En on tam En he à pe cg = DR. nues ne eo Din 1 pou. = ANNALES DES SCIENCES NATURELLES CINQUIÈME SÉRIE BOTANIQUE Paris. — Imprimerie de E. Marrnixer, rue Mignen, 2. CINQUIÈME SÉRIE BOTANIQUE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM. AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE TOME IV PARIS VICTOR MASSON ET FILS, PLACE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE 1865 Li OT PATENT RER L'NS k À ? , D -Phorrasritaes UC ide NN: LS “ A ( . " on, * " à CU 4, 1 : à LP ’ 4 vi o j #0 7e Snté” : À Lee A | NC - , / ‘ PANIER, NAN L'AT *: ; à 1 ; À Cr de E k v ‘ AE … à * L W ñ L'IPARL. ÿ QE. 4e pr CRE HET de 4 bu . L Ds > , RM à . PE ; = TT k LUE 1 A! «Èt LR ; Leh SD ‘ \ mA 4 2 a dt # ar NT NT * à RE PA SRE 2 À: LOU EC t à ; | c: + u V k A PET où “+ 404 4 u* | ka 5) ss! | ANNALES DES SCIENCES NATURELLES BOTANIQUE ÉTUDES SUR LA VÉGÉTATION DU SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, _ Par M. le comte Gaston de SAPORTA (1). DEUXIÈME PARTIE. 113 SES FLORE D’ARMISSAN ET DE PEYRIAC, DANS LE BASSIN DE NARBONNE (AUDE). Le dépôt d’Armissan, près de Narbonne, a déjà été mentionné dans l'aperçu géologique qui précède la première partie de nos études sur la végétation tertiaire. Nous avons alors essayé de déterminer le rang qu'il doit occuper dans la série des flores fossiles du sud-est de la France , et il nous a paru résulter de divers indices qu’il fallait assigner à cette localité une place in- termédiaire entre les Calcaires marneux littoraux du bassin de Marseille, dont nous venons de décrire les espèces, et les Schistes bitumineux de la vallée du Largue, près de Manosque. Ce point de vue n’a été depuis ni changé, ni modifié, ainsi que le prouve l'ordre qui préside à notre publication ; il se trouve plutôt con- (4) Voyez tome III, page 5. 6 GASTON DE SAPORTA,. firmé par d'importants travaux géologiques qui ont paru dans l'intervalle, comme aussi par les explorations que nous avons poursuivies pendant plus de trois ans, grâce à l’intelligent con- cours de MM. Bousquet, propriétaires de la carrière principale, et de M. Devèze leur assôcié (1). Ainsi nous pouvons invoquer, à l'appui de notre première opinion, des faits et des documents d'autant plus précieux, qu'ils n’existaient pas au moment où nous l'avons formulée, et nous aborderons une des plus riches végé- tations locales de l'époque tertiaire, après avoir observé une foule de particularités propres à nous dévoiler l'aspect des plantes qu'elle comprenait, et, pour plusieurs d’entre elles, les circon- stances même qui accompagnaient leur floraison, le développe- ment de leurs fruits et la dispersion de leurs graines. Armissan est un petit village situé à quelque distance (7 à 8 ki- lomètres) et à l’est de Narbonne. Des assises calcaires d’un gris bleuâtre, d’un grain très-dur, susceptibles de recevoir un beau poli et de se diviser en tables d’une épaisseur constante, viennent affleurer dans le fond de la vallée semi-circulaire où s'élève le village. Elles sont exploitées comme dalles et marches d'escalier depuis un temps immémorial ; mais l’usage s’en étant beaucoup étendu depuis quelques années, leur exploitation a pris une extension qui sert les intérêts de la science en multipliant les occasions de découverte. En effet, ce n’est qu’en poursuivant fort loin dans le sol les travaux des galeries qu’on parvient à extraire les assises destinées à être transformées en dalles, que leur in- clinaison assez rapide, dans la direction du nord-ouest et de l’ouest, dérobe promptement à la vue, sous les alluvions qui re- couvrent le fond de la vallée. La surface entière deslits calcaires divisibles en plaques d'une épaisseur variable, l’intérieur même de chaque lit composé (14) L’obligeance et le dévouement de MM. Bousquet, joints chez eux à une rare intelligence des recherches scientifiques, nous ont mis à même de recueillir sur les Sieux un grand nombre d'empreintes, et de recevoir, à l’aide d’envois organisés avec loin, toutes les nouveautés un peu saillantes, au fur et à mesure qu’elles étaient décou- vertes. Qu'il nous soit permis de leur témoigner publiquement ici notre gratitude, qui sera partagée par tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la paléontologie, et de la botanique fossile en particulier. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 7 d’une foule de feuillets susceptibles de se. détacher sous l’in- fluence des agents atmosphériques, se trouvent recouverts d'une multitude d'empreintes végétales, la plupart intactes et d’une fraîcheur admirable lorsqu'elles viennent d'être mises au Jour. Les lits marneux ou bitumineux qui servent de toit, ou qui séparent l'une de l’autre les diverses assises calcaires, contien- nent aussi des plantes fossiles, quoique moins nombreuses ; mais, en revanche, ils renferment assez souvent des Poissons, des Sauriens et des Chéloniens, de même que des Mollusques, dont les traces sont beaucoup plus rares dans les lits exploités, quoi- qu'ils n'y soient pas inconnus. On y remarque aussi, quoique plus rarement, des débris d’Oiseaux, de Batraciens, ainsi que des Insectes (1). Il est donc fort heureux qu’un dépôt aussi riche ait été exploité industriellement sur une grande échelle, car la science livrée à ses seules forces n'aurait pu fouiller qu'à grand’peine les parties les plus superficielles de cette vaste étendue de couches. Ces couches elles-mêmes ne sont que la partie inférieure du système d’eau douce qui constitue le bassin tertiaire des environs de Nar- bonne. Au sud-ouest de cette ville, et le long des étangs salés qui la font communiquer avec la mer, ce système se prolonge en une série de collines accidentées jusque vers Sigean, qui marque à peu près sa limite dans la direction du sud. Autour même du village d’Armissan, deux mamelons escarpés, l’un à l’est, l’autre au nord, continuent la série tertiaire, et développent une suite (1) M. Paul Gervais, qui s’occupe de la description des animaux d’Armissan, a bien voulu dresser, ainsi qu'il suit, sur ma demande, la liste des Vertébrés observés dans cette localité : MAMMIFÈRES : aucun. Oiseaux : Tetrao Peissieti, P. G. REPTILES : Trionyx, sp. indét.; Emys, sp. indét.; Crocodilus, sp. indét. BATRACIENS : Rana, sp., espèce voisine du Rana aquensis, P. G. Poissoxs : Leuciscus, sp. indét.; Cyclurus Valenciennesii, Agass. Je citerai encore deux beaux insectes de l’ordre des Coléoptères, les seuls qui soient arrivés à ma connaissance ; les couleurs de leur corps ont conservé leur éclat métallique : l'un parait être un Carabe analogue au Carabus hortensis, L., l'autre ressemble à un Bupreste de grande taille. 8 GASTON DE SAPORTA, de couches qui s’appuient inférieurement sur les lits à emprein végétales, pour se terminer par des poudingues et des argil qui leur servent de couronnement. C’est sur tout cet ensemble qu'ont porté les observations de divers géologues dont nous allons mentionner les travaux suc- cessifs, avant de formuler notre opinion sur les résultats qu'ils ont amenés, relativement à l’âge de la formation et des divers membres ou étages dont elle est composée. M. Tournal, dont le nom est si avantageusement connu des antiquaires et des géologues, est le premier à qui revient l'honneur d’avoir signalé le dépôt d’'Armissan et la formation lacustre dont il dépend. Il en communiqua les plantes fossiles à M. À. Brongniart, qui inaugurait alors avec éclat l'étude de la paléontologie végétale. Le mémoire qui résulte de l'association des deux savants a été inséré en 1828 dans les Annales des sciences naturelles (1). Il contient, d'une part, des détails fort bien saisis sur la succession des diverses couches tertiaires, par M. Tournal, et, d'autre part, la description des espèces végétales que M. Brongniart avait réussi à se procurer. Ces espèces se réduisent aux suivantes : Muscites Tournalii, Brngt, Hist, des végét, foss., t. 1, p. 93, pl. 10, fig. 4, 2. Equisetum brachyodon, Brngt, itid., p. 114, pl. 12, fig. 44, 42. Filicites polybotrya, Brngt, 1bid., p. 390, pl. 137, fig. 6. Smilacites hastata, Brngt. Pinus pseudostrobus, Brngt. Taxites Tournalii, Brngt. Carpinus macroptera, Brngt. Betula Dryadum, Brngt. Comptonia? dryandræfolia, Brngt. Presque en même temps, M. Brongniart mentionnait les mêmes espèces dans son Prodrome d'une histoire des végétaux fossiles (2), et comprenait le Muscites Tournalii et le Filicites polybotrya dans son grand ouvrage, où ils ont été figurés (3). (4) Ann. des sciences nat., t. XV, p. 19 à 54, pl. 3. (2) Brongniart, Prodr., p. 25, 99, 407, 128, 140-143 et 213-214. (3) Id., Hist. des végét. foss., t. 1, p. 93, pl. 40, fig. 1-2, et p. 390, pl. 137, fig. 6 LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 9 Sur ces neuf espèces originaires, deux, le Filicites polybotrya et le Smilacites hastatus, n’ont plus été retrouvées depuis; deux ont été transportées dans d’autres groupes, ce sont l'Equisetum bra- chyodon, devenu le Callitris Brongniartit Endl., et le Carpinus macroplera, reconnu pour être une Juglandée semblable aux Engelhardtia actuels. Une troisième espèce, le Pinus pseudo- strobus, était fondée sur les organes réunis de plusieurs espèces. Les autres justifient plemement l'attribution que M. Brongniart avait proposée, même le T'axites Tournalii, qu'il était impossible de nommer autrement à une époque où le genre Sequoia n’était pas encore connu; résultat remarquable, quand on songe aux faibles débris dont disposait l'illustre savant, et au peu de res- sources que lui offrait une science encore dans l'enfance. IL est tout naturel encore que M. Brongniart ait été frappé de la réunion d’une Myricée, d’un Bouleau, d’un Charme, d’un Pin, d'un ff, dans une ilorule si peu nombreuse, et qu'il ait attri- bué alors à la végétation d'Armissan l'aspect que présentent les forêts du nord de notre hémisphère. Rien, en effet, ne pouvait déceler à ses yeux le mélange singulier de types européens et de types exotiques et tropicaux que cette flore, mieux explorée, a présenté, comme toutes celles de la même époque. Dans son Tableau des genres de végétaux fossiles, publié en 1849 (4), M. Brongniart ajouta à la liste primitive quelques espèces qu'il avait reçues depuis, ou qu'il avait lui-même recueil- lies sur les lieux. Ce sont les suivantes : Sequoites taxiformis, Platanus Hercules Ung., Nymphœæa Arethusæ Brongt. Ces espèces furentsignalées surtout comme établissant une liaison entre le dépôt des environs de Narbonne et ceux d'Hæring, de Radoboj et des meulières de Longjumeau, près de Paris. Ici encore l’illustre savant était dans le vrai, non-seulement en croyant à l’affinité de ces diverses localités tertiaires et des flores dont elles renfer- ment les débris, mais encore en plaçant Armissan sur un hori- zon supérieur à celui de l’éocène paléothérien. Enfin, M. Bron- gniart ne manque pas cette fois de faire ressortir, comme (4) Brongniart, Tabl. des genres des végét. foss., p. 117-119 10 GASTON DE SAPORTA. constituant le caractère le plus frappant de la végétation de cette époque, le mélange des formes exotiques analogues à celles des régions plus chaudes que l’Europe, et des formes propres aux. régions tempérées. Tel était l'état de nos connaissances sur Armissan à une date qui n'est pas très-éloignée, si l’on ajoute à ce qui précède quel- ques opinions éparses dans plusieurs mémoires et notices géolo- giques publiés dans l'intervalle qui sépare le premier mémoire de M. Tournal des dernières indications fournies en 1849 par M. Brongniart (1). Les opinions émises par les savants purement géologues va - riaient beaucoup. Les uns, se ralliant'à l’opinion de M. Dufrénoy, regardaient la formation tertiaire des environs de: Narbonne comme franchement miocène; les autres se fiaient à l’analogie des couctes, à l’aspect identique du bassin et à la présence des gypses, pour l’assimiler aux gypses provençaux et parisiens, et la placer dans l’éocène supérieur avec ces derniers. C'est à cette seconde opinion, exprimée originairement par M. Tournal, que s'était rangé M. de Rourville, en établissant son étage Sestien (2). Ün peu plus tard, en 1859, parut le Mémoire sur les Corbières, de M. le vicomte d’Archiac (3). Ce savant auteur eut le mérite d'observer très-fidèlement diverses particularités du bassin ter- taire de Narbonne, qui jusque-là avaient échappé au coup d'œil des géologues. C’est à lui que nous devons la connaissance des empreintes végétales renfermées dans les couches calcaréo-mar- neuses qui viennent affleurer, non loin de Peyriac, sur le bord de l'étang du Doule. Ces empreintes constituent une florule dis- tincte à quelques égards de celle d’Armissan, mais liée à elle par trop d'espèces communes pour être décrite séparément. Non loin (1) Voy. Mém. pour servir à la descr. géol. de France, 1836, t. II, p. 79 et suiv. — Rolland du Roquard, Notice géol. sur le départ. de l'Aude, 1844, p. 206. — Ley- merie, Carte jointe à un mémoire! inséré dansles Mém: de la Soc. géol. de France, 2° série, t, 1, 1846, pl. 12, etc. (2) Paul Gervais, de Rouville, Descr. géol. des environs de Montpellier, 1853, p. 169, et tableau p. 186. (3) Mém. de la Soc. géol. de France, 2€ série, t. VI. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 11 de là les gypses de la colline de Portel, et surtout ceux des envi- rons du Lac. offrent, dans des lits schisteux et marneux qui sépa- rent les bancs de sulfate de chaux, des débris végétaux, spécia.- lement des fruits de Conifères et des rameaux de Calhitris, que M. d’Archiac n’a pas manqué de signaler. Attachant avec raison une grande importance à la similitude d'aspect et d'éléments constitutifs des roches qui lie le système à gypse de Narbonne avec ceux de Provence et de Paris, M. d'Ar- £hiac fut amené à regarder cette liaison comme une preuve qu'ils devaient être rangés tous les trois sur le même horizon géognostique, vers la partie supérieure du tertiaire mférieur. Il est vrai que l’affinité qui existe entre la formation à gypse du département de l'Aude et les divers dépôts de mème nature qui se montrent sur tant de points en Provence, est si étroite, qu'on est presque tenté de regarder les couches de Narbonne comme n'étant que le prolongement de celles qui affleurent autour de Marseille. Mais cette similitude, incontestable quand on compare en masse les deux séries de formations considérées dans leur en- semble, est-elle si complète, qu'il en résulte une coïncidence, couche par couche, des diverses parties du terrain de l'Aude, observé à sa base, à son nulieu et vers son sommet, avec les par- ties correspondantes des terrains de Provence? En un mot, le dépôt d’Armissan, situé vers la base du système de Narbonne, est-1l l'équivalent de celui des gypses d'Aix, situé à la partie infé- rieure du système provençal? C’est ce qu’il semble que M. d’Ar- chiac ait voulu établir, en mvoquant l’analogie des fossiles animaux ou végétaux recueillis dans les couches du bassin de Narbonne avec ceux des bassins d’Aix et de la Seine, pour en conclure que le tout devait être rangé sur le même horizon (1). Le savant professeur n'aurait pu songer à cet argument, si les flores d’Aix et d'Armissan eussent été moins imparfaite- ment connues au moment où il écrivait, mais le peu d'espèces publiées à cette époque ne pouvait fournir que des éléments de discussion très-confus; et il convient même d'ajouter que la présence à Aix, conme aux environs de Narbonne, de (1) Bull. de la Soc, de géol., 2° série, t. XIV, p. 472. 19 GASTON DE SAPORTA. certaines espèces d'une durée géologique fort longue, spéciale- ment du Callitris Brongniartii Endl., semblait justifier l'opinion adoptée par M. d'Archiac. Il est donc vrai que l’exacte détermi- nation des espèces, soit animales, soit végétales, est un élément indispensable, toutes les fois qu'il s’agit de fixer les rapports de deux localités distinctes, lorsqu'on se fonde sur l’analogie des fossiles respectifs qu’on y rencontre pour les identifier. ù Peu de temps après les travaux de M. d’Archiac, en 1861, M. Paul Gervais, doyen de la Faculté des sciences de Montpellier, recueillit une série de plantes et d'animaux d'Armissan qu'il signala d’abord dans une note communiquée à l Académie des sciences (1), et qu'il a publiée un peu plus tard dans une notice, accompagnée de deux planches, insérée dans les Mémoires de l’Académie de Montpellier (2). Les espèces de plantes qu’il a mentionnées dans ce dernier travail s'élèvent à 35, en y comprenant celles dont M. Brongniart avait déjà parlé. Beaucoup de ces espèces ne sont désignées que par le nom générique, quelques-unes d’une manière très-vague ou avec un point de doute ; d’autres ne sont que des rapproche- ments provisoires avec des plantes des autres dépôts, qu'un examen plusapprofondi devra éliminer; mais plusieurs sont très- remarquables, et doivent être rangées parmi celles qui caracté- risent le mieux la végétation d’Armissan, soit à cause de leur rareté, soit au contraire parce qu'elles sont au nombre des plus répandues. Ce sont les suivantes : Adiantum (Lindsæa) Cussolii (pl. 10, fig. 1); Dracæna narbo- nensis (pl. 41, fig. 3); trois cônes de pins, dont un fort beau, appartenant à la section Strobus (pl. 10, fig. A); un Tleæ remarquable (pl. 10, fig. 7). Il faut ajouter à ces espèces les Cinnamomum polymorphum et spectabile Heer, qui furent signalés pour la première fois ; la samare d’un Dodonæa ? (pl. 10, fig. 8); enfin, une inflorescence très-curieuse dont la nature véritable est demeurée inexpliquée, et que M. Gervais rapprochait avec doute des Dianella (pl. LL, fig. ?). (4) Comptes rendus de l’Acad. des sc., t. LIII, p. 777, 1861, 2° semestre. (2) Mém. de l’'Acad. de Montpell., sect, des Sciences, t. V, p. 809 et suiv. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE. 15 Toutes ces plantes n'étaient pas énumérées dans la première note communiquée par M. Gervais à l'Académie des sciences, mais il y signalait principalement une très-belle empreinte du Dracœæna narbonensis, conservée depuis dans la collection de la Faculté des sciences de Montpellier, et qui présente un tronçon de tige encore garnie de toutes ses feuilles. Il admettait alors le parallélisme des calcaires lacustres d’Armissan et des marnes gypsifères d'Aix, de Gargas et de Paris. M. Gervais exprimait ainsi la même opinion qu'avaient formulée avant lui plusieurs géologues, entre autres MM. d'Archiac et Noguès. Cette cir- constance motiva même de la part de ce dernier une sorte de réclamation, à l'effet d'établir son droit de priorité et. celui de M. d’Archiac à l'appui de cette mamiëre de voir (4). M. Gervais, éclairé par les découvertes qu'il venait de faire, fut au contraire le premier à reconnaître, dans une note en ré- ponse à celle de M. Noguës, le caractère miocène du dépôt d’Ar- missan et la différence profonde qui sépare sa flore de celle du gypse d'Aix. Il exprima en même temps des doutes sur l'identité du Motœus laticaudatus de Montmartre avec le Poisson d’Armis- san signalé sous le même nom par M. Marcel de Serres. Il lui parut que le genre voisin Cyclurus comprenait une espèce des schistes miocènes de Ménat (Puy-de-Dôme), le Cyclurus F'a- lenciennesii Agass., dont les PR concordent avec ceux de l'espèce d'Armissan. | Ces débats eurent l’heureux eftet d'attirer de plus en plus l'attention sur la belle flore d’Armissan , qui était destinée à jouer un rôle décisif dans la question controversée de l’âge du terrain dont elle dépend. M. Noguèës mettait à la disposition de ceux qui voudraient l’étudier toute une série d'empreintes recueillies sur les lieux. Le musée de Montpellier, grâce à M. Gervais, en possédait une suite très-riche; d'autres se trouvaient dispersées dans un certain nombre de collections particulières. M. Bron- gniart voulut bien nous communiquer les exemplaires que pos- sède le Muséum de Paris. Nous fûmes également redevable à (1) Bull, de la Sac. géol., 2° série, t, XIX, p. 142, Al GASTON DE SAPORTA. lobligeance de MM. Tournal et Noulet de plusieurs curieux spé- cimens, dont ils se dessaisirent en notre faveur; enfin, la car- rière toujours ouverte d'Armissan offrait un vaste champ de découvertes qui n’attendait qu'un explorateur. Aidé de ces divers secours, nous avons pu recueillir une grande moisson de docu- ments précieux et d'espèces nouvelles, tandis que notre ami M. Matheron, associant à un travail d'ensemble, dont il réunit en ce moment les traits épars, ses recherches particulières sur les couches lacustres d'Armissan, essayait d’en définir les rela- tions véritables avec les formations plus ou moins analogues des autres parties de la France, et des Bouches-du-Rhône en parti- culer. En 1862, M. Matheron publia le résultat de ses premières recherches comparatives dans un mémoire important (1), qui nous semble avoir résolu la question de l’âge relatif des couches lacustres du bassin de Narbonne, au point de vue de la strati- graphie combinée avec l'étude des fossiles invertébrés, et en par- faite concordance avec les observations auxquelles on est amené par l'étude des plantes. Il démontra que l’analogie signalée pré- cédemment entre le système à gypse des environs de Narbonne “et ceux de Provence était réelle, mais seulement partielle, en ce sens que cette analogie conduisait effectivement à assimiler les dépôts de Narbonne, pris dans leur ensemble, à la partie supérieure de ceux de Provence; mais que la partie infé- rieure de ces derniers, c’est-à-dire tout ce qui, aux environs d'Aix, d'Apt et ailleurs, correspond terme pour terme au cal- caire de Saint-Ouen, au gypse de Montmartre, aux couches à Cyrene semistriata et même au grès de Fontainebleau, man- quait tout à fait dans le bassin de Narbonne. S'appuyant sur cette donnée, l’auteur identifie avec le plus grand succés : 4° les argiles rouges supérieures avec grès et poudingues subordonnés, qui couronnent la formation gypsifère de Narbonne, aux argiles et poudingues qui terminent la mème formation dans le bassin de Marseille; puis, en descendantila série : 2° le groupe de cal- (4) Voy. Recherches comparatives sur les dépôts fluvio-lacustres lertiaires des envi- rons de Montpellier, de l'Aude et de la Provence. Marseille, 4862, p. 76 et suiv. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 15 caire avec Heliæ Ramondi Brngt, qui vient au-dessous, à la partie la plus supérieure du système à gypse de Provence, où l’on re- trouve la même espèce; 3° une mince couche située inférieu- rement, avec Cérite et Paludestrina Dubuissonii, à une couche pétrie des mêmes espèces silicifiées, très- constante dans le bassin d'Aix; 4° une longue série de calcaires marneux, de grès et d’argiles, avec des espèces de Planorbes et de Limnées identiques avec celles des bassins d'Aix et de Manosque, à la partie qui, dans ces bassins, comprend les lignites et la flore de Manosque ; 5° les evpses du Lac et de Portel aux gypses les plus élevés de la série provençale, c'est-à-dire à ceux des Camoins et de Saint-Jean-de- Garguier. Il arrive enfin à cette conséquence naturelle que les dalles à empreintes végétales, situées inférieurement à toutes les couches que nous venons d'énumérer, viennent se placer sur un horizon qui ne peut pas être très-éloigné de celui où l’on ren- contre, en Provence, la flore de Saint-Jean-de-Garguier, carac- térisée effectivement par le Complonia dryandræfolia Brnat, comme celle d’Armissan, renfermant en outre plusieurs autres espèces communes, et des traits d'analogie qui ne permettent pas d'en méconnaître l’affimté. Pour en mesurer le degré, il faut avoir égard, soit à la distance matérielle qui sépare les deux dé- pôts, soit à cette circonstance que, tout en étant voisins d'âge, ils ne sont pas tout à fait contemporains. En effet, la flore plus mo- derne des schistes de la vallée du Largue, près de Manosque, quoique ne présentant plus la même espèce dominante, se rap- proche beaucoup aussi de celle d’Armissan, qui paraît être stric- tement intermédiaire entre les deux localités provençales par ses Caractères phytologiques comme par sa position stratigra- phique. Au-dessous des dalles exploitées d’Armissan, on rencontre en- core des couches marneuses et bitumineuses entremèêlées, com- prenant avec des lignites, dont on a essayé l'exploitation, des Limnées et des Planorbes (Planorbis cornu Brngt, Limnæa cor- nea Brngt) que l'on retrouve vers la base du calcaire de la Beauce, dans le bassin de Paris (1). (4) D'après le témoignage de M. E, Fraissinet, de Béziers, associé à des travaux 16 GASTON DE SAPORTA. Ainsi, par une série de déductions, et en s'appuyant du secours combiné de la stratigraphie et des diverses branches de la pa- léontologie, M. Matheron arrive à une conclusion parfaitement en rapport avec celle que nous fournirait la seule considération des plantes fossiles, identique même avec l'opinion que l’examen d'un petit nombre d'espèces avait suggérée autrefois à M. A. Brongniart. Nous devons nous attacher doublement à ces résultats et les proclamer comme définitifs. | Les couches tertiaires d’Armissan sont adossées directement au massif secondaire de la Clape, sorte de plateau ondulé, sur lequel elles s'appuient en stratification discordante., et dont l'aspect général doit avoir peu changé depuis qu’il servait de rivage aux anciennes eaux lacustres. Sur le point où l’on recueille maintenant les empreintes végétales, devait exister une baie tranquille, peu escarpée sur les bords, que la forêt tertiaire entourait d'une ceinture continue, s'étendant en colonie pressée jusqu'à la plage, et projetant son ombre et ses rameaux sur le sein des eaux. Plusieurs de ces circonstances peuvent encore être notées avec une sorte de précision; on peut tracer la courbe sinueuse que dessinait le littoral. Les premiers sédiments déposés à cause de leur nature marneuse et des lignites qu'ils renferment, annoncent la prédominance des eaux stagnantes et la succession plusieurs fois répétée d’un apport de matières limoneuses venant recouvrir des dépôts tourbeux qui n'avaient pu s'opérer que dans un temps de calme, dans des eaux pures mais peu pro- fondes, obéissant à un très-faible courant et envahies par une végétation serrée de plantes amies des marécages, ainsi qu'on lobserve dans les sols tourbeux actuels, avec les différences qui de sondage entrepris, il y a quelques années, et abandonnés ensuite, les couches entre- mêlées de marne et de lignite, inférieures aux dalles, et par conséquent formant la base de tout le système tertiaire des environs de Narbonne, auraient une grande puissance, Le puits d'extraction, dans un espace vertical de 47 mètres, n’aurait pas traversé moins dé douze couches de lignite, et le sondage, poussé jusqu’à 400 mètres, aurait toujours rencontré des lits alternants de marne et de ligunite. _ Les coquilles et les empreintes de cônes de Pin abonderaient dans les lits marneux. Le lignite aurait laissé voir la structure encore reconnaissable des anciennes tiges; qui auraient contribué à le former. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 17 résultent des conditions physiques et climatériques propres à notre époque, comparées. avec celles qui présidaient aux temps tertiaires. Le bassin où s’est accumulée une si longue série de lits tourbeux et de couches marneuses devait êlre soumis à un mouvement insensible d’affaissement qui, tendant à donner aux eaux une profondeur toujours croissante, a dû les convertir par la suite en un véritable lac, couvrant une vaste étendue, alimenté par des eaux vives et puissantes, peut-être aussi par un courant clair ou Himoneux suivant les temps, mais n’entrainant avec lui que des sédiments très-fins, sans aucun gravier ni sable grossier. Peut-être aussi ce courant venait-il aboutir dans la baie, éntrai- nant des débris végétaux apportés d’assez loin, du sein même de la forêt; mais en tous cas la pente des eaux devait être peu sen- sible, et leur embouchure s’opérer pour ainsi dire à niveau perdu, puisque tout mdique une parfaite tranquillité dans la manière dont les débris végétaux s’enfonçaient dans l’eau, et venaient s'étaler au fond du lac après avoir flotté quelque temps à la surface. Le dépôt des dalles a été le résultat d’une précipitation chi- mique très-abondante, combinée avec un faible apport de matière limoneuse très-fine, mêlée de substances végétales en décompo- sition. Le carbonate de chaux y domine, sans exclure la silice qui n'y entre pourtant qu’en trèes-petite proportion. La nature du dépôt indique des eaux pures, calmes, probablement profondes. L'épausseur de l’assise exploitée est de 28 centimètres; elle se divise naturellement en deux bancs presque égaux, qui se par- tagent chacun par un clivage régulier en quatre lits, susceptibles eux-mêmes, si on les abandonne à l'influence des agents atmo- sphériques, de se réduire en feuillets très-minces. Chacun de ces feuillets correspond à un intervalle de temps pendant lequel le dépôt a été opéré, c’est-à-dire à la saison de l’année pendant laquelle les eaux donnaient lieu à un dépôt chimique abondant, et se formant d’une manière continue. Si l’on évalue à 2 milli- mètres en moyenne l'épaisseur de chacun de ces feuillets schis- teux, calcul qui semble se rapprocher de la vérité, et qu’on fixe à une année le temps nécessaire pour sa formation, on trouve qu'il 5° série. Bor. T. IV. (Cahier n° 4)2 i 2 18 GASTON DE SAPORTA, a dû s’écouler environ cent cinquante ans avant que l’assise exploitée pour dalles ait pu se déposer, sans parler des lits pure- ment marneux qui supportent et recouvrent cette assise. Les empreintes fossiles ne sont pas distribuées d’une manière complétement uniforme à travers cet ensemble de couches. Si l’on s'élève de bas en haut, on observe d’abord un banc de cal- caire marneux renfermant des coquilles, mais peu de plantes. Ce banc supporte lassise des dalles qui se divise régulièrement, comme nous l'avons dit, en huit lits. Dans l'intervalle qui sépare le premier du second on trouve quelques poissons et des feuilles de Nymphéacée (Nymphœites Brongniartii Casp.); entre le troi- sième et le quatrième lit 1l existe assez peu de plantes; entre le quatrième et le cinquième on rencontre les grandes feuilles dé- signées jusqu'à présent par le nom de Plutanus hercules, mais qui se rapportent à une Araliacée voisine des Oreopanaæ. Dans l'épaisseur du sixième, en Île laissant s'ouvrir à la suite d’une exposition prolongée à l'air, on rencontre les espèces les plus rares; c’est de là que proviennent un rameau de Coriaria et plusieurs inflorescences. L'intervalle qui sépare le sixième lit du septième est, par contre, assez pauvre. Entre le septième et le huitième on rencontre encore des feuilles de Nymphéacées; enfin, au-dessus des dalles s'étend une couche assez épaisse de marne grisâtre, d'une pâte très-fine, qui renferme des plantes plus clair-semées, mais où l’on rencontre assez fréquemment des Poissons et des Reptiles aquatiques (Crocodiles, Tortues, Batra- ciens). Les Insectes sont rares dans l'intérieur des dalles, mais non pas inconnus ; ilsappartiennent surtout à l’ordre des Coléo- ptères. Les ailes de Fourmi se montrent souvent; mais ce qui frappe surtout les regards, quand on parcourt des yeux la sur- face de la plupart des dalles, ce sont d'innombrables empreintes de samares de Bouleaux et d’involucres d'Engelhardtia, mêlés à une foule de débris végétaux de toutes sortes. Cette profusion, la présence de plusieurs parties des anciennes plantes qu’on n’observe pas ordinairement, comme des rameaux, des inflorescences, quelquefois des branches entières, enfin la réunion sur des plaques d’une grande étendue d'empreintes très- LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 19 variées, Fleurs, Fruits et Semences, dont la présence simultanée peut donner lieu à bien des inductions; toutes ces ch'constances essentiellement favorables permettent d'aller plus loin, dans l’ap- préciation des éléments de la végétation d’Armissan, que la seule description des couches qui en renferment les traces. Il est pos- sible, en s'appuyant d’une foule d’mdices, plus multipliés ici que partout ailleurs, de préciser l'ordre dans lequel les plantes de cette flore se trouvaient disposées, quel était leur mode de grou- pement, leur station, leur port. On peut même, jusqu’à un cer- tain point, déterminer la nature des saisons et l’époque où les principales espèces faisaient paraître leurs fleurs, mürissaient leurs fruits, et disséminaient leurs graines. Nous ne ferons qu’ef- fleurer ces divers points dont l'étude approfondie exigerait des années entières de travail. La limpidité et le calme des eaux, attestés par la puissance des dépôts chimiques, durent favoriser la multiplication des Nym- phéacées sur la lisière de l’ancien lac, aussi les empreintes de feuilles, de rhizomes, de fruits et de grammes d’une espèce de ce groupe sont-elles très-fréquentes. Ces plantes, recouvrant les eaux tranquilles de leurs larges disques foliaires, élevant çà et là leurs grandes fleurs, donnaient un aspect tout particulier à la zone lacustre la plus voisine de la plage. La Nymphéacée d’'Ar- missan, différente des nôtres par plusieurs caractères botaniques, mais analogue par son aspect aux espèces actuelles des pays chauds, devait s'étendre au loin, au sein des eaux déjà profondes, grace à ses dimensions considérables. Elle s'était multipliée à l'exclusion des Monocotylédones aquatiques, Typhacées et Cypé- racées, très-rares à Armissan, où le genre Sparganium n'est pas cependant inconnu. Une première lisière de végétaux terrestres devait couvrir la plage dans les endroits partiellement envahis par les eaux, ou très-humides. On reconnaîtles végétaux de cette catégorie à la fréquence de leurs empreintes, et à cette circon- stance que, non-seulement leurs feuilles, mais leurs branches et leurs inflorescences encore intactes sont venues s’ensevelir dans les sédiments, sans qu’on puisse expliquer cette présence par un transport, à Cause du calme parfait qui a dû présider à l’opéra- 20 GASTON DE SAPORFA. tion. On doit ranger en première ligne dans cette association de plantes les Andromeda et les Myricées (particulièrement le Myrica (dryandroïdes) lignitum et le Comptonia dryandræfolia), dont il a été conservé des branches entières, avec les grappes fleuries des premiers, les chatons et les fruits des autres. Les Sequoia (Sequoia (Taxilés) Tournalii et S. Coutlsiæ var. polymorpha) doivent avoir habité la même zone. L’abondance de leurs ramules et de leurs fruits, la fréquence même de leurs branches motivent cette opinion, qui concorde avec la station qu'ils préfèrent dans la nature actuelle. Ceux d’Armissan étaient de grands arbres qui ne semblent pas pourtant avoir été com- parables par leur dimension aux espèces modernes de Californie, quoique, par le port, ils se rattachent directement au même type’; le premier au Sequoia sempervirens, l’autre au S. gigantea, dont ils reproduisent jusqu'à la physionomie. A ces arbres, il faut ajouter encore des Pins à deux et à trois feuilles, dont les rameaux, les feuilles et les fruits sont trop répandus dans les couches pour ne pas dénoter une station rap- prochée des anciennes plages. Les rives du lac, les berges hu- mides ou le sein même des eaux étaient tapissés de mousses, dont les exemplaires venus jusqu’à nous font connaître l'abondance et la variété. Les Fougères observées, quoique fort rares, semblent avoir hanté aussi le voisinage des eaux. Leurs espèces fondées en général sur de petits fragments ne sauraient donner lieu à des remarques certaines; cependant le Filicites polybotrya paraît être l'épi fructificateur d’une Osmonde, et le Lindsæa Cussolii accuse des affinités de stations analogues. C'est dans une position rapprochée des anciens rivages qu'il faut encore placer le Dracæna narbonensis dont les empreintes ne sont pas très-rares. Un peu plus loin s’étendait sans doute une vaste forèt composée d’essences variées, mais où certaines associations végétales se répétaient sur une très-grande échelle, et qu'entourait une lisière d'arbres et d’arbrisseaux de toutes sortes, composant par leur réunion un ensemble aussi riche que varié. Les arbres les plus répandus de cette forêt nous sont révélés LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 21 par cette circonstance, que les fruits légers et surtout les samares de plusieurs d'entre eux sont venus en quantité innombrable, sous l’action du vent qui les emportait au loin, parsemer périodi- quement la surface des eaux. Entrainés ensuite au fond, sous l'influence du liquide qui les imbibait et augmentait leur poids spécifique, ces organes ont peuplé pêle-mèêle avec des feuilles et d'autres débris végétaux les couches en voie de formation. Promptement recouverts par des sédiments déposés chimique- ment, ils ont conservé leur fraicheur, et, quelque petits qu'ils soient, on retrouve en eux tous les linéaments de leurs tissus les plus délicats. Ce qui prouve que cette cause est la seule à invo- quer pour expliquer l’ensevelissement de ces débris végétaux, c'est que, disséminés partout, ils ne sont accumulés nulle part, comme 1ls le seraient si un courant véritable était venu les charrier. Au contraire, tous ces fruits mêlés sans ordre indiquent par leur abondance proportionnelle, toujours égale dans toutes les couches, quelles étaient les essences dominantes dans la forêt, et quelles étaient celles qui, par leur rareté ou leur éloignement, ne donnaient lieu que de loin en loin à l'apport de leurs fruits. Il faut encore remarquer que dans ces mêmes espèces les fruits sont beaucoup plus répandus que les feuilles, ce qui a dû néces- sairement arriver si l’on suppose que les fruits ailés, dont il est question, ont été transportés en masse et d’assez loin, par le vent, jusque dans les eaux du lac, tandis que les feuilles, plus lourdes, n’ont dû y parvenir que difficilement, par une sorte de hasard dont les chances diminuaient d’autant, plus qu’on s’écar- tait davantage du périmètre des anciennes eaux. Parmi les arbres à fruits ailés les plus répandus dans la forêt d’Armissan, on doit citer en première ligne des Bouleaux et des Juglandées du genre Engelhardtia; on en observe des traces presque sur toutes les dalles. Ensuite venait une Sapindacée? analogue aux Dodonæa, dont les feuilles sont encore inconnues. Il y existait aussi des Ormeaux et des Ostrya, mais les indivi- dus en étaient beaucoup plus rares, ou leurs stations plus éloi- gnées. La forêt d’Armissan comprenait encore de grandes Lauri- nées, semblables par le port et l'aspect aux Laurus, aux Persea, 29 GASTON DE SAPORTA. aux Agathophyllum, au Cinnamomum, aux Lilsæa actuels, et, sous ce rapport, cette végétation se rapprochait, avec un plus grand luxe d'espèces, de celle des îles Canaries. On doit citer aussi, comme ayant sûrement Joué un rôle considérable, des Acérinées, des Podocarpus,des Pins à cinq feuilles des sections Strobus et pseudo-Strobus, peut-être même une Conifère très- singulière, ressemblant un peu aux Araucaria par le fruit, H faut signaler également des Chênes analogues à ceux du Mexique, des Sapotées et de grandes Légumineuses appartenant à diverses tribus. Tels devaient être, à ce qu’il nous paraît, les principaux arbres de l’ancienne région d’Armissan. Mais auprès de ces essences de premier ordre, il existait tout un ensemble d'arbres moins élevés, d’arbustes et de plantes grimpantes ou volubiles, mêlés aux premiers et formant autour d’eux une colonie située, en partie au moins, dans une zone intermédiaire entre le bord immédiat des eaux et la grande forêt dont nous venons d’esquisser les principaux traits. Dans ce second ensemble dominaïent surtout des Araliacées, des Houx, parmi lesquels l’Aralia (Sterculia) Hercules et V lex horrida. dominaient par l'ampleur ou la singularité de leurs formes. Il faut noter la présence de plusieurs Myrsinées, Berbéridées, Rhamnées, Célastrinées, de nombreuses Anacar- diacées, Zanthoxylées et Légumineuses; mais nous devons une mention particulière à un Coriaria, dont l'analogie avec les formes les plus extra-européennes de ce groupe est frappante ; à une Myrtacée voisine des Tristania ; enfin au Calpurnia Euro- pœa, que ses feuilles aiïlées, jointes à plusieurs fruits, per- mettent de déterminer génériquement, A côté de ce groupe de formes exotiques on en distingue un autre, entièrement composé de formes demeurées européennes : ce sont des Aunes, des Peupliers, un Saule, un Micocoulier, peut-être aussi un Noyer; juxtaposition singulière qui semble devenir le cachet de la végétation d'alors! Des Cupressinées de genres variés, Callitris, Thuiopis, forment une dernière association, où des types, aujourd’hui relégués aux extrémités du globe, se trouvent réunis à plaisir. (LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 23 Elles semblent avoir habité une ‘station à portée des anciens rivages, mais non pas immédiatement contiguë. A côté de ces arbres ou arbustes si divers de forme et d’as- pect, il faut placer un certain nombre de plantes grimpantes ou volubiles qui leur servaient de liens, et couraient de branche en branche ou s’enroulaient autour des troncs et des tiges. Ce sont desSmilacées, dont 1l faut compter trois espèces; quelques Ficus, si l’on s’en rapporte à l’analogie ; peut-être aussi certaines Ara- liacées; enfin une Malpighiacée probablement congénère des Stigmaphyllon, et une Phaséolée analogue aux Rhynchosiées. Tel est l’ensemble que présente la remarquable flore d’Armis- san, lorsqu'on réunit ses éléments principaux pour en composer un tableau idéal, qui ne doit pas s'éloigner beaucoup de la réalité. Les plantes parasites ne font pas même défaut, et ce n’est pas un des côtés les moins curieux de cette végétation que de pouvoir y signaler un Guy, assez éloigné, 1l est vrai, de l'espèce ordmaire d'Europe, le Viscum albumL., mais aphylle, articulé, reprodui- sant trait pour trait la physionomie de toute une série de formes aujourd hui dispersées dans les régions australes et intertropi- cales, et rappelant aussi, quoique d’une façon déjà moins frap- pante, notre Arceuthobium Oxycedri. L’abondance des Amentacées, surtout des Bétulacées et des Cupulifères; la profusion des Laurinées, des Myricées, des Ara- liacées et des Ilicinées ; la présence répétée des Engelhardtia, des Rhus, des Légumineuses arborescentes, des Acer et des An- dromeda ; la richesse exceptionnelle des Conifères représentées par la plupart des tribus de ce groupe et par des formes à la fois saillantes, nombreuses et variées, tels sont les caractères qui frappent l'observateur introduit au sein de cette nature éteinte depuis si longtemps.iLes régions du haut Mexique, de la Califor- nie et du Texas, les îles Madère et Canaries, l’Abyssinie et les archipels africains, le Népaul, les îles de la Sonde et le Japon, l'Amérique équatoriale et le Brésil, sont les contrées actuelles où il est nécessaire de puiser des vues d’ensemble ou des analogies _partielles, si l’on veut recomposer dans son intégrité l'aspect du paysage tertiaire des environs d’Armissan, 9/ GASTON DE SAPORTA, En choisissant parmi les divers groupes de végétaux, pour pré- ciser leurs affinités respectives, on remarque que les T'axodium, les Sequoia, les Pins, les Chènes, une partie au moins des Bou- leaux, les Myricées, les Acérinées, certains Zlex, Rhus, Zanthoxy- lum, nous reportent vers les parties chaudes ou tempérées de l'Amérique du Nord, tandis que l'association des Dracæna, des Laurinées, des Myrsine, Ilex, Smilaw, ramène l’analogie vers l'archipel des Canaries. Les Callitris, certaines Laurinées, les Andromeda et Cal- purnia font songer à l'Afrique. D'un autre côté, par les Lindsæa, Podocarpus, Ficus, Populus, Cinnamomum, Lilsœæa, par plu- sieurs Berbéridées, Araliacées et Sapotées, par les Engelhardtia, Llex, on est pour ainsi dire transporté dans les parties chaudes ou tempérées de l'Asie méridionale et de l'archipel Indien. Les analogies avec l'Amérique équatoriale ressortent surtout de la comparaison de certaines Laurimées, des Araliacées, spé- cialement de l'A. Hercules, du Stigmaphyllon demersum, des Dalbergiées et Cæsalpimiées, avec les espèces correspondantes du Brésil, de la Nouvelle-Grenade et des Antilles. On voit qu’en établissant une sorte de lien général entre cette végétation et celle du monde actuel, c'est surtout de la combi- naison des formes particulières à la partie austro-occidentale de l'Amérique du Nord et aux îles Canaries avec celles des zones tropicales en général, de l’inde et du Brésil en particulier, que ressortirait la plus grande somme possible d’analogies. Essayons maintenant de reconstituer, s'il se peut, les condi- tions chimatériques et l’ordre que suivaient, à travers les saisons de cette époque, les principales phases de la vie végétale. Les éléments de ce genre de recherches ne font pas défaut dansla flore d’Armissan, où les plaques à large surface permettent de constater la présence simultanée, aux mêmes époques, d’une foule d'organes. Mais il est nécessaire pour mieux atteindre le but d’écarter les indices insignifiants, nous voulons dire les feuilles, qui pouvaient être à chaque instant amenées accidentel- lement dans les eaux, et les organes coriaces qui conservaient longtemps leur forme avant de prendre place dans les sédiments. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 25 C’est à des fruits légers, surtout à des samares, à des invo- lucres membraneux, à des semences et à diverses parties de l’in- florescence, que nous aurons recours. Ces divers organes ne pou- vaient être entraînés dans les eaux qu'au moment de leur appa- rition, et dans l’espace d'une période assez courte, puisque absents avant la floraison, la maturité'ou la dissémination, ils sont sujets, à cause de la délicatesse mème de leur structure, à se décomposer promptement et à disparaître sans laisser de traces appréciables. C'est à peu près là méthode suivie par M. Heer, dans la dernière partie de son ouvrage sur la flore tertiaire de Suisse. Nous atta- cherons, à l'exemple de cet auteur, une grande importance, non- seulement à la présence des organes de la fructification, mais à leur réunion à la surface de la mème plaque et à leur association à des insectes caractéristiques de certaines saisons, surtout à des ailes détachées de fourmis, indice de la fin de l’été. Il est encore nécessaire de s'attacher à des arbres dont la floraison et la fruc- üfication aient une époque fixe, qui ne soit pas sujette à varier suivant les pays et les espèces; on tomberait alors dans le vague et l'à-peu-près, tandis que de tels problèmes ne peuvent être résolus qu'à l’aide d’une induction rigoureuse. Les Bouleaux et les Engelhardtia de la flore d'Armissan nous fourniront un point de départ excellent, soit à cause de l’immense multitude de fruits ailés dont ils ont parsemé les couches, soit à cause de leur floraison, dont la date pourrait être difficilement reportée dans une autre saison que le printemps. Ce n’est point se hasarder trop que d'admettre à priori que les Bouleaux et les Engelhardtia d'Armissan développaient leurs rameaux et leurs fleurs dès le premier printemps, sous l'influence d’un climat certainement très-doux. À quel moment de l’année les fruits de ces deux sortes d'arbres venaient-ils parsemer la surface des eaux en innombrable quantité? Consultons pour le savoir les plaques où se retrouvent leurs empreintes associées à beaucoup d’autres espèces, et celles d’où elles paraissent absentes. On observe très-fréquemment les fruits de Bouleaux réunis à ceux de l’En- gelhardtia à la surface des mêmes dalles ; ainsi, ces deux genres de fruits se détachaient presque en même temps. Cependant on + 26 GASTON DE SAPORTA, trouve aussi des plaques parsemées de samares de bouleaux sans involucres d’Engelhardtia. I est probable que les fruits de ce der- nier genrese détachaient un peu avant les autres, c’est-à-dire en plein été. Cette conjecture semble résulter de plusieurs circon- stances : 4° d’une plaque où l’on voit un de ces fruits à côté d’une pousse non consolidée de Pin, dont les feuilles géminées, quoique ayant atteint leur longueur normale, sont encore rappro- chées en faisceau, et ne laissent pas entrevoir le bourgeon termi- nal, dont la formation succède au développement de la tige. 2 Ces mêmes fruits mêlés à ceux de Bouleaux accompagnent une feuille naturellement détachée de Dracæna. C'est lorsque, après le printemps, le Dracæna poussait de nouvelles feuilles que les anciennes commençaient à se détacher ; par conséquent ces exemples nous reportent en plein été. Quant aux samares de Bouleau, les preuves abondent pour démontrer qu’elles se dispersaient dès le milieu de l'été, mais surtout vers la fin de cette saison, et jusque dans l'automne. Nous citerons à l'appui : L° La réunion sur la même plaque de fruits très-abondants et très-nets de Bouleaux, d'Ostrya et de semences de Callitris, joints à la présence d’une aile de fourmi ; 2° L'association à la surface d’une grande plaque de samares de Bouleaux, de graines de pin et de Thuiopsis, avec des ailes de fourmi ; Ces deux exemples nous reportent vers la fin de l'été. 3° Les fruits de Bouleau se trouvent associés à des graines de Nymphéacée réunies en paquet, comme si elles venaient de quitter en masse l’intérieur du fruit. Cet ensemble nous ramène au moment où les fruits de Nymphæa s'ouvrent après avoir at- teint leur maturité, c’est-à-dire vers la fin de l’été ou le com- mencement de la saison suivante. h° Les fruits de Bouleaux sont très-nombreux à la surface d’une dalle qui porte une branche de Coriaria terminée par une grappe dégarnie de ses fruits; on y remarque en même temps une semence de Thuiopsis et une samare d’Acer. Les fruits de Bouleaux se montrent encore auprès d’une branche LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 27 d'Andromeda chargée de fruits, et sur une autre pierre à côté d'une samare d’Acer. Ces exemples concordent très-bien avec les précédents. 5° On voit un fruit de Bouleau sur une plaque où s’étalent trois feuilles contiguës de Châtaignier. Cette plaque annonce probablement l'automne, c’est-à-dire l'époque ou les feuilles de Châtaignier se détachaient, plusieurs à la fois. 6° Il n'existe qu'un très-petit nombre de fruits de Bouleaux, dans un très-mauvais état de conservation, sur une plaque où l’on observe un rameau de Taæodium dubium qui semble s'être dé- taché naturellement, et sur une grande dalle toute couverte par les feuilles et les fruits amoncelés du Comptonia dyandræfolia Brngt. Ces exemples se rapportent, selon nous, à l'automne avancé, et montrent que dans cette saison il existait encore des fruits de Bouleaux, mais déjà en petit nombre, et en plus mauvais état que les premiers, peut-être à cause de leur séjour prolongé sur le sol, dans les chatons attardés, ou même au fond de l’eau. 7° ]1 n'existe aucune trace apparente de fruits de Betula ni d'Engelhardtia sur une grande dalle qui présente à sa surface une branche de Myrica (Dryandroides) liynitum, toute chargée de feuilles et de chatons mâles. Les chatons mâles de Myrica paraissent dès l’automne, pour se développer au premier prin- temps. Cette dalle doit se rapporter à l’automne, peut-être même à l'hiver; il existe sur la même plaque des semences de Pin. 8° On ne distingue non plus aucune empreinte de fruits de Bouleaux sur une plaque où paraît une feuille de Nymphéacée vieillie eten partie rongée sur les bords. Cette empreinte se rap- porte probablement à l'automne déjà avancé. 9 Enfin, nous ne trouvons aucun indice de fruits de Bou- leaux sur les plaques qui paraissent se rapporter à la fin de l'hiver ou au premier printemps ; ce sont celles qui portent l'empreinte des samares de l'Ulmus Bronnü, et celles où l’on observe des chatons mâles de Pins, fraîchement détachés. L'époque de la floraison des Ormeaux et des Pins ne pouvait évidemment coïncider avec celle où se détachaient les samares des bouleaux, si l’on place à la fin de l'été le moment de la dis- 28 GASTON DE SAPORTA. sémination de celles-ci. Il est rare d’en observer des empreintes sur les mêmes plaques que les feuilles; mais plusieurs de ces der- nières empreintes se rapportent nécessairement au moment où les feuilles devenaient caduques, et ce moment ne devait coïn- cider que très-imparfaitement avec celui de la maturité du fruit. L Si l’on accepte comme véritables les données qui précèdent , on peut formuler, ainsi qu’il suit, les conclusions relatives à l'ordre des saisons, et à la manière dont se succédaient les phases de la végétation dans l’ancienne localité tertiaire : Au premier printemps, vers le milieu de notre hiver actuel, l'Ulmus Bronnii fleurissait et laissait échapper bientôt après ses samares, tantôt aplaties, tantôt repliées longitudinalement sur elles-mêmes. Vers le même temps les Bouleaux fleurissaient, puis développaient successivement leurs feuilles, ainsi que d’au- tres essences à feuilles caduques ; mais ce phénomène n'avait rien de brusque, et d’ailleurs nous ne possédons aucune lumière à l'égard des mœurs végétales de certains arbres d’Armissan parlaitement analogues à ceux de nos jours, entre autres des Peupliers, dont il existe au moins deux espèces. L'Ostrya Atlan- tidis faisait paraître presque à la fois ses fleurs et ses feuilles ; on doit aussi fixer à ce moment la floraison de la plupart des Myri- cées, ainsi que des Engelhardtia. Le printemps se prolongeait pendant plusieurs mois. Venant à la suite des bourrasques et des pluies prolongées de l'automne et d’un hiver très-court, c'était sans doute une saison sereine, jouissant d’une température très- égale, mélangée peut-être de quelques ondées. On doit marquer à ce temps celui de la floraison et de la végétation des Pins, qui se prolongeait ensuite jusque dans l'été, suivant les aptitudes variées des nombreuses espèces de ce groupe, tandis que les cônes à maturation bisannuelle se détachaient après avoir par- semé le sol de leurs graines. Ces opérations ont dû remplir l’es- pace de longs mois, car on observe des graines de Pins à la surface de la plupart des couches. Quelques coups de vent ou des orages avaient lieu sans doute vers l’équinoxe ; c’est ainsi que certaines . branches arrachées par accident, entre autres de jeunes pousses LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'KPOQUE TERTIAIRE. 29 de Pin non encore développées, sont venues jusqu'à nous, après “avoir été entraînées dans les eaux du lac. L'été paraissait ensuite et se prolongeait longtemps ; c'était, suivant nous, une saison calme et chaude, exempte de pluies, mais entremêlée de brises régulières et peut-être d'orages, surtout dans la seconde moitié. C’est alors que la belle Nymphéacée d’Armissan étalait ses fleurs et mürissait ses fruits en les reti- rant au fond de l'eau ; c’est alors que les Engelhardtia, et bientôt après les Bouleaux, les Érables et les Ostrya, disséminaient leurs fruits ou leurs involucres ; mais la dissémination des fruits de Bou- leaux,commencée en été, devait se prolonger encore, quoique déjà moins abondamment, jusqu’à la fin de l’automne. Les Cal- litres et Thuiopsis entr'ouvraient les écailles de leurs fruits au même moment, et la plupart des phases de la vie végétale s’ac- complissaent pour les arbres et arbustes à feuilles persistantes, comme les Dracæna, les Houx, les Myrsinées et Sapotées, dont les anciennes feuilles se détachaient après l’entier développe- ment des nouvelles, tandis que pour les Laurinées cette opéra- tion avait eu lieu au premier printemps ou même pendant l'hiver. L'arrivée de l’automne, vers le moment de l’équinoxe de sep- tembre, devait être marquée par de grandsorages, accompagnés de bourrasques et de pluies torrentielles et continues. La plupart des branches et des grands débris proviennent de cette saison. Les rameaux sont parfois accompagnés d’inflorescences déjà flétries ; des samares de Bouleaux en mauvais état, arrachées sur le sol ou provenant des derniers chatons demeurés sur les arbres, accompagnent souvent ces empreintes, résultat évident des tem- pêtes de la saison pluvieuse. C’est alors que les Comptonia sont garnis de leurs fruits, que les Myrica montrent des chatons mâles déjà formés. De là aussi proviennent les branches de Se- quoia, avec leurs strobiles aux écailles enti’ouvertes, les fruits de Cupressinées, et probablement une grande partie des cônes de Pins. Les espèces à maturation annuelle de ce dernier genre commençaient à laisser échapper leurs graines, pour con- tinuer ensuite pendant tout l'hiver. La plupart des feuilles 90 GASTON BE SAPFORTA, d'Érable, de Bouleau, de Peuplier, ainsi que les grandes feuilles d'Aralia, doivent être rapportées à la même période. Il n'existe cependant pas de traces à Armissan de la chute périodique des feuilles pour les arbres à feuilles caduques. Ce phénomène n'avait sans doute rien de brusque ni de général, et il ne s’appliquait en tous cas qu'à un nombre restreint d'espèces, assez rares pour la plupart. | A cet automne succédait un hiver qu’on doit supposer à la fois rapide et tempéré, se confondant avec la saison précédente dont il n’était que la suite, occupé peut-être par des pluies constantes, et marquant une sorte d'intervalle et de sommeil pour les espèces à feuilles caduques, dont les bourgeons ou même les chatons, déjà préparés n'attendaient pour se développer que les pre- miers rayons de l’année renaissante. Ainsi, il aurait alors existé trois saisons principales : une saison des pluies, marquée par un abaissement relatif de la température; une saison de printemps, douce, égale et sereme, temps d’acti- vité végétale, destiné à la floraison des plantes et au développe- ment des feuilles; enfin une saison chaude et sèche, pendant laquelle se mürissaient les fruits; c’est à peu près la division cli- matérique des zones subtropicales actuelles. Ce tableau ne peut être bien éloigné de la vérité ; il renferme ce que nous pouvons conjecturer de plus probable au sujet du climat, de l’ordre des saisons et des conditions de la vie orga- nique végétale, dans l’ancienne localité d'Armissan. S’avancer plus loin, ce serait tomber dans le rêve, les indices raisonnables faisant complétement défaut ; mais la seule observation des faits qui nous sont counus permet déjà une assez grande latitude d'appréciation pour nous consoler de cette imperfection rela- tive. Parmi les plantes que nous allons décrire, l'immense majorité provient d'Armissan ; quelques-unes pourtant ont été recueillies sur un autre point du bassin de Narbonne, non loin de Peyriac, au bord de l'étang du Doule. Quoique la principale espèce d’Ar- missan, le Compionia dryandræfolia Brngt, ne s’y soit pas retrou- vée, la communauté d’un grand nombre d’autres espèces nous LE SUD-EST DE LA FRANCÉ À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 81 engage à ne pas séparer cette petite flore de celle d’Armissan, dont elle est très-voisine par l’âge, sinon tout à fait contemporaine. CRYPTOGAMZÆE. MUSCI. MUSCITES Brngt. Musates setosus. (PI, I, fig. 1.) M. cauliculis tenuissimis, hinc inde ramosis, foliatis; fois undique.insertis, erectiusculis, imbricatis, subulatis. Armissan. Cette Mousse ressemble un peu au Musciles intricatus de Saint- Zacharie, que nous avons comparé au Bartramia foniana, mais ici les petites tiges sont bien plus menues et autrement ramifiées; elles dénotent peut-être une mousse terrestre analogue à certains Hypnum. Les ramules et fragments de tige de cette espèce couvrent des plaques entières de leurs innombrables débris. La figure 1 fait voir la manière dont elles se trouvent réunies pêle- mêle, sans doute après avoir longtemps flotté. Quelques-unes des tiges sont simples ; d’autres, plus complètes, sont distinctement ramifiées; mais ces ramifications n’offrent rien de régulier ni de distique dans leur disposition. L’axe des tiges, souvent à décou- vert, dépasse à peine l'épaisseur d’un cheveu; les feuilles sont lines, étroitement subulées, sub-érigées et longuement apicu- lées au sommet (Voy. fig. 1, A). Elles étaient sans doute de con- sistance finement scarieuse et munies d’une nervure médiane, mais On ne les distingue le plus souvent à la loupe que comme un étroit filament. Elles sont distinctement imbriquées de tous côtés, sans être très-serrées. On peut comparer cette espèce remarquable à plusieurs Hyp- num à petiles tiges, comme les 47. serpens L., tenellum Dicks, cuspidatum L., atlenuatum Schreb,; mais elle ne présente pas les feuilles déjetées d’un seul côté de ce dernier; la forme de 92 GASTON DE SAPORTA, cesorganes la rapprocherait davantage de l’IF. cuspidatum, mais par l'aspect, la consistance des tiges et l’ensemble des caractères, elle est plus voisine de l’Æ. tenellum Dick. 11 se pourrait cepen- dant qu’une comparaison attentive avec un plus grand nombre d'espèces fit reconnaître des analogies encore plus naturelles. Muscires TourNaLt Brngt., Âist. des végét. foss., 1, p. 93, pl. 10, fig. 1 et 2. M. cauliculis simplicibus vel ramosiuseulis ; foliis scariosis, subpatentibus, laxe imbricatis, lanceolatis, acuminatis, uni- nervils. Armissan. Cette espèce couvre des plaques entières de ses tiges amonce- lées. Elle rappelle, selon M. Brongniart, qui l’a décrite le pre- mier, l'Æyprum riparium L. La fréquence de ses empreintes fait soupconner pour elle un habitat aquatique. Muscites PULVINATUS. (PI. I, fig. 3.) M. cauliculis distiche ramosis, repentibus, foliatis; fois tenellis, tortilibus, subulatis, quandoque confertim imbricatis vel laxiusculis, subpatentibus. Armissan. La figure 8 reproduit fidélement une petite partie de l'em- preinte laissée par cette Mousse. Elle à été jetée en paquet à la surface d’une dalle; mais on ne distingue nettement la dis- position des tiges que vers la périphérie de l'empreinte. Elles se montrent divisées en ramifications secondaires, pourvues de ramules distiques, tantôt simples, tantôt ramifiés eux-mêmes. Les tigelles sont quelquefois renflées vers leur sommet ; d’autres fois elles se terminent en une pointe fine. Les feuilles tantôt pres- sées et étroitement imbriquées, tantôt plus écartées, ainsi que le montre la figure 3, A, qui représente une tige grossie, sont toujours étroites, légèrement tortiles et subulées. Tous les carac- tères de cette plante nous reportent vers les Æypnum, dont ele LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 33 reproduit fidèlement l'aspect. On peut citer, comme s’en rappro- chant plus particulièrement, les Hypnum myosuroides L., ruta- bulum L., velutinum et rusciforme. Toutes ces Mousses sont terrestres, mais plusieurs fréquentent les lieux humides et même le bord des ruisseaux. MusciTes ELATINUS. (PI. F, fig. 2.) M. cauliculis regulariter distiche pinnatis vel etiam bipnnatis; foliis parvulis, adpressim imbricalis, acutis. Armissan (rare). Ï faut signaler en premier lieu la ressemblance de cette belle . Mousse avec l’'Æypnum abietinum L. et les H. parietinum et pro- liferum L. L'aspect et la consistance des tiges, le mode de rami- fication, la. forme et l'imbrication des feuilles, tout est analogue entre l’espèce ancienne et celles de notre temps. Cependant les ramules fossiles sont plus petits et plus courts proportionnelle- ment ; 1ls sont aussi plus ramifiés. Il serait donc probable, par induction, que nous eussions sous les yeux une Mousse fossile ter- restre comme l’ÆZ. abietinum, si l’on ne devait aussi faire remar- quer son affinité avec l'A. commutalum Hedw. qui couvre le bord des cascades. Il est vrai que cette Mousse présente des feuilles déjetées d'un seul côté, caractère qui n'existe pas, à ce qu'il semble, dans les empreintes d’Armissan, où ces petits organes sont, il est vrai, très-difficiles à observer à cause de leur ténuité et du grain inégal de la roche. La figure 2, À, qui représente un des ramules grossis, ne doit être regardée que comme approxi- mative. FILICES. Les Fougères, jusqu’à présent, se réduisent dans la flore d’Ar- missan à un petit nombre de formes assez saillantes. Nul doute que de nouvelles recherches n'aient pour résultat d'accroître l'importance de ce groupe. Le défaut de caducité naturelle des frondes et des pinnulés, et même la consistance délicate de ces organes, expliquent suffisamment la rareté de leurs empreintes. 5° série, Bot. T. 1V. (Cahier n° 1). 3 3 3 : GASTON DE SAPORTA. LINDSÆA Dryandr. LinpsÆa Cussou. L. fronde gracili, ramosa, ramulis alternis, flexuosis, mfimis longioribus; pinnulis tenellis, oblique oblongo-cuneatis, apice truncatis, simpliciusculis vel 2-3-fidis partitisque, venulis obli- quis, dichotome pluries furcatis, flabellatim parum divergenti- bus; soris lineatis, margini superior pnnularum parallelis, in seriem paulo infra marginalem continuam vel pinnularum inci- suris hinc inde interruptam dispositis. Adiantum (Etra$æa) Cussolii Paul Gervais, Sur les snrénbts végétales trouvées à Armissan (Aude). (Mém. de l’Acad. de Mont- pellier (sect. des sciences), t. V, p. 314, pl. 40, fig. 4.) Armissan (très-rare). Une fronde entière de cette jolie Fougère est venue jusqu'à nous, grâce aux soins de M. Paul Gervais, qui l’a reçue de M. Cus- sol, curé d’Armissan, à qui elle a été dédiée. C'est, en effet, sous le nom d’Adiantum Cussolii que le doyen de la Faculté de Mont- pellier l’a décrite et figurée dans son mémoire sur les empreintes végétales d'Armissan. L'exemplaire est déposé dans le musée de la Faculté des sciences, où nous avons pu l’étudier à loisir. On y distingue l'empreinte un peu vague, à cause de la délicatesse des diverses parties, d’une fronde élancée, aux ramifications peu nombreuses, alternes et soutenues par un long pétiole entière- ment nu. La fronde donne lieu vers le tiers de sa hauteur à des ramules grèles, flexueux, nus vers la base, divisés en pinnules cunéiformes, longuement atténués mférieurement en un pé- tiole menu peu distinct de l’axe, et tronqués au sommet. Ces ramules sont au nombre de neuf, quatre sur un côté, cinq sur l’autre. Les inférieurs sont longs de 5 à 6 centimètres, mais ils diminuent rapidement et les plus élevés se trouvent réduits à un très-petit nombre de pinnules; ils deviennent presque confluents vers le sommet de la fronde, terminée elle-même par deux pin- nules inégales. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 49 L'aspect général, soit pour la forme des pinnules, soit pour le mode de subdivision, la consistance du rachis principal et des ramules, rappelle vivement les Adiantum et surtout l'A. Capillus Veneris, auprès duquel on serait tenté de ranger l'espèce fossile, mais quand on examine de près la forme et la nervation des pinnules, et surtout la disposition des sores bien visibles à leur partie supérieure, on éprouve des doutes qui portent à regarder une autre attribution, proposée par M. Gervais lui-même, comme beaucoup plus probable. En effet, les pmnules sont étroitement cunéiformes, très-longuement atténuées infé- rieurement, tronquées à leur sommet; elles sont quelquefois simples, quelquefois aussi plus ou moins lobées, incisées ou mème partagées en deux ou trois lobes contigus et inégaux. Les veines qui les parcourent ne sont ni très-nombreuses n1 rami- fiées en éventail, comme dans les Adiantum; elles forment un faisceau peu divergent et sont divisées trois ou quatre fois: de telle manière que les divisions ne partent pas égale- ment de la base en s’épanouissant d'une façon régulière, mais sont émises plutôt dans une direction très-oblique, le long du bord extérieur de chaque pinnule, ce qui leur donne quelque chose d’inégal dans le contour. Cette disposition se retrouve d'une manière tres-accusée dans la plupart des Lindsæa, dont elle sert à constituer la physionomie caractéristique, inter- médiaire entre celle des Asplenium, des Davallia et des Adian- tum . L'observation des fructifications vient ajouter à ces présomp- tions. Ces organes donnent lieu à des lignes continues, paral- lèles au bord des pinnules, le long de la partie tronquée qui ter- mine leur sommet. Une légère teinte brune marque leur place sur l'empreinte fossile. Or, ces linéaments ne coïncident pas avec le bord même des pinnules, mais dessinent des bandelettes étroites distinctement infra-marginales. La ligne du bord est, au contraire, fort pâle, à peine marquée, souvent entière, quelque- fois festonnée ou même crénelée, ce que l’on observe très-bien dans les Lindsæa, où le bord n’est pas replié, comme dans les Adhantum, pour servir d'indusium aux sores. La ressemblance de 86 GASION DE SAPORTA. l'espèce d'Armissan avec plusieurs Lindsæa est encore un motif d’assimilation générique. Elle s'éloigne cependant de la plu- part des formes de l'Amérique tropicale doni les pinnules sont obliquement cunéiformes, tronquées d’un côté, élargies et ar- rondies de l’autre, et les sores continus sur une grande étendue le long des bords, comme les Lindsæa guyanensis Dryandr., stricta Dryandr., quadrangularis Raddi, portoricensis Dew., etc. Je ne connais parmi les formes brésiliennes que le L. Gincko- folia Aug. St-Hil. que l’on puisse comparer à la nôtre, à cause de la forme et du mode d'incisure des pinnules, mais l’analogie devient frappante lorsqu'on aborde le groupe des Lindsæa aus- traliens. Les L. microphylla R. Br. et trichomanoides Wild. sont très-voisins par la dimension, la forme générale et le mode de ramification de leurs frondes, mais une espèce nous paraît se prèter à une comparaison encore plus étroite; c'est le Lindsæa javensis BI., qui ne diffère du L. Cussolii que par le contour trapéziforme des pinnules, disposées du reste et veinées absolu- ment comme dans Fespèce fossile. Celle-ci nous paraît dénoter l'existence d’un véritable Lindsæa, genre qui n’avait pas encore été observé en Europe à l’état fossile. ADIANTITES Brngt. ADIANTITES TENUINERVIS. A. pinnulis oblongo-obovatis, integerrimis, palminervus, nervulis subtilissimis, furcato-ramosis. Armissan (très-rare). Fragment de pinnule analogue à celles de l'A. tertiarius de Schrotzburg, figuré par M. Heer dans sa flore fossile de Suisse (1), mais dénotant une pinnule plus petite, plus oblongue, parcourue par des veinules plusieurs fois bifurquées ou dicho- tomes, plus fines.et plus nombreuses. (4) Heer, F1. tert. helv., III, suppl. p. 453, tab. 445, fig. 7 LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 97 HEMIONITITES. HE&MIONITITES SCOLOPENDRIOIDES. (PI. IF, fig. 5, et PI, V, fig. 5 a.) H. frondibus petiolatis, membranaceis, lanceolatis, integerri- mis, apice acuminatis, basi emarginato-cordatis, subauriculatis ; nervo primario gracil; venulis furcato-ramosissimis, fere INCONSPICUIS. 4 Armissan (très-rare). La fronde (pl. 2, fig. 5) est entière, bien limitée sur ses bords, assez petite, lancéolée, finement acumimée vers le haut, échan- crée en cœur à la base, à lobes obtus, peu prolongés et point divergents. La forme générale est analogue à celle du Scolopen- drium sagittatum DC., qu'elle reproduit en petit, mais en exa- minant attentivement la surface de l'empreinte on ne distingue aucune trace de nervures bifurquées parallèles, semblables à celles des Scolopendrium, mais plutôt des vestiges de vemules rami- fiées dans tous les sens, constituant un réseau fin à mailles hexa- gonales, comme dansles Hemionitis. Cependant, les débris de cette nervation sont trop difficiles à apercevoir pour donner lieu à une attribution un peu sûre, aussi n'est-ce que sous toutes réserves que nous rapprochons cette espèce du groupe des Hemionitis, en la comparant à l’Hemionitis palmata, dont elle se rapproche beaucoup par le contour extérieur. Le tissu de la fronde fossile a dû être assez fin, et les veines qui la parcourent peu saillantes extérieurement, ce qui expliquerait comment elles n’ont point laissé de traces dans l’exemplaire fossile, à la surface d’un sédi- ment dont le grain est assez inégal. Cette remarque s'applique à beaucoup de plantes fossiles d’Armissan, pour lesquelles la délicatesse où la pubescence du tissu foliacé est devenue un obstacle à la bonne conservation des échantillons, tandis que c'est le contraire dans les schistes marneux finement feuilletés qui accompagnent les gypses d'Aix. 38 | GASTON DE SAPORTA. FILICITES Brngt. FiciciTes PoLyYBOTRYA Brngt, Prodr., p. 213; Ann. des sc. nat., t. XV, p. hh; Hist. végét. foss., I, p. 390, pl. 137, fig. 6. F. fronde bipimnatim decomposita, ad nervulos redueta, mem- brana subnulla , capsulis sphæricis undique tecta ; pinnis elongatis, lanceolatis, acutis, patentibus, pinnulis oblongis sub- crenatis. Staphylopteris polybotrya Sternb., vers. 17/4. Armissan (très-rare). Cette Fougère, signalée autrefois par M. Brongniart et figurée par lui dans son grand ouvrage sur les végétaux fossiles, consiste en un fragment de fronde bipinnée, réduite au rachis et cou- verte de fructifications, Elle ressemble beaucoup aux portions fertiles des frondes d'Osmunda, et pourrait bien dénoter une espèce fossile de ce genre ou même se rapporter à l’'Osmunda Heerii Gaud. (L), trouvé aux environs de Lausanne, dans les couches du Monod, dépôt presque contemporain de celui d’Ar- missan. EQUISETACZÆE. EQUISETUM L. EQUISETUM LACUSTRE Sap., É. sur la végêt. tert., 1, p. 185; Ann. des sc. nat., L° série, Bor., t. XIX, p. 31, pl. 8, fig. 1. E. caulibus robustis, leviter striatis, articulatis, vaginarum residuis laceris parum productis. Armissan (très-rare). Fragment de tige bien reconnaissable, conforme à lEqui- setum lacustre de Saint-Zacharie; 1l fait partie de la collection réunie par les soins de M. Gervais et placée par lui dans le musée de la Faculté des sciences de Montpellier. (4) Heer, F7. helv. tert., IIK, p. 155, tab. 443, fig. 4. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 39 GYMNOSPERMÆ. CUPRESSINEÆ. CALLITRIS Vent. Caztirris BRONGNIaRTIt Endl., Syn. conif., p. 274; vide antea in flora gypsorum aquensium, €. sur la végét. tert., 1, p.56; Ann. des sc. nat., &° série, Bor., t. XVII, p. 209, pl. 2, fig. 6, et pl. 3, fig. 1. (PL Eau) : C. ramulis sæpius dichotome divisis; foliis lateralibus, lineari- bus, adplicatis, apice obtuse acuminato vel breviter acuto liberis, facialibus obtusatis. — Strobili valvis inæqualibus, extus leviter 'ugosO- -sulcatis; duobus contiguis apice truncatis, us infra apicem ippeñidiculatis. Armissan. Un grand rameau presque entier ne présente, dans sa struc- ture et FE disposition de ses feuilles, aucune différence sensible avec les exemplaires d'Aix précédemment décrits ei figurés (1). Le petit rameau reproduit sur la planche 1 (fig. 6, A), quoi- qu'un peu plus grèle que la majorité de ceux qu’on recueille dans les gypses de cette localité, n’en diffère cependant par aucun détail saisissable , et le mode de ramification est exacte- ment le même. Le fruit, représenté figure 6 B, d’après un mou- lage, et grossi en B', n’indique pas des variations assez marquées pour justifier une distinction spécifique. Cependant les valves sont un peu plus carrées que dans la forme d’Aix, où leur con- tour dessine une sorte d’ovale rétréci vers la base et obtusément (1) Ainsi tombe ce que nous avions avancé prématurément, d'après des fragments incomplets, sur la différence spécifique du Callitris d'Armissan et de celui des gypses d'Aix; nous n'hésitons pas, après une étude comparative très-minutieuse, à les réunir en une seule espèce. Quant aux exemplaires de Radoboj et d'Hæring, il faudrait avoir sous les yeux plus de matériaux que nous n’en possédons, pour trancher la question à leur égard, 0 GASTON DE SAPORTA, tronqué ou arrondi au sommet. Dans les exemplaires d’Ar- missan les rides transversales, dont les fruits du Callitris d'Aix sont parsemées, consistent plutôt en de légères inégalités qui sillonnent longitudinalement les valves. L'appendice est placé à peu près de la même manière, mais 1l est un peu plus marqué. Au total, ce fruit semble intermédiaire par quelques-uns de ses caractères entre ceux du Callitris Brongniartii et ceux de l'espèce moderne. La semence (fig. 6,C) comparée avec celles qu’on recueille dans les gypses d'Aix ne présente pas de diffé- rence appréciable. THUIOPSIS Sieb, et Zucc. Tauiorsis EUrOPæÆA. (Pi. I, fig. 5.) T. ramulis alternis, ancipitibus, compressis, subarticulatis ; folis squamiformibus, adpressis, quadrifariam imbricatis, late- ralbus longe adnatis, curvatis, acumimatis, facialium obtusorum marginem tegentibus; fructu e squamis 6 constante, squamis : fructiferis lignosis, decussatim oppositis, clavatis, dorso planis, medio obtuse appendiculatis, radiatim levissime striatis; semi- mibus planis, compressis, utrinque alatis, ala apice basique emarginata. Armissan (assez rare). L'agencement des feuilles (fig. 5, À et 5, B) indique un T'huopsis voisin de celui que nous avons signalé dans la flore antérieure des calcaires littoraux du bassin de Marseille. L'aspect des ramules marque une forme intermédiaire entre les Thuiop- sis dolabrata et borealis. La présence du fruit (fig. 5, grossi en C’), auquel un fragment de ramule était encore attaché quand nous l'avons recueilli, enfin celle des semences (fig. 5,c, D) qui sont assez fréquentes dans le dépôt d’Armissan, confirment l'at- tribution proposée. Elle ne manque pas d'importance, puisque, d'une part, elle ajoute le genre Thuiopsis à la liste des types fossiles aujourd'hui relégués au Japon, à la Chine ou sur le rivage américain opposé (Sequoia, Glyptostrobus, Cunninghamia, LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. {1 Cryplomeria? Salisburia), et que, d’autre part, elle porterait à reconnaître comme faisant partie du mème genre les Thules, décrits par M. Gœæppert d’après des fragments renfermés dans le succin, en sorte qu’il devient probable que cette résine fossile, dont l’origine a été longtemps controversée, a découlé du tronc des L'huiopsis. Ces arbres auraient été, à cette époque répandus dans toute l'Europe tertiaire. Plus communs dans le Nord, sur les rivages de la Baltique actuelle, ils y auraient composé de vé- ritables forêts; plus clairsemés dans le Midi, ils n'y ont laissé que des traces assez rares de leur existence. La découverte de leurs organes fructificateurs est un fait assez saillant, puisqu'il permet de définir la vraie nature de ces végétaux. Le Thuiopsis europæa a les feuilles latérales plus allongées, plus recourbées et plus acuminées, les faciales plus aiguës, que l'espèce des environs de Marseille. Comparé avec le Thuites Kleinianus Gæpp (1), dont il se rapproche beaucoup, il présente des feuilles latérales plus écartées vers le haut des faciales, et plus finement acuminées. Les ramules offrent toujours des rami- lications alternes, ce qui les distingue bien du Libocedrites sali- cormoides, où elles sont le plus souvent opposées. Ces ramifica- tions sont dirigées suivant le même plan, comme dans les T'huya et les Thuiopsis. Le fruit, représenté figure 5, C, de grandeur naturelle, et grossi en 5 C, est unique jusqu’à présent; il est vu latéralement, mais dans une position penchée qui permet d’aper- cevoir les deux écailles terminales. Deux latérales, vues de profil, et une antérieure complètent le nombre de 6, car ces écailles sont opposées deux par deux, et l’on aperçoit bien distinctement le commencement de la sixième. Il se peut que vers la base il y eût encore place pour deux écailles plus petites, ce qui complé- terait le nombre de huit, indiqué comme normal par Endlicher pour le T'huiopsis dolabrata. Le fruit de ce dernier n’est encore Connu que par la description et la figure qu’en ont données Siebold et Zuccarmi, Il est maintenant cultivé en France, mais en trop petits exemplaires pour avoir pu porter des fruits. Une seconde (4) Gœppert, Bernstein, tab, 5, fig. 6, FE “GASTON DE SAPORTA. espèce, le T'huiopsis borealis Hort., a été introduite depuis quel- ques années dans les plantations, sans que sa véritable place sys- tématique soit encore déterminée. Elle à fructifié chez moi à plusieurs reprises, donnant un fruit qui s'éloigne de ceux des vrais T'huiopsis par des écailles ligneuses au nombre de quatre seulement, mais opposées deux par deux, et non valvaires comme celles des Callitris et des W'iddringtonia. Ce fruit ne res- semblerait done qu'imparfaitement à celui de l'espèce fossile dont les écailles sont au nombre de six au moins, mais les semences seraient en tout pareilles pour la forme du nucleus et celle de l'aile qui les entoure. Il existe à Armissan plusieurs exemplaires de ces semences; elles affectent constamment la mème forme ovale, comprimée ; elles sont accompagnées d’une aile membraneuse assez large, échancrée au sommet et munie parfois vers la base d’un pédicule carré qui servait sans doute à la fixer dans l'intérieur des écailles. La parfaite conformité de structure de ces graines avec celles des T'huiopsis borealis et dolabrata nous engage à les regarder comme étant celles du Thuiopsis europæa, dont nous connaîtrions ainsi les principaux organes. LIBOCEDRITES Endl. LIBOCEDRITES SALICORNIOIDES Endl., Syn. conif., p. 275 ; Gœppert, Monogr. conif., p. 180, t. XVHI, fig. 1 et 2. (PI. 1, fig. 4.) L. ramis ramulisque plerumque oppositis, compressis, arli- culatis, articulis elongatis cuneatis vel obovatis, et tunc ramulis moniliformibus ; foliis quadrifariam imbricatis, lateralibus ad- pressis recurvatis, facialibus angulatis vel rotundatis, carinatis, infra apicem granduliferis. Thuytes salicornioides Unger, Chl. prolog., p. 11, tab. 2, fig. 1,h4et 7. — Libocedrus salicornioides Heer, F1. tert. Helv., 1, pl. 47, tab. 24, fig. 2. Armissan. Plusieurs exemplaires dont ceux qui figurent pl. 4, fig. 4, LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, h> peuvent donner une idée, ne permettent pas de révoquer en doute la présence de cette espèce dans la flore d’Armissan. Elle est exactement conforme aux figures données par Unger dans son Chloris protogæa et par Heer dans sa flore tertiaire de Suisse. Ce type se distingue aisément de celui des Callitris. Les ramifi- cations sont presque toujours opposées; toutes les dimensions sont plus fortes ; les tiges sont articulées et les articles propor- tionnellement plus larges. Les feuilles latérales de chaque article sont adnées à la base; elles paraissent se terminer en une pointe généralement amincie, quoique peu distincte. Les feuilles faciales sont élargies; elles s'étalent supérieurement en décrivant un are semi-cireulaire, légèrement festonné sur les bords, marqué au centre, un peu au-dessous du sommet, d’une glande. Dansles dernières ramifications, les articles affectent une forme ovale ; les feuilles complétement adnées dans toute leur étendue se dis- tinguent peu les unes des autres. Ces derniers ramules prennent un aspect monilforme que l’on remarque également dans les parties correspondantes du T'huya occidentalis. Quelquefois les rameaux qui se rapportent aux sommités des tiges se distinguent difficilement au premier aspect de ceux des Callitris, sauf par l’opposition uniformément répétée des ramules axillaires. Il n’est pas du tout certain que cette plante remarquable, existant sur divers points de l’Europe tertiaire, dans l’âge moyen, ait été réellement congénère des Libocedrus actuels du continent amé- ricain ; malgré la fréquence des rameaux, les fruits, qui seraient nécessaires pour trancher la question, n'ont été encore observés nulle part (1). (1) 11 existerait, selon nous, une affinité bien plus naturelle, mais que nous ne proposons qu'avec réserve, ne pouvant disposer ni d'assez de temps, ni de matériaux suffisants pour la démontrer avec certitude. Ce serait parmiles Loranthacées, dans le genre Viscum, que le Libocedrites salicornioides devrait se ranger, si l’on tenait compte des caractères apparents qui frappent à première vue dans les exemplaires de cette espèce qui sont entre nos mains, c’est-à-dire dans ceux de Gargas en Provence, d’Ar- nissan et de Radoboj. Certains Véscum aphylles, comprimés-articulés, présentent au plus haut degré une physionomie similaire. Dans ces espèces, les ramifications sont constamment opposées, caractère qu’on observe dans le prétendu ZLibocedrites ; tandis que, dans les Cupressinées actuelles les plus analogues, cette opposition n'est ni € lA GASTON DE SAPORTA. TAXODINEÆ,. Folia strobilique partes semper spiraliter insertæ. Folia se- cundum genera speciesque valde diversiformia, tum squamosa, tum acicularia vel falcata, aut patentim disticha. — Squamæ ovuliferæ tripliciaut sæpissime quintuplici spirarum serie ordi- natæ, bracteatæ, bracteis plus minusve basi adnatæ vel cumeis fructu accrescente coalitæ, et tunc sæpius confusæ. Ovula in squama qualibet 2 vel 3-5 rarius plura. Ovulorum insertio non eadem omnibus : ovula in aliis inversa, in aliis erecta, ordinem in phalangem duplicem secantia, Sequoieæ scihcet et Taxodieæ. Ordo genera complectens Taxodieis, Sequoieis, Cunningha- mieisque huc usque tributa. Taxodmeæ hinc ad Cupressineas mediantibus Taxodieis pro- prus, ovulorum situ erecto tendunt (quamvis habitus longe sit diversus), hinc ad Abietineas dispositione normaliter spirali fo- liorum, mversisque ovulis Sequoiarum, aliorumque Sequoiis affi- nium generum, spectant ; etiam Araucarieas Taxineasque habitu ramorum foliorumque structura specierum quarumdam referunt. Ordo etenim est præ aliis polymorphus, formarum varietate maxime præditus, adspectus e diversissimis Coniferarum regio- constante, m générale. De plus, l’absence des fruits constitue un fait d'autant plus singulier, qu'il s'applique uniquement à cette espèce, si répandue pourtant à l’état fossile; toutes les autres Cupressinées et Taxodinées du même âge ayant au con- traire transmis le leur jusqu’à nous, L’affinité admise jusqu'ici semble donc suspecte ; malheureusement, les empreintes d’Armissan, quoique très-complètes, manquent de netteté dans les détails. Il est difficile de s'assurer en les examinant si les parties qu’on à prises jusqu'ici pour des feuilles squamiformes adnées n’offrent pas plutôt des traces du rebord écailleux qui surmonte chaque article dans les Guys articulés et aphylles, et des sillons qui les parcourent longitudinalement. Nous ne pouvons assez engager les divers savants à examiner de nouveau cette plante curieuse, afin de déter- miner sa nature véritable, Si son affinité avec les Viscum était reconnue, ce serait surtout des V. capense L., {ænioides Comm., et probablement aussi des V. japonicum Thunb., dichotomum Don, articulatum Burm., moniliforme B1., qu’elle se rapproche- rait le plus. Dans ce eas, il faudrait la définir ainsi : Viscum salicornioides : ramis ramulisque aphyllis, articulatis, compressis, plerumque oppositis ; arti- eulis leviter sulcatis, elongatis, vel obovato-cuneiformibus, ultimis moniliformibus. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. A5 nibus ademptos in se collectos exhibens, intraque generis unius contermina quandoque includens;i si fossiles præsertim typos viventibus libet componere. Sed Taxodineæ a Cupressineis tam foliorum secus ramos quam squamarum strobili insertione facillime dignoscuntur ; ab Arau- carieis autem Abietimeisque veris minore spiralium ordinum numero aliisque characteribus secernuntur ; a Taxineis vero fructus structura diversissimis plane recedunt. | Taxodineas ultimis Cretæ temporibus, ævoque tertiario, mio- cenico autem præcipue viguisse, paleontologica scientia asserit. Cunninghamiæ primum, demde Sequoieæ, postea Taxodia Glyp- tostrobique apparuere, aliaque etiam genera in Europa veteri forsan exstitere, nunc extincta, ilisque hujusce mundi plus mi- nusve affinia et adhuc incomplete cognita, quæ ad eumdem ordinem referre licitum est. Nunc paucæ de plurimis superstites Taxodineæ, magnis he- mispherti borealis spatiis, generibus ab alterutro discretis, spe- ciebus in omnibus raris, in pluribus unicis, vitam degent late dispersæ ; in hemispherio australi pauciores ad genus Arthro- taxim redactæ sunt. In Europa nostra Taxodinearum species nullæ ; in America præsertim occidentali majore numero crescunt; in Japonia Chinaque plurimæ reperiuntur. Sed et asserendum est ut unum- quodque genus regionem sibi propriam sæpiusque mediocriter extensam obtineat exclusive ; exceptoque Taxodio disticho species quæque patria restricta continetur simul cum ipso genere, 1ta ut nulla species in Taxodineis disjuncta sit, nec genus diversis regionibus divisum. Ordo totus, quasi longævitate confectus, ad occasum vergit; imminutionisque quadam vi propulsus, modica generum exten- sione, parco specierum in quolhibet numero, habitationis pluri- marum area ad minimum reducta, temporibus nostris ab orbe paulatim videtur recedere. On pourrait alléguer bien des raisons pour jusüfier la réunion des Taxodiées, des Séquoiées, des Cunninghamiées et des genres h6 GASTON DE SAPORTA, afférents en une famille distincte des Cupressinées d'une part, des Abiétinées et des Araucariées de l’autre. Elles seraient prises soit dans l’ordre constamment spiral dans lequel sont rangées les feuilles sur les rameaux et les écailles dans le fruit, sans que le nombre des séries spirales dépasse jamais cinq rangs, soit dans la présence habituelle d'une bractée presque toujours soudée avec l’écaille ovulifère, soit enfin dans le rôle que tous ces arbres ont joué dans les temps géologiques et dans ce que nous pour- rions nommer leur développement historique. Mais ces considé- rations entraîneraient trop loin ; nous nous contenterons de faire observer qu'en n’attribuant pas une valeur absolue à l'in- sertion dressée ou inverse des ovules, nous.sommes disposé à admettre que ce caractère peut dépendre des modifications subies par l’ovule à l’origine de son développement, modification dont le résultat serait de changer sa situation primitive ; tandis qu’en nous attachant principalement à l’ordre constant des feuilles sur les rameaux et des écailles dans le fruit, nous invo- quons un caractère dont l'importance nous paraît sans égale dans la classe des Conifères, puisqu’il embrasse à la fois les organes réunis de la végétation et de la fructification, qu'il est plus fixe que l’autre, et que déjà les Taxinées renferment deux groupes très-naturellement rapprochés, dont l’un présente des ovules dressés, tandis que l’autre les porte dans une position inverse. Nous sommes en présence d’un assemblage polymorphe en apparence, si l’on considère la diversité d'aspect dans la foliation qui se manifeste d’un genre à l'autre ; mais cette diversité existe même dans les limites d’un seul genre, et d’ailleurs la régularité frappante avec laquelle trois ou quatre types de foliation, la taxiforme ou à feuilles étalées distiques, l’araucariforme ou à feuilles recourbées en faux, la cupressiforme ou à feuilles écail- leuses imbriquées, reparaissent successivement dans les deux sections fondées sur la considération des ovules, est un indice de plus de l’affinité générale de tous ces genres. La famille des Taxodinées, soumise dans les temps anciens à un mode de développement que nous appellerons successif, a vu chacun des groupes qui la composent apparaitre, devenir do- LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. h7 minant et décliner ensuite, sans disparaître cependant tout à fait, au moins pour les genres que nous connaissons le mieux. Les Cunninghamia se sont montrés les premiers vers le milieu de la craie; bientôt après les Sequoia sont venus se placer à côté d'eux, et, après avoir donné lieu pendant plusieurs périodes con- sécutives à un riche ensemble de formes, ils ont décliné à leur tour en Europe, au moment où les Taæodium et les Glyptostrobus commençaient à se répandre, pour disparaître eux-mêmes de notre continent vers la fin des temps tertiaires. Il fut un temps où il existait des Sequoia en Islande, et ce genre s’étendait alors sur la plus grande partie de notre hémisphère, en Asie comme en Amérique, et jusqu'en Grèce et en Asie Mineure. Aujour- d'hui la plupart des types qui ont autrefois composé cette famille subsistent encore, quoique amoindris et disjoints, dispersés sur de grands espaces et n'occupant chacun que de très-petites aires. Cependant les derniers apparus dans l'ordre géologique, les Taxodium, sont encore ceux qui habitent d’une manière continue la plus vaste région, c’est-à-dire l'Amérique du Nord presque entière. Les Sequoia et les Cunninghamia, les plus anciens, si l’on se rapporte à l’Europe tertiaire, confinés les uns en Californie, les autres sur un point de la Chine, sont ceux qui semblent, eu égard à leur ancien rôle, avoir subi l'amoindrisse- ment le plus considérable. Armissan nous reporte à un âge où les Sequoia étaient encore dans un haut degré de puissance et d'extension géographique. A côté d'eux, les Taxodium et les Glyptostrobus encore rares commencalent à se faire jour, et ne devaient pas tarder à accroître leur rôle. TAXODIUM Rich. TaxoDiUM puBium Heer, F1, tert. Helv., 1, p. 49, tab. 17, fig. 5-15. T. ramis alterne divisis, ramulis gracilibus, elongatis; foliis alternis, distichis, elongato-linearibus vel lanceolato-linearibus. planis, unimerviis, basi restricta subpetiolatis, infra decurren- bus. 8 GASTON DE SAPORTA. Phyllites dubius Sternb, Vers. L p. 37, t. 2h, fig. 2, t. 36, fig. 34. — Taodites AUD Pres]. in Sternb. Vers. p. 204. — Unger, Zconog., p. 20, tab. 10, fig. 1-7. — Gœppert Conif., D 193 : FI, von Senban as! P. 6, tab. 3, fig. 4-16. Armissan (très-rare). — Peyriac, au bord de l'étang du Doule. C'est une espèce irès-répandue à l’époque tertiaire, mais sur- tout à la partie moyenne et supérieure. À Armissan elle est en- core très-rare, quoiqu’on la rencontre à la fois dans cette localité et dans celle de Peyriac. Les empreintes recueillies dans ce pe dépôt sont telle- ment conformes aux figures données par Gæpert dans sa flore de Schossnits, qu'il n'existe aucun doute au sujet de leur attri- bution. Les feuilles y sont tantôt distiques, étalées, tantôt plus ou moins dressées et plus courtes, mais toujours planes, quoique très-menues et distimctement uninerviées. L'exemplaire d'Armissan présente un rameau entier, encore garni de ses ramules, qui sont alternes, disposés dans le même plan, grêles, prolongés et flexueux. On serait tenté de les con- fondre avec ceux du Sequoia Langsdorffii Heer, dont ils ont toute l'apparence par la forme et la disposition des feuilles, plus grandes et plus écartées que dans les exemplaires de Peyriac. Cependant ces ramules ressemblent beaucoup aux figures 2 et 4, pl. 10, de l'Iconographie de Unger, ainsi qu'aux figures 10, 11 et 13, pl. 17 de la Flore tertiaire de Suisse. Les feuilles sont évi- demment plus minces et plus flexibles que celles des Sequoia ; elles sont rétrécies à leur base en forme de pétiole, mais décur- rentes inférieurement comme dans le Taxodium distichum. Il est probable que les ramules de cette espèce fossile étaient caducs annuellement, comme ceux de l'espèce moderne. Leur consis- tance les fait assez connaître ; ils sont plus longs, plus flexibles, plus divariqués que dans celle-ci. Du reste, le Taxodium dubium en diffère fort peu. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, h9 SEQUOIA Endl. Siquoia CourrsiÆ Heer, The lignite format. of Bovey-Tracey, p. 22, pl. 8, 9, 10; var. Polymorpha. (PI. IT, fig. 2.) S. ramis curvato-ascendentibus, ramis ramulisque alterne undique divisis ; foliis ramorum innovationumque squamæfor - mibus, basi adnata decurrentibus, rigidis, semipatentibus, sub- falcatis, breviter acutis, dorso leviter carinatis ; foliis ramulorum productioribus, laxe imbricatis, falcato-sublinearibus. — Amen- tis masculinis axillaribus, rotundis, e bracteis minimis conferte imbricatis. —Fructibus globosis, ad apicem ramulorum solitarie sæpius appensis. Abies acicularis Brngt, Ined. — Glyplostrobites parisiensis ? Brngt, T'ab. des genr. de vég. foss., p. 118. Armissan (très-répandu). Aucune espèce parmi les Sequoia fossiles ne se rapproche plus du célèbre Sequoia gigantea Endi. Elle a été réunie par M. Heer à son Sequoia Couttsiæ, qui paraît effectivement ne pas en dif- férer essentiellement. Cependant le savant professeur de Zurich n'avait sous les yeux, lorsqu'il a opéré ce rapprochement, que des fragments incomplets de l'espèce d’Armissan ; tandis que nous en possédons des branches entières et des fruits en très-bon état, encore attachés au rameau. Ainsi, cette forme ancienne peut être décrite avec autant d'exactitude que s’il s'agissait d'une plante actuelle. Nous croyons que par son facies, sinon par des caractères bien précis, elle constitue une variété distincte de celle des Lignites de Bovey, que nous désignerons sous le nom de polymorpha, à cause de la diversité de son feuillage, selon que l’on considère les rameaux, les ramules ou l’extrémité supérieure des tiges. À l’époque où vivait notre Sequoia polymorpha, le genre Se- quoia avait acquis la plus grande extension qu'il ait Jamais eûe ; il comprenait aussi des formes plus variées que maintenant. Elles se rattachaient à trois types principaux, dont deux seulement persistent encore, représentés par les espèces actuelles de la 5° série. Bor. T. IV. (Cahier n° 4.) 