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Re ER 7 “ k ne  4 Æ # " ; ARTS ar à es Ra à 2 "4 E “ té | | %Æ, ANNALES DES SCIENCES NATURELLES CINQUIÈME SÉRIE a BOTANIQUE EE SE UE Paris. — Imprimerie de E. MARTINE?, rue Mignon 9, ] 1 ; CINQUIÈME SÉRIE BOTANIQUE COMPRENANT L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM. AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE TOME V PARIS VICTOR MASSON ET FILS, PLACE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE 1866 norraoenis AA 14 arodorerie. AE: RE AMAAOL "3 TAAY IN XYATHOËT À 40 "LS HAE g ; | é à . : 1 ras ER £ | FE | PRET MIE cé 4 F Wu 'e - d + En UE b 1 ete n f ni va à ; . Le 2 N o NC RE AE ne ae roou AÙ AO? SIIAUS ARE nu Lu ‘ mn: LMETES SA SN Le É LYE ARE | ” » : à d INT. ù+ | Ch ( J 7 0 1 AnatRDaG à TE THAMOMONT A nm : ‘ he Cr 3 — De. .… RES Ur = Le « MNT € de Le) À 1 5 L led = Dee dé nt . : : % A Me. … k + "4 " . p (o DA dr = : : { FN y 4} 1 L' * + # À Ari e : ; —— % #1 R Le | vie de * Hu a es Ni: ONU | V'AMO®. N g 2 Vwds 1: p Fi. 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Les causes en sont de plus d’une espèce, mais la plus ordinaire est l’insuffi- sance où l'imperfection des matériaux avec lesquels 1l a construit son œuvre. Aussi longtemps qu'on fera de la botanique d’her- bier, et l'on ne voit guère qu'il en puisse être autrement, le descripteur se trouvera toujours plus ou moins à la merci du collecteur qui lui aura fourni ses échantillons, et son travail reflétera presque mévitablement les méprises et les négligences de ce dernier. Sous ce rapport, les collections de Cucurbitacées sont de celles qui laissent le plus à désirer, car leur récolte et leur préparation sont des plus difficiles. De longues tiges sarmenteuses qui s’en- 6 C. NAUDIN. trelacent aux épais fourrés de la végétation sauvage, d’où l’on ne peut les extraire qu’en les mutilant, ou qui grimpent aux som- mets inaccessibles d'arbres élevés auxquels elles sont solidement attachées par leurs vrilles ; la diæeie fréquente, qui fait que les deux sexes sont souvent fort loin l'un de l’autre ; enfin la presque impossibilité de conserver leurs fruits charnus, pour peu qu'ils soient volumineux, sont, il faut bien'le reconnaître, des obstacles suffisants pour rebuter les collecteurs les plus intré- pides. De là tant d'échantillons incomplets et qui n’ont guère d'autre utilité que d’attester la présence de telle espèce dans telle région du globe ; de là aussi tant de descriptions inexactes, d'espèces méconnues et de variétés élevées au rang d’espèee. On sait qu’afin d'éviter autant que possible ees causes d'erreur, j'ai pris le parti de cultiver moi-même au Muséum, et de faire cul- tiver par d’autres, dans le midi de la France et jusqu'en Algérie, toutes les Cucurbitacées dont j'ai pu me procurer les graines. Cette méthode, qui n'est pas non plus exempte de difficultés, m'a du moins procuré le double avantage de pouvoir étudier beaucoup de plantes sur le vivant, et d'en préparer pour les herbiers des échantillons irréprochables. J'ai même fait quelque chose de plus, en ajoutant à ces échantillons des dessins coloriés de leurs fleurs et de leurs fruits, aussi ai-je lieu de croire que ceux qui, après moi, reprendront l'étude, sans doute encore longtemps incomplète de cette famille, trouveront dans la col- lection du Muséum une réunion peu ordinaire de matériaux, et que leurs recherches en seront notablement facilitées, Cependant, malgré les ressources que j'ai eues à ma dispo- sition, il m'est échappé plus d’une erreur, que de nouvelles observations m'ont fait reconnaître et que j'ai àcœur de rectifier. C’est ce que je vais faire dans ce sixième mémoire, qui, réuni à un septième, dont les matériaux s’élaborent en ce moment, achèvera le premier volume de cette monographie des Cucur- bitacées. Je dirai aussi quelques mots de variétés hybrides qui ont été observées dans ces dernières années, et qui sont nées de croisements accidentels ou faits à dessin. Enfin, je donnerai la description d'espèces nouvelles, la plupart obtenues de nos CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 7 cultures, quelques-unes simplement tirées de lherbier du Muséum, mais qu'il m'a été possible de reconnaitre suffi- samment par la comparaison avec d'autres Are congénères étudiées sur le vivant. I. — CUCURBITA. 1. CUCURBITA MELANOSPERMA. Dans mon travail sur le genre Cucurbita (A) j'ai décrit cette espèce comme annuelle, parce que ne l’ayant encore vue cultivée que dans le nord de la France, où elle périt en automne comme les autres Courges, j'ai dû naturellement l’assimiler à ces der- nières sous le rapport de la durée. Il n’en est pas ainsi cepen- dant ; sous des climats où l'hiver se fait peu ou point sentir, sa tige persiste pendant plusieurs années, et devient en quelque sorte sous-frutescente. C’est ce que j'ai observé, il y a deux ans, à Hyères, où j'ai trouvé dans un jardin un pied de cette Courge âgé de plus de quatre ans, encore plein de vigueur, et dont la üge, brunie par le soleil et quelque peu ligneuse, serpentait jus- qu'à une quarantaine de mètres de son point de départ. A part cette taille extraordinaire, elle ressemblait de tous points aux Courges de même espèce que nous eultivons à Paris. En pré- sence de ce fait, on peut se demander s’il ne serait pas possible que, sous un climat équatorial, où la chaleur et l'humidité de l'atmosphère ne sont pour ainsi dire jamais interrompues, les autres espèces de Courges, réputées annuelles, devinssent pa - reillement vivaces. Ce qui semble militer en faveur de cette supposition, c'est qu'entre les tropiques la plupart des Cucur- bitacées sont vivaces par leurs tiges, quand leurs racines restent libreuses, tandis que dans les pays tempérés ou froids elles sont presque toutes pérennantes par des racines charnues ou tubéri- formes. Il est à remarquer en effet que, dans cette famille, le nombre des espèces vivaces est beaucoup plus grand que celui des espèces annuelles, ce qui, du reste, n’a pu être reconnu que depuis qu’on s’est mis à les cultiver. (1) Ann. des sc. nat., L° série, t. VI, p. 53, 8 C. NAUDIN. Il. — LAGENARIA. J'ai décrit en 1862 (1), sous le nom de Lagenaria masca- rena, une seconde espèce du genre cultivée au Muséum et qui me paraissait nouvelle, mais qui, en réalité, avait déjà été indi- quée, il est vrai sans description, dans le Catalogue des plantes de l'Afrique australe (collection de Drege) par E. Meyer, sous le nom de L. sphœærica. Les graines nous en ayant été envoyées de Mayotte, j'avais été induit à croire qu’elle était originaire de cette île et probablement aussi de Madagascar ; mais, depuis lors, nous en avons reçu de Cafrerie, par l'intermédiaire de M. Mac Ken, directeur du jardin botanique de Port-Natal, qui indique l'espèce comme indigène de cette localité. Les plantes obtenues de ces dernières graines ayant fleuri et fructifié dans le midi de la France, j'ai pu reconnaître leur identité avec mon ancien L. mascarena, quoiqu'elles en différassent sensiblement par la forme du feuillage, ce qui a peu d'importance pour une Cucurbitacée. Tout récemment M. Sonder, s’aidant sans doute d’échantil- lons très-mcomplets, a publié la plante d'E. Meyer sous le nom de Luffa sphærica, dans le Flora capensis du docteur Harvey, erreur qu'il n'aurait certainement pas commise s’il avait vu la plante vivante, et surtout s’il en avait pu comparer les fruits avec ceux des Luffa. Quoique très-différente spécifiquement de la Gourde commune, la plante d'E. Meyer appartient incontesta.- blement au même genre qu'elle. Si le doute pouvait encore subsister à ce sujet, il serait levé par ce fait que les deux espèces se croisent et donnent des hybrides, ainsi que l’a observé M. Ger- main de Saint-Pierre dans son jardin de Saint-Pierre des Horts, hybrides dont il a eu l’obligeance de m'envoyer des échantillons en fleurs et en fruits, et qui sont parfaitement intermédiaires entre les deux espèces. On jugera d’ailleurs des analogies de ces dernières par la description suivante : (1) Ann. des sc. nat., t. XVIII, p. 187, CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 9 92. LAGENARIA SPHÆRICA. Lagenaria sphærica E. Mey., loc. cit. — L. mascarena Ndn, loc. cit. Luffa sphærica Sond., in Harv., For. cap., 11, 482. L. caule ramisque perennans, dioica, scabra aut scabrella, alte scandens ; flagellis obtuse angulatis sulcatisque; foliis profunde 5-lobis, lobis magis minusve lobulatis acutis arqute dentatis, pe- liolo apice biglanduloso ; cirris bifidis ; bractéola lineari angusta ex aæilla quavis erumpente ; floribus utriusque sexus majusculis, candidis ; masculis subracemosis, calyce late turbinalo, staminibus discretis, antheris pollineque luteis; femineis solitaris ; pepont- bus ovoideis, lævigatis, albo marmoratis. Planta Caffrariam orientalem ut videtur præsertim occupans, cis _Æquatorem nondum reperta, dioica, sub climate fervido perennans, radicibus fibrosis non tuberiferis. Caules adminiculis sustentati ad alti- tudinem 6-10 metrorum assurgunt, sed flagella quoque emittunt gra- cilia, quæ humi serpentia et ad nodos radicantia propagines novas totidem repullulant. Corollæ utriusque sexus patulæ, diametro 6-7- centimetrales; petalis subtus nervosis, nervis intus extusque viren- tibus; calyce glandulas callosas nigricantes gerente, tubo late turbinato. Florum masculorum stamina 3, crassa, subdiscreta subsessiliaque, antheris valde flexuosis, luteis, polline ovoideo triporoso ; femineorum ovarium ovoideum, tomento albo denso obductum, mox quum in fructum adolescit detersum et glaberrimum, stigmatibus obtuse bilobis. Pepones breviter ovoidei aut subglobosi, lævissimi, subcorticosi, intense virides sed punctis maculisque albentibus undique marmorati, aurantio paulo majores, pulpa referti alba amariuscula. Semina oblonga, marginata, ut in Z. vuloari apice bilobulata. Folia plantæ nondum adulta moschum redolent. Pro varietate habenda est forma prior quam sub nomine Z. mascarenæ paucis abhine annis descripsi. À posteriore differt foliorum lobis rotun- datis nec lobulatis, cæteris vero characteribus imprimisque bracteola axillari angusta cum illa congruit. Illius flores perperam albo-lutescentes dicti fuerunt ; nulla nota enim a floribus alterius formæ discrepant. Une troisième espèce, non moins remarquable que celle qui précède, doit être ajoutée au genre ; c’est la suivante, qui est, comme elle, d'origine africaine, 10 C. NAUDIN. 3. LAGENARIA ANGOLENSIS, L, caule perennans?, dioica, scandeps ; flagellis teretiuseulis, gracihbus ; folis 5-lobis, petiolo apice biglanduloso, sinubus inter lobos rotundatis ; cirris bifidis : floribus masculis in race- mulos dispositis, calycis tubo longe producto, cylindraceo, an- theris in cylindrum fusiforme coalitis, loculis omnimodo con- tortis ; femineis sohitariis, calycis tubo supra ovarium quasi nullo ; peponibus ommno globosis, aibo marmoratis. Hab. In Africa occidentali intratropica, a Senegambia ad Caffrariam. Ex utraque regione semina recepimus non omnino similia, Plantæ in hortis Galliæ meridionalis et Algeriæ tantum fructus perfecerunt. Species præcedenti primo intuitu similis, diversissima autem florum maseulorum compage. Ab illa etiam differt caulibus gracihoribus, folis . paulo minoribus minusque scabris, pariter et defectu bracteolæ axillaris quam in altera specie adeo insignem reperimus. Folia ut plurimum 5-loba, supra lucida et quasi glabra, tactu tamen subaspera, intense viridia, decimetrum et quod excedit longa et lata, haud raro etiam mi- nora, petiolo prope limbum glandulis duabus conicis oppositis ornato. Racemi masculi folium longitudine subæquantes, 3-7-flori, aphylli sed bracteolis minutis instructi, floribus singillatim sese aperientibus; calycis tubo ferme 3 centim. longo, in eylindrum nonnihil ventricosum con- flato, 5-dentato; corolla (pro genere maxima) diametro 7-9-centimetrali, ut in Z.sphærica nervoso-reticulata et alba sed teneriore et citius marcida. Stamina filamentis brevibus fere in imo calyce inserta ; antheris inclusis, luteolo-virentibus ; polline lævi, albo, sphærico, poris 3 aperto. Flores feminei axillares, solitarii, longiuscule pedicellati; ovario subgloboso, pube albicante obducto, calyeis limbo in illius apice sessili 5-dentato. Pepones omnino sphærici, crassitudine et forma aurantii, intense virides sed maculis albis aut albentibus marmorati, pulpa amaricante. Semina marginata, apice bidentata, seminibus varietatum plurimarum Zagena- ricæ vulgaris similia, albentia aut fuscescentia. Cette curieuse espèce, qu'au premier abord on pourrait con- fondre avec le L. sphœærica, me paraît cependant plus voisine du L. vulgaris que de ce dernier, si l’on ne considère que la struc- ture des fleurs mâles. Nous en avons reçu les graines à deux reprises : une prenuère fois de Saint-Paul de Loanda, par les CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. Al soins de M, Monteiro, consul d'Angleterre dans cette ville, une seconde fois de Sénégambie. Quoique un peu différentes de grandeur et de forme, les graines de ces deux proyenances ont donné des plantes de tous points identiques. Sous le nom de Lagenaria sagittata (?), MM. Harvey et Sonder ont décrit une Cucurbitacée de l'Afrique australe qui n'appar- tient évidemment pas à ce genre, Je ne puis reconnaitre, d'après leur description, celui auquel il conviendrait de la rapporter ; je soupçonne cependant qu'elle pourrait être un Rhynchocarpa. NT. — CUCUMIS. Si le lecteur n’a pas oublié ce que je disais en 1859 (1) de l’é- tonnante variabilité du Melon et du nombre presque illimité des races ou variétés que je regarde comme sortes de cette unique espèce, il ne sera pas surpris de m'en voir ajouter trois nouvelles à celles que j'ai déjà indiquées. Soit par dissémination naturelle, soit par le fait de l'homme, le groupe des Melons occupe aujour- d'hui toute la zone intratropicale, dont il franchit même les limites sur beaucoup de points, revêtant dans chaque localité des caractères particuliers qui en font des variétés ou des races douées d’une certaine stabilité. Celles dont je vais parler ne font pas exception à cette règle ; elles sont tranchées et très-per- sistantes, aussi longtemps du moins qu'elles restent pures de tout alliage avec les autresraces du même groupe. Je ne vois rien de mieux, pour les désigner, que de leur donner les noms des lieux d'où elles sont ou paraissent être originaires. 1° Cucumis Melo saharunporensis. — Très-petite race du nord de l'Inde, à sarments grêles, à feuilles moyennes, réni- formes et faiblement lobées. Les fleurs femelles naissent presque toutes à la base des principales branches, c’est-à-dire très-près du pied, ces branches ne donnant guère au delà que des fleurs mâles. Les fruits sont obovoïdes, variant de la taille d’une belle olive à celle d’une petite noix, verts et mouchetés ou bariolés de (1) Ann. des se. nat., t. XI, p. 34 et sui. 19 C. NAUDIN. taches plus foncées, et prenant une légère teinte jaunâtre en mûrissant. Leur odeur, quoique faible, rappelle celle du Melon. Leur chair est presque nulle, tout l’intérieur étant rempli d’une pulpe demi-fluide qui entoure les graines. Par leur taille exiguë, comme par leur forme et leur coloris, ces fruits se rapprochent beaucoup de ceux dù C. Pancherianus de Taïti, mais les plantes elles-mêmes diffèrent très-notablement de port et de feuillage. 2° Cucumis Melo anatolicus. — Cette seconde variété, dont les graines nous ont été envoyées d'Asie Mineure, se rapproche plus que la précédente des formes ordinaires du Melon; peut-être n'est-elle qu’une sous-variété du Melon Dudaïm retournée à l’état sauvage. Ses feuilles, longues et larges de 6 à 7 centimètres, sont réniformes, à cinq lobes obtus et arrondis, mais bien pro- noncés. Les fruits sont obovoides, un peu courts, de la grosseur d’une forte noix, d’un vert jaunâtre à la maturité, avec des ba- riolures ou des mouchetures d'un vert plus foncé. Leur chair, qui est aussi très-peu épaisse, est blanche et insipide. Cette variété, aussi bien que la précédente et la suivante, n’a d'intérêt qu’au point de vue botanique. 3° Cucumis Melo œthiopicus. — Variété envoyée du Soudan égyptien par M. le docteur Figari, directeur du jardin botanique du Caire. C’est à peine si, à ne considérer que le feuillage, on pourrait la distinguer de nos races ordinaires de Melons, mais elle en est très-différente par ses fruits, qui sont un peu longue- ment pédonculés, oblongs, de forme elliptique plutôt qu'obo- voide, à peine plus gros que le pouce, et bariolés longitudinale ment de macules confluentes d’un vert noir sur fond beaucoup plus clair. Ils changent à peine de teinte en mürissant. Leur chair, quoique presque nulle, est sensiblement amère, comme d’ailleurs la pulpe demi-fluide qui entoure les graines. Je dois rappeler ici que la chair du Melon comestible proprement dit présente quelquefois la même amertume, surtout dans le groupe connu sous le nom de Melons d'hiver. À ces trois variétés 1l faudra peut-être en ajouter une qua- CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 15 trième quand elle sera mieux connue : c’est celle que j'ai éti- quetée C. intermedius, dans l’herbier du Muséum. Il me paraît plus probable cependant qu'il faudra la séparer du groupe des Melons comme espèce à part. Elle s’en distingue en effet par un feuillage plus petit que dans aucune des variétés du groupe et profondément découpé en cinq lobes obtus et souvent lobulés, que séparent des sinus arrondis, ce qui lui donne quelque ressem- blance avec le feuillage des Pastèques. Il est en outre très-scabre, légèrement crépu, un peu roide et d’un vert grisâtre, long et large d'environ 3 centimètres ou un peu plus. Au total, la plante semble intermédiaire entre les petites races de Melons et le Cucu- mais trigonus, Ce qui m'a amené à le désigner par le nom indiqué tout à l'heure. La plante n'ayant pas fructifié au Muséum ni ailleurs, 1l ne m'est pas possible de trancher la question de savoir s1 elle doit être réellement considérée comme espèce distincte. Les graines nous en ont été envoyées de Saharun- pore par les soins du docteur Anderson, directeur du jardin botanique de Calcutta, iV. — RHYNCHOCARPA. Je ne signale ce genre que pour faire une légère rectification à ce que j'ai dit, en 1862 (1), au sujet du À. Courbonui. Le seul pied vivant qui en ait été cultivé au Muséum n'ayant produit que des fleurs mâles, j'ai été conduit à dire que cette espèce est dioïque ; mais l’année suivante, j'en ai trouvé plusieurs mdividus monoïques dans le jardin de M. Huber, à Hyères, à qui j'en avais envoyé des graines. Le R. Courbonii n’est donc dioïque que par circonstance, comme beaucoup d’autres Cucurbitacées, chez les- quelles on observe une pareille tendance à la diœcie. Ce qui est plus digne d'attention peut-être, si toutefois le fait a été bien observé, c’est la rareté des individus femelles dans certaines espèces dioïiques de Cucurbitacées. Les Anguria sont au premier rang sous ce rapport. Depuis longtemps j'ai remar- (4) Ann, des sc, nat,, t. XVIII, p. 197, Al ; €. NAUDIN. qué qué les échantillons qui en feprésentent les nombreuses éspèces dans les herbiers sont presque toujours mâles (1), et cela à tel point que, dans les descriptions d’Anguria faites par divers auteurs, C’est tout au plus si, Sur une trentaine d'espèces qui y sont signalées, 1l ÿ est cinq ou six fois question de fleurs femelles où de fruits. Feu Crüger, directeur, il y 4 quelques années, du jardin botanique dé Trinidad, dans les Antilles anglaises, et avec qui nous avons été longtemps en relations suivies, avait fait la mêtie remarque sur les espèces de cé geñre qui éroissent dans l'île; malgré les recherches les plus pérsévérantes, il n'en à pu trouver qu'une seule à l’état femelle. Il en concluait, peut-être prématurément, qué ces espèces sont en voie de dis- paraître par l'extinction de l’un des deux sexes. Jé n'ai pas besoiti d’insister pour faire Comprendré dé quellé importance sérait ce fait pour la biologie des espèces si de nouvelles 6bser- vations le confirmaient. V. — CEPHALANDRA. Cephalandra Schrader, in Ekl. et Zeyh., Enum. plant. cap., p. 280. Coccinia Wight et Arnott, For. pen, Ind. or., I, 347. _ Ndn, in Ann. des sc, nat., he série,t. VIII, 865, et t. XII, p: 4114. Bryoniæ; Cuceurbitæ, Gucumeris et Momordicæ spec. auctorum. Lorsqu’en 1857 je décrivais le Coccinia Schimperi d'Abÿssinie, jé n'avais pas encore eu occasion d'examinef surf le vivant le Céphulandra quinqueloba de Schrader, qui ne m'était connu que par uné description incomplèle et de mauvais échantillons d'her- bier, et Comme ina plante présentait touté l’organisation du Cocciniu indica \’Aïñott, avec lequel j'ai reconnu depüis qu’elle se croise sañs difficulté, j’ai dû tiaturellement rapprocher les deux espèces sous une mêrne dénomination génétique, Il ÿ à trois ans, ayant reçu des échantillons vivants de Cepha- landra Gjuinqueloba, qui ont abondamment fleuri dans nos cul- (1) Sur vingt espèces d'Anguria qui existent dans l’herbier du Muséum, iln’yena que quatre dont on y trouve des échantillons femelles ; ceux des seize autres sont tous mâles. CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM, 415 tures, il m'a été facile de reconnaitre que les Cephalandra et les Coccinia constituaient identiquement le même genre. Je ne puis donc pas conserver aujourd'hui deux dénominations qui feraient double emploi, et comme le nom dé Cephalandra est antérieur dé quelques années à celui de Coccinia, je me crois obligé, en vertu de la loi de priorité admise en botanique, de transporter les deux espèces décrites de ce dernier genre au Cephalandra, et cela avec d'autant plus de raison que M. Sonder, collaborateur du docteur Harvey (1), a décrit plusieurs espèces nouvelles sous _ce même nom de Cephalandra. Reprenant donc le genre institué par Schrader, qui dorénavant doit remplacer celui d'Arnott, je profite de la circonstance pour fairé subir à sa diagnose lés mo- difications, légères d’ailleurs, que nécessite l’adjonction de nou- velles espèces. Sa caractéristique définitive me paraît pouvoir être fixée de la manière suivante : Flores dioici, rarissime monoici; maseuli in axillis foliorum nunc solitaru nune racemosi ; calyce campanulato aut turbinato, 5-dentato ; corolla 5-loba. Stamina 3 (2 completa bilocularia, tertium sæpius dimidiatum uniloculare), filamentis in columnam centralem coalitis, antheris capitato-adnatis, loculis sigmoideo- flexuosis; polline sicco ovoideo trisulco, humefacto globoso porisque tribus aperto. Flores feminei solitarii ; ovario ovoideo- oblongo 3-placentifero, stigmate 3-lobo papilloso. Pepones ovoidei, in maturitate coccinei aut rubentes. Semina ovalia, compressa, marginata, subtiliter scrobiculata, spurco-alba. Plantæ africanæ et austro-asiaticæ ; radicibus ut plurimum tuberiferis perennantes, sarmentis (haud raro frulescentibus) alte scandentes ; cirris simplicibus; foliis sœæpius palmato-quinque- lobalis ; floribus luteo-testaceis rariusve albis; peponibus coccineis, concoloribus aut pulchre marmoratis, pulpa rubente insipida. (1) For. cap., I, p. 482 et suiv. 16 . €. NAUDIN. * Species floribus masculis solitariis insignes. A. CEPHALANDRA INDICA. Coccinia indica Wight et Arntt, For. pen. Ind. or., 1, 347. — Endlich., Gen. plant., n° 5139. — Ndn, Ann. des sc. nat., L® série, t. VIII, p. 365, et t. XII, p. 414. 2. CEPHALANDRA SCHIMPERI. Coccinia Schimperi Ndn, Ann. des sc. nat., loc. cit. Je rappelle ici qu'en 1859 j'ai réussi à féconder un grand nombre de fleurs femelles du Cephalandra (Coccinia) indica par le pollen du Cephalandra (Coccinia) Schimperi, et que j'en ai obtenu des hybrides (C. Schimpero-indica) très-fertiles par le pollen et par l'ovaire, et tout à fait intermédiaires entre les deux espèces. Plusieurs de ces hybrides existent encore aujourd’hui au Muséum, et comme ils sont tous femelles et que les deux espèces productrices ont disparu de l'établissement, j'ai essayé de féconder leurs fleurs par le pollen du Cephalandra quinque- loba. Une soixantaine de croisements ainsi effectués ont à peu près tous réussi. Ce fait démontre surabondamment l'identité générique des Cephalandra et des Coccinia, et par suite la né- cessité de les réunir sous une dénomination commune. 3. CEPHALANDRA QUINQUELOBA. Cephalandra quinqueloba Schrader, in Eckl. et Zeyh., loc. cit — Bot. Reg., tab. 82, et Bot. Mag., tab. 1820. — Sonder?, in Harvey, For. cap., NH, 492. C. dioica, radice crassa napiformi perennans ; caulibus tereti- bus, gracilibus, longissimis ; foliis breviter peliolatis, palmalo- 0—7-lobatis, glabris glaucescentibusque, lobis divaricatis denticula- his imo et lobulatis ; floribus masculis sohitariis, testaceis, antheris pollineque intense croceo-rubris. Hab. In Africa australi passim ; ad caput Bonæ Spei haud rara repe- ritur. Planta vepribus aut arboribus innixa ad altitudinem 8-10 metrorum assurgit, caulibus primariis gradatim frutescentibus flagellaque emitten- tibus gracillima, longe excurrentia, quum decidunt humi sæpe radicantia. CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM. 17 Radix crassa, carnosa, rapam quodammodo referens, cortice extus fusces- cente. Folia plantæ adultæ 8-10 centim. longa et lata, in lobos 5 aut etiam 7 profunde divisa et quasi digitata ; lobis subobtusis obtusisve, calloso- denticulatis, sinubus inter lobos rotundatis, petiolo subbrevi, id est me- dium limbum longitudine vix æquante. Flores masculi (in speciminibus nostris soli suppetentes) solitarii, pedicello sesquicentimetrali aut paulo longiore suffulti, fabrica magnitudine et colore floribus Cephalandreæ Schimperi omnino similes. Nec flores feminei nec pepones in hortis aut herbarïs adhucdum occurrerunt. J'ai de la peine à reconnaitre dans la description de M. Sonder (loc. ct.) le Cephalandra quinqueloba, tel que nous l'avons ici vivant et tel aussi que le représentent les figures coloriées du Botanical Register et du Botanical Magazine. M. Sonder dit que les fleurs mâles y sont le plus ordinairement réunies en ombelles, au nombre de 3 à 6, au sommet d'un pédoncule commun, et qu'elles n’ont guère qu'un demi-pouce anglais (12 à 13 milli- mètres) de diamètre. Sur nos échantillons elles ont au moins le double de cette largeur, et elles sont toujours solitaires. Si la détermination ou la description de cet auteur est exacte, 1l faut en conclure que l'espèce est très-polymorphe, ce qui, après tout, n'aurait rien de bien étonnant dans une famille comme celle-c1. h. CEPHALANDRA Mac KENNi. C. dhoica, tuberculis radicalibus perennans, alle scandens, in juventule tota hispidula, quum adullior facta est glaberrima ; fois glaucescentibus, palmato-5 -lobatis, lobis subacutis haud raro lobulatis, calloso-denticulatis punctisque callosis ad inserlionem pehioli anstruchis; floribus utriusque sexus solitariis; polline croceo; peponibus ovoideis obovoideisve, rubris, vittato-marmo- ralis. Hab. in Caffraria orientali, circa Port-Natal, Semina nobis a clar. Mac Ken horti natalensis præfecto communicata fuere, et tam Parisiis quam Olbiæ, in horto Huberiano, magnam florum fructuumque copiam protu- lerunt. Radix primaria crassa, in radiculas plurimas tuberiferas divisa, ipsa non tuberiformis. Tubera ovum gallinaceum magnitudine æmulantia aut 5e série, Bot, T, V. (Cahier n° 4.) ? 2 18 C. NAUDIN, superantia, diversiformia, ut plurimum subglobosa aut irregulariter ovoidea, extus fuscescentia. Caules 7-8-metrales, valde ramosi, fronde densa nitida luxuriantes. Folia subtus glauca aut subalbentia, supra viri- dia, 10-12 centim. longa et lata, lobo intermedio nonnihil lanceolato cæte- ris productiore. Flores masculi a floribus præcedentis vix dissimiles sed colore subtestaceo aut lutescente dilutiore, in axillis foliorum solitarii, pedicellis 2-4-centimetralibus gracilibus suffulti; feminei pariter lon- giuscule pedicellati. Pepones maturi fere crassitudine ovi gallinacei, coc- cinei, lineis maculisque albis aut luteis variegati. Cette espèce, quoique voisine du C. quinqueloba, en diffère assez notablement par sa racine, qui ne devient pas immédiate- ment tubériforme, les tubercules ici naissant sur les racines se- condaires et ressemblant jusqu’à un certain point à ceux de la Pomme de terre. Elle en diffère encore par ses sarments moins grèles et moins longs, comme aussi par ses feuilles plus grandes, plus longuement pétiolées, et dont les lobes ne divergent pas autant que dans l'autre espèce. Ce qui, du reste, atteste encore mieux la différence spécifique, c’est la difficulté de faire nouer les ovaires du C. Mac Kennii par le pollen du C. quinqueloba, car, sur une vingtaine de fleurs femelles soumises à cette expérience, je n’ai obtenu qu’un seul fruit, qui même n’a pris qu'un mé- diocre développement. A part ces différences, on pourrait faci- lement confondre les deux plantes. Peut-être celle-ci est-elle la même que le C. palmata de M. Sonder (loc. cit.) ; cependant comme l’auteur attribue à cette dernière des inflorescences mâles en grappes, tandis que dans la nôtre les fleurs mâles sont toujours solitaires, 1l ne me semble guère possible de les réunir en une seule espèce. Y aurait-il 1ci aussi un cas de polymorphisme, comme je l'ai supposé tout à l'heure pour le €. quinqueloba ? S'il en était ainsi, 1l deviendrait {ort difficile de distinguer les espèces du genre Cephalandra. ** Species floribus masculis racemosis instructæ. 5. CEPHALANDRA DIVERSIFOLIA. Tab. I. C. semidioica, radice perennans, tota pubescens; caule flagel- lisque subteretibus ; foliis nunc omnino cordiformibus, nune 3-5- CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM. 19 lobatis, lobis acutis denticulalis, sinubus rotundats ; floribus mas- culis solitaris aut pluribus in eadem axilla, uno tunc libero, reliquis in racemum digestis, leslacers ; polline croceo-rubro; femineis solitaris, breviter pedicellatis ; peponibus ovoideis, r'u- bris, seriatim albo aut luteolo marmoratis. | Hab. In montibus Abyssiniæ, unde semina nobis a clar. Schimper quatuor abhinc annis missa fuere. Plantas plures, omnes masculas, ex illis habuimus in horto parisiensi; femineas et monoicas reperimus Olbiæ in horto Huberiano, ubi copiose fructiferæ fuerunt. Radix crassa, carnosa, fusiformis, Bryoniæ nostratis radici fere simi- lis, simplex aut furcata. Caules 3-4-metrales, calamum scriptorium basi vix erassi, modice ramosi, mature floriferi. Folia 5-10 centim. et quod excedit longa, paulo minus lata, pubescentia, nunc cordiformia et acuminata, nunc 3-5-lobata, lobo medio cæteris productiore, omnibus magis minusve lanceolatis lobulatisque, acutis, sinubus inter lobos ro- tundatis, petiolo dimidium limbum vix æquante. Flores sæpius dioici, rarius in eadem planta masculi et feminei et tunc rarissime coaxillares, floribus Cephalandræ Schimperti colore et magnitudime similes, sed minus campanulati. Femineorum ovarium ovoideo- oblongum, hirtellum ; stigma 3-lobum, papillosum. Pepones ovo gallinaceo paulo minores, pul- chre kermesini et vittati; pulpa rubente, insipida. Quoiqu'il diffère notablement par son aspect et par ses inflo- rescences mâles des espèces du groupe précédent, le €. diversi- folia jouit cependant de la propriété de féconder par son pollen le €. Mac Kenniü. Jai vu à Hyères, en 1864, plus de cent fleurs femelles de ce dernier nouer leurs ovaires sous l'influence de ce pollen, et donner des fruits, 1l est vrai médiocrement développés et assez pauvres en graines, mais qui ont cependant müri comme s'ils avaient été normalement fécondés, et dont les graines ont donné naissance à des hybrides. Ce fait prouve, selon mot, que le genre Cephalandra, tel que je le présente ici, est naturel ; il montre, en outre, que l'aptitude des espèces à se croiser les unes avec les autres n’est pas toujours proportionnelle à leur degré de ressemblance apparente, puisque le €. quinque- loba, sisemblable extérieurement au C. Mac Kennii, ne se prête que difficilement à le féconder, ce que fait au contraire sans peine le C. diversifolia, qui en diffère beaucoup plus. Enfin je ferai 2 : €. NAUDIN. encore rémarqüer que ce dernier nous offre un nouvel exemple de ce que nous avons observé dans le Rhynchocarpa Courbonii, la tendance d’une espèce normalement monoïque à passer à la diæcie. Nous en verrons encore d'autres exemples plus loin. Ces cinq espèces ne sont pas les seules qui composent le genre Cephalandra; 11 en existe plusieurs autres dans nos herbiers, toutes d'Afrique et principalement d'Abyssinie, et parmi elles la plante vaguement décrite par Lamarck (!)} et par Sermge (2) sous le nom de Bryonia abyssinica. Malheureusement les échan- tillons qui les représentent, quoique pourvus de fleurs et quel- ques-uus de fruits, sont trop incomplets pour qu'on puisse, sur eux seuls, déterminer avec quelque certitude les caractères de ces espèces. VI. — MOMORDICA. Dans mon troisième mémoire sur les Cucurbitacées (3) j'ai décrit, ou du moins indiqué sept espèces du genre Momordica, dont quatre seulement étaient alors bien connues (M. Charan- tia, M. Balsamina, M. dioica, M. mixta) ; dans celui-ci j'en dé- crirai d’autres, qui, sans être tout à fait nouvelles, n’ont encore été qu'incomplétement désignées par les divers auteurs. Toute- fois, avant d'aborder ce sujet, je dois rectifier une détermination de M. Todaro, que je regarde comme erronée, au sujet d’une variété, d’ailleurs remarquable, du M. Balsamina, prise par lui pour une espèce nouvelle. Ï y a trois ans, nous avons reçu de Port-Natal, par l'intermé- diaire de M. Mac Ken, entre autres graines de Cucurbitacées, celles d’un Momordica qu'à leur aspect seul je jugeai appartenir au M. Balsamina. Ma conjecture était fondée : les plantes que nous avons obtenues de ces graines, tant à Paris qu'à Hyères, n’ont différé en rien de cette espèce classique, si ce n'est par le coloris et, jusqu'à un certain point, par la grandeur de leursfleurs. (4) Dict. encycl., T, p. 497. (2) DC. Prodr., TL, p. 305. (3) Ann, desse, nat., K° série, t. XIT, p. 429. CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 21 Tous les échantillons de M. Balsamina , cultivés jusqu'alors dans les jardins de l’Europe, avaient les fleurs jaunes, avec trois macules brunâtres au fond de la corolle, c’est-à-dire sur la base des trois pétales intérieurs. Ces fleurs, sensiblement irrégulières par l'inégalité des pétales, dont les deux extérieurs sont un peu plus développés que les autres, ont leur diamètre transversal d’un tiers plus grand que leur diamètre antéro-postérieur. La nouvelle variété de Port-Natal en diffère en ce que ses fleurs sont d'environ un cinquième ou peut-être un quart plus grandes, qu'elles sont entièrement blanches, sauf les trois macules imté- rieures dont la teinte est beaucoup plus foncée et presque noire, et aussi en ce que leur irrégularité est plus évidente ; mais ce sont là les seules différences appréciables entre les deux variétés ; par la taille, la forme du feuillage, les fruits et les graines, elles sont absolument semblables. M. Todaro, donnant à ces différences une importance selon moi très-exagérée, a cru y trouver des raisons suffisantes pour faire de la variété de Port-Natal une espèce nouvelle, etil la décrite comme telle, en 1864, sous le nom de M. Huberii, qui rappelle l’'habile horticulteur dont il en a reçu les graines. J’ai la plus grande confiance dans les déterminations botaniques de M. le professeur Todaro, mais il m'est impossible d’être d'accord ici avec lui, et mon opinion se fonde non-seulement sur le peu de valeur qu'on attribue généralement au coloris des fleurs con- sidéré comme caractère spécifique, mais surtout sur le peu de constance de ce caractere dans la variété qui nous occupe. ai _ vu effectivement ses fleurs, très-blanches pendant l'été, re- prendre graduellement en automne la teinte jaune normale des fleurs du M. Balsamina, en même temps qu'elles se rétrécis- saient au pont de n'être pas plus grandes que ces dernières. J'en conclus, sans hésiter, que les deux formes ne constituent qu’une seule espèce. On pourra cependant désigner la dernière venue sous le nom de À. Balsamina leucantha, où, si l’on préfère, sous celui de M. Balsamina Hubert, mais dans aucun cas on ne pourra en faire une espèce distincte. Ce n’est pas d’ailleurs le seul exemple que je connaisse du changement de la couleur 29 C. NAUDIN. jaune en blanc dans les fleurs des Cucurbitacées, et nous en verrons un second dans le Momordica pterocarpa, décrit un peu plus loin. | Aux sept espèces signalées dans mon précédent mémoire j'ajouterai les suivantes : 8. MoMORDICA CORDIFOLIA. Momordica cordifolia Sonder, in Harvey, For. cap., II, 482. Cucumis cordifolius E. Mey. M. monoica, vix non glaberrima, modice ramosa, alte sean- dens, radice fibrosa non tuberifera ; caulibus flagellisque acute angulatis sæpeque quadrangulis ; foliis cordiformibus, margine denticulatis, apice breviter acuminatis ; cirris simplicibus aut raro bifidis ; inflorescentia mascula 1-3-flora, bracteola florali minuta et quasi nulla ; floribus femineis sohitariis, ovario ovoideo dense muricato; corolla utriusque sexus subirregulari, pallide ochracea, petalis tribus inte“ioribus basi fusco aut nigro macu- latis. Hab. In Caffraria orientali ; semina a clar, Mac Ken nobis communi- cata fuere. Planta apud nos annua et biennis, in patria radice caulibusque prima- ris fortassis perennans, in horto parisiensi 5-6-metralis. Caules parce ramosi, penna anserina graciliores, glaberrimi, mire angulati quando- que fere ancipites, undique punctis lineolisque atro-viridibus conspersi. Folia omnino cordiformia, vix tactu scabrella, 7-10 centim. longa et fere lata, petiolo quam limbus breviore. Cirri foliis duplo triplove longiores, - ut plurimum simplices, nonnunquam etiam sed raro inæqualiter bifidi. Flores masculi sæpe solitarii, sæpius bini aut terni, pedicello communi petiolum longitudine subæquante bracteolamque floralem sessilem ova- tam vix bimillimetralem gerente. Calyx late apertus, extus nigricans aut omnino niger, lobis subobtusis. Corolla conniventia petalorum nonnihil campanuliformis, limbo patulo, ut in M. PBalsamina subirregularis, peta- lis duobus exterioribus quam interiora basi fusco maculata paulo latiori- bus, colore luteo-testaceo in fundo floris saturatiore et ad aurantiacum vergente. Stamina subséssilia, crassa, sicut pollen pallide lutescentia, antheris sigmoideo-flexuosis. Pepones pedunculo gracili penduli, ovoidei, ovo gailinacéo paulo minores, undique et dense aculeolati, quum matu- CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 23 rescunt colorem pallide aurantiacum imduentes, mox sponte laceri semina demittunt pulpa carminea involuta. Semina fere ovoidea, nigricantia inconspicue scrobiculata, margine tenui vix prominulo circumdata. 9, MOMORDICA SCHIMPERIANA. = M. monoica ? fere glaberrima. alte scandens ; caule flagellisque acute angubatis, punctis lineolisque saturatrus viridibus conspersis, cirris simplicibus aut rarius bifidis ; foliis cordiformibus, suba- cuminatis, crenato-denticulatis ; floribus masculis in umbellas 3-0-floras longe pedunculatas bracteaque sessilà reniformi ca- lyptratas digestis, ante florationem nutantibus, calyce echinulato ; floribus femineis solitariis; peponibus oblongo-ovoideis, dense echinatis, aurantiacis ? Hab. In variis locis Abyssiniæ. Specimina sicca herbarïi parisiensis a clar. Schimper loco dicto Woïna, ad altitudinem bis mille metrorum, collecta fuerunt (#erb. complémentaire, cat. 326 et 327). Species præcedenti valde affinis, ab ea tamen facile distinguenda flori- bus masculis umbellatis bracteaque majuseula reniformi-cucullata obtec- tis. Differt etiam longitudine pedunculi floriferi fohïo multo longioris et haud raro 20-25-centimetralis. Flores singuli breviuscule pedicellati; calyce pilis rigidis echinulato, lobis obtusis nigricantibus; corolla luteo- testacea, ut videtur subirregulari (fortassisque maculis tribus ut in M. cordifolia ad basim petalorum interiorum notata). Flores feminei solitarn, pedunculo ferme decimetrali foliumque longitudinesubæquante, ovario ovoideo-oblongo dense muricato. Pepones (in herbario nondum adulti) ovario conformes, undique echinati, colore obscure luteo, in aurantiacum fructu maturescente ut videtur mutando. Quoique très-voisine, par tout son aspect, du M. cordifolia, cette espèce s’en distmguera toujours facilement à son inflores- cence mâle plus riche, plus longuement pédonculée, et munie d'une bractée réniforme qui recouvre la totalité des fleurs avant leur épanouissement. Il est probable aussi que les fruits en sont un peu plus gros. Les fleurs mâles ont, en outre, le calyce mu- riqué, tandis qu'il est glabre et lisse dans le M. cordifolia, où la bractée est rudimentaire et presque. nulle. I est plus difficile de dire si elle diffère du M. fœtida Schumach. et Thonn. (Dansk, Vidensk. Selsk. Afh., IV, 200) et du M. Fogelit Planch. 24 | €. NAUDIN. (in Hook., ÜViger Flora, 369), deux espèces de Guinée et de Fernando-Po dont lies descriptions incomplètes semblent pou- voir s'adapter à la nôtre. Il n y aurait, en effet, rien de surprenant que ces trois plantes, supposées distinctes, ne fussent en défi- nitive qu'une seule et même espèce, car j'ai déjà reconnu que beaucoup de Cucurbitacées sont communes à la côte orien- tale et à la côte occidentale de l'Afrique, dont elles occupent vraisemblablement tout l'intervalle. C'est le cas, entre autres, du Rhynchocarpa fœtida, qui s'étend du Sénégal à la mer Rouge, et descend le long de la côte orientale jusqu’à Port-Natal, au voisinage de la colonie du Cap. Les doutes toutefois ne pourront être levés que par la comparaison des trois plantes sur des échan- tillons plus complets que ceux que nous possédons. 10. MOMORDICA PTEROCARPA. Momordica pterocarpa Hochst. in Schimp. Iter abyss., n° 187. M. monoica, radice tuberosa fusiformi perennans, scandens, modice ramosa, puberula; foliis pedato-5-7-foliolatis, foliolis ovato-lanceolatis acutis margine remote denticulatis; cirris ut plurimum simplicibus, raro inœqualiter bifidis; inflorescentia mascula pedunculata, 5-15-flora, alabastris nutantibus duplici serie ordinatis, bractea cuculliformr oblectis; floribus femineis solitariis, ovario oblongo seu fusiformi 8-10-sulcato; pelalis in utroque sexu albrs aut ochraceis, calyce extus nigricante ; pepo- nibus ovoideis, apicatis, 8-10-alatis, e viridi auranhacis aut rubentibus. Hab. In montibus Abyssiniæ, usque ad altitudinem bis mille metro- rum. Semina nobis a clar. Schimper missa plantas floriferas fructiferas- que plures genuerunt. Specimina sicca quoque habemus ex Abyssinia, Schimp., Zter abyss., n° 87. Pianta apud nos circiter 4-metralis, scandens, radice carnosa sub terra hybernante. Caules teretes, graciles, penna anatina vix crassiores. Folia decimetrum aut rarius sesquidecimetrum longa et lata, foliolis nonnihil corrugatis interdumque subfalcatis, puberulis, 4-7 centim. longis. Flores regulares, ut plurimum spurco-albi, nonnunquam luteoli aut ochracer. Stamina pollenque aurantiaco-rubra, loculis incurvis non sigmoideis, CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM. 25 Pepones magnitudine circiter ovi gallinacer, interdum majores aut mino- res, apice in acumen longiusculum produeti, alis prominentibus et in ipsa acie sinuatis dentatisve longitudinaliter instructi, quum maturuerunt aurantiaco-rubri, demum laceri et varie hiantes. Semina ut in congene- ribus pulpa carminea exarescente involuta, ovalia, parum complanata, subtiliter corrugata et nigricantia, margine cincta vix perspicuo. Cette espèce n’est pas la seule du genre qui ait les feuilles divisées en folioles distinctes, il en existe une autre dans l’her- bier du Muséum, mais en échantillons trop incomplets pour que je sois tenté de la décrire ici. Je regarde comme très-pro- bable que le M. cardiospermoides de M. Klotzsch (Waturwissen- schaftliche Reise nach Mossambique, partie botanique, EF, p. 149 et suiv.) n'est autre chose que l'espèce que je viens de décrire sous le nom déjà ancien de M. pterocarpa. VII. — SCOTANTHUS. Deux nouvelles espèces doivent être ajoutées à ce genre resté jusqu'ici monotype (1); ce sont les suivantes : 2. SCOTANTHUS PORTEANUS. S. annuus, monoicus, undique hirtellus scabrellusque ; flagellis angulalis; foliis profunde palmato-5-lobalis aut dissectis, lobis ipsis lobulatis; cirris simplicibus ; floribus utriusque seœus soli- larüs, femineorum ovario fusiformi 8-10-sulcato ; peponibus maturis ovoideo-oblongis, 8—-10-costulatis, coccinets. Hab. In insula Sincapore Indiæ orientalis, unde semina a clar. viatore Porte advecta fuere. Plantæ sub dio cultæ flores fructusque non perfece- runt nisi Olbiæ, in horto Huberiano. Herba annua, semidioica? ut videtur potius repens quam scandens, flagellis apud nos sesquimetralibus, modice floriferis floresque masculos femineis pauciores edentibus. Folia circiter 5 centim. longa et lata, quum senuerunt scabriuscula, limbo fere usque ad basim in lobos 5 di- viso ; lobis tribus intermediis trilobulatis, duobus exterioribus latioribus subbifidis, sinubus rotundatis ; petiolo limbum longitudine subæquante. (4) Voy. Ann, des sc. nat., 4° série, t. ANT D. 72: 26 C, NAUDIN, CGirri simplices. Flores in axillis foliorum solitarü, floribus Scotanthi tubiflori fabrica et magnitudine omnino similes, albi, sub vespere et noctu aperti. Pepones maturi oblongo-ovoidei, utrinque subacuti, 8-10-costu- lati, 5-6 centim, longi, intense coccinei, pulpa atrovirente referti, semi- nibus nigricantibus. Très-voisine par ses fleurs et ses fruits du Scotanthus tubiflorus cette espèce s'en distinguera toujours facilement à son feuillage plus arrondi et profondément découpé. J'ai lieu de croire que les individus en sont quelquefois unisexués ou presque uni- sexu6s. 3. SCOTANTHUS WEBERI. S. annuus? humifusus; flagellis gracilibus, vis ramosis om ninove simplicibus; foliis basi cordatis, palmato-5-angulatis aut 9-lobis, pube adpressa candicante primum cinerescentibus, demum quum adoleverunt scabris : cirris brevibus aut sæpe nullis ; floribus solitariis, albis. Hab. In Cochinchina meridionali. E seminibus a clar. Weber gallicæ classis chirurgo allatis plantas suscepimus, quæ Parisiis cultæ non florue- runt; quæ contra Olbiæ flores masculos paucos dederunt. Planta fortassis dioica, at videtur annua, multicaulis ; caulibus debili- bus, crassitudine circiter pennæ corvinæ, metrum sesquimetrumve lon- gis, humifusis. Cirri in juventute plantæ omnino null, quum adolevit sæpe etiam deficientes, breves, simplices aut bifidi. Folia 4-5 centim. longa et lata, ambitu angulata aut 5-lobata, denticulata, cinerescentia, subtiliter reticulata, basi sinu profundo cordata ; petiolo dimidium lim- bum paulo superante. Flores masculi solitaru, longiuscule pedicellati, quam in Scoftantho tubifloro minores, tubo calycis pariter breviore, cæte- rum illius floribus fabrica conformes. Flores femineos fructusque non- dum vidimus. VII. — PRASOPEPON. Flores monoici et dioici, in axillis foliorum solitarn aut aggregato-subracemosi ; calyce campanulato, 5-dentato, obtuse 9-gon0; corolla profunde 5-partita. In masculis stamina 8 (2 completa 2-locularia, tertium dimidiatum 1-loculare), hbera : CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 27 filamentis crassis, brevibus, fere usque ad basim bipartitis, an- therarum loculis discretis non flexuosis. Flores feminei sæpius solitarii, ovario ovoideo 5-loculari, stigmate peltato obscure 5-lobo papilloso. Bacca globosa, obsolete 5-sulcata, 5-locularis ; seminibus transversis, complanatis, subtiliter marginatis. Planta austro-americana, radicibus crassis carnosis perennans, multicaulis, scandens ; flagellis subteretibus ; folus ut plurimum à-lobis ; cirris simplicibus : floribus luteis, nunc omnino mas- culis, nunc femineis interdumque utriusque seæus commiæts ; fructibus viridibus, pendulis, 5-locularibus, loculis ipsis quasi bilocellatis ; seminibus numerosis, in pulpa nidulantibus, ovalibus, fuscis aut nigricantibus. PrasoPerON DuriæÆi. Tab. Il. Hab. In regione uruguayensi Americæ australis. Plantam reperimus abunde floriferam fructifteramque in horto burdigalensi a elar. Durieu feliciter cultam, unde viva in hortum parisiensem transmigravit. Radix primaria crassa, rugosa, radices plures emittens quæ mox in tubera ovoidea aut fusiformia et varie contorta, brachium humanum aut amplius crassa, tumescunt. Caules e radice quotannis erumpentes, magis minusve numerosi, 2-3-metrales, ramosissimi, dense frondosi. Folia L-8 centim. longa et lata, primo tactu mollia et subvelutina, demum sca- brella, sæpius 3-loba, lobis lateralibus interdum lobulatis subquinque- loba, margine denticulata, intense viridia. Flores secundum specimina dioici aut rarius monoici, lutei, magnitudine circiter florum Cucumertis Melonis ; masculi haud raro 2-3 in racemulum quasi conferti, feminei solitarii (aut rarissime bini in eadem axilla), ovario glaberrimo. Fructus crassitudine ovi columbini, subsphæricus aut brevissime conico-apicula- tus, etiam perfecta maturitate viridis, obsolete 5-sulcatus, in loculos toti- dem septis manifestis persistentibus membranaceis infus divisus, pulpa semifluida vix amaricante refertus. Semina ovalia, compressa, 3 millim. cireiter longa, vix conspicue marginata, nigricantia. Le genre Prasopepon, ainsi nommé de la couleur de son fruit qui reste vert à la maturité, est remarquable, entre tous ceux de la famille qui me sont connus, par le nombre des pla- centas de l'ovaire et des loges du fruit, qui est mvariablement de cinq, au moins dans tous les individus que J'ai eus sous les veux 928 C. NAUDIN. en 1863 et 1864. Je dis les loges du fruit, parce qu'ici on les trouve réellement distinctes, séparées qu'elles sont par cinq cloisons fibreuses et persistantes qui vont du centre à la péri- phérie. Les loges elles-mêmes sont divisées du haut en bas, par une fausse cloison, en deux logettes entre lesquelles se partagent les graines. La forme des étamines, quoique beaucoup moins exceptionnelle, mérite aussi quelque attention. Leur filet, court et charnu, est divisé presque dans toute sa longueur en deux branches, dont chacune porte une loge de l’anthère. Ces loges, adossées l’une à l’autre par les connectifs, comme elles le sont toujours dans la famille, sont droites ou légèrement courbées, mais non flexueuses. Les circonstances ne m’ayant pas permus d'en examiner le pollen au microscope, je ne puis que sup- poser, par analogie, qu'il est ovoïde et à trois sillons, comme dans la plupart des genres du groupe des Cucumérinées. L'espèce sur laquelle j'ai établi ce genre nouveau présente encore un caractère que j'ai déjà signalé plus haut, c’est la tendance très-prononcée qu’elle manifeste vers la diæcie. Les graines, récoltées en 1863 sur un pied parfaitement monoique, ne m'ont donné, en 1864, sur une dizaine d'individus, que des plantes dioiques, à l'exception d’une seule, quiencore n’a produit qu’une fleur femelle au milieu de nombreuses fleurs mâles. Je cite cet exemple pour montrer combien on est exposé, dans la famille qui nous occupe, à prendre pour dioïques des espèces qui ne le sont qu'en partie, c’est-à-dire seulement par un cer— tain nombre d'individus. Le Rhynchocarpa Courbonu et le Ce- phalandra diversifolia nous en ont déjà fourni des exemples. Nous pouvons ajouter que, même dans les espèces écono- miques communément cultivées, les Melons, les Courges, Îles Gourdes, etc., il n’est pas rare de trouver des individus uni- sexués, et alors presque toujours mâles. Le Prasopepon Duriæi est une plante rustique sous nos cli- mats. Avec peu de soins de culture, il a abondamment fructifié à Paris; sa racine et ses tubercules laissés en terre, dans le jardin de Bordeaux, y ont facilement passé plusieurs hivers sans en soufirir, | CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM. 29 IX. — PEPONIA. Flores monoici, omnes axillares et solitarii, longe peduncu- lati. Masculorum calyx tubuloso-campanulatus, 5-dentatus ; petala obovata, apice rotundata. Stamina 8 (2 completa 2-locu- laria, tertium dimidiatum 1-loculare), filamentis brevibus liberis fauci calycinæ inserta ; antheris oblongis inter se agglutinatis, loculis sigmoideo-flexuosis, polline sicco globoso poris 3 aperto. Femineorum ovarium fusiforme, 3-placentiferum ; sigma 3-lo- bum. Pepo ovoideo-oblongus, glaberrimus, seminibus horizon- taliter m pulpa nidulantibus. Planta fortassis caudice perennans, radice fibrosa non tuberi- fera, herbacea, macrantha; flagellis subteretibus, hirsutis, humi- fusis aut vix scandentibus; evrris sumplhcibus aut inœæqualiter bifidis; folis palmato-5-lobahs, reliculato-corrugatis, puberulis, lobis angulatis aculis ; floribus utriusque seœus longe firmiterque pedunculatis, luteis ; peponibus immaturis albo et viridi macu- latis, perfecta maturitate ruberrimis. PEprontAa Mac Kennu. Tab. II et tab. IV. Hab. In Caffraria orientali, unde semina recepimus a clar. Mac Ken, quæ plantas Olbiæ et in Algeria fructiferas dederunt. Parisiis biennium culta specimina et hyeme sub vitro seposita ne alabastra quidem florum ostenderunt. Herba habitu cucumerino, e caudice crasso flagella plurima protrudens humi serpentia, sesqui-bimetralia aut etiam longiora, tarde florifera. Folia angulata, foliorum Cucumeris sativi figuram fere referentia sed hirsutiora et reticulata, 10-15-centim. longa et lata, petiolo dimidium limbum longitudine subæquante. Flores majusculi, solitarii, pulchre lutei, pedunculo 12-18-centimetrali suffulti, corolla diametro 6-7 centi- metra explente, petalis late obovatis. Pepones longiuscule pedunculati, oblongo-ovoidei, apice conici, crassitudine ovum gallinaceum imo et anserinum æmulantes, primo virides et albo marmorati, demum omnino rubri; pulpa aurantiaca insipida ; seminibus ovalibus, complanatis, vix marginatis, fuscis. Deux ans de suite nous avons cultivé au Muséum plusieurs 30 C. NAUDIN. échantillons de cette nouvelle Cucurbitacée, sans pouvoir l’ame- ner à fleurir, quoiqu'elle y ait pris un grand développement. À Hyères, chez M. Germain de Saint-Pierre, ainsi qu’à Kouba, près d'Alger, dans l'établissement horticole de M. Péragut, elle a donné des fruits complétement mürs. J’en ai reçu de beaux échantillons de ces deux localités. X. — CUCUMEROPSIS. Flores monoici; mascul in apice pedunculi communis aggre- gato-capitati aut subpaniculati ; calyce campanulato, 5-dentato. Stamina à (duo completa bilocularia, tertium dimidiatum 4 lo— culare, interdum stamina ommnia bilocularia), sessilia ; antheris brevibus, appendieula termimali destitutis, loculis ineurvis non flexuoso-sigmoideis ; polline lævi, sicco ovoideo 3-suleo, hume- facto globoso. Flores feminei inflorescentiæ maseulæ coaxillares, solitarii; ovario ovoideo, triplacentifero; stigmate subsessili, 3-lobo. Fructus ovoideus, corticosus. Semina maquseula, ova-— lia, immarginata, lævia, candidissima. Herba quineensis, annua (?), monoica, modice ramosa, omni- bus partibus scabrella, Cucumerem Melonem facie referens ; flagellis humifusis, teretibus; cirris simplicibus ; foliis palmato- 5-7-lobatis, basi profunde cordahs; inflorescentia mascula nunc capituliformi 3-7-flora, nunc paniculam brevem dilatatam pauci- floram fingente; floribus utriusque sexus centimetrum circuler latis, luteis. Cucumeropsis Mann. Hab. In variis locis Guineæ. Semina recepimus e Gabonia (Aubry le Comte) et Calabaria veteri (Gustave Mann), quæ in horto parisiensi sata plantas paucas vix floriferas genuerunt. Planta quoad habitum et magnitudinem partium primo intuitu C. Meloni similis, sed facile si attentius consideretur discernenda. Ab illo differt scabritie mitiore, flagellis teretioribus, floribus dimidio mi- noribus imprimisque inflorescentia mascula peculiari. Folia 8-12 centim. longa et lata, nonnihil bullato-rugosa, margine denticulata, in juventute plantæ fere cordiformia, mox breviter et obtuse 5-loba, demum quum CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 31 planta jam veterior facta est profundius 5- imo et 7-lobata, lobo interme- dio cæteris latiore, sinubus inter lobos obtusis aut rotundatis, petiolo quan limbus breviore. Flagella (in horto parisiensi) circiter metralia aut paulo amplius. Inflorescentiæ masculæ petiolo breviores, peduneulo aphyllo simpliei aut ramoso suffultæ. Flores feminei longiuscule pedi- cellati, ovario breviter ovoideo, crassitudine pisi. Pepo lævis, ovoideus, ovum anserinum erassitudine paulo superans, tenuiter corticosus. Semina pro statura plantæ majuscula, alba, cum seminibus Cucurbitæ maximeæ fere comparanda, paulo minora tamen et margine tumido destituta. Je ne puis que répéter 1c1 ce que j'ai déjà dit ailleurs : qu’il est souvent difficile de fixer les limites des genres dans la famille qui nous occupe, et de leur assigner des caractères tranchés. La plante dont il vient d'être question n’est ni un Cucumis ni un Cucurbita, quoiqu'elle semble tenir des deux par quelques points ; elle est plus éloignée encore des autres genres de Cucu- mérinées, ce qui ne permet de la réunir à aucun. Je suis donc obligé d’en faire un genre nouveau, non sans regret cependant, car j'ai lieu de craindre que ce genre ne soit réduit à cette seule espèce, ce qui est d'autant plus fâcheux que le nombre des genres monotypes est déjà considérable dans la famille des Cucurbitacées. Les graines d’où sont sorties nos plantes nous ont été envoyées du Vieux-Calabar par M. Gustave Mann, collecteur da jardin de Kew. Ces plantes ont été très-difficiles à élever ; elles ont donné quelques fleurs mâles et une seule fleur femelle, qui même, faute d’une chaleur suffisante, n’a pu s'ouvrir entièrement. Un fruit adulte et sec, que le Muséum a reçu récemment du Gabon, m'a permis de suppléer, dans une certaine mesure, à l’insuffi- sance des échantillons vivants. XI. — EOPEPON. Flores dioici. Masculi in ramulis floriferis pauci-aggregati, feminei in ramis primariis axillares et solitari; omnium calyce 5-dentato, corolla 5-petala fimbriata. In masculis tubus calyci- nus Oblongo-turbinatus; stamina 3 (duo bilocularia, tertium dimidiatum uniloculare), fauci calycinæ inserta, subsessilia, 39 ©. NAUDIN, antheris sigmoideo-flexuosis, polline globoso 4-poroso. In femineis calyx supra ovarium longe tubulosus, membranaceus ; ovarium ovoideum, 8-placentiferum ; stylus crassus, columnaris, apice in stigmata 8 simplicia e tubo calycis vix exserta diviso. Pepo globosus ovoideusve, pulposus, semina numerosa ovalia compressa marginata-continens. | Planta in China oriental ab oris australibus ad Pekinum andigena, radice crassa tuberiformi perennans, caulibus annua. ramosa, alie scandens, vix non glaberrima, fronde copiosa luxæu- rians ; foliis palmato-5-lobatis; cirris inœqualiter 5-fidis, digito medio cœteris multo longiore ; corollis ut in Trichosanthe subtiliter et abunde fimbriatis, quasi barbatis; peponibus ovoiders, crassi- tudine et colore aurantii, pulpa saccharata ; seminibus quoad figuram et magnitudinem semina Cucurbitæ maximæ fere refe- rentibus, colore aulem gilvo vel fuscescente. EOPEPON VITIFOLIUS. Hab. Circa Pekinum frequens, unde semina plus quam semel recepi- nus. Plantæ paucæ in horto parisiensi jam quinquennium vivunt, hyemis nostræ haud impatientes, caulesque quotannis e radice repullu- lant. A tertio tantum anno floruerunt, omnes femineæ et steriles. Flores masculi curante Reverend. Patre David, apud Sinas apostolo, ad nos -demum exsiccati pervenerunt. Ceules subteretes, asperi, crassitudine pennæ anserinæ, 7-10-metrales, flagella graciliora longe excurrentia passim emittentes. Folia intense viri- dia, fere glaberrima, decimetrum longa et lata, haud raro paulo majora aut minora, eo magis Jlobata quo altius in planta crescunt, lobis sæpius obtusis, sinubus pariter rotundatis. Flores masculi longe peduneulati, in extremis ramulis terni-quini (fortassis etiam pauciores aut numerosiores), ex axilla bractearum subsessilium orti, racemulum fingentes; dentibus calyeinis magnis, lanceolatis, in anthesi subreflexis; corolla patula, dia- metre circiter 5-centimetrali. Flores feminei pedunculo robustiore sed breviore suffulti, calycis tubo longe producto membranaceo subventricoso insignes, stylo cylindrico tubum fere æquante et apice stigmata tria sim- plicia obtusa conniventia gerente. Pepo, e schedulis Reverendissimi David supra descriptus, nobis nondum cognoscitur. CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AÙÜ MUSEUM. 