann. sc. nal., ser. 2, tom. IV (1835), p. 79.—Boj., Hort. Maurit., p. 434. — W. Arn., op. cit., p. 362.— Rob. Wight, Z{lustr. of Ind. Bot., tom. I, p. 209, et Zcon. pl. Ind. Or., tom. I (1840), n. XIF, 238, tab. 238. — Blume, Mus. Bot. Lugd.-Bat., tom. I, p. 132 (stirpe accurate descripta). — Rhizophora candelaria Wight et Arn., Prodr. F1. Penins. Ind. Or., tom. [, p. 310. — Wighti Herb. propr., n. 1041. —- Non Candollio. — Mangium candelarium Rumph., Herb. Amb., tom. II (4743), p. 108, tab. 71-72 (volente eliam cl. BLUMEO). — FRuTEx 4-5 metra altus, ex omni parte glaberri- mus, ramis decussatim oppositis, patulis, crassis, medullosis, epidermide pergamena, levi et foliorum stipularumque vestigiis notata s. marmorata tectis. FozrA ovata (1), in acumen breve angustum arescens caducumque abrupte desinentia, basi cuneata, 10-15 centim. longa, 4-6 centim. lata, integerrima, crassa, poslice punctis exiguis prominentibus notala, præter costam crassam a tergo prominentem subavenia (venis enim omnibus æquo modo prorsus exilibus ac immersis), petioloque valido et3-4 centim. longo suffulta. STIPULE lineari-elongatæ et acutæ (v. si malueris longe trian- gulares), basi autem quasi recte truncatæ, 5-6 centim. et quod excedit longæ, 10-12 millim, basi latæ, antice longitrorsum striatæ, postice contra ruguloso-tuberculosæ, succum glutinosum primitus exsudantes, insimul spiraliter convolutæ , gemmam integram foventes, eaque increscente ca- dentes. ANTHEMIA solitarie axillaria, pendula v. demissa, petiolo subduplo longiora, singula pleraque e cyma 3-brachiata, brachiis subæqualibus singulisque dichotomis et bifloris; pedunculo pedicellisque crassissimis, hisce centimetro brevioribus; bracteis opposilis, coriaceis, late ovato- orhiculatis, obtusissimis, aut vix acutis, integris v. breviter hinc et inde laceris, supremis partim connalis floremque sessilem caliculi instar exci- pientibus. ALABASTRUM ovatum, subtetragonum, et quasi obtusum, (1) Folia omnes apud Ræizornoneas africanas his in pagillis descriptas decus- satim opposita , stipulæ autem interpetiolares adversæque semper ofenduntur, quare, brevitatis causa, de partium istarum situ et symmetria jam dudum bene notis tacere decuit. 410 L.-R, TULASNE. — FLORÆ MADACASCARIENSIS SEPALA h æqualia, crassissima (coriacea), ovato-elongata et acuta (tri- angulari-elongata), costa s. replo prominente antrorsum signata, primi- tus valvatim sociata, postea autem patula. PETALA A, sepalis alterna et conformia sed multo angustiora et paulo breviora, acuta (integerri- ma et mutica), crassa, fauci calycinæ inserta, concava, margine te- nuato et introverso limbata, nuncque glaberrima, nunc e contrario pilis longis albidis et lanosis in margine ornata, initioque sepalorum instar val- vatim connata. STAMINA 8, cum petalis paulo longioribus inserta, glaber rima, libera, introrsaque, alia, quatuor nempe, petalis alterna, totidemque iisdem opposita (et vix prioribus interiora); filamento singulis brevissimo, vix manifesto, anthera autem crassa, arcuata, 3-quetra (cultriformi), acutissima, suffulcro continua, et 2-loba, velo membranaceo uniuscujus- que lobi (deplanati) in partes 2 inæquales partito, parteque antica multo breviori et soluta; polline aureo ; connectivo supposito (nudato) cellulis rotundis innumeris eleganter cavato (1). OvariuM semi-inferum; parte superna S. libera conica, styloque brevissimo, recto, acuto, bifido et utrinque longitrorsum sulcato terminata; inferiore vero obverse conoï- dea, e parietibus crassissimis, angusteque 2-loculari, loculis singulis 2-ovulatis; ovulis obovato-globosis, anatropis, e summo dissepimento utrinque geminatim pendulis, funiculo singulis vix manifesio. FRuc- Tus obsolete et obverse pyriformis, nonnihil arcuatus, calycem re- flexum basi gerens, quasi totus e superna ovarii parte accreta factus, 3-h centim. circiter longus, 2 centim. et quod excedit basi crassus, stylo superstite mucronatus, intusque Z-locularis et monospermus, pa- rietibus crassissimis ac ligneo-carnosis. SEMEN reniformi - ellipsoideum , utrinque obtusissimum, centimetrum circiter longum, 8 millim. cras- sum, medium versus placentæ sine funiculo hærens sæpiusque ovulo sterili nec accreto stipatum, ovulis 2 item sterilibus in loculo adverso oblitterato absconditoque diu superstitibus ; fegmentum externum atrum, crassum, durum, leve glabrumque ; internum membranaceum, tenue, albens, mox e testa.sub stylo lacera lateque aperta longe productum ; utroque seminis tegmine cum uteri interno pariete, antequam fructus vertice scindatur seu perforetur, hinc et inde coalescente, sicque endocar- pi duplicis naturæ quamdam sortem huic ministrante. EmBryo inversus, (1) Super antheræ apud Rhizophoras fabrica beat. Grirrirm, auctore Linz x0 (Veget. Kingd., ed. princip., p. 726, in fine), in Actis Sociel. med. et physicæ Calcuttensis docte scripsit ; quæ peculiaris structura ill. THuarsium nostrum olim baud fugerat (Cfr. ejus dissert. modo laudatam super Rhisophora, ubi de Rhiz. mucronalu Lam., ni me omnia fallunt, agitur). oo FRAGMENTUM PRIMUM. aa1 exalbuminosus, crassus, initio sublinearis et falciformis, caudiculo acutis- simo manubrium fingente: postea autem tereti-ovatus et similiter arcua- tus, ita ut fructus formam quodam modo imitetur; cofyledonibus in massam solidam, carnosam, sordide purpurascentem, indivisam nec s0- lubilem, basi nonnihil umbilicatam , et in vertice obtusissimam omnino coalitis; caudiculo recto, initio ovato-oblongo, tereti, radiculaque angus- tiore et acutissima terminato ; çemmula conoidea et brevissima. Dum fruc- tus semenque increscunt, caudiculus (radicula brevi sese incurvante nec Tongiore facta) in clavulam s. bacillum cylindricum accrescendo infor- matur, fructus verticem trudit, forat, ultraque longissime protractus formam lineari-lanceolatam obtinet. Clavus hic spithamæ longitudinem eonsecutus, a mole cotyledonea in fructu sepulta interdumque vix ema- ciata, tandem solvitur, anticeque gemmula brevi, conica et acutis- sima, e foliolis nascentibus decussatim imbricatis (quæ pro cotyledonibus a variis scriptoribus, v. gr. GÆRTNERO [1], perperam habitæ sunt), ornatur, dum e contrario radiculam in parte adversa nondum evolutam ostendit. | Nascitur in plagis maritimis Madagascariæ borealis (v. gr. circa Wohe- mar et ad sinum Suarezianum [Ricarnt Herb., n. 74]), insulæ Marianæ adjacentis (Bov. Herb., n. 1896), Mayottæ Comorarum (Bovinir Herb., n. 3408), et Sechellarum, nempe insulæ Mahé (Perviccet Herb., n. 109 et 159). Manglier (2) gallis nuncupatur. Seminis tegumentum quod internum dixi, tantummodo fortassis pars est s. prolatio externi, circa micropylem peculiariter tenuati, ne caudiculo mox exeunti importunum afferat impedimentum. Il. CEniors (3) Arn., in Ann. of nat. hist., t. T (1838), p. 263.—Endi., Gen. plant.,n,6099.—R. Wight, Zllustr. of Ind. Bot.,t. I, p. 209; et Zcon. plant. [nd. or., t. 1 (1840), p. 449, n. xu, 240, tab. 240 (C. Candolliana Arn.). — Ruarzopaorarum spec. DC.; Roxb.; Beucuierrarum Wrightio; Griffith. (1) Nempe apud Rhizophoram Mangle Linn. (De Fructib., t. I, p. 213). (2) A voce barbara Mangle (Mangue, Mangro, etc.), apud Indos orbis novi usitata, veteribusque botanicis, nempe PLumerio, Bauminio, Liwnxo, multisque als etiam adhibita. Indiæ RES incolæ Mangi-Mangi dicunt, unde Rox- PHius Mangium fecit. _ (3) Vox h&c à pro (alveus, cellula) et 8h v. ëdus rar, species), ob soli- tam floris s. calycis Ceriopum structuram derivata fuisse videtur. 142 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS Ceriops Boviniana +. — Ceriops globulifera (1) Bvn., in sched. msc. — FRuTEx undique glaberrimus, et albentis resinæ sortem abundam sudans, ramis tornatis, medullosis, levibus, cicatricibus (foliorum) suborbicularibus simul et linearibus transversisque (stipularum) notatis. FoLIA stipulis ovato-oblongis acutissimis et geminatim plicato- equitantibus primodum involuta, cum adoleverint obovata v. obovato- elliptica, obtusissima, basi contra longe cuneata et in petiolum validum subtriquetrum (2-8 centim. longum) desinentia, 4-7 centim. longa, 20-25 millim. lata, integerrima, crassa, præter costam postice acute pro- minentem avenia, et utrinque epunctata. ANTHEMIA solitarie axillaria, pe- tiolo ut plurimum breviora, patentissima (non autem demissa), singulaque e cyma contracta 2-6-flora; bracteis omnibus oppositis, ovato-orbiculatis, obtusis, crassis, supremis partim connatis floribusque singulis sessilibus calyculum persistentem suppeditantibus. ALABASTRUM breviter ellipsoi- deum, obtusissimum, basique acute pentagonum. SEPALA 5 ovato-triangu- laria, acuta, crassissima, initio valvatim connexa, postea patentia et persistentia. PETALA 5, sepalis alterna et paulo breviora, fauci calycinæ incrassatæ ovarioque adnatæ inserta, tenuia, vulgo concava, depla- nata autem late obovata, in vertice obtusissimo alte emarginata, lacinu- lisque linearibus 2-3 (rarius pluribus) brevissimis apice glanduliformibus et corrugatis instrucla, basi e contrario cuneata et latere introrsum parce lanigero extrorsumque replicato alia cum aliis anguste coalita. Sra- MINA 10 libera, cum petalis (exterioribus et paulo longioribus) inserta, 9 scilicet iisdem alterna, totidemque ( paulo prioribus breviora ) opposita, cuncta cæterum eodem ordine, dentibus præterea 10 acutis brevibusque eis interpositis; flamentis linearibus, semper erectis, in extremo autem apice tenuatis et brevissime uncinatis ; antheris ovato-acutis , perexiguis, 2-lobis, dorso medio affixis et versatilibus, lobo utroque rima lata longi- trorsum hiante, pollenque luteum et pulvereum spargente. SryLus linearis, triqueter, integer et acutus, stamina vix æquat. OVARI semi-inferi pars à supera s. libera conica, obtuse trigona et solida, inferna autem imper- fecte 3-locularis, septis nempe e summo utero pendentibus nec ad ima ejus penetralia pertingentibus. OvuLA 6 subglobosa (hinc cuneata, illinc autem rotundata), e summo angulo uniuscujusque loculamenti (inferne aperti) geminatim pendula. Frucrus rectus, initio ovato-conicus, tandem teres sublageniformis et 2 centim. circiter longus, supra basim (1) Nomen hoc ductum ex-nota quæ in stirpes hujus generis fere omnes con= venit invitus mutandum censui, FRAGMENTUM PRIMUM. 113 sepalis persistentibus , haud accretis et in coronæ modum patentissimis ornatus, 1-locularis atque monospermus. SEMEN breviter cylindroideum v. ovatum, obtusissimum et supra basim nonnihil constrictum ; {egumen- tum coriaceum, crassissimum, læve, basi tandem emollitum et in mem- branam mucosam mutatum (v. endoplevram talem prodiens). Empryo exigaus, cylindricus, obtusissimus, supra basim constrictus, rectus, e mole cotyledonea dura et mdivisa, caudiculoque nudo mox summopere elon- gato et ultra fructus apicem perforatum longissime producto, radicula viX COnspicua. Provenit in plagis maritimis Madagascariæ borealis, nempe sinus Suare- ziani (Bovinu Herb , n. 2689) et Vohemarii (Ricarpi Herb., n. 77 }, in insula N. Bé (Bovixnr Herb., 2200), nec non Mayotta Comorensium (ejusd. Bovinir Herb., n. 3409). Ad Ceriopem Roxburghianam Arn. (Rhizophoram decandram Roxb, — Wall., Cat. Ind., n. 4875) proxima accedit ; discrepare autem videtur petalis in margine inferno tomentosis et in lacinias multo pauciores et exiliores desinentibus. Permulta licet dissecuerim ovaria, ne quidem in unum perfecte 3-locu- lare incidi; septa enim fructifera e summa germinis camera dependentia, et loculo multo breviora, proptereaque imum carcerulum simplicem nec partitum ac solis ovulorum verticibus geminatim pendulis repletum vidi. Rhizophoræ timoriensis DC. (Ceriopis Candollianæ Arn.) ovarium mihi sedulo exploratum nunc itidem imperfecte triloculare, placenta tri- quetra e suprema fornice in medium uterum descendente ibique brachia à filiformia et arcuata quæ ad parietes tendunt agente, nunc spurie uni- loculare, septis omnino abortientibus, deprehendi; ovula autem 6, quo- cunque modo septa se habeant, e medio verlice carceruli absque funiculis distinctis geminalim pendere solent. Paris structuræ exemplo est Candelia Rhedu W. et Arn. (Rhixophora Candel Linn.) cujus in ovario typice 6-ovulato, ovulis haud aliter atque in Ceriope dispositis, ne minima quidem septorum vestigia utplurimum superesse primus, ut opinor, docuit el. Arnorrius (Cfr. Ann. hist. nat., tom. I [1838], p. 365); sic etenim Candeliam citatam (Herb. Wight. propr., n. 1042) se habere eco ipse accurata analysi certior factus sum. IT. enuGusemra (1) Savign., in Encycl. Bot., t. IV (1796), [1) Bruguieria scripsit Anxorr : cæteri autem phytographi, vocali sublata, Bruguiera ; nomen dicitor in honorem Joannis-Wilhelmi Brucuières, monspe- £° série. Bot, T. VE. {Cahier n° 2.) 4 8 A1 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS p. 696. — Lam., Jllustr. gen. pl., t. IF, p. 517, tab. 397. — W.Arn.,in Ann. of nat. hist., L.T,p. 865. — R. Wight, Jllustr. of Ind. Bot., t. 1, p. 210.— Endi., Gen. pl., n. G101.— Blume, Mus. Bot. Lugd.-Bat.,t.1,p.135. — Parerurerra P. Th., in Le- vraldi Leæic. sc. nat.,.t. N (1817), p.. 375 (v° BRUGUIÈRE). — Lindl., op. cit., p. 727. (nier synon.). == Ruaizopaorarum spec, Linnæo, Candollio alisque multis. Bruguieria MRhedii Blume, Mus. Bot. Ludg,- Bat., tom. I, p. 138, n. 317 (Kal. decembris 1849). — Rhizophora gymnor- rhiza Linn., Sp.pl., p. 634 (sallem ex parte, ait Blum.). = Kandel Rhed., Hort. malab., tom. VI (1686), p. 57, tab. 31 et 32 (assentiente etiam ci. BLUMEO).— FRUTEX 4-5 metra altus, ex omni parte glaberrimus, ramis decussatim oppositis, patentibus, hornotinis teretibus et in nodis qua- damtenus compressis, senioribus subtriquetris, omnibus crasse medullosis, et Rhizophorarum more cicatricibus (foliorum) subrotundis alüsque linea- ribus et transversis (et quidem rimis), propter stipulas deciduas, atro- signatis v. exsculptis. FoLrA lanceolata, v. lanceolato-oblonga, utrinque semper acuta, 8-12 centim. et quod excedit longa, 25-35 millim. lata, petiolo valido 2-3 centim. longo suflulta, integerrima, epunctata, utrin- que subconcolora, et præter costam postice obtuse prominentem ave- nia; quæ gemmam sistunt nondum evolutam equitato-convoluta, stipulis- que longe triangulari-acutis involuta depreheduntur. FLORES solitarie axillares, e pedunculo tereti, nudo (ebracteato, in vertice autem arti- culato), 10-15 millim. longo, demissoque singuli pendent. ALABASTRUM ovato-acutum , sublanceolatum, acutissimum superneque striatum. CALy- is ampli et coriacei (4 centim. longi) pars inferior s. integra formam obverse calyptriformem obtinet; superior autem (longior) in lacinias (sepala) 12 æquales angustas triquetras acutissimas, primitus valvatim sibi invicem adplicitas tandemque discretas et modice patentes scinditur ; partis integræ pagina interior partim disco crassiusculo illinita, partim cum ovario recon- «to coalita. PeraLa 12 lineari-oblonga, sepalis (sensim longioribus) alterna, faucique calycinæ , nempe disci adnato margini, Imserta, alte acuteque 2-fida (divisuris obtusis lacimulasque 2? filiformes, aliam nempe ex acie liaci, qui celebr. Josephum KerGuesen seculus, posteaquam iongas super ignota oceani australis æquora vagationes perfecisset, ad littora terræ Delphinensis, in sinu Antongilliano, februario 1774, tandem appulit, Idem, subextrema ætate, Antonii Ouvier per Orientem comes fuit, FRAGMENTUM PRIMUM. 2 115 interna, sub vertice, aliamque e vertice ipso singulis agentibus), nonnihil coriacea, induplicato-cymbiformia, in costa (in aristam rigidam petalo mullo breviorem libere excurrente) marginibusque parce lanigera, libera, ‘ et caduca. SrAMINA 2h cum petalis inserta, iisdem (duplo fere longioribus) sgeminatim anteposita (e geminatis ipsis alio interiore alu longior: præpo- sito), introrsa, libera, glaberrima ; filamentis linearibus et nudis ; antheris continuis, longe angusteque linearibus, apice breviter uncinatis, 2-lobis et longitrorsum 2-rimosis. STYLUS centralis, exilis, triqueter, 2 centim. lon- gus, petala autem non excedens, et in vertice brevissime 3-fidus, divisuris s: stigmatibus tenuibus et patentissimis. OVARIUM imi calycis formam usur- pans, totum in eo integro persistente reconditum, imperfecte, ut videtur, 8-loculare, at certe G-ovulatum. Ovura globosa, anatropa , geminata et e summo germine pendula (funiculis haud manifestis). Frucrus À centim. circiter longus , ovarii formam vix accretam refert, calyce haud mutato hærens excipitur, êt pariete fit tenui supernéque tantum incrassato ; in e6 SEMEN unicum, ovulis sterihibus 4-5 stipatum, breviter lateque ovatum (8 mm. longum, 5 latum), compressum et obtusissimum deprehenditur ; illi tegumentum subeoriaceum, leve, basique apertura elliptica natura pervium. EMBRYO semine brevior, recius inversusque, e caudiculo téreti, obtusissimo ac sui dimidiam-partem sistenté, nec- non e cotyledonibus h verticillatis, crassis, subtriquetris, æqualibus, erectis et discrelis constat (1), quæ gemmam punetiformem et vix conspicuanr fovent. Ante- quam fructus e ramo materno solutus humi decidat, embryonis cau- diculus per tesiæ porum aptatum elongatus exit, pericarpil parietem su- pernum aftenuatum rumpit et in clavam cylindroideam cerassissimam obtusissimamque longe protrahitur, radieula propria tunc temporis vis conspieua. Clavæ tandem e fructus penetralibus expeditæ, eotyledones quan- “doque hæ&rent vix accretæ; quibus autem avulsis gemmula conica, anceps, e foliolis imbricatis in conspectum venit. Frequens oritur in paludibus salsis et oris maritimis Madagascariæ (Ber- | NeruHerb., n. 147 eS. Maria, Bovinir Herb.,u. 2201-ex insula N. Bé), | et Vahon incolis audit; crescit etiam Mayottæ Comorensium (Bov. Herb., | n. 3410) et in Sechellis (Pervizcet Herb., nn. 109 et 159 ex ins. Mahé). ln (1) His in describendis Gzærtnerüm“ ducem sequor qui cotviedones quatuor |‘hinc convexas, inde angulatas Rhizophoræ gymnorrlhizæ L. ipse tribuit ac deli- peari curavit, licet præterea easdem simul foliaceas et contortuplicatas imme guo dixerit (Cfr. ejus tractatum De Fruct. et Seminib., tom. 1, p. 213). Bru- guieriæ nostræ, si malueris, erunt cotyledones 2 æquales oppositæ et singulatim alte 2-partitæ, segmentis omnibus paribas et discretis, 1) ——s 416 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAG2SCARIENSIS Apud Malabarenses Kandel dicitur (Gfr. Raepium, loc. cit.); gallicis autem Indiæ orientalis et insularum mascarenarum colonis Palétuvier et Manglier vulgo nuncupatur. Arboris cortex in coriis macerandis adhibitur , auctore BERNERIO in schedis. Bruguieria quæ gymnorrhiza a el. Boserio dicitur nec a præcedenti verisimiliter absimilis est, in Mauritio floret eodem tempore atque Rhizo- phora mucronata Lamk.,nempe a decembri in martium usque. (Gfr.Bo- sERI Hort. maurit., p. 13h.) Stirpem modo adumbratam ad Bruqguieriam Rhedi Blum. trahendam censui, licet illius petala setulis 5 nec 7 ornari soleant ; vereor autem ne Bruquierie Blumeanæ notis subtiloribus definitæ et discriminatæ olim habeantur. Wightiana icon Bruguieriæ Wightu B\.(Mus. Bot. L.-Bat., 1, 138), seu B. Rhedü Wight. ({llustr. of Ind. bot., tom. I [1840], p. 210, n. 3) quæ inter Zcones plantar. Indiæ orient. (tom. I [1840], n. x), numero 239 À signatur, stirpis nostræ habitum, ne dicam cha- racteres, bene etiam refert ; petalorum autem margines costaque nimis glabra exhibentur. Bruguieria gymnorrhiza Lam., Illustr. Gen. pl., tom. Il, p. 517, tab. 397 (Savigny, in Lam. Encycl. bot., tom. IV, p. 696. — Gærtn., De Fruct., tom. I, p. 213, tab. 45, fig. sinistr.) Bruguieriam gymnor- rhizam Blum. (Mus. Bot. Lugd.-Bat., t. TI, p. 136, n. 313) etiam sistit (saltem pro parte). IV. Camaz£ra Roxb., Hort. Bengal. (1814), p. 92 (4); et in Pl, Corom., t. IT (1819), p. 8, tab. 211 (Carallia lucida Roxb.). — DC., Prodr., 1. IT (1828), p. 33. — W. Arn., in Ann. of nat. hast., t. 1 (1838), p. 370. — Wight, Zlust. of Ind. Bot., t. 1, p. 211, tab. 90 (Carallia ceylanica Arn.). — Blume, Mus. Bot. Lugd.-Bat.,t. 1, p. 198. — Walp., Repert. Bot. Syst., t. IT, p. 74, et Ann. Boi. Syst., t. If, p. 5929. — Barraneta P. Th., Gen. nov. Madag. (4811), p. 24, n. 82 (2). (1) In hoc loco Corallia scribitur, nomenque a voce Telingana Koralli deri- vatur ; alias contra, nempe in Plantis Coromandelianis, loc. sup. cit., Carallia et Carallie legitur. (2) Barraldeiam Th.unum idemque sistere genus atque Caralliam Roxb., pri- mus pronuntiavit illustr. R. Brownius in sua de plantis congoensibus commen- tatione. (Edit. gall. [18481], p. 44%, not. 2.) FRAGMENTUM PRIMUM. 417 = DC., Prodr.,t. E, p. 782. = Sruuerrti Blum., Bijdr. tot de El. v. Nederl. Ind. (1895), p. 1130 (Cfr. enim ejusd. Mus. Bot., sup. cit.,p. 130). — DG., Prodr., t. WT, p. 94. — Endl., Gen. pl., n. 6167. Carallia madagaseariensis. — PBarraldeia madagas- cartiensis DC., Prodr.1,732.— Carallia BarraldeiaW.Arn., op. cit., p. 371. — FRUuTEx erectus, glaberrimus, ramis decussatim oppositis, ascendentibus, in nodis incrassatis et eos inter hine et inde alternis vicibus compressis (junioribus saltem et exsiccatis), medullosis, corticemque rugulosum et transversim rimatum induentibus; foliorum stipularumque cicatricibus pallentibus. Focra anguste obovato-oblonga , vix ac ne vix et obtuse mucronata, deorsum longe cuneata, 8-10 cen- tim. longa, 25-35 millim. lata, integerrima, crassa, coriacea, mar- gine revoluta, præter costam sublus obtuse prominentem subavenia (venulis in pagina antica folii exsiccati præsertim conspicuis), abunde pel- lucido-punctata (viva), proptereaque punctis nigris a tergo, cum exsiccan- tur, conspersa; petiolo brevi (centimetrum circiter longo), valido, superneque sulcato. STIPULÆ longe triangulares, 15-20 millim. longæ, primitus equitato-convolutæ, caducæ ; gemma resinam sudante ac propte- | rea quasi madido-lucida. ANTHEMIA solitarie axillaria, erecto-patula, | succo resinoso instar gemmarum tota copiose illinita, 2 centim. vix longiora, singula e pedunculo tereti validoque semel atque iterum dicho- | tomo, brachiis omnibus brevissimis, ultimis cymam contractam e floribus multis sessilibus denseque congestis sigillatim gerentibus. BRACTEÆ bre- | vissimæ, crassæ, suborbiculatæ et obtusissimæ. FLos perexiguus , quasi urceolaris. CALyx alte 5-partitus, divisuris æqualibus ovato- s. potius triangulari-acutis, crassis, initio valvatim connatis, tandemque patulis. PerALa 5 summæ fauci calycinæ inserta, sepalis duplo fere longioribus alterna, late obovata v. suborbicularia, anguste et longiuscule unguiculata, in lacinias 5-8 inæquales alte dissecta, tenuia, caduca. SrTaAmINA 10, quinque scilicet sepalis subæquilongis opposita imoque calycis parieli in- serta, nec non totidem petalorum pedibus supposita sepalisque alternis nonnihil longiora ; filamentis omnibus crassis, basi quadamtenus dilata- tis et extremo apice tenuato-uncinatis; antheris semi-glohosis, obtusis, introrsis, 2-lobis, late ?-rimosis, medioque dorso (sulcato) fuleimini sin- gulis hærentibus (versatilibus) ; polline pulvereo, luteo. Corona (discus) staminibus interioribus supposita, e tuberculis s. glandulis deformibus, imum calycem vestit. STYLUS columnaris, crassus, stamina nonnihil exce- 118 L.-R. TULASNE, — FLORÆ MADAGASCARIENSIS dens, et in apice incrassato css 3-o-lobus. OvarIUM ohconicum , imo calyei adnatum, vulgoque triloculare,, loculis -singulis 2_-ovulatis: ovula oblonga, anatropa, placentæ quasi ventre hærenlia, proptereaque (initio saltem) subperitropa. (Frucius non suppetit.) Crescit in Madagascaria. Adumbrationem prærmissam scripsi e-speciminibus Thuarsianis.. quæ in Herb. Musæi parisiensis continentur ; paucissimis a diagnosi Thuarsiana (in Nov. Gen. Madag., loc. cit., evulgata) repetitis. Folia subdentata dicit Tavarsivs ; pleraque integerrima mihi visa sunt. Stirps est super florum structura et exiguilate, admodum eongener Ca- ralliæ cui in herbario Wallichiano n' 4880 nomenque Caralliæ lucidæ Roxb. indita sunt, sed certe ab ea diversa, Ovula Caralliæ istius indicæ rite pendula, numero sæpius octona et in loculos À distributa, stigma vulgo A-lobum, calycemque utplurimum 6-7- merum deprehendi. Caral- liæ lucidæ Roxb. stigma trilobum dicitur, genitaliumque tegmina 6-7-par- tita (Cfr. RoxB. Pl. corom., loc. cit.). Alteram insuper Caralliam e ZLeylania ortam (auctore WaLKkERo in Herb. Lessertiano) nec fortassis a Carallia ceylanica Arn. (in N. Act. nat. cur., tom. XVIII, part. 1 [1836], p. 33/1) diversam, similiter dis- secui cujus sepala numero erant 7-9, petala totidem, stamina 44-18, stigmata 9, ovariumque perfecte 5-loculare et 40-ovulatum. Propterea miror çur clar. ARNOTT Caralliæ ovarium uniloculare germinique K an- deliæ qua de causa consimile pronuntiaverit (Cfr. N. Act. N.:Cur., loc sup..cit., et Ann. ist, nat., tom. I, p. 874). | Caralliæ species quædam, summopere à €. madagascartensr diversa , corticeque gummifero donata, Bovinio , prope Canambo insulæ Marianæ, aprili mense (an. 1851) occurrit, quæ floribus destituta pro Cassipurea, sed perperam, ni fallor, ab-inventore habila est. | Pootia ceriopifolia Miq. (in Pl. exs.,e terra Canarensi, Fr. HonenacC- KERIO an. 1847 edit., n. 307) calycem sæpius 9-partitum, petala novena, stamina autem duplo numerosiora, stigma 5-lobum, ovarium 5 -loculare, ovulaque 2 in singulis loculis pendula exhibet, quapropter legitima Ca- ralliæ species est, nec nomine generico novo salutari meretur ; imo wix a planta Wallichiana modo citata (Catal. pl. Ind. Or., n. 4880) suffi- cienter discrepare videtur ; patet enim variare in eadem stirpe, apud Ca- rallias, partium quibus flos constat numerum. FRAGMENTUM PRIMUM. 19 $ IT. Ruizopnoreæ ovario libero instructæ s. Lecxorinex. (Lecxorinex Endl., Enchir. Bot., p. 635). V. cassiPurREa (1) Aubl., P!. Guian., t. 1(1775), p. 529, tab. 214. — DC., Prodr., t. IE, p. 83. — Endi., Gen. pl., n. 6104. — Lzcnoris Swartz., Prodr. vegel. Ind.occid, (1788), p. 84 (2). := Ricuxa Thuarsio, Gen. nova Madag.. (1811), p.295, n. 8h. — Wrmca Spreng., Syst. vegel., t. IL (1895), p. 594. Cassipureæ africanæ quæ sequuntur ab americano {ypo quem in C. guianensi Aubl. intueri licet, parum recedunt, nec designa- ionem peculiarem merentur. Cassipureæ autem orbis novi flores suos nascentes in bracteis conchatis quasi in capsella concludere non assueverunt, stylumque sericeum ultra calycem sæpius pro- trahunt. | Genus in utroque orbe naturalissimum, ut diei solet, deprehen- ditur. Quod Raizopnoreis typicis legitime annumeratur, vix dubi- tandum. Neque obstat discrimem ex ovario plane libero ductum, si modo animadverteris quam parum sibi constet germinis in ealyee conditio." Etenim dum immersum alte latet in calyptra multifida Bruguieriæ, emersum contra et subliberum apud Rhizophoras genuinas adparet, varieque in Ceriope et Carallia, ivpis qua de causa medns, calyculo adnascitur. Cassipurea nostra ovata et madagascariensis foliis crassis ei coriaceis, simulque cum C. leptoclada et microphylla cymis pauci- floris insigniuntur ; Cassipureæ contra lanceolatæ, gummifluæ et phæotrichæ peculiarem præstant notam anthemia multiflora quæ nondum evoluta, imoet rite evoluta (v. g. apud €. gummifluam), elomulos mentiuntur. 1. Cassipuren madagascariensis DC., Prodr., tom. TI, p. 34.— Weihcea madagascarriensis Spreng., loc. cit. — FRUTEx erectus, ramis decussatis, moxque prorsus glabratis; hornis levibus et in (4) Cassipurea a voce Galibiensi verisimiliter derivatur. (2) Legnotidis Sw, cum Richæia Th., Carallia Roxb. et reliquis Rarzcpnorets necessitudines ill. R. Browxio indigitantur in sua de Flora congoensi supra lau- data dissertatione, (Ed. gall., p. 44.) 1920 L.=R. TULASRE. -- FLORÆ MADAGASCARIEXNSIS nodis dilatato-compressis; annolinis et senioribus teretibus ac lenticellis pallidis signatis; cortice omnibus pallido. Focra coriacea, antice lucida, obovata, elliptica v. oblonga, brevissime et obtuse acuminata, basi autem abrupte cuneata, obsolete remote et obtuse ultra medium serrulata, quandoque etiam subintegerrima , 5-6 centim. et quod excedit longa, 25-30 millim. lata, petiolo semitereti etcentimetrum circiter longo suffulta, adultaque ex omni parte glaberrima ; venis omnibus præter costam æquo modo exilibus, laxis, subtusque vix prominulis. SripuLÆ breves (3-4 mil - lim. longæ), mox deplanatæ, obtusæ (oblongo-triangulares), glabræ cito- que caducæ; axilla glabra. FLORES axillares, geminali (cyma abortu 2-flora) v. rarius solitarii, singuli initio bracteis 2 suborbicularibus obtusissimis coriaceis extus fulvo-sericeis et basi connatis quasi calyculo excepti, postea emergentes pedunculoque accreto tereti fulvo-sericeo brevi (3-h mm. longo) apiceque articulato (sine bracteolis) sese excipientes , bracteis tunc delapsis. ALABASTRUM globosum, obtusissimumque. CALYx coriaceus, persistens, extrorsum totus dense fulvo-sericeus, et in partes 5 (rarius 6) alte dissectus ; divisuris æqualibus, ovato-acutis, introrsum oslaberrimis et colore ut videtur saturatioribus , initio valvatim connexis, tandemque patentissimis. PETALA tot quot sepala, iisdem paulo longioribus alterna, fauci calycinæ (disco æquali ni fallor ilitæ ) inserta, ovato- oblonga, obtusa {cymbiformia), in margine toto fimbriato-lacera (lacinu- is 10-12 anguste linearibus), brevissime unguiculata, hine et inde glaber- rima el caduca. STAMINA plerumque numero 15, glaberrima, et cum pe- talis longioribus inserta ; quæ iisdem opponuntur, ïis breviora quæ sepala spectant; filamentis linearibus, crassiuseulis; antheris lincari-oblon- gis, extrorsum arcuatis, utrinque obtusis et integerrimis, in medio autem sulcatis, propterea 2-lobis, longitrorsum 2-rimosis, introrsis, atque mo dorso fuleimini hærentibus et continuis. Ovariux liberum, subhæmisphe- ricum (e parietibus crassis), trilobum (3-sulcatum), obtusissimum, parce fulvo-sericeum, intusque 3-loculare et 6 -ovulatum; ovulis globosis, ana- tropis, et e vertice uniuscujusque loculi geminatim pendulis. SryLus co- lumnaris, sepalis brevior, et in vertice incrassato ac perforato obtuse 3-lobus. Bacca obovato-globosa, 3-sulcata, in vertice (umbilicato) stylo arido ornata, fere sesquicentimetrum longa, glabrata, calyce emarcido et reflexo stipata, ac oligosperma. SEMINA ovato-oblonga, utrinque obtusa, compressa, pendula (funiculo haud conspicuo) , arilloque luteo adpheito et seipsis triplo fere breviore instructa s. cucullata; tesla coriaceo-mem- branacea, atra, levis et glaberrima ; endospermium carnosum. EuBryo.…. (vix accretus suppetit). S | — FRAGMENTUM PRIMUM. 121 Oritur in Madagascaria; circa Angontsi cl. RICARDO nostro occurrit (Herb. ejus, n. 7). Specimina Thuarsiana quæ præ oculis habui fructus immaturos mihi ministrarunt. Thuarsiana diagnosis (in Nov. Gen. Mad., loc. cit.) rudis est nec na- turæ in omnibus consentanea. Cassipurea ovata +. — FRUTEx glaberrimus, ramis decussatis, rigide assurgentibus et foliosis; annotinis corticem lenticellis albentibus copiose signato-asperatum induentibus. FoLia ovata, ovato-elliptica, v. ovato-oblonga, brevissime late obtusèque acuminata, basi rotundata et integerrima, 3-4 centim. longa, 20-25 millim. lata, margine duro et integerrimo definita, admodum coriacea, glaberrima, petioloque crasso et brevissimo (2-3 mm. longo) innixa; costa crassa, venis autem se- cundariis pari modo exilibus posticeque reticulato- prominulis; pagina antica levi et nitente. STIPULÆ oblusæ, mox extrorsum revolutæ; axilla ad tempus fulvo-tomentosa. CvMÆ axillares, 2-3-floræ aut quidem unifloræ, subsessiles , axi modice fulvo-pubenti. FLORES singuli pedi- cuo exili subglabro centimetrum longo erectoque tandem suflulti, primitus vero bracteis formæ solitæ ac subglabris incarcerati. SEPALA 5-6 anguste oblonga, acuta, extus fulvo-sericea, demumque patentissima. STAMINA sepalis multo breviora. OvariuM glabrum styloque stamina nonnihil excedente et in apice dilatato-subinfundibuliformi terminatum. Nascitur Mayottæ Comorensium, loco dicto Chongui, julioque floret (Bovinur Herb., n. 5410 bis). Foliorum forma et natura a congeneribus primo obtutu distinguitur. Cassipuren Innceolata +. — FRUTEX circiter 3-/-metralis, ra- mis ab initio glaberrimis, foliosis, decussatis, assurgentibus; annotinorum cortice lenticellis albentibus signato et asperato. FozrA lanceolata v. ôblongo-lanceolata, hinc in acumen longum obtusumque, illinc autem in petiolum centimetro sæpius breviorem (aut glaberrimum aut margine pubentem) desinentia, 8-12 centim. et quod excedit longa, 25-40 millim. lata, nunc integerrima , nunc ultra medium obtuse et remote serrata, utrin- que à principio glaberrima, antice levia nitidaque, postice autem subtiliter reticulato-venosa, costa prominente. SriPuLÆ late ovato-oblusæ, in apicis dorso margineque parce albenti-pubentes; axilla subglabra, rarius fulvo- tomentosa. CYME axillares, solitariæ, subsessiles, modo paucifloræ, modo contra 20-30-floræ, brachiis tunc iterum iterumque dichotomis, cunctis vero brevissimis; floribus propterea nondum explicatis, qui scilicet brac- "4 199 L.-R. TULASNE, — FLORÆ MADAGASCARIENSIS teis maternis involvuntur, glomulos densos sistentibus. FLOS autem unus- quisque, suis expeditus induviis, pedicello fulvo-pubente exili et semicen- timetrum circiter longo sese excipit. SEPALA 5 anguste oblonga, acuta, in calyculum brevem inferne coalita, extrorsus fulvo-sericea, introrsum gla- berrima, initio ut solet valvarum instar connectuntur, tandemque :aper- tissima patent. PETALA 5 imæ calycis fauci inserta ejusque divisuris (bre- vioribus) alterna, longe angusteque linearia (liguliformia), apice in lacinias 3-6 filiformes quasi in digitos desinentia, et ex integro glaberrima. STAMINA 45 cum petalis (exterioribus) inserta, sepalis æqualia aut vix longiora, et glaberrima ; filamentis linearibus, subæquilongis , basi brevissime mona- delphis coronamque unicam imum ovarium cingentem sistentibus; anthe- ris introrsis, continuis, breviter oblongis, vix arcuatis cæterumque assuetæ structuræ. OvariuM hemisphæricum, obtusissimum, 3-lobum, glaberri- mum, s{yloque crasso cylindrico (apice subintegro et peltiformi)stamina æquante ac glaberrimo coronatum ; structura ejusdem interna ovulorumque numerus et situs normam consuetam sequuntur. FRUCTUS ovatus et glaber stylo calyceque (reflexo) emarcidis de more stipatur, ac tandem in valvas tres æquales a summo ad basim septifrage scinditur lateque dehiscit. … Vigere dicitur sub alta arborum majorum umbra, in insula N. Bé Ma- decassium boreali-occidentalium (PERvILLEr Herb., nn. 391 et 479); nascitur etiam in Mayotta Comorensium, v. gr. locis dictis Bouszt et Moussa-Péré (Bovinu Herb., nn. 3410 et 3410 ter). Flores fructus- que simul a novembri mense inde in januarium usque observantur. Staminum numerüus vulgo xv, aliquando, ni fallor, major oceurrit. h. Cassipurea phæotricha +. — FRUTEX ramis recentibus ob tomentum quo dense vestiuntur sordide et saturate rufis, annotinis autem glabratis, teretibus et corticem integrum induentibus ; materie dura, me- dulla autem exili. FoLiA, ramorum instar, decussatim opposita, paten- tissima, obovato-lanceolata, in acumen longum producta, basi cuneata, 6-10 centim. longa, 25-40 millim. lata, modo integerrima, modo ultra medium marginem obsolete remoteque serrata (sinuhus inter denticulos obtusissimis), tenuia, utrinque subtiliter venosa (siccata), primitus par= cissime et in costa petioloque præsertim puberula, adulta autem, præter. paginam petioli (semicentimetrum circiter longi) anticam diu sordide rufo- tomentosam, glaberrima. STIPULÆ ovato-obtusæ, sericeo-pilosulæ, cadu= cæque. CYMÆ axillares in tot glomicellos sessiles et dense multifloros con tractæ; bracteis parcissime pubentibus; calyce extus parce fulvo-sericeo, (Flos explicatus desideratur.) FRAGMENTUM PRIMUM.. 193 Provenit in Macroneso Madecassium, PERVILLEOque nostro occurrit anno 1551, (Cfr, Herb. Bovinir.) ). Cassipurea leptoelada +. — FRUTEX ramis tornatis, gracil- limis ; novellis vix pubentibus, adultis autem prorsus glabris; ligno duro, pallido, medullam parcam fovente, corticemque integrum et lenticellis si- gnatum induente. FoLrA secundum morem decussatim opposita, ovata , ovato-lanceolata vel oblonga, in acumen longum obtusumque desinentia, basi cuneata et peliolo brevissimo (nempe 2-5 millim. longo) innixa, 6-8 centim. longa , 25-35 millim. lata, nunc integerrima, nunc ultra medium aut sub acumine tantum grosse serrata ; recentissima in dorso rufo-sericea , adulta autem hinc et inde glaberrima nitidaque, nec nisi im fulcimine antice tomentella simul et rufa ; vents secundariis admodum pa- rique modo exilibus et subtus prominulis. STIPULÆ ovato-acutæ et parce fulvo-sericeæ ; axilla initio tomentosa. CyYMÆ axillares, sessiles, 3-5- (quandoque etiam 4-2-) floræ ; bracteis subglabris ; calyce autem dense nitideque rufo-sericeo. (Alabastra recentissima tantummodo suppetunt.) Crescit ad sinum Suarezianum Madagascariæ borealis, auctore Bovinio, qui.specimina modo adumbrata a Ricarpo accepit. ( Bovinir .Herb., n. 2666.) __ 6. Cassipurea gummiflua +, — Chailletia multifida Bvn.,insched. msc.— FRUTEx undique glaberrimus, ramis oppositis, stricte assurgentibus, tornatis, corticemque vix punctulatum induentibus ; annoti- nis et senioribus in nodis nonnihil tumentibus ; recentioribus plerisque longe exilibus alternisque vicibus hinc et inde obsolete ancipitibus. Forra oblonga v. oblongo-lanceolata, acuminata, acuta, basi brevissime cuneata, integerrima v. multo rarius obsolete, vix manifeste, remoteque ultra me- dium serrulato-crenata, 10-15 centim. longa, 4-5 centim. lata, et utrin- que (siccata) prominenti-venosa, vents omnibus præter costam pariter exi- libus ; petiolo valido, antice sulcato, ac centimetrum circiter longo. STIPULÆ crassæ, triangulari-acutæ, brevissimæ , resinæ (s. gummi) causa e gemma recenti abunde profluæ primitus coalitæ , tandemque de more caducæ. FLOoREs exigui, subsessiles, et im axillis oppositis (resinifluis) faseiculato-congesti, pseudo-verticillos 25-/40-floros sistunt ; horumce suf- fulcris omnibus in tubercula solitarie alaria, globosa, mole varia sessi- liaque contractis. Cazyx cyathoides, rubens (siccatus), in petiolulum bre- viter attenuatus, brevius præterea 5-dentatus, dentibus sinubusque acutis, totusque vix lineam excedens, PETALA 5 imo calyci, marginis inter dentes, 42! L.-R. ŒULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS inserta, breviter exserta, angustissime linearia, et in lacinias 5-7 filiformes superne dissecta. STAMINA 10 petalis paulo longiora, alia 1sdem, alia(paulo Jongiora) dentibus calycinis anteposita , omnia ex ima externaque disci annularis liberi et in acie minute repando-crenati pagina orta ; filamentis linearibus, compressis et in apice subuncinatis ; antheris ovato-oblongis, basi emarginatis, introrsis, 2-lobis et 2-rimosis. OvariuM subhemisphæri- cum, obtusum superneque parce pubens, stylum gerit crassum, teretem, apice truncatum et calyce nonnihil protractiorem, sæpiusque in loculos 2 singulatim 2-ovulatos dividitur; septo autem quandoque imperfecto, sub- uniloculare evadit, ovulis tamen 4 (anatropis et funiculo destitutis) e summo utero semper pendentibus. (Fructus non suppetit.) Habitat cacumina montis Loucoubé in Macroneso Malacassium, martio- que floret, Bovinio teste. À congeneribus omnibus hic descriptis ob gemmas axillasque gummi- feras , stipulas solito multo minores, floresque exiguos, sessiles, rubentes et ab omni parte præter summum ovarium glaberrimos, primo obtutu distinguitur. 7. Cassipuren mieroplhylla +. — FRUTEx orgyalis, ramis folio- sis; novellis sordide pubentibus, adultis contra glabratis, teretibus (multis exilibus), decussatim oppositis, rigideque assurgentibus vel vage patentibus ; corlice tenui, integro v. transversim rimato, citoque lichenum hospitan- tium crusta albente marmorato; materie dura, medulla autem angusta et tereti. FoLra obovata, oblonga v. sublanceolata, brevissime et obtuse acuminata , deorsum vero longe altenuata et in petiolum perbrevem (2-3 mm. long.) desinentia, apicem versus parcissime et remote serrulata aut in omni margine integerrima, 3-4 centim. longa, 12-18 millim. lata, nonnihil coriacea, adulta utrinque glaberrima (juniora autem in dorso et petioli marginibus parce pubent ) et subtiliter reliculato-venosa. STIPULE formæ solitæ, acutiusculæ et postice pubentes (fulvo-sericeæ); axilla haud aliter atque ramo recenti sordide tomentella. CyM£ solitarie axillares, parce pubentes, subsessiles, et semel dichotomæ ; brachio utroque brevissimo, 2- vel 3-floro, interdumque abortu unifloro. ALABASTRUM bracteis solilis parce pubentibus involutum sphærulam exiguam refert. FLos rite expli- catus pedicello sordide fulvo-tomentoso, erecto, vixque 2 millim. longiore utitur. CALYCIS sepala anguste oblonga acutaque a tergo pubem adpressami et dilute fulvam induunt, tandem reflectuntur ovariumque fructum fac- tum stipant, BAccA subexsucca, scilicet pariete tenui et subarido exstructa, formam ovalo-acutiusculam obtinet, longitudine 6-8 mm. circiter æquat, FRAGMENTUM PRIMUM. 125 sulcis 3 angustis notatur, parcissime pubet, stylo arido (seipsa dimidio breviore , apiceque elypeiformi obsolete 3-lobo et vix pervio) terminatur, sæpiusque semen unicum (loculis 2 ovulisque 5 suffocatis , sterilibus) | sibimetipsi conforme pendulum arillatumque fovet. Testa ïistius atra tenuisque endospermio garnoso et albo, ex quo tota fere seminis moles consistit, maxime hæret. EMBRYO perexiguus, e radicula longa rectaque | et cotyledonibus 2? tenuibus, ovatis, arcte sibi invicem ventre adplicitis, | inversus rectusque media perispermii interanea tenet. : Oritur in arenis maritimis Madagascariæ occidentalis, terræ scilicet | Ambongo dictæ (Pervizcet Herb., n. 534). Fructus februario matu- | rescunt ; qui suppetunt alabastro nondum explicato hinc et inde basi | sæpius stipantur; proveniunt enim e flore medio uniuscujusque cymæ di- chotomeæ. Foliorum exiguitas præcipuum stirpis modo descriptæ criterium est. De flore illius si plura non dixerim , causa in speciminum descriptorum conditione versatur. HA LORAGEX. Hazoracezæ R. Brown, Gen. Rem. on the Bot. of Terra austr. (1814), p. 47. — DC., Prodr., t. HE (1898), p. 65. -— G. Don, Gen. Syst. of Gard. and Bot., {. If, p. 700. —Endl., Gen. pl., p. 1195.— Lindl., Feget. Kingd., p. 722 (edit. princip.), serpPiCuLA Linn., Mant. plant., p.16. — Lamk., Zllustr. gen. pl., t. TE, p. 349, tab. 758. -_- Endl., Gen. pl., n. 6156. = LaurensençrA Bergio, Descript. plant. Cap. B. Sp. (1767), D. 290. 1. Serpicula repens Linn., Mant., 124. — Thunb., F1. cap. (edente Schult., a. 18238), p. 142. — Lam., LU. gen., loc. cit. (icone a BerGio repetita). — DC., Prodr. regni veget., tom. I, p. 65. — Laurembergia repens Berg., loc. cit., tab. v., f. 10 (quoad habitum fida). — HERBA perennis (ut videtur), glaberrima, cæspitosa, caulibus exilibus, longe flagelliformibus (nempe 2-3 decimetra et quod excedit longis), parce ramosis , ab ima basi ad apicem usque foliosis, pro maxima parte decumbentibus v. reptantibus et radices hine et inde exserentibus, recentioribus obsolete tetragonis, senioribus autem te- retibus factis. FoLtA opposita, quandoque (suprema frequentius) disso- ciata, anguste oblongo-linearia, vix acuta, longiuscule deorsum te- nuata, sessilia, 8-12 millim. longa, 3 mm. circiter lata, integerrima aut 426 L.-R., TULASNE., — FLORÆ MADAGASCARIENSIS remote et obsolete denticulo uno v. uno et altero utrinque aucta, patula, exsiccataque subavenia. FLORES minimi, monœci, in foliorum axillis glo- merali (8-12 insimul), et ebracteati, fulcro perquam exili brevique singu- latim utuntur, masculis autem longius pedicellatis et in smgulis glomeri- bus vulgo paucissimis. CALYx'utriusque sexus ufceolatus, 8-striatus, sub limbo 4-fido nonnihil constrictus, divisuris brevissimis triangulari-acutis et æqualibus. COROLLA apud fœminam nulla ; apud mares e petalis 4 sub- scariosis, anguste oblongis, concaviusculis, apice acutis et introflexis, fauci calycinæ inter dentes insitis, longiusculis et caducis constat. STAMINA in solis masculis obvia, cum petalis alternantibus et paulo longioribus inse- runtur; flamentis brevissimis ; anthertis lineari-oblongis, pétala subæquan- tibus, 2-lobis, 2-rimosis, introrsis, basifixis, utrinque integris caducis- que. Ovarrum calycis fæminei tubo ventricoso pro maxima parte adna- tum, ultra faucem brevissime liberum, vix dentes excedens, et stymati- bus hi sessilibus iisdém dentibus alternis ac in papillas bréves pallentesque penicillato-laceris coronatus; apud mares oblitteratum videtur. Quod rite evolutum si scideris, utérum Ssimplicem aperies cujus e fornace ovula 4 perexigua, anatropa, oblonga et funiculo subdestituta dependent. Nucura matura e pediculo brevissimo pendet, globosa, minima, et costis 8 rugo- sis obtusisque longitrorsum ornata ; e pariete osseo formatur, limbo ealy- cino haud accreto stigmatibusque aridis coronatur et semen unicum fovet. In Madagascaria lecta fuisse videtur a beato THUARSIO, cujus in herbario specimina descripta continentur. Hæcce cum plantula .Thunbergiana au- thentica (in phytotheca Purretiana olim servata, nuneque e thesauris musæi nostri paris.) ex-omni parte congruunt ; Serpicula autem repens herbarit (capensis) Dregeani ob pubem universam, calicemque maseulum longissime pedicellatum et omni tubi seu ventris vesligio destitutum a LE tula nostra “discrepat. 2. Serpicula veronfeæfolia Bory., Voy. aux [les d'Afriq., t. IL (4804), p. 174,not.2, — DC. Prodr.,t. I, p.65.— HERBULA sane perennis, cæspitosa, undique glaberrima, caulibus obsolete tetragonis, pro- stratis, radicantibus denseque foliosis. Forra decussatim opposita, minima, ovata v. angustius obovata , vix acuta, in petiolulum semiamplexicaulem attenuata, 5-7 millim. longa, 2-h lata, integerrima +. (latiora) crenato- serrata, anticeque colore saturaliora: FLORES minimi, monœæci, in cymas solitarie axillares, ebracteatas, sessiles et 3-7-floras digesti (de specie glo- merati), masculi pedicellis exilibus folio subæqualibus, feminei contra ful- cris multo brevioribus et quandoque vix manifestis, instructi. CALyx mas- FRAGMENTUM PRIMUM. 197 culus e sepalis 4 ovato-aculis et subliberis; fœmineus autem breviter tubuloso-ventricosus et 4-gonus, superne in dentes 4 acutos brevesque scinditur. CoroLLA in solis maribus obvia, e petalis 4 anguste lineari- oblongis, acutis (subuncinatis), imo calyei insitis ejusque divisuris (duplo brevioribus) alternis constat. STAMINA apud mares {ot quot pelala, et ibi- dem inserta, dentibus calycinis opponuntur ; filamentis brevissimis, per- quam exilibus et vix manifestis ; antheris linearibus, tetragonis, crassis, utrinque integris, quam pelalis paulo brevioribus, imoque dorso fulcimini continuis. Ovarir vestigium obsoletum centram floris masculi tenet; germen autem feminæ calycem 1llius replet (feretotum adnatum), papiilis h stigmatiferis, discrelis, et calycis sinubus respondentibus coronatur, locu- loque unico confoditur eujus e vertice ovula 4 oblonga, circinatim, singula sub singulis stigmatibus, disposita, sine funiculis manifestis pendent. NUCULA perexigua calyeis limbo coronata, breviter ovato-truncata, atque subteres, angulis À primarüs et totidem alternis vix prominulis, cunctis obtusis nec rugosis, signatur. Plantulæ nostræ specimina in herbario Thuarsiano apud musæum pari- siense continentur ; utrum vero in Madagascaria aut in Mascarenis insu- lis lecta fuerint, ambigitur. À præcedente propter fructus haud globosos nec rugulosos nullo negotio distinguitur. EL W'REN ER A EH RO. Lyrarariez Juss., in Levraldi Lexic. Sc. nat.,t. XXVII (1893), p. 53 (typis paucis exceptis). — DC. in Act. Soc. hist. nat. Genev., t.. H1 (1896), part. alt., p. 65; Prodr. regni veget., t. LI, p. 75. — Georg. Don, Gen. syst. of Gard. and Bot... Il (1832) ,.p.706. —-Endl., Gen. pl, p.1198.— Wight, IHustr. of Ind. Bot., t. 1 (1840), p. 204. — Lindl., F’eget. Kingd. (edit. prineip.; 1846), p. 574. — Waïp., Repert. Bot. syst., t. IE, pp. 104 et 916, ac t. V, p. 673 ; Annal. B. syst.,t. 1, p. 294; t. 1, p. 538, et t. HE, p. 865. Lyrsrarieæ huc usque in Malaeassia obviæ ad cohortem sin- cerrimam Eulythrariearum Expuicneri, quibus semina aptera im- pertita sunt, omnes spectant, aliæque bumilem herbarum naturam, alæ e contrario fruticum vel arbuscularum digniorem sortem obtinent. 125 LR. TULASNE, —-— FLORÆ MADAGASCARIENSIS $ I. EULYTHRARIEÆ HERBACEZ. _ L moraA£A (1) Linn., Mant., p. 175: — DC., Prodr., t. I, p. 75. — Endl., Gen. pl., n. 6143. — Wight, Zcon. plant. Ind. or.,t. 1, n. xui, 260, tab. 260 (R. verticillaris L. et.R. Roxbur- ghana Wight). Rotala pusilla +. — HERBA (annua, ut opinor ) minima , ex omni parte glaberrima pallensque, tenella et cæspitosa, caulibus tetragonis, 3-5 centim. longis, ex ima basi et ramosis et dense foliosis, ramulis pa- tenti-assurgentibus. FoLiA decussata v. ternatim verticillata , sessilia et anguste linearia , 3-5 millim. longitudine metiuntur, patentque. FLORES solitarie axillares, sessiles, perexigui, ex ima caulium basi ad eorumdem usque apicem nascunlur, bracteaque setacea et seipsis æquali ab utroque latere stipantur. CALyx cyathiformis, e membrana levi ac tenuissima fac- tus, in dentes 5 æquales et triangulari-acutos alte scinditur, sinubus acu- tissimis nudisque. CoROLLA nulla. SramINA vulgo tria, sub calycis fauce inserta, ejusdem dentibus nonnihil breviora manent; duo iisdem divisuris anteponuntur, tertium vero sinum tenet ; filamenta exilia et persistentia, antheræ autem ovatæ introrsæ minimæque deprehenduntur. OvVaRIuM liberum, ohovatum et obtusissimum, stylo brevissimo cui stigma globosum imponitur, coronatur, moxque in capsulam conformem, obtuse trigonam, calyce nonnihil accreto totam exceptam, styloque haud elongato mucrona- tam vertitur. CAPSULA matura in valvas 3 æquales leves tenuesque a ver- lice septicide (id est secus sulcos extrorsum exaratos, septis vero non manifestis) scinditur, modice panditur (lobis basi late cohærentibus), locu- lumque simplicem cui imo placenta exigua, seminibus 8-12 ellipticis levibus glabris erectis ac sessilibus onusta, latens hæret, aperit. Provenit in Madagascaria, BEnNEriIoque occurrit. (Bovinit Herb., n. 2692 bis. ) Plantula paludosa, riparia v. fontinalis videtur, ac propter calvcis for+ mam naturamque Cuscutas nostrates quodammodo imitatur, IT. AmmAnNnrA (2) Houst., in Linnæi Gen. plant. (edit. VI, 1764), p. 61, n. 155.— Lam., Zllustr.gen., t. F, p. 310, tab. 77. (1) Sic dicta quasi ad rotæ similitudinem accedens, propter foliorum in R.ver- licillari distributionem. (2) Dicatum est genus hoc Joanni Aumaxx, medico petropolitano, qui de plan: üs Finniæ rarioribus disseruit, aut Paulo, patri ejus, vrauslaviensi. FRAGMENTUM PRIMUM. 199 — DC., in Act. Soc. genev., supra cit., tab. 2 et 3; et Prodr., loc. cit. — Endl., Gen. plant., n. 6146. 1. Anmmannia madagascariensis Byn.,in sched.mss.— HERpA annua , glaberrima , 3-6 decimetra alla, radicibus fibrosis e stipite quasi præmorso natis obfirmata , caule tetragono (angulis subobtusis v. angus- tissime limbatis), erecto, inferne ligneo, toto dense ramoso simul et folioso, ramis decussatis, stricte assurgentibus ac tetragonis. FoLiA opposita, ses- silila (de specie semi-aniplexicaulia), linearia, e basi scilicet dilatata et obtuse cordato-auriculata ad apicem acutum paulatim angustata, integer- rima, 45-20 millim. longa, 2-3 lata, adullaque patentissima. CYMÆ exiguæ, laxiusculæ vel contractiores, solitarie axillares, subsessiles v. axi brevissimo semperque admodum exili utentes, modo trifloræ tantum , modo duplici v. triplici vice ‘dichotomæ, tuncque, brachiüis nonnullis abortientibus, 5-10-floræ ; bracteis omnibus linearibus et brevissimis. FLORES minimi breviterque pedicellati. Cazyx e membrana tenui, octonervius, 4-fidus, divi- suris late triangulari-acutis initioque valvatis, sinubus autem dente exiguo auctis. PETALA 4 minima, late obovata, obtusissima , integerrima , in un- guem exilem tenuata, sub calycis margine inter ejus lacinias inserta, vio- lacea (ait Bovinius) ac citissime caduca. STAMINA À, medio parieti calycino affixa, ejus laciniis majoribus anteposita, easdemque longitudine æquantia; filamentis exilibus ; antheris ovato-globosis, integris, dorso medio affixis et versatilibus. Ovarium globosum sessileque in capsulam conformem , Stylo brevi (vix enim majore facto) stigmaque globosum gerente termina- tam et calyce accreto (seipsa tamen paulo breviore) exceptam, tandem mu- tâtur, quæ e parietibus tenuissimis facta , a vertice in partes 4 oppositi- sepalas alte scinditur, uterum vix partitum (septorum 2 cruciatorum vel unici vestigiis-obsoletis in imo loculo quandoque superstitibus ) aperit, placentamque crassissimam, sphæricam, de specie centralem et sessilem, seminibus undique coopertam, iisque avulsis quasi scrobiculis signatam re- _velat. SEMINA perexigua, elliptico- s. obovato-globosa, nonnihil compressa, _nunc pallida et glabra sed rugulosa, nune e contrario badia et propter pilos ! consitos undique hispidula reperiuntur. EmBryo rectus et exalbuminosus _cotyledones 2 de more subsagittatas simul et radiculam breviorem, ovatam crassamque exhibet. Creseit in paludibus Macronesi Malacassium (Bovinii Herb., n. 22 C6 PEerviz.) et Mayottæ comorensis (nempe prope Bouent et Cahouenti. — | Bov. Herb.,n. 3413); CAPELIERO, anteaque THuaRsIO ipsi occurrerat, 4° série, Box. T. VI. (Cahier n° 3.) ! 9 150 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARISNSIS Proxima accedit, super foliorum forma, styli brevitate, capsulæque cras- situdine, ad Ammanniam multifloram Roxb., bengalensem ( WazLicHir Herb., n. 2104 A), quæ autem caulem filiformem subsimplicem et acu- tissime tetragonum ( angulis oculo armato subdentato-scabris ), anthemia graciliora et depauperata, seminaque, ni fallor, tetragona glabraque obtinet. 2. Aummanmia indiea Lam., Z{lustr. gen. pl., tom. I, p. 3114, n. 1555. — DC., Prodr., tom. I, p. 77, — Wight, Herb. prop. Pen. Ind. or., n. 1024. — Samolus madraspat. floribundus, verticill. plurimis dense stipatis.…. Petiv., in Herb. Vaillan- tiano (nunc e thesauris Musæi paris. ). — HERBA annua, glaberrima, ses- quispithamam cireiter alta, radicum cirrhum fibrosum densumque inlimum agit, subito tetragona (angulis acutis et inermibus) assurgit, ramos paten- tissimos foliososque ab ima basi decussatim protendit formamque subpy- ramidalem quapropter obtinet. FoLrA anguste lineari-lanceolata, utrinque acute tenuala, sessilia, integerrima, 15-20 millim. in longitudinem et vix 2 mm. in latitudinem metiuntur, fereque omnia anthemium (patenti-de- missa) stipant. CyMÆ singulæ sessiles et 3-9-floræ , glomulum fingunt, bracteis bracteolisque linearibus et brevissimis instructum ; floris uniuscu- jusque minimi pedicello exili itemque perbrevi. CaLycis 4-5-meri sinus dentiformes productiores , laciniæ autem paulo angustiores, imaque pene- tralia contractiora quam apud À. madagascariensem modo descriptam deprehenduntur. PETALA etiam in alabastro occluso sedulo quæsita , con- stanter desiderari videntur, STAMINA 4-5 primariis calyeis divisuris oppo- nuntur nec eas æquant; anfheris semper introrsis. CapsuLA globosa minima calycemque nonnihil excedens, stylum brevissimum in modum apicis gerit, et semina fovet plurima obovato-angulata badia et glaberrima. Palustris habitare Madagascariam, Tauarsioque cujus in herbario spe- cimina descripta reponuntur, quondam fuisse obvia videtur. Flores pentameri mediam s. primariam cymarum axillam potissimum tenent ; petala tum ab eis cum a cæleris semper frustra petii. Specimina indica Wightiana et Petiveriana citata, quæ in Musæo parisiensi conti- nentur, a malacassiis nostris neutiquam discrepare explorata videntur. IT. nesæaA (1) Commers., in Jussiæi Gen. pl., p. 332, — DC., Prodr., t. H}, p. 90. — Endl., Gen. pl., n. 6147. 1. Nesæa trifiora Knth., Nov. Gen. ct Sp., tom. VE p. 191, not. 2,4 et 5. — DC., Prodr., loc. cit, — Wight, Ze. pl. Ind. Or., (1) Nesæa (Nycw) nympha maris s. Oceanitis creditur, | FRAGMENTUM PRIMUM. 131 tom. I, n° XIII, 259, tab. 259 ; JUustr. of End. Bot.,t. 1, p. 205. — Lythrum triflorum Linn. fil., Suppl., 249. — Poir., in Lamk, En- cycl. Bot.,tom. VI(1804), p. 456, n° 12.— Sieb., F1. maurit. exsice., part. I, n° 224. — HErBA glaberrima, obtuse et obsolete tetragona, sur- culos graciles prælongos repentes radicantesque, nec non caules parce ramosos stricteque assurgentes et 3-9 decim. altos simul agens. FoLra decussatim opposita, in surculis ovato-elliptica, obtusa, in petiolulum acute desinentia, centimetrum circiter longa et dimidio angustiora; in cau- libus contra multo majora (nempe 25-35 mm. longa et 8-12 lata), sub- sessilia, lanceolata (inferiora), v. oblongo-acuta basique dilatata et subcor- data; omnia autem integerrima. CyMÆ solitarie axillares, erectæ, trifloræ, rarius verticillo geminato 5-floræ ; peduneulo exili, 10-30 millim. longo, quandoque summopere abbreviato ac subnullo, semperquein extremo apice 2-bracteato, éracteis oblongo-acutis sessilibus carinatis patulis floresque subæquantibus ; pedicellis brevissimis (2 millim. circiter longis) bracteola- que filiformi, seipsis paulobreviore, utrinque in ima basi singulatim stipatis. GaLyx breviter cylindroideus, suburceolatus, 8-10-nervius et 4-5-dentatus (nervis crassioribus margines sepalorum coalitos signantibus, minoribus au- tem sub vertice eorumdem oblique 2-sulcato facileque in lacinias 3 scissili evanidis); dentibus late breviterque 3-angularibus, acutis, initioque demore valvatis ; sinubus vero acutissimis singulisque in corniculum prominens angustato-plicalis ac productis. PETALA 4-5 late obovata, obtusissima, inte- gerrima, maxime corrugata, in unguem brevissimum tenuata (viva, ni fallor, violacea) calycique longitudine subæqualia. SramINA 8-10 parieti calycino paulo supra basim et in una eademque, ut videtur, corona insita, sub- æqualia, breviterque exserta. Ovarium 3-A-lobum, globosum, obtusissi- mum, s{yloque longe prominenti coronatum ; stigmate globoso, erasso, CapPsuLA globosa, calyce ampliato arcte excepta, nec exstans, in valvas 3-4 medio scissiles a vertice ad medietatem septifrage scinditur, placentam crassissime globosam et indivisam revelat nec non et semina plurima, minima, obtuse triquetra, hinc curva, sessilia, badia v. castanea, alia levia glabraque, alia e contrario pilis undique obsita et hispidula ; éesta eorum- dem crustacea , embryoneque solito. Crescit in paludibus et orizetis insulæ Bourahe, ex. gr. cirea Vatoulave (Berneru herb. n. 198; Boviniani n. 1698/2); olim etiam Tauansio obvia fuerat, Vernacule Calebanda et An-ane-voule, BERNERIO auctore, dicitur. Florem centralem uniuscujusque eymæ vulgo 4 -merum, laterales autem pentameros vidi;, hosce contra hexameros exhibet Wienrius, loco citato. 132 LR, TULASNE. -— FLORÆ MADAGASCARIENSIS 2. Nesæa polyantha +. — HERBA glaberrima præcedentis speciem præ se fert, in nodis autem peculiariter intumescit. FoLIA omnia subses- silia et integerrima sunt; inferiora obovato-obtusa sesquicentimetrum vix excedunt ; superiora vero quæ formam lanceolatam et utrinque longe acu- tam obtinent, 4-5 centim. in longitudinem et 40-15 millim. in latitudi- nem metiuntur. GymÆ trifloræ in singulis foliorum axillis plerumque geminæ nascuntur, subsessiles (pedunculo enim brevissimo remanente), bracteis bracteolisque pariter brevissimis et filiformibus instructæ. FLORES singuli pedicello exili semicentimetrum circiter longo sese excipiunt, nec nisi calyce crassius nervoso, cornibusque longioribus ornato, a floribus N.trifloræ modo descriptæ discriminati videntur. In Madagascaria Boyeri0 occurrit (Herb. mus. par.). $ II. EuLytTHRARIEÆ FRUTESCENTES, IV. PEmPHIs (1)J. et G.Forst.,Charact. Gen. plant. (1776), p. 67. — Juss., Gen. plant , p. 331. — DC., Prodr., t. I, p. 89. — Endl., Gen.pl., n. 6148. — Lrrun spec. Linn. f. Pemphis acidula Forst., op.cit., p. 68,t. 34. — DC. Prodr., loc. cit. — Lythrum Pemphis Linn., Suppl., p. 249. — Poir., in Lamk. Encycl. Bot., tom. VI (1804), p. 457,n. 14. — Mela- nium fruticosum Spreng., Syst. veget., tom. IT, p. 455. — M an- gium porcellanicum Rumph , Herb. Amb., tom. II (1743), p. 426, tab. 84. — FRUTEx ob pubem sericeam adpressamque totus cinereo canus, ramis oppositis, interdum subfastigiatis, dense foliosis ac teretibus. FOLIA instar ramorum decussata, anguste elliptico- v. li- neari-lanceolata, vix acuta, in petiolulum attenuata, integerrima, sub- avenia, 20-25 millim. longa, et semicentimetrum lata. FLORES solitarie axillares, pedicello exili, erecto, tandemque centimetrum longo suffulti, bracteolis 2 oppositis linearibus longiuseulis et quasi ex axilla florifera ortis initio singulatim stipantur, citissime autem eisdem orbantur. CALYCIS cyathiformis, 12-suleati (sulcis in summis limbi dentibus geminatim con - fluentibus) extrorsumque canescentis margo in dentes 6 late brevissimeque triangulares et vix aculos scinditur, sinubus acutis dente replicito, angusto, prinitus erecto et corniformi posteaque patulo et subuncinato singulatim auctis. PETALA 6 late obovata, suborbicularia, ut videtur corrugata, an- (1) Tépwrs S. méugë, bullam aere gravidam cujus Pemphidis capsula formam buodam modo refert, significat (Cfr. Forsteros). FRAGMENTUM PRIMUM, 133 _gusta, unguiculata glabraque, in summis calyeis sinubus et foveolis ante cornua modo memorata aptatis inseruntur. STAMINA 12, parieti calycino erasso (ex toto glabro) paulo supra basim adnascuntur, omnia vix exserta, alia (nonnihil longiora) petalis alterna, alia vix demissius in- serta iisdem e contrario opposita ; flamentis æque linearibus et liberis ; antheris breviter ovalibus, longitrorsum 2-rimosis, dorso medio aflixis et versatilibus. Ovarium brevissime stipitatum, globosum, et totum glaberri- mum, stylum rectum, exilem, brevem stigmateque capitato terminatum gerit, placentam centralem basilarem et vobsolete ohlongo-trigonam fo- vet, simulque septorum 3 vestigia angustissima 1llius spurie unilocularis _ parietibus hærent. Ovuca plurima, constipata, compressa, late elliptica, placentæ undique erecta sedent. CapsuLrA late obovato -ellipsoidea , calyce (accreto) breviore arcte excepta, obtusissima sed stylo longiori facto ornata, e pariete tenui nec nisi superne incrassato formatur, debitoque tempore sub vertice circumseinditur, operculo sic amoto septorum 3 ves- ligia solo retinente. SEMINA numerosa, cuneato-compressa, ob mutuar, pressionem angulata et inæqualia ; testa ossea, in ambitu autem et vertice crassiore veluti suberosa coloreque dilutiore ; tegmine embryonis exigui oblongi teretisque tenuissimo ; mole cotyledonea alba, cerea. Urescit inter scopulos in apricis maritimis Madagascariæ occidentalis, nempe ad sinum Vavatou-bé (PERvILLEr Herb. n. 272), et borealis, v. gr. ad promontorium Ambri (Facarpr Herb. n. 670 ; Bovinir Herb., n. 2434), sinum Rinianum et locum dictum Port-Lewen (Bov. Herb., n. 2693) ; provenit etiam in Macroneso, circa Ampombileva, et prope Pamanzi Mayottæ, auctore Bovinio (Herb., nn. 3413 et3414.). BERNERIO item olim occurrerat (Herb. n. 99). Rumpxn icon citata solitum fruticuli habitum frequentiorem male refert. Pube rariore v. copiosiore, foliisque interdum angustioribus variare æstimatur; nostra autem specimina ex omni parte inter se prorsus con- gruunt. Formam sistunt quam angustifoliam dixit RoxBURGIUS in suo plantarum horti calcuttensis catalogo (pag. 941); ejusdem iconem edidit Lamarckius sub titulo Lythri Pemphidis (Cfr. illius Zllustr. Gen., tab. 408, fig. 2). | V. LawwsONEA (1) Linn., Gen. pl. (edit. VI, 14764), p. 494, n. 482. — Juss., Gen. pl., p. 331.—. Lamk., Encycl. Bot.,t. WE, (1) Diciturin honorem Isaac Lawson, ex Angloram gente, qui Carolinæ plantas collegit. 13/4 L,-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS p. 106 (sub titulo gallico Henné s. Mindi). = DC., Prodr., t. I, p. 90. — Endl., Gen. pl., n. 6159. Lawsonia alba Lam., Encycl. bot., tom. IL, p. 106.; Zllustr. gen., tom. IT, p. Aë5, tab. 296. — DC., Prodr., tom. HI, p. 91: — Wight, Tllustr. of Ind. Bot., tom. [, p. 207, lab. 87. = Cyprus s. Alcanna Rumph., Herb. Amb., tom. IV (1743 ), p. A2, tab. 417. — Mail Anschi Rheede, Hort. Malab., tom. T (1678), p. 73, tab. 40.— Ligustrum ægyptiumet Cyprus Græcorum vete- ribus (Gfr. Lamk., 1. supra cit.). — FRuTEx 3-4 metr. altus, summopere dumosus, et ab omni parte glaberrimus, ramos agit oppositos v. ternos, ac patentes, quorum plurimi, inter exiliores ét breviores, in spinam sterilem desinunt ; annotinis corticem levem albentemque, senioribus rimosum et fibrillosum induentibus. FoLraramorum instar opposita v, terna, obovata v. ovato-lanceolata, minute apiculata, deorsum semper attenuata, subsessilia, 2-5 centim. lunga , 8-20 millim. lata, integerrima , et utrinque exiliter venosa, ANTHEMIA terminalia, amplissima, pyramidata, definita, e paniculis permultis, oppositis v. ternis, patentibus, similiterque definitis ; hisce soli- tarie v. geminatim et superposite axillaribus , atque e racemis definitis v. paniculis minoribus exstructis ; foribus singulis exiliter breviterque pedi- cellatis, et bractea lineari seipsis multo breviore citoque labente stipatis. ALABASTRUM globosum, mucronulatum. SEPALA 4 ovato-acuta, primitus valvata , tandemque late expansa, in calyculum brevem, tetragonum , et in sinubus nudis haud productum coalescunt ; fauce autem 1lhus replo an- gusto (seu inæquali tegminis margine quod intimus calyculus induere vide- tur) aucta. PETALA À (alba v. luteola odoraque, ut aiunt), replo isto, inter calycis lacinias seipsis multo minores, insita, sessilia ( ungue haud mani- festo), late orbiculata, obtusissima, maxime (tum in alabastro, tum etiam in flore explicato) corrugata, initioque anguste imbricata. STa- MINA 8 cum petalis paulo brevioribus inserta, geminatim (sed ab in- vicem remota nec approximala, præter GANDOLLIT sententiam) sepalis opposita, alia primitus (nempe sub calyce clauso) petalis involuta s. inte- riora, alia e contrario, nec pauciora, eodem tempore petalis aliis éxteriora s. incumbentia; filamentis omnibus teretibus apice tenuato-acutis et in. alabastro replicito-rugatis; anéheris breviter elliptieis, basi tantum emar- ginatis, utrinque obtusissimis, 2-lobis, imo dorso affixis et versatilibus ; lobis connectivo lato disjunetis et longitrorsum rimatis. Ovariuu globosum, sessile, stylo lineari, tereti, sepalis plus duplo longiore et in apice trun- cato integro nec incrassato coronatum , 4-loculare et multi-ovulatum ; FRAGMENTUM PRIMUM, 155 ovulis placentæ axili et tumenti in singulis loculis (qui cum sepalis alter= nant) aflixis, peritropis. GAPsuLA globoso-depressa, stylo deminuto mucrp= nata, calyce haud accreto et seipsa multo breviore stipata, 4-locularis (septis tenuissimis ) et polysperma ; parielibus ipsis tenuibus tandem dis- ruptis ac frustulatim pereuntibus, semina exigua et cunealo-angulata s: pyramidata (15-20 in singulis loculis) nudantur quæ mira arte disposita globum elegantissime reticulatum una struunt; hisce testa est ossea in ver- lice laxior, loculusque angustus nucleo tegmine tenui involuto fartus. -ÆEmBryo exalbuminosus, rectus, elliptico-oblongus, compressus, obtusissi- mus , albusque e cotyledonibus 2 basi quasi sagittatis æqualibus et in cau- diculo crasso ovato-acuto ac seipsis duplo breviore insidentibus s. equi- lantibus constat. Sylvatica provenitin maritimis Malacassæ borealis,nempe ad sinum Ri- nianum et Suarezianum (Bovinu Herb., n. 2695), et in plagis Macronesi, prope Djabal et alibi (PErRviLLEo Bovinioque testibus ); nascitur etiam v. colitur in Comoris, videlicet in Mayotta et Mohilla (Bovin. Herb., n. 9416). CaPELLERIO et BERNERIO ( Herb., n. 326) in littoribus oriene lalibus terræ Hovasianæ item olim occurril. | Punicæ nostræ sylvestris speciem horridam præ se ferre, parique modo ad sepes inter hortulos et tuguria struendos inservire dicitur. Folia palato amarissima colorem flavum v. aurantiacum trita præbent; de quorum pét omnem orientem ab antiquissimis temporibus, tum in arte medica, tum in mundo muliebri, usu vulgatissimo, conféras præ cæteris scriptoribus RuMPHIuM, loc. cit. Apud Malacasses voce arabica Henna s. Hanne eliam salutatur, mo- nente CAPELLERIO. Plura in descriptiuncula typica ENpricert modo citati (Gen. pl., n. 6159) cum vero non plane quadrare compertus fuisse mihi videor, scilicet ea in primis quæ de petalorum ungue , staminum situ, ovulorum directione, stigmatis structura , seminum numero et directione, testæque patura adferuntur. Ovaria capsulæque interdum occurrunt depauperata, i. e. à-locularia tantun. VI. GRiISLEA (1) Lœfl., 74. Hisp. (1758), p. 245. — Linn., Gen. pl., edit. VI, p.189, n. 474. — Juss., Gen. pl., p. 331.— HBK., Nov. Gen. et Sp., t.. VI, p. 184. — Endi., Gen. pl., (1) In honorem Gabrielis Grisce, olysipponensis, qui de re botanica simal et chimia bene meritus est, dictum est genus. 136 L.-R. TULASNE, — FLORÆ MADAGASCARIENSIS n. 6156. — #/oonronnra Salisb., Parad. Lond., vol. I (1806), N,. XLII, Grisilea tomentosa Roxb., PI. of Coromand., tom. I (1795), p. 29, tab. 31.—DC., Prodr.,tom. Ill, p. 92.— Woodfordia flori- bunda Salisb., vol. cit., tab. 42. — FRuTEx circiter 4-pedalis, for- mosus , ramis decussatis, teretibus , initio laxe molliterque canescenti- tomentosis , postea glabratis corticemque fibrilloso-scissilem senescendo induentibus. FOLIA opposita, anguste ovato-elongata, acute acuminata , basi rotundata imo et quandoque nonnihil cordata, 6-8 centim. longa, 15-25 millim. lata , integerrima , sessilia v. subsessilia, postice incana et in venis paucis prominentibus tomentella , antice autem glaberrima, præ- tereaque hinc et hinc minute nigro-punctata. ANTHEMIA pauciflora, termina- lia seu axillaria (solitaria v. 2-3 insimul sociata), brevia, sæpissime e ramis annotinis nata parceque glanduloso-pubentia, paniculas e cymis decussatis aut racemos depauperatos et quidem cymas mere trifloras sistunt; bracteis perexiguis. FLORES singuli pedicello semicentimetrum excedente et in basi minutissime 2-bracteolato nituntur. CALYx initio clavato-tubulosus, dentibus 6 patentibus coronatur, limbique divisuris 6 triangulari-acutis et valvatim adproximatis primitus clauditur. PETALA 6 anguste lineari-lanceolata, maxime acutata, glaberrima sepalisque non longiora, sub fauce calycina ante dentes modo memoratos basi truncata sedent, aridaque et vixmanifesta cum calyce persistunt. STAMINA 12 glaberrima imo parieti calycino, quadantenus supra basim, circinatim inseruntur (in una, ut videtur, eademque corona); quæ sepalis opponuntur nonnihil breviora in alabastro deprehenduntur, omnia autem sub anthesi pari modo ultra faucem longe protrahuntur ; antheræ ovato-rotundatæ, utrinque integræ, dorso medio affixæ et versa- tiles, in alabastro introrsum spectant (verlice autem demisso ). Ovarium cylindricum , elongatum, 2-loculare et multi-ovulatum, stylo subulato, apice integro nec incrassato, tandem longissime exserto staminaque ex- cedente terminatur; ovula horizontalia placentis maxime tumentibus hærent. CAPsuLA ovato-elliptica, in calyce dilatato, elliptico-ventricoso, longitrorsum hinc et inde scissili ac sub fauce occlusa constricto latitat, 2-locularis est, seminaque fovet perexigua et obovata quæ cum uteri parietes tenuissimis tandem varie (transversim plerumque) disruptis fue- rint, innumera sparguntur. Frequens nascitur in apricis maritimis, inter scopulos Malacassæ borea- lis, nempe ad sinum Rinianum et Suarezianum (Ricarpr Herb., nn. 142 et 600; Bovinrr Herb., n. 2694), nec non in Macroneso (Pervizzet Herb., FRAGMENTUM PRIMUM. 137 n. 341) atque Mayotta et Johanna Comorarum (Bov. Herb., n. 3415). Lazi apud Comorenses audit, teste Bovinio, Seringie autem apud Te- lingas peninsulæ Indiæ orientalis, auctore RoXBURGHI0O. Florum calyx persistens nitide rubet, maturis etiam seminibus. (Cfr. ROXBURGHIUM. ) Missis Lyrararieis madagascariensibus, typum novum præcedentibus confamiliarem, Mauritn om Tauarsio obvium, et ad hanc usque diem in illius schedulis botanicisque sepultum, in lucem edere, occasione favente, liceat. METRADIA + Lh.,insched. msce. (L).=— Cazyxamplus, cam- panulatus, acute tetragonus, 4-partitus, divisuris smubusque acu- tis, angulis autem (nudis, edentatis) alarum in modum in pedicel- lum decurrentibus. Corozza nulla. Sramixa À imo calyci, inter ejus dentes, insita, exserta, introrsa. Ovarium 4-lobum, 4-loculare, multi-ovulatum ; placentis axihbus crassisque ; ovulis anatropis et peritropis; séylo filiformi longoque ; shigmate integro. Capsura a vertice septifrage dehiscens, polysperma; seminibus perexiguis, lineari-oblongis, exalatis. Euprvo rectus, exalbuminosus et dico- tylis; cotyledonibus subauriculatis. T'etradia propter calycem alatum et marcescentem ad Pterocalymmam Turez. (in Act. Soc. hist. nat. mosq., ser. 2, tom. XIX [1846 |, p. 508. — Walp., Ann. Bot. Syst., tom. I, p. 295) in primis accedere videtur ; hæcce autem, origine philippinensis, in corolla et calyce hexamera est et plurimis utitur staminibus quorum sex, sepalis opposita, cæteris mire crassiora et longiora ( qua de re tacet cl. TurczANINOWIUS ) deprehen- duntur ; eorumdem filamentis in alabastro introrsum circinato-convolutis. Tetradia salicifolia + Thuarsio, in sched. msc. — FRUTEx undi- que glaberrimus, ramis decussatim oppositis, hornis dense foliosis, acute tetragonis (angulis subalatis), et in nodis incrassatis, senioribus autem teretibus factis. FoLIA opposita, ovato-elongata, acuta, basi rotundato- obtusissima v. emarginata , ac nihilominus in petiolum brevissimum an- guste decurrentia, 9-8 centim. longa, 15-25 millim. lata , integerrima , rigidula, costaque postice crassa et venis secundariis æquo modo summo- pere exilibus instructa. FLORES ab omni parte glaberrimi, pedunculo exili 25-30 millim. longo, erecto, apiceque bracteis 2 opposilis, lineari-oblon- (1) Tetradiu ob florem tetramerum dicitur. 138 L.-R. TULASNE. — FLORÆ MADAGASCARIENSIS, ETC. gis, 7-8 millim. longis et cito caducis instructo singuli sese excipiünt , prætéreaque pédicello priori continuo, late A-alato, et semicéñtiretrum longo evehuntur ; solitarii, geminati ternive, n1 fallor , prodeunt ex axillis imis innovationum s. gemmarum quæ rarius in ramum rite elongantur ac vulgo brevissimæ manent. SEPALA À æqualia, late ovata s. potius suborbi- cularia (12-15 mm, diametro metientia), acuta, ab ima basi in pedicellum longe adplicato-decurrenti, ad medietatem usque et supra quidem, margi- mbus late coalita, calycem propterea amplum, A-gonum et A-alatum (alis late obtusis, sinus acutos sustinentibus et in pedicellum attenuato-déz currentibus) sistentia, venosa et phylloidea. CoroLLA nulla. STAMINA 4 imo calycis parieli inserta, ejus phyllis alterna, Jongeque exserta; fila- ments crassis el teretibus ; antheris breviter oblongis (effetis reniformi- contractis), dorso medio affixis, 2-lobis, 2-rimosis et hine atque hinc inte- gris. Ovarium centrale, liberum, sessile, crassum, obtusissimum, globosum sed sulcis 8 alle exaratum et prôopterea tetralobum, lobis sepalis oppositis ; loculi tot quot lobi, placentam axilem, tumidam et ovulis anatropis eréctis ac subsessilibus undique onustam singuli fovent. STYLUS teres, terminalis, crassus, stamina nonnibil excedit, stigmateque globoso et integro coronatur. GAPSULA calyce majoriexcepla, velata, ovarioque conformis, nempe 4-loba et {-locularis, a vertice dehiscere, septis angustissimis ruptis v. a placenta solutis, videtur ; tuncque semina perexigua innumera lineari-oblonga sub- teretia levia et glaberrima sparguntur. Empryo rectus e cotyledonibus 2 æqualibus, adplicitis, obtusissimis, basi auriculato-truncatis, et in caüdi- culo crasso, ovato, obtuso, ac seipsis brevioré sessilibus constat, tegumen- toque tenui e duplici membrana, albumine deficiente, involvitur. Crescit, THUARSIO auctore, in apricis insulæ Mauritianæ , sécus anÿus- tias quas torrens Rivière notre alluit, floretque septembri mense. Tauarsn genus Psiloxylon (vulgo apud Mauritianos bois maïgre, inde nomen inditum) cujus mentio est in NERALDI apud GALDICHALDUM ( FREY- GINETIL ter, part. bot., p. 80) catalogo, et ENpLICHERI Generibus plan- tarum (p. 1205, sub tit. 6168), folia sparsa pellucido-punctata, floresque unisexuales (diæcum v. polygamum) obtinet, quorum calyx gamophyllus corollaque (cum staminibus 10 perigyna) pentameri, ovarium autem Hibe- rum, 3-loculare et multi-ovulatum (placentis axilibus) observantur. Stir- pis hujus cum LYTHRARIEIS necessitudo , THUARSIO in schedis mse. dubi- tanter notata, dubia remotaque videtur. Omissa. — Pag. 75, lin. T, particula conjunctiva et deleta, post RaizoPHOREAS addere velis : HaLoRAGEAs et LYTHRARIEAS. SUR PART AUCIURE DE LA CHLOROPHYLLE, Par M. HUGO von Mois, (Botanische Zeitung des 9 et 16 février 1855.) Je crois qu'il ne sera pas inutile de présenter quelques remar - ques sur les particularités anatomiques que présente la Chlorophylle, par ce molif que les détails exposés par moi relativement à cette formation très importante au point de vue physiologique, dans ma dissertation de 4837 (1), ont été traités d’inexacts par différents observateurs. Cependant des observations répétées sur ce sujet m'ont appris que les objections qui m'étaient faites reposaient uniquement sur une fausse interprétation des faits. Dans mon travail, j'avais voulu établir l'opinion que les globules de Chlo- rophylle sont formés d’une substance molle, voisine de lalbu- mine, dans laquelle on voit généralement englobés un ou plu- sieurs grains de fécule, et qui doit sa coloration en vert à une quan- tité extrêmement faible de matière colorante ; au contraire, plusieurs botanistes ont adopté une idée, déjà soutenue par Mevyen, contre laquelle je m'étais élevé et selon laquelle les grains de Chlorophylle seraient de simples vésicules. Parmi les partisans de cette manière de voir, je citerai prinel- palement M. Naegeli, parce que non-seulement il s’est prononcé de la manière la plus nette en faveur de la nature vésiculaire des grains de Chlorophylle, mais qu’il a de plus cherché à établir eaté- goriquement la notion anatomique de la vésicule et à montrer qu'il y a entre elle et la cellule une analogie frappante, de telle sorte qu'il existerait ainsi une classe particulière d'organes élémen- taires (2). (1) Vermischte Schriften, 349. (2) Zeitschrift für wissenschaftliche Botanik. Cah. 3 et 4; 1846, p. 94. 