4 ñ 50 GASTON DE SAPORYA. Californie. Le troisième n'existe qu'à l'état fossile; 11 reprodui- sait par ses feuilles recourbées en faux l'aspect des Araucaria et des Cryptomeria; ayant précédé les autres, ce type a aussi dis- paru avant eux ; il est représenté à l’époque de la craie par les Genitzia et les Cycadopsis, qui paraissent différer très-peu des véritables Sequoia, et dans l’âge tertiaire moyen par le Sequoia. (Araucarites) Sternbergii Gæœpp., dont M. Heer a fait connaître la véritable nature à l’aide d’un fruit trouvé en Italie par M. Mas- salongo. Le Sequoia Coutisiæ, et surtout notre variété polymor- pha, sert de transition entre le S. Sternbergii d’une part et le S. gigantea de l’autre. L'aspect de ses branches recourbées as- cendantes, le mode de subdivision des rameaux, la forme et la disposition des ramules rappellent d’une manière frappante les parties correspondantes du S. gigantea. Les rameaux sont épais à leur origine, dénudés vers la base, pourvus dans leur moitié supérieure de ramules à ramifications alternes, nullement dis- tiques, et dirigés d'une manière généralement ascendante. La figure 2, À, pl. IL, reproduit un de ces ramules dans son intégrité et naturellement détaché. On voit que chaque pousse se distingue nettement de celle qui la précède et de celle qui la suit par sa base garnie de feuilles plus courtes, plus imbriquées et plus rapprochées, formant une sorte de garniture ou de col- lerette sur un certain espace ; tandis que la partie supérieure des turions et spécialement l'extrémité du ramule est pourvue de feuilles allongées, linéaires, décurrentes à la base, légèrement recourbées en faux dans leur partie libre. Cette disposition se reproduit à peu près uniformément, quoique avec des variations secondaires, dans tous les ramules. Sur les rameaux eux-mêmes (pl. IE, fig. 2, D, 1/2 gr. nat.) et dans les parties terminales, les feuilles sont plus roides; elles s’écartent plus brusquement de la tige, quelquefois même suivant un angle presque droit. Dans cet état, elles se rapprochent davantage de celles du S. gigantea, et ressemblent tout à fait à celles du S. Coutisiæ Heer. Mais sur les branches anciennes de plusieurs années cette ressemblance est vraiment frappante, et les feuilles élargies, décurrentes à leur base, deviennent tout à fait squamiformes et imbriquées; elles LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. o| sont alors pareilles à celles des exemplaires figurés par M. Heer, fig. 1-9, pl. 9 de l'ouvrage précité. Les chatons mâles, petits, ovoides ou globuleux, se montrent dans un exemplaire, situés à l'extrémité de petits ramules courts et axillaires. Il est difficile de saisir autre chose que leur forme; ils paraissent être dans un état de développement peu avancé. Si l’on était réduit aux caractères précédents, l’espèce d’Ar- missan pourrait passer pour une forme voisine de S. Couttsiæ, sans que son identité avec lui füt évidente ; mais la présence des fruits vient marquer une analogie plus profonde et plus décisive. Cesfruits, dont il existe de nombreux exemplaires (voyez fig. 2, B, et 2, C), et que la figure 2, B’', reproduit d’après un moulage grossi, ne diffèrent de ceux que M. Heer a si bien figurés dans sa Flore de Bovey-Tracey n1 par la dimension, ni par la forme, ni par la disposition des écailles munies d'un mucron peu prononcé sur le milieu des disques, légèrement carénés dans le sens trans- versal. Ils sont attachés solitarrement ou plus rarement géminés au sommet de ramules qui ne se distinguent en rien des autres. Nous verrons qu’il n’en est pas ainsi de l’espèce suivante, dont les rameaux fructifères portent des feuilles squamiformes, assez différentes de celles des rameaux ordinaires pour qu’on ait pu longtemps hésiter à les réunir à ceux-ci. Les fruits du Sequoia Coutisiæ s’éloignent à la fois de ceux des deux espèces actuelles : du Sequoia gigantea par des dimen- sions moindres et la forme globuleuse; du Sequoia sempervirens par des écailles moims nombreuses ; de tous les deux par la forme de ces derniers organes en tête de clou élargie, légèrement convexes à la surface et non ombiliqués. SEQUOIA TounNaLiI. (PL Pue. CL) S. ramis ramulisque alterne disticheque divisis, ad basim innovationum bracteolis dense vestitis; foliis omnibus, exceptis illis ramorum fructiferorum, distichis, planis, linearibus vel lanceolato-linearibus, basi restricta torsaque subpetiolulatis, subtus adnato-decurrentibus, apicem basinque versus ramulo- 92 GASEIGN DE SIPORTA. rum sensim decrescentibus. — Strobilis globosis, e squamis pau- cioribus adpressis contiguis peltato-claviformibus, levissime radiatim striatulis, medio leviter umbilicato tenuiter appendicula- tis, ad apicem rami folius squamæformibus donatis, aut solitariis, et tune ramus strobiliferus brevis, axillaris, vel 3-7 gregatim, et tunc ad apicem ram nudi quandoque prælongi, pedunculo crasso bracteolis dense vestito, appensis. Taæites T'ournalii Brngt, Prodr., 188 et 214 ; Ann. sc. nat., t. XV, p. 47, pl. à, fig. 4. — End., Syn. Conf., p. 307. — Gœppert, Monogr. Conf., p. 245.— Cupressites taxiformis Ung., Chl. protog., p. 18, Quoad specimina ad Armissan pertidentia. — Chamæcyparites Hardtü, Etimgsh., F1. von Hæring, Quoad specimina Narbonensia. — Sequoia Hardtii, Heer, Lignile of Bovey-Tracey, p. 35. Armissan (très-répandu). Cette espèce, signalée en premier lieu par M. Brongniart, sous le nom très-juste pour l’époque de T'axiles T'ournalii, a été confondue depuis à tort par Unger avec le Cupressiles taxiformis de Hæring, devenu successivement Chamæcypariles Hardtir, puis Sequoites cupressiformis, et reconnu dernièrement pour être un véritable Sequoia. Les fruits du Sequoia Hardlii ont une forme en massue qui les fait aisément distinguer; les feuilles varient beaucoup, tantôt presque falciformes, tantôt linéaires distiques, suivant la partie des rameaux où on les observe. Ces caractères ne sont pas ceux du T'axites Tournalii. On pourrait aussi con- fondre ce dernier avec le Sequoia Langsdorfi Hecer (Taxites Langsdorfii Brngt) si répandu en Suisse, dans le bassin rhénan et en Gallicie; mais cette espèce diffère par des rameaux plus grèles, par des feuilles plus longues, moins roides, plus linéaires, et surtout moins régulièrement décroissantes vers la base comme vers le sommet des ramules. Les fruits, figurés par M. Heer (1) et par M. Ludwig (2), sont différents de ceux que nous allons décrire par leur forme en toupie, par leurs écailles plus A Heer, Fi. tent." helv., 1, tab. 21/00 (2) Ludwig, Palæontog., VIIL, tab. 15, fig. 19. ) LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. : Dà petites que dans aucun autre fruit du même genre, légèrement carénées et mucronulées vers le centre. Nous regardons le Taies Tournalii comme constituant une forme bien distinete spécifiquement des précédentes, appartenant comme elles au senre Sequoia, et encore plus voisine du Sequoia sempervirens. Cette ressemblance est réellement frappante, si l'on s'attache aux rameaux seulement (fig. 4, À, 1,B, et 1,E); mais les fruits présentent quelques différences qui ne sont que plus curieuses à étudier. On rencontre assez souvent à Armissan des ramules détachés, longs de un à plusieurs décimètres, et couverts de feuilles squa- miformes, lächement imbriquées, appliquées ou légérement recourbées.Ces ramules sont assez épais, nettement terminés in- férieurement, et paraissent natureilement détachés. Entièrement ous dans la plus grande partie de leur étendue, ils se terminent supérieurement par des ramuficalions assez courtes, disposées à peu de distance l’une de l’autre (voyez la fig. 1, C), et dont cha- cune sert de pédoncule à un fruit. Ces fruits se trouvent ainsi réunis le plus souvent au nombre de trois à sept; plus rarement, ils sont réduits à deux ou même à un seul. Il paraîtrait naturel de regarder ces fruits comme étant ceux de l’espèce précédente, puisque les feuilles du rameau qui les porte sont squamiformes et non pas étalées distiques, et qu’elles ressemblent par consé- quent à celles de notre Sequoia Couttsiæ var. polymorpha, surtout aux exemplaires figurés par M. _Heer. Mais, d'une part, l’obser- vation directe des fruits du Sequoia Couttsiæ, et de l’autre, celle du rameau figuré sur la planche 2 (fig. 1, D), est venue démon- trer que ces fruits étaient ceux du Sequoia Tournalii. En effet, l'empreinte en question présente un rameau nu inférieurement portant des feuilles squamiformes imbriquées, pareilles à celles des autres ramules fructifères, mais donnant lieu vers le milieu de sa hauteur à un court ramule axillaire dressé qui supporte un seul fruit. Le rameau se continue au-dessus de cette ramification, dans l’espace de 3 centimètres, toujours garni des mêmes feuilles squamiformes ; il se divise ensuite en deux ramules, dont les feuilles étalées distiques sont absolument pareilles à celles du oO GASTON DCE SIPORTA, Sequoia Tournalii. H paraît donc ici que le rameau fructifère, au lieu de se terminer par une réumon de fruits, n’en a produit accidentellement qu’un seul; les autres se trouvant remplacés par des ramules garnis de feuilles aciculaires semblables à celles des ramules ordinaires. Ainsi, le Sequoia Tournalii avait des bran- ches, des rameaux et des ramules couverts de feuilles aciculaires, étalées, distiques ; maisil produisait, probablement vers la partie supérieure de l'arbre, des rameaux fructifères, attachés soit à l'axe principal, soit aux axes secondaires les plus voisins de la cime, différents des rameaux ordinaires et des ramules, couverts de feuilles squamiformes, supportant à leur extrémité des fruits pédonculés, réunis le plus souvent en grappe, plus rarement soli- taires. Cette particularité ne se retrouve pas dans les Sequoia actuels, et le Sequoia sempervirens, celui qui se rapproche le plus de espèce fossile, porte ses fruits suspendus au sommet de rameaux dont les feuilles sont conformées comme celle des ra- meaux ordinaires. Ces fruits, ordmajrement solitaires, sont quel- quefois géminés et supportés par de courts ramilles, dont les feuilles deviennent écailleuses analogues par conséquent à celles des ramules fructifères de l'espèce fossile, mais beaucoup moins étendus que ceux-ci, et réduits aux dimensions de simples pé- doncules. | Les fruits du Sequoia Tournalii, reproduits fidèlement sur la planche II (fig. 1, C, et 1, D', grandeur naturelle, et 1, D", grossi) diffèrent très-peu de ceux du S. Coutisiæ. [ls sont, comme ceux-ci, globuleux, composés d'un assez petit nombre d’écailles peltées, claviformes, exactement contiguës par les bords, élargies au sommet en forme de disque trapéziforme ou irrégulièrement arrondi, plan ou légèrement convexe. On distmgue sur le milieu de chaque disque une carène trans- versale à peine sensible, marquée au centre d'un appendice en forme d'ombilic et de légers sillons qui rayonnent vers la cir- conférence. Tel est ce fruit lorsque les écailles qui le composent sont fermées et contiguës; il est dans cet état très-peu distinct de celui que nous avons décrit précédemment. Mais lorsqu'il se présente ouvert après la chute des graines, les écailles écartées LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 55 l’une de l’autre, les inférieures défléchies, les disques repliés en forme de cornet, ridés à la surface et ombiliqués au centre, alors son aspect rappelle tout à fait celui des organes correspon- dants du Sequoia sempervirens, dont 1l retrace fidèlement la physionomie. Ces fruits se distinguent encore par leur pédoncule épaissi en cône renversé, garni de bractéoles apprimées, ca- ractère que l’on observe aussi dans ceux du S. sempervirens, quoiqu'il y soit bien moins prononcé. GENUS SEQUOIEIS FORSAN AFFINE, DUBIE HUC RELATUM. ENTOMOLEPIS. Nous désignerons sous cette dénomination (éyromos, incisé, er, écaille) un type nouveau, dont l'attribution à la famille des Conifères est incertaine, mais qui, si ce rapprochement se trouvait fondé, viendrait assez naturellement se ranger auprès des Séquoiées, non loim des Cunninghamia et des Sciadopitys. En effet, le cône fossile que nous allons décrire semble s’en rap- procher par ses écailles minces quoique coriaces, non élargies ni épaissies au sommet, mais terminées par un prolongement fim- brié, épineux sur les bords. EnromoLeris CYNAROCEPHALA. (P1. IE, fig. 3.) E. strobilis ovato-elliptcis ; squamis quintupliei spirarum serie ordinatis, adpressim imbricatis, tenuiter coriaceis, longi- tudinaliter striatis, basi latioribus, in appendicem recurvam acuminatam, margine fimbriato inciso-laceram, sursum pro- ductis. Armissan (assez rare). Il existe plusieurs exemplaires de ce frait remarquable, la plu- part en mauvais état; mais ceux que représentent les figures 3, A, et 3, B, sont d'une conservation parfaite, qui permet d'en saisir tous les caractères extérieurs, car lorganisation intérieure demeure forcément cachée. Cette circonstance jette d'autant plus d'incertitude sur leur attribution, qu'il s’agit très-proba- 56 GASTON DE SAPORTA, blement d’un type qui n'existe plus, et ne saurait se rattacher que de fort loin à aucun des genres connus de l'ordre actuel. Au premier aspect, on croirait avoir sous les yeux un involucre de Cynarocéphale, et cependant un examen un peu attentif ne permet pas de s'arrêter à cette hypothèse, n1 de voir dans cet or- gane fossile autre chose qu'un cône aux écailles étroites et imbri- quées, se recouvrant mutuellement et disposées dans un ordre spiral. On songerait à un fruit de sapin, si le prolongement carac- téristique des écailles et les lacinies épineuses qui incisent leur bord n’excluaient forcément cette idée. Les stries ou nervures simples, fines et serrées, qui parcourent longitudinalement les écailles, et ne s’écartent l’une de l’autre que pour s'engager suc- cessivement, dans les laciniss marginales, ramènent aussi vers le groupe @es Conifères, et l'on croirait voir parfois un fruit semblable à ceux des Araucaria, avec un nombre bien plus restreint de séries spirales. L'un de ces fruits (3, A), plus petit que l’autre, semble être parvenu àun degré de développement moins avancé; ses écailles, étroitement imbriquées, se recourbent vers le haut de manière à embrasser fortement celles qui sont les plus intérieures. Leur mode de terminaison n’est pas visible sur la face du cône, où il se trouve caché par la manière dont ces organes se recouvrent mutuellement, mais on le distingue très-bien sur les bords de l'empreinte. On voit alors qu’elles se prolongent en un long appendice, roide, quoique plane et assez mince, dressé, recourbé ou même totalement réfléchi dans la partie inférieure de l'empreinte, et distinctement fimbrié, épmeux, à dents fine- ment acérées; les écailles inférieures sont à la fois les plus réflé- chies et les plus profondément imeisées. Le grand cône (fig. 3, B) affecte la même forme que l’autre; il est cependant un peu plus allongé; ses écailles, soigneusement découvertes, sont plus distinctes sur la face de l'empreinte; on reconnait qu elles sont disposées sur cinq rangs ; leur consistance était mince quoique coriace; les stries qui les parcourent lon- gitudmalement sont fines, égales et bien visibies; les incisures marginales sont moins distinctes, quoique leur existence ne LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 07 puisse être mise en doute; on les aperçoit toutes les fois que l'on peut observer la terminaison des écailles, souvent cachée dans l'épaisseur du sédiment. Il y aurait un certain rapport de structure entre ce cône fos- sile et ceux du Cunninghamia sinensis, dont les écailles minces relativement, quoique coriaces, affectent une consistance et une forme analogues, et se trouvent disposées à peu près de la même manière. Elles sont également fimbriées-dentées sur les bords, circonstance qui serait de nature à accroître le degré d'ana- logie. Cette assimilation ne marquerait cependant qu uns affinité très-éloignée, dont 1l serait difficile d'apprécier le degré, les fruits du Cunninghamia s'écartant beaucoup de ceux d’Armissan par leur forme et leur dimension. Il y aurait plus de ressemblance, en s’en tenant à la forme générale, avec le Sciadopytis verticillata Sieb. et Zucc.; toute- fois, la présence dans les Sciadopytis d’une forte bractée adnée à l'écaille ovuhfère, soudée et accrue avec elle, est un caractère dont l'absence fait encore mieux ressortir 101 l’affinité possible du fruit fossile avec ceux des Cunninghamia, où la feuille brac- téale se développe isolément, tandis que l’écaille ovalifère, com- plétement adnée et avortée, est à peine visible dans l’intérieur, qu'elle tapisse d’une mince membrane. ABIETINEZÆ. PINUS L. L'abondance des Pinus est un des traits caractéristiques de la flore d'Armissan, Leur nombre mêmeest un obstacle qui s’op- pose à leur classement, à cause de la présence simultanée des divers organes désunis, qui se rencontrent entremêlés dans une telle confusion, que l’analogie devient insuffisante pour rappro- cher les parties respectives de chaque espèce. Un fait, encore unique dans les recherches paléontologiques, nous paraît devoir dominer les autres considérations : c’est que toutes les sections du genre proprement dit se trouvent représentées à Armissan, 58 GASTON DE SAPORTA. et la plupart d’entre elles par plusieurs espèces. Aïnsi les Strobus, les Pseudo-Strobus, les Tœda, les Pinaster du monde actuel se partagent les formes que nous allons décrire, dans des propor- tions, il est vrai, inégales, mais qui correspondent, dans une certaine mesure, à l'importance relative actuelle de ces divisions. Voici la méthode que nous avons suivie pour mettre en pleine lumière ce fait remarquable. Nous nous sommes fondé sur les caractères qu'une comparaison minutieuse des espèces vivantes avec les fossiles a pu nous fournir pour répartir l’en- semble des Pins d’Armissan dans les sections afférentes à chacun d'eux. Après ce premier travail de distribution, entrepris sans aucune préoccupation touchant les relations présumées des feuilles, des cônes et des semences, nous avons tenté d'établir ces relations pour quelques-unes des espèces ; mais 1l était im- possible de l’entreprendre pour la plupart, et, dès lors, nous avons décrit les organes de ces dernières séparément, laissant au temps et à de nouvelles observations le soin d'accomplir une tâche inabordable dans l’état actuel des choses. a. Strobus, — Folia quina ; umbo terminalis. Les Pins de cette section sont les plus aisés à reconnaître à cause de leurs fruits caractériques, aussi la détermination de l'unique espèce d'Armissan que nous y rapportons ne soulève- t-elle aucune difficulté. À nos yeux, les Strobus se distinguent non-seulement par la forme de leurs écaillesifructifères et par leurs feuilles fasciculées par cimq, mais encore par cette particularité que les aiguilles du fascicule, exactement connt- ventes à leur base, forment un cylindre d'une dimension égale à celle du disque sur lequel elles sont implantées, et dont les bractées vaginales, non réunies en fourreau, deviennent promptement caduques, et enfin parce que l'insertion des feuilles sur la tige donne lieu à une cicatrice ordinairement peu saillante, accompagnée parfois d’une crête faiblement pro- noncée, mais sans constituer des coussinets décurrents, ni donner lieu à des aires rhomhoïdales régulièrement limitées. Ces derniers caractères, en dehors même de ceux tirés du cône, séparent les LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 99 Strobus proprement dits des Pins de la section Pseudo-Strobus, dont les feuilles sont également quinées. Pnus EcxiNosrRoBus. (P1.IIT, fig. 1.) P. ramis cicatricibus foliorum lapsorum prominulis trans- versim torulosis; — foluis tenuibus, 1 dec. circiter longis, tri- quetris, erectiusculis, basi evaginatis ;—Strobilis subeylindricis, breviter acuminatis; squamarum apophysi ovata, plana, levis- sime striata, umbone terminali subulato parum recurvo; semi- num ala sensim attenuata, nucleum pluries superante. Pinus pseudo-strobus? Brngt, Ann. sc. naë., t. XV, p. 46, pl. 3, fig. 1-3, excluso semine. | Armissan. Nous possédons incontestablement les rameaux encore garnis de feuilles, les cônes et les semences de cette belle espèce. Les rameaux (fig. 1, B) ne sont pas complétement lisses comme ceux des Pinus Strobus et excelsa Lamb.; les cicatrices insertionnelles des anciennes feuilles leur constituent, au moins sur les parties visibles appartenant à des pousses de plus de six ans, des inégalités sinueuses et un peu irrégulières en forme de lignes mamelonnées plus ou moins transverses. Cet aspect se retrouve en grande partie sur les parties correspondantes du P. Ayacahuite C. Ehrenb.; seulement on reconnaît que dans l'exemplaire fossile, dont la croissance était sans doute très-lente, les feuilles étaient plus pressées que dans l'espèce moderne. Les feuilles (fig. 1, A), longues de 1 décimètre en moyenne, ont à peu près la dimension et la consistance de celles du P. Aya- cahuite ; elles sont pourtant un peu plus redressées sur le rameau et moins divariquées. Les cônes (fig. 1, C) se rapprochent aussi beaucoup par leur physionomie de ceux de la même espèce vivante, originaire du Mexique, où elle croît dans les provinces de Chiapa et Oaxaca, par 16-18 degrés de latitude boréale. Toutefois les cônes fossiles, dont il existe plusieurs exemplaires, sont plus petits environ de moitié ; leurs écailles ont des apophyses plus prolongées au som- 60 GASTON DE SAPORTA, met et terminées par une poimte subulée bien plus aiguë, légèrement recourbée , qui donne au premier coup d'œil à ce fruit fossile l’apparence de ceux des Pinus Sabiniana Dougl. et Coulteri Don. Les semences (fig. 1, D) que nous attribuons à cette espèce ressemblent à celles du Pinus Strobus L. Elles sont toutefois sur- montées d’une aile plus étroite, plus prolongée et surtout plus atténuée vers le sommet. La nucule est aussi plus petite propor- tionnellement. Quant aux chatons mâles, la collection du Muséum de Paris en possède une empreinte de taille médiocre, de forme cylin- drique allongée, obtusément atténuée au sommet, munie de bractées à la base, qu’on pourrait sans mvraisemblance rappro- cher de la même espèce. … [l'est probable que la semence réunie autrefois par M. Bron- gniart à son Pinus pseudo-strobus (1) doit en être distraite pour être plutôt attribuée à une autre section du genre; quant aux feuilles publiées par le même auteur, comme elles ne sont in- tactes inférieurement ni supérieurement, leur détermination reste incertaine. B. Pseudo-strobus.—Folia quina vel partium defectu terna et quaterna. Umbo centralis. Les caractères de cette section sont très-difficiles à établir à l’état fossile. Dans l’ordre actuel, elle comprend dés espèces dont les feuilles sont ordinairement réumies par cinq, comme dans les sections Strobus et Cembra, mais dont les cônes portent des écailles à protubérance centrale, comme dans les sections T'œda et Pinaster. Ainsi, en étudiant séparément, comme on est forcé de le faire pour la flore d’Armissan, les divers organes des Pins de cette section, on risque de confondre leurs feuilles avec celles des Sirobus, tandis que leurs cônes ne se distinguent par aucun caractere essentiel de ceux des T'æda ou des Pinaster. il est donc nécessaire de rechercher s’il n'existe pas quelque moyen de reconnaître les formes susceptibles d’avoir fait partie (4) Ann. des sc. nat., K° série, t. XV, pl, 3, fig. 3. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 6L de cette section par le seul examen de leurs feuilles ou de leurs fruits considérés isolément. Si l'on s'attache uniquement aux feuilles des espèces actuelles de Pseudo-shrobus, il est aisé de les partager en deux groupes inégaux : le premier comprend la grande majorité des espèces, entre autres les Pinus Hartwegii Lindl., Russelliana Lindl., Devoniana Lindl., Montezumæ Lamb., Gordoniana Hartw., etc. Ici, les feuilles sont toujours contenues à leur base dans une gaine persistante, formant un fourreau cylindrique, enveloppant les feuilles sur une étendue qui varie, suivant les espèces, de quelques millimètres à 3 centimètres. Ces feuilles ne peuvent être, à cause de cette particularité, confondues avec celles des Strobus, et nous ajouterons tout de suite que, jusqu’à présent, les empreintes d’Armissan ne nous en ont pas offert de pareilles. Mais il existe, dans la même section, un second groupe bien plus restreint, puisqu'il ne serait représenté que par le seul Pinus leiophylla Schied. et Depp., si l'on n’y rapportait encore un petit nombre d'espèces recueillies dernièrement au Mexique, comme les Pinus dependens, Lerdoi et Candolleana Roezl, qui reproduisent le même type. Les feuilles de ces derniers Pins, fasciculées normalement au nombre de cinq, mais réduites par- fois à trois ou quatre, et plus fines de consistance que les précé- dentes, n’ont à leur base que des bractées vaginales caduques après une année comme celles des feuilles de Strobus, auxquelles elles ressemblent beaucoup. Toutefois, 1! nous semble qu’elles s’en distinguent un peu par les caractères suivants : elles varient davantage, leurs fascicules étant très-souvent réduits à quatre ou à trois aiguilles seulement ; elles sont implantées sur une base ou disque qui les déborde légèrement, au point où elles deviennent conniventes ; enfin, les cicatrices laissées par les bractées vagi- uales après leur chute sur les parois du disque insertionnel, sont plus visibles, plus nettes et plus régulièrement tracées que dans les feuilles des Strobus, où les bractées se détachent presque im- médiatement après le développement des feuilles. Ces caractères réunis se montrent dans un certain nombre de feuilles fossiles d'Armissan, et nous font croire à l’existence d'anciennes espèces 62 GASTON DE SAPORTA. de Pinus, voisines du Pinus leiophylla, et par conséquent faisant partie de la section Pseudo-strobus comme lui. Quant aux cônes, ils fournissent peu de caractères différen- tiels un peu saillants. Leur forme tantôt cylindrique, oblongue, plus ou moins acuminée, tantôt ovoïde ou elliptique, varie beau- coup; cependant leurs écailles fortement appliquées, àapophyses largement développées, le plus souvent en tête de clou ou en écusson rhomboïdal, plus ou moins élevé, pyramidal, marquées de stries rayonnantes, munies au centre d’une protubérance en forme de bouton, de mamelon ou de tubercule plus ou moins saillant, peuvent aider à les faire reconnaître, quoique les mêmes caractères leur soient en partie communs avec quelques Pins des autres sections. Malgré ces réserves, plusieurs des cônes d'Armissan paraissent réellement offrir, soit avec ceux des Pseudo-strobus en général, soit avec certaines espèces en par- ticulier, une analogie assez frappante pour autoriser leur attri- bution à cette section, en permettant de la considérer comme très-probable. 4. Folia. Pinus FaLLAx. (PI. II, fig. 4.) P. foliis quinis, mediocribus (6 centim. 1/2 longis), tenuibus, erectis, triquetris, basi breviter conniventibus, bracteis vagina- libus destitutis, disco brevi cylindrico cicatricibus parvulis obsito insertis. . Armissan (rare). Les feuilles de cette espèce ressemblent beaucoup à celles du P. echinostrobus, mais elles sont beaucoup plus courtes, moins longuement conniventes à la base et insérées sur un disque cy- lindrique fort petit, distinct pourtant et un peu plus large que le faisceau des feuilles. On distingue sur la paroi de ce disque les cicatrices des bractéoles vaginales complétement caduques , tandis que les feuilles du P. echinostrobus semblent en conser- ver quelques traces. Il est cependant douteux que cet exem- plaire, jusqu'à présent unique, soit une forme réellement dis- LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 63 tincte plutôt qu'une simple variété de l'espèce que nous venons de citer, et surtout qu'il ait fait réellement partie du groupe des Pseudo-strobus. Pinus PsEuDO-TÆDA. (PI. II, fig. 2.) P. folis ternis vel quaternis, triquetris (1 dec. longis), tenui- bus, parum divergentibus, acuminatis, basi conniventibus, bracteis vaginalibus destitutis, disco cylindrico crasso bractea- rum cicatricibus manifeste notato insertis. Armissan (assez répandu). Les feuilles sont ternées (fig. 2, À, et 2, C) ou quaternées (fig. 2, B), mais les bractéoles vaginales, complétement ca- duques, annoncent une espèce analogue au P. leophylla, dont les aiguilles sont souvent réduites à quatre et à trois. Le disque sur lequel ces feuilles sont implantées est plus épais que dans la plupart des Strobus; les cicatrices laissées par la chute des bractéoles dessinent des aires rhomboïdales assez régulièrement limitées (voy. fig. 2, A’). Par tous ces caractères, ce Pin res- semble beaucoup au P. leiophylla et à son proche voisin, le P. Candolleana Roezl, par la dimension et la consistance des aiguilles. Pinus percexa. (PI. IIl, fig. 3.) P. foliis quaternis, a basi divergentibus, subdecumbentibus, 9 centum. longis, disco crassiusculo vaginarum lapsarum brac- teolis cicatrisato impositis. Armissan (couche supérieure). Les feuilles fasciculées au nombre de quatre sont diver- gentes, décombantes, divariquées dès la base. Le disque qui les supporte est assez épais, les déborde un peu, et porte sur son contour les cicatrices ‘bien distinctes des bractéoles devenues caduques (fig. à, A). Les aiguilles (fig. 3) sont plus fortes que les précédentes, aiguës au sommet et longues de 9 cen- timètres,. | OA GASTON DE SAPORTA. 2. Strobili. Pinus Princeps. (PL IIL, fig. 7.) = P. strobilis magnis, pedunculatis, elongato-cylindricis, sub- arcuatis, acuminatis; squamarum apophyst transversim rhom- bæa, depresse pyramidatim elevata, radiatim striata, -leviter carinata; umbone centrali, crasso, valde prominente, sub- COnICO. Armissan (rare). Ce magnifique cône rappelle un peu ceux du Pinus cana- riensis par la saillie des protubérances de ses écailles; mais sa dimension, sa forme cylindrique longuement acuminée et légè- rement courbe, la présence d’un pédoncule bien distinct, sem- blent dénoter une espèce voisine de plusieurs Pins actuels du Mexique, tels que les Pinus flifolia Lindl., Orizabæ, Winces- teriana Gord. Les Pinus Van Houttei Roezl, Paxtoni Roezl, Antoineana Roezl, quelle que soit en réalité l’affinité de ces espèces, reproduisent aussi, à divers degrés, la forme de notre cône fossile, en sorte qu’il semble naturel de le rapporter, avec toutes ces espèces, à la section Pseudo-strobus. Le pédoncule est grêle proportionnellement, et long de plus de 1 centimètre. Les écailles disposées sur six rangs, à ce qu'il parait, ne suivent pas, vers la base au moins, une spirale tres-oblique, en sorte que les semences ont dû être courtes relativement. Les apo- physes sont transversalement rhomboïdales, assez régulières, mais parfois festonnées sur les bords; les stries dont elles sont marquées sont très-fines et convergent vers le centre; la carène est faiblement prononcée où même tout à fait oblitérée; un sillon, dans la partie mférieure de l'organe, sépare la protubé- rance du reste de l’apophyse, qui est médiocrement relevée ; mais dans la partie supérieure du cône la protubérance devient saillante , et quoique le poids des sédiments ait presque partout émoussé cette saillie, on reconnaît par l'inspection des écailles latérales qu'elle donnait lieu à une sorte de mamelon conique, prolongé en forme de bec, quoique obtus au sommet. I] est pro- LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. G5 bable que ce beau cône était pendant sur les rameaux, comme beaucoup de ses congénères actuels du Mexique. Les feuilles sont encore inconnues. | Pinus ccyrrocarpa. (PI. II, fig. 6.) P. strobilis pedunculatis, ovato-oblongis, breviter attenuatis ; squamarum apophysi rhombea vel transversim rhombea, vix pyramidatim elevata, depressa, radiatim striata; umbone cen- trali, rhombeo, plano, medio umbonulato. Armissan (assez rare). La forme générale est ovoïde-oblongue, obtusément atténuée au sommet; la base est distinctement et assez longuement pé- donculée ; les apophyses, peu obliquement msérées, sont dépri- mées, presque planes ou faiblement convexes-pyramidales. Elles sont rhomboïdales et festonnées sur les bords vers la base, plus étendues dans le sens transversal vers la partie supérieure du cône. Elles présentent de ce côté une légère saillie en carène, dont il n'existe pas de traces sur les écailles inférieures. Leur surface est sillonnée de stries rayonnantes souvent très-pro- noncées et donnant lieu à des cannelures plus ou moins mar- quées, quelquefois tres-nettes, qui s'étendent jusqu'au bord du disque et le festonnent. La protubérance centrale est presque plane, tuberculeuse, ombiliquée-sinueuse vers le centre. Ce cône rappelle, par la plupart de ses caractères, ceux des Pinus leiophylla Sehied. et Depp., et Lerdoi Roezl; mais ce der- nier nest peut-être qu'une variété du premier. Il ressemble encore plus aux Pinus Gordoniana Hartw. et oocarpa Schied. ; il est surtout voisin de la seconde de ces deux espèces, indigènes, comme les précédentes, du Mexique, dont elles habitent les régions chaudes. Pinus couPnoer:s. (PI. HI, fig. 8.) P. strobilis conicis, sensim attenuatis; squamarum apophysi vIx pyramidatim elevata, depressa, levissime radiatim striata ; umbone plano, rhombeo, medio tenuiter umbonulato. Armissan (assez répandu). 9° série. BoT. T. IV. (Cahier n° 2.) 9 66 GASTON DE SAPORTA,. La forme régulièrement conique et longuement atténuée de ce cône le fait aisément reconnaître au milieu de ses nombreux congénères. Les rangées d’écailles sont insérées très-oblique- ment; leurs apophyses larges dessinent des rhomboïdes assez peu réguliers, quelquefois émoussés sur leurs angles; la surface en est plane, nullement carénée, à peine élevée pyramidale, par- semée de bosses et d'inégalités, finement marquée de stries rayonnantes, et pourvue au centre d'une protubérance rhom- boïdale peu sallante, presque plane, munie vers son milieu d’un petit mamelon à peine distinct. Ce cône ressemble à ceux du Pinus Lerdoi Roezl (Pinus leiophylla var.?); mais par sa forme, ses dimensions, l'aspect et l'agencement des écailles, on doit surtout le comparer à ceux du Pinus Gordoniana Hartw.,quis’en éloignent cependant par une direction légèrement courbe, qu'on ne remarque pas sur l’espèce d'Armissan. Pinus LETHEOCARPA. (PI. IL, fig. 15.) P. strobilis pedunculatis, ovato-oblongis, attenuatis, curvatis, inæquilateralibus; squamarum apophysi trapeziformi, pyrami- datim elevata, transversim leviter carinata, latere superiore parum convexiore deflexiusculo ; apophysibus hinc, scilicet latere strobill exteriore, productioribus, latere alio depres- sioribus? Seminum ala subcultriformi, nucleum parvum pluries superante. | Armissan (assez répandu). Cône voisin du précédent, mais bien distinct spécifiquement, soit par ses apophyses plus développées d’un côté que de l’autre, ce qui le rend inéquilatéral, soit par la forme de ces organes plus allongés dans le sens transversal, distinctement carénés, déprimés sur un côté du cône, saillants, pyramidaux et réfléchis sur l’autre côté. Plusieurs espèces mexicaines peuvent être rap- prochées de celle-ci, que nous regrettons de ne pouvoir figurer à cause de l’espace restreint des planches. Nous citerons plus particulièrement, comme points de comparaison, les Pinus devo-. niana Lindi. et tuberculata Roezl., dont les fruits ressemblent LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 67 beaucoup à ceux d’Armissan, quoique sur de plus grandes pro- portions. Une semence, située sur la même pierre qu'un de ces cônes, dont les écailles entr'ouvertes semblent l'avoir laissée échapper, affecte une forme commune à celles de la plupart des Pseudo-Strobus. L'aile est en forme de sabre, droite sur l’un des côtés, tandis que l’autre dessine une courbe ; le sommet est pointu. Cette semence est représentée planche à, fig. 15. Celles du Pinus oocarpa sont plus élargies vers le haut ; celles du 2. devoniana plus étroites et un peu plus obtuses; celles du P. Gordoniana, quoique plus allongées, s’en rappro- chent bien davantage. Pinus GERVAISIH. P. strobilis mediocribus, ovatis, obtusis; squamarum apo- physi subrhombea, depressiuscula; umbone centrali, crasso, obtusato, tuberculato. Pinus sp. Paul Gervais, Sur les empreintes végétales trouvées à Armissan (Aude), Mém. de l'Acad. de Montpellier, t. V, pl. 10. Armissan (rare). Ce cône s'éloigne des précédents par de plus petites dimen- sions et par sa forme ovoide. Îl paraît analogue aux Pinus sco- paria Roezl, Cedrus Roezl, dependens Roezl, espèces mexicaines qui ne sont peut-être que des formes du Pinus leiophylla Schied. Parmi les fossiles, on peut le comparer au Pinus Thomasiana Gœpp. (1), recueilli dans le sucein. Pourtant les cônes signalés par M. Gœæppert paraissent plus cylindriques et plus obtus, et d’après un exemplaire en très-bon état que nous avons sous les yeux, leurs apophyses différent par la saillie de la partie supérieure et l'existence d’une carène transversale dont l'empreinte d’Armis- san ne présente aucune trace. M. Gervais, à qui nous dédions celte espece, l’a figurée dans le cinquième volume des Mémoires de l’Acad. de Montpellier, mais sans lui imposer de nom. (1) Org. Reste im Bernst., 1, p. 92, tab. 3, fig, 12-134 63 GISTON DE SAPORTA, y. Tæda. — Folia terna, umbo centralis. Les Pins actuels de cette section se divisent en plusieurs groupes naturels, si l'on considère leurs fruits, car les feuilles offrent que des caractères généraux très-umiformes, malgré la variété des différences spécifiques. Les uns présentent des cônes réguliers à apophyses planes, déprimées, faiblement carénées, finement mucronulées au centre, comme les Pinus sinensis Lamb., australis et Tœæda. D'autres ont des cônes inégalement développés, dont les apophyses saillantes sur un des côtés sont déprimées sur l'autre, souvent mucronulées comme les précé- dentes. À ce groupe, dont le Pinus insignis Dougl. est le type, se rattachent les P, tuberculata Don, radiata Don, Benthamiana Hartw., qui habitent la Californie. Les P. Sabiniana Dougl. et Coulteri Don forment un troisième groupe, caractérisé par leurs apophyses solides terminées par une pointe longuement acu- minée. Les Pinus longifolia Roxb. et Gerardiana Wall. com- posent en Asie une dernière série reconnaissable à leurs cônes réguliers, à apophyses épaisses, convexes, pyramidales, saillantes et recourbées, mais obtuses. On peut rattacher à ce dernier groupe le Pinus canariensis Ch. Smith, dont la protubérance est saillante, obtuse, au centre d’une apophyse pyramidale fai- blement relevée. De nombreuses empreintes de feuilles ternées, dans plusieurs cas encore attachées aux rameaux, attestent la présence à Ar- missan des Pis de cette section. La réunion des cônes et des feuilles sur la même branche, dans une des espèces, révèle un type assez analogue à celles de notre premier groupe. Les cônes isolés, que nous rattachons aux Tœæda, s'éloignent de ce premier groupe pour se rattacher plutôt au dernier par la saillie pyramidale de leur apophyse à protubérance obtuse. Ainsi, les T'æda de la flore d’Armissan reproduisent les formes réunies de l’ancien et du nouveau con- tinent. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 69 4. Folia cum strobilis ramo simul coadunata. Pinus RESURGENS. (PI. IV, fig. 1.) P. foliis ternis, tenuibus, 12 centim. longis, erectiusculis, acutis, basi in vaginam mediocrem integram, transversim levi- ter sulcatam conniventibus; ramis cylindricis, foliorum lapso- rum pulvinulis prominmulis, rhombeis, adpresse tessellatis. — Strobilis per paria appensis, breviter pedunculatis, tenuibus, parvulis, subeylindricis, breviter acuminatis; squamarum apo- physi rhombea, transversim leviter carimata, medio crassiuscule elevata, quandoque deflexa ; umbone rhombeo vix prominente, umbonulato. | Armissan (rare). Les feuilles éparses de cette espèce se rencontrent çà et là à Armissan ; elles ressemblent par leur dimension et leur consis- tance à celles du ?. pseudo-Tæda que nous venons de décrire, mais elles s'en distinguent par une longueur un peu plus consi- dérable, et surtout par la gaine persistante, entière, marquée de légers sillons transversaux, qui les réunit, tandis que les feuilles du P. pseudo-Tæda en étaient constarament dépourvues à l’époque de leur caducité. On ne saurait confondre non plus cette espèce avec les deux suivantes, qui font partie de la même section. Elle diffère du ?. trichophylla par la longueur bien moindre de ses feuilles et leur direction plus droite ; du P. diva- ricala, non-seulement par les mêmes caractères, mais surtout par la structure des tiges, qui présentent des coussinets rhom- boïdaux très-serrés, et nullement allongés et décurrents comme ceux de la dernière espèce. Un magnifique exemplaire, que M. de Grasset, membre de la Société géologique, a bien voulu nous communiquer, et qui fait partie de sa collection, nous a permis de bien caractériser l'espèce. Cet échantillon présente deux cônes attachés à la partie supérieure d'un long rameau recourbé inférieurement, et garni de feuilles dans la partie qui se prolonge au-dessus du point d'attache des fruits. 70 GASTON DE SAPORTA. Ce rameau, dont la figure 1 À (pl. 4), dessinée d’après un moulage, ne reproduit qu'une faible partie, présente une lon- gueur totale de 19 à 20 centimètres et de 15 centimètres jusqu’à l'endroit où paraissent les deux cônes. On ne distingue dans cette étendue aucune trace de ramifications, mais seulement une ou deux cicatrices correspondant probablement à la place insertion- nelle des anciens cônes. L'accroissement de ce rameau, se rap- portant peut-être à une branche secondaire, paraît s’être fait avec une très- grande lenteur; puisque l’on compte neuf pousses successives bien distinctes, correspondant très-probablement à autant d'années, dans la seule partie qui s'étend de l’origine des cônes jusqu’en bas. Au-dessus de ces organes, le rameau se pro- longe sur un espace de A centimères environ, dont la moitié seulement se trouve couvert de feuilles, dont les inférieures, déjà âgées, sont clair-semées et en partie détachées. Les autres forment un faisceau terminal assez dense qui dérobe entière- ment l'aspect du bourgeon, peut-être encore imparfaitement développé. Les fruits remontent donc à plusieurs années, puis- qu'ils sont situés à la partie supérieure d'une pousse ou turion antérieur de deux ans à la partie terminale du rameau. Les feuilles (fig. 1 Bet 1 B') sont constammentternées, dressées, rapprochées sur une assez grande longueur, quoique assez fines, aiguës et faiblement écartées l’une de l’autre au sommet, longues de12 centimètres en moyenne, et pourvues à la base d’unegaïne entière, persistante, finement striée transversalement, dont la longueur mesure 6 à 7 millimètres. Leur bord est finement serrulé (fig. 1B), et, à l’aide de la loupe, on distingue de chaque côté d’une côte médiane très-mince trois nervures très-déliées, dont la moyenne est marquée un peu plus fortement. Ces feuilles sont accompagnées à leur base d’une bractée scarieuse, d’abord appli- quée, puis recourbée, assez longtemps persistante et adnée avec les coussinets ; ceux-ci, assez peu saillants, petits, rapprochés, très-nombreux, dessinent sur la tige des aires rhomboïdales (voy. la figure 1 A) régulièrement disposées. Cette même disposition, moins marquée, 1l est vrai, à cause des proportions plus grandes des organes, se retrouve dans les espèces de l’ancien continent, LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE. 71 et spécialement dansle Pinus canariensis, auquel l'espèce fossile ressemble sous ce rapport. C’est par là que notre P. resurgens se distingue du P. Saturni Ung. (1), de Radoboj, dont les feuilles sont également ternées et les cônes opposés par paires, mais dont les coussinets sont étroits et longuement décurrents, comme dans la plupart des espèces américaines et dans notre P. diva- ricata, décrit ci-après. Les feuilles de notre espèce ressemblent à celles du P. cana- riensis, quoique bien moins longues, et elles se trouvent insérées d'une mamière pareille sur les rameaux. Quant aux cônes (fig. 4 A), ils différent à plusieurs égards de tous ceux du monde actuel. Leur petitesse, leur forme cylindrique, leurs apophyses légèrement convexes, faiblement carénées, gonflées au centre et munies d'une protubérance obtuse assez peu saillante, leur donnent une place à part, plus rapprochée en apparence du Pinus patula Schied. que de toute autre espèce. Cependant on peut dire aussi que, sous des proportions très-réduites, ces cônes rappellent,.quoique d’une manière plus éloignée, ceux du Pinus canariensis. Ainsi le Pinus resurgens semble devenir, si l’on con- sidére ses divers organes, un lien entre plusieurs espèces actuelles du groupe des T'æda, dont il réunirait les caractères épars, 2. Folia ramis inserta. PINUS TRICHOPHYLLA. (PI. IV, fig. 9.) P. ramis cylindricis, crassis, foliorum lapsorum pulvinulis rhombeïs adpresse tessellatis ; foliis tenuissimis, prælongis (17-20 centim. longis),subflexuosis, basi vaginatis, vaginis me- diocribus integris. Seminum? ala oblongo-elliptica, superne deorsumque breviter attenuata, nucleum ovatum pluries supe- rante. Armissan (très-répandu). Cette espèce, outre d'innombrables empreintes de feuilles, CERTES (1) Unger, Chlor. protog., tab, 4. 72 GASTON DE SAPORTA. présente un rameau toutentier, dont la figure 9B reproduit une partie. Ce rameau, comprimé par le poids des couches, est épais de 8 à 9 millimètres, vers le point où les feuilles y adhèrent partiellement, et qui, par conséquent, ne peut pas être âgé de plus de deux ou trois ans, se trouve dépouillé en des- sous, et conserve à peu près la même épaisseur sur une étendue de 5 centimètres faisant partie du jet de l’année précé- dente. Vers le sommet du même rameau, les feuilles, encore en place, et rassemblées en panache serré, sont accompagnées de leurs bractées ; elles présentent sans doute une pousse à l’époque de l’année où son développement se trouve achevé. La surface du rameau, depuis le point où les feuilles cessent de le recouvrir, est occupée par des coussinets en forme de mamelons rhom- boïdaux, disposés en échiquier à compartiments très-serrés ; cette ordonnance est très-analogue à celle qui distingue Fespèce précédente, et dénote sans doute une forme très-rapprochée de celle-ci. Chaque rangée de coussinets, sans être très-oblique, comprend cinq ou six de ces organes sur la face visible du rameau, où l’on compte dix rangées environ dans l'espace de 4 centi- mètres, longueur équivalente à celle d'un jet annuel. Ainsi, les feuilles du Pinus trichophylla étaient insérées très-près les unes des autres, de manière à former un faisceau serré et ascendant au sommet d’un rameau épais et peu divisé ; elles étaient (voyez fig. 9 À et 9 A") longues, ténues, filiformes, dressées, plus ou moins flexueuses, souvent divariquées, triquètres, finement ser- rulées sur les bords, et parcourues par deux nervures, visibles à la loupe (fig. 9 A"), disposées des deux côtés de la médiane. Ces feuilles, conniventes à la base, étaient pourvues d’une gaine persistante, entière, d’une médiocre étendue (voyez fig. 9 A’), scarieuse, soyeuse inférieurement, et striée transversalement vers le haut. Tous ces caractères rapprochent singulièrement cette espèce du 2. longifolia Roxb., dont elle pourrait bien s'être rapprochée aussi par les cônes, puisque nous allons décrire des organes de ce genre ayant une analogie marquée avec les fruits de l'espèce indienne. | PR PR [LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. . 73 Des semences éparses sur la même dalle que les rameaux et les feuilles (voy. pl. à, fig. 12 A et 12 B, deux de ces semences représentées) ont une nucule ovale ou obovée surmontée d’une aile membraneuse assez étroite, oblongue-elliptique, atténuée obtusément aux deux extrémités. Elles montrent beaucoup de rapports avec les organes correspondants du P. longifolia, d'après des exemplaires rapportés des Indes par le D' Dalton Hooker. PINUS DIVARICATA. (PI. IV, fig. 2.) P. ramis pulvinulis longe decurrentibus, carinatis, promi- nentibus, exaratis ; foliis tenuibus, mediocribus, divaricatis, basi in vaginam brevem scariosam quandoque laceram conniven- tibus. . Armissan (assez répandu). Cette espèce se sépare de la précédente, non-seulement par la dimension plus courte de ses feuilles (fig. 2 A) et la consis- tance soyeuse, très-faiblement striée en travers de leurs gaines, mais surtout par l'aspect des rameaux (fig. 2 B) bien plus étroits, tout hérissés de coussinets saillants, allongés, carénés, décurrents, séparés par des sillons profonds, et dont la forme est totalement différente. Les coussinets, dont la figure 2 B' donne un dessin grossi, lon- guement décurrents, saillants et séparés l’un de l’autre par des sillons longitudinaux, offrent le même aspect que ceux du Pinus sabiniana Dougl. et de plusieurs autres espèces américaines à feuilles ternées. 8. Strobili. Pinus STERROLEPIS. (PI. IV, fig. 3.) P. strobilis pedunculatis, 15 centim. longis, cylindricis, apice longe attenuatis; squamarum apophysi lata, pyramidatim ele- vata, medio prominente deflexo-recurva ; umbone crasso, rhombeo, depresso, umbonulato. Armissan (rare). 7h GASTON DE SAPORTA. Espèce qui représente probablement le cône de l’une des pré- cédentes. Sa forme cylindrico-conique, longuement atténuée au sommet, est tres-caractéristique. Les écailles, insérées beau- coup moins obliquement vers la base qu'au sommet, sont disposées sur un assez petit nombre de rangs ; elles sont termi- nées par de larges apophyses, dont la saillie pyramidale, con- vexe supérieurement, plus déprimée inférieurement, se prolonge vers le milieu en une sorte de bec épais et court, terminé par une protubérance rhomboïdale, légèrement bosselée et obtusé- ment mamelonnée. Ces apophyses sont déprimées, peu saïllantes dans les écailles inférieures, beaucoup plus saillantes et recour- bées vers le haut du cône. Malgré de profondes divergences, on peut comparer ce fruit fossile à ceux du Pinus longifolia Roxb., dont les apophyses se terminent par des saillies très-analogues. En dehors de ce rapprochement, nous ne saurions en indiquer aucun autre. Pinus LornoricarPA. (PI. IV, fig. 4.) P. strobilis (12-14 centim. longis) subcylindricis, longe sen- simque attenuatis; squamarum apophysi pyramidatim elevaia, transversim leviter carinata, depressa vel medio productiore recurva, in parte saltem strobili superiore; umbone central, crasso, dilatato-tumido, medio leviter excavato. Armissan (rare). Espèce remarquable, voisine mais distincte de la précédente par ses écailles plus petites, plus nombreuses, aux apophyses presque rhomboïdales dans le bas, allongées transversalement dans le reste du cône et disposées sur six rangs. Elles sont aussi moins obliquement dirigées, déprimées ou faiblement convexes dans la partie inférieure de l'organe; elles augmentent de saillie dans la direction opposée, où, à mesure qu’on remonte vers le milieu et surtout vers le sommet du cône, elles se montrent carénées, relevées en pyramide et légèrement défléchies. La protubérance centrale, exserte, obtuse, mamelonnée, faiblement saillante dans les apophyses inférieures, devient d'autant plus LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 75 épaisse, qu'on s'éloigne de cette partie; elle est alors déprimée ou même excavée au centre. Cette forme très-curieuse paraît tenir le milieu entre les Pinus longifolia Roxb. et canariensis Smith; elle est plus voisme de cette seconde espèce, malgré bien des divergences partielles. d, Pinaster. — Folia bina, umbo centralis. Les espèces d'Armissan rangées dans cette section sont re- marquables par l'ampleur des feuilles, comparée au faible déve- loppement des cônes, que l’analogie engage à leur attribuer. nous à paru impossible, dans l’état actuel, de parvenir à Ja réunion des divers organes, que nous allons décrire séparé- ment. 4. Folia ramique. PINUS CARTEROPHYLLA. (Pl, V, fig. 1.) P. foliis binis, validis, crassis, rigidis, divergentibus, basi lata in vaginam brevem, integram, transversim sulcatam con- niventibus. — Amentis masculis magnis, oblongo-cylindricis, basi dense bracteatis, bracteis plurimis imbricatis, ovato-oblon- gis, acuminatis, basi involucratis. Armissan (très-répandu). Les feuilles de cette espèce (fig. 1 À) sont aisées à reconnaître à leur dimension considérable (30 centimètres de longueur), à leur grande largeur proportionnelle, à leur roideur et à leur divergence dès la base, lorsqu'elles devenaient caduques. La gaine qui les réunit est entière, courte, très-finement striée, ru- gueuse en travers. Ces feuilles ressemblent beaucoup à celles de l'espèce découverte à Fénestrelle, dans le bassin de Marseille, et que nous avons décrites précédemment sous le nom de Pinus megalophylla. Un très-bel exemplaire, que la figure 1 B reproduit sous des proportions réduites à un tiers environ du diamètre réel, nous montre les feuilles de cette espèce encore attachées à l'extrémité d'un court rameau. On distingue sur la partie nue de ce rameau plusieurs jets successifs, attestant qu'il n’a pas fallu moins de 76 GASTON DE SAPORTA, cinq ans pour le former, quoique sa longueur totale n'atteigne pas LA centimètres, en y comprenant même le bourgeon ter- minal allongé, conique, acuminé, bien visible au sommet de la partie feuillée. Les feuilles sont peu nombreuses, en partie adhérentes, en partie détachées, plus ou moins divariquées. Les coussinets forment des aires rhomboïdales très-serrées, saillantes, carénées antérieurement, et muuies d’un reste de bractée au point insertionnel des anciennes feuilles. À côté des feuilles et non loin du bourgeon terminal, on reconnaît la pré- sence de deux chatons mâles qui paraissent desséchés, mais dont un au moins occupe encore sa place naturelle. La figure 1 B montre un de ces chatons sous ses véritables dimensions. Il est allongé, cylindrique et de grande taille. Les connectifs, bien visibles, sont disposés le long de l'axe, qui est assez épais et en partie dénudé. De nombreuses bractées ovales-aiguës, acumi- nées au sommet, garnissent la base de l'organe et se recouvrent mutuellement par imbrication. Nous ne connaissons à cette belle espèce que des points de contact éloignés parmi les Pins de l’ordre actuel ; ceux du groupe des Laricio paraissent s’en rapprocher plus que les autres. Pinus MacroPTERA. (PI, V, fig. 2, et pl, IT, fig. 13.) P. foliis prælongis (27-32 centim..), erecto-flexuosis, acerosis, basi im vaginam integram transversim leviterque rugoso-sulca- tam longe conniventibus. — Amentis masculis, ut videtur, par- vulis, ovato-oblongis, sessilibus, basi bracteatis. —: Seminum ala breviter oblonga, latiuscula, obtusa, nucleum ovatum triplo superante. Armissan (très-répandu). Les feuilles de cette espèce dépassent en longueur la plupart de celles de Pins actuels (voyez pl. V, fig. 2). Elles sont dressées, tantôt roides, tantôt légèrement flexueuses, convexes extérieu- rement, planes ou légèrement canaliculées à l’intérieur, acérées au sommet, longuement conniventes à la base et réunies dans une gaine en forme de fourreau étroit, marqué de fines rugosités transversales. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 77 Un exemplaire de cette espèce présente des feuilles attachées en très-grand nombre à l'extrémité d’un rameau. Elles sont fas- ciculées en forme de panache, et paraissent appartenir à une jeune pousse dont le développement serait à peine achevé. Ces feuilles rappellent un peu celles du P. Massoniana sur de plus grandes proportions. A côté d'elles, sans autre preuve d’af- finité que cette coïncidence, on observe des chatons mâles, petits, sessiles, ovoides-allongés, obtus, un peu recourbés et munis à leur base de bractées. Ces organes ressemblent à ceux du P. Massoniana Lamb. On observe aussi sur la même plaque une semence (pl. à, fig. 15) ovale, surmontée d’une aile plus large que la nucule, oblongue, courte, obtuse au sommet. On peut croire, sans Invraisemblance, qu'elle a fait partie de la même espece. Pinus LEPTOPHYLLA. (PI. IV, fig. 11.) P. folus binis, tenuibus, rigidiusculis, vel sæpius flaccidis, divaricatis, basi in vaginam brevem scarioso-laceram conniven- tibus, — Amentis masculinis gracilibus, bracteatis, connectivis laxe insertis. — Seminum ala late cultriformi, nucleum triplo superante. Peyriac, au bord de l'étang du Doule (commun). Espèce dont les feuilles (fig. 11 A), minces, flexibles, souvent divariquées, se distinguent aisément de toutes celles d’Armissan ; leur gaïne est courte, scarieuse, lacérée. Ces feuilles ressemblent à celles de notre P. halepensis Mill. On trouve à côté d’elles de nombreuses empreintes de semences et de chatons mâles que l’on est en droit de leur réunir. Les chatons mâles (fig. 11 C) sont petits, grèles et accompagnés à leur base de bractées obtuses, peu nombreuses. Les semences (fig. 11 B), de forme ovale, sont surmontées d’une aile membraneuse, finement striée, plus large qu'elles, en forme de sabre très-court, obliquement tronquée au sommet. Elles ressemblent à celles du Pin d'Alep et des divers Pins du groupe des Laricio. Les cônes sont encore inconnus. 78 GASTON DE SAPORTA. 2. Strobili. Pinus cyziNpRicA. (PI. IV, fig. 12.) P, strobills mediocribus, oblongo-conicis, subéylindricis ; squamarum apophysi crassa, pyramidatim elevata, transversim leviter carinata, margine superiore Convexiore, subrecurva, radiatim striata; umbone lato, transversim rhombeo, plano, depressiusculo, subumbonulato. Armissan (rare). Cène remarquable par sa forme cylindrico-conique, obtuse au sommet, légèrement atténuée versla base. Les écailles, disposées sur quatre ou cinq rangs seulement, ont des apophyses subrhom- boïdales, épaissies, pyramidales, déprimées, faiblement carénées en travers, plus convexes à leur partie supérieure et légèrement réfléchies en un bec obtus et court. La protubérance centrale est en forme de losange, presque plane, ridée, ombiliquée et mar- quée d’une bosselure excentrique, mutique. Des striés rayon- nantes convergent de toutes parts, surtout de la marge inférieure des apophyses, vers le centre de ces organes. Ce cône, quoique très-net, n'offre pour le classement que des caractères assez ambigus. On peut signaler pourtant un assez grand rapport entre lui et les Pinus pyrenaica Lap., Salzmanni Dun. et hale- pensis Mill. ; mais cette affinité n’est pas assez évidente pour en- lever toute incertitude relativement à son attribution à la section Pinaster. Pinus pazæopryMos. (PI. IV, fig. 12.) P, strobilis cylindricis, versus apicem sensim aitenuatis, bre- viter acuminatis; squamarum apophysi rhombea, depresse pyra- midata, transversim leviter carinata ; umbone central, tuber- culato, vix prominente, obtuso. Armissan (commun). La forme cylindrique, arrondie à la base, atténuée au sommet, : de ce cône, assez fréquent dans les couches d'Armissan, le rap- LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 79 proche de ceux du Pinus sylvestris L., auquel il ressemble aussi par ses apophyses rhomboïdales, planes, à peine relevées en pyramide déprimée, lisses, faiblement carénées et marquées dans la partie centrale d’une protubérance tuberculeuse, obtuse, déprimée. On peut aussi comparer cette espèce au ?. Masso- niana Lamb.,'du Japon, dont les cônes sont cependant plus petits. Pinus TENUIS. (PI V, fig. 3.) P. strobilis statura parvulis, variantibus, nunc ovato-oblon- gis, nunc cylindricis subfusiformibus, breviter sursum altenuatis, peduneulatis; squamarum apophysi rhombea, latere superiore rotundato, convexiore; umbone centrali obtuse tuberculato, vix prominente, mutico. Pinus sp., Paul Gervais, Mém. de l’Acad. de Montpellier (sect. des sc.), t. V, pl. 10, fig. 3. Armissan (assez répandu). Les cônes de cette espèce varient beaucoup de dimension et d'apparence. Ordinairement petits, ils sont parfois réduits à de très-minimes proportions. Les deux exemplaires représentés sur la planche 5 reproduisent les deux formes les plus répan- dues. L'une (fig. 3 A) est ovoïde-allongée; l’autre (fig. 3 B), plus petite, plus étroite et plus cylindrique; dans toutes deux, les écailles, assez obliquement insérées, ont des apophyses rhom- boïdales arrondies le long de leur bord supérieur. La carène qui les traverse est recourbée en arc et les partage en deux moi- tiés inégalement saillantes, quoique cette différence de saillie ne soit pas très-sensible. La protubérance centrale est petite, en forme de losange, tuberculeuse, obtuse. Ces cônes, voisins de ceux qui constituent l'espèce précédente, en sont cependant dis- tincts, quoiqu’ils se rattachent au même type ; on peut les com- parer à ceux du Pinus sylvestris L., dont ils se rapprochent par leur forme et leurs principaux caractères. M. Paul Gervais est le premier qui les ait connus et figurés, mais sans leur imposer de nom. 80 GASTON DE SAPORTA. PINUS MICROCARPA. P. strobilis pedunculatis, minimis, ovato-oblongis, breviter acuminatis ; squamarum apophysi pyramidata, transversim acute carinata, margine superiore Convexiore, recurva ; umbone crasso, truncato, depresso. Armissan (rare). C'est un cône de très-petite dimension (à centimètres environ de longueur), muni d'un pédoncule grêle et recourbé; il rap- pelle par la forme de ses apophyses, comme par sa faible dimen- sion, le Pinus Salzmanni Dun. e, Semina sedis dubiæ. Pinus coripopTErA. (P1. II, fig. 10 et 14.) P. seminum nucula parva, ala late cultriformi, tenuissime striatula, basi sinuata. Armissan (assez répandu). La nucule est petite, surmontée d'une aile membraneuse finement striée, beaucoup plus large qu’elle, limitée d’un côté par une ligne droite, en forme de sabre large et court, de l’autre côté sinuée et échancrée à la base. On retrouve une forme analogue dans beaucoup de semences de Pins de la sec- tion Pseudo-Strobus, comme par exemple dans les Pinus devo- niana, oocarpa, etc. Il est donc probable que cette semence appartient à quelqu'une des espèces de cette section que nous venons de décrire. Pinus PLATYPTERA. (PI. IIL, fig. 9.) P. seminibus nucula ovata donatis, ala magna, lata, margi- nibus parallelis, basi apiceque oblique truncata superatis. Armissan. Les empreintes de cette semence se rencontrent fréquemment sur les dalles d'Armissan, en compagnie de feuilles de Pin tan LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 81 tôt géminées, tantôt ternées, en sorte que son attribution à une section déterminée demeure douteuse. Toutefois c’est avec celles de la section des Tæda (Pinus tuberculala, canariensis) et des Pinaster (Pinus halepensis, taurica) que l’on remarque le plus d'analogies. Pinus cyccortEra. (PI. IL, fig. 11.) P. seminum ala subobliqua, late elliptica, obtusata, nucleum triplo superante. | Pinus pseudo-Strobus, Brngt, Ann. sc. nat., XV, p. l6, pl. à, fig. 3, quoad semen. Armissan (assez répandu). La forme elliptique, arrondie, obtuse, légèrement oblique de l'aile semble dénoter une espèce de la section Tæda, dans laquelle on observe, plutôt que dans les autres, des semences analogues. Il est donc probable que celle-ci se rapporte à l’une des espèces à feuilles ternées dont nous avons décrit plus haut les feuilles ou les fruits. Pinus MECOPTERA. (PI. IS, fig. 5.) P. seminum ala bast nucleo parvo latiore, cæterum stricta, sensim attenuata, tenuissime striata, nucleum longe superante. Peyriac, au bord de l'étang du Doule (rare). La forme étroite, allongée et acuminée de cet organe le fait distinguer aisément des semences du Pinus leptophylla de la mème localité. Il dénoterait peut-être une espèce de la section Strobus, différente du P. echinostrobus d’Armissan par le con- tour de l'aile longuement et insensiblement atténuée de la base au sommet. Nous n'avons observé aucune empreinte de feuilles ou de fruit à laquelle cette semence püt être réunie. Pinus coxsimiis. (PI. IV, fig. 10.) P. seminum nucleo elliptico-obovato, obliquo ; ala brevi late eliptica, apice oblique truncato obtusa, nucleum triplo supe- rante. Armissan (rare). 5* série. Bor. T. IV. (Cahier n° 2) ? 6 82 GASEION DE SAPORTA. Semence qui, par la forme combinée de son aile et de sa nu- cule, se rapproche beaucoup de celles du Pinus canariensis. n. Amenta mascula. PINUS MEGALANTEA. (PL. IL, fig. 4.) P. amentis masculis cylindricis, maximis, basi sæpius ebrac- teatis ; axi squamarum antheriferarum insertionum cicatricibus tenuiter delineato; connectivo in discum margine scariosum, hinc inde fimbriatum antice producto. Armissan (assez commun). Ces organes ne sont pas rares à Armissan ; ils dépassent en grandeur la plupart des chatons mâles connus parmi les espèces de Pins du monde actuel. Leur longueur dépasse 8 centimètres dans certains exemplaires, et celui qui se trouve sur la planche 2 est Imcomplet à la base. Ils ont une forme cylindrique allongée, et paraissent constamment dépourvus de bractées à leur base, qui est sessile ; quelquefois cependant on en retrouve des traces, mais elles sont en désordre et comme près de se séparer. Il est _ difficile de dire à quelle espèce et même à quelle section ces chatons doivent être rapportés; le plus probable est qu’ils ont appartenu à une espèce de la section Pinaster, ceux du P. car- terophylla étant déjà fort gros. PINUS LONGIBRACTEATA. (PI. V, fig. 4.) P. amentis masculis breviter cylindricis, pedunculatis, basi bracteis oblongis obtusis involucratis. Armissan (assez répandu). Le chaton est bien plus court que dans l'espèce précédente, cylindrique, oblong, obtus, presque en massue. L’axe, dont l'épaisseur équivaut au tiers du diamètre de l'organe, est marqué des cicatrices d'insertion des écailles anthériferes. La base pé- donculée est entourée de plusieurs bractées allongées, lingui- ormes, servant d'involucre et contiguës. Il est impossible de dé- erminer l'espèce à laquelle doivent être rapportés ces organes. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 09 TAXINEÆ. PODOCARPUS L’Hérit. Popocarpus TAXITES Üng., Foss. Fl. von Sotzka, p. 29, tab. 2, fig. 17; Ettingsh., Z'ert. FT. von Hæring, p. 37, tab. 9, fig. 2. (PI. IV, fig. 8.) P, foliis subcoriaceis, breviter petiolatis, linearibus, basi attenuatis, apice obtusatis, marginibus leviter subtus revolutis ; nervo medio solo conspicuo. Armissan (très-rare) . Une feuille isolée, mais d’une très-belle conservation, présente le même type que le P. taxites signalé dans les flores de Sotzka et d'Hæring par MM. Unger et d'Ettingshausen. Notre feuille est cependant plus allongée que celle des auteurs allemands, mais elle présente une si grande analogie par la forme arrondie du sommet et la base atténuée sur un pétiole gros et court, qu'il est difficile de ne pas admettre pour elle une étroite affimté spécifique. = PODOCARPUS PEYRIACENSIS. (PI. IV, fig. 7.) P. foliis linearibus, elongatis, breviter obtuse acutis, basi in petiolum gracilem torsumque sensim attenuatis. Peyriac, au bord de l'étang du Doule (rare), C'est une feuille étroite et longue, linéaire-lancéolée, obtuse au sommet, atténuée à la base en un pétiole très-mince et un peu tordu. Ce Podocarpus, dont l'attribution générique ne saurait être douteuse, diffère du P. eocenica par une moindre largeur du limbe et par le sommet obtus, non mucroné, ainsi que par une consistance plutôt ferme que coriace. Il se rappro- cherait du P. gracilis que nous avons signalé précédemment dans la flore du gypse d’Aix (41). Toutefois les feuilles de ce dernier sont beaucoup plus allongées, acuminées au sommet et atténuées à la base sur un pétiole moins distinct. L'espèce de (1) Voy. Études sur la végét. tert,, 1, p. 64, et Ann. des sc. nat, 4 série, Bor., t. XVIT, p. 217, pl. 8, fig. 10, 81 GASTON DE SAPGR1IA, Peyriac reproduit le type du Podocarpus chilina Rich. sous des proportions plus étroites. Popocarpus TaxironMis. (PI IV, fig. 6.) P. ramulis alternis, rigidis, foliorum lapsorum pulvinulis decurrentibus longitudinaliter sulcatis; foliis coriaceis, parvulis, lineari-lanceolatis, subfalcatis, acute mucronulatis, basi obtuse attenuatis, breviter petiolatis, uninerviis. Armissan (assez rare). Un rameau entier, dont une petite partie est reproduite fig. 6 À, accompagné de ramifications alternes, roides, diver- gentes, atteste l'existence de cette curieuse espèce de Podocarpus. Les feuilles (fig. 6 B et 6 B”), éparses, détachées, quoique en- core voisines de Ja tige, occupent sans ordre la surface de la même pierre. Sans doute, l’action et le mouvement des eaux ont provoqué cette chute lorsque le rameau était déjà déposé au fond du lac. On pourrait confondre au premier coup d'œil cette empreinte avec celles du Sequoia Tournalii, mais 1l est facile de s’apercevoir que les feuilles (voyez fig. 6 B', où l’une d'elles est représentée grossie) ont une forme un peu différente, qu'elles sont subfalquées, plus roides, plus inégales à leur sur- face, qui est pointillée, et munies à la base d’un pétiole court et grêle, mais bien distinct. Ces feuilles étaient insérées sur des coussinets étroits, légère- ment saillants et longuement décurrents (fig. 6 A), dont les linéaments sillonnent les différentes parties de la tige. Cette ordonnance diffère de celle qui caractérise le Sequoia Tournalu, dont les feuilles simplement rétrécies-tordues à leur base sont continues avec elle; elle suffit pour faire reconnaître une Taxinée, et plus particulièrement un Podocarpus, puisque dans les Taxus, Cephalotaxus et Torreya, les ramifications, toujours opposées ou verticillées, sont accompagnées, à l’origine de chaque jet, d’une garniture de bractéoles pressées, circonstance que l’on n'ob- serve pas dans notre empreinte fossile. | L'aspect des feuilles, leur base, leur terminaison, leur con- LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 89 tour un peu en faux dénotent également un Podocarpus. L'affi- nité n’est pas moins évidente lorsqu'on rapproche notre espèce des formes correspondantes de l’ordre actuel; elle ressemble d'une manière frappante à plusieurs espèces de la Nouvelle- Hollande, parmi lesquelles nous citerons les Podocarpus lœta Hombr. et spinulosa R. Br., mais plus particulièrement le pre- mier. MONOCOTYLEDONE Æ. La pauvreté des Monocotylédones est encore plus saillante dans la flore d'Armissan que dans celle de Saint-Jean-de-Gar- guier et des autres localités tertiaires du bassin de Marseille. Ici la profusion et la grandeur inusitée des exemplaires appar- tenant aux autres classes rendent cette rareté encore plus sen- sible. Les Palmiers eux-mêmes font défaut; ils sont remplacés, il est vrai, par un Dracæna qui, joint à de fréquentes Smilacées, prouve que les Monocotylédones frutescentes étaient moins clair-semées que les aquatiques. On peut dire toutefois que l’ab- sence à peu près complète des Graminées, des Cypéracées, et la présence restreinte des Typhacées dans une localité aussi riche, au milieu de l'abondance des Nymphéacées, sur les bords d’un lac que tout dénote avoir été entouré de la végétation la plus fraiche, demeure un fait fort singulier et encore inexpliqué. GRAMINEÆ. ARUNDINITES Sap. ARUNDINITES GRACILIS. À. cauhbus cylindricis, leviter striatis, fistulosis, nodoso-arti- culatis. Armissan (rare). La présence d’une tige grêle, élancée, fistuleuse, munie de nœuds de distance en distance, finement striée longitudinale- ment, dénote la présence, à Armissan, d’une Graminée cau- 86 GASTON DE SAPORTA, lescente analogue aux Arundo et aux Bambusées actuels, ainsi qu'au Phragmites æningensis décrit par M. Heer. ASPARAGINEÆ. DRACÆNITES Sap. DRACÆNITES NARBONENSIS. (PI, V, fig. 5.) D. stipite arboreo, ramis foliatis cylindricis, 4 decim. circiter crassis, epidermide leviter rugoso vestitis, folorum cicatrici- bus transversim tenuissime notatis. — Folus planis, prælongis (4°,50 circiter), lato-lmearibus (4 centim. latis), margine inte- gerrimis, subtiliter nervosis, nervo medio destitutis, basi sensin dilatata semiamplexicaulibus. Dracæna narbonensis, Paul Gervais, Mém. de l'Acad. de Montpellier (sect. des sciences), t. V, p. 314, pl. 2, fig. 3. Armissan. M. Paul Gervais a signalé le premier l'existence de cette belle espèce en décrivant une empreinte curieuse qu'il avait recueillie à Armissan. La figure qu'il en a donnée, incomplète sous plusieurs rapports et réduite à 1/8° de sa grandeur natu- relle, ne saurait en donner une idée exacte. Les feuilles, dans cette figure, semblent se confondre en une masse confuse sur le côté d'une saillie cylindrique, tandis qu'en réalité, quoique repliées sur quelques points et couchées les unes sur les autres, elles partent toutes en divergeant du bourrelet central qui marque la place de l’ancienne tige. De plus, une ligne semble indiquer sur chaque feuille la trace d’une côte médiane, tandis qu'elles en sont dépourvues, ainsi que celles du D. Draco, leur plus proche analogue dans le monde actuel. Sans vouloir préciser tous les détails de cette grande em- preinte, il nous paraît évident que le bourrelet central et cylin- drique, dépourvu de toute trace d'organisation intérieure, repré- sente l’intérieur d’un tronçon évidé de l’ancienne tige, rempli de sédiment par suite de son séjour au fond de l’eau. Entre ce bourrelet et la surface de la dalle, on remarque un étroit sillon LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 87 circulaire, qui correspond à l'anneau cylindrique formé par les parties extérieures et tégumentaires, réduites par la macération et comprimées par le poids des couches. Par toutes ces raisons, après le détachement des particules carbonisées, on observe des fragments d'empreintes de l’an- cienne surface épidermique sur divers points des parois du bourrelet central, contre lequel elles paraissent appliquées comme elles le seraient sur la véritable tige, si elle fût restée en place. C'est là un effet de surmoulage qui s’est produit aussi pour les rhizomes fossiles de Nymphæa ; puisque ces organes offrent ordinairement toute l'apparence extérieure et la saillie des anciens organes, quoique l'intérieur ne diffère en rien du reste de la roche qui les renferme. La surface épidermique du Dracænites narbonensis n’a pas l'aspect raboteux et mamelonné que nous a présenté le Dr. se- pultus dela flore d'Aix; elle est parsemée de rugosités fines, et porte la trace de l'insertion des feuilles indiquée par des linéa- ments transverses très-déliés. Sous ce rapport, cette espèce se rapproche beaucoup plus du Dracæna Draco L. que les précé- dentes. Quant aux feuilles, elles étaient d’une longueur totale de 1°,50 sur une largeur maximum de L centimètres. Elles étaient parfaitement entières sur les bords, largement linéaires, insen- siblement atténuées vers le sommet, glabres, lisses et pourvues de nervures longitudinales fines et assez égales, sans aucune trace de côte médiane, ainsi que nous avons pu nous en assurer par l’examen répété de la grande empreinte en question. Une feuille isolée faisant partie de notre collection reproduit fidèlement tous ces caractères. L'absence de terminaison supé- ricure empêche de juger de sa longueur; mais sa plus grande largeur est de 4 centimètres, comme M. Gervais le marque pour les siennes. La figure 5, pl. V, représente cette feuille réduite à 1/3 de sa grandeur naturelle. Elle est entière sur une longueur de 50 centimètres, et dans cette étendue, excepté vers la base, elle conserve une largeur constante de 4 centimètres. L'aspect lisse et glabre est tout à fait celui des feuilles du Dracæna DracoL. ; C8 GASTON DE SAPORTA. mais celles ci affectent une forme en glaive, remplacée ici par des bords parfaitement parallèles, sans rétrécissement apparent vers le côté inférieur. À un décimètre environ de la base, le limbe s’élargit, d’abord insensiblement, puis d’une manière plus accentuée, et enfin il dessine une courbe légère qui rentre un peu sur elle-même en approchant de la ligne d'insertion, dont l'étendue mesure 10 à 12 centimètres. Le tissu foliacé est irré- gulièrement fendu dans cette direction; mais on voit qu’en admettant pour la tige, à l'endroit où elle portait des feuilles, un diamètre de 1 décimètre environ, chaque feuille embrassait à sa base plus d’un tiers de la circonférence. SMILACEZÆ. SMILAX Tournef. SMILAX HASTATA Brngt. S. foliis hastato-cordatis, acumimatis, integerrimis, quinque- nerviis, nervo medio recto secundariis basi et apice curvatis vix validiore, nervis tertiarus reticulatis. … Smilacites hastata Brngt, Prodrome, p. 128 et 214 ; Ann. sc. nat.,t. XV, p. 45, pl. à, fig. 8. Armissan (très-rare). Cette espèce, décrite et figurée 1l y a plus de trente ans par M. À. Brongniart, n'a plus été rencontrée, à notre connaissance au moins, dans les couches d’Armissan. SMILAX APPENDICULATA. S. folis sagittato-auriculatis, lobislonge productis, obtusatis, divaricatis, medio subspathulato obtuso, nervis utrinque 2, exterioribus valde curvatis. Armissan (rare). Espèce très-remarquable par l'extension de ses lobes latéraux, auriculés, divergents et obtus. La feuille se prolonge en un lobe médian légèrement rétréci inférieurement, un peu élargi LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 89 en spatule, obtus ou même arrondi à l'extrémité supérieure. Les nervures sont au nombre de cmq. La médiane est assez fortement marquée, les intermédiaires sont bien visibles ; les extérieures, plus fines, longent le bord, se recourbent fortement et pénètrent jusque dans les lobes. La texture du tissu foliacé était évidemment coriace, la longueur du limbe de 6 à 8 centimëtres, Cette forme nous paraît très-voisine du S. auriculata Ung., assez répandu à OEningen (1); toutefois les lobes de l'espèce suisse sont moins arrondis, moins divariqués, et les nervures plus nombreuses et autrement disposées. La figure donnée en premier lieu par Unger, dans le Chloris protogea (tab. 40, fig. 4), s'éloigne tout à fait de nos empreintes. SMILAX ASPERULA. (PI. V, fig. 6.) S. foliis subcoriaceis, ovato-lanceolatis, deltoideis, breviter acuminatis, basi emargimato-cordatis, margine tenuiter spmosis, trinerviis ; nervis lateralibus curvatis extus ramosis, ad apicem reticulatis ; tertiariis VIX COnspicuis. Armissan (très-rare). Espèce bien différente des précédentes ; elle s’en éloigne par ses nervures au nombre de trois seulement, et par sa forme ovale-lancéolée, subdeltoïde, finement acuminée au sommet, émarginée, cordiforme, mais non auriculée à la base. L'exem- plaire reproduit planche V, fig. 6, est unique, mais sa conserva- tion laisse peu à désirer, La texture paraît avoir été coriace, la surface lisse et glabre ; on distingue de petites dents épineuses le long des bords. L’espèce vivante la plus voisine paraît être le Snalaz rotundifolia Michx, de l'Amérique septentrionale. NAIADEÆ. POTAMOGETON L. POTAMOGETON EQUISETIFORMIS. (PI. IV, fig. 13.) P. cauhibus simpliciusculis, submersis ; foliis confertis, lineari- (1) Voy. Heer, F2. tert, Helv., I, tab. 30, fig. 7. 90 GASTON DE SAPORTA, bus, planis, elongatis, membranaceis, trinerviis, sessilibus, alternis ; stipulis connatis, vagimantibus, a folio distinctis. ‘ Armissan (assez rare). Les caractères d’un véritable Potamogeton se trouvent réunis dans les empreintes qui servent de fondement à cette espèce. Ce sont des tiges flexibles, probablement submergées, dénudées inférieurement, mais conservant les traces de stipules vaginales très-rapprochées, et en partie lacérées. La portion supérieure est garnie de feuilles planes, étroitement linéaires, de consistance très-membraneuse, et probablement transparentes. Ces feuilles sont parcourues par trois nervures longitudinales assez espacées et très-fines; elles sont sessiles, alternes, insérées sur la tige à des intervalles très-rapprochés, accompagnées de stipules sou- dées en forme de gaînes, mais distinctes des feuilles, et recou- vrant la tige d’une membrane en grande partie lacérée dans l'espace assez court qui s'étend d'une feuille à l’autre. Cette espèce, dont les feuilles sont rapprochées comme dans le Pota- mogeton densus L., se rattache par la forme de ces organes à la section Graminifolia Kunth, mais elle est bien distincte de tous les Potamogeton avec lesquels 1l nous a été donné de la com- parer. TYPHACEÆ. SPARGANIUM Tournef. SPARGANIUM VALDENSE Heer, #2, tert. Helv., 1, p. 100, tab. 45, fig. 6 et 8, et tab. 46, fig. 6, 7. S.i foliis lato-linearibus, tenuissime multinerviis, nervis lon- gitudinalibus 26-30, interstitialibus 1-3 transversis subtilissimis, costa media nulla. Armissan (très-rare). Fragment de feuilles conforme aux exemplaires recueillis en Suisse et à ceux de Saint-Zacharie. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 91 SPARGANIUM STyYGIUM Heer, #2, tert, Helv., X, p. 101, tab. 45, fig. 1. S. foliis longe linearibus, nervis longitudinalibus 9-11, septis transversim conjunctis, intersütialibus 1 vel nullis. Armissan (assez rare). Il existe dans notre collection un bel exemplaire de cette espèce, qui reparaît successivement dans toutes les flores du sud- est de la France. Il présente deux feuilles dressées, assez peu distantes l’une de l’autre, longues de plus de 70 centimètres, terminées en pointe au sommet et longuement conniventes à la base ; elles paraissent emboîtées l’une dans l’autre, et doivent se rapporter à une plante encore jeune, dont les parties caulinaires ne seraient pas développées. DICOTYLEDONEÆ. Les Dicotylédones d’Armissan, considérées dans leur ensemble, offrent une ampleur de feuillage qui les distingue au premier coup d'œil de celles des flores antérieures du sud-est de la France, pour les rapprocher bien davantage des végétaux correspon- dants de l'ordre actuel. Ce mouvement est trop sensible pour n'être pas réel ; 1l tent à des causes qu'il est difficile d'apprécier, mais qu'il serait plus difficile encore de vouloir réduire aux pro- portions d’un simple accident local. Si l’on compare Hæring, dépôt du mème âge que Saint-Jean-de-Garguier, à Radoboj, qui ne s éloigne pas sensiblement de l'horizon d’Armissan, on con- state le même phénomène ; en sorte que nous serions portés à y reconnaitre un caractère de généralité qui ne pourrait alors trouver sa raison d'être que dans une influence de température, de climat ou d'ordre différent des saisons, dont il n’est pas pos- sible de pénétrer le secret, placés comme nous le sommes à une si grande distance du phénomène. APETALÆ. Les Apétales jouent un grand rôle dans la végétation d’Armis- 99 GASTON DE SAPORTA. san; elles dominent encore plus par l’importance que par le nombre réel de leurs espèces, inférieur à celui des Dialypétales. Ces végétaux ont bien changé d'aspect, si l’on se reporte un peu plus haut dans le passé. Le mouvement de déclin, qui, depuis l'étage du gypse d'Aix, tendait à amoindrir les Protéacées, est maintenant presque achevé. Cette famille se trouve réduite à des proportions insignifiantes, mais à côté d’elle se sont élevées les Myricées, dont l'importance est considérable et les formes très- variées. En effet, plusieurs des genres, que l’on s’était habitué à regarder comme appartenant aux Protéacées, devront être réunis à la famille des Myricées, que l’on peut considérer comme parvenue à son apogée. Les Bétulacées, les Cupulifères, les Ulmacées, continuent à grandir en importance et à se multiplier ; les Salicinées développent des formes de plus en plus nom- breuses et de plus en plus accentuées ; enfin les Laurinées pren- nent l'essor : elles sont représentées par des espèces plus nom- breuses, plus saillantes que dans aucun autre temps et différant peu de celles qui caractérisent la mollasse suisse. MYRICEÆ. L'époque d’Armissan est celle du plus grand développement des Myricées ; noñ-seulement les formes sont nombreuses, mais elles affectent une ampleur et une variété qu'on n’observe à un si haut degré dans aucun autre temps. Les Myricées actuelles se trouvent dispersées dans les deux hémisphères, mais elles ne sont multipliées nulle part. La presque totalité forme le genre Myrica de Linné. Le Comptonia aspleniifolia Banks constitue à lui seul un type isolé, donnant lieu à une section distincte ou mème à un genre, selon quelques auteurs ; mais à l’époque ter- taire, tout un groupe se rattachait au type du Comptonia, et présentait une longue série de formes reliées par une physiono- mie commune. Nous rangerons encore parmi les Myricées un autre groupe composé d'espèces remarquables, jusqu’à présent désignées sous le nom générique de Dryandroides, quoique plu- sieurs d'entre elles aient été signalées en premier lieu comme étant de vrais Myrica par M. Unger. Le réseau fin et serré de } | | | | | | | | | | | LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 93 leur nervation ramifiée à petites mailles les a fait ranger parmi les Protéacées dont elles paraissaient reproduire les caractères, mais les détails en étaient peu saisissables dans les exemplaires de Suisse et d'Allemagne ; ceux du midi de la France, au con- traire, ne laissent rien à désirer sous ce rapport. Leur examen fait entrevoir clairement dans ces feuilles une affinité trop étroite avec les Myrica, surtout avec les espèces à feuilles coriaces et à tissu ferme et serré, comme celui que nous offrent les Myrica Burmanni Mey., macrophylla Don, salicifolia Hochst., pour ne pas admettre l'assimilation générique. Enfiu, la découverte ré- cente des chatons mäles et des fruits de quelques-unes de ces espèces est venue confirmer pleinement cette opinion, qui nous paraît devoir être adoptée comme définitive. MYRICA L. æ. COMPTONIA, Banks. Myrica (ComPpronta) MATBERONIANA. (PI. V, fig. 7.) M. foliis magnis, petiolatis, subcoriaceis, lato-linearibus, pinnatipartitis, basin versus inciso-pinnatifidis, lobis alternis et oppositis, obtusissimis, latere superiore recte incisis, latere exteriore rotundatis, interdum dentatis, obtusissime subfalcatis ; nervo primario valido, secundariis angulo recto emissis, tenui- bus, in pinnula qualibet 2-4-ramoso-anastomosantibus, venulis oblique anguloso-flexuosis interpositis, in rete subtilissimum demum solutis. Armissan (très-rare), On pourrait signaler une assez grande analogie de forme entre cette superbe espèce et plusieurs Banksia, tels que les Banksia grandis R. Br., repens R. Br., etc.; mais le dessin de la nervation et le mode d'incisure des lobes indiquent bien plus naturellement un Comptonia, qui diffère beaucoup, 1l est vrai, non-seulement de l'unique espèce actuelle, mais encore de toutes celles qui ont été signalées à l’état fossile. Il se rapproche par sa grande dimension du Comptonia grandifolia Ung. (1), de Rado- (1) Unger, Foss, Fi, von Sotzka, tab. 8, fig. 4. O4 GASTON DE SAPORTA, boj, et encore mieux du C. laciniata Ung. (1) de la même localité, chez lequel les lobes, moins profondément découpés, affectent une disposition similaire. Notre espèce (fig. 7) se distingue de tous deux par ses pinnules divisées jusqu’au contact de la nervure médiane, largement subfalciformes, très-obtuses, arrondies sur leur côté extérieur, quelquefois entières, plus souvent pourvues de dents peu prononcées, irrégulièrement disposées, mais bien distinctes. Ces lobes deviennent confluents ou moins profondé- ment divisés vers la base, qui est progressivement atténuée sur le pétiole ; ils sont alternes dans cette partie, mais régulièrement opposés vers le haut. La nervation, bien visible, se compose de deux, trois et jusqu'à quatre nervures secondaires à peine plus saillantes que les autres, partant à angle droit, rameuses-anasto- mosées, aboutissant aux dentelures, le plus souvent à l’aide de ramifications indirectes ; les tertiaires flexueuses , ramifiées-an- guleuses, forment dans l'intervalle un réseau à veines obliques, très-fin et trèes-compliqué, dont la figure 7 A reproduit exacte- ment la disposition. Il estfacile d’y reconnaître un rapport frap- pant, soit avec la nervation du Compionia asplentifolia, soit avec celle du Myrica (Dryandroides) lævigata Heer, dont cette belle espèce reproduit l'aspect glabre et la consistance ferme. Nous la dédions à notre ami M. Matheron, comme un souvenir de nos recherches communes. Myrica (COMPTONIA) DRYANDRÆFOLIA Brngt, Ann. $c. nat, t, XV, p. 49, pl. 3, fig. 7. (PL. V, fig. 8.) M. foliis breviter petiolatis, coriaceis, rigidis, elongato-lineari- bus, pinnatipartitis, segmentis subfalcatis, contiguis, brevissime acuminatis vel obtusiusculis, plerumque binerviis. — Fructibus in amenta globosa vel capitula sessilia dense congestis, brac- teatis ; bracteis peltatis, concavis, margine scarioso fimbriatis, nuculas foventibus; nuculis parvulis, subcompressis, ovato- ellipticis, lævibus, apice attenuatis, stigmatibus 2 tenuiter fili- formibus pleramque divaricatis persistentibus superatis ; brac- teis cum fructibus ad maturitatem caducis. (A) Foss. F{, von Sotzka, tab, 8, fig. 2. | LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 95 Aspleniopteris Schrankii Sternb., Fers., I, p. 22, tab. 21, fig. 2, — Dryandra Brongniartii Ettingsh., Prol. der Vorwelt, p. 26, tab. 8, fig. 1-8 ; Foss. F1, von Hæring, p. 55, tab. 19, fig. 1-26; F1. des Monte Promina, p. 18, tab. 14, fig. 5, 6. — Dryandra Schranki Heer, FI. tert. Helv., IT, p. 96, tab. 98, fig. 20, et tab. 153, fig. 15, 16. Armissan (répandu dans toutes les couches). Les feuilles (fig. 8 A et 8 B) ne différent de celles du bassin de Marseille que par des proportions en général un peu plus fortes ; les lobes paraissent aussi plus développés et plus pointus ; mais ces divergences très-minimes n’altèrent pas l'unité de l'espèce. Il n'existe non plus aucune incertitude touchant son identité avec les exemplaires d'Hæring et de monte Promina, ni avec ceux de la mollasse suisse, qu’on s’est accordé généralement à ranger sous la même dénomination spécifique que les nôtres. Il existe à Armissan des rameaux entiers de Comptonia dryandræ- folia, entre autres un échantillon magnifique recueilli par M. Paul Gervais, et placé par lui dans le musée de la Faculté des sciences de Montpellier. Un rameau plus petit que nous avons sous les yeux présente les caractères suivants : Les tiges parais- sent unies, mais très-légèrement scabres, ou plutôt sillonnées de rugosités très-fines à leur surface. L'insertion des feuilles dispo- sées dans un ordre spiral, mais très-rapprochées, donne lieu à des cicatrices arrondies, peu saillantes, qui dessinent de petits cercles à la surface des tiges, même âgées de plusieurs années. Cette même apparence se retrouve dans beaucoup de Protéacées, auxquelles des rameaux de notre Comptonia ressemblent d’au- tant plus qu'ils se divisent ordinairement à l’aide de ramifications opposées, ainsi qu'on l’observe dans plusieurs Banksia. Toutefois il est juste de remarquer aussi que la même ordonnance existe dans les Myricées, et que les rameaux du M. cerifera L. en par- ticulier nous ont paru exactement pareils à ceux de l'espèce fossile, soit par le mode de ramification, soit par la forme des cicatrices d'insertion des feuilles. Nous avons, au reste, déjà fait ressortir cette analogie des deux groupes dans ce qui touche aux organes de la végétation. 96 GASTON DE SAPORTA. L'intérêt qui s'attache au Complonia d’Armissan est encore augmenté par la présence, à côté des feuilles, d'un très-grand nombre de fruits, encore en partie agrégés en glomérules, qu'on est en droit de leur attribuer. En effet, ces fruits couvrent de leurs débris épars la surface d’une dalle qui mesure une éten- due de 0°,50 carrés, et que recouvrent en mème temps un grand nombre de feuilles accumulées. Il paraitrait qu’une branche en- tière de Comptonia dryandræfoha aurait été entraînée jusque dans le lac, toute couverte de feuilles et de fruits, et que là, par suite de l’action des eaux, les feuilles détachées du rameau, et mêlées aux glomérules en partie désagrégés, auraient été enfin englou- ties de manière à venir s'étendre à la surface du sédiment en voie de formation. Nous ne saurions douter, à raison de l’abondance des deux sortes d'organes, de leur mélange et de l’affinité com- mune qu'ils présentent, qu'il ne s'agisse ici d’une seule et même espèce. Il nous reste à démontrer l’affinité de ces fruits avec ceux des Comptonia, et pour cela nous jetterons un coup d'œil d’en- semble sur le mode de frucüfication propre au groupe des Myricées. En dehors des caractères essentiels, comme les fleurs constam- ment dichines, apétales et asépales, l'ovaire uniloculaire, uni- ovulé, à style très-court, surmonté de deux stigmates distincts, l'ovule dressé, attaché au fond de la loge, l'absence de péri- sperme, les autres caractères sont sujets à varier, de mamière à motiver la création de plusieurs sections dans les limites même du genre Myrica qui les comprend toutes. Sans parler des espèces qui ne sont qu'imparfaitement connues, les Wyrica Gale, cerifera, pensylvanica, F'aya et asplenufoha, tout en se rattachant au même groupe, donnent lieu à autant de types de fructification, distincts par l'ordonnance, l'avortement ou la soudure des organes accessoires qui l’accompagnent. Dans le Myrica Gale L., l'ovaire, situé à l’asselle d’une brac- tée courte et persistante, estaccompagné de deux autres bractées latérales, creuses, conniventes par la base, accrescentes et con- glutinées avec le fruit, qui paraît comme trilobé au sommet, à cause de cette circonstance. Dans les Myrica cerifera et pensyl- LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE. 97 vanica Lam. (1), la bractée qui accompagne l'ovaire est caduque après la fécondation, ainsi que les deux bractées latérales, qui ne sont point accrescentes. Dans le M. Faya (Faya frägifera Webb), les fleurs femelles sont agrégées en glomérules formés de brac- téoles hypogynes, serrées, conglutmées ; le fruit devient syn- carpé, c'est-à-dire composé de plusieurs drupes, les unes fertiles, les autres avortées, soudées en un fruit faussement pluri- locularre. Cette organisation nous amène à celle des Compionia, dont les fleurs femelles sont réunies en glomérules, situées à l’aisselle d’une bractée hypogvne, et accompagnées de deux bractéoles latérales ; mais 1c1 les bractées hypogynes deviennent prompte- ment caduques ; les ovaires changés en nucléoles lisses, sur- montées par les stigmates filiformes et persistants, demeurent distincts dans le fruit, et sont accompagnés par les bractéoles développées en un mvolucre multifide (2). Ces capitules globu- leux et hérissés de longues pointes molles ont avec les glo- mérules des Liquidambar une certaine analogie d'aspect, qui avait fait donner autrefois par Linné, à cet arbuste, le nom de Liquidambar peregrinum. L'inflorescence de l'espèce fossile est évidemment conforme au type que nous venons de décrire par la plupart de ses carac- tères. Elle présente des chatons globuleux (fig. 8 D,8E, 8 F) disposés de plusieurs façons, complets ou en partie désagrégés, ordinairement aplatis, de manière à montrer les fruits et les bractées qui les entourent, occupant autour d'un axe central _ leur position naturelle. A côté de ces organes composés, on dé- | couvre des fruits (fig. 8 I) et des bractées isolées : ceux-là très- nombreux ; les secondes (fig. 8 G, et 8 H) plus rares et peu dis- | tnctes, sans doute à cause de leur consistance scarieuse. | Les chatons, de forme globuleuse, sont sessiles et petits, puis- | qu'ils ne mesurent qu’un diamètre de 6 à 8 millimètres. On dis- tingue vers le centre de la plupart d’entre eux un axe sans doute (4) Spach, Suites à Buffon, t. XI, p. 261. (2) 1bid., p. 264. | | | | | | 9€ série. Bor. T. IV. (Cahier n° 2.)3 7 | 98 GASTON DE SAPORTA. très-court, autour duquel sont disposés les fruits et les bractées, ainsi qu'on peut le voir par les figures 8 D, 8E, 8 F, grossies en D', E/, F'. Chaque chaton contenait sept ou huit fruits, dix au plus. Ces fruits étaient accompagnés de bractées, dont il est diffi- cile de saisir la forme lorsqu'elles sont réunies, la finesse de leur tissu et leur superposition s opposant à ce qu’on aperçoive nette- ment leur contour. Cependant la ligne sinueuse qui dessine la circonférence des chatons, observée dans un grand nombre d'exemplaires, fait bien voir que ces chatons n'étaient pas com- posés, comine ceux des Compionia actuels, de bractéoles en forme de pointes molles et rayonnantes (voyez, fig. 8 «, un glo- mérule de Comptonia aspleniifolia, représenté pour servir de terme de comparaison), mais de bractées plus ou moins larges, entières ou légèrement fimbriées sur les bords, non incisées, ni encore moins laciniées, On peut trouver une confirmation de cette conjecture dans l'empreinte reproduite figure 8 C, qui re- présente peut-être un glomérule moins avancé que les autres vers la maturité, couché sur le côté, et garni de bractées larges et courtes, obtuses, et régulièrement imbriquées ; il est vrai que, par l'agencement et la forme des écailles, cet organe res- semble aux chatons mâles du Comptonia asplentfolia, mais ceux-ci affectent une forme cylindrique allongée, tandis que l'empreinte fossile est arrondie comme les chatons femelles. Cependant 1l ne serait pas impossible, malgré cette conformité, que nous eussions sous les yeux un chaton mâle de l'espèce ter- tiaire ; puisque dans le Comptonia actuel les individus sont mo- noïques, et que, selon M. Spach (1), les chatons mâles paraissent dans l'été qui précède leur floraison, qui a lieu au premier prin- temps. Quoi qu'il en soit, la forme des bractées est encore visible dans les échantillons isolés que l’on observe çà et là, et qui sont rarement intacts, il est vrai. | Les figures 8 G et 8 H reproduisent trois de ces organes choisis parmi les mieux conservés, et les figures 8 G/ et 8H'les donnent grossis. On reconnaît qu'ils constituent une sorte d’in- (4) Spach, Suites à Bujjon, 1. XI, p. 265. PS RS nn D PA taere d — — LE SUD—EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 99 voluere en forme de disque concave, scarieux et festonné vers les bords, ombiliqué vers le centre, au point où était sans doute situé le fruit, qui se trouvait ainsi enveloppé par cet organe. Il est donc probable que les fruits du Comptonia dryandræfolia, comme ceux de l'espèce moderne, étaient accompagnés d’un mvolucre accrescent, peut-être provenant de deux bractéoles originaire- ment distinctes, mais bien différent de l'appareil multifide à divisions linéaires, acuminées, qui protége les nucules du Comptonia asplenufolia. Les fruits, que les figures 8 I et 8 l montrent avec leur dimension naturelle et grossie, étaient petits, ovales, atténués au sommet, tandis que ceux du Complonia actuel sont large- ment ovales-arrondis, obtus. Les stigmates qui les surmontent sont filiformes, très-fins, plus longs que les fruits, plus ou moins dressés et flexueux ; ils sont le plus souvent réduits à un seul, mais les figures de la planche 5 reproduisent les rares empreintes où la trace des deux stigmates s’est trouvée le plus visible. Les nucules sont lisses, faiblement striées, quelquefois légèrement carénées. Les figures 8 x, 8 «', 8 «"et x" représentent un glomérule et des fruits du Comptonia aspleniifolia comme termes de comparaison. L'un de ces fruits (fig. 8 «') est isolé du chaton et garni, d'un côté seulement, de ses bractéoles laciniées ; la figure 8 4! le donne grossi. L'autre fruit (fig. &") est entouré de bractéoles de toutes parts; tous les deux sont terminés par des stigmates persistants, filiformes et divariqués, plus décombants que ceux des fruits fossiles. L'espèce d'Armissan était sans doute de taille plus élevée que le Comptonia aspleniifoha, qui, selon M. Spach, constitue seulement un arbuste de 2 à 4 pieds. Celui-ci croît aux États-Unis, depuis la Géorgie jusqu'à New-York (1) ; il est recherché à cause de l'élégance et de la singularité de son feuillage, mais il est très-délicat, exige la terre de bruyère et réussit très-rarement en Europe. (4) Spach, Suites à Bufjon, t. XI, p. 265 et 266. 