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Ce septième mémoire complétera la première partie de ma Monographie des Cucurbitacées (1). Quoique plus de cent espèces soient décrites dans cette série d’opuscules, ce n’est cependant que la moindre partie de ce que contient la famille, et longtemps encore, selon toute vraisemblance, on trouvera dans les her- biers un grand nombre de Cucurbitacées dont on ne pourra ni dire le nom, ni fixer la place dans une classification définitive. Des genres entiers, et en grand nombre, manquent dans ce tra- vail; d’autres n'y sont représentés que par quelques-unes de leurs espèces. 11 ÿ a plus : des types très-remarquables d’organi- sation, et dont la connaissance exacte me serait nécessaire pour établir les coupes primordiales ou grandes tribus de la famille, (4) Les personnes qui ont reçu des exemplaires du tirage à part de ces sept mémoires pourront les faire relier en un volume ; mais alors, pour la commodité des recherches, il serait bon d'y faire, à la main, une nouvelle pagination, qui se rapporterait à une table des matières, pareillement manuscrite, en vue de laquelle le relieur ajouterait quelques feuillets blancs à la fin ou au commencement du volume. 6 CH, NAUDBIN., y sont à peine nommés. C’est Le cas, par exemple, des Zanonia, des Fevillea, de l’'Acanthosicyos (1) et de quelques autres, dont le manque d'échantillons assez complets, dans la collection du Muséum, ne m'a pas permis de déterminer les relations avec les autres genres. On ne devra donc voir dans cette première partie de mon travail, quoiqu’elle m'ait déjà occcupé plus de dix ans, que la simple ébauche d’une monographie que le temps et des circonstances plus heureuses permettront seuls d'achever. Si l'on considère que nous sommes encore loin de posséder toutes les espèces de Cucurbitacées de pays déjà en apparence bien explo- rés, et surtout qu'il reste à explorer d'immenses régions intra- tropicales où jamais botaniste n’a mis le pied, telles, pour n’en pas citer d’autres, que l'Australie septentrionale et la majeure partie de l’Afrique, on ne sera pas surpris que j'assigne un terme si éloigné à l'achèvement d’une histoire descriptive de cette famille, et que je regarde comme prématuré tout classement de ses espèces, autre qu'un simple elassement partiel et provi- soire. Les genres et les espèces dont je parlerai tout à l'heure pro- viennent en majeure partie des recherches de M. Bourgeau, botaniste collecteur de la Commission d'exploration du Mexique, qui nous en à fait parvenir des graines. Le nombre en serait plus (4) Sous le nom d’Acanthosicyos, M. Welwitsch a décrit dernièrement une. Cucur- bitacée de Cafrerie, du port le plus singulier, que nous avons eue, cette année, vivante au Muséum, mais qui y a péri bien avant d’être en âge de fleurir. Ce qui la distingue dès l’abord de toutes les Cucurbitacées jusqu'ici connues, c’est que les feuilles y avor- tent et disparaissent pour ainsi dire complétement, et, qu’au lieu de vrilles, elle porte de chaque côté du petit appendice, ou moignon, qui tient lieu de la feuille, une épine longue et acérée. Ces deux épines, qui rappellent assez exactement celles du Robinier (Robinia pseudo-acacia),seraient-elles aussi de nature stipulaire, comme leur nombre et leur insertion au voisinage immédiat du rudiment de la feuille semblent l'indiquer ? Je n’oserais me prononcer sur ce point ; mais je fais remarquer dès à présent que ni l’une ni l’autre de ces épines ne saurait être considérée comme l’analogue de la vrille des Cucurbitacées ordinaires, qui, loin d’être située au voisinage de la feuille, se trouve souvent presque à l’opposite, séparée qu'elle en est par un bourgeon ou un rameau. Je rappelle d’ailleurs que j'ai vu bien des fois la vrille solitaire des Cucurbitacées se trans- former en une véritable branche, portant des fleurs et des fruits, ce qui me paraît . incompatible avec la nature des stipules, qu’on tient avec raison pour de simples dé- pendances de la feuille, et qui sont, comine celle-ci, d’origine appendiculaire, CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 7 grand si l’année qui finit avait été moins défavorable à la cul- ture de ces plantes ; mais les intempéries peu ordinaires qui l’ont signalée nous en ont fait perdre près de la moitié. Toutes les fois que je l'ai pu J'ai suppléé à l'insuffisance des échantillons vivants par les échantillons desséchés et par les notes du collec- teur. Malgré mon désir cependant, j'ai dû laisser de côté bien des espèces intéressantes, parce qu'elles n'ont, les unes pas fleuri, les autres pas fructifié au Muséum ni ailleurs, et que l'expérience m'a appris qu'il y à moins d'inconvénient à passer sous silence des plantes mal étudiées qu'à grossir un travail de descriptions insuffisantes et, par là même, plus nuisibles qu’utiles. On trouvera à la fin de ce mémoire la liste de toutes les Cucurbitacées que J'ai décrites depuis le commencement de mon travail ; elles seront simplement classées danÿ l'ordre provisoire dont j'ai déjà donné un aperçu (1). Ce sera le résumé de ce qui a été fait et, d'une certaine manière aussi, un coup d'œil sur ce qui reste encore à faire. Je ne saurais mieux terminer cette courte introduction qu'en adressant 101 mes remerciments aux botanistes, aux voyageurs et aux horticulteurs qui m'ont généreusement prêté leur concours dans la tâche que je me suis imposée : les uns en facilitant mes recherches par leurs conseils ou en me communiquant leurs herbiers ; les autres en me procurant des graines d'espèces nou- velles et rares de Cucurbitacées, ou en partageant avec moi les soins de leur culture. Parmi eux, je suis heureux de nommer en première ligne M. Decaisne, professeur de culture au Muséum, qui s'est toujours empressé de me donner l’aide matérielle dont j'avais besoin; M. Joseph Hooker, le savant directeur des jar- dis royaux de Kew, qui, après avoir mis son riche herbier à ma disposition, a été mon plus actif pourvoyeur de graines ; puis M. Alph. De Candolle, dont l'obligeance m'a permis de consulter l’herbier, désormais historique, qui a fourni les premiers maté- riaux du Prodrome ; M. le docteur Figari-bey, par l'entremise de qui nous sont parvenues d’intéressantes Cuacurbitacées du (4) Ann. des se, nat. 4° série t. XVI, p. 498, 8 CR. NAUDIN. Soudan égyptien ; M. Todäro, à Palerme ; M. Germain de Saint- Pierre et M. Huber, à Hyères; et enfin M. Durieu, directeur du jardin botanique de Bordeaux, dont la rare habileté à cultiver les plantes les plus rebelles et le zèle infatigable m'ont été du plus grand secours. Que ces bienveillants auxiliaires, ainsi que ceux qui sont seulement nommés dans le cours de ce travail, recoivent l’expression sincère de ma reconnaissance. CUCURBITA RADICANS. C. monoica? ; caule flagelhisque terelibus, humi longe serpenti- bus et ad nodos radicantibus ; foliis cordato-quinquelobatis, hir- tellis scabrellisque ; cirrhis folio mullo brevioribus, ut plurimum 8-fidis ; floribus masculis femineisque in aæillis foliorum solita- ris, pedunculats ; pepone subsphærico, nonnihil corticoso, longi- tudinaliter marmoralo aut fascrato; seminibus marginatis, spurco- albis. Hab. In rupestribus montosis prope Guadalupe necnon circa urbem Mexico passim; Bourgeau. Fructum maturum recepimus, cujus sermina tardius sata in Horto parisiensi plantas permultas genuerunt, hucusque nondum floriferas. | Species apud nos annua videtur, scilicet radice gaudens fibrosa nec in tuberculum tumefacta, sed si schedulæ Bourgæanæ credendum est in loco natali perennis fieret. Nec magis certum est utrum sit monoica an dioica. Quæ in Horto parisiensi specimina viva habuimus hisce characte- ribus ab aliis Cucurbitis dignoscebantur : flagella teretia, hirsuta, pennam olorinam crassitudine vix superantia, 10-metralia longioraque, e nodis omnibus quum in terram pertingunt radices protrudentia. Folia (pro ge- nere mediocria)12-18 centim, longa et lata, cordato-5-lobata, imo et ob- scurius 7-lobata, lobis subacutis subobtusisve, denticulata, nonnunquam pallide marmorata.! Cirrhi petiolo breviores, sæpius 3-fidi, digito uno cæteris longiore. Flores utriusque sexus (e speciminibus Bourgæanis exsiccatis) omnino Cucurbitarum et quoad magnitudinem cum floribus C. digitatæ aut etiam €’. perennis æquiparandi ; masculorum calyce cam- panulato, dentibus brevibus angustis subulatis. Pepo maturus aurantio major, vix non sphæricus, pallide lutescens et longitudinaliter viridi fas- ciatus, peponem C’. digitatæ undequaque æmulans. Semina complanata, ovalia, marginata, 7-8 millim. longa, albentia aut spurco-alba. Cette septième espèce du genre Cucurbita ne m'est encore CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 9 qu'incomplétement connue, mais elle ne m'en paraît pas moins très-distincte de toutes les autres. La seule avec laquelle on pourrait la comparer est le C. moschata, espèce très-polymorphe, dont elle diffère d’ailleurs à bien des égards, et principalement par la forme du calice de ses fleurs. S'il est vrai qu'elle soit vivace par la racine, comme semble le dire une note de M. Bour- geau jointe aux échantillons desséchés, elle sera une des mieux caractérisées du genre; cependant aucun des échantillons que nous avons eus vivants au Muséum, en 1866, n’a manifesté la moindre tendance à produire des racines charnues et vivaces. On s’est souvent demandé, et toujours sans pouvoir arriver à une conclusion certaine, quelle pouvait être la patrie première des trois espèces de Courges comestibles (Cucurbita maæima, C. Pepo, C. moschata) aujourd’hui si largement disséminées sur le globe, et dont on ne trouve nulle part les types à l’état sau- vage. M. Alph. De Candolle (1), celui de tous les botanistes qui s'est le plus occupé de cette question, opine, et selon moi avec toute probabilité, pour l'Asie méridionale. On ne peut guère douter, en effet, que ces plantes ne viennent bien réellement de là, quand on considère la très-grande analogie de la flore ocei- dentale américaine avec celle de l'Asie orientale, analogie déjà indiquée, 1l y à plus de trente ans, par le célèbre voyageur Jacquemont, et si bien prouvée depuis par les recherches de M. Asa Gray. La multitude de genres communs aux deux ré- glons autorise à croire qu'il fut un temps où elles étaient réunies et avaient une même flore générale, et que cette flore, presque entièrement submergée par l'océan Pacifique, ne nous présente plus, à l’époque actuelle, que ses frontières extrêmes. Ainsi s'expliquerait comment tant de genres de plantes se trouvent scmdés par cette vaste mer, et entre autres celui des Courges, dont trois espèces (Cucurbita perennis, digitata, radicans) sont de l'Amérique du Nord et une quatrième (C. melanosperma) de la Chine. Il est de toute évidence qu'aucune raison ne peut faire supposer que les trois espèces comestibles appartiennent à une (1) Géographie botanique, t. TK, p. 902 et suivantes. ! 10 CH. NAUDIN. autre région botanique que leurs congénères, et comme le nombre prodigieux de leurs variétés et leur disparition de l’état sauvage ne sauraient laisser de doute sur l'ancienneté de leur culture, on en vient très-naturellement à leur assigner pour point de départ l'Asie orientale. Comme, d’un autre côté, ces espèces sont annuelles, ou du moins n’ont pas de ces racines charnues et volumineuses qui sont le caractère presque constant des Cucur- bitacées de climats extra-tropicaux, on est encore amené à con- clure qu'elles sont originaires des parties les plus méridionales de cette région, c’est-à-dire de l’inde, de la Cochinchine ou de Ja Chine méridionale. MELOTHRIA CUCUMERINA. M. annua, monoica ; caule ramisque gracilibus ; fols cordato- 9-lobatis, puberulis scabrellisque, lobis subacutis ; floribus masculis 8-7-aggreqato-umbellatis, non coævis, luteis ; femineis inflores- centiæ masculæ coaxillaribus, solitartis, ovario fusiformi ; pepo- nibus fusiformi-ovoideis, pro genere maximis. Hab. Tn China orientali, sed quo loco incertum est. Plantas vivas flori- feras fructiferasque recepimus ex hortis Burdigalæ et Olbiæ, annis 1865 et 1866. ni Species Melothriæ pendulæ habitu simillima, sed paulo scabrior. Folia fere 5-gona, basi cordata, 4-5 centim. longa et lata, lobis magis minusve acutis. Cirrhi ut apud congeneres indivisi. Inflorescentiæ masculæ sæpius 3-5-floræ, pedicello omnino filiformi petiolum folii vix æquante suflultæ. Flores a floribus #. pendulæ sive magnitudine, sive fabrica et colore, non dissimiles, id est calyce pariter campanulato, petalis apice rotundato- emarginatis luteisque; nonnihil discrepant forma antherarum, quarum loculi, quamvis non sint sigmoidei, in effigiem ferri equini tamen cur- vantur. Flores feminei, pedunculo gracili sustentati, stamimibus carent (vere hermaphroditi sunt apud M. pendulam). Fructus adultus magnitu- dine fere æquiparandus peponi Cephalandræ indicæ, id est 4-5 centim. longus, 1 et quod excedit crassus, lævis, utrinque subacutus, in maturi- tate pallide lutescens, sapore cucumerino, odore subnarcotico. MELOTHRIA SCABRA. M. annua, monoïca, scandens, tota scabra; caule ramisque gra- CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM.- a cilibus, angulatis ; foliis acuie 5-lobis, basi cordatis ; cirrhis sim- plicibus ; floribus masculis subumbellatis ; femineis solitaris, inflorescentiæ masculæ coaæillaribus ; omnibus luteis ; baccis ovoideis, pendulis, albo et viridi fasciatis. Hab. In montibus mexicanis, loco non designato. Semina a clar. Bour- seau collecta plantas floriferas plures fructiferasque nobis dederunt. Herba circiter bimetralis (in Horto Parisiensi), modice ramosa, undi- que scabra aut scabrella, caule primario pénnam corvinam crassitie vix æmulante, flagellis gracilioribus. Folia plantæ junioris fere cordiformia, adolescentis magis ac magis5-lobata, lobisacutis, intermedio eæteris multo productiore et acutiore, margine remote denticulata, qaum senuerunt utraque pagina tactu scaberrima, 5-8 centim. longa, 3-5 lata. Flores tam masculi quam feminei floribus Melothriæ pendulæ vix non simillimi; ab illis enim nisi hirsutie adpressa non discrepant. Masculorum umbellulæ 3-7-floræ, rarius 9-floræ ; pedunculo communi gracili, rigido, petiolum subæquante; corolla patula, flava, petalis subemarginatis. Feminei pedi- cello proprio suffulti, sæpius nutantes, hermaphroditi. Pepones penduli, olivam forma et magnitudine referentes (quam #. pendulæ duplo cras- siores), fere albi, lineis virentibus 5 longitudimaliter fasciati passimque maculis viridibus parvis conspersi. Semina ut M. pendulæ complanata, late ovalia, spurco-alba. Forma altera Melothriæ adest in Herbario Bourgæano, a nostra rece- dens foliis primo cordiformibus demum trilobato-sagittatis et rigidiori- bus baccisque ut videtur minoribus. An sit distinguenda ut autonoma species affirmare non ausim. | Encore un exemple d'un genre très-naturel de Cucurbitacées scindé par l'océan Pacifique, puisque, sur les deux espèces ici décrites, l’une est asiatique, l’autre américaine. Au surplus, nous avons vu, dans un précédent mémoire, que l'espèce même du M. pendula est partagée entre l’ancien et le nouveau monde. On la trouve effectivement en Chine, aussi bien que dans les deux Amériques. THLADIANTHA. Pour la première fois, en 1865 et 1866, nous avons pu obser- ver les fruits du Thladiantha dubia, dont quelques graines en- voyées de Chine par le P. David, missionnaire apostolique, nous 19 CH, NAUDIN, ont donné la plante femelle. Ses fleurs ressemblent à celles de la plante mâle par la forme et la grandeur de la corolle, mais on n'y trouve rien qui rappelle la languette que j'ai signalée dans ces dernières. L’ovaire y est à trois placentas et le style à trois stigmates, comme dans la grande majorité des Cucumérinées. Fécondées artificiellement, ces fleurs femelles ont produit des fruits ovoides-oblongs, presque de la grosseur d’un œuf de poule, très-velus et très-rudes au toucher, même à la maturité, époque où ils ont pris une belle teinte écarlate foncé. La pulpe en est épaisse, de couleur orangée et d'une odeur nauséabonde. Les graines, très-normbreuses, sont obovoides et toutes noires. CTENOPSIS. Ctenopsis Jos. Hook. in litteris. Sicyi, Zehneriæ et Bryoniæ species auctorum. Flores monoicr. In masculis calyx campanulatus, corolla pro- funde 5-loba; stamina 3 (duo completa bilocularia, tertium dimidiatum 1-loculare), antheris brevibus, loculis didymis ovoi- deis. In femineis ovarium globosum, opposite biplacentiferum, 2-ovulatum, ovulis transversalibus; stylo brevi, stigmatibus duo- bus terminato. Bacca disperma (aut abortu monosperma) ; semi- mbus transversis sibi invicem applicitis et oppositis, hime conca- vis, 1llinc convexis, margine crasso circumemctis. Herbæ annuæ, austro-asiaticæ et africanæ, scandentes ; cirrhis simplicibus ; foliis profunde 3-5-lobatis ; bractea stipuhformi ovali aut rotundata, margine pectinatim chata, e quavis aæilla foliorum orta,ramum spectante ; floribus utriusque sexœus coaæilla- ribus, masculis in racemum brevem umbellulamve aggregatis, feminers solitariis ; baccis maturitate rubris, 1-2-spermis, semi- nibus pro crassitudine fructus maxæimis. Plantæ in herbariis nigrescunt. CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 13 4. CTENOPSIS GARCINL. Sicyos Garcint Linn., Mant., 297. Bryonia Garcini Willd., Spec. IV, 623. — DC., Prodr., IT, 308, aliorumque aucto- rum.— B. reniformis Roxbg., in East Ind. comp. Mus., tab. 468. Zehneria Garcini J. E. Stocks, in Hook., Kew Gard. mise, IV, 148. — Walp. Annal. bot. syst. (auctore Ch. Mueller), IV, 855. C. annua ; caule flagellisque gracilibus, obsolete sulcatrs ; foluis profunde 5-lobis, sinubus inter lobos rotundatis, argute dentatis ; bractea axillari rotundata, subsessili, longe ciliata, ramum semi- amplexante; floribus minutis, spurco-albis ; baccis inverse subre- niformibus. Hab. In India australi, passim. E seminibus a clar. Lépine circa Pon- dichéry collectis plantas plures fructiferas obtinuimus. Species in Horto parisiensi 3-metralis, modice ramosa, cito et copiose florifera. Folia 4-5 cent. longa et lata, vix non glabra, sed quum vetus- tiora facta sunt tactu scabrella, sæpius 5-lobata quam 3-lobata, lobis obo- vatis, haud raro (intermedio majore potissimum) sublobulatis et grandi- dentatis. Flores masculi et feminei ad apices ramulorum apprima congesti, vix 2 millim. diametro metientes. Baccæ fere cordiformes aut inverse subreniformes (aut demum si mavis latissime obovoidei, utroque latere parum compressi et quasi incudiformes), ruberrimæ, seminibus cymbiformibus, altero fertili, altero sæpius effæto. 2, CTENOPSIS CERASIFORMIS. . . , . . f . - r , Bryonia fimbristipula Fenzl, in Kotschy 1ter nubicum, n° 205 et 231. — Zehneria cerasiformis J. E. Stocks, 1. c. C. prœæcedente ut videtur vegelior; foliis majoribus, scabrioribus sæpiusque tripartihis trulobahisve quam 5-lobatis, lobo èntermedio lanceolato-ovato; floribus masculis umbellatis ; baccis globosis, cerasiformibus. Hab. In Africa tropica ab ora occidentali ad mare Rubrum. Si Stocke- sio credendum est occurrit etiam in provinciis occidentalibus Indiæ Scinde et Guzerat. Planta imperfecte cognita, sed a præcedente, cui omnino quoad genus Ah | CH. NAUDIN. conformis est, facile discernenda in herbariüs. Bractea axillaris ut in illa subsessilis, erecta, late ovata et ciliata, sed paulo major. Inflorescentia mascula umbelliormis, longe pedunculata. Baccæ crassitudine cerasi, id est ferme sesquicentimetrum diametro metientes, rubræ, dispermeæ. Semina quam in altera specie multo majora, ovatiora et minus cymbi- formia. TRIANOSPERMA. Aux sept espèces de ce genre que j'ai déjà décrites (4° série, t. XVI, 189 et t. XVIIE, 201), j'ajouterai la suivante : 8. TRIANOSPERMA HILARIANUM. ” T. dioicum,radice perennans, alte scandens : caulibus ramisque subteretibus ; foliis digitato-quinquelobatis, quasi dissectis, lobis lobulatis, scaberrimis; cirrhis ut plurimum bifidis ; floribus utrius - que seæus pro genere majuscuhs, albis aut albentibus, in aæillis foliorum solitarus aut pluribus aggregatis racemulosisve; baccis d—Sper mis. Hab. In Brasilia australi, prov. io grande do Sul, Gaudichaud; ut videtur frequentior in regione Uruguayensi dicta Banda oriental, Aug. de Saint-Hilaire, Cat. ni 2386 et 2399 bis; semina quoque recepimus e ditione Montevidensi a clar. Lasseaux collecta, quæ plantas florentes, non fructiferas, genuerunt in Horto Mus. Par., anno 1866. Herba apud nos 7-8-metralis, radice crassa tuberiformi in terra hyber- nante, flagellis vix non teretibus, cirrhis sæpius bifidis rarius simplici- bus aut 5-fidis. Folia plantæ junioris reniformi-trilobata, adultæ (deci- metrum circiter longa et lata) magis ac magis dissecta demumque fere 5-digitata, lobis obtusis aut acutis sæpiusquelobulatis, sinubus rotundatis. Flores in ramis primarus passim axillares, potissime tamen in ramulis extremis racemos foliosos fingentibus congregati ibique in axillis foliorumi bractearumve solitarii aut in racemulum pauciflorum folio breviorem congesti, cum floribus Cucumeris Melonis quoad magnitudinem compa- randi illisque fere conformes, tubo calÿcino tamen crassiore, corolla alba intus puberula, lobis obovatis reflexis. In masculis stamina 3, antheris sigmoideis conglutinata ; filamentis liberis, basi calloso-incrassatis; pol- line luteo, sphærico, subtiliter muriculato, poris 3 vel 4 aperto. In femi- neis (auctore Saint-Hilaire) staminum filamenta rudimentaria, sterilia ; stylus flexuosus, basi disco sinuato aut lobulato circumcinctus, apice in CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 15 stigmata 3 patula cordiformia (id est biloba) divisus. Fructus immaturi oliviformes in herbario Hilariano tantum suppetebant. CYCLANTHERA. Lorsque j'ai essayé de fixer les caractères des Cyclanthera de Schrader (4° série, t. XIE, p. 158), j'ai laissé imdécise la question de savoir si l’on devait considérer ce genre comme distinct de celui des Elaterium établi antérieurement par Jacquin (Plant. d'Am., p. 241). Aujourd'hui, après avoir vu dans les herbiers combien sont nombreuses et variées de forme les Cucurbitacées qui se rattachent à la tribu des Cyclanthérées (ou Élatériées, si l’on préfère ce nom), j'incline à croire qu'il vaut mieux non- seulement séparer ces deux genres, mais en créer encore d’autres, si l’on tient à ce que les associations génériques soient tout à fait homogènes. Je ne vois, en effet, qu’un seul caractère essentiel qui leur soit commun à toutes, et qui est celui même de la tribu : un ovaire umloculaire, contenant un nombre plus ou moins grand d'ovules dirigés transversalement et insérés, en deux séries parallèles, à un placenta unique qui est ici néces- sairement pariétal, quelque idée qu’on se fasse de la structure d'un fruit de Cucurbitacée. Mais, avec cette organisation fonda- mentale identique, les tissus de l'ovaire, dans les différentes espèces, subissent des modifications qui amènent finalement des différences très-notables dans la consistance du fruit mûr et dans son mode de déhiscence. S'il s'agissait d’une autre tribu que celle-ci, par exemple des Cucumérinées, ces différences parai- traient indubitablement suffisantes pour servir de base à des coupes génériques, et ces dernieres se justifieraient encore par la considération qu’elles coïncideraient le plus souvent avec d’autres différences non moins marquées dans la forme du calice et dans celle des étamimes. C'est à ce dernier parti que je crois devoir m’arrèter aujourd'hui, sans affirmer cependant que ce soit le meilleur, et en admettant que tous les genres de la tribu des Cyclanthérées pourraient à la rigueur être ramenés à un seul. Laissant de côté les Ælaterium proprement dits, dont je ne pour- 16 CH. NAUDIN. rais pas encore dire en quotils diffèrent des Cyclanthera, je répar- tirai en deux genres les espèces que j'ai eues vivantes sous les yeux, savoir : les Cyclanthera, où les trois étamines sont con- fluentes et n’en constituent pour ainsi dire qu’une seule, qui devient disciforme, et où le fruit, toujours charnu, ovoïde et gibbeux, se déchire régulièrement et presque toujours avec élasticité pour projeter au lom ses graines ; et le Æchinopepon, qui, avec trois étamines distinctes, à anthè1 courbées ou mêmes sinueuses, plus rarement confluentes comme dans les Cyclanthera, ont un fruit presque cylindrique, sec, fibreux, divisé en deux logettes longitudinales à l’intérieur et s ouvrant par une sorte d’opercule qui tombe en pièces à la maturité. Ce dernier genre sera donc jusqu’à un certain point, dans la tribu des Cyclanthérées, l'équivalent des Luffa dans celle des Cucumé- rinées, et mieux encore des Echinocystis dans celle des Abobrées. Pour les caractères du genre Cyclanthera, je renverrai le lec- teur à la diagnose que j'en ai donnée précédemment et à la- quelle je n'ai rien à changer, me bornant à ajouter aux espèces déjà décrites les deux suivantes : 3, CYCLANTHERA DISSECTA, Discanthera dissecta Torr. et Gray, Flor. north. Am., 1, 697. Cyclanthera dissecta Arnt., in Hook., Journ. of bot., IIT, 280. C. annua, monoica, vix non glaberrima, scandens ; caulibus flagellisque acute multiangulatis ; foliis pedato-5-fohiolatis, margine sinuato-dentatis ; cirrhis inæqualiter bifidis, rarius trifidis aut simplhcibus ; racemis masculis 10-30-foris, petiolum excedenti- bus ; floribus femineis solitartis, quam masculi paulo majoribus et prœcocioribus, candidissimis; ovario dense echinulato, slig- mate hemisphærico. Hab. In regione texana necnon Imperio mexicano ut videtur vulgatis- sima; Bourgeau. Specimina viva in Horto burdigalensi, curante sedulis- simo Durieu, copiose fructifera fuerunt. Planta 3-4-metralis, dense ramosa et frondosa. Folia ut ture 1-8 centim. longa et lata, rarius decimetrum explentia, petiolo quam CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM. 17 limbus breviore. Flores utriusque sexus late campanuiati, coaxillares ; masculorum anthera unica (e tribus compacta) omuino disciformis; femineorum ovarium ovoideum, apice-in cCollum longiuscule produc- tum, 6-8-ovulatum; stigmate crasso, hemisphærico. Fructus ovoideus, echinatus, hine gibbosus, apicatus, crassitudine digiti, in maturitate elastice dissiliens. . h. UYCLANTHERA BOURGÆANA. C. annua, monoica, viæ non glabra ; flagellis acute h-5-angula- lis ; cirrhis sæpius 3-fidis ; foliis cordiformi-5-lobatis, lobis sub- acubis, sinubus inter lobos fere nullis ; racemis masculis 15-30- [loris, petiolos longitudine excedentibus ; floribus parvis, spurco- albis. Hab. In Imperio mexicano; Bourgeau. Plantæ Horti parisiensis flores masculos tantum et tarde aperuerunt. Herba seandens, apud nos 4-metralis, ramosa et dense frondosa, intense virens. Folia majora vix decimetrum longa et lata, lobis parum productis sæpeque quum adultiora facta sunt subobsoletis, intermedio tamen acuto. Flores masculi 4 millim. circiter diametro, late campanu- lati, spurco-albi, polline croceo ; feminei masculis coaxillares, solitarii, ovario hine gibboso et echinulato. ECHINOPEPON. Flores monoict, 5-6-meri; calyce hemsphærico aut late cam- panulato. In masculis stamima à (duo completa bilocularia, tertium dimidiatum uniloculare); filamentis im columnam centralem coaliis, antheris hberis, loculis mcurvis aut etiam sigmoideis, rarius 10 antheram unicam disciformem confluenti- bus, In femineis ovarium 1-loculare, 8-10-ovulatum, apice in acumeu longe productum, sügmate capitato-hemisrhærice. Fructus maturus ovoideo-cylindricus, siccus, corlaceus, apice cIrcumescisso operculumque caducum fingente apertus, intus bilocellatus, Semina ovoideo-compressa, corrugata. Herbæ in America calida indigenæ, annuæ, scandentes, pro ordine micrantheæ : flagellis angulatis, cirrhis multifidis; floribus ‘ a° scrie. For. F. VI. (Cahier n° ds) 3 18 CH, NAUDIN. masculis in racemulos axillares dispositis, femineis coaxillaribus ut plurimum solitariis; fructibus dense longeque echinalis aut spinosissimis, apice tamen sœæpius inermibus. 1. ECHINOPEPON MILLEFLORUS. E. fere glaberrimus, floribundus ; ramis pentagonis, ad nodos annulatim ciliatis ; foliis reniformi-3-5-lobatis, lobis obtusissimis et sœæpe quasinullis ; cirrhis trifidis ; floribus utriusque sexœus ad apices ramulorum uberrime congestis, albis. Hab. In convallibus montium prope Mexico, unde semina recepimus a clar. Bourgeau. Plantæ in Horto parisiensi tardius florentes fructus nonperfecerunt. Herba apud nos 6-7-metralis, ramosa, pro ordine fere microphylla, scilicet foliüis 4-6 centim. longis et latis, petiolo limbum scabriuscu- lum longitudine subæquante aut aliquando superante. Racemi mas- culi 20-50-flori aut etiam ditiores, nonnunquam bini in eadem axilla, altero alterum superante, et flori femineo coaxillares. Flores tamen utriusque sexus in ramulis extremis inter folia gradatim decrescentia moxque in bracteas acute lobatas mutata apprime copiosi; femineis quam masculi multo præcocioribus et pedicello gracilt centimetrum cir- citer longo suffultis. Antherarum loculi in formam ferri equini aut hypsilonis confecti, non confluentes nec agglutinati. In ovario ovula sæpius 8, placentæ longitudinali duplici serie affixa, seriebus parallelis dissepimento celluloso interposito separatis. Fructus olivam crassitie æmulantes, dense echinati, apice conico inermes, demum deoperculati. Semina magnitudine seminis cannabini sed compressa, corrugata, nigri- cantia. 2. ECHINOPEPON QUINQUELOBATUS. E. fere glaberrimus ; caule flagellisque acute pentagonis, ad nodos annulatim ciliatis; foliis palmato-quinquelobatis, scabris, petiolo angulalo; cirrhis 3-5-fidis ; floribus masculis in racemulos aæillares 15-30-floros folio breviores digestis ; femineis (inflo- rescentiæ masculæ coaxillaribus) sœæpius solitariis, ovario ovoideo, setoso-echinulalo, apice in collum longum producto, 8-10-spermo ; fructu dense spinuloso. | Hab. In vallibus prope Wexico ; Bourgeau. Plantæ in Horto Mus. Par. tarde floruerunt nec fructus perfectos dederuut. CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 19 Species præcedenti quadantenus affinis, ab illa tamen fronde multo ma- jore et insigniter lobata primo intuitu discernenda. Illam quoque"statura vix non 10-metrali superat. Caules et rami primarii pennam anserinam crassitie æmulantes, quinquanguli, læves, ad nodos pilis patulis albenti- bus quasi in annulum confertis cincti. Folia longiuscule petiolata, 40-12 centim. longa et lata, fere glaberrima, quum senuerunt tamen scabra, basi cordata, fere usque ad medium limbum in lobos 5 subæquales sub- obtusosque divisa. Flores utriusque sexus in ramis secundariis passim axillares, in ramulis extremis bracteosis uberiores, 5-6-meri; corolla candida, 8 millim. circiter diametro metiente, petalis lanceolatis. Stamina et ovarium ut in præcedente. Fructus pariter apice in acumen rigidulum productus, intus bilocellatus, demum deopereulatus locellos duos hian- tes ostendens. Semina subcompressa, corrugata, nigra, crassitudine seminis cannabini. 3. ECHINOPEPON HORRIDUS. E. undique hirsutus ; ramis obtuse angulatis ; foliis cordiformi- quinquelobatis subreniformibusque, lobis nunc brevibus obtusissi- mis, nunc productis et subaculis ; cirrhis bifidis trifidisque ; flori- bus utriusque seœus coawillaribus, masculis racemosis, femineis sohitariis ; fructibus majusculis, dense longeque echinatis. Hab. In üsdem locis quibus præcedentes. Semina pariter a clar. Bour- geau recepta plantas paucas tarde et incomplete florentes dederunt. Herba in Horto parisiensi vix 4-metralis, in climate natali absque dubio multo vegetior, modice ramosa, scandens, ramis petiolisque lursu- tissimis aut etiam hispidulis. Folia 10 centim. circiter longa et lata, sæpe minora aut paulo majora, utraque pagina pubescentia, quum senuerunt scabrella. Inflorescentiæ masculæ 5-15-floræ, petiolis subæquales, floribus singulis breviter pedicellatis, antheris omnino sigmoideis non agglutina - tis. Flores feminei masculis præcociores, breviter pedicellati; ovario lageniformi, sursum in acumen longum attenuato, dense echinulato; stigmate crasso, hemisphærico; corolla candidissima, fere centime- trum lata. Fructus in ramis extremis apprima copiosi, 3 centim. longi, digitum fere crassi, spinosissimi, seminibus intus quadruplici serie ordi- natis. Cetie espèce ayant été semée tardivement, et ayant en outre été fort maltraitée par les pluies froides de l'été, n’a ouvert que ses fleurs femelles. J'ai pu cependant examiner les étamines aans des boutons de fleurs mâles assez avancés. Les beaux et nom- 20 CH, NAUDIN, breux échantillons secs envoyés du Mexique par M. Bourgeau m'ont permis d'en compléter la dese cpuous el Ce QUI concerne le fruit. Avant de quitter les Cucurbitacées de cette section je ferai observer que leur stigmate, quoique presque globuleux, laisse cependant apercevoir, sur un de ses côtés, un très-léger sillon qui se dirige du centre vers la circonférence. Si ce sillon existe réellement, comme j'ai lieu de le croire, ce serait un indice à peu près sûr que l'ovaire est ici monocarpellé, conclusion à la- quelle m'avait d’ailleurs déjà conduit l'inspection d’ovaires très- jeunes du Cyclanthera pedata. Des coupes transversales très- minces de ces ovaires, prises longtemps avant l’époque de la floraison et examinées au microscope, n'y montrent bien cer- tainement qu'une seule cavité ovarienne et un seul placenta. Au surplus, puisqu'il existe des genres de Cucurbitacées où l'ovaire est réduit à deux ecarpelles {Rhynchocarpa, Wilbrandia, etc.), il n’y aurait pas trop lieu de s'étonner si, dans d'autres genres, la réduction du nombre des pièces élémentaires de cet organe ailut encore un peu plus loin. SICYOS. Flores monoici. Masculorum tubus calyeinus late campanu- latus, dentibus subulatis, corolla 5-loba ; stamina 3 (duo com- pleta bilocularia, tertium dimidiatum RL filamentis in columnam centralem sæpius coalitis; antheris liberis, sig- moideis aut varie flexuosis interdumque vix incurvis; polline sphærico, multiporoso? lævi aut subtiliter muriculato. Femineo- rum calyx et corolla ut in prioribus; ovarium ovoideum, sub flore coarctatum, 1-loculare; ovulo unico ex apice loculi pen- dulo, stylo stigmatibus 2 vel 3 papillosis terminato. Bacca monosperma, exsuGca, indehiscens, semini arcte applicita. Herbæ annuæ, in America copiose crescentes insularum que nonnullarum Oceaniæ et Novæ Hollandiæ incolæ, scan- dentes, micranthæ et microcarpæ; cotyledonibus epigæis; crrhis multifidis ; floribus utriusque sexus coaæillaribus, masculis ra- CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM, 21 cemosis, femineis capitato-umbellatis (nonne eliam solituriis?) spurco-albis aut luteolo-virentibus ; baccis setoso-echinulalis aut tuberculato-asperatis, raro omnino lœvibus, quum exaruerunt lere seminiformibus. Jai déjà indiqué dans un mémoire précédent (4° série, t. XI, p. 161) les Sicyos angulatus et Badaroa, plantes trop vulgaires dans les jardins botaniques et trop connues pour qu'il valüt la peine de les décrire, mais qui, à elles seules, m'ont paru insuffisantes pour fonder la caractéristique d’un genre que je savais largement répandu sur le globe, très-riche en espèces et, selon toute vraisemblance, pas entièrement homogène. Ayant examiné avec attention quelques espèces nouvelles du Mexique qui ont fleuri et fructifié cette année au Muséum, j'ai cru pou- voir faire cette diagnose générique, que Je ne donne cependant qu'à titre provisoire. {y recifie une erreur qui m'est échappée dans le mémoire cité plus haut, erreur qui consistait à consi- dérer les deux stigmates du $. Badaroa comme de simples lobes d’un stigmate unique, ce qui m'induisait à conclure à un ovaire monocarpellé. Jai acquis aujourd’hui la certitude que ces pré- tendus lobes sont bien des stigmates entiers, qui, suivant leur nombre, indiquent des ovaires composés de deux ou de trois carpelles, quoiqu'ils soient uniloculaires et uniovulés. Je ne puis pas encore décider si des inflorescences femelles mulhflores doivent être considérées iei comme un caractère gé- nérique. Ce qui m'amêne à exprimer ce doute c’est l'existence d'une Cucurbitacée mexicaine que j'ai eue vivante au Muséum, et qui, avec des fleurs femelles solitaires aux aisselles des feuilles, des Imflorescences mâles en grappes et, en un mot, tout l'aspect des Cyclanthera où des Echinopepon, avait cependant un style à trois stigmates et un seul ovule suspendu dans son ovaire, comme un vrai Sicyos. C'était manifestement le passage des Sicyos et des Sechium à ces deux derniers genres; mais la plante n'ayant pas donné de boutons de fleurs mâles assez avancés pour qu'on pût en examiner le contenu avec quelque certitude, et n’en ayant pas non plus vu le fruit, je me suis con- 29 CH, NAUDIN. tenté de la elasser dans l'herbier sous le nom générique provi- soire de Pseudosechium. Aux deux espèces déjà signalées J'ajouterai les suivantes : 3. SICYOS BOURGÆANUS. S.annuus, monoicus, alle scandens ; flagellis obtuse angulatis ; foliis majusculis, 5-7-lobatis, vix puberulis; cirrhis sœpius h-fidis ; inflorescentia mascula 10-50-flora, folium longitudine subæquante; feminea 5-10-flora, démidium petiolum vix attin- gente; ovario hispidulo; fruclibus ovoideis, echinulalis. Hab. In Imperio mexicano vulgaris ; Had Specimina viva abunde fructifera fuerunt in Horto parisiensi. Planta maxima, alte scandens, 10-12-metralis, ramosissima, dense fron- dosa, apud nos tarde florifera. Flagella pennam anserinam crassitudine æquantia aut paulo superantia, obtuse 5-gona, vix non glabra. Folia plantæ adultæ 12-15 centim. longa et lata, junioris angulato-lobata aut etiam fere reniformia ; in adulta lobi foliorum productiores et acutiores, intermedio quasi in acumen producto. Pedunculi masculi 10-15 centim. et ultra longi, folio tamen ut plurimum breviores. Flores utriusque sexus spurco-albi, masculorum antheris luteolis sigmoideis, femineo- rum stylo stigmata 3 gerente. Fructus capitato-congesti, pedunculo com- muni 4-5 centim. longo suffulti, ovoidei, nonnihil compressi, setis echi- nuliformibus horridi. | Duæ suppetunt varietates, una scilicet foliis profundius lobatis, altera rotundioribus et paulo majoribus, ab alterutra vix discernendæ. . SICYOS PARVIFOLIUS. S. parvifolius As. Gr., in Herb. Mus. Par. e S. annuus, monoicus, undique hirtellus; foliis cordiformi-3-5- lobatis; cirrhis sœæpius h-fidis; inflorescentia mascula racemosa, 45-20-flora, petiolum viæ aut non œquante; feminea pariter brevi, umbellato-capitata; fruchibus ovorideis, tuberculato-his- pidis, capitato-glomeratis. Hab. in Imperio mexicano vulgaris; Bourgeau. Specimina plura flori- fera fructiferaque habuimus in Horto parisiensi. Planta apud nos 7-10-metralis, dense ramosa, quum sub sole apricat CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 23 odorem fœtidum spargens etiamsi manibus non contrectetur, undique hirsuta, tarde sed abunde florifera. Flagella obscure sulcata aut subtere- tia. Folia basi profunde cordata, primo subreniformia, demum cordi- formi-angulata, 8-10 cent. longa et lata sæpeque minora, in jJuventute mollia et velutina, quum senuerunt scabrella. Fores utriusque sexus albi; in masculis stamina 3, antheris arcuatis non sigmoideis, polline luteo ; in femineis stigmata sæpius 2 opposita. [nflorescentia mascula racemus est contractus, densiflorus, petiolum dimidium longitudine raro superans ; feminea (masculæ coaxillaris) 5-15-flora, umbellam sistit petiolo pari- ter multo breviorem. Fructus immaturi ovoidei aut subglobosi, pisum crassitudine æquantes, capitato-congesti, hispidi, quum maturescunt sensim imminuti et magis ovoidei. Species a permultis congeneribus facile discernenda inflorescentiis breviter pedicellatis. 5. SICYOS DEPAUPERATUS. S, annuus, minutiflorus ; caule ramisque subterelibus ; cirrhis inœqualiter 2-fidis ; foliis caulinis longe peholahs, palmato-5-an- gulatis aut 5-lobatis, utraque pagina scabrellis; floralibus mino- _ribus, brevius ac brevius peholatis demumque sessilhibus et ramum ampleæantibus ; racemis masculis folio brevioribus ; umbellulis femineis subpaucifloris; corollis in ulroque sexu spurco-albis ; fructibus ovoideis, subinermibus. Hab. In ruderatis prope Santa Fé Imperii mexicani; Bourgeau. Des- criptio ex speciminibus vivis et exsiccatis. Planta apud nos 5-6-metralis, gracilis, modice ramosa, in summis ramis tantum florifera. Folia caulis ramorumque primariorum longe petiolata, limbo 10-15 centim. longo et lato, lobis subacutis, sinubus subnullis, petiolo fere sesquidecimetrali ; ramorum floriferorum gradatim decrescentia, petiolo simul magis ac magis abbreviato, demum nullo. Racemi masculi primo pauciflori, mox 20-30-flori; umbellulæ femineæ 5-10-floræ, inflorescentia mascula breviores, corollis in utroque sexu vix 2 millim. diametro metientibus. Ovarium fere glaberrimum, stylo stig- matibus duobus, rarius tribus terminatum. Fructus ovoideus, glaber, tuberculis paucis circa basim exasperatus aut omnino lævis, crassitudine seminis Cannabini. SECHIOPSIS. Sicyi species Moc. et Sessé, Flor. mex. ined. — Seringe, in DC. Podr., TI, 309. Flores monoici, masculi 5-meri, feminei 3-meri, Masculo- 24 CH. NAUDIN. rum calyx depresso-disciformis, basi sinuato-10-lobus, dentibus subulatis vix perspicuis; corolla subcampanulata, profande 5-loba. Stamina $ (duo completa bilocularia, tertium dimnidia- tum uniloculare), filamentis coaltis, antheris eapitato-approxt- matis, loculis flexuoso-sigmoideis, polline globoso subtilissime 10-sulcato. Femineorum calyx 3-gonus; corolla profunde 3-loba (aut 3-petala); ovarium triquetrum, 1-loculare, 1-ovu- latum, ovulo ex apice locult appenso, stylo in stigmata 3 diviso. Fructus carnosulus?, 4-alatus?, monospermus. Planta mexicana, caule ramisque (ut videtur suffrutescentibus) perennans, alte scandens, ramosissima, dense frondosa, vix non glaberrima; flagellis teretibus ; cirrhis inæqualiler 4-5-fidis ; foliis cordiformi-5-lobatis, sinubus inter lobos rotundatis, lobo intermedio cœæteris productiore et fere acuminalo; floribus mas- culis in racemum verticillatim inierruptum petioloque longiorem confertis, subnutantibus ; femineis umbellulatis, quarm masculh lardioribus, is tamen coaxillaribus; corollis utriusque seæus viridibus aut virenti-flavescentibus. 1. SECHIOPSIS TRIQUETRA. Sicyos triqueter Moc. et Sessé, 1. c. — Seringe, I. Plura stirpis hujus imsignis specimina e seininibus a clar. Bour- geau collectis viva obtinuimus, quæ propter æstatem iniquam tardius florifera fructus nullos maturuerunt. Plantam plus quam 10-metralem, fronde copiosissima et intense viridi luxuriantem, caule pollicem huma- num crassitudine excedente manifeste perennantem et eximie scanden - tem ostenderunt. Adultæ folia 12-18 centim. longa, paulo minus lata, vix non glabra videntur, quamvis quum senuerunt tactum scabritie quadam sollicitent. Inflorescentiæ masculæ femineis præcociores, ex axillis folio- rum erectæ, rigidulæ, 29-50-floræ, folium totum longitudine subæquan- tes, racemum sistunt quasi verticillatim interruptum; floribus singulis pedicello gracili suspensis ; corolla late campanuliformi, diametro 7-8- millimetrali, viridi, antheris pollineque luteolis. Umbellulæ femineæ pedicello proprio (nonnunquam e basi inflorescentiæ masculæ orto) suf- fultæ, 5-10-floræ, petiolo multo breviores. Florum femineorum ovaria triquetra et fere 3-alata, unde fructus pariter subtrialatos suspicamur. La remarquable Cucurbitacée que je viens de décrire tient: manifestement le milieu entre les Sechium et les Sicyos, toute- CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. 25 fois elle me paraît un peu plus rapprochée du premier de ces genres que du second. Son caractère générique principal se tire de l’hétéromérisme de ses fleurs, les mâles étant à 5 pétales et les femelles à à, quoiqu'on trouve aussi quelques-unes de ces dernières à 4 et plus rarement à 5 pétales, et alors l'ovaire pré- sente 4 ou 5 angles. Malgré la brièveté de la phrase descriptive du Sicyos triqueler dans le Prodrome, je n'hésite pas à identifier ma plante avec lui ; je serais cependant plus sûr de cette déter- mination si j'avais pu jeter les yeux sur les figures. aujourd'hui dispersées, de la Flore inédite de Moerño et Sessé. | MICROSECHIUM. Flores monoici. Masculi 4-mert; calyce late campanulato, dentibus subulatis, corollæ petalis triangulari-ovatis. Stamina duo opposita, completa (id est antheris bilocularibus); filamentis in Columnam centralem apice breviter bifurcam coalitis; an- theris laxe flexuoso-sigmoideis, loculis inter se diseretis (1deir- coque antheras quatuor dimidiatas fingentibus); polline globoso, vix perspicue muriculato. Feminei sæpius 3-meri ; ovario ovoideo, 1-loculari, ovulo unico ex apice loculi appenso ; stylo in stigmata 3, spathulata, diviso. Fructus carnosus, mdehiseens, monospermus. Planta mexicana, radice crassa tuberiformi perennans, multi- caulis, alle scandens, micrantha, lota puberula; foliis cordiformi- 5-0-lobahis, arquie denhiculalis; cirrhis ut plurimum 3-fidis : racemis masculis 10-50-foris, axillaribus, longe pedunculatis foliumque lotum œquantibus aut superantibus; umbellulis femi- neis (inflorescentiæ masculæ coaxillaribus) ut plurimum 3-floris, rarvus 2-5-floris, petiolo sæpe brevioribus ; floribus ulriusque seæus spurco-albrs aut virentibus ; fructibus monospermis, nonnihil obovoideis, paucispinulosis, crassitudine fere et forma avellanæ, eliam in matluritale virentibus, caducis, carne firma paulatim arescente nec in pulpam deliquescente. 4° MICROSECHIUM RUDERALE. Hab. In saxosis montium Chiquihuite et Montezuman aliisque locis 26 CH, NAUDIN. prope Mexico, Bourgeau, cat. n° 783. Specimen vivum in Horto bota- nico burdigalensi, curante clar. Durieu, miram fructuum copiam matu- ruit, anno 1866. Species insignis inter Sechium, Sechopsim et Sicyum ambigens, nulli apte coadunanda. Sechio contermina est fructu carnoso, monospermo, indehiscente ; Sechiopsi numero partium in floribus femineis ternario ; Sicyo inflorescentiis, fronde et habitu. Ipsa nitet propriis characteribus, scilicet radice tuberosa, floribus masculis 4-meris, staminibus duobus antherarumque compage peculiari. His omnibus perpensis non potui genus noyum, etsi monotypum et ad alia genera hac et illac confluens, in medium non afferre. Utrum erraverim necne videant botanici. Caules, monente Duriæo, 8-metrales et amplius, ali scandentes, alii humifusi, omnes floriferi et fructiferi. Folia adulta ferme decimetrum longa et lata, ut in plerisque Cucurbitaceis varie lobata, lobis obtusis aut acuminatis, sinubus sæpius rotundatis. Flores masculi diametro circiter 8 millimetrali; tubo calycis hemisphærico, membranaceo, petalis late triangularibus, loculis utriusque antheræ in flore aperto adeo discretis ut quadruplicem antheram primo obtutu quis credat. Flores feminei (in apicibus ramulorum tantummodo reperiendi) masculis paulo minores, summo pedicello communi sessiles, calyce tridentato corollaque triloba aut 3-petala insignes (siccine semper?). Pedunculi fructiferi petiolorum circiter longitudine aut paulo longiores. Pepones obscure angulati, spi- nulis paucis erectis armati, carne cucumerina fortassis eduli. TABLEAU SYNOPTIQUE DES CUCURBITACÉES DÉCRITES DANS LA 4° ET LA 5° SÉRIE DE CE RECUEIL, DE L'ANNÉE 1856 A L'ANNÉE 1866 INCLUSIVEMENT. Provisoirement , toutes les Cucurbitacées que j'ai décrites dans les Annales des sciences naturelles se répartiront en quatre groupes ou tribus, dont les caractères seront tirés de l'insertion et de la direction des ovules relativement à l'axe de l'ovaire et du nombre des placentas. Ces tribus seront les Cucumérinées, les Cyclanthérées ou Élatériées, les Sicyoïdées et les Abobrées. PREMIÈRE TRIBU. — CUCUMÉRINÉES. Ovaire à trois placentas, plus rarement à deux; ovules et graines diri- 4. [Re CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSÉUM. gés transversalement relativement à l'axe organique de l'ovaire et du fruit. Autant de stigmates et de carpelles qu'il y a de placentas. Sicana, 4° série, t, XVIIT, 180. S. . CALyYcoPaysuM, 4° série, t. X VIIT, 184. C. . Peponopsis, 4° série, t. XI, 88. P. . CucurBirA, 4° série, t. VE, 5; t. XIT, 84; t. XVI,163. —5°série, t. VI, 8. C. C2 Ge Cri RC odorifera, ibid., 181. peduneulatum, ibid., 185. adhærens, ibid., 89. maxima, ° série, t. VI, 17. —— nucrocarpa, h° série, XVI, 163. — corticosa, ibid., 164. . Pepo, 4° série, VE, 29. . moschata, ibid., 47, ett. XII, 84. . melanosperma, 4° série, t. VI, 53. — 5° série, t. V, 7. . perennis, 4° série, t. VE, p. 54. . digitata, ibid., 56 ; t. XII, 7, t. XVIII, 178. . radicans, 5° série, t. VI, 8. . BENINCaSA, ° série, t. XIT, 87. E. cerifera, ibid., 87. Cucumeropsis, 5° série, t. V, 30. C. . CiTRULLUS, 4° série, t. XII, 99. C. C. . PEponra, 5° série, t. V, 29. Mannii, ibid., 30. Colocynthis, 1bid., 99. vulgaris, ibid., 100. P, Mac Kennii, ibid., 29. S OS _OO0 oise © — b°série, t. V, 11. . metuliferus, 4° série, t. XI, 10. . Anguria, ibid., 11, et t. XIT, 108. . Prophetarum, ibid., 14. . Figarei, ibid., 16. . africanus, 1bid., 20. . Myriocarpus, 1bid., 22. . dissectifolius, ibid., 23. . heptadactylus, ibid., 24. . dipsaceus, ibid., 25. . sativus, ibid., 27. . Hardwickii, ibid., 30. 27 . Cucumis, 4° série, t. XI, 9; t. XIE, 108; t. XVI, 155; t. XVII, 174. 8 | CH. NAUDIN. | C. trigonus, ibid., 30, et t. XIT, 109. C. Melo, ibid, 34 et t. XII, 31. — cantalupensis, ibid., 47. — reliculatus, ibid., 50. — saccharinus, ibid., 54. — inodorus, ibid., 56. — flexuosus, ibid , 63, ett. XII, 110 — acidulus, ibid., 66. — Chito, ibid., 67. — Dudaim,ibid., 69. — _ erythræus, ibid., 73, et t. XIT, 110. — agrestis, ibid., 73, ett. XIE, 410. — maculatus, t. XET, 110. — Cossonianus, L° série, XVE, 155. — texanus, ibid., XVE, 160. — _ cantonianus, ibid., XVI, 161. — saharunporensis, 5° série, t. V, 11. — anatolieus, ibid., V, 12. — œthopicus, ibid., V, 12. C. Pancherianus, 4° série, XIE, 112. — XVI, 161. C. meloni-trigonus, L° série, XVITE, 171. C. myriocarpo-Figarei, ibid., 176. 10. CepnaLanDrA (Coccinia), k° série, t. XIE, 114. — 5° série, t. V, 14. C. indica, 4° série, XIE, 114. — 5° série, V, 16. C. Schimperi, ibid., 116. — 5° série, V, 16. C. quinqueloba, 5° série, V, 16. C. Mac Kennii, ibid., 17. C. diversifolia, ibid., 18. C. Schimpero-indica, &° série, XVTIT, 165. 11. Momonpica, 4° série, t. XF, 129. — 5° série, t. V. 20. M. Charantia, 1° série, XII, 134. M. Balsamina, ibid., 132. M. mixta, ibid , 132. M. dioica, ibid., 133. M. Morkorra, ibid., 134. M. cymbalaria, ibid., 134. M. involucrata, ibid., 134. M. cordifolia, 5° série, V, 22, M. Schimperiana, ibid., 23. _ M. pterocarpa, ibid., 24. 42, Sicypium, 4° série, t. XII, 443; t. XVI, 166. S. Lindheimeri, XII, 144. 16. 19. 20, 22. CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU S. S. tripartitum, XVI, 166. tenellum, 1bid., 467. . PrasorEPon, 5° série, V,t. 26. P: Duriæi, ibid., 27. MeLancium, 4° série, t. XVI, 175. M. . MeLotHria, 4° série, t. XIT, 148; t. XVI, 168; € XVII, 195. — campestre, 1bid., 175. 5° série, t. V, 35: t. VI. . pendula, 4° série, XIT, 148. . indica, ibid , XVI, 169. . pentaphylla, 1bid., XVIIT, 196. . Regeli, 5° série, V, 35. , Cucumerina, ibid., VE, 10. M. scabra, ibid., VF, 10. MUSEUM. 29 TaLADIANTHA, 4° série, t. XIT, 150, et t, XVE, 185.—5°serie, t, VE, 11. T. . Lurra, 4° série, t. XI, 118 ; t. XVI, 165; t. XVIIT, 460. . Cylindrica, XIF, 119. re EH EE © + tn Et Et em Es dubia, ibid. — minima, XVI, 165. . acutangula, 1bid., 122, . amara, XII, 123. . graveolens, ibid., 124. . purgans, ibid., 125. . acutangulo-cylindrica, XVI, 160. amaro-cylindrica, ibid., 167. . Beyonia, 4° série, t. XIF, 137; t. XVI, 171 ; 6. XVII, 54. . dioica, XII, 137. . cretica, ibid., 138. . alba, ibid., 1439. . verrucosa, XVI, 171. Mokia, A°série, t. XIT, 141. M. scabrella, 1bid., 142. PILOGYNE, 5° série, t. V, 36. PF lucida, 1bid., 36. LÉ C. C. SUAVIS, 1Did., 37. . CTENOPSIs, 5° série, t. VE, 12. Garcini, ibid., 12. cerasiformis, ibid,, 43. RayncHocarpa, 4° série, t. XIE, 146; t. XVI, 176; t. XVIIT, 197.— R. 5° série, t. V, 13. fœtida, 4° série, XIE, 146, et XVE, 176. 30 CH. NAUDIN. . rostrata, ibid., XVI, 177. . epigæa, ibid., 178. . corallina, 1hid., 180. . dissecta, ibid., 179. . Schimperi, 1bid. 180. hirtella, ibid., 181. . pedunculosa, ibid., 182. . Courboni, XVIIT, 197 ; 5° série, V, 13. . Welwitschii, XVIII, 198. 23. WiLBRANDIA, L° série, t. XVI, 184. W. drastica, 1bid., 484. 24. Bryonopsis, 4° série, t. XVIII, 193 ; t. XII, 139 (sub Bryoniu). B. (Pryonia) laciniosa, XII, 139. B. (Bryonia) Pancheri, ibid., 440, . B. erythrocarpa, XVIII, 194. 25. PLATYGONIA, 5° série, t. V, 33. P. Kæmpferi, ibid., 33. 26. Eopgpon, 5° série, t. V, 31. E. vitifolius, ibid., 32. 27. TRICHOSANTHES, L° série, t. XVIII, 188. T. anguina, 1bid., 190. T. cucumerins, ibid., 191. T. anguino-cucumerina. 5° série, V, 41. 28. SCOTANTHUS, 4° série, t. XVI, 172. — 5° série, t. V, 25. S. tubiflorus, A° série, XVI, 173. S. Porteanus, 5° série, V, 25. S. Weberi, ibid., 26. 29. LacenariA, 4° série, t. XIT, 91 ; t. XVIII, 186. — 5° série, t. V, 8. L. vulgaris, 4° série, XII, 91. L. sphærica, 5° série, V, 9. — L° série, X VIIT, 187 (sub. ZL. mas- carena). L. angolensis, 5° série, V, 10. non RD ES DEUXIÈME TRIBU. — CYCLANTHÉRÉES OU ÉLATÉRIÉES. Ovaire à un seul placenta dirigé longitudinalement ; plusieurs ovules en deux séries parallèles, insérés transversalement relativement à l’axe de l'ovaire, ou dans une direction légèrement oblique. Stigmate hémi- sphérique, sans lobes distincts. Ovaire probablement formé d’un seul carpelle. 30. CYCLANTHERA, 4° série, t. XII, 156. — 5° série, t. VI, 15. C. pedata, 4° série, 1bid., 159. CUCURBITACÉES NOUVELLES CULTIVÉES AU MUSEUM. 91 C. explodens, ibid., 160. C. dissecta, 5° série, t. VI, 16. C. Bourgæana, ibid., VI, 17. 31. EcniNopepon, 5° série, t. V[, 17, E. milleflorus, ibid., 18. E. quinquelobatus, 1bid., 18. E. horridus, 1bid., 19. TROISIÈME TRIBU. — ABOBRÉES. Ovaire ordinairement à trois carpelles, et portant un pareil nombre de stigmates. Ovules en nombre déterminé, insérés à la base des placen- tas et dressés parallèlement à l'axe organique de l'ovaire. Graines pareil- lement dressées dans le fruit. 32. TriANosPERMA, 4° série, t. XVI, 1489 ; t. XVIIT, 201. —5°série, t. VI, 14, . ficitolium, XVI, 190. . Tibiriçæ, ibid., 191, . Tayuya, ibid., 192, . Crugeriü, ibid., 193. . heterophyllum, ibid., 194. . simplicifolium, ibid., 195. . Belangerii, XVIII, 201. . Hilarianum, 5° série, t. VI, 14. 33. ABOBRA, 4° série, t. XVI, 196. À. viridiflora, ibid., 197. 34. PErRtaNTHOPODUS, 4° série, t. XVIIT, 202. P. Weddellii, ibid., 203. 85. Ecuinocysris, 4° série, t. XII, 153; t. XVI, 187. E. fabacea, XIT, 154. E. lobata, XVI, 187. me el ei 9 eg 3 +3 3 QUATRIÈME TRIBU. — SICYOIDÉES. Ovaire à deux ou à trois carpelles et portant un pareil nombre de stigmates. Ovules en nombre déterminé, le plus souvent réduits à un seul dans un même ovaire, et suspendus au haut de la cavité de ce dernier par conséquent renversés, mais parallèles à l’axe de l'ovaire. 36. SECHIUM, 4° série, t. XVIII, 204. S. edule, ibid., 205. 37. SECHIOPSI5, 5° série, t. VI, 23. S. triquetra, ibid., 24. 38. MicrosEcHIUM, 5° série, t. VI, 25. M. ruderale, ibid., 25. 2 CH, NAUDIN. 39, Sicvos, 4° série, t. XIE, 461. — 5° série, 1, VI, 20. S. angulatus, 4° série, XIT, 162. S. Badaroa, iEid., 152. S. parvifolius, 5° série, VI, 22. S. Bourgæanus, 1bid., 22. S. depauperatus, 1bid., 25. h0. SicyosPERMA, 4° série, t. XIT, 162. S. gracile, ibid., 163. h1. ACTINOSTEMMA, 5° série, t. V, 39. À. tenerum, 1bid., 39. ©S Les genres dont je ne me suis pas encore occupé sont les suivants, parmi lesquels plusieurs, créés récemment par M. Jos. Hooker et encore inédits, me sont totalement inconnus. Je me borne à les ranger dans l’ordre alphabétique, bien que je sache qu'un certain nombre de ces genres doivent rentrer dans le groupe des Cucumérinées. Acanthosicyos. Gymnopetalum. Adenopus. Gynostemma. Æchmandra. Hanburia. Alsomitra. Henicosperma. Anguria. Herpetospermum. Apodanthera. Hodgsonia. Ceratiocarpus. Pestalozzia. Ceratosanthes. Pisosperma. Cionosicys. Rhytidostylis . Cucurbitella. Schizopepon. Dermatanthus. Schizostigma. Dimorphochlamys. Sphænantha. Ecbalium. Staphylosyce. Elaterium. Telfairia. Enkyleia. Trochomeria. Fevillea. Zanonia. Gerrardanthus. Zehneria. Gomphogyne. RECHERCHES SUR LA CIRCULATION ET SUR LE ROLE DU LATEX DANS LE FICUS ELASTICA, Par M. Ernest FAIVRE, Professeur à la Faculté des sciences de Lyon. a Malgré les recherches multipliées dont elle a été l'objet, la circulation des sucs nourriciers chez les végétaux est très-impar- faitement connue. Nous en sommes encore à répéter ce que disait Gaudichaud, à savoir que, «si l’on demandait à la grande majo- » rité des phytotomistes ce que c'est que la séve, la séve ascen- » dante, la séve descendante, la circulation, on répondrait fran- » chement que le mot séve n'a pas de définition scientifique » possible en ce moment; que la séve ascendante est brute » et la séve descendante élaborée. On indiquerait vaguement ) la marche descendante de l'une, plus vaguement encore la » marche descendante de l’autre (1). » Ce que nous pouvons dire de la circulation en général s’appli- que particulièrement à ces séves colorées qu’on est convenu d’ap- peler latex, et qui semblent enfermées dans un réseau vascu- laure bien distinct. Tandis que certains botanistes, tels que Schultz (2), Adrien de Jussieu (3), MM. Decaisne et Naudin (4), considèrent le latex comme une séve descendante et élaborée, quelques autres, à l'exemple de M. Trécul (5), croient y découvrir un résidu de l'assimilation végétale destiné à être élaboré de nouveau, et com- parent le latex au sang veineux et à la lymphe. LA NA NA CA (1) Gaudichaud, Recherches expérimentales sur la sève ascendunte et sur la séve descendante (Académie des sciences, 1853, p. 6). (2) Schultz, Mémoires de l'Institut, année 1841, p. 83. (3) A. de Jussieu, Éléments de botanique, p. 167, (4) Decaisne et Naudin, Manuel de l'amateur de jardins, t. I, p. 152. (5) Trécul, Bulletin de lu Société de botanique, 1858, V, p. 347. 9° série. Bor. T, VI. (Cahier n° 1.) 3 C2 (DIA Richard (1), Treviranus, M. H. von Molh (2), ne partagent point cette opinion ; ils voient dans le latex un fluide excrémen- titiel, analogue à la bile ou à la salive, concourant à la nutri- tion du végétal d’une manière indirecte. Pour M. de Tristan (3), le latex joue un autre rôle : il se com- porte comme un mélange de suc nutritif et de suc propre, ce dernier liquide étant le caput mortuum de la portion du suc nu- tritif dont la végétation a extrait le cambium. Divisés sur la question des usages et du rôle du latex, les au- teurs ne le sont pas moins sur le mode de circulation de ces sucs colorés, sur leur constitution, sur les trajets qu'ils suivent, et particulièrement sur les parties dans lesquelles ils peuvent être renfermés. | Tandis que Schultz admet que le latex circule dans le réseau vasculaire spécial des laticifères, Unger assure que le suc coloré est simplement enfermé dans les interstices du tissu végétal. Schacht professe qu'aux fibres du liber est dévolu le rôle spécial de canaux conducteurs des sucs colorés. Hartig et H. Mohl ajoutent à cette opinion, et prétendent que le latex est plus spé- cialement contenu dans les cellules hbériennes, qu'ils nomment clathroïdes ou grillagées (4). Qu'il suffise, pour le but que nous nous proposons, de signa- ler ces divergences d'opinions entre les botanistes les plus au- torisés ; elles indiquent assez la nécessité de recourir à des expé- riences sagement conduites et régulièrement contrôlées. Depuis trois années, nous avons entrepris quelques expé- riences ; nous ferons successivement connaître dans ce travail le détail des faits observés et les conclusions qu'on en peut également urer. 3/1 HE, FAIVRE, (1) Richard (Ach.), Éléments de botanique. Paris, 1856, p. 253, (2) Hugo von Molh, Ann. des sc. nat., janvier 1844. (3) De Tristan, Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XVII, p. 1299. (4) Conf. M. Duchartre, Comptes rendus de l’Académie des sciences, 29 dé- cembre 1862, p. 1002. CIRCULATION ET RÔLE DU LATEX DANS LE FICUS ELASTICA,. 99 RECHERCHES SUR LE LATEX. Nos expériences ont été faites sur le Ficus elastica; elles ont consisté : Dans des incisions annulaires pratiquées sur les tiges, les racines et les feuilles ; Dans l'ablation totale ou partielle des feuilles et des bour- SeONS ; Dans des sections complètes à diverses hauteurs ; Dans des modifications apportées au mode de culture et de multiplication. À, — Incision annulaire pratiquée sur les tiges. ExPÉRIENCE 1. — Le 25 mars 1862, une décortication annu- lire est pratiquée sur une jeune bouture; la tige, d'environ 0",10 de haut, mesure le même diamètre au-dessus et au-des- sous du bourrelet; elle porte huit feuilles au-dessus de l’inci- sion, elle en est dépourvue au-dessous. Le premier effet de l’incision est de déterminer une végétation plus vigoureuse des parties supérieures à la plaie; cet effet se traduit par la formation de nouvelles feuilles, l'accroissement de la tige en diamètre, l'accumulation du latex dans son intérieur. Le 12 mai, nous comptons onze feuilles au lieu de huit; le 22 septembre, seize feuilles, et le 23 octobre, dix-huit. De la lèvre supérieure de l’incision se développe bientôt un bourrelet marqué ; de ce bourrelet naissent des tissus de nou- velle formation qui comblent le vide laissé par la décortication, et tendent à en cicatriser la plaie. Nous prenons soin de maintenir lincision dans son état primitif en enlevant les tissus réparateurs, dont le développement est rapide, et s’accomplit régulièrement de haut en bas par toute la surface circulaire. En coupant le tissu cicairiciel, nous remarquons qu’il ne s’en écoule pas une seule goutte de suc blanc, mais qu'il est gorgé d’un suc aqueux inco- lore, que nous avons toujours rencontré dans les tissus en voie 30 E. FAIVRE, de formation récente, soit chez les jeunes bourgeons, soit dans les racines que l’on fait développer artificiellement au moyen de boutures, etc. Depuis la première opération, là plante à été maintenue dans une serre à multiplication, et elle v à été l’objet de soins atten- tifs; elle a continué à se développer, et seize mois après le début de l'expérience, le 25 juillet 1863, nous avons pu constater les résultats suivants : La parüe de la tige supérieure à l’incision a continué de dé- velopper avec vigueur ses bourgeons terminaux et ses organes foliacés ; elle s'est également accrue en diamètre, et d'autant plus qu'il s’agit d’une région plus rapprochée de l'incision. À ce niveau se présente un volumineux bourrelet, qui mesure 0,09 de circonférence ; la circonférence moyenne au-dessus du bour- relet est de 0",06. Au-dessous de l'incision, le bois a cessé de s'accroître, et la circonférence est seulement de 0",03. Il en résulte pour la plante un port tres-caractéristique. En même temps que la tige a cessé de s’accroître au-dessous de l’incision, la racine a cessé de végéter ; des radicules et des spongioles nouvelles ne se sont pas formées ; les anciennes n’ont pas pris de développement, mais elles restent cependant bien vivantes ; enfin il est remarquable que l’épiderme de la portion de l'axe, arrêté dans son développement, a perdu sa couleur verdâtre, sa mollesse, s'est desséché et comme lignifié. En étudiant, à l’aide de piqûres, la distribution du latex dans la plante, nous en constatons la présence dans toutes les parties ; très-abondant au niveau du bourgeon terminal, sa quantité di- minue au-dessous de l’incision et dans l’intérieur des racines, dont les filaments ténus n’en contiennent que des traces appré- cables. Avec le temps, les phénomènes précédents continuent à s’ac- centuer de plus en plus, et en ce moment, deux années après la première opération, nous conservons encore bien vivante la plante dont la portion inférieure, tige et racine, est arrêtée dans son développement, tandis qu'au-dessus de la lésion, la tige atteint une hauteur de 0",70, mesure 0*,05 de circonférence, CIRCULATION ET RÔLE DU LATEX DANS LE FICUS ELASTICA. 97 et donne attache à vingt-cmq feuilles vigoureuses, et a un bour- geon terminal de 0",06. Tels sont les résultats obtenus ; il nous reste à indiquer les conséquences auxquelles ils conduisent. | Ces conséquences sont : 1° la réalité d’un courant de latex descendant vers les racines ; 2° l'influence de ce courant sur la nutrition et l'accroissement, soit de la tige, soit de la racine ; dès lors la nécessité de considérer le latex comme le sue nourri- cier, comme la véritable séve élaborée ; 8° l'existence d’un double courant de latex : l’un périphérique, descendant entre le bois et l'écorce pour se porter aux racines; l'autre central, s’écoulant vers les racines par la moelle et l’étui médullaire : on ne saurait méconnaître ce double courant, lorsqu'on observe que l'incision des couches ligneuses périphériques et de l'écorce arrête la croissance de la tige et de la racine, sans que cependant ces parties cessent de vivre, d'accomplir leurs fonctions, et de ren- fermer du suc coloré. Sur la plante qui fait le sujet de notre expérience, nous voyons que les racines ne s'accroissent plus ; mais nous ne constatons pas qu'elles cessent de fonctionner. puisque la plante se maintient, ou qu'elles cessent de présenter du sue blanc dans leur intérieur, quoiqu'elles n’en élaborent pas ; qu'elles le conservent seulement pendant un temps limité, et ne le puissent plus recevoir directement des zones du bois et de l'écorce dont la continuité est Interrompue. On remarquera l'analogie de ces faits avec ceux que les observateurs nous ont fait connaître à la suite de nombreuses expériences sur la décortication des espèces dépourvues de sucs colorés (1). Les faits qui viennent d’être mentionnés trouvent une confir- mation et un complément dans l'expérience suivante, ExPÉRIENCE IT, — Le 15 mars 1863, on pratique sur un jeune pied de Ficus elastica deux incisions annulaires, qui en par- tagent la tige en trois tronçons: le tronçon inférieur est dépourvu (4) Conf. de Candolle, Physiologie végétale, t. I, p. 460, etc. 98 E. FAIVRE. de feuilles ; huit sont attachées au tronçon moyen, trois au tron- çon supérieur. Six mois après, au 15 septembre, la plante est dans l’état sui- vant : Le tronçon imférieur à cessé de se développer. Le tronçon moyen, compris entre les deux incisions, s’est accru en diamètre, a perdu deux de ses feuilles, tandis que les plus voisines de l'incision supérieure ont émis de vigoureux bour- geons, dont l'un s’est déjà développé en une branche latérale. Ce tronçon supérieur à continué à s’allonger en développant plusieurs feuilles. | Depuis l'époque dont nous parlons jusqu'au moment actuel, le développement de la plante s’est continué avec régularité : il nous offre aujourd'hui les résultats suivants : Le tronçon inférieur a cessé de se développer, el n’a produit ni feuilles ni bourgeons. Le troncon moyen a continué à s’accroitre en diamètre ; des bourgeons latéraux près des feuilles supérieures, l'un s’est allongé en une branche vigoureuse, sur laquelle nous avons pra- tiqué l’arcure, et qui ne porte pas moins de sept feuilles. Les racines se sont sensiblement altérées, et ont cessé de prendre de l'accroissement. Trois faits nous frappent dans cette observation, indépendam- ment des résultats de l’incision annulaire simple : Le premier est la végétation des bourgeons et des branches latérales dans le tronçon compris entre les deux incisions. On peut done à volonté, dans la pratique, au moyen d’une incision simple ou double, faire développer la. tige principale ou les branches latérales; nous nous bornons à signaler ce fait, qui trouvera son application à la taille des arbres. Le second fait est relatif à l'absence de bourrelet à la partie supérieure des deux incisions. Dans notre expérience, il ne s’en est point formé, bien que l'accroissement en diamètre ait conti- . nué à se produire. La présence de bourrelet a été considérée par les physiologistes comme la preuve la plus certaine d’un courant séveux descendant ; mais on n'a pas assez remarqué que cette CIRCULATION ET RÔLE PU LATEX DANS LE FICUS ELASTICA. 