440 HUGO VON MOHL. Pour aider l'intelligence, il est d’abord nécessaire de présenter ici la notion de la vésicule telle que M. Naegeli l’a exposée; cela est d'autant plus indispensable que la définition qu'il en donne s’écarte essentiellement sur plusieurs points de la mauvaise signifi- cation qu'a ce mot dans le langage usuel. D'après ce savant, il n’est d’abord pas nécessaire qu'une vésicule organique soit creuse, ensuite une cavité creuse existant dans le contenu cellulaire, même si elle est entourée d’une membrane, ne doit pas être toujours qua- lifiée de vésicule; en effet, le caractère essentiel de celle-ci est qu'elle possède, comme la cellule elle-même, une membrane propre et un contenu qui présente des modifications particulières. D’après celte définition, une vacuole remplie d’eau, qui se trouve dans le protoplasma, ne doit pas encore être regardée comme une vésicule, même lorsque le fluide mucilagineux qui circonscrit sa cavité est concrété par l'influence de l’eau et forme une mem- brane ; et l’on doit tout aussi peu donner cette qualification à une masse globuleuse de substance protéique logée dans la cavité d’une cellule, et dont la couche la plus externe s’est condensée en ma- nière de membrane. Pour décider si une formation qui se trouve dans une cellule végétale est une vésicule, il faut surtout, d’après M. Naegeli, rechercher si elle est composée, de même que les cellules, d'une membrane et d'un contenu qui diffère de cette der- nière, et si elle subit, principalement sous le rapport de son con- tenu et de sa membrane, des changements analogues à ceux que nous savons avoir lieu dans les cellules. M. Naegeli croit avoir reconnu ces propriétés caractéristiques dans le nucléus cellulaire, dans les grains d’amidon, de Chloro- phylle et dans d’autres formations granulées qui existent dans les cellules. Il admet que ces divers corps possèdent, comme les cel- lules, une membrane incolore, composée de cellulose, qui prend naissance plus tard que leur contenu, qui, semblable aux parois cellulaires, gagne en épaisseur par un dépôt de couches nouvelles à sa face interne, qui se divise en formant des cellules-filles, etc. ; bref, il pense que l’organisation de la vésicule correspond exacte- ment à celle d’une cellule, que la seule différence qui existe entre elles consiste en ce que la première n’a pas de nucléus et STRUCTURE DE LA CHLOROPHYLLE. Ali qu'elle constitue une formation intra-cellulaire dans laquelle on doit voir un organe élémentaire, non immédiat, mais uniquement médiat. | Pour moi, mes recherches ne n’ont jamais montré dans les grains de Chlorophylle, pas plus que dans le nucléus cellulaire, dans les grains de fécule, ete., une membrane de cellulose com- parable à celle des cellules; aussi, dans mes Éléments d'anatomie el de physrologie de la cellule, me suis-je prononcé contre la théorie de la vésicule comme étant en contradiction formelle avec les faits. Si Je me suis exprimé brièvement à cet égard, la raison en est que, dans un écrit de cette nature, j'ai été obligé de renfermer dans un petit nombre de pages un aperçu sommaire de la plus grande partie de la physiologie végétale. Une partie essentielle de la théorie sur l’organisation de la vésicule proposée par M. Naegeli a élé, dans ces derniers temps, abandonnée par lui, puisqu'il a reconnu (4) qu'il avait eu tort d'attribuer aux vésicules une membrane formée de cellulose. Mais en même temps il n’a pas renoncé à l’idée que les grains de Chlo- rophylle sont des vésicules et constituent des formations analogues aux cellules ; au contraire, il dit ne pas comprendre que je n’aie pas encore, en 1850, reconnu la membrane du nucléus ni celle des grains de Chlorophylle, puisque, si l'on peut avoir des doutes sur son existence, en examinant le grain frais, on ne peut en con- server après avoir fait gonfler ce grain dans Peau. | Dans cet écrit récent, M. Naegeli explique la formation de cette membrane d’une manière qui est en contradiction flagrante avec son opinion antérieure sur ce qui distingue une membrane indé- pendante, ainsi que sur les propriétés caractéristiques et néces- saires de la vésicule. En effet, il s'appuie sur ce fait que, dans les formations qui existent dans le suc cellulaire et qui sont composées de substances protéiques, les surfaces présentent une condensation membraniforme là où elles sont en contact avec le suc cellulaire, par suite de l’action de celui-ci; c’est ee qui aurait lieu, par exem- ple, pour les vacuoles remplies de suc cellulaire, pour les petits (1) Systemat, Übersicht der Erscheinungen in Pflanzenreiche, 1853, p. 18. A2 HUGO VON MOHL. courants de protoplasma, ete. D’après lui, c’est à la suite de cette action du sue cellulaire que, dans la production libre de cellules, nait l’utricule primordiale par condensation de la couche superfi- cielle d’une combinaison protéique à demi-fluide ; c’est encore de même que la surface de petites masses de matière protéique qui se forment, dit-1l, dans lenucléus, dans lesgrainsde Chlorophylle, etc, durcit en membrane. Ces dernières formations correspondent donc tout à fait aux cellules, abstraction faite de la membrane de cellu- lose qui leur manque , seulement elles restent dans un état de déve- loppement peu avancé. Dans cette théorie, 1l y a deux questions à examiner : 4° si la surface externe et plus consistante d’une matière molle, immergée dans un milieu de nature ou de consistance différentes, doit être considérée comme une membrane, et si la formation de cette cir- conscription plus solide change cette matière molle en vésieule; 2° si cette couche plus consistante d’un nucléus cellulaire, d’un grain de Chlorophylle, etc., peut être comparée à lutricule primor- diale. A la première de ces questions on doit répondre négativement de la manière la plus formelle. M. Naegeli lui-même, tant qu'il a cru qu’une membrane de cellulose recouvrait les grains, s’est pro- noncé nettement pour la négative. Si les choses se passaient comme l'admet maintenant cet auteur (1), que le microscope montrât un revélement dense, membraniforme, sur beaucoup de filaments et d’amas de matières mucilagineuses et autour des cavités creu- sées dans le mucilage, ce serait la preuve qu'une membrane s’est développée autour d’un contenu mou ou fluide, car une sub- stance qui forme un revêtement autour d’une autre doit être d’une autre nature que celle-ci et pouvoir en être distinguée. Mais le microscope ne révèle pas le moindre indice de cette différence ; tout ce qu'il montre, c’est que les formations dont il s’agit iei se distin- guent du suc cellulaire par un contour très-net. Que la surface du protoplasma et celle des formations gra- nulées qui en proviennent soient plus solides que leur matière (4) System. Üers., p. 46. STRUCTURE DE LA CHLOROPHYLLE. A5 intérieure, c’est ce que ne montre nullement l'observation directe, de même que l’examen d’une goutte d’eau ne justifie pas l’opinion des physiciens qui pensaient que la surface d’un liquide quelconque a plus de consistance que sa portion intérieure. Relativement au protoplasma, il est souvent arrivé que la netteté de sa surface- hmite a fait croire à tort, comme l’on sait, à existence d’une mem- brane ; je me contenterai de rappeler que M. Sehul(z avait pris les petits courants protoplasmiques pour des courants de latex cireu- lant dans les ramifications d’un système de vaisseaux. Or, si ces petits courants, par leur motilité et par leurs changements conti- nuels, prouvent clairement que leur surface n’est pas formée d’une membrane; de leur côté, les formations contenues dans le suc cellulaire, composées de matières protéiques plus consistantes, ne présentent absolument rien de plus, puisqu'elles n'ont jamais qu’un contour simple. Toutefois on ne peut nier, et je n’ai jamais nié moi-même (voy. mes Remarques sur le nueléus cellulaire dans mes Grundzüge, p.56) que la surface de ces formations, par exemple celle du nucléus, ne puisse être et ne soit souvent, en réalité, plus dense que la portion interne; mais 1l ne s'ensuit pas qu'il s’y forme une membrane. En effet, pour qu’il y ait membrane, il faut nécessairement qu'il existe une couche nettement limitée dans ses contours à ses deux faces, soit qu’elle ressemble entièrement à la matière voisine, dont elle ne s’est séparée que mécaniquement, comme on le voit pour les assises superposées de la membrane des cellules, soit qu'elle consiste en une matière de nature différente. 1 ne suffit pas du tout, pour qu'il se forme une membrane, qu’une sub- stance homogène ait une surface nettement terminée et plus con- sistante, si cette couche plus dense passe insensiblement à la ma lière plus intérieure, de telle sorte qu’il soit impossible de dire où finit cette couche externe, ni où commence la substance interne, En pareil cas, on peut bien dire que la surface externe s’est en- dureie en apparence de membrane, mais on ne pourrait amener qu'erreur et confusion si l’on employait, pour désigner cet état de choses, l'expression qui est consacrée pour indiquer une couche d’une na:ure particulière et faisant un contraste net avec la substance sous-jacente. Dans le langage ordinaire, on peut All HUGO VON MOHL. admettre une pareille confusion; mais dans des ouvrages scien- tifiques, et lorsqu'il s’agit de détails anatomiques, on ne peut confondre des manières d’être si différentes (1). Si nous voulons ne pas nous écarter de l’idée que tout le monde à d’une vésicule, nous ne pouvons donner cette qualification à une matière plus ou moins molle, mais non fluide, globuleuse, dont la surface acquiert plus de consistance que le reste. En effet, l'idée de vésicule entraine nécessairement celle d’une cavité entourée d'une sub- stance solide, remplie d’un liquide ou d’un gaz, ou tout à fait vide. Or toutes les formations décrites comme des vésicules par M. Naegeli possèdent ce caractère commun de n’offrir ni enve- loppe distincte du contenu, ni cavité intérieure ; tandis que les vacuoles, qu’il ne regarde pas comme des vésicules, présentent précisément l’un et l’autre. Dès lors aucune expression ne peut être moins convenable que celle de vésicule pour désigner les premières de ces formations. Il y aurait tout autant de motifs pour nommer vésicule un fromage sur lequel une croûte s’est formée par dessiccation; car, sous les rapports essentiels, 11 ressemble- rail, quoique en grand, aux vésicules de M. Naegeli formées de matière protéique. On ne peut nier qu’une masse globuleuse de matière organisée ne puisse, conformément à la marche décrite par M. Naegeli, s'entourer d’une membrane par le durcissement de sa couche externe et se transformer ainsi en vésieule. Mais pour que cette expression de vésicule soit applicable, il faut qu’il se soit opéré réellement une séparation en membrane et en contenu. Ce savant (4) Évidemment c'est une imperfection de notre terminologie anatomique de ne pas nous fournir d'expression pour désigner une telle surface plus consistante, ni pour la distinguer d'avec une véritable membrane. Mais les naturalistes, qui s'occupent des animalcules infusoires , se trouvent dans un embarras tout à fait pareil ; ainsi , par exemple, M. Dujardin s'exprime de la manière suivante dans un cas semblable : « J'admettrai même volontiers que cette surface peut, parle contact du liquide environnant, acquérir un certain degré de consistance, comme la colle de farine ou la colle de gélatine qu'on laisse refroidir à l'air, mais simple- ment de cette manière, et sans quil se soit produit une couche autrement orga- nisée que l'intérieur. » Je propose de donner à une première surface durcie là dénomination de pellicule, | STRUCTURE DE LA CHLOROPHYLLE, 145 botaniste, dans son écrit le plus récent, nous laisse entièrement ignorer s'il admet ou non, comme jadis, que les formations gra - nulées de la cellule végétale possèdent une enveloppe limitée par deux surfaces distinctes ; ilest vraisemblable qu’il conserve encore à ce sujet sa première opinion, puisqu'il regarde comme une erreur de sa part, non pas d’avoir admis l'existence d’une membrane, mais seulement d’avoir cru qu'elle était formée de cellulose, puis- que d’ailleurs il me reproche de n’avoir pas reconnu moi-même l’existence de cette membrane. Mais il est certain que quiconque a examiné avec un bon microscope un grain de Chlorophylle ou d'amidon ne pourra croire à l'exactitude de la planche IT de son journal, dans laquelle il représente ces grains (notamment aux fig. 10, 12,14, 15,17) comme recouverts d’une membrane à double surface, incolore et totalement distincte du contenu; pareille chose ne se voit jamais dans la nature. Les changements que les grains de Chlorophylle subissent dans l’eau, et par suite desquels leurs membranes deviennent très visibles, seront examinés plus loin, et l’on verra qu’il se produit dans ces circonstances des faits essentiellement différents de ceux qui ont été rapportés par les observateurs qui se sont occupés de ce sujet. Quant au second point de la théorie de M. Nægeli, c’est-à-dire à l’analogie de la surface durcie des granules avec l’utrieule pri- mordiale, il n'y a pas de raison solide pour établir une pareille comparaison ; il y a fort peu de cas dans lesquels on puisse obser- ver l'utricule primordiale dans la cellule fraiche, sans qu'on ait à recourir à l'emploi de l'alcool, des acides, de l'iode, etc., et sans que l’image en soit troublée par le reste du contenu cellulaire. Dans ees cas, comme, par exemple, dans les Zygnema, Clado- phora, elle se présente sous l’apparence d’une couche particulière, qui ne se fond pas avec les autres matières renfermées dans la cellule, dont la limite est aussi nette du côté de la cavité qu’exté- rieurement, qui est eonstituée par une substance finement granuleuse avee laquelle les formations composées de matières protéiques, les pelits courants de sue, la couche qui renferme la Chlorophylle se trouvent en contact, mais S'en distinguent nettement. Sous le &° série. Bor T. VI (Cahier n° 3.) ? 10 116 HUGO VON MOHL. rapport anatomique, et quant à son existence comme couche ‘in- dépendante, l’utricule primordiale diffère encore essentiellement de la surface externe et consistante des grains de Chlorophylle. Il est très vrai que l’utricule primordiale ne peut être observée partout en couche indépendante; mais ce serait une méthode défectueuse de s'appuyer sur des observations peu précises pour élever une théorie ; nous devons, au contraire, si nous ne voulons ouvrir toutes les portes à l'imagination, nous baser sur des cas dans lesquels on peut observer les faits dans tous leurs détails; or ceux-ci sont en faveur de l'opinion qui considère l’utricule primordiale comme une couche indépendante du reste du contenu dela cellule. On ne peut non plus établir au point de vue de la physiologie une comparaison entre l’utricule primordiale et la couche externe durcie du nucléus, des grains de Chlorophylle, etc. C’est Sur la face externe de l’utricule primordiale, et, comme nous avons des rai- sons pour le penser, par suite de l’activité qui lui est propre, que se forment les membranes de cellulose; rien de pareil n’a jamais lieu à l’extérieur des grains de Chlorophylle, etc. Cette différence dans es fonctions nous amène naturellement à conclure à une différence dans les organes. Nous savons encore fort peu de chose relativement à la com- position chunique de l’utricule primordiale. Srelle jaunit par l'iode et si elle se coagule par l'alcool comme par les acides, ce n’est pas une preuve qu’elle consiste simplement en une couche de matière protéique ; elle peut très bien avoir une composition chimique essentiellement différente. A cet égard, il ne faut pas oublier que M. Mulder, qui fait autorité en pareille matière, a pu ÿ démontrer l'existence de la protéine dans plusieurs cas, mais non dans tous, et qu'il dit ne pas connaitre la combinaison dontelle est formée (1). Dans l’état peu avancé de nos connaissances sur les propriétés chimiques de lutricule primordiale , la théorie de M. Nægeli, selon laquelle cette formation proviendrait d’une coagulation de la malière protéique déterminée par le suc cellulaire, manque d’une base tant soit peu solide. (4) Physiol. Chemie, traduct. de Moleschott, p. 434. STRUCTURE DE LA. CHLOROPHYLLE. 147: A côté de M. Nægeli, il faut ranger parmi les partisans de la nature vésiculaire des grains de Chlorophylle principalement MM. Gœppert et Cohn, qui, dans-leur Mémoire sur les Nitella, publié dans l'intervalle de la publication des deux écrits du pre- mier, ont. donné une description exacte des grains de Chloro- phylle tels qu'ils existent dans ce genre (1). Ils sont arrivés à ce résultat que, bien que le grain de Chlorophylle, pendant la vie, ne laisse pas en général reconnaitre en lui de structure particulière, les changements qu'il subit dans l’eau prouvent qu’il est formé d'une membrane hyaline, susceptible de se gonfler dans l’eau, d’un contenu fluide vert, et de plusieurs granules solides de fécule. Je vais maintenant exposer les résultats de mes propres recher ches. D’abard je.crois devoir étudier la nature de la Chlorophylle dans les Zyynema, parce que cette matière S’Y trouve en grande masse sous la forme bien connue de rubans spiraux,, et que l’exa- men en devient dès lors très faeile, surtout lorsqu'on fait choix des grandes espèces, par exemple du Zygnema nitidum. Dans mon Mémoire précédent, j'ai montré que ces rubans verts sont ana- logues aux grains de Chlorophylle pour les points essentiels de leur structure, puisqu'ils sont formés comme ceux-ci d’une sub- stance molle, brunissant par l’iode, qui doit sa coloration en vert à une quantité extrêmement faible de maüêre colorante, au point qu'il n’est guère possible de déterminer la part que prend celle-ci à la formation de la masse entière. Les grains arrondis, qui se trouvent espacés sur la ligne médiane du ruban de Chlorophylle, et qui bleuissent par l’iode, ne sont pas, comme on croit le voir au premier coup d'œil, des grains d'anndon isolés, mais bien des oroupes globuleux formés de six granules pressés l’un contre l’autre. On peut donc les comparer aux grains composés de fécule tels qu’on les trouve dans beaucoup de grains de Chlorophylle de l’intérieur des feuilles et des couches corticales internes, si l’on ne préfère , et je ne vois aueune raison pour cela, les considérer cornme des grains de Chlorophylle englobés dans une couche mu: cilagineuse verte, disposée ici en ruban spiral, © (2) Botan, Zeit., 1849, p. 684, A8 HUGO VON MONL. Ces rubans de Chlorophylle subissent des changements très re- marquables lorsque l’on coupe transversalement sous l’eau la cellule qui les renferme, et qu'on donne ainsi entrée à ce liquide dans la cavité cellulaire. Sous ce contact ils se gonflent et se développent irrégulièrement , à des places de longueur variable , en masses olobuleuses ou ovoïdes, ou, lorsqu'elles sont longues, tordues en spirale. D'abord ces productions sont d’un vert uniforme ; mais plus tard il en sort une ou plusieurs vésicules incolores , formées d'une matière mucilagineuse homogène et remplies d’eau. Ces vésicules ne proviennent pas de ce qu’une membrane située à la surface du ruban se dégage de la matière verte, puisqu'on ne voit pas d'indice d’une pareille membrane; mais , au contraire, on ne peut douter qu’elles ne sortent de l’intérieur du ruban en déchirant etrejetant de côté la matière verte qui ne peut se distendre quejus- qu’à un certain degré. En comparant entre elles un grand nombre de ces vésicules , on ne peut douter le moins du monde que leur nombre, leur forme et les points où elles naissent ne soient pure- ment accidentels et sans relation avec l’organisation intérieure du ruban. Elles se font jour tantôt sur le milieu, tantôt au bord du ruban ; tantôt elles rejettent la matière verte vers un côté, tantôt elles la coupent transversalement et la repoussent vers les deux extrémités où elles ont pour limites les deux prolongements du ruban; ailleurs il n’y a qu’une faible longueur du ruban qui se change en vésicule, ou bien ce changement s'opère sur une lon- gueur plus considérable dans laquelle se trouvent 1-5 des grains de fécule décrits plus haut. Les seules modifications que subissent alors ces grains consistent en ce que les granules qui les composent deviennent plus apparents, ainsi que cela à toujours lieu lorsque l’eau agit sur de la Chlorophylle dans laquelle se trouvent des grains de fécule ; ces grains eux-mêmes ne se gonflent pas, et ils sont expulsés des vésicules avec la substance verte. L'iode brunit toute la substance des rubans, la matière verte avec une teinte foncée , les vésicules avec une teinte claire. NH n’est pas possible de douter que les phénomènes qui vien- nent d’être décrits ne soient dus à une endosmose produite par la substance intérieure du ruban de Chlorophylle; mais nous de- STRUCTURE DE LA CHLOROPHYLLE, 119 vons aussi faire observer que ces phénomènes sont d’une nature essentiellement différente de ceux que MM. Gæœppert et Cohn disent avoir reconnus en traitant par l’eau les grains de Chlorophylle. I] est clair, en effet, qu'ici l'endosmose n’est pas déterminée par un contenu fluide se mêlant avec l’eau imtroduite et séparé de l’eau par une membrane, mais qu'elle l’est par une matière solide, ne formant pas de solution avec l’eau, douée de la propriété, lorsqu'elle absorbe de l’eau, de former des vacuoles dans lesquelles est recu ce liquide , et déterminant dès lors l’endosmose par elle-même sans intervention de membrane étrangère. L'eau qui a été intro- duite de cette manière ne sert pas à augmenter la masse d’un liquide coloré en vert, ni à étendre la membrane incolore dont elle est enveloppée, ainsi que le disent MM. Gœppert et Cohn; mais par elle la substance intérieure , jusque-là homogène, est changée en une matière pour ainsi dire écumeuse, comme cela se passe fré- quemment pour le protoplasma du contenu cellulaire. La circon- stance que les vésicules formées de cette manière sont incolores ou faiblement colorées (car on ne peut distinguer bien nettement si c'est l’un ou l’autre) et sortent de l’intérieur du ruban de Chloro- phylle à travers sa couche extérieure verte, montre que la sub- stance de ce ruban n’est pas homogène et que sa portion interne attire plus fortement l’eau, est plus molle et plus extensible que l'externe. Ces particularités montrent aussi que la matière verte-est déposée principalement ou uniquement dans la couche extérieure ; cependant ceci ne me parait pas absolument prouvé, puisqu'on ne pent déterminer avec certitude en quoi la dilatation mécanique considérable que subit la substance intérieure pour se renfler en vésicule contribue à la rendre incolore ou faiblement colorée, ni quelle part revient sous ce rapport au manque primitif de colora- lion. On ne pourrait s’éclairer à ce sujet qu'en examinant une sec- tion transversale de ruban; or je ne connais aucun moyen ni pour exécuter une pareille section, ni pour l’observer sans qu'elle soit altérée dans son état premier. Il est cependant certain que, bien que la couleur verte ne pénètre pas toute la substance du ruban, elle ne forme pas autour de lui une couche exté- rieure nettement terminée, puisque, s’il en élait ainsi, elle se 450 HUGO VON MOHL. montrerait limitée sur les bords par une ligne bien arrêtée. À la disposition membraniforme de la Chlorophylle, telle qu’on l'observe, soit en ruban dans les Zygnema, soit en couche plus cohérente et recouvrant plus où moins complétement les parois des cellules , dans les Draparnaldia , Ulothrix , etc., se rattache sous plusieurs rapports la Chlorophylle de l'Anthoceros. En effet, celle-ci ne se présenté pas sous la forme de grains isolés, mais sous celle d’une masse unique de Chlorophylle existant dans chaque cellule et même étendue en membrane dans une partie des cellules. Mais la Chlorophyllede l’Anthoceros diffère de celle des Zygnemaen ce que, dans ceux-ci, elle n’est pas unie directement au nucléus central et constitue une couche périphérique , tandis que , dans le premier, la matière colorante verte se rattache à une masse protoplasmique qui enveloppe le nucléus, et se trouve située au centre des cellules, du moins pour une portion de celles-ci. Toutes les cellules de la fronde de l’Anthoceros lœvis (à l'excep- tion de celles de l’épiderme ) renferment un gros nucléus pariétal, globuleux , dans lequel se trouvent logés beaucoup de petits grains oblongs de fécule, au nombre peut-être de cent et plus. Le nucléus cellulaire est entouré d’une masse de protoplasma qui s'étend en deux ou plusieurs prolongements courts, épais, rayonnants , et appliqués contre la paroi de la cellule, ou qui à la forme d'un disque irrégulièrement prolongé sur ses bords et correspondant aux petits courants de protoplasma qu'on voit, dans d’autres cel- lules, rayonner autour d’une substance dont le nucléus est en- touré. Toute cette matière est colorée en vert vif, et elle représente la masse unique de Chlorophylle qui existe dans la cellule. Dans les cellules de l’épiderme la forme de la masse de Chloro- phylle est un peu plus compliquée. Dans son ensemble on peut la comparer à un disque mince, étendu en travers de la cellule, paral- lèle à sa paroi extérieure et au milieu duquel se trouve un gros nucléus globuleux, contenant beaucoup de granules de fécule. Dans les jeunes cellules rapprochées du point de végétation de la fronde, ce disque s’étend en travers de toute la cavité cellulaire et va S’ap- pliquer contre les parois latérales, de sorte que, vue par-dessus, la cellule paraît entièrement verte, Au contraire, dans la cellule STRUCTURE DE LA CHLOROPHYLLE. 151 adulte , lés bords de ce disque vert se sont retirés en 4-6 places dés parois cellulaires, en même temps qu'ils se sont arqués vers l'extérieur ; il en résulte que ce disque prend la forme d’une mem- brane en étoile à 4-6 larges rayons séparés par des sinus arrondis et creusés en gouttière en dessus, au centre de laquelle se trouve le nucléus cellulaire fortement saillant dans l’intérieur de la cellule Il est clair que, dans cette plante, la matière protoplasmique qui entoure le nucléus chez les autres végétaux à pris un déve- loppement particulier, et qu’à elle se rattache la matière verte. J'ignore si celle-ci pénètre aussi la substance du nucléus. La masse protoplasmique parait être finement granuleuse; elle né montre pas de mouvement intérieur correspondant aux petits courants de suc qu'on voit dans beaucoup de cellules. Les granules d'amidon ne se trouvent pas dans son intérieur, mais seulement dans celui du nucléus cellulaire. L'existence de ces granules de fécule, et sur- tout leur grand nombre, sont une particularité propre à l'4ntho- ceros , où on l’observe aussi dans les nucléus non entourés de Chlorophylle, par exemple dans les cellules de l’épiderme de la capsule. Les changements que subit la fécule de l’Anthoceros sous l’action de l’eau sont absolument analogues à ceux qui ont été signalés plus haut pour les Zygnema. La masse protoplasmique se gonfle en rac- courcissant ses prolongements rayonnants en forme de globules ou d'ovoides irréguliers, et en laissant voir plus nettement les gra- nules de fécule contenus dans le nucléus. Bientôt il se forme dans son intérieur une ou plus rarement deux grosses vésicules qui se font jour à travers la couche verte extérieure. Quel- quefois il ne se forme pas de grosse vésicule, mais à sa place , Sur une portion plus ou moins grande du grain , 1l se produit une grande quantité de petites vacuoles qui changent la substance de ce grain en une matière spongieuse. On ne découvre pas trace de membrane externe ; aussi regardé - je comme convenable la quali- fication de vésicules de Chlorophylle que M. Hofmeister a donnée à cette formation particulière (voyez Untersuchung h oherer Kryp- logamen, p. 3). 192 HUGO VON MOZL. Ainsi, quoique les faits anatomiques observés dans la Chloro- phylle de l’AÆnthoceros soient essentiellement différents-de ceux que présente la Chlorophylle des Zygnema, cependant les masses colorées en vert sont absolument analogues dans l’une et l’autre quant à la nature de leur substance et à la manière dont elles se comportent relativement à l’eau. Il paraît ressortir de là que, pour qu'il se produise de la Chlorophylle , 1l faut seulement que de la matière colorante verte se forme dans une cellule et vienne se rattacher à une masse de substance protéique, quelle que soit la disposition de celle-ci. Cependant il est évident qu'il n'existe pas d’organe élémentaire comparable pour son organisation à la cellule, qui se montre uniformément la même dans toutes les plantes pour- vues de Chlorophylle, ni auquel soit spécialement confiée la pro- duction de cette matière. La similitude de propriétés des substances colorées en vert, dans deux formations aussi différentes que les masses de Chlorophylle des Zygnema et de l’Anthoceros, fait pré- sumer que ces propriétés, les différentes manières dontse compor- tent vis-à- vis de l’eau la substance extérieure verte et l'intérieure, reposent moins sur les particularités de leur organisation (puis- . qu'on à vu plus haut que rien n'indique en elle une structure déterminée) que sur ledépôt de la matière colorante verte résinoïde et unie à de la cire. La substance protéique se trouvant pénétrée de cette matière étrangère insoluble dans l’eau principalement ou uniquement dans sa couche extérieure, on est conduit à admettre que la différence de propriétés que présentent les couches externe et interne de la masse de Chlorophylle, la solidité plus grande de la première et le fort gonflement de la dernière dans l’eau, sont une simple conséquence de ce fait, ou du moins qu'il contribue essentiellement à augmenter cette différence, quoiqu’elle soit basée en réalité sur l'inégalité de consistance que présentent les couches de la base protéique de la masse de Chlorophylle. Si nous passons à la forme ordinaire sous laquelle se présente la Chlorophylle, c’est-à-dire à celle de grains isolés, nous verrons que sa situation dans la cellule n’est pas toujours la même. On ne trouve jamais ces grains nageant librement dans le suc cellulaire, mais constamment ils sont reliés au protoplasma qui se trouve dans la STRUCTURE DE LA CHLOROPHYLLE. 153 cellule. Dans la grande majorité des cas, ils s'appliquent contre les parois des cellules ; alors on peut reconnaître, par une observation attentive, sinon dans tous les cas, au moins dans la plupart, qu'ils sont enfoncés dans une matière mucilagineuse, transparente , qui les rattache à la face interne de l’utricule primordiale , ou avec laquelle, dans queiques circonstances, par exemple dans le F’allis- neria, ils se meuvent en courants (1). Dans la plupart des cas, on _ne constale pas de rapport précis entre les grains pariétaux de _Chlorophylle et le nucléus, pas plus qu'avec les petits courants de protoplasma qui en partent, tandis que, au contraire, dans d’autres circonstances, ces rapports sont évidents. Ainsi, par exemple, dans les cellules parenchymateuses de la tige des Sélaginelles, les grains de Chlorophylle forment des chapelets dans les filaments de proto- plasma qui, partant du nucléus pariétal, rampent contre les parois des cellules ; de même lorsqu'on fait verdir des Pommes de terre à la lumière , leurs cellules sous-jacentes à la couche subéreuse , qui ne renfernient pas de fécule, présentent des grains de Chloro- phylle dans l’amas de protoplasma qui entoure le nucléus ainsi que dans les filaments qui en partent. Quant à l’organisation des grains de Chlorophylle, l'étude d’un grand nombre de plantes y fait reconnaitre deux variétés qui offrent des différences considérables entre leurs formes extrêmes, mais qu’on ne peut cependant distinguer avec précision l’une de l’autre, à cause des nombreuses transitions qui existent entre elles. Une de ces formes constitue des grains globuleux, ou plus ordi- nairement aplatis, qui tiennent à la paroi cellulaire par un côté plan, dont le diamètre dépasse rarement £ ou + de ligne, et reste souvent au-dessous de ce chiffre. Lorsqu'ils se pressent l’un contre l’autre, leur contour, comme celui des cellules de l’épi- (1) À cette occasion, je ferai observer que, dans les cellules qui forment les cloisons des cavités aériennes, dans les feuilles du Ceratophyllum demersum, les grains de Chlorophylle s'offrent en mouvement comme dans la Vallisnérie ; mais leur mouvement est tellement lent que, dans deux circonstances où Je l'ai mesuré exactement, je les ai vus ne parcourir en une seconde que 45 et 55455 de ligne. 154 HUGO VON MOHL. derme, devient hexagonal, sans former cependant des angles vifs. Comme cette forme polygonale est due indubitablement à une pres- sion réciproque, et que néanmoins on l’obsérve dans des cas où les grains ne se touchent pas immédiatement, on peut conclure de là que, dans cette dernière circonstance, ces grains sont englobés dans une couche mucilagineuse qu'on ne peut pas toujours reconnaître au microscope et à l'intermédiaire de laquelle est due cette pres- sion qu'ils exercent l’un sur l’autre. On reconnait dans leur sub- Stance, souvent, il est vrai, uniquement après l’action de l’eau, des granules très fins, qui mesurent au plus ,,55 de ligne en dia- mètre, qui font parfois saillie à la surface, de telle sorte que le contour des grains n’est pas alors formé d’une ligne à courbure uniforme, mais irrégulièrement sinueuse. L'eau exerce très rapidement sur ces globules une action impor- tante. Dès qu’elle pénètre par une ouverture dans la cavité cellu- laire, ils se renflent en vesicules, ce qui rend leur couleur verte beaucoup plus claire et met mieux en évidence leurs granules intérieurs. Lorsque beaucoup de globules sont contenus dans une même cellule, et.que par suite les vésicules auxquelles ils don- nent naissance viennent à se toucher, le plus souvent on n’y re- connait pas de nouveaux détails bien précis (au moins avant d’avoir recouru à l’action de l’iode); mais, au contraire, le contenu vert de la cellule semble s'être réuni en masse amorphe. Ce fait a sans doute été aperçu fréquemment dansles recherches microscopiques, mais le plus souvent on a cru y voir une destruction mécanique de la Chlorophylle produite par la pression du rasoir, ou y trouver la preuve de l'existence d’une Chlorophylle amorphe. Au contraire, lorsque les globules de Chlorophylle sont très espacés dans l’in- térieur de la cellule, ou qu'ils sont sortis isolément dans l’eau, on peut suivre avec plus d’exactitude les changements déterminés en eux par l’action de ce liquide. Ces changements sont essentiellement de même nature que ceux qui ont été décrits plus haut pour la Chlorophylle des Zygnema et de l’Anthoceros. Dans chaque grain il se forme une ou plusieurs vaeuoles qui distendenila matière verte et qui sé font jour plus tard sous la forme de vésicules incolores. Alors, dans certains cas, la matière verte conserve sa cohérence STRUCTURE DE LA CHLOROPHYLLE. 155 et reste sous la forme d’un bonnet qui revêt un côté de la vésicule ; tandis que, dans d’autres cas, elle perd sur certains points sa cohé- rence, de sorte qu’on en voit, sur la surface de la vésicule, des portions isolées reconnaissables à leur coloration ou à leurs gra- nules. On voit très bien par là que la matière mucilagineuse dans laquelle se trouvent les vacuoles porte la substance verte à sa sur- face et ne constitue nullement une membrane enveloppant la sub- stance verte. Ces grains de Chlorophylle sont très mous; d’où il arrive assez fréquemment que, si l’on couvre ceux qui sont sortis isolément dans l’eau avec une petite lame de verre, on les voit s’y coller et devenir des masses amorphes que la formation de beau- coup de petites vacuoles rend ensuite pour l’ordmaire comme spon- gieuses. Il est extrêmement vraisemblable que la couche la plus externe de ces grains de Chlorophylle a plus de consistance que le reste, puisque, s’il en était autrement, ils se colleraient aux corps étrangers beaucoup plus souvent qu'ils ne le font, et d’ailleurs que les grains, sé touchant l’un l’autre, se réuniraient en une masse continue; néanmoins on n’y reconnait pas la moindre trace d’une membrane qui differerait de la substance intérieure. Dans mon mémoire précédent, j'avais dit que vraisemblablement les petits granules contenus dans la Chlorophylle, sur lesquels leur extrême petitesse m'avait empêché de rien voir, devaient être des grains | de fécule s'ils bleuissaient par l’iode (comme le font les grains plus volumineux de la deuxième forme). C’était là une erreur, ainsi que j'ai pu le reconnaitre à l’aide de meilleurs microscopes ; | je les ai vus, en effet, brunir par l’iode et ressembler ainsi aux granules qui existent dans le protoplasma. Je puis signaler le Clivia nobihs comme une plante dans les | feuilles de laquelle cette forme de grains de Chlorophylle est par- | faitement développée et qui dès lors convient très bien à l'étude | qu'on peut en faire. Les grains de Chlorophylle de la seconde espèce ont ordinaire- ment de plus fortes dimensions que ceux qui viennent d’être dé- crits * ainsi leur diamètre s'élève, par exemple dans la feuille du Ceratophyllum demersum , à + de ligne. Dans leur intérieur, on reconnait, même sur le grain frais, plus clairement encore 156 HUGO VON MOUL. après l’action de l’eau et surtout après l'emploi de l’iode, un ou plusieurs grains d’amidon souvent assez gros pour que la ma- üère verte ne forme sur eux qu’un revêtement mince. Mais aussi, dans un grand nombre de cas, la fécule ne forme qu’une faible partie du grain entier, puisqu'elle se montre comme un ou plu- sieurs petits noyaux qui n’occupent que du ? à la & du diamètre du graim de Chlorophylle. La surface de ce grain lui-même est plus lisse que dans beaucoup de ceux de la première espèce, et sa ma- tière verte est d'ordinaire plus finement granuleuse. L'action que l’eau exerce sur ces grains est souvent extrêmement faible; on la reconnait même à peine, dans beaucoup de cas, après vingt-quatre heures d'immersion, Au total, elle se réduit à rendre plus nets les contours des grains de fécule, ce qui paraît tenir à ce qu'un peu d’eau pénètre entre ces grains et la matière verte qui les enveloppe comme un manteau. Quant à cette dernière, elle reste absolument comme elle était. Si par hasard le rasoir la détache du grain de fécule, ou si l’on détermine le sonflement de celui-ci à l’aide d’un acide, de sorte qu'il perce à travers la matière verte et s'en dépouille, on reconnait que cette dernière est suffisamment consistante pour conserver sa forme première, ainsi que la cavite dans laquelle était contenu le grain d'amidon; elle a cependant assez de mollesse pour former de gros plis lorsqu'on exerce sur elle une pression latérale. Elle se montre ainsi comme une sub- stance gélatineuse, qui ne se gonfle pas sensiblement dans l'eau et qui, autant du moins qu’on peut s’en assurer, est colorée en vert dans toute son épaisseur. Je n’ai jamais vu s’y former de vacuoles. Pour l'étude de cette forme de grains de Chlorophylle, parmi les plantes sur lesquelles ont porté mes recherches, je n’ai rien vu de plus avantageux que les cellules de l'intérieur des feuilles du Ceratophyllum demersum . J'ai fait remarquer plus haut que ces deux formes de grains de Chlorophylle passent fréquemment l’une à l’autre ; il faut dire toute- fois que les formes anomales ne se montrent jamais dans la même cellule, mais dans des cellules différentes de la même plante. Ainsi, l’on rencontre très fréquemment des grains de Chlorophylle qui ressemblent à ceux de la première espèce pour la forme et la gros- STRUCTURE DE LA CHLOROPHYLLE. 157 seur, mais qui contiennent dans leur intérieur un ou plusieurs granules de féeule. Lorsque ces granules sont petits (et souvent ils le sont tellement, que ce n'est qu'après les avoir fait gonfler par l'ébullition qu’on peut les reconnaître comme tels au moyen de l'iode }, les grains de Chlorophylle se rapprochent de ceux de la première espèce qui ont été décrits comme ne contenant pas d’amidon ; au contraire, d’autres, dans lesquels les granules de fé- _cule sont plus gros, forment la transition à ceux qui ont été décrits dans le Ceratophyllum. Ces grains de transition se comportent de manières diverses avec l’eau, puisque les uns sont tout à fait insen- sibles à son action (comme, par exemple, les grains de Chlorophylle de Ja feuille du Z’allisneria, du Potamogeton crispus, de la sub- stance médiane de la feuille de l'Hoya carnosa), et que les autres se gonflent en vésicule dans ce liquide (par exemple dans la feuille du Bromelia Ananas). Dans ce dernier cas, on voit assez fréquem- ment quelques grains de fécule hbres dans l’eau qui remplit les va- cuoles présenter un mouvement moléculaire. Il existe une règle générale relativement à la distribution des deux formes de grains de Chlorophylle dans les diverses cellules d’une plante. Les couches cellulaires extérieures, soit de l'écorce, soit des deux faces des feuilles, renferment des grains sans fécule ou à très petits granules de fécule, susceptibles les uns et les autres de se gonfler en vésicules dans l’eau. Au contraire, dans les cou- ches de l'écorce qui avoisinent le bois et dans la zone moyenne de la feuille, on trouve de la Chlorophylle contenant des grains de fécule proportionnellement volumineux qui résistent plus que les premiers à l’action de l’eau. Cependant, ces deux sortes de grains ne se trouvent pas réunies dans toutes les feuilles, car il y a des plantes dans lesquelles toutes les couches de la feuille, même la moyenne, ne renferment que de la Chlorophylle sans fécule. Il ne sera pas inutile d'en citer quelques-unes dans lesquelles on observe ces deux manières d’être. | Des grains de Chlorophylle sans fécule se trouvent dans toutes les couches des feuilles des espèces suivantes : Elymus arenarius, Iris germanica, Scilla maritima, Tulipa Gesneriana, Phormium tenax, Y'ucca gloriosa, Clivia nobilis, Menyanthes trifoliata, Ile 158 | HUGO . VON MOHL. aquifolium, Aralia trifoliata, Sedum Telephium, Cochlearia offi-. cinalis. | Des feuilles dont la couche la plus externe présente des grains de Chlorophylle sans fécule, tandis que ceux qui se trouvent dans le milieu de l'épaisseur de la feuille en contiennent, se trouvent dans l’Acrostichum alcicorne, le Strahotes aloides, le Potamogeton crispus, le Piper magnoliæfolium, le Camellia japonica. Enfin le Billbergia zebrina, le Bromelia Ananas, le F'allisneria spiralis, le Fiscum album, le Ceratophyllum demersum , l'Hoya carnosa, n’ont dans leurs feuilles que des grains de Chlorophylle à fécule; seulement ceux qui se trouvent dans les cellules des cou- ches externes ressemblent sensiblement aux grams sans amidon, tandis que celles qui se trouvent dans le milieu de la feuille con- tiennent de plus gros grains d'amidon. Relativement à cette énumération d'espèces, il est nécessaire de faire observer que l'indication de la présence ou de l’absence de la fécule dans les grains de Chlorophylle ne se rapporte qu’à la feuille adulte, et non au premier degré de son développement, car les grains de cette substance et la matière verte des granules de Chlo- rophylle ne suivent pas la même marche dans leur développe- ment et n’ont pas la même durée. Les rapports réciproques de la fécule et de la Chlorophylle ont acquis un grand intérêt théorique depuis que M. Mulder (41) a vu la cause de la sécrétion d'oxygène des plantes vertes dans une transformation des grains d’amidon en Chlorophylle. D'après M. Mulder, les grains d’amidon fournissent les matériaux em- ployés à la formation de la cire qui se trouve toujours unie à la matière verte; de là résulte que la production de. cette ma- tière verte, toujours composée de cire et de matière coloranie, se relie à une transformation qui s'opère de dehors en dedans, et qui conduit finalement à la disparition des grains de fécule. Ce chan- gement de l’amidon en cire amène une abondante séerétion d’oxy- gène, et les plantes expirent de l'oxygène, non parce qu’elles sont vertes, mais parce qu'elles le deviennent, en produisant constam-, (4) Versuch einer phys. Chemie, p 294 STRUCTURE DE LA CHLOROPHYLLE. 159 ment, sous l'influence de la lumière, de nouvelle matière colorante (vraisemblablement avee la protéine) et la cire qui l'accompagne toujours, par transformation de l’amidon. Il est intéressant de rechercher jusqu’à quel pot cette théorie concorde avee les données fournies par l'étude anatomique. Dans ce but, il faut voir si la fécule précède toujours la Chlorophylle, si l’organisation de celle-ci se concilie avec l’idée qu’elle provient des grains de fécule, enfin si le grossissement des masses de Chlorophylle se lie à une diminution dans les dimensions des grains d’amidon. La solution de la première de ces questions est moins facile qu'elle ne le parait au premier coup d'œil, parce que, comme la fécule existe presque partout, et que les organes jeunes, notamment les feuilles jeunes, en contiennent le plus souvent une grande quantité, il est difficile de trouver des cellules qui, dans les pre- miers temps de leur développement, ne renferment pas cette sub- stance, mais dans lesquelles 1 se forme plus tard de la Chlorophylle. Je crois cependant que ce cas se présente quelquefois nettement, Ainsi, dans les cellules de l’épiderme des feuilles du Stratiotes aloides, je n'ai pas vu de fécule antérieurement aux grains de Chlo- rophylle, et je n’en ai pas trouvé non plus, à une époque plus avancée, dans les grains de Chlorophylle complétement formés ; de même, dans plusieurs espèces de Sélaginelles, à l'extrémité de la tige et dans les feuilles les plus jeunes, je n'ai pas trouvé vestige l’amidor, . et je n’en ai pas vu non plus dans les grains de Chloro- phylle qui avaient pris naissance à une époque postérieure. Dès lors nous ne pouvons regarder la préexistence des grains de fécule comme une condition indispensable pour la formation de la Chloro- phylle. Relativement à la seconde question, qui consiste à savoir si la forme de la Chlorophylle se concilie avec l’idée qu’elle est née des grains de fécule, elle ne peut se rapporter qu’à la Chlorophylle sous forme de grains. Mais lorsque M. Mulder veut faire naître aussi les autres formes de la même manière, lorsqu'il admet que la Chlorophylle amorphe provient de la fusion de groupes entiers de grains d’amidon changés en Chlorophylle , sa manière de voir 160 | HUGO VON MOHNL. est en contradiction complète avec les faits anatomiques, puisqu'on n’observe jamais que les rubans de Chlorophylle des Zygnema, les membranes de Chlorophylle des Ulothrix, Draparnaldia, etc., la Chlorophylle à configuration particulière de l’Anthoceros, soient précédés dans les cellules jeunes par une quantité équivalente de grains de fécule. L'observation démontrant que ces formes ne pro- viennent pas de l’amidon, il devient par cela même très invraisem- blable que les grains de Chlorophylle aient, de leur côté, une pareille origine. D'ailleurs toute cette théorie de M. Mulder repose sur une opinion inexacte relativement à la composition de la ma- üère verte de la Chlorophylle, au sujet de laquelle il admet qu’elle se dissout dans l'alcool et qu’ellé est composée de substance verté et de cire, tandis que je crois avoir suffisamment démontré qu’elle , consiste, pour la majeure partie, en une matière voisine du proto- plasma, qui ne peut non plus être due à une transformation des principes de la fécule. Néanmoins il se pourrait, non dans {ous les cas, mais dans la plupart des plantes dont les grains de Chlorophylle contiennent de la fécule, que celle-ci servit à donner naissance à la cire accompagnant la matière verte : s'il en était ainsi, on devrait croire qu'à mesure que se forme la substance verte d’un grain de Chlorophylle, les granules d’amidon qu’il renferme perdent de leur grosseur. Comme preuve que les choses se passent ainsi, on pourrait alléguer ce fait que, dans beaucoup de plantes, les grains de Chloroïh;lle des feuilles très-jeunes contiennent des granules de fécule, tandis qu'on n’en voit plus dans ceux que présente la feuille adulte. Seulement il restera toujours douteux que ces gra- nules de fécule contribuent d’une manière essentielle à la formation des grains de Chlorophylle, pour peu qu’on tienne compte des rapports de grandeur des uns et des autres; car on verra qu'ils sont insuffisants pour produire ce résultat. Ainsi, par exemple, dans le Sedum Telephium les petites feuilles du bourgeon, longues d'environ 1 ligne, présentent des grains de Chlorophylie dont le noyau d'amidon forme la plus grande partie, et qui ont de ,4 à —E de higne. Dans les feuilles extérieures du même bourgeon, longues de 7 lignes, l’amidon des grains STRUCTURE DE LA CHLOROPHYLLE. 161 de Chlorophylle à disparu et le diamètre de ees grains à atteint + de ligne. Cependant leur grossissement n’est pas encore ter- miné, et, quoique la fécule ait disparu, ils continuent de gros- sir, au point que, dans la feuille adulte, ils mesurent ,5, de dia- mètre. D'ailleurs ce n’est pas une règle générale que la. fécule diminue à proportion que la Chlorophylle se forme ou qu’elle soit totalement absorbée ; au contraire, on voit peut-être tout aussi sou- vent que les granules de fécule contenus dans la Chlorophylle sont extrèmement pelits dans la feuille jeune et grossissent ensuite er. même temps que le grain de Chlorophylle; qu'ils s’accroissent même relativement plus que celle-ci, de telle sorte que les grains de Chlorophylle jeunes ont un revêtement vert beaucoup plus épais qu'il ne le sera sur ces mêmes grains entièrement formés. C'est, par exemple, ce que le Ceratophyllum montre avec une extrême netteté. Si nous considérons l’ensemble de ces faits, la présence de la Chlorophylle dans des cellules qui ne renferment pas de fécule, l'existence de Chlorophylle étendue en forme de membrane qui n’a pas été précedée par une formation analogue de féeule ni par des amas de grains de la même substance, l'accroissement des grains de Chlorophylle après que les grains d’amidon ont disparu de leur intérieur, le grossissement simultané dans d’autres plantes des grains de fécule et de ceux de Chlorophylle, nous arriverons à la conelusion que la Chlorophylle ne résulte pas d’une transforma- tion des grains de fécule, mais que ces deux formations , bien que fréquemment rattachées l’une à l’autre , naissent pourtant indé- vendamment l’une de l’autre. Ainsi qu'on le voit nettement dans les cellules intérieures et à fécule d’une Pomme de terre qui a été exposée à la lumière, et très fréquemment dans les feuilles du bourgeon, la fécule peut exister de bonne heure, et alors la Chlo- rophylle se dépose autour d'elle comme autour d'un noyau ; mais réciproquement il peut arriver aussi que le grain de fécule logé dans la Chlorophylle grossisse indépendamment de cette dernière, et même qu'il se forme de toutes pièces dans une Chlorophylle qui prinilivement n'en contenait pas. ie série Bor. T. VI (Cahier n° 3.) 41 QUELLES SONT LES CAUSES ; qui DÉTERMINENT LA DILATATION ET LE RESSERREMENT DES STOMATES ? | Par M. HUGO V. MOHL.. (Botanische Zeitung, des 3 et 10 octobre 1856.) Les observateurs auxquels est due la découverte des Stomates avaient déjà constaté que la fente ou l’ostiole de ces organes s'ouvre dans certains cas, se ferme dans d’autres ; c'est ce que Hedwig, par exemple , savait parfaitement (1). Mais, parmi ces observateurs, un fort petit nombre cherchèrent à déterminer les circonstances auxquelles sont dus ces mouvements, et encore furent-ils conduits par leurs recherches à des conclusions totalement divergentes. Joseph Banks admettait comme un fait positif, sans toutefois rap- porter les observations sur lesquelles il basait son opinion, que les Stomates sont fermés par un temps sec, ouverts par un lemps humide (2): aussi ne doutait-il pas que ces petits organes ne fussent destinés à l'absorption de l'humidité, particulièrement de l’eau de la pluie et de la rosée. Au contraire, d'après J.-J.-P; Moldenhawer (3), les choses se passeraient d'une manière tout à fait inverse, c’est-à-dire que les Stomates seraient fermés les jours de pluie et les nuits avec rosée ; tandis qu'on les trouverait constamment ouverts lorsque, par une belle matinée, les feuilles ressuyées sont frappées par le soleil, par conséquent, dans les circonstances où la transpiration de: plantes estle plus active. Ces faits et l’idée que cet auteur en déduit, en vertu de laquelle Ia dilatation des Stomates serait en rapport avec la transpiration des plantes, ne concordent pas entièrement avec ce qu'il dit dans un autre passage de son livre (page 100), que, dans (1) Voyez Sammlung, etc., Collection de ses Mémoires épars, 1,703, p.126. (2) À Short Account of the Causes of the Diseases in Corn, 1805, p. 6. (3) Beitræge 5. Anatomie d. Pfl., p.98. DILATATION ET RESSERREMENT DES STOMATES. 163 le Maïs et la Canne à sucre, ces petits appareils ne se sont montrés ouverts que le matin , lorsque le soleil est venu frapper les feuilles encore couvertes de rosée, ou lorsque les feuilles eurent été cour- bées de manière à plonger dans un vase plein d’eau et exposées ensuite au soleil, sous l'influence de conditions qui mettent obstacle à leur transpiration. Nous devons à M. Amici d’autres observations sur le même - sujet (4). Le savant italien donne, comme résultat constant de ses observations, que les Stomaies sont largement ouverts lorsque les plantes sont à sec et exposées au soleil, tandis qu'ils sont moins ouverts ou même fermés pendant la nuit; il dit aussi qu'il suffit de mouiller une feuille, füt-ce très localement et avec une simple goutte d’eau , pour voir les Stomates se fermer rapidement. Il regarde comme très convenable pour des observations de ee genrele Ruta graveolens, surtout si l'on ne détache pas l'épiderme pour l'observer au moyen de la lumière transmise, mais qu'on en examine les feuilles comme objet opaque à l’aide dela lumière réfléchie. Quoique les Stomates se montrent ainsi dans une complète dépendance de l’état sec ou mouillé de l’épiderme, M.-Amiei ne les regarde pas comme servant à latranspiration, parce que, sur une plante coupée qu’il a laissée se faner, il les a vus se fermer en peu de temps, l'exhalition de vapeur aqueuse n’en continuant pas moins d’avoir lieu. Il a conelu de là que ces petits organes servent à l’expiration de l'oxygène. Plus tard, dans une lettre datée du 8 janvier 1838, et adressée à M. Pietro Savi , cet habile observateur a exposé de nouveau cette opinion que l’état des Stomates dépend de celui des feuilles, l'humidité les faisant fermer, tandis que la sécheresse les fait ouvrir(2) ; cependant iln’a pas ajouté de nouveaux faits à l'appui de cetle manière de voir. Je ne connais pas d'autres observations positives sur le même sujet. Il parait douteux que ce qu'en dit M. Schleiden (3) repose (4) Osservazioni microscopiche sopra varie piunte, vol. XIX des Mémoires de la Société italienne des sciences résidant à Modène : traduit dans les Annales des sciences naturelles, 1824, t. IL. (2) Mem. della Academia di Torino, série 2, t. [T,p. 49. (3) Grundzüge d. wiss. Bot., 3° édit., 1, p. 340. 16 HUGO VON MOUHL., sur des recherches précises. Ce savant botaniste dit qu’on ignore si les Stomates se resserrent par l’effet de la turgescence ou de l'affaissement de leurs cellules ; cette dernière supposition lui paraît plus vraisemblable , parce que l’évaporation, agissant d’abord sur ces cellules, se trouverait arrêtée dès l’instant où elle tendrait à de- venir trop forte. | J'ai été conduit à porter mon attention sur ce sujet lorsque j'ai fait des expériences sur l'absorption par les feuilles de l’eau li- quide ou en vapeur. A cette occasion j'ai dû examiner dans quel état se trouvaient les Stomates. Dès mes premières observations, j'ai vu que les choses ne se passaient pas d'une manière aussi simple ni aussi concordante dans différentes plantes qu'on était porté à le croire ; mais que, dans des conditions extérieures ana- logues , elles avaient lieu tout différemment, et que les opinions contradictoires de Banks, Moldenhawer et Amici étaient parfaite- mont fondées dans des cas différents, c’est-à-dire que les Stomates des feuilles s’ouvrent constamment sous l’eau dans une plante, et se ferment constamment dans une autre. Puissé-je avoir réussi à résoudre cette apparente contradiction | J'ai fait mes observations principalement sur des plantes mono- cotylées, parce que j'espérais arriver plus facilement à des résul- tats incontestables, grâce aux dimensions plus considérables que présentent fréquemment leurs Stomates. Le Ruta graveolens, que M. Amici recommandait tant pour ces recherches, m'a paru moins avantageux, soit parce que ses Stomates sont assez petits, soit et principalement parce que ses feuilles ne se mouillent qu'avec une extrême difficulté. J'ai employé en partie la méthode de M. Amici, qui consiste à éclairer les feuilles en dessus à la manière des corps opaques ; mais, en général, j'ai préféré observer à l’aide de la lumière transmise. Je ne me suis servi que rarement d’épidermes arrachés, et seulement dans le but d'établir une comparaison avec les résultats obtenus par une autre méthode ; je craignais, en effet, de détruire par l’arrachage les rapports nature's des cellules. Tantôt j'ai examiné les feuilles tout entières ; tantôt, lorsque leur épaisseur Îles rendait trop opaques, j'ai enlevé des lames de feuilles daus un sens parallèle à la surface , en laissant tenir à l’épiderme DILATATION ET RESSERREMENT DES STOMATES. 165 plusieurs couches de parenchyme vert. On sait que l’épiderme de beaucoup de feuilles est très difficile à mouiller, et qu'il est surtout difficile de débarrasser l'ouverture des Stomates de l'air qui s’y trouve. Pour enlever cet air, et pour rendre aussi complète que possible l’action de l’eau, j'ai eu recours à la machine pneumatique. Naturellement elle agit avec beaucoup d’énergie et derapidité ; car, peu de secondes après qu'on a laissé rentrer l'air dans la cloche , ‘ pour que sa pression fasse pénétrer l’eau dans les Stomates, dans les chambres respiratoires et dans les méats intercellulaires, toutes les cellules de la feuille se montrent gorgées de suc. Cette particu- larité pourrait faire penser qu’on amêne par là des phénomènes autres que ceux qui sont la conséquence de l'absorption ordi- naire, qui est plus faible et qui ne remplit pas les méats intercellu- laires ; cependant de nombreuses comparaisons m'ont fait voir qu'il n'en est pas ainsi, mais que l'absorption de l’eau produit ses effets avec plus de rapidité lorsque la pression de l'air la favorise. Ainsi l'emploi de la machine pneumatique non-seulement épargne du temps, mais encore elle a l'avantage de rendre la feuille plus transparente en remplissant ses espaces intercellulaires, et d’en faciliter ainsi l'examen au microscope. D'abord 1l ne sera pas inutile de jeter un coup d'œil sur les par- ticularités anatomiques des deux cellules plus ou moins eourbées en croissant qui circonscrivent immédiatement le Stomate ( cel- lules stomatiques ); car les descriptions et les figures qu’on en a publiées jusqu’à ce jour, presque sans exception, donnent une idée inexacte de leur structure. Voici, en effet, quelle est leur manière d’être ordinaire (à laquelle il y à, il est vrai, des exceptions que je passe sous silence). Ces cellules stomatiques portent sur leur face externe une saillie qui, pour l'ordinaire (comme dans le Lilium candidum, pl. k,fig. 3 a, fig. 6 a, et dans l'Orchis latifohia, fig. sa, fig. 7a), n’est formée que d’une membrane mince, mais qui, dans d’autres cas , consiste en un fort épaississement de la paroi cellulaire, ainsi qu’on le voit, à un degré moyen, dans l'Amaryllis formosissima (pl. 4, fig.2 à, fig. 4 a), à un haut degré dans le Clivia nobilis (pl. 4, fig. 9 a), où cette saillie forme un relief élevé. Les bords de cette saillie, rattachés l’un à l’autre aux 166 HUGO VON MOHL. deux extrémités du Stomate, forment au-dessus de celui-ci une ouverture, tantôt plus large (par exemple Lilium candidum, pl. &, fig. 3 a; Orchis latifolia, fig. 7 a}, tantôt plus étroite que lui (pl. 4, fig. 2 b, fig. 8c, 7e). Cette ouverture se montre seule (4) lorsqu'on élève assez le microscope pour que le Stomate lui-même se trouve au delà du foyer et reste dès lors vague, ainsi que j’ai cherché à le représenter dans la portion supérieure des figures 2, 3, 7. Elle conduit dans un élargissement rempli d’air, situé sur le Stomate (pl. 4, fig. k b,5b, 6 b, 9 D), que je nommerai l’antichambre ( Vorhof ), d'où j'appel- lerai l'ouverture elle-même ouverture de l’antichambre (F'orhof- spalte) (2). Cette antichambre est limitée, à ses deux côtés, par la partie supérieure des parois latérales des deux cellules stomatiques, et la ligne de jonction de ces parois latérales avec la membrane qui limite la même cavité vers l'extérieur, et qui tantôt fait saillie en forme de mur, tantôt s'étend horizontalement, cette ligne, dis-je , apparait sous la forme d’une ellipse plus ou moins visible (pl. 4, fig. 3 b, 7 b ), parallèle à celle de l’ostiole, et-extérieure par rapport àcelle-ct, dont elle est plus ou moins distante selon l’épais- seur de la membrane en saillie. Dans les cas où cette même mem- brane est très épaisse, le contour de l’antichambre se voit très bien, comme, par exemple, dans le Clivia nobilis ; alors la ligne qu'il forme peut facilement être prise pour l’ostiole lui-même par un observateur peu attentif et sous un faible grossissement. En baissant le microscope, on aperçoit le véritable ostole (3) (1) Il n’est pas nécessaire de faire observer que je ne parle ici que des Stomates situés à la surface des feuilles et au-dessus desquels on ne voit pas le bord des cellules épidermiques adjacentes s'avancer en forme de mur plus ou moins saillant, percé au sommet d'une ouverture, comme cela a lieu dans les Cycus, dans beaucoup de Proléacées, etc. On remarque un très faible commencement d'une formation analogue dans l’'Amaryllis formosissima , qui la montre sur une coupe transversale à la figure 4 g; en projection, à la figure 2 g. (2) Dans tout ce mémoire, nous la nommerons d'un seul mot préostiole. (Note du traducteur.) (3) Ce serait employer inutilement le temps et la peine que de démontrer encore ici que l’ostiole d’un Stomate est une véritable ouverture béante. DILATATION ET RESSERREMENT DES STOMATES, 167 situé entre les parois des cellules latérales stomatiques , concaves dans le sens horizontal, convexes dans le sens vertical, et en même temps , par un effet nécessaire du changement de Pinstru- ment, le préostiole et le contour extérieur de l’antichambre de- viennent vagues (portion inférieure des figures 2, 3, 7 en c). Il existe en outre , dans la plupart des plantes, une saillie ana- logue sur le côté inférieur des cellules stomatiques, qui est tourné “vers la chambre aérienne ; mais ordinairement cette saillie interne: est plus faible que l’externe, souvent à peine indiquée, souvent aussi fortement prononcée (pl.4,fig. 4,5,6, 9 end). Cette saillie in- férieure sépare de la cavité respiratoire une arrière-chambre ( Hin- terhof) (pl. 4, fig. 4,5,9/f)dont l'ouverture, analogue au préostiole, ne se montre que si l’on abaisse encore davantage le microscope. Pour ne pas trop charger de lignes les figures 2, 3, 7, je n’y ai pas indiqué cette ouverture intérieure. Les parois des cellules stomatiques elles-mêmes (pl. 4, fig. 4, 5, 6,9%) présentent d'ordinaire, à différentes places, sur une section transversale, de grandes inégalités d'épaisseur. Le plus souvent leur portion externe, adjacente aux cellules de l'épiderme, est assez mince, comme la portion qui circonserit immédiatement l’os- liole est médiocrement épaissie, tandis que leur membrane est ordinairement très épaisse sous les deux saillies qui forment l’anti- chambre et l’arrière-chambre ; le Chivia présente cet épaississe- ment à son maximum (fig. 9 ). Lorsque les saillies sont aussi for- tement prononcées que dans ce dernier cas, une bonne partie de leur substance est pénétrée de matière cuticulaire. Cette partie se reconnait même sans l'emploi de liode ; elle se distingue par une ligne nette de séparation des autres portions des cellules stoma- tiques composées de cellulose pure, tandis que les saillies légères (comme généralement toute la portion libre des cellules stoma- tiques) ne sont recouvertes que d’une cuticule mince. Ces inégalités dans l'épaisseur des parois doivent influer sur les modifications de forme que subissent les cellules stomatiques , lorsque , par endosmose , elles absorbent de l’eau ou en laissent sortir. | _ J'ai cherché à reconnaitre quelles sont ces modifications de 168 HLGO VON MOZAL. forme et quelle influence elles exercent sur l'ouverture et la fer- meture de l’ostiole. Or, pour déterminer isolément les changements amenés par l'absorption ou l'émission d’eau , il fallait éliminer l'influence exercée sur les cellules du Stomate par les cellules adjacentes de l’épiderme lorsque celles ci-se gonflent ou s’affais- sent. Pour arriver à ce résultat sur des feuilles de plantes mono- cotylédones, dans lesquelles l’épiderme est formé de cellules très allongées et disposées en files régulières, entre les extrémités des- quelles sont enchâssés les Stomates avec leurs deux cellules en croissant, j'ai mené d’abord des sections transversales rapprochées à travers l’épiderme et les couches supérieures du parenchyme foliaire ; ensuite j'ai achevé de détacher une lame du tissu de la feuille avec l’épiderme qui la recouvrait en faisant une section parallèle à la surface. J’ai transporté dans l’eau les lambeaux ainsi enlevés. Par là les cellules épidermiques, latéralement contiguës au Stomate, se trouvaient en plusieurs endroits coupées transver- salement (fig. 1 a, a) ; en conséquence, elles ne pouvaient plus subir d’endosmose ni exercer la momdre pressionlatérale sur les cellules stomatiques. Au contraire, ces dernières, étant restées parfaite- ment intactes, pouvaient très bien absorber de l’eau et se gonfler ; ou bien, si elles étaient plongées dans de l’eau sucrée, elles lais- saient exsuder une partie de leur contenu aqueux. Le résultat de ces recherches, pour lesquelles les feuilles de l'Amaryllis formosissima conviennent parfaitement à cause de la grandeur de leurs cellules, et surtout à cause de la grande sensibi- lité de celles qui forment les Stomates, a été constant et décisif. Débarrassées, comme il vient d’être dit, de l'influence de leurs voisines, les cellules du Stomate ont toujours élargi fortement dans l’eau l’ostiole situé entre elles, tandis qu’elles l’ont fermé dans l’eau sucrée. En employant alternativement l’eau pure et l’eau sucrée, j'ai fait ouvrir et fermer plusieurs fois, à volonté, ce même orifice. Ainsi ce que M. Schleiden regardait comme vraisemblable , en s’appuyant uniquement sur des considérations théoriques, se trouve établi par une expérience décisive. Les cellules des Stomates élar- gissent l'ostiole par leur turgescence et le resserrent par leur affais- sement. Cette ouverture atteint, dans les conditions indiquées, une DILATATION ET RESSERREMENT DES STOMATES. 169 largeur considérable ; dans l’Amaryllis formosissima, elle arrive à mesurer -- de ligne. Dans plusieurs plantes, par exemple dans le Pancratium illyri- cum, les Lilium Martagon et bulbiferum , 11 suffit de détacher l’épiderme du tissu sous-jacent, soit en l’arrachant, soit au moyen d’une section, pour débarrasser les cellules stomatiques de l’in- fluence des cellules environnantes, de manière qu’elles n’éprou- vent aucune difficulté pour ouvrir l’ostiole sous l’influence de l’eau pure, et pour le fermer sous celle de l’eau sucrée ; néanmoins la mé- thode indiquée plus haut est la plus sûre et la plus démonstrative. Mais , bien que les Stomates soustraits à l'influence des cellules ambiantes s'ouvrent constamment par l’action de l'eau , il serait prématuré d'en conclure que les choses se passent de la même manière sur les feuilles intactes. Sans doute il existe des plantes dans lesquelles il en est ainsi, par conséquent, dans lesquelles les cellules stomatiques ne sont nullement entravées par leur entourage dans leurs mouvements de dilatation ou de contraction, soit parce que leur force d’absorp - tion l'emporte sur celle des cellules voisines , soit parce que les relations mécaniques favorables dans lesquelles elles se trouvent par rapport à leur entourage empêchent celui-ci d'exercer sur elles une forte pression. La propriété qu'ont les Stomates de s'ouvrir dans l’eau sur des feuilles intactes existe très constamment, et à un degré élevé, dans plusieurs Orchidées indigènes (peut-être dans toutes), par exemple, dans les Orchis Morio, maculata et latifolia, dans le Gymnadenia conopsea , le Listera ovata , le Cypripedium Calceolus. Cette propriété se rattache , sans doute, à la structure de leur appareil stomatique. Dans ces plantes (comme on le voit sur la coupe transversale représentée par la figure 5 d’après l’'Or- chis latifolia), les cellules stomatiques (k) sont enchâssées entre celles de l’épiderme , de telle sorte qu’elles n’adhèrent avec elles que par une portion proportionnellement petite de leur surface ; par suite elles peuvent se dilater et se contracter sans la moindre difficulté et abstraction faite de leur situation. Il y a également quelques autres plantes, comme les Lilium Martagon, bulbiferum, candidum, sur lesquelles on peut observer 170 HUGO VON MOHL. le même phénomène, mais à un faible degré, puisque les Stomates de leur feuille intacte ne s'ouvrent que de + à 35, de ligne, élargissement assez faible pour qu'on puisse penser qu’il n'existe pas constamment. Pareille incertitude n’est pas possible dans les Orchidées nommées plus haut, puisque leur ostiole s'ouvre dans l'eau pure jusqu’à mesurer 4, de ligne, et se réduit dans l’eau su- crée à 555 OU 4 de ligne. Cependant une observation attentive fait aussi reconnaître le même fait-dans les Lis en question, pour peu qu'on examine comparativement un même Stomate dans l’eau pure et dans l’eau sucrée. Les Orchidées indigènes forment un contraste frappant, sous le rapport du phénomène dont il s’agit ici, avec la plupart des plantes dans lesquelles les Stomates des feuilles intactes se ferment sous l’action de l’eau. Celles qui se distinguent le plus à cet égard sont les Graminées , chez lesquelles ces petits organes se ferment ordi- nairement sous l’eau avec une extrême rapidité. | Or, comme j'ai montré plus haut que les cellules stomatiques soustraites à l'influence des cellules environnantes ferment l’ostiole dans l’eau, il est clair que l’occlusion qui a lieu sur les feuilles intactes est due à la prédominance d'action des utricules épider- miques qui entourent le Stomate, lesquelles, se gonflant dans l’eau, obligent l’ouverture de celui-ci à se fermer , en exerçant sur lui une pression latérale. J'ai examiné ce phénomène principalement sur les feuilles de l’'Amaryllis formosissima. Ici, comme le montre une section trans- versale (pl. 4, fig. 4), les cellules stomatiques (k) s’enfoncent de la moitié de toute leur étendue entre les cellules épidermiques ; dès lors elles doivent, si celles-ci absorbent l’eau plus énergiquement qu'elles-mêmes, subir de leur part une compression latérale. Lorsqu'on examine les feuilles de cette plante dans la matinée, immédiatement après qu’elles ont été coupées , on trouve leurs Stomates ouverts. Si l’on met une de ces feuilles coupées dans l'eau, qu'elle absorbe promptement avec assez de force pour en devenir notablement plus ferme , ou bien si l'on en place dans ce liquide une tranche mince comprenant l’épiderme avec environ un üers de l’épaisseur du parenchyme, et qu’on couvre avec une petite DILATATION ET RESSERREMENT DES STOMATES. 171 lame de verre, on voit les Stomates se fermer en un quart d'heure, ou tout au plus en une demi-heure. La forme de l’ensemble du Stomate se modifie alors notable- ment, puisqu'il diminue de largeur. Lorsque l’ostiole est ouvert, le contour extérieur des cellules stomatiques est presque circulaire (pl. 4, fig. Lena a ; fig. 2); lorsqu'il est fermé, la longueur de ces cellules restant la même , la largeur de l’espace qu'elles occupent * diminue considérablement, de telle sorte que le contour total devient elliptique (pl. 4, fig. 4, entre bb). Ce changement de forme est la conséquence de la pression exercée latéralement par les cellules de l’épiderme sur celles du Stomate ; cela résulte des faits signalés plus haut, qui montrent que l'ostiole s'ouvre lorsque les cellules de l’épiderme ont été coupées. Une autre circonstance qui dépose clairement en faveur de cette pression latérale consiste en ce que, par un plus long séjour dans l’eau, le côté convexe des cellules stomatiques qui s'enfonce dans les cellules voisines finit souvent par se pisser. Done les cellules du Stomate, dans les circonstances indiquées, sont simplement passives, et l’occlusion de l’ostiole reconnait pour cause une absorption prépondérante des utricules de l’épiderme. S'il en est réellement ainsi, il devra être facile, en recourant à l’action de l’eau sucrée, de soustraire de l’eau prinei- palement à l’épiderme et, par suite, d’obliger l’ostiole à s'ouvrir. C'est ce à quoi j'ai complétement réussi, lorsque j'ai fait usage d’eau suffisamment chargée de sucre ; seulement cette expérience échoue souvent, parce que les cellules stomatiques elles-mêmes perdent alors tant d’eau , que leur utricule primordiale se contracte, et qu'’elles-mêmes cessent par suite de pouvoir se dilater. La supériorité du gonflement qui a lieu dans les cellules de l’épiderme relativement à celles du Stomate, et l’occlusion de l’ostiole qui en est la conséquence, peuvent être amenées non-seule- ment par l’action de l’eau, mais encore par la fanaison des feuilles. Dans ce cas, la perte d’eau s'opère d’abord pour les cellules sto- matiques, dont la surface est libre dans cet ostiole ; elles rétré- cissent alors celui-ci et le ferment enfin complétement, comme l'avait déjà dit Amici. Si l’on met dans l’eau une tranche de feuille à demi fanée, les cellules du stomate absorbent immé- 4179 | HUGO VON MOHL. diatement le liquide, et l’ostiole s'élargit extraordinairement dans un espace d’environ cinq minutes ; mais l’action de l'eau conti- nuant à s'exercer, les phénomènes ordinaires reviennent ; l’ostiole se rétrécit de nouveau et finit par se fermer tout à fait. Il est donc évident que, dans l'Amaryllis, l'ouverture et l’occlu- sion des ostioles ne tiennent pas à l’activité des cellules stomatiques seules, mais qu'il existe un antagonisme entre celles -ci et les utri- cules de l’épiderme. Quand la force endosmotique des cellules du Stomate agit seule, parce que les utricules de l’épiderme sont ou- vertes et par conséquent inactives, l’ostiole s'ouvre sous l’action de l’eau. La même chose arrive lorsqu'une perte d’eau partielle enlève à ces deux cellules une partie de leur aptitude à se dilater et qu'ensuite l’afflux de l’eau leur donne, pendant quelque temps, plus de force pour se gonfler par l'effet d’une absorption plus rapide. D'un autre côté, quand les cellules de l’épiderme absorbent l'eau plus fortement que celles du Stomate, celles-ci sont dominées par la dilatation plus forte des premières, et l'ostiole se ferme. Dans l’état naturel des plantes, les Stomates se montrent médio- crement ouverts tant que l’équilibre existe entre la force de dila- tation des cellules des Stomates et de celles de l’épiderme. Alors l'action de l’humidité comme celle de la sécheresse produisent un resserrement des ostioles , la première affaiblissant la capacité de dilatation des cellules stomatiques , et l’une et l’autre détruisant l'équilibre entre les deux et donnant une prééminence relative aux cellules de l’épiderme. Maintenant n’y a-t-1l pas des circonstances qui, à l'inverse de ce que nous venons de voir, augmentent la puissance de dilatation des cellules stomatiques et amènent par là un élargissement des ostioles ? Ce qui suit donnera quelques indications à ce sujet. Si l’on examine des feuilles d'Amaryllis fraichement coupées pendant la première moitié de la matinée ; par conséquent à un moment où la lumière n’a pas encore agi sur eiles pendant long- Lemps, et où, dans nos climats, elles n’ont pas encore subi l’in- fluence d’une forte chaleur, on reconnait dans leurs cellules épi- dermiques une très grande puissance d'absorption ; aussi leurs Stomates se ferment-ils sous l’eau. Mais ces conditions changent DILATATION ET RESSERREMENT DES STOMATES. 