38 XIL. — PLATYGONIA. Bryeniæ species Seringe, in DC., Prodr. III, p. 308. Flores dioiei? Masculorum ealyx longe tubulosus, apice 5-den- tatus: corollæ petala ovato-lanceolata, marginibus fimbriato- barbata. Stamina 3 (2 completa 2-locularia, tertium sæpius dimidiatum 1-loculare), hbera, filamentis totidem brexibus fauci calycinæ inserta; antheris flexuosis; polline globoso, poris 3 aperto. Flores feminer in axillis foliorum solitarn, bre- viter pedicellati. Semina contrarie, 1d est a lateribus, valde compressa, margine ultra modum incrassato et dilatato, facie utraque (cotyledonum dorso respondente) hinc et inde tumente. Plantæ in Asia centrali et orientali insulisque vicinis indigenæ, radicibus tuberosis perennantes, scandentes, ramosæ ; cotyledoni- bus hypogæis; cirris simplicibus befidisque ; foliis cordiformibus aut palmalo-3-5-lobis ; floribus masculis in racemulos axillares tra-mulhifloros aggregatis sohiartisve; corollis albis, dense fim- briato-barbatis. PLaryconta KÆmPFERrI. Tab. V. Bryonia cucumeroides Seringe, 1. e. Hab. In Japonia. Planta mascula sub cœlo parisiensi multoties floruit, ejusque tubera prope murum, austrum quidem spectantem, haud ægre hyemant. Plantæ in horto parisiensi masculæ et femineæ circiter 4-5-metrales, tuberculis radicalibus crassis instructæ, ramosæ, frondosæ, intense viri- des; flagellis obtuse angulatis; cirris sæpius simplicibus quam bifidis. Folia primaria vix non cordiformia, plantæ adultæ palmato-3-5-loba, lobis subacutis sinuato-dentatis, utroque diametro 6-9-centimetralia, quum senuerunt scaberrima. Inflorescentiæ masculæ 3-7-floræ, floribus tamen non coævis et sigillatim sese expandentibus, tubo calycino pedunçulum mentiente {presertim in floribus junioribus) ad longitudinem 6-7 centimetrorum demum producto, extus albo-virente, intus vacuo sed costulis 3 prominentibus (ut videtur carpellorum totidem rudimentis) exarato. Corollæ vespere et noctu apertæ, diametro circiter 3-centime- 5€ série. Bor, T. V, (Cahier n° 4.) à 3 7/1 C. NAUDIN. trali, candidissimæ, petalorum fimbr'is tenuissimis barbæ instar valde intricatis. Stamina pollenque albentia. Alabastra feminea, in axillis foliorum sohitaria subsessiliaque, in horto parisiensi ante tempus flora- tionis tabuerunt. Fructus, ex icone Kæmpferi, ovoideus, apice conico, ovo gallinaceo paulo minor. A n’en juger que par l'espèce encore incomplétement connue que je viens de décrire, le genre Platygonia sera un des plus tranchés de la famille. J'ai des raisons pour croire que, parmi les nombreuses espèces de Cucurbitacées dont les graines nous sont arrivées de l'Asie orientale et de l'Himalaya, 1l s’en trouve trois qui appartiennent à ce genre, où la forme des graines est particulièrement caractéristique. Fortement comprimées en sens inverse de la plupart de celles des autres Cucurbitacées, c'est- à-dire par les côtés correspondants aux bords cotylédonaires, leur bourrelet marginal, ie1 très-élargt et très-épaissi, semble diviser longitudinalement les deux faces de la graine, quoique en réalité ses rapports avec l'embryon et le testa soient les mêmes que dans les autres espèces. Les fleurs mâles, très-sin- gulières au premier abord, rappellent cependant d'assez près celles des Scotanthus, de l’£opepon et des vrais Trichosanthes. Le Platygonia Kæmpferi n'a commencé à fleurir à Paris que la troisième année de sa culture, et nous n'en connaissons encore ni les fleurs femelles n1 les fruits. Malgré cela, je ne doute guère que notre plante ne soit bien celle dont on voit une figure sans description, et même sans nom, dans la collec- tion botanique du voyage de Kæmpfer (Zcones seleclæ plant., tab. 54), figure sur laquelle Seringe a établi {son Bryonia cucu- meroides. XII. — MELOTHRTA Aux trois espèces que J'ai déjà réunies dans ce genre peu homogène 1l convient d'ajouter la suivante, qui se classe très- naturellement dans la section Micropepon, à côté du M. indica, avec lequel elle a de grandes affinités, mais dont je la crois cependant différente spécifiquement. CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM. 09 h. MELOTBRIA REGELII. M. annua (?), monoica, vix non glaberrima, ramosissima, scandens ; flagellis gracilibus, angulatis; cirris simphoibus ; fois triangulari-trilobis, lobis inciso-lobulatis, lucidis scabrel- lisque; floribus utriusque sexus aæillaribus, sœæpius sohtaris, pelalis acutis : baccis ovoideo-globosis, pallide lutescentibus. Hab. In Japonia. Semina recepimus a clar. Regel, horti petropolitani rectore. Plantæ sub cœlo parisiensi fructus paucos maturuerunt, uber1o- res autem factæ sunt Olbiæ et Burdigalæ. | Species ut videtur annua (in regione calidiore fortassis perennans cau- libus suffrutescentibus), glabra, apud nos 2-3-metralis, ramosissima, dense frondosa. Folia 3-4 centim. longa, paulo minus lata, obscure tri- angularia, trilobata, lobo intermedio lateralibus productiore et acutiore, omnibus magis minusve inciso-lobulatis denticulatisque, pagina utraque scabrella, sinubus inter lobos obtusis subacutisve. Flores minuti, in axil- lis foliorum nunc solitarii nunc bini, altero masculo altero femineo, pedi- cello filiformi centimetrali aut longiore suffulti. Calyces late campanulati, dentibus 5 minutis virentibus coronati, albidi. Corollæ circiter & millim. latæ, spurco-albæ aut pallide lutescentes, petalis apice sæpius virentibus. Antheræ breves, ovatæ, luteolæ, extus secus connectivum pube aurantiaca insignitæ, loculis incurvis non flexuosis, Femineorum ovarium ovoideum, læve, sub calyce constrictum, 3-loculare. Baccæ pedunculo filiformi 1-3-centimetrali suspensæ, subglobosæ, crassitudine cerasi silvestris ; seminibus ovalibus, complanatis, immarginatis, fuscis aut nigricantibus, k milim. circiter longis. Le Melothria Regelii diffère du A1. indica par une taille plus élevée, un port plus grêle, des feuilles proportionnellement plus allongées et dont les lobes sont plus découpés sur leurs bords ; il en diffère surtout par ses fruits plus gros, presque sphériques, et par ses graines du double plus grandes et dépourvues de mar- gination. Il faut reconnaître pourtant qu'aucun de ces caractères n'établit d’une manière absolue la diversité spécifique des deux plantes, car Je les ai tous trouvés plus ou moins inconstants dans d’autres espèces de Cucurbitacées. C'est très-probablement aussi à ce genre qu'il faudra réunir une Cucurbitacée nouvelle dont les graines nous ont été en- 46 | €. NAUDIN. voyées de Chine, mais qui n’a jusqu'ici existé vivante qu'au jardin botanique de Bordeaux. Je n’en ai pas vu les fleurs, mais seulement quelques branches portant des fruits arrivés presque à maturité. Le feuillage était celui des WMelothria; quant aux fruits, ils étaient beaucoup plus grands que ceux des espèces jusqu'ici connues (3 à 4 centimètres de longueur), et leur forme, proportionnellement plus allongée, se rapprochait davantage de celle d’un fuseau ou d'un ovoïde atténué à ses deux extré- mités. Provisoirement, je l'ai étiquetée Melothria cucumerina sur les échantillons que j'en ai préparés pour l’herbier du Muséum. XIV. — PILOGYNE. Flores monoici et dioict, axillares, solitari aut aggregati, non racemosi ; Omnium Calyce campanulato, 5-dentato ; corolla 5-loba. Masculorum stamina 3 (duo completa 2-locularia, ter- tium dimidiatum 1-loculare), libera, fauci calycinæ filamentis brevibus gracilibus inserta ; antheris brevibus, ovatis, exappen- diculatis, loculis subrectis non flexuosis ; polline lævi, sicco ovoideo 3-sulco, humefacto globoso porisque 3 aperto. {[n femi- neis ovarium globosum aut ovoideum, 3-placentiferum ; stigma 3-lobum, papillosum. Baccæ axillares, subsessiles, globosæ aut ovoideæ. Semina ovalia, compressa, subtiliter marginata. Plantæ africanæ, mascarenæ et austro-asiaticæ, monoicæ et dioicæ ; radicibus incrassalis aut caule suffrutescente perennantes, scandentes ; cirris simplicibus ; fohis cordiformibus aut palmato- 3-5-lobis; floribus minubs, albis ; baccis rubris aut rubentibus. 4. PILOGYNE LuCIDA. Tab. VI. P. monoica, glaberrima; caulibus suffrutlescentibus perennans, alte scandens, ramosissima, dense frondosa ; flagellis gracilibus, obtuse angulalis sulcatisque; folus cordiformibus rariusve sub- trilobalis, sinuato-dentatis lobulatisque, nitidis ; floribus in aæillis foliorum aggregatis, subsessilibus ; baccis ovoideis, rubris. CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM, 3] Hab. In Madagascaria insulisque Aayotte et Nossi- Bé, unde semina recepimus ; fortassis etiam in Africa continente. Plantæ permultæ im horto parisiensi non nisi post biennium et pareissime quidem floruerunt ; aliæ vero in horto olbiensi Huberiano excultæ magnam fructuum co- piam maturuerunt. Planta in hortis Galliæ 5-6-metralis, ramosissima, læte virens, tarde florifera ; radice fibrosa non tuberiformi ; caule basi digitum crasso flagel- lisque primariis suffrutescentibus, cortice albicante tectis, cæteris gracili- bus herbaceis. Folia ut plurimum cordiformia, apice breviter acuminata, sinuato-dentata aut inciso-lobulata, imo et interdum obsolete 3- vel 5-loba, glaberrima, nitida, quum senuerunt tamen tactu scabrella, absque petiolo 5-8 centim. longa, paulo minus lata, nonnunquam etiam majora, petiolo quam limbus breviore. Flores subsessiles, cireiter 3 mil- lim. lati, utriusque sexus in iisdem axillis 3-7-glomerati, scilicet unus femineus, reliqui masculi, rarius omnino solitarii, corolla alba aut albo- virente. Baccæ olivulam forma et crassitudine referentes, maturæ rubræ. Semina sesquimillimetrum longa, compressa, spurco-alba. 2. PILOGYNE SUAvIS. Pilogyne suavis Schrad., in Linnæa, IX, 89. P. dioica, radice incrassata (fortassisque caule suffrutescente) perennans; flagellis gracilibus; foliis ut plurimum palmato-5-lobis, floribus utriusque seœus in aæillis foliorum solitariis glomeratisve ; baccrs globosis, pisiformibus. Hab. In Africa australi. Planta mascula tantum in horto parisiensi colitur. Planta 4-5-metralis, ramosissima, puberula, demum quasi glabrata, moschum redolens; flagellis gracillimis, obsolete sulcatis. Folia sæpius 3-loba, rarius subquinqueloba, 4-5 centim. longa et lata. Flores diametro 3-h-millimetrales, albi. Baccæ omnino globosæ, Bryoniæ nostratis baccas forma crassitudine et colore referentes. Species exsiccata in herbariis frequenter reperitur. Voiei encore un genre embarrassant, d’abord parce qu'il est trèes-fablement caractérisé, ensuite parce que les auteurs qui se sont occupés des Cucurbitacées, tantôt y ont introduit des espèces différentes par le port et jusqu'ici assez mal étudiées, tantôt ont reporté ses espèces dans d’autres genres également mal définis. 38 C. NAUDIN. M. Sonder (1), le dernier qui s’en soit occupé, supprime le genre tout enter, en le réunissant au Zehneria d'Enlicher, genre établi sur une seule espèce de l’île Norfolk, et dont les échantil- lons trop incomplets dans nos herbiers ne me permettent pas de reconnaître les vrais caractères. Je pense donc que, jusqu'à plus ample information, il n’y à aueun inconvénient à conserver le genre Pilogyne, au moins pour les espèces africaines et asia- tiques qui réuniraient les caractères mdiqués ci-dessus. Quelque parti que l'on prenne cependant, on est forcé de reconnaître que les Prlogyne, ou les Zehneria, si l’on préfère leur donner ce nom, différent bien peu des genres Mukia et Melo- thria, auxquels on peut encore ajouter le genre Æchmandra d’Arnott, qui semble devoir se confondre avec les Melothria. On les distinguera des Mukia à leurs fleurs blanches et à ce que le connectif de leurs anthères ne s’y prolonge point en appendice au-dessus des loges; des Melothria à ce que leurs fruits sont sessiles ou subsessiles et non soutenus par un long pédoncule. Ce sont là, 1l faut l'avouer, de bien faibles caractères génériques, aussi est-1l probable que, si je n'avais pas trouvé ces genres déjà créés par mes devanciers, je n'aurais rien imaginé de mieux que de réunir toutes leurs espèces sous la même dénomination géné- rique. Quoi qu'il en soit, qu'on réunisse ou qu’on tienne séparés les divers genres que je viens de nommer, c’est au voisinage du Pilogyne lucida que me paraît devoir se placer une espèce nouvelle de Cucurbitacée rapportée de la Haute-Abyssinie, en 4860, par le docteur Peney. C'est une grande plante sarmenteuse, glabre, à feuilles triangulaires-cordiformes , presque semblables à celles du P. lucida. Elle diffère de ce dernier par ses fleurs plus grandes et en grappes un peu lon- guement pédonculées, et plus encore par ses fruits obovoïdes, aigus au sommet, longs de 2 à 3 centimètres, et portés par des pédicules à peu près de même longueur. Je la nomme provisoi- rement P. peneyana. Ce nom aura du moins l'avantage de con- (1) In Harvey, Flor. capensis, loc. cit, CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 39 server le souvenir du courageux voyageur qui à péri, 1l y a peu d'années, victime de son zèle pour les explorations scientifiques. XV. — ACTINOSTEMMA. Actinostemma Griffith, in Transact, Soc. Beng. (non Lond.) Mitrosicyos Maximow. Primit. Flor. Amur., p. 4112, tab. VII. Flores unisexuales et hermaphroditi, racemoso-paniculati, tubo calycino turbinato, dentibus 5 lanceolato-subulatis, petalis totidem iis conformibus et alternantibus. In masculis et herma- phroditis stamina 5 æqualia, filamentis hberis, antheris ovalibus bilocularibus extrorsis, polline globoso trisulco triporoso. In femineis et hermaphroditis tubus calyemus sub limbo post an- thesim cireumscissus, Himbo caduco corollam secum abducente ; ovarium semiliberum, uniloculare, ovulis duobus collatera- hbus (?) ex apice loculi pendulis; stylus breviusculus, stigmate subbilobo. Pepo maturus membranaceus, subsiceus, unilocu- laris dispermusque, in medio transversim scissus tuncque pyxi- daris. Semina crassa, ovalia, sib1 mvicem applicita et parallela, fructu aperto decidentia. Herba annua (?), in regionibus lemperatis frigidisque Asiæ orientals et centralis indigena, vix non glabra, micrantha, scan- dens ; folies oblongo-triangularibus hastatisve , acuminatis, basi cordala haud raro auriculato-bilobis, margine repando-denticu- lahs; cirris simplicibus aut apice bifidis; floribus albo-virenti- bus; fruchbus ovoideis, e viridi lutescentibus, tuberculatis echi-- nulalisve ; seminibus hine complanatis illinc tumentibus, sulco marginali exsculpthis, colore fusco. 1. ACTINOSTEMMA TENERUM. Actinostemma tenerum Griffith, loc. cit. Mitrosicyos lobatus Maximow., loc. cit. Hab. In monte Himalaya, prope Silket Indiæ orientalis, Griffith; in China quoque tam septentrionali quam meridionali vulgaris, scilicet circa Pekinum, Reverend. David; Nankinum, Leclancher {in Herb. Mus. Par.). Occurrit etiam, sed rarior, in Mandschuria, secus flumen Amour, Maxi- mo wicz, h0 C. NAUDIN. Planta ([monente Maximowicz) annua, debilis, sesqui-bimetralis, vepres arbusculasque ascendens. Folia 5-8-centim. longa, 3-4 lata, basi profunde cordata, sursum in acumen producta, glabra scabriusculave. Flores omnius generis minuti, 3 millim. diametro vix excedentes, peta- lis sepalisque æquilongis et pariter lanceolato-subulatis. Femineorum hermaphroditorumque ovarium à linea cireumcisionis calycinæ ad api- cem liberum, infra lineam solito more adhærens, quum in fructum accrevit glandem querneam in cupula semiimmersam quodammodo referens. Pepo maturus drupam Pruni damascenæ crassitudine æmu- lans, vix non siccus, membranaceus, echinulatus, fere in media longi- tudine, ub1 e tubo calycis expeditus est, transversim sectus et in pyxidem mutatus, parte superiore operculi instar delabente. Voici un genre d'une structure très-insolite dans la famille qui nous occupe. Le nombre quinaire des étamimes, toutes à anthères biloculaires, dans les fleurs mâles et dans les fleurs her- maphrodites, nombre qui n’est qu'une rare anomalie dans les autres genres de Cucurbitacées, devient ici l’état normal. La mème remarque s'applique à l'ovaire, qui n’est qu'à demi im- mergé dans la cupule réceptaculaire, ou tube du calyce, comme on l’appelle ordimairement, et sur la nature de laquelle je me suis déjà expliqué. C'est du reste exactement ce qui se présente dans les remarquables variétés du Cucurbita maxima dont J'ai fait la section des Potirons couronnés ou Turbans. L'adhérence de l’ovaireau tube du calyce, ou, pour parler plus exactement, son invagination dans l'extrémité du pédoncule, me paraît être un stade plus avancé de l’organisation de la fleur que celui dans lequel il est tout à fait libre, et lorsqu'il s'en dégage acciden- tellement, en totalité ou en partie, il est permis d'y voir une sorte de rétrogression vers un état de choses plus simple et, selon moi, plus ancien. En admettant cette interprétation, qui est du reste purement spéeulative, les familles caractérisées par l'adhérence de l'ovaire seraient de création plus récente que celles à ovaire libre, et, dans une même famille renfermant les deux modes de structure, l'apparition des genres à ovaire adhérent serait postérieure à celle des genres où 1lne l'estpas, et marque- rait un progrès dans l'évolution de la famille. Partant de cette hypothèse, le genre Actinostemma serait une forme arriérée du CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM. HA type Cueurbitacé, et 1l est à remarquer queson verticille staminal, par le nombre des pièces qui le composent et par la simplicité de forme des anthères, concorde avec cette mamière de voir. Quant à la structure propre de son ovaire, elle est très-voisine de celle des Sicyos, du Sechium et autres genres américains à ovules suspendus. C’est un nouveau trait de ressemblance entre la flore de l'Amérique du Nord et celle de l'Asie orientale, ressemblance qui à été surtout mise en lumière par les recherches de M. Asa Gray, et que les nouvelles découvertes botaniques DER ment de plus en plus. XVI. — CUCURBITACÉES HYBRIDES. Celles qui ont été observées au Muséum dans ces deux der- nières années se réduisent aux trois suivantes : 1° T'richosanthes anguino-cucumerina, plante tout à fait inter- médiaire entre les deux espèces dont elle porte le nom, tant par ses feuilles que par ses fruits. Ces derniers sont fusiformes, longs de 15 à 20 centimètres, bariolés de blanc, et passent au jaune orangé en mürissant. Les graines qu'ils contiennent sont parfai- tement conformées. On peut se demander, en présence de cet hybride ferule, si les deux formes décrites sous les noms de T. anguina et T. cucumerina sont réellement distinctes spécifi- quement l'une de l’autre. Je les trouve dans les mêmes relations mutuelles que le Cucumis pancherianus et le C. Melo, dont la réunion en une seule espèce ne me paraît aujourd'hui m1 plus n1 moins arbitraire que leur séparation. 2° Cucumis myriocarpo-dipsaceus, très-forte plante, exacte- ment intermédiaire par tout son habitus, comme par ses fruits, entre les deux espèces parentes. Les fruits en sont très-nombreux (un seul pied en produit plusieurs centaines), mais ils ne con- tiennent qu'un très-petit nombre-de graines embryonnées. Cette quasi-stérihité concorde bien avec les caractères spécifiques très- tranchés de ces deux espèces. On n'en à point observé la deuxième généralion. h2 C. NAUDIN. 3° Cucumis myriocarpo- Anquria. Plante non moins vigou- reuse que la précédente et pareillement intermédiaire entre les deux espèces productrices. Comme elle aussi, elle pro- duit une grande quantité de fruits, dont quelques-uns con- tiennent des graines embryonnées, mais vraisemblablement développées sous l'influence du pollen de l’un des deux parents de l’hybride, ce que je suppose avoir également eu lieu pour le précédent. Ici, non plus, la deuxième génération n’a point été observée. Des échanüllons desséchés de ces trois hybrides sont conservés dans l'herbier du Muséum. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE À. CEPHALANDRA DIVERSIFOLIA, a, fragment de rameau portant des fleurs mâles ; b, autre fragment portant des fleurs femelles ; c, Pollen sec ; d, pollen mouillé ; e, Un fruit mür, de grandeur naturelle. 2 2 2 2 P 2 2 8 PLANCHE 2. PRASOPEPON DURIÆI. a, fragment de rameau portant des. fleurs mâles et des fleurs femelles ; à, un autre fragment portant un fruit arrivé à maturité, de grandeur naturelle; c, une fleur mâle ouverte, de grandeur naturelle ; d, deux étamines; e, coupe transversale du fruit mür, montrant les cinq loges, qui sont elles-mêmes divisées chacune en deux logettes par une cloison verticale. PLANCHE 3. PEPonIA Mac KENNII. a, fragment de rameau portant une fleur mâle près de s'ouvrir ; b, coupe longitudinale de cette même fleur ; €, étamine isolée, grandie au double ; d, pollen. PLANCHE A. PEPponIA Mac KENNI1. a, fragment de rameau portant des boutons de fleurs femelles à divers degrés d’avance- ment; b, une fleur femelle coupée longitudinalement; b/, la même coupée transver- CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. Là salement ; ce, un fruit jeune ayant atteint environ le tiers de la grosseur qu'il doit avoir à l’état adulte. PLANCHE D. PLATYGONIA KÆMPFERI. a, fragment de rameau portant des fleurs mâles ; d, une fleur mâle de grandeur naturelle fendue longitudinalement pour montrer l'insertion des étamines; c, une étamine grossie ; d, grains de pollen; e, un autre grain de pollen plus grossi. PLANCHE (Ô. PILOGYNE LUCIDA. D a, fragment de rameau portant des fleurs mâles et des fleurs femelles; b, une fleur mâle isolée, très-grossie ; cc/, étamines isolées, l’une (c\ vue du côté extérieur, l’autre (c!) du côté intérieur ; d, coupe longitudinale de la fleur femelle ; e, fragment de rameau avec un fruit mür de grandeur naturelle. RÉSUMÉ D'OBSERVATIONS SUR LES VAISSEAUX ET LES SUCS PROPRES, Par M. A. TRÉCUL. i S 1. Des laticiferes dans les Papavéracées (1). Dès 1812, Moldenhawer décrivit exactement le siége et la constitution des vaisseaux propres du Chelidonium. Depuis, leur distribution et leur structure furent méconnues par divers au- teurs ; mais l'opinion la plus smgulière est, sans contredit, celle qui confondit ces organes avec les fibres du liber. Parmi les anatomistes les plus modernes, M. Unger connut bien ceux du Chelidonium et du Sanguinaria.—L'anonyme de 1846 place les laticifères du Papaver somniferum, de Argemone speciosa, de l'Eschscholizia californica et du Chelidonium majus au pourtour des faisceaux vasculaires de la tige. — M. Hanstein attribue aux laticifères des Papavéracées en général la disposition qu'ils ont dans le Sanguinaria canadensis. I leur reconnaît d’ailleurs la structure observée par Moldenhavver dans le Chelidonium. Cette structure et cette disposition sont propres, il est vrai, à plusieurs genres de cette famille, mais il en est d’autres dans lesquels la constitution est franchement tubuleuse, et la distribution toute différente de ce qu'elle est dans les Chelhidonium, Sanguina- ria, etc. — M. Lestiboudois, qui a vu le siége des laticifères dans le Chelidonium, ne semble pas l'avoir aperçu dans le Pa- paver, car 1i en dit seulement ces quelques mots : « Les vaisseaux propres des tiges appartiennent plus spécialement au système (4) Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, séance du 13 mars 1865, et l’Institut du 15 mars 1865. ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. h5 cortical. Ainsi, dans le Papaver, le Lactuca, on ne voit pas de sucs propres suinter de la moelle centrale, où, au moins, 1l en sort de très-faibles quantités. » (Comptes rendus, t. LVT, p. 427.) On voit par cet aperçu historique que les laticifères des Papa- véracées méritent encore de fixer l'attention des anatomistes. Ils sont, en effet, du plus haut intérêt au pont de vue de la théorie générale des sucs propres. Ce sont ces considérations qui me décident à publier les faits suivants, que je tiens depuis trop longtemps déjà en portefeuille. Il existe deux types de structure et de distribution de lati- cifères daus les Papavéracées. D'après le premier type, les latici- fères sont répartis surtout au pourtour des faisceaux fibro- vasculaires des tiges aériennes et des feuilles (Chelidonium, Macleya, Sançuinaria, ele.). D'après le second type, les latici- fères existent seulement dans le tissu sous-libérien des faisceaux fibro-vasculuires des mêmes organes. Dans l’un et dans l’autre cas, ce ne sont donc point les fibres du liber exclusivement qui renferment le latex; ce qui ne veut pas dire que ces laticifères n'aient aucune des propriétés de ces fibres. Les Papavéracées me serviront, au contraire, à démon- trer que ces vaisseaux, suivant les parties qu’ils traversent, sont constitués par des éléments divers, c'est-à-dire que, dans le parenchyme, ils sont formés de cellules semblables à celles de ce parenchyme (Chelidonium), qu'au contact du liber ils peuvent être composés d'éléments semblables aux cellules du liber, et susceptibles de s’épaissir comme ces dernières, etc. Si dans cer- lains parenchymes les cellules des vaisseaux propres sont plus longues et plus larges que celles qui les entourent, c’est qu'elles grandissent déjà quand les cellules parenchymateuses se multi- plient encore. D'autres fois, au contraire, la multiplication des cellules constituantes des vaisseaux propres, continuant plus longtemps'que celle des cellules environnantes, les cellules élé- mentaires de ces vaisseaux sont beaucoup plus courtes que Îles cellules du parenchyme voisin. Les Convolvulacées nous en four- iront un bel exemple. h6 A. TRÉCUL, Je vais maintenant esquisser rapidement la constitution des laticifères de quelques-uns des genres de la famille des Papavé- racées. | Dans le rhizome du Sanguinaria canadensis, ils sont formés de cellules superposées réparties à travers le parenchyme. Ces séries de cellules sont reliées entre elles par d’autres séries, de manière à donner lieu à un réseau. M. Unger a décrit cette structure en 1855, mais 1l n'a pas noté que, outre ces lati- cifères, 1l y a encore une multitude de cellules éparses isolément qui contiennent le même latex rouge, avec de gros globules nacrés, pendant la période de végétation, cellules que j'ai déjà mentionnées en 1862. Dans les pétioles, au contraire, les lati- cifères peuvent former des tubes continus par la résorption des parois transversales des cellules originelles : les uns sont autour des faisceaux, les autres sous le liber. I y a encore dans le pétole du Sanguinaria des laticifères distribués suivant un cercle dans l'écorce externe et quelques autres dans lécorce moyenne. Dans la souche des Chelidonium les laticifères de l’écorce sont disposés par petits groupes sur des cercles concentriques formant un réseau, soit qu'on les examine sur des coupes tangentielles, soit sur des coupes radiales. Les cellules constituantes de ces vaisseaux sont un très-bel exemple à citer à l'appui du principe énoncé plus haut. De même forme et de même dimension que les cellules environnantes, elles sont plus ou moins longues, suivant la partie que les laticifères traversent. Elles sont sou- vent très-courtes tout près de la surface de l'écorce et dans les parties où s’épanouissent et finissent les rayons médullaires, dont les cellules peuvent aussi prendre part à la production des laticifères. Dans la souche du Chelidonium majus, on trouve aussi des cellules à latex jaune superposées entre Îles vaisseaux du corps ligneux. Autour de l'insertion des racines adventives, de ces cellules en séries peuvent également être mêlées aux vaisseaux. Dans la tige aérienne et dans les pétioles de la même plante, les laticiféres, qui sont distribués à la surface des faisceaux et ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 17 dans le tissu sous-libérien (ce qu'avait déjà vu Moldenhawer en 1812), font très-bien voir aussi qu'ils sont composés d’élé- ments divers, suivant la nature des cellules au milieu desquelles ils sont placés. Ceux qui sont au contact du hber, ou enclavés en lui, ont les cellules très-longues; ceux qui sont sous le liber ont aussi des cellules allongées et grèles. Au contraire, ceux qui sont au pourtour de la partie vasculaire des faisceaux sont formés de cellules moins longues, souvent très-courtes, comme celles du parenchyme cortical contigu. Cette disposition me rappelle un phénomène fort remarquable, qui montre avec quelle facilité ces cellules parenchymateuses sont ici transformées en laticifères. Voici en quoi il consiste. Quand les laticifères sont lésés par une cause quelconque, leur suc brunit etils cessent de fonctionner. Alors, et cela paraît s’ac- complir dans un bref délai (sur les plantes rompues dans la boîte à herboriser), alors, dis-je, les cellules du parenchyme voisin modifient la nature de leur suc, qui devient graduellement Jaune pale et finement granuleux, puis jaune foncé, comme le latex ordinaire de ce végétal. Ce fait ne semble-t-il pas prouver que le rôle du latex à une grande importance, et qu'il n'est pas une simple excrétion, comme le croient beaucoup d’anatomistes? Les séries de cellules à latex des iiges et des pétioles du Che- lidonium sont très-propres à montrer le deuxième degré de per- fection des laticifères, puisqu'on trouve souvent perforées les parois transversales qui séparent les cellules constituantes. Dans les Glaucium flavum et fulvum, 11 n'existe pas de suc coloré dans les parties aériennes de la plante adulte. Pourtant on remarque à la surface du liber, ou parmi ses fibres externes, des cellules un peu plus larges, à parois minces, qui rappellent les laticifères à suc coloré que l’on observe dans la même situa- tion chez les Chelidonium, le Macleya, etc. Un peu de matière granuleuse brune se voit quelquefois seulement au pourtour de ces cellules, qui, du reste, s’observent aussi sur les côtés des faisceaux . Dans la souche des mêmes Glaucium, il n’y à pas de latici- fères composés de cellules en séries continues, répandues dans AS A, TRÉCUEL. tonte l'épaisseur de l'écorce. On ne trouve dans la mass: de celle-ci, et entre les vaisseaux du corps ligneux, que des cel- lules éparses qui contiennent un suc jaune. Cependant, à la sur- face de la racine, parmi les cellules les plus âgées, sous les utri- cules brunis de la périphérie, 1l existe quelques séries de cellules à latex semblables à celles du Chelidonium ; et là, elles peuvent même donner lieu à des tubes contmus, quelquefois aussi réunis en réseau, comme pour attester que les cellules jaunes isolées de l'écorce plus interne sont bien de la nature des laticifères. Dans la souche du Macleya cordata, des cellules jaunes, oran- gées ou mêmes rouges, sont aussi éparses dans l'écorce, dans les rayons médullares et entre les vaisseaux du corps ligneux. 1] y a aussi «le ces cellules jaunes et isolées jusque dans l'écorce et entre les vaisseaux de la base de la tige aérienne. Plus haut, les latiei- ières de cette tige et des pétioles ont une structure et une distri- bution analogues à celles qui existent dans le CAclidonium. Hs sont répartis autour des faisceaux vasculaires. Ces laticifères contiennent uu suc jaune, un peu rougeâtre, qui disparait à mesure que la plante avance en àge, de manière qu'i n'y en a plus vers la base de cette tige, quand les rameaux supérieurs en ren:ermenut encore. À la fin, les péricarpes en présentent presque seuls quand les fruits approchent de la maturité. Ce sue y est renfermé dans des cellules, la plupart fort allongées et à parois minces. Pendant que le suc disparaît dans la üge, les cellules qui le renferment au contact du liber, ou qui sont mêlées à ses fibres, entourées par elles, s’épaississent, quoique plus tardivement, absolument comme ces fibres hbériennes, dont 1l est impossible de les distinguer quand le latex a entièrement disparu et que l’épaississement est achevé. Cette observation, que n’eussent pas manqué d’invoquer, s'iis l’eussent connue, les partisans de la théorie qui assimile le hber aux laticifères, démontre seulement que ces laticifères sont composés d'éléments cellulaires prinutifs semblables aux cellules des tissus qu'ils traversent. J'arrive maintenant au second type de laticifères des Papavéra- cées. Dans les Papaver Rhœas, somniferum, bracteatum, elc., | ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 19 dans les Ræmeria hybrida, refracta ; dans les Argemone grandi- flora, ochroleuca, etce., les laticifères sont placés dans le tissu sous-libérien. Ils consistent en tubes parfaitement continus, assez fréquemment anastomosés dans la tige du Papaver Rhœas, mais plus rarement dans celle du Papaver somniferum. Dans Îles sépales et dans les capsules de ces Pavots, les laticifères forment au contraire un réseau extrêmement compliqué. ; J'ai retrouvé quelquefois des traces de la constitution élémen- taire dans les laticifères de la tige des Argemone ; mais, dans la racine de ces plantes, 1l est facile de suivre la transformation des séries de cellules en tubes continus et anastomosés. Ces séries de cellules, pleines d'un beau suc jaune, et trois à cinq fois plus longues que larges, accompagnent des groupes de cellules de même dirnension, qui ont la disposition réticulée des faisceaux libériens. De là aussi la réticulation de ces séries primitives de cellules à latex. Un peu plus tard, les parois transversales qui séparent les cellules superposées se perforent ; elles disparaissent même entièrement pendant que la fusion des parois latérales s’accomplit pour la transformation des laticifères en tubes par- faits. Arrivés à cet état, les laticifères des Argemone présentent deux phénomènes bien dignes d'intérêt. L'un, qui a été observé pour la première fois par M. Unger dans les Chicoracées, se montre principalement à la périphérie des racines. Là, les laticifères d'un même groupe, qui ne sont séparés que par une où deux rangées de cellules, émettent de petites ramifications, d’abord sous la forme d'anses surbaissées, lesquelles se creusent peu à peu en s’allongeant en cône. Des laticifères opposés, 1l en naît de semblables qui avancent vers les premières. Comme elles sont nées à des hauteurs correspondantes sur les deux latici- fères, elles se rencontrent par les sommets; leurs parois se ré- sorbent aux points de contact, tandis que les parois latérales se fusionnent et établissent la continuité des tubes. Des communications de cette nature s'effectuent souvent en très-grand nombre sur des espaces très-himités, non-seulement entre les laticifères d’un même faisceau, mais encore entre les ae série. Bor, T, V. (Cahier n° 4.) 4 A 50 A. TRÉCUXL, laticifères de faisceaux différents, qui peuvent être séparés par de larges espaces parenchymateux. Alors, de longues ramifica- tions très-grèles s'avancent entre les cellules qui remplissent ces espaces. Rencontrant celles des laticifères opposés, elles se gref- fent comme je viens de le décrire. Si l’un des laticifères opposés n’a pas produit de semblables ramifications, celles qui sont nées sur l’autre pourront se pro- longer jusqu'à la surface du laticifère improductif; elles y appli- queront leur pointe, qui le pressera, et finalement s’anastomo- sera avec lui. D'autres fois, ces branches latérales ne s'étendent pas jusqu'au laticifère stérile; elles s'arrêtent en chemin. Leur extrémité peut alors se dilater en une petite tête globuleuse ou déprimée. Chez certains laticifères, ces courts rameaux, ainsi terminés en tête, étant fort nombreux, communiquent à ces vaisseaux l'aspect le plus singulier. Je crois utile de faire remarquer ici que, dans les Chicoracées (Lactuca scariola, Podospermum laciniatum, etc.) aussi bien que dans les Argemone, c'est à la surface de la racine, parmi les cel- lules déjà brunies par la désorganisation, auprès d'elles, c’est-à- dire là où l’on s’attendrait à trouver le moins de vitalité, que ces Jaticifères en manifestent le plus. C’est seulement là que, dans la souche des Glaucium, sont des laticifères tubuleux ou même réticulés. J’insiste sur cette exubérance de végétation à la péri- phérie des racines, parce qu’elle n’a pas été signalée par M. Un- ger, non plus que par MM. Schacht et Hanstem. Le second phénomène que j'ai annoncé dans les Argemone s’accomplit ordinairement dans les laticifères voisins du collet, vers la base de la tige et au sommet de la racine. Là, ces latici- fères s’épaississent, mais au lieu de le faire en couches régulières, comme ceux que j'ai mentionnés dans le Macleya, 11s ne pro- duisent que des bourrelets plus ou moins rapprochés et plus ou moins régulièrement espacés, qui, dans l’Argemone ochroleuca, simulent quelquefois des spires irrégulières. Le plus souvent ils constituent des mailles larges et inégales. Dans l'4rgemone grandiflora, j'en ai trouvé d'assez rapprochés pour Rgpangrréh des fentes, ou même de larges ponctuations. ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 51 Ces beaux laticifères sont pleins d’un suc jaune comme les autres, mais, comme ils se vident assez aisément, il faudra quelque attention pour les distinguer des cellules environnantes, quand ils seront privés de leur sue, si les coupes ne sont pas suf- fisamment minces. On peut d’ailleurs les isoler par les moyens que possèdent les anatomistes, et constater leur union en réseau par des branches qui offrent les mêmes épaississements. Je terminerai cette Note par un autre faitnon moins intéres- sant. J'ai déclaré, en 1857, qu'il existe normalement du latex dans certains vaisseaux du corps ligneux. J'ai déclaré de plus qu'il y a fréquemment des points de contact entre les laticifères et les vaisseaux ponctués, rayés et spiraux. J'ai été conduit par là à supposer que le latex passe des laticifères dans les vaisseaux du bois. Cette hypothèse semble encore appuyée par l'observation que j'ai faite d'ouvertures directes entre les laticiféres et les vais- seaux ponctués, etc. (voir les Comptes rendus du 9 janvier 1865). Cependant je n'ai jamais vu s'effectuer le passage du latex d’un ordre de vaisseaux dans l’autre. Voici un fait qui tend à prouver que si un tel passage a lieu, tout le latex, du moins, contenu dans les vaisseaux du bois, n’a pas une telle origine, et qu’il peut être sécrété dans les vaisseaux rayés, ponciués OU Spiraux eux- mêmes. C'est l’Argemone grandiflora qui m'a donné cette obser- vation. Quand on étudie des coupes transversales de jeunes indi-- vidus vigoureux, on remarque souvent, sur la paroi interne des vaisseaux ponctués, etc., des protubérances jaunes, finement granuleuses comme le latex, et limitées par une membrane trés- délicate. Ces protubérances sont d’abord fort petites et inco- lores. Peu à peu elles prennent une teinte jaune qui se fonce comme le latex ordmaire de cette plante. Ces productions couvrent une portion plus ou moins grande du pourtour du vais- seau, et, plusieurs se développant dans le voisinage les unes des autres, tout ce pourtour peut en être revêtu. En s’accroissant, ces proéminences se joignent au centre de l'organe, se fusionnent quelquefois, et le vaisseau est obstrué. Par l'examen de coupes longitudinales, j'ai pu voir, dans quelques vaisseaux, jusqu’à une vingtaine de ces obstructions assez régulièrement espacées. Cna- 59 A. TRÉCUL., cune d'elles n'avait que peu d’étendue longitudinale, mais dans quelques cas le latex, produit sans doute par la réunion de plusieurs de ces centres de sécrétion, occupait une assez grande étendue. En est-il de même dans le Chelidonium ? Je ne l'ai pas vérifié, non plus que dans les autres plantes où j'ai observé un tel latex. Quoi qu'il en soit de ce phénomène, la communication directe des laticifères avec les éléments fibro-vasculaires est un fait désormais acquis à la science, et toutes les circonstances ana- tomiques tendent à prouver que le transport des éléments cédés a lieu des laticifères aux éléments du bois. Il reste à s'assurer quelle est la nature des éléments ainsi concédés, si ce sont tous les éléments du latex, ou seulement une partie, comme le liquide limpide qui tient les globules en suspension. Voilà donc encore un beau champ d'observations ouvert à l'activité des phytotomistes. S 2. Observations sur les laticifères des Convolvulacées (1). En 18114, Treviranus avait vu que dans la racine du Chelido- nium 1l existe des séries de cellules pleines de suc jaune ; mais il prétendit, comme en 1806, que le vrai suc propre était contenu dans des méats intercellulaires. C’est Moldenhawer qui, le pre- mier, démontra, ainsi que Je l'ai rappelé déjà, que ces séries de cellules sont les véritables vaisseaux du suc propre, et que dans les parties aériennes ces cellules sont transformées en tubes con- tinus par la résorption des parois transversales. Les travaux de M. C. H. Schultz vinrent distraire de cette opinion, qui n'eut que peu de partisans (Mulder). En 1845, j annonçai qu'il y a dans le Nuphar lutea des laticifères composés de cellules allongées, tout différents des vaisseaux tubuleux décrits par M. Schultz. L'ano- nyme de 1846 ramena à l'idée que les laticifères ont pour origine des méats intercellulaires. Enfin M. Unger en 1855, M. Schacht (1) Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, séance du 24 avril 1865. ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 25 en 1856, etc., revinrent à la doctrine de l'origine cellulaire, qui commence à prédominer. Dès le début de mes études sur ce sujet, je fus frappé de l’omission des Convolvulacées dans le Mémoire de l’anonyme de 1846. C’est pourquoi ces plantes, éminemment lactescentes, furent des premières l’objet de mes recherches. Ayant connu tout récemment la publication du travail de M. À, Vogtsur le Convol- vulus arvensis, dans lequel 11 admet avec raison la fusion des cellules, je prends le parti de divulguer les résultats que j'ai obtenus dans plusieurs genres de cette famille. Ils sont conformes à la théorie de l’origine cellulaire, et font connaître un état par- ticulier fort remarquable du latex dans les cellules primitives. Mais les laticifères des Convolvulacées ne deviennent pas toujours tubuleux. M. Lestiboudois, qui ne les décrit que dans la racine des Convolvulus nervosus, Turpethum, et dans une autre Con- volvulacée du Brésil, les signale comme composés de cellules. C’est qu’en effet ils sont quelquefois uniquement formés de séries d'utricules restées distinctes. Ainsi, à la base de la tige aérienne et dans le rhizome du Calystegia sepium, ils conservent assez souvent cette constitution. Tantôt les articulations de toutes les cellules subsistent, tantôt il n’y en à une que çà et là, à des dis- tances plus ou moins éloignées. D'autres fois les tubes sont con- tinus sur de longues étendues. Les cellules constituantes, quand elles persistent, ont des propriétés différentes de celles du paren- chyme voisin. Au lieu de bleuir et de se dissoudre aisément, comme ces dernières, sous l’influence de l’iode et de l’acide sul- furique, les cellules des laticiféres du rhizome du Calystegia sepium deviennent jaunes ou restent incolores suivant leur âge, et résistent davantage à l’action de l'acide. Des séries de cellules à latex se retrouvent dans les nervures de feuilles déjà avancées dans leur développement. Dans des feuilles de Quamoclit globosa appartenant à des mérithalles en- core jeunes, mais dont les laticifères étaient déjà tubuleux, je n'ai trouvé que des laticifères composés de cellules. Pourtant j'ai isolé de longs fragments de tubes continus des feuilles du Batatas edulis. ol ! A. TRÉCUL. De telles séries de cellules pleimes de latex s’observent aisément au sommet des jeunes rameaux, et tous les éléments utriculaires qui les composent sont de nature parenchymateuse ; seulement leurs utricules surpassent un peu en largeur et en longueur la dimension des cellules du parenchyme environnant. Ces séries de cellules existent dans l’écorce et dans la moelle, où les lati- ciières de ces plantes sont dispersés. Elles sont surtout remarquables dans le Calonyction bona-nox. Là, comme ailleurs, elles sont plus larges que les cellules voisines; mais fréquemment elles ne possèdent qu'à peu près la longueur de ces dernières. Cependant elles peuvent être aussi beaucoup plus courtes, car j'ai trouvé, vers la mi-août, dans l'écorce des bourgeons axillaires, des séries de cellules très-déprimées, cinq à six fois plus courtes que larges. Elles semblaient nées d’une division qui se serait prolongée ici plus tardivement que dans les autres cellules à latex de la même plante. On remarquait en effet quelquefois parmi elles des groupes elliptiques qui parais- saient indiquer l'étendue de la cellule mère. Quelques-unes de ces jeunes cellules étaient encore dépourvues de latex; dans quelques autres, de fines granulations entouraient un nucléus homogène, hémisphérique, inséré sur l’un des côtés de la cel- lule; mais les granulations ne semblaient pas avoir été sécrétées par ce nucléus. Ailleurs, cet organe n'existait pas : un petit amas de granules était seul visible. Le plus souvent, dans ces très-courtes cellules, le latex apparaissait dans la partie moyenne, dans l'axe vertical de chaque utricule. Il y avait là une accumu- lation de très-fines granulations, qui s’étendait graduellement dans la cavité cellulaire et finissait par la remplir. Dans quelques utricules, il se faisait un petit groupe secondaire de ces granules, qui se réunissait ensuite à la masse principale. Au sommet de tiges vigoureuses de ce Calonyction, où les cel- lules à latex sont plus longues que celles que je viens de décrire, cette apparition graduelle des granulations est aussi très-remar- quable. (Je l’ai observée de même dans le Pharbitis nil.) Un groupe de granulations se forme assez fréquemment sur l'une des parois transversales ; mais ce groupe n’a pas pour centre le nucléus. ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES,. 55 (Celui-ci, petit, globuleux, homogène, isolé sur une autre partie de la cellule, n’émettait aucune sécrétion.) Peu à peu la produc- tion des granulations se propageait à travers tout le liquide ou plasma cellulaire qui en était le générateur, et elle se faisait de telle manière, que la quantité des granules dimimuait progres- sivement à partir du point initial. Dans d’autres cellules, cepen- dant, l’évolution des granules avait lieu à peu près en même temps dans toute la cavité utriculaire. Dans quelques laticifères dont les cellules étaient beaucoup plus grandes que les précédentes, les globules du latex, plus vo- lumineux aussi, se développaient surtout vers le centre de la cellule. Ils apparaissaient encore, mais en bien plus petite quan- tité, au pourtour des mêmes cellules. L'une des plantes les plus intéressantes sous le rapport de l'apparition et du volume des globules du latex, c’est le Quamo- clit globosa. Les cellules originelles des laticifères, suivant la forme du parenchyme dans lequel elles naissent, sont tantôt plus longues, tantôt plus courtes que larges. Dans certains lati- cifères, les globules occupaient le centre de toutes les cellules sans exception; la périphérie en était toujours complétement dépourvue dans le principe. Mais ce qui donnait encore à ces séries de cellules un aspect singulier, c’est le volume égal de ces granules, qui était fort régulier dans chaque cellule. En effet, sur de longues files, les cellules avaient leur centre occupé chacun par un groupe de beaux globules de 0"",01 à 0"*,02 de diamètre. Dans d’autres séries d'utricules, au contraire, les granulations étaient beaucoup plus fines : elles n'avaient que 0"",0025 environ, mais elles étaient accumulées au centre des utrcules avec la même régularité, laissant à la périphérie une élégante lisière tout à fait dépourvue de granulations. Dans quelques cas, certaines cellules à granules fins alternaient avec les cellules à granules volumineux, comme pour prouver l'iden- tité de leur nature. Dans des séries de cellules beaucoup plus grandes qui siégent à la base des pétioles, à l'insertion de ces organes sur la tige, les globules du latex sont bien plus volumineux encore. Il n'y en à 56 A. TRÉCUL. que quelques-uns dans chaque utricule, souvent mème un seul énorme, qui en remplit presque entièrement la cavité. J'ai me- suré de ces globules du latex qui avaient jusqu'à 0°*",07 sur 0"",04. Je dois ajouter 1c1 que ces gros globules ne sont point le résultat d’un accident, tel, par exemple, que celui qui est dû à l’action de l'eau. En effet, le latex des Convolvulacées est en partie soluble dans l’eau, ce qui fait qu'au contact de ce liquide les globules s'altérent et se réunissent souvent en masses plus ou moins considérables. Tel n’est point le cas pour ceux que je dé- cris ici. Je me suis tenu bien soigneusement en garde contre cette déformation. | Quand le latex s'est ainsi développé, les parois transversales des utricules sont résorbées. Ces utricules se fusionnent en tubes continus, qui ne montrent ordinairement plus de trace de leur origine cellulaire lorsqu'on vient à les isoler. Ces tubes sont alors pleins d’un latex plus ou moins finement granuleux. Ce latex à conservé la dimension régulière de ses grains ou globules, ou bien ceux-c1 sont de dimensions variées, ce qui est dû sans doute à la réunion de plusieurs de ces globules en un seul. Plus tard, le latex devient homogène, et souvent, surtout dans la moelle, 1l se colore en jaune brunâtre ou orangé plus ou moins foncé; mais fréquemment aussi il reste incolore. Après être devenu homogène, le latex diminue graduellement, et 1l finit probablement par disparaître tout à fait dans certains tubes. J'ai observé ce changement d'aspect du latex et sa ré- sorption dans toutes les espèces que j'ai étudiées ; mais c’est surtout dans le Batatas edulis que j'en ai le mieux vu le commen- cement. Au sommet d'une tige où les tubes étaient continus depuis peu de temps, ceux-ci avaient des granulations très-fines. Plus bas sur la tige, les laticifères de la moelle contenaient de grosses gouttes mêlées à ces fines granulations. Plus bas encore, ces dernières n’existaient plus, et les gouttes ou gros globules s'étaient réunis en masses, dans lesquelles on reconnaissait parfois la forme de beaucoup de globules agglomérés. Ailleurs le suc était homo- gène (il a dans cet état une grande densité). Puis, à un âge plus een ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 57 avancé, ces masses diminuaient de volume : remplissant primi- tivement toute la largeur des tubes, elles sont réduites peu à peu à des masses courtes ou à des colonnes qui deviennent de plus en plus grèles. Elles peuvent être atténuées en filets irréguliers, qui n’occupent plus qu'une partie minime du diamètre des lati- cifères. De longs espaces sont même trouvés entièrement vides. Je n'ai pas eu à ma disposition de tige assez âgée pour voir ce que deviennent ces tubes. Très-souvent ces laticifères sont com- primés par les cellules voisines, et, dans le Pharbitis purpurea, j'en ai observé qui avaient presque complétement disparu entre les cellules, et pourtant on retrouvait leur fine membrane quand on cherchait à les isoler. Tous les laticifères d’un même mérithalle ne sont pas au même degré de développement. D'un jeune rameau de Quamoclit glo- bosa, j'ai obtenu quelquefois, dans la même coupe longitudinale, trois états différents : L° des laticifères encore formés de cellules distinctes ; 2° des laticifères tubuleux et pleins de fines granula- tions; 3° des laticifères dont le latex était déjà homogène, et jauni quelquefois. Le suc laiteux des Convolvulacées change donc d'aspect avec l’âge. Ce changement de propriété se traduit encore d’une autre manière. Quand on isole ces laticifères par la coction dans la potasse, leur suc se solidifie en une masse, dans laquelle on aper- çoit souvent encore la trace des granulations. Cette modifica- tion arrive plus tôt dans la moelle que dans l'écorce ; car lorsque le latex de tous les vaisseaux de cette moelle se concrète déjà par cette coction, celui des laticifères de l'écorce se résout en gouttes ou en colonnes liquides d'un beau jaune. J'ai observé aussi ces deux états dans un même pétiole. | I résulte de ce qui précède : 1° que les laticifères de ces Convolvulacées n’ont pas pour origine des méats intercellulaires ; 2° qu'ils naissent de la fusion de cellules en séries ; 3° que ces laticiferes sont bien distincts des fibres du liber, opinion que je soutiens depuis longtemps déjà pour des laticifères appartenant à d’autres familles. 