99 preuve est loin d'être absolue : dans quatre de nos expériences, il ne s’est formé qu'une seule fois. En recherchant à quelles conditions était liée sa formation ou son absence, nous avons reconnu qu'elle dépendait du nombre des feuilles et de la vigueur des parties supérieures ou inférieures au bourrelet. En effet, il ne s’est produit, m1 lorsque la portion de la tige supérieure à l’incision était dépourvue de feuilles, n1 lorsqu'elle en présen- tait seulement quelques-unes, ni dans le cas où des rameaux latéraux avaient pris naissance entre les deux incisions ; 1l a fallu pour le développer beaucoup de feuilles et peu de parties en voie de croissance : si bien qu'il est rigoureux de le considérer comme l'expression de la différence entre la totalité du suc élaboré et les proportions de ce même suc utilisées pour la végétation des parties inférieures à l'incision. On est ainsi conduit à produire, pour ainsi dire, des bourrelets à volonté, et c’est ce que nous ont déjà montré les expériences que nous nous proposons de continuer. | | Le troisième fait observé dans notre deuxième expérience est le développement des branches latérales, seulement à l’aisselle des feuilles supérieures du tronçon doublement incisé; les feuilles voisines de l’incision inférieure ne présentent rien de semblable, et comme elles élaborent, qu’au-dessous de l'inci- sion inférieure le développement est arrêté, il devient ra- tionnel de penser que ce suc formé dans leur intérieur est ascendant et se porte aux parties supérieures. Nous verrons plus loin comment les expériences entreprises d'après cette conjecture l'ont changé en certitude. Mentionnons enfin les effets de l’arcure opérée dans les pre- miers jours de cette année sur le rameau latéral le plus vigou- reux: l'arcure en à notablement ralenti la végétation, en même temps qu'elle à déterminé dans le haut de la tige principale une élongation marquée ; le bourgeon d’ailleurs ne s’est pas modifié. ExPÉRIENCE IL. — Le 8 octobre 1863, une bouture de Ficus elastica est préparée de la manière suivante : Toutes les feuilles sont enlevées, à l'exception des quatre les plus rapprochées du L0 E. FAIVRE, collet ; le bourgeon terminal est réservé ; une incision annulaire est pratiquée sur la tige dénudée, à peu près à égale distance entre le bourgeon terminal et les feuilles conservées. Au 15 novembre, le bourgeon terminal a développé deux feuilles, le sommet de la tige est gorgé de suc blanc, lequel diminue d’autant plus qu'on se rapproche de l'incision. Au niveau de celle-ci, absence de bourrelet. En piquant fortement la virole centrale, c’est-à-dire la moelle et l’étui médullaire, il s’en écoule du latex mêlé à du suc incolore. Au-dessous de l’incision annulaire, à peu de distance des feuilles, la tige est manifestement gonflée, remplie de sue lai- (eux. Elle à poussé, près de la lèvre mférieure de l'incision, trois bourgeons rudimentaires ; ces bourgeons s'allongent successive- ment, et, le 21 décembre, ils ont déjà pris un notable développe - ment ; le bourgeon terminal supérieur à également émis plu- sieurs feuilles nouvelles. Les choses étaient dans cet état, lorsqu'en examinantla plante, nous brisons accidentellement la virole ligneuse très-mince qui formait la jonction des deux portions de la tige, isolées par l’opé- ration : aussitôt le suc blanc s'écoule avec abondance de la por- tion médullaire du tronçon inférieur ; 1l ne nous est donc pas possible de douter que ce latex ne suive également cette voie pour communiquer d'une partie de la tige à l'autre. Nous essayons de consolider la fracture en adaptant, aussi bien que possible, les extrémités brisées ; malgré nos soins, nous ne tardons pas à re- connaîcre que l'extrémité supérieure dépérit, privée des sucs nourriciers qui lui venaient par en bas, et ne pouvaient monter que par le centre. Cette absence de suc se traduit par l’amin- cissement de la tige et l’étiolement des feuilles, devenues flasques, pendantes, et cessant de former du suc coloré. Cependant ce fragment séparé conserve encore un reste de suc blanc, et con- tinue, plus d'un mois après sa séparation, à vivre aux dépens de celui-ci. L'histoire du tronçon inférieur de la tige offre d'intéres- santes particularités. Nous y avons signalé, au moment de la rupture, l'apparition de bourgeons rudimentaires ; après la rup- CIRCULATION ET RÔLE DU LATEX DANS LE FICUS ELASTICA. AA ture, ils prennent un rapide développement, parce qu'ils pro- fitent alors d’un excès de séve. Mais cette séve est-elle élaborée directement par eux? Mettent-ils, au contraire, à profit le suc blanc formé par les quatre feuilles inférieures situées à quelque distance ? Pour résoudre cette question, nous avons pratiqué d’abord la ligature, puis l'ablation des quatre feuilles, et nous avons constaté les effets suivants : D'une part, les bourgeons ont continué à se développer ; d'autre part, leur développement à été manifestement hâtif et incomplet; en quelques jours, 1ls ont produit une feuille nouvelle ; mais celle-ci est petite, peu vigou- reuse, et semble décolorée; elle ne renferme, ainsi que le reste du bourgeon, qu'un sue laiteux peu abondant et faiblement coloré. En cet état, l’ablation d’un des bourgeons ne déter- mine pas même d'accélération notable dans la pousse du bour- geon voisin. Ajoutons qu'il se produit hâtivement, sur cette tige privée de feuilles, plusieurs yeux qui se gonflent avec rapidité. Désireux de savoir si ces nouveaux bourgeons, à peine appa- rents, pourraient végéter sur la tige dénudée en l'absence des autres, et par eux seuls, nous enlevons à l'extrémité de la tige le fragment sur lequel sont implantés les bourgeons les plus avan- cés ; consécutivement à cette opération, nous avons obtenu les résultats suivants : Les bourgeons restants continuent à se développer, et même à précipiter leur évolution ; en effet, avant d’avoir atteint une lon- gueur de 2 centimètres, ils s'ouvrent ét épanouissent plusieurs de leurs jeunes feuilles imparfaitement formées; les plus grandes des feuilles de ces bourgeons affaiblis atteignent à peine un cen- timètre. Rappelons que, dans les feuilles normales, la longueur, au moment de l'épanouissement, n’est pas moindre de 20 à 25 centimètres. Cette évolution hâtive de bourgeons rudimentaires est accom - pagnée d'un autre’ fait que nous avons très-bien constaté : après avoir enlevé une rondelle de la tige privée de feuilles, de manière à nous assurer qu’elle ne contient pas de suc blanc, nous piquons profondément cette tige, au voisinage du bourgeon, à la distance de quelques centimètres ; il ne s’en écoule aucune h2 E. FAIVRE. goutte de liquide laiteux ; mais aussitôt, au contraire, que nous portons, même superficiellement, l’épingle sur la base ou à la surface du bourgeon, nous déterminons l’écoulement d’une notable quantité d’un sue parfaitement laiteux. Un pareil résultat, constaté à plusieurs reprises, en nous mettant dans les conditions indiquées, ne saurait laisser de doutes sur la production du suc laiteux par le bourgeon, aux dépens d’un suc non coloré qu'il puise dans le sol par l’intermé- diaire de la tige. Outre les résultats qui précèdent, l'expérience qui vient d’être déerite, en la prenant dans son ensemble, conduit aux résultats Suivants : La production du bourrelet n’a pas eu lieu au-dessus de lin cision annulaire, la tige ne portant à son extrémité qu'un bour- geon terminal. Ce bourgeon, quoique séparé des feuilles par une meiston et une longue portion de tige, a continué à recevoir des sues et à se développer. La présence des feuilles inférieures a une influence incontestable sur l’évolution complète, régulière, des bourgeons, sur là nature et la quantité du suc blanc qu'ils renferment ; en effet, ces feuilles étant enlevées, l’évolution de ces bourgeons est précipitée, mcomplète et comme anormale; ils ne renferment plus, ainsi que la portion de tige sur laquelle ils reposent, qu'une faible quantité d’un suc peu coloré, comparativement à celui qu'ils contenaient avant l’ablation des feuilles : c’est là une indication nouvelle de la direction ascendante que suit le latex dans certaines conditions, direction dont nous démontrerons la réalité par des expériences spéciales. B., — Des incisions annulaires sur la feuille et la racine. Nous avons pratiqué une incision annulaire sur le pétiole d’une des feuilles de la plante qui a servi à notre deuxième expérience ; au-dessous et au-dessus de l’incision, le pétiole a pris un accrois- sement plus sensible, etils’y est formé un bourrelet peu apparent du côté du limbe de la feuille. La plaie formée par l’incision s’est cicatrisée par la production de tissus de nouvelle formation dé- CIRCULATION ET RÔLE DU: LATEX DANS LE FICUS ELASTICA. A3 veloppés à la fois sur les bords de chacune des lèvres de la plate. Fa feuille a continué à vivre ; elle ne paraït altérée n1 dans sa couleur, ni dans ses fonctions. Sur la partie aérienne de la racine d'un grand Ficus elastica de nos serres, nous avons pratiqué une incision annulaire le 26 décembre 1663. Deux mois après, nous constatons une différence sensible entre les diamètres des portions de la racine supérieures et infé- rieures à l’incision : en effet, le diamètre au-dessus de l’incision est en moyenne de 26 millunètres; il est seulement de 23 en dessous. L'incision annulaire a produit les mêmes résultats sur ces racines que sur les tiges; un bourrelet commence à se former. Le 20 mars, le bourrelet est devenu plus apparent. Au 10 avril, le suc coloré existe en abondance au-dessus, et en quantité beaucoup plus faible au-dessous de lincision. Si l’on considère la distance comprise entre la dernière feuille et l’origine de la racme qui est de 0",35, le temps qu'a mis à se développer la portion supérieure au bourrelet, et son développement en épaisseur, on se fera une idée de la rapidité avec laquelle le latex descend dans la racine, et combien il concourt à en accroître le diamètre. C. — Ablation totale ou partielle des feuilles. Nous avons souvent répété celte opération, la seule qui puisse nous donner une juste idée du rôle des feuilles dans l'élaboration et la circulation du latex. ExpéRtence L. — Le 15 décembre 1863, une jeune bouture de f'icus elastica est privée de ses feuilles; on conserve le bourgeon terminal. La plante continue à végéter, le bourgeon s’allonge, la tige paraît en haut légèrement turgescente; mais on ne tarde pas à remarquer deux faits qui se sont régulièrement reproduits dans nos autres expériences : diminution notable de la quantité du sue blanc, surtout en haut ; accroissement très-marqué de la Li FE. FAIVRE, quantité d’un suc incolore que la piqüre fait sortir des tissus, surtout au voisinage du bourgeon. L'ablation du bourgeon terminal est pratiquée ; elle n’arrèête pas la végétation, et n'en change pas les conditions. Le 22 jan- vier, un nouveau bourgeon apparaît, et accomplit prématuré- ment son évolution, puisqu'il s'ouvre dès le 8 février suivant, bien qu'incomplétement formé; le suc incolore continue à abon- der dans la tige, tandis que la séve laiteuse se retrouve dans les parties inférieures, dans la racine, et surtout à la base du bour- geon récent; elle fait défaut en dessous et même au-dessus, comme nous nous en sommes assuré pour la section d'un frag- ment annulaire de la tige. Ainsi l'élaboration directe du latex coloré, par ce bourgeon terminal, ne saurait laisser de doute, et cette élaboration ne se peut faire que par l’afflux de suc non élaboré s’élevant par la tige. ExPéRIENCE I, — Le 15 mars, une jeune bouture à laquelle on conserve le bourgeon terminal est privée de ses feuilles ; on s'assure qu'elle renferme du latex bien coloré. Dès les jours suivants, la teinte blanche devient beaucoup moins sensible, et il se mêle au latex une lymphe incolore, dont la quantité augmente graduellement. Le 19, la décoloration du latex est devenue plus sensible, etil nous est facile de reconnaître que, tandis qu’il est plus mcolore au voisinage du bourgeon, il est d'autant plus coloré, qu'on se rapproche davantage du collet de la tige. Nous constatons égale- ment que la lymphe incolore possède la propriété de se coaguler comme le latex le mieux constitué ; les globules granuleux carac- téristiques y sont en minime proportion. Un mois après le début de l’expérience, la jeune plante est dans l’état suivant : Le bourgeon terminal s’est arrêté dans son évolution depuis le début de l'expérience ; il n’a qu’une seule feuille. À la base de celle-ci, le latex est blanc, et offre déjà ses propriétés carac- téristiques ; ce même liquide, dans la partie supérieure de l'axe, CIRCULATION ET RÔLE DU LATEX DANS LE FICUS ELASTICA. Â5 continue à être décoloré, et à offrir à peine des traces de sub- stance blanche coagulable. Plus on se rapproche de la base de la tige, plus les propriétés aractéristiques du latex sont manifestes. C'est un fait général, dans toutes nos expériences sur l’ablation des feuilles, que cette désassimilation du liquide dans les parties supérieures de l'axe, tandis que le latex est de plus en plus caractérisé, et concentré à la base de la tige et dans les racines. Pour mieux apprécier le rôle des feuilles et leur influence sur le bourgeon, nous avons fait les deux expériences comparatives suivantes : Expérrences A Et IV. — On fait choix de deux boutures jeunes et délicates portant une feuille et un bourgeon ; elles ont même proportion et même vigueur. Sur l’une des boutures on enlève la feuille : peu de jours après, le bourgeon se détache et le suc blanc est remplacé par une lymphe incolore peu abondante ; plus d'émission de liquide nourricier, plus d'élaboration ni de nutrition manifeste, aucun développement de bourgeon; trois semaines après, la bouture est entièrement détruite. La bouture dont la feuille à été conservée a continué son évolution normale. | On dépouille de ses feuilles une jeune plante en lui laissant le bourgeon terminal; on met comparativement en observation un autre individu de même grandeur abondammient pourvu de feuilles, mais dont le bourgeon terminal s'est peu développé. Huit jours suffisent pour que ce bourgeon arrive à dépasser notablement celui de la plante sans feuilles, demeurée désormais stationnaire. Ces résultats indiquent que les feuilles élaborent les sucs colo- rés, et que ceux-c1 sont indispensables à l'évolution des parties supérieures de l’axe, aussi bien qu'à l'accroissement des parties inférieures de la tige et de la racine ; 1ls donnent une confirma- tion nouvelle aux expériences précédemment citées. Nous savons que le latex tend à se porter aux parties infé- h6 E. FAIVRE, rieures, et qu'il en détermine accroissement. Mais pouvons- nous assurer que le latex n’a pas d’autres mouvements ? n’est-il pas au contraire très-vraisemblable, d’après les indications déjà fournies, que ces sucs peuvent, dans certaines circonstances, afiluer vers le sommet? Il nous importait d’avoir de ce résultat une démonstration certaine, et c’est en vue de l'obtenir que nous avons imaginé les expériences suivantes : ExpéRiENcE V. — Une bouture de Ficus est dépourvue de son bourgeon terminal et de ses feuilles, à l’exception de quelques- unes réservées à la base de la tige; la distance entre ces feuilles et l’extrémité de l’axe est de 0",04 environ. On prive cette portion de l'axe de la totalité du suc coloré qu'elle peut contenir, et l’on obtient sûrement ce résultat par l’ablation des feuilles, la coupe horizontale du bout supérieur, des piqûres et des mcisions ; on s'assure ensuite, par des piqûres profondes et réitérées, qu'il ne s'échappe plus de la tige une seule trace de suc blanc. Les choses étant dans cet état, on abandonne quelque temps la plante opérée; puis on pratique vers le sommet de l'axe une petite incision : le latex coloré s'écoule immédiatement au dehors. | Il n’est guère douteux, par cette expérience, que le latex puisse se porter vers les portions supérieures ; cependant on pourrait objecter, peur en expliquer la présence vers le sommet de l'axe, l’action des parties vertes de l’épiderme sous l'influence de la lumière; dans ce cas, le latex aurait été formé sur place, et il ne serait pas nécessaire quil eût exécuté un mouvement ascen- sionnel. | Pour nous mettre à l'abri de cette cause d'erreur, nous avons exécuté l'expérience qui suit : ExPÉRIENCE VE. — Sur une bouture de Ficus préparée comme la précédente, la portion de tige laissée sans feuilles, et privée de tout le suc qu'elle pouvait contenir, est enfermée immédia- tement dans un manchon de papier noir; les parties vertes de CIRCULATION ET RÔLE DU LATEX DANS LE FICUS ELASTICA. A7 l’'épiderme sont dès lors soustraites à l'influence de la lumière. Malgré cette disposition, il est facile de s'assurer que le latex coloré se trouve en abondance dans la tige qui en était dépour- vue. Puisqu'il n'y existait pas et que les parties vertes n'ont point pu l’élaborer, il a dû nécessairement monter des feuilles au sommet des tiges. Mais par quelles régions de l’axe a pu se faire cette ascen- sion, sur laquelle le doute n’est pas possible : c’est ce qu'indique l'expérience que nous allons citer. Expérience VII. — Entre la portion de tige pourvue de feuilles et la longue portion qui en est dépourvue, on pratique une incision annulaire ; la virole centrale, par laquelle les deux parties de la tige continuent à communiquer, n’est formée que par la moelle, l’étui médullare et les couches ligneuses les plus internes. L'expérience d’ailleurs est exécutée comme la précé- dente et avec les mêmes précautions. Les résultats obtenus sont les mêmes que précédemment : le suc blanc s’est porté aux extrémités supérieures qui en étaient dépourvues, et il a dû nécessairement traverser les portions centrales de l'axe. Nous avons déjà vu que ces mêmes portions centrales sont parcourues par le latex descendant vers les racmes ; il en résulte done que les sucs pourraient monter et descendre indifférem- ment par les mêmes parties, et l’on sait que ces parties ne sont pas celles où les réseaux des laticifères sont le plus abondants. Ce serait, si nous n'en avions d’autres, une raison de croire que les éléments vasculaires des plantes n’ont pas la spécialité conductrice qu'on s’est plu à leur attribuer ; les expériences ulté- rieures pourront seules décider la question. D, — Sections à diverses hauteurs, On peut s'assurer, au moyen de ces sections d’une part, des rapports entre la quantité de sucs propres et l’activité de la vé- gétation de l’autre, des parcours différents que suit le suc dans les tiges, dans les racines et dans les feuilles. LS E. FAIVRE. Sur une plante normalement développée, le suc blanc se porte toujours vers le sommet et y est plus abondant. A la base des feuilles et des bourgeons, 1l est plus abondant que dans les parties de la plante dépourvues de matière verte ; il l’est davan- tage, si la végétation est plus active dans les parties de la tige, immédiatement supérieures aux incisions annulaires. Un fait incontestable, dont nous ne saurions jusqu'ici donner l'explication, est l'absence de suc coloré dans les tissus en voie de formation ; jeunes racines, jeunes branches, tissus de cica- ice et tissus constituant les bourrelets, la Ilymphe incolore dont ces parties sont gorgées est très-riche en granules, et elle est susceptible de se coaguler : cette propriété la rapproche du latex, dont elle est vraisemblablement une modification, un degré d'élaboration. Les sections transversales faites sur la racme, la tige et les pétioles du Ficus, prouvent que les sues blancs ne suivent pas le mème trajet dans les parties différentes du végétal. Dans la tige, ils exsudent à la fois de deux zones : l’une, exté- rieure, comprise entre l'écorce et le bois ; l’autre, intérieure ou centrale, formée par la moelle et l'étui médullaire. Dans les racines, le suc blanc s'écoule seulement par la péri- phérie, c’est-à-dire en dehors de la zone ligneuse. Dans les pétioles, l'inverse se produit ; les sucs blancsexsudent surtout de la portion centrale en dedans de la zone ligneuse. Nous nous proposons d'examiner les rapports existant entre les zones d’où découlent les sucs et la constitution anatomique de ces parties ; il sera intéressant de savoir si les régions les plus riches en latex le sont également en vaisseaux laticifères. On se souvient qu'à peine marqués sur les pétioles, les bour- relets se produisent rapidement sur les racines adventives, par suite de la décortication. E. — Isolement des parties, absence d’arrosement, S'1l restait des doutes sur le rôle de la séve élaborée et assimi-- latrice assigné au suc blanc des Ficus, nous croyons que les expériences suivantes seraient de nature à les dissiper. | l CIRCULATION ET RÔLE DU LATEX DANS LE FICUS ELASTICA, A9 Si l'on coupe une feuille, en déterminant autant que possible l'écoulement du suc, elle ne tarde pas à périr ; st, dans les mêmes conditions, le latex est conservé, soit au moyen de ligatures pra- tiquées avant l’ablation, soit en recouvrant immédiatement la plaie avec du mastic de greffe, la feuille continue à vivre quel- que temps, parfois même à produire des bourgeons. Placées sous des cloches, à l'obscurité, dans une serre tem- pérée, c’est-à-dire soustraites aux conditions d'active végétation, les feuilles isolées peuvent conserver, pendant très-longtemps, leur suc coloré, et se maintenir en bon état. Après plusieurs semaines, on peut avec succès en faire des boutures. Il n'en est plus de même si les feuilles sont privées de suc blanc, ou si elles sont placées, apres leur section, dans des con- ditions (aération, chaleur lumière) qui activent la végétation ; le latex est rapidement détruit, et les feuilles périssent. Il y a un rapport incontestable entre la présence du suc coloré dans une partie et la vitalité de celte partie. On pourrait objecter à cette manière de voir le fait bien connu de l'obstacle exercé sur la reprise des boutures par un sue lai- teux abondant ; ce suc laiteux, et 1l joue réellement le rôle d’une séve élaborée, semblerait bien plutôt favoriser que contrarier une semblable opération. | L'expérience a levé nos doutes, en nous apprenant que, d’une part, l'excès du suc nuit à la reprise immédiate des boutures et les fait pourrir ; mais que, d'une autre part, la privation absolue de latex est une condition très-défavorable, surtout si l’on veut pratiquer la bouture, un certain temps après avoir détaché la feuille, ou la portion de rameau destiné à la multiplication. Les faits dont nous avons été témoins ne nous laissent point de doutes sur l'utilité du suc coloré pour assurer la reprise des boutures. On sait qu'un végétal privé d’eau, pendant l’époque de son active végétation, ne tarde pas à périr ; il n’en est pas ainsi chez les Ficus elastica. Nous avons laissé sans arrosements, pendant plus de six se- maines, plusieurs pieds de Ficus, et ils se sont conservés en bon 5e série. Bot. T. VI. (Cahier n° 4.) # 4 OÙ E,. FAIVRE. état. Le volume de la tige avait sensiblement diminué, et le suc coloré devenait de moins en moins abondant, la mort de la plante coïncidant toujours avec la disparition complète du sue. Les choses se passent donc comme si le latex maintenait la vitalité de la plante. | Pour mieux nous assurer de ce résultat, nous avons fait écou- ler le suc propre renfermé dans des boutures que nous avions privées d’eau ; en quelques jours, les parties végétales avaient perdu leur vitalité. Nous avous formulé ailleurs, avec plus de détails, ces expé- riences et leurs conséquences (4). CONCLUSION. Nous présenterons en terminant les résultats et les conclusions auxquelles conduisent les expériences dont nous avons fait con- naître les détails : 4° Le latex, chez le Ficus elastica, se comporte comme une séve élaborée, assimilable, imdispensable à l'entretien et à l'accroissement du végétal. Privé de ce suc, le végétal périt ; gorgé de ce liquide coloré, il se développe avec vigueur. Plus le développement est actif dans une partie, plus le suc y est abon- dant; si l’on en diminue la production ou l’afflux dans un organe, la croissance y diminue dans les mêmes proportions. 2 L'incision annulaire pratiquée sur la tige a pour effet d'activer le développement des parties supérieures à l'ineision, et d'y augmenter la quantité de latex; d'arrêter le développement des parties inférieures à l’incision, si ces parties sont privées de feuilles, et de diminuer la quantité de latex ; de donner lieu, dans certaines conditions, à la formation d’un volumineux bour- relet: Les choses se passent comme si un courant de suc propre se portait de la tige aux extrémités des racines, en descendant à la fois et par la périphérie et par le centre. (4) Conf, Session générale des Sociétés savantes pour 1861, p. 136-137. CIRCULATION ET RÔLE DU LATEX DANS LE FICUS ELASTICA. 51 3° L'incision annulaire ne détermine pas nécessairement la formation d’un bourrelet; il ne se développe point sur les tiges en l'absence de feuilles, ou si les feuilles sont peu nombreuses, ou si de vigoureux rameaux y ont pris naissance. Ce dernier cas se réalise, lorsqu'on à intercepté une portion de tige entre deux incisions annulaires ; il naît alors des rameaux de laisselle des feuilles supérieures. h° Le latex est élaboré par les feuilles et sert ultérieurement au développement des parties. L’ablation des feuilles arrête l’ac- croissement des bourgeons existants ; elle détermine la pousse et l’évolution hâtive de bourgeons nouveaux, à l'intérieur desquels le suc s’élabore ; on acquiert la preuve de cette élaboration par l'absence de latex dans la portion de l’axe sur laquelle est im- planté le bourgeon, tandis que ce bourgeon renferme en abon- dance le suc coloré. Un autre effet de l’ablation des feuilles con- siste dans la décoloration, la désassimilation de plus en plus marquée du liquide coloré. 5° Le latex, dont le cours est descendant, circule aussi de bas en haut en se portant au sommet des axes ; on en acquiert là preuve en dépouillant partiellement une tige de ses feuilles, et en vidant la portion dénudée du latex qu'elle contient. Peu de temps après l'opération, le latex s’est de nouveau porté aux extrémités. | 6° Dans ces conditions, la décortication annulaire ne met point obstacle à l'ascension du suc propre; il s’élève alors en traversant les couches centrales, | DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES, Par M. A. TRÉCUL., DEUXIÈME PARTIE. Il me reste à indiquer la distribution des vaisseaux propres dans les feuilles des Clusiacées. Deux dispositions sont à considé- rer : 1° la répartition de ces vaisseaux dans les assises du tissu cellulaire composant la lame de la feuille; 2° la direction de ces vaisseaux. En ce qui concerne la répartition de ces canaux dans les divers tissus, certaines espèces présentent des différences notables suivant l'épaisseur de l'épiderme supérieur, et aussi suivant celle du tissu vert et dense placé au-dessous. Citons quelques exemples. Das la feuille du Clusia flava, dont l’'épiderme supérieur est formé de six à sept rangées de cellules, il y a des vaisseaux propres vers le milieu de l'épaisseur de cet épiderme; il y en a aussi à sa face inférieure. Le tissu vert situé immédiatement au-dessous, et composé de plusieurs strates de cellules perpen- diculaires aux faces de la feuille, étant épais, les vaisseaux propres y sont répandus à des hauteurs variées. On en trouve vers sa partie supérieure, dans sa région moyenne, dans sa par- tie inférieure, et au-dessous de lui à toutes les hauteurs dans le parenchyme lacuneux qui s’étend jusqu'à l’épiderme mférieur, dont les vaisseaux propres le plus bas placés ne sont séparés que par la distance d’un utricule. L'épiderme de ce côté de la feuille n’est constitué que par une rangée de cellules. Dans la feuille du Clusia Plumerü, bien que l’épiderme supé- rieur n'ait que quatre rangées de cellules, des vaisseaux propres y sont enclavés de distance en distance, tandis que d’autres sont épars à sa face inférieure, ainsi qu'à diverses hauteurs dans le tissu vert et dense supérieur, formé de trois ou quatre rangées DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES. 08 de cellules oblongues, perpendiculaires à l’épiderme. Enfin, d’autres laticifères sont aussi distribués dans le parenchyme infé- rieur jusqu'à la distance d’un à trois utricules de l’épiderme de ce côté de la feuille. Dans le Clusia grandiflora, des vaisseaux propres sont aussi enchâssés dans l'épiderme supérieur, bien qu'il n’ait que trois rangées de cellules; mais le plus souvent ces vaisseaux propres sont à la limite de cet épiderme et du tissu vert, à moitié enve- loppés par l’un et par l’autre. Au reste, 1l n'existe pas d’autres laticifères dans ce parenchyme vert supérieur, composé de deux rangées de cellules seulement; mais il y en a quelques-uns à sa face inférieure, et de plus nombreux au-dessous dans toutes les parties du tissu lacuneux, jusqu’au contact de l’épiderme, qui de ce côté a deux rangées de cellules. L'épiderme supérieur du Clusia Brongniartiana, qui a quatre rangées de cellules, n’a pas de vaisseaux propres encla- vés dans son Intérieur. Il n'en possède en assez grand nombre qu'à sa jonction avec le tissu vert sous-jacent. Au contraire, ce tissu vert supérieur, qui est assez épais et formé de deux, trois ou quatre rangées de cellules perpendiculaires à l’épiderme, enserre des vaisseaux propres dans sa partie moyenne et dans sa partie inférieure. 1] y en a aussi, comme dans les autres espèces, à toutes les hauteurs du parenchyme vert placé plus bas jusqu'à la distance d'une cellule de l’épiderme. Dans le Clusia rosea, dont l'épiderme supérieur de lalame est composé de trois rangées de cellules, des vaisseaux propres assez larges sont au contact de la face interne de cet épiderme, enve- loppés de tous les autres côtés par le tissu vert dense qui n’a que deux rangées de cellules, et qui n'offre pas d’autres laticifères. Mas immédiatement au-dessous de ce parenchyme supérieur sont d'assez nombreux vaisseaux du latex. De semblables vais- seaux sont aussi épars dans le üssu che sous-jacent jusqu’au voisinage de l’épiderme inférieur, qui à deux rangées de cel- lules. Ou observe encore, au bord des feuilles de la plupart des plantes nommées dans ce travail, une lisière de tissu incolore, 5l A. WRÉCUL, de nature épidermique, dans laquelle sont enclavés un, deux ou trois vaisseaux propres. Dans les Clusia grandiflora et rosea, cette lisière incolore s'étend sur les deux faces de la feuille un peu plus que dans les autres espèces, par un épaississement gra- duel de l’épiderme près du bord de la lame, épaississement dans lequel il y a ordinairement deux vaisseaux propres vers chaque face, outre les trois marginaux dont j'ai parlé. Les feuilles des Reedia lateriflora et Xanthochymus pictorius, dont l’épiderme n’a qu’une rangée de cellules sur les deux faces de la lame, ne sont point pourvues de cette bordure incolore; mais à la place ordinairement occupée dans une telle bordure, 1l existe un vais- seau propre enclavé dans du parenchyme vert. Exäminons maintenant la direction suivie par les vaisseaux du latex dans l’intérieur de la lame. Cette étude est assez déli- cate, parce que ces organes, n'ayant pas de paroi membraneuse propre, ne peuvent être isolés. La coction dans la potasse ne rend ici que fort peu de service, attendu que, poussée un peu loin, elle désagrége tout à fait les cellules pariétales des vais- seaux qui nous occupent. Cependant plusieurs espèces m'ont permis d'observer avec assez d'exactitude la direction de leurs vaisseaux propres. La translucidité des très-jeunes feuilles du Clusia Brongniar- tiana est favorable pour cette étude. De jeunes feuilles aussi du Clusia Plumerii m'ont été également fort utiles après une légère coction dans la solution de potasse, qui leur communique assez de transparence pour permettre de suivre un grand nombre de vaisseaux propres quelquefois dans toute la longueur de la lame. La jeune feuille naturellement transparente du Clusia Brongniar- biana, qui n'avait que 40 millimètres de longueur sur 7 milli- mètres de largeur, en laissait voir quarante-cimq dans sa partie la plus large; et dans une feuille de Clusia Plumerii de 2 centi- mètres et demi de longueur sur 11 millimètres de largeur, cént cinq de ces vaisseaux étaient visibles. Dans l’une et l’autre feuille il en existait davantage, mais le reste était caché dans la PrOUS deur du LRU Par l'examen de ces feuilles, je reconnus tout d’abord que DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES. 99 leurs vaisseaux propres sont partagés en deux catégories : 1° les marginaux ; 2 ceux qui sont répandus dans le parenchyme vert. Les vaisseaux marginaux étaient au nombre de deux ou trois de chaque côté des jeunes feuilles étudiées. Dans une feuille du Clusia Brongniartiana qui en avait trois dans chaque bordure, le plus externe des trois, terminé en cæcum, s’arrêtait dans l'un des bords vers la plus grande largeur de la lame, le médian à 2% 5 du sommet; le plus interne finissait un peu plus haut. Au-dessus de ce dernier, des laticifères venus du parenchyme vert pénétraient dans le bord incolore et s’y terminaient succes- sivement d'autant plus près du sommet qu'ils venaient d'une région plus voisine de la nervure médiane. C'est là le seul cas où j'aie constaté avec certitude le remplacement de vaisseaux mar- ginaux par des vaisseaux propres venus du parenchyme vert. Sur l’autre côté de la lame, au contraire, les trois laticifères marginaux montaient beaucoup plus haut; deux allaient même tout près du sommet, etempèchaient les vaisseaux à latex du tissu vert d'arriver jusqu'au bord de la feuille. Dans nos jeunes feuilles du Clusia Plumerii il y avait de chaque côté, dans la bordure incolore, deux laticifères non mter- rompus qui allaient de la base au sommet, où ils se terminaient on pointe ou en cæcum obtus. L'un d'eux, dépassant même la ligne médiane au sommet, s’étendait un peu sur le côté opposé de la lame. Les vaisseaux propres répandus dans le parenchyme vert de ces jeunes feuilles translucides des Clusia Brongniartiana et Plumeri, à cause de leur disposition générale, semblaient tous venir du pétiole. Pourtant ils n'étaient pas plus pressés dans la base rétrécie de la feuille que dans sa partie la plus large, et je nai jamais compté dans le pétiole du Clusia Plumerii plus de vingt-cmq à trente laticifères près de la base de cet organe, euviron quarante cinq vers le milieu, et à peu près soixante au sommet, et je n'en ai vu que de soixante-cinq à quatre-vingts dans les pétioles du Clusia Brongniartiana (1). C'est de la (4) Sous le rapport du nombre et de la disposition des laticifères, les pétioles offrent aussi des variations, 1 y en a trente enivron dans celui du Reedia ateriflora, quarante 56 A. TRÉCUL. prolongation de ces vaisseaux du pétiole et de leur bifurca- tion, dont j'ai trouvé quelques exemples, que provenaient évi- demment ceux qui étaient répandus dans la lame. Je pouvais suivre de l'œil bon nombre d’entre eux depuis le voisinage de la base de cette lame jusque dans ses régions supérieures. A partir de la base tous ces vaisseaux propres divergeaient pour s'étendre dans les deux côtés de la feuille. Les plus externes s’inclinaient vers les deux bords de celle-ci, et bientôt s'y terminaient à la limite du tissu vert à petite distance des marginaux. Leurs voi- sins plus internes se prolongeaient un peu plus haut, dver- geaient à leur tour vers les bords, s’y infléchissaient, puis finis- saient en cæcum un peu plus haut, ainsi que les précédents. Il en était de même de tous les autres, qui s’étendaient, en diver- geant, d'autant plus près du sommet de la feuille qu'ils étaient plus rapprochés de la nervure médiane. Tous étaient terminés en cæcum près des bords du parenchyme vert, sans jamais communiquer avec les marginaux. Il est fort remarquable que, dans ces Jeunes feuilles, seulement trois ou quatre laticifères bifurqués fussent apparents dans la partie supérieure et dans la plus large de la feuille. Une des branches se dirigeait vers la hmite du tissu vert, où elle allait finir après l’avoir suivie quel- que espace, tandis que l'autre branche continuait sa course pour se terminer plus près du sommet. Tous ces vaisseaux propres avaient une direction générale à peu près parallèle dans un même côté de la feuille, c’est-à-dire que ceux qui étaient voisins ne s'éloignaient communément pas les uns des autres; ce qui ne veut pas dire qu'aucun entre- croisement n'avait jamais lieu, car, au contraire, on en rencon- trait fréquemment. à peu près dans le Xanthochymus pictorius, quatorze à vingt dans le Calophyllum Cal/aba, plus de deux cents dans le pétiole du Clusia rosea. Ces vaisseaux sont répartis dans le tissu cortical et dans le tissu médullaire. Ce dernier tissu est enfermé dans un arc fibro-vasculaire dont les extrémités sont ou non recourbées en crochet de dehors en dedans, excepté dans les pétioles du Clusia flava et du Xanthochymus pictorius (au moins au-dessus de la base du pétiole) où le système fibro-vasculaire forme une zone à peu près continue autour de la moelle. Cette moelle contient trois laticifères dans le Xanthochymus. six dans le Reedia, environ vingt dans le Clusia rosea, ete. Je n’en ei pas vu en dedans de l'arc fibro-vasculaire du Clusia Plumerit. DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES. 57 À part les quelques bifurcations que J'ai mentionnées, ces vaisseaux ne communiquaient point entre eux, non plus qu'avec les marginaux, près desquels ils allaient aboutir. Quoique ce défaut de communication fût bien établi par l'observation directe, je recueillis néanmoins un autre genre de preuve qui me fut donnée par une rupture effectuée, auprès du sommet d’une feuille de Clusia Plumerii, dans les deux vaisseaux margi- naux d’un même côté. Ces deux vaisseaux se vidèrent compléte- ment sous mes yeux, sans qu'aucun déversement de suc propre s’accomplit en eux des vaisseaux du parenchyme voisin, qui n'éprouvèérent aucune perte. Voilà ce que l’on voyait avec la plus grande netteté dans mes jeunes feuilles. Dans les feuilles adultes des Clusia Plumert et rosea, les laticifères du parenchyme vert sont à peu près paral- lèles avec les nervures secondaires; mais dispersés dans le tissu cellulaire, ils sont bien plus nombreux qu'elles et fluxueux. Dans le Clusia Brongniartiana, tous les vaisseaux propres de la lame adulte ont aussi une direction générale à peu près parallèle ; mais celle-ci s’écarte de celle desnervures secondaires avec lesquelles les vaisseaux propres se croisent en faisant un angle plus ou moins aigu. Quelque chose d’analogue se présente dans les feuilles de quel- ques autres espèces. Cependant on y remarque une modification qui n'était pas visible dans les jeunes feuilles décrites. Dans le Clusia grandiflora, par exemple, tous les vaisseaux propres du parenchyme vertémanent des deux côtés de la nervure médiane, et tous se rendent au bord correspondant de la lame ; mais tous n'ont pas la même incliuaison. Il en est qui, à part les légères sinuosités qu'elles dessinent, ont une direction générale qui est sensiblement parallèle à celle des nervures secondaires. Ce sont ceux de la région moyenne du parenchyme vert. Au contraire, les vaisseaux propres voisins de l’épiderme des deux faces de la lame ont une direction beaucoup plus inclinée par rapport à la nervure médiane. Ils croisent obliquement les précédents et les nervures secondaires. Ils sont aussi communément plus larges qu'eux et jouissent d’une propriété que je crois devoir signaler, 58 | A, TRÉCUL. et qui consiste en ce que leur suc est encore incolore quand le suc de ceux du parenchyme vert est déja devenu rougeûtre par l’altération qu'il subit pendant la conservation des feuilles dans du papier mouillé. Les bifurcations sont fréquentes au point d'émergence de ces vaisseaux près de la nervure médiane ; et vers le bord du parenchyme vert on peut les suivre assez Join, et finalement les voir pénétrer dans le large liséré épider- mique, où je n'ai pas vu leur terminaison à côté des marginaux. Les vaisseaux propres de la feuille du Clusia nemorosa pré- sentent aussi des laticifères de deux directions, que je n'ai remarquées toutelois que du côté supérieur de la lame. La grande majorité des vaisseaux propres de cette lame sont à peu près parallèles aux nervures secondaires. Ils sont nombreux, assez rapprochés les uns des autres et un peu flexueux. Près de l'épiderme supérieur, au contraire, sont d'autres vaisseaux plus éloignés les uns des autres, et qui coupent obliquement les pre- miers et les nervures secondaires, étant plus inclinés suivant la longueur de la feuille. La distribution des canaux à suc laiteux de la feuille du Xan- thochynvus piclorius offre un aspect bien différent, quoiqu’une partie de ces laticifères aient une direction analogue à celle des plus superficiels de la lame du Clusia grandiflora. En effet, des coupes longitudinales faites sous l'épiderme inférieur, et dans un plan parallèle à cet épiderme, font découvrir des vaisseaux propres très-écartés, parallèles entre eux, quis'étendent oblique- ment en faisant avec les nervures secondaires un angle d'environ 80 degrés. Ces canaux sont placés dans le parenchyme qui sépare de lépiderme inférieur le réseau fibro-vasculaire. Si après cela on exécute des coupes longitudinales dans le tissu vert au-dessous de l’épiderme supérieur, on aperçoit d'assez gros laticifères parallèles aux nervures secondaires. Les uns, au milieu du parenchyme, sont éloignés de ces nervures; les autres accompagnent ces dernières. Des coupes transversales montrent un deces vaisseaux propres sur le côté supérieur et un autre sur le côté inférieur des nervures principales; les nervures moyennes n'en possèdent qu'un seul sur le côté supérieur; les plus DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES. oh) faibles n’en ont pas du tout. Enfin, de ces vaisseaux propres émanent des branches qui s'étendent dans toutes les directions, et qui se ramifient elles-mêmes à travers le tissu cellulaire. fi arrive assez souvent de trouver de ces ramifications plus grêles bifurquées plusieurs fois. Dans la feuille du Reedia lateriflora, les vaisseaux propres affectent une disposition qui ressemble beaucoup à celle des mêmes organes dans le Xanthochymus. On y retrouve dans le parenchyme inférieur les vaisseaux propres parallèles entre eux, et obliques par rapport aux nervures secondaires ; mais, comme ces laticifères eux-mêmes sont souvent ramifiés, plus ou moins flexueux, et assez éloignés les uns des autres, 1l faut de l’aiten- tion pour les reconnaitre. Tous les autres vaisseaux de cette feuille, situés plus profondément, présentent comme ceux du Xanthochymus de la mème région un grand nombre de ramufi- cations ; toutefois on n’en retrouve pas sur les côtés supérieur et inférieur des nervures secondaires principales, comme dans cette dernière plante. Quelques-unes de ces nervures les plus faibles en offrent quelquefois un assez volumineux (de 0"”,05 à 0"",07) dans le voisinage de leur côté supérieur. Je ne saurais dire pourtant si elles en sent accompagnées sur une certaine longueur. Enfin. le Calophyllum Calaba, db ai déjà parlé antérieure- ment, Hola. ici quelques détails de plus. Les vaisseaux propres sont en petit nombre dans le pétiole de cette plante. H n’y en a qu'une qninzaine vers la base de cet organe, et dix-huit à vingt vers le haut. La plupart de ces vaisseaux sont épars dans le paren- chyme du côté externe convexe de ce pétiole. Ilexiste, en outre, de un à trois de ces canaux près des angles qui Innitent latérale- ment le côté supérieur plus ou moins aplati de cet organe. Ces laticifères des angles du pétiole se prolongent aux deux bords de la lame. Dans le üssu de ce côté supérieur ou interne, il ne se trouve de vaisseaux propres que dans la faible courbure de Parc fibro-vasculaire, et encore n'y sont-ils qu'au nombre de trois, un médian et deux latéraux. Il y eu a quelquefois un quatrième, opposé à l’une des extrémités de cet are, Plus haut, dans la 60 A, TRÉCUL. lame, on en rencontre fréquemment un opposé à chacune des deux extrémités de ce même arc. Nous verrons que c’est à eux qu'aboutissent les laticifères transversaux de la lame. Dans les feuilles que j'ai étudiées, des trois vaisseaux propres qui étaient dans la courbure de l'arc fibreux du pétiole, ou dans celle de la nervure médiane, les deux latéraux disparaissent simultanément ou l’un après l’autre, à petite distance de la base de la lame. A 2 centimètres et demi de cette base, il ne restait plus que le vaisseau médian qui se prolongeait beaucoup plus haut dans la nervure, puisqu'il subsistait encore à 2 centimètres et demi du sommet; mais on ne l’observait plus à 1 centimètre plus haut. Les vaisseaux propres répandus dans le parenchyme du côté externe de la nervure médiane, et qui, vers le bas de cette nervure, sont au nombre de douze à quatorze, disparaissent aussi successivement vers le haut. À 2 centimètres et demi du sommet, il n’en restait plus que trois, le médian et deux latéraux placés à quelque distance. À 13 millimètres du sommet, le mé- dian existait seul. À 5 millimètres plus haut, il avait disparu. On ne rencontre plus alors de laticifères dans la nervure médiane qu'aux bords de l’arc fibro-vasculaire, quand on examine des coupes transversales. Par de telles coupes, on a souvent l’occa- sion de remarquer que c’est de là que partent les gros vaisseaux propres qui se prolongent, à travers la lame, dans le milieu de chaque espace parenchymateux interposé à deux nervuressecon- daires, lesquels vaisseaux se terminent vers le bord de la feuille à petite distance du laticifère marginal, en s’infléchissant et s’atté- nuantun peu. Du côté de la nervure médiane, chacun d'eux s'im- fléchit aussi dans l’aisselle de la nervure secondaire insérée plus bas que lui; il s’y atténue graduellementet semble y finir au côté du système fibro-vasculaire de la nervure médiane comme il vient d'être dit. Mais, dans quelques cas, on observe avec la plus grande précision que cette extrémité atténuée s’anastomose avec un vaisseau propre de diamètre souvent irrégulier, qui suit le bord du faisceau fibreux de la nervure médiane. Malheureuse- ment les recherches les plus patientes ne font rencontrer qu'assez . | | | | | l DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES. 61 peu fréquerament ce laticifère latéral, et par conséquent son union avec les vaisseaux propres transversaux de la lame n’est que rarement vérifiée. Cependant j'ai obtenu des préparations qui offraient deux et trois de ces vaisseaux transversaux anastomosés avec le même fragment de ce laticifère longitudimal. Malgré cela, la fréquence des coupes transversales dans lesquelles on ne le trouve pas aux extrémités de l'arc fibro-vasculaire fait conjec- turer qu'il n’est pas continu sur les côtés de la nervure. Afin de ne pas allonger cette note, je me contenterai de ren- voyer à la page 368, etc., du tome précédent des Annales (1), pour les rapports qui existent entre le système trachéen et les laticifères transversaux du parenchyme vert de la feuille de ce Calophyllum Calaba. LACUNES A GOMME DANS LES QUIINÉES. La Près des Clusiacées se place un petit groupe de végétaux sur l'importance taxonomique desquels les botanistes ne sont pas complétement d'accord. Je crois avoir lieu d'espérer que l'étude suivante de leur suc propre pourra être de quelque utilité pour la solution du point en litige. Aublet, qui trouva la plante type de ce groupe, n’a rien dit de son suc. M. Crüger, en décrivant dans le Linnœæa de 1847 une espèce recueillie par lui à la Trinité, la désigna comme plante non lactescente, et crut devoir la rapporter aux Ternstræ- miacées. Notre confrère, M. Tulasne, qui en observa un plus grand nombre d'espèces (Annales des sciences naturelles, ° série, t. XF, 1849) en fit une tribu qu'il classa à la fin des Clusiacées. M. Choisy (Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Genève, t. XIL, 1850) proposa d'élever des Quiinéacées au rang d’un sous-ordre distinct des Guttifères ou Clusiacées. Comme la struc- ture des tiges n’entrait pas dans le plan d’études de MM. Tulasne et Choisy, ces phytologistes ne s’occupèrent pas des vaisseaux propres de ces végétaux. Enfin, MM. Planchon et Triana, qui sont disposés à regarder les stipules de ces plantes, comme des (4) Trécul, Des vaisseaux propres dans les Clusiacées. 692 A. TRÉCUL. petites feuilles stipuliformes (Annales des sciences naturelles, L° série, 18614, t. XV, p. 808), pensent que, par cette considé- ration, toute distinction réelle disparaît entre les Quiinées et les Calophyllées. Malgré cela ces deux botanistes conservent les Quiinées comme tribu dans les Clusiacées ; et ils disent, quel- ques lignes plus haut, que cette tribu s’éloignerait de la généra-, lité des Clusiacées, non-seulement par la présence des stipules, mais aussi par l'absence presque absolue d’un sue laiteux dans ses tiges. Néanmoinsils ajoutent que «ce dernier caractère n’est » vraiment pas distinctif, en ce sens que les Quiinées laissent » couler de leurs tiges coupées plus ou moins de matière rési- » neuse analogue à celle qui donne un aspect lactescent aux » exsudations d’autres Guttifères. H n’y a donc là que des diffé- » rences de degrés ». Ces habiles botanistes, n'ayant probablement eu à leur dispo- sition que des plantes sèches, ne se sont point appliqués à l'exa- men des organes qui renferment le suc concrété sur les sections transversales après son exsudation. Ils ontsupposé naturellement que ces vaisseaux avaient la structure propre à ceux des Clusia- cées. Il en est cependant tout autrement, et ils s’en fussent aper- çus aisément s'ils avaient eu sous les yeux des rameaux de plantes vivantes. Ils eussent remarqué que le suc propre ne coule pas de l'écorce, mais seulement de la moelle. Alors une coupe transversale leur eût montré que les vaisseaux qui laissent échapper ce suc ont une constitution différente de celle des lati- cifères des autres Clusiacées. Soumettant à l'observation microscopique les espèces de cette famille cultivées dans les serres du Muséum, j'ai reconnu d’abord que le suc propre du seul Quiina qui s’y trouve n'est pas laiteux, mais limpide, épais, soluble dans l’eau et de nature gommeuse ; ensuite que les cavités qui le contiennent n’ont pas de paroi cel- lulaire propre comme les laticifères des Clusia vrais. Ce sont de sunples lacunes de grandeur variable formées par la destruction de cellules médullares pleines de grains d'amidon. De telles lacunes s’observent dans la tige et dans les feuilles. Après les avoir étudiées sur la seule espèce vivante au Muséum, NA LT DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES. 0 le Quiina Decaisneana, j'aila demander à lherbier de cet éta- blissement quelques fragments des espèces desséchées que l’on y conserve. Je trouvai là M. Tulasne qui, avec sa bienveillance habituelle, me fit remettre un petit tronçon de rameau et une feuille de l’une des plantes qu'il a décrites, le Quiina obovala. Voici ce que } ai observé sur ces deux végétaux. Le tronçon de tige du Qurina Decaisneana avait 14 millimètres de diamètre environ à la base, et sa moelle elliptique était large de 9 millimètres sur 7. Au centre de cette moelle se trouvait une lacune pleine de gomme, qui avait 1°",5 de diametre, et à côté une autre beaucoup plus petite. I y avait en outre, au pour- tour de cette moelle, vingt-sept lacunes de dimensions diverses, beaucoup plus étroites que la centrale, qui était la plus grande de toutes. Vers le haut du troncon, trente-deux lacunes, de dimensions variées aussi, étaient à la périphérie de la moelle, et trois autres dans le centre de celle-ci: une de 2 nullimètres de diamètre, une de 1°°,35, et une troisième de 0**,12. Dans cette tige, les parois des cellules en voie de gommification pré- sentaient un état différent de celui qu'avaient les cellules en voie de modification dans les feuilles. Dans ces dernières, la mem- brane était plus profondément transformée dans ses strates externes, tandis que dans la tige, les strates externes de la mem- brane étaient les mieux conservées. L'extérieure demeurait solide au contact de l’eau, quand les internes se gonflaient d'autant plus qu'elles étaient plus rapprochées du centre. Au reste, l’amidon disparaissait le premier et les utricules étaient alors ou vides en apparence ou pleins de mucilage. Le rameau de Quiina obovata, large de 5 millimètres, montrait sur là coupe transversale neuf lacunes à la périphérie de la moelle, et au centre de celle-ct une autre lacune de même lar- geur que les plus grandes ; une dernière plus petite était à quel- que distance de la centrale. De même que dans la tige du Quiina Decaisneana, il n'existait rien de semblable dans l'écorce. Les feuilles étaient pourvues de lacunes semblables dans la région médullaire du pétiole et de la nervure médiane du Quiina obovala, et de plus dans les nervures secondaires du Quziina 6! A. TRÉCUL. Decaisneana. Les autres nervures n’en présentaient pas, non plus que le parenchyme de la lame. La structure de ces pétioles et de ces nervures est tellement différente de celle des mêmes organes chez les Clusiacées nom- mées dans mon travail, qu'elle mérite une description détaillée. Une des feuilles que portait la tige de Quiina Decaisneana qui vient d'être mentionnée était longue d'environ 5 déci- mètres et large de 14 centimètres. Son pétiole, comme cela arrive le plus ordinairement, n'avait pas la même structure à la base que plus haut. Dans la base renflée, le système fibro- vasculaire ne forme point comme au-dessus une zone ellipsoïde continue, à contours plus ou moins ondulés. Il y a seulement, vers le côté externe, une sorte d'arc fibro-vasculaire formé de quelques faisceaux, avec une grande lacune à gomme dans la courbure de l'arc. Vers les extrémités de celui-ci sont, de chaque côté, deux petits cercles de fascicules vasculaires placés sur un plan parallèle à la corde de l'arc. Ils ont, au moins l'un d'eux, une étroite lacune gommeuse au mieu. Dans chacun des angles du pétiole sont de pareils centres vasculaires plus ou moins complets, avec ou sans lacune à gomme. Au contraire, des coupes transversales de la région moyenne du pétiole offraient au milieu un grand cercle fibro-vasculaire principal continu, de chaque côté duquel étaient, dans l'écorce, deux fais- ceaux circulaires : l’un plus fort, l’autre plus ténu. Le moins ténu de ces faisceaux latéraux, formés aussi d’un cercle fibro- vasculaire avec liber tout à l’entour, avait une moelle dont le centre était occupé par un canal gommeux. La couche ligneuse du grand cercle fibro-vasculaire central avait une épaisseur relativement peu considérable, mais la moelle qu'il environnait était au contraire proportionnellement très-large, et elle présentait une disposition anatomique digne d'intérêt ; car seize canaux à gomme y alternaient avec des pro- ductions fibro-vasculaires distribuées suivant deux groupes prin- cipaux : l’un, dans le demi-cylindre médullaire répondant au côté externe du pétiole, était composé d'environ sept faisceaux réunis en deux groupes secondaires, qui formaient comme une DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES. 69 lame transversale ; l’autre groupe, situé dans le demi-cylindre médullaire répondant au côté supérieur ou imterne du pétiole, était composé aussi d'environ sept faisceaux fibro-vasculaires, dont deux inégaux détachés sur les côtés du groupe, suivant un autre plan, communiquaient à ce second groupe, vu transversa- lement, la figure d'un arc imparfait. C'est dans le parenchyme médullaire placé autour et entre ces productions ligneuses que sont les lacunes à gomme. Quatre sont entre cet arc intramédullaire et le grand cercle fibro- vasculaire qui entoure la moelle. Deux (une de chaque côté) sont près des extrémités de l'arc et en dehors delui; deux sur la ligne correspondant à la corde de ce même arc. Les huit autres lacunes sont dans l’espace médullaire placé entre la seconde pro- duction ligneuse transversale (du côté externe de la moelle) et le grand cercle fibro-vasculaire. Au milieu de cet espace paren- chymateux est la plus grande de toutes ces lacunes, et autour d'elle, à distance, sont éparses les autres, qui sont beaucoup plus petites et de dimensions variées. La nervure médiane de la feuille, quoique ayant une strnc- ture notablement différente, a cependant beaucoup d’analogie avec le pétiole. Dans ce dernier, le cylindre ligneux est continu dans tout son contour. Dans la nervure médiane, au contraire, on à, sur des coupes transversales, deux arcs ligneux inégaux, disposés en sens inverse, de manière que leurs cordes soient tournées l'une vers l’autre. Le plus petit de ces arcs correspond à la face supérieure de la nervure, le plus grand à la face infé- rieure. Les deux groupes de productions ligneuses intramédullaires, qui existent dans le pétiole se retrouvent aussi dans la nervure médiane, et là chacun d'eux est étendu suivant la corde de cha- cun des arcs fibro-vasculaires de cette nervure, sans que toute- fois les extrémités de ces cordes ligneuses viennent en contact avec les extrémités des arcs. Les lacunes à gomme, en nombre variable, sont réparties dans le parenchyme qui est placé entre ces divers groupes d’élé- ments fibro-vasculaires. Il y en avait une assez grande au milieu 5° série, Bor. T. VI. (Cahier n° 2.) 1 5 66 | A. HRÉCUL. de l’espace médullaire compris entre l'arc ligneux supérieur et la lame ligneuse qui lui sert de corde, c’est-à-dire dans la cour- bure de l'arc. Elle était quelquelois accompagnée d’une plus étroite. Une autre lacune à gomme, assez grande aussi, était vers le milieu de l'espace interposé entre cette corde ligneuse de l'arc supérieur et la corde ligneuse de l'arc inférieur. H y avait, en outre, de dix à seize lacunes gommeuses entre l'arc ligneux inférieur et sa corde fibro-vasculaire. Une de ces lacunes, située vers la région moyenne de cet espace, était de beaucoup la plus large : elle avait 0°” ,55 de diamètre. Les autres étaient irrégu- lièrement distribuées. Les nervures secondaires ont une constitution plus simple que la nervure médiane, car leur système fibro-vasculaire consiste en un seul arc ligneux, muni aussi de sa corde, formée par une lame ligneuse également. La courbure de cet arc est tournée vers la face supérieure de la feuille et sa corde vers la face infé- rieure. Une seule lacune à gomme est au milieu de la moelle comprise entre l'arc et la corde. Les nervures tertiaires étaient dépourvues de lacunes gommeuses. Dans une feuille de plus petite dimension cueillie sur une plante plus chétive de la même espèce, la coupe tranversale de la nervure médiane présentait, comme celle de la grande feuille qui vient d'être décrite, deux ares ligneux tournés en sens inverse ; mais il n y avait qu'une seule corde ligneuse, et elle correspondait à l'arc mférieur. La corde de l'arc supérieur était représentée seulement par deux petits faisceaux, un de chaque côté, près de chacune des extrémités de l’are. Entre ces deux faisceaux était une grande lacune à gomme contenue, par consé- séquent, dans le parenchyme embrassé par cet arc supérieur. | Plusieurs canaux gomMeux étaient, comme dans l’autre feuille, | répandus entre l’arc inférieur et sa corde. La feuille du Quiina obovata, beaucoup plus petite que les précédentes, était construite sur le même type. Une coupe transversale, prise dans la région moyenne de son pétiole, offrait une zone fibro-vasculaire continue et de figure ovale, dont: la partie rétrécie regardait la face supérieure de la feuille. Cette DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES. 67 zone ligneuse entourait une moelle qui était partagée en deux parties par une lame fibro-vasculaire également, disposée paral- lèlement au plan des faces de la feuille. Chaque moelle partielle était presque entièrement occupée par une grande lacune gom- meuse. Aucune trace de vaisseaux propres n'existait dans l'écorce. Celle-ci contenait seulement, de chaque côté, trois faisceaux vasculaires entourés de liber, dont je n’ai pas à tenir compte ici, paree qu'ils ne renfermaient pas de canaux gommeux. La nervure médiane étudiée vers le mieu de la feuille mon- trait, comme celle du Quiina Decaisneana, deux arcs ligneux inverses, l’inférieur notablement plus grand que le supérieur. A la corde de ce dernier répondait une lame ligneuse qui semblait la prolongation de celle qui partageait en deux la moelle du pétiole. Une seule lacune gommeuse assez grande était dans cha- cun des ares de cette nervure médiane. J'ai déjà dit plus haut que les nervures secondaires de cette feuille n’offraient pas de canal gommeux. Examimons maintenant l'origine et la constitution de ces lacunes à gomme. Elles résultent de la désorganisation des cellules de la moelle, dont l’altération peut commencer par une seule cellule ou par plusieurs à la fois. C’est le contenu non amylacé qui paraît se modifier le premier. Une certaine obscurité, ressemblant à une légère émission de substance gazeuse, se manifeste dans lutri- cule; puis la membrane et l’amidon se modifient. Les grains amylacés paraissent eux-mêmes quelquefois se vider et devenir sombres à l’intérieur, avant de disparaître tout à fait. Après leur disparition, la cellule semble souvent complétement vide; mais cet état s'observe surtout dans les cellules du pourtour de lacunes déjà grandes. Au début de ces lacunes, le contenu de chaque utricule se résout en une rnasse homogène blanche brillante, qui emplit la cavité, De telles cellules tout à fait isolées se ren- contraient assez fréquemment vers le pourtour de la moelle. Cette matière brillante, au lieu de former une masse unique, est quelquelois divisée en trois. Elle est soluble dans l'eau, et son | éclat n'est pas altéré par le contact de l'alcool. Dans quelques 68 A. MRÉCUL. autres cellules, où la formation de la gomme est un peu plus avancée encore, le contenu de ces cellules prend, sous l’in- fluence de l'alcool, l’aspect et la teinte blonde caractéristiques des matières gommeuses précipitées par cet agent chimique. Pendant que l’amidon se résout en gomme ou disparaît tout à fait, la membrane utriculaire acquiert la propriété de se gon- fler ou même de se dissoudre dans l’eau. C’est vers cette phase de la transformation que, la cellule s’amollissant, une lacune se montre à la place de l’utricule ou des utricules liquéfiés. Le gonflement des membranes est fort intéressant à observer au bord de ces lacunes, principalement autour de certaines d’entre elles déjà grandes. Les cellules limitantes ont souvent leur membrane gonflée dans la moitié ou les trois quarts de leur surface contiguë à la lacune, et le gonflement se manifeste sans le concours de l’eau ; il est antérieur au contact de ce liquide, car il est visible dans lalcool. A un moment donné, l'eau n’exerce même aucune action sur ces membranes tuméfiées, dont l’épaississement peut attemdre 0"",015. _ Plusieurs strates sont alors apparentes dans ces parois cellu- laires gonilées. Dans cet état, elles ne sont pas gommeuses, elles sont cellulosiques, au moins en très-grande partie, car elles deviennent du plus beau bleu sous l’influence de liode et de l’acide sulfurique ; mais toutes ne se colorent pas en même temps. Les plus internes bleuissent les premières; les autres prennent ensuite graduellement cette teinte, excepté cependant la plus externe, qui reste incolore. Ailleurs, toutes les couches ont perdu la propriété de bleuir par l’action des mêmes réactifs ; elles se dilatent dans l’eau et, quelque temps après, leur substance, presque assimilée à la gomme des lacunes, n’est plus accusée à la surface de chaque cavité cellulaire que par des stries arquées, concentriques, en nombre très-divers, plus où moins espacées, qui finissent par , se confondre avec la matière mucilagineuse qui remplit les lacunes. Cette substance périphérique n'a fréquemment pas toutes les propriétés de la gomme centrale dans les grandes lacunes. Cette dernière est beaucoup plus soluble dans l’eau, DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES. 69. tandis que la périphérique peut être encore à quelqu'un des états intermédiaires à la gomme et à la cellulose. C'est surtout ce qui se manifestait dans le pétiole du Qurina obovata, dont la coction dans l’eau n'enleva pas une épaisse couche de matière amorphe qui resta autour des lacunes. Les lacunes à gomme s'élargissent done par la dissolution suc- cessive des cellules de proche en proche. Cette désorganisation des utricules s'effectue de façon que les lacunes peuvent avoir des contours assez réguliers, et que d’autres fois leur phériphérie est smueuse et présente des anses plus ou moins profondes. Dans quelques cas, ces anses proviennent de la réunion de deux lacunes primitivement distinctes par la dissolution des cellules qui les séparaient. Ces cas sont fréquemment très-mstructifs, parce qu'ils présentent à la fois, sur des points rapprochés, divers états de modification des cellules. On peut y trouver en même temps des cellules gonflées du côté de la lacune et bleuissant par l’action de liode et de l'acide sulfurique, avec ou sans leur ami- don, et d’autres cellules agrandies privées de leurs grains amy- lacés et ne possédant plus qu’une pellicule mince, le reste de leur substance étant liquéfié. Ces cellules vides d’amidon et un peu assombries à l’intérieur sont ordinairement dilatées, agrandies, souvent éloignées des autres cellules, éparses dans la matière mucilagmeuse, isolément ou par petits groupes de quelques utricules. Fréquemment même, des cellules isolées dans le mucilage ne présentent plus qu'une série de stries concentriques qui se mêlent peu à peu avec la gomme environnante. Quelquelois ces restes amollis de la paroi cellulaire ont disparu sur une partie plus ou moins consi- dérable du pourtour de la cellule alors ouverte. Le contenu de cette cellule se confond à cette époque avec celui de la lacune, et bientôt 11 ne subsiste plus de la cellule que quelques lignes très-déliées parallèles, dont on ne soupconnerait pas l’origine si l’on n'avait pas suivi toute la série des transformations. Les canaux gommeux de la moelle de ces Quiina sont donc formés par une désorganisation des cellules, analogue à celle qui s accomplit dans les rameaux des Acacias, du Cerisier, du Pru- ‘70 A, TRÉCUL, nier, de l’Amandier, de l’Abricotier et du Pêcher. Mais ce n’est pas ainsi que sont produits tous les canaux gommeux. Ceux des Cycadées, par exemple, ont une tout autre origine. Je transcri- rai ici ée que j'ai dit de leur développement en 1862, à la page 315 du journal l’Institut : «Dans le rachis d’une jeune feuille » (de Cycas revoluta) longue d’un centimètre et demi, ces canaux » n’existaient pas encore; mais à la place que chacun. d’eux » devait occuper, était un faisceau de cellules plus claires que » les autres utricules du parenchyme. Elles contenaient comme » celles-ci des granulations et un nucléus. Un peu plus tard ces » cellules jaunissent ; les fines granulationss’y multiplient, tandis » que celles des cellules du parenchyme environnant deviennent » des grains d’amidon. Vers cette époque, un petit méat, de » forme et de largeur variables à des hauteurs diverses, se » montre au milieu du faisceau de cellules jaune pâle. Il s’élar- » git peu à peu, et les cellules jaunes, d’abord un peu confusé- » ment disposées, se rangent autour de lui; celles-ci cessent » alors de croître, autant du moins que celles du parenchyme, » qui continuent de s'étendre. Déjà, longtemps avant cette » époque, le méat contenait du mucilage dont l'alcool accusait » la présence. » Dans les Cycas circinalis, Zamia horrida, spiralis, montana, » concinna, Encephalartos Altensteinii, les petites cellules qui » bordent le canal mucilagineux restent à parois minces; dans le » Cycas revolula, au contraire, ces cellules s'épaississent, surtout » du côté du canal. Là elles produisent une vraie cuticule avec » des couches sous-cuticulaires plus ou moins épaisses (1). Ce » qu'il y a de singulier, c’est que cette cuticule et les couches » sous-cuticulaires les plus externes, au moins dans un âge (4) Quand je fis cette observation, tous les canaux que j'étudiai présentant le phé- nomène que j'ai décrit, j'ai pensé qu'il était aisé de le retrouver; mais je me suis aperçu depuis qu'il est très-rare de le rencontrer à un état aussi parfait, parce que sans doute on n’a pas à sa disposition des feuilles suffisamment vieilles. Quand on n'aura pas de feuilles assez âgées, ce ne sera que dans les canaux gommeux les plus externes de la moelle qu'il faudra chercher cet épaississement des cellules pariétales. Alors on y verra le plus souvent des utricules plus ou moins fortement épaissis, et : dont les couches d’épaississement des cellules contiguës ne seront pas adhérentes entre elles, comme elles le sont dans les couches sous-cuticulaires ordinaires, DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES CLUSIACÉES. 71 » avancé, se détruisent au contact de l’eau en se gonflant comme » du mucilage. J'ai quelquefois vu bleuir, au contact de l'iode et » de l’acide sulfurique, les couches restées intactes, avant qu’au- » cune des cellules du parenchyme ait pris la teinte bleue, » En résumé, il y a deux sortes de lacunes ou canaux gommeux : 1° les uns, formés au milieu de cellules spéciales, sont produits par l’écartement de ces cellules; 2° les autres sont dus à la désor- ganisation des cellules dont 1ls tiennent la place (4). Les premiers sont des vaisseaux propres développés dans l’état physiologique des plantes ; les seconds, au moins dans nos Amyg- dalées et dans les Acacia, résultent d'une altération pathologique, Cette considération me conduit à demander si les lacunes de nos Quiinées doivent être regardées comme provenant d’un état ma- ladif. Il est difficile de répondre à cette question dans l’état actuel de nos connaissances physiologiques, attendu qu’il existe des vaisseaux propres qui certainement sont dus à la destruction des cellules dont ils occupent la place. Quoique les lacunes du Quiina Decaisneana aient le caractère d’une désorganisation pathologique, j'ai cru remarquer que la somme qu'elles contiennent à une action physiologique dont je parlerai dans une autre occasion. Ne pouvant, faute d'espace, m’étendre davantage sur cette question, je terminerai cette communication en rappelant que la création de la tribu desQuimées, par M. Tulasne, se trouve jus- üfiée par la structure des plantes étudiées ici, et que MM. Plan- chon et Triana ontagi prudemment en n’associant pas les Quii- nées aux Calophyllées, comme 1ls avaient quelque disposition à le faire, D'un autre côté, les mêmes études anatomiques apportent de nouveaux arguments en faveur de l'opinion de M. Choisy, qui voudrait que ce groupe de végétaux fût élevé au rang de sous- ordre ou famille, sous le nom de Quiinéacées. | (1) Note de l'auteur. J'ai omis de mentionner ici les lacunes à gomme (quand lacu- nes il ya) du Tilleul, des Malvacées et des Sterculiacées, qui ont une autre origine, que j'ai décrites en 1862, à la page 315 du numéro de l’Jastitut cité plus haut. RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DES AROIDÉES, Par M. Ph, VAN TIEGHEM, Agrégé, docteur ès sciences. INTRODUCTION. Les êtres organisés vivent et se déveleppent dans un milieu extérieur avec lequel leur structure est en corrélation intime et nécessaire, Ce milieu n’est pas le même pour tous, et tous ceux pour qui il est constant n’agissent pas sur lui de la même ma- nière; de là des variations correspondantes dans leur structure. Aussi, quand on apprécie l'importance relative des caractères que présentent les différents systèmes organiques, ne doit-on jamais perdre de vue le lien étroit qui lie les appareils au milieu où ils fonctionnent, et n'est-il légitime de mesurer la valeur d’un caractère à son degré de constance que si, pour tout le groupe que l’on considère, l'appareil est imdépendant du milieu, ou se comporte de la même manière dans le même milieu dont on peut dès lors supprimer l’action. Les animaux possèdent un système organique qui, par la nature tout interne et essentiellement directrice de ses fonctions, échappe à l’action du milieu extérieur dont il ne dépend que pour sa subsistance et non pour son activité fonctionnelle; c’est le système nerveux. Aussi est-ce de lui que l’on tire, pour toute la série animale, le caractère dominateur, et Cuvier a-t-il pu affirmer que le système nerveux est l'animal tout entier. Les planies n’ont pas d'appareil directeur interne; elles sont liées au milieu extérieur par une dépendance plus étroite en- core que les animaux. Il y a pourtant chez les plus élevées d’entre elles, chez les Phanérogames, une phase du développe- ment qui, s’accomplissant sur la plante mére, est protégée STRUCTURE DES AROÏDÉES. 73 contre les influences du dehors et ne dépend que du milieu végétal interne dont les conditions doivent peu varier dans toute la série. L'organisation de l'embryon, la structure définitive qu’il possède quand là graine est mise en liberté, est donc un caractère indépendant du milieu extérieur, et 1l est légitime d'en mesurer la valeur au degré de constance. Ajoutons qu'il est originel, c'est-à-dire qu'il est tiré de la première déter- mination qui s'opère dans la forme et dans la structure de l'être que la cellule primordiale constituée par la fécondation contient virtuellement dans son sem; qu'il est, en d’autres termes, la première manifestation extérieure de la force que la fécondation à déposée dans cette cellule et qui doit, par ses im pulsions successives, toutes fonctions de la première, amener la plante au terme de son développement, et nous comprendrons, par ce double motif, toute l'excellence de ce caractère domina- teur, N'oublions pas qu'il est tiré de la structure acquise par l'appareil végétatif pendant la première période de son déve- loppement, celle où 1l est mdépendant du milieu extérieur. Plus tard, ce nulieu intervient et agit, selon ses conditions propres, sur le développement libre du système végétatif; mais quelque profonde qu'en soit l'action, quelque variée que soit la structure qu'elle détermine, la fleur étant destinée par ses fonctions à $ ’épanouir dans Pair et à agir sur lui d’une ma- nière uniforme, l'identité de milieu se trouve rétablie pour l'appareil reproducteur dans toute la série. L'appréciation de l'importance relative des caractères tirés de l’organisation florale d'après leur constance est donc légitime; on sait combien elle est féconde puisqu'à elle ‘seule elle suffit souvent à circonscrire les familles naturelles. Mais le problème que poursuit la méthode naturelle est loin d'être résolu par l'établissement de familles ainsi caractérisées ; la solution en est plus haute, et ce n’en est là qu'üne première approximation. Former avec les espèces un système idéal à haisons mvariables tel que la distance qui sépare deux quel- conques d'entre elles soit inversement proportionnelle à la somme de leurs ressemblances de tout ordre convenablement 7h P, VAN TIEGWEM, estimées : tel est, dans toute sa généralité, l'énoncé du pro- : blème. Estimer les rapports de tout ordre, chacun suivant son im- portance réelle, sans en négliger aucun; tout est là. Mais où trouver la commune mesure de tous ces rapports? Dans le degré de constance dont les caractères se montreront revêtus par l'ob- servation directe d’un certain nombre de groupes évidemment naturels, répond l’illustre auteur du principe de la subordina- tion des caractères, et 1l trace les limites des familles d’après la structure de l'embryon et l’organisation florale, en reléguant au dernier rang les caractères tirés de l'appareil végétatif. Nous savons que ce critérium ne vaut que s'il y a identité de milieu pour toute la série où on l’applique; cette condition est réalisée pour ces deux ordres de caractères; de là la légitimité du principe et le succès, bien qu'encore imparfait, de son appli- cation. Mais de ce que cette mesure n’est pas applicable à l’ap- pareil végétatif qui se trouve soumis, dès les premiers instants de son développement libre, aux conditions du milieu extérieur et s’y conforme, s’ensuit-1l que les caractères tirés de cet appa- reil et surtout le plus important de tous, sa structure intime dont toutes les modifications de forme et d'organisation externes ne sont en définitive que des conséquences et des manifesta- tions, s'ensuit-il que ces caractères en aient une moindre valeur, qu'il soit moins important de les connaître pour arriver à résoudre le problème de la méthode naturelle? En aucune facon. Cela prouve seulement que, plus cachés que les autres, plus variables qué les autres d’une plante à une plante voisine, suivant les conditions de milieu, d’une étude par conséquent plus difficile et plus longue, ils ne devaient être logiquement recherchés qu'après que le dessin général de la classification eût été fondé sur les caractères tirés d'organes plus extérieurs et plus constants. Mais aujourd'hui cet ordre de caractères est l’objet d'une étude de jour en jour plus profonde et plus étendue, et de nom- breux et importants travaux ont établi des différences considé- rables de structure entre un certain nombre de groupes natu- STRUOTURE DES AROIDÉES. 