175 dans le cours de la journée. J'ai exposé des feuilles coupées d’Ama- ryllis, par des jours sans nuages, en juillet, à la lumière solaire, de dix heures du matin jusqu'à quatre heures après midi, bien en- tendu en leur donnant l’eau nécessaire pour les empêcher de se flétrir. Dans une expérience de ce genre, il importe peu que les feuilles se trouvent entièrement sous l’eau ou que leur section seule plonge dans le liquide, et, d’un autre côté, que le haut de la feuille se trouve dans l'air libre ou sous une cloche de verre posée sur l’eau, c’est-à-dire dans un air très humide ; dans les deux cas, le résultat reste le même. J'ai vu non-seulement que tous les Stomates étaient largement ouverts, que les feuilles eussent été dans l’eau ou dans l’air, mais encore que, sur des lames de feuilles enlevées horizontalement et mises sous l’eau, les Stomates restaient longtemps ouverts, et même d'autant plus longtemps qu'elles avaient été préalablement exposées à la lumière pendant un plus long espace de temps. Des faits entièrement analogues se sont montrés sur les feuilles du Maïs soumises aux mêmes conditions. À neuf heures du matin, ces feuilles coupées depuis peu avaient tous leurs ostioles fermés ; à partir de dix heures, elles furent exposées au soleil. Vers deux heures après midi, les ostioles étaient tous ouverts, de manière à mesurer 7% de ligne; mais ils se fermaient rapidement sur les frag- ments, qui étaient alors détachés et mis dans Pair. Vers quatre heures, leur élargissement n'avait pas augmenté; mais, sur les lambeaux qu'on mettait dans l'eau, ils restaient ouverts souvent pendant une demi-heure et ne commençaient qu'alors à se fermer en parte , de telle sorte qu'au bout de trois quarts d'heure beau- coup étaient encore tout à fait ouverts. Sur les feuilles des Lilium Martagon et bulbiferum, dont les Stomates s'ouvrent sous l’eau comme ceux de nosOrchidées, mais plus faiblement, cette faculté a été également développée par l'in- fluence de la lumière. Celles que j'avais conservées la nuit, enve- loppées dans du papier humide et enfermées dans une boîte de fer - blane, m'ont présenté le lendemain matin tous leurs Stomates fer- més el elles ne les ont ouverts que très faiblement sous l’eau. Des feuilles coupées, vers midi, sur un pied de Lilium bulbiferum qui A7 HUGO VON Mo. croissait à l'ombre d'arbres touffus, m'ont présenté de même leurs Stomates fermés ; les lambeaux que j’en ai détachés et mis dans l’eau n’ont ouvert leurs ostioles, même sur des morceaux d’épi- derme arrachés du parenchyme, que jusqu’à ce qu’ils aient mesuré 4 de ligne ; celles que j'ai mises sous l’eau avant midi et que j'ai exposées ensuite à la lumière solaire avaient, à midi même, leurs Stomates encore peu ouverts ; leur ouverture a augmenté dans l'après-midi, à mesure que l’action de la lumière s’éxerçait plus longtemps ; de telle sorte que, vers quatre heures, des lambeaux de ces feuilles mis sous l’eau avaient leurs Stomates ouverts, au point de mesurer 37; et jusqu’à 335 de ligne, et même ceux qui se trouvaient près des bords de la coupe, sur l’épiderme détaché du parenchyme, avaient leur ouverture large de *” de ligne. Il paraît résulier de ces observations que l’action de la lumière et de la chaleur, sans la moindre relation avec les conditions d'humidité dans lesquelles les feuilles se trouvent, rend la faculté d'absorption des cellules stomatiques plus grande eu égard à celle des cellules épidermiques. On ne peut expliquer autrement cette particularité qu’en admettant que, sous l'influence de ces deux agents, les cellules stomatiques, que la chlorophylle contenue dans leur intérieur rapproche du parenchyme foliaire, développent dans leur cavité des substances capables de déterminer une forte en- dosmose, et que ces substances disparaissent ensuite plus où. moins en l'absence de la lumière. Cette explication est justifiée non-seulement par les observations précédentes sur la manière dont les feuilles se comportent le matin et après midi, mais encore par ce fait qu'une feuille de Listera ovala , qui avait été gardée pendant quelques jours dans une obseurité complète et à une hu- midité assez forte, n’ouvrait que très faiblement ses Stomates , tandis que sur une feuille fraîche on les voyait tous sans exception prendre la forme d’une ellipse très large. Puisque, selon l’action de la lumière et de la chaleur, la force d'extension des cellules stomatiques est sujette à d’incessantes variations ,; on s'explique par là pourquoi les feuilles fraiches d’une même plante présentent tant de diversité relativement à la largeur de leurs Stomates, et on se rend compte de beaucoup de DILATATION ET RESSERREMENT DES STOMATES. 175 contradictions apparentes, quant à la manière dont ces derniers se comportent vis-à-vis de l’eau. | On peut se demander quelle est la configuration réelle des cel- lules stomatiques , abstraction faite des sues qui les gorgent ou dont elles se vident; sont-elles effectivement façonnées en demi- lune, ou ne doivent-elles cette courbure qu’à une déformation causée par une forte absorption d’eau? Ces mêmes cellules, si leur membrane était abandonnée à son élasticité propre, conser- veralent-elles leur forme en croissant, ou s’appliqueraient-elles l'une contre l’autre pour former l’ostiole? D’après toutes mes observations , c’est celte dernière circonstance qui se présente- rait : en effet, toutes les fois qu'une section a ouvert non-seule- ment la cavité des cellules épidermiques qui entouraient un Stomate, mais encore celle des cellules stomatiques elles-mêmes , cas dans lequel il ne pouvait plus y avoir d'action produite par une absorption, ni par une émission d’eau, et où les deux cellules obéissaient nécessairement à la tendance déterminée dans leur membrane par les conditions anatomiques, j'ai toujours vu l’ostiole fermé. Dès lors nous devons considérer l'ouverture des Stomates comme résultant de ce que les cellules stomatiques se remplissent plus ou moins de suc. Puisque, ainsi que je l'ai montré, l'ostiole des Stomates s’élargit lorsque les cellules stomatiques absorbent de l'eau et se gonflent ; qu'il se rétrécit, au contraire, lorsque ces mêmes cellules rape- tissent leur cavité en perdant de l’eau, il y a lieu de se demander comment ces phénomènes amênent une pareille conséquence et pourquoi l’ostiole n’est. pas, au contraire, resserré, lorsque les deux cellules qui le forment se gonflent en absorbant de l’eau. Au premier coup d'œil, on pourrait croire que eelle dilatation de l’ostiole est due à ce’ que les cellules stomatiques se gorgeant d’eau et se courbant en demi-lune, ne pouvant d’ailleurs s’allon- ger parce qu'elles sont soudées aux cellules épidermiques plus fermes, augmentent nécessairement leur courbure latérale. Sans doute, il y a beaucoup de plantes dans lesquelles cette courbure latérale de la portion externe des cellules stomatiques augmente, comme on le voit, par exemple, dans l4 maryllis formosissima qui 176 HUGO VON MOHL, en offre un cas extrême, et dans les Graminées qui montrent le même fait encore plus prononcé. Dans ces cas, l'élargissement de l'appareil entier contribue certainement à celui de l’ostiole. Mais les bordslatéraux convexes des cellules stomatiques ne s’éloignent pas l’un de l’autre, dans toutes les plantes, par l’action del’eau, quoique l'ostiole s’ouvre tout autant que dans les premières ; c’est ce qui a lieu particulièrement dans les Orchidées mentionnées plus haut, chez lesquelles la largeur totale du petit appareil formé par les cellules stomatiques reste invariable, qu’on détermine l’ostiole àse fermer dans l’eau sucrée ou à s'ouvrir dans l’eau pure. Il résulte de là naturellement que le diamètre transversal de chaque cellule stomatique en particulier est plus petit lorsque l’ostiole est ouvert que lorsqu'il est fermé. Une suite de mesurages directs m'aprouvé qu'il en est réellement ainsi, etnon-seulement dans les Orchidées, chez lesquelles, comme je viens de le dire, le bord extérieur con- vexe des cellules stomatiques ne subit pas de changement, mais encore dans les plantes où le contour général des Stomates s'’altère sous l'influence des mêmes circonstances, par exemple dans VA maryllis. Constamment, lorsque l'ostiole s'ouvre, le diamètre transversal de chaque cellule stomatique, mesuré au milieu de la longueur, diminue, tandis qu'il s’allonge lorsque cette même ouverture se ferme dans l’eau sucrée. En voici quelques exemples : L’allongement de ce diamètre qui accompagne la fermeture de l'ostiole a été : dans l’Amaryllis formosissima, de & à + de ligne, et dans un autre cas de + à + de ligne; dans le Colchicum au- tumnale, de + à 5 de ligne, et dans un autre cas de à à de ligne; enfin, dans l'Orchis latifolia, de & à de ligne, et dans un autre cas de # à & de ligne, etc. La ligne qui marque, au côté supérieur des cellules stomatiques, la limite latérale de l’antichambre (fig. 7 b} fournit un moyen pour reconnaitre quelle est la pare de ces cellules qui, dans les chan- gements dont il a été question, se dilate latéralement ou se con- tracte. Quelques mesures que j'ai prises sur le Gymnadenia co- nopsea m'ont montré que la largeur de cette antichambre aug- mente un peu lorsque l'ostiole s'ouvre et diminue lorsqu'il se ferme, mais ane ces variations sent très faibles et n’alteignent DILATATION ET RESSERREMENT DES STOMATES. 177 pas même 355 de Henps tandis que celles de l’ostiole lui-même s'élèvent jusqu'à 556 0 de ligne. Il s’ensuit que la portion des cellules stomatiques située en dehors de l'antichambre ne contribue que très faiblement par le changement de sa largeur à l’ouverture et à l’ocelusion du Stomate, déterminées presque exclusivement par les modifications de forme que subit la portion de ces deux cellules qui limite immédiatement l’ostiole. Comment se fait-il que cette portion des parois cellulaires se contracte lorsqu'une absorption d’eau agrandit l'ostiole, puisque cette introduction de liquide dans les cellules stomatiques en agrandit la cavité? Cela tient évidemment à ce que ces cellules stomatiques gagnent alors considérablement en profondeur (dans la direction perpendiculaire à l’épiderme); que par là leur section transversale passe d’une forme assez arrondie à une autre plus elliptique, et que, en même temps, leur portion libre dans l’ostiole avant ses parois plus minces se contracte latéralement. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE IV. Fig. 1. Épiderme de l'Amaryllis formosissima. Une partie des cellules a été ou- verte par une section transversale menée de c en c. Un Stomate situé entre les cellules épidermiques entamées {u, a) s'estouvert dans l'eau; au contraire, un autre silué entre des cellules entières (b, b) s'est fermé. Fig. 2. Siomate d'Amaryllis formosissima vu par-dessus. La portion supérieure de la figure qui se trouve au-dessus de la ligne transversale représente l'image _ telle qu'elle s'offre lorsque le microscope est tenu un peu haut. On voit alors nettement le préostiole (a) etlerelief ou mur (g) peu élevé, formé par l’épiderme ; mais l'ostiole se trouvant au delà du foyer ne se montre que vaguement. La portion inférieure de la figure représente les mêmes objets tels qu'on les voit en abaissant le microscope, de telle sorte que l'ostiole (c) et les cellules sto- matiques (k) montrent nettement leur contour , tandis que le préostiole est de- venu vague. Fig. 3. Stomate de Lilium candidum. La portion supérieure de la figure montre les objets le microscope étant maintenu haut: a, préostiole ; b, limite exté- rieure de l'antichambre. La portion inférieure du dessin représente nettement, avec le microscope plus rapproché, l'ostiole (c) et les cellules stomatiques (k), tandis que le contour de l'antichambre est dans le vague et que le préostiole ne se voit pas. | Fig 4. Section transversale du Stomate de | Amarylls formosissima : a, saillie $° série. Bor. T. VI. Cahier n° 3.) # 12 178 HUGO VON MOHL. — DILATATION, ETC. située sur la face supérieure des cellules stomatiques (4), qui forme le préos- tiole ; b, antichambre; d, saillie située sur le côté inférieur des cellules stoma- tiques formant l'ouverture de l'arrière-chambre ; e, arrière-chambre : f, chambre respiratoire; g, relief peu saillant formé par les cellules de l’épiderme. Fig. 5. Section transversale d'un Stomate d'Orchis latifolia. Les lettres ont la même signification qu'à la figure 4. | Fig. 6. Coupe transversale d'un Stomate de Lilium cundidum. Signification des lettres comme à la figure 4. Fig. 7. Stomate de la feuille de l'Orchis latifolia. Signification des lettres comme à la figure 3. Fig. 8. Épiderme de la feuille du Clivia nobilis. La cavité de l'antichambre se montre avec un contour analogue à celui d'un Stomate. Quant au Stomate lui- même, il ne se laisse pas voir, parce qu'il est situé trop profondément. Les cas semblables à celui qui est figuré ici ont donné lieu à l'opinion, jadis plusieurs fois exprimée, que les Stomates sont situés, non pas entre deux cellules, mais _ bien au milieu d'une cellule. Fig. 9. Coupe transversale d'un Stomate de Clivia nobilis : a, forte saillie en forme de mur sur le côté supérieur des cellules stomatiques (k), laquelle circonscrit l’antichambre (b) et forme le préostiole (a) ; d, saillie s'élevant sur le côté in- férieur des cellules stomatiques, par laquelle l'arrière-chambre (e) est séparée de la cavité respiratoire (f). La portion ombrée de la figure désigne la substance cuticulaire qui forme la portion externe {i) des cellules épidermiques, la saillie de la face externe des cellules stomatiques qui circonscrit l'antichambre , le revêtement membraniforme de l'ostiole et de l'arrière-chambre, ainsi qu'une portion de la saillie inférieure des cellules stomatiques qui forme l'arrière- chambre; enfin une membrane qui revêt la partie supérieure de la cavité res- piratoire limitée par des cellules de l’épiderme et s'étendant de d jusqu'en A. HUITIÈME CENTURIE DE PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES. TANT INDIGÈNES QU EXOTIQUES, Par Camille MONTAGNE, D. M. Décapes I À III. ALGÆ ANDINÆ (1). 1. Prorococcus (Hæmatococeus) viripi-auranrius Montag. mss. : conglomeratus, e viridi aurantius; cellulis bi- ter-quaternatisve imo conglomeratis (diam. 1/100-1/50 mm.) exacte sphæricis Monogonimicis tandem solutis liberisque , nucleo aurantio, — Has. Inter frondes Vostocis myriococci in consortio Tolypothri- as andinæ ad lapides caleareas in fluvis aut rivis Boliviæ, præ- sertim provinere Carabaya. Ogs. Cette espèce est voisine du P. pulcher Kütz. (T'ab. phyc., p. à, t. 5), mais elle est de moitié plus petite, jamais anguleuse, et son nucléus ne prend jamais non plus la nuance rouge de sang qui caractérise le Microcyshis de M. de Flotow. Quelques individus, devenus libres, ont en diamètre jusqu’à 3 centimillimètres. 2. Prorococcus immanis Montag. mss. : sparsus; cellulis globosis (1) La première décade de cette Centurie sera consacrée aux Algues d'eau | douce rapportées par M. Weddell du sommet des Andes de la province de La | Paz, à 5,000 mètres d'altitude. De même que pour les Champignons brésiliens, | qui forment les huit premières de la précédente Centurie, nous ne donnerons ici | qu'une simple phrase diagnostique, réservant les descriptions et les figures pour le Chloris andina. Les deux décades suivantes offriront la description complète | de quelques autres algues françaises, à l'exception d'une seule, originaire de la | Guyane, et d'une quinzaine d espèces nouvelles du genre Plagiochila, qui ontété | pour la plupart étudiées en collaboration avec notre ami et savant confrère M. le docteur Gottsche, d'Altona. 189 C. MONTAGNE. maximis (diam. 3 ad 8 centimillim.) simplicibus aut geminatis, membrana hyalina crassa concentrice lamellosa, nucleo primi- tus aureo nilido subsolido , tandem microgonimico cellutam elimbatam implente. — Has. In lacunis provinciæ La Paz, Chu- quiaguillo, in consortio Sirosiphoms boliviensis, Cosmarri W'ediellui, etc. Ogs. Espèce voisine, mais différente, du P. macrococcus Kütz. à. Nosroc myriococcum Montag. mss. : microscopicum ; frondibus aggregatis globosis primo viridibus et insculptis tandem fusces- centibus exsertisque, filis confertis ærugineis (diam. 0°”,0030 ad 0°®,0035, majoribus 0®",00 70), tandem fuscescenti-luteis, peridermide achromatica. —— Has. Ad terram caleariam grega- rium 1n provincia Carabaya Boliviæ. Ogs. Ses frondes microscopiques varient entre 2 centièmes et un tiers de millimètre et croissent à la manière du N. lichenoides Vauch. Je les ai trouvées mélangées avec les Protococcus immanis et viridi-auran- thus, le T'olypothrix andina, V'Hormosiphon elegans, le Microcystis æruginosa, etc. h. Nosroc Dipconema Montag. mss. : fronde plana maxima undu- lata mediocriteér crassa, filis simplicibus laxis æruginosis du- pliei ordine mistis, als normalibus flexuosis moniliformibus, arüculis subglobosis hinc inde geminatis, tandem vagina muci- lagimea satis crassa succinea obductis, als (an junioribus; fili- formibus tenuissimis serie simpliei globulorum refertis, spiraliter contorts , peridermide tenui e viridi-cærulescente rufescente. — Has. In lacunis Chuquiaguillo, provineia La Paz, in con- sortio Sirosiphonis boliviensis. Os. Dans ses deux états, cette espèce offre une transition évidente entre les genres Vostoc et Hormosiphon. 5. HormosiPHon ESCULENTUM Montag, mss. : grande, fluitans, edule; fronde ampla, crassissima, explanata, coriacea, difformi, lusces- cente, exsiccatione nigrescente, filis 6®,004 ad 0,005 crassis aureo -fuscis flexuosis brevibus dense implicatis, artieulis oblon- ais puncto central nolatis, vaginis ad 0,045 crassis tandem | : PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES. 151 subconfluentibus, peridermide centimillim. crassa. — Has. In aquis frigidis, imo glacalibus provinciæ Carabaya in excelsis Boliviæ, julio et junio 1847. --— Ad vescendum aptum. Ogs. Parmi nos Nostocs, il n’y a que le N. verrucosum qui ait quelque analogie avec celui que je viens de signaler. Îl lui ressemble surtout par son habitat au fond des cours d’eau. Il y a encore une autre espèce figurée par M. Kützing dans ses T'abulæ phycologicæ, sous le nom de _N. nivale, qui croît également dans l’eau glacée de la grotte des Neiges du pic de Ténériffe. 6. HormosiPnon ELEGANS Montag. mss. : globosus, minutus, spar- sus, fuscescens; filis normalibus cum vagina mucilaginea aureo-lutea flexuosa margine crenulata (festonnée) simplieibus, centimillim. crassis, 8 ad 12 centimillim. longis, dense implica- us, aliis polymorphis (lanceolatis, caudatis, flagelliformibusque) grapulatis, aliis tandem hberis simul commixtis, peridermide tenui pellucida concolorr. — Has. Cum AVostoce myriococco antea insignito. Os. Celte espèce se distinguera facilement de toutes ses congénères - jusqu'ici publiées et par sa belle couleur d’or, et surtout par le festonnage élégant du profil de ses gaines. 7. SIROSIPHON BOLIVIENSIS Montag. mss. : sparsim prolifero-ramo- sum, aureo-fuscum ; fils primariis brevibus 4 ad 5 centimillim. crassis cellulis ternis quaternisve oblongis ocellatis aureis, ramis patenti-erectis recurvisve abbreviatis basi constricuis, gonidiis primo simpliebus æruginosis granulatis transversim oblongis, basilaribus tandem tri-quadridivisis luteo -fuscescentibus , arti- culs diametro duplo-quadruplo brevioribus. — Has. Cum Tolypothrice andina quam videas infra. Ogs. Je ne saurais véritablement avec quelle espèce européenne com- parer celle-ci, si ce n’est cependant avec le Sirosiphon alpinus, qui en diffère par ses rameaux fasciculés et aigus, et par d’autres caractères encore. 8. OEnoconium ERvTHROSPERMUM Montag. mss. : lutescens décolo- ransve, flaccidum ; articulis variüis fine dilataüs hine inde trans- 18? C. MONTAGNE. versim hexapluchis tandem crystallinis diametro (0**,020 ad 0"%,095) triplo quadruplove longioribus, fructiferis inflatis subglobosis diametro 0°®,045 æquantibus, sporis sphæricis rubro-aurantis granulosis tandem liberis lævibus limbatis, cum limbo 0"®,04 crassis. — Has. Cum Mougeotia cærulescente et Zygogonio nivali in lacunis Chaquiaguülo provinciæ La Paz, in Bolivia septentrionah. 1854. Ogs. Cette espèce ne se rapproche, du moins à l'inspection des figures de MM. Hassal et Kützing, que du seul O£dog. Braunt, dont elle se distingue par la couleur et surtout par les filaments renflés. 9. CaærTopnora microscopica Montag. mss. : fronde globosa hya- Jina seu achromatica diametro subsemimillimetrum metiente ; filis e centro celluloso, cellulis sphæricis rufescentibus diametro centimillimetrum æquantibus, radiantibus, alterne ramosis, ra- mulis brevibus erecto-patentibus subfastigiatis apice haud pili- feris obtusis, articulis inferioribus diametro (0°",9065)sextuplo- supremis triplo-duplove longioribus. Nulli congenerum affinis. — Has. Cum priori commista. 10. Tozyporarix anDiNaA Montag. mss.: cæspitosa; cæspite fascicu- lato fusco, fils æqualibus paueiramosis diametro 0®",01 ad 0,045 cum vagina metientibus, articulis distinctis granulatis diametrum æquantibus vel eodem brevioribus, centro imterdum globulum foventibus, apice primitus obtusis subincrassatis ut ad ortum ramorum hyalinis tandem apertis, ramis erectiusculis eisdem cum filo primario colore et crassitudine gaudentibus. — Has. Cum prioribus in lacuna Chuquiaguillo. Os. Cette espèce est si remarquable et si distincte de toutes ses con- génères, que l'on peut à peine la rapprocher de la T. flaccida, à laquelle elle n’est comparable que par le mode d’évolufion des rameaux. FL. Cosmarium WennezLianum Montag. mss. : granulato-adaman— tinum, granulis cælatis, suborbiculatum, utrinque marginatum, margine denticulatum, lobis primariis subreniformibus concen- trice radiatimque granulosis, secundariis elliptico-oblongis, nu- PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES. 183 cleis transversaliter lineato-punetatis, -— Has. Inter alias algas lacunæ Chuquiaguillo, in provineia La Paz Boliviæ. Ors. Je me fais un plaisir de dédier cette élégante et hien curieuse espèce au savant voyageur naturaliste qui, au milieu de cette végétation tropicale, n’a pas dédaigné de recueillir ces êtres microscopiques auxquels l'œil ne saurait trouver de charmes que quand on à centuplé sa puis- sance, mais qui alors étalent des merveilles non soupçonnées et démon- trent, aussi bien que les grands végétaux, combien est admirable dans son ensemble comme dans ses plus petits détails l’œuvre du Créateur. 12. AcananrTHes campyLopus Montag. mss. : minuta , lævissima , longissime euneata; latere secundario obtuse lanceolato haud acuminalo , stipite gracili plus minus longo incurviuseulo. — Has. In filis T'olypothricis andineæ. ALGÆ EUROPEZÆ. * DicryosiPHoN FOENICULACEUS ( Huds. ) : «, T'hallo heteromorpho Aresch. Enumeratio Phycearum in maribus Scandinaviæ cres- centium , in Act. reg. Soc. scient. Upsal., t. XII, 1816, p. 147. Os. S'il est un fait curieux dans l’histoire de la morphologie des Phy- coïdées, c’est celui qu’a signalé M. Areschoug dans l’ouvrage dont je viens de donner le titre. Parmi les variétés assez nombreuses de l'espèce dont il est ici question, il en est une en effet fort intéressante et qu’il nomme avec raison hétéromorphe , parce que le même individu, avec la struc- ture générale du genre, présente en même temps des rameaux qui ont organisation et la fructification des Chordaria. M. Areschoug a figuré ceux-ci en À de la planche VI de son ÆEnumération. Cette observation, que j'ai pu confirmer par l’examen attentif des échantillons de la mer du Nord rapportés par notre savant collègue de l’Institut, M. de Saulcy, cette observation, dis-je, a porté le physiologiste suédois à considérer le Dic- tyosiphon fœniculaceus comme la forme Aologonidiphore du Chorda- ra flagellhiformis. En effet, ces rameaux hétéromorphes, que quelques botanistes prenaient pour un Chordaria parasite, ont une structure par- faitement identique à celle du Chordaria. * Prasioza Sauter: Menegh.— Kütz. Spec. Alg., p. 473. —Jes- sen, Prasiolæ monograph., 1848, Kiliæ, 48! d C. MONTAGNE. - OBs. Le Prasiola Sauteri, recueilli dans un ruisseau, au Groënland, par M. de Saulcy, se présente sous deux formes qu’on pourrait croire spécifiquement distinctes. L’une de ces formes est allongée, linéaire, étroite, très ondulée et comme crispée sur les bords, et ressemble à de petits individus de l’Ulva (Enteromorpha) entestinalis Lin., moins la cavité et le rétrécissement de la base, tandis que l’autre, presque aussi longue que large, à marge découpée ou roncinée, rappelle plutôt l'Ulva (Phycoseris) latissima. La longueur des individus de la première forme atteint jusqu'à 15 centimètres sur une largeur moyenne d’environ 5 à 8 millimètres. Ceux de la seconde mesurent en longueur 10 à 42 centi- mètres, et en largeur 4 à 5. Les uns et les autres, appartenant d’ailleurs à la même touffe, sont d’un vert d'herbe assez foncé. Les gonidies, cubi- ques ou parallélipipèdes, sont de moitié plus grandes sur les bords ou à la périphérie de la fronde que dans le reste de son étendue, où les plus longues mesurent 0ww,0065 ou environ. Leur disposition symétrique, qui simule les allées d’un jardin ou les avenues d’un pare, est conforme à celle figurée par M. Jessen. 15. Sccerorarix Rousseziana Montag. mss. : hemisphærica, alro- fusca, dura; filis a basi radianüibus ramosis æruginosis arete coalitis articulalis, articulis diametro centimilim. brevioribus punctatis vagina laxa fuscescente inclusis. — Har. Ad frondes Ricciæ fluitantis loco Belle-Croix dicto, apud Fontem Bella- queum, die 29 juli 4856 invenit cl. Roussel, nomine cujus insignitam volui. Desc. Alga gelatinosa, rivularioidea, hemisphærica, semen Papaveris (3/4 mm.) æquans, hinc Sclerothrice Callitrichæ dimidio minor. Fila vaginata, primitus scilicet vaginis inclusa granulosa, vix articulata, libera scytonematoidea , pulchre æruginosa, articulata, articulis granulato-punc- tatis, transversim oblongis, conüguis aut subdiscretis, omnia e basi pro- toccoidea inferne attenuata, ramosa, 4/4 - 1/3 millim. et quod excedit longa, cum vagina diametro 1/50 millim. æquantia, apice rotundata, ad speciem præsertim sursum articulata. Vagina succinea tandem fuscescens pellucida. Oss. Cette algue diffère de son unique congénère tant par ses dimen- sions que par la couleur d’ambre des gaînes qui enveloppent les filaments. Grâce à un exemplaire du S. Callitrichæe que je dois à l’amitié de PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES. 185 M. Kützing, j'ai pu me convaincre que mon espèce en était éminemment distincte. 1h. ScyronemA vasconicum Lespin. et Montag. mss. : velutinum, olivaceo-fuseum, cæspitosum ; filis erectis sabnodulosis, ramo- sis, ramis erumpentibus simplivibus aut geminis erecto-paten- tibus fastigiatis apice obtusis glandiformibusve elausis vel apertis proliferis, initio virescentibus tandem (sub microscopio) fusco- succineis, cum vagina crassa lamellosa diametro tria centimillim. æquantibus, distincte articulatis, articulis transversim oblongis inter millimillim.s et centimillim. crassitudine variantibus, hinc inde præsertim ramealhibus monilhformibus.—Has. Ad rupes hu- midas secus flumen Lotus (Lot) dictum, prope pistrinum Escoute nuncupatum ( Lot-et-Garonne ) die 22 octobr. 1855 hanc spe- ciem detexit el. Lespimasse. O8s. Les filaments, dont la longueur est de 3 à % millimètres, sont entremêlés mais non soudés entre eux. Leur sommet continu est granu- leux. Ils forment sur les rochers une tache veloutée de couleur olivâtre foncée. L'espèce est voisine du Scytonema chlorophœum Kg.; mais avec le secours même de la figure des T'abul. phyc.,en l'absence d'échantillons authentiques, nous ne saurions indiquer les différences qui l’en distinguent. 15. Scyronema vinosuu Montag. {in Ann. sc. nat., 3° sér., t. XVI, p. 81 memoratum ) : cæspite fouientoso obscure vinoso, filis fasciculatis erectis flexuosis lilacinis subsimplicibus aut ramum singulum strictum emittentibus, 2-3 millim. longis, 1-1 1/2 cen- hmilhim. cum vagina erassis, intus cylindricis, articulis dia- metro æqualibus , vaginis hine inde rugulosis vel erispatulis , sæpius vero lævibus , apice obtusis. — Has. Ad folia coriacea in Guyana. — Leprieur, Coll., n. 14570. Desc. Maculæ raræ, tomentosæ, obscure lilacinæ aut vinosæ, in pagina foliorum superiori obviæ, $ ad 4 millim. latæ. Fila madore erecta, dilu- us colorata, fasciculos plures penicillatos efficiunt. Ogs. On ne rencontre ordinairement qu’un ou deux amas de filaments sur chaque feuille. Cette espèce, qui ne me paraît pas exiger une plus ample description, vu la longue diagnose que j’en ai donnée, est voisine 186 ‘C. MONTAGNE. par sa couleur du S. Notarisii Menegh., mais en diffère par la grosseur de ses gaines, qui ne sont d’ailleurs point cuspidées au sommet. 12 CHROOLEPUS GINERASCENS Montag. mss. : filis dense cæspitosis basi fuscescentibus apice hyalinis dilatatis granulosis ramosis , ramis erectis flexuoso-nodosis fastigiatis, articulis diametro 2 plo- lplo longioribus eylindricis, sporis terminalibus sphæricis echi- nulatis. — Has. Ad rupes inter muscos in sylvula prope ædes dominicas de Saulières dictas in Gallia centrali (Nièvre) detexit hanc speciem oplimam celeb. comes Jaubert, septembri 1856, qui mecum benigne communicavit. Ogs. Je prends ici le genre Chroolepus dans les limites nouvelles que lui a assignées mon ami M. Kützing dans ses Tabulæ phycologice, c’est-à-dire en y réunissant l’ancien T'rentepohha. Notre espèce diffère de toutes celles qu’il a figurées dans ce bel ouvrage par ses articles plus longs et par ses spores remarquablement échinulées. HEPATICÆ. 17. Pracrocniza quiroensis Montag. mss. : caule radicellis copiosis fuscis repente, subramoso , foliis arcte imbricatis semivertica- libus obovato-rotundis convexis margine dorsali haud reflexo parum decurrente ventralique caulem semiamplectente rotun- dato integerrimis, amphigastriis majoribus oblique quadratis apice bifidis, lacimtis sinu lato divisis subulato-inflexis , basi hine ample auriculatis, illinc dente uneinato auetis ; fructu.. — Hs, In Andibus peruvianis prope Quito legit hancee speciem cl. Jameson. — Coll. F. Delessert. Desc. Caulis repens, apice furcatus, cæterum pauciramosus, 4-6 cen- timetra longus, radicellis innumeris elongatis subtus vestitus. Folia apicem versus viridia, erecla, sibimet incumbentia, deorsum brunnea, patula, omnia rotundata, plana, margine nec reflexa nec sinuosa, apice nec truncata nec emarginata, illis PI. chiloscyphoideæ proximæ breviora. Amphigastria magna, quadrata aut subreniformia, apice bifida, lacinüs subulatis inflexis, altero autem margine dentem uncinatum, altero vero auriculam amplam ferentia. Retis maculæ ut in specie prædicta at multo minores. Ogs. Cette espèce, quoique bien légitime, est néanmoins fort voisine. du Plagiochla chiloscyphoidea L. et L., dont elle est l’analogue sous PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES. 187 les tropiques. Elle ressemble encore plus à un Chiloscyphus que sa con- génère du détroit de Magellan. Comme la description de celle-ci pourrait jusqu’à un certain point lui convenir, je me suis contenté, dans celle que je viens d’esquisser, d'indiquer les caractères qui, essentiellement différents, suffisent pour l’en faire distinguer. 18. PLaciocmiLa anpicoza Montag. et Gotische in litt. : caule re- pente, ramis erectis dendroideo-divisis, divisionibus iterum ramosis , ramulis erecto-patulis , foliis subimbricatis semiverti- calibus patenti-erectis semiovatis, apice rotundatis longe decur- rentibus, margine supero ascendente recto reflexo integerrimo, infero semiorbiculari apiceque arcte denticulatis ; fruetu.….…. — Has. In Andibus peruvianis prope Quito legit hanc speciem cl. Jameson. — Coll. F. Delessert. Desc. Rami erecti, 15 centim. longi, basi denudati, fusci, post inter- vallum À} ad 5 centim. in ramos secundarios patentes, ad decimetrum longos, iterum ramulosos, dendroideo-divisi, ita ut arbusculum corym- bumve latitudine decimetrum metientem referant. Ramuli patulo-erecti, apice attenuati basi folus orbati. Folia flaccida media arctius nec tamen dense imbricata, semiverticalia, semiovato-oblonga, basi longe cuneata, sesquimillim. longa, 2 millim. basi, millim. cireiter apice rotundato lata, margine dorsali recto, cum caule angulum 45° efficiente, anguste ad apicem reflexo, integerrimis, ventrali basi late auriculato inde semiorbi- culari apiceque appresse denticulatis, auriculis propter foliorum laxitatem vix cristam efformantibus et cauli potius applicatis, haud vero replicatis. Retis maculæ oblongæ, parietibus crassis munitæ et granulis luteo-viridi- bus farctæ, interdum cinctæ. Cætera eheu! desiderantur. Os. Cette magnifique plante, qui ne nous paraît pas avoir été vue par M. Mitten, a un peu le port du PL. arbuscula, dont elle diffère par la forme et les dentelures fines des feuilles, sans parler de la longue décur- rence de l’angle inférieur de la base et de l'ampleur de l’angle supérieur développé en une sorte d’oricule qui s’applique sur la tige ou rarement contre celle du côté opposé. Le faces, la forme et les dentelures menues et rapprochées du bord ventral des feuilles lui donnent aussi un faux air de ressemblance avec le PL. Neesii, mais notre plante à une taille incom- parablement supérieure et ne se ramifie pas de la même façon, elle s’en distingue encore davantage par la dilatation en oricule de la base du bord ventral qui fait défaut dans l'espèce chilienne. 188 C. MONTAGNE. 19. PraciocuiLa Grarezouprn Montag. mss. : dioica ; caule repente, ramis ascendentibus divaricatis arcuatis, folüs semiverticalibus deflexis heteromallis ex oblongo obovatis convexis seu utroque margine, superior convexo Inferiori recto inflexis integerrimis apice solo paucidentatis ; fruetu lateral terminalique, perianthio infundibuliformi apice compresso truneato breviter denticulato- cihato, latere haud fisso, utrinque longitrorsum convexo ; spicis maseulis in diversa stirpe myuroideis prolifero-ramosis. — Has. In Antillis exemplaria mascula legit Perrottet, femimea vero ejusdem loei mecum communieavit celeb. Grateloup, unde no- men præclarissimi medici burdigalensis huice speciei tribuere justum duxi.— Syx. Plagioch. laxa ? sure. mase. Montag. Hs. (non Lindbg.) Plagioch. gymnocalycina var. Lindbg. Spec. Hepat. Plagiochila, p. 158. Desc. Caulis repens. Rami ascendentes simplices aut innovando iterum divisi. Ramuli sub flore femineo oriundi, divaricati, curvati. Folia alterna, subdistantia, madore siccitateque subtus deflexa heteromalla semiverticalia, margine utroque integerrimo reflexa, longe obovata, basi scilicet angusta, apice parum dilatata, paucidentata, dentibus inæqualibus, 2 millim. longa, basi 1/2-apice À millim. lata, fuscescentia. Textura densa, areolis e rotundo oblongis, limitibus crassis, marginalibus quadratis. Fructus la- teralis sæpius vero terminalis. Folia involueralia bina, caulinis haud con- formia, inæqualia, semiovala, margine altero recto integro, allero seu dorsali convexo apiceque denticulato. Perianthium ex oblongo infundibu- liforme, 2 4/2 millim. longum, ore compresso dentato-ciliolato, millim. latum, utrinque medio longitrorsum inflatum vel tumidum... Cætera desunt. Oss. Cette espèce, dont j'avais pris les individus mâles, les seuls trou- vés à la Martinique par M. Perrottet, pour une forme du PI. laxa et que M. Lindenberg avait rapportés(Spec. Hepat. Plagiochila, p. 158) au PT. gymnocalycina , n'appartient ni à l’un ni à l’autre. Les individus femelles provenant de la même île, et que je dois à l’amitié de M. le doc- teur Grateloup, m'ont démontré que j'avais maintenant raison de la distin- guer de toutes deux. Cette opinion ayant été confirmée par mon savant confrère et ami d’Altona, je ne dois plus hésiter à l’offrir sous le nom du donateur. Elle à le port des PI. heteromalla, renitens et divaricata ; mais elle s’en éloigne par des caractères constants. Aïnsi elle diffère de la PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES. 489 première par ses feuilles étroites à la base et entières en leur bord ven- tral, et par son périanthe moins long, ni ovoïde, ni muni d’une crête entière; de la seconde par son long périanthe en entonnoir étroit et par ses feuilles ni triangulaires ni dentées en leur pourtour; enfin, de Ja troisième, en ce que ses feuilles, qui ont à peu près la même forme, sont défléchies dans l’état de sécheresse, et que ses périanthes sont tout à la fois latéraux et terminaux. 20. PLaciocHiLa MANILLANA Montag. et Gottsche in htt. : caule re- pente , ramis erectis dichotomo-vel fasciculato-ramulosis , foliis caulinis arctius-ramulinis iaxius imbricatis semiovatis patentibus ( supremis falcatis deflexis margine dorsali dentatis }, margine supero vix reflexo inferoque basi in auriculam ampliato integer- rimis, apice irregulariter 1-3 dentatis; fructu..……. —Has. In Ma- milla ad terram ut videtur à celeb. Gaudichaud lecta. — Svyx. Plagiochila mauritiana Montag. in Gaudich. Voy. Bonite, Cryptog., p. 262.— Lindbg. Spec. Hepat. Plagiochila, p. 157. Ogs. On ne saurait nier l’aflinité étroite qui semble exister, si l’on ne s’en rapporte qu'aux termes de la diagnose, entre cette espèce et celle pour laquelle M. Nees d’Esenbeck lui-même, Lindenberg et moi, nous l’avions prise. Ajoutez encore que, pour l’en distinguer plus sûrement, il nous manquait les données et les caractères qu’on peut trouver dans la forme du périanthe et dans la place qu'il occupe. Toutefois, ayant reçu de M. Nees un exemplaire authentique du PE. mauritiana, dont il était l’auteur, je l’ai comparé de nouveau en détail et avec attention au PI. ma- nillana, et me suis convaincu que les différences observées entre ces deux hépatiques sont propres à confirmer le sentiment de M. Gottsche, qui les croit bien distinctes. Ainsi la plupart des feuilles, qui sont d’ail- leurs beaucoup plus étroitement imbriquées, sont obtuses et parfaitement entières au sommet, tandis que dans notre plante on y rencontre quelques dents. Bien plus encore, dans les feuilles supérieures comme dans celles qui garnissent les derniers rameaux, ces dentelures règnent sur le bord ventral, jusque près de la base. Celle-ci est aussi moins développée, plutôt repliée que formant crête par son adossement avec la feuille du côté opposé. La couleur des feuilles est verdâtre et non brune, même dans le bas des tiges, mais ce caractère est sujet à varier aux divers âges de la plante. 190 C. MONTAGNE. 21. PLAGioCHILA BoRBoNICA Montag. et Gottsche in litt. : caule re- pente, ramis erectis dichotome divisis, mnovatione interdum hypogynea auctis, foliis subdistantibus alternis patentibus oblon- ois convexis utroque margine integerrimo reflexis, medio plica basilari ad speciem nervatis, apice rotundo irregulariter minu- ümque denticulatis; fructu laterali terminalique, perianthio oblongo dorso alato, ala angusta integerrima, ore compresso rotundato denticulato, latere fisso.— Has. Ad cortices in insula Mascarenensi legit Adolphus Delessert. — Syx. PI. dishicha Montage. in litt. ad ill. Neesium ab Esenbeckio. — PI. rutilans Syn. Hepat., p. 633. DEsc. Rami erecli, 5 ad9 centim. longi, iterate dichotomi, divisionibus patenti-erectis aut geniculato-divaricatis. Interdum adsunt innovationes hypogyneæ ad angulum rectum patentes laxissime foliosæ. Folia ramealia inferne breviora, medio apiceque approximata at haud imbricata, bimil- limetr. longa, apicem versus minute denticulatum 3/4 millim. lata, oblongo-lingulata, ob utrumque marginem integerrimum deflexumque con- vexa, basi angustiora, medio plica brevi ad speciem nérvosa, ventre dor- soque Sat longe decurrentia; innovationum minuta, distantia, oblonga basi utrinque decurrentia, primo integerrima dein et illa dentata. Color luteo-rufescens. Retis areolæ densæ, ovato-rotundæ, diametro majori 0"",025 metientes, cellulis chlorophyilinis concatenatis cinctæ. Fructifi- cationem masculam haud vidimus. Perianthia inclinata, terminalia vel, innovatione superveniente, lateralia, oblonga, 3 millim. longa, 4 1/2 mil- lim. in medio lata, ore rotundalo compressa, denticulata, dorso alata, ala angusta integra. Folia involucralia semiovato-triangularia, margine dor- sali integerrimo reflexa, ventrali dentata. Os. Cette espèce diffère du P{. disticha, dont elle a le port, par ses feuilles plus longues et très élargies en leur point d'attache, comme par son périanthe chargé d’une aile étroite et entière. Elle ressemble encore davantage au PI. rulilans, auquel elle avait été réunie dans le Synopsis Hepaticarum, 1. e.; mais on l’en distingue aisément à ses feuilles beau- coup plus dentées et à ses périanthes inclinés, plus longs que les feuilles involucrales. Leur facies est si différent, que, mises à côté l’une de l’autre, il sera impossible de les confondre. 22. PLaciocnina LepriEuru Montage. et Gotische in lift, : eaule re- PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES. 491 pente, ramis erectis geniculato-recurvis sub perianthio inno- vanti-proliferis, folis imbricatis dimidiato-ovatis elongatis basi decurrentibus, solo apice 3-5-irregulariter dentatis, utroque margine integerrimis ; fructu lateral axillarique raro terminali, perian{hio dupliei forma, laterali semirotundo oblique truncato, terminali ovoideo, ala nulla, ore dentato, capsula ovoidea bre- viter pedicellata. — Has. Ad cortices arborum in Guyana. — Leprieur, Coll. n. 263. — Syx. Plagiochila disticha ? L. et EL. — Montag., Centur. Il, in Ann. se. nat., 2 sér.,t. XIV, p. 332. — PI. patula N. et M. in Syn. Hepat., p. 26, pr. part. DEsc. Caulis in cortice longe repens, ramos emittens ad intervalla plus minus longa, at centimetro haud majora erectos, 3 ad 5 centim. metientes, ut plurimum curvatos, parce divisos uno alterove scilicet ramulo sub fructu laterali enato et tum stricto tum patente onustos apice attenuatos, ibidemque perianthium rarius producentes. Folia basi imbricata, semi- verticalia, Sesqui-bimillim. longa, ex ovoiïdeo oblonga, patentia, margine antico ad basin ventri caulis breviter affixa, cæterum integerrima, apice elongato 3-5 dentata, dentibus irregularibus, margine inferiori dorso caulis longe dlecurrentia haud reflexa et integerrima, e luteo viridi-fus- cescentia, laxe reticulata, retis maculis rotundo-oblongis crasse limitatis, exsiccalione haud contracta, semper vero patula, aut hinc inde cauli de- flexa. Folia involucralia bina, semiovoidea, erecta, apice bidentato-spinosa, utroque margine dentato-ciliata, amplectentia. Perianthium duplici forma insigne, terminale, ovoideum, basi et apice attenuatum, 2 millim. longum, ore breviter ciliatulo constrictum, dorso nudum, capsulam interdum ovoideam adhuc integram includens ; laterale axillareque (junius) semiro- tandum seu breviter campanulatum, ore oblique truncato ciliatulo latus exterius verso, pistilla 4 ad G fovens. Capsula matura millim. longa, 2/3 millim. medio crassa, pedicello albo crasso brevissimo vix os perian- thii superante fulta. O8s. Depuis l’époque où je rapportais avec doute les échantillons de cette espèce au P/. disticha L. et L., et celle moins reculée où M. Nees et moi nous les regardions comme appartenant à une forme du PI. patula, une nouvelle moisson m’en a été donnée par M. Leprieur, et j’ai en outre recu de plusieurs sources le vrai PI. patula Sw. Ainsi, outre les exem- plaires non douteux de cette espèce que je possède aujourd’hui et qui m'ont été bénévolement communiqués par MM. Kunze, Lehmann et 192 C. MONTAGNE. Gotische, j'ai eu l'avantage d’en recevoir un provenant d’un envoi fait directement par Swartz et donné, avec sa générosité accoulumée, par feu mon ami Barker-Webb. Muni de tous ces précieux documents, je m'étais déjà aperçu de quelques différences entre le type et l’hépatique de la Guyane, lorsque mon ami, M. Gottsche, m'ayant demandé en communica- tion quelques Plagiochila de ma collection, je saisis cette occasion pour lui soumettre tous ceux sur lesquels, d’après une révision que je venais d'en faire, il me paraissait s'élever quelques doutes. Toutes les espèces nouvelles que je publie aujourd’hui sous nos deux noms résultent donc du commun examen que nous en avons fait. Bien que fort voisine du PI. patula, il est de toute évidence que l’es- pèce décrite ici avec quelque détail en diffère essentiellement par ses feuilles non dentées en leur bord supérieur ou dorsal et ne se crispant point selon leur longueur par la dessiccation, par ses périanthes presque tous latéraux et non portés par un rameau court, par l’absence enfin de crête sur la face dorsale. Quant aux deux formes de périanthe, elles dé- pendent sans doute de l’âge, mais 1l est remarquable que je n’aie trouvé de pistil fécondé, de capsule déjà colorée, de capsule mûre et ouverte que dans les périanthes terminaux. Le pédicelle de celle-ci est si court, que les lobes en croix sont appliqués sur l’orifice du périanthe comme c’est au reste le cas pour un grand nombre de congénères. 23. PLaciocmira percexa Montag. et Gottsche in litt, : caule elato procumbente ramoso, ramis patenti-ereclis, folus approximatis patenti-divergentibus semiovato-falcatis subacutis basi ampliata rotundata interdum deflexa integra, margine supero anguste reflexo integerrimo , infero convexo apiceque dentato dorso ventrique longe decurrentibus, fruetu..…, — Has. In terra crescit Filicibus immixta, in insulis Sandwicensibus a cel. Gau- dichaud lecta. — Svyx. PI. patula Montag. in Gaudich., Voy. Bonite, Crypt., p. 262, excel. synon. Desc. Rami longissimi, 12 ad 15 centimillim. longi, rigidi, fragilissi- mi, inferne badii foliisque caducis prorsus denudati, iterum irregulariter ramosi, ramis secundariis attenuatis patenti-erectis elongatisque, inter- dum strictiusculis. Folia vix imbricata, sæpe distantia, semiverticalia, alterna, divergenti-deflexa, e basi semiovata, apicem versus angustata, falcala, utroque margine supra subtusque longe decurrentia, ventrali ar- cuato, basi rotundata integra, cæterum apiceque dentato, dorsali anguste PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES. 193 reflexo integro curvato (auricula basilari ventrali ampla quandoque de- flexo-plicata), 3 millim. 1/2 longa, parte caulem amplectente 2 1/2 mm., apice vix 4/2 mm. lata. Apex ipse folii bi-vel tridentatus, dentibus spinu- losis; fructu.… Os. Encore une espèce sans périanthe que j'avais à tort rapportée au PI. patula dont elle offre plusieurs caractères, il est vrai, mais avec la- quelle sa taille gigantesque, comparable à celle du PI. superba, aurait dû me dissuader de la réunir. Elle en diffère en effet par des feuilles falci- formes qui, si l’on en excepte leur laxité, la rapprochent encore bien plus du PI. superba, par une décurrence plus grande et par la présence d’une oreillette beaucoup plus ample, dilatation de la base de leur bord ven- tral, etc. Malheureusement le défaut de périanthe, même rudimentaire, ne permet pas de pousser plus loin le parallèle. Notre espèce ressemble un peu aussi, pour la disposition des feuilles, au PI. Owaihensis, mais la base arrondie (oricule) du bord ventral n’est pas ciliée-dentée, quoique souvent défléchie comme dans cette espèce. Le réseau de notre hépatique est remarquable par des mailles penta-hexagones, séparées par des cloi- sons fort épaisses. 24. PLactocaiLa Gaunicomaunit Montag. et Gottsche in litt, : caule ascendente ramoso, ramis superioribus approximatis subfasci- culatis, folis semiverticalibus distantibus patentibus oblongis , margine dorsal recto integerrimo haud reflexo, ventrali con- vexo parce grosseque dentato, apice bidentatis ; fructu..……. — Has. Inter muscos in insulis Sandwich, legit beat. Gaudichaud. — Sn. Plagiochila tenuis Montag. (non Lindbg.), Voy. Bonite, Crypt., p. 265. Desc. Caulis ascendenti-erectus, tenuis, setiformis, fuscus, hind inde folüis orbatus, 4-5 centim. longus, a basi vel medium versus divisus, pro- | pe apicem fasciculalo-ramosus, ramis fastigiatis attenuatis. Folia distantia | patentia, infima supremaque minora, millim. longa, 4/10 millim. medio lata, semiverticalia (haud prorsus verticalia) dolabriformia, utrinque de- | currentia, margine dorsali recto integerrima, haud reflexa, ventrali con- | vexo grosse dentata, dentibus 3-5 distantibus, apice bidentata, dentibus Jongis inequalibus. Color luteo-fuseus. Retis areolæ ut in PI. tenui vel | parum diversæ, nempe oblongæ, minutæ, ambitu flexuosæ. | Ons. Le périanthe faisant défaut dans nos échantillons, le port, la ra- | &* série. Bor. T. VI. (Cahier n° 4.) { 13 | | 4A9/ C. MONTAGNE. mification, la forme même des feuilles, en apparence peu différente, m’avaient fait réunir cette hépatique au PI. tenuis dont je tenais des exemplaires de MM. Lindenberg et Lehmann. M. Perrottet m’en avait aussi remis d’autres chargés de périanthes et provenant des Antilles. Je m'étais, il faut bien le dire, contenté de cet à peu près. Mais à une époque où le nombre croissant des espèces exige, pour la distinction de celles-ci, que tous les caractères soient soumis à une révision rigoureuse, cela n’est plus suffisant. Averti par mon confrère d’Altona que mon PI. tenus des îles Sand- . wich différait spécifiquement du iype de Lindenberg, je me suis mis de nouveau à comparer au microscope toutes les parties des deux espèces, et j'ai pu ainsi me convaincre que si nous devions tenir compte de cer- taines différences accusées par la couleur, par le port lui-même et surtout par la forme des feuilles, nous pouvions facilement légitimer cette dis- tinction. Ainsi, la plante n’est pas plus petite, mais plus menue dans toutes ses parties; elle offre des rameaux comme fasciculés dans le haut de la tige, dressés et fastigiés, des feuilles dolabriformes, non à bords parallèles ou presque tels, plutôt semi-verticales que verticales, non repliées en leur bord dorsal, convexes et grossièrement dentées en leur bord ventral, lon- guement bidentées au sommet, ce qui forme un ensemble de caractères pro- pres à séparer les deux plantes. Peut-être un jour, quand on trouvera le périanthe de notre espèce, arrivera-t-on à se persuader que nous avons eu raison de la distinguer de celle à laquelle nous l’avions d’abord réunie. En attendant, les caractères que nous lui assignons, tirés des organes de la végétation, nous paraissent sufire. 25. PLAGIOCHILA EMARGINATA Montag. et Gotische in hitt. : caule repente intricato, ramis erecus subsimplicibus apice attenuatis, foliis subsemiverticalibus contiguis ex obovato-rotundis planis patentibus utroque margine convexo integerrimis, apice emar- ginato-bidentatis fuscis ; fructu. — Has. In insula Mascare- nensi legit hanc speciem cl. Ad. Delessert. | | DEsc. Pusilla. Caulis primarius repens, niger, maxime intricatus. Rami erecli, simplices; quandoque, rariter vero, ramulo singulo breviore ins- tructi, 1 1/2 ad 2 centim. longi, attenuati. Folia semiverticalia, inferiora superioraque subverticalia minora, plana, patula, obovato-rotunda, oliva- cea, fuscescentia, media majora, magis approximata, subimbricata mar- « ! 1 l | | | | | | PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES, 495 gine dorsali breviter decurrente sinuato-ascendente ventralique semiorbi- culari integerima, apice sæpius bidentata, dentibus sinu recto aut varie obtuso sejunctis, millimetro longiora et latitudine paulo minora. Folia su- prema sensim minora et oblonga. Retis areolæ densæ penta-hexagonæ, granulis chlorophyllæ refertæ. Ops. IL y a plus de dix ans que j'avais envoyé à M. Nees d’Esenbeck _cette hépatique sous le n° 221, afin d’avoir son sentiment. Je lui deman- dais si elle ne lui semblait pas, comme à moi, le jeune âge d’un PI. di- chotoma. Ce savant ne m’ayant rien répondu à son sujet, elle était restée sans autre nom dans ma collection. Mais M. Gottsche, qui a entrepris une monographie de ce genre difficile, l'ayant vu dans l’herbier de notre ho- norable Président, m’apprit tout récemment que c’était une nouvelle espèce bien distincte et qu’il me proposait de la nommer PI. emarginata. C’est par suite de son opinion, dans laquelle j’ai grande confiance, puis- qu’il a fait une révision de ce genre, que je me décide à la décrire ici. Je ne connais aucune congénère qu’on puisse lui comparer, si ce n’est peut-être, pour la taille et la forme générale, le PI. approæimata, qui diffère de notre plante par ses rameaux non eflilés, par ses feuilles étroite- ment imbriquées, ovales-oblongues et dont le bord dorsal est replié vers la base. 26. PraciocniLa PerrorrerTiana Montag. et Gottsche in litt. : dis- ünctifolia, pectinata; caule gracili repente, ramis procumben- tibus longissimis subsimplhicibus, foliis distantibus semivertica- libus oblongo-lanceolatis acutis patentibus, marginibus parallelis integerrimis, basi haud reflexa breviter decurrentibus, apice minute denticulatis ; fructu..... — Has. In Antillis a cl. Per- rottet lecta. — Syx. Plagiochila laæa? Montag. in litt, ad illustr. Neesium et in Lindenbg., Spec. Hepat. Plagiochila, p. 168. Desc. Caulis basi repens, ramos tenues, 7 centim. longos, apice atte- nuatos, procumbentes, simplices vel ramulo divaricato rariter instructos, sursum emittens. Folia distantia, patula, plana, semiverticalia, oblongo+ lanceolata, acuta, cum caule angulum 45° efformantia, viridia, margine dorsali parum decurrente ventralique uncinatim aflixo integerrima paral- lela, in tertiam eorum partem longitudinis apiceque tenuiter irregulariter- que denticulata, foliis minoribus tractu caulis sat longo sæpe intercalaribus. Fructus deest. | 196 C. MONTAGNE. OBs. Quant à la simplicité du rameau et à l’espacement des feuilles, cette espèce se rapproche en effet beaucoup du PI. laxa. Je l'avais déter- minée d’après la figure donnée dans le Species Hepaticarum de M. Lin- denberg, qui avait approuvé ce nom au lieu cité du même ouvrage. Néan- moins, lorsqu'on veut pousser plus loin la comparaison des deux plantes, on s’assure que les feuilles, qui sont lancéolées et aiguës dans la nôtre, sont oblongues et obtuses dans le vrai PI. laxa. Pour la forme de ses feuilles, elle ressemble davantage au PI. frondescens, mais n’est pas ra- meuse comme lui. Le PI. distinctifolia, très rameux aussi, diffère par des feuilles arrondies au sommet et réfléchies en leur bord dorsal. 27. Praciocisa Zozcnéert Montag. mss. in Hb. cel. Mougeotii, bruyeriensis : caule repente flagellifero, divisionibus ascendenti- erectis’, basi pectinato-apice flabellato-ramosis , foliis semiverti- calibus ovatis, laxe imbricatis patentibus planiusculis, margine dorsali vix decurrente ventralique (raro dente minuto imstructo) integerrimis , apice sinu acuto bidentaus, dentis inæqualibus subulatis ; perianthio laterali ex ovoideo amphoræformi, ore laciniato-ciliato. — Has. Ad rupes montis Salak in Java insula eam legit misitque ejus subscriptoribus sub numero 3460 cl, Zollinger cui libenter dicavi. Desc. Caulis reptans, filiformis, intricatus, divisus. Divisiones ascendenti- erectæ, à centim. longæ, basi pinnato-ramosæ, ramis supremis bifurcis flabelliformi-patulis, hinc inde flagella rigida angulo recto subtus emit- tentes. Folia semiverticalia, laxe imbricata, ovata, patentia vel patenti- erecta, subplana, inferiora superioraque cujusque rami minora, media millim. longa basi senimillim. lata, margine dorsali paululum decurrente integerrima, ventrali raro apicem versus dente minuto instructa, apice bidentata, dentibus inæqualibus acutis, sinu angusto discretis, inferiore constanter minore. Folia flagellorum brevissima, amplexicaulia et inæqua- liter bidentula. Retis areolæ subquadratæ, angulis obtusatis, limitibus crassis duplicatis. Perianthium laterale, ovoideo-oblongum, sub apice (ore) laciniato-ciliato constrictum, amphoram antiquam subæmulans, dorso an- guste alatum, ventre ad medium fissum. Folia involucralia bina, perian- thium longitudine duplo superantia, medio concava plicataque, cæteris vero aut simillima aut apice pluridentata. Oss, Je ne trouve dans le Synopsis Hepaticarum aucun Plagiochila PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES. 197 que je puisse comparer à celui-ci. Mais dans le Supplément, il est un PI. anisodonta H. fil. et T. qui offre bien, à la vérité, ce caractère si rare dans ce genre, et qu'on n’observe guères que dans les PJ, sciophila et PI. dendroidea (1), d’avoir des feuilles bidentées ; toutefois la forme de ces feuilles n’est pas ovale, mais linéaire, et les rameaux simples et non pennés n’émettent pas de coulans. Je crois donc cette espèce bien dis- tincte ; et comme M. le professeur Meisner ne l’a pas énumérée parmi les plantes de cette famille que M. Zollinger lui avait communiquées, comme je ne la vois pas davantage mentionnée dans le Synopsis Hepaticarum javanicarum, splendide ouvrage que vient de publier sous les auspices de l’Académie royale des sciences d'Amsterdam, M. van der Sande La- coste, et dont il a eu la générosité de m'adresser un exemplaire, pour le- quel je le prie de recevoir ici l'expression de ma gratitude, j’ai tout lieu de la tenir pour inédite, à moins cependant que ce ne soit le Plagiochila Salaccensis Gottsche, inédit, qui a été indiqué sans diagnose dans le Systemat. Verzeichn. de M. Zollinger avec rectification de numéros, p. 20. J’ajouterai encore que la forme du périanthe est assez semblable à celles du P1. simplex et du PI. abietina, telles qu’on les trouve figurées aux planches IX et XXIX du Spec. Hepat. de Lindenberg. 98. PLAGIOCHILA PAUCIDENTATA Montag. et Gotische in litt. : caule repente, ramis procumbentibus alterne ramosis, ramis erectis, foliis distantibus patenti-erectis semiverticalibus obovatis, mar- gine dorsali recto ventralique convexo integerrimis, apice ob- tuso, ? ad 3 denticulis instructo ; fructu..…... — Has. Cum PI. borbonicain insula Mascarenensi lectam dedit cel. Ach. Richard. Desc. Caulis repens, tenuis, ramosus. Rami procumbentes, / ad 5 cen- tim. longi, iterum ramulosi, ramulis alternis erectiusculis. Folia remota, semiverticalia, patenti-erecta (in sicco interdum deflexa subsecunda), obo- vata aut deltoidea, sesquimillim. longa, margine dorsali decurrente ven- trali convexo integerrima, apice ampliato paucidentata, dentibus distan- tibus irregularibus. Flores masculi (soli inventi) in ramulis distinctis spi- ciformihus. Spica ovoideo-lanceolata lineariave ramulo continuo coronata. Foliorum perigonialium 10-20 paria. Foliola basi concava ovoidea dense imbricata, apice dilatata, minute denticulata. Oss. Cette espèce est bien voisine du Pl. pectinata dont malheureuse- ment le type manque à ma collection. Mais si j’en puis pertinemment juger (1) Nous en ajoutons trois autres ici offrant le même caractère, 195 C. MONTAGNE. d’après la description et la figure données par M. Lindenberg dans le Spe- cies déjà cité, elle différerait suffisamment par ses feuilles semi-verticales, obovales, enfin par les épis de l’inflorescence mâle, qui sont très allongés. 29. PLraciocniza Sricræcoca Montag. et Gottsche in litt. : caule repente, dichotomo-ramoso, ramis patenti-erectis, foliis dense im- bricalis semiverticalibus patenti-divergentibus semiovatis obtu- sis, margine dorsal recto longe decurrente ad apicem usque reflexo integerrimis, ventrali convexo apiceque denticulatis ; fructu axillari, perianthio obovato-campanulato, ore recte trun- cato dentato. — Has. Ad thallum Stictæ filicinæ, quam in Chile legit beat. Bertero, unicum specimen cum amico cel. Gottscheo communicatum observavimus. Desc. Caulis in thallo Lichenis supramemorati repens, à centim. lon- gus, dichotome ramosus, haud innovans. Folia dense imbricata semiverti - calia, patenti-erecta, dimidiato-ovata, margine dorsali deorsum anguste- sursum latè reflexa, cauli longe decurrentia, ventrali convexo apiceque denticulato prope caulem dilatato et cristam obsoletam cum folio opposito efformantia. Color luteo-viridis. Retis areolæ rotundæ, ovales aut oblongæ, intus catena granulorum cinctæ. Fructus in dichotomia sessilis. Involucri folia duo erecta, caulinis simillima, amplectentia. Perianthium 4 4/2 mil- lim. longum, subcyathiforme, ore amplo truncato, 4 1/2 millim. lato, dentato-spinuloso. * Os. Cette espèce est voisine du P{. Raddiana et doit venir se placer près de lui. 0. Pragiocmiza FeNDLERt Montag. mss. : tenella, prolifero-inno- vans ; Caule repente, folüis subverticalibus laxis obovato-cuneatis apice spinoso-dentalis, innovationum sinu amplo obtuso biden- taüs; fructu lateral terminalique, perianthio oblongo-clavato , ore subtruncato ciliato, folis involucralibus oblongis, margine utroque dentato-spinoso, supero reflexo, convexis, perianthiodi- - midio minoribus. — Has. Ad thallum sterilem cujusdam Stictæ indefinitæ prope Venezuelam Columbiæ legit eam cl. Fendler, eui dicavi. Cel. Tuckerman cum als multis lichenibus nuper- rime mecum communicavit. | Desc. Caulis tenellus, repens, ramosus intricatusque. Rami erecti, PLANTES CELLULAIRES NOUVELLES. 199 breves, centrimetrum vix superantes, subdichotomi., Divisiones patenti- erectæ, hinc inde flagelliferæ, flagellis axillaribus. Folia fere verticalia, vix dorso decurrentia, subdistantia, millim. longa, 1/4 millim. basi —1/2 millim. apice lata, ramorum patenti-erecta, utroque margine integerrima , apice dilatato dentibus ternis quinisve spiniformibus instructa, innovationum verticalia distantia, sinu amplo rotundato, bidentata, sensim ad apicem decrescentia. Perianthium obovato-clavatum, 2 1/2 ad 3 millim. lon- gum, os versus truncatum, tamen rotundatum, longe ciliatum, milli- “metro latius, ciliis densis inæqualibus. Folia involucralia bina perianthio haud approximata et dimidiam ejusdem longitudinem parum superantia, oblongo-ovata, apice sesquimillim. lata, margine dorsali reflexo concava, utroque margine dentato-spinulosa, fere ciliata. Retis areolæ rotundæ crasse limitatæ, 1-2 centimillim. diametro æquantes, parietibus æque crassis. Ogs. Deux seules espèces peuvent être comparées à celle-ci, surtout pour la forme des périanthes, ce sont mon P{. longiflora d’abord, origi- naire du Chili, puis le PL. (rapezoidea Lindbg. Elle diffère du premier non- seulement par son exiguilé et ses innovations ou ces sortes de coulants chargés de feuilles espacées et bifides ou bidentées, mais encore par ses feuilles raméales non imbriquées, presque verticales, non réfléchies en leur bord dorsal, épineuses au sommet et non finement dentées. Elle se distin- gue du second, qui, en outre de la longueur de son périanthe, a encore de commun avec elle la présence de coulants, par la forme de ses feuilles qui ne sont ni imbriquées, ni doublement dentées-ciliées, etc. LES NYMPHÉACÉES FOSSILES, Par le Dr Robert CASPARY. NymPuæites Sternberg (Versuch einer geognostisch-botan. Darstel- lung der Flora der Vorwelt, 1® cah., 1827, p. xxxIx). Les Nymphéacées fossiles ne sont jamais représentées par toutes les parties de la plante : tantôt on ne rencontre qu'un rhizome ou des feuilles, tantôt un rbizome et des graines, tantôt enfin des graines seules ; ces restes incomplets ne permettent donc pas de déterminer avec précision si les fossiles qu’on a sous les yeux 200 R, CASPARY, appartiennent à l’un des genres actuels Victoria, Euryale, Nym- phæa, qui tous se ressemblent beaucoup par leur rhizome et pré- sentent 4-6 canaux aériens dansleurs pétioles, ou bien s’ils forment un genre dontil ne reste plus aujourd'hui de représentant. Pour ces motifs, le nom de Nymphæites Sternb., qui ne désigne en géné- ral qu’une Nymphéacée fossile, doit être préféré à celui de Nym- phæa dont on a fait le plus souvent usage et qui s'applique à un genre actuellement vivant pourvu de caractères précis. Mais comme les Nymphæites Brongniartii et Ludwigii possèdent un long rhizome cylindrique et qu'il en est vraisemblablement de même aussi du Vymphœites Arethusæ, autant qu’on peut en juger d’après des restes très incomplets; comme, en outre, les pédoncules des Nymphœites Brongniartii et Ludwigii sont situés à la place d’une feuille et ne sont pas axillaires, 1l est vraisem- blable que ces trois plantes appartenaient au genre Vymphæa , dans lequel, ainsi que dans le genre Nuphar, les fleurs prennent la place d’une feuille et ne se montrent pas obliquement axillaires, ainsi qu’on les voit sur les Victoria, Euryale, et dans la section Castalia de Planchon (1), chez lesquels le rhizome est cylindrique. Il est même vraisemblable que le Nymphæites Ludwigu est iden- tique avec le, Nymphæites alba, puisqu'on ne reconnait pas de différence entre les rhizomes de l’un et de l’autre. La plante que j'ai nommée Holopleura Victoria n’appartenait certainement pas au genre Vymphæa , comme je le montrerai plus loin, bien que je n’aie pu en voir que des graines. 4. Nymphæites Arethusæ Sternb., [. c. Pulvinulis (2) ovato-rhomboi- dibus, superne rotundatis, inferne attenuatis, longitudine latitudinem su- perante (40 millim. longis, 30-35 millim. latis, minoribus 30 millim. longis, 22 millim. latis); cicatricibus petiolorum subcircularibus 15-17 mil- lim. inter ductus aereos extimos in diametro metientibus ; ductibus aereis principalibus sex, biserialibus, intermediis maximis; seminibus majoribus 3-0 millim. longis, fovea magna ad micropylum. Nymphœa Arethusæ Ad. Brongniart, Sur la classification et la (1) Études sur les Nymphéacées (Ann. sc. nat., sér. 3, t. XIX, p. 33 et 52). (2) Le coussinet de la feuille a été désigné , pour la première fois, sous le nom de pulvinulum par Webb (Phytogr. canar., 1836-1850, sect. II, p. 38). LES NYMPHÉACÉES FOSSILES. 201 distribution des végétaux fossiles (Mém. du Mus., 18292, VII, p. 380-332, t. 17, fig. 9), et Cuvier, Recherches sur les osse- ments fossiles (nouv. édit., t. IT, 1822, p. 369, cum icone, t. II, p. I, 1822, t. XI, fig. 10). — Cuvier et Alex. Brongniart, Description géologique des environs de Paris (nouv. édit., 1829, p. 370, t. XI, fig. A0). — Ad. Brongniart, Prodrome, 1828 (p.145 [1]). — Non Nymphæa Arethusæ , C.-0. Weber in Hai- dinger, VNaturwissenschafthiche Abhandlungen (IV,2 Abtheilung, p. 60). Semen hujus Nymphætis (?) sub nomine Carpolitis Ovuli descripsit Ad. Brongniart in Mém. du Mus., 1. c., fig. 2 ; idem in Cuvier, 1. c., p. 369, fig. 6. — Cuvier et Alex. Brongniart, 1. c., fig. 6. — Ad Bron- gniart, Prodrome, I. c. Reperta est in calce silicea stagnigena (meulières) prope Longjumeau et in sylva prope Pileu, inter Bièvre et Palaizeau prope Lutetiam. Originalia numerosa in Mus. Bot. Palæont. Parisiensi, ubi ea vidi, exstant. Les empreintes dont il s’agit ne répondent toutes qu’à de petites portions de la tige; aucun échantillon ne montre celle-ci dans toute sa largeur. De là vient qu’on ne peut indiquer la disposition des feuilles. Les coussinets sont ovoïdes-rhomboïdaux , arrondis en haut, pointus dans le bas, plus longs que larges, longs de 80-40 millimètres, larges de 22-35 millimètres. Les cicatrices des pélioles sont presque arrondies et plus grandes que celles des espèces vivantes du genre VNymphæa, presque égales à celles du Victoria; elles sont planes, un peu enfoncées et présentent les impressions de six grands canaux aériens disposés en deux files, dont les deux médians sont les plus volumineux. Entre les deux files des grands canaux, il y a souvent une rangée médiane de canaux très petits, au nombre de quatre, et tout autour des six canaux principaux se montre un cercle de nombreux petits canaux (1) Unger dit, dans un court extrait d’un travail plus considérable sur les fossiles végétaux qui se trouvent dans les dépôts d'eau douce de Styrie, de Rhein, Strassgang et Thal, près de Gratz, qu'on rencontre là des rhizomes et des graines de Nymphæa Arethusæ Brongn. (Sitzungberichte der mathem. naturwissenschaft. Classe der Wiener Academie, novembre 41856.) 202 R, CASPARY. (jusqu’à dix-neuf). Au-dessous du pétiole se trouvent les cicatrices pre$que circulaires de 8-9 racines, dont chacune offre à son centre une éminence ou un enfoncement (vestige du système des faisceaux vasculaires) ; les supérieures se disposent sur deux ou trois rangs ou se présentent tout à fait sans ordre et elles sont petites; les in- férieures sont les plus grosses ; la plus basse, qui est la plus grosse, sé trouve isolée. … Jen'’ai vu dans le VNymphæites Arethusæ que les cicatrices des pétioles et non celles des pédoncules. Il est vraisemblable que le Carpolites Ovulum Brongn. consiste en graines de Vymphœiles Arethusæ, puisque les deux se ren- contrent quelquefois ensemble, par exemple dans un échantil- lon qui à été trouvé dans le bois de Pileu, commune de Vauhallans, entre Bièvre et Palaizeau ; cependant ce fait n’est pas tout à fait hors de doute. Il existe dans la collection paléontologique du Jardin des plantes plusieurs échantillons de Carpolites Ovulum ; ils sont pyriformes-elliptiques , longs de 3-5 millimètres et larges de 2-3 1. Le raphé est très faiblement développé: A l'extérieur , lorsqu'ils n’ont pas été endommagés, ils présentent sur leur surface des empreintes de cellules rangées, comme dans les graines des Nymphéacées vivantes, en séries verticales, et plus larges que longues; leur largeur est à leur longueur comme 4+-2: 41. Cependant les parois de ces cellules ne sont pas si- nueuses comme dans la couche cellulaire supérieure de la graine des genres Victoria, Euryale, Nymphœa ; du moins, je n’ai pu apercevoir avec une forte loupe la moindre sinuosité dans de très grandes cellules. Sur certains échantillons, la disposition des cel- lules en files était très obscure. La grandeur: considérable des graines, supérieure à celle qu'on observe dans les Nymphæa alba et gigantea, qui sont les espèces du genre où l’on rencontre les plus grosses ; de plus, l'absence de sinuosités dans les parois des cellules, point qui exige, il est vrai, des recherches plus attentives, rendent douteux que le Carpolites Ovulum Brongn. appartienne à une espèce du genre Nymphœa, toutes les plantes que celui-ci renferme ayant les cellules de la coucheexterne de leur tégument séminal disposées en files et plus ou moins sinueuses ou sinuées-dentées. J'en dirai | | | | | | ! | | ll LES NYMPHÉACÉES FOSSILES. 203 davantage à ce sujet en m’occupant de l’Holopleura Victoria. Un autre motif pour douter de ce rapprochement , c’est qu’à l’extré- mité micropylaire du Carpolites se trouve un enfoncement telle- ment considérable, qu’il en devient très vraisemblable que cette graine à eu un couverele, tandis que les graines du genre Vym- phœa n’en possèdent pas. À cet égard encore, je renvoie à ce que j'aurai à dire sur l’Holopleura. L'enfoncement situé à l'extrémité iicropylaire , ainsi que la grosseur considérable de la graine, rattachent plutôt le Carpolites Ovulum aux N'uphar qu'aux Nym- phœa ; néanmoins les cellules polygonales et non sinueuses du testa dans les Vuphar luteum, advena et pumilum, ne sont pas rangées en files verticales comme ellesle sont dans leséchantillons les mieux conservés de Carpolites Ovulum ; en outre, dans celui-ci, le raphé est beaucoup moins prononcé que dans les VNuphar. Au total, le Carpolites Ovulum de M. Brongniart paraît être une Nymphéacée ; mais le Carpolites Ovulum de Hooker, du Journal de la Société géologique de Londres (1), n’est certainement pas'une graine de Nymphéacée ni un homonyme du premier, ainsi que mon honorable ami M. le doctéur Hooker s’en est convaincu lui-même lorsqu’en 4856 nous avons examiné ensemble, dans le Musée bo- anique de Paris, les échantillons originaux du Carpolites Ovulum Brongn. Dès lors, le Carpolites Ovulum Hook. doit porter le nom de Rhytidosporum Ovulum, que le docteur Hooker proposait pour lui dans le cas où il différerait du vrai Carpolites. D'après l'étude que le savant anglais en a faite, le Rhytidosporum Ovulum | est le sporange d’une Cryptogame. 2. Nymphæites Brongniartii n. sp. Inter maximas, pulvinulis rhom- boïdibus, obliquis, latitudine longitudinem superante (circa 45 millim. | Jongis et 50 millim. latis; minoribus 25 millim. longis, 32 millim. latis); | ductibus aereis principalibus duobus subovatis maximis. (Tab. X.) _Armussan prope Narbonne, in calce formationis tertiariæ stagni- gena, quæ, ut cl. Brongniart mihi dixit, verisimiliter ad miocenam per- tinet. k | Originalia in Mus. botan. Parisiensi, ubi ea vidi, exstant. (1) Quarterly Journ. Geol. Soc. Lond., 1855, p. 562. 204 R. CASPARY, Je dois de grands remerciments à M. Adolphe Brongniart qui a bien voulu m’abandonner la description de ceite espèce, dont le rhizome est le plus gros et le plus beau que l’on connaisse parmi les Nymphéacées fossiles. Dans le Musée géologique de Paris, outre plusieurs empreintes peu étendues, ne comprenant chacune qu’un petit nombre d’aréoles de feuilles, ilexiste un fragment, long de 35 centimètres, d’un très gros rhizome de cette espèce, qui mesure en largeur environ 12 centimètres. La figure représente, de grandeur naturelle, une forte portion de ce beau rhizome. On y distingue très bien les cicatrices des pétioles et des pédoncules. Sans nul doute, le rhizome, à l’état de vie, était cylindrique ; l’em- preinte se montre comprimée. Les coussinets sont obliquement rhomboïdaux et plus larges que longs ; les plus grands ont 45 millimètres de long et 50 millimètres de large (pl. 42 a) ; dans les plus petits mdividus, leurs dimensions sont d'environ 25 mil- limèêtres de long sur 38 de large. Les cicatrices des pétioles sont presque elliptiques et un peu enfoncées , larges de 16 à 21 milli- mètres, longues de 10 à 16 (pl. 12 b); elles présentent les impres- sions ovales et un peu obliques de deux très grands canaux aériens, entre lesquels il s’en trouve, en haut et en bas, un plus petit presque oblong; enfin tout autour se montrent les vestiges de très petits canaux aériens, parmi lesquels cependant, dans la plupart des cas, iln’y à que les cinq plus intérieurs qui ressortent nettement. Sous la cicatrice du pétiole se trouvent celles des racines, qui sont au nombre de 17 à 19 dans les grands individus, de 7 à 8 seulement dans les petits, limitées extérieurement (pl. 42 c), dans la plupart des cas, par deux lignes saillantes concentriques. A leur centre se montre un enfoncement correspondant au fais- ceau vasculaire central. La cicatrice de racines la plus basse est la plus grande et se trouve isolée ; elle a de 8 à 20 millimètres en diamètre, le plus souvent 9à 10. Au-dessus de celle-ci se trouvent 5-6 grosses cicatrices, cependant plus petites qu’elle, rangées en deux files ; les autres, ou les supérieures, sont beaucoup plus pe- tites, et sont disposées en à à 4 rangées, souvent presque mécon- naissables. Au-dessus du pétiole se trouve la cicatrice linéaire de la stipule LES NYMPHÉACÉES FOSSILES. 205 intrafoliacée ; elle est oblique et s'étend presque sur toute la lar- geur du coussinet (pl. 12 d). Les cicatrices des pédoncules sont plus rares et beaucoup plus petites que celles des pétioles (pl. 12 e); elles présentent aussi les empreintes de deux grands canaux aériens ovales. Au-dessous d'elles, il n'existe que 2-4 petites cicatrices de racines, du reste semblables à celles qui se trouvent au-dessous des pétioles (pl. 12 f). Les fleurs ne se montrent pas dans l’aisselle d’une feuille, mais à la place de celle-ci, comme dans le Nymphœæa alba et dans d’autres espèces du même genre, et, dans l’arrangement des feuilles, elles comptent comme celles-ci. Par là, le Vymphœites Brongniartu s'éloigne des J’ictoria et Euryale, où les pédoncules sont oblique- ment axillaires. La disposition des feuilles et des fleurs me paraît être &, les parastiques ternaires étant à droite, les quinaires et octonaires à gauche. Au premier coup d'œil, le Vymphœites Brongniartn se distingue des autres Nymphéacées fossiles par ses deux grands canaux aériens, Parmi les espèces du genre Nymphæa qui ont un rhizome cylindrique on n’en trouve aucune, dans la période actuelle, dans laquelle les deux canaux aériens supérieurs des cicatrices de pé- tioles ou de pédoncules aient pris un developpement si prédomi- nant; mais ce caractère se montre, bien qu'à un moindre degré , dans quelques espèces à rhizome ovoïde, tubéreux , comme dans le Nymphæa blanda de Planchon. Quoique le Nymphœites Bron- gmartii paraisse, en raison de la forme cylindrique de son rhi- zome, appartenir à la division Castalia du genre Nymphæa, le grand développement des deux canaux aériens rend cependant ce classement douteux. Dans le nombre des Nymphéacées vivantes , je n'en connais aucune qui présente des racines au-dessous des * pédoncules. 3. Nymphæites Weber. Cicatricibus petiolorum subcireularibus 7-8 millim. (vel adeo minus) inter ductus aereos extimos in diametro melientibus, ductibus aereis principalibus sex biserialibus, intermediis maximis ; sSeminibus minoribus 2 & millim. longis, ad micropylen foveola- tis et mamillatis. Nymphœa Arethusæ C.-0. Weber(non Ad. Brongniart), Ueber 906 R. CASPARY. die Süsswasserquarze von Mufjendorf bei Bonn, im. Haidinget Naturwissenschaftliche Abhandlungen (IV vol., 2° part., 1850, p. 14, pl. 1v, fig. 18). Semen descriptum sub nomine Carpolitis granulati a C.-0. Weber, 1. c., p.15, tab. 1v, fig. 19. | Reperta a cl. C.-0. Weber in quartzo stagnigeno tertiario propo Muf- fendorf, prope Bonnam ad Rhenum. Originalia (fragmenta rhizomatis) ex parte in Museo palæont. univer- sitat. Bonnens. adhuc exstant. D' Krantz, Bonnæ, etiam specimina possi- det. Carpolhtis granulati specimen haud vidi. © J'ai sous les veux six échantillons de quartz avec des empreintes de cette Nymphéacée, lesquels appartiennent en partie au Musée de Pappelsdorf, en partie au docteur Krantz. Il n’y en a proprement que trois qui puissent servir; ils présentent trois impressions de cicatrices de pétioles du rhizome , une impression transversale de tige, et quelques impressions de cicatrices de racines. L’échantillon original que Weber a figuré (4. c.) ne se retrouve plus. Les maté- riaux sont donc très peu abondants. | Les cicatrices dé pétioles , un peu déformées par la pression , sont presque elliptiques, longues de 9-10 mm. , larges de 8-9 mm. L'empreinte de tige mesure 8 mm. dans le sens de son grand axe, et o mm. dans celui du petit. La distance entre les canaux aériens les plus extérieurs dans les cicatrices des pétioles n’est que de 7-5 mm. Deux des empreintes laissent voir nettement (pl. 4, fig. 6) six grands canaux aériens disposés en deux files, parmi lesquels les deux du milieu sont les plus gros; tout autour se montre un cercle souvent interrompu de plus petits canaux , dont je ne puis indiquer exactement le nombre à cause d’altéra- tions partielles ; il existe encore deux petits canaux aériens situés” sur la ligne médiane entre les six grands. La troisième empreinte ne montre que cinq grands canaux aériens (pl. 43, fig. 7); mais 1l n'est pas douteux qu'il n’y en ait eu six, dont un ne se voit plus nettement parce que l'échantillon a été endommagé (pl. 43, fig. 7, c). Ces cinq canaux sont disposés en deux files , quatre en deux paires et le cinquième sur un côté, sur le prolongement d’une LES NYMPHÉACÉES FOSSILES. 