100 GASTON DE SAPORITA. B. MYRICA, L. MyricCA (DRYANDROIDES) LÆVIGATA Heer, Æ{. tert. Helv., HI, p. 101, tab. 9, fig. 5-8. M. foliüs magnis, subcoriaceis, petiolatis vel late linearibus, utrinque attenuatis, margine dentato-sinuatis ; nervo primario valido, secundaris obliquis, areolatis, tertiariis subtlibus, im rete flexuosum, tenuissimum, demum solutis. Armissan (assez commun). Ces feuilles sont en général plus larges et plus grandes que celles qui ont été figurées par M. Heer. Elles sont plus régulière- ment lancéolées, festonnées, sinuées et dentées sur les bords. Elles appartiennent pourtant à la même espèce, selon toute pro- habilité. Leur consistance est ferme, sinon coriace. Les nervures secondaires, qui partent à angle droit, sont réunies le long des bords par des arcs surbaissés, de manière à former de larges aréoles, où les veines tertiaires viennent se ramifier en suivant une direction obliquement sinueuse par rapport aux secondaires; elles donnent lieu à un réseau trés-fin qui n’est pas toujours visible. Ces feuilles étaient glabres ; elles dépassaient en dimen- -sion toutes celles des Myricées actuelles, mais elles montrent beaucoup d'analogie de forme et de nervation avec le Myrica cerifera. Myrica (DRYANDROIDES) HAKEÆFOLIA Unger, Foss. FT, von Sotzka, p. 39, tab. 20, fig. 1-9; Ettingshausen, Foss. ÆT. von Hering, p. 56, t. 20, fig. 1-2 ; Heer, F7. tert. Helv., IT, p. 100, tab. 98, fig. 1-13, tab. 99, fig. 4-8. M. foliis subcoriaceis, longe petiolatis, lanceolatis v. lineari- lanceolatis, in petiolum attenuatis, apice acuminatis, dentatis, dentibus acutis vel integriusculis; nervis secundariis obliquis, areolatis, tertiarus oblique reticulatis, sæpius parum conspi- cuis. — Fructibus? globulosis, extus papilloso-muricatis, secus rachim sessilibus, solitariis appensis, discretis. Armissan (assez répandu). — Peyriac, au bord de l'étang du Doule. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. AO Cette espèce, déjà signalée dans plusieurs dépôts contempo- rains de celui d’Armissan, en Suisse et en Allemagne, est au nombre des plus répandues parmi celles de l’époque tertiaire. Elle se distingue de la précédente par ses feuilles de forme plus étroitement lancéolée, par le pétiole plus long, les dents plus aiguës et surtout par le sommet acuminé ; leur nervation est beaucoup plus fine et la plupart du temps imdistincte. Ces feuilles paraissent avoir été glabres, et dépassent, par leur taille, toutes celles des Myricées actuelles. L'espèce vivante la plus analogue serait le Myrica macrocarpa H. B., du Pérou. Un bel exem- plaire trouvé à Armissan , et que nous avons sous les yeux, présente plusieurs feuilles du M. hakeæfolia éparses dans le plus grand désordre (voyez fig. 9 À, une de ces feuilles reproduite isolément), les unes dentées, les autres entières, toutes longue- ment pétiolées; mais ce qui ajoute à l'intérêt de ces empreintes, c’est la présence d'un certain nombre de fruits, les uns isolés, les autres encore attachés au rachis, ainsi que le fait voir la figure 9 B. Ces fruits sont assez mal conservés, et pourtant, malgré le vague de certams détails, 1l est impossible de mécon- naître leur affinité avec ceux des Myrica proprement dits. Leur forme est globuleuse ; 1ls sont couverts extérieurement d'écailles, de papilles ou d’inégalités qui leur donnent un aspect muriqué. Deux de ces fruits adhèrent encore à un rachis, le long duquel. ils sont attachés, chacun d’un côté différent, assez distants l’un de l’autre et sessiles. Nous avons essayé de rendre, par un des- sin grossi (fig. 9 B’ et 9 B'), l’aspect de deux de ces fruits, l’un, B", assez confus, l’autre, B', beaucoup plus distinct et montrant bien la forme des inégalités qui parsèment la surface. Il est certain que les fruits du Myrica cerifera Lam. ressemblent à ceux-Ci, soit par leur forme, soit par les points verruqueux qui les recouvrent, et qui proviennent de tubercules d’abord charnus, puis remplis de cire. Les fruits agrégés en syncarpes du Myrica Faya sont également revêtus de papilles accrescentes, serrées, qui couvrent toute leur surface. Ces fruits sont ébrac- téolés comme ceux de l'espèce fossile. 102 GASTON DE SAPORTA. MyricA (DRYANDROIDES) LIGNITUM. (PI. V, fig. 40.) M. foliis coriaceis, lanceolatis vel lanceolato-linearibus, basi in petiolum longe sensim attenuatis, apice acuminatis, dentatis vel integerrimis; nervis secundariis manifestis valde obliquis areolatis, tertiaruis prominulis, in rete subtiliter venosum solu- tis. — Amentis masculis 1 centim. longis, cylindricis, obtusis, e squamis adpresse imbricatis conflatis. Quercus lignitum Ung., Chl. protog., p: 143, tab. 31, fig. 5-7; Lconogr. pl. foss., p. 34, tab. 17, fig, 1-7.— Dryandroides ligni- tum Ettingsh., Proteaceen der Vorwelt, p. 33, tab. 5, fig. 8-5 : Heer, F1. tert. Helv., IT, p. 101, tab. 99, fig. 9-15. Armissan. — Peyriac. Les feuilles de cette espèce, naturellement très-polymorphe, se confondraient aisément avec celles de la précédente, si leur nervation plus visible, formant un réseau plus saillant sur l’une et l’autre face, ne fournissait un caractère différentiel que M. Heer a fait ressortir le premier et qui résulte aussi de l’exa- men des empreintes d’'Armissan. La finesse plus grande du réseau veineux, la forme des dents, le pétiole plus long, servent à les distinguer du Myrica banksiæfohia. M. Unger a décrit depuis longtemps le Myrica lignitum comme un Quercus; mais -ce rapprochement générique avait toujours soulevé des doutes. MM. Heer et d'Ettingshausen, remarquant la parenté très-réelle de cette espèce avec le Dryandroides hakeæfolia, l'avaient com- pris dans leur genre Dryandroides, rangé par eux à la suîte des Protéacées. Plus tard, M. Brongniart a remarqué quel a haison de ce groupe était bien plus naturelle avec les Myricées qu'avec les Protéacées, et l'étude des flores fossiles du Midi de la France nous à amené à la même opinion; elle se trouve encore con- firmée par l'examen du bel exemplaire que nous allons décrire. C’est une branche complète, longue de 60 centimètres environ, à ramifications élancées, divisées par dichotomies irrégulières. On y distingue quatre jets successifs au moins, cinq au plus. L’écorce parait glabre, légèrement rugueuse ou presque lisse hé 6e te in LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 4Ù09 marquée de distance en distance de cicatrices discoïdes indiquant la place insertionnelle des anciennes feuilles. Les feuilles, en grande partie détachées, sont cependant rapprochées de leur position naturelle. Elles sont en général entières, quelques-unes pourtant sont dentées distinctement; elles varient beaucoup de forme et de dimension, et trahissent un type très-polymorphe. Au milieu de ces feuilles (voyez fig. 10 À, quelques-unes d’entre elles représentées isolément, et fig. 10 À”, la nervation grossie), on distingue, éparses et sans ordre, des empreintes de chatons, dont la figure 10 B reproduit les principaux. Is sont longs de 1 centimètre au plus, cylindriques obtus aux deux extrémités, et composés d’écailles arrondies ou très-obtuses, étroitement im- briquées et appliquées. La figure 10 B' représente quelques- uns de ces organes grossis. Il est impossible de ne pas remarquer l’analogie de ces chatons avec les chatons mâles non encore dé- veloppés du Myrica Gale L. (Gale uliginosa Spach.). La ressem- blance est tellement évidénte, que nous n’hésitons pas à regar- der ces chatons comme une preuve nouvelle de l'attribution que l’on doit faire de l’espèce qui nous occupe, et des Dryan- droides en général, au groupe des Myricées. M. Heer avait déjà remarqué combien les feuilles du Dryandroides lignitum ressem- blaient à celles du Myrica pensylvanica Lam.; l'aspect des rameaux, l'examen attentif de la nervation et la présence des chatons confirment pleinement ce point de vue. Les chatons des Myricées paraissent dès l'automne sur: les rameaux, pour se développer au printemps suivant; il est donc probable que la branche trouvée à Armissan a été ensevelie au fond du sédi- ment dans l'intervalle qui sépare ces deux saisons. MyriCa (DRYANDROIDES) BANKSIÆFOLIA Ung., Gen. et spec. pl. foss., p. 305 ; Foss. FT. von Sotzka, p. 30, tab. 6, fig. 3, 4; tab, 7, fig. 2-6; Hecer, FT. tert, Helv., II, p. 102, tab. 100, fig. 3-10, et tab. 153, fig. 6; Brongniart, Note sur une coll. de pl. fossiles (Comptes rendus de l’Acad. des se., &. LI). — Banksia Ungeri Ettingsh., F1. von Hæring, p. 54, tab, 17, fig. 1-22 ; tab. 18, fig. 1-6. Armissan (assez commun). Les exemplaires d’Armissan, quelquefois admirables par leur A0 GASTON DE S\PORIA. éiat de conservation, sont exactement conformes à ceux de Suisse et même à une très-belle empreinte provenant d'OEnin- gen, figurée par M. Heer dans le Supplément de sa flore, qui atteste la persistance de cette forme pendant toute la durée des temps tertiaires moyens. L'espèce de Koumi, en Grèce (Eubéc), signalée par M. Unger sous le nom de Banksia Solonis (1), diffère à peine, selon nous, de celle-c1 par des dents un peu plus pro- fondément incisées. Le Dryandroides banksiæfolia ressemble bien davantage à un Myriea, particulièrement au M. cerifera Lam. et au A1. esculenta Don, qu'aux Banksia, dont M. d'Ettings- hausen l'avait rapproché dernièrement. Le- rapprochement pro- posé en premier lieu par M. Unger se trouve ainsi devenir le plus probable. M. Heer lui-même avait fait ressortir cette liaison avec les Myricées. Ce qui explique les divergences d'opinion des divers auteurs, c'est le mauvais état des échantillons observés par les savants étrangers, tandis que les nôtres, surtout ceux d'Armissan, laissent apercevoir les moindres détails du réseau veineux. BETULACEÆ,. BETULA Tournef. BerTuLa Dryapum Brongt, Prodr., p. 143 et 214; Ann. sc. nat., t. XV, p. 49, pl.3, fig. 5: (PI. NE ds. 5.) B. foliis breviter petiolatis, ovatis, subcordatis vel rarius elliptieis, apiculatis, duplicato-serratis, serraturis acutis vel acuminatis; nervis secundaris oblique prodeuntibus, plurimis, parallelis ; infimis sæpius éxtus ramosis; tertiariis numerosis, transversim decurrentibus, reticulatis, — Samaræ nucula apice breviter birostri, ovato-elliptica, basim versus parum attenuata, utrinque alata ; alis rotundatis paululum expansis. Betula Dryadum ? Andræ, Foss. Flora von Siebenburgen und Banat., p. 1h, tab. 11, fig. 4-6. Exclusis synonymis aliis omni- (4) Unger, Reise in Griechenland, p. 166, p. 21 LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 105 bus, exclusa præsertim specie Radobojana in Chlori protogea descripta, fructu folhisque ab exemplaribus nostri plane discreta. Armissan (très-répandu). M. À. Brongniart n’a connu que les fruits de ce Bouleau, qu'il a décrits autrefois sous le nom de Betula Dryadum. Plus tard, M. Unger, dans son Chloris protogea (tab. 3h, fig. 2-5), a figuré à tort sous le mênie nom une espèce de Radobo], dontles feuilles, comme les fruits, n'ont avec ceux d'Armissan qu'une ressem- blance assez éloignée. Cet auteur à commis la même erreur dans son Zconographia (tab. 16, fig. 9-12). M. Heer, dans sa Flore fossile de Suisse (HE, tab. 71, fig. 25), am$i que M. Gœppert dans . celle de Schossnitz en Silésie (tab. 3, fig. 1), ont reproduit sous le même nom des feuilles qui s’écartent beaucoup de celles que reproduisent les figures 9 À et 5 B de notre planche VI. M. Andræ est le premier qui, dans son Mémoire sur la flore fossile de Siebenburg, ait reconnu la différence qui existe entre le fruit de Betula, signalé autrefois par M. Brongniart et celui de Radobo] ; il a en conséquence appliqué à ce dernier le nom de B. Ungeri. Dés lors toutes les affinités qu'on pouvait invo- quer ne reposaient plus que sur l'examen des fruits, puisque M. Brongniart n'avait jamais publié les feuilles de son espèce, et c'est en se fondant sur ce dernier caractère que M. Andræ a cru retrouver le véritable Betuia Dryadum dans les dépôts de Szaka- dat et de Thalheim en Transylvanie. Cependant les feuilles, que ce savant décrit en les réunissant aux fruits, sans les figurer toutefois, ne correspondent que très-imparfaitement aux nôtres, en sorte que la présence du Betula Dryadum nous paraît encore -trés-douteuse en dehors du dépôt où M. Brongniart l'avait re- cueilli en premier lieu. Les feuilles, moins répandues que les samares, sont grandes ; leur contour est tantôt ovale-elliptique, tantôt ovale-subcordi- forme à la base ; le sommet est plus ou moins prolongé en pointe ; le pétiole est assez court et dilaté à la base ; les nervures secon- daires inférieures sont opposées, plus rarement alternes ; les deux nervures les plus voisines du pétiole sont ramifiées le long 106 GASTON DE SAPORTA, de leur côté extérieur, surtout dans les exemplaires larges ; les autres sont alternes, nombreuses, parallèles, plus où moins obliques ; les veines tertiaires sont transverses, fines, multipliées, légèrement courbes et réunies par de nombreuses anastomoses ; les bords sont doublement dentés, à dents pointues et plus ou moins acuminées; la texture de la feuille est assez ferme, et leur côté inférieur était peut-être légèrement velu, puisque les empreintes qui correspondent à cette partie ne laissent voir que difficilement les détails du réseau veineux. Si l’on comparait isolément les formes extrèmes en négligeant les mtermédiaires, on serait presque tenté de reconnaître deux espèces dans ces feuilles : Les unes sont, en effet, elliptiques, légèrement atténuées inférieurement, à nervures secondaires plus obliques et plus régulièrement parallèles, tandis que les autres (fig. 5 A) sont plus largement ovales, arrondies ou légèrement cordiformes à la base ; mais on observe fréquemment des variations analogues dans toutes les espèces actuelles de Belula, et ici, malgré ces différences dans le contour extérieur, les caractères essentiels demeurent constants. Parmi les Bouleaux vivants, les plus ana- logues nous ont paru être le Betula lenta L., B. carpinifoha Mich.; on pourrait encore citer, quoique la ressemblance soit plus éloignée, le Betula cylindrostachya Wall., espèce des Indes orientales. Quant aux fruits (fig. 5 B, grossi en B'), répandus en grand nombre à la surface de la plupart des plaques, ils varient beau- coup de forme et de dimension. Les plus grands exemplaires mesurent 5 millimètres de largeur, les plus petits 3 seulement. Les ailes souvent développées d’une manière inégale, quelque- fois un peu moins larges que la nucule, rarement un peu plus larges, ordinairement égales à celle-ci, sont arrondies latérale- ment ; la nucule est fusiforme, elliptique, un peu plus large à son sommet, très-légèrement atténuée vers sa base ; elle est sur- moïtée de deux filaments érigés, assez courts, peu divergents. M. Andræ compare ce fruit à ceux du Betula carpathica Kit., variété du Betula alba L. Rapproché des fruits du Betula lenta L., il en diffère par des ailes bien plus développées, et le contour plus LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 107 allongé en fuseau de la nucule. La ressemblance serait grande à ce qu'il nous paraît, avec les Belula eæcelsa Aït., Belula fruticosa Pall. et Betula nana L. var. alpestris, du moins en s’en rapportant pour ces dernières espèces aux figures de la mono- graphie de Regel. Nous avons déjà dit que l’époque de la dissémination des samares du Betula Dryadum devait être placée vers la fin de l'été. On remarque assez souvent dans les couches d’Armissan des lambeaux trapéziformes irréguliers, dont les empreintes, d’une teinte uniforme, sans détails appréciables de structure ou de nervation, se rapportent sans doute à des fragments d’épi- derme cortical qu’il est naturel d'attribuer à la même espèce. BeTULA cusripens. (Pl. VI, fig. 1.) B. foliis breviter petiolatis, ellipticis vel oblongo-elhpticis, sensim longe acuminatis, biserratis, serraturis sæpius tenuiter cuspidatis ; nervis secundariis infimis superioribusque suboppo- sitis numerosis, obliquis, parallelis, ad apicem extus 1-2-ramo- sis; tertiarus transversis, numerosis, reticulatis. — Samaræ nucula obovata, utrinque alata, alis parum expansis, superne emarginatls. Armissan (assez rare). Il est difficile au premier coup d'œil de distinguer cette espèce de la précédente ; cependant, en l’examinant avec soin, on y re- marque les caractères différentiels suivants: Les feuilles (fig. 1 A) sont plus rares, munies d’un pétiole plus court, constamment elliptiques, quelquefois très-allongées. Les nervures secondaires sont plus nombreuses et plus obliques ; les inférieures ne sont pas rameuses vers l'extérieur, ou du moins le sont à peine; elles longent le bord de très-près. Les autres, toujours exactement parallèles et obliquement dirigées, émettent vers le bord une ou deux ranufications qui vont atteindre les dentelures de second degré, tandis que la branche mère aboutit directement aux prin- cipales. Les dentelures sont en général plusacuminées, ou même elles se terminent, comme dans l’exemplaire représenté sur la 108 GASTON DE SAPORTA. planche 6, par, une pointe finement cuspidée. Les feuilles res- semblent à celles du Betula Jacquemontii Spach, du moins aux variétés de cette espèce dont les feuillessont elliptiques ; on peut aussi les comparer au Betula lutea Michx, et encore mieux au Betula carpinifolia Sieb. et Zucc., peut-être encore au Betu- laster acuminata du Népaul, soit pour le contour extérieur, soit pour le mode de dentelure. Ce qui tend à confirmer l’exis- tence de ce Betula comme espèce à part, c'est la présence, à côté des samares innombrables du B. Dryadum, d’autres fruits dont le caractère est différent. Ces fruits (voy. fig. 1B et 1 B') sont un peu plus petits que les précédents ; la nucule présente une forme moins elliptique ; elle est plutôt obovale, quelquefois presque arrondie. Ces nucules égalent à peu près ou dépassent même la largeur de l'aile qui les accompagne latéralement, et qui, au lieu d'être simplement arrondie, comme celle des fruits du B. Dryadum, se trouve échancrée supérieurement. Ces sa- mares ressemblent à celles du 2. Jacquemontii. BETULA FRATERNA. (PI. VI, fig. 2.) B. folüs pctiolatis, ovato-subdeltoideis, duplicato-dentatis, dentibus primariis acuminatis, apice recurvis, cæteris obtusis ; nervis secundariis infimis oppositis, basilaribus, extus ramosis ; tertiariis flexuosis, transversim ramoso-reticulatis. — Samaræ nucula oblongo-elliptica, basin versus sensim attenuata, utrin- que alata, alis nucula latioribus, superne rotundatis, inferne sæpius emarginatis. Armissan (assez rare). La forme subdeltoïde, le dessin de la dentelure, l'ordonnance des principales nervures, la disposition capricieusement ramifiée du réseau vemeux, distinguent bien cette feuille, jusqu’à présent unique, des deux espèces précédentes ; elle se rapproche par les divers caractères que nous venons d'énumérer des espèces indiennes du groupe, spécialement du Betula Bhojpalltra Wall. et du Betulaster cylindrostachya Spach. Les dents principales se terminent par une pointe nettement réflexe. Cette disposition se LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 109 remarque d'une manière aussi prononcée dans l'Alnus (Alnaster) firma Sieb. et Zuce., espèce du Japon qui appartient à une sec- tion intermédiaire par plusieurs caractères entre les deux groupes de la famille. Nous attribuons à cette espèce un fruit (fig. 2 B, grossi en B" plus rare que les autres, et qu'en général on n'observe pas à la surface des mêmes plaques ; 1l offre par sa nucule allongée, atténuée inférieurement, accompagnée d'une aile arrondie su- périeurement, rétrécie et sinuée vers la base, ainsi que par ses dimensions plus grandes, des caracteres différentiels bien sen- sibles. On peut le comparer aux samares du 2. Bhojpaltra Wall. var. genuina, à celles du Betulaster acuminata Wall., et aussi à celles du Betula lutea Michx. Nous devons ajouter que l'attribu- tion respective des trois sortes de fruits de Betula que nous venons de décrire aux trois espèces de feuilles du même genre que nous avons observées dans le dépôt d'Armissan, ne repose que sur de simples probabilités, qui ne sont Jusqu'ici appuyées d'aucune certitude. ALNUS Tournet. ALNUS INTEGRIFOLIA. À. foliis brevissime petiolatis, textura firmis, elliplico-obova- tis, margine, ut videtur, integris ; nervis secundari's sub angulo h5 gr. emissis, oppositis, parallelis, secus marginem curvatis, arcuatim conjunetis ; venulis parum conspicuis, transversim decurrentibus, flexuosis, reticulatis. Armissan (très-rare), Quoique le bord paraisse entier, nous croyons voir dans cette feuille un Alnus qui se rapprocherait de l’A. népalensis, dont il différerait pourtant par une plus faible saillie des nervures de divers ordres. La texture parait avoir été ferme et tomenteuse à la surface inférieure, ce qui empêche de saisir avec netteté les détails du réseau veineux. Malgré ces indices, l'attribution que nous proposons demeure bien incertaine. 110 GASTON DE SAPORTA, ALNUS MICRODONTA. (PI. VI, fig. 3.) À. folus firmis, breviter petiolatis, ellipticis, basi in petio- lum attenuatis, margine tenuiter parceque denticulatis ; nervis secundariis oppositis, obliquis, parallelis, secus margmem ramoso-reticulatis ; venulis transversim reticulatis, vix promi- nuli. Armissan (très-rare). La ressemblance de cette feuille, très-rare dans le dépôt d’Ar- nissan, avec celles de l’Æ/nus oblongata Willd., espèce cultivée dans le jardin de Kew, et que, malgré des assertions contraires, M. Regel (1) assure être originaire de l'Amérique septentrionale, est vraiment surprenante. Il existe entre elles une grande con- formité de contour, de nervation et de dentelure. On doit en même temps regarder l'espèce fossile comme très-voisine de l'A. gracilis Ung. (2), que M. Heer a signalé également en Suisse ; mais les feuilles figurées par les auteurs allemands sont simplement elliptiques et nullement atténuées vers la base, comme la nôtre. Dans celle-ci, les dents du bord sont fines, espacées, peut-être terminées par une callosité au sommet ; les nervures secondaires, parallèles dans la plus grande partie de leur cours, se recourbent, se ramifient et s’'anastomosent le long de la marge ; les mêmes détails s'observent dans l'A. oblongata. L'attribution que nous proposons paraît donc probable, quoique le petit nombre des exemplaires empêche d'arriver à une véri- table certitude. CUPULIFERÆ. OSTRYA Mich. OsTRyA ATLANTIDIS Ung., /conogr. pl. foss., p. 41, tab. 20, fig. 9-11 ; Syll. pl. foss., I, p. 12, tab. 2, fig. 21, 22. (PI, VI, fig. 4.) O. foliis ovatis, parum imæqualibus, duplicato-argute serratis, nervis utrinque 13-15 oppositis, simplicibus, parallelis, apice (4) Monagr. Betulacearum, p. 414. Mosquæ, 1861. (2) Unger, Chlor. protog.,tab, 33, fig. 5-9, | LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 111 ramosis. — Nucula involucello inclusa, granit Panici miliacer magnitudine, compressa, ovato-acuminata; involucello basi inflato, superne acuminato, nervis longitudinalibus circiter 40 delineato, transversalibus multis subtiliter reticulatis instructo. Armissan (les involucres sont assez répandus, la feuille très-rare), L’admirable conservation des involucres (fig. 4 B et A C), et leur ressemblance évidente avec les empreintes de Radoboj, que M. Unger a décrites sous le nom d'Ostrya Atlantidis, ne laissent aucun doute sur l’affinité de cette espèce, que l'on ne saurait séparer de celle de l’auteur allemand. Ce sont des invo- lucres tantôt clos (fig. 4 C), tantô en partie lacérés (fig. 4 B), marqués longitudinalement de dix à douze nervures, entre les- quelles s'étendent transversalement des veinules finement anas- tomosées donnant lieu à un réseau délié qu’on observe très-bien à la loupe, et que reproduit la figure 4 B', où il est représenté grossi. La nucule se montre presque toujours nettement visible au fond de ces involucres, et semble assise sur un léget duvet ; elle est tantôt en place (fig. 4 B) et tantôt détachée (fig. 4 C). Ces involucres dépassent en grandeur ceux de l’Ostrya ttalica ; M. Unger les assimile à ceux de l'Ostrya virginica, dont ils ne se distinguent, selon cet auteur, par aucun caractère sensible. Cette distinction est plus aisée à établir en considérant la feuille, jusqu'à présent unique (fig. 4 A), qu'il est naturel de réunir aux involucres. Elle a toute la forme, l'aspect, la dentelure et la ner- vation des feuilles d'Ostrya. Légèrement gaufrée, assez ferme et un peu inégale à la base, elle est plus petite que celle des Ostrya actuels, et surtout de l’'Ostrya virginica, quoiqu’elle soit très- analogue à celui-ci par la forme des incisures ; mais elle est plus ovale, moins oblongue-elliptique, et par ce dernier caractère elle se rapprocherait de l'espèce européenne, dans laquelle on reconnait plusieurs formes distinctes, si l’on s'attache aux extrèmes. Il en est parmi elles qui retracent avec une fidélité re- marquable le type de feuille que nous venons de décrire. 112 GASION DE SAPORTA. QUERCUS L, Quencus ELÆNA Ung., Chlor, protoq., tab. 31, fig. 4 ; Heer, FT. tert. Helv., I, tab. 74, fig. 11-15, tab. 75, fig. 1, t. 151, fig. 1-3; Saporta, El, Zachariensis, pl. 5, fig. 8. Q. folis coriaceis, breviter petiolatis, elongatis, apice basique obtuse attenualtis, integerrimis; nervis secundartis obliquis, curvalis, areolatis. Armissan (rare). C’est encore au Quercus elæna, signalé dans la plupart des flores antérieures, que nous rapportons plusieurs empreintes décou- vertes à Armissan. Ces feuilles, généralement plus grandes et plus coriaces que celles dont nous avons parlé précédemment, présen- tent, relativement à ces dernières, quelques différences de forme et de nervation qui ne suffisent pas pour motiver une distinction spécifique. Les formes d'Armissan se rapprocheraient plus que celles de Sant-Jean-de-Garguier du Quercus mexicana Humb., espèce que M. Heer regarde comme très-analogue à son Quercus elæna. Quercus NERUFOLIA Al. Braun.; Unger, Gen. et spec. pl. foss., p. 403: Heer, F1. von Helv , W, p. 45, tab. 74, fig. 1-7, et tab. 75, fig. 2. Q. foliis longiuseule petiolatis, elongato-lanceolatis, integer- rimis, basi in petiolum sensim attenuatis, mtegerrimis ; nervis secundariis plurimis secus marginem areolatis, tertiartis tenuis- sime reticulatis. Armissan, couches supérieures (très-rare). Aucun caractère sensible ne distingue cette feuille, recueillie dans la partie supérieure des couches d’Armissan, du Quercus nerüfolia, si répandu à OEningen, sauf peut-être des propor- tions un peu plus grêles. Un examen comparatif minutieux avec les exemplaires de Suisse fait apercevoir une grande conformité dans le dessin de la nervation. Cette espece se distingue de la précédente par la longueur du pétiole, la base insensiblement LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 113 atténuée et un peu inégale. M. Heer la compare au Quercus tn- bricaria, dont elle est effectivement voisine. QUERCUS MAGNOLIÆFORMIS. (PI. VI, fig. 11.) Q. folus firmis, late ovato-lanceolatis, integerrimis, penni- perviis ; nervis secundaris alternis, parum obliquis, reticulatis tertiariisque tenuibus, flexuosis. Armissan (très-rare). Grande et belle feuille, largement ovale-lancéolée, entière, obtusément atténuée sur le pétiole. La nervure médiane est mince, quoique nettement marquée; les secondaires, peu obli- ques, promptement rameuses, forment par leur réunion de larges aréoles, où serpentent des veines déhées et flexueuses finement réticulées, mais dont les derniers détails sont assez peu visibles. Jl règne le long des bords une ou deux rangées d’aréoles décrois- santes. L'aspect de l'empreinte dénote une feuille glabre et ferme. Tous les caractères de forme et de nervation se rappor- tent à un Chêne trés-analogue au Quercus imbricaria Willd. et au Quercus undulata Benth. Il se rapproche surtout de ce der- nier par le Contour extérieur aussi bien que par la nervation (1), QuErcus SINUATILOBA. (PI. VI, fig. 9.) Q. foliis submembranaceis, lato-oblongis, basin versus me- dioque repande lobato-sinuatis, cæterum integris; nervis secun- daris sæpius alternis, curvatis, anastomosatis, tertiariis angu- latim flexuosis subtiliter reticulato-ramosis. Armissan (très-rare). Une feuille de consistance presque membraneuse est le seul indice de l'existence de ce Chêne, et cependant la nervation en est si nette ei si caractéristique, la forme des lobes concorde si bien avec ce qu’on voit dans les feuilles de certains Chênes amé- ricans, que nous n'hésitons pas à proposer cette attribution comme tout à fait probable. Parmi les Chènes américains, qui (4) Voy. Ettingshausen, Blattskelele der Apelalen, lab, 9, 4-5. 5° série. Bor. T. IV. (Cahier n° 2.) # 8 .) e) 14ñ | GASTON DE SAPORTA. semblent intermédiaires entre les espèces à feuilles caduques et celles qui les ont réellement persistantes, 1l en est qui sont mdi- gènes des parties chaudes ou tempérées du continent septentrio- nal, et dont les feuilles sont sujettes à varier, étant parfois presque entières, parfois lobées-sinuées, à lobes irréguliers plus où moins profonds : tels sont les Quercus aquaiica Mich., hetero- phylla Willd., cinerea Mich., pandurata et plusieurs autres. C'est à ce type qu’on doit rattacher l'empreinte d'Armissan re- produite par la figure 9 avec tous les détails de son réseau vei- neux. Elle est largement oblongue, atténuée vers la base comme vers le sommet, qui manque dans l'exemplaire par un accident naturel, On distingue un lobe sinué très-obtus vers la base, d'un côté seulement; il en existait sans doute un pareil sur le côté opposé, mais l'empreinte est mutilée sur ce point. La feuille s’é- largit ensuite en s'arrondissant, et donne lieu à deux lobes situés. à la même hauteur, dessinant une sinuosité à peine saillante. Les bords se rétrécissent au-dessus, et deviennent parallèles, sans que l'on puisse voir comment se terminait le sommet, et s’il ne donnait pas lieu à deux autres lobes. La forme que nous venons de décrire est tout à fait celle du Quercus aquatica Michx, dont nous avons observé de nombreux exemplaires dans l'herbier du Muséum de Paris. Il est donc pro- bable que notre Quercus sinuatiloba constituait une espèce très- voisine de celle qui habite de nos jours les sables humides des bords du Mississippi. Les feuilles du Quercus aquatica, tantôt membraneuses, tantôt fermes et presque coriaces, revêtent un caractère particulier, suivant leclimat plus ou moins chaud de la région où elles croissent. Quercus arMaTA. (PI. VL fig. 8.) Q. foliis coriaceis, petiolo brevissimo crasso, basi late cu- neatis, apice longe cuspidatis, utrinque bilobis, lobis acutis cuspidato-aculeatis ; nervo primario valido ; secundariis subop- positis, in lobos abeuntibus vel inter se furcato-anastomosatis. Armissan (très-rare). LE SUD-BSE D£ LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 119 C’est une forme évidemment très-voisine des Quercus Buchi Weber, cuspiformis Heer, cruciala À. Braun, licoides Heer (1). Toutes ces espèces ont des feuilles terminées au sommet par une longue pointe cuspidée et roide, et le pétiole court ; mais elles diffèrent par le nombre et la forme des lobes latéraux. Le Quer- cus Buchii en a six, presque toujours cbtus; le Quercus cruciata n’en à que deux, très-développés ; le Quercus cuspiformis n'a que des bords sinués ; enfin le Quercus ilicoides a six lobes pointus, mais peu profonds. La feuille trouvée à Armissan, et remar- quable par sa belle conservation, est terminée par une pointe longue et acérée, semblable à celle des Chênes précédents; son pétiole court et gros n'a que 3 à 4 millimètres de longueur; sa base est cunéiforme élargie, mais 1l a sur les côtés quatre lobes seulement, dont les deux supérieurs sont plus développés, poin- tus, acérés, cuspidés, roides, séparés des deux autres, qui sont plus obtus, par des sinus arrondis. La nervation est bien celle qui caractérise les Chênes, ce qui empêche de confondre cette espèce avec celles du genre Zlex, qui présente des formes simi- laires. On observe des feuilles très-analogues à celle-ci parmi les Chênes américains à feuilles caduques; nous citerons particuliè- rement les Quercus falcata Mich., 1icifolia Wang., Banisteri Lodd, triloba Mich.; on doit mentionner aussi certaines feuilles lobées du Quercus heterophylla, dont les lobes sont très-aigus, la terminaison supérieure prolongée en pointe, et le pétiole presque nul, comme dans l’espèce fossile; cependant celle-ci différait de toutes celles que nous venons d'énumérer par sa texture coriace, qui semble indiquer une feuille persistante. Quercus oLicoponrA. (PI, VE, fig, 40.) Q. fois firmus, glabris, breviter crasseque petiolatis, lanceo- latis vel oblongo-obovatis, basi attenuata cuneatis, margine utrinque obtusissime unilobatis, lobis tenuiter mucronatis, cæte- rum iIntegerrimis quandoque deformatis; nervis secundariis (1) Voy. Hcer, F7, tert, Helv., LE, tab, 77, fig. 9, 10-12, 23-15, 16, 9-16. 16 GASTON DE SAPORTA. paucioribus, sparsis, in dentes abeuntibus vel areolatis; tertiaris minute flexuoso-reticulatis. Armissan (rare). Une feuille intacte et d’une admirable conservation (fig. 10 A), revêtue de tous les caractères de forme, d'aspect et de nervation qui caractérisent les Quercus, dénote l'existence à Armissan d'une espèce de ce genre, très-analogue au Quercus cunerfolia (1) de Gargas, que nousavons décritet figuré. Quoique bien distincte de la précédente par une texture moms coriace, les lobes réduits à trois et fort peu saillants, mucronés et non cuspidés, la termi- naison obtuse du sommet, enfin par les détails du réseau vemeux (fig. 10 B'), cette seconde espèce se rattache évidemment au même type. Un autre exemplaire (fig. 10 B), conforme au pre- mier par les principaux caractères, confirme cette distinction spécifique. Ici la feuille se trouve déformée, le sommet est obtus et irrégulièrement ridé ou chagriné ; les lobes latéraux sont ré- duits à une saillie mucronulée à peme sensible. Ce Chêne res- semble à plusieurs espèces américaines, surtout à celles de la Louisiane et du Mexique, aux Quercus triloba Michx, falcata Michx ; aux feuilles lobées des Quercus cinerea Michx, et hetero- phylla Michx, au Quercus chrysophylla H. B., et enfin plus en- core peut-être à certaines feuilles du Quercus aquatica Michx. QUERCUS SPINULOSA. Q. foliis coriaceis, ovatis, basi et apice breviter attenuatis, ntegris margine cæterum dentatis, dentibus spinosis parum productis, hinc inde vix prominulis vel nullis; nervo primario valido ; secundariis sub angulo fere recto emissis, parallelis, in deutes productis, quandoque furcatis vel cum aliis anastomo- santibus ; tertiariis flexuosis, tenuiter reticulatis. Armissan (très-rare, coll. du Mus. de Paris). (4) Études sur la végét. tert., 1, p. 473: Flore des gypses de Gargas, pl. 2, fig. 1 : Ann. sc. nat., 4° série, Bor., t, XIX, p. 19, pl. 2, fig. 4. — Nous ne pouvons nous empècher de faire ressortir l’extrème analogie de cette espèce et dela précédente avec le Q. cuneifolia ; elle est tellement saillante, que, malgré des dimensions plus que doublées dans ceux d’Armissan, ces Chênes semblent être des répétitions à peine diversifiées du type antérieur, avec lequel on ne saurait pourtant les confondre, LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 417 Cette feuille, largement ovale, coriace, dentée-épmeuse, à dents petites, quelquefois nulles, munie de nervures secondaires espacées, parallèles, droites ou légèrement courbes, atteignant les dentelures ou repliées, rameuses, anastomosées le long des bords, rappelle par son aspect, sa forme et sa consistance, cer- taines formes actuelles de Quercus, parmi lesquelles une belle espèce mexicaine, le Quercus acutifolia Nees, semble la plus ana- logue par son contour extérieur et la disposition de ses nervures. CASTANEA Tournef. CASTANEA PALÆOPUMILA Andræ, Foss. Flora von Siebenburg und Bannat, tab. 5, fig. 2, 2a. C. folis submembranaceis, longiuscule petiolatis, oblongo- lanceolatis, argute serratis, basi sæpius inæquali breviter atte- puatis; nervis secundariis plurimis, strictis, parallelis, in dentes productis, venulis tenuibus plus minusve arcuatis transversim decurrentibus. Armissan (rare, coll. de M. Gervais). Nous avions reconnu un véritable Châtaignier dans une belle empreinte d'Armissan réunissant trois feuilles contigües sur la même plaque, lorsque le Mémoire de M. Andræ sur la flore de Siebenburg en Transylvanie, et l'étude des planches qui l’ac- compagnent, sont venus nous convaincre que l'espèce décrite par cet auteur, sous le nom de Castanea palæopumila, ne différait de celle d’Armissan par aucun point essentiel. Toutes deux parais- sent imtermédiaires entre le Castanea vesca Gærtn. et le Castanea pumila Willd. Cependant les dents sont moims écartées, plus ascendantes, et séparées par des sinus plus étroits dans nos exemplaires que dans ceux de M. Andræ; mais les feuilles de Castanea présentent si fréquemment des variations partielles du même genre, qu'il serait puéril de vouloir fonder sur de pareils détails une distinction spécifique. 118 GASTON DE SAPORTA, ULMACEZÆ. ULMUS L. Uimus Bronnir Ung., Chlor. prot., tab. 96, fig. 2, 3, 4, var. oxyphylla. (PL. VE, fig. 6.) U. fohis breviter petiolatis, elliptico-lanceolatis, subacumi- natis, basi obtusatis, parum inæquilateralibus, simpliciter ser- ratis; nervis secundaris 12-15 obliquis, parallelis, plerumque oppositis, apice 2-8-ramosis, tertiariis subtülibus, numerosis, transversim decurrentibus. — Samara sessili, elliptico-suborbi- culari, venulis e sutura longitudinali patentim radiantibus te- nuiter reticulatis. à : e L , x Armissan (assez rare ; la feuille très-rare). Les fruits sont exactement conformes (fig. 6 À et 6 B) aux figures données par Unger dans son Chloris protogea, et qui représentent des empreintes découvertes à Bilin et à Parschlug. Ils sont obovales-orbiculaires ou largement elliptiques, sessiles, obtus et à peine émarginés au sommet, à nucule centrale dis- tincte surtout par une coloration plus intense. La partie de l’em- preinte qui correspond à la suture longitudinale est un peu re- levée en côte; elle paraît se détourner légèrement vers un des côtés de la semence, ainsi qu'on l’observe dans toutesles samares : d'Ubnus vivants ou fossiles. Ajoutons que ces samares, compléte- ment sessiles et faiblement atténuées vers la base, n’ont emporté dans leur chute aucune trace de calyce; elles sont souvent repliées longitudimalement sur elles-mêmes (fig. 6 B); leur con- sistance est plutôt ferme que tout à fait membraneuse, et les veinules qui rayonnent, en se ramifiant vers la circonférence de l'organe, donnent lieu par leurs anastomoses à un réseau très- fin, dont la figure 6 B' reproduit les détails grossis. La feuille (fig. 6 C), jusqu’à présent unique, que nous réunis- sons à ces fruits ne représente qu’une partie des caractères qui distinguent celles de l'Ulmus Bronnii, selon MM. Unger et Heer. Elle est plus petite, plus étroite et plus allongée: le pétiole est LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE 1A19 très-court, la base n’est pas inégale, mais l’un des côtés est sen- siblement plus atténué que l’autre. Les dentelures sont simples, de même longueur, très-nombreuses, fines et obtusément acu- minées. Le sommet de la feuille se prolonge en S’amincissant. Les nervures secondaires obliquement disposées, au nombre de douze à quinze, opposées ou subopposées, sont parallèles , et donnent lieu à 2-3 ramifications fort courtes qui aboutissent cha- cune à une des dents. On serait presque tenté de ranger cette feuille dans le genre Betula, et cependant un examen attentif fait plutôt reconnaître en elle les caractères distinctifs de celles des Ulmacées. Elle s'éloigne de la plupart des espèces actuelles, et surtout des types européens, mais elle ressemble d’une manière frappante à une espèce inédite, rapportée, en 1859, du Texas par Asa Gray (n° 2546 de sa coll.), quoique les feuilles soient cependant plus obtuses. Nous citerons encore l'Ulmus pedunculata comme ayant de l’analogie avec elle. I n’est pas bien certain, malgré la similitude des fruits, que cette espèce soit identique avec l'Ulmus Bronnii Ung.; mais la comparaison d’une série de feuilles serait nécessaire pour décider la question , les différences actuellement saisissables étant loin de suffire, à cause du polymorphisme bien connu des feuilles d'Ulmus sur le même rameau. | CELTIDEÆ. CELTIS Tournef. CELTIS PRIMIGENIA. (PI. VE, fig, 7.) C. folis membranaceis, basi mæqualibus, petiolatis, ovato- lanceolatis, serrato-dentatis, dentibus subæqualibus, tenuiter acutis ; nervis secundartis basilaribus, gracilibus, extus ramo- sis, Cum Cæteris alternis, subtilibus, arcuato-reticulatis, venu- lis transversim decurrentibus, in rete solutis, oculo armato solum conspicuis, Armissan (très-rare). Une seule feuille, fidèlement reproduite par la figure 7, qui 120 GASTON DE SAPORTA. semble avoir été de consistance membraneuse et pubescente, fait connaître la présence de celte espèce, revêtue de tous les caractères de forme et de nervation qui distinguent le genre Celtis. Le rapprochement que nous proposons paraît donc tout naturel. Nous aurions réuni ce Celtis au Celtis Japeti Ung. de Parschlug, figuré dans son Zconographia, si des dents plus fines, plus pointues et plus égales, des nervures latérales tout à fait basilaires, et plusieurs détails de la nervation, ne nous avaient paru dénoter une forme distincte dans l'empreinte d’Armissan. M. Unger compare son Celtis Japeti à une espèce du Mexique, le Cellis canescens H. B. ; le nôtre est visiblement voisin, par tous ses caractères, du Celtis cordata Lam., souvent cultivé en France, et originaire des États-Unis ; il n’en diffère que par la forme moins en cœur et les dimensions plus petites de sa feuille. MOREZÆ. FICUS Tournef. Ficus DRYOPHYLLA. (PI. VI, fig. 12.) F. foliis subcoriaceis, breviter petiolatis, oblongo-ovatis, lan- ceolatis, repande sinuatoque lobulatis, lobulis obtusis vel acutis quandoque fere obsoletis ; nervis secundariis sparsis, in lobulos abeuntibus vel sæpius areolatis; tertiariis tenuibus, flexuosis, subtiliter reticulatis. Armissan (assez rare). L'existence d’une nombreuse série d'exemplaires permet de bien connaître cette espèce curieuse et d’en décrire les varia- tions. Elle présente en effet un type très-polymorphe, les feuilles étant parfois presque entières (fig. 12 B), d’autres fois lobées, à lobes obtus et séparés par des sinus arrondis (fig. 12C). La feuille représentée par la figure 12 À, avec les détails de la nervation grossis en À',se rattache au typenormal ; elle est plus grande que les autres, plutôt smuée que réellement lobée; les lobules, sépa- rés par des sinus très-peu profonds, se terminent par une pointe ordinairement peu saillante, quelquefois cependant acuminée. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 121 Le pétiole, dirigé obliquement, a la même apparence dans tous les exemplaires. Les deux nervures secondaires les plus infé- rieures partent de la base, et sont plus obliques que les suivantes, caractère que l’on observe dans la plupart des Figuiers. Les autres nervures secondaires, tantôt plus ou moins obliques, tantôt par- tant presque à angle droit, puis recourbées, aboutissent au sommet des dentelures , mais elles sont constamment reliées par des ramifications qui suivent les bords, et l'intervalle qui les sépare est occupé par des veinules très-fines, flexueuses, ohli- quement transversales, ramifiées dans tous les sens et composant un réseau très-fin à aréoles trapéziformes, dont la figure 12 A donne une reproduction très-fidèle. Tous ces caractères sont ceux des Ficus; mais il faut chercher parmi les espèces les plus exceptionnelles et lesplus exotiques du genre pour trouver des analogies spécifiques. C'est particulière- ment dans la végétation de l'Inde, de l'Asie méridionale et des îles de la Sonde, qu'on observe des types similaires. Nous citerons en premier lieu le Ficus heterophylla Lam. (sic in Hort. Par.) dont les feuilles, tantôt entières, tantôt lobulées, ont avec les nôtres une véritable affinité de forme, de consistance et de nervation ; puis les Ficus ampelos Lam., denticulata Wall., quercifolia BL. Dans toutes ces espèces, et probablement dans plusieurs autres, lana- logie dans le mode de nervation et de dentelure indiquent un rapport évident de caractères avec l'espèce que nous venons de décrire. | FicuS TENERRIMA. F. foluis membranaceis, breviter petiolatis, integerrimis, ovato-oblongis, basi obtusatis, penninerviis ; nervis secundariis suboppositis, curvatis, secus marginem ascendentibus, inter se conjunctis, Imfimis basilaribus, cæteris subobliquis; tertiariis flexuosis; rete venoso minutissime areolato. Armissan (très-rare). Petite feuille qui dénote un Ficus analogue à plusieurs espèces tropicales de l’ancien et du nouveau continent. Nous citerons 1929 GASTON DE SAPORTA. particulierement comme s’en rapprochant beaucoup le Ficus caulifera BI., de Timor, et le Ficus laurifolia Lam. ,des Antilles. Il est vrai que les feuilles de ce.dernier sont plus grandes, et que celles du premier en diffèrent en ce qu’elles sont un peu plus atténuées à la base. Ficus ARMISSANENSIS. F. foliis coriaceis, asperulis, ovato-lanceolatis, breviter acu- minatis, integerrimis; nervis secundarüs alternis, valde obliquis, curvalis, areolatis; tertiariis flexuosis, reticulatis. Armissan (rare). Feuille qui se rattache de près, comme le Ficus reticulata de Saint-Zacharie, au Ficus saæwatilis Blum., dont elle a à peu près la forme et la dimension. Les bords sont entiers, le sommet courtement acuminé, la surface légèrement scabre; les nervures secondaires forment de larges aréoles dans lesquelles viennent se ramifier les veines tertiaires, qui constituent un réseau capri- cieusement anguleux, dont les dernières mailles sont trapézi- formes. Cette détermination demeure cependant sujette à beau- coup de doutes. SALICINEÆ. POPULUS Tournef. Depuis le premier Peuplier, signalé dans la flore du gypse d'Aix, ce type est demeuré constamment obscur. À Armis- san, au contraire, les Populus, quoique encore rares, se mon- trent de manière quon ne puisse les méconnaitre, et cette marche ascendante continue sans interruption à travers les étages suivants. Il est donc fort curieux de saisir, pour ainsi dire, l'instant de ce développement et d’en étudier le caractère. Les espèces que nous allons décrire se rattachent en partie au type le plus ordinaire parmi les Peupliers actuels, mais en partie aussi elles se distinguent par un caractère de singularité qui en rend la détermination difficile ; ce sont alors des formes plus LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 193 ou moins analogues au Populus euphratica Oliv., polymorphes comme lui et se rapprochant également du P. mutabilis, si répandu dans la partie supérieure de la mollasse suisse. PoPuLus PALÆOMELAS. (PI. VIT, fig. 10.) P. folüis firmis, subdeltoideo-orbiculatis, apice sensim tenuiter acuminatis, leviter subtus tomentosis, margine obtuse denticu- latis, dentibus quandoque remotis vel obsoletis, palmato-sub- quinquenerviis ; nervis duobus lateralibus longius -productis, ascendentibus, extus ramosis; nervis secundarüs alternis, obli- quis, curvatis, omnibus reticulato-ramosis, venulis transversis, flexuosis. Armissan (rare). Il existe plusieurs exemplaires de ce beau Peuplier. Ce sont des feuilles largement ovales (fig. 10 A), subdeltoïdes ou même orbiculaires (fig. 16 B), atténuées au sommet en une pointe aiguë ; l'aspect de la page imférieure semble dénoter une sur- face légèrement tomenteuse. La consistance paraît avoir été ferme, sans être cependant coriace ; la nervure médiane est assez fortement prononcée, accompagnée de quatre à six nervures latérales dont les deux internes sont les plus développées, et les autres beaucoup plus faibles, jusqu'aux deux dernières, qui se confondent presque avec le bord. Les premières sont obliques ascendantes; elles émettent de nombreuses ramifica- tons le long de leur côté extérieur, et sont anastomosées avecles secondaires à leur sommet. Celles-ci, séparées des basilaires par un assez grand intervalle, sont alternes, ascendantes, recourbées et aréolées, en sorte qu'aucune de ces nervures n'aboutit aux dentelures du bord qu'à l’aide de ramifications indirectes. Les nervures tertiaires, toujours transversales, tantôt droites, tantôt plus ou moins flexueuses, sont reliées par des veinules obliquement sinueuses. Les dents marginales, assez espacées dans un des exemplaires (fig. 10 B), plus petites et plus rapprochées dans l’autre (fig. 10 A), sont toujours obtuses et peu saillantes ; elles n'ont rien de calleux ni de recourbé au sommet; les sinus 494 GASTON DE SAPORTA, qui les séparent dessment en général un angle ouvert, toujours assez peu profond. La détermination de ces feuilles ne saurait être douteuse ; elles représentent bien évidemment un Peuplier assez analogue aux Populus melas L. et ontariensis. Mais si l'on cherche à établir une comparason plus étroite avec les formes du monde actuel, nous citerons, comme plus particulièrement similaire, le Popu- lus ciliata Wallich, qui habite l'Himalaya. On pourrait cepen- dant signaler entre les deux espèces plusieurs divergences de forme et de nervation. PoPULUS SCLEROPHYLLA. (PI. VE, fig. 13.) P. fohis coriaceis, petiolatis, petiolo brevi, ovatis oblongove- ovatis vel orbiculatis, quandoque integris vel polymorphis, sæpius basi attenuatis, breviter apiculatis vel obtusatis, tripliner- viis ; nervis lateralibus infimis, suprabasilaribus, obliquis, ascen- dentibus, cum cæteris secundariis alternis vel suboppositis reticulato-ramosis ; nervis tertiariis flexuosis, parum curvatis, transversim decurrentibus. Var. 6 cinnamomea, foliis oblongo-ellipticis, lanceolatis, in- tegris, nervis secundariis distantibus, oppositis. Armissan (assez rare). Le contour extérieur, la forme des dents et la disposition des principales nervures révèlent dans les feuilles de cette espèce (fig. 13 À et 13 B) une évidente affinité de type avec le Populus tremula, surtout en choisissant les variétés à feuilles oblongues et orbiculaires. Cependant on observe aussi de grandes diffé - rences à cause de la texture coriace, de la base atténuée en coin, de la position nettement suprabasilaire des nervures laté- rales, et enfin de la disposition du réseau veineux composé de veinules flexueuses plus régulières et plus constamment trans- versales. Sous ces derniers rapports, et aussi à cause de la forme et de la dimension du pétiole, nous trouvons que l'espèce d'Ar- missan se rapproche singulièrement du Populus euphratica, à côté duquel elle vient se ranger, augmentant d’une nouvelle LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 125 espèce une section maintenant appauvrie, mais autrefois consi- dérable par le nombre et l'importance des formes qu'elle com- prenait. Nous signalons 101 comme une simple variété d’un type pro- bablement très-polymorphe une feuille entière, oblongue-lan- céolée, trinerve à la base, et qui nous paraît être, vis-à-vis des feuilles normales du P. sclerophylla, dans les mêmes rapports que les feuilles entières du P. euphratica par rapport à celles qui sont trilobées ou Incisées. Nous ferons ressortir l'extrême analogie de cette feuille avec la variété lancifolia du Populus mutabilis Heer. SALIX Tournef. SALIX LINEARIS, (PI. VE, fig. 14.) S. foliis breviter petiolatis, lanceolato-linearibus, acuminatis, margine denticulatis, basi obtuse attenuatis; nervis secundaris oracilibus, alternis, curvato-ascendentibus. Armissan (très-rare). La vestiture de cette feuille, probablement pubescente, em- pêche de saisir avec netteté tous les détails de sa nervation. Sa forme, celle de son pétiole et de. sa dentelure, accusent le type des Saules à feuilles étroites et linéaires, analogues au Salix viminalis L. Mais ici les bords ne sont nullement repliés, et la feuille se rapprocherait des formes les plus étroites du Salix amygdalina et du S. riparia Willd. Cette espèce, si l'attribution que nous proposons se confirme, serait une des plus anciennes que l’on connaisse. Parmi les fossiles, on peut la comparer au Salix denticulata Heer (1), dont elle diffère pourtant par une forme plus étroitement linéaire et des dimensions plus petites. LAURINEÆ, Les Laurinées prennent un essor remarquable dans la végé- tation d’'Armissan; elles comprennent une grande variété de (4) Voy. Heer, F/, tert. Helv., IT, p. 30, tab. 68, fig. 1-4. 126 GASTON DE S4PORTA. formes correspondant à plusieurs des groupes qui divisent au- jourd'hui cette famille. Nous avons déjà exprimé la difficulté que l’on éprouve à déterminer génériquement, à l’aide des feuilles, les Laurinées fossiles, autres que les Cinnamomuim. Les mêmes formes ou des formes très-voisines reparaissent dans des genres et même dans des tribus séparées, avec une grande uniformité dans le dessin du réseau vemeux. Cet embarras existe aussi pour les espèces du bassin de Narbonne; cepen- dant plusieurs d’entre elles montrent de si beaux échantillons, et la nervation en est si nettement caractérisée, qu'il nous a paru possible de proposer pour elles, au moins approximativement, des attributions génériques plus précises. Pour cela, nous adop- terons la méthode mixte déjà appliquée aux Araliacées de Saint- Zacharie et de Samt-Jean-de-Garguier, c'est-à-dire que, tout en conservant les dénominations génériques les plus générales, nous grouperons, à l'aide de subdivisions, les espèces qui nous semblent réunies par des affinités communes , et, de plus, nous marquerons à côté de chacune d'elles, entre parenthèses, le nom du genre auquel elle parait se rattacher. LAURUS L. æ. Folia regulariter penninervia, nervis secundariis omnibus alterne emissis (Laurus ?) LAURUS PRIMIGENIA Ung., #!. von Sotzka, tab. 19, fig. 1-4; Heer, F4 tert. Helv., I, p.77, tab. 89, fig. 15; O. Weber, Palæont., I, p. 181, fig. 66. (PL VE, fig. 7.) L. foliis coriaceis, lanceolato-linearibus, acuminatis; nervis secundariis gracilibus, curvatis, reticulato-ramosis, rete venoso ienuissimo. Armissan (assez rare). Feuilles conformes par leurs principaux caractères à celles des étages précédents, mais plus grandes; nous croyons pourtant qu elles se rattachent au mème type, et qu'elles doivent être réunies aux empreintes de Sotzka, et surtout à celles de Suisse, qui atteignent la même dimension. Cette espèce, selon M. Heer, LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 427 serait un véritable Laurus analogue aux variétés les plus étroites du Laurus Canariensis Webb. C'est aussi notre opmion. Laurus Laaces Ung., Foss. Al. von Sotzka, p. 39, tab. 49, fig. 6-9. L. foliis subcoriaceis, petiolatis, ovato-oblongis, lanceolatis, utrinque attenuatis; nervis secundariis simplicibus, curvatis, reticulatis, tertiariis tenuissime venulosis. Armissan (assez rare). L'analogie nous engage à réunir cette belle espèce, assez . répandue à Armissan, à celle de Soizka, décrite par M. Unger sous le nom de Laurus Lalages; quoi qu’il en soit de l’iden- tité absolue des deux espèces, elles constituent deux formes tellement voisines, qu'il est naturel de les confondre, au moins provisoirement. Malgré cette affinité, le pétiole des nôtres pa- rait constamment plus court; les nervures secondaires plus recourbées-ascendantes, réticulées, ‘aliernes, tandis qu’elles sont presque toujours opposées dans le Laurus Lalages. Ces feuilles se distinguent des suivantes par une texture moins épaisse, par une forme plus régulièrement oblongue ef moins atténuée au sommet, par un pétole moins gros, enfin par des nervures secondaires plus recourbées-ascendantes. Il est difficile de se rendre compte de leur véritable affinité; elles ressemblent à la fois au Persea gratissima Gærtn., au Laurus canariensis Web. et au T'etranthera laurifolia Jacq. Toutefois la finesse et le peu de saillle du réseau veineux semblent les rapprocher plutôt des deux derniers. B. Folia regulariter penninervia, nervis fere omnibus, vel saltem inferioribus, oppositis (Persea?). Laurus (PersEa) Tyrica. (PI, VII, fig, 8.) L. fohis magnis, coriaceis, valide petiolatis, mterdum pubes- centibus, basi quandoque parum inæqualibus, ovato-ellipticis, apice attenuato breviter acuminatis; nervo primario valido; secundartis sparsis, infimis suboppositis, patentibus, secus mar- 128 GASION DE SAPORTA. ginem leviter eurvatis, simplicibus vel interdum ramoso-fur- catis; tertiaris flexuosis, rete venoso minutissimo conjuncetis. Armissan (commun). Les feuilles. de cette espèce varient beaucoup; elles sont tantôt ovales ou plus ou moins elliptiques, arrondies, obtuses ou atté- nuées à la base. Cette base est souvent un peu inégale. La nerva- tion est plus ou moins visible suivantles exemplaires et le côté que présentent les empreintes. On doit supposer que leur surface était un peu pubescente, ce qui dérobe en partie les détails du réseau veineux. Elles sont toujours reconnaissables, soit par la physiono- mie commune qui les réunit, soit par la forme du pétiole, soit sur- tout par la saillie et la direction des principales nervures, émises sous un angle très-ouvert ou presque droit, et qui dessinent une courbe peu ascendante, en restant parallèles entre elles jusque près du bord. Ces nervures sont simples ou plus rarement ra- meuses-bifurquées, même dès la base. Ces feuilles, qu’on pour- rait aisément confondre avec bien d’autres, par exemple avec les folioles du Juglans acuminata, ainsi que je l'ai cru en premier lieu, appartiennent à une espèce aujourd'hui bien connue, grâce à un magnifique exemplaire que la figure 8 de la planche VII reproduit, quoique d'une manière imparfaite. Dans cet exemplaire, une feuille plus grande et plus allongée que les empreintes ordinaires, sans doute aussi plus-glabre, laisse voir les plus petits détails de la nervation, en présentant la face inférieure. L'attribution qui résulte de l'examen appro- fondi de cette feuille ne nous paraît pas douteuse ; nous lui re- connaissons une très-grande affinité, par tous ses caractères, avec le Persea indica Spreng., espèce des îles Canaries, en sorte que nous ne doutons pas qu'en réalité notre Laurus typica n'ait été le congénère et le prototype de celui qui existe encore dans les archipels africains, comme un dermier vestige de l’ancienne végétation tertiaire. On retrouve dans le Persea indica le contour elliptique tantôt obtus, tantôt atténué äâu soiinet, la base parfois inégale, et jusqu'aux variations de forme qui distin- guent les feuilles fossiles. La similitude existe même dans les moindres combinaisons du réseau veineux et dans le tissu LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 129 légèrement pubescent. Les différences consistent en ce que les nervures secondaires du Laurus typica sont plus régulière- ment recourbées le long des bords, qu'elles longent de plus près. Leur saillle paraît aussi bien plus forte dans les em- preintes qui correspondent à la page Imférieure. Sous ce rapport, l'espèce d’Arnnssan se FRA davantage du Persea caro- linensis Spr.. LauRus SuPERBA. (PI. VII, fig. 4.) L. foluis firmis, longe petiolatis, elliptico-lanceolatis, basi api- ceque attenuatis, imtegerrimis; nervis secundaris tenuibus,sub- oppositis, obliquis, curvato-ascendentibus, nervulis subtlibus transversim decurrentibus. Armissan (rare). Grande et belle feuille mesurant 14 centimètres de longueur : sa forme, sa nervation, la disposition du réseau veineux, qui relie entre elles les nervures principales, dénotent une Laurinée vol- sine de plusieurs Persea. Elle ressemble surtout aux formes les” plus allongées du Persea gratissima Gærtn., et encore mieux peut-être au Machilus odoratissima Nees, de Singapoure, dont elle reproduit les principaux caractères, sous de plus grandes di- mensions et avec un contour plus atténué mférieurement. LAURUS (PERSEA?) MULTINERVIS. j L. fois subcoriaceis, lanceolato-linearibus, obtusis ; nervo primario valido; secundariis suboppositis, gracilibus, numerosis, angulo subrecto obliquis, parallelis, simplicibus, secus margi- nem curvatis ; tertiariis tenuissime transversimque reticulatis. Armissan (rare), — Peyriac, au bord de l'étang du Doule, Cette espèce paraît se rattacher au même type que la précé- dente, et par conséquent au groupe des Persea; mais ses feuilles, qui varient de proportion suivant les exemplaires ; ont une forme lancéolée-linéaire qui les fait aisément reconnaître. Les nervures secondaires, presque toujours opposées, déliées, nom- 5° série. Bot, T. IV. {Cahier n° 3.) 1 9 130 GASTON DE SAPORTA, breuses (18 à 20), partant à angle droit et très-ouvert, sont paral- lèles dans la plus grande partie de leur parcours, et recourbées le long du bord, qu’elleslongent de très-près. Le réseau vemeux très-fin accuse une Laurinée que la disposition des nervures principales ne permet pas de confondre avec le Laurus primi- genia Ung., auquel on serait tenté de la réunir, si l’on s’atta- chait seulement à la forme allongée du contour extérieur. Elle ressemble un peu aux feuilles les plus étroites du Persea indica Spr., ainsi qu à plusieurs Machilus. Laurus (PERSEA ?) consricua. (PI. VII, fig, 3.) L, folüs firmis, ovato-lanceolatis vel lanceolatis vel ellipticis, breviter petiolatis, integerrimis, obtuse acuminatis ; nervis se- cundaris plerumque oppositis, saltem inferioribus obliquis, parallelis, smplicibus, secus marginem curvatis, venulis trans- versim decurrentibus. Armissan (assez rare). Ce sont des feuilles bien distinctes des précédentes par leur forme ovale ou lancéolée-elliptique, ressemblant à plusieurs Laurinées du groupe des Persea, tels que les P. pirifolia N,., lingua N., ainsi qu'au Machilus odoratissima. L'opposition con- stante des nervures secondaires se remarque dans toutes ces plantes, comme dans l'espèce fossile, dont l'attribution nous paraît toute naturelle. y. Folia subtriplinetvia, nervis secundariis infimis, cæteris obliquioribus, quandoque longius productis (Cryptocarya ? Oreodaphne ? Agathophyllum ?). LAURUS (AGATHOPHYLLUM? CRYPTOCARYA?) Tournai. (PI. VII, fig. 4.) L. folus coriaceis, late ovatis, lævibus, obtusissimis, basi in petiolum crassum brevem attenuatis, subtriplinervis; nervis lateralibus paulo suprabasilaribus, cæteris secundariis obli- quioribus; tertiariis subtiliter reticulatis, interdum inconspi- CUIS, Laurus Agathophyllum? Ung., F1, von Sotzka, p. 39, tab. 19, LE SUD-EST DE LA FRANCE. A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 494 fig. 5; Heer, #1. tert. Helv., M, p. 79, tab. 100, fig. 16-17. Armissan (assez répandu). Cette espèce nous parait très-voisme du Laurus À gathophyl- lum Ung., de Sotzka, signalé aussi par M. Heer à Rivaz, dans la partie inférieure de la mollasse suisse, peut-être même identique avec lui. Pourtant, ni les figures n1 les descriptions des auteurs allemands ne laissent entrevoir la disposition triplinerve si nette- ment perceptible dans les feuilles des environs de Narbonne. Le nombre et la conservation parfaite de celles-ci nous permettent de les décrire en toute connaissance de cause, et de les regar- der, jusqu'à preuve contraire, comme constituant une espèce très-distincte, à laquelle viendront peut-être se réunir un jour les empreintes si imparfaites découvertes en Autriche et en Suisse. Une feuille isolée, reproduite figure 1 (pl. VID, laisse voir tous les caractères de cette Laurinée, grâce à l’admirable conservation de l'empreinte à laquelle adhère encore l'épiderme ancien réduit à l’état de pellicule noirâtre. Il est évident que la consistance du tissu foliacé était très-coriace. La forme qui reparaît mdistincte- ment dans tous les exemplaires était largement ovale, obtuse et terminée au sommet par une pointe courtement apiculée. La base s'atténue rapidement pour donner naissance à un pétiole court, gros, et marqué de stries transversales. Les deux ner- vures secondaires inférieures, toujours plus obliques que les sui- vantes, et séparées d'elles par un intervalle assez marqué, vont les rejoindre après avoir produit une série d’aréoles le long de leur côté extérieur. Les autres nervures secondaires, beaucoup moins obliques, alternes, assez espacées, se recourbent l’une sur l’autre, et dessinent de larges aréoles. Le réseau veineux, que l'on aperçoit sur quelques empreintes seulement, est très-fine- ment dessiné. La surface a dû être glabre et lisse, autant que l’on peut en juger. Un grand exemplaire que nous devons à l'obligeance de M."Tournal, à quinous dédions l'espèce, en montre une branche complète, garnie de toutes ses feuilles encore en place ; elle est plusieurs fois ramifiée, à ramules élancés, souples, minces, 132 GASION DE SAPORTA, étalés, portant des feuilles’ alternes et nombreuses. Cette bran- che, par son aspect, semble dénoter un grand arbre à rameaux élégants, analogues à ceux des Laurinées actuelles. Il est plus difficile de déterminer l’affinité générique de l’ancienne espèce. La ressemblance est grande pour la forme et la consistance des feuilles avec l’Agathophyllum aromaticum. Il est vrai que, dans cette espèce, les nervures secondaires mférieures ne se distin- guent des suivantes que par une direction tout à fait marginale, qui leur fait longer le bord et se confondre avec lui. On observe des feuilles triplinerves ou subtriplinerves analogues aux nôtres dans les Cryptocarya, Laurinées répandues sur de vastes éten- dues en Amérique, comme dans les régions tropicales de l'Océanie. Nous citerons seulement le C. Peumus, du Chili, dont les feuilles, quoique beaucoup plus petites, offrent avec celles d’Armissan une grande analogie de forme, de consistance et de nervation. LauRus (OREODAPHNE ?) RESURGENS. (PI. VII, fig. 9.) L. folus glabris, breviter petiolatis, oblongo-lanceolatis, utrin- que attenuatis, penninervis vel subtriplinervis ; nervis secun-- darus infimis, plerumque cæteris obliquioribus, omnibus als tenuissinus, curvatis, areolatis; tertiarüis subtiliter venuloso- reticulatis. Armissan (assez rare). Deux belles empreintes (fig. 9 À et B), couchées côte à côte sur la même pierre, donnent une idée suffisante de cette espèce, qui diffère peu du Daphnogene tenebrosa que nous avons décrit et figuré dans la Flore de Saint-Zacharie (1), et à laquelle elle de- vrait probablement être réunie. La feuille de Saint-Zacharie est cependant plus oblongue, et surtout plus longuement atténuée au sommet ; la nervation en est moins fine, et la base plus distincte- ment triplinerve ; mais l'espèce d’Armissan appartient à un type assez polymorphe pour donner lieu à bien des variations secon- (4) Voy. Études sur la végét. tert., 1, p. 211, Flore de Saint-Zacharie, pl. 6, fig. 6; Ann, sc, naf., L® série, Bor., t. XIX, pl. 6, fig. G. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 133 daires. Sa surface était glabre et son tissu assez ferme pour qu'un exemplaire encore intact, quoique réduit à l’état de mem- brane souple et translucide, ait pu être détaché d’une dalle et déposé dans notre herbier. Le Laurus resurgens doit être rapporté, comme le Daphnogene tenebrosa, au groupe des Oreodaphne, etrapproché en particulier de l'O. fœtens des îles Madère et Canaries, dont il est voisin par l'aspect et la consistance des feuilles, le dessin du réseau veineux et la disposition des principales nervures. Il existe cepen- dant de trop grandes différences, surtout à cause de l'absence de cryptes ou verrues poilues et creuses inférieurement, que l’on remarque à l’aisselle des principales nervures dans l'espèce actuelle, pour croire que ce rapprochement puisse donner lieu à une véritable assimilation ; on peut seulement constater qu'il existe entre la forme fossile et la forme actuelle une analogie dont il est difficile de mesurer le degré. Du reste, plusieurs Oreodaphne du monde moderne sont dépourvus de ces cryptes ou points verruqueux, et le nôtre paraît se rapprocher davan- tage de l'O. indecora Nees, du Brésil. CINNAMOMUM Burm. L'apparition simultanée de tout un groupe d'espèces caracté- ristiques des temps miocènes proprement dits, et inconnues, à ce qu'il semble, dans les étages antérieurs, signale le genre Cinna- momum dans la flore fossile des environs de Narbonne. CINNAMOMUM LANCEOLATUM Heer, #7. tert, Helv., II, tab. 93, fig, 6-11 ; the Lignite of Bovey-Tracey, pl. 16, fig. 1-8. — Unger, Foss. F1 von Sotzha, tab. 16, fig. 1-7; /teise in Griechenland, p. 162. — Ludwig, Palæontogr., VIT, tab. 43, fig. 1-7. Armissan (assez rare). — Peyriac, au bord de l'étang du Doule, Cette espèce, malgré son extrème polymorphisme, reproduit toujours à peu près la même série de formes. Les feuilles d’Ar- missan et de Peyriac se rapprochent pourtant bien plus de celles de Manosque que de celles des étages antérieurs; elles 13/4 GASTON DE SAPORT'A. sont moins étroitement linéaires, moins longuement atténuées vers la base, que celles des gypses d’Aix et des dépôts suivants. Elles ne diffèrent en rien de celles de la mollasse suisse, figurées dans la Flore tertiaire de M. Heer. CINNAMOMUM POLYMORPHUM Heer, #7, tert. Helv., II, p. 88, tab. 93, fig. 25-28, tab. 94, fig. 1-26; Ludwig, Palæontogr., VIE, p.,110, tab. 42, fig. 1-11; Unger, Reise in Griechenland, p. 163. C. foliis petiolatis, ovato-ellipticis vel obovatis, apice breviter acuminats, triplinervus; nervis lateralibus suprabasilaribus, subcurvatis, extus plus minusve reticulato-ramosis, cum secun- dariis ad apicem conjunctis. Ceanothus. polymorphus AI. Braun, Stiz. verz., p. 88. — Daphnogene polymorpha Ettimgsh., Tert. FI. von Wien, p.16, tab. 2, fig. 23-25; F1. des Monte Promina, p. 14, tab. 6, fig. 1-8, — Ceanothus subrotundus O. Web., Palæontogr., W, tab, 23, fig. 6. * Armissan, Peyriac (assez répandu). La longue énumération d'auteurs et de synonymes ayant trait à cette espèce marque d'elle-même sa grande diffusion à l'époque tertiaire moyenne. Inconnue jusqu'à présent dans les dépôts du midi de la France, plus anciens que ceux des environs de Narbonne, elle se trouve représentée dans ceux-ci par des échantillons assez nombreux et assez nettement caractérisés pour ne laisser aucun doute sur son affinité avec les exemplaires de Suisse et des autres flores étrangères du même âge. L'identité est évidente en particulier avec les figures de l'ouvrage de M. Heer: ce sont des feuilles assez longuement pétiolées, ovales-elliptiques, dilatées-arrondies vers le milieu de leur étendue, et terminées par une pointe brièvement acuminée. Elles reproduisent la phy- sionomie du Camphora officinarum Bauh., dont elles paraissent tellement voisines, qu’il est quelquefois difficile de les en dis- tinguer, On peut dire également que notre Cinnamomum cam- phoræfolium des gypses d'Aix (1) est le précurseur et le prototype (1) Voy. Études sur la végét. tert., I, p. 89, Flore des gypses d'Aix, pl. 7, fig. 4; Ann. sc, nat., 4e série, Bor., t. XVII, p. 242, pl. 7, fig. 4. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 135 de cette espèce, lant on serait tenté de les confondre en considérant les feuilles similaires des deux côtés. Cependant celles d’Aix sont presque toujours terminées supérieurement par une pointe plus fine et plus longue, et plus atténuées vers la base ; il est vrai que les Cinnamomum camphoræfolium, polymorphum et camphora, représentent trois formes à peine distinctes d’un même type qui a traversé bien des périodes successives sans varier d’une manière très-sensible. | Cinnamomum Bucau, Heer, #7, tert. Helv., IT, p. 90, tab. 95, fig. 4-8. C. foliüs petiolatis, oblongo-ellipticis, basi attenuatis, apicula- ts, triplinervus ; nervis lateralibus oppositis vel alternis, elon- gatis, ascendentibus, extus breviter ramosis, ad apicem cur- vatis, cum secundariis paucis secus marginem conjunctis. Peyriac, au bord de r étang du Doule. Une seule empreinte très-nette et très-complète annonce, par sa conformité avec les exemplaires de Suisse et les figures don- nées par M. Heer, la présence de cette espèce dans la végétation tertiaire du bassin de Narbonne. Elle est très-voisine de la pré- cédente, et l’on serait tenté de ne voir en elle qu’une simple forme, si la fixité de certains caractères ne marquait la pré- sence d'une espèce distincte, quoique peu différente du C. poly- morphum. CINNAMOMUM SPECTABILE Heer, F1. tert. Helv, II, p. 91, tab. 96, fig. 1-8. C. foliis amplis, ellipticis, basi obtuse attenuatis, apice acu- minatis, triplinerviis ; nervis lateralibus margini parallelis, cur- vatis, extus plus minusye ramoso-reticulatis, cum secundariis ante apicem conjunctis. Armissan (assez rare). Peyriac, Plusieurs empreintes attestent l'existence de cette belle espèce dans la flore des environs de Narbonne. Rien ne distingue nos exemplaires de ceux de Suisse, que M. Heer a si bien décrits et fisurés dans sa Flore. Le Cinnamomum spectabile reparait dans les étages suivants, comme les deux précédents; en Provence, on 126 .__. GASTON DE SAPORTA, rencontre avant lui le Cinnamomum spectandum (1), qui n’en est peut-être qu'une forme plus ancienne. LITSÆA Juss. LirsæA macnirica. (PI. VIL, fig. 6.) L. foliis firmis, peramplis, longe petiolatis, late oblongo- ovatis, ellipticis, acuminatis, basi obtuse attenuata leviter sinua- tis, integerrimis, triplinervis ; nervis lateralibus infimis supra- basilaribus, ascendentibus, curvatis, margini subparallelis, cum secundariis sparsis Curvato-ascendentibus reticulatis; nervulis flexuosis, transversim undique decurrentibus, reticulatis. Armissan (très-rare). Nous n’hésitons pas à signaler comme appartenant au groupe des Daphnidiées, et très-prohablement au genre Litsæa, une belle empreinte trouvée à Armissan et remarquable par sa dimen- sion. Le faible développement des nervures latérales basilaires comparativement aux nervures secondaires, le prolongement de la partie supérieure de la feuille, qui s’atténue peu à peu avant de se terminer en une pointe finement apiculée, joints à la forme de la base et au caractère général de la nervation composée de vei- nules plus finement rameuses, plus obliquement flexueuses, for- mant un réseau plus délié que dans les vrais Cinnamomum, nous engagent à regarder cette feuille comme dénotant une espèce congénère des Litsæa actuels, qui pour la plupart présentent les mêmes caractères. Notre L. magnifica ressemble par ticulière- ment au L. foliosa Nees et à un Liütsæa sans nom, figuré par M. d'Ettingshausen dans son ouvrage sur les caractères de ner- vation que présentent les Apétales (2). (4) Voy. Études sur la végét. tert., X, p. 175: Flore des environs d’Apt, pl. 2, fig. 2; Ann. sc. nat., 4° série, Bor., ft, XIX p. 21, pl. 2, fig. 2. _ (2) Ettingshausen, Blattskelete der Apetalen, tab. 29, fig. 8, et tab. 30, ig. 4. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 181 PROTEACEÆ. Les Protéacées d’Armissan, après le retranchement des Dryan- droides de Unger et de Heer, se réduisent à un très-petit nombre d’espèces, dont l'attribution même demeure plus ou moins in- certaine. La flore d'Armissan marque donc l'instant précis où cette famille longtemps prépondérante, puis importante à divers égards, cesse de tenir un rang considérable dans la végétation du sud-est de la France, quoiqu'elle n’en ait pas encore complé- tement disparu. Cette disparition est un arrêt désormais assuré, que le temps et les circonstances se chargeront d'accomplir. GREVILLEA KR. Br. GREVILLEA RELICTA. G. foliis coriaceis, subpetiolatis, oblongo-ellipticis, utrin- que attenuatis, integerrimis, subtus leviter revolutis, punc- tulatis ; nervis secundariis fere inconspicuis, immersis, obliquis. Armissan (très-rare). Petite feuille coriace, allongée, acuminée, analogue à plu- sieurs Grevillea des sections Oleoideæ et Myrtilloideæ. LOMATITES Sap. LOMATITES HELICIOIDES. (PL VIT, fig. 2.) L. foliis lanceolatis, breviter acuminatis, passim subdentato- spinosis, parum inæqualibus, nervis latere uno obliquioribus, reticulato-venosis. Armissan, couches supérieures (très-rare). : La nervation réticulée saillante, à veines obliques, de cette feuille (voy. fig. 2 A), dénote une espèce analogue par ce carac- tère, ainsi que par le mode de dentelures espacées et subspi- néscentes, aux Lomatia Fraseri et ilicifolia, ainsi qu'à cer- taines feuilles plus larges et presque entières du Lomatia longi- folia R. Br. (1). (4) Voy. Unger, Neu-Holland in Europa, p. 61 et 68. L'espèce que j'ai comparée à 138 GASTON DE SAPORTA,. PALÆODENDRON Sap. PALÆODENDRON ULTIMUM. (PI. VIT, fig. 5.) P, folus coriaceis, petiolatis, lanceolato-linearibus, apice acu- minatis, basi breviter attenuatis, integerrimis ; nervis secunda- ris obliquis, reticulatis, tenuibus vix conspicuis. Armissan (rare). Feuilles très-bien conservées, qui reproduisent le type des Palæodendron de Saint-Zacharie ; elles semblent intermédiaires pour la forme entre les P. salicinum et lanceolatum (1). Leur sommet, progressivement atténué, se termine en une pointe finement mucronée. GAMOPETALZÆ. Quelques rares Myrsinées, plusieurs Sapotacées, de nom- breuses Éricacées, composent presque entièrement l’ensemble des Gamopétales de la végétation d'Armissan. La rareté des Myr- sinées n’est sans doute qu'accidentelle ; les Ébénacées ont laissé quelques traces insignifiantes ; les Sapotacées présentent des formes remarquables par la netteté de leurs caractères ; enfin le groupe des Andromeda offre un développement considérable. En résumé, on peut dire que les Gamopétales n'ont pas sensiblement varié depuis l'époque très-rapprochée des calcaires htiorauxæ du bassin de Marseille. | 21 EBENACEÆ,. DIOSPYROS L. D1osPYROS OBSCURA. D. foliis coriaceis, breviter lateque petiolatis, lanceolaüs, mon Lomatites aquensis et figurée à côté de lui, confondue jusqu'à présent avec le Lomatia longifolia R. Br., parait en différer en réalité, et former une espèce distincte sous le nôm de Lomatia linearis R. Br. (4) Voy. Études sur la végét. tert., 1, p. 213: Flore de Saint-Zacharie, pl. 7, fig. 4, 2, 3; Ann. sc. nat., 4° série, Bor,, t. XIX, p. 60, pl. 7, fig. 1-3, LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 139 nervo primario valido, secundariis obliquis, secus marginem areolatis, inconspicuis. Armissan, couches supérieures (rare). Feuille qui ne diffère de celle découverte à Samt-Jean-de- Garguier que par un pétiole plus gros et un peu plus long, une forme plus régulièrement lancéolée, et des nervures secondaires moins ramifiées, ascendantes, réunies près des bords par des arceaux très-obtus. SAPOTACEZÆ,. SAPOTACITES Ettingsh., Foss. F1, von Hæring, p.61. SaporTaciTes Mimusors Ettingsh., Foss. F1, von Hæring, p. 62, tab. 21, fig. 22; Heer, F7. tert. Helv., 1, p. 14, tab. 103, fig. 4. S. foliis coriaceis, late obovatis, apice obtuse rotundatis, basi cuneatis, nervis secundariis obliquis angulo subacuto valde reticulato-ramosis. Armissan ({rès-rare), Feuille qui présente les caractères distinctifs de celles des Sapotées ; elle paraît identique avec l’espèce signalée à Hæring et en Suisse par MM. d'Ettingshausen et Heer sous le nom de Sapotacites Mimusops. Ces auteurs la comparent au Mimusops Elengi L., auquel l'empreinte d'Armissan ressemble effective- ment beaucoup par tous les détails de sa nervation réticulée à veinules très-obliques , décurrentes, au milieu des nervures secondaires promptement ramifiées et qui partent à angle très- obtus, SAPOTACITES EXIMIUS. (PI. VIIL, fig. 3.) S. folis longe petiolatis, coriaceis, ovato-lanceolatis, integer- rimis, lævibus, penninerviis; nervis secundariis obliquis angulo fere recto, debilibus, plurimis, parallelis, secus marginem con- juncto-ramosis; venulis obliquis, gracillimis, flexuose reticu- Jatis. Armissan (très-rare). La feuille qui donne lieu à la distinction de cette espèce est 4h10 GASTON DE SAPORTA. bien plus grande que toutes celles que M. d'Ettingshausen a attri- buées au même groupe dans la Flore fossile d'Hæring (1) ; elle égale en dimension celles du Sapotillier, et reproduit tous les caracteres de forme, de nervation et dé longueur du pétiole qui distinguent les feuilles de l’Achras Sapota L., du Mimusops ElengiL., de l’Imbricaria maxima Lamk. Comme les feuilles de ces dernières espèces, celles de la plante fossile étaient lisses et longuement pétiolées. L’empreinte reproduite figure à en représente la face supérieure : les nervures offrent peu de saillie, et ne sont distinctes qu’à la loupe; la médiane est mince ; les secondaires faiblement marquées, rapprochées, parallèles, entremêlées de plus faibles qui courent longitudinalement dans l'intervalle qui les sépare, et reliées par des veinules obliques, flexueuses, réticulées. Par sa forme ovale, par sa terminaison légèrement acuminée, cette feuille se rapproche de l’Æchras Sapota L.; mais le dessin du réseau veineux est plus analogue à celui du Mimusops Elengi L. Les feuilles des trois genres que nous avons cités ont si peu de caractères différentiels, qu'il serait difficile de décider auquel de ces trois types l'espèce fossile doit ètre rattachée de préférence. BUMELIA SIDEROXYLOIDES. (PI. VIIL fig. 2.) B. foliis longiuscule petiolatis, coriaceis, late obovatis, apice obtusato subemarginatis, integerrimis; nervis secundariis sub angulo 45 grad. emissis, curvato-reticulatis ; tertiariis valde obli- quis, flexuosis, subtiliter reticulatis. Armissan (assez rare). Feuilles très-analogues à celles du Bumelia Oreadum Ung., de Sotzka (2), mais plus grandes, plus largement obovales, moins atténuées imférieurement et plus longuement pétiolées que celles-ci. Elles présentent le type des Bumelia et des Side- roxæylon par tous les détails de leur forme, de leur nervation, (1) Ettingshausen, Foss. F1. von Hæring, tab. 21, fig. 6-25. (2) Unger, Foss. F!, von Sotzka, tab. 29, fig. 7-14. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. fl et du capricieux réseau veineux qui court obliquement dans l’in- tervalle des nervures principales. On peut comparer cette espèce à beaucoup de Bumelia actuels : au B. atrovirens Lamk., sous des dimensions réduites, ainsi qu'aux B. nervosa et retusa. Elle res- semble beaucoup aussi au Sideroxylon inerme du Cap. Nous re- gardons ce rapprochement et le précédent comme très-naturels. MYRSINEÆ. MYRSINE L. MYRSINE CELASTROIDES Ettingsh., Foss. F1. von Hæring, p. 60, tab. 21, fig. 3; Heer, F7. tert, Helv., I, p. 16, tab. 103, fig. 14. M. foliis coriaceis, oblongis, basi attenuatis, serrulatis ; nervis secundarus sparsis, obliquis, parum conspicuis. | Armissan (rare). Quelques feuilles clanr-semées, mais bien caractérisées et dis- tinctement ponctuées, attestent la présence de cette espèce, qui paraît avoir eu une grande extension vers le commencement de l’époque tertiaire moyenne. On l’a observée à la fois à Hæring, à la base de la mollasse suisse, à Saint-Jean-de-Garguier (1) et aux environs de Narbonne. ERICACEÆ. ANDROMEDA L. Les Andromeda d’Armissan sont considérables, non-seulement par le nombre et la fréquence des espèces, mais surtout par la beauté des exemplaires. En effet, on observe dans cette localité des branches entières de ces anciens végétaux, qui donnent une idée exacte de leur port. Nous avons même recueilli des fruits et des inflorescences occupant encore leur position naturelle. On peut ainsi juger en pleine connaissance de cause de la vraie nature (4) Voyez plus haut Flore des calcaires marneux littoraux du bassin de Marseille, p. 105, pl. V, fig. 11 (Ann. sc. nat., 5° série, Bor., t. IL, p. 109, pl. 5, fig. 11). 112 | GASTON DE SAPORFA. de ces plantes tertiaires, qui n'avaient été jusqu'ici signalées qu'en échantillons isolés, ne comprenant que des feuilles d'une apparence parfois douteuse, et dont la nervation même était difficile à reconnaître dans beaucoup de cas. ANDROMEDA (LEUCOTHOE) NARBONENSIS. (PI. VIII, fig. 4.) À. tolis longe petiolatis, coriaceis, lanceolatis vel lanceolato - linearibus, integerrmis, utrinque plus minusve acumimatis, te- nuissime reticulato-venosis; venulis. valde obliquis, in areolas subtilissimas solutis, Immersis, sæplus inconspieuis. — Floribus in racemos breves, 5-7-floros, plerumque axillares dispositis, pedicellis ad apicem basmque articulatis, primum subin- curvis, post anthesin autem erectiusculis; fructibus ovato-glo- bosis, basi cum calyce extus leviter rugoso et pro tempore aucto concretis; lobulis calyeimis brevibus, tandem obliterats ; capsulæ valvis ad maturitatem hiantibus, non ultra medium apertis, inde falso capsulam semimiferam simulantibus. Andromeda protogæa? Ett., Foss. F1. von Hæring, tab. 22, fig. 1-7. | Armissan (très-répandu), — Peyriac. Les rameaux de cette espèce présentent à leur surface des stries longitudinales irrégulières, et qui leur donnent l’appa- rence sillonnée-anfractueuse que l’on observe également sur les tiges des Andromeda actuels, spécialement sur l'A. sahcfoha Benth. Les ramules jeunes étaient peut-être un peu pubescents. Les feuilles, sur le grand échantillon dont la figure 1 A (pl. VI) représente une petite partie réduite à la moitié de sa grandeur naturelle, entourent encore les tiges, dont elles viennent de se détacher. Elles varient beaucoup de forme et de dimension (voy. fig. 1 D), et sont tantôt étroitement lancéolées, presque linéaires, tantôt lancéolées. Plus ou moins finement acuminées au sommet, elles s’atténuent inférieurement en un fort pétiole, long de 1 1/2 à 2 centimètres. Leur consistance est coriace; elles ontle bord légèrement replié en dessous, et le limbe parcouru par un réseau veineux très-difficile à apercevoir. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 143 La nervation est pourtant bien visible sur quelques exem- plaires. Celui que représentent les figures 1 C et ! D montre un amas de feuilles jetées l’une sur l’autre dans le plus grand dés- ordre. L'une de ces feuilles laisse voir les détails de la nervation, qui se compose (voy. la fig. 4 C”, où elle est grossie) d’un réseau très-fin formé par des veines promptement ramifiées, qui naissent le long de la médiane sous un angle très-ouvert. Ces feuilles res- semblent beaucoup par la plupart de leurs caractères à celles de l'A. venulosa de Sant-Jean-de-Garguier ; elles s’en distinguent à peine par leur pétiole plus gros et plus long et leur contour plus régulièrement lancéolé, mais la disposition du réseau vei- neux est tellement analogue dans les deux espèces, qu’on doit les regarder comme deux formes très-voisines du même type. Il parait aussi exister un grand rapport entre nos feuilles et celles d'Hæring, figurées par M. d'Ettingshausen sous le nom d’A. pro- togæa ; le contour général, comme les proportions du pétiole, semblerait l’annoncer, quoique l'absence de tout détail relatif à la disposition des nervures empêche de rien affirmer à l'égard de ce rapprochement. La même analogie rattache ces feuilles d'Armissan à celles de beaucoup de Leucothoe du monde actuel, surtout parmi ceux des îles Maurice et Bourbon et del’Amérique tropicale ; nous citerons seulement les 4, salicifolia Benth. et multiflora DG. comme les plus connus du groupe auquel nous faisons allusion. Le rameau figuré sur notre planche VIE (fig. 4 A), malgré les dimensions auxquelles nous avons été foreé de le réduire, montre une série d'inflorescences, les unes occupant encore leur place naturelle, les autres éparses, mais se rapportant à la même plante, Ce sont des grappes ordinairement axillaires, bien plus courtes que les feuilles, puisqu'elles atteignent au plus 2 centi- mètres de longueur. Leur rachis semble avoir été légèrement pubescent; il est assez épais proportionnellement, surtout vers la base qui était articulée sur la tige ; il supporte, à des distances très-rapprochées, un petit nombre (5-7) de pédicelles souvent déjetés du même côté (fig. 1 A’), articulés à la base comme au sommet, recourbés, qui sont terminés (voy. fig. 1 A", en 4, 4, et All GASTON DE SAPONTA. fig. 4 A", en b, b) par des organes ovoïdes, fleurs en bouton, ca- lyces ou fruits, dont nous essayerons d'expliquer la véritable nature. | Ces organes, sans doute par suite d'un développement plus avancé, sont encore plus nets et mieux visibles sur une branche trouvée dernièrement, dépouillée de ses feuilles, mais chargée des mêmes grappes, et dont la figure 1 B (pl. VID représente une petite partie. Cetexemplaire remarquable consiste en une branche divisée en quatre rameaux simples, tousascendants, chargés d'un assez grand nombre de grappes, les unes encore en place, les autres détachées, mais contiguës. Elles ont une longueur de 4 1/2 à 2? centimètres, et supportent à l’aide de courts pédicelles 2, 3 et jusqu à 5 organes analogues à ceux de la première em- preinte, mais plus arrondis, plus convexes, marqués de fines rugosités dans leur moitié inférieure, partagés dans le haut en plusieurs valves, tantôt conniventes, tantôt plus ou moms écar- tées. L'articulation de ces organes sur les courts pédicelles auxquels is sont attachés est. bien nettement visible à l'aide d’une loupe, comme le font voir les dessins grossis reproduits fig. 1 B'et 1 B". Des organes d'une structure toute pareille se sont encore rencontrés pêle-mêle avec les feuilles d'Andromeda que nous venons de signaler plus haut, ainsi que le montre en a, a la fig. 1 C (voy. les mêmes organes dessinés isolément, fig. 4 C, a et b, et grossis en a’ et b'). Dans les étages précédents, nous n'avons pas hésité à ranger parmi les Andromeda des feuilles semblables à celles-ci par leurs principaux Caractères. Il existe donc un intérêt réel à vérifier la légitimité de notre opimon antérieure, conforme à celle de plu- sieurs autres paléontologues, maintenant que nous avons sous les yeux les organes reproducteurs de ce même groupe de feuilles. "a Au premier aspect, les inflorescences dont il est question n’ont rien qui ne soit conforme à celles d’un grand nombre d'Andro- meda actuels, et ce sont justement.ceux qui se rapprochent le plus par leurs feuilles des espèces’ tertiaires. ‘ÆEn -effet, les fleurs des Andromeda, solitaires ou diversement agrégées-dans les sec- LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 15 tions Cassiope, Phyllodoce, Zenobia et Cassandra, se trouvent dis- posées en grappes axillaires et terminales dans la section Leuco- thoe DC., et présentent l'aspect de celles d'Armissan dans les Leucothoe salicifolia Benth. et multiflora DC., quoiqu'elles pa- raissent plus grandes dans toutes leurs proportions. Les pédi- celles, dans ces espèces (voy. fig. 4 «et «’, pl. VIE), sont un peu recourbés, articulés à la base sur l’axe et vers le sommet sous la fleur ; après l’anthèse, ils se redressent, et le fruit, devenu capsu- laire, avec ses valves écartées à déhiscence loculicide, tend à se détacher du pédicelle à l'aide d’une désarticulation qui se mani- feste par un étranglement. C'est là ce qu'on observe également dans les empreintes fossiles, où les organes qui surmontent les pédicelles semblent constamment séparés d'eux par une solution de continuité; la ressemblance ne saurait donc être plus com- plète. Toutefois, lorsqu'on examine de près les organes fossiles, on a peine au premier abord à s'expliquer leur structure, et à décider si ce sont des corolles, des calyces ou des fruits à divers degrés de développement. Le contour fort net, l'épaisseur parfois assez considérable de matière charbonneuse qui caractérisent ces empreintes s'opposent à ce qu'on y reconnaisse des corolles ; d’ailleurs, on n'observe à leur base aucune trace bien sensible de lobes calycmaux, et l’état de désarticulation assez prononcée où elles se trouvent indique des organes plus avancés vers l'époque de là maturité que de simples fleurs. Il serait naturel d'y voir des calyces gamosépales, à divisions dressées, conniventes, analogues à ceux de certaines Saxifragées ; mais, dans ce cas, ces calyces auraient été adhérents ou semi- adhérents, et dès lors l'assimilation au groupe des Andromeda deviendrait tout à fait problématique, puisque les calyces sont constamment hypogynes dans ce genre, et ne contractent n1 avec la corolle ni avec l'ovaire aucune adhérence un peu considérable. Il est vrai qu'on rencontre fréquemment dans les Leucolhoe des calyces finement sillonnés-rugueux à la base, comme le sont évidemment les empreintes dont il est question ; mais cette parti- cularité se retrouve aussi dans d’autres genres (Diospyros) qui n'ont rien de commun avec les Andromeda. Il est donc presque 5° série. Bot. T. IV. (Cahier n° 3) 2 10 Ahk6 GASTON DE SAPORTA. impossible d'admettre que nous ayons sousles yeux des corolles où des calyces de fleurs fécondées, si ces organes ont appartenu à des plantes semblables aux Andromeda actuels. Selon une dernière hypothèse, ce pourrait être des fruits, c’est-à-dire des capsules à valves tantôt conniventes, tantôt plus ou moins écartées. On de- vrait alors retrouver la trace du calyce et des lobes calycinaux qui persistent à la base des fruits dans la plupart des Andromeda, comme on l’observe entre autres dans les Leucothoe salicifolia. multiflora, lttoralis H. B. K.,et dans plusieurs autres Leucothoe du Brésil. Si les traces du calyce existent dans nos empreintes fossiles, c'est vers la partie moyenne de l'organe, au point où cessent les rugosités etou les valves commencent à s’écarter l’une de l’autre, qu'il est naturel de les chercher. Mais, dans ce cas il s'agirait encore d’un calÿce adhérent, au moins en partie, et les incertitudes relatives à l'attribution proposée n’en deviennent que plus fortes, en apparence au moins. Nous avons cependant, à la suite d'une patiente Investigation de toutes les espèces du groupe des Leucothoe DC., trouvé la solution de ce problème intéressant ; {a voici telle que nous la concevoris. Il existe dans les Leucothoe des diversités dans le mode de dé- veloppement du fruit, et ces diversités peuvent entraîner des différences de structure dans des espèces en réalité très-voisines, Dans le cas le plus ordinaire, et nous citerons comme types les A. salicifolia Benth. et buæifolia Benth., auxquels 1l serait aisé de joindre d’autres espèces brésiliennes, le calyee se divise en cinq lobes assez grands, profondément séparés, mais toujours un peu connivents inférieurement, donnant lieu par leur réunion à un disque plus où moins évasé sur lequel est implanté le fruit, de manière à en occuper toute la surface, en ne laissant libre que la seule partie divisée en segments. Dans les Leucothoe salicifolia, buæifolia et bien d’autres espèces, le disque calycinal ainsi adhé- rent à la base du fruit est sillonné extérieurement de fines rugo- sités, pareilles à celles que l'on observe sur les empreintes fossiles: il fait corps avec elle, et ne pourrait en être isolé, Dans d’autres espèces beaucoup plus rares, comme le Leucothoe bracamorensis Kunth, le calyce, très=petit dans la fleur, n’ac- LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 147 quiert aussi qu'une très-faible étendue dans le fruit ; 1l est réduit à des segments anguleux, à peine saillants, qui s'oblitèrent promptement, en sorte que le fruit dans cette espèce (voy. fig. 1B, pl. VII) ne contracte qu'une faible adhérence avec cet organe, et s'en détache même parfois à la maturité. Mais dans une autre espèce, le Leucothoe acuminata DC., dont nous avons observé les fleurs et les fruits dans l’herbier du Muséum de Paris, le calyce, légèrement charnu et sillonné-rugueux dans la partie de son tube qui supporte le fruit, adhère fortement à la base de cet organe et se développe avec lui, tandis que les segments, peu prononcés et appliqués contre les valves, deviennent scarieux et disparaissent, de telle sorte qu'à la maturité on n’en retrouve presque aucune trace (voy. fig. À y et 1 à, pl. VEIP. C’est là ce qui existe, selon nous, dans l'espèce fossile. En considérant celle-ci, on reconnaît qu’elle présente des grappes axillaires et terminales bien plus courtes que les feuilles, et analogues sous ce rapport à celles du Leucothoe acuminata, mais elles portent des pédicelles plus courts, souvent déjetés d'un seul côté, très- ressemblants, si lon tient compte de la différence de dimension, aux organes Correspondants du Leucothoe salicifolia, et surtout du Leucothoe bracamorensis. Quant aux segments dressés et en- tr'ouverts qui terminent supérieurement les organes fossiles, leur conformité avec les valves des capsules du Leucothoe est frap- pante, soit qu'on les rapproche de celles du Leucothoe acuminata, soit qu on les compare à d’autres espèces, et spécialement au Leucothoe bracamorensis. Dans la plupart des cas, que les lobes calycimaux soient où non persistants, les valves des capsules de Leucothoe ne sont ou- vertes que jusqu'au point où s'opère la réunion des divisions du calyce. Il est donc tout simple que, dans les espèces où le fruit adhère par sa base avec la base du calyce accrue, cette déhis- cence soit encore moins prononcée, circonstance qui explique parfaitement tous les détails que l’on observe sur les empreintes lossiles, leur aspect légèrement rugueux, l'absence des lobes calycinaux, sans doute oblitérés, la forme des valves tantôt écar- tées, tantôt conniventes, suivant l’état plus ou moins avancé des 118 GASTON DE SAPORTA. fruits vers la maturité, enfin leur déhiscence opérée jusque vers la moitié inférieure où commençait le tube calycmal. Suivant ces considérations, nous croyons reconnaître des fruits jeunes, à valves conniventes et encore closes, dans les em- preintes qui se rapportent au grand rameau fig. 1 À, et que reproduisent les fig. 1 A’ et 1 A", sous leurs dimensions natu- relles et avec des détails grossis (a', a’ et b', b'). Ces fruits, mal- gré l’absence ou le peu d'importance du calyce, déja peut-être oblitéré, mais dont on aperçoit cependant quelques traces, res- semblent beaucoup à ceux du Leucothoe salicifolia arrivés à la même phase de développement, ainsi qu’on peut s’en convaincre en comparant les figures 1 A'et 1 A" avec la figure 1 x. La grappe représentée par la figure 4 B, les empreintes a a de la figure 4 C, reproduites isolément en C’, se rapportent, croyons- nous, à des fruits capsulaires complétement mürs, à valves écartées et ayant laissé échapper leurs graines. Une compa- raison, même superficielle, de ces organes avec les figures 1 B, À y, et 19, qui représentent les fruits mürs des Leucothoe braca- morensis et acuminata, doit faire partager aisément cette con- viction. Malgré l'analogie que nous venons de faire ressortir entre les fruits de notre À. narbonensis et ceux du L. acuminata, les feuilles de l'espèce fossile se rapprochent davantage de celles des Leucothoe du Brésil et de l’île Bourbon (1), surtout par leur bord parfaitement entier. C’est une preuve de plus que la structure des fruits, malgré leur apparente anomalie, ne constitue au fond, dans le cas présent, qu'une particularité spécifique qui ne sau- rait empêcher notre espèce d’être rangée à côté des Leucothoe actuels. Il convient pourtant de remarquer combien il est cu- rieux que, dans cette ancienne plante, les parties de la fleur (4) La ressemblance avec le L. salicifolia Benth. s'étend à toutes les parties de la plante fossile, à l’aspect des tiges, à l’apparence du tissu cortical, au mode de ramifi- cation, à la disposition des feuilles et à leur insertion sur des coussinets légèrement saillants ; nous avons pu nous en assurer en plaçant des rameaux entiers de ce Leuco- thoe, reçus directement de l'ile Maurice, à côté de la branche fossile, dont la longueur n’est pas inférieure à 40 centimètres, l'épaisseur à 9 millimètres vers la base, et qui est plusieurs fois ramifiée à sa partie supérieure. LE SUD-EST DE LA: FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 449 présentent justement une structure, dont il n'existe plus que très-peu d'exemples dans le monde actuel. ANDROMEDA (LEUCOTHOE ?) LATIOR. (PI. VII, fig. 5.) À. foliis longe petiolatis, lanceolatis, coriaceis, integerrimis, basi attenuatis; nervo primario stricto, secundartis immersis, INCONSpICuIS. Armissan (assez répandu). Feuilles qui diffèrent des précédentes par un plus long pé- tiole et une forme plus largement lancéolée; la nervation est ordinairement peu visible. ANDROMEDA (LEUCOTHOE?) MEGALOPHYLLA. (PI. VIIL, fig. 4.) A. foliis subcoriaceis, lato-linearibus, sensim apice acumina- tis, basi obtusatis, Imtegerrimis; nervo primario stricto, cæteris subtilibus, valde obliquis, tenuissime reticulatis. Armissan (rare). Grande feuille semblable aux précédentes par le dessin du réseau veineux, mais bien distincte par sa forme largement linéaire-allongée, obtuse inférieurement, longuement acuminée au summet. Elle est très-analogue à celles d’un Leucothoe rap- porté du Brésil par M. Gardner, que nous avons observé dans l'herbier du Muséum de Paris, et qui n’est peut-être que le L. nernfolia DC., mais la feuille fossile est plus grande, plus linéaire et plus longuement acuminée que celles de l'espèce moderne. ANDROMEDA (LEUCOTHOE ?) SINTATA. A. folus subcoriaceis, oblongis v. attenuato-linearibus, basi obtuse attenuatis, apice elongato; nervo primario stricto, cæteris subtiliter reticulatis. Armissan (rare). Cette feuille n’est peut-être qu’une variété accidentelle de l’une des précédentes ; mais la forme elliptique de son contour, 450 hi: GASTON DE SAPORTA. rétréci, puis longuement atténué au sommet, est trop saillante pour ne pas être mentionnée; elle provient des couches supé- rieures aux couches ordinaires. ANDROMEDA (PIERIS?) INQUIRENDA. (PI. VIII, fig. 6.) A. folis subooriaceis, oblongo-lanceolatis, integerrimis, basi apiceque breviter attenuatis, petiolo brevi suffultis; nervis secundarns plurimis, sparsis, obliquis, secus margmem curvato- anastomosatis: tertiariis transversim flexuosis, minute reticu- latis, Armissan (rare). Cette feuille, analogue par sa forme à celles des autres Andro- meda d'Armissan, en diffère par l’ordonnance de ses nervures secondaires et le dessin de son réseau veineux, qui dénotent une véritable affinité avec les Andromeda de la section Pieris. Elle se rapproche surtout de plusieurs espèces de l’Asie intérieure et du Japon. Elle constitue sans doute une forme très-voisine de l'A. protogæa de Suisse (1), dont elle diffère cependant par un pétiole beaucoup moins long. DIALYPETALZÆ,. Les Dialypétales d’Armissan sont plus nombreuses et plus variées, mais aussi plus difficiles à déterminer que celles des flores précédentes. Elles présentent, à côté d’attributions frap- pantes ou très-probables, des assimilations plus ou moins dou- teuses et d’autres tout à fait incertaines; toutefois l'importance croissante de cette classe de plantes dans la végétation de l’é- poque n’en résulte pas moins de l’ensemble des observations. ARALIACEÆ, Les Araliacées atteignent maintenant leur apogée, soit par le nombre de leurs espèces, soit surtout par l'ampleur inusitée et (4) Voy. Heer, F7, tert. Helv., tab. 101, fig. 26. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 151 la fréquence de quelques-unes; elles ne cessent depuis lors de décliner en Europe pour en disparaître presque complétement, en cédant le pas aux Ombellifères, dont le développement paraît avoir eu lieu en sens inverse. ARALIA L. a, Folia simplicia, palmatinervia. AnaLIA (OREOPANAX) HERCULES, (PL [X, fig. 2.) À. foliis magnis, firmis, longe petiolatis, petiolo crasso, basi dilatata amplexicault; Himbo subinæquali, palmato-septem- nervio, à-7-lobo, lobis plus minusve alte incisis, oblongis, sæpius obtuse acuminatis, mtegris vel obscure dentato-sinuatis. Platanus Hercules Ung., Chlor. protog., p. 138, tab. 46. — Platanus digitata? Platanus jatrophæfolia? 1d., ibid., p. 437, tab. 45, fig. 6-7. — Platanus Hercules Brougniart, T'abl. des genres de végét. foss., p. 118. — Sterculia Hercules, Sterc. digi- lala ?, St. jatrophæfolia? Ung., Foss. Flora von Sotzka, p. 22. — Slerculia digitata Paul Gervais, Empr. végét. trouvées à Ar- missan, Gans Mém. de l’Acad. de Montpellier (sect. des se.), EN, p.917 Armissan (très-répandu). L'extension de cette remarquable espèce a dù être grande à un moment donné de l’âge tertiaire moyen, puisqu'elle se montre également à Radoboj en Croatie, où M. Unger l'a signalée autre- fois sous les noms de Platunus Hercules, de PL. digitata, et pro- bablement aussi sous celui de Platanus jatrophæfolia. L'Aralia Iercules se trouve représenté à Armissan par des exemplaires nombreux, variés, d’une conservation parfaite, qui permettent d'en apprécier les véritables caractères. M, Unger, en rapportant au genre Platanus les empreintes de Radoboy, s'était appuyé sur la présence de petits fruits res- semblant à ceux de ce genre lorsqu'ils sont isolés du glomérule qui les porte (1). M. Brongniart émit plus tard des doutes sur (4) Ges fruits ont été depuis éloignés de ceux des Platanus, ct rapportés par le 152 GASTON DE SAPORTA, la légitimité de ce rapprochement (1) et remarqua l’analogie de ces feuilles avec celles des Sterculia ; il signala en même temps l'existence de feuilles pareilles dans le dépôt d’Armissan. M. Unger adopta l'opinion de M. Brongniart dans la partie générale qui sert d'introduction à la Flore de Sotzka, puisque en donnant la liste des espèces de Radoboj, il désigne sous le nom générique de Sterculia les trois espèces qu’il avait décrites aupa- ravant comme des Platanus. Depuis, ces espèces ont été regar- dées par tous les auteurs qui en ont parlé, et spécialement par MM. Heer et d'Ettingshausen, comme constituant de simples formes ou variétés d’un Stereulia voisin du St. platanifoha et du St. macrophylla, rapporté récemment du Brésil par Schott (2). Cependant il ressort de l'examen des échantillons d’Armis- san, en tout pareils à ceux de Radoboj, que ces feuilles fossiles ne présentent pas les caractères distinctifs d’un Sterculia, et se rangent au contraire très-naturellement parmi les Araliacées, dans le groupe des Oreopanaæ. Elles varient beaucoup de forme et de dimension : les plus grandes mesurent un diamètre de 40 à 50 centimètres; les plus petites n’en ont guère plus de 20, sans y comprendre le pétiole, dont les proportions sont loin d’être uniformes, puisqu'il est tantôt plus ou moins épais, long seule- ment de 10 à 15 centimètres, tantôt plus élancé, atteignant jus- qu à 80 centimètres de longueur. Cet organe est toujours plus ou moins dilaté-amplexicaule, canaliculé, aminci et membraneux inférieurement, de manière à dénoter une insertion engaïnante, tout à fait en rapport avec celle des Araliacées. Cette disposition se trouve même plutôt exagérée qu'amoindrie dans l'espèce fossile, qui se range ainsi parmi les Araliacées les plus nettement amplexicaules, et ressemble particulièrement en cela aux Panaæ, aux Aralia proprement dits et à la plupart des Oreopanaæ. Nous citerons encore le Didymopanax attenuatum Sw. comme très- analogue à la plante d’Armissan par ce caractère. Cette struc- même auteur aux Monimiacées, comme présentant beaucoup d'analogie avec ceux des Laurelia. (Voy." Unger, Neu-Holland in Europa, "p. 54.) (1); Brongn., Tabl. des’genres des végét. foss., p. 79. (2) Voy. Ettingshausen, Nervation der Bombaceen, p. 10. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 153 ture du pétiole suffit, à notre sens, pour exclure le genre Ster- culia, où le pétiole légèrement épaissi à sa base donne lieu à une insertion discoïde, sans aucune analogie avec celle que nous venons de décrire. Le limbe (voy. fig. 2, pl. IX, une feuille d’Aralia Hercules réduite à 1/3 de sa grandeur naturelle) est ordinairement aussi large que haut, presque toujours inégalement développé, quel- quefois d’une manière trés-prononcée, c’est-à-dire que l’un des lobes inférieurs manque ou n’est que rudimentaire d’un côté, tandis qu’il est plus ou moins saillant de l’autre. Cette inégalité existe dans le Sterculia platanifolia, mais elle forme aussi le caractère distinctif d’un grand nombre d’ Araliacées à feuilles simples, surtout parmi les Oreopanaæ. La base des feuilles fossiles est légèrement cordiforme; on y distingue toujours trois lobes, ou moins ordinairement cmq, sans comprendre les lobules inférieurs, qui sont inégalement déve- loppés, faiblement prononcés ou même tout à fait nuls. Les nervures qui partent en rayonnant du sommet du pétiole sont au nombre de sept, mais les deux inférieures sont bien plus faibles que les autres. Les lobes montrent les mêmes variations que les feuilles; tan- tôt larges, obtus, peu profondément incisés, tantôt plus étroits, plus divisés et plus finement acuminés, ils sont ordinairement séparés par des sinus qui pénètrent peu au delà de la moitié du limbe. Leur forme est ovale-allongée, légèrement rétrécie à la base, plus ou moins acuminée au sommet, qui se termine par une pointe généralement obtuse, plus rarement atténuée. Le bord paraît entier dans la plupart des échantillons, mais en l’exami- nant attentivement, on voit que les nervures secondaires qui S'y rendent soit directement, soit à l’aide de ramifications latérales, y dessinent une saillie légère, faiblement mais distinctement anguleuse et mucronée, en sorte que le bord est en réalité plutôt sinué-denté que vraiment entier. Cette découpure devient plus sensible dans les exemplaires à lobes étroits et saillants ; ce sont alors de véritables lobules dans le genre de ceux de certaines feuilles d’Acer, mais toujours peu prononcés, quoique bien 154 :__ GASTON DE SAPORTA. visibles. Or, on ne remarque pas cette disposition dans les feuilles de Séerculia qui se rapprochent le plus de celles d’Armissan; leur marge est toujours entière, tandis que ce même caractère est habituel si l’on se reporte aux Araliacées et aux formes cor- respondantes du genre Oreopanax. Les détails de la nervation observés avec le plus grand soin favorisent également cette attribution. La comparaison avec les espèces actuelles la rend encore plus frappante. Il existe, en effet, dans le genre américain Oreopa- »aæ, toute une série de formes évidemment voisines de celles d'Armissan, et parmi lesquelles les termes d’assimilation abon- dent. Les Oreopanax sclerophyllum Dne et PI., Cecropia Dne, brunneum PI. et Lindl., hypargyreum Dne et PI., obtusilobum Rœm. et Sch., Bonplandianum PI, et Lindl., et bien d’autres, reproduisent à divers égards le type de l'espèce fossile. Mais nous eiterons comme s’en rapprochant d'une façon surprenante les Oreopanaæ platanifolium et sterculiæfolium Dne et PI., sur- tout ce dernier, dont la dénomination spécifique exprime à la fois la double ressemblance avec le genre Sterculia, d’une part, et de l’autre avec l’ancien Sterculia, maintenant Aralia Hercules. Il'en reproduit fidèlement tous les caractères et ]usqu'à la dispo- sition obscurément dentée-sinuée de la marge. La forme des lobes et l'inégalité de la base s’y retrouvent également, en sorte que cette étroite affinité doit faire admettre comme probable l'existence à Armissan d’une Araliacée congénère des Oreopanaæ de la nature actuelle, Les variétés de forme auxquelles cette espèce donne lieu peuvent se réduire à trois principales : Var. «, amplissima. — C’est le Platanus Hercules de la figure de Unger. Les feuilles sont très-larges et très-grandes, et le pétiole tres-long. On distingue cinq lobes principaux très-déve- loppés et deux ou trois autres rudimentaires. Var. G, sterculiacea, — C'est le Platanus digitata de la figure de Unger et la forme la plus répandue à Armissan, celle que reproduit notre figure 2. Les lobes latéraux sont inégalement LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 159 développés; les médians plus ou moins incisés, quelquetois très-obtus ; le pétiole est plus court. Var. y, oæyphylla. — Assez analogue au Plalanus jatrophæ- folia de Unger ; mais ici les lobes sont réduits à trois, les autres étant rudimentaires ou inégalement prononcés. ‘ La feuille est plus étroite et plus allongée, les lobes distinctement dentés et longuement acumimés. B, Folia vel foliola integerrima, pinnatinervia, ARALIA (PARATROPIA) LEGITIMA. (PI. IX, fig. 1.) À. foliis simplicibus vel digitatis? coriaceis, subbreviter petio- latis, ovato-lanceolatis, breviter acuminatis, integerrimis, pen- ninerviis; nervis secundariis sub angulo 45 gr. ortis, areolatis, infimis duobus paulo obliquioribus, tertiartis subtiliter oblique reticulatis. Armissan (rare). Espèce remarquable qui reproduit le type des Paratropia par sa forme, l'inégalité faiblement prononcée de sa base, et tous les détails de la nervation. Elle ressemble particulièrement au Paratropia obliqua B., au P. pergamacea BI., et surtout au P. lulescens BI., espèces de Java; on peut citer encore le Para- tropia heterophylla Wall., des Indes. La feuille fossile présente l'aspect glabre, la surface lisse, la consistance coriace de ces plantes. Les Paratropia, végétaux à tiges sarmenteuses ou grim- pantes, voisins de nos Hedera, habitent les Indes orientales et les îles de la Sonde; ils sont particulièrement répandus à Java. On peut encore rapprocher la feuille d'Armissan que nous venons de décrire des feuilles entières et ovales-lancéolées de l'Hedera caucasica Hort., cultivé souvent comme arbuste d’orne- ment. ARALIA (SCIADOPHYLLUM?) LANCEOLATA. (PI. IX, fig. 3.) A. folus digitatis? foliolis coriaceis, petiolatis, basi in petio- lum breviter attenuatis, integerrimis, penninervis; nervis 456 GASTON DE SAPORTA, secundariis tenuibus, obtuse emissis, curvatis; tertiariis oblique reticulatis. Armissan (rare). Il existe plusieurs exemplaires de ces folioles qui présentent le type des Sciadophyllum par leur forme comme par leur nerva- tion. On peut les comparer au S. rubiginosum PI. et Lind., dont elles reproduisent l'aspect sous de plus faibles dimensions. Elles. sont très-voisines de l’Aralia zachariensis que nous avons figuré dans la Flore de Saint-Zacharie ; mais leur contour extérieur est plus régulièrement lancéolé (1). 7. Folia vel foliola dentata, pinnatinervia. ARALIA (PANAX?) ILICIFOLIA. (PI. IX, fig. 7.) À. foliis simplicibus? longe petiolatis, coriaceis, glabris, den- tato-sinuatis, oblongo-lanceolatis, basi obtusatis, nervo primari1o prominente; secundariis subimmersis, areolatis, cum tertiariis reticulato-venosis. Armissan (rare). La feuille représentée (fig. 7, pl. IX) fait partie d’un échan- tillon où l’on remarque cinq feuilles ou folioles couchées l’une près de l’autre; il nous à paru, après bien des études compara- tives, qu'elle se rapportait plus naturellement au groupe des Araliacées qu'à celui des Célastrinées et des Iicinées. L’empreinte d'Armissan semble aussi s'éloigner de certaines Composées frutescentes de l'hémisphère austral, qui ont avec elle une ana- logie apparente de forme et d'aspect, comme l'Eurybia argyro- phylla Cass. et le Conyza glutinosa L., par sa glabréité, sa con- sistance coriace, sa surface lisse et sans réseau veineux saillant. Au contraire, on observe fréquemment, dans les Araliacées, des feuilles construites comme celle-ci, munies de longs pé- tioles, glabres-unies à la surface, dentées sur les bords. L'Oreopanax Pentlandicum Dne et PI., de la Bolivie, présente (4) Voy. Études sur la végét. tert., 1, p. 232 : Flure de Saint-Zacharie, pl. 9, fig. 2 ; Ann. sc. nat., Bor., U° série, t. XIX, p. 78, pl. 9, fig. 2. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 157 des feuilles simples très-analogues par tous leurs caractères à celle que nous venons de signaler. On doit encore citer les folioles de divers Panaæ, surtout du P. arboreum Forst., comme s’en rapprochant beaucoup par leur aspect, leur mode de den- telure et leur nervation. ARALIA (ARALIA? CUSsONIA ?) BanKsiANA. (PI. IX, fig. 4.) A. folis digitatis? 3- vel 5-foliolatis? fololis coriaceis, breviter petiolatis, basi inæqualiter attenuatis, cæterum linearibus, den- tatis ; nervis secundaris obtuse emissis, areolatis. Armissan (rare). On croirait voir au premier coup d'œil une feuille coriace de Banksia, mais l'inégalité de la base, la forme des dentelures et la disposition du réseau veineux décèlent bien plutôt une Araliacée à feuilles digitées, dont nous aurions sous les yeux une foliole détachée, analogue à celles du Cussonia lævigata Eckl., du Cap, et à l’Aralia trifohiata, si répandu dans les serres. Les nervures secondaires sont hien moins obliques dans les feuilles d’Armissan que dans celles de ces espèces, mais il en est d'autres, dans les mêmes genres, où les nervures sont émises presque à angle droit et aréolées comme dans l'empreinte fos- sile, qui nous paraît avoir réellement fait partie du groupe des Araliacées. ARALIA DEPERDITA. À. foliis digitatis? foliolis subcoriaceis, petiolatis, lanceolatis. basi parum imæquali in petiolum attenuatis, margine dentatis, penninervis; nervis secundaris curvato-ramosis; tertiariis obli- que reticulatis. Armissan (assez rare). Les folioles éparses de cette espèce dénotent une Araliacée qui serait analogue au Cussonia Lessonii et au Panax arboreum par la forme comme par la nervation. Les dentelures sont plus fines que dans ces deux espèces. 158 GASTON DE SAPORTA. ARALIA (PARATROPIA ?) PARCEDENTATA. A foliis pinnatim compositis? foliolis coriaceis, ovato-lanceo- latis, acuminatis, basi in petiolum brevem attenuatis, margine parce tenuiterque irregulariter dentatis; nervis secundariis areolatis, fere inconspicuis. Armissan (très-rarc). Feuille analogue par ses principaux caractères aux folioles de l’'Hedera (Paratropia) heterophylla Wall. et à celles d’un Para- tropia rapporté de la Chine par Gaudichaud (herb. Mus. Paris), qui sont ovales-acuminées comme l'empreinte fossile, tantôt entières, tantôt irrégulièrement dentées le long des bords, les dents étant disposées irréguliérement et à de longs intervalles. ARALIA? SERRATA. À. fols digitatis? foliolis coriaceis, brevissime petiolatis, late oblougo-lanceolatis, dentato-serratis, serraturis apice callosis; nervis secundaris obtuse obliquis flexuosis, cum tertiartis obli- quIS, parum cConspicuis, ramoso-reticulatis. - Armissan (très rare). Feuille ou foliole d’une attribution fort obscure, ressemblant un peu aux folioles de l’A4ralia pinnata. Les dentelures sont fines, nombreuses, acérées, mais terminées au sommet par une pointe calleuse ; la texture a dû être fort coriace ; les nervures, noyées dans le parenchyme, sont à peine visibles. d, Fructus, ARALIA DISCOIDEA. (PI IX, fig. 6.) À, fruetu suborbiculari, compresso, didymo, apice truncato discum epigynum gerente. Armissan (très-rare) : Espèce qui paraît voisine du Panax circulare (Peucédanites cireularis Heer), dont M. Heer a recueilli une panicule garnie de fruits, dans les couches d'OEningen, La nôtre s'en distingue par LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 159 une forme ovale moins élargie transversalement, mais elle pré- sente les mêmes caractères, et se rapporte probablement au même genre. Ses fruits ressemblent à ceux du Panax arboreum Forst. ARALIA PALÆOCARPA. (PI. IX, fig. 5.) A. fructu orbiculari, lævi, compresso, apice subemarginato discum epigynum parvulum sustentante. Armissan (très-rare), Ce fruit, situé à la surface de la même dalle qu'une feuille de A. Hercules, est petit, arrondi, lisse ou faiblement ridé, com- primé, légèrement échancré au sommet et surmonté, à ce qu’il paraît, d’un disque épigyne peu saillant et de débris de styles. Il rappelle par sa physionomie les fruits de plusieurs Oreopanax, comme les ©. sclerophyllum et Dombeyanum. Mais on doit aussi le rapprocher de ceux du Panax arboreum, auxquels sa forme comprimée, peut-être didyme, le fait ressembler beaucoup. BERBERIDEÆ. BERBERIS L. Bergeris (Manonra) ruorarones. (PI. IX, fig. 9.) B. folus pinnatis, 4-jugis cum impari, jugis distantibus ; pe- tolo inermi, gracili, ad juga articulato ; foliolis seeus petiolum communem sessihibus, basi valde inæqualiter cuneatis, elongato- lhinearibus, acuminatis, dentato-sinuatis, dentibus spimosis ; foliolo ultimo pedicellato, pedicello ad apicem articulato; foliolorum nervo primario stricto; nervis secundartis tenuissimis, obliquis- sime areolatis. Armissan (rare). La belle feuille représentée figure 9 sous des proportions ré- duites des deux tiers est à peu prés intacte. On doit faire remiar- quer en premier lieu que sa grande taille et la forme étroite- ment allongée de ses folioles la rangent au nombre des plus 460 GASION DE SAPORTA. élégantes du groupe. Le pétiole commun est délié, long de 2 décimètres au moins, pourvu de quatre paires de folioles et articulé distinctement aux points d'insertion de ces organes. La pare inférieure était située à une petite distance de la base du pétiole; les autres se trouvent disposées à des inter- valles de 5 centimètres environ, et la foliole terminale impaire était supportée par un pédicelle long de 3 centimètres et demi, articulé avec elle à son sommet. Les folioles (fig. 9 A) sont toutes sessiles, étroitement et lon- ouement lancéolées-linéaires ; leur base, très-imégale, finit en coin obtus; leur sommet se prolonge en une pointe insensible- ment atténuée, tantôt acuminée, tantôt plus ou moins obtuse. La longueur totale des plus grandes est de 15 centimètres, les inférieures sont beaucoup plus petites; les autres varient entre 12 et 15 centimètres. Leur consistance est coriace, leur surface glabre , leur nervation distincte, quoiqu'elle n'ait rien de sail- lant. Elle se compose d’une nervure médiane fine, surtout vers le haut, et de nervures secondaires très-déliées, obliques-ascen- dantes, réticulées, à aréoles longitudinales étroites ; le bord est denté-sinué, à dents spinescentes largement espacées. Il est difficile de révoquer en doute la légitimité de cette attri- bution ; tous les caractères distinctifs des feuilles de Mahonia se retrouvent dans celle-ci. L’articulation du pétiole, la disposi- tion des folioles, leur base inégale et sessile, leur nervation, leur consistance, leur dentelure, et jusqu'à leur aspect, tout dénote un Mahonia, qu'il aurait été peut-être plus difficile de déterminer si l’on n'avait eu sous les yeux qu'une fohole isolée au lieu d’une feuille pinnée intégralement conservée. On ne saurait hésiter davantage pour ce qui est de l'assimilation de notre Mahonia rhopaloides avec les Mahonia du monde actuel ; il vient se ranger naturellement auprès des formes asiatiques, entre le Berberis nepalensis Wall. (Mahonia nepalensis DC., Ber- beris pinnata Roxb.) et le Berberis F'ortunei Lind]., récemment rapporté de Chine. Il se rapproche davantage du premier par le mode de dente- lure, l'aspect et la disposition des folioles, du second par leur LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 161 forme; mais il diffère de tous les deux par bien des points, et s'éloigne encore plus de toutes les formes américaines. BERBERIS (MAHONIA) STRICTA. (PI. IX, fig. 10.) B. foliis pinnatis ; foholis coriaceis, sessilibus, basi inæqua- hbus, stricte lanceolato-lnearibus, margine sinuato-denticulatis, dentibus argute spinosis; nervis secundariis debilibus, curvato- ascendentibus, obliquissime areolatis. Armissan (rare). Cette seconde espèce est représentée par une foliole détachée, appartenant au même type que la précédente, mais bien plus petite, plus étroite, denticulée, à dents épineuses plus fines, nul- lement acuminée au sommet. Elle se rapproche par sa forme étroitement allongée de celles du Mahonia F'ortunei, mais les dentelures sont bien plus espacées, plus finement acérées et moins saïllantes dans l'espèce fossile que dans celle de Chine. NYMPHEACEÆ. ANOECTOMERIA (1) Sap. Ductus aërit principales in petiolo 4, duobus infinis multo majoribus, Folia orbiculata, cordato-auriculata, integerrima. — Carpella toro expanso imclusa, in ovarium semimferum plurilo- culare coalita; petala staminaque ovarii parietibus inserta, post anthesin marcescentia ; calyx 3- vel 6-phyllus; stigmata sessilia, peltatim radiantia, unisulca, apice obtuso non producta, centro affixa, cæterum, ut videtur, libera. — Fructus baccatus, glo- boso-obconicus, disco stigmatico coronatus, extrorsum petalo - rum basibus reliquiis cicatrisatus, in particulas ellipsoideas ad maturitatem secedens, et tunc semina circumscissione regular! parietum tandem liberata. Nymphœæites ex parte Caspary, Ann. sc. nat., L° série, Bor., t: VI, p.199, plis. Tels sont les principaux caractères de ce nouveau genre. Bien (4) De vowris, qui-s'ouvre; pépes, partie, à cause de la structure du fruit, dont les parois se désagrégent en particules ellipsoides. 5e série, Bot, T. IV. (Cahier n° 3.) % 11 162 __ GASTON RE SAPORTA. qu'il ne soit qu'imparfaitement connu, nous voyons qu'en s'appuyant sur les considérations tirées de la structure de ses graines, du nombre et dela disposition des pièces calycinales, de la désagrégation régulière des parois du fruit, enfin de l'ordon- pance des canaux aériens dans le pétiole, il est aisé de le distin- guer des Nymphæa proprement dits, sans qu'il se rattache direc- tement à aucun des genres qui existent maintenant dans le groupe des Nymphéacées; il serait plutôt intermédiaire entre plusieurs d’entre eux, tout en offrant des caractères qui n'appar- tiennent qu’à lui : c’est ce que nous allons faire ressortir en déer1- vant l'espèce remarquable qui lui sert de type, et dont les em- preintes ont peuplé les couches d’Armissan, Le genre Anæclomeria n’a eu, à ce qu'il semble, qu'une durée géologique assez courte ; 1l apparait avec la flore des calcaires marneuxæ litlorauæ du bassin de Marseille, où l’on remarque, comme à Armissan, la présence du Comptonia dryandræfolia ; 1] prend toute son extension dans l'étage des environs de Nar- bonne, et parait exister aussi dans certains dépôts étrangers du même âge, spécialement à Hæring (1). À Manosque, 1l est déjà fort rare. M. Heer en a signalé quelques traces dans les environs de Lausanne, vers la base de la mollasse suisse. Les espèces qui lui succèdent, le Nymphæa calophylla Sap. (Manosque) et le Nymphæa Charpentier: Heer, surtout ce dernier dont M, Heer a figuré les graimes (2), se rapprochent tout à fait des véritables Nymphœa du monde actuel. ANOECTOMERIA BRONGNIARTI. (PI, X, fig. 1-4.) À. rhizomate crasso, repente, pulvinulis transversim rhom- boideis, plerumque subobliquis, latitudme longitudinem supe- (4) Les organes singuliers de forme discoïde munis de rayons partant du centre pour aboutir à la circonférence, que MM. Unger et Eltingshausen ont décrits et figurés sous le nom de Palæolobium Hæringianum, en y voyant le fruit monosperme d'uné Légumi- neuse analogue à certaines Dalbergices, nous paraissent différer très-peu de la partie discoïde avec traces de stigmates rayonnants qui surmontent le fruit des Anœctomeria, et dont les figures 3 B et 3 C de notre planche X représentent deux exemplaires, (2) Hcer, F2. tert. Helv., NT, tab. 155, fig. 20. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 165 rante (circa 30-45-55 millim, longis et 35-50-80 millim. latis), mediocriter prominentibus ; petiolorum lapsorum insertionibus cicatricem discoideam orbicularem, in parte pulvinulorum supe- riore insidentem, lacunarum vestigiis signatam, effictentibus ; ductibus aeriis im petiolo quohbet # principalibus approximatis, duobus inferis obovatis maximus, duobus superioribus multo minoribus orbieulatis, minutis præterea aliis circuitim aggre- gatis aut interpositis ; infra petiolorum insertiones secusque pul- vinuh declivitatem, radicellarum eicatricibus plurimis (17-19) duplici serie vel quoad minores superioresque triphiei serie dis- positis, inferioribus autem a summo ad basin crescenti magnitu- dinis ordine seriatis. — Foliis magnis, orbiculatis, parte antica productiore (longit. 28-40 centim., lat, 25-35 centim.), tenuiter membranaceis, mtegerrimis, cordato-auriculatis, lobis obtusis minime produels nec divergentibus ; nervo medio oblique pen- ninervio, nervis e centro radiantibus hinc et inde 15-18 dicho- tome furcatis, secus marginem tenuiter ramoso-anastomosatis, in rete venosum subtile solutis. — Calyce probabiliter 6-phyllo, sepalis 3 exterms; petalis plurimis, amplis, interioribus oblon- gis, basi crassiuscula ovarii parietibus à basi ad summum inser- üis, post anthesim marcescentibus. — Fructibus globoso-obco- nicis, superficie plana ; stigmatibus circiter 30 e puneto centrali peltatim radiantibus, contiguis, unisulcis, apice obtuse termi- nato non productis, nec recurvis; parietibus extrorsum cireum- scissione regulari in particulas transversim ellipsoideas, ambitu superiore convexiusculo, inferiore leviter inflexo delineatas, ad maturitatem solutis. — Seminibus magnis, 5-6 millim, longis, ovoideis, ad micropylen foveolatis; raphe lateral prommula ; cellulis processus corticalis externi longitudmaliter seriatis, sub- üiliter ramoso-sinuatis. Nymphæa Arethusæ Brngt, T'abl, des genres de végét. foss., D. 8h et 119. — Nymphæites Brongniartu Caspary, Ann. se. nat, h° série, Bor., t. VE, pl, 13; Heer, F1, tert. Ifelv., If, p. 195,t.155,fig. 20. Armissan (très-répandu), 164 GASTON DE SAPORTA, Nous possédons la plupart des organes de cette curieuse Nym- phéacée; nous en avons les rhizomés (fig. 4), les feuilles (fig. 4), une partie des organes floraux (Hg. 2), les fruits (fig. 3) et les graines (fig. 5); Mais, pour acquérir une connaissance exacte des diverses parties de Ja plante, une description superficielle est loin de suffire. L'étude que nous allons faire exige des déve- loppements d'autant plus nécessaires, qu'il n'en est pas de cette espèce comme de la plupart des Conifères fossiles, dont les or- ganes résistants ont laissé des empreintes profondes et nette- ment limitées. Ici bien des parties molles, délicates ou sans contour arrêté, n’ont donné lieu qu’à des traces difficiles à saisir, ou qui ne deviennent reconnaissables qu'à l’aide d'un examen suivi et d'une comparaison minutieuse avec les organes corres- pondants des Nymphéacées actuelles. Nous procéderons à cette étude dans un ordre régulier, passant successivement en revue les parties de la végétation, puis celles de la floraison et de la fructification. M. le docteur Caspary a décrit et figuré les rhizomes de la Nymphéacée d’Armissan, sous le nom de Nymphæites Bron- gniarhii, d'après un magnifique exemplaire exposé dans les vitrines du Muséum de Paris. Cependant, ce savant, ainsi que nous l'avons déjà dit en signalant la même espèce dans la flore précédente (1), n'a pas connu le nombre véritable des lacunes du pétiole qu'il réduit à deux principales. Nos figures 4 A et A B font voir la disposition réelle de ces organes. Il est aisé de recounaître, à l'inspection de la figure 4 B, dont la netteté est parfaite, que la cicatrice discoïde correspondant à la base du pétiole est orbiculaire ou légèrement elliptique dans le sens transversal; que les bords en sunt émoussés et se confondent insensiblement avec la déclivité du mamelon ou coussinet, dont la forme est vaguement, quelquefois cependant régulièrement rhomboïdale, plus large que longue et médiocrement saillante. Les sillons qui séparent ces coussinets les uns des autres sont dessinés supérieurement par une ligne parabolique fort nette, (4) Voy. Flore des calcaires marneux liltoraux du bassin de Marseille, p. 121 ; Ann. des se, nat., 5° série, Bor., t. IT, p. 425. “$ LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 165 marquant la place insertionnelle de lastipule. La trace de ce der-- nier organe est bien visible en a sur la figure 4 B, La dimension des mamelons varie dans des limites considérables; ils atteignent parfois, comme dans l'exemplaire de la figure 4 À, des propor- tions pour ainsi dire gigantesques. La cicatrice pétiolaire n’est pas située au centre du mamelon, mais à sa partie supérieure ; elle présente, non pas constamment, puisque l'échantillon décrit par M. Caspary témoigne du contraire, mais dans l’état normal, l'empreinte fort nette de quatre grandes lacunes de forme irré- gulièrement arrondie. Ces quatre lacunes, rangées deux par deux, sont très-mégales, les inférieures étant beaucoup plus grandes que les deux autres, puisqu'elles mesurent de 6 à 8 millimètres en diamètre, tandis que celles-ci en ont à peine 2. Entre les deux plus grandes lacunes, ainsi que dans l'espace qui sépare les quaire principales, on distingue encore une lacune oblongue, étroite, fort petite; enfin, sur le pourtour, une rangée circulaire de dix-huit à vingt petites lacunes ovales ou elliptiques entoure les principales, mais ces dernières manquent souvent, ou du moins sont effacées ou peu visibles. Sur la déclivité des ma- melons, dont la direction est en général un peu oblique, on distingue une longue rangée de cicatrices radiculaires (mar- quées à b sur les figures 4 A et 4 B), disposées en série crois- sante vers le bas et au nombre total de dix-neuf à vingt-quatre, peut-être même de trente, dans les plus grands spécimens. Ces cicatrices sont disposées de telle manière qu'immédiatement au- dessous du pétiole, on en observe un premier groupe de dix à douze petites, assez égales, groupées circulairement ou plutôt disposées en trois séries contiguës; au-dessous, s'étend une double rangée de cicatrices plus grandes, de grandeur crois- sante el alternes, au nombre de sept à neuf, dont la plus basse et la plus considérable se trouve isolée (voyez fig. 4 A, en 0’). Le rhizome lui-même était cylindrique et horizontal. M. Caspary a cru retrouver dans un des coussinets, plus petit, plus arrondi, plus dépourvu de radicules que les autres, les traces d’un pédoncule; il estime que, dans tous les cas, les pé- doncules tenaient la place d’une feuille et ne constituaient pas, 166 : || GASTON DE SAPORTA. | comme dans les Æuryale et les Victoria, une série particulière axillaire par rapport à celle des feuilles. Cette opinion paraît d'autant mieux fondée, qu’elle est conforme aux affinités réelles qui rattachent la plante fossile aux Mymphæa proprement dits plutôt qu'aux autres tribus de la même famille. En effet, ce rhizome, par tous les points de sa structure, ne s'éloigne de ceux des VNymphæa que par l'ordonnance des quatre canaux aériens du pétiole ; mais l'écart est beaucoup moindre que lorsque M. Caspary admettait l'existence de deux grandes lacunes seulement. Dans les cicatrices pétiolaires du M. alba, malgré la petitesse relative des organes, on distingue le plus ordinairement quatre lacunes plus grandes, à peu près égales, les supérieures dépassant un peu les deux autres; mais ces quatre grandes lacunes sont entourées par une rangée circulaire de lacunes plus petites, et 1l arrive assez souvent que, parmi ces dernières, celles qui se trouvent rangées sur la même file que les principales, soit en haut, soit en bas, prennent plus d'impor- tance que les autres, en sorte que, tantôt les inférieures, tantôt lés supérieures, semblent faire partie de la rangée des princi- pales et en compléter le nombre, de manière à le porter à six, dont les intermédiaires sont alors les plus grandes. Cette ordon- nance devient ainsi toute pareille à celle que nous avons obser- vée comme caractérisant la plupart des Nymphéacées tertiaires : dans quelques cas plus rares, les quatre lacunes principales semblent se réunir en deux, naturellement très-grandes, et les deux supérieures se trouvent alors placées, vis-à-vis de ces dernières, absolument dans le même ordre que les lacunes de l'espèce fossile d’Armissan. Nous avons fait remarquer précédemment, dans la Flore de Saint-Jean-de-Garguier, que les plus grandes lacunes de notre Anœclomeria semblent aussi procéder naturellement de la réu- nion de deux lacunes confondues en une seule. On ne saurait comparer le rhizome fossile que nous venons de décrire, ni à ceux des Vuphar, qui en différent totalement, ni à ceux des Victoria, où l’ordre que nous avons signalé se trouve renversé, de telle sorte que les lacunes les plus grandes sont LE SUD-EST DELA FRANCE À L ÉPOQUE TERTIAIRE, 167 situées vers le haut et accompagnées de deux lacunes plus petités: vers la base. C’est encore parmi les VNymphæa que nous obser- vons une plus grande analogie, et par ce caractère, comme par plusieurs autres, notre Anœctomeria se range naturellement dans une section peu éloignée de celle que forme actuellement ce grand genre. Les feuilles (fig. 4 et 1 A) nous amènent aux mêmes conclu- sions. La forme générale en est orbiculare-ellipsoïdale, intermé- diaire entre celles du NV, alba L. et celles da Nuphar lutea; mais elles sont beaucoup plus grandes. Leur caractère le plus saillant résulte du faible développement de la partie inférieure auriculée- fendue jusqu'au centre, relativement à la partie antérieure, Cette différence est de plus d’un tiers. Ces feuilles étaient minces et d’une texture délicate; les nervures n'avaient rien de saillant, et le bord était parfaitement entier. Leur dimension varie de 30 à 40 centimètres et plus, pour leur plus grand diamètre; le diamètre transversal n'étant que de 25 à 35 centi- mètres, suivant les exemplaires. Le point d'attache du pétiole est excentrique, ou plutôt cet organe occupe un des foyers de l’ellipse, étant beaucoup plus rapproché du bord inférieur que du bord supérieur de la feuille. De ce point s'étendent en sens inverse, d'un côté une fente étroite, sinueuse, produisant deux lobes obtus, peu divergents, et, dans la direction opposée, une nervure médiane assez large, mais peu saillante, qui donne naissance, de chaque côté, à cinq ou six nervures secondaires, obliques, ramifites dichotomiquement, à rameaux anastomosés. Outre cette nervure médiane, dix à douze nervures partent de chaque côté du sommet du pétiole pour rayonner de toutes parts vers la périphérie de la feuille. Ces nervures sont rappro- chées, assez égales; mais les inférieures diminuent de puissance et deviennent d’autant plus faibles, qu'elles se rapprochent davantage des bords de la fente, qui pénètre en se rétrécissant jusqu'au pétiole. Ces feuilles se distinguent surtout par la finesse des anasto- moses où mailles qui résultent des dernières ramifications des nervures principales, combinées avec les vemules flexueuses, 168 : ___- GASTON DE SAPORTA, obliques ou transversales qui courent dans l'intervalle des pre- mières, et constituent par leur ensemble un réseau d’autant plus compliqué qu’il est plus voisin de la marge. Cette ordonnance, dont on peut juger par la figure 1 À, qui reproduit un lambeau de feuille avec sa grandeur naturelle, tandis que l’exemplaire figure 1 est réduit au tiers de son diamètre ; cette ordonnance, disons-nous, imprime aux feuilles d'Anæctomeria un caractère particulier, qu’on ne retrouve ni dans les feuilles du Nymphæa alba, ni dans celles de la section Lotus, mais qui rappelle davan- tage la nervation de quelques espèces africaines de la section des Cyanea, telles que N. scutifolia DC. et rufescens Guill. et Perrot., et spécialement ce dernier, dont les feuilles seraient à peu près entières, si l’on s’en rapporte à un exemplaire con- servé dans l’herbier du Muséum de Paris. Les fleurs ne nous sont connues que par des résidus de pétales, agslomérés en paquet, ordinairement sans forme bien arrêtée. Elles paraissent se rapprocher par leur aspect de celles des Nymphæa en général. On peut en juger par une empreinte assez vague, reproduite figure 2, où les parties de la fleur, quoique déjà désorganisées, semblent occuper encore, les unes vis-à-vis des autres, leur position naturelle. Les pétales sont larges, étalés, et l’on distingue, vers le centre, des rudiments de stigmates rayonnants, peut-être même des fragments épars d'étamines ; ces derniers organes, si c’est eux que l’on aperçoit, auraient eu une forme étroitement linéaire très-allongée. On remarquesur une autre empreinte, que nous n'avons pu figurer, la dépouille entière d’une fleur, dont les pétales accolés et conti- gus par leur base sont disposés en une sorte de spirale à moitié déroulée, comme si ces organes s'étaient détachés tous à la fois ; mais comme on aperçoit à côté des pétales de nombreuses traces des parties du fruit qui se séparaient à la maturité, ainsi que nous allons le démontrer, il est permis de croire que les organes floraux des Anœclomeria, demeurés marcescents après l’anthèse, se dé- tachaient à la maturité en même temps que les parois du fruit, auxquelles ils restaient adhérents. Cette marche est conforme à ce qu'on voit dans les Vymphæa, excepté que pour ceux-ci la déhis- LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 169 cence régulière est remplacée par une scission irrégulière des parois. Nous arrivons maintenant au fruit, où nous avons à considérer plusieurs choses, sa forme, le disque stigmatique qui le surmon- tait, sa base ou partie mférieure, enfin sa déhiscence. Les figures 3 À, 3 B, 3 C vont nous aider dans cette étude. Elles font reconnaître d'abord que le volume de ce fruit, proportionné à la grosseur des graines, mesurait dans sa plus orande largeur de 4 centimètres 1/2 à 5 centimètres; ceux du VNymphœa alba L., mesurés sur le même point, c'est-à- dire vers la partie supérieure, n'ont que à centimètres de diamètre, mais les fruits du Victoria regia ont 14 centi- mètres de diamètre à leur maturité (1). Ainsi le fruit de la plante d’Armissan, plus gros que les premiers, mais bien plus pelit que les seconds, avait une taille comparable à celle des fruits correspondants des espèces de la section Lotus. Sa forme globuleuse obconique différait assez peu de ce qu'on voit dans le Vymphœæa alba, mais le disque stigma- tique semble pourtant y avoir été plus large et plus plat. Ce dernier organe, dont il existe plusieurs exemplaires (voy. fig. 5 B, restauré en B'), est très-bien conservé; 1l est arrondi sur les bords, légèrement déprimé vers le milieu, et pourvu d'au moins trente stigmates rayonnant du centre à la circonférence. Ces stigmates, contigus dans une partie de leur étendue, étalés et divisés par un sillon médian longitu- dinal, étaient attachés au centre, mais probablement libres d’ailleurs, ainsi que le prouve leur présence répétée à l'état d'empreintes isolées; ils se terminaient par une pointe obtuse, nullement recourbée en haut, comme dans le Nymphæa alba, et ils ne paraissent ni appendiculés ni prolongés en pointe, comme ceux de la plupart des espèces des sections Lotus et Cyanea, mais dans la premiére de ces sections les stigmates sont souvent libres partiellement, comme dans l'espèce fossile. Dans les Vymphœæa actuels, le nombre des stigmates, et par con- (4) Flore des serres et des jardins de l'Europe, t. VI, p. 198. 170 : | GASTON DE SAPORTA. séquent des carpelles, èst de seize à vingt, mais dans le F'ictoria regia, ce nombre est de trente-deux. Ce dernier nombre, si l’on tient compte de la symétrie florale des Nymphéacées, a dû être aussi lé nombre normal des loges és et des prit de l'Anœctomeria. Portons maintenant notre attention sur la structure des parois latérales et inférieures du fruit et le mode de déhiscence qui lui était propre. Il nous a fallu de longues recherches avant de com prendre la vraie nature des empreintes que nous allons décrire, et la comparaison que nous en avons faite avec les parties cor- respondantes des Vymphœa actuels a pu seule mettre un terme à nos incertitudes, en nous confirmant dans la pensée que nous avions sous les yeux le fruit d’une Nymphéacée, caractérisée par un mode de déhiscence différent de celui qui existe dans les Nymphæa proprement dits. On remarque souvent, à côté des restes de pétales et de disques stigmatiques de l’Anœciomeria, des organes oblongs dont la consistance devait être assez ferme, puisque leur em- preinte, nettement limitée, à donné lieu à une certaine épaisseur de substance carbonisée. La forme de ces organes est toute par- ticulière : ce sont des écussons ou segments (voy. fig. 8 À, en d) allongés, aplatis, épaissis sur les bords, dont le contour est dessiné d’un côté par une ligne légèrement arquée ou faiblement anguleuse, de l’autre par une ligné droite un peu renflée, ou au contraire faiblement échancrée vers le milieu ; en sorte qu'on peut définir en général cette forme comme équivalant à un rhomboïde étroit, irrégulier, quelquefois ressemblant à un crois- sant étendu dans le sens transversal et prolongé en une pointe insensiblement atténuée vers les deux extrémités. Les figures à A et à C feront mieux saisir qu'une description la véritable struc- ture de ces organes. I aurait été impossible de déterminer leur nature réelle, s'ils s'étaient toujours présentés isolément. Mais plusieurs empreintes d’Armissan, une entre autres re- produite par la figure 3 À, nous les montre groupés autour d'un disque central, et la comparaison de cette empreinte, rec- tifiée à l’aide d’un moulage, avec la partie inférieure d'un fruit LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 171 de Vymphœa,est venue nous convaincre de la parfaite confor- mité de structure des deux objets. Il est visible que la partie cen- trale a de l'empreinte fossile correspond àla place du pédoncule, dont la chute a donné lieu à une cicatrice légérement saillante et irrégulièrement mamelonnée, sur laquelle on distingue vague: ment des traces de lacunes et de fibres entremêlées. Autour de ce point central s'étend un disque légèrement relevé sur les bords, qui reproduit trait pour trait la forme et le contour de l'expansion à laquelle donne lieu, dans les Nymphæa, le pédoncule à son sommet, expansion nommée aussi torus où réceptacle, qui constitue la base du fruit et autour de laquelle viennent s’insérer les pièces calycinales. Ainsi, le disque b corres- pond, on ne saurait en douter, à cause de Ja parfaite ressem- blance de la plante fossile et de la plante actuelle, à la base du fruit ou intervalle qui s'étend depuis le sommet du pédoncule jusqu'à l'insertion des prenuères pièces florales, Dans le fruit du Nymphæa alba, figuré précédemment A quatre sépales légèrement imbriqués dans la préfloraison vien- nent s'insérer autour de ce disque, laissant entre eux un étroit intervalle, vers lequel la surface du disque semble se prolon- ger en deéssinant un coin; un ou deux de ces intervalles sont plus considérables que les autres. Cette même disposition est bien visible dans l'empreinte fossile; mais au lieu de quatre sépales, on n'en distingue évidemment que trois, sauf un inter valle assez étendu dont l’espace est occupé pur l'insertion par- tielle d'un quatrième sépale, si l’on suppose l'existence de deux verticilles de trois sépales chacun, comme on le voit dans le Nuphar advena Ait.; ce serait, au contraire, le premier pétale si l'on admettait que le calyce était triphylle; mais la distinc- tion des pièces de la corolle, de celles du calyce, est tellement incertaine dans les Nyrmphéacées, qu’elle a peu d'importance, et d'ailleurs, dans l'empreinte fossile, à partir des premiers écus- sons marquant la place d'insertion des pièces calyeinales, les (1) Voyez Flore des calcaires murneux littoraux du bassin de Marseille, pl. VIH, fig. a} Ann. se. nat., 5° série, Bor., t. IT, p. 493, pl. VIL, fig. 3 a. 472 GASTON DE SAPORTA. autres suivent dans un ordre spiral, interrompu après le sep- tième écusson par l’inadhérence et la dispersion des autres. En effet, chacun de ces écussons occupe, l’un par rapport à l’autre, la place marquée sur les parois du fruit des VNymphæa par la cicatrice des pétales devenus marcescents et en grande partie disparus après l’anthèse; en sorte que si l'on divisait par des linéaments réguliers l’espace où se montrent ces cicatrices, on obtiendrait des aires plus ou momsrhomboïdales très-analogues par leur forme aux écussons dont l'assemblage paraît avoir com- posé la paroi des fruits de l’Anœctomeria, Ainsi, la réunion d’une partie de ces écussons et leur soudure avec la base du fruit, ou disque torique, qui porte encore à son centre la cicatrice de l’in- sertion du pédoncule, démontrent comment le fruit fossile en question était construit, et à quel point, dans cet état, il ressem- blait aux fruits des VNymphæa actuels ; mais l’inadhérence et la dispersion des autres écussons, rangés sans ordre autour des pre- miers, et cependant aussi régulièrement limités que ceux-ci, démontrent que ces organes se séparaient à un moment donné, et que leur séparation réciproque et régulière opérait la déhis- cence du fruit et la libération des grames. Une autre empreinte, fidèlement reproduite par la figure 3 C, confirme cette manière de voir. On y distingue, non plus la par- tie inférieure du fruit, mais le côté supérieur de cet organe, c’est-à-dire le disque stigmatique, auquel adhèrent encore un certain nombre de stigmates, tandis que vers les bords de ce disque et sur toute sa périphérie sont rangés dans le plus grand désordre des écussons détachés, parfaitement semblables à ceux que nous avons reconnus comme formant par leur réunion la partie de l’alabastre ou paroi du fruit la plus voisine du pédon- cule, Ainsi, nous possédons à la fois les portions inférieures et su- périeures de cesfruits, et ces parties sont toujours accompagnées de pièces détachées et régulièrement limitées, dont l'assemblage constituait évidemment les parois même des fruits, et qui corres- pondaient primitivement aux bases d'insertion de chaque pétale. On peut donc se convaincre par cet exemple, et par plusieurs autres pareils, que le mode de déhiscence du fruit de l’Anæcto- LE SUD-EST DB LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 173 meria était bien réellement celui que nous venons de décrire. Les graines de cette Nymphéacée (fig. 5 et ñ A) sont répan- dues à profusion dans les couches d’Armissan, le plus souvent isolées, mais quelquefois réunies en grand nombre, comme si elles venaient de quitter en masse l’intérieur du fruit. On en compte plus de quatre-vingts se touchant, à la surface d'une pierre que nous avons sous les yeux. Ces graines, en partie écrasées, n'offrent plus’que l'empreinte de leur test aplati et lacéré. Par leur forme, comme par leur dimension beaucoup plus grande que celle d'aucune graine de Nymphæa, elles rap- pellent celles des VNuphar, surtout du Nuphar advena Aït. Elles sont cependant un peu plus grandes et plus ovoïdes, mais le raphé présente une saillie à peu près égale dans les deux espèces (voy. fig. 5 À, en r), et l'enfoncement operculaire, destiné à s'ouvrir à la germination, qui termine dans les graines de Vu- phar l'extrémité micropylaire, se montre visiblement dans celles de l’espèce fossile (voy. fig. 5 A, en m), les unes étant tronquées et l'ouverture béante; les autres ayant encore leur opercule fermé et portant probablement sur cette partie les traces du micropyle en saillie et du hile. Ce qui distingue essentiel- lement ces graines de celles des Nuphar, c'est que les cellules de la couche corticale externe, au lieu d’être polygonales, dispo- sées comme les mailles d’un fin réseau, sont réellement rangées en files ou séries longitudinales, visibles à l'aide d'une forte loupe, et snuées-rameuses, à ce qu'il paraît, lorsque, après un moulage préalable, on soumet au microscope la surface épider- mique du tégument séminal. On compte trente-cinq à quarante files de cellules sur l’une des faces de chaque graine, en les comptant sur la partie médiane, ce qui donne un total de soixante-dix à quatre-vingts files pour la crconférence totale du tégument. Ces files seraient donc à peine plus nombreuses pro- portionnellement que dans le Vymphæa alba, où l’on en compte une soixantaine à la surface de chaque graine, dont la dimension est bien moindre. Par ce dernier caractère, qui leur est com- mun avec le genre Nymphæa, les graines de l’Anæctomeria Brongniarii se distinguent aisément de celles des Nuphar, et A7 |: GASTON DE SAPORTA, paraissép{, par l’ensemble de léurs caractères, tenir le milieu entre celles de ces deux genres. . Après l'étude analytique que nous venons de faire, nous pou- vons conclure que les affinités et les divergences se combinent de telle sorte, dans cette plante fossile, qu'intermédiaire entre les VNuphar et les Nyumphœæa par les graines, analogue aux Cas- talia par les organes de la végétation, aux Lotus par l’inadhé- rence des stigmates, aux C‘yanea par certaines particularités de forme et de nervation, elle se rapproche des Nymphœæa en géné- ral par la symétrie et la structure des diverses parties de la fleur. C'est à côté de ce genre qu'elle viendrait se placer, si l'ordon- nance spéciale des canaux aériens dans le pétiole, le calyce t1- phylle, et surtout la déhiscence régulière des parois du fruit à la maturité, ne dénotaient un type distinct de tous des genres actuels de Nymphéacées. NYMPHÆITES Sternb. NYMPHÆITES PALÆOPYGMÆUS. (PI, IX, fig, 14.) N. rhizomate horizontal, 4-5 centim. crasso ; ; pulvinulis spira- liter ordinatis, prominulis, transversim romboideis: ductibus aeriis principalibus in petiolo quolibet 2, minutissimis als qui- busdam hine et hinc circuitim aggregatis, sæpe obsoletis ; radi- cellarum cicatricibus 3-5 infra petiolum crescenti serie notatis. Armissan (très-rare). ” Cette petite Nymphéacée diféréia assez peu de celle que nous avons signalée précédemment à Saint-Jean-de-Garguier; elle en était probablement congénère, mais elle s'en éloigne spéci- fiquement par des dimensions plus fortes d'un tiers au moins, et par la forme des coussinets plus arrondis dans l'empreinte des environs de Marseille, plus étendus transversalement dans celle d’Armissan. Celle-ci n’atteignait qu'à de faibles ‘proportions, puisque le plus grand diamètre de ses coussinets n'est que de 4h à 15 ram Retres tandis que les plus petits de l’Anœctomeria Brongniartit mesurent 40 millimètres dans le même sens. Cependant leur forme est sensiblement pareille dans les deux LÉ SUD-EST DE LA PRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 475 espèces, et il se pourrait que le V. palæopygmæus dût être rangé dans une section très-rapprochée génériquement de celle-ci. Seulement ici 1l n'existe bien réellement que deux lacunes prin- cipales, arrondies, presque contiguës. Entre celles-ci, il s’en trouve, en haut comme en bas, lorsque les coussinets sont bien nets, une plus petite, oblongue, et d’autres encore ordinaire- ment effacées et très-menues, rangées circulairement autour des premières. I faut une grande attention pour découvrir la trace de ces dernières; la plupart du temps, on n’aperçoit au sommet de chaque coussinet que deux lacunes accolées et bien visibles; au-dessous paraissent les cicatrices radiculaires for- mant un groupe de à-5; les plus grandes étant les plus voisines de la base, Nous ne connaissons parmi les Nymphéacées actuelles au- cune espèce que l'on puisse comparer à celle-ci ; aucune feuille, aucune gramme d'Armissan ne peut lui être attribuée, mais la grande rareté des rhizomes explique l'absence des autres organes. BUTTNERIACEÆ. PTEROSPERMITES Heer, #7. tert, Hely., I, p. 36. PTEROSPERMITES SENESCENS. (PI. XE, fig. 42.) P. seminibus alatis, eurvatis, utrinque acuminatis; nucleo centrali oblongo, lateraliter sinuato, hine obtuso, illinc atte- nuato, uti ala curvatulo. Armissan (très-rare), M. Heer a décrit sous le nom de Pterospermites vagans (1) des semences qu'il compare à celles des Pterospermum, et dont le nucléus, plus où moins courbe, occupe la base d'un appendice ailé, prolongé en pointe au sommet, arrondi ou légèrement émarginé à la base vers £ point d'attache. La semence repré- sentée planche X1, fig. 12, semble voisine de celles qui ont été (1) Heer, F4, tert, Helvs, Mi, p: 36, tab. 109, fig. 1-5, 176: GASTON DE SAPORTA. découvertes en Suisse, et que l’on retrouve également en Pro- vence dans les schistes des environs de Manosque. Elle faisait probablement partie du même genre, mais la forme différente de l’appendice ailé et la position du nucléus sont les mdices d’une espèce distincte. Ici la semence est atténuée en pointe vers les deux extrémités ; l’échancrure qui correspond probablement au hile devient latérale, et le nucléus, au lieu d’être légèrement courbe, obliquement basilaire, obtus à ses deux extrémités, se prolonge par un de ses côtés en une pointe qui pénétre dans l’appendice ailé, finement acuminé et un peu courbe, qui occupe cette partie de la semence. Malgré ces divergences, qui tiennent à la courbure plus ou moins prononcée de l'embryon et à la forme du nucléus, on reconnait aisément que la même structure existe dans cet organe et dans ceux décrits par M. Heer. TERNSTROEMIACEZÆ. FREZIERA Swartz. FRezIERA? SALICIFOLIA. (PI. XII, fig. 10.) F. foliis coriaceis, lanceolato-linearibus, in petiolum validum attenuatis, obluse serrulatis, pennimervis; nervis secundarns obliquis, curvatis, reticulatis, Immersis; tertiariis parum conspi - ‘ cuis, transversim reticulato-ramosis. Peyriac, au bord de l'étang du Doule {très-rare). Feuille analogue par la forme, au premier aspect, à celles du Salix Lavateri Heer; mais sa consistance coriace, le dessin ce sa nervation, et surtout la forme des dentelures, semblent dénoter en réalité une Ternstræmiacée semblable aux Freziera, et spécialement au F. Perrottetiana Tul., de la Guadeloupe. ACERINEÆ. . ACER Moœnch. ACER NARBONENSE. (PI. XI, fig. 8.) À. foliis longe valideque petiolatis, palmato-trinerviis, supra glabris, subtus pubescentibus, trilobatis, lobis lateralibus plus LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. Â77 minusve divergentibus, medio parum productiore ; omnibus sinuato-dentatis vel rarius integriusculis, breviter acuminatis. — Samaris in fructu parum divergentibus, nucula orbicülari, ala latiuseula, latere dorsali recta, latere suturali convexa, basi parum resiricta sinuata, nervulis transversim reticulato-ramosis e costa dorsali angulo fere recto prodeuntibus. Var. B integrilobum, lobis lateraïibus divergenübus magis incisis, omnibus obtusis, mtegerrimis. Armissan (les feuilles très-communes, les fruits beaucoup plus rares). Celte espèce est une de celles qui caractérisent le mie:x la végétation d’Armissan ; elle tient le milieu entre l’Acer primæ- vum de Saint-Zacharie et l'Acer Garguierii que nous avons signalé dans La flore de Saint-J ean-de-Garguier. Elle se rap- proche du premier par le contour de ses feuilles, du second par les sinuosités de ses lobes. Ce dernier caractère, Joint à la forme du fruit, la distingue de lAcer trilobatum À. Br. si répandu dans les étages moyen et supérieur de la mollasse suisse et qui se montre également à Manosque. Il existe cependant entre les deux espèces une analogie assez frappanie dans la forme générale des feuilles et l'ordonnance des principales nervures, pour qu’on ne puisse s'empêcher de la faire ressortir, et de remarquer en même temps la longue série d’Acer qui, depuis l'âge du terra de Saint-Zacharie jusqu'à celui d'OEningen, forment comme une chaîne non interrompue d'espèces présentant le même type de feuilles, mais avec quelques modifications secondaires. Les feuilles trouvées à Armissan sont toujours simplement trilobées , quoiqu'elles varient beaucoup dans leur dimension, leur largeur proportionnelle, la direction et la forme des lobes. Leur pétiole, qu'on peut voir intact sur la figure 8 À, est long de 4 centi- mètres 1/2, assez épais et dilaté inférieurement. La face supé- rieure des feuilles était glabre, et les moindres détails du réseau veineux sont perceptibles dans les empreintes qui s’y rapportent ; celles qui correspondent à la face inférieure, reconnaissable à la saillie des principales nervures, dénotent une légère pubes- cence. 5° série, Bot. T, IV, (Cahier n° 3.) # 12 4'78 GASTON DE SAPORTA. La figure 8 A représente la face inférieure d’une feuille, qui offre en mème temps le type le plus ordinaire de l’Acer narbo- nense. Ces feuilles sont toujours franchement trilobées, la se- conde paire de nervures n'étant jamais que très-imparfaitement développée et ne donnant lieu à aucun lobe ou lobule. Les lobes sont presque égaux, et l’on ne remarque pas, comme dans V4. trilobatum, le développement du médian aux dépens des latéraux; ils sont brièvement acuminés vers le sommet, qui se termine souvent par un rétrécissement assez brusque, quelque- fois par une pointe régulièrement atténuée. Les lobes latéraux émettent le long de leur côté externe une série de ramifications obliques, dont une partie seulement donne lieu à des lobules, ordinairement réduits à deux, toujours assez peu nombreux ; leur côté interne présente aussi deux lobules moins marqués ou à peine distincts. Le lobe médian présente de même deux ou plusieurs lobules plus ou moins prononcés. Ces lobules sont toujours très-obtus, plutôt sinués qu'incisés. Dans la variété B, qui est fort rare et qu'on serait tenté de décrire comme une espèce à part si son aspect, sa nervation et la proportion du pétiole ne trahissait le même type spécifique, les lobes tout à fait entiers ne sont plus que légèrement sinmués, avec un rudi- ment de lobules sur un ou deux points. Cette forme constitue une sorte de passage vers l'A. decipiens, mais elle nous semble faire partie du même groupe que les autres feuilles d’Armissan. Les fruits (fig. 8 B) différent très-peu de ceux de l’A. primæ- vum (1). Les samares étaient cependant réunies dans une direc- tion plus sensiblement divergente; le côté ventral de l'aile est dessiné par une ligne plus arrondie. Elles sont moins rétrécies inférieurement, et la nucule qu'elles surmontent est plus petite et plus arrondie. Ces différences, en réalité assez faibles, déno- tent une espece très-voisine de celle de Saint-Zacharie. I est plus difficile de déterminer son affinité vis-à-vis des Érables du monde actuel. Si lon s'attache plus particulièrement 4) Voy. Études sur la végét, tert., T, p. 238 ; FT. de Saint-Zacharie, pl. 10, fig, 6; ann, sc. nat., 4° série, Bor., t. XIX, p. 84. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 479 à la forme des feuilles et des lobes, on remarque un assez grand rapport entre les feuilles des plantes d’Armissan et celles de l’Acer nigrum Michx. fil. et de PA. saccharinum Willd.; mais les feuilles de ces deux Érables américains sont distinetement quoique faiblement quinquelobées, et de plus la nucule de leur samare est bien plus épaisse, bien plus prolongée du côté de la commissure que dans l’Acer narbonense. L’'A. Lobeli Ten. d'Italie présente un rapprochement peut-être plus naturel si l'on s'arrête aux feuilles et que l’on fasse abstraction de la présence de deux ner- vures inférieures moms développées, 1l est vrai, que les autres. Mais le fruit de l 4. Lobelii est constitué par deux samares, dont les ailes divergent à angle droit et qui n'ont, par conséquent, qu'assez peu d’analogie avec celles trouvées à Armissan. Les espèces qui nous paraissent montrer le plus de ressemblance réelle avec celle des environs de Narbonne par les caractères réunis des fruits, de la forme des feuilles et de leur nervation, sont l’Acer hybridum Bosc des États-Unis d'Amérique, cultivé au Jardin des plantes de Paris, et en second lieu un Acer inédit originaire des environs de Nankin, dont nous avons pu observer les divers organes dans l’herbier du Muséum. Ces deux Érables portent des feuilles trinerves à la facon de celles de lAcer narbo- nense, pubescentes mférieurement et dont les lobes sont incisés de la même facon; seulement elles sont plus petites que dans- l'espèce fossile. Les fruits de tous les deux sont constitués par des samares peu divergentes, mais ceux de l'espèce chinoise offrent beaucoup plus de rapport avec les fruits de l'espèce fossile par la forme de la nucule et celle de l'aile qui la surmonte, ainsi que par son mode de réticulation. Les nucules de Acer hybri- dum, prolongées-élargies vers le côté commissural et tronquées dans cette direction, ont une forme toute différente de celle qui caractérise les fruits fossiles. Ainsi, l’Acer narbonense semble intermédiaire entre plusieurs espèces modernes, et, s’il se rap- proche plus particulièrement de l’une d'elles, ce serait d’une forme chmoise à peine connue et bien éloignée de toutes celles qui vivent aujourd’hui en Europe. 480 GASTON DE SAPORTA, ACER PSEUDO-CAMPESTRE Ung., CA. protog., p. 133, tab. A5, fig. 6-9; Heer, F1. tert. helv., WT, p. 59, tab. 417, fig. 23-24. (PI. IX, fig. 12.) A. foliis longe petiolaüs, trilobis, lobis obtusis, lateralibus plus minusve divergentibus, plerumque integris, medio parum producto, utrinque unidentato. — Samaræ nucula truncata, ala ovata. Armissan (rare). — Peyriac, au bord de l’Étang du Doule. Un très-bel exemplaire de feuille provenant d'Armissan (fig. 12) ne permet pas de méconnaître dans cette espèce un Acer très-voisin des À. campestre et monspessulanum, mais plus rapproché encore du second, dont les feuilles ne sont pas tou- jours à lobes entiers, mais dont le lobe médian est assez sou- vent trilobulé comme celui de l'empreinte fossile. La parfaite onformité de tous les caractères distinctifs, et surtout de la ongueur proportionnelle du pétiole, oblige de réumr cette espèce à celle de Suisse, d'OEningen, de Parschlug et de Sagor, quoique MM. Unger et Heer, qui l'ont décrite, s’attachent à faire ressortir son analogie avec l’A. campestre plutôt qu'avec VA. monspessulanum. Il est probable que nous avons sous les yeux un type intermédiaire entre les deux formes actuelles. L'affinité des empreintes que nous venons de décrire avec celles des localités étrangères se trouve encore confirmée par l'exis- tence d'une samare qui ne diffère par aucun détail essentiel de celles que M. Unger a figurées dans le Chloris prologæa comme appartenant à son Acer pseudo-campestre. ACER QUINQUELOBUM. (PI. IX, fig. 11.) A. foliis mediocribus, paimato-quinquelobis, lobis profunde partitis, patentibus, integerrimis, acuminatis. — Samaris in fructu valde divergentibus; nucula elhiptica, longitudinaliter leviter sulcata ; ala recta, oblongo-lineari, apice obtusa, margi- nibus subparallelis, basi ad commissuram vix sinuata; ner- rulis oblique e costa dorsali prodeuntibus. Armissan ({rès-rare). LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 4181 C'est une feuille (fig. 11 A) partagée en cinq lobes bien pro- noncés, les inférieurs divergents à angle droit, tous parfaite- ment entiers sur les bords, le terminal sans doute plus prolongé que les latéraux, mais mutilé dans l'empreinte. Elle dénote un Acer bien différent de la plupart des formes européennes de ce senre, analogue à l’Acer pictum Thb. ou encore à l’Acer pal- matum Thb. dont on ferait disparaître les dentures marginales. Nous réunissons à la même espèce, quoique avec doute, un fruit d’Acer (fig. 11 B) différent par la plupart de ses caractères de ceux de l’Acer narbonense. La nucule en est elliptique, et la ligne commissurale dessinée de telle façon qu'elle nécessite une position relativement divergente des deux samares dans le fruit. L'aile est oblongue, presque linéaire, obtusément atténuée au sommet, à peine sinuée à la base et parcourue par des vemules obliquement transversales, très-fines et très-rapprochées. Plu- sieurs Érables d'Asie, l'Acer tegmentosum Maxim. de la Mant- chourie, l'Acer niveum Blume de Java, l’Acer pictum Thb., l'Acer carpinifolium Sieb. et Zucc., s'en rapprochent dans une certaine mesure. Mais on observe une analogie peut-être encore plus saillante en comparant la samare fossile aux fruits de l'Acer Negundo L., et cette affinité dénoterait des feuilles bien diffé- rentes de celle que nous venons de décrire. De futures observa-- tions pourront éclairer et résoudre cette question. MALPIGHIACEZÆ. STIGMAPHYLLON Ad, Juss. STIGMAPHYLLON DEMERSUM. (PI. IX, fig. 8.) S. foliis subcoriaceis, late ovato-lanceolatis, cordatis, margine remote dentato-ciliatis, penninerviis; nervis secundariis areola- üs, tertiariis angulatim flexuosis, reticulatis. Armissan (très-rare),. La détermination de cette curieuse espèce repose sur une empreinte unique, mais très-nettement caractérisée et représen- tant une grande et large feuille ovale-lancéolée, arrondie et cor- 182 GASTON DE SAPORTA, diforme à la base, entière sur les bords, mais pourvue de dents rares, irrégulièrement espacées, visiblement ciliées épineuses et peu saillantes. Les nervures secondaires y dessinent de larges aréoles, cernées d’une rangée d’aréoles plus petites. Les ner- vures inférieures, peu prolongées, promptement réunies aux suivantes, sont bordées sur leur pourtour extérieur d’aréoles dis- posées sur deux rangs, décroissant de grandeur à mesure qu'elles se rapprochent de la marge des lobes arrondis dont elles dessi- nent le contour. Les nervures tertiaires bien marquées, rami- fiées-anguleuses, donnent lieu en se subdivisant à un réseau à mailles trapéziformes ou quadrilatères qui n’a rien de très-fin, et n’est pas visible dans ses plus petits détails. Il semble, au pre- mier aspect, que des feuilles très-analogues à celles-ci existent dans un grand nombre de groupes. Les Araliacées, les Cucur- bitacées, les Tiliacées, Dombeyées, ete. se présentent à l'esprit comme renfermant des formes pareilles. Cependant, lorsque l’on compare la feuille fossile d’Armissan avec celles des familles que nous venons de citer, on observe de telles divergences de forme, de dentelure et surtout de nervation, qu'on ne saurait insister sur aucune de ces assimilations. Ïl serait plus naturel de songer aux Cissus, où il existe des espèces, comme le C. discolor, dontles feuilles affectent une forme el une nervation très-voisines de celles de l'empreinte fossile; cependant, dans le genre Cissus, les nervures secondaires, tout en donnant lieu à des anastomoses mutuelles, ne sont Jamais disposées en aréoles régulières, comme on le remarque 1ci. La feuille découverte à Armissan pourrait être encore comparée à l'Epimedium alpinum et à plusieurs Aristolochia qui présentent également des feuilles cordiformes, ciliées le long des bords, mais ici le développement des nervures secondaires inférieures deve- nues ascendantes el très-prolongées s'oppose au rapprochement. Nous serions demeuré forcément dans l'incertitude si nous n'avions rencontré dans les Malpighiacées un type très-saillant ; uous voulons parler du Stigmaphyllon ciliatum F1. Bras. (Ba- nisteria ciliata Lam.), Malpighiacée sarmenteuse de l'Amérique tropicale, qui reproduit jusque dans les moindres détails les LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 483 caractères de la feuille fossile. Une ressemblance aussi complète nous persuade que nous avons sous les yeux une Malpighiacée tertiaire du genre Stigmaphyllon, ayant constitué, comme sa congénère de l'ordre actuel, un arbuste grimpant et volubile, mais sous des proportions plus élevées, avec des feuilles plus larges, plus coriaces, à nervures plus gaufrées et plus saillantes. Les Stigmaphyllon sont aujourd'hui entièrement confinés dans l'Amérique tropicale; leur présence en Europe à l’époque tertiaire, grâce à l'attribution que nous venons de proposer, paraît offrir les caractères d’une véritable probabilité. SAPINDACEZÆ. PAULLINIA L. Pauzuinia pispeRSA. (PI, VIIL fig. 7.) P, fois compositis? foliolis subcoriaceis, petiolatis, ovato- ellipticis, acuminatis, Subduplicato-déntatis dentibus acutis: nervis secundariis obliquis, rémotis, ramoOsis: tertiarlis reticu- latis. Armissan (rare). Foliole qui ressemble au premier abord au Rhus Pyrrhæ Ung. (1), au Rh. Brunneri Heer (2) et au Rh. Heritæ Ung. (3), mais qui en diffère certainement, soit par la forme aiguë de sa double dentelure, soit par sa nérvation, soit enfin par la présence d'un pétiole. Elle se rapproche davantage de plusieurs Sapin- dacées des genres Serjania, Paullinia, Schmidelia ; mais l'espèce qui nous parait la plus analogue serait une plante de Java, l'Allophyllus (Schmidelia) fulvinervis BL., dont les feuilles à trois folioles ont la forme, la nervation et le mode de dentelure de celle d'Armissan, Cependant cette attribution ne saurait être proposée que sous toutes réserves. M. Massalongo, dans sa Monographie des Sapindacées fos- (4) Unger, CAZ. prot., tab. 23, fig, 4. (2) Heecr, F2, tert. helv. VIT, tab. 126, fig. 12-19. (3) Unger, Sy/l. pl. foss., 1, p. 42, tab: 20, fig. 7-9. A8û GASTON DE SAPORFA, siles (4), a publié plusieurs empreintes analogues à celle-ci, qu'il range également parmi les Paullinia. SAPINDUS L. SAPINDUS MACROPHYLLA, S. foliis pinnatis, foholis elongatis, lanceolato-linearibus , acuminats, basi attenuata subsessilhi parum inæqualihus, inte - gerrimis ; nervo primario valido, cæteris sparsis, curvatis, ra- mosis, fere inconspicuis, . Armissan (très-rare), Feuille ou plus probablement foliole d'une feuille pinnée, sessile, atténuée aux deux extrémités, un peu inégale à sa base, et très-analogue à celles que M. Unger a figurées dans son Sylloge (2) sous le nom de Sapindus heliconius ; mais ces der- nières sont obtuses inférieurement et courtement pétiolées, tan- dis que la foliole découverte à Armissan est atténuée et sessile ; elle resserable aux folioles du S, indica À. DODONÆIÏTES, DoponæiTEs Decaisner. (PI. IX, fig, 43.) D. fructibus samaroideis, pedicellatis, compressis, undique alatis, sutura longitudinali percursis, nucleo centrali abortu (?) forsan uniloculari? indehiscente donatis:; ala ambitu obovato- orbiculari, venulis tenuissimis e sutura media ortis ramoso- reticulatis, integerrima, basi in pedicellum attenuata vel si- nuato-attenuata, apice integra vel rarius emarginata. Fraæinus ? Dodonæa? Paul Gervais, Notice sur les empreintes végétales trouvées à Armissan (Mém. de l'Acad. de Montpellier (section des sciences), t. V, p. 318, pl. 10, fig. 8. Armissan (très-répandu). (4) Massalongo, Sapiad, foss. monogr. Veronæ, 1852, p. 20 tab, 4, fig 5-6. (2) Ung., Sylloge, 1, p. 34, tab, 48, fig. 1-6. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 489 Ce sont des fruits samariformes dont les empreintes peuplent les couches d’Armissan, et qu’on serait tenté de prendre au pre- mier abord pour des samares d'Ulmus, mais en les examinant on reconnaît qu'ils sont divisés, de la base au sommet, par une ligne suturale fort nette, très-différente de la suture sinueuse des Ulmus ; le mode de réticulation est loin aussi d’être le même. Il semblerait, à l'inspection des empreintes, qu'il existt ici, comme dans beaucoup de Dodonæa, deux loges accolées et contiguës à l’axe médian, peut-être confondues en une seule monosperme et indéhiscente par avortement. En effet, tous les fruits que nous avons recueillis jusqu'ici sont entiers, et n'indiquent par aucun commencement de déhiscence qu'ils aient été divisibles à la maturité, comme ceux des Dodonæa. On doit encore noter la ressemblance de ces fruits fossiles avec ceux des Ptelea, et spécialement du P. trifoliata. Ces organes sont aplatis, samaroïdes, orbiculaires, entourés d’une aile mem- braneuse, épaissie au centre, et partagée par une ligne suturale. pareille à celle qu’on voit dans les empreintes d’Armissan, mais une étude attentive détruit ces apparences en montrant dans le fruit des Ptelea un mode de réticulation bien différent de celui qui caractérise les organes fossiles. En effet, les nervures dans le P. trifoliata rayonnent du nucléus central vers la périphérie, en donnant lieu à un réseau de veines rameuses, compliquées, repliées sur elle-même, de manière à former vers le bord plu- sieurs séries d'aréoles rhomboïdales, sans aucun rapport avec les nervures fines, élancées, rameuses par dichotomie, qu’on voit sur les empreintes fossiles, et qui partent toutes de la ligne sutu- rale, en suivant une direction oblique d'autant plus ascendante qu'elles sont plus voisines du sommet de l’organe. Au contraire, ce mode de nervation est tout à fait conforme à celui qu'on observe non-seulement dans les fruits ailés de Dodonæa, mais dans ceux de bien d’autres Sapindacées, comme les Serjania, Bridgesia, Smedingium et plusieurs autres. Il est vrai qu’on remarque des divergences presque aussi saillantes que ces indices d'affinité, en dehors même de la structure probable- ment monosperme et indéhiscente des organes fossiles. Ainsi les 186 GASTON DE SAPORTA. samares des Dodonæ: sont presque toujours échancrées en cœur à la base comme au sommet ; elles sont sessiles, et la partie cen- trale occupée par la loge touche des deux côtés à cette échan- crure, en sorte que les ailes sont plutôt prolongées latéralement. Dans l’espèce fossile, au contraire, la partie occupée par la se- mence estcentrale, et l’appendice ailé l'entoure complétement ; la samare n’est que peu ou point émarginée au sommet ; dans les cas les plus ordinaires, elle est plus ou moins atténuée, smuée, quelquefois assez longuement vers la base, et distinctement pé- dicellée, Ces caractères ne se retrouvent pas ou ne se retrouvent qu'imparfaitement dans les espèces de Dodonæa que renferme l'herbier du Muséum de Paris; elles se distinguent au con- traire par une très-grande fixité dans la forme du fruit et de ses appendices. Les fruits biloculaires sont eux-mêmes en très-petite minorité, et ne diffèrent des autres que par l'avortement partiel ou total de l'aile, dans quelques espèces d'Australie, comme les D, aptera et cuneata Miq. I nous parait, en résumé, que l'attribution de cette espèce au groupe des Sapindacées, et à un genre voisin des Dodonæa actuels, est assez probable. Divers indices recueillis dans la flore antérieure de Saint-Zacharie appuient cette opinion, que con- firme encore la description faite par M. d’Ettingshausen de fruits analogues à ceux des Dodonæa trouvés à Hæring. Nous dédions cette espèce remarquable à M. Decaisne, qui a signalé le premier son affinité avec les Sapindacées ou les Zanthoxylées. M. Gervais l’a figurée dans sa notice sur les plantes d'Armissan, insérée dans les Mémoires de l’Académie de Montpellier. CELASTRINEAS. ELÆODENDRON Jacq. ELÆODENDRON HÆRINGIANUM Ett., Flora von Hæring, p. 73, tab. 24, fig. 38. Heer, F1. tert. helv., WE, p. 70, tab. 422, fig. 6. E. folits coriaceis, valide breviterque petiolatis, ovato-ellipti- cis, basi aculis, apice obtusatis, margine spinuloso-dentatis vel LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 187 integriusculis; nervis secundariis utrinque 5-6 obtuse emissis, arcu obtusissimo conjunctis. Armissan (rare). Feuille analogue par tous ses caractères à l'espèce d'Hæring décrite et figurée par Ettingshausen, et que M. Heer a signalée également au Monod, dans la mollasse inférieure d’eau douce. Les dents sont à peine visibles dans l’exemplaire d’Armissan ; mais elles sont finement spinescentes, comme l'indiquent les auteurs que nous venons de citer. En outre, la parfaite confor- mité du contour extérieur de la nervation et de la dimension du pétiole indique bien la présence d’une espèce identique. Elle est très-voisine de l'E. eæcelsum Eckl. et Zeih., du Cap, et d’un Elæodendron sans nom de la Nouvelle-Hollande. M. d'Ettings- hausen cite encore comme très-analogues l'E, curlipendulum End. de l’île de Norfolk et VE, glaucum Pers. des Indes orien- tales. CELASTRUS Kunth. CELASTRUS HARTOGIANUS. C. fohis petiolatis, lanceolatis, acuminatis, basi longe sensim attenuatis, margine obtuse denticulatis ; nervis secundariis obli- quis, reticulato-conjunctis, fere imconspicuis. Armissan (rare). Grande et belle feuille analogue par sa dentelure, et ce qu’on peut entrevoir de sa nervation, à plusieurs Célastrus indiens, rangés maintenant dans le genre Catha. Il est vrai que les feuilles de ces espèces sont en général obtuses au sommet, mais, parmi les Celastrus de l'Inde ou de l'Afrique australe, il en est beaucoup dont les feuilles sont acuminées supérieurement, comme les Celastrus ruber Wall., acuminatus Thb., cassinoides L., et qui se rapprochent alors de la forme qu'affecte la feuille fossile ; on peut encore comparer celle-ci à l'Hartogia capensis L. Elle rappelle aussi certains Evonymus exotiques, surtout ceux de l'Inde ; mais la difficulté d'observer le dessin du réseau veineux s'oppose à la sûreté de cette détermination. 188 GASTON DE SAPOR!19, ILICINEÆ. ILEX L. Le nombre, la variété et la beauté des £leæ, constituent un des caractères distinctifs de la végétation d'Armissan. La plupart ne ressemblent que d'assez loin aux espèces actuelles, ou du moins, au lieu de reproduire le type de celles qui sont le plus généralement répandues, ils se rattachent aux formes les plus exceptionnelles, et surtout les plus extra-boréales du genre. Les lex, à feuilles terminées par une longue pointe roide et insen- siblement atténuée, qui constituent la majorité de ceux d'Armis- san, ne sont aujourd'hui représentés que par un petit nombre d'espèces qui habitent les Indes, la Chine ou l'Amérique australe. ILEX ACUMINATA. (PI. XI, fig. 2.) L. foliis brevissime petiolatis, coriaceis, lanceolatis, sensim in apicem acuminatum attenuatis, margine parce spinoso-denti- culatis, dentibus nunc fere obsoletis, nunc exserte aculeatis ; nervo primario valdo, secundarñs obliquis curvato-reticulatis sæpe immersis. Armissan (assez répandu). Un rameau (fig. 2 A) garni de feuilles encore adhérentes per- met de reconnaître les principaux caractères de cette espèce. On y voit que les feuilles sont très-variables, et que celles dont le sommet est obtus sont entremêlées à d’autres longuement acu- minées à leur partie supérieure, Le rameau est dépourvu de feuilles sur une étendue de 8 centimètres environ. Dans cette partie de la tige la surface n’a rien d'uni, mais elle est rendue sensiblement inégale par les cicatrices d'insertion des anciens pétioles, qui reposaient sur des bases saillantes et décurrentes. L'intervalle qui séparait les feuilles les unes des autres est fort petit, en sorte que l'accroissement du rameau devait être fort lent. Quoi qu'il en soit de cette circonstance, la plupart des Ilexæ actuels, mais surtout l’Z. aquifolium, présentent des tiges sillonnées longitudinalement, et ces sillons correspondent aux LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 189 bases d'insertion des pétioles qui constituent une saillie discoïde décurrente inférieurement, absolument comme sur l'empreinte fossile, quoique d’une façon moins accentuée. On observe encore la même particularité de structure sur les rameaux de l’Zlex myrlifolia, arbuste du Cap, où elle est aussi marquée que dans l'espèce fossile. L'espace garni de feuilles du rameau découvert à Armissan correspond à deux pousses successives, et par conséquent à deux années. Quelques-unes des feuilles mférieures paraissent man- quer, une autreest en partie détachée, en sorte que l’on peut in- férer de cette circonstance que, dans la plante ancienne comme dans les Zlex actuels, les feuilles persistaient deux années sur la tige, et même commencçaient à l’abandonner dans le cours de la seconde année. On compte neuf feuilles en tout; les plus petites et les plus déformées sont les premières et les dernières de chaque pousse; on voit que chaque année produisait quatre à cinq feuilles d'inégale grandeur, complétant un tour de spire simple, et disposées dans une direction imparfaitement distique. Les feuilles les plus complètes sont distinctement, mais très-briève- mens pétiolées, obtusément atténuées sur ce court pétiole, lan- céolées et prolongées au sommet en une pointe aiguë, épineuse, rigide et insensiblement atténuée. Les dents sont exsertes, pe- tites, épineuses, espacées et placées principalement vers le haut des feuilles. Certaines feuilles (fg. 2 B) sont presque entières ou irréguliérement denticulées. Les nervures, assez peu visibles, le plus souvent obliquement réticulées, naissent à angle assez obtus. Une autre feuille appartenant à un exemplaire isolé (fig. 2 C), peut-être d’une texture moins coriace, montre tous les détails de la nervation. On reconnaît des nervures secondaires oblique- ment réticulées comme dans les empreintes précédentes, mais plus espacées et plus flexueuses ; réunies entre elles le long des bords, elles constituent des aréoles allongées. Cette feuille, plus finement accuminée au sommet que les autres, pourvue de dents plus acérées et plus saillantes, se rattache pourtant à la même espèce. 190 GASTON DE SAPORTA, Malgré des divergences partielles dont il est aisé de se rendre compte, on doit rapporter notre F. acuminata au même type que VZ. latifolia Thbg., du Japon. ILex RiIGIDA. (PI. XI, fig. 3.) I. fois coriaceis, petiolo valido brevi, transversim sulcato, lanceolatis, acuminatis, rigide cuspidatis, dentato-sinuatis, dentibus aculeatis, basi integra subinæqualibus ; nervo pri- mario prominulo, secundarïs obliquis curvatis, fere incon- spicuis. | | Armissan ({rès-rare). Espèce bien distincte de la précédente par ses dents espacées, irrégulièrement épineuses, par sa base entière, obtusément atté- nuée et sensiblement inégale, par son sommet terminé en pointe’acérée. Elle ressemble à certaines variétés à feuilles étroites de l’Ilexæ aquifohium L., ainsi qu'à l’I. paraguarien- sis A.S.H. Sa texture très-coriace ne laisse entrevoir que diffi- cilement les nervures. ÎLEX SINUATA. I. foliis coriaceis, breviter petiolatis, oblongo-ovatis, margi- natis, dentato-sinuatis ; nervo primario valido, nervis secunda- riis subobliquis curvatis reticulatis. Armissan (très-rare). Feuille naturellement irrégulière, plutôt snuée que dentée, oblongue, marginée, mutilée à sa partie supérieure. Elle repro- duit le type de l’Z. opaca Ait., espèce de l'Amérique septentrio- nale, dont les dentelures sont quelquefois très-peu prononcées. ILEx Horripa. (PI. XI, fig. 9.) I. foliis coriaceis, sessilibus vel brevissime petiolatis, pin- natilobatis, polymorphis quandoque irregularibus lobis pa- tentibus, utrinque 2 superioribus terminalique productioribus, Janceolato-linearibus, quandoque prælongis,rigidis, apice cuspi- dato-aculeatis, terminali laterales æquante vel superante, infe- LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 19 rioribus utrinque 2 vel 3 brevioribus, acutis, spinosis, patentibus vel reflexis ; nérvo primario valido ; secundaris in lobos pergen- tibus vel abbreviatis, furcato-anastomosatis; venulis subtiliter reticulatis. Var. £ (fig. 9 B). Fois lobis irregulariter incisis, inferioribus obsoletis. Armissan (assez rare).' Un coup d'œil Jeté sur les figures 9 A et 9 C suffit pour faire saisir les caractères de cette curieuse espèce. Elle s'éloigne telle- ment de la plupart des formes actuelles qu’on pourrait hésiter à y reconnaître un véritable Houx, si ce rapprochement n'était à la fois celui qui se présente le plus naturellement à l'esprit, et celui auquel on est forcé de reveuir par l'étude approfondie de tous les détails de la feuille. Le pétiole est presque nul comme dans V1. acuminata. La forme des lobes profondément incisés, la pointe acérée ct épineuse qui les termine, la nervure marginale continue avec les bords qui les cerne constamment, le dessin capricieux des veinules tertiaires, annoncent également un Zlex remarquable par la disposition pinnatfide de ses lobes étroits et longs, et par sa liaison, d’une part avec. quelques-unes des formes fossiles que nous passons en revue, et de l’autre avec les formes les plus exceptionnelles de l'ordre actuel. Ces feuilles varient dans une trés-large mesure. Celle que re- produit la figure 9 C, réduite à la moitié de sa grandeur na- turelle, dépasse de près du double l’exemplaire représenté figure 9 À, et ses lobes sont plus nombreux et plus profondément incisés que ceux del’empreintefigure 9 B qui se trouvent réduits à trois ou quatre et irrégulièrement développés. Cepolymorphisme nous confirme encore dans l’attribution que nous regardons comme la plus probable ; en effet, l'empreinte citée en dernier lieu, et qui nous paraît constituer une variété distincte, diffère a peine d'un Zlex du Paraguay récolté par Bonpland, et que nous avons observé dans l’herbier du Muséum de Paris. Un autre Ileæ, provenant du voyage de Jacquemont (n° 740), ressemble évidemment par la forme de ses lobes aigus, cuspidés, proloudé- 19% GASTON DE SAPORTA. ment et irrégulièrement mcisés, divariqués, de même que par le pétiole très-court, à l'empreinte reproduite figure 9 À. Cepen- dant la feuille de l'espèce indienne se termine supérieurement par une pointe courte, quoique fortement épineuse, tandis que cette partie se prolonge beaucoup dans les empreintes d’Ar- missan ; mais d’autres Zleæ, soit parmi les fossiles, soit parmi les espèces actuelles, affectent ce caractère, qu'il n'est nullement étonnant d'observer dans la plante d'Armissan. On le retrouve très-prononcé dans une autre espèce sans nom, rapportée des Indes par Jacquemont. Ainsi, en réunissant tous ces indices, nous regardouns comme très-probable l'attribution de cette espèce ter- taire au groupe des Zleæ. Cette opinion est encore appuyée par l'étude des espèces fossiles contemporaines, et spécialement de celles que M. Heer a décrites sous le nom d'Ziex Studeri Delah. et Rüminiana Heer. Toutes deux ont des feuilles profondément incisées-lobées. Nous faisons ressortir en terminant l’affinité sin - guhere de notre Z. horrida avec le Quercus cruciata À. Br., dont les feuilles réduites à trois lobes linéaires, étalés et acérés, semblent se rattacher au même type, tandis qu'on n'y retrouve que très-imparfaitement des caractères analogues à ceux des Quercus. ILEx ACULEATA. (PL, XI, fig. 40.) I. foliis coriaceis, oblongo-lanceolatis, acuminatis, rigide cuspidatis, denticulatis, dentibus acutis, tenuiter spinosis ; nervo primario valido, secundariis obliquis areolatis, tertiariis subüili- ter reticulatis. Armissan (très-rare). Feuille qui ressemble à celles de l'Z. acuminata par sa forme générale ; elle est cependant moins atténuée vers la base qui se terminait probablement d’une manière obtuse. Le sommet se prolonge en une pointe acérée et finement acuminée ; les bords sont découpés par des dentelures fines, épineuses, peu saillantes, nombreuses et séparées par des sinus arrondis. La nervation se compose de veines déliées qui partent à angle droit, réunies en aréoles, et donnant lieu dans les intervalles à un réseau très-fin. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 193 Ce dernier caractère sépare cette espèce de celles dont il a été question jusqu'ici. Parmi celles du monde actuel, les plus voisines nous paraissent être l’Z. madagascariensis Lamk., VI. Betsche- riana Gôpp., mais surtout l’Jleæ crocea Thb. à cause de la finesse de ses dentelures; on pourrait encore citer l’Z. castaneæfolia Hort., variété remarquable de l’Z. Cassine. Notre TZ. aculeala parait intermédiaire entre ces diverses formes ; il se distingue de toutes par la pointe longuement cuspidée qui termine sa feuille, et par ce caractère 1l se rapproche, comme lespèce précédente, d'un lex sans nom provenant du voyage de Jacquemont, et rangé par erreur à la suite des Quercus dans l'herbier du Muséum de Paris. ILEX ACANTAODA. Ï. folus petiolatis, rigide coriaceis, oblongo-lanceolatis, mar- ginatis, brevissime acuminatis, dentato-sinuatis, dentibus acu- leatis, divaricatis ; nervo primario valido, secundartis immersis parum conspicuis obtuse emissis areolatis. Armissan (très-rare). Espèce représentée par une seule feuille, mais qui dénote sûrement un {lex par sa physionomie, sa forme et sa nervation. Sa consistance est coriace ; les dentelures espacées, épineuses et divariquées ; le contour oblong, à bords parallèles, terminé brus- quement au sommet par une pointe épineuse assez courte. Les nervures secondaires qui partent à angle droit dessinent une série de larges aréoles. Cette feuille se rapproche beaucoup, par tous ses caractères, de celles de l’Zlex Betscheriana Güpp., mais surtout par son extrémité supérieure qui la distingue de toutes les précédentes ; on peut aussi la comparer à l’Zlexæ madagasea- riensis Lamk. ILEX SpinESCENS. (PI. XI, fig. 4.) . foliis coriaceis, breviter petiolatis, lanceolatis, dentatis, den- bus spinosis parum productis; nervis secundariis sub angulo h5 gr. emissis, areolatis, tertiariis oblique reticulatis, parum prommentibus. Armissan (rare), 9° série, Bor, T, IV, (Cahier n° 4.) 1 143 194 GASTON DE SAPORTA. Feuille qui diffère de la précédente par sa forme lancéolée, le mode de sa dentelure et par des nervures secondaires plus obliquement réticulées. Le pétiole est court, la surface glabre et lisse; les nervures sont peu saillantes. Elle se rapproche bien plus que les espèces précédentes des formes boréales du genre, et particulièrement de l’Z. Cassine Aït., caroliniana Mill. RHAMNEZÆ. BERCHEMIA Neck. BERCHEMIA PRISCA. (PI. XI, fig. 1.) B. foliüs oblongo-ellipticis, utrinque obtusatis, mtegerrimis, marginibus leviter subtus revolutis; nervo primario stricto, secundarus utrinque 17 parallelis suboppositis, obliquis, cur- vatis, ascendentibus simplicissimis, venulis numerosis subtilibus transversim decurrentibus. Peyriac, au bord de l'étang du Doule (très-rare). Nous étions porté à considérer cette feuille, dont les figures AA et1B montrent les deux côtés, comme une forme du Berche- mia multinervis Heer, si répandu dans toute la mollasse suisse, en Allemagne, et jusque dans les couches de Manosque en Pro- vence, mais en examinant l’exemplaire des environs de Narbonne on reconnaît qu'il se rapporte à une espèce qui semble tentr le milieu entre le Berchemia multinervis et le B. volubilis de Vir- ginie, et se rapproche plus particulièrement du B. lineata dont elle reproduit les principaux traits. En effet, notre feuille n’est pas orbiculaire, ni ovale, mais ovale-allongée, elliptique; ses ner- vures ont plus de saillie et moims de finesse que celles des deux premières espèces. Les bords étaient distinctement roulés, ce qui rend le contour de la feuille légèrement sinué, comme dans les Berchemia actuels. Les nervures secondaires, au lieu d’être au nombre de 7-11, comme l'indique M. Heer pour sa plante, et comme nous l'avons vérifié sur un grand nombre d'exemplaires de B. multinervis de Suisse et de Provence, s’élévent au nombre de 17 de chaque côté. Ces nervures très-rapprochées suivent une LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 195 direction plus oblique que dans le B. multinervis; elles se recourbent moins le long des bords et deviennent ascendantes près du sommet qui est obtus ; des dispositions très-analogues se retrouvent dans les deux espèces de Berchemia que nous avons citées, surtout dans le B. lineata. Ces divers caractères, quoique peu saillants par eux-mêmes, motivent suffisamment par leur réunion la distinction spécifique que nous proposons. Les Ber- chemia mullinervis, prisca, lineata, volubilis, constituent des formes dont l affinité réciproque est évidente, et dont les diffé- rences sont à peine sensibles. RHAMNOUS Juss. RHAMNUS DILATATUS. (PI. XI, fig. 5.) R. fois coriaceis, late obovatis, truncato-rotundatis, parce et remote denticulatis, triplinerviis; nervo medio valido, abrupte ad apicem desinente ; lateralibus suprabasilaribus curvato-ascen- dentibus eum secundarüs paucioribus post intervallum emissis anastomosantibus, tertiariis parum çconspicuis ramoso-reticu- latis. Armissan (très-rare), cette belle espèce nous est connue par une feuille d’assez grande dimension, largement obovée, triplhinerve, orbiculaire, presque tronquée au sommet, atténuée inférieurement, faible- ment denticulée le long des bords, coriace, glabre, qui repro- duit évidemment le type des Rhamnus à feuilles persistantes, ou Rhamnus proprement dits, par opposition au groupe des Fran- gula. Elle ressemble, toute proportion gardée, au Rhamnus buxifolius Duh., mais surtout au Rh. rotundifohus H. P., qui n’est qu'une variété à feuilles arrondies-obovées du RA. Alater- nus L. Le premier de ces arbustes habite l'Espagne, le second les iles Baléares. Tous deux portent des feuilles conformes par tous leurs caractères à celles de notre Rhamnus dilatatus, mais beau- coup plus petites. 