75 rels, sans que l'on soit encore fixé sur le point vit de la question, je veux dire sur le lien qui unit telle différence de structure à telle différence dans le mode de vie, ni que l’on sache encore à quelle mesure estimer la valeur des caractères anatomiques. Sans aborder ici ces graves problèmes, 1l m'a paru intéressant de chercher à résoudre par une étude particulière une question qu'il est nécessaire d'éclaireir tout d'abord avant de tenter leur solution définitive. Je me suis proposé de rechercher entre quelles limites peut varier la structure anatomique des plantes d’une même famille naturelle quand elles sont destinées à des conditions de milieu très-variées, et d'évaluer les différences de structure que présentent les divers types de la famille les uns par rapport aux autres et tous ensemble par rapport au type admis pour le groupe plus étendu auquel la famille appartient. La famille des Aroïdées m'a paru, à plusieurs égards, se prêter à merveille à cette recherche. La structure de la tige des végé- taux monocotylédonés, ailleurs que chez les Palmiers et de cer- taines Liliacées qui servent de type ordinaire, est, en effet, moins bien connue que celle des dicotylédonés, et peut-être, en raison de l’absence de symétrie qui la caractérise, est-elle sujette à des variations plus étendues. D'autre part, les Aroïdées, bien que constituant dans cet embranchement une famille nettement crconscrile, voisine des Palmiers, dont la structure bien connue fournit un point de comparaison excellent, offrent cependant des variations considérables, tant dans l'organisation de la fleur que dans la forme extérieure de l'appareil végétatif et dans le milieu où 1l se développe ; c’est ainsi qu'à côté de plantes aqua- tiques, comme le Calla palustris et l'Orontium aquaticum, on y trouve des plantes aériennes épiphytes, comme les Monstera et les Pothos, sans que la fleur modifie, en passant du Calla au Monstera, de l'Orontium au Pothos, son organisation fonda- mentale. Je me suis donc proposé, en établissant la structure anato- mique comparée des divers types de la famille des Aroïdées, de rechercher comment les différences de structure s'accordent avec la classification basée sur l'organisation florale, telle qu'elle 76 P, VAN TIEGHEM. a été posée par les travaux de Schott et résumée dans son Pro- dromus systematis Aroidearum (Vindobonæ, 1860); d'évaluer les ressemblances et les différences que la structure générale du groupe présente avec le type connu des Palmiers, tel qu’il a été établi par M. Mohl; de comparer enfin cette structure à celle des plantes de quelques familles voisines, parmi lesquelles je dois me borner ici à choisir les Typhacées et les Pandanées, comme plus mtimement liées que les autres aux Aroïdées. C’est à ce triple point de vue que j'ai poursuivi le travail dont j'expose iei les premiers résultats. HISTORIQUE. La structure comparée des Aroïdées ne paraît avoir fait l’objet d'aucun travail d'ensemble ; mais un certain nombre de faits anatomiques intéressants relatifs à cette famille se trouvent con- signés çà et là dans les livres et les mémoires, trop bien connus pour la plupart, pour qu'il ne me suffise pas de les rappeler ici en quelques mots. Après avoir passé en revue quelques particularités anato- miques, nous rendrons compte des travaux récents sur les lati- cifères des Aroïdées, et des résultats nouveaux qu'ils ont appor- tés à l'anatomie comparée de ce groupe. Raphides. — Les raphides, dont la présence est constante dans les Aroïdées, s'y rencontrent dans des cellules de trois formes : 1° dans des cellules ordinaires de parenchyme sem- blables aux cellules voisines, mais privées d'amidon et de chlo- rophylle ; 2° dans des cellules allongées, arrondies aux deux bouts, qui tantôt sont environnées de tous côtés par les cellules voisines, sans relation avec une lacune (comme on le voit dans les Philodendron triparhitum et lacerum) ; tantôt appar- tiennent soit aux murs verticaux des lacunes (Colocasia), soit aux planchers transversaux qui les divisent (Lasia feroæ) ; dans ces derniers cas, elles font saillie dans la lacune par une de leurs extrémités, quelquefois par leurs deux bouts à la fois dans deux lacunes voisines. SI la membrane a la même épaisseur aux extré- STRUCTURE DES AROÏDÉES. AT mités arrondies qu'ailleurs (Alocasia odora), l'eau du porte- objet, en s'introduisant dans la cellule à raphides ne fera que la distendre également sans la rompre ; mais si les extrémités pré- sentent un épaississement en forme de bouton (Colocusia anti- quorum) où un amincissement brusque de la membrane (Phi- lodendhon tripartitum), la pénétration de l’eau fera rompre la cellule en ce point, et projettera les cristaux par l'ouverture, comme la chaleur brise une ampoule de verre, dont la paroi présente en quelque point une variation brusque d'épaisseur qui rend sa dilatation imégale. Turpin à aperçu le premier cette projection des raphides, et qualifiait, à tort, de biforines les cellules qui présentaient ce phénomène (1). 3° Enfin on rencontre très-souvent les raphides chez les Aroïdées dans des files verticales de cellules cylindriques plus larges et plus longues que celles du parenchyme environnant, et dont les parois transversales se résorbent quelquefois pour former des tubes. Les aiguilles Y font avec la verticale un petit angle, et y sont serrées en faisceaux extrêmement épais. Ces files de cellules, que M. Hanstem a décrites le premier sous le nom de vaisseaux utriculeux (2) (Schlauchgefasse, vasa utriculi- formia), contiennent avec les raphides un suc incolore, mais qui se colore quelquefois en jaune par l'exposition à l'air, comme j'ai pu l’observer dans le Raphidophora pinnata Sch. En résumé, cellules ordmaires, cellules allongées à extrémités arrondies, cellules tubuleuses en files verticales parfois fusionnées, telles sont les trois formes élémentaires où l’on rencontre ces cristaux. Fibres ramifiées dites libériennes. — C'est une circonstance curieuse que ce terme de raphides (qui dérive de puvts, aiguille) ait été appliqué par De Candolle à ces cristaux, qu'il regardait comme des faisceaux de poils, et qu'on lait en même temps attaché à des productions toutes différentes, auxquelles il aurait mieux convenu s’il eût pu prévaloir, et dont M. Schleiden a fait connaître le premier la nature cellulaire : « Dans les WMeletemata (1) Ann. des sc. nat., 2° série, t. VI, 1836. (2) Die Mulchsaftgefässe, p. 42, 1864, et Monatsherichte der Berliner Academue, 1859, p. 705. 78 P. VAN TIEGHEM. » bolanica de Schott et Endlicher, dit-il, on attribue au Monstera » Adansonii (Dracontium pertusum Mill.) des ovaires raphido- » phores. Ne connaissant aucune Aroïdée dont les ovaires » n'offrissent quantité de faisceaux de raphides, je fus curieux de » savoir ce que la plante en question offrait d'assez particulier à » ce sujet pour qu'on en fit mention dans le caractère géné- » rique. En examinant avec attention l'ovaire de la plante, je »-trouvai que les prétendues raphides ne sont nullement des » corps inorganiques. La feuille carpellaire du genre Monstera » est parcourue par des cellules /ibériennes d’une conformation » très-particulière. Ces cellules ont à peu près la longueur de » 2% 7 à 8"°,5, et l'épaisseur de 0%*,108 à 0"*,143. Suivant » leur âge, elles ont des parois plus ou moins épaisses. Ces parois » sont composées de quantités de couches très-distinctes et eri- » blées de pores, dont l’orifice est aplati sur les côtés... Beau- » coup de ces cellules libériennes ont des rameaux latéraux plus » ou moins grands... On trouve des formations tout à fait ana- » logues dans l'écorce et la moelle du Rhizophora Mangle (4). » Plus tard, M. Schleiden, recherchant les caractères des fibres libériennes, s'exprime ainsi sur le même sujet : «Si l’on assigne » comme caractère essentiel aux fibres libériennes d’être poin- » tuus également aux deux bouts et fortement épaissies, les cel- » lules ramifiées que j'ai découvertes dans les ovaires de quelques » Aroïdées (Monsiera et Scindapsus) et dans la moelle du Rhizo- » phora Mangle appartiennent sans aucun doute à cette forma- » tion (2). » Pour M. Hanstein, ces organes du Monstera ont aussi la même signification ; mais 1l ajoute que les branches de deux fibres voi- sines se dirigent quelquefois l’une vers l’autre, se rencontrent et s’abouchent de manière à former une sorte d'H résultant d’une vraie copulation (3). J'aurai à revenir en leur lieu sur ces singuliers organes avec toute l'attention que leur mérite leur développement constant 1) Wiegmann’s Archiv. für Naturgeschichte, 1839, T, p. 231. ( (2) Grundzüge, t. [, p. 253, 2° édition. ee (3) Die Milchsaftgefässe, p. 46. STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 79 dans un grand nombre de genres, et j'espère montrer qu'ils ont une tout autre signification que celle de fibres libériennes rami- fiées et copulées que leur assignent MM. Schleiden et Hanstein. Perforations des feuilles. — Une autre particularité intéres- sante qui se rencontre dans les mêmes espèces que la précédente et qui n’est pas sans lien avec elle, c’est la présence dans le Himbe des feuilles de perforations, dont M. Trécul a décrit le mode de formation dans le Pothos repens Hort. (?Monstera repens I. P.)et le Monstera Adansonii Schott. Ces perforations, dont Aug. de Saint-Hilaire et Pyr. De Candolle assimilaient le développement à la production des divisions des feuilles, signes de plus grande énergie vitale pour le premier, indice au contraire de quelque défaut dans le développement du tissu cellulaire pour le second, M. Trécul montre qu'elles ne sont pas originelles, que le limbe de la feuille est d'abord entier, et que le tissu se détruit ensuite là où se manifestent les perforations. Celles-ci se forment à des périodes différentes du développement de l& feuille suivant les plantes : quand la feuille est presque adulte dans le Monstera re- pens H. P., quand elle est encore enroulée sur elle-même dans le Monstera Adansonti Sch. Chacune d'elles est produite par l’ex- tension d’une des lacunes du tissu caverneux, accompagnée d’une multiplication des cellules environnantes. Cette extension forme bientôt sur la surface inférieure une boursouflure, au centre de laquelle l’épiderme se déchire, puis l’altération se propage jus- qu à l'épiderme supérieur quand l’autre est lacéré ; il se perfore à son tour, et l'ouverture, pratiquée de part en part dans le limbe, suit ensuite les progrès de l'extension de la feuille, devenant large si la feuille était jeune, restant petite si elle était déjà presque adulte (4). J’essayerai dans le cours de ce travail de rattacher l'extension de la lacune qui produit la perforation à sa cause pro- chaine organique, et de montrer le lien qui me paraît unir la fenestration des feuilles des Aroïdées au développement des or- ganes fibreux dont j'ai plus haut signalé l'existence. Emission d’eau et canaux conducteurs. — À côté de ces parti- (4) Trécul, Ann. des se. nat., 4° série, &, FE, p. 17, 1854. 80 PF, VAN “IEGHEM. cularités anatomiques que nous présentent les Aroïdées épiphytes, il est une autre propriété offerte par les plantes marécageuses, et qui, bien que toute physiologique, entraîne avec elle des mo- difications anatomiques sur lesquelles les auteurs sont loin d’être d'accord, et qu'il est important de signaler. Je veux parler de l'émission d’eau si remarquable, dont les feuilles des Colocases et du Æichardia sont le siége, et qui, découverte par Habenicht sur le Richardia en 1823, et par le docteur Schmidt de Stettin sur la Colocase en 1831, a récemment été l’objet d'études ana- tomiques et physiologiques de la part de M. Duchartre sur le Colocasia antiquorum Sch,, de M. Unger sur le Richardia afri- cana, et de M. de la Rue sur cette dernière plante et sur l'A locasia odora. On sait depuis le travail de M. Duchartre (1) que chaque feuille du Colocasia antiquorum émet pendant la nait durant toute l'époque de sa végétation, par un petit nombre d’orifices situés sur sa face supérieure près de sa pointe, des souttelettes d'eau presque pure, contenant à peine en dissolution quelques traces de chlorure de calcium, de bicarbonate de chaux et d'une matière organique mucilagineuse. Cette émission se continue pendant tout le jour si le temps est humide et bru- meux ; le soleil l'arrête à l'instant. La quantité d’eau émise peut atteindre pour une seule feuille, pendant une nuit, 22 grammes dans un sol peu humecté; le nombre des gouttes expulsées pendant une minute peut s'élever jusqu'à 100 et 120. Sans rien ajouter d'essentiel à la connaissance physiologique du phénomène, M. Musset en a décrit tout récemment une face intéressante qui se manifeste dans l'état de préfoliation de la feuille, et qui diffère un peu de ce qui arrive quand elle est épanouie. Les goutteleties ne s’amassent pas alors pour former une goutte d’eau plus grosse et ruisseler à terre, comme l'out vu et décrit MM. Schnudt et Duchartre; mais vivement lancées au- dessus de l'orifice, elles décrivent une courbe parabolique qui rencontre la terre à près d’un décimètre du pied qui porte la feuille. Dans une des observations de l’auteur, une feuille lan- (4) Duchartre, Ann. des sc. nat., ° série, 1859, t. XIT, p. 232. STRUCTURE DES AROÏDÉES. 81 cait, à six heures du matin, « quatre-vingt-cinq gouttelettes par » minute, dont deux très-fines à 1 centimètre de distance, alter- » nant avec une troisième plus grosse qui est projetée à 5 centi- mètres (1).» Dans la partie anatomique de son travail, M. Du- chartre a établi deux points importants : le premier, c'est que les orifices d'échappement des gouttelettes «ne sont autre chose que » des stomates qui ont subi graduellement une amplification » énorme, tout en conservant leurs deux cellules marginales et » même les granules contenus dans celles-ci (2). » Le second est relatif à la voie que suit le liquide dans la feuille. Le docteur Schmidt a établi que le liquide suit trois canaux qui longent le bord du limbe, et dont iles deux plus gros seulement ont un orifice propre. M. Duchartre, étudiant de plus près cet appareil marginal, remarque que chaque canal est accompagné dun groupe de trachées, au-dessous duquel se trouve un faisceau de cellules longues et étroites, et fait ressortir l'analogie complète qui existe entre chacun de ces trois groupes similaires formés d'un canal, d'un groupe de trachées et d’un faisceau de cellules étroites et longues, et l’un quelconque des faisceaux vasculaires qui, traversant le pétiole, viennent s'épanouir dans le limbe pour en constituer les nervures : « Les canaux périphériques » des Colocases ne sont donc pas un appareil spécial, mais ce » sont simplement les lacunes de trois faisceaux submarginaux » parallèles et reliés entre eux en un système unique; seulement » 101 la lacune prend plus de développement qu'ailleurs, en rai- » son même du rôle de canal déférent qu’elle est appelée à » Jouer (à). » Mais c’est sur la nature histologique et sur l’origine de ce canal déférent que les divergences sont grandes. M. Du- chartre n’y voit qu'une lacune longitudinale, dont la cavité le plus souvent unique est quelquefois subdivisée par une cloison en deux tubes juxtaposés ; cette lacune, commune d’ailleurs à tous les faisceaux du pétiole, est formée par la fusion en un grand tube unique de deux à quatres files de grandes cellules. (1) Musset, Comptes rendus, t. 61, p. 683, 23 octobre 1865, (2) Loc. cit., p. 266. (3) Loc. cit., 263. 0° série. Bor. T. VI. (Cahier n° 2) 2 6 82 P. VAN TIEGHEM. M. Eug. de la Rue conclut de son côté, de ses recherches ana- tomiques récentes sur le Richardia africana et l’Alocasia odora, que l'émission d’eau à lieu «par des canaux ou espaces inter » cellulaires, mêlés aux cellules qui entourent les faisceaux » vasculaires (1). » Il fonde cette opinion analogue à celle de M. Duchartre : 1° sur ce qu'il n'y trouve pas de membrane propre, ce qui est souvent exact; 2° sur ce qu'il a rencontré quelquefois sur les coupes transversales du pétiole, l'ouverture du canal occupée par ce qu'il appelle un üssu transparent et lâche formé de petites cellules à contours peu nets; quand J’au- teur rencontre cette cloison, que M. Duchartre croit verticale, il est amené à penser que le tissu lâche se réduit à cet endroit à deux très-grandes cellules ; j espère montrer qu'il y a dans cette interprétation une confusion que les coupes longitudinales dissi- pent aisément, et que ces arguments sont sans valeur. D'autre part, M. Hanstein, dans ses Recherches sur les Lahci- fères, voit dans cette lacune un vaisseau laticifère avec paroi propre dépourvue d’épaississements spiralés. Pour M. Unger, enfin, 1 n'y a pas de lacune dans le faisceau vasculaire, mais seulement un large vaisseau spiralé, dont le diamètre atteint dans le Richardia 0"",07 et 0®*,10. Admettant dès lors que le liquide est conduit par les cellules étroites et longues, tandis que le gros vaisseau est plein d'air, M. Unger assimile le phéno- mène au mouvement printanier de la séve, assimilation qu'il trouve confirmée par la grande ressemblance des deux li- auides (2). On verra dans le cours de ces recherches que les opinions de M. Duchartre, de M. Hanstein et de M. Unger, sont toutes trois fondées; l’organe dont 1l s'agit est en effet dans l’origine un gros vaisseau spiralé, et il garde ce caractère dans un certain nombre de faisceaux comme M. Unger l’a vu ; mais souvent les spires de ce vaisseau se résorbent peu à peu, et 1l arrive que lor- gane, réduit à sa membrane mince et lisse primitive, conduit du (1) Botanische Zeitung, n° 41, 12 octobre 1866. (2) Sitzungsberichte der kônigl. Akademie, t. XXVIII, 111-132; 4858. liés STRUCTURE DES AROIDÉES. $3 latex dans certains faisceaux, comme l'a observé M. Hanstem ; tandis que dans beaucoup d’autres faisceaux, et c'est le cas sénéral pour les nervures marginales, la paroi du: vaisseau est complétement résorbée, tantôt sans laisser de traces en formant une vraie lacune, mais le plus souvent en laissant subsister les parois transversales et obliques des cellules constituantes du vaisseau ; on voit alors ces parois, sur les coupes transversales, soit sous forme linéaire, soit sous forme de tamis à larges ouver- tures, suivant la direction relative de la coupe et de la cloison. Ce sont ces cloisons elliptiques à larges mailles ovales que M. de la Rue me paraît avoir pris pour un tissu particulier. La lacune est donc un vaisseau résorbé, et puisqu'on y trouve des sucs propres, il n'y a aucune difficulté à regarder cet organe comme la voie que suit le liquide dans le phénomène dont nous nous OCCUpons. Voile des racines. — C’est encore un fait anatomique depuis longtemps connu, souvent étudié, et sur lequel néanmoins les avis sont encore partagés, que le développement de ce voile de cellules spiralées qui recouvre les racines aériennes de quelques Aroïdées épiphytes, en leur imprimant le caractère extérieur des racines des Orchidées. M. Schleiden, qui à décrit cette couche dans l’Anthurium crassinervium Schott, voit, dans l’assise infé- rieure au voile formée de cellules imcolores et non spiralées, un véritable épiderme muni de stomates, « dont les cellules semi- » lunaires sont remplies d'une matière granuleuse brune, et » sélévent au-dessus de la surface de l’épiderme » (4). Cette description à déjà été reconnue Inexacte par M. Oudemans, et ] aurai à revenir avec quelques détails sur ce point en traitant de l'anatomie des Anthurium. Laticifères. — J'ai hâte d'arriver aux travaux les plus récents qui, bien qu'ils aient eu pour objet spécial l'étude des vaisseaux laticifères, ont le plus contribué à éclairer l'histoire anatomique des Aroïdées. Je me bornerai toutefois à rappeler 1et les résultats des deux plus importants de ces travaux, celui de M. Hansteim (1) Grundzüge, t. 1, p. 271, 2e édition. 8/ P. VAN TIEGHEM, et celui de M. Trécul, en insistant plus particulièrement sur ce dernier. M. Trécul résume ainsi l'opinion de M. Hanstein (1) : « D'après » M. Hanstein, la même plante ou partie de plante peut avoir » trois sortes de vaisseaux contenant du latex : 1° les uns, formés » de cellules ou de tubes rétiformes, sont aux deux côtés des » faisceaux cribreux, ou épars dans le parenchyme externe, au- » tour des faisceaux du collenchyme et dans le voisinage de » l’épiderme ; ils offrent de nombreuses copulations; 2° les » autres sont de larges tubes placés au milieu du faisceau vascu- » laire ; 1ls opèrent le passage aux vaisseaux spiraux, etc.; 3° ceux » du troisième type sont de grands tubes simples qui existent » dans l'écorce externe, le plus souvent isolés ou rarement réunis » à Ceux du premier type par un rameau particuher. » Le premier et le troisième type, continue M. Trécul, ne me paraissent en former qu'un. Je ne puis voir en effet, dans la » dernière sorte, que des vaisseaux analogues aux plus étroits » répandus dans l'écorce externe, mais traversant une petite » lacune ou un méat plus large. Quant à ceux du deuxième » type, ils n’appartiennent pas aux vaisseaux propres; ce sont » des vaisseaux spiraux ou annelés, dont la spiricule ou les > anneaux ont plus ou moins complétement disparus par ré- » sorption. » M. Trécul résume ensuite dans les termes suivants les résultats de ses observations sur la structure des laticifères et la composition du latex dans les Aroïdées : « Dans bon nombre » de plantes, les vaisseaux du latex placés sur les côtés des fais- » ceaux sont composés de cellules distinetes superposées, plus ou » moins longues (Richardia africana, Arum vulgare, Aglaonema » simplexæ, Dieffenbachia sequina, Philodendron Melinont, » cannæfolium, tripartitum, etc.). Ainsi constitués, les latici- » fères restent isolés les uns des autres, sans présenter d’anasto- » moses; mais après que la fusion des cellules composantes est » opérée (quand elle a lieu, et elle arrive surtout dans d’assez nombreuses Caladiées), les tubes continus, ainsi formés, s’ana- LA de LA NPA LA sf (1) Comptes rendus, t, LXI, p. 1163, 26 décembre 1865. STRUCTURE DES AROIDÉES. 89 » stomosent entre eux en s’ouvrant directement l’un dans l’autre » quand ils sont contigus, ou en s’envoyant de petites branches » latérales qui s'abouchent par leurs extrémités, quand, sur le » même côté d’un faisceau, ces laticifères ne sont séparés que » par une ou deux rangées de cellules. Si ces laticifères appar- » tiennent à des faisceaux différents, des branches plus longues » s'avancent entre les cellules du parenchyme, s y ramifient sou- » vent, s'y greffent entre elles et avec celles du faisceau opposé, » de manière à constituer des mailles (Syngonium aurilum, Riede- » lianum ; Xanthosoma sagittatum, etc.). Des laticifères marchent » done ainsi seuls d'un faisceau à un autre, mais plus fréquem- » ment ceux des différents faisceaux sont unis à la faveur de ra- » mifications qui accompagnent des fascicules vasculaires qui » relient les faisceaux entre eux (Xanthosoma robustum, utile, » versicolor, violaceum ; Alocasia zebrina, antiquorum, cucul- » lata, etc.) Les laticifères, qui émettent ainsi des ramifica- » tions latérales, envoient aussi des branches au contact des vais- » seaux Spiraux, ponctués ou rayés (M. Hanstein à aussi observé » ce contact des deux sortes de vaisseaux dans cette famille). » Tantôt ces branches s'appliquent sur ces vaisseaux par leur » extrémité qui se déprime (Xanthosoma versicolor), tantôt elles » s'incurvent et rampent sur le vaisseau (Syngonium Riedelia - » RAUM). » M. Trécul ne signale pas dans cette famille la pénétration du latex dans ies vaisseaux spiraux, fait de la plus haute importance pour l'histoire et le rôle physiologique des sues propres, et que ce savant anatomiste à eu le mérite d'établir le premier. Jen donnerai plusieurs exemples dans le cours de ce travail; mais je dois dire ici que, dans des recherches récentes, M. Weiss (de Lemberg), en étudiant le développement des laticifères du Syn- gonium decipiens, fait observer que souvent le latex s'échappe des vaisseaux propres, et pénètre dans les vrais vaisseaux (1). Après avoir ainsi rectifié et étendu les observations antérieures, M. Trécul fait connaître une espèce de vaisseaux propres qui (1) Botanische Zeilung, n° 33, 17 août 1866, 86 P. VAN TIEGMENM. n'avait pas encore été signalée dans les Aroïdées (1). « Ces vais- » seaux sont des canaux à suc d'aspect oléo-résmeux, formés » par deux ou trois rangées de petites cellules oblongues, plus » étroites que celles du parenchyme environnant. Ils existent » dans les feuilles, dans les tiges et dans les racines adventives » des plantes nommées ci-dessous... Dans la tige de | Homalo- » nema rubescens, ils ne sont pas tubuleux ; ils ne constituent que » des cavités elliptiques (qui ont de 0°" ,25 à 0°*,50 de longueur » sur 0"°,20 à 0"”,38 de largeur) bordées de séries rayonnantes » de cellules à parois minces... Dans les racines adventives de » tous les Philodendron nommés dans ce travail, ils ont de plus, » auttur de leurs cellules oblongues pariétales, deux ou trois rangées de fibres à parois épaisses et poreuses, en sorte que chaque vaisseau propre occupe le centre d’un faisceau fibreux. » Ces faisceaux sont répartis sur trois, quatre ou cinq cercles » plus ou moins régulièrement concentriques. » Tels sont les résultats principaux acquis à la science en ce qui regarde les laticifères des Aroïdées. Ayant eu pour but principal l'anatomie comparée de ce groupe, je n’ai pu m occuper qu'ac- cessoirement des vaisseaux propres, dont je me suis borné à déterminer dans tous les cas la position exacte et la structure générale ; mes observations confirment en tous ponts celles de M. Trécul, et je dois m'estimer heureux si J'ai pu, après un observateur aussi habile, rencontrer encore dans l’étude de ces organes quelques faits restés inaperçus. Anatomie générale. — 1 nous faut encore rechercher quels sont les faits principaux d'anatomie générale qui se trouvent établis au sujet de la structure de la tige des Aroïdées. Nous rencontrons tout de suite, consignées dans les traités classiques, deux assertions peu exactes. C’est d’abord l’analogie entre les Aroïdéesramifiées et les Dracæna signalée en ces termes par M. Schleiden : « Il y a une différence essentielle süivant que » la couche formatrice est limitée au bourgeon terminal, ou » qu’elle forme une couche continue tout autour de la tige au- A Ÿ (1) Comptes rendus, t. LXIT, p. 30, 2 janvier 1866, STRUCTURE DES AROÏDÉES. 87 » dessous de l'écorce qu'elle limite. Le dernier cas se présente » régulièrement dans les tiges ramifiées, par exemple, chez les » Dracæna, les Aloïnées et les Aroïdées ; le premier est offert » par les tiges simples, par exemple par les Tulipacées et les » Palmiers à tige non ramifiée (1). » Nous verrons que cette analogie est loin d’être fondée en général. C'est ensuite la présence de nombreux faisceaux libériens dans l'écorce des Aroïdées tropicales, constatée ainsi par M. Schacht : « Dans les Palmiers et les Aroïdées arborescentes, » ainsi que dans les Pandanus, on voit dans l’écorce des fais- » ceaux de liber qui passent dans les feuilles avec les faisceaux » vasculaires venant du milieu de la tige (2). » Cette assertion se trouve inexacte dans la grande majorité des cas. Il est vrai que l'on rencontre, et c'est encore un fait anatomique bien connu _ que je dois mentionner ici, dans le pétiole et'le pédoncule floral d'un certain nombre d’Aroïdées des faisceaux sous-épider- miques de collenchyme ; ce sont ces faisceaux que M. Schacht appelle libériens, quoi qu'ils ne soient nullement comparables aux faisceaux fibreux des Palmiers, et qu'ils n'existent pas dans la tige. L'exemple cité du Caladium (3) rend cette confusion évidente. D'autre part, la connaissance des laticifères, quoiqu'’elle fût l’objet spécial des recherches de M. Trécul, n’est pas le seul ré- sultat important de ses travaux. Des caractères anatomiques du premier ordre ne pouvaient lui échapper, et il a apporté un per- fectionnement considérable à l’anatomie générale de cette fa- mille, en faisant connaître la structure des faisceaux composés (dans quelques-unes des plantes qui la composent. «Il y a dans » quelques Aroïdes, dit-il (Dieffenbachia, Syngonium, Philo- » dendron divers), deux modifications principales des faisceaux, » que je désignerai par faisceaux simples et faisceaux composés. » Les faisceaux simples ont la structure des faisceaux vasculaires » des Monocotylédones en général... Un ou deux, quelquefois (1) Grundzüge, t. II, p. 156, 2€ édition. (2) Schacht, Le microscope, p. 130, 135, 144, (3) Schacht, Lehrbuch, t. AX,-p. 48. 88 P. VAN TIEGREN. » trois laticifères, sont placés de chaque côté du tissu cribreux, » près des extrémités de l’arc hibérien quand il est apparent. Les » faisceaux composés sont des agrégats de deux, trois ou plu- » sieurs faisceaux semblables aux précédents qui sont juxtaposés, » confondus par leur partie libérienne. Dans les cas les mieux » définis, un groupe libérien à fibres épaisses occupe le milieu » du faisceau. Ce groupe est irrégulier (Philodendron crinipes), » où bien à l’état parfait il représente autant d’arcs libériens » greilés par leur convexité qu'il y a de faisceaux constituants » (Philodendron Rudgeanum, etc.). Mais le milieu de ces fais- » ceaux, surtout dans les jeunes tiges, n’est souvent occupé que » par des cellules allongées à parois minces, et quand les fibres » du liber commencent leur épanouissement, celui-ci n’appa- » rait pas toujours au centre du faisceau. Ceci tient à deux » causes : à la disposition des faisceaux constituants et à leur » àge relatif... En ce qui concerne les laticifères, 1l n’en existe » assez souvent qu'aux deux côtés du faisceau initial ou des deux » faisceaux opposés les plus âgés, beaucoup plus rarement aux » deux côtés de trois faisceaux régulièrement répartis autour de » l'axe libérien (Dieffenbachia picta) (1)... » Plus récemment encore, en résumant ses observations sur les Ombellifères, M. Trécul est revenu sur cette question pour en citer un nouvel exemple. Après avoir montré que certaines Ombellifères ont aussi des faisceaux composés, et que l'Opopanaæ Chironium présente, dans une même section de sa moelle, des faisceaux simples normaux et des faisceaux complexes formés d'un centre cribreux entouré de vaisseaux, l’auteur ajoute : « Dans mon travail sur les vaisseaux propres des Aroïdées, j'ai » omis avec intention, parce que je n’en ai pas étudié l’évolution, » de citer les faisceaux de la tige du Caladium odorum, que je » recommande à l'attention des anatomistes. Ils donnent un type » parfait de ces faisceaux, dans lesquels le groupe libérien est » enfermé dans un cercle de vaisseaux complet ou partagé en » deux arcs opposés (2). » (1) Comptes rendus, t. LXI, p. 1164, 26 décembre 1865. (2) Comptes rendus, t. LXIIT, p. 248, 6 août 1866. STRUCTURE DES AROÏIDÉES. 89 Je dois ajouter que, dans son travail sur la structure des Pal- miers (1824), M. Mohl a observé cette formation de nouveaux faisceaux aux dépens des éléments d’un faisceau primitif, avec lequel ils constituent, jusqu'à leur séparation complète, un fais- ceau composé. Cette composition des faisceaux s'opère dans la partie centrale de la tige ; M. Mobl la déerit et la figure dans le Corypha frigida, où le faisceau primitif constitue quatre et cinq faisceaux nouveaux et d'âges différents (De Palmarum struc- tura ; pl. D, fig. 3, &; pl. F, fig. 5, 6, 7, 8), et dans les Cocos coronata , Leopoldina pulchra, Geonoma simplicifrons. Mais il admet que l’ensemble, formé par le faisceau primitif et les nou- veaux faisceaux qu'il a produits et qui s’en sont séparés, che- mine vers la périphérie et entre dans la feuille au même poini ; dès lors, ces faisceaux complexes ont une tout autre signification anatomique que les faisceaux composés des Aroïdées. Tel est l'ensemble des faits connus sur l’organisation des Aroïdées. J'avais, dèsle mois de septembre 1865, commencé celte série de recherches sur l'anatomie comparée de ces plantes. J'avais donc réuni déjà de nombreuses observations, quand ont paru les travaux de M. Trécul sur les laticifères de cette famille ; j'y ai trouvé, à côté de faits précieux pour la connaissance de ces vaisseaux qui n'avaient pas attiré spécialement mon attention, la confirmation de mes recherches sur la structure et le mode de développement des faisceaux composés. En présence de ces résultats, j'aurais mterrompu ce travail, siles bienveillants con- seils de MM. Decaisne et Duchartre ne m'avaient soutenu et encouragé ; qu'il me soit permis de leur en exprimer ici ma vive reconnaissance. La différence du but que nous poursuivons légitimera ma persistance, et peut-être n'est-ce pas trop des soins réunis de plusieurs observateurs pour éclairer le champ si vaste et si fécond que nous offre l’histoire anatomique des Aroïdées. A l'exception des Pothos, dont je n’ai pu examiner que des tiges desséchées, toutes les plantes nommées dans ce travail ont été étudiées vivantes ; elles appartiennent toutes à la riche col- lection d’Aroïdées cultivées dans les serres du Muséum. 90 P. VAN FIEGHEM. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DES DIVERS TYPES DE STRUCTURE. PLAN DE CE TRAVAIL. Afin de rendre l'exposition des faits anatomiques plus claire et plus rapide, je vais tout d’abord faire connaître le résultat le plus général de mes recherches. La structure de la tige des Aroïdées se rattache à date types fondamentaux bien distincts, et qui différent tous les quatre de l'organisation des Palmiers, telle que l'ont fait connaître les tra- vaux de M. Mohl, et telle qu’elle est généralement admise de- puis 1824 comme type pour tout l'embranchement des Mono- cotylédones. 1° Chez les unes, la tige ne possède pas de zone génératrice permanente ; mais les faisceaux vasculaires qui la constituent ont le pouvoir de former dans leur intérieur de nouveaux groupes vasculaires, tandis.que les groupes simples les plus âgés s’isolent du faisceau complexe et, après être demeurés plus ou moins longtemps dans la tige, se rendent aux feuilles ; on trouve donc, à une hauteur quelconque dans la tige, des faisceaux com- posés de plusieurs groupes vasculaires à divers degrés de déve- loppement et des faisceaux simples issus des premiers. 2e Chez d’autres, tous les faisceaux sont simples, et 1l y a une zone génératrice permanente qui ne revêt qu une parte de la circonférence de la tige, de son sommet à sa base. C'est dans cette couche que s'organisent et se terminent d'une part les nouveaux faisceaux de la tige, d'autre part les faisceaux vasculaires des racines aériennes ; par elle, les feuilles et les racines aériennes sont en relation directe. 3° D’autres encore n’ont que des faisceaux simples, mais sans posséder de couche génératrice d'aucune sorte. Ce iype se rap- proche de celui des Palmiers, tout en présentant avec lui des différences importantes. h° Ailleurs enfin, les faisceaux sont encore simples en géné- ral; mais il y a une couche génératrice permanente, au moins _ STRUCTURE DES AROIDÉES. (2 pendant un temps assez long, qui forme un cylindre complet autour de l’axe. Ce type se rapproche du Dracæna, en en diffé- rant à plusieurs égards. Au premier type d' organisation se rattachent, d’une part, les Aroïdées à fleurs unisexuées (Arum, Alocasia, Philodendron, Dieffenbachia, ete.) ; d'autre part, parmi les plantes à fleurs her- maphrodites dépourvues de périanthe, le Calla palustris, et, parmi les plantes à fleurs périanthées, les Lasia et les Spathi- phyllum. Le second type est manifesté par le groupe des Monstéri- nées. Les Anthurium et les Pothos revêtent la troisième forme ana- tomique. Le quatrième type de structure enfin est réalisé par les ACOrus. Une conséquence importante ressort immédiatement de cette distribution : c’est que les grandes divisions fondées sur l’anato- mie ne coïncident pas avec celles que l’on tre de l’organisation florale. Le milieu intervient ici d’une mamière évidente pour donner la même structure fondamentale à des plantes dont les fleurs sont construites sur des types différents, pour imprimer au contraire une organisation végétative différente à des végé- taux qui ont la même forme florale. C'est ainsi que les Lasia et les Spathiphyllum, plantes des marécages, se rattachent avec le Calla palustris au type des Arum, des Colocasia, des Richardia qui habitent le même milieu ; tandis qu'ils s'éloignent beaucoup des Anthurium et des Pothos, dont l’organisation florale est la même, mais qui sont épiphytes; c'est ainsi que le groupe des Aroïdées à fleurs périanthées possède à lui seul trois types dis- tincts de structure. Ceci posé et sans insister prématurément sur ces consé- quences, le plan de ce travail se trouve tracé dans ses traits les plus généraux. Je le divise en sept chapitres; dans chacun des quatre premiers, je développe un type de structure en prenant . pour exemple un ou plusieurs genres quand cela est nécessaire et en groupant autour d'eux les autres plantes de la section 09 P, VAN TISGREM. qu'il m'a été possible d'étudier. Le cinquième chapitre est con- sacré à des observations sur la structure anatomique de la fleur de quelques Aroïdées. Dans le sixième, j'indique rapide- ment les caractères anatomiques des Typhacées qui se rattachent si intimement aux Aroïdées que M. Brongniart les réunit dans une même classe. Le septième et dernier chapitre contient l'anatomie des Pandanées qui sont, suivant l'expression de M. Parlatore, « comme les Typhacées terrestres de la zone torride ». CHAPITRE PREMIER. AROÏDÉES A FAISCEAUX COMPOSÉS. La vaste étendue de ce groupe nous obligera d'y choisir plusieurs types autour de chacun desquels nous grouperons les principaux genres VOISINS. Alocasia odora (i). — Faisons-nous d'abord une idée exacte de la structure de la tige, du pédoncule floral, du pétiole et de la racine de cette belle plante. Tige. — J'ai pu étudier la structure d’une tige qui avait atteint plus d’un mètre de hauteur et 7 à 8 centimètres de diamètre. On distingue immédiatement sur la tranche de cette tige, sous la pellicule brune qui la recouvre, trois zones nettes : une zone externe blanche sans faisceaux, une zone mince d’un blanc bril- lant avec reflets 1risés, et un cercle central avec faisceaux épars et lobés dont quelques-uns ont une direction très-oblique. L’exa- men d'une coupe transversale montre successivement (PI. I, LES RE 1° Un épiderme formé de deux assises (a. a) de cellules incolores; les cellules de la couche interne sont plus grandes que celles de l’assise externe. 2° Une couche subéreuse (b) formée de plusieurs assises de (4) Cette espèce, que M. Brongniart ct M. de Vriese ont prise pour sujet de leurs recherches sur la chaleur dégagée par le spadice, est regardée par Schott comme une variété des Alocasia macrorhiza et commutata, STRUCTURE DES AROIDÉES. 93 cellules tabulaires, à parois brunes, disposées en files rayon- nantes, et souvent dénudée par l'exfoliation de l’épiderme. 3° Une couche (d) de 5 millimètres d'épaisseur, constituée par des cellules ovoïdes incolores qui laissent entre elles de petits méats; un liquide granuleux remplit seul la plupart de ces cel- lules; cà et là pourtant quelqu'une contient un paquet de ra- phides; on n'y voit pas d'amidon. Cette couche ne contient pas de faisceaux vasculaires verticaux, mais on y rencontre ça et là un faisceau qui la traverse presque horizontalement pour entrer dans une feuille. h° Le cercle brillant et irisé, visible sur la tranche, est formé par des cellules polyédriques toutes semblables à celles du paren- chyme cortical; elles sont remplies : les unes (e), de gros pa- quets de raphides de couleur jaune; d’autres, plus rares (e'), de mâcles d’octaèdres ; d’autres, et c’est le plus grand nombre (g), de grains d’amidon ovoïdes à surface granuleuse, d'environ 0"",012; d’autres enfin (4) contiennent une matière résineuse sombre,!demi-fluide, dont les innombrables granules sont en fourmillement rapide, tantôt condensée en sphères de diverses grandeurs, tantôt répandue dans toute la cellule ou seulement dans un de ses coms. Cette couche (d) est donc une zone nutri- tive où se déposent en grande abondance des substances alimen- taires de nature variée. 9° Immédiatement au-dessous d'elle, on rencontre les fais- ceaux (f) les plus externes du corps central que hinite cette zone nutritive. Le parenchyme de ce corps central (m) est formé, comme celui de l'écorce, de cellules arrondies qui, à quelque distance des faisceaux vasculaires, ne contiennent qu'un liquide hyalin, tandis qu'autour de ces organes elles sont remplies les unes d’amidon, les autres de matière résineuse, et forment ainsi, autour de chaque faisceau, une gaine nutritive. Les faisceaux vasculaires, disséminés au milieu de ce parenchyme, sont constitués en général (f. /") par un certain nombre de groupes de vaisseaux (v) rangés en cercle interrompu au- tour d'un faisceau de ces cellules étroites et longues, à parois transversales souvent épaissies et grillagées, que l’on retrouve 94 P. VAN SIEGHEM. dans tous les faisceaux vasculaires quelle qu’en soit la struc- ture, et qu'on désigne sous le nom de tissu cribreux. I n’y a pas de fibres dans ces faisceaux. Les vaisseaux, qui ne sont d'ailleurs séparés du parenchyme médullaire que par une rangée de cellules allongées, sont : les plus larges, spiralés, tantôt à spire simple, régulière, à tours espacés, tantôt, à spire serrée dont les tours sont réunis les uns aux autres par des branches trans- versales; les plus étroits, annelés. On n’y trouve pas de tra- chées déroulables. Les laticifères à tannin, quand on les ren- contre dans ces faisceaux complexes, se trouvent dans le tissu cribreux au voisinage des groupes vasculaires (fig. 2, /). Les coupes longitudinales en montrent qui sont accollés, sur une assez grande étendue, aux vaisseaux spiraux (fig. 4). Suivons maintenant un de ces faisceaux à mesure qu'il s'élève dans la tige, et nous verrons que les groupes vasculaires, rangés d’abord en cercle, s'isolent peu à peu l’un de l'autre, en même temps que le parenchyme médullaire s’insinue entre eux (fig. 2), de sorte que la section du faisceau est lobée; plus haut, un des groupes vasculaires simples, entraînant avec lui une partie dur tissu cribreux central, se sépare complétement du faisceau pri- mitif (fig. 2, f), et tantôt se dirige obliquement en haut pour aller, après un certain temps de parcours hbre, se réunir à un faisceau voisin, tantôt, au contraire, traverse horizontalement la tige du centre à la périphérie et pénètre dans une feuille. Plus haut encore, le faisceau composé perdra un autre de ses groupes constituants, en même temps qu'il se fera, dans le fais- ceau principal, des vaisseaux nouveaux pour réparer ses pertes et suffire à des divisions nouvelles. Les faisceaux simples, issus des faisceaux composés, s'anastomosant promptement avec les faisceaux voisins, ou quittant tout de suite la tige pour aller aux feuilles, on comprend pourquoi on n'en rencontre qu'un petit nombre sur une section transversale. D'autre part, ces anasto- moses fréquentes. des faisceaux donnent au système vasculaire du corps central la structure d’un réseau compliqué où il est impossible, par la dissection la plus patiente d’une tige macérée, . d’être certain de suivre un même faisceau sur une longeur un STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 95 peu considérable; aussi mes efforts, pour déterminer de cette manière la marche de faisceaux dans la tige, sont-ils restés infructueux. Ce qu'on peut dire de plus général à cet égard, c’est que les faisceaux composés à section circulaire se trouvent sous la couche limite ; ceux dont la section est lobee, au con- traire, vers le centre où se fait la séparation des faisceaux sim- ples ; il en résulte qu’en montant les faisceaux se dirigent de la zone nutritive vers l'axe. Une question reste encore à éclaircir. En quel point les racmes adventives prennent-elles naissance sur la tige? C'est sous la zone limite que naissent ces organes : les faisceaux verticaux les plus externes du corps central s’envoient l’un vers l'autre deux ou trois branches horizontales qui s’entrecroisent en un point; c'est en ce point que la racine adventive puise ses élé- ments vasculaires, c’est-à-dire que les vaisseaux qui la consii- tuent se relient au système vasculaire de la tige. | 1! Le caractère général de la tige de l’Alocasia odora est donc d’être constituée par des faisceaux vasculaires composés, privés de fibres, émettant, par voie de division successive, des faisceaux simples qui entrent dans les feuilles sans séjourner dans le pa- renchyme cortical. Cette tige porte à son sommet, autour du bourgeon terminal, de larges feuilles dont quelques-unes développent à leur aisselle des rameaux floraux; et nous devons comparer la structure de ces rameaux avec celle de la tige d’une part, avec celle du pé- tole de l’autre. Pédoncule floral. Le rameau floral ne possède pas de faisceaux composés, mais seulement des faisceaux simples émanés des faisceaux complexes de la tige et qui acquièrent, en pénétrant dans le pédoncule, une structure différente qui imprime à cet organe un caractère tout particulier. La coupe transversale du pédoncule floral nous montre, en effet : 4° un épiderme formé d’une rangée de cellules incolores dont la paroi externe forme des crêtes élevées et inégales, recou- vertes par une couche mince de cuticule qui s'enfonce dans tous leurs replis (fig. 5, e, et pl. IE, fig. 4). Ce sont ces crêtes qui, en 96 P. VAN TIEGHEM. réfléchissant irrégulièrement la lumière et la diffusant en tous sens, donnent à la surface l'aspect bleuâtre opalescent qui lui est particulier. Sous cet épiderme s'étend un parenchyme polyédrique, vert (m) et compacte dans ses couches périphé- riques, incolore et traversé par de grandes lacunes cylindriques (/) dans toute la masse centrale (p). Le bord de chaque lacune paraît, à la loupe, garni de franges irisées, parce qu'un grand nombre des cellules qui la bordent font saillie à l'intérieur et contiennent chacune un faisceau jaunâtre de raphides (r); la paroi de ces cellules allongées à partout la même épaisseur, aussi sous l'influence de l’eau s’étendent-elles sans se briser mi projeter leurs cristaux. Dans ce parenchyme sont disséminés des faisceaux vasculaires, mais 1l en faut distinguer de deux sortes : ceux qui sont distribués dans le tissu périphérique vert et serré, et ceux qui sont séparés par le parenchyme central incolore et lacuneux. Les faisceaux du tissu vert sont rangés sur quatre cercles concentriques. Ceux du premier cercle, séparés de l’épiderme par une ou deux cellules vertes, sont de petits faisceaux eylin- driques de collenchyme (a) auxquels s’adjoignent quelquefois, sur la face interne, deux vaisseaux laticifères à tannin. Ceux du second cercle (b) sont formés d’un demi-cercle de collen- chyme auquel succède une rangée de larges et courtes cellules contenant de l’amidon en très-petits grains; puis vient une rangée de cellules Hhériennes, à parois minces un peu ondulées, terminées de chaque côté par un laticifère; puis un groupe de cellules cribreuses, et enfin un vaisseau étroit, spiralé, entouré d'une gaine de cellules allongées et quelquefois rempli lui-même de latex tanmifére (v/). Ce vaisseau peut manquer dans quel- ques-uns des faisceaux de ce second cercle. Les faisceaux du troisième cerele (ec) sont composés de même, mais plus développés; 1l y à deux vaisseaux : un vaisseau étroit extérieur et un autre beaucoup plus large intérieur dont la paroi est quelquefois résorbée en partie et qui contient alors du: latex (vrl). Ceux du quatrième cercle enfin (d) sont encore plus développés : un puissant faisceau de collenchyme (d), deux é STRUCTURE DES AROIDÉES. 97 assises de larges cellules amyliféres (n), plusieurs rangées dé cellules libériennes (0) avec laticifères latéraux (/) se continuant par des cellules cribreuses (ter) jusqu'à un groupe vasculaire formé de trois ou quatre vaisseaux et entouré d'une rangée de cellules longues; telle en est la structure générale. Les deux ou trois vaisseaux extérieurs en contact avec le tissu cribreux sont étroits, à paroi épaisse ; ce sont des trachées. Le vaisseau posté- rieur, beaucoup plus large, est spiralé, réticulé ou scalariforme, et sa membrane est souvent résorbée, qu'il contienne ou non du latex. Il paraît quelquefois y avoir deux gros vaisseaux posté- rieurs appliqués l’un contre l'autre par une paroi plane; les coupes longitudinales montrent qu'il n'en est rien, et que le vaisseau est toujours unique. Seulement, ce vaisseau est con- stitué par une file verticale de larges cellules spiralées ou réti- culées, peu longues, et dont les parois transversales sont très- obliques et munies de larges raies horizontales où de larges ponctuations ovales, où la membrane primitive paraît manquer le plus souvent. Ces parois transverses, loin de disparaître comme dans un certain nombre de vaisseaux, ont une durée plus grande que la paroi longitudinale, car on les retrouve dans des vais- | seaux où celle-ci à subit une résorption complète et qui se sont | transformés en lacunes. Cette structure se retrouve dans les vaisseaux de tous les faisceaux vasculaires du pédoncule, aussi bien dans les petits vaisseaux que dans les gros, à la longueur | prés des cellules constituantes. Ces organes appartiennent donc à cette classe d'éléments, à laquelle M. Caspary refuse le nom de vaisseaux, pour leur appliquer celui de cellules conductrices (1). Ï résulte de cette structure du gros vaisseau, que quand la coupe | transversale rencontrera la paroi oblique (et cela arrivera fré- quemment, à cause de la faible longueur des cellules et de la grande obliquité de la paroi), on verra les cavités des deux cel- lules contiguës, et l'on pourra croire, au premier abord, avoir affaire à deux vaisseaux accolés. Telle est la structure des faisceaux périphériques dans les (1) Monatsberichte der Berliner Acudemie, 1862, se série, BorT. T, VI. (Cahier n° 2 ) à 7 98, P. VAN TIEGHEM. quatre cercles qu'ils constituent; ils se succèdent d’ailleurs dans le sens de la circonférence et dans le sens du rayon avec une grande régularité, et la loi d’alternance a pour expression : Les faisceaux du parenchyme central (f) sont tous semblables, et chacun d'eux est constitué comme la partie postérieure des faisceaux périphériques du quatrième cercle; c'est-à-dire qu'il possède : une assise de larges cellules amylfères ; un faisceau de cellules étroites et longues, où l'on distingue, à l'extérieur, des cellules plus larges libériennes, ayant un laticifére à chaque extrémité de l'arc qu'elles forment, et, à l’intérieur, des cellules plus étroites cribreuses; un groupe de vaisseaux formé de deux ou trois trachées placées sur la paroi externe d’un gros vaisseau postérieur, à paroi souvent résorbée, et qui n'est séparé du parenchyme médullaire que par une rangée de cellules étroites et longues qui bordent la lacune après la résorption de la paroi; les trachées y manquent quelquefois. Les laticifères de tous ces faisceaux ont une structure re- marquable; ils forment, par la fusion des cellules primitives, des tubes continus. inégalement boursouflés au niveau de séparation des cellules voisines; çà et là ces boursouflures s'introduisent entre les cellules et forment des appendices courts et fermés quelquefois, mais qui se prolongent le plus souvent et établissent la communication d'un laticifère à l’autre, soit dans le même faisceau, soit entre deux faisceaux voisins (pl. H, fig. 1): on trouve ainsi des branches isolées qui cheminent dans le parenchyme jusque sous l'épiderme (fig. 8). Les branches ainsi formées se dirigent ailleurs vers le gros vaisseau, s’apla- tissent à sa surface, et y font pénétrer le latex; on rencontre ainsi du latex tannifère dans ce vaisseau tantôt après une résorp- tion partielle de sa paroi (fig. ?, vl), tantôt avant toute trace de destruction, alors qu'il est encore un vaisseau spiralé bien con- stitué (fig. 3). STRUCTURE DES AROIDÉES. 99 Dans la partie supérieure du pédoncule floral, les faisceaux périphériques pénètrent dans la spathe, de sorte qu'au-dessus de l'insertion de cet organe, l’axe du spadice n'est plus constitué que par des faisceaux vasculaires disséminés, dépourvus de collenchyme, et où le gros vaisseau disparait peus faire place _à de nombreuses trachées. Pétiole.— La structure du pétiole de lAlocasia Fa est iden- tique avec celle du pédoneule floral; on y retrouve les mêmes cercles de faisceaux périphériques munis de collenchyme, et le même système de faisceaux internes disséminés dans un paren- chyme encore plus riche en lacunes bordées de cellules à raphides. C’est un fait général dans tout ce groupe, que cette identité dans la structure fondamentale du pédoncule floral et du pétiole. | En résumé donc, les faisceaux vasculaires simples, qui s’échappent de la tige pour entrer dans les feuilles et dans les pédoncules floraux, modifient leur structure, et tandis que les plus intérieurs restent simples, les plus externes s'adjoignent des éléments nouveaux produits dans la partie périphérique du parenchyme, et chacun d'eux se soude à un faisceau de col- lenchyme pour faire corps avec lui; en même temps 1l s'ap- pauvrit en éléments propres, d'autant plus qu'il est plus extérieur; mais le cercle le plus externe des faisceaux de collenchyme reste libre de toute adhérence avec les faisceaux vasculaires (1). (4) On sait d’ailleurs que de semblables faisceaux de collenchyme se forment dans le parenchyme cortical d’un certain nombre de tiges dicotylédonées, où, quoique sépa- rés des faisceaux vasculaires et de formation indépendante, ils ont pourtant avec eux des relations constantes de position : j2 citerai les Ombellifères. La tige fistuleuse de l’Ange- lica sylvestris, par exemple, a sous ce rapport une structure remarquable. Le cercle vasculaire y est constitué par deux sortes de faisceaux alternes séparés par d’étroits rayons médullaires. Les premiers sont triples : la partie médiane possède en dehors un faisceau cribreux contenant quelques canaux résinifères, puis une couche de fibres, puis une zone formée de nombreux vaisseaux séparés par des cellules vertes, puis une nouvelle couche de fibres limitant le faisceau du côté de la moelle ; les deux parties latérales sont formées chacune d’un faisceau cribreux placé à côté du premier, mais bien distinct, et d’une couche de fibres continue avec la couche fibreuse externe de la partie médiane. Les faisceaux simples qui ‘alternent avec les faisceaux friples sont 100 P. VAN TIEGHEM. Racine. — Le parenchyme cortical de la racine de l 4locasia odora (fig. 9) est formé de deux couches épaisses qui passent insensiblement l’une à l’autre : la couche externe. dont les cel- lules périphériques se prolongent cà et là en poils unicellulaires, est formée de cellules polyédriques serrées qui vont en grandis- sant vers l’intérieur ; là elles s’arrondissent peu à peu, et se dis- posent avec régularité, de sorte que, dans toute la partie interne, elles sont carrées et rangées en files rayonnantes, en même temps qu'elles font autour du corps central des cercles concentriques ; elles décroissent donc régulièrement, et présen- tent entre elles de petits méats quadrangulaires (a). Ce paren- chyme cortical est parcouru dans sa couche externe par des vaisseaux laticifères. Une couche protectrice (b), formée de cel- lules tabulaires non épaissies, limite le corps central. Celui-ci est formé de quinze à seize files (f) rayonnantes de vaisseaux, dont le diamètre augmente rapidement de dehors en dedans : les petits vaisseaux externes sont annelés etspiralés, mais non déroulables : les moyens sont scalariformes; les plus gros sont munis de spi- rales à spires souvent bifurquées, et réunies en réseau par des branches transversales. Dans les racines jeunes, ces gros vais- seaux ont une paroi mince ; 1ls ne sont pas encore épaissis (ur). Sur une coupe longitudinale, on voit aisément les parois trans- versales, obliques, munies de larges raies, des cellules qui consti- tuent ces vaisseaux. Comme ceux du pédoncule floral et du pétiole, les vaisseaux de la racine ne sont donc que des files de constitués comme la partie médiane de ces derniers. Ceci posé, on ne voit dans le parenchyme cortical vis-à-vis des faisceaux triples aucune production spéciale ; tandis que chacun des faisceaux simples à devant lui, presque sous l’épiderme, un puissant faisceau de collenchyme, séparé du faisceau cribreux par des cellules corticales ordi - naires. Contre la face interne du collenchyme se trouve un canal résinifère ; on en voit de chaque côté du faisceau cribreux dans le parenchyme cortical; on en rencontre enfin dans les parties saillantes du parenchyme médullaire qui correspondent aux parties latérales, fibreuses, des faisceaux triples ; la zone médullaire qui entoure la lacune centrale en est dépourvue, Ces canaux sont constitués par quelques cellules rangées en cercle et circonscrivant une cavité où s’épanche l'huile essentielle qu'elles sécrètent. Ici donc, comme dans l’Alocasia odora, les faisceaux corticaux de collen- chyme, quoique ayant une origine distincte de celle des faisceaux vasculaires, leur cor- respondent pourtant avec régularité, STRUCTURE DES AROÏDÉES. 101 cellules plus où moins allongées, séparées par des parois obliques, épaissies et rayées ; et Je puis dire tout de suite que c'est là le ca- ractère général des vaisseaux dans les racines de toutes les Aroï- dées. Ces plans rayonnants de vaisseaux sont séparés les uns des autres par des faisceaux formés de cellules cribreuses, à section hexagonale, très allongées, à paroi brillante, à droite et à gauche desquels se trouve un vaisseau laticifère. Ces faisceaux cribreux sont réunis aux files vasculures par des cellules longues, à parot mince, plus sombre, dont toute la partie centrale de la racine est aussi remplie. I est difficile de saisir la limite entre les fais- ceaux cribreux et ces cellules longues dans les racines ordi- naires ; mais sur les racines âgées, ces dernières s’épaississent en fibres, tandis que l'aspect des premières ne change pas : la distinction est alors évidente. Nous voyous dès le début, et nous en trouverons de nombreuses preuves par la suite, qu'il est imexact de regarder la disposition des vaisseaux en V comme normale dans la racine des Monocotylédones ; cette disposition, quand elle se rencontre en quelque point, est accidentelle, et lent à ce que le vaisseau le plus interne d’une file grandit plus vite que le dernier de la file voisine; il empiète alors sur cette dermére, et forme la pointe d’un V dont celle-ci constitue l’une des branches. I! résulte encore de ce qui précède que l’ordre de succession des vaisseaux dans les plans vasculaires de la racine de l'Alocasia odora est le mème que dans les faisceaux du pédon- eule floral et du pétiole ; de part et d'autre, les plus étroits sont en dehors et le plus gros en dedans ; de part et d'autre encore, les plus étroits se forment et s’épaississent d’abord, les autres eusuite das l'ordre de leur grosseur. Les racines secondaires prennent naissance sur chaque file vasculaire ; leur disposition réguhère sur la racine principale en résulte. Ordinairement blanches, ces racines de l Alocasia odora sont fréquemment colorées eu vertsur les parties en contact avec l'air extérieur, circonstance que nous retrouverons toujours dans les racines aériennes des Aroïdées épiphytes; la formation de la chlorophylle envahit tout le parenchyme cortical, excepté les deux assises externes. La racine respire alors comme la feuille, 402 P. VAN TIEGHEM. et l’on n’a peut-être pas assez insisté sur cette coloration des racines et sur les conséquences qui en résultent pour la respira- tion générale. Ce fait se retrouve ailleurs : les racines ligneuses des arbres de nos forêts, celles du Châtaignier et du Charme par exemple, dans toutes les parties où elles rampent à la surface du sol, contiennent sur leur couche subéreuse un parenchyme vert bien développé (1). | _ Connaissant bien la structure des quatre organes fondamen- taux, tige, pétiole, pédoncule floral et racine de l’Alocasia odora, recherchons les différences que les plantes voisines pré- sentent dans les parties correspondantes. | L’Alocasia metallica diffère un peu de l’Alocasia odora. Sous l’'épiderme dépourvu de crêtes, on rencontre en effet dans le pétiole des faisceaux munis de collenchyme répartis sur trois cercles concentriques : ceux du premier cercle n’ont que du collenchyme avec un ou deux laticifères ; ceux du second ont en outre quelques cellules eribreuses et un vaisseau étroit ; ceux du troisième, plus développés encore, ont plusieurs vaisseaux, mais les faisceaux épars dans le parenchyme central ont seuls une large lacune ; les faisceaux périphériques se succèdent dans l’ordre abacabac. La racine n’a pas de lacunes dans son parenchyme cortical ; les cellules de la couche protectrice sont épaissies et ponctuées ; les dix plans vasculaires présentent ce caractère particulier que chaque gros vaisseau interne possède autour de lui un ou plu- sieurs vaisseaux étroits qui réunissent les gros vaisseaux les uns aux autres. Les files vasculaires et les faisceaux cribreux ne sont . séparés que par des cellules longues et à paroi mince qui rem- plissent aussi toute la partie centrale. Le Colocasia antiquorum nous offre tout de suite dans la struc- ture du pétiole une différence frappante. Les cellules épider- niques n’ont pas de crêtes, et les faisceaux périphériques munis de collenchyme forment un seul cercle ou deux cercles alternes (1) Dans le cours de cet exposé déjà trop long, je dois me borner à indiquer le carac- tère général des éléments anatomiques, sans pouvoir m'arrêter à en décrire dans chaque cas particulier les nombreuses variations, STRUCTURE DES AROÏDÉES. 105 | très-rapprochés : les plus externes sont des faisceaux cylin- driques de collenchyme pur; les autres, alternes avec les pre- | miers, possèdent un faisceau de collenchyme, deux rangées de larges cellales contenant de petits grains d'amidon, une assise de cellules libériennes terminée de chaque côté par un laticifère ; puis le faisceau s’étrangle au niveau du tissu cribreux pour s’élar- gir ensuite, et contenir une grande lacune circulaire bordée de cellules étroites et larges. Cette lacune n’est autre chose qu'un vaisseau à paroi résorbée, où l’on retrouve les parois transver- sales obliques des cellules constituantes : ailleurs, en effet, le vaisseau est intact; ailleurs encore, réduit à une paroi fort mince et lisse, il conduit du latex. Tous les faisceaux disséminés dans le parenchyme interne ont la même structure que la partie vasculaire du faisceau que je viens de décrire , seulement quel- ques trachées étroites s'ajoutent à la lacune sur sa face externe. Dansles nervures périphériques des feuilles, les choses se passent de même, c’est-à-dire que les larges cellules constituantes du gros vaisseau perdent par résorption leurs parois longitudinales, en conservant le plus souvent leurs parois transversales obliques ; | les lacunes conductrices du liquide que les feuilles émettent par | leur extrémité sont donc entrecoupées par des lames obliques munies de larges raies ou de ponctuations ovales : ce sont des | vaisseaux résorbés. La contradiction est donc plus apparente que réelle entre l’opinion de MM. Duchartre et de la Rue et celle de M. Unger. | La racine du Colocasia antiquorum diffère aussi, à quelques égards, de celle de lAlocasia dora. Le parenchyme cortical possède dans sa zone moyenne de grandes lacunes aérifères | séparées l’une de l’autre par un plan de cellules. Le corps cen- | tral est limité par une couche protectrice formée par des cellules | assez longues, épaissies et ponctuées ; sept à dix files vasculaires | de cinq ou six väisseaux chacune, séparées par des faisceaux | cribreux, munis d’un laticifère de chaque côté, constituent le | corps céntral, dont le centre est occupé par du tissu fibreux | qui borde la partie interne des files vasculaires et des faisceaux | cribreux. | | | | 104 P, VAN TIEGHEM. La structure du pétiole et de la racine sépare donc nettement les trois espèces précédentes. Dans le Xanthosoma violaceum, les faisceaux périphériques du pétiole ne forment qu'un cercle, et sont tous semblables. Un faisceau de collenchyme, deux rangées de cellules amvyli- fères, un groupe de cellules cribreuses avec laticifères laté- raux, et deux vaisseaux étroits mêlés de quelques cellules allongées, telle en est la structure commune. Les faisceaux 1n- ternes possèdent un large vaisseau à parot plus ou moins com- plétement résorbée, sur la face externe duquel se trouvent deux ou trois trachées. J'ai souvent rencontré dans cette plante le latex dans des vaisseaux spiralés imtacts (pl. 2, fig. 6), vers lesquels les laticifères envoient des branches latérales (b) (fig. 7 a) ; on le trouve aussi dans les gros vaisseaux qui ont perdu, par une ré- sorption partielle, leurs épaississements spiralés (fig. 5) ; enfin on y voit ramper souvent sous l'épiderme des branches de jatier- féres (fig. 8). La racine du Xanthosoma violaceum à son parenchyme cor- tical formé d’une couche externe polyédrique et d’une ecuche interne de cellules rayonnantes, sans lacunes intermédiaires ; la couche limite est formée de cellules longues, épaissies et ponc- tuées. Ces cellules sont déjà épaissies à un centimètre de l'extré- mité de la racine, quand les premiers vaisseaux des files sont seuls formés ; dix files vasculaires très-régulières, alternaut avec autant de faisceaux cribreux munis de laticifères latéraux, con- stituent le corps central, dont le milieu est occupé par un tissu fibreux qui pénètre entre les gros vaisseaux jusqu'aux faisceaux cribreux. La composition cellulaire des gros vaisseaux scala- riformes se retrouve 101 comme partout; les cellules consti- tuantes ont 1"”,5 environ de longueur ; la trace des parois obliques sur la coupe transversale est perpendiculaire au rayon. ‘ J'omets à dessein, parmi les Caladiées que J'ai étudiées, le genre Syngonium, parce qu'il possède une organisation cauli- paire un peu différente, que nous étudierons plus loin avec quelques détails. et Je compare tout de suite au type connu de STRUCTURE DES. AROÏDÉES. 105 l'A locasia odora quelques-uns des genres de la tribu des Dracun- culinées. Dracunculus vulgaris. — Le rhizome tuberculeux du Dracun- culus vulgaris, que je prendrai pour premier exemple, à essen- tiellement la même structure que la tige de l'Alocasia odora, c'est-à-dire que sous une couche subéreuse brune, et au milieu d’un parenchyme amylacé dont les grains ont 0"",012 à 0"”,016 de diamètre, serpentent une foule de faisceaux vasculaires com- posés, dont les vaisseaux sont rangés en cercle interrompu au- tour d’un ilot cribreux. Ces faisceaux émettent des branches simples qui se réunissent à d’autres faisceaux par de fréquentes anastomoses, ou qui se rendent aux feuilles et au pédoncule floral ; tandis que, d'autre part, les racines adventives qui naissent en cercle autour du bourgeon terminal mettent leur système vascu- laire en communication avec eux. C'est en raccourci, et avec un enchevêtrement plus complexe encore, la structure de la tige allongée de lAlocasia odora; mais, de cette masse si 1rrégu- lière, naissent des systèmes organiques dont la structure est plus symétrique. Le pédoncule floral contient, sous un épiderme d'une rangée de cellules, dont la paroi, plus épaisse en dehors, se prolonge en petiles crêtes que recouvre là cuticule, un parenchyme polyé- drique, serré, vert, dans les couches périphériques, arrondi, incolore, muni de nombreux méats, mais dépourvu de grandes lacunes dans Fa partie centrale. Dans la couche verte, on trouve un cercle de faisceaux périphériques, et dans le parenchyme central de nombreux faisceaux disséminés. Tous les faisceaux du cercle périphérique ont la même struc- ture, mas ils sont alternativement plus ou moins développés dans le sens du rayon ; chacun d'eux possède : un faisceau de collenchyme, deux rangées de larges et courtes cellules qui renferment des grains d'amidon ayant 0"",004 de diamètre ; un faisceau de cellules cribreuses plus larges en dehors, plus étroites en dedans, de chaque côté duquel on rencontre un laticifère formé d’une file de cellules à parois transversales bien distinctes, et sans ramifications ; deux ou trois vais- 106 P. VAN TIEGMEN. seaux spiraux très-étroits, appuyés Sur un gros vaisseau Spi- ralé plus interne, dont la paroi tantôt conserve ses spires, tantôt se résorbe pour former une lacune ; ce gros vaisseau est bordé par une couche de cellules longues qui limitent la lacune après la résorption du vaisseau; il peut manquer dans quelques- uns des faisceaux sous-épidermiques les moms développés. Quant aux faisceaux internes, 1ls ont la même structure que la partie vasculaire des périphériques ; la’ paroi du vaisseau inté- rieur y est plus habituellement résorbée ; tous sont orientés de la même manière, les cellules amyhfères en dehors, la lacune en dedans. À la partie supérieure du pédoncule floral, les faisceaux péri- phériques pénètrent dans la spathe, et l’axe du spadice ne pos- sède que des faisceaux purement vasculaires. La structure du pétiole est identiquement la même à deux différences près : 4° le parenchyme central est creusé de nom- breuses et larges lacunes cylindriques; 2° tandis que dans le pé- doncule floral tous les faisceaux centraux présentent la même orientation vers le centre de l'organe, il n’en est plus de même dans le pétiole. Les faisceaux périphériques y forment bien encore au-dessus de la gaine un cercle complet; mais les centraux sont rangés sur une courbe ouverte en haut du côté de la suture de la gaîne, et l’on en trouve trois autres orientés de même dans le plan de symétrie ; 1l n’y a donc plus dans le pétiole cette symétrique orientation des faisceaux autour de l'axe organique, qui est le caractère général des pédoncules floraux. Le parenchyme cortical de la racine est formé d'un tissu polyédrique serré dans ses couches externes, mais il est creusé dans toute sa partie interne, et jusque contre la couche limite, de larges lacunes séparées les unes sur les autres par un réseau de murs à un plan de cellules. La couche protectrice n’est pas épaissie, et le corps central est formé de huit files vasculaires rayonnantes, séparées par des faisceaux cribreux peu distincts des cellules longues, à paroi mince, qui les réunissent aux vaisseaux et remplissent toute là parte centrale. STRUCTURE DES AROÏIDÉES. 