9207 des deux files et non dans l'intervalle qui les sépare. Les cicatrices des racines sont plus ou moins circulaires , larges de 2-8 mm., avec un enfoncement médian. Weber dit que les cicatrices de pétioles présentent emq grands enfoncements. Ceci n’est pas exact, du moins relativement aux matériaux que j'ai eus entre les mains, pour deux cas et même pour le troisième : ainsi que je l'ai dit, le nombre cinq s'explique par l’altération de l’échantillon. Dans les Nymphéacées vivantes , et j'ai examiné plusieurs fois toutes les espèces d'Europe, ainsi que presque toutes les espèces exotiques qui sont cultivées, le pétiole présente toujours, le genre Nuphar excepté, quatre canaux aériens principaux , dont les deux supérieurs sont plus grands que les in- férieurs et sont même quelquelois tellement grands, par exemple dans le Nymphæa blanda de Planchon, qu'il semble n’exister que deux canaux aériens principaux, ce qui, parmi les Nym- phéacées fossiles, nous a été présenté par le Nymphæites Bron- gniartii. En dehors des quatre canaux principaux se trouvent, sur les-quatre côtés, quatre paires de canaux plus petits, parmi lesquels ceux de la paire supérieure surpassent fréquemment les autres en grandeur, à tel point qu'ils égalent presque ceux de la paire inférieure des quatre canaux principaux, et qu'il existe dès lors six grands canaux aériens disposés en deux files. Le pédoncule est généralement facile à distinguer du pétiole à ses canaux aériens ; en effet, ou bien il présente quatre canaux principaux à peu près de même grandeur, ou bien 1l y existe, dans la même espèce, bien plus sur la même tige, cinq, sept et même huit canaux assez sem- blables pour leur grandeur, disposés non en files, mais en cercle au- tour d’un point. Donc cinq canaux aériens, disposés en cercle et non en deux files, indiqueraient un pédoncule dans une Nym- phéacée fossile. Cependant, sur la figure donnée par Weber, on ne peut reconnaitre avec certitude un pédoneule. Quoique Weber ait regarde le VMymphæites W'eberi comme identique avec le VNymphæites Arethusæ Brongn., dont M. Bron- gmiart décrit le Carpolites Ovulum comme la graine, il décrit cependant sous le nom de Carpolites granulatus la graine trouvée dans l’Halbopal de la même formation à Muffendorf, qu'on peut 208 R. CASPARY., présumer appartenir au Vymphœæites Arethusæ Web.; son motif est que cette graine lui a présenté à l’extérieur une structure cellu- leuse. Comme dans tous les échantillons bien conservés le Car- polites Ovulum Brongn. m'a montré une texture cellulaire à sa surface, ce motif ne peut être admis. Toutefois je ne puis voir la même plante dans le Vymphæa Arethusæ Brongn. et dans la Nymphéacée de Weber. Les fossiles de Muffendorf que j'ai examinés sont, il est vrai, très incomplets, mais ils pa- raissent différer constamment et considérablement du Vym- phœites Arethusæ Sternb. Les cicatrices de pélioles, dans la plante de Weber, n’ont guère que la moitié de la grandeur qu’elles présentent dans celle de M. Brongniart. Dès lors, cette différence de grandeur assez constante dans les cicatrices de pétioles me les ferait regarder comme des espèces différentes. On ne peut voir une raison pour les réunir dans ce fait que les canaux aériens présentent de part et d’autre la même nombre et la même disposition; carles Nymphéacées vivantes offrent la même ressemblance, à peu d’ex- ceptions près, même dans des genres différents : ainsi les Y’ictoria, Euryale et Nymphœa ont 4-6 grands canaux aériens disposés de même et entourés de canaux plus petits. D’un autre côté, les rhizomes des Vymphœæa vivants se ressemblent ‘extrêmement à l'extérieur dans quelques cas, malgré les différences considérables qui existent entre les autres parties de ces plantes , comme on le voit, par exemple, pour le Nymphæa Lotus et le N. cœrulea Sav. Dès lors, malgré. la ressemblance extérieure des rhizomes , des différences constantes de grandeur me conduiraient à conclure à une différence spécifique. Dans le cas présent, en admettant que le Carpolites Ovulum Brongn. appartienne au VNymphæites Arethusæ et le Carpolites granulatus au Nymphæites Weberi, la différence de grosseur des graines fournirait un nouveau motif pour admettre que ces plantes sont différentes. En effet, dans nos Nymphéacées vivantes , les dimensions des graines sont d'ordinaire plus con- stantes que celles des parties de la végétation ; il est vraisemblable qu'il en était de même pour les plantes fossiles de cette famille. Or le Carpolites Ovulum Brongn. est près de deux fois aussi long que le Carpolites granulatus. LES NYMPHÉACÉES FOSSILES. 209 Si le Carpolites granulatus provient réellement du Vymphæites Weberi, cette dernière plante n’appartient pas au genre Nymphæa, car le Carpolites granulatus n’est certainement pas une graine de Nymphæa. En effet, d’après la figure que Weber en a donnée, le Carpolites granulatus présente un enfoncement considérable à son extrémité micropylaire et un raphé très proéminent, particularités qui n'existent pas dans le genre VNymphæa, mais qu’on observe dans les Nuphar, Euryale et Victoria. Sous le rapport de la forme, le Carpolites granulatus ressemble beaucoup, comme Weber le fait remarquer, à la graine d’un Vuphar ; mais s'il provenait d’un Nuphar, 11 n’appartiendrait pas au Vymphœtes Weberi, puisque cette plante ne peut être un Vuphar, à cause de ses cicatrices de pétioles arrondies et des grands canaux aériens qu’elles renferment. Pour un examen plus approfondi des caractères des graines des Nymphéacées, je renvoie à la partie de mon mémoire qui a rapport à l’Holopleura Victoria. Les rhizomes fossiles de Nymphæœites W'eberi sont analogues , pour la grosseur et pour l’organisation, à ceux du Nymphœæa alba. Weber a déjà fait remarquer cette grande ressemblance et même _cette.identité vraisemblable (4); mais je suis l'exemple de Weber en ne regardant pas la plante de Muffendorf comme entièrement identique au Nymphæa alba , les matériaux d’étude étant insuffi- sants pour permettre de faire cette identification avec quelque . certitude. h. Nymphæites lignitica. Foliis cordato-reniformibus, margine sub- undulatis, nervo primario medio stricto, nerviis primariis utrinque plus quam duodecim, radiantibus, reticulatim conjunctis, ter quaterque bifur- catim divisis. Nymphœtes lignitica Wessel et Weber, L. c., p. 41, cum icone, t. VI fig. 8. . Folia in lignite (Braunkohle) prope Rott ad septem montes prope Bonnam reperta. Specimen originale a cl. Webero 1. c. icone repræsentatum et speci- mina alia in possessione cl. Krantzii Bonnæ. (4) Wessel et Weber, Neuer Beitrag zur Tertiaer-Flora der nüederrhei - | mnischen Braunkohlenformation, in Dunker und Meyer, Palæontographisa, 1855, IV, fasc. 4 et 5, p. 4. 4° série. Bor. T. VI. (Cahier n° 4.) ? dé 210 C. CASPARY. Je n’en ai vu que trois fragments de feuilles. Les rhizomes n’ont pas encore été découverts. La feuille figurée par Weber mesure à peu près à 3 pouces de diamètre en largeur ; les autres fragments sont beaucoup plus grands, et autorisent à penser que la feuille peut avoir jusqu’à À pied de largeur. Le rapport de sa longueur à sa largeur n’est appréciable nulle part. Autant qu’on peut recon- naître le contour de la feuille, comme, par exemple, dans celle que Weber a figurée, il est cordé-réniforme. Je,ne puis reconnaître sur les échantillons que j'ai sous les yeux si cette feuille est peltée, comme l’admet Weber : elle est entière et faiblement sinuée. Sa nervure médiane se montre, comme toujours dans les Nymphéa- cées, droite avec environ huit nervures du second-ordre de chaque côté. Outre la nervure médiane primaire, 1l existe encore un grand nombre de nervures primaires très serrées et rayonnantes qui, un peu au delà du milieu de leur longueur, se bifurquent et for- ment ensuite trois ou quatre bifurcations pareilles. Lés nervures primaires sont rattachées les unes aux autres, en manière de ré- seau, par des nervures secondaires transversales. Dans leur por- tion la plus large, les nervures primaires présentent une ligne médiane plus foncée. On ne peut déterminer exactement , à cause de l’imperfecuon des matériaux, combien 1l existe de nervures pri- maires de chaque côté dela feuille. Cependant la petite feuille figurée par Weber en a douze dans son côté le mieux conservé, bien que celui-ci soit encore incomplet, et que certainement il ait dû en avoir un plus grand nombre. Si l’on mène , dans le plan de la feuille, une perpendiculaire sur la nervure primaire médiane au point d'insertion, il se trouve, dans l’angle droit formé par cetie perpen- diculaire et la nervure médiane, 5-7 nervures primaires radiales, tandis que l'examen du Nymphæa alba , fait de la même manière, m'a montré, sur un total de 51 feuilles, 3 nervures seulement sur A1 feuilles, 4 nervures sur 35 feuilles et5 nervures sur 5 feuilles. Le nombre des nervures primaires ne varie pas beaucoup dans les Nymphéacées vivantes ; dans quelques cas, il fournit un caractère spécifique qui n’est cependant pas très précis. Weber regarde son Nymphœa hgnithica comme pouvant être identique avec le Nym- phæa alba, Cependant cette identité n’est pas admissible, soit à cause LES NYMPHÉACÉES FOSSILES, 211 de la différence qui vient d’être signalée , soit parce que la feuille du Vymphæa lignitica est cordée-réniforme, tandis que celle du Nymphæa alba est cordée-ovale ou presque circulaire , soit aussi parce que la feuille du Nymphæa alba présente généralement moins de nervures. Sur les 51 feuilles de cette espèce dont j'ai compté les nervures , 4 n'avaient que 6 nervures primaires de chaque côté, 11 n’en avaient que 7, 18 n’en avaient que 8 , 10 n’en ‘avaient que 9, 3 seulement en avaient 10, 2 en avaient 11, À en avait 13 : celle-ci était une feuille gigantesque. Les plus petites feuilles de Nymphæa alba, qui généralement surpassent beaucoup en grandeur celle de Vymphœa lignitica qui a été figurée par We- ber, n'avaient que 7-8 nervures de chaque côté , tandis que cette dernière, comme on l’a déjà vu, quoique incomplète, en montre 12 et en avait sûrement davantage, 5. Nymphæites Ludwigii n. sp. Pulvinulis rhombeis (17-22 mm. latis, 1516 mm. longis), cicatricibus petiolorum subcircularibus circa , 8 mm. inter ductus aereos extimos in diametro metientibus; ductibus aereis 4-6 principalibus (4 rarius) in duabus seriebus dispositis, inter- mediis maximis, sub pedunculis radicibus nullis. Nymphæites Ludwigii Caspary, Kælner Zeitung Beilage Ah, febr. 4857. Rhizomata optime conservata in lignite ad Woelfersheim, vicum Wette- ravieum, à cl. Ludwig lecta; nune in possessione doctoris Krantzii, Bonn. M. le docteur Weber m'a fait remarquer le premier les restes de cette Nymphéacée dans la collection de M. le docteur Krantz. Ils consistent en deux fragments de rhizomes longs de 9 !et de A4 centimètres, qui ne sont pas tout à fait cylindriques, mais un peu aplatis, larges d'environ 4 3-5 + centimètres , et épais d'environ à + centimètres, Ils sont dans un état de conservation de la substance végétale plus parfait qu'on ne l’a vu jusqu'à pré- sent pour aucune plante herbacée fossile. Cependant leur configu- ration extérieure a été déformée sur quelques points, vraisembla- biement par l'effet de la pression. Les cicatrices des pélioles et des pédoncules sont disposées en spirale à tours serrés, Quoique la 212 C. CASPARY. disposition des feuilles ne soit pas bien apparente , il est très vrai- semblable qu’elle est exprimée par 4. Les cicatrices des pé- doncules, sous lesquelles on reconnait l'absence de racines, comptent dans anse phyllotaxique à la place des feuilles ; elles ont un diamètre un peu plus petit que celui des cicatrices de pétioles, qui est de 8-10 millimètres (7-8 millimètres entre les ca- naux aériens extérieurs), et elles sont presque circulaires. Les cica- trices des pétioles présentent 4-6 canaux aériens principaux disposés en deux files, dont les médians sont les plus grands; tout autour sont de plus petits canaux. Au-dessus de la cicatrice du pétiole et dans son aisselle se montre, dans une direction oblique et sur presque toute la largeur, une élévation linéaire qui indique la place où s’attachait la stipule intrafoliacée. Au- dessous de cette même cicatrice pétiolaire se montrent 6-9 cicatrices presque circulaires , à contour relevé, qui sont celles des racines adventives ; elles man- quent au-dessous des cicatrices des pédoncules qui, du reste, sont semblables à celles des pétioles, mais qui néanmoins n’ont que 5 canaux aériens principaux, au lieu de 6, disposés en cercle et en deux files. La couleur du rhizome est un brun notïrâtre. Un petit morceau que j'ai fait bouillir dans l'acide azotique et dans le chlo- rate de potasse s’est coloré en jaune de cire et est devenu très propre à l’étude anatomique. Les cellules de l’écorce de ce rhizome sont dans un état de conservation remarquable; l’épiderme a dis- paru , comme cela a presque toujours lieu sur les parties adultes d’un rhizome de Nymphéacée. L’écorce est formée de couches nombreuses d’un parenchyme dont les cellules ont les parois mé- diocrement épaisses. On y trouve sur plusieurs points des cellules très grosses , de forme irrégulière, souvent rameuses ou bifur- quées, à parois très épaisses, semblables à celles qu’on trouve dans le Nymphæa alba. Les vaisseaux spiraux y sont tout aussi bien conservés ; les spiricules peuvent en être tirées et déroulées aussi facilement que si elles provenaient d’une plante fraîche. Cependant le tissu spongieux et délicat de l’intérieur ne laisse plus reconnaître exactement sa structure celluleuse, ni après ni avant ébullition dans l'acide azotique et le chlorate de potasse. La cellulose a par- tout conservé sa nature chimique, bien qu’elle se rapporte à une LES NYMPHÉACÉES FOSSILES. 213 époque bien plus ancienne que la période actuelle et qu'ell appartienne à un végétal herbacé. L’iode et l'acide sulfurique co- lorent les cellules en beau bleu. Quant aux cellules grosses, ra- meuses et à parois épaisses qui se trouvent dans l'écorce, elles n’ont pas conservé leur lignification ; même après avoir bouilli dans l'acide sulfurique et dans le chlorate de potasse pendant quelques minutes , et seulement jusqu’à ce que la couleur brun noirâtre ait disparu, elles ne bleuissent pas, mais deviennent d’un jaune bru- nâtre sous l’action de l’iode et de l’acide sulfurique. J'avais présumé que ces restes ne provenaient pas du lignite, mais de la tourbe, et j'ai écrit à ce sujet à M. R. Ludwig, à qui en est due la découverte et qui est directeur technique de la Banque pour le commerce et l’industrie de Darmstadt. M. Ludwig m'a donné, dans une lettre du 6 janvier 1857, les renseignements sui- vants : « Les rhizomes provenaient, sans le moindre doute, du li- gnite deWoelfersheim, d'ou je les ai retirés moi-même ; je n’en ai pas dans ma collection un seul échantillon qui provienne de la tourbe. Ces lignites ne doivent pas être confondus avec ceux de Salzhausen ou des provinces rhénanes; ils appartiennent à une formation beaucoup plus récente. Je possède de ce gisement, ainsi que de deux autres de la Wettéravie et, en outre, de la Hesse, de la Saxe et de la Bohême, des matériaux extrêmement nombreux, et je puis dé- montrer, d'une manière positive, quele vieux lignite dans lequel se trouvent le Sabal major, le Liquidambar europœus (Münzenberg, Bilin ), diffère essentiellement du moyen (Salzhausen et Basse- Hesse ), qui peut être regardé comme semblable à celui du Rhin. Le lignite de Wettéravie repose sur le basalte (qui recouvre le Sep- tarienthon , formant le toit de la formation de lignite du Bas-Rhin et de Saxe) ; il est dans une formation que j’ai nommée argile ba- saltique (Basalithon) (1), et qui est provenue de sa décomposition. F. Sandberger se trompe lorsqu'il le réunit à sa formation à Litto- rinelles; celle-ci se trouve entre l'argile basaltique et le lignite de Salzhausen , Laubach et de la Basse-Hesse. Dans le lignite de la Wettéravie (Woelfersheim, Weckesheim, Dorheim , Bauernheim, (1) Carte géologique de lu section Friedberg. Darmstadt, chez Jonghaus. 214 C. CASPARY. Dernassenheim), j'ai trouvé une quantité considérable dé fruits. » M. Ludwig se propose de publier bientôt un mémoire au sujet nn fossiles végétaux de ce lignite. Il est extrêmement vraisemblable que le Nymphæites Ludwigii est identique avec le Nymphæa alba de l'époque actuelle, puisqu'il n’existe pas de différence entre les rhizomes de l’un et de l’autre. Les cicatrices des feuilles et des pédoncules , celles de la stipule et des racines, les rapports de grandeur, la structure anatomique de la tige, autant qu'on peut la reconnaitre, tout y rappelle le Nymphœa alba. Cependant, comme on n’en a ni les feuilles, ni les fleurs , nt les fruits, on ne peut se prononcer avec cer< titude sur l’identité des deux plantes, et il était indispensable de donner un nouveau nom à ces restes de Nymphéacée fossile. Même le nom de Nymphæa alba fossilis ne serait pas conve- nable. M. Schacht a démontré le premier que la cellulose s’est consér- vée dans le bois des lignites (4). Après lui, M. Franz Schultze, professeur à Rostock, a montré (2) que le lignite renferme de la cellulose non-seulement dans le bois, mais même dans les frag= ments, « dont la structure végétale a presque totalement disparu. » Par un procédé de macération qui est décrit à l'endroit cité, il a obtenu des « cellules parfaitement pures des espèces les plus diverses : cellules ligneuses (taxus?), pollen, liége (3), parties d'épiderme, Algues, ete. >» Mais il n'indique ‘pas les éspèces dans lesquelles il a trouvé tout cela. Ainsi le Nymphœîtes Ludwig est la première plante herbacée, désignée par un nom, qui ait conservé de la cellulose. C’est en vain que j'ai cherché cette substance dans des feuilles du lignite de Rott, dont la substance paraissait parfaitement conservée ; elles étaient transformées en (1) Pflansenselle, 1852, p. 203. (2) Monatsberichte der Berliner Akademie, 5 novembre 1855. (3) Si l'expression « cellules pures » signifie, et il n'est guère possible qu'il en soit autrement , des cellules composées de cellulose, il y a certainement lieu de concevoir du doute relativement au pollen et au liége. En effet, pour le pol- Jen , il n y a que la cuticule de conservée ; et, quant au liége , il ne contient plus de cellulose lorsqu'if est entièrement développé. LES NYMPHÉACÉES FOSSILES. 215 une matière brune , grenue, qui devenait jaune brunätre par l’ébullition dans le chlorate de potasse et l'acide azotique , mais qui ne bleuissait pas par l’iode et l'acide sulfurique. La substance végétale est si bien conservée dans le Nymphœæites Ludwigi, qu'elle a été rongée intérieurement par des Insectes. En en secouant les rhizomes, on en fait tomber une grande quantité d’excréments en cylindres courts. Les restes du Nymphæites Ludwigii sont encore remarquables par cette particularité, que les cellules de l'écorce et la spiricule des trachées y ont parfaitement conservé leur forme, ce qu'on n'observe au même degré, que je sache, dans aucune plante her bacée du lignite, ni d'aucune autre formation. La substance brune des feuilles de Rott, dont il a été question plus haut, n’offre plus de structure cellulaire. A la vérité, M. Weber (1) a décrit et figuré « l’épiderme » des feuilles de plusieurs plantes du lignite d’Orsberg, par exemple du Ceanothus zizyphoides Ung. (2) et du Sambucus celhifohia Weber (3); mais M. Weber, dans les conversations que j'ai eues avec lui, a reconnu avec moi qu'il est très vraisemblable qu'il ne s'agissait là que de la cuticule et des couches cuticulaires sans cellules épidermiques, ainsi que M. Bornemann l’a décrit et figuré dans son ouvrage soigneusement élaboré (4), pour un grand nombre de plantes de l'argile à Myacites du lignite argileux , parti- culièrement pour des Cycadées fossiles. M. Bornemann dit er propres termes (5) : « Dans la macération complète, à laquelle ces fossiles végétaux ont été soumis, les cellules de l’épiderme ont complétement disparu, et leur configuration aurait été compléte- ment méconnaissable , si elle n’avait été indiquée par les épais- sissements de la couche cuticulaire qui, sur les membranes fossiles, se montrent plus fortement brunis que le reste. » M. Bornemann a trouvé aussi une fois dans un fragment de feuille indéterminable (1) Wessel et Weber, Neuer Beilrag zur Tertiær Flora der Braunkohlen- formation, 1. c., 1856. (2) L. c., p. 44, t. VIII, fig. 45. (3) L. c., p. 39,t. VILL, fig. 2. | (4) Ueber organische Reste der Lettenkohle Thueringens, 4856, p. 20 f. (5) L. e., p. 22. 216 C. CASPARY. de la même formation des restes de spiricules des vaisseaux con- servées et fortement brunies (1). 6. Nymphaœites Charpenteri, n. sp. nondum descripta. Nymphæa CharpentieriOsw.Heer, Die tertiære Flora der Schweiz, 1855, I, p. 7. In lignite ad Paudèze prope Lausanne in Helvetia. «Ses feuilles qui différent entièrement de celles des espèces actuellement vivantes (notamment du genre Vymphæa), se rapprochent davantage des formes américaines, aujourd’hui con- nues sous le nom de Victoria. » (Heer, L. c.) M. Unger dit (2) que, à Strassgang, près de Gratz, en Styrie, on trouve une nouvelle Nymphéacée fossile : Nymphæa Blandu - siæ Ung. HOLOPLEURA. Nov. gen. Semen ovato-ellipticum, ad micropylen foveolatum et operculatum, operculum subcirculare micropylen mamilliformem et hilum subreniforme gerens, raphe subnulla ; testa crassa, cornea ; cellulæ strati extimi gra- ciliter 6-8-sinuosæ, pariete externo crassissimo, lumine subevanido, irregulariter dispositæ. Holopleura Victoria sp. unica. Char. speciei ut generis. Seminibus parvis 2 5-2 + mm. longis, 1 5-1 5 mm. latis. | Semina tantum exstant in lignite ad Dorneim et Woelfersheim Wette- raviæ a cl. R. Ludwigio collecta. M. Ludwig m'a envoyé, de cette remarquable Nymphéacée qu’il a découverte , deux graines entières et quatre morceaux de graines brisées, qui se trouvaient dans un tel état de conservation, qu’on pouvait tres bien en faire l’examen anatomique ; en effet, Jai pu comparer parfaitement la structure de leurs cellules avec celle des graines des Nymphéacées vivantes. La graine, examinée à l’œil nu, est noire, longue de 2 &- 2 ; de millimètre, épaisse de 4 5-1 5 de millimètre, ovoïde (4) L. c., p.22 ph be SA (2) Sitzungsberichte der mathem.-naturwissenschaftl. Classe der Wiener Aca- demie, novem. XXII, p. 698. | | | | l | | | LES NYMPHÉACÉES FOSSILES. 217 ou cylindrique-ovoide (fig. 10, 41, 42), tantôt un peu plus pointue, tantôt un peu plus large à l'extrémité micropylaire qu’à Fextrémité chalazique. Le raphé est faiblement prononcé et forme ou une légère éminence longitudinale (fig. 44, c), ou un enfon- cement longitudinal (fig. 42 et 13, r). A l’extrémité micropy- laire se trouve un enfoncement circulaire, formant un couvercle, qui, par analogie avec les V’ictoria, Euryale et Nuphar, est déta- ché à la germination. Lorsqu'il est tombé ou qu’il a été perdu, la graine ayant été endommagée, le tégument séminal présente un trou arrondi (fig. 15, 16, /). Sur ce couvercle se montrent le hile, sous la forme d’une cicatrice presque réniforme (fig. 17, h), et le micropyle, sous celle d’un petit mamelon (fig. 17, m). Sur une section mince menée parallèlement à l’axe longitudinal de la graime, on voit la couche la plus externe formée de cellules à 6-9 sinuosi- tés (fig. 18), avec de très petits pores, et dans lesquelles, en re- gardant par en haut, on ne voit pas de cavité. La couleur est un brun foncé. La coupe transversale du tégument séminal (fig. 20) y montre plusieurs couches de cellules, dont toutes les intérieures, à l'exception des plus internes, ontles parois minces et sont presque détruites et transformées en une matière brune, granuleuse. La couche de cellules la plus externe surpasse de plus du double en hauteur toutes les autres prises ensemble, et la paroi externe se montre tellement épaisse, qu’elle égale en épaisseur huit où neuf fois ou même davantage l’étendue de la cavité, et que celle-ci a presque disparu (fig. 20, 21, 22). Cette paroi externe est _33-h2 fois plus épaisse que la paroi interne. Dans trois cel- Jules, elle a présenté une épaisseur égale à 0,0679, 0,0685, 0,0710 de ligne, tandis que la paroi interne, dans les mêmes cellules, avait une épaisseur de 0,0020, 0,0018, 0,0017 de ligne. Après une ébullition dans le chlorate de potasse et l'acide azotique prolongée pendant dix minutes, la couleur brune a dis- paru; les cellules sont devenues incolores; elles étaient un peu gonflées , s’isolaient aisément, et l’action de l’iode avec l'acide Sulfurique les colorait en très beau bleu (fig. 22) ; elles présen- laient donc la cellulose parfaitement conservée. Si l’on compare la structure du tégument séminal de l’Holo- 218 | C. CASPARY. pleura avec celle que présentent les genres vivants, on trouve que la plante fossile est très voisine du genre F’ictoria. Je vais carac- tériser succinctement les graines des principaux genres. - 1. Vicrorna (Ÿ. regia Lindl.). Graines très grosses, globuleuses- ovoïdes, longues d'environ 7-8 millimètres ; raphé très faible- ment développé. A l'extrémité micropylaire se trouve un enfon- ceinent elliptique-cireulaire, qui forme un opercule destiné à tomber à la germination ; sur cet opereule se trouvent le micropyle et le hile. Les cellules de la couche externe forment 8-12 grandes sinuosités ; elles ne sont pas disposées en files longitudinales, mais irrégulièrement. Leur paroi externe est un peu plus épaisse que les autres ; leur cavité est très grande; les couches cellulaires in- ternes prises ensemble sont trois fois aussi épaisses que la couche externe. | 2. Euryae (E. ferox). Graines très grosses , en ovoïde court, longues d'environ 7-8 millimètres; raphé très prononcé. Une fossette circulaire formant un opercule, à l'extrémité micropy- laire. Sur ce couvercle, qui tombe à la germination, se trouve uni- quement le micropyle. Le hile, grand et ovale, est situéen dehors de l’opercule et reste sur le tégument séminal lors de la germina- tion. Les cellules de la couche externe sont petites, non sinueuses, polygonales , irrégulièérement disposées ; leur paroi externe à presque la même épaisseur que les autres; leur cavité est très grande. Les couches cellulaires intérieures , prises ensemble , ont quatre ou cinq fois l’épaisseur de la couche externe. 3. Nympuæa Sm. Graines assez petites, presque globuleuses, ou ellipsoïdes-raccourcies, ou ovoïdes, ou eylindriques-ovoïdes, longues de 1 * millimètre (N. guineensis Thon. et Schum.) jus- qu’à 3 millimètres (NW. alba Lin.), même jusqu'à 4 : millimètres (NN. gigantea Hook. ); raphé nullement ou très faiblement proé- minent, Pas d'enfoncement, ni dès lors d'opercule à l’extrématé micropylaire (1). À la germination le tégument séminal se rompt en quelques lobes à l’extrémité micropylaire. Le micropyle est (1) Quelques botanistes signalent, même dans les Nymphæa, l'existence d’un opercule, C'est une erreur qui repose uniquement sur une confusion avec d'au- tres genres de Nymphéacées. | | LES NYMPHÉACÉES FOSSILES, 219 généralement proéminent en forme de mamelon quelquefois très gros { Vymphœa gigantea Hook.). Les cellules de la couche supérieure du mince tégument séminal sont toujours rangées en files longitudinales ; elles offrent chacune 8-14 sinuosités, se prolongent souvent à leur bord en longs poils (WNymp. Lotus Hook. fil., cœrulea Sav., gigantea Hook., blanda Planch., etc. ), offrent de grands porés ; leur paroi externe surpasse un peu les autres en épaisseur. Les autres cellules des deux téguments presque détruites dans la graine mûre; toutes ensemble beaucoup plus minces que la couche externe. h. Nupxar Sm. Graines de grosseur moyenne, ovoïdes-allon- gées (Nuphar luteum Sm., N. pumilum DC.) ou ovoïdes-raccour- cies (Nuphar advena DC.), longues de 3-4 ? mm.; raphé fortement proéminent, avec un enfoncement à l’extrémité micro- pylaire, qui forme un opercule destiné à tomber à la germination ; sur cet opercule se trouvent le micropyle en mamelon et le hile ovale. Les cellules de la couche extérieure du tégument séminal sont polygonales, petites, placées irrégulièrement, non en files longitudinales ; paroi externe de cette couche cellulaire un peu plus épaisse que les autres; cavité grande ; couches cellulaires internes presque détruites, beaucoup plus minces, dans leur ensemble, que la couche externe. La comparaison des graines dé ces quatre genres de Nymphéa- cées, les plus importants à considérer, avec celles du lignite de Dorheim , montre que ces dernières ressemblent beaucoup à celles du J’ictoria regia, et cela sous les rapports suivants : 1° les deux espèces ont dans leur couche cellulaire extérieure des cellules poreuses à grandes sinuosités , situées irrégulièrement ; 2° toutes deux ont, à leur extrémité micropylaire, un enfoncement arrondi, Sur lequel se trouvent le hile et le micropyle. La portion qui offre cet enfoncement est enlevée en manière d’opercule à la germina- tion ou à la désorganisation finale du tégument séminal. Mais, quoique ces particularités communes montrent qu'il existe une très grande affinité entre la plante fossile de Dorhemm et le Factoria regia, je suis convaincu que ces deux végétaux appartenaient à deux genres différents, parce qu’ils présentaient, sous les rapports 220 C. CASPARY. suivants, des différences importantes dans la structure de leurs graines. Nymphéacées fossiles de Dorheim. 4. La paroi externe des cellules de la couche extérieure est 33-42 fois plus épaisse que les autres parois cellulaires. 2. La cavité des mêmes cellules est extrêmement petite et 8-9 fois moins étendue que la paroi externe. 3. L'épaisseur de la couche cellu- laire la plus extérieure est plus que double de celle des quatre ou cinq au- tres couches du testa. Victoria regia, Lindl. 4. La paroi externe est tout au plus 4 fois plus épaisse que les autres pa- rois cellulaires. 2. La cavité de ces cellules est pe- tite, mais cependant 4-6 fois plus large que la paroi cellulaire externe n'est épaisse. 3. L'épaisseur de la couche cellu- laire la plus externe du testa est envi- ron trois fois moindre que celle des autres couches, qui sont nombreuses, prises ensemble. La structure anatomique des graines dans les nombreuses espèces du genre Vymphæa, et aussi dans les VNuphar, est telle, que les différences qui existent entre les graines de la plante fos- sile de Dorheim et celles du J’ictoria regia ne sont pas seulement spécifiques, mais génériques , et j'ai donné au genre de la plante fossile le nom d'Holopleura (1), à cause de l’épaisseur considé- rable qu’a la paroi externe de la couche cellulaire extérieure. M. Ludwig me faisait remarquer, avec beaucoup de raison, dans unede ses lettres,que les graines décrites plus hautressemblent assez, pour l’apparence extérieure, à celles du Vymphœa biradiata de Sommer. Cette ressemblance n'existe pas seulement avec cette variété du Vymphæa albaL.., mais encore avec la plupart des autres formes de cette plante, qui ont toutes la même structure anato- mique. Cependant, pour mieux montrer la différence réelle, j'ai représenté, pour le Vymphæa alba var. g. aperta S. var. a, erythrocarpa (Nymphœæa Kostelezkii Pall., Nymphæa candida Presl.) de Franzensbrunn en Bohême (2), les cellules extérieures (1) De 606, n, ov, entier , solide, et % æAsupæ, côté, paroi. (2) Voyez Caspary, De Nymphææ albæ varietatibus in Cat. sem. hort. bot. Berol., 1855 ; et in Flora, 1856, p. 488 et seq. | LES NYMPHÉAGÉES FOSSILES. 291 du tégument séminal vues par dessus et en coupe transversale, planche 43, figures 8 et 9. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 192. Nymphæites Brongniartii, Casp. a, un coussinet où pulvinule ; b, cicatrice du pétiole, avec deux grands enfonce- ments au milieu; €, cicatrice des racines; d, cicatrice de la stipule ; e, coussinet ‘pédonculaire, avec deux enfoncements plus petits placés en haut; f, cicatrices des racines sur un coussinet pédonculaire. PLANCHE 13. Nymphæites Ludwigii, Casp. Fig. 4. Fragment d’un rhizome de grandeur naturelle; a, a, a, cicatrices de pédoncules ; b, b, cicatrices de pétioles ; c, cicatrices de racines sous celles de pétioles ; d, d, portion de cicatrice de la stipule. Fig. 2. Cellules du parenchyme cortical externe. Fig. 3. Cellules rameuses, avec la cuticule granuleuse, prises dans le parenchyme cortical externe. Fig. 4. Vaisseaux spiraux de l’intérieur de la tige. Fig. 5. Cellules du parenchyme cortical externe, bleuissant par l’iode et l’acide sulfurique. Nymphæites Weberi, Casp. Fig. 6. Empreinte d'un pétiole. Fig. 7. Cicatrice de pétiole, toutes deux endommagées; la ligne a b montre une ligne au delà de laquelle il manque quelque chose; a, côté supérieur; en c, figure 7, se trouve le sixième grand canal aérien presque méconnaissable. Nymphæa alba, G. (aperta à): erythrocarpa, Casp. (Nymphæa Kostelezkii, Pall.) Fig. 8. Cellules sinueuses de la couche externe du tégument séminal disposées en files longitudinales, vues par en haut. Fig. 9. Coupe transversale des mêmes : a, côté interne avec des restes de cel- lules détruites. Holopleura Victoria Casp. Fig. 40. Graines de grandeur naturelle, Fig. 41. Graine grossie huit fois; m, extrémité micropylaire sans couvercle. Fig. 12. Une autre; r, raphé enfoncé ; m, extrémité micropylaire, avec une émi- nence en mamelon. 999 C. CASPARY. —— LES NYMPHÉACÉES : FOSSILES, Fig. 13. La figure 12 vue par l'extrémité micropylaire; r, raphé enfoncé; d, opercule avec le mamelon du micropyle et le hile presque réniforme. Fig. 44. La graine de la figure 11 vue par son extrémité chalazique ; r, le raphé un peu proéminent. Fig. 45. Tégument séminal brisé, vu en dehors. Fig. 46. Le même vu à l'intérieur ; /, le trou de l'extrémité micropylaire dans lequel reposait le couvercle. Fig. 17. Opercule de la graine, figure 13, grossi vingt-cinq fois ; m, micro- pyle; h, hile. Fig. 48. Cellules à 6-9 sinuosités, avec de très petits pores, de la couche la plus externe du tégument séminal vues par la face externe. Fig. 19. Les mêmes, après dix minutes d’ébullition dans le chlorate de potasse et l'acide azotique. Fig. 20. Tégument séminal coupé transversalement ; w, paroi externe, extrême- ment épaisse, des cellules de la couche extérieure; !, leur cavité fort petite ; z, quelques assises cellulaires internes à moitié détruites. Fig. 21. Une cellule de la couche cellulaire la plus externe du tégument séminal, isolée et décolorée par la macération dans le chlorate de potasse et l'acide azotique ; w, sa paroi externe très épaisse ; {, la cavité de la cellule. Fig. 22. Une pareille cellule bleuie par l'iode et l'acide sulfurique; w, !, comme dans la figure 21. NOTICE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE, SUR LES CARACTÈRES QUI LA DISTINGUENT, ET SUR LA CLASSIFICATION DES CHÈNES EN GÉNÉRAL, Par J. GAY. Nous devons à André Michaux la première révélation d’un des caractères les plus importants qui puissent être employés pour la distinction des Chènes. Dans quelques espèces , dit-il, les ovaires femelles acquièrent tout leur développement et deviennent fruit dans l’année même de leur naissance. Mais il en est d’autres dont les fleurs femelles restent stationnaires pendant une année entière, et ne commencent à grossir qu’au second printemps pour accomplir leur évolution à la fin de l’année ; de sorte qu'il y a un intervalle de dix-huit mois entre l'apparition de la fleur femelle et la maturité du fruit. Quelque important que lui paraisse ce caractère, 1l ne l’emploie cependant qu'en second ordre pour grouper les vingt espèces de Chênes de l'Amérique du Nord qu'il veut décrire. Sa première division est fondée sur les feuilles mutiques ou terminées par une soie, elles ou leurs lobes. Voyez André Michaux, Hist, des Chênes . del’ Amérique; Paris, an 1x ou 1801. Neuf ans plus tard, Michaux jeune reprend le travail de son père André et il en reproduit les divisions, mais dans l’ordre in- verse, et en donnant le premier rang au caractère de la fructifica- tion annuelle ou bisannuelle. De ses 21 espèces américaines , 5 appartiennent à la première catégorie et 16 à la seconde. Voyez Fr.-Andr, Michaux , Hist, des arbr, for, de l'Amér, du Nord, 99h | 3. GAY. — NOTICE tom. IT; Paris, 1810. Je n’ai pas l'édition originale sous les yeux, mais seulement la traduction anglaise, publiée à Paris en 1819, en h volumes grand in-8, dont le premier traite en majeure partie des Chênes. Pursh suit l’exemple des deux Michaux, et il énumère 34 Chênes des États-Unis d'Amérique, dont 24 à fructification bienne et 40 à fructification annuelle. Voyez Pursh, F1. Am. sept.; London, 1816, tom. Il, p. 625-384. De même Nuttall, qui compte 32 Chênes américains, 21 à fruc- üification bienne, 11 à fructification annuelle. Voyez Nutt. , Gen. of North-Amer. pl.; Philadelphie, 1818 , tom. If, p. 214-16. De même encore Elott, qui, dans sa Flore de la Géorgie et de la Caroline du Sud, énumère 26 espèces de Chênes, dont 18 pour la section bienne et 8 pour la section annuelle. Voyez Elliott, Sketch of the bot. of S. Carolina and Georgia, vol. I; Charleston, 1824, p. 595-6114, Pendant que l'observation des deux Michaux fructifiait en Amé- rique, elle restait comme non avenue en Europe, d’où elle était partie. Les Species plantarum de Persoon, Willdenow et Sprengel , et les Nova genera de Humboldt et Bonpland, ainsi qu’une multitude de Flores, s'étaient succédé depuis 1801, sans en avoir le moins du monde profité, et il est curieux d’avoir à comprendre au nombre de ces Flores le Flora Boreali- Americana publié à Paris, en 1803, sous le nom d'André Michaux, l’auteur même de l’ob- servation. Cela s'explique à peine , même pour ceux qui savent qu’André Michaux n’avait fourni que les matériaux de cette Flore, dont le véritable auteur est Louis-Claude Richard. C’est seulement en 1837 qu’en Europe on voit apparaître un premier signe d'intelligence à ce sujet. Dans un passage de sa : Flore d’ Allemagne, publiée en cette année, Koch dit expressément que, dans le Quercus Cerris, les fruits mürs sont placés au-des- sous des feuilles, par la raison qu'ils n’arrivent à maturité que la seconde année après la chute des feuilles , à l’aisselle desquelles ils avaient pris naissance. Il dit cela du Q. Cerris, mais il se tait sur une autre espèce de sa Flore , à laquelle la même observation | | | | | | 1 SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE. 295 était parfaitement applicable. Voyez Koch, Synops. ll. germ. et helv., ed, 4° (1837), p. 640, et2* (1843), p. 737. L'année 1838 arrive sans amener aucun progrès dans la ques- ion qui m'occupe. Webb publie son petit opuscule sur les plantes par lui récoltées en Espagne. C'était un grand connaisseur de Chênes ; il les avait récoltés et observés depuis vingt ans dans toutes les parties de l'Europe méridionale, plus l'Asie Mineure, plus les ‘environs de Tanger et de Tétouan, et il ne pouvait pas toucher nes d'Espagne sans apporter à leur histoire beaucoup de nouvelles lumières. Ici donc la synonymie des espèces fait un pas notable, en même temps que des sections mdiquées sous les noms de Quercus deciduæ, Quercus subdeciduæ , Ilices et Cocciferæ offrent un premier rudiment des divisions naturelles à distinguer dans le genre. Mais l’auteur n’essaye point de caractériser ces sec- lions, et il parait même ignorer complétement le caractère physio- logique qui, depuis un tiers de sièele, sert à classer les Chênes d'Amérique. Voyez Webb, 16. hisp. (1888), p. 10-15. Cette négligence du passé est cependant arrivée à son terme (4), et le fil de la tradition, trop longtemps interrompu en Europe, va enfin être repris, et cela en France, comme il convenait à une observation née en France d’un auteur français. | | En 1842 paraît le onzième volume de l'Histoire naturelle des végétaux phanérogames de M. Spach , où l’auteur traite les Chênes d'Europe et d'Amérique , où au moins leurs espèces principales , au nombre de 25, d’une manière évidemment supérieure à ses prédécesseurs. Ici le genre est divisé en sept groupes naturels, sous les noms de RoBur, CERROIDES, ÉRYTHROBALANOS, CERRIS, GAL- uréra, Suger et Cocaréra, {ous méthodiquement définis par l’en- semblé de leurs caractères , tirés en même temps de la forme et de la durée de leur feuillage, de la nature de la cupule femelle, et tout partieulièrement de la maturation annuelle ou bisannuelle, qui reparait enfin dans toute sa dignité, quoique réduite à un caractère (1) Elle se propagera néanmoins dans le monde des floristes jusqu’à l'heure où j'écris ces lignes. Voyez Ledeb., F1. Ross., II (1851), p. 589-592; Bertol., Fi. ütal., X (854), p. 205-222; Gren. et Godr., F. de Fr., HT (1856), p.115-119, etc. 4° série. Bor. T. VI. (Cahier n° &.) 5 45 226 J. GAY. — NOTICE secondaire, commun à plusieurs groupes, fixe pourtant dans cha- cun d'eux, à ce que l’auteur croyait. C’est ainsi que M. Spach attribue la maturation annuelle aux groupes Rogur et CERROIDES, at ja maturation bisannuelle aux cinq autres groupes. VoyezSpach, Hist. nat. vég. phanérog., XI (1842), p. 145-184. C’est sans doute le même auteur qui, dans la même année ou l’année suivante, et'dans les Z{lustrationes plantarum orientalium de MM. Jaubert et Spach, revient sur le mème sujet, à propos de six espèces orientales ; nouvelles ou peu connues , qu'il décrit et figure séparément. Ces six espèces se répartissent dans les groupes Cerris | Suser et Coccirera , et ici l’auteur revient sur le carac- tère de maturation bisannuelle qu'il avait précédemment attribué aux deux premiers de ces groupes, déclarant que la maturation est annuelle dans l’un et l’autre. Voyez Jaub. et Spach, ZÙ. pl. or., I (1842-43), p. 108-113, tab. 54-57. Bientôt après Loudon publie son Traité des arbres et arbustes cultivés en Angleterre, où il avait à décrire et classer quarante- cinq espèces de Chênes, tous américains on européens, moins le seul Q. lanata, qui est du Népaul. Il les divise d'abord en deux sections, caractérisées par leurs feuilles caduques ou persistantes. Puis il répartit les espèces en groupes naturels, dont sept pour la première catégorie, sous les noms de Rogur, CErRiIs, ALBÆ, Pri- nus, RuBræ, Nicræ et PHezLos, ét trois pour la seconde catégorie, sous les noms d’ILEx, VireNTEs et LANATÆ, indiquant soigneuse- ment le caractère de la maturation, qui est annuelle pour les groupes Rogur, AzBæ et Prinus, et bisannuelle pour tous les autres, moins peut-être le groupe Laxaræ, dont le mode de fructification lui est inconnu. On reconnait aisément que, dans ce travail de classi- fication, Loudon n’a rien emprunté à M. Spach ; que même il n’a. eu aucune connaissance du travail de notre compatriote, quoi- qu'antérieur de deux ans, et que, pour tous les caractères de. groupes, 1l a surtout été dirigé par les anciennes publications des deux Michaux. Les deux groupes Rosur et Cerris de Loudon ré- pondent parfaitement aux groupes homonymes de M. Spach, comme le groupe Azsæ Loud. au groupe Cerroines Spach. Les roupes Prius, Rusræ, Nicræ el Pnezcos Loud. sont {ous COM SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE .DE CHÊNE FRANÇAISE, 227. pris dans le groupe ErvraroBiLanos Sp. Le groupe Izex Loud. comprend les groupes Suser et Coccirera Sp. Le groupe Virexres fait pour M. Spach partie du groupe Suser. Enfin le groupe Lanaræ de Loudon se compose de deux espèces évidemment hétérogènes, le Q. lanata Sm. et le Q. annulata Sm. (Voy. Loudon, Arboret. ei fruticet. britann., HI (1844, London), p 1730-1996.) : À la même époque, les Zllustrationes de Jaubert et Spach vien- nent à la connaissance de M. Grisebach, qui met à profit les in- structions qu'il y trouve pour diviser les Chênes de la Roumélie en trois Sections : + Foliis sempervirentibus , ++ Foliis diutius persisitentibus, glandulis maturatione tarda lateralibus, +++ Fo- his autumno deciduis, glandulis in axilla maturescentibus. (Voy. Griseb., Spicil. flor. rumel. et bithyn., Il (1844), p. 332-338.) Jusqu'ici les classificateurs du Chène n'avaient opéré que sur les espèces de l'Amérique du Nord, de l’Europe et de l'Asie occiden-- tale, au nombre d’une cinquantaine ; mais ce n’est là que la plus pétite parlie du genre, qui compte aujourd’hui près de cent cin- quante ‘autres espèces disséminées au Mexique, dans les Indes orientales, en Chine, au Japon, et dans les îles de la Sonde, I im- portait de soumettre ces nombreuses espèces au contrôle dont les autres avaient été l’objet. C’est ce qu'Endlicher a essayé dans la deuxième partie, publiée en 1847, du quatrième supplément de son Geneèra plantarum, où l’on trouve le catalogue systématique et no- minatif des cent quatre-vingt-dix-sept espèces jusqu'ici décrites et plus ou moins connués. Ce qui ressort de ce tableau, c’est d’abord que le plus grand nombre des espèces, soit mexicaines, soit de l'extrême Orient, rentrent dans les sections précédemment établies, ou plutôt dans celle à laquelle a été appliqué le nom de Susee, Quelqués espèces seulement échappent à l’ancienne classification : tel estun Chêne du Japon, dont la cupule, hérissée de piquants et fermée de tontes parts, ne S'ouvre que tardivement et irrégulière ment pour donner passage au gland; tels sont quelques autres Chênes des Indes orientales , de Java, dé Bornéo et de Sumatra ù dont Ja cupule est ou urcéolée et lisse dans la plus grande partie de sa longueur, ou raccoureie de manière à former un simple anneau, De là trois premieres sections praliquées dans le genre : A, Lemi- t 293 J. GAY. — NOTICE dobalanus; B, Chlamydobalanus ; C, Cyclobalanus. Aucune subdi- vision n’est proposée pour le Cyclobalanus, qui compte vingt-sept espèces, et le Chlamydobalanus n’en comportait aucune, puisqu'il se compose d’une seule espèce. Autre est le Lepidobalanus, qui embrasse à lui seul cent soixante-neuf espèces, c’est-à-dire plus des quatre cinquièmes du genre. Une première subdivision appa- rait ici pour séparer, sous le nom d’Esculus, les espèces à feuilles caduques, de l’Zleæ qui comprend les espèces à feuilles persistantes. Les groupes naturels viennent ensuite : RoBur, ELÆOBALANUS, ERYTHROBALANUS, CERRIS et GALLIFERA, sOus Æsculus ; SuBer et CocairerA, sous {leæ. Ce sont exactement les sept groupes naturels proposés par M. Spach, et échelonnés dans le même ordre, avec la simple substitution du nom Ælæobalanus au nom Cerroides. Ce sont aussi pour chaque groupe les mêmes caractères, et notam- ment ceux de la maturation annuelle ou bisannuelle, tels que M. Spach avait cru devoir les modifier pour deux de ses groupes dans les Zilustrationes plantarum orientalium. Bref, Endlicher n’a fait ici que traduire fidèlement M. Spach; mais il n’en a pas moins rendu un vrai service à la science en essayant de rapporter aux rubriques établies toutes les espèces jusqu'ici connues; ce que n'avait pas fait M. Spach, à qui il avait suffi de citer quelques exemples. Je dis qu'Endlicher a essayé ce classement , et c’est là son mérite ; mais Je suis loin de croire qu'il y ait réussi, vu l’éten- due insolite du genre, et le grand nombre des espèces qui ont été jusqu'ici décrites, dans l'ignorance absolue des caractères les plus essentiels. J'ai quelques observations à faire sur cette classification, la der- nière et la plus complète dont les Chênes aient été Pobjet: Le gland n’y entre pour rien, sans doute , parce qu'il n’a fourni aucun caractère qui ne fût simplement spédifaes Il en est de même des stipules, des écailles et des chatons mâles, qui pourtant auraient, je crois, plus de valeur, mais qui malheureusement ont été fort peu observés jusqu'à ce jour. Endlicher met en première ligne la cupule femelle, selon qu’elle est ou urcéolée et tapissée dans toute sa longueur d’écailles imbris quées ( Lepidobalanus ), ou urcéolée et fermée, ne s’ouvrant qué SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE. 229 tardivement ct irrégulièrement , la surface extérieure étant muri- quée (Chlamydobalanus); ou très courte, quelquefois réduite à un simple anneau, et en même temps lisse en dehors sur toute sa sur- face, le sommet excepté (Cyclobalanus). Je n'ai rien à dire de ce caractère, qui tend à séparer les espèces de nos climats (Lepido- balanus) d’un certain nombre d'espèces du Japon ( Chlamydo- balanus ), ou des Indes orientales et de l’archipel de la Sonde (Cyclobalanus), espèces complétement inconnues de moi. À vue d'œil pourtant, ce caractère ne me semble pas avoir la rigueur nécessaire pour servir de base à des sections de premier ordre. Les feuilles persistantes ou caduques viennent en seconde ligne dans la classification d’Endlicher, et sont employées par lui pour distinguer deux sous-sections dans la section Lepidobalanus. Ceci est, sans doute, encore moins rigoureux, puisque entre les feuilles caduques qui tombent en automne et les feuilles dites persistantes, mais qui ne durent que deux ou au plus trois ans, il y a des cas intermédiaires où l'arbre ne se dépouille entièrement qu’au prin- temps ou à la fin de l'hiver. C’est ce que Webb avait fort bien vu lorsqu'il introduisit dans les Chênes d’Espagne une section Sub- deciduæ à intercaler entre ses Deciduæ et ses Ilices. M. Spach et Endlicher après lui ont tenu compte de cette différence dans la caractéristique de leurs sections de troisième ordre. Il y a deux de ces sections auxquelles Endlicher attribue Folia sero decidua vel subpersistentia , et ces deux sections sont comprises sous la ru- brique Folia decidua , ce qui est une petite contradiction , et en même temps un indice de la faiblesse du caractère d’où est tirée la division principale des Lepidobalanus (1). (1). Parmi les espèces qui supportent le climat de Paris, et que j'y ai vues cul- tivées, trois seulement peuvent être dites à feuilles persistantes : le Q. occiden- talis, qui garde ses feuilles un peu plus d’un an; les Q. ilex et coccifera, dont les feuilles persistent, au moins en majeure partie , jusqu'à la troisième année. Le Q. lanata Smith (Q. nepaulensis Desf.), qui est cultivé en serre tempérée au Jardin des plantes de Paris, est exactement dans ce dernier cas. Le Q. hispa- nica Lam., celui du jardin de Trianon, perd ses feuilles pendant l'hiver, et en conserve quelques-unes jusqu'à la séve du commencement de mai : il doit être compté parmi les Subdeciduæ. Tous les autres Chênes, y compris céux de l'Amé- rique du Nord, que l’on peut voir cultivés aux environs de Paris, sont à feuillos 230 3. GAY. — NOTICE D'autres caractères, jugés de troisième ordre, fournissént à Endli- cher, suivant pas à pas M. Spach, une nouvelle subdivision des Lepidobalanus en sept groupes naturels dont j'ai dit les noms plus haut : cinq pour la rubrique des feuilles dites caduques , et deux pour celles des feuilles toujours vertes. Chaque groupe a son court diagnostic où se trouvent diversement combinées les feuilles co- riaces où non coriaces , très entières ou trilobées, sinueuses, pin- natifides ou lyrées, à lobes mutiques ou mucronés, la maturation annuelle où bienne, la cupule enfin avec ses écailles , ou petites, ovales et appliquées, ou longues et subulées, ou courtes et appli- quées dans le bas, subulées et ches dans le haut. Ces caractères avaient tous été employés par les deux Michaux pour distinguer les deux espèces de l'Amérique du Nord. Hs pren- nent ici une signification générale à laquelle. je crois, ils se prêtent, et je n'aurais rien à en dire si l’un d'eux, et le plus curieux de tous, n’avait été en trois endroits mal compris de nos deux auteurs, et si je n’avais à fonder en partie sur ce caractère la distinction d'une nouvelle espèce par la description de laquelle je terminerai cette notice. Je veux parler du caractère de la maturation annuelle on bienne. à :Spach et Endlicher attribuent la maturation annuelle aux groupes Rosur et EzæoBaLanus (CErRoIDEs Spach), en quoi je suis parfaite- ment d'accord avec eux , comme aussi pour reconnaître la matu- ration bienne aux groupes ErvraRoBaLanus et Coccirera ; mais il n’en est plus de même des groupes CErRris, GALLIFERA et SuBER. Groupe Cerris. André Michaux , parlant du Quercus cerris en 1804 , dit nette- ment que c’est une espèce à maturation bienne (Hist. des Chénes de Am. sept., avertiss., p. iv); de même Koch en 1837 (Synops. FI. germ. et helv., éd. 1, p. 640); de même Alex. Braun en 1849-50 (F’erjüng.,p. 69 in nota). Ce que ces trois auteurs ont caduques, parce que leurs feuilles tombent longtemps avant la séve du prin- temps, quoique souvent elles restent attachées à l'arbre une partie de l'hiver, mais alors mortes et desséchées, - } cris SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE. 231 dit de l'espèce, Loudon, en 1844, ledit du groupe Cerris, quoique avec la restriction generally biennal, laissant supposer que le ca- ractère pourrait n'être pas commun à toutes les espèces (Arboret. et frutie. brit., p. 846). Même affirmation de M. Spach lui-même en 1842, et sans aucune restriction. Mais une année à peine s'écoule, M. Spach a changé d'opinion, et il croit se corriger (characteribus emendandis) en donnant au groupe Cerris la matu- ration annuelle (Jaub. et Spach, Z. pl. or., 1, 1842-43, p. 408), caractère qui est adoplé par Endlicher cinq années plus tard (Gen. pl., suppl. 4, part. 2, 1847, p. 25) Or, c’est làune érreur : car 1l résulte de mes observations que non-seulement le Quercus cerris (de France, d’Espagne, d'Italie et de l'Asie Mineure, de même que l’arbre cultivé au pare de Trianon), mais encore le Q. œgilops, le Q. castaneæfoha, et lé Q. persica, toutes espèces inserites par Spach et Endlicher dans le groupe Cerris, se distin- guent du Robur autant par leur maturation bienne que par leur cupule chevelue (2). J'en dis autant du Q. pseudo-suber de Toscane et de Provence, qui doit être rattaché au même groupe en raison de son fruit à ma- turation bienne, de sa cupule chevelue et de ses feuilles semi-cadu- ques, bien qu'il participe du groupe Su8er par son écorce épaisse et semi-subéreuse. Je suis sur ce point parfaitement d'accord avec M: Spach, qui, en 1842, comptait le Q. pseudo-suber au nombre des espèces du groupe Cerris (Végét. phanér., XI, p. 166). Lou- don , qui elasse cet arbre parmi les [Lex (Arboret. et frutic. brit., IE, p. 1917), et Endlicher, qui le rapporte au GAaLLIFERA, me sem- blent s'être complétement mépris sur les véritables affinités de l'espèce. Sa maturation bienne , déjà indiquée par André Michaux (Hist. des Chênes, etc., Avert., p. IV), n’est pour moi l’objet d'aucun doute. Il en est de même du @. hispanica Lam., que je crois recon- naître dans un bel arbre cultivé à Trianon, et qui serait en même témps le Q. Fontanesii Guss., arbre qui diffère du @. pseudo-suber (4) Il faut pourtant remarquer que la cupule, très chevelue dans les trois premières espèces, n’est que squarreuse dans le Q. persica. Voyez Jaub. et Spach, I. pl. or., I, tab, 55. 232 J. GAY. — NOTICE par ses fruits de moitié au moins plus petits , et par sa cupule à écailles dressées , non réfléchies, mais qui lui est d’ailleurs sem- blable à tous les autres égards , notamment par le caractère de la maturation bienne. Je le crois spécifiquement distinct, et, si je l'ai bien jugé, c’est à tort qu’à l'exemple de Webb, MM. Spach et Endlicher lui auraient donné comme synonyme le Q. pseudo- suber, au moins celui de Santi (Fagg. al Montamiata, t. 1, 1795, p. 156-158, tab. 3 ), car je ne connais pas celui de Desfontames , qui du reste est postérieur en date (1). Le @. chinensis de Bunge, qu'Endlicher rapproche des Cerris sans le leur associer complétement, est encore une espèce qui me parait répondre parfaitement à ce groupe naturel par ses princi- paux caractères, au nombre desquels l’auteur fait entrer la cupule chevelue et la maturation bienne (Enum. pl. chin., 1831, p. 68). Endlicher n'aurait pas hésité à ly rapporter franchement si, en- trainé par M. Spach , il n’eût attribué la maturation annuelle aux espèces de ce groupe. Groupe Gallifera. Le groupe GaLLirEra a été proposé par M. Spach pour le seul Q. infecloria Olhiv. (celui qui fournit les Voix de galle du com- merce), avec un caractère ainsi formulé : Feuilles non persistantes (ou persistant seulement jusqu'à la fin de l’hiver) se colorant en jaune ou en brun aux approches de leur chute ; lobes ou dents mu- cronés. Maturation bisannuelle (fruits par conséquent latéraux). Cupule à squamules courtes, apprimées. (1) Lamarck a décrit, en 1783, les trois formes de son Q. hispanica sur trois arbres alurs cultivés au jardin de Trianon (Encycl. méthod., Bor., I, p. 723), etil est très probable que ce sont les mêmes arbres dont deux subsistent encore aujourd’hui dans le même jardin (à savoir, dans le fleuriste du petit Trianon, entre l'orangerie et la maison du jardinier en chef), au pied oriental du mur qui sépare le fleuriste des pépinières), où je les ai vingt fois visités el étudiés depuis 1814 ; 1ls proviennent sans doute, comme le Chêne liége dont je parlerai tout à l'heure, de l'école de botanique fondée en ce lieu par Bernard de Jussieu en 1759; ce qui leur donnerait un siècle de date. C'étaient déjà de grands arbres en 1814, où je les vis pour la première fois, et ils ne sembient pas s'être allongés ni avoir déchu depuis cette époque. : | | | | | | | | SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE. 233 Endlicher adopte le groupe sous le même nom et avec le même caractère, fidèlement traduit du français en latin. Seulement il en élargit le cadre en y introduisant quatre espèces au lieu d’une : Q. humilis Lam., Q. infectoria Olv., Q. alpestris Boiss. et Q. hispanica Lam. Toutes ces espèces sont done censées avoir la maturation bienne ; mais cela n’est vrai que de la dernière qui, par ce caractère et par tous les autres, rentre indubitablement dans le groupe Cerris, comme je l'ai montré tout à l’heure ; toutes les autres ont la matu- ration annuelle. Pour le Q. humilis, dont je ne possède aucun échantillon fructifère, on peut l’induire de la figure qu’en a donnée Clusius (Hisp., p.24, Robur, V). Pour le Q. alpestris, cela résulte d’un échantillon parfaitement caractérisé que j'ai reçu de l’auteur, M. Boissier. En raison du nombre des échantillons que j'ai pu étudier, cela est surtout indubitable du Q. infectoria, l'espèce type, la seule qui, pour M. Spach, constituat le groupe Gazzirera. Deux échantillons sur dix ont seuls laissé des doutes , et devront peut- ètre être éliminés de l'espèce (un échantillon de dé envoyé par Salzmann sous le nom de Q. lusitanica fois oblongis, etun échan- tillon de la province de Burgos envoyé sous le même nom par M. Lange). Les autres échantillons, au nombre de huit, provien- nent du midi de l'Espagne, de Tanger et de l'Asie Mineure, et on peut y joindre deux formes anonymes , provenant des Portes cili- ciennes, que M. Balansa a distribuées, en 1857, sous les n° 1126 et 1126 bes, formes évidemment très voisines du @. infectoria. Dans tous ces échantillons, les fruits mürs où mürissants occupent le sommet des rameaux de l’année, à l’aisselle des deux ou trois avant-dernières feuilles, sans place aucune laissée au-dessus d'eux pour des fleurs femelles d’une génération plus récente, d'où il suit nécessairement qu'ils sont de même âge que le rameau, et que par conséquent ils ont la maturation annuelle. C’est ce que montre aussi la figure de Clusius que les auteurs rap- portent au Q. infecloria (Clus., Hisp., p. 23, Robur, IV); c’est ce que confirme encore le Q. Mirbeckii, synonyme du Q. lusitanica var. Salzmanniana Webh., It. hisp., p. 12 (une des formes du Q. infectoria), dont le fruit est annuel (fructu annuo) suivant 23h 454 __J. GAY. — NOTICE l'expression de l’auteur (Durieu in Duchartre, Revue bot., I, 1846-47, p. 496). Tel étant l’état des choses, 1l-est fort douteux pour moi que les Chênes gallifères puissent subsister comme groupe, même après élimination du Q. hispanica. En tout cas, 1ls devront être placés immédiatement après le groupe Rosur, dont ils ne diffèrent que par leurs feuilles un peu moins caduques, devenant coriaces avee l’âge, et à dents ou lobes mucronés, non mutiques. Encore y a-t-il dans les formes multiples du Q. enfectoria bien des exceptions à ce dernier caractère. Groupe Suber. Sur la maturation du groupe Suser , les auteurs ne sont pas plus d'accord que sur celle du Cris; mais il y a ici une cause que je crois toute différente, comme on le verra tout à l’heure. Pour M. Spach, ce groupe se composait, en premier lieu, de quatre espèces , dont une américaine , Q. virens, et trois autres euro- péennes , @. ilex, Q. ballota et Q. suber. Ces quatre Chênes étaient censés avoir la maturation bienne. Michaux jeune l'avait dit, en 1810, des @. suber et virens ( Hist. des arbr. for. de FAmér. du Nord, KE, p. 67); M. Spach, en 1842, du groupe tout entier { Wég. phanérog., XI, p. 170 ); Loudon, en 4184h, des mêmes espèces, mal à propos groupées sous deux sections (Lex et VirenTES ), avec d'autres espèces très disparates , telles que ” Q. pseudo-suber et coccifera (Arbor. brit., I, p. 1899 et 1918); enfin Al. Braun, en 1849, du Q. suber (Verjüng., p. 69, in nota). L'opinion était donc unanime sur ce point, lorsqu’'en 1842-43 M. Spach , occupé d’une espèce nouvelle à introduire dans le même groupe sous le nom de Q. cypria, crut reconnaitre une erreur dans le caractère indiqué, et substitua en conséquence , dans le diagnostic du groupe, la maturation annuelle à la matura- tion bienne {Z{l. pl. or., 1, p. 110). Endlicher l’a suivi dans cette voie (Gen. pl., suppl. 4, part. 2, p. 25-98), et son groupe Suser ne diffère de celui de M. Spach que par l'addition de 113 espèces ajoutées aux 5 dont le groupe se composait auparavant : espèces du Mexique, du Japon, du Népaul , des Indes orientales et des îles SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE. 235 de la Sonde. De ces 113 espèces, il n’en est peut-être pas une où le caractère de la maturation ait été noté par les auteurs, ce qui met fort en doute la légitimité de leur attribution au groupe dont il s’agit ict. Ayant moi-même examiné la question sur le peu de matériaux qui étaient à ma disposition, j'ai trouvé que M. Spach était dans le vrai, et qu'il y avait maturation annuelle dans le Q. virens, dans le @. ileæ, dans le Q. ballota et dans le Q. suber du bassin de la Méditerranée (1). Mais en même temps j'ai reconnu que, sous le nom de Q. suber, on avait jusqu'ici confondu une autre espèce , fournissant pareillement du vrai liége à l’industrie , mais d’ailleurs très distincte par deux caractères , au nombre desquels la matura- tion bienne figure en première ligne. Cette espèce paraît être par- ticulière à l’extrême frontière occidentale de notre Europe. Mêlée au Pin de Bordeaux (Pinus pinaster Soland.), elle forme de véri- tables forêts sur la côte du département des Landes, entre Contis et Bayonne, où je l’ai vue en septembre 1813 mürissant ses glands de seconde année. J’en possède un échantillon qui a été cueilli à la serra de Cintra, près de Lisbonne, où elle couvre de vastes étendues de terrain , et je suppose qu'elle se retrouvera sur toute la côte intermédiaire de l'Espagne et du Portugal , en raison de quoi je lui ai donné le nom de @. occidentalis. Un bel arbre de la même espèce est cultivé au fleuriste du petit Trianon, près de l’orangerie , dans l’enclos où fut jadis établie l’école botanique de Bernard de Jussieu, dont il est peut-être un reste, ce qui le ferait remonter à l’année 1759. IL est permis de croire que c’est l'espèce la plus généralement ou la moins rarement cultivée dans le nord de l'Europe (2), et ceci expliquerait pourquoi Michaux , Loudon et (1) I paraît en être de même du Q. cypria Jaub. et Spach (Q. alnifolia Poech., Endi., /. c.), d'après la figure qu’en ont donnée les deux auteurs {Z1. pl. or., tab. 56); mais cette espèce échappe au groupe Suser par sa cupule chevelue, comme elle échappe aux groupes Cerris et CoccirerA par sa maturation an- puelle. A vrai dire, elle n'appartient à aucun des sept groupes jusqu'ici dis- tingués. (2) C’est sans doute la même plante dont il existe un arbre séculaire près de Cork, en Irlande, où on le prend pour le Q. suber. Loudon a donné la figure de cet arbre, tome IIT, page 1916, figure 1800, de son Arboret. et fruticet. brit., et 236 J, GAY. —— NOTICE Al. Braun ont attribué la maturation bienne au @. suber, tandis que M. Spach la jugeait annuelle, sans doute d’après une autre plante qui vient du bassin de la Méditerranée, et qu'aujourd'hui je regarde comme le vrai Q. suber. J'Y ai été moi-même longtemps trompé , et ce n’est que tout récemment que j'ai pu reconnaitre la différence profonde des deux arbres , aidé en cela de l'excellent coup d'œil de M. Balansa, notre habile collecteur, à qui j'avais précédemment appris la valenr du caractère tiré de la maturation , et qui, après trois ans de pratique en Orient, était parvenu à la distinguer nettement, même dans les cas qui eussent été pour moi douteux. Il y a donc dans le Chêne-Liége de nos climats deux espèces qui, quoique très semblables à beaucoup d’égards , notamment par le port et par les feuilles, ainsi que par la nature de leur écorce, dif- fèrent néanmoins par le temps nécessaire à la maturation de leurs fruits, quatre ou cinq mois pour l’une, quinze ou seize pour l’autre. Cette extrême affinité des deux espèces pourrait faire supposer que le caractère qui les distingue n’a pas une valeur réellement spécifique. Mais le rôle que joue ce caractère dans le reste du genre, où je l’ai toujours trouvé constant dans les mêmes espèces, malgré les contradictions des auteurs, ne permet pas de s’arrêter un moment à cette supposition. Je me hâte d’ailleurs d’ajouter qu'ici le caractère de la maturation trouve un appui certain dans celui des écailles de la cupule , toutes dressées et appliquées dans l’une des espèces, en partie dressées et en partie réfléchies dans l’autre, d’où il suit que cesont indubitablement deux espèces très distinctes, indépendamment des autres caractères que pourra fournir l'étude des bourgeons, des stipules et des chatons mâles , à laquelle je rai pu me livrer jusqu’à ce jour. | Le caractère de la maturationa jusqu'ici toujours été considéré comme un caractère essentiel de groupe, et jamais les auteurs que j'ai passés en revue n’ont sciemment reçu dans un même groupé naturel des espèces différant par ce caractère. Que faire ieï où la celte figure représente à merveille le port et la taille de l'arbre pareillement séculaire de Trianon. SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE. 237 maturation à évidemment moins de valeur puisqu'elle sépare deux espèces très voisines, au moins par le port? Je pense qu'il faut séparer les deux plantes même de groupes, autant pour la commo- dité de la classification que pour ne pas laisser ensemble deux choses physiologiquement si distinctes. Le Q. suber de la Méditer- ranée restera dans le groupe Suser, auquel il appartient par la ma- turation annuelle. L'autre Q. suber, celui du sud-ouest de l’'Eu- rope (mon @. occidentalis), ne saurait entrer dans le groupe Coccirera , le seul après le Suser qui ait été admis dans les Chênes à feuilles persistantes, bien que ce groupe ait aussi la maturation annuelle qui caractérise ma plante. Cette plante n’a donc pas de place dans la classification actuelle, et je propose de lui en faire une entre les groupes Suser et Coccirera, une place où, sous la rubrique HereroP#eLLos, dont le nom implique un faux Liége , elle attendra que l’accession d’autres espèces la mette peut-être quelque jour à la tête d’un véritable groupe (1). Il résulte de ce qui précède qu’en introduisant des coupes natu- relles dans la masse jusque-là confuse des Chênes, et en s’aidant pour cela, la première fois sur notre continent, d’un caractère important observé par les deux Michaux , MM. Spach et Endlicher ont grandement amélioré la classification de ce beau genre. Cette classification laisse néanmoins beaucoup à désirer quant à l’exac- üitude des observations qui lui servent de base, même en ce qui concerne les espèces que nous devrions le rffeux connaître , celles des contrées tempérées de l’Asie occidentale et du bassin de la Méditerranée, 30 espèces au plus sur 197, dont le genre entier se composait en 4847, d’après le recensement d’Endlicher. J'ai (1) Elle n'aura pas attendu longtemps, car au moment où j'écrivais ces lignes, fleurissait au Jardin des plantes une espèce de l'Himalaya, que j'ai bien- tôt reconnue comme appartenant au même groupe , quoique son tronc n'ait rien de subéreux. C'est le Q. nepaulensis Desf.; Cat., H.P., 3°édit., p. #14, synonyme du Q. lanata Smith ; une des espèces exotiques qu'Endlicher rapportait au groupe Suger. L'individu que j'ai observé est cultivé, presqu’à froid , dans un des deux pavillons vitrés du Jardin des plantes, où il a déjà atteint une hauteur de qua- rante-Cinq pieds, sous une température hivernale d'au plus 5 à 6 degrés centi- grades. 238 U J. GAY .— NOTICE montré les contradictions et les erreurs dans lesquelles les deux. auteurs sont quelquefois tombés, même lorsqu'ils croyaient se cor- riger, et cela sur des points essentiels, erreurs tendant à vicier profondément certains groupes, soit dans leur caractère principal, soit dans leur composition où se trouvaient réunies des espèces disparates. J’ai déjà indiqué quelques-unes des corrections qu’ap- pelaient ces erreurs. Il me reste à les fixer d’une manière synop- tique dans le tableau suivant, où je vais reprendre tous les groupes de la division Leptobalanus , dans l’ordre qui ressort de ces cor- rections, en modifiant leurs caractères partout où il le faudra , et en inscrivant sous chacun d’eux les espèces qui doivent y figurer, soit d’après mes propres observations, soit d’après les textes des- criptifs et les figures. J’avertis que , dans cette énumération , je laisserai de côté les espèces indiquées par Endlicher sur lesquelles je n’ai point en ce moment de lumières suffisantes. J’ai exécuté ce travail presque sans sortir de mon cabinet ; c’est assez dire qu'il doit y manquer beaucoup de choses. Je commence par quelques observations préliminaires sur les caractères de végétation et d’in- florescence du Chêne, tels qu’ils me sont apparus dans neuf espèces, étudiées au moment de leur premier développement, lorsque leurs parties les plus caduques étaient encore en place. Ces espèces sont : Q. robur, Q. Toza, Q. ilexæ (trois espèces à maturation annuelle), Q. thcfolia, Q. lanata, Q. cerris, Q. hispanica, Q. ægiops et Q. coccifera (cinq espèces à maturation bienne). CHARACTERI GENERIS NATURALI NOTULÆ ADDENDÆ SEQUENTES, AUCTORIBUS PLERISQUE PRÆTERVISÆ : Rami annotini gemma perulata ulterius explicanda terminati et igitur indefiniti. Gemmæ laterales terminali approximatæ sæpissime retractæ, amenta mascula solum, ramum autem nullum nisi abortivum et aphyllum fundentes. ; Folia ordine À digesta. Flores monoici, masculi inferiores, feminei in ramis foliatis superiores, Amenta mascula bracteæ rudimento exiguo, in folium verum rarissime ampliato , stipulisque 2 magnis lateralibus a dorso tecto, basi fulta (1), (1) Eas stipulas amenta mascula a dextra et sinistra fulcrantes auctores cum SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE. 239 multiflora, floribus omnibus bracteolatis omnibusque lateralibus (ament inflorescentia hinc indefinita). Antheræ extrorsæ, biloculares. Amenta fœminea in foliorum axillis solitaria , pauciflora , floribus brac- teolatis, axi in florem sæpius abortivum desinente , et igitur definito., Foliorum, ut bractearum mascularum , stipulæ magnæ , scariosæ, deci- duæ, folium a dorso in præfoliatione tegentes, ab squamis gemmarum lon- gitudine et forma diversæ. A. Esculus. Folia plus minusve membranacea, autumno vel ante ver cadiva, decidua scil. vel subdecidua. I. Rogur Tourn., Spach et Endl. Folia membranacea, sinuata, pinna- tifida vel lyrata, lobis muticis, decidua. Maturatio annua. Cupulæ squamæ parvæ, ovales, adpressæ (ut Endl.). a. Europe. 1. Quercus robur Linn., ad quam sessihflora Smith., esculus Linn., pedunculata Ehrh., brutia Ten., Thomas Ten., apennica Lam., mi- crocarpa Läpeyr., fastigiata Lam., pubescens Willd., Frainetto, Ten., ahæque procul dubio mulitæ me judice referendeæ. 2. Q. Toza Bosc. (Q. pyrenaica Wild.) b. Orientales. 3. Q. macranther a Fisch. et Mey. | h. Q. Haas Kotschy ined. (Balans. exsice.! n. 1122, 11247? et 1125, arbor tauricola glande cupulisq. maximis insignis, cæterum Q. sessilifloræ valde affinis). c. Boreali-americanæ. Q. alba Linn. OQ. stellata Wild. Q. lyrata Walt. Q. prinos Linn. Q NI GG © squamis gemmarum interioribus commutare solebant. Quid revera essent optime viderunt cll. Doell et Al, Braun (Doell, Zur Erklær. der Laubknospen, 41848 ; AI. Braun, Verjüng., 1849, p. 66, in nota), bracteam autem stipulis interjectam præterviderunt ; nec mirum , minima cum sit et incolor sæpeque non nisi açu admota animadvertenda, in folium verum quamvis passim excrelam viderim, 210 J. GAY, — NOTICE Il. Gazsirera Spach et End]. Folia indivisa, dentata vel serrata, den- tibus sæpe mucronatis, demum coriacea, vere decidua. Maturatio annua! Cupulæ squamæ parvæ , ovales, adpressæ. — Hispanicæ et orientales. — Manipulus ab RoBoRE vix ac ne vix distinquendus. 9. Quercus humilis Lam. 10. Q. infectoria Oliv. 41. Q. n. 1126 et 1126 bis! Balans. exsiec. ann. 1856 (arbor tau- ricola Q. infectoriæ proxima, nisi eadem). 12. Q. Borssieri Reut. in Boiss. Dragn. pl. or. 1, p. 119. 13. Q. alpestris Boïss. INT. EzæoBaLanus Endl. (CErRRoIDES Spach). Folia membranacea, pinnatipartita vel lyrata, lobis muticis, decidua. Maturatio annua. Cu- pulæ squamæ inferiores imbricatæ, adpressæ, superioribus laxis et subu- latis multo breviores (ut Endl.). — Boreali-americane. | 14. Quercus olivæformis Mich. fil. 15. Q. macrocarpa Mich. IV. EryTHRoBALANUS Spach, Endl. Folia membranacea, integerrima vel sæpius triloba mutica, aut pinnatiloba, lobis mucronatis, decidua. Ha- turatio biennis. Cupulæ squamæ parvæ, adpresso-imbricatæ , haud subu- ! latæ (ut Endl.). — Boreali-americane. 16. Quercus phellos Linn. 17. Q. lancifolia Willd. 18. Q. imbricaria Wild. 19. Q. heterophylla Mich. fil. 20. Q. nigra Linn. 21. Q. aquatica Soland. 22. Q. ihcifolia Wangenh. (Q. Banisteri Mich,) 28. Q. rubra Linn. 2h. Q. coccinea Wangenh. 25. Q. borealis Mich. fil. 26. Q. falcata Mich. 7 27. Q. tinctoria Mich. 28. Q. palustris Duroi. 29, O. Catesbæi Mich. V. Gerris Spach, End]. Folia membranacea, pinnatifida, lobis muticis, SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE. 2 decidua, vel appropinquante vere solum cadiva tumque firmiora, inciso- dentata aut serrata, dentibus mucronatis aut aristatis. (Gremmarum æsti- valium squamis exterioribus apud Q. cerrem proximeque affines laxis longeque subulatis, stipulis foliorum simul tarde deciduis. Maturatio biennis. Cupula squamis subulatis longisque, flexibilibus vel rigidis, om- nibus reflexis vel superioribus erectis crinita aut squarrosa.— Europæ«, orientales et chinenses. — Manipulus ELÆOBALANC a/ffinis, matura- . tione bienni imprimis distinquendus. 30. Quercus cerris Linn. 31. Q. pseudo-suber Sant. 32. Q. hispanica Lam. « et B(Q. Fontanesn Guss., Q. Turneri Wild. in H. P., 1857). 33. Q. chinensis Bung. Enum. pl. Chin. 602, p. 61 (ex des- cript. ). 34. Q. castaneæfolia G. À. Mey. (Hohenack, exsicc..!). 35. Q. ægilops Linn. (Balans. orient. exsice. n. 832!). 36. Q. ithaburensis (Decaisn. in Ann. sc. nat., 2° série, IV, p. 848) (1). _ 37. Q. persica Jaub. et Sp. TU. pl. or., I, p. 109, tab, 55 (ex icone exque speciminibus ab Kotschyo in monte Gara Kurdistaniæ lectis, imma- turis et n° 394 notatis). 38. Q. Libani Oliv. (Balans. orient. exsicc. n. 825!). Foliorum indole et forma Querco castaneæfolite similis arbor, sed squamis cupulæ brevibus, rigidis , erectis (minime reflexis neque uncinatis), laxe imbri- catis, superloribus acute ovatis, cæteris valde incrassatis et quasi tetra- gono-pyramidatis multum descisens, typum sistens ut videtur proprium. Maturatio sine dubio biennis. (1) Soli Q. œgilops me judice arcte affinis planta eidemque cupulæ vestitu simillima, sed folüs latioribus, elliptico-subrotundis non oblongatis, amentis fœmineis multo longioribus ( pedunculo usque unciam plenam longo), et cupulis (equidem immaturis) multo minoribus, specifice, ut credo, diversa (V.S. in herb. Decaisneano). 4° série. Bor. T. VI. (Cahier n° 4.) € 16 242 J. GAY. — NOTICE B. Ilex. Folia coriacea, in annum alterum vel tertium persistentia. VI. Suser, Spach, Endl. Folia coriacea, integerrima vel serrata, ser- raturis mucronatis vel aristatis. Maturatio annua. Cupulæ squamæ parvæ, adpressæ. | a. Mediterraneæ et orientales. 39. Quercus ilex Linn. 0. Q. ballota Desf. In unam mire variam forte jungendæ. h1. Q. suber Linn. b. American. h2. Q. virens Ait., aliæque 77 ab Endlichero recensitæ mihi vero prorsus 1gnotæ. c. Nepalenses. h3. Q. dilatata Lindl. in Wall. Cat. (Q. dealbata Royle Himalay. t. 84, fig. 2. Q. Protea Jacquem. Voy. passim, teste Decaisne. Q. alici valde affinis planta, saltem ex icone Royleana). (Alias Endlicherus enumerat), japonicas 4, nepalenses 6, indicas 9, sundaicas 16. VII. CyPRIOTES. Folia coriacea, integerrima vel serrata, serraturis mucronatis vel aristatis. Maturatio annua. Cupula squamis longis subu- latis comosa. — Manipulus ab CERRI maturatione annua et foliis per- sistentibus diversus. hh. Q. cypria Pœch. Enum. pl. ins. Cypr. (1842), p. 12. (Q. cypria Jaub. et Spach, Il. pl. or, L, tab. 56, ann. 1843, die martii 28 edita). VIIT. HETEROPHELLOS. Folia coriacea, integerrima vel serrata, serra- turis mucronatis. Maturatio biennis! Cupulæ squamæ parvæ, saltem superiores adpressæ. h5. Quercus occidentalis Nob. Europæ maxime occidéntalis et tem peratioris civis, cortice eximie fungoso, cupulæ squamis inferioribus reflexis, L6. Q. lanata, Smith. (Q, nepaulensis, Desf,! Cat. hort. Paris., SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE. PAIE) ed. 3, p. 414). Arbor nepalensis in frigidariüis H, P. inde saltem ab ann. 1829 culta, nunc momenti 45-pedalis majoque quotannis læte florens, cortice haud fungoso, foliis in annum usque tertium persisten- tibus, coriaceis, elliptico-oblongis, serratis, 3-6 unc. longis, 1 5-2 latis, facie glabris, dorso cano-tomentosis, amentis fœmineis sæpe longe pedun- culatis et spicato-multifloris, maturatione bienni, cupulæ annotinæ im- maturæ squamis omnibus adpressis, — Foliorum forma et pube respondet Queércui persicæ Jaub. et Spach, foliis autem sempervirentibus, non deciduis , aliisque notis distinctissima est habenda. Glandes arbor non- dum maturavit. — Eam arborem cum Q. annulata Smith nexu plane arbitrario in sectionem propriam Lanatæ dictam jungebat Loudon (Ar- boret. et frutic. brit., IE, p. 1920), à nostra enim abhorrere videtur Q: annulata , Endlichero quæ est sectio generis primaria, CYcLo- BALANUS dicta, non Lepidobalani secundaria (Gen. pl., Suppl. IN, 2, p. 28). IX. CoccrFErA Spach, End. Folia coriacea , rigidissima, integerrima vel serrata , serraturis aristatis. Maturatio biennis. Cupula squamis rigidis; patulis vel recurvis, haud longis, echinata.— Frutices vel arbus- culæ in regione mediterranea et Oriente degentes. — Manipulus ab Cerri nonnisi follis firmioribus vereque persistentibus et cupulæ squamis bre- vioribus rigidioribusque distinguendus. L7. Quercus coccifera Linn. 48. Q. pseudo-coccifera Desf. A9. Q. Mesto Boiss. 50. Q. calliprinos Webb. (Puel et Maill., Herb. de Syrie, n° 39!). 51. Q. trojana Webb. (Jaub. et Spach, LU. pl. or., I, tab, 57, fig. A.) QUERCUS OCCIDENTALIS Nob. Q. arborea , cortice trunci eximie fungoso , foliis annum saltem inte- grum persistentibus, coriaceis , elliptico-ovatis, spinuloso-superne serru- latis , facie glabris, dorso cano-tomentosis, amentis fœmineis longius- eulis; 2-6 floris, floribus plerisque abortivis, maturatione bienni, cupulis solitarus vel geminis, breviter pedunculatis, hemisphæricis, squamis cu- pulam vestientibus parvis, superioribus ovatis obtusiusculis adpressis, inferioribus reflexis incrassatis quasi prismaticis , glande longitudine et forma varia, 2h J. GAY, — NOTICE Quercus suber Thore, Chlor. des Landes (1803), p. 380. — Brotero , Fl. Lusit. (1804), IT, p. 34 (saltem ex parte, an ex toto ?).