08 A. TRÉCUL. S 3. Sur les laticifères ct les fibres du liber ramifiées dans les Euphorbes. Maladie des laticifères (1). —— M. de Mirbel décrivit, en 1809, deux sortes de vaisseaux propres dans les Euphorbes : les uns formés par des lacunes éparses dans l'écorce, les autres par les faisceaux du liber. Plus tard, MM. C. H. Schultz et Meyen crurent que les vaisseaux du latex composaient un système réticulé répandu dans toutes les parties du végétal. Mais, après que Meyen eut découvert les fibres du liber ramifiées de l’Æoya carnosa, et que M. Schleiden eut signalé les ramifications en cæcum des laticifères des Euphorbes, la théorie libérienne redevint en faveur. Elle fut soutenue prin- cipalement par MM. Reisseck et Schacht. Enfin, M. Dippel regarde les laticifères comme les vaisseaux du liber, et M. Han- stein les subordonne aussi au système libérien. De mon côté, j'ai dit comment ils me paraissent se rattacher aux organes de la nutrition; j'en reparlerai plus tard. Aujourd'hui j'ai pour but de soumettre à l’Académie quelques faits qui concernent les diverses questions débattues. J'ai rappelé tout à l'heure qu'il a été trouvé des fibres du liber rameuses dans les Asclépiadées. Il ne sera pas sans intérêt d'en signaler dans les Euphorbes. Les Euphorbia rhipsaloides et æylo- phylloides m'en ont offert de beaux exemples. Dans le premier, des cellules fibreuses sont répandues dans l'écorce jusqu'au con- tact de l’épiderme. Le plus souvent simples, quelquefois rami- fiées, elles s'étendent dans toutes les directions. Quelques-unes, verticales dans une partie de leur longueur, se recourbent, mar- client horizontalement, s'incurvent de nouveau etarrivent, apres plusieurs sinuosités, sous les cellules épidermiques, où elles se prolongent sur une longueur plus ou moins considérable. Dans l'écorce de l'£Æuphorbia æylophylloides elles ont le même aspect et la même disposition; mais, dans cette dernière plante, elles (4) Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, séance du 14 août 1865. ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 59 sont également disséminées dans la moelle, où elles mêlent, ainsi que dans l'écorce, leurs sinuosités à celles des laticifères. La distribution et la ramification de ces fibres font naître l’idée de laticifères qui auraient été remplis par le dépôt de couches d’épaississement. Cependant elles ressemblent tout à fait aux fibres du liber en faisceaux qui existent dans l’écorce interne, et qui diffèrent au plus haut degré des laticifères contigus à ces faisceaux. En effet, les plus grosses de ces fibres n’ont qu'environ 0°",035 de diamètre. Les laticifères de l'écorce interne sont au contraire beaucoup plus volumineux. Un peu comprimés, ils ont souvent 0"",10 sur 0"”,06 de largeur dans l'Euphorbia rhipsaloides, et de 0"",05 à 0"",16 sur 0"",09 dans l’Euphorbia æylophylloides. De plus, la membrane demeure assez mince dans les laticifères de ces deux espèces, en sorte qu'il faut éloigner toute idée de transformation par dépôt de couches d’épaississe- ment. Les fibres du liber sont du reste souvent longues. J'en ai mesuré qui avaient 6 et d'autres 41 millimètres dans l'Euphor- bia rhipsaloides. Les fibres du liber ramifiées n’établissent pas une transition avec les laticifères aussi réelle que l'ont cru certains anatomistes. D'abord, le nombre des branches de ces cellules est toujours très-limité, de cinq à six au plus, et très-souvent il n’y a qu’une ou deux bifurcations. En outre, les fibres ramifiées sont relati- vement rares dans ces Euphorbes et dans les Asclépiadées. Il en est tout autrement pour les laticifères des Euphorbes. Leurs ramifications sont extrèmement nombreuses et leur étendue est tout à fait Inconnue. Je suis peu disposé à croire que MM. Schlei- den et Schacht aient isolé des cellules entières comme ils l'ont pensé. [ls n'ont pu voir que des fragments pourvus de branches terminées en cæcum. D'ailleurs, le moyen employé par M. Schlei- den (la coction dans l'acide nitrique) rend ces vaisseaux trop transparents et trop fragiles pour qu’il soit permis de les bien observer. D'un autre côté, la multiplicité de leurs ramifications forme un tel enchevêtrement, qu'il est impossible de les mettre en liberté, en supposant toutefois qu'ils ne constituent pas un tout continu. 60 A, ‘'ERÉCUL, Je suis parvenu à isoler un fragment de laticifere de l’'Euphor- bia globosa, dont l'ensemble des branches représente une lon- gueur de 93"",50. Ce fragment avait cent vingt bifurcations, et cependant sept de ses branches principales et un grand nombre de ses ramifications latérales étaient cassées. Les divisions ex- trèmes de ces laticifères rappellent quelquefois, par leur nombre, par leur brièveté et par leur rapprochement, certaines glandes des animaux. | Suivant les botanistes qui assimilent les laticifères des Eu- phorbes aux fibres du liber, ces vaisseaux ne représenteraient pas un système vasculaire complet, comme l'ont pensé MM. Schuliz et Meyen, qui croyaient les laticifères unis entre eux de manière à produire un réseau étendu dans toute la plante. Un tel réseau existe dans plusieurs familles. Il a été signalé dans les Chicoracées par MM. Unger et Schacht, et M. Hanstein l'a très-bien fait ressortir dans les Chicoracées, les Campanulacées et les Lobéliacées, chez lesquelles je l'ai observé moi-même. Il n’en est pas de même dans les Euphorbes. Je n’ai jamais trouvé une maille dans aucune partie de ces végétaux, n1 dans les feuilles, ni à la surface des tiges, où ces vaisseaux sont si nombreux parfois et s'entrecroisent tellement sous l’épiderme, qu’ils simulent un réseau qui n'existe pas en réalité (£. polygona, E. colletioides). Malgré l’absence de réseau, malgré les parois épaisses qu'ils présentent dans quelques espèces, les laticifères des Euphorbes ressemblent moins à des fibres du hber que ne le pense M. Han- stein lui-même, qui n’admet pas l'identité de ces deux sortes d'organes. Ce que je viens d'exposer le prouve, et une expé- rience déjà ancienne, puisqu'elle est une modification d'une autre décrite par Carradori en 1805, le démontre également. Elle consiste à prendre deux plantes entières, de même di- mension, d’un Euphorbe annuel (d'Euphorbia Hehoscopia ou Peplus, par exemple). Sur l’une on coupe un des rayons de l’'ombelle. Il en sort une quantité notable de suc lateux. Sur l’autre plante on tranche d’abord la tige au-dessous de l'om- belle. Quand le latex cesse de couler, on coupe un des rayons ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. G1 de celle-ci. Le latex ne coule pas de ce dernier, ou en sort seu- lement en quantité bien moindre que dans la première plante. Il demeure évident par là qu'il y a communication entre les lati- cifères de l’ombelle et ceux de la tige, ce qui n'aurait pas lieu si l’on avait affaire à des cellules lactescentes comparables aux fibres du liber. Voici un autre fait bien connu des horticulteurs, et qui équi- vaut à l'expérience précédente. Un rameau d'Euphorbia cana- riensis, qui avait déjà été étêté, fut coupé. Il en sortit comme un flot de latex, qui se répandit dans toutes les directions autour de la tige. 11 coula jusqu'à la base de celle-c1 et s'épancha abon- damment sur la terre. Cette grande émission de latex ne saurait être compatible avec des vaisseaux de la dimension des cellules libériennes les plus longues. Je ne mentionnerai ici la marche quelquefois sinueuse des laticifères à travers les corps ligneux, et leur communication avec ceux de la moelle à travers les rayons médullaires, que pour en citer de nouveaux exemples, qui m'ont été donnés par les Euphorbia rhipsaloides et sanguinea, les Jatropha acuminata et podagrica (1). Le latex de ces deux dernières espèces offre un caractère qui mérite d'être signalé. Ce latex, au lieu de renfermer des grains amylacés comme celui des Euphorbes, contient de gros grains qui jaunissent ou brunissent sous l'influence de l'iode, et de plus, dans le Jatropha podagrica, is ont fréquemment la forme de prismes avec des angles aigus et des arêtes vives. Je terminera cette Note par la description d'un état patho- logique des laticifères, qui me fut présenté par l’Euphorbia rhipsaloides. Un grand et magnifique exemplaire de ce végétal mourut. Il avait une nécrose qui s'étendait des racines à la base (1) Note de l’auteur. — Voyez les Comptes rendus du 3 décembre 1860 pour la marche des laticifères de certains Euphorbes et de quelques autres Dlantes à travers le corps ligneux. — Les vaisseaux du latex très-ramifiés et notablement épaissis de l'écorce et de la moelle du Jatropha podagrica offrent de nombreuses ponctuations ; ceux du Jatropha acuminata en présentent aussi quelquefois, mais moins fréquemment, et elles sont plus rares quand elles existent. 62 A. TRÉCUL, de la tige. Au-dessus de cette nécrose, dans la partie de la tige qui paraissait saine, tous les laticifères étaient altérés à leur pas- sage de l’écorce dans le bois, dans lequel ils étaient fort nom- breux. L'altération qu'ils subissaient semblait commencer dans les cellules des rayons médullaires contiguës. Ces cellules se dilataient d'abord, et souvent assez pour comprimer les latici- féres, puis elles se dissolvaient. Cependant la dissolution de ces cellules arrivait aussi quelquefois sans que les laticifères eussent perdu leur forme cylindrique. Dans ce cas, la membrane de ces vaisseaux était seulement jaunie et environnée d’une substance amorphe résultant de la dissolution des cellules. Mais, fréquem- ment aussi, la membrane du laticifère s'épaississait sur une partie de son pourtour; ensuite elle se décomposait en plusieurs strates minces, à la manière des cellules subissant la transfor- mation gommeuse. Cette décomposition s’étendait peu à peu à toute la périphérie du vaisseau; enfin la dissolution de celui-ci avait lieu. Il ne restait alors qu'une mâtière sans forme, avec quelques débris membraneux à la place du laticifére et de quel- ques cellules du rayon médullaire. Ce fait me semble être de quelque utilité pour la physiologie. L'état morbide de cette plante, paraissant commencer par l’alté- ration des laticifères, n'indique-t-1l pas que ces organes jouent un rôle plus important que celui qui, selon certains anatomistes, consisterait à recueillir des matériaux inutiles à la végétation? $ 4. Laticifères et liber des Apocynées et des Asclépiadées ; vaisseaux sous-cuticulaires ; laticifères se déroulant en hélice (1). Hill le premier, en 1770, confondit des fibres du hber avec les vaisseaux propres. Puis vint M. de Mirbel, qui trouva dans les Apocynées et les Asclépiadées des vaisseaux propres isolés, for- més par des lacunes, et des vaisseaux propres fasciculés (les fibres du liber) Plus récemment, MM. Schleiden, Mulder, Kunth, Reisseck, Schacht, Willkomm, Schumacher, crurent voir du (1) Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, séance du 26 juin 1865. ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 6Gà latex dans le liber des Apocynées et des Asclépiadées. L'existence des fibres de liber ramifiées favorisa cette confusion. Pour la résoudre, il suffit de comparer le suc laiteux du Vinca major au suc contenu dans les fibres du liber de la même plante. On s'aperçoit tout de suite que les granules incomparablement plus fins de ces dernières sont bien différents de ceux du suc lai- teux (1). Il me reste à déterminer si les fibres rameuses qui serpentent avec les laticifères dans le parenchyme des feuilles de l’'Æoya carnosa, et que J'ai retrouvées dans les feuilles de quelques autres espèces de ce genre et dans celles des Physostelma campanulata, Centrostemma multiflorum, doivent être attribuées aux laticifères ou fibres du liber. Il y avait là une difficulté réelle, car, entre ces fibres épaisses et les laticifères, on observe toutes les gradations. Pourtant, il est un moyen facile de résoudre ce problème : c’est de comparer l’évolution de ces fibres à celle du liber de la ner- vure médiane. On s'assure par là de leur identité. Les fibres qui serpentent dans le parenchyme se relient par une de leurs extré- mités à celles des petites nervures, ces dernières à celles des ner- vures secondaires; enfin celles-ci se confondent avec le liber de la nervure médiane: elles sont évidemment de même nature. Or, 1l est aisé de constater qu'à aucune époque les faisceaux libériens de cette nervure ne contiennent de latex. On peut suivre l’épaississement de leurs fibres, qui, par cet épaississe- ment même et par leur contenu, sont, à tous les âges, différentes des laticifères voisins, dont la membrane reste mince et la cavité pleine de suc laiteux. Les laticifères et les fibres du liber différent autant par leur membrane que par leur contenu. L'espace ne me permettant pas de pousser plus loin la comparaison, je me bornerai à décrire ici sommairement les caractères des laticifères. Moldenhawer, le premier, observa leur membrane tubuleuse (4) Note de l'auteur. — M. Lestiboudois ayant cherché, en 1863 (Comptes rendus, t. LVII, p. 23), à établir la distinction des fibres du liber et des vaisseaux propres de l'Asclepias syriaca et autres espèces du même genre, je me crois dans l'obligation de rappeler que je l'avais déjà fait dans une note publiée dans l’Institut du 2 juillet 1862. 6h A. TRÉCUL., dans l’Asclepias fruticosa, et crut que ces vaisseaux naissaïent de la fusion de cellules elémentaires. J'ai indiqué, le 26 juin, com- ment on fut amené à les regarder comme de simples cellules plus ou moins ramifiées, après l'observation de M. Schleiden sur les Euphorbes. Déjà, en 1862, jai émis des doutes sur l'exactitude de cette opinion, et depuis je ne suis point parvenu à isoler com- plétement une seule de ces cellules, pas plus que dans les Euphorbes. J'ai, au contraire, fait des observations qui tendent à appuyer l'idée que j'ai avancée, d’un système continu de laticiféres ramifiés dans les Apocynées, les Asclépiadées et les Euphorbes. En voici une aussi qui paraît confirmer l’asser- tion de Moldenhawer sur la constitution primitive de ces vais- seaux. J'ai vu dans l'écorce et dans la moelle de l’Apocynum cannabinum (dont je conserve des préparations) des séries de cellules pleines d'un suc semblable au latex. En quelques endroits, ces cellules, ordmairement de même longueur ou un peu plus longues et plus étroites que les cellules voisines, paraissent fusionnées en cellules beaucoup plus grandes. J'ai mème obtenu des laticifères deux fois bifurqués, qui étaient ainsi formés de cellules sur uñe portion de leur étendue. Ces faits semblent indiquer que ces vaisseaux du latex sont originairement composés de cellules superposées. Malgré ces observations positives, 1l est douteux que tous les laticifères des Apocynées et des Asclépiadées naissent ou se pro- longent ainsi, car 1l y a des phénomènes non moins précis qui ten- dent à démontrer que ces vaisseaux propres s'allongent par la seule extension de leur membrane. C’est 1° qu'il existe dans l'embryon des Asclepias Cornuti, mexicana, Oxypetalum sola- noïdes, etc., et dans celui de l’Æ£uphorbia Lagascæ, des latici- fères tubuleux ramifiés, étendus dans la tigelle et dans les coty- lédons, où ils se subdivisent un grand nombre de fois; 2° c'est que dans les jeunes feuilles du Cryptostegia grandiflora, de l'Eu- phorbia sanguinea, etc., les laticifères semblent réellement s’allonger, se ramifier d’une nervure dans une autre et à tra- vers le parenchyme par simple extension, sans qu'il y ait forma tion ni fusion de nouvelles cellules à leur extrémité. ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 69 Comment concilier ces deux sortes de faits en apparence con- tradictoires? C’est que peut-être il naît dans l'Apocynum cannabi- num, etc., à une époque tardive, de nouveaux vaisseaux du latex qui se forment comme je viens de l’exposer. D'alleurs les deux modes de production et d'élongation ne sont pas incompatibles. J'ai cité dans les Chicoracées et dans les Papavéracées des lati- cifères qui, nés de la fusion de cellules superposées, émettent latéralement des ramifications quelquefois très-longues. D'un autre côté, entre les longs rameaux en cæcum que l’on observe souvent, par exemple dans le Plumeria alba, et les simples anses ou saillies que fait la membrane des laticifères à la jonction des cellules contiguës, il y a toutes les transitions, de manière qu il est impossible de douter que ces larges rameaux en cæcum ne résultent d’une dilatation de la membrane vasculaire. La ramification des laticifères est la même dans les feuilles des Euphorbes, des Apocynées et des Asclépiadées ; mais ces vaisseaux sont hegucoup moins branchus dans la tige des plantes de ces deux fanulles que dans celle des Euphorbes. Ces ramifications paraissent même former moins souvent qu'on ne le croit généra- lement un plexus à travers la moelle, vis-à-vis l'insertion des feuilles. Un tel plexus existe dans les 4sclepias Cornuti, Marsde- nia erecta, Metaplexis chinensis, etc. Dans le Periploca græca je n'ai vu que quelques branches de laticifères de la moelle s’éten- dant horizontalement pour se rendre aux feuilles, et dans les Apocynum cannabinum et hypericifolium ces branches horizon- tales sont plus rares encore. Enfin, dans le Plumeria et dans l’'Amsonia salicifolia, dont les feuilles sont alternes, je n’ai pas vu de trace d’un tel plexus. . Trois espèces seulement m'ont offert jusqu’à présent des rameaux de laticifères allant de l'écorce dans la moelle, en pas- sant à travers le bois, à la faveur des rayons médullaires. Ce sont les Cryptostegia grandiflora, Centrostemma refleœum, Beaumontia grandiflora. Ces laticifères se bifurquent parfois dans le corps ligneux du Cryptostegia grandiflora. La membrane des laticifères est le plus souvent mince dans les plantes qui nous occupent. Cependant elle acquiert une notable 9° série, Bor. T. V. (Cahier n° 2.) 1 5 66 A. TRÉCUL,, épaisseur dans quelques espèces. Elle est même quelquefois ponc- tuée dans le Plumeria et dans le VNerium. Ces deux plantes sont encore remarquables chacune à un point de vue particulier. Dans le Nerium 1l y a deux sortes de laticiféres : L° ceux de première année, qui occupent l'écorce externe et la moelle, ont la mem- brane notablement épaisse, cà et là poreuse, et le suc non lai- teux quoique granuleux ; 2° ceux dé l'écorce sous-libérienne, qui ont la paroi mince et le sue blanc de lait vers la troisième année. Dansle Plumeria alba, outre les ponctuations, qui tantôt sont rares (souvent nulles), tantôt fort nombreuses, les laticifères d’une pousse vigoureuse m'ont offert en juillet un phénomène inconnu jusqu'ici dans cette sorte de vaisseaux. Ces laticifères se déroulaient en longues hélices, dont la lame avait environ 0"",01 à 0"",015 de largeur. (J'en conserve en flacon de nom- breux spécimetis.) J'ai dit plus haut comment les laticifères s’allongent à travers lé parenchyme de feuilles. Ils traversent même assez souvent les lacunes et peuvent aussi se terminer en cæcum au miheu de celles-ci. L'Echites peltati, qui m'en à donné des exemples, est encore digne d'attention en ce que les rameaux des laticifères qui s’étendent sous les deux épidermes de sa feuille aboutissent quelquefois aux cellules basilaires des poils, s’y terminent, où passent seulement à leur contact sans laisser voir de commu- nication directe. A Il n'en est pas de ième pour de singuliers vaisseaux que j'ai rencontrés dans les Couches d’épaississement sous-cuticu- laires des feuilles de l’Arauja sericofera. Ces vaisseanx sont très-sinueux. En décrivant leurs méandres élégants, ils arri- vent souvent au contact des poils et ils communiquent au moins quelquefois avec ceux-ci par des ouvertures directes. Ils ont aussi des rameaux en Cæcum, dont quelques-uns aboutissent à la base de ces poils comme ceux de l'Echites. Leur tube est cylindrique et détermine une saillie à la surface de la feuille. Le suc de ces vaisseaux ne contenant que très peu de granula- tions, j'ai douté longtemps si je devais les rapporter aux latici- fères ; mais la disposition de ceux de l'Echites peliata et l'aspect ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 67 de leur suc ont dissipé mes doutes. En effet, les ramifications qui rampent sous l'épiderme des deux faces de la feuille de cette der- nière plante ont le plus fréquemment un suc privé de granules, bien qu’à une petite distance, entre les cellules vertes, les pro- longements des même tubes soient plems d'un suc très-riche en granulations. 1 y à donc parité, sous ce rapport, entre ces vais- seaux de l’Echites peltata et ceux de l’Arauja; seulement ceux-ci sont sous-cuticulaires, ceux-là subépidermiques. Les vaisseaux sous-cuticulaires de l’Arauja sericofera sont très-nombreux à la face inférieure des feuilles parfaites (octobre) ; 1ls sont, au con- traire, très-rares et fort peu développés à la face supérieure. & 5. Des laticifères dans les Chicoracéés (4). M. C. H. Schultz a isolé par la macération des laticifères réti- culés de quelques Chicoracées, mais il n'a pas reconnu leur siège dans la tige; il les a confondus avec les éléments libériens ou cribreux. L'anonyme de 1846 à indiqué leur position la plus fréquente au pourtour externe du liber de la tige. M. Unger a vu les rameaux latéraux qu'ils envoient les uns vers les autres, et par lesquels 1ls contractent de nouvelles anastomoses. M. Schacht à étudié ces vaisseaux dans les Sonchus, et leur attri- bua la même position que l’anonyme cité. Enfin, M. Hanstein a distingué les laticifères des Chicoracées en corticaux et en mé- dullaires. Les corticaux sont au côté externe du hiber, et il n’y en a que peu dans le tissu cribreux de l'écorce. Ceux de la moelle sont mêlés à des fascicules cribreux opposés aux faisceaux vas- culaires. Ce botaniste vit, comme ses prédécesseurs, que les lati- cifères de l'écorce, appartenant à un même faisceau, sont fré- quemment anastomosés entre eux ; mais 1l crut que ceux de faisceaux différents ne sont que très-rarement reliés les uns aux autres dans Îles entre-nœuds. Au contraire, à l'insertion des feuilles, tout le système des laticifères serait réuni d’une triple (1) Compies rendus des séances de l'Académie des stiences, séance du 6 novembre 1865. 68 A. TRÉCUL, manière : 1° les gros laticifères des divers faisceaux s'anastomo- seraient entre eux ; 2° ceux de l'écorce et des fascicules cribreux de la moelle se relieraient à travers les rayons médullaires de cette partie de la tige ; 3° ces fascicules et leurs laticifères for- meraient une cloison à travers la moelle, vis-à-vis de l'insertion des feuilles. | Je dirai tout de suite que cette triple réunion des laticifères ne peut avoir lieu que dans une quantité très-limitée de plantes : 1° parce que la cloison que M. Hansteim croit exister dans toutes les Chicoracées ne se trouve que dans un petit nombre (je ne: l'ai vue, jusqu’à présent, que dans le genre Sonchus : S. ciliatus, maritimus, lenerrimus); 2° parce que beaucoup de plantes de cette famille n'ont pas du tout de laticifères dans la moelle (Cichorium Intybus, Endivia, Chondrilla latifolia, Andryala sinuata, Hieracium prenanthoïdes, Tolpis virgata, Lampsana communis, Picridium vulgare, etc.). Par conséquent, dans toutes ces dermères plantes, ilne peut exister d'union qu'entre les lati- cifères de l’écorce. Mais ces laticiferes ne sont pas reliés entre eux seulement près de l'insertion des feuilles, ou ne présentent pas seulement de rares anastomoses dans les entre-nœuds. Un grand nombre d'espèces, au contraire, montrent de très-fré- quentes anastomoses sur toute l'étendue des mérithalles (Chon- drilla latifohia, Lactuca virosa, Tragopogon pratense, Cichorrium Endivia, Sonchus maritimus, etc.). De plus, il n'est pas tout à fait exact de dire que les laticifères de la tige existent seulement à la limite externe de la région du liber, et qu'iln"y en a que peu dans le tissu cribreux sous-jacent. L'examen de la tige de diverses plantes à toûtes les hauteurs conduit à un tout autre résultat. Il est vrai qu'en général, dans les parties supérieures de la tige, les laticiféres sont placés à la limite externe du système libérien. Mais, dans certaines plantes, à mesure que l’on descend sur les axes, l'aspect des coupes trans- versales se modifie. Il apparaît des laticifères sur le côté interne des faisceaux ; et, plus tard, le tissu cribreux, se développant au-dessous, est mêlé lui-même de nombreux vaisseaux du latex. Le Sonchus tenerrimus est une des espèces les plus remarquables ÉTUDES SUR LES LATICIFÉRES, 69 à cet égard. Dans les parties encore jeunes de ses rameaux, les laticifores forment des ares au bord externe des faisceaux du liber. Plus bas sur les rameaux, ces faisceaux sont complétement entourés de laticifères. Plus bas encore, le tissu cribreux se dé- veloppe sur leur face interne, et, à la base de la tige, il forme de grandes lames rayonnantes mêlées d’une multitude de vaisseaux du latex. Le même phénomène se présente, mais à un plus faible degré, à la base de la tige du Picridium tingitanum. I est plus faible encore à la partie inférieure du Lactuca virosa, etc. Ces rayons du tissu eribreux se prolongent dans la racine où ils prennent souvent un très-grand développement. À mesure que la racine grossit, 1ls refoulent vers l'extérieur les faisceaux primitifs ; puis, comme les faisceaux ligneux se subdivisent en vieillissant, les rayons du tissu cribreux se partagent de même ; en sorte que s'il y en avait un, deux ou trois sous chaque fais- ceau du hiber primitif, il pourra y en avoir deux, quatre ou six dans l'écorce interne sous-jacente. Mais ces rayons du tissu cri- breux ne forment pas des lames continues de la circonférence au centre ; ils sont çà et là interrompus par du tissu cellulaire. D'un autre côté, la dilatation des cellules, la traction que les tissus subissent dans l'écorce externe par l'accroissement en diamètre de la racine, tendent à détruire la régularité de l’arrangement initial. | Cette disposition rayonnante des faisceaux de la racine paraît très-fréquente dans les Chicoracées. Les T'ragopogon porrifolius, pratensis, Picridium lingitanum, T'olpis virgata, etc., en four- nissent des exemples. Et cependant elle paraît avoir été mécon- nue par M. Hanstein, qui semble avoir été frappé surtout par la disposition en couches concentriques des faisceaux corticaux de la racine du Taraæacum ; ce qui le fait incliner à penser qu'une telle distribution concentrique doit exister dans les autres genres. Pourtant 1l la trouve moins régulière dans les genres Sonchus, Lactuca, Scorzonera, Chondrilla, et il ajoute que les laticifères sont en groupes épars, quelquefois isolés. Dans ces quatre genres, la disposition des faisceaux est la rayonnée que J'ai décrite plus haut, et les rayons se bifurquent 20 A. TRÉCUL. de même dans l'écorce interne. Toutefois, dans un Chondrilla latifolia très-vigoureux, l'écorce se partageait en strates au som- met de la racine et près des feuilles radicales en vieillissant. Il est à peine nécessaire de dire que ces faisceaux sont reliés à la manière de ceux du liber. Or, c’est entre leurs éléments que sont répandus les latigifères, qui y sont souvent en majorité, surtout dans les parties externes des rayons ; ils y sont nés de cellules qui se sont fusionnées en tubes continus. Tous ces tubes communiquent entre eux de facon à former un réseau. Cette continuité des vaisseaux s'effectue de trois manières : 4° par la fusion de cellules superposées ; 2° par la perforation plus ou moins fréquentes des parois latérales, quand deux cellules ou vaisseaux sont contigus ; 3° quand les vaisseaux sont éloignés, ils envoient les uns vers les autres des branches qui naissent sous la forme d’anses. Celles-ci s'allongent entre les cellules ou même à travers, se soudent par les extrémités avec les branches simi- laires qu’elles rencontrent, puis se fusionnent avec elles. J'ai décrit dans les Comptes rendus du 13 mars 1865 la végétation exubérante de ces laticifères à la surface des racines du Podo- spermum laciniatum et du Lactuca Scariola, où ils produisent quelquefois un nombre si considérable de ces ramifications qu’elles se touchent latéralement. Dans le Tragopogon pra- tensis, etc., elles sont aussi très-remarquables, quoique moms nombreuses. Elles sont souvent fort longues; j'en ai mesuré qui unissaient des laticiferes distants de 1°",15. Ce qui ajoute à leur intérêt, c’est que cette végétation si active s’accomplit à la périphérie de la racine, où l’on s’attendrait à trouver le moins de vitalité. J'ai dit plus haut que les laticifères de la tige sont aussi réunis en réseau, soit à la faveur de l’assemblage des faisceaux libériens entre eux, soit au moyen de branches latérales qu'ils s’envoient réciproquement à travers le parenchyme. Ces branches sont tantôt isolées, tantôt plusieurs ensemble, qui s'anastomosent chemin faisant; elles sont horizontales, obliques ou plus ou moins sinueuses. Quant aux laticifores de la moelle, ils ne paraissent exister que ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 71 dans un assez petit nombre de Chicoracées. [ls accompagnent, comme on l’a vu précédemment, des fascicules de tissu eribreux qui ne sont pas toujours opposés aux faisceaux vasculaires, comme ils le sont dans les Lactuca virosa, Tragopogon pratensis, Sonchus ciliatus, maritimus, où l'on en voit de un à trois vis-à- vis des faisceaux vasculaires principaux sur la coupe transver- sale. Dans le Scolymus hispanicus, par exemple, ils sont bien encore répartis au pourtour de la moelle, mais ils sont opposés aux rayons médullaires aussi bien qu'aux faisceaux. Dans le Scorzonéra hispanica, 11 y en à d'assez volumineux vis-à-vis des faisceaux, et de plus quelques-uns sont épars dans la moelle. Dans l'Helminthia echioides, un grand nombre de ces fascicules fréquemment anastomosés entre eux (ils le sont aussi plus ou moins souvent dans les plantes que je viens de nommer) sont de même répandus dans le parenchyme médullaire. Ils sont si ténus, que leur coupe transversale n'offre, dans beaucoup de cas, que trois à quatre cellules fort étroites. Dans les feuilles, les laticifères sont placés au côté inférieur des nervures. Ils y sont anastomosés comme ceux des faisceaux corticaux de la tige, mais les anastomoses ne sont pas également nombreuses dans toutes les plantes. Elles le sont au plus haut degré dansles Chondrilla latifolia, Lactuca virosa, etc. À mesure que la puissance des nervures s affaiblit, le nombre des laticifères diminue, de sorte que les plus petits filets ne sont accompagnés que d’un laticifère. Quelques-uns de ces laticifères marchent même quelquefois isolés, c’est-à-dire sans vaisseau trachéen. Tous les laticifères de la lame, et même de la plante entière, constituent un réseau parfait. En 4805, Carradort signala dans les bractées du Lactuca sativa l'émission de gouttelettes de latex sous l'influence d’un léger contact, Un simple ébranlement un peu brusque de la tige suffit parfois pour en faire sortir de plusieurs points en même temps. Carradori attribua ce phénomène à l'érrétabilité ; mais il n'a point cherché la disposition des laticifères par rapport à la surface des bractées. J'ai observé ce phénomène dans les Lactur 7 alhissima, virosa, Scariola, augustana, stricla, Dregeana, quer- 72 A, TRÉCUL. cina, cracoviensis, livida et sativa. J'ai vu que des branches de laticitères s'élèvent verticalement, ou plus ou moins oblique- ment, de ceux des nervures, et arrivent à travers l’épiderme jusque sous la cuticule. Celle-ci étant altérée, et la fine mem- brane du laticifère aussi, il suffit quelquefois du contact des fourmis pour en faire jaillir du suc laiteux. | 8 6. Des laticifères dans les Campanulacées (1). M. Schultz a figuré des laticifères réticulés de Campanula. — Suivant l’anonyme de 1846, « les laticifères des Chicoracées, des Campanulacées et des Lobéliacées sont placés autour de la péri- phérie externe des faisceaux vasculaires; quand le hiber existe, 1l est en dedans des vaisseaux du latex ; où 1l manque, ces vaisseaux entourent immédiatement les cellules du cambium.» Aucune de ces trois propositions n’est entièrement vraie, non-seulement pour les trois familles, mais pour toutes les plantes de chacune d'elles en particulier, et la deuxième proposition n’est nullement applicable aux Campanulacées et aux Lobéliacées. — M. Han- stein a seul assez bien décrit les laticiferes de ces deux familles, quoique son travail laisse encore des lacunes considérables. 11 à vu que le siége des principaux vaisseaux du latex est dans la région du tissu cribreux qui entoure le cambium, où ils forment un réseau qui s'étend dans toutes les parties de la plante. Il a reconnu aussi que des ramifications sont répandues à travers le parenchyme de l'écorce ; mais ces rameaux seraient si rares qu'il ne les indique que comme des traces, qu'il a trouvées plus nette- ment dans le Lobelia syphilitica. Nous verrons plus loin ce qui en est. — M. Hanstein cesse d’être exact quand il prétend qu’'ab- solument aucun laticifère, aucun tube cribreux, n’existe dans la moelle, qu'aucun vaisseau du latex ne pénètre dans les rayons médullaires, et par conséquent qu'il n’y à aucune occasion à (1) L'Institut, numéro du 29 novembre 1865; Comptes rendus des séances de l’Aca- démie des sciences, séance du 27 novembre 1865. . ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 7à communication entre les laticifères et les vaisseaux du bois. — Comparant les Campanulacées et les Lobéliacées aux Chicora- cées, le même auteur ajoute que «dans les tiges des deux pre- mières familles, les plus forts troncs vasculaires n'apparaissent pas à la limite externe des faisceaux du Liber.» Cette expression donne une idée fausse de la constitution de ces plantes. Il semble, en effet, que toutes aient un liber semblable à celui de la plupart des Dicotylédones et des Chicoracées en particulier. Cependant beaucoup de Campanulacées et de Lobéliacées, probablement la très-grande majorité, sont privées de tout faisceau libérien pro- prement dit(T'upa Ghiesbreghtii, Lobelia cuneifolia, purpurascens, Wahlenbergia capensis, Campanula rapunculoides, lamufolia, sarmatica, etc.). I à fallu la désagrégation par la potasse pour me faire voir cinq à six fibres du liber très-grèles dans des tron- cons de tige d’Adenophora latifolia. Et, dans certaines espèces un peu mieux douées, il n’y a au côté externe de la zone du tissu cribreux que quelques fibres isolées ou par petits groupes de deux à quatre ou cinq, épars sur la coupe transversale (Siphocampylus . microstoma, Lobelia triquetra, urens). Parmi les plantes que j'ai étudiées, une seule, le Platycodon autumnalis, a offert un liber très-développé. Il forme dans la tige une strate épaisse de plu- sieurs fibres, partagée en larges faisceaux par des rayons médul- laires étroits. — Cette plante est plus propre que toute autre pour démontrer qu'il n'existe point de laticifères en contact avec la face externe du liber proprement dit, comme il y en a dans les Chicoracées et les Cynarées laiteuses. Les principaux latici- fères y sont dansle tissu sous-libérien, et bon nombre sont répan- dus et anastomosés entre eux dans l'écorce extérieure, jusqu'au- dessous de l’épiderme. Dans les deux familles qui nous occupent, le siége des princi- paux laticifères est donc dans l'écorce interne, qui forme une zone composée en général de cellules notablement plus étroites que celles du parenchyme externe, et dans laquelle zone sont des groupes irréguliers de cellules allongées plus étroites encore, qui ont été appelés faisceaux du tissu cribreux. — Cette zone peut être fort étroite, de trois à cinq rangées de cellules. Les 71 A. TRÉCUL, laticifères y sont alors espacés suivant une ligne circulaire plus ou moins parfaite (Lobelia purpurascens, cuneifolia, ete.). Ail- leurs, elle est notablement plus large, et les laticifères y sont 1rré- gulièrement répandus en plus grand nombre (Lobelia laxiflora, inflata, Isotoma longiflora, Siphocampylus manethiæflorus, Cam- panula grandis, rapunculoides, ete.). Dans la tige âgée du Tupa Ghiesbreghii, le tissu cribreux est sensiblement radié. Dans le Musschia aurea 11 est beaucoup plus développé encore. Dans la jeunesse de la tige, il ne forme que des fascicuies épars, mais dans une tige plus vieille, il constitue de larges rayons opposés aux faisceaux fibro-vasculaires, rayons qui sont comparables à ceux de la racine de beaucoup de Chicoracées. Les laticifères sont sou- vent distribués dans chaque rayon particulier suivant des plans concentriques. Quelle que soit l'épaisseur de cette écorce interne, les latici- fères y forment un réseau parfait, à mailles tantôt courtes et étroites, tantôt plus larges et très-longues. Dans certaines espèces, ils sont tellement multipliés que beaucoup se touchent par le côté, comme l’a bien dit M. Hanstein. Trois à quatre peuvent être côte à eôte (4), et communiquer entre eux par des ouvertures si rapprochées qu'elles occupent plus de place que les espaces intermédiaires. — Quant les laticifères sont séparés les uns des autres par une ou plusieurs rangées de cellules, ils sont unis çà et là par des branches latérales qui vont des uns aux autres. À ce réseau interne sont reliés les laticifères répandus dans le parenchyme cortical externe. Ils y sont tantôt très-rares ou nuls (Lobelia inflata, urens, Adenophora Lamarchku, Phyleuma Halleri, spicata, Campanula sibirica, Medium, rapunculoides, grandis, lamtifolia) ; tantôt assez fréquents pour se faire remar- (1) Dans la courte tige qui, à cette époque de l’année, chez le Campanula medium D 2 2 I 7 2 porte les feuilles dites radicales, les laticifères sont très-nombreux dans l'écorce interne. Il y en a jusqu'à treize sur La même ligne dans la coupe transversale. La membrane de [o] ces vaisseaux esl fort épaisse ; elle atteint 0,04 et plus. Elle est pourvue de pores fort remarquables quiles mettent en communication les uns avec les autres et avec les cel- lules voisines, (Note de l'auteur.) ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 75 quer sous la forme d’un réseau jusqu'au-dessous de l’épiderme (Tupa Feuillei, Ghesbreght, Musschia aurea, etc.). Cependant, ils sont le plus souvent moins communs que dans ces dernières plantes et anastomosés de même les uns aux autres (Tupa salici- folia, Isotoma, longiflora, aæilluris, Centropogon surinamensis, Piddingtonia nummularia, Lobelia syphilitica, triquelra, laæt- flora, etc.). Le Siphocampylus manettiæflorus envoie çà et là les extrémités de ses laticifères à la surface de l'épiderme. Ils s’y couchent ou font saillie sous la forme de papilles ou de poils courts. Les membranes contiguës des cellules épidermiques pré- sentent parfois, autour de ces vaisseaux, des hypertrophies glo- buleuses fort singulières. Sur d'autres points les cellules épider- miques sont rongées par des eschares au fond desquelles abou- tissent un ou plusieurs laticifères. Les caractères généraux que je viens de mentionner appar- tiennent aux Campanulacées et aux Lobéliacées. Voicimaintenant des phénomènes que je n'ai observés que dans l’une ou dans l’autre de ces deux familles. Ces deux ordres de faits sont en contradiction avec l'opinion émise par M. Hanstein, qui assure que des laticifêres ne sont jamais rencontrés dans le bois ni dans la moelle de ces végétaux. £ En ce qui concerne les Lobéliacées, je ne ferai que rappeler ce que j'ai dit dans l’Institut du LE janvier 1865, au sujet des lati- cifères qui vont de l'écorce dans la moelle en traversant le corps ligneux, où ils se mettent en communication avec les éléments du bois, par des ouvertures parfois très-larges. Je ne m'arrêterai à ce phénomène que pour signaler le mode d'allongement des laticifères qui me fut montré par le T'upa sahcifolia. — Vers le sommet jeune d’une tige, des rameaux de laticifères partis de ceux de l'écorce interne s’étendaient jusque sous l’épiderme sans se ramifier ; d’autres rameaux, au contraire, passaient horizontalement entre les jeunes faisceaux vasculaires et arrivaient ainsi dans la moelle. L'un de ces derniers rameaux était simple et terminé en cæcum. Un autre s'était bifurqué à son entrée dans la moelle : une des branches montait verticalement, tandis que l’autre descendait en sens opposé; toutes les deux 76 A. TRÉCUL. s'étaient aussi bifurquées. Dans le voisinage, d’autres laticifères présentaient des réticulations; ils s'étaient sans doute déjà greffés les uns aux autres. Ces faits ont une double importance. L° Ils font voir qu'une partie au moins des laticifères des Lobéliacées ne sont pas for- més de cellules fusionnées ; 2° ils paraissent expliquer l’origine des singuliers vaisseaux qui traversent le bois, s'y ramifient par- fois, et y décrivent les courbes si remarquables que j'ai mdiquées dans les Euphorbes, etc. En effet, si les sinuosités que forment ces laticifères à travers le bois sont ainsi produites (ce qui concorde parfaitement avec le mode d'allongement de ces vaisseaux dans les Euphorbes), l'inclinaison des cellules ligneuses, ou de celles des rayons médullaires à la surface de ces vaisseaux, apporte un nouveau degré de probabilité à l'explication que J'ai donnée antérieurement de ce phénomène. Car la courbe ou l’are déerit par le laticifère étant disposé dans le bois de manière que les deux extrémités de cet arc ou de cette courbe aboutissent à l'écorce interne, les cellules des rayons médullaires ou du bois, contiguës à ce laticifère, sont inclinées dans la même direction sur les deux branches de l'arc, c’est-à-dire que leur pointe est tournée vers le milieu de l'arc ou, si l’on veut, vers la moelle. Ne semble- t-il pas ressortir de là que ces cellules obéissent à une attraction exercée par le contenu du laticifère, comme s’il y avait un afflux du latex ou d’une partie de ses principes, de son sérum, par exemple, à travers le corps ligneux (1)? — À moins que l'on ne préfère supposer que deux laticifères de l'écorce se sont intro- duits dans le bois, qu'ils y ont progressé exactement dans le même plan, se sont recourbés en sens opposé à la même distance du point de départ, se sont rencontrés et fusionnés. Il faudrait dans ce cas un concours de circonstances qu'il est difficile d’ad- mettre. Et puis, cette progression à travers les faisceaux vascu- laires ne peut s'effectuer que dans la jeunesse des tissus. Or, de tels vaisseaux traversent le corps ligneux de tiges âgées. J'en pos- (1) M. Pierre Savi a émis le premier l’idée qu’il n’est pas nécessaire que tout le latex soit transporté, mais seulement son sérum. (Nuovo Giornale dei Litterati di Pisa, n° 58, . 1831.) ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 77 sède en grand nombre dans un tronc d'Euphorbia rhipsaloides de douze à treize ans, dont les cellules jeunes des rayons médul- laires ont cette inclinaison comme les plus vieilles. Il est clair que ces jeunes cellules n’ont pas été soumises à la propulsion du laticifère passant de l'écorce dans la moelle, puisque celui- ei doit subsister depuis l’origine de la couche ligneuse qu'il tra- verse. Chez bon nombre de Lobéliacées, les laticifères existent donc au pourtour de moelle, d'ou ils s'étendent peu vers la région Le. (Centropogon surinamensis, Tupasalicifolia, Ghiesbregh- , F'euillei, Siphocampylus manettiæflorus, microstoma, Lobelia hé Report, etc.). | Je n’ai rien vu de semblable dans les Casbfilisétd mais quelques-unes de celles-e1, à l'instar de certaines Chicoracées, ont montré des fascicules cribreux épars dans le tissu médul- laire. Le Campanula cervicaria est dans ce cas. De tels fasci- cules, de puissance variable, y sont répandus et contiennent de même des laticifères. Il se forme parlois une couche génératrice autour de ces fascicules, et les cellules multiplhiées par division se transforment quelquefois en fibres higneuses etmême en vaisseaux ponctués. Dans une autre espèce, le Campanula glomerata, une zone de tissus cribreux est produite autour de la moelle à quelque distance des vaisseaux vasculaires. Cette zone renferme aussi des laticifères, et sur sa face externe elle forme une couche généra- trice qui engendre des éléments du bois. — Le Campanula lami- folia m'a présenté le même phénomène à un plus haut degré encore. Une semblable zone de tissus dits cribreux, munie de lati- cifères, était née dans la moelle à environ 0",25 à 0",30 des fais- ceaux vasculaires. Sur le côté externe de cette strate, qui était interrompueen quelques endroits, avaient été produits des fibres ligneuses et quelques vaisseaux ponctués. Le développement ne s'arrêta pas là. Une seconde couche génératrice naquit sur le côté interne, c'est-à-dire, sur la face de la zone tournée vers le centre de la moelle, et 1l en était résulté une autre couche ligneuse sur une grande partie de ce pourtour interne; en sorte que la zone qui renfermait les laticifères était là bor dée intérieu- — 78 | A. TRÉCUL,. rement et extérieurement par une couche de bois; le tout enchàässé dans la moelle. — FE} y avait encore dans l’anneau mé- dullaire, qui séparait de cette production tous les vaisseaux vascu- laires normaux, quelques fascicules qui, comme ceux du Cam- panula cervicaria, produisaient quelquefois autour d'eux des fibres ligneuses etdes vaisseaux. Enfin, le Campanula pyramida- lis offre une constitution analogue. C’est pour avoir remarqué le latex qui sortait de cette zone intramédullaire, sans avoir vu la zone elle-même, que M. Lestiboudois a pu dire que, dans les Campanules, il y a de nombreux vaisseaux propres dans la moelle . en dedans des faisceaux ligneux. Pourtant dans les deux autres espèces qu'il a citées (C. Medium et C. rapunculoides), rien de semblable n'a lieu. Une plante intéressante, appartenant aux Cynarées (le Gunde- lia Tournefortu), présente aussi des fascicules cribreux avec lati- cifères non-seulement dans la moelle, mais encore dans l’écorce jusque dans le voisinage de la surface de celle-ci. Cette plante a, comme les autres Cynarées laiteuses, des laticifères sur le pour- tour externe des faisceaux du hber (je n'ai étudié que des rameaux encore jeunes); mais ces laticifères, au lieu d’être formés par de longues cellules juxtaposées comme ceux des Cynarées lactes- centes que j'ai décrites, sont constitués par des tubes continus et anastomosés entre eux, comme ceux des Chicoracées, des Campa- nulacées et des Lobéliacées. Ces vaisseaux donnent donc un degré de transition de plus entre les canaux oléo-résineux des autres Composées et les laticifères les plus parfaits. J'ai fait voir effecti- vement, dans l’{nstitut du 13 août 1862, que la racine de certaines Cynarées contient des canaux oléo-résmeux comme la plupari des Composées, tandis que la tige de ces mêmes Cynarées ne ren- ferme que des laticifères, de manière que les deux sortes de vais- seaux propres semblent se suppléer. — Il serait intéressant de constater si, dans la racine du Gundelia Tournefortii, les canaux oléo-résineux sont remplacés par de vrais laticifères, comme le fait présuner la grande perfection de ces vaisseaux dans la tige. Je n'ai pu encore obtenir cette racine pour compléter mes observations à cet égard. ÉTUDES SUR LES LATICIFÈRES. 79 La feuille du Gundelia est pourvue d’un très-beau réseau de laticifères. Ces vaisseaux forment, ainsi que dans bon nombre de Campanulacées et de Lobéliacées (T'upa salicifolia, Centro- pogon surinamensis, Campanula grandis, ete.) des réticulations serrées, des mailles très-courtes à la face inférieure des nervures principales. Dans d’autres Campanulacées et Lobéliacées (Cam- panula rapunculoides, Lobelia luxiflora, etc.) ces anastomoses sont moins fréquentes à la surface des nervures. Mais, dans toutes ces plantes, les laticifères s'étendent sur toutes les divisions de ces nervures et même à travers le parenchyme non parcouru par les trachées. Il en est de même dans le Gundelia. Parmi les corolles qui m'ont le mieux montré le réseau des laticifères, je citerai celle des Campanula sibirica, Medium et surtout celle du Campanula grandis, que je recommande tout particulièrement comme le plus magnifique exemple. — Pour le bien observer, 1l suflit de faire absorber les gaz par une solution de potasse. Je crois me rappeler que la solution concentrée réus- sit mieux qu'une solution étendue. Je ne terminerai pas cette note sans dire que le Tupa Ghies- breghti et le Musschia aurea m'ont donné de très-beaux exemples de laticifères réticulés remplis d’Amylobacter ou plantules amy- lifères développées pendant la putréfaction. ADDITIONS A LA FLORE DU BRÉSIL, Par M. Ladislaü NETTO, Directeur de la section de Botanique et d'Agriculture au Muséum impérial de Rio de Janeiro, (Partie botanique du rapport sur la vallée du haut San-Francisco.) Coatinuation. PISONIA NOXIA +. P. dioica, arborea, contorta : foliis obovatis ellipticove-cbovatis, anteyerrimis, basi cuneatis, apice oblusis, supra glabris, subtus tomentoso-rufescentibus : floribus masculis femineisque aggregato- paniculats. Habitat in campis occidentalibus provinciæ Minas Geraes, Cat. nost. 226, Claussen LOS!, {071, 1107! (herb. Mus. Par.) et provinciæ Goyaz, Aug. de Saint-Hilaire, Cat. C'n° JA. Arbor 5-6-metralis, trunco ramisque varie contortis, cortice suberoso, ramulis extremis rufo tomentosis. Folia ut plurimum opposita, 5-12 cen- tim. longa, 3-6 lata, pagina superiore glaberrima, inferiore tomento molli ferrugineo obducta, petiolo centimetrum et quod excedit longo. Paniculæ utriusque sexus terminales, floribus ad apices ramulorum capitato-confertis, bracteolis tribus minutissimis villosissimis demum caducis florem quemvis stipantibus. In flore masculo perigonium cam- panulatum, apice obtuse breviterque 5-lobum, vix non glabrum. Sta- mina 8 inæqualia, longe exserta, antheris albidis. In flore femineo perigonium tubulosum; stylus exsertus, stigmate penicillato-papilloso. Fructus oblongo-ovoideus, limbo persistente patulo coronatus. Plantam reperi in campis prope flum. San Francisco, ad vicum Morada-Nova urbemque Pitanguy. Mense septembri-octobri florebat. Nom. vulg. uo-Judeo, Pao Lepra et Joûo molle apud incolas. Le Pisonia noxia est un de ces arbres rabougris qui se plai- sent dans les plaines sèches de Minas Geraes, depuis les premiers ADDITIONS A LA FLORE DU BRÉSIL. 81 pâturages qu'on rencontre à l’ouest des hauts plateaux de Bar- bacena et d'Ouro-Preto jusqu'aux Campos de Goyaz. C’est donc un véritable représentant de la flore du Sertéo.. Il offre une certaine variabilité, soit dans la couleur du duvet qui recouvre la face inférieure des feuilles, soit dans le déve- loppement de celles-ci et des entre-nœæuds des jeunes branches, mais il n’y a pas lieu à faire des variétés distinctes. On le rencontre tantôt isolé dans les plaines, de même que les Qualea, les Kielmeyera, les Amphilochia, etc., tantôt au milieu des serrados, ces bois nains et éclaircis, qui couvrent parfois les plateaux de l’intérieur du Brésil. Son triple nom vulgaire de Pao-Judeo (arbre nuisible), Pao Lepra (arbre à lèpre) et Jodo molle (Jean mou) l'a rendu très- familier aux habitants de l’intérieur chez lesquels la connais- sance, sous des désignations populaires, des végétaux les plus remarquables du pays est en certain honneur; mais je dois dire que le nom de Jodo molle est le moins usité dans les régions que j'ai parcourues moi-même, et où au contraire ceux de Pao Lepra et de Pao J'udeo servent généralement à désigner l'arbre. Ils s'accordent d'ailleurs avec la particularité attribuée au P. noœia de donner la lépre, ou plutôt de causer des deman- geaisons à Ceux qui le touchent. Pour ma part, quoique j'en aie maintes fois récolté des échan- tillons, je n'ai rien vu qui püt justifier cette assertion populaire, mais il paraît qu'en restant longtemps sous son feuillage on sentirait ses atteintes. C'est du moims ce que ferait supposer l'annotation manuscrite de M. de Martius sur l’étiquette de l'échantillon que je lui ai communiqué : « Dicilur recubantes sub arbore lepra affici. » I est fort possible, en eflet, qu'à une cer- taine époque de sa végétation ses feuilles et ses jeunes branches se dépouillent des petits poils qui les couvrent, comme une sorte de duvet, et que la chute de ces poils occasionne à ceux qui se reposent sous son ombre un prurit auquel feraient allusion les noms vulgaires cités plus haut. Il ne faut pas cependant croire que celte qualité nuisible soit la seule qui ait valu une certaine renommée au Pisonia noæia ; 9° série, Bor. T, V. (Cahier n° 2.) 