107 En résumé, la structure du Dracunculus vulgaris est tout à fait semblable à celle des Colocasiées étudiées plus haut, et les diffé- rences qu'elle présente avec le type de lAlocasia odora dans la disposition des faisceaux périphériques de collenchyme, dans la structure du parenchyme cortical de la racine, sont du mème ordre que celles que présentent les Colocasiées entre elles. La structure articulée, et non anastomosée des laticifères, est peut- être une différence d’ordre plus élevé. Quoi qu'il en soit, com- parons encore à cette structure du Dracunculus celle de quel- qués plantes voisines. L'Arum italicum possède dans le pétiole et le pédoncule floral des caractères qui le distinguent tout de suite du Dracunculus vul- garis, et qui l’éloignent davantage du type des Colocases. D'une part, les faisceaux sous-épidermiques y sont de deux sortes, et altérnent régulièrement ; dans les uns, le système vasculaire n’est isolé du faisceau de collenchyme que par une rangée de larges cellules amylifères; dans les autres, il en est séparé par quatre ou cinq rangées de larges cellules vides, bien qu'il lui soit exactement superposé ; la liaison des faisceaux de collenchyme avec les faisceaux vasculaires ést chez ces derniers beaucoup moins intime. D'autre part, les faisceaux vasculaires, aussi bien dans les faisceaux périphériques que dans les centraux, ont une composition différente ; ils possèdent un arc de larges cellules libériennes, qui ont de chaque côté une file de cellules pleines de latex; un faisceau de cellules cribreuses plus étroites ; une masse considérable de vaisseaux serrés les uns contre les autres, dont le diamètre augmente vers l'intérieur, où se trouvent un ou deux vaisseaux plus gros, dont la paroi est rarement ré- sorbée ; ces vaisseaux sont séparés les uns des autres, et entou- rés par de nombreuses cellules étroites d’abord, puis de plus en plus larges, pleines de matière verte, et passant enfin aux cel- lules du parenchyme. Cette partie vasculaire est moins déve- loppée dans ceux des faisceaux périphériques qui sont en con- tact intime avec les groupes de collenchyme ; elle s’y réduit à un paquet de vaisseaux étroits. Le parenchyme du pétiole est, dès là périphérie, creusé d'innombrables lacunes séparées par un 108$ P. VAN FIEGHEM. seul plan de cellules ; celui du pédoncule floral n’en possède pas. L'orientation des faisceaux est d’ailleurs symétrique dans le pé- doncule, tandis qu'ils sont distribués dans le pétiole sur deux courbes parallèles ouvertes en haut, du côté de la suture de la gaine. La racine de l'Arum vulgare ne diffère de celle du Dracun- culus que par la présence dans le parenchyme cortical de trois couches : l’externe à cellules polyédriques serrées, la médiane à cellules Tâches séparées par de larges lacunes aérifères ; l'in- terne formée de larges cellules hyalines, sans lacunes, mais ne présentant pas cette disposition en séries concentriques et rayon- nantes qu'on rencontre dans les Colocasiées. Ailleurs enfin, tandis que le T'yphorium trilobatum a dans son pédoncule floral un cercle de faisceaux sous-épidermiques tous semblables et tous soudés à un faisceau de collenchyme, et se rapproche ainsi du Dracunculus vulgaris, l'axe floral du Biarum lenuifolium possède, il est vrai, des faisceaux sous-épider- miques de collenchyme, mais entre eux et les faisceaux vascu- laires les plus externes se trouve une couche épaisse de paren- chyme, et toute correspondance régulière disparaît : c’est l’exagération de ce qui se passe dans l’Arum, dont le Biarum se rapproche ainsi. Le pédoncule floral de l'Arisæma atrorubens possède encore les mêmes caractères : faisceaux sous-épidermiques de collen- chyme, les uns libres, d’autres intimement unis à des faisceaux vasculaires pauvres en vaisseaux, d'autres assez éloignés des faisceaux qui leur correspondent; faisceaux centraux formés d'un faisceau cribreux et d'un groupe vasculaire où les petits vaisseaux sont extérieurs, et le gros intérieur à paroi non résorbée. En résumé, le caractère le plus général de toutes les plantes que nous venons de passer en revue en les groupant autour de VA locasia odora est d’avoir : 1° la tige ou le rhizome formés de faisceaux composés dépourvus de fibres, sans que les faisceaux simples non fibreux y séjournent; 2° le pédoncule floral et le pétiole muni de faisceaux de collenchyme qui contractent le plus | STRUCTURE DES AROIÏDÉES, 109 extérieurs, et de faisceaux internes dépourvus de fibres, où les | cellules lhibériennes sont peu distinctes du tissu cribreux et où | les vaisseaux se succèdent de manière que les plus étroits | soient à l'extérieur, et le plus gros dont la paroi se résorbe | souvent, à l'intérieur. | Syngonium auritum. — Tige, — La tige des Syngonium est élancée et non tuberculeuse, et à cette différence extérieure correspondent dans la structure intime quelques caractères nouveaux que nous devons apprécier. | Un épiderme sans stomates et formé d’une assise de cellules | fort épaissies et ponctuées entoure la tige du Syngonium auri- tum que je prendrai pour exemple; il est suivi de deux rangées de cellules incolores, à paroi mince, qui forment la couche subéreuse. Le parenchyme interne est formé : de cellules polvé- driques, serrées, fort épaisses dans leurs angles et pleines de chlorophylle dans ses couches périphériques, de cellules arron- dies, incolores, contenant surtout autour des faisceaux de nom- | breux Grains COMpOS és d'amidon, et laissant entre elles de | fréquents méats où se prolongent use cellules à raphides dans | toute la partie centrale. A la limite interne du parenchyme vert on commence à rencontrer des faisceaux vasculaires. Les plus extérieurs sont formés de quelques fibres peu épaissies, de deux gros laticiferes latéraux et de quelques cellules cribreuses; les suivants ont en outre un ou deux vaisseaux étroits et spiralés à leur face interne; plus en dedans, on rencontre des faisceaux dépourvus de fibres, formés d’un faisceau cribreux en dehors et d’un arc de vaisseaux assez gros à la partie interne. Ces faisceaux : forment un cercle que l’on doit regarder comme la limite entre le corps central et la partie corticale, bien que le parenchyme soit parfaitement continu entre eux; car c’est sur eux ou sur des branches transversales qu'ils s'envoient de l'un à l’autre que s'insérent les vaisseaux des racines adventives. Immédiatement | après eux, on trouve des faisceaux composés qu’on ne cesse de rencontrer dans toute la partie centrale mêlés à un certain | nombre de faisceaux simples. Les faisceaux composés ont une | souvent une union intime avec les faisceaux vasculaires les plus | | + w 110 P, VAN TIEGHEM. structure d'autant plus complexe, qu'on s’avance davantage vers le centre ; constitués, près de la périphérie du corps central, par trois ou quatre groupes formés chacun d’un ou deux gros wais- seaux réticulés ou scalariformes, rangés autour d’un faisceau cribreux, ils arrivent bientôt à posséder six, huit et jusqu'à dix groupes vasculaires (fig. 10, f), parmi lesquels un certain nombre, les plus récemment formés (v'), ont encore leurs parois minces ;1es laticiferes, qui deviennent ici, par la fusion de cellules constituantes, de vrais tubes anastomosés, et qui contiennent un suc laiteux, sont placés au côté interne des groupes vasculaires (L), mais rarement tous en possèdent. Ces faisceaux composés, à mesure qu'ils multiplient leurs vaisseaux, mettent en liberté leurs groupes les plus anciens, qui constituent les faisceaux simples mêlés aux premiers dans le corps central. Chacun de ces der- niers (fig. 11), normalement orienté, possède en dehors un arc de fibres hbériennes (a) qui se termine de chaque côté par un ou deux laticifères ({), un faisceau cribreux (£cr), et tantôt un gros vaisseau scalariforme, tantôt à sa place cinq ou six vaisseaux étroits spiralés (v), mêlés de cellules longues. La transformation du gros vaisseau en un groupe de vaisseaux étroits, et la forma tion d’un arc fibreux externe s’accomplissent dans le faisceau simple après qu'ils’est séparé du faisceau composé. Ces faisceaux simples, après avoir séjourné quelque temps dans le corps cen- tral, se rendent aux feuilles, les uns en pénétrant d’abord par une flexion lente dans le parenchyme cortical, qu'ils parcourent verticalement sur une grande longueur avant d'entrer dans la feuille, les autres se dirigeant par une flexion brusque du centre à la périphérie pour pénétrer directement dans le pétiole. La feuille recoit donc à la fois les premiers faisceaux dans la périphérie externe de sa gaîne, et les seconds dans sa partie centrale. Quant aux faisceaux limites du corps central, sur lesquels s’in- sèrent les racines, il me semble qu'on ne peut y voir autre chose que la terminaison inférieure, dans la zone génératrice primitive, des faisceaux composés, dont il est facile de comprendre dès lors la marche et le développement. STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 111 La tige du Syngonium auritum ne diffère donc de celle de l'Alocasia odora que par le séjour prolongé qu'y font, tant dans le corps central que dans le parenchyme cortical, les faisceaux simples après leur mise en liberté, et par l'arc de fibres libé- riennes qu'ils possèdent. Feuille. — À leur entrée dansla feuille, il se fait dans les fais- ceaux un changement important ; les fibres hhériennes y dispa- raissent ou ne s’y montrent que sous la forme de cellules allon- gées, plus larges que les cellules cribreuses. En même temps les plus périphériques d'entre eux, ceux qui ont séjourné long- temps dans le parenchyme cortical, et qui sont plus pauvres en vaisseaux que les autres, s'unissent chacun à un faisceau sous- épidermique de collenchyme. Les laticifères sy multiplient et envoient dans le parenchyme environnant des branches innom- brables qui s’avancent seules ou par groupes de deux ou troisjus- que sous l'épiderme. Les lacunes longitudinales du pétiole sont munies, de distance en distance, de planchers verts dont les cel- lules aplaties laissent entre elles de petits méats triangulaires ; ces planchers jouent un rôle dans la respiration de la feuille, en épurant l'air des lacunes qui les traverse dans son mouvement descendant. Racine. — Les racines aériennes du Syngonium auritum se développent ordinairement par quatre à chaque nœud: la pre- .miére sous l'insertion de la feuille, la seconde à l'extrémité du diamètre sous la fente de la gaine, les deux autres plus tard et de chaque côté. Leur structure est normale : le parenchyme cortical dont l’assise externe prolonge un grand nombre de ces cellules en poils bruns unicellulaires est dépourvu de lacunes et possède ces deux couches que nous avons signalées dansles Colo- casiées. La couche polyédrique externe contient seule, et en grand nombre, des laticifères épars. Le corps central a des fibres épaissies qui bordent les treize files vasculaires et occupent toute la partie centrale; chaque faisceau eribreux à deux laticifères latéraux. Par les Syngonium s'établit le passage de la tribu des Caladiées 112 P. VAN TIEGHEM. à celle des Philodendrées, dont 1l nous faut maintenant étudier la structure. Philodendron.— T'ige.—Ta tige du Philodendron Rudgeanum (pl. HE, fig. À), que nous prendrons pour premier exemple, à, sous l’épiderme constitué (a) par deux assises de cellules très- épaissies, une couche (b) de parenchyme vertserré dans sa partie extérieure où il contient ces Canaux oléo-résineux bordés d’un rang de petites cellules sécrétantes, que M. Trécul a le premier signalé dans ces plantes, tres-lacuneux au contraire dans sa par- tie interne ; un cercle de faisceaux (A) est plongé dans ce paren- chyme cortical. Chacun d'eux est formé: d’un arc fibreux (f) terminé de chaque côté par un où deux laticifères (!) à suc rouge, constitués par une file verticale de cellules sans qu'il y ait dispa- rition des parois transversales, d’un faisceau cribreux, et de quelques trachées (1) mêlées à des cellules longues; une couche de cellules pleines de grains composés d'amidon (ec) entoure tout le faisceau. Vient ensuite, séparé du parenchyme vert par une couche (d) de cellules amvhfères, le corps ligneux cen- tral. El est formé à l'extérieur de faisceaux dont les fibres, très- développées, se soudent d'un faisceau à l'autre en une zone fibreuse continue, au milieu de laquelle on distingue les groupes cribreux et vasculaires des faisceaux constituants. Chacun des faisceaux vasculaires les plus externes (B) possède un faisceau cribreux à cellules tres-étraites et quelques vaisseaux polyédriques peu larges, formant un arc interne; puis on trouve soudés aux précédents par leurs fibres des faisceaux (C) formés d'un are hbérien, d'un faisceau eribreux où de larges cellules sont sépa- rées par de plus étroites, et d'un gros vaisseau sçalariforme ou réticulé entouré d'une seule rangée de cellules étroites et longues ; les plus externes de ces faisceaux sont encore envelop- pés de toute part par les fibres, mais les plus internes n’adhèrent à la zone fibreuse que par leur arc libérien et sont en contact direct par leur partie interne avec le parenchyme médullaire amylacé. Je n'ai pas vu de laticifères dans ces faisceaux. Le gros vaisseau paraît formé d’une file de cellules à parois obliques permanentes munies de larges bandes claires perpendiculaires STRUCTURE DES AROIDÉES. 115 au grand axe de l’elipse. Plus à l’intérieur on rencontre dissémi- nés dans le parenchyme médullaire, avec quelques faisceaux construits comme les précédents, deux sortes de faisceaux dis- tincts, les uns simples, les autres composés. Les premiers (D) sont formés : d’un arc lhibérien terminé de chaque côté par un latici- fère à suc rouge; d'un groupe cribreux à cellules étroites; d’un certain nombre de vaisseaux étroits, spiralés, mêlés d’un grand nombre de cellules allongées, qui prolongent le faisceau dans sa partie postérieure; leur structure est analogue à celle des fais- ceaux corticaux. Les faisceaux composés (E) contiennent quatre, cinq où six groupes vasculaires rangés autour d'un faisceau fibreux qui pénètre entre eux de manière à constituer comme autant d’arcs libériens soudés dos à dos; le groupe vasculaire tourné vers le centre de la tige possède quatre ou cinq vaisseaux étroits, mêlés à des cellules longues, et 1l est séparé du faisceau fibreux qui forme de son côté un arc bien développé et terminé de chaque côté par un laticifère, par un groupe cribreux à cel- lules fort étroites : cette partie du faisceau est donc toute pareille aux faisceaux simples (D). Chacun des autres groupes est formé par un ou deux gros vaisseaux dont la paroi n’est pas chez tous également épaissie, ce qui prouve qu'ils sont d'âge différent; l'arc fibreux se prolonge entre ces groupes d'autant plus, qu'ils sont plus âgés, et un faisceau cribreux à cellules larges séparées par de plus étroites réunit chaque groupe à la partie fibreuse. A un niveau plus élevé, le faisceau interne se sépare du faisceau complexe en entrainant avec lui son arc fibreux pour constituer un faisceau simple (D); tandis qu'un groupe voisin, substituant à son gros vaisseau plusieurs vaisseaux étroits, acquérant des lati- cifères, vient le remplacer, pour se séparer à son tour à une hau- teur plus grande. Les faisceaux D sont donc les terminaisons supérieures et hibres des différents groupes vasculaires que ren- ferment les faisceaux composés. Ils se rendent d’ailleurs aux feuilles : les uns, en s’incurvant lentement, entrent dans le paren- chyme externe, oùils constituent les faisceaux foliaires corticaux, et après y avoir séjourné l’espace de deux entre-nœnds, ils pénètrent dans la face inférieure et externe du pétiole ; les autres 0° série, BOT. Te VE" (Cahier'n° 2.) 4 8 Ah P, VAN TIEGHEM. s'infléchissent brusquement sous l'insertion et entrent immédia- tement dans lapartie médiane et supérieure du pétiole, Une ques- tion encore reste à résoudre : que sont les faisceaux B et C? Les premiers sont les terminaisons inférieures dans la zone généra- trice primitive des faisceaux qui se composent plus haut ; c’est sur eux ou sur des branches qu'ils s’envoient l’un vers l’autre que s’insérent les racines adventives. À partir de ce point, à me- sure que le faisceau s'élève en s’infléchissant lentement vers le centre, 1l substitue au groupe vasculaire multiple primitif un seul gros vaisseau, aux étroites cellules cribreuses de larges cel- lules, et 1l garde sur un long parcours cette structure simple en constituant un faisceau C ; puis, parvenu dans la partie centrale, il développe sur son arc libérien d’abord un, puis successivement plusieurs groupes vasculaires semblables au sien, et devient un faisceau composé E, où le groupe primitif subit dans ses élé- ments une transformation inverse de celle qu’il a d'abord éprou- vée, et se sépare ensuite pour s'incurver en dehors et entrer dans une feuille ; plus haut, les autres groupes suivent la même marche dans leur ordre de formation (1). La tige du Philodendron hastatum diffère, à plusieurs égards, de la précédente ; il n’y a pas soudure des faisceaux périphériques du corps central en une zone fibreuse; tous les faisceaux sont libres et le parenchyme est continu de la périphérie au centre. Sous l’épiderme épaissi, est une couche subéreuse formée de deux assises de cellules brunes à paroi mince, suivies d’une troi- sième fort épaissie, et de quatre ou cinq assises de cellules inco- lores et minces, en voie de bipartition dans la partie interne; le parenchyme vert qui vient ensuite contient de larges et longs tubes à raphides, et beaucoup de canaux oléo-résineux, que l’on rencontre aussi dans le parenchyme central. Les faisceaux s’y suc- cèdent dans l'ordre suivant : les plus externes, très-petits, ont quelques larges cellules avet un laticifère de chaque côté, quel- ques cellules cribreuses et une ou deux trachées; les suivants (1) Les faisceaux fibro-vasculaires de la tige des Philodendron se colorent en rouge par l’action ménagée des acides, dans leurs fibres et dans leurs vaisseaux; cette réac- üon permet d’en suivre assez facilement la marche au milieu du parenchyme incolore. STRUCTURE DES AROÏDÉES. 115 ont en outre quelques fibres externes, puis, à mesure qu'on s’en- fonce, les faisceaux sont plus développés et munis d'un arc libé- rien très-puissant ; puis on rencontre des faisceaux formés de quelques fibres qui peuvent manquer, d'un large groupe cribreux à cellules étroites et d’un are de nombreux vaisseaux accolés, Ces faisceaux, dépourvus de laticifères, ne forment qu'un cercle qui limite le corps central ; au point où naît une racine adventive, ils s'envoient une branche vasculaire l’un vers l’autre, et c’est sur cette branche que la racine insère ses vaisseaux ; ils sont d’ail- leurs assez éloignés l’un de l'autre; tous les faisceaux extérieurs au cercle limite ainsi défini sont des faisceaux simples’'plus ou moins riches en éléments, mais de structure identique, ils sont corticaux ; au dedans de ce cercle, au contraire, on trouve un mélange de faisceaux composés et de faisceaux simples. Ces der- niers sont constitués par un arc libérien très-puissant, ayant à chaque extrémité un laticifère, un faisceau cribreux à cellules étroites, et des trachées mêlées à des cellules allongées; ils passent dans les feuilles, les uns en séjournant d’abord dans le parenchyme cortical, les autres directement. Les faisceaux com- posés ont des aspects divers, suivant leur état de développe- ment : ici les cinq ou six groupes de vaisseaux nombreux et étroits sont rangés autour d’un groupe cribreux ; là on voit apparaître un faisceau de fibres au centre; celui-ci grandit et forme un arc puissant, dont la concavité, tournée vers l'axe de la tige, embrasse un faisceau cribreux à cellules étroites et de nom- breuses trachées; de chaque côté de l'arc se développent des laticifères, puis le tout se sépare du reste du faisceau et constitue un faisceau simple libre, tandis que chacun des autres groupes subira plus haut la même transformation pour se séparer ensuite. Les faisceaux en éventail qui limitent le corps central sont les terminaisons inférieures des faisceaux composés, dont la marche et le développement sont faciles à concevoir. Si nous ne trouvons pas ici les faisceaux libres munis d’un ou deux gros vaisseaux que nous avons rencontrés dans le Philo- dendron Rudgeanum, cela tient à ce que les faisceaux, nés simples dans la zone génératrice primitive où ils se terminent, 116 P. VAN 1IEGUEM. se composent tout de suite par le développement de nouveaux groupes vasculaires, en même temps qu'ils s'écartent de la péri- phérie du corps central pour se diriger vers le centre. Le Philodendron tripartitum présente les mêmes caractères de structure que le Ph. hastatum, mais le groupe fibreux de chaque faisceau simple interne est énorme, et les fibres y sont extrême- ment épaisses et tres-dures ; 1l en est de même du faisceau libérien qui se développe dans chaque faisceau composé, et qui va s’en séparer avec le groupe vasculaire correspondant pour devenir libre. Le Philodendron lacerum offre encore la même disposition, mais l’arc libérien des faisceaux est beaucoup moins développé et se réduit à quelques fibres médiocrement épaissies : les vaisseaux des faisceaux limites sont aussi plus larges que dans les deux espèces précédentes. Dans les trois espèces que nous venons de citer, tous les fais- ceaux nés simples dans la zone génératrice se composent immé- diatement en se dirigeant vers la partie centrale, et la structure est homogène ; elle se complique dans le Phil. Rudgeanum par la formation de faisceaux simples inférieurs, tandis qu'à une hauteur quelconque le nombre des faisceaux composés diminue ; enfin, dans d’autres espèces de Philodendron, ce nouveau carac- tère prédomine, et la composition des faisceaux semble tout d'abord disparaître : je citerai le Philodendron micans. La tige du Philodendron micans, en effet, au milieu d’un pa- renchyme continu de la vériphérie où il est vert, au centre où les cellules renferment des grains composés d’amidon, et qui possède dans toute son étendue de nombreux canaux résineux (pl. IE, fig. 2), ne contient que des faisceaux {ous simples et bien isolés. Le parenchyme vert possède de petits faisceaux formés d'un arclibérien, d’un groupe cribreux et de quelques trachées ; puis on arrive à un cercle de faisceaux écartés formés de quelques fibres, d’un large faisceau cribreux, et d’un arc de vaisseaux accolés. A l'intérieur de ce cercle qui limite le corps central, on trouve un mélange de deux sortes de faisceaux simples. Les uns ont sous leur arc libérien un groupe ceribreux à cellules fort larges (ayant 0"",025 à 0"",030) séparées par des cellules très- STRUCTURE DES AROÏDÉES. 117 étroites, auquel succède un très-gros vaisseau scalariforme ou réticulé formé d’une file de larges cellules, à parois très-obliques; la largeur de ce vaisseau varie de 0"",12 à 0"",15, la longueur des cellules constituantes entre 3 et 4 millimètres. Les autres fais- ceaux possèdent sous leur arc libérien un groupe cribreux à cel- lules toutes étroites, et de nombreux vaisseaux étroits spiralés mêlés à beaucoup de cellules longues. Ces faisceaux ne sont que les parties supérieures des premiers, dont un certain nombre se transforment graduellement ; ils se dirigent vers les feuilles comme à l'ordinaire. La tige du Philodendron micans présente donc le développement complet de la structure que nous avons vue apparaître dans le Phil. Rudgeanum ; elle ne possède dans les entre-nœuds que des faisceaux simples, et forme ainsi la transi- tion entre le type des tiges à faisceaux composés et le type des Monstérinées, que nous étudierons plus tard. Mais ce n’est qu'une transition, et en examimant les choses de plus près, on voit le type ordinaire reparaître en quelque endroit. Les racines adventives se développent dans cette plante au- dessous de chaque nœud, sur deux ou trois cercles superposés, de sept à dix racines chacun. Si l’on pratique des coupes successives depuis la base de cette zone d'insertion des racines aériennes jus- qu'au-dessus du nœud, on voit, à mesure que l’on approche du cercle inférieur, les faisceaux périphériques du corps central se presser etse réunir les unsaux autres par des branches vasculaires etcribreuseshorizontales, de manière à former un anneau irrégu - lier sur lequel les racines viennent s'insérer ; c’est le rôle général de ces faisceaux périphériques de fournir aux racines leur base d'insertion. Puis, à mesure qu'on approche du nœud, on voit certains faisceaux du centre, simples d’abordet n’ayantqu'un gros vaisseau, acquérir plusieurs groupes vasculaires qui entourent presque entièrement le faisceau cribreux et l'arc libérien réduit, dans cet espace, à un groupe de cellules minces. Les faisceaux sont donc composés au niveau du nœud ; mais les diverses parties s'isolant de suite, il en résulte que dans l’entre-nœud suivant on ne trouvera, si ce n’est tout à fait à sa base, aucune trace de composition. Ainsi, tout en présentant des caractères de struc- 118 P., VAN TIEGHEM. ture qui en font la transition naturelle entre le type que nous étudions et ceux des Monstera, d'une part, et des Anthurium de l’autre, transition qui s'établit aussi par la forme de la tige et son mode de végétation, cette espèce se rattache au mème type fondamental que les autres. C'est par le Phiïlodendron Rud- geanum qu'elle se relie à la forme anatomique du Philodendron hastatum. Le même genre naturel nous offre ainsi des variations de structure qui sont en rapport avec la forme de la tige et avec son mode de végétation. Feuille. — Ces caractères étant bien connus, disons quelques mots de l’organisation des feuilles et des racines des Philoden- dron. En passant de la tige dans le pétiole, les faisceaux foliaires perdent leur arc hibérien, qui est remplacé par quelques cellules longues, à peine distinctes du tissu cribreux : tantôt cette struc- ture persiste dans toute la feuille(Ph. Rudgeanum, etc.), tantôt les faisceaux reprennent dans la nervure médiane du limbe un arc fibreux assez puissant (Ph. crinipes). Sous l’épiderme du pétiole règne une couche de larges cellules allongées, à coins épaissis, qui représente le collenchyme. Cette couche est çà et là interrompue ; des canaux oléorésineux se montrent dans les in- terruptions, et sont d’ailleurs très-répandus dans le parenchyme du pétiole et dans le limbe des feuilles ; les fragments inégaux de cette couche ne correspondent que très-vaguement aux fais- ceaux vasculaires les plus externes. Racine. — Dans la racine du Philodendron Rudgeanum, on trouve, sous les deux assises externes de cellules brunes, une rangée de cellules fibreuses, jaunes, fort encroûtées, suivie d'une couche épaisse de fibres blanches ; le parenchyme cortical sous- jacent, lacuneux, et souvent vert dans les parties éclairées, con- tient un cercle de canaux oléorésineux entourés chacun d’une gaine fibreuse. Les cellules de la couche protectrice sont épais- sies en face des faisceaux cribreux, qui sont revêtus en outre, à l'extérieur, de plusieurs rangées de fibres ; les files vasculaires alternes avec ces faisceaux cribreux, et qui en sont séparées par des fibres qui remplissent aussi tout le centre, ont leurs vais- STRUCTURE DES AROÏDÉES. 119 seaux internes à peine plus gros que les extérieurs ; les derniers de chaque file sont quelquefois isolés des autres par des fibres. La racine du Philodendron crinipes a une structure semblable avec trois cercles de canaux résineux munis d'une gaïîne fibreuse, dans le parenchyme cortical. Le Philodendron lacerum à quatre cercles de canaux dans son parenchyme cortical vert, dont les couches internes affectent la disposition régulière signalée dans les Colocases; mais les canaux du cercle externe ne sont pas entourés de fibres. | La racine du Philodendron micans présente un caractère que nous rencontrerons souvent dans d’autres groupes, et qui con- corde avec la structure de la tige pour montrer dans cette plante une forme de transition. Deux assises de cellules brunes s’allon- geant souvent en poils, suivies d’une couche subéreuse assez épaisse, formée de cellules aplaties en files rayonnantes, dont les deux rangées externes sont fort épaissies, revêtent le paren- chyme cortical; celui-ci contient quatre cercles de canaux rési- neux munis d’une gaine fibreuse. Les cellules de la couche protectrice sont épaissies en face des faisceaux cribreux. Les files vasculaires ont leurs gros vaisseaux internes séparés des autres par des fibres, et en apparence isolés dans le tissu fibreux central. Chaque plan cribreux répète exactement la structure des files vasculaires ; le groupe externe, allongé radialement, est formé en dehors de cellules étroites, en dedans de cellules de plus en plus larges; derrière lui, sur le même rayon, on rencontre deux ou trois faisceaux cribreux séparés les uns des autres par des fibres, et composés chacun d’une ou deux cel- lules cribreuses tres-larges, à paroi mince, bordées d’une gaine de cellules beaucoup plus étroites. Dans la partie centrale, on lrouve donc, isolés dans le tissu fibreux, des vaisseaux ordi- naires et des vaisseaux cribreux, disséminés en apparence, mais se laissant facilement rattacher chacun au plan radial auquel il appartient; 11 y a donc correspondance parfaite de position et de structure, égalité parfaite de développement entre les deux éléments conducteurs de la racine, les files de cellules vasculaires (car les vaisseaux, nous le savons, ne sont pas 420 P, VAN TIEGREM. autre chose) et les files de celluies cribreuses. Je ne crois pas que ce parallélisme complet ait été encore signalé ; nous le retrouverons fréquemment ailleurs dans le cours de ce travail. Homalonema.—Les Homalonemas éloignent des Philodendron par plusieurs caractères. La tige de l’Homalonema rubescens possède sous l’épiderme une couche épaisse de cellules tabulaires à parois brunes, disposées en files rayonnantes : c'est une couche subéreuse au-dessus de laquelle l'épiderme est souvent exfolié. Le parenchyme, formé de cellules ovoïdes contenant des grains allongés de fécule de 0*",015 (fig. 9) de longueur, conserve le même caractère dans toute l'épaisseur de la tige; çà et là, aussi bien dans la zone périphérique que dans la partie centrale, on y rencontre (fig. 3) une large ouverture circulaire (b), bordée de plusieurs couches de petites cellules Imcolores, en files rayon- nantes, dont les plus internes font saillie dans la cavité qui con- tient un liquide huileux odorant, sécrété par les cellules péri- phériques. Ces réservoirs ne sont pas des canaux; ce sont des cavités ovoïdes, plus hautes que larges et dont les dimensions internes sont 0"",4 et 0°",6 environ; le diamètre total de l’ap- pareil sécréteur est de 0"",6 environ. On isole facilement ces coques ovoïdes résinifères du parenchyme auquel elles adhèrent peu; elles tranchent par leur ton gris sur le tissu blanc qui les entoure. Il faut y voir, avec M. Trécul, qui a le premier fait con- naître ces organes, une forme particulière des canaux oléo- résineux des Philodendrées, d'autant plus que dans le pétiole et la racine ils reviennent à la forme ordinaire. D’après M. Trécul, l'Homalonema Wendlandii en est dépourvu. Voyons maintenant la structure des faisceaux et leur distri- bution dans le parenchyme. On trouve d'abord, dans la zone externe, des faisceaux (a) purement fibreux dont les fibres munies de couches concen- triques et de canalicules nombreux sont fortement épaissies et encroûtées; çà et là un faisceau (c), qui possède avec un arc fibreux puissant des cellules cribreuses et des vaisseaux étroits, traverse cette zone pour entrer dans une feuille. En s’avançant vers le centre, on rencontre ensuite un cercle de faisceaux d’une STRUCTURE DES AROIDÉES. 121 tout autre nature, assez espacés et formés (fig. 4) d'un large faisceau cribreux limité à l'intérieur par un arc de nombreux vaisseaux serrés les uns contre les autres ou formant plusieurs groupes distincts. Ces faisceaux s'envoient les uns aux autres des branches anastomotiques sur lesquelles les racines adven- tives insèrent leurs vaisseaux ; ils séparent la zone corticale du corps central dont ils occupent la limite externe; à l’intérieur, on rencontre des faisceaux composés et des faisceaux simples. Ces derniers possèdent un arc libérien très-développé, un groupe cribreux et quelques vaisseaux étroits mêlés à des cel- lules longues ; 1ls se dirigent dans le parenchyme cortical pour aller aux feuilles. Les faisceaux composés offrent des aspects divers (fig. 5, 6, 7) qui correspondent à leurs états successifs de développement. On aperçoit encore, un peu en dedans du cercle limite, quelques faisceaux constitués comme ceux de ce dernier, et possédant parfois quelques fibres au bord externe du faisceau cribreux; on en rencontre ensuite qui ont deux ou trois groupes de vaisseaux; puis, en même temps que le nombre des groupes vasculaires augmente, les fibres se développent au centre du cercle cribreux, et tantôt y forment un are qui se sépare en entrainant avec lui le tissu cribreux et vasculaire pour former les faisceaux libres complets, tantôt constituent un groupe qui se sépare seul du faisceau com- posé pour se diriger vers la périphérie et y former les fais- ceaux purement fibreux, qui ont ainsi la même origine que les‘ faisceaux complets. La complication successive qu'on ren- contre dans la structure des faisceaux, en se dirigeant de la péri- phérie du corps central au centre, montre bien que les faisceaux limites sont les parties inférieures des faisceaux composés; les choses se passent ici comme dans le Phelodendron hastatum, par exemple, à deux différences près : la formation de groupes fibreux et la flexion plus rapide des faisceaux vers le centre en relation avec la faible longueur des entre-nœuds. L'action des acides, de l'acide sulfurique par exemple, commu- nique aux fibres et aux vaisseaux une teinte rose vif qui permet de suivre la marche des faisceaux ; le tissu cribreux ne se colore 192 P. VAN TIEGHEM. pas, et les cellules du parenchyme n'acquièrent qu’à la longue une teinte rougeûtre : j'ai déjà signalé ce fait et l’usage qu’on en peut tirer dans l'étude des Philodendron. Feuille. — Les faisceaux fibreux de la tige entrent dans les gaînes; les faisceaux complets pénètrent dans les feuilles, mais en subissant une transformation. Dans la gaine pétiolaire, cha- cun d'eux possède encore un arc fibreux assez puissant; mais dans le pétiole, les fibres y disparaissent et ne sont rempla- cées que par des cellules longues peu distinctes du tissu cri- breux. Le collenchyme, formé de cellules larges, constitue des groupes sous-épidermiques assez irréguliers qui n’ont avec les faisceaux vasculaires externes aucune correspondance régu- lière. Le parenchyme du pétiole est creusé de nombreuses lacunes munies de planchers transversaux à petits jours trian- gulaires ; 11 contient dans sa zone externe, sous le collenchyme et dans les interruptions des groupes, des canaux résineux étroits et continus comme ceux des Philodendron (fig. 8). Racine. — La racine de l’Homalonema rubescens possède une couche superficielle formée de quatre rangées environ de ce'- lules polyédriques assez irrégulières ; un grand nombre des cel- lules de l’assise externe s’allongent en poils. Cette couche péri- phérique est séparée du parenchyme cortical par une rangée de cellules plus grandes, rayonnantes, et dont les parois en contact avec la zone superficielle sont plus épaisses et plus sombres. Cette couche, ainsi nettement séparée par une ligne brisée sombre, est lanalogue de ce qu'on a appelé le voile dans cer- tains Anthurium. Le parenchyme cortical possède trois cercles de canaux résineux analogues pour la forme à ceux des racines des Philodendron, niais privés de la'gaïne de fibres qui les carac- térise dans ce genre. Présence de faisceaux fibreux et de coques résinifères dans la tige, absence de gaïîne fibreuse aux canaux de la racine, tels sont les caractères principaux qui séparent les Jomalonema des Philodendron. Les 4 glaonemu s'en éloignent davantage. Aglaonema. — Après l'épiderme et deux ou trois couches STRUCTURE DES AROÏDÉES. 123 incolores tabulaires, on trouve dans la tige de l’Aglaonema ma- rantæfolia (fig, 10) un parenchyme formé d'abord de cellules vertes polyédriques, à coins épaissis, puis de cellules arrondies contenant, les unes de l’amidon en grains simples de 0"",008 à 0"*,012, les autres une matière sombre résineuse dont les gra nules sont en agitation rapide, tantôt diffuse dans la cellule, tantôt agglomérée en sphères ; çà et là on trouve une cellule allongée qui présente à chaque extrémité un bouton arrondi; aussi se rompt-elle dans l’eau pour laisser échapper le paquet de raphides qu'elle contient, Ce parenchyme est continu de la périphérie au centre, Après avoir traversé une épaisseur assez grande de tissu cellulaire dépourvu de faisceaux, on en ren- contre de très-petits (a) qui forment un premier cercle externe ; quelques cellules cribreuses et un ou deux vaisseaux les con- stituent. En dedans de ce premier cercle, on voit le paren- chyme creusé de lacunes (b) pleines d’un suc gommeux, et qui, au nombre d'une vingtaine environ, forment un cercle complet autour de la partie centrale. Les cellules qui bordent ces lacunes sont plus petites que celles du parenchyme environ- rant, mais de forme assez irrégulière, et il y a transition des unes aux autres; un certain nombre d’entre elles, arrondies à leur extrémité, font saillie dans le canal. Ces cellules sont quelque- fois vides, mais là où le parenchyme est riche en amidon, elles en contiennent aussi des grains très-nombreux et plus petits que les autres. Ces canaux gummifères, larges de 0"",240, qui s'étendent dans toute la longueur de la tige, forment un système correspondant à celui que nous offrent les Philodendron et les Homalonema, et dont M. Trécul n'a pas signalé l'existence ; mais ils ne sont pas bordés par des cellules sécrétantes spéciales, leur origine et leur rôle sont donc différents; nous rencontre- rons d’ailleurs ces sortes de canaux dans d’autres groupes de la famille. Des faisceaux vasculaires, pareils à ceux du cercle externe, alternent avec les canaux gommeux. A l’intérieur d’une troisième rangée (c), on rencontre les faisceaux composés, tous très-pelits et d’une structure très-élémentaire ; deux groupes formés de deux ou trois petits vaisseaux chacun (d), séparés par 4121 P. VAN TIEGHEM. quelques cellules cribreuses, constituent le plus grand. nombre d’entre eux; les plus compliqués ont trois ou quatre petits groupes vasculaires. C'est par la séparation de ces petits groupes qui entrainent avec eux quelques cellules cribreuses et deux laticifères, que se constituent les faisceaux simples qui se rendent aux feuilles soit directement, soit après avoir séjourné quelque temps dans la zone externe; la structure de la tige de l’Aglao- nema marantæfolia est donc extrêmement simple et diffère non- seulement par la présence de canaux gommeux et l'absence de tubes ou de coques résinifères, mais aussi par la structure et le développement de ses faisceaux vasculaires, et des Pheloden- dron et des Homalonema. La tige de l’Aglaonema simplex présente les mêmes carac- ières, mais elle est dépourvue de canaux gommeux. Dans le pétiole, des faisceaux cylindriques de collenchyme alternent régulièrement avec les faisceaux vasculaires périphé- riques ; les laticifères à suc orangé acquièrent un grand déve- loppement dans les faisceaux, et ils émettent des branches dans le parenchyme où elles traversent de petites lacunes; on y ren- contre souvent le latex dans les vaisseaux dont la paroi à subi une résorption partielle. Le parenchyme du pétiole est d’ailleurs complétement dépourvu des canaux gommeux que possède la tige. La structure du pédoncule floral est toute pareille. La racine présente deux assises superficielles séparées du paren- chyme cortical' par une rangée de cellules allongées radialement, et dont les parois externes sombres forment une ligne brisée qui hmite nettement la couche externe. Le parenchyme cor- tical ne présente n1 canaux gommeux n1 lacunes oléorésineuses. Les vaisseaux spiralés les plus externes offrent souvent, dans les jeunes racines, leurs extrémités déroulées. Ainsi, en résumé, absence de fibres dans la tige, alternance régulière des groupes de collenchyme du pétiole avec les fais- ceaux vasculaires périphériques, absence de canaux oléorési- neux dans la tige, les feuilles et les racines : tels sont les traits distinctifs des À glaonema. Schismaloglottis. — J'ajouterai quelques mots sur la structure STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 125 du Schismatogloths qui est, comme l'AÆomalonema et V Aglao- nema, le type d'une sous-tribu des Philodendrées. Le Schismato- gloths ambom, que J'ai étudié, a, dans son pétiole et son pédon- cule floral, des faisceaux sous-épidermiques de collenchyme étalés parallèlement à l'épiderme, mterrompus çà et là par des cellules vertes, et qui n'ont pas de correspondance régulière avec les faisceaux vasculaires les plus externes. Sur leur face interne, et aux interruptions qu'ils présentent, le parenchyme vert contient de nombreux canaux oléorésineux semblables à ceux des Philodendron. Ces deux caractères rapprochent] done les Schismatoglottis des Philodendron et des Homalonema; tandis que les Aglaonema s’éloignent de ces trois types par leur struc- ture, comme ils s'en élenéhe par leur ovule unique et leur graine dépourvue d'albumen. Enfin, parmi les Aroïdées à fleurs unisexuées, nous étudie- rons encore deux, genres, types de deux tribus distinctes, le Dieffenbachia et le Richardia. Dieffenbachia. — La tige du Dieffenbachia picta, que nous prendrons pour exemple, a sous l’épiderme une couche su- béreuse de deux ou trois rangées de cellules hyalines; le paren- chyme sous-jacent, formé dans ses couches externes de cellules vertes épaissies dans les coins, puis de cellules incolores, à paroi mince, laissant entre elles de petits méats, contient dans toute la zone qui limite le corps central une quantité énorme d’ami- don en grains allongés (de 0"",608 de large sur 0"",032 de long); entre les faisceaux de la partie centrale, les cellules sont gonflées d'amidon tout autour de ceux-ci, et vides à une certaine distance. Dans la couche incolore du parenchyme cortical, on rencontre successivement (pl. IV, fig. 4) deux rangées de fais- ceaux simples, formés chacun de quelques cellules libériennes accompagnées latéralement par un ou deux laticifères à suc orangé, d'un faisceau cribreux et d'un ou deux vaisseaux qui contiennent quelquefois eux-mêmes un liquide granuleux; ce sont des faisceaux foliaires qui séjournent dans la zone externe avant de quitter la tige. En pénétrant dans la zone amylacée, 126 P. VAN TIEGHEM., on rencontre des faisceaux simples analogues aux précédents, mais à vaisseaux plus grands ; ce sont eux qui limitent le corps central ; à l’intérieur, quelquefois sur le cercle même qu'ils con- stituent, on voit des faisceaux composés, qu'on rencontre en grande abondance mêlés à des faisceaux simples dans toute la partie centrale de la tige; les derniers sont formés de quelques cellules libériennes extérieures avec laticifères latéraux, d’un groupe cribreux et de quelques trachées mêlées de cellules longues; émanés des faisceaux composés, ils se dirigent vers la périphérie pour aller aux feuilles, les uns directement, les autres après avoir séjourné dans le parenchyme cortical. Les faisceaux composés, dont la partie inférieure simple constitue les faisceaux limites, renferment (fig. 2) quatre ou cinq groupes vasculaires, rangés en cercle autour d'un large faisceau cri- breux et d'âge différent; la plupart sont formés d'un ou deux vaisseaux assez gros, mais chaque groupe, avant de devenir libre, les transforme en vaisseaux étroits eb acquiert des lati- cifères. La tige du Dieffenbachia picta se rattache donc au type de l’Alocasia odora, et la principale différence consiste dans la pré- sence des faisceaux corticaux, circonstance qui dépend du plus grand développement des entre-nœuds; elle se relie encore, par l'absence de fibres, aux 4glaonema. Le pétiole possède sous l’épiderme de larges faisceaux irré- guliers de collenchyme, assez régulièrement superposés aux faisceaux vasculaires les plus externes. Chacun des faisceaux est constitué par un groupe cribreux avec laticifères latéraux, et par un gros vaisseau spiralé, tantôt seul, tantôt accompagné, sur sa face externe, d'une ou deux trachées, mais toujours formé par une file de cellules à parois obliques; dans la structure des faisceaux du pétiole, nous trouvons donc une nouvelle ressem- blance avec les Colocases. Richardia. — Le rhizome tuberculeux du Richardia se rat- tache au même type par ses faisceaux composés produisant des faisceaux simples pour les feuilles et les pédoncules floraux. Le pédoncule, comme le pétiole, possède des groupes trian- STRUCTURE DES AROÏDÉES. 127 gulaires de collenchyme qui paraissent sans relation avec les faisceaux internes : chacun de ceux-ci est formé de quelques cellules libériennes accompagnées de laticifères latéraux à suc rougeâtre, d'un faisceau cribreux suivi de deux ou trois vais- seaux annelés et spiralés, appliqués contre la paroï externe d’un gros vaisseau constitué par des cellules superposées, à parois transversales obliques, rayées ou ponctuées; la paroi longitu- dinale du vaisseau subsiste quelquefois, mais elle est le plus souvent résorbée, notamment dans les nervures submarginales ; la les vaisseaux, considérablement élargis, sont réduits à des lacunes entrecoupées çà et à par des planchers obliques, rayés ou troués, qui sont les parois transversales persistantes des cel- lules constituantes du vaisseau primitif. Tout ce que nous avons dit à ce sujet à propos de l’Alocasia odora s'applique au Richardia africana. | La racine a la structure normale que nous avons plusieurs fois décrite chez les Colocases. En résumant ce qui précède, nous voyons que toutes les Aroï- dées à fleurs unisexuées se rattachent au même type fonda- mental de structure, caractérisé par l'existence de faisceaux composés dans la tige, c'est-à-dire par la multiplication des groupes vasculaires à l'intérieur de chacun des faisceaux simples qui se sont formés dans la zone génératrice primitive et qui y maintiennent leurs extrémités inférieures. Cette multiplication s'opère pendant que le faisceau s'élève en se dirigeant vers le centre pour le parcourir verticalement sur une certaine lon- gueur; les groupes simples s'en séparent dans leur ordre de formation et à des hauteurs différentes pour se rendre aux feuilles ; le faisceau s’épuise ainsi après avoir établi une commu- nication entre les feuilles auxquelles se rendent ses terminaisons supérieures multiples et la racine adventive qui vient insérer ses vaisseaux sur sa partie mférieure simple qui chemine à la péri- phérie du corps central. Mais si le type est commun, nous savons qu’il y a dans la structure et la disposition des faisceaux de la tige, dans la struc- 128 BP. VAN YIEGHEM, ture des faisceaux des feuilles et des rameaux floraux, dans le genre de relation qui unit (quand 1l y en a une) les faisceaux de collenchyme aux faisceaux vasculaires, dans l’organisation dela racine, enfin dans la structure des systèmes de vaisseaux latici- fères et de canaux sécréteurs, des caractères différentiels qui peuvent définir les genres, et, dans un même genre, séparer parfois les espèces les unes des autres. Nous avons vu aussi que dans toutes ces plantes, même dans celles où la tige possède les fibres les mieux développées, les faisceaux des pétioles ne contiennent pas cet élément, qui re- paraît quelquefois, mais inégalement, dans les nervures du limbe. On ne peut donc nullement conclure de ce qu'est le fais- ceau dans le pédoncule floral et dans le pétiole à ce qu’il est dans la tige. J'aurai à revenir plus loin sur ce pont en citant des exemples de la transformation inverse. Il nous reste, pour compléter l'étude des plantes de notre pre- nier groupe, à démontrer que, d'une part le Calla palustris, d'autre part les Lasia et les Spathiphyllum, quoique ayant, le premier des fleurs hermaphrodites dépourvues de périanthe, les autres des fleurs hermaphrodites périanthées, se rattachent au même type fondamental de structure. Calla palustris. — Dans le rhizome rameux du Calla palus- tris, les racines adventives naissent en cercle continu au-dessus de chacun des bourgeons axillaires (fig. 4); cette disposition est produite par l'anastomose régulière que contractent à cette hauteur les faisceaux périphériques du corps central. Le parenchyme du rhizome, vert et déjà creusé de lacunes dans les couches externes, devient ensuite incolore, amylacé ; les lacunes s’élargissent et les murs en sont garnis de nom- breuses cellules à raphides allongées, à paroï également épaisse et par conséquent indéhiscente ; le parenchyme est continu jus- qu'au centre et doué des mêmes caractères. En dedans de la couche verte, on rencontre les premiers faisceaux: ils sont simples et constitués par un faisceau cribreux suivi d'un ou deux vaisseaux entourés de cellules longues; puis on rencontre STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 129 un second cercle de faisceaux semblables, mais plus riches en vaisseaux; ceux-ci occupent la place de la zone génératrice primitive, ils hnutent le corps central; ce sont eux qui, mon- tant verticalement d'un nœud à l’autre, s’envoient l’un vers l'autre, au-dessus de l'insertion du bourgeon, et, tous au même niveau, des branches horizontales (fig. 5) qui constituent un anneau vasculaire continu sur lequel les racmes adventives, souvent latentes à l’intérieur, insèrent leurs vaisseaux ; les fais- ceaux externes corticaux sont destinés aux feuilles supérieures. En dedans de ce cercle, on trouve un grand nombre de faisceaux composés, formés d’une plage cribreuse autour de laquelle sont rangés des groupes isolés de vaisseaux; les plus externes (fig. 7) sont circulaires, mais, vers le centre, on en voit dont la partie tournée vers l'axe est plus développée et saillante; un groupe cribreux suivi de plusieurs vaisseaux plus étroits, entourés de cellules allongées, la constitue (fig. 8, v); cette partie, dont la structure est identique avec celle des faisceaux périphériques et qui est orientée de même, se sépare plus haut du reste du fais- ceau et devient un faisceau simple qui s’infléchit en dehors pour pénétrer dans la feuille, tantôt directement en s’incurvant brusquement au-dessous du nœud, tantôt en se dirigeant, par une flexion lente, dans le parenchyme externe, et le parcourant sur une certaine longueur avant d’émerger ; la feuille recoit comme à l'ordinaire les faisceaux des deux sortes. On suit facilement sur un rhizome macéré, d’une part, la marche pa- rallèle et l’anastomose circulaire (fig. 6) des faisceaux limites; d'autre part, la marche des faisceaux composés et la séparation successive des faisceaux foliaires. La structure du rhizome du Calla palustris se montre donc analogue à celle des tiges que nous avons étudiées jusqu’à pré- sent; elle se rapproche surtout de l’organisation caulinaire du Dieffenbachia picta, par l'absence de fibres et par la présence de faisceaux corticaux; mais la structure du pédonceule floral et du pétiole éloignent le Calla palustris de toutes les plantes pré - cédentes. Nous y remarquons tout de suite l'absence des fais- ceaux de collenchyme dont le développement, avec des formes 9€ série, Bor. T, VI. (Cahier n° 3.)1 9 130 P, VAN TIEGHEM. diverses, est constant dans toutes les Aroïdées à fleurs unisexuées. Le parenchyme du pétiole est creusé de nombreuses lacunes, entre-coupées de planchers dont les cellules tabulaires et vertes laissent entre elles de petits méats triangulaires; parfois une cellule du plancher se développe en hauteur, fait saillie dans la lacune, et contient un paquet de raphides. La couche périphé- rique ne renferme pas de faisceaux ; dans la partie centrale, ils occupent les pots de jonction des murs des lacunes; un fais- ceau cribreux avec laticifères à tannin latéraux (fig. 9), suivi de quelques vaisseaux séparés par des cellules longues et ayant, les plus gros et les plus internes d’entre eux, leur paroi résorbée ; telle en est la constitution. Lasia ferox. — C'est encore un excellent exemple de cette organisation remarquable que celui que nous offre la tige des Lasia. Dans un parenchyme continu de la périphérie où il est vert, au centre, où les cellules incolores sont gonflées d'’amidon en grains simples ou doubles fort allongés (de 0"",060 sur 0"",015), les faisceaux du Lasia feroxæ sont disposés de la manière suivante. À la limite interne du parenchyme vert, on rencontre d’abord un cercle de petits faisceaux formés de quelques cellules hbériennes, de cellules cribreuses et de deux ou trois petits vaisseaux étroits accompagnés de cellules longues (Hg. 12); puis, à une distance des premiers égale à celle qui les sépare de l’épiderme, se trouve un cercle formé de faisceaux beaucoup plus développés, constitués par un large ‘faisceau cribreux limité à l’intérieur par un arc, quelqueloi par une demi-circouférence de vaisseaux serrés les uns contre les autres. Ces faisceaux limitent le corps central et indiquent la situation de la zone génératrice primitive; c'est sur eux ou sur des branches anastomotiques horizontales qu'ils s'envoient que s’insèrent les racines adventives; en dedans, on trouve des faisceaux composés, les uns formés de deux arcs vasculaires opposés et séparés par un faisceau cribreux (fig. 13), les autres, plus internes, munis de quatre et cinq groupes vascu- laires, séparés à des degrés divers par l'introduction du paren- chyme médullaire (fig. 14). Entre ces faisceaux composés, on STRUCTURE DES AROIDÉES. 151 voit çà et là des faisceaux simples qui se dirigent vers les feuilles ; si d’ailleurs, en s'aidant pour cette dissection de l’action ménagée de l'acide sulfurique, qui colore en rouge vif les fais- ceaux vasculaires et principalement leurs vaisseaux, sans colorer. le parenchyme, on suit les faisceaux à partir de l'insertion d'une feuille jusque dans la tige, on voit que la feuille reçoit d’une part, dans la partie dorsale de son pétiole, les faisceaux péri- phériques, et d'autre part, dans sa partie centrale et supérieure, des faisceaux émanés de la partie centrale et qui s'incurvent brusquement en dehors. Mais si c'est le caractère général des faisceaux de la tige d'être dépourvus de fibres, il en est tout autrement dans la feuille ; les faisceaux de la tige en émergeant acquièrent un arc libérien très-développé, contrairement à ce que nous avons vu arriver chez les Homalonema et les Philodendron. Le pétiole du Lasia ferox est constitué par un parenchyme serré à la périphérie, et creusé au centre d'une vingtaine de très- larges lacunes, coupées par des planchers transversaux dont les cellules aplaties contiennent beaucoup de chlorophylle et d’ami- don, et laissent entre elles de très-petits méats triangulaires. J'ai déjà signalé le rôle physiologique de ces planchers que l'on re- trouve dans la plupart des plantes dont le milieu de végétation est aquatique. Dans ces végétaux, l'oxygène formé dans les par- ties superficielles vient se rendre, avec l'excès d'acide car- bonique absorbé, dans les lacunes; là 1l est transporté par un courant continu d’un bout du système lacunaire à l’autre, il traverse les planchers verts dans ce mouvement circulatoire, et filtre ainsi en s'épurant successivement avant de se dégager dans le milieu extérieur. Certaines cellules des planchers (fig. 16) se développant autrement que les autres, s’allougent perpendiculairement au plan; les unes contiennent des ra- phides, les autres, moins grandes, mais à parois relative- ment plus épaisses, renferment un liquide rouge; quelque- fois la paroi de ces dernières cellules se soulève en un ou deux points (fig. 17) en formant comme de petits bourgeons. Des cellules identiques se rencontrent avec les cellules à raphides 132 __ P. VAN TIEGWEM. et les cellules à longs cristaux dans les planchers des lacunes des Pontederia (1). Les faisceaux vasculaires sont distribués dans ce parenchyme sur deux cercles, l’un périphérique complet, l’autre central, ouvert à la partie supérieure; de là, la dissymétrie ordinaire aux pétioles. Chacun des faisceaux externes (fig. 15) possède un arc libérien puissant, un groupe cribreux et un mélange de trachées et de cellules longues, bordé à l’intérieur d’une couche fibreuse; les faisceaux Imternes ont les fibres moins développées, elles manquent au bord intérieur, mais en retour la partie cri- breuse et vasculaire est beaucoup plus large. Ainsi, tandis que les faisceaux des Homalonema et des Philo- dendron perdent leurs fibres en entrant dans les feuilles, ceux du Lasia feroæ acquièrent au contraire, après leur émergence, un arc puissant de fibres hbériennes dont ils étaient dépourvus dans la tige. Le faisceau de la tige peut donc, en passant dans la feuille, ici s’'appauvrir, et là s'enrichir par l'addition de nou- veaux éléments. Ces changements de structure du faisceau sont loin d’appar- tenir aux seules Monocotylédones, et les Dicotylédones présen- tent, en particulier, les deux transformations inverses dont je viens de citer des exemples ; je me bornerai à signaler l’appa- rition de fibres lhbériennes dans la nervure des feuilles chez les Picea et le Cèdre, où les faisceaux de la tige n’en possèdent pas, et la disparition dans les faisceaux inférieurs du pétiole du Ficus elastica des fibres libériennes dont les faisceaux de la tige et les nervures du limbe sont abondamment pourvus; il ne saurait (1) Je ne puis admettre l'opinion de M. Chatin sur la maniere d’être de ces cristaux dans les cellules. M. Chalin croit qu'ils en percent la paroi pour s’accroitre en dehors. Mais outre qu’il est facile de voir qu'un cristal qui se nourrit aux dépens du suc d’une cellule, s’il en perce la paroi, ne pourra jamais s’accroitre au delà des ouvertures pour s'allonger dans l'air ambiant, on peut, par la dissolution ménagée du cristal, mettre en évidence la membrane ténue qui le recouvre ; ilse présente d’ailleurs des cas où deux cristaux parallèles, mais d’inégale longueur, se forment à la fois dans la même cellule, etla membrane se laisse voir entre les deux pointes ; enfin si l’on brise la cellule, la cassure du cristal et la déchirure de la membrane ne coincident pas en général, et on les distingue nettement. STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 133 entrer dans le plan de ce travail de développer ce sujet d’études sur lequel je me propose de revenir. La racine du ZLasia ferox a deux assises de cellules brunes extérieures, une assise de cellules hyalines allongées radialement, puis un parenchyme vert et serré à l'intérieur, creusé de lacunes irrégulières dans sa zone moyenne, formé de cellules disposées en files rayonnantes et en cercles concentriques, et séparées par de petits méats quadrangulaires dans sa partie interne ; la couche ta- bulaire n’est pas épaissie ; le corps central est constitué par neuf à dix plans de vaisseaux, qui sont comme toujours constitués par des files verticales de cellules à parois obliques, alternes avec des faisceaux cribreux à cellules étroites : le tout est réuni par des cellules allongées ; la racine, même âgée, ne possède pas de fibres. C'est, en somme, la structure normale, et la disposition du parenchyme cortical dans ses trois couches rappelle celle des Caladiées. | Le Lasia ferox présente donc dans sa tige le type fondamental de structure que nous étudions en ce moment, mais 1l se dis- tingue d’une part par l'absence de faisceaux de collenchyme et par le développement des fibres libériennes dans le pétiole, d'autre part par l’absence de vaisseaux laticifères, de toutes les plantes de ce groupe dont nous avons jusqu'ici décrit l’organi- sation. Spathiphyllum lanceæfolium. — Le Spathiphyllum lanceæfo- lium nous offre dans son rhizome dressé les mêmes caractères de structure que le Lasia feroæ. La forme de ce rhizome est remarquable; très-mince à sa partie inférieure, il s’élargit peu à peu, à mesure qu'il s’allonge, en cône renversé; les insertions foliaires sont très-rapprochées, et les bourgeons axillaires, insérés comme dans les Lasia à quelque distance au-dessus de la feuille, se superposent exacte- ment de 12 en 12, de telle sorte que la disposition des feuilles sur le rhizome a pour caractéristique la fraction 5/12 qui cor- respond à un angle de 150 degrés. Cet angle n’est compris dans aucune des séries où l’on classe d'ordinaire toutes les dispositions foliaires, c’est-à-dire que la fraction 5/12 n'appar- 13/4 P VAN TIEGHEM. tient à aucune des séries de réduites des fractions conti- nues : 4 TE Mu Ÿ TT 5 CtÉSS Joe s st la netteté avec laquelle elle se manifeste ne permet d’ailleurs aucun doute sur son développement dans les Spathiphyllum. Les racines adventives sont rangées en cercle assez régulier au milieu de l’entre-nœud. La couche subéreuse du rhizome est suivie de plusieurs assises de cellules longues, épaissies et encroûtées, munies de nom- breuses ponctuations; le parenchyme interne, continu de la périphérie au centre, a ses cellules remplies les unes de grains d'amidon, les autres de gouttelettes d'huile. La zone externe contient quelques faisceaux formés d’un groupe cribreux et de quelques vaisseaux ; d’autres la traversent horizontalement pour entrer dans la feuille et possèdent une couche fibreuse déve- loppée. Puis viennent des faisceaux formés presque tous d’un assez grand nombre de groupes vasculaires rangés en cercle autour d’une plage cribreuse; en se dirigeant vers le centre, ils se partagent successivement en deux ou trois groupes complexes; çà et là, il s'en sépare des faisceaux simples qui s'incurvent pour aller aux feuilles, sans séjourner longtemps dans la tige, à cause de la faible longueur des entre-nœuds; mais comme le nombre des faisceaux composés s'accroît beau- coup plus qu'il ne faut pour suppléer à la perte de ceux qui se rendent aux feuilles, la tige s’épaissit à mesure; de là sa forme conique. Là où naît une racine, les faisceaux les plus extérieurs contractent une anastomose latérale où l'organe puise ses élé- ments vasculaires ; l'anneau vasculaire assez régulier, qui sé con- stitue ainsi vers le milieu de l'entre-nœud, sépare le corps cen- tral de la zone périphérique: il ne contient que des faisceaux composés, circulaires à l’extérieur, de plus en plus profondé- ment lobés à mesure qu’on s’avance vers le centre, mêlés à quelques faisceaux simples, toujours très-obliques, qui contien- nent un arc fibreux libérien ; et comme aucun des faisceaux com- STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 1395 posés ne possède de fibres, il faut en conclure que ces éléments apparaissent pendant la course horizontale du faisceau simple, annonçant ainsi la structure qu'il acquerra dans les organes aériens, pédoncules et pétioles. Mais je ne décrirai l’organisa- tion de la feuille et de la hampe que dans le chapitre suivant, parce que ces organes présentent une structure qui les rap- proche du groupe des Monstérinées. Ce que nous venons de dire suffit à montrer que le rhizome du Spathiphyllum lanceæfolium se rattache au type fondamental de structure dont l’étude fait l'objet de ce chapitre, avec cette circonstance particulière, toutefois, que la partition successive des faisceaux composés, et la multiplication des groupes vascu- laires à l’intérieur de chacune de leurs divisions, provoquent la dilatation continue de la tige et lui impriment la forme d’un cône renversé (1). | La racine du Spathiphyllum lanceæfolium mérite par un carac- tère particulier d'attirer notre attention. Le parenchyme cortical est formé, comme dans les Colocases, d’une couche externe polyédrique et serrée, et d'une couche interne où les cellules ont cette disposition régulière en séries rayonnantes et con- centriques, que nous avons tant de fois rencontrée; quand la racine est jeune, la couche limite du corps central seule et quel- ques cellules extérieures sont fort épaissies et fibreuses; mais cette lignification envahit peu à peu la couche corticale interne, et la racine âgée a son corps central entouré d’une épaisse couche de fibres jaunâtres et ponctuées en dehors de laquelle on voit des cellules plus externes s’épaissir et s’allonger, ce qui prouve qu'avec l’âge la lhignification continue de progresser ; le corps central est constitué par quatorze à quinze plans vasculaires assez courts, alternant avec de petits faisceaux cribreux; toute la partie du centre est occupée par un tissu fibreux très-serré. Les vaisseaux, presque tous scalariformes, sont d’ailleurs consti- . (4) I est probable que les plantes des genres Dracontium et Symplocarpus, dont il ne m’a pas été possible d'étudier les rhizomes, se rattachent encore avec les Lasia et les Spathiphyllum au même type de structure, 1356 | P. VAN TIEGHEM. tués encore par des files verticales de cellules à parois obliques, munies de raies ou de larges ponctuations. Conclusion de ce chapitre. — Toutes les Aroïdées, dont nous venons d'étudier la structure, présentent la même organisation fondamentale, caractérisée par le développement de faisceaux composés, et l'absence de couche génératrice permanente à la périphérie du corps central; toutes répètent le même type anatomique avec des variations secondaires qui suffisent à les définir. ; Mais le groupe entier présente autour d'un centre homogène où le type est réalisé dans toute sa simplicité, des formes de transition qui le relient aux sections voisines. Les plantes qui habitent les marécages se rangent toutes dans le premier, que leurs fleurs soient unisexuées ou hermaphrodites, munies ou dépourvues de périanthe; tandis que les formes de passage s’observent dans les Aroïdées à fleurs unisexuées dont la végé- tation est, ou tend à devenir, aérienne; déjà sensibles dans le Syngonium auritum, ces modifications du type s’accusent dans le Philodendron Rudgeanum, pour s’imprimer dans le Plulodendron micans, au point d'y masquer presque entière- ment le type fondamental. C’est assez dire que la structure de la tige est en relation avec le milieu de végétation, tandis que l'organisation florale en est indépendante, et que ces deux carac- téres doivent donner deux modes de groupement des espèces au sein de la famille, très-différents l’un de l’autre, mais tout aussi importants à connaître l’un que l’autre pour la concertion idéale de l’ordre naturel. CHAPITRE IL. AROÏDÉES A FAISCEAUX SIMPLES, A ZONE GÉNÉRATRICE PERMANENTE, MAIS INCOMPLÈTE. Les Aroïdées de la seconde section, dont nous devons mainte- nant comparer la structure au type précédent, constituent un groupe homogène de plantes épiphytes, douées d’une même STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 13/ organisation florale, que M. Schott réunit dans sa tribu des Monstérinées. Mais il est nécessaire, pour en bien comprendre la structure, de connaître tout d’abord le mode de distribution des feuilles et des racines aériennes à la surface de la tige. Examinons d’abord la tige du Monstera (?) repens H. P. (4), et nous verrons que les feuilles non séparées par des gaines y sont disposées sur deux verticales espacées de 90 degrés. A l'extrémité du diamètre correspondant au milieu de l'insertion d’une feuille, et un peu au-dessus du nœud, se développe, en même temps que la feuille, une forte racine aérienne qui s'échappe de la fente de la gaîne ; une autre racine, plus faible que la première et d’ap- parition plus récente,se voit un peu au-dessous du nœud, à égale distance de la feuille et de la racine principale, et diamétrale- ment opposée à la feuille inférieure, à la racine principale de laquelle elle se trouve par suite superposée,; on ne trouve pas d'ordinaire d’autresracines dans l’entre-nœud ; mais quand la tige rampe à proximité du sol humide, on voit apparaître une file verticale de racines qui relie la racine principale d’une feuille, à la racine latérale de la feuille supérieure ; celle-ci n’est que la dernière de la série. Le plus souvent dans ces circonstances, un entre-nœud ne porte que la file de racines opposées à la feuille où il commence, et les séries alternent d’un entre-nœud à l’autre ; mais dans des conditions d'humidité, de chaleur et de lumière encore plus favorables, la formation des racines aériennes se poursuit sur chaque verticale le long de tous les entre-nœuds ; ainsi, quel que soit le degré de multiplication qu’elles atteignent, les racines sont toujours disposées sur deux génératrices espa- cées de 90 degrés et opposées aux verticales qui contiennent les feuilles. Ces racines aériennes, dites adventives, sont donc insé- rées avec une merveilleuse régularité sur la tige, où elles forment un système d'appendices correspondant à celui des feuilles. La face supérieure de la tige supposée horizontale (et elle se recon- nait tout de suite aux crêtes saillantes et dures de sa surface), (1) Cette espèce (Pothos repens MHort.), qui n’a pas fleuri au Jardin de Paris, se rattache aux Monstera par ses caractères de structure. 138 P, VAN TIEGBEM, porte les deux séries de feuilles qui s'élèvent dans l'air ; l’autre face, tournée vers le sol, lisse, blanchâtre et tendre, émet les deux files de racines dirigées vers la terre; la plante tout entière forme ainsi un système parfaitement équilibré. Cet équilibre symétrique n’est pas altéré par le développement des bourgeons. L'anomalie de l'insertion foliaire que je viens de signaler est, en effet, plus apparente que réelle; car, si nous cherchons le bour- geon correspondant à une feuille, nous voyons qu'il n’est pas situé à son aisselle, mais qu'il est rejeté latéralement à 45 degrés de l’in- sertion de la feuille, à sa gauche si elle fait partie de la rangée de gauche, à sa droite si elle appartient à lasérie de droite ; de sorte qu’en définitive deux bourgeons successifs sont diamétralement opposés ; la disposition distique des bourgeons nous indique que telle est aussi la loi idéale de l'insertion des feuilles. En même temps que la tige horizontale envoie vers le sol ses deux files de racines, et qu'elle élève dans l'air ses deux rangées de feuilles, elle émet latéralement deux séries opposées de branches, et l'équilibre total du système se conserve, avec sa symétrie. Les choses se passent de la même manière dans le Monstera A dansonit, et dans l’Æeteropsis ovata, avec cette différence qu’il ne s’y développe souvent à chaque nœud que la racine opposée à la feuille. Cest encore dans le Raphidophora angustifolir Sch. (1) la même disposition, à une légère différence près; il n'ya qu'une racine à chaque nœud, mais elle n’est pas diamé- tralement opposée à la feuille; elle fait avec le diamètre corres- pondant un angle d'environ 22 degrés; il en résulte que les racines sont sur deux génératrices espacées d'environ 45 degrés. Le même écart a lieu dans le Raphidophora pinnata Sch., où les racines sont sur deux verticales encore plus rapprochées, la disposition des feuilles et des bourgeons restant la même; et comme il y en a qu’une à chaque nœud on pourrait, à cause de la longueur des mérithalles, les croire, au premier abord, sur une seule génératrice. (4) Cette plante, originaire du Gabon, et que ses caractères de structure m'ont permis de déterminer, portait au Jardin de Paris le nom de Culcusia scandens, STRUCTURE DES AROÏDÉES, 139 Nous allons trouver la raison anatomique de cette remar- quable disposition extérieure dans la structure de la tige; mais il était nécessaire de la bien connaître d'abord pour se faire une idée exacte de l’organisation interne. Heteropsis ovala. — Prenons maintenant, comme premier exemple, l'Heteropsis ovata Miq. Sous l’épiderme, formé d’une rangée de cellules incolores, s'étend un parenchyme cortical dont les cellules vertes à l'exté- rieur, où elles sont fréquemment accompagnées de tubes à raphides, deviennent bientôt incolores et se remplissent de urains d'amidon sphériques de 0°”,008 à 0"",012, formés cha- cun d’une grande quantité de très-petits grains ph quelques cellules contiennent des grains simples de 0"",012 à 0" 016; au voisinage du corps central, les cellules sont. plus petites, très-courtes, et contiennent chacune un gros cristal d'oxalate de chaux qui a la forme d’un octaèdre tronqué à ses deux bouts. Ce parenchyme cortical contient, dans les méats que les cellules laissent entre elles, des productions remarquables que nous rencontrerons, non-seulement dans toutes les plantes de ce groupe, mais encore dans quelques espèces des sections voisines. Sur la coupe transversale, on voit çà et là dans les méats des sortes de fibres rondes (pl. 5, fig. 4 et 5), à paroi fort épaisse et libre d'adhérence avec les cellules qui bordent le méat; les coupes longitudinales montrent que ces organes sont des cellules très-allongées, pomtues aux deux bouts et indépen- dantes des murs du méat, sauf en un point où la fibre s’insère par un pied court dans une des files de cellules qui circonscrivent la cavité (fig. 6). Ce pied, inséré perpendiculairement au milieu de l’organe, est la cellule mère dont 1l provient; en suivant son développement dans le bourgeon terminal, on voit que c’est d’abord une cellule du mur du méat qui reste plus petite que celles de la rangée à laquelle elle appartient (fig. 8); mais à mesure que la cavité longitudinale se forme, cette cellule se développe dans l’intérieur, en haut et en bas, et s’allonge en s’effilant dans les deux sens (fig. 9, 10); d’abord sa paroi est mince et le liquide granuleux qui la remplit est doué d’un mouvement circulatoire ; 1410 P. VAN TIEGHEM. plus tard, elle s’épaissit également en tousles points à des degrés divers; ce n’est que quand elle devient extrèmement épaisse que certains points cessent de se nourrir et que l'organe se ponctue (fig. 7), en même temps que les couches concentriques y sont bien distinctes. La forme de ces organes, leurs rapports avec le tissu voisin, leur mode de formation, tout concorde à établir que ce sont des poils internes en navette. On ne connaît jusqu’à présent que les Vymphæa qui offrent, dans les lacunes aérifères du pétiole, des poils rameux. Les organes que nous rencontrons dès le début dans le parenchyme cortical de l’Hete- ropsis ovala ont la même nature morphologique, et n’ont aucun rapport ni de forme, n1 de position, ni de développement avec les fibres hbériennes, quoique MM. Schleiden et Hanstein les aient confondus avec elles; nous aurons bien des fois par la suite à revenir et à insister sur les formes et la distribution de ces organes dont la nature nous est dès à présent connue. Revenons maintenant à la structure de la tige : son paren- chyme cortical contient un cercle de faisceaux fibro-vascu- laires (fig. 1, b), interrompu sur le côté aplati correspondant au bourgeon du nœud mférieur. Chacun d'eux est constitué (fig. 3) par un arc fibreux externe, un groupe cribreux formé de cellules étroites et un certain nombre de trachées mêlées de cellules longues. Ces faisceaux, au nombre de douze en- viron, sont destinés à entrer dans les deux feuilles supé- rieures, accompagnés de quelques faisceaux émanés direc- tement de la partie centrale, au-dessous de l'insertion. Si nous examimons maintenant l’ensemble du corps central, nous verrons que sur la demi-circonféreuce (cdc'), qui va du bourgeon infé- rieur au bourgeon supérieur en passant par les feuilles, les fais- ceaux les plus externes, tantôt soudés les uns aux autres par leurs fibres (fig. 2, bb), tantôt séparés par une file de cellules amylifères qui fait communiquer le parenchyme cortical avec le médullaire, sont loujours en contact immédiat par leurs fibres avec les cellules aplaties et courtes, cristalligères, qui terminent le parenchyme cortical; tandis que sur la demi-circonférence qui va d’un bourgeon à l’autre en passant par les racines (fig. 1, STRUCTURE DES AROIÏDÉES. tu ec'e"),1l y a, entre les faisceaux périphériques et les cellules corti- cales internes, une zone continue de tissu cribreux et générateur où sont épars des groupes vasculaires formés, les uns d’un certain nombre de vaisseaux étroits, rayés et spiralés (fig. 2, ff), les autres d’un seul gros vaisseau rayé ou scalariforme (fig. 2, v). Cette zone forme autour du corps central, de la base au som- met, un demi-cylindre qui revêt la tige sur sa face inférieure, celle qui correspond aux deux séries parallèles de racines aériennes; ces racines naissent sur cette couche génératrice, chacune au milieu d’un quadrant, et mettent leurs vaisseaux en communication avec ceux qu'elle possède ; on comprend donc que si les conditions extérieures sont favorables, les racines pourront se développer tout le long de l’entre-nœud, puisque la couche formatrice s'étend sans mterruption d’un bout de la tige à l'autre. | Ceci posé, quelle est la structure des faisceaux de cette partie centrale? Ils sont tous libres ou accolés par leurs fibres, mais toujours simples de structure, et leur orientation est le plus souvent normale. Il y en a de deux sortes : les uns, les plus nom- breux, accumulés surtout à la partie périphérique, possèdent un arc libérien, un groupe cribreux formé de cellules larges, séparées par de plus étroites, et un seul gros vaisseau scala- riforme, entouré d'une rangée de cellules étroites et longues ; puis on rencontre, soit l'arc libérien d’un faisceau plus interne, soit les cellules amylifères du parenchyme central. Le gros vaisseau est constitué par une file de cellules scalariformes, à parois transversales obliques et rayées, ce qui peut faire croire souvent à la présence de deux vaisseaux accolés par une paroi plane. Les autres, moins nombreux, Internes le plus souvent, ont, sous l'arc libérien, une plage cribreuse formée de cellules étroites et un certain nombre de vaisseaux grêles, spiralés, mêlées à beaucoup de cellules allongées qui prolongent le fais- ceau au delà des trachées; ce sont eux qui se dirigent en de- hors, les uns par une flexion lente, en séjournant dans le parenchyme cortical pendant la longueur de deux entre-nœuds, avant d'émerger, les autres en s’incurvant brusquement sous le 42 P, VAN TIEGHEM. nœud pour pénétrer tout de suite dans la partie centrale et supé- rieure du pétiole ; ils sont tous isolés par un parenchyme amyli- {ère dont les méats ne contiennent jamais de poils fibreux. Les faisceaux de seconde espèce sont les extrémités supérieures des prerniers, qui, quelque temps avant de se rendre aux feuilles, substituent à leur gros vaisseau un certain nombre de vaisseaux grèles, et à leurs larges cellules cribreuses des cellules étroites. D'autre part, la présence, dans la zone cribreuse génératrice, de gros vaisseaux 1solés qui acquièrent tantôt en dedans, tantôt en dehors, un arc libérien, pour former ainsi un faisceau ordinaire, quelquefois orienté en sens inverse, et qui se dirige vers l’inté- rieur, montre bien qu'un certain nombre de faisceaux, au moins parmi ceux qui occupent le corps central, viennent se terminer à leur partie inférieure dans cette zone génératrice; aimsi, par cette couche, où aboutissent à la fois les terminaisons inférieures des faisceaux foliaires et les insertions des faisceaux radicaux, les feuilles et les racines aériennes sont mises à tout instant en relation directe; 11 y a done non-seulement équilibre dans le développement extérieur des feuilles et des racines, mais communication incessante et directe de leurs systèmes vascu- laires, et par suite corrélation amsi que dépendance dans leurs fonctions. _ D'autre part, de nouveaux faisceaux se développant dans la zone génératrice pour remplacer ceux qui se sont enfoncés dans le corps central, sans toutefois se prolonger vers le bas, la tige reste fort ténue et s'allonge beaucoup sans grossir au premier aspect; mais comme ces faisceaux se forment en quantité un peu plus grande que ce qu'il en faut pour réparer ceux qui s’échap- pent du corps central, le nombre sen accroît à mesure qu'on s'élève ; la tige grossit ainsi peu à peu, comme il est facile de le voir en comparant les sections faites à plusieurs entre-nœuds de distance; elle se dilate donc lentement dans sa partie supé- rieure. Les faisceaux, à leur entrée dans le pétiole, subissent une modification temporaire; les fibres libériepnes s'y transfor- ment en fibres de collenchyme; mais à une faible hauteur, elles a. Den on. mé es té dé di des, STRUCTURE DES AROÏIDÉES. 