— Mich. fil., Host. arbr. forest. Amér. du Nord, 1 (1510). — Ejusd. North. Amer. Sylv. (1819), I, p. 11, 16 et 62 (ob maturationem dictam biennem). — Laterr., Fl. bord., ed. 2* (1821), p. 397, et 8° (1829), p. 439 (ut saltem verisimile).— Saint-Am., F1. agen. (1821), p. AO1 (arbor in usum œconomicum culta, hujus quoque loci videtur).— Gratel., Florul. litt. Aquit. in Bullet. soc. Linn. Bord., 1 (1826), p. 106, n. 192 (ex loco, qui ipsissimus idem quo plantam ipsi olim legimus).,— Welw., F1. Lusit. exsicc., n. 66! (ann. 18/42).— Chantel., Cat. pl. de la T'este (1844), p. 45 (ut verisimile). — Loudon, Arboret. et fruticet. brat., IT (4844), p. 1916, fig. 1800 (arbor secularis prope Gorcagiam Hiberniæ culta, arbori Trianonensi habitu simillima ex icone). — Al. Braun, Verjüng. (1849-50), p. 69, in nota (ob maturationem dictam biennem).— Hort. Trian.! Hort. Paris! Hort. Vilmorin ! (ad pagum Ver- rières in agro parisiensi), ut nunce, sic etiam verisimiliter ab antiquo. — Non Linn. | Vernacule apud Vascones, Corsier (Thore, Coup d’œilsur les Landes, 1812, p. 11), Lusitanis Sobro vel Sobreiro (Brot. et Welw., I, I. cit.). Habitat ad oras maris Atlantici cum vasconicas, Girumnam inter et Aturum,, tum lusitanicas, nominatim in Extremaduræ Serra de Cintra, ub1 latas, teste Welwitschio , occupat plagas, et verisimiliter per oram omnem maritimam interjectam, cantabricam, asturicam, gallæcicam, etc. — Occurrere circa Pessac et Camblanes agri Burdigalensis testis est Laterrade, circa la T'este, Chantelat, inter la T'este et Mimizan, Thore, inter Vieux-Boucau et Baionam idem, si quidem eorum auctorum Q. suber eadem ac nostra, de quo vix dubitandum. — Arborem ipsi loco plus uno vidimus, medio cum septembri anni 1813, littora syrteos gallicæ fœda botanices causa lustraremus, nempe cirea Contis, cum Pano pinastro sylvaticam, sparsam raramque prope Saint-Julien, frequen- tissimam autem inter Vieux-Boucau et Cap-Breton , vastas ubi sola ellicit sylvas.— Neque vasconicam arborem existimamus unice littoralem, neque lusitanicam. Ab occidente ad orientem brevius vel longius proce- dere verisimillimum. De ejus extensione autem quibusque locorum ter- minis magis orientali vero et genuino Q. suberi occurrat, nobis hujusque nihil est compertum. Ab littore tarbellico usque saltem ad præfecturæ vicinæ fines arborem vagare probabile est, vix enim alia erit ea Q. suber, quam circa Casteljaloux, Barbaste et Mezin, præfecturæ de SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CHÊNE FRANÇAISE, 245 Lot-et-Garonne, in usum œconomicum cultum Sarint-Amans scribit, loc. inter synonyma supra citato (1). — Arborem suber Vasconibus et Lusitanis tradere mediterraneo plane compar, nomen plantæ cum systema- ticum tum vulgare satis declarat, de re autem silent auctores supra citati præter Saint-Amans ad unum omnes.— [neunte junio floret in horto Trianonensi, paulo post Q. ilicem et Q. T'ozam, integro mense post Q. robur. Medio septembri vel eodem labente glandes ibidem ut in littore _tarbellico maturat. Descriptio ex speciminibus vasconicis fructiferis olim a me collectis exque arbore longæva horti Trianonensis, sylvestribus quæ est simillima ut ovum ovo. Arbor mediocris (Trianonensis, quæ longæva, 14,50 alta, coma tan- tum lata, trunco sub ramis primis 10-pedali, ambitu trunci inferioris 1",45, superioris 1m,40), cortice crasso, rimoso, spongioso, facta lon- gitudinali incisura, ut Q. suberis, vix tamen sponte, solubili. Rami non spongiosi, nequidem principes quos primum truncus fundit, annotini gla- bri, nodulosi , fructiferi plerumque nudi, hornotini breves, vix palmares, cano-tomentosi, 4-13 phylli. Folia annum saltem integrum durantia, ple- raque sub gemmationem vernalem decidua, nonnulla ulterius persisten- tia, sed anno vitæ altero ante ovariorum annotinorum maturationem cadiva, petiolo gracili 4-10 mm. longo suffulta , elliptico-ovata, sesquiunciam duasve longa , dimidiam usque ferè 1 ! lata, basi rotundata, margine imprimis superne spinuloso-remote denticulata, apice quoque in spinu- lam desinentia, facie glabra et viridia , dorso etiam annotina cano-vel griseo-curtissime tomentosa, juniora satis mollia, adulta rigida vere- que coriacea. Gemmæ vernales, cum terminalis tum axillares, parvæ, squamis omnibus brevibus ovatis arcte imbricatis. Amenta mascula mihi nondüm visa. Amenta fœminea annotina (hyeme vereque in- specta) in foliorum inferiorum vel intermediorum axillis solitaria, 6-12- :sque 20 mm. longa, rigidula, satis gracilia, 2-6-flora, axi tomentoso in rudimentum sterile ultra flores producto, floribus sessilibus, bracteola suffultis, involueri villosuli squamis parvis, ovatis, omnibus adpressis. Ovarium longitudine ovarii dupla, conicum, albo-tomentosum, stylis 3, filiformibus recurvis aridis coronatum, calycis superi dentibus infra stylos nullis distinctis. Maturatio biennis. Fructus maturi, lapsis anni superioris (1) Suspicionem confirmarunt specimina in herb. el. de Pommaret, botanices studiosi aginensis, his jam scriptis a me visa, quæ vir cl. in præfectura de Lot- et-Garonne quadruplici loco, nempe circa Sos, circa Feugarolles, in sylva de Barel prope Aginnum et in sylva de Pommaret agro eodem collecia servabat, quæque omnia ad Q. occidentalem spectare cognovi. 246 ss. GAX. — NOTICE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE, ETC. foliis in ramis annotinis laterales, solitarii vel gemini, pedunculo subnixi crassiusculo, 5-11 mm. longo. Cupula hemisphærica , 1 5-2 centim. lata, foris dense squamata, squamis brevibus, tomentosis, hemisphærii dimidii superioris ovatis, obtusis, adpressis, inferioris arcte reflexis, quasi pris- maticis vel pyramidatis. Glans ellipsoidea, cupulam duplam, 20-22 mm. longa, 13-16 lata, stigmatibus persistentibus passim coronata, præter apicem ultimum quidquam tomentosum tota glaberrima. Variat macrocarpa, cupula glandeque dimidio SRB ( inter Vieux-Boucau et Cap-Breton legimus, promiscue cum forma vul- gari ). Variat et spicata, amentis fæmineis, 4-12 floris, ineunte saltem anno vitæ altero, mense scil. majo, usque 2 pollices longis , floribus 2 inferio- ribus passim foliaceo-bracteatis (ejus loci arbor parva, in horto quæ Vil- _moriniano ad pagum Verrières apud Parisios culta extat, fructum autem hucusque nondum maturavit). MÉMOIRE SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES, Par Ad. CHATIN, Professeur de botanique à l’École de pharmacie, Présenté à l’Académie des sciences le 24 avril 1854. La symétrie exceptionnelle et remarquable des parties de la fleur des Limnanthées (Limnanthes, Flærkea) et des Coriariées (Coriaria), symétrie qui, mal appréciée, a dû laisser dans le doute ou même tromper les taxonomistes sur les véritables affinités de ces groupes naturels, avait fixé mon attention dès l’époque, an- cienne déjà (1), où je dirigeai mes études sur la symétrie générale des organes des plantes. Le mémoire que j'ai l'honneur de présenter aujourd’hui à l’Académie des sciences a pour objet de mieux faire connaître la structure de ces deux familles, et de montrer tant les affinités intimes qui les rapprochent (ainsi que paraît l’admettre M. Ad. Brongniart dans sa classification des plantes cultivées au Muséum) que les différences, à mon sens, radicales, par lesquelles les premières s’éloignent des Géraniacées et des Tropéolées, et les secondes des Malpighiacées , groupe naturel que je ne peux nom- mer sans que se présente à mon esprit le beau travail que lui a consacré M. A. de Jussieu , dont la mort prématurée a été l'occasion d’un double désastre pour l’enseignement de la bota- nique (2). La première partie de ce mémoire sera plus spécialement con- sacrée aux Limnanthées , la seconde aux Coriariées, la troisième à la diagnose de la famille qui résultera de la réunion de ces deux (4) Comptes rendus de l’Académie des sciences, IV-1837 et XXV-1847. (2) On sait que les deux chaires occupées par M. Ad. de Jussieu, au Muséum et à la Faculté des sciences, ont été supprimées pour faire place à des chaires de paléontologie et de physiologie animale. 218 AD. CHATIN. — MÉMOIRE familles en une seule, ou, pour ceux qui croiront devoir marquer une plus grande distance entre ces plantes, de la classe dans la- quelle elles seront rapprochées. PREMIÈRE PARTIE. LIMNANTHÉES. J'étudierai séparément et successivement : l’organographie ou la symétrie de position et la structure des organes développés ; l’or- ganogénie, ou la symétrie de formation et la structure des organes en voie de se former ; la physiologie spéciale ou les principes par- ticuliers élaborés par les organes végétaux, et donnant à la famille certaines propriétés médicales ; les affinités et dissemblances, tant organiques que médicales, avec les groupes voisins. Organographie. Feuilles alternes (3/5), pinnatifides, sans stipules. Fleurs hermaphrodites, axillaires ou terminales. Calice à 3 ou 5 sépales soudés par la base , persistant et à pré- floraison valvaire. Corolle à 3 ou 5 pétales marcescents et à préfloraison convo- lutive. Étamines en nombre double des sépales, bisériées ; les ewté- rieures opposées aux sépales, un peu plus longues et plutôt mûres que les étamines oppositipétales ou intérieures. A la base de chacune des étamines extérieures est une glande (pl. 6, fig. 14, gl), faisant corps avec le filet. Carpelles en même nombre que les sépales et opposés à ceux- cl, sessiles, uniloculaires, uniovulés, subdistincts, réunis par leur base intérieure à un style central gynobasique divisé vers le haut en autant de lobes qu’il y a de carpelles. Ovule anatrope. Akènes 3-5, où moins par avortement (subcharnus-coriaces). Graine dressée, à testa membraneux et à raphé intérieur linéaire. Albumen nul. Cotylédons charnus non amylacés devenant verts par la germination, SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 219 Organogénie [| Limnanthes Douglasii (1). Les feuilles, qui doivent être pinnatifides, naissent sous la forme d’un petit mamelon sur les côtés duquel se développent, de bas en haut ou dans l’ordre basifuge de M. Trécul, d’autres mamelons qui sont les rudiments des pinnules. L’inflorescence , qui deviendra axillaire-terminale , se présente dans un jeune rameau floral ( de 3-4:mm. de longueur ) groupée dans l’ordre quinquoncial (répondant à la spire 2/5). Cette inflo- rescence, dont le type offrirait plus tard quelque obseurité vers le sommet des rameaux , montre donc nettement à cette époque le mode d'évolution centripète. Il est inutile de dire que les jeunes feuilles, à l’aisselle de chacune desquelles est placé un bouton floral, précédant respectivement celui-ci, il suffirait de l’examen d’une jeune inflorescence pour les montrer à leurs divers états de déve- loppement, et reconnaitre le mode de ce dernier (pl. 5, fig. 3). C'alice (pl. 5, fig. 1-13).—La jeune fleur apparait sous la forme d’un disque cellulaire que limite extérieurement un bourrelet con- tinu, sur lequel apparaissent, symétriquement et presque simulta- nément 5 petits mamelons qu sont les partitions d’un calice quin- quésépale. Les mamelons s'élèvent, s’élargissent, se touchent par leurs bords qui, en se rencontrant, s’aplatissent et rentrent un peu pour se constituer en préfloraison valvaire induplicative. Le sommet du jeune calice, d’abord déprimé, est relevé en cône par les parties centrales de la fleur qui viennent plus tard à se développer. Il est à noter qu’à mesure que le bouton grossit, l’ac- croissement du calice a lieu spécialement par la portion supérieure ou libre, la partie inférieure ou connée s’arrêtant au contraire dans son développement. I] résulte de 1à que le calice, d’abord quinqué- lobé, est plus tard quinquépartite, et présente enfin 5 sépales qu’on pourrait croire complétement libres. (1) Je publie mes observations sur l'organogénie des Limnanthées dans leur intégrité, bien que sur quelques points l'intérêt qui pourrait s'y attacher soit diminué aujourd’hui par les faits qu'a exposés M. le professeur Payer dans son Traité d'organogénie comparée, p. 51, pl. 10. Voir aussi les Comptes rendus, t. XXXVI, p. 943. 250 AD. CHATIN. — MÉMOIRE La corolle (fig. 26, 22, 20, 19,5, 4, 2, 1) n'offre rien de sail- lant. Ses 5 mamelons d’origine apparaissent entre les sépales , et, après être restés longtemps stationnaires, se développent dans le bouton déjà gros, et se recouvrent alternativement par un de leurs bords (préfloraison convolutive). Le jeune bouton n'a pas encore À mm. de longueur lorsque la corolle se montre, le calice venant de se fermer vers le sommet. Androcée. — La symétrie de position des étamines , si remar- quable dans la fleur développée, est confirmée et éclairée par l’or- ganogénie (fig. 26, 22, 20, 18, 16, 14, 2, 1). En dedans des pétales, et alternant avec eux, se montrent 5 mamelons qui seront les 5 étamines extérieures. Bientôt après poussent, alternant avec les étamines précédentes et sur un cercle plus intérieur, 5 autres mamelons qui constituent le verticille staminal oppositipétale. Les étamines opposées aux pétales grandissent en même temps que les étamines opposées aux sépales, mais elles sont toujours en retard sur celles-ci. C’est ainsi que dans un bouton de 2 mm. elles sont encore privées de filets, tandis que ces appendices ont déjà une longueur égale à celle des anthères dans les étamines extérieures. Lorsque le bouton floral a environ 5 mm, de longueur, des faits qui pourraient tromper l’observateur se produisent dans le développement des étamines extérieures. Les filets très allongés de celles-ci s'engagent entre les anthères du second verticille sta- minal , puis se recourbent et se réfléchissent à angle presque droit vers le centre de la fleur, plaçant ainsi les anthères (lesquelles restent d’abord droites en raison de leur insertion dorsale) sur un cercle plus intérieur que celui formé par les étamines opposées aux pétales. Si l’androcée est observé à cette période de son déve- loppement, on pourra croire que les étamines opposées aux sépales, lesquelles sont les plus développées, sont aussi, comme dans les Géraniacées, etc., les plus intérieures (fig. 18 et 15). | Le pollen, qui, au moment de l’anthèse, ressemble assez à une sorte de fer à cheval (fig. 21), reprend dans l’eau la forme moins irrégulière qu’il offrait avant sa maturation (fig. 24). Les glandes qu'on voit dans la fleur à la base externe des filets SUR LES: LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 251 situés devant les sépales, commencent à se montrer lorsque le bouton a atteint une longueur de 2-3 millimètres. Chacune d'elles naît en continuité avec le filet correspondant, et finit par former sur la base extérieure de celui-ci un bourrelet semi-circulaire un peu déprimé à son centre (fig. 22, 20-18, 15, 14, 2). Des coupes passant par le filet et par la glande montrent : 1° que celle-ci ne reçoit pas de faisceaux vasculaires en propre ; 2° qu’elle est tra- versée par les trachées allant du réceptacle de la fleur dans le filet ; 8° qu’elle fait partie intégrante de ce dernier, dont elle constitue la base parenchymateuse avec son tissu spécial à petites cellules, au-dessous duquel est le tissu à grandes cellules du réceptacle de la fleur, tandis qu’au-dessus s'élèvent les cellules étroites et allon- gées de la portion du filet superposée à la glande (fig. 47). Gynécée. — J'ai suivi minutieusement son développement , qui offre surtout de l'intérêt quant au style et à l’évolution des ovaires. Le gynécée se montre lorsque, le bouton ayant environ 1 mm. de longueur, les étamines intérieures ou oppositipétales ont déjà un certain développement. Dans son premier état (fig. 39), il se présente formé par cinq productions cellulaires peu saillantes opposées aux sépales, étroites d’arrière en avant, et offrant au contraire un développement latéral assez grand pour que leurs bases se confondent : ces productions sont les carpelles, aux ovaires desquels elles correspondent. Bientôt le cercle que cir- conserivaient les 5 carpelles s'élève, croissant par sa base. Le gy- .nécée offre à ce moment (fig. 38 et 24) la forme d’un parapet épais et festonné dont cinq portions, plus élevées et renflées en dehors, correspondent à la partie moyenne ou dorsale des carpelles, tandis que les côtés répondent aux portions déprimées et rentrantes du parapet ; à l’intérieur de celui-ci est un bassin relativement assez grand que vont remplir les ovaires plus développés et les styles. Notons que les carpelles, soudés à ce premier âge par leur portion inférieure, se décolleront pour devenir libres vers l’époque de Ja maturation. À une époque rapprochée de la précédente, chaque carpelle montre, vers son ventre, une dépression qui est le commence- ment de la cavité ovarienne alors ouverte (fig. 37 et 36). Le sin- 252 AD. CHATIN. — MÉMOIRE gulier style (fig. 29-35) gynobasique des Limnanthées va mainte- nant apparaître. La cavité de chacun des ovaires prend un grand accroissement vers les parties dorsale, inférieure ét moyenne, qui se trouvent ainsi repoussées en dehors et en haut en même temps que leur sommet est incliné vers l’axe du réceptacle dans l’espace central encore vide entre les carpelles. Ce développement, de bas en haut et de dedans en dehors de l'ovaire , est comparable à celui qu’on observe dans les ovules réfléchis , et en particulier dans l’ovule du Limnanthes, qui suit ou entraïne(?) le péricarpe dans son évolution. Le sommet organique de chaque ovaire, resté ou plutôt devenu, par ces mouvements , sa portion presque la plus basse comme la plus interne, se relève sous la forme d’un petit bec que parcourt intérieurement une fente qui est la continuation de la cavité ovarienne. Les 5 becs ainsi produits ne sont autre chose que 5 styles qui, d’abord distincts, se soudent bientôt à leur extrême base par leurs bords contigus , et s'élèvent ensemble en une co- lonne ( ou style composé) dont l’axe est parcouru par un canal de conjugaison qui va se rétrécissant et s’oblitérant à mesure que le développement avance. A l’époque de l’anthèse, les 5 styles élé- mentaires, qui ne s'étaient point confondus vers leur extrémité supérieure, s’écartent pour former au sommet de la colonne sty- laire une sorte d'étoile dont chacun des rayons est recouvert par des papilles stigmatiques (fig. 29). | | Les rapports du style commun avec la portion axile du récep- tacle floral , sur laquelle il semble avoir poussé comme s’il était la continuation de l'axe lui-même, sont très différents suivant l’âge de l'organe. Lorsque les styles commencent à se relever isolément, sous forme de bec , de l’extrémité interne et réfléchie des ovaires , leur base, confondue avec cette extrémité ovarienne dont elle ne se distingue que par sa direction ascendante (fig. 35, 34), ne s'appuie pas encore sur le réceptacle dont la sépare un détroit qui, s’ouvrant dans le bassin central ou intercarpellaire que n’ont pas encore en- vahi les styles pour le réduire au canal de conjugaison, établit ainsi la communication des cavités ovariennes avec le dehors. Un peu plus tard, le talon que forme chaque style au point d’où il SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 253 s'élève du bord intérieur ou ventral de l'ovaire , s'applique sur le réceptacle et se soude intimement avec lui : c’est alors que le style (fig. 33, 32, 31, 30, 29) commun paraît bien s'élever du réceptacle, comme la continuation de l’axe floral. Ce mode remarquable de formation du style des Limnanthées , regardé avec celui des Ochnacées et des Labiées comme le type des styles gynobasiques , m’a conduit à faire de ces derniers une étude générale dont les résultats, encore incomplets, seront l’objet d’une publication spéciale. Je noterai seulement ici une analogie et une différence qu'offre ce style dans sa formation et son dévelop- pement comparés à celui de quelques Rutacées (Dictamnus et, sans doute, Quassia, Simaba, etc. ). Dans ces Rutacées } les cmq styles, d'abord distincts aussi et rostriformes, s’arrondissent cha- cun en une colonnette , et s’avancent respectivement du sommet libre et un peu abaissé de chaque ovaire vers l’espace vide et cen- tral placé au milieu d’eux, où ils se rencontrent, se redressent, se soudent bientôt par leurs extrémités en contact, lesquelles s’élè- vent en une colonne unique et cannelée , supportée à sa base par cinq ares-boutants qui ne sont autre chose que les bouts inférieurs des cinq styles élémentaires. Antérieurement à la naissance des styles , les ovaires s'étaient réunis par leurs parties inférieure et moyenne en même temps qu'ils se fermaient à leur sommet, un peu réfléchi vers l’axe commun. Postérieurement à la soudure des styles , les ovaires s'élèvent par leur dos, qui suit dans son mou- vement anatrope l’ovule supérieur de la loge ovarienne. Après ce mouvement les styles, quoique répondant toujours au sommet orga- nique des ovaires, ne sont insérés que sur le tiers ou la moitié de leur hauteur. Que l’on suppose les ovaires plus complétement réflé- chis vers le réceptacle avant l'apparition des styles, il pourra y avoir soudure de ceux-ci entre eux et avec ce même réceptacle , comme dans les Limnanthées. Cela arriverait si l'ovaire était réduit à sa portion supérieure dans laquelle est l’ovule, qui se réfléchit de bas en haut et de dehors en dedans (1), supposition qui se réa- lise dans le Zimnanthes. (4) L'ovule inférieur se réfléchit aussi de dehors en dedans, mais de haut en bas. 254 AD. CHATIN. — MÉMOIRE Je ferai remarquer encore que, la soudure des styles étant posté- rieure à leur formation , leur isolement ou distinction constituerait ici un véritable arrét de développement. Un seul ovule naît dans chaque loge du Léna vers la base interne de celle-ci. Cet ovule se dresse, puis se réfléchit de dedans en dehors et de haut en bas , suivant ou répétant ainsi le mouve- ment de l'ovaire, qu'il aide ou détermine même dans sa dernière phase. 11 suit de là que le raphé est ventral ou intérieur, ainsi que l'a bien vu M. le professeur Payer (loc. cit.), et contrairement à ce que disent Endlicher, ete., de l'existence d’un raphé dorsal. Remarques. —- Parmi les faits mis en lumière par les recherches d’organogénie que je viens de rapporter, je crois devoir appeler surtout l'attention sur la position exceptionnelle et remarquable du verticille premier-né de l’androcée. En effet, quoique ce verticille soit oppositisépale , comme chez les Géraniacées, Oxalacées , Éri- cacées, ete., il constitue le plus extérieur des deux verticilles, état contraire à celui qu’on observe dans ces dernières familles et dans la grande majorité des autres dicotylédones. Cette position des éta- mines premières-nées des Limnanthées (et des Coriariées) sur le plus extérieur ou le plus inférieur des deux cercles constituant l'androcée, permet d'étendre à quelques groupes de dicotylé- dones (1) cet aperçu de M. Payer, jusque-là seulement justifié par la grande majorité des monocotylédones, savoir que, « toutes les » fois que dans une fleur régulière les étamines sont par verticilles, » les verticilles sont d'autant plus jeunes qu'ils sont orient » plus élevés sur l'axe. » Je crois encore devoir appeler l'attention des botanistes sur le développement général du gynécée , dans lequel tout : la distinc- (1) Jusqu'à présent ce n’est que chez les Limnanthées et les Coriariées que j'ai rigoureusement constaté, parmi les dicotylédonées, la position extérieure du verticille oppositi sépale; mais il est probable que la même organisation se retrouvera en d'autres plantes; des observations, que je n’attends que l'occasion de répéter, me portent même à admettre que les Légumineuses diplostémones forment, sous ce rapport, série avec les Limnanthées. — Depuis que les lignes précédentes ont été écrites, j'ai constaté l'exactitude de cet aperçu; M. Payer est arrivé, de son côté, à reconnaître le même fait. SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 255 tion originelle, puis la soudure, et, plus tard, la séparation des carpelles ; le mode de formation des cavités ovariennes ; la coïnci- dence entre l’évolution des ovaires et celles des ovules , ou, peut- être même, la subordination de la première à la seconde ; et enfin la production du style gynobasique par réflexion des sommets des ovaires venant se souder entre eux et avec le réceptacle, duquel le style commun semblera alors pousser, est afférent à des ques- tions difficiles et, par cela même, débattues encore aujourd’hui. Existence dans les Limnanthées de l’huile essentielle sulfo-azotée des Crucifères. — Propriétés médicales, — Usages, Toutes les parties du Limnanthes Douglasti R. Br., mais prin- cipalement les racines et les fleurs, sont d’une saveur piquante agréable, qui rappelle celle du Vasturtium officinale et du Tro- pœolum majus. En distillant la plante entière fleurie, j'ai obtenu un produit piquant les veux et la bouche. L’eau distillée ayant été cohobée trois fois sur de nouvellés quantités de la plante, un peu d’une hule essentielle, plus dense que l’eau, S’est à la fin déposée au fond du récipient. L'eau surnageant ayant été agitée avec de l’éther, celui-ci lui à enievé une nouvelle quantité d'essence, qu'il a laissée après son évaporalion. De couleur jaunâtre ( peut-être blanche à l’état de pureté) et d’une grande âcreté, l'huile essentielle de Zim- nanthes à fourni : Par l’eau régale, de l'acide sulfurique ; Par la chaux potassée ( procédé de M. Warrentrap et de N. Pé- ligot), de l’ammoniaque ; Par l’ammoniaque, une combinaison cristalline ; Par l'addition de bichlorure de platine à la dissolution dans l'acide chlorhydrique de la combinaison cristalline ammoniacale qui précède, un précipité jaune brillant. La petite quantité d'essence (05,2) que j'ai pu retirer de ma ré- colte (8 k*) de Limnanthes, ne m’a pas permis d’en faire l’analyse élémentaire précise ; toutefois on peut conclure de sa densité, de son âcreté, de la présence du soufre et de l’azote au nombre de ses 256 AD. CHATIN. — MÉMOIRE éléments, de sa combinaison avec l’ammoniaque, combinaison qui a tous les caractères de la éhiosinnamine obtenue (par M. Dumas) en.unissant l’essence de moutarde à lammoniaque, et du préci- pité jaune cristallin que forme le bichlorure de platine dans la dis- solution chlorhydrique de celle-ci, qu'elle est identique avec l'essence des Crucifères dont la composition CH Az$°? peut être représentée par CES + C?AzS, formule du sulfo-cyanure de sul- fure d’allyl. Ainsi done il existe un principe àcre dans les Limnanthées comme dans les Crucifères, et les essais chimiques indiquent que ce principe , dans lequel entrent le soufre et l’azote, ne diffère pas de celui qui fait employer les Crucifères comme antiscorbutiques dans les régions (froides et tempérées) où elles croissent. Cette même huile, àcre et sulfo-azotée, se retrouve d’ailleurs dans plu- sieurs Capparidées (Cleome, Polanisia), regardées dans les régions chaudes comme les succédanées des Crucifères, qu’elles remplacent ainsi au point de vue médical, comme à celui de la géographie botanique. La subordination des qualités antiscorbutiques à la présence de l'huile âcre sulfurée, déduite des observations faites sur les Cru- cifères et les Capparidées, sur les Tropéolées (employées au Pérou et au Chili comme antiscorbutiques, et dans lesquelles M. Cloëz a aussi trouvé l’huile des Crucifères), justifierait l’em- ploi du Limnanthes comme succédané de ces plantes , que sans doute il pourrait remplacer dans la thérapeutique et l’alimentation: Le Limnanthes Douglasii se présente tout spécialement, en rai- son de la proportion assez faible de son principe âcre, d’ailleurs toujours accompagné par un peu d’extractif amer, comme: le succédané de notre Cresson (Wasturtium officinale, R. Br.). Les feuilles du Limnanthes sont moins âcres que celles du Vastur - tium, ses fleurs le sont davantage ; par le mélange en proportions variables des fleurs et des feuilles, on pourra donc faire varier à volonté la proportion du principe actif. Quoique originaire des lieux marécageux de l'Amérique du Nord, le Limnanthes Douglasii peut être cultivé facilement dans tous les sols, où il se développe fort hien avec les seuls arrosements :que SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES, 257 reçoivent les plantes de nos jardins et des cultures maraichères. C’est là un avantage qu'il offre sur le Cresson. Grâce à la beauté et à l'abondance de ses fleurs, qui se succèdent longtemps, le Limnanthes, dont l'introduction en Europe ne date que d’une quinzaine d'années, a pris place dans les parterres (1). La végétation du Limnanthe étant rapide, on pourra, afin d'avoir des pousses tendres qui se succéderont tonte l’année, faire 2-h semis de mars à septembre. Le semis de cette dernière époque vient de résister partiellement au dernier hiver, malgré sa rigueur. Affinités des Limnanthées. Le célèbre Robert Brown, après avoir formé du Floerkea Willd. et du Limnanthes sa famille des Limnanthées, plaça celle- ci près des Géraniacées, avec lesquelles elle lui parut avoir les rapports les plus intimes. Lindley et surtout Endlicher adoptèrent l'opinion de R. Brown, en admettant toutefois que les affinités des Limnanthées sont moins grandes avec les Géraniacées proprement dites qu'avec les Tropéolées, dont elles seraient à peine distinctes. Si ces analogies sont vraies, il n’est pas douteux que les Limnan- thées ne doivent servir de point de soudure entre les Géraniacées et les Tropéolées ; mais, ainsi que je vais l'indiquer, l’organisation vraie des Limnanthées les écarte trop de ces deux familles pour qu'on puisse les regarder comme établissant la transition de l’une à l’autre. Je commencerai par comparer les Limnanthées aux Géraniacées, plantes auxquelles elles ressemblent le plus en appa- rence. | L'habitat est analogue , les unes et les autres vivant dans les régions froides tempérées, etla symétrie deleurs fleurs seressemble tellement , qu'il n’est pas étonnant qu’on l'ait crue identique. En effet, une fleur de Limnanthes, comme une fleur de Geranium, se compose d’un calice à 5 sépales persistants, d’une corolle à 5 pé- (1) On pourrait, dans la culture d'ornement, faire pour l'alimentation une première récolte des feuilles et des jeunes tiges. Les Liges florifères de seconde pousse gagneraient même à cela une force qui ajoulerait aux qualités ornemen- tales de la plante, naturellement longue, faible et tombante, 4° série. Bor. T. VI. (Cahier n° 5.) 1 17 258 AD. CHATIN. — MÉMOIRE tales onguiculés , de 40 étamines placées sur deux rangs et dont 9 sont habituellement plus grandes ; de 5 glandes placées entre les sépales et les grandes étamines qui leur sont opposées ; de 5 carpelles formant un verticille régulier et complet, et enfin d’une colonne stylaire qui s'élève entre les carpelles. Mais vaiei les différences profondes cachées sous ces rapports apparents. Le verticille le plus extérieur des étamines du Limnanthes est opposé aux divisions du calice; c’est le contraire dans le Gera- nium. Les étamines les plus courtes du Limnanthes sont celles du verticille le plus intérieur : c’est le contraire dans le Gera- nium (1). Les 5 glandes du Limnanthes sont sur la partie imfé- rieure des filets des étamines extérieures ; les 5 glandes du Geranium sont situées derrière les élamines intérieures et plus distinctes de la base des filets. L'anatomie démontre (fig. 17) que les glandes du Lèmnanthes font partie essentielle des filets qui les produisent et les portent; elle établit, au contraire, que les glandes du Geranium sont indépendantes des filets et pourraient être considérées, avec Rœper, comme représentant des étamines avortées. Les carpelles du Limnanthes sont opposés aux sépales , ceux du Geranium sont, au contraire, placés devant les pétales : c’est dire assez que le type symétrique de la fleur, inverse dans les Géraniacées et les Limnanthées, fait écarter toute idée de rappro- chement immédiat entre ces deux familles. Ce n’est pas tout. La colonne qui sépare les carpelles des Géraniacées est un prolonge- ment de l’axe contre lequel s'appliquent les cinq styles qui portent à leur sommet les carpelles ; la colonne qui s'élève du milieu des carpelles des Limnanthées est, au contraire, le style lui-même. Les Géraniacées ont le fruit see ; les Limnanthées l’ont subcharnu. Les Géraniacées ont toujours deux ovules superposés vers la suture ventrale; les Limnanthées n’ont qu’un ovule dressé. Les ovules des Géraniacées sont semi-anatropes ; celui des Limnanthées est anatrope. L’embryon des Géraniacées est recourbé et à cotylédons (4) La longueur relative des étamines est d’une grande importance, car, ainsi que l'ont dit Rob. Brown et De Candolle, elle indique généralement l’ordre de leur fixité ou constance. J'ajouterai qu’elle indique aussi le plus souvent l’ordre général de leur apparition dans le bouton, ainsi que celui de leur maturité. SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 259 foliacés; celui des Limnanthées est droit et a les cotylédons char- nus. Enfin les Géraniacées ont les tiges articulées, les feuilles oppe- sées munies de stipules, l’inflorescence oppositifoliée, les pédicelles articulés et portant des bractéoles; les Limnanthées, au contraire , n'offrent pas d’articulation sur leur tige , ont les feuilles alternes et dépourvues de stipules , les fleurs axillaires et à pédicelles ni articulés ni chargés de bractéoles. Toutes ces différences d’organi- sation me paraissent suffire pour éloigner les Limnanthées , non- seulement de la famille des Géraniacées, mais aussi de l'alliance des Géranioïdées, dans laquelle un savant botaniste (M. Ad. Bron- gmiart ) exercé à l'appréciation des rapports naturels des plantes ne les laissait qu'avec un point de doute. Examinons à présent si les Limnanthées ont plus d’affinités pour les Tropéolées. Les earactères sur lesquels on s’est appuyé pour rapprocher les Limnanthées des Tropéolées sont : leurs tiges et leurs feuilles ten- dres et glabres, l'alternance des feuilles , la longueur des pétoles et des pédicelles, les carpelles réduits quelquefois à deux ou à trois par avortement, l’ovule unique et leur saveur piquante. Mais la délicatesse des tissus, la longueur des pétioles et des pédicelles sont des caractères de peu d'importance ; l'avortement des car- pelles n’est pas constant comme chez les Tropéolées , et la saveur piquante , qui se retrouve chez les Cruciféres et les Capparidées, ne saurait suflire à un rapprochement intime (4). Quant à l’ovule, il est bien vrai qu'il est unique dans chaque earpelle; mais sa structure el sa position dressée dans les Limnanthées affaiblissent la valeur de ee rapport. L'habitat, quoique américain aussi, est plus septentrional. L'absence de stipules, les pétioles non cir- rhoïdes, les fleurs régulières et souvent terminales , la forme des pétales , le nombre et la disposition des étamines sur deux verti- eilles distincts et réguliers, les glandes des filets, la non-cohérence des fruits, le style gynobasique, les cotylédons ni soudés ni amy- lacés des Limnanthées , sont autant de caractères qui font douter (1) I faut toutefois avouer que le type symétrique des Crucifères offre encore assez d'obscurité pour qu'on doive s'abstenir d'affirmer que ces plantes n'ont pas plus de rapports avec les Tropéolées ou avec les Limnanthées qu’on ne leur en suppose aujourd'hui, 260 AD. CHATIN, — MÉMOIRE de leurs affinités avec les Tropéolées et auxquels s'ajoutent les considérations plus importantes tirées du type primordial de la fleur. Il est, en effet, permis de déduire de l'observation que j'ai faite d'une fleur de Tropéolée, dont les cing carpelles accidentel- lement développés étaient opposés aux pétales , que le type symé- trique des Tropéolées (obscur à ne considérer que les fleurs ordi- naires à huit étamines), comme celui des Malpighiacées déduit par M. Ad. de Jussieu d’une observation analogue, remonte par des avortements au type des Géraniacées (1). Alors, à la plupart des faits qui écartent les Limnanthées des Géraniacées, s’ajoutéraient, pour les éloigner des Tropéolées, la régularité constante des fleurs , le nombre des étamines et leur disposition sur deux verti- cilles, puis enfin la géographie botanique (2). Si, en appréciant la structure des Limnanthées autrement que ne l'ont fait de savants botanistes, j'ai prouvé que les analogies de ces plantes avec les Géraniacées et les Tropéolées sont plus appa- rentes que solides , il me reste à rechercher quelles sont leurs affi- nilés véritables. C’est sur la symétrie de la fleur des Limnanthées , symétrie aussi rare dans les Dicotylédones qu’elle est caractéristique , que je nv’appuierai pour opérer leur rapprochement d’autres groupes naturels. Toute plante thalamuflore, chez laquelle se trouveront, in- dépendamment des verticilles calicinal et corollin, deux verticilles d’étamines dont le plus extérieur oppositisépale, et un verticille de carpelles également opposiisépale, pourra faire partie d’une série naturelle avec les Limnanthées. Ün genre de plantes , dont les affinités ont beaucoup embarrassé les botanistes, que L. de Jussieu plaçca d’abord dans les Malpighiacées pour l’en retirer bientôt après et le laisser dans son incertæ sedis, que De Candolle érigea (4) Ce point a été établi, postérieurement à l'époque où j'écrivais le présent mémoire, dans mes recherches sur les Tropéolées. (2) L'absence de stipules chez les Limnanthées n'établit même pas un rap- port entre elles et les Tropéolées, celles-ci ayant, en général, des stipules à leurs feuilles primordiales , et le Tropæolum tuberosum offrant ces appendices à toutes ses feuilles, sans même en excepter celles réduites sur ses tubercules à la forme de petites écailles. SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 261 en famille, mais sans savoir où le mettre, et qu'Endlicher réunit dans une même alliance avec les Sapindacées, les Malpighia- cées, elc., le Coriaria, partageant très nettement ces caractères, c'est tout d’abord de lui que je proposerai de rapprocher les Limnanthées. La symétrie florale des Coriariées rappelle, en effet, exactement celle des Limnanthées, et c’est pour lui avoir reconnu sa véritable importance que M. Ad. de Jussieu a été conduit à relirer ces plantes des Malpighiacées, parmi lesquelles Endlicher, revenant à la première opinion de L. de Jussieu, les avait de nou- veau classées. J'ajouterai que M. Ad. Brongniart les place tout à côté des Limnanthées dans son alliance desGéranioidées. Les Co- riariées et les Limnanthées, séparées de l'alliance des Malpighinées et de celle des Géranioïdées par des motifs qui me paraissent avoir sensiblement la même valeur, formeront le noyau d’une série toute particulière, dont le type primordial est réellement diplostémone , et qui s’étendra parallèlement, quoique beaucoup plus courte, à la série formée par les Géraniacées, les Oxalacées, les Caryophyllées, les Linées , les Rutacées , les Malpighiacées, etc., dont le type primordial est peut-être ériplostémone (1). Ces deux séries, qui se soudent en divers points, seront l’objet d’un prochain mémoire, dans lequel je rangerai, dans le type symétrique des Limnanthées et des Coriariées, des familles qui se placent toutefois à une cer- taine distance de ces plantes par des caractères dont la valeur ne saurait être méconnue. Les Coriariées et les Limnanthées doivent-elles être considérées comme familles d’une même alliance, comme tribus ou simple- ment comme genres d’une même famille ? Ce sont des questions que je me borne à poser ici, remettant de les apprécier au moment où la structure intime des Coriariées aura été exposée à son tour. (4) Position intérieure des étamines oppositi-sépales, opposition des carpelles aux pétales, etc., tout, excepté l'apparition du troisième verticille, semble justifier cette vue sur l'existence du type triplostémone. Pour ne rien exprimer toutefois au delà de l'observation, on pourrait regarder les Rutacées, etc., comme offrant le type obdiplostémone , le type diplostémone proprement dit étant l'attri- but des Limnanthées. 262 AD, CHATIN. — MÉMOIRE Aperçu sur les analogies médicales et les différences botaniques. Depuis que l’illustre De Candolle, réunissant en un corps de doctrine les faits nombreux , mais épars, dont le domaine de la botanique médicale s'était enrichi, a montré les rapports multiples qui existent entre l’organisation et les propriétés médicales des mêmes familles naturelles, ou, en d’autres termes, la concordance entre les analogies botaniques et les analogies médicales, on s’est trop facilement laissé aller à regarder les propriétés des plantes comme traduisant leur organisation, et, par suite, à subordonner, notamment dans les questions enveloppées encore de quelque obscurité, les caractères botaniques proprement dits à ceux fournis par la nature des matières élaborées au sein des organes. Cette tendance à conclure des propriétés médicales des plantes à leurs affinités organiques , tendance qui, de proche en proche, pourrait conduire aux classements les plus singuliers, me parait avoir spécialement pesé sur les analogies qu'on a cru voir entre les Limnanthées et les Tropéolées. Parce que, ainsi que cela a lieu, le même puceron attaque les jeunes feuilles du Brassica et du T'ropæolum (Duméril), ainsi que celles du Limnanthes, “est-ce à dire que ces plantes ont les mêmes caractères botaniques ? Non; c’est que l’insecte est attiré parle principe sulfo-azoté que j'ai retiré du Limnanthes, et que M. Cloës à indiqué dans le Tropæolum. La chimie, qui, depuis la découverte des premiers alcalis végé- taux par Séguin, Sertuerner, Pelletier et Caventou , etc., a prêté un concours si éfficace à la thérapeutique, fournit les principaux éléments d'un travail de généralisation systématiquement opposé à celui de De Candolle. Les Violacées sont des plantes polypétales hypogynes très éloignées des Rubiacées, qui ne comprennent que des espèces gamopétales périgynes, et cependant, comme le Cephælis Ipecacuanha , ellés sont émétiques ; comme celui-ci , elles contiennent un alealoïde, la violine de M. Boullay, qui dif- fère à peine de l’émétine de MM. Pelletier et Caventou. Le Thé et le Café contiennent tous deux de la fhéine ou caféine, et cependant les Camelliacées sont aussi fortdistantes des Rubiacées. LeGuarana, SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 263 ou suc du Paullinia sorbilis, renferme, comme les graines du T'heobroma Cacao, comme le Melilotus, V Anthoæanthum odoratum et la Fève de Tonka (Coumarouna odorata), de la coumarine ; et cependant les Sapindacées sont fort distinctes des Malvacées, les- quelles s'éloignent plus encore des Légumineuses et surtout des Graminées. L’esculine , sur îes propriétés fébrifuges de laquelle M. Mouchon a récemment appelé l'attention, et que M. Frémy signaledans le Marron d'Inde (Æsculus Hippocastanum), ne paraît pas différer de la saponine , découverte par M. Bussy dans la Sa- ponaire d'Orient (Gypsophila Struthium), puis dans la plupart des Caryophyllées ét des Sapindacées, et que M. Braconnot a retrouvée dans l'écorce du Gymnocladus Canadensis. C’est encore à peine si la salseparine et la polygaline, ou acide polygalique, diffèrent de la saponine ; et cependant les Caryophyllées , les Polygalées, les Hippocastanées, les Sapindacées, quoique voisines, ontdes limites bien tranchées et s’écartent fort des Légumineuses. Il suffira d’ailleurs, pour faire ressortir l’hiatus qui existe entre ces familles et les Smilacées, de rappeler que celles-ci appartiennent seules, comme l’Anthoæanthum pour les plantes à Coumarine, à l’em- branchement des Monocotylédones. On sait que PAïl (Allium sati- vum) a plusieurs des propriétés des Crucifères, de l’huile essen- tielle desquelles celle qui lui donne son âcreté est à peine distincte, et à laquelle elle passe par l’Allaire (A{liara officinalis), qui offre constamment dans ses racines l’essence des Crucifères, tandis que ses feuilles contiennent une proportion d'huile d’Ail d'autant plus considérable, qu’elles sont venues dans un lieu plus ombragé. Cependant l’Ail est encore une Monocotylédone, tandis que les Crucifères occupent un point très éloigné dans la série des Dicoty- lédones. Mais je m’arrête, car jé suis aussi éloigné de vouloir exposér ici l’ensemble des analogies médicales et des différences botaniques que de relever, au milieu des groupes Si naturels des Ombellifères, des Légumineuses, des Cucurbitacées, éte., les faits particuliers, ét bien connus de De Candolle, qui font exception au principe de la subordination des propriétés aux caractères naturels. Mon but était d'appeler l'attention sur l’analogie dés propriétés et la différence d'organisation qui existent dans un grand nombre de 264 AD. CHATIN. -— MÉMOIRE familles, et qui me paraissent s'étendre aux Limnanthées, aux TRES aux Crucifères et aux Ghénhidées, En résumé, on vient de voir qu’à côté des analogies médicales et botaniques, surtout développées par De Candolle, d’une part; des analogies médicales et des différences botaniques, d'autre part, il faut tenir comple des analogies botaniques et des différences mé- dicales. M’appuyant sur les faits de Ja seconde série pour éloigner les Limnanthées des Tropéolées, et sur ceux de la troisième pour justifier le rapprochement des Limnanthées et des Coriariées, J'ai voulu, au préalable, établir leur justesse, ce qui n’a pu être eflec- tué sans montrer que le célèbre De Candolle, et surtout ceux qui l'ont suivi dans le même ordre d'idées, ont trop généralisé les faits de la première série (rapports entre les caractères botaniques et les propriétés des plantes). Nouvel exemple de l’exagération d’un rapport, parce qu'on n'a pas suffisamment tenu compte des rapports d'ordre contraire, et de disciples dépassant le but marqué par le maitre, dont ils dénaturent la pensée. DEUXIÈME PARTIE. CORIARIÉES. Organographie. Plantes higneuses, quelquefois sarmenteuses. Feuilles opposées, ou verticillées par trois. Fleurs hermaphrodites, ou, par avortement, polygames mo- noïques. ou dioïques. Calice quinquépartite, persistant, à préfloraison quinconciale. Pétales 5, persistants-accrescents. Etamines 10, les 5 extérieures placées devant les sépales. Ovaire sessile, à 5 lobes, à loges opposées aux sépales , nul ou rudimentaire dans les fleurs mâles. Ovule solitaire dans chaque loge, pendant, anatrope. Stigmates 5, filiformes, velus-papilleux. Fruit composé des coques (?) crustacées indéhiscentes(akènes), entouré par les pétales épaissis et par le calice membraneux. SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 265 Graine à testa membraneux. Albumen nul. Embryon ortho- trope; cotylédons planes-convexes (assez charnus). Organogénie [ Coriaris myrtifolia (1) |. Feuilles. — Des trois nervures qu'elles doivent avoir, la moyenne se forme de beaucoup la première. Elles sont papil- leuses, surtout au sommet, prolongé dans le jeune âge en un appendice eylindro - conique recourbé, qui n’est pas sans ana- logies d’origine et de forme avec les stigmates de la plante. Inflorescence. — Une grappe naît placée au-dessus de la partie moyenne de la cicatrice laissée par la feuille ; bientôt après nais- sent deux autres grappes sur les côtés de la première. Souvent la orappe moyenne, arrêtée dans son évolution, est dépassée par les grappes latérales qui arrivent seules à un complet développement ; quelquefois aussi une de celles-ci (plus rarement les deux) s'arrête et avorte. Les bourgeons naissent superposés aux boutons. Calice. — Les 5 sépales, dont l’un (n° 2) est supérieur, comme dans les Limnanthées , naissent presque simultanément et se dis- posent dans le mode quinconeial , le n° À étant tantôt à droite, fantôt à gauche de la bractée. Les premiers-nés ou extérieurs sont, relativement aux autres, beaucoup plus grands que chez les Lim- nanthées. | Corolle. — Chacun des 5 pétales qui la constituent quitte bientôt la forme mamelonnée pour prendre celle d’une petite pyramide triavgulaire (élargie à la base) qui prend fort peu d’accroissement. Ces pétales, qui persistent apres la floraison, grossissent en même temps que le fruit, à la base duquel ils forment une enveloppe incomplète assez charnue. Androcée. — Les deux verticilles des éfamines se montrent suc- cessivement dans le même ordre que chez les Limnanthées ; seu- lement, tandis que dans celles-ci les 5 étamines extérieures ou placées devant les sépales restent jusqu’à l’anthèse beaucoup plus (1) Entre l’époque à laquelle ces recherches ont été faites et le moment ac- tuel, M. Payer a publié sur l'organogénie du Coriaria des dessins auxquels il ne reste plus qu'à renvoyer le lecteur (M. Payer, loc. cit., pl. 40). 266 AD, CHATIN. -— MÉMOIRE longues que les étamines intérieures , chez les Coriariées ces der- nières étamines atteignent bientôt dans le jeune bouton à la lon- gueur des autres. Les cellules de la surface des anthères se relèvent en petites papilles fort régulières. | | Le Gynécée se compose de 5 carpelles qui se montrent devant les étamines extérieures, se creusent chacun d’une cavité, s’ac- croissent et se gonflent par leur partie dorsale ovarienne, se fer- ment d’arrière en avant, se soudent légèrement, et produisent par leur extrémité la plus interne autant de stigmates (de couleur rouge ) eylindro-apiculés rétrécis à leur base et couverts sur toute leur longueur de papilles , la plupart assez courtes sur le quart inférieur, et cylindriques (en forme de pis de vache) sur les parties supérieures qui sont aussi les plus colorées. Une analogie singu- lière rapproche ces papilles de celles des anthères ; la principale différence est que, sur les stigmates, les papilles moyennes. et ter- minales sont plus longues et celles de la base plus larges que les papilles des anthères. On voit très nettement les trachées des car- pelles se recourber un peu vers l’axe de la fleur, puis se relever et monter dans le milieu des stigmates. Un ovule nait à l'angle supérieur et interne de chaque loge, d’où il se dirige de haut en bas, puis de dehors en dedans, et enfin de bas en haut : c’est dire qu'il est anatrope et à raphé dorsal. Des principes actifs. — Propriétés médicales. — Usages. Les Coriaria sont des plantes âcres et astringentes capables de donner la mort en déterminant des mouvements convulsifs, Cepen- dant le C. nepalensis , Wall., fournit des fruits alimentaires , et les habitants de la Nouvelle-Zélande préparent une liqueur vineuse avec la partie succulente des fruits du C. sarmentosa, Forst. Pendant les guerres de l’Empire en Espagne, sur quinze soldats français qui avaient mangé des fruits de Redoul (C. myrtifola, L.), trois moururent. Le nom de Corroyère que porte cette espèce indigène rappelle ses qualités et son emploi par les corroyeurs comme plante tannante. C’est aussi à l'abondance du fannin que le C. ruscifolia, L. doit, assure-t-on, d’être utilisé pour le même SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 267 objet en Amérique (Chili). Le mélange des feuilles de Redoul à celles de Séné, autrefois pratiqué à Marseille et signalé par MM. Guibourt et Fée, est une fraude pléineé de dangers et aujour- d’hui sévèrement proscerite (4). Quel est le principe toxique des Coriaria ? Ce n’est pas le tannin ; ce n’est pas un principe fugace, puisqu'il persiste dans les parties . sèches de la plante. Quelques éssais me portent à penser que ce n’est point un alcaloïde , comme on l’a signalé, mais une matière neutre du genre de la digitaliné. Quoi qu'il én soit de la nature chimique de ce principe actif, on peut affirmer qu'il est très différent de celui du Limnanthes; que, par conséquent, les analo- giés botaniques entre ces végétaux ne sont pas fortifiées par des analogies médicales. Mais je me hâte de rappeler qu'il résulte, dés développements dans lesquels je suis entré plus haut, qué les différences médicales les plus prononcées n’infirment pas la valeur des rapports établis par les caractères botaniques. k TROISIÈME PARTIE. FAUT-IL RÉUNIR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES ? IL suffit pour répondre à cétte question de rappeler 1és carac- tères par lesquels les deux groupes diffèrent et d'apprécier la valeur de ces caractères. Les Limnanthées se distinguent principalement des Coriariées : 1° Parce qu’elles sont herbacées et non ligneuses ; % Parce qu’elles ont les feuilles alternes ; 3 Parce que l’estivation du calice est valvaire et non quin- conciale ; N° Par la graine non pendante et Le style gynobasique ; 5° Par les propriétés médicales. Sur quoi il faut considérer : 1° Que la consistance et la durée des tiges ont peu de valeur, comme on le voit dans une foulé de familles. La tribu des Clémati- (1) On reconnaît aisément, à leurs trois nervures, les feuilles du Redoul mélan - gées à celles du Séné, qui sont uñinervées. + 3 268 AD, CHATIN. — MÉMOIRE dées se distingue notamment, au milieu des Renonculacées, par ses tigesligneuses, et j’ajouterai, ordinairement grimpantes comme celles de plusieurs Coriaria. 2 Les feuilles opposées des Coriaria comparés aux Limnan- thées ne s’opposent pas plus au rapprochement de ces plantes en une seule famille que les feuilles des Clématidées ne s'opposent à ce que celles-ci continuent de faire partie des Renonculacées. 3° Le calice valvaire du Clematis et de l’Atragene n'empêche pas que ces plantes ne soient conservées à côté des Anémones, dont les sépales sont disposés en quinconce. Pourquoi le calice valvaire du Limnanthes et du Floerkea ferait-1l éloigner ceux-ci du Coriaria ? D'ailleurs, lorsqu'on observe le calice du Limnanthes à sa première apparition, on en voit quelquefois les sépales se rap- procher franchement de l’évolution quinconciale (4). h° La graine pendante et le style non gynobasique du Coriaria n’ont pas une aussi grande valeur, comme caractères différentiels, qu'on serait d’abord tenté de le croire. Quant à ce qui est de la po- sition de la graine , je ferai la remarque que, dans les Renoncula- cées encore, elle est pendante dans les Clematis, Adonis, etc., tandis qu’elle est dressée dans les Ranunculus, F'icaria, Casalea. 5° Reste donc le style gynobasique. Mais l'importance de ce caractère diminue beaucoup, quand on considère qu'un tel style ne diffère réellement pas des autres styles parce qu'il serait la prolongation de l'axe duquel il se soulêverait , les styles ordinaires étant, au contraire, la terminaison des carpelles. L'organogénie des Limnanthées me paraît, en effet, mettre hors de doute ce fait, savoir que leur style gynobasique naît, comme les autres styles, du sommet organique de l'ovaire, qui s’abaisse et se soude avec le réceptacle pendant son évolution, coïncidant avec celle d’un ovule dressé et recourbé. Cette tendance du style à se rapprocher du réceptacle ou de l’état gynobasique, par le fait de la position de l'ovule et du mouvement qu’il décrit avec le dos du carpelle pen- dant son évolution, pourrait être suivie, sil’on conservait quelques doutes, soit en comparant les plantes à style composé, telles que (1) M. Payer l'aurait même toujours vu ainsi. SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 269 les Labiées et les Borraginées , soit en considérant celles dans les- quelles chaque carpelle a son style distinct. Parmi ces der- nières, on pourrait spécialement comparer, comme étant des plus communes, le Ranunculus à l'Anemone, le Fragaria au Potentilla,V Alchemilla au Sanguisorba, au Poterium ou à l'A gri- monia. 6° Sur la différence des propriétés médicales entre les Limnan- thées et les Coriariées, je me bornerai à rappeler que de ee qui se passe chez les familles les plus naturelles, telles que les Ombelli- fères. les Cucurbitacées, les Papilionacées, les Rutacées, les Asclé- piadées, etc., nous avons dû conclure que les analogies firées des propriétés sont subordonnées aux analogies qui reposent sur les caractères botaniques proprement dits. Üne remarque aura sans doute été faite : c’est que, dans l'appré- ciation des différences qui pourraient être invoquées pour mainte- nir la séparation des Limnanthées et des Coriariées, je me suis spécialément attaché, pour estimer la valeur de ces différences, à comparer les deux 2roupes précédents à ceux. compris dans une seule famille, les Renonculacées, qu’on doit regarder comme une association très naturelle, une fois que la tribu des Helléborées et celle des Pæoniées ont été mises de côté, ainsi que je l’ai fait. On sait que tel caractère d’une grande importance dans un groupe na- turel peut perdre toute Importance dans un autre; aussi me serais-Je exposé aux appréciations les plus fausses si, pour affaiblir la valeur des différences mentionnées entre les Limnanthées et les Coria- riées, j'avais emprunté chacun de mes termes de comparaison à autant de familles. La marche que je viens de suivre est done à l'abri des erreurs auxquelles eût pu conduire ce dernier mode de raisonner. Mais les Limnanthées et les Coriariées, qui nous paraissent de- voir être définitivement rapprochées par le type symétrique de leur fleur, par leur corolle non caduque, par leur fruit et par leur embryon, doivent-elles former l’une de ces agglomérations (con- nues sous le nom d’alliances) comprenant plusieurs familles très voisines les unes des autres , ou peuvent-elles être réunies en une seule et même famille ? Il nous paraît, en nous reportant à ce qui 270 F AD. CHATIN. —— MÉMOIRE a été dit précédemment, que le rapprochement de ces plantes en une famille serait suffisamment justifié. Il ressort même de la comparaison empruntée aux rad cées que les membres de la nouvelle famille doivent être considé- rés comme se groupant en deux #ribus, répondant l’une aux Coriariées, l’autre aux Limnanthées, Ces deux tribus seront sen- siblement l’une à l’autre ce que les Clématdées sont aux Renoncu- lées. J’ajouterai même que, pour que les Coriariées différassent autant des Limnanthées que les Clématidées s’éloignent des Re- nonculées, il faudrait que le calice valvaire fût leur attribut, tandis qu'il est celui des Limnanthées. Étant admise la famille nouvelle, celle-ci empruntera-t-elle son nom aux Coriariées ou aux Limnanthées ? Nous pensons qu'il sera conforme à l’usage, comme au sentiment des botanistes, que les Coriariées , plus anciennement connues et distinguées comme: lamille (par De Candolle) qué les Limnanthées, et, aujourd'hui du moins, plus importantes par leurs applications, donnent leur nom à la famille formée par la fusion des deux groupes. Toutelois nous substituerons au nom de Coriariées celui de Coriaracées, mieux approprié au langage aujourd'hui adopté, et répondant à une nou- velle circonseription de la famille. Üne question pourra maintenant être faite : Avec quelles fa- milles les Coriaracées formeront-elles alliance? Quant à présent, je dirai seulement qu’elles ne doivent pas rester avec les Géra- nioidées. Plus tard, dans un autre travail, je rechercherat quels peuvent être leurs alliés. Je termine par l'exposition des caractères de la famille des Co riaracées et de ses tribus (1). (1) Bien que, comme je viens de l’exposer, la réunion des Limnanthées et des Coriariées en une famille soit justifiée, je ferais volontiers à l'opinion con- traire la concession de conserver les deux familles distinctes , me contentant de les rapprocher dans une classe ou alliance commune , mais exclusive, tant des Géranioïdées que des Malpighinées. Que l'on admette une alliance à deux familles ou une famille à deux tribus , le résultat ne changera pas assez pour que je doive actuellement le discuter. SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 271 CORIARACEÆ vez CORIARINEX. Character essentialis. Calyx persistens. Corolla dialypetala, receptaculo inserta, non ca- duca. Stamina duplo petalorum numero, biserialia ;. verticillum exterius calycis lobis oppositum. Carpella petalis numero æqualia et alterna, . uniovulata. Ovulum anatropum. Embryo exalbuminosus. Character naturalis. FLoREs hermaphroditi vel abortu polygami, monoici vel dioici. CaLyx tri-quinquepartitus vel tri-quinquesepalus, persistens, sepalis æstivatione valvatis vel imbricatis. PeraLa sepalis numero æqualia, iisdem breviora vel longiora, recep- taculo (subperigyno in alabastro) inserta, æstivatione interdum convolu- tiva, tænuia et marcescentia, vel carnosa et accrescentia. STAMINA petalis duplo numerosiora, exteriora sepalis opposita in ala- bastro sæpius longiora et tune glandula parva basi extus circumdata, interiora péialis opposila el in alabastro sæpius breviora. Filamenta complanato-subulata vel filiformia, libera, sæpe marcescentia. Anthereæ bi- loculares, introrsæ, longitrorsum dehiscentes, in floribus femineis steriles. * CARPELLA sepalis numero æqualia, iisdemque opposita (interdum pau- ciora), verlicillatim sessilia, libera vel connata, unilocularia, uniovulata, in floribus masculis aborliva. Stylus centralis (gynobasicus) filiformis , tri-quinquefidus; apicibus stigmatosis, vel stylus nullus et tune stigmata tot quot carpella, filiformia, papilloso-villosa, basi subarticulata. Ovula in carpellis vel im loeulis solitaria, anatropa, e basi erecta vel ex apice anguli centralis pendula. FRUCTUS pentacoccus, crustaceus, petalis carnosis et calyce membra- na ceo teclus, vel achænia 5-2 coriaceo-subcarnosa, tuberculata s. lævia, monosperma. SEMINA e coccorum angulo central pendula, raphe dorsali, vel erecta cavitati conformia et tune raphem interiorem exhibentia; testa membra- nacea. Emgryo exalbuminosus, orthotropus, Cotyledones carnosæ, plano-con- vexæ. Radicula brevissima, oblusa, sæpius retracta. HErBæ annuæ, debiles, glaberrimæ, sapore acro-acidulo, vel fru- tices interdum sarmentosi, sapore astriclo. FoziA alterna, longe petiolata et pinnatifida, v. opposita (inferioribus sœæpius terms), tri- 9279 AD. CHATIN. — MÉMOIRE quinque-nervia, frequenter sessilia, ovata vel cordata.STiPuLÆ nulle. Inflorescentia aæillaris vel terminalis, interdum racemosa. — PLANTÆ cosmopolitæ. Borealem Americam Limnantheæ habitant; medi- terraneis in regionibus Europæ et Africæ, in Nepalia et Nova-Zelandia, in America australi et centrali (Peruvia, Chili, Mexico) Coriarieæ crescunt. Qualitates. Aliæ (Limnantheæ) oleo essentiali sulfo-nitrogenato, præ- sertim in floribus et radicibus donatæ, acro-acidulæ et antiscorbuticæ sunt'; aliæ (Coriarieæ) sæpius adstringentes et foliis fructibusque venenosæ im- primis. : Trisus 1. — CORTARIEZÆ. Ordo IV. — Coriartez, De Candolle, Prodromus, [, p. 739. Calycis æstivatio quincuncialis. Petalu carnosa, accrescentia. Car- pella connata. Stigmata libera, filiformia, villoso-papillosa. Ovula pen- dula. Fructus pentacoccus. Frutices foliis integris opposilis v. ternis. Plantæ adstringentes et venenosæ. Trigus II. — LIMNANTHEZX. R. Brown in Lond. et Edinb., Mag. et Journ., 1833. Meisn., Gen., 135. Torrey et Gray, Flora of North Amer., I, 209. Liunanruaceæ, Lindley, Introd., 2° édit, p. 142. Calycis æstivatio valvata. Petala tenera,marcescentia. Carpella subli- bera. Stylus gynobasicus, tri-quinquefidus. Ovula erecta. Achænia tot quot carpella vel abortu pauciora.— Herbæ annuæ debiles, foliis alternis pinnatifidis. Plantæ sæpius acro-acidulke, qualitatibus antiscorbuticis donatæ. EXPLICATION DES FIGURES. LÉ PLANCHE 9. (Organogénie du Limnanthes.) Nota. Les petites figures a représentent les objets dans leur grandeur natu- relle. Fig. 4. Une fleur au moment de l'anthèse : st. 1, les 5 étamines premières-nées, premières-müres et plus longues, forment le verticille extérieur de l'andro- cée; st. 2, les 5 étamines du verticille oppositipétale. Fig. 2. Diagramme de la fleur: b, bractée; se, sépales ; p, pétales; gl, glandes portées par les étamines superposées aux sépales; ca, carpelles. Fig. 3. Une jeune inflorescence montrant des fleurs et des feuilles à divers âges. Fig. 4. Fleur peu avant l'anthèse. SUR LES LIMNANTHÉES ET LES CORIARIÉES. 273 Fig. 5. La même fleur précédente dont le calice a été enlevé pour montrer la préfloraison convolutive des pétales (p); cu, ci, cicatrice laissée par le calice. Fig. 6-13, Ages divers du calice. Fig. 14, 15, 18-20, 22-26. Androcée à ses divers états de développement : — st. À, étamines premières-nées et ordinairement premières-müûres du verti- cille extérieur ; st. 2, étamines dernières-müûres et dernières-nées du verticille intérieur. Fig. 16. Anthère vue par le dos. : Fig. 16’. Anthère présentant sa face interne. Fig. 47. Coupe longitudinale très grossie passant par la base d’un filet staminal, par la glande (gl) qui déborde sur les côtés de celui-ci, et s’arrêtant dans les tissus du réceptacle. Fig. 21-21/. Pollen : — 241, pollen mûr et sec; 21’, pollen revenant, dès son immersion dans l'eau, à la forme qu'il offrait avant sa maturation. Fig. 22-26 p. Pétales observés à leurs premiers âzes. Fig. 27. Coupe d'un akène dirigée suivant le plan de séparation du cotylédon, Fig. 28. Une graine débarrassée de l'enveloppe péricarpienne : ra, le raphé. Fig. 29-39. Le gynécée suivi depuis le moment de la maturation du fruit jus- qu'au moment de l'apparition des carpelles : une coupe longitudinale, dont le numéro est suivi du signe /, permet de suivre facilement les développements de l'ovaire (ov) et spécialement ceux du style (sty), par rapport au ré- ceptacle. La figure 39, représentant les carpelles (ca) au moment où ils apparaissent sur le réceptacle, manque seule de coupe longitudinale, etc, &: série. Bor. T. VI. (Cahier n° 5.) ? 48 SUR LE DÉVELOPPEMENT DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES, Par M. Th. IRMISCH. (Botan. Zeitung des 4 et 11 janvier 14856.) Les espèces du genre Anémone, répandues sous des elimats et sur des terrains très divers, présentent de grandes variétés quant à la manière dont les individus se conservent d'année en année, et, par suite aussi, dans la configuration de leurs parties souter- rainés. Parmi celles des espèces européennes qui présentent à cet égard les formations les plus curieuses, il faut compier lÆ{nemone coronaria et les plantes qui lui sont voisines. Si l’on examine, en effet, les nombreuses formes sous lesquelles s'offrent les portions souterraines de cette plante cultivée dans nos jardins, et si l’on choisit le moment où l’on en arrache des plantations un peu consi- dérables, on sera conduit, au premier coup d'œil jeté sur les racines, à penser qu'il existe des caractères suffisants pour faire distinguer plusieurs types spécifiques ; aussi les anciens bolanistes ont-ils eru devoir publier dans leurs ouvrages de nombreuses figures pour donner une idée suffisante de ces parties polymorphes. Mais il est un bon moyen pour se reconnaitre au milieu de ces formes variées, et pour saisir les rapports qui les unissent entre elles : c’est d'observer la germination de la plante et d'en suivre le développement. L’Anemone coronaria germe, comme on le sait, très facilement ; il élève alors au-dessus du sol ses cotylédons ovales et pétiolés (fig. 4 et 5). Ceux-ci forment une gaine proportionnellement très longue et étroite, qu’un examen superficiel ferait prendre aisément pour l’axe hypocotylé. Cette partie tubulée est glabre à l'extérieur, blanchâtre dans sa moitié inférieure qui est enfoncée en terre, d'un vert rougeâtre dans sa moitié supérieure. Sa section trans- DÉVELOPPEMENT DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES, 273 vérsale est ordinairement elliptique ; on y voit la cavité du tube sous l'apparence d'une fente étroite et transversale, de chaque côté de laquelle se trouve un faisceau vasculaire qui doit se diriger vers le pétiole d’un cotylédon (fig. 2) (1). C’est au fond de ce tube qu'est enfermée la gemmule dont la première feuille est tripartie, et Se montre dans les rapports normaux de position avec la nervure médiane des cotylédons. C’est donc au-dessous de ce premier bourgeon que se trouve le véritable axe hypocotylé qui passe in- sensiblement au pivot. Toute la portion hypocotylée de cette plante est uniformément branâtre et pourvue de papilles, ce qui la fait distinguer aisément, même à l'extérieur, de Ja gaine des cotylé- dons, dont on voitles deux faisceaux vasculaires se porter l’un vers l’autre immédiatement au-dessous de la gemmule (fig. 4,3, h). La gemmule né tarde pas à se développer, et son développe- ment est rapide; mais comme la gaine des cotylédons est trop étroite pour livrer passage à la première petite feuille jusqu'au dessus de la terre, son tube se déchire latéralement et tout à sa base, ainsi que dans les autres plantules dont l'organisation est analogue ; la feuille sort alors par cette fente plus ou moins longue, et elle vient se montrer au-dessus de la terre latéralement, à côté des cotylédons (fig. À). Les choses se passent de même pour la feuille suivante (fig. 6). Ensuite les cotylédons périssent graduel- lement, et leur gaine se détruit. Le développement des parties hypocotylées marché parallèle- ment à celui du bourgeon. Dans le commencement, on reconnait à peine qu’elles gagnent en épaisseur, et il ne se produit quelques ramifications de la racine qu'en proportion des besoins de la jeune plante (fig. 6) : mais, dans le cours de l'été, la portion de l'axe (1) On trouve aussi des gaînes cotylédonaires développées en tube chez le Delphinium triste et sur d'autres espèces de Delphinium. On en voit de plus longues encore dans l'Eranthis hyemalis, comme je le montrerai dans un autre mémoire. J'ai déjà décrit en 1854 (Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Halle, pour 1854) la formation de gaines semblables sur le Chærophyllum bulbosum. Enfin, on en voit aussi dans d’autres Ombellifères, ainsi que chez les Dodecatheon, Leontice et Dentaria. Voy. Bernhardi, dans le Linnœæa, VIT, p. 574 et suiv. 276 TH. IRMISCH. —— DÉVELOPPEMENT qui est située immédiatement au-dessous de l’attache des cotylé- dons gagne graduellement en épaisseur et se renfle en rave ou plutôt en boule. D’ordinaire le pivot participe à ce grossissement, ainsi qu'un petit nombre de ses ramifications qui deviennent tan - tôt rapiformes (fig. 10), tantôt demi-globuleuses (fig. 17). Cette augmentation de diamètre est moins due an parenchyme cortical qu'aux larges rayons médullaires qui se trouvent entre les fais- ceaux vasculaires distincts et séparés (fig. 15 et 16). Souvent le pivot meurt de très bonne heure, mais, à ce qu'il parait, surtout par accident (fig. 17 ff). Quelques pieds de deux ans, obtenus de graines qui n’avaient pas encore fleuri, s'étaient détruits de bas en haut, à ce point que la place où se trouvait primiivement le pivot était devenue plane ou même un peu concave, et que, par suite, toute la partie hypocotylée qui s'était conservée formait un cône épais et bas. Cette désorganisation n’a lieu que plus tard dans d’autres cas, et on ne peut pas en préciser l’époque (1). Quant aux racines adventives qui apparaissent plus tard sur l'axe , elles restent toujours assez grèles, d’après ce que j'ai vu ; dès lors je n'ai plus à m'occuper , dans la suite de ce travail, des formations de racines, et toute mon attention devra se concentrer sur l’axe. Lorsqu'un pied d’Anémone, venu de graine, ne fleurit pas dans sa première période végétative, à la fin de celle-ci il donne naïs- sance à un bourgeon terminal, qui est situé au-dessus d’un nombre très variable de feuilles , et qui est composé de feuilles en écailles très exactement superposées (fig. 17); grâce à ce bourgeon , la plante se conserve pour l’année suivante , pendant laquelle elle produit quelques nouvelles feuilles et une tige florifère, ou bien, si elle ne fleurit pas encore, elle donne au-dessus des feuilles un nouveau bourgeon terminal écailleux. Mais on voit très souvent les jeunes pieds venus de graines fleu- (1) De même, dans le Corydalis cava, le tubercule se creuse tantôt de bonne heure, tantôt plus tard. Dans le C. fabacea et dans les espèces voisines, le tuber- cule qui appartient à la tige de l’année produit, au-dessous d’un ou deux bour- geons formés de feuilles incomplètes, un nouveau tubercule qui se développe d'une manière particulière, dont je me propose de donner une idée dans un autre écrit, DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES, 271 rir pendant leur première période végétalive, en élé ouen automne, selon qu'ils ont été semés tôt ou tard, ou selon la manière dont ils ont été traités. Dans ce cas, ils portent pour l'ordinaire des feuilles normales jusqu'à la base de la tige floritère , et celles de ces feuilles qui ont été formées les premières sont déjà mortes ou même décomposées au moment de la floraison ; souvent aussi les feuilles les plus internes, c’est-à-dire les plus voisines de la tige florifère, sont réduites à l’état d'écailles. La tige florifère (fig. 10 et 15, S£) est le prolongement terminal de l’axe basilaire renflé ; à côté d'elle, dans l’aisselle de la feuille supérieure, que celle-ci soit sous forme d'écaille (fig. 41), où à l’état normal (fig. 13), on observe le bourgeon terminal qui persiste, et qui commence tan- tôt par une écaille (fig. 12), tantôt par une feuille ordinaire Hig. 44). Déjà, au moment de la floraison, la première feuille de ce bourgeon enveloppe quelques autres petites feuilles, qui se montrent sous des états divers sur des pieds différents, [l'est assez vraisemblable que cette diversité dans les formes des feuilles existe principalement sur les individus cultivés, et que ceux qui croissent à l’état sauvage offrent plus de fixité sous ce rapport; cependant il ne faut pas oublier que d’autres espèces d’Anémones, quoique spontanées, sont également sujettes à beaucoup de variations. Le bourgeon principal peut, à son tour, pendant la période végétative suivante, produire une tige florifère ou seulement des feuilles ba- silaires. Il est assez fréquent de voir les pieds cultivés, après avoir produit une première tige florifère, en développer encore après quelque temps , pendant la même période végétative, une seconde qui n'a été précédée que par quelques feuilles basilaires. On observe quelquefois des faits analogues sur les individus sponta- nés d’Anemone pulsatilla. Les pieds qui ne persistent et ne recommencent à végéter que par leur pousse terminale, ou en même temps par le bourgeon axillaire situé à la base de la tige florifère, paraissent très simples, et leur tige tubéreuse est souvent de faibles dimensions (1). Cepen- (1) Clusivs, dans son Hist. rar. plant., p. 250, dit déjà : « Radix novellarum plantarum semine natarum exiguæ olivæ similis est, vetustior autem nodosa et 278 ŒH, HRMISCH. — DÉVELOPPEMENT dant, pour l'ordinaire, les bourgeons, très imparfaits dans lori- gine , petits, aplalis, nés dans l’aisselle des feuilles peu durables qui succèdent aux cotylédons, se développent de telle sorte, que la plante en devient rameuse dès sa portion souterraine. Plus rare- ment on voit ces pousses axillares former un axe très court qui porte des feuilles immédiatement ou après avoir produit un petit nombre d’écailles, et qui devient, dans ce cas, semblable au jet terminal primaire. Plus habituellement, ces mêmes bourgeons donnent des axes tantôt allongés , étalés horizontalement, tantôt plus courts, arrondis et charaus, dans lesquels prédominent aussi les rayons médullaires, et cela tant sur les pieds qui ont développé une tige florifère que sur ceux qui persistent par leur pousse ter- minale primitive. Lorsque ces axes sont raccourcis , leur section transversale est ordinairement cireulaire; mais lorsqu'ils ont plus de longueur, ils sont en général un peu comprimés ; leurs entre- - nœuds raccourcis, mais cependant très visibles, portent de petites feuilles squamiformes, qui ne tardent pas à se déchirer et à se dé- truire, en laissant une légère cicatrice qui le plus souvent dispa- rail bientôt (fig. 47). A l'extrémité d’une pareille branche, les petites feuilles jeunes sont plus ou moins serrées ; elles sont encore assez molles et pourvues de suc, lorsque celles qui sont situées plus extéricurement paraissent déjà sèches. A leur aisselle on re- marque souvent de très pelits bourgeons, dont un grand nombre meurent après que leurs feuilles mères ont disparu. Les branches dont on vient de voir la description se ramifient souvent à leur tour; il arrive fréquemment qu’un ou deux bour- geons (fig. 23-25) situés à leur base donnent naissance à des ra- meaux semblables à elles et charnus, qui affectent différentes positions relativement à leur axe d’origine, puisqu'ils forment avec lui un angle tantôt aigu, tantôt presque droit, tantôt obtus. Outre ces rameaux basilaires, et souvent aussi en leur absence, il sort d’autres ramifications en divers points des branches charnues qui en deviennent comme lobées (4). articulata, foris nigra intus alba, fibris aliquot, per quas alimentum trahit, præ- dita. » | (4) Malpighi (Opera omnia, ed. Lugd. Bat., 1786, I, p. 149) décrit ces rami- | | DES RACINES DE QUELQUES RENONOULACÉES. 279 Peu à peu ces ramifications raccoureissent leurs entre-nœuds et deviennent plus épaisses vers leur extrémité qui s'arrondit (fig, 24 et 22). Ensuite elles produisent encore des feuilles, au-dessus desquelles peuvent se montrer de nouveau des feuilles-écailles, et elles finissent par développer une tige florifére terminale. Comme. elles ne tardent pas à émettre quantité de racines adventives fili< formes et brunâtres, elles peuvent continuer à vivre de leur vie propre , lorsqu'elles ont été isolées accidentellement ou par l'effet de la destruction de l'axe sur lequel elles avaient pris naissance. Lorsqu’elles sont parvenues à leur grosseur normale, elles la con- servent ordinairement si les circonstances sont favorables ; si la destruction de leurs parties vieilles tarde à se faire, leur axe con- sttue un cylindre assez épais, auquel s’attachent des ramifications de formes souvent très variées (fig. 19), et une pousse terminale qui continue à croître en développant des feuilles ainsi que des écailles et qui finit par donner une tige florifère. Sur les individus cultivés, les blessures nombreuses auxquelles sont exposées ces branches fragiles amènent souvent d’autres formes qui tiennent à un développement de bourgeons adventifs ; dans la plupart des eas, ce qui précède en fournit l’explication. Je déerirai maintenant la germination de quelques autres espèces d'Anémones. Il existe sous ce rapport une grande ressemblance entre l’Anemone coronaria etŸ 4. alpina (1). Dans celle-ci égale- ment, les feuilles séminales, qui ont un contour ovale ou elliptique et qui sont munies d’un très court pétiole (fig. 7 et8), forment un long tube parcouru par deux faisceaux vasculaires. Le bourzeon situé au fond de ce tube se fait jour par une déchirure et donne d'abord régulièrement une seule feuille (b sur les figures 7 et 9), À l’aisselle de laquelle se trouve un petit bourgean écailleux ; il produit ensuite quelques (2-3) feuilles-écailles présentant une fications en appuyant sa description d'une figure : « In Anemone appendices trunco continuatæ quasi ejus fanatons videntur. Hujus varia est magnitudo et species. » (1) Je dois dire que j'ai reçu les jeunes plantes de cette espèce d'un horticul- teur commerçant, très digne au resie de confiance, et que je n'ai pu en suivre le développement jusqu'à la floraison. 