196 GASION DE SAPORTA, JUGLANDEZÆ. ENGELHARDTIA Leschen. Depuis que M. Ettingshausen (1) a fait ressortir l’affinité des involucres fossiles désignés autrefois sous les noms de Carpinus macroplera Brngt. et producta Ung. avec les organes correspon- dants des Engelhardtia, on a cessé généralement de voir en eux des fruits de Charme, avec d'autant plus de raison que leur orga- nisation dans ce dernier genre est toute différente de celle des petites nucules fossiles dont on observe des empreintes si nettes dans les couches d’Armissan. Nous croyons avoir mis en lumière ce point de vue dans nos études sur la Flore de Saint-Zacharie, où les genres Carpinus el Engelhardtia se trouvent réunis et re- présentés tous les deux par leurs organes respectifs. M. Andræ, dans sa Flore de Siebenburg (2), a également décrit sous le nom de Carpinus vera un involucre fructifère dont l’attribution au genre Carpinus est parfaitement légitime. Les organes dont il est ici question se trouvent à l’état fossile, non-seulement à Armissan, mais encore sur divers points de l'Europe tertiaire, à Sotzka, à Radoboj, à Mombach et à Swos- nowice en Gallicie, sans parler de Saint-Zacharie et de Manosque en Provence. Les empreintes provenant de toutes ces localités présentent une remarquable uniformité de caractères, en sorte qu'il est évidentiqu’elles ont autrefois fait partie d’un même genre répandu sur un très-grand espace. Ce genre, on peut le soup- çonner, doit avoir accompagné et précédé celui des Juglans, dont le développement, un peu postérieur, coïncide justement avec le déclin des Engelhardtia tertiaires. Ainsi, ce dernier groupe n’a eu en Europe qu’une durée limi- tée et pour ainsi dire transitoire. Jusqu'à quel point faut-il l'identifier avec les Engelhardtia modernes qui habitent les Indes, Java et les Philippines? Nous avons exprimé la pensée, en (1) Ettingshausen, Beïträge zur Kennt, der foss. FL von Sotzka, p.12, tab. fig. 2-3, (2) Andræ, Foss, For. Siebenburgens und des Bunales, t. 1, fig. 7-9. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 197 décrivant l'Engelhardtia decora (1), que l’affinité incontestable qui lie le groupe ancien au groupe actuel pouvait bien ne pas avoir la signification d'une complète coïncidence. L'étude des exemplaires d’Armissan confirme jusqu'à un certain point cette maniere de voir ; et d’un autre côté, comme les différences en question portent sur des détails tout à fait secondaires relatifs à la nervation de l’involucre et à l'apparence extérieure du fruit, et qu’enfin la somme des similitudes à signaler dépasse de beau- coup celle des divergences, celles-ci ne sauraient motiver en rien une distinction générique, mais elles tendraient à faire regarder les Engelhardtia tertiaires comme formant une section naturelle ou subdivision particulière, se plaçant à la suite des Engelhardtia actuels, dans le mème genre que ces derniers. La structure des involucres ne peut être mieux connue, à cause du nombre et de la belle conservation des empreintes. Les figures 2, 3, 5, de la planche XITreprésentent une série d’exem- plaires de grandeur naturelle ou grossis, qui laissent parfaite- ment juger de la nature de ces organes. Ils se composent uni- formément d’un appendice ailé, membraneux, finement réticulé, profondément divisé en trois segments inégaux, le médian dépassant toujours les deux autres. Les segments varient beau coup de forme, de grandeur et de longueur proportionnelle ; les latéraux divergent plus ou moins selon les empreintes. Ils se réunissent tous inférieurement et supportent, en se repliant à leur base, une nucule arrondie, faiblement atténuée au sommet, reposant sur la base de linvolucre, dont le repli en forme de coin s épanouit en une sorte de cupule membraneuse fort courte et peu visible, lobée à ce qu'il semble, embrassant étroitement la nucule, et dont la contexture a dû être très-fine, puisque dans la plupart des cas on n’en aperçoit que des traces marquées par de légers liméaments, qui se confondent avec l'empreinte même de la nucule. Celle-ci paraît avoir été glabre ; elle est marquée de fables sillons sinueux et comme chagrinée. Les empreintes (4) Études sur la végét. tert., 1, p. 248; Ann. sc. nat., 4° série, Bor., t. XIX, p. 94. 198 GASTON DE SAPORTA, qui se rapportent à la face dorsale montrent les nervures du segment principal de l'involucre qui se prolongent inférieure- ment et sillonnent l'empreinte du fruit; la saillie de cet organe est bien plus faible de ce côté, et le contour en est plus vague ; tandis que sur la face qui correspond directement au fruit, on distingue dans le sédiment une empreinte plus nette, quoique comprimée et toujours assez peu sallante. Nous n'avons remar- qué dans aucun exemplaire ni la trace des stigmates filiformes qui surmontent le fruit dans les Engelhardtia actuels, ni celle des poils serrés qui le recouvrent, ainsi que la base de l'in- volucre, dont le repli antérieur semble disposé autrement que dans les espèces vivantes. Nous avons déja observé que le mode de réticulation des lobes de l’involucre n’est pas exacte- ment le même, quoiqu'il se rapproche beaucoup de celui des Engelhardtia modernes. Telles sont les différences appré- cables qui semblent tracer entre ces espèces de l’ancien monde et celles de notre âge une ligne légère de démar- cation qui, dans aucun cas, ne peut être assez prononcée pour autoriser une distinction générique ; mais ce qui contribue à la rendre moins précise, c'est la difficulté que l’on éprouve néces-- sairement en comparant des caractères faciles à saisir sur une plante qui se laisse analyser sans obstacle avec des caractères que le passage à l’état fossile peut avoir oblitérés, sans que l’on soit en droit d'affirmer pour cela qu'ils n'ont jamais existé. La multitude des involucres d'Engelhardtia est presque innom- brable à Armissan ; la surface de la plupart des dalles en est par- semée. Dans cette foule nous avons cru distinguer deux espèces nouvelles, en dehors de celle que M. Brongniart a signalée ancien- nement sous le nom de Carpinus macroptera. Ainsi, en s’atta- chant aux fruits seulement, il y aurait eu à Armissan trois Engelhardta, dont l'un beaucoup plus rare que les deux autres. IL était naturel de croire à priori qu'en présence de ces fruits semés avec profusion les feuilles, ou du moins les folioles du même genre, ne feraient pas défaut; cette supposition était d'autant plus naturelle que l'espèce de Samnt-Zacharie s’est trou- vée accompagnée de ses feuilles, et que les folioles d’Engelhardtia LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 199 présentent des caractères assez saillants pour les faire aisément reconnaître ; cependant rien de plus rare que cette sorte d’em- preintes à Armissan. Malgré la quantité d'échantillons de cette localité que nous avons eus entre les mains, nous avons longtemps désespéré d'en rencontrer d'attribuables au même groupe que les involucres. Cette lacune regrettable a été pour- tant comblée en dernier lieu par une fort belle empreinte décrite et figurée ci-après, qui montre quatre folioles encore rangées auprès du pétiole commun et adhérentes en partie à cet organe. Cependant, il nous a paru impossible de décider à laquelle des trois espèces de fruit cette feuille devait être rapportée de préfé- rence, aussi décrivons-nous séparément les divers organes. Les Engelhardtia sont actuellement de grands arbres répandus dans toute l'Asie tropicale. Is devaient croître en grand nombre dans les forêts de l’ancienne localité d'Armissan, apparemment un peu à l'écart des plages lacustres, mais à une distance assez rapprochée pour permettre à leurs fruits ailés de parsemer en foule le sem des eaux, assez éloignée pour que leurs feuilles et leurs folioles n'aient pu venir que rarement s'ensevelir dans les sédiments en voie de formation. ENGELHARDTIA BRONGNIARTI. (PI. XII, fig. 5.) E. involucris fructiferis in alam membranaceam tripartitam expansis ; laciniis oblongis vel linearibus, obtusatis, rarius obtuse lanceolatis, integerrimis, media lateralibus magis minusve (in- terdum maxime) divergentibus productiore ; lacinia media fere triplinervià, lateralibus subbinerviis ; venulis oblique subtiliter reticulatis. Carpinus macroptera Brngt., Ann. des sc. nat., t. XV, p.48, pl. 3, fig. 6, T'abl. des genres de vég. foss., p.118 ; Unger, Gen. et sp. pl. foss., p. 108, Foss. F1. von Sotzka, p. 5h, tab. 11, fig. 1-5. | | Armissan (très-répandu). Cette espèce se distingue des deux suivantes par la dimension ordinairement plus grande de ses involucres, par la largeur 200 GASTON DE SAPORTA, proportionnelle des lobes, par leur terminaison constamment obtuse et quelquefois par la divergence des lobes latéraux. La nervation (fig. 5 A’) présente aussi des différences sensibles. On distingue trois nervures longitudinales dans le lobe médian ; les deux latérales, plus faibles, s’anastomosent avec la principale, vers les deux tiers supérieurs, au moyen de veinules obliquement dirigées. Dans les lobes latéraux, la nervure médiane émet le long du côté supérieur des veines obliques, ramifiées et réunies, mais sur le côté inférieur elle est accompagnée d’une nervure longi- tudinale plus ou moins prononcée, selon les exemplaires. Un réseau très-fin, capricieusement dessiné réunit les divers ordres de nervures. Cette espèce est celle qui s’écarte le plus des formes actuelles par son aspect et par la disposition du réseau veineux. Elle est aussi la plus répandue à Armissan; la nucule est arrondie-ovale, plus atténuée à la base et au sommet que dans les espèces suivantes. Le nom de Carpinus macroplera devant être abandonné, et la dénomination spécifique ne s'appliquant plus que d’une manière imparfaite à l'espèce d’Armissan, nous lui imposons le nom de M. Brongniart, à qui en est due la première découverte. ENGELHARDTIA OXYPTERA. (PI. XII, fig. 2.) E. involucris fructiferis in alam tenuiter membraceam tripar- titam expansis, nuculam rotundatam basi foventibus; lacimis involucri oblongo-lanceolats, breviter acuminatis vel obtusius- culis, media lateralibus productiore, sæpius subspathulata ; nervo medio in qualbet lacimia unico, valde obliquo pinnato; venulis subtiliter reticulatis. Armissan (assez répandu). Les involucres de cette seconde espèce sont plus petits et accompagnent un fruit plus arrondi, nullement atténué inférieu- rement. Les segments sont plus étroits, plus élancés, atténués au sommet; le médian, beaucoup plus long que les latéraux, affecte une forme plus étroitement linéaire que dans les espèces précé- dentes. Il est le plus souvent un peu spathulé et le sommet se LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 201 trouve plus ou moins atténué en pointe. Les réticulations for- mées par les veinules (fig. 2 C') sont d’une grande délicatesse ; la nervure médiane qui partage les segments n’est pas accompa- gnée de deux autres, mais elle donne lieu à des veines qui suivent une direction très-oblique et forment, en se ramifiant, un réseau à mailles très-fines. Cette espèce se rapproche plus que la précé- dente des formes actuelles où les nervures sont cependant en général moins obliquement ramifiées. La plus analogue est un Engelhardtia sans nom, de Manille, qui existe dans l herbier du Muséum de Paris. ENGELHARDTIA ABSCONDITA. (PI. XII, fig. 3.) E. lacinüis involucri fructiferi nuculam rotundatam basi fo- ventis mediocriter expansis, oblongo-obovatis, apice obtusatis ; media lateralibus sub angulo 45 gr. divergentibus paulo pro- ductiore, nervis pinnatim divisis, venulis oblique prodeuntibus. Armissan (rare). Nous croyons reconnaitre une espèce bien distincte des pré- cédentes dans l'empreinte reproduite par la figure 3. La dimension générale est plus petite; les segments bien moins développés, plus courts, moins inégaux, oblongs, un peu élargis et complétement arrondis au sommet ; la nervation est plus régu- lièrement pmnée que dans les autres espèces fossiles, et plus voi- sine, par conséquent, de celle qu’on observe dans les mvolucres des espèces actuelles. Nous citerons l’Æ, Colebrookeana Wall., de l'Inde, et l'E, parvifolia Cas. DC. (1), de Manille, comme ceux dont les fruits se rapprochent le plus de la plante d’Armissan que nous venons de faire connaître. Peut-être les feuilles dont nous allons parler doivent-elles lui être attribuées, puisqu'elles sont liées à l'espèce des Philippines que nous avons citée par une égale affinité. ENGELHARDTIA DETECTA. (PI. XII, fig. 4.) E. fois pinnatim compositis, paucijugis ; foliolis submembra- (4) Casimir De Candolle, Mém. sur la fam. des Juglandées, Ann. sc. nat., 4° série, Bôr., t. XVIH, p° 30. 202 GASTON DE SAPORTA. naceis, alternis, oblongis, basi apiceque obtusis, margine parce denticulatis, dentibus argutis ; nervo primario tenui, secundariis gracilibus, sparsis, simplicibus vel etiam furcatis, ramoso- anastomosatis; tertiarus subülissimis, oblique transversim decur- rentibus, flexuosis, in rete venosum minutissimum oculo nisi armato non conspicuum demum solutis. Armissan (très-rare). Les folioles détachées de cette curieuse espèce, au nombre de quatre, sont groupées le long du pétiole commun dans une posi- tion à peu pres naturelle. Elles doivent avoir été disposées dans un ordre alterne, disposition tout à fait conforme à celle que l’on remarque dans plusieurs Engelhardtia. Le pétiole commun, long de 5 1/2 à 6 centimètres, paraît intact vers la partie mférieure qui s’élargit insensiblement. Les folioles n’ont dû être ni coriaces, ni tout à fait membraneuses, mais fermes et unies à la surface ; leur forme est oblongue, à bords parallèles dans une partie de leur étendue, obtusément atténuée vers la base comme au sommet, qui se trouve lacéré dans la plupart des empreintes. Le bord est inégalement denticulé, tantôt à dents espacées et finement incisées, tantôt sinué et presque entier. Les ner- vures de divers ordres sont très-déliées, la médiane peu épaisse et nullement saillante, les secondaires nombreuses naissent sans ordre sous un angle ordinairement assez ouvert, se re- courbent, puis ramifient, et réunissent par des anastomoses ; elles atteignent pourtant directement les dentelures ; les vei- pules qui s'étendent dans l'intervalle qui les sépare sont telle- ment fines qu'il faut employer la loupe pour les apercevoir. Les unes (fig. 4 À) partent de la nervure médiane et s'étendent dans le même sens que les secondaires, mais elles se réunissent promptement à celles qui sont émises par celles-ci, dans un sens transversalement oblique, et qui sont flexueuses, rami- fiées en un réseau dont la finesse est extrême. Les dernières ramifications des veinules donnent lieu, par leur entrecroise- ment en divers sens, à des mailles trapéziformes ou irrégulière- ment pentagonales qu'on n'aperçoit qu'à l'aide d’une forte loupe. RE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 203 Tous ces caractères se retrouvent avec une remarquable con- formité dans les feuilles des £ngelhardtia actuels, dont les folioles ont aussi la consistance ferme, mais non coriace, la surface lisse et la nervation déliée des empreintes fossiles que nous décrivons. Parmi les Engelhardtia vivants, les uns ont des folioles entières, comme les £. Colebrookeana Wall.. Roæburgiana Lindi., spicata BL.; les autres, et ce sont en général des espèces de Java ou des Philippines, portent des folioles dentées, comme l’Æ. serrata BI. C’est de ces derniers que se rapprocherait l'espèce fossile ; elle diffère cependant de l'E. serrata par la forme de ses folioles, et ressemble bien davantage à l’Engelhardtia rapporté de Manille par M. Cumming, que M. Casimir De Candolle a désigné sous le nom de £. parvifolia. Les folioles de celui-ci peu nombreuses, tantôt denticulées, tantôt sinuées ou presque entières, offrent de grands traits de similitude avec les empreintes d'Armissan. Nous avons fait ressortir l’analogie des fruits de la même espèce avec nos Engelhardtia oxyptera et abscondita. Cette circonstance donne encore plus de vraisemblance au rapprochement que nous indi- quons, et qui nous semble avoir tous les caractères de la pro- babilité. JUGLANS L. JUGLANS BILINICA Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 469 ; Heer, F1 tert, helv., [NI, p. 90, tab. 130, fig. 5-19. J. foliolis membranaceis, ellipticis vel oblongo-lanceolatis, acuminats, irregulariter serrulatis; nervis secundariis alternis vel suboppositis, curvatis ; tertiariis transversim flexuosis, venu- lis inter se Conjunctis anastomosatis. Armissan (très-rare). Une foliole isolée, plus allongée et à bords plus parallèles que le type ordinaire, semble pourtant se rattacher à cette espèce, qui est lrès-répandue dans toute l’Europe miocène, L'empreinte découverte à Armissan, où manque le pétiole et l'extrémité supé- rieure, mais dont la nervation bien conservée semble dénoter un Juglans, se rapproche principalement de la figure 8 publiée par 204 | GASTON DE SAPORTA. M. Heer, On pourrait aussi la comparer au J'uglans longifolia du même auteur, dont la foliole est, il est vrai, plus large et plus grande dans toutes ses parties. Les empreintes de Suisse que nous venons de citer proviennent du Monod, dépôt dont l’affinité avec celui d'Armissan rendrait parfaitement compte de la pré- sence du J'uglans bilinica dans cette dernière localité, mais cette espèce y serait encore trés-rare. Elle a été signalée sous diverses dénominations synonymiques à Gleichenberg, à Swoszowice et à Sotzka par M. Unger ; aux environs de Vienne et à Tokay, par M. d'Ettingshausen, dans les ouvrages de ces deux auteurs rela- tifs à ces diverses localités tertiaires. ANACARDIACEÆ. RHUS L. 4. Folia pinnata, foliolis dentatis. Raus prisca Ett., Tert. FT. von Hæring, p. 79, tab. 26, fig. 12-23. R. folus pinnatis ; foliolis oblongis, sessilibus, basi mæquali- bus, apice obtusiusculis, argute serratis. Peyriac, au bord de l'étang du Doule (rare). Nous avons signalé la présence de cette espèce ou une forme très-voisine dans la flore de Saint-Zacharie ; l’'empremte fort nette d’une foliole trouvée à Peyriac nous fait croire qu’elle existe aussi dans le bassin de Narbonne. RHUS JUGLANDOGENE Ettingsh., Tert. Fl. von Hæring, p. 80, tab. 26, fig. 24-29. (PI. XIII, fig. 2.) R. foliis sæpius abrupte pinnatis, plurijugis (4-8); foliolis sub- coriaceis, vix petiolulatis, plerumque oppositis, oblongis vel lanceolato-oblongis, basi obtusa mæqualibus, apice sensim quan- doque longe acuminatis, margine argute hinc inde serratis, pen- ninerviis; nervis secundariis plurimis, curvato-ramosis, fere INnCONSpPICuIs. Armissan (assez répandu). Les folioles de cette espèce ressemblent beaucoup à celles de LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 205 la précédente, mais elles sont plus grandes, plus allongées et sur- tout plus acuminées. Les empreintes découvertes à Armissan, mieux conservées que celles d'Hæring décrites et figurées par M. d’Ettingshausen dans sa Flore fossile de cette localité, se ratta- chent au même type que ces dernières. Elles présentent des fo- lioles tantôt isolées et tantôt réunies, constituant alors une feuille pinnée (fig. 2 À, 9B et 2 B). Nous pouvons ainsi juger de l'aspect et des caractères de cet ancien Sumac. La feuille représentée figure 2 À est longue de 8 à 9 centimètres. Elle porte sept paires de folioles opposées sans impaire, distribuées à des intervalles assez égaux le long du pétiole commun; les supérieures et les in- férieures sont les plus petites, les mtermédiaires les plus déve- loppées; elles étaient plus ou moins coriaces, peut-être pubes- centes ; elles correspondent à la face supérieure et ne laissen qu'imparfaitement distinguer la trace des nervures secondaires. La figure 2 B reproduit une autre feuille, dont nous devons la communication à M. Paul Gervais. Elle est plus petite que les précédentes dans toutes ses proportions, mais bien intacte et munie de toutes ses folioles, qui sont plus ovales-lancéolées et moins acuminées que celles des autres exemplaires; elles sont alternes, au nombre de quatre de chaque côté, mais la terminale est incisée, lobulée. Ces variations ne sont pas rares dans les Rhus actuels, et leur existence dans les empreintes fossiles confirme l'attribution générique que nous en avons faite. Il serait cependant possible que l'échantillon décrit en dernier lieu dût être rapporté au Rhus prisca, à cause de la forme des fololes, plutôt qu'au À. juglandogene; ces deux espèces consti- tuent dans tous les cas deux formes très-voisines. M. d'Ettingshausen compare le R. juglandogene au R. java- nica. Nous n'avons pu vérifier l’exactitude de ce rapprochement, en ce qui touche la plante d’Armissan, mais il est évident que cette dernière s'éloigne des types qui habitent mamtenant les régions tempérées de l'hémisphère boréal. Ruus pEcora. (PI. XIIE, fig. 5.) R. folus pinnatis; foliolis magnis, membranaceis, sessilibus, 206 GASTON DE SAPORTA. elongato-lanceolatis, acuminatis, dentatis, basi valde inæquali- bus, penninervis : nervo primario fortiter expresso, secundariis subtilibus, sparsis, parum obliquis, furcato-ramosis, tertiariis ‘ere Inconspicuis. Armissan (rare). Grande et belle foliole allongée, largement linéaire-lan- céolée, acuminée au sommet, sessile et très-Inégalement atté- nuée vers la base, dentée sur les bords ; à nervures secondaires peu obliques, divisées, ramifiées, vers les bords, très-fines et peu distinctes, probablement à cause de la pubescence. On pourrait au premier abord comparer cette empreinte à un grand nombre de folioles appartenant à des genres chez lesquels les feuilles sont pinnées, tels que les Alectryon et T'houinia parmi les Sapindacées, les Zanthoæylon, ete. Mais il est bien plus natu- rel de reconnaitre en elle un Rhus, remarquable par la grande dimension de ses folioles, et très-analogue, d’une part, aux R. stygia Ung. (1), Merriani Heer (2) d'une part, et de l'autre au R. TyphinaL. Notre R. decora conslituait sans doute une espèce fort élégante ; il se distingue du premier par le sommet bien plus longuement acuminé de ses folioles, du second par leur forme plus étroitement linéaire, et de l'espèce actuelle d'Amérique par le contour plus mégalement atténué de leur base, par leur den- telure, et la terminaison supérieure insensiblement atténuée, au lieu d’être terminé en pointe aiguë. RHus MICROMERA. (PI. XI, fig. 6.) R. folis parvulis, imparipinpatis, paucijugis; foliolis oppo- sitis, lanceolato-linearibus, dentatis. Armissan (très-rare): Petite feuille pinnée avec impaire, à six folioles opposées étroitement lancéolées-linéaires, dentées. Elle se rattache sous de , (4) Unger, Chl. Protog., p. 86, tab. 22, fig. 3, 4, 5 ; Etts, Tert. FT, von Hæring., ps 79, tab. 26. fig, 40-42. (2) Heer, F1, tert. helv., III, p. 82, tab. 126, fig. 5-14. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 207 très-petites dimensions au même type que l'espèce précédente, et surtout que le À. prisca. 2, Folia simplicia vel varie composita, foliolis integris. Raus piSraciNa. (PI. XIIE, fig. 4.) R. fohis ternatis vel pinnatis, paucijugis?; foliolis membra- naceis, late oblongo-ovatis, acuminatis, basi inæqualiter obtuse sinuatis, integerrimis; nervo primario stricto, secundariis plu- rinis, tenuibus, sparsis, curvatis, dichotome ramoso-areolatis, tertiariis oblique decurrentibus, flexuosis, reticulatis. Armissan (très-rare). Grande et large foliole dont la forme et la nervation annoncent une Anacardiacée analogue aux Pistacia et aux Rhus à feuilles ternées. Le contour inégalement sinué de la base dénote une foliole et non une feuille, maisil est difficile de préciser auquel de ces deux genres 1l est plus naturel de l'attribuer. Dansle premier, le P. vera L. nous a paru offrir la plus grande analogie de forme et de nervation, Si l’on s'attache au second, les Rhus toæicoden- dron L. et radicans L. sont ceux qui se rapprochent le plus de notre espèce. Si nous avons adopté pour elle ce dernier genre, c’est qu’il a quelque chose de plus général, et qu’il devient pré- férable lorsqu'il s'agit de l'attribution d'une plante, dont il est plus aisé de déterminer l’affinité avec la famille en général que la position relative vis-à-vis des divers genres de cette famille. Il en est ainsi de notre À. pistacina, puisque des Anacardiacées bien éloignées, et entre autres l’A4stronium fraæinifolium Schott., présentent aussi des folioles analogues par tous leurs caractères à celle que nous venons de décrire. RHUS AFFINIS. R. folus compositis, fololis coriaceis, oblongo-ovatis, obtusis, integerrimis, sessilibus, basi inæqualiter attenuatis ; nervo primario valido; nervis secundaruis obliquis, secus marginem ramosis, tertiarns reticulatis. Armissan (rare). Les folioles détachées de cette espèce dénotent un ÆRhus, 208 GASION DE SAPORTA. ou peut-être un Pistacia à feuilles ternées ou pinnées, mais certainement composées, à cause de l’obliquité très-prononcée des folioles sessiles et inégalement atténuées vers la base. On serait tenté de reconnaître en elles le Rhus cassiæformis Ett., espèce d'Hærimg (1), certainement analogue, mais qui semble se distinguer de la nôtre par quelques caractères. Du reste, les figures de la plante, représentée par M. d'Ettingshausen, sont trop imparfaites pour donner les éléments d'une solution. Notre Rhus ressemble à plusieurs espèces actuelles du groupe des Ana- cardiacées, au Pistacia Lentiscus L., et surtout au P. atlantica Desf., aux Rhus tomentosa Lam., virens Engel., et de plus loin aux R. vernix et copalina. M. Unger a figuré sous le nom de Pistacia lentiscoides (2) une foliole découverte à Parschlug, qui a quelque rapport avec les nôtres; mais elle affecte une forme plus étroitement lancéolée et plus atténuée aux deux extrémités. RHUS PALÆOCOTINUS. (ER XI, is. 7.) R. foliis simplicibus? tenuiter membranaceis, glabris, petio- laüs, oblongo-ovatis, utrmque acuminatis, mtegerrimis; nervo primario gracil, secundarus subtilibus, dichotome ramosis, tertiariis oblique reticulatis. | Armissan (assez répandu). Les feuilles de ce Rhus sont un peu inégalement sinuées vers leur base qui est atténuée en coin sur le pétiole, mais, en dehors même des dimensions de ce dernier organe qui est trop long pour de simples folioles, elles sont tellement conformes par leurs prin- cipaux caractères à celles du Rhus Cotinus L., que nous n’hési- tons pas à les regarder comme dénotant une espèce voisme de celle-ci. Au reste, les feuilles du Rhus Cotinus L., quoique simples, sont le plus souvent Imégales imférieurement, ce qui constitue un nouveau trait de ressemblance avec celles d'Ar- missan. Celles-ci différent seulement du Rhus Cotinus par la ter- minaison acuminée de leur sommet. Leur forme, leur con- (4) Ettingsh., T'ert. Fl. von Hæring, p. 84, tab. 26, fig. 30-38. (2) Unger, Syll. pl. foss., 1, p. 46, tab. 21, fig. 14. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 209 sistance finement membraneuse, l'ordonnance et le mode de ramification des nervures de divers ordres concordent parfaite- ment avec les parties correspondantes de l'espèce européenne actuelle. ANACARDITES Sap. ANACARDITES ANAPHRENIUM. (PI. XIIL, fig. 7.) À. foliis simplicbus? membranaceis, oblongis, submæquali- bus, basi attenuatis, integerrimis, penninervis; nervo primaric stricto ; secundarts angulo obtuso enatis, subtihbus, numerosis, parallelis, rectis vel subinflexis, apice dichotome divisis, secus marginem conjuncto-anastomosantibus; tertiariis tenuissimis, transversis, magis minusve obliquis, furcato-ramosis, venulis introflexis reticulatim conjunetis ; nervis secundartis abbrevia- tis, hinc inde decurrentibus. Armissan (assez rare). Cette feuille, dont il existe plusieurs exemplaires, est pétiolée et de forme lancéolée-oblongue lorsqu'elle est entière ; celle que reproduit la figure 7 est mutilée au sommet, mais bien conservée dans le reste de son étendue. Quoique un peu inégale, elle semble dénoter une Anacardiacée à feuilles simples, plutôt qu'être une folole détachée, à cause de son étroite affinité de forme et de nervation avec plusieurs genres exotiques à feuilles non compo- sées, comme les Holigarna Roxb., Mangifera L., Semecarpus L., Anaphrenium E. Mey. Les espèces les plus analogues sont le Semecarpus acuminala Wall. de Manille, mais surtout les Ana- phrenium dispar E. Mey. du Cap et abyssinicum Schimp. d’Abys- sinie, La similitude de caractères avec ces dernières plantes est si frappante, qu'elle nous porte à regarder l'espèce d’Armissan comme ayant dû appartenir au genre Anaphrenium lui-même. ZANTHOXYLEÆ. ZANTHOXYLON Kunth. ZANTHOXYLON CORIARIÆFOLIUM. Z. olus trifoltatis? foliolis oblongis, utrinque attenuatis, obtuse € série Bor. T, IV. (Cahier n° 4.) 2 14 210 GASTON DE SAPORTA. dentato-crenulatis, sessilibus, penninervis ; nervo primario stricto, secundariis tenuibus, parum conspicuis, ramosis. Peyriac, au bord de l'étang du Doule (rare). Foliole isolée, qui pourrait bien être celle d’un Rhus à feuilles ternées; cependant l'attribution au genre Zanthoæylon semble plus naturelle, à cause de la forme des dentelures et de la base longuement atténuée, quoique sessile. La consistance et la nervation, bien que celle-ci soit peu visible, semblent aussi milter en faveur du rapprochement que nous avons adopté. M. d’Ettingshausen a figuré, sous le nom de Z. Aœringüa- num (1), une foliole analogue par sa dentelure, mais plus grande, plus large et plus obtuse. L'espèce de Peyriac se rap- procherait du Z. trifoliatum L. ZANTHOXYLON FALCATUM. (PI. XI, fig. 7.) Z. foliis pinnatim compositis? foliolis coriaceis, petiolatis, basi valde mæqualbus, lanceolatis, breviter acuminatis, subfalcatis, obtuse dentatis, penninervis; nervis secundariis sub angulo recto emissis, fere inconspicuis, secus marginem curvato-anas- tomosatis, rete venarum tertiariarum conjunctis. Armissan (assez répandu). Les folioles éparses de cette espèce ne sont pas très-rares. La grande inégalité de leur base, leur forme légèrement courbée en faux, les fait aisément reconnaître, et les rapproche naturelle- ment du Zanthoæylon carolinianum dont elles ont l’aspect et la nervation. Celle-c1 n’est pas visible sur tous les exemplaires ; les nervures secondaires avaient peu de saillie sur l’une et l’autre face des feuilles ; la consistance était ferme, sinon coriace ; les dents ont bien la forme caractéristique de celles des Zanthoxylon. Les nervures secondaires, comme il arrive dans ce genre, viennent aboutir en longeant le bord à l'angle interne des sinus, et non pas directement au sommet des dents. Cette circonstance, jointe à l’analogie du contour extérieur et à la conformité de dessin du (4) Ettingsh:, Tert. FI. von Hæring, p. 81, tab. 27, fig: 4: LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 2114 réseau veineux, nous engage à placer cette espèce dans le genre Zanthoæylon, où elle se range à côté du Z. carolinianum. ZANTHOXYLON GIGANTEUM. Z. foliis pinnatim compositis? foliolis magnis, firmis, petio- latis, e basi valde inæquali, latere uno rotundata, sursum longe attenuatis, obsuse dentatis, penninerviis; nervis secun- dariis sub angulo 45 gr. emisis, curvats, secus marginem "amoso-anastomosatis ; tertiarus flexuosis, reticulatis. Armissan (rare). Feuille qui se distingue des précédentes par des dimensions de beaucoup supérieures, mais qui reproduit du reste le même type et se rattache également par la forme de son contour et les détails de sa nervation au Z. carolinianum. La base est très-mégalement développée ; l’un des côtés est largement ovale-arrondi; l’autre, visiblement plus étroit, se trouve accidentellement atrophié dans l'empreinte fossile. La partie supérieure, courbée en arc, se prolonge en une pointe longuement acumimée ; le bord est denté, à dents obtuses, peu saillantes et espacées. Les nervures secondaires très-fines, qui partent à angle droit, sont recourbées-ascendantes le long des bords, et vont aboutir à l'angle interne des sinus qui sépare les dentelures ; elles sont réunies par des anastomoses et reliées par des vemmules capricieusement flexueuses, donnant lieu à un ré- seau irrégulier, dont la disposition est pareille à celle qu'on observe dans les folioles du Z. carolinianum, dont l'empreinte fossile se rapproche beaucoup si l’on fait abstraction de la différence de grandeur. En effet, elle ne mesure pas moins de I centimètres 1/2 de longueur en y comprenant le pétiole. CORTARIEÆ. Le petit groupe des Coriariées offre tous les indices d’une ancienneté reculée. Sans liaison directe avec la série des familles naturelles, il se trouve dispersé dans l’un et l'autre hémisphere et ne comprend qu'un petit nombre d’espèces (sept à huit au plus), AR! GASION DE SIPORTA. isolées, parfois disjointes, séparées par de grands intervalles maritimes et continentaux. Le mode de distribution de ces espèces ne laisse pas que d’être curieux à interroger : le Coriaria myrtifolia L. existe à la fois sur les deux rives de la Méditer- ranée ; le Coriaria nepalensis Wall. est confiné dans l'Himalaya, accompagné, à ce que nous croyons, d’une seconde espèce; le Japon possède le Coriaria japonica Gray, qui se rattache au pré- cédent; la Nouvelle-Zélande, plus riche que les autres contrées, en possède trois, les C. sarmentosa Forst., ruscifolia L. et thymi- folia Thunb., et l’on retrouve les deux derniers le long des plages occidentales de l'Amérique. Ainsi, C'est en pénétrant vers l'extrême Orient, en allant de la Méditerranée dans l'Asie intérieure et de là dans les contrées que baigne l'océan Paci- fique, que l’on voit augmenter l'importance relative des Coria- riées et leurs espèces gagner à la fois en nombre et en extension géographique, tandis que la région américaine des bords de l'Atlantique, ainsi que la côte opposée, en est entièrement dépourvue. Cette distribution semble dénoter une extension antérieure opérée à l’aide d’un temps très-long et sur un espace d'abord continu, suivie plus tard de bouleversements et de retraits partiels qui auraient amoimdri et disloqué l'aire primi- tive en effaçant la trace de stations intermédiaires. La remarquable espèce tertiaire (1) que nous allons décrire confirme ces données conjecturales, par les affinités qui la relient aux formes australes et indiennes du genre plutôt qu’à celle qui persiste encore de nos jours dans l'Europe méridionale. CORIARIA Niss. ContaRrA LONGÆvA. (PI. XIT, fig. 1.) GC. ramis ramulisque oppositis, subtetragonis ; foliis oppositis, perennantibus, brevissime petiolatis, inferioribus latioribus, cordatis, aCuminatis, superioribus ovato-oblongis, basi rotun- (4) Nous devons à M. Decaisne la première idée d'une affinité qui, malgré la beauté de l'empreinte fossile, ne laissait pas que d’être difficile à saisir. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE: TERTIAIRE, 213 datis, sursum longe sensimque attenuatis, omnibus margine in- tegro tenuissime scaberulis, sabquinquenerviis ; nervis exterio- ribus fere marginantibus, intermediis eurvato-ascendentibus, usque ad apicem fol productis; tertiariis transversim decur- rentibus, inflexis, subtliter venuloso-reticulatis. — Racemis fructiferis terminalibus supremisque ex axillis ramorum ortis, elongatis, simplicibus; pedicellis numerosis, 6-8 mill. longis, sparsis vel oppositis aut 2-8 fasciculatim aggregatis, sub angulo lere recto secus axim appensis, fructibus demum caducis aut persistentibus. | Armissan (très-rare), On peut se rendre compte des caractères qui distinguent cette plante en étudiant la grande empreinte dont notre figure 1 (planche XII) donne une reproduction réduite au tiers de sa grandeur naturelle. On reconnait aisément que les feuilles sont opposées ainsi que les ramifications ; que la branche est consti- tuée par deux rameaux ascendants qui prennent leur origine à l'aisselle de deux feuilles plus larges, plus brusquement acumi- nées que les suivantes, presque sessiles, cordiformes et amplexi- caules. Entre ces deux rameaux, on en distingue un troisième fort court, continuant l’axe principal, portant deux feuilles à sa base et promptement terminé. Il est probable que ce ramule se rapporte à une inflorescence terminale antérieure dont l'exis- tence a provoqué le développement des rameaux latéraux par lesquels la tige s'est continuée. Chacun de ces rameaux est terminé lui-même par une inflorescence en grappe simple, dégarnie de fleurs ou de fruits et accompagnée de deux autres ramules, grèles, roides, portant des traces de feuilles, terminés peut-être aussi par une inflores- cence; mais 1l est difficile d'observer les détails de ces derniers organes qui ont beaucoup souffert avant de passer à l’état fossile. Les feuilles, toujours exactement opposées, sont d'autant plus elliptiques et d'autant plus atténuées au sommet qu'elles sont plus élevées; elles ont un court pétiole et le bord entier, mais hérissé de fines aspérités. Elles sont un peu inégales (voyez DA EI -_ GASTON DE SAPORTA. fig. À À une de ces feuilles reproduite de grandeur naturelle), arrondies et légèrement cordiformes à la base; elles paraïssent parsemées de ponctuations très-petites et présentent constam- ment trois nervures qui s'étendent jusqu'à leur sommet. Deux autres nervures extérieures par rapport aux trois principales les accompagnent ordinairement. Plus développées dans les feuilles inférieures qui sont plus larges, elles s’anastomosent assez promptement dans les autres, ou suivent la marge de très-près et se confondent avec elle. Les veines tertiaires sont transver- sales, mais elles forment en se ramifiant dans l'intervalle des nervures principales un réseau capricieux, dont les dernières mailles sont dessinées par des veinules repliées sur elles-mêmes. Vers le bord des feuilles, les veines, toujours déliées, sont plus régulièrement transversales; elles donnent alors naissance à une série de mailles qui suivent le bord et dont la figure 4 A reproduit exactement la disposition. Malgré l'étendue de l'em- preinte, si l’on s'arrêtait aux caractères que nous venons d'es- quisser, on pourrait hésiter entre des attributions très-diverses. La plus naturelle en apparence serait relative aux Mélastoma- cées, En effet, beaucoup de Mélastomacées sont divisées tricho- tomiquement comme l'empreinte fossile, de telle manière que les rameaux latéraux se prolongent tandis que le médian avorte ou reste court. Les Lasiandra (L. bipenicullata Ndn.) et Miconia (M. ligustroides et tentaculifera Ndn.) en fournissent de nom- breux exemples. La nervation semble elle-même favoriser ce rapprochement, au moins au premier abord. Cependant, dans l'immense majorité des feuilles de ce groupe, les veines sont plus régulièrement transversales que dans les feuilles fossiles. C'est à peine si l’on pourrait citer quelques rares espèces, comme le Miconia auriculata DC. et Ndn., ou l’on remarque des ana- stomoses à mailles sinueuses plus ou moins analogues au réseau veineux de l'empreinte fossile; mais une divergence plus radi- cale se manifeste dans la forme de l’inflorescence qui n’a rien de commun avec l'inflorescence plus ou moins cymoïide des Mélas- tomacées. Cet appareil, encore visible sur la plante fossile, comme le LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 915 prouvent les figures 1 B et 1 B’, dessinées de grandeur natu- relle, doit surtout nous diriger dans l'attribution que nous cher- chons. Il consiste en une longue grappe ou épi che et se trouve constitué par un grand nombre de pédicelles filiformes, dis- posés le long de l’axe, à des distances inégales, tantôt imparfai- tement opposés, tantôt solitaires, tantôt groupés par deux et par trois sur le même point. Ces pédicelles sont constamment im- plantés sur lé rachis sous un angle très-ouvert ou même tout à fait droit, et nullement articulés à leur base, ce qui fait qu'ils ont persisté après la chute des fleurs ou des fruits dont on n’aperçoit plus aucune trace. Seulement, à l'extrémité de quelques-uns d'entre eux, un léger renflement marque la place du réceptacle. Il n'existe donc rien de commun entre ce mode d’inflorescence et celui des Mélastomacéés; la plante fossile ayant visiblement appartenu à un genre dont le calyce était hibre, l'ovaire supé- rieur, et où ces organes étaient à la fin cadues. Toutes ces considérations s'appliquent aux Coriaria, avec les- quels la ressemblance de la plante fossile est complète. Les carac- tères tirés de la nervation n’offrant pas une moindre conformité, l'est naturel d'en conclure une véritable affinité générique. Si peu nombreux que soient les Coriaria, il existe pourtant des diversités parmi eux dans la disposition des axes floraux par rapport au reste de la tige. Les uns portent des grappes nette- ment axillaires comme les €. sarmentosa Forst. et thymifolia Th. Les grappes du C. nepalensis Wall., groupées au nombre de trois à cinq, se développent sur le vieux bois, à laisselle des anciennes feuilles déjà disparues. Dans le Coriaria myrtifolia L., au contraire, les inflorescences terminent les ramules, mais ces ramules sont eux-mêmes presque toujours axillaires et fasciculés plus où moms nombreux. Dans le C. ruscifolia Miq., on observe de longues grappes opposées et axillaires, situées principalement à la partie supérieure des rameaux ; ces mêmes grappes, ordi- nairement axillairés dans le Coriaria japonica, deviennent par- fois terminales. Enfin, on remarque une inflorescence nettement terminale, mais accompagnée parfois de deux grappes latérales couronpant des rameaux sortis de l’aisseHe des deux dernières 216 GASTON DE SAPORTA. feuilles, et par conséquent tout à fait pareille à celle de la plante fossile (voyez cette inflorescence représentée figure 1 f, pl. XID), dans une espèce rapportée du Sikkim-Himalaya par M. J. D. Hooker, sous le nom de Coriaria nepalensis Wall., mais que nous regardons comme bien distincte de celle-ci. On peut juger du degré de cette ressemblance par la figure 4 @. Ce nouveau Coriaria habite la région tempérée du Sikkim, par une altitude de 5 à 9000 pieds anglais, Il s’écarte du C. nepalensis par plusieurs caractères très-saillants, en dehors même de la disposition terminale des grappes florales, entre autres par la persistance des feuilles, le nombre et la disposition des nervures. qui les parcourent, enfin par les fruits qui présen- tent la forme et la grosseur de ceux du C. japonica Gray. M. le docteur Hooker, interrogé par nous au sujet de cette espèce, a bien voulu nous transmettre son opinion, conforme à celle que nous exprimons 101; 1] considère ce Coriaria du Sikkim comme plus voisin du C. japonica que du Coriaria nepalensis, mais constituant une forme réellement distincte de ces deux espèces. Les feuilles, presque sessiles, largement ovales, obtusément acu.- minées, cordiformes, amplexicaules, à 5-7 nervures, légèrement scabres le long des bords et sur les principales nervures, offrent une remarquable conformité d'aspect et de caractères avec celles de l'empreinte fossile. Cependant, si l’on s'attache aux feuilles seulement, on reconnaît une similitude plus étroite encore à cer- tains égards dans celles des Coriaria sarmentosa et ruscifolia (Hig. 1 x), où les nervures de divers ordres reproduisent fidèle- ment la disposition que présentent les empreintes fossiles. La plante d’Armissan nous paraît donc constituer une forme intermédiaire entre ces trois espèces, plus voisine pourtant de celle du Sikkim que d’aucune autre. C’est là première fois que le genre Coriaria est signalé d'une manière probable à l’état fossile, si l'on fait abstraction d’une feuille trouvée à Stradella, et publiée jadis par M. Viviani sous le nom de Coriaria myr- tifolia (1), et du Coriaria loclensis de M. Heer (2), attributions (4) Viviani, Mém. Soc. géol. France, 1833, I, p. 133, pl. 41, fig. 3. (2) Heer, F7, tert. helv., TB p. 65, tab. 191, fig. 21, LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 217 qui prêtent à beaucoup d'incertitudes. À Armissan même nous n'en conpaissons d'autres traces que la grande empreinte dont nous venons de parler ; il à fallu sans doute un concours de cir- constances exceptionnelles pour l’entrainer au fond des sédiments tertiaires. MYRTACEZÆ. TRISTANITES. Fructus cymoso-paniculati, secus ramulos paniculæ arlicu- lai, capsulares; capsula 3-4-valvis, semisupera, calycis tubo basi tecta et forsan cum eo connata, limbo circumseisso sub an- thesi deciduo. TRISTANITES CLOEZIÆFORMIS, (PI, XIIT, fig. 3.) T. folus? longe petiolatis, lanceolatis, apiculatis, integerri- mis, penninervis; nervis secundartis obtuse, curvatis, secus marginem areuatim conjunctis; venulis tertiariis flexuosis, laxe reticulatis. — Fructibus cymoso-paniculatis, ovatis, bre- vissime pedicellatis, articulatis ; paniculæ ramulis plerumque opposiiis, secus axim et cum fructibus articulatis; capsulis semisuperis, leviter sulcato-rugosulis, apice libero 3-vel sæpius l-valvibus; valvis breviter acuminatis, semiapertis vel conni- ventibus. Armissan (très-rare). L'existence de ce type repose sur la connaissance d’une seule empreinte (fig. à À), qui représente une inflorescence paniculée cymoide, à ramules courts, opposés ou subopposés, peu nom- breux et disposés le long d’un axe principal de 7 à 8 centimètres de longueur, Les ramules, très-peu développés par rapport à l'axe principal, sont articulés à leur base comme les fruits eux- mêmes, qui sont presque sessiles ou à peine pédicellés. Cette organisation explique l'absence de quelques-uns des axes secondaires, dont on reconnaît la place insertionnelle mar- quée par une cicatrice, et la dispersion des fruits accumulés sans ordre autour de la panicule. Quelques-uns d’entre eux sont 218 GASTON DE SAPORTA, éloignés de la place qu'ils occupaient; d’autres en sont plus voi- sins; d’autres enfin, en plus petit nombre, touchent encore au point où 1ls devaient être attachés ou même y adhèrent. En revanche, sur les axes partiels de la panicule on distingue les cicatrices correspondant au point d'insertion de chacun des fruits détachés. Ils paraissent ävoir été imparfaitement opposés comme le sont entre eux les ramules qui forment l’inflorescence paniculée, et l'axe principal lui-même, par la netteté de sa ter- minaison inférieure, paraît avoir été articulé sur la tige qui le supportait. Les fruits (voyez les fig. 3 A’ qui les représentent grossis) sont petits, ovoides, très-courtement pédicellés, presque sessiles au premier coup d'œil, parce qu'ils sont insensiblement atténués sur ce court pédoncule toujours très-distinct et un peu recourbé inférieurement. Leur structure est évidemment capsulare, en forme de cône court, renversé dans leur moitié inférieure, à 6-8 angles faiblement prononcés. On distingue au-dessus de cette partie imférieure un sillon transversal nettement tracé, qui la sé- pare de la partie supérieure terminée en cône très-obtus, mais divisée distinctement en trois ou plus souvent quatre valves faible- ment écartées, ou même tout à fait conniventes dans certains cas, et qu'on serait tenté de prendre pour les lobes d’un calice supère, à estivation valvaire, accru et persistant après l’anthèse; mais la ligne si nette et légèrement saillante qui marque la place du limbe calycemal; la connivence parfaite et la courbure des valves, ainsi que la physionomie générale de l'inflorescence et les ca- ractères des fruits en particulier, indiquent plus naturellement, selon nous, des capsules semi-supères comme celles de plusieurs Myrtacées Leptospermées, que des fruits surmontés de lobes calycmaux persistants, dressés et connivents-valvaires, comme il en existe dans les Mélastomacées, spécialement dans le genre Chætogastra. | Le genre Tristania, en particulier, fournit un point de com- paraison excellent pour notre plante fossile. On {y observe des panicules dont la forme est analogue à celle de l'inflorescence de cette dernière, soit par l'articulation des ramules, soit par leur LE SUD-EST DE° LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 219 disposition sur l'axe principal, soit enfin par la structure et l’aspect des fruits. Cependant, il existe au milieu de ces affinités une divergence assez sensible pour écarter la pensée d’une assi- milation générique absolue , c’est la persistance des lobes calyci- naux, parfois réduits à une faible saillie comme dans un T'ristania de l'herbier du Muséum de Paris, représenté par la figure 3 £ (pl. XI), mais dont la présence caractérise toujours le genre l'ristania, tandis que les empreintes fossiles ne présentent au- cune trace de ces organes. On observe à leur place (voy. fig. 3, A°) une ligne transversale fort nette et continue, qui marque plutôt la chute par cireumscission du limbe calycinal lors de l’anthèse ou à l’époque du développement des fruits. Cette chute du limbe calyeinal, soit par cireumscission des lobes soudés en opercule, comme dans les genres £ucalyptus et Calyptranthes, soit par la caducité des parties qui surmontent le tube soudé avec l'ovaire ou le recouvrent en partie, comme dans les genres Pericalymna Endl., Leptospermum Forst., Fabricia Gærtn., caractérise un trop grand nombre de Myrtacées pour que nous puissions nous étonner d'en retrouver des traces sur les fruits fossiles que nous examinons. L’analogie les rapproche surtout d'une espèce néo-calédonienne appartenant au même groupe, nouvellement signalée par M. Brongniart, le Cloeza hgustrina, auquel on serait tenté de les réunir génériquement, tant elle leur ressemble. La figure 3 x représente une pani- cule chargée de fruits de cette espèce. On voit que tous les détails relatifs à la disposition et à l'articulation des axes se- condaires, à la forme des capsules, à la structure des valves et du tube calyeinal que nous avons remarqués dans l’em- preinte fossile, se D uinent dans l’inflorescence de l'espèce vivante. Cette curieuse affinité, si souvent mise en évidence, de la flore européenne tertiaire avec celle de l'Australie actuelle, se trouve ainsi confirmée une fois de plus par l'existence presque certaine d'une Myrtacée Léptospermée, tribu aujourd’hui presque en- üèrement confinée dans l'hémisphère sud. La feuille (fig. 3 B) que nous réunissons avec doute à cette 290 GASTON DE SAPORTFA, espèce remarquable est très-analogue à celles du Tristania con- gesta, qui concordent avec elle par tous les caractères de forme et de nervation. CALLISTEMOPHYELUM Ett. CALLISTEMOPHYLLUM PODOCARPOIDES. C, foliis coriaceis, subsessilibus, mtegerrimis, oblongo-linea- ribus, basi apiceque obtuse attenuatis, nervo margimali einctis ; nervis secundariis subtilibus, plurimis, fere inconspicuis. Armissan (rare). Feuille analogue par ses caractères de forme, de consistance et de nervation, à celles de plusieurs Myrtacées et spécialement des Callistemon, surtout du C. aæillare DC. On pourrait encore comparer cette espèce à l’Eugenia oleifolia Hort. Par. MYRTUS Tournef. MYRTUS ATAVIA. M. folis brevissime petiolatis, coriaceis, elliptico-lanceolatis, integerrimis, marginatis, penninerviis ; nervis secundariis secus marginem arcuato-anastomosatis, Immersis. Armissan (rare). Feuille ressemblant à celles des variétés à grandes feuilles du Myrtus communis L. par sa forme, sa consistance et sa nervation, Myrrus oBrusarTa. (PI. XIIL, fig. 1.) M. foliis coriaceis, oblongo-obovatis, integerrimis, basi sen- sim in petiolum attenuatis, nervo marginali tenui cinctis; nervis secundariis subobliquis; tertiariis flexuosis, oblique reticulatis. Armissan {très-rare). La nervation semble dénoter une Myrtacée; mais la forme oblongue, obovée, longuement atténuée inférieurement du con- tour extérieur, éloigne cette feuille de la plupart des espèces du LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 221 groupe. C'est surtout parmi les Eugenia que l'on observe des formes plus ou moins voisines de celle-ci, sans que l’analogie soit assez frappante pour éclaircir les doutes qui s’attachent à une pareille détermination. LEGUMINOSÆ. La classe des Légumineuses est représentée à Armissan par des espèces remarquables à divers titres et assez nombreuses proportionnellement. Presque toutes participent au mouvement qui amplifie d'une manière sensible le limbe foliacé de la plu- part des types végétaux de l’époque. Sous ce rapport, les Légu- mineuses des environs de Narbonne contrastent avec celles de l'âge précédent; mais, soit qu’on veuille voir dans cette circon- stance l'indice d’un phénomène général s'étendant au loin et modifiant la physionomie de la végétation européenne, soit qu'on ne consente à y reconnaître que l'effet d’une influence locale, 1l n'en est pas moins certain que les tribus aujourd’hui les plus exotiques sont celles qui domment exclusivement parmi les Légu- mineuses d'Armissan, tandis que les types maintenant indigènes y sont inconnus ou que du moins leur rareté les a jusqu'ici sous- traits à nos recherches. Malgré la différence causée par l’am- pleur relative du feuillage, une étroite affinité relie les Légumi- neuses d’'Armissan à celles de Sant-Zacharie et de Saint-Jean- de-Garguier. Nous possédons tantôt les folioles, tantôt les fruits de ces plantes; et plusieurs fois peut-être, les divers organes d'une même espèce devront être décrits séparément, faute de liens suffisants pour justifier leur réunion; dans d’autres cas beaucoup plus rares, les fruits viendront se placer à côté des feuilles et rendre aussi complètes qu'on peut le souhaiter les notions que nous obtiendrons au sujet d'espèces depuis si long- temps disparues. 222 _ GASTON DE SAPORTA. a. PHASEOLEÆ. PHASEOLITES Ung. PHASEOLITES FRATERNUS, (PL XII, fig. 11.) P, folüs trifoliatis; foliolis lateralibus sessiibus, late ovato- subdeltoideis, obtusis, inæquilateralibus, latere uno orbicu- lato expansis, latere altero subtruncatis, minime productis; nervis secundariis alternis, curvato-ascendentibus, secus margi- nem arcuatim conjunctis, inferioribus sequentibus minoribus, nonnihil suprabasilaribus. Armissan (très-rare). Le type caractéristique des folioles du groupe des Phaséolées se montre dans cette empreinte d’Armissan, Par sa forme, par l'ordonnance de ses principales nervures, par le dessin même du réseau veineux, elle offre une ressemblance remarquable avec le Phaseolites pulchellus (1) que nous avons signalé dans la flore de Saint-Zacharie. Elle en diffère seulement par de plus grandes dimensions et la terminaison plus obtuse du sommet. Ces deux espèces ont été probablement congénères; l’une et l’autre témoi- gnent d’une grande affinité avec les Rhynchosiées de l’époque actuelle. Parmi les espèces de Radobo], publiées dernièrement par M. Unger (2), celle qu'il a figurée sous le nom de Phaseolites oligantherus est évidemment très-analogue à notre Phaseolites fraternus. Cependant les deux nervures inférieures sont plus développées que les suivantes dans la première des deux espèces et tout à fait basilaires, caractère qu'on ne remarque pas dans la foliole d’Armissan et qui doit la faire considérer comme dis- tincte spécifiquement, peut-être mème génériquement, de celles de Croatie. (1) Études sur la végét, tert., I, p. 255; Ann. sc: nat:, L° série, Bor:, t. XIX; p.101, pl. 11, fig. 9. (2) Unger, Syll. pl, foss., IL, p. 24, tab. 6, fig. 8-10: LE SUD-EST DELA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 223 6. DALBERGIEÆ,. DALBERGIA L. DALBERGIA HECASTOPHYLLINA. (PL. XIII, fig. 10.) D. foliis paucijugis? petiolatis, coriaceis, ovato-lanceolatis, integerrimis, nonnunquam subobliquis, penninervis ; nervo pri- mario valido; nervis secundariis tenuibus, obtuse emissis, cur- vatis, ramoso-anastomosatis ; tertiariis flexuosis, subtiliter areolato-reticulatis. Armissan (rare). Il existe, à notre connaissance, deux exemplaires de ces folioles ; l’une est sensiblement imégale, l'autre (fig. 18), parfaite- ment régulière, est sans doute une foliole terminale que ses prin- cipaux caractères rangent naturellement parmi les Légumi- neuses, dans le groupe des Dalbergiées. Elle rappelle les genres Andira, Lonchocarpus, Platymiscium, mais surtoat les Hecasto- phyllum et Amerimnum, qui tous font partie des Dalbergiées. On pourrait aussi, en dehors de cette tribu, la comparer à quel- ques Leptolobium et au Phellocarpus laxiflorus Benth. (4). La finesse des nervures secondaires et des ramifications du réseau veineux rapproche cette espèce de plusieurs Andira, dont les fo- lioles cependant affectent presque toujours une forme oblongue- elliptique caractéristique. Pourtant, on peut citer l'Andira acu- minata Benth. (2) comme très-analogue à l'empreinte fossile par la forme comme par l'apparence et la nervation de ses folioles. La similitude offerte par le genre Hecastophyllum nous semble devoir effacer toutes les autres. En effet, la forme ovale, légèrement atténuée vers le haut, arrondie inférieurement, qui distingue l'empreinte d’Armissan, se retrouve dans la plupart des feuilles ou des folioles de ce groupe aujourd’hui confiné dans l'Amérique tropicale. Les nervures sont rangées dans le même ordre, ramifiées de la même manière ; presque toujours alternes, (4) Voy. Ettingsh., Nervation der Bletter der Papillione., tab. 17, fig. 1. (2) Id, , ibid. , tab, 16, fig, 5, 22! GASYON DE SAPORTA. elles deviennent opposées inférieurement, et les deux dernières paires se rapprochent vers le point d'attache du péliole qui est gros, un peu renflé et long de 4 à 5 millimètres, c’est ce qu’on cite dans les A ecastophyllum (Amerimnum) Brownii Pers... violaceum Benth. (L) et dans une espèce inédite du mème cor$, provenant de Sénégambie et qui existe dans l’herbier du Muséum de Paris. DacsEnGiA (PLATYMiIsCIUM?) GRANDIFOLIA. (PI. XII, fig. 43.) D. foliis pinnatim compositis? foliolis magnis, subcoriaceis, ovato-oblongis, acumunatis, integerrimis, basi obtusata parum inæqualibus, breviter petiolatis petioloque transversim rugoso ; nervo primarlo prominente ; secundariis sparsis, subobliquis, ramoso-anastomosatis; tertiarus flexuosim reticulatis, inconspi- CUS. Armissan (très-rare). La forme, la nervation, l'aspect et la faible étendue du pétiolé, l'inégalité sensible du contour extérieur, dénotent dans cette belle foliole une affinité avec le groupe des Légumineuses et la tribu des Dalbergiées en particulier, qu'une étude approfondie de ces divers caractères ne fait que confirmer. Il faut, pour la grandeur, chercher les points de comparaison parmi les espèces aux folioles les plus développées. Les genres Hecastophyllum, Andira, Phellocarpus, quelques Dalberqia proprement dits et le Lonchocarpus plerocarpus DC. présentent avec notre empreinte fossile des analogies assez saillantes, maisil nous a paru rencon- trer une affinité plus réelle encore dans le genre Platymiscium, dont les espèces habitent le Brésil, et chez lesquelles les folioles largement ovales-oblongues, plus ou moims acuminées au som- met, reproduisent fidèlement le type de la plante d’Armissan. Nous citerons spécialement un Plalymiscium sans nom du Bré- sil, que nous avons observé dans l'herbier du Muséum de Paris. Ainsi, notre Dalbergiu grandifolia se rapprocherait d’un type aujourd'hui plemement tropical, si l'attribution proposée présen- (4) Voy. Ettingsh., Nervation der Blælter der Papillione., tab. 12, fig. 4, 2, 6. LÉ SUD-EST DÉ LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 225 tait les caractères de la réalité. Elle paraît au moins très- naturelle. Il est vrai, cependant, que dans les autres tribus de Légumineuses on pourrait trouver des formes ressemblant plus ou moins à celle que nous venons de décrire. Nous nous conten- terons de mentionner le Bionia acuminata Benth. du Brésil, parmi les Phaséolées, le Cladrastris lutea et le Diplotropis nitida Benth. dans les Sophorées, le Desmodium alatum DC. dans les Hédysarées. Dans tous les cas, l'aspect de l'empreinte fossile, sa contexture ferme, sinon coriace, et toute sa physionomie la reportent dans un groupe entièrement exotique. DaLBERGIA (MISCOLOBIUM ?) PALÆocaRPa. (PI. XIIL, fig. 45.) D. legumine coriaceo, oblongo-elliptico, utrinque leviter atte- nuato, breviter stipitato, stipite calyce persistente texto, com- presso, lævi, obsolete reticulato, medio haud indurato, monos- permo, indehiscente; suturis marginalhibus tenuibus, ala nulla cincts; seminibus compressis, reniformibus. Armissan (très-rare). Les caractères distinctifs du fruit des Dalbergia et des genres qui n'en sont qu un démembrement récent, comme les Brachy- plerum Benth., Lonchocarpus H.B.K., Trioptolemea Mart., Miscolobium Vog., Plalymiscium Vog., se retrouvent évidem- ment dans le fruit fossile que nous allons décrire et qui doit être rattaché sans hésitation au même groupe. Il rappelle au premier abord les Micropodium des gypses d'Aix, que nous regardons comme voisins des Brachypterum. Mais ici la forme du fruit est plus régulièrement elliptique-lancéolée ; de plus, sa structure évidemment monosperme, l'absence de bordure marginale,.de style persistant et apiculé, enfin la différence dans le mode de réticulation, établissent une distinction qu'il est aisé de reconnaître. Ces mêmes caractères éloignent le fruit fossile des Brachypterum pour le rapprocher des Dalbergia mo- nospermes proprement dits. Mais dans les fruits de Dalbergia les plus analogues, comme ceux des Dalbergia Stocksii Benth. et frondosa Benth. des Indes, la place de la semence est marquée 5€ série. Bor, T. IV. (Cahier n° 4.) 3 15 296 GASTON DE SAPORTA. par une induration saillante, d'où partent des nervures réticulées flexueuses, tandis que sur les valves du fruit fossile, on n’observe que très-vaguement des traces de nervures, et qu'elles paraissent autrement disposées. La ressemblance parait plus étroite avec le fruit du Lonchocarpus floribundus Benth. (Lonch. Nicon DC.) de Cayenne, pour ce qui est de la position de la graine et de la consistance des valves, mais la forme du contour extérieur ne convient plus autant. Le Trioptolemea montana Mart. (Dalber- gia variabilis Voy. var.) du Brésil présente des fruits qui ne différent du nôtre que par une induration très-marquée, et par des nervures très-saillantes à l'endroit de la graine; mais le genre Miscolobium, par la forme, la structure, l'aspect glabre et lisse de ses fruits, l'absence d’induration centrale, leur réticulation peu distmcte et la persistance du calyce, nous semble offrir un point de comparaison tellement naturel, que nous sommes porté à regarder l'espèce fossile comme ayant été, sinon congénère, du moins très-voisine des Miscolobium actuels, arbres qui habitent le Brésil. Des Dalbergia, représentés non-seulement par des folioles, mais par des fruits, ont été signalés à l’état fossile sur plusieurs points de l'Europe tertiaire, à Sotzka, à Radoboj;, et dans la parte inférieure de la mollasse suisse, à Ralligen et au Monod ; en sorte que l'existence ancienne de ce type, actuellement tout à fait exotique, acquiert de la réunion de ces divers Imdices une grande probabilité, sinon une complète certitude. 4. SOPHOREÆ. CALPURNIA E,. Mey. CALPURNIA EUROPÆA. (PI. XIE, fig. 8.) C. foliis petiolatis imparipinnatis, 5-6-jugis ; foliolis subcon- tiguis, Oppositis, submembranaceis, pubescentibus?, oblongo- elipticis, utrinque obtusatis, brevissime petiolulatis, apice quandoque subemarginato mucronulatis, integerrimis, pen- ninerviis; nervo primario stricto, secundariis immersis, fere inconspicuis, obtuse emissis vel parum obliquis, areolatis. — sm nd mn af ten mue ce. ff à cam LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 2927 Legumen magnum, plano-compressum, lato-lineare, basi atte- nuatum, apice obtuse sinuatum, stylo brevi obliquo persistente apiculatum, secus suturam superiorem anguste alatum, nervulis ramoso-anastomosatis transversim venulosis reticulatum, poly- spermum ; seminibus obovatis, basi leviter ad hilum emarginatis. Armissan ({très-répandu). Cette belle espèce est une de celles qui caractérisent le mieux la végétation du terrain d'Armissan. Les folioles épares re- paraissent souvent à travers les couches qui le constituent, et de plus la présence récemment constatée d’une feuille intacte, jointe à celle de plusieurs fruits, permettent de réunir ces divers organes et de les rapporter en toute sécurité au genre Calpurnia. La feuille dans son intégrité (fig. 8 À) est longue d'un déci- mètre, pourvue de cinq paires de folioles avec impaire. Les folioles sont grandes comparativement au pétiole commun qui est assez court, insérées deux à deux, tellement contiguës, qu'elles se recouvrent en partie mutuellement. Les supérieures et la terminale sont plus développées que les imférieures. Au- dessous de la première paire, le pétiole commun se prolonge sur un espace d'environ À à 2 centimetres, et se termine fort nettement par une base faiblement élargie. La physionomie de cette feuille rappelle bien celle des feuilles du Calpurnia aurea Lam., soit par la structure du pétiole et la forme des folioles, soit par leur disposition; elle affecte pourtant des caractères différentrels assez saillants pour empêcher de con- fondre les deux espèces. Dans celle d’Armissan, le pétiole com- mun est plus court de moitié ; le nombre des folioles est bien moindre : cinq paires au lieu de huit à dix ; elles sont cependant plus grandes, quoiqu'elles affectent la même forme ; en sorte que la feuille fossile dans son ensemble, au lieu de présenter un contour allongé-linéaire, dessine une forme à la fois plus courte et plus large. Sous ce dernier rapport, elle se rapproche bien plus du V’irgilia (Calpurnia) sylvatica DC., dont les feuilles n’ont que cinq paires de folioles ; il est vrai que ces derniers organes ont une forme légèrement obovale, un peu atténuée inférieure- ment, assez peu analogue à celle des folioles fossiles. Celles-ci 298 GASTON DE SAPORTA. (ig. 9, pl. XI varient beaucoup de grandeur ; elles sorit oblongues-elliptiques, tres-légéerement élargies supérieurement, abtusément atténuées vers les deux extrémités, assez souvent mucronulées au sommet qui est arrondi ou faiblement émar- giné; la base est toujours munie d’un court pétiole, un peu recourbé, qui semble avoir été pubescent et sillonné transver- salement. La nervure médiane est nettement tracée, quoique mince. La texture de la feuille n’a rien de coriace; la sur- face en est unie, et cependant les empreintes ne laissent aper- cevoir que très-rarement la direction et le dessin des nervures, circonstance que l’on doit attribuer à la pubescence dont elles étaient sans doute revêtues. On reconnaît cependant, après un examen attentif, que ces nervures n'étaient ni obliques ni flexueuses, mais, qu à partir de la nervure moyenne, elles étaient recourbées en arceau, et. formaient des aréoles. Ce mode de nervation sert à les distinguer des folioles des Amor- pha, Robinia et Daubentonia, avec lesquelles on serait tenté de les confondre, à cause de leur contour elliptique et de leur sommet mucronulé. Il est au contraire parfaitement con- forme à celui qu'on observe dans les Sophora, Calpurnia, V'irgi- lia, Bowdichia. Les fololes de notre Calpurnia europæa, parti- culièrement analogues, comme nous l'avons dit, à celles du Calpurnia (Virgilia Lam.) aurea, originaire d’Abyssinie, n’en différent que par leur pubescence présumée, leur sommet plus distinctement mucronulé, leur dimension plus grande et leur consistance plus ferme. Le fruit (fig. 8 D) au premier abord ressemble à celui des Cercis, mais il est bien plus grand, moins longuement atténué vers la base, muni d'un rebord plus étroit, et surmonté par une pointe non pas droite ou presque droite, mais dirigée obli- quement. La nervation des valves du fruit, dans les Cercis, se com- pose de veinules plus régulièrement transversales, plus pressées et plus sallantes ; elles sont plus obliquement sinuées-rameuses à la surface de l'empreinte fossile. Tous ces caractères se retrou- vent avec une exactitude telle, dans le fruit du Calpurnia aurea, qu'il est difficile de le distinguer de celui d’Armissan, si l’on LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 229 s'attache à la forme du contour, au dessin du réseau veineux, à l’ordre dans lequel sont rangées les graines, en un mot à l'aspect extérieur; à peine pourrait-on dire que le fruit fossile est un peu plus élargi, obtus au sommet, ce qui le rapproche des Bowdichia ; 1l est aussi un peu plus grand dans toutes ses propor- tions, mais ce seraient là de faibles différences, si la forme des graines n'en fournissait une plus sensible. Celles de la plante moderne sont oblongues, échancrées à l'endroit du hile, qui est distinctement latéral, quoique voisin de la base. Les graines de l'espèce tertiaire (fig. 8 D’), dont l'empreinte est fort nette, sont oblongues-obovées, échancrées inférieurement, en sorte que le point d'attache du funicule était basilaire, quoique un peu oblique. Du reste, la forme de l’échancrure est très-analogue dans les deux espèces, sa place seule varie. d, CÆSALPINIEÆ. CASSIA L,. Cassia Berenices Ung., loss. fl. von Sotzka, p. 58, tab. 43, fig. 4-10; Heer, FT. tert. Helv:, I, p. 118, tab. 137, fig. 42-56. C. folis multijugis?, foliolis petiolatis, late ovatis, breviter acu- minatis, basi rotundatis ; nervo-primario valido, secundariis arcuatis, ramosis, fere Inconspicuis. Armissan (assez répandu). Les folioles éparses de cette espèce, signalée avec un peu de doute dans la flore de Saint-Zacharie, reparaissent à Armissan, représentées par des exemplaires de grandeur très-mégale, dont quelques-uns égalent ou dépassent les plus considérables de Sotzka ou de Suisse, figurés dans les ouvrages de MM. Unger et Heer. La forme de ces folioles largement ovales, arrondies inférieurement, plus ou moins acuminées au sommet, les fait aisément reconnaître. Elles appartiennent à une espèce dont l'extension à été grande vers le commencement de l’époque ter- taire moyenne ; elle s'étend supérieurement jusqu'à OEningen, selon le témoignage de M. Heer, mais elle y devient fort rare. M. Unger compare cette espèce aux Cassia corymbosa Lam. 230 GASTON DE SAPORTA. et lœvigata Willd., dont les folioles sont cependant plus petites. On pourrait citer plus justement le Cassia fistula L. des Antilles, dont les folioles égalent ou dépassent la dimension des foholes fossiles ; elles sont seulement plus ovales inférieurement. Le Cassia Berenices reparait à Manosque, dans les schistes bitumi- neux de la vallée du Largue. | CÆSALPINITES Sap. CÆSALPINITES VENULOSUS. (PI. XII, fig. 9.) * C. foliis compositis, foliolis submembranaceis, ellipticis, utrim- que obtusatis, basi inæqualibus, subsessilibus, integerrimis ; nervo primario stricto, secundartis subtiliter ramoso-areolatis, venulis tenuissime reticulatis. Peyriac, au bord de l'étang du Doule (rare). Folole isolée, analogue à celles des Pæppigia, Poinciana, Tamarindus et Cassia, parmi les Cæsalpiniées. CÆSALPINITES (COPAIFERA ?) LEProBuÿoLiUs. (PI. XI, fig. 6.) C. foluis pimnatim compositis ; foliolis firmis, sessihibus, ellipti- cis, basi apiceque obtusatis, leviter tomentosis? penriinervus ; nervo primario stricto, sursum abrupte desinente ; nervis secun- daris parum distincts, obliquis, subtilibus, areolatis ; tertia- rlis flexuoso-reticulatis, fere inconspicuis. Armissan (rare). Ce sont des folioles sessiles, très-légèrement inégales à leur base, elliptiques et terminées obtusément aux deux extrémités. La nervure médiane finit brusquement au sommet de la foliole, qui est arrondi ou même un peu émarginé, mais non mucroné. La nervation est indistincte, sans doute à cause du léger tomen- tum qui garnissait la surface; elle se compose de veines assez peu obliques, recourbées en arc et réunies en aréoles succes- sives ; des veinules obliques et flexneuses courent dans l’inter- valle, mais elles ne sont visibles qu’à l’aide de la loupe et avec beaucoup d'attention. On remarque des folioles analogues dans LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 231 bien des genres de Légumineuses, surtout parmiles Dalbergiées, les Sophorées, les Cæsalpiniées. On pourrait citer quelques Amphimenium parmi les premières, le genre Bowdichia dans les secondes, mais c’est le groupe des Cæsalpinées qui nous a paru offrir les ressemblances les plus complètes. Quelques espèces de Cœsalpinia présentent des folioles semblables à celles-ci, et M. Unger a figuré dernièrement, sous le nom de Cæsalpinia deleta, une empreinte de Radobo}, évidemment voisine des nôtres, qu'il compare à un Cæsalpinia du Brésil, dont il ne donne pas le nom. Il nous a semblé trouver, pour les folioles d’Armissan, une affi- nité plus étroite dans les genres Copaifera et Leptobium. La plu- part des Copaifera ont en effet des folioles elliptiques-arrondies ou même orbiculaires, obtuses au sommet, dont la forme est la même que celle de nos empreintes fossiles. Nous avons même signalé, dans les deux étages précédents de Saint-Zacharie et de Saint-Jean-de-Garguier, sous le nom de Cœæsalpinites copaiferi- nus, une espèce très-analogue à celle-ci ; de plus, le fruit que nous décrivons ci-après est un indice presque assuré de la pré- ence des Copaifera däns la flore d'Armissan. Cependant les folioles, dont il est question, présentent aussi les caractères de forme, de nervation, de consistance et même le léger tomen- tum qu'on observe sur celles des Leptolobium. Le Leplolobium dasycarpum, en particulier, si l’on s’en rapporte à un exemplaire de l'herbier du Muséum de Paris, offre un si grand rapport dans tous les détails, même dans celui qui tient à l'absence de pétole, qu'il est difficile de ne pas en tenir compte. COPAIFERA L. COPAIFERA ARMISSANENSIS. (PI. XI, fig. 44.) C. legumine coriaceo, obovato-rotundato, sutura marginali cincto, crasse apiculato, infra inæqualiter attenuato, compresso- turgidulo, monospermo; valvis superficie lævibus, subtiliter punctulatis, oblique transversim levissime venulosis; venulis subtiliter ramoso-reticulatis, oculo armato vix perspicuis. Armissan (lrès-rare). 9352 GASION DL SAPORTA. Il est probable que les folioles précédentes devront être réunies au fruit que nous allons décrire, à cause de leur affinité avec le genre Copaifera; cependant, nous n'avons pas de preuve assez directe de cette identité pour l’adopter comme certaine ; il suffit que nous en laissions soupconner la possibilité et la vraisemblance. | Nous possédons les deux côtés de l'empreinte laissée par ce fruit. Ces deux côtés n’ont pas le même aspect; l’un est plus nette- ment marginé sur les bords, plus mégal à la surface et bosselé à l'endroit correspondant à la graine; c’est celui que représente la figure 4 (pl, XI). Nous croyons qu'il se rapporte à la partie intérieure du fruit, sur laquelle la place occupée autrefois par la semence a dû produire un creux, et marquée naturellement en relief dans l'empreinte; il est tout simple que les bords se soient fortement moulés dans la pâte du sédiment. L'autre côté, que nous n'avons pas figuré, est marqué d’un creux à l’en- droit de la semence. Cette partie était donc relevée en saillie dans l'origmal. Les bords en sont assez vaguement limités. Ces deux circonstances sont très-naturelles dès qu'il s’agit, comme nous le croyons, de la partie extérieure et convexe du fruit, dont l'empreinte se montre en sens inverse à la surface du sédiment. Ainsi, 1l résulte de la différence d'aspect des deux côtés de l’em- preinte que celle-ei se rapporte non pas à un fruit complet, mais à la valve isolée d’un fruit coriace et déhiscent, ce qui explique parfaitement l'aspect sensiblement différent des deux surfaces. La consistance de ce fruit était certainement coriace, et sa forme ovale-suborbiculaire; il est terminé au sommet par une pointe assez épaisse, très-nettement marquée, non pas latérale, mais dirigée verticalement et courte. La place occupée par la graine indique, pour cet organe, une forme ovoïde dans le sens transversal ; elle était solitaire, peut-être par avortement, du moins on pourrait l’inférer des bosselures moindres qu’on aperçoit au-dessus et au-dessous, et qui semblent se rappor- ter à des graines beaucoup plus petites. La surface extérieure des valves est glabre, presque lisse, légèrement ponctuée et parcourue par des veinules transversales, déliées, réticulées LÉ SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 239 rameuses, à peine visibles à la loupe. La base est mégalement atténuée; l’un des côtés étant plus ventru-orbiculaire vers le haut, plus sinué et plus rétréci vers le bas. La valve se termine inférieurement en coin un peu obtus; elle ne paraît pas avoir été distinctement stipitée. Au premier coup d'œil, il semble que ce fruit peut être rap- proché d’un nombre considérable de Légumineuses exotiques, surtout parmi les espèces tropicales; mais, en Pexaminant avec attention, on ne tarde pas à reconnaitre qu'on ne peut le com- parer, d’une manière probable, qu'avec un assez petit nombre d'espèces. La déhiscence naturelle évidente doit faire exclure la tribu entière des Dalbergiées. Parmi les Sophorées, nous ne voyons que le Daiplotropis nitida Benth., dont le fruit puisse être assimilé à celui-ci, soit à cause de sa forme et de sa structure monosperme, soit à cause de sa déhiscence. Cette attribution aurait eu l’avan- tage de coïncider, avec la présence à Armissan, des grandes folioles très-analogues à celles de l’espèce brésilienne que nous avons décrites plus haut sous le nom de Dalbergia grandifohia, et quon aurait pu réunir à la même espèce. Cependant, le fruit du Diplotropis nitida, quoique à la fois large, court et monosperme, n’a pas le contour suborbicu- laire du nôtre; de plus, il se termine obtusément et n’est pas apiculé; enfin, le dessin de la nervation ne correspond qu’im- parfaitement. Dans la tribu des Cæsalpiniées on peut indiquer des affinités beaucoup plus naturelles; nous citerons le Cæsalpinia pani- culata Roxb., de Manille, comme présentant une grande ressem- blance de forme extérieure, quoique la structure intérieure du fruit des Cæsalpinia empêche d’insister sur ce rapprochement. Il existe des affinités plus ou moins prononcées entre le fruit fossile dont il est question et plusieurs autres Cæsalpiniées, comme Macrolobium pinnatum Wild. (Qutea quyanensis Aubl.), Crudya Parivoa DC., etc.; mais il est certain que l'analogie augmente et devient frappante lorsqu'on aborde les Copaifera. 234 GASTON DE SaPortä. Ici la déhiscence des valves se joint au contour extérieur du fruit, à la pointe qui les surmonte, à léur forme comprimée, mais convexe-lenticulaire, à leur rebord, à leur structure mo- nosperme, à la nature coriace mais non ligneuse des valves, enfin à leur surface glabre et lisse, parcourue par des nervures obliquement transversales, pour dénoter un type très-voisin de celui que nous présente l’empreinte fossile d’Armissan. Le mucron qui surmonte les fruits des Copaifera est tantôt latéral, comme dans le €. moluccana DC. et le C. kymeana Ung., tantôt à peu près terminal, comme on le voit dans l’espèce fossile et dans plusieurs espèces du Brésil. Malgré ces traits communs, nous n’oserions affirmer liden- tité générique de notre fruit tertiaire avec ceux des Copaifera actuels, si plusieurs autres indices ne semblaient en démontrer la réalité. Nous avons signalé précédemment à Saint-Zacha- _rie et à Saint-Jean-de-Garguier des folioles dont la ressem- blance avec celles des Copaifera nous a paru frappante. M. Un- ger, de son côté, a décrit, comme se rapportant au même groupe, des folioles de Kumy, en Grèce (Eubée), et de Radoboj, en Croatie. De plus, il a réuni à ces organes des fruits très-ana- logues à celui que nous venons de décrire, trouvés dans ces deux localités, et dont l’un, nommé par lui Copaifera radobojana, ressemble étonnamment au nôtre par sa forme et sa terminaison apiculée, quoique plus petit de moitié. Îl existe donc de fortes probabilités pour faire admettre l'existence en Europe du genre Copaifera vers la seconde moitié de l’époque tertiaire, bien qu'au- jourd'hui ce genre se trouve relégué dans l'Amérique tropicale. e. MIMOSEÆX. ACACIA Neck. Acacia Bousquet. (PL XILE, fig. 12.) À. leguminibus pedicellatis, 1 decim. longis, 8 millim. atis, valvis dehiscentibus -planis compressis torulosis, isthmis hine inde irregulariter constrictis, apice acuminatis, acumine obtuso ; venulis flexuosis, ramoso-areolatis, tenuissime reticulatis. Armissan (rare), LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 299 Le bel exemplaire représenté sur notre planche XII donne une idée complète des fruits de cette espèce, dont les feuilles sont encore inconnues. En l'absence de ces derniers organes, il serait permis d’hésiter au sujet de l'attribution la plus naturelle, en songeant à combien de variations sont soumis les fruits des Légu- mineuses et avec quelle constance de parallélisme ces variations se répètent de tribu en tribu, de manière à réunir les formes les plus opposées en apparence dans les limites d’un même groupe et quelquefois d'un même genre. Si l’on examine la nervation qui se dessine à la surface des valves, caractère qui semblerait devoir être plus fixe, on dé- couvre de nouvelles variations qui se combinent avee les précé- dentes. Cette nervation, en négligeant les combinaisons imter- médiaires ou celles qui dépendent de la structure particulière du fruit, se compose de veines tantôt transversales, c’est-à-dire courant d'un bord à l’autre, ainsi qu'on l’observe dans les Robinia, Miiletia, Lonchocarpus, Calpurnia, Cercis, Cadia, Bauhinia, ete., tantôt ramifiées, de manière à former un ré- seau à mailles plus ou moins compliquées : c’est la nervation des fruits de Dalbergia, de plusieurs Derris, Bowdichia, Lepto- lobium, Guilandina, Crudya, etc.; d’autres fois enfin, la nerva- tion se compose de veines qui naissént obliquement le long de chaque bord, et qui vont se réunir en s'anastomosant vers le milleu des valves : c’est ce qu'on voit dans quelques Dalbergia, Sophora, Poinciana (P. alata), etc. La plupart de ces modifications, soit dans la forme, soit dans la nervation, ont également lieu dans les Mimosées, et beau- coup se produisent dans les limites même du genre Acacia, le plus considérable de l'ordre par le nombre de ses espèces et la place qu'il occupe dans les régions chaudes de l'univers entier. Le fruit, tantôt épais et coriace, tantôt plan et comprimé, tantôt linéaire, tantôt étranglé et rétréci dans l'intervalle des graines ourégulièrement moniliforme, oligo-polysperme, revêt succes- sivement toutes les formes ; il affecte égalément les trois sortes de nervation dont nous avons marqué l'existence. Les nervures transversales se montrent dans un grand nombre d'espèces amé- 236 GASTON DE SAPORTA. ricaines, ainsi que dans les espèces asiatiques du groupe des À. Ju- librizin, ete.; la nervation oblique, dans les Acacia œiphocarpa Hochst., pterygocarpa Hochst., Aucheri Benth. La nervation réti- culée est la plus ordinaire ; c’est elle aussi que nous observons à la surface des fruits d'Armissan, et qui, jointe à la forme comprimée, rétrécie çà et là dans l'intervalle qui sépare les semences, leur donne la physionomie caractéristique d'un grand nombre d'Acacia. C'est parmi eux qu'on est tenté, au premier coup d'œil, de les reporter, et l'examen sérieux, auquel nous nous sommes livré pour voir s’il n'existait pas, dans d’autres groupes, des fruits analogues à ceux-ci par leur forme et leur nervation, n'a fait que nous confirmer dans cette première pensée. Dans les Dalbergiées quelques Dalbergia seulement offrent, à première vue, une ressemblance éloignée avec les empreintes fossiles en question, mais, avec un peu d'attention, on découvre de telles différences qu'il est mutile d’insister sur un rapproche- ment qui ne saurait être qu'apparent. Les Cæsalpiniées présentent des formes assez analogues dans les genres Guilandina et Bauhinia. Parmi ces derniers surtout, nous citerons le B. rufescens de la Flore de Sénégambie, dont les fruits subcomprimés, toruleux, irrégulièrement rétrécis de dis- tance en distance, ont avec les nôtres une assez grande analogie, La nervation des valves, quoique peu visible, est assez conforme à celle de l'empreinte fossile, mais la consistance de ces fruits coriaces, bosselés, indéhiscents, rugueux à la surface, n’a rien de l'apparence sabmembraneuse de ceux d’Armissan, qui se par- tagealent si aisément en deux valves. En effet, des deux exem- plaires que nous avons recueillis sur les lieux, l’un (fig. 42, pl. XI) consiste en une valve isolée, l’autre, plus remarquable encore, présente les deux valves du même fruit contiguës, mais séparées de la base au sommet et emportant les graines atta- chées alternativement à l’une des deux valves, puisque, dans cette empreinte, la place qui leur correspond se trouve tantôt relevée en saillie, tantôt légèrement déprimée. Sinousabordonsle genre 4cacia, noustrouverons denombreux exemples de fruits constitués d’une façon très-analogue et offrant LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 237 tous les caractères de ceux d’Armissan. Cette multitude d'espèces devient même une difficulté, en empêchant de saisir le groupe auquel l'espèce fossile doit plus particulièrement se rattacher. Nous trouvons en elle peu de rapports avec les Acacia d’Amé- rique à fruits allongés, comprimés, linéaires, polyspermes, tels que les 4. leucocephala Desf., arborea Willd., etc. On peut dire qu’elle s'éloigne aussi des Acacia de la Nouvelle-Hollande, à fruits étroitement linéaires, comme l'A. myriobotrya Meisn., ou à fruits largement aplatis-discoïdes, semblables à ceux de l'A. suaveolens Willd., mais 1l se rapproche des espèces de la même région à fruits toruleux, sublomentacés moniliformes, comme chez les À. juniperina Willd., saligna Labill., salicina Lindl. Les valves de ces espèces sont cernées par un rebord plus saillant ; elles sont plus rugueuses, plus épaisses et plus bosselées à la surface que celles d’Armissan, qui sont évi- demment plus comprimées, plus minces, plus distinctement réticulées et 1rréguhérement rétrécies. Cependant, les espèces précédentes se lient à d’autres de la même section, dont l’affi- nité avec l'espèce tertiaire doit être remarquée. Nous citerons parmi celles-ci l'A. acutissima F. Müll., très-analogue malgré la petite dimension de ses fruits, rétrécis irrégulièrement et terminés au sommet comme ceux d'Armissan, et encore plus l'A. ixicphylla F. Müil. L'espèce d'Armissan a beaucoup d’analogie de forme et de nervation avec plusieurs Piptadenia, groupe américain à peine distinct des Acacia proprement dits et dont les fruits sont plans, comprimés, irrégulèrement rétrécis, comme ceux de notre A. Bousqueli. Les Piptadenia peregrina Benth. (A. peregrina Willd.) et communis Benth., surtout ce dernier, nous ont paru les plus ressemblants. Nous devons mentionner encore les À. he- terophylla Benth. et discolor Willd., l’un des îles Sandwich, l’autre de la côte orientale de la Nouveile-Hollande, et enfin l'A. nilotica Delile, malgré la disposition complétement lomen- tacée de ses fruits. C'est à la suite de ces divers rapprochements, déjà remar- quables à divers égards, que nous allons énumérer ceux qui nous 236 GASTON DE SAPORTA. ont paru les plus frappants et témoigner le mieux de l’affinité réelle de l’ancienne espèce avec celles du monde actuel. C’est dans l'Afrique orientale, en Abyssinie, dans les Indes orientales et enfin dans l’île de Java que nous avons rencontré les formes les plus voisines de celle que nous venons de faire connaître. Les Acacia glaucophylla Schimp., triacantha Hochst., fallax E. Mey, d’Abyssinie où du Cap, ont des fruits plans, com- primés, toruleux à l'endroit des graines, et dont tous les carac- tères rappellent ceux de l'espèce fossile. Le premier nommé nous paraît aussi le plus analogue. Ces espèces portent des feuilles bipinnées, à petites folioles. Deux Æcacia des régions voisines de l'Himalaya, l’A. cate- chuoides Benth.,et une espèce sans nom provenant du voyage de Jacquemont, présentent les mêmes caractères. Le premier diffère à peine de celui d’Armissan en ce qu'il est plus acuminé ; le second par de moindres proportions; tous deux portent aussi des feuilles bipinnées à folioles très-menues. En terminant cette longue revue, nous signalerons en der- nier lieu un Acacia, provenant du voyage de la Billardière, dont les fruits plus longs et un peu plus larges que ceux de l'espèce fossile, plans et de consistance mince comme eux, sont également rétrécis çà et là. Ils se terminent en coin obtus au sommet, sont atténués inférieurement, et, pour der- nier trait d'affinité, le réseau veineux qui couvre la surface des valves ressemble beaucoup à celui de l'espèce fossile. Cependant, ce dernier Acacia est phyllodé, à larges phyllodes parcourus par plusieurs nervures longitudinales; or, aucune empreinte fossile n'a encore dénoté l'existence d’'Acacia de cette catégorie en Europe lors de l'époque tertiaire. I nous semble donc que, tout bien considéré, notre - cacia Bousqueti doit être regardé comme une forme voisine des Acacia d'Afrique et des Indes que nous avons signalés, et qu'il a probablement porté comme eux des feuilles bipinnées à folioles menues, amsi que tend à le prouver du reste l'observation de pareilles folioles à l'état fossile dans un assez grand nombre de localités de Suisse et d'Allemagne. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 239 Parmi les espèces fossiles les plus voisines de celle-ci, on doit signaler en première ligne lAcacia sotzkiana Ung. (1), dont on a figuré les fruits et les folioles. I se disingue du nôtre par la dimension moindre de ses fruits, leur sommet plus finement apiculé et la forme arrondie de ses graines. Nous sommes heureux de dédier cette belle espèce à M. Jules Bousquet, qui l’a recueillie sur les lieux et a facilité constam- ment nos recherches avec un amour désintéressé de la science et une intelligence à laquelle nous nous plaisons à rendre 1c1 un hommage mérité. | SPECIES SEDIS INCERTÆ,. CARPOLITHES Sternb. CARPOLITHES GERVAISI. (PI. XI, fig. 11.) C. fructibus paniculatis, paniculæ ramulis alternis; drupeolis secus ramulos racemosis, alternis, appensis, pedicellatis, sub- rotundo-ovatis vel fibroso-costatis, epicarpio crustaceo super- ficie rimoso tectis, cum eo tamen, ut videtur, non cohærentibus et tandem denudatis; endocarpio longitudinaliter exarato-sul- calis. | Dianella ? Paul Gervais, Sur les empreintes végét. trouvées à Armissan (Aude). Mém. de l’Acad. des sc. de Montpellier, t. V, p. 316, pl. 11, fig. 4 et 1, &« — ? Artemisiæ sp.? Web. und Wess., Meuer Beitr. zur tert. F1. der Niederrheinischen Brauschw., p.55, tab. 14, fig.3.— Dunk. et Meyer, Palæontogr., t. IV. À Armissan (assez répandu). M. Gervais, à qui nous dédions ces fruits, les a fait connaître le premier dans $on mémoire sur les plantes d’Armissan, oùil en a figuré une panicule complète. Tout en hésitant beaucoup au sujet de leur détermination, le savant professeur de Montpellier (2) (1) Unger, Foss. FI. von Sotzka, p. 59, tab. 46, fig. 1-10 ; Heer, F7. tert. Helv., IL, p. 131, tab. 140, fig. 1-12. (2) M. Paul Gervais occupe maintenant la chaire de zoologie à la Faculté des sciences de Paris, | 2h0 GASTON BE SAPORTA. incline à y voir une inilorescence formée de bourgeons non développés, analogue à celle des Dianella. Cependant, cette opinion semble peu vraisemblable lorsqu'on se rend compte du caractère de ces empreintes, qui ne sont pas rares à Armis- san. Il est vrai qu'elles ont une texture fibreuse, au moins en apparence, mais lorsqu'on en détache les parties charbon- nées, leur épaisseur oblige d'y voir le résidu d’un corps plus ou moins corlace. En second lieu, l'empreinte laissée par ces particules charbonneuses est toujours parfaitement circon- scrite, et ces organes présentent une forme arrondie, régu- lière et toujours pareille à elle-même dans les exemplaires que nous avons examinés. {l ne saurait donc être question ni d'organes scarieux ou filamenteux qui n'auraient donné lieu qu'à de faibles traces, ni d’un involucre ou réunion de pail- lettes, n1 même de boutons; puisque les parties qui seraient entrées dans la composition de ces organes n'auraient Jamais été aussi constamment conniventes, qu'elles se seraient écartées l’une de l’autre, dans quelques cas au moins, et que leur base, ou point de contact inférieur, aurait présenté plus d'épaisseur que leur sommet, ce qu'on ne remarque jamais dans les em- preintes d'Armissan. Enfin, ces empreimtes se trouvent souvent isolées, et sur les panicules on remarque des pédicelles lé- gérement évasés en forme de réceptacle au sommet, aban- donnés par les organes qu'ils supportaient, comme si ces organes s'en étaient détachés naturellement; nouvelle preuve qu'il s’agit bien d’un fruit devenant caduc à sa maturité et non d’un bou- ton ou d'un involucre dont la caducité n'aurait pu être que l'effet d’un accident et qui, en outre, se montrerait dans un état de désorganisation plus ou moins avancé. Or, rien de tout cela ne s’observe dans les empremtes d'Armissan; elles sont toujours régulièrement limitées sur les bords et terminées en pointe obtuse à leur extrémité supérieure, dans quelque posi- tion qu’on les observe. Ainsi, ce sont bien des fruits ou des noyaux de nature coriace. Quant aux filaments charbonneux, en examinant la trace en creux qu'ils ont produite à la surface du sédiment, on reconnaît LÉ SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 9/4 qu'ils constituent, à la surface des fruits, des sillons longitudi- naux donnant lieu à autant de crêtes sinueuses, dirigées dans le même sens, en sorte que les fruits fossiles prennent l'apparence de petits noyaux de pêches. Ces sillons et ces éminences ou ces cannelures parcourent la surface de l'organe de la base au som- met, en suivant le contour convexe de ses bords, et aboutissent au même point, à l'extrémité supérieure; de là l'aspect filamen- teux qu’on croirait y voir au premier abord. Mais si l’on peut affirmer la véritable nature de ces organes, et les regarder comme étant des fruits disposés en grappes pani- culées, caducs à leur maturité, à pédicelles insérés presque à angle droit ou même divariqués et alternes, ces caractères que l’on observe également dans un grand nombre de fruits de genres et de familles très-divers nous éclairent fort peu au sujet de leur véritable affinité. Ces fruits ne sont surmontés par aucun disque épigyne, par aucune trace de lobes calycinaux persis- tants; 1ls n'offrent aucune division intérieure, aucune marque de la réunion de plusieurs graines; leur disposition simplement paniculée ne présente aucun détail particulier de structure ; les axes secondaires ne sont pas disposés en cymes ni en om- belles, 1is ne sont pas articulés, non plus que les pédicelles ; mais ce sont là des caractères négatifs qui empêchent seulement qu’on ne puisse songer à les classer dans les Smilacées, dans les Lauri- nées, dans les Araliacées, dans les Myrtacées ou dans les Méiasto - macées. Nous avions jeté les yeux avec plus de raison sur les Cissus, à cause du C. latifolia Wahl, quoique les inflorescences cymoïdes dominent dans ce genre, et enfin sur les Anacardiacées où les fruits sont fréquemment drupacés et paniculés ; nous nous serions peut-être arrêté forcément, faute de rapprochement plus vraisemblable, si une circonstance heureuse n'était venue ré- pandre un peu plus de clarté sur ces organes. La panicule re- produite par notre figure 11 (voyez en a) nous a fait voir un fruit différent des autres; il est un peu plus large, moins régulière- ment limité, et aplati au sommet; on n’aperçoit sur lui aucune trace de sillens longitudinaux, mais à la place un tégument de consistance crustacée, glabre, lisse et ridé dans tous les sens. Le 9° série, Bor. T, IV, (Cahier n° 4.) 