2 6 8 : L. NETTO. il à aussi son bon côté : c’est une plante tinctoriale (ses feuilles donnent une teinture noire), et, comme tel, il est assez estimé des habitants du Sertdo. PISONIA CAPARROSA +. pion de: 14 CT e 7. . .… 7e P. dioica, fruticosa, undique glaberrima; foliis sessilibus aut viæ conspicue peliolahis, ellipthicis, inlegerrimis; panicuhis în utroque seœu lerminalibus, brevibus, paucifloris; antheris in- clusis. Habitat in campis provinciarum Minas-Geraes, Cat. nost. 278, Claussen WAV! Aug. de Saint-Hilaire 66! atque Goyaz Weddell 1851! (Herb. Mus par.) l'rutex circiter metralis, ramosus; cortice lucido, rimuloso, in ramulis sæpe nigrescente. Folia opposita, vix non sessilia, glaberrima, integer- rima, in vivo nonnihil succulenta, post exsiccationem subcoriacea, ner- vulosa, 4-7 centim. longa, 3-4 latàa. Paniculæ quam præcédentis speciei muito minores, floribus quoque paucioribus sed ut in illa ad apices ramulorum aggregatis pariterque bracteolis minutis suffultis. Floris mas- culi périgonium ro$seum, urceolatum, apice 5-denticulatum, 5 millim. longum. Stamina 8 inclusa, inæqualia, antheris crassiusculis. Floris feminei perig. ovoideo-cylindricum, in medio nonnihil constrictum; stylus vix exsertus, stigmate obtuso subincurvo. Fructus oblongo-ovoi- deus lævisque. In campis $ecus flumen San-Francisco, in vicinia vicorüum Morada- Nova et Abbadia, mense septembri-octobri florentem legi. N. vulg. Caparrosa do Campo, apud incolas. Cet arbuste habite les mêmes régions que le Pisonia noæia, et, comme lui, il est un des végétaux caractéristiques de la vallée du San-Francisco, où 1l est la plante la plus renommée pour là teinture. Le nom de Caparrosa (Couperose) qu'on lui a donné suffit d’ailleurs pour nous indiquer l’usage général qu’on en fait dans ces régions lointaines et presque désertes, où le coton, filé et tissé dans le pays même, fournit presque à lui seul les vêtements ordinaires des habitants. Le P. Caparrosa est donc une des grandes ressources de la petite industrie de teinturerie du Sertäo de Minas, car ce sont. ses feuilles qui fournissent la couleur noire qui sert à teindre la ADDITIONS .A LA FLORE DU BRÉSIL. 83 toile de coton, donts’habillent même les plus difficiles des bergers dans les jours de fête. J'ai déjà parlé, dans d’autres mémoires, de l'mfusion des feuilles de cette plante prise en boisson. Le docteur Lund, qui est la seule personne dont j'aie reçu ce renseignement, en faisait usage lorsque je l'ai vu à Lagôa-Santa. Je suis disposé à croire toutefois qu'il doit y avoir dans la province de Minas-Geraes quelque canton où l'usage de cette boisson s’est établi, et que c’est d'après ce qu'il en aura entendu dire que ce savant paléon- tologiste en aura voulu faire l'essai. Le P. Caparrosa, ainsi qu'un certain nombre de plantes des campos, offre ceci de particulier que, dans les régions élevées de la vallée du San-Francisco, au voisinage de Pitanguy, ou bien dans le haut du Rio das V'elhas, 1 n’est qu’un arbrisseau haut d’un mètre tout au plus, tandis que près du village de Pirapora, situé sur le bord du San-Francisco, et à une petite distance de l'embouchure du Rio das Velhas dans ce fleuve, je l'ai ren- contré ayant 2 mètres de hauteur, avec un tronc de 8 centi- mètres environ de diamètre. C'est alors un grand arbuste, muni de nombreuses branches, et dont les feuilles sont plus coriaces et d’une teinte plus foncée que dans les individus moins déve- loppés. | PISONIA CAMPESTRIS +. P, dioica, fruticosa, foluis brevissime petiolats, elliptios, in- tegerrimis, glabris, parum venosis; paniculis terminalibus, Cymas paucifloras referentibus ; antheris eæsertis. Habitat in campis provinciæ Piauhy, Gardner 27151 2944! (Herb. Mus. Deless.) Frutex ramosus, undique glaberrimus, præcedenti habitu affinis, ab illo facile dignoscendus si ad compagem floris attenditur. Folia petiolo millimetrali aut fere nullo insidentia, 4-6 centim. longa, 2-3 lata. Flores masculi perigonio oblongo-turbinato insignes, apice 5-denticulato, sta- minibus exscrtis, antheris crassiusculis. In campis Piauhyensibus, mense julio-septembri florebat. Gardner. 8 L. NETTO, Le seul échantillon de cette plante que j'aie eu à ma disposi- tion appartient à l’herbier de M. Delessert. Il y a quelque res- semblances entre ses feuilles et celles du P. Caparrosa, mais la forme du périgone, la longueur des étamines, etc., feront immédiatement distinguer les deux espèces. PISONIA LAXA +. P. dioica, arborea? glaberrima; ramis lignosis, teretibus ; foliis coriaceis, elliptico-lanceolatis, utrinque subacutis ; floribus numerosis ; fructu ovoideo, subtiliter (in sicco) striatulo. Habitat in regione occidentali provinciæ Minas-Geraes, Coll. Aug. de Saint-Hilaire (Herb. Mus. par.). Utrum arbor sit an arbuscula incertum est, sed rami supremi omnino sunt lignosi. Folia majuscula 10-15 centim. longa, 5-7 lâta, pagina superiore nitida, inferiore pariter glabra cet nervulosa ; petiolo centime- trum et quod excedit longo. Cymæ terminales, e pluribus partialibus approximatis compositæ et fere umbelliformes, minutifloræ. Bracteolæ sub flore quovis 3, vix perspicuæ, quarum una cito decidua, reliquæ diutius persistentes. Perigonium floris feminei (masculi non suppete- bant) tubuloso-campanulatum, glabrum. Stylus longe exsertus, stigmate capitato-penicillato. Bacca olivulam sylvestrem crassitudine et forma referens, centimetrum circiter longa, quum exaruit nigra et longitudina- liter striata. In limite Provinciarum Minas Geraes et Goyaz, loco dicto O/ho d’Agua, specimen unicum a Celeberrimo Aug. de Saint-Hilaire lectum. D'après l'échantillon que j'ai devant les yeux, cette plante doit habiter à la fois dans les plaines découvertes, dans les campos proprement dits, et à l'ombre des petits bosquets nommés géné- ralement Capdes, ou pluiôt sur la lisière des Catingas, dont Aug. de Saint-Hilaire a donué un fidèle aperçu dansson Voyage à Goyaz. C’est d’après un individu, probablement des Catingas, que j'ai donné la description qui précède. Il se fait remarquer au premier abord par ses feuilles allongées, qui conservent encore une teinte verdâtre et sont nervulées en dessous; par ses fruits volumineux et disposés comme de petites grappes de raisin, et enfin par les entre-nœuds allongés de ses jeunes branches, ADDITIONS À LA FLORE DU BRÉSIL. 89 En comparant cet échantillon avec celui des prairies 1l est facile, pour le botaniste exercé à l'observation, de saisir les petites différences qu’on remarque dans de pareils cas. OpiNa FRANCOANA +. O. monoica, arborea ; foliis imparipinnatis, foholis bijugis cum imparti, peliolahis, obovatis, integerrimis, basi cunealis, subacu- minutis, glaberrimis ; floribus parvuls, albidis, in ramis pani- culæ glomerato-spicatis. Habitat in campis provinciæ Minas Geraes, secus ripas amni- culorum Abæte et Borrachudo, haud procul a flumime San Francisco ; mense septembri florentem legt. Arbor 6-7-metralis, ramis foliosis undique glaberrimis. Folia 15-cen- timetralia, sublaxa, patentia. Foliola integerrima, superne viridia, subtus subrufescentia discolorave, nervulata, 40 centim. longa, 4 lata; petiolo 4 centim. longo. Flores minimi, albidi, unisexuales. Calyx gamosepalus, quinquelobatus, glaber. Petala 5, calyce multo longiora, sessilia, patentia, subcarnosa, obovalia, concava. In floribus maseulis stamina 10, petalis breviora, filamentis distincetis glabris, antheris ovoideis. Ovarii rudimen- tum profunde quinquelobatum. In floribus femineis stamina 10 abor- tiva, sterilia. Ovarium ovoideum, pubescenti-lutescens, uniloculare, ovulo reniformi appenso. Styli 5, rarissime 4, brevissimi, glaberrimi, stigmatibus obtusis. Discus in floribus.utriusque sexus prominens, pro- funde 10-lobatus. (Specimen in Herb. Mus. Bras, et in Herb. Martiano.) Je dédie cette plante à M. le docteur Manoel de Mello Franco, qui, le premier, par des discours éloquents et pleins de savoir, a plaidé au Corps législatif du Brésil pour l'exploration et la na- vigation du fleuve de San-Francisco. Elle est le premier représentant du genre Odina qui ait été indiqué au Brésil et même dans toute l'Amérique, car jusqu’à présent ce genre n'avait été rencontré qu'en Afrique et dans l'Inde. Le Genera, que MM. Bentham et Hooker publient en ce moment, en signale 12 espèces, dont 3 appartiennent à l'Inde et les autres à des régions africaines. I est vrai que le doc- teur Marchand, qui s'occupe actuellement des Anacardiacées, constate que ce genre appartient également à l'empire brésilien, 86 L. NETTO. mais il n’a rien publié à ce sujet, et l'embarras d'être le premier à présenter ce fait n’en est que plus grand pour moi. C’est pourquoi J'ai fait à l’herbier du Muséum de Paris l'étude la plus scrupuleuse de quelques Odina, en les comparant avec des espèces des genres Mauria, Tapiria, etc., qui en sont voisins, mais qui appartiennent généralement à l'Amérique tropicale. J'ai étudié avec le même soin les caractères donnés par Endli- cher, et plus récemment par MM. Bentham et Hooker, pour ces différents genres, et je suis arrivé à conclure que ce ne pouvait être qu'un Odina. La description et la figure ci-jointes serviront du reste à con- stater si j'ai bien jugé. L'O. Francoana est un arbre des localités qui participent à la fois de l’aridité des campos et de la fraicheur du voisinage des rivières. Sur la rive gauche du San-Francisco, depuis le bourg de Pirapora jusqu'à celui de Morada-Nova, j'ai constaté ceci de particulier que les bords des affluents du fleuve sont rarement couverts de forêts. Les plantes des plaines croiïssent quelquefois jusqu'à une petite distance du courant, et tantôt elles s'arrêtent brusquement pour céder la place aux végétaux propres des forêts, tantôt, et c'est le cas le plus ordinaire, elles sont remplacées par des individus intermédiaires entre ces deux types. C’est à cette classe d'individus que me paraît appar- tenir l'Odina Francoana. On le désigne dans le pays sous le nom de Pao Pombo, mais c’est là une désignation trop vague, car ce nom populaire est également donné à beaucoup d’autres plantes dont les fruits servent de nourriture aux nombreuses espèces du genre Colombina de Spix, connues dans tout le Brésil sous les noms de Pombo, Rôla, ete. I y aurait donc là matière à grande confusion pour le botaniste qui voudrait se baser sur ces noms, sans faire attention aux caractères botaniques de la plante. Lee RE ‘ ADDITION À LA FLORE DU BRÉSIL. 87 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE 7. Fig. 4. Rameau du Pisonia noxia. Fig. 2. Fleur mâle. Fig. 3. Bouton. Fig. 4. Anthère vue de face. Fig. 5. Anthère vue par le dos. Fig. 6. Coupe longitudinale d’une fleur femelle. Fig. 7. Fruit arrivé à son développement moyen, grossi de la moitié de sa longueur naturelle. | Fig. 8. Diaphragme de la fleur mâle. © © I ©. Où FF © D À PLANCHE 8. . Rameau du Pisonia Caparrosa (individu femelle). . Anthère vue par le dos. Anthère vue de face. . Grain de pollen fortement grossi. . Fleur mâle grossie au triple de la longueur naturelle. Coupe longitudinale de la même. . Diagramme de la même. . Fleur femelle grossie au quadruple de sa longueur naturelle. . Coupe longitudinale de la même. . 40. Ovaire séparé de la fleur. . 41. Ovule du même. . 12. Fruit grossi de la moitié de son plus grand développement. PLANCHE 9. . Rameau de l’Odina Francoana. . Bouton. Fleur mâle. . Anthère vue par le dos. . Anthère vue de face. . Fleur préparée pour laisser voir l'ovaire avorté et deux étamines. . Coupe longitudinale d’une fleur femelle. . Ovule séparé de l'ovaire. . Ovaire fortement grossi accompagné du disque. OBSERVATIONS SUR LA FICAIÏRE, Par M. Ph. VAN TIEGHEN, Agrégé, docteur ès sciences. On sait que la Ficaire (Ficaria ranunculoides Mœnch.) revêt deux formes distinctes : tantôt ses mdividus, disséminés dans la mousse des bois, développent des bourgeons feuillés, des fleurs normales et des graines fécondes ; tantôt au contraire, réunis au pied des haies en sociétés nombreuses, formant au bord des ruisseaux un tapis serré, 1ls produisent des tubereules axillaires et des fleurs d'apparence normale sans jamais mûrir de graines. Pourquoi cette différence ? où est la cause de cette stérilité et quelle est la nature des organes dont le développement permet à la plante de suppléer au besoin par la multiplication indivi- duelle à l'absence de reproduction spécifique ? C’est ce que j'ai essayé de déterminer. Dans son Ætude organographique de la F'icaire (1852), M. Clos u’a pu observer et décrire que des pieds bulbifères, tous dépour- vus de graines fécondes ; une courte note mentionne seule une observation de M. Durieu de Maisonneuve, d'après laquelle les pieds de Ficaire qui croissent autour de l'étang de Verrières donnent des graines fécondes, en étant toujours dépourvus de tubercules caulinaires. À cette question : « Peut-on attribuer » à quelque cause appréciable cette stérilité de la Ficaire ? » M. Clos répond «que l'avortement des graines y reconnaît pour » cause la formation d’une grande quantité de tubercules, par » suite d’une sorte de déviation aux lois générales du développe- » ment, car c’est à l'époque de la floraison que ces tubérosités » apparaissent » (1). Cette solution trop vague s'appuie sur l'avortement hypothétique des graines par défaut de force végé- (4) Annales des sciences naturelles, 3° série, t. XVII, p. 130. OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE. 89 tative ; elle suppose donc la structure normale de la fleur et la fécondation de l’ovule, lequel ensuite re se développerait pas faute de nourriture. «Ce défaut d'accroissement des carpelles est déterminé sans doute par un manque de vitalité dans l'ovule (1). » Je crois qu'il faut remonter plus haut pour trouver la cause de cette stérilité, et que la fécondation des ovules dans les fleurs de Ficaire bulbifère est impossible parce qu'il ne se forme jamais dans les étamines un seul grain de pollen ; c’est ce que l'étude de la structure de l'anthère va nous démontrer. | Le filet de l’étamme se dilate insensiblement en anthère dans la moitié supérieure de l'organe, au lieu de se renfler brusque - ment, comme c’est le cas pour les anthères fertiles. L'anthere à deux loges divisées chacune en deux logettes par une cloison en partie résorbée à la maturité, et qui provient tout entière du connectif. La paroi extérieure de la loge est formée d’un épi- derme à cellules jaunes, doublé d’une couche de cellules spira- lées et réticulées, qui ne s'étend ni sur la cloison de séparation des logettes, ni sur la paroi interne de la loge formée par le tissu du connectif, comme ce paraît être le cas général chez les Renon- cules. La face interne de la loge est revètue dans l’origine par une couche de cellules minces qui disparaît plus tard, partout où s'étend la couche fibreuse (fig. 1). Dans l’intérieur de chaque logette, on trouve une longue masse fusiforme formée de plu- sieurs files de grandes cellules incolores, polyédriques, à parois épaisses, et munies de nombreuses ponctuations (fig. 2). Ces cellules sont réunies en un tissu continu, séparé des parois de la logette , aussi est-il facile, avec une aiguille, d'extraire de l’an- thère ces quatre masses cellulaires sous forme de bâtonnets blancs. Les cellules mères du pollen, au lieu de donner naissance aux grains ordinaires pour se résorber ensuite, ont donc, en se vidant, épaissi et ponctué leurs parois, tandis que le tissu per- sistant qu'elles forment ne pouvant suivre le développement ultérieur des parois de la loge s’en est isolé, La couche de cel- (1) Annales des sciences naturelles, 3° série, t. XVII, p. 139. 90 VAN TIEGREM. lules fibreuses n’en a pas moins acquis sa structure ordinaire, en résorbant à son profit la couche de cellules minces qui la revêt à l'intérieur, bien que je n’aie jamais pu voir s'ouvrir ces singu- lières étamines, ce qui paraît indiquer que les grains de pollen eux-mêmes ont leur rôle à jouer dans ce phénomène complexe et encore si peu connu de la déhiscence (1). Toutes les étamines des nombreuses fleurs de Ficaire bulbi- fère que j ai examinées m'ont offert cet arrêt de développement du pollen dans les anthères ; les fleurs des pieds dépourvus de tubercules axillaires ont toujours au contraire les anthères gon- flées de pollen. La fécondation a lieu dans celles-ci, elles pro- duisent des graines fécondes ; elle est impossible dans celles-là, et les ovules y meurent. La stérilité de la Ficaire étant ainsi ramenée à sa cause pro- chaine organique, l'absence du pollen, la question est précisée, mais non pas résolue : car pourquoi le pollen avorte-t-11 dans l'anthère (2)? Nous venons de voir que cet arrêt de développe- ment est lié à la présence des tubercules axillaires, et comme ceux-ci précèdent les fleurs, on peut y rattacher l'avortement du pollen, ou mieux regarder ces deux phénomènes, et les autres (4) Dans un travail récent (Comptes rendus, t. LXIL, 22 janvier 4866), M. Chatin a montré que les anthères, accidentellement anormales de l’Hypoxis erecta et du Pittospo- rum tobira (et j'ai pu vérifier l'observation pour cette dernière plante), manquent de cellules fibreuses en même temps qu'elles sont vides de pollen, et il en conclut: «que » dans quelques plantes dont les étamines ont subi un arrêt de développement, sinon » morphologique, du moins histologique, l’absence de cellules fibreuses comcide avec » l’évolution incomplète du pollen. » On voit par les anthères de la Ficaire qu'il peut en être autrement, et que l'arrêt de développement peut frapper les cellules mères du pollen sans atteindre la paroi de l’anthère. D’autre part la résorption de la troisième membrane, dans ces anthères où le pollen nes’est pas développé, montre bien que l’évo- lution de cette couche est plus intimement liée au développement de la couche fibreuse qu’à celui du pollen, et que des deux fonctions simultanées que M. Chatin lui assigne en la nommant à la fois «la nourrice du pollen» et «le réservoir où les cellules de la -» seconde membrane puisent les aliments nécessaires à leur rapide transformation» (p. 130), c’est la dernière qui parait la plus conforme aux faits. (2) Cette absence de pollen implique-t-elle un épuisement général de la plante pour la faculté reproductrice qui? retentissant aussi, quoique d’une manière plus cachée, sur l’ovule, empêcherait la fécondation de réussir quand même on réussirait à l’opérer, et la graine d'arriver à maturité ? C’est ce que pourra décider l'expérience suivante. Sur OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE. 91 caractères concomitants dont je parlerai plus loin, comme les effets simultanés de l’action des forces physiques extérieures sur le développement de la graine. Mais il est indispensable de con- naître d’abord la signification précise de ces productions tuber- culeuses, dont la variété stérile est loin d’avoir le privilége ; question longtemps discutée, et sur laquelle M. Irmisch me paraît avoir émis le premier des idées exactes ; mais les recher- ches des auteurs n'ayant eu pour objet que la Ficaire stérile, Je crois devoir faire connaître le résultat de mes propres obserya- tions avant d'examiner les manières diverses dont ils ont résolu la question. Prenons d'abord un pied fertile adulte, auquel nous ne suppo- serons, pour plus de simplicité, qu'une seule tige florifère ramifiée partant de la base entre les feuilles radicales. Autour de la base de la tige, au-dessous de l'insertion des feuilles inférieures, on voit rangés en cercle, pressés les uns contre les autres et plongés dans le sol, de nombreux tubercules allongés, renflés à l’extré- mité, et dont toute la partie aérienne de la plante est dépourvue. De ces tubercules, les plus inférieurs, mêlés à quelques racines filiformes ramifiées, ceux qui occupent la partie centrale du fais- ceau sont bruns, ridés, épuisés de fécule, de formation ancienne ; les carpelles d’une fleur stérile fraichement épanouie on secoue le pollen d’une fleur fer- tile, les graines se développeront-elles, malgré la présence des tubercules axillaires ? Les fécondations artificielles que j'ai accomplies dans ce but, contrariées par des pluies violentes et prolongées, ne m'ont donné jusqu’à présent que des résultats négatifs ; mais l'examen comparé des pieds de Ficaria ranunculoides bulbifère et de Ficaria grandi- flora fertile, cultivés côte à côte au jardin botanique du Muséum, m'a montré çà et là quelques tiges bulbifères portant des graines fort développées, circonstance qu’il me parait naturel d'attribuer à l’action du pollen du Ficaria grandiflora. 1 n’est pas très- rare, d’ailleurs, de rencontrer sur les dernières fleurs de la variété stérile un ou deux carpelles quiont acquis un certain développement, sans doute sous l'influence du pollen de quelque renoncule croissant dans le voisinage. Il me semble donc, en attendant que des résultats positifs de fécondations artificielles avec du pollen, soit de Ficaire fertile, soit de Renoncule, viennent démontrer cette vue, que la Ficaire offre au sein de l’espèce, un curieux exemple de tendance à la diæcie ; exemple instructif entre tous parce que l’on peut espérer de déterminer avec précision les conditions de milieu où elle se manifeste. Déterminer pour tous les cas de ce genre la cause prochaine orga- nique de la stérilité, et tâcher de la ramener aux conditions de milieu auxquelles elle est liée, est un sujet de recherches que j'essayerai d'aborder. 92 VAN TIEGHEM. les autres sont blancs, gonflés, de production récente. Parmi ces derniers, on en voit un plus long que tous les autres, moins renflé à son extrémité, moins étranglé à son insertion, et qui continue verticalement la direction de l’axe, dont on ne peut le séparer ; tous les autres, au contraire, rangés autour du pre- mier, obliques ou horizontaux, plus courts, plus renflés au bout, très-étranglés au sommet, se détachent sous le moindre effort. Chacun de ceux-ci porte près de son pont d'insertion un petit bourgeon qui se détache avec lui ; le premier en est dépourvu ; mais que l’on se reporte au commencement de la végétation comme nous le ferons bientôt, et l’on verra ce tubercule déjà formé avant que le bourgeon terminal, dont il demeure sur- monté quand on arrache les autres se soit allongé pour pro- duire la tige florifère ; il correspond donc au bourgeon termi- nal ; 1l lui appartient au même titre que les autres appartiennent au bourgeon qu'ils entraînent ; de là sa forte adhérence à l'axe qu'il prolonge. Tous les tubercules du faisceau ont donc chacun un bourgeon. Ces bourgeons qui entourent la base de l’axe sont d’ailleurs de deux sortes ; quelques-uns plus forts que les autres, plus solidement fixés, occupent les aisselles des feuilles radicales : ce sont les bourgeons normaux de ces feuilles ; leurs tubercules sont aussi plus gros et plus adhérents que les autres ; tous les autres bourgeons, souvent fort nombreux, sont des bourgeons adventifs qui se développent sur la base de l'axe, tantôt au-des- sous du niveau d'insertion des feuilles inférieures et jusque sur le sommet du tubercule principal, tantôt au-dessus de ce niveau, à côté des bourgeons axillaires dont ils se distinguent par leur plus faible développement; leurs tubercules percent alors les gaines de ces feuilles pour plonger dans le sol. Quelquefois un ou plusieurs des bourgeons axillaires des feuilles radicales s’allon- gent aussi en axes florifères ; les tubercules correspondants ne se séparent plus alors; ils n’ont pas de bourgeon près de leur sommet ; ils se comportent comme le tubercule principal dont je viens de parler ; il y a donc dans le faisceau radical autant de tubereules adhérents dépourvus de bourgeons que de branches florifères partant de la base, En résumé, qu'il soit terminal, OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE. 93 axillaire ou adventif, tout bourgeon de la base possède un tuber- cule allongé avec lequel il fait corps, et dont 1l nous faut main- tenant apprécier la nature. Pour point de comparaison indispensable, étudions d’abord la structure des racines grèles par où la plante puise sa nourriture dans le sol. Un faisceau vasculaire à trois branches rayonnantes, entouré d'une gaine de cellules étroites et longues dépourvues de féeule limitée par une couche de cellules tabulaires (fig. 3), en occupe l'axe ; aussi les radicelles sont-elles insérées suivant trois génératrices ; les vaisseaux les plus gros, rayés, occupent l'axe du faisceau au point de réunion des branches ; ceux qui ter- minent les branches sont plus étroits ; 1ls sont spiralés, mais 1l n'y à pas de trachées déroulables. Cette partie centrale est en- tourée d’une couche relativement très-épaisse de cellules polyé- driques, contenant de petits grains composés d’anudon, dont la dimension est d'environ 0"”,004 pour chaque grain simple. Le tubercule principal qui prolonge l'axe florifère, et qui est dépourvu de bourgeon, est évidemment une racine renflée ; com- parons-en la structure à celle de la racine ordmaire. L’axe en est occupé par un cylindre de cellules étroites et longues sans fécule, au milieu duquel sont rangés en cercle cinq faisceaux (quelque- fois quatre) vasculaires, formés de vaisseaux rayés et spiralés sans trachées déroulables (fig. 4). Ce cylindre étroit est entouré d'une gaine fort épaisse de grandes cellules polyédriques, gon- flées de gros grains d’amidon en général simples, et dont le dia- mètre atteint 0"",040 ; cette couche est elle-même revêtue d’une sorte d'épiderme formé de deux rangées de cellules à paroi jau— nâtre, sans fécule; les cellules de la couche externe sont plus aplaties que les autres, et un grand nombre d’entre elles se pro- longent en longs poils unicellulaires. Le faisceau central règne dans toute la longueur de la racine, jusqu’à son extrémité un peu ombiliquée, où 1l se perd dans le tissu amylacé, et où l’épi- derme possède la même structure qu'ailleurs, sans qu’on puisse y distinguer de piorhize quand le tubercuie est entièrement dé - veloppé. Cette structure est celle d’une racine, mais la disposi- tion du faisceau central y diffère un peu de ce qu’elle est dans la 94 VAN TIEGBEM. racine absorbante. Ce n’est pas d’ailleurs un fait très-rare que cette organisation un peu différente des racmes de divers ordres chez une même plante, et M. Chatin l’a signalée récemment dans les Cucurbitacées, dont les racines ordinaires ont un système vasculaire axile et lobé, tandis que dans les racines adventives il est disposé en cercle plus ou moms continu autour d’un centre médullaire (1). Tous les autres tubercules ont une structure identique, sauf que le système vasculaire, simple au point d'in- sertion, s'y bifurque bientôt (fig. 4"); une partie entre dans le bourgeon pour en constituer l'axe, tandis que l’autre s’en dé- tache presque perpendiculairement et chemine dans l'axe du tubercule. Tous les tubercules ont donc même organisation, et leur structure est celle de racines adventives à parenchyme cortical très-développé ét gonflé de fécule, et à système vasculaire un pet différent de celui des racines ordinaires; chacune de ces racines est munie d'un hourgeon près de son point d'insertion. Ce bourgeon, comme nous allons le voir, se forme d’abord ; il naît ensuite à sa base un mamelon saillant, d'abord engagé sous une membrane mince qu'il perce bientôt, et dont sa base reste quelque temps enveloppée. Ce mamelon conique se couvre de poils, grandit et se renfle rapidement : c'est la racine adventive. Un petit bourgeon axillaire ou adventif, muni d’une grosse racine adventive issue de lui, telle est donc la signification de tous les tubercules radicaux de la Ficaire fertile. C’est ici le lieu d'exposer la suite du développement par lequel la plante parvient à l’état adulte que nous venons de faire connaître. Et d’abord la structure de la graine mérite de fixer un mo- ment notre attention. Dés l’année 1837, À. de Saint-Hilaire (2) y a signalé l’'homogénéité de l'embryon, d’après d'anciens souve- nirs 1l est vrai, et sous une forme dubitative qui a porté M. Clos (4) Comptes rendus, t. LXI, p. 36, 2 janvier 1866. (2) A. de Saint-Hilaire, Mémoire sur les Myrsinées, les Sapotées et les embryons : parallèles au plan de l'ombihic, présenté à l’Académie des sciences, le 18 avril 1837, p. 28, 29, malt be mt de ET : ' … OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE. 95 à aflirmer que ce savant botaniste a confondu une graine avec un tubereule et la germination de cette graine avec le développe- ment de ce tubercule (1), accusation qui ne me paraît en aucune facon justifiée. Mes observations confirment pleinement celles d'Auguste de Saint-Hilaire ; l'embryon de la graine müre de Ficaire est en effet constitué par une petite masse sphérique, amincie au point où elle s'attache au suspenseur, et divisée en un grand nombre de cellules à parois minces remplies d'une matière granuleuse enveloppant un nucléus; le diamètre de la sphère varie entre 0"",1 et 0"",2 (fig. 8). Cette sphere est bai- gnée dans un liquide où flottent désagrégées de petites cellules irrégulièrement arrondies, puis le tissu se serre, et les cellules beaucoup plus grandes, disposées radialement, constituent au— tour de la petite cavité un puissant albumen. J'ai trouvé l’em- bryon homogène et tout semblable dans le Æanunculus aurico- mus et dans l’Hepatica triloba. C’est aussi sous la forme d’un petit globule difficile à isoler de l'albumen qui l'entoure, que l'embryon se présente dans la graine müre des Corydalis tuber- culeux, où M. Bischoff a signalé le premier en 1833 son déve- loppement tardif et remarquable ; dans ces plantes, comme dans les Renonculacées que je viens de citer, l'embryon continue dans le sol son développement inachevé. Je n’ai pas pu suivre encore dans leur succession continue les états par lesquels passe l'embryon sphérique de la Ficaire pour produire la petite plante qu'on voit se développer au premier printemps ; des semis vont, je l'espère, me permettre de combler cette lacune. Toujours est-il qu'à cette époque la plante la plus jeune que l’on rencontre possède une feuille à limbe cordé, très- longuement pétiolée, enfermant dans sa gaîne un petit bourgeon dont l’axe se prolonge en une racine filiforme; souvent deux | autres racines adventives, grêles, naissent de l’axe de chaque côté de la racine principale, et la feuille à trois fibres radicales. I paraît done n'y avoir qu'une feuille cotylédonaire, analogie nouvelle avec les Corydalis cava et fabacea. Puis on voit poindre à la base (4) Annales des sciences naturelles, 2° série, t. XVII, p. 131. 96 VAN TIEGHEM. du bourgeon, du côté de la fente de la gaîne, au-dessous de la première écaille du bourgeon, par conséquent, un mamelon conique qui soulève l'épiderme du jeune axe dont il est d’abord enveloppé, le perce ensuite et paraît au dehors; il grandit, se couvre de poils délicats, et son extrémité conique est munie d’une pilorhize ; c'est le premier tubercule, la racine adventive du bourgeon primaire. La feuille blanchit ensuite; elle tombe et les racines grêles aussi, et dès lors ce tubercule, avec le bourgeon qu'il porte, est identique avec ceux quise développent au pied de la plante adulte, et qui s’en détachent sous diverses influences pour végéter librement; aussi toutes les phases ultérieures de la végé- tation seront-elles communes à ces deux sortes de tubercules, et ce que je vais en dire s'appliquera aussi bien à celui qui s’est séparé du faisceau radical d'une plante âgée, qu'à celui qui provient directement de la germination de la graine. Qu'il ait l'une ou l’autre origine, le bourgeon, muni de sa racine adventive, reste frais en terre jusqu'au printemps suivant. Alors à la base du bourgeon se forment quelques racines grêles, trois le plus souvent, qui se ramifient bientôt ; en même temps le bourgeon s'entr ouvre, la première écaille se dresse, puis une seconde, en opposition avec la première, qui l’embrasse ; puis, en opposition avec cette seconde gaine, se forme une vraie feuille longuement pétiolée, qui enveloppe dans sa gaïne le bourgeon terminal. En même temps un mamelon conique fait saillie au pied du bourgeon sous la seconde gaine (fig. 6) ; 1l s’allonge, perce une membrane mince dont 1l est d'abord recouvert, et qui forme coléorhize autour de sa base, puis se recouvre de poils délicats ; c’est la racine adventive du bourgeon terminal. Tant qu’elle est jeune, son extrémité est coiffée d’une pilorhize qu'on ne retrouve plus quand son développement est achevé ; elle grandit, s'épaissit, se renfle vers le bas, et plonge verticalement dans le sol; le tubercule primitif, horizontal le plus souvent, s’épuise, se ride et brunit à mesure (fig. 7). Une seconde, une troisième feuille se développe ensuite, la plus interne enfer- mant toujours dans sa gaïîne le bourgeon primitif quine s’allonge que plus tard, tandis qu'il se forme d'autre part, à la base des” _ — OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE. 197 feuilles (surtout du côté du tubercule ridé, la première racine verticale restant extérieure), un certain nombre de bourgeons adventifs et normaux, sur chacun desquels se développe une grosse racine adventive, comme je l'ai expliqué pour le bour- geon terminal (1). Puis, au commencement de juin, les feuilles jaunissent et tombent; les tubercules restent réunis en faisceau autour du bourgeon terminal. Au printemps suivant, ce bour- geon développe successivement un nombre plus grand de feuilles sans s’allonger encore ; tous les tubercules formés l’année précédente sont résorbés pour fournir à cette production, sans que leurs bourgeons se développent, en même temps que, sous l'ac- tion réunie des feuilles et du sol, la plante s’assimile de quoi re- former un plus grand nombre de bourgeons pourvus de races au-dessus des premiers. Ces feuilles tombent à leur tour, et le faisceau souterrain est formé d'un certain nombre de tubercules épuisés, entourés de tubereules frais beaucoup plus nombreux. Enfin, au printemps suivant, si le nombre de tubercules frais, si Ja provision de nourriture est assez considérable pour suffire à ce développement {et je pense que l’époque de la première fleu- raison dépend d’un minimum de tubercules, résultat d'une assi- _ milation gui croît avec la vigueur de la plante), le bourgeon | terminal, après avoir donné plusieurs feuilles radicales, s'allonge en tige ramifiée florifère, en épuisant tous les tubercules formés _ l’année précédente, et dont les bourgeons ne se développent pas; | mais en même temps la plante en reconstitue un nombre très- | grand au-dessus des premiers. Après la dissémifation des graines la tige et les feuilles disparaissent, mais la portion souterraine | de l'axe qui sert de lien aux tubercules ne se détruit pas ; quel- | (1) J'ai souvent rencontré dans les premiers jours de juin de jeunes pieds formés d’une seule feuille jaunie, ayant à sa base un tubercule ridé de l’année précédente et un seul tubercule frais plus gros que le premier; la plante en épuisant son tubercule pour produire sa feuille, ne l’a remplacé que par un seul autre ; on voit donc combien les progrès de sa végétation peuvent être lents, et l’on comprend que le nombre d'années qui précède la floraison doit être un peu variable ; ayant dù me borner à comparer entre eux des pieds d’àâge différent, sans pouvoir en suivre un seul dans toute la série de son développement, je ne puis assigner avec certitude le nombre de périodes de végé- | tation que la plante doit traverser en général avant de fleurir. 9° série, Bor. T, V. (Cahier n° 2.) 3 | | | " 98 VAN TFIEGHEM. ques-uns de ceux-ci se séparent du faisceau pour développer librement leur bourgeon l’année suivante en un nouvel indi- vidu, mais il en reste un faisceau assez puissant pour permettre, au printemps suivant, à l’un des bourgeons axillaires des feuilles radicales de s’allonger en axe florifère. Je ne crois donc pas que la disjonction du faisceau radical soit complète après chaque fleuraison ; mais le fût-elle, il n’en serait pas moins certain que la Ficaire est vivace, et non pas bisannuelle monocarpienne comme le veut M. Clos, si toutelois l’on appelle vivace, comme cela me paraît nécessaire, toute plante dont l'mdividualité se conserve indéfiniment en dehors de toute reproduction spéci- fique. Si l'on exige pour que cette qualité soit remplie que l'individu se perpétue non-seulement dans le temps, mais au point même de l’espace qu'il occupe à un moment donné, il est facile de voir qu’on introduit dans le problème une confusion inextricable, et qu'on en livre la solution au hasard de la dissé- mination des tubercules. Tels sont la structure, la nature morphologique et le mode de développement des tubercules radicaux de la Ficaire fertile. Nous avons vu la plante, à travers les courtes périodes de sa vé- gétation interrompue, croître peu à peu en vigueur, en épuisant chaque fois pour développer ses feuilles toute la nourriture accumulée l'année précédente, mais en fixant ensuite au moyen de ces organes une provision plus riche pour le printemps sui- vant ; elle s'élève ainsi par degrés jusqu'à l’état adulte. Elle fleurit alors, sans que la production simultanée d’un grand nombre de tubercules empêche les graines d’y arriver à matu- rité ; et comme un certain nombre de ces tubereules deviennent libres, on voit que la multiplication mdividuelle y accompagne la reproduction spécifique. La Ficaire stérile présente autour de sa base un semblable amas de tubercules munis chacun d’un bourgeon, à l'exception de ceux qui correspondent aux bourgeons allongés en branches. La structure et le mode d'apparition de ces tubercules sont aussi les mêmes, et la conclusion déduite plus haut s y applique en- tiérement. Le développement en jeunes plantes de ces bour- OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE, 99 geons munis d’une racine adventive, après leur séparation du faisceau radical, présente cependant quelque différence. Au heu de donner de suite des feuilles et de ne s’allonger que plus tard, le bourgeon du tubercule, mis en liberté, s’allonge immédiate- ment, en ne laissant à sa base, autour du sommet du tubercule primitif, que sa première écaille et quelques racines filformes. Après avoir formé un entre-nœud long de plusieurs centimètres, le bourgeon terminal s'arrête, développe d'abord une gaîne à l’opposite de la gaîne basilaire, puis successivement plusieurs feuilles, en restant enfermé dans la gaîne de la plus jeune jus- qu'au printemps suivant; en même temps 1l naît à ce niveau sous la gaine une racine adventive tuberculeuse, correspondant au bourgeon principal, puis, sous l'insertion des feuilles, un nombre toujours croissant de bourgeons axillares et adventifs qui déve- loppent chacun une grosse racine adventive. L'existence de ce premier entre-nœud permet de distinguer, dès les premières phases de son développement, le bourgeon qui donnera un pied stérile de celui qui produira une plante fertile. Au printemps de la seconde année, le bourgeon produit un nombre plus grand de feuilles, sans s allonger encore le plus souvent, en épuisant tous _les tubercules formés l’année précédente, et dont les bourgeons ne se développent pas en général, puis 1l en reconstitue un plus grand nombre de nouveaux au-dessus des premiers. Enfin, quand le nombre de ces tubercules est assez grand, le bourgeon terminal, après avoir développé plusieurs feuilles (et souvent aussi plusieurs des bourgeons axillaires de ces feuilles, qui for- ment alors comme lui chacun une racine adventive tubereuleuse adhérente), s’allonge en axe florifère ramifié, en épuisant tous les tubercules, tandis qu'il en reforme beaucoup d’autres au- dessus des premiers. Après la destruction de l'axe, une partie de ces tubercules deviennent libres ; mais je ne crois pas que la disjonction du faisceau radical soit toujours complète (1). (1) J'ai pu compter à la base d’une plante stérile adulte 452 racines tuberculeuses munies de bourgeons, dont 80 ridés et 72 frais ; la partie aérienne portait 30 tuber- cules axillaires ; 182 tubercules en tout, dont 102 capables de produire chacun un nou- vel individu, Si l’on admettait avec M. Clos la disjonction bisannuelle du faisceau radi- 100 VAN IEGHEM. Cet axe florifère produit, comme on le sait, à l’aisselle de ses feuilles, des tubercules qu’il nous faut maintenant examiner. Ces tubercules sont tous de même nature; tous sont constitués par un petit bourgeon voisin de leur point d'insertion, et par une grosse racine amylacée dont la structure est la même que celle des racines souterraines dont nous nous sommes occupés jus- qu'ici; c'est aussi le bourgeon qui apparaît le premier, et qui produit la racine adventive ; 1l y a donc identité complète à tous égards. Mais ces productions axillaires peuvent attemdre des degrés divers de complication, qu'il importe de signaler pour qu'on en puisse toujours reconnaitre la vraie nature. A l aisselle d'une feuille, on peut trouver en effet : i° Un tubercule isolé sans autre organe; c’est le bourgeon axillaire de la feuille, assez gros, qui, sans se développer, a formé une racine adventive tantôt dressée, tantôt horizontale, tantôt plongeant vers le bas, après avoir percé la gaine de la feuille. 2 Un tubercule accompagné d’une feuille bien développée, latérale le plus souvent, qui l'enveloppe dans sa gaîne ; le bour- geon axillaire a développé sa première feuille, et ce n’est qu’au- dessus de son insertion que la racine adventive a pris naissance. 3° Un tubercule accompagné de deux ou d’un plus grand nombre de feuilles, et enfermé dans la gaine de la plus inté- rieure ; le bourgeon a produit plusieurs feuilles avant sa racine adventive. h° Une feuille, un tubercule enveloppé par sa gaine, et un ra- meau floriière ; le bourgeon axillaire après avoir donné une feuille s’est allongé en branche, et le bourgeon axillaire de cette feuille a produit une grosse racine adventive. 5° Deux tubercules qui se détachent séparément, accompa- gnés chacun d’une gaine extérieure à lui et latérale par rapport à la feuille mère, et entre les deux tubercules un petit mamelon ; cal, les 80 tubercules épuisés auraient dû se former la première année ; or, les pieds de première année, c’est-à-dire ceux qui n’ont qu'un tubercule ridé, ne possèdent à la fin de leur végétation qu’un très-petit nombre de tubercules frais, ce qui s'explique par le petit nombre de leurs feuilles et la courte durée de leur vie. | OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE. 101 le büurgeon principal a développé ses deux premières écailles restées membraneuses, et le bourgeon axillaire de chacune de ces gaînes a produit une racine adventive, tandis que le reste du bourgeon primaire ne s’est pas accru ; le petit mamelon médian qu'il constitue pourra être enlevé avec le tubercule supérieur qui paraîtra porter deux bourgeons. 6° Deux tubercules imégaux se détachant ensemble, le plus petit entouré d’une écaille qui estla première du bourgeon du gros tubereule ; le bourgeon principal à donné une grosse racine, et en même temps le bæirgeon axillaire de sa première écaille en a développé une plus petite. Dans des cas beaucoup plus rares, le plus petit tubercule n’a n1 bourgeon, ni écaille enveloppante ; cela tient à ce que le bourgeon axillaire a produit deux racines adventives en des points très-voisins, fait qu'il m'est arrivé de rencontrer aussi pour les productions souter- raines. 7° Une feuille et deux tubercules se détachant ensemble; on a, dans ce cas, la première feuille du bourgeon principal, son bourgeon axillaire muni d’une racine et le bourgeon principal lui-même avec sa racine. 8° Trois tubercules avec deux gaines extérieures aux deux latéraux; ce sont le bourgeon terminal et les bourgeons axil- laires de ses deux écailles inlérieures qui ont produit chacun une racine adventive. 9° Trois tubercules et deux feuilles latérales ; c’est le cas pré- cédent où les gaînes seront développées en feuilles complètes. 10° Enfin la production axillaire la plus compliquée que j'aie observée avait plusieurs petites écailles, quatre feuilles et sept tubercules munis chacun d'un bourgeon ; le bourgeon terminal et six des bourgeons axillaires de ses feuilles inférieures ont à la {ois développé chacun une grosse racine adventive. Plusieurs autres cas peuvent se présenter; mais ceux que je _ viens de décrire suffiront, je l'espère, à montrer qu'au milieu | de la complication croissante de ces formations, les tubercules conservent toujours leur caractère de bourgeons axillaires munis chacun d’une grosse racine adventive, 102 VAN TIEGHEM. En résumé, les observations qui précèdent établissent l’iden- té de structure, de développement et de fonction de toutes les productions tuberculeuses de la Ficaire, étudiée dans ses deux variétés : un petit bourgeon (adventif ou axillaire) muni d’une grosse racine adventive issue de lui : telle en est la signification commune. | Mais ces tubercules ont un sort un peu différent ; ceux qui se produisent les premières années ne développent ordinairement pas leurs bourgeons au printemps suivant ; 1ls cèdent toute leur nourriture à la plante mère et s’épuisent; pourtant leur faible adhérence à l'axe fait supposer que, dès cette époque, quelques- uns d’entre eux peuvent s'en détacher et se développer libre- ment, en retardant d'autant l'accroissement de la plante mère, et J'ai vu plusieurs fois un pied de première année naître d’un tubercule ridé, qui faisait partie du faisceau d’une plante plus âgée, ce qui montre que ces tubercules peuvent, tout en restant adhérents, développer, à la rigueur, leur bourgeon. Au con- traire, un grand nombre des tubercules qui se forment sur un pied fleuri, qu’il soit fertile ou stérile, deviennent libres après la destruction de l'axe, développent leur bourgeon au printemps suivant, et constituent au même point, ou en des points voisins, autant d'individus nouveaux ; il en est de même de tous les tuber- cules axillaires de la variété stérile. Je dois maintenant examiner les diverses opinions émises sur ce sujet, en me bornant à rappeler et à comparer entre eux, et avec mes propres observations, les résultats obtenus par les botanistes qui se sont le plus récemment occupés de la ques- tion (1). Pour M. Aimé Henry, à qui l'on doit une étude comparative des tubercules de la Ficaire et des bulbes des Orchidées (2), ces productions sont de différente nature chez la Ficaire : «Nous » devons tenir, dit-il, les corps tuberculeux radicaux pour des (4) Je ne crois pas inutile de faire observer que ces auteurs ne se sont préoccupés que de la Ficaire bulbifère stérile, (2) Etwas über Knospen mit knolliger Basis. Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande und Westphalien, 7° année, 1850. dr nd © ar pe nt ns OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE. 103 » racines épaissies, non pas parce qu'elles occupent la place des » racines grèles et sont mêlées avec elles, mais parce que nous PMpINOYONS à leur surface aucune production spéciale qui nous » autorise à leur assigner une autre origine et une autre signifi- » cation. Même parmi les tubercules qui se développent à l’ais- » selle des feuilles sur la partie inférieure de la plante, il en est » beaucoup où la nature de racine prédomine, c'est-à-dire sur » lesquels on ne voit aucun bourgeon, ou sur lesquels le bour- » seon n'est qu'indiqué sans être capable de développement. » Dans la plupart des tubercules qui se forment à l'aisselle des » feuilles sur les parties élevées de la plante, 1l faut au contraire » reconnaître une tout autre manière d’être; 1c1 le tubercule » appartient à un bourgeon, et est formé par ce bourgeen (1).» Mais l’auteur ne détermine pas autrement la nature de ce tuber- cule qu'en l'appelant la base tuberculeuse du bourgeon (Knollen- artige Basis der Knospe), ce qui en fait un axe renflé. 11 distin- gue donc, en résumé, dans les formations tubereuleuses trois régions ; dans les deux inférieures, les tubercules ne sont que des racines ; dans la supérieure, ce sont des bourgeons : à base tuberculeuse, c’est-à-dire des axes renflés. Quoique postérieur aux recherches de M. Irmisch dont Je parlerai plus loin, le travail de M. Clos conduit à une manière de voir tellement analogue à celle de M. À. Henry, que je ne puis pas ne pas les rapprocher. Et d’abord les termes dans lesquels -M. Clos rend compte de l'opinion du naturaliste allemand ne peuvent manquer, après la citation que je viens de faire, de paraître singuliers. Le botaniste « qui, à notre avis, à le mieux » étudié ces tubercules, nous dit M. Clos, est M. Aimé Henry, qui » les a décrits et figurés avec soin, et son travail ne provoquerait » aucune objection de notre part, si ce naturaliste n'avait cru .» que tous les renflements de cette plante ont la même signi- » fication, celle de bourgeons avec une base tuberculeuse. » Le lecteur est juge de l'exactitude de cette appréciation. Il y a d'ailleurs pour M. Clos, comme pour M. Henry, deux sortes de (1) Loc.cit., p. 67 et 68. AO VAN TIEGHEM. formations chez la Ficaire, des tubercules racines et des tuber- cules bourgeons, répartis de la manière suivante. «En général, » dans un pied de Ficaire adulte, tous les renflements qui, plon- » gés dans le sol, partent de l'extrémité inférieure de la tige et » entourent le tubercule mére, sont de véritables racines tubé- » reuses »; Cest précisément ce qu'affirme l'auteur allemand. « Parmi les tubercules axillaires, les uns représentent des racines, » les autres des bourgeons... Jamais il n’y a plus d’un tuber- » cule bourgeon à l’aisselle d’une même feuille, tandis que le » nombre des tubereules racines qui sy montrent n’a rien de » fixe (1). » La seule divergence avec l'opinion de M. Henry consiste en ce que la division de la plante en région inférieure et supérieure cest supprimée ; quant au tubercule bourgeon, ce mot même indique clairement que M. Clos y voit un axe renflé. Mais bien que « les tubercules racines et les tubercules bour- » geons différent complétement au point de vue morphologique, continue M. Clos, nous pensons que les uns et les autres sont » également destinés à multiplier la plante; seulement, tandis » que chez ceux-ci le bourgeon est contemporain du tubercule, » 1l ne se développe chez ceux-là que longtemps après qu'ils se » sont détachés de la plante et au retour de la végétation. Ici » c'est un bourgeon adventif; là un bourgeon axillaire et nor- » mal.» L'étrangeté de cette production constante d’un bour- geon advenhf sur le tubercule racine en une place fixe n'échappe pas à ce savant botaniste, qui cherche à l’amoindrir par le rap- prochement de faits presque analogues ; sans le suivre dans cette digression, je terminerai en citant encore un aveu décisif : «Nous devons à la vérité d'ajouter que le faisceau vasculaire » qui occupe l'axe des tubercules de la Ficaire offre la même » constitution dans les tubercules racines que dans les tubercules » bourgeons; pas plus chez les uns que chez les autres, nous » n'avons pu voir de trachées à spiricule déroulable (2). » De son côté, M. Germain de Saint-Pierre, d'abord en 1852 (3) Ÿ (1) Étude organographique de la Ficaire, loc. cit.,p. 133. (2) Loc.icit., p.-L3/1,et 135. (3) Journal de l’Institut, janvier 1852. OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE, 105 (aptérieurement à M. Clos, mais après le travail de M. Frmisch, qu'il paraît n'avoir pas connu), puis de nouveau en 1856 (1), s’est occupé de cette question, et s’est rapproché de la vérité en considérant la partie tuberculeuse de toutes les productions aériennes de la Ficaire comme une racme, sans appuyer, 1l est vrai, SOn Opinion n1sur l'anatomie, ni sur l'organogénie ; 1] con- tinue néanmoins de croire les tubercules radicaux privés de bourgeons individuels, et voie: comment il les caractérise : «Les griffes, ou racines grumeuses des Ficaria, sont absolument de » la même nature que les faux bulhilles charnus axillaires ; la » différence consiste en ce que, tandis que le bourgeon axillaire » du rameau aérien émet une seule racine ovoïde, le bourgeon » axillaire, né à la base de la tige, est plus vigoureux, et émet » plusieurs racines au lieu d’une seule »; et plus loin, ce bota- ste signale en ces termes la différence qui le sépare de M. Clos : «M. Clos a insisté sur ce point, à savoir que le bul- » bille de la Ficaire présente un bourgeon, et que ses tubercules » radicaux n'en présentent pas. Je crois être au contraire dans » le vrai en admettant un bourgeon pour le bulbille et un bour- » geon pour l'ensemble des racines ovoïdes basilaires (2). » C'est avec une tout autre rigueur que, dès l’année 1850, M. Thilo Irmusch a abordé cette question dans une trop courte note (3), dont M. Clos se borne à faire une mention imexacte en ces termes : « M. frmisch y voit des tubercules rhizogènes, » C'est-à-dire des racines. » M. Irmisch diffère complétement des auteurs que je viens de citer, en ce qu'il attribue à tous les tubercules, sans le dire explicitemeut, il est vrai, la même valeur morphologique ; tous ont un bourgeon, et chez tous la partie tuberculeuse est une racine. L'auteur en donne des preuves excellentes : la course du faisceau qui est droit et non courbé en arc convexe en dehors, comme ce serait si le tubercule était un renflement excentrique de l'axe ; les poils délicats qui Ÿ (4) Bulletin de la Société botanique, t. IX, p. 11, 11 janvier 1856. (2) bid., p.12. (3) Zur Morphologie der Monocotyledonen Knollen-und Zwiebel-Gewächse, p. 229, en note, 1850. 