280 TH. IRMISCH. — DÉVELOPPEMENT simple indication de lame (ce et d); celles-ci, à leur tour, recou- vrent les feuilles extrêmement jeunes destinées à l’année suivante. Le pivot devient long, se renfle légèrement en rave et persiste pendant toute la vie de la plante, à en juger par des échantillons secs, à moins qu'il ne soit détruit par quelque accident. L’axe primaire des vieux pieds se montre plusieurs fois ramifié (polycé- phale). Les feuilles fraiches basilaires des plantes fleuries appar- tiennent à la pousse qui est sortie de l’aisselle formée par la feuille la plus haute ou la plus interne avec la tige florifère, et qui portera la tige à fleur pendant la période végétative suivante. Dans l’Anemone pulsatilla, dont la germination (4) et le déve- loppement ultérieur ressemblent à ce qu’on observe sur les autres espèces de la section Pulsatilla , les feuilles séminales ovales et pétiolées (fig. 40 et 41) ont une gaine très visible, mais fort courte. L’axe hypocotylé, enfoncé dans le sol (fig. 40, 4), se distingue nettement par sa couleur blanche du pivot Æ qui, dès les premiers temps, prend une teinte brunâtre et se couvre de pelits poils dé- licats. La gemmule ne tarde pas à se développer, et elle donne d’abord plusieurs feuilles (fig. 40, b-e). Le pivot croit aussi peu à peu (fig. 42), de manière à faire disparaitre la différence qui existait entre lui et l’axe hypocotylé, et il persiste pendant toute la durée de la plante en se développant uniformément. Celui de Ja plante fleurie a souvent 10 à 20 millimètres de diamètre (fig. 43 et 44), et il indique clairement les années qu’il a mis à se former. Ces plantes vivent, à l’état spontané, pendant une longue suite d'années, avant de fleurir. Jusque-là elles persistent, grâce à une pousse terminale sur laquelle les feuilles ordinaires alternent avec les écailles ; le plus souvent celles-ci présentent un rudiment de lame, et même, sur de jeunes pieds , J'ai vu toutes les feuilles à l’état presque entièrement foliacé : celles des plantes âgées de deux ou trois ans ont leurs lobes quelquelois lancéolés-étroits , mais souvent aussi plus larges. Dans mon ouvrage sur les Monocotylédons à tubereules et à (4) Voyez, comme objet de comparaison, la figure de la germination de l'Ane- . mone Halleri, dans Pritzel, Rev. Anem., t. I. DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES. 281 oignons, j'ai déjà décrit l'état des pieds fleuris de l’Anemone pul- salilla ; je n’ajouterai done que peu de mots à ce que j'en ai dit aux pages 199 et 200. Les écailles qui succèdent aux feuilles de l'année précédente, sèches au moment de la floraison, sont au nombre de 2 à 8 ; et en place des supérieures d’entre elles, qui d'ordinaire entourent immédiatement la tige florifère , on trouve . quelquefois une couple de feuilles parfaites. Les feuilles situées sur l'axe qui a donné la seconde tige florifère , développée fréquem- ment pendant la même période végétative que la première, ne sont pas toujours en écailles, comme je l’ai dit à la page 200 , mais sou- vent aussi l’on ne trouve sur cetaxe que des feuilles ordinaires (1-3). Il se développe fréquemment, pendant une même période végé- tative, jusqu'à trois tiges florifères appartenant à autant de gé- nérations différentes; d’un autre côté, le pénultième bourgeon produisant souvent deux tiges à fleurs , de même que le bourgeon axillaire supérieur, on s'explique par là le grand nombre de tiges fleuries qui se trouvent en même temps sur une seule tête d’axe fondamental ; mais chacune de ces tiges est bien réellement ter- minale sur son axe. La première feuille d’un bourgeon dirige sa face dorsale, non pas en avant de l’axe-mère, mais vers la gauche ou vers la droite de cet axe, disposition que présentent ordinaire- ment les bourgeons des Renonculacées. On sait que les 4nemone pulsatilla et pratensis, par l’effet d'un développement de bourgeons axillaires qu'on observe déjà sur les pieds très jeunes, ramifient souvent plusieurs fois leur axe fondamental, c’est-à-dire deviennent polycéphales. Les axes, de même que le pivot (fig. 45) qui se ramifie également, se divisent souvent ainsi de manières très diverses. L’Anemone sylvestris germe avec de petites feuilles séminales ovées, dont le pétiole varie de longueur (fig. 38), et qui n'ont qu'une très courte gaine ; ces feuilles s'élèvent au-dessus de terre, et leur substance est semblable à celle des feuilles suivantes. L’axe hypocotylé (fig. 37 À) se distingue sans difficulté du pivot bru- nâtre À par sa couleur blanche et par l'absence de poils absor- bants. La gemmule donne bientôt naissance à quelques feuilles ordinaires (b-f, fig. 37). Le pivot persiste et devient souvent très 282 TH, HRMISCHM. -—— DÉVELOPPEMENT long, mais 1l n’acquiert jamais une épaisseur considérable (4), et les caractères qui le distinguent de l'axe hypocotylé finissent par s’effacer entièrement : l'axe hypocotylé, ainsi que l’épicotylé à mérithalles raccourcis, émettent bientôt des racines adventives (fig. 87 n ) qui s’allongent beaucoup, de même que les ramifica- tions du pivot. Sur des pieds de deux ans (cultivés) je les ai trou- vées longues de 3 décimètres à 4 mètre , mais encore filiformes. Plus tard elles gagnent quelque peu en épaisseur et ne différent à peu près plus du pivot. Ces racines adventives , dans lesquelles une section transversale ne montre qu'un faisceau vasculaire mé- dian ou un petit nombre de faisceaux rangés en cercle (fig. 39 4), s'étendent horizontalement dans la terre; de bonne heure, non pas cependant pendant la première année , mais dès la seconde ou la troisième, on observe sur elles, comme sur le pivot, des bour- geons adventifs (fig. 39) dont le nombre est souvent considérable. Ces bourgeons se montrent d'abord, après avoir fendu le-paren- chyme cortical de la racine, sous la forme de petits corps blancs , demi-globuleux. Leurs premières feuilles sont des écailles ; mais bientôt, par exemple en m sur la figure 39, on les voit produire une (p) ou plusieurs feuilles normales qui s'élèvent au-dessus du sol ; pour les élever jusque-là , le bourgeon allonge fréquemment son axé en plusieurs entre-nœuds. Ces bourgeens adventifs restent souvent pendant fort longtemps fixés à la racine, qui gagne ensuite quelque peu en épaisseur ; il est même commun de trouver des pieds en fleur attachés encore à une racine adventive ; qui tantôt s’est détachée de la plante sur laquelle elle avait pris naissance , et tantôt a conservé sa continuité avec elle. Dans la nature on voit fréquemment une longue file de pousses adventives , à différents degrés de développement, rapprochées les unes des autres, sur les très longues racines de cette plante, et l’on s'explique ainsi l'état social de celle-ci. Ensuite, comme l’axe de ces pousses adventives ne tarde pas à émettre des racines ( l’enracinement des axes dans celte espèce est beaucoup plus facile que dans l’Anemone pulsa- hlla), elles se séparent complétement de la racine sur laquelle elles (1) Les parties axiles basilaires n’acquièrent pas ici autant de grosseur que dans l'A. pulsatilla. DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACGÉES. 285 ont pris naissance, et elles vivent dés lors de leur vie propre et indépendante. J'ai déjà signalé ce mode de multiplication de lAnemone syl- vestris dans le Bolanische Zeitung pour l'année 1851, n° 21 (1); il était déjà connu de Clusius, qui dit (Rar. pl. hist., p. 24h): « Radix ex uno capite multas nigricantes et capillares fibras spargit, nonnullas præterea crassiores, quæ serpentes subinde novas ex . lateribus plantas procreant. » En outre, la figure que donne Clusius montre la formation des bourgeons sur la racine. Relativement à la manière dont les plantes forifères produisent des bourgeons, on peut consulter ma Morphologie des végétaux à oignons et à tubercules, p. 201 (Morphol. der Zwiebel und Knollen- Gewæchse). J'ajouterai à ce que j'ai dit dans cet ouvrage : 1° que, dans cette espèce encore, une seule période végétative amène sou- vent le développement de la tige à fleurs qui appartient réellement à l’année suivante immédiatement après celui de la tige dé l’année; 2 que la production des feuilles ordinaires parait prédominer dans cette espèce, puisque sur les pousses qui ne fleurissent pas, et qui sont moins vigoureuses que les autres, on'ne voit que plus vague- ment , dans beaucoup de cas , des écailles alterner avec de vraies feuilles. J'ai déjà fait connaitre la germination des Anemone hepatica (2) et nemorosa (voyez Morphol. der Zw. und Kn.-Gew., p. 205); je crois cependant qu'il ne sera pas inutile de revenir ici sur ce sujet en établissant une comparaison avec ce qui a lieu dans les autres espèces du même genre et en donnant des figures à l’appui. L’Anemone hepatica (3) a des feuilles séminales très dévelop- (1) Des faits analogues se présentent dans l'Anemone japonica (voy. Botan. Zeit., 6° année, p. 456, et Morphol. der Zwieb. u. Kn.-Gew., p. 204), (2) Voyez aussi Wydler, Botan. Zeitung pour 1844, col. 632. (3 Qu'il me soit permis, en raison de la grande analogie qui existe entre la germination de cette plante et celle de l'Asurum europæum, de signaler ici une modification très singulière à l'état habituel des pieds naissants de cette dernière espèce. J'en ai rencontré un dans lequel, après les deux feuilles séminales, venaient, au bout d'un entre-nœud manifeste, deux feuilles qui rappelaient en- tièrement les premières par leur forme, mais dont la situation par rapport à 281 EH. IRMISCH. — DÉVELOPPEMENT pées , en ovale large et munies d’un long pétiole (fig. 46 et 47), qui forment une gaïne courte, suffisante néanmoins pour enve- lopper d’abord complétement la gemmule. L'axe hypocotylé est ordinairement long, mais grêle (fig. 46 À ). 11 se distingue aisé- ment par sa surface glabre, blanche dans le bas, rougeâtre vers le haut, du pivot qui est grêle , brunâtre et chargé de poils absorbants. La gemmule se montre d’abord (1) formée d’écailles généralement au nombre de deux ; elle ne se développe pas la pre- miére année (fig. 48), mais, même à l’état de bourgeon, elle ren- ferme déjà une feuille ordinaire. La secor.de année, les feuilles séminales existant encore quelquefois, on voit sortir cette feuille, qui est trilobée ou exceptionnellement bilobée (fig. 49 et 50); ensuite 1l se produit de nouvelles écailles, auxquelles suceède une feuille dans le cours de l’année suivante (fig. 51 et 52). Pendant les périodes végétatives suivantes des faits analogues se reprodui- sent jusqu'à ce que l’axe ait pris assez de force pour développer un nombre un peu plus considérable de feuilles et d’écailles , et pour émettre enfin des tiges à fleurs axillaires , ee qui, dans la nature , exige plusieurs années. Le pivot et l’axe hypocotylé persistent long- temps, et généralement ils commencent de bonne heure à donner des racines adventives ; mais l’un et Pautre ne gagnent pas en épaisseur, et ils dépérissent graduellement. L’axe épicotylé ne tarde pas à émettre, de son côté, des racines adventives qui, à me- celles-ci et aussi entre elles, était identique à celle des écailles qui suivent nor- malement les cotylédons. C'était seulement au-dessus de ces deux feuilles que se trouvait une écaille. (1) Je mentionnerai, comme un fait très rare et exceptionnel, que la première feuille qui succède aux cotylédons soit trilobée. — J'ai vu aussi quelquefois, dans le Carum bulbocastanum, que la feuille qui succède au cotylédon unique, au lieu de rester à l'état de gaîne courte, s'allonge en feuille ordinaire dès la première période végétative. Dans le Bunium crelicum, dont la germination ressemble extrêmement, à cela près, à celle du Carum bulbocastanum (Abhandl. d. natur. Gez. zu Halle, A854, 1. III), la première petite feuille qui succède au cotylédon se développe régulièrement et possède une lame très visible. La feuille sémi- nale unique du B. creticum a sa lame obovale, et son péliole est parcouru par trois faisceaux vasculaires. Je n'ai pas vu de racines adventives sur cette plante. DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES,. 285 sure que les plantes vieillissent, gagnent en longueur, mais non en épaisseur (4). On peut voir, relativement à cette plante, ce qu’en ont très bien dit Bischoff dans son Manuel de botanique (ILandb. der Bot., UN, p. 420 ); M. Wydler qui y voit deux axes ( Botan. Zeit., 18lh, col. 642), M. Al. Braun ( Zndivid. der Pfl., p. 93), et ce que j'en ai dit moi-même dans ma Morphologie des plantes bulbeuses et ” tubéreuses(Morphol. der Zw. und Kn.-Gew.). J'ai observé souvent une fleur dans l’aisselle de la feuille inférieure, ce que n’a pas vu M. AL Braun ; lorsqu'elle manquait, il existait régulièrement, dans l’aisselle de la première feuille et des feuilles suivantes, de très petits bourgeons qui commençaient par des écailles. Ces petits bourgeons restent souvent tout à fait rudimentaires , et ils se ré- duisent à une très petite éminence ponctiforme , luisante, sur laquelle cependant il est assez commun de voir l’ébauche de la première feuille sous la forme d’un plissement circulaire. Is avortent constamment (2). Dans les 4Anemone nemorosa et ranunculoides, auxquels ressem:- blent, sous ce rapport, d’autres espèces leurs voisines, par exemple VA. trifolia , les feuilles séminales sont incomplètes , en ce sens qu'elles ont à peine un indice de pétiole ; on y voit seulement un pelit rétrécissement entre la gaine, qui est très courte, et la lame (fig. 27); on ne peut les désigner que comme très briève- ment pétiolées. Leur lame elliptique est d’abord sensiblement char. nue-et blanche. Plus tard , après qu’elle à perdu la nourriture qui s’y trouvait accumulée, elle paraît plus membraneuse, et elle se creuse de manière à former presque une cuiller. On y reconnaît (1) Entièrement développées, elles ont environ £ à 1 ligne de diamètre, tandis que, la première année, elles sont moins grosses. Pour acquérir ces proportions, elles ont besoin de plusieurs périodes végétatives. Dans les racines développées depuis peu, on n'observe ordinairement que deux faisceaux vasculaires séparés qui entourent une moelle peu épaisse et qui sont recouverts à leur tour d'une large zone corticale ; dans les racines âgées, ils arrivent souvent à se toucher. (2) Dès le mois de septembre, les fleurs qui s'épanouiront l'année suivante ont déjà toutes leurs parties ; même les bords des pétales, de même que les con- neclifs des étamines, sont alors colorés en bleu, quoique la fleur tout entière soit encore étroitement enveloppée par les écailles, .…—— 286 TH. IRMISCH. — DÉVELOPPEMENT quelques faisceaux vasculaires : le plus souvent ces feuilles sémi- nales sontretenues longtemps par le péricarpe, et elles restent dans la terre ou tout au moins au-dessous des feuilles tombées dont elle est couverte (1) (Coiyledones hypogeæ) (fig. 26). L'axe hypocotylé blanc paraît avoir partout la même épaisseur après la germina- tion (fig. 26-30), et il sé distingue bien du pivot, qui est grêle, brunâtre, pourvu de poils. La premièré feuille que donne la gem- mule en se développant de bonne heure ést tripartie (fig. 26-29); dans des cas rares et exceptionnels elle est en forme d’écaille (fig. 30 b), avec un rudiment de lame à peine appréciable ; alors celle qui la suit (e) est une feuille ordinaire. Cette feuille est suivie de quelques écailles (2 ou 3} (fig. 29 cd, fig. 30 d), dont la plus intérieure entoure déjà de bonne heure la feuille de la période végétative suivante. On voit allerner de même, pendant les années suivantes , plusieurs écailles et une feuille ordinaire : le pivot et l'axe hypocotylé (2), duquel sortent souvent des racines adventives, ne subissent pas d’autre changement (fig, 31), et ils périssent sur les plantes âgées. L’axe épicotylé émet aussi de bonne heure des racines adventives (fig. 31) ; les années suivantes , en sc prolon- geant toujours par son bourgeon terminal, et en donnant chaque année une seule feuille ordinaire jusqu’à la production de la pre- miére tige florifère, il arrive à ses dimensions normales et devient horizontal. Chaque année l’axe souterrain s’allonge d’une quantité variable, tandis que ses parties anciennes meurent et se détruisent. (1) Des cotylédons hypogés existent également dans les Pæonia et les Clema- tis. Aussi l'auteur d'un ouvrage estimable, du reste, n’aurait-il pas dû se con- tenter de qualifier les feuilles séminales des Renonculacées de « foliacées » sans autre observation. | | (2) Dans l'axe hypocotylé domine le parenchyme rempli dé petits granules de fécule; däns le bas il offre à son centre un faisceau vasculaire qui se divise en deux ou trois dans le haut, près des cotylédons. Relativement à l'anatomie de l'axe primaire des pieds âgés, voyez Vaupell, Recherches sur l'accroissement pério- dique des faisceaux vasculaires du rhizome des Dicotylédons, 1855, p. 21. — L'Anemone coronaria n'a pas non plus un anneau de cambium complet. Il en est de même pour les tiges tubéreuses de plusieurs Tropéolées, de sorte que cette particularité ne s’observe pas seulement dans les axes souterrains à végétation nettement terminale. | . | | | | | DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES,. 287 Chaque production annuelle de l’axe fondamental d’une plante qui va fleurir porte environ 8-15 feuilles séparées par des entre- nœuds courts, mais visibles, parmi lesquelles une seule ordinaire- ment se trouve À l’état foliacé, comme je l'ai déjà montré dans ma Morphologie des plantes bulbeuses et tubéreuses. Les ligures 32-36 de la planche qui accompagne ce mémoire montrent les différentes manières d'être des pieds prêts à fleurir. La figure 32 représente, de grandeur naturelle, l'extrémité redressée d’un axe, tel qu’il se trouve au mois de juillet. A cette extrémilé on a enlevé, sur la figure 33, en c et d, les deux écailles supérieures, de manière à faire voir la tige florifère terminale avec les trois bractées, dont la disposition est semblable à celle qu'indique le diagramme joint à la figure 10 pour l’Anemone coronaria ; on à mis aussi à nu en même temps le bourgeon principal K qui commence par une feuille ordinaire encore très petite; ce bourgeon est vu par devant à la figure 34, et on reconnait que la nervure médiane de sa pre- mière feuille est située à droite de l’axe-mère. A la même époque, les deux extrémités des axes souterrains sont sortes de terre (fig. 35 et 36); celle que représente la figure 35 était très vigou- reuse, ce que dénote le développement plus ou moins prononcé des bourgeons placés à l’aisselle de loutes les écailles : :S£ est la base de la tige de l’année qui dépérit, M lécaille de l’aisselle de laquelle est sortie la nouvelle production : sur celle-ci ce n’est pas la première fenille, mais bien la seconde B, qui s’est élevée hors de terre sous la forme de feuille ordinaire. Sur le pied qui a fourni le sujet de la figure 36, il était sorti une ‘nouvelle pousse non- seulement de l’aisselle de l’écaille supérieure b, mais encore de celle de l’écaille précédente & qui occupe le côté inférieur de la tige; mais ni l’une ni l’autre de ces deux pousses n'avaient produit leur feuille normale. Il est incontestable que plusieurs des particularités qui viennent d'être décrites pourraient servir à mieux caractériser les sous- divisions.ou sous-genres des Anémones (1). On voit anssi par là - (1) J'espère pouvoir suivre plus tard le développement des Anemone narcissi- flüra et baldensis. La première paraît ne pas avoir de feuilles-écailles ; j'y ai vu à l'état foliacé les feuilles du jet principal axillaire, ainsi que la feuille-mèré de 288 TH. IRMISCH. -—— DÉVELOPPEMENT que plusieurs de ces groupes admis jusqu'à ce Jour ne sont pas naturels. Ainsi, pour en citer un seul exemple, il n’est nullement conforme à la nature de réunir dans une même section les Ané- mone nemorosa et ranunculoides , ainsi que les espèces qui leur ressemblent pour la germination et pour la suite du développe- ment avec les Anemone, sylvestris et baldensis. Ces dernières de- vraient plutôt former un groupe particulier , auquel:on pourrait donner le nom d'Æylalectryon , par allusion au nom allemand de l’Anemone nemorosa (W'aldhæhnchen, petit coq des bois) et à sa végétation précoce. Les espèces de Renoncules de l'Allemagne, quoique plus nom- breuses encore que les Anémones, présentent cependant beaucoup moins de variété que celles-ci sous le rapport de leur germination. J'appuie cet énoncé général sur ce que j'ai observé dans les diffé- rentes espèces dont j'ai pu suivre le développement jusqu’à ce jour, savoir les Ranunculus aquatilis, lingua, repens, auricomus, polyanthemos , acris, lanuginosus (1), philonotis, arvensis et sceleratus (2). Les différences qui existent entre les pieds naissants de ces espèces tiennent surtout aux dimensions et à la configura- tion des parties, ce qui les rend beaucoup plus faciles à exprimer celui-ci. Le pivot meurt de bonne heure. — Dans l’Anemone baldensis, il existe non-seulement des feuilles ordinaires, mais encore des écailles. (1) J'ai observé un pied naissant de cette espèce qui était réellement binaire, Son axe hypocotylé était composé de deux axes entièrement soudés l'un avec l'autre; il était un peu aplati, et il avait un léger sillon de chaque côté sur le plan de soudure. La structure anatomique montrait aussi clairement qu'il pro+ venait de deux embryons. De cet axe partaient inférieurement deux pivots, et supérieurement quatre cotylédons rapprochés par paires; chaque paire avait sa gemmule à elle propre. Les racines adventives nées soit au-dessous, soit au-des- sus des cotylédons, suffirent pour nourrir cette plantule double lorsque je la plantai après l'avoir coupée au niveau de l'axe hypocotylé; elle continua de végé- ter, et les deux jumeaux ne tardèrent pas à se séparer après que la portion de cet axe qui avait été conservée se fut détruite. (2) Je ne reviens pas ici sur le Ranunculus ficaria dont j'ai déjà décrit la germination dans les Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Halle, pouf l'année 4854. Une comparaison attentive de ses plantes germées avec celles des espèces nommées ci-dessus y montre une ressemblance frappante avec celles-ci sous quelques rapports essentiels, | DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES. 289 par des figures que par des descriptions. En général, les feuilles séminales sont elliptiques , et leur contour devient tantôt plus arrondi, tantôt plus ovale ; la longueur de leur pétiole varie, et elles forment une gaine courte, ilest vrai, mais presque toujours très visible. Elles ne restent pas dans la terre. L'axe hypocotylé est très distinct du pivot qui se ramilie, et 1l varie beaucoup de longueur dans une seule et même espèce. Ces deux parties ne prennent pas beaucoup de développement, mais elles restent erêles, et, dans les espèces vivaces, elles périssent pendant la pre- mière ou la seconde période végélalive , de sorte qu'on ne les trouve sur les pieds en fleurs que dans les espèces qui fleurissent souvent dès la seconde année, par exemple dans le Ranunculus auricomus (4). Dans aucune des espèces cilées ici, ni plus géné- ralement dans aucune de celles de l'Allemagne, on ne voit se ren- fler l’axe hypocotylé. Comme je l'ai déjà montré dans ma Mor- phologie, etc., p. 227, le tubercule du Ranunculus bulbosus est formé par les entre-nœuds non développés qui se trouvent au-des- sus des cotylédons. Il résulte de ce qui précède que les pieds âgés, dans les espèces vivaces, ont toujours un axe qui périt de bas en haut 2). (1) Le Ranunculus cassubicus se distingue de cette espèce par ses nombreuses gaînes inférieures aphylles : en outre, le À. auricomus présente aussi d'ordinaire, au-dessous de ses feuilles ordinaires, une à trois larges écailles membraneuses. Les feuilles ont une gaîne tantôt fermée, tantôt ouverte. — Relativement à ces espèces, on peut consulter Schlechtendal, dans le Linnæa, X, p. 408 et suiv., et Scheele, également dans le Linnæa, XVII, p. 348. — Lorsque les pieds du R. auricomus deviennent un peu trop profondément enterrés par accident, leurs entre-nœuds, qui ne se seraient pas développés sans cela, s’allongent; ce qui a lieu aussi, du reste, dans d’autres plantes, et les bourgeons sont transportés d'une assez grande longueur sur l’entre-nœud suivant, au-dessus de l'insertion de la feuille mère, fait analogue à celui que j'ai décrit dans le Scirpus lacustris. — Une alternance régulière d'écailles et de feuilles a lieu aussi dans plusieurs autres espèces de Renoncules, par exemple dans les Ranunculus illyricus et asia- ticus. (2) Une plante, entre beaucoup d'autres, dans laquelle, ainsi que dans les Re- noncules, les racines adventives prédominent sur le pivot, et dans laquelle ce der- nier est détruit sur les vieux piede, est le Plantago major. Les pieds d'un an, qui déjà fleurissent pour l'ordinaire, ainsi que ceux de deux et même de trois ans, &° série, Bor. T. VI. (Cahier n° 5.) 5 419 290 TH. IRMISCM. -—— DÉVELOPPEMENT On voit que les racines adventives jouent un rôle important dans la végétation des Renoncules. Elles existent dans toutes les espèces, et même sur les pieds très jeunes qui viennent de germer; leur développement paraît soumis à un ordre assez précis, qu’on ne peut méconnaitre, notamment dans le Ranunculus arvensis (1). À la limite du pivot et de l'axe hypocotylé, qui a souvent près de à centimètres de longueur, on voit, sur les plantules germées , deux racines adventives qui naissent d'ordinaire immédiatement au-dessous de la nervure médiane des cotylédons (situation en rapport avec le mode de division dés faisceaux vasculaires); plus tard, il s’en produit plusieurs autres en cercle à ce même niveau, et il finit souvent par en exister là une couronne bien fournie. Aussitôt après la sortie de ces premières racines adventives, il en nalt encore d’autres immédiatement au-dessous de l'insertion des cotylédons. Les deux premières se trouvent régulièrement au- dessous de la nervure médiane des feuilles séminales, tandis que la troisième et la quatrième sont placées au-dessous des points où ces feuilles se joignent. Sur les plantes vigoureuses, leur nombre s'accroît en peu de temps, de telle sorte qu'il finit par s'en former une seconde couronne; mais les pieds faibles n’en présentent qu’un pelit nombre ou n’en offrent même pas du tout. La portion movenne de l'axe hypocotylé, dont le centre ligneux est couvert d’un parenchyme cortical spongieux qui se romptde bonne heure, porte également, dans un certain nombre de cas, quelques racines adventives. Les choses se passent absolument de même dans les autres espèces. Les vivaces, qui végètent faiblement pour l’ordi- paire pendant la première année, émettent cependant, dans beau- ont encore leur pivot; mais ceux qui sont plus âgés n’ont que des racines adven- tives provenues en grand nombre de l’axe primaire généralement raccourci. D'autres espèces, comme le Plantago lanceolata, et surtout le P. media, ont un fort pivot qui s'enfonce profondément lorsque son développement naturel n'est pas entrayé. Il n’est donc pas exact d'attribuer aux Plantains un axe primaire rongé à son extrémité inférieure. (1) Parmi les Renoncules que j'ai examinées, cette espèce est celle qui possède . les feuilles séminales les plus grandes; le À. aquatilis est celle qui a les plus petites. Dans cette dernière espèce, elles sont elliptiques-étroites, souvent pres- que lancéolées, et elles se rétrécissent inférieurement en pétiole court. DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES. 291 coup de cas, une ou deux racines adventives à la limite du pivot et de l’axe hypocotylé, tandis qu’elles n’en produisent pas sous l'insertion des feuilles séminales. Plus tard, il naît aussi de ces racines sur l'axe épicotylé. Au contraire, dans le Ranunculus sceleratus, le nombre des racines adyentives augmente considé- rablement au-dessous et au-dessus des cotylédons, de sorte qu’il en existe bientôt une touffe épaisse, qui fait que le pivot, fort grêle d'ailleurs , est très difficile à reconnaître. Les racines adventives qui existent sur la tige du Ranunculus lingua sont très bien con- nues, et on les mentionne même dans les diagnoses. Il en est de même pour celles du À. nodiflorus L. Quant au R. paucistamineus et aux autres espèces aquatiques , leur tige allongée ne porte d’abord pour l'ordinaire que deux racines adventives au-dessous de chaque feuille, à égale distance de la nervure médiane. On sait que les racines adventives de beaucoup de Renoncules acquièrent une longueur considérable sans gagner en épaisseur. Dansd’autres espèces, elles ne s’allongent pas, mais elles se ren- flenten tubereules, par exemple dans les Ranunculus illyricus, mullefoliatus et asiaticus. Dans ces plantes, les racines tubé- reuses sont constamment accompagnées de racines filiformes. Le R. Thora, dont les racines tubéreuses se ramifient à leur extré- mité inférieure, parait entièrement dépourvu de racines filiformes; cependant je n’ose pas me prononcer formellement sur ce sujet àla seule inspection de quelques échantillons secs. Toutes ees racines adventives n’ont qu'un accroissement limité; cela résulte naturellement de ce que les axes auxquels elles doivent leur origine sont également limités dans leur végétation. Au-dessus des feuilles séminales se présente constamment, dans les Renoncules que j'ai étudiées, une suite d’entre-nœuds rac- conreis, de telle sorte qu'il se forme d’abord une rosetle à feuilles plus où moins nombreuses ; cependant le Ranunculus aquatilis allonge souvent quelque peu ses premiers entre-nœuds (1). Les feuilles qui viennent les premières après les cotylédons sont folia- (4) Relativement à l'inflorescence des Renoncules et aux ramifications de la tige qui s’y rattachent, on peut consulter le travail de M. Wydler, sur la rami- fication symétrique des inflorescences dichotomes, dans le Flora de 1851. 9299 TH. IRMISCI. —— DÉVELOPPEMENT cées, et elles passent par une série de formes. Par exemple, dans le Ranunculus arvensis, la première est obovale et dentée en scie à son bord antérieur ; dans le R. aquatilis, elle est divisée en trois lobes linéaires ; dans le R. lingua, elle est ovale ou cordiforme. Les tiges florifères de toutes les espèces indigènes sont termi- nales. Le bourgeon principal, qui souvent se développe immé- diatement après la tige principale en une deuxième tige à fleurs (1), se trouve constamment dans l’aisselle de la feuille basilaire supé- rieure. Cependant dans le Ranunculus lingua on ne distingue pas de semblable bourgeon, les feuilles des pieds âgés se montrant distribuées sur la base de la tige à des intervalles assez uniformes, et des stolons de même vigueur sortant des aisselles tantôt supé- rieures, tantôt inférieures et submergées. Les pousses sorties des aisselles inférieures s’enracinent bientôt, et deviennent ainsi mdépendantes. C'est seulement dans les espèces qui croissent sur les terres sèches qu’on trouve souvent rattachées à l'axe primaire les productions d’une couple d’années, mais sans qu'elles aient une grande importance pour la vie de l'individu. Dans le Ranunculus flammula, les branches nées à l’aisselle des feuilles caulinaires supérieures s’enracinent aussi par le moyen d’une ou plusieurs racines adventives, desquelles il faut distinguer celles qui sortent souvent de l’axe-mère au-dessous des feuilles. Les jets enracinés de cette plante, qui proviennent souvent de bourgeons adventifs inférieurs, n’ont quelquefois que deux feuilles basilaires linéaires-lancéolées (2), et se développent en tiges à fleurs ou, si l'on veut, en branches à fleurs. (1) Dans le Ranunculus bulbosus, les bourgeons situés dans les aisselles de plusieurs des feuilles supérieures se développent souvent en tiges florifères ; alors l'individu persiste, grâce à un bourgeon placé à l’aisselle d'une feuille qui se trouve plus bas, absolument comme on l'observe fréquemment pour les Crocus. Dans le R. arvensis, les pieds vigoureux donnent souvent des tiges secondaires dans l’aisselle des feuilles inférieures, grâce à des bourgeons adventifs ; alors leur floraison se continue pendant longtemps en été. (2) Les jets basilaires, qui donnent naissance aux individus les plus vigoureux, ont des feuilles larges, souvent cordiformes, comme l'ont déjà montré M. de Schlechtendal, dans le Linnæa, X, p, 367, et récemment M. Guembel, dans le Flora pour 4854, p. 228 et 606. DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES. 293 Dans la plupart des espèces les pousses axillaires donnent d'abord des entre-næuds non développés. Mais dans le Ranuncu- lus repens, elles s’allongent en stolons superticiels, qui, à leur extrémité, produisent une rosette de feuilles et s’enracment. Même dans les pieds qui ne fleurissent pas, le jet terminal se développe lui-même quelquefois en stolon allongé. Souvent aussi les bour- geons axillaires ne produisent que des entre-nœuds courts. Les longs coulants du À. lingua qui rampent au loin sous l’eau, et qui se redressent ensuite à leur extrémité en tiges verticales (L), n’ont tantôt que les premiers entre-nœuds raccoureis et tantôt les allongent tous, même les premiers. Ordinairement (mais pas tou- Jours) les feuilles portées par ces premiers entre-næœuds sont en écailles, et n’ont que 5 ou 6 millimètres de longueur; celles des autres entre-nœuds horizontaux ont une lame arrondie, cordiforme ou ovale, qu’un long pétiole élève au-dessus de l’eau. Les branches qui sortent des entre-nœuds supérieurs les plus rapprochés de la surface de l’eau ont, pour la plupart, les entre-nœuds non déve- Jloppés. On observe aussi dans cette espèce de longues tiges dressées, sans fleurs, qui manquent dans les autres. Dans le Ra- nunculus illyricus, outre les bourgeons sessiles, appartenant aux aisselles supérieures et placés au bas et à côté de la tige florifére, il existe encore des coulants filiformes, longs souvent de plusieurs pouces, pourvus d’écailles blanches ; ceux-ci produisent plus tard à leur extrémité une touffe de feuilles et, à leur côté inférieur, des racines adventives (2). Le Caltha palustris ressemble pour la germination aux Renon- cules dont il vient d’être question; mais le nombre des racines adventives qu'il produit à la réunion du pivot avec l’axe hypoco- tylé, etimmédiatement au-dessous des feuilles séminales, est très faible , tandis qu’il en naît beaucoup plus sur l'axe primaire rac- courci des pieds âgés. Le bourgeon principal, grèàce auquel sur- tout la plante persiste, se trouve ei dans l’aisselle de la plus haute (1) Voyez MM. Schlechtendal, L. c., et Schmidt-Goebel, dans le Flora, pour 4851, p. 1. (2) Clusius connaissait déjà ces stolons, qu'il figure et décrit dans sa Rariorum plantarum hisloria, p. 240. 994 TEE. HRMASCE. -—— DÉVELOPPEMENT des feuilles bagilaires, à côté de la tige à fleurs. La plante ne porte que des feuilles normales sur l'axe primaire; les bourgeons axil- laires commencent aussi par donner des feuilles de cette nature, dont la lame est cependant quelquefois très petite. Ce qu'il y a de particulier ici, c’est la formation de la gaîne des feuilles ; elle ne résulte pas en effet, comme dans les Renonculacées en général, d’un élargissement membraneux des bords inférieurs du pétiole, mais elle consiste en un tube fermé, soudé à la face interne du pé- tiole, sur une certaine longueur au-dessus de sa base. Son tube cylindrique s'élève encore notablement, à l’état libre, au-dessus de -sa portion soudée; son extrémité supérieure forine un orifice très étroit, qui, dans le bourgeon, est masqué par l’inflexion du bord. Ces détails se voient très bien en automne dans le bourgeon (4) ; au printemps, lorsque la plante est en fleurs, les gaines sont pour la plupart déchirées, leur membrane étant extrêémement délicate. D'après la terminologie botanique, on devrait désigner cette partie sous le nom d’ochrea ; mais la comparaison d'un asséz grand nombre de plantes montre qu'il n'existe pas de différence réelle entre la gaine, l’ochrea et les Stipules. Dans les espèces de Trollius que j'ai examinées , la germination ne diffère pas essentiellément de celle des Caltha; en outre, les gaines ont la même forme, pas tout à fait aussi prononcée cependant (2). | Le Myosurus minimus a les teuilles séminalés elliptiques , “étroites, et munies d’un très court pétiole, D'un autre côté, il ne s’y développe ordinairement des racines advéntives que sur la ligne d'union du pivot grêle et de l’axe hypocotylé, dont la lon- gueur varie entre 3 et 27 millimètres ; cependant on en voit sur l’axe hypocotylé de beaucoup de pieds, et aussi exactement au- dessous des feuilles séminales (3). Dans les Ceratocephalus falca- (1) Dès le mois de septembre, on trouve sur cette plante les fleurs qui se dé- ; velopperont au printemps suivant. (2) Les feuilles des rosettes du Potentilla anserina ont également une gane de ce genre, qui ne se retrouve ni dans le P. reptans, ni dans les autres espèces. (3) Cassini à décrit, dans un petit article publié dans ses Opuscules phyto- logiques (LI, p. 390), le caudex, comme il le nomme, ainsi que le faisceau de racines qui le termine inférieurement dans le Myosurus, Mais il n’a pas distingué DES RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES. 295 tus et orthoceras, à en juger d’après un assez grand nombre d'échantillons secs, il parait ne se former qu’une couronne de ra- cinés adventives à la limite inférieure de Paxe hypocotylé, qui est très grêle , ainsi que le pivot. Par opposition avec ce qui existe dans le Myosurus, les Adonis (1) annuels n’ont pas de racines adventives à l'extrémité inférieure de l'axe hypocotylé; c’est uni- quement sur sa portion supérieure qu'on en trouve quelques-unes, - encore même ce fait est-il rare ; jamais il n’en existe immédiate- -ment au-dessous des feuilles séminales (lancéolées). D'un autre côté, le pivot de ces plantes devient plus long et surtout plus gros. Sur les pieds fleuris, il n'existe guère de ligne de démarcation appréciable entre le pivot et l'axe hypocotylé, dont l’épiderme se déchire irrégulièrement dans le sens de sa longueur. Il en est de même pour les Wigella arvensis et sativa, ainsi que pour le Delphinium Consolida, qui a des feuilles séminales ovales et lon- guemént pétiolées, EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE, 7. Fig. 1-6. Anemone coronaria. Fig. 1. Plantule venant de germer, à peu près doublée, prise à la fin de mai. R, gaine. La ligne ombrée indique le niveau du sol. Fig. 2. Coupe transversale de la gaîne tubulée, grossie. Fig. 3. Coupe longitudinale du bas de la gaïne et de l'axe hypocotylé, montrant la gemmule que la section n’a pas endommagée. - Fig. 4. Portion inférieure de la gaine tubulée, à travers laquelle commence à se faire jour latéralement la première feuille b ; grossie, Commencement de juin. Fig. 5. Lame d’une feuille séminale un peu grossie. Fig. 6. Jeune plante arrachée vers la fin de juin; de grandeur naturelle : b, pre- mière etc seconde feuille, entre lesquelles on voit la gaîne tubulée et les feuilles séminales qui commencent ordinairement à dépérir vers cette époque. le pivot des racines adventives, cette distinction ne pouvant guère être faite sur les plantes avancées dans leur développement. (1) Je me propose de décrire et de figurer dans une autre Note la germination de l'Adonis vernalis, qui se distingue aussi parce que, dès la première année, la plante produit une tige allongée qui meurt ensuite. Je m'occuperai aussi, dans le . même travail, de quelques autres Renonculacées. 296 TI. ERMISCH, — DÉVELOPPEMENT Fig. 7-9. Anemone alpina. Fig. 7. Jeune plante-mère à la fin d'août; de grandeur naturelle : b, première feuille ; c, écaille qui la suit. Fig. 8. Forme un peu différente de feuille séminale. Fig. 9. Bourgeon gemmulaire d'une plante en germination, dont les PT séminales avaient déjà disparu à cette pote: un peu grossie ; b, feuille qui a été enlevée. Fig. 10-25. Anemone coronaria. Fig. 10. Jeune plante en germination prise à la fin d'octobre de la première année. H, pivot; n, racines adventives; St, tige florifère encore recourbée, avec le bouton floral; au-dessus se trouve le diagramme qui indique la situa- tion des trois bractées. Autour de la tige à fleur sont trois pétioles enlevés; grandeur naturelle. Fig. 11. Base d'une tige florifère avec l’écaille supérieure qui en embrasse la base; grossie. Fig. 12. Cette écaille supérieure a été enlevée de manière à laisser voir le petit bourgeon qu’elle entourait; un peu grossi. Fig. 13. Base d'une autre tige florifère, où la feuille basilaire supérieure était une feuille ordinaire à large gaîne, de laquelle on voit sortir le pétiole de la première feuille du bourgeon qui a été coupée. Fig. 14. Ce bourgeon, après qu’on a enlevé sa feuille-mère. Fig. 45. Coupe verticale de la plante représentée par la fig. 10, un peu grossie. En n se montre la base épaissie d’une racine adventive que la section a ren- contrée en partie. À côté de la tige florifère St, on voit la coupe longitudinale du bourgeon principal Fig. 16. Coupe transversale menée à travers la portion épaissie hypocotylée. Fig. 47. Portion souterraine d’une plante de deux äns, au commencement d'août, de grandeur naturelle : H, restes du pivot mort; n, deux racines adventives renflées en tubercule à leur base; T, pousse terminale entourée par cinq feuilles dont on n'a dessiné que les pétioles ; a-d, jets axillaires à différents degrés de développement. Fig. 48. Section longitudinale grossie d'une de ces pousses axillaires. Fig. 19. Pied en fleur provenu d'un jet axillaire, de grandeur naturelle, et sur lequel on n'a pas dessiné les racines adventives. N, base par laquelle il était fixé à une autre plante; il existait là une cicatrice circulaire. St, base de la tige à fleur qui limite l'accroissement en hauteur de la plante. À, branche charnue, déprimée, ramifiée au sommet, sur laquelle les cicatrices des feuilles sont déjà effacées. B, une pareille branche, dont on a supprimé l’extrémité, et sur laquelle on voit encore les cicatrices des feuilles-écailles. C, branche sem- blable; c est un rameau latéral recourbé, qui a pris naissance sur sa base. D, branche plus courte, plus arrondie, portant deux feuilles au-dessus des- quelles se trouve encore la pousse terminale formée de feuilles-écailles ; D£S RACINES DE QUELQUES RENONCULACÉES. 297 d, rameau latéral, recourbé, produit par celle branche. E et F, branches ar- rondies, sans feuilles; G comme D; L, quatre feuilles; H et T, bourgeons écailleux nés à l’aisselle de deux de ces feuilles. A la base de la tige florifère, qui est représentée à la fig. 20 avec le bourgeon axillaire écailleux supérieur, se trouvent, au-dessus des feuilles ordinaires, quelques écailles qui ne sont pas visibles sur la figure. Fig. 21. Rameau comprimé à la base, arrondi au sommet, où il porte une feuille L et plusieurs écailles. Fig. 22. Extrémité d'un rameau semblable, mais portant deux feuilles ; grandeur naturelle. Fig. 23-25. Branches charnues, comprimées, pourvues d'écailles dont toutes les inférieures ont déjà disparu, chacune portant deux rameaux basilaires, laté- raux, b,c, placés de diverses manières; grandeur naturelle. Fig. 26-36. Anemone nemorosa. Fig. 26. Plante très jeune, au printemps; grandeur naturelle. H-H, niveau du sol ou des feuilles mortes qui le couvrent ; les feuilles séminales sont encore retenues par le péricarpe. Fig. 27. Base d’une plantule germée un peu grossie. H, pivot; les cotylédons sont déjà dégagés de l'enveloppe péricarpique; b, base de la première feuille. Fig. 28. La même, vue par le côté antérieur de la feuille, après que les cotylé- dons a ont été écartés. Fig. 29 et 30. Plantes après la germination, après l’ablation des feuilles sémi- nales, prises pendant l'été de la première année; b-d, la série des feuilles. De la feuille normale on n’a dessiné, sur les deux figures, que la portion inférieure du pétiole (voyez le texte). Fig. 31. Pied de trois ans; a, feuille de l’année ; b, écaille. L’axe épicotylé cylin- drique présente les cicatrices des vieilles feuilles détruites. Fig. 32-34. Voir l'explication dans le texte. Entre les bractéeseet g de la fig. 33, et entre g et f de la fig. 34, se montre un pétale au-dessus duquel on voit les étamines et les pistils. Fig. 35 et 36. Fragments d'axes souterrains de grandeur naturelle. Voir l'expli- cation dans le texte. Fig. 37-39. Anemone sylvestris. Fig. 37. Jeune plante prise au mois de juillet de la première année, de grandeur naturelle; a, une feuille séminale dont la lame était déjà morte; b-f, série des feuilles; À, axe hypocotylé ; H, pivot; n, racines adventives. Fig. 38. Une feuille séminale. Fig. 39. Une plante qui fleurissait pour la première fois, et qui était arrivée à la troisième période végélative, qui était par conséquent âgée de deux ans; elle était cultivée en pot, ainsi que celle de la figure 37 ; par suite, elle était plus forte que si elle avait germé dans la nature, abandonnée à elle-même. H, pivot s'enfonçant verticalement ; les racines adventives s'étendaient horizontalement 298 TH, IRMISCH, —— DÉVELOPPEMENT, ETC. en terre et souvent aussi s'enfonçaient ; la plus longue qui ait été dessinée a été recourbée dans la figure, mais elle était réellement horizontale; m,n, 6, trois pousses adventives à différents degrés de développement ; p, feuille de la plus avancée, dont la portion supérieure a été retranchée ; æ désigne les extrémités encore généralement longues du pivot et des racines adventives qui ont été supprimées. B, l'axe épicotylé raccourci; il portait les restes des feuilles mortes qu'on a supprimées; on y voit deux bourgeons : à, pétiole de la feuille qui se trouvait la plus élevée sur l'axe raccourci B, et qui avait la pousse principale dans l'aisselle qu'elle formait avec la tige florifère St. Cette pousse avait déjà développé quatre feuilles dont les pétioles sont désignés par b. Ces feuilles étaient encore fraîches, tandis que a était déjà morte, la plante n'ayant été dessinée qu'au commencement du mois d'août. Le pivot et lés racines adven- tives étaient brunâtres. Sur d’autres individus du même âge, dont aucun n'avait encore fleuri, le pivot ne pouvait pas toujours être distingué des racines adventivès,. Fig. 39. a. Trois coupes transversales ce différentes racines ; grossies. Fig. 40-45. Anemone pulsatilla. Fig. 40. Pied très jeune, au mois de juillet ; grandeur naturelle. Mêmes lettres qu'à la figure 37. agé Fig. 41. Feuille séminale. Fig. 42. Plante jeune, dessinée au même âge que celle d'Anemone sylvestris représentée par la fig. 39. On n’à dessiné que les pétioles Le feuilles ; a était sec ; les autres étaient frais. | Fig. 43-45. Coupes transversales de différentes racines. — Fig. 44. Grossie - deux fois. — Fig. 43 et 45. De grandeur naturelle; la He 4 prise sur une racine qui S’était fendue. Fig. 46-52. Anemone hepatica. Fig. 46. Jeune plante après la germination, prise à l'automne .de la première année ; grandeur naturelle, Les lettres comme à la fig. 40. La gemmule, qu'on ne voyait pas encore au printemps, fait maintenant saillie entre les pétioles des feuilles séminales. ‘Fig. 47, Feuille séminale. Fig. 48. Gemmule grossie ; b, première écaille; c, deuxième. Fig. 49. Jeune plante prise pendant le second été; de grandeur naturelle. On n'a pas dessiné le pivot tout entier. | Fig. 50. Une portion de la même plantule un peu grossie ; &, reste d'une feuille | séminale ; b,c, écailles; d, base de la feuille; e, une autre écaille. Fig. 51. Jeune plante prise pendant le troisième été; grandeur naturelle. Fig. 82. Portion de la même, grossie; b-e, comme à la figure 50; f, écaille; g, feuille de l’année encore fraiche: n, deux racines adventives sorties de l'axe épicotylé. ù | NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE, Par M, L.-R, TULASNE, De l’Institut. Les observations que j'ai publiées au mois d'avril 1853, dans la Botanmische Zeitung de Berlin (t. XI, "pp. 257-267), avaient pour objet principal de faire connaitre là présence chez lés Ery- siphe de cet appareil particulier de reproduction que j'ai qualifié de pycride , et qui, dans les champignons thécasporés, semble tenir le milieu entre les conidies et les fruits ascophores. De là je pus conclure que le petit champignon depuis trop longtemps si funeste aux vignes , et dont la nature était encore fort obscure, appartenait certainement au genre Ærysiphe (1) ; et que, malgré l’intéressante découverte, faite par M. Amici, de fruits polyspores au milieu de ses conidies, 1 n’y avait point lieu de voir en lui, avec M. Ehrenberg, un type demeuré inconnu jusque-là, ou qui obligeñt d'inscrire un nom générique nouveau sur nos catalogues mycologiques. Un autre essai de cette démonstration fut tenté plus tard, avec une connaissance moins imparfaite du sujet, dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences (t. XXX VIT, pp. 605- 609 ; séance du 17 octobre 4853), et fournit encore l’occasion de montrer que les Ærysiphe, par la multiplicité de leurs organes (1) Un observateur italien, M. A. Bérenger, cité par M. Amici (Sulla malatt. dell uva, dans les Atti della r. Accad. dei Georg. di Firenze, t. XXX, p. 454 ; voyez aussi le: rapport de M. Rendu sur la maludie de la vigne, etc., p. 82), aurait dès le mois d'août 1852, dans un journal lombard d'agriculture (21 Colti- vatore publié à Conegliano), rapporté le parasite de la vigne à l’Erysiphe com- munis Fr.; mais son opinion, rejetée tout d’abord par les mycologues qui croyaient à l'autonomie des Oidium, dut paraître bien plus inadmissible encore, après la découverte de M. Amici; elle fut en effet positivement contredite par ce dernier dans son célèbre mémoire que nous venons de citer (voyez en surtout les pages 454, 456, 460 et 461). Quelques mois plus tard, cependant, M. le doc- teur Adolphe Targioni-Tozzetti la réhabilitait, et interprétait avec sagacité les antinomies que M. Amici avait opposées à M. Bérenger (voyez les Atti dell’ Accad. dei Georg. di Firenze, t, XXXI [1853], pp. 121-149). 200 L.-R. TULASNE, reproducteurs, sont très favorables à une thèse qui se confirme de jour en jour, et que , mon frère et moi, nous ne sommes plus seuls à soutenir contre ses contradicteurs. L'objet spécial poursuivi dans chacune des notices que je rap- pelle et leur brièveté ont obligé toutefois d'effleurer seulement , ou même de passer sous silence , certains points de l’histoire des Erysiphe auxquels je voudrais consacrer ici quelques pages , afin de rendre d'autant moins incomplète, s’il se pouvait, la connais- sance que nous avons de ces parasites. | [.— En ce qui touche le mycelium | hyphasma Lk., Sp. pl., VI, 1, 100; hyphopodium Cord., Anleit., p. 122, et hypopodium eusd., Ze. Fung., t. If, p. 28), ou feutre byssoïde (subiculum byssoideum Wallr. [1], Ehrenb. [2]), qui constitue à lui seul, chez les Erysiphe, tout l'appareil des organes de la végétation , on ne saurail douter que.les fils ténus dont il se compose ne soient géné- ralement pourvus çà et là de petites tubérosités ou de crampons, dont la forme et les fonctions probables rappelleraient à plusieurs égards les suçoirs des Cuscutes. C’est à tort que j'aurais paru attri- buer à M. Gasparrini la priorité de l'observation de ces organes (à) : M. Zanardini la réclame pour lui-même dans une lettre qu'il m’a fait l'honneur de m'écrire de Venise au mois de juillet 1855, et il me renvoie, en preuve de son droit, au rapport qu'a publié en 1853 la commission nommée par l’Institut vénitien pour étudier la maladie de la vigne (4). (1) Voyez les Verhandl. der Gesellsch. nalurforsch. Freunde zu Berlin, t. I (1849), p. 31. (2) Voyez les Nova acta Acad. Nat. cur., t. X, part. 4 (1820), p. 204. (3) Voyez les Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. XXVII, p. 608, note 2. (4) M. Montagne a donné une traduction abrégée de ce travail dans le Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'agriculture (2° série, t. VIII, p. 582; séance du 10 août 4853). Les observations de M. Zanardini auraient été rendues publiques dès le mois de juillet 4851. Celles de M. Gasparrini, aux- quelles j'ai fait allusion, sont contenues dans sa Relasionce sulla malaltia della vite (pp. 6 et 7}, communiquée à l'Académie des sciences de Naples le 12 no- vembre 1851, NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE. 201 Depuis M. Mobl a étudié de nouveau ces crampons avec beau-. coup d'attention, et il en a publié de bonnes figures (1), qui ont été reproduites par les soins de M. le docteur Montagne dans les Mémoires publiés par la Société impériale et centrale d’agricul- ture (2). Mais M. Mohl, d'accord en cela avec M. Gasparrini, ne saurait accorder à M. Zanardini que ces organes pénètrent . Jamais dans le parenchyme des tissus sous-jacents, bien qu'ils semblent manifestement des instruments de préhension et de suc- cion tout ensemble. Nous les avons observés nous-mêmes non- seulement dans l’Ærysiphe de la vigne, mais encore dans l’Æ. com- munis Fr., aussi bien que dans l’£. Martü Lev., qui ressemble à tant d’égards au parasite de la vigne (3). Tout récemment, M. Bonorden s’est convaincu , de son côté, que les fils radiculaires, émis par les fruits ascophores de l’Erysiphe quttata Fr., se terminent par de petits renflements qui doivent, pense-t-il, procurer l’adhérence de ces filaments à la feuille nourricière du champignon , sinon même s’introduire dans ses stomates. (Voyez la Botanische Zeitung de Berlin, t. XV, p. 195.) Une pénétration quelconque du mycelium des Erysiphe à l’intérieur des tissus des végétaux qui les portent, bien qu’elle ait eu pour elle l’appui d'opinions fort recommandables (4), nous à (1) Voyez la Botanische Zeitung de Berlin, t. XT, p. 585, pl, x1 (cahier du 19 août 1853). (2) Voyez le tome LXIIT (année 1853) de ces Mémoires, p. 455 et suiv. (3) Les observations de M. Meyen sur les organes dont il s'agit paraissent avoir été ignorées de tous les auteurs que nous venons de citer; nous-mêmes ne les avons lues que depuis peu ; aussi convient-il peut-être de les rapporter ici textuellement. « Das Mikroskop, écrit M. Meyen, zeigt ganz deutlich dass die Fœden des Schimmelbodens (des Mehlthaues od. Erysiphe) auf der Oberflæche der Epidermis verlaufen, u. hie u. da kleine, warzenfærmige Auswüchse bilden, welche den Haftwurzeln anderer Pflansen anlich, zur Befestigung der Fœden an der Epidermis dienen. Oft sind ganze Reihen solcher Warzen an einem u. demselben Gliede dieser Schimmelfæden zu finden. » (Meyen, Pfl.-Path, [1841], p.176.). (4) La première notice de M. Berkeley sur l'Oidium Tuckeri Berk., c'est-à- dire sur l’Erysiphe de la vigne, est accompagnée d'une figure qui montre les chapelets fertiles de ce champignon sortant au travers des stomales de la plante nourricière (voyez le Gard, Chronicle de M. Lindley, du 27 nov. 4847, p, 779). 302. L.-R, TULASNE. toujours paru extrêmement douteuse : nos recherches anatomiques dans le but de la constater n’ont jamais obtenu, comme celles de M. Léveillé lui-même (4), qu'un résultat négatif. Toutefois, il n’est aucunement nécessaire qu'elle ait lieu pour qu’il nous soit permis de eroire au parasitisme des Erysiphe. Quelque égard que mérite l'opinion contraire du savant mycologue que nous venons de ei- ter (2), la vie parasite de ces petits champignons nous semble bien suffisamment justifiée par leur présence exclusive (3) sur les parties vertes ou vivantes des végétaux, et par les effets nuisibles, les altérations diverses, tant locales que générales, qu'ils produisent en eux évidemment. Ces effets bien connus sont même tels, que Quatre ans plus tard, le même savant croyait encore à la vie intestine des Ery- siphe, car il parle également de leurs tiges conidifères commes d'organes qui tra- versent les pores épidermiques (voyez le même Gardeners’ Chronicle pour le 42 avril 1851, p. 227); et c’est une opinion qu'il paraît avoir conservée jus- qu'ici (voyez le Journ. of the Horticult. Soc. of London, t. IX [4855], p. 64 ; ou les Mém. de la Soc. imp. et centr. d’agric., pour l'année 1856). M. Montagne, qui avait assimilé le parasitisme de l'Oidium Tuckeri Berk. et celui de l'O. erysiphoides Fr., autre sorte d'Erysiphe stérile, au parasitisme du Botrytis (Peronospora) infestans Montag., supposait que le mycelium de tous ces champignons rampait sous l’épiderme des feuilles, dans les méats intercellu- laires, et que ses filaments fertiles se faisaient jour au travers des stomates ; mais il a reconnu depuis qu'ils’était mépris à cet égard, du moins en ce qui touche l'Oidium Tuckeri Berk. (Voyez le Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'agriculture, 2° série, t, V, p. 700, séance du 4° mai 1850, ett. VIII, p. 410, séance du 8 juin 1853). Suivant M. Meyen, le mycelium des Erysiphe (Schimmeln des Mehlthaues) serait tantôt complétement sus-épidermique, tantôt partiellement endogène ; mais on peut douter que les parasites auxquels il attri- bue un thallus de cette dernière sorte, et qu'il a étudiés sur les feuilles de l’Acer plutanoides et les fruits des Fraisiers, appartinssent réellement au genre Ery- siphe (vovez Meyen, Pfl.-Patholog., pp. 175 et 176), | (1) Voyez les Annales des sciences naturelles, 3° série, t. XV (1851), pp. 113- A1%, et la Revue horticole des 15 juin et 1° juillet 1854 (t. V de la 3° série, pp. 229, 247, 250 et 264). (2) Vovez les Annales des sciences naturelles, tome Hé pp. 414et 146. (3) Je dis exclusive, parce qu'en effet les seuls Ærysiphe epigæa (Walir.) et E. epicylon (Schlecht.) qui vivent, dit-on, l'un sur la terre nue, l'autre sur le bois du Chêne, ne sont pas très vraisemblablement des espèces légitimes d’Ery- siphe (cfr. Link, Sp. pl. Linn., t. VI, p. 1, pp. 401 et 447; et Lév., dans les Ann. des sc. nat., 3° série, t. XV, p. 473). oo NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE. 303 les Erysiphe pourraient, à divers égards , être comparés à ces in- sectes suceurs, ces acariens si nombreux que nourrissent {ant de plantes sauvages ou cultivées. M. Link avait parfaitement reconnu qu'il existe entre ces champignons et leurs hôtes ordinaires une relation plus intime que celle qui lie les autres plantés du même ordre aux débris organisés dont elles se nourrissent (?) ; et, bien .que-M. Fries ne les assimile point aux Entophytes, il croit cepen- dant que leur type, comme celui de ces derniers , est susceptible de varier suivant les végétaux qu'ils habitent , ce qui, joint à l’épi- thète de noæiæ qu'il leur donne, autorise à supposer qu'il n’était pas éloigné de les tenir pour de vrais parasites (2). On s’est appuyé, pour nier le parasitisme des Erysiphe, sur ce que eertains cham- pignons peuvent végéler, soit sur des êtres vivants, soit sur des corps inorganiques, sans leur rien emprunter (3); mais il me parait que plusieurs des exemples allégués laissent à désirer dans leur interprétation. La plupart , en effet, sont fournis par des champi- enons qui n’ont manifestement, comme on l’affirme , qu’un point d'appui dans le corps vivant ou desséché qui les porte, Mais on parait oublier que le mycelium de ces champignons, dont il ne faut pourtant pas négliger l’origine, s’est toujours développé primi- tivement sur la terre ou des débris organisés. Ainsi en est-il no- tamment de diverses Trichiacées et en particulier du Spumaria alba DC. que l’on cite. Son mycelium envoie, du sol sur lequel il a pris naissance, des filaments muqueux et transparents, qui rampent et s'anastomosent de mille façons le long des tiges des herbes ou des arbustes, auxquelles ils se tiennent étroitement appliqués. A peine élevés de terre de quelques pouces , ils sont déjà en grande partie détruits par le bas, de façon que leur origine puisse sembler incertaine ; tandis que , par leur partie supérieure, ils ont produit ces masses spumeuses si connues qui, dans leur (4) « Cum itaque hi fungi (Erysibæ nempe) cor pori cuidam organico magis quasi addicti sunt, quam reliqui in corporibus morluis inveniundi, vereor ne species in diversis plantis occurrentes diversw quoquesint, quamvis similes appareant, » Link, Sp. pl. Linn., t. VI, part. 1, p. 101. (2) Cfr. Fries, Syst. myc., t: IH, pp. 235 et 236. (1) Voyez les Ann. des se. nat., à° série, t, XV, p. 444. 30/ L.-R, TULASNE. - rapide développement, envahissent et recouvrent tous les corps voisins, à la maniére des Théléphores et des Merisma ou du cha- peau des Bolets et des Polypores; 1l n’y a sans doute là aucun para- sitisme réel, mais aussi rien de légitimement comparable à la végé- tation de l’Erysiphe, qui est et a toujours été tout entier sur la plante où on l’observe. IT. — Des filaments du mycelium ou thallus, qui ne varie guère que par sa densité, naissent d’abord des branches dressées , dont les articles, plus ou moins nombreux, se renflent en utricules elipsoïdes, et constituent autant de conidies, gemmes ou cellules reproductrices (sporoides Ung.). La forme et le volume de ces cellules sont à peu près les mêmes chez le plus grand nombre des Erysiphe, ce qui confirmerait, au besoin, leur nature gongylaire. Jusqu'ici je ne connais guère que l’Æ. guttala Fr. (Phyllactinia guttata Lév.) qui puisse être sûrement distingué de ses congénères à la seule inspection de ses conidies, qui sont obovales-pyriformes, et solitaires au sommet de très longs pédicelles. Ces organes élé- gants de l'E. guttata Fr. sont très précoces relativement à ses fruits ascophores; et, s'ils ont échappé à l'observation de M. Bo- norden, c’est que les recherches de ce savant ont été faites au mois de novembre (voyez la Bot. Zeit., t. XV. pp. 193 et 196). Du reste, ils n'auront, sans doute, jamais fixé l’attention des myco- logues, car l'E. guttata Fr. passait pour être à peu près le seul qui ne füt point parasite d'un Oidium. Aïnsi pensait du moins M. Corda, lequel , avec bien d’autres mycologues (1), admettait (4) Parmi les botanistes qui n’ont point partagé l'erreur que nous reprochons ici à M. Corda, ou qui l'ont combattue, il faut surtout citer Link, M. Fries, M. Unger (Exanth. der Pf., pp. 386 et suiv.), peut-être Meyen (voyez sa Pf.- Path., pp. 178 et179), et en dernier lieu M. Léveillé. « Hyphasma Erysibes, disait Link, fere semper granulis albis inspersum invenitur, ut demplo sporangio et capillitio Sporotrichum credideris » (Sp. plant. Linn., t. VI, p. 1, p. 104). M. Fries, qui suppose cependant à tort que certaines espèces d'Erysiphe peuvent être entièrement privées de filaments prothalliens, reproduit l'observation de Link et l'accompagne d’une utile remarque : « Occurril… thallus (Erysiphes) eliam sterilis, ob pulverem s. granula inspersa Sporotrichum prorsus sislens, Hæœc granula, cum gonidiüs sive propagulis Lichenum analoga, in thallo sterili NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE. 305 que le byssus , qui, d'abord conidifère , porte plus tard les con ceptacles des Ærysiphe, loin d’appartenir à ces derniers, consti- tuerait un champignon sui generis, un Oidium , dont la préexis- tence serait indispensable au développement du plus grand nombre des Erysiphe (Cfr. Corda, Anleit. z. Stud. der Mycol., p. 122, et Icon. F'ung., t. IL, p. 28). Après les observations si précises de M. Berkeley et l'examen de ses dessins, qui montrent avec tant de netteté que les chapelets conidifères et les fruits ascophores des Erysiphe procèdent parfois simultanément des mêmes fils ram- pants de leur mycelium (1), nous nous étions imaginé que, malgré la protestation de M. Graham, de Cranford (2), et les hésitations de M. Fresenius (3), aucun mycologue ne voudrait plus désor- mais faire deux végétaux différents de l’£rysiphe fructifère et de son appareil conidique. Nous nous trompions. M. Desmazières n’en a pas moins persisté, en effet, à croire que les chapelets ver- ticaux qui constituent pour nous cet appareil « ont un mycelium particulier » ; que ce sont des « plantes autonomes et qui vivent pour leur propre compte, en compagnie des Ærysiphe. » (Voyez les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. XVIIT [1852}, p. 371, en note.) M. Bonorden ne peut pas non plus comprendre encore que l’Acro- sporium monilioides Nees (Oidium monilioides Lk.; Fr.) ne soit que la forme stérile d’un E£rysiphe(Erysiphe graminis DC. [junior Berk., èn Lindl. Gard. Chron., ann. 1851, p. 227, fig. à); il le tent pour un Hyphomycète aussi autonome que n'importe quel plurimorum Fungorum libere evolutorum occurrunt, et pro sporidiüs habita, tot Hyphomycetum species subministrarunt. » (Fr., Syst. myc., t. TTL, p. 234.) (1) Voyez le Gardeners’ Chronicle de M. Lindley, numéro du 42 avril 4851, p. 227, où l’Erysiphe Pisi DC. est pris pour exemple. Cet article du Gardeners' Chronicle n'étant point signé, j'avais dü, comme M. Léveillé (in Ann. sc. nat., 3° série, t. XV, p. 118), l'attribuer (Bot. Zeit., t. XI, p. 259) à l'éditeur de ce journal ; mais j'ai su depuis de'M. Berkeley qu'il en était l’auteur. Déjà quelques années auparavant (Gard. Chron., n° du 27 nov. 1847, p. 779), cet habile obser- vateur avait signalé tout l'intérêt qui s'attachait à la cohabitation des £rysiphe avec les Oidium, et montré par d’autres exemples de faits analogues quelles consé- quences importantes en pouvaient sortir. (Voy. aussi le Gard. Chron. pour le 28 juillet 1849.) (2) Voyez le Gard. Chronicle, cahier du 12 septembre 1854, p, 582. (3) Voyez ses Beitræge 3. Mycol., fascicule I (4852), p 77. &° série. Bor. T. VI. (Cahier n° 5.) # 20 306 : | L.-R, TULASNE. autre, puisqu Pi possède, dit-il, une tige, un she de spores et un mycelium propre. (Voyez la Bot. Zeitung, t. XV [1857], p. 197). M. Berkeley, de son côté, tout en reconnaissant, aujour- d'hui comme en 1851, l’intime connexion qui unit le soi-disant Oidium à l'Erysiphe , admet toujours de la même manière qu'il puisse exister des Oidium légitimes ou autonomes (voyez le Gar- deners” Chronicle pour 1851, p. 227; le Journ. de la Soc. d'hortic. de Londres, t. IX, p. 64, et l’Introd. to Crypt. Bot., pp. 246-247) (4). S'il n'y a pas contradiction dans ce double sen- timent du savant mycologue anglais, je ne conçois pas bien, je l'avoue, la convenance de ses deux termes, Les Oidium supposés autonomes pourront sans doute être sürement distingués des Erysiphe encore privés de fruits et simplement conidifères , tels que les prétendus Oidrum erysiphoides Fr., O. leucoconium Desm., O, Tuckeri Berk., O. monilioides Lk. (Acrospori sp. Nees), que J'ai cités ailleurs(2), et autres semblables ; alors, ou ils ressem- bleront à l'Oidium fructigenum Kze. et à ses analogues , ou ils seront d’une nature différente. Dans le premier eas, ils n’appar- tiendront certainement pas à des Ærysiphe, mais 1ls n’auront peut-être pas plus de valeur spécifique ni d'autre rôle physiolo- gique à remplir que l'Oidium Tuckeri Berk. et ses pareils. Si, au contraire, ils sont sans analogie avec cet ©. fructigenum Kze, ils mériteront un nom particulier. Mais’ quelle que soit leur na- ture, elle devra être autre que celle des Ordium erysiphoides Fr., leucoconium Desm., et leurs semblables ; car un Erysiphe sem- blât-il constamment réduit à sa forme conidifère ou toujours (1) « Itis possible that there may be some trew species of epiphythal Oidium, wich are never developped into Erysiphe. » Berk., in Lindl., Gard. Chron., année 4851, p. 227. — « The connection between the Oidium and Erysiphe is proved beyond all doubt, though it does not follow, as a necessary consequence, that there should be no genuïne species of Oidium. » Berk., Zntrod. to Cryptog. Bot. (1857), pages 246-247. Je préfère, je l'avoue, à ces propositions, cette autre du même auteur qu'il écrivait en 4841, à propos de 1 Oidium leucoconium Desm. : « This species, Oidium erysiphoides, and O. monilioides are, I have no, doubt, the early stages of various species of Erysiphe. » Hd and Mag. A As Hist., t, VI, page 438, n. 244.) (2) Voyez la Bot. Zeit, de Berlin, t, XI, pages 258 et 259. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE. 807 privé de fruits ascophores, il n’en devrait pas moins conserver sa place légitime parmi les Ærysiphe , et les observateurs devraient s'attendre à le rencontrer 1ôt ou tard dans un état plus parfait. C’est guidé par de telles considérations que nous n'avons point hésité à rapporter aux Érysiphe le champignon parasite dela vigne, l'Oidium Tuckeri Berk., bien que ses conceptacles thécigères ne nous fussent pas connus. IL nous est arrivé maintes fois de rencontrer des conidies ger- mées, et nous avons même vu , dans l’Erysiphe Pisi DC., le my- celium né de ces gongyles encore subsistants, produire déjà lui- même des liges conidifères très nombreuses (4); d’où l’on peut conclure avec quelle facilité, et quelle rapidité tout ensemble, peut avoir lieu la propagation d’un £rysiphe au moyen de ses conidies. Cette propagation est telle sans doute que la même saison peut voir se succéder une mullitude de générations du même individu ; or, une pareille fécondité dispense bien de recourir, avec M.Unger, à la génération spontanée (2) pour expliquer l’étonnante multipli- cation des parasites dont il s’agit ici. La germination des conidies des Ærysiphe, qui, depuis Meyen (Pfl.-Path., p. 178), a été observée par une foule de botanistes, n'a pas lieu, ce semble, autrement que celle de leurs spores en- dothèques , dont je parlerai plus loi; elle peut néanmoins être regardée plus légitimement comme le résultat d’une simple exten- sion ou prolation de leur membrane. Dans tous les cas, elle ne détermine pas en général la formation de cloisons à l'intérieur de la cellule reproductrice, qui reste simple ; ses caractères semblent d’ailleurs très peu favorables à l’opinion des mycologues qui auraient voulu voir dans les conidies autre chose (3) que des (1) M. G. Fresenius paraît avoir observé la même chose. (Voyez ses Beitræge z. Mycol., fasc. IL [4852], p. 76, pl. IX, fig. 45.) (2) Voyez Unger, Exantheme der Pflanzen, p. 389. (3) Voyez les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. XV (4851), pp. 118-420, et t. XVI, p. 33. C'est par erreur que M. Ad. Targioni-Tozzetti{Atti dei Georgof. di Firenze, t. XXXI, p. 433) suppose que j'ai partagé l'opinion de MM. Léveillé et Thuret, qui croyaient reconnaître dans les conidies des Ærysiphe des organes fécondateurs : je n'en ai jamais parlé que comme de propagules, de cellules re- 308 L.-R, TULASNE,. gemmes susceptibles de végéter isolément et de propager l’indi- vidu qui les a produites. Cette germination contredit de la même manière le sentiment des observateurs qui, comme M. Graham (1), tiendraient les conidies pour des organes multiples, des sortes de sacs remplis de sporules. Toutelois je ne puis omettre de rappe- ler ici que le docteur Plomley, au rapport de M. Berkeley, aurait rencontré des conidies, ou des cellules conidiformes 3 remplies de petits corps capables de germer isolément , même sans quitter le sein de la cellule; mais ces conidies particulières avaient sans doute déjà revêtu les caractères principaux des vraies pycnides (voyez Berk., dans le J'ourn. de la Soc. d’hortic. de Londres, t. IX, pp. 64 et 67, fig. 5; et son Zntrod. to Cryptog. Bot., p. 78, en note, fig. b). Il se pourrait aussi que MM. Savi et Gasparrini eussent observé quelque chose de semblable (2). IT. — De même que l’abondance des conidies varie beaucoup suivant les espèces d’Erysiphe que l’on considère et l’âge auquel on les observe, de même aussi les pycnides sont-elles, chez ces champignons, tantôt rares et tantôt très nombreuses. M. Berkeley a réclamé pour son compatriote, M. le docteur Plomley, la décou- verte de ces fruits, qu'il aurait vus le premier sur le thalle de l’Erysiphe Humuli DC. (3). Mais on sait qu'ils n’ont fixé l’attention productrices, analogues, malgré leur simplicité. aux gemmes ou bourgeons ca- ducs que produisent certaines plantes cotylédonées (voyez les .fnn. des sc. nat., 3° sér., t. XV, p. 378, et les Comptes rendus de l'Acad. des sc., t. XXXIH, p. 647). (1) Voyez le Gardeners’ Chronicle de M. Lindley, pour le 13 septembre 1854, p. 582 (du cahier 37). (2) Voyez Gasparr., Relaz. sulla malalt. della Vite, etc., pp. 9, 10 et 41; et ses observations Sulla morphosi e l’origine dell’ Oid. Tuckeri, p. 8 (Rendic. dell’ Accad. delle sc. di Napoli, nuova ser., 1852, n° v, pp. 136-146). (3) Voyez le Gardeners’ Chronicle de M. Lindley, pour l'année 1851, p. 467 (cahier du 26 juillet), et le n° 36 du même journal pour l'année 1853 {3 septembre), p. 564. M. Berkeley avait d’abord cru, mais à tort, que les fruits observés et représentés par M. Plomley étaient thécigères. M. H. Mohl a annoncé dans sa deuxième notice sur la maladie de la Vigne (Bot. Zeit., t. XI, p. 595) qu'il avait observé lui-même à Botzen, sur les feuilles du Houblon, des conceptables NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE. 309 générale des mycologues qu'après les observations de M. Amici sur l'Ærysiphe de la Vigne, communiquées le 5 septembre 1852 à l’Académie des Georgofili de Florence, et publiées dans les Actes de cette Société (t. XXX, pp. 454-167), puis reproduites plus tard par les soins de M. Adrien de Jussieu, dans le Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'agriculture (2° sér., t. VII [1853], pp. 116-118 , séance du 5 janvier 1853). Nous avons constaté la présence des pycnides dans la plupart des Erysiphe qui croissent aux environs de Paris (1); elles abon- dent, avec toutes les formes qu’elles peuvent revêtir , chez les E. Marti Lév., Berberidis DC., pannosa (Persicæ) Fr. (2), Knautiæ Dub., Prunastri DC., lamprocarpa Schlecht., et autres appartenant aux divers groupes génériques , entre lesquels M. Lé- veillé a partagé les nombreuses espèces de ces parasites (3). On sait que ces organes, pris d’abord pour un appareil reproducteur complet, ont donné lieu à la formation de plusieurs genres, ou, si l’on veut, d’un genre unique qui a reçu les noms divers d’Am- pelomyces (Cesati), Cicinnobolus (Ehrenb.) (4), ÆEndogenium (Crocq) (5), Byssocystis (Riess), Leucostroma (Castagne) (6). polyspores (pycnides) tels que ceux décrits et figurés par M. Amici. Il a étudié depuis les pycnides d’un grand nombre d'Erysiphe différents (voyez la Bot. Zeit. t. XII, pp. 142-146, pl. VI). (1) Voyez notre Note insérée aux Comptes rendus de l'Acad. des sc., t. XXX VII, p. 606. (2) Le Blanc, Meunier ou Lèpre du Pécher, pour les horticulteurs (voyez AI. Lepère, Prat. rais. de la taille du Pécher, in-8, 1846, pp. 114 et 115). Meyen, qui a aussi parlé du blanc du Pêcher (Mehlthau an den Pfirsichbäumen) , l'attribue à l'Erysiphe communis. Un auteur contemporain qu'il cite, M. C.-J. Fintelmann, supposait que l'origine de cette affection du Pécher résidait dans une conditien particulière des jeunes racines les plus superficielles de l'arbre (voyez Meyen, Pflanzen-Pathol., pages 180 et 181). (3) Voyez les Ann. des sc. nat., 3° série, t. XV (1851), p. 433 et suiv. (4) Voyez la Bot. Zeitung de Berlin, t. XI, p.16. (5) Voyez les Bulletins de l'Académie des sciences de Belgique, t. XIX, A" partie, p. 41-45, séance du 40 janvier 1852, ou le journal français l'Institut, du 39 juin 1852 (t. XX, p. 208). (6) Voyez V. Rendu, De la maladie de la vigne, etc., rapport au ministre de l'intérieur, etc., 1853, p. 83. 310 L.-R. TULASNE., M. Amici semble être le seul qui ait reconnu leurs intimes relations avec les chapelets conidifères; mais, de même que MM. Cesati (Bot. Zeit., 1. X, p. 302), Riess (in Hedwigia, t. 1, p. 23, pl. mi, fig. 2, e) (1) et les autres auteurs déjà cités, il n'avait guère observé que ceux de ces conceptacles que leur forme ovoïde ou oblongue rapproche le plus des conidies ; 1l les avait toujours vus portés sur un pédicelle plus ou moins déve- loppé, et ordinairement chargés d’une ou plusieurs conidies ; de sorte que s’il ne pouvait se dispenser de les tenir pour des fruits plus parfaits du byssus monilifère , il ne se croyait nullement au- torisé à reconnaître un Zrysiphe dans la plante entière (2). Oril 4) Lorsqu'au mois d'avril 1853 je crus pouvoir dire, dans la Botanische Zei- tung (t. XI, p. 266), que les genres Ampelomyces et Byssocystis n'avaient sans doute pas plus de valeur que le Cicinnobolus de M. Ehrenberg, je me fondais uni- quement sur les caractères assignés à ces prétendus genres par leurs auteurs ; depuis, M. L. Rabenhorst ayant eu l'obligeance de me communiquer des échan- tillons authentiques des types de ces genres, C'est-à-dire des Ampelomyces quis- gqualis Ces. et Byssocystis teætilis Riess, publiés l’un et l'autre dans son Herba- rium vivum mycologicum (centurie XVII, 4851, n. 4669, b, et cent. XVIII, n. 1726), je me suis confirmé dans l'exactitude de mes appréciations. Des frag- ments de l'Oidium opuntiæforme Ces. qui me sont parvenus de la même manière m'ont également permis de vérifier que c'était bien une production de la même nature que le Bryomyces de M. Miquel, auquel je l'avais comparé (Bot. Zeit., +. XI, p. 266, note 3). (2) «Peut-être pourra-t-on soutenir, disait M. Amici, que la fructification nou- velle que j'ai observée, ne constitue chez l’Erysiphe qu'un second degré d'évolution ou de fécondité; mais s'il n’est pas impossible qu'il en soit ainsi, il est du moins extrèmement improbable que la même plante présente à la fois deux sortes de fruits aussi différents que le sont ceux que j'ai vus et les conceptacles ordinaires des Erysiphe. Pour prouver que le parasite de la Vigne est vraiment un £rysiphe, comme le veut M. Bérenger, il faudra désormais montrer que les Champignons de ce genre possèdent tout ensemble : 1° des chapelets de spores ovoïdes; 2° des fruits polyspores tels que ceux que je viens de décrire; 3° et enfin des concep- tacles comme ceux que l'on sait depuis longtemps appartenir aux ÆErysiphe. » (Conlinuatione degli Atti della r. Accad. dei Georgof. di Firenze, t. XXX, p. 461- 462.) La preuve demandée par le savant florentin me semble avoir été faite tant par la judicieuse discussion de M. Ad. Targioni-Tozzetti, cité plus haut, que par les notes que nous avons insérées dans la Botanische Zeitung de Berlin, et les Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris ; elle peut, en outre, s’étayer NOUVELLES OBSERVATIONS SÛR LES ERYSIPHE. 