1h53 reprennent leur caractère primitif et les faisceaux leur struc- ture ordinaire ; il n’y a jamais de groupes de collenchyme sous- épidermiques. Les méats du parenchyme contiennent en bien plus grande quantité que ceux de l'écorce des poils fibreux en navette; mais c’est surtout dans les lacunes du tissu lacuneux du limbe que ces organes prennent un énorme développement ; on peut dire qu'ils en envahissent toutes les cavités; ils y con- servent d'ailleurs leur forme simple, c’est-à-dire que le poil n'offre qu'une branche d'attache qui le fixe au mur du méat où il s'allonge ; j'ai rencontré rarement leurs extrémités bifurquées s'étendant dans deux lacunes confluentes; dépourvus de ponc- tuations, 1ls présentent quelquefois cependant de petites cloi- sons transversales, de formation évidemment postérieure au poil, qui est toujours unicellulaire à l’origine; d’où l’on doit conclure que l'argument sur lequel on se fonde pour assigner aux fibres libériennes une origine pluricellulaire, tiré de ce qu'on y rencontre parfois de minces parois transversales, est sans valeur. Vient-on à déchirer un fragment de feuille, on voit le bord de la déchirure tout hérissé et comme frangé de fines aiguilles brillantes, qu'on extrait facilement des méais en les tirant avec une pince; on reconnaîtra toujours, à la pré- sence de ces poils dans un fragment de feuille si petit qu’il soit, qu'il appartient à une plante du groupe que nous étudions ou aux deux genres seulement qui, tout en appartenant à d’autres types, se montrent doués de cette propriété. Ce caractère anatomique, dont la constatation n'exige même pas l'emploi d’une loupe, pourra faire cesser bien des incertitudes et faci- hter la détermination des plantes, dont un certain nombre, en l’absence des fleurs, peuvent être confondues avec des Aroïdées souvent fort éloignées par leurs caractères floraux (1). La feuille de l’Æeteropsis ovata contient en outre, sous l’épi- derme supérieur, de longs et larges tubes remplis de raphides. (1) Je citerai un exemple de l'utilité de ce caractère. Une feuille m'est donnée aux serres du Muséum comme appartenant au Philodendron surinamensis envoyé de Berlin par M. Lauche; l’examen de la tranche du pétiole m'ayant montré les petites aiguilles saillantes, j’en conclus, séance tenante; que ce ne pouvait être un Philodendron, mais Al P. VAN TIEGHEM. La racine de cette plante est entourée par une couche de cel- lules brunes dont un grand nombre se prolongent en poils, suivie d’une assise de cellules incolores, allongées suivant le rayon; puis vient un parenchyme polyédrique abondamment pourvu de grains de chlorophylle, et qui conserve la disposition irrégu- lière de ces cellules jusqu'au contact du corps central; on n'y trouve pas de poils fibreux. Le corps central, limité par une couche tabulaire non épaissie, est constitué par onze files vasculaires dans chacune desquelles le gros vaisseau interne est séparé du reste de la file par plusieurs rangées de fibres; elles alternent avec autant de faisceaux cribreux. Ceux-ci possèdent contre la couche limite un groupe allongé radialement, renfer- mant des cellules étroites en dehors, larges à la partie interne ; puis, en suivant le rayon, on rencontre, isolé du premier par des fibres, un ou deux groupes cribreux, formés chacun d’une ou deux larges cellules, entourées de cellules plus étroites. Il y à donc dans la disposition des files vasculaires, d’une part, des files cribreuses, de l’autre, une similitude parfaite, et ce parallélisme, que nous avons déjà rencontré dans le Philo- dendron micans, se retrouve dans la plupart des représentants du type que nous étudions; la partie centrale est occupée par un tissu fibreux qui relie les unes aux autres les deux sortes de plans rayonnants. Monstera Adansonii. — Le Monstera Adansonii présente la même structure. Le parenchyme cortical contient dans ses couches vertes périphériques de nombreux tubes à raphides, et dans ses méats des poils fibreux bien développés, quelquefois au nombre de deux ou trois dans la même cavité où ils s’insérent à des hauteurs différentes ; il entoure un cercle de quatorze fais- ceaux corticaux interrompu du côté du bourgeon inférieur; les cellules de la couche corticale la plus interne sont aplaties et courtes, et contiennent chacune un octaèdre tronqué d’oxalate une Monsterinée, et la section d’un petit bout de tige me donna la preuve que c'était un Monstera. Plus tard, en consultant le Prodrome de Schott, j'y trouvai décrit le Monstera surinamensis Sch., identique avec la plante de Berlin, qui, par erreur, avait été donnée à Paris pour un Philodendron. | | | | | STRUCTURE DES AROÏDÉES, 145 de chaux; sur la demi-circonférence génératrice, elles sont séparées du tissu cribreux par une rangée de cellules allon- gées, épaissies et ponctuées, qui protégent et limutent le corps central. Celui-ci présente d’ailleurs les mêmes faisceaux que dans l'Heteropsis ovata, au milieu d’un parenchyme médullaire gonflé de grains d’amidon complexes, et tout ce que nous avons dit de la première plante s'applique à celle-ci, avec cette différence que les faisceaux sont ici plus serrés et plus souvent soudés les uns aux autres par leurs fibres. Le pétiole a la même organisation; ses méats sont occupés par des poils fibreux qui envahissent en nombre immense les lacunes. du limbe; ils sont simples et atteignent plusieurs milli- mètres de longueur et environ 0"”,050 de largeur. La racine possède, sous ses assises périphériques brunes, une couche subéreuse formée de cellules tabulaires disposées en files rayonnantes, suivie d'un parenchyme vert sans poils fibreux ; le corps central présente les mêmes caractères que celui de | Heteropsis ovata. Monstera (?) repens H. P.— C'est encore, avec quelques diffé- rences accessoires, la même structure fondamentale que revêt le Monstera (?) repens H.P. Sous l’épiderme, formé d'une rangée de cellules épaisses, on trouve, sur la face supérieure de la tige qui correspond aux feuilles, plusieurs rangées de cellules fort aplaties, disposées en séries rayonnantes, épaissies au point de ne garder qu'une petite ligne vide qui s’élargit en cercle à la partie centrale, et munies de nombreux canalicules ; ces séries se con- tünuent par plusieurs rangées de cellules transparentes, à paroi mince; le tout constitue une couche subéreuse, dont les cellules externes ne s’épaississent pas sur la face mférieure de la tige qui correspond à l'insertion des racines et à la demi-circonfé- rence génératrice, et acquièrent au contraire un développement considérable sur les crêtes de la face opposée. Le parenchyme cortical donne naissance dans ses méats à quelques poils fibreux, et renferme vingt-six faisceaux de structure normale, mais qui ne sont pas rangés sur un cercle unique. Le corps central est entouré d'une zone génératrice sur la demi-cireonférence qui va o° série. Bot. T. VI. (Cahier n° 3.) 2 10 116 P. VAN TIÉGHENM. d'un bourgeon à l'autre en passant par les racines; les’trois ou quatre rangées de cellules corticales qui bordent cette zone sont fort épaissies et ponctuées, et les cellules minces et courtes qui les suivent contiennent chacune un gros octaëdre tronqué d’oxalate de chaux; sur le reste de la circonférence, les fais- ceaux externes sont en contact par leurs fibres avec le paren- chyme cortical. Les faisceaux sont toujours de deux sortes : les plus nombreux n'ont qu'un gros vaisseau scalariforme; les autres, terminaisons supérieures des premiers, possèdent un certain nombre de vaisseaux étroits, mêlés de cellules: ils sont séparés les uns des autres par un parenchyme médullaire riche en grains composés d'amidon et totalement dépourvu de poils fibreux. Il est facile, en comptant les faisceaux du corps central à des hauteurs différentes, de voir que le nombre s’en accroît à me- sure qu'on s'élève; une coupe faite au milieu d’un entre-nœud a donné vingt-huit faisceaux périphériques et cinquante-quatre centraux (sans compter, bien entendu, les groupes vasculaires épars dans la zone génératrice) ; la section faite à deux entre- nœuds de distance contient vingt-huit faisceaux corticaux et soixante-huit centraux ; 1l y a donc quatorze nouveaux faisceaux dans le corps central, et la couche génératrice pourvoit ainsi, non-seulement à la formation des faisceaux des racines et au remplacement de ceux qui émergent dans les feuilles, mais encore à la multiplication des faisceaux de la tige. La feuille reçoit de l'axe, d'une part, la moitié (treize) de ses faisceaux corticaux, qui entrent dans la partie dorsale du pétiole et, de l’autre, quelques faisceaux émanés directement du corps central qui pénètrent dans la partie médiane et supérieure; tous ont la structure normale. Le parenchyme qui les sépare est beaucoup plus riche en poils fibreux des méats que celui de ia tige ; mais le nombre de ces organes diminue à mesure qu’on s’avance dans la nervure médiane, qui paraît en contenir cependant jusqu'à sa pointe. Contrairement à ce qui arrive chez le Monstera A dansonii et l’Heteropsis ovata, les lacunes du limbe en sont presque complétement dépourvues, et les bords des déchirures ne présentent plus les pointes saillantes que nous STRUCTURE DES* AROÏDÉES. 147 avons rencontrées dans ces deux espèces; pourtant on rencontre toujours quelqu'un de ces poils internes fort épaissis au voisi- nage des petites perforations qui longent sur deux séries paral- lèles la nervure médiane de la feuille, quand celle-ci est trouée, circonstance qui est loin d’être générale et dépend des conditions extérieures où la plante se développe. de reviendrai plus loin sur ce fait. PEAR La racine du Monstera ? repens offre, avec un développement remarquable, le type de structure que nous avons déjà décrit. Comme la tige, elle possède, sous la couche épidermique de cellules brunes qui s’allongent en poils, plusieurs rangées rayon- nantes de cellules aplaties, fort épaissies et canaliculées, qui se continuent par des cellules semblables incolores, à paroi mince, pour former une couche subéreuse ; le parenchyme cortical, souvent plein de chlorophylle et dépourvu de poils fibreux, se trouye séparé du corps central par plusieurs couches de cellules longues, fortement épaissies et canaliculées ; la rangée qui pré- cède cette couche lignifiée est formée de cellules plates et courtes contenant chacune un gros octaëdre tronqué. Le corps central possède vingt-neuf files vasculaires dans chacune desquelles les trois ou quatre vaisseaux les plus internes sont séparés les uns des autres par des fibres. Ces gros vaisseaux internes ont jusqu’à 0°",220 ; ils sont scalariformes et formés chacun par une ile verticale de cellules à parois obliques munies de larges raies ou de ponctuations ovales où la membrane primitive manque souvent. Alternes avec ces plans de vaisseaux sont autant de plans cribreux constitués chacun par un faisceau radial de cellules très-étroites à lextérieur, beaucoup plus larges au bord interne, suivi de deux, trois, quatre et même cmq groupes cribreux (pl. VE, fig. 6 à 11), suivant la lon- gueur de la file rayonnante (car 1l va sans dire que ces vingt- neuf files ne peuvent avoir toutes la même dimension; il n y a sur le cercle interne, auquel les plus longues aboutissent, que six très-gros vaisseaux, alternes avec six groupes cribreux) ; chacun de ces faisceaux, séparés les uns des autres par desfibres, est formé d’un, deux ou trois larges tubes, à paroi. mince, de 148 P, VAN TIÉGHEM. 0"",040 de diamètre, entourés d’une gaîne de cellules étroites ; et si l’on remarque que ces tubes sont des files verticales de larges cellules, dont les parois transversales sont fort épaissies et criblées, on reconnaît qu'il y a parallélisme complet de position et de structure entre les deux systèmes vasculaire et cribreux, qui sont entourés et reliés l’un à l’autre par du tissu fibreux. Nous voyons que, sous ce rapport, la structure de la racine aérienne du Philodendron micans offre une complète ressem— blance avec celle des Monstérinées. | Enfin, on trouve souvent la paroi interne des gros vaisseaux bordée à l'intérieur de petites cellules rondes, à paroi mince, de formation nouvelle; développement dont on connaît ailleurs de nombreux exemples, et que J'ai souvent rencontré dans les larges vaisseaux de ces plantes, sans pouvoir en donner une explication satisfaisante (1). Le Monstera surinamensis Sch. offre encore la mème organi- sation avec quelques caractères nouveaux. Sa tige carrée pos- sède un très-grand nombre de faisceaux corticaux à structure normale ; le parenchyme qui les enveloppe produit des poils _fibreux dans ses méats, et l’on y trouve de nombreuses lacunes cylindriques contenant de la gomme ; les cellules de bordure de ces canaux sont riches en grains composés d’amidon, et plusieurs d'entre elles font saillie dans la cavité; le parenchyme médul- laire, qui sépare les faisceaux du corps central, est dépouvu de ces canaux gommeux. Le pétiole en contient une quantité con- sidérable dont on peut suivre la marche jusque fort avant dans la nervure médiane de la feuille. Le développement de ce sys- tème de canaux à suc gommeux est donc un caractère partieu- (1) On cultive au gardin de Paris, sous le nom de Pofhos scandens Hort., non Linn., une cspèce très-voisine de la précédente ; bien que la structure en soit semblable, le caractère suivant me parait s'opposer à leur identité : la couche génératrice occupe ici la périphérie tout entière du corps central; et cette disposition ne peut tenir à l’âge, car cette tige la présente encore à la base du dixième entre-nœud, tandis que le Monstera repens H. P. ne possède, dès le premier entre-nœud, que la demi-circonfé- rence cribreuse. Bien que le pétiole el la nervurc médiane contiennent des poils fibreux, je n'ai jamais pu en rencontrer un scul dans le limbe imperforé de la feuille de cette plante. STRUCTURE DES AROÏDÉES. 149 lier à cette espèce. Le limbe imperforé de la feuille possède, dans les lacunes de son tissu caverneux, de nombreux poils fibreux, les uns simples, les autres rameux, c'est-à-dire dévelop- pant, à partir de la cellule d'insertion, un certain nombre de branches rayonnantes qui s'allongent dans les lacunes voi- sines. Tornelia. — La feuille et la racine du Tornehia fragrans pré- sentent aussi quelques caractères anatomiques qui méritent d'attirer notre attention. | Les faisceaux du pétiole ont, à sa base, leur arc fibreux trans- formé en collenchyme, mais ils reprennent bientôt leur structure normale. Tous les petits méats du parenchyme sont occupés par des poils fibreux le plus souvent fort étroits. Çà et là, parmi les cellules ordinaires, on en voit de beaucoup plus larges, à section circulaire, entourées par un cercle de cellules ordinaires, gon- flées d’amidon en petites masses complexes, variant de 0°*,008 à 0"*,012. La cellule centrale est remplie par un suc gommeux qui s’accumule sur les tranches du pétiole après sa section. Ces larges cellules sont superposées en files longitudinales dont les parois transversales sont très-minces ou souvent résorbées ; ce sont done de vrais vaisseaux gommeux à paroi propre qui parcourent le pétiole dans sa longueur; leur diamètre varie entre 0"",120 et 0"",140. Ces vaisseaux, par la résorption de leur paroi, don- nent naissance aux lacunes gommeuses. N'ayant pu examiner la tige du T'ornelia, j'ignore s'ils y sont développés. Le limbe de la feuille nous offre de son côté, dans toutes ses cavités, une immense quantité de poils Imternes, mais 1ls y re- vêtent une forme particulière ; ils n’y sont plus simples, ni très- allongés en navette, comme dans la feuille du Monstera Adan- sont par exemple : aussi, sur les bords d’une déchirure, faut-il beaucoup d'attention pour les apercevoir; mais si l’on dissèque avec soin de petits fragments du limbe, on en extrait facilement une grande quantité de poils fort rameux, dont les branches simples, ou souvent ramifiées elles-mêmes, s'étendent en rayon- nant dans tous les sens autour de la cellule mère, insérée dans le mur d'une lacune (pl. VI, fig. 12 et 13); il arrive quelquefois que 150 P. VAN TIEGHEM, cette cellule d'insertion se développe en même temps par son extrémité opposée, dans un autre système de lacunes parallèles au plan du limbe; le poil possède alors deux plans parallèles de ramifications rayonnantes, dont les deux centres sont réunis par une branche perpendiculaire qui n’est autre que la cellule primitive insérée dans une file de cellules vertes. La longueur totale des branches dépasse souvent 2 millimètres; le diamètre maximum de chacune d'elles atteint à peine 0"*,008. Il est inutile de faire observer de nouveau qu’un organe ainsi ramufié ne peut être pris, sans un étrange abus de langage, pour une fibre libérienne, et qu'il a la plus étroite analogie avec les poils rameux de la feuille des Nymphéacées. La racine du Tornelia fragrans nous montre aussi quelques faits intéressants. (pl. VE, fig. 5). À sa partie externe, on ren- contre successivement trois couches de cellules presque eu- biques, fortement épaissies, disposées en files rayonnantes, qui alternent avec autant de couches de cellules de même forme et de même disposition, mais à parois minces et brunes; la couche la plus imterne de cellules minces est plus développée que les autres; les cellules y sont meolores et en voie de bipar- tition dans la rangée interne. C’est là que se reproduisent de nouvelles couches pareilles aux couches externes qui s’exfohient à mesure. La couche subéreuse, formée de zones alternative- ment épaissies et minces, acquiert done dans cette racine un développement considérable ; au-dessous d'elle s'étend un parenchyme à cellules rondes, contenant souvent de la chloro- phylle, ce qui indique, dans la triple cuirasse qui l'enveloppe, -une certaine perméabilité pour la lumière et pour les gaz; ces cellules laissent entre elles de nombreux méats, le long desquels leur paroi s’épaissit plus qu'ailleurs, et où se développent des poils fibreux fort étroits, qui se trouvent ainsi entourés d’un cadre épais. Les quatre ou cinq dernières rangées de ce parenchyme sont formées de cellules aplaties et courtes, qui contiennent chacune un gros octaèdre tronqué (b); puis vieni une couche protectrice (c) de cellules allongées fort épaissie et canaliculées ; le corps central commence par plusieurs rangées STRUCTURE DES AROÏDÉES. 451 de cellules tabulaires, à parois minces (d), puis seize files vascu- laires (e), où les gros vaisseaux (v) postérieurs sont isolés par des fibres, alternent avec autant de files cribreuses (A) semblable- ment constituées, comme je l'ai expliqué pour la racine du Monstera ? repens. On rencontre souvent la cavité des gros vaisseaux du centre occupée par trois ou quatre cellules, à paroi épaissie et ponctuée (fig. 12 et 15). Ce développement de cellules, dont la membrane, mince d'abord, s’épaissit ensuite en se ponctuant à l'intérieur d'élé- ments qui ne sont pas désorganisés, est un fait curieux dont les exemples abondent jusque dans les plantes inférieures. J'en citerai un seul tiré d’une Algue floridée, un Griffithsia, chez lequel j'ai vu se former, dans un des articles du tube, des cel- lules plus étroites, à paroi épaisse (fig. 14) et munie de couches concentriques ; après quoi la cellule mère, contmuant à s’é- paissir, forma de nouvelles couches à l’intérieur des premières, de telle sorte que les cellules internes se trouvèrent empri- sonnées entre les couches anciennes et les nouvelles, et logées dans l’épaisseur même de la paroi; puis 1l se fit dans la cavité interne, nouvellement circonserite, un second développe- ment de ces cellules libres, dont la production anormale ne parut pas interrompre la vie de l'organe primitif, Je me gar- derai de tirer de cette observation isolée les conséquences relatives au mode d’épaississement des parois cellulaires qui se présentent naturellement à l'esprit. Ainsi donc, dans le T'ornelia fragrans, depuis l'extrémité des racines jusqu à celle des feuilles, le parenchyme contient dans tous ses méats des poils fibreux, simples dans la racme, la tige et le pétiole, mais acquérant dans la feuille un degré de ramifica- tion très-complexe, en rapport avec les sinuosités du tissu caver- neux où 1ls s'étendent. Raphidophora. — Le genre Raphidophora, qui comprend les espèces réunies autrefois au genre Scindapsus, qui ont l'ovaire pluriovulé et la graine albuminée, revêt encore la même forme anatomique, avec des caractères spéclaux. Le Raphidophora pinnata possède, disséminés dans sa couche 152 P, VAN TIEGMNENT. corticale, un très-grand nombre de faisceaux de structure nor- male; le parenchyme qui les sépare contient des poils fibreux dans ses méats, et, en outre, de nombreux canaux gommeux (fig. A)pareïls à ceux que j'ai décrits dans la tige de lAglaonema marantæfolia, ainsi que dans la tige et dans les feuilles du Monstera surinamensis ; ces canaux forment un cercle régulier autour du corps central, mais beaucoup d’autres sont dissé- minés en dehors de ce cercle dans le parenchyme qui sépare les faisceaux; dans les couches externes vertes, on trouve aussi un grand nombre de tubes à raphides contenant en même temps un liquide gommeux qui jaumit à l'air. Le corps central a, sur les deux tiers environ de sa périphérie, ses faisceaux externes libres et séparés par un parenchyme continu de l'écorce à la moelle; mais sur le tiers restant, qui correspond au dehors aux deux séries de racines rapprochées à 45 degrés de distance en- viron, 1l y a, entre le parenchyme cortical et les faisceaux péri- phériques du corps central, une zone génératrice continue qui contient des groupes de vaisseaux formés ou en voie de forma- tion : les uns, réduits à un seul gros vaisseau scalariforme; les autres, constitués par un certain nombre de vaisseaux rayés ou spiralés, serrés les uns contre les autres. Les faisceaux du corps central, simples et isolés, présentent tous la structure normale, sous ses deux formes ordinaires : la plupart n'ayant qu’un seul gros Vaisseau, quelques-uns au contraire possédant un groupe de trachées mêlées de cellules ; le parenchyme médullaire qui les sépare, dépourvu de poils fibreux, contient surtout vers le centre, où les faisceaux sont plus rares, d'assez nombreux ca- naux gommeux pareils à ceux de l'écorce. Dans le pétiole, les faisceaux ont la structure ordinaire, ét le parenchyme, tout en développant dans ses méats de très-nom- breux poils fibreux qui envahissent toutes les cavités du tissu caverneux du limbe, où il$ conservent leur forme simple, contient en même temps un grand nombre de lacunes gommi- fères semblables à celles de la tige. Ce système de canaux gom- meux établit un lien entre le Raphidophora pinnata etle Monstera surinamensis, qui le possède aussi, et la ressemblance se main-- STRUCTURE DES AROIDÉES. 153 tient dansle nombre et la disposition des faisceaux corticaux. La racine possède, à l'extérieur, deux assises de cellules brunes qui se prolongent en poils, puis une couche subéreuse, incolore et non encroûtée, qui recouvre un parenchyme vert, dont les cellules laissent entre elles de nombreux méats le long desquels elles s'épaississent beaucoup ; des poils fibreux (fig. 15 et 16) s’y développent et se moulent quelquefois sur la paroi quadrangulaire du méat en prenant une forme prismatique, encadrée par les bords libres des cellules voisines. A l'intérieur, on trouve, comme d'ordinaire : 1° les cellules courtes à cristaux, 2° la couche de cellules longuesgépaissies et ponctuées, 3° les cellules tabulaires minces, puis enfin les files vasculaires (sans vaisseaux internes séparés, dans le cas actuel), alternes avec des faisceaux cribreux allongés, également simples; le tout réuni par du tissu fibreux. La plante tout entière est donc encore ici rem- plie de poils fibreux disséminés dans tous les méats de son parenchyme externe. Le Raphidophora angustifolia (pl. VE, fig. 4) présente avec l'espèce précédente quelques différences de structure. Le parenchyme cortical, dont les méats sont encore occupés çà et là par des poils fibreux, est dépourvu de canaux gom- meux qu'on ne trouve pas davantage dans la moelle; il contient d’ailleurs encore un très-grand nombre de faisceaux (c) dissé- minés et de constitution normale. Le corps central, limité par une couche de cellules courtes à cristaux, suivie d’une assise de cellules fibreuses, a sa surface ondulée; il ne possède de couche formatrice avec groupes vasculaires que sur le quart de circonfé- rence (d,d) qui embrasse l'insertion des deux séries très-rappro- chées de racines aériennes (fig. 2 et 3) ; il est d’ailleurs constitué par de très-nombreux faisceaux simples dont l'immense majorité n'a qu'un vaisseau scalariforme, et les autres beaucoup de tra- chées mêlées à de longues cellules; ces derniers, extrémités foliaires des premiers, s'échappent du corps central, un par cha- eun des angles rentrants que sa surface présente, et, sur une même coupe, on trouve des faisceaux foliaires correspondants à ces angles, soit en dehors, soit en dedans du corps central, soit 154 P,. VAN TIEGHEM, sur sa limite même. Les poils fibreux en navette acquièrent dans le pétiole un bien plus grand développement, mais c’est surtout la feuille qu'ils envahissent, en y prenant souvent des formestramifiées dans les lacunes du tissu caverneux. Les poils du pétiole s’épaississent beaucoup en présentant des ponc- tuations et de nombreuses couches concentriques, en même temps que leur cavité est entrecoupée par de minces cloisons transversales (pl. 5, fig. 7). La racine offre aussi dans les méats de son parenchyme cor- tical de nombreux poils fort épaissis. Le corps central, entouré de cmq ou six couches de celles allongées, épaissies et canali- culées, possède des files vasculaires discontinues, séparées par des files cribreuses interrompues aussi et formant un système parallèle au premier. Les six gros vaisseaux internes des files les plus longues acquièrent un diamètre de 0"",32, c'est-à-dire qu'ils égalent en largeur les plus gros de ceux qui ont été obser- vés dans les Palmiers. M. Mohl dit, en effet, que la dimension des vaisseaux du Calamus Draco est comprise entre 0°",322 et 0"",451. Scindapsus. — La tige du Scindapsus pictus est encore con- struite sur le même plan : parenchyme cortical de la tige et de la racine, tissu du pétiole et du limbe munis dans leurs méats de nombreux poils internes qui acquièrent surtout dans la feuille, tout en y restant simples, un énorme développement ; d'autre part, périphérie du corps central revêtue sur le tiers de son étendue, correspondant à l'insertion des deux séries rappro- chées de racines, d’une couche cribreuse où sont disséminés des groupes vasculaires; tels sont, sans que j'aie besoin d'y m- sister davantage, les caractères que présente cette espèce. Conclusions de ce chapitre. — En résumé, nous voyons que tous les genres de la tribu des Monstérinées, dont nous venons d'étudier la structure, possèdent le même type d'organi- sation. Tous ont une couche corticale renfermant des faisceaux destinés aux deux feuilles supérieures et nettement distincte du corps central; chez tous, ce dernier est revêtu, sur une fraction dt: STRUCTURE DES AROÏDÉES. 155 un peu variable de sa périphérie, d’une couche continue d'un bout de la tige à l’autre, formée de cellules étroites et longues, mêlées de groupes vasculaires à divers degrés de développement, et dans laquelle viennent à la fois se terminer les faisceaux de la tige, et s’insérer les faisceaux des racines aériennes qui sont ré- parties dans toutes ces plantes sur deux files verticales. Il y a ainsi localisation, sur une face de la tige, de la production des racines, et, sur la face opposée, de l'insertion des feuilles. C’est cette localisation qui forme le trait distinctif de l’orga- nisation des Monstérinées; c’est par là qu’elles diffèrent de toutes les autres Aroïdées, même épiphytes. Dans les plantes du groupe précédent, nous avons vu, au contraire, les faisceaux vasculaires sur lesquels s’insérent les racines adventives, isolés et disséminés sur une circonférence interrompue qui ne limite qu'idéalement le corps central; et cela, même dans ces formes de transition qui, comme le Philo- dendron micans, en raison de leur mode de végétation, tendent à acquérir, à certains égards, la structure du groupe actuel. Ajoutons que les faisceaux vasculaires sont toujours simples dans les Monstérinées, et nous aurons signalé les deux carac- tères généraux qui définissent le système vasculaire de ces plantes et les séparent du vaste groupe dont l'étude a fait l vipi du premier chapitre. Mais si le système vasculaire a des caractères précis qui le dé- finissent, le parenchyme aussi possède une propriété spéciale commune à toutes les plantes du groupe; c’est, comme je l'ai fait voir, de produire dans ses méats des poils qui s’allongent en forme de navette dans la racine, la tige et le pétiole, où ces aiguilles acquièrent plusieurs millimètres de longueur, mais qui, dans les cavités irrégulières du Himbe des feuilles, peuvent pré- senter des ramifications très-compliquées (1). (4) Remarquons que les perforations des feuilles ne se manifestent chez les Aroïdées que dans les plantes de ce groupe; qu'une perforation commence toujours, comme l’a signalé M. Trécul, par l'extension d’une des lacunes du tissu caverneux, et deman- dous-nous quelle est la cause organique de cette dilatation? Nous venons de voir que les feuilles de ces plantes forment dans les lacunes de leur parenchyme inférieur des 156 P, VAN 3IEGMEM, Complément de l'étude du Spathiphyllum lanceæfolium. — Bien qu’elle y soit constante, la formation des poils des méats n’est pas une propriété exclusive des plantes du second groupe, et c’est ailleurs, dans les organes aériens des Spa- thiphyllum, que ces curieux organes atteignent leur maximum de développement. C'est donc ie le lieu de compléter l'étude anatomique des remarquabies plantes qui se rattachent au premier groupe par la structure de la tige, et au second par l'organisation des feuilles ainsi que des pédoncules floraux. La coupe du pétiole du Spathiphyllum lanceæfolium (pl. VW, fig. 1) y montre de nombreux faisceaux fibro-vasculaires, ran- gés sur plusieurs cercles ouverts à la partie supérieure. Le carac- tère de tous ces faisceaux est d'être abondamment pourvus de fibres sur leurs deux faces; nous savons qu’au contraire les faisceaux composés du rhizome sont toujours privés de fibres, et que les faisceaux simples n’en acquièrent qu'en tra- versant horizontalement le parenchyme cortical pour émerger ; exemple plus remarquable encore que celui que nous ont offert les Lasia, de faisceaux qui acquièrent, en entrant dans les feuilles, des éléments qu'ils ne possèdent pas dans la tige. Les faisceaux du cercle externe n’ont que deux ou trois petits vais- seaux associés à un petit groupe cribreux ; ils sont compléte- ment entourés par un anneau fibreux, et souvent reliés latérale- ment les uns aux autres par une couche de fibres. Les faisceaux intérieurs, plus développés, possèdent : un arc fibreux externe poils épaissis rameux ou en aiguille ; ne serait-ce pas le développement anormal de quelqu'un de ces poils fibreux, qui, pressant la lacune dans une direction où elle ne s'ouvre pas devant lui, perpendiculairement au plan du limbe par exemple, déterminerait son extension et la perforation consécutive? La seule objection que l’on puisse faire est la rareté des aiguilles dans le parenchyme de la feuille perforée du Monstera repens H. P.; mais j'ai déjà dit que la nervure médiane contient de ces organes, et qu’ôn en rencontre quelques-uns de chaque côté de cette nervure, dans le limbe, ‘précisément autour des petites perforations ; il suffit d’ailleurs de la pré- sence en un point d’un seul de ces poils qui prend une fausse direction, pour amener une perforation. Ce serait alors en agissant sur le développement de ces poils internes, mais surtout en en déviant un certain nombre de leur direction normale, que la lumière, dont on à remarqué l'influence dans les serres du Muséum, déterminerait ou favoriserait les perforations des feuilles. | | | STRUCTURE DES AROÏDÉES. 157 qui contourne tout le faisceau et le revêt, en s amincissant, sur sa face interne; un groupe cribreux formé de larges cellules séparées par de plus étroites; enfin un groupe de vaisseaux, dont le diamètre va en augmentant à mesure qu'on se dirige vers la limite fibreuse interne, ce qui est, on le sait, le caractere général des Colocasiées. Si maintenant nous examinons le parenchyme qui sépare ces faisceaux , nous le verrons creusé de nombreux méats assez larges, puis, dans chaque méat (d, d), nous trouverons rangés les uns à côté des autres, mais ne se touchant pas, une grande quantité (dix, quinze, quelquefois vingt) de poils fibreux insérés (fig. à, 4) à des hauteurs diverses et sur des murs différents. Ces poils, quand ils sont nombreux, sont extrêmement longs et très- étroits, à paroi peu épaissie : 1ls ont alors 5, 6 et 7 millimètres de longueur pour 0"",010 de largeur ; plus larges et plus épaissis quand ils sont en petit nombre, ils acquiérent enfin, dans les méats où 1ls sont seuls à une hauteur donnée, une épaisseur considérable (fig. 2), de nombreuses couches concentriques, et quelquefois des ponctuations qui n’atteignent que les couches les plus internes ; ils sont alors beaucoup plus courts. Leur forme est le plus souvent simple, c'est-à-dire que vers le milieu de l'aiguille allongée s'insère une courte branche perpendiculare qui attache le poil au mur, dont elle est primitivement une cel- lule constituante (fig. 3 et 4); mais quelquefois cette cellule, se trouvant aussi, par son extrémité opposée, en contact avec un méat voisin, Sy allonge tantôt dans une direction seulement (fig. 5 et5 bis), tantôt à la fois en haut et en bas (fig. 7 et 8); quelquefois même le développement des deux bouts de la cellule mère se faisant parallèlement dans deux lacunes contiguës, le poil a la forme d’un H à branches presque égales (fig. 6). C’est cette forme qu'on rencontre aussi dans les Monstera et les plantes voisines, que M. Hansteim regarde comme provenant de la co- pulation de deux branches émises l’une vers l’autre par deux fibres libériennes voisimes, à travers le parenchyme qui les sé- pare. Ces organes, nous l'avons démontré, reconnaissent une tout autre origine. D'autres fois encore (fig. 10) l’une des moitiés du 158 P, VAN TIEGHEM, poil se trouvant arrêtée dans son allongement, émet une branche qui s’incurve dans un méat voisin, où elle se développeen revenant parallèlement à la direction primitive. Mais ces formes diverses, dont je ne puis m'arrêter 1c1 à décrire toutes les variations, sont des accidents ; le cas le plus général est celui où le poil est simple. Vides le plus souvent, ces organes contiennent quelque- fois des cristaux octaédriques ou de petits nucléus, tant dans la cellule d'insertion que dans l'aiguille. Ils peuvent être assez allongés ou assez étroits pour n'avoir que 6"",002 à 0"",004 d'épaisseur; on peut alors prendre leurs pointes coupées et éparses sur les coupes pour d'assez grosses raphides. Tous les méats du pétiole, de la base au sommet, sont ainsi remplis de ces longs poils internes qui hérissent la tranche, Vers sa partie supérieure, à 2 ou 3 centimètres de la naissance du limbe, le pétiole possède un bourrelet renflé de 2 ou 8 centi- mètres de longueur ; les faisceaux y perdent leurs fibres et les remplacent par du collenchyme, pour reprendre plus haut leur caractère primitif ; le parenchyme y renferme autant de poils internes qu'en tout autre point. C'est par l'influence de ce bour- relet et autour de lui que le limbe exécute, sous l'influence des circonstances extérieures, un mouvement de rotation, qui amène la nervure médiane tantôt perpendiculaire au pétiole, tantôt dans son prolongement. Le limbe est creusé de méats allongés et réguliers, de sorte que les paquets de poils que chacun d’eux renferme (fig. 11, d) restent simples, ou se ramifient très-peu. Déchire-t-on la feuille, on voit les bords garnis d’une frange soyeuse, nacrée, formée de filaments longs et flexibles ; on re- connaîtra tout de suite à ce caractère un fragment, si petit soit-il, de feuille de Spathiphyllum. L’épiderme inférieur est d’ailleurs muni de crêtes fort développées, recouvertes par la cuticule (fig. 11, à). La structure du pédoncule floral est toute semblable à celle du pétiole, sauf la disposition symétrique des faisceaux autour de l'axe ; il ne possède de poils que dans les méats du paren- chyme extérieur au cercle de faisceaux périphériques; mais à mesure qu'on s'élève, cette couche s’épaissit, et les poils y de- | | | STRUCTURE DES AROÏDÉES. 159 viennent plus nombreux ; la spathe foliacée en est remplie ; au- dessus de cet organe l'axe du spadice a ses faisceaux entourés d’une épaisse écorce cellulaire, parce que le cercle périphérique a passé dans la spathe, et il y contient une énorme quantité de poils ; les écailles du périanthe enfin, amsi que les parois de l'ovaire, en ont leurs méats remplis, et on les retrouve, sous forme d’aiguilles fort épaisses dans l'enveloppe du fruit. Tous les organes aériens de cette plante ont donc leurs cavités internes occupées par ces productions remarquables qui manquent en- hérement dans le rhizome et dans les racines. Nous les rencontrerons encore, quoique avec un plus faible développement, dans quelques plantes de la section dont nous allons maintenañt aborder l'étude. CHAPITRE IL AROÏDÉES A FAISCEAUX SIMPLES, DÉPOURVUES DE ZONE GÉNÉRATRICE PERMANENTE. Ce groupe, dont les Anthurium et les vrais Pothos sont les principaux représentants, est caractérisé par l'absence des éléments anatomiques qui définissent les deux précédents ; les plantes qui le constituent ne possèdent, en effet, ni les fais- ceaux composés du premier, ni la couche formatrice perma- nente du second. | Nous étudierons d'abord la structure de leurs organes dans quelques espèces du genre Anthurium. | Antliurium.— Tige. — La tige épaisse de l’Anthurium Mique- lanum présente immédiatement sous la couche subéreuse un | sg continu de la périphérie au centre, vert dans les . couches externes, et riche en grains composés d’amidon de 0"",016 à 0*",020 dans sa partie interne. La zone périphérique épaisse se trouve dépourvue de faisceaux vasculaires, mais on rencontre ensuite des petits faisceaux espacés, rangés en cercle autour de l'axe, qui se rapprochent au point où doit naître une racine adventive, et s'envoient l’un vers l’autre des branches ho- rizontales qui forment un arc vasculaire sur lequel la racine in- 160 P, VAN TIEGHEM. sére ses vaisseaux ; ils limitent par conséquent la périphérie du corps central, et indiquent le prolongement idéal de la couche génératrice du bourgeon ternnnal; chacun d’eux est formé en dehors de quelques larges fibres, d’un groupe cribreux et dequel- ques vaisseaux étroits, rayés ouscalariformes. Sur le même cercle et dans toute la partie interne, on trouve de nombreux faisceaux libres qui ont tous la même structure; un arc fibreux extrème- ment puissant formé de fibres Jaunes très-épaissies, à couches concentriques très-marquées, suivi d'un faisceau de cellules cri- breuses fort étroites, et de nombreux vaisseaux de petit diamètre, mêlés de cellules longues, sans fibres mternes: telle en est la con- stitution générale. Ils sont tous simples et orientés normalement ; caetlà pourtant on en voit deux soudés ensemble par leurs fibres, dos à dos quelquefois, sans qu'on puisse voir dans cette réunion, qui se rencontre aussi chez les Monstérinées, rien d’analogue aux faisceaux composés ordinaires ; 1ls possédent la même struc- ture dans tout leur parcours. Ce dernier caractère, etle mode d'insertion des racines sur les extrémités périphériques éparses des faisceaux vasculaires, établissent une ressemblance entre cette tige et celle du Philodendron hastatum, par exemple ; maiselle en diffère par l'absence de composition dans les faisceaux. Comme dans les Philodendron, les racines aériennes peuvent naître en un point quelconque; mais c'est en général sur un cercle assez régulier qu'elles se produisent au-dessous de chaque nœud ; les petits faisceaux contractent à ce niveau une anastomose annulaire horizontale , à laquelle les racines puisent leurs vais- seaux ; les choses se passent de même au-dessus du nœud dans le Calla palustris. Un certain nombre de faisceaux fibro-vasculaires s'mcurvent en dehors sous l'insertion de la feuille, et traversent oblique- ment le parenchyme cortical pour y pénétrer ; l’action ménagée des acides, en colorant en rouge viflesfibres et les vaisseaux, sans agir ni sur le tissu cribreux, n1 sur le parenchyme, faalite la dissection des tiges, et permet d'y suivre aisément la marche des faisceaux. La structure de la tige de l'Anthurium Miquelanum diffère RG | STRUCTURE DES AROÏDÉES. 161 done de l’organisation caulinaire du groupe précédent par l’ab- sence de faisceaux et de poils fibreux des méats dans l'écorce, par l'identité de structure de tous les faisceaux du corps central, mas surtout et essentiellement par l'absence de zone formatrice continue et permanente. La tige de l’Anthurium nitidum a la mème organisation ; le parenchyme cortical ne possède que de tres-rares faisceaux ; ceux du corps central, tous simples, tous formés d’un arc fibreux puissant, mais moins développé que dans l'espèce précé- dente, d’un groupe cribreux à cellules étroites, et d’un certain nombre de vaisseaux grêles, sont plus serrés vers la périphérie qu'au centre ; sur un grand nombre de points, 1l y à communi- cation libre entre la moelle et l'écorce ; mais sur d’autres on voit la périphérie occupée par de petits faisceaux formés de quelques vaisseaux, de cellules cribreuses, et d’une couche de fibres larges qui s'étend souvent entre les faisceaux pour les relier ensemble ; ces faisceaux s’envoient l’un à l’autre des branches vasculaires; ils se multiplient à mesure qu'on s'approche d’un nœud, et forment au niveau du cercle de ra- cines aériennes, un anneau vasculaire et cribreux complet où ces organes puisent leurs vaisseaux, pour s'isoler de nouveau au-dessus de ce plan, se diriger en partie vers le centre, et constituer des faisceaux plus développés qui émergeront dans les feuilles supérieures. Les acides colorent en rouge vif les éléments fibreux et vasculaires. La tige élancée de l’Anthurium violaceum présente avec les précédentes quelques différences importantes. Sous l'épiderme épaissi et la couche subéreuse mcolore, le parenchyme cortical contient dans ses couches vertes d'assez nombreux tubes à ra- phides, et dans les couches internes des grains d’amidon simples d'environ 0"",016 ; il ne possède pas de poils fibreux dans ses méats. Quelques petits faisceaux formés de fibres, vaisseaux et quelques cellules cribreuses, le traversent çà et là, les uns voisins de la périphérie, les autres du corps central dont ils proviennent. Dans ce dernier, les faisceaux périphériques sont soudés par leurs libres très-développées et très-épaissies en une couche continue, 9° série, Bot, T. VI. (Cahier n° 3.) 3 11 162 P. VAN ZIEGHEM. saufsur un petit espace, correspondant à l'insertion de la feuille supérieure, où le cercle est ouvert pour laisser échapper les fais- ceaux foliaires venant du centre. Ces faisceaux externes sont for- més, outre leurs fibres, de tissu cribreux à mailles étroites et d’un petit nombre de vaisseaux polyédriques, se réduisant dans cer- tains faisceaux à deux ou à un seul, mais sans acquérir un grand diamètre, n1 dépasser 0"”,040. Après ces deux ou trois couches de faisceaux soudés, on rencontre le parenchyme amylacé cen- tral où se trouvent dissémunés des faisceaux libres, ayant les uns trois ou quatre vaisseaux polyédriques, les autres un plus grand nombre de vaisseaux spiralés plus étroits, mêlés à de plus nombreuses cellules ; ce sont ces derniers qui émergent pour se rendre aux feuilles ; 1ls ne sont que les terminaisons supérieures un peu modifiées des premiers. Ainsi donc, par le séjour prolongé des faisceaux foliaires dans le parenchyme externe (circonstance en rapport avec la plus grande longueur des entre-nœuds), par la présence de faisceaux à un ou deux vaisseaux scalariformes plus gros que ceux des faisceaux foliaires, cette tige se rapproche plus que les précédentes de celles des Monstérinées. D'autre part, si l'on fait abstraction des faisceaux composés, elle offre une grande ressemblance avec celle du Philodendron Rudgea- num, et l'on peut dire qu’elle est aux Anthurium Miquelanum et nitidum ce que le Philodendron Rudgeanum est aux Philodendron hastatum, tripartitum et lacerum, c'est-à-dire une transition du type normal aux formes voisines, en rapport avec le mode de végétation. Feuille. —Le pétiole de la feuille de l'Anthurium Miquelanum a ses faisceaux externes mumis en dedans et en dehors d’une couche fibreuse, et réunis latéralement les uns aux autres en cercle continu par une couche fibreuse épaisse, dans laquelle 1ls sont comme encastrés. À l’intérieur de ce cercle sont répartis, sur une Courbe ouverte, des faisceaux beaucoup plus volumineux formés d'un arc fibreux externe, de cellules cribreuses, de vaisseaux et d’un arc fibreux interne. Le parenchyme est par- tout dépourvu de poils fibreux dans les méats; nous verrons STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 163 qu'il en est de même chez les autres espèces, et que le genre Anthurium ne développe pas de poils internes. L'Anthurium violaceum n’a pas le cercle extérieur des fais- ceaux du pétiole réums par des fibres en une couche con- tinue, et son parenchyme, pas plus que celui du limbe, ne pos- sède de poils fibreux. Les cellules épidermiques de la feuille contiennent chacune un grain d’amidon double ou triple d’en- viron 0",012 (1). A la surface inférieure des feuilles, on trouve de petites taches rouges qui se montrent aussi dans l'Anthurium ÆLookeri. La coupe passant par ces points montre, enchàässée dans le limbe, une demi-sphère formée de cellules allongées radialement, mais qui n’aboutissent pas jusqu'au centre, où elles laissent une cavité ouverte au dehors, dans laquelle s’ac- cumule la matière sécrétée par elles. Cette demi-sphère est d'ailleurs bordée et séparée du parenchyme de la feuille par une couche de cellules tabulaires, et, tout autour de l'ouverture, les cellules de l’épiderme inférieur sont disposées en plusieurs cercles concentriques. L'Anthurium crassinervium présente dans son pétiole des caractères intéressants. À la base de cet organe, on trouve, à partir de la circonférence, de nombreux faisceaux purement fibreux, puis des faisceaux semblables qui renferment, en outre, un groupe cribreux, enfin, vers le cenire, des faisceaux com— plets où l'arc fibreux s’avance jusqu'au contact des vaisseaux, qui sont rangés sur trois ou quatre files rayonnantes, les gros en dehors contre les fibres, les petits en dedans. Dans le pa- renchyme qui sépare ces faisceaux, on rencontre, disséminés sans ordre, de petits groupes formés d'une à dix fibres polyé- (1) Le développement d’amidon et de chlorophylle dans les cellules épidermiques estun fait dont on connaît chaque jour de nouveaux exemples. Chez les plantes aqua- tiques, M. Duchartre sur les Zostera, M. Chatin sur les Darusonium, eic., ont montré que les cellules épidermiques contiennent de la chlorophylle, quelquefois même exclusi- tement. Chez des plantes aériennes la chose se rencontre aussi. Je citerai les Primula, et notamment le Primula.sinensis qui contient dansles cellules et les poils épidermiques de ses feuilles des grains nombreux de chlorophylle ; les poils du tube de la corolle en sont aussi pourvus. Les cellules épidermiques et les poils du calice des Si/ene renferment aussi de la matière verte. 16! P. VAN YIEGHEM, driques, divisées par de petites cloisons tranversales. Quand ces fibres sont isolées dans le parenchyme, elles présentent une cer- taine analogie avec les poils mternes des Monstérinées ; mais ce west qu'une ressemblance grossière, car il y à toujours adhé : rence de la fibre aux cellules et pression réciproque qui la rend polyédrique ; elle n’a Jamais n1 extrémités libres, ni branche d'insertion ; toutes les transitions, enfin, que l'on rencontre entre ces fibres isolées et Îles gros faisceaux fibreux périphériques, montrent avec évidence que ce sont de vraies fibres éparses. Si j'insiste sur ce point, c'est que M. Hanstein attribue à l’Anthu- rium Wagenerianum des organes identiques avec ceux des Monstera (Die Milchsaftgefæsse). Je n'ai pas pu examiner cette plante, mais ce qui se passe dans lAnthurium crassinervium, espèce très-voisine, me porte à croire que c’est pour avoir COn- fondu ces fibres éparses avec les poils des méats, qui ne sont aussi pour lui que des fibres isolées dans le parenchyme, que M. Hanstein a commis cette erreur. Dans aucun des Anthurium que j'ai pu étudier, je n'ai rencontré de poils mternes. Le parenchyme du pétiole offre encore à sa base (pl. 8, fig. 14)des canaux ayant environ 0°”,180 de longueur, pleins de suc gommeux, et bordés de cellules étroites, souvent saillantes dans l'intérieur de la lacune, et remplies de grains d’amidon de 0"",004 plus petits que ceux du parenchyme qui ont 0*",008. Ces canaux, semblables à ceux que nous avons rencontrés dans le Monstera surinamensis et le Raphidophora pinnata, n'existent ici que dans la partie inférieure du pétiole ; plus haut, on ne les retrouve pas. On voit aussi dans le parenchyme des tubes à raphides, et des files de cellules (4) à parois plus molles, plus flasques que les autres, et qui sont remplies d’un suc propre orangé. Vers le milieu de sa hauteur, le pétiole a subi des change- ments remarquables : disparition de tous les fascicules fibreux épars dans le parenchyme interne ; réunion de tous les groupes fibreux externes en une couche unique, qui, comme dans l’An- thurium Miquelanum, enferme les faisceaux vasculaires périphé- riques ; retour des faisceaux centraux à là structure normale ; STRUCTURE DES AROÏIDÉES. 165 disparition des canaux gommeux ; tels sont les principaux. Les laticifères à suc orangé persistent ; non-seulement ils parcourent le parenchyme, mais ils se mettent en relation avec les faisceaux vasculaires, car on en trouve qui sont accolés sur une certaine étendue le long des vaisseaux, qu'il n'est pas très-rare de voir remplis par le suc jaune. Ainsi, bien que les laticifères ne se rencontrent pas habituellement dans les Anthurium, certaines espèces, comme l'Anthurium crassinervium, possèdent cepen- dant un système de vaisseaux à suc propre, qui, sans occuper dans les faisceaux la place ordinaire, se mettent pourtant en relation avec eux. Racine. — La racine des Anthurium reproduit, avee des pro- priés particulières, le type général. Dans l'Anthurium Miquelanum (fig. 15), elle est recouverte de deux ou trois couches de cellules à parois brunes dont les extérieures se prolongent en poils bruns umicellulaires, suivies de cette assise de cellules allongées radialement que nous retrou- vous partout, et que nous savons capable de former par ses divi- sions successives une épaisse couche subéreuse ; puis vient le parenchyme cortical à cellules arrondies et vertes, contenant dans ses couches internes de nombreuses mâcles cristallines. Le corps central est formé de seize files vasculaires continues (v), remarquables en ce que les vaisseaux internes sont à peine plus grands que les plus extérieurs, fait qui concorde avec l'absence de gros vaisseaux dans les faisceaux de la tige. Ces files alter- nent avec autant de groupes (e) ovales et simples de cellules fort étroites, qui ressemblent par là au tissu cribreux de la tige. Ces flots cribreux sont séparés des files de vaisseaux par des fibres qui remplissent tout le centre ; mais tandis que du vais- seau le plus externe de la file vasculaire on passe au parenchyme cortical par quelques rangées de cellules tabulares à paroi mince (e), les faisceaux cribreux au contraire sont recouverts en dehors par un arc épais (d) de fibres ponctuées qui fait saillie dans le parenchyme, et vient, en contournant le faisceau, se Joindre au tissu fibreux intérieur; cette disposition particu- lière se retrouve dans tous les 4nthurium. 166 P, VAN #IEGHEM. La racine de l’Anthurium crassinervium présente cette parti- cularité, connue depuis longtemps, d’avoir sa couche périphé- rique formée, non pas de quelques rangées de cellules brunes qui se prolongent en poils de même couleur, comme c’est le cas général, mais de plusieurs assises de cellules incolores à paroi munie d’épaississements spiralés. Cette couche, ce voile, comme on l’appelle quelquefois, repose sur l’assise de cellules incolores et radiales, à laquelle nous avons reconnu les propriétés d’une couche subéreuse, et qui la sépare du parenchyme cortical. La ligne brisée, suivant laquelle se fait le contact des cellules spira- lées et de la couche externe, présente le caractère que nous lui avons toujours trouvé, d’être sombre et comme encroûtée d’une substance granuleuse brune, sécrétée par les cellules subéreuses ; cette bande brune empêche qu’on ne distingue nettement la ligne de séparation des deux assises cellulaires. Dans l'Anthurium crassinervium, la sécrétion externe de la couche subéreuse se fait également sur le sommet de toutes les cellules, et la bande brune . est continue. Dans l’Anthurium Hookeri, au contraire, qui pos- sède aussi un voile formé de quatre rangées de cellules spira- lées,. dont les plus externes se prolongent en poils unicellu- laires revêtus d’une spire ténue, les choses se passent autrement : sur la plupart des cellules radiales, la distinction de leur paroi externe et de la paroi interne un peu granuleuse dés cellules spiralées est facile; mais certaines d’entre elles qui ne diffèrent pas des autres sur la coupe transversale, au lieu de s’allonger comme lesautres, suivant l’axe de la racine, ont une section tan- gentielle ovale ; celles-là sécrètent sur leur paroi externe une couche épaisse de matière brune, granuleuse, qui semble conte- nue dans les cellules spr'alées en contact, et qui adhère fortement à la paroi de la cellule formatrice : 1l résulte de là que les coupes tangentielles qui raseront la surface de cette assise subéreuse, montreront, ici des masses brunes ovales, à contour vague, là des trous blancs entourés d’un large cercle brun, qui sera sou- vent divisé en deux moitiés par une paroi, et présentera alors l’image d’un stomate. Toutes ces apparences s'expliquent d’elles- mêmes, sans que j'aie besoin d'y insister ; mais on comprend STRUCTURE DES AROÏDÉES. 467 qu’on ait pu s’y tromper, et que M. Schleiden ait cru apercevoir des stomates à contenu brun dans cette assise subéreuse, qu'il regardait par conséquent comme un épiderme intérieur. Le parenchyme cortical de la racme de l'Anthurium crassi- nervium est formé de cellules vertes, et contient à sa partie in- terne un paquet de fibres en face de chaque faisceau cribreux, tandis qu'il n'y a que des cellules minces en face des files vascu- laires qui sont courtes, simples, et formées de vaisseaux de même dimension. ù Les Anthurium reflexum et lucidum possèdent dans le paren- chyme cortical de leur race des files de cellules à parois flasques, qui charrient un liquide orangé ou rouge ; les lots ovales de tissu cribreux sont encore revêtus en dehors par un arc fibreux. L’Anthurium digitatum, enfin, renferme dans le corps central de ses grosses racines un certain nombre de files vasculaires dont le vaisseau postérieur, un peu plus grand, est isolé des autres par des fibres, tandis que quelques-uns des faisceaux cri- breux ont aussi derrière eux un second îlot séparé du premier ; le tout est réuni par des fibres qui ne pénètrent pas jusqu’au centre occupé par de larges cellules ; le faisceau cribreux externe est, comme toujours, recouvert par un arc fibreux puissant (4). En résumé, le genre Anthurium possède dans sa tige un caractère général qui le sépare nettement des Monstérinées d’une part, des Lasia, des Spathiphyllum et de toutes les Aroïdées du premier groupe de l’autre. La feuille y est dépourvue de poils (1) Un fait assez intéressant m'a été plusieurs fois présenté par les racines de quelques Anthurium, entre autres par celles de l’Anth. lucidum, c'est la division en deux et en trois du corps central de la racine, et l'enveloppement de ces deux ou trois axes distincts, mais constitués du même nombre de files élémentaires, et de diamètre à peu près égal, dans la même couche de parenchya e cortical, sans qu'il y parüt au dehors ; mais après une assez grande longueur de ce parcours commun, la racine s’aplatit, sillonne sa surface et se bifurque, puis, si l’une des parties est encore double, elle se bifurque à son tour. Cette division des racines aériennes se produit souvent dans les plantes épiphytes, quand l'organe est en contact avec un support plan, avec un des carreaux de verre dépoli qui enveloppent la serre, par exemple; la racine se divise alors, et ses mul- tiples extrémités, serrées l’une contre l’autre, forment une surface plane, une sorte de main qui contracte une intime adhérence avec la surface du verre. 168 P. VAN TIEGHEM. fibreux des meats et la racine a ses faisceaux cribreux revêtus par un arc fibreux externe. A l’organisation ainsi définie, comparons la structure de la tige des Pofhos. | | Pothos. — Jai pu examiner les tiges desséchées de quatre espèces de Pothos. La tige du Pothos scandens L. a une zone de parenchyme cortical bien distincte du corps central; on y voit çà et là un large tube à raphides, dont la paroi est plus épaissie que celle des cellules voisines, et les cellules les plus internes, fort courtes, contiennent chacune un gros octaèdre tronqué d'oxalate de chaux; je n'ai pu y voir de poils fibreux dans les méats. Dans cette zone sont disséminés sur plusieurs cercles concentriques des faisceaux de structure variée. Les uns, et c'est le plus grand nombre, n’ont qu'un seul gros vaisseau scalariforme, séparé de l'arc fibreux externe par un groupe cribreux à mailles étroites ; d’autres, assez rares, ont une couche fibreuse qui entoure tout le faisceau, un groupe cribreux, et un certain nombre de trachées; d’autres enfin, plus extérieurs, ne possèdent que des fibres accom- pagnées parfois au centre de quelques cellules mmces. Le corps central présente la même structure sur toute Sa circonférence ; il est dépourvu de couche génératrice permanente. Ses faisceaux extérieurs sont soudés par leurs fibres en une zone fibreuse épaisse, à l’intérieur de laquelle de nombreux faisceaux sont disséminés dans le parenchyme médullaire. Ils sont de deux sortes; presque tous ceux dela zoneexterne, et un certain nombre de ceux qui sont épars dans la moelle, ont un arc fibreux, un groupe cribreux formé de deux ou trois très-larges cellules, sépa- rées par des cellules beaucoup plus étroites, et un seul gros vais- seau scalariforme, dont le diamètre atteint 0"",080 ; les autres, qu'on trouve surtout vers le centre, ont sous l'arc fibreux un groupe de cellules très-étroites, et un certain nombre de vaisseaux spiralés fort grèles, mêlés à de nombreuses cellules longues. Ces derniers sont les terminaisons supérieures de ceux des faisceaux de la première espèce qui séjournent dans le corps central jus- qu'à leur transformation complète, pour s’incurver ensuite en STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 169 dehors et pénétrer dans les feuilles. Mais un grand nombre de ces faisceaux de première espèce quittent le corps central avant de se transformer, ou après avoir seulement modifié leur tissu cribreux, et parcourent le parenchyme cortical sur une certaine longueur en conservant leur structure; au moment où ils pénè- trent dans une feuille, ils substituent des trachées à leur gros vaisseau pour devenir semblables à ceux qui, s'étant transformés dans le corps central, le quittent par une inflexion brusque sous le nœud pour entrer dans la même feuille. D'autres faisceaux enfin, après avoir quitté le corps central, perdent dans l'écorce leurs vaisseaux et quelquefois leurs cellules cribreuses pour se réduire à leurs fibres et pénétrer dans les feuilles. Le pétiole contient en effet les deux sortes de faisceaux : les fibro-vasculaires, et les fibreux au centre desquels subsistent assez souvent quelques cellules minces; je n’y ai pas rencontré de poils internes. Le Pothos Seemanni possède la même structure; mais le pa- renchyme cortical ne renferme qu'un seul cercle de faisceaux, et, aux angles de la tige, quelques groupes fibreux extérieurs. Le Pothos leplostachyus ne diffère des deux précédents que par la soudure des faisceaux de l'écorce en un cercle continu, grâce au développement de fibres qui les relient les uns aux autres; on trouve encore à l'intérieur de ce cerclequelques faisceaux libres. Le Pothos Rumphii enfin possède dans les méats de son paren- chyme cortical de nombreux poils fibreux (fig. 16) fort épaissis, simples, analogues à ceux des Monstera. Le vaisseau unique qui entre dans la composition de l'immense majorité des fais- ceaux de cette tige, tant dans le corps central que dans l'écorce, acquiert une plus grande largeur que dans les espèces précé- dentes, et atteint 0"%",120 à 0"",130, Dans la zone corticale, ces vaisseaux sont aplatis perpendicularement au rayon, et le tissu cribreux ayant disparu, ils se trouvent entourés immédiatement par un épais anneau de fibres, circonstance qui donne aux fais- ceaux externes une physionomie particulière. A part ces différences accessoires dans la structure de la zone extérieure, toutes ces espèces ont leur axe central organisé de la 470 P, VAN TIEGBEM. même manière ; dans toutes, il paraît y avoir autour de chaque, faisceau libre dans la moelle une gaîne de cellules courtes, con- tenant chacune un cristal octaédrique, pareille à la gaîne géné- rale qui enveloppe tout le corps central. La tige des Pothos nous offre donc, en définitive, l’entier développement des caractères de structure qui s'imprimaient déjà dans la tige de l'Anthurium violaceum, pour lui donner une physionomie différente de celle du type présenté par l’Anthurium Miquelanum ; à peu près comme le Philodendron micans est la manifestation complète de l’organisation qui commence à se montrer dans le Philodendron Rudgeanum, pour léloigner du type réalisé dans le Philodendron hastatum. Aux Monstérmées se rattachent donc, d’une part, les 4nthu- rium par les Pothos, et, d'autre part, les Philodendron par le P hilodendron micans. Mais au milieu de ces transitions qui sont liées à la forme de l'appareil végétatif et à son mode de vie, les caractères fondamen- taux ne se perdent pas. Ni les Pothos, ni le Philodendron micans, n'ont de zone génératrice continue ; et si, dans les premiers, les faisceaux sont simples, ils sont composés dans le second, au moins à de certaines hauteurs. CHAPITRE IV. AROÏDÉES A ZONE GÉNÉRATRICE COMPLÈTE ET PERMANENTE. Les Acorus, qui constituent à eux seuls notre quatrième section, différent des Aroïdées étudiées jusqu'ici par un en- semble de caractères anatomiques, dont le plus saillant est l'existence, tout autour du corps central, d'une zone génératrice permanente, où se forment incessamment de nouveaux fais- CEAUX. Rhizome, — Le rhizome ramifié de l’Acorus gramineus que je prendrai pour type se montre sur une Coupe transversale, consti- tué de la manière suivante (pl. 8, fig. 4). Sous l'épiderme s'étend une couche épaisse de parenchyme à cellules serrées, polyédriques, qui contiennent, les unes, de l’amidon en petits STRUCTURE DES AROÏIDÉES. A'7A grains composés, d’autres un liquide rouge, qui donne au rhi- zome sa couleur rosée, d’autres encore, plus larges, une huile essentielle qui communique à la plante son odeur particulière. Cette couche est séparée du corps central par une assise de cel- lules tabulaires. Elle contient des faisceaux de deux espèces : les uns, et c’est le plus grand nombre, sont formés d'un faisceau cylindrique de fibres Hibériennes (fig. 4), tantôt homogène, tan- tôt présentant au centre quelques cellules minces ; les autres, plus rares, contiennent (fig. 3) un arc fibreux externe, un faisceau de cellules étroites, un paquet de trachées mêlées de cellules longues, et enfin un arc fibreux interne. relié latérale- ment à l'arc externe, de manière à envelopper le faisceau. Qu'il appartienne à l’une ou à l’autre sorte, chacun de ces faisceaux est toujours entouré d’une gaîne de cellules aplaties et très- courtes, qui contiennent chacune un cristal octaédrique d’oxalate de chaux ; émanés tous du corps central, ils pénètrent tous dans les feuilles où nous les retrouverons. Le corps central, avons- nous dit, est séparé nettement du parenchyme cortical par une assise (d) de cellules aplaties, rectangulaires, et qui présentent, entre leurs parois en contact un espace lenticulaire noir (/). Ce caractère, signalé ailleurs par M. Caspary, se retrouve avec netteté dans la couche protectrice des Acorus. Sous cette assise tabulaire règne une zone circulaire continue de tissu générateur, dans laquelle on trouve un grand nombre de faisceaux (e) à des états très-divers de développement, tandis que le parenchyme médullaire contient un certain nombre de faisceaux complets (ff), qui n'ont plus qu'à transformer leurs éléments pour se rendre aux feuilles en traversant le parenchyme cortical. Suivons le fais- ceau depuis sa première apparition. C’est d’abord, dans la zone génératrice, un arc qui tourne sa convexité vers l'axe ; il est formé de vaisseaux rayés accollés l’un contre l’autre. Cet arc se développe par addition à ses deux bouts de nouveaux éléments, et l’on à successivement un demi-cercle, puis trois quarts de cercle, puis enfin un cercle complet de vaisseaux tous accollés Pun à l’autre, ou du moins très-faiblement séparés; en même temps que l'arc vasculaire se forme peu à peu, il se développe, 179 P. VAN TISGHEM. dans les cellules minces qui l'entourent sur sa convexité, d’abord une, puis plusieurs couches de fibres qui suivent les progrès du système vasculaire et forment autour du cercle de vaisseaux un anneau fibreux qui l'enveloppe complétement: la zone génératrice produit ensuite, en dehors du faisceau, des cellules de parenchyme ; elle le refoule ainsi, et l'infléchit vers le centre, pour en former bientôt un nouveau derrière lui; un cercle de vaisseaux finement rayés entourant un groupe cylin- drique de cellules étroites, et enveloppé lui-même par un anneau fibreux plus épais au côté interne, où 1l est séparé des vaisseaux par des cellules longues; telle est alors la remarquable structure du faisceau (fig. 2). Mais les choses n’en restent pas là : il se forme en effet dans ces cellules minces, qui séparent le cercle vasculaire de l’anneau fibreux sur la face interne du fais- ceau, des vaisseaux étroits à paroi épaisse : ce sont des trachées. Le faisceau est alors complet, et parcourt presque verticalement la partie centrale de la moelle. Est-ce un faisceau composé pa- reil à ceux du Calla palustris, comme pourrait le faire croire le cercle vasculaire qu'il possède ? Il me semble que l'assimilation n’est pas fondée, et que l'anneau fibreux qui enveloppe tout le faisceau, comme il entoure les faisceaux foliaires du parenchyme cortical, en fait autant d’individualités fibro-vasculaires dis- tinctes, nées côte à côte dans la zone génératrice. Quel genre de transformation les faisceaux du parenchyme médullaire subissent-ils, avant d’émerger pour donner les fais- ceaux foliaires? Après avoir conservé pendant une certaine - longueur la structure que nous venons de décrire, le faisceau multiplie le nombre des trachées à sa partie interne, et s'allonge en même temps dans le sens du rayon (fig. 6), puis 1l s'étrangle en son milieu, et le tissu cribreux produit au niveau de l'étran- glement une cloison fibreuse (fig. 7) qui sépare le faisceau en une partie externe formée d’un anneau fibreux, d’un demi-cercle de vaisseaux rayés qui se referme ensuite et d’un groupe cribreux central, et en une partie interne constituée par un anneau fibreux mince en dehors, t'ès-épais en dedans, par un groupe cribreux externe et par un gros paquet de vaisseaux spiralés (fig. 8). Puis STRUCTURE DES AROIÏDÉES. 173 la cloison fibreuse se dédouble, et les deux parties s’isolent : le faisceau postérieur s'incurve en dehors, traverse la zone géné- ratrice, disjoint la couche protectrice, et pénètre dans le paren- chyme cortical, pour y séjourner quelque temps, avant de se rendre aux feuilles supérieures, ou pour le traverser en émer- seant tout de suite. Quant au faisceau externe, qui reprend bientôt une structure pareille à celle du groupe primitif, 1] peut reproduire eucore cette bipartition, mais 1l s'épuise bientôt ; ses vaisseaux s'accumulent tous à l'angle interne en se transformant en trachées, le tissu cribreux devient externe, et le faisceau, ramené à la forme fohure, s’incurve en dehors et émerge; 1l y a donc des faisceaux foliaires qui proviennent de la bipartition des faisceaux circulaires, et d’autres qui en sont la terminaison directe. Ce mode de dédoublement rattache les faisceaux de l’Acorus à la forme composée dont nous avons donné de nom- breux exemples dans le premier chapitre; mais ce n’est qu'une analogie et non une identité, puisque, par la zone fibreuse qui les'entoure et par leur formation d'un seul jet dans la zone géné- ratrice, ils se montrent autant d'individualités simples. Outre ces diverses sortes de faisceaux et les formes de passage qui les relient l’un à l’autre, le parenchyme médullaire con- tient encore dans sa partie centrale quelques groupes purement fibreux, semblables à ceux qui abondent dans la couche corti- cale, et qui se dirigent dans leur partie inférieure vers le corps central où ils pénètrent. D'où proviennent ces faisceaux fibreux ? Je ne pense pas qu'ils soient des faisceaux sui generis, et nés à part dans la zone génératrice : les cellules minces qu’un assez grand nombre d’entre eux renterment; l'existence dans la couche corticale de petits faisceaux fibro-vasculaires, où les fibres forment un anneau très-épais qui entoure quelques cel- lules étroites et un ou deux vaisseaux, toutes ces transitions dé- montrent que ce sont les terminaisons supérieures d'un certain nombre de faisceaux foliaires émanés du corps central de la tige, qui perdent, pendant leur trajet vertical dans le parenchyme de l'écorce, d'abord leurs vaisseaux, puis leurs cellules longues, et pénètrent ainsi réduits, dans les feuilles, où on les retrouve 17h P. VAN IEGMEM. avec leur même caractère, L'appauvrissement de certains de ces faisceaux pouvant s’opérer dans la partie centrale même, on comprend pourquoi on y rencontre quelques groupes fibreux. Ainsi, les conclusions relatives au mode de terminaison infé— rieure des faisceaux fibro-vasculaires, que M. Mobl a tirées de ses recherches sur les Palmiers, ne s'appliquent pas plus au rhizome de l’Acorus qu'aux tiges des diverses Aroïdées dont nous avons, dans le cours de ce travail, fait connaître la structure anatomique. L'action ménagée des acides colore en vert d'abord, puis en rouge vif, les fibres et les vaisseaux de ce rhizome, tandis que les cellules du parenchyme, des faisceaux cribreux et de la zone génératrice restent Incolores. Quand on remonte dans la tige, par une série de coupes successives, du milieu d’un entre-nœud à la feuille ramifeère supérieure, on voit peu à peu le cercle central s’allonger et devenir elliptique, puis s’étrangler et prendre la forme d’un « ; le petit cercle générateur s'isole ensuite du grand en restant quelque temps enveloppé sous la même couche corticale, et 1l ne se sépare de l'axe principal que bien au-dessus de l'insertion folhaire. Le rhizome de l’Acorus calamus présente, avec la même struc- ture fondamentale, quelques caractères particuliers qui sont en relation avec son milieu aquatique de végétation. Le parenchyme cortical commence, sous l'épiderme, par une couche de cellules polyédriques serrées, qui passe brusquement à une couche extrêmement épaisse de parenchyme lacuneux où les murs de séparation sont simples. Des cellules rameuses occupent les points de réunion des lignes du réseau ainsi constitué. Le parenchyme médullaire central est aussi lacuneux ; le plus grand nombre des cellules sont amylacées, d’autres plus grandes contiennent l'huile essentielle odorante. Cette structure du parenchyme établit entre les deux rhizomes une différence qui tient au milieu aquatique où se développe le second. La couche externe du parenchyme cortical contient des fais- ceaux, les uns purement fibreux, les autres fibro-vasculaires ; on en trouve aussi quelques-uns des deux espèces dans la couche STRUCTURE DES AROIDÉES. 