106 VAN TIEGHEM. couvrent l’épiderme, la présence dans le jeune âge du tubercule d’une membrane enveloppante qu’il soulève, qu'il’ perce, et qui entoure sa base d’une sorte de coléorhize. Toutefois, sans ré- soudre définitivement la question, M. Irmisch se borne à con- clure : « Toujours est-il que la signification radiculaire de ces » tubercules à plus de raisons pour elle que leur signification » axile.» Après avoir montré ensuite que les bourgeons des nombreux tubercules groupés autour de la base ne.se déve- loppent pas d'ordinaire, parce que la substance en est épuisée par les développements ultérieurs de la plante, M. Irmisch termine en décrivant l’état des plantes les plus jeunes qu'il regarde comme issues de graine, et dont 1l considère la feuille comme ur coty- lédon unique. Comme on le voit par ce résumé, mes observa- tions s'accordent entièrement pour les ponts communs avec celles du savant botaniste allemand, et je me serais gardé de les exposer aussi longuement, si je n avais espéré, par cette étude détaillée, fixer définitivement les idées sur la végétation si cu- rieuse de la Ficaire. | La plupart des auteurs qui ont étudié les tubercules de la Ficaire se sont appliqués à les comparer à ceux des Ophrydées, et ils ont constaté tour à tour entre ces deux productions telle ou telle sorte de ressemblance, suivant la manière diverse dont ils en ont compris la nature particulière. Tout récemment, M. Pril- lieux vient de soumettre à son tour les bulbes des Ophrydées à une étude comparative et rigoureuse, et Je ne saurais mieux faire que de reproduire ici les quelques lignes où 1l en résume le dé- veloppement et la structure : «Le jeune bulbe, dit-il, apparaît » toujours, d’abord, sous la forme d’un bourgeon qui n'offre » aucune particularité notable. Ce u’est que plus tard qu’on voit » se produire sur le côté du jeune axe, au-dessous de la pre- » mière feuille, une petite tubérosité qui croît rapidement, et » s'organise d'une façon spéciale : c'est le tubercule naissant. » On y distingue de bonne heure plusieurs faisceaux vasculaires » qui partent tous perpendiculairement des faisceaux de l'axe du » bourgeon, et parcourent la tubérosité dans sa longueur jus- « » qu'à l'extrémité, où ils vont se perdre dans un tissu en voie de OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE. 107 » formation; en outre, on reconnaît que cette extrémité Infé- » rieure est coiffée d’use pilorhize. Le tubercule a donc et le » mode de végétation et le caractère anatomique d'une race. » Comme toutes les racines adventives, il se forme dans l’inté- » rieur du tissu de l'axe ; il n’est pas, au moment de son appari- » tion, directement exposé au dehors; il est recouvert par une » sorte de membrane formée de quelques rangées de cellules » appartenant à la couche externe de la jeune tige, membrane » qu'il déchire en grossissant, mais qu'on distingue encore long- » temps sous la forme d’une petite collerette qui entoure la » base. De ces faits, il résulte que le tubercule des Ophrydées est » formé par une racine adventive charnue, née de la base de » l'axe du bourgeon avec lequel elle reste soudée (1). » On le voit, le bulbe des Ophrydées, tel que M. Prillieux nous le fait con- naître, et le tubercule de la Ficaire, tel que le montrent les observations précédentes, se correspondent à tous égards ; il y a identité complète (2). Revenons maintenant à la comparaison des-variétés stérile et fertile pour la compléter. Nous connaissons déjà deux diffé- rences importantes dans Ja végétation : la présence de tubercules axillaires sur la plante stérile adulte, et la formation d’un pre- mier entre-nœud chez la jeune plante stérile entre le tubercule mère et ceux de seconde génération ; 1l y en a bien d’autres. Les feuilles de la Ficaire fertile ont un limbe plus petit et plus arrondi ; la face supérieure en est terne, d’un vert pâle, et mar- quée de taches grises ; la tige et les branches y sont grêles, dressées, peu développées, et les fleurs qu’elles portent ont les pétales rouge-brun sur la face mférieure. Chez la Ficaire stérile au contraire, les feuilles ont le pétiole tres-long, le limbe très- large et un peu triangulaire ; la face supérieure en est d’un vert foncé, luisante, sans taches ; les axes florifères y sont puissam- (1) Comptes rendus, t. LXII, p. 290, 5 février 1866. (2) Cette ressemblance remarquable entre des plantes si éloignées à tant d’égards se retrouve encore dans le développement imparfait de l'embryon dans la graine mûre ; l'embryon des Orchidées n’est constitué en effet, comme celui de la Ficaire, que par - une petite masse cellulaire sphérique ou ovoide, 108 VAN TALGHEM. ment développés, couchés dans leur partie inférieure, et les fleurs ont la surface mférieure des pétales d’un jaune pâle. La Ficaire fertile fleurit plus longtemps que l’autre, et conserve aussi plus longtemps son appareil de végétation. Enfin les pieds fertiles sont toujours disséminés ou réunis en sociétés peu nom- breuses, tandis que la Ficaire stérile forme des tapis serrés ; c’est une plante sociale par excellence ; cette différence s'explique par la manière même dont les deux variétés se reproduisent. II y a donc là un ensemble de caractères différentiels qui fait recon- naître à première vue et dès ses premiers développements une plante de l’une ou de l’autre qualité ; tous ces caractères sont liés les uns aux autres, et l’on peut les résumer en disant que ce qui caractérise la Ficaire stérile, c’est un développement exagéré de tout l'appareil végétatif quiretentit sur l'appareil reproducteur en arrêtant le pollen dans son développement ; chez la Ficaire fer- tile, 11 y a plus d'harmonie entre les forces végétative et repro- ductrice. Or, les conditions de milieu où vivent ces deux sortes de Ficaire me paraissent rendre compte de ces différences amsi exprimées. Où trouve-t-on, en effet, la Ficaire stérile ? Au pied des haies humides, au bord des ruisseaux, c’est-à-dire dans des conditions d'humidité excessive, circonstance éminemment favorable au développement exagéré des feuilles et des racimes adventives. La Ficaire fertile, au contraire, se trouve sur les pentes un peu découvertes des bois sablonneux, là où l’eau ne peut s’'accumuler. Mais 1l me semble que ces conditions phy- siques extérieures, où la nature même du sol peut entrer pour sa part, ne peuvent agir avec efficacité que sur le développement de la graine pour la modifier dans l’un ou l’autre sens, et que la modification une fois produite, elle persiste tant que la plante ne fait que conserver et propager son individualité par la for- mation et le développement des bourgeons munis de racine adventive, quelles que soient les circonstances extérieures aux- quelles sont désormais soumis ces tubercules. C'est à l'expérience qu'il appartient de contrôler ces vues. IL faudra, d’une part, semer les graines de Ficaire dans le même sol et les mêmes conditions extérieures que ceux où croît spon- OBSERVATIONS SUR LA FICAIRE. 109 tanément la variété fertile, et en suivre tout le développe- ment ; et, de l’autre, placer les tubercules des deux variétés dans des conditions opposées à celles où on les rencontre natu- rellement, et voir si ce changement influe sur la nature des pieds qu'ils produisent. En attendant qu'il me soit permis de combler les lacunes signalées chemin faisant dans ce travail, on peut en résumer ainsi les conclusions principales : | 1° La cause prochaine organique de la stérilité de la Ficaire bulbifère est l'arrêt de développement du pollen dans l'anthère. 9 Tous les tubercules de la Ficaire, dans ses deux variétés, ont une structure, un mode de formation et un rôle identiques ; un bourgeon muni d’une grosse racine adventive issue de lui, et avec laquelle 1l se sépare de l'axe : telle en est la signification commune. 3° Le tubercule de la Ficaire est identique au faux bulbe des Ophrydées. | h° La graine de la Ficaire renferme un petit embryon sphé- rique, homogène, et paraît germer avec un seul cotylédon. 5° Ilexiste enfin un ensemble de caractères différentiels qui permet de reconnaitre, dès le plus jeune âge, une plante de l’une ou de l'autre variété, et qui peut se résumer en un excessif déve- loppement, chez la Ficaire stérile, de l'appareil végétatif et des racines adventives tuberculeuses, circonstance qui s'explique par les conditions de milieu où cette plante croit spontanément. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 10... Fig. 4. Coupe transversale d’une loge d’anthère de la Ficaire bulbifère. «a, cellules mères du pollen qui ont épaissi et popctué leurs parois; b, couche fibreuse qui ne recouvre que les valves. Fig. 2. Masse cellulaire des cellules mères, isolée de la logette ; le tiers du fuseau est représenté. Ë Fig. 3, Coupe transversale d’une racine grêle. a, gaine de cellules polyédriques con- tenant de petits grains d’amidon simples, doubles ou triples, dont la dimension est 130 __ VAN TIEGHEM. Om, 004 ; b, cellules tabulaires entourant le faisceau central ; /, faisceau vasculaire à trois cannelures, entouré d’une gaïîne, c, de cellules longues, étroites, sans fécule. Fig. 4. Coupe transversale d’un tubercule. e, épiderme à deux rangs de cellules sans amidon ; beaucoup de cellules de la couche externe se prolongent en poils, p >; a, couche fort épaisse de grandes cellules pleines de gros grains simples d’amidon dont le diamètre est 0®%,040 ; &, cellules tabulaires entourant le faisceau central; ff, cinq faisceaux vasculaires rangés en cercle et entourés d’une gaine de cellules, c, étroites et longues, sans fécule. Fig. 4/. Coupe longitudinele d’un tubercule. r, point d'insertion ; b, bourgeon ; a, fais- ceau d’abord simple qui se rend dans le bourgeon, et d’où part un faisceau, c, qui chemine dans l’axe de la racine. Fig. 5. Embryon de Ficaire extrait de la graine müre. s, suspenseur déchiré au som- met ; e, corps de l’embryon, ses dimensions sont : en largeur 0®"®,140, en longueur MM 148 ; le grossissement est de 180 fois. Fig. 6. Un tubercule de la Ficaire fertile commençant à se développer. {, tubercule qui se ride ; a, première gaine ; h, deuxième gaine ; p, pétiole de la feuille ; », tubercule nouveau qui commence à faire saillie sous la seconde gaine ; f, racines absorbantes. Fig. 7. Plante où le nouveau tubercule principal est constitué. 7, ce nouveau tuber- cule; t, l’ancien ; a b, les deux gaînes; p, le pétiole enfermant dans sa gaine, en bo, le bourgeon terminal. DE LA CULTURE DES QUINQUINAS Par M. Philip PHŒBUS, Professeur de médecine à Giessen (Hesse-Darmstadt). (Extrait du numéro de la Gazette de Cologne du 31 mai 1865.) Il y a déjà plus de deux siècles que les Quinquinas (4) sont reconnus pour le meilleur agent thérapeutique à administrer contre la fièvre intermittente ; aussi leur emploi n'a-t-1l fait que s’accroître, à mesure que les médecins apprenaient à s’en servir avec plus d'habileté. Mais leur importance s'est accrue d’une manière toute particulière, lorsque en 1820, Pelle- tier et Caventou eurent fait connaître d’une manière plus exacte les alcaloïdes qu’on savait déjà exister dans ces écorces. Par la sûreté et la rapidité de leur action, ces alcaloïdes ont un avan- tage marqué sur le Quinquina en écorce ; ils sont d'un emploi plus commode et plus faciles à digérer que ce dernier. Leur sphère d'action s'étend de plus à beaucoup d’autres maladies, dans lesquelles le Quinquina en écorce ne pourrait pas être supporté ou ne donnerait aucun résultat, par exemple dans diverses fièvres malignes non Intermittentes, et notamment dans les fièvres rémittentes d’origine paludéenne ou provenant de malaria, ainsi que dans d'autres maladies, où leur impor- (1) Ceux de nos lecteurs qui s’intéresseraient à l’histoire de l'introduction et de la culture des Quinquinas dans l'Inde, etc., trouveront dans les ouvrages suivants tous les documents nécessaires : Copy of a Correspondence relating to the Introduction of the Cinchona Plant into India, and to Proceedings connected with the cultivation, from March 1852 to March 1863. Blue Book ordened by the House of commons to be printed, 20 March 1863. Travels in Peru and India, by Clements Markham. London, 8°, 1862. Esxtract from a report to the Government on Cinchona plantations and Botanical Garden, for 1863-1861, by Clements Markhain. Report on Cinchona Plantations in Ceylon, by CI. Markham. Letter from Clements Markham Esq., to the Secretary of Government, Revenue * Department. Fort Saint George; dated Ootacamund, 16 jan. 1866. 119 P. PHŒBUS. tance est partagée avec divers autres médicaments (le typhus, les nombreuses maladies nerveuses chroniques, etc.). Pour toutes ces raisons, la Quinine est devenue plus indispensable, plus impossible à remplacer qu'aucun autre agent thérapeu- tique. | Par suite de l'extension de l'usage de la Quinme, l'importation du Quinquina en Europe à beaucoup augmenté. IT ne serait pas impossible de fabriquer les alcaloïdes dans l'Amérique du Sud, et d'en faciliter par là l'exportation ; mais comme les con- ditions préliminaires d'une fabrication chimique convenable ont toujours manqué dans l'Amérique du Sud, les tentatives isolées, faites pour établir une fabrication de ce genre, n’ont pas réussi, et, encore aujourd'hui, c'est en Europe, principa- lement en Allemagne (en particulier dans la grande fabrique de M. le docteur Zimmer, à Francfort-sur-le-Meim), qu'est ex- traite des écorces de Quinquinas la majeure partie de ces alca- loïdes. Reconnaissons cependant qu'on en produit aussi, et dans une proportion à peine moins considérable, en Angleterre, en France et ailleurs. Même considéré comme simple article de commerce, le Quin- quina est encore très-important, et constitue une des denrées dont l'exportation est la plus avantageuse pour l'Amérique tro- picale. Ainsi, par exemple, suivant M. Weddell, le célèbre bota- niste et savant voyageur qui, par son excellente Histoire natu- relle des Quinquinas (1849), à fait faire des progrès prodigieux “à la connaissance de ces arbres, la Bolivie seule, bien que le gouvernement y ait limité la récolte et l'exportation, a livré au cammerce trois millions de livres d'écorce dans les années 1850 et 1851. Les autres pays à Quinquinas n’ont pas été moins pro- ductifs ; mais cette exportation considérable, et surtout l'exploi- tation désordonnée et générale, dans l'Amérique du Sud, des arbres à Quinquinas, ont inspiré en Europe la crainte que, même dans un avenir très-rapproché, la quantité d’un agent thérapeutique ‘si indispensable pût baisser beaucoup, et que certaines espèces de Quinquinas, et peut-être précisément les plus riches en principes médicamenteux, fussent même presque DE LA CULTURE DES QUINQUINAS. 113 entièrement détruites. Déjà, en 1846, ces appréhensions avaient déterminé M. Delondre, fabricant de sulfate de Quinine au Havre, à faire un voyage de deux années au Pérou, pour s’as- surer, pendant de longues années, les matériaux nécessaires à sa fabrication. Le gouvernement hollandais à eu le mérite de travailler le premier à faire disparaitre cette crainte. Après que la transplan- tation des arbres à Quinquinas dans les Indes orientales eut été proposée par différents botanistes, et en particulier par Blume et Junghuhn, un plant de l'espèce de Cinchonas la plus appré- ciée, le GC. calisaya Wedd., fut d'abord transporté en 1852, pour servir d'essai, à Java. Mais comme on ne pouvait naturellement pas compter sur la multiplication de ce seul échantillon, un botaniste allemand, M. le docteur Hasskar!, fut chargé d'apporter du Pérou à Java des plants de Quinquinas et des semences en nombre suffisant. La mission fut très-difficile, parce que Hass- karl, sans parler des dangers personnels qu'il eut à courir, eut à lutter contre la jalousie des Péruviens. 11 réussit cependant à faire parvenir à Java assez de graines de Quinquinas pour coni- mencer les semis en 1853. L'année suivante, il introduisit dans l’île un nombre assez considérable de Cinchonas vivants, sans compter ceux qui arrivérent plus tard directement de Hollande. Au commencement, la direction de la culture des Quimquinas fut confiée à Hasskarl, et comme ce dernier, pour cause de maladie, avait dû retourner en Europe en 1856, il fut remplacé par Junghuhn. Il y eut encore ici bien des difficultés à surmon- ter, beaucoup d'apprentissage à faire ; mais enfin l’acclimatation des arbres à Quinquinas dans l’île de Java a pu être considérée comme un fait accompli. Il existe actuellement, sur onze points différents de l’île de Java, des plantations deQuinquinas, qui con- tenaient déjà à la fin de décembre 1863 au delàde 120090 plants vivants de Cinchona calisaya, 89 de l'espèce la plus rapprochée de cette dernière par ses qualités, le Cinchona succirubra Pay. (qui, par la proportion d’alcaloïde qu'il contient, dépasse géné- ralement toutes les autres espèces, mais qui ne vient qu'après le Cinchona calisaya, lorsqu'on ne tient compte que de la 5€ série. Bor. T. V. (Cahier n° 2.) # 8 All P, PHŒBUS. quantité de quinine), et au delà de 1 189 000 plants de diffé rentes espèces de moindre valeur. Dès 1558, le gouvernement hollandais avait adopté la mesure très-heureuse d'adjoindre, à M. Junghubn, M. de Vrij, chimiste distingué : nous ferons ressor- tir plus loin la convenance de cette mesure. L'Angleterre a suivi avec succès l'exemple de la Hollande. Le gouvernement anglais a fait, à différentes reprises, transpor- ter des Cinchonas du Pérou et de l’équateur dans les Indes orien-— tales, et parmi les hommes distingués qui ont été chargés de cette mission, nous devons citer notamment MM. CI. Markham, Pritchett et Spruce, ce dernier accompagné de lhabile horti- culteur M. Cross. M. Markham s'est particulièrement distingué dans cette entreprise devenue pour lui pleine de périls, et à la- quelle madame Markham elle-même s est courageusement asso- ciée. Dans le principe, toute sorte de malheurs ont conspiré contre ces expéditions; mais enfin M. CI. Markham réussit à vaincre tous les obstacles, et les Cinchonas se développent aujourd'hui parfaitement dans des plantations faites sur trois points des Indes orientales : à Hakgalle, dans l'ile de Ceylan, sous la direction de M. Mac Nicoll, et sous l'administration supérieure de M. Thwaites, directeur du jardin botanique à Peradenia ; à Ootakamund, dans les Nilgherries (ou M. Mac [vor, horticulteur tres-soigneux, est l'âme de l'exploitation) : et à Darjeeling, au pied de la chaîne de l'Himalaya, sous la direc- tion du docteur Thomas Anderson, directeur du jardin bota- nique de Calcutta. Ces trois plantations contenaient ensemble, dès 1863-1864, cent mille plants de Cinchonas vivants, appar- tenant pour la plus grande partie à l'espèce connue sous le nom de Cinchona succirubra. M. Mac Ivor espère pouvoir, à la fin de 1865, livrer en Angleterre un premier envoi de à à 5000 livres d'écorce. Le gouvernement hollandais est venu du reste, ayec une grande générosité, en aide au gouyernement anglais en lui sournissant des matériaux d’une véritable valeur, et le gouyer- nement anglais a usé de réciprocité autant que cela a été en son pouvoir. Le climat tropical de ces pays explique le rapide développe- DE LA CULTURE DES QUINQUINAS. 449 ment de ces cultures, mais lus jardins botaniques de Leyde et de Kew, et même le jardin particulier de M. J. E. Howard à Londres, ont eu leur part dans la réussite de ces tentatives. La richesse en alcaloïdes paraît augmenter par la culture. En effet, à Java, comme dans les Indes orientales britanniques, de très- jeunes écorces ont déjà présenté à plusieurs reprises un rende- ment considérable en alcaloïdes, que l’on était habitué à rencon- trer seulement dans les vieilles écorces venues spontanément dans l'Amérique du Sud. De nombreux essais ont bien été faits pour remplacer les écorces de Quinquinas par d’autres agents thérapeutiques plus faciles à se procurer, même en Europe. Pour les écorces, on y est parvenu dans une certaine mesure, puisque différents autres végétaux en approchent par leur action fébrifuge ; mais il en a été autrement des alcaloïdes, dont l’activité est plus grande, et qu'on a vamement cherchés dans ces végétaux. En vain la Société de pharmacie de Paris a-t-elle, de 1849 à 1861, proposé à plusieurs reprises un prix pour la recherche d’un agent théra- peutique capable de suppléer à l'emploi des alcaloïdes du Quin- quina, et le ministre de la guerre de France a-t-1l élevé ce prix jusqu à 10 000 francs ; le prix n’a pu être décerné à personne. Quant à produire artificiellement les alcaloïdes du Quinquina au moyen de l'acide quinique (préparé avec des plantes euro- péennes), ainsi qu'on l'a proposé récemment, cela est excessive- : ment douteux ; dans tous les cas, on ne doit nullement compter sur quelque chose d'aussi incertain. Dans l'intérêt du monde, il est actuellement beaucoup à désirer que les gouvernements qui se sont imposé la tâche de cultiver les Quinquinas continuent à y travailler avec per- sévérance, et que, pendant un espace de temps encore assez long, peut-être une dizaine d'années, ils n’épargnent ni l’ar- gent n1 lessoins. En effet, la réussite des plantations faites en Asie na pas encore abaissé le prix des Quinquinas et de ses préparations autant qu'on doit le désirer pour les rendre facilement accessibles aux plus pauvres, et le besoin des alca- loïdes du Quinquina augmente, en outre, beaucoup par cette 116 P, PHŒBUS. raison que le cercle de leur emploi médical s'accroît encore in- cessamment. Si les gouvernements se contentent de mettre les nouvelles plantations de Quinquinas sous la direction de botanistes, d’agri- culteurs et d’arboriculteurs, le progrès auquel on doit avoir le désir pressant d'arriver, et qui consiste à faire rendre à la plante, pour une même quantité d’écorce, une plus grande quantité _d’alcaloïdes, pourra ne s’accomplir que très-lentement. On de- vrait plutôt appeler à son aide la chimie qui, par la découverte des alcaloïdes, a déjà beaucoup augmenté la valeur des arbres à Quinquinas. Le rôle de cette science est actuellement non pas simplement de surveiller, mais de diriger les essais de culture des Quinquinas, et il conviendrait de laisser de côté les anciennes règles en usage dans la culture des plantes. La chimie doit 1c1 se proposer surtout les problèmes suivants : 1° Déterminer comment les alcaloïdes se répartissent locale- ment dans les écorces de Quinquinas, afin que des parties sans utilité, ou du moins de peu d'utilité, soient repoussées de l'em— ploi médical et même ne soient pas mises en œuvre dans l'extrac- tion des alcaloïdes. Dans cette direction, la chimie, unie à la phytotomie, a déja donné quelques résulats. Nous savons du moins que la portion intérieure de l'écorce est en général la plus riche, et qu'au contraire les portions placées le plus à l’exté- rieur sont, dans la plupart des cas, de peu de valeur, etc.; mais il y a encore à ce point de vue beaucoup à faire, et beaucoup d'espèces de Cinchonas sont à étudier sous ce rapport à diffé- rents états d'avancement. 2 Déterminer comment la quantité d'alcaloïdes peut être augmentée par la culture. Dans ce but, on doit conseiller de rechercher comment, dans la plante vivante, les divers alca- loïdes se produisent origmairement ou se transforment l’un dans l’autre ; mais il est tout particulièrement nécessaire de dé- terminer comment les circonstances extérieures (chaleur, lu- mière, humidité, etc., etc.) peuvent être utilisées pour en aug- menter la quantité. Quelques points ont déjà été établis à cet égard par un certain nombre d’observateurs attentifs : il a été DE LA CULTURE DES QUINQUINAS. 117 constaté, par exemple, que lorsqu'on recouvrait les branches avec de la mousse, la quantité d’alcaloïdes se trouvait locale- ment augmentée. Mais la question qui à été jusqu'ici traitée dans la plupart des cas est seulement de déterminer, par des observations et des essais, comment le développement des arbres à Quinquinas peut en général être assuré et accéléré par ces circonstances extérieures. Il serait tout à fait convenable que l’on cherchât à répondre à ces questions avant toute autre, ce à quoi M. Mac Ivor a déjà réussi dans une certaine mesure. Toute- fois, on manque encore presque entièrement de recherches, faites d'après un plan suivi, et dans lesquelles 1l soit tenu compte d'une manière toute spéciale de la richesse en alcaloïdes. Des essais de ce genre devraient être exécutés en très-grand nombre et poursuivis avec patience pendant plusieurs années ; 3° Déterminer quelles sont en dehors des écorces les autres parties des arbres à Quinquinas qui pourraient être utilisées, et exécuter, par la détermination et la séparation des principales parties constituantes, le travail qui doit précéder nécessairement l'examen médical. Déjà M. Weddell a indiqué les fleurs qui sont aromatiques et qui pourront peut-être constituer un précieux agent thérapeutique, d’un caractère tout autre que celui des écorces : leur matière odorante n’a pu jusqu'ici être isolée, mi examinée d'une manière approfondie par les chimistes. M. Ho- ward et d'autres ont attiré l'attention sur les feuilles considérées comme toniques et comme fébrifuges. L° Détermmer jusqu'à quel pomt une fabrication chimique peut être établie dès maintenant sous les tropiques, et jusqu’à quel point le transport peut être ainsi facilité. Le fait que les essais de fabrication qui ont été faits dans l'Amérique du Sud n'ont pas réussi, ne doit pas empêcher d'en entreprendre de nouveaux en Asie et sous des gouvernements européens ; 9° Dans toutes les prévisions, — même lorsqu'on réussirait à préparer sous les tropiques les alcaloïdes à l’état pur, ainsi que l'acide quinovique (déjà d’une grande valeur comme tonique) en quantités considérables, — on devrait, pendant un temps encore long, envoyer aussi en Europe du Quinquina en écorce, 118 P, PHŒBUS. parce que les médecins n’ont pas encore appris à remplacer l’usage de l'écorce par celui des principes constituants. Un très-grand nombre de médecins croient ne pas pouvoir se passer du Quinquina en écorce dans le traitement des malädies pu- trides. Il est donc tout à fait désirable qu'un chimiste, au moyen d'analyses très-nombreuses, puisse guider le directeur dé l'ex ploitation dans le choix des écorces à expédier, afin que, ce qui a été jusqu'ici malheureusement si ordinaire, la mauvaise mar- chandise ne chemine pas avec la bonne et ne vienne pas tromper en Europe sur les résultats qu’on en attendrait. Tous ces problèmes sont singulièrement conipliqués par le grand nombre des espèces de Cinchonas, dont quelques-unes ont encore à peine été soumises à une analyse chimique, et par cette raison que, dans chaque espèce considérée isolément, la proportion d’alcaloïdes varie considérablement, souvent de plu- sieurs Centièmes presque Jusqu'à zéro, même dans les conditions naturelles. On ne doit donc pas seulement suivre séparément chaque espèce particulière de Cinchona qui paraîtra digne de fixer l’attention, il faudra surtout multiplier les essais, afin de pouvoir résoudre le problème difficile d'apprécier toute influence naturelle et artificielle spéciale mdépendamment de toute autre. Les gouvernements éclairés de Hollande et d'Angleterre ont reconnu, dès le principe, la nécessité de faire intervenir ici la chimie. L’Angleterre a chargé principalement, presque exclu- sivement, des analyses chimiques M. J. E. Howard qui, origi- nairement pharmacien, actuellement copossesseur d’une fa- brique considérable de Quinime, a fait en même temps de la quinologie l’objet d’études approfondies, a réuni à cet effet des collections extraordinairement riches, et a publié sur cette branche de la science des travaux très-étendus et très-impor- tants. On doit considérer M. Howard comme le premier quino- logiste vivant, du moins lorsqu'on tient compte des services qu'il a rendus dans cette branche de la science, sur laquelle on a déjà prodigieusement écrit. La pensée de faire exécuter les analyses chimiques en Europe devait se présenter naturellement à l’es- prit, par cette considération que les ressources de tout genre DE LA CULTURE DES QUINQUINAS. 119 qu’on y trouve devaient secondér les expériences, et l'Angleterre né pouvait charger de ces analyses personne qui y fût plus propre que M. Howard. Mais la suite des événements à déjà montré combien les expériences faites en Europe sont insuffisantes. Il s'écoule dés mois entiers avant que les envois expédiés des Indes orientales arrivent par l'intermédiaire des autorités admi- nistratives entre les mains de M. Howard, et il s'écoule ensuite un témps tout aussi long avant que les résultats de ses expé- riences retournent par la même voie aux directeurs de la culture dans lés Indés orientales, pour être utilisées dans de nouvelles expériences. La Hollande a eu le bonheur de trouver, dans la personne de M. le docteur de Vrij, antérieurement professeur de chimie et de pharmacie à l'École dé médecine de Rotterdam, un chimiste d'une grande valeur, qui à bien voulu se résoudre à aller étu- dier sur placé le Quinquina. M. de Vrij a passé plusieurs années à Java ét y a exécuté dés expériences chimiques. Il a bien eu, dans l'aménagement de son laboratoire, à lutter contre les difti- cultés de première installation et celles non moins grandes qui se rattachent, mêmé en Europe, aux analyses de substances or- ganiques aussi complexes; mais, malgré cela, il nous a déjà envoyé dé Java des analyses excellentes de plusieurs espèces de inchonas. Malheureusement, une partie considérable de son temps a été employée à analyser une espèce de peu de valeur (CG. Pahudiana Howard) ; toutefois il a montré, par de nom- bréuses expériences , que cette espèce n’est pas aussi inerte que les auteurs anglais ét autres l'avaient prétendu. M. de Vrij a étendu, en outre, ses recherches au delà de la sphère de la chimie. Secondé par des médecins, il a fait connaître l'acide quinovique comme un précieux tonique; il a montré que, à côté de la quinine, les autres alcaloïdes ont une valeur consi- dérable , particulièrement comme fébrifuges, et, par un voyage à Hakgalle et à Ootakamund, il a contribué à Ft faire un pas en avant à la solution de la question du mode de culture le pius convenable pour les arbres à Quinquinas. De retour en Europe, en 1864, il à, dépuis lors, enrichi la chimie des Cinchonas, 190 P, PHŒBUS. non-seulement de nombreuses analyses d’écorces de différentes espèces considérées isolément, mais aussi d'excellentes indica- tions relatives à l'analyse des Cinchonas en général. Actuelle- ment, il utilise un congé prolongé pour échanger en Europe ses idées avec les quinologistes de tous genres : chimistes, fabricants de quinine, médecins, voyageurs, etc., qui ont plus ou moms étudié les Quinquinas dans l'Amérique du Sud; mais il doit bientôt, dit-on, retourner à Java. Dans l'intérêt de la science et de l'humanité, il est à désirer que le gouvernement hollandais mette M. de Vrij à la tête de la culture des Quinquinas en l'in- vestissant de pleins pouvoirs. En outre, son nom, qui à une re- nommée considérable dans toute l’Europe, serait particulière- ment prore à inspirer la confiance aux médecins dont dépend presque toute l’utilisation des Quinquinas, par conséquent à hâter la vente des écorces et des alcaloïdes des Quinquinas que la Hollande mettra bientôt dans le commerce. Toutefois, 1l sera très-utile de placer à côté du chimiste un botaniste exercé à la phytotomie, ainsi qu'un horticulteur ou un arboriculteur ca- pable. Si le gouvernement hollandais, si sage, continue à mar- cher dans ce sens pendant encore un certain nombre d'années, dix ans peut-être, 1l verra, outre la juste reconnaissance du monde, les fruits matériels le récompenser de ses efforts et l'œuvre commencée devenir alors aussi facile qu'elle est encore actuellement difficile. On a soulevé récemment, — tant aux Indes orientales néer- fandaises que dans les Indes orientales britanniques, —la question de savoir si le développement des arbres à Quinquina, assuré en Asie, ne devrait pas être laissé à la disposition de l’industrie privée. Il a même été fait un petit commencement de tentative d'opération de ce genre, puisque, à Ootakamund, quelques milliers de plants de Quinquinas ont été vendus à des particu- hers. Le rapport ne permet pas de juger de la convenance de cette mesure en général, mais 1l laisse apercevoir que, si l'on vou- lait opérer en grand, la tentative serait dans tous les cas préma- turée. En effet, on ne pourrait pas attendre de particuliers une assistance assez puissante pour des expériences susceptibles d’em- DE LA CULTURE DES QUINQUINAS. 421 brasser toutes les faces de la question et dont l'importance est encore si pressante, et le public médical et pharmaceutique pour- rait, du moins dans les années les plus rapprochées de l’époque actuelle, ne pas accorder aux écorces de Quinquinas et aux pré- parations quiniques, qui seraient livrées par les particuliers, une confiance aussi complète qu’à celles qui seraient offertes par les gouvernements. La confiance dans l’honorabilité du vendeur déterminera toujours l'acheteur dans le choix de la localité avec laquelle 1l entrera en relations, et exercera par conséquent aussi une Influence sur la question au point de vue économique. SUPER FRIESIANO T'APHRINARUM GENERE ET ACALYPTOSPORA MAZERIANA, : . Accedente Ustilaginis marinæ Dur. adumbratione. SCRIPSIT EL. KR. TULASNE, Acad. sc. par. soc. De vegetabilibus imfimæ dignitatis jure dicendum vulgatissima plurima, quod ad structuram attinet, apud phytologos adhuc nesciri. Causa sane ea est cur T'aphrinæ aureæ Fr. fabricam, fungi scilicet a Malpighianis temporibus noti (1), in 4scomy- cele suo cœærulescenti minime agnoverint coætaner nostri CAsTA- NiuS, Mazerius, Monraniusque ; eur etiam nuperiori tempore FocreLius et Barius titulo novo fungillum, Exoascum nempe, salutaverint qui nil nisi T'aphrina octospora manifestissime est. T'aphrinam auream, sticera inter Erinea apud PEersoonium (2) et discipulos olim computatam, merito segregavit artis mycolo- gicæ hodiernus upsaliensis magister (3). Id generis ob floccos globosos, granuliformes, vel ovatos et ventricosos, nec non spo- ridia quasi mentientes, Phylleriis et Erineis, fungis spuriis, mi- nine affine Friesius primum existimat (4). Annis circiter decem (i) Marcelli Mazpieui commentationem videas de vartis plantarum tumoribus et excrescentiis (Anat. Plant. parte alt. [1679], p.53, tab. xxnx, fig, 78); illustris viri verba ec reuntmer" in Populo e prona folii parte frequenter, et quandoque ab » opposila, lævis quædam attollitur excrescentia lutei coloris quæ in breves pilos solvi- » tur ct fit quasi sericum villosum. Hæc folii formam deturpat quod frequentissime » concavum ibi redditur, colorque remittitur. .… probabiliter a morbo contingere reor.….» (2) Syn. meth. Fung. (1801), p. 700, n. 5. (3) Ofr. Frigsit Obs. mycol.,t. (1815), p.217, ett.[T (1818), p.378, tab. vu, fig. 8. (4) Obs. mycol., 11. ce. SUPER FRIESIANO TAPHRINARUM GENERE. 1923 postea elapsis, iterum quærit nonne Taphrina fungis sinceris merito annumeraretur, licet ejus organa pseudo-fibras ut et pilos deformatos quibus, eo judice, Phylleria el Erinea modo consta- rent, dicat. (Cfr. Syst. Orb. Veget. [1825], p. 315-317.) Re centiori tempore has pseudo-fibras pro pseudo-peridis mutat, easque matéria grumosa seù pseudo-sporidiis referciri notat; super natura tamen, sive, ut ait, physiolôgicis rationibus, Taphrinam a reliquis Phyllerieis neutiquam recedere, nimirum nullam sistere autonomam vegetationem nullamqué propaga- tionem, arbitratur. (Vid. Syst. Myc., t. NE, p. 520.) Denique Taphrinam in bivio inter Phylleriaceos et Fungos genumos poni statuit (S. Feg. Scand. [18h91, p. 518). Frissium laudavit Mazerius quod pseudo-fibras potius quam floccos Taphrinæ concedisset ; ipse vero éasdem pro sporidiis seu sporulis libentissime haberet, ideoque Taphrinam Uredineis consociaret nisi vigendi modo eà fungos byssinos ét potissime Erinea magis imitaretur. Lis Mazeru PI. Crypt. Galliæ, ed. princ. ie VIT [1898], n. 304, sub Täphrina populina Fr., Syst. O. Veg., nec non Te Soc. reg. agric. et art. Insul., t. VI [1828], p. 47.) Contendit quoque Grevizuius (F1. Crypt. Scot., t. I, ad tab. 33) qui de Æ£rineis bene meritus est, Erineo aureo Pers. mantfestiora s. sincerlora inesse semina quam cuilibet ali, eaqué tum in saceulis seu peridus natalibus tubulosis jam apparere, tum postea in conspectum rejecta venire. T'aphrinam èt Cro- nartium ab Erineis removenda censebat Linxius (Sp. Plant., parte F, p.162, in fine). Nec aliter sentire voluit Fæus, £rineorum bistoriographus, qui non modo Erineum aureum Persoonit sed etiam plura alia, ut opinabatur, analoga, ad fungos verisimili- ler ducenda, cæteros contra Phyllerieos à vegetabilibus rémo- vendos æstimavit. (Cfr. ejus dissertat. de Phyllerieis 1834}, pp. 22-27 et 62.) Quidquid tamen cirea Taphrinæ aureæ Fr. et affinium auto- nomian allatum videmus, non obstitit quin Zrineorum sortem demum secutæ sint parique modo e vegetabilium societate a neotericis fuerint rejectæ. B. Corp inter primos, quum Fungo- 424 L. R. TULASNE. rum genera universa recenseret, Erinea omnia nec exceptam T'aphrinam respuit (Anleit. z. Stud. d. Myk. [18h42], p. 5 et 6). BerkeLæo judice (Out. of Brit. Fung., p. 88), Erinea non pluris valent quam gallæ ex insectorum 1ictu natæ. Fungorum Hoffmannianus Zndexæ Erinea notat his verbis : Pili degeneratr hic tandem omittendi ; similiter et Taphrinæ 1bidem pih dege- nerali declarantur (op. cit. [1863|, p. 53 et 137) (1). Nobis porro quibus Cronartium ab immerito Erineorum con- sortio revocare olim contigit (2), T'aphrinæ etiam sortem curare nunc liceat, ejusque naturam rite funginam asseverare, quum, sicutiterata observatione compertum in præsenti habemus, intima super fabrica et sporarum copia formaque Ascomycetem cœærules- centem Maz. et Mvren., cui locus inter fungos veros minime denegatur, prorsus æmuletur. Inde autem necessario consequi- tur ut Castanianus fungillus titulum Mazerianum suum deponat et antiquius T'aphrinæ accipiat signum. Ex altera parte Horrmannius ipse (/nd. Fung., p. 57, sub Exoasco) jam conjicit Exoascum Pruni Fucx. ad Ascomycetem bullatum Berk. fortassis accedere. Discrimima enim quæ inter- cedunt in eo, ni fallimur, præsertim versantur quod singulæ Exoasci thecæ octosporæ sint, Ascomycelis contra polysporæ ; itaque Ascomycetes s. Taphrinas pro Exoascis pycnideis ducere licet. Quod ad T'aphrinæ locum aptiorem in Fungorum ordme s. systemate spectat, pauca verba nunc habere conducit. Repu- diata Erineorum societate, Taphrina quum polyspora, tum octo- spora, cum Hyphomvycetibus seu fungis byssaceis quibus apud Linkium, Persoonium, Friesium et discipulos polyspora annume- ratur, diutius militari nequit ; nec quidem obstat quod GRevir- (1) ScLEcHTENDALIUS Érinea quum percenseret (anno D.MDCCCXXI), eorum naturam in dubium vocavit. Paulo post Gustavius KunzE item de Erineo monographice trac- tavit, et in fronte dissertationis suæ sententiam hanc friesianam præposuit: Phylleria- ceæ sunt status morbosti vestitus plantarum. El. Fr. Syst. myc. Introd., p. Lx. Ipse tamen Érinea pro funginis entibus infimæ dignitatis potius habet (Myk. Hefte, parte alt. [1823], p. 130 et 131). Eodem fere tempore scripserat PERsoonis : Erinea vegetabitia sunt ambiqua, aspora, incertæque originis. (Myc. Europ., t. I[1822], p. 2, in nota.) (2) Cfr. Ann. sc. nat., ser. 4, t. IT (1854), p. 103-108, et 188-189, tab. x1. SUPER FRIESIANO TAPHRINARUM GENERE. 195 110, Mazerio ipsi (sub Ascomycetis cognomine) nec non Fuckec1o (sub Ææoasco) mucorea habita sit, anteaque Frissio (Syst. myc., t. HE, p. 520) uredinea. Longe satius de T'aphrina octo- spora opinantur Berkezætrs et Barius. Priori docente, formam inter Ascomycetes discigeros omnium simplicissimam et à typis nobilioribus valde recedentem præ se fert (1). Monet quoque Barius fungilium nostrum, ob ascos et endosporas, in Discomy- cetum cœtu quibus hymenium nudum impertitur, locum repos- cere prorsus debitum, simulque cum elvella, Spathulea et consimilibus eodem prope modo sehabere atqueSphæria typhina Pers. cum Cordicipitibus Friesianis (2). His præmissis fungillos de quibus sermo est, NE modo exponere licebit. TAPHRINA. Pauci Erineorum typi veterum, Taphrinæ Friesianæ, Asco- myceles s. Ascosporia et Exoasci recentiorum, nonnullis exclusis. Fungillo mycelium est intestinum cujus pars præ reliquis conspicua ex utriculis constat globosis vel breviter protractis, laxe aut densius in stratum tenuissimum, epidermidem inter et matris cuticulam, consociatis. Hymenium huic strato impositum struunt vesiculæ (thecæ, sporangia) cylindricæ vel obovato-trun- catæ, erectæ, liberæ, tandem constipatæ, polysporæ vel octo- sporæ ; sporis apud ascos polysporos exiliter lineari-cyhindrieis brevibusque, apud octosporos contra sphæricis et longe crassio- ribus, utrobique levibus, simplicibus et pallidis. Ex octojugibus sporis, ubi progerminant, gemmæ nascuntur catenatæ quæ monilia cæspitesque Torulæ Cerevisiæ Corpæ (Saccharomycetis Msvexo) mire mentiuntur. Parasitantur T'aphrinæ in vivis arborum folus et novellis sur- culis, vulgoque hoc modo ea contorquent qu: bene multis Aphi- dibus solennis est, 1ta ut sæpissime miraberis Æphides in bullis taphrineis desiderari, Taphrinas vero in folis propter Aphides fœdatis aut varie deformatis. (4) Cfr. Berk., Oufl, of Brit. Fung., p. 376, in nota. (2) Vid. Ant. DE Bary, Beitr. zur Morph.u. Physiol. der Pilze, parte 1 (1864), p. 54, 126 L. R. TULASNE, Taphrinæ octosporæ quæ nobis hactenus innotuerunt ægre ab invicem nisi sede singulis priva et variis istius deformationibus diseriminantur. I. — TAPHRINÆ polysporæ, sinceriores vel antiquius notæ. 41. TaparinA AUREA, bifrons, sæpius autem hypophylla, coloris primum nitide aurei, matricem bullatam plerumque faciens. Erineum aureum Pers., Syn. meth. Fung. (1801), p. 700.— Grev. Monogr. of the Gen. Erin. (1822), p. 11, tab. 1, fig. 15 (in Ephem. philos. Edin., t. VE; Scot. Crypt. Fl., 1.1 (1823), tab. 33. Erineum populinum Scnum., Enuin. Plant. Sœll., t. alt. (1803), p. 446, n. 2176. -- Non autem PErsoonio. Faphrina aurea Fr. Obs. myc., t. 1 (4815), p. 217, ett. H (1818), p. 378, tab. vu, fig. 8 (mere habituah). — Fée, Mém. S. le groupe des Phyllér. (1834), p. 62, tab. vr, fig. 10. T'aphrina populina Fr. Syst. myc., t. WE, p. 520. — Mazerio, PI. Crypt. Gall., ed. 1, fase. VIT (1828), n. 301. Thecæ obovato-cylndricæ, truncato-obtusæ, 0°*,08-0"",4 m longitudinem et 0°°,025-032 in crassitudinem adipiscuntur, alte autem in matrice attenuatæ ita Infiguntur ut nonnisi dimi- diam sui partem supra matricis pagimam pleræque efferant. Sporæ imnumeræ quibus thecæ singulæ dense referciuntur, formam ovato-lmearem vel lmeari-cylindricam, utrinque obtu- sam, rectam aut quadantenus incurvatam et continuam obti- nent, vixque 0°",0032 longitudine excedunt. Hymenium fungillh seminiferum in utraque pagina foliorum Populi nigræ nostratis, sæpius autem in postica deprehenditur ; bifrons in eodem folio non semel vidimus. Kunzeo Mazerioque hypophyllum tantum occurrit. Thecæ ex membrana crassa, hyalina, achroa conficiuntur quæ, 1odea aqua affusa, dilute cærulescit. SUPER FRIESIANO TAPHRINARUM. GENERE. 127 2. TAPHRINA CÆRULESCENS, hypophylla, initio cærulea, tandem fucata, maculæ decolori insidens. Ascomyces cærulescens M1Azer10 et Monranio in Ann. sc. nat., ser. à, t. X (1848), p. 345. — Mazer. PI. Crypt. Galliæ, edit. princ., fase. XXXV (1848), n. 1705 ; ed. alt., fasc. XXVHH, n. 1305. — Casranio, PI. Massil., suppl. (1851), p. 83, tab. x. — Minime autem, ut conjicere licet, Ascomyces cœrulescens WesrTeNDoRPiO in ÆActis Acad. regiæ Belqg., ser. 1, t. XIX, parte nr (1852), p. 132, fig. 4, n-q. Hic fungillus colore cæruleo, sicut antecedens aureo, insigni- tur, primoque obtutu propterea dignoscitur. Super thecarum sporarumque forma et Copia cum priori etiam optime congruit, earumdem vero demensionibus nonnihil præstare videtur. Viget apud Galloprovinciales in pagina postica foliorum Quer - cus cocciferæ L. Siccata quæ vidimus specimina beato Üasrawio debentur. Ad T'aphrinas polysporas fortassis etiam spectal 'aphr. minu- hissima GRrevicrio (sub Ærinei titulo in sua £rinerum mono- graphia supra laud., p. 11, tab. alt., fig. 17), seu T'aphrina quercina ScaM. (Myk. Hefte, parte H, p. 185) quæ, saltem pro parte, T. grisea est Persoono (Myc. Europ., t. T, p. 9, n. 26) et Fxo (Monogr. prælaud., p. 65, n. 4, tab. vi, fig. 44). H Taphrinæ vindicat sane Ascomycelem cœærulescentem Wesrenx- DORPII, Cujus mentio modo facta est. IT, — Tararivx octosporæ seu ExoascI. 3. TAPHRINA BULLATA, pyrorum foliis rugoso-bullatis innata, bullis sparsis aut parallelo ordine uervum medium utrinque sti- pantibus, subtus fungiferis; maculis fertihbus albis, exiguis, confluentibus, singulis e strato tenui quasi cereo, primum cu- ticula soluta velato, tandemque eadem lacerata, nudato ; ; Sporis ovatis, hyalinis, in gemmas moniliformes abeuntibus. 198 L,. R. TULASNE, Gymnosporium bullatum Berk. in litt. et mycophylacio Mon- taniano (nunc e thesauris Musæi parisiensis). Oidium bullatum Berx. et Br. in Ephem. Soc. hortic. Londin., t. IX (1854), p. 48-51, cum iconula. | Ascomyces bullatus Berk., Æntrod. to Crypt. Bot. (1857), p. 254, fig. 66, c; Ouil. of Brit. Fungology (1860), p. 376. Ascosporium bullatum Berk. Outil. of Brit. Fung., p. hhh, tab:x, fig. 9, 6. Provenit in viridarus Angliæ, æstate prima. Fungillum non vidimus nisi siccum (cl. Berkezæo obvium et cum Monranio olim communicatum), ejusque modo allatos cha- raeteres e Berkelæana dissertatione (in Ephemeride londinensi supra citata) potissime decerpsimus. Asci humefacti 0°",015- 025 longitudine et 0"",01 crassitudme æquant; sporas sphær1- cas, gemmas contra ovatas et macriores vidimus; istarum copia prodigiosa in crustulam e cinereo tandem luteolam adgluti- natur. Plantulæ Berkeleianæ longe alienum est Erineum pyrinum Persoonto, Disp. meth. Fung., p. 43, tab. iv, fig. 4, a, b,c, et Fxæo, Monogr. Erin., p. 42, n. 35, tab. 1, fig. 5. h. TAPHRINA DEFORMANS, matricem hinc aut inde valde bulla- tam pulvere niveo, 1d est sporis dimissis, in pagina convexa, rarius utrinque vestiens. Ascomyces deformans Berk., Introd. lo Crypt. Bot., p. 28h, in nota (retento cognomime); Outl. of Brit. Fung., p. 376, tab. 1, fig. 9, a. Ascosporium deformans Berk., Oull. of Brit. F., p. 44. Vernacule apud nos Cloque du Pécher. (Cfr. opus inseript. Cours complet d'Agriculture, etc., t. XV [1837], p. 259, ubi veram morbi causam in frigidioribus veris imbribus versari con- tenditur.) Persicorum folia variis modis bullata et deformia facit fun- SUPER FRIESIANO TAPHRINARUM GENERE. 129 ginus hospes ; bullæ sæpius antice tument nec raro tamen etiam postice, ita ut aliquando utraque bullarum generatio in folio eodem simul inveniatur ; quoquoversus autem exstent bullæ, hy- menium fungilli sæpius tantummodo in convexa earum pagina, longe rarius in utraque deprehenditur. Antequam fertiles eva- serint, bullæ bene multæ arescunt, aut folium integrum tabescit et delabitur. Folu epidermis ex utriculis globoso-polygoniis, 0"",03-04 diametro æquantibus compingitur, mycelii vero super effusi (sub cuticula) stratum tenuissimum, seu potius membranula lacunosa, e vesiculis quadruplo minoribus, ovato- globosis vel ovato-angulosis. Ex his suo tempore nascuntur thecæ, laxæ primum, postea vero spissiori ordine instructæ, obovato-cylindricæ, obtusissimæ vel truncatulæ, octosporæ. Sporæ sphæricæ, leves, albæ, 0°",005-006 diametro vix supe- rant; effusæ pulverem candidum sistunt, sngulæque hine aut inde vel ex adversis polis gemmas sib1 consimiles agunt ; quibus pariter abunde progerminantibus, monilia torulea mox In con- spectum veniunt. Fungillus, simul atque novella Persicæ vulgaris Mizz. folia explicantur, ipse manifestior apparet, bullis et deformationibus declaratur, à prino vere In æstatem usque mediam. Sterilis si manserit, folium bullatum haud imcrassatur; ubicunque vero hymenium seminiferum Informatur, 1b1 lamina folii solito cras- sior efficitur et assuetam fabricam, lacunosam scilicet variam - que, pro textura densa et similigena, ex utriculis globosis, mutare solet. In hortis parisinis fungillus frequens est et multum nocet; anglica (Berkeleiana) ejus exempla m mycophylacio Montaniano continentur. 5. TapHriNA PRUNI, potissime carpogena et faciem mire monstrosam matrliCci sæplus impertiens. Exoascus Pruni Fucxecio, Fung. Nassov. (1861), p. 929, fig. 26. — Ant. pe Bary, Beitr. zur Morphol. u. Physiol. der Pilze, parte 1 (1864), p. 33-55, tab. nr. 5° série. Bor. T. V. (Cahier n° 3.) 1 9 150 L. ft. TULASNE. Historiam fungilh locuplétissimam scripsit Antonius ne Bary (L. c.), quam adeas. Vivus nondum nobis cecüfrit, aridum au- tem grati accepimus a magistro brisgoviensi. In Prunt fructibus deformibus luxuriat, inde vérnäcula nomina apud Germanos Taschen, Schoten, Narren et cæt. Beato nostro VicmoriKo oliim occurrit qui cum Monranio um Cotnmünicavit; Montritius aû- tem incautus Oidium laxum Link (Oid. fruchigenum Kzs.) intueri sib1 visus est. (Cfr. schéd. mss. Moxranit in Musæo paris. nunc repositas.) 6. TAPHRINA ALNITORQUA, bifrons, vulgo latissime patens, ma- tricem decolorem et solito tenuiorem faciens, sporis candidis. A scomyces Tosquinetir WrsTENp. in Commentariolis Acad. reg: Se. Belg. ser. alt.; t. XI (18614), p: 655, n. 72 (inter mucedi= neos fungos), fig. A, f, g. Intinus arboris nutricis pénetralibus fungillus sua sane re- condit primordia, ejusqueé vernales surculos ex Integro deco: lores et languidos facit. Folia propterea solito tenuivra explican- tur, plus minus corrugantur et cymbæ in modum introrsum contrahuntur; sunt quæ dimidian partem sanam ostendunt; reliquam mquinatam ; pleraque véro integra tabescunt et ex utra- que pagina albo sporidiofum polline tota tandem cohisperguntur ; quo facto in ambitu arescunt, citoque nigréfacta v: infuscata decidunt., Asci late eyliidrici aut onnihil claviformes, obtusis- simi, stipati, minime autém sibi invicern adhærentes, 0°",0986= 055 longi exstant, 0"",01-013 crassitudine æquart sporasque octonas, sphæricas, 0"”,004-005 erassas, leves et pallidas sin- guli fovent. Sporæ dimissæ monilia ex geminis 6vatis de nore protrudunt, qualia scilicet in Ææoasco Pruni Barius vidit et descripsit. Alni glutinosæ GæRTN. quas hiaio junioqué fuñgillo fœdatas quotannis, Caviilæ Versaliortih, jampriden vidimus, pro niäxima parte sanæ consistunt ; ex eodem ramo innovationes tabefaetæ, pallidæ, aliæ contra alieni hospitis expertes, saturate virentes, simul naseuntur ; sæpissime etiam surculi omnes funginum hGs- pitem pariter conceperant et integri propterea misere pereunt. SUPER FRIESIANO TAPHRINARUM GENERE, 44 Apud folium gravidum omnino desiderantur apices ill primum luteoli (ex pilis rigidis, simplicibus et adpresse constipatis) quos in venarum axillis, nervum seeus medium, folia sana postice monstrant; ita ut folia 1lla quæ hine sana, illime mycophora de- prehenduntur, ex uno tantum, incolumi scilicet, nervi latere his augeantur apicibus. Humor quasi melleus seu glutinosus qui Alni parisinæ innovationibus solennis est, parcior de folio vitiato quam de sano manare videtur ; id sudoris in epidermide glaber- rima generatur, nec plis glanduligeris propterea debetur. Funguli nostri exempla 1ll. Alexandro Braun in agro beroli- nensi obvia, ab Antonio pe Bary olim accepisse nobis videmur. Has solas hactenus novimus Taphrinas quæ supra compen- diose describuntur ; si plures apud nos vigeant, ignoramus. Equidem Berkezzæus (Ouil. of Brit. Fung., p. 376) Ascomyceti- bus consociandum existimat Gymnosporium leucospermum Moxr. (Syll. PI. Crypt., p. 809, n. 1140), J'uglandis folis apud Massi- lienses infestum ; 1d autem Gymnosporti, à b. Casranio primum olim animadversum, nullam cum Ascomycetibus gerere affinita- tem, potius e contrario Exosporium Depazeoides Maz. cujus in Selecta nostra Fungorum Carpologia, t. IE, p. 289 et 294 (in nota) meminimus, quodammodo imitari, specimina Castaniana in mycophylacio Montaniano, nunce e thesauris Musæi parisiensis, reposita, plane demonstrant. Ascomycetem Trientalis Berk. (loco sup. cit.), ne aridum quidem, nunquam vidimus. Taphrinæ, Érineorum modo quæ ut satis constat, herbis par- cere solent, in sois arboribus fortassis parasitantur. Super hoc argumento Erineum (Septotrichum) Sonchi Monranio (in Herb.) Erineorum moribus minime contradicit, quippe e pilis abnormi- bus et gallæ cuidam imsitis constat, nec Ærineis sincerioribus annumerari meretur (1). Erineum cornutum BazBisu (in Herb. Montaniano) item mil nisi galla est e folio coryleo nata, Erineum (4) His verbis nihil aliud significari intelligas nisi gallas veras cynifibus et bestiolis ejusdem modi, Erinea autem certis Acarorum generibus esse incunabula; alia, priorum némpe, loculos nidoste èt pyxidiculas, alla, Scilicét Acaforum stcretà, potius vepre= culas æmulantia. 132 L. R. TULASNE, albicans Lesrisupesio (ibidem) ipsam esse Erysiphem Humuli Fr. conidiophoram comperimus. Quod ad Erineum maculans Leven.- LEO in ephemeride inscripta Revue horticole, ser. 1v, t. HE(485h), p. 110-11h, attinet, cujus authentica exempla in Mycophylacio Montaniano videre est, non possumus quin, data occasione, hic declaremus, magistri parisiensis pace, nil legitimi Ærinei in Persicæ fructibus maculatis vulgo adesse, solam autem Erysi- phem pannosam Fr. conidiophoram. Pauca super his maculis habuimus verba in Selecta Fungorum Carpologia, t. E, p. 209. IT Quemadmodum fungis e sua tribu jampridem exulantibus et apud propmquos immerito repudiatis, sua jura restituere modo placuit, conduxit, sic etiam scientiæ nostræ non minoris Inter- est funginam his entibus adimere speciem quibus male parta sit. Quapropter Im bene multos ‘qui dicebantur fungos jamdiu vindicatum est (1), at nemo mirabitur si quidam istius modi adhuc supersint. Ex horumce numero certissime est Acalypto- spora Mazeriana quam ex æquo et bonio hic opprimere decet. Beatus Casranius, massillensis, cum in fungillorum studio totis viribus incumberet, plantulam hujus generis, Pucciniam scilicet, advertisse sibi visus est in foliis ulmeis humi delapsis ; mera autem similitudine deceptus est. Quippe ejus Puccinia Ulmi (in htt. ad Mazerium et suopte Herb.) seu Acalyptospora nervisequa Mazeru (in Ann. sc. nat., ser. m1, t. X [1848], p. 343) super pilis 1lis brevissimis et glanduligeris exstructa est qui in venis foi reticulatis nervoque medio, simul cum pilis simplicibus et multo longioribus, postice instruuntur; pili isti breviores ob glandulam bilocularem quam in vertice gernnt, mire micant et Pucciniarum formam equidem æmulantur, at epidermidis integræ sanæque partes legitimæ sunt, nec quid- quam alieni, maxime fungini, constituunt. Quare non possumus (1) Gfr. Frissir Sum. Veget. Scand., p. 518-524, et nostram Select. Fung. Carpol., (lu, 422, SUPER FRIESIANO TAPHRINARUM GENEÉRE. 135 quin valde miremur hos pilos pro fructibus Pucciniæ peculiaris, aut uredinei fungilli ad Phragmidia et Sporidesmia accedentis, a b. Casranio et MaAzerio, imo à Monranto et SoLLerIo fuisse habitos. (Cfr. etiam Mazern Pl. crypt. Galliæ, edit. prine., fase. XXXIV [1848], n. 1669; Casranir PI. massil., suppl. [1851], p. 86, tab. x1; et Monranir schedas mss. in suo myco- phylacio.) Non alius error erat Miquerto propter sie dictum Bryomyce- tem (in Nov. Actis Acad. nat. cur., t. XIX, parte alt. [18/42], p. 165, tab. Lv), et Cesario ob Oidium suum opuntiæforme, quoniam enim uterque magister gemmas musCinas quales ab ill. SCHIMPERO (Disquisit. anat. et morphol. de Muscis [1848], p. 15 et seq., tab. 11) et omni fere bryologo, verbo et icone tradun- tur, pro entibus alienis et parasitantibus imprudens habuisset. (Cir. Ephemeridem Bot. Berol., t. XI[1853|, p. 266.) Atqui deinceps Acalyptospora nervisequa Maz., Bryomyces elegans Miq. et Bryom. Orthotrichi Cornx (Anleit. 