811 ne fut plus possible de se refuser à cette dernière conséquence, quand j'eus annoncé que les pyenides pouvaient tellement imiter les fruits thécaphores dans leur forme extérieure , leurs appen- dices et leur volume, qu'il devenait impossible de les en distinguer sans constater la nature de leur contenu. Presque tous les £rysiphe offrent, en effet, de semblables pyc- -nides (TL), dontla structure interne ne diffère cependant, sous aucun rapport, de celle des pycnides les plus voisines des conidies par leur forme et leur exiguïté. En général. les pyenides qui tendent à la forme sphéroïde, caractéristique des fruits ascophores, per- dent à la fois le pédicelle etle chapelet terminal de conidies, dont les pycnides ovoïdes sont habituellement pourvues; cependant beaucoup de pyenides sphériques ne sont pas aussi complétement sessiles que les conceptacles thécigères, et les plus volumineuses d’entre elles acquièrent rarement une teinte aussi foncée que ces derniers, ou des appendices aussi nombreux et développés avec la même richesse. | Les rapports qui lient ces pycnides sphéroïdes aux conceptacles tardifs ou ascophores des Ærysiphe, me semblent tout à fait les nêmes que ceux qu'on peut imaginer entre les fruits réciproque- ment analogues des Sphæria; la similitude est surtout frappante, si l’on prend pour terme de comparaison les petites Sphéries cauli- coles, telles que les Sphæria herbarum Fr. ,obducens Schum., Cypri \ aujourd'hui de bien d’autres observations, et particulièrement de celles si bien faites de M. Hugo de Mohl. (1) Ce que j'ai dit dans la Botanische Zeitung (t. XI, pp. 262 et suiv.) des pycnides de cette sorte qui se trouvent dans les Erysiphe gultala Fr. et adunca Grev., me dispense d'en parler plus longuement ici, et peut, en général, s’appli- quer aux pycnides analogues de tous les autres Ærysiphe. Les pycnides conidio- morphes, telles que celles vues par M. Amici dans l’Érysiphe de la Vigne, m'étaient alors inconnues. Depuis que j'ai eu occasion de les décrire dans les Comptes rendus de l'Académie (t. XXXVII, p. 606), il ne m'est pas arrivé d'en rencontrer qui résultassent de la transformation des articles des filaments ram- pants du mycelium. Cette origine particulière et accidentelle leur est attribuée par MM. Berkeley et Broome, comme elle l’est aux fruits ascophores par M, le docteur Plomley. (Voyez Berk., dans le Journ. de la Soc. d’hortic, de Londres, t. IX [1855], pp. 64, 67 et 68, fig. 4 ét6.) | 312 L.-R, TULASNE. Tul.,acuta Hoffm., les Chætomium Kze, et autres semblables Sphé- riacées, dont les fruits-pycnides(souvent pris pour des espèces au- tonomes de Phoma) différent extérieurement très peu des concep- tacles thécigères ; en même temps que, par la petitesse, la genèse et le mode de dissémination de leurs spores, ces mêmes pycnides imitent complétement celles des Ærysiphe. Dans les unes et les autres, il est généralement difficile de constater de quelle manière précise s’engendrentles corpuscules reproducteurs ; quelques-unes, comme celles du Sphæria acuta, laissent cependant découvrir que ces corpusecules naissent, à peu près sessiles, des cellules globu- leuses qui forment les parois du conceptaele. Le nom de stylospores leur est done moins exactement appliqué qu'aux corps reproduc- teurs plus volumineux et pédicellés, mais pareillement nus ou acrogènes, qui prennent naissance dans les pycnides de la na- ture des soi-disant Diplodia. Mais on rencontre quelquefois dans le même Pyrénomycète tous les états intermédiaires imaginables entre les stylospores les mieux caractérisées, c’est-à-diregrosses, cloisonnées, colorées et stipitées ; et les microstylospores , ou les stylospores que distinguent leur petitesse, la simplicité de leur organisation , et leur défaut de coloration aussi bien que de pédi- celle propre. Le Sphæria Laburni Pers. est l'exemple le plus satisfaisant que l’on puisse citer de cette variété d'organes acro- gènes, différents des conidies proprement dites ; car, indépen- damment de ses spores endothèques, il possède à la fois des stylospores de trois sortes, à peine stipitées ou tout à fait sessiles : les unes volumineuses, noires et multiloculaires ; les autres, très petites, noires ou incolores , et tantôt privées de cloisons inté- rieures , tantôt bi- ou triloculaires. De tous ces corps reproduc- teurs, ceux qui sont colorés germent le plus facilement, et les longs filaments qu’ils émettent se ramifient et se cloisonnent rapidement ; les corpuscules blancs, que j'ai qualifiés autrefois de sperma- ties (1), ne produisent, au contraire, que lentement des filaments peu allongés , presque difformes, et dont le diamètre diffère peu du leur propre. (1) Voyez les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. XV, pp. 378 et 379. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE. 313 Je ne doute pas que la génération des microstylospores des Erysiphe n'ait lieu de la même manière que chez la plupart des Sphæria ; toutefois je ne l'ai pu constater exactement. Il semble que les cellules associées qui, de leurs parois, produisent ces cor- puscules, se résolvent très promptement en une sorte de matière muqueuse, dans laquelle toute organisation précise devient inap- . préciable. Ce dont je crois d’ailleurs m'être parfaitement assuré, . c’est que ces microstylospores ne naissent point dans des cellules spéciales, mais bien en dehors ou à la surface de l'appareil géné- rateur ; car je les ai maintes fois vues en grand nombre fixées par une extrémité sur la masse muqueuse, que je suppose formée par l'union de leurs cellules génératrices. La germination de ces mêmes microstylospores ne s'obtient pas sans quelque difficulté ; M. Hugo de Mol (1) et beaucoup d’autres observateurs n'ont pu s’en rendre témoins (2); de même que M. Adolphe Targioni-Tozzetti (3), j'en ai vu seulement les com- mencements dans l'Erysiphe de la Vigne, mais j'ai pu en suivre les progrès pendant plus d’un mois dans l’Erysiphe pannosa (Per- sicæ) Fr. Chez cette dernière espèce, chaque microstylospore acquiert pendant sa germination des dimensions doubles ou triples de celles qu’elle possédait auparavant, et devient un corps toruleux, bi- ou tricellulaire ; elle pousse de chaque extrémité ou de l’une d'elles seulement un filament délié qui se ramifie au bout de quel- ques jours, et finit par se diviser en un grand nombre d'articles linéaires très distincts, au moyen de cloisons transversales. L'apparition de ces cloisons commence, suivant l'usage, vers la base du germe, et de là s’avance vers ses extrémités insensible- ment atténuées. Je n’ai point vu ces filaments se colorer plus que les corps dont ils procèdent, ni donner naissance à aucun organe reproducteur secondaire, de la nature de ceux que j'ai qualifiés (1) Voyez la Bot. Zeit. de Berlin, t. XII, p. 145 (3 mars 1854). (2) Voyez le Journ. de la Soc. d'horticult. de Londres, t. IX, p. 64. (3) Voyez son mémoire, déjà cité, Sulle relazioni degli Oidium e delle Erysiphe colla nuova forma vegelab. osserv, dal cav. Amici, etc., pp. 9-44 (Auti d.r. Accad. dei Georgof. di Firenze, t. XXXI, p. 129). 31 À LR, TULASNE. autrefois de sperimalies sporogènes. (Voy. les nn. des sc. nat., ä° ser.,t. XX,p. 179.) Une observation de cette nature semble, au contraire, avoir été faite par M. le docteur Plomley. (Voy. le Journ. de la Soc. d'hortic. de Londres, t. IX, pp. 67 et 69, fig. 7.) Indépendammient des pyénidés microspermes dont j'ai parlé jusqu'ici, il paraîtrait que les Erysiphe posséderaient aussi quel- quefois des conceptaclés remplisde plus grosses stylosporés (larges stylospores in other sporangia), et qu'ils imiteraient en cela d’autres Pyrénomycètes, tels que le Sphæria Laburni Pers., cité dans les pages précédentes ; mais il ne m'a pas été donné jusqu’à présent de vérifier, à cet égard, les observations de M. Berkeley. (Vos. son Zntrod. to Crypt. Bot., p: 78, en note.) IV. Il me reste à parler des fruits les plus türdifs des Erysiphe, c'est-à-dire de leurs conceptacles ascophores (peridia Fr.; spo- rangia Wallr.; Lk.), que l’on doit tenir pour un appareil repro- ducteur plus complet ou plus important que les précédents, puis- qu'il détermine la place de ces petits végétaux dans la série générale et hiérarchique des Champignons. Il n’est pas douteux que ces conceptacles globuleux, d’abord incolores, puis jaunes, bruns, et enfin d’un noir plus ou moins foncé, ne puissent tirer leur origine d’un seul’ et unique filament du mycelium, ainsi que M. Berkeley l’a très bien constaté dès l'année 4854 (1). Nous avons nous-mêmes-vu maintes fois, mon frère et moi, les jeunes fruits ascophores de l’Erysiphe adunca Grev. portés sur un court pédicelle, qui n’était autre chose qu’un rameau redressé des fils du thallus. M. Bonorden a fait récemment une observation semblable à propos de l’£rysiphe quitata Fr. (2). Mais il arrive aussi fréquemment que ces mêmes fruits sont assis sur des sortes de nœuds byssoïdes formés par l’entre-croisement et l’anastomose, sur un même point, d’un grand nombre de fila- ments (3). Les anastomoses qui s’élablissent ainsi entre les fils du (1) Voyez le Garden. Chron. de M. Lindley, pour le 12 avril 1854, p. 227. (2) Voyez la Bot. Zeitung de Berlin, cah. du 20 mars 1857, p. 496. - (3) Voyez Ehrenb., dans les Nova acta Acad. nat. Cur., t. X (part. 1, 1820), p. 205, pl. XII, fig. 2. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE, 815 mycehrum constituent un phénomène très ordinaire aux Champi- gnons de tous les ordres , et qui, pour être observé dans sa plus grande simplicité, mais aussi de la manière la plus nette, doit être cherché dans les premiers moments de la végétation des spores; les filaments qu’elles émettent se soudent entre eux de mille ma- mières , et ces soudures affectent souvent une sorte de symétrie entre les rameaux d’un même germe. Les Mucédinées se prêtent surtout très bien à la constatation d’un pareil phénomène. Lorsque les conceptacles d’un Ærysiphe reposent sur des plexus où nœuds de filaments, il est à peu près impossible de découvrir s'ils procé- daient originairement d’un seul de ces fils ou de plusieurs à la fois. L'incertitude à cet égard est fréquemment augmentée par cette circonstance que le conceptacle émet de sa face inférieure un plus ou moins grand nombre de fils rayonnants que j’appellerais radi- culaires, et qui ne se distinguent par aucun caractère facilement appréciable des fils légitimes du mycelium. 11 faut sans doute attribuer à la même cause le sentiment des mycologues qui, comme M. Léveillé (4), ont cru à l'existence constante d’une sorte de clinode ou de réceptacle particulier au-dessous de chaque fruit. J'avoue que nous avons toujours inutilement cherché cet organe, et que nous n’avons jamais vu aucun intermédiaire défini ou distinct entre le fruit et le mycelium qui l'engendre. Nous ne connaissons point de fruit ascophore d’EÉrysiphe qui reste parfaitement nu : tous, à leur maturité, sont ornés d’un plus ou moins grand nombre d’appendices filiformes ( capillitium Wallr., Schlecht.), dont la forme, les dimensions et la posi- tion varient généralement avec les espèces que l'on considère, et ont été, pour ce motif, utilisés par tous les mycologues qui se sont appliqués à définir ces espèces et à les grouper suivant leurs affi- nités. La position qu'occupent ces appendicules à été fort mal com- prise par presque tous les observateurs. On a supposé qu'ils s’at- tachaient constamment à la face inférieure du pelit conceptacle qui les porte, et c’est pour ce motif que M. Corda leur applique - (4) Voyezles Ann. des sc. nat., 3° série, t. XV, pp. 417, 420 et suiv., el la Revue horticole, 3° sér., t. V, p. 248. 916 L.-R. TULASNE. la dénomination collective d’hyphopodium ( proprium, radia- tum) (A). Trompés nous-mêmes par les observations de nos de- vanciers, nous les avons qualifiés, avec eux, d’une manière trop générale de fulcra ou de pi suffulcientes (Bot. Zeit., t. XI, p.262), empruntant ainsi à MM. de Schlechtendal et Fries des expressions qui peuvent convenir aux appendicules dont le mouvement final de réflexion concourt évidemmentàsoulever les conceptacles qu’ils ornent, mais qui ne sauraient aussi exactement désigner ceux en- core plus nombreux dont la nature ou la position particulière semble incompatible avec un rôle quelconque de sustentation (2). Dans la réalité, la position des appendices est indéterminée ou déterminée. Elle est indéterminée chez les Erysiphe proprement dits de M. Léveillé, et ses Sphærotheca,dont les appendieules sont implantés sans ordre sur tous les points de la surface des con- ceptacles, et non réunis à leur base , comme les figures que ce savant en a données devraient le faire croire (voyez les Ann. des se. nat., à° sér., tome XV, pl. 6, 10 et 11). Si les appendicules occupent une place déterminée , ils s’insèrent, comme les rayons d’une roue, autour du fruit, vers son équateur, ou bien ils se dressent comme une houppe de poils sur son sommet même; plus rarement enfin ils en couvrent tout l'hémisphère supérieur. La première disposition, qui est de beaucoup la plus fréquente, ap- partient aux Calocladia ou Microsphæra Lév., aux Phyllactina et à presque tous les Uncinula Lév. La seconde caractérise les Po- dosphæra et passe insensiblement à la troisième, dont l’Uncinula (1) Voyez Corda, Anleit, zum Stud. der Myc., p. 122, et Icon. Fung., t. IE, p. 28. (2) Si les appendicules ne sont point pour les fruits ascophores ou les pyc- nides des £rysiphe un pur ornement, si un rôle utile ou physiologique leur est dévolu, la position du plus grand nombre rend aussi tout à fait invraisemblable l'opinion assez accréditée qu'ils seraient des organes de succion et serviraient au Champignon à puiser, dans les tissus de la plante qui le nourrit, les sucs dont il a besoin pour l'accroissement de ses fruits et de ses graines {voyez Ehrenb., dans les N. act. Ac. nat. Cur., t. X, p.ur, p. 207; Ung., Exanth. der Pfl., p. 392; Meyen, Pflansen-Pathol., p. 179 , et le Garden. Chron. de M. Lindley, cahier du 42 avril 1854, p. 227). NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE. 917 bicornis Lév. offre l'exemple le plus complet (1). De toutes les figures d'Erysiphe publiées jusqu’à présent, nous ne connaissons cuère que celle donnée tout récemment par M. Bonorden, du Phyllachinia quilata Lév., qui soit rigoureusement exacte en ce qui touche la position des appendicules. Généralement, on les re- présente fixés sous le conceptacle à la manière des processus ra- _diculaires ou des fils du mycelium ; aucun micrographe, que je Sache, ne les a surtout figurés naissant du sommet du fruit, ainsi qu'on les voit dans le Podosphæra Kunzeri Lév. Les appendicules sont simples ou rameux. Parmi les premiers, il en est qui sont privés de toute cloison intérieure , tels que les appendices aciculaires, rigides et vésiculeux à la base, de l'E£ry- siphe guitata Fr.; d’autres, pourvus de cloisons plus ‘ou moins nombreuses, sont flexueux où même anguleux et noueux, et va- rient beaucoup par la longueur qu'ils peuvent atteindre : ce sont surtout les appendicules des Sphærotheca et des Erysiphe Lév. Les plus longs d’entre ces derniers deviennent parfois rameux , mais sans régularité constante. Ceux-là, au contraire, qui ont coutume de se ramilier, obéissent à une loi de dichotomie simple ou répétée, avec ou sans avortements symétriques. et dont les résultats, aussi élégants que variés , sont offerts par les Uncinula, les Podosphæra, et surtout par les nombreux Macro- sphæra. Les bifurcations successives de ces appendicules se pro- duisent presque toujours à leur sommet ; elles ont lieu sous des angles très ouverts, et leurs branches deviennent de plus en plus courtes à mesure qu’elles s’éloignent de la première dichotomie. Toutes ces branches peuvent s’agencer de façon à être à peu près dans le même plan, comme on l’observe chez le Microsphæra peni- cillata Lév.; mais, plus souvent, chaque dichotomie détermine un plan contraire à celui de la bifarcation précédente, et il en résulte à la fin une sorte de buisson plus ou moins touflu, et dont l'aspect (4) Le dessin qu'a donné M. Berkeley de ce champignon dans le Gardeners Chronicle, le 12 avril 4851, fait au contraire supposer que ses appendicules se- raient disposés en manière de coussiret sous chaque conceptacle ; sans vouloir nier qu'il en soit quelquefois ainsi, je pense que c’est beaucoup plus souvent une apparence due au déplacement el au renversement accidentel du fruit. 318 L.-R. TULASNE. varie encore suivant que tout ou partie de ses rameaux sont de- meurés rectilignes, ou, ce qui est de beaucoup le plus fréquent, ont pris des courbures symétriques plus ou moins prononcées. Une telle structure, si elle a jamais été bien comprise dans le mou- vement de ses diverses parlies, n’a pas été du moins très fidèle- ment reproduite jusqu'ici par les micrographes. Les appendicules simples sont fréquemment colorés en brun foncé dans toute ou presque toute leur longueur : témoin les EÉrysiphe proprement dits; mais il en est d’incolores parmi eux comme parmi les appendicules dichotomes. Ces derniers ne sont en général colorés et cloisonnés que dans leur partie inférieure. Une circonstance que je ne dois pas oublier de mentionner, parce qu'elle est rare dans la classe des Champignons, c’est que, chez plusieurs espèces, et particulièrement chez les Uncinula et les Microsphæra, les sommités incolores des appendicules prennent dans l’eau iodée une teinte bleue ou violette, tantôt légère et tantôt plus foncée, sans qu’il soit besoin de faire intervenir l'acide sulfu- rique; d’où suit que leur membrane constitutive, souvent très épaisse, a sans doute une nature chimique fort analogue à celle de la fécule (4). Indépendamment de ses appendicules, dont la forme particu- hère le distingue déjà parfaitement de tous les autres, l'Erysiphe guttata Wailr. ( EÆrysibe orbicularis Ehrenb.) possède encore un ornement extérieur qui lui est propre, et dont une exacte in- terprétation n’a pas encore été donnée, que je sache. Cet orne- (4) C’est ici le cas de rappeler l'observation faite par M. Will. Nylander (voyez ces Annales, 4° série, t. III, p. 448, en note), que la matière contenue au sommet de la thèque des Sphæria Desmazierii Berk. et S. pedunculata Dicks. (S. confluens Nyl., non Tod.) bleuit aussi dans l'eau iodée. J'ai constaté que le même phéno- mène se produit pour les Spheæria polymorpha Pers., hypoæylon Ehr., fragiformis Pers., deusta Hoffm., mediterranea DNtrs., Poronia Pers. et plusieurs autres ; cest vraisemblablement un fait analogue à ce que nous avons observé jadis chez les Peltigera. (Voyez ces Annales, 3° série, t. XVII, p. 211.) L'enveloppe muqueuse, incolore, des spores du Poronia punctata Fr. et de quelques Xylaria, est elle-même parfois susceptible d’âtre colorée directement en bleuâtre par l’eau iodée. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE, 819 ment, qui à valu à notre petit champignon le nom qu'il porte (4), consiste en une goutte humide, pâle et brillante, qui apparait à un certain moment sur le sommet de ses fruits ascophores. Wallroth, M. Ehrenberg (2), Link (3), M. Fries (4), et avec eux la plupart des autres mycologues, l’attribuent à une déhis- cence du conceptacle et à la sortie ou protrusion des sporanges quil renferme. M. Bonorden croit en outre que ces sporanges Sont accompagnés non-seulement de grandes cellules pénicil- lées, d’abord attachées comme eux à la base interne du fruit, mais encore de plus petits atricules qui semblent, dit-il, des éléments décolorés de sa membrane extérieure (voyez la Bot. Zeit., t. XV, p. 196). Je ne puis m'empêcher de reconnaitre les sommités des poils muqueux et claviformes qui terminent les mêmes cellules pénicillées, dans les granules figurés par M. Léveillé au pour- tour de ce qu'il appelle le réceptacle de l’Æ£. guittata. Ce pré- tendu réceptacle, ou subiculum mucosum, à l'existence duquel j'ai eu moi-même le tort de croire (voyez la Bot. Zeit., t. XI, p. 264), n’est pas autre évidemment que la vésicule dont nous parlons, vue sous le conceptacle (renversé) écrasé ou comprimé entre deux verres. Ce qu’en ont dit MM. Nees d'Esenbeck (5) et de Martius (6) autorise également à penser qu'ils ont aussi commis l’erreur de | (1) Voyez Wallroth, dans les Verhandl. der Ges. nat. Fr. zu Berlin, t. Xe (1819), p. 42. | : (2) Voyez les Nova Acta nat. Cur.,t. X, part. 1, p. 206. (3) « Cum sporangium (Erysibes guttatæ) malurum est, e superiore parte con- veæa protrudit sporangiola, instar vesiculæ globosæ, diuphanw, albæ, quæ in ver- tice remanet et exsiccatur. Tum latera orificii circa vesiculam contrahuntur, et sporangium lentiforme evadit. » Link., Sp. pl. Linn.,t. VI, part.1(1824), p.416. (4) «...Prridia (Erysibes guttatæ) demum discoideo-aperta, peridiolis plurimis erumpentibus ; » et plus loin : « Peridia magna, opaca, ob peridiola erumpentia, disco aperto albido, discoidea, Excipulæ speciem referentia. » Fries, Syst. Myc., t, IL, pp. 245 et 246. (5) Voyez son Syst. der Pile, p.148 (sub Erysibe suffulia Rebent.), pl. XIV, fig. 434 (très mauvaise). | (6) Voyez sa Flora crypt. Erlang. (1847), P. 393 (sub Erysibe pachypodi. Mart.). M. de Martius est disposé à prendre pour un végétal étranger la « mem- brane blanche, très mince el cÉSSe-grauleuse » sur laquelle, dit-il, repose. parfois le fruit de notre plantule. 320 L.-R. TULASNE. mettre sous le fruit ce qui est à son sommet. Un examen attentif m'a, je crois, fait découvrir en quoi consiste réellement le capitule guttiforme qui, dans l’Erysiphe quitata Fr., a motivé tant d'opi- nions différentes. C’est, dirai-je tout d’abord, un appareil sui ge- neris, complétement extérieur au fruit qu’il surmonte, et il ne sau- rait, en effet, rien emprunter des éléments intérieurs de ce con- ceptacle , qui n’est pas moms clos ou astome que les fruits asco- phores des autres Erysiphe. Il est défini ou limité, dans toute sa partie libre, par une membrane incolore, excessivement mince et diaphane (1), formée de cellules polygonalesque M. Bonorden asur- tout vues dissociées(Bot. Zeit.,t. XV, p.196, pl. IV, fig. A 10, a); et toute sa masse est composée des cellules pénicilligères égale- ment figurées par cet observateur (pl. citée, fig. À 4, b, et A6, a, b); mais, bien loin que ces cellules spéciales soient insérées avec les sporanges à l’intérieur du fruit, elles sont toutes implantées à sa surface externe et supérieure, sur les utricules arrondis et saillants qui rendent cette surface inégale , et auxquels elles empruntent quelque chose de leur couleur brune très foncée. Chacune de ces cellules singulières émet promptement de son sommet un bouquet de processus d'abord brièvement tubuleux, puis claviformes et muqueux. Grâce à la nature hydrophile de ces derniers appen- dices, la vessie guttiforme se gonfle extrêmement et finit par se rompre ; alors a lieu une sorte de diffluence de son contenu, et les extrémités renflées des processus muqueux paraissent s’isoler pour figurer autant de petits utricules sporoïdes. M. Bonorden s’est même demandé (Bot. Zeit., t. XV, p. 195)si ces corpuscules ne seraient pas identiques aux stylospores que j'ai attribuées à l’Ery- siphe guttata Fr. (voyez la Bot. Zeit., t. XI, p. 263) ; mais il n'a pu sans doute s'adresser cette question que par suite de l'erreur où il était sur la position qu’occupent les cellules pénicillifères (2), La vésicule, ou gutta, dont il s’agit, quand elie se dessèche, avant (1) Il nous est arrivé quelquefois de voir cette membrane porter un ou deux petits appendicules rigides et bulbeux à la base, c'est-à-dire semblables de tout point, sous de moindres dimensions, à ceux qui sont placés vers l'équateur du conceptacle lui-même. (2) A ce sujet, j'accorde volontiers à M. Bonvrden que les dissertations myco« NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE. 921 ou après sa rupture, prend quelquefois l'apparence d'une sorte de disque inégal ou presque villeux, comme Persoon lui-même l'avait remarqué (1. La paroi obscure du conceptacle ascophore de l'Erysiphe qut- tata Fr. est intérieurement tapissée d’une membrane à peine con- tinue, et dont les cellules polygonales, comprimées et peu cohé- rentes entre elles, renferment une matière plastique oléagineuse, semi-fluide et de couleur d'or, qui semble identique avec celle contenue dans les fruits des Podisoma, des Æcidium , et autres Ürédinées. Ces cellules isolées simulent autant de corps reproduc- teurs , et quelques-unes de leurs séries moniliformes pourraient être prises aussi pour des sortes de paraphyses. On les retrouve plus ou moins colorées chez quelques autres Erysiphe et en par- ticulier chez ceux du groupe des Uncinula Lev. Les thèques (sporangiola Lk., peridiola Fr.), dont le nombre est variable aa sein des conceptacles, suivant les espèces d’Erysiphe que l’on étudie, servent à caractériser ces dernières et ont fourni aux mycologues un moyen facile de les partager en groupes natu- rels (2). Quand elles sont solitares, elles prennent une forme presque sphérique; plus nombreuses, elles sont généralement ovoïdes. Dans l’un et l’autre cas, elles sont fixées par un très court onglet à la base du conceptacle, et dirigent vers le sommet de celui-ci leur extrémité supérieure, où leur membrane constitu- tive , ordinairement très épaisse partout ailleurs, présente habi- tuellement une atténuation circonscrite, très appréciable, et qui doit faciliter leur rupture en ce point. logiques, telles que celle publiée dans la Botanische Zeitung, le 15 avril 1853 ,sans être d'une intelligence difficile pour la plupart des lecteurs, gagnent cependant beaucoup à être accompagnées de figures explicatives ; mais je suis forcé, aujour- d'hui encore, de réserver pour une autre publication les nombreux dessins, rela- tifs aux Érysiphe, que mon frère a réunis, et qui sont déjà en partie gravés. (4) « Nonnulli fungilli (e Sclerotiis Erysiphis) . .disco umbilicati, et villo quo dam, an cortinæ vesligiis? bi instructi sunt, » Pers., Syn. meth. Fung., p. 124, (2) Voyez Schlechtendal, Verhandl. der Gesellsch. naturf. Fr.3. Berlin, t. , (4819), p. 46 et suiv. ; Link, Spec. pl. Linn,, t. VI, part. 1, p 404 et suiv.: Fries, S. myc., t. IT, p. 237 et suiv.; Léveillé , dans les Ann, des sc. nat., 3° sér., t. XV, p. 433, etc. 4 série, Bor. T, VE, (Cahier n° 6.) ! 21 329 | L.-R. TULASNE. Le nombre des spores dans chaque thèque est assez constant pour chaque espèce , et varie de 2 à 8; elles sont ellipsoïdes, droites ou faiblement arquées , et volumineuses , si on les com- paré à l’exiguité ordinaire des stylospores. Jai toujours vu leur tégument mince, parfaitement lisse, transparent, et sans coloration particulière. Ce n’est pas toutéfois que les sporés de beaucoup d’Æ- rysiphe ne deviennent en mürissant orangées ou noirâtres et très obscures; mais il m'a paru, même en ce cas, que leur couleur appartenait béaucoup moins à leur enveloppe qu’à la matière gre- nue qui les remplit. Cet endochrome ou protoplasma contient sou- vent, dans le cours de Son développement, des gouttes oléagineuses qui sont à tort qualifiées de sporidioles (sporidiola) par M. Fries (1) et ses nombreux imitateurs. Chez quelques espèces , telles, par exemple, que l’Erysiphe adunca Grev., l’épispore, vidé de son contenu, se teint manifestement en bleu ou en violet, dans l’eau iodéé, avant toute addition d’acide sulfurique. Aïnsi que tant d’autres observateurs , j'ai vainement chérché à découvrir de quelle manière ces spores sont mises en liberté ét disséminées. Les conceptacles des Erysiphe ne sont pas pourvus, comme ceux des Sphéries, d’un orifice défini, et tout porte à croire qu'après avoir passé l'hiver à térre, au milieu des feuilles qui leS ont nourris, ils s'ouvrent irrégulièrement pour livrer pas: sage aux thèques ou aux spores qu'elles renferment. Quant à la germination des spores artificiellement isolées, jai été assez heureux pour l’observer quelquefois ; mais j'ai tenté, pour l'obtenir, beaucoup d'expériences inutiles. Elle consiste dans l'émission d'un germe filiforme et épais, qui semble une prolation de l’épispore, tant cette membrane est mince et sans doute intime: ment unie à l’endospore (2). Le germe, dans lErysiphe tornlis Fr. et l'E. guttata Fr., sort de l’un des pôles de la spore, et plus sou- vent, au contraire , de sa partie moyenne et convexe, dans l'E. pannosa (Rosarum) Fr. Ces germinations ont eu lieu dans le cou- (1) « Sporidiola sporidiis (Erysipharum) sæpius inclusa, utin variis Pezizis et Sphæriis, videre licet. » Fries, Syst. mycol , t. IUI, p. 235. (2) Avant la germination, ilne paraît pas que l’endochrome plastique ait d'autre enveloppe distincte que l'épispore ou la membrane que.l'iode peut bleuir. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES ERYSIPHE. 3923 rant de décembre et de janvier, à l'intérieur d’une chambre qui n'était que médiocrement chauffée ; elles ont toutes cofnmencé de sé produire dans les vingt-quatre heures de la mise des spores en expérience; mais les germes, dès le surléndemain, avaient déjà cessé de croître, et les plus longs d’entre eux n’ont pas dépassé sept à huit fois le grand diamètre des corps reproducteurs. Pour se rendre compte d’une végétation si brusquement arrêtée, il faut se rappeler que les ÆErysiphe sont des végétaux parasites et que leurs spores ressemblent sans doute aux graines du Gui, quipeuvent gérmer à la vérité même sur un corps inorganique et se suffire d’abord à elles-mêmes, mais qui réclament bientôt pour vivre aide d’une sévé étrangère. Toutefois, si courte et si incomplète qu’ait été la végétation des spores dont 1l s’agit, elle montre suffisamment que celles-ci ne diffèrent point, quant à leur nature et à leur rôle propagateur, des spores endothèques des autres Champignons, et que MM. Ebren- berge (1) et Link avaient tort de les tenir, à cause de leur volume, pour dés thèques de second ordre, remplies de séminules fort tenues, sporangiola secundi ordinis, quibus demum sporæ inclusæ sunt (Ek.,5p. pl. Linn.,t. VE, part. T, p. 100-101). Cependant, je ne dois pas omettre, à ce sujet, de mentionner une observation de MM. Léveillé et Thuret, qui auraient quelquefois vu dans l£- rysiphe Mespilhi Desm. (Phyllactinia quttata Lév.) la matière gra nuleuse des spores « prendre l'apparence de sporidioles très petites, ovales et hyalines (2). » I nous a semblé à nous-mêmes, une ou deux fois, qu’un semblable phénomène se produisait au sein des spores de l'Uncinula bicornis Lév., et que les sporidioles ainsi engendrées ressemblaient beaucoup aux microstylospores renfer- mées dans les pycnides ordinaires de l'Uncinula adunca Lév. S'il ü y à point eu erreur ou illusion dans ces ob:ervalions, elles Sisnaleraient une transformation analogue à celle que, suivant M. Berkeley (voyez supra, p. 308), subiraient parlois les conidies. De tout ce qui précède, il résulte qu'indépendamment dé leur (1) Voyez les Nov. Act. Nat. Cur.,t.X, part. 1 (1820), pp. 208, 209 et 220, pl. XII, fig. 5, et pl. XIL, fig. 4. (2) Voyez les Ann, des sc. nat., 3° série, t. XV (4854), pp. 128 et 429. 32% L.-R. TULASNE. — NOUVELLES OBSERVATIONS, ETC, mycelium, auquel, sans nul doute, appartient une puissance de multiplication très énergique (1), les £rysiphe possèdent au moins, comme je l'ai déjà dit ailleurs (2), trois sortes de corps reproduc- teurs de dignité différente, à savoir : des conidies volumineuses, nues, acrogènes ; des stylospores très ténues, renfermées dans des conceptacles spéciaux ou pyenides; ct, enfin, des spores endo- thèques qui se développent au sein de certains fruits, que tous leurs caractères nous obligent à prendre pour l'expression la plus élevée de l'appareil reproducteur des Champignons dont il s’agit, Jusqu'ici je n'ai pas su découvrir en ces petits végétaux d'autre organe de propagation :aussin'est-ce pas sans surprise que j'avais lu, il y a quelques semaines, dans le Journal de la Société microsco- pique de Londresit. V, p. 5h ; cah. de janvier 1857), que M. Ber- keley aurait observé cinq sortes de corps reproducteurs propresaux mêmes Champignons. J'appréhendai alors que M. le docteur Lind- Say, qui rapportait cette opinion de son savant compatriote , eût commis quelque méprise; mais l’Zntroduction à la Botanique eryptogamique, livre tout récent de M. Berkeley, attribue, en effet, aux Erysiphe, comme on l’a vu plus haut, en outre des organés qui nous sont connus, et sur lesquels j'ai cherché dans les pages précédentes à fixer de nouveau l’aftention des mycologues , des fruits particuliers remplis de grandes stylospores , et des sémi- nules qui se développeraient parfois à l’intérieur des conidies (3). Ces deux dernières sortes de corps reproducteurs, évidemment plus rares que toutes les autres, doivent être spécialement recom- mandées aux recherches ultérieures des observateurs. (4) Chez la plupart des Champignons, en effet, le moindre fragment du myce- lium, et souvent même de toute autre partie de la plante, suffirait comme une bouture, à la reproduire; il est du moins facile de constater que ces fragments sont susceptibles d'une végétation nouvelle plus ou moins rapide. M. Louis Le- clerc a donné quelques exemples de cette végétation dans la planche HI, fig. 2, de son Rapport sur les Vignes malades, adressé en octobre 1852 à M. de Persi- gny, alors ministre de l'intérieur. | (2) Voyez les Comptes rendus de l'Acad. des sc., t. XX XVII, page 607. (3) Cfr. Berkeley, Introd. lo cryptog. Bot. (1857), pp. 78 (à la note, avec figure), 246, 277 et 278. NOUVEAU MEMOIRE SUR L'ALEURONE (DAS KLEBERMEHL [ALEURON |), Par M. Th. HARTIG. (Botanische Zeitung, n°* des 11, 18, 25 avril, 2 et 9 mai 4856.) (TRADUCTION ABRÉGÉE.) Si l’on examine un grand nombre de graines au point de vue de la fécule qu’elles renferment, on reconnaît que cette substance est loin de s’y trouver aussi généralement qu’on serait porté à l’admettre d'après la ressemblance qui semble exister au premier coup d’œil entre les cotylédons ou l’albumen dans lesquels elle se présente et ceux où elle manque ; par exemple, entre les cotylédons d’un Ha- ricot et d'un Lupin, d'un Gland et d’une Noix, d’une Châtaigne et d’une Faïîne, ou entre l’albumen du Salisburia et des Taæus, des Araucaria, Cembra et Pinea. En réalité, parmi les grandes familles, il n’y a que les Grami- nées dans les graines desquelles la fécule domine nettement, Dans le grand groupe des Légumineuses, il n’y a que les Viciées et les Phaséolées qui en renferment beaucoup. En outre, les Nym- phéacées, Marantacées, Musacées, Polygonées , Laurinées , et les genres Æsculus, Acer, Castanea, Quercus, sont encore riches en fécule. Ces végétaux retranchés, à peine le dixième de tous les autres en présentent -ils dans leurs graines une quantité plus ou moins grande. Mais même là où la fécule abonde, elle n’est pas la seule matière granulée que renferme le tissu cellulaire. Partout, jusque dans les racines et les tubercules, comme dans le bois et l'écorce des arbres, elle est accompagnée d’une autre substance granulée, sup- port des combinaisons azotées du règne végétal, qui se distingue de la fécule, ainsi que de toutes les autres formations contenues dans la cellule, nucléus, grains de chlorogène et de chlorophylle, par la rapidité avec laquelle elle se dissout dans l’eau pure, de 226 LH, HARTIG. même que dans le sue végétal fraichement exprimé ; c’est même là le motif pour lequel elle avait jusqu'à ce jour échappé à l’obser- vation. Elle forme cette matière dissoute dans l’eau ou dans le suc cellulaire, « amorphe, demi-fluide, se coagulant uniquement sous l'influence de matières étrangères,» qu’on a considérée jusqu’à nos jours comme le support des combinaisons azotées (voy. Mohl, Grundzüge, p.42 ; Schleiden, Grundzüge, p.187; Unger, Anat. u. Phys., p. 121). Cette dernière opinion trouvait sa principale confirmation dans la manière défectueuse dont les chimistes carac- térisaient cette substance végétale. Si l’on réduit des graines en bouillie en les pilant avee de l’eau, on n'obtient, outre la fécule et les parois des cellules, que des substances dissoutes dont l'examen et l’analyse ne peuvent faire connaître l’état naturel et primitif. Seulement on peut s'expliquer ainsi comment une matière plus répandue que la fécule, et formant des grains plus gros que celle- ci, à pu se soustraire totalement à l'observation jusqu'à ce jour, comment aussi il a pu arriver que des objets d’un usage journalier, que les différents fruits oléagineux, les Noix et Amandes, le Café et le Cacao, enfin la plupart des graines, soient restés mal connus jusqu’aujourd'hui quant à leur substance la plus essentielle. Déjà à la page 881 de l'année précédente du Botanische Zeitung, j'ai appelé l'attention sur cette deuxième matière granulée, soluble dans l’eau, que renferme le tissu cellulaire des cotylédons, et je l'ai nommée Aleurone où Klebermehl, ce dernier mot rappelant à la fois sa ressemblance extérieure avec la féculé et son contenu en azote. Sa grande diffusion dans le règne végétal, son impor- tance égale à celle de l'amidon comme matière mise en réserve pour la germination des graines, ainsi que pour les nouveaux dé- veloppements qui ont lieu chaque année au printemps dans les végétaux ligneux ; ces circonstances remarquables que la plupart des graines ne renferment pas de fécule, tandis que toutes con- tiennent de l’Aleurone ; que, dans les grains de cette dernière substance, un grand nombre de matières végétales très diverses sont réunies en un seul corps solide ; qu’elle-même présente une cristallisation très particulière; enfin que l’Aleurone a un très grand intérêt comme aliment et comme servant à la production du sang MÉMOIRE SUR L ALEURONE. 927 dans les organismes animaux; tous ces motifs donnent à cette matière une importance qui justifiera les développements dans les- quels je vais entrer pour exposer les résultats des recherches que j'ai faites à son égard, Caractère essentiel de l’Aleurone. L’Aleurone forme des corps plus ou moins régulièrement arron- dis, le plus souvent incolores, recouverts d’une membrane-enve- loppe (Piychoïde), et dont le diamètre varie entre 1/1800€ et 1/60° de ligne. Elle se rapproche beaucoup de la fécule par la grose seur, la forme et la coloration de ses grains ; mais elle en diffère, de même que du nueléus, des grains de chlorogène et de chloro- phylle, par la rapidité avec laquelle elle se dissout dans l’eau, dans les acides affaiblis et dans les alcalis. Elle se distingue, en outre, des formations granuleuses végétales, qui viennent d’être indiquées, parce que son contenu, el non sa membrane-enveloppe, se colore en quelques minutes en rouge-brique sous l’action d’une solution d’azotate de mercure dans de l’eau additionnée d’un peu d'acide azotique ; elle a, d’ailleurs, un autre caractère distinctif dans l’apparence fovéolée de sa surface, qui est due à un grand nombre de petites vacuoles situées sous sa membrane-enveloppe, De même que le nucléus, l’Aleurone se brise, lorsqu'on l’écrase sur une lame de verre, en fragments anguleux, et elle se distingue par là de la féeule, des grains de chlorogène et de chlorophylle. Elle partage le pouvoir réfringent du contenu des nucléus et de la chlorogène, et elle se distingue, sous ce rapport, de l’amidon, ainsi que de la ehlorophylle. … Traitée par la solution d’iode, elle se colore en brun-jaune , comme le nucléus et la chlorogène, tandis que, sous l’action de ce réactif, la féeule bleuit et les grains de chlorophylle conservent leur couleur verte. Elle est insoluble dans l'huile, l'alcool et l’éther; on peut la laver dans l'huile, comme la fécule dans l’eau, et lobtenir ainsi sous la forme d’une farine parfaifement pure pour l'étude au mi- eroscope . 028 TH. HARTIG. La manière dont la solution d’Aleurone pure dans l’eau se comporte avec les réactifs chimiques, montre que chacun de ses grains est composé non-seulement des combinaisons azotées vé- gétales, fibrine (?), albumime, gliadine, caséine (légumine), mais encore de gomme et de sucre, des résidus de cendres que donnent généralement les matières végétales, vraisemblablement aussi de soufre et de phosphore. Il est très vraisemblable que, parmi ces principes constitutifs, tantôt l’un, tantôt l’autre prédomine, d’où résultent de légères modifications dans la manière dont diverses sortes d’Aleurone se comportent vis-à-vis des réactifs chimiques et aussi des dissolvants. La variété de ces matières constitutives fournit un caractère essentiel et une distinction entre la substance dont il s’agit et l’amidon, vraisemblablement aussi avec le nucleus cellulaire, la chlorogène et la chlorophylle, qui paraissent offrir toujours une composition uniforme et plus simple. Certainement les chimistes, en étudiant avec soin un grand nombre d’Aleurones diverses, y découvriront encore plusieurs autres principes consti- tutifs qui, tous ensemble, se trouvent dans les grains de cette sub- stance, pendant le temps du repos de la végétation, de même que la fécule, tandis que le nueléus, la chlorogène et la chlorophylle servent à la formation et à l’accumulation de cette dernière, ainsi quê de la cellulose, à l’époque où les cellules sont dans toute leur activité. Autant qu'il est permis de le conclure d'observations encore incomplètes, les grains d’Aleurone naissent des vésicules du suc contenu dans la cavité du ptychoïde, la membrane-enveloppe de celle-ci persistant, tandis que son contenu se change successive- ment en chlorogène, en chlorophylle, même partiellement en fé- cule, et seulement ensuite en Aleurone. Il est très vraisemblable que ces vésicules du suc produisent aussi l'huile dont sont enduits plus tard les granules de cette substance. Pendant la germination, celle-ci repasse, au moins en partie, par ses premiers élats ante- rieurs. De même que dans une graine de Lupin qui mürit, mais qui est encore verte, on voit disparaître la fécule, la chlorophylle, les nucléus, de même, pendant et après la germination, on voit reparaitre dans les cotylédons verdissant à la lumière toutes ces MÉMOIRE SUR L'ALEURONE, 929 formations épigones, non qu’elles soient produites de nouveau par des matières amorphes, mais parce qu'il s'opère là une métamor- phose rétrograde. De là résulte l'absorption de toutes les substances en réserve. Outre ces propriétés et ces manières d’être générales, l'Aleurone présente encore, dans certains genres ou espèces, des caractères parhculiers qui vont être exposés dans les paragraphes suivants : 4. Cavité intérieure. I n’y a qu’un nombre très petit proportionnellement de graines, dans lesquelles la membrane-enveloppe du grain d’Aleurone ren- ferme une masse glutineuse continue. C’est ce qui a lieu cepen- dant dans les Légumineuses ligneuses, dans les Camellia japonica et oleifera, fig. V, 1-4, dans les Pistacia, Fraæinus, Calycanthus, Evonymus , Iberis, Lithospermum, Halesia, Berberis, Rham- nus, ete. Dans la plupart des cas, la masse glutineuse, dans l’inté- rieur du grain, forme un vide plus ou moins grand, qui, dans la Vigne, dans les Amygdalées et Corylacées, dans les Fagus, Vi- burnum, Rubus, dans les Ænona, Chionanthus, Phillyrea, Sty- raxæ, Ruellia, Populus, se montre profond et se trouve en commu- nication avec la membrane-enveloppe au moyen d’une sorte de canalicule court (fig. I, 1-6, Corylus ; fig. VIT, 1-8, Moringa). Plus fréquemment ce vide intérieur est pariétal, et il résulte de ce que la matière intérieure s’est retirée de la membrane-enveloppe Sur une surface plus large; c’est ce qui a lieu dans le Bertholletia (fig. I, 1-6), les Ricinus, Croton, Coffea, Elæagnus, Stenochilus, Leuzea, dans la plupart des Conifères, dans les 4/nus, Betula, Liriodendron , ete. La portion de la membrane-enveloppe qui se trouve ainsi détachée de la matière glulineuse, se renfle ensuite assez souvent en vésicule, sous la forme d’un sac adhérent au grain ; par exemple, dans le Sesamum orientale, le Linum usita- hssimum, le Cannabis sativa. Plus rarement, on voit plusieurs de ces vides pariétaux, comme dans le Vaillarsia nymphæoides , le Picea excelsa, le Calandrinia pilosiuscula, le Cratægus coccinea. Dans ce dermer, le vide se subdivise en un si grand nombre de vacuoles, qu'il échappe facilement à l'observation. Dans le F’er- 390 TH. HARTIG, bena venosa, le vide intérieur se trouve situé au milieu du grain, de telle sorte qu'il touche par deux côtés à la membrane- -enveloppe. … Le Bertholletia excelsa fournit les meilleur es données. relative- ment à la signification anatomique du vide intérieur pariétal, lors- qu’on. en traite la fécule sur le porte-objet alternativement par l’es- sence de Girofle et par l'alcool iodé. On voit alors une utricule intérieure parfaitement fermée, confluente par son côlé libre avec la membrane-enveloppe externe (ptychoïde), et entourant le vide. Dans mon opinion, cette utrieule est relativement à la membrane- enveloppe dans les rapports d’un ptychode au ptychoïde ; dès lors la substance glutineuse est déposée entre les deux dans l’espace. ptychoïque ; elle correspond à l’asiathe dans les couches de dépôt des parois cellulaires, et aux couches d’amylon dans le grain de fécule. On obtient encore, sous ee rapport, de bonnes indications, en. étudiant l’Aleurone dans le Liriodendron et les Linum.. dans les Élæagnus et Moringa. 2. Contenu. Lorsque le grain d’Aleurone présente un vide intérieur, on y trouve généralement, par exemple, dans plusieurs Conifères, dans les Ricinus , Croton, Moringa, Leuzea , Coffea, des corps divers, de forme déterminée, qui se distinguent tous ensemble par leur insolubilité dans l’eau et dans l’ammoniaque, et qui, de plus, dif- fèrent des autres éléments constitutifs de ces grains parce qu'ils ne brunissent pas par l’iode. Ce sont les corps suivants : a. Les Globides (Kranzkœrper) consistent en petits granules arrondis , groupés en globule autour d’un corps central. On les observe dans les Corylacées (fig. IE, 5) et dans le Fagus, les Amygdalées , les Fiburnum, Rubus, Anona, Chionanthus, Sty- Tax, Ruellia, Vins, Phillyrea. b. Les Cristalloides (Flichenkærper) caractérisés par la symétrie de leurs faces planes, qui sont disposées en angles les unes par rapport aux autres (Lupinus luteus, fig. 1, 3-6; Corylus, fig. IE, 3-6 ; Dielytra, Amygdalus, V'iburnum, Potentilla). c. Les Albines (Weisskerne), corps formant des nodosités en o MÉMOIRE SUR L ALEURONE. 991 grappes irrégulières (Berthollelia, fig. H, 7; Corylus, fig. I, 4 ; V'itis, Stenochilus, V'accinium, Alnus, Liriodendron). Un même grain renferme lantôt un, tantôt un autre de ces corps, tantôt il en contient plusieurs à la fois. Le Bertholletia n’a que des albines ; la Vigne présente des albines et des globides; le Corylus renferme ces mêmes corps, et de plus des eristalloïdes. Les eristalloïdes et les albines ne se colorent ni par l’iode ni par la solution de carmin ; ils se distinguent par là du noyau eristal- lin de l’Aleurone, qui, étant également insoluble dans l’eau, pour- rait aisément être confondu avec eux. . Tous ces corps divers sont entourés d’une membrane particu- lière qu’on peut reconnaitre, surtout en mouillant avec une goutte d’ammoniaque des coupes transversales de Pertholletia, Vilis, Corylus, Lupinus luteus, et en traitant ensuite le résidu insoluble par l’azotate de mercure. … Les globides de la Vigne et du Phillyrea méritent particulière ment de fixer l'attention, à cause de leur ressemblance avec des groupes de cristaux, après qu’on les a isolés au moyen de l’eau. Dans l’azotate de mercure, ils prennent la forme des globides or- dinaires ; leur corps central deviént alors rouge, tandis que les olobules marginaux restent incolores. Dans la germination du Lupin, c’est du cristalloïde que nait le nuclèus cellulaire. | 3, Cristaux d'Aleurone. Outre le cristalloïde de la cavité interne, on voit la masse eluti- neuse elle-même prendre, dans beaucoup de cas, une forme cris- talline, en général avec l’apparence d’un noyau cristallin situé au milieu de la matière amorphe, qui arrondit le grain en sphéroïde, comme dans une eau mère concrélée; quelquefois aussi cette forme s'étend à toute la masse d’Aleurone, cas dans lequel tout le grain semble former un eristal à vives arêtes. Ainsi, en obser- vant dans l'huile, on trouve au milieu des grains d’Aleurone du Bertholletia les rhomboëdres les mieux formés (fig. I, 1-4), parmi ceux de Myristica les octaèdres les plus réguliers (fig. XE), parmi ceux de Casuarina et de Nicohiana sanguinea des cubes 292 TH. HARTIG. réguliers, Les Faccinium Myrtillus et Vitis Idæa , les T'ourne- fortia, les Potentilla, montrent aussi, lorsqu'on observe dans l'huile, beaucoup de ces granules conformés en cristaux réguliers. Plus fréquemment les cristaux d’Aleurone se trouvent en noyaux dans l’intérieur de la masse glutineuse dé granules arrondis ou ne s'écartant de la forme globuleuse que par quelques angles isolés (fig. VII, 2, Elœæis). Le noyau cristallin est toujours alors plus dit- ficilement soluble dans l’eau que la matière glutineuse non cristal- lisée qui l'enveloppe ; il résiste même assez longtemps dans quel- ques plantes à l’action de l’ammoniaque, et c’est là un moyen de le rendre visible. Le Ricinus est des plus remarquables sous ce rapport. Chacun de ses grains renferme un gros cristal qui appar- tient au système du tétraèdre. Si l’on met dans l’eau sur le porte- objet quelques tranches minces de cette plante, cet qu’on les agite au moyen des aiguilles à préparation jusqu'à ce que le liquide de- vienne faiblement laiteux, on arrive à voir sur la lame de verre, au lieu des granules arrondis, une grande quantité de très beaux cristaux que la solution d'iode brunit, que l’azotate de mercure co- lore en rouge-brique, enfin que la carbonisation noireit. Ces cris- taux persistent aussi pendant quelque temps dans l’ammoniaque, et on peut constater leur situation dans le grain d’Aleurone en lavant quelques-unes de ces tranches sur le porte-objet dans une huile grasse, en ajoutant ensuite à cette huile une goutte d’ammoniaque et recouvrant avec une lame de verre. Si la saponification qui com- mence à se faire n’a pas trop opacifié les objets, on trouvera dans ce cas une assez grande quantité de granules, dans lesquels la membrane-enveloppe et la masse glutineuse externe, de même que le vide interne pariétal et son albine, se sont encore conservés, mais sont devenus tellement transparents, qu'ils laissent très bien voir par transparence les contours du noyau cristallin. Les Thuia occidentalis et plicata sont très remarquables sous ce rapport. En mettant dans la térébenthine des tranches de leur albumen, on voit à'travers la membrane-enveloppe un ou plu- sieurs gros cristaux dans l'intérieur d’un très gros solitaire non altéré. Ces cristaux d’Aleurone se conservent aussi pendant quel- que temps dans Peau et dans l’ammoniaque. MÉMOIRE SUR L ALEURONE. 999 Lorsqu'on se sera bien familiarisé avec la connaissance de ces détails, en observant d’abord le Ricin etensuite les Thuia, on pourra découvrir lenoyau cristallin debeaucoup d’autres sortes d’Aleurone. Il suffira pour cela de faire nager quelques tranches minces sur la surface convexe d’une goutte d'eau iodée, additionnée d’un peu d’iodure de potassium, De cette manière, on reconnait dans tous les granules aleuriques de Bertholletia un , quelquefois plusieurs noyaux d’Aleurone, qui, d’un autre côté, se montrent divisés en plusieurs morceaux arrondis dans les Croton, le Liriodendron, le Pinus austriaca, les Linum. On peut citer encore comme instruc- tifs, grâce au même traitement, les plantes suivantes : Cannabis, Morus, Ulmus, Marica, Benthamia, Sesamum , Tourneforha, Sambucus, Vaccinium, Salvia, Myrica, Casuarina, Cocos, Elœis . La plupart des graines des Conifères laissent dans l’eau un dé- pôt granuleux non dissous, qui présente des formes cristallines déterminées tout au moins sur la surface de la goutte d’eau, et aussi, dans beaucoup de genres, après la précipitation dans l’eau. Des faits très particuliers se présentent dans les grains aleuriques de beaucoup de Cupressinées : J'uniperus drupacea, Callitris qua- drivalvis, Gupressus horizontalis, Cryptomeria japonica, Frenela (T'huia ?) macrostachya Hort. Là les noyaux d’Aleurone montrent dans la solution une forme nettement rhomboédrique ou à six faces ; humectés de nouveau , après avoir d’abord été desséchés, ils chan- gent leur forme en celle d’un fuseau plus gros que le grain d'Aleu- rone duquel ils sont provenus. Les grains aleuriques du J'uniperus communis, du Biota orientalis, etc., conservent leur forme régu- lièrement tétraédrique, lorsqu'on les humecte aussi pour la seconde fois. 4, Grains jumeaux. Dans le Myrica cerifera, les Corydalis fungosa et nobilis, les Saussurea, une enveloppe membraneuse commune renferme plu- sieurs masses aleuriques distinctes et séparées. Évidemment ce fait correspond à celui de la pluralité des cristaux d’Aleurone qui s’observe dans le T'huia occidentalis, le Myristica, le Ricin, le 991 TH, HARTIG. Bertholletia. Ce sont là des éristaux d’Aleurone imparfaitement dé- veloppés, qui réssemblent aux cristaux quant à leur faible solubi- lité, et qui se comportent relativement à ceux-ci comme les masses aleuriques du Ricin par rapport à celles du Croton. Les espèces suivantes présentent la série des développements du noyau d’Aleurone : Bertholletia : Aleurone parfaitement cristallisée en un noyau. Myristica : de même, souvent en plusieurs noyaux soudés en= semble. Ricinus : cristallisation partielle de la matière aleurique en un (rarement plusieurs) noyau cristallin. T'huia : cristallisation partielle de la matière aléurique en plu- sieurs noyaux eristallins. Croton : cristallisation imparfaite de la matière aleurique en un noyau globuleux à plusieurs parties. Curcas : Üe même en ün noyau globuleux. Myrica : cristallisation imparfaite de la matière aleuriqué en plusieurs noyaux ; Camellia, Pistacia, Fraxinus, I sg ele. , absence complète d’une formation dé noyau. 5. Le solitaire. Dans un assez grand nombre de graines, on stingue parmi les granules aleuriques de chaque cellule un gros grain, caracté- risé non-seulement par son volume souvent décuple de celui des autres, mais encore parce qu'il renferme des granules qui man- quent aux autres. Les meilleurs exemples à cet égard sont ceux de la Vigne, du Corylus (fig. WE, 4-6), du Lupinus luteus (fig. 1, 3-6). Plus souvent, ce gros grain ne se distingue que par son volume considérable , les grains secondaires offrant le même contenu que lui, comme dans le Bertholletia , l’'Anona, le Cluo- nanthus, ou bien n’en présentant pas plus que lui, comme dans le Camellia , le Moringa , le Thuia. C’est ce gros grain qué j'ai nommé Solitaire. | | Jusqu'à ce jour, j'ai trouvé ce grain solitaire dans les graines de Fritillaria, Cocos, Llæis, Pinus Strobus, À bies, Picea, Larix, Cedrus, T'huia, Cupressus, Callitris, Frenela, Taæus, Fagus, MÉMOIRE SUR L'ALÉURONE. 899 Carpinus, Ostrya, Corylus, Populus, Vaccinium, Halesia, Vi- burnum, Sambucus, Coffea, Amygdalus, Prunus, Cerasus, Ru- bus, Calycanthus, Bertholletia, Smyrnium, Pistacia, Fraæinus, Elœagnus, Myristica, Lupinus luteus, Sophora, Galega, T'her - mopsis, Moringa, Tamarindus, V'itis, Evonymus, Iberis, Aconi- tum, Berberis, Anona, Liriodendron, Atragene, Clemats, Ca- mellia, Lithospermum, Chionanthus, Phillyrea, Arbutus, Sapota, Îlex, Collomia, Styrax, Nicotiana, Ruellia, Leuzea, Rulingia, Bovea, Sandoricum. Je ferai observer que, sur trois cent cin- quante genres que j'ai étudiés sous ce rapport, ce sont là les seuls dans lesquels je l'aie trouvé. Sur ce nombre, quarante ne m'ont offert que la fécule, et deux cents ne m'ont offert dans leurs cel- lules que de petits granules aleuriques uniformes. 6. Grain comblant (Das Füllkorn). Dans quelques graines, un seul grain d’Aleurone, d'un très fort volume, remplit toute la cellule ; à moins qu'il n’y. ait anssi des granüles de féeule qui, alors assez fréquemment, s’enfoncent plus ou moins profondément dans sa couche externe. Ces grains com- blants se distinguent encore des solitaires, parce qu'on ne les ren- coûtre pas dans toutes les cellules, mais seulement dans des files particulières de cellules {Myrtus Pimenta), ou bien dans des cel- lules isolées au milieu d’autres qui renferment de l’Aleurone ordi- naire ou de la fécule (Laurus Pichurim (fig.1-4), Pangium edule, Juglans, Carya).. J'ai encore observé des grains comblants dans le Theobroma Cacao, le Dipteryæ odorata, et dans quelques graines exotiques: dont le nom m'est inconnu. Quoiqu'ils aient en gé- néral les Caractères de l’Aleurone, ils en different: cependant, dans beaucoup de cas, par leur:coloration, qui devient souvent rouge intense, brune ou jaune. I faudra les étudier de plus près et avec plus de soin que je n'ai pu le faire encore. 7. Variations naturelles de couleur. Dans la plupart des cas, les grains ordinaires d’Aleurone sont incolores et transparents. [Fest rare qu'ils soient colorés naturel- lement; cépendant ils le sont plus souvent que ceux de fécule, pour lesquels je n'ai vu encore que ceux des Laurus indica et 986 TH. HARTIG. nobilis qui fussent colorés naturellement en rouge-rose. L’Aleurone est verte dans le Pistacia, bleu-indigo dans les cellules marginales d’une variété de Cheiranthus annuus, à testa gris-bleu, rose-rouge dans l’Hibiscus, brune dans une espèce d’Arachis que je ne con- nais pas, jaune dans l’Aülanthus, le Frangula , le Myristica , le Lupinus luleus. | Je vais maintenant exposer une suite d'observations destinées à éclaircir ce qui précède, et à faire connaître les procédés ainsi que les réactifs au moyen desquels je suis parvenu à obtenir les résul- tats exposés dans ce mémoire. Quant à la méthode et aux réactifs dont il faut faire usage pour des recherches de cette nature, je ferai ici cette observation géné- rale, que l'examen de différentes graines, sous le rapport de la fé- cule ou de l’Aleurone qu'elles renferment. peut être fait facilement et rapidement de la manière suivante : Sur la lame porte-objet on pose trois gouttes, une d'huile , les deux autres d’eau iodéé et d’ammoniaque , celles-ci convexes autant qu'il est possible. On fait des tranches minces de graines, et on les dispose l’une dans l’huile dans laquelle on l’agite en la pressant avec les aiguilles à dissec- tion , les autres sur la surface convexe de l’eau iodée et de l’ammo- niaque sur lesquelles on les laisse nager. On laisse ces tranches minces sur l’ammoniaque, jusqu’à ce qu’on voie, au moyen d'un grossissement de 200 diamètres, que des granules consistant en cristaux d’Aleurone, ou en grains inclus, ou en fécule, se sont pré- cipités ; alors on enlève ces tranches avec des petites pinces, et on laisse l’ammoniaque s’évaporer. On peut ensuite étudier ce préci- pité à l’aide de différents réactifs. Quant aux tranches posées sur une goulle d’eau iodée, on doit observer attentivement les granules qui en sortent et qui nagent à la surface de la goutte, parce que les modifications que subit l’Aleurone, par l'effet de sa dissolution lente, sont très instructives. C’est alors qu’on aperçoit un noyaü aleurique en tétraèdre dans l’Aleurone facilement soluble du Lirio- dendron. En même temps on y reconnait l'existence de la fécule à la coloration en bleu qu’elle prend. Quant aux granules déposés dans la goutte d'huile, ils ne subissent aucun changement , et ils servent de terme de comparaison pour ceux qui se trouvent dans | | | | | | | | | MÉMOIRE SUR: L'ALEURONE. 997 l'eau et dans l’ammoniaque. Si les granules tiennent trop forte- ment aux tranches, on emploie pour les détacher une goutte de térébenthine, au heu d'huile grasse. Quelques autres huiles vola- les, comme celles d’Anis, de Cannelle, d'OEillet, font bien connaitre la structure interne de l’aleurone, à cause de leur grand pouvoir réfringent. L’azotate de mercure est un réactif indispen- sable pour cette substance ; mais comme sa solution aqueuse ren- ferme toujours de l’acide azotique libre qui, quoique en très faible quantité, agit d’une manière fâcheuse sur les verres, je ne m'en sers guère que pour des recherches spéciales. Quant aux graines qui sont très pelites, on les écrase dans les liquides ci-dessus indiqués, jusqu’à ce que ceux-ci paraissent Jai- teux et qu'ils renferment une quantité de granules isolés suffisante pour l'observation. Si elles présentent quelque chose d'extraordi- naire, on peut en faire pour l’étude des tranches minces après en avoir englobé plusieurs dans de la gomme. FL. Lupinus luteus. La figure [, À, représente une cellule du Lupinus luteus ; cetle cellule ne renferme que des granules d’aleurone, dont le diamètre est, en moyenne, de + de ligne, parmi lesquels on en distingue un, trois ou quatre fois plus gros, remarquable non-seulement par son volume mais encore par les corpuscules qu'il contient, et qui manquent dans les granules plus petits. L'ensemble des granules de chaque cellule est entouré par l’utricule de ptychode qui la se- pare de la paroi cellulaire. Si l’on pile dans un mortier des cotylédons dénudés et sccs de Haricot, qu'on ajoute de l'huile grasse de manière à en faire une bouillie claire qu'on jette ensuite sur un tamis fin, l'huile coule laiteuse, et on en obtient, au bout de vingt-quatre heures, un dé- Ôt qu'on peut épurer en faisant d'abord écouler l'huile de lavage sur un filtre de papier, en pressant après cela entre deux doubles de papier joseph, enfin en enlevant avec l’éther le peu d'huile qui peut y adhérer encore. | Si l'on traite l’aleurone ainsi obtenue, sur un filtre de papier, avec l’eau, l’ammoniaque ou l'acide acétique, on n'obtient pas une 4° série. Bor. T. VI. (Cahier n° 6.) ? 22 298 TU. HARTIG. émulsion mais différentes matières en solution. En traitant suc- cessivement de différentes manières ces diverses solutions , on en obtient de la fibrine, de l’albumine, de la gliadine, de la caséinéet de la légumine. Après la séparation de ces matières, il reste un résidu de consistance gommeuse qui ne précipite pas par l’infusion de noix de galle, et qu'on peut obtenir isolé en vaporisant lentement le liquide. Au contraire, la solution acétique, traitée par l’ammoniaque, ne donne aucun précipité. Si l’on examine la matière restée sur le filtre et non dissoute, d’un côté par l’ammoniaque , de l’autre par l’acide acétique , on reconnait que la première de ces substances a dissous, outre les parois cellulaires ét les cristalloïdes solitaires, non-seulement ioute l’aleurone, mais encore l’utricule de ptychode, tandis que sur le filtre, à travers lequel a passé l’acide acétiqué, sont restés, avec les parois des cellules, les utricules de ptychode enfermant les enveloppes des grains d’aleurone , auxquelles la compression donne les formes polyédriques du tissu cellulaire parenchymateux (fig. 1, Il). La matière que l’acide acétique précipite de la solution ammo- niacale forme donc non-seulement les enveloppes de l’aleurone, mais encore l’utricule ptychodique des parois cellulaires, tandis que la matière que l’infusion de noix de galle précipite avec l’al- bumine , la gomme et le sucre, appartient au contenu des grains d’aleurone. Pour voir clairement ces faits, il faut couper les cotylédons du Lupin en tranches aussi minces qu'on les fait habituellement pour l'observation microscopique. On met ces tranches sur le porte- objet, les unes dans l'huile, d’autres dans une eau fortement su- crée, d’autres encore dans la glycérine. On en met une plus grande quantité sur trois petits filtres de papier joseph, et on filtre pen- dant plusieurs heures, en ajoutant constamment de l’eau, de lam- moniaque, de l'acide acétique. On examine de temps en temps les changements que subissent ces tranches dans l’eau, dans l’ammo niaque et dans l’acide acétique. On reconnait ainsi que celles qui se trouvent dans le filtre, soumises à l’action de l’ammoniaque , MÉMOIRE SUR L’ALEURONE. 390 perdent très rapidement tout leur contenu cellulaire. Les grains d’aleurone disparaissent aussi bien que l’utricule de ptychode qui les renferme, et il ne reste que les parois cellulaires des cotylé- dons. Au contraire, sur le filtre à acide acétique, 1l reste non-seu- lement l’utricule de ptychode des parois cellulaires, mais encore les enveloppes externes des grains d’aleurone (fig. 1, IE) dont une partie nage isolément dans le liquide, dont l’autre s’umit en uné masse semblable à du tissu cellulaire, tandis que le contenu en légumine , etc., diminue gratluellement, et finit par disparaître tout à fait. Malgré la solubilité dans l’eau de la matière qui formé l’enve- loppe, si l’on traite sur un filtre par ce liquide de l’aleurone isolée, elle y reste non dissoute. Si l’on a la précaution de ne jamais lais- ser écouler entièrement l’eau du filtre, et, chaque fois qu’on Ia re« nouvelle, de la faire couler fort, elle se montre laiteuse sur le filtre, inême au bout de six à huit heures, non par émulsion, mais par la présence d’une grande quantité d’enveloppes üe grains d’aleurone entièrement vidées de leur contenu. En chauffant le liquide, on détermine ces enveloppes de l’aleurone à se vider très rapidement, Les enveloppes aïñsi vidées peu à peu sont insolubles à un haut degré. J'en ai conservé tout un jour dans l’eau alternativement froide et chaude, dans l'alcool, l'éther, dans les acides minéraux et organiques étendus, même dans l’ammoniaque étendue, sans y remarquer aucune altération appréciable, Après ces préparations et d’autres semblables, on comprendra les images qu'offrent sur le porte-objet les tranches minces trai- tées ou non par les réactifs. Sur des tranches minces de graines müres et sèches du Lupin, on ne voit rien de plus que des granules d’aleurone semblables à des granules de fécule, parmi lesquels les plus gros ont été en partie coupés transversalement et se montrent rayés sur leur sec- tion par l'effet des inégalités de la lame tranchante. Les granules d’aleurone sont originairement indépendants les uns des autres (fig. I, 4); mais lorsque le desséchement rétrécit la cavité cellu- lire, où qu'en les mouillant de nouveau on détermine le gonfle- ment de leur matière, ils se collent par leur surface externe, et ils 3h0 TH, HARTIG. prennent alors assez souvent dès formes polyédriques, de manière à imiter uné masse cellulaire qui occuperait la cavité de la cellule (fig. [, IT). On peut faire des coupes des granules les plus gros en englobant de l’aleurone dans une solution de laque par léther, et en laissant sécher. Toutes les huiles grasses montrent clairement et nettement les parois cellulaires et les cellules d’aleurone contenues dans leur in- térieur. Les granules conservent leur sécheresse dans Phuile, tandis que la glycérine les ramollit. Les huiles volatiles, non oxy- génées, n’agissent pas autrement. L’essence de térébenthine est très propre à isoler sur le porte-objet l’aleurone du tissu cellulaire oléifère. L'alcool anhydre n’a pas plus d'action que l'huile. Sous une lame de verre, on peut le laisser évaporer, sans que les granules subis - sent la moindre altération. Mais si l’alcool s’évapore librement sur l’aleurone, les granules de celle-ci se fondent au dernier moment ; ils laissent ensuite une substance transparente qui durcit et qui peu après se divise, en se contractant, par des crevasses anguleuses. La teinture d’iode colore d’abord en jaune vineux, puis en rouge-sang, et sur les gros grains isolés elle rend tres visibles des fossettes superficielles (fig: E, 2). L’éther n’agit pas plus que l'alcool sur les granules ; il peut s'évaporer sur eux à découvert, sans qu'ils se fondent. L’aleurone, lavée dans l’éther, perd sa nature farineuse , et se réunit en gru- meaux. . Une solution de sucre concentrée n’exerce aucune action sur cette substance. Des tranches minces de Haricots secs, mouillées avec une s0- lution d’azotate de mercure dans de l’eau mêlée d’un peu d’acide azotique, se colorent en rouge-brique dans l’espace de quelques minutes. Le microscope montre ensuite clairement que la matière aleurique s’est seule colorée, tandis que son enveloppe granuleuse est restée incolore. La glycérine pénètre lentement les grains ; à mesure qu’elle le fait, sa différence de pouvoir réfringent donne l'apparence d’une bordure qui s’élargit graduellement autour d’un noyau qui finit MÉMOIRE SUR L'ALEURONE. ah par disparaitre. Si l’on a d’abord dissous de l’iode dans la glycé- rine, le noyau reste toujours incolore, tandis que la bordure brunit. L'eau trouble instantanément les granules qui sont naturelle- ment transparents et incolores ; leur surface extérieure prend une apparence granuleuse. Si l’on chauffe l’aleurone avec une lampe à esprit de vin sur Ja . lame porte-objet, jusqu’à ce qu’il y ait un commencement de tor- réfaction se traduisant par un brunissement , il se développe une forte odeur de pain fraichement cuit, sans que les granules subis- sent un changement appréciable ni dans leur grosseur, ni dans leur forme. Presque dès qu’elle commence à brunir par la cha- leur, ses grains les plus gros se gonflent en vésicules par Peffet d'un développement intérieur de gaz; la plupart se carbonisent en globules noirs, luisants, sans subir de fusion. Dans une capsule de platine , cette substance se gonfle, jusqu’à prendre un volume six à huit fois plus considérable ; elle brûle avec une flamme lente, etelle laisse un charbon vésiculeux difficile à brûler, dont l’incinération donne une grande quantité de carbonates s0- lubles, particulièrement de carbonate de chaux. Si l’on chauffe l’aleurone sur le porte-objet, sous la glycérine, ses granules s'étendent en une sorte de mousse, et, à différents moments de cette altération , on reconnait fort bien leur structure intérieure. Dans le Lupinus luteus, et seulement dans cette espèce, chaque cellule des cotylédons renferme un seul grain d’aleurone, remar- quable par sa grosseur considérable, qui ne se distingue nullement des petits granules pour la forme, pour la membrane-enveloppe, ni pour la substance interne, mais dans lequel est englobé un corps semblable à un cristal, insoluble dans la glycérine, qu’on rend visible en dix ou quinze minutes si l'on met sur le porte-objet des tranches minces dans une goutte de glycérine ou de solution su- turée de sucre. La forme la plus habituelle de ce corps (fig. 3-6) est celle d’un disque plat, quadrilatère, dont les angles sont plus ou moins arrondis, et qui devient même hexagonal ou octogonal. Au centre, on y remarque une tache ombilicale , quelquefois arquée (fig. 5). 6112 TH, MARTIG. Onisole aisément pour les observer ces formations cristalloïdes, en mettant des tranches sur le porte-objet, sous l’ammoniaque caustique. Elles conservent, sans altération, leur forme vivement anguleuse, même après la vaporisation de l’ammoniaque. L’azotate de mercure ne colorepas le cristalloïde, mais il enre- tire la substance et laisse une membrane-enveloppe délicate. Ce réactif se comporte, relativement au cristalloïde, absolument comme par rapport au nucléus cellulaire: Ce cristalloïde n’est évidemment pas un eristal dans le sens or- dinaire de ce mot, et il renferme une quantité assez considérable de matière organique ; c’est ce que prouvent, 4° l’action des acides qui rend granuleuse et terne son enveloppe, et qui arrondit les angles; 2° l’existence d’une tache ombilicale ; 3° enfin et surtout la manière dont ce corps se comporte dans la graine en germination. Lorsqu'on fait germer les graines du Lupin, le tissu cellulaire des cotylédons gonflés par l'effet d’une absorption d’eau, jusqu’à doubler de diamètre en vingt-quatre heures, montre la matière glutineusede chaque grain d’aleurone divisée en petits corps arron- dis, de très faibles dimensions. Pendant qu’une portion de ces corps se dissout et sert au développement de l'embryon, une autre se transforme en chlorogène, en chlorophylle et en fécule. Au milieu de ces modifications, le cristalloïde reste assez longtemps inaltéré. C’est seulement lorsque les cotylédons ont verdi , et que la plumule les a dépassés, que la membrane-enveloppe du ceristalloïde s’en détache en formant une double bordure, tandis que la tache ombi- licale devient une perforation ; alors son contenu subit graduellement un changement de forme semblable à ceux que représentent les figures & et 9. Finalement, le cristalloïde se change en un nucléus cellulaire organisé normalement. On peut très facilement suivre la série complète des différents degrés de transformation du cristal- loïde en nucléus cellulaire, si l’on fait germer le Lupin, qu’on en laisse croître la plumule jusqu’à ce qu’elle dépasse les cotylédons; si l'on coupe ensuite ceux-ei tout contre la jeune plante, qu’on enlève des tranches minces du pétiole incolore des cotylédons jus- qu’au tissu cellulaire vert de ceux-ci , et qu'on mette ces tranches dans une solution faible de carmin. MÉMOIRE SUR L'ALEURONE. dlà II. Les Fumariacées. Dans les grains d’aleurone des Dielytra, on trouve les mêmes cristalloïdes que dans ceux du Lupin. Là également ils sont en table, à six angles, également entaillés au bord, seulement un peu plus épais. On peut les rendre très visibles dans l'intérieur des . granules, au moyen d’une solution saturée de sucre. Les solitaires manquent ; les granules ont tous la même grosseur, et tous aussi contiennent un cristalloïde. Dans les Fumaria capreolata et officinalis, beaucoup de gra- nules , examinés sous l'huile, présentent un passage de la forme sphérique à celle de tables hexagonales ou de cubes. Après la disso- lution dans l’eau, les cristalloïdes restent sous la forme de tables hexagonales, et aussi sous celle de corps plus petits qui paraissent être octaédriques. Ils ressemblent beaucoup aux grains cristallins d’aleurone du Ricin. Dans le Corydalis fungosa , l’aleurone se distingue par la con- formation de ses granules en cylindres noueux. III. Ricinus. Ici tous les granules examinés dans l'huile se montrent encore de grosseur uniforme et globuleux, avec une cavité intérieure pa- riétale. Si l’on pose des tranches minces sur la surface d’une goutte convexe d’eau iodée, on découvre, au bout d’une minute, dans l'intérieur de chaque granule, un cristal à vives arêtes et si vo- lumineux qu’il ne laisse qu’un espace étroit entre sa surface et la membrane-enveloppe du grain. Ces cristaux d’aleurone se conservent aussi dans l’ammoniaque, qui permet de bien reconnaitre leurs formes comme appartenant au système du tétraèdre. Les cristaux composés ne sont pas rares , et ils forment une bonne transition aux grains d’aleurone des Croton, Liriodendron, Myrica, et de beaucoup d’autres végétaux, dans lesquels les noyaux composés perdent de plus en plus la forme cristalline, tandis que ceux du Curcas sont simples et très gros proportionnellement au grain d’aleurone, mais sphériques, ct sans indice de forme cristalline. 3hh TH. HARTIG. On peut observer très bien la disposition du noyau cristallin et des albines dans l’intérieur de la membrane-enveloppe, en lavant des tranches minces avec de l’alcool concentré dans un petit vase à essais, en faisant ensuite évaporer sur la lame du porte-objet une goutte du liquide laiteux , et en mettant enfin une goutte d’eau iodée sur les granules d’aleurone qui sont restés. La rapidité avec laquelle se décomposent les matières végétales azotées se concilie mal avec la longue durée des cristaux aleuriques du Ricin. J’en ai conservé, avec les tranches minces, pendant une semaine, dans l’eau et à l’air, dans une chambre chaude, sans les avoir vus se dissoudre. IV. Linum. Il ne renferme pas non plus de solitaires, mais bien des grains d'aleurone de grosseur uniforme, de ;4 de ligne en diamètre, avec une très grande cavité interne pariétale. Sur la surface d’une goutte d’eau 1odée, la membrane-enveloppe, l’albine et le noyau aleurique, se conservent longtemps. Ce der- nier n’est pas cristallin, mais d'ordinaire divisé en plusieurs mor- ceaux, dont les angles sont arrondis. La coloration par l’iode les fait aisément distinguer de l'albine qui est ici globuleuse. Lorsqu'on lave des tranches minces dans l’ammoniaque , il ne persiste que les albines globuleuses, qui, çà et à, s'unissent en granules complexes. Le Cannabis offre des faits analogues, mais moins clairs. V. Bertholletia excelsa. La graine ne renferme, comme celle du Lupin , dans le tissu cellulaire des cotylédons, que de l’aleurone et de l'huile. Dans chaque cellule, avec beaucoup de petits grains, on en voit un seul gros, qui a jusqu'à 4 de ligne de diamètre, et dans lequel ses caractères font aisément reconnaitre un noyau aleurique. L'auteur entre au sujet de l’aleurone de cette graine dans. de longs détails, desquels il tire les conclusions suivantes. On distingue dans le grain d’aleurone du Bertholleha : 4° Le contenu d’aleurone ou la substance aleurique : l’iode la MÉMOIRE SUR L'ALEURONE, 919 brunit, l’azotate de mercure la rougit et la granule, elle concentre les couleurs, l'eau et l’ammoniaque la dissolvent, ete. 2° La membrane-enveloppe : brunie par liode, non rougie par l’azotate de mercure, ne concentrant pas les couleurs, soluble dans l’ammoniaque et non dans l’eau. 3 L’albine : non colorée par l’iode, ni par l’azotate de mercure, ne concentrant pas les couleurs, insoluble dans l’ammoniaque, aussi bien que dans Peau. VI, Myristica. La Noix-Muscade contient principalement de la fécule compo- sée; mais entre les grains de celle-ci, on voit dans quelques cel- lules un gros solitaire, naturellement jaunâtre, qui, assez souvent, se conforme en octaèdre très net (fig. XI). Fréquemment, plusieurs de ces cristaux se soudent entre eux. La cavité pariétale qu'y montre la figure manque dans la plupart des cas ; ces cristaux sont plus gros et plus abondants dans les Muscades oblongues que dans celles qui sont arrondies. Le lavage dans l’essence de térébenthine est le meilleur procédé pour en faciliter l'observation. Ce solitaire est peu soluble dans l’eau et dans l’ammoniaque , même dans l’acide sulfurique affaibli, et dans la solution de potasse. VII. Cocos, Elæis. Les fruits des Palmiers à graines molles et oléagineuses con- uennent, dans les grosses cellules de leur albumen, des solitaires analogues à ceux du Ricin et du Bertholletia en ce que la plus grande parte de l’aleurone ya pris la formede cristal. La figure VI représente une cellule d’une graine de Palmier indéterminé , où . l'on voit enfermé dans l’utricule de ptyehode non-seulement un | solitaire à noyau cristallin, visible par transparence, mais encore beaucoup de petits granules et des groupes en forme de plume de stéaroptène au milieu de beaucoup d'huile. L’essence de térében- thine isole facilement le solitaire du tissu cellulaire des tranches minces ; en oulre, elle sépare la membrane-enveloppe de la matière glutineuse, comme le montre la figure VI, 2. Si l’on fait nager des tranches minces de cette graine sur la surface d’une goutte 246 TH. HARTIG. d’eau arrondie, on voit le noyau aleurique cristallin, avant sa com- plète dissolution, se diviser en nombreux petits rhomboèdres. VIII. Vitis. Si le Lupin ne renferme que des enistalloïdes, tandis que le Bertholletia et le Ricin ne présentent que des albines, on trouve dans la Vigne des albines et des globides réunis dans chaque so- litaire. Ceux-ci atteignent, d’ailleurs, une grosseur tellement su- périeure à celle des petits granules ordinaires, qu'ils ont jusqu’à # de ligne. Des sections transversales de lalbumen dur et oléagineux offrent quantité de coupes nettes de ces gros solitaires. Par l'observation sous l'huile, on ne voit dans ces granules qu’un olobide enfoncé dans une cavité interne, semblable à celui du Noisetier (fig. HE, 1-3), mais plus étendu dans le sens rayonnant. En outre, les sections des granules montrent à leur milieu un petit cercle avec des taches ponctiformes, éparses et verdâtres. Lorsqu'on lave des tranches de graines sur le porte-objet, dans l’eau ou dans l’ammoniaque, les albines et les globides restent non dissous. Les premières ont la forme des tubereules de pomme de terre, et leur diamètre égale en moyenne 4 de ligne. Elles ne se colorent ni sous l’action de l’iode ni sous celle de l’azotate de mercure ; comprimées sous une lame de verre, elles se brisent en plusieurs morceaux anguleux, et elles n’absorbent aucune matière colorante... Quant aux globides, ils ont la forme extraordinaire de petits groupes de cristaux hérissés de pointes ; leur diamètre est de 5 de ligne ; ils se brisent aussi sous la pression d’une lame de verre; l’iode les brunit, et ils absorbent les matières colo- rantes. L’azotate de mercure change leur forme hérissée de pointes en celle qui appartient habituellement aux globides, et il colore leur granule central en rouge intense, tandis que les globules pé- riphériques restent incolores… M. Th. Hartig entre encore dans des détails très circonstanciés relativement à l’aleurone considérée dans le Cissus antarctica, le Corylus, les Camellia olerfera ct japonica, le Moringa aptera, les T'huia plicata ct occidentalis, le Laurus Pichurim, V'Ervum Lens, dans les tubercules et les racines en général, Les faits rap- MÉMOIRE SUR L'ALEURONE. 