4 chu 212 GASTON DE SAPORTA, fruit fossile, ainsi conformé, diffère des échantillons ordi- naires ; 11 a l'aspect d’une baie drupacée, à épicarpe membra- neux, crustacé, desséché par la maturité, comme serait une petite prune où une olive à une époque avancée de la saison. Cette particularité nous fait connaître deux états snecessifs bien distincts dans le fruit fossile : l’un nous le montre recouvert d'un tégument coriace, ridé ; l’autre nous le présente dépouillé de cette enveloppe et sillonné longitudinalement. Il fallait s'as- surer de la réalité de ces deux états et surtout de l’antériorité de l’un sur l’autre; c'est ce que nous avons pu faire pour l’un des fruits qui se trouvait avoir l'apparence ordinaire. En enle- vant les parties sillonnées, visiblement intérieures par rapport à Ce qui existait au-dessous d'elles, nous avons rencontré l’enve- loppe crustacée pareille à celle que l’on voit en a, seulement disposée en sens inverse, c'est-à-dire formant un creux beau- coup plus prononcé que ceux des empreintes ordinaures, et annonçant par conséquent un fruit plus épais et plus complet. Nous avons le droit de conclure de ces diverses observations que ces fruits, d'abord revêtus d'un tégument extérieur ou épicarpe, sen dépouillaient ensuite et demeuraient dans cet état, pendant plus ou moins de temps, attachés aux rameaux de la panicule, avant de devenir caducs ou même de quitter la tige avec cette dernière. Nous obtenons ainsi un caractère différen- tiel qui doit aider à la recherche des affinités naturelles de la plante. En effet, pour qu'une enveloppe extérieure dispa- raisse ainsi, il faut admettre qu’elle n’était pas adhérente au fruit qu'elle contenait d’abord, ou qu’elle cessait de l'être à un mo- ment donné; c’est ce qui arrive pour le sarcocarpe de certaines drupes comme celles del Amygdalus communis ; mais, dans cette espèce, le sarcocarpe, d’aboïd charnu puis coriace, se dessèche, se contracte et se fend latéralement avant de quitter le noyau, auquel il demeure attaché partiellement. Ici, l'empreinte fossile montre un tégument déjà ridé, prêt à tomber, puisque les fruits voisins sont déjà dépouillés de leur enveloppe, et cependant ce tégument entoure le fruit d'une tunique complète sans appa- rence d'ouverture ou de déhiscence. Il est donc naturel de croire LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE 215 que le tégument des fruits fossiles disparaissait par suite de son : inadhérence intérieure aux parois de l’endocarpe, et qu'après s'être desséché et ridé 1l se détruisait en laissant à nu la partie intérieure des fruits. Nous aurions, dans ce cas, des fruits d’une structure très-analogue à ceux des Élæagnées, et en particulier de l’Æippophae rhamnoïdes, etleur ressemblant aussi par l'aspect crustacé, glabre et ridé du tégument extérieur. On est cepen- dant forcé de signaler de profondes différences, puisque dans le genre Hippophae les fruits sont axillaires, solitaires, presque sessiles, et que la drupe, débarrassée de son tégument, est lisse et ne persiste pas dans cet état, au sommet des pédoncules. On observe des grappes paniculées ou simples, très-ressem- blantes à celles que nous décrivons par leur aspect, leur ramifi- cation, la forme et la disposition des pédicelles dans le groupe entièrement exotique des Ménispermées. Nous citerons, comme particulièrement analogues, les Cocculus diantherus Hook. et Arn. de Chine, et le Charmanthera dependens Hoehst. d’Abyssi- nie. Il est vrai que les fruits des Ménispermées, presque tou- jours rémiformes, non symétriques, différent beaucoup de ceux d’Armissan. En revanche, ceux du Charmanthera depen- dens paraissent, dans certains cas au moins, se dépouiller de leur épicarpe comme d'une tunique, circonstance qui les rap- procherait smgulièrement des nôtres, d'autant plus que leur surface est sillonnée-rugueuse, s'ils n'étaient carénés d’un côté seulement et par conséquent sensiblement inéquilatéraux, tantôt solitaires, excentriques, tantôt géminés. Ils présentent par ces derniers côtés trop de caractères opposés à ceux des fruits fos- siles pour que l’on puisse songer à une assimilation qui n'aurait rien de réel. Il nous paraît impossible de déterminer d’une manière plus précise la nature de ces fruits dont les traces sont fréquentes à Armissan. On peut conclure de cette dernière circonstance qu'ils ont joué un rôle important dans la végétation de cette localité ; mais il est impossible de désigner les feuilles qui devraient leur être attribuées pour recomposer l'espèce primitive dans son ensemble, DATI GASTON DE BAPORTA, L'empreinte figurée par Weber et Wessel, dans leur supplé- ment à la flore tertiaire du Bas-Rhin, sous le nom d’Arte- misiæ sp.?, pourrait bien ne pas différer de notre Carpolithes Gervaisti, . PALMÆ. SABALITES Sap. L'espèce suivante, que M. Noulet a bien voulu nous commu- uiquer en dernier lieu, comble heureusement une lacune re- grettable de la Flore d'Armissan, en prouvant que les Palmiers en faisaient partie ; elle établit en outre un lien de plus entre cette flore et celle des calcaires marneux littoraux du bassin de Marseille, et justifie la place que nous avons assignée à toutes les deux en les rangeant, l’une à la suite de l'autre, à peu près sur le même horizon. SABALITES MAJOR Sap. vide antea : Flore des calc, marn. litt. du bassin de Marseille, p.79, pl. H (Ann. se. nat., 5° série, t. IF, p. 83, pl. I). Flabellaria major Ung., Chl. prol.; Sabal major ; Heer, F1. tert. helv. Armissan, couches marneuses servant de toit aux dalles (très-rare). L'exemplaire que nous avons sous les yeux consiste en un fragment de fronde, comprenant le prolongement acuminé du pétiole à son sommet, et la plus grande partie des rayons, d’un côté seulement, depuis leur origine jusqu’à une certaine dis- tance. Ces rayons sont au nombre de vingt environ ; les plus inférieurs sont en même temps les plus divergents relativement à l’axe ; les médians et les plus élevés se redressent, et affectent une direction de plus en plus ascendante. Le prolongement du rachis pénètre dans la fronde en s’'amincissant sur une étendue de 15 centimètres. Sa terminaison supérieure est tronquée par le bord de la pierre, qui est une marne bleuâtre à pâte fine, pareille à celles qui surmontent immédiatement les dalles exploitées, et LE SUD—EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 2/9 dans lesquelles les empreintes de Poissons, de Sauriens, de Ché- loniens et de Batraciens, ne sont pas rares. Tous les caractères de cette fronde concordent avec ceux des exemplaires du bassin de Carénage, dont nous avons figuré le plus remarquable. 11 ne peut exister de doute touchant son identité avec le Sabaliles major Sap. (Sabal major Heer, Flabel - laria major Ung.), signalé déjà sur tant de points d'Allemagne, de Suisse, de France, d'Italie, et dont l'extension a dû être très-grande en Europe dans l’âge tertiaire moyen, depuis l'ori- gine de cette période jusque vers sa terminaison supérieure. Nous ne pouvons finir la deuxième partie de nos Études sur la végétation de la France méridionale à l’époque tertiaire par la mention d’une espèce plus sûremant déterminée. Si plus tard il nous est permis d'aborder la troisième partie, nous suivrons, à travers plusieurs vicissitudes partielles, le déve- loppement de l’état de choses que nous venons de décrire ; cette continuation nous sera offerte par les flores de Bon- nieux (Vaucluse), des environs de Manosque et de Forcal- quier (Basses-Alpes), et des argiles du bassin de Marseille. Nous pourrons alors constater de nouveau, par des exemples frappants, d’un côté la persistance de quelques-uns des types antérieurs depuis longtemps en voie de déclin (Rhizocaulon, Zamites, Lomatites, etc.), de l’autre l’évolution toujours plus accentuée des types de physionomie européenne ; tandis que ceux qui caractérisent les régions subtropicales actuelles conti- nuent leur mouvement d'expansion encore loin de sa termi- pvaison. Du conflit de ces influences diverses, se disputant sur notre sol la possession de l'empire végétal, et puisant sans cesse des forces nouvelles ou des causes d’affaiblissement dans toutes les circonstances extérieures susceptibles d'agir sur les résultats de la lutte engagée, est sortie à la fin la végétation de l'Europe moderne, végétation appauvrie, pleine de lacunes, jonchée de débris épars, épaves de quelques-uns des types successivement éliminés. C'est dans l'étude de cette végétation, dans celle des contrées attenantes et quelquefois même des régions les plus éloignées, que nous devons puiser les éléments de comparaison 216 GASTON DE SAPORTA. et d'analyse, au moyen desquels, malgré bien des erreurs par- tielles et des mcertitudes, 1l nous est permis de reconstituer dans une certaine mesure la flore des anciens âges de notre vieux continent. TABLE MÉTHODIQUE ET COMPARATIVE DES ESPÈCES DÉCRITES DANS LA FLORE PRÉCÉDENTE. RE PRE SM DE PA SEE EE ECO D REA PES EE 2 En ESPÈCES FOSSILES. TR APT PES PAT étrangères. vivantes analogues. de ces espèces. Pages Mugeï.. :.. 1.40. = : | Muscires Brngt........ 31 Muscites setosus Sap.... 31|,.......|Hypnum serpens L.. . Europe. Muscites Tournalii Brngt. 32|,....... Hypaum tenellum D oc ones one Europe. Hypaum riparium L..|Europe. Muscites pulvinatus Sap. 321..... ..|Hypaum myosuroides CE, hs Europe. Hypaum rutabulum L.|Europe. Muscites elatinus Sap... 331.....,.. Hypnum abietinum L.|Europe. Filices........ ile tii8à LnpsxaA Dryand..... + 94 Lindsæa Cussolii P. Gerv. 341,.,..... Lindsæa javensis B1...{Java. ADIANTITES Brngt.,...... 36 Adiantites tenuinervisS.. 36 HEMIONITITES Sap....... 37 Hemionitites . scolopen- drioides Sap........ 37|......,.|Hemionitis sagittataFée|Ile Corregidor. Fuuicires Brngt. 3 38 Filicites polybotrya Brngt. Aie: LALET. Osmunda regalis S....|Europe. Equisetaceæ. ...... + 38 ÉQUISEIUM Lau, 149 de 38 | Equisetum lacustre Sap. 38/st-Zacharie.|Equisetum arundina- ceum Bory...,... Louisiane, Cupressineæ. ....... 39 CazLrrris Ventenat..... .39 Callitris Brongniartii Endl. 39 Gypses d'Aix, Hæ- LE Callitris quadrivalvis Vent...... .....|Afrique septentr. Tauiorsis Sieb. et Zucc., 40 Thuiopsis europæa Sap.. 40!........ Thuiopsis dolabrata Sieb. et Zucc. ....|Japon. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. ESPÈCES FOSSILES 217 LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE stp or . étrangères. vivantes analogues. de ces espèces. SequorA Endl..... cu CR Sequoia Couttsiæ Heer.. . Sequoia Tournalii Sap... ENTOMOLEPIS Sap....... Entomolepis cynaroce- phala:Papshetu. :, Abietineæ........... Pinus echinostrobus Sap. Pinus fallax Sap....... Pinus pseudo-tæda Sap.. Pinus deflexa Sap...... Pinus princeps Sap..... Pinus glyptocarpa Sap... Pinus gompholepis Sap. . Pinus lethæocarpa Sap_. Pinus Gervaisii Sap .... Pinus resurgens Sap.... Pinus trichophylla Sap.…. Pinus divaricata Sap.... Pinus sterrolepis Sap... Pinus lophæicarpa Sap. . Pinus carterophylla Sap. Pinus macroptera Sap... ————_——— Pages. LiBocepriTEs Endl...... 42 Libocedrites salicornioi- des End... fi... 4. 42 |Radaboj,Mol- lasse suisse, | Gargas,ete.| Libocedrus decurrens Torrey trs... ... Californie. Viscum capense L....|Afrique australe. Viscum tænioides Commis... ....|lle Maurice. Taxodineæ...,...... un Taxoprum Rich..4...... A7 Taxodium dubium Heer, 47] Bilin (Bohe- me), Schoss- nitz(Silésie), Parschlug, Mollasse suis- # se, Val d’Ar- noj, Chiavon et Sinigaglia d ne (Italie). . ,[Taxodium distichum Rich, ER .....|[Amériqueseptent. A9 | h9 Tr ch | Davnshite) Sequoia gigantea Endl. | Californie. LUE FAURE E .|[Sequoia sempervirens Endl. . ......lCalifornie. ) 09 55 57 57 RS 1 Pinus Ayacahuite C. | Mad... ...,.. Mexique. (0. RSR EER Pinusleiophylla Schied.| Mexique. 63: Main. . :... 1: Mexique. Le, are md Pinus Orizabæ Gord,|Mexique. CAE sue Pinus Wincesteriana Gord.199.:.122:: Mexique LE free dpie Pinus Gordoniana Hart ar ane os Mexique. Pinus oocarpa Schied.|Mexique. 51 flat anpe Pinusleiophylla Schied.|Mexique. Pinus Gordoniana Hartwirf. . nus Mexique. LL: À phase hte POLAR Pinus devoniana Lindi.|Mexique. RE T Pinus scoparia Rœzl. : . Mexique. Cm)»: | Pinus patula Schied. . [Mexique. Pinus canariensis Sm. . {Iles Canaries. , à 114 Mb péril Pinus longifolia Roxb.|Népaul. FE | CRREER Pinus Sabiniana Dougl. |Californie. FE, ee Pinus longifolia Roxb.|Népaul. 7! 75 76 218 GASTON DE SAPORTA. LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE “es os. étrangères. vivantes analogues. de ces espèces. Pages Pinus leptophylla Sap... 771.....,. . [Pinus balepensis Mill. [Bords de la Médit. Pinus cylindricaSap.... 78|..... ...|Pinus Salzmanni Dun. |Cévennes. Pinus palæodrymos Sap. 781....,.../Pinus sylvestris L.... |Europe. Pinus . Massoniana Eamb.!. .........NAnon. Pinus tenuis Sap...... unis LR Pinus sylvestris L...../Europe. Pinus microcarpa Sap... 80 Pinus copidoptera Sap.. 801.:...... Pinus devoniana Lindl. Mexique. Pinus platyptera Sap... 80 Pinus cycloptera Sap.... 81 Pinus mecoptera Sap... 81 Pinus consimilis Sap.... 81 Pinus megalantha Sap.. 82 Pinus longibracteata Sap. 82 Faxineæ............ 83 PopocarPus Herit...... 83 Podocarpus taxites Ung.. 83]Heæring, Sot- - ZK&, PodocarpuspeyriacensisS. 83|........|Podocarpus chilina PER TL 4 Loc . [Chili. Podocarpus taxiformisS,. 841........|Podocarpus lætaHoibs. |Nouvelle-Hollande Podocarpus spinulosa Gramineæ........ .. 85 - Nouvelle-Hollande ARUNDINITES Sap...... s 89 Arundinites gracilis Sap. 85 Palmæ.............. 244 SABALITES Sap......... 244 Sabalites major Sap..... 244 Hæring,Ra- doboj,Mollas, se suisse ; environs de CR ST inbraculiterd erc, L'fotar Asparagineæ. ....... 86 Jacq. ri: comes + Amérique tropic. DRACÆNITES Sap. ..... 86 Dracænites narbonensisS. 86[........|Dracæna draco L.....1|Iles Canaries. Smilaceæ, ......... .. 838 SmiLax Tournef........ 88 Smilax hastata Brngt.... 881........|Smilax elegans Wall. . [Népaul. Smilax appendiculata S.. 88 Smilax asperula Sap.... 89|..... ...[Smilax rotundifolia Michx. ..........]Amériqueseptent. Naïadeæ. ........... 89 Smilax oblongata D. C.{Iles Caraïbes. POTAMOGETON L........ 89 Potamogeton equisetifor- HS SADhrenee ae en À e 89/........|Potamogeton densus L.|Europe. Typhaceæ, .,,...,...:. 90 SPARGANIUM Tournef, .... 90 Sparganium valdense RICE so. Der 90 !Monod (Suis. se), Cadibo- na (Italie).[Sparganium ramosum ( . , Rene ces 0 à CU ASE LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, ESPÈCES FOSSILES. Pages. Sparganium stygium Heer. Myriceæ. 0 Mynica Li....:4... = Myrica (Cemptonia) Ma- theromiana Sap...... Myrica/Comptonia)dryan- draæfolia Brngt....... Myrica (Dryandroides) Læ- vigdta Heer..h. 1... Myrica (Dryandroides) ha- keæfolia Ung......,, Myrica (Dryandroides) li- gnitum Ung..5....,. Myrica (Dryandroides) banksiæfolia Ung.... 91 100 100 102 10 LOCALITÉS étrangères. Paudèze, Ro- chette, Eriz (Suisse). . Hæring, Monte Pro- mina, Monod (Suisse), Au- vergne, St- Jean-de-Gar- guier. « Monod, Ro— chette,Hohe- Rhonen (Suisse), Peis- senberg, Ca- dibona (Italie), Manosque (B.-Alpes). . Monod, Ro- chette,Hohe- Rhonen (Suisse), Sot- zka, Hæring, SASOTe + + » Rallingen, Monod,Hohe- Rhonen, Monzlen,Lo- cle,Oeningen ete. (Suisse), Hæring, Sot- zka, Sagor, Bilin, Swos- zowice, ete, (Allemagne), Salzedo, Ca- dibona,Chia- vone (Italie), Manosque (B. Alpes). Ralligen Mouod,Hohe- Rhonen,Lau- sanne, Mun- zlen, etc. (Suisse), Sot- zka, Hæriog. Sagor,Altsat- tel, Münzen- berg. Holz- hausen, etc. (Allemagne), Cadibona, Chiavone (Italie),Kou- .Myrica 249 ESPÈCES PATRIE vivantes analogues. de ces espèces. Sparganium nalans L.[Europe, Amériq. ‘[Comptonia aspleniifolia[ Amérique septent. Myrica cerifera Lam. , [Amérique septent. Myrica macrocarpa Hu lc... 54 Pérou. pensylvanica Lam. ....,......lAmériqueseptent. mi (Eubée).|Myrica esculenta Don.[Népaul, | metulaceæ. .... .... 104 1] BeruLA Tournef.i ...... 104! | Betula dryadum Brngt.. 104/....... | Betula fraterna Sap. : «108 | ALNUS Tournef..E. ...:. 409 | Ostrya atlantidis Ung. .. 110 !Raloboj. . 112 250 | GASTON DE SAPORTA. | | LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE ESPÈCES FOSSILES. : 123 étrangères. de ces espèces. vivantes analogues. . [Betula lenta L....... Betula cuspidens Sap.... 107|........ Betula Jacquemontii DAME - «se 0 € Betula lutea Michx... Betula carpinifolia Sieb,. DUMATE PM nr Betula Bhojpaltra Wall. Betulaster cylindrosta- chyatSpach....... Népaul. Japon. Népaul. CRC Népaul. Alnus integrifolia Sap... 109 Alnus microdonta Sap... 1101..,... .. [Alnus oblongata Willd. Afrique septentr. Cupuliferæ......... s 120 OSrava Miel. he... 110 HOstrya virginica Michx. OUEROUS Du: hi. sens Quercus elæna Ung hd 142 Gypses Jean-de-Gar- guier, etc:, Monod,Hohe- Rhonen,Er1z, Amérique septent. Amérique septent. Amérique septent. om Delsberg ,Lo- cle, - Oenin- gen, etc. (Suisse), Parschlug (Allemagne), Novale (Ita- (lie) . Quercus confertifolia SAN SR Mexique. Quercus cinerea Michx./Louisiane. | Quercus neriifolia A. BrAUR, + set Arcs 112| Oeningen (Suisse), Si- pigaglia. Guarene (Ita. 7 À is f e)s : 4 7 Quercus virens Michx.|Amérique septent, | Quercus magnoliæformis Quercus phellos L..../Amérique septent, SAP. +» es 0e RnIGEt 143 |. niv ; [Quercus imbricaria LE CN CNT ...|Mexique. Quercusundulata Bent. Mexique. | Quercus sinuatiloba Sap. 113|........ Quercus aquatica Mich.| Amérique septent, 4 Quercus armata Sap.... 114!.......{ Quercus falcata Michx.| Amérique septent Quercus Banisteri Lood, Quercus triloba Michx. Quercus heterophylla MER. . . ...... . Louisiane: Quercus triloba Michx. Louisiane. Quercus chrysophylla ML... Quercus oligodontaSap.. 115 Mexique. Quercus oligodonta Sap. 116 CASTANEA Tournef,...., 117 Amérique septent. Amérique septent, md . “é LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 251 ESPÈCES FOSSILES. ESPÈCES LOCALITÉS étrangères. vivantes analogues, A TC) Pages. Castanea palæopumila 1. HS PONS COIN 117 |Transylvanie|Castanea pumila Wild. Uimaceæ.....1...":: 118 DR EP en eee FLO Ulmus Bronnii Ung mr. T0 Lausanne (Suisse),Bon- nerkohlen, Rhon, etc. (Allemagne), Val d’Arno Celtideæ..... CELrTis Tournef. , ss: Celtis primigenia Sap... Ficus Tournef. . Ficus dryophylla Sap... Ficus tenerrima Sap.... Ficus armissanensis Sap. Salicineæ. ...,...... PoruLus Tournef, ...... Populus palæomelas Sap. Populus sclerophylla Sap. Sax Tournéls su 5% Salix linearis Sap...... Laurineæ,. ...,....., ENRBOSE 77. Par, Laurus primigenia Ung.. Laurus lalages Ung..... (Italie). . . .|Ulmus campestris L... AA... . » : [Celtis cordata Lam... . sr... . [Ficusheterophylla Lam: Ficus ampelos Lam... Ficus quercifolia BL... ...|[Ficus caulifera BI.... ......|Ficus saxatilis BL. Le -....|Populus melas L..... Populus ontariensis... Populus ciliata Wall... Populustremula L.,.. Populus euphratica OI. CCR] - [Salix amygdalina L... Salix riparia Wild.... Monod,Eriz, Hohen-Rho- nen (Suisse), Gypses d'Aix St-Zacharie, St-Jean-de- Garguier,etc. (Provence ), Sotzka, Bornst, Bon- nerkohlen etc.(Allema- gne),Cadibo- na, Novale, Salcedo (Ita- lie), Ménat, Speebach, : : ete. . 7. . | LAUPUS canariensis Wal 1: :.. 127 |Sotzka. . . .|Persea gratissima CRT. op see Tetranthera laurifolia A SPA Laurus canariensis PATRIE de ces espèces, Amérique septent. Europe. Amériqueseptent. Asie tropicale. Java. Timor. Java. Europe. Amérique septent. Rég.del’ Himalaya Europe. Asie centrale et occidentale. Europe. Europe. . [Iles Canaries. Amérique tropic. Asie tropicale. Iles Canaries. 2 92 GASTON ESPÈCES FOSSILES. Pages. Laurus (Persea) typica S. 127]. Laurus superba Sap. ... 429|.. DE SAPORTA. LOCALITÉS EPÈCES PATRIE étrangères. vivantes analogues, de ces espèces. Persea indica Sp... .{Iles Canaries. PerseacarolinensisSpr.|Amérique septent. +... .|[Persea gratissima Gært.| Amérique tropic. Machilus odoratissima Laurus (Persea?) multi- LRO ST ... Asie tropicale. HÉDYIS DA: lus. 2 Fe 0e *.:|PerseæSp.......... Amérique tropic. Laurus (Persea?) conspi- éua Sébions Mes dre. MODS M2 «.|[Perseæ Sap......... Amérique tropic. Laurus (Agathophyllum ? Cryptocarya?) Tourna- lii Sap.. Sn os A ucie le sie 10210) RS Agathophyllum aroma- ticum Nées.......|Madagascar. Laurus (Oreodaphne?) re- surgens Sap........ 132|........|Oreodaphne Sp......|Amérique tropic. CinnAmomuM Burm...... 133 Iles Canaries. Cinnamomum lanceola- tum Heer. ......... 133| Toute la sé- Cinnamomum polymor- phum Heer......... 134 Buchii CR Cinnamomum Heer.... 135 Cinnamomum spectabile Ung:.c 410008 .. 135] Waggis, Mo- rie provenca- le de la base au sommet ; toute la mol- lasse suisse, Hæring,Sot- zka, Sagor, etc., Cadibo- na, etc. (Ita- lie), presque tout le mio- cène, Cinnamomum campho- ral DCS É Manosque, argiles de la Pomme (Pro- vence), toute la Mollasse suisse, Sot- zka, Bilin, bassin rhé- nan etla plu- part des lo- calités mio- cènes d’Alle- magne, « » » Toute la Mol- lasse suisse, argiles du bassin de Marseille, Günzburg (Allemagne), Superga, Val d’Arno (Ita- kie),:.… Cinnamomum campho- IS... Japon. Cinnamomum campho- ra Lu +.. Japon. nod, Eriz etc.(Suisse) Günzburg (Allemagne) Cadibona . (Italie), Ma- nosque, ar- LUTÉPA TUES, ous giles bassin 136 du de Marseille. . LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 253 | LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE ESPÈCES FOSSILES. eus | étrangères. vivantes analogues. de ces espèces. Pages Litsæa magnifica Sap... 126|1........ Litsæa foliosa Nées. . [Asie tropicale. Proteaceæ. ......... 487 GREVILLEA R:'Br:. 1: 137 Grevillea relicta Sap.... 137|........ Grevillea Sap........ Nouvelle Hollande LOMATITES Sap......... 137 Lomatites helicioidesS... 137|..... ...|Lomatia Fraseri R.Br..| Nouvelle Hollande Lomatia ilicifolia R. Br. |Nouvelle-Hollande PALÆODENDRON Sap..... 138 PalæodendronultimumsS. 138 Ebenaceæ........... 138 Diosryaos L' 4, EL 2... 138 Diospyros obscura Sap.. 1381..,..... Diospyros lanceolata Sapotaceæ. ....,.... 139 Roxb ...,., ....|Indes orientales. SAPOTACITES Ett........ 139 Hæring, Sapotacites mimusops Ett. 139 Jouxtens (Suisse). Mimusops elengi L...|Indes orientales. Sapotacites eximius Sap. 1439|1........ Achras sapota L.... [Amérique tropic. Mimusops elengi L..,.|Indes orientales. Boxe Sw rte … 140 | Bumelia sideroxyloides S, 140|.,...,..|Bumelia retusa...... Amérique tropic. Bumelia atrovirens Lam.| Amérique tropic. Sideroxylon inerme. . . |Cap. Myrsineæ.,......... 141 Mvnonte LE. fs bin 441 Myrsine celastroides Ett. 141|Bassin de Marseille, Hæring, Mo- Ericaceæ......,,.... ant “ni De Myrsine africana L...{Iles Canaries. ANDROMEDA L......... . 441 Myrsine retusa Vent. . {Iles Açores. Andromeda (Leucothoe) narbonensis Sap..... 142|,....... Leucothoë salicifolia Benth.1494 4.7: Ile Maurice. Leucothoë bracamo- rensis Kunih...... Amérique tropic. Leucothoë acuminata DE. . ANPS EN, Amérique septent. Andromeda (Leucothoe) 57 MR eo 149 Andromeda (Leucothoe) megalophylla Sap.... 14491........ Leucothoë neriifolia Andromeda (Leucothoe) DOG see. Brésil, sinuata Sap..... nv 249 Andromeda (Pieris?) in- quirenda Sap.....,.. 150 Araliaceæ. ....,. és 450 DRLIA ns. ue. 151 Aralia (Oreopanax) Her- cules Sap..,,,.,,.., 151 [Radoboj. . .|Oreopanax sterculiæfo- lium Dne et PI ...|Amérique équat. Oreopanax platanifo- lium Dne et PJ,, .. [Amérique équat. 254 LOCALITÉS ESPÈCES FOSSILES;, - ; étrangères, Pages. Aralia (Paratropia) legiti- ma Sap 193 secs the << or6.. LOUE er es re Aralia (Sciadophyllum ?) lanceolata Sap:....., 155 Aralia (Panax) ilicifolia S. 1561........ Aralia (Aralia ? Cussonia ?) Banksiana Sap....... 157 Aralia deperdita Sap.... 157 Aralia (Paratropia?) par- cedentala Sap....... 158 Aralia ? serrata Sap..... 158 Aralia discoidea Sap.... 158|1,....... Aralia palæocarpa Sap.. 1591..... : Berberideæ. ...... «:' 159 BERBERIS L.,......... 159 Berberis (Mahonia) rho- paloides Sap,,...... 1091. Fr Berberis (Mahonia) stricta SA ee cons de OT 161 Nympheaceæ.,....... 161 ANOECTOMERIA Sap...... 161 Anœctomeria Brongniartii DADEs nos : Sig 163] Mollasse SUISSE. , 4 NYMPHÆITES Sternb.,... 174 Nymphæites palæopyg- meus Sap. ... #47 +474 Butinerinceæ........ 175 PTEROSPERMITES Heer. ... 175 Ternstræmiaceæ .... 176 FREZIERA SW...... 5.476 Freziera? salicifolia Sap.. 176/...,.... Acerineæ............ 176 ACER Méœænch.: . 4. ...: 176 Acer narbonense Sap.... 176 Acer pseudo-campestre Une... RAM 180 Schrotzburg (Suisse), Oe- ningen, Sie= blos,Peissen: berg, Rado- boj, Bilin, Rhon, Günz- burg (Alle- magne), . à Acer quinquelobum Sap. 180|,.:.... Malpighiaceæ. .,.... 181 STIGMATOPHYLLON Ad,Juss, 181 GASTON DE SAPORTA. ESPÈCES PATRIE vivantes analogues. de ces espèces. [Paratropia obliqua BI. |Java. Paratropia lutesceus BL. |[Java. :....:/Sciadophyllum rubigi- nosum PI. et Lindi. Amérique équat. Oreopanax Pentlandi- cum Dne et PI1...../Rolivie. {Panax arboreum Forst, [Nouvelle-Zélande. Panax arboreum Forst. Orcopanax Sp Nouvelle-Zélande. Amérique tropic. Mahonia nepalensis DC. |Népaul. Mahonia Fortunei Lindl|Chine. Frezicra Perrottetiana en. cts + + « VOOR Guadeloupe. .......tAcer hybridum Bosc, , [Amérique septent. Acer campestre L.... Acer monspessulanum |Europe. L Europe. .. [Japon. LE SUD-EST DE LA FRANCE A'L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 295 | LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE ESPECES FOSSILES. | : , étrangères. vivantes analogues, de ces espèces. Pages. Stigmatophyllon demer- saut Cp ie: DM... Stigmaphyllon cilia- Lun A4 Juss...,. Brésil Sapindaceæ....... …+ 483 Pauvre Let RE 96: 183 Paullinia dispersa Sap... 183]. Schmidelia fulvinervis PIAMINE : luore. ... Java. SAPINDOS EL TER out, 184 Sapindus macrophylla S. 184 DODONÆITES Sap........ 184 Dodonæites Decaisnei S.. 184 Celastrineæ,. ........ 186 ELÆODENDRON Jacq..... 186 Elæodendron Hæringia- Sapindus indica L....|{ndes orientales. num EF PR Par. 186! Héring, Mo-| Eltodendron glaucum nod (Suisse).| _ Pers.,... ».. -Hifs Indes orientales. Elæodendron excelsum EckL. el Zeñh . . . sus Cap. CELasrrus Kunth...... 187 Celastrus Hartogianus S. 187|,,.,.... Hartogia capensis L...|Cap. . Élicineæ,............ 188 nr. n'ya ins LIEN 188 | llex acuminata Sp... 188|,...,,.,..1 Ilex latifolia Thb..... Japon. Îlex rigida Sap. ,...,.. 190 Ilex sinuata Sap.4...... LU gne dpr ve L TéxX opaen AIT... Amériqueseptent. [lex horrida Sap,...... 190 Ilex aculeata Sap....... Lie fee HéxicrccThb }.., Japon. Iiex Cassine Aït.,...|Amériqueseptent. Ilex Betscheriana Goep. Ilex madagascariensis Lampe -". 28 Ilex Cassine Aït,.... Ilex acanthoda Sap..... 193 ...... Madagascar. Ilex spinescens Sap..... 193 Amérique septent. KRhamneæ,...,...,. san TON BercaEmIA Neck....... 194 Berchemia prisca Sap... 1941........ Berchemia lineata....| Virginie. RHAMNUS Juss...,,..... 195 Rhamnus dilatatus Sap.. 195 Rhamnus : buxifolius CCC UC ES } Espagne. Iles Baléares. Suglandeæ,....:....,. 196 ENGeznarprTiA Lesch..., 196 Engelhardtia Brongniartii 1" SENAANEEN, $5 AE 199 Engelhardtia oxyptera S.. 200 Engelhardtia abscondita FA ue. Nos. 201 Engelhardlia Sap....|Manille, de. dog »e «à fe Engelhardtia Colebroo- keana Wall....... Indes orientales. Manille. Engelhardlia detecta Sap. 201 .|Engelhardtia parvifolia Ce De sos Maille, 956 GASTON DE SAPORTA, ESPÈCES vivantes analogues. LOCALITÉS PATRIE de ces espèces, ESPÈCES FOSSILES. e étrangères. Pages, Jucians L..,.,....... 209 Juglans bilinica Ung.... 203 Bilin, (Allemagne), Chiavone, Novale, Sal- zano, etc. (Italie)... ,. Juglans nigra L. ....|Amériqueseptent. Anacardiaceæ. ...... 204 0... Rhus prisca Ett......., 204 Rhus juglandogene Ett.. 204 Rhus decora Sap......, 205 Rhus micromera Sap. .. 206 Rhus pistacina Sap..... 207 Rhus affinis Sap........ 207|........ Rhus atlantica Derf... Rhus palæocotinus. ..,. 208|., .|Rhus Coiinus L.,.... ANACARDITES Sap....... 209 Anacardites anaphrenium Sa. user PT USE. -[Rhus javanicu....... Algérie. Europe méridion. . [Semecarpus acuminata MAR dass os 0 Anaphrenium dispar. EME. .:...,.4 Anaphrenium abyssini- cum Schimp.,.... Zanthoxyleæ. , .,.,... 209 ZANTHOxYLON Kunth..... 209 Zanthoxylon coriariæfo- Mrs ...…..../Zanthoxylontrifoliatum D... s........|Amériqueseptent. Zanthoxylon falcatum S.. 2101,,,,.... Zanthoxylon carolinia- D 00 Amérique septent. Zanthoxylon gigantum S. 211 Coriarieæ.......... DE + LÀ CorraRIA Niss......... 212 Coriaria longæva Sap.,.. 212|, Myrtaceæ..... era UT TRISTANITES Sap...,.... . 217 Tristanites cloeziæformis NES CPE 7 Re Cloezia ligustrina Ad. Brong. et A. Gris.. Coriaria ruscifolia L. |Chili. Nouv.-Calédonie. CALLISTEMOPHYLLUM Ett.. 220 Callistemophyllum podo- carpoides Sap.... .. 220|... . |Callistemon axillare DC. . 0000080. Nouvelle Hollande Myrrus Tournef. ..,,.. 220 Myrtus atavia Sap..,. .. 2201.... Myrtus communis L , | Europe méridion. LE SUD-EST DE LA FRANCE A RE mans, TERTIAÎRE. LOCALITÉS ESPÈCES FOSSILES. étrangères. no D 2 Myrtus obtusata . 220 |. Leguminosæ......... 221 Phaseoleæ. ........ 222 PnaseozitTes Ung... ... 222 Phaseolites fraternus Sap. 222 |. Dalbergieæ. ...... 223 DALBERGIA L.......... 223 Dalbergia hecastophyllina Sin. «dite sus. 223. Dalbergia (Platymis- cium 1?) g grandifolia Sap. 224 Dalbergia (Miscolobium ?) 225 palæocarpa SD... De + 2.5 À Sophoreæ......... 5 220 CaLpurNiA E. Mey...... 226 Calpurnia europæa Sap. 226]. Cæsalpinieæ . ra, 220) Le... : 1 Ÿ qi ver 229 Cassia Berenices Ung..,. 229] Horw, Mo- nod, Eriz, Locle ,Oenin- gen (Suisse), Sotzka, Reut, Bonerkohlen Peissenberg (Allemagne), Salzedo (Ita- lie), Manos- que ? (Eros vence), . CÆSALPINITES Sap....... 230 Cæsalpinites venulosus S. 230 Cæsalpinites (Copaifera Ê leptolobiifolius Sap... 2301.....,,. CoparrernA L.....clesis 231 CopaiferaarmissanensisS. 231|.,... Mimoseæ, .,.:.:.... 29 MARIA NEUR. 4 ares. 234 Acacia Bousqueti Sap... 2341,.,... CARPOLITHES Sternb..... 239 Carpolithes Gervaisii Sap. 239 5e série. Bot. T IV. (Cahier n° 5.) 1 257 ESPÈCES PATRIE vivantes analogues, de ces espèces. . [Eugeniæ Sp. Régions tropicales .|Rhynchosiearum Sp.. Hecastophyllum Brow- nu Persia. , . [Amérique tropic. Hecastophylinm Viola ceum Benth...... Amérique tropic. Platymiscium Sp..... {Brésil Miscokobii Sp.,..... Brésil. Calpurnia aurea Lam.|Afrique austro- orient. et tropic. Amérique tropie, . [Antilles, Cassia lævigata Wild... Cassia fistula L Er gim et ee .. [Régions tropicales . [Amérique tropic. .[Acacia glaucophylla Schimp.. Me Acacia Mao Benth. . [Abyssinie. . [Indes orientales. 258 _ GASTON DE SAPORTA, EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE À. Fig. 14. Muscites setosus. Tiges, grandeur naturelle ; A, plusieurs d’entre elles grossies, Fig. 2. Muscites elatinus. Tiges, grandeur naturelle; À, une d'elles grossie. Fig. 3. Muscites pulvinatus. Tiges, grandeur naturelle ; A, une autre tige grossie. Fig. 4. Libocedrites salicornioides Endl. A et B, ramules, grandeur naturelle. Fig. 5. Thuiopsis europæa. À et B, ramules; C, fruit, grandeur naturelle ; C/, même organe grossi; D, semence, grandeur naturelle, Fig, 6. Calhitris Brongniarti Endl. À, ramule ; B, fruit, grandeur naturelle ; B/, même organe grossi ; CG, semence, grandeur naturelle. PLANCHE 2. Fig. 4. Sequoia Tournali. À, ramule, grandeur naturelle ; B, autre ramule ; grandeur naturelle ; GC, rameau fructifère portant six fruits à son extrémité supérieure, gran- deur naturelle; D, autre rameau fructifère portant un seul fruit situé au sommet d’un court ramule axillaire, et terminé supérieurement par deux ramules à feuilles aciculaires, étalées distiques ; D’, même fruit dessiné d’après un moulage, grandeur naturelle ; D//, même organe grossi; E, rameau réduit à une demi-grandeur natu- relle, d’après une épreuve photographique. Fig. 2. Sequoia Couttsiæ Heer, var. polymorpha. À, ramule, grandeur naturelle ; B, fruit dessiné d’après un moulage, grandeur naturelle ; B/, même organe grossi ; C, autre fruit plus jeune ; C/, même organe grossi; D, rameau réduit à une demi- grandeur naturelle, d’après une épreuve photographique. Fig. 3. Entomolepis cynarocephala. À, fruit, grandeur naturelle, d’après une épreuve photographique ; B, autre fruit, grandeur naturelle, d’après un moulage. Fig. 4. Pinus megalantha. Chaton mâle, grandeur naturelle. Fig, 5. Hemionitites scolopendrioides, Feuille, grandeur naturelle, PLANCHE 9. Fig. 1. Pinus echinostrobus. À, feuilles, grandeur naturelle ; B, rameau dépouillé de feuilles, pour montrer la disposition des coussinets, grandeur naturelle ; C, cône, grandeur naturelle, d’après un moulage ; D, D, D", semences, grandeur naturelle. Fig. 2. Pinus pseudo-tæda. À, feuilles, grandeur naturelle; A/, base du fascicule grossie pour montrer les cicatrices d'insertion des bractées vaginales; B, C, autres feuilles, grandeur naturelle. Fig. 3. Pinus deflexa, Feuilles, grandeur naturelle ; A, base du fascicule grossie pour montrer les cicatrices d'insertion des bractées. LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 259 Fig. 4. Pinus fallax. Feuilles, grandeur naturelle. Fig. 5. Pinus mecoptera. Semence, grandeur naturelle. Fig. 6. Pinus glyptocarpa. Cône, grandeur naturelle, d’après un moulage, Fig. 7. Pinus princeps. Cône, grandeur naturelle, d’après un moulage, Fig. 8, Pinus gompholepis: Cône, grandeur naturelle, d’après un moulage. Fig. 9. Pinus platyptera. Semence, grandeur naturelle. | Fig. 10, Pinus copidoptera. Semence, grandeur naturelle, Fig. 11. Pinus Cycloptera. Semences, grandeur naturelle; A et A/, les deux côtés du même exemplaire ; B et C, deux autres exemplaires. Fig. 42. Pinus trichophylla. À et B, semences, grandeur naturelle. Fig. 43. Pinus macroptera. Semence, grandeur naturelle. Fig. 44. Pinus copidoptera. Semence, grandeur naturelle, Fig, 145. Pinus lethæocarpa. Semence, grandeur naturelle . PLANCHE 4. Fig. 4. Pinus resurgens. À, partie principale d’un rameau garni de feuilles supérieure- ment et portant deux cônes, grandeur naturelle, d’après un moulage ; B, feuilles provenant du même rameau, grandeur naturelle, B/, fragment grossi pour montrer la nervation. Fig. 2. Pinus divaricata. À, feuilles, grandeur naturelle ; B, partie inférieure d’un rameau, pour montrer la disposition des coussinets, grandeur naturelle ; B/, fragment grossi. Fig, 3. Pinus sterrolepis. Cône, grandeur naturelle, d’après un moulage. Fig. 4. Pinus lophæicarpa. Cône, grandeur naturelle, d’après un moulage. Fig. 5. Pinus palæodrymos. Cône, grandeur naturelle, d’après un moulage. Fig. 6. Podocarpus taxiformis. À, partie d’un rameau accompagné de feuilles éparses ; A!, fragment grossi pour montrer la disposition des coussinets ; B, réunion de feuilles provenant du même rameau; B/, l’une d'elles grossie. Fig. 7. Podocarpus Peyriacensis. Feuille, grandeur naturelle. Fig. 8. Podocarpus taxites Ung. Feuille, grandeur naturelle. Fig. 9. Pinus trichophylla. À, feuilles, grandeur naturelle ; A/, base du fascicule gros- sie; A/!, fragment grossi pour montrer la nervation ; B, partie inférieure d’un rameau pour montrer la disposition des coussinets. Fig. 10. Pinus consimilis. Semence, grandeur naturelle. Fig. 11. Pinus leptophylla. À, feuilles, grandeur naturelle; B, semence, grandeur naturelle ; C, chaton mâle, grandeur naturelle. Fig. 12. Pinus cylindrica. Cône, grandeur naturelle, d’après un moulage. Fig. 13. Potamogeton equisetiformis. Tige feuillée, grandeur naturelle. 260 GASTON DE SAPBOR'TA, PLANCHE 5.. Fig. 4. Pinus carterophylla. À, partie inférieure d'une feuille, grandeur naturelle ; B, rameau réduit au tiers de sa grandeur naturelle, d’après une épreuve photogra - phique; en voit, en a, le bourgeon terminal et, en bb, les chatons mâles en partie desséchés ; B/, un de ces chatons, grandeur naturelle. Fig. 2. Pinus macroptera. Feuilles, grandeur naturelle. Fig. 3. Pinus tenuis. À et B, cônes, grandeur naturelle, d’après des moulages. Fig. A. Pinus longibracteata. Chaton mâle, grandeur naturelle. Fig. 5. Dracænites narbonensis. Feuille réduite au tiers de sa grandeur naturelle d'après une épreuve photographique; on voit en À une feuille de l'Hemionitites scolopendrioides couchée en travers. Fig. 6. Smilax asperula. Feuille, grandeur naturelle, Fig. 7. Comptonia matheroniana. Feuille, grandeur naturelle ; A, nervation grossie. Fig. 8. Complonia dryandræfolia Brngt. A et B, feuilles, grandeur naturelle; C, cha- {on composé d’écailles imbriquées vu par côté; C/, même organe grossi; D, E, F, chatons à fruits vus par dessous, montrant des fruits entremêlés à des brac- tées scarieuses, disposés autour d’un axe central; D’, E/, F/, mêmes organes grossis ; Get H, bractées scarieuses isolées, grandeur naturelle; G/ct H/, mêmes organes grossis ; I, 1, fruits isolés, grandeur naturelle; 1/,[/, mêmes organes grossis, — 8 z. Chaton à fruits de forme globuleuse ou glomérule du Comptonia asplenifolia dessiné d’après nature, grandeur naturelle ; «/, fruitisolé de la même espèce accom- “pagné de bractéoles, grandeur naturelle; &//, même organe grossi ; #//!, autre fruit de la même espèce vu isolément et entouré de bractéoles, grossi. Fig. 9. Myrica Hakeæwfolia. À, feuille, grandeur naturelle; B, inflorescence portant deux fruits ou syncarpes, de forme globuleuse, grandeur naturelle ; B’, même organe grossi, d’après un moulage ; B//, autre fruit grossi. Fig. 10. Myrica lignitum. À, feuilles, grandeur naturelle; A/, nervation grossie; _B, chatons mâles, grandeur naturelle ; B/, les mêmes grossis, PLANCHE 6. Fig. 1. Betula cuspidens. À, feuille, grandeur naturelle; B, samares, grandeur natu- -relle; B/,les mêmes grossies. Fig. 2. Betula fraterna. À, feuille, grandeur naturelle; B, samare, grandeur natu- relle ; B/, même organe grossi. Fig. 3. Alnus microdonta. Feuille, grandeur naturelle, Fig. 4. Ostrya atlantidis Ung. A, feuille, grandeur naturelle; B, fruit dans son involucre, grandeur naturelle ; B/, même organe grossi; C, autre fruit dans son involucre, grandeur naturelle. Fig. 5. Betula dryadum Brngt. A, feuille, grandeur naturelle ; B, samare, grandeur naturelle; B/, la même grossie, LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE. 261 Fig. 6. Ulmus Bronnit Ung. À, samare, grandeur naturelle ; B, autre samare, gran- deur naturelle ; B', même organe grossi; C, feuille, grandeur naturelle. Fig. 7. Celtis primigenia. Feuille, grandeur naturelle. Fig 8. Quercus armata. Feuille, grandeur naturelle. Fig. 9. Quercus sinualtiloba Feuille, grandeur naturelle. Fig. 10. Quercus oligodonta. À et B. feuilles, grandeur naturelle; B’, détails de la nervation grossis. Fig. 41. Quercus magnoliæformis. Feuille, grandeur naturelle, Fig. 12. Ficus dryophylla. À, feuille, grandeur naturelle ; A7 nervation grossie ; B et C, autres feuilles de la même espèce, grandeur naturelle. Fig. 143. Populus sclerophylla. A, B et C, feuilles, grandeur naturelle. Fig. 14. Salix linearis. Feuille, grandeur naturelle, PLANCHE 7. . Laurus Tournalii. Feuille, grandeur naturelle. . Lomatites helicioides. Feuille, grandeur naturelle. Laurus conspicua. Feuille, grandeur naturelle. 7 ge — [Je] 12 = . Laurus superba. Feuille, grandeur naturelle. . Palæodendron ultimum. À et B, feuilles, grandeur naturelle, . Litsæa magnifica. Feuille, grandeur naturelle. - Laurus primigenia Ung. Feuille, grandeur naturelle. . Laurus typica. Feuille, grandeur naturelle. 6) 6 Fig. 7 8 9. Laurus resurgens. À et B, feuilles, grandeur naturelle. 1 0. Populus palæomelas. À et B, feuilles, grandeur naturelle PLANCHE S. Fig. 1. Andromeda narhonensis. À, rameau entremélé de feuilles éparses et de grappes à fruits, demi-grandeur naturelle, d’après une épreuve photographique ; A7 et A/’, grappes portant des fruits jeunes figurés isolément, grandeur naturelle ; on voit en aa et bb, les fruits, et en a/a/ et b’b/, les mêmes organes grossis; B, autre grappe portant des fruits mûrs entr'ouverts, grandeur naturelle ; B/, un de ces fruits faiblement grossi ; B! et B///, mêmes organes plus fortement grossis; C, feuilles entremêlées de fruits détachés, aa, grandeur naturelle ; C/, deux de ces organes des- sinés isolément, d'après un moulage, grandeur naturelle; on voit en à/ et b/, les mêmes grossis ; C/, détails de la nervation grossis ; D, amas de feuilles éparses, gran- deur naturelle. — 41 &. Andromeda salicifolia Benth. Grappe portant des fruits jeunes, grandeur naturelle ; 4/, grappe de la même espèce portant des fruits arrivés à leur maturité et entr'ouverts, grandeur naturelle; 8, Andromeda bracamorensis Kunth., grappe portant des fruits mürs, grandeur naturelle, d'après un exemplaire 262 GASTON DE SAPORTA. de l’herbier du Muséum de Paris; y, Andromeda acuminata DC., rameau portant deux grappes axillaires chargées de fruits mùrs et entr’ouverts, grandeur naturelle, d’après un exemplaire de l’herbier du Muséum de Paris; y', un de ces fruits grossi ; 9, autre fruit de la même espèce, grandeur naturelle ; d”’, le même grossi. Fig. 2.. Bumelia sideroxyloides. Feuille, grandeur naturelle. Fig. 3. Sapotacites eximius. Feuille, grandeur naturelle. Fig. 4. Andromeda megalophylla. Feuille, grandeur naturelle. . Andromeda ingquirenda. Feuille, grandeur naturelle. 3 l Fig. 5. Andromeda latior. À et B, feuilles, grandeur naturelle. Fig. 6 7 Fig. 7. Paullinia dispersa. Feuille, grandeur naturelle. PLANCHE 9, Fig. 4. Aralia legitima. Feuille, grandeur naturelle. Fig. 2. Aralia Hercules. Feuille réduite au tiers de sa grandeur naturelle, d'après une épreuve photographique. Fig. 3. Aralia lanceolata. Foliole, grandeur naturelle. Fig. 4. Aralia Banksiana. Foliole, grandeur naturelle. Fig. 5, Aralia palæocarpa. Fruit, grandeur naturelle ; A, même organe grossi. Fig. 6. Aralia discoidea. Fruit, grandeur naturelle; À, même organe grossi, Fig. 7. Aralia ilicifolia. Feuille ou foliole, grandeur naturelle. Fig. 8. Stigmatophyllon demersum. Feuille, grandeur naturelle. Fig. 9. Berberis rhopaloides. Feuille accompagnée de toutes ses folioles, réduite au tiers de sa grandeur naturelle, d’après une épreuve photographique ; À, foliolé iso lée, grandeur naturelle. Fig. 40. Berberis stricta. Foliole isolée, grandeur naturelle. Fig. 11. Acer quinquelobum, À, feuille, grandeur naturelle ; B, fruit, grandeur natu- relle. Fig. 142, Acer pseudo-campestre Ung. Feuille, grandeur naturelle. Fig. 13. Dodonæites Decaisnerï. À, B et O, samares, grandeur naturelle. Fig. 414. Nymphæites palæopygmeæus. Rhizome, grandeur naturelle. PLANCHE 10. Anwctomeria Brongniartir. Fig. 1. Feuille réduite à la moitié de sa grandeur naturelle, d’après une épreuve photographique; À, partie marginale d’une autre feuille, grandeur naturelle, pour montrer les détails de la nervation. Fig. 2. Fleur, ou parties florales détachées d’une fleur et disposées avec une sorte de régularité. LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 263 Fig. 3. Parties du fruit; À, partie inférieure d’un fruit vu par-dessous et par dehors, après la séparation des parois en compartiments réguliers, on distingue, en a, la place où venait aboutir le pédoncule ; en b, le réceptacle ou ‘disque servant de base au fruit; en c, les compartiments ou particules en partie adhérents, en partie détachés qui correspondent aux pièces calycinales et aux premières pièces florales; en d, les compartiments divisés et disposés sans ordre, dont la réunion constituait les parois du fruit avant sa complète maturité. B, disque stigmatique avec une partie des parois supérieures du fruit, couronné par les stigmates rayonnant du centre, appliqués, mais non adhérents ; B/, essai de restauration du disque stigmatique ; C, autre disque stigmatique, avec une partie des stigmates encore en place et des compartiments provenant des parois désagrégées du fruit, épars çà et là sur les côtés du disque. Fig. 4. Rhizomes; A et B, fragments considérables de Rhizome, avec cicatrices des pétioles et cicatrices radiculaires. Fig. 5. Amas de graines accumulées; A, deux d’entre elles grossies ; on voit, enr, la base du raphé, et, en m, celle de l’opercule béant qui correspond au micropyle. PLANCHE A1. Fig. 4. Berchemia prisca. Feuille; A et B, les deux côtés de la même empreinte, grandeur naturelle. Fig. 2. 1/ex> acuminata. À, rameau garni de feuilles, grandeur naturelle; B, feuille isolée, grandeur naturelle ; C, autre feuille constituant une variété distincte, gran- deur naturelle. l Fig. 3. [lex rigida. Feuille, grandeur naturelle... l'ig. 4. Ilex spinescens. Feuille, grandeur naturelle. 4 Fig. 5. Rhamnus dilatatus. Feuille, grandeur naturelle. 6. Rhus micromera. Feuille, grandeur naturelle. 7 . Zanthoxylon falcatum. Foliole, grandeur naturelle. Fig. 8. Acer narbonense. À, feuille, grandeur naturelle ; B, samares. Fig. 9. {lex horrida. À et B, feuilles, grandeur naturelle ; C, feuille réduite à la moitié de sa grandeur naturelle, d’après une épreuve photographique. Fig. 10. Jlex aculeata. Feuille, grandeur naturelle. Fig. 41. Carpolithes Gervaisii. Panicule garnie de fruits ; on remarque, en a, un fruit différent des autres, recouvert d’un tégument disparaissant à la maturité ; À, ce même fruit grossi. Fig. 12. Plerospermites senescens. Semence, grandeur naturelle. PLANCHE 12. Fig. 1. Coriaria longæva. Branche garnie de feuilles réduite à untiers de sa grandeur naturelle, d’après une épreuve photographique ; A, feuille, dessinée séparément, grandeur naturelle; B et B/, inflorescence, disposée en grappe terminale, dessinée séparément, grandeur naturelle, — 1 8. Coriaria Sp., rapporté du Sikkim-Himalaya 264 GASION DE SAPORTA. par M. J. D. Hooker, extrémité supérieure d’un rameau terminé par une inflores- cence en grappe pareille à celle de l'espèce fossile, dessiné d’après un exemplaire envoyé par M. Hooker au Muséum de Paris. Fig. 2. Engelhardtia oxyptera. À, B et C, fruits accompagnés de leur involucre, gran- deur naturelle; C/, l’un d’eux grossi, Fig. 3. Engelhardtia abscondita. Fruit, grandeur naturelle. Fig. 4 Engelhardtia detecta. Feuille, grandeur naturelle. Fig, 5. Engelhardtia Brongmartü. À,B et C, fruits, grandeur naturelle ; A! un de ces organes grossi. L'ig. 6. Rhus palæocotinus. Feuille ou foliole, grandeur naturelle. Fig. 7. Calpurnia europæa. Foliole isolée, grandeur naturelle. FLANCHE 13. jg. 4, Myrtus oblusata. Feuille, grandeur naturelle. (e] F Fig. 2. Rhus juglandogene Ettingsh. À, feuille accompagnée de toutes ses folioles ; B, autre feuille, grandeur naturelle. — Fig. 3. Tristanites cloeziæformis. À, panicule accompagnée de fruits, en grande partie détachés, grandeur naturelle ; A’, plusieurs de ces fruits dessinés isolément et grossis ; B, feuille ? grandeur naturelle. — 3. x. Cloezia ligqustrina À. Brngt. et À. Gris, pani- cule garnie de fruits adultes, grandeur naturelle, d’après un exemplaire communiqué par M. Brongniart ; $, Tristania Sp., fruit mür, grandeur naturelle. Fig. 4. Rhus pistacina. Foliole, grandeur naturelle. Fig. 5. Rhus decora. Foliole, grandeur naturelle. Fig. 6. Cæsalpinites leptolobiifolius. À et B, folioles, grandeur naturelle. Fig. 7. Anacardites anaphrenium. Feuille, grandeur naturelle ; A, détails de la ner- vation grossis. Fig. 8. Calpurnia europæa. A, feuille accompagnée de toutes ses folioles, grandeur naturelle ; B, fruit, grandeur naturelle; B/, semence vue isolément et grossie. Fig. 9. Cæsalpinites venulosus. Foliole, grandeur naturelle. Fi Fig. 11. Phaseoliles fraternus. Foliole, grandeur naturelle. . 10. Dalbergia hecastophyllina. Feuille ou foliole, grandeur naturelle, ns 93 Fig. 12. Acacia Bousquet. Fruit ou valve d’un fruit, grandeur naturelle; A, frag- ment du même organe grossi pour montrer les détails de la nervation. Fig. 13. Dalbergia grandifolia. Foliole, grandeur naturelle. Fig. 14, Copaifera armissanensis. Valve d’un fruit vu par l'intérieur, grandeur naturelle, Fig. 45. Dalbergia palæocarpa. Fruit, grandeur naturelle. ic : © ÉTUDE SUR LA NATURE, L'ORGANISATION ET LA STRUCTURE DES BULBES DES OPHRYDÉES, Par M Ed. PRILLIEUX, De ee ee ge ge me A la base d’une tige d’Orchis en fleur on trouve une masse charnue à demi flétrie, le plus souvent ovoïde, divisée, digitée dans quelques espèces, et à son côté un autre organe semblable plus jeune et qui est terminé par un bourgeon. On donne com- munément à ces parties le nom de bulbes ou de tubercules. Je n’emploierai pas indifféremment ces deux mots; dans le courant de ce travail, je donnerai le nom de bulbe à l’ensemble de la masse charnue et du bourgeon qui se trouve à son sommet, et celui de tubercule à la masse charnue considérée isolément, c'est-à-dire abstraction faite du bourgeon qui la surmonte et du pédicule qui relie ce dernier à la plante mère. La raison qui me fait adopter ces dénominations et le sens exact que je leur attri- bue ressortiront de l'exposition des faits, mais Je suis obligé de les employer dès. à présent, puisqu'il faut nommer les objets avant de pouvoir prouver quelle est leur véritable nature. Les bulbes d'Ophrydées ont été beaucoup étudiés et 1l n'y a pas d'organes dont la nature ait été plus controversée. Pour de Candolle, Lindley, Aug. Saint-Hilaire, Ad. de Jussieu, ce sont des racines; pour Morren, Ach. Richard, MM. Schleiden, Clos, Fabre, des rameaux renflés; pour MM. Thilo Irmisch, Schacht, le produit de l'intime connexion d'un rameau et d’une ou de plusieurs racines; pour M. Germain de Saint-Pierre, le résultat de la soudure de plusieurs feuilles, de plusieurs racines et d’un rameau. Je ne pourrais exposer clairement ces théories diverses, les discuter et les combattre, quand les faits y sont contraires, avant d’avoir fait connaître mes propres observations, puisque c'est 266 ED, PRILLIEUX, sur les résultats de mes recherches que j'appuierai mes juge- ments. Je commencerai donc par décrire ce que J'ai vu, avant de résumer les opinions variées des nombreux auteurs qui se sont occupés de cette question; cela me permettra, j'espère, d'en rendre l'intelligence et l'appréciation plus faciles. Si l’on arrache, au moment de la floraison, un pied d'Orchis mascula, on trouve à sa base, comme dans la plupart des autres Ophrydées, deux tubercules, l’un plus gros, déjà flétri et ridé, qui termine inférieurerement la tige florifère ; l’autre, plus petit, plus ferme, qui n’a pas encore atteinttout son développement; il porte à sa partie supérieure un bourgeon. Ces deux tubercules sont presque globuleux, mais un peu pointus par leur extrémité inférieure; ils sont couverts de papilles ou poils tout à fait com- parables à ceux que l’on observe à la surface des racines. Lorsqu'on fait une coupe longitudinale de ces deux corps, on voit, sur le bas de la tige qui surmonte le vieux tubercule, les débris de plusieurs feuilles détruites, situés au-dessous du point où le jeune bulbe est inséré. On en peut ainsi compter quatre ayant pour la plupart à leur aisselle des bourgeons qui ne se sont pas développés. C'est un peu au-dessus de la cinquième que le jeune bulbe est attaché à la tige, c’est à l’aisselle de cette cin- quième feuille qu'il prend constamment naissance. Au moment où la tige est couverte de fleurs, le bulbe de l'année suivante ne porte pas encore à son sommet une tige, mais seulement un bourgeon dont la disposition particulière se voit très-bien sur une coupe longitudinale. La partie supérieure de la masse charnue est creusée de facon à former une sorte de fossette sur les bords de laquelle sont insérées les feuilles les plus âgées, les plus extérieures, tandis que les plus jeunes occupent le fond de la dépression. (PI, 44, fig. 9,11, 13,14, 16.) Cette dispo- sition, bien digne d'être notée, se retrouve non-seulement dans d’autres espèces d’Orchis, probablement dans toutes celles où le tubercule n’est pas divisé, mais dans toutes les espèces que j'ai observées des genres Ophrys, Aceras, Anacamptis, Loroglossum. Dans d'autres genres, la structure du bourgeon du bulbe est différente. | BULBES DES OPHRYDÉES. 267 Elle est absolument inverse dans les Gymnadenia. Dans ces plantes, les feuilles du bourgeon, au lieu d’être insérées sur les bords et au fond d’une fossette, sont disposées sur une sorte de cône saillant, de telle façon que la première feuille, la plus âgée, la plus extérieure, est, de toutes, celle qui est insérée au point le plus bas ; la plus intérieure, la plus jeune, celle qui occupe le point le plus élevé. (PL. 14. fig. 4.) La connexion entre le jeune bulbe et la tige est établie par ce qu'on nomme le pédicule du bulbe. Dans l’Orchis mascula et les plantes analogues, le pédicule du bulbe n’est rien autre chose que le côté de la fossette où naissent les feuilles, côté par où passent les faisceaux qui se portent de la tige dans le bour- geon. Dans les Gymnadenia, c'est une sorte de tige cylindrique extrèmement courte, qui part de la tige-mère et se porte dans le cône chargé de feuilles qui surmonte le tubercule. Il me paraît important de distinguer par un nom spécial la partie du bulbe située au sommet du tubercule et sur laquelle sont insérées les feuilles, je la nommerai plateau du bulbe. Ainsi, je dirai que dans les Orchis le plateau du bulbe est creusé en fossette. | Ceci compris, supposons que le plateau ne se creuse pas ainsi mais prenne un développement très-considérable en un de ses points situé au devant du dos de sa première feuille (1). Par là le bourgeon et le tubercule se trouveront entraînés loin de la tige. C'est la disposition que présentent les bulbes de Platan- thera. (PI. 44, fig. 1, 2.) Enfin, les bulbes d’'Herminium offrent encore une autre (1) Pour distinguer avec précision la position des feuilles et des bourgeons, j'ai dû employer les mots, partie dorsale, partie ventrale de la feuille. Je considère comme dos de la feuille la ligne qui s'étend de la pointe qui termine le limbe jusqu’au point correspondant de l'insertion de la feuille sur la tige, ligne qui est occupée dans la plupart des feuilles par la côte médiane de la feuille. Quand l'insertion de la feuille est circulaire, quand la feuille forme au moins sur sa partie inférieure un tube (gaine) qui entoure complétement la tige, j'admets qu'il existe sur ce tube une ligne ventrale située à l'opposé de la ligne dorsale : c’est à l'extrémité de cette ligne que se rejoignent les bords libres de la feuille, Ia détermination d’une ligne dorsale et d’une ligne veñtralé éntraîné Ja distinction entré la partie droite et la partie gauche de la feuille. 208 ED, PRILLIEUX. forme. Dans ces plantes, le pédicule du bulbe s’allonge beau- coup et emporte le bourgeon avec toutes ses feuilles très-loi de la tige, mais la première feuille se soude au pédicule ‘par sa partie dorsale dans toute sa longueur et porte sa ponte, qui demeure libre, tout près de la tige. (PI. 15, fig. 40.) D'après cela, nous distimnguerons quatre formes de bulbes dans la tribu des Ophrydées. 1° Les bulbes d'Ophrys, etc., où le bourgeon terminal est au fond d’une dépression et la première feuille adossée à la tige; 2° Les bulbes de Gymnadenia chez lesquels les feuilles du bourgeon terminal sont insérées sur un axe saillant ; la première feuille est adossée à la tige ; 8" Les bulbes de Platanthera où le bourgeon terminal forme une faible saillie et où la première feuille a son sommet au- dessus du bourgeon et loin de la tige; L° Les bulbes d'Herminium où la première feuille du bourgeon est soudée par le dos au pédicule très-long du bulbe et a son sommet près de la tige, très-lom du bourgeon. Bulbes d'Ophrys. Pour bien comprendre la structure compliquée de ces organes et en interpréter avec certitude tous les détails, 1l est mdispen- sable d'en étudier la formation. Si l’on observe de trés-bonne heure, vers le commencement du mois de décembre, un bourgeon d’'Orchis mascula qui doit se transformer en bulbe, on voit qu'il présente alors une structure très-simple et qu'il n'offre encore aucune particularité notable. C'est un bourgeon fort ordinaire formé de trois petites feuilles emboîtées les unes dans les autres et portées par une petite masse cellulaire que parcourent des faisceaux vasculaires partis de la tige. La direction de ces faisceaux, qui envoient des rami- fications aux différentes feuilles, permet de reconnaître toujours aisément la direction du rameau. (PI. 15, fig. 4, 2, 8.) Sur le côté externe et inférieur de cet axe naissant, on voit bientôt apparaître, au-dessous de la première feuille, un ma- BULBES DÉS OPHRYDÉES. 269 melon, une tubérosité qui croit rapidement et s organise d'une facon spéciale; c’est le tubercule naissant. On y distingue de bonne heure plusieurs faisceaux vasculaires qui partent tous perpendiculairement des faisceaux de l'axe du bourgeon et parcourent la tubérosité dans sa longueur, mar- chant à peu près parallèlement bien qu'un peu arqués, et se rapprochant vers le bas où ils se perdent dans un tissu en voie de formation. La pointe du jeune tubercule est coiffée par une sorte de disque cellulaire aminci par ses bords et qui se moule sur son extrémité. Il est formé de cellules un peu allongées, dont le grand diamètre est parallèle à la surface du tubercule. C'est un organe pareil à celui qui termine toutes les racines, et que M. Tré- cul a proposé de nommer pileorhize, mot qu'il semble conve- nable de modifier en celui de pilorhize, comme l’a: proposé M. Duchartre. (PI. 16, fig. 4,5.) La tubérosité, coiffée de sa pilorhize, n’est pas directement exposée au dehors; elle est recouverte par une sorte de mem- brane formée de quelques rangées de cellules qui sont en conti- nuité avec celles de la couche externe du reste de la tige là où il n'y a pas de tubercule. En d’autres termes, la tubérosité se forme sur le côté de l'axe du bourgeon dans l’intérieur même de son tissu, c'est-à-dire qu'elle se forme absolument comme toutes les racines de la plante (racines adventives), qui se produisent au-dessous de l'épiderme et qui ne peuvent sortir au dehors qu’en pércant les couches externes de la tige. (PL. 15, fig. 1, 2,3, 15.) En grossissant, le tubercule crève lamince membrane qui l'en- veloppait, et qui longtemps entoure sa base d’une sorte de col- lerette dans laquelle il est impossible de ne pas voir un organe analogue à une coléorhize. Ainsi, tout nous force à assimiler le tubercule à une racine : la formation de l'organe dans l'intérieur des tissus au-dessous d'une coléorhize qu'il crève, son mode de croissance par l’ex- trémité, la présence d’une pilorhize, sont autant de preuves incontestables qui ne sauraient permettre, selon moi, de mécon- naître la nature radicale du tubercule. 70 ED. PRILLIEUX., Pendant que le tubercule se forme et grossit, la partie de l'axe qui porte les feuilles, au lieu de s’allonger, s’aplatit, forme un plateau, puis se creuse en godet. Au moment de la floraison, le nouveau bulbe porte plusieurs feuilles insérées à des hauteurs différentes, les plus âgées au point le plus élevé sur les bords de la dépression, les plus jeunes au fond. Cette disposition est sur- tout très-frappante dans les Orchis fusca et galeata où la dépres- sion est extrêmement profonde. (PI. 1h, fig. 15, 16.) Quand on voit un bulbe à cet âge, on pourrait croire que ce que je regarde comme le bord du plateau très-déprimé n'est rien autre chose que la partie inférieure des deux premières feuilles qui se seraient soudées l’une avec l’autre; mais, quand même on n'a pas suivi le développement du bulbe, on peut en- core reconnaître que ce sentiment est erroné, en considérant la position de la coléorhize qui entoure la base de la racine, la- quelle ne peut être insérée sur une véritable feuille, mais seulement à sa base puisqu'elle est due au tissu extérieur et, si l’on peut ainsi dire, à l'écorce de la tige sous laquelle est né le tubercule. Ce qui pourrait sembler le produit de la soudure de deux feuilles appartient donc en fait à l'axe même qui est fort déprimé et forme une sorte de cupule sur les bords de laquelle est insérée au plus haut point la feuille extérieure, puis au- dessous la deuxième feuille, et ainsi de suite, l'extrémité de l’axe occupant le fond de la dépression. Le plateau du bulbe, ainsi creusé en coupe et qui est de nature caulinaire, est soudé par toute sa base avec le tubercule adventif né sur l'axe du bourgeon et qui est de nature radicale. L'union de ces deux parties forme toute la masse charnue du bulbe. Le tubercule, quand il a atteint son entier développement, est formé d'un tissu cellulaire à éléments assez gros. Les cellules qui le constituent sont peu pressées les unes contre les autres; leurs parois sont minces mais portent des réticulations très-fines et d'une très-grande élégance. Elles contiennent dans leur inté- rieur, les unes des grains de fécule, les autres un épais mucilage. Ces dernières sont beaucoup plus grosses que les précédentes et BULBES DES OPHRYDÉES. 271 sont fort aisées à distinguer sur une coupe où elles forment des points transparents visibles à l'œil nu au milieu d’une couche opaque. C’est sur les parois de ces grandes cellules qu'on observe le plus aisément les fines réticulations qui les couvrent; elles limitent de petites aréoles hexagonales, aux angles desquelles on remarque des ponctuations saillantes à l'endroit où plusieurs lignes se coupent. Ces aréoles simulent assez bien de petites cellules et l’on pourrait au premier abord penser que les parois des grandes cellules sont composées d’une infinité de très-petites cellules; mais, avec un peu d'attention, on reconnaît aisément leur véritable nature. (PI. 16, fig. 6, 7, 8, 11.) Le parenchyme du tubercule est sillonné par de nombreux faisceaux vasculaires qui, partant perpendiculairement du pla- teau, parcourent, en suivant une direction à peu près parallèle, le bulbe dans toute sa longueur. Chacun de ces faisceaux est formé de deux ou trois vaisseaux annelés fort grêles, qu'en- . tourent quelques cellules allongées. (PL. 16, fig, 9, 10.) Quand le bourgeon du bulbe se développe en tige, le contenu des cellules du tubercule est résorbé, la fécule disparaït, les cel- lules se vident, et 1l se forme même, par suite de la destruction d'une parte des cellules, de grandes lacunes qui isolent les uns des autres les faisceaux vasculaires. (PI. 16, fig. 6.) Les résultats que nous fournit l'observation de l’Orchis mas- cula nous auraient aussi bien été offerts par l'étude de l'Orchis galeata ou de l'O. fusca. Ces deux espèces présentent, en outre, pour l'observation, cet avantage que la coléorhize est très- grande, persiste très-longtemps, et est très-facile à observer. L'Orchis maseula a le tubercule presque globuleux ; l'O. fusca, l'O. galeata, ete., le tubercule allongé ovoïde; mais il est d'autres espèces d'Orchis dont les tubercules sont lobés, et se divisent par leur extrémité inférieure en plusieurs digitations très-eflilées : telles sont les O. latifolia et maculata. L'explication des faits que j'ai proposée, en considérant par- ticulièrement l'O. mascula, doit être étendue à toutes. Nous verrons plus tard, en discutant les diverses théories proposées, qu'on à cherché dans l'existence de lobes au tubercule une. 272 ED. PRILLIEUX. preuve à l'appui d’uue hypothèse, qui consiste à regarder Îles tubercules comme formés de paquets de racines. Si l’on observe un bulbe palmé très-jeune, on voit qu'il ne présente pas trace de lobes, et au’il est tout pareil à un bulbe entier. Ce n’est que plus tard que la partition se prononce à sa partie inférieure; ce n'est qu'alors qu'il devient véritablement palmé. Un tel bulbe n’est donc point produit par la soudure d’une foule de racmes unies seulement par leur base et libres par leur extrémité ; 1l a, au fond, la même composition que les autres bulbes d'Orchis; c’est toujours une seule race tubéreuse qui se distingue des autres racines tubéreuses, en ce qu'elle est le siége d'une partition normale dans certames espèces, et qui se produit seulement accidentellement dans d’autres. M. Schacht a très-justement, à mon avis, comparé les tuber- cules palmés des Ophrydées avec les racines courtes, charnues et lobées, que les Cycadées portent à la surface du sol, et qu'il est si facile d'observer dans les serres. Ces racines se divisent par leur extrémité en un nombre plus ou moins grand de lobes ou de digitations, par suite d’une partition qui s’y produit normale- ment (À). Je ne saurais insister sur la structure des tubercules des diverses espèces d'Ophrys (O. myodes, arachnites, apifera, ara- nifera), de ceux des Anacamptis, Aceras, Loroglossum, qui tous ont une structure entièrement semblable à celle des Orchis mascula, morio, galeata, fusca, simia, etc. Pour toutes, la struc- ture et le mode de développement sont les mêmes ; on pourra prendre au hasard une de ces plantes, toutes fournuront des exemples de la disposition que je viens de décrire. Bulbes de Gymnadenia. Les bulbes de Gymnodenia commencent, absolument comme ceux d'Orchis et d'Ophrys, par apparaître sous la forme d’un (4) V. H. Schacht, Beiträge zur Entwickelungsgeschichte der Wurzel, dans l'ou- vrage intitulé : Beiträge z. Anatom. n. Physiol., p.166. BULBES DES OPHRYDÉES. 273 simple bourgeon se produisant à l’aisselle d’une feuille mère, et portant sa première feuille du côté de la tige, c’est-à-dire vis- à-vis de la feuille mère avec laquelle elle alterne. Bientôt sur le côté extérieur de l'axe du bourgeon se forme un petit mamelon qui est le tubercule naissant. De même que dans les Orchis, le tubercule s'organise au-dessous de l’épiderme du rameau, et il est couvert durant les premiers moments de son existence par une membrane formée par les couches cellulaires extérieures de l'axe ; puis en s’allongeant, il déchire, pour faire saillie au dehors, cette sorte de membrane, que nous avons dési- gnée dans les Orchis sous le nom de coléorhize. Celle-ci est plus ou moins visible sur les bulbes âgés ; mais elle est toujours très- aisée à distinguer à l’époque où les bulbes se forment. Le bulbe du Gymnadenia est donc encore constitué par un axe secondaire portant des feuilles, et par une grosse racme qui sort de cet axe, reste tubéreuse, et demeure soudée avec lui par sa large base. Maisil diffère des bulbes d'Orchis, d'Ophrys, ete., en ce que durant sa croissance l’axe ascendant, au lieu de se dilater et de se creuser en godet, comme nous l'avons vu dans ces plantes, s'allonge au contraire, et forme un cône sur lequel la première feuille occupe R place la plus basse. Sous ce rapport, les bulbes de Gymnadenia sont, de tous, ceux dans lesquels la nature des organes qui les constituent est le plus aisée à démêler, l'axe y conservant toujours la forme allongée et saillante qu'il présente d'ordinaire dans les plantes, Le tubercule n'offre pas la même simplicité. Dans tous les Gymnadenia que j'ai observés (G. viridis, conopsea, odoratis- sima, albida), les tubercules sont divisés. Dans le G. albida, la partition est tellement profonde, que les digitations du tuber- cule ont été considérées comme des racines fasciculées. Tous les détails de structure anatomique donnés à propos des bulbes d'Orchis et d'Ophrys sont applicables à ceux de Gymna- denia; le mode de formation des tubercules est le même que pour les Orchis à bulbes palmés ; je ne crois donc pas nécessaire de répéter tout ce que j'ai dit précédemment à ce sujet. 5° série, Bor. T, IV. (Cahier n° 5.) 2 18 271 ED. PRILLIEUX. Bulbes de Platanthera. Les premières formes que présente un bulbe de Platanthera sont encore semblables à celles des bulbes des deux types précé- dents. Sur le côté d’un bourgeon qui n'offre d'abord rien de particulier, on voit apparaître une grosse racine charnue cou- verte par une coléorhize semblable à celle des Orchis et des Gymnadenia. Mais, quand le bulbe grandit, la portion de l'axe qui porte les feuilles ne se creuse pas comme dans l'Orchis, ne s’allonge pas de manière à faire une longue sallie conique comme dans le Gymnadenia ; elle forme un plateau qui croit d’une facon toute spéciale. (PI. 45, fig. 4.) Supposons le bourgeon réduit à deux feuilles. Dans le prin- cipe, l'insertion de la première feuille sur le plateau du bulbe est circulaire comme celle de la seconde , les deux feuilles sont très- rapprochées de la tige de laquelle naît le jeune bulbe, et, de même que dans toutes les autres Ophrydées, la première a le dos tourné vers la tige mère. À mesure que le bulbe grossit, l'accroissement du plateau devient- fort irrégulier. La partie située entre l'insertion de la régiou dorsale de la première feuille et le côté de l'insertion ventrale de la seconde grandit, s'étend beaucoup plus que tous les autres points du plateau. Par suite, la deuxième feuille et le bourgeon tout entier qu’elle enveloppe sont éloignés du Jieu d'insertion de la première feuille dont la base demeure près de la tige. La première feuille se trouve ainsi tres-distendue, car elle ne se déchire pas, et enveloppe toujours la deuxième feuille; la base de sa parte ventrale est emportée bien loin de celle de sa partie dorsale, Alors l'insertion de la pre- mière feuille ne forme plus une circonférence, elle se transforme en une figure elliptique. Le sommet de la prenuère feuille demeure au-dessus de la seconde feuille et du bourgeon ; sa pointe se trouve ainsi tirée beaucoup en avant de sa base, et par suite son dos très-incliné forme une voûte au-dessus de la partie du plateau qui s’est allongée. Il se produit donc une sorte de canal qui s'étend sur la partie supérieure du bulbe depuis le bourgeon jusqu’à la tige BULBES DES OPHRYDÉES,. 275 mère, et dont le fond est formé par le plateau et les autres parois par la face interne de la partie dorsale de la première feuille du bourgeon. Le tubercule naît au-dessous de la partie du plateau qui porte le bourgeon ; il est, dans les Platanthera chlorantha et bifolia, entier, allongé, et terminé imférieurement en pointe. La parti- tion de ces buJbes en deux par leur extrémité n'est pas un phé- nomène rare; c'est mcontestablement une anomalie, mais une anomalie commune dans ces deux espèces. La partie du plateau qui n'est pas soudée avec la base du tubereule constitue le pédicale du bulbe; c'est ce pédieule qui est recouvert comme d'un toit par la partie postérieure de la pre- miere feuille du bourgeon. Bulbe de l’'Herminium. Le bulbe de l'Herminium apparaît d'abord eomme tous les autres sous la forme d'un petit bourgeon axillaire, dont la pre- mière feuille est adossée contre la tige mère ; puis, tandis qu'un jeune tubercule se produit à la façon ordinaire, sur le côté opposé du Jeune bourgeon, un peu au-dessous de l'insertion de la pre- mière feuille, sa base s’allonge beaucoup, de façon à former ra- pidement un long pédieule. Ce n'est pas ici, comme dans le Platanthera, la partie de l'axe située entre la prenuère et la deuxième feuille, mais la portion est siluée au-dessous de la première feuille qui prend un développement considérable, et forme le pédicule. (PL. 15, fig. 5, 6.) On pourrait penser d’après cela qu'il ne doit pas y avoir de canal au-dessus du pédicule du bulbe de l’Æerminium ; 11 y en a un cependant, mais il est formé d’une autre façon que dans le Platanthera. Pendant que l’axe du bourgeon s’allonge beaucoup par sa parie inférieure et emporte la base de ia première feuille, celle-ci demeure soudée par le dos avec le pédicule, et sa pointe resle à peu près au point où elle s'est montrée dès le principe, c'est-à-dire près de la tige. La pointe de la première feuille n'est 976 ED. PRILLIEUX. donc plus, comme dans le Platanthera, située au-dessus du bourgeon qui a été entraîné par l'allongement du pédicule très- loin de la tige mère. On comprend, dès lors, que le canal qui parcourt la partie supérieure du pédicule est limité du côté extérieur ou supérieur, non par la partie dorsale de la première feuille, comme dans le Platanthera, mais par sa partie ventrale. Si l’on fait une coupe longitudinale du pédicule de l’Hermi- nium, on y voit fort bien au centre un faisceau ou plutôt un petit cercle de faisceaux fibro-vasculaires qui partent de la tige mère, traversent le pédicule dans toute sa longueur et se portent au bourgeon qui le termme; c’est le système ligneux du rhi- zome. À côté, on aperçoit un petit faisceau unique qui a une direction inverse, qui se détache du paquet de faisceaux de l'axe près de son extrémité et remonte le long du pédicule à peu près parallèlement à ceux-ci jusqu'à la pointe de la première feuille. C'est la nervure de la feuille. (PI. 15, fig. 10, 14, 12.) Le point où elle émane du paquet de faisceaux vasculaires de l'axe montre exactement le lieu d'origine de la feuille et prouve que celle-ci est insérée réellement, non pas, comme 1l semble au premier abord, auprès de la tige mère, mais à l’autre bout du pédicule avec lequel elle est soudée par le dos dans toute sa longueur. Une coupe transversale du pédicule montre aussi fort bien la disposition des parties. (PI. 15, fig. 9.) Au centre, on voit les faisceaux fibro-vasculaires de l’axe; puis, sur un des côtés, celui qui regarde le haut, un canal, et au-dessous un mince faisceau. Le canal est formé par la gaîne de la première feuille ; le petit faisceau, situé entre le canal et le faisceau central, en est la nervure. Le petit canal du pédicule de l’'Herminium diffère donc de celui du Platanthera en ce qu'il est limité de tous côtés par la première feuille, tandis que celui du Platanthera est bordé à la fois par la feuille et la tige; la première formant la partie supé- rieure du canal dont le fond n’est autre chose que la tige elle- même. De plus, comme Je l'ai indiqué plus haut, c’est la partie ventrale de la feuille qui forme la paroi supérieure du canal BULBES DES OPHRYDÉES. 277 dans l’Herminium; c'est la partie dorsale dans le Platan- thera. A l'extrémité du pédicule se forme au-dessous du bourgeon, comme dans les autres Ophrydées,.une racine adventive qui crève le tissu de l’axe et se renfle en tubercule. Les figures que je donne montrent bien, ce me semble, et la coléorhize formée par les tissus déchirés par la racine naissante, et la pilorhize qui coiffe l'extrémité de ce qui sera bientôt un tubercule. La structure anatomique de tous les tubercules d'Ophrydées, à quelque type qu'ils se rapportent, est toujours la même; c’est toujours, à l'état parfait, une masse celluleuse traversée par des faisceaux vasculaires un peu courbés en dedans, qui partent de ce que j'ai nommé le plateau du bulbe et viennent se joindre à l'extrémité inférieure du tubercule. Ces faisceaux sont formés de quelques vaisseaux annelés qu'entourent des cellules très- allongées. (PI. 16, fig. 9, 10.) Quant au parenchyme, 1l est composé de cellules d’inégale grandeur, les unes (les plus grosses) contenant seulement du muei- lage, tandis que les autres sont remplies de fécule. (PL. 16, fig. 7.) L'étude de la formation des tubercules nous à montré que toujours 1ls naissent comme des racines, l'examen de ces organes prouve qu'ils s’allongent aussi comme des racines par leur extrémité. Leur structure peut-elle être un obstacle à les regar- der comme tels? Beaucoup l'ont pensé, 1l me semble cependant qu'il n'en est rien. Une racme d'Ophrydée porte au milieu du parenchyme un anneau formé de six à dix faisceaux vasculaires et au centre une moelle. (PI. 46, fig. 1,2, 3.) Supposons les faisceaux dissociés par l'accroissement extraordinaire du tissu cellulaire, nous aurons u cercle de faisceaux isolés au milieu du parenchyme. Pour avoir la structure du tubercule telle que l’observation directe nous la montre, ilne faut plus que supposer que les faisceaux se sont mul- tiphés pendant que le parenchyme a pris un accroissement exces- sif, Et ainsi nous sommes amené à reconnaitre que s'il y a des différences, il y à aussi de réelles analogies entre la structure ana- tomique des tubereules et celle des racines filiformes des Ophry- 978 ED, PRILLIEUX, dées, qui ne s’écartent peut-être pas tant lés üiis des autrés, sous ce rapport, que les tubercules et les rameaux de pomme de terre que nul cependant ne songe aujourd’hui à considérer comme des organes différents. Les bulbes d'Ophrydées sont toujours produits par le déve- loppement dé bourgeons axillaires. J'ai dit plus haut, en parlant de l’Orchis mascula, que, dans cette plante, le jeuné bulbe naît à l’aisselle de la cinquième feuille de la tige mère. Cette position m'a paru constante ; Je l’ai retrouvée la même dans les Gymna- denia, Orchis, Ophrys, ete. C'est là la disposition ordinaire: 1 résulte de ce fait que ces plantes ne changent point de place. En effet, la première feuille à le dos tourné du côté de la plante mère; en supposant la disposition des feuilles alterne-distique, la cinquième feuille est au-dessus de la première, c’est-à-dire du côté de la plante mère. Appelons celle-ci plante dé première année; au moment où elle se termine par une mflorescence, elle porte à l’aisselle de sa cinquième feuille le jeune bulbe qui est la plante de deuxième année. À l'automne, la plante de pre- mière année se détruit; celle de deuxième année commence à pousser ; à l’aisselle de sa cinquième feuille, elle porte un bour- géon qui va se renfler et produire un bulbe; ce séra la plante de troisième année. La cinquième feuille de la plante de deuxième année ayant son dos tourné vers la planté de prémière année, il est clair que le bulbe né à son aisselle occupera la même place, et que la plante de troisième année se développera dans le lieu où était celle de première année ; de même celle de quatrième année à la place de celle de deuxième année ét aitisi de suite, de telle façon que la plante faisant alternativement chaque année un pas en avant, puis un en arrière, deineure toujours au même endroit. Telle est la disposition normale. Mais la cinquième feuille n’est pas la seule à l’aisselle de laquelle 1l y ait un bourgeon; on en voit à la quatrième et à la troisième le plus souvent. Ces bourgeons inférieurs ne se développent pas normalement dans les espèces que j'ai observées, mais cela peut arriver acciden- tellement, surtout quand la hampe à été brisée, et alors au lieu BULBES DES OPHRYDÉES. 279 d’un seul jeune bulbe, on peut en trouver plusieurs (4). J'en ai vu de nombreux exemples dans l’'Herminium monorchis ; M. Rei- chenbach (2) a observé le même phénomène dans l'Orchis mo- rio, Ophrys bombylifera, le Serapias lingua; M. Germain de Saint-Pierre (3) dans l'Orchis galeata, l'O. simia et le Loro- glossum hircinum. Quand cela a lieu la plante ne se reproduit pas seulement, comme d'ordinaire, elle se muliplie à l’aide de ses organes de végétation et un de ses jeunes bulbes va former un pied nouveau. Les Ophrydées présentent quelques différences quant à la marche de leur végétation. Dans le plus grand nombre d’entre elles, dans les Orchis, Ophrys, Loroglossum, ete, le Jeune bulbe apparaît à l'automne ou au commencement de l'hiver, c'est- à-dire plusieurs mois avant la floraison de la tige qui le porte. Dans l’Æ/erminium monorchis, il n'en est pas ainsi; le jeune bulbe se forme dans l'été à l’époque même de la floraison de la plante mère. Il est, si on le compare à celui des autres Ophry- dées, en retard de plusieurs mois; ainsi, tandis qu'au moment de la floraison on trouve en général, à la base de ces plantes, deux bulbes, le plus jeune étant déjà âgé d'environ six mois; on n'en voit qu un à la base de la tige de l'Herminium, qu'on a appelé à cause de cette particularité H. monorchis, absolument comme on n'en voit qu'un dans un Platanthera, un Orchis ou Ophrys que l'on déracine vers la fin du mois de novembre. Les bulbes des Ophrydées ont attiré l’aitention de bien des botanistes, et l'interprétation qu’on a donné de la nature de ces organes à bien des fois varié. La plupart des auteurs de traités généraux d’organographie ont dû parler des bulbes d'Ophrydées; ils l'ont fait ordinaire- ment tres-sommairement. (1) M. Regel a proposé de mettre à profit cette observation et de briser les tiges florifères pour amener la formation de plusieurs bulbes (Jovrn. Soc. hort., 1. 11, 4856, p. 155). (2) Reichenbach, Orchid, Europ., p. 17. (3) Germain de Saint-Pierre, Recherches sur la nature du faux bulbe des Ophrydées Bulletin de la Société botanique, t. HW, p. 658). … 2860 ED, PRILLIEUX, C'est ainsi que De Candolle (1), M. Lindley (2), Adr. de Jus- sieu (3), Aug. Saint-Hilaire (4), ont considéré ces organes comme des racines renflées auxquelles ils donnent le nom de tubercule, mais sans indiquer la relation de cette racine tubéreuse avec le bourgeon ou la tige qui semble être en continuité avec elle, aucun d'eux n’a cherché à établir si le bourgeon naît ou non du tubercule. | M. Schleiden (5) a proposé une théorie entièrement diffé- rente. Selon lui, un bulbe d'Ophrydée n’est rien autre chose qu'un rameau très-dilaté un peu au-dessus de son point d’in- sertion et terminé comme d'ordinaire par un bourgeon; c’est une éminence tantôt simple, tantôt lobée, qui ne saurait être assimilée à une racme; elle est due à ce que le parenchyme de l'axe du bourgeon situé immédiatement au-dessus de sa base se gonfle seulement d'un côté; de l’autre côté, la pression de la tige ne permettant pas un pareil développement. Ach. Richard (6), en assimilant les tubercules des Ophrydées, comme ceux de la Pomme de terre, à « des rameaux de la souche », M. D. Clos (7), en les considérant comme dus à un commencement aphylle de rameau très-dilaté, me semblent par- tager tout à fait l'opinion de M. Schleiden. Cette façon de voir me paraît incompatible tout à la fois avec la présence incontestable d’une coléorhize à la base du tuber- cule et avec l'existence d’une pilorhize à son sommet. Tous ces faits demeurent inexplicables si l’on regarde les tubercules comme dus à la dilatation latérale de l'axe du bourgeon. M. Morren (8) a considéré avec C. Sprengel (Linnæi phil. bot.) le bulbe des Ophrydées comme un bourgeon souterrain propre à ces plantes vivaces, et destiné à conserver les rudiments (1) De Candolle, Organogr. vég.. t. I, p. 254. (2) Lindley, Zntrod. to Botany, p. 87, 2° édit. (3) Adr. de Jussieu, Élem., p. 100, 1'e édit. (4) Aug. Saint-Hilaire, Morphol., p. 124. (5) Schleiden, Grundzüge der wissenschaftl. Bot., 2° part., p. 217, 8° édit. (6) Ach. Richard, Nouv. élém. de bot., p. 97, 7° édit. (7) D. Clos, Du collet dans les plantes (Ann. des sc. nat., 3° série, t. XUIT, p. 13), (8) Morren, Disquisitio de Orchide lalifolia, 1827. BULBES DES OPHRYDÉES. 281 de la tige. Il n'y reconnait pas par conséquent une nature radi- cale, et cependant il prouve, par une expérience qu'il rapporte, que le tubercule absorbe l’eau comme une racine. A côté de l'opinion de M. Morren, peu éloignée au fond de celle de MM. Schleiden, Richard et Clos, 1l convient de citer celle de Tristan (4) qui étudia avec beaucoup de som la formation des bulbes d'Ophrydées. Il montra qu’ils sont produits « par la base charnue d’une gemme ». Quelle est la nature de cette base charnue de la gemme? Est-elle due à un gonflement de la tige, est-elle une racine? De Tristan se borne à comparer la gemme à base renflée à un embryon macropode. Il résulte, ce me semble, de là que, pour Tristan, le tubercule est bien analogue à une racine, mais non à une racine adventive. Il est vrai que cela est assez difficile à comprendre si l’on regarde, avec la plupart des observateurs, le bourgeon comme un rameau naissant de la plante de l’année précédente; mais ce n’était pas là l'idée que s'en faisait Tristan, 1l cherche au contraire, dans son mémoire, à assimiler le bourgeon, la gemme, à un végétal nouveau ayant une tigelle et une radicule tout à fait comme un embryon pro- duit dans une graine. C'est cet axe primaire descendant de l'embryon gemmaire qui, selon lui, forme le tubercule des Ophrydées. J'ai montré plus haut que le tubercule se forme à la façon d'une racine adventive, contrairement à l'opinion de Tristan, sinon contrairement à ses observations. Tristan, en effet, tout en affirmant que « le bulbe ne fait que s’accroître sans déchirer aucune membrane particulière à la gemme » remarque très-bien à la base de la gemme «un trait qui semble séparer d’elle une membrane qui serait comme une enveloppe », c’est en réalité la coléorhize non encore déchirée qu’il a vue le premier, mais qu'il a méconnue. M. Schacht (2) a reproduit, ce me semble, la même théorie sans y ajouter de nouvelle clarté. Selon lui, «le bourgeon des (1) De Tristan, Hist. des développements de quelques gemmes bulbifères ( Mét, du Muséum d'hist. nat., t. X), (2) H, Schacht, Pflanzenzelle, p. 324. 1852 2892 ED. PRILLIEUX. Ophrydées se distingue de tous les autres bourgeons en te qu'il croît par les deux extrémités comme l'embryon des phanéro- games. Sa partié Supérieure est formée par un bourgeon ter- minal sous lequel est un tissu qui correspond à la tigelle et d’où sortent les racines et les faisceaux vasculaires qui se portent dans le bulbe. L’extrémité opposée correspond à la partie radi- culaire de l’embfyon, mais il ne s’y forme jamais de racine; les faisceaux vasculaires du corps de l'embryon se perdent dans le tissu naissaht de cette extrémité. Cette explication me parait manquer tout à fait de nétteté, et j'avoue ne pas comprendre quelle idée se formait M. Schacht du tubercule d’une Ophrydée, à l'époque où 11 publiait son im: portant ouvrage. Du reste, il me semble inutile d’insister sur cette opinion que M. Schacht a abandonnée depüis pour en pro- poser une tiouvelle que j’exposerai plus bas. M. German de Saint-Pierre a présenté, touchant là nature des tubercules des Ophrydées, une hypothèse nouvelle (4). A ses yeux, ces organes sont très-complexes; 1ls sont formés par la soudure d’un rameau, d’un paquet de racines et dé plusieurs feuilles. Il admet que l’axé du bourgeon à une tendance à se dévelop- per de haut en bas; qu’il presse contre ses feuilles inférieures et ÿ décide la formation d’un éperon, sorte de dilatation dé la feuille ou de sac dans lequel il entre. Le pédicule du bulbe est ainsi formé d'un éperon ou de plusieurs éperons emboîtés et soudés, lé long de la paroi intérieure desquels rampe l'axe. Vers l’extrémité de cét axe, au-dessous du bourgeon qui le términe, se produisent des racines qui, naissant dans l’intérieur du sac formé par les éperons et où est renfermé l’axé, demeurent ser= rés les uns contre les autres et sé soudent en uné seule masse: Un bulbe d’Ophrydée est donc formé, selon M: Gérmain de Saint-Pierre, d’une poche produite par la dilatation dé plusieurs feuilles soudées et à l’intérieur dé laquelle se trouvént, à là partie supérieure, l'axe et le bourgeon, à la partie inférieure, (4) Germain de Saint-Pierre, Recherches sur la nature du faux bulbe des Ophrydéés (Bull. Soc. bot, &. TE, p. 658). BULBES DES OPHRYDÉES. 283 de nombreusés racines confondues en un seul corps qui est ce que j'ai nommé le tubercule. Cette explication me parait incompatible avec les faits précé- demment exposés sur là formation du bulbe des Ophrydées. Si M. Germain de Saint-Pierre avait reconnu l'existence et la na- ture de la coléorhize au dessous de laquelle se forme le tuber: cule, il n'aurait pas pu supposer qu'il est entouré par l’éperon d'une feuille. La présence de la coléorhize, qu'il a méconnu, me paraît renverser toute sa théorie ; mais l'examen anatomique seul du tubercule aurait dû l'arrêter, car ce qu'il considère comme une feuille à toujours l'aspect de la couche extérieure d’une racine. Non-seulement, on n'y trouve jamais de stomates, mais toute sa surface est couverte de papilles (poils radicaux) comme les racines. En somme, ce que j'ai dit sur la structure, et surtout sur la formation des bulbes d'Ophrydées, me paraît ne pouvoir s’accorder avec la théorie de M. Germain de Saint- Pierre. | Les travaux les plus complets, les plus exacts qui aient été publiés sur la nature des bulbes d’Ophrydées sont dus à M. Ir- misch (1). L’explication que J'ai donnée plus haut de ces organes à été clairement exposée dès 1850 par l’habile observateur allemand. En ce qui touche l'interprétation des bulbes d'Ophrydées en général, mes observations n’ont fait que confirmer ce qu'il avait avancé. Seulement, je ne saurais admettre que les tuber- cules des Ophrydées soient jamais composés de plusieurs racines soudées, comme M. Thilo Irmisch est disposé à le croire. Le mode de formation du tubercule très-divisé de l'Orchis latifolia, de l'O. maculata et des Gymnadenia me paraît contraire à cette interprétation. C'est toujours, en effet, sous la forme d’un ma- melon unique qu'il apparaît, et il me semble impossible d’ac- corder que plusieurs racines naissent ainsi tellement soudées qu'on ne peut, au moment de leur formation, reconnaitre plu- sieurs éléments. Ce n’est que plus tard, et quand le mamelon (4) Th. Irmisch, Zur Morphol. der Knollen und Zwiebelgewächse, 4850, p.129 et ss, ; Beiträge z. Biol. und Morphol. der Orchideen, (1853). 281 ED. PRILLIEUX. assez gros à pris un certain développement sans se diviser, qu'on voit plusieurs pointes se former à son extrémité. Il me paraît donc tout à fait conforme à l'observation d'admettre que les tubercules palmés sont formés par la partition d’une racine tubéreuse primitivement simple, et non par la soudure plus ou moins complète de plusieurs fibres radicales. Je crois avoir montré plus haut que la structure anatomique de ces parties ne dément pas l'explication que doit, ce me semble, inspirer l’ob- servation de la naissance de ces organes. | L'interprétation que donne M. Thilo Irnusch du bulbe de l'Herminium me paraît aussi devoir être légèrement modifiée. Il n’a pas vu la nervure qui s'étend de l'extrémité du pédicule jusqu’à la pointe de la première feuille et a, par suite de cela, donné, des parties qui limitent le petit canal du pédicule, une explication différente de celle que j'ai proposée. Comme il n’a pas distingué l'insertion apparente de la première feuille de son insertion réelle, 1l a admis que le fond du petit canal qu'il a fort bien vu est formé, non par la face interne de la partie dorsale de la feuille soudée au pédicule, mais par le pédicule lui-même, c'est-à-dire par l'axe du bourgeon. Depuis la publication des excellents travaux de M. Thilo Irmisch, plusieurs ouvrages ont paru sur le même sujet. Link (1), dans un Æssai d'anatomie comparée des Orchidées, n'a fait que confirmer en peu de mots l'opinion de M. Irmisch, sans présenter aucune observation nouvelle et en reproduisant seulement, d'une manière très-formelle, l'hypothèse de la sou- dure de nombreuses racines dont l’ensemble formerait le tuber- cule. Link avait bien vu cependant que chaque racine est par- courue, non point par un seul faisceau vasculaire, mais par un cercle de faisceaux, tandis que chacun des faisceaux du tuber- cule qu'il assimile à une racine est simple et n'offre pas la dis- position du système vasculaire d’une racme fibreuse ordinaire; aussi a-t-il été obligé d'admettre que chacune des racines élé- mentaires qui se soudent est mal développée. Cette théorie peu (4) Link, Abhand!. der Acad, der Wiss. Berlin, 1849-1851, t, XXXVII. BULBES DES OPHRYDÉES. 285 vraisemblable, si l’on ne considère, comme a fait Link, que les organes adultes, me paraît, je le répète, inconciliable avec les faits fournis par l'étude de leur développement. M. Schacht (1), renonçant dans ces derniers temps à sa première manière de voir touchant les bulbes des Ophry- dées, a proposé sur ce sujet- une nouvelle et très-singulière théorie. Il admet que de la tige naît, à l’aisselle des feuilles, non pas seulement un bourgeon, mais de plus une racine adventive qui se produit immédiatement au-dessous du bourgeon. Ces deux organes, placés très-près l'un de l’autre, se soudent dès le mo- ment où ils apparaissent. Par suite de l'allongement rapide de la base de cette racine, le bourgeon est arraché de l’aisselle de la feuille où il s'était développé et porté très-loin de ce lieu, dans cerlaines espèces et en particulier dans l’Herminium monorchis, dont la structure a été spécialement considérée par M. Schacht dans son travail. Dans cette plante, le long pédicule du bulbe est ainsi consi- déré, par l’ingénieux et savant botaniste allemand, comme une racine à l'extrémité de laquelle se trouve le bourgeon bien éloi- oné de la position primitive où est restée sa première feuille. Le canal qui s'étend à la partie supérieure du pédicule est formé, selon lui, d'un côté par la feuille dont la base s’est allongée, de l’autre par la racime; quant au tubercule, c’est le bout de la racine qui s’est gonflé au-dessous du bourgeon. Toutes les autres Ophrydées ont une structure analogue à celle de l’Herminium; c'est toujours une racine, née de la tige au-dessous du bourgeon, qui se soude avec celui-ci et l’entraîne plus ou moins loin de la plante mère, puis se renfle à son extré- mité de facon à produire un tubercule, Je crois que l'étude de la formation du tubercule, telle que je l'ai exposée ci-dessus, montre assez clairement que la racine qui se renfle en tubercule naît de l'axe du bourgeon, et non de la tige, comme le suppose M. Schacht, mais l'observation de la (4) Schacht, Beilräge z, Anat. u. Physiol., p. 136 et ss. 286 ED. PRILLIEUX, structure anatomique du bulbe fournit encore d’autres preuves du peu de fondement de la théorie proposée. Si le tubercule était une racine naissant de la tige mère, s’il était le prolongement du pédicule, les faisceaux de ce tuber- cule devraient aussi être la continuation de ceux du pédicule; or, il n’en est pas du tout ainsi : les faisceaux du pédicule se portent au bourgeon et envoient des nervures aux feuilles, tandis qu’au-dessous du bourgeon, en un point que l’on peut nommer le plateau du bulbe, naït une gerbe de faisceaux dont la direc- tion est perpendiculaire à celle du pédicule et qui traversent à peu près parallèlement toute la longueur du tubercule. Ainsi, même sur un bulbe adulte, l'insertion du tubercule sur le rhizome, sur l'axe que termine le bourgeon (pédicule et plateau), se montre, d'une manière, ce me semble, incontes- table, contrairement à la théorie de M. Schacht. De plus, même extérieurement, le pédicule ne présente pas le caractère d’une racme. Les racines sont couvertes de papilles, la surface du pédicule est lisse. Enfin, un dernier fait que j'ai observé précisément sur l’Herminium monorchis ne peut laisser aucun doute : le pédicule porte des stomates. Il ne me paraît pas possible d’assimiler à une racme un organe couvert de sto- mates. C’est une nouvelle preuve du peu de fondement de la théorie proposée par M. Schacht. M. Fabre a, dans une thèse sur la structure du tubercule de l'Himantoglossum hircinum, reproduit avec quelques modifica- tions la théorie de M. Schleiden. Il a considéré le tubercule comme un renflement latéral de l’axe du bourgeon. 1 a bien vu cependant la coléorhize, seule- ment il n’en a pas reconnu la véritable nature ; il l'a considérée comme formée par la base de la première feuille du bourgeon, première feuille qui, selon lui, naïtrait de l'axe au-dessous du tubercule et se souderait à la deuxième au-dessus de celui-ci, au point où, selon moi, cette première feuille est insérée réellement, sur l’axe. Ce ne serait pas le tissu de l'axe, mais la base de la premiere feuille que le tubercule déchirerait pour se montrer au dehors. BULBES DES OPHRYDÉES. 287 La même opinion avait été déjà antérieurement soutenue par M. Aimé Henry dans un intéressant travail (4) où 1l avait cherché à établir que le tubercule des Ophrydées est formé par la base renflée d’un bourgeon enveloppé dans sa première feuille. M. T. Jrmisch avait combattu cette manière de voir que M. Fabre a reproduite daïis sa thèse, mais qu'il a abandonnée depuis, du moins en partie. — Dans son dernier travail sur ce sujet (2), il admet que le tubercule se forme dans l'mtérieur des tissus, au- dessous de l'épiderme de la petite tige qu'il déchire en se déve- loppant, mais il persiste à le regarder comme formé, non par une racine, mais par un entrenœud renflé. « Les tubercules d'Ophrydées, dit-il, résultent d’un noyau évulsé de la partie centrale et terminale d'un axe; la couche qui revêt ce noyau est la partie de l'axe éliminée de cette formation, c’est elle qui, sous la pression du noyau se rompt et forme la gaîne qu’on trouve à la base du pédicelle. Ce noyau ne peut, à cause de son origine, avoir rien de commun avec des racines. » Je ne partage pas du tout cette opinion, et c’est à cause pré- cisément de son origine que je pense que ce noyau doit être assimilé à une racine. Il y a lieu de s'étonner que M. Fabre n'ait pas songé que les racines adventives se forment dans l’in- térieur des tissus qu'elles rompent pour se montrer au dehors, et qu'il ait proposé la singulière hypothèse que je viens de rap- porter, et d’après laquelle la partie intérieure d’un axe prenant un développement anormal ferait pour ainsi dire hernie à travers ses couches extérieures. Les considérations anatomiques exposées précédemment, et en particulier l'existence d’une pilorhize à l'extrémité du tuber- cule, fournissent, ce me semble, des preuves irrécusables et tout à fait contraires à l'interprétation proposée par M. Fabre. C’est ce qu'a du reste démontré déjà M. Caruel (3) dans une note pu- (4) Etwas über Knospen mit knolliger Basis, Verh. d, N. Ver. Jahr. VW, p. 45 et s, (2) De lu germination des Ophrydées et de la nature de leurs tubercules (Ann. sc. nel... 1V° série, &. Y}. (3) De la nature el du mode de formation des racines tubéreuses des Orchidées (Bull. Soc, bot., L. IE, p. 162). 