3. Stud. d. Myk., p. 211, tab. n, 78, fig. 4 et 2), nec non Oidium opuntiæ- forme Cssario (in Bot. Zeit. t. X [18521, p. 302) e quolibet fun- gorum indice merito rejicientur,licet Materni Srreinz (Nomencl. Fung., p. 4, 164 et AO1) et Arminn Horrmanx (Znd. Fungor., p. 1, 31 et 82), novissimis his temporibus, doctrinam adhuc eluserint (1). | III Nemo nescit quam optima sit fortuna, in plantis colligendis, clariss. Durræus, burdigalensis; porro quum augusto ineunte anni proxime elapst MDCCCLXV, ad oras Oceani in regione syrtica Curianorum, otia longo parta labore amabili scientiæ, suo more, impertiret, Incidere 11h contigit in fungulum cujus vita integra in aquis salsis Consummari videtur. Pauca hactenus exempla sunt fungorum aquatilium, imo præter Sphæriam Posi- (1) Miquelianus qui dicitur Bryomyces, apud Friestum (Summ. veget. Scand. [1849], p. 506) Sporidesmium Bryomyces audit. 134 L, . YULASNE. doniæ quam ipse notam fecit Duriæus (1), nullum fere novimus fungum qui undam amaram inhabitare soleat. Quapropter Usti- lago marina Dur., minimus quidem fungulus, perdigna est quæ mycologos advertat. Nascitur fungillus in gemmis radicalibus Scirpi parvuli Rôm, et Scauzr. et non modo gemmas illas mvyadit quæ juxta basim culmorum assurgentium, florigerorum steriliumve, rhizomate filiformi confertæ sedent, sed etiam innoyationes corniformes quæ e flagellisexilibus seu rhizomatibus longe nudis subextremæ proveniunt. Ubi autem fungmo hospite prægnant, gemmæ prio- res oyato-globosæ et acutiuseulæ efficiuntur, cæteræ contra quas corniformes dicimus, potius globoso-tuberiformes et undique obtusissimæ. Utrumque genus e parenchymate fusco totum com- ponitur eujus utriculi majuseuli et globoso-polygonii sporis nigro- fuscis hospitantibus mfarciuntur. Sporæ tum globosæ, imo sub- sphæricæ, obtusissimæ vel apiculatæ, tum ovato-citriformes, in gemmis confertis sæpius oriuntur, saturatius nigrescunt et 0"",01-013 diametro æquant ; contra in tuberibus solitariis seu funiculo extremo hærentibus, sporæ vulgo majores (scilicet 0°*,016-019 longæ et 0"",01-013 crassæ), ovato-oblongæ, obtu- sæ vel quadantenus mucronatæ nec raro oyato-lanceolatæ depre- henduntur. Ubicunque nascantur, sporæ funiculo seu sterig- mati gracillimo nec serpsas longitudine sæpius excedenti initio hærent, quam autem appendiculam senescendo deponunt. Ste- rigmata partes esse capillitu fertilis, interdumque in sertula con- venire, quidquid vidimus aperte declarat, ita ut manifesta fun- gilli nostri cum T'illetia Care Tu. pateat affinitas. Cæterum sporæ simplices sunt, tegmine crasso, nigro-fusco ac nonnihil, ut videtur, asperulo donantur et guttas ex oleo ineludunt. Gemmæ quas modo corniformes nuneupavimus, ex axi cylin- drico, solido, millim. n-w1 longo et squamifero (squamis autem paucis, remotis, tenuissimis et scarlosis), nee non ex gemma ter- minali longe acuta constant ; axis solidus, intus albus, totus quan- tus parenchyma est ex utriculis globoso-polygoniis, dense coalitis, (1) Cfr. ejus F7, Algeriensem, t. I, p. 502, tab. xxy, fig. 8. SUPER FRIESIANO TAPHRINARUM GENERE. 135 simulque amylo et oleo pallido relertis; grana vero amylacea olobosa, ovata aut varie angulosa, valde mæqualia et pleraque exigua sunt, Amylum in gemmis corniformibus propter fungil- lum innatum mutatis et tuberiformibus factis, vulgo desiderari nemo mirabitur. Scirpus parvulus Rôm. et Scnurr. (Sc. translucens LEGALL.) frequens habitat loca paludosa, salsa, ad oras Oceani; in agris syrteis Aquitaniæ (Arès, Arcachon) arenam prædiligere videtur, auctore Duriæo, quæ vel fluctu discedente aqua salsa abunde scatet, ita ut omni hora et ætatis suæ tempore, quasi submer- sus vigeat; cujus sortis fungillus hospes necessario particeps est. Quibus Ustilaginem marinam Dur. vivam et maxime recens natam deprehendere contigerit, at præ cæteris indagatoribus fortunatum virum cui plantula primum innotuit, hos omnes roga- tos velimus ut sedulo reliqua ea inquirant quæ ad fusiorem fungilli historiam olim conscribendam spectent ; attendant, verbi gratia, num fungus novellus senine præcoci nudoque, comidiüs scilicet, donetur, etiamque num flos serpi usülagine prægnantis (aut pars ejus quæcunque alia, præter gemmas modo dictas) fungino aliquo morbo simul laboret. Conidia enim apud Ustilagines ali- quando adesse vix dubitamus, idque profecto cum uredineis moribus congruentissimum videbitur. Ex altera parte, que- madmodum apud Peronosporas cæspites conidiophori et fractus interanei, digniores, in diversis hospitis partibus sæpissime generantur, sic etiam herbæ carbunculantes fortassis conidia pallida hinc prodere, ilince autem polline fucatiori scatere queunt. Ne somnia fingere videamur , lectorem amicum mo- neamus duplex semimum genus in Convolvulo arvensi L. car- bunculante semper simul offendi, nempe stylosporas (conidieas) ovatas v. lineari-oblongas, rectas, continuas, leves, 0"",01-016 longas, 0"",0065 crassas, et extermis antherarum parietibus insitas, nec non sporas multo crassiores colorisque saturatioris, globosas , sæpius multiplices, asperulas, atque intra seminis tegumenta reconditas. Pulvis e stylosporis præcox, nudus ac fusco- seu luteo-virens, imo quasi argillacei coloris, ustilaginem sui generis prorsus mentitur et peculiart titulo a mycologis illis 436 L. R. TULASNE. qui Bonorpenium sequuntur verisimillime salutabitur ; nos vero eundem pro dimidia Ustilaginis capsularum Fr. (Syst. Myc., t. IE, p. 519) (1) parte habere, longe satius ducmmus. kkk Occasione data, indigitare liceat menda nonnulla quæ supra, tomo IV, in recenti nostra de Péychogastro albo CoRpÆ commentatiuncula (dum Parisiüs abessemus, typis mandata) emendatores fefellerunt; nempe pag. 290, in titulo, legas Corp. loco Coes.; ibidem in nota Sclerotium non autem Sclerotinum, originaire nec originaires ; pag. 292, lin. 2, fourchues loco fourchus; p. 296, lin. 3, dispores, sed non disparus. (1) Uredo est seminis-Convolvuli Mazerioolim in suis Plantis Cryptog. Galliæ, ed. princ. fasc. VI (1827), n. 274, posteaque Thecaphora capsularum eidem (ibidem) ; Thecaphora hyalina dicitur apud Finçerautx in Linneæ t. IX, p. 230. Jampridem fungillus nobis quotannis, Cavillæ Versaliorum, haud infrequens occurrit ; eum autem nondum videramus quum priorem nostram super uredineis fungis commentationem publici juris fecimus (horumce collectaneorum serie 11, tomo VII [1847], p. 109). SUR LA CULTURE DES ARBRES A QUINQUINA A JAVA ET DANS LES INDES BRITANNIQUES Parle Dr J.E. de VRIY. (Extrait du Tydschrift voor Neerlandsche Indié, numéro de janvier 1865.) On a déjà publié tant d’écrits sur la culture des Quinquinas à Java, que je n'aurais pas songé à en accroître le nombre si, pen- | dant mon séjour en Hollande, je ne m'étais aperçu, par diverses questions qui m'ont été adressées relativement à ce pot de la science, que beaucoup de personnes, très-mstruites sous d’autres rapports, avaient une idée mexacte de cette importante affaire. Je n'ai pas la prétention de rien faire connaître de nouveau, | mais Je me propose de mettre en lumière ce qui a’été fait pour la culture des Quinquinas, évitant autant que possible les person- | nalités qui déparent beaucoup trop les écrits publiés à ce sujet. La patrie des vrais Cinchonas est la partie tropicale de l’Amé- rique du Sud. Ils y croissent à différentes hauteurs au-dessus'du niveau de la mer, dans les forêts vierges du Venezuela, de la Nouvelle-Grenade, de l’Équateur, du Pérou et de la Bolivie, républiques limitrophes l’une de l’autre. Les propriétés théra- peutiques de l’écorce de ces arbres paraissent avoir été connues | des indigènes de temps immémorial, mais ce n’est qu'en 1632 que l'on à appris à les apprécier en Europe. Les écorces de Quinquinas qui, depuis la découverte de ces | propriétés, étaient transportées en Europe, et qui provenaient de différentes espèces du genre indiqué, étaient employées immédiatement en nature, et différaient par conséquent de valeur entre elles. Ce fait devint surtout évident lorsque, en 1820, les principes fébrifuges proprement dits de ces écorces en ont été extraits et isolés par Pelletier et Caventou, qui leur donnèrent les noms de Quinine et de Cinchonine, Ces principes, toutefois, 156 J. E. DE VRIJ. n'étaient pas purs, comme me l’a appris une analyse ultérieure d'une certaine quantité de chacun d'eux, préparée par Pelletier lui-même, et qui m'a été remise par ce chimiste ; ils contenaient encore des traces de deux autres principes fébrifuges, qui sont actuellement connus sous les noms de Quinidine et de Cincho- nidine. | La belle découverte de Pelletier et Caventou nous a donc appris que la propriété fébrifuge de l'écorce de Quinquma est déterminée par quatre substances, ou alcaloïdes, qui présentent beaucoup de rapports entre elles. De ces quatre alcaloïdes toute- fois, la Quinine est celui qui possède le pouvoir de beaucoup le plus énergique, et c’est elle qui, depuis sa découverte, est presque exclusivement employée en médecine. Ce fait est à regretter; en effet, autant 1l est malheureux de remplacer, dans les cas graves, la Quinine si active par un autre alcaloïde moins éner- gique, autant 1] l’est de voir les autres alcaloïdes du Quin- quina presque entièrement dédaignés et laissés sans emploi, ce qui élève sans utilité le prix de la Quinine. On sait qu'il n'existe pas une seule écorce de Quinquina dans laquelle on rencontre exclusivement de la Qumine, et que, même l'espèce d’écorce qui est la plus riche en Quinine, contient toujours, en outre de cette base, une certaine quantité d’une ou de plusieurs des trois autres. On sait enfin que beaucoup d’écorces de Quin- quina, considérées dans leur ensemble, ne renferment pas de Quinine, mais seulement de la Cinchonine, de la Quinidine ou de la Cinchonidine. L'emploi exelusif de la Quinine, comme agent thérapeutique, a donc pour conséquence de faire rejeter les autres substances renfermées dans les écorces de Quinquina et de faire peser tous les frais de fabrication sur la Quinime, qui devient par cette raison beaucoup trop chère, ce qui ne se pré- senterait naturellement pas si les autres alcaloïdes qui l'accom- pagnent étaient également employés à la guérison de la fièvre, J'ai effectivement constaté, durant un séjour de près de six aus à Jaya, sur mes serviteurs atteints de fièvre, l’efficacité de la Quinidine, sans être forcé d’avoir recours à la Quinine. Bien que je sois par moi-même entièrement convaincu que les quatre : SUR LA CULTURE DES ARBRES À QUINQUINA. 159 _ principes fébrifuges des écorces de Quinquinas qui ont été mdi- qués plus haut peuvent tous être employés avec avantage, il n’en reste pas moins positif que, tant que cette conviction pe sera _ pas devenue générale, la Quinine seule aura de la valeur et que, pour cette raison, celles-là, parmi les écorces de Quinquina, auront la plus grande valeur commerciale qui seront les plus riches en Quinine. Parmi les écorces de Quinquinas connues, l'écorce du Cin- chona calisaya, venant de Bolivie, est la plus riche en Quinine, et c’est ce qui fait que cette espèce d’écorce est mise de pré- férence en œuvre par les fabricants de Quinine. La conséquence en à été que le prix du Quinquina calisaya est devenu de plus en plus élevé, et qu'on a été forcé d'employer aussi d’autres | variétés d’écorce de Quinquinas dans la préparation de la Qui- | nine. | | L'usage toujours croissant des écorces de Quinquinas a fait naître enfin la crainte que les Cinchonas ne disparussent gra- | duellement dans les pays d'ou ils sont originaires et peut-être ne finissent par être entièrement extirpés de la terre. Cette crainte était fondée sur la manière mconsidérée dont les arbres à quin- | quina sont traités en Amérique dans le but d'en recueillir l'écorce, et sur l'absence de toute précaution pour remplacer par d’autres | les arbres abattus. Ces craintes sont-elles entièrement fondées ou ne le sont-elles pas? I existe à cet égard des opinions différentes ; mais, comme cela arrive la plupart du temps, la vérité, dans ce Cas aussi, parait résider dans l'opinion intermédiaire. I m'a paru | résulter d'une enquête faite à dessein à Londres, qu'on n'a vrai- ment pas à craindre de manquer d'écorces de Quinquinas, mais que cela pourrait bien arriver pour les écorces très-riches en | Quinine; les choses étant ainsi, je considere l'idée mise en avant, depuis plusieurs années, par Junghuhn, Royle, Blume et autres, de transporter des plants de Cinchonas dans les Indes orientales, comme méritant d'être mise en pratique. Cette introduction des arbres à quinquina dans les Indes orientales à été réalisée enfin sous le règne de notre honoré roi Guillaumellf, en l’année 1852, époque à laquelle le premier plant | | | 140 J. E. DE VRIS. de Cinchona vrai, appartenant à l’espèce la plus convenable pour la préparation de la Quinine, à celle qui porte le nom de Cinchona calisaya, est arrivé sain et sauf à Batavia, en avril, à bord du navire marchand Prins Frederick der Nederlander, capitaine P. Hui de Koper. À son arrivée, il a été planté immédiatement dans la fraisière du gouverneur général à Tjibodas, sur la pente du Gedeh. Le plant dont il est ici question provenait de chez MM. Thibaut et Kételeer de Paris, et avait été échangé avec eux, sur linjonction du gouvernement, par l’éminent professeur De Vriese, contre une certaine quantité de plantes de Java. Par les soins de M. Teijsmann, directeur du jardin botanique de Buitenzorg, 1l fut pris, sur ce plant de Quinquina, qui est mort plus tard, deux boutures qui, en 1862, s'étaient développées de manière à donner des arbres d’une hauteur de plus de vingt pieds. Si, en 1852, on avait connu la manière facile et prompte de multiplier le Cinchona de boutures, fait mis actuellement hors de doute par les essais du savant Mac Ivor, directeur des cultures de Cinchonas du gouvernement anglais à Ootacamund, le seul plant de Quinquina importé à Tjibodas aurait déjà produit des millions de rejetons, et ainsi la culture de l'espèce de Cinchona la plus convenable pour la préparation de la Quinine aurait pu être assurée. Mais, outre que l’on ne possédait pas encore, en 1852, ce moyen facile de reproduction, c'eût été faire la part trop grande au hasard que de faire dépendre la nouvelle culture de l’arrivée ou de la non-arrivée en bon état d’un seul plant ; le voyage au Pérou de M. Hasskarl était par conséquent dési- rable. Par décision de Sa Majesté du 30 juin 1852, le ministre des colonies de cette époque, M. Ch. F. Pahud, fut autorisé à envoyer au Pérou M. J. K. Hasskarl pour y recueillir des plants et des graines de Quinquinas. — Ce naturaliste partit le 17 décembre 1852 de Southampton pour lAmérique, et envoya en Hollande, dès le 28 juillet suivant, une bonne provision de graines de différentes espèces de Quinquinas, : qui furent en partie expédiées à Java par le ministre des colo- nies et en partie confiées aux trois Jardins botaniques académi SUR LA CULTURE DES ARBRES À QUINQUINA. 14 ques et au jardin botanique d'Amsterdam, pour être soumises à des essais. Les graines restées en Hollande ont bien germé, mais les plants commençaient à peine à se développer que le bruit se répandait déjà qu'elles n'appartenaient pas aux bonnes sortes de Quinquinas. Quant à ce qui a été dit et écrit à ce sujet, je le passerai sous silence, afin d'éviter toute personnalité. Je men- tionnerai seulement que, par une circonstance fortuite, j'ai eu occasion d'entendre déclarer par une autorité compétente que plus de la moitié des graines semées à Leyde appartenaient au Cinchona calisaya vrai, et par conséquent à l'espèce la plus con- venable pour la préparation de la Quinine. Jai reçu, en effet, une visite de M. le docteur Weddell, bien connu par ses voyages dans les districts de l'Amérique du Sud qui produisent les Cinchonas. qui, dès qu'il vit les plants de Quinquinas, en reconnut plus de la moitié pour des Cinchona calisaya vrais, tandis qu'il ne vou- lut émettre aucun jugement sur l'autre moitié, par la raison que l’espèce à laquelle 1ls appartenaient ne lur était pas connue. Bien que ces derniers fussent étiquetés du nom de Cinchona ovata, 1] fut évident plus tard que M. Weddell avait agi avec beaucoup de prudence en n émettantaucune opinion péremptoire à leur égard; en effet, on à reconnu qu'ils constituaient une espèce nouvelle à laquelle on à donné le nom de Cinchona pahu- diana. Les plants de Cinchonas, issus de graines en Hollande, furent envoyés à Java en différentes fois, en profitant de diverses occasions; un Important envoi, entre autres, à été fait en sep- tembre 1855, sous la direction de M. Junghubn. Les graines de Cinchonas envoyées à Java ont été semées en novembre 1855, à Tjibodas, par M. Teijsmann avec l’aide de M. Teuscher, préposé à la surveillance (opgiener). Quoique je ne sache pas quelle était la quantité de ces semences, il résulte d’un rapport officiel que leur nombre pouvait encore être considéré comme important, puisqu'elles ont servi à ensemencer onze planches de 40 pieds de long sur 4 pieds de large. Cette ma- nière d'opérer a-t-elle été défavorable, ou bien les graines durant leur voyage à Java avaient-elles perdu en partie leur faculté ger- 112 J. E. DE VRIJ. minpative, c’est Ce que je ne m'occuperai pas de discuter; mais ce qu'il y a de certain, c’est que le nombre des plants de Cinchio- nas qui en sont provenus à été très-faible et nullement en rap- port avec le nombre des graines semées. Après que les graines envoyées du Pérou par Hasskarl eurent germé, tant en Hollarde qu'à Java, Hasskarl prit terre à Batavia le 13 décembre 41854, avec vingt et une caisses de plants de Cinchonas, et fut chargé par le gouvernement de la direction de leur culture. Toutelois, cette fonction ne fat pas longtemps remplie par lui: atteint de maladie, 1l fut forcé de demander un congé, et, dans la seconde moitié de 1856, il revint en Europe. Par suite de ce départ, feu F.-W. Junghuhn, inspecteur chargé des recherches d'histoire naturelle dans les Indes néerlandaises, fut attaché, d'abord temporairement, puis définitivement, par le gouverneur général, à la culture des Cinchonas. D’après les états officiels dressés le 20 juillet 1856, lé nombre de plants vivants de Cinchona existant à Java, à l’époque de l'entrée en fonctions de Junghuhn, n’était pas de plus de 251. En dehors de ce nombre 1l existait encore 1650 jeunes bou- tures, la plus grande partie dépourvues de racmes. Si l’on com- pare cette collection au grand nombre de graines semées et à celui des vingt-quatre caisses dé plants vivants apportés par M. Hasskarl, le résultat obtenu peut être considéré Comme dé: favorable, et l’on est conduit à cette conclusion que ée prenuer essai à eu à lutter Contre un grand nombre d'obstacles. Les 251 plants de Cinchonas, existant lé 20 juillet 1856, étaient répartis dans les plänlations de Tjibodas sur le mont Gedeh, et de Tjiniroeañ sur lé mont Malabar. Is comprenaient 99 Cn- chona calisayÿa, 140 Cinchona pahudiana , 7 Cincliona lanceolata, 4 Cinchona Succirubra, à C'inchona lancifohia et À Cinchona pu- bescens. Lorsque là direction de la cultüre des Cinchonas eut été acceptée par Junñghubn, il dévint évident pour lui que les Gin- chonas de la plañtation de Tjibodas étaient pour la plupart sans vigueur ét qu'ils dépérissaient, étil attribua ce fâcheux résultat à deux causés, savoir : 1° au iôde de plantation dit à ciel ouvert el SUR LA CULTURE DES ARBRES A QUINQUINA. 115 sans aucun ormbrage, et 2° au sol défavorable de la localité, sol qui était constitué par une couche de tjadas (boue volcanique durcie), imperméable aux racines, et recouverte d'une couche mince de terre végétale. En ce qui concerne la première cause, je suis convaincu, après ce que j'ai vu de la culture des Qum- quinas dans les Neilgherries, qu'elle n'entre pour rien dans le ré- sultat, puisque le plant de Cinchona, lorsqu'il à acquis de bonnes racines, peut être planté à ciel ouvert et se développer vigou- reusément, pourvu que la plantation en ait été faite à une hau- teur convenable au-dessus du niveau de la mer. La seconde cause était toutefois réellement fondée, ce dont j'ai pu me con- vaincre après la mort de quelques arbres de la plantation de Tii- bodas, qui ont été retirés de terre en ma présence. Voulant me réserver des jalons pour l’histoire de cette affaire, J'ai conservé des morceaux des racines de Cinchonas que j'avais déracinés. Les matières volcaniques Qui souillaient ces fragments, et qui y étaient restées fortement adhérentes en se desséchant, peuvent convaincre Chacun que le sol dans lequel les arbres avaient mené une vie si languissante était impropre à leur culture. L'état défavorable de la plantation de Tjibodas détermina Junghuhn à proposer au gouverneur général d'en transplanter là plus grande partie des arbres dans la forêt qui se trouvait à proximité, sur la penté du Gedeh, et, lorsque cette proposi- tion eut été approuvée, 1l la mit immédiatement à exécution. Mais si la riature du sol de Tjibodas pouvait justifier cette transplantation, il n'était pas, suivant moi, nécessaire de tr'anis- planter les Cinchonas de la plantation de Tjiniroean sur le Malabar, dans le bois vierge de cette montagne. En effet, suivant l'opinion de Junghubn lui-même, le sol de là planta- tion de Tjmiroean était réellement excellent, en sorte qu'il est à regretter que les Cinchonas, qui y avaient été plantés par Hasskarl même, n'y soient pas restés. Ce qui avait déterminé à effectuer cette transplantation, c'est que Hässkarl, en éla- blissañt cétte plantation, avait fait abattre lés arbres des bois qui s y trouvaient, et les avait fait remplacer par des Ærythrina in- dica, qui fournissent une ombre bieh moins épaisse que les All JS. E. DE VRIJ. grands arbres d'essence forestière. M. Junghuhn était, en effet, parti de l’idée que, puisque les Cinchonas, dans leur patrie ori- ginaire, croissent dans des bois touffus, et par conséquent sous un ombrage épais, on devait procurer à ceux de Java un habitat semblable, et, pendant sa direction de la culture des Quinqui- nas jusqu'au commencement de 1864, 1l s’est toujours montré conséquent à cette idée première. Ce système est-il le plus propre à obtenir promptement et en grande quantité l'écorce de Quinquina ? Nous le verrons plus loi en comparant ce sys- tème avec celui qui a été suivi par les Anglais. Comme la rapide multiplication de ce petit nombre de plants de Cinchonas était de la plus grande importance, M. Junghubhn établit à Tjiniroean des pépinières pour les y multiplier de bou- tures. Le nombre des plants de Cinchonas fut bien réellement augmenté ainsi, mais non dans la proportion qui aurait pu avoir lieu si Junghuhn avait appliqué aussi à ce procédé les données qu'il avait acquises. Les boutures dont il s’est servi pour la multiplication des Quinquinas étaient des branches termi- nales, coupées juste au-dessous des bourgeons, et qui mesu- raient environ un demi-pied ; il a observé avec beaucoup de raison que de pareilles boutures n'étaient pas capables de ré- sister aux influences atmosphériques. Il est seulement fâcheux que, après avoir fait une observation aussi juste, M. Junghuhn n'ait pas entrepris de faire des essais pour rechercher la cause de ses échecs; en effet, il lui serait arrivé de découvrir, comme l'a fait M. Mac Ivor, que ses boutures étaient trop longues, et que la multiplication des plants de Cinchonas s'effectue très- facilement par ce moyen, pourvu que les boutures soient prises aussi petites que possible (1). Ainsi, tandis que Junghuhn arri- (1) Comme je savais qu'un des plus grands reproches que Junghubn fit aux plants de Quinquinas provenant de boutures, était qu’ils avaient des racines mal développées, j'ai fixé principalement sur ce point mon attention lorsque, en novembre 1863, je me suis trouvé à Ootacamund, au milieu des'plantations anglaises, et j’ai vu précisément le contraire de ce que M. Junghuhn supposait. J’y ai eu la preuve qu’on peut obtenir au moyen du bouturage des plants de Cinchonas suffisamment pourvus de racines. Afin de pouvoir communiquer aussi ma conviction à d’autres, j'ai prié M Mac vor de dessécher pour moi une bouture et un’ bourgeon avec et sans racine. SUR LA CULTURE DES ARBRES À QUINQUINA. 145 vait à croire que la multiplication des plants de Cinchonas par semences était préférable à la multiplication par boutures, M. Mac Ivor arrivait de son côté à une conclusion diamétrale- ment opposée. - Bien que Junghuhn n'ait pas eu tout le succès qu'il pouvait espérer, le nombre des plants de Quinquinas à été cependant | augmenté à Java par ce moyen, et ce naturaliste s’est trouvé en état d'étendre beaucoup ses plantations. Il établit successivement | sur le Malabar différentes plantations, qui sont désignées aujour- . d'hui, dans les États officiels, sous les noms de Kebon-Pahud, | Gedonk-Badak, etc. Quoique l'opération marchât lentement, on vit cependant, en juin 1857, quelques Cinchonas commencer à fleurir à Tji- | bodas, et l’on put alors espérer de recueillir des graines si dési- rées par Junghuhn. Les premières fleurs trompèrent cependant l'espoir que l’on fondait sur elles, car elles se desséchèrent | presque toutes; mais il en vint bientôt de nouvelles, et, en | juin 1858, les arbres fournirent enfin les premières graines | mûres. | L'espèce qui fructifiait ainsi avait été introduite à Java sous le | nom de Cinchona ovata, que l’on changea plus tard en celui de | Cinchona condaminea var. Cette indécision dans le nom provenait de ce que, pour beaucoup de Cmchonas, il est impossible de déter- miner rigoureusement l'espèce, à moins que l’on ait en sa pos- session les fleurs et les fruits. Aussitôt donc que le Cinchona d'espèce douteuse eut fleuri et donné des graines, Junghuhn Ê appliqua à les déterminer, et c’est amsi qu î désigna plus tard SOUS le nom de Cinchona lucumæfolia une plante douteuse obte- nue de semis (1). Afin de faire cesser un autre doute, j'envoyai, avec l'approbation du gouverneur général, une branche d’un Cinchona en fleurs et en fruits à mon ami, le célèbre quinolo- giste Howard (de Londres), qui, par suite de l'acquisition qu’il | (4) Cette hésitation de Junghuhn, qui a été jugée par quelques personnes d’une | manière peu équitable, n'avait d'autre cause que la trop courte description du C. Zucu- mæfolia faite par M. Weddell qui, par exemple, n’a donné aucune indication sur ses feuilles comme si elles n'étaient pas couvertes de poils. 5€ série. Bor, T. V. (Cahier n° 3.) ? 410 | | | | 446 J. Ë. DE VRIS. avait faite de l’herbier de Ruiz et Payon, se trouvait én mesure de résoudre la question qui se présentait. M. Howard, après avoir examiné l'échantillon, déclara qu'il n’appattenait pas au C. carabayensis, ainsi que quelques personnes l'avaient avaticé en Hollande, mais que c'était une espèce nouvelle encore incon- nue, à laquelle il donna le nom de Cinchüna paludiana (1). Cette espèce, que l’on rencontre depuis cette époque sous ce nom dans les États officiels, n’a cessé, depuis le mois de juin 1858 jusqu’en 1863, époque à laquelle je l'ai vue pour la dernière fois, dé donner des fleurs et des fruits, en sorte qu'on en a obtenü des milliers de graines. Au contraire, divers pieds de Cinchonas appartenant au Cinchona calisaya, et qui faisaient partie de la plantation de Tjibodas, bien qu'ayant aussi commencé à donner des fleurs, perdaient presque tous leurs fruits avant que les oraines fussent arrivées à maturité. Ainsi tandis que Jun- ghuhn, récoltait des millions de semences mûres de Cinchon« pahudiana, il en obtenait à peitie quelques milliers de Cinchona calisaya. | | Si l’on rapproche maintenant ce qui précède de ce que nous avoñs dit plus haut du résultat moins favorable de la multiplica- tion par boutüres, on saisira clairement les raisons qui ont fait que la multiplication du Cinchona calisaya est restée, relative- ment à celle du Cinchona pahudiana, dans une proportion si faible, aussi longtemps que Junghuhn à dirigé la culture des Quinquinas à Java, puisque, Convaincu comme il l'était de la grande valeur du Cinchona calisaya, il a donné tous ses soins à sa culture; mais l'opinion iñexacte qu'il s'était faite, relativement à la multiplication par les boütures et par les graines, a été la cause du grand développement qu'il a donné à la culture du Cinchona pahudiana, comparativement à celle du calisaya. (4) Le Cinchona carabayensis, suivant M. Weddell, ne s’élève pas, dans son pay: originaire, à plus de 3 mètres (environs neuf pieds), tandis qu’un plant de Cinchonc puhudiana, poussé sur la pente du Gedeh, avait, vers la fin de décembre, uñe hauteur de vingt-quatre pieds français, c’est-à-dire près de 8 mètres Cette différence de noms présente de l'importance par cette raison que l'écorce du Cinchona carahayensis n'a aucune valeur. ‘SUR LA CULTURE DÉS ARBRES À QUINQUINA. 147 Malheureusement l'écorce du Cinchona pahrudiana a été con- sidérée par un grand nombre de personnes comme étant de si peu de valeur, que l'on est même allé jusqu'à la comparer à du bois à brûler. Mais si l’on a été trop sévère dans le jugement que l’on a porté de cette espèce, on ne peut nier, d’un autre côté, que l’espoir fondé par Junghuhn sur l'avenir de ce Cinchona était trop favorable, en sorte que, ici encore, comme cela a lieu dans bien des cas, la vérité se trouve entre les deux. Toutefois, avant d'émettre une opinion dans ce débat, on doit avoir une idée nette du but de la culture des Cinchonas à Java. Si l'on se propose, ainsi que, dans mon opinion particulière, on doit le faire, de multiplier seulement les Cinchonas qui four- nissent la meilléure écorce pour la préparation de la quinine, il faut se borner exclusivement au Cinchona calisaya, et aban- donner toutes les autres espèces introduites à Java. Si cependant il est reconnu qu'une quantité importante d’écorces de Quin- quinas entre dans la thérapeutique sous forme de décoction, et que l'écorce du Cinchona pahudiana puisse trouver un utile em- ploi de cette manière, nous devons conserver et étendre la culture de ce dernier. Ce sentiment est non-seulement le mien, mais aussi celui de l’un de nos plus célèbres pharmacologues, M. Guibourt. Nous arriverons ainsi à conclure que le Cinchona calisaya doit bien être cultivé dans la proportion la plus consi- dérable, mais que le Cinchona pahudiana et quelques autres sortes ne doivent pas être entièrement négligés. Il existe encore, mdépendamment de cette opinion, une autre raison pour laquelle on ne doit pas cultiver exclusivement le Cinchona calisaya, c'est qu'on ne sait pas encore bien quelles espèces de Cinchonas seront acelimatées à Java avec le plus de profit (41). Le bénéfice ici ne dépend pas uniquement de la quan- (4) En dehors de cela, il n'a pas encore élé reconnu si le Cinchona calisaya cultivé à Java serait aussi convenable pour la préparation de la quinine que celui qui est importé de Bolivie, En effet, les écorces des Cinchonas cultivés à Java paraissent, d’après l'analyse chimique, contenir une quantité passablement grande de quinidine; j'en ai même trouvé une fois près de trois pour cent dans une écorce de cette espèce. Dans l'état actuel des choses, il est bien vrai que cetle grande quantité de quinidine n’a été rencontrée que rarement, mais tant qu'on ne connaîtra pas les circonstances qui 118 J. E, DE VRIJ. tité de quinine que contient l’écorce d’une espèce de Cinchona, mais aussi de la quantité d’écorce qu’elle peut fournir dans un temps donné. Il se peut, par exemple, qu'une espèce de Cin- chona, dont l'écorce est moins riche en quinine que celle du ‘calisaya, soit cependant cultivée avec plus d'avantage que le calisaya vrai, si la quantité d’'écorce qu'elle pourrait fournir dans le même temps était assez grande pour compenser large- ment la proportion moindre de quinme qu'elle contiendrait. I résulte de cette considération que le blâme adressé à Junghuhn, concernant la culture du Cinchona pahudiana, est en grande partie immérité ; que la seule chose qu'on puisse lui reprocher, c’est d’avoir exagéré le nombre des plants de Cinchona pahu- diana, comparativement à ceux de Cinchona calisaya. Après cette digression nécessaire, je reviens aux plantations dirigées par Junghuhn. Aussitôt qu'il fut en possession des se- mences qu'il guettait avec tant d'anxiété, de nouvelles planta- tions furent successivement organisées par lui dans des forêts jusque-là presque Imaccessibles, et seulement fréquentées par des rhinocéros et des buffles sauvages ; ces forêts furent ainsi pourvues, à l’aide d'abatis, de bonnes routes ouvertes au com- merce. Tandis que dans l’ouest de Java la culture des Cincho- nas s'était étendue amsi, 1l n'existait encore dans l’est, sur la chaîne d'Ayanga Begoeki, qu'une petite plantation d'essai de vingt et un plants, qui, organisée en 1857, s'était amoindrie au point de ne plus contenir que dix-huit plants à la fin de dé- cembre de la même année. Cet essai, entrepris par Junghubn dans le but de se rendre compte de l'influence qu’exercerait le climat plus sec de l'est de Java sur le développement des Qum- quinas, n'eut pas de suite ; Junghubn l’abandonna et ne le visita même plus, malgré les instancesréitérées que je lui fis de revoir avec moi celte plantation. Nous en sommes donc encore à savoir si l’air plus sec de la chaîne d’Ayanga a exercé ou n’a pas exercé une influence favorable sur la végétation et sur la proportion déterminent la formation de la quinine aux dépens de la quinidine dans la plante, ce sera faire preuve de peu de prévoyance que de faire dépendre d’une seule espèce le succès de la culture du Quinquina, SUR LA CULTURE DES ARBRES À QUINQIINA. A 19 de quinine des Cinchonas qui y ont été plantés. Avant donc de donner de nouveaux développements à la culture des Cinchonas dans l’ouest de Java, ilest absolument indispensable, à mon avis, d'examiner ce qui est advenu de ceux qui ont été plantés sur la chaîne d’Ayanga. C'est qu'effectivement les expériences de M. Mac Ivor, à Ootakamund, nous ont appris que, bien que l'extrême sécheresse et l'extrême humidité soient toujours nui- sibles, les Cinchonas souffrent moins du premier de ces deux extrêmes que du second, en sorte qu'il serait très-possible, même probable, que le elimat plus sec de l’est de Java fût mieux approprié à leur culture que le climat plus humide de l’ouest de l’île. Lorsque Junghubhn se chargea, en Juillet 4856, de la direction de la culture des Cinchonas, on en possédait 251 plants vivants et 1650 boutures, la plus grande partie dépourvue de racines. Vers la fin de décembre 1863, on comptait à Java 1151 810 plants, dont 539030 en pleine terre et 612771 sur couches à l’état de semis, plus 6830 boutures vivant en serres. Ces plants, représentés par : 12093 Cinchona calisaya, 251 C. lancifolia, 89 C. succirubra, 128 C. lanceolata, 4 C. micrantha, 1139148 C. pahudiana, étaient répartis dans les plantations suivantes : 4° à Nagrak, sur le Tankoebanprahoe, 5000 pieds au-dessus de la mer ; 2° à Tjini- roean, 4820 pieds, et 5° à Tjibeurum, 4800 pieds, ces deux loca- lités sur le Malabar ; 4° à Tji-bitoeng, 4700 pieds, sur le Goenong Wajang ; 5° à Reong-Goenong, 5000 pieds; 6° à Kawa-Tjiwideia, 6000 pieds ; et 7° à Rantja-Bolang, 5900 pieds, ces trois localités sur la chaîne du Kenddeng, entre le Goenong Tiloe et le Goenong Patoca; 8° à Telaga-Patengan, 4850 pieds; 9° à Tjibodas, sur le Goenong Gedeh, 4400 pieds; et enfin 10° à Wonod-Jampi, sur la chaîne d’Ayang, 6830 pieds (1). Les hauteurs indiquées au- (1) J'ai appris plus tard que, après mon départ de Java, il a été planté encore 150 J. €. DE VRHIJ. dessus du niveau de la mer se rapportent aux demeures des surveillants qui, dans les huit premiers cas indiqués, ont été construites sous la direction de Junghuhn; l'habitation de Tji- bodas existait avant 1856, de sorte que la hauteur indiquée se rapporte à celle de la plantation même. Les employés char- gés de la surveillance des plantations, pour la plupart sous- officiers en congé, sont répartis en trois classes ; 1ls reçoivent une solde de 75, 100 et 1925 florins par mois, tandis que les autres travaux sont exécutés soit par des indigènes, dont une partie est attachée d’une manière permanente aux établisse- ments en jouissant d’un traitement fixe et d’une habitation libre, soit par des journaliers. En se bornant à fixer son attention sur la multiplication des Cinchonas, qui s'est élevée à 4151810, on peut considérer le résultat obtenu dès à présent comme favorable; mais cette im pression diminue lorsqu'on compare le rapport des différentes espèces entre elles. En effet, dans cette comparaison, le rapport tout à fait défavorable de 42093 C. calisaya et 1139248 C. pa- hudiana est frappant. Si donc je regrette que le rapport soit précisément le contraire de ce que, dans mon opinion, il devrait ètre, je me console néanmoims par la conviction que cette faute peut être aisément réparée en appliquant aux 12093 C. cali- saya le système de culture qui a été couronné de succès dans les essais de M. Mac Ivor; en effet, par l'application de ce sys- tème, le nombre de 12093 C. calisaya peut être élevé aisément, en moins de deux années, à une quantité d'au moins deux millions. Je ne puis opposer rien de mieux à ceux qui ont douté de l’utilué de la culture du Quinquina, dans nos possessions néer- landaises, que ce que les Anglais, si éminemment pratiques, ont obtenu en introduisant, d’après l'exemple de la Hollande, la cul- ture des Cinchonas dans leurs possessions de l'Inde, Ce fait mé- rite d'autant plus d’être signalé que, dans les Indes britanniques, seize pieds de Cinchonas sur le Diewg, en sorte que le nombre des plantations, tant grandes que petites, s'élevait à onze à la fin de décembre 1863. SUR LA CULTURE DES ARBRES A QUINQUINA. 151 le gouvernement n'est pas colon, et que la culture des Cinchonas y est aujourd'hui, et par exception, une culture gouvernemen- tale, Les documents relatifs à cette culture ont été publiés, vers le 20 mars 4863, par l'ordre du Parlement, dans le blue book ; ils remplissent environ 272 feuilles in-folio, et m'ont été, de même que les rapports officiels, communiqués avec une bien- veillance toute particulére. Ces documents m'ont été d'autant plus précieux qu'ils m'ont permis de comparer la culture des arbres à Quinquima dans les deux pays, depuis Ceylan jusque dans les Neilgherries, et Je me suis convaincu ainsi de la supériorité du système anglais sur celui qui a été suivi à Java. | Après une première tentative infructueuse en 1855, qui avait pour but de transporter des Cinchonas dans les Indes britan- niques, le gouvernement anglais se décida, en juin 1859, à envoyer M, Clements-Markham dans l'Amérique du Sud, dans le but d'y recueillir des graines et des plants de Cinchonas. Bien que les plants vivants qu’il avait rapportés de ce pays fussent, à leur arrivée à Madras, par suite de la chaleur à laquelle ils avaient été exposés dans la mer Rouge, dans un état si misé- rable qu'ils moururent aussitôt après leur arrivée, M. Clements- Markham avait pris des précautions si convenables pour assurer l'envoi de bonnes graines, que sa mission peut être regardée comme ayant complétement réussi, et que ces grammes purent être réparties en grande quantité, savoir : à Darjeeling, au pied de la chaine de l'Himalaya, à Hakgalle, près de Newera-Ellia, à Ceylan et à Ootakamund, dans les Neïlgherries dépendantes de la présidence de Madras. | La plantation de Darjeelng fut placée sous la direction du docteur Anderson, directeur du jardin botanique de Calcutta, qui, en 1861, fui envoyé à Java par le gouverneur général des Indes, lord Canning, pour y prendre les jeunes Quinquinas mis avec bienveillance par notre gouvernement à sa disposition. Ces plants ont constitué le noyau de cette plantation qui, de la fin de 1861 au 10 juillet 1864, fournissait 19516 plants. La plantation de Hakgalle, dans l'île de Ceylan, à 5200 pieds 152 J. E. DE VRIJ. au-dessus de la mer. confiée aux soins immédiats de M. Mac Nicoll, et placée sous la direction supérieure d'un botaniste bien connu, M. H. K. Thwaites, directeur du jardin botanique de Peradenia, a été établie au commencement de 1861 ; elle ren- fermait, à la fin d'août 1863, 22 050 plants. La plantation d’Ootakamund, à 7500 pieds au-dessus de la mer, avec la plantation annexe des Neïlgherries qui en dérive, a été placée sous la direction de M. Mac fvor, homme savant et en même temps éminent praticien. Les premières graines de Cinchona ont germé à Ootakamund en mars 1861, de telle manière que le nombre de jeunes plants s'élevait, à la fin de ce mois, à 472. Le 9 avril suivant, M. Mac [vor a recu les premiers jeunes plants de Cinchonas venant d'Angleterre , qui provenaient du jardin de Kew, et qui étaient au nombre de 153, en sorte qu'il était alors en possession de 635 jeu- nes plants, appartenant presque tous à l'espèce qui porte le nom de Cinchona succirubra et qui fournit l'écorce de Quin- quina rouge. Le 30 avril 1861, le nombre des plants était de 1198; le 30 avril 1862, de 31495; le 30 avril 1863, il atteignait le chiffre de 157704, et le 31 décembre 1863 celui de 277083. Des indications que nous avons données ci-dessus 1l résulte que les plants primitifs de Cinchonas, existant à Ootakamund le 9 avril 1861, ont pu, sans qu'il y ait été ajouté de graines nou- velles ni de plants nouveaux, être multipliés uniquement au moyen de boutures, de manière à attemdre à la fin de décem- bre 1863, c'est-à-dire en trois années, le chiffre prodigieux de ‘277083. Cette rapidité de multiplication des Cinchonas par boutures s'est montrée encore avec plus d’évidence pour moi par le fait suivant. M. J. E. Howard, de Londres, le célèbre quino- logiste, à donné au gouvernement anglais un individu vivant de Cinchona uritusinga qui avait environ 5 pieds de haut. Cet arbre, arrivé le 18 avril 1862 à Ootakamund dans un état languissant, commenca le 31 mai suivant à végéter, de sorte qu'il fut possible d’y prendre quelques boutures ; le 31 décem- SUR LA CULTURE DES ARBRES A QUINQUINA. 1535 bre 1863, par conséquent en dix-neuf mois, ce pied unique avait produit 6850 nouveaux individus. On voit donc que si la méthode de multiplication suivie par M. Mac Ivor eût été appliquée aux 99 pieds de Cinchona cali- saya qui existaient à Java en juillet 1856, le nombre de plants de cette espèce qui, ainsi que je l'ai déjà dit, fourmit l'écorce la plus convenable pour la préparation de la quinine, se serait déjà élevé, en suivant la proportion indiquée ci-dessus, au bout de huit années, à plusieurs millions, et le fâcheux débat relatif au Cinchona pahudiana ne se serait jamais produit. Tandis qu'à Java, Junghuhn avait planté les Cinchonas sous l'ombre épaisse des forêts primitives, en se basant sur ce que, dans leur patrie originaire, ils croissent dans des forêts épaisses, M. Mac Ivor a suivi un plan tout autre. Lorsqu'il reçut les pre- mières semences de Quinquinas, il prit bien assurément connais- sance des conditions dans lesquelles ces arbres végètent dans leur pays, et, à cet effet, la présence temporaire de M. Markham à Ootakamund lui à été d’une grande utilité, mais, en même temps, 1l s’est proposé d'étudier de quelle manière les Cnchonas doivent être cultivés pour fournir, dans le temps le plus court possible, la plus grande quantité d’écorce et la plus grande proportion de quinme. La question ne peut être résolue que par une série d'essais bien concertés, et, quoique M. Mac Ivor soit le premier à recon- naître qu'il s'en faut beaucoup que celle qu'il a posée soit résolue d’une manière satisfaisante, ses essais ont cependant con- duit à des résultats qui méritent dans tous les cas d’être connus. En variant les conditions des semis, M. Mac Ivor a réussi à faire germer les graines de Cinchonas dans l’espace de qua- torze Jours en moyenne. À Java, chaque graine a été mise isolément dans un petit pot de bambou (1), et l’on est arrivé seu- lement, et comme essai, à faire germer deux graines à la fois dans un même pot. À Ootakamund, conformément à la méthode (4) Le Bambou est, comme on le sait, divisé par des cloisons en‘cases séparées, de sorte qu'en coupant la tige en autant de morceaux qu'il y a de cases, on obtient autant de petits cylindres creux qui, remplis de terre, peuvent tenir lieu de pots pour faire 45h .: _J, E. DE VRIS. pratiquée en Hollande par les horticulteurs instruits, on met au moins 30 semences dans un même pot, ce qui procure une grande économie de temps et d'espace et rend la surveillance plus commode. Après ces essais de semis, on s’est posé une seconde question, celle de savoir comment les plants doivent être cultivés. Mais, bien que la pratique javanaise de planter les Cinchonas à l'ombre épaisse des forêts aitexercé une certaine mfluence sur son esprit, M. Mac [vor ne renonça pas pour cela à l’idée que les Cinchonas doivent être cultivés à ciel ouvert, à condilion qu'ils soient à une hauteur convenable au-dessus du niveau de la mer, variable suivant les espèces. I maintint cette opinion vis-à-vis du gou- verneur de Madras, sir William Denison, qui hésitait naturelle- ment à donner son approbation à l’abatage des arbres dans les Neilgherries, où les bois sont déjà si rares. Ce haut fonction- naire eut toutefois confiapee dans la science et dans l'expérience de M. Mac Ivor, si bien que, après avoir examiné les motifs allégués, 1l donna son approbation à l’abatage des bois dans les endroits qui paraissaient être les plus convenables pour la cul- ture des Cinchonas. Cette culture, dans les Indes orientales, est donc dirigée en ce moment suivant deux systèmes que je ne puis mieux faire comprendre qu'en les comparant à l'aménagement des chênes de haute futaie et des chênes en taillis. Dans le premier système, suivi à Java, les plants de Cinchonas doivent naturellement être plantés à de grandes distances les uns des autres pour se déve- lopper en futaie, de manière à donner des arbres de haute taille destinés à être abattus au bout d’un grand nombre d'années. Dans le second système, suivi non-seulement dans les Neïlgher- ries, mais aussi à Ceylan (bien que, dans cette dernière localité, l’appheation n’en soit pas faite d'une manière aussi rigoureuse), on se propose de former des taillis exploitables à des époques germer les graines de Cinchonas. Ces petits vases, que nous désignons ici sous le nom de pots de bambou (bambæzen potje), reviennent meilleur marché que les pots à fleurs ordinaires, et commie on avait besoin de centaines de milliers de pots, on a naturelle- ment employé ces pots de bambou, SUR LA CULTURE DES ARBRES À QUINQUINA. 155 rapprochées, ainsi qu'on en agit pour obtenir les écorces desti- nées à l'industrie. Ainsi, par exemple, dans la plantation de Neddrwattum, éloi- gnée d'environ 16 milles anglais d'Ootakamund, 900000 plants sont distancés de 6 pieds anglais, afin qu'ils puissent s’abriter mutuellement contre les vents impétueux qui y dominent, Lorsque les plants se seront convenablement développés, on se propose de les éclaircir, en en retranchant un sur deux à la hauteur du point de séparation entre la racine et la tige, de telle sorte que le nombre des arbres de la plantation soit réduit à la moitié de ce qu'il était avant la coupe. Ces arbres coupés fourniront de l'écorce, tandis que les souches, restées dans le sol, donneront naissance à de nou- veaux bourgeons et par suite à de nouveaux plants. Dès que ces plants seront convenablement développés, on coupera les anciens et, en continuant ainsi, on obtiendra une récolte régulière d'écorce. Outre ce système, on en a essayé encore un autre, qui consistera à enlever chaque année une moitié des branches et à mettre leur écorce dans le commerce comme écorce de Quipquina. On conçoit naturellement que l'expérience seule décidera lequel des deux systèmes devra être préféré, mais ce qui est déjà certain, c’est que J'ai par-devers moi une déclara- tion écrite de M. Maclvor, dans laquelle il assure que, à la fin de décembre 1865, il enverra en Europe de 3000 à 5000 livres an- glaises d'écoree de Quinquina provenant de 16000 jeunes arbres qu'on avait fini de planter à Neddiwattum, en septembre, oc- tobre et novembre 1852. Si j en Juge par ce que j'ai vu moi- même à Neddiwattum, Ootakamund, etc., je ne puis douter que M. Mac [vor n’accomplisse sa promesse, et 1l ne restera plus qu'à s'assurer si les Cinchonas, cultivés d'après ce système, fourni- ront une écorce suffisamment riche en quinine, Par l'effet de la bienveillance de sx William Denisou, qui avait envoyé l’ordre de mettre à ma disposition tout ce que Je pourrais désirer pour attemdre le but que Je me proposais, j'a obtenu des écorces de différentes espèces -de Cinchonas cultivés à Neddiwattum et autres localités, ce qui m'a permis, à mon 156 J. E, DE VRIS, retour en Hollande, de répondre à la dernière question que nous avons posée. Le résultat que M. Howard et moi avons obtenu, par l'analyse chimique, de ces écorces de Quinquinas a démon- tré que leur proportion de quinine se trouvait en tout cas satis-- faisante, et il est devenu évident par là que l’assertion de Jun- ghubn, que les Cinchonas croissant à l'air hbre devaient contenir moins de quinine, était sans fondement, comme je le soupçon- nais déjà par les simples faits que j'avais observés pendant mon séjour à Java. La seule observation que je croie devoir faire sur la culture des Anglais, c’est que la très-grande majorité de leurs plants de Cinchonas appartient à l’espèce qui fournit le quin- quina rouge, à l'égard duquel ils nourrissent une espérance exagérée, en s'appuyant sur ce que le prix du quinquina rouge est coté sur le marché de Londres de 2 1/2 à 8 3/4 shillmgs par livre anglaise. Ce prix élevé est la conséquence naturelle de la rareté de cette espèce de quinquina, et il baiïssera infaillible ment lorsqu'une plus abondante importation aura lieu. En effet, bien que l'écorce de quinquina rouge soit de toutes celles du genre la plus riche en alcaloïdes, en général, cependant, la pro- portion de quinine y est plus faible que dans les bons Quinqui- nas Calisayas, en sorte que, dans mon opinion, les fabricants de quinine donneront toujours la préférence au calisaya. Après avoir, dans ce qui précède, donné un court aperçu de la culture des Cinchonas, tant dans les Indes néerlandaises que dans les Indes britanniques, ne serait-il pas possible de répondre à la question, déjà agitée plus d’une fois, de savoir si la culture des Cinchonas à Java ne pourrait pas être abandonnée à l’in- dustrie particulière. Comme, dans le système de culture qui à été suivi jus- qu’à ce jour à Java, les Cinchonas doivent être âgés d'au moins trente ans pour pouvoir fournir de bonnes écorces, je doute beaucoup qu'il se trouve des capitalistes qui consen- tent à immobiliser leur argent pour un aussi long terme, et je dois, par conséquent, répondre à la question d’une ma- nière négative. Le système anglais, au contraire, qui com- mence déjà en quatre ans au plus à faire produire un intérêt SUR LA CULTURE DES ARBRES À QUINQUINA. 157 au capital engagé, et qui continue ensuite à fournir un revenu régulier, se prête à faire, avec le temps, de la culture des Cin- chonas une industrie particulière. Au surplus, c’est déjà là en partie un fait accompli, puisque, à la fin de décembre 1858, 7532 plants de Cinchonas avaient été livrés à des particuliers, contre le prix fixé de 30 cents par plant. Si donc notre gouver- nement (le gouvernement hollandais) pouvait, comme je l’es- père, remplacer par le système anglais celui qui est actuellement suivi à Java, il n'aurait pas seulement préparé les voies à une nouvelle industrie privée, mais 1l pourrait encore obtenir un autre résultat sur lequel je veux, en terminant, attirer l'attention en peu de mots. C’est, en effet, une chose triste que de voir un grand nombre de cimes élevées des montagnes de cette île tota- lement dépouillées d'arbres, ce qui, dans le temps, avait donné sujet de croire que Junghuhn avait été chargé d'y détruire les forêts. Comme les Cinchonas doivent être plantés à une certaine hauteur, dans tous les cas à une hauteur plus grande que les plantations de café, le système anglais pourra fournir le moyen de reboiser les cimes dénudées des montagnes, bien qu'ils’agisse d'arbres peu élevés. Les frais de plantation seraient largement couverts par le prix des écorces que l'on y récolterait, sans compter que le bois écorcé pourrait, en cas de besoin, servir de combustible. | ADDITIONS A LA FLORE BRÉSILIENNE VOYAGE BOTANIQUE DANS LA PROVINCE BRÉSILIENNE DE MINAS GERAES Par M. Ladislaü NETTO. Re Une liste des végétaux recueillis dans leur pays natal, quelque restreinte et quelque incomplète qu'elle soit relativement à la flore de cette région, est toujours un gradus ad geographium botanicam, et, à ce point de vue, je serai heureux de pouvoir ajouter une petite pierre aux bases sur lesquelles est fondée cette branche si intéressante de la botanique. La liste que je présente ici comprend uniquement les plantes recuéillies dans le court voyage que j'ai effectué à travers une certaine étendue de la province de Minas Geraes, lorsque, par ordre du gouvernement impérial, j'ai été chargé, avec M. le lieutenant du génie Éduardo-José de Moraes, d'accompagner M. Liais dans l'exploration du hautSan-Francisco. Je n'ai pas la prétention de donner cette collection comme fournissant une idée complète des plantes qui eroissent naturellement le long de la route que nous avons suivie; 1l aurait fallu pour cela que je fusse muni du matériel mdispensable au botaniste pour dessécher et conserver ces collections, et que tout mon temps fût consacré à cette élude, deux ressources qui me manquaient également. Nous wavions pas le nécessaire. et ce n’est que par de très- grands efforts que j'ai pu réunir les végétaux dont Je vais donner l’'énumération. Le temps surtout me faisait défaut, car depuis la ville de Sabara jusqu'au fleuve de San-Francisco, c’est-à-dire ans la région peut-être la plus riche que nous ayons visitée, presque loutes mes Journées étaient consacrées à l'exploration ADDITIONS A LA FLORE BRÉSILIENNE. 