175 lacuneuse; mais le nombre, surtout pour les faisceaux fibreux, en est beaucoup moins considérable que dans l’Acorus grami- neus. La couche protectrice, la zone génératrice et la manière dont elle produit les faisceaux cireulares, le mode de dédouble- ment et de transformation de ceux-ci pour donner les faisceaux foliaires, tout est pareil, sauf le faible développement de l’an- neau fibreux des faisceaux. Parenchyme lacuneux et faible développement de l'élément fibreux, tels sont les caractères qui séparent le rhizome de l'Acorus calamus de celui de l'Acorus gramineus. Racine. — Sur la zone génératrice prennent naissance les racines adventives. La racine de l’Acorus gramineus est entourée de deux assises brunes ; l’externe allonge ses cellules en poils, tandis que l’in- terne développe dans les siennes de l'huile essentielle ; le paren- chyme cortical est serré et muni seulement de quelques méats ; la couche protectrice a le même caractère que dans la tige; le corps central a ses files vasculaires simples alternes avec des fais- ceaux cribreux simples, le tout réunt par un tissu fibreux qui remplit tout le centre. La racine de l’Acorus calamus ne diffère de la précédente que par son écorce formée de deux couches, l'externe serrée, l'in- terne lacuneuse à murs simples : même différence donc entre les racines qu entre les tiges. Feuille. — La feuille de l'Acorus gramineus présente dans son épiderme une production intéressante. Certaines cellules s’y développent beaucoup plus que les autres et contiennent une masse solide ou pâteuse qui revêt une forme constante; vu sur l’épiderme arraché, c'est un corps ovoïde, d'environ 0"",080 de longueur, terminé à chaque extrémité par un mamelon sphé- rique (fig. 42). En coupe longitudinale, on retrouve cet aspect, et la masse occupe le sommet de la cellule (fig. 13); elle se colore en jaune par l’iode, l'acide sulfurique la transforme en huile. Sous cet épiderme s'étend un tissu lacuneux, vert dans les couches périphériques, et dans lequel les faisceaux fibro- vasculaires sont distribués d’une manière qui varie avec la hau- 176 P. VAN TIEGREM, teur jusqu'a la fermeture de la gaîne, et que je ne considére- rai, pour abréger, qu'au-dessus de ce niveau. Alors, excepté quelques - faisceaux fibreux épars dans le parenchyme interne, le système vasculaire se trouve rangé sous l’épiderme, et l'on y distingue trois sortes de faisceaux qui alternent régulièrement ; les plus complets (a) possèdent un arc fibreux externe, un groupe cribreux suivi d'un grand nombre de vaisseaux disposés en V et un arc fibreux intérieur ; d’autres (b) n’ont qu’un arc fibreux externe, un groupe cribreux et quelques vaisseaux sans fibres internes; d’autres enfin (c), ou sont purement fibreux, ou con- tiennent, dans l’axe du faisceau de fibres, quelques cellules minces; l’ordre d’alternance de ces trois sortes de faisceaux est acbca; nous retrouvons donc dans la feuille, avec leurs mêmes caractères, les faisceaux que nous avons vu se former dans le rhizome et séjourner dans le parenchyme cortical. Pédoncule floral.— présente une complication un peu plus grande, où se révèle d'une manière remarquable la superposi- tion d'un axe et d'un appendice, que nous verrons peu à peu se dégager l’un de l’autre. Le pédoncule triangulaire de l’Acorus calamus (fig. 9} con- tient en effet, comme la feuille, une rangée de faisceaux sous - épidermiques, où l’on en distingue encore de trois sortes, à, b, c, alternant suivant a c be a. Mais en outre, il possède, dans son pa- renchyme creusé de lacunes séparées par des murs simples, un système mterne destiné à entrer dans le spadice et qui est constitué par neuf grands faisceaux complets formant un V ouvert du côté aplati et interne de l'organe. Sous l'insertion de la spathe, on voit d’abord naître, dans l'ouverture du V, un cercle de tissu formé d’une zone dense entourant une moelle lacuneuse ; puis les neuf faisceaux s'incurvent et viennent se ranger en cercle dans la couronne de tissu serré; ce cercle est ouvert du eôté aplati du pédoncule; sur sa face externe, il se sépare, par la formation d’un double épiderme, de la portion postérieure du pédoncule qui constituera la spathe et qui reste encore adhérente par ses bords à la face interne; puis les faisceaux latéraux du cercle se dédoublent et les nouveaux groupes viennent fermer STRUCTURE DES AROIDÉES. 177 la courbe qui se sépare ensuite complétement (fig. 10) et devient libre, en même temps que le tissu serré extérieur fait place peu à peu à un parenchyme lacuneux, continuation de celui du centre. L’axe d'inflorescence est alors constitué avec son cercle régulier de vingt-quatre faisceaux qui émettent successivement des branches externes vers les organes floraux. D'autre part, les faisceaux de la spathe s'arrangent en cercle sous-épidermique régulier, qui présente les mêmes formes de faisceaux rangés dans le même ordre d'alternance que dans la feuille avec laquelle la spathe se montre identique (fig. 41). Telle est la structure du pédoncule, et l'on peut dire qu'il est formé par la superposition de deux systèmes vasculaires non isolés, mais qui se dégagent l’un de l’autre pour former l'axe de l’épi et la spathe foliacée. Et Je fais remarquer de suite que, seuls parmi toutes les Aroïdées, les Acorus ont dans l’axe floral les faisceaux vasculaires rangés en cercle parfait. Ce dernier caractère, jomt à la structure si parüculière du pédoncule floral, de la feuille, et surtout du rhizome, sépare nettement ce genre de tous les autres, et en fait dans la famille un groupe à part, que nous définissons par la zone génératrice permanente qui revêt toute la périphérie du corps central. CONCLUSIONS GÉNÉRALES. En définitive, les conséquences les plus générales des faits anatomiques que je viens d'exposer dans les quatre chapitres précédents peuvent se résumer de cette manière : Les Aroïdées revêtent quatre formes d'organisation distinctes et ainsi définies : | 1°] n'y a pas de couche génératrice continue et permanente ; mais les faisceaux se renouvellent par multiplication des groupes vasculaires dans chacun d'eux, et par séparation successive de ces groupes qui se rendent aux feuilles (Aroïdées à fleurs uni- sexuées, Calla, Lasia, Spathiphyllum). 2 [l y a une zone formatrice et cribreuse, permanente et continue sur une partie de la périphérie de la tige ; les faisceaux 5€ série, Bot. T, VI. (Cahier n° 3.) 4 12 178 P. VAN TIEGHEM. sont simples ; le parenchyme produit dans ses méats des poils fibreux (Monstérinées). 3° Il n’y a pas de couche génératrice permanente et conti- nue ; les faisceaux sont simples (Anthurium, Pothos). h° Il y a une zone formatrice permanente et continue qui revêt toute la périphérie du corps central; les faisceaux qui en -émanent sont simples, mais peuvent se dédoubler pour produire les faisceaux foliaires ; l’axe du spadice possède un cercle régu- lier de faisceaux (Acorus). Chacun de ces types présente en outre des modifications secon- daires de structure qui permettent d’assigner à chaque genre, et quelquefois aux espèces d'un même genre, des caractères anatomiques propres à les définir, indépendamment de toute organisation tirée de la forme extérieure et de la structure florale. Ces variations secondaires, qui dépendent, comme l'organi- sation des types elle-même, des conditions de milieu, produi- sent des formes de transition qui relient les groupes les uns aux autres, sans que s’effacent jamais leurs caractères fondamentaux. Mais au milieu de ces modifications de structure, quelques caractères restent constants. C'est d’abord l'existence d’un pa- renchyme cortical dans lequel émergent, dans l'immense maJo- rité des cas, les faisceaux émanés du corps central, pour y séjourner l’espace de plusieurs entre-nœuds avant de pénétrer dans la feuille, tandis que celle-ci recoit directement quelques faisceaux qui s’écartent du centre par une flexion brusque, et traversent presque horizontalement le parenchyme externe ; le pétiole renferme ainsi deux sortes de faisceaux émanés du corps central à des hauteurs très-différentes (1). C’est encore, à la périphérie du corps central, la présence de faisceaux vasculaires, tantôt libres et isolés par du parenchyme, tantôt réunis par du üssu cribreux en une zone commune qui revêt l'axe central sur tout ou partie de sa périphérie, mais quisonttoujoursles terminai- sons inférieures des faisceaux foliaires, et sur lesquels viennent (1) Il en est ainsi dans bien des plantes dicotylédonées, je citerai pour exemple la Fève. STRUCTURE DES AROIDÉES. 179 naître et s'insérer les racines adventives. A une certaine hauteur, chaque faisceau s'incline ensuite lentement vers l'axe de la tige, qu'il reste simple ou qu'il multiple ses groupes vasculaires; simple, tantôt il conserve sa structure à toute hauteur, en trans- formant seulementses vaisseaux en trachées au moment d’émer- ger (Anthurium); tantôt 1l les remplace d'abord par un seul gros vaisseau, auquel 1l substitue ensuite un groupe de trachées (Monstera) ; mais toujours il finit par s’incurver au dehors pour s'échapper du corps central, soit par une flexion lente, pour n’entrer dans la feuille qu'après un long parcours vertical dans le parenchyme externe, soit brusquement, en pénétrant direc- tement dans le pétiole, une feuille recevant en même temps les deux ordres de faisceaux ; composé, 1l subit tour à tour dans chacun de ses groupes la même transformation, et après sa mise en liberté, chaque faisceau simple suit la même voie pour émerger. Telle est la marche des faisceaux dans la tige, et les courbes qu'ils y forment ne sont pas semblables, suivant qu’ils constituent les faisceaux corticaux ou les faisceaux foliaires principaux que Mirbel appelait les faisceaux précurseurs. Voilà ce qui est général dans les Aroïdées, ce qui domine toutes les modifications de structure, si profondes qu’elles soient dans cette famille. Ainsi conçue dans son type général, la tige des Aroïdées présente, avec l'organisation bien connue des Palmiers et des Dracæna, des différences qui s’offriront naturellement à l'esprit, sans qu'il soit nécessaire d'en faire 1c1 l'exposition détaillée, et qui sont trop importantes pour qu'on ne doive pas désormais joindre l'étude de cette famille à celle des Palmiers jet des Lilia- cées, si l’on veut acquérir une idée exacte de la structure fon- damentale des végétaux monocotylédonés. CHAPITRE V. OBSERVATIONS SUR LA FLEUR DES AROÏDÉES. Avant de quitter les Aroïdées, pour comparer à la structure de 180 P, VAN TIEGHEM. leurs organes de végétation, telle que nous venons de la faire connaître, celle de l'appareil végétatif des Typhacées et des Pandanées, nous devons dire ici quelques mots de la struc- ture anatomique de leurs organes de reproduction. Sans par- courir l’ensemble des {formes si variées de l’étamine et de l'ovaire pour en rechercher le type général, je me bornerai à indiquer leur structure sur quelques exemples particuliers, après avoir dit quelques mots de leur support commun qui est l’axe du spadice. Axe d'inflorescence. — Je ne m'arrêterai pas sur la question de savoir si l’ensemble des ovaires et des étamines qui couvrent l’axe floral des Colocases par exemple, doit être considéré comme une seule fleur, ou si chaque ovaire est une fleur femelle, chaque étamime une fleur mâle ; je la crois résolue par les passages que l'on observe de la première forme où les ovaires et les étamines sont séparés (Colocasia, Arum, etc.), à la seconde où chaque ovaire est environné d’un nombre déterminé d’étamines, sans qu'il y ait de périanthe (Calla, Monstérinées), et de celle-ci à la troisième où l'ovaire et ses étamines sont entourés d’un pé- rianthe à quatre ou à six divisions (Lasia, Anthurium, Pothos). Ces transitions, qui s'opèrent sans que l’organisation de l'axe floral subisse aucun changement, prouvent qu'on ne saurait assigner à cet ensemble deux valeurs différentes, et le regarder, ici Comme une inflorescence en épi, là comme une fleur à ovaires tnférieurs et à étamines supérieures ; et comme dans la troisième forme, c’est bien certainement un épi, il en est de même toujours. L’axe du spadice a d’ailleurs partout, excepté dans les 4corus, une structure identique. Sous l’épiderme, on trouve une couche de parenchyme cortical, possédant des poils dans ses méats st la plante en est pourvue (Monstera, etc.),-puis un cercle externe de faisceaux vasculaires, à l’intérieur duquel sont disséminés un grand nombre de faisceaux semblables au sein d’un parenchyme médullaire. Chacun de ces faisceaux est constitué par un arc de cellules libériennes à parois minces, bordé de laticitères st la plante en possède, et suivi d’un faisceau cribreux et d’un groupe STRUCTURE DES AROÏDÉES. 181 considérable de trachées ; 1ls émettent des branches qui se ren- dent aux fleurs. Les Acorus présentent dans l'axe de l'épi un caractère de structure remarquable par sa simplicité et sa symétrie; nous avons vu, en effet, que les faisceaux y sont rangés au nombre de vingt-quatre en un cercle unique et complet. Cette organi- sation rapproche l'axe d'inflorescence de ces plantes, de la struc- ture générale des axes dicotylédonés, qui est aussi celle des axes floraux simples dans les Monocotylédones. Sur l'axe floral ainsi organisé naissent les anthères et les ovaires, dont 1l nous faut maintenant étudier la structure. Anthères. — De ses recherches récentes sur la structure des anthères (Comptes rendus, t. LXIT, p. 172, 22 janvier 1866), M. Chatin a cru pouvoir déduire la loi générale suivante : les anthères qui s'ouvrent par des pores terminaux sont privées de cellules fibreuses. Cette loi s'appuie sur l’étude des anthères des Éricacées et des Mélastomacées; seul, le genre Solanum, dont les anthères ont des cellules fibreuses autour du pore ter- minal, y ferait exception. Je connaissais, dès cette époque, aux anthères à déhiscence apicilare de plusieurs Aroïdées une structure incompatible avec la relation précédente, et mes recherches ultérieures n’ont fait que confirmer et généraliser ces premiers résultats. Je dois donc, en faisant connaître sur quelques exemples la structure de ces organes, montrer qu'il n’y a pas à cet égard de loi générale à établir (1). L’anthère sessile du Richardia africana (pl. 9, fig. 9 et 10) a deux loges divisées chacune en deux logettes par une mince cloison longitudinale, et qui s'ouvrent au dehors, chacune à son sommet, par un petit tube vertical creusé à travers l’épais plateau que le connectif, en s’élargissant, forme au-dessus des loges; sous ce pore terminal, la cloison se résorbe pour faire communiquer les logettes. La paroi interne de la loge est re- vêtue, à la maturité, par une couche de cellules prismatiques (4) Purkinje a signalé l'existence des cellules fibreuses dans l’anthère du Richardia africana et de l'Arum fornicatum (De cellulis antherarum fibrosis, 1830). 182 P, VAN TIEGHEM. < perpendiculaires à sa surface et munies de fortes bandes spirales enroulées dans le même sens. Dans chaque logette, cette couche de cellules spiralées cesse aux deux lignes d’origine de la cloi- son, où elle s’incurve un peu vers l'intérieur de la loge et se met en contact avec la couche correspondante de la logette voisine, formant ainsi avec elle deux arêtes longitudinales. La cloison qui réunit ces arêtes n’est donc pas revêtue par les cellules spi- ralées ; elle n’est d’ailleurs constituée à la maturité que par une lame de filets transversaux enchevêtrés, débris des cellules qui la forment à l’origine. La membrane de cellules délicates qui, dans le jeune âge de l’anthère, tapisse toute la paroi interne de chaque logette, aussi bien la cloison que la couche fibreuse, est résorbée au moment de la déhiscence. La couche de cellules spiralées se continue jusqu’au pore terminal dont elle borde lorifice interne, mais elle ne revêt pas la paroi du petit tube qui est formée de petites cellules incolores contenant chacune un grain d’amidon, tandis que les cellules du plateau sont plus grandes et pleines d’un liquide jaune. C'est done ici précisé- ment le contraire de ce qui a lieu chez les Solanum où les cellules fibreuses entourent le pore sans s'étendre sur la paroi interne de la loge. La façon remarquable dont l'anthère du Richardia émet son pollen révèle d’ailleurs en elle un puissant appareil d'expulsion. Par chaque pore, en effet, comme par le trou d’une filière, on voit sortir un fil blanc qui s’allonge peu à peu; il s'élève d’abord verticalement, puis 1l fléchit, retombe et s’amassé autour de l'orifice en une pelote cotonneuse, à mesure qu'il s'échappe de l’anthère, et cela dure jusqu’à épuisement presque complet de la loge. Ce filament est constitué par deux ou trois rangées parallèles de grains de pollen ovoïdes, riches en granules amy- lacés et réunis ensemble par un liquide gommeux; par l'expo- sition à l'air, ce ciment s’'évapore et les grains devenus libres se disséminent. Cette expulsion du pollen exige qu'il y ait contrac- tion de la paroi et diminution du volume de la loge, et c’est le rôle de la couche fibreuse d’amener ce résultat ; mais comment faut-1l en concevoir l’action? Si, comme on le fait d'ordinaire, , STRUCTURE DES AROÏDÉES. 183 attribuant un rôle actif à la couche spiralée, on invoque l’élasti- cité de ses spiricules qui se comporteraient comme de petits ressorts serrant leurs spires et raccourcissant la paroi sous l’in- fluence de la dessiccation, les écartant au contraire et la dila- tant par l'humidité, il est aisé de comprendre que dans l’anthère du Richardia, la dessiccation aura pour effet de contracter l’en- veloppe fibreuse qui pressera sur le pollen et l’expulsera par le pore; mais alors, dans les anthères qui s’ouvrent par une fente, la couche fibreuse se comportera de même et la loge restera close; le retournement des valves ne pourra s'y expliquer que par l'intervention d’une influence extérieure contraire, ce qui ne paraît pas conforme aux faits. Que si, au contraire, avec M. Duchartre (1) et quelques autres observateurs, on assigne aux cellules spiralées un rôle passif, le volume en étant rendu invariable, indépendant des influences extérieures par les spi- ricules qui les entourent, on comprend très-bien que, dans les anthères qui s'ouvrent par une fente, la dessiccation, contractant l’'épiderme seul, détermine l'enroulement en dehors de la double lame qui constitue chaque valve; mais alors la loge d’anthère du Æichardia aurait un volume intérieur constant, indépendant des actions extérieures qui ne s’exerceraient que sur l’épiderme sans pouvoir agir sur le contenu, et l'expulsion du pollen y serait mexplicable; les deux explications paraissent donc imsuffisantes, quoique la dernière s'adapte fort bien au cas le plus général (2). | Dans les anthères des Alocasia odora (pl. 9, fig. 1-7) et metallica (fig. 7 et 8), chacune des dix loges rangées autour du connectif épanoui en plateau est constituée à peu près de la même manière; sa capacité est encore divisée en deux logettes par une cloison mince résorbée au sommet; sa paroi interne est encore revêtue d’une couche de cellules fibreuses qui ne s'étend pas sur la cloison; mais la loge, au lieu de s'ouvrir (1) Éléments de botanique, p. 564. (2) J'ai souvent rencontré dans l’Arum vulgare et le Richardia africana, la loge occu- pée après la sortie du pollen par un grand nombre de tubes, provenant du développe- ment des grains non expulsés. 181 P. VAN TISGEEM. sur le plateau même par un conduit qui en traverse l’épaisseur, s'infléchit au dehors et s’y ouvre directement au-dessous du plateau par un orifice commun aux deux logettes; les cellule fibreuses règnent autour du pore, et même à la rangée ordinaire sen ajoutent plusieurs autres dans la partie supérieure de la courbure où la couche est plus puissante. La différence est plus grande dans l’Aglaonema marantæ - folia (fig. 11-13). Chacune des deux loges de l’anthère est divisée en deux logettes par une épaisse cloison, résorbée sous le pore terminal où les logettes communiquent. La paroi interne de chaque logette est revêtue, aussi bien sur la cloison qu'ailleurs, d’une couche puissante de cellules fibreuses perpendiculaires à sa surface ; de [à la structure quadriloculaire de l’anthère. En bas, les deux couches spiralées sont séparées par plusieurs rangées de cellules; plus haut, elles sont en contact; sous l’orifice enfin, elles cessent de tapisser la cloison qui se ré- sorbe ; sur les parois externes des logetles, la couche fibreuse se prolonge jusqu'autour de l’orifice où elle est recouverte direc- tement par l’épiderme papilliforme sans épaississement du con- nectif. Dans l’Aglaonema simplex, les deux logettes restent dis- tinctés et chacune d'elles s'ouvre par un pore particulier; l’anthère y est quadriloculaire à toute hauteur, et l'émission du pollen a lieu par quatre pores accouplés. Ces quelques exemples que je pourrais multiplier suffisent à établir que les Aroïdées dont les anthères s'ouvrent par des pores terminaux possèdent, tout aussi bien que les plantes de la même famille où la déhiscence se fait par une fente, une coûche de cellules fibreuses bien développées qui tapisse la paroi des loges et peut même envahir la cloison des logettes en la rendant permanente. Il n’y a done pas de corrélation nécessaire entre la déhiscence apicilaire et l'absence des cellules spiralées. La production ou l’absence des cellules fibreuses est un ca- ractère plus constant et d'ordre plus élevé que le mode de déhis- cence. On le voit par l'étude des Aroïdées où de la déhiscence apicilare la mieux caractérisée (Richardia, Aglaonema, etc.), on passe par transitions insensibles (Arum, Dracunculus, etc.) à STRUCTURE DES AROIDÉES. 185 la déhiscence rimaire transversale (Arisarum) où longitudinale (Caila, Anthurium, etc.) sans que la couche de cellules spiralées cesse de se développer puissamment; on le voit encore par l'absence complète de ces cellules dans les Lycopersicum où la déhiscence est longitudinale et presque complète dans les So/a- num où elle est apicilaire. Il s’en faut de beaucoup enfin que la déhiseence terminale appartienne à tous les genres des familles où, après Purkinje, M. Chatin a constaté l'absence générale des cellules fibreuses; ainsi les Épacridées ouvrent leurs anthères uniloculaires par une fente longitudinale; parmi les Éricacées, les Leiophyllum, Pieris, Epigæa, et parmi les Mélastomacées, les Mouriria, Memecylon, etc., ouvrent leurs anthères bilocu- laires par deux fentes longitudinales; chez les Monotropées enfin, la déhiscence est transversale dans les anthères unilocu- laires des Monotropa et de l’'Hypopitys, tandis qu’elle est longitu- dinale dans les antheres biloculares des Pterospora; et pourtant la couche fibreuse manque dans tous ces genres, tout aussi bien que dans les genres voisins où les loges s'ouvrent par des pores : terminaux. Ovaires. — La structure de l'ovaire des Aroïdées présente, dans le nombre des feuilles carpellaires, dans le degré de saillie interne et de réunion centrale de leurs bords accolés, dans le nombre, la forme et l'insertion des ovules sur ces bords, d’in- nombrables variations ; sans les examiner toutes, je me borne- rai à montrer par quelques exemples qu'elles ne sont que les degrés divers de développement d'un même type, que partout, quelles qu’en soient les modifications, la placentation des ovules est pariétale, et que ceux-ci se montrent toujours comme des dépendances des bords des feuilles carpellaires. L'ovaire du Richardia africana (fig. 14 et 15) est dit trilocu- laire à placentation axile. Les faisceaux qui s’y rendent se dis- posent en cercle en traversant horizontalement l'axe du spadice ; sous l'ovaire, ils s'incurvent en dehors et pénètrent dans ses parois; l'ovaire à trois loges à sa base, mais la masse cellu- lire centrale à laquelle se réunissent les trois cloisons, et qui ne porte pas encore d'ovules, à déjà trois sillons profonds, qui 186 P, VAN TIEGHEM. annoncent qu'un peu plus haut elle se divisera en trois parties accolées encore l’une contre l’autre, mais entièrement dis- tinctes, qui sont chacune la continuation bifurquée et com- primée de la cloison correspondante; à la hauteur de cette scission centrale commencent les ovules qui sont insérés en file sur les deux arêtes de chacun de ces prismes triangulaires, et dont les funicules ne sont que les prolongements de ces bords; on en trouve donc deux séries parallèles dans chacune des loges idéales dont l'ovaire est formé; ils sont semi-anatropes, à deux membranes, pendants dans la loge ; leur nucelle est remar- quable en ce que les cellules qui en constituent la partie supérieure sont ovoïdes, libres dans un liquide granuleux, et munies Chacune d’un nucléus fusiforme. Cette particularité n’a pas échappé à M. Tulasne, qui l’a signalée dans l’Arisarum vul- gare et l'Arum maculatum (1). À mesure qu’on s'élève dans l'ovaire, on voit les trois corps prismatiques qui portent les ovules se séparer de plus en plus l’un de l’autre; la placentation est donc pariétale, et ce n’est qu’idéalement qu’on peut con- sidérer l'ovaire comme triloculaire. Les faisceaux y sont d’ail- leurs distribués ainsi : il y en a un au dos de chaque loge, un autre d'origme double dans chaque cloison, et enfin sous cha- cune des arêtes des trois prismes rampe un faisceau qui envoie des branches horizontales aux ovules, et qui a ses trachées en dehors et son tissu allongé tourné vers l’axe; en un mot, la répartition des faisceaux est telle qu’il convient à un ensemble de trois feuilles, dont les bords soudés se sont repliés à l’inté- rieur pour se réfléchir ensuite en dehors. Je ferai remarquer tout de suite que cette organisation de l'ovaire du Richardia est précisément celle de toutes les Liliacées. Cet ovaire présente d’ailleurs une propriété que l’on re-- trouve dans toutes les Aroïdées; de la base au sommet, on voit la surface des placentas pariétaux et les funicules mêmes . des ovules recouverts de poils pluricellulaires, simples, à cellules très-délicates, arquées, et qui contiennent le plus souvent cha- (4) Tulasne, Ann. des sc. nat., 4e série, t. IV. p. 101, 1855. … CE. me ee, te SE Sn STRUCTURE DES AROÏDÉES. 187 eune un cristal prismatique très-allongé et très-mince (fig. 16). Ces poils, qui recouvrent les placentas et quelquefois les parois mêmes de l'ovaire et qui tapissent tout le canal stylaire, facili- tent d’abord le transport des tubes polliniques du stigmate aux ovules, mais surtout ils jouent un rôle important dans la forma- tion de la pulpe du fruit bacciforme de toutes les Aroïdées. C’est M. Parlatore qui a le premier fait connaître le rôle de ces poils, et qui en à tiré des caractères pour la dsqripiion des genres (Flora italiana, vol. IF). Dans l'ovaire des Colocasia, les choses se passent de même, mais il y à écartement immédiat et brusque des trois placentas pariétaux, et de plus chacun d’eux ne forme à sa base que deux ovules orthotropes, un de chaque côté. Dans l’A/ocasia metallica, on trouve, à la base de l'ovaire uni- loculaire, une masse centrale contenant six faisceaux vasculaires, tandis que la paroi externe en contient trois; mais bientôt cette * masse centrale se divise, par six sillons quise rejoignent au centre, en six parties qui contiennent chacune un faisceau, et qui se recouvrent de poils nombreux; les six petites colonnes ainsi formées portent chacune à son sommet un ovule horizontal à micropyle extérieur; plus haut la paroi ovarienne émet trois cloisons alternes avec les nervures, qui se réunissent au centre, en laissant dans l'axe un petit canal triangulaire tapissé de poils, et en divisant l'ovaire en trois loges dans sa partie supérieure. La placentation est dite basilaire dans ce cas, et pourtant il ne diffère du précédent que parce que les deux nervures margi- nales des feuilles carpellaires s’isolent dès la base du reste de la - feuille pour entrer dans les funicules ; 1l revient donc ici, comme dans les Colocasia, deux ovules à chaque feuille carpellaire, et la placentation est pariétale encore, bien que l'insertion ait lieu à la base de la feuille. Quelquefois deux paires de faisceaux cen- traux se réunissent, et la masse ne se sépare qu'en quatre colon- nettes qui portent chacune un ovule; deux des feuilles carpel- laires, dans ce cas, ne forment qu’un ovule à leur base, la troisième en développe deux, et cet avortement fait prévoir une stérilité plus grande encore. 188 P. VAN TIEGREM. Dans l’Aglaonema marantæfolia, en effet, l'ovaire est encore uniloculaire, et les faisceaux marginaux des trois feuilles car- pellaires qui le constituent, soudés deux à deux, entrent dans la composition de la paroi qui possède six faisceaux ; mais l’un d'eux a donné à la base de l'ovaire une branche qui entre dans un funicule dressé et un peu oblique, terminé par un ovule orthotrope; l’unique ovule est donc ici l’un des six ovules de l'Alocasia metallica, que nous avons vu quelquefois se réduire à quatre par avortement : 101 1l y a avortement constant de cinq de ces ovules; mais la placentation de celui qui reste est encore pariétale, 1l est encore inséré obliquement sur un des bords d'une des feuilles carpellaires et à sa base. On passe donc par une série de transitions, au milieu desquelles la structure fon- damentale se conserve, de l'ovaire du Richardia, qui présente la structure normale des Monocotylédones dite à placentation axile, à l'ovaire uniloculaire, uniovulé, à placentation dite cen- trale ou basilaire des Aglaonema. La même série de passages, que nous venons de rencontrer dans le type ternaire, se trouve réalisée ailleurs avec les mêmes limites extrèmes sur le type binaire. Ainsi l'ovaire des Raphidephora est dit biloculaire à placen- tation axile; si on l’étudie par une série de coupes transver- sales successives, on voit que, dès la base et avant qu'il porte des ovules, le tissu central est divisé en deux parties qui forment chacune le prolongement bifurqué et comprimé de la cloison correspondante. Les bords repliés des deux feuilles carpellaires se rencontrent donc au centre et se compriment mutuellement, en même temps qu'ils portent chacun une rangée d'ovules à long funicule, dressés dans l'ovaire ; les ovules paraissent donc insérés, sur deux rangs, dans l'angle interne des deux loges idéales dont on peut regarder l'ovaire comme formé, c’est-à-dire en placentation dite axile; mais nous voyons que leur insertion est réellement pariétale; dans la partie supérieure, les deux placentas s'écartent même l’un de l’autre; mais, je le répète, il y à entre eux dès la base, une séparation de tissu par la for- mation d’un double épiderme. STRUCTURE DES AROÏDÉES. 189 Les Monstera, les Heteropsis, nous offrent encore un ovaire formé de deux feuilles carpellaires dont les bords se replient et se rencontrent en se comprimant au centre; mais sur chaque placenta il ne se développe que deux ovules, un de chaque côté; 1ls sont aux Raphidophora ce que les Colocasia sont au Richardia. Les Scindapsus ont l'ovaire formé de deux feuilles carpellaires dont les bords ne se replient pas, et par suite unilo- culaire ; l’une des feuilles seulement développe à sa base, et sur un de ses bords, un seul ovule latéral; ils correspondent donc aux Aglaonema du type ternaire. Les Anthurium présentent aussi sur le type binaire de sem- blables variations; àinsi, tandis que l’Anthurium violaceum développe, sur ses deux placentas pariétaux contigus au centre de manière à former deux loges, deux ovules, un sur chaque bord, et ressemble par là aux Monstera, on voit, dans l’Anthu- rium crassinervium, chaque feuille carpellaire ne former qu’un seul ovule sur un de ses côtés, et dans l’Anthurium Mique- lanum, les deux feuilles carpellaires ne pas replier leurs bords, et l’une d'elles seulement produire à sa base un seul ovule laté- ral, comme dans les Scindapsus. Nous voyons donc, en résumé, que l'ovaire des Aroïdées, qu'il ait deux ou trois feuilles carpellaires, a toujours ses ovules insérés en placentation pariétale, sur les bords plus ou moins rentrants de ces feuilles, sans qu'il y ait intervention d'aucun organe axile dans sa constitution. Toutes les variations, qui for- ment, nous venons de le voir, deux séries parallèles suivant que le type est binaire ou ternaire, tiennent au plus où moins de saillie interne des placentas, au nombre des ovules, à leur hau- teur d'insertion et à la stérilité de certaines feuilles carpel- laires (1). Ces quelques observations faites sur l’organisation de la fleur, (1) L’embryon coloré en vert, extrait de la graine müre des Anthurium reflexzum et violaceum, possède au niveau de l'insertion du cotylédon un axe cribreux où l’on dis- tingue nettement trois faisceaux équidistants de trachées bien formées et déjà dérou- lables, Le développement de vaisseaux dans l'embryon est un fait dont les exemples sont assez peu nombreux pour que je n’aie pas cru devoir omettre de signaler celui-ci (fig. 17-19). 190 P, VAN TIEGHEM. revenons à l'appareil végétatif pour en étudier la structure dans les Typhacées et les Pandanées, en la comparant à celle des Aroïdées; ce sera l’objet des deux chapitres suivants. CHAPITRE VI. STRUCTURE DES TYPHACÉES. Cette famille est intimement liée aux Aroïdées et ses affinités de structure avec les A4corus résulteront de l'étude que nous allons faire de l'organisation des Typha et des Sparganium. T'ypha. — Le rhizome du T'ypha angustifolia rampe horizon- talement dans le sol, en envoyant verticalement dans l’air des tiges feuillées qui se terminent en un axe floral. La coupe trans- versale du rhizome montre sous l’épiderme une zone corticale formée de deux couches; l’extérieure, composée de cellules po- lyédriques serrées, sans méats, contient un grand nombre de faisceaux purement fibreux, ou ayant au centre quelques cellules minces; l’intérieure, fort épaisse, est constituée par un tissu lacuneux à murs simples disposés en réseau et renferme, dissé- minés, des groupes fibreux et des faisceaux complets formés d’un arc fibreux externe, de cellules minces, d’un groupe de trachées et d’un arc fibreux interne. Une couche protectrice de cellules tabulaires limite le corps central. Sous cette assise s’étend un cercle continu de tissu générateur, auquel adhèrent plus ou moins, suivant leur âge, des faisceaux vasculaires de deux sortes ; les uns, à section ovale au moment où ils quittent la zone génératrice, contiennent en dehors un faisceau puissant de cellules cribreuses larges séparées par de plus étroites, puis un groupe de vaisseaux mêlés de cellules allongées, et enfin à l'intérieur un arc épais de fibres bien développées. On trouve des faisceaux tout pareils en grand nombre dans le parenchyme médullaire; pas plus que les premiers, ils n’ont d’arc libérien externe, ce qui est leur caractère remarquable. La zone géné- ratrice produit en outre des faisceaux un peu différents; ils ont la forme d'arcs de grand cercle appuyés par leurs extrémités sur le tissu générateur ; l’arc, formé au milieu de gros vaisseaux, et à D CS TP STRUCTURE DES AROIDÉES. 191 ses extrémités de vaisseaux plus étroits, est revêtu à l’intérieur d’une couche fibreuse, et contient dans sa concavité un tissu eri- breux. Le jeune rhizome n’a dans son parenchyme médullaire que la première espèce de faisceaux, tandis que ceux de la seconde espèce se forment dans la zone génératrice ; mais le rhizome plus âgé contient aussi ces derniers dans sa moelle; ce ne sont que des faisceaux plus larges que les autres, produits après les premiers dans la même zone (pl. 10, fig. 4). Ces fais- ceaux sont donc tous simples et ils n’ont pour entrer dans les feuilles qu'à former un arc libérien externe, et à modifier leurs vaisseaux. La moelle contient en outre des groupes purement fibreux, et quelques petits faisceaux formés d’un anneau de fibres, de cellules minces et de quelques petits vaisseaux. Cette moelle ad’alleurs une structure remarquable. Les cellules amy- lacées qui la constituent ont entre elles une si faible adhérence, qu'elles se séparent sous le moindre effort en une poussière humide, dont chaque grain est une cellule isolée ; de là l’impossi- biité d'obtenir des coupes minces et complètes de la partie cen- trale ; de là aussi la facilité avec laquelle on sépare ce parenchyme des faisceaux pour isoler ceux-ci sur de grandes longueurs. On constate ainsi que les faisceaux du centre, tous libres, cheminent parallèlement sans s’anastomoser, mais qu'à chaque nœud, en même temps que les faisceaux du parenchyme cortical entrent dans une gaîne, un certain nombre des centraux émergent pour se rendre dans l’écorce et remplacer ceux qu'elle a perdus. Les faisceaux ne se colorent pas en rouge par l'acide sulfu- riquecomme ceux des Acorus. Il y a donc, en résumé, une ressemblance profonde entre l'or- ganisation de ce rhizome et celle des Acorus; structure du pa- renchyme et des faisceaux de l'écorce, couche protectrice, mode de production des faisceaux centraux dans la zone génératrice, tout est pareil ; mais la structure des faisceaux internes est fort différente, puisqu'ils ne possèdent m1 arc hibérien otérieur, ni cercle vasculaire continu. Comment se transforme et se dispose le système vasculaire du rhizome quand il entre dans la tige aérienne? 199 P. VAN TIEGHEM. Cette tige possède une couche périphérique distincte du corps central; la première, formée d'un parenchyme creusé çà et là de larges lacunes, contient en dehors des petits faisceaux pure- ment fibreux ou renfermant encore quelques cellules minces et en dedans des faisceaux formés d'un anneau fibreux entou- rant un groupe cribreux et un paquet de vaisseaux. Une couche fibreuse épaisse, qui n’est interrompue que là où un faisceau central passe dans la zone périphérique, sépare l'écorce du corps central, dont les faisceaux les plus externes sont soudés par leurs fibres à ce cercle fibreux. Celui-ci provient de la ligni- fication totale des cellules allongées qui constituaient la zone génératrice primitive où les faisceaux ont pris naissance. A partir de ce cercle Jusqu'au centre, on trouve des faisceaux nombreux, simples et libres, disséminés dans la moelle, ne con- tenant d'abord qu'un seul gros vaisseau, mais d'autant plus développés et plus riches en vaisseaux qu’on s'enfonce davan- tage ; 1ls possedent toujours deux arcs fibreux opposés, et chez les plus développés d'entre eux, on trouve entre les vaisseaux les plus internes, qui sont de très-grosses trachées, et l'arc tibreux intérieur, un système de larges cellules, à parois ondulées et comme gélatineuses, mêlées de cellules plus étroites, système qui paraît correspondre au groupe cribreux extérieur. Les feuilles qui naissent de cette tige aérienne contiennent les diverses sortes de faisceaux que nous venons d'y rencontrer ; ces aspects divers ne résultent donc pas seulement des sections à différentes hauteurs des mêmes faisceaux, mais correspondent à des faisceaux essentiellement distincts, productions successives de l’activité de la zone génératrice primitive. Le parenchyme de la feuillea une structure mtéressante (pl. 10, fig. 5-10); il est creusé de larges lacunes qui s'étendent paral- lèlement d’un bout du limbe à l’autre, séparées par des murs épais et traversées dans toute leur longueur par des faisceaux fibreux ; elles sont entrecoupées de nombreux planchers formés d'un seul plan de cellules rameuses, riches en chlorophylle; tous ces planchers relient l’un à l’autre les murs latéraux de la lacune, de sorte que sur une coupe tangentielle, ils paraissent _ STRUCTURE DES AROIDÉES. 193 tous semblables et espacés de 0°",5; mais ils ne s'étendent pas tous du bord interne au bord externe, et sur la coupe longitu- dinale perpendiculaire à la feuille, 1ls se montrent alternative- ment complets et incomplets à divers degrés, leur dimension antéro-postérieure, de plus en plus faible, étant toujours limitée par des faisceaux fibreux de plus en plus intérieurs, sur les- quels ils s'appuient. Cette alternance régulière des planchers des divers ordres (fig. 6), soutenus par ces cordes fibreuses qui traversent les lacunes dans leur longueur, est des plus curieuses ; à la base des feuilles, tout l'intervalle compris entre les planchers les plus étroits et les faisceaux fibreux qui les soutiennent est occupé par un tissu à cellules étoilées. Dans ce parenchyme, on trouve d'abord une rangée sous- épidermique de faisceaux où les groupes purement fibreux, ceux qui possèdent quelques cellules minces et ceux qui ont, en outre, un gros vaisseau, alternent régulièrement les uns avec les autres. Sur le dos de chaque lacune se-trouve un faisceau plus développé, mais ayant encore un très-gros vaisseau accom- pagné quelquefois de trachées sur sa paroi externe ; alternes avec ceux-ci et plus intérieurs, pénétrant par conséquent un peu dans les murs des lacunes, se trouvent des faisceaux très- développés, analogues aux plus complets de la tige : are fibreux externe, amas cribreux, groupe de petits vaisseaux suivi de deux ou trois très-grosses trachées placées l’une der- rière l'autre, système puissant de larges cellules méêlées de plus étroites, enfin arc fibreux interne : telle en est la strue- ture; dans les murs enfin, on trouve quelques faisceaux fibreux pareils à ceux des lacunes et un faisceau à un seul gros Vais- seau vers le milieu. Telle est la distribution du système vas- culaire dans la feuille, et l’on voit que les Typha ressemblent encore aux Acorus par ce système périphérique de faisceaux alternativement plus ou moins développés, tout en en différant par la présence et la structure des faisceaux internes et par la remarquable organisation des lacunes. Le Sparganium ramosum présente la même structure fonda mentale, avec quelques différences parmi lesquelles je me bor- 5° série. Bot. T. VI. (Cahier n° 4.) 1 13 19% P. VAN TIEGHEM., nerai à signaler celles qu'offre le rhizome. On y trouve encore une écorce formée de deux couches, mais la zone interne, au lieu d’être simplement lacuneuse comme dans les Typha, est formée par un tissu continu de cellules étoilées. Cette couche aérifère tranche par sa couleur blane mat sur le tissu gris de la couche externe et du corps central. L’écorce contient comme dans les T'ypha, surtout dans la zone extérieure, des faisceaux fibreux et fibro-vasculaires. Le corps central, entouré d’une assise de cellules tabulaires, possède encore une zone génératrice continue, mais dont l’activité paraît s’éteindre de bonne heure ; aussi le rhizome reste-t-1l grêle. Les faisceaux, nés dans cette zone génératrice et disséminés dans une moelle adhérente au milieu de laquelle on rencontre çà et là une cellule pleine de liquide violet, possèdent tous (fig. 14) un arc libérien externe bien développé, un faisceau cribreux à larges cellules, plu- sieurs gros vaisseaux dont la paroi est mince, et une couche fibreuse interne qui se relle en général à l’arc externe. Les plus développés ont, en outre, entre les vaisseaux et les fibres internes, un groupe de ces cellules larges à parois ondulées que nous avons signalées dans les T'ypha; çà et là paraissent prendre naissance dans la zone génératrice des faisceaux fibreux, et d’autres qui n’ont qu'un seul gros vaisseau (1). Ainsi, c'est par la structure de son parenchyme cortical étoilé et par l’organisation des faisceaux centraux qui ont tous un arc fibreux externe, que le rhizome du Sparganium ramosum se distingue de celui du Typha angustifolia. C’est donc, en résumé, par les Acorus, dont elles revêtent l’organisation fondamentale, que les Typhacées se rattachent aux Aroïdées. (1) La racine du Sparganium ramosum possède un épiderme formé de petites cel- lules, une assise de cellules plus grandes, allongées radialement, une couche fibreuse continue, une grande épaisseur de parenchyme dont les cellules sont disposées en séries régulières et concentriques, creusée de très-larges lacunes, une couche protectrice de cellules tabulaires, et un corps central formé de files vasculaires alternes avec des fais- ceaux cribreux simples, le tout réuni par du tissu fibreux. PE, PT n. Y 4 | | n | | | STRUCTURE DES AROÏDÉES. 195 CHAPITRE VII. STRUCTURE DES PANDANÉES. La famille des Pandanées nous offre un type de structure tout différent, et c’est par un tout autre côté qu'elle se relie à la famille des Aroïdées, présentant ainsi avec les Typhacées une différence profonde. Pandanus. — La tige du Pandanus javanicus a son épiderme formé de deux assises de cellules étroites fort allongées, les unes suivant l'axe, les autres perpendicularrement à l'axe, et suivi d’une couche subéreuse, sous laquelle s'étend un parenchyme à cellules arrondies qui est, en beaucoup de points, continu de la périphérie au centre. Dans toute son étendue, il est creusé cà et là de lacunes gommeuses provenant de la destruction locale du parenchyme suivant certaines directions. Dans sa zone ex- terne, il renferme un cercle de faisceaux formés d’un are fibreux, de cellules étroites, et de quelques trachées mêlées de cellules ; ils émanent du corps central pour aller aux feuilles. Le corps cen- tral, dont les faisceaux, plus serrés à la périphérie qu’au centre, sont pourtant rarement soudés par leurs fibres, ne possède pas de zone génératrice permanente; entre les faisceaux, le parenchyme est continu de l’écorce à la moelle. Mais sur sa limite, on trouve de distance en distance quelques faisceaux aplatis perpendicu- lairement au rayon, formés d’une très-grande quantité de vais- seaux polyédriques, rayés, accolés directement les uns contre les autres (pl. 10, fig. 1), ayant à l'extérieur quelques cellules étroites quelquefois épaissies. C’est sur ces groupes de vaisseaux analogues aux faisceaux qui limitent le corps central dans les Aroïdées de la premiére section, que les racines adventives vien- nent msérer leur système vasculaire ; 1ls sont les terminaisons in- férieures dans la zone génératrice primitive éteinte des faisceaux normaux. À l'intérieur du cerele qui passe par ces groupes vasculaires et dans toute la masse centrale, on trouve des fais- ceaux de deux sortes : les uns, très-nombreux et serrés vers la périphérie, d'où ils passent incessamment dans le paren- 496 P. VAN TIEGHEM, chyme cortical pour aller aux feuilles, sont simples, et formés d'un arc fibreux externe, d’un groupe cribreux et de quel- ques vaisseaux assez gros mêlés de cellules, avec ou sans fibres internes ; les autres, très-nombreux surtout dans le corps cen- tral où ils sont mêlés aux premiers, sont composés de deux groupes vasculaires accompagnés de cellules cribreuses, et sé- parés l’un de l’autre par une couche de fibres très-puissante qui s’arrondit en arc de chaque côté pour les entourer : ce sont des faisceaux composés; les deux groupes vasculaires y présen- tent parfois le même caractère, étant tous deux formés d'un petit nombre de vaisseaux assez gros ; mais ailleurs, l’un des groupes, celui qui est tourné vers l'axe, acquiert un grand nombre de vaisseaux plus étroits et de cellules, pour se séparer du premier à une hauteur plus grande, et, devenu simple, péné- trer dans une feuille. On voit donc que, par l'absence de zone génératrice perma- nente, par la composition et la division de ses faisceaux, la tige des Pandanus se rapproche de celle des Aroïdées de notre pre- mier groupe, et surtout des Philodendrées. Ce rapprochement devient plus évident encore dans les Freycinetiu. La tige du Freycinetia nitida présente en effet la structure des Pandanus ; mais les faisceaux composés du corps central y pos- sèdent non pas seulement deux, mais trois, quatre et même cmq faisceaux vasculaires, séparés par une masse puissante de fibres, arrondie en arc en face de chaque groupe cribreux (fig. 2). Le développement des faisceaux composés, l'absence de zone génératrice permanente d’une part, et de faisceaux purement fibreux de l’autre, séparent donc profondément la tige des Pan- danées de celle des Typhacées. Puisqu'il n’y à pas de groupes fibreux dans la tige, nous de- vons nous attendre à trouver à tous les faisceaux vasculaires de la feuille une structure identique, et ce sera encore une nou- velle analogie avec les Aroïdées du premier groupe, une nou- velle différence avec les Typhacées. La feuille du Pandanus javanicus (fig. 3) ressemble à celle du Typha par ses larges lacunes qui courent de la base au sommet; STRUCTURE DES AROÏDÉES. 197 mais ici les planchers sont tous complets et les lacunes sont dé- pourvues de cordes fibreuses. La disposition des faisceaux y est toute différente : chacun des murs des lacunes possède en son milieu un faisceau vasculaire aplati dans le plan du mur. Tous ces faisceaux sont identiques, et il n’y en a point de périphé- riques; chacun d'eux est formé d'un groupe allongé de fibres polyédriques hibériennes, d’un gros vaisseau entouré de toutes parts par des fibres beaucoup plus étroites et plus épaissies que les libériennes, et qui sont en contact avec elles sans in- terruption de tissu cribreux ; ce gros vaisseau est suivi de quel- ques trachées, puis d’un système de larges cellules à parois molles et ondulées ; un arc fibreux termine enfin le faisceau du côté supérieur du limbe. L'absence du tissu cribreux au côté exierne du faisceau, et le développement à l’autre extrémité d'un tissu semblable, qu'on retrouve en même temps que le tissu cribreux dans les Typhacées, donnent à ces faisceaux foliaires des Pandanus une physionomie spéciale ; et l’on voit que, tandis que les gros vaisseaux sont internes dans les Typha- cées, ils sont ici tout à fait extérieurs. D'un faisceau à l’autre, au niveau de chaque plancher, se forme une branche transver- sale qui, rampant à la surface de la lame, fait communiquer à travers la lacune les gros vaisseaux des deux nervures voisines. On ne trouve donc pas dans la feuille des Pandanées ce sys- ième vasculaire sous-épidermique qui caractérise les feuilles des T'ypha et des Acorus. Ce n’est pas que, sous les deux assises de cellules étroites et disposées en croix qui forment l’épiderme, il n’y ait beaucoup de petits faisceaux fibreux de puissance très- variable, réduitssouvent à une ou deux fibres. Mais cesfibres, dont les nombreuses cloisons transversales minces porteraient à croire qu’elles proviennent de la lignification de files verticales de cel- lules, si l’on ne savait que les poils fibreux des méats, d'origine unicellulaire, peuvent acquérir aussi de ces sortes de cloisons minces, n’ont aucune relation avec la tige; ce sont des éléments propres à la feuille, des formations locales entièrement sem- blables à ces fibres éparses que nous avons trouvées à la base du pétiole de l'Anthurium crassinervium, ou mieux encore aux 198 P, VAN TIEGHEM, fibres qui tapissent intérieurement l’épiderme des feuilles dans les Conifères et les Cycadées ; on peut dire encore que ces groupes fibreux correspondent jusqu’à un certain point aux faisceaux de collenchyme que nous avons vus se développer dans les feuilles et les pédoncules des Aroïdées à fleurs unisexuées. Les faisceaux fibreux des feuilles des Typhacées et des Acorus appartiennent au contraire au système fibro-vasculaire général, et sont les prolongements des faisceaux de même nature que contient la tige ; de là une différence importante entre les feuilles des Typhacées et celles des Pandanées. La racine va nous offrir enfin, avec quelques caractères nou- veaux, l'organisation complète que nous lui avons trouvée dans un certain nombre d’Aroïdées. La racine presque cylindrique du Pandanus javanicus s'accroît lentement, de sorte que, à 1 centimètre de son extrémité, les éléments en sont déjà bien constitués, tout en étant plus distincts que dans la partie supérieure; voyons d’abord l’aspect que la racine présente vers cette extrémité munie de coiffes brunes qui s’exfolient ; quelques mots suffiront ensuite pour indiquer le chan- gement que l’âge y amène. Au-dessous d’une assise de cellules brunes, s'étend une couche épaisse de parenchyme polyédrique contenant des faisceaux de fibres blanches et fort épaissies ; puis vient une zone où les cellules sont disposées en files rayonnantes et en voie de bipartition ; c'est une zone génératrice qui reforme les couches externes à mesure que les plus anciennes meurent et s’exfolient pour former les coiffes. Puis on retrouve un paren- chyme à cellules arrondies pleines de chlorophylle, qui contient d'innombrables faisceaux fibreux disséminés, et qui se continue jusqu'à la couche de cellules tabulaires un peu épaissies qui limite le corps central. Au-dessous de celle-c1 viennent plusieurs rangées de cellules tabulaires minces, puis, alternes les unes avec les autres, les files vasculaires et les files cribreuses. Dans chaque file vasculaire les vaisseaux les plus Internes et les plus gros sont séparés du groupe externe par des cellules longues, qui s’épais- sissent en fibres au voisinage de la gaîne de cellules minces qui entoure chaque vaisseau ; la paroi de ces vaisseaux est encore A STRUCTURE DES AROIDÉES. 199 très-mince à cette hauteur; ceux du groupe externe seuls ont leur paroi épaissie. Çà et là, parmi les cellules longues, on voit des faisceaux de fibres blanches fort épaissies, identiques avec ceux du parenchyme externe, et qui se distinguent nettement des fibres jaunes qui commencent à se former autour des vaisseaux. Les files cribreuses ont une constitution analogue ; le faisceau le plus externe est formé en dehors de cellules étroites, en dedans de cellules plus larges; il est déjà bordé de fibres jaunes ; sur le même rayon on rencontre ensuite plusieurs groupes constitués chacun par une ou deux cellules larges environnées d’une gaine de cellules étroites et d’un anneau de fibres jaunes ; ces faisceaux cribreux ressemblent beaucoup aux vaisseaux isolés à paroi mince; entre eux, parmi les cellules minces, on voit de petits faisceaux de fibres blanches disséminés, qui envahissent la par- tie centrale. — Épaississons maintenant, en fibres arrondies et jaunes, toutes les cellules allongées du corps central, même celles qui servent de gaîne immédiate aux vaisseaux; épaissis- sons la paroi de tous ceux-ci, et nous aurons l'aspect présenté par la racine en un point éloigné de son extrémité ; les éléments cribreux conservent leur aspect primitif. On comprend qu’on aura quelque peine à distinguer alors, au milieu du tissu fibreux général qui entoure et réunit tous les éléments, ces faisceaux fibreux primitifs formés bien avant les autres fibres, et dont la nature est identique avec celle des groupes corticaux et des fasci- cules sous-épidermiques des feuilles ; la blancheur et l'éclat de ces fibres pourront les faire distinguer, une fois qu’on sera pré- venu au milieu du tissu fibreux jaunâtre qui les entoure. La racine du Cyclanthus bipartitus offre la même structure, mais les fibres brillantes sont peu épaissies, larges et disséminées par groupes de deux ou trois dans l'écorce et dans le corps central. Nous retrouvons donc, dans la racine des Pandanées, ce développement parallèle et cette structure correspondante des éléments vasculaires et cribreux que j'ai plusieurs fois décrits dans la racine des Aroïdées, mais avec cette circonstance nou- velle : qu'il se produit dans le parenchyme cortical et dans le üssu encore celluleux du corps central, avant la formation des 200 P. VAN TIEGHEM. fibres ordinaires, avant l’épaississement des vaisseaux, des fais- ceaux fibreux disséminés, qui sont ici, comme sous l’épiderme des feuilles, des formations locales sans relation directe avec le système fibro-vasculaire général auquel ils sont surajoutés. L'étude de la feuille et de la racine concorde donc avec celle de la tige pour démontrer que c’est aux Aroïdées, et aux Aroïdées à faisceaux composés, que les Pandanées, les Freycinetiées et les les Cyclanthées se rattachent par les affinités de structure les plus étroites, tandis que leur organisation présente avec celle des Typhacées un contraste frappant. Dire avec A. Richard que les Pandanus ne sont que des Sparganium arborescents, avec M. Parlatore que les Pandanées ne sont que des Typhacées terrestres de la zone torride, c'est s'appuyer exclusivement sur la complète similitude des fleurs en méconnaissant les différences profondes de structure qui sé- parent les appareils végétatifs, c’est n’exprimer qu’une partie des rapports naturels. Nous voyons au contraire que les Typha- cées et les Pandanées forment deux groupes distincts reliés par les Aroïdées, auxquelles ils se rattachent tous deux par des côtés différents. Nos observations semblent démontrer ainsi par une preuve nouvelle qu'il est indispensable de jomdre l'étude ana- tomique comparée de l'appareil végétatif à celle de la fleur, si l’on veut construire le système idéal à liaisons fixes qui est l’objet de la méthode naturelle. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 1. Fig. 4. Coupe transversale d’une tige d’Alocasia odora de 7 centimètres de diamètre. a, @. Épiderme souvent exfolié, formé de deux couches de cellules incolores ; les cellules de la seconde assise (a!) sont plus aplaties que celles de la première (a). — b. Couche subéreuse formée de quatre à cinq assises de cellules tabulaires à parois brunes. Cette couche est souvent mise à nu par l’exfoliation de l’épiderme. — c. Couche épaisse de 5 millimètres formée de cellules arrondies, laissant entre elles de petits méats pleins d'air; ces cellules ne contiennent qu'un liquide gra- nuleux ; quelques-unes ont des raphides ; pas d’amidon. Çà et là elle est traversée, presque horizontalement, par un faisceau qui se rend à une gaine, — 4. Couche STRUCTURE DES AROÏDÉES. 201 nutritive formée de cellules polyédriques pleines, les unes d’amidon en grains ovoïdes à surface granuleuse (9), d’autres de paquets jaunâtres de raphides (e), d’autres de groupes de cristaux octaédriques (e/), d’autres enfin d’une matière rési- neuse opaque contenant des granules en mouvement très-rapide ; cette matière tan- tôt forme des sphères libres dans la cellule, tantôt y est répandue et adhère aux parois (2). — f. Faisceau vasculaire du cercle extérieur, sous la couche nutritive. IL est constitué par cinq groupes de vaisseaux (v), rangés autour d’une plage de tissu cribreux ({ cr) ; il est entouré de deux couches de cellules amylacées résinifères. — M. Parenchyme ordinaire de la moelle ; à quelque distance des faisceaux, les cellules ne contiennent qu’un liquide hyalin. — f/. Second faisceau que l’on ren- contre ; le cercle vasculaire qui entoure le tissu cribreux, est divisé en cinq groupes de vaisseaux. Autour du faisceau : cellules amylacées et résineuses. Fig. 2. Faisceau vasculaire pris dans la partie centrale de la tige. Un groupe vasculaire f s’est séparé du reste du faisceau f/, pour se diriger vers une feuille. — f/. Se sépare en même temps en trois groupes (v v/ v!/!, qui s’isoleront plus haut. — [ 1. Deux laticifères à suc bleuâtre tannifere. Fig. 3. Grains d’amidon granuleux (d.— 0",012) des cellules qui entourent les fais- ceaux. | Fig. 4. (v) Vaisseau spiralé d’un faisceau vasculaire, contre la paroi duquel rampe un vaisseau laticifère (7). Fig. 5. Coupe transversale du pédoncule floral. — e. Épiderme à une rangée de cel- lules, dont les parois externes forment une série de crêtes saillantes revêtues par la cuticule. Les crêtes s’abaissent et disparaissent sur la ligne de séparation des cellules. — M. Parenchyme à cellules polyédriques contenant des grains de chlorophylle. — a. Cercle extérieur de faisceaux formés par du collenchyme auquel s'ajoutent quelquefois un ou deux laticifères à la partie interne. — D. Faisceaux du second cercle, formés d’un demi-cercle de collenchyme, d’une rangée de larges cellules pleines de très-petits grains d’amidon ; puis une rangée de cellules libériennes non épaissies, terminées de chaque côté par un laticifère à suc bleu, puis cellules cribreuses et un vaisseau entouré de cellules étroites, quelquefois plein de latex bleu (v {). — c. Faisceaux du troisième cercle, formés d’un demi-cercle de collen- chyme, d’une rangée de cellules amylacées, de cellules libériennes avec un ou deux laticifères de chaque côté ; deux vaisseaux en général, le petit en dehors, trachée, le grand en dedans, quelquefois à paroi résorbée avee latex (vr 7). — d. Faisceaux du quatrième cercle, avec trois quarts de cercle de collenchyme d, une rangée de cellules amylacées #, deux rangées de cellules libériennes o avec un laticifère Z, de chaque côté; cellules cribreuses { cr; une trachée {; deux gros vaisseaux, l’un à paroi intacte v, l’autre à paroi résorbée vr. & Hd: a Ces faisceaux se succèdent dans l’ordre : 4 k RE p. Parenchyme incolore d d creusé de lacunes cylindriques bordées de cellules à raphides >. — f. Faisceau interne formé d’une rangée de cellules amylacées », quelques assises de cellules libériennes avec laticifères /; tissu cribreux, puis quelques trachées #, et un grand vaisseau à paroi résorbée, v r. 202 P, VAN TIEGBEM, PLANCHE 2. Fig. 4. Laticifère ramifié dans le pédoncule floral de l’A/ocasia odora. Fig. 2, Coupe longitudinale d’un faisceau interne du pédoncule floral. = a. Cellules médullaires. — b6. Cellules amylacées à grains composés; 4/, idem, à grains simples. — c. Cellules libériennes et cribreuses. — v/. Vaisseau à paroi partielle- ment résorbée ; on voit encore quelques fragments amincis de la spiricule primi- tive ; il contient du suc tannifère. — v. Petit vaisseau spiralé. Fig. 3. Gros vaisseau spiralé d’un faisceau central du mème pédoncule, plein de latex, à paroi et spiricules encore en parfait état. Fig. 4. Deux cellules épidermiques avec leurs crêtes recouvertes par la cuticule. Fig. 5. Coupe longitudinale d’un faisceau central du pétiole du Xanthosoma violacea, montrant un vaisseau résorbé plein de latex granuleux v r, el un vrai laticifère / ra- meux, séparés par du tissu cribreux. Fig. 6. Coupe longitudinale d’un faisceau de la même feuille, montrant un latici- fère / qui envoie à travers les cellules allongées une branche D, jusque sur la paroi du vaisseau spiralé, v{, qui est rempli de liquide granuleux. Fig. 7. Du même pétiole : laticifères latéraux / /!, s’envoyant une branche à, en con- tournant le vaisseau ; en même temps / envoie contre le vaisseau v, qui est vide, une branche a, tandis que, d’autre part, il émet un rameau à travers les cellules du parenchyme médullaire. Fig. 8. Extrémité d’un laticifère rampant sous l’épiderme dans le pétiole du Xantho- soma violaceu. Fig. 9. Coupe transversale du corps central de la racine jeune de l’A/ocasia odora. a. Cellules corticales disposées en files rayonnantes et pleines de matière verte. b. Couche de cellules tabulaires, — f. Files de vaisseaux, les petits annulaires, les gros spiralés, quelques-uns des gros internes à paroi encore mince vr. — Ces files sont séparées sous la couche tabulaire par des plages de cellules hexagonales régu- lières c, puis par des cellules polyédriques étroites d. —— Le centre est occupé par un tissu de cellules allongées, mais plus larges e. Fig. 40. Fragment d’une coupe transversale du Syngonium auritum, pris vers le milieu de la tige, montrant un faisceau composé, qui s’étrangle vers son milieu ; l’une des moitiés (f) a quatre groupes vasculaires v, dont l’un possède deux latici- fères (7), l’autre (f), dont on ne voit que le commencement, possède cinq groupes vasculaires. — Un des groupes v/, de vaisseaux n’a pas encore ses parois épaissies, il est en voie de formation. Fig. 11. Un faisceau simple foliaire du Syngonium auritum, pris dans la partie cen- trale de la tige. — a. Fibres libériennes ; £cr, tissu cribreux ; /, laticifères ; v, vais- seaux. — Ces faisceaux perdent leurs fibres dans les feuilles. RE STRUCTURE DES AROÏDÉES. 203 PLANCHE 9, Fig. 4. Portion d’une coupe transversale de la tige du Phiodendron Rudgeanum . a. Épiderme et couche sous-jacente de cellules épaisses. — b. Cellules vertes du parenchyme corlical creusé de méats. — A. Faisceaux vasculaires formant un cercle dans la couche verte, constitués par un arc fibreux /, une plage de tissu cribreux, une ou plusieurs trachées {, deux laticifères latéraux Z pleins de suc rouge. Le faisceau est entouré d’une couche de cellules incolores pleines d’amidon (ec). — d. Couche de cellules amylacées séparant le corps central du parenchyme vert, — B. Faisceaux périphériques du corps central soudés par leurs fibres et formés d’un certain nombre de vaisseaux et d’un tissu cribreux fort étroit. — C. Faisceaux simples, formés d’un ou de deux grands vaisseaux rayés, d’une couche de fibres extérieures, d’un tissu cribreux à larges cellules séparées par de plus petites, entre le vaisseau et l'arc fibreux; en dedans du vaisseau rien que la bordure de cellules allongées. — D. Faisceaux simples formés d’un arc fibreux muni à ses extrémités de laticifères à suc rouge, d’un tissu cribreux à cellules étroites et de plusieurs petits vaisseaux qui sont des trachées séparées par des cellules étroites et ayant à leur face interne aussi un groupe de cellules étroites ; ils sont analogues aux faisceaux externes À. — E. Faisceau composé, formé de quatre groupes vasculaires, trois analogues à C et un analogue à D avec laticifères latéraux, soudés par leurs fibres. Fig. 2. Section d’un canal oléo-résineux pris dans le parenchyme de la tige du Philo- dendron micans. — p. Cellules amylacées du parenchyme. — c/. couche de cellules plus petites ; c, cellules sécrétant la résine ; 7, globule de résine dans la lacune. Fig. 3. Portion d’une coupe transversale de la tige de l’Homalonema rubescens, prise dans la partie interne de la zone corticale. — aa. Faisceaux formés de fibres très-épaisses, à couches concentriques, à canalicules très-nets. — D. Section d’une coque résineuse ovoide, avec les files rayonnantes de cellules sécrétantes. — c. Faisceaux formés d’une couche fibreuse épaisse, analogue à a, de cellules allongées et de trachées. -- e. Faisceaux formés de deux groupes de petits vaisseaux séparés par des cellules longues et étroites. Fig. 4. Faisceau simple pris à la périphérie du corps central sur la zone limite, formé d’un arc vasculaire puissant et de cellules très-étroites, Fig. 5. Faisceau composé, pris au voisinage du précédent, où trois groupes vasculaires s’isolent, chacun emportant une partie du tissu cribreux. Fig, 6. Faisceau composé de deux groupes vasculaires où la portion médiane du tissu cribreux s’est changée en une couche puissante de fibres ; ils n’ont plus qu'à se séparer pour donner les faisceaux c. Fig. 7. Faisceau composé de trois groupes vasculaires où le groupe de fibres qui s’est formé dans le tissu cribreux s’en est séparé seul sans vaisseaux pour former les faisceaux fibreux périphériques. Fig. 8. Canal résineux pris dans la feuille de l’Homalonema rubescens. Fig. 9. Amidon du parenchyme de la tige; 0mM,013 à 0m®,046 de longueur. 20h P. VAN TIEGHEM, Fig, 10. Fragment d’une coupe transversale de la tige de l’Aglaonema marantæfolia, pris vers la région moyenne. a. Faisceau périphérique le plus externe, formé de quelques cellules et de deux ou trois vaisseaux étroits : ils forment un premier cercle. — 6. Canal à gomme, limité par des cellules plus petites que les autres faisant souvent saillie à l’intérieur ; ils forment un cercle en alternant avec des faisceaux comme a. — c. Troisième cercle de faisceaux pareils à a. d. Faisceau plus interne composé, formé de deux groupes vasculaires; les faisceaux internes ont tous cette structure. L PLANCHE 4. Dieffenbachia picta. Fig. 4. Faisceau simple de la couche périphérique, entouré de cellules amylacées. Fig. 2. Faisceau composé du corps central ; il est constitué par quatre groupes vascu- laires possédant chacun un faisceau cribreux distinct. séparé des faisceaux voisins par des cellules plus larges dont le développement amènera une formation de paren- chyme qui séparera les quatre faisceaux simples. Calla palustris. Fig. 3. Disposition générale des faisceaux sur la tranche du rhizome, au milieu d’un entre-nœud. Fig. 4. Fragment de rhizome montrant l'insertion de la feuille, le bourgeon et le cercle de racines adventives. Fig. 5. Section du rhizome passant par le cercle de racines adventives ; il y a réunion des faisceaux périphériques, et les racines naissent sur l’anneau. Fig. 6. Ensemble des faisceaux périphériques obtenus par dissection d’un rhizome macéré, montrant l’anastomose latérale qu’ils contractent au-dessus de chaque nœud. Fig. 7. Un faisceau vasculaire de la partie interne du rhizome ; il s’y constitue tout autour d’un cercle cribreux, huit groupes vasculaires qui, en s’isolant de plus en plus, donneront plus haut. autant de faisceaux simples qui pénétreront dans les feuilles supérieures. Fig. 8. Un autre de ces faisceaux composés où un des groupes vasculaires v, acqué- rant plus de puissance, développant une plus grande masse de tissu allongé, se sépare nettement des auires. Fig. 9. Un faisceau vasculaire du pétiole formé de larges cellules (c) accompagnées de laticifères latéraux Z, suivies de cellules cribreuses et de vaisseaux (v) mêlés à des cellules allongées ; certains de ces vaisseaux v/ ont leur paroi résorbée. Fig. 10. Indication d’un faisceau composé central, où un groupe vasculaire s’isole du reste. Fig. 11. Indication d’un faisceau central qui se divise en quatre. RS à Été D ps de 2 STRUCTURE DES AROIDÉES. 205 Lasia aculeata. Fig. 142. Un faisceau simple du parenchyme cortical formé de cellules, les unes larges libériennes, les autres étroites mêlées de trachées. Fig. 13. Faisceau composé de la partie centrale, il se sépare en deux groupes vascu- laires, l’un extérieur, l’autre intérieur séparés par du tissu allongé. Fig. 44. Un autre faisceau pris dans la partie interne et qui vient de se diviser en trois faisceaux, séparés par des cellules du parenchyme amylacé pp; les deux fais ceaux a b ont chacun deux groupes vasculaires séparés par du tissu cribreux, le troisième c est simple; un groupe de vaisseaux en demi-cercle autour d’une plage cribreuse le constitue. Fig. 15. Un faisceau du pétiole formé d’un arc fibreux, d’une plage cribreuse, de vaisceaux spiralés v, et, à la face interne, d’une couche peu développée de fibres. Fig. 16. Coupe longitudinale du plancher d’une lacune du pétiole. — p/. Plancher formé de cellules vertes tabulaires, laissant entre elles de très-petits méats triangu- laires. — m». Murs amylacés de la lacune. — 7. Cellule à raphides, — c. Cellule à contenu rose. Fig. 17. Une autre de ces cellules roses, où la paroi s’est boursouflée et a bourgeonné en deux points. PLANCHE 5. Fig. 4. Coupe générale de la tige du Monstera Adansonti. — a. Parenchyme cortical, b. Faisceaux corticaux manquant au-dessus du bourgeon (c). — cc/cl!. Zone géné- ratrice occupant la moitié de la périphérie du corps central. — c dc!