288 ED, PRILLIEL X. bliée dans le Bulletin de la Société botanique de France à l'occasion des travaux de M. Fabre et de M. Germain de Saint-Pierre, et où 1l a fort bien établi que le tubercule des Ophrydées est une racine adventive, tout en se ralliant d’une façon générale à la manière de voir de M. Irmisch. Abordant à mon tour, après tant d’observateu’s, un sujet aussi controversé et sur lequel on avait proposé toutes les hypothèses imaginables, je ne pouvais avoir à créer une théorie nouvelle, mais seulement à démèêler les vérités d'avec les fausses interpré- tations, en observant moi-même tous les faits avant de les admettre pour vrais. C’est ce que j'ai fait, et je suis arrivé ainsi à reconnaitre presque toujours la parfaite exactitude des obser- vations de M. Thilo Irmisch et à admettre, à quelques exceptions près, les explications qu'il en a données. Aussi, malgré le doute qui semble régner encore dans l'esprit de beaucoup de botanistes touchant l'interprétation générale des faits, la nature des bulbes d'Ophrydées me paraît cependant clairement et je dirais volon- tiers complétement démontrée. S'il reste encore matière à de nombreuses observations, c’est moins sur la nature des diverses parties des bulbes que sur leur structure particulière et com- parée dans les différentes espèces. J'ai cherché à attirer l’atten- tion sur ce dernier point; je crois qu'on ne saurait trop engager les observateurs, qui auront à leur disposition des plantes diffé- rentes de celles qui ont été examinées jusqu'ici, à les étudier à ce point de vue. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE A4, Fig. 1 et 2. Bulbes de Platanthera bifolia. Fig. 3 et 4. Bulbes de Gymnadenia conopsea. Fig. 5 et 6. Bulbes de Gymnadenia viridis. Fig. 7. Bulbe de Loroglossum hircinum peu avancé. Fig. 8 et 9. Bulbes de Loroglossum hircinum plus àgés. Fig. 10 et 11. Bulbes d'Ophrys arachnites. Fig. Fig. Fig. BULBES DES OPHRYDÉES. 289 . 12 et 13. Bulbes d'Ophrys apifera. . 44. Bulbe d'Orchus fusca. . 45 et 16. Bulbes d'Orchis galeata. . 47. Bulbe d’Orchis galeata jeune. PLANCHE 15, ge. 4 et 2. Très-jeunes bulbes d’Orchis mascula. 3. Jeune bulbe de Platanthera bifolia. 4, 5 et 6. Jeune bulbe d'Herminium monorchis. 7. Coupe transversale du faisceau central du pédicule du bulbe de l’Herminium monorchis. Fig. 8. Epiderme et stomates pris sur le pédicule du bulbe de l'Herminium monor- chis, Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. . 9. Coupe transversale du pédicule du bulbe de l’Herminium monorchis. s. 40. Coupe longitudinale du pédicule d’un jeune bulbe d'Herminium monorchis. . 41 et 12. Les mêmes parties plus grossies. +. 482vPetit faisceau du pédicule (nervure de la feuille). g. 14. Gros faisceau du pédicule. g. 145. Jeune bulbe d'Orchis mascula (grossi). . 146 et 17. Bulbes d'Orchis mascula. PLANCHE 16. . Coupe transversale grossie, d’une racine d'Orchis mascula. . Coupe longitudinale d’une racine d’Orchis mascula. . Vaisseaux d’une racine d’Orchis mascula. . Même partie plus grossie montrant les cellules de la pilorhize. 1 2 3 . 4, Extrémité inférieure d’un tubercule d’Orchis mascula. 5 6 . Coupe transversale d’un tubercule âgé. 7. Coupe plus grossie d’un tubercule montrant la disposition des cellules conte- nant la fécule. 8. Coupe d’un tubercule âgé faiblement grossi. 9 et 10. Faisceaux d’un bulbe âgé d’Orchis mascula. 41, Paroi réticulée des cellules vue sur un tubercule de salep, 12. Racine de Platanthera bifolia. 5° série, Box, T. IV, (Cahier n° 5.)3 19 NOTE SUR LE PTYCHOGASTER ALBUS, Coss. Par M. R. L. TULASNE. Pendant que nous étions occupés de la rédaction de notre Selecta Fungorum Carpologia, M. le capitaine Gustave Otth, membre de la Société des naturalistes de Berne, a eu l’obligeance de nous communiquer deux collections intéressantes de Cham- pignons de la Suisse (1), parmi lesquels se sont trouvés des exemplaires du Péychogaster albus de Corda. Cette plante, pa- rait-1l, aurait été observée pour la première fois par le célèbre mycologue de Prague, qui en fit le type d'un genre nouveau caractérisé en ces termes : « Sératus primarius refert. massam sarnosam, siccam, extus intusque homogenam. Peridium crassum, carnosum, substipilatum, intus lamelloso-cellulosum, stratosum ; strala irregularia, ferhilia sterilibus mixta. Cellulæ e floccis con- glutinahs compositæ, simplices, flexuosæ. — Sporæ simplices, acrogenæ, primum floccis innalæ, dein irregulariter inspersæ. » Depuis la publication du tome IT (1838) des Zcones Fungorum, où se trouve cette description (p. 23 et 24), 1l ne semble pas que jusqu’en ces derniers temps le Péychogaster se soit rencontré de nouveau sur les pas d’un mycologue; mais quelque temps après que M. Otth nous l'eût envoyé, M. Rabenhorst en distribua de beaux spécimens recueillis dans les forêts de Sapins de la Saxe, les uns près de Chemnitz, les autres dans les environs de (4) Nous avons fait mention de plusieurs de ces Champignons dans le tome second de notre Selecta Fungorum Carpologia; d’autres sont énumérés dans les listes que M. Otth a publiées des Fungi de la Suisse pour faire suite aux travaux sur la flore my- cologique de cette contrée, dus au regrettable M. Trog de Thun (voy. les Mittheilungen der naturf. Gesellsch, zu Bern.). La deuxième collection par nous reçue de M. Otth ren- fermait des fragments très-volumineux d’un Sclerotiim que ses caractères distinguent à peine du Sclerotinum Cocos Schw. (Pachyma Cocos Fr.), originaires de la Caroline, et dont nous devons des spécimens à l’obligeance de M. Berkeley. NOTE SUR LE PTYCHOGASTER ALBUS. 201 Neustadt et Cobourg (1). MM. Berkeley et Broome nous ont également appris cette année que le Ptychogaster avait été ré- cemment observé près de Londres, de même que dans les comtés d'Aberdeen et de Nottingham (2). Le Champignon dont 1l s’agit offre l'apparence d’un Lycoper- don globuleux, sessile et de moyenne grosseur ; il est Imégal à sa surface, et montre souvent des corps étrangers plus ou moins engagés dans sa substance. S'il a été recueilli et desséché avant son entière maturité, il se déforme médiocrement ce semble, et acquiert une consistance qui permet à un scalpel affilé de le diviser aisément, surtout de bas en haut. On reconnait alors que le Champignon n’a point d'enveloppe définie ou distincte, de peridium proprement dit; les fibres qui le composent semblent toutes s'élever de sa base pour se diriger vers sa périphérie, où leurs extrémités hbres formeraient seulement une très-courte villiosité. Ces fibres ont pour éléments des filaments blancs, flexueux, solides, rameux, articulés cà et là, et dont le diamètre atteint à peine 0"",005; ces fils associés entre eux forment à la base du Champignon un tissu très-dense et stérile, analogue au tissu des bolets amadouviers; plus haut, ils se distribuent en fibres ténues et anastomosées, qui laissent entre elles d'étroits espaces, des sortes de lacunes linéaires où s’engendrent ets’accu- mulent les spores, ainsi que Corda l’a reconnu. Lorsque le Cham- pignon a alteint sa complète maturité, 1l est presque unique- ment composé de poussière séminale et d'un lacis fibreux ou capillitium, dont cette poussière dissimule la présence ; son mode de destruction rappelle en quelque manière celui des Polysac- cum. Toutefois, malgré cette ressemblance finale avec les Lyco- perdei, il offre, dans sa jeunesse, une structure très-différente de celle qui est propre à ces Gastéromycètes. Ses lacunes fertiles n’affectent point en effet des formes arrondies, et leurs parois ne sont pas tapissées d’un tissu hyménial, ainsi qu’on l’observe chez les vrais Lycoperdon et leurs alliés. Les filaments constitu- (4) Voy. Rabenh., Fungi Europ. exs., fase. VIIT (1865), n. 800. (2) Voy. les Ann. and Mag. of Nat. Hist., sec. 1, t. XV, p. 400, n. 1038 (mai el | juin 4865). 299 TÜLASNE. tifs de ces parois sont eux-mêmes directement fertiles; ils ont des rameaux dont les extrémités roulées en crosse ou en spirale, simples ou fourchus, produisent, sur tous les points de leur éten- due, et en nombre indéfini, des spores sessiles et isolées, ovoïdes- globuleuses, simples et mesurant environ 0””",006 dans leur plus grand diamètre. Il n’y a là n1 basides, ni stérigmates, comme chez les Lycoperdons et les autres Æymenomycetes ulerini, c’est- àa-cdire qu'on a sous les yeux une fructification tout à fait anor- male et dont aucun exemple, que nous sachions, n’a encore été signalé chez les Champignons supérieurs. Corda associe les Ptychogaster aux Spumaria de Persoon et aux Æthalium de Link, dans sa famille des Æthalini, qui est la neuvième de ses Myelomycetes; il lui semble que, par sa genèse, ce Champignon rappelle à l'esprit ces deux genres de Myxogastres, dont 1l différerait surtout par un peridium charnu. En notant cette cause de dissemblance, le professeur de Prague entendait certainement parler de la plante entière du Ptycho- gaster, plutôt que de son tégument, car il a reconnu lur-même que ce Champignon manque d’enveloppe véritable ou de peri- dium proprement dit. M. Fries à d’abord supposé que le Ptychogaster pourrait bien être identique avee le Cerebrina de L. de Brondeau, genre de “hampignons qui, pour le professeur d'Upsal, serait une forme d'Æthalium; mais postérieurement il s’est assuré, dit-1l, que la plante de Corda n'était rien autre chose qu'une monstruosité (montrosa progenies) du Polyporus borealis Fr. (1), et qu'elle devait être dorénavant rayée de nos catalogues en tant que Champignon parfait et sui generis. (Voy. Fr. S. Vegel. Scand., p. 449 et 564, à la fin.) Il ne paraît pas que M. Fries ait eu lieu depuis d'abandonner ou de modifier cette opinion ; du moins son dernier ouvrage sur les Hymenomycetes, le tome second de sa Monographia Hymenomycetum Sueciæ, publié en 1863, ne fait (4) Voy. Fr. Syst. Mycol., t. 1, p. 366, n. A; Epicr. Syst. Myc., p. 459, n. 130; Schæff., Fungi Ratisb., t. IV, ind. 1, p. 92, t. cccxiv, sous le titre de Boletus albus Schæff. C’est sans doute par inadvertance que MM. Berkeley et Bronme (loc. sup, cüt,) mentionnent le Polyporus destructor à propos du Piychogaster, Là NOTE SUR LE PTYCHOGASTER ALBUS. 293 aucune mention du Ptychogaster ; le Polyporus boreahs Fr. y est seulement cité (p.253) comme une espèce vulgaire et que l’au-. teur a prissoin de faire dessiner pour l’Zconographie mycologique générale, dont les vélins sont conservés au Musée de l'Académie des sciences de Stockholm. Nous avons le regret de n'avoir jamais vu le Polyporus bo- realis Fr. En le supposant tel que Schæffer l'aurait figuré (loc. sup. cit.), sa forme générale peut n'être pas sans analogie avec celle que paraît affecter le Ptychogaster, mais nous aurions peine à croire à une ressemblance plus mtime entre les deux Champignons. En effet, les zones concentriques, qui se voient dans la chair stérile du polypore quand ou le brise, indiquent sans doute des périodes successives d’accroissement et, par suite, ne sauraient correspondre aux zones d'inégale coloration pré- sentées par le Prychoyaster, lesquelles dépendent manifestement de la distribution particulière des Uussus fertiles et du mode qu'affecte le progrès de la maturation de la plante. Quelle que soit du reste la valeur de cette ressemblance, il s'en faut beaucoup, à notre avis du moins, que le célèbre mycologue de Prague ait sainement apprécié les affinités naturelles du Ptychogaster. En effet, s’il était réellement l’allié des Æéhalium, qui sont de vrais Myxomycètes, tout ce que nous savons main- tenant, grâce surtout à M. de Bary, de la structure de ces der- niers et de la génération de leurs spores, serait contredit par le Ptychogaster. MM. Berkeley et Broome (loc. sup. cit.) doutent également que le Prychogasler présente à aucun moment de son développe- ment la consistance mucilagineuse ou spumeuse des Æthalium ; cependant ils n'ont pas, disent-ils, de meilleure opinion à pro- poser que feu le mycologue de Prague, sur ses affinités pro- babies. Pour nous, examen attentivement fait du Champignon dont il est question, nous ne pouvons méconnaître sa parenté avec le Pilacre Pelersu, que MM. Berkeley et Curtis ont décrit (1), pa- (4) Voy. les Ann. and Mag. of Nat. History, sec. 1, t. LL (1859), p. 362, n. 824, 294 FMULASNE. renté tellement étroite que les deux Champignons porteraient justement le même nom générique. M. Broome nous à obli- geamment communiqué de beaux échantillons de ce Pilacre (A), et nous avouerons ici qu'il nous paraît difficile de le distinguer sûrement de l’'Onygena faginea Fr.,que MM. Berkeley et Broome ont déjà pareillement rapporté au genre Pilacre du professeur d'Upsal. (Voy. les Ann. and Mag. of Nat. Hist., sér. IE, t. V [1850], p. 365, p. 380, pl. xr, fig. 5.) Nous avons recueilli nous-même dans la forêt de Compiègne, au mois d'août 1857, un Champignon fagicole que nous tenions pour l'Onygena de- corticata Pers. (Obs. mycol., part. IE, p. 72, pl. vi, fig. 9) ou faginea Fr. (Symb. Gaster. Surr., fasc. HE, p. 25), et qui est évidemment identique avec le Pilacre Pelersii Berk. et Br. La structure essentielle de ce petit Champignon, la génération et la dissémination de ses spores sont absolument celles que nous avons observées dans le Ptychogaster, et il n’imite pas seulement celui-ci par son organisation intérieure, il en est presque une miniature s'il lui arrive d’être sessile ou privé du court pédicelle sur lequel il est généralement porté. Ses filaments fertiles sont cependant plutôt flexueux que ciremants, et 1ls présentent ça et là des nodosités ou renflements ovoides particuliers. Les spores, qui sont à peu près globuleuses, mesurent 5 à 6 nullièmes de millimètre de diamètre, tandis que celles du Ptychogaster albus Cord., sans avoir de plus grandes dimensions, sont, comme nous l'avons déjà dit, de forme ovalaire. MM. Berkeley et Broome ont donné (loc. sup. cit.) la figure des éléments du capillitium de l'Onygena faginea Fr., mais ils n’ont pas montré ses spores attachées à leurs filaments générateurs. Une analyse microscopique du même Champignon se voit aussi dans le tome VI[1854], p. 47, pl. xx, fig. 95, des Zcones Fungorum de Corda; mais, si nous ne nous sommes pas trompé nous-même dans nos appréciations, elle serait très-peu correcte, en ce qui touche l’origine des spores, que M. Corda représente (4) Is ont été recueillis sur l'écorce et le bois du Hêtre, dans la forêt de Hainault, au comté d'Essex; de semblables spécimens ont aussi été publiés par M. Broome dans les Fungi Europæi exsiccati du docteur Rabenhorst, fasc. III (1860), n. 268, NOTE SUR LE PTYCHOGASTER ALBUS. 295 munies d’un stérigmate délié et portées sur des sortes de basides obovales ou capitées. Quand nous considérons le mode de fructification des Cham- pignons dont nous venons de parler, nous ne pouvons nous défendre de songer à la génération des conidies chez les Poronia, et nous sommes surpris d'une ressemblance qui ferait presque soupconner que le Ptychogaster et les Pilacre ne sont pas des Champignons parfaits où complets. (Voy. notre Sel. Fung. Carp., 1. I, p. 27 etsuiv., pl. nt, fig. 9 et 10.) Au point de vue de la genèse particulière de leurs spores ou plutôt de la forme circinante de leurs filaments fertiles, on peut encore signaler l’analogie de nos Champignons avec une pro- duction byssoïde qui figure dans les Plantes Cryplogames de France de feu M. Desmazières (fasc. XIV [1834], de la 1°° édit, n. 651), sous le nom de Protonema Brebissonit Maz., et qu'on retrouve dans son herbier privé comme reçue par lui en 1829 de M. Kunze, sous le titre d’Athelia velutina Pers. (Myc. Europ., t. 1, p. 85) ou de Telephora ? velutina DC. (F1. Fr.,t. VI, p. 33, n. 277, c.). Voici plusieurs années que nous observons cette sorte d'Hypochnus dans les bois humides de Meudon et de Chaville, près Versailles. Elle croît au printemps sur la terre, au pied des arbres et des arbrisseaux, et elle s'élève en rampant à la surface de leurs troncs, sur lesquels elle semble avoir pris naissance. On la voit également envahir et recouvrir les parties mortes ou vivantes des végétaux les plus humbles. Elle est le plus souvent d'un pourpre violacé très-vif, mais elle est voilée de cendré quand elle est fertile et elle pâlit en vieillissant. Elle consiste en un feutre dense et assez épais, uniquement composé de filaments enchevêtrés, rameux, dont les extrémités libres se recourbent en manière de crosse. De cette crosse naissent deux ou trois stérig- mates ou spicules fusiformes et dressés, qui engendrent autant de spores terminales, simples, ovales ou oblongues et plus ou moins réniformes. Nous étions disposé à regarder cet Hypochnus (pur- pureus nob. in Schedis) comme l’état imparfait d'une Thélé- phore byssoïde, peut-être celui du Thelephora lœvis (Pers. Desmaz. (Pl. Crypt. de Fr., 1° éd., fase. IX [1829], n. 418), 296 TULASNE. cependant nous ne sommes pas assuré d’y avoir jamais décou- vert la fructification normale tétrasporique des T'helephora pro- prement dits, ni même les basides souvent disparus des Zygo- desmus et de notre Hypochnus centrifugus. (Voy. le tome I de notre Selecta F'ungor. Carpologia, p. 113 et suiv.). Toutefois notre plante ressemble beaucoup à l’'Hypochnus Michelianus que M. L. Caldesi a décrit dans le Commentario della Soc. Crit- togamologica Itahana, t. 1 (4864), p. 390, cum icone sporarum, et dont il a publié des spécimens tant dans l'Erbario Crittog. Ttaliano, fase. X, n. 789, que dans les Fungi Éurop. eæsiccati du docteur Rabenhorst, fasc. V (1862), n. 413. Nous regrettons que M. Caldesi u’ait pas dit comment naissent les spores de ce Champignon; la figure qu'il en donne leur prête quatre cloisons transversales et une forme arquée à la vérité, mais beaucoup plus étroite et plus allongée que celle qui est ordinaire aux spores de notre ÆZypochnus purpureus. Nous ne sommes pas sur- pris d’ailleurs que la plante de M. Caldesi ait été considérée comme une Théléphore par les auteurs de la Flore d'Algérie, qui l'auraient figurée sous le nom de Thelephora orbicularis Dur. et Lév. op. cit. t. KL, pl. xxxu, fig. 7. On sera cer famement frappé comme nous de la ressemblance smgulière qu'offrent les crosses fertiles de l’'Æypochnus purpureus avec le promycelium des Puccinies et autres Urédinées, c’est- a-dire avec ces germes d'abord claviformes, puis circinants et spiculifères, dont nous avons autrefois donné desfigures dans ce Recueil (sér. 4°, t. IE, pl. vi-x). La similitude n’est même pas moindre pour les corps reproducteurs, spores ou sporidies, et nous trouvons certamnement là un exemple des analogies qui peuvent relier deux membres, d’ailleurs très-dissemblables, d'une même famille végétale. ÉTUDE MORPHOLOGIQUE SUR L’UMBILICUS PENDULINUS, DC. ET SUR LES ESPÈCES VOISINES Par M. P. HEIBERG. La connaissance plus approfondie que nous avons aujourd’hui des organes souterrains des végétaux nous permet générale- ment de distinguer les racines vraies des tiges souterraines radiciformes, même quand on ne peut les examiner que dans un _ état de développement avancé ; pourtantil y a un grand nombre d'organes souterrains dont la vraie nature morphologique n’est pas facile à déterminer à un certain degré d'avancement, parce qu'alors les caractères distinctifs sont effacés. Dans ces sortes de cas, il sera donc toujours nécessaire de recourir à l’examen du développement pour reconnaître avec sûreté ces différentes parties. Les tubercules des Orchidées, de la Ficaire, des Fumaria- cées, etc., sont des exemples bien connus d'organes végétaux qui ont longtemps été le sujet de discussions interminables entre les botanistes les plus célèbres, et dont 1l n'était pas possible de fixer la véritable nature, tant qu'on se contentait de les examiner à l'état d'entier développement. C'est surtout dans ces dix der- nières années qu'on à publié de bons travaux sur ce sujet, tra- vaux qui ont beaucoup contribué aux progrès de la morphologie comparative ; mais il reste encore à examiner beaucoup d’or- ganes végétaux souterrains également douteux (1). Dans les (1) Je profiterai de cette occasion pour appeler l'attention sur deux plantes de l'Europe méridionale pourvues de tubercules souterrains, qui, comme tant d’autres, sont désignés par tous les auteurs sous le nom de « racines tubéreuses », bien qu'un examen superficiel suffise pour en reconnaitre l’inexactitude. L'une est le Crepis bulbosa Cass., dont la partie souterraine est essentiellement organisée comme celle de la Pomme, de terre, quoique modifiée d’une manière assez remarquable ; l’autre 208 P. HEIBERG, pages qui suivent, je ferai l’histoire du développement d’un de ces mêmes organes, qui n’est pas moins difficile à déterminer à l’état développé que ceux que je viens de nommer. L'Umbilicus pendulinus DC., dont nous aurons à nous occuper dans ce mémoire, a été présenté par De Candolle dans son Prodromus, et plus tard dans son Mémoire sur la famille des Crassulacées, comme type de la section Cotyle, la troisième des quatre sections, dans lesquelles le célèbre botaniste plaçait les nombreuses espèces du genre. Cette section était caractérisée par des racines tubéreuses, et l’on retrouvera ce même caractère répété dans tous les ouvrages plus récents qui traitent de ce groupe de plantes. L'histoire du développement que nous allons exposer montre cependant que cette désignation des organes souterrains n'est pas exacte, les organes tubéreux en question n'appartenant pas au système radiculaire. J'ai eu l’occasion de faire mes recherçches à Rome, dans des conditions très-favorables, puisque la plante y abonde; on la trouve principalement sur les murs des vieilles ruines qui cou- vrent l’illustre cité. Je nomme exprès la localité où les rechefches “ont été faites, parce que J'ai sujet de croire que les rapports bio- logiques de la plante se modifient, jusqu'à un certain degré, selon le climat dans lequel elle croît, question sur laquelle nous revien- drons plus tard. Comme j'ai commencé à l’étudier dans les premiers jours de novembre, et comme on peut choisir cette époque, aussi bien que toute autre, pour se mettre à l’œuvre, j’exposerai mes recherches dans l’ordre chronologique, dans lequel elles ont été faites. Or, les individus qu'on trouve à cette époque se divisent natu- rellement en deux groupes. Les uns sont des échantillons qui ont produit des fleurs l'été précédent, et qu'on reconnaît facilement à leurs tiges fructifères desséchées et couvertes de capsules estle Thrincia tuberosa DC., qui offre presque la même organisation que la Ficaire et la plupart des Orchidées. — J'espère avoir une autre fois l'occasion de publier les détails de mes recherches sur ces deux plantes, ÉTUDE MORPHOLOGIQUE SUR L UMBILICUS PENDULINUS. 299 mûres. Ils n’offrent point d'organes vivants au-dessus du sol ; la tige aérienne et les feuilles sont tout à fait mortes ; les capsules sont ouvertes et la plupart des graines disséminées ; cependant il faut observer que la dissémination va durer encore très-long- temps, et qu'on peut encore trouver quelques graines dans les péricarpes au mois de janvier, surtout dans les endroits qui sont à l'abri du vent. Laissons pour un moment de côté ces individus fructifères ; nous les examinerons un peu plus loin. Outre les échantillons dont nous venons de parler, il s’en trouve une foule d’autres qui se ressemblent, en ce qu’ils n’ont pas encore fleuri, et qu'ils sont munis de feuilles aériennes fraîches et vertes, mais qui varient beaucoup quant à la gran- deur. Choïsissons parmi ceux-ci les individus les plus grands et les mieux développés, et examinons les différentes parties dont ils se composent. | La partie souterraine de la plante est formée par un corps presque sphérique, pourtant assez aplati, surtout en dessus, et un peu moins en dessous. Toute la surface de ce corps se compose de nombreuses racines filiformes, presque capillaires, longues, simples et pour la plupart brunâtres, qui, par leur finesse et leur nombre, forment une espèce de chevelure ou de masse dense et entrelacée. Lorsqu'on enlève ce paquet de racines, on trouve au centre un tubercule solide et compacte, dont la surface est presque partout blanchâtre et lisse. Les racines, qui, au premier coup d'œil, paraissatent tirer leur origine de toute la surface du tubercule central, ne naissent en réalité que d’une très-petite partie de ce dermier, savoir : 1° d’une partie étroite et nettement limitée à la base du tubercule, et 2° de quatre parties également limitées, et irrégulièrement circulaires, dans la partie supérieure du tubercule, autour de l'endroit où les pétioles des feuilles sont attachés. Les points qui donnent naissance aux racines pré- sentent une surface rude au toucher, et ont la même couleur branâtre que les racines ; tandis que toute la partie restante de la surface, qui ne donne pas naissance à des racines, est lisse et blanchâtre. La grosseur de ce tubercule varie considérablement, mais ordinairement elle n'excède pas 15 millimètres en diamètre. 300 P. HEIBERG. La description que nous venons de faire des organes süuter- _rains ne s'applique qu'à des individus normaux et bien déve- loppés. Il est à remarquer d’ailleurs que très-souvent la forme subsphérique du tubercule est assez considérablement modifiée, lorsque la partie souterraine croît entre des pierres où d’autres corps durs, parce que ceux-C1 l’empêchent de se développer dans tous les sens. Dans ce cas, le tubercule sera plus ou moins aplati sur un ou plusieurs côtés , aussi les racines ne peuvent-elles plus envelopper toute la surface du tubercule ; les parties qui sont serrées contre les pierres ont leur surface nue et blanche. Les figures 13 à 17, pl. 17, représentent les différentes phases dont nous venons de parler. Figure 13 : tubercule (grandeur naturelle comme les figures suivantes) dépouillé de ses racines pour en montrer l’origine (a) dans la partie supérieure d'ou elles naissent. Dans la figure 14, on voit d'en haut le même tuber- cule, dont les feuilles sont aussi enlevées ; dans cette situation, on aperçoit les quatre points d'où naïssent les racines; les cica- trices des feuilles (s£) en forment exactement le centre. Fig. 15 à 16 : deux autres individus présentant une irrégularité assez commune ; ce tubercule s'est plus développé d’un côté que de l'autre; deux des quatre parties supérieures d'où naissent les racines sont par conséquent plus grandes que les deux, autres ; le faisceau des racines qui occupe le point le plus bas (le faisceau basilaire) est situé un peu obliquement par rapport à ces cica- trices des feuilles. Enfin la figure 17 représente une coupe ver- ticale, pour montrer les proportions relatives du tubercule cen- tral, ainsi que des racines qui l’enveloppent. Les feuilles que porte le tubercule en dessus sont toutes ras- semblées en une rosette, dont la base très-étroite se trouve entre les quatre régions supérieures, qui donnent naissance à des ra- cines. Les limbes charnus des feuilles ont généralement, quand ils sont bien développés, un diamètre de 50 à 60 millimètres ; ils présentent la forme bien connue, à laquelle ils doivent leur vieux nom d'Umbilicus Veneris ; leur contour est presque cireu- laire et inégalement crénelé; la face supérieure concave et fortement ombiliquée vers le centre ; les pétioles longs et presque ÉTUDE MORPHOLOGIQUE SUR L'UMBILICUS PENDULINUS. 901 cylindriques partent à peu près du centre de la face Imférieure, de sorte que les feuilles offrent un très-bon exemple de la ner- vation peltée. Vers l'endroit où les pétioles sont attachés au tu- bercule, ils deviennent subitement plus larges et plus aplatis, de sorte que les cicatrices que laissent les feuilles après leur chute ont une forme presque semilunaire (1). Les rosettes de feuilles se composent ordinairement de quatre à huit feuilles plus ou moins développées; les extérieures, qui sont les plus âgées, tombent successivement, de telle sorte que le nombre des feuilles vivantes reste à peu près le même durant cette période. Néanmoins, quoique on s’attende à trouver beau- coup de cicatrices autour des feuilles fraiches, il n’en est pas ainsi ; quelquefois on en verra bien une ou deux, mais le plus souvent on n'en apercoit pas; les racines naissent tout près des bases des pétioles vivants. Nous reviendrons plus tard sur ce sujet. Outre les individus les plus développés que nous venons d'examiner, il y a, comme nous l'avons déjà indiqué, dans cette même période de l’année une foule d’autres plantes toujours plus petites et plus jeunes que les premières, mais dont les di- mensions sont très-variables. La figure 13 représente, de gran- deur naturelle, une des plus petites que lon puisse trouver. Entre cet état le plus jeune et celui que nous venons de décrire il y a tous les degrés intermédiaires. Du reste, en faisant abstrac- tion de la grandeur absolue et de la circonstance que les feuilles peltées ne sont pas encore crénelées dans leur contour comme dans les autres plantes, il n°y à pas de différence essentielle entre (4) C'est avec intention que je fais ressortir ce détail, parce que la forme des feuilles n’est pas bien exposée par la plupart des auteurs qui ont décrit la plante. Ainsi, pour prendre un seul exemple, on verra que MM. Grenier et Godron, dans leur Flore de France,1, p.620, ont distingué les feuilles « radicales», par les caractères «réniformes- arrondies, subpeltées », ce qui ne s'accorde pas avec la nature. J’ai sujet de supposer que ces auteurs, de même que tous les autres qui s'expriment de [a même ma- nière, n’ont examiné que les états les plus développés de la plante pendant la florai- son. On ne trouvera certainement alors que des feuilles subpeltées, mais c’est seule- ment parce que les vraies feuilles «radicales» (les feuilles dont les entre-nœuds ne sont point développés dans ce temps-là) sont tombées. 302 P, HEÏIRERG. tous ces échantillons ; ils se ressemblent tout à fait sous le rap- port de leurs organes et de leur structure morphologique. La première question qui va se présenter maintenant, pour l'examen morphologique, est celle-ci : Quelle est la nature de ce tubercule ? Est-il formé par la tige ou par la racine, ou bien appartient-il en partie au système ascendant, en partie au sys- tème descendant de l’axe ? La structure du tubercule ne fournit, dans les états que nousavonsexaminés jusqu'ici, aucune réponse certaine à cette question; dans les mois suivants, on ne trouvera non plus rien de nouveau qui puisse l'éclarcir. Les plantes continuent à développer de nouvelles feuilles dans la rosette ; mais le développement avance très-lentement pendant les mois d'hiver, et quelquefois, lorsque l'hiver est très-rude, comme dans les années 1863 et 1864, le froid fait tomber toutes les feuilles, et ne laisse de la plante que le tubercule et le bourgeon terminal. Au commencement du printemps, c'est-à-dire vers la fin du mois de janvier, le développement des plantes recommence, et le bourgeon terminal a bientôt produit une nouvelle rosette de feuilles, de sorte que les plantes reprennent très-vite leur appa- rence ordinaire. Durant cette même période on trouvera aussi de nouveaux sujets à examiner ; les nombreuses graines qui ont été disséminées pendant l'automne et l'hiver commencent alors à germer, et l'on verra, surtout au-dessous des vieilles tiges qui ont fructifié, une foule de jeunes plantes dont nous allons nous occuper. Comme on pouvait le supposer par la finesse extrême des araines, les Jeunes plantes sont très-petites, mais elles se prêtent en même temps très-bien à l'étude du microscope ; leur lon- gueur absolue n'excède ordinairement pas 3 millimètres, y compris tous les organes. La figure À en représente un échan- üllon bien développé, grandi environ 50 fois. Les parties supérieures de ces jeunes plantes n’offrent rien de particuber à examimer. Les limbes charnus des cotylédons sont arrondis-réniformes et subpeltés. Les pétioles ont la même forme presque cylindrique que nous connaissons aux feuilles ÉTUDE MORPHOLOGIQUE SUR L'UMBILICUS PENDULINUS. 408 développées , aussi l'axe hypocotylédonaire a-t-il la même apparence que dans la plupart des végétaux dicotylédonés. I] est à remarquer que la longueur relative des pétioles, et surtout de l'axe hypocotylédonaire, varie beaucoup ; on trouve très- souvent des individus où la longueur de ces organes est réduite à la moitié ou même au tiers de la longueur que représente la figure. Dans l’aisselle, entre les deux pétioles cotylédonaires, on n’aperçoit aucun bourgeon; le développement ultérieur n'est indiqué que par le cambium qui est amassé dans l'angle où les faisceaux vasculaires des pétioles se réunissent à l'axe hypocotylédonaire. Ce qu’on observe de plus remarquable dans la jeune plante c'est que la racine primaire (fig. 1, rp) est très-petite par rap- port aux autres parties, tandis qu'ordinairement la racine est relativement beaucoup plus développée dans les autres Dicoty- lédonées qui germent. La racine forme un petit cône à la base de l'axe hypocotylédonaire, dont elle est séparée par un rétré- cissement léger, mais toujours bien distinct. En outre, l’état des cellules qui composent l'axe hypocotylédonaire et la racine pri- maire ne laisse nul doute sur les vraies limites qui les séparent ; tandis que la surface de l'axe hypocotylédonaire est lisse, les cellules de l’épiderme longues et étroites, les cellules de la racine deviennent tout à coup plus courtes et plus larges, aussi se prolongent-elles immédiatement après la germination en poils très-longs et très-délicats, qui forment une chevelure dense, sur- tout dans la partie supérieure de la racme. Le point de végéta- tion (puncium vegetathionis), c’est-à-dire le cambium terminant les faisceaux vasculaires qui descendent de l’axe hypocotylédo- naire dans là racine, présente ce caractère particulier qu'il est d'une couleur violette ou cramoisie très-vive ; du reste, il est caché sous une couche de cellules plus âgées, comme dans les autres plantes. Le premier accroissement important de la Jeune plante est le développement d’une racine secondaire (fig. 2,rst) partant de la base de la racine primaire. La première racine secondaire étant _ bientôt suivie d’une seconde (r s), d’une troisième, etc., la 904 P. HEIBERG. plante sera au bout de peu de temps munie d’un faisceau de racines (fig. 3) qui partent toutes à peu près du même point, et en apparence de la base de l'axe hypocotylédonaire, mais en réalité de la racine primaire, ainsi que nous l'avons vu. En effet, il existe durant toute cette période du développement des limites bien distinctes entre l'axe hypocotylédonaire et le faisceau des racines, savoir : une partie un peu élevée, mais trés-étroite; une sorte de petit mamelon qui entoure les bases des racines, et les sépare de la tigelle {fig. 3, m). Plus tard, ce mamelon s’effa- cera par suite des changements dont nous allons parler. La racine primaire ne se développe point, chose bien remar- quable pour une plante dicotylédonée ; elle reste dans l’état primordial qu’on à appelé bourgeon radiculaire, ainsi que dans la plupart des Monocotylédonées, et, au bout de quelque temps, il est même très-difficile de la trouver entre les bases des nom- breuses racines secondaires, parce que celles-ci, en perçant les couches extérieures, déchirent le tissu cellulaire délicat, et le transforment en une masse difforme qui entoure leur base. Les racines secondaires se couvrent tout de suite, comme la racine primaire, de poils très-nombreux, très-longs et très-déli- cats, de sorte que tout le systèmeradiculaire est couvert, à partir de ce moment et pour toujours, d'une chevelure épaisse et entre- lacée qui en rend l'examen très-difficile. Leur point de végétation offre la même couleur extraordinaire que la racine primaire. Leur développement se fait très- vite, une race, qu’on a apercue perçante hier, sera déjà développée et morte aujourd'hui ou demain. Il est très-facile de connaître le degré de développement au premier coup d'œil; pendant l'accroissement la racine a une largeur relativement considérable et une couleur fraiche et jau- nâtre, excepté le point cramoisi qui est au sommet; mais lors- qu’elle est arrivée à son entier développement, elle prend une teinte brunâtre. On verra d'abord quatre lignes brunâtres longi- tudinales, et bientôt toute la surface de l’épiderme de la racine aura la même couleur, ainsi que toutes les fibrilles, tandis que le point rouge disparait. En même temps, la racine se rétrécit dans toute sa longueur et devient très-grèle ; dès lors, elle forme ÉTUDE MORPHOLOGIQUE SUR L UMBILICUS PENDULINUS, 309 un appendice inutile à la plante ; sa base sera comprimée par de nouvelles racines perçantes, mais elle restera encore long- temps attachée à la plante sans être dissoute, et c’est pour cette raison que le faisceau radiculaire augmentera très-rapide- ment. (Fig. 4, les racmes colorées.) IL faut encore ajouter qu'ordinairemient les racines sont tout à fait indivises ; seulement, quand elles ont été blessées ou rom- pues par accident, elles peuvent développer une ou deux bran- ches, qui présentent, en outre, la même organisation que Îles racines mères. | Pendant que le système radiculaire s'est développé de cette manière, le système aérien de la plante n'a subr aucun autre changement que celui qui dépend de l'accroissement des organes déjà formés, accroissement qui, dans les quinze premiers Jours, est principalement le résultat de l'expansion des cellules déja existantes. Ce n'est qu'après que le faisceau de racines a acquis des dimensions assez considérables, qu'on observe un progrès notable dans le développement, aimst qu'on le voit dans la figure 4. Le changement qu'on y constate est que l'axe hypo- cotvlédonaire (ah) a commencé à se renfler, de sorte qu'il s’est formé un petit tubercule ovoide, et en même temps, ou un peu plus tard, on peut apercevoir de jeunes racmes saïllir de l'aisselle des feuilles cotylédonaires. Ces nouvelles racines secondaires ont tout à fait les mêmes apparences que celles qui percent la racine primaire; 1l faut cependant observer que leur nombre est d'abord limité à deux de chaque côté des cotylédons, mais elles ne se montrent jamais en même temps, les deux d'un côté apparaissant toujours un peu plus tôt, et étant toutes deux plus développées que celles de l’autre côté. Peu de temps après l'apparition de ces racmes, on verra la premiére feuille végétative apparaitre ausst dans laisselle des cotylédons, et un peu plus tard elle sera suivie de la seconde (Hg. 5, 7). Chacune de ces feuilles va se développer précisé- ment entre les bases de deux des quatre races secondaires dont nous venons de parler. En croissant, les feuilles vont écarter les deux racines l’une de l’autre, et il en est de même 9° série. Bot. T, IV. (Cahier n° 5) # 20 306 P, NEIRERG. des cotylédons. Comme les pétioles des Jeunes feuilles offrent une largeur assez considérable (fig. 5; /f", f”*), toute la parte située entre les pétioles cotylédonaires, qui était autrefois très- étroite, s'élargira successivement, et prendra des dimensions beaucoup plus grandes. Il va sans dire que la forme de l'axe hypocotylédonaire sera dès lors changée par cet accroissement dans le sens horizontal : le tubereule devient plus large et prend une forme presque sphérique (fig. 5). La circonstance que chacune de ces premieres feuilles végé- tatives apparaît toujours entre deux racines, et le développement presque simultané des racines et des feuilles, ne sont pas des choses accidentelles. Au contraire, on doit dire que chaque paire de ces racines appartient à sa feuille, et que le développement des racines est nécessaire au développement des feuilles ; aussi observe-t-on la même loi pour les cotylédons : le faisceau basilaire des racines appartient à l'axe hypocotylédonaire, qui est l’entre-nœud des feuilles cotylédonaires, et ce n’est que lorsque ce faisceau s’est bien développé que l’axe hypocotylé- don ire commence à se renfler. Les entre-nœuds des deux pre- mières feuilles végétatves n'étant pas développés en longueur, leurs racines ne peuvent se montrer qu'aux bases de leurs pé- toles. - Lorsque la jeune plante est arrivée au degré de développe- ment que nous venons de décrire, elle offre déjà tous les organes que nous connaissons chez les individus plus âgés; 1l n'y a pas de différence essentielle entre la structure morphologique de l’une et celle des autres. Nous pouvons done nous expliquer en peu de mots sur le développement ultérieur. Les deux cotylédons continuent très-longtemps à s’élargir, et finissent par avoir des dimensions très-considérables relative- ment à leur petitesse originaire (Hg. 89). Vers le milieu du mois d'avril, la plante perd ses cotylédons, qui laissent sur elle des cicatrices semi-lunaires. Les premières feuilles végétatives se développent très-lente- ment, et elles n’ont pas encore atteint toute leur taille quand les cotylédons tombent. Leur lHimbe est d'abord attaché au pétrole TT ÉÉ ÉÉÉÉÉÉÉ ÉTUDE MORPHOLOGIQUE SUR L'UMBILICUS PENDULINUS. 907 très-excentriquement (fig. 5, /?), mais, au bout de très-peu de temps, elles deviennentt tout à fait peltées, et le limbe est alors presque circulaire. Or, comme la forme des cotylédons, ainsi que nous l'avons indiqué précédemment, est bien différente de celle des feuilles suivantes, 1l est toujours facile de reconnaître au premier coup d'œil le degré du développement de la plante dans cette première période. La troisième feuille végétative (fig. 10) apparaît ordinairement quelque temps après la chute des cotylédons, et présente les mêmes caractères que les deux premières. Son entre-nœud ne s'étend pas non plus en longueur, et son pétiole élargit beaucoup encore l'espace compris entre les cicatrices cotylédonaires, de manière que le tubercule devient par là plus large. Vers la fin du mois de mai, nous trouverons donc les naitiis jeunes les plus se à peu Hi tels que nous les avons figurés (fig. 10, 14). Les quatre racines secondaires qui appartiennent aux pre- mières feuilles végétatives restent quelque temps seules ; mais, dès qu'elles ont atteint leur plus grande longueur, on voit de nou- velles racines se développer près de leurs bases, tandis que les premières se flétrissent et deviennent brunâtres, comme il a été dit plus haut. Au lieu de quatre racines seules, il y aura donc bientôt quatre faisceaux de racines, qui entourent les pétioles des feuilles, et dont le prolongement enveloppe une grande partie du tubercule (fig. 6). Lorsau on aperçoit la troisième feuille, les faisceaux couvrent déjà tout à fait le jeune tubereule (fig. 10), cependant ils se dégagent encore assez facilement de la sur- face (fig. 11), tandis que plus tard 1ls sont entrelacés entre eux, ainsi qu'avec le faisceau basilaire, de manière qu'on ne peut pas dénuder le tubereule sans les rompre. Les bases de ces quatre faisceaux sont d'abord trés-limitées , les racines dont ils se composent naissant presque du même point. Plus tard cependant, après la chute des cotylédons, les bases s'étendent et s’agrandissent beaucoup, parce que les racines s'emparent très-vite des espaces devenus vacants, c'est- à-dire ui de nouvelles racines percent les cicatrices des cotylé- | dons. La même opération se répétant toutes les fois qu’une 308 P, HEIRBERG, feuille tomle, les racines se trouvent toujours très-près des bases des feuilles vivantes, et c'est là la raison qui fait qu'on ne peut ordinairement trouver les traces des feuilles tombées autour de la rosette terminale; les cicatrices seront effacées peu de temps après leur formation par les racines perçantes. Le développement de chaque nouvelle feuille étant accompa- gné d'abord du développement d'une nouvelle paire de racines, puis d'un faisceau de racines, les quatre régions d'où nais- sent les racines dans la partie supérieure du tubercule s'ac- croissent vers le haut à mesure que les feuilles de la rosette se développent et tombent. Nous avons donc l'explication naturelle des quatre taches brunâtres des tubercules plus âgés. La forme étrange de ces parties n’est due qu'à cette circonstance que les entre-nœuds auxquels les racines appartiennent ne sont point développés. Prenons pour comparaison une Crassulacée à entre-nœuds allongés, le Sedum reflexum, par exemple, nous verrons que les racines se développent de la même manière, d’abord dans l’aisselle des feuilles, et qu'elles percent plus tard les cicatrices des feuilles tombées. Les faisceaux de racines ainsi formés ressemblent presque de tous points à ceux de l'Umbili- cus; les racines ont le même développement rapide, la même couleur jaunâtre dans leur Jeunesse, et deviennent également brunâtres plus tard; elles ne sont pas non plus ramifiées ordi- naurement. Supposons que tous ces entre-nœuds portant leurs faisceaux de racines soient rapprochés en rosette, nous aurons les mêmes rapports que ceux que nous avons trouvés dans l’'Umbilicus pendulinus. Le but principal, pour ainsi dire, de l'accroissement de tous les autres organes de là plante est de développer le jeune tuber- cule, car plus tard la plante aura besoin des substances alimen- tres qui y sont amassées. La valeur morphologique de ce tuber- cule, que nous nous étions proposé de déterminer, n’est plus douteuse : il appartient tout entier à la tige, et à la tige pri- maire de la plante. Formé d'abord par l'axe hypocotylédo- naire seul, 1l s'agrandit peu à peu par les entre-nœuds courts et larges qui appartiennent aux feuilles de la rosette ÉTUDE MORPHOLOGIQUE SUR L'UMBILICUS PENDULINUS. 309 terminale, On peut toujours reconnaître sur le tubercule l'axe hypocotylédonaire, le seul entre-nœud développé qui existe pendant la vie végétative de la plante; c'est la partie blanchâtre et lisse que nous trouvons dans les tuberecles, quelle que soit leur grandeur (fig. 13-19, ah). Quoique nous ne voulions pas entrer 1c1 dans les détails ana- tomiques de la plante, il est cependant nécessaire de jeter un coup d'œil sur l’organisation intérieure du tubercule ; la coupe verticale, présentée dans la figure 17, suffira pour la faire connaître. On y verra que le renflement tuberculeux de l'axe hypocotylédonaire n'est dû qu'à l'accroissement des couches extérieures, savoir de l'écorce, tandis que les faisceaux vasculaires et la moelle ont conservé leur forme cylindrique originaire. La coupe découvre les deux faisceaux vasculaires (ce) qui ont appartenu aux cotylédons ; plus haut on aperçoit les faisceaux qui appartieunent aux feuilles végétatives; mais comme les feuilles de la rosette ne sont pas placées tout à fait verticalement les unes au-dessus des autres,on ne verra que des parties plus ou moins grandes de leurs faisceaux. Avant ainsi répondu à la question principale qui se présentait d'abord, nous allons faire quelques remarques biologiques sur la vie future de la plante. Quoique nous n'ayons pas pu continuer nos observations assez longtemps pour arriver à des conclu- sions définitives, elles ne seront cependant pas sans intérêt pour la science. Entre l’état qui est représenté par la figure 10 {mois de mar et celui qui l'est par la figure 12 (mois de novembre), il n’y a pas une grande différence; il est évident que ces deux états appar- tiennent à la même période de végétation. Il en résulte que la série des figures 8 à 12 représente le développement que par- court la jeune plante dans la première année. Les individus, au contraire, qui sont représentés par la série des figures 13 à 17 (novembre) fleuriront le printemps suivant. Pour pouvoir déter- iiner l’âge de la plante qui fleurit pour la première fois, il est donc nécessaire de savoir combien il faudra d'années à la jeune plante pour arriver à ces dimensions. Nous ne pouvions pas ré- 840 | P. HEIBERG. pondre avec sûreté à cette question, mais il est évident qu'il lui faut au moins une année pour passer du plus jeune état, repré- senté dans la figure 12, à l'état le plus avancé (fig. 13); nous voyons par là que la plante ne peut pas fleurir plus tôt que dans la troisième période de végétation, et très-probablement même pas avant la quatrième. | Les individus les plus âgés que nous avons examinés jusqu'à présent (fig. 13 à 17) développent en automne et en hiver des feuilles de plus en plus grandes dans leur rosette ; mais au prin- temps, vers le mois d'avril, les feuilles nouvelles deviennent peu à peu moins peltées et plus cunéiformes, en même temps que. leurs entre-nœuds sont plus allongés (fig. 18). Commeles feuilles extérieures tombent successivement, la rosette de feuilles radi- cales disparaît bientôt. On commence alors à apercevoir des fleurs dans les aisselles des feuilles supérieures, et la plante ne tarde pas à présenter l’aspect bien connu qu'elle a dans les her- biers. La tige florale acquiert très-souvent des dimensions consi- dérables par rapport au tubercule d'où elle naît, car elle attemit souvent une longueur de 6 décimètres et, à la base, un diamètre qui n'est guère moindre que celui du tubercule. En même temps la tige est ordinairement simple et toujours solitaire ; quelquefois pourtant elle émet des branches fleurissantes de la partie infé- rieure de l'inflorescence, mais elle ne se développe jamais avant la première floraison des branches végétatives de la rosette. Quant à la destinée de la plante après la première floraison, elle peut être différente, mais, dans tous les cas, la tige primaire qui porte les fleurs se flétrit et meurt jusqu au tubercule. Quel- quefois celui-ci se conserve vivant; un ou plusieurs des bour- geons qui sont cachés dans les aisselles des feuilles «radicales» se développent et produisent, le printemps suivant, d’abord une nouvelle rosette de feuilles et plus tard une inflorescence. La plante sera alors vivace, ainsi que le disent tous les auteurs. Le tubercule grossissant toujours, on aura enfin des individus de l'aspect qu'on a montré fig. 19 (grandeur naturelle). On aper- coit assez aisément dans cette figure les parties que nous con- naissons déjà; l’axe hypocotylédonaire (ah) forme encore la ÉTUDE MORPHOLOGIQUE SUR L UMBILICUS PENDULINUS. 811 partie inférieure du tubercule ; la seule différence que l'on y trouve, c'est qu'il s'y est développé plusieurs petits faisceaux de racines adventives, outre le faisceau basilaire originaire. La partie supérieure du tubercule, dont les racines sont enlevées pour en laisser voir la forme, se compose de tous les entre-nœuds qui ont appartenu aux diverses générations de rosettes, et qui forment à présent la plus grande partie du tubercule. On trouve sur toute la surface de cette partie beaucoup de hourgeons cachés entre les racines, toutes les feuilles qui ont successive- ment occupé cette surface ayant laissé leur bourgeon après leur chute, mais il n'ya toujours que irès-peu de bourgeons qui se développent en tiges florales. Il faut cependant bien remarquer que le cas que nous venons de décrire est très-rare et forme exception, au mois quant aux plantes italiennes. Je n'ai trouvé que trois individus vivaces dans les centaines que j'ai examinées; tous les autres avaient péri après la première floraison; l’inflorescence volumineuse avait épuisé la totalité de la matière alimentaire qui s'était accumulée dans le tubercule pendant la période végétative. La plante est alors monocarpique, et ne se multiplie que par ses semences, comme les plantes annuelles et bisannuelles, seulement sa pé- riode végétative dure plus longtemps. N'ayant pas eu l’occasion de répéter mes recherches pendant plusieurs années, je n'ose pas dire que les faits que je viens de décrire n'étaient pas dus à des circonstances extraordinaires et accidentelles ; la plante est peut-être en effet ordinairement vivace. Il est possible aussi que sa nature varie suivant le climat ; que dans des pays plus froids la plante soit le plus souvent vivace; que dans les climats plus chauds elle soit le plus souvent monocarpique, et que la propagation par semences dans ce dernier cas soit d'autant plus abondante. Les botanistes qui seront mieux situés pour étudier la plante pourront répondre plus exactement à cette question. 1° I résulte de ce que nous avons exposé quel Umbilicus pen- dulinus DC. n'a pas de racines tubéreuses; le tubercule appartient exclusivement à la tige. Nous ajouterons encore ici quelques 312 P. NEIBERG, remarques sur les autres espèces d'Umbilicus, qui forment avec l'Umbilicus pendulinus la section Cotyle, et auxquelles tous les auteurs ont également attribué des «racines tubéreuses» 2° L'Umbilieus horizontalis DC., la seconde des deux espèces italiennes, est très-voisin de l'Umbilicus pendulinus, dont il dif- fère principalement par ses fleurs étalées horizontalement et non pendantes, et présente les mêmes caractères morphologiques et biologiques que celui-cr. I n'est donc pas nécessaire d'expo- ser les détails de son développement. 5 L'Umbilhicus bolryoides Hochst., dont je n'ai pu examiner que des échantillons d'herbier, ainsi que des espèces suivantes, est muni d'un tubercule subsphérique qui, à en juger par un seul échantillon, offre la mème structure que les deux espèces précédentes. Cet échantillon avait cependant une inflorescence desséchée de l'année précédente, outre la tige florale de l'année; 1l est donc à supposer que la plante est vivace, et or- ganisée comme nous l'avons observé exceptionnellement dans l'Umbilicus pendulinus. h° L'Umbilicus parviflorus DC. présente un tubercule souter- rain presque de la même grosseur et en apparence de la même structure que celui de 'Umbilicus pendulinus. L'examen montre cependant que le tubercule porte ici, dans sa moitié supérieure, de nombreuses feuilles écailleuses, dont les aisselles sont munies de bourgeons. Plusieurs de ces bourgeons sont développés de manière à former de petits tubercules sphériques de 2 à 3 milli- inètres. Le tubercule de cette espèce ressemble donc plus à un rhizome vertical ordinaire que les tubercules des espèces précé- dentes. Les petits tubercules axillaires sont évidemment destinés à se dégager et à former de nouveaux individus. Il est impossible de déterminer les conditions ultérieures du tubercule mère apres la floraison autrement que par l'examen des plantes vivantes. | 9° L'Umbilicus tropæolifolius Boiss., dont je n'ai vu que des tiges florales, les échantillons étant coupés au-dessus du sol, res- semble beaucoup à VU. parviflorus, et 1l a peut-être la même organisation du tubercule. ÉTUDE MORPHOLOGIQUE SUR L'UMBILICUS PENDULINUS. 913 6° L'Umbilicus erectus DC. , qui est caractérisé par une «radix carnosa repens », offre une souche souterraine grosse, rameuse, d'une longueur de plusieurs décimètres, et couverte de nom- breuses feuilles brunâtres, réduites à la forme d’écailles. La souche meurt successivement de bas en haut; ses branches sou- lerraines émettent chaque année des tiges aériennes florales ; 1l n'ya donc là rien d'extraordinaire. Le tubercule de l'U. parvi- {lorus forme en quelque sorte le passage des deux premières espèces à celle-ci, par ses feuilles écailleuses et par les entre- nœuds plus développés de la moitié supérieure du tubercule. 7° Umbilicus heglandianus Webb et Berth. Les échantillons que j'ai vus étant dépouillés de leurs organes souterrains, 1l n'a été impossible d'y étudier ces organes. l'en est de même de : 8 L'Umbilicus luteus Webbet Berth. La grande ressemblance entre ces deux espèces et l'U. erectus DC. laisse cependant sup- poser que les parties souterraines ne sont pas très-différentes. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE -17. Nora. — Les figures À à 7 sont grossies environ 50 fois ; les autres, 8 à 19, repré sentent les objets de grandeur naturelle. Fig, 1. Plantule venant de germer. — €, €, cotylédons; ak. axe hypocotylédonaire ; rp, racine primaire; s, esta de la graine. Fig. 2, Partie inférieure d’une jeune plante, prise un peu plus lard, 7st, la première racine secondaire ; #s?, la seconde racine secondaire. Fig. 3. Etat un peu plus avancé.—», petit maimelon qui sépare l'axe hypocotylédo- naire du faisceau basilaire des racines. La racine primaire, qui ne s'est point déve- loppée, ne s’apercoit pas, étant tout à fait cachée sous les racines secondaires. Fig. 4. Première formation du jeune tubereule de l'axe hypocotylédonaire.— Entre les racines secondaires, à la base du tubereule, s'apercoivent dans l’aisselle des cotyle- dons de jeunes racines perçantes. IL y en a deux sur un côté et une sur l'autre. Fig. 5. Jeune tubercule plus développé.— «!, cicatrice d'un des cotylédons coupé pour montrer le rapport entre les premières feuilles végétatives (71, /?) et les deux paires de racines secondaires, äd! P, HEIBERG. Fig.°6. État plus avancé du tubereule. — Au lieu des quatre racines, on trouve à pré- sent, dans la partie supérieure du tubereule, quatre faisceaux de racines, dont deux, cachés derrière, ne peuvent s’apereevoir. Fig. 7. Jeune tubercule présentant une forme extraordinaire, — cf, cicatrice d’un des cotylédons, coupé pour présenter la seconde feuille végétative (/?), qui se déve- loppe exactement entre les bases de deux racines. Fig. 8. Série de plantules présentant le développement que parcourt la plante dès la germination jusqu'à l'apparition de la première feuille végétative. Fig. 9. Plantule prise peu de temps avant la chute des cotylédons. — La premitre feuille végétative s’est déjà beaucoup développée ; la seconde feuille vient de pa- raitre. Fig. 10. Plante prise peu de temps après la chute des cotylédons et munie de trois feuilles végétatives à différents états de développement. Fig. 11. Même état que la précédente. — Les faisceaux de racines de la partie supé- rieure du tubereule sont tournés en haut pour faire voir les dimensions du tuber- cule. Fig. 42. État plus avancé de la première période de végétation, pris en novembre. — Le tubercule, tout à fait enveloppé de racines, porte au-dessus une rosette composée de quatre feuilles peltées plus ou moins développées. Fig. 13. Tubercule pris en novembre, portant une rosette de feuilles. — ah, partie blanchätre et lisse, formée par l'axe hypocotylédonaire ; a, une des quatre parties brunûtres, d'où naissent les faisceaux de racines qui couvrent tout à fait le tuber- cule dans l’état naturel. Fig. 14. Le mème tubercule vu d’en haut et dépouillé de ses feuilles pour présenter les quatre parties indiquées ci-dessus. Fig. 45-16. Deux autres individus présentant une irrégularité assez commune, Fig. 17. Tubercule coupé verticalement pour montrer la relation qui existe entre le tubercule central et les racines qui l’enveloppent. La coupe découvre les faisceaux vasculaires appartenant à l'axe hypocotylédonaire (ah) et aux cotylédons (ec, r). Fig. 18. Plante qui commence à développer son inflorescence (mois d'avril). Fig. 19, Vieux tubercule présentant encore l'axe hypocotylédonaire (ah). — Les nom- breuses racines de la partie supérieure sont coupées pour faire voir la forme du tubercule. NOTE LES GLOBULES AMYLACÉS DES FLORIDÉES ET DES CORALLINÉES, Par M. VAN TIEGMHEM. «M. Kützing à signalé le premier (Phycologia generalis, p. 40, 1843), dans les cellules de certaines Floridées, des grains amyloïdes doués parfois de structure concentrique; mais, en les assimilant aux globules protoplasmiques des Algues vertes et olivacées, en enveloppant sous le nom général de globules cel- lulaires où gonidies l'ensemble des formations intracellulaires des Algues, quelque dissemblables qu'elles soient, et en leur attribuant, comme l'implique ce nom, une faculté reproductrice, le célèbre algologue me paraît en avoir méconnu la nature et le rôle. Aussi, M. Nägeli, dans son grand ouvrage sur les grains de fécule (Pflanzenphystologische Untersuchungen, Die Starke Kürner, 1858), hésite-t-1l à se prononcer sur l'existence de lamidon dans les Kloridées. Ses observations personnelles lui ont montré, il est vrai, dans le Cystoclonium purpurascens Kütz., des globules auxquels l'iode communique une coloration qui varie du rouge au brun et au violet, mais il les prend pour des grains pariétaux de protoplasma faiblement amylacé, et il con- serve à cet égard assez d'incertitude pour déclarer, en un autre endroit de son mémoire (p. 382), que les grains d’amidon man- quent dans les Floridées, et pour laisser en définitive à des recherches ultérieures le soin de décider si ces Algues possèdent de l'amidon et de quelle sorte il est. C’est ce point que j'ai en- trepris d'éclairer par une série d'observations dont j'ai l'honneur de présenter à l’Académie les premiers résultats. » Pour plus de clarté, je prendrai pour exemple l'Æalopitys pinastroides Kütz., que l’on trouve en abondance sur nos côtes. Dans la fronde cylindrique et très-rameuse de cette Floridée, les articles épaissis de l'axe ne contiennent qu'un liquide fine- ment granuleux; les articles des cinq siphons, au contraire. et 316 | VAN TIEGHEM. les cellules corticales sont remplis de globules transparents, incolores dans les tissus intérieurs, teints en rose dans la zone périphérique, mais se décolorant alors facilement par l'alcool, et qui s’'éparpillent dans le liquide qui baigne les coupes en v_ formant des traînées blanches. Leur forme la plus générale est sphérique ou ovoïde; parfois ils sont aplatis en forme de disque ou de lentille, parfois irréguliers. Ils sont constitués par une membrane incolore ou rosée très-distincte, remplie d’un contenu solde, grisâtre, le plus souvent d'une manière complète, sans qu'il reste de vide central, mais parfois incomplétement, en con- servant vers le centre une cavité qu'il n’est pas rare de voir par- lagée en plusieurs compartiments. Les globules plems sont de deux sortes : les uns, et c’est de beaucoup le plus grand nombre. ont un contour circulaire et sont simples; leur contenu, homo- gene en apparence, est formé de zones concentriques très- délicates et donne une croix très-nette dans l'appareil de pola- risation; les autres, de forme et d'aspect divers, sont composés et laissent voir dans chacun de leurs compartiments, quand ceux-ci sont assez grands, un système de couches concentriques et une croix noire. » La dimension très-variable de ces globules est en rapport avec leur degré de développement; le diamètre ordinaire des grains bien développés est de 0"",013 à 0"",015; le maximum observé 0,025. L'iode les colore en jaune rougeätre. Cette teinte acajou clair persiste sur tous les globules, quelle que soit la quantité de teinture d'iode employée ; mais quand on renou- velle le liquide qui baigne les grains à mesure qu’il s’évapore, en le remplaçant alternativement par une goutte de temiure d'iode et par une goutte d’eau, on voit sur les bords du verre à couvrir, là où les mouvements osmotiques produits par une des- siccation et une humectation alternative avec des liquides de densité différente sont le plus actifs, les globules s’altérer d'une maniere remarquable en même temps que leur coloration change. Tantôt apparait au centre un petit vide circulaire qui grandit peu à peu, les couches se dissolvant progressivement du centre à là périphérie, en même temps que le globule se gonfle GLOBULES AMYLACÈS DES FLORIDÉES ET DES CORALLINÉES. 917 et devient discoïde; il se réduit en définitive à une membrane de plus en plus mince, entière ou Irrégulièérement déchirée ; dès que le grain se vide, sa teinte passe au violet pur. D'autres fois, la dissolution commence par un cercle de petits trous qui s'accroissent radialement en restant séparés par des rayons solides ; le centre se creuse en même temps, et la membrane externe, ne pouvant céder également au gonflement, devient ondulée : le globule est alors d'un beau violet et présente l'aspect d’une roue dont le moyeu, les rayons et les Jantes ondulées sont d’un violet foncé et les intervalles d’un violet clair. Dans les slobules composés qui sont formés de compartiments rangés en cercle autour d'une case centrale, le contenu de chaque com- partiment se dissout peu à peu, le gram se gonfle, devient d'un beau violet, et présente avec une netteté plus grande encore l'aspect rayonné que je viens de décrire. On peut d'ailleurs pro- voquer brusquement cette désorganisation du grain avec colo- ration bleue. Que l’on fasse arriver de l’eau 1odée sur des glo- bules placés dans l'alcool, on verra un certain nombre des orains situés sur la ligne de rencontre des deux liquides éclater aussitôt, rejeter autour d'eux leur contenu réduit en granules très-petits qui se colorent en bleu, tandis que la mem- brane déchirée est d’un violet pâle. » Chauffés dans l'eau vers 70 degrés, les globules se gonflent, se dissolvent en partie, se déchirent et se colorent en même temps en beau violet. Une goutte d'acide sulfurique ou d'acide chlorhydrique colore immédiatement les grains rougis par l'iode en violet ou en bleu, mais en même temps les dissout partiellement, les gonfle et les déchire. La potasse les dissout aussi. L'hypochlorite de chaux les altère rapidement; après vingt-quatre heures, 1l ne reste de la plupart des grains que les couches les plus extérieures, isolées l’une de l'autre; après trente-six heures tout a disparu. L'acide acétique et l’'ammo- niaque n'exercent sur eux aucune action. _» En résumé, ces globules présentent tous les caractères de l’amidon dans leur forme, leur structure, leurs propriétés optiques, l’action qu'exercent sur eux l’eau chaude, les acides 916 VAN TIEGHEM. et les alcalis; mais 1ls différent des grains amylacés, tels qu'on les définit, par leur coloration en rouge par l'iode. Toutefois ils se transforment facilement en amidon ordinaire sous les in- fluences que je viens de signaler, à la condition pourtant d'être désorganisés et en partie dissous. Cette différence, insuffisante pour légitimer l'emploi d’un nom nouveau, porte à croire que nous avops affaire à un principe hydrocarboné isomère de la cellulose et de l'amidon, mais intermédiaire entre eux par sa cohésion. » Après les détails où je viens d'entrer au sujet de l’Halopi- tys pinastroides Kütz., je ne pourrai dire ici que quelques mots des grains d'amidon des autres Floridées ; mais je tiens à faire mention spéciale des Polysiphonia, parce que la formation amy- lacée y présente un caractère nouveau qui s'offre très-fréquem- mentailleurs. quoique avec moins d’évidence. Dans le Polysipho- nia nigrescens Grev., que je prendrai pour exemple, les articles de l’axe ne contiennent jamais qu'un liquide finement granuleux ; les cellules aplaties des siphons, au contraire, et les cellules cor- ticales, renferment chacune une masse cohérente de globules sphériques qui la remplit entièrement. Ces globules, dont le diamètre assez uniforme à 0,007, ne s’éparpillent pas dans le liquide qui baigne les coupes, mais les masses sortent tout en- tières de leurs cellules. En exerçant une pression sur elles, on réussit bien à les fendre en plusieurs fragments, mais leurs élé- ments fortement adhérents entre eux ne se séparent pas. A en bien examiner le bord, on voit qu'elles sont entourées d’une membrane continue que l’iode jaunit : une goutte d’acide sulfu- rique rend les globules violets, tandis que l'enveloppe reste jaune; l’action prolongée de l'acide dissout les grains, et il ne reste de la masse qu’une membrane jaune réticulée, à mailles circulaires ou polygonales, produites par un repli que la mem- brane envoie entre les globules de la couche périphérique. Ure pareille enveloppe réticulée existe aussi dans l’Halopilys ; maïs les éléments n'ayant pas entre eux une forte adhérence, elle se déchire sous le rasoir et ne se retrouve que cà et là en fragments emportés par les globules périphériques insérés sur elle par de GLOBULES AMYLACÉS DES FLORIDÉES ET DES CORALLINÉES, 91% petits pédicules. J'ai constaté sa présence dans la plupart des espèces que j'ai étudiées; elle est donc très-fréquente, sinon générale. » La formation amvylacée, que les deux exemples précédents définissent nettement, se retrouve avec les mêmes caracteres dans l'immense majorité des Floridées et des Corallinées, amst que l’établissent des observations que J'ai déjà étendues à plus de trente espèces appartenant à vingt-cinq genres. Les diffé- rences portent sur le mode de distribution des globules dans les issus, sur la forme et la dimension des grains, que je n’ai pas jusqu'à présent trouvés supérieurs à ceux de l'Æalopitys, et qui parfois ont à peme 0"",001. Je ne puis entrer 1c1 dans le détail de ces observations, mais elles font comprendre pourquoi cer- taines grandes espèces, telles que l'{ridæa edulis Bory, très- riches en cette sorte de fécule, peuvent être un aliment nour- rissant pour les pauvres habitants des côtes; elles démontrent en même temps chez la plupart des Floridées et des Corallinées | une richesse amylacée qui peut se comparer à celle de la Pomme _ de terre et des céréales. » Dans les Cryptogames cellulaires, l'amidon en grains bleuis- sant par l'iode accompagne la chlorophyile, et sa production parait corrélative du mode de vie qui résulte des fonctions de la matière verte. Où celle-ci manque, on n'en rencontre pas. Les | observations précédentes en acquièrent un nouvel intérêt, en montrant dans un vaste groupe de plantes cellulaires privées de chlorophylle, et douées par suite d’une respiration exclusive- , ment comburante, la formation d'un principe très-voisin de | l’amidon ordinaire, mais qui ne lui parait pas être identique, » Ces globules remplissent-ils les cellules végétatives à toute | époque de l’année, et quel en est le rôle dans le mode de vie encore si peu connu de ces plantes? Ce sont des questions que _ je m'efforcerai de résoudre dés que les circonstances me le per- | mettront. M. Decaisne a bien voulu vérifier les principaux résul- | tais de ce travail, Je le prie d'en recevoir 161 mes bien vifs remer- ciments, » NOTICE / SUR LE PIGMENT ROUGE DES FLORIDÉES ET SON ROLE PHYSIOLOGIQUE, Par M, S. ROSANOLF. ee mm I n'y a pas longtemps, M. Van Tieghem à présenté à l'In- stitut (Comples rendus, séance du 6 novembre 1865, p. 804) un aperçu de ses recherches sur la présence, dans le tissu des Flo- ridées, d'une formation amyloïde peu différente de lamidon ordinaire. En terminant sa communication 1} exprime sa sur- prise de voir figurer une substance semblable dans des plantes dépourvues de chlorophylle, et, conséquemment, pour employer sa propre expression, essentiellement comburantes. En donnant aux Floridées une telle épithète, M. Van Tieghem a simplement appliqué à ces plantes les résultats des expériences faites par M. Cloëz sur des Phanérogames à feuilles rouges à la surface, expériences qui avaient démontré que ces dernières renferment toujours une certaine quantité de chlorophylle, en vertu de laquelle elles décomposent l'acide carbonique. M'étant occupé à Cherbourg, depuis le mois d'octobre der- nier, de recherches physiologiques sur les plantes marines, javais porté mon attention prmeipalement sur l'assimilation du carbone, la respiration de ces plantes et le rôle que joue dans ces phénomènes le pigment rouge. Voici les principaux résul- tats que j'ai obtenus. Les expériences faites sur le Ceramium rubrum, le Ploca- mium coccineum, le Rhodhymenia palmata, le Dumontia filiformis, le Cystoclonium purpurascens, le Gracillaria confervoides, le Chondrus crispus, le Gigarlina mamillosa, le Polysiphonia Bro- diet, le Rhodomela subfusca, le Lomentaria articulata, le Corallina officinalis, le Jania rubens, m'ont démontré que les Floridées ne sont pas plus comburantes qu'une plante chlorophylliphère quel- conque : elles dégagent, sous l'influence de la lumière solaire, de l'oxygène, si l'on a le soin de leur fournir constamment de l’acide carbonique. La décomposition de ce dernier est d'autant NOTICE SUR LE PIGMENT ROUGE DES FLORIDÉES. 321 plus intense que la plante recoit plus de lumière et est soumise à une température plus rapprochée de 15-20 degrés centi- orades ; elle commence déjà à 5-7 degrés si la lumière est assez vive ; à 15-20 degrés le dégagement d'oxygène est pour ainsi dire tumultueux. Il n’est pas difficile de se convaincre que le gaz dégagé, que j'avais recueilli en grande quantité, est com- posé dans sa majeure partie d'oxygène. Quant aux divers rayons du spectre solaire, J'ai trouvé que la moitié du spectre composée des rayons les plus réfrangibles est la moins favorable à la décomposition de l'acide carbonique par les Floridées. Dans l'obscurité, ce phénomène cesse compléte- ment, et l’on observe une vive absorption d'oxygène accompa- onée d'un dégagement d'acide carbonique. Ainsi nous voyons que les Floridées ne se distmguent en rien, quant à leur respiration et à leur assimilation du carbone, de toutes les plantes chlorophylliphères, et qu’elles ne peuvent nullement être assimilées aux Champignons ou aux Phanéro- games parasites. Leur mode de végétation devait faire prévoir ce résultat. De même que dans les plantes vertes la présence de la chloro- phylle est indispensable pour que la décomposition de l'acide carbonique puisse avoir lieu; de même dans les Floridées, qui dans l’étai normal ne sont jamais vertes, le pigment rouge doit être considéré comme un organe essentiel de l'assimilation. Les circonstances suivantes parlent en faveur d'une telle ma- nière de voir. 4. La structure du pigment. — N présente, comme la chloro- phylle, des formations protoplasmatiques, disposées sous la couche membraneuse du protoplasma et plus denses que cette couche. Ce sont des granules allongés en baguettes diversement recourbées (Bornetia, Griffithsia, etc.), ou des granules plus ou moins sphéroïdaüx (Zridœæa edulis, Callithamnion floridu- lum, etc.), ou enfin des bandes ramifiées, continues et gonflées de place en place (Rhytiphlæa pinastroides, divers Polysipho- nia, etc.). Dans l’état normal elles sont homogènes, mais après l’action de l'eau de mer ou de l’eau douce elles deviennent gra- 5° série, Bor. T. IV. (Cahier n° 6.) 1 21 An S. ROSAROFF, nuleuses, sphéroïdales, vésiculaires. Elles ne contiennent pas de quantité appréciable d’amidon et sont imprégnées d’une matière colorante rouge. | 2, La disposition des formations pigmentaires. — Elles se trou- vent toujours d'autant plus accumulées dans l'intérieur des cel- lules que celles-ci sont plus rapprochées de la superficie de la fronde. 3. La position relativement aux grains d’amidon. — Quand les formations pigmentaires présentent des granules disposés en chapelets ramifiés, ces derniers sont souvent interrompus par des grains d'amidon. Quelquefois les grains d'amidon sont entourés de plusieurs grains de pigment. Dans le Callithamnion floridulum, la couche du protoplasma qui contient les gra- nules de pigment est parsemée de très-petits grains amylacés. Dans le Bornetia et le Griffithsia, les granules cylindriques de pigment recouvrent la face intérieure des cellules, en couche qui est assez régulièrement Imterrompue de distance en distance. Dans les petits vides formés de cette facon, se trouvent des grains d'amidon qui, dans le Bornetia, ont une forme très- bizarre. J'ajouterai 1ci que mes recherches me portent à croire que la matière amylacée des Floridées ne présente pas dans toutes les espèces la même intensité de réaction; ainsi, par exemple, dans le Rhytiphlœæa pinastroides, elle se colore, par l'eau iodée, en acajou; dans le Bornetia, la coloration est plus violâtre; enfin, dans le Delesseria sanguinea, j'ai vu des gra- nules qui se coloraient immédiatement en bleu violâtre foncé. Encore faut-il faire remarquer que les grains d’amidon ou de la substance amylacée ne sont jamais revêtus d’une couche de protoplasma coloré. h. Les propriétés de la mahère colorante. — Les Floridées changent de couleur sur les lieux mêmes où elles végètent. Elles deviennent d’un rouge brique, puis vertes, et enfin elles se dé- colorent complétement. Ce sont des phénomènes pathologiques qui dépendent de l’action de la lumière, de la chaleur et d’une dilution de l’eau de mer par la pluie pendant la basse mer. Le premier des changements eités dépend de ce que la matière NOTICE SUR LE PIGMENT ROUGE DES FLORIDÉES. 929 colorante, qui était auparavant concentrée dans les formations protoplasmatiques, se répartit dans le suc cellulaire; le second changement est la suite d’une altération de la constitution de la matière colorante, et la décoloration complète dépend de sa des- truction finale. À 60-70 degrés centigrades les frondes des Floridées devien- nent vertes. Si on les traite avec de l’eau disüllée à la tempéra- ture ordinaire, on obtient un extrait d’un beau rouge cramoisi quand on l'examine par transparence, et d'un jaune plus ou moins rougeâtre quand on le regarde à la lumière réfléchie devant un objet noir. C’est une fluorescence des plus prononcées, qu'on peut observer sur chaque goutte de la dissolution et qui se manifeste aussi sur des préparations microscopiques fraîches : les granules de pigment apparaissent, au milleu, d’un rose violâtre, et aux bords et aux protubérances, c’est-à-dire sur les endroits dont l'œil recoit la lumière réfléchie, 1ls sont toujours jaunâtres. En projetant le spectre solaire sur une couche de ce liquide, on voit toute la parte qui correspond aux rayons verts présenter la couleur jaune. L'analyse spectroscopique montre qu'à une certaine profondeur la dissolution aqueuse absorbe tous les rayons verts et quelquefois une petite partie des rayons volets. L'extrait aqueux se décolore par l'élévation de sa température à 50-60 degrés centigrades, par addition de la potasse caus- tique ei par son exposition à l’action simultanée de la lumière et de l'air. Les acides anéantissent seulement la fluorescence ; l'alcool, ajouté à la dissolution, fait la même chose, ce qui est d'autant plus surprenant que les frondes, traitées par ce liquide neutre, donnent un extrait d'un beau vert émeraude, jouissant de toutes les propriétés physiques et chimiques d'une dissolution de la chlorophylle véritable. L’éther produit le même effet que l'alcool. Je dois me contenter ici de ces courtes données, en me réser- vant de traiter la question et de décrire, dans un travail ulté- rieur plus complet, les détails des phénomènes et des méthodes employées, PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS OU ÉNUMÉRATION DES PLANTES DE LA NOUVELLE-GRENADE AVEC DESCRIPTION DES ESPÈCES NOUYELLES, Par MINE. J. TRIANA EX J. E. PLANCHON MUSCI. Exposuit E. HAMPE (!). a —— VIII. — ORTHOTRICHACEÆ. TriB. I. — ZYGODONTEÆ. I. — ZYGODON Hook. et Tayl. a. Codonoblepharum. Zycopox LinGutrorMis C. M. — Monoicus, pulvinato-compac- tus, humilis, fastigiatus, olivaceo-viridis. Caulis subsimplex vel apice diviso-ramosus, basi fusco-fibrillosus, erectus. Folia cari- nata, oblongo-ligulata, obtusa, humida patentia, sicca convo- luta accumbentia ; nervo promimente fusco, ante apicem evanido ; cellulis dense aggregatis rotundatis, basilaribus hyalinis, cæteris papillosis fere opacis. Seta erecta, brevis ; theca longicolla, elon- - gato-piriformis, parum obliqua, erecta, octies plicata; oper- culo brevi, conico, oblique rostellato ; peristomi dentibus exte- rioribus geminatis, lato-lanceolatis, obtusis, siccis reflexis, (4) Suite, voy. t, IL, p. 337, PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 929 interioribus ciliis subulatis erectis subæqualibus. Calyptra sca - briuscula. Bogota, Tequendama, altit. 2500 metr., in sylv. ad truncos vetustos , martio, leg. A. Lindig. Zygod. obtusi folio Hook. similis, sed calyptra scabriuscula primo visu differt. h. Euzygodon. 2, ZyGopon sorpinus C. M. — Dioicus, dense pulvinatus, hu- milis, rubiginoso-tomentosus, luride-viridis. Folia crispula, ca- rinata, humida reflexa,inferiora remote ovato-lanceolata, brevia, comalia dense aggregata longiora, torsione unica obliqua flexuosa, magis erecta, lineari-lanceolata, integerrima ; nervo lutescente percursa, apiculata vel breve mucronata, cellulis angulato-punctatis dense seriatis lutescenti-diaphana ; peri- chætialia basi laxius reticulata. Seta brevis, erecta, apice parum incrassala ; theca ovato-piriformis, octies costata, parum obliqua, operculo conico-subulato obliquo dimidiam thecam metiente vel paulo longiore ; peristomium externum simplex (?), dentibus per paria approximatis, late lanceolatis, flavescentibus. Bogota, Pacho, altit. 2000 metr., in sylv. ad arbor., maxime deoper- culatum leg. Lindig. Prius legit J. Triana in collect. Linden., n° 23 etiam in statu vetusto. à. ZyGonon Gouporit Hpe. — Dioicus, ‘dense cespitosus, cro- ceus, basi rubiginoso-tomentosus, subfastigiatus. Caulis gracilis, diviso-ramosus, laxe foliatus, parum curvatus, adscendens. Folia inferiora fuscata, superiora crocea, ovato-lanceolata, brevis- sime acuminata, integerrima, nervo aureo ante apicem evanido carinata, sicca accumbentia, humida erecto-patentia ; perichæ- tialia subconformia, erecta, cellulis basilaribus anguste elongato- quadratis aureo-transparentibus, cæteris papillosis punctatis, lutescenti-diaphanis ; folia perigonialia cordata, epapillosa, laxe reticulata, subhyalina. Seta gracilis, semiuncialis vel paulo lon- gior ; theca oblongo-piriformis, erecta, ore aperto, sicca plicato- 326 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. MAMPE). striata ; peristomium simplex, internum cilus’16 hyalinis ; ca- lyptra fuscata angusta ; operculum deest. Bogota, Tolima, Summita, sub n. 13, leg. Goudot. Z'ygodonti cylindrico affinis, differt statu minoreet gracilitate, seta bre- viore et thieca ampliore. h. Zyaonon nivauis Hpe. — Caulis prolifero-elongatus, usque ad ramos ferrugineo-tomentosus, ramis apice capitafo-stellatis, totus rufescens. Folia laxe imbricata, superiora congesta , - oblongo-lanceolata, acuminata, integerrima , nervo lutescente pereursa, e basi sulcata carinata, paulisper undulata, erecto- patentia, sicca flexuoso-crispata, cellulis basilaribus linearibus, cæteris papillosis angulato-punctatis, lutescentia; perigomialia basi laxius reticulata, cellulis elongatis pentagonis, Intermeduis anguste ellipticis, in acumine papillosis punctatis, Cætera desunt. Bogota, Summita, regionis nivalis, sub n° 11, leg. J. Goudot. Sterilis lecta, sed habitu elongato-prolifero memorabilis, species propria videtur. 9. ZYGODON SUBDENTICULATUS Hpe. — Hermaphroditus, laxe pulvinatim expansus, læte viridis, uncialis et altior. Caulis fasti- giato-ramosus, basi fusco-tomentosus. Folia carinata, erecto- patentia, inferlora minora, superiora majora stellato-expansa, sicca convoluto-crispula, aceumbentia, oblongo-lanceolata, mar- gine erecto parum inæquali, inde apice parce dentata, nervo lutescente percursa et apiculata, cellulis basilaribus elongatis pellucidis flavidis, intermediis ovalibus, superioribus condensatis papillosis, punctata, diaphana. Seta erecta, flavescens, vix un- cialis; theca elliptico-piriformis, microstoma , octies plicato- costata ; peristomium simplex, internum ciliis brevibus 8 hya- linis fugacibus, operculo flavescente e basi brevi conica subulato incurvo ; Calyptra angusta. Bogota, Pacho, Chiquinquira, Guadalupe, Tequendama, Canoas et Paramo Choachi, altit. 2090-3600 metr., in sylv. sub n° 2092, 2126, 2129 et 2145, leg. A. Lindig. Inter Zygodontes denticulatos Zygodonti Moritziano CG. M. proximus; PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 927 differt_inflorescentia hermaphrodita, Zygodon denticulatus Tayl, ciliis 16 differt, IL — BRACHYSTELIUM Kchpb. 4. BracuysteLium LinniGrr Hpe. — Monoicum, laxe cespito- sum, fusco-viride. Caulis uncialis, parce diviso-ramosus, sub- erectus, undique foliatus. Folia dense imbricata, laxe aceumben- la, apice uncinato-tortilia, humida erecto-patula, carinato- concava, medio et latere sulcato-plicata, late lanceolato-elongata, apice grosse serrata, nervo valido percursa et apiculata ; cel- lulis basilaribus parallelogrammicis, intermediis angustioribus linearibus, versus apicem fol subrotundo-angulatis ; tota folia lutescentia. Seta solitaria vel 2-3 aggregatæ, breves, erectæ ; theca erecta, elhiptico-cylindrica, glabra, ore rubro ornata, oper- culo umbonato-subulato erecto tertiam partem thecæ metiente ; peristomu dentibus profunde divisis, longe subulatis, gla- briusculis ; calyptra nitida, subtiliter striata, octofida, apice sca- briuseula. Bogota, Los Laches, altit. 2800 metr., ad rupes umbrosas; sept. leg. A. Lindig. Br. lepidomitrio Schimp. proximum, sed calyptra basi nuda, nec pilis nec squamis obtecta. III, — MACROMITRIUM Brid. Sect. I. — Macrocoma Hornich. 4. MacromiTRIuM FRiGipuM C. M. — Monoicum, decumbens, bumile, valde ramosum, gracile ; ramis brevibus, obtusis, humi- dis stellatis. Folia caulina inferiora laxe, superiora undique dense imbricata, parce spiraliter accumbentia ; humida patula, brevia, e basi lacunoso-concava, oblongo-lanceolata, obtusa, brevissime mucronata , sulcato-carinata ; nervo lutescente ante apicem evanido ; cellulis minoribus rotundis papillosis margine fol prommentibus scabra, lutescenti-viridia, diaphana; perichæ- Ualia majora et latiora, laxius reticulata. Seta brevis, sulcata, erecta, flavescens ; theca erecta, piriformi-ovata, læviter costata, 328 JS. TIMANA ET J.-E. PLANCHON (E, HAMPE). microstoma ; operculo recto, subulato ; peristomii simplicis ex- terni dentibus 16 brevibus, rugulosis, linea media parum exara- tis ; calyptra angusta, campanulata, pilosa. Hab. Rio Hacha, Sierra nevada 3300 metr., leg. L. Schlim., in collect. Linden n° 869. M. filiformi proxima, differt statura minore, foliis latioribus obtusio- ribus, cellulis prominentibus scabriusculis et theca evidenter costata. Sect. II. — Eumacromitrium GC. M, fol. erectis cirrosis. 2, MacromiTRiuM AUREUM C. M. — Dioicum, pulvinatim ces- pitosum, molle, fusco-aureum. Caulis fastigiato-ramosus, basi attenuatus, tomentosus, superne robustus, dense foliatus. Foha dense imbricata, incumbenti-tortuosa, humida erecto-patula, flexuosa, e basi lato-lanceolata longitudinaliter plicata, elon- gata, versus apicem margine crenulata, summo apice denti- culata, dorso papilloso scabra, nerve lutescente ante apicem evanido rarius excurrente acuta ; cellulis basilaribus angulato- ellipticis, secundis angustatis minoribus, in lanfina superiore papilloso-punctatis, tota folia lutescenti-diaphana, perichætialia erecto-appressa stricta valde plicata, cellulis laxioribus minus papillosa. Seta semiuncialis, apice curvata; theca breviter piri- formi-ovata, horizontalis, sublævis, sicca e basi plicata sub ore coarctata, operculo conico-subulato recto; peristomn duplieis dentibus ext. rubiginosis, inter. rugulosis membranaceis palli- dis, calyptra glabra. Prov. Ocaña, paramos 900 metr., sub 487, febr. leg. Schlim.; Cerro Pelado cum Zygodonte commixtam, in collect. Linden sine n° leg. Schlim. Ex toto habitu robustiore ab sequentibus diversum, Macromitrio dubio Schimp. ex habitu parum simile, seta demum curvata, vero ab omnibus diversum. Molle et amœne rufescenti-aureum ! Jam antea ab Humboldtio et Gayio in Peruvia collectum. Cum #7. longi/olio commu- tatum. * Foliis patulis reflexis cirrosis. 3. MACROMITRIUM TRIANEÆ C. M. — Dioicum, laxe cespitosum, PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 329 subbiunciale, luteo-viride. Caulis basi fusco-tomentosus, adscen- dens, erectus, superne fastigiato-ramosus ; ramis brevibus lutescentibus. Folia dense imbricata, cirroso-crispula, erecto- patentia, superiora longiora, apice recurvo, oblongo-lanceolata, elongata, canaliculata, obtusa, parum undulata, superne cellu- lis promimentibus muriculata, nervo lutescente ante apicem fol evanido ; cellulis basilaribus angustis, linearibus, lutescentibus, secundis abbreviatis, anguste ellipticis, cæteris dense aggrega- tis, papilloso-punetatis, subopacis; perichætialia strictiora , erecta, longius acuminata, subintegerrima. Seta brevis, erecta, vetusta parum curvata ; theea ovata, erecta, octies costata ; opereulo umbonato, subulato, recto; peristomium duplex, in tu- bum brevem coalitum, dentibus exter. brevibus, dense aggrega- tis, obtusis, intense croceis, erectis, inter. membrana tenuissima, byalina, cohærente, apice divisa, lacimusbrevibus latioribus trun- catis ; calyptra longa, lævis, profunde lacimiata, intense crocea. Nova Granata: S. Triana primus detexit; Bogota, Guadalupe, altit, 2900 metr., in sylv. ad arbores ; augusto, A. Lindig. Ex affinitate A7. cirrosi Brid., sed theca manifeste costata, primo visu differt. h. MacRoMITRIUM ATTENUATUM Hpe. — Dioicum, laxe cespi- tosum, elongatum, attenuatum, rufo-fusco-viride. Caulis gra- cilis, laxe diviso-ramosus, basi fusco-tomentosus, superne rufes- centi-viridis, subæqualis. Folia seriatim (tetrasticha) imbricata, humida patula, suprema stellato-reflexa, sicca uncinato-cris- pata, laxe accumbentia, e basi sulcato-carinata, oblongo-lan- ceolata, elongata, flexuosa, canaliculata, margine superne in- terdum undulata, basi integerrima, superne eroso-denticulata, nervo rufescente percursa ante apicem evanido; cellulis basi- laribus luteis, seriatis, linearibus, lævibus, intermedüs ellipticis brevioribus papillosis diaphanis , in superiore opaciore parte fol dense aggregatis, papilloso-granulatis, in acumine dia- phano dentato-serrata, cellulis ellipticis; perichætialia mtima basim setæ involventia, erecta, breviora, apice vix muriculata, nervo paulo breviore. Seta pseudo-lateralis, ramos paulo supe- 390 43. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. WAMPE), rans, gracilis, superne torquescenti-tortilis, glabra, erecta ; theca ovato-elliptica, piriformis, octies manifeste costata; oper- culo conico-subulato, recto, brevi; peristomium duplex, brevi- ter tubulosum ; dentibus exter. lato-lanceolatis flavicantibus reflexis, inter. membrana albida ; laciniis latis, conniventibus, erectis. Calyptra rufescenti-aurea, longa, profunde laciniata, glabra. Bogota, Pacho, altit. 2200 metr., in sylv. ad arbores, julio, 1863, leg. A. Lindig. Ab priore gracilitate, foliis seriatim dispositis brevioribus, seta lon - giore pseudolaterali, theca magis piriformi et peristomii dentib. ext. reflexis satis differt. 9. MACROMITRIUM CRENULATUM Hpe. — Dioicum, pulvinatim expansum, unciale et altius, ferrugineo-rufescens, prorepens, subfastigiatum. Caulis adscendens, diviso-ramosus, basi fusco- tomentosus, ubique dense foliatus. Folia undique dense imbri- cata, infra parce noduloso-aspera, profunde sulcato-carinata, elongato-lanceolata, versus apicem crenulato-dentata, sicca un- emato-crispula, laxe contorta ; nervo involuto rufescente, ante apicem evanido; cellulis inferioribus linearibus, intermedus abbreviatis, in lamina superiore dense congestis, papilloso- punctatis; tota folia lutescenti-diaphana. Seta semiuncialis et longior, glabra, erecta, rufescens, fuscata. Theca erecta, piri- formi-ovata, sub ore contracta, humida octies angulata, sicca costata, rufescenti-brunnescens ; operculo pallidiore, umbonato- subulato, thecam subæquante, recto; peristomium duplex, brevi- ter tubulosum ; dentibus exter. aurantiacis late lanceolatis, siceis reflexis, inter. laciniis subconformibus erectis albidis ; calyptra profunde laciniata, thecam fere totam obtegente, rufescenti- fusca, glabra. Bogota, Tequendama, altit. 2500 metr., in sylvis, etiam Pacho, altit, 2200 metr., julio, augusto leg. A. Lindig. Rio Hacha, Sierra nevada, Linden. Ab prioribus satis differt : foliis profunde sulcatis, statura et colore. M. quatemalensi proximum, sed foliis apice crenulato-dentatis diversum. PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, 391 6. MACROMITRIUM LONGIFOLIUM Brid. Bogota, Tequendama, altit. 2500 metr., in sylv. leg. A. Lindig., aug. 1863, et Tolima, Cuesta de la Decisadera ad arbores leg. Goudot, 1844. Ab omnibus prioribus affinibus, primo visu, seta ubique scabra cogno- scitur. 7. Macromirrium TocaremMæ Hpe. — Dioicum, rufescens, laxe cespitosum, unciale, parce fastigiatum. Caulis basi parcius fusco-tomentosus; ramis brevibus, erectis, apice intense-croceis. Folia undique dense imbricata, cirrato-crispula, humida paten- tia, subreflexa, parum plicata, canaliculato-concava, oblongo- lato-lanceolata, margine parum reflexa, integerrima, versus apicem eroso-dentata, nervo transparenti-rufescente percursa, in apice evanido, vel percurrente apiculata ; cellulis infer1oribus et lateralibus linearibus, intermediis ellipticis, in lamina supe- riore dense aggregatis, angulato-punctatis, papillosis; tota folia lutescenti-diaphana, in sammo paulo obscuriora. Seta erecta, fere uncialis ; theca ovato-elliptica, elongato-piriformis, parce angulata, humnda lævis, operculo conico-subulato recto, peri- stomi dentib. ext. lanceolatis erectis aurantiacis, inter. cilus brevioribus subconcoloribus. Calyptra ad medium laciniata, thecam obtegente, glabra, aurea. Bogota, Tocarema, altit. 2300 metr., augusto in sylv. ad arbores, Monte del Morro, altit. 2200 metr., sept., leg. A. Lindig. * Foliüs spiraliter contortis serratis. 8. MacroMITRIUM conrexrum Hpe. — Dioicum, humile, tomento denso ferrugineo contextum, latissime expansum, pro- repens, Intense rufescens. Caulis adscendenti-erectus, simplex vel diviso-ramosus, subfastigiatus, basi dense tomentosus. Folia seriatim imbricata, inferiora humida patentia, superioria stel- latim expansa, sicca complicata uneinato-crispata, laxe spira- liter contôrta, canaliculato-carinata, elongato-lanceolata, ligu- lata, recurva, apice argute serrato - dentata, acuta ; nervo flavescente percursa apice evanido, cellulis basilaribus et latera- libus elliptico-linearibus lævibus flaccidis ; intermediis rotundatis 332 3. TRIANA ET J.-E, PLANCHON (E. HAMPE). papillosis, nitentibus ; in superiore parte fol dense congestis, minimis, granulatis, subopacis; perichætialia interiora erecta, oblongo-lanceolata, integerrima, cellulis laxioribus ellipticis pellucidis, versus apicem fol densioribus rotundatis pareius papillosis. Seta semiuncialis, erecta, tortills, apice sulcato-pli- cata ; theca elliptico-ovata, lævis, auréscens, nitida; operculo conico-subulato, recto, pallidiore. Peristomium simplex; exter- num dentibus 8 per paria conniventibus, demum discretis, reflexis, brevibus, lanceolatis, trabiculatis, flavescentibus. Caly- ptra aurea, glabra, profunde laciniata. Rio negro, altit. 1200 metr., in sylvis ad arbores, cespites latos septb. A. Lirdig legit. Inter species minores Ï. Wagneriano æmulans, sed foliis apice argute serrato-dentatis refugit, peristomio simplici memorabile. ##* Foliis undulato-crispulis serratis. 9. MACROMITRIUM UNDULATUM Hpe.— Laxe cespitosum, ramo- sissimum, elatum, sesquiunciale, rufescenti-viride. Caulis adscendens, interrupte tomentosus, laxe foliatus. Folia e basi latiore oblonga, margine parum revoluta, concava, flaccida, undulata , recurva, caualiculata, elongato-lanceolata, basi inte- gerrima, versus apicem grosse dentato-serrata, nervo percursa pallide lutescente apice evamido; cellulis basilaribus elongato- quadratis, pellucidis, in lamina superiore dense aggregatis, angulato-rotundatis, papillosis, diaphanis. Cætera desunt. Bogota, Pacho, altit. 2200 metr., inter alia specimen unicum sterile intermixtum legit A. Lindig. Ab omnibus differt : caule ramosissimo flaccido et foliis undulato- crispulis, versus apicem grosse dentato-serratis; prope A. argutum Hpe, IV.— ORTHOTRICHUM Hedw. * Theca immersa. A. Orraorricaum Manponr Schimp. in muscis Boliviæ.— Mo- noicum, laxe cespitosum, unciale et altius, basi fusco-tomen- tosum, apice lutescenti-viride. Caulis nferne attenuatus, diviso- ramosus, apice ramis brevibus incrassatus. Folia inferiora laxe PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 399 imbricalta, superiora conferta, sicea laxe accumbentia, humida patula, apice parum recurva, oblongo-lanceolata, carinata, mar- gine revoluto, nervo rufescente percursa apice evanido, inte- gerrima ; cellulis alaribus paucis, majoribus quadratis hyalinis, secundis lateralibus abbreviatis, intermednis linearibus flaves- centi-diaphanis, versus apicem folii sensim abbreviatis, anguste ellipticis, demum in summo dense aggregatis papillosis rotun- datis paulo obseurioribus. Theca breviseta, immersa, lepto- derma, ovato-oblonga, humida lævis, sicca sub ore contracta, octies costata, operculo pallido umbonato-apiculato. Peristo- mium duplex dentibus exter. lato-lanceolatis flavidis apice divisis erectis, inter. cilis lanceolato-subulatis nodulosis sub- concoloribus. Calyptra campanulata, papilloso-aspersa, apice pilifera, basi mciso-lobata. Paramo Choachi, altit. 3000 metr., ad ramos in sylv. pauca speci- mina, aug,, leg. A. Lindig. Ab O0. laxifolio Wilf. differt : calyptra breviore, apice pilifera, basi laciniata. 2. ORTHOTRICHUM ARISTATUM Hpe. — Dioicum, laxe pulvi- natim cespitosum, humile, fusco-viride. Caulis parce ramosus, fastigiatus, basi parce fusco-fibrillosus, mfra laxe, superne den- sius foliatus, Folia tenera , laxe accumbenti-erecta, humida patula, carmato-concava, oblongo-lanceolata, margine arcte reflexa, apiculo brevi hyalino fragili aristata, nervo fuscescente apice evanido ; cellulis basilaribus elongato-quadratis, lateralibus brevioribus pellucidis, versus apicem dense aggregatis, subro- tundis, papillosis, subopacis. Theca breviseta, subemersa, oblongo-cylindrica , anguste 8-costata, evacuata leptoderma pallens; operculo pallido, parum convexo, arista brevi coronato. Peristomium duplex, dentibus exter. 8 late ovatis brevibus ex cruribus À Cconnatis integris demum reflexis, inter. lacinis subulatis octo fugacibus. Calyptra pallide flavescens pilosiuscula. Bogota, Sabana et la Penna, altit. 2600 metr. ad arbores in sylvis, junio leg. A. Lindig. Ab O0. lenello sexu et foluis aristatis diversum, 330 SJ. TRIANA ET J.-E, PLANCHON (E. MAMPE). ** Theca emersa seta longiore. 3. ORTHOTRICHUM ELONGATUM Tayl.; C. M., Syn., 1, 706. Bogota, Pacho, altit. 2200 metr. et Paramo Choachi, altit. 3000 metr. in sylv. ad arb., julio et aug., legit pauca specimina À, Lmdig. h. ORTHOTRICHUM RECURVANS SChimp. in musC. mexicanis. — Monoicum, laxe cespitosum, minus, vix unciale, fastigiatum, rufescenti-viride. Caulis adscendenti-erectus, basi fusco-tomen- tosus, superne diviso-ramosus. Folia laxe imbricata, sicca accumbentia, humida patentia, apice recurvo carinato-concava, e basi vaginante late ovato-lanceolata, acuminata, margine reflexo integerrima ; nervo pallide fuscescente, ante apicem evanido ; cellulis alaribus lævibus quadratis hyalinis, mtermediis elongatis angustioribus parce nodulosis lutescentibus, cæteris dense aggregatis minimis, granulato-papillosis, subopacis. Seta brevis, emersa ; theca erecta, elliptico-cylindrica, sub ore rubro parum constricta, flavescens, lævis, vetusta fuscata plicata, oper- culo conico subula brevi coronato pallidiore. Peristomium duplex; exter. dentibus geminatis (8 paria) demum discretis lanceolatis siccitate reflexis aurantiacis, inter. cils 46 sub- æquilongis et concoloribus subulatis, simplicibus, nodulosis. Calyptra flavescens, valde pilosa, longa. Bogota, Los Laches, altit. 