159 hydrographique du Rio das Velhas, que nous parcourions en ajoujo (canots réunis) (1). J'ai tiré cependant le meilleur paru que J'ai pu de cette col lection botanique, grâce aux herbiers de Saint-Hilaire, de M. de Martius, de Gardner, de Claussen, de Blanchet, de M. Wed: dell, de Vauthier, de Guillemin, et à celui qui fut donné par le Muséum de Rio de Janeiro à Ch. Gaudichaud, herbier qui compte environ {500 espèces. Dans cette énumération, je ne suivrai pas l'ordre biologique, c'est-à-dire que je ne rapprocherai pas les plantes des diverses stations en groupes échelonués suivant les conditions dans les quelles elles vivent. Je donnerai une simple nomenclature des plantes rencontrées dans les lieux que j'ai parcourus, et cela sta- tion par station. | La végétation des campos qui environnent là ville de Sabara, où mes premières herborisations furent faites, rappelle à peu près celle des pâturages qu'on rencontre en se rendant du bord du plateau de la Mantiqueira au Rio das Velhas, avec ceci de par- ticulier toutefois qu'au voisinage de Sabara les plantes des forêts sont plus abondantes dans les lieux atteints par les crues du fleuve, et que la végétation propre des plaines, où campos, est enrichie d'espèces qui ne lui appartiennent pas générale- ment. Ceci paraît provenir de ce que ces campos sont à une petite distance de la Serra do Espinhaco, qui, ainsi que la fait remarquer Aug. dé Saitt-Hilaire, est la limite entre le versant habité par les plantes forestières et celui de la vallée du San- Francisco, dont les végétaux sont généralement d'une autre nature. Nul doute que la proximité de la riche végétation du littoral, qui s'étend jusqu'au pied de cette chaîne, n'ait exercé une grande influence sur la flore de la région des campos, ré- gion à laquelle appartient le bassin de Sabara, ou plutôt celui du Rio das Velhas, qui baigne tout un côté de cette ville. C'est un fait d’ailleurs fort curieux que celui de l'émigration des plantes des forêts vers les campos et vice versd. (4) Un atlas comprenant ces travaux à été ‘écemment publié par MM, Garnier frères, éditeurs. 160 L. NETTO. Le nombre de ces transfuges, il faut le dire, ne paraît pas être considérable ; mais, quelque petit qu'il soit, on doit en faire mention, et il est même regrettable que ce fait, de la plus haute importance au point de vue de la culture, ait été négligé jusqu'à ce Jour. | Mais, outre la circonstance de se trouver à une petite distance des forèts de l'est, il faut ajouter que les plaines des environs de Sabara reçoivent des dépôts et des engrais de tous les côtés, soit des régions élevées de Ouro-Preto par le Rio das Velhas, soit de la haute montagne de Piedade qui en est voisine, soit enfin des contre-forts occidentaux de la Serra do Espmhaco elle-même. De là la fécondité qu’on remarque dans toute la vallée et dans les campos moins élevés, fécondité qui se fait voir particulièrement au pied de la Serra da Piedade. En se rendant au sommet de cette montagne, on traverse une forêt très-épaisse, qui n'est autre, ce me semble, que la Grossa Capoeira (le grand tallis), signalée par Aug. de Saint-Hilaire , lors de son excursion aux mêmes lieux. Quarante ans ont suffi pour accomplir ce changement. - Quant aux plantes des campos, par suite de ce qui a été dit plus haut, elles sont relativement fort nombreuses, et donnaient, lors de votre séjour à Sabara (au mois de mars), un aspect très- agréable au tapis de Graminées qui couvre ces prairies. Au milieu des Baccharis, des V’ernonia, des Cuphea, des Lippia, des Hyptis, des Oxalis, des Croton, croissent le Diplu- sodon villosissimus, Pohl., le D. virgatus, Pohl., le Keithia de- nudata, Bth., un joli Clitoria, une Gentianée médicinale très- estimée sous le nom vulgaire de Centaurea, et qui n’est autre que le Lisianthus amplissimus, Mart., plusieurs espèces de Cro- talaria, de Lasiandra, d'Eugenia, une foule de Malpighiacées appartenant aux genres Hiræa, Byrsonima, Heteropteris, Cama- rea, mais surtout au genre Banisteria, telles que le B. cam- pestris, À. Juss., le B. crotonifolia, À. Jus., etc., et beaucoup d'autres végétaux, communs aux campos geraes. Ce sont des arbrisseaux s'élevant à peine au-dessus des touffes de Graminées, et formant pour ainsi dire le deuxième plan de la flore des Campos. ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 161 Le troisième et le dernier plan comprend des arbres rabou- gris, aux branches tortueuses, et s’élevant de { à 6 mètres envi- ron au-dessus du sol. Lorsque parfois ces arbres caractéristiques du Sertao se trou- vent en grande abondance dans les plaines, au détriment des Graminées qui leur cèdent la place, 1ls forment ces sortes de forêts naines ou maquis, qu'on désigne dansle pays sous le nom de Serrados. Aux environs de Sabara on remarque aisément toutes ces nuances, et, soit dans les serrados, soit dans les campos proprement dits, la végétation la plus élevée se compose des genres Qualea, Amphilochia, Vochysia, Kielmeyera, Gomplhia, .Curatella, Hymenæa, etc., parmi lesquels 1l est agréable de voir cà et là quelques touffes de Cocos campestris, Mart., jolis petits Palmiers, qu'on rencontre avec quelque abondance dans les campos qui touchent aux parties moyennes du cours du Rio das Velhas. L'arbre le plus beau du plateau de la Mantiqueira, l’'Araucaria brasiliensis, Lam., ne s'y montre plus; mais en revanche, soit sur les bords de la rivière, soit le long des ruisseaux ses tribu- taires, l'œil se réjouit d’apercevoir par moments le feuillage sombre et luisant de l’Attalea MA Mart., et de lAcrocomia sclerocarpa, Mart. Si, en descendant des sommets des mornes ou plateaux bas, on veut suivre les vallées boisées de la rivière et des ruisseaux, on se trouve au milieu d'une végétation bien plus riche que celle des plaines et qui en diffère considérablement. Je ne parle pas des arbres qu'on y rencontre; on sait les difficul- tés qu'on a de les reconnaître non-seulement à cause de la rareté de leurs fleurs en général, mais surtout à cause de la hauteur à laquelle celles-ci se trouvent. Je ne fais donc allusion qu'aux végétaux moins élevés dont j'ai pu recueillir des échantillons. Ils appartiennent à plusieurs genres de Solanées, d’Acan- thacées, de Malpighiacées, de Mélastomacées, d'Euphorbia- cées, etc., et, parmi les plus intéressants, il faut compter quel- ques Polygala et Begonia, deux Syphocampylus ; le S. corymbi- ferus, Pohl., et le S. W'estinianus, Pohl., un Rubus, un Æschy- 9€ série. Bot, T, IV. (Cahier n° 3.) 3 11 162 L, NETTO, nomene, un Periandra et plusieurs Lianesappartenant aux genres Paullinia, Menispermum, Baccharis, Hiræa, Passiflora, etc. Mais la végétation la plus curieuse, et celle qui physialo- giquement mérite une attention toute particulière, est celle du haut de la montagne de la Piedade. Lors de mon ascension au sommet de ce massif majestueux, j'ai eu occasion de constater partiellement ce que d’autres avaient déjà remarqué au sujet des modifications que subit la flore d’une montagne lorsqu on com- pare les végétaux qui croissent à sa base avec ceux qui se trou- vent à son sommet. A peine ai-je eu franchi le bois qui couvre toute la base de cette montagne jusqu'à un quart de sa hauteur, Je me suis. aperçu de la différence qui existe entre les végétaux qui m'en- touraient et ceux des plaines voisines de la ville de Sabara, et dont l'aspect m'était devenu familier. Cette différence, d'abord faible, s’est accusée de plus en plus lorsque, en suivant le sentier qui conduit à l’ermitage de Piedade, je m'élevais au-dessus du niveau des campos. Le terrain y est aride, rocailleux, et couvert d'énormes blocs qu’on croirait prêts à rouler dans l’abime, mais la stérilité qu'on supposerait devoir y rencontrer, par suite de cette nature de ter- rain, n'y existe pas ; une foule de petits végétaux propres aux montagnes de l’intérieur de Minas y croissent au contraire avec vigueur. Ce sont des végétaux presque tous parasites, ou de ceux dont les racines traçantes et aériennes ne fournissent à la plante qu'une nourriture insuffisante prise dans un sal raçailleux . laissant à leurs organes appendiculaires le soin de puiser dans l'air le complément de la substance imdispensable à leur déve- loppement. Les Broméliacées, les Orchidées, les Gesnéria- cées, etc., y sont naturellement les plus nombreux représentants de la flore, et rien n’est plus agréable à l'œil fatigué de la eou- leur noirâtre de la roche que de rencontrer parlois au sommet de bloes élevés et pointus des bouquets d'Orchis et de Gesneria, élevant ensemble leurs hampes richement fleuries vers le beau ciel de Minas. | Deux remarquables espèces de Gesneria, le G&. magnifea, ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 168 Loud., et le G. prasinala, Ker., sont surtout très-communes à la Serra de la Piedade, mais beaucoup d'autres végétaux inté- ressants figurent aussi dans la flore de cette montagne. Parmi eux je citerai le Fuchsia pubescens, Cant., trois espèces de Vel- losia aux couleurs très-vives, des Amaryllis, un Alstræmeria, un Episcia, un très-bel Æriocaulon, un Cuscuta et l'Evolvulus rufus, ASH., découvert par Aug. Saint-Hilaire sur cette mon- tagne, qui me paraît être son habitation exclusive. qe habitants de Sabara, en me parlant de la montagne de Piedade, me l'avaient désignée sous le nom de Rico Jardim, et, d’après ce que jy ai pu voir dans un séjour de quelques heures à peine, et dans une saison qui n'est pas des plus favorables, cette désignation me parut justifiée. Les plantes y sont en effet aussi nombreuses que belles, et, outre celles que je viens de mentionner, j y ai trouvé, au milieu d'une foule d’arbrisseaux aux feuilles roides et poilues, une belle espèce du genre Laplacea, quelques Mélastomacées et de nombreux individus des genres Lippia, Vernonia, Baccharis et Keithia. J'ai recueilli également sur le haut de Piedade, et à quelques pas de la chapelle, un Galactia, un Gaylussacia aux fleurs rouges, et un Proteopsis, qui me paraissent être les habitants des lieux les plus élevés de Minas, sinon exclusivement de Piedade et des hautes montagnes qui en sont voisines. À Sabara, nous nous sommes embarqués sur le Rio das Velhas, que nous devions parcourir jusqu'à son embouchure dans le San-Francisco. Les conditions de ce voyage, comme je l'ai dit plus haut, n'étaient nullement favorables à la récolte des plantes; . aussi, lorsqu'à la fin de la journée nous nous arrêtions sur l’une des rives pour y passer la nuit, je m'empressais de traverser la ligne de bois qui couvre les bords de la rivière, et j'essayais d'explorer du mieux qu'il m'était possible, quoique rapidement, les mornes et les plaines voisines, où j'avais à regretter souvent d'être surpris par les premières ombres de la nuit. jusqu'aux environs de Lagôa-Santa, au-dessous de la ville de Santa-Luzia, je n'ai pu découvrir qu'un très-petit nombre de plantes nouvelles, ce qui tenait à ce que nous étions encore trop 16h | L. NETTO. près de Sabara pour que la flore des campos püt être sensible- ment modifiée. Mais dans une excursion que je fis au village de Lagôa-Santa, en parcourant une étendue de trois lieues à travers les plaines, Je remarquai que quelques espèces à peine visibles à Sabara commencaient déjà à y dominer, telles que le Lafoensia pecari, ASH., l'Hymenœa stilbocarpa, Mart., quelques Gomphia, plusieurs espèces de Bombax, et surtout des touffes de Cocus campestris. Ces petits Palmiers s’y trouvent en si grande abondance, qu'en les voyant abriter parfois comme une sorte dé forêt naine les amas pyramidaux d'argile formés par les termites, Jai cru être un moment devant une capri- cieuse miniature des riants paysages de la côte du nord du Brésil, où les huttes des pêcheurs sont bâties à l'ombre des Cocotiers. Au bord même de la Lagôa-Santa, j ai rencontré un magni- fique Cassia aux fleurs jaunes, qui me paraît avoir émigré de son pays natal vers ce lieu charmant. Le fond de la Lagôa-Santa doit contenir des richesses végé- tales inconnues à la science , car ce lac, comme tous ceux de ces régions, quoique peuplé de beaucoup d'espèces de végétaux, n’a été exploré convenablement par aucun botaniste. On y trouve une plante (un Scirpus) qui, par sa nature particuhère, a fait naître la petite industrie des nattes dites de Lagôa-Santa, fort prisées par les habitants de Minas. Cette mdustrie soutient un certain nombre de familles pauvres, et 1l est à regretter qu'on ne prenue pas des précautions pour la récolte de cette plante utile, car, d’après ce qu'on m'a rapporté sur les lieux mêmes, elle tend à disparaître complétement. Parmi les rares espèces de Palmiers qui habitent les bords du Rio das Velhas jusqu’à l'établissement du Jaguara, on aperçoit constamment l’Attalea compta, avec ses feuilles en ares perpen- diculaires, dont l'élégance est du plus bel effet au milieu d’arbres aux feuilles finement découpées. Toute cette partie du Rio das Velhas présente également sur ses deux rives une végétation d’une vigueur et d'une richesse admirables. Rien n'est plus majestueux que ces sombres forêts ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 165 au pied desquelles l’eau coule sans bruit, comme pour laisser mieux entendre le gazouillement de milliers d'oiseaux cachés sous le feuillage, et, ce qui ravit toute l'attention du voyageur, ce qui le porte à la contemplation de tant de merveilles dont cette nature tropicale paraît seule posséder les secrets, c’est la multitude, la variété et les formes gracieuses des plantes grim- pantes, pour lesquelles chaque tronc, chaque branche d'arbre est un appui. Les Serjania, les Paullinia, les Heteropteris, les Hiræa, les Tetrapteris, les Passiflora, les Schnella, les Convol- vulacées et les Bignoniacées sarmenteuses, enchevêtrées en guir- landes touffues, et parfois émaillées de fleurs éclatantes, descen- dent du sommet des arbres jusqu’à la surface des eaux, d’où elles remontent en courbes capricieuses vers les branches les plus élevées pour redescendre encore. En vain l'œil le plus exercé essayeralt de suivre chacune de ces plantes à travers le lacis inextricable qu’elles forment. La cime d’un seul arbre est sou- vent couverte des fleurs les plus diverses, appartenant non- seulement aux Lianes qui s’y sont accrochées, mais aussi à des plantes parasites délicates, qui ne lui demandent qu'un faible point d'appui pour étaler librement leurs hampes fleuries. Parfois des murailles calcaires, toujours couvertes d’une vé- gétation luxuriante, offrent aux yeux du voyageur leurs faces perpendiculaires, et simulent des rumes grandioses ou plutôt les masses de gneiss si admirées de la baie de Rio de Janeiro, et qui font considérer cette baie par les étrangers comme la pre- miére et la plus majestueuse du monde. Ces masses de rochers sont les sentinelles avancées des immenses dépôts calcaires qui caractérisent l'établissement de Jaguära, et en annoncent l’ap- proche au voyageur ; en effet, nous ne tardàmes pas à y ar river. Cette région, par suite des accidents et de l'hétérogénéité de son sol, devient une station importante pour le botaniste, outre qu’elle est déjà pour le paléontologiste le lieu le plus riche de la province de Minas-Geraes, sinon même de tout le Brésil, car, dans un rayon de trois à quatre lieues tout au plus, on rencontre plusieurs centaines de cavernes à ossements fossiles, dont quel- 106 L, NEYTO. ques-unes ont 100 mètres et même davantage de profondeur. Ce sont alors des galeries horizontales aussi vastes que les nefs d’un temple et remplies de superbes stalactites, qui, réunies parfois à des stalagmites, simulent des colonnes de formes bizarres, et dont les faces pittoresquement sculptées réfléchissent de tous côtés les lumières portées par les visiteurs. Aux environs de ces grands dépôts calcaires le sol est presque aussi riche que celui des bords de la rivière, et les campos eux- mêmes en éprouvent l'action, car le nombre des arbustes et des arbres rabougris y est beaucoup plus grand que partout ailleurs. Parfois ces plaines s’affaissent doucement vers un cer- tain point, et, en y arrêtant les eaux de pluie ou de quelque faible ruisseau du voisinage, y forment tantôt des lacs aux eaux limpides et profondes, tantôt des marécages remplis de végétaux aquatiques. Forcés de nous arrêter plusieurs jours à Jaguara, pour nous y procurer des hommes exercés à la navigation de la partie moyenne de la rivière, qui était inconnue aux canotiers de Sabara, j'ai pu explorer toutes les plaines environnantes et y récolter un grand nombre de plantes. Les campos les plus proches de là rivière, de même qu'à Sabara et à Santa-Luzia, contiennent des dépôts de bois silicifié, divisé en fragments de différentes dimensions et parfois arrondis. Généralement cette couche pierreuse est recouverte d’un dépôt d'argile et de sable, mais 1l arrive quelquefois qu’elle est mise à nu par les torrents occasionnés par les pluies et qu'elle devient par là impropre à la végétation. J'ai été fort étonné de la rencontrer, non-seule- ment à plusieurs centaines de mètres du lit normal de la rivière, mais encore jusqu'à 20 et 25 mètres au-dessus du niveau de celle-cr. j Plusieurs espèces intéressantes de la flore des campos inte- rieurs ont été rencontrées par moi dans les prairies de Jaguara. Le Salvertia convallariæodora, ASH. (Bananeira do eampo), m'y a montré pour la première fois ses thyrses de fleurs odo- rantes, si élégants et si bien en harmonie avec ses grandes feuilles verticillées. C'est l'arbre d'ornement à la fois le plus beau et ADDITIONS A LA FLORE BRÉSILIENNE. 167 le plus ütile (1) que l'horticullure des pays chäuds puisse aller Chercher dans le Sértao dé Minas-Geraës. La famille des Vochysiacées, à laquelle il appartient, est celle qui doïhiné datis cét endroits elle y ést représentée par le Vochysia séricéa, Pohl., lé Fochysia elliptica, Mart. (Pao doce), lë Qualea géstäsiana, ASH. (Pao terra pequeno), l'Amphilocha campestris (Pao terra grande), ét enfin par le Qualea ecalcarata, Mart., élc. Pärmi les arbrisseaux et les sous-arbrisseaux qui couvrent les p'airiés, on fémarque une grande abondance de petits buissons d'üné éspèce de Guarea, dont les fruits ont la plus grande res- séibläncé avec ceux de l’Æuncornia speciosa, Gomès (Manga- beira). Les Labiées y sont aussi fort communes, et le genre Hyptis est sans cohtredit celui qui fournit là majeure partie des arbrisseaux de cés campos. Dans les lieux bas et exposés aux crues des eaux, il ést surtout deux de ses nombreusés espèces, l'Hyptis rubigi- nosa, Bth., êt l'A. carpinifolia, Bth. (Catinga de mulala), qui couvrent littéraleiétit le sol. Les plantes caractéristiques du Sertao commencent d’ailleurs à être représentées à Jägüara, où en même temps les plateaux devientient de plus ei plus étendus, les mornes généralement inoinis élevés et la sécheresse et la saison des pluies plus tran- chées et plus intenses qu'à Barbacena et à Ouro-Preto. Le Lafoénsia Pacari, ASH., lé Curatella Caimbahiba, ASH., les nombreuses espèces du genre Erythroxylon, les Guattéria et les Xylopia, le Magonia glabrata, ASH., le Caryocar bra- siliensis, ASH., le Gomphia floribunda, et une foule d'arbres très-commuüns sur les rivés du San-Francisco y abondent, tantôt dans les Serrados, tantôt dans les T'aboleiros Descober- tos. C'est ici que j'ai vu pour la première fois les belles fleurs (4) La parfumerie ne saurait trouver une odeur ni plus exquise, ni plus nouvelle que celle des fleurs de cette plante. Le Brésil n'a pas besoin d’aller chercher, pour cette industrie, les fleurs dont on se sert depuis longtemps ailleurs: il ne doit méme pas le faire s’il veut y réussir, car ce qui fera notre avantage dans cette industrie c’est que nous possédons dés plantes odoriférantes inconnues ailleurs. 168 L. NETTO. des arbustes désignés par les bergers sous le nom de Roseiras do Campo, et qui ne sont autres que le Kielmeyera rosea, Mart., et le K. rubrifiora, ASH. Ils se trouvent ordinairement à côté du Banisteria crotonifolia, ASH., du Salvia secunda, Bth., de l'Hyptis reticulata, Mart., des Crotalaria, des Solanum, des Pa- vonia, émaillant de leurs fleurs éclatantes et de couleurs variées le tapis de Graminées qui couvre le sol. Deux espèces du même genre, mais plus grandes que celles-ci, le Kielmeyera coriacea, Mart., et le Kielmeyera speciosa, ASH. (Pao Santo), toutes les deux assez renominées pour leurs pro- priétés médicinales, sont également très-abondantes dans ces campos, où leurs feuilles allongées, un peu charnues et d’un vert clair, les font reconnaitre au premier abord. Les Cuphea sont plus nombreux à Jaguara qu'à Sabara, où cependant ils se font remarquer partout dans les prairies. Ce sont des sous-ar- brisseaux aux feuilles délicates, aux fleurs roses, et dont le port rappelle beaucoup celui des Bruyères européennes. La plus grande espèce que j'aie recueillie, le Cuphea Melvilla, Lind., habite au bord même de l’eau, et ne descend pas au delà de Jaguara. Ses fleurs rouges, tubuleuses et très-grandes compara- tivement à celles des Cuphea arenarioïdes et sessiliflora, espèces très-communes dans les campos, forment parfois un contraste agréable avec la couleur verte du gazon qui couvre les bords des r'UISSEAUX. fl est difficile, sinon impossible, de fixer des bornes à la sta- tion des espèces qui habitent les bords des rivières, car ordinai- rement le courant transporte au lom les grammes de telle ou telle espèce qui, sans Ce moyen, ne se serait pas écartée de son habi- tation naturelle. Toutefois, il y a plusieurs sortes de graines dont les propriétés germinatives ne se conservent pas au contact pro- longé de l'eau et qui, pour cette raison, ne pourraient se pro- pager au delà de leurs limites naturelles. Le Cuphea Melvilla doit être de ce nombre. Dans les trois derniers jours de notre séjour à Jaguara, j'ai poussé mes excursions Jusqu'à l’intérieur des grands serrados, et j y ai pu trouver encore quelques plantes que je n'avais pas ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 169 récoltées. Parmi elles je mentionnerai le ’rrgularia splendida, Mart., et un arbuste remarquable dont les fleurs blanches et odorantes m'ont beaucoup rappelé celles de l'Oranger : c’est le Styrax reticulatum, Mart., que je placeraï volontiers dans la liste des végétaux dont les jardins brésiliens devraient faire l'acquisition. De Jaguara jusqu'au village de Trahiras, j'ai eu à regretter de ne voir que quelques rares vestiges de forêts au bord de la rivière. Depuis fort longtemps on y défriche sans cesse, suivant le mauvais usage de nos ancêtres, et de là est venue la stérilité, au moins apparente, de ces lieux jadis richement boisés. Dans les régions moins fatiguées par ces labourages nuisibles, de nombreuses huttes de paille s'élèvent sur les deux rives, où il est agréable de voir çà et là les larges feuilles des Bananiers se détachant sur le feuillage clair de la Canne à sucre, ou sur celui du Maïs, émaillé le plus souvent des fleurs jaunes des Coton- piers. En descendant la rivière, les masses calcaires deviennent de plus en plus rares ; les mornes s’abaissent graduellement jus- qu'au bord de l’eau, et la végétation des campos envahit en quelque sorte tout ce sol devenu, sous la main de l’homme igno- rant, aussi aride et aussi nu que les taboleirosles plus stériles du Sertao. Si par hasard la crue des eaux est plus grande une année qu elle ne l’est ordinairement, tous les lieux qu’elle atteint se recouvrent d'un limon fertile que les agriculteurs s’empressent d'exploiter, sans profiter plus qu'auparavant de la lecon élo- quente que leur donne la nature. Trahiras, où nous avons fait encore un arrêt de quelques jours, se trouve sur les limites du sertao que j'appellerai de Cur- vello, parce que le bourg de ce nom y est situé. Ce sertao com- prend les vastes plaines qui s'étendent depuis les montagnes de Diamantino jusqu'aux rives du San-Francisco, entre le Rio das Velhas et le Paraopeba. On y trouve plusieurs plantes qui sont également communes dans les déserts de Goyaz et de Piauhy. La végétation y est très-riche, mais seulement dans la saison 170 L, NETTO. des pluies, c’est-à-dire du mois d'août au mois dé mai. Pendant le reste de l’année, les champs y éprouvent uñé sécheresse très- grande, et la végétation y paraît languissante. Il est vrai qu’il en est de même pour les campos de la Mantiqueira et de la Sérra do Espinhaço, mais 1l s'en faut bien que dans ces dernières régions l'intensité des saisons soit aussi grande que dans lés dé- serts du San-Francisco. Lors de notre arrivée à Trahiras, au mois de mai, la végé- tation commençait déjà à prendre cette couleur pâle qui là ca- ractérise pendant l'automne dans les régions froidés du globe, et dont les campos de l'intérieur du Brésil n'offrent qu'une faible image. Ici les feuilles jaunissent et sont emportées par le vent, mais la séve du végétal y conserve toujours une certaine activité, le développement de ses tiges n'éprouve pas d'arrêt prononcé, et si le voyageur, surpris par l'aspect général de la végétation, se croit un moment dans une région extratropicale, la présence d’un fruit, d’une fleur ou de quelques bourgeons vigoureux lui rappelle immédiatement que le soleil des tropiques l'éclaire toujours de ses rayons perpendiculaires. Plusieurs végé- taux, d’ailleurs, ne se dépouillent pas de leurs feuilles ; il en est même qui les conservent au sommet de leurs branches ; en sorte qu'au milieu de la teinte pâle dont se couvrent généralement ces prairies, surtout vers le mois de juillet, l'œil se repose agréablement sur le feuillage vert de ces plantes. Les Carrascos sont très-serrés à Trahiras, et les bouquets de Cocos campestris y sont tellement communs qu'ils les rendent parfois difficiles à traverser. Au-dessus des arbres rabougris des campos s'élèvent les tiges longues et grêles du Xylopia grandiflora, ASH. (Pimenta do sertao), aux fleurs charnues et aux couleurs brillantes. Mais la plante qui montre le plus de vigueur et de fraicheur, au milieu de cette végétation rahougrie et en quelque sorte endommagée par la sécheresse, c’est le Pera ovata, K., que je n'avais pas encore rencontré avant Trahiras, où pourtant il en existe de nombreux et très-beaux échantillons. L'Hymenœæa stilbocarpa, Mart., y est aussi fort commun, et à tel point qu’on pourrait le ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE, 171 considérer comme l’un des premiers représentants de la haute végétation de ces campos. Les Qualea, les Kielmeyera, le Salvertia convallariæodora, ASH., le Curatella Caimbahiba, le Stryphnodendron Barba- bimon, Mart., le Zafoensia pacari, le Magonia glabrala, que jy ai trouvé seulement en fruit, le Wochysia elliptica, Mart., le Fo- chysia sericea, Pohl., quelques espèces de Bombaæ, surtout le Bombax tomentosum, À. Jus. (Cother de F'aqueiro), lé Caryocar brasiliense (Piquy), le Davilla rugosa, Poir. (Caimbahibinha), le Gomphia hexasperma, ASH., le Luhea paniculata, ASH. (Acoita cavallo), S'y trouvent représentés par un nombre plus ou moins grand d'individus. Ces plantes se rencontrent en général sur le bord du San-Francisco, et même jusque dans le sertao de Goyaz. Parmi elles, lé Lafoensia pacari est le plus répandu et certainement l'espèce la plus commune dans tous lés campos de la province de Minas. I est très-renommé chez les Maineiros pour la couleur jaune qu'il fournit et, si je ne me trompe, à cause aussi des propriétés toniqués et fébrifuges de ses racines. J'ai encore récolté aux environs de Trahiras le Maprounea brasiliensis, ASH. (Marmelleiro do Campo), qu'on m'a pré- senté comme plante à la fois timctoriale et médicinale. J'aurais dû appeler plus tôt l'attention sur les propriétés multiples que les habitants de l'intérieur du Brésil veulent bien attribuer à leurs plantes usuelles. Le Maprounea brasiliensis est de ce nombre, et, comme tel, il mériterait une analyse chimique sérieuse. I n'est pas bien certain cependant que toutes les vertus attribuées à une plante par les habitants de l'intérieur soient réelles, et cette opinion est partagée par plusieurs autorités scien- tifiques. Voici ce que dit Aug. de Saint-Hilaire dans ses Plantes usuelles des Brésiliens, à propos des usages de cette Euphor- biacée : «On fait bouillir ses feuilles avec de la boue, et on en tire ainsi une teinture noire qu'on applique aux étoffes de coton; elle n'est pas fixe. On sait que c'est d'une plante de la même famille que s’extrait une substance tinctoriale bien connue, le Tournesol, 479 L. NETTO. et que beaucoup d’autres Euphorbiacées parasites paraissent contenir des principes colorants analogues. » Nous ignorons sur quels effets est fondé l'emploi médical de la racine du Marmelleiro do Campo, qu’à Porto de Quebra- Anzol, dit-on, on administre en boisson et en lavement dans les dérangements d'estomac. Un tel emploi a droit d’exciter l’éton- nement, quand on se souvient des propriétés qui s'observent généralement dans les Euphorbiacées et particulièrement dans les genres voisins de celui-ci (Sapium, Excæcaria, Hippo- mane, etc.), propriétés si énergiques, si redoutables pour un estomac sain, et à plus forte raison pour un estomac malade. » ILest vrai que les espèces de ces genres dans lesquels elles ont été constatées présentent toutes un suc laiteux et âcre, et que le Maprounea brasiliensis paraît du nombre de celles qui en sont dépourvues. » Au milieu des Graminées et de quelques Cypéracées qui ta- pissent les plaines de Trahiras, j'ai rencontré des Hyptis, des Lippia, des Baccharis, des Vernonia, des Aulomyrsia, l Euge- nia subcorymbosa, Bgt., le Declieuxia pulverulenta, Bart., l’'Exa- cum ampleæifolium, D. Diet., un Clitoria, un Desmodium et un joli arbrisseau que je ne me rappelle pas avoir vu plus loin, mais qui se trouve aussi à Sabara, c’est le Diplusodon lanceola- tus, Pohl., qu'on emploie, m'a-t-on dit, comme plante pota- gère. Une des familles les plus caractéristiques de la flore brési- lienne, celle des Mélastomacées, est représentée dans les plaines de ces régions par plusieurs Lasiandra, Microlicia, Cambessede- sia et quelques Lavoisiera d'une figure charmante. Cette famille m'y a offert une nouvelle espèce du genre T'rembleya, qui, jus- qu'à ce Jour, n'avait été rencontré que dans les campos de Minas, quoiqu on en compte déjà treize espèces. Le nouveau Trembleya de Trahiras est le T. Pradosiana, dé- crit et figuré dans mes nouvelles espèces brésiliennes sous le n° 4. C’est un arbrisseau très-délicat, assez reconnaissable à l'abondance de poils fins et longs qui bordent ses feuilles et qui recouvrent toutes les parties Jeunes de la plante. ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 173 Les arbrisseaux des campos sont généralement plus beaux que ceux des forêts, et parmi les plus remarquables que j'aie vus au voisinage de Trahiras, je dois mentionner l’Exacum nervosum, Spr., dont les fleurs blanches, en cimes raccourcies, terminent des tiges grêles et flexibles que le moindre vent agite. Les bas-fonds humides et les vastes marécages qu’on com- mence déjà à rencontrer ici, mais qui se montrent de plus en plus communs lorsqu'on s'approche du San-Franaisco, sont ha- bités par le Schullesia stenophylla, Mart., le Buchnera palustris, Spreng., des Æydrocharis et des Alisma, par un joli Pontederia, un Æriocaulon et plusieurs J'ussiæa, parmi lesquels j'ai trouvé l'espèce nouvelle dont je donne ailleurs la description. Sur les rives de toute cette partie du Rio das Velhas se mon- trent très-fréquemment le Combretum variabile, Mart., aux fleurs fortement odorantes, ainsi qu'un bel Ardisia, que je crois être l'A. lepidota, H. B. K. Cette plante, qui croît dans les régions boisées du nord du Brésil, me paraît appartenir à la elasse des végétaux vagues, espèces nomades de l'Amérique tropicale, qui tantôt remontent jusqu'aux régions les plus Imtérieures du con- tinent, tantôt, descendant le long des fleuves et des rivières, vien- nent habiter presque sur les bords de la mer. Elles sont alors plus ou moins développées, selon qu'elles habitent des lieux plus ou moins rapprochés de la côte. Je n'ai pas eu le temps de bien examiner cette question qui est du plus haut intérêt pour la géographie botanique, mais il in à semblé que plus on descend la vallée du San-Francisco, plus ces végétaux deviennent grands, sans que toutefois leur diffé- rence de taille soit exagérée. C'est du moins ce que j'ai remarqué pour le Cochlospermum insigne, ASH. (Algodoeiro do campo, Butua do curvo), pour le Pisonia Caparrosa, Netto (Caparrosa do campo), pour le Salvertia convallariæodora, ASH., et pour d’autres plantes enfin dont l'habitat a une certaine étendue. En quittant Trahiras, nous entrons définitivement dans le vrai Sertao de Curvello, dont la végétation devient de plus en plus fixe, en ressemblant beaucoup à celle des taholeiros occidentaux de Bahia, de Pernambuco et de Piauhy. 17h | L, NETTO. Deux arbres aujourd’hui renommés par leurs propriétés utiles, le Curatella Caimbahiba, ASH., et le Caryocar brasiliense, ASH., sont très-communs dans toutes ces régions. Le premier de ces arbres m'a surtout rappelé les campos du nord du Brésil, où il est connu sous le nom de Cajueno-bravo; mais le nom de Caimbahiba doit être préféré, ce me semble, comme nom populaire, car il donne parfaitement l'idée de la propriété la plus remarquable de ce végétal. En effet, Caimbahiba veut dire, dans la langue indigène, arbre à chagrin (ou à papier de verre), arbre à raboter, arbre à piquants, etc., et ceci se trouve d'accord avec l'usage que les sauvages en faisaient et en font encore aujourd'hui. Is s'en servent à la manière du papier de verre pour lisser leurs ustensiles en bois, et même, dans les pro- vinces du nord du Brésil, les menuisiers, peu habitués aux moyens employés dans les grandes villes, s'en servent dans leur travail. On ne saurait trop recommander aux botanistes de conserver, autant que possible, lorsqu'ils donnent des noms aux plantes ve- nant de ces contrées intérieures, de leur conserver ceux qui leur ont été imposés par les Indiens, car ces derniers indiquent géné- ralement soit une propriété médicinale, soit un usage indus- trie], qu'une longue expérience a confirmés, soit enfin la figure de la plante, À ce sujet, je dirai quelques mots sur le Maranta arundina- cea, L. Dans tout le Brésil, on l'appelle Araruta, des deux mots Aru-Aru, qui veulent dire farine de farine, pour donner une idée de la finesse du produit qu'on extrait de ses racines. C’est du moius l'opruion de M. de Martius, dont les travaux sur ce sujet font autorité aujourd’hui. Le mot anglais Arrow-root, qui a été adopté généralement en Europe et surtout en Allemagne, où on l'a traduit dans son vrai seus de « Racine de flèche », ne me paraît pas être d'accord avee les propriétés de ee végétal, qui n'a rien de commun avec les plantes vénéneuses qui servent à empoisonner les flèches des sauvages. Je ne peux pas croire non plus qu'il y ait eu de la part des Indiens l'intention d'appeler — Flèche -— ce Maranta dont ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 175 la tige n’en offre nullement l'aspect. D'ailleurs dans aucune langue de l'Amérique le mot flèche n'a d'analogie avec celui d'araruta où mieux d'aru-aru. I y à eu certainement un quiproquo provenant de la similitude euphonique qui existe entre le mot brésilien et la dénomination anglaise. Je pourrais en citer encore d’autres exemples, mais je préfére laisser ces questions pour le moment et continuer mon excursion bota- nique. Le 5 juin, nous laissèmes derrière nous le village de Tra- hiras. La sécheresse allait atteindre sa plus grande intensité, et la végétation des campos, que je devais visiter dans nos moments d'arrêt, ne pouvait donc m'offrir qu'un très-petit nombre d’é- chantillons. C'étaient généralement les arbrisseaux les plus te- naces des plaines, tels que des Owalis, des Eryngium, des Cassia, des Croton, etc., parmi lesquels j'ai vu constamment le Pteran - dra pyroidea, À. Juss., dont les fleurs en ombelles fasciculées égayent de leur couleur rose ces prairies jaunies et devenues monotones dans cette saison. | Au delà de l'embouchure du Parauna, les rives du Rio das Velhas sont bordées de marécages, quelquefois de laës, et les campos eux-mêmes s'élèvent peu au-dessus du niveau de la rivière. | On ne tarde pas à remarquer au milieu d'eux une montagne calcaire qui se dresse tout à coup dans lé lointain, et qui se prolonge dans une direction recüligne pendant un parcours peu considérable ; c’est dans cette peute chaîne que se trouve la ca- verne des Urubus, Quelques lieues plus loin, et aussitôt après avoir dépassé l'embouchure de laffluent Curmatahy (D), on ren- contre la chaîne de montagnes du même nom. Elle se montre comme une barrière gigantesque, dont la hauteur au-dessus du niveau de la rivière varie de 400 à 700 mètres. À mon sens, on devrait plutôt la considérer comme le bord d'un plateau, de même que la serra de la Mantiqueira, qui est, comme on le sait, le commencement d'un plateau du même nom. (4) Curmatt (orthographe de Pisarro), poisson commun à Minas. Hy, rivière, eau, etc. Quelques auteurs ont écrit Corimatahy, Curumatahy et Curimatahy. 176 L, NETTO. Auguste de Saint-Hilaire à traversé rapidement Curmatahy du côté opposé à celui qu’on voit du Rio das Velhas ; 1l a fait ce voyage lorsqu'il se rendait de Formigas à la ville de Diamantino, et il paraît qu’il n’y a récolté qu’un petit nombre de plantes. J'ai eu occasion de monter jusqu'à l’un des sommets élevés de cette montagne, et]j'y ai rencontré, dans une excursion d'une heure environ, quelques végétaux en fleurs, parmi lesquels je mentionnerai un Orchis, quelques Melocactus, deux espèces nouvelles de Lychnophora, le Buchnera juncea, Schl., et un Cordia fort beau. Le genre Lychnophora surtout semble dominer sur ce plateau dont la flore n’est pas encore connue. D’après le peu de plantes que j'y ai pu voir, 1l me semble que les végétaux y sont pour la majeure partie poilus ou couverts d'une couche cotonrieuse, caractère important au pomt de vue de la température relativement très-hasse à laquelle les végétaux sont soumis, surtout par la radiation nocturne, sur les plateaux élevés de l'intérieur du Brésil. Les jardins d’acclimatation des pays tempérés ne sauraient trouver certainement des plantes plus propres que celles-ci à leurs essais de culture, et ils feraient bien mieux de se les procurer que de prendre indistinctement les plantes des forêts intratropicales qui leur sont envoyées par leurs agents. Sur le versant de la montagne j'ai recueilli un Cassia, un Stylosanthes et un Calliandra d’une grande beauté. Les Catingas, ces bois du Sertao qui perdent généralement leurs feuilles pendant la sécheresse, commencent déjà à se mon- trer 1c1, soit à la base de Curmatahy, soit dans certains bas-fonds particuliers du voisinage. Mais les bords de la rivière sont tou- jours ombragés par des arbres forestiers qui ne cèdent leur place que lorsque le fer dévastateur de l’agriculteur les y oblige. Fy ai trouvé particulièrement quelques Schinus en fleurs, et lApeiba Tibourbou, Aub., espèce voisine de l'arbre (si ce n’est l’arbre lui-même), dont on faitles fameuses jangadas, — radeaux parti- culiers aux pêcheurs du nord du Brésil. C'est dans les plaines humides de cette localité que jai vu pour la première fois des bouquets de Mauritia vinifera, Mart. ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 177 (Burity), dont on m'avait parlé depuis quelques Jours presque avec le même enthousiasme que les Arabes du Sahara lorsqu'ils parlent des oasis de Dattiers des déserts africams. En effet, je ne connais pas de plante qui réunisse à la fois autant de majesté et de grâce à autant d'utilité. Le Buritysal, dans le sertac brésilien, est le soutien du pauvre; il lui fournit presque tout le matériel de sa case, 1l le nourrit pendant quatre mois de l’année (4), et lui donne enfin une bois- son aussi rafraichissante que tonique, qui n'est autre chose que la séve même de ce beau Palmier. A quelques lieues au-dessous de ce lieu, la végétation com- mence à se mêler à celle qu'on rencontre sur les rives du San- Francisco, et partout on voit quelque chose qui annonce le voi- sinage du grand fleuve. | Les Triplaris (pajeu) élèvent de tous les côtés leurs cimes fleuries au-dessus du rideau verdoyant qui recouvre les bords de la rivière, en simulant des rideaux dont la couleur rose pâle ne fait qu'accroitre le charme de ces belles solitudes. On y ren- contre des milliers d'échassiers, généralement au plumage blane, qui tantôt viennent se poser sur les extrémités des branches pen- chées vers le courant pour guetter leur proie, tantôt, s'envolant en masse, vont chercher les grands lacs des environs pour y dé- poser leurs œufs. | À chaque pas, des bandes de crocodiles et de cabiais se mon- trent sur les rives, et c'est à peine s'ils cherchent à se cacher quand ils entendent le bruit des rames ou la détonation des armes à feu. Des solitudes majestueuses, un sol fécond sous tous les rap- ports, une nature enfin presque vierge, voilà ce que le voyageur (4) J'ai reçu récemment à Paris, de M. le docteur Pires, jeune et distingué proprié- taire de la province de Piauhy, un peu de confiture du fruit de Burily, que j'ai distri- buée à quelques personnes s'intéressant aux plantes économiques. Le goût de cette confiture m'a beaucoup rappelé celui du Cucurbila maxima, et plus encore celui de : l'Elœis quineensis, très-estimé à Bahia. M. Pires m'a dit que la pulpe du Burity est un aliment précieux pour les Sertanejos, mais que ces braves paysans sont atteints d’une sorte de jaunisse lorsqu'ils font usage de cette nourriture au delà de certaines limites, 5° série. Bor. T. V. (Cahier n° 3) 4 12 178 L. NETYO. aperçoit dès qu'il se trouve à une quinzaine de lieues de San- Francisco. Bientôt le fleuve se présente, et, à la vue de la belle végéta- tion qui borde cette imposante masse d’eau, on se croirait dans la terre promise sur laquelle on a fait de beaux rêves, rêves qui sont au-dessous de la réalité. | Nous nous sommes arrêtés à l’ancien village de la Barra do Rio das Velhas, qui est éloigné d’une demi-lieue du nouveau bourg de Guaycuhy. Ces lieux sont habités depuis plusieurs années, et les campagnes situées en dehors de la zone des végé- taux qui bordent le fleuve, donnent bien les preuves de cette habitation. En effet, les Catingas et les C'apoeiras, par leur nature, indiquent que là où elles sont maintenant il existait jadis de vastes forêts, dont quelques restes sont encore visibles aujour- d'hui, mais seulement à une distance de deux à trois lieues. Lors de notre arrivée dans cette région (juillet), les catingas étaient presque complétement dépouillés de feuilles, et les cam- pos eux-mêmes ne présentaient généralement que des végé- taux jaumis par l’air chaud et sec du sertao. À peine voyait-on ça et là les fleurs jaunes du Cochlospermum insigne et celles d'un Cordia arborescent, habitant particulier de cette partie du San- Francisco. Je n'ai d'ailleurs pas pu bien visiter les campos du voisinage, car, deux jours après notre arrivée dans cette station, nous nous sommes rendus au bourg de Pirapora, en remon- tant sur le San-Francisco les six à sept lieues qui nous en sépa- ralent. | À Pirapora, comme partout dans ces prairies, la majeure partie de la végétation se ressentait beaucoup de la sécheresse ; les feuilles pendaient de leurs branches et s'en détachaient au moindre vent. Mais, quelle que soit l'intensité de la sécheresse. l'arrêt de végétation n’y à pas lieu, comme je l'ai dit plus haut, aussi sensiblement que dans la zone tempérée, ear on y voit beau- coup de plantes dont le développement n’en continue pas moins normalement. C'est pourquoi, malgré la saison, j'ai pu ren- contrer dans les taboleiros de Pirapora plusieurs plantes en fleurs. ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 179 Je citerai parmi elles le Wicotiana brasiliensis, Lk. Otto (sur le bord des ruisseaux), le Gomphrena holosericea, Moq., Île Cissampelos Pareira, L., l Hyptis glomerala, Bth., l'Hypts cana, Pohl., l'Ayptis carpinifolia, Bth., qui est très-commun le long du Rio das Velhas, le Casearia inæquilatera, Camb., le Casearia Commersoniana, Camb., un Bauhinia fort répandu dans le haut du San-Francisco, un Riedleia, un Calliandra, le Gomphia nana, ASH., et une plante que je crois bien rare et qui est Jus- qu'à ce jour la seule espèce connue du genre auquel elle appartient, l'Æomotropium eruthrorhizon, Nees. Les végétaux communs aux campos de Jaguara et de Trahiras y étaient, à peu d’exceptions près, représentés ; mais Ce qui m à beaucoup surpris, ç'a été d’en voir une grande partie ayant une taille beaucoup plus élevée que dans ces dernières localités. J'ai déjà signalé ce fait, et j'ai cité quelques plantes qui me l'ont présenté d’une manière assez notable. Parmi elles se trouve le Pisonia Caparrosa, qu'on verra décrit sous le n° 5 de mes Espèces nouvelles. Je l'avais déjà rencontré à Trahiras, où sa taille ne dépassait pas 80 centimètres; depuis ce village jusqu’au bas de la rivière, je l'ai revu rarement et sans que mon attention fût frappée par un changement aussi grand que celui qu'il m'a présenté à Pira- pora. La note dont je fais accompagner la description de cette plante renferme des détails circonstanciés à ce sujet, en expli- quant en même temps l'usage général qu'on fait de ses feuilles, du moins dans la haute vallée du San-Francisco. J'ai rencontré aussi à Pirapora un Pisonia arborescent très- curieux, et auquel on attribue une action malfaisante sur la peau des personnes qui se reposent sous son ombre. On l'appelle tantôt Pao Judeo, tantôt Pao Lepra, et enfin, dans certains cantons, Joao Molle, quoique cette troisième dénomination ne me paraisse pas être aussi bien d'accord que les deux premières avec les pro- priétés qu on lui attribue. De même que pour le Pisonia Capar- rosa, On trouvera des détails sur ce point dans la description de ce Pisonia caractéristique du Sertao, et que J'ai appelé P. noæia à cause de son nom vulgaire le plus connu, celui de Pao J'udeo 180 L. NETTO. (Arbre nuisible). Nous étions encore à Pirapora lorsqu'on a com- mencé à brûler les campos. Depuis plusieurs jours déjà l’air était chargé de vapeurs, et de toutes paris un brouillard épais don- nant une couleur blafarde et quelque peu sinistre à la lumière du jour, voilait complétement ce ciel qu'on voyait si pur encore un MOIS auparavant. Bientôt, comme si un mot d'ordre eût été donné à tous les bergers, les plaines furent instantanément en feu, et de tous les côtés d’épais tourbillons de fumée montaient vers ‘le ciel comme des trombes gigantesques. Jamais je n'oublierai l’nn- pression que jai éprouvée à la vue de ces vastes incendies, lorsque, du haut de la Serra do Trmchete (montagne du Tran- chet), j'ai porté mes regards sur toute la contrée environnante. Trinchete se trouve à une lieue et denne de Pirapora, et, quoique sa hauteur ne semble pas dépasser 250 mètres au- dessus du niveau du San-Francisco, 1l est très-rarement visité par les indigènes. De ce pont élevé J'apercevais une grande étendue du cours du San-Franeisco à l’ouest, et en même temps toute la partie in- férieure du Rio das Velhas à l’est. Les queëmadas qu'on faisait à cette époque dans les planes de ces régions étaient donc parfai- tement visibles pour moi. C'était un spectacle à la fois triste et solennel, mais auquel tous les habitants du sertao se sont com- plétement habitués ; 1ls y prennent même un certain plaisir, car ils savent qu'en brûlant leurs campos, ils auront plus tard la ver- dure indispensable à leur bétail. La science n'a encore acquis Jusqu'iei rien de bien précis rela- tivement à l'influence que ces incendies périodiques exercent sur la flore générale du pays et sur sa météorologie ; mais, quoi qu'il en soit, les bergers du sertao assurent que les campos qui ne sont pas brülés sont les dermiers à se couvrir de verdure, et n’offrent pas généralement la même splendeur de végétation que ceux où le feu est mis chaque année ; ils en sont si convaincus, qu'ils s'efforcent de brüler le plus de terrain qu’ils peuvent. Je n’ai pas besoin de dire que le botaniste n’a rien à y faire à cette époque, et que s'iln’y a pas dans le voisinage quelque marécage ou quel- ADDITIONS A LA FLORE BRÉSILIENNE. 181 que forêt que ces incendies n’atteignent pas, le seul parti qu'il ait à prendre est d'attendre la nouvelle floraison. Heureusement elle ne tarde guère ; la verdure renait après les premières pluies qui viennent généralement à la suite des mcen— dies, de sorte que celui qui parcourt ces plaines noircies par les flammes se réjouit de voir, peu de jours après les queimadas, une foule de petits arbrisseaux dont les fleurs fraîchement épa-. nouies forment le plus beau contraste avec la couleur noirâtre de ces vastes solitudes. | En quittant Pirapora le 11 août, j'ai dû abandonner la voie du fleuve pour suivre par terre sa rive gauche, en remontant vers ses sources, Ce qui ma permis, après quelques journées de marche à travers les Taboleiros, de récolter déjà dans les quei- madas quelques-unes des plantes nouvellement repoussées, telles que l'Eriope crassipes Bth., l’Ionidium Poaya, ASH., deux Camarea, plusieurs Oxalis et le Cochlospermum insigne, ASH., commun dans le bas du Rio das Velhas. Nous avions à traverser à chaque instant, dans cette excursion, les nombreux affluents du San-Francisco, ce qui me permet- tait de récolter à la fois des plantes des campos et des plantes propres aux forêts. Aux bords de presque tous les ruisseaux, J'ai trouvé un grand nombre de Parinarium et de Moguilea, ainsi qu’un Licania et un Schnella fort beau. Ce sont des végétaux que je n'avais pas ren- contrés dans la vallée du Rio das Velhas, et qui cependant sont très-communs sur les rives du haut San-Francisco. Sur les bords du ruisseau Lucinda et de l'Abaeté, J'ai rencon- tré une Anacardiacée appartenant au genre Odina, qui a été considéré jusqu'à ce jour comme étant complétement étranger à l'Amérique. C’est donc une des plantes les plus intéressantes de ma collection, et comme par conséquent l'espèce était encore inconnue, je l'ai décrite dans mes Espèces nouvelles sous le nom de Odina F'rancoana. On l'appelle vulgairement Pao Pombo ou Pao de Pombo; mais je doute beaucoup que sous ce nom, déjà commun à plusieurs arbres du Brésil, on puisse la signaler sans confusion dans les lieux qu’elle habite, 182 L. NETTO. À côté de cet arbre intéressant, j'ai recueilli pour la première fois les fleurs du Strychnos pseudo-quina, que j'avais vu à plu- sieurs lieues au-dessus de l'embouchure du Rio das Velhas, et sur- tout dans les prairies de Pirapora. C’est le végétal le plus re- nommé du sertao contre les fièvres mtermittentes, et, d’après les études qui en ont été faites, il paraît que ses propriétés fébrifuges “sont presque aussi efficaces que celles des Cinchona du Pérou. Aug. de Saint-Hilaire, dans ses Plantes usuelles des Brésiliens, donne l'analyse faite par Vauquelin de son écorce, ainsi que des renseignements généraux, ce qui me dispense d'en parler plus longuement. Toute cette région est habitée par des Aras aux parures bril- lantes et toujours perchés sur les branches les plus élevées des arbres, ainsi que par des nuées de Perroquets, et surtout par le Soffrer (Aviolus aurantius), dont le plumage est aussi beau que son chant est doux et plaintif. Cet oiseau habite tout le bas du Rio das Velhas, et est très-commun sur les rives de cette partie du San-Francisco. À chaque pas qu'on fait dans les campos, on rencontre des bandes de Siriemas (Cariama), dont l'agilité est surprenante. Le moindre bruit les fait fuir, et, pour bien les voir, il faut marcher doucement et profiter soigneusement des accidents du terrain. Plus je montais vers les sources du fleuve, plus la végétation se montrait riche et plus les campos étaient couverts de verdure. C'était la végétation se substituant à la fumée et aux flammes ; C'était la vie après l'épuisement et le ravage. On y rencontre quelques plantes généralement propres aux queimadas, telles que l’Antonia ovata, Pohl, le Davilla rugosa, ASH., l’Hyptis linarioides, Pohl, le Cuphea lysimachioides, Cham. et Schl., le Cuphea ligustrina, Cham. et Schl., un Cassia et le Pfafia gla- brala, Mart., quiest un peu nomade. Ces petites plantes, réunies à l'Acajou nain (Anacardium humile), aux nombreuses espèces de Polygala des prairies et aux Echites, forment un tapis de verdure quelquefois si épais qu’on se demande d’où sont sortis tous ces jolis végétaux qu'on n’y voyait pas avant l'incendie. ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 153 Un naturaliste, dont les écrits se ressentent autant de son profond savoir que du charme de son style, M. de Martius, en parlant de l'aspect de ces plantes, s'exprime ainsi: « Quelquefois d’épais buissons d’arbrisseaux réunis (Carrascos), tels que le Maté qui donne le Thé du Paraguay, un petit Acajou (A. humile), des Myrtes, des Cassias, des Crotons, s'étendent au lom dansle s campos, et ressemblent, agités par le vent, à une mer de ver dure. » C’est en effet la scène que reproduisent ces vertes et vastes prairies, surtout lorsqu'elles sont parcourues par la brise du matin. Si pendant la nuit l'orage gronde et que la pluie vienne les inonder, en revanche le ciel est presque toujours d'un bleu magnifique pendant le jour. C’est alors que les Serta- nejos (habitants du sertào) s’écrient joyeux, en regardant ces riants paysages : Voici le temps de la verdure revenu. Le voyageur qui, un mois auparavant, se sentait accablé par un brouillard épais, par la fumée et quelquefois même se voyait entouré par les flammes, ne peut qu'admirer le rapide change- ment qui s’est opéré dans cette nature. Quelques personnes, en Europe, voulant peut-être voir une certaine analogie entre ce qui s'y passe à cette époque et les phénomènes réguliers des saisons des pays tempérés, m'ont de- mandé quelle est la cause essentielle de la chute des feuilles des végétaux du sertào; le premuer habitant mtelligent de ces con- trées à qui cette question serait faite en aurait donné l’explica- tion. Je pourrais la répéter ici, mais comme M. de Martius et Aug. de Saint-Hilaire en ont parlé depuis longtemps et sont par- faitement d'accord sur ce point, je préfère m'en référer à leur juste appréciation en reproduisant ici quelques lignes du pre- mier de ces savants relativement à la question : « On nous à assuré que les Catingas restaient quelquefois plusieurs années de suite sans se couvrir de feuilles, lorsque les pluies manquaient pendant le même espace de temps, comme cela arrive à Fernambouc; et, au contraire, des arbres qui appartiennent à la végétation des Catingas, conservent leur pa- rure, lorsqu'ils croissent sur le bord des rivières. Cela prouve que le manque d’eau est ici la seule cause de la chute des 48! L. NEITO. feuilles. Une pluie soudaine vient-elle humecter la terre... Un monde nouveau parait, comme par enchantement. Des feuilles d’un vert tendre ont couvert tout à coup les branches dépouillées; des fleurs nombreuses ont étalé leurs brillantes corolles ; les buissons hérissés d’épines et les lianes grimpantes qui n'offraient plus que des tiges arides se sont revêtus d’une parure nouvelle... Partout l'air est embaumé des plus doux parfums, et les animaux qui avaient fui la forêt desséchée y accourent de nouveau, ranimés par les sensations délicieuses que fait naître un printemps enchanteur (4). » Les Capoes, ces bouquets de bois répandus çà et là comme de petites oasis au milieu de la plaine, m'ont présenté, dans le voi- sinage de l'Abaété, le Lucuma ramiflora, Alph. DC., le Labatia macrocarpa, Mart., l’Icica heptaphylla, le Symplocos nitens, qui, par son port et par son feuillage touflu, est du plus bel effet au milieu des autres végétaux, plusieurs espèces de Méliacées, de Myrtacées, des Znga, des Pterodon (cicupira) et parfois le Cho- risia ventricosa, Nees et Mart., dont les grandes fleurs roses se détachant du massif vert de la végétation se montrent au lom comme un rideau magnifique. Dans les campos de cette même région on rencontre de nom- breuses espèces d'arbres, d’arbrisseaux et de sous-arbrisseaux, parmi lesquels je citerai l'Acalypha leptostachia, H. B. K., l'Ana- cardium humile, Y'Eryngium sanguisorba, Cham. et Sch]l., des Xyris, des Eriocaulon, des Calliandra, des Lophostachys, des Stylosanthes, le Gomphia nana, ASH., le Gomphia cuspidata, ASH., le Leguminaria fallax, jolie Bignoniacée aux fleurs blanches et au feuillage très-délicat, l’'Anemopægma mirandum, connu à Minas pour les propriétés qu'on lui attribue contre la morsure des serpents, et plusieurs espèces de Smilaæ, de Casea- ria, d Abolboda, etc. Les lacs et les marécages, très-nombreux dans toute cette région, donnent un cachet particulier au paysage qui s’étend au loin dans toutes les directions, et dont la monotonie n’est inter- (4) Phys. Pflanz. Bras. ADDITIONS A LA FLÔRE BRÉSILIENNE. 