/!. Autre moitié où les faisceaux centraux sont en contact immédiat avec le parenchyme central. Fig. 2. Moitié d’une coupe transversale grossie de l’Heteropsis ovata. — aaa. Moitié de la zone génératrice, qui sépare les cellules du parenchyme cortical p du paren- chyme médullaire p. — bh. Couches de cellules plus petites que le parenchyme médullaire, et par où celui-ci s'appuie sur le cercle extérieur de faisceaux dans la demi-circonférence dépourvue de zone génératrice. — /ff. Groupes vasculaires nés dans la zone génératrice ; les vaisseaux sont rayés et spiralés, — v. Gros vaisseau scalariforme né dans cette zone. — ce. Faisceaux du corps central à un ou deux gros vaisseaux scalariformes. — dd. Faisceaux plus rares que les premiers, munis de trachées et de nombreuses cellules longues. Fig. 3. Faisceau du parenchyme cortical. Fig. 4. Poil fibreux dans un méat du parenchyme cortical du Monstera Adansonti, dont les cellules sont pleines d’amidon en grains composés d’une infinité de petits granules. Fig. 5. Méat du même parenchyme renfermant deux poils. Fig. 6. Coupe longitudinale d’un méat de ce parenchyme, montrant un poil inséré par son pied p dans un des murs » du méat. 206 P, VAN TIEGHEM. Fig. 7. Poil fortement épaissi, à couches concentriques, muni de ponctuations et de cloisons transversales, extrait du pétiole du Raphidophora angustifolia ; p, branche d'attache. Fig. 8. Coupe longitudinale d’une très-jeune feuille de Scindapsus pictus ; p, cellule mère du poil, implantée dans le mur a du méat qui commence à s'ouvrir. Fig. 9. La cellule p s’est allongée dans Les deux sens, elle est_pleine d’un contenu gra- nuleux en rotation. Fig. 10. État plus avancé, le poil est encore mince et plein de liquide granuleux ; il arrive ensuite peu à peu aux états 6 et 7. PLANCHE 6. Fig. 4. Fragment d’une coupe générale de la tige du Raphidophora angustifolia. a. Épiderme. — 6. Parénchyme cortical dont les méats contiennent çà et là quel- ques poils fibreux. — c. Faisceaux corticaux. — ddd. Couche génératrice ne s’éten- dant que sur un quart du corps central, et où se forment de nouveaux groupes vasculaires. —- 2e. Périphérie du corps central privée de zone génératrice ; elle est creusée de sillons, par chacun desquels s'échappe un faisceau vasculaire f à nom- breux vaisseaux étroits. — g. Faisceaux du corps central les plus nombreux formés d’un arc fibreux, de tissu cribreux à larges mailles et d’un à deux gros vaisseaux. — h. Faisceaux de ce corps central, relativement rares, formés de beaucoup de vaisseaux grèles, de cellules étroites; ce sont ceux qui s’échappent par les sillons périphériques. Fig. 2. Détail de la transition du parenchyme cortical au corps central, dans le qua- drant pourvu de zone génératrice. — a. Cellules du parenchyme cortical.— D. Ran- gée de cellules encroûtées, ponctuées et amylacées, limitant en dehors la couche génératrice. — b/, Couche de cellules tabulaires minces. — c. Tissu générateur ; vv, groupes de vaisseaux qui s’y forment. — /. Faisceau tout formé qui s’en est déjà séparé par une couche de parenchyme amylacé d. Fig. 3. Passage du parenchyme cortical au corps central sur les trois quarts de cercle dépourvus de tissu générateur, dans un sillon.— ». Cellules du parenchyme cortical. — a. Couche de cellules épaissies et amylacées. — b0B Faisceaux périphériques à un seul vaisseau. — c. Faisceau à plusieurs petits vaisseaux s’échappant par le sillon pour entrer dans le parenchyme cortical. Fig. 4. Canal gommeux du Raphidophora pinnata, pris dans le parenchyme cortical. Fig. 5. Coupe transversale de la racine du Tornelia fragrans, montrant la structure du corps central. — a. Parenchyme cortical ayant des méats à fibres. — b. Quatre couches de cellules à cristaux. — c. Couche épaisse de cellules ponctuées. — d. Couches tabulaires minces. — e. File de vaisseaux à laquelle se rattachent les vaisseaux internes v v/ qui en sont séparés par des fibres f ; h, file cribreuse alterne avéc la première, c’est le premier ilot; il contient des cellules beaucoup plus larges :. bordées de plus étroites. Les îlots A!, k//, A!!! se rattachent à h, dont ils sout séparés par des fibres. STRUCTURE DES AROÏDÉES. 207 Fig. 6-12. Ilots successifs d’une file cribreuse de la racine âgée du Monstera? repens. — 6. à, cellules du parenchyme cortical ; b, une rangée de cellules à cristaux; €, une couche de cellules encroûtées ; d, couches tabulaires; ff/, premier et vaste ilot cribreux ayant de très-larges cellules, /’, et circonscrit par des fibres. — 7-12. Cinq ilots successifs disposés sur le même rayon, et séparés les uns des autres par des fibres. Fig. 12. Vaisseaux accouplés d’une file vasculaire ayant donné naissance à des cellules à parois épaisses et ponctuées. Fig. 13. Vaisseau simple d’une file qui est dans le même cas. Fig. 14. Cellule du Griffithsia setacea qui a formé des cellules internes avant le com- plet épaississement de la paroi, elles ont été englobées entre les couches anciennes et les nouvelles, puis il s’en est formé d’autres à l’intérieur. Fig. 45 et 146. Méats à bords épaissis de la couche corticale de la racine du Raphi- dophora pinnata, contenant des poils fibreux. Fig. 147. Un stomate du Scindapsus pictus. PLANCHE 7. Spathiphyllum lanceæfolium. Fig. 1. Fragment d’une coupe transversale du pétiole. a, épiderme ; bb, cellules vertes laissant entre elles des méats longitudinaux qui contiennent : les uns un poil en navette très-épaissi, à couches concentriques c, les autres un grand nombre de poils plus minces et moins épaissis dd; d! contient dix-huit de ces poils ; e, cellule mère d’un poil s’allongeant dans trois méats; e/, cellules s’allongeant dans deux méats ; f, cellule d’attache, ponctuée, s’allongeant dans quatre méats. Fig. 2. Un gros poil épaissi, p, cellule d’attache peu développée ; a, ponctuations ; ce, petits cristaux octaédriques. Fig. 3. Mode d'insertion d’un poil mince. p, cellule aplatie primitive, insérée entre jes deux cellules aa du mur de la lacune. Fig. 4. Région d'attache du poil, vue de face. p, cellule primitive s’allongeant en navette ff ; elle contient des cristaux octaédriques (c). Fig. 5. Portion médiane d’un poil dont la cellule d’attache p s’allonge elle-même et descend dans le méat voisin. Fig, 5 bis. Poil dont la cellule d'attache p s’allonge dans le méat voisin. Fig. 6. Poil en H, dans lequel la cellule primitive p, aboutissant à deux méais, s’est allongée parallèlement et presque également dans les deux. _ Fig. 7. Partie moyenne d’un poil où la cellule primitive p se développe par un bout, de manière à donner une longue branche 7/ et une plus courte en /, puis s’allonge par deux de ses extrémités en contact avec deux méats, de manière à fournir dans chacun d’eux une branche courte a b. Fig. 8. Autre poil où les deux moitiées f} sont égales, et où par les deux autres coins | la cellule p s’allonge en bas dans un méat &, en haut dans un autre 6. | Fig: 9. Attache d’un poil de Scirdapsus pictus, montrant la bifurcation de la cellule | d’attache à l’opposite de la fibre /. | | | | | 208 P, VAN TIEGHEM. Fig. 40. Poil à point d’attache p, simple et non ramifié, mais dont une moitié est libre et simple f, tandis que l'autre f/, simple jusqu’en o, donne dans un méat voisin une branche qui y descend a ; puis elle se continue et se termine en pointe courbe. Fig. 11. Portion d’une coupe transversale de limbe de la feuille. — a. Crêtes des cellules épidermiques, recouvertes par la cuticule. — b. Cellules épidermiques. —: c. Cellules vertes du parenchyme. — d; Lacunes contenant de nombreux poils fibreux. Fig. 12. Tornelia fragrans. Poil extrait du parenchyme disséqué de la feuille. — p. Cellule mère fixée entre les cellules aa du parenchyme; ff, branches que cette cellule envoie dans tous les méats qui rayonnent autour d’elle, et qui s’y rami- fient plusieurs fois, Fig. 13. Un autre de ces poils rameux pris dans la même feuille. — p. Cellule mère ; ff, branches émises par cette cellule dans les méats ; f/ donne elle-même plusieurs branches secondaires dans les méats confluents. PLANCHE 8. Fig. 1. Coupe transversale d’un rhizome jeune d’Acorus gramineus. a, parenchyme cortical ; b, faisceaux purement fibreux; c, faisceaux fibro-vascu- laires s’échappant du corps central en c/c/; d, couche protectrice du corps central ; e, zone génératrice produisant des faisceaux vasculaires à divers états de développe- ment f ; f!, faisceau complet du parenchyme médullaire; g. faisceaux à trachées se dirigeant en dehors vers les feuilles ; À, faisceau fibreux dans la moelle. Fig. 2. Un faisceau complet (/?) grossi. a, cellules médulaires ; b, cellules protectrices du faisceau contenant chacune un cristal octaédrique ; 7, cercle fibreux continu ; v, cercle de vaisseaux rayés ; tr, groupe de trachées sur la face interne ; c, fais- ceau de cellules cribreuses. Fig. 3. Un faisceau à trachées, au moment où il s'échappe du corps central, à travers la couche protectrice d disloquée, pour se rendre dans l'écorce. {{, espaces lenticu- laires noirs qui séparent les cellules de la couche (d); f, couche fibreuse; €, tissu cribreux ; ér, trachées. Fig. 4. Un faisceau cortical purement fibreux. c, cristaux octaédriques tronqués dans chacune des cellules courtes de la gaine. Fig. 5. Faisceau interne où les trachées prennent un graud développement. Fig. 6. Des fibres se développent entre le demi-cercie vasculaire extérieur et le groupe de trachées, puis le faisceau s’étrangle et se dédouble (fig. 7), pour donner un fais- ceau foliaire (fig. 8) interne, et un nouveau faisceau externe semblable au premier. Fig. 9. Coupe transversale du pédoncule floral de l’Acorus calamus. Distribution de faisceaux en un système périphérique a bc (a, faisceaux complets; 6, sans fibres intérieures ; c, purement fibreux) et un système central de faisceaux complets d. Fig. 10. Coupe transversale de l'axe de l’épi à sa base. Les faisceaux {d) y sont rangés en un seul cercle et envoient des ramifications aux fleurs (f). Fig. 41. Coupe transversale de la spathe. Les faisceaux n’y forment qu’un système acbca; au centre quelques petits fascicules fibreux. Fig. 12. Fragment d’épiderme de la feuille de l’Acorus gramineus. a, cellules erdi- naires ; Ô, cellules très-grandes, contenant des masses résineuses (c). STRUCTURE DES AROÏDÉES. 209 Fig. 43. Forme que présente la masse (c) sur la coupe longitudinale de la cellule. Fig. 44, Fragment de coupe transversale du pétiole de l’Anéhurium crassinervium, montrant dans le parenchyme (4) des petits faisceaux fibreux épars (/), des latici- fères (7), des canaux gommeux (y) entourés de cellules (c) à grains d’amidon plus foncés, et souvent saillantés à l’intérieur. Fig. 15. Coupe transversale du corps central de la racine de l'Anthurium Miquelianum. — a, cellules vertes du parenchyme cortical; D, cellules à cristaux; ce, cellules minces qui séparent les files vasculaires v du parenchyme externe ; d, groupe fibreux qui recouvre le faisceau cribreux 2 et se continue avec les fibres (f) qui rem- plissent toute la partie centrale, Fig. 16. Coupe d’une portion de parenchyme cortical de la tige du Pothos Rumphü. — &, cellules du parenchyme ; p, poils fibreux des méats. PLANCHE 9, Fig. 1. Alocasia odora. Anthère fertile à dix loges /, s’ouvrant par un pore p au sommet. Fig. 2. Anthère eu partic stérile. — /, loges entières; //, loges avortées. Fig. 3. Appendice stérile, où se voient encore les traces de plusieurs loges d’antheres. Fig. 4. Coupe de l’anthère, montrant la disposition des cinq paires de loges /, munies chacune d’un faisceau vasculaire. Fig. 5. Coupe longitudinale d’une de ces loges passant par le pore terminal.— /, fais- ceau vasculaire; cf, membrane interne de cellules fibreuses plus épaisse au som- met ; p, pore. Fig. 6. Coupe transversale de cetteloge. — cf, couche de cellules fibreuses; c Z, restes de la cloison ; #2, reste de la membrane interne ; p, grains de pollen ; sf, stomaies. Fig. 7. Alocasia metallica. Coupe transversale de l’anthère, montrant la disposition des cinq paires de loges /. Fig. 8. Section transversale grossie d’une des loges. Fig. 9. Fragment d’une coupe transversale d’une loge d’anthère du Richardia afri- cana. — cf, couche à cellules spiralées ; c{, restes de la cloison. Fig. 10. Partie supérieure d’une coupe longitudinale de cette loge, passant par le pore terminal. — e, épiderme ; p, grains de pollen s’échappant par le pore; «4, grains d’amidon contenus dans les petites cellules qui bordent le petit tube; c/, couche de cellules spiralées. , | Fig. 11. Coupe transversale de l'anthère de l’Aglaonema marantæfolia, montrant les quatre logettes /, revêtues chacune d’une couche de cellules fibreuses. Fig. 12. Coupe de l’anthère à sa partie supérieure, montrant la confluence des logeltes deux à deux eu a. Fig. 13. Coupe longitudinale, suivant bc (fig. 12), de cette anthère. Fig. 14. Coupe faite à la base de l'ovaire du Richardia africana.—f, faisceaux médians des feuilles carpellaires ; f’, faisceaux latéraux soudés ; X, faisceau plus interne, double, à trachées extérieures ; #2, faisceaux ovulaires ; la partie centrale est divisée en trois par des sillons déjà profonds qui se rencontrent bientôt, et recouverte de poils p. Fig. 15. Coupe faite vers la partie médiane, l'isolement des trois corps placentaires est complet ; ils sont pariétaux. 5° série. Bor. T. VI, (Cahier n° 4,) 2 du 210 P, VAN TIEGHEM. Fig. 146. Poils placentaires dont chaque cellule contient un cristal c. Fig. 47. Coupe de la graine de l’Anthurium reflezum. — a, albumem ; e, corps de l'embryon; f, système vasculaire central muni de trois groupes de trachées. Fig. 18. Coupe de la même, au-dessus de l'insertion du cotylédon. Fig. 19. La partie vasculaire centrale grossie. — tr, les trois groupes de trachées. PLANCHE A0. Fig. 1. Fragment d’une coupe transversale de la tige du Pandanus javanicus, pris vers la périphérie du corps central. — A, faisceau limite, qui fournit aux racines adven- tives leur point d'insertion; v, vaisseaux rayés accolés. B, faisceaux simples ; CO, fais- ceaux composés de deux groupes vasculaires. Fig. 2. Faisceau composé pris dans le corps central de la tige du Freycinetia nitida. Fig. 3. Coupe transversale de la feuille du Pandanus javanicus.— a b, couches épider- miques à cellules allongées en croix; d, fascicules fibreux sous-épidermiques ; €, parenchyme vert; lac, lacunes; /, groupe de fibres libériennes du faisceau; h, fibres plus étroites, occupant la place du tissu cribreux; v, gros vaisseau extérieur ; v/, vaisseaux intérieurs entourés de cellules minces; /”, fibres libériennes intérieures, Fig. 4. Faisceau pris dans le corps central du rhizome du Typha angustifolia. — cr, tissu cribreux ; v, arc vasculaire ; /, arc fibreux interne. Fig. 5. Coupe de la feuille de la mème plante, montrant le mode de distribution des faisceaux fibro-vasculaires et des lacunes. Fig. 6. Coupe longitudinale perpendiculaire au plan de la feuille, inontrant dans une lacune la disposition régulière des divers ordres de planchers ab cd, et des cordes fibreuses longitudinales #2. | Fig. 7, 8, 9, 10. Coupes transversales de cette feuille suivant les planchers a 6 cd, pour montrer leur forme de plus en plus échancrée. Fig. 11. Faisceau du corps central du rhizome du Sparganium ramosum. — f, are fibreux externe; cr, tissu cribreux; v, gros vaisseaux à parois minces, réunis par des cellules longues; /f/, arc fibreux interne, continu avec l'arc externe et enve- loppant tout le faisceau, NOTE LES PHENOMÈNES DE COPULATION QUE PRÉSENTENT QUELQUES CHAMPIGNONS, Par MEN. HULASNE. Les Annales des sciences naturelles ont publié récemment (1) la traduction de l’un des plus intéressants chapitres du hvre dont M. Ant. de Bary à enrichi cette année (1866) la biblio- thèque des mycologues. Le savant professeur de Fribourg s’est proposé de réunir là, dans un petit nombre de pages, tous les faits qui pouvaient être interprétés, avec plus ou mois de vrai- semblance, en faveur de l'existence des sexes dans les Champi- gnons. Parmi ces faits, ceux qui ont trait à des phénomènes de copulation méritent surtout de fixer l'attention des physiolo- gistes, car, outre que leur constatation laisse moins de place au doute, ils portent en eux-mêmes un caractère particulierement démonstratif et qui rappelle la fécondation ordinaire aux végé- taux phanérogames. | E. — Dans l’ordre chronologique des observations et des décou- vertes relatives à ce sujet, les Fungi qui demandent à être cités les premiers sont les Moisissures, car c'est parmi elles, comme on le sait, que se range le Syzygites megalocarpus de M. Ehren- berg. Jusqu'en ces derniers temps, le phénomène si remarquable de copulation présenté par cette petile plante n’appartenait semblait-1l, qu'à elle seule, et 1l n'avait guère d’analogie dans (4) Voyez le tome précédent de ce recueil, p. 843 et suiv. 212 L.-R. ET C. TULASNE. le monde végétal qu'avec la conjugaison de certaines Algues d’eau douce. MM. A. Janowitsch et de Bary ont découvert que le Rhizopus nigricans Ehrenb. possède aussi des zygospores (1), et ont ainsi démontré une fois de plus, bien qu'mdirectement, que le célèbre champignon d'Ehrenberg est à tous égards un vrai Fungus mucoreus. D'un autre côté, l'opinion par nous émise autrefois (2) que l’Aspergillus maæimus Lk (Sporodinia grandis ejusd.) n’est que l’une des formes du Syzygites megalo- carpus Ehrenb., a pleinement été confirmée par les observations de MM. Schacht (3) et de Bary (4), en sorte que ce dernier n'hésite plus aujourd'hui à qualifier le champignon de M. Eh- renberg de Mucor Syzygites, et il lui associe non-seulement le Rhizopus nigricans Ehr. ou Mucor stolonifer Ehr. et le Mucor Mucedo Fres., mais encore le Phycomyces nitens Kze. et les Mucor macrocarpus Cord. et fusiger Lk. (Voy. de Bary, Beitr. zur Morph.und Physiol. der Pilze, H° part. [1866], p. 33 et 3h.) Nous nous garderons bien de critiquer ces rapprochements, surtout après avoir constaté, comme nous l'avons fait cette année, que les zygospores ne se montrent pas seulement dans les Mucor Syzygites et M. stolonifer, mais bien encore dans le (4) Voy. de Bary, Beitr. z. Morphol. u. Physiol. der Pilze, 2° partie (1866), p. 28. (2) Voy.les Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XLI 1855), p. 617. (3) Voy. dans la Gazette de Cologne du mercredi 1° juin 1864, le compte rendu de la séance tenue à Bonn le 7 avril précédent, par la Société de médecine et d'histoire naturelle du Bas-Rhin. M. Schacht n'a pu s’assurer positivement que les zygospores du Syzygiles prissent naissance sur le #2ycelium mème qui porte les cymes fertiles du Sporodima grandis Lk; mais il a vu que le filament-germe, issu de ces zygospores au printemps, se partage en rameaux dichotomes terminés par des conceptacles qui sont exactement ceux du Sporodinia ; de plus, il a semé les spores engendrées dans ces con- ceptacles et il en a obtenu des individus normaux de Sporodinia, pourvus d’un abon- dant mycelium. (4) Les principales observations de M. de Bary sur le Syzygites ont aussi été publiées en 1864 (dans ses Beitr. z. Morph. u. Physiol. der Pilze, fase. I, p. 74-88, pl. Vet VI); elles s'accordent entièrement avec celles de M. Schacht. En semant les spores ascogènes du Sporodinia, M. de Bary a obtenu un mycelium aussi fertile en cymes conceptaculifères qu’en zygospores, mais il à constaté qu'habituellement les deux sortes de fructification naissent de filaments différents ou plus ou moins distincts, quoique issus du même mycelium ; il déclare donc qu'il n’est peut-être pas d’espèce fongine plus propre que le Syzygites à démontrer la présence de deux genres de fruits dans un même Champignon. (Voy. les pages 86 ct 87 du mémoire cité.) D. PHÉNOMÈNES DE COPULATION DANS LES CHAMPIGNONS. 21: M. fusiger. Nous avons rencontré cette dernière espèce, belle et grande entre toutes, dans les bois de Chaville, près de Versailles ; elle vivait sur l’Agaricus fusipes Bull. corrompu et en partie détruit. Son mycelium est remarquable en ce que quelques-unes de ses branche:, plus fortes et plus rigides que les autres, por- tent de petits rameaux courts, spiniformes, divergents, étagés en verticilles imparfaits et rapprochés. L'hyphasma, en contact avec le substratum nourricier, ou engagé dans son sein, est un lacis anastomosé, très-dense, d'éléments dont l'aspect et la ma- nière d’être sont tout autres que ceux des filaments rameux, à peine cloisonnés et très-inégaux, qui constituent les touffes aériennes, dressées et fertiles du Mucor. Les spores, qui se for- ment en grand nombre dans chaque conceptacle terminal, sont ovales-oblongues et un peu inéquilatérales ; elles n'ont pas moins de 0“*,032-035 en longueur et 0"",017-019 en largeur (1). Les zygospores globuleuses mesurent environ 0"*,18-20 en diamètre; elles sont trèes-brunes, presque noires, mais au lieu d'offrir une surface verruqueuse comme les zygospores des Mucor Syzygites et stolonifer, elles ne sont que finement striées, et l’on dirait leur membrane faite de filets très-ténus juxta- posés. Il n’est pas rare d’en trouver deux soudées ensemble. Sous leur tégument extérieur ou strié, qui n’est que la mem- brane des cellules conjuguées dont elles proviennent, on dis- tingue deux tuniques lisses et faiblement teintées de brunâtre. La tunique moyenne, que l’on met aisément à nu, est une mem- brane fort épaisse, d'apparence cornée, que l'eau imbibe et ramollit promptement. Durant la germination, cette même tunique perd sensiblement de son épaisseur. L'utricule le plus intérieur, qui est mince, se gonfle alors et brise ses deux enve- loppes pour s’allonger en un tube dressé, d'un diamètre uni- forme, et qui reste simple. Ce tube est obtus et d’abord con- tinu, mais il finit par montrer quelques cloisons transversales, (4) Ces dimensions sont moindres que celles indiquées par M. de Bary, d’après lequel les spores du Mucor fusiger Lk, mesureraient 1/20€ de millimètre (0,05) en longueur, et 1/85° de millimètre en largeur (environ 0Mm,012). (Voy. ses Beitr. z. Morph. u. Phys. der Pilze, partic IE, p.34.) 21h L.-R. EX ©. YULASNE. surtout vers sa base, et il se renfle à son sommet en un gros conceptacle globuleux qui se remplit de spores identiques avec celles de la plante adulte et parfaite. Il ne paraît pas que les zygospores doivent directemént produire un mycelium, du moins nous n'avons point remarqué que le germe unique et fructifère émit à sa base des rameaux quelconques. Les choses se passent d’ailleurs semblablement dans la germination des zygospores du Mucor Syzygites, ainsi que MM. Schacht et de Bary l'ont constaté (1). De ce fait, 1l résulterait que les zygospores des Mucorinées représentent une vie incapable de se continuer sans changer de forme, au moins à la première génération, et que les Mucor possèdent au moins deux modes alternatifs de repro- duction. | IL. — Depuis la publication des intéressantes recherches de M. de Bary sur les premiers commencements de l’hyménophore du Pezisa confluens Pers. (2), l’un de ses élèves, M. le docteur M. Woronin, en a tenté de semblables sur d'autres Discomy- cètes. Il à particulièrement réussi, dans l’Ascobolus pulcherri- mus Cr., à reconnaître que la cupule ascophore tire son origine d’un tube court et flexueux, plus épais que les autres branches du mycelium, et qui se partage promptement par des cloisons transversales en une série de cellules dont l'accroissement suc- cessif donne finalement à l’ensemble un aspect toruleux et iné- gal. Le corps ainsi formé est ce que M. Woronin qualifie de corps vermiforme (würmformiger Korper). Cet observateur se serait, en outre, assuré qu'il existe toujours à proximité de ce corps des filaments dont certains rameaux courts, arqués ou diversement infléchis, viennent, comme autant d’anthéridies, appuyer leur extrémité antérieure sur ses articles utriformes; ce contact paraîtra communiquer au corps vermiforme une énergie vitale particulière qui se traduit aussitôt par la produc- üon du üssu plus ou moins filamenteux sur lequel l’hymenium (4) Voy. les mémoires cités plus haut, p. 212, notes 3 et 4. (2) Voy. de Bary, Ueb. d. Fruchtentwick. der Ascomyceten (1863), p. 11-15, pl, IL. FHÉNOMÈNES DE COPULATION DANS LES CHAMPIGNONS. 215 doit plus tard être porté. (Voyez Woronin in De Bary, Beir. zur Morph. und Physiol. der Pilze, asc. IT [1866], p. 1-44, pl. I-IV.) Dans les Peziza granulata Bull. et scutellata L., également étudiés par M. Woronin, le scolécite, pour nous servir d’une expression équivalente à celle de l’auteur, figure plutôt une série cellulaire, courte et claviforme, dont l’article terminal, plus volumineux que les autres, est un utricule globuleux ou ovale qui semble destiné à recevoir l'influence de la fécondation, si quelque fécondation a lieu, Les cellules-anthéridies parais- sert, en effet, naître, immédiatement au-dessous de cette oocyste, des anneaux moindres qui la portent, et elles l’embras- sent étroitement en s'allongeant. (Voy. Woron. in De Bary, 1. sup. cit., p. 5-6, pl. FE et IT.) Ainsi qu'il est facile de le reconnaître, les observations de MM. de Bary et Woronin, sur les origines de l'appareil sporo- phore principal chez les Ascomycètes, ouvrent un champ nou- veau à la curiosité des mycologues, et nous n’avons pu ne pas essayer de voir de nos yeux ce que ces habiles micrographes avaient observé les premiers. Le scolécite, ou corps annelé, est facile à isoler dans l’Ascobo.. lus furfuraceus Pers. Quand les jeunes fruits de ce Champignon, encore sphériques et blanes, n’ont guère plus, en diamëtre, d’un vingtième de millimètre, 1! suffit de les comprimer légère- ment pour déterminer la rupture de leur sommet et pour chasser au dehors le corps vermiforme. Celui-ci, qui occupe le centre » de la petite sphère, est formé de six à huit cellules, et il est courbé en manière de virgule. Nous n'avons pu réussir à le voir avant qu'il fût enveloppé de tissu cellulaire ; 1l n’adhère d’abord à ce tissu que par sa base. Des observations plus complètes nous ont été fournies par le Peziza melanloma Alb. et Schw. (4); là le scolécite est certaine- ment un rameau latéral d’un des filaments rampants du myce- (1) On peut voir cette espèce dans les Fungi europæi exsiccati de M. Rabenhorst, cent. VIIT (1865), n° 723. %16 L.—R. ET C,. TULASNE. lium. Ce rameau est isolé, simple ou bifurqué à peu de distance de sa base, et son diamètre, assez inégal, dépasse généralement celui du filament qui le porte. Il est promptement arqué ou flexueux, et il s’allonge souvent en décrivant une spirale, dont les tours irréguliers sont lâches ou pressés. En même temps sa cavité, d’abord continue, se divise, par des cloisons transver- sales, en huit ou dix articles et même davantage. Quelquelois nous avons vu ce rameau spécial terminé en crosse, et engagé dans la courbure d’une crosse analogue terminant un filament voisin. En d’autres cas, le rameau naissant s’'abouchait par son extrémité avec celle d’une branche crochue. Ces contacts nous ont cependant paru plutôt accidentels que caractéristiques d'un phénomène constant et normal. Mais ce qui ne nous a laissé aucun doute, c’est l'importance du corps annelé, en tant que rudiment certain et habituel de la cupule fertile. En effet, des articles inférieurs et moyens de ce corps naissent des filaments flexueux, plus grêles que lui, qui semblent ramper à sa surface, le revêtent et l'entourent de tous côtés en se soudant les uns aux autres. Continus d’abord, ils se divisent promptement par des cloisons transversales, et constituent par leur réunion un tissu cellulaire dont la masse inégale grossit peu à peu, et que le sco- lécite dépasse encore par son extrémité supérieure, alors que déjà sa partie moyenne, étroitement enveloppée, ne se laisse plus voir qu'avec peine. Ces petites masses cellulaires grandis- sent soit en s’arrondissant, soit en affectant une forme turbinée ou obconique, et elles atteignent un volume considérable avant que l’hymenium commence à se montrer dans une dépression de leur sommet. Aussi longtemps que leur exiguité permet de les voir entières dans le champ du microscope, on peut reconnaitre qu’elles adhèrent à un filament unique du mycelium par la base restée nue du corps vermiforme. L'occasion nous est offerte ici de réparer une erreur que nous avons commise dans le tome [° de notre Selecta Fungorum Car- pologia (p. 7h, note 2), et que nous avons répétée depuis (1bid., t. TT, p. 19 et 178, pl. XVI, fig. 11). C’est à tort que nous avons attribué au Pyronema confluens un appareil conidiophore, ou + Palestine is os 0 né PHÉNOMÈNES DE COPULATION DANS LES CHAMPIGNONS. 217 tout au moins celui dont nous avons publié le dessin. Un exa- men plus attentif nous a montré, en effet, que ces filaments articulés et ruptiles appartiennent seulement au Peziza melan- loma Alb. et Schw., dans la société duquel vit habituellement le Pyronema confluens ; d’ailleurs la poussière blanche conidique que nous avons signalée, n'avait point échappé à la sagacité des auteurs du célèbre Conspectus F'ungerum Niskiensium, où l’on dit du Peziza melanloma : « Cœæspitulis sœæpe longe lateque cffu- sis... inlerdum materie alba (bysso forsan quadam) veluti calce veslihis. » (Op. cit., p. 336, n. 1002, tab. IF, fig. 5 «a, b.) Nous avons remarqué plusieurs fois que les thèques du Peziza melanloma, qui s'étaient vidées de leur contenu, montraient en- core, attaché sur le bord de leur orifice terminal, le petit lam- beau membraneux qui avait fermé cette ouverture, à peu près comme cela a lieu chez les Ascobolus. Toutefois les thèques de notre Peziza ne font pas de saillie apparente à la surface de l’'hymenium. Si l’Ascobolus furfuraceus et le Peziza melanloma n’ont pu nous rendre témoins d’un phénomène de copulation certain et constant, il en a été différemment du Peziza confluens Pers., également étudié à ce point de vue par MM. de Bary et Woro- nin (1). Déjà, en 1860, nous avions reconnu l'existence des grosses vésicules globuleuses, sessiles et groupées, qui annoncent dans ce Champignon les premiers commencements des tissus rosés et fertiles ; mais nous avions méconnu le phénomène essen- tiel auquel ces macrocystes prennent la plus grande part. Cha- cune d'elles, en effet, émet de son sommet un tube cylindrique, généralement flexueux, toujours plus ou moins courbé en crosse, et dont l'extrémité est quelquefois atténuée. Ainsi pourvus, ces utricules ressemblent à autant de matras ventrus et à col étroit ; un plasma grenu, dense et rosé, les remplit entièrement. Au milieu d'eux et des mêmes filaments naissent aussi des cellules (1) Voy. la dissertation de M. de Bary Ueber d. Fruchtentwick. der Ascomyc. (1863), art. IT, pl. IL, et le mémoire également déjà cité de M. Woronin, sur le déve- loppement de l’Ascobolus pulcherrimus Cr. M. Woronin n’a rien ajouté aux observations de M. de Bary sur le Peziza confluens, mais il en a confirmé, pense-t-il, les résultats. 218 L.-R. ET C. -TULASNE. _allongées, claviformes, dont le contenu plus pâle offre des va- cuoles moinsrares; ces paracystes, bien que nées après les macro- cystes, les dépassent finalement en hauteur, et semblent porter leur sommet à la rencontre des appendices crocilormes qui les terminent. Il serait toutefois difficile de dire à qui des deux ordres de cellules dont nous parlons appartient le plus d'initia- tive dans le phénomène de conjonction qui les unit bientôt Imva- riablement deux à deux. Souvent il nous a paru que le tube en crosse avait fait, pour atteindre la paracyste claviforme, plus de la moitié du chemin qui l’en séparait ; d’autres fois, an contraire, cette cellule semblait avoir devancé l'allongement du tube con- nectif, Quoi qu’il en soit, l’union ou l’abouchement de l'extré- mité de ce tube avec le sommet de la paraeyste voisine est un fait constant, et que nous avons observé cent fois et à loisir pen dant tout le cours de l'été et de l'automne de cette année. I n'y a de soudure réelle entre les cellules dissemblables dont il s'agit que dans le point très-limité où elles s'abouchent ; là se voit à la fin une perforation circulaire, définie par un bourrelet à peine sensible ou au contraire très-prononcé. Partout ailleurs les deux organes peuvent être contigus ou plus ou moins rapprochés, mais ils sont libres d'adhérence quelconque. À cet égard, l’expo- siion de M. de Bary nous paraîtrait manquer d'exactitude, comme si cet habile observateur n'avait pas reconnu le véritable mode de la copulation. Si les matières plastiques contenues dans les cellules conjuguées s'influencent réciproquement, il n'en résulte pas d'abord de modification notable dans leur aspect ; la grosse Cellule appendiculée semble cependant céder à sa con- jointe une part du plasma qu’elle renferme. L'examen des figures ei-Jointes fera d'ailleurs mieux comprendre le phénomène copu- latif dont 1l s’agit ici, que tous les détails descriptifs dans les- quels nous pourrions entrer. Resterait à découvrir comment il convient de l’interpréter. Une seule chose peut être facilement constatée, c'est que les cellules conjuguées, la plus grosse sur- tout, se flétrissent et se vident pendant que grandissent et se multiplient les tubes ou filaments, dressés et pressés, qui doi- vent ultérieurement constituer les thèques du Champignon. PHÉNOMÈNES DE COPULATION DANS LES CHAMPIGNONS. 219 Il nous faut encore noter ici que ces thèques adultes se vident exactement comme celles du Peziza melanloma Alb. et Schw., et qu'elles retiennent assez souvent à leur sommet un vestige d’opercule. HT. — Bien que l'observation du phénomène de copulation que nous venons de décrire dans le Pyronema confluens ne soit pas exempte de difficultés, nous n'avons pas encore rencontré de Champignon qui se prêtâàt davantage au même examen. Nous avons revu dans l’Erysiphe Pisi DC. les mêmes choses à peu près que M. de Bary a rapportées de l’Ærysiphe Cichoracearum et de VE. quitata ; mais l'exiguité des parties qui se conjuguent dans ces plantes et leur agencement variable rendent souvent _très-difficile à bien interpréter ce qu’on a sous les veux. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE A1. “Fig. 1-9. Mucor fusiger Lk. Toutes ces figures, sauf la figure 3, plus grandie, repré- sentent les objets grossis environ 90 fois. Fig. 1. Filament fertile devenu cloisonné; sa base fusiforme se rattache au mycelium par un fil aussi ténu que ce dernier. Fig. 2. Autre base de filament fertile, isolée. Fig. 3. Spores grossies environ 380 fois. Fig. 4. Zygospore germée ; le filament-germe est continu, rempli de matière plastique et partout d’un diamètre uniforme ; son extrémité obtuse n'a encore pris aucun développement particulier. Fig. 5. Zygospore double, dont l’une des moitiés a produit un tube-germe déjà renflé à son extrémité en un conceptacle vésiculeux semblable à ceux de la plante adulte ; ce germe est en outre devenu fusiforme à sa base. Fig. 6. Icile germe issu de la zygospore est également terminé par un fruit qui n’a pas encore atteint sa parfaite maturité; cependant la partie inférieure du tube offre quelques cloisons. Fig. 7-9. Ces figures montrent, artificiellement isolées les unes des autres, les diffé- rentes parties d’une zygospore germée.— 7, tunique extérieure et colorée (vide) que le germe a brisée en sortant ; 8, tégument moyen, le plus épais de tous, renfermant la base du germe g; 9, le même tégument dont on a retiré le germe g, pour mon- trer que celui-ci résulte de l'accroissement ou de l'allongement particulier d’une cellule interne ou endospore proprement dite, e, 220 L.-R. ET C. TULASNE. “*Fig. 10-13. Premiers développements du carpophore ou tissu fertile du Pyronema confluens (Pers.), vus sous un grossissement de 380 diamètres. Fig. 140. La macrocyste est accompagnée de deux paracystes et la plus grande de celles-ci est soudée avec l’extrémité atténuée de l’appendice flexueux qui surmonte la macrocyste. Fig. 41 et 12. Autres exemples de cette copulation où elle a déjà été suivie de la production de filaments qui commencent le tissu du carpophore. Fig. 13. Ici, par exception, les paracystes sont singulièrement déprimées à leur som- met, où elles reçoivent la crosse des appendices qui terminent les macrocystes. PLANCIIE 12. Toutes les figures de cette planche sont relatives aux commencements des disques fertiles du Pyronema confluens (Pers.) et sont vues semblablement grandies, c’est- à-dire 380 fois environ. Celles qui occupent la partie supérieure de la planche repré- sentent les états de développement les moins avancés ; là les macrocystes se distinguent faiblement des cellules contiguës ou commencent à peine à développer leur appendice terminal caractéristique. Les autres figures montrent des exemples variés de la con- | jonction qui s'établit entre l'extrémité de cet appendice et les cellules que nous avons appelées paracystes. COMPOSITION ET USAGE ÉCONOMIQUE EN CHINE DE DEUX ESPÈCES DE GOUSSES STRUCTURE ET COMPOSITION DES PÉRISPERMES DE LÉGUMINEUSES , Par M. PAYEN. M. Paul Champion, au retour d'un voyage en Chine, a rap- porté, parmi de nombreux produits usuels dans le Céleste- Empire, quelques fruits d’une Légumineuse, qu'il s'était procurés à Chang -Haï ; ces gousses sont employées dans plusieurs pro- vinces pour le savonnage, de la manière suivante : on enlève au couteau la plus grande partie de l’épicarpe, puis, avec ces sousses ainsi dénudées, on frotte le linge mouillé préalable- ment; un rinçage suffit ensuite pour achever cette sorte de blanchissage. Il paraît qu’en certaines parties dé la Chine on ne se sert pas d'autre agent détersif, que du moins nos savons n’y sont pas connus, En raison de leur application toute spéciale, il m'a paru mté- ressant d'examiner la composition immédiate de ces produits, autant du moins que me le permettait le petit nombre de spéci- mens mis à ma disposition. Notre savant confrère M. Decaisne à bien voulu déterminer ces fruits, comme appartenant à un Dialium (1). D'après mes recherches à l’aide du microscope et des réac- (4) Leur longueur varie de 6 à 9 centimètres, leur largeur de 2,5 à 3 centimètres; ils renferment deux, trois, quatre ou cinq graines brun noirätre, globuleuses, pesant chacune jusqu’à près de 2 grammes; elles sont attachées alternativement de chaque côté de la nervure dorsale par de forts funicules appartenant, au nombre d’un, deux ou trois, à l’une des valves, et un à deux à l’autre valve. Trois graines entières ont donné les poids suivants : Ou pour une graine. 51 sr PÉSMMIENES. 2,275 0,791 POSE US. 0,630 0,210 11117; n 11 CP INNRENNRES 1,845 0,615 Pedeblléss: .21082,. 0 ,088 0,029 299 PAYEN. üfs, ces fruits offrent plusieurs caractères intéressants : 1° Le péricarpe, qui est sec dans la plupart des Légumineuses, est ici charnu ou pourvu d’un sarcocarpe ; son épaisseur varie de 2 à à millimètres. 2 Ce péricarpe renferme plusieurs principes immédiats très-distincts : cellulose formant le tissu, pectates et pectines interposés entre les cellules, granules d’amidon, ma- tières azotées, grasses et minérales, plus de la saponine ou une substance très-analogue (1). Cette substance et les granules amylacés étant susceptibles, avec Le concours de l'eau, de s’insi- nuer entre les fibres textiles, de les lubrifier, de détruire les adhérences entre elles et divers corps étrangers, peuvent pro- duire très-économiquement une partie des effets que M. Che- vreul à reconnus dans l'emploi des savons ordinaires (2). Sans doute, ceux-ci, composés en proportions définies de bases alca- lines et d'acides gras, sont bien préférables pour une foule d'applications délicates, et leur usage se propagera dans ces con- trées à mesure du développement du commerce international et de l’industrie manufacturière. 3° Les graines de Dialium ren- _ ferment à la fois de l’huile, de l’amidon, des substances azotées et salines. 4° Autour de l'embryon se trouve un périsperme com- pacte, juxtaposé à la face interne du tégument brun et très-dur de la graine. Ce périsperme est remarquable à plus d’un titre : il diffère des autres périspermes décrits par sa structure et sa composition. J'avais fait voir précédemment que, parmi les périspermes cornés, celui du Phytelephas (dit ivoire végétal) est formé d’un tissu de cellules à parois très-épaisses, en cellulose, renfermant dans leurs cavités cylindroïdes et dans les canalicules qui se cor- respondent d’une cellule à l’autre, des corps azotés, colorables en jaune orangé par la solution aqueuse d'iode, prenant ensuite une coloration plus intense, et se contractant davantage au con- (1) Elle dünne à Veau la propriété de mousser par l'agitation; soluble dans l’al- cool, d'autant plus qu'il est plus étendu, plus à chaud qu’à froid, précipitable par l'alcool anbhydre de sa solution aqueuse peu étendue. (2) Voyez le numéro d'août 1866 du Bulletin de lu Société impériale et centrale d'agriculture dé France, p. 634. USAGE DE DEUX ESPÈCES DE GOUSSES‘EN CHINE. 223 tact de l'acide sulfurique à 2 équivalents d’eau, en même temps que la cellulose désagrégée se colore en bleu, puis disparait en se dissolvant. Les périspermes du Dattier offrent dans leur structure et leur composition des caractères analogues. Le péri- sperme du Café, formé d’un üssu cellulaire à parois épaisses en cellulose injectée de plusieurs substances, renferme en outre, dans ses cavités irrégulières communiquant entre elles, des ma- tères grasses, des essences, un principe aromatique soluble dans l'eau, des substances colorables, azotées, salines, et plusieurs autres principes immédiats. Quant aux divers périspermes fart- neux, huileux où charnus, ils diffèrent bien plus encore de celui que je vais décrire. Le périsperme blanc grisâtre d’une graine de Dialium peut se diviser en deux lames épaisses, correspondantes aux deux cotylé- dons jaunâtres ou verdâtres. La partie périphérique du péri- sperme présente sous l’épiderme un tissu formé de deux à quatre rangées de cellules irrégulièrement arrondies, sur lesquelles sont fixées, de distance en distance, d’autres cellules allongées, étroites, ramifiées, anastomosées,, comprenant entre elles de plus grands espaces, à mesure qu'elles pénètrent plus avant dans l'épaisseur du périsperme; toutes ces cellules irrégulières à minces parois, douées des propriétés caractéristiques de la cel- lulose, renferment des corps azotés qui se colorent en jaune orangé par la solution aqueuse d'iode, prenant ensuite une coloration plus Intense, et se contractant davantage au contact de l'acide sulfurique à 60 degrés. Cet acide, en désagrégeant la cellulose, peut déterminer, lorsque ses proportions sont conve- nables, sous l'influence de l’iode, la coloration bleue dessinant _ les contours des cellules du tissu, tandis que sur plusieurs points des gouttelettes d'huile sortent des substances azotées où elles étaient disséminées, imperceptibles, et deviennent plus volumi- neuses et faciles à voir en se réunissant. Dans ce tissu périspermique enveloppant les cotylédons se trouve une sécrétion blanche, amorphe, mais douée de pro- priétés toutes spéciales; elle réside dans le tissu sous l'épi- sperme, jusque dans toutes les mailles graduellement élargies 29/ sai PAYEN. que forment entre elles les cellules étroites, rameuses, anasto- mosées. ( C'est une sécrétion particulière remplissant tous les intervalles entre les étroites cellules, et venant s'appliquer sur la face externe de chaque cotylédon. Cette sécrétion offre notamment un carac- tère distinctif permettant de reconnaître facilement sa présence, sauf à vérifier ensuite les autres propriétés qui empêcheront de la confondre avec tout autre principe immédiat : elle peut absor- ber à froid, très-graduellement, environ trente fois son poids d'eau, produisant alors une gelée volumineuse, incolore, dia- phane. Si, par exemple, on-place dans un flacon à large ou- verture une moitié de périsperme de Dialium, la cavité en. dessus, puis que l'on ajoute une quantité d’eau représentant trente-cinq ou quarante fois son poids, on verra sans peine au bout d’une heure la substance gélatiniforme apparaître sur les bords, en mamelons lentement gonflés, de telle sorte qu'au bout de vingt-quatre heures la masse de gelée transparente, débor- dant de toutes parts, enveloppera tout le tissu sécréteur hydraté, celui-ci demeurant sensiblement opaque en raison de sa densité plus grande que celle du liquide ambiant. Après cette simple et curieuse expérience, voici par quelles réactions on pourra con- stater la nature spéciale de la sécrétion gélatiniforme : un seul périsperme y suffirait, mais il vaut mieux opérer sur plusieurs, huit ou dix, par exemple, isolés, c’est-à-dire débarrassés des téguments de la graine et des embryons. Ils seront placés avec environ quarante fois leur poids d’eau dans un flacon assez large pour faciliter leur développement ; on remarquera que la gelée diaphane qui, peu à peu, les entoure et les fait adhérer entre eux, ainsi qu'avec les parois du vase, augmente continuellement : de volume en absorbant l’eau en quantités de plus en plus grandes. L'eau surnageante devient sensiblement acide; plu- sieurs fois renouvelée en -einq ou six Jours, elle entraîne avec la portion soluble une parte de la substance gélatimiforme désagré- gée et devient mucilagineuse, précipitable par l'alcool en fila- ments analogues à ceux que produit la pectine, dont elle diffère par plusieurs propriétés essentielles. D EN TT L USAGE DE DEUX ESPÈCES DE GOUSSES EN CHINE. 295 La gelée, ainsi purifiée (incomplétement en raison de l’ex- trème lenteur de la pénétration de l’eau dans la masse), peut être en grande partie débarrassée des tissus périspermiques en doublant à peu près la dose d’eau qu'elle retient, agitant forte- ment le mélange et le soumettant dans une toile claire, préala- blement mouillée, à une pression énergique qui fait transsuder le liquide transparent mucilagineux. Une deuxième addition d’eau, d’un volume égal à celui de la masse pressée, fait gonfler et sortir des tissus périspermiques de nouvelles quantités de la substance gélatimiforme que l’on extrait comme la première fois par la pression. On peut répéter six fois ces opérations sans épuiser complétement les tissus périsper- miques. Chacun des liquides mucilagimeux évaporés à siccité dans une soucoupe de porcelame se réduit en une lamelle incolore et dia- phane spontanément soulevée (1) qui se gonfle subitement au contact de l’eau, est dissoute par l'acide sulfurique à 60 degrés sans coloration, et sans acquérir, comme la cellulose, la propriété de bleuir par l’iode. Le liquide mucilagineux ne change pas sensiblement de con- sistance par l’ébullition, n1 par l'addition de quelques centièmes de solutions d’ammoniaque, de soude ou de potasse caustiques, lors même qu'avec ces dernières bases alcalines on porte la tem- pérature jusqu’à 100 degrés. La diastase ne lui fait éprouver aucun changement appréciable. Les solutions aqueuses de sel marin, des sulfates de chaux, de cuivre, de zinc, de fer, d’alumine et potasse, de tannin, n’y dé- terminent pas de changements, tandis que l’eau saturée de baryte ou d’acétate de plomb tribasique y produit un coagulum graduellement contracté, de même que l'alcool à la dose de 10 centièmes et au delà. Ces propriétés caractéristiques ne permettent pas de confondre la substance gélatiniforme du périsperme de Dialium avec les (4) Celle-ci laisse, après l’incinération, 5,49 pour 1000 de matières minérales, très-alcalines. Les périspermes entiers pour 1000 donnent 3,6 de cendres très-alcalines également. Se série, Bor, T. VI. (Cahier n° 4.) 3 15 2926 PAYEN. substances pectiques (pectose, pectine, acides pectosique, pec- tique, etc.), ni avec la gélose ; elle se rapprocherait davantage de la cellulose désagrégée ; mais, dans le cas où l'analyse élé- mentaire lui assignerait la même composition, ce serait un prin- cipe immédiat isomérique : on ne pourra s'en assurer qu'après être parvenu à l’épurer complétement. En attendant, et pour abréger sa définition, je la désignerai sous le nom de dialose, rappelant la première origine constatée. Cependant je n'ai pas tardé à retrouver la dialose, en obser- vant, à l’aide des mêmes moyens, un périsperme semblable, dont j'ai constaté la présence dans les graines d'une autre Légu- mineuse, un Gleditschia, dont les gousses, également rapportées de la Chine par M. Champion, sont employées au même usage. Ces fruits diffèrent toutefois des précédents sous plusieurs rapports : 1° le péricarpe beaucoup plus mince ne renferme pas d’amidon ; 2° les cotylédons n’en contiennent pas sensiblement non plus, de sorte qu'ils donnent directement des vapeurs ammo- niacales alcalines par la calcination, tandis que les cotylédons du Dialium produisent des vapeurs acides ; 3° les gousses, beau- coup plus longues (15 à 29 centimètres), plus étroites (2 centi- mètres à 2 centimètres et demi), renferment de la pulpe conte- nant un principe analogue à la saponine; 4° les graines, au nombre de douze à seize, ne sont pas attachées par de forts pédicelles ; elles se détachent spontanément à la maturité et ballottent dans les gousses. Cependant chacune de ces graines (de couleur rousse et dont le tégument est moins épais, contient un périsperme presque en tout semblable à celui des graines de Dialum. Ce périsperme est séparé par l'embryon en deux lames épaisses, amincies sur leurs bords, appliquées chacune sur un des cotylédons et relativement plus pesantes que dans les graines de Dialium (4). D'ailleurs le périsperme de Gleditschia est éga- lement formé d'un tissu sous l’épiderme, se prolongeant en minces cellules dans la masse, au milieu d’une abondante sécré- (1) Les périspermes de trois graines de G{editschia pesaient ensemble 08r,677, ou pour une graine, 08r,259; jes trois embryons, 08",403, ou pour une graine, 08,134. trot mate tit à state 00 dudit à d'EPS à Un 2 hp de bof oct USAGE DE DEUX ESPÈCES DE GOUSSES EN CHINE. 297 tion amorphe dont la dialose constitue la plus grande partie. Grâce à l’obligeance de mon confrère M. Decaisne, j'ai pu com- parer la structure et la composition des graines précitées avec celles du Gleditschia ferox et d’un genre voisin, le Styphnolo- bium japonicum (Sophora japonica), récoltées au Muséum. Les graines du Gleditschia ferox offraient la structure et la composition de celles que j'avais prises dans les gousses de Gleditschia venues de Chine. Quant aux graines du Séyphno- lobium, elles présentaient une structure analogue et le pé- risperme disposé de même ‘en deux lames. Cependant les cellules étroites contournant des cavités ou ;lacunes moins grandes, présentaient l'aspect d’un tissu formé de cellules irré- gulièrement arrondies à larges parois; un plus fort grossis- sement a permis de constater que l'apparence de parois épaisses était due à de véritables cellules, étroites, contournées, renfer- mant, en abondance, des substances azotées qui jaunissaient par l’iode, se désagrégeaient graduellement au contact de l'acide sulfurique à 60 degrés, laissant alors de minimes gouttelettes huileuses se réunir et apparaître distinctement. Les réactions de l’iode, puis de l’acide sulfurique, manifestaient en même temps la désagrégation et la coloration bleue, caractérisant la cellulose, suivant les contours des cellules; mais n1 le périsperme du Styphnolobium, ni celui du Ceratonia siliqua, ni celui du Cassia lora, ne contenait pas de dialose : ce serait donc, à ce point de vue, une variété de ces sortes de périspermes, appartenant à quelques Légumineuses, à moins que l’absence de la sécrétion spéciale ne dépendit d’un défaut de maturation complète (4). Si les faits que je viens d'exposer m'ont paru dignes d’être communiqués, c'est qu'outre une application économique, il s’y rencontre l'exemple assez rare d’une sécrétion nouvelle observée dans le tissu tout particulier d’un périsperme, remarquable par sa structure et sa composition. (1) C’est un doute qu’il sera facile d’éclaircir par l'examen comparatif de graines développées dans les circonstances les plus favorables. S UR DES FLEURS ANOMALES DE LA VIGNE CULTIVÉE (VITIS VINIFERA, L.) Par M. J.E. PLANCHON. Considérée dans son ensemble, la floraison de la Vigne offre au botaniste comme à l'agriculteur instruit un sujet d’études aussi vaste que varié. Appareil et mode de fécondation, impré- gnation directe ou croisée, rapport des phénomènes climatolo- giques avec la maturation des raisins, variétés ou races dans leurs relations avec la Vigne supposée sauvage, 1l y a là toute une série de questions d’un intérêt incontestable. J'espère les traiter prochamement de concert avec M. Henri Marès, dont da compétence scientifique et pratique, en fait de viticulture, peut se passer de tout éloge. Aujourd'hui, ma tâche est à dessein plus circonscrite. Il s'agit d'anomalies de fleurs de Vigne qui rentrent dans les cadres établis de la tératologie, mais qui, par leur constance relative et par leur rapport, évident avec les fleurs d’autres genres des Ampélidées, intéressent la botanique systématique et se rattachent à la question si controversée de la délimitation des genres. | Rappelons en quelques mots le plan normal des fleurs de la Vigne, ce sera le vrai moyen d'en comprendre les déviations. Calice cupulforme à cinq denticules surmontant un bour- relet circulaire, qui n’est que le renflement terminal du pédi- celle et qui persiste légèrement accru dans le fruit mür. Cinq pétales alternes avec les divisions calicimales, se tou- chant exactement par les bords (estivation valvaire), se déta- chant l’un de l’autre par la base lors de lanthèse, restant unis par les sommets et formant la corolle en capuchon qui tombe tout d’une pièce sous la pression des étamines ou de l'ovaire. SUR LES FLEURS ANOMALES DE LA VIGNE CULTIVÉE. 229 Cinq étamines opposées aux pétales, à filets étroits, subulés, à anthères petites et biloculaires, s'ouvrant par des fentes laté- rales. Cinq glandes nectarifères cunéiformes, alternant avec les étamines, insérées sur le réceptacle, juste au-dessous du pistil. Ovaire bi-triloculaire, sessile, à loges biovulées, s’atténuant en un style court que terminent deux ou trois lobules stigma- tiques peu marqués. | Tel est l’ensemble de cette structure. J'en néglige à dessein ies variations superficielles, celles qui tiennent à la proportion relative des parties et même à la simple augmentation de leur nombre. Il n’est pas rare, en effet, de trouver des fleurs hexa- mères ou heptamères dans leur corolle ou leur androcée, comme aussi d'en observer qui comptent moins de cinq pièces à ces verticilles. Ce sont là, dis-je, des nuances, en tout cas des altérations bien légères. Les anomalies vraiment importantes peuvent rentrer dans les trois types de structure que nous allons successivement décrire, savoir : 1° les fleurs dites avali- douires (1); 2° les fleurs coulardes ou raisins coulards; à les fleurs doubles par transformation des étamimes et des glandes en staminodes pétaloides et des carpelles en bourgeon sub- foliacé (chloranthie imparfaite).… 1° Avalidouires ou fleurs à corolle ouverte en étoile. M. Marès a parfaitement décrit les traits généraux de ces fleurs (2). Tou- jours plus serrées que les fleurs normales, à cause de la brie- velé des pédicelles, elles s'en distinguent à première vue par leur corolle longtemps persistante, à cinq pétales hibres, étalés en étoile ou en roue et par la briéveté relative de leurs éta- (4) Avalidouire vient probablement du verbe avali, qui, dans le vieux languedocien (d’après l'abbé de Sauvages) signifie disparaitre. Ce mot s’appliquerait assez bien à des grappes qui se détruisent sans laisser trace de fruit. Le mot languedocien abali signifie, à l'actif, perdre, égarer, et le verbe s’abalr, se perdre, s’évanouir (toujours d’après l'abbé de Sauvages, Vocabulaire languedocien), I n'y a dans le dictionnaire de Littré aucun mot français qui ressemble à celui-là. Du reste, le mot d’avalidouire se donne au cep entier affecté de ce genre de stérilité. C'est par extension que nous l’appliquons aux fleurs elles-mêmes. (2) Dans le Livre de la Ferme, 9 fascic., p. 350-351 (Paris, 1863). 230 J. E. PLANCHON. mines. Ces pétales sont de consistance un peu plus épaisse et de couleur plus verdâtre qu'à l’état normal. Il arrive, çà et là, que une ou deux des étamines prennent l'apparence de pétales, par suite de la dilatation du filet et de l'avortement plus ou moins complet de l’anthère. Ces anthères, assez grosses, sont certaine- ment stériles. Elles ont chacune deux loges, divisées en deux logettes très-épaisses. Mais leur déhiscence ne se fait pas spon- tanément et le pollen qu'on en retire est formé de granules flasques, ridés, évidemment imparfaits. L'ovaire, normalement conformé, n’est probablement stérile que par défaut d’imprégnation. Il n'est pas rare, en effet, de voir sur une grappe avalidouire quelques grains de raisins noués, et le nombre de ces grains fertiles augmente lorsqu'on saupoudre, avec le pollen des fleurs ordinaires, les stigmates de ces fleurs imparfaites (1). (1) Nous donnons en note la description détaillée des fleurs de Terret avalidouires, que M. Henri Marès nous a fait cueillir, le 21 juin 1865, dans son domaine de Lau- nac, près de Montpellier : Grappes petites, à fleurs petites et serrées, de couleur vert pâle, à odeur suave (!). (M. Marès a signalé l'odeur faible, ou parfois nulle, des fleurs dites avahdoutres. ” Le fait peut être exact pour certaines, sans être pour cela général. Les diversités à cet égard doivent tenir à l’état des glandes nectarifères). Pétales linéaires spatulés, très-légèrement imbriqués dans le bouton, sommet légère- ment érodé et bordé de blanchâtre, un peu creusé en cuiller. Ces pétales se séparent les uns des autres jusqu’à la base, se réfléchissent en arrière et persistent assez longtemps ainsi que les étamines sous l’ovaire noué. Étamines à peu près de la longueur des pétales. Filets dressés. Anthères un peu plus grosses qu’à l’état normal, versatiles, à connectif non apparent, à loges turgides, ne s’ouvrant que d’une manière très-imparfaite, par une fente qui ne s'étend pas de la base au sommet et dont les bords sont plus ou moins sinueux. Pollen peu abondant, ne sortant qu’en minime proportion, plus blanchâtre et plus terne que celui des fleurs normales, à grains la plupart plus ou moins ridés, se gon- flant néanmoins sous l’eau en sphéroïdes légèrement trigones, demi-transparent, à sur- face très-indistinctement divisée en quatre grandes aréoles triangulaires, avec une petite papille peu saillante aux angles des aréoles. Glandes sous-ovariennes normales, jaune orangé. Ovaire ovoide-sphérique devenant globuleux quand il grossit, atténué en un style court. Ovules bien conformés. Stigmate hémisphérique, obscurément 2-3-lobé, à papilles arrondies, tantôt presque vierge, le plus souvent saupoudré d’un peu de pollen, et, dans ce cas, se flétrissant vite et devenant noir. Tantôt les ovaires | | SUR LES FLEURS ANOMALES DE LA VIGNE CULTIVÉE. 231 Ce n’est pas sur toutes les variétés de Vigne indifféremment, ni sur tous les pieds d’une variété donnée que se présente la dégénérescence florale des avalidouires. Elle est plus fréquente chez les Terrets que chez d’autres variétés. Rare chez les Mac- cabéos et les Mourastels, au dire de M. Marès, elle affecte en tous cas le cep entier et se reproduit même chez les provins. La grefle et mieux encore la suppression totale des ceps sont donc les seuls remèdes que les praticiens apportaient au mal, et c'est par la chasse ainsi faite aux pieds infertiles que s’ex- plique la rareté relative des raisins avalidouires dans les Vignes bien tenues. Il est probable, du reste, que des fleurs d’une structure pa- reille se retrouvent çà et là dans les diverses régions où la Vigne est cultivée. Peut-être même des noms locaux sont-ils consacrés à ces grappes de fleurs stériles. Mais 1l faudra l'œil du botaniste pour discerner nettement à quel genre d’anomalie s'appliquent ces dénominations. Établir sur des notions vagues une syno- nymie de ce genre serait s'exposer à d'inévitables confusions. Le fait saillant de la structure des avalidouires, c’est la dispo- sition étoilée des pétales libres, en contraste avec la corolle calyptriforme des fleurs normales. Par là, ces fleurs répondent aux caractères des Cissus et justifient, à certains égards, la fusion en un seul genre des types Ampelopsis, Cissus et V'iis. 2 Vignes ou raisins coulards, ou tout simplement coulards. La coulure habituelle de certains ceps, en dehors des con- ditions accidentelles d’une floraison contrariée, est un fait connu dans tous les pays à Vigne. Dans le Midi surtout, les Terrets, race très-ancienne de la région, présentent cà et là des pieds à demi étiolés, dont les grappes ne conservent après floraison que des grains plus ou moins clair-semés. Ces coulards, comme on les nomme, se dis- tinguent des avalidouires par des grappes florifères plutôt Tâches avortent tous et ce sont alors des avalidouires complets. Tantôt une partie des ovaires grossit et devient raisin : ce sont des avalidouires demi-fertiles. Dans le cas d’avorte- ment total des ovaires, la grappe entière se dessèche de bonne heure et disparait pres- que sans laisser de trace. 239 J. Æ. PLANCHION. que serrées, par la chute très-rapide de la plupart de leurs fleurs, par la demi-fertilité qu'ils peuvent reprendre en des années très-favorables à la floraison, mais surtout par les carac- tères de leurs pétales (1). Ces pétales, en effet, au lieu d’être libres et de s’étaler en étoile, sont plus ou moins réunis en capuchon, comme chez les fleurs normales. Mais ils diffèrent de ces derniers en ce sens que le plus souvent leur estivation est plus ou moins imbriquée au lieu d’être strictement valvaire; que leurs sommets, légère- ment ondulés au bord et très-fréquemment ornés d’un liséré rouge, laissent presque toujours apparaître entre eux l’extré- mité stigmatique du style. Il arrive même très-fréquemment que la corolle est fendue sur le côté, ou qu'un, deux ou trois des pétales sont libres, tandis que les autres restent adhérents vers le haut : dans ce cas, on a le passage du coulard à l'avah- douire. (1) Ci-joint la description plus détaillée de fleurs de Terrets coulards, tendant vers . le type avalidouire : Grappes à fleurs serrées (elles sont plus ou moins lâches chez des autres coulards), se faisant remarquer surtout par leur apparence ratatinée et par le liséré rouge des pétales. Pétales observés cunéiformes, à sommets élargis, ondulés, érodés, marqués d’un liséré rose ou rouge vif qui manque parfois, surtout quand les fleurs tendent à devenir normales ou avalidouires. Ces pétales, plus ou moins imbriqués, laissent de bonne heure apercevoir à travers une ouverture béante, entre leurs sommets, le pistil et les étamines. Celles-ci, à peine de la longueur des pétales, sont généralement stériles et rappellent celles des avali- douires. Chez quelques fleurs seulement, dont la corolle se rapproche de la structure nor- male en devenant capuchonnée, les étamines sont plus longues et les anthères plus franchement pollinifères. La corolle a parfois deux ou trois de ses pétales en tout semblables à ceux des avalidouires, c’est-à-dire se détachant du sommet, restant fixés par la base, réfléchis et longtemps persistants au-dessous de l'ovaire noué. Dans ce cas, lés pétales libres sont plus étroits, plus épais, sans liséré rayé, ou du moins avec un liséré incomplet; ils semblent prendre un léger accroissement sous le fruit. Vis-à-vis de ces pétales libres et verts, on voit les autres pétales, qui sont cohérents, en forme de demi-capuchon et . qui sont de bonne heure complétement desséchés. Pistils bien conformés, mais très-sujets à la coulure ; ceux qui terminent les ramus- cules (cymules partielles de la grappe [thyrse]) arrivent seuls à maturité, comme c'est, du reste, le cas pour la plupart des grappes normales, l SUR LES FLEURS ANOMALES DE LA VIGNE CULTIVÉE. 233 Rien de plus facile, du reste, que de prouver que la stérilité de ces fleurs tient à l'imperfection des étamimes et non à celles des pistils. La plupart des anthères, par leur turgidité anor- male, par la compacité de leur tissu, par leur maptitude à s’ouvrir spontanément, rappellent les anthères stériles des ava- lidouires. Chez les rares fleurs fertiles, les anthères s’appro- _chent, au contraire, plus ou moins de la structure normale, et la fécondation artificielle, que M. Marès et moi avons employée dans ce cas, a de beaucoup augmenté le nombre des grains fertiles. 8° Fleurs doubles avec chloranthie (transformation en feuilles imparfaites) des carpelles. C’est ici le cas le plus rare et le plus curieux au point de vue botanique. Nous ne l'avons vu jusqu'ici que chez des Clairetles (à Launac, à l’Aiguelongue, près de Montpellier). Les plantes qui présentent ces fleurs monstrueuses croissent dans des terres fortes, argilo-calcaires, à fond humide, qui donne à leurs or- ganes végétatifs une vigueur peu commune. Leur floraison est abondante et promet à première vue de beaux fruits. En réalité, ce sont les fleurs les plus stériles possibles; elles le sont à la fois par l’altération des étamines et par celle des pistils. On en jugera par la description de leurs caractères : Calice normal. Corolle normale ou à peu près, en tous cas jamais à pétales libres. Cinq étamimes extérieures opposées aux pétales, à filets flexueux dans le bouton, un peu plus courts qu’à l'ordinaire, à anthères en partie fertiles, mais ayant toujours un connectif plus épais, plus large et des loges moms bien déhiscentes qu’à l'état normal. Cinq étamines intérieures plus ou moins irrégulières et sté- riles représentant des staminodes et remplaçant presque tou- Jours les cinq glandes jaunes qui, chez la Vigne, s’observent à la base de l'ovaire. Ces cinq glandes ne disparaissent pas toujours complétement en se fondant avec le tissu du staminode. Bien souvent on trouve 231 J. E. PLANCHON. la trace manifeste d’une glande, soit sur le côté, soit sur la base externe de tel ou tel des staminodes. Les staminodes, plus ou moins inégaux, sont tantôt libres, tantôt en partie libres et en partie spndés d'autres fois, ils Fe ment un tube complet. Leurs filets, généralement élargis, se dilatent surtout vers leur sommet, formant parfois une sorte de disque concave ou de cuiller, dont le bord porte une ou deux loges pollinifères. Il arrive aussi que les staminodes prennent à divers degrés la nature carpellaire, portant au lieu d’anthère des papilles stig- matiques et parfois même à leur face interne des ovules ébau- chés. Dans le centre de la fleur, trois, quatre, cinq, six ou un plus grand nombre de petites feuilles rudimentaires, rapprochées en forme de bourgeons, constituent l'appareil carpellaire mo- difié. Ces feuilles carpellaires, souvent au nombre de trois à l’exté- rieur, sont tantôt confluentes à leur base, tantôt libres. La plu- part sont rétrécies vers le bas et lobulées au sommet. Leurs bords repliés portent souvent chacun un ovule. L'ovule est atrope ou anatrope, renversé, le micropyle regardant en bas. Il est facile de voir, vers le sommet de ces feuilles carpel- lares, le passage du tissu pollimifère au tissu papilleux et stig- matique. Parfois un côté de la pointe de la feuille est papilleux, l'autre côté se creuse en bourse comme pour former un rudi- ment de loge d'anthère. Les ovules procèdent évidemment de la feuille carpellaire elle-même et non d’un axe. La face interne de la feuille pré- sente parfois une protubérance cellulaire qui n’est, selon toute apparence, qu’une ébauche ou un rudiment d’ovule. Sans rien offrir d'absolument neuf au point de vue térato- logique, l’anomalie dont on vient de lire la description est néan- moins instructive à bien des égards. Essayons d'en interpréter les faits et d'en déduire les conclusions les plus saillantes. La nature des glandes hypogynes des fleurs de Vigne semble de ER is, SUR LES FLEURS ANOMALES DE LA VIGNE CULTIVÉE 299 se révéler par leur transformation en staminodes. On peut croire, conformément à la théorie de Dunal, que ces glandes remplacent un verticille interne de l’androcée. Mais ceci n’est vrai que dans l’ensemble. Si l’on y regarde de plus près, on verra que la glande ne disparaît pas entièrement par sa trans- formation en staminode. Elle persiste, au contraire, très-souvent à la base de cet organe. C’est que la glande n'est, à notre avis, que la base même, le piédestal de l'organe stamimodial; elle le représente tout entier chez les fleurs normales; elle en est l’ac- cessoire, parfois effacé, chez les fleurs doubles que nous étudions. Ces glandes nous paraissent être analogues à celles de la fleur des Crucifères, qui tantôt remplacent deux des étamines courtes (du verticille externe), tantôt accompagnent deux autres éta- mipes courtes (du même verticille extérieur) et leur servent en quelque sorte de coussinet basilaire. Un second fait très-important, c'est la nature mixte, mi-sta- minale, mi-carpellaire de quelques-unes des feuilles irrégulières qui forment bourgeon dans le centre de la fleur double. On trouve ici la confirmation des faits connus par des monstruosités de Salix, de Chamærops, de Sempervivum tectorum, de Tu- lipes, faits sur lesquels Robert Brown, Hugo Mobhl, Duchartre et bien d’autres ont attiré l’attention. La production directe des ovules par la surface interne de la feuille carpellaire modifiée est encore une confirmation des vues connues de Robert Brown, d'Adolphe Brongniart, etc., à l’en- contre des théories d’Aug. de Saint-Hilaire, de Schleiden et de Payer, qui voudraient voir les ovules dériver toujours de l’axe floral. Un dernier point reste à signaler : c’est le rapport que pré- sente, à quelques égards, l’androcée diplostémoné (ou plutôt à double rang d'étamines monstrueuses) de notre Clairette à fleurs doubles, avec l’androcée normal du genre Leea. L'urcéole, qui dans la fleur de ce dernier genre s’interpose entre les cinq étamimes fertiles et l'ovaire, est reproduit d'assez près par le tube que forment parfois les staminodes stériles de la Clairette. Un état anormal devient donc ainsi l'équivalent d’un état nor- 236 © J. E. PLANCHON. mal. Restent néanmoins entre les deux types des différences qu'il y aurait imprudence à méconnaitre. Nous ne voudrions pas même exagérer l'importance des ana- logies de structure 1c1 constatées entre les fleurs anomales de la Vigne et celles de Cissus et de Leea. Ce sont des faits curieux à noter; mais leur signification précise ne saurait être appréciée isolément. On a trop abusé récemment de la méthode commode de déterminer des genres, en disant que c’est tel autre genre, avec cela de plus ou cela de moins. Que la nature n'ait pas fait des genres dans le sens de nos étroites et imparfaites idées, c’est ce qu'il y aurait mauvaise grâce à méconnaitre; que bien de, nos coupes génériques ne soient que des cadres convention-: nels, c’est ce qu'il y aurait orgueil à nier, mais les incertitudes inévitables sur la notion théorique du genre, comme de l'espèce, doivent s’effacer devant la nécessité pratique de ces divisions. Laissons la voie ouverte à toute conception nouvelle sur la con- stitution, la permanence ou la transformation possible des types; mais conservons soigneusement, dans la botanique des- criptive, l'habitude de tracer des limites, alors même que la théorie nous apprend à voir des transitions. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 12. Explication des fiqures analytiques des fleurs anomales de Vigne (toutes plus ou moins grossies). Fig. 1. Fleur monstrueuse de Clairette, dont le calice et la corolle sont normalement conformés. Fig. 2. Fleur analogue à la précédente, après la chute de la corolle. On y voit cinq étamines presque normales, cinq monstrueuses, et au centre un pistil à trois car- pelles, sous forme de feuilles soudées à la base. Fig. 3. Staminode monstrueux portant en g le reste de la glande jaune qui d’ordi- naire existe à cette même place dans les fleurs normales. Fig. 4. Un autre staminode, dont le filet porte sur sa base externe une trace de la glande jaunâtre. SUR LES FLEURS ANOMALES DE LA VIGNE CULTIVÉE. 