317 portés pour les huit premières plantes, parmi lesquels nous avons reproduit ce qui nous a semblé le plus important, nous dispensent de traduire cette portion de son long mémoire. Celui-ci se termine par deux paragraphes relatifs à l’'organogénie et aux formations qui sont de nature à induire en erreur. : Organogénie. Je n'ai pu suivre, dit l’auteur, le développement de l’aleurone que dans le Lupin. Jusqu'au moment où l’albumen de cette graine est entièrement résorbé (la grosseur de la graine est environ les à de ce qu’elle sera finalement), les cellules des cotylédons ne pré- sentent rien d’extraordinaire. La cavité du ptychode renferme, outre le nucléus cellulaire pariétal habituel, une grande quantité de grains de chlorophylle (fig, VIE, 2). Peu après qu’a eu lieu la ré- sorpüon de l’albumen, les grains de chlorophylle se marquent de lignes (fig. VIII, 3), après quoi, dans chaque corpuscule, se dé- veloppe un grain de fécule (fig. VIT, 4-5) reconnaissable à la cou- leur bleue que lui donne l’iode, En outre, on voit disparaitre peu à peu la couleur verte des grains de chlorophylle qui renferment les granules de fécule (les cotylédons verts jusqu'alors se décolo- rent). Par la continuation du grossissement des grains de chloro- phylle qui étaient originairement simples, on voit disparaitre peu à peu les granules de fécule dont la substance se liquéfie, à ce qu'il parait (7b., Gg. 6), jusqu'à ce qu’enfin le grain total, main- tenant ovoide et beaucoup plus gros, soit devenu incolore et sus- cepüble d'être coloré par l’iode en brun-jaunâtre uniforme, par l’azotate de mereure en rouge-brique (Zb., fig. 7). La figure VIT, L, représente une cellule des cotylédons du Lu- pin, les méats intercellulaires étant encore pourlaplupart grands et pleins de gaz; cette cellule est examinée au moment où la graine a pris à peu près tout son développement. La cavité du ptychode renferme des masses pressées de granules qui sont déjà partielle- ment transformés en aleurone (fig. 7), mais dont une portion ren- ferme encore de la fécule englobée dans la chlorophylle (fig. 4-6). Un nucléus cellulaire pariétal se trouve dans une dilatation de la cavité du ptychode. Il est très vraisemblable que c’est le nucléus Gite TH. MARTIG. cellulaire qui se développe en solitaire, où peut-être le nueléole qui se développe en cristalloïde, car, à partir du moment où j'ai pu observer les premiers indices de ce dernier, je n’ai plus retrouvé de nucléus cellulaire avec la forme ordinaire des nucléoles. Formations qui peuvent induire en erreur, L'huile grasse étant indispensable pour l'étude de l’aleurone , je rapporterai en terminant, dit M. Hartig, quelques phénomènes qu'on observe dans le contact avec ce liquide dé quelques réactifs, particulièrement de l’ammoniaque et de l’azotate de mercure. Ces phénomènes peuvent très bien induire en erreur lorsqu’on observe au microscope ; d’ailleurs, ils ne sont pas dépourvus d'intérêt physiologique , à cause de la ressemblance frappante qui existe entre les formations artificielles produites par ce moyen et cer- taines formations de l'organisme vivant. Si l’on met en contact, sous une lame de verre, une goutte d'huile (particulièrement d'huile de lin) avec une goutte d’ammo- niaque, on voit que, aux points de contact de ces deux liquides, l’ammoniaque, en pénétrant dans l'huile, y forme comme un bord trouble et laiteux (liniment des pharmacies). Ce trouble est dû à une granulation de l'huile en parties moléculaires, qui se réunis- sent en corps plus gros, mesurant jusqu’à 3, de ligne de dia- mètre. Au bout de quelques minutes, les plus extérieurs de ces corpuscules de liniment se gonflent par le contact avec l’ammo- maque libre et s’allongent en forme de tube dans ce liquide, se séparent en partie de l’huile, et suivent l’ammoniaque dans les mouvements qui résultent pour elle de sa vaporisation. Ils agran- dissent alors leur volume jusqu’à avoir plus de mille fois la grosseur du corpuscule de liniment, et leur grossissement se fait, non par agrégation, mais par expansion. Il en résulte la série de formes et de structures que représentent les figures 9 et 25 (fig. VI). Dans les unes, ce sont des couches concentriques formant des corps isolés (fig. 10) ou rattachés deux par deux à des couches enve- loppantes communes, ou emboîtés plusieurs fois les uns dans les autres (fig.17). Dans les autres, les couches sont concentriques au- tour du vide cylindrique, allongé (fig. 24, 25), dans lequel on re- MÉMOIRE SUR L'ALEURONE. 3h9 connaît l'existence de petits corps globuleux en mouvement molé- eulaire vif. Toutes ces particularités peuvent encore s'expliquer par les lois naturelles générales, bien que la formation de couches très distinctes autour d’un vide allongé soit déjà passablement re- marquable. Mais comment expliquer qu’un ou plusieurs de ces tubes soient entourés d’une membrane-enveloppe commune et dé- licate, et. se trouvent dans celle-ci disposés en un corps globuleux de différentes manières, mais toujours avec régularité et évidem- ment d’après une loi déterminée (fig. 11-15)? L'expansion dans l’ammoniaque continuant de se faire, la membrane-enveloppe s'ouvre par un trou circulaire, à contour net; les tubes en sortent peu à peu (fig. 18-22), et assez souvent ils s’enroulent en spirale après leur sortie (fig. 23). Une particularité frappante consiste dans la consistance plus grande et l’extensibilité moindre de l’enve- loppe mince, dont la résistance se manifeste par le resserrement qu’elle détermine sur les tubes lorsqu'ils sortent par son ouverture (fig. 24, 29). Si, avant de mettre l’ammoniaque, on fait agir sur l'huile de l'alcool anhydre, on voit ensuite, pendant l’action de l’ammoniaque, les tubes ou les boules s’altérer fréquemment selon les manières indiquées par les figures 26-30. Dans ce cas, tantôt la cohérence des couches de dépôt a seulement cessé par l'effet de l'inégalité d'expansion (fig. 26, 27), tantôt ces couches, ainsi séparées, se sont décomposées ensuite en filaments (fig. 29, 30). Le contact de l’azotate de mercure avec l'huile donne lieu à la formation de couches concentriques à bords plissés autour d'un espace vide, globuleux ou cylindrique, ou bien autour d’un corps solide. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHES A0 #&T 41. Elles représentent toutes les figures, ainsi que les numéros qui les accom- pagnent dans le texte original. PLANTÆ NOVÆ ET MINUS COGNITÆ QUE IN HORTO REGIO BOTANICO BEROLINENSI COLUNTUR. 1856. BEGONIACEÆ auctore KLOTzsCK. Beconia ogLiqua l'Héritier, Sürp. Nov. 2, 46 (absque descriptione et synonymis) non Linn.— Begonia speciosa, Hort. Berol. B. fruticosa, erecta, glabra; ramulorum articulis apicem vérsus rubescentibus ; folis oblique cordato-ovatis acuminatis obsolete crenato-dentatis subverticalibus, supra læte viridibus, subtus pal- lidis, utrinque nitidis; petiolis patentibus subteretibus, basi api- ceque rubris; süpulis anguste oblongis obtusis margine recurvis carinato-apiculatis ; eymis iterum atque iterum dichotomis dilatatis in apice ramulorum pedunculatis; bracteis obovatis; floribus masculis albidis tetrapetalis, petalis exterioribus rotundato-oblongis majoribus, interioribus angustissime obovatis, apice rotundats , basi attenuatis , femineis pentapetalis subroseis, petalis subæqua- libus oblongis utrinque obtusis ; germinibus candidis trialatis, ahis inæqualibus obsolete crenulatis apice truncatis, maxima obtu- siuscula. Frutex 3-4-pedalis, ramosus. Folia 3-5 poll. longa et 2-3 poll. lata. Petioli 1-2 poll. longi. Stipulæ pollicem longæ et inferne dimidium pollicem latæ, ad marginem semper revolutæ. Bracteæ lin. longæ et infra apicem 2 lin. latæ. Petala exteriora florum masculorum 8 lin. longa et 6 lin. lata, interiora 7 lin. longa, ad apicem 2 lin. lata. Petala fl. fem. semipollicem longa et 2-9 : lin. lata. Alæ minores À 5 lin. latæ, maxima 2 + lin. lata. Ex India occidentali. Floruit in horto Berolinensi, Augusto 1856. PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. 351 GURLTIA BOUCHEANA KI. G. glaberrima, erecta ; caulibus plurimis teretibus pallide viridi- bus tumido-articulatis, apicem versus breviter ramosis ; stipulis ova- üis carimato-acutis viridibus pellucidis, petiolis teretibus longis ru- bescentibus apice annulatim deflexo-dentatis ; foliis magnis peltatis oblique ovato-oblongis subacuminatis inciso-dentalis septemnerviis, deinde ciliato-serratis, supra læte viridibus sparsimque scabris, subtus glabris et pallide sanguineis; cymis axillaribus quater di- chotomis erectis robustis folio sublongioribus ; bracteis cymbifor- mibus elongatis acutis, inferioribus latioribus pallide viridibus, superioribus angustioribus roseis; floribus candidis majuseulis, masculis mæqualibus tetrapetalis in alabastro complanatis orbicu- lato-cordatis dorso sparsim setosis, petalis interioribus glabris subspathulatis apice cucullato-retusis ; floribus femineis bibrac- teatis, petalis subinæqualibus subtilissime crenato-serratis ; ger- mine turbinato-trigono candido æqualiter trialatos capsulæ alis obtusis. Caules erecti, 6-pedales, herbaceï, 6-8 lin. crassi. Stipulæ 16 lin. longæ, 8 lin. latæ. Petioli teretes, 8-10 poll. longi, pennæ anserinæ crassitie, sursum attenuali, apice annulatim deflexo- dentati. Folia submembranacea, 5-10 poll. longa, 24-5 poll. lata, Pedunculi 4-6 poll. longi, pennæ corvinæ crassitie. Cymæ & poll longæ, 5-6 poll. in diametro. Bracteæ inferiores 8 lin. longæ et lin. latæ, superiores 5 lin. longæ et 1 À lin. latæ. Petala exte- riora florum masculorum pollicem longa et lata, interiora 9 lin. longa et.2 lin. lata. Petala flor. fem. 6-9 lin. longa et 8-9 lin. lata. Capsularum alæ 3 lin. latæ. Venezuela. Floruit mense Julio 1856 in horto bot. Berolinensi. GIREOUDIA RHIZOCAULIS KI. G. rhizomate brevi ramoso repente subcochleato ; folis oblique cordatis ovato-orbiculatis sublobato-dentato-serratis margine ru- bescente setosis, supra læte viridibus scabris violaceo-variegatis, subtus pallidis subalbicantibus sparsim pubescentibus nervoso- 252 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. fibrillosis; petiolis teretibus pallide rubescentibus sparsim fusco- fibrillosis ; stipulis ovatis subcarinatis roseis membranaceis lon- gissime acuminatis; cymis multoties dichotomis breviter pedancu- latis petiolo quadruplo brevioribus, peduneulis fibrillosis; floribus pallide roseis ; bracteis oblongis coloratis conduplicatis acuminato- setosis ; germine sparsim fibrilloso, alis anguslis inæqualibus. Begonia rhizocaulis Hort. Berol. Lamina folii 4-7 poll. longa et 3-6 poll. lata. Petioli 6-9 poll. longi, sursum alttenuati. Perigonti foliola fl. masc. elliptico-obo- vata, 4 lin. longa, 8 lin. lata ; fem. suborbicularia, apice undulata, tres lineas in diametro. Capsulæ alis unam usque ad sesquilineam latis et apice subuncinato-truncatis. Floruit mense Augusto 1856 in horto botanico Berol. BROMELIACEZÆ auctore C. Kocu. NEumanNiA Brngt. 4. NEUMANNIA PETIOLATA C. K. et Bouch. Folia longissima, omnia aut inferiora in petiolum canalicula- tum margine ciliato-spinescentem attenuata , glaberrima; spica elongata, novemfaria , scapum breviorem lanugine deétersibili griseo-alba vestitum terminans; bracteæ virescenti-brunneæ, flo- res fere omnino tegentes. Scapus cum spica subtripedalis, foliis bracteiformibus adpressis obsitus ; bracteæ lanceolatæ, 2 poll. longæ, basi pæne pollicem Jatæ. Folia quadripedalia, ad superiorem partem lanceolata, medio 2 poil. lata, utrinque viridia. Flores elongati, vix é bracteis emer- gentes ; sepala petalis dimidio breviora, oblongo-lanceolata, 8-9 lin. longa, 4 lin. lata, énervia, alba, margine extremo rubescentia. Petala lanceolato-linearia, viridi-flavescentia, postremo flava, basi intus lamellula ovata ienuiter membranacea 4 lin. longa instructa, Stamina 6 æquilonga, filamentis filiformibus, pollicem longis. Ger- men triplex, ovatum, sulcis tribus longitudinalibus præditum, 4 lin. longum, basi 3 lin. latum ; stylus elongatus, trigonus, filiformi- columnanris, petalis paululo brevior, dimidio superiore tarde | | | R | | | | | | | ( | il | | | | { Ï | | | | | ( (1 À PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. 299 spiralis, stigmalibus tribus spiraliter convolutis ; ovula appendici- bus triplo quadruplove longioribus prædita. Foliis longissimis , petiolo pæne pedali instructis distincta , ad N. sulphuream (Puyam) Hook., ut videtur, maxime accedens. Hæc differt foliis elongatis quidem, attamen brevioribus et ad basin inermibus, caule lanugine non veslito, flore altius eminente atque lamellula ad basin petalorum bipartita. CL. de Warszewiez e Guatemala in hortum botanicum attulit. Neumanniæ genus a cl. Brongniarto conditum, cui cl. Beer nomen Phlomostachyos (profecto magis significans) substituit, valde naturale apparet, tamen diserimimna primaria : ovula appen- dicibus longis prædita, inflorescentia densissima, spiciformis et bracteæ magis coriaceæ , relativa esse videntur. Paitcairniam Altensteini et species affines autem, quæ ovulis brevioribus appen- dicibus, quan in genuinis Pitcarniæ speciebus, instructis gaudent, ad Neumanniam non ducendæ, etsi cl. Beer eas in genere Phlo- mostachyos enumeravit. Propter bracteas magis membranaceas et inflorescentiam breviorem affiniores sunt Pitcairniæ bracteatæ Ait, Cur autem cl. Lemaire (Jard. fleur., t. If, ad tab. 127) e Pitcair- nia Altensteimii Scheidw. novum genus, Lamproconum, forma- verit, e brevi generis diagnosi minime perspicitur. 2. NEUMANNIA OCHROLEUCA (.K. et Bouch., Puya sulphurea Hort. Herrenh. et Hort, bot. Berol. Folia medio latiora, ad basin et apicem attenuata, integerrima, supra, ut Scapus, lanugine floccoso detersibili vestita, subtus gla- bra; spica septemfaria, scapum Jongitudine æquans ; bracteæ virescenti-brunneæ, apice lanceolato, patulo, viridi; petala basi nuda. Scapus inferne fois lanceolatis et reflexis, superne foliis brac- teiformibus, erectis, adpressis plane veslitus; folia inferiora pæne tripedalia, ad basin attenuala, amplectentia, medio 1 :-2 pol. lala ; bracteæ oblongo-lanceolatæ, supra basin 7-9 lin, latæ, pollicem et dimidium longæ. Flores bipollicares, flavescentes ; calyx (rique- ter, albescens, apice virescens , sepalis lanceolato-oblongis , poil, £° série. Bor. T. VI. (Cahier n° 4.) 5 23 24 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. longis ; petala linearia, sed ad partem supremam laminam referen- tem latiora ; stamina 6 æquilonga, filamentis filiformibus, a peta- lis longitudine parte sexta superata; germen pyramidale, sensim in stylum trigonum petala superans attenuatum, 5 lin. longum, bai 2 + lin. latum; capitulum stigmatum pentacyclum ; ovula subses- silia, apice appendice filiformi pæne duplo longiore, curvatulo instructa. Ex horto Herrenhusiano sub nomine Puyæ sulphureæ accepi- mus, quo sub nomine species duæ inter se diversæ distributæ esse videntur, quarum altera a cl. Hookero in diario anglico « Botani- cal magazin ad tab. 4696 » sub hoc nomine descripta et depicta est, altera Veumanniam ochroleucam nostra sistit. Hookeriana quoque nullo modo ad Puyam, sed ad Neumanniam referenda et sequenti modo distinguenda est : 3. N. SULPHUREA CG. Koch. (Puya sulphurea Hook., Phlomostachys sulphurea Beer). Folia à medio ad basin et apicem attenuata, integerrima, gla- berrima ; spica septemfaria (?), scapum subæquilongum nudum terminans ; bracteæ virescenti-brunneæ, apice lanceolato, patulo, viridi; petala basi squamigera. N. ochroleuca et sulphurea conveniunt et a reliquis speciebus facillime distinguuntur foliis basi attenuatis quidem, sed nequa- quam petiolo margine ciliato-spinescente et canaliculato præditis. De ceteris Neumanniæ speciebus, quatenus materies in horto botanico nostro suppeditatur, sequentes enumerandæ sunt. h. N. mainiroziA G. Koch (Patcairnia maidifolia PI. et Lind., F1. des serr., IX, p.191; Puya maidifolia PI. et Lind., in F1, des serr., IX, t, 915 ; Phlomostachys densiflora Beer, Bromel, A6). Folia medio lata, elongata, disticha, glaberrima ; spica quinque- faria, scapum breviorem, nudum terminans ; bracteæ bruneo- rubræ, apice erecto; petala basi squamigera. PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. 399 5. N. rMBRICATA Brngt., in Ann. des sc. nat., 2° sér., XV, p. 369 (Put- cairnia 1mbricata Hort. Par.; Phlomostachys imbricata Beer, Bro- mel., 17). Folia elongata, margine ciliato-spinescente, glaberrima; spica quinquefaria, scapum nudum æquilongum aut longiorem termi- pans ; bracteæ virescentes ; petala basi nuda. Foliis margine ciliato-spineseentibus, sed non in petiolum cea- naliculatum attenuatis et bracteis virescentibus haud ægre a spe- ciebus affinibus discernenda est, Præterea reliquis multo minor. Quod ad ceteras species, quas cl. Beer ad Phlomostachyn attu- ht, pertinet, de Phlomost. Altensteinit jam dixi. In diario Jardin fleuriste a cl. Lemaireo edito supra allato loco hujus speciei varie- tas altior memoratur, quæ in diario Floredes serres, t. IX, tab. 252 et 254, nomine Puyæ Altensteinii 6 giganteæ descripta et de- picta, et a cl. Alb. Dietrich nomine Puyæ macrostachyæ separata est. Eadem a cl. Lemaireo denique nomen Lamprocont gigantei accepit. Pücairna densiflora Brngt. (Lem., Hortic. univ., VI, p. 228 ce, 1c.), quam cl. Beer male cum À. embricata Brngt. conjunxit, propius accedit ad P. Altensteinti, differt tamen bracteis viridibus et floribus aurantiacis, quamobrem in hortis etiam no- mine Puyæ s. Pitcairniæ aurantiacæ colitur. Phlomostachys gigantea Beer (Brom., p. 47), Neumannia gi- gantea Brngt., Hort. paris., mihi plane ignota. E descriptione differt a reliquis speciebus scapo 7-pedali et bracteis rubro-brun- nelis. Phlomostachys atrorubens Beer (Brom., p. 48) a. el. de Wars- zewiczio in Europam ailata, nune Vindobonæ culta, e Beern verbis discrepat : bracteis intense rubris, apice nigris, patulis, necnon inflorescentia centrifuga , quæ in omnibus reliquis Bromeliaceis centripeta est. Phlomostachys Funkiana Beer (Brom., p. A7) denique vera Pitcairnia est, qualem jam el. Alb. Dietrich (Allgem. Gartensz., XIX, p. 357) definivit, deinde etiam cl. Regel im diario suo Gar- tenflora, t. HT, ad tab. 118 depinxit. Patcairnia macrocalyx Hook., 300 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. Bot. mag.,t. h705, et Beer, Bromel, p. 52) ab hac nullo modo differt. PITCAIRNIA (L’HER.) BrNcr. A. PrrcarrniA ruBICUNDA C. K. et Bouch. (Pitcairnia Moreliana Hort. Par.). Folia turionum squamiformia, integra, reliqua supra intense viridia, subtus lanugine furfuracea detersibili vestita, integerrima, elongato-linearia, ad partem superiorem lanceolata, laxa , depen- dentia; scapus glaberrimus; bracteæ pedicellis adscendentibus vix longiores; petala rubentia, basi nuda, subringentia , staminibus Jongiora; stigmatum capitulum 8-4 cyclum, antheris occultum. Ex hortis belgicis Berolinum allata est, sine dubio brasilianæ originis. Folia 4; ped. longa, medio 6-8 lin. lata et margine sub- undulata, ad basin involuto-canaliculata, ad apicem contra lan- ceolata et recurvata. Scapus fois longior, tenuis, glaberrimus, folus bracteiformibus ad apicem sensim minoribus, Tanceolatis, erectis, lanugine detersibili utrinque obsitis præditus. Spica h-6 poll. longa, glaberrima, 12-#5 flora ; bracteæ Imferiores cete- ris breviores, basi latæ, lanceolatæ ; pedicellt roser, 5-6 lin. long. Flores amœne rubentes, elongati, 4 ?-2 poll. longi. Calyx trigo- nus, trisuicus, 9-10 lin. longus ; petala elongata, linearia, superne latiora; antheræ basi affixæ, luteæ, petalis breviores; stylus 4 2-4 £ poll. longus, rubens, staminibus brevior ; stigmatum ea- pitulum 3-4 eyelum; germen ovali-pyramidale, 3 sulcum, tri- gonum. Accedit ad P. muscosam Mart. et flammeam Mart., sed Ræc minor, illa major est. Cum P. muscosa petala nuda communia habet, sed habitu et foliüis medio nec basi latioribus, laxis ét recur- vato-dependentibus discrepat, quibus notis iterum cum P. flummea Mart. congruit. Quoad habitum Piteairniæ genus optime in sectio- nes 6 dividitur. I. Iermes. Plantæ basis sæpe bulbiformis , turiones ovatos, squamis aceumbentibus vestitos gerens ; folia laxa, medio raris- sime basi latiora, recurvato-dependentia, imermia; flores (num semper ?) rubri., subrmgentes. Hue referendæ sunt : P. Olfersu PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. 997 Lk., cinnabarina A. Dictr., flammea Mart.., rubicunda C. Koch, australis Hort. paris. et Hermainieri Hort. paris. Ad quas accedit P. muscosa Mart., quæ nuper P. leiolemæ nomine in hortis divul- gata est, atque foliis angustis, basi nec medio latioribus ad sectio- nem insequentem accedit. Quod idem dicendum est de P. pu- nicea Beer (nec Hort. quæ partim P. Jackson Hook. partim * integrifolia Gawl.), quæ species in horto botanico eculta nondum “floruit. Il. Cocuuioperazum Beer. Turionum squamæ apice patulo in- structæ; folia tota inermia, rigidiora, basi latiora, ad apicem sen- sim attenuata; flores rubri aut flavescentes, petalis apice magis minusve revolutis. Hujus sectionis sunt flore flavescente : P. albi- flos Herb., odorata Mort. angl. et Regl. Gartenil., [IT, t. 110 (T'illandsi Schüchii Fenzl. et Beer, Cochhopetalum Schüchu Beer) et flavescens Hort.; flore rubro contra : P. staminea Lodd. (spe- ciosa rubra Hort. cochliopetalum Beer). IT. Grammirouzx. Turionem squamæ apice majore patente instructæ ; folia elongata, laxa, medio (nec basi) latiora et depen- dentia ; flores rubri aut flavescentes. P. integrifolia Gawl. (gra- minifolia Hort.), æanthocalyx Mart. IV. Deorsum srixescenTEs. Turionum squamæ patentes et paten- tissimæ, totæ aut ad partem inferiorem meargine cils remotiuscu- lis spinescentibus plerumque deorsum directis obsitæ ; folia laxa, medio latiora et sæpe dependentia, basi spinescenti-ciliata. Flores plerumque rubri, subringentes. Hue pertinent : P. ringens KI., albucæfolia Schrad., decora A. Dietr., Karwinskyana Schult. (phænicea Hort. nonn.), latifolia Aït, furfuracea Bot. mag. (intermedia Hort.), angustifolia Gawl., bromeliæfolia Ait., Skin- nert Hort., echinata Hook. et Moritziana CG. Koch. V. SursuM sPiNESCENTES. Turionum squamæ duriusculæ, patenli- recurvalæ, margine cils spinescenuibus sursum arrectis armatæ ; folia laxa, graminiformia, medio latiora et sæpissime dependentia, basi spinescenti-ciliata. Scapus brevissimus aut nullus, cum spica nunquam e folis emergens ; flores rubri. Hujus sectionis sunt : P. Morreniüi Lem. (Puya longifolia Morr.), a qua Pilcairnia lon- gifoha Beer nullo modo diflert ex icone citata descriptione, hete- 998 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. rophylla Beer et cernua Kth. et Bouché , quarum ultima scapum cernuum habet. VI. Lamproconus Lem. Turionum squamæ inferiores adpressæ, reliquæ folia referentes, interdum basi spinescenti-ciliatæ ; folia magna, Mayidis folia æmulantia, laxa, medio latiora et sæpe de- pendentia, plerumque inermia ; inflorescentia densa, spiciformis, bracteis majoribus, flores magis minusve tegentibus; ovulorum appendices longiores. Species huc referendæ floribus semper pe- dicellatis differunt a speciebus generis Neümanniæ, quarum flores stipite crasso et brevi insident. P. F'unkiana A. Dietr. (macroca- lyæ Hook.), zeifohia C. Koch, sulphurea Andr., bracteata Aït. (latifolia Red.) et Gireoudiana A. Dietr. 2. PITCAIRNIA AUSTRALIS H. Par. Turionum squamæ integerrimæ , adpressæ ; folia glaberrima, dilute viridia, infra medium canaliculata, supra plana, sensim in cuspidem attenuata, recurvalta; scapus tenuis, glaberrimus ; brae- teæ anguste lanceolatæ , inferiores floribus longiores; petala ru- bentia, subringentia, basi nuda; stigmatum capitulum lineari- oblongum, tricyclum, ex antheris emergens. Ex horto botanico Parisiensi introducta est. Folia elongata, 2-2 : ped. longa, medio 4 5-poll. lata, basi marginibus inflexis Scapum ambeuntia, initio erecta, deinde recurvata, supra medium lanceolata. Scapus 2 ped. longus, inferne foliis minoribus erectis, lanceolatis, sensim minoribus obsitus. Spiea semipedalis, floribus sub 20, pyramidalibus prædita, glaberrima. Bracteæ inferiores patentes, medio recurvatæ, elongatæ, lineari-lanceolatæ, ceteræ sensim minores, superiores denique pedicello adscendenti roseo semipollicart vix longiores eique accumbentes. Sepala basi inter se et germini adnata. Germen oôvato-pyramidale, trigonum, trisul- cum, sensim in stylum superne rubrum et stamina superantem attenuatum; stügmatum capituluir rubrum , lineari-oblongum , tricyelum. Cum P. rubicunda C. Koch, id quod jam supra dixi, ejusdem sectionis est, sed major, minor tamen quam P. flammea Mart. et PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. 909 Olfersu Lk. Folia P. australis paululum rigidiora, supra dimidium arcu rejiciuntur, nequaquam laxe superpendent, ut in illis, quibus etiam petala basi squamigera sunt, À P. rubicunda denique dis- crepat defectu lanuginis detersibilis. 3. PITCAIRNIA Montrzrana C. K. et Bouch. Turionum squamæ ciliato-spinescentes; folia patentissima, con- gesta, umbraculi modo disposita, sublus lanugine detersibili vestila, basi spinosa-ciliata, caulina creberrima, angustissima, lanceolata, erecta; spica pubescens, bracteæ inferiores pedicello adscendenti paululo longiores ; sepala tenuiter membranacea, lan- ceolata, lutescentia, glabra; petala flava, basi nuda. Huic speciei à el. Morilzio e Guatemala introductæ proxime accedunt florum colore : P. æanthocalyx Mart. et suaveolens Lindl., utraque autem folia basi non spinescentia habet, Præterea huic flores brevius pedunculati sunt et bracteæ multo longiores. P. æœanthocalyx minor et indumento magis sericeo, nec floccoso, sed tamen detersibih prædita. P. Moritziana foliüs umbraculi modo distributis jucundæ faciei est, habitu ad Cordylinem umbraculiferam Goepp. accedens. Folia angusto-elongata, supra medium latiora, ad basin rigidiora et cana- liculata, ad apicem contra laxiora et sensim attenuata, margine magis minusve undulata. Quum flores examinati non plane evoluti fuerint smgularum partium descriptionem præltermittam. BILBERGIA. Hujus generis species, ïis, quæ ad Macrochordium de Vr. et Hoplophytum Beer referendæ sunt, exclusis, sectiones naturales à formant. I. Densircoræ (Jonghea Lem.). Spica erecta, floribus dense obsita; bracteæ inferiores magnæ, coloratæ, reliquæ minutæ aut nullæ; petala ad apicem revoluta. B. pyramidalis Lindi. (nudi- caulis Lind]. et Beer, nec Hook., et bicolor Beer), thyrsoida Mart., Paætoni Beer (thyrsoidea Paxt. ct Lem.), Croyana de Jonghe, fastuosa Beer (Pilcairnia fastuosa Morr. ), splendida Lem. et longi- folia C. Koch et Bouché. 360 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. IT. Cernux. Spica cernua, floribus remotis ; petala apice longe revoluta aut patentia. IT. RemonircorÆ. Spica erecta, floribus remotis obsita ; petala magis minusve apice revoluta. Billbergiæ species cernuæ et remotifloræ, in hortis sæpe com- mixtæ , haud ægre distinguendæ et sequenti modo distribuendæ sunf : Il. CERNUZ. 1. B. Morelana Hort. Part. et Lindl. in Paxt., F4. gard., UE, p. 77 (PB. vittata Beer nec Hort.). Folia inferiora albo-fasciata , scapina bracteiformia, ut bracteæ inferiores lateritia; scapus supra medium cernuus, glaber, racemo amplo terminatus ; flores fasciculati ; superiores nudi; germen et sepala lateritia; lamina petalorum revoluta, cœrulea, basi rubens. 2. B. pulcherrima C. Koch et Bouch. (vid. infra). 5. B. Leopoldi Hort. Belg. (vid. infra). h. B. Wetherelli Hook., Bot. mag. J. 1835 (dubia Hort.). Turiones prostrati, postremo adscendentes; folia læte viridia, n1- tentia, scapina bracteiformia, dilute rosea ; scapus supra medium recurvatus, parte Imferiore niveus ; flores approximati, patentissimi aut horizontales, solitarn, inferiores et med bractea magna roseo- alba fulcrati, supremi nudi, calyce et germine carneis, pulveru- lentis ; lamina petalorum patens (postremo revoluta?), violaceo- cœrulea. ° 5. B. Gilymiana de Vriese, J'aarb. d. kon. Nederl. Mantsch. van T'uinb., 1853, p. 1853, in horto botanico culta nondum floruit, sed B. Wetherelli proxima et vix diversa mihi videtur. 6. B. viridiflora H. Wendland in Otto et Dietr., Allg. Gartenz., XXIE, p. 154. Folia angusta, elongata, vix aut obsolete albo- punctata, ceterum viridia, glabra; scapina bracteiformia, serrata, rubra; scapus brunneo-ruber, lanugine detersibili vix conspersus, gracilis, medio cernuus ; flores distantes, longe pedicellati, hori- zontales, solitarii, virescentes, bracteis parvis fulerati; petalorum lamina patens. | 7. B. viridiflora Nees et Mart., in Nov. act. Acad. Leop.Carol. PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS . 961 nat. cur., XI, p. 16. Folia atro-viridia, interne purpurea, ad mar- ginem undulata; scapina bracteiformia , corallino-rubescentia ; scapus infra medium cernuus, glaberrimus ; flores distantes, pa- tentissimi, solitarii, omnes bracteis corallino-rubescentibus ful- ral; petalorum lamina cœrulea, minus recurvata. 8. B. zebrina Lindl. Folia pauca, canaliculata, subtus, interdum etiam supra, transverse albo-vittata, ceterum viridia, scapina brac- _teiformia , rosea; scapus lanugine albo-floccoso detersibili dense vestitus, infra medium cernuus; flores subsessiles, distantes, so - hitaru, ealyce et sepalis albo-floccosis ; petalorum lamina paulu- lum revoluta, viridi-Intea; squamulæ ad basin petalorum binæ. III. REMOTIFLORÆ. 9. B. vittala Hort. nec Beer (8. Moreliana Lem., Jard. fleur., If, t. 138 : B. amabilis Beer, Bromel, p. 118 ; T'illandsia More- hana À. Heftr. in Gard. mag. et bot., IN, p. 38 c. ic.). Folia basi canaliculata, erecta, transverse albo-vittata, ceterum viridia, sca- pina bracteiformia, magna, sordide rosea; scapus glaber, panicula spiciformi glaberrima terminatus ; pedicelli inferiores 2-3, supe- riores 1-flori; germen rubrum ; sepala rosea, ad apicem patulum cœærulea ; petalorum lamina paululum revoluta, cœrulea, ad basin rubra. | 10. B. Liboniana de Jonghe in Journ. d’hort. prat., 1851, Nro. I. ec. ic. et Jard. fleur., I, t. 197. Turiones basi squamis griseo-brunneis obsiti, adscendentes; folia supra viridia, subtus dense albo-punctata , ideoque canescentia, scapina bracteiformia brunneo-grisea, angusta, erecta, amplectentia ; scapus lanugine floccosa detersibih vestitus, interdum paululum recurvatus; flores solitarii, patentes, bracteis parvis, brunneo-griseis fulcrati, ger- mine e sepalis rubris; lamina petalorum patens, cœrulea. 11. B. pallescens C. K. et Bouch. (vid. infra). 12. B. amæna Lindi. in bot. reg. ad tab. 1068 (pallida Lind]. bot. tab. 344, Beer, Bromel., p. 121, quoad syn. cit., T'illandsia amæna Lodd. bot. cab., t. 76). Folia supra sordide, subtus punelis albis densissimis canescenti-viridia, scapina bracteiformia, rosea, patula; sceapus glaber, virescens, parviflorus ; flores solitarit, 302 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. patentes aut patuli, inferiores bracteis magnis roseis, superiores contra minuts fulcrati, germine et sepalis glaberrimis, flavo-vires- centibus; petalorum lamina inferne rubescens, superne cœrulea, revoluta. | 6. Pedicellis plurifloris. Bullbergia chlorocyanea Hort. (et? de Vr.). Pitcairnia discolor Loisel. in Æerb. génér. de l’amat., IN, i. 845. (Billbergia discolor Beer, Bromel., 121 inflorescentia cernua diflert. ) 1. BILLBERGIA LONGIFOLIA C. K. et Bouch.; Billbergia rhodocyanea Hort. nonn. Folia glabriuscula, erecto-patula, viridia, serris parvis distan- übus obsita ; scapus parce floccosus , foliis bracteiformibus apice patulo excepto adpressis, amplectentibus , albo-roseis præditus ; sepala intense rosea, glabra, sed ad apicem albo-farinosa , petalo— rum Jamina longe revoluta, rubro-violacea ; squamæ fimbriatæ ad basin petalorum. Sub nomine B. rhodocyaneæ in hortum introducta , fohis nudis aut ad partem inferiorem dorso vix farinosis, rarissime transverse fasciatis, elongatis, fere æquilatis, ad apicem solum lanceolats, à ped. sæpelongis, 4 5-1 2 poll. latis, erectis, supra medium recur- vato-patentibus ab affinibus sectionis Jongheæ haud ægre discer- nenda. B. thyrsoidea Mart. præterea bracteis et floribus lateritiis, B. pyramidalis Lindi. foliis ad partem inferiorem brunneis differt. Scapus albus, superne virescens, nudus aut superne sub bracteis subfarinosus. Flores sessiles; sepala ovato-oblonga, carnosula, d-6 lin. longa, à lin. lata ; petala parte tertia suprema revoluta, 15-16 lin. longa, 4 lin. lata, ad basin albida , medio sordide ru- bescentia, ad apicem contra rubro-violacea , ad latus utrumque paginæ inferioris a basi ad medium callo, ad basim postremo squama biloba prædita ; stamina æquilonga, petalis paululo longiora, exserta, antheris angustis infra medium dorsi insertis ; stylus albus, trigonus, lineari-columnaris, stamina vix superans ; stigmatum capitulum pentacyelum, ovatum, violaceum; germen columnare, hexagonum, pallide roseum, farimosum ; placentæ binæ, lineares, e medio centro egredientes, basin et apicem loculorum non attin- ! PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. 309 gentes ; ovula tri- (in quoque loculo sex- ) serialia, superposita , anatropa, ad apicem lanceolata appendice instructa, horizontalia aut inferiora pendula. 2. BILLBERGIA PALESGENS CG. K. et Bouch.; Bullbergia pallida Hor. non.; ? Billbergia amæna Beer Fam. cl. Bromel., 122. Folia utrinque pallide viridia, glaberrima , ad marginem serris parvis brunneis armata ; scapus glaberrimus, erectus, pauciflorus ; bracteæ cerasino-rubræ , supremæ minimæ; petala virescenti- flava , lamina rubescenti , superne revoluta et cœrulea , ad basin squamula lacera utrinque prædita. Folia inferiora breviora, superiora longiora, pedem longa, 4 44 3 poll. lata, usque ad basin fere late canaliculata, in cyath1- formam disposita , nitidula, coriaceo-pergamenea, lingulata, apice obtuso. Scapus foliis brevior, pennæ anserinæ crassitie, virescenti- albus, foliis bracteiformibus sub 3, internodia sæpe longitudine duplo superanübus, ellipticis, cerasimo-rubris, 2 $-poll. longis, 10 lin. latis obsitus. Flores 3-6, sessiles aut inferiores pedicello brevi insidentes, interdum bini, plerumque solitarii, bipollicares et longiores. Germen pallide virescens, 12-sulcatum , semipolli- care, calyce pallide stramineo, apice erecto cœruleo, obtuse trigono paululo brevius. Petala lineari-oblonga , ad partem inferiorem albescentia, ad superiorem virescenti-flavida, apice summo patulo, post anthesin revoluto, cœruleo. Stigmatum capitulum laxe sesqui- cyclum, cum stylo filamentis longius, sed petala subæquans ; loculi gérminis basi et apice inanes; ovula anatropa, ad apicem appendice lanceolata recurvata, mstructa, biserialia. In horto botanico diu nomine Bülbergiæ pallidæ culta, foliis nitentibus, glaberrimis, nec punctis albis ereberrimis longitudina- libus obsitis et bracteis cerasino-rubris, nec roseis multum a B. pallida Lidl. act. reg. t. 34h discrepat, quæ ab auctore ipso a T'illandsia amæna Lodd. bot. cab. t. 78 non diversa esse dicitur. Bullbergia Liboniana de Jonghe germine et ealyce intense rubris haud ægre distinguenda est. Porro in hortis Billbergiæ species nomine chlorocyaneæ occurrit, quæ an à planta Vriesiana hujus nominis differat nescio. À nostra B.amæna, Lindl. (pallida Lindl.) 364 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. nonnisi inflorescentia ramosa differt, quamobrem pro varietate haberem , qualem cl. Loïiseleur in Herbier général de l’amateur, tom. V, tab. 345, nomine Patcairniæ discoloris jam depinxit. 3. BILLBERGIA LEoPpoLpt Hort. belg. Turiones erecti ; folia præsertim dimidio inferiore albo-fasciata, ceterum punctis albis creberrimis obsita ; scapus gracilis, pallide viridis, cernuus ; bracteæ anguste ellipticæ, cinnabarinæ , subtus minus, supra magis argenteo-lepidotæ ; panicula laxa, spiciformis ; sepala glaberrima , roseo-cinnabarina , apice cuspidato patente , sepalorum ad basin squamigerorum lamina azurea, denique ad calycem usque revoluta. Folia erecta, superne recurvata, lingulata, ad apicem subito acuta, 2 + ped. longa, 2 poll. lata, serris ad marginem munita. Scapus foliis bracteiformibus anguste ellipücis, 5 poll. longis, 8-10 lin. latis, nervoso-striatis, cinnabarinis , argenteo-lepidotis obsitus. Panicula cernua, 8-10 poll. longa, ? 5-3 poll. in diametro- pedicellis brevissimis, æque ac rachis, griseo-pruinosis. Pedicelh inferiores floribus 3-4 sessilibus præditi, vix pollicem longi. Brac- teolæ lato-ovatæ, arido-membranaceæ, trinerves, 2 <+-3 lin. longæ et latæ. Germen sulcato-striatum, bracteola duplo triplove longius, pallide virescens, glaberrimum. Sepala oblonga, glaberrima , roseo-cinnabarina, apice cœruleo, breviter apiculato, patente, longitudine germen fere duplo superantia, petalis autem duplo breviora; quæ 11-41 1 poll. longa, 4, lin. lata, parte inferiore calyce inclusa sulphurea, medio rubra, ceterum azurea. Stylus columnaris, triqueter, cum stigmatum capitulo tricyclo cœruleo stamina paululum superans, longitudine sepalorum. Loculi germi- nis basi et apice inanes. Ovula quadriserialia, funiculo brevi crasso insidentia, horizontalia, anatropa , apice rotundata, nec appendi- culata. Species pulcherrima, affinis B. Morelianæ Lindl. in Paxt. Fl. gard., IT, tab. 77, et Lem. in Jard. fleur., WI, tab. 274 (nec I, t. 138), quæ tamen floribus 3 et 4 fasciculatis sessihbus , nec pedicello communi insidentibus discrepat; B. Wetherelli Hook. (dubia Hort.) inflorescentiam simplicem floribus solitartis et turio- PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. 369 nes procumbentes, demum adscendentes habet. Patria mihi ignota, sine dubio America tropica. h. BiLLBERGIA PULCHERRIMA C. K. et Bouch.; ? Bullbergia Morceliana Beer nec Paxt. et Lindi. Turiones adscendentes; folia patenti-recurvata, supra læte viri- - dia, ad basin et subtus albo-punctata ; scapus infra medium cer- -nuus ; flores solitari, patentes, inferiores bracteis magnis amœæne- rubris longioribus fulcrati, superiores nudi; petalorum basi squami- serorum lamina revolula, violaceo-cœrulea , ad basin flavo-vires- cens, rubro-violaceo marginata. Folia rigida, pergamenea, nitida, lingulata, sesquipedalia et Jongiora, basi pollicem lata, ad margmem serris sursum curvatis, parvis, crebris armata. Scapus parce floccosus aut gabriusculus, cum inflorescentia lanugine alba detersibilt vestita 15-18 poll, longus, folus bracteiformibus erectis, oblongo-lanceolatis, apice virescente vix serrulato et basi semi-amplectenti exceptis, glabris, amæne rubris, bipollicaribus et longioribus obsitus. Germen pal- lide virescens, cum sepalis ovato-oblongis, ad apicem rotundatis paululo longioribus, pollicare, farinoso-floccosum. Petala sepalis duplo triplove longiora, parte inclusa flavescente ; squamulæ binæ lacero-multifidæ ad basin petalorum et dede utrinque callus longitudinalis medium petalum attingens. Stylus trrangularis fili- formis, cum stigmatum capitulo laxe 2-2 ; cyclo paululo staminibus brevior. Loculi germinis ad basin inanes. Placentæ bifidæ, lobis divergentibus. Ovula quadriserialia, anatropa, horizontalia, stipi- tata, apice appendice lanceolata brevi prædita. Nomine Z. Morelianæ tres species diversæ in hortis coluntur, quarum una à el. Brongniarto in Horto botanico Parisiensi denomi- nata, sed nondum descripta est. Primus Billbergiam Morelianam in lumen edidit el. Lindley et in Paxtoni diario Flower garden, WX, t. 77 depinxit. Huic plantæ nomen Biüllbergiæ Morelianæ servandum est. Aliam plantam el. Lemaire in diario suo Jardin fleuriste, tom. Il, t. 138. Billbergiæ Morelianæ nomine descripsit atque depinxit, inflorescentia erecta distinetam, quam postea ipse (t. IT, tab. 271) erroneam agnovit. Hæc a cl. Beer in Bromeliacearum 366 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. monographia nomine B. amabihis significata est. Tertia denique species a cl. Beer nomine 8. Morelianæ descripta et horto bota- nico communicata est, quam a Morelio ipso accepit ideoque veram plantam esse putat. Horzorayrun Beer, Brom., p. 2. Calyx superus, sepalis apice aristatis; petala erecta, tubum sub apice plerumque constrictum referenta, staminibus stylisque lon- giora; stigmatum capitulum laxe oligocyclum ; germen inferum , breve; ovula anatropa, apice rotundata , locula plane replentia ; fructus baccatus.— Habitus Billbergiæ, quacum species pleræque antea conjunctæ erant. Hoplophytum a Billbergia præsertim dif- fert petalis angustioribus, erectis, nunquam apice patentibus aut recurvatis et ovulis apice exappendiculatis, rotundatis. Inflores- centia sæpe paniculata, raro spicata, floribus unicoloribus or- nala. 4. HopcopnyTuM CŒLESTE C. Koch.; Billbergia cælestis Hort. Reichenb. Folia punets albis passim conspersa, apice triangulari pungente, margine serris parvis brunneis munita, seapina bracteilormua, erecta, adpressa, albo-carnea, lanugine detersibili æque ac seapus dense vestita; panicula viridi-brunnescens, superne floribus soli- tariis, sessilibus , patentissimis obsita; sepala apice arista æqui- longa et utrinque appendice ovata nitente prædita, æque ac germen lanugme detersibili vestila ; petala basi nuda. Folia patentia, mox retrorsum arcuata viridia, majora 4 5-4 4 ped. longa, 4 ©-2 poll. lata. Scapus erectus, strictus, cum panicula 6-7 poll. longa et ad basin 2-2 5 poll. lata pedalis et longior, inferne viridis, superne viridi-brunnescens. Ramuli paniculæ ho- rizontales , breves, cum floribus plerumque 4 alternis sessilibus vix 4-1 5 poll. longi, lanuginosi. Germen obtuse et obscure trigo- num, pallide virescens, 3 lin. longum 2? 5-8lin, latum, triloculare ; ovulis anatropis, subelavatis, tri- v. quadriserialibus; sepala bas connata, ovata, germinis longitude, viridi-brunnea; petalaerecla, sepalis duplo , staminibus et stylo paululo longiora, elongato-cla- PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. 307 vata, basi nuda. Stigmata à styli longitudine, mferne distanter, superne approximate spiralia et capitulum formantia. Species sine dubio ex America tropica in Belgiam allata , nunc in horto Reicheinheimiano culta, H. nudicauli C. Koch ( Billber- giæ nudicauli Lindl. ad tab. 1060 nec tab. 203) affinis, quæ inflo- rescentia simplici et bracteis majoribus differt. ÆL. purpureo-roseum . Beer, Bromel, p. 135 (Billbergia purpureo-rosea Hook., Bot, .mag., t. 3304) multum discrepat inflorescentia magis ramosa, ramis geniculatis et floribus roseo-purpureis. 2, HopropayTum NupicAULE CG. Koch; Bromelia nudicaulis L. cod. No. 2268 ; Billbergia nudicaulis Lind]. èn Bot. req., ad tab. 1068; Billbergia pyramidata Beer, Bromel., p. 123 ; Hoplophytum la- nuginosum Beer, Bromel., p. 158; Billbergia lanuginosa Hort. Hamb.; ?Tillandsia unispicata Arrab., F1. flumen., IL, it. 124 ; ?Hoplophytum unispicatum Beer, Bromel., p.138. Folia elongata, lurido-viridia , apice rotundato sed acutiusculo , ad marginem serris nigris majoribus munita, scapina bracteifor- mia, elliptica, erecta, superiora intense rosea ; scapus lanugine albo detersibili vestitus, spica simplici terminatus ; flores solitarii , inferiores sol bractea magna rubenti fulcrati, germine pubescente, sepalis flavo-viridibus, glabris; petala lurido-lutea, ad basin squa- migera. Hæc species inflorescentia simplici et floribus lurido-luteis haud ægre ab affimbus speciebus distinguenda sæpe cum aliis commutata est, quamquam a Linnæa ad Bromelium nudicaulem suam icon facillime cognoscenda e Plumieri libro (Plant. amer. fascic. a Burmannio edit. tab. 62) jam citatur et a cl. Hookero in libro suo Exohc. flora, tab. 143 planta denuo optime descripta ipsaque depicta est. CI. Lindley ante nomine Büllbergiæ nudicaulis aliam plantam in diario Botanical register, tab. 203, in medium protulit, quam postea ipse (in eodem diario ad tab. 1068) a Billbergia py- ramidali sua (Bromelia pyramidalis Sims.) non diversam esse pro- nunciavit, In monographia Bromeliacearum nunc a el. Beerio in lucem edita autor Bulbergiam nudicaulem Lindleyi, ut primo nominatam, hoc nomine servat, Plumieri plantam vero ut speciem 358 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS, novam nomine Billbergiæ pyramidatæ conslituit, dum Bromeliam pyramidalem Hookeri cum suo Hoplophyto unispicato (Tillandsia unispicataArrb., F1. flum.)conjunxit. Ante aliquot annos denique ab horto botanico Hamburgensi nomine Billbergiæ lanuginosæ planta pervulgata est, quæ a nostro Hoplophyto nudicauli nullo modo differre videtur, et quam cl. Beer nomine Hoplophyh lanu- ginosi in monographia sua descripsit. PorTEA Hort. Paris. Calyx superus , sepalis ultra medium connatis , urceolum refe- rentibus , apice aristalis ; pelala erecta , tabum formantia , longe exserta, ad basin (semper ?)} squamigera, eum stamimbus annulo calycis urceolum infra medium cingenti inserta; stamina à opposita ad majorem partem cum petalis connata, 3 alterna libera ; stigmata 3 in capitulum oligocyclum spiraliter contorta ; placentæ ovulis pluriserialibus, loculos omnino fere replentia; germen elongatum, sæpe medio ventricosum. — Genus proximum Bulbergiæ et Hoplophyto, habitu et bracteis magnis coloratis conveniens , sed sepalis supra medium connatis et germine elongato bene dis- tinctum. PorTEA KERMESINA Hort. Paris. Turiones adscendentes, squamis aridis obsiti; folia viridia, ere- bra, basi late amplectentia, ad marginem brunneo-virescentem serris sursum directis brevibus munita, apice eueullato, viridi- brunneo; scapina bracteiformia , erecta, scapum brevem totum tegentia; panicula thyrsoidea, ovato-oblonga; bracteæ magnæ, oblongæ, apice rotundatæ, sed cuspide brevi mstructæ, ramos ge- niculatos furfuraceos simplices cum floribus sessilibus omnino involventes ; petala ad basin squamis instructa. Scapus erectus, cum thyrso 6-8 pollicari, lineari-oblongo peda- lis et longior, albo-furfurascens. Folia bracteiformia glaberrima, viridi- aut dilute-brunnea, vaginarum clausarum modo adpressa, sed apice subbrunneo, patentissimo aut recurvo, vix semipollicart instructa. Bracteæ concavæ, nervoso-striatæ, inferiores viridi-, PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. 369 superiores intense carncæ, fere 2 poll. longæ, 4 + poll. latæ; bracteolæ pollicares et longiores, carinalæ, concavæ, carnæ, uno latere supra medium ad marginem angulum obtusum exhibente. Germen columnare, medio paululum ventricosum, dilute furfura- ceum , 8-10 lin. longum, 2 : lin. latum. Ovula quadriserialia, anatropa, apice appendice lanceolato-fiiformi eurvatulo prædita, placentæ bilobæ insidentia , locula plane replentia. Sepala ultra medium connafa, alba, superne sæpe magis minusve carneo-tincta, ex apice obtuso aut emarginato arista 8 lin. longa carnea instructa. Petala angusta, elongata, sepalis fere duplo longiora, annulo infra medium calyeis ureeolum cingenti eum staminibus paululum bre- vioribus inserla; antheræ oblongo-lineares, infra medium fila- mento adnatæ, postremo volubiles. Stylus filiformis cum stigma- tum capilulo ovato, tricyclo petalorum longitudine. Planta sine dubio tropico-americana in horto Reichenheimiano floruit et postremo caulescere videtur. Habitu maxime convenit cum Bullbergia Queneliana Brongn. (F1. des serr., t. 1028) et formam obconicam exhibet. Quoad inflorescentiam Billbergiæ fastuosæ Beer (Patcairniæ fastuosæ Morr., in Ann. de Gand, IT, t. 11) quoque sinilis est. ANOPOPHYTUM Beer, Bromel., p. 16, 167 et 205. Calyx mferus ; petala erecta, calycem duplo superantia et lon- giora, tubum clavatum (positremo solutum?) referentia ; stamina hypogyna; germen superum , pyramidale, in stylum trigono-fili- formem attenuatum; süigmata brevissima, erecta ; ovula plurise- riaha, apice rotundata, basi calva teretia; capsula (sine dubio) loculicida. CI. Beer hocce genus secundum habitum constituit, foliorum inermium causa nomen Anoplophyli 1. e. plantæ inermis ei tri- buens. Proxime accedit ad Encholirion, quod, ut Puya a Pitcair- nia, seminibus, nee non cauhbus compressis discrepat. Tillandsiæ genuinæ speciebus sepala spiraliter convoluta, 2 altius connata sunt, dum Caraguatæ species filamentis cum petalis a4 maximam partem connatis disinguntur. 4° série. Bor. T. VI. (Cahier n° 6.) 24 870 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS. A. STRAMINEUM C. Koch. Folia densissima, creberrima, arcuato-recurvata, glaberrima ; scapina sensim minora, patula, denique bracteiformia, adpressa ; florum faseiculi sub 5 flori, peduneulo crasso insidentes, distantes ; petala erecta, ad basin nuda, straminea, paululo stamina et stvlum superantia. Sine dubio eadem planta ae el. Beeru 4. vittatum (Tillandsia vitlata Hort.), sed fohorum vittæ in nostro specimine omnino de- ficiunt, quare nomen mutavi. Patria regiones tropicæ Americæ australis, unde el. Linden eam accepit et in hortos Germaniæ distribuit. Planta nunc in horto Leon. Reichenheïm florens fois ereberri- mis et dense dispositis conum obversum prœbet et fortasse pos- tremo caulescit, Tota planta glaberrima et inermis. Folia late li- nearia, plane canaliculata , ad superiorem partem lanceolata, sesqui-pedalia, ad basin pollicem lata, supra virescentia, subtus interdum. rubescentia, sæpe punctis albis vix conspicuis lineata. Seapus inferne foliis minoribus, patentibus et patulis, ad medium et superne bracteiformibus, lanceolatis, in euspidem longam atte- nuails, adpressis vestitus cum inflorescentia fasciculato- spicata hipedalis et longior, glaberrimus; bracteæ virescentes, patentes, lanceolatæ, inferiores fasciculos florum superantes, superiores multo breviores, ad basin latiores ; flores congesli, sessiles, brac- teola oblonga vix semipollicari fulcrati, sammus simulque posticus: primus florens. Calyx obtuse trigonus, trisulcus, sepalis coneavis, oblongis, in sulcis margine sibi incumbentibus; petala erecta, cuneato-oblonga , in süpitem a calyce inelusum, latum attenuata ; filamenta late linearia ; antheræ supra basin affixæ, ab: imitio erectæ, postremo volubiles, ad basin sagittatæ; loculi superne inanes. GESNERIACEZÆ auctore Joanne HANSTEIN. Achimeneæ quædam jam multos ante annos a el. Moritz et el. Ed. Otto in Venezuela collectæ et in herb. reg. Berolinensi asser- vatæ anno præterlapso e seminibus nuper a cl. Moritz missis in horto bolanico excultæ et vivæ observatæ sunt : pe 2 = DthtRes. Thann RE AE PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROLINENSIS, 971 KOELLIKERIA AGYROSTIGMA Rel. Hujus speciei varietates duæ enatæ sunt, quæ quamvis foliorum pictura à plantis hucusque allatis salis diflerant , tamen omnium partium et forma et magnitudine 1llis simillimæ species novæ ha- beri non possunt. Quare in varietates duas dispositas a forma ge- nuina jam descripta dignovimus characteribus hisce : Ké@llikeria argyrostigma Rel. (de char. gen. et spec. conf. Hanst. Gesner. in Linn. 1853, 201, f. 2 et 1854, p. 698, 706, 735). «. genuina; caule purpurascente, foliis fusco-viridibus maculis argentels piclis. K. argyrostigma Rel., FL, 51,211. Achimenes arg. Hook., Bot, mag., 1175. 6. Moritziana; caule purpurascente, folis viridibus rubro- venosis immaculatis. y. chlorocaula; caule viridi, folüs viridibus rubro-venosis im- maculatis. A chimenes dimidiata Moritz mscr. Varietates £. et ., quas cl, Moritz in Venezuela collectas no- mine Achimenis dimidiaiæ signilicatas nuper horto botanico Berol. misit, cum speciminibus quibusdam siccatis et ab eo et a él. Ed. Ouo herbario reg. missis congruere videntur, quamvis ob colores tam fugaces structuramque tenerrimam e plantis siccatis accuratius judicare hac in familia difficile sit. Nec vero characteribus illius speciei, quam « non satis notam » sub nomine Kælhkeriæ subdh- midiatæ loco citato descripsimus, consentiunt, Ceterum, quamquam a varietate «. magis quam inter se diver- sæ, tamen eodem loco 1isdemque in vasibus exeultæ conspieuam coloris differentiam conservarunt. DiasTEMA caRAGASANUM KI. et Hnst., Achimenes punctata, Moritz, mscr. Etiam plantulæ hujus speciei, cujus specimina herbarit reg, 372 PLANTÆ NOVÆ HORTI BEROTINENSIS. Berol. incompleta a collectoribus supra citalis collecta jam de- scripsimus, anno præterito e seminibus Moritzianis in horto bota- nico Berol. enatæ sunt. Jam igitur descriptionem e viva planta completam atque emendatam proponimus. (De char. gen, conf. Hanst. Gesn. in Linn. 1853, p. 2014, f. 12 et 1854, p. 702.) Char. spec. Caule humih; folis ovatis obtusiusculis vel vix acutis basi rotundatis crenato-serratis, cum. pet. 2-3” longis , 425" latis; pedunculis corymbosis florem æquantibus vel superan- tibus; corolla calyeis lobis oblongis acutis triplo longiore, tubo subeylindrico, dorso coccineo, ventre flavo, limbo albo violaceo quinque-maculato, 6-8” longo. (Conf., l..e,, 720, 770.) Caules complures robusti erectt e. 6” longi, præsertim apicem versus hirsuti, cum petiolis pedunculisque purpurascentes. Propa- gula subeylindriea vel apice tenuiora, 4-1 ?" longa, basi 3” lata, roseo-viridia, squamis magnis late rotundatis vel vix obtusangulis pubescentibus. Folia longe petiolata, petiolo 41” longo, lamina 4 2-2" longa , utrinque viridia vel subtus in nervis rubescentia, sparse hirsuta , basi subinæquilatera. Inflorescentia terminalis , corymboso-multiflora ; peduneuli pedicellique bracteolis sessilibus, obovatis, cuneatis, apice serrulatis , fere glabris fulti. Calyx in pedicello rectus, basi cum ovario connatus, 5-partitus, lacinnis patuhs, oblongis vel oblongo-lanceolatis, vix pubescentibus. Co- rolla in calyce subrecta, basi vix tumida ; tubus cylindricus vel sursum paullo ampliatus, dorso coccineo pallide striatus, 6-8”’ lon- eus; limbus 4”” latus , albus circum faucem maeulis 5 violaceis , dorsalibus 2 pallidioribus, pictus, vix obliquus , 5-lobus , lobis late rotundatis. Stamina corollæ bast inserta, inclusa, antheris quadra- lim connexis. Glandulæ 5 filformes. Ovarium oblongum , pubes- cens ; stigma bilobum. ADNOTATIONES BOTANICÆ DE ORCHIDACEIS, Auctore Eduardo REGEL.. PLEUROTHALLIS LANSBERGI1 Rel. (Aggregatæ, læves, cordatæ). Caule secundario ! pedali, tenui, teretiusculo, internodio superiore Jongissimo; folio pergameno, ovatu-oblongo vel oblongo, basi cordato, apice acuminato integro vel tridentato; bracteis vaginantibus truncatis hyalinis; floribus pallide fuscis 1-2 ; sepalis 2 trinerviis (£ pollicem lon- gis), superiore ovato lanceolato acuto, inferiore subæquali paullo latiore ; petalis anguste linearibus, quam sepala dimidio brevioribus ; labello pe- talis æquali, breviter unguiculato, e basi subhastata ovato-linguiformi, duplo longiore quam lato, crasso, densissime muriculato, atro-purpureo; gymnosten10o abbreviato, truncato. Folia usque 3 à pollices longa, 4 À pollicem lata. Proxime accedit ad PL. cur- dium Rchb., quæ differt racemo 6-40 floro et labelli forma, Cl. Lansberg e Columbia misit. PLEUROTHALLIS LORANTHOPHYLLA Rchb. fil., var. pellucida Rgl. Floribus hyalino-luteolis pellucidisque, purpureo-punctatis. Reliqua ut plantæ genuinæ. An PI. subpellucida K1.? Rynchopera punctata Karst. Ausw., tab. vi cum P1, lorantophylla Rchbch. congruit. OCTOMERIA SEMITERES Rel. Proxime affinis Octomeriæ chameæleptoti Rchbch. fil., differt tamen foliis semiteretibus, supra canaliculatis, apice pungenti-subulatis ; floribus 1-8 aggregatis, sepalis obtusis ; labelli ungue sacciforme, apice hastato- trilobo, lobis lateralibus cum intermedio confluentibus ; intermedio oblongo, apice obtuso, disco carinis duabus elevatis munito. Caules secundarii filiformes , vaginis scariosis muniti, usque 2 poll. longi. Folium unicum in caulis apice, Carnosum, semiteres, supra canaliculatum, paullo recurvum, apice subulato-attenuatum, pungens, glabrum , usque 5 poll. longum et 4 lin. latum. Flores 1-8 in folii axilla aggregati, pallide flavi, hyalini, 4-5 lineas in diametro. Sepala oblonga , obiusa. Petala similia, paullo minora , ex apice obtuso acutiuscula. Labellum sepalis duplo minus, basi sacculo unguiformi, superne in laminam trilobam € basi hastata oblongam obtusam desinens ; lobis lateralibus obtusis, auriculiformibus in lobum medium desinentibus, et basin hastatam laminæ formantibus ; lobo medio lateribus recurvis, apice rotundato, basin versus utrinque carina elevata munito. Columella semiteres, gracilis, basi producta et cum labello articulata. Pollinia 8, quaternatim cohærentia.—Habitat in Brasilia. RESTREPIA VITTATA Lindl., var. biflora Rgl. Pedunculis geminis folio 4-5-plo brevioribus, labello linguiformi, acuto ; reliquis ut in planta genuina. Caules teretiusculi, cespitosi, crassitie pennæ corvinæ , #-5 pollices longi, 874 ED. REGEL. superne folium unicum gerentes. Folium oblongum, obtusum, crassum, 4 pollices longum, 1 4 pollices latum. Peduneuli ad basin foliÿ gemini, folio 4-5plo bre- viores, bractea membranacea fulti. Flos ringens. Sepala 2, opposita, albida ; Superius lanceolato-elongatum, acuminatum, lineis 3 rubris notatum, ? pollicem longum, À pollicem latum; inferius subduplo latius. Petala e basi latiore ciliata, filiformi-elongata, sepalum superius subæquantia, linea purpurea notata. Label- lum linguiforme, acutum, ciliatum, laciniüs lateralibus auriculiformibus obtusius- Culis , fusco-purpureum, lineis 4 pallidis notatum , petala æquans.— An species propria. CI. Lamberg plantas vivas e Columbia misit. Liparis ELATA Lindl., 8 purpurascens Rs]. Foliis et scapis purpurescentibus, bracteis erectis. EpIDENDRUM ALATUM Batem B parviflorum Rgl. Rhachis atque germina et plantæ nostræ et in figuris (nec in descriptionibus) tab. 3898. Bot. Mag. tabulæque 18 Bot. Orch. Mex. verruculosa. Hanc ob causam pertinet E. alatum ad sectionem Lindleyanam 2, Encyclium D, Hyme- nochylia 6, lobo labelli intermedio obtuso , rhachi aspera, neque ad sectionem rachi Iævi, cui cl. Lindley hanc plantam annumeravit. Variat : a. longipetalum; floribus usque 2 £ poll. in diametro tendentibus ; sepalis pedalisque lineari-spathulatis, fusco purpureis ; labelli lobis lateralibus flavo-viri- dibus, lobo intermedio albo luteo-marginato et purpureo-striato. E. alatum Batem. Orch. Meæ., tab. 48. E. longipetalum Lindl. Paxt. Flow. Gard. E, t. 30. B. grandiflorum ; floribus viridi-flavescentibus; sepalis petalisque apice fusco- purpureis, reliquis ut in præcedente. E. calocheilum Hook. Bot. Mag., 3898. y. parviflorum; floribus 1 À poll. in diametro tendentibus, viridi-luteis eu fusco-variegatis ; petalis sepalisque spathulato-oblongis , labelli lobis lateralibus viridi-flavescentibus purpureo-striatis, lobo intermedio luteo, disco albido obsolete Striato (V. in hort. Petrop plantam vivam). 4. viridiflorum ; floribus 4 % poll. in diametro , virescentibus; petalis sepa- lisque oblongo-cuneatis acutiusculis ; labello ex albido virescente , disco albido, lobis lateralibus et lobo intermedio striatis. E. macrocheilum Gal. e Mexico. MAXILLARIA LEPTOSEPALA Houk., 8 subintegerrima Rgl. Differt labello subintegerrimo nec dentato-fimbriato. C1. Lansberg misit e Columbia. EPIDENDRUM ODORATISSIMUM Lindl., var. crispum Rel. Differt panicula ramosa , ramis racemosis ; sepalis petalisque viridi-brunneis ; labello citrino purpureo-striato-venoso, lobo intermedio crispo. EPIDENDRUM STAMFORDIANUM Batem., 8 parviflorum Rgl. Floribus minoribus ; labelli lobo intermedio denticulato nec ciliato. (Rgl.) ADNOTATIONES BOTANICÆ DE ORCHIDACEIS. 379 MAxILLARIA GALEOTTIANA Regl. Pseudobulbis oblongis, apicem versus attenuatis, profunde sulcatis, vix compressis, basi squamis membranaceis fuscis involutis, apice folia 1-2 lineari-lanceolata mucronato-acuta gerentibus ; scapis in squamarum axillis, quam pseudobulbi plus duplo longioribus, unifloris, rubris, vaginis k membranaceis remolis vestitis; sepalis attenuato-oblongis, acutis, erecto patentibus; petalis paullo brevioribus et duplo angustioribus ; labello oblongo, trilobo, lobis obtusis, intermedio sublinguiformi revoluto nudo, . disco tuberculo oblongo. Pseudobulbi usque 4 1 poll. longi et £ poll. lati. Folia usque 1 pedem longa et 4 poll, lata. Flores pollicem in diametro, ochroleuci , purpureo-variegati. La- bellum petalorum longitudine , basi pulchre rubro-striatum, superne sanguineo- marginatum et punctatum. — Planta pulchra, a cl. Galeotti e Brasilia accepta. Affinis M. acutipetalæ Hook. , sed bulbi et folia tenuiora et flores duplo mino- res. À. M. angustifolia dignoscitur labelli forma. MaxikLaRiA GUAREIMENSIS Rchb. fil. (in Bonpl., IL, p. 16). Accepimus a Wagenero e Columbia nostram plantam, quæ certissime species anteposita est. A. diagnosi Reichenbachiana differt : foliis 8-10 poll. longis, ex apice oblique retuso apiculatis ; pseudobulbis basilaribus et in apice caulium dis- tiche foliatorum terminalibus ; phyllis perigonï interioribus quam exteriores À bre- vioribus : labello integro, lineari-ligulato, superne recurvo, obtuso, basin versus rubicundo. MAXILLARIA LINGUIFORMIS Rgl. Pseudobulbis oblongis, utrinque attenuatis ancipiti-compressis, ecosta- tis, basi foliis 3-4 cinctis, apice folium unicum gerentibus ; foliis elongato lineari-lanceolatis, obtusiuseulis; pedunculis axillaribus , aggregatis, va- ginatis, folio quadruplo brevioribus, unifloris; floribus ex albido flaves- centibus, e basi latiore lineari-lanceolatis, acutis, margine revolutis ; pe- talis paullo minoribus et duplo angustioribus; labello oblongo, sepalis triplo breviore, obtuse triloho, lobis lateralibus parvis incurvis, lobo in- termedio linguiformi crasso recurvo obtuso subvelutino-piloso, callo oblongo vix elevato pilosulo ; columna semiterete, labello paullo breviore. Pseudobulbi circiter 3 poll. longi, 4 poll. lati. Folia usque 4 À ped. longa et poll. lata, læte viridia , nitida. Flores graveolentes. Sepala 1 { poll. longa, 2 li- neas lata. Labelli pars inferior albida, intus purpureo striulata, lobus anticus au- reus. — Affinis Maxillariæ pictæ Hook., diversa tamen pseudobulborum et folio- rum et labelli forma. MAXILLARIA SQUALENS Hook. GB. stenopetala Rgl. Floribus luteo-carneis ; sepalis lanceolatis acutis, lateralibus falcatis; petalis minoribus ; labello purpureo. y. obscura Rgl. Ut var. f., floribus vero e lilacino ochraceis. MAxILLARIA ViRIDIS Lindl. Variat. : æ. uniflora platysepala Rgl., pedunculis axillaribus unifloris ; sepalis petalisque sub rotundis conniventibus. Maæillaria viridis Lindi, Bot. Reg., tab. 4540. 370 ED. REGEL. B. uniflora stenosepala Rgl, ; pedunculis axillaribus unifloris; sepalis petalis- que oblongis obtusis. Maxillaria placanthera Hook. Bot. Mag., tab. 3173. Maxillaria cyanocheile Hoffm. Cat. y. pluriflora Rgl.; pedunculis axillaribus 2-3 floris ; sepalis ovatis ; Here obverse lanceolato-oblongis. Var, y, in horto Petropolitano colitur. TETRAGAMESTUS ISOCHILOIDES Rgl. Scaphyglottis arundinacea Hort. Petrop. Caulibus flaccidis, subteretibus, articulatis, deinde apice fasciculato- ramosis, basi vaginis membranaceis cincüs; foliis distichis, alternis, lineari-lanceolatis, apice obtuso bidentatis ; floribus terminalibus(semper ?) solitariis; pedunculo bracteato erecto; ovario elongato pedicelliformi, quam flos duplo longiore; sepalis petalisque lanceolatis, acutis; labello e basi cuneata ovato-oblongo, apice retuso, margine undulato, basi bilamel- lato, sepala paullo superante; columna semitereti, e basi angustiore su- perne utrinque auriculata ; D eme ss ES CRUNIQNE, Caules usque bipedales. Folia : 1-1 pedes longa, £-5 pollicem lata. Flores pal- lide flavi et albidi, sepalis % pollicem longis. CL. Lansberg misit plantas vivas e Columbia. STANHOPEA GRAVEOLENS L., 8 anodora Rgl. Stanhopea remota Hort. Berol. Racemo expanso ; bracteis ovatis, ovario duplo brevioribus ; sepalis la- teralibus late ovatis; labello columnaque ut St. inodoræ. Flores pallide citrini, sanguineo-maculato-punctati. Labelli hypochilium cro- ceum, maculis duabus brunneis maximis. — An planta hybrida inter Stanhopeam graveolentem et inodoram ? STANHOPEA OCULATA Lindl., var. crocea R gl. Hæc varietas pulcherrime a planta genuina dignoscitur ; sepalis late ovatis petalisque saturate croceis rubro maculatis, petalis basi maculis magnis atrosan- guineis, labello columnaque et genuinæ sed robustioribus. Gomeza Fiscaerr Rgl. Rodriquezia macrostachya Hort. Petrop. Pseudobulbis ovato-oblongis, ancipiti-compressis ; racemis multifloris, recurvis, folium æquantibus vel eo longioribus basi plerumque ramosis, axillaribus et terminalibus; floribus pallide viridibus ; sepalis petalisque incurvato-patentibus, oblongo-lanceolatis, obtusis, crispulis ; sepalis duo- bus inferioribus majoribus + pollicem longis, foliolum unicum ovatum subtus subbicostatum apice bilobatum formantibus ; sepalo superiore pe- talisque conformibus à poll. longis. Glabra. Pseudobulbi apicem versus attenuati; usque 3 poll. longi et # poll. ADNOTATIONES BOTANICÆ DE ORCHIDACEIS. 371 lati. Folia 2, lineari-lanceolata, acula, striato-nervosa, usque 12 poll. longa et A { poll lata. Racemus et in axillis vaginarum oppositarum foliacearum basalium ortus et terminalis, recurvus, multiflorus, usque 412 pollicaris. Bracteæ lineari- lanceolatæ, acutæ, pedunculum { poll. longum involventes, inferiores pedunculo sesquilongiores, superiores eum vix superantes. Labellum oblongum integrum a medio recurvum, callis duobus membraniformibus unidentatis parallelis ornatum. Columna brevis semiteres, antice excavata. Pollinia 2 pyriformi-subglobosa, pos- tice excavata. Caudicula gracilis basi glandulæ oblongæ insidens. Affinis G. Bar- - keri Hort., planifoliæ KI. et suuveolenti K1. G. Barkeri differt pseudobulbis oblon- _gis, racemo breviore, sepalis petalisque angustioribus et acutis, sepalis inferioribus ad medium tantum coalitis. G. suaveolens (Pleurothullis foliosa Bot. Mag. 2746) differt racemo erecto breviore, floribus luteis, petalis sepalisque anguste lanceo- latis acutis patentissimis, sepalis 2 inferioribus basi tantum coalitis G. planifolia KI. differt racemo semper simplici et axillari, floribus luteis, petalis sepalisque angustioribus acutis. Patria plantæ nostræ ignota ; probabiliter Brasilia. GOMEZA PLANIFOLIA KI. Var. «. laxa Rgl.; floribus virescenti-luteis, in racemum laxum foliis longio- rem dispositis. (Bot. Mag., t. 3504). Var. B. densa Rgl. ; floribus deinde pulcher luteis, in racemum densum fo- lis £-4 breviorem dispositis. ONCIDIUM CITRINUM Lindi. a. verum ( Lindl Bot. Reg., tab 1758 ); sepalis petalisque obscure brunneo- maculaus ; labelli lobis lateralibus auriculiformibus et postice productis. . rotundatum Rgl. ; sepalis petalisque brunneo-maculatis ; labelli lobis late- ralibus rotundatis, postice non productis. Accepimus hanc varietatem a el. Lans- berg e Columbia. ONCIDIUM PULVINATUM Lindl., 8 grandiflorum Rel. Differt floribus majoribus (1 £ poil. in diametro tendentibus) : labelli lobis late ralibus laciniato-dentatis. ONcinium REFLExUM Lindl , 8 intermedium Rgl. Forma intermedia quasi inter Oncidium cæsium Rchb. fil. et refleæum ; pseudo- bulbis foliisque subcæsiis ; labelli lobis posticis oblique ovatis subretrorsis , lobo medio reniformi trilobo lateralibus subduplo latiore , lobulis margine interiore imbricatis ; callo baseos pluri tuberculato, antrorsum bicruri, columnæ alis dola- briformibus apice acutiusculis, Sepala et petala reflexa viridi-lutea et fusco variegata. Labellum citrinum utrinque ad callum maculis duabus fuscescentibus, ONciDIUM SANGUINEUM Lindl., B roseum Rel. Sepalis petalisque albis, roseo-maculatis; labello fusco-luteo et viola- ceo-variegato ; columna rosea, superne utrinque auriculato -biloba. Cetera ut genuinæ. Oxcipium unirLoruM Lindi., 6 robustum Rel. Differt foliis floribusque majoribus, peduneulis 2-3 floris. sepalis anguste lan- 9/8 ED. REGEL., — ADNOTATIONES BOTANICÆ DE ORCHIDACEIS. ceolatis, basin versus cuneatis, obtusis apice inæqualiter bilobis ; petalis brevio- ribus, ovato-lanceolatis sepalisque brunneo maculatis. An forma hybrida inter O. uniflorum et longipes ? LOCKHARTIA OBTUSIFOLIA Rgl. Folüs triangularibus, obtusis, carinatis ; paniculis paucifloris axillari- bus; bracteis membranaceis, acutis, labelli hastati lobis lateralibus acu- tiusculis, intermedio oblongo, obtuso. Caules graciles, adscendentes, usque pedales. Folia disticha, equitantia, im- bricata, elongato-triangularia, obtusa © pollicem longa, £ pollicem lata. Pani- culæ axillares 2-purifloræ, inferne bracteis cordato-lanceolatis acutis appressis, superne bracteis cordato-subrotundis cucullatis, patentibus, apice mucronulato- acutis. Flos parvus, flavus, vix + pollicaris in diametro , sepala 3 recurvo-pa- tentia, ovata , concava, apice apiculata. Petala subfalcato-ovato-oblonga, sub- crispa, obtusa, erecto-patentia. Labellum hastato-trilobum , brunneo pictum ; lobis lateralibus (basilaribus ) lineari-triangularibus , acutis vel obtusiusculis et apice denticulatis ; lobo intermedio oblongo apice denticulato ; disco tuberculato, tuberculis anticis parvis, posticis maximis. Columnæ alæ ovatæ acutæ , superne acute denticulatæ. Pollinia 2, clavata, pedicellata, glandula parva. Inflorescentia et flore Lockhartiæ acutæ, folio et labio L. eleganti affinis. CI. Lansberg misit plantas vivas e Columbia. LOCKHARTIA PARTHENOCOMOS Rchb. fil., 5 crispula Rgl. Bothriostigma distichophyllum Hort. Petrop. Folüs distichis, elongato-lanceolatis, incurvato-acutis, pedunculis axil- laribus, 1-3 floris, bracteis late cordatis; sepalis ovatis, acutis; petalis sepala paullo superantibus, obovatis, obtusis; labello obtuso-trilobo, crispulo, margine subdenticulato, lobis lateralibus incurvis, lobo interme- dio apice subretuso, disco piloso. CI. Lansherg e Columbia misit. PRoMENÆA RozLisoni Lindl., G obtusa Rgl. Differt. labelli lobis lateralibus lanceolatis luteo-albis et transverse rubro- striatis, lobo intermedio ovato obtuso luteo et immaculato; callo disci postice fornicato triangulari ovato ; columna basi macula sanguinea. FIN DU SIXIÈME VOLUME. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Sur la structure de la chlorophylle, par M. Hugo von Monc. . . . : 439 Quelles sont les causes qui déterminent la dilatation et le resserrement des stomates, par M. Hugo von Mouz. . . . AT 51002 Sur le développement des racines de quelques Renomeulééées , par M. Thilo Irwiscx . . Che: er Lie 1° Nouvelles observations sur les FRE bob, par M. L. R. uses FRS: | Nouveau Mémoire sur l’Aleurone (Das Klebermehl [Aleuron]), par RO (AP snesnr |, OS GNU. = 0% CN FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Floræ Madagascariensis fragmenta scripsit collectave digessit L.-R TULASNE. . . : DORE Huitième centurie ds plérites célttaives iéuveiles tant tidigènes a "eX0- es par M: C. Motiiéhh/ À 4 GUHMS IH LT, 0. * 479 MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES. Nouvelles recherches sur les caractères spécifiques et les variétés des plantes du genre Cucurbitata, par M. Ch. Naupin. Adnotationes botanicæ ex indice seminum horti Botanici Petrbpolitani ex- cerptæ, auctore REGEL. . . DM sd ER de M ER TT On Adnotationes botanicæ de ne EH vd cat RON note oNtr: TRES Notice sur une nouvelle espèce de Chêne français, sur les caractères qui la distinguent et sur la classification des Chênes en général, par M.J. Gax. 223 Mémoire sur les Limnanthées et les Coriariées, par M. Ad. Cain. . . 247 Index seminum horti Berolinensis. Plantæ novæ et minus cognitæ quæ in horto regio botanico Berolinensi 0. SORA . . .. . AU. . 360 ce PALÉONTHOLOGIE VÉGÉTALE, Les Nymphéacées fossiles, par le docteur Robert Casparx. . . , . . 4199 PR PP PR TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS. Caspary (Robert). — Les os centurie de plantes cellu- phéacées fossiles. . . 199 laires nouvelles, tant indigènes Cuarix (Adol.). — Mémoire sur qu'exoliques. . . 179 les Limnanthées et les Coria- Naunix (Charles). — Nouvelles MiBeSie «SAR, TUE AN CENT ET recherches sur les caractères Gay (Jacques). — Notice sur spécifiques et les variétés des une nouvelle espèce de Chêne plantes du genre Cucurbita. ÿ française, sur les caractères qui Plantæ novæ et minus cognitæ la distinguent et sur la classi- quæ in horto regio botanico fication des Chênes en général. 223 Berolinensi coluntur. . . . 350 HarriG (Th.). — Nouveau mé- | Recec (Édouard). — Adnotatio- moire: sur l’Aleurone ( Das nes botanicæ ex Indice semi- Klebermehl [Aleuron] ). 325 num horti botanici Petropoli- Irmiscu (Thilo). — Sur le déve- (ANLeCErDIE, 73 loppement des racines de quel- _—_ Adnotationes botanicæ de Or- ques Renonculacées. . . 274 CHAR |, Ie VIONNSNORSRSS Mouz (Hugo von). — Sur la Tucasxe (L.-R.). —Floræ Mada- structure de la chlorophylle 139 gascariensis fragmenta scrip- — Quelles sont les causes qui sit collectave digessit. LE CAE déterminent la dilatation et le — Nouvelles observalions sur resserrement des stomates. . 462 les Érysiphés. . . . . .. 299 MonracxE (Cam.). — Huitième TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Cucurbita maxima. Cucurbita Pepo et C. moschata. Variations dans le Cucurbita Pepo. Dilatation des stomates. et 6. Organogénie florale du Limnanthes. 7, 8,9. Développement des racines et des tubercules danses Renonculacées, 40, 44. Organisation de l’Aleurone. 19. Nympheæites Ludiwigii Casp. 43. Nymphæites BrongniarLi Casp. QT = CO 1ÔO — FIN DE LA TABLE. ERRATA. Page 230, ligne 13, au lieu de les deux espèces, lisez les espèces. Page 237, ligne 11, au lieu de annuelle, lisez bisannuelle. Page 242, ligne 9 (en commençant par le bas), n° 44, au lieu de Q. cypria Poech, lisez Q. alnifolia Poech. Ann. des Secenc. rat. 4° Serte. Cucurbita marina N. Remond cp. 7. Vieille Æstrapade,15, Paris ME Douliot sc. Ann.des Seienc. nat. 4° See. Pot. Tome 6. PL.2. M7 Douliot se. À. Cucardita lepo B. Crcurbita moschata. NV. Zemond cmp. r. Vieille Zstrapade, 15. Paris . Ann.des Seine. rat. 4° Sérét Boë.: Jome 6. PL 3, Variations dans Le Cucurbita epo. NW Remond tmp. 7. Vieille Æstrapade, 15. Faris. SIP re SIN H * V£ ( nl LA LA" d L & Là ÿ à » d v. ut 174 | 1 à 4 Le “ A f Éx IA AO ss L 1 vx N Û +: A « S F : « L k 1 s ; " " : $ k arr À . € £ Ve = EN . t } L tes L LA K ee : il s à i (1 Li À . t û spot QE 3 ” ‘ ; je ) - nt ÿ d ( à L sy ; ’ wa . 2. * LA - " .) ms , % à É ] Ÿ : i L: L3 L » : h À; . LT NT , Las if * Bot. Tome 6. PL. 4. ê M Douliot se. des Jlomatles . O7 ” Lila tal W Zemond cmp.r. Viedle Lstrapade. 15. arts . / ur. des Jeune. nat. 4° Serce. Bot. Tome 6. F1. 5. LAC AI [ = FA] , : Lagesse sc. Organogénte, florale dx limmanthes. N.Ztemont inp.r. Vicille Zstrapade,15, Farus . és a 1€ re EL hs a PS ré + À 0 1e 2e * = L: = ñ - ç 1 * j Ï { 1 y ! 1 { % es > 4 Anr.des Seine. nat. Z° Serre. Pot. Tome:6. PL,.6. VA agesse SC Crganogénte, florale dt Vimnanthes. NW. Remond zmp. Tr. Vieille Estrapade, 15. Paris . h < sets un" À F7 ÿ Zome. 6. PL. 7. NW Pouliot. sc. 1 Développement on nant ef oies bete dans Les Lenonculacces = WARémond tmp. r. Vieille Estrapade,1ô, Paris . M7 Doulot se. w AN. Remond np. r. Viedle Estrapade, 15, Laris . 4 Ré er. JS . Bot. Tome 6. FE 9. M'* Doulot sc. Developpement des racanes et Les Lubercules dans les lenonculicees. NW Aemord tp. r. Vieille Fstrapade, 15. lart . Orgarisalion de LA leurone. . NW. Rémond cp. Tr. Veille Lstrapade,15, Jarés . Bot. Tome 6. PL. 10. HW? Douliot sc. Tome 6, PL, 7. Pot. W. Rémond mp. r. Vieille Lstrapade, 15, Paris. ù N Ÿ N È Ê à |: À Doc. Tome 6. PL, 22. Ann. des Science. nat. 4 Serre. MT Douliol sc. Wymphaites Ludoigie Cas. rue Vieille. Estrapade. 16. arts . N. Aemond 72 77€ 6. 4 Æ Pot. D TE Douliot sc. , 16, Paru. 27212 ap Valle Estr: N * L' er PET IONS FRE x ‘ M LA "1 Var re WC tr! , RAD NTEEL | RAR OAN OA CHAT EL 7 RON A7 14 We: "LE «à ( au 4) } ' ) À L | L ' td ù Gr L , À F | ( « à | "1! é , dl y MASE