185 rompue que par les bouquets de Mauritia vinifera qu'on y ren- contre fréquemment. On n'y aperçoit que de très-rares habita- tions, huttes misérables des bergers, le plus souvent bâties dans les enfoncements du sol ou à l’onbre des Capoes, et ne s’annon- cant que par la faible fumée qui s'échappe de leurs foyers ou par les aboïements des chiens dont se servent les paysans de ces soli- tudes pour la chasse au tigre, au tapir et au ceri. Chaque année, après les pluies, le San-Francisco sort de son lit et couvre les grandes plames qui par leur niveau se trouvent à la portée de ses eaux. Ce sont des bas-fonds couverts en géné- ral de buissons épais presque impénétrables, où je rencontrais constamment deux espèces de Myrtacées, l’Æ/yptis rubiginosa, Bth., l’Acacia Farnesiana etle Bauhinia inundata, ASH. (Unha de Gato). Quant aux marécages et aux lacs ordinairement peu pro- fonds dans cette contrée, ils sont habités principalement par un Alisma, un Reussra et par le Nymphæa amazonum, Mart. et Zuc. Sur les rives de l'Abaété j'ai rencontré un Xylopia, qui par sa hauteur et par sa forme conique rappelle le port de quelques grandes conifères. Le Waltheria communis, ASH. , le Xylopia sericea, ASH., étaient répandus dans les Catingas ou dans les bois plus éloignés de la rivière, sur le bord de laquelle les Triplaris noli-tangere, Wedd., étalaient leurs belles grappes rose pâle et jonchaient le sol des fleurs qui s’en détachaient. Dans les sables adjacents au lit du fleuve et de ses affluents, on rencontre partout le Cleome spinosa, qu'on appelle, dans quelques endroits du Brésil, Catinga de Negro, mais dont le véritable nom populaire doit être celui de Môcaimbé (plante à piquants), nom donné par les Indiens et conservé encore au- jourd'hui dans les provinces d'Alagoas et de Fernambouc, et probablement dans les contrées voisines. Les nombreuses espèces de petits pigeons du genre Colombina, dont tout le Brésil est peuplé, sont très-friands de ses graines, et les paysans qui font la chasse à ces oiseaux, connaissant parfaitement cette particu- larité, sont toujours sûrs de les prendre lorsqu'ils placent leurs filets dans les buissons des Môçaimbé. 186 L. NET. Cet arbrisseau se rencontre dans toute l'Amérique tropicale, et au Brésil il est toujours visible dans les plaines basses du littoral ou le long des rivières. C’est en même temps une plante sociale, et rien n’est plus beau que de voir ses fleurs innom- brables couvrant comme une nappe rose les plaines sablonneuses de la côte. Ii ne serait peut-être pas difficile d'admettre ses graines dans nos marchés comme nourriture pour les Oiseaux grani- vorés, d'autant plus que le Môcarmbé ne cesse jamais de fructifier et fructifie abondamment. Sur les bords de l’Abaëté, j'ai vu des chercheurs de diamants dont la vie aventureuse m'a beaucoup surpris. Ce sont des hommes de toute profession, de toute origine : des bergers, des planteurs, des canotiers, des artisans, étc., mais qui, séduits par l'appât d’une fortune qui n’est que trop avare de ses dons, aban- donnént leurs demeures, leurs occupations et quelquefois même leurs familles pour aller chercher dans les dépôts caillouteux de cette rivière les pierres précieuses, dont ils ne trouvent qe de trés-petits et très-rares échantillons. On rencontre ces mineurs improvisés pêle-mêle, se reposant au-dessous de quelques feuilles de palmier jetées sur quatre pieux enfoncés dans le sol. Hs n'ont d'autre nourriture que le poisson du fleuve ou le gibier qui vient sur ses rives pour se désaltérer, et qu’ils préparent simplement en le faisant griller, sans aucuñe espèce d’assaisonnement. À la merci des insectes pendant la nuit, ils passent la majeure partie de la journée les pieds dans l’eau, occupés à laver dans des sébiles spéciales (baleias) les cailloux qu'ils tirent du bord de la rivière. Le corps penché, le cou tendu, les yeux fixés sur le sable, 1ls s’attendent à Chaque instant à entrevoir au milieu de la masse des cailloux le diamant brut, mais leur espoir est souvent déçu, et ce n'est que rarement qu'ils font quelque trouvaille, et encore est-elle bien médiocre. Hélas! de quelle utilité ne seraient pas ces malheureux pour l’agriculture et pour l'industrie de leur pays, si, au lieu de courir après une fortune chimérique, ils se mettaient à cultiver la terre ou à tirer profit des innombrables et précieux produits dont la nature a été Si prodigue! Leurs ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 187 foyers ne manqueraient jamais du nécessaire, leurs familles jouiraient d’une existence plus heureuse et leur santé ne se ressentirait pas de cette occupation malsaine qui, tout en les privant des agrérnents de la vie chainpêtre, les conduit plus rapi- dement au tombeau. Après avoir traversé l'Abaëté, et plus loin l'Indaya, nous sommes arrivés au village de Morada-Nova, dont les plaines ré- cemment incendiées étaient couvertes d'un épais tapis de ver- dure. Ici, j'ai revu presque toutes les plantes récoltées antérieu- rement le long du San-Francisco et plusieurs de celles que J'avais vues à Trahiras. J'y ai récolté le Simaruba versicolor ASH. (Parahiba), le Sebastiania brasihiensis Spreng, l'ÆEuphorbia Sellovii KI, le Terminalia séricea Burch. (Capüilao do campo), Anona furfu- racea ASH., l'Helicteres Saccarolha À. Jus., le Sahria tomen- lella Pohl, le Daiospyros sericea DC., l'Aulomyrsia thyrsiflora Berg., l'Aulomyrsia cordifohia Berg., un Ændira, le Stryphno- dendron Barbatimon (très-commun dans tous les campos inté- rieurs de Minas-Geraes), le Declieuxia cordigera Mart. et Zuc., l’Hibiscus cucurbitinus Burch., le Maytenus brasiliensis, le Kiel- meyera nertifolia ASH., un Clitoria à peine épanoui sur les cendres des queimadas, un Cassia, quelques ÆEchites, et l’Aspi- dosperma subincanum Mart, Les ruisseaux, les marécages et les petits lacs des environs de Morada Nova sont remplis de plusieurs espèces de plantes d'une grande variété. Dans le ruisseau qui côtoie le village, on rencontre un très-beau Myriophyllum, un F'allisneria, dont les fleurs jaunes viennent s'épanouir à la surface du cou- rant, ainsi qu un Æydrocharis, un Alisma, un Pontederia, très- commun également dans les marécages, aux bords desquels on trouve de nombreuses petites plantes, appartenant aux genres Mayaca, Tonidium, Sauvagesia, Luxembourgia, Arenaria, Ri- chardsonia, elc. J'ai été agréablement surpris d'y trouver, presque dans l'eau, un /leæ, que je crois être le plus voism de l’Z. paraguariensis, si cé n'est même ce précieux arbuste lui-même, quoique Aug. 188 L. NETTO. de Saint-Hilaire ne soit pas disposé àle croire habitant de ces ré- gions. L'échantillcn que j'ai rapporté à la plus grande ressem- blance avec ceux du vrai maté, récoltés par ce botaniste, dansle sud du Brésil, à moins qu'on ne veuille considérer certaines nuances propres aux variétés comme des caractères spécifiques. Quoi qu il en soit, il m’a été bien agréable de voir qu’on se servait à Morada-Nova de l’infusion des feuilles de cette plante (qu'on y appelle Congonha) en guise de thé, et qui, préparée sans les soins nécessaires et le plus simplement possible, m'a paru très-agréable. Nul doute qu'une préparation meilleure ne la rendit aussi bonne et aussi estimable que le maté exporté du Paraguay. Dans les capoes de cette station, outre un Petrocarya et uu Hirtella, J'ai recueilli des échantillons du Calhisthenes minor, Mart. (Pao de Pilao), arbre remarquable de ces contrées et dont le feuillage et les fleurs rappellent on ne peut mieux les Cassia. Ces petits bouquets de bois, véritables oasis de l’intérieur du Brésil, se trouvent entrelacés de plusieurs lianes, parmi lesquelles on rencontre des Bauhinia, des Smilax, des Cardiospermum, et particulièrement l’Hippocratea affinis et quelques Strychnos. Les espèces de Smilax connues généralement sous le nom vul- gaire de Japecanga, habitent de préférence les plaines ou cam- pos, et, chose singulière, on les aperçoit toujours à côté des nids de fourmis, insectes nuisibles dont l'abondance est remarquable dans ces régions. L’Atta cephalotes (Formiga carregadeira) est certainement le fléau le plus terrible dont ait à se plaindre l'agriculteur brési- lien. Il se trouve partout, et les ravages effectués en quelques heures à peine par leurs troupes innombrables, sur les plus vastes plantations, ne sont malheureusement que trop fréquents. Les habitations des différentes espèces du genre Formica pré- sentent les formes les plus variées et les plus bizarres. Ce sont des peuplades paisibles et que leurs instincts éloignent du vaga- bondage, auquel sont portés la plupart de ces Hyménoptères. Ces insectes s’établissent en société et font leurs nids, les uns au pied des buissons de plantes épineuses, telles que les Jape- ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 189 canga, ou entre les bases des feuilles des petits palmiers, les autres dans des trous pratiqués aux troncs des arbres et sous des pierres. Mais le genre qui domine dans les plames de Minas, et qui y appelle plus particulièrement l'attention du voyageur, est le Myrmica (1), dont les longs bataillons défilent parfois pen- (1) Le savant docteur Lund, qui a fait sur les Fourmis brésiliennes des observations fort curieuses, en parlant d’une espèce de ce genre, raconte ce qui suit : « Je rencontrai un jour une colonne de ces Fourmis qui traversait la cour de mon habitation : elle partait de deux trous pratiqués dans la terre... et toutes celles qui en sortaient étaient chargées de proies consistant en différents insectes ; mais il en venait à peu près autant du côté oppogé, marchant en sens contraire des autres etse rendant vers les trous où elles descendirent ; toutes celles-ci ne portaient absolument rien. La masse de l’armée était formée d'individus qui ne variaient que très-peu pour la taille ; mais çà et là on en voyait quelques-uns beaucoup plus grands et surtout distingués par leur tête très-grosse. Ceux-ci ne suivaient presque jamais la marche des troupes; mais tantôt on les voyait marcher lentement en sens contraire, tantôt traverser le corps de l’armée, cu bien s'ils suivaient la même direction, ils ne marchaient pas au même-pas que les autres, maisils allaient tantôt plus vite, tantôt d’un pas plus lent, et ils ne portaient jamais rien. » Pendant deux heures que je restai à regarder la tactique de ces animaux, je vis quatre de cesgrands individus postés autour de l’un des trous dont je viens de parler, dressés verticalement sur leurs pattes, la tête en l’air et les mandibules ouvertes, et auprès de l’autre trou deux autres dans la même attitude. » Au bout de ce temps, désirant observer de près et à mon aise leurs manœuvres, j'écrasai avec le pied plusieurs individus qui, errant en foule le long des flancs du corps de l’armée, m’empêchaient de m'en approcher ; mais je ne dus pas rester longtemps en possession tranquille du terrain que je venais d’usurper ainsi; car à peine les maraudeurs les plus voisins du champ des massacres aperçurent-ils les cadavres de leurs camarades, qu'ils se mirent à courir de l’un à l’autre avec une grande vitesse et en même temps tous s’agitèrent, tandis que d’autres se rendirent à la hâte au trou le plus voisin. » Dans le même instant, je vis aussi les quatre sentinelles placées auprès de ce trou quitter le poste qu’elles avaient gardé pendant deux heures, et accourir directement à l’endroit où leurs camarades avaient été massacrés, de sorte qu’au bout de quelques mi- nutes cette place était complétement couverte de Fourmis occupées à enlever les morts qu'elles allaient transporter dans le trou. Dans ce nombre, je comptai dix individus à grosse tête; ceux-ci ne prenaient aucun soin des morts ; mais, avec une vitesse extrême et les mandibules ouvertes, ils couraient dans toutes les directions. » Au bout de dix minutes, la place était nettoyée et évacuée. Pendant ce temps, la marche des troupes continuait comme auparavant ; mais ce qui est remarquable, c’est que durant cet enlèvement des morts, aucune des Fourmis qui sortaient du trou n'était plus chargée de butin comme auparavant, et que ce ne fut qu'après que la tranquillité fut complétement rétablie que ce transport de butin recommença. «Ce qui mérite encore plus d’atteution, et qui me semble prouver d’une manière évi- 190 L, NETY0, dant des heures entières, à travers ces solitudes, comme s'ils allaient à la recherche de la Terre promise. Bien plus encore que les fourmis, les termites se font remar- quer dans les campos par leurs constructions d'argile, qui affectent tantôt la forme de pyramides plus ou moins aiguës, tantôt celle de tourelles recouvertes par une toiture solide. Depuis Morada-Nova jusqu'a l’Arraial da Marmelada, les Mauritia vinifera abondent dans les marais, et leur beauté est telle que partout où ils se trouvent le paysage prend un aspect remarquable. Le petit nombre des palmiers des prairies y compte le Cocos capitata, Mart., dont la forme particulière le fait ressembler à certaines Cycadées. | Deux arbres, appartenant également aux campos du San- Francisco, le Rourea reticulata, Plch, (Pao de Porco), et le Con- narus suberosus, Plch. (Cabello de negro), y représentent en abondance la famille des Connaracées, l’une des plus intéres- santes parmi les polypétales, à cause de sa grande affinité avec les familles voisines. J'aurais dû parler plus tôt d’une Sapindacée comestible qui a été comprise dans le nombre des Plantes usuelles des Brésiliens, publiées par Aug. de Saint-Hilaire, C’est le Sapindus esculentus, ASH. (Pitombeira), qui habite tout le long du San-Franeisco jusqu'à Morada-Nova et Arraial da Marmelada, où je l'ai ren- contré en fleurs; je suppose qu'on doit le voir bien rarement au-dessus de ces stations. L'arille du fruit de cette plante est charnu, et son goût agréable, quoique un peu acide, le rend mangeable dans toutes les contrées où l’on rencontre le Sapindus esculentus (particu- lièrement dans les provinces du nord). dente le rôle que jouent dans la société des Fourmis les individus à grosse tête, c’est que tandis, comme je l'ai déjà dit plus haut, que le trou le plus voisin du lieu du massacre n'avait été jusqu'ici entouré que de quatre de ces sentinelles, après l'affaire dont je viens de parler, il fut gardé par neuf, ayant tous l’aititude singulière que j'ai décrite plus haut.» (Lettre sur les habitudes de quelques Fourmis du Brésil adressée à Audoin, in Ann. des se, nat | ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 191 Aug. de Saint-Hilaire n’a eu sur ce fruit que des renseigne- ments très-vagues, faute de constatation personnelle, qui est la seule à laquelle on puisse se fier dans les cantons presque déserts de l’intérieur du Brésil. Arraial da Marmelada, où j'ai vu pour la dernière fois le Sa- pindus esculentus, fut notre dernière station sur la rive gauche du San-Francisco; mais nous l'avons quittée le lendemain de notre arrivée pour prendre le chemin qui nous devait conduire à Porto das Andorinhas (Port des hirondelles), hauteur du San- Francisco où les caravanes du voisinage ont l'habitude de tra- verser ce fleuve, En descendant vers ce point, nous parcou- rûmes de vastes plaines dont la végétation, tout fraichement repoussée, S'étendait au loin comme un manteau verdoyant dont l'extrémité allait se perdre dans les teintes bleuâtres de l'ho- rizon. J'y ai récolté l'Oxalis densiflora, Mart., le Diplcracan- thus geminiflorus, Nees, plante un peu nomade, l’'Hiræa am- bigua, le Byrsonima intermedia, À. Jus., lÂleleropteris anoptera, À. Jus., le Pera Leandru, H. Bn., des Phyllanthus, l'Helicteres brevispira, À. Jus., un Loranthus aux fleurs orangées et d'une beauté remarquabble, l'Anona cornifolia, ASH., un Ardisia (près d’un ruisseau), le Camarea ericoides, l'une des plantes les plus délicates des queëmadas, où il est très-commun, l'Hiræa cordifulia, À. Jus., le Cuphea ingrata, Cham., des Platypodium, des Cassia, le Cerastium Commersonü, Sering., et le Physo- calyæ macrosepalus, dont le feuillage, d'un vert tendre et délicat, donne beaucoup de charme aux bouquets de bois répandus dans les campos ou sur le bord des ravins. Le Pisonia Caparrosa, que je n'avais pas vu en fleurs jus- que-là, en était couvert ; mais les insectes le recherchent à tel point, que J'ai eu de la peine à y trouver quelques périgones intacts. Le Caryocar brasiliense, ASH. (Piquy), est l'arbre Le plus commun de ces plaines; partout on l'apercevait couvert de ses larges feuilles nouvellement repoussées, sur lesquelles se déla- chaiïent ses fleurs blanches, dont la grandeur surpasse celles des plus beaux Passiflora. | 192 L. NETTO. Le fruit du Piquy,.de même que celui du Burity, est un ali- ment très-estimé par les habitants de cette contrée, et 1l faut e pérer que, soumis à une culture méthodique, il pourra bientôt rivaliser avec les meilleurs fruits connus. Les campos de la rive droite du San-Francisco, depuis le voisinage de ce fleuve jusqu'au village d’Abbadia, offrent la même végétation que ceux de Morada-Nova et d’Arraal de Marmelada ; seulement les bouquets de bois y sont plus fréquents dans les bas-fonds et sur les bords des ravins. Au reste, le pays devient de plus en plus élevé, et les dépôts de bois silicifié, qui ont disparu à quelques lieues au-dessous de Trabiras, s'y montrent parfois de nouveau, quoique en petite quantité. Toute la région comprise entre Pirapora et Marmelada, ou plutôt entre l'embouchure du Rio das Velhas et Porto das An- dorinhas, ne présente que de très-faibles traces de culture; les plantations de canne à sucre, de maïs et de coton y sont très- restreintes, et le caféier lui-même, qui est la prmeipale culture de toute la partie orientale et méridionale, y est une chose rare. Mais, dès qu'on se trouve aux environs d’Abbadia, ces planta- tions commencent à être visibles, quoique sur une très-petite échelle, et les habitations, accompagnées déjà de leurs moulins à canne, peuplent çà et là la campagne jusque-là généralement déserte. Ahbadia est une bourgade commerçante et très-animée, sur- tout lorsqu'on la compare avec les villages qu'on a laissés der- rière soi sur les rives du San-Francisco. Nous y avons séjourné pendant quelques jours par une chaleur extrême. Les jardins qu’on à ordinairement au Brésil derrière les habi- tations, surtout dans les villes de l’intérieur, sont plantés de Caïéiers et d’un arbre fruitier indigène, l'Eugenia cauliflora (Jaboticabeira), dont les forêts voisines de cette bourgade, m'a- t-on dit, se trouvent remplies. Le chou est la seule plante potagère qu’on puisse regarder comme vraiment abondante dans l’intérieur du Brésil: les autres, quoique nombreuses et variées dans l’horticulture du ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 193 voisinage des grandes villes brésiliennes, ne s’y trouvent que par hasard. Quant aux Cafiers, c'est pour la première fois qu'on les rencontre en groupes assez répandus, depuis qu'on à quitté l'embouchure du Rio das Velhas; mais, chose singulière, tan- dis que nos grandes plantations de la province de Rio de Janeiro et de [a région boisée de Minas-Geraes étaient ravagées depuis plus de quatre ans par le papillon dit du café (probablement l'Elachites du café, décrit par M. Guérin-Meneville), les Ca- fiers d’Abbadia venaient à peine d’être atteints de ce fléau lors de mon passage dans cet endroit, qui a eu lieu au commence- ment d'octobre. J'ai remarqué le même retard dans l’action de ce fléau sur les plantations de la province d’Alagoas, où je me suis trouvé pendant le mois de décembre de 1863, c’est-à-dire quatorze mois après mon passage à Abbadia. Les agriculteurs de ce pays m'ont dit alors que, dix-huit mois auparavant, leurs Cafiers ne montraient pas le moindre vestige de maladie, mais que depuis cette époque ils en avaient été considérablement atteints. | Eu quittant la bourgade d’Abbadia pour nous rendre à la ville de Pitangui, nous avons traversé, à une petite distance de cette localité, la rivière du Para, dont les bords sont très-boisés et offrent de vastes surfaces de terrains exploitables pour la culture. J'y ai récolté des échantillons de quelques plantes intéressantes, telles que le Cabralea glaberrima À. Jus., l'Hirtella glandulosa Spreng., et un Znga, des plus grands que j'aie vus à Minas. Ces forêts, le terrain lui-même et l'aspect général du paysage, me rappelaient quelque peu les régions que j'avais parcourues cinq mois auparavant, près de Jaguara, lorsque je descendais le Rio das Velhas. C’est que cette partie du Para correspond à peu de chose près à la latitude de cet établissement, dont les campagnes offrent une végétation des plus variées et des plus belles. La seule différence qui existe entre ces deux stations provient particulièrement de l'inégalité de leurs longitudes respectives, qui, comme on le sait, ont la plus grande importance lorsqu'il s’agit de la flore des grands continents. oc série Bor. T, V. (Cahier n° 4) 1 13 494 L. NETTO. Sur la rive droite du Para se trouvent les propriétés du doc- teur Valladares, qui possède le plus beau bétail que j'aie ren- contré dans mon voyage. On ne saurait trop louer les soins em- ployés par ce fazendeiro éclairé pour l'amélioration de la race bovine. D’après ce qu'on m'a rapporté, 1l croise sans cesse les animaux abâtardis de l’intérieur avec d’autres individus de race pure qu'il fait venir à grands frais, et, grâce à ce moyen, son bétail doit être aujourd’hui le plus beau de ce canton. En parcourant les campos, je rencontrais à chaque mstant des buissons d'un petit 4ndira, auquel on attribue la propriété de tuer les insectes qui vivent dans les maisons, et qu'on dit très- énergique, surtout contre les biattes, d’où lui vient son nom vulgaire de Matabarata. Comme plantes communes également aux prairies, et non rencontrées jusqu'ici, Je mentionnerai le F’ochysia tucanorum Mart., le Guarea velutina A. Jus., l'Artanthe olfersiana Miq.. l Hyptis vestita Bth., et une Asclépiadée aussi belle que délicate, l'Asclepias marginata, Dne. Mais en revanche, en m'éloignant du San-Francisco, je voyais tous les jours et progressivement disparaître devant moi une grande partie des végétaux particuliers aux rives de ce fleuve. Les bouquets de Mauritia vinifera étaient déjà loin derrière nous, et à peine pouvait-on distinguer dans le lointain leurs éventails verdoyants ; plusieurs arbustes disparaissaient en même temps que ces beaux palmiers, et depuis quelques jours Je n’en- tendais plus à mon réveil le chant doux et mélancolique du Soffrer (Oriolus Aurantius). Bientôt même je remarquai un changement visible dans la végétation des campos, ou plutôt des lieux déboisés par la culture; 1l était dû la présence du Pteris caudata, qui partout où 1l se trouve fait disparaître tous les ar- brisseaux et les sous-arbrisseaux. On le rencontre plus abon- damment dans les terrains aurifères déjà exploités que dans les terres délaissées par les agriculteurs; cependant, chaque fois qu'un pays à été cultivé pendant très-longtemps, on peut être sûr de l'y retrouver. Sa présence dans cette région était un Indice du voisinage de ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 195 Pitangui, où effectivement nous ne tardâmes pas à arriver. Cette ville est bâtie, comme celle de Sabara, au nuilieu d’un terrain aurifère qu'on a superficiellement exploité depuis très-long- temps, ee que montrent au premier abord les amas de cailloux noireis par l’action du temps et répandus çà et là sur les coteaux des mornes qui l'avoisinent. Le sol y est également ferrugineux, recouvert de petits blocs de quartzite comme celui de Sabara, et, soit par son aspect général et par ses accidents, soit par la végétation qui le recouvre, 1l rappelle Le: les environs de cette ville. En herborisant sur la montagne. qui domine Pitangui, j'ai recueilli plusieurs Echites, le Zeyheria montana Mart., le Cissam- pelos ovalifolia DC., le Casearia stipularis Vent., quelques espèces trés-belles et aux fleurs odorantes du genre Gard- neria, V Hancornia speciosa, que je n’ai pas revu au-dessus de cette station, plusieurs Acanthacées et, parmi elles, un très- beau Cyrtanthera, le Kielmeyera variabilis Mart., l'Oxalis hir- sutissima Mart. et Zuce., le. Lippia urtlicoides Steud., qu'on rencontre dans presque tout le Brésil, le /’ochysia macrantha Pohl., le Cybianthus cuneifolius Maët.. de Luhea rufescens ASH ., etc. nl 88 Dans les campos domment encore plusieurs des espèces qui abondent sur les rives du San-Franeisco, auxquelles viennent s'ajouter quelques-unes de celles qui croissent à Sabara; on y voitsurtout les Lisianthus, les Euphorbia et les Croton que j'avais recueillis aux environs de cette ville. Mais à mesure que ces plantes commencent à se montrer de nouveau, on perd de vue quelques-unes des espèces qui habitent au voisinage de Pirapora ou dans les prairies comprises entre Abaeté et Arraial de Mar- melada, tels que le Rourea reticulata, le Connarus suberosus, le Cochlospermum insigne, quelques Æ£rythroæylon , le Salvertia convallariæodora, le Pisonia Caparrosa, le Pisonia noæia, ete, La rivière du Para, que nous avions traversée après Abbadia, coule à une petite distance de la ville et conserve cà et là sur ses bords fertiles quelques restes des forêts primitives. Une excur- sion faite dans ces forêts n'a permis d'y récolter des plantes 195 | LL, NETTO, appartenant particulièrement aux Malpighiacées, aux Acantha- cées, aux Myrtacées, aux Légumineuses, aux Bignoniacées et aux Rubiacées, qui m'y ont présenté quelques beaux Gardenia, un Psychotria et un £æostemma. Le Petrea subserrata Cham., et un Viteæ, que je crois être le Vilex montevidensis Cham., y étalent partout leurs branches fleuries et abondent même dans les plaines où le terrain conserve un peu d'humidité. = Dans celle-ci on voit fréquemment le Fredericia speciosa Mart., le Jacaranda paucifoliata Mart., et surtout le Bignonia brachypoda DC., très-commun aussi aux environs de Sabara et connu dans ces contrées, sous le nom de Cigana, comme plante médicinale. La rivière du Para est parsemée d’ilots très-petits, dont la sur- face est couverte de jolies petites plantes particulières à ces loca.- lités, telles qu'un C'uphea aux fleurs rose pâle et presque blanches, un Jussiæa, une Myrtacée que je n’y ai vue qu'en fruit, un Alisma, etc. Mais le végétal le plus intéressant que j'y aie re- cueilli, non pas sur les îlots, mais sur le fond même du fleuve qui est composé de bancs de rochers plats et presque horizon- taux, est le Mourera fluviatilis, qui choisit de préférence les lieux de la rivière où existent les plus grands rapides. Cette cir- constance m'aurait peut-être empêché de le récolter sans le moyen qui m'a été fourni par un heureux hasard. Un habitant de Pitangui avait formé sur le Para une de ces palissades dont se serveut les Indiens pour prendre du pois- son dans les eaux courantes. C'est une espèce de barrière qui traverse obliquement toute la rivière et se prolonge en un réservoir Composé de pieux minces réunis entre eux el à moitié hors de l’eau. Le poisson, en descendant rapidement le courant, se précipite d’abord au fond de la palissade et est jeté ensuite par la force du rapide dans ce compartiment où, mis à sec et en même temps enfermé comme dans nn grand panier ouvert, il peut être facilement pris. En m'appuyant à cette palissade, j'ai pu aisément recueillir le Mourera fluviatilis, dont on voyait les larges feuilles complétement submergées. L'influence de la culture se fait remarquer de tous les côtés ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 197 aux environs de Pitangui, et tout le long du chemin quiconduit de cette ville à Barbacena. Le Capim Gordura où Capim Catingueiro (Melinis minuliflora), devient le compagnon insé- parable du Pteris caudata (Samambaia), partout où l’on a cultivé la terre, et occupe quelquefois à lui seul de vastes plaines om- bragées jadis par de majestueuses forêts que le fer du colon a détruites. C’est à dix lieues au-dessus de Pitangui que j'ai com- mencé à voir dominer cette Gramimée; on la rencontre cà et là recouvrant comme d'un tapis d’un vert pàle les lieux exploités par les planteurs, d’où, en se répandant vers les endroits neu- vellement cultivés, elle devient un fléau pour le pays. Quant aux végétaux des campos, ils ne m'ont offert que très-peu d'intérêt, sauf que quelques espèces devenaient de plus en plus rares, et disparaissaient même complétement, à mesure que je m’approchais du plateau de la Mantiqueira. Mais c'en est le moindre nombre, car le fond de la végétation reste toujours le même. Au nombre des végétaux qui disparaissent à moitié chemin de Pitangui à Barbacena, et qui par leur nnportance ont appelé plus particulièrement mon attention, se trouvent le Caryocar brasihense (Piquy) et le Magonia glabrala (T'inguy). L'absence du premier surtout est très-sensible, parce qu'il embellit beaucoup la flore des prairies par son port et par son beau feuillage. Peu de temps avant ceux-ci, j'ai perdu éga- lement de vue le Curatella Caimbahiba et le Strychnos Pseudo- Quina (Quina do campo), qui, d’après les échantillons rapportés par différents botanistes et par ce que j'ai constaté moi-même, me paraissent appartenir plus spécialement au fond de la vallée du San-Francisco. Près du petit village de Itatiaya j'ai trouvé le Stillingia serrata, H. Bn., deux espèces de Cestrum et le Belangera tomentosa, qui, à partir de cette localité jusqu'à la Mantiqueira, devient l'arbre le plus commun des capoes. La montagne à laquelle ce village a emprunté son nom est très-élevée, et je suppose que sa flore, de même que sa nature géologique, doivent avoir le plus grand rapport avec celles de la Piedade, qui n'en est au reste pas loin. 198 L. NETTO, Les pluies, en devenant de plus en plus abondantes et en aug- mentant par suite les eaux des ruisseaux que nous avions à tra- verser à chaque instant, nous pressaient de gagner la ville de Barbacena, où nous sommes arrivés vers le commencement de novembre. Ce fut pour moi un moment très-agréable que celui où j'ai commencé à apercevoir de loin les magnifiques Arau- caria brasiliensis, dont les cimes élevées et d’un vert sombre imprinent à toutes ces prairies légèrement ondulées un carac- tère austère et plein de majesté. Les campos y étaient en pleine floraison, ce qui m'a permis de récolter beaucoup de végétaux nouveaux pour ma collection. Le pays est très-accidenté aux environs de Barbacena et, soit sur les plaines humides, soit sur les mornes élevés, à l’est de la ville, on rencontre des plantes nombreuses. Parmi celles que j'y ai vues en fleurs, je mentionnerai l'A eteropteris anoptera, l Hyp- his macrochila Mart., le Cestrum corymbosum Schl., le Sola- num cæœruleum Vel., le Sarugesia racemosa ASH., lOxalis Martiana Zucc., le Clusia Cruiva ASH., un Zlex, le Sym- plocos pubescens Kist. (dans les capoes et au bord des maré- cages), le Gaylussacia angustifolia Cham., dont les buissons couverts de leurs fleurs blanches se trouvent dans les bas- fonds des endroits les plus élevés, le Drymis granatensis Lin., Fil., le Phyllanthus orbiculatus Rich., l’Actinostemon grandifo- hum KI., le Schinus Aroeira L., le Waltheria lanata ASH ., deux espèces de Pavonia, rencontrées dans les plaines qui avalent été récemment brûlées, un Rumeæ près des marais, un très-beau Mogiphanes, un Polygonum que je crois être une va- riété du P. acre H.B. K., le Camarea hirsuta À. Jus., l'Au- lomyrsia Gardneriana, le Pseudo-caryophyllus sericeus Bg., un Rhamnus, le Drymaria cordata Willd., un Hypericum, plusieurs espèces de Casearia, un T'urnera, un Stylosanthes, très-petit mais fort remarquable, le Cuphea thymoïdes, le Laplacea tomen- tosa Mart. et Zucc., etc. Le Lafoensia Pacuri est encore aussi commun à Barbacena que dans le sertao de Minas ; on l’aperçoit partout dans les cam- pos et même dans les lieux bas récemment défrichés, ou au ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 199 bord des forêts qu'on rencontre au pied de la Mantiqueira, c’est- à-dire là où il est étonnant de rencontrer des végétaux propres aux campos. C’est done une de ces plantes curieuses des plaines dont la nature leur permet d'émigrer vers la région des forêts qui ne leur appartient pas naturellement, et que, par suite de cette prédisposition, on peut espérer y introduire en cas de besoin. Dans les marais qu’on rencontre à côté de cette ville j'ai re- cueill plusieurs petites plantes telles que le Mayaca Sellowiana, des Scirpus, des Ériocaulon, quelques Drosera, un Lonidium, de petits Cyperus et des Sauvagesia, d'un port très-délicat. Le plus beau Lavoisiera de ma collection à été trouvé au bord d’un ruisseau de cette localité, où les Canna, les Pothos et les Arum étalent à l'ombre de grands arbres leurs feuilles dont la grandeur et les formes remarquables ajoutent à la beauté des massifs où on les rencontre. Ces formes, appartenant géné- ralement aux forêts de la côte, y annoncent la proximité de ces forêts, et lorsqu'en quittant Barbacena on commence à descendre la Serra de la Mantiqueira, elles deviennent de plus en plus nombreuses au milieu des grandes Graminées et des Fougères en arbre au-dessus desquelles s'élèvent les majes- tueux Araucaria brasiliensis, dont tout le coteau de la chaîne est ombragé. Alors on voit paraître çà et là de grands Cecropia, des Mimosa aux feuilles finement découpées et quantité d’autres végétaux élégants qu'on aurait en vain cherchés dans les vastes solitudes du San-Francisco. Des palmiers nombreux viennent montrer aussi à leur tour l'élégance de leurs formes remarquables, et imprimer autant de charme que de majesté à l'admirable paysage qui se déroule devant les veux depuis le pied de la montagne jusqu'aux bords du Parahibuna. En parcourant la belle vallée du Parahibuna jusqu'à la serra dos Orgaos, aux portes mêmes de la ville de Rio de Janeiro, le voyageur ne verra plus maintenant que le tableau majestueux des forêts tropicales, si bien décrit par Aug. de Saint-Hilaire. Après ce qui en a été ditsi éloquemment et d’une manière si vraie 200 L., NETTO. par cet illustre écrivain, je ne peux que répéter ses propres pa- roles, qui serviront en même temps de conclusion à mon itmé- raire : | «Pour connaître toute la beauté des forêts équinoxiales, dit-il, il faut s’enfoncer dans ces retraites aussi anciennes que le monde. Là rien ne rappelle la fatigante monotonie de nos bois de chênes ct de sapins; chaque arbre a un port qui lui est propre ; Chacun a son feuillage et offre souvent une teinte de verdure différente de celle des arbres voisins. Des végétaux gigantesques, qui appartiennent aux familles les plus éloignées, entremélent leurs branches et confondent leur feuillage. Les Bignoniées à cinq feuilles croissent à côté des Cæsalpinia, et les fleurs dorées des Casses se répandent, en tombant, sur des Fou- gères arborescentes. Les rameaux mille fois divisés des Myrtes et des Æugenia font ressortir la simplicité élégante des Palmiers, et, parmi les Mimoses aux folioles légères, le Cecropia étale ses larges feuilles et ses branches qui ressemblent à d'immenses candélabres. Il est des arbres qui ont une écorce parfaitement lisse; quelques-uns sont défendus par des épines, et les énormes troncs d’une espèce de Figuier sauvage s'étendent en lames obliques qui semblent les soutenir comme des arcs-boutants. » Les fleurs obscures de nos hêtres et de nos chènes ne sont guère aperçues que par les naturalistes; mais dans les forêts de l'Amérique méridionale, des arbres gigantesques étalent sou- vent les plus brillantes corolles. Les Cassia laissent pendre de longues grappes dorées. Les Vochysiées redressent des thyrses de fleurs bizarres; des corolles tantôt jaunes et tantôt purpurines, plus longues que celles de nos Digitales, couvrent avec profu- sion les Bignoniées en arbre; et des Chorisia se parent de fleurs qui ressemblent à nos lis pour la grandeur et pour la forme, comme elles rappellent l’Alstroemeria pour le mélange de leurs couleurs. » Ce sont principalement les Lianes qui communiquent aux forêts les beautés les plus pittoresques; ce sont elles qui produi- sent les accidents les plus variés. Ces végétaux, dont nos Chèvre- feuilles et nos Lierres ne donnent qu’une bien faible idée, ADDITIONS À LA FLORE BRÉSILIENNE. 901 appartiennent, comme les grands végétaux, à une foule de familles différentes. Ce sont des Bignoniées, des Bauhinia, des Cissus, des Hippocratées, etc.; et si toutes ont besom d'un appui, chacune à pourtant un port qui lui est propre. A une hauteur prodigieuse, une Aroïde parasite, appelée Cipo d'imbé, ceint le tronc des plus grands arbres; les marques des feuilles anciennes, qui se dessinent sur la tige en forme de losange, la font ressembler à la peau d’un serpent, cette tige donne nais- sance à des feuilles larges, d'un vert luisant, et de sa partie inférieure naissent des racines grèêles qui descendent jusqu'à terre, droites comme un fil à plomb. L'arbre qui porte le nom de Cipo matador, ou Liane meurtrière, à un tronc aussi droit que nos Peupliers, mais, trop grèle pour se soutenir isolément, il trouve un support dans un arbre voisin plus robuste que lui; il se presse contre sa tige, à l’aide de racines aériennes qui, par intervalles, embrassent celles-ci comme des osiers flexibles; il s'assure, et peut défier les ouragans les plus terribles. Quelques Lianes ressemblent à des rubans ondulés; d’autres se tordent ou décrivent de larges spirales; elles pendent en festons, ser- pentent entre les arbres, s’élancent de l’un à l’autre, les enla- cent et forment des masses de branchages, de feuilles et de fleurs, où l'observateur a souvent peine à rendre à chaque vé- gélal ce qui lui appartient. » 202 ADVERSARIA IN STIRPES IMPRIMIS ASIÆ ORIENTALIS CRITICAS MINUSYE NOTAS INTERJECTIS NOVARUM PLURIMARUM DIAGNOSIBUS SCRIPSIT Henr. F,. HANCE, Ph. Dr. Socc. reg. Bot. Ratisb., Cæs.-reg. Zool.-Bot, Vindob. sodalis, cæt, « [n occultis exercitata subtilitas non erit in aperto » deterior, » (L. A. Sexecz præf, ad lib, III Nat. Quest.) PROCEMIUM. Sequentes quum primum conscribere cœpissem pagellas, mecum statueram observationes tantum in rariores vel liti- gatas stirpes, paucis botanicis notas, quas in pervolvendo herbario satis divite consignaveram, ac quæ non penitus notatu indignæ videbantur, coligere. Per mdustriam vero et benevo- lentiam amicorum quorumdam, — Car. de Grijs inquam, Rob. Swinhæ et Rie. Oldham (1), novarum formarum in herba- rio ita crevit moles, ut nune demum characteres quos elaboravi plantarum non antea descriptarum longe numero antecellant adversaria in prius jam notas species. Præ cæteris collectoribus, quibus debeo ac hic ago gratias quam maximas, laudare juvat T'heophilum Sampson, virum imdefessum, qui, meis commotus consilis, in botanices studium incubuit, atque ex itineribus quæ per varios provinciæ Cantoniensis districtus confecit, pluri- mas novas vel rarissimas retulit stirpes, quarum fere omnium speciminibus phytophylactum meum liberaliter ditavit. In con- (1) Quem, paulo antequam hæc scripserim, fato succubuisse, dolens certior factus fui. ADVERSARIA IN STIRPES CRITICAS. 208 einpandis diagnosibus, mihi cordi fuit non modo claros accura- tos et satis concisos dare characteres, sed etiam, quantum mihi liceret, certum singulæ speciei in systemate locum et proximas indicare affines. Quo in periculo si aliquando titubaverim, labor1 saltem haud pepercr. Recentioribus annis, botaniei nonnulh, nique inter scientiæ proceres futiles hyperanalyticorum partititnes fastidientes, in Oppositum errorem (de fumo in flammam, ut aiunt), mciderunt, adeo ut notionem fere speciei prorsus perturbare ac mutare mi- nentur. Hi «specierum» nomine salutant greges plurium spe- cierum affinium, certis profecto characteribus inter se conve- nientium, sed non minus etiam alüs characteribus firmis inter se bene distinctarum; et sæpe, ut credo, sic faciunt ex meris præscriptis et abstractis notionibus, vel e subjectivis et theoreti- cis opinionibus de possibilibus variationis hmitibus. Ejusmodi auctores, aphorismum Limnæanum invertentes, species quas nuncupant ad characteres concimnant aptantque,.natura ipsa, ut optime dixit Babingtonius, interdicente ; nam, species ad nor- mam quamdam confingere est opus prorsus vanum, et certissi- mum est permulta genera alias complecti species characteribus plurimis et conspicuis inter se diversas, alias vero notis pauciori- bus minusque insignibus, at non minus constantibus, distinc- tas (1). Aureum sane istud Friesni dictum. — «Characteres sunt tantum ad species discernendas adminicula». Præcipua res ad quam necesse est ut attendamus est (ut iterum Friesi verbis utar), ad recte distinguendas plantas quæ Im natura constanter dfferunt ab üs quæ confluunt. Methodum de qua locutus sum (1) Exemplo sit inter sinicas stirpes Perotis longiflora Nees : centena specimina a variis Chinæ locis examinavi, omnia ut ovum ovo similia, ac constanter differentia ab indica et Zeylanica P. hordeiformi Necs (nomen P. latifoliæ utpote anceps et collecti- vum seponendum puto),racemis sublaxioribus, spiculis duplo, aristisque plus duplo lon- gieribus. Non nego quin Ncesius, Trinius (Agrostidea callo rotundo, p. 19, sqq.) et Steudelius Perotides nimis multiplicaverint, ast, certo cerlius, nemo neologicorum theoriis non imbutus duo de quibus loquor gramina conjunget. Idem valet de Zoysia nostra (Z. japonica, Steud.?), quæ spicis lanceolatis, non linearibus, spiculis plus duplo longioribus, minus appressis, diversaque glumarum forma, à 2: pungentis Willd. speciminibus australicis et ceylonensibus tam clare distingui potest, ut si illi referri debeat, quid profecto sit species plane nescio ! 20 F. HANCE. non citra gravissimum scientiæ damnum amplius vindicari posse persuasissimum habco. Salus scientiæ (si mihi liceat in re tam ardua sententiam proferre) nec in vanis et inanibus specie- rum dilacerationibus, nec in imdigesta commixtione ac commu- tatione formarum biologicis rationibus distinctarum reperietur. Hæc non apologetice scribo, nam, quod ad species a me infra propositas attinet, moneo cas nunquam fere scissione specierum jam receptarum conditas fuisse, sed modo ut sententiam meam de hæresi scientifica afferam. : Hisce præmissis, leves has ad amabilem scientiam symbolas peritorum benevolentiæ commendo. Scribebam Whampoæ Sinarum, in vigilio Nativitatis, a. 1864. H. F. H. RANUNCULACEZÆ, RanuxeuLus (HECATONIA) ExToRRIS + : glaberrimus, radice fibroso, caulibus gracilibus erectis e callo plurimis superue dichotomis ibique pilosulis, fois radicalibus longe petiolatis am- bitu subrotundis basi cuneatis trisectis vel trilobis, caulinis ad dichotomias sessilibus trisectis, segmentis oblongis summis sæpe simplicibus bracteiformibus, floribus terminalibus diametro 5- linearibus, calyce reflexo, petalis calyce triplo longioribus flavis oblongis obtusissimis, receptaculo lineari glabro, carpellis in capituks globosis congestis subrotundis glaberrimis (sicco rugu- losis) stylo brevissimo prius recurvo demum recto termimatis. In graminosis, oryzetis, cœt., ins. Formosæ, prope urbem Tam-sui, vulgaris, April florens. À. Oldham. (Herb. propr.., no. 11062.) Notabilis species; quanquam enim in diversissimo climate proveniens, vix mihi superest dubium quin proxima ejus affinitas sit cum ZX. pyg- mæo Walhl. Aliquam quoque necessitudinem cum ZA. macrantho Nautt. et abortivo L. exposcere videtur. Quoad habitum similis Æ. sessili- floro KR. Br. O8s. — ARanunculus diffusus DC. nimis mihi videtur affinis 2. jaçonico Thbg., qui idenv videtur ac planta homonyma Langsdorffiana (nn. 23 et107 Prodromi Candolleani) : japonica stirps, enim, al: indica et boreali- ADVERSARIA IN STIRPES CRITICAS. 205 chinensi diflert tantum calyce reflexo, capitulis fructiferis paulo mino- ribus, foliisque basi minus longe cuneatis. CALTHA PALUSTRIS L. var. Ô BarTuet + : floribus magnitu- dine eorum var. a. communis, caule superne ramoso laxe sub- éorymbosis, sepalis 5 quantum ex exemplaribus non bene siccatis judicare hcet medio macula saturatiore notatis, carpellis cire. 6, foliis magnis membranaceis conspicue et crebre mæqualiter cre - natis, caule robusto. | Ad sinum Jonquières, ins. Sachalin, a. 185% coll. amic. D°° J. Barthe. (Herb. propr., no. 10758.) Folium caulinum inferius diametro 5-pollicare. Formam hanc satis insignem cum neutra varletatum Turczaninovianarum convenientem sub silentio præterire nolui. O8s. — Trollius chinensis Bye. — Sequentes profero mancas notulas ad descriptionem plantæ certe rarissimæ, secundum exemplaria in ora Mandschuriæ ({probabiliter in sinu Æadshi v. Barraconta dicto\, ab amiciss. D'° Z, W. Tronson, chirurgo navali, lecta. Species primum a Bungeo designata fuit (Ænum. plant. Chin. bor., n° 11) e floribus exsic- catis in usum medicinalem collectis, forsan in officinis pharmacopol:- rum Pekinensium obtentis; et amiciss. Maximowicz, intrepidus Manc- schuriæ explorator (Prim. flor. Amur., p. 22), expressis verbis dicit x<2,06 = 24. Les Blés actuels renferment en moyenne les 7/8“ de leur poids de matière organique, d’après les analyses de MM. Peligot et Boussingault. En appliquant ce chiffre au résultat précédent, on trouve pour le poids du grain de Blé primitif, dont le Blé actuel de Pompéi dérive, 31 milligrammes. Ce chiffre est tres-faible, et représenterait des grains très- petits, mais dont le poids n’est pas en dehors des probabilités. En résumé, les altérations éprouvées par la matière organique du Blé de Pompéi peuvent être, d'aprés vos analyses, exprimées de la manière suivante : 1° Tout ou parte du Blé primitif s’est altéré, de façon à don- ner naissance au Blé transformé, plus à de l’eau et de l'acide car- bonique, qui tirent la totalité de leurs éléments de la substance primitive. En même temps une partie de l'azote s’est séparée, probablement sous forme d’ammoniaque. 2° Dans le cas où une partie du Blé primitif aurait éprouvé un autre mode de décomposition, la décomposition a été telle que cette partie a disparu complétement. Le premier mode d'altération rappelle d’une manière frap- pante ce qui se passe lorsqu'une matière organique est décom- posée par la chaleur. Les causes del’altération spontanée du Blé de Pompéi aurait donc agi d’une manière analogue à celle de la chaleur, bien que ces causes soient d’une nature fort différente. C’est précisément ce qui se passe dans la production de la tourbe et des lignites. FIN DU CINQUIÈME VOLUME. ne em em rm TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PAYSIOLOGIE VÉGÉTALES, Résumé d’observations sur les vaisseaux et les sucs propres, par M. A. TRÉCUL. Observations sur la Ficaire, par M. Ph. Van TIEGHEM.. ATETIEL De la germination et la reproduction des Puccinies, par M. at DE Bary. Des vaisseaux propres dans les Ombellifères, par M. A. TRÉCUL. De la génération sexuelle dans les Champignons, par M. Ant. DE Bar. . Des vaisseaux propres dans les Clusiacées, par M. A. TRÉCUL. . . . . MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES. Cucurbitacées nouvelles cultivées au Muséum d'histoire naturelle en 1863, 1864 et 1865, par M. Ch. Naupin. ro Mél Friesiano Taphrinarum genere et Acalyptospora Mazeriana accedente Ustilaginis marinæ Dur., adumbratione, scripsit LL. R. TuLAsNe. FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Additions à la Flore du Brésil, par M. Ladislaü NETTO. . . . . . 80 et Adversaria in stirpes imprimis Asiæ orientalis criticas minusve notas interjectis novarum plurimarum diagnosibus, scripsit Henr. F. HANCE. . : Prodromus Floræ Novo-Granatensis, ou Énumération des plantes qui croissent à la Nouvelle-Grenade, etc. Musci, exposuit E. Hamwre. MÉLANGES. De la culture des Quinquinas, par M. Philipp. PHorBus. . . . Sur la culture des arbres à Quinquina à Java et dans les Indes britanniques, par J. E. DE VRru. He tanbaoutoltl. Lettre de M. Marcelin Fe à M. de in sur du Blé trouvé à Pompéi. A 87{ 262 275 343 368 122 158 202 301 111 137 380 TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS. Bary (A. DE). — De la germination et de la reproduction des Puccinies. — De la génération sexuelle dans les Champignons, +. .-. #40 BErTHELOT (Marcelin). — Leltre à M. de Luca sur du Blé trouvé à POELE D rer e à 0 © et te DE Vruy (J.E.). — Sur la culture des arbres à Quinquina à Java et dans les Indes britanniques. . . Hamwre (E.). — Prodromus Floræ Novo-Granatensis, ou Enuméra- tion des plantes de la Nouvelle-Gre- nade, etc. Muscr exposuit, . . . . Haxce (Henr. F.). — Adversaria in stirpes imprimis Asiæ orientalis criticas minusve notas interjectis novarum LS EE diagnosibus, SOMDONTS Un in ed à je dejà de de NAUDIN (Charles). — Cucurbitacées nouvelles cultivées au Muséum 262! d'histoire naturelle en 1863, 1864 Et'TS 0". 7 NE SERRE 5 343|/NETTo ( Ladislaü ). — Additions à la Flore du Brésil. . . . . . . 80 et 158 Puoggus (Philip.). — De la culture 380| des QUIRQUINAS) . … . 2 110 TréÉCUL (Aug.). — Résumé d’obser- vations sur les vaisseaux et les sucs 437| :ipropres.u LES UE PE CRAN A — Des vaisseaux propres dans les Ombellifères. . . , . . . Tes 20 — Des vaisseaux propres dis les 201! . Clusincées.., .: de : <> . 368 TuLasxe (L. R.). — Super Friestano Taphrinarum genere et Acalypto- . Spora Mazeriana accedente Usfila- gras, Marine, LI TARN 122 202| Van Tiecuem (Ph). — Observations sur 10" Ficaire CEE 88 TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Planches 1. Cephalandra diversifolia, Ndn. — 2, Prasopepon Duriæi, Ndn. — 3et 4. Peponia Mac Kennü, d et Ÿ. — 5. Platygonia Kæmpferi, Ndn. . Pilogyne lucida, Ndn. . Pisonia noxia, Netto. — A0. Ficaria ranunculoides. 6 7 — 8. Pisenia Caparrosa, Netto. 9. Odina Francoana, Netto. — 11. Germination et reproduction des Puccinies, — 12. Reproduction sexuelle des Champignons. Paris. — Hnprimerie de E. Marriner, rue Miguon, ?. ) ST PTC Rd ae gd i | r Jecenc.nat. E° Serte. Bot, Tome 5! FL. r. Picart se. D del. C cphalar} æ doersifolit Nan. À. Salmon amp. r. Viville. Æstrapade., 15. Lars . RP ON) TT hs fond à at nié. “Lt PD , .d à dr tbe at ès Ann.des Secenc. nat. & Serte. Pot. Tome 5° PL, 2. A. Îrocreuæ. dd. Picart sc. L’raso pCpor 7? UT LeC . À. Jalnon amp. 7. Fraille-Lstrapade, 15, L'art. W PT [4 é în FM CAN ‘ et Le 1e + Es } y tP (9 F LA À PR n N { N La L2 } pl EUR ASE ANT ! : 1 ta Lw à 1 fout 8 " we j YE 1*h ÿ! £ % À t YA ul AA MA 7 \ ar 4 e 4 AL at « f dl n - Li n T1r4 7. * FA < ÿ ‘ « , l LS SARL 4 Ê 14 k Ÿ LL : à MES EL À | 2 1 2 ol . vi 7e 1 À x : ape COR an: HE { » : Vo AN: t {oi + ‘ LS {! * s * A ' + Ve à ee, 4 a PSE , { SAP NVIS® | y n ea a mr te or, \ (té A Liocreuxr del. Picart se. : lep oria Mac ÂKXenriit ” À Salmon imp. 7. Fieille-L vtrapade, 15. l’'arts . MT le net Dee, A, fiocreux del. Æ cp orit Mac ÂKerrnit © A. Salmon imp. r. Fielle-Pistrapade, 18, l'aris. Bot. Tome 5, PL. Z. Ltcart se. L CA Es 2 es . 1 RUL , F ) 2 Annr.des Socenc.nal. S Jerte.. Pot. Zome-5. PL 5. 17. /liocreux del, licarkt se. 4 , > nr, Z laly g or Lee Aerep fer Z'. A. Salmon mp. r. Vieille -Estrapade. 15, Larts . » AL e da an DES LA Ad ._ " Ÿ 00. € D lions ral Dolee. Ve Jomeé. FT. 6. A./iocreuzx del, Preark sc. Fra qyre lucie. \ 1 Salmon time. r iele-Aotrapade. 15 Lars . Vue à | Pasornit not Meteo. À. Salmon 1mp.r. Vieille -Lstrapade.15. Lures.. Pot. Zome 5. PL. 7. ME Tillant se. EU 4e + 2 ñ Lines CA AA one. De LA . Les en te 0 Pin ie Eole Li ss +, PE mat ln 54 l'A sn À ARS « e PATIO) e à. 14} db & 7 At TE 721 > 7 © Lrare.des Socwnc.nat. 5 Sert. Bot. Tome 5. 716! bZuslua Metto del . ME Juillant se Pisornia COpPaTToSe VWetto . A. Salmon 272 7° Vielle-Lstrapade. 15 Lurus. (| D. * hd ÉD à St. À À > + * der Jerenc. nat. 5 Serre. Dot. Tome 5. PL. 9. 9 = aa ME Tillant se. CA Odina francoanx Neuo. À. Salmon cmp.r. Vieille -Estrapade, 15, Paris . Pot. Fome 5: FL. 10. N ($, le à ®, ME TJrillant se. Prcaria ranunreuloides. À. Salmon np. r. Vieille -Estrapade,15, faris. 0 | ' » 7. : Lu ‘ Les oi ES ÿ . * ; [ex 1 ‘ : L , Q : nr n 4 : px "AC M TN Lu { Le \ (M Gas utcb : j ‘rs - t | KA Nu À Ts. é k 17h L Le = L M. — . + 1EE 4 - F) D + # ° : L ! Le "4 >. v N ” 2. « a = 1 fl "a -_— | 40 £ t Le + —— nel : J ‘ { 0 ie \ 4 ' i VA + 1 SA: { # L LE = Lt ñ . 4 Ge » +. % 1" ls < Ann.des Scienc.nal. 5 Sérre.. Pot. Zome. 5. PI. 1" A, de Bary del, ME Juillant se. Cerminration el Apt oduclion des L’ucetri ces # Æ. Jlmon mp. rue Mieille-Estrapade. 15, Paris. pin ob nel dr se Oo tin. does Pot. Lomme F. ZA. 12 “>: ). CA Ro RS > PAR ON = « production Jexuelle des ChAMIIJHONS . A. Szêmon . tmp. r. Vieille -Lstrapade. 25 Lurts . ME Pnllant sc. s « «+ Lee / (! ! : x né \ 3 y sd” + Fi Dr E | ë = dE F: D + 1 D d ÿ h À ‘ : d 4 ;. . { \ & 0 f ÿ — pe k Li ? 1 | | EE ’ ; * nl ee : | us } l i : k { 1 | l , 4 M | | : | à ( j : : C2 l A { L (N A \ \ \ : nl ñ a Le" L M D k 1 | IA | | td Le 1 EN # LA | l t à : | Dr PR nul NA (f | AUOT où pi Pt " ER ail BUS, it) pi il | ï NN spears PRÉ PET ee