2700 metr., ad saxa, martio 1863, leg. A. Lindig. O. elongata Tayl. affine, sed minus, gracilius, seta breviore et theca angustiore primo visu differt. SUBGEN. — ULOSA, Brid. Schmp. 9. ORTHOTRICHUM RUFESCENS Hpe. — Dense cespitosum, O. crispulum æmulans, sed intense rufescens. Caulis gracilis, inferne tomentosus, superne diviso-ramosus. Folia crispula, dense imbricata, inferiora minora, humida recurvato-crispula, ovato-lanceolata, carinata, sulcata, acuta, margine erecto integer- rima, nervo lutescente versus apicem evanido, Cellulis basila- PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 999 ribus minoribus quadratis diaphanis lævibus, intermediis brevio- ribus, cæteris dense congestis, granulato-papillosis, subopacis. Cætera desunt. Bogota, Los Laches, ad arbor. sterile, cum aliis intermixtum leg. A. Lindig. Differt ab ©. crispulo colore rufescente et foliis angustioribus sulcato- carinatis, cellulis basilaribus conformibus, nec lateralibus majoribus hyalinis. BRYACEZÆ. 1. — MIELICHHOFERIA Hornsch. A. MiecicHHorErIA MiCROSTOMA Hpe. — Hermaphrodita, hu- millime, laxe cespitosa, expansa, lutescens. Caulis fertilis radi- calis brevissimus ; foliis minoribus ovato-lanceolatis, dentatis, intense coloratis; ranus sterilibus brevibus, rigidiusculis, 2-L-linearibus, dense foliatis, parum clavatis, gracilibus. Folia minora ovato-lanceolata, cuspidata, parce dentata, nervo rufes- cente supra medium evanido, cellulis basilaribus laxioribus pentagonis, superloribus angustioribus; tota folia flavescenti-dia- phana. Seta brevis, ramos paulo superans, adscendens, apice incurvata, longitudinaliter sulcata, Theca inclinato-pendula, parva, oblongo-pirformis, parum obliqua, basi plicata, oper- culo minimo umbonato, orificio minimo, annulo subclauso, ciliis subtilissimis fugacibus internis. Bogota, Guadalupe, 3100 metr., in montosis, aug. 1863, leg. A. Lindig, Humillima species, M. demissæ CM. proxima, sed operculo minutis- simo primo visu distincta. 9. MiELiCHHOFERIA BOGOTENSIS Hpe. — Hermaphrodita, cespi- tosa, expansa, humilis, pallide flavescens. Caulis fructiferus radi- calis, brevissimus; foliis perichætialibus in gemma congestis, parvis, ovato-lanceolatis, patulis, intense coloratis, denticulatis ; ramis vel innovationibus gracilibus brevibus, 2-3-linearibus, dense foliatis. Folia ramorum erecto-patentia, lanceolata, brevi- ter acuminata, apice remote dentato-serrata vel dentata, nervo 330 S. TRIANA ET J.-E, PLANCHON (E. HAMPE:). crasso flavescente ante apicem fol evanido, cellulis anguste pentagonis elongatis, flavescenti-pellucida. Seta ramos subtri- plo superans, flavescens, gracilis, nitida, apice imcurvata. Theca parum obliqua, obovato-piriformis, clavata, basi plicata, pallida, horizontalis vel adscendens vel nutans; operculo basi cmgulo rubro notato, umbonato-apiculato; peristomii ciliis inflexis, æquidistantibus, subulatis, torulosis, linea media notatis, fla- vidis, in membrana carinata connexis. Bogota, 2700 metr., ad Barrancos umbrosos, april 1863, leg. A. Lindig. Ob thecam ampliorem turbinato-clavatam ab sequente diversa, ex habitu M. Ecklontu. 3. MiezicaHorerIA Linnicu Hpe. — Hermaphrodita, humilis vel laxe cespitosa, elongata, pallide-flavescens, nitida. Caulis fructiferus brevissimus, radicalis; innovationibus gracilibus plus minusve elongatis anguste clavatis, inferne laxius, superne den- sius foliatis. Folia caulina inferiora minora intense flavescentia, superiora ramorum pallide-flavescentia lanceolato-acuta apice denticulata, nervo rufescente supra medium evanescente, dia- phana ; cellulis anguste trapezoideis sublinearibus, ad basim fol subparallelogramnucis, magis coloratis, flavidis; perichætialia minora, ovalo-lanceolata, denticulata. Seta gracilis, elongata, usque unCialis, erecta, apice incurvata vel adscendenti-flexuosa. Theca adscendens vel horizontalis vel nutans, oblique oblongo- cylindrica, operculo brevi conico obtusiuseulo; peristomn cilus subulatis, articulatis, linea media notatis, conniventibus, dia- phanis, in membrana brevi connexis, annulo persistente cinctis. Bogota, Cipacon, 2600 metr., aug. 1861, et Rio Arzobispo 2800 metr., in umbrosis, mense junio leg. A. Lindig. M. Breutelii Schimp. proxima. IL — HAPLODONTIUM Hpe. Peristomium simplex externum, dentes 16 per paria approxi- mati; calyptra cucullata. 4. HarzoponTicm Jameson Hpe.—- Syn. Mielichhoferia Jame- PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 397 son Tayl.; Didymodon megalocarpus Schwægr., suppl. IE, pl. 2, tab. 265. In convallibus Andium Novo-Granatensium, inter Almaguer et Paso, altit. 1200-1500 hexapod. leg. Humboldt et Bonpland, et n. v. Ex icone Schwægricheni genus proprium ! IT. — LEPTOCHLÆNA Mont. 1. LEPTOCHLÆNA GRACILISETA Hpe. — Hermaphrodita, laxe aggregata, expansa, rufescenti-viridis. Caulis fertilis basilaris, gemmiformis, brevissimus, innovationibus elongatis fere un- cialibus auctus, basi remote, apice densius foliatis, subteretibus, clavatis. Folia lanceolata, cuspidata, superne remote denticulato- serrata, nervo apice evanescente, cellulis linearibus subconfor- mibus ; folia diaphana pallescentia. Seta gracillima, caulem fere duplum superans. Theca elongata, piriformis, adscendens, junior inchinata, adulta erecta parum obliqua, operculo umbo- nato-conico vel mammillarti operculata. Bogota, la Penna, 2800 metr., julio. B. Guadalupe, 3100 metr., aug. B. Pacho, 2200 metr., julio etiam in monte del Morro leg. A. Lindig. Statura Mielichhoferiæ, sed peristomio duplici. IV. — ORTHODONTIUM Schwægr. L. OrraononTius LONGIsETuM Hpe.—Monoicum, dense aggre- gatum, pulvinatim expansum, humile, flavescenti-pallescens, nitidulum. Caulis subfastigiatus, inferne radiculosus, simplex vel diviso-ramosus. Folia inferiora breviora, laxe disposita, lan- ceolato-linearia, superiora longiora pauloque latiora, apice parce denticulata, nervo rufescente supra medium vel ante apicem foli evanescente, cellulis basilaribus latioribus rufescen- tibus, intermedts elongatis limpidis, apicem versus minoribus, folia griseo-hyalina. Seta gracilis, caulem superans, erecta, fla- vescens. Theca adscendens, suberecta, apophysata, oblonga vel ovato-pyriformis, plicato-striata, deoperculata sub ore parum contracta ; operculo pallido, conico-rostrato ; dentibus peristomii exter. lanceolato-subulatis, arcte trabiculatis, aurantiacis, cru 9° série, Bor. T, IV. (Cahier n° 6.) 2 22 290 J. TRIANA EY J.-E. PLANCHION (E. RAMPE). ribus secedentibus bifidis remote trabiculatis concoloribus ; calyptra pallida, apice fuscata. In sylv. Manzanos 2700 metr., ad Barrancos, julio et sub 2111 leg. Lindig. Ab O. pellucente Br. Sch., differt caule, seta breviore et theca magis sulcata. 2. ORTHODONTIUM CONFINE Hpe. — Monoicum, humilius, magis rufescenti-viride. Folia breviora et latiora, cellulis angus- tioribus minus hyalina. Seta brevior. Theca angustior; peri- stomi dentibus pallidioribus. Bogota, Tequendama, 2500 metr. in sylv. ad Filicum truncos ; Gua- dalupe, 2900 metr., in ligno putrido; 3100 metr.ad Barrancos et monte del Morro 2200 metr., in fol. dejectis, aug. et sept., leg. A. Lindig. Hæc species magis 0. sulcato H. et W. affinis. V. — BRACHYMENIUM Hook. À. BRACHYMENIUM PAPILLOSUM. — Bryum, C. M. Syn. E p. 56. Bogota, 2800 metr., ad loca umbrosa, april. B. Boqueron, 2700 metr., in humid. Febr.; B. Fuquene, 2800 metr.; Piedecuesta, 1200 metr.; in sylv. sept. B. Tequendama, 2500 metr., in sylv., mart. ; Monte del Morro, 2200 met., sept., leg. copiose, À. Lindig. Pr. microstomo Harv. simile. VI. — CLADODIUM Brid. 1. CLapopium socorRense Hpe. — Dioicum, laxe cespitosum, subfastigiatum, unciale vel biunciale, fuscescens, basi parce tomentosum. Caulis basi simplex, laxe foliatus vel detritus fluc- tuans, superne diviso-ramosus, ramis subæqualibus densius foliatis. Folia ramorum laxe imbricata, erecta, semiamplexi- caulia, ovata, acuta, integerrima, nervo fuscescente percursa, subapiculata; cellulis subconformibus, rhomhoideis, minoribus, intersütus fuscis inæqualibus, tota foha lurido-diaphana. Seta inter ramos semiuncialis, adscendens, apice incurvata, fusces- ceus. Theca piriformis, horizontalis, obliqua, operculo brevi PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 339 conico apiculata, Peristomium breve, arcte inflexum ; exter. dentibus croceis, lanceolato-subulatis, dense trabiculatis, linea media deficiente, inter. membrana flavescente, in cruribus carinatis producta, cils anastomosantibus. Bogota, Socorro, 1400 metr., in saxis ad rivulos, sept. 1863, leg. A. Lindig. Br. platyphyllo CO. M. (Pohliæ Schwæg.) proximum differt foliis nervo apiculatis. SUBGEN. — ACIDODONTIUM, Schwægr. 2. CLADODIUM RHAMPHOSTEGIUM Hpe. — Humile, diviso-ramo- sum, dense cespitosum, olivaceum. Caulis fructifer brevis, ramis subfastigiatis 2-3-linearibus circumdatus. Folia ramorum laxe imbricata, accumbenti-torta, humida explanata caviuscula, basi decurrentia, elliptico-ovata, acuminata, margine limbo crasso lutescente circumdata, supra medium remote dentato-serrata, nervo crasso lutescente percursa et breve cuspidata, cellulis ba- silaribus pentagono-oblongis, versus apicem dense aggregatis minoribus, tota folia rufescenti-diaphana. Seta gracilis, semiun- cialis vel paulo longior, erecta. Theca piriformis, horizontalis, operculo umbonato-conico decurvo brevirostro; dentibus peri- stomit exter. lanceolato-subulatis, aurantiacis, apice pallidis et incurvis, linea media deficiente modice trabiculatis, inter. mem- brana flavida plicata, producta, in cruribus carinatis brevibus secedente, cils? n. v. Bogota, Fusagasuga, 1900 metr., pauca specimina Mielichhoferiis in termixta leg. A. Lindig. A cidodontio subrotundo Hook. et Wilf. proximum. VIT. — BRYUM. Sect. I, — PLATY-BRYUM. 1. BRyYUM GRANDIFOLIUM C. M. Syn. Bogota, Chapinero, 2700 metr. inter frutices, octob. sub n° 2051 leg. A. Lindig. 310 3. TRIANA EE J.-E. PLANCHON (E, HAMPE). 2, Brvom Goupori Hpe. — Dioicum, dense cespitosum, to- mento ferrugineo inferne connexum, 2-3-unciale, lutescenti- viride. Caulis erectus, superne diviso-ramosus, subfastigiatus, ramis subappressis brevibus, apice anguste rosulatis. Folia im- feriora tomento interrupta, flaceide accumbentia, superiora erecto-patula, plicato-striata, sicca corrugata, humida lævigata, plus minusve concava, latissime obovato-rotundata, subcochleari- formia, margine basi anguste, versus apicem latius limbata, limbo superne remote spinuloso-dentato, nervo rufescente basi crasso opaco, sensim attenuato percursa, cum limbo con- fluente; folia perichætialia apice reflexo-cuspidata, tota flaves- centi-diaphana; cellulis basilaribus laxe pentagono-oblongis, versus apicem sensim minoribus, noduloso-clausis, chlorophyl- loso-striatis. Seta rubens, erecta, apice reclinata. Theca brevi- collis, oblongo-piriformis, pendula, opereulo umbonato-conico acuto rubro. Bogota, Tolima, ad nives leg. Goudot ex herbario Musei Parisiorum. Ab priore differt : statura paulo minore, caule minus rosulato et com- pactiore, foliis brevioribus minus acuminatis latius limbatis et theca brevicolli. 3. Bryum LinpiGranuM Hpe. — Dioicum, dense aggregatum, humile, prolferum, basi et internodiis fusco-tomentosum, rufes- centi-viride. Folia dense rosulata, concava, late oblongo-ovata, marginata, limbo basi angusto, superne latiore, dentato-serrato, flavescente, nervo flavido percursa, superne cum limbo con- fluente ; folia cuspidata; cellulis basilaribus latioribus oblongo- pentagonis, cæteris paulo minoribus, rhomboiïdeis; archegomia paraphysis numerosis cirrcumdata. Cætera desunt. Bogota, Guadalupe, 2900 metr., in nemoribus, aug. 1863, sterile, leg. A. Lindig. Inter priora quasi intermedium, ab ïis humilitate, caule attenuato apice condensato-rosulato et tomento purpureo satis differt. Sect. IL. — EUBRYUM. h. Bayum TereBezcum Hpe. — Dioicum, dense cespitosum, PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. dl1 tomento rufo-fusco contextum, rufescenti-viride. Caulis ascen- denti-erectus, basi diviso-ramosus, humilis, interdum prolifero- elongatus, ramis basi attenuatis, laxe-superne densius foliatis, plus minusve rosulatis. Folia sicca spiraliter contorta, late ovato- lanceolata, apice parce dentata, nervo viridi excurrente cuspi- data, margine inferiore angusto, superiore dilatato-limbaio, cellulis foliorum basi laxioribus rufescentibus, superne decres- centi-minoribus, interstitiis lutescentibus, pellucida. Seta erecta, oracilis, flavescens, demum purpurascens, apice inclinata. Theca oblongo-cylindrica, piriformis, subpendula, operculo brevi umbonato-acuto; peristomii dentibus exter. lanceolato-subulatis, rubr's, valde trabiculatis, inter. membrana flavescente ; cruribus carinatis, hinc inde perforatis, ciliis binis vel ternis subulatis nodulosis hyalinis. | Bogota, Guadalupe, 2900 metr., et B. Pacho, 3200 metr., julio, aug., leg. Lindig. Br. neelgheriensi Mont. simile, sed theca angustiore subpendula et operculo breviore primo adspectu discernendum. 5. BryuM sorpioum Hpe. — Dioicum, dense cespitosum, hu- mile, basi fuscescenti-tomentosum, innovando-ramosum, fusco- viride. Caulis fructiferus brevis, densius foliatus, innovationibus basi attenuatis, laxe foliatis, apice conglobato-capitatis. Foha concava, lata, oblongo-ovato-lanceolata, margine arcte revoluta, integerrima, nervo rufescente cuspidata, cuspide sæpe parum reflexa, cellulis basilaribus laxis, superioribus minoribus, rhom- boideis, interstitiis flavescentibus, tota folia pellucida. Seta un- cialis erecta, apice curvata, rubra. Theca horizontalis, elongato- clavata, longicollis, opereulo umbonato: apiculata; peristomio prioris. Bogota, Guadalupe, 3200 metr. ad Barrancos, aug. 1863, parce leg. A. Lindig. Br. torquescens æmulans, inflorescentia diversum. 6. BRYUM SEMIMARGINATUM Hpe. — Hermaphroditum, dense cespitosum, gracile, usque ad ramos superiores tomentosum. 342 3. TRIANA ET 3.-E. PLANCHON (€. HAMPE). Caulis erectus, tomento interrupte foliatus, Innovationibus gra- cilibus auctus, ramis angulatis laxe foliatis. Folia caulina oblongo- lanceolata, margine arcte revoluta, submarginata, integerrima, nervo lutescente crasso cuspidata, ramorum angustiora laxe disposita decurrentia flaccida, sicca parum torquescentia, apice denticulata. Setaerecta, gracilis, elongata, apice inclinata. Theca clavato-piriformis, subpendula, opereulo umbonato-apiculato, foveolato-punctato, pallido ; peristomium prioris. Bogota, San Juan, ad rivulos, 1400 metr., ab A. Lindigio parce lectum. Br. pseudotriquetro formis gracilibus simile, sed Br. Phulippiano C. M. proximum ; differt : innovationibus angulatis elongatis, foliis angustio- ribus ramorum decurrentibus et operculo pallido nec atro-purpureo nitente. Sect. II, — ERYTHRO-BRYUM. 7. BryuM microcHæTON Hpe. — ? Dioicum, minus, laxe cespi- tosum, intense lutescens. Caulis fructiferus brevissimus, subradi- calis, innovationibus brevibus auctus ; ramis basi remote foliatis, apice conglobato-capitatis. Folia caulina latiora et intense colo- rafa, ramorum inferiora minora, superiora longiora, omnia ovato-lanceolata, nervo lutescente crasso cuspidata, integer- rima, cellulis basilaribus subquadratis, cæteris rhomboïdeis, folia caulina lutescentia, ramorum hyalima pellucida. Seta erecta, gracilis, elongata. Caulem A-6-plo superans, apice inclinata. Theca inclinata, subnutans, angusta, clavato-piriformis; oper- culo umbonato breviter apiculato, obtuso; peristomii dentibus exter. lanceolato-acuminatis, lutescentibus, linea media defi- ciente, inter. membrana plicata flavescente, cruribus angustis appendiculatis, ciliis brevibus pallidis interpositis. Bogota, Guadalupe 2900 metr., ad Barrancos, inter alia intermixtum, augusto 1863, À. Lindig. parce legit, Ex habitu Br. erythrocarpo Schwæg. et erythrocarproidi ; magis ultimo affine. Plantam masculam non vidi. 8. Brvu“ remorirozium Hpe. — Dioicum, pusillum, laxe ces- pitosum, lutescens. Caulis fertilis brevissimus, innovationibus PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 313 gracilibus brevibus auctus. Folia laxe imbricata, floralia latiora ovata acuta pungentia, innovationum inferlora remota minora, superiora conglobata majora ovato-lanceolata immarginata subintegerrima, nervo rufescente cuspidata, cellulis basilaribus subquadratis, cæteris rhomboïdeis teneris ; folia tota pellucida. Seta gracillima, semiuncialis, apice inclinata. Theca badia, breviter oblongo-ovata, sub ore contracta, suburceolata, basi corrugata, plus minusve producta, operculo umbonato obtuso rubro. Peristomium normale. | Bogota, Tequendama, 2600 metr., ad terram, cum alio commixtum, augusto, leg. A. Lindig. Br. microchæto ex habitu simile, sed thecæ forma ad Pr. atropurpu- reum Wahlb. spectans. 9. BRYUM CORONATUM Schwaegr. Bogota, Chucuri, 1400 metr., in societate Pr. argenter L. ad Barrancos, sept. 1863, leg. A. Lindig. Sect. IV. — PULACCO-BRYUM. 10. Bryum semiovarum Brid. Bogota, Cipaconi, 2600 metr., ad terram, aug. 1861, leg. A. Lindig. Prope Paso leg. Humboldt et Bonpland antea. 11. BryuM PROSTRATUM C. M. Syn. Bogota et los Laches, 2800 metr. Sinobe salto, 2600 metr. et B. Te- quendama, 2500 metr., in locis humidis umbrosis, febr. et jun., leg. A. Lindig. | 12. BRYUM ARGENTEUM L. Bogota, Guadalupe et la Penna, Paramo Choachi, 2700-3600 metr., et varietas major et minor, foliis plus minusve acuminatis piliferis (B. lana- tum Brid.), ab Lindig lectum. Sect, V, — BRYUM SPECTABILE. 13. Bryum sPECTABILE C. M.— Caulis brevis, basi attenuatus, comosus. Folia conferta, erecta, lanceolata, elongata, margine 344 3. TRIANA ET 9.-E, PLANCHON (E. HAMPE). revoluta, apice remote dentato-serrata, nervo crasso percursa, acuta, cellulis densioribus linearibus lutescenti-diaphana. Seta congata, gracilis. Theca elongata, cylindrica, longicollis, cur- vata, operculo brevi conico attenuato obtuso. Bogota, Rio Arzobispo, Cipacon, Tequendama et Canoas, Chiquinquira, Guadalupe et in sylv. Manzanos ad Barrancos, 2500-3200 metr., mensi- bus martio, jul. et aug., leg. A. Lindig. Ex habitu Pr. elongati Dicks., Br. integridenti proximum, theca lon- giore spectabili primo visu discernendum. Hab. prope Bogotam, 2800 metr., inter Mielichhoferias pauca specimina intermixta, leg, A. Lindig. Ah. BryuM PauciFociuM Hpe. — Hermaphroditum, humile, simplex, paucifolium, lutescens. Caulis erectus, brevis, à-5-linea- ris, comosus, laxe foliatus. Folia inferiora breviora, lanceolata, subplana, superiora elongato-lanceolata, margine revoluta, apice remote dentata, nervo crasso lutescente percursa, apicu- lata, perichætialia pauca minora subconformia, nervo apice evanido minus dentata, cellulis basilaribus oblongo-pentagonis, cæteris elongatis in apice folii fere linearibus ; tota folia lutes- centi-diaphana. Seta vix semiuncialis, adscendens, flavescens, apice mcurvata. Theca parva, angusta, oblongo-cylindrica, cur- vata, horizontalis, vetusta nutans; operculo umbonato-conico apiculato, peristomi dentibus pallidis, exter. lanceolatis inte- gris, linea media deficiente leviter trabiculatis, diaphanis, inter. cruribus latioribus carinatis æquilongis lato-lanceolatis subu- latis pertusis, cilus capillaribus elongatis interpositis. Inter Weberas minima. Pr. spectabili minus et primo visu diversum. MNACEÆ. [. — MNIUM Dill. 4. MxiuM RoSTRATUM Hedw. Bogota, Pacho, Tequendama, Tocarema, Salto in sylv. Manzanos, 2100 m. ad 2700 m. Aug., decemb. leg. A. Lindig. PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, 8h19 SUBGEN. — RHIZOGONIUM, Brid. 2, Mxiuu Lannient Hpe.— Humile, pallide virens, fasciculato- ramosum ; ramis simplicibus, complanatis,‘curvatis, adscenden- tibus, basi attenuatis, subnudis. Folia inferiora minora ovata, superiora disticha, elliptico-lanceolata, immarginata, superne inciso-serrata, nervo flavescente percursa cuspidata, cellulis rotundatis flavescenti-diaphana ; cætera desunt. Bogota, Guadalupe, 2900 m. Cum O7fhodontio in ligno putrido pauca specimina intermixta leg. A. Lindig. Rhizogonio Nove Hollandie Bridel proximum. S. MNIUM SPINIFORME C. M. Synops. Bogota, Muzo et Alto del trigo 2000-2100 m. in sylv. umbrosis leg. A. Lindig. h. Mxium poLycarPuM C. M. Syn. Bogotæ leg. J. Goudot, et prope Ocanam in sylv. 5000 ped. leg. Schlim. raro POLYTRICHACEZÆ. 1. — CATHARINEA Ehr. Sect. I. — ATRICHUM, R. B. 1. CATHARINEA POLYCARPA. — Atrichum Schimp. Bogota, Chapinero, 2700 m. ; Chiquinquira, La Penna, Pacho, 2000 m.; Sosiego et Tequendama, 2400 m., in sylv. leg. A. Lindig et Goudot in sylv. jan.-octob. Sect. II. — PSILOPILUM, Brid. 2. CATHARINEA TRICHODON C. M. Syn. Nova Granada, pr. Paramo de Ruiz, in cineribus vulcanicis, ad nives æternas, julio 1846 leg. Purdie. 316 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE). ee Sect. III. — POLYTRICHADELPHUS, C. M. 3. CATHARINEA CILIATA C. M. Syn. Nova Granada, pr. Paramo de Pamplona leg. Purdie, Pamplona Las Cruces, 10000 ped. leg. Funck et Schlim. h. CATHARINEA TRiANÆ. — Polytrichum C. M. — Dioica, se- gregata, dispersa. Caulis simplex, erectus, e basi attenuata elon- gato-clavatus, rigidus. Folia appressa, humida erecto-patentia, inferiora abbreviata, versus apicem caulis accrescenti-longiora, omnia arcte vaginantia, acerosa, e basi lata ovato-oblonga, e celluhis laxis pellucidis superne aureis reticulata; lamina cana- liculata, breviter lanceolata, vaginam subæquante, margine parce remote denticulata, nervo latissimo fere omnino occupata, obtusiuscula ; perichætialia longiora, acuminata. Seta lateralis, elongata, rubra, stricta. Theca rhomboidea, operculo conico acuminata, dentibus peristomn 64 brevibus ligulatis pallidis ; calyptra glabra, basi pilis erectis fimbriata. Nova Granada, La Palmitla, Quindio, J. Triana in Collect. Linden, n° 9. Prope Bogotam, Chaparal, leg. J. Goudot. Herb. Musei Paris., n° 6. Ab omnibus hujus sectionis, foliis arcte vaginantibus, humidis apice patulis, lamina brevi acerosa ericoidea diversa. 5. CATHARINEA ARISTATA Hpe. — Dioica, segregata, dispersa, minor, 2-8-uncialis. Caulis e basi attenuata nuda vel micro- phyllina versus apicem dense foliatus, accrescenti-clavatus, sim- plex vel parce divisus, fusco-viridis. Folia appressa, humida un- dique imbricata erecto-patula, e basi obovato-lanceolata hyalina, margine angusto hyalina, spinulis remotis imcurvis denticulata, superiora manifeste aristata, nervo basi angusto fuscescente, in lamina dilatato, fere totam occupante ; cellulis basilaribus elongatis hyalinis, ad latera inferiora laminæ dense catenulatis angulato-rotundatis minimis notata; perichætialia elongata, longiora, longe aristata, integerrima. Seta sublateralis, vix uncialis, erecta. Theca adscendenti-horizontalis, brevis, ovato- rhomboidea; operculo umbonato-conico, subulato, dimidiæ PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 37 thecæ longitudine, dentibus peristomii brevissimis linearibus; calyptra glabra, dorso setis confervoideis elongatis barbata. Bogota, Los Laches et Pacho, 2700-3100 m. Julio et sept. leg. A. Lindig. Ab Catharinea magellanica Brid. differt : statura minore, foluis brevio- ribus spinuloso-denticulatis, operculo breviore, calyptra dorso barbata. Sect. IV. — OLIGOTRICHUM, DC. 6. CATHARINEA EROSA Hpe. — Dioica, gregarie aggregata. Caulis brevis, simplex, erectus, laxe foliatus. Folia e basi vagi- nante carinato-convoluta, apice hamato-ncurva, humida erecta, inferiora breviora ovata obtusiuscula cellulis marginalibus pro- minentibus subdenticulata, superiora longiora oblongo-lanceo- lata acutiuscula apice cucullato-inflexa eroso-denticulata, nervo apice dilatato-inerassato ad basin striato-deplanato, cellulis ba- silaribus elongatis hyalinis, versus apicem dense aggregatis, an- gulato-rotundatis minimis; perichætialia pauca, basi convoluta, apice cucullato-incurva, subconformia. Seta elongata, 3-/4-plo caulem superans, erecta. Theca horizontalis, subrotundo-ovata vel obovato-rotundata, lævis; vetusta ore patulo æquali, basi volvato-truncata; operculo rubente, conico-rostrato, quam theca triplo breviore ; calyptra glaberrima, dentibus peristomii brevissimis subulatis albidis. In sylv. Manzanos, 2600 m., ad Barrancos. Julio leg. A. Lindig. Cath. tenuirostri Brid. affinis, theca horizontali, ore patulo æquali, basi demum truncata, etiam foliis biformibus apice eroso-dentatis differt. I, — POLYTRICHUM Dill. Sect. V. — CEPHALOTRICHUM, Br. et Sch, L. PozyrricaumM Jameson Tayl. Bogota, Cipaquira, Boqueron et Los Laches, 2600-2700 m., ad Bar- rancos. Augusto-octob. leg. À. Lindig. Variat : mono- vel pleiosetum, minus vel altius; theca cy- hndrica, rubiginosa, calyptra omnino obtecta facile dignoscitur. 318 J. TRIANA ET J.-£, PLANCHON (E. HAMPE). 2. PoryrRiCHUM cucuLLATUM Hpe. — Caulis humilis, simplex, læte viridis. Folia rigida, erecto-patula, e basi vaginante late ovata, limpido-hyalina, laxe reticulata, subito lanceolata, supe- riora aristata, apice convoluto-cucullata, dentata, nervo basi rufescente striato in lamina dilatato, eam fere omnino obtin- gente, lamelloso-striato. Seta solitaria, brevis, fere uncialis, calyptra longissima. Bogota, ad Barrancos. Aprili 1863, pauca specimina juniora inter alia leg. A. Lindig. Ab priore satis distinctum caule humiliore; foliis patulis, lamelloso- striatis, apice cucullato-contractis ; magis P. sèmensi Br. et Leh. æmu- lans. Sect, VI. — POGONATUM, Brid. 8. POLYTRICHUM ANDINUM Hpe. — Dioicum, laxe cespitosum, 3-4-unciale. Caulis e basi nudiuscula adscendens, accrescenti- foliatus, apice incrassatus, simplex vel parce divisus. Folia dense accumbenti-imbricata, inferiora breviora, superiora longiora, apice convoluto-mcurvata, dorso aspera, humida patentia, ca- paliculata, e basi latiore vaginante integerrima, ovato-lanceo- lata, margine argute sinuato-dentata, nervo ad basin valido, æquali, opaco, in lamina dilatato, eamdem fere totam occupante. Seta apicalis, uncialis et longior, erecta, rubra. Theca parvula, curvato-cylindrica, adscendens, lævis, rubiginosa, deoperculata sub ore contracta, octies striata, operculo cruento umbonato-: conico rostrata, rostro subcompresso pallidiore; calyptra the- cam usque ad basin obtingente. Bogota, Chapinero, 2700 m., ad Barrancos. Octob. 1859 leg. A. Lindig. P. alpino æmulans, sed P. cylindrico Schimp. magis affine; differt folüis brevioribus et latioribus et theca minore. Ad Catharinellas transit. Sect. VIL. — CATHARINELLA, C. M. L. PoLyrricHuM sEMIPELLUCIDUM Hpe. Bogota, Tocarema et Fusagasuga, 2200-2400 m., insylv. leg. A. Lindig. In prov. Ocanna, 2200 m., leg. J, Triana. PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 319 Ab Humboldtio et Bonpland antea prope Garitam del Paramo, Quin- dio, 1760 hexap., sub nomine P. convoluti L. collectum. 5. POLYTRICHUM SUBCONTORTUM Hpe. — Dioicum. Caulis elon- gatus, 2-3-uncialis, adscendens, basi tenuis et nudiusculus, su- perne laxe foliatus, subæqualis, parum clavatus. Folia laxe imbri- cata, convoluto-canaliculata, incurva, inferiora patentia inflexa, superiora conferta, e basi late ovata vaginante lato-lanceolata, brevi spatio basi integerrima, versus apicem tandem latere inferiore ab medio vaginæ modice dentato-serrata, in acumine grosse sinuato-serrata ; nervo basi fuscescente, opaco, laminam totam occupante, lamelloso-striato; cellulis basilaribus elongato- quadratis, lateralibus et intermediis densioribus minoribus, angulato-quadratis vel rotundatis, sordide flavescentibus. Seta apicalis, adscendens, uncialis et paulo longior, apice tortilis, ru- bens. Theca parvula, oblongo-cylindrica, subferruginea, oper- culo umbonato conico-subulato cruento, peristomii dentibus brevibus angustis albidis. Calyptra aurea, normalis. Bogota, Chapinero, 2760 m., in umbrosis humidis cum PP. andino commixtum, pauca specimina sub n° 2044. Octob. 1859 leg. A. Lindig. P. contorto proximum; ab eo, mihi ex icone Schwaegr., tab. 96, im- perfecta solum cognitum ; peristomii dentibus albidis hyalinis satis differt ; inter P. semipellucidum et sequens quasi intermedium. 6. POLYTRICHUM PURPURASCENS Hpe. — Dioicum, gregarium, laxe cespitosum, 2-4-unciale, gracile, fusco-purpurescens. Caulis adscendenti-erectus, basi attenuatus, nudiuseulus vel micro- phyllinus, versus apicem accrescendo anguste clavatus, laxe foliatus. Folia brevia, convoluto-incurvata, tortilia, laxe accum- bentia vel patenti-flexuosa ; humida erecto-patula, cucullato- concava, e basi brevi latiore integerrima, diaphana, lato-lan- ceolata, margine basi diaphano, superne obscuro, dorso quoque spinuloso-dentata; nervo ad basin valido, æquali, obscuro, in lamina dilatato, eam fere totam occupante ; cellulis basilari- bus elongato-quadratis, interstitus nodulosis interruptis, inter- mediis minoribus angulato-rotundatis ad marginem condensatis punctatis. Seta uncialis et longior, erecta, rubra, apice tortilis. 300 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE). Theca parva, e basi conica oblongo-cylindrica, incurva, sub ore parum contracta, octes angulata, ferruginea, operculo umbonato-conico rostrata, brevi, sanguineo ; peristomio prioris; calyptra aurea. In sylv. Manzanos et Bogota, Chapinero, 2700 m., ad Barrancos, Ju- lio, octob. leg. A. Lindig. P. cirrhato æmulans ; ab priore differt : foliis brevioribus, magis cir- ratis. 7, PoLYTRICHUM vaRIANS Hpe. — Dioicum, humile, laxe ces- pitosum, subsimplex, interdum basi divisum vel apice prolifero- ramosum, fusco-viride. Caulis e basi attenuata nuda microphyl- lina versus apicem accrescenti-clavatus, rigidiuscule adscen- dens. Folia imbricata, accumbenti-erecta, breviora, sicca obtuse carinata, inflexa, apice parum curvata, humida patula, e basi brevi vagimante latiore integerrima, rufescenti-diaphana, lato- lanceolata, margine remote sinuato-dentata, dorso glabra, apice plus minusve scabra ; cellulis basilaribus anguste elongato- quadratis, lateralibus magis elongatis linearibus, intermedus ‘sensim abbreviatis, ad marginem laminæ subrotundo-punctais ; in superiore parte fol multilamellosi nervo crasso fere tota obscura. Seta erecta, uncialis et altior, caulem superans, apice tortilis. Theca brevis, junior suberecta, oblique oblongo-cylin- drica, sub ore constricta, operculo umbonato rostrata, rostro compresso obtusiuscula, deopereulata curvata, ubique verru- coso-punctata, demum octies plicato-striata, plus minusve fer- ruginea; peristomi1 dentibus 49, brevibus, obtusis, pallescenti- bus; calyptra aurantiaca, longa, thecam omnino includente. Bogota, 2700 m., in declivibus umbrosis, aprili; Guadalupe, 3100 m., humilius; Monte del Morro, 2200 m., sept., et in sylv. Manzanos ad Barrancos, julio leg. copiose A. Lindig. Polytricho tortili affine; differt : foliis margine evidenter serratis, theca papillosa, Species affines Americæ æquatorialis omnes in statu vetusto thecam octies angulatam habent et monographice investigandæ. 8. PoLyrricauM ErICOmDES Hpe. — Caulis simplex, basi atte- PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 351 nuatus, subnudus, superne dense foliatus, uncialis. Folia brevia, dense imbricata, complicato-carimata, patenti-erecta, humida patula, ericoidea, e basi vaginante oblonga, cellulis anguste parallelogrammicis lutescenti-diaphanis, lateralibus linearibus hyalinis reticulata, lanceolata, dorso et margine spinuloso-den- tata, nervo basi angusto obscure lutescenti-diaphana, in lamina opaca dilatato eam totam occupante. Cætera desunt. Bogota, Boqueron, 2100 m., intermixtam leg. A. Lindig. Species memorabilis ericoidea, an Catharinellis aut Catharineis adnu- meranda? Ex habitu Polytrichi longiseti Hook. | Sect. VIII. — EUPOLYTRICHUM, C. M. 9. POLYTRICHUM JUNIPERINUM Hedw. In sylv. Manzanos, Chiquinquira et Cipaquira, 2600-2700 m., ad Barrancos. Julio et sept. leg. A. Lindig. 10. Pozvrricaum ANTILLARUM Brid. In sylv. Manzanos, 2600 m.; Bogota, La Penna, 2800 m.; Chapinero et Rio Aserradero, 2800 m. leg. A. Lindig. II. — CLADOCARPT. FONTINALEÆ. I. — FONTINALIS Dill. 4. FonrixaLIs BoGoTENSIS Hpe. — Caulis gracilis, elongatus, ramosissinmus, laxe foliatus, fuscescenti-viridis. Folia remota, indistincte tristicha, semiamplexicaulia, concava, elliptico-lan- ceolata, obtusa, integerrima, enervia, cellulis alaribus laxis subrhomboideis pellucidis, interstitiis crassis receptis, cæteris linearibus, tota folia rufescenti-transparentia, Im novellis hya- lina, Cætera desunt. In rivulis Rio Arzobispo, 2800 m. Aprili, 4860, sterilem leg. A. Lindig. — Prope Bogotam etiam sterilem, Cuervo. Font. antipyreticæ forma gracill similis, sed certe a nostra diversa. 892 J. TRIANA ET JE. PLANCHON (E. HAMPE). CRYPHEACEÆ. IT. — HEDWIGIA Ehr. 1. HepwiGia cciara Ehr. — $. nivalis. — Cellulis paulo minoribus a nostra differt. | | Bogota, Boqueron, 2800 m.; Los Laches, Tequendama, Canoas et Rio Arzobispo, 2600-2700 m. leg. febr., junio, nov. ad rupes A. Lindig. IT. — HARRISONIA Spreng. 4. HarrisoniA HumBozota Spreng. In monte Quindio apricis frigidis, ad 9480 ped. primus leg. A. Hum- boldt. In convall. bogotensibus ad rup. madidas maio leg. Lindig. 2. HARRISONIA RHABDOCARPA Hpe. — Laxe cespitosa, expansa, decumbens, fusco-crocea, bicolor. Caulis julaceus, varie ramo- sus, decumbens, apice curvato-adscendens. Folia plicata, con- : cava, dense imbricata, appressa, humida spiraliter mterrupta, erecto-patentia, e basi margine late revoluto-plicata, ovato- acuta, apice eroso-denticulata, enervia ; cellulis alaribus incras- sato-punctatis, intermedis linearibus croceis, cæteris ellipticis, versus apicem abbreviatis minoribus ; folia tota flavescenti-trans- parentia; perichætialia elongato-lanceolata, sulcata, crocea. Theca subsessilis, cyathiformi-globosa, corrugato-plicata ; oper- culo umbonato-conico, rostro brevi obliquo obtuso coronato; calyptra cucullata, brevis, glabra, basi truncata, lutescens. Bogota, Boqueron, Chapinero et Los Laches, 2700-2800 m., ad rupes et saxa riparia. Febr., julio et octob. leg. À. Lindig. IV. — CRYPHÆA Brid. À. CrypaÆaA PATENS Hornsch. In monte del Morro inter Neckeras specimen unicum stérile. A. Lindig. 9. CRYPHÆA NOVO-GRANATENSIS Hpe. — Caulis adscendens, PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 999 plus minusve pinnato-ramosus, ramis curvatis attenuatis. Folia semiamplexicaulia, concava, imbricata, erecto-patentia, ovato- lanceolata, acuminata, margine reflexo-plicata, apice remote denticulata ; cellulis alaribus quadratis pellucidis, intermediis linearibus luteis, cæteris papillosis ellipticis, in acumine folio- rum elongatis ; folia tota diaphana; nervo lutescente, apice eva- nido; folia perichætialia convoluta, obovato-oblonga, enervia, longissime cuspidata, integerrima, cellulis linearibus lævibus hyalina. Theca in ramulo brevi lateralis, folus perichætialibus obvoluta, elliptco-cylindrica , operculo brevi conico acuto; calyptra parva, conico-pyramidata, companulata, basi lutescens, apice fuscata, lævis. Peristomn albidi dentibus exterioribus lan- ceolato-subulatis, inter. cils subulatis concoloribus. Bogota, Pacho, 2200 m., ad arb. in sylv. parce intermixtam Julio 1863 leg. A. Lindig. 3. CRYPHÆA CUSPIDATA Hpe. — Caulis filiformis, elongatus (3-4"), ramosissimo-pinnatus, flavo-viridis, ramis attenuatis gra- cilibus curvatis. Folia amplexicaulia, utrinque basi decurrentia, laxe imbricata, accumbentia, humida erecto-patentia concava, lato-ovata, longe cuspidata, basi latere reflexa, plicata, integer- rima; cellulis alaribus subquadratis limpidis, intermediis an- gustis, cæteris angulato-ovalibus papillosis, lateralibus minori- bus ; tota folia lutescenti-diaphana, nervo angusto flavo-viridi ante apicem evanido; folia perichætialia convoluta, obovato- oblonga, longissime aristata, enervia, cellulis linearibus hyalina. Theca elliptico-cylindrica, opereulo brevi acuminato, peristomn albidi dentibus exterioribus elongato-lanceolatis cuspidatis erec- üs, inter. cilus subulatis brevioribus. Bogota, Pacho, 2200 m., in sylv. ad arbores, specimen unicum ju- lo 1863 leg. A. Lindig. Ex habitu €. nitidæ Schimp., sed foliis aristatis differt. Adnotatio : Cryphæa cuspidata Sullivant, in United States exploring Expedition, Musci, tab. 23, minime generis Cryphæa, ob calyptram cucullatam, etsi Cladocarporum genus proprium videtur. 5e série Bor. T. IV. (Cahier n° 6.) 3 23 800 3. TRIANA ET J,-E. PLANCHON (E. MAMPE). [IT — PLEUROCARPT. A. Brachycarpi. NECKERACEZÆ. Tri. I. — LEUCODONTEZÆ. L — PRIONODON C. M. Peristomium duplex, elatum, pyramidale ; dentes exter. æqui- distantes, erecti, sinuato-serrati; inter. membrana brevis ; cruribus dentibus conformibus æquilongis, apice cancellato- conniventibus. Calyptra cucullata, glabra. Genus inter Leucodontes Spiridenti, ob peristomium, Astro- dontio ex habitu, sed robustiore, affine. 4, Caule erecto, pinnato. À. Prionopon picHoromus Hpe. — Dioicus. Surculus repens, fusco-tomentosus. Caulis adscendens, erectus, e basi attenuata microphyllina dichotomo-divisus, ramis gracihibus parce ramo- sis subfastigiatus, 2-3-uncialis. Folia ramorum dense imbricata, erecto-accumbentia, in ramis gracilioribus subsecunda, plicata, humida patentia, concava, ovato-lanceolata, apice remote sinuato-dentata, nervo lutescente apice evanido margine con- vexo patente bisulcata; cellulis basilaribus latere papillatis rotun- datis minoribus hyalinis, intermediis anguste ellipticis lutes- centibus, versus apicem abbreviatis minoribus condensatis ovalibus, omnibus incrassatis papillosis; tota folia lutescenti- diaphana; perichætialia tenuiora, thecam basi laxe involu- crantia. Theca breviseta, emersa, rotundato-ovata, sub ore con- tracta, chryseo-rubra ; operculo crasso conico-subulato-rostrato concolore, calyptra cucullata glabra basi pallida apice fuscata ; peristomium generis. Bogota, Tequendama, Canoas, 2500 m., in sylv. ad truncos. Junio 1860 parce leg. A. Lindig. | PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 359 2. Prionopon pixnatTus Hpe., — Caulis adscendens, erectus, basi attenuata microphyllina, superne pinnato-ramosus ; ramis distichis, elongatis, æqualibus, parce ramosis vel attenuato- elongatis, securiformibus. Folia caulina patentia, ramorum erecto-patula, omnia dense imbricata, læviter plicata, humida squarroso-patentia, e basi paulo angustiore parce plicata, late ovato-lanceolata, acuminata, apice remote sinuato-dentata, nervo solido lutescente percursa, in acumine integerrimo eva- nescente ; cellulis lateralibus dense aggregatis angulato-rotundis hyalinis, intermediis aureis elliptico-linearibus, cæteris ellip- ticis, versus apicem fol abbreviatis, in acumine laxioribus, ovalibus ; tota foha flavescenti-diaphana ; theca breviseta, magis exserta, oblongo-ovata, celluloso-punctata, rubra, peristomii dentibus exter. flavidis, inter. cruribus albidis, cætera desunt. In sylv. Manzanos, 2600 m. Decemb. 1860, sub n° 2118 pauca speci- mina deoperculata leg. A. Lindig. Prionodonti denso CG. M. proximus, sed colore et structura nervi differt. 3, PrIONODON LycopopioIDEs Hpe. — Dioicus. Caulis adscen- denti-erectus, 4-5-uncialis, basi angulata microphyllina sub- nuda, superne flabellatus, distiche ramosus, ramis attenuatis viridibus vel ramulis croceis brevibus obtusis adauctis, dense foliatis. Folia accumbentia, humida erecto-patentia, caulina plicata, in novellis parcius plicata, concava, oblongo-lanceolata, acuminata, superne remote exciso-serrato-dentata, nervo lutes- cente apice evanido basi margine convexo patente bisulcata, cellulis marginalibus miuimis subrotundis pellucidis, cæteris ellipticis flavescenti-diaphanis; folia perichætialia convoluta, brevia, late ovata, obtusa, breviter cuspidata, margine subtiliter crenulata, subenervia. Theca breviseta, emersa, oblongo-ovata, foveolato-punctata, rubra; operculo conico-rostrato ; calyptra cucullata, apice subulata. Peristomio priorum. In sylv. Manzanos, 2600 m., ad truncos arbor. Decemb. 1860 leg, A. Lindig. | Pulcherrima species, primo visu Lycopodiorum æmula, 356 J. TRIANA ET JE, PLANCHON [E. NAMPE). 2. Caule elongato, clavato-flagellari. k. Priononon Mueccert Hpe.— Pilotrichum Lycopodium C. M. — Dioicus. Surculus repens, ferrugineo-tomentosus. Caulis basi attenuatus, adscendenti-erectus, incrassatus, robustus, parce diviso-ramosus, deinde elongatus, flagellaris, densissime folia- tus, mollis, flavo-viridis. Folia dense imbricata, accumbentia, plicata, flexuosa, undulato-crispa, e basi brevi angusta decur- rente lato-lanceolata, longe acuminata, basi pluries plicato- striata, margine versus apicem runcinato- dentata ; nervo rufes- cente solido, apice evanescente ; cellulis lateralibus minutissimis angulato-ellipticis hyalinis, intermedis anguste ellipticis sub- linearibus, cæteris sensim abbreviatis minoribus subellhipticis ; tota folia flavescenti-diaphana; perichætialia setam brevissi- mam incrassatam involventia, late cordata, truncata, acuminata, margine superne erosa, nervo striato usque ad acumen pro- ducto, cellulis teneris limpidis membranacea. Seta brevissima, incrassata. Theca subglobosa, intense chryseo-rubra, nitida, inter folia occultata, operculo crasso conico-rostrato. Calyptra brevis, cucullata, dorso excisa, quasi lobata. Peristomium minus, croceum, dentibus gracilioribus sed generis. Nova Granata, Ocanna, 7000 ped., in sylv. Maio (n° 618) parce fructi- ferum leg. Schlim. Ex habitu Lycopodii Selaginis, foliüs undulato-crispulis ab omnibus speciebus distinctus. 9. PRIONODON FLAGELLARIS Hpe.— Robustus, diviso-ramosus, elongatus, semipedalis et longior, rufescenti-viridis, flagellaris. Folia modice imbricata, sicca et humida patula, subsquarrosa, læviter plicata, e basi late oblonga concava, complicato-lanceo- lata, acuminata, fragilia, superne remote exciso-dentata, nervo angusto rufescente percursa, apice evanido, basi latere reflexa plicala, cellubis laterahibus minimis moniliformibus subhyalinis, intermediis anguste ellipticis, superioribus abbreviatis densio- ribus; tota folia lutescenti-diaphana ; cætera desunt. Bogota, Choachi, 2800 m., les. Lindig. PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, 397 Tolima, Summita, supra arbores leg. Goudot. Species, quanquam sterilis lecta, ex toto habitu ZLycopodio recurvo æmulans, præcedenti affinis. Tum huic loco inserenda. 6. PrioNonoN FUusCo-LUTESCENS Hpe. — Dioicus. Surculus re- pens, parce fibrillosus. Caulis basi attenuatus, microphyllinus, accrescendo dense foliatus, elongato-clavatus, curvatus, simplex vel diviso-ramosus, basi fuscatus, apice lutescens. Folia caulina patentia, superiora strictiora triplicata, e basi biplicata late oblongo-ovato-lanceolata, elongata, canaliculato-subulata, ver- - sus apicem remote spinuloso-dentata, nervo fusco-lutescente percursa apice evanido; cellulis lateralibus hyalinis minimis elhpticis subcatenulatis, mtermedus elliptico-lmearibus, infimis intense lutescentibus, versus apicem abbreviatis, anguste ellip- ticis, in acumine elongatis diaphanis; perichætialia convoluta brevia, late ovata, obtusa, apice denticulata, acumine brevi inte- gerrimo, cellulis elongatis, tota hyalina. Theca breviseta, vix emersa, ovata velelliptico-ovala, rubra; operculo oblique co- nico-rostrato ; calyptra cucullata, glabra. Peristomium duplex, pyramidale, albidum; dentibus ext. lanceolato-subulatis parce noduloso-sinuatis, inter. ciliis angustioribus subconformibus. Bogota, Pacho, 2200 m., in sylv. Julio 1863 leg. A. Lindig. Ex habitu sciuroideo-setoso ab omnibus prioribus diversus. OBserv. — Prionodon, genus pulchrum, præcipue in America æqua- toriali obvium, ob fructus et calyptræ absentiam neglectum. Sub Æypno denso SW. plures species confusæ, + Tris. II. — EUNECKEREÆ. I. — PHYLLOGONIUM Brid. 1. PayzLoGonium FuLGExS Brid. Tequendama, 2600 m., in sylv. e fructib. Jan. leg. A. Lindig. Te- quendama, Canoas, etiam leg. Lindig. Cerro Pelado, Schlim. Var. Caule duplo latiore, robustiore, primo visu diversum videtur, sed fructu carens. Bogota, Tequendama, in sylv. Sept. leg. Lindig. 358 s. TRIANA ET 9.-E. PLANCHON (E. WAMPE). HIT. — NECKERA Hedw. Sect. I. — RHYSTOPHYLLUM, Ebr. a. Theca immersa. 4. NeckerA Morirzn Hpe. Bogota, Tocarema, 2200 m., in sylv. Augusto 1859 leg. A. Lindig. 2. Necker Linnicnt Hpe. — Monoica. Caulis ramosus, com- planatus, pallide viridis. Folia undulata, distiche imbricata, basi uno. latere involuta, oblongo-lanceolata, acutiuscula, integer- rima vel apice tenerrime denticulata, nervo gemello brevissimo, cellulis omnibus elliptico-linearibus, folia tota hyalina ; perichæ- tialia e basilate-ovata, sensim attenuata. lanceolata, acuta, inte- gerrima, thecam superantia; peristomii dentibus e basi latiore lanceolato-subulatis, linea media angustissima, integris, inter. ciliis e basi latiore membranacea subulato-filiformibus, nodu- losis, integris, subæquilongis. Bogota, Monserrate, Tequendama, Canoas, Fusagasuga, Pacho et Chapinero, 2200-2900 m., in sylv., ad arbores. Jan., maio, junio et julio, copiose leg. A. Lindig. bd. Theca exserta. 8. NECKERA NoVÆ-GRANATEÆ C. M. Hal. bot. Z. 1857. — Mo- noica. Caulis ramoso-pinnatus, ramis attenuatis flexuosis. Folia uno latere inflexa, parum oblique oblongo-lanceolata, apice re- curva, subtiliter denticulata, plus minusve apiculata, undulato- crispa, nervis binis brevibus sæpe obsoletis, cellulis alaribus parvis angulatis luteis, cæteris linearibus ; tota folia flavescenti- diaphana; perichætialia brevia, convoluta, seta dimidia bre- viora, laxius reticulata; theca cum seta exserta ovata, chryseo- rubra, demum brunnescens, operculo conico-acuminato parum obliquo concolore; peristomn dentibus exter. e basi latiore lanceolato-subulatis, linea media tandem pertusis, lutescentibus, inter. cils carinatis, longe subulatis, linea media pertusis, concoloribus. PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 399 Syn. Neckera Jamesoni nob. in schedulis sub n° 2073. Bogota, Monserrate, 2900 m.; Pacho, 2200 m., in sylv. ad arb. parce intermixtam. Julio leg. A. Lindig. Antea, rio Hacha, Sierra Nevada Taquinoas 8000 ped. sub. 871 leg. Schlim. Ab Neckera Jamesoni Tayl. differt foliis apice denticulatis et nervis binis, nec folia integerrima enervia, ut dixit Taylor. Sect, IT. — PSEUDOPILOTRICHUM, C. M. 4. Orthossichella. h. NECKERA PACHYGASTER C. M. Syn. Santa Martha, Mina, 4000 ped., Funck et Schlim. Bogota, Pacho, spe- cimen unicum inter Veckeras leg. A. Lindig. - 2. Pilotrichella. 5. Necker FLExILIS C. M. Syn. Leskea Hedw. Bogota, Tequendama, Canoas, 2500-2700 m., in sylv. in ramis arbo- rum. Junio et novbr. copiose fructiferam leg. A. Lindig. 6. NECKERA TURGESCENS C. M. Syn. Ocanna, Paramos, 1000 metr., in sylv. leg. Schlim. 7. NECKERA NIGRICANS N. à Es., C. M. Syn. In sylvis Andium, inter Pasto et Teindelam, 1300 hexapod. Humboldt et Bonpland. 8. NECKERA RUFESCENS C. M. Syn. Ocanna, Paramos, 8-10000 ped., Schlim. Bogota, Guadalupe in sylv. J. Goudot. 9. NEGKERA FILIFERA C. M. Syn. In nemoribus Ibague, legit sterilem Goudot,. 10. NEGKERA LONGEBARBATA Hpe. — Caulis biformis, elonga- tus, pendulus, basi intense viridis, apice flavescens ; ramis inferioribus brevibus distiche dispositis obtusis vel acutatis intense viridibus, cæteris pendulis elongatis flavescentibus niten- 860 s. TRIANA ET 9.-E. PLANCHON (E. HAMPE). tibus attenuatis inordinate ramosis. Folia e basi contracta late oblongo-ovata, cucullato-concava, lævia, Integerrima, pilfera, nervo tenui ad apicem producto, cellulis alaribus crassis fusco- flavidis, cæteris elongatis linearibus pellucidis; folia ramorum angustiora, pallidiora, pilo longiore flexuoso coronata, cætera desunt. Bogota, Cipacon, ad arbores, 2600 m., sterilem leg. A. Lindig. Ab NV. nigricante N. nervo longiore diversa. * Foliis plicatis. A1. NecxerA TERNSTROEMIÆ C. M. Syn. Bogota, Pacho et Tequendama, 2200-2500 m., in sylv. inter alia pauca specimina sterilia leg. A. Lindig. 12. NecxerA Fusco-virinis Hpe.—Caulis conformis, pendulus, robustior, ramosissimus ; ramis brevibus, bicoloribus, patentibus, teretibus, obtusiusculis. Fola plicata, accumbenti-imbricata, erecta, concava, e basi cordata rotundato-auriculata, auricula inflexa, ovato-oblongo-lanceolata, piliformi-acumimata, subinte- gerrima, nervo supra medium producto, cellulis alaribus paucis ellipticis hyalinis, cæteris modice papillosis elliptico-linearibus diaphanis ; cætera desunt. Bogota, Cipacon, cum AN. longe-barbata in sylv. leg. A. Lindig. Ex habitu MN. #lecebræ C. M., differt foliorum forma. Ab. AN. Tern- stræmiæ differt nervo breviore. * Foliis squarrosis. 43. NECKERA REMOTIFOLIA Hornsch. In sylv. Bogotæ, Cipacon, 2600 m.: Honda et San Antonio, 4900 m., leg. Lindig; Santa Marta, 4-5000 ped. leg. Schlim. Ah. NEcKERA consimizis Hpe. — N. remotifoliæ Hornsch. consimilis, sed gracilior et colore pallidiore. Folia e basi cor- data lanceolata, longe acuminata, pilifera, fere sursum remote denticulata, patula ; nervo tenui, pallido, supra medium evanido ; PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 361 cellulis alaribus paucis laxioribus hyalinis, cæteris linearibus ; tota folia pallide flavescentia, perichætialia accumbentia angus- tiora ; theca breviseta, urceolata, operculo umbonato-acuminato brevirostro. Syn. : Meleorium tenue Schwæg. In sylv. Manzanos, 2700 m., ad arbores. Julio 1860 leg. A. Lindig. Ab N. remotifolia differt : gracilitate et colore pallidiore, foliis tenuio- ribus, minus squarrosis et theca breviore suburceolata, quoque operculo breviore. IV. — METEORIUM Brid. emend. Calyptra mitriformis, basi excisa, non cucullata. 4. MeTeoRIUM NIGRESCENS, Veckera nigrescens Schwæg. a Var. : Illecebrum. Bogota, Cune, 1100 m., et Monte del Moro, 2200 m. in sylv. B Var. : gracile, elongatum, ramosum, pendulum. Bogota, Tequendama, 2500 m., in sylv. sterile leg. A. Lindig. Incertæ sedis. 2, CRYPHEA TENUISSIMA Hook. et Wilf. Nova Granata, Fusagasuga, 2000 m., in sylv. ad arb. sterilem (mas- culam) leg. A. Lindig. An Lindigiæ species ? V. — PILOTRICHUM P. B. 4. PiLOTRICHUM MACRANTHUM Dozy et Molk. — Caulis elon- gatus, ramosissimus, pendulus, viridis ; ramis brevibus, obtusis, interdum ramulosis. Folia quinquefariam dense imbricata, con- cava, apice cucullata, inflexa, e basi cordata rotundato-ovata, cochleariformia, breve apiculata, integerrima, nervo obsoleto subnullo ; cellulis alaribus quadratis hyalinis, cæteris linearibus diaphanis; perichætialia late oblongo-lanceolata, longe acumi- nata, subula convoluta, cellulis laxioribus hyalina ; theca brevi- 362 4. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. MAMPE). seta, basi truncata, oblonga, sub ore contracta, operculo conico- subulato recto; calyptra mitriformis, basi lobata, pilosiuscula. Bogota, Tequendama, 2500 m.; San Antonio, 1900 m. et in sylv. Man- zanos, 2700 m. Junio et aug. c. fruct. leg. A. Lindig. 2. PicotricauM PATENS C. M. Syn. Syn. Hypnum patens Hook., Isothecum Brid. In convallibus Andium Granatensium, inter Almaguer et Pasto, L800-6000 ped., Humboldt et Bonpland. Adhuc sterile notum, 2. recuruifolio affine videtur. B. Orthocarpi. FABRONIACEÆ. I. — FABRONIA Raddi. 1. FagroniA LinpiGrana Hpe. — Monoica, pulvinata, minor, rufescenti-viridis, sericeo-nitens. Rami graciles, ascendentes, parum curvati, breves vel longiores, anguste sciuroidei. Folia undique imbricata, humida erecto-patula, caviuscula, in ramis curvatis parum secunda, e basi angustiore ovata, longe acumi- nata, pseudo-pilifera, latere plus minusve dentata, obscure semi- nervia, cellulis alaribus et basilaribus quadratis, cæteris rhom- boideis, in apice fol elongatis, Imterstituis angustis opacis ; tota folia chlorophylloso-viridia, flavescenti-diaphana; perichætialia pallidiora, latiora, convoluta, oblongo-ovata, apice fimbriata, acumine intermedio producto, enervia, cellulis laxioribus tota limpido-hyalina. Seta erecta, brevis, apice parum incrassata. Theca subpyriformi-ovata; operculo umbonato, breve conico- rostrato, peristomii dentibus lanceolatis erectis sanguineis, ca- Iyptra pallide straminea. Bogota, Cune, 1100 m. B. Los Laches, La Penna et Sabana, 2600- 2800 m., ad arbores et saxa umbrosa martio, aprili, junio leg. A. Lindig. 9, FABRONIA POLYCARPA Hook. Bogota, Pacho, Fuquene, San Jil, San Juan et Piedecuesta, 1100- PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 263 2800 m., ad saxa et ad rad. arbor. Junio-septemb. copiose legit A. Lindig. DALTONIACEÆ, II. — DALTONTA Hook. et Tayl. A. DazrTonrA cucuLLaTA Hpe. — Monoica, cespitosa ; cespiti- bus fibrillis fuscis connexis, fusco-lutescentibus. Caulis subsim- plex, teres, undique foliatus. Folia canaliculata vel sulcato-cari- nata, elongato-lanceolata, acumine cuculliformi convoluto- attenuata, margine limbata, integerrima, limbo basi latiore, versus apicem angusto, flavido, nervo lutescente ante apicem evanido ; cellulis basilaribus paucis majoribus angulatis aureis, in lamina paulo minoribus pentagomis hyalinis, in apice fol condensatis minoribus. Seta obscure rubra, apice scabra, pa- rum incrassata, erecta, semiuncialis ; theca piriformi-cylindrica, opaca, scabriuscula 'operculo conico-subulato croceo ; calyptra brevi, profunde laciniata, fimbriata. Bogota, Los Laches, 2800 m., in sylv. Sept. 1859 sub n° 2023 parce leg. A. Lindig. D. splachnoideo proxima, differt : statura majore, foliis longioribus apice cucullato-attenuatis, etc. 2. DarroniA LinpiGrana Hpe. — Monoïca, laxius cespitosa, diviso-ramosa, elatior; ramis plus minusve elongatis, compla- nats. Folia laxe imbricata, erecto-patentia, minus sulcato-cari- nata, elongato-lanceolata, longiora apice cucullato-attenuata, integerrima, basi latissime flavo-limbata, limbo basi e cellulis elongatis 6-seriatis formato, versus apicem condensato-angus- tato; nervo rufescente solido, sub acumine evanido. Structura interna Cum priore similis, nisi cellulis paulo longioribus pallide flavidis. Seta brevior. Theca parva, ovato-rotunda, foveolato- punctata; operculo umbonato conico-subulato, eroceo, calyptra prioris. Bogota, Boqueron, 2700 m., ad rupes humid. Julio 1859, sub n° 2023 leg. Lindig. 864 3. TRIANA ET 4.-E. PLANCHON (E, HAMPE),. In schedulis D. ovalis nominata videtur simillima, sed nostra differt : nervo crasso nec tenuissimo, et theca ore patulo nec ore contracto. 3. DALTONIA LONGIFOLIA Tayl. Bogota, Tequendama, 2500 m., in sylvis c. Wacromatrio commixtam ad arbores parce augusto 1863 leg. A. Lindig. - Foliis longioribus flexuosis et tela densiore facile cognoscitur. LH. DALTONIA BILIMBATA Hpe. — Monoica, cespitosa, cespitibus radiculis fuscis fibrillosis connexis, vix uncialis, magis lutescens. Caulis subsimplex, adscendens, apice parum complanatus, in- ferne laxius, superne densius foliatus. Folia flexuosa, erecta, humida patenti-erecta, parum flexa, oblongo-lanceolata, acumi- nata, limbo exteriore angusto lutescente, interiore latissimo, e cellulis elongatis pellucidis formato, integerrima, nervo ante apicem evanido; cellulis basilaribus polygonis aureis, intermediis elongatis pellucidis, in lamina superiore minoribus condensatis, subrhombeis, flavescenti-diaphanis. Seta glabriuscula, medio- cris, erecta, fuscato-rubra. Theca elliptico-ovata, faveolato- punctata, nitida, brunnescens; operculo umbonato-conico, lon- gius subulato, crocco.Calyptra longior, basi tenuissime laciniato-. barbata, pallida, apice fuscata. Bogota, Monserrate, 2800 m., in sylv. umbros. ad trunc. arb. Maio 1860, sub. 2056, parce leg. A. Lindig. À priori D. longifolia proxima differt : foliis bilimbatis, cellulis laxio- ribus setaque glabriuscula. 5. DALTONIA BiNERvIS Hpe. — Syn. Lepidopilum Daltonia- ceum. — Minor. Caulis humilis, parce ramosus, adscendens, pallide viridis, laxe foliatus, parum compressus. Folia caviuscula, latere parum convexo, striata, flexuoso-erecta, humida erecto- patentia, oblongo-lanceolata, attenuato-acuminata, immargi- nata, integerrima; nervis binis flavidis basi propinquis, supra medium folii patenti-divergentibus, productis ; cellulis alaribus rotundato-angulatis pellucidis, intermediüs elliptico-linearibus, versus apicem abbreviatis densioribus, ubique interstitiis nodu- PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 305 losis punctatis. Folia tota hyalina; perichætialia tenuiora et bre- viora, ovato-acuminata, enervia, cellulis basilaribus aureis, cæteris rhomboïdeo-ellipticis, supremis linearibus parcius no- duloso-punctatis, magis hyalina. Seta erecta, caulem superans, scabriuseula ; theca oblongo-cylindrica, ore rubro, operculo conico-subulato croceo thecam dimidiam superante ; calyptra longa, glabra, thecam fere totam obtingente, laciniata, basi par- cius fimbriata. Bogota, Rio Arzobispo, 2700 m., ad truncos arbor. Novemb. 1859 parce, sub n° 20%6, leg. A. Lindig. | Ab omnibus speciebus differt nervo bifurco ; minuta species, transitum ad genus ZLepidopilum demonstrat. II. — LEPIDOPILUM Brid. 4. LepipopiLuM LONGIFOoLIUM Hpe. — Caulis basi attenuatus, superne diviso-ramosus ; ramis subfastigiatis, complanatis, un- dique dense foliatis. Folia accumbentia, erecta, parum flexuosa, e basi parum asymetrica anguste oblongo-lanceolata, elongata, piliformi-acuminata, apice parce denticulata; nervis gemellis plus minusve elongatis, cellulis basilaribus crassioribus aureis, cæteris elongato-pentagonis conformibus, limpido-hyalinis. Seta brevis, adscendens, scaberrima, ramos superans, gracilis. Theca elliptica, cylindrica, angusta, deoperculata medio attenuata, ore patulo, operculo conico-subulato recto. Peristomium magnum, dentibus exterioribus lanceolato-subulatis erectis, in medio linea violacea notatis, lævibus; interiorum cruribus carinatis, æqui- longis, integris. Calyptra longa, flavescens, basi laciniata, apice fuscata, parum scabra. Bogota, Pacho, 2200 m., et Tequendama Escaleros 2500 m., pauca specima cum alis intermixta leg. A. Lindig. Ex habitu Daltoniæ, sed peristomio Lepidopili Brid. 2, Lerinorizuu Muercert Hpe. — Sub. Hookeria prius. Bogota, Tequendama, 2500 m., in sylv. pauca frustula inter alia leg. A. Lindig. 866 3. TRIANA ET 9.-E. PLANCHON (E. HAMPE). 8. LEPIDOPILUM SUBENERYE Brid. Bogota, Pacho, inter alia specimen unicum leg. A. Lindig. LL. LEPIDOPILUM ANGUSTIFRONS Hpe. -— Caulis angustus, parce diviso-ramosus, pallide viridis, nitens. Folia disticha, ‘tenuiora, uno latere inflexo concava, oblique late-ovata, acuminata, apice parum reflexa, denticulato-serrata ; nervis binis brevibus, remo- tis, tenerrimis, inæqualibus, interdum obsoletis; cellulis basilari- bus aureis, cæteris laxis, anguste trapezoideo-elongatis, maxime hyalinis, interdum imterstitus chlorophyllosis receptis. Folia perichætialia pauca, minora, ovata, enervia, tenerrima. Seta brevior, adscendens, erecta, scabra, demum inflexo-curvata ; theca anguste piriformis, deoperculata sub ore contracta vel medio attenuata, ore patulo; operculo conico-subulato, recto ; peristomium magnum; dentibus exter. lanceolatis, erectis, albidis, dorso linea fuscata notatis; interiorum cruribus carina- tis, æquilongis, concoloribus ; calyptra straminea, basi laci- niata, medio paleis paucis ornata. Bogota, Cipacon, 2500 m., ad arbores, pauca specimina inter alia sub n° 2155 intermixta augusto leg. A. Lindig. À Lepidopilo subenervi Brid. differt : foliis latioribus, limpido-hya- linis, perichætialibus ovatis nec longissime acuminatis, calyptraque basi laciniata nec multifida. SUBGEN. — ERIOPUS, Brid. 5. LeprnopiLum NuTans Hpe. — Dioicum, laxe cespitosum, tenerum, complanatum, olivaceo-viride, pallescens, nitens. Caulis basi fusco-tomentosus, subsimplex, laxe foliatus, adscen- dens. Folia inferiora minora, superiora majora, distiche pa- tentia, e basi obliqua angustiore late oblongo-ovata, breve acuminata, flaccida, humida planiuscula, sursum anguste lim- bata, versus apicem spinuloso-dentato-serrata, cellulis inferio- ribus laxioribus rhomboiïdeis, versus apicem minoribus, nervo brevi furcato; perichætialia brevissima, tenuiora, late ovato- acuminata, immarginata. Seta brevis, gracillima, parce nodu- loso-scabra, junior flexuoso-erecta, tandem apice hamato-in- PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, 367 curva ibique fimbriato-cristata. Theca parva, longicollis, ovato- pyriformis, junior erecta, mox nutans; ore rubro ; operculo conico-subulato, recto, luteo. Calyptra brevis, basi multifido- barbata, superne paleis brevibus fugacibus ornata. Peristomium parvulum ; dentibus exter. lanceolato-subulatis croceis, inter. cruribus carinatis æquilongis pallidis. Tequendama, Canoas, 2500 m., in‘sylv. ad rad. arbor. Junio 1860 sub n° 2090 leg. A. Lindig. Ab ZLepidopilo cristato nob. seta tantum apice fimbriato-cristata primo visu diversum. F LESKEACEÆ. À I. — PTEROGONIUM Schwæsgr. À. PTEROGONIUM PULCHELLUM Hook. In umbrosis mont. Quindiu, locis altioribus, alt. 1070 hexapod. pr. el Moral leg. Humboldt et Bonpland. Il. — LEPYRODON Hpe. Peristomium simplex, internum; membrana in cruribus 16 elongatis carinatis, medio pertusis, demum dehiscentibus, plus minusve bifidis protractis; calyptra cucullata. 1. LepyrODON suBorTHoSTICHUS Hpe. Veckera C. M. Syn. Paramo San Fortunato, 2800 m., in sylv. ad truncos arb. jan. leg A. Lindig. Tolima Summita leg. Goudot. IL, — MESONODON Hpe. Peristomium simplex, intermedium (im pariete intermedia thecæoriundum). Dentes 16, breves, lanceolati, pertusi, modice trabiculati, æquidistantes (nec membrana suffulti). Calyptra cucullata. 4. Mesononon onusrus Hpe. — Monoicus, ex rhizomate re- pente, tomento purpurascente connexo, dense aggregatus, lutes- 368 J. FRIANA ET J.-E. PLANCHON (E, MAMPE). ceuti-viridis, nitens. Caulis adscendens, diviso-ramosus, sub- fastigiatus, dense foliatus, julaceus, maxime fertilis. Folia humida erecto-imbricata, plicata, late ovata, breve acuminata, margine parum reflexo subintegerrima, enervia; cellulis alari- bus quadratis hyalinis, cæteris elongatis anguste pentagonis, versus apicem fol paulo densioribus pellucidis; perichætialia appressa, exteriora ovata acuminata breviora, interiora lan- ceolata longe acuminata integerrima, tota limpido-hyalina; perigonialia breviora apice denticulata. Seta glabra, flavescens, erecta, subuncialis; theca erecta, elliptico-ovata, operculo conico-rostrato; calyptra glabra, cucullata. Bogota, San Jil, 1300 m., ad rad. arbor. sept. 1863 leg. A. Lindig. Habitus sciuroideus Leucodontium, sed seta elongata inter Leskeaceus. Genus ab Sclerodontio, ob peristomium intermedium, diversum. IV. — ANOMODON Hook. et Tayl. 4. ANOMODON ANGUSTATUS Hpe (Leskea Tayl.). Bogota, Cune, Fuquene, Los Laches, Pacho, Sabana et La Penna, 2000-2800, ad saxa et rad. arborum. Martio et junio copiose leg. A. Lindig. SUBGEN. — ENTODON Spruce; CYLINDROTHECIUM Schimp., NECKERA alior. 2. EnToDoN GRAGIuISETUS Hpe. — Decumbens, prostratus, laxe pulvinatim expansus, lutescenti-splendens. Caulis compla- natus, pinnatim ramosus, elongatus ; ramis complanatis, cuspi- datis, aduncis. Folia undique imbricata, accumbentia, humida erecto-patula, subdisticha, concava, e basi angustiore late ovato-lanceolata, acutiuscula, apice denticulata ; nervo gemello brevi, obscuro vel obsoleto; cellulis alaribus laxe quadratis, cæteris anguste pentagonis elongatis sublinearibus, omnino limpido-hyalina; perichætialia laxe imbricata, exteriora bre- viora, Interiora vaginantia elongata late lanceolata longe acu- minata integerrima enervia; cellulis laxioribus omnino hyalina, basi parce striata. Seta longissima, sesquiuncialis, graailis, flavida, flexuoso-erecta. Theca rufescenti-chrysea, elliptico- PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 969 cylindrica, ore rubro nitida; operculo conico-subulato, sub- recto, pallidiore, quartam partem thecæ metiente. Peristomium duplex : exter. dentibus ferrugineis lanceolatis medio sessi- libus, inter. cilus validis æquilongis cruentis; calyptra longa, glabra, straminea. Bogota, Pacho, 2000 m., in sylv. Julio parce leg. A. Lindig. Æ. macropodo simillimus sed robustior, folis latioribus et seta lon- giore primo visu differt. 9. ENTODON PROPINQUUS Hpe. — Decumbhens, prostratus, pinnatim ramosus, compressus, pallide-flavescens, mitidus, ramis curvatis attenuatis. Folia concava, oblongo-lanceolata, anguste acuminata, laxe imbricata, Incurvato-flexuosa, acumine convoluto subintegerrima, nervo obsoleto furcato; cellulis ala- ribus quadratis, Cæteris elongatis linearibus hyalinis; peri- chætialia convoluta, interiora magis acuminata, setacea. Seta gracilis, elongata, uncialis vel paulo longior, flavescens, erecta, Theca elliptico-cylindrica, rufescenti-chrysea ; operculo comico, attenuato, obtuso, breviore, latere sulcato. Peristomium duplex : exter. dentibus basi nigricantibus, lanceolato-subulatis, solidis ; inter. ciliis angustissimis, subulatis, sanguineis. Bogota, Tequendama, 2500 m., in sylvis. Augusto 1863 pauca speci- mina intermixta leg. A. Lindig. Ab £, graciliseto æmulo differt : statura graciliore, foliis longioribus longe acuminatis flexuosis, operculo breviore et peristomii indole. h. ENTODON AURESCENS. — Cylindrolhecium Schimp. in mus- cis mexicanis. — Monoicus, minor, densius aggregatus, laxe pulvinatim cespitosus, irregulariter pinnatim-ramosus, aureo— nitens; ramis compressis, parum Curvatis, apice acutiusculis. Folia modice imbricata, accumbentia, humida erecto-patentia, concava, late oblongo-lanceolata, acuminata, basi uno latere contracta, subobliqua, summo apice parce denticulala ; nervis binis brevibus obscuris inæqualibus, cellulis alaribus quadratis, interstitus crassis obscure pellucidis, cæteris elongatis versus apicem lmearibus ; tota folia pallide flava, diaphana. Seta lutes- cens, vix uncialis vel brevior; theca minor, oblongo-cylindrica, 5° série. Bot. T, IV. (Cahier n° G.) 4 21 870 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE). evacuata parum obliqua, pallide rufescens, ore purpureo; oper- culo breviter conico-rostrato, pallidiore. Peristomium duplex ; exter. dentibus brevibus, lanceolato-subulatis, mtegris, linea media notatis, sanguineis; inter. cils brevioribus, filiformi- bus, subconcoloribus; calyptra flavescens, glabra. Bogota, Pacho, 2200 m., in sylv. Julio 1863, ad arbores copiose leg. A. Lindig. 5. ENTODON PpoLycaRPus. — Cylindrothecium Schimper 1. c. — Monoicus, minor, flavescenti-viridis, compressus, pinnatim ramosus; ramis erecto-patulis, apice attenuatis, parum cur- vatis. Folia concava, accumbenti-imbricata, laliora, e basi angustiore late ovata, breve cuspidata, cuspide parce dentata : nervo gemello brevi, pallhido; cellulis alaribus quadratis, inter- stitiis tenuioribus magis pellucidis, intermedis anguste penta- gonis hyalinis, cæteris linearibus elongatis pallide diaphanis; perichætialia convoluta, superiora appressa elongata acumi- nata, inferlora breviora’apice recurva, omnia integerrima laxius reticulata enervia limpido-hyalina. Seta brevis, semi- uncialis vel paulo longior, flavescens ; theca elliptico-eylindrica, operculo brevirostro pallido. Peristomium duplex, breve; den- tib. exter. lanceolato-subulatis cruentis solidis, inter. cils angustissimis brevioribus concoloribus. Bogota, Pacho, 2200 m., c. priore. Julio leg. À. Lindig. A priore differt : colore flavescenti-viridi, ramis magis compressis et foliis latioribus brevius acuminatis, solo cuspide dentatis. 6. Exronon LuTEscENs Hpe.=—= Monoicus, major, 2-3-uncialis, lutescenti-nitens. Caulis modice compressus, regulariter pnnatim ramosus; ramis subæqualibus, erecto-patentibus, brevibus, apice attenuatis, parum flexis. Folia concava, accumbenti-im- bricata; caulina parce plicata, late ovata, acuminata, subinte- gerrima; ramorum minus plicata, angustiora, apice obsoleto dentata, nervis binis brevibus pallidis; cellulis alaribus qua- dratis, intermediis anguste pentagonis elongatis, versus apicem linearibus; tota folia pallide lutescentia, diaphana ; perichætialia imbricata, inferiora minora ovato-acuminata apice reflexa, PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 371 interiora convoluta erecta elongata late oblongo-lanceolata acuminata cuspidata integerrima subenervia, cellulis basila- ribus laxioribus hyalina. Seta flavescens, vix uncialis; theca elliptico-cylindrica , rufescenti-chrysea, ore rubro demum nigricante, opereulo conico-subulato parum curvato. Peri- stomium duplex; exter. dentibus lanceolatis acutis solidis cruentis, inter. cilus filiformibus subæquantibus sanguineis. Calyptra pallide flavescens, glabra. Bogota, Pacho, 2200 m., in sylv. cum prioribus ad arbores. Julio leg. copiose À. Lindig. Ab duobus prioribus difiert : caule strictiore et longiore, regulariter pinnato, minus complanato et foliis longioribus magis acuminatis sub- integerrimis. Colore lutescente et statura majore ab Z, polycarpo primo visu recognoscendus. 7. Enropon rAmosissimus Hpe. — Monoicus, procumbenti- prostratus, inferne purpureo-tomentosus, ramosissimus, sordide viridis, lutescenti-splendens ; ramis Copiosis, approximatis, pin- natim dispositis, compressis, attenuatis, sæpe apice radiculis purpureis ornatis flexuoso-curvatis. Folia breviora, concava, deflexo-falcato-incurvata, e basi contracta ovato-acuminata , ramorum angustiora, apice parce dentata; nervo flavescente bifurco brevi, cellulis alaribus quadratis hyalinis, cæteris linea- ribus, flavescenti-hyalina; perichætialia convoluta, oblongo- lanceolata, longe acuminata, integerrima, enervia, cellulis basi- laribus laxioribus, tota hyalina. Seta flavescens, vix uncialis vel brevior, gracillhina ; theca elliptico-cylindrica, angusta, pallide chrysea, ore nigricante, operculo brevi flavido conico-acumi- nato subrecto. Peristomium duplex; exter. dentibus cruentis lanceolato-subulatis solidis, inter. cilus filifornibus breviori- bus sanguines. Bogota, Pacho, 2200 m., c. prioribus ad arbores intermixtum parce julio leg. A. Lindig. E. incurvato (Neckeræ Hornsch.) æmulans, sed differt : caule ramosis- simo, minus complanato, foliüs longioribus et angustioribus, cellulis ala- ribus latioribus magis hyalinis et nervo distincto bifurco, thecaque ve- tusta pallida nec fuscata. 472 J. YRIANA ET J.-E, PLANCHON (E. HAMPE). _* 8. Enropon cuPrEssIFORMIS Hpe.— Monoicus, major, decum- benti-prostratus, elongatus, ramosus, viridis. Caulis irregula- riter pinnatim ramosus, parum compressus, subturgidus ; ramis apice attenuatis, aduncis. Folia concava, undique accumbenti- imbricata, deflexo-falcata, utroque latere basi parum revoluta, late ovata, acuminata, apice parce dentata; nervo bifurco obseuro; cellulis alaribus quadratis, intermedis pentagono- elongalis, cæteris linearibus, tota folia hyalina; perichætiaha convoluta, imbricata, imferiora apice reflexo breviora, interiora erecta, oblongo-ovato-lanceolata, acuminata, subintegerrima ; cellulis basilaribus lanioribus, nervo obsoleto. Seta lutescens, mediocris (3/4), adscendens; theca rufescenti-chrysea, ore pigricante, elliptico-cylindrica, parum obliqua, operculo co- nico-acuminato, parum obliquo, brevirostro, pallidiore. Peri- stomium duplex; exter. dentibus lanceolato-subulatis, medio fissilibus, cruentis, siccis reflexis; inter. eilus filiformibus brevioribus subconcoloribus; calyptra pallida, glabra. Bogota, Pacho, 2200 m., cum prioribus ad arbores leg. A. Lindig. Habitu Æypn? cupressiformis memorabilis. SUBGEN. — LEPTOHYMENIUM Schwaeegr. 9. LEPTOHYMENIUM LONGISETUM. Veckera Hook. Bogota, Tequendama, Chiquinquira et Tocarema, 2300-2700 m., in sylv. ad arbor. Aug.-sept. leg. A. Lindig. 10. LEPTOHYMENIUM SYLINDRICAULE MVeckera (C. M. Syn.). Bogota, Tequendama, Canoas, Pacho et Fuquene, 2200-2800 m., in sylv. ad arbores. Jun.-sept. copiose leg. A. Lindig. Var. rupestris. Caule prostrato, ramosissimo-pinnato ; ramis brevioribus, hu- midis minus turgidis ; iolis brevioribus, ovatis, acuminatis, acumine longiore patente et cellulis alaribus copiosioribus magis explanatis, perichætialibus brevioribus magis acuminato- cuspidatis. An varietas e loco sicciore orta? Bogota, Pacho, 1900 m., ad rupes. Julio leg. A. Lindig. PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 0 13 1. LEPTOHYMENIUM CONSANGUINEUM Hpe. — Monoicum, gra- ailius, decumbens, mordinate ramosum; ramis brevibus, ju- laceis, adscendentibus. Folia concava, dense imbricata, ovata, longius acuminata, acumine piliformi subreflexo patulo, humida lurgescentia, arete imbricata, acumine stricto, integerrima, enervia; cellulis alaribus depresso-quadratis, intermedus pen- lagono-elongatis, cæteris linearibus; perichætialia convoluta, exteriora breviora, mteriora elongato-lanccolata, longe acumi- nata, cellulis basilaribus laxis Hmpido-hyalinis, cæteris elongatis linearibus flavescenti-hyalinis. Seta brevis, subuncialis (3/4), gracilis, lutescens; theca minor, ovato-elliptica, rufescenti-chry- sea, vetusta parum obliqua; opereulo conieo-subulato, subula sulcata subrecta. Calyptra pallide flava. Peristomium duplex, breve; exter. dentibus lanceolatis, integris, flavidis, inter. ciliis brevioribus concoloribus. In monte del Moro, 2200 m., et Bogota Pacho, 2260 m., quoque Bo- gota San il, 1300 m., in sylv. ad arb. Sept. copiose leg. A. Lindig. Inter Z. cylindricaule et squarrosum intermedium, a priore statura graciliore et theca parvula primo visu diversum; a L. squarroso habitu robustiore et foliis minus squarrosis humidis arcte imbricatis nec patu- lis facile dignoscitur. 12. Leprouymenium squarrosum (Veckera C. M. Syn.). Bogota, Cune, 1100 m., in sylv. ad arbores. Decemb. 1860 sub. n° 2134 leg. rarius A. Lindig. ÆEntodon et Leptohymenium sectiones naturales generis Anomodontis puto. LESKEA Hedw. SECT. |. — SOCIERO-LESKEA. — HOMALOTHECUM Schimp. A. LeskeA BoxPcanpir Hook. Bogota, Tequendama, Canoas, 2500 m., in sylv. ad trunc. arb. Junio leg. A. Lindig. POROTRICHUM Brid. emend. Peristomium duplex, pyramidatum, longissimum. Externi dentes 16, lanceolato-subulati, solidi (linea media deficiente). 37h J. TRIANA ET J,-E. PLANCHON (E, NAMPE). Interni cruribus magnis carinatis, medio perforatis, æqui- longis vel longioribus, conniventibus, in membrana brevi suf- fultis; cils nullis vel dentiformibus brevibus interpositis. Calyptra cucullata. Ab Climacio differt : peristomio interno in membrana brevi suffulto el defectu columellæ exsertæ. a. Seta elongata, 1. PoroTRICHUM SUPERBUM. Leskea Tayl. Hypnum C.' M. Syn. In sylv. elevatis Manzanos et San Antonio, 1900-2700 m., ad truncos arborum. Junio et julio parce leg. A. Lindig. 2. POROTRICHUM STOLONACEUM Hpe.— Dendroideum, distiche pinnatum, ramosum, triunciale, gracilius, sordide viride, pallens. Caulis e basi simplici subnuda diviso-ramosus, interdum e centro stolonaceus, superne subdistiche pinnatus; ramis inæ- qualibus, subcompressis, attenuatis. Folia undique imbricata, erecto-patentia, e basi cordata concava, late ovato-acuta, apice parce denticulata, nervo basi crasso supra medium attenuato evanido; cellulis anguste ellipticis, dense aggregatis, folia lota lutescenti-diaphana; perichætialia imbricata, apice recurva, inferiora minora, intima majJora longlora magis acumimata subintegerrima enervia. Seta gracilis, erecta, uncialis, rubens. Theca oblique erecta, ovata, operculo conico-subulato subrecto thecam subæquante. Peristomium duplex; exter. dentibus flavidis, lanceolato-subulatis, siccis reflexis; inter. cruribus ca- rinatis, angustis, longissimis, erecto-conniventibus, perforatis, concoloribus; ciliis solitarns, brevibus, interruptis. Bogota, Tequendama, Canoas, 2500 m., in sylv. altioribus ad arbores. Sept. 1860 sub n° 2131 parce leg. A. Lindig. Ab priore differt : caule humiliore, ramis angustioribus nec expansis complanatis ; foliis minoribus, accumbenti-erectis nec complanatis, distichis. 3. PoroTriCHUM scoposum Hpe. — Surculus repens, purpu- reo-tomentcsus. Caulis adscendens, basi microphyllina subnu- dus, humilis, superne ramosissimo-flabellato-dendroideus ; ramis PRODROMUS FLORÆ NOYO-GRANATENSIS. 219 crassioribus cum filformibus mixtis, scoposo-congestis. Folia caulina e basi obliqua concava, late ovato-lanceolata, breviter acuminata, apice denticulata, nervo lutescente superne evanido ; cellulis basilaribus striatis luteis, cæteris anguste pentagonis brevibus in acumine laxioribus angulato-ellipticis, interstitiis crassioribus cincts; folia ramorum angustiora, ovato-lanceolata vel lanceolata, versus apicem plus minusve inciso-serrata vel spinuloso-denticulata, nervo abbreviato furcato demum sub- evanescente; perichætialia obovata, subito longe acuminata, apice. parce denticulata, subenervia, cellulis basi laxioribus hyalina. Seta uncialis, fuscata, apice incrassata; theca oblique ovato-elliptica , operculo elongato conico-subulato rostrato thecam subæquante. Peristomium duplex, annulo cinctum ; exter. dentibus lanceolato-subulatis, flavescentibus, integris, incurvis ; inter. cils late-carimatis, pyramidatis, pallescentibus, superantibus. | | Bogota, Guadalupe, 2900 m., inter frutices. Aug. 1863 parce leg, A. Lindig. Porotricho longirostri Brid. ex habitu simile, sed ramis scoposo -con- gestis nec pinnatis primo visu recognoscitur. b. Seta abbreviata. h. PoRoTRICHUM vartARILE Hpe ; prius Veckera flabellata. — Dioicum ; e rhizomate repente caulis basi subnudus, adscen- dens, complanato-pinnatus vel bipinnato-supradecompositus, flabellatus. Folia biformia, infima ramorum late ovata acumi- nata acuta concava, cætera basi uno latere inflexa oblique li- gulata acuta apice Inciso-serrata; nérvo validiore supra me- dium producto, cellulis basilaribus ellipticis, superioribus trapezoideis, flavescenti-transparentia; perichætialia exteriora breviora ovato-acuminata, superiora longissima, basi convoluta, late-lanceolato-oblonga, subito in acumen longius patulum sub- integerrimum producta, nervo breviore dilatato interdum bifido instructa, hyalina. Seta brevis, perichætium duplo vel triplo superans, exserta ; theca obovata, erecta, operculo conico- rostrato. Peristomium duplex ; dentibus exter. luteis, lanceolato- subulatis, apice inflexis; inter. cruribus elongatis, longioribus, 370 JS. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. mampe). pyramidatim conniventibus, cancellato-pertusis, concoloribus. Calyptra glabra, stramimea. Bogota, Tequendama, Canoas et Choachi, 2500-2500 m., in sylv. ad arb. sub n° 2095 leg. A. Lindig. Var. &. Caule humiliore, lanceolato-pinnato. B. Caule elatiore, bipinnato, ovato-lanceolato. y. Caule supra decomposito, flabellato. 5. PoroTRICHUM MINUS Hpe. — Porotricho variabili var. +. simile sed multo minus, magis decompositum, intensius colora- tum, ramis gracilioribus magis conformibus. Folia evidenter plicata ; caulina minora, fere sursum denticulata, apice argutius serrato-dentata ; ramorum angustiora, cellulis anguste angulato- ellipticis, abbreviatis, papilloso-punctatis, dense conflatis; peri- chætialia breviora, pallida, ovato-lanceolata, subulata, patentia. Seta brevis, perichætium duplo superans, erecta ; theca ovata. parum obliqua, adscendens; operculo crasso conico-subulato. Peristomium duplex croceum ; exter. dentibus lanceolato-subu- latis inmcurvis, trabiculis prommentibus, margine sinuato-ser- rats ; inter. cruribus longissimis, pyramidato-conniventibus, perloratis. Bogota, Tequendama, Canoas, 2500 m., parce sub n° 2095 intermix- tum leg. A. Lindig. Minima species Porotrichi videtur. C. — Camptocarpi. HYPNACEÆ. I. — LINDIGIA Hpe. Peristomium duplex , exter. dentes lanceolato-subulati , toruloso-hamati, incurvati; inter. cruribus angustis, æqui- longis, carinaïis, erectis, vel conniventibus, basi membrana brevi conjunctis. Calyptra cucullata. Theca curvata. {. LINDIGIA PILOTRICHELLOIDES Hpe. — L. curtipes prius. — Monoica. Caulis elongatus, gracilis, debilis, remote ramosus, pendulus, flavo-viridis. Folia remota, erecto-patula, angusta, PRODROMUS FLORÆ NOVO—GRANATENSIS. 977 ovato-lanceolata, longissime subulata, fere sursum denticulato- serrata, nervo angusto, medium foln vix attingente; cellulis basilaribus laxioribus pentagonis, superioribus rhomboideis subhyalinis; perichætialia convoluta, cellulis laxioribus rhom- boideis. Seta brevis, debilis, flavescens, lævis; theca adscen- denti-inclinata, priformi, cylindrica, angusta ; operculo brevis- simo, umbonato-curvirostro. Peristomium luteum. In sylvis Bogotæ, Cipacon, Manzanos et in monte Escaleros 2600- 2800 m. ad ramos arborum pendula. Julio, aug. leg. À. Lindig. Habit. Neckeroidis, Pilotrichellis æmula, sed theca curvata Æypnacæis adnu- meranda, peristomii indole etiam ab Neckeraceis removenda. 2. LinpiGra aypnoipes Hpe. — Hypnum anomalum prius. — Monoica, laxe cespitosa, procumbenti-expansa, rufescenti- lutescens, nitida. Caulis gracilis, parce diviso-ramosus, elon- galus, pinnatim ramosus, creberrime fructiferus ; ramis brevibus, attenuatis, flaccide-patentibus. Folia undique laxe imbricata, subsquarroso-erecto-patula, flexuosa, humida strictiora, e basi truncato-cordata, late ovato-lanceolata, acuminata, sursum denticulato-serrata; nervo lutescente supra medium evanido, cellulis alaribus laxioribus interstiliis crassis receptis pellucidis, cæteris elliptico-lmearibus densissimis, nodulis minimis inter- ruptis, folia tota flavescenti-diaphana; perichætialia arcte con- voluta, lanceolata, acumine serrulato enervia, cellulis laxioribus pellucida. Setæ copiosæ, distichæ, utroquelatere insertæ, breves, apice parum incrassatæ, ommino scabræ. Theca piriformi- oblonga, angusta, sub ore contracta, oblique adscendenti-hori- zontalis, deoperculata inclinata; operculo umbonato-conico- subulato, rostrato. Peristomium duplex : exter. dentibus: lanceolato-subulatis, dense trabiculatis, rubris, solidis, incurvis ; inter. membrana brevissima lutescente, cruribus carinatis sub- æquilongis erectis. Calyptra cucullata. In sylvis Manzanos, Bogota Arzobispo et in monte Escaleros 2700- 2800 m. ad ramos arborum julio, novbr., leg. A. Lindig. Ab priore differt : statura minore, robustiore, magis pinnatim ramosa, hypnoi- dea. Æypno exasperato similis, sed peristomi indole leskeoidea hujus generls. 278 A. ‘TRÉCUL, Adnot. Pulutrichum capillaceum Hornsch. floræ Brasiliensis, Lindigiæ hypnoidi proximum videtur, sed seta glabra magis cum priore (Z, pilo- trichelloidi) comparandum. Etiam e monte Orizaba misit amicissimus Schimper, Pilotrichum tenellum (non Mulleri), quod Pilotricho capillaceo Hornsch. æmulatur, sed seta papillosa. Neckera papillipes C. M. peristo- mio interno leskeoideo, ab Neckeris removenda persuasus sum. Eriodon Montgn., ob peristomium internum longissimum ab Lindigia diversus, genus proximum puto. (La suite prochainement.) DU TANNIN DANS LES LÉGUMINEUSES, Par M. A. TRÉCUL. (Extrait des Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, 30 janvier 4865, ) Depuis longtemps déjà on sait que l’Apios ltuberosa contient du suc laiteux. J'ai trouvé un suc semblable dans un Sesbania, et dans les jeunes pousses des Vigna glabra, Mimosa sensiliva, prostrata et floribunda. En cherchant le suc laiteux dans les Légumineuses, je laïssai accidentellement sur le rasoir, pendant quelques minutes, des coupes transversales minces d’un jeune scion vigoureux de Robinia pseudo-acacia. Les ayant ensuite placées sous le micros- cope, je remarquai qu à des places déterminées certaines cellules avaient bleui. Je mis aussitôt de semblables coupes dans une solution de sulfate de fer, et je pus voir que plusieurs des cellules sous-libériennes, et d’autres groupées autour de la moelle, vis-à-vis des faisceaux vasculaires, contenaient du tan- nin (4). J'étudiai ainsi, en les faisant macérer par troncons dans la solution ferrugmeuse, environ cinq cents Légumineuses cul- (4) En 1857 (Monatsberichte der Kôn. Preuss. Akad. der Wissenschaften zu Berlin), M. H. Karsten signala la présence du tannin dans divers organes élémentaires des vé- gétaux et en particulier dans quelques vaisseaux du latex et dans certaines séries longitudinales de cellules analogues à celles que je décris ici (Musa, Aroïdées, ete.) ; DU TANNIN DANS LES LÈGUMINEUSES. 379 tivées au Muséum de Paris, et je reconnus que beaucoup con- tiennent du tannin, tandis que les autres en sont dépourvues. Celles qui en possèdent ne le présentent pas à la même place : les unes n’en offrent que dans l'écorce, les autres au pourtour de la moelle seulement, d’autres eufin en renferment à la fois daus l'écorce et dans la moelle. Quand les cellules à tannin sont dans l'écorce, elles peuvent être : 1° extra-hbériennes seulement (Dalea laæiflora, plante sèche); 2° ou bien une ou deux séries existent sur chacun des côtés des faisceaux du liber (Lotus peregrinus, ornithopodioides, creticus, edulis, jacobæus, Gebelia) ; ou encore elles sont éparses ou groupées sous les faisceaux du liber (Uraria picta ; Dolichos funarius ; Psoralea macroslachya, glandulosa, lathyrifolia, acau- lis, Boursieri, bituminosa, microcephala, rigida, aculeata, pin- nala, aphylla, palæstina et verrucosa). Quand les cellules à tannin subsistent dans la moelle seule- ment, elles sont : L° opposées aux faisceaux vasculaires (Paro- chetus major, Piscidia carthaginensis, Nissolia fruticosa, Arachis hypogea, Adesmia muricata, Anthyllis tetraphylla, Zornia thymi- folia, Coronilla Emerus, etc.) ; 2° ou entre la partie des faisceaux vasculaires saillante dans la moelle, soit sur les côtés de ces fais- ceaux, soit vers le milieu de l’espace qui les sépare (Bonaveria coronilla ; Securigera atlantica ; Hippocrepis multisiliquosa, uni- suliquosa, ciliala ; Coronilla varia, cretica, rostrata, juncea, valen- hina, shipularis, elegans, montana, glauca, pentaphylla ; Arthro- lobium scorpioides). Quand les cellules à tannin existent à la fois dans l'écorce et dans la moelle, tous les modes précédents peuvent se combiner et donner des caractères que l’espace ne me permet pas d’indi- quer 1c1. Je signalerai seulement les quatre dispositions princi- pales. Les cellules à tannin peuvent être en même temps : 1° dans la région extra-libérienne et autour de la moelle, souvent oppo- sées aux faisceaux vasculaires (Calophaca volgarica ; Dalea alo- pecuroides ; Scorpiurus sulcala, subvillosa, vermiculata ; Dolichos lignosus ; Érythrina crista-galli, laurifolia ; Adesmia viscosa ; Stylosanthes elatior ; Hosackia Purshiana ; Dalbergia lati- 330 A, 'TRÉCUL. secla, etc.) ; 2° ou bien les cellules à tannin sont, de chaque côté des faisceaux du liber et dans la moelle, opposées aux faisceaux vasculaires (Tetragonolobus purpureus, Gussonii, biflorus, sili- quosus, etc.; Dorycnium latifolium, herbaceum, suffruticosum, hirsutuin : H edysarum [leœuosum, capitatum ; Ornithopus sati- vus, perpusillus ; Onobrychis sativa, petræa, saæatilis, crista- galli, caput-galli, arenaria) ; &° les cellules à tannin sont à la fois de chaque côté des faisceaux du liber, sous le liber et au pour- tour de la moelle (Ornithopus compressus ; Hedysarum caucasi- cum, elongatum, obscurum ; dans l'Onobrychis vaginalis elles sont rares sous le liber) ; 4° les cellules à tannin sont situées sous le liber et autour de la moelle, opposées aux faisceaux (les Phaseolus ; Lablab vulgaris ; Kennedya ovata, longifolia, rubi- cunda, bimaculata, etc.; Diocleu glycinoides; Amphicarpæa mo- noîica; Daubentonia punicea, longifolia ; Eysenhartia amor- phoides ; Robinia viscosa; Desmodium gyrans, podocarpum, Canadense, marylandicum. Dans bon nombre de plantes de cette section, il y a, en outre, des cellules à tannin éparses dans la moelle : Robinia hispida, pseudo-acacia; Amorpha glabra, fru- licosa ; Glycyrrhiza fœtida, echinata, glabra : Cercis siliquas- trum, canadensis; Fagelia bituminosa ; Rhynchosia caribæa , minima ; Wistaria sinensis, frutescens, etc.). Toutes ces dispositions de cellules à tannin sont bien carac- térisées; mais certaines de ces plantes présentent encore du tannin dans les cellules de l’épiderme et dans celles du collen- chyme. Néanmoins, il y a quelques Légumineuses dans les- quelles le tannin n’est pas aussi bien localisé. Je ne citerai dans ce résumé que les deux plus remarquables : ce sont les Schotia speciosa et latifolia, dans les très-jeunes pousses desquels toutes les cellules parenchymateuses de l'écorce et de la moelle bleuis- sent par la macération dans le sulfate de fer. La quantité de tannin diminue graduellement dans ces cellules, à mesure que le rameau avance en âge. En sortant de la macération, les tronçons de ce rameau ne sont souvent que peu teintés ; mais leurs cel- lules bleuissent ou noircissent avec intensité par une courte exposition à l'air. DU TANNIN DANS LES LÉGUMINEUSES. 381 Les cellules à tannin placées à côté des faisceaux du liber, sous ces faisceaux, ou au pourtour de la moelle, sont superposées en séries longitudinales, de manière à constituer ces sortes de vaisseaux à tannin, dont les cellules toutefois ne sont ordinaire- ment pas perforées. De plus, ces cellules sont toujours plus longues que celles du parenchyme voisin, et elles ont souvent une grande longueur. Ce sont celles qui, dans le Sesbania cité plus haut, contiennent le suc laiteux. Dans le Mimosa sensitiva le suc laiteux, qui est renfermé dans des vaisseaux sous-libé- riens semblables, se salit quelquefois de noirâtre par la macéra- tion dans le sulfate de fer ; mais le suc laiteux ne se colore pas dans les Mimosa prostrata et floribunda. Chez le Mimosa pudica, les mêmes vaisseaux existent, bien que le suc ne soit ni laiteux, ni tannifère. Dans quelques plantes appartenant à d’autres familles (Sam- bucus, Cannabis, Humulus), les longues cellules du suc propre contiennent aussi du tannin. Celles des Musa représentent pré- cisément les vaisseaux propres décrits, dès 1812, par Mol- denhawer. Il est donc évident que les séries de cellules à tannin des Légumineuses se relient à ce qui a été appelé jusqu'à ce Jour vaisseaux du latex. Les anatomistes reconnaissent pour laticifères les cellules à suc laiteux de l’Apios tuberosa. Eh bien, ce suc laiteux ne contient pas de tannin ,et cependant les organes qui le renferment occupent sous le liber la même place que celles qui contiennent le suc tannifère de beaucoup des plantes nommées précédemment. Maintenant, puisqu'il paraît démontré par les exemples qui viennent d'être cités que les. cellules à tannin non laiteuses sous-lbériennes sont les analogues des cellules à suc laiteux de l’'Apios et des Mimosa désignés ici, il devient manifeste que les cellules à tannin qui sont autour de la moelle doivent aussi être de même nature physiologique. Ce qui existe dans les Sambucus s'ajoute à ce que l’on observe dans les Légumineuses pour appuyer celte assertion ; car, dans les Sambucus nigra et Ebulus, les cellules à suc propre ocracé, tannifère, sont réparties au pourtour de la moelle et sous le Liber, ou dans son voisinage, 382 A. TRÉCUL,. comme dans beaucoup de Légumineuses. Le Sesbania dont j'ai parlé a des vaisseaux laiteux tannifères dans lécorce externe, sous le liber et autour de la moelle ; mais dans l’Apios tuberosa, le suc est laiteux seulement dans les cellules ou vaisseaux sous- lhibériens, comme je viens de le dire, tandis qu'il est seulement tannifére dans ceux qui sont à la périphérie de la moelle, ainsi que dans d’autres cellules éparses au milieu de cette moelle et dans l’écorce extra-libérienne. D'un autre côté, les cellules à tannin éparses dans la moelle et dans l'écorce de bon nombre de Légumineuses ont leurs ana- logues chez les plantes à latex proprement dit. Ainsi, dans le Sanquinaria canadensis, le rhizome, comme je l'ai fait observer en 1862 (voyez l'Institut du 13 août), possède (outre ses latici- fères composés de séries de cellules, dont le suc rouge contierit de gros globules incolores comme ceux des Musa et du Sam- bucus Ebulus) une multitude de cellules isolées qui renferment le même suc rouge avec des globules semblables. Cette plante ayant de plus des laticifères tubuleux dans les pétioles et dans les pédoncules, achève la transition des cellules isolées aux lac fères tubuleux continus. D'autre part, il paraît bien établi que le tannin est une sub- stance assimilable comme le sucre et l’amidon. Les vaisseaux propres qui le renferment ne peuvent donc être pris pour des réservoirs de matières rejetées à jamais hors de la circulation. Par conséquent, les laticifères auxquels 1ls se rattachent, et qui d’ailleurs peuvent renfermer de l’amidon, ne doivent pas être regardés comme des excipients de substances mutiles à la végé- tation. FIN DU QUATRIÈME VOLUME, TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. Étude sur la nature, l’organisation et la structure des bulbes des Ophrydées, par PR PR nn . + x | Étude monographique sur l'Umbilicus pendulinus et sur les espèces voisines, par M. P. HeiBerG. qEris; Mrs . 23088 bd DOM Noie sur les globules amylacés des Floridées et des Corallinées, par M. VAN TIEGHEM. nn Vi +. -huwuacnl à Sottuaif " Notice sur le Pigment rouge des Floridées et son rôle physiologique, par M. S. ROsSANOFF. | Du tannin dans les Légumineuses, par M. A. TRÉCUL. MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES, Note sur le Plychogaster albus Cæs., par M. TuüuLASNE. FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Prodromus Floræ Novo-Granatensis, ou Enumération des plantes de la Nouvelle- Grenade, avec description des espèces nouvelles. — Musci, exposuit £. HamPpe. PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE, Études sur la végélation du sud-est de la France à l’époque tertiaire, par M. le COCO RE ROMA. TT, fer à à à ou nn mes + + 265 297 3195 320 378 290 324 TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS. Hamre (E.). — Prodromus Floræ Novo-Granatensis, ou Enuméra- tion des plantes de la Nouvelle-Gre- nade, avec description des espèces nouvelles. — Müuscis.. 1,000 HEIBERG (P.). — Etude monographi- que sur l'Umbilicus pendulinus et sur les espèces voisines. . . . . . PRrILLIEUX (Ed.). — Etude sur la nature, l’organisation et la struc- ture des bulbes des Ophrydées. . ROsANOFF (S.), — Notice sur le pig- ment rouge des Floridées et son rolephysiologique.t. CHE. 1620 SAPORTA (Gaston de). — Etudes sur la végétation du sud-est de la 324] France à l’époque tertiaire. . . . 6) Trécuz (Aug.). — Du tannin dans les Légumineuses . . . . . . . . 378 297|TuLasne (L. R.). — Note sur le Pty- 1" Chogaster albus GES. 2e. 290 Van TieGtEM. — Note sur les glo- 265| bules amylacés des Floridées et des CGorallinées, .: 4 CSN 315 TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Planches 1 -13. Plantes fossiles des environs de Narbonne. — 14, 15, 16. Structure des bulbes des Ophrydées. — 17. Développement de l’'Umbilicus pendulinus. ER RE Paris. — Imprimerie de E. Manriner, rue Mignon, 2, Jossiles des CROITONS de. Narb É-sienge *) er Q U À. Salmon imp. r. Vieille- Estrapade. 15, arts V ” Re: # EE cs e- a NÉS 2 \ TA 177 RS 4 Lil > av Et TER Picart se. Oo/u7iC , DOC TO ETUI Ann.des Jeune. nat. 5 JSerte. (l | Lécart se. E. de daporée del. Plantes fossiles des envotrons de. Narborrte- { A C1 LEVELS ne 0 he f LR SN k tr RAT NN « Ês RQ » à È à È È D Bot. Tome Ÿ à N à N K IN Q È Ÿ Ÿ o # À Ÿ À È 1 ê S N Ÿ ( _ e ÿ Ÿ À ëè Y2 Le : ; NL Ÿ nn | Es à sent NES à wi RE À! = E< S | à TD é ZZ AN Jevere. rat. 5° Jervee.. à . Crde Japeortæ del £ Ÿ N à à À + Brliardose, CG. de Saportæ del 2 Plantes, fossiles des environs de Warborre. RNA Prhard se: Pres Prop Becquet M3 A ee W4 Plantes J'ossiles des environs de Warborre- DE OT £ ; VS pa NZ LS [re] x Ann.des Setene. nat. D: Serte. 6. de Jéporta del. Bot _Ann.des Seienc. nat. 9 Serie. Tome 4, PL 6. Erlhard se. G. de Saporta del. Plantes fossiles des environs de Warbonrne. Fes Fr Pecguee. ads RO L. Tome 4, PL. Z Pot. des Stienc. nat. 5 Serre. EEE à RÉRSSE | . TE ee FAN e Kent KE Ga! moe . _ j 2 Se pe É NE CH TÉ ù ee AA FE _ LOC 2) Plantes, fossiles des environs de Narbonne. Ve ue w: e Japorta del. NT UMEEZRN ET ee AA RERO EN il (2 ee PC" à 1 f PCR nr æ > pr Es Es GET 1 ÿ ds Hs ride … ras is TS L. L s PA OPA. DUUOGAD(T 2pP SUOAIAUI SIP SLIPISS Of SOFUD] TJ 228 PIPYLT pp viuodop 2p “2 ‘JL ‘F 07 : 207 L il € DIA42Q j CPU OUI SIP'UUET Bot. Tome A PL. 9. des Science. nat. 5° Jerie. res Jossiles des rom ie Warbonrié- si PU — : CE L / i / j | cé é L| “ Ve Î Î Î 2 2 r e a ) es nn A de ( l - É —- ; — = Un É = s ". _ _ = 3 = 'E . . , Sa £ y Æ ss - 4 ar : - E [el - CL FTLIT CT ELTe DUUOGAD [7 2pP. SUOAIOQUI 22 L272SS Of | «L27 UD} TJ 272 220406 2p 2 OI" ‘F ou107 ‘yog | È : 4 CA LINE EEE à » = s r ‘ : 212$ ;C °}PU 2U9I2 SIP UU) Ann des Setene nat. PeSerre. et L2 = [- AU d \ Rae À LA F. jù | Sn . PTÉRY UT SET DUUOGAP I 2pP SUOALLAUD SP SDPISS Of POTUD) TJ 228 PAPYAT GONE EE 1 0 | LOUOS 5Q AV OUDIIS SEP MU | M - nr) pet Ogre ET + — S re à = = # - d n < N … o . f . … D me mime | - 5 LS #, Aÿ- . à … : " : 5 pr ss È on . : … L € .… * … + a te L : à r = dy : : 1 pes : : L L “ Cr … } x a ) L es € i : h ; j ; nl \ Es . L … . 1 : Î - D * d . à . hs lié ns ju lus copt des 4 mm om pr Mood ans du 4 : De f - à A | . . 4 1 te FANS Û NES 1 RQ £ IREM 5 TT AS RSS L ST PERSON a ie he >= f œ ME ET ssiles des environs de Narbo o Plantes le Saporta det. _ _Ann.des Jécenc. nat. 5° Serie. Bot. Tome 4. PL. Martin Schmelz se. decs À bulles des Ophry J'ucture des ASalnon np. Tr. Veille -E'strapade., 15. larts ie nl CPE | Bot. Iome4. Pl.16. Mr) GE {| D nn annT En DENT QUOI Martin Schmelz se. Jtructure des bulbes des Ophrydees. À Salmon np. Tr. Vieille -Estrapade. 15. Zurts . SUR Te PI ITS ' 1 2 ] ] ‘AE Time #: PÉTIE. 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