937 Fig. 5. Une anthère d'une des étamines presque normales : les loges y sont plus diva- riquées et le connectif plus large que chez l’anthère normale. Fig. 6. Une anthère de fleur normale. Fig. 7. Deux staminodes soudés ensemble. Une des anthères à deux loges et l’autre trois. Fig. 8. Autre staminode double, avec loges d’anthère irrégulières et à peu près vides. Fig. 9. Une feuille tenant le milieu entre le carpelle et le staminode : cette feuille occupe le rang des feuilles carpellaires, plus intérieurement que les staminodes ; mais ses deux cavités terminales limitées par un rebord lobulé semblent répondre à des rudiments d’anthère plutôt qu'à des loges capellaires. Fi Fig. 11. Une des trois feuilles carpellaires séparée et vue sur sa face interne ; de sa cavité entr’ouverte on voit poindre un rudiment d’ovule. gæ. 10. Trois feuilles carpellaires confluentes par la base. _ Fig. 12. Une des feuilles carpellaires précédentes, montrant des ovules marginaux, plus deux petits lobules également marginaux, qui semblent être des rudiments d’ovule ; plus, sur sa ligne médiane interne, un lobule saillant qui pourrait aussi être une ébauche d’ovule. Fig. 13. Un ovule anatrope extrait d’une feuille carpellaire monstrucuse, Fig. 14. Autre feuille carpellaire semblable à la précédente. Fig. 15. Un ovule atrope extrait de la précédente feuille carpellaire. Fig. 16. Tube formé par des staminodes soudés, dont le bord porte tantôt des rudi- ments d’anthère, tantôt ou plutôt çà et là des papilles stigmatiques. Des glandes jau- nâtres adnées au bas du tube en indiquent la nature staminodiale. Fig. 17. Tube analogue au précédent, mais plus manifestement carpellaire, à lobes marginaux plus ou moins stigmatiques. | Fig. 148. Tube analogue à bord irrégulièrement creusé en rudiment d’anthères et couvert par places de papilles stigmatiques. Fig. 19. Fleur de Terret avalidouire (Launac, juin 1865). Fig. 20. Anthère stérile de Terret avalidouire, vue par le dos. Fig. 21. Autre anthère vue de face. Les loges renflées ne s’ouvrent pas spontanément. Fig. 22. Pollen extrait artificiellement de la précédente anthère. Fig. 23. Le même pollen grossi. Il est flasque et ridé. Fig. 24. Un grain de pollen normal d’un blanc jaunûtre. OBSERVATIONS SUR DIVERSES PLANTES NOUVELLES OU PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, Par MM. Ad. BRONGNIART et A. GRIS (1). SUR QUELQUES CONIFÈRES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE (2). La famille des Conifères est une de celles qui donnent souvent un caractère particulier à la végétation d’un pays. Les forêts de Pins, de Sapins et d’autres Abiétinées des régions tempérées de . tout l’hémisphère boréal, en sont un exemple frappant. Dans l'hémisphère austral, ce groupe de végétaux se montre sous des formes différentes : les Araucaria, les Dammara, les Podocarpus et les Dacrydium, sont les principaux types qu'on y rencontre. Les quatre genres qué nous venons de citer sont représentés à la Nouvelle-Calédonie par un nombre assez restreint d'espèces qui ont cependant une grande importance dans sa végétation. Les Araucaria et les Dammara lui donnent sans doute son aspect le plus particulier ; mais les matériaux nous manquent pour bien distinguer les espèces. L'absence, dans le plus grand nombre des cas, de rameaux en état de floraison ou de fructification, la variation bien connue de la forme des feuilles sur les diverses branches d’un même imdividu, rendent aujourd’hui très-difficile de fixer avec quelque certitude les limites de ces espèces. Pendant longtemps nous avions également manqué des maté- (1) Suite, voy. tome III, p. 337. (2) Cette note a été lue à la Société botanique de France dans la séance du 9 no- vembre 1866. PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 239 riaux nécessaires pour une étude suffisante des Podocarpus et des Dacrydium ; nous les devons à M. Pancher qui nous a envoyé der- nièrement de petits rameaux en fleur et en fruit propres à com- pléter les échantillons stériles que nous possédions déjà. C’est ainsi que nous avons pu fixer d’une manière plus positive la déter- mination de nos plantes, éviter des erreurs auxquelles condui- raient aisément l'examen superticiel et le port souvent trompeur de ces espèces, et insister sur quelques points de structure des organes, autant du moins que pouvaient le permettre le petit nombre et l'état des échantillons. Nous avons reconnu et décrit trois espèces de Podocarpus : le Podocarpus Novæ Caledoniæ que M. Vieillard n’a fait qu’in- diquer dans sa note sur les Plantes utiles de la Nouvelle-Calé- donie (1) ; le Podocarpus alpina R. Br., dont une variété a été recueillie par M. Pancher sur le mont Dore à 700 mètres d’alti- tude ; enfin le Podocarpus usta, arbrisseau curieux ressemblant, selon M. Vieillard, à un Casuarina roussi au feu, et qu’il a signalé dans la note mentionnée plus haut sous le nom de Dacrydium ustum (2). Dans les deux premières espèces, le rameau florifère femelle est terminé par trois écailles soudées entre elles dans la plus grande partie de leur longueur, et dont l’une porte un ovule anatrope dressé. Dans le Podocarpus Novæ Caledoniæ, ces trois écailles deviennent charnues à l’époque de la maturité, comme cela arrive fréquemment chez les Podocarpus qui doivent leur nom générique à cette particularité de structure. Nous ignorons ce qui se passe dans nos variétés de P. alpina que nous possé- - dons seulement en fleur. Quant au P. usta, il ne présente point | cette sorte de réceptacle bractéal. L'écaille supérieure fertile des rameaux florifères ne devient pas charnue à la maturité. La graine offre également une organisation différente dans les deux espèces qui viennent d’être signalées. Dans le P. Novæ (4) « Podocarpus Novæ-Caledoniæ, port du P. spinulosus. Feuilles allongées, molles, obtuses ; son bois rouge comme celui du Cèdre est de très-bonne qualité», p. 29. (2) Loc. cit., p. 29, 210 AD. BRONGNIART ET A. GRIS. Caledoniæ, son tégument est sec, lisse, brillant et coriace ; dans le P. usta, ce tégument est essentiellement formé de deux couches : l’extérieure charnue, l’intérieure épaisse et crustacée, disposition qui rappelle la structure d’une drupe. Il nous semble que, dans une classification naturelle des Podocarpus, il faudra non-seulement tenir compte, comme Endlicher l’a fait, des rap- ports et des modifications de structure des écailles ovulifères, mais prendre aussi en considération la structure de [a graine qui, contrairement à la diagnose générique donnée par ce sa- vant (1), n’est pas toujours drupacée. Ainsi la graine présente un testa fibreux dans le P. dacrydioides À. Rich. Le genre Dacrydium est représenté dans nos collections de la Nouvelle-Calédonie par deux espèces : l’une ressemble à un Araucaria, et. croît sur le mont Dore à 700 mètres de hauteur; l’autre a l’aspect d’un T'axus, et habite les bois des mon- tagnes près de Balade (Vieillard) et le sommet du mont Cougui (Pancher). L'examen des fleurs femelles de ces deux espèces nous permet d'insister un instant sur quelques particularités de leur structure diversement interprétées par les botanistes. L. C. Richard, dans son ouvrage posthume sur les Conifères, a donné de très-élégantes figures analyüques du Dacrydium cupressinum (2), et, dans la description de la fleur femelle (3), il dit qu’elle est enveloppée d’un involucre à orifice d’abord con- tracté et clos, s’ouvrant ensuite peu à peu par le sommet, et finalement débordé par « le fruit qui prend un tel accroissement, que cet involucre ne forme plus à sa base qu'une courte cu- pule ». ( L'appareil que Richard considérait comme une partie acces- soire, et non comme une partie constituante de la fleur femelle, est interprété d’une manière absolument opposée par Endli- (1) «Semen inversum integumento exteriori carnoso..…… interiore vero osseo dru- paceum. » (Endlicher, Synopsis Coniferarum, p. 206.) (2) PE 2, fig. 2. (3) Page 17, PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 241 cher (1) : c’est pour lui le tégument extérieur de l’ovule et plus tard de la graine. Nos observations nous ont conduits à nous rallier à l'opinion de L. C. Richard, et à rejeter comme erronée l'opinion contra- dictoire d'Endlicher. Il suffit d'isoler soigneusement les parties constitutives de la fleur femelle avec des aiguilles à dissection, pour s'assurer que le prétendu tégument extérieur de l’ovule n’est autre chose qu'une partie accessoire étrangère à cet ovule, mais qui le recouvre et le protége dans sa jeunesse. On ne saurait s’y tromper dans le Dacrydium araucarioides, où cette partie accessoire, sorte de disque ou de faux arille, en- veloppe, comme d'un capuchon plus ou moins largement ou- vert en haut et en dedans un ovule orthotrope dressé oblique- ment et inséré vers la base de la bractée fertile. | Mais 1l n’en est pas de mème dans le Dacrydium taxoides. Xe: l’ovule orthotrope est inséré un peu au-dessus de la base de la bractée fertile, et son sommet est dirigé cbliquement en bas. Le faux arille, inséré en fer-à-cheval allongé sur la bractée fertile, est complétement réfléchi sur l’ovule, et se prolonge en une partie conique, qui donne si bien à l’ensemble l'aspect d’un ovule anatrope, que nous avions d’abord fait de la plante un Podocarpus. | Nous avons remarqué d’ailleurs que ce tégument accessoire, au lieu de grandir et de devenir de plus en plus charnu comme celui de l'If, ne prend aucun accroissement, et ne forme à la base même de la graine qu'une petite cupule sèche et mem braneuse échancrée d’un côté, et prolongée en un petit appen- dice conique. La graine est presque complétement dressée lors- qu'elle approche de la maturité, en sorte que le micropyle a décrit un arc de près de 90 degrés pendant les phases succes- sives de la transformation de l’ovule en graine. (4) Gemmula unica..……. integumento exteriore laxo...…. semen... .… integumente exteriore laxo, carnoso, ore lato hiante, nucleo multo breviore, disciformi. » (Endlicher, Syn. conif., p. 224.) 9° série, Bor. T. VI. (Cahier n° 4.) 4 16 19 = 19 AD. BRONGNIART ET A. GRIS. PODOCARPUS Herit. 1. Ponocarpus ALPINA R. Br. Var. G. arborescens. Arbor ramosa, ramis fastigiatis, foliis linearibus basi attenua- tis, decurrentibus, apice plerumque obtusis, adpressis, imbrica- ts, nervo medio notatis, margine revoluto incrassatis, subtus (in specimin. siccis) sæpissime rubescentibus. Amenla staminigera axilaria, pedunculata, basi (scilicet apice pedunculi) squamis parvis ovatis, acutis, dorso carinatis, brevi- ter involucrata, oblongo-cylindrica ; stamina sessilia, multi- fariam imbricata, antheris bilocularibus longitudinaliter dehis- centibus, Connectivo in squamulam triangularem, acutam eXpanso. Flores fæminei axillares, solitarn, breve peduneulati, bracteis 2-3 oblongis, paulo inæqualibus, coalitis, parte superiore libera ovatis acutis, una tantum fertill ovulum anatropum fovente. Semina...…. Habit. in Nova Caledonia, Mueller, 1862. Var. y. Cæspilosa. Frutex patens 1/2 metralis, trunco brevi brachiali erassitu- dine, ramis folisque ut in forma præcedente. Habitat in locis aridis, nudis, ferrugineis montis dicti mont Dore Pancher 1864-1866). Podocarpus cæspitosus Pancher mss, 9. Ponocarpus Novzæ CaALEDONIÆ Vieill. Arbusculus #-5-metralis, subpyramidalis, ramosus, ramis fastigiatis, foliis elongatis, angustis, lineari-lanceolatis, basi sensim angustatis, apice acutis (nec acuminatis ut in P. ensi- folia vel pungentibus), nervo medio infra supraque conspicuo percursis, margine revolutis glabris. Amenla staminigera geminatim in axilla foliorum approxi- mata, subsessilia, oblongo-cylindrica, squamulis imbricats | | | | | | | PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 25 basi involuerata ; stamina sessilia multifariam imbricata, anthe- ris bilocularibus connectivo in squamulam haud vel vix pro- ducto. Flores fæœminei, axillares, solitarii ; pedunculus erectus brac- teis duobus minimis membranaceis oppositis, lanceolatis, dein bracteis tribus carnosis inæqualibus coalitis, parte superiore liberis, apice obtusiuseulis superatus; bractea una laterali tan- tum fertih, ovulum anatropum erectum gerente; semen ellip- soideum (nec globosum ut in P. elata, ex Endlicher) ad basim hilo, micropyleque, lateraliter raphide notatum, nitidum, coria- ceum , albumine denso, farinoso, embryone centrali recto, oblongo, cotyledonibus brevibus, rotundis, applicatis. Podocarpus rivularis Pancher mss. Habitat in Nova Caledonia ad ripas rivorum Poita et Dombea dicto- rum (Vieillard, n° 1266; Pancher, 1865-1866) (1). 3. PODOCARPUS USTA. Frutex ramosissimus, foliis alternis remotiusculis, squamifor- mibus, acutis, basi lata decurrentibus, ramulis junioribus fasti- glatis folisque imbricatis rufis arbusculum ustum simulan- tibus. Amenta staminigera axillaria, solitaria, oblongo-cylindrica, basi pedunculata, pedunculo bracteis imbricatis onusto ; sta- mina plurima imbricata, sessilia, antheris bilocularibus, loculis rima longitudinali dehiscentibus, connectivo superne in appen- dicem triangularem expanso. Ramuli ovuliferi versus apicem folholis seu bracteis 4-5 paulo longioribus onusti, bractea superiore ovulum erectum anatro- pum fovente ; semen globosum bractea propria membranacea stipatum, drupaceum, strato exteriore carnoso, interiore externe rugoso, crasso, crustaceo; albumine carnoso nec farinaceo ; embryone non viso. (1) Nous ne connaissons que par de brèves descriptions les P. elata et P. ensifolia de la Nouvelle-Hollande qui ne sont point sans affinité avec le P. Novæ Caledoniæ, Nous | laisserons provisoirement à cette espèce le nom que M. Vicillard lui a donné. AU AD. BRONGNIART ET A. GRIS. Dacrydium ustum Vieill. Habitat in sylvis montium prope Diaue et Poila (Vieillard, n° 1267). Species Podocarpo Dacrydividi affinis differt seminum ramulorum et foliorum forma magnitudineque, colore rufo. Indigenæ sacrum habent illum arbusculum cui miros præbent vires. DACRYDIUM Soland. 1. DACRYDIUM ARAUCARIOIDES. Arbor 8-10-metralis, fastigio umbellato, plano, trunco cylim- drico, ramoso (ex clar. Pancher), ramis erectis, fastigiatis, cylin- dricis ; folis brevibus squamiformibus, erectis, plurifariam imbricatis, coriaceis, arcuatis, intus concavis Ccarimatis, dorso convexis, apice reflexo triangulari obtusiuseulis, basi lata rhom- boidea insertis, lucidis. Flores dioici. Amenta mascula terminalia, oblongo-cylindrica ; stamina sessilia plurifariam imbricata ; antheris bilocularibus, longitu- dinaliter dehiscentibus, connectivo crasso superne in appendi- cem squamiformem, ovato-lanceolatam, curvatam, concavam, apice acutam expanso. Ramuli ovuliferi gemmas ovoideas terminales simulantes, squamis laxe imbricatis, foliis paulo longioribus ; squamæ infe- riores steriles oblongæ, subspathulatæ, apice triangulari obtu- siusculæ, intus paulo concavæ et medio longitudinaliter subeari-- natæ, dorso vix convexæ, basi incrassata gibbosæ, glabræ, corlaceæ, niüdæ.Squamæ superiores (id est interiores) ovuliferæ 1-5 (in gemnus observatis) oblongæ, dorso convexæ, intus con- cavæ, apice inflexæ, basi paulo dilatata incrassatæ, ovulum or- thotropum oblique erectum, squamula arilliformi cueullata, carnosa, margire undulata vel lobulata, apice et intus plus minus aperta fere totum involutum foventes. Gemma seminifera (ex uno specimine) obovata, squamis applicatis, arcte imbricatis, purpurascentibus ; semina 2 paulo prominentia, Ovoidea, facie una plana altera convexa, apice PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 219 micropyle paululum produeta superata, basi cupula brevi intus fissa, exsiccata, fusca cincta, squama axillante incurva stipata et eamdem paulo superantia; testa Coriacea nitida, tegmine membranaceo, albumine carnoso ; embryone centrali cotyledo- nibus brevibus applicatis, radicula incrassata basi attenuata. Habitat in locis aridis nudis, ferrugineis montis dicti mont Dore (Pan- cher, 1865-1856) et in montibus prope Kanala (Viaillard, n° 1277). 9, DACRYDIUM TAXOIDES. Arbusculus conieus, trimetralis, ramis subverticillatis (ex clar. Pancher) novellis ramulis purpurascentibus ; foliis alternis, oblongis, versus apicem basimque attenuatis, subfalcatis, nervo medio principal infra supraque notalis, DES rigidis, glabris, nitidis, junioribus angustioribus purpureis. Amenta staminigera sohitaria, vel 3-5 in racemum composi- tum approximata, axillaria vel terminalia, subsessilia vel ramu- los breves bracteis minimis, imbricatis, ovatis lanceolatisque onustos superantia ; stamina sessilia, plurifariam imbricata, an- theris bilocularibus connectivo superne in appendicem squami- formem triangularem expanso. Ramuli ovuliferi terminales, incurvato-reflexi, parte inferiore sat graciles, bracteis imbricatis ovatis acutis decurrentibus sti- pati parte superiore bracteis majoribus lanceolatis subulatis, ad maturitatis tempus basi decurrente crassescentibus subearno - sis onusti; bractea ultima sola ovulifera. Ovulum orthotro- pum inversum, micropyle oblique inferiori paulo supra basim liberam obliquamque bracteæ imsertum, squamula carnosa cucullata superne 1n cacumen conicum expansa, integumen- tum ovuli anatropi simulante, involutum. Semen propter ovuli evolutionem tandem suberectum, ovoideum, compressum, la- teraliter paulo carinatum, inferne inflatum, versus apicem sensim attenuatum, siccum, nitidum, cupula minima, exsic- cata, semi-Cireulari, in appendicem conicum brevem expansa basi tantum breviter involucratum, in latere superiore libero basis bracteæ incrassatæ paulo concavo et expanso affixum. 26 A. BRONGNIART ET A. GRIS. Hab. in sylvis montium prope Balade (Vieillard, n° 1259). Deplanche (n° 1860); ad ripas parvi paludis in acumine montis Cougui dicti (Pan- cher, 1866). SUR LES SYMPLOCOS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE E- Les Symplocos sont, comme on sait, des arbres ou des arbris- seaux qui croissent dans l’Asie méridionale et dans les régions chaudes des deux Amériques. Ils paraissent très-rares à la Nou- velle-Hollande, où M. Müller n’en signale qu’une seule espèce, et aux îles Viti, car on n’en voit également qu'une seule espèce indienne indiquée dansle catalogue de M. Seemann. Ces végé - taux prennent, au contraire, une grande place dans la flore de la Nouvelle-Calédonie, où M. Vieillard a pu en récolter déjà dix espèces. La plupart d’entre elles ont été publiées par ce savant etzélé collecteur dans le dixième volume du Bulletin de la Société linnéenne de Normandie sous le nom de Chasseloupia, genre nouveau que l’auteur a placé à la suite des Barringtonia ; mais l'aspect de ces plantes, l'analyse de leurs fleurs, et surtout celle dé leurs fruits et de leurs graines, ne laissent aucun doute sur leur véritable détermination. Ce fruit est drupacé à noyau très-dur, à une ou deux loges, chaque loge contenant une graine suspendue. Cette graine ren- ferme sous un mince tégument un albumen charnu abondant, au centre duquel se trouve un embryon grêle à tigelle très-longue et à cotylédons courts et obtus. De Candolle et Endlicher disent que l'embryon est droit dans les Symplocos, et nous l'avons trouvé tel dans quelques espèces indiennes. Il est un peu arqué ou recourbé à son extrémité cotylédonaire dans nos espèces néo- calédoniennes qui doivent du reste appartenir à la section Hopea du Prodrome. 1. SYMPLOCOS STRAVADIOIDES. Folia elongata, lanceolata, subsessilia. margine undulata cre- (1) Cette note a été lue à la Société botanique de France dans sa séance du 9 no- vembre 4866. PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 247 nulataque, supra lucida, glabra, infra secundum nervos (in juventute) pilis ferrugineis brevibus induta, confertim approxi- mata; Inflorescentia ad apicem ramorum congesta, ex axilla foliorum evadens : scilicet spicæ plures plerumque basi ramosæ, fasciculatæ, erectæ, in juventute ferrugineo-pubescentes, foli tertiam partem circiter æquantes ; flores bracteis 8 (anteriore majore, lateralibus æqualibus) ovato-lanceolatis, extus pubes- centibus, margine ciliatis stipati ; inflorescentiæ rami post anthe- sim accrescentes, elongatissimi et virgati fructuum maturatis tempore subglabratique ; fructus ellipsoider glabri. Chasseloupia neo-caledonica Vieïll., loc. cüt. Frutex bab. in Novæ Caledoniæ montibus prope Balade (Vieillard, n° 541). 2. SYMPLOCOS LENORMANDIANA. Folia elongata, oblonga, e tertia parte superiore usque ad basim angustatam longe cuncata, cæterum apice attenuata acutaque, margime remote et obscure sinuato-dentata, glabra, ut videtur in speciminibus nostris sparsa, sessilia, penninervia ; spicæ fructiferæ (flores desunt) simplices vel parce ramosæ, erectæ adscendentesque, in axilla foliorum delapsorum 2-3 fasci- culatæ, fructibus glabris ellipsoideis. Habitat ia Nova Caledonia prope Wagap (Vieillard). Species foliorum forma situque, fructibus minoribus et inflorescentiis sparsis distincta. 3. SYMPLOCOS CÆRULESCENS. Folia elliptico-lanceolata, e medio usque ad basim subcorda- tam cuneata, margine grosse dentata, remote penninervia, glabra, subverticillatim approximata, brevissime petiolata ; in- florescentia ad apicem ramorum congesta, ex axilla foliorum evadens : scilicet spicæ basi sæpe ramosæ plures, erectæ, rachi albo-pubescente ; flores sessiles bracteis tribus lanceolatis (ante- riore majore) ciliatis suffulti ; inflorescentiæ rami post anthesim accrescentes puberuli; fructus ellipsoidei, glabri. 216 AD. MRONGNIART ET 4. GRIS, Chasseloupia cœrulescens Vieill., loc. cat. Arbuscula 4-5 met. alta, ramosissima; hab. in sylvis hemnilioribus Novæ Caledoniæ prope Wagap et Balade (Vieillard, Thiébault). Species a Sympl. stravad. differt, folüis minoribus et forma diversis, inflorescentiæ maturitatis tempore ramis minus elongatis nec virgatis. {. SYMPLOCOS ARBOREA. Folia plerumque elliptica, interdum rotundata, apice sæpius obtusa, margine crenulata vel sinuolata, longe petiolata, glabra, remote penninervia, nervis infra supraque Conspieuls, supra pitida, infra pallidiora coriacea; spicæ numerosæ, simphices vel ramosæ, axillares supra-axillaresque, adscendentes, horizontales veletiam pendentes, petiolis plerumque duplo longiores, tomento brevi ferrugineo mdutæ, floribus sparsis paulo remotis, bracteis 2-3 ovalis, exterius breviter ferrugineo-tomentosis ; fructibus immaturis oblongis, subglabratis. Chasseloupia arborea Vieill., loc. cit. Arbor. Hab. in sylvis montium prope Balade (Vieillard, n° 545) in val- libus prope Wagap (Vieillard,. | 9. SYMPLOCOS VIEILLARDI. Folia elliptica, petiolata, subimtegra vel sæpe obscure cre- nata, undulata, glabra, nervis remote pinnatis secundariisque infra supraque conspicuis ; spicæ axillares vel extra-axillares, simplices vel ramosæ, erectæ vel patentes et etiam pendentes, ramis sæpe divaricatis, rachi ferrugineo-velutina ; flores sessi- les, sparsi, sat remoti, bracteis tribus ovatis acutis ferrugineo- velutinis sicut involucrati. Arbor. Hab. in sylvis Novæ Caledoniæ prope Poila {Vieillard, n° 542). Hæc planta cum Chasseloupia cærulescente a CI. Vieillard sub n° 542 falso, ut videtur, indicata haud congruere videtur. 6. SYMPLOCOS ROTUNDIFOLIA. Folia obovato-rotundata vel rotundata basi in petiolum brevi- ter attenuata, integra, nervis pinnatis, secundaris reticulatis L PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 249 infra sat conspicuis, glabra; racemi axillares vel extra-axillares, erecli vel horizontaliter plus minusve patentes, petiolo longiores, fructibus subsessilibus (flores desunt) oblongis glabris. Frutex habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Diaue (Vieillard, n° 549). 7. SYMPLOCOS BAPTICA (|). Folia elliptico-lanceolata, apice paulo obtusa, im petiolum elongatum gracilemque desinentia, integra, glabra, nervis pin- natis sat remotis supra Conspieuis, infra secundartsque ele- ganter reticulatis prominulis; flores breve pedunculati, bracteis ovatis duabus suffulti, pedunculis bracteisque pubescentibus, in racemos erectos, petiolum superantes, simplices axillaresque dispositi. Fructus steriles drupacer, oblongo-ellipsoideï, glabri. Chasseloupia tinctoria Vieill., loc. cèt, Non Symplocos tinctoria Lher. Arbor. Hab. in Novæ Caledoniæ ES montium prope Balade (Vieill., nis 546, 547, 548). « Folüis contritis et cum radice Morindæ tinctoriæ mixtis, coctione Indigeni rubrum colorem parant » (ex Vieill.). Var. £. Foliis 4 longe angustatis et ita subsessilibus, elliptico-lan- ceolatis, lanceolatis vel spathulatis ; racemis bottes (Hores desunt) folio cireiter duplo brevioribus. Arbor. Hab. in sylvis montium prope Balade (Vieillard, n° 546). 8. SYMPLOCOS NITIDA. Folia obovata, petiolata, glabra, lucida, remote penninervia, crassa, Integra, margine revoluta; spicæ axillares simplices, folio dimidio breviores (an semper?}, rachi pubescente, bracteis ovatis dorso pubescentibus, margine ciliatis. Frutex hab. in montibus Novæ Caledoniæ prope Diaue (Vieillard, n° 550). (1) De farruwess, propre à la teinture. 250 AD. ERONGNIART ET A. GRIS. Differt à C'hasseloupia lucida Vieill. foliis obovatis nec ovalibus et magni- tudine foliorum vix 6 c. æquantium (nec 12-15 c.) in specimine nostro sat ingrato. 9. SYMPLOCOS MONTANA. Folia in eodem ramo forma magnitudineque sæpe diversa, elliptica, lanceolata rotundatave, apice sæpius chtusiuscula, basi in petiolum attenuata, sub-integra vel margine obscure remote- que erenata, glabra, remote penninervia; spicæ breves, petio- lum æquantes vel paulo superantes, axillares, erectæ, plurifloræ. Flores tribracteati, bracteis ovatis, obtusiuseulis, ciliatis. Chasseloupia montana et C. microphylla Vieïll,, log. cat. Frutex ramosus. Hab. in Novæ Caledoniæ montibus prope Balade Diane, Wagap (Vieill., nis 551, 551 bes, 552). 10. SyYMPLOCOS GRACILIS. Folia opposita, ovato-lanceolata vel lanceolata, apice obtu- siuscula, subsessilia, basi subcordata, membranacea, læte viren- ta, integra, glabra, remote penninervia; racemi simphces vel parce ramosi, versus apicem ramorum axillares, graciles, foha subæquantes, floribus remotis breve pedunculatis, bracteis lan - ceolatis minimis. Frutex hab. in Novæ Caledoniæ sylvis montium prope Balade (Vieil- lard, n° 544). | NOTE SUR DEUX GENRES NOUVEAUX DE LA FAMILLE DES RUBIACÉES Ci} En rangeant les plantes de la famille des Rubiacées qui font partie des herbiers de la Nouvelle-Calédonie, famille qui, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer, occupe le premier rang, quant au nombre des espèces, dans cette flore, J'avais été frappé de l'affinité apparente de plusieurs espèces remarquables par leur grande corolle à tube plissé, à divisions triangulaires, réunies en préfloraison valvaire. Ces plantes se rapprochaient évidemment (4) Cette note est de M. Ad. Brongniart. Elle a été lue à la Société botanique de France dans sa séance du 8 novembre 1865. PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 251 du Portlandia, et une d'elles avait été considérée par M. Pancher comme le Portlandia tetrandra de Forster, ou Biklia austra- hs DC. à En étudiant avec plus d’attention cette espèce, je reconnus que, malgré une grande ressemblance extérieure avec le Bikkia australis, non-seulement elle n’était pas identique avec la plante de Forster, mais qu'elle devait constituer un genre distinct, différent par sa placentation et par le mode de déhiscence de son fruit. Le Bikkia australis DC., et quelques autres plantes qui ren- trent complétement dans le même type générique ont, comme toutes les Rubiacées de ce groupe, un ovaire à deux loges, mais dans ce genre les placentas naissant du milieu de fa cloison, sont divisés plus ou moins profondément en deux lobes latéraux qui portent des ovules nombreux sur toute leur surface. La partie indivise du placenta est souvent très -saillante et partage la loge presque complétement en deux logessecondaires, dans lesquelles les deux divisions réfléchies du placenta portent des ovules très- nombreux, tant sur leur face externe, correspondant au péri- carpe, que sur leur face interne, dirigée vers la lame placentaire médiane. C'est cette disposition qui a fait attribuer au genre Bikkia, par quelques auteurs, un fruit à quatre loges. Ce fruit, à sa maturité, se dépouille de son calice adhérent, dont les nervures isolées forment comme un involucre naissant de la base de la capsule. Le péricarpe, sec, élastique, se partage en deux valves par une déhiscence septicide, et ces valves se sé- parent des placentas qui restent comme une colonne hibre au centre du fruit. Les valves correspondant à chaque carpelle sont elles-mêmes profondément bipartites et se contournent à l'inté- rieur. | Tels sont les caractères carpologiques du genre Bikkia. La plante de la Nouvelle: Calédonie confondue avec le Bikkia austra- lis DC. nous paraît offrir des caractères assez différents pour en former un genre particulier sous le nom de Bikkiopsis. Toute son organisation, à l'exception de celle de l'ovaire et du fruit, est celle du Bikkia ; mais elle en diffère : 1° par son mode de pla- 252 AD, BRONGNIART ET A. GRIS. centation : les placentas, très-prolongés, divisés dès la base en deux lames qui s'étendent jusqu'à la paroi de l'ovaire, s’écartent et s’appliquent contre cette paroi, et ne portent d’ovules que sur la face dirigée vers l'intérieur de la cavité ainsi subdivisée de chaque loge ; ?° par le mode de déhiscence du fruit : la capsule offre, en effet, non-seulement une déhiscence septicide, mais chacune des lames du placenta, faisant suite à une moitié de la cloison dédoublée, s'étale, porte les graines sur son bord libre, et chaque valve, avec sa cloison et ses placentas ainsi déroulés et étalés, portant les graines sur son bord, semblerait offrir une placentation pariétale et marginale. Ce mode de déhiscence, Joint à la forme particulière des pla- centas, distingue ainsi le Bikkiopsis du Bikkia. Les vrais Bikkia n'ont pas jusqu'à présent été observés à la Nouvelle-Calédonie ; mais plusieurs espèces ont été recueillies dans les autres îles de la Polynésie et à la Nouvelle-Guinée, et je reviendrai plus tard, d’une manière plus spéciale, sur ce genre et sur les espèces qu'il renferme. Le Bikkiopsis ne comprend qu'une seule espèce, propre jus- qu’à ce jour à la Nouvelle-Calédonie. Mais, à côté de ces plantes, il existe dans la flore de cette île un groupe comprenant plusieurs espèces que la forme de la corolle et son aspect général m'avaient fait rapprocher des Bikkia, et qui cependant en diffère par des caractères assez importants. Ces plantes ont, comme celles des deux genres pré- cédents, le calice à divisions repliées et ancipitées, urie corolle à tube plissé à quatre ou cinq divisions en préfloraison valvaire, les étamines insérées de mème vers la base du tube de la corolle; enfin le fruit se dépouille de l'enveloppe formée par le calice, et offre le même mode de déhiscence que celui des Bikkia ; 1] pré- sente comme lui une colonne placentaire libre formée par les placentas des deux loges réunis entre eux et séparés du pé- riCarpe. Mais ces placentas, beaucoup moins saillants que dans les Bikkia, ne portent qu'un nombre défini d’ovules, douze à vingt environ, disposés en deux séries latérales au nombre de six à dix, PLANTES PEU CONNUES DE LEA NOUVELLE-CALÉDONIE. 298 sur chacun des côtés de ces placentas; ces ovules sont ascen- dants, appliqués contre la surface du placenta et non étalés hori- zontalement comme dans les Bikhia. Ces caractères de la placentation distinguent parfaitement ces plantes des Bikkia, Bikkiopsis et Portlandia, et permettent de les réunir en un genre particulier que je suis heureux de pou- voir consacrer à mon ami et collaborateur M. Arthur Gris, dont le nom restera ainsi attaché à la flore de la Nouvelle-Calédonie, qu'il a contribué, par ses études, à faire bien connaître. Les Grisia constituent un genre comprenant déjà six espèces bien distinctes, tontes propres à la Nouvelle-Calédonie : je n'ai trouvé jusqu’à présent aucuné plante qui puisse lui être rappor- tée dans nos herbiers de la Polynésie ou de la Malaisie. Ces espèces, fort analogues par leur port, varient beaucoup pour la forme de leur corolle, tantôt large et en forme de cloche, tantôt étroite, tubuleuse et tronquée ; ce sont des arbustes tres-élé- gants, à fleurs souvent grandes et campanulées, tantôt rouges ou orangées, tantôt blanchâtres et probablement jaunes dans queiques espèces, pour lesquelles nous n'avons pas d'indications prises sur le vivant. Une dernière Rubiacée, que je désire faire connaître à l’occa- sion des plantes de ce groupe, s'en éloigne davantage à beau- coup d'égards; elle s’en rapproche cependant par la structure de son fruit, dont le parenchyme calicinal se détruit à la matu- rité, en laissant, d’une manière plus ou moins distincte, les ner- vures libres séparées du péricarpe sec et déhiscent; mais, dans cette plante, la corolle, très-longuement tubuleuse, offre un hmbe à cinq divisions lancéolées et disposées en préfloraison contournée ; elle diffère complétement par ce caractère des Port landia, Bikkia, Bikkiopsis et Grisia, dont la corolle plissée, à divisions du limbe triangulaires et à préfloraison valvaire, forme un des signes distinctifs les plus apparents. La plante de la Nou- velle-Calédonie rentre, au contraire, complétement, par son organisation florale, dans un genre américain, le Lindenia de Bentham, qui diffère à peine du Schreibersia de Pohl par le limbe cylindrique et grèle de la corolle. Je ne chercherai pas à exami- 251 AD. BRONGNIART ET A, GRIS. ner ici si ces deux genres doivent rester séparés, mais la plante néo-calédonienne offrant une similitude plus complète avec les Lindenia de la Nouvelle-Grenade qu'avec les Schreibersia, c’est dans le premier de ces genres que je crois devoir la placer. C'est un nouvel exemple d'identité générique entre des plantes de l'Amérique tropicale et des plantes de la flore qui nous occupe : exemples assez rares dans les genres peu nombreux en espèces. BIKKIOPSIS Ad. Br. Calyæ tubo ovario adhærente, limbo basi gamophyllo, 4-lo- bato, loborum margimibus induplicatis et versus apicem tantum coalitis. Corolla imfundibuliformis, 4-lobata, lobis in præflora- tione valvatis. Séamina Li ; filamentis elongatis corollæ basi inser- . tis et in annulum brevem parte inferiore coalitis ; antheris logis, linearibus, basifixis, subexsertis. Ovarium biloculare, placentis in utroque loculo usque ad parietem externum exten- sis, bipartitis, apice reflexis et Incrassatis, parte incrassata externe :nuda interne tantum ovula innumera, multiseriata, anatropa, horizontalia gerente. Stylus elongatus, basi inflatus, inde compressus, sulcatus, apice incrassatus et rima transversali bilobatus. Fructus capsularis, tub1 calyeint parenchymate eva- nescente denudatus, nervis persistentibus tantum involucratus, bivalvis, valvis apice bifidis, septo bipartito placentisque explica- tis, margine placentiferis. Frutex floribus axillaribus, solitariis. 4. Bixkiopsis PANCHERI. Folia apice ramorum approximata, elliptico-obovata, integra in petiolum sat brevem attenuata, penninervia, nervis remotis, infra supraque conspicuis, glabra, supra nitida, stipulis interpe- Liolaribus basi dilatatis, apice bipartitis, subulatis. Flores in axilla foliorum solitarii, breve peduneulati, adscendentes ; lobi calycini triangulares, acuti, marginibus involutis et apice tantum coali- ts; corolla infundibuliformis, tubo tetragono, elongato, extus glabro, intus pilis brevibus hirsuto, lobis 4 rotundatis, breviter apiculaus, glabris. Fructus adscendens, ante dehiscentiam calyce PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 255 persistente vestitus, cylindricus, bas sensim attenuatus, limbo calycino coronatus, primo adspectu spurie 4-locularis, post dehiscentiam calycis parenchymate destructo destitutus, nervis filamentosis hberis tantum imvolucratus. Frutex metralis, effusus, floribus albis (ex cl. Pancher). — Habitat in insula Pinorum ad littora maris (Pancher, 1860); et in insula Z?fu una ex insulis Zoyalty dictis (Thiébault, 1865). GRISIA Ad. Br. (1). Calyæ tubo ovario adhærente, limbo basi gamophyllo, 5-4-lo- bato, lobis plerumque intus margine coalitis ensiformibus. Co- rolla tubo plus minusve ampliato, infundibuliformi, campanulato vel eylindrico, penta- vel tetragono, 5-4-lobata, lobis brevibus, præfloratione valvatis. Sfamina 5-1, filamentis elongatis, corollæ basi insertis et in annulum brevem parte inferiore coalitis ; an- theris longis, subexsertis, linearibus, basifixis. Ovarium bilocu- lare, placentis oblongis, septi medio affixis, plus mimusve in scutellum dilatatis, margine ovula plura, anatropa, adscenden- tia, biseriata gerentibus. Stylus elongatus, basi inflatus, inde compressus sulcatusque, versus apicem sensim incrassatus et (4) M. Seemann a publié, dans sa Flore des îles Viti, un nouveau genre de Rubia- cées dont les caractères paraissent convenir au genre Grisia; mais la livraison qui contient la description très-abrégée de l’unique espèce de ce genre (Tatea Portlan- dioides) porte la date de 1866, et le travail de M. Brongniart sur les Rubiacées néo- calédoniennes dans lequel il a donné la description des genres Bikkiopsis et Grisia, ainsi que de leurs espèces constituantes a été présenté à la Société botanique de France dans sa séance du 8 novembre 1865. M, Seemann a publié cette espèce sous le numéro 890 de la collection Vieillard; mais il y a sans doute là quelque erreur, car la plante, envoyée sous ce numéro par ce savant collecteur, appartient à la famille des Ébénacées. D'autre part, M. Vieillard a décrit en 1865, dans le neuvième volume du Bulletin de la Société linnéenne de Normandie, sous le nom de Morierina montana,-une espèce de Rubiacée qui paraît voisine des Grisia. Il était assez difficile de reconnaitre ces affini- tés dans la description de M. Vieillard parce que les caractères de l'ovaire et du fruit n’y sont pas complétement exposés. La plante qui nous a été récemment envoyée par M. Lenormand, parait s’écarter quelque peu de nos espèces de Grisia par la brièveté de ses lobes calycinaux réduits à de petites dents, par la longueur de ses lobes corollins linéaires-lancéolés, par la struc- ture du fruit (peut-être incomplétement mür) qui ne parait pas cnveloppé d’une cupule vasculaire résultant de l'isolement des nervures calycinales. 256 AD, BRONGNIART ET A. GRIS. rima transversali bilobatus. Fructus capsularis, tubi calycini parenchymate denudatus, nervis persistentibus tantum involu- cratus, bivalvis, valvis bifidis, placentis septo evanescente co- lumnam centralem persistentem, liberam efformantibus. Frutex vel arbor media. Flores solitarii vel in cymastrifloras congesti, magni, Speciosi. Flores pentameri. 1, GRISIA MACROPHYLLA. Folia ampla, oblongo-spathulata, basi sensim in petiolum longum attenuata, apice obtusa vel emarginata, penninervia nervis remotis sat Conspicuis, nervo medio infra Crasso percursa, coriacea, glabra, margine revoluta :; stipulis interpeti *aribus latis, subtriangularibus. Flores in cymas trifloras (ut videtur e specimine unico parum completo) supra-axillares dispositi, pe- dunculis binis vel ternis (?) basi coalitis, ex utraque axilla nas- centibus, complanatis, elongatis, patentibus, pedicellis tribus plus minusve arcuatis, floriferis. Tubus calyemus mfundibuli- formis, lobis inæqualibus 5, margine coalitis et ensatis, arcua- tis, apice acutis. Corolla tubo ampliato, campanulato, extus glabro, intus prope basim annulatim pubescente, lobis triangu- laribus, brevibus, basi latis, apice subacutis. Frutex. Hab. in Nova Caledonia prope Port-de-France (Baudouin, 1865). 9. GRISIA FRITILLARIOIDES. Folia obovato-lanceolata, apice obtuse subacuminata, basi sensim in petiolum attenuata, nervis pinnatis remotis, nervo medio infra prominente, glabro, margime revoluta; stipulis truncatis medio vix mucronatis. Flores rubri, in cymas trifloras supra-axillares ad apicem ramorum congesti, penduh, Fritilla- riæ faciem simulantes. Tubus calycinus infundibuliformis pen- tagonus, lobis inæqualibus, marginibus coalitis et ensatis, apice subacutis. Corolla tubo infundibuliformi, 5-costato, extus gla- bro, intus tertia parte inferiore pubescens,. PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 297 Frutex. Hab. in Nova Caledonia, ad ripas rivi Dombea dicti, circa Port- de-France (Baudouin, 1865). 3. GRISIA CAMPANULATA. Folia spathulata, basi in petiolum brevem attenuata, apice rotundato integra vel emarginata, coriacea, margine revoluta, glabra, supra nitida, infra pallidiora, nervis inconspieuis ; sti- pulis interpetiolaribus, latis, brevibus, margine ciliolatis, apice abrupte mucronatis. Flores aurantiaco-rubr1, solitarn, axillares, adscendentes, pedunculati. Tubus calyeinus infundibuliformis, pentagonus, glaber, lobis 5 margine coalitis ensatis, falcatis, apice acutis ciliolatis. Corolla subcampanulata, parte inferiore contracta, lobis 5 brevibus, triangularibus, acutis, externe je bra, intus tertia parte mferiore anne Frutex. Hab. in Novæ Caledoniæ montibus prope Unia (Vieillard, n° 850; Pancher, 1862; Deplanche, n° 259). lL. GRISIA NERIFOLIA. Folia lanceolata, apice paulo obtusa, basi sensim in petiolum elongatum attenuata, penninervia, nervis remotis, tenuibus, medio infra prominente, glabra, margine revoluta, nitida ; sti- pulis interpetiolaribus truncatis, vix mucronulatis, annulum integrum efformantibus. Tubus calyeinus infundibuliformis , pluristriatus. Corolla tubo infundibuliformi amplo, externe gla- bro, intus prope basim annulatim villoso, lobis 5 triangularibus apice obtusis. (Descript. e specimine unico imperfecto a cl. Muellero misso.) Habitat in Nova Caledonia. ++ Flores tetrameri. 9, GRISIA TUBIFLORA. | Folia obovato-lanceolata, basi sensim angustata in petiolumi desinentia, apice obtusa, penninervia, nervis remotis vix con- | Spicuis, | glabra, margine revoluta, stipulis interpetiolaribus bre- | vibus, MAN. mucronulatis, margiñe cihiolulaüs. Flores 5 série. Bor, T. VI. (Cahier n° 5.) 1 17 | | | 258 AD, BRONGNIART ET A. GRIS. albidi, in cymas trifloras paulo supra axillares ad apicem ramo- rum dispositi, pedunculo communi complanato bracteis duabus lineari-spathulatis apice prædito, pedicello medio nudo, latera- libus bibracteolatis, bracteolis oppositis linearibus. Tubus calyci- nus campanulatus, {-costatus, lobis basi dilatatis, dein margine coalitis et longe lineari-ensatis, basi ciliolatis. Corolla tubo elon- gaio, plus minusve arcuato, basi ad apicem sensim ampliato, l-costato, lobis triangularibus acutis apice aliquoties mucronatis et 3-dentatis, externe glabra, intus prope basim annulatim pu- bescens. | Habitat in Novæ Caledoniæ sylvis humidis et rivorum ripis (Pancher, 1862; Deplanche, n° 526). 6. GRISIA RETUSIFLORA. Foliàa oblongo-lanceolata, basi sensim in petiolum angustata et apice paulo obtusa, penninervia, nervis remotis parum conspi- euis et nervo medio infra prominente, glabra, margine revoluta, stipulis interpetiolaribus late triangularibus annulum integrum eformantibus glabris. Flores in eymas trifloras paulo supra- axillares dispositi, pedunculo communi sat brevi, complanato, bracteis duabus subulatis arcuatis onusto, pedicellis bracteola- ts. Tubus calycinus campanulatus /-costatus glaber, lobis 4, basi dilatatis dein subulatis, marginibus mduplicatis versus api- cem tantum coalitis, brevibus, arcuatis, acutis, ciliolatis. Corolla tubo elongato, basi ad apicem sensim parumque ampliato, h-costato, limbi subtruncati lobis 4, subnullis, medio paulo in- flexis et brevissime mucronulatis ita ut retusa videatur, extus glabra, intus prope basim annulatim pubescens. Arbor media. Hab. in Novæ Caledoniæ montibus prope Kanala (Vieil- lard, n° 851). LINDENIA Benth. 1. Livpena vriiexsis Seem. in Bonplandia, 1862, p. 38, t. 8, etin Flora viliensis, p. 198, t. 2h. Folia lanceolata, basi sensim in peuolum brevem desinentia, « PT RER EE PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 299 apice acuta, penninervia, nervis remotis infra præcipue promi- nentibus, glabra, margine revoluta, stipulis lanceolatis cito caducis. Flores ad apicem ramorum nascentes ; cyma trifida, ramis lateralibus uni- vel bifloris, terminal trifloro, floribus alternis pedunculatis, bracteis bracteolisque lineari-lanceolatis. Tubus calycinus infundibuliformis, 5-carinatus, vix puberulus, lobis lineari-lanceolatis, acutis, arcuatis, externe glabratis, intus breve ferrugineo-tomentosis. Corollæ tubus cylindricus, gracilis, longissimus, lobis ovali-lanceolatis, velutinis, in præfloratione dextrorsum contortis. Stamina subbasifixa, ad faucem corollæ filamentis brevissimis inserta. Fructus calyce solubili denudatus, endocarpio bivalvi, valvis medio fissis (septo placentisque bipar- titis) margine placentiteris. Lindenia austro-caledonica Ad. Br. in Bull. Soc. bot., 1865. Frutex bimetralis. Habitat ad ripas rivorum Novæ Caledoniæ (Pancher. 1862); circa Balade (Vieillard, n° 651). SUPPLÉMENT AUX MYRTACÉES (1). SYZYGIUM Gærtn. 4, SYZYGIUM MICANS. Folia elliptico-lanceolata, apice obtusiuscula, basi in petio- lum seusim attenuata, margine revoluta, coriacea, glabra, supra vernicosa, infra pallidiora punctulisque minimis creberrime conspersa, nervis pinnatis gracilibus approximatis utrinque con- Spicuis ; cymæ erectæ, rigidæ, terminales axillaresque ramorum divaricatorum internodiis paulo elongatis corymbum efforman- tes ; flores sessiles, calycis tubo mfundibuliformi breviter 4-lo- bato, lobis late triangularibus, petalis calyptratim secedentibus, ovulis in quoque loculo fasciculatis. Frutex dichotome ramosus, ramis teretibus gracilibus elongatis, virga - tis. Habit, in Novæ Caledoniæ sylvis montium prope Wagap (Vieillard, a n° D) }. (1) Cette note a été lue à la Société botanique de France dans sa séance du 414 dé- cèembre 1866. 260 AD. RRONGNIART ET A, GRIS. Species hæc pulchella a Syzygio densifloro (sub n° 535 olim misso) inflo- rescentia sat effusa nec densa, forma ramorum teretium, nudorum, virgatorum nec, ut in S. densifloro, internodiis brevibus, decurrentia foliorum tetragonis et cruciatim subulatis recedit. 9, SyzyciuM WAGAPENSE. Folia elliptica vel elliptico-lanceolata, basi in petiolum atte- nuata, apice obtusiuscula, glabra, facie superiore vernicosa et foveolis minimis conspersa, inferiore pallidiore, nervis primaris pinnatis, secundariis reticulatis, omnibus gracilhibus notata ; cymæ axillares terminalesque erectæ, compositæ, pedunculo communi elongato flores 2-6 fasciculatim vel umbellatim ap- proximatos gerente ; calyx tubo infundibuliformi in pedicellum sensim angustato, lobis 5 erectis rotundatis ; petala calyptratim secedentia ; ovula in quoque loculo biseriata. Arbor. Hab. ad montes Novæ Caledoniæ propè Wagap (Vicillard, nis 534, 538 jam Acicalypto nitidæ propris). 3. SYZYGIUM TENUIFLORUM Ad. Br. et À: Gris. Var. Capillacea. Folia plerumque elliptica, acuminata, apice obtusiuscula, interdum minora, ovato-cordata vel rotundata, membranacea, primo adspectu punctulis pellucidis creberrime conspersa ; in- florescentiæ cymosæ pedunculi effusi, graciles, tenuiter capilla- cel; Calyx tubo turbinato, limbo nullo; petala 3 inæqualia, erecta, distantia, uno majore. Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Wagap (Vieillard, 310): EUGENIA Mich. À. EUGENIA CRASSIFOLIA Vieill. mss. Folia elliptica, apice obtusa, basi in petiolum brevissimum atienuata, crassa, glabra, nervis pinnatis, remotis, infra supra- que conspicuis; flores ramis vestutis insidentes, in fasciculos lurifloros congesti, inæqualiter pedunculati, peduncul i sim- PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 261 plicibus sub flore articulatis, bibracteolatis, pube brevi canes- centibus ; ovula in quoque loculo pluriseriata ; fructus pirifor- mes, puberuli, 2-spermi, lobis calycinis 4 late triangularibus coronati. Habit. in sylvis Novæ Caledoniæ prope Wagap (Vieillard, n° 2173). : f 9. EuGEeNIA APuHTHoSA Vieill. mss. Folia ampla, ovato-oblonga, basi cordata, subsessilia, supra nitida, infra pallidiora, glabra, remote penninervia, nervis infra prominulis, pellucide punctulata, petiolis excrescentia annulari mamillosa canescente suberosa basi cinctis; cymæ axillares, breves, paucifloræ, pedunculis glabris; ovarium biloculare, ovulis in quoque loculo pluriseriatis; fructus glaber, rotundatus, subdidymus, lobis calycinis triangularibus coronatus ; semina solitaria, reniformia, facie una convexa, altera paulo concava, basi poro elliptico excavata, crustacea, nitida. Embryo elonga- tus ; tigella compressa arcuata, cotyledonibus brevibus mem- branaceis spiraliter contortis. Habitat in sylvis prope Wagap (Vieillard, n° 2172). Cette belle espèce doit le nom que M. Vieillard lui a donné à des tubercules annulaires blanchâtres et mamelonnés qui se trouvent autour de la base des feuilles. Nous n'avons pu exami- ner qu'une seule fleur dont les pétales et les étamines étaient déjà tombés. La placentation de l'ovaire (ovules plurisériés) et les graines solitaires dans chaque loge rapprochent cette plante des Æugenta; mais elle s’en éloigne par la structure de l'embryon qui est recourbé en arc dans sa partie tigellaire, et contourné en spirale à son extrémité cotylédonaire. En atten- dant des échantillons plus complets, et nous fondant du reste sur le port de la plante, nous croyons devoir lui laisser le nom qui lui à été imposé par M. Vieillard. 262 AD. BRONGNIART ET A, GRIS, CUPHEANTHUS Seem. À. Curueanraus Seem., Flor. Vit., 1865. Gaslondia Vieill. in Bull. Soc. Linn. Norm., t. X. Calyx tubo ovario adhærente, ultra ovarium longissime pro- ducto, infundibuliformi, sæpissime arcuato, lobis 3 erectis. Corollæ petala 3 imbricata. Stamina numerosa, libera, margine superiore tubi calvcini 3-seriatim inserta, filamentis subulatis, exterioribus majoribus, mterioribus recurvis, antheris dorsifixis. Ovarium inferum, breve, biloculare, loculis multi-ovulatis ; ovu- lis anatropis, horizontalibus vel ascendentibus, pluriseriatis, fa- ciem discoideam placentarn totam tegentibus. Stylus elongatus, subulatus, stigmate haud conspicuo. « Fructus carnosus abortu » 2-spermus. Semina Crassa, Compressa, dorso Convexa, ventre » plana, cotyledonibus carnosis, radicula subcylindrica inter » cotyledohes latente (1). » M. Vieillard a déjà signalé les affinités de ce genre avec les Jambosa. Il ne paraît pas y avoir entre l’organisation florale des deux genres de différence essentielle. Le nombre ternaire des sépales et des pétales et la longueur du tube calycinal sont les caractères saillants et distinctiis du Cupheanthus qui, pour certains auteurs, constituera peut-être simplement une nou- velle section du genre Eugenia, Ces réserves faites, nous avons cru devoir, en ajoutant nos propres observations à celles de M. Vieillard et de M. Seemann, donner la diagnose du Cuphean- thus. 2, CUPHEANTHUS AUSTRO-CALEDONICUS Seemann. Folia ampla, oblonga, elongata, apice obtusa, basi sensim in petiolum sat brevem aftenuata, et ita subspathulata, terne vel quaterne verticillatim approximata, glabra, supra nitida, mfra (4) Les caractères du fruit et de la graine sont empruntés à la diagnose de M. Vieil- lard. | PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 263 pallidiora, penninervia, nervis crebris infra supraque conspicuis. «Flores in vetere ligno subumbellati 2-4, magni, amæne rubri » (ex Vieil.), calyce glabro, lobis triangularibus acutis, petalis obovato-rotundatis, punctatis, glabris. Frutex. Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade, Wagap (Vieillard, n° 459). PILIOCALYX Ad. Br. et A. Gris. A. PILIOCALYX BULLATUS. Folia ampla, subsessilia, oblonga, e medio versus apicem basimque attenuata, apice obtusa, basi subcordata, glabra, margine revoluta, nervis infra prominulis pinnatis in nervum lateralem à margine remotum confluentibus, ita subtrinervia, reticulato-bullata, coriacea ; flores in cymas multifloras, erectas, folliorum dimidium superantes, congesti; operculo calycimo hemisphærico, apice breviter et obtusiuscule acuminato; fructus subcarnosus, indehiscens, turbinatus, avellanæ magnitudine, glaber, ad apicem depressione cujus centrum styli basi apicula- tum videtur notatus, monospermus, semine globoso ; cotyledo- nibus carnosis hemisphæricis. Habit, in Novæ Caledoniæ sylvis montium prope Wagap (Vieillard, 12477): _ Cette espèce est remarquable par la beauté de son feuillage et l'abondance de ses fleurs. Voisine du P. robustus, elle rappelle au premier coup d'œil le Syzygium auriculatum par son inflo- rescence et l’Eugenia magnifica par ses feuilles. 2, Priocaryx WAGAPENSIS. Folia opposita, membranacea, ovata vel ovato-lanceolata, apice obtusiuscula, petiolata, glabra, margine eleganter undu- lata, supra lævia, infra punctulis minimis creberrimis et nervis reticulato-pinnatis fuscis notata ; cymæ axillares fructiferæ 26h AD. BRONGNIART ET A. GRIS. ioliorum dimidium æquantes, ramis patentibus, divaricatis ; fructibus (flores desunt) turbimatis, glabris, monospermis. Habitat ad ripas torrentium Novæ Caledoniæ prope Wagap (Vieillard, n° 2176). TRISTANIOPSIS Ad. Br. et A. Gris. À. TRISTANIOPSIS GLAUCA. Folia oblongo-lanceolata, basi sensim attenuata angustataque, integra, Coriacea, supra lucida, glabra, junioribus puberulis, infra punctulis minimis conspersa; cymæ axillares, plurifloræ, inflorescentiæ ramis, pedunculis, calycibus fructibusque pube brevi cinerea vestitis. Frutex bimetralis cyma hemisphærica cærulescente, floribus lateis parum conspicuis, mel redolentibus (ex cl. Pancher). Tristania glauca Panch. mss. Hab. in collibus ferrugineis Novæ Caledoniæ prope Yaté (Vieillard, n° 507; Pancher; Deplanche, n° 532). Les savants auteurs du nouveau Genera plantarum ont fait de nos Tristaniopsis une simple section des Tristania : pour mon- trer qu'ils ont cédé trop aisément à la tendance qui les pousse à réunir, il nous suffira d'examiner les trois sections qui consti- tuent selon eux le genre T'ristania, et de mettre en relief les caractères différentiels de ces sections. Le Tristania nertifolia peut être pris pour type de la pre- mière. Les étamines y sont disposées en cinq phalanges assez courtes ; l'ovaire est semi-mfère. Les ovules sont très-nombreux dans chaque loge, horizontaux, anatropes, et recouvrent toute la face externe d’un grand placenta fait en façon de bouclier. Le Tristania macrophylla est un représentant de la deuxième section. Les étamines y sont disposées en cinq phalanges remar- quables par leur longueur, et ressemblant à un panache ; l'ovaire infère offre une structure analogue à celle que nous venons d'attribuer au type de la premièré section, quant au hombre CN NES TS SO 2 PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 265 considérable des ovules, quant à leur forme et à leur mode de placentation. Le Tristaniopsis calobuæus serait pour les auteurs du Genera le type de la troisième section. Les étamines y sont disposées en cinq phalanges courtes ; l'ovaire est semi-mfère, mais son orga- nisation est complétement différente de celle que nous venons de signaler dans les deux groupes précédents. Le nombre des ovules, au lieu d’être considérable dans chaque loge, se réduit à 6 ou 12; ces ovules, au lieu d’être horizontaux et de recouvrir toute la face externe d'un grand placenta scutel- liforme, sont suspendus au bord d’un placenta discoïde peu déve- loppé, et naissant de l'angle supérieur de chaque loge, de sorte que le tout ressemble assez à une épaulette. D'ailleurs la forme des ovules du-Fristaniopsis est différente de celle qui est propre à l’ovule des espèces appartenant aux deux premières sections. Ces organes présentent, dans ces derniers groupes, la configuration ordinaire et typique des ovules anatropes. Chez le Tristaniopsis, au contraire, la primine prend un développement considérable dans la région qui s'étend du côté du raphé, tandis qu’elle reste mince dans la partie opposée, en sorte que le nucelle est comme déjeté, et n’occupe qu'une partie du volume de l’ovule. Cette différence de structure entraîne avec elle de nouvelles dissem blances entre la graine des espèces appartenant aux deux pre- mières sections et la graine du Tristaniopsis. Dans le premier cas, les graines sont aptères et complétement remplies par un embryon allongé, étroit, insensiblement renflé en massue dans sa partie cotylédonaire. Dans le second cas, l'embryon piriforme _ n’occupe qu'une très-faible partie du volume de la graine ; il est _ couché obliquement et presque transversalement à sa partie inférieure, et surmonté d’une aile membraneuse très-déve- _ loppée. D'après les considérations qui précèdent, n'est-il pas évident | que, si les deux premiers groupes d'espèces admis par MM. Ben- tham et Hooker peuvent à la rigueur être considérés comme sections d'uri mêine genre, il n’en est pas de même du troisième, et que ee dernier est réellement éloigné des deux autres par des | | | | 266 AD, BRONGNIART ET A, GRIS, traits particuliers et essentiels de l’organisation de la fleur et de la structure des graines ? | C'est pour cela que nous avons isolé ce groupe des deux autres qui ne lui sont point équivalents, et que nous en avons formé le genre T'ristaniopsis qui nous paraît devoir être con- servé comme très-naturel. SUR LE PRÉTENDU GENRE CHIRATIA. Le Pere Montrouzier a publié dans sa Flore de l’ile Art (4), voisine de la Nouvelle-Calédonie, un genre remarquable, qu’il a dédié à M. l'abbé Chirat sous le nom de Chiratia. Les collec- tions qui nous furent adressées par MM. Pancher, Vieillard et Deplanche, contenaient des échantillons de l'unique espèce néo- calédonienne appartenant à ce type, et nous fournirent l’occa- sion d'en donner une description bien détaillée, celle du père Montrouzier nous semblant trop concise et même inexacte sur quelques points. Nous venons de constater que le prétendu genre Chiratia n’est autre chose que l’ancien genre Sonneralia Linn. fi, Ce genre est placé parmi les Myrtes par À. L. de Jussieu, en tête de la tribu des Myrtées par De Candolle et Endlicher ; le père Montrouzier le rapporte au groupe des Punicées, et nous l'avions rapproché avec quelque doute des Crossostylis parmi les Legnotidées. I à peut-être plus d’affinité avec les Lythrariées, comme lindiquent du reste MM. Bentham et Hooker dans leur nouveau Genera plantarum, et comme Blume l’admettait déjà en 1851 (2). Des sept espèces de Sonneratia décrites par ce savant botaniste, le Sonneratia alba Smith de Java, des Moluques de la Nouvelle-Guinée, etc., paraît être celle qui se rapproche le plus de l'espèce néo-calédonienne par ses feuilles obovales ou ovales-arrondies, et par ses fleurs apétales dont le calice est divisé en 6-8 lobes. (1) Mémoires de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, tr gipa:202 | (2) Blume, Museum botanicum Lugduno-Batavum, vol. T, p. 336. CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULATRES, Par M. Jos. Dalton HOOKER. (Extrait du Gardners’ Chronicle.) Le sujet que je vais traiter ce soir devant vous, à dit l'éminent directeur des jardins royaux de Kew, en s'adressant aux membres de l'Association britannique, est celui des Flores Insulaires, con- sidérées dans leurs relations mutuelles et dans leurs relations avec les grands continents dont'elles ont ou paraissent avoir reeu leurs plantes ; et comme l’exposition de ce sujet est en partie descriptif et en partie théorique, je lui ai donné la forme d’un discours écrit. Je dois vous prévenir que ce nom de Flores insularres est technique, et que, comme beaucoup de termes techniques, il peut induire en erreur s’il n’est pas expliqué. Dans le sens bota- nique, je l'ai limité aux flores de ces îlots qui apparaissent comme des points de terre au milieu de l’immense surface des Océans. À quelques exceptions près, ces flots sont volcaniques, montagneux et si petits, que ceux-là seulement qui ont navigué dans le dessein exprès de les connaître peuvent se faire une idée de leur exiguité. Nos cartes, même établies sur la plus grande échelle, ne nous donnent pas plus l’idée de l'espace infiniment petit que mesurent des îlots tels que Madère et Sainte-Hélène, qu’une carte de France ou d'Angleterre ne nous fait connaître la lar- geur des lignes de chemin de fer comparée à celle des provinces qu'elles traversent. Je ne connais qu'un seul appareil qui repré- sente assez exactement, quoique encore d’une manière approxi- mative, ces terres infimes ; c'est la grande sphère de Wyld qu'on voit dans Leicester-square ; ce qui tient en partie aux dimensions (1) Ce que nous donnons ici n’est que le résumé d’une conférence qui a eu lieu à l'Association britannique pour les progrès de la science, à Nottingham, le 27 août 1866. 268 J. D. HOOKER. de cette admirable construction et en partie à l’omission des noms, noms qui, dans nos cartes ordmaires, s'étendent souvent sur un bien plus grand nombre de degrés de longitude et de lati- tude que les îlots eux-mêmes n’occupent d’espace en secondes. Les relations entre les flores de ces îles océaniques sont de deux sortes qu’il ne faut pas confondre : l’une est la relation d'analogie entre elles, due aux conditions physiques qui leur sont communes, à leur climat, à leur exposition, à leur faible étendue, à leur distance des contents, etc. C'est ainsi qu’elles sont riches en Fougères, en Mousses et en autres plantes crypto: games, et qu'elles en possèdent beaucoup à verdure perpétuelle, tandis qu'elles ont comparativement peu de plantes phanéro- games herbacées, et moins encore, ou même pas du tout, de phanérogames mdigènes annuelles. Des espèces, qui sont herba- cées sur les continents, deviennent souvent des arbrisseaux dans ces îles, ou sont représentées par d’autres espèces congénères frutiqueuses ou arborescentes. Les espèces y sont en petit nom- bre comparativement aux genres, et les genres comparative- ment aux familles. Les montagnes, quelque élevées qu’elles soient, y. présentent peu d'espèces alpines ou subalpines, et le nombre total des espèces est habituellement peu considérable, comparé à celui que contiendrait une partie de continent d’égale grandeur et dans les mêmes conditions climatériques. L'autre est une relation d'affinité, une véritable parenté, que les flores des îles offrent entre elles ou avec les flores de certains continents. C'est ainsi que Madère, les Acores et les Canaries, ont beaucoup de plantes qui leur sont communes entre elles, mais qu'on ne trouve sur aucun continent, et que les Canaries, en particulier, ont une flore presque toute méditerranéenne. La même obser-- vation s'applique à l’île de Sainte-Hélène, qui est africaine par sa végétation, et à un grand nombre d’autres îles. C'est sur l'examen de cesaffinités que j'appellerai votre atten- tion ; mais avant de nous élever à des considérations abstraites, si vous voulez voyager en imagination avec moi sur quelques- uns des grands océans, visiter quelques-uns de leurs archipels, et examiner avec moi les traits principaux de leur flore, vou 5 mnt (Éd CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 269 arriverez sans peine à Concevoir une notion claire et approfon- die du sujet que je vais traiter. Au début de ma vie scientifique, j'ai eu la bonne fortune d'être attaché à un de ces voyages de découvertes qui ont ajouté tant d'éclat à la réputation navale de notre pays. Ce fut l'expé- dition antarctique de sir James C. Ross, expédition qui dut son origine à l'Association britannique réunie à Newcastle en 1838.Ce voyage de circumnavigation avait pour but de faire des observa- tions magnétiques , et de poursuivre les découvertes géographi- ques dans les hautes latitudes du Sud. Ces deux points exigeaient que nous visitassions beaucoup d'îles océaniques, y compris les plus éloignées et les plus inaccessibles, et cette circonstance donnait un intérèt spécial à l'investigation de leurs flores. Pour jeter plus de clarté sur les objets dont je vais vous entre- tenir, J'ai fait placer sous vos yeux la nouvelle projection de sir Henry James ; elle est de dix pieds ; elle contient les deux tiers de la sphère, et renferme les îlots dont les flores feront l'objet de cette conférence. Cette carte est dressée de manière à donner l'idée que se ferait de la surface du globe une personne située dans son intérieur, et qui de là en regarderait la surface. L'œil est supposé dirigé vers l'Afrique centrale, non du centre de la sphère, mais d'un _ point assez éloigné, dans une direction opposée à l'Afrique cen- | trale, pour que la vision puisse embrasser les deux tiers de cette sphère. Vous verrez que, d’après ce système, les positions rela- | tives des îles et des continents dans les océans Atlantique et Indien, dont les flores vont nous occuper, sont représentées | d’une manière plus exacte que dans la projection de Mercator | ou dans toute autre ; mais que, d'un autre côté, les pays qui | avoisinent les bords de la carte sont fort défigurés. Ces îlots sont | les groupes de Madère, des Canaries, des Açores et du cap Vert, | puis Sainte-Hélène et l'Ascension dans l'Atlantique, et enfin la | terre de Kerguelen dans l’océan Indien méridional. | Commençons, dans l'océan Atlantique, par le groupe de | | Madère, comprenant aussi Porto-Santo et les rochers nommés | Dezertas. 270 J. D. HOOKER. En y abordant nous sommes frappés par le caractère euro- péen de la végétation, quoique les plantes exotiques, eomme les Palmiers, les Orangers, les Bananiers, la Canne à sucre, etc., y abondent. Ce qui surprend encore, c’est la facilité avec laquelle on distingue les éléments indigènes ou européens naturalisés des exotiques cultivés ou à demi-retournés à l’état sauvage. Mais, bien qu'elle soit prédominante, la végétation européenne n'efface pas cependant celle qui lui est juxtaposée, et même, pour un botamste exercé, elle laisse apercevoir des traits qui la font aisément classer en catégories distinctes. On trouve, par exemple, que la majorité, sinon même la totalité des plantes annuelles, est identique d'espèces avec les plantes européennes, sans qu'on puisse les en distinguer par aucun caractère ; quel- ques-unes en diffèrent, mais par des caractères si légers, qu’on ne peut pas les considérer comme supérieurs à de simples carac- tères de variété. Celles de la troisième catégorie différent spéci- fiquement des plantes européennes, mais semblent cependant occuper une place qui correspond à celles que leurs plus proches alliées tiennent en Europe ; celles-ci représentent des espèces. Une quatrième classe enfin comprend les plantes qui, tout en étant évidemment analogues à celles d'Europe, constituent ce- pendant des genres différents. Nous observons maintenant un fait curieux : c’est que, lorsque nous dressons le tableau synoptique de ces plantes, nous trou- vons que, pour la plupart, elles forment des séries graduées non-seulement suivant un ordre systématique de classification, mais aussi suivant un ordre numérique ; en d’autres termes, les plantes identiques avec celles d'Europe sont à la fois les plus nombreuses en espèces, et leurs espèces les plus riches en imdi- vidus. On peut à peine chez un certain nombre discerner des différences sensibles d'avec les plantes européennes ; chez 1 d’autres on trouve constamment des différences, mais ce sont” les moins nombreuses et les moins répandues. Viennent ensuite les espèces propres à cet archipel, bien moins nombreuses encore que celle de la catégorie précédente. Plus d'un botaniste mème en classerait quelques-unes parmi les variétés, mais la plupart CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 271 seraient considérées comme de véritables espèces. Enfin, parmi les genres que nous considérons comme particuliers, quelques- uns seraient admis sans difficulté par tous les botanistes ; d’autres pourraient être considérés comme des genres européens légère- ment modifiés. Ces genres étrangers à l'Europe sont les moins nombreux et les mois disséminés de cette flore; plusieurs même sont cantonnés dans des localités restreintes, ou ne sont représentés que par une seule espèce. Tels sont les éléments européens de la flore de Madère. Prenons maintenant séparément les îlots du groupe. Porto- Santo n’est qu'à 30 milles de Madère et à 15 de l'ile la plus rappro- chée des Dezertas ; cependant nous trouvons que non-seulement ces îlots diffèrent matériellement par leur flore de l’île princi- pale, mais qu'ils différent tout autant de l’autre île par leurs espèces, leurs variétés et même par leurs genres. En pénétrant dans les parties rocailleuses et fortement acci- dentées de l'intérieur, soit de l’île principale, soit de petits flots, nous trouvons beaucoup d'arbres et d’arbustes mdigènes qui non-seulement sont étrangers à l’Europe, mais sont alliés à des plantes d'Amérique, d'Afrique et d'Asie. C'est ainsi que nous y voyons des représentants des genres Clethra et Persea, genres qu'on ne trouve qu'en Amérique; des À pollonias et autres plantes qui sont propres à l'Inde orientale ; des Dracæna et des Myrsine qui accusent une affinité africaine. Comme ces plantes non euro- péennes habitent aussi les Canaries et les Açores, on les a nom- mées (ypes atlantiques, nom sous lequel je les désignerai plus lom. | * Enfin quand nous nous élevons sur les montagnes de Madère au delà de quatre mille pieds (1250 mètres), et jusqu’à leurs sommets de six mille pieds (1875 mètres), nous ne trouvons pas, pour remplacer les espèces des niveaux inférieurs, les plantes des latitudes septentrionales qui nous sont si familières quand nous gravissons les montagnes du continent de l’Europe, de hau- teur égale où un peu moindre. Les plantes deviennent de plus en plus rares à mesure que nous nous élevons sur ces sommets, et nous n'y voyons point apparaître les espèces boréales, ou du 272 J. D. HOOKER. moins ces dernières ne s’y montrent qu'en très-petite quantité. Ici donc se présentent des caractères botaniques qui séparent entièrement l'archipel de Madère des terres continentales de même étendue et d'égale élévation, ou des îles situées près des côtes, et dont la flore est alors continentale. Prenons la Grande-Bretagne comme point de comparaison. Cette île contient deux fois autant de plantes phanérogames que le groupe de Madère, mais ces plantes sont presque sans exception identiques avec celles du continent européen. Elle ne possède non plus que peu de variétés qui luisoient propres, etelle n'a qu'un seul genre indigène qui ne soit pas européen : c’est une plante aquatique qu'on retrouve en Amérique. De plus, en s’élevant à deux mille pieds sur les montagnes, on voit une rapide succession d'espèces qui viennent remplacer celles des niveaux inférieurs. Il en est de même en Europe dans toutes les localités ana- logues : on n’y voit nulle part réunies des plantes d’Asie et d’Amé- rique, n1 un nombre de variétés, d'espèces et de genres particu- liers comparable à ce qui se trouve dans l'archipel de Madère, ni autant d'espèces particulières représentées par un si petit nombre d'individus ; de mème aussi nous ne voyons nulle part ailleurs, au voisinage d'un continent, des îlots habités par des genres, des espèces et des variétés d’une nature toute spéciale. Que dirions-nous si nous trouvions sur un îlot des Sorlingues une plante totalement différente de toutes celles qui eroissent en Angleterre, telle, par exemple, que le Monezia edulis, Ombelli- fère dont la tige ressemble à une trompe d'Éléphant renversée, et qui serait couronnée d’une touffe de feuilles de Persil ; ou sur les montagnes du pays de Galles une autre Ombellifère (Melano- selinum), dont la tige grêle simule celle d’un Palmier ; ou encore si l'île de Wight ou les Sorlingues renfermaient des espèces et des genres totalement différents de tout ce qui existe en Angle- terre, et introuvables dans le reste de l’univers ? De toutes les particularités que nous venons de signaler, ce sont ces plantes très-rares et locales, isolées, en tant que genres, dans la classification systématique, comme elles le sont dans la CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES, 273 distribution géographique, qui frappent le plus vivement l'esprit de l’investigateur et provoquent ses réflexions. Nous nous de- mandons, en effet, si ces individus, presque uniques et si isolés, ont été créés à l'état d'organismes complets tout à fait spéciaux, ou si ce sont des modifications de plantes d’un même ordre bota- nique qui doivent leurs figures étranges et leurs attributs spé- Caux à une variation centrifuge qui aurait agi pendant des siècles sans nombre? Et, de quelque manière qu'elles aient été produites, devons-nous les regarder comme les premières formes de types destinés à se multiplier dans les siècles futurs, et à y devenir aussi communes qu'elles sont rares aujourd'hui ; ou bien devons-nous y voir les débris, les derniers témoins d’une flore à jamais perdue, contemporaine d'innombrables formes animales pareillement éteintes, mais dont la science moderne nous a révélé l'existence? Des considérations que je ne puis exposer ici autorisent à croire que ces plantes des îles océaniques sont comme les sau- vages qui, dans bien des cas, ont été longtemps les seuls témoins de leur existence, les derniers représentants de leurs races diverses, et presque inconsciemment on en vient à se faire cette question : Comment cela est-il arrivé ? En faisant abstraction de l'intervention de l'homme et des animaux introduits par l'homme, Je crois que la principale cause de la rareté ou de l'extinction totale des anciennes espèces sur les iles océaniques est l’affaissement que toutes ces îles ont subi. L'abaissement du niveau des îles agit de plusieurs manières : 4° il réduit le nombre des localités favorables au développement des plantes; 2° il active cette lutte pour l'existence, dont le dénouement inévitable est la disparition des espèces les moins robustes et les moins prolifiques devant ceiles qui ont plus de résistance ou sont douées d’une plus grande puissance de mul- tiplication ; 3° 1l réduit aussi le nombre et les espèces d'insectes qui prennent une si grande part à la fécondation des plantes, et conséquemment à leur propagation. Non-seulement cette sub- mersion graduelle diminue le nombre des espèces et des indi- vidus dans les insectes, mais la destruction frappe surtout les 9€ série, Bor. T, VI. (Cahier n° 5.) 2 18 271 J. D. HOGKER. espèces ailées qui, ainsi qu'il a été récemment démontré, sont presque exclusivement les agents de cette propagation ; car, à mesure que l'espace se resserre, 1ls sont plus facilement empor- tés vers la mer dans les tourmentes, et périssent en plus grande proportion que les insectes apières ; et ceci n’est point une con- jecture. Les recherches de M. Wollaston, le soigneux entomolo- giste, à Madère et aux Canaries, prouvent que les insectes ailés s'y trouvent, relativement aux aptères, dans des proportions singulièrement moindres que sur les continents, et je puis étendre ces observations à toutes les îles océaniques que j'ai visitées. Mais, à Madère, l'intervention de l’homme ne doit pas être mise de côté. La faune et la flore de cette île charmante ont subi, dans l’espace de ces quatre cents dernières années, une telle révolution, qu'on n’en saurait trouver l'équivalent que dans les bouleversements géologiques, où la durée se mesure en pé- riodes presque illimitées. On raconte, dans l’histoire romanesque de sa découverte, qu'elle était couverte de bois, ce qui lui a valu son nom portugais (1), et cette assertion est confirmée par le fait que les premiers colons venus d'Europe ne trouvérent pas de meilleur moyen de défrichement que de mettre le feu à la forêt. L'incendie qu'ils allumèrent dura, dit-on, sept ans. La culture des arbres d'Europe ne tarda pas à s'y introduire. Qui pourrait aujourd’hui se faire une idée du nombre de plantes indigènes qui périrent dans les flammes, ou qui depuis ont été dépossé- dées du sol par l'introduction d’une végétation étrangère plus vigoureuse? Quant à Porto-Santo, vers l'année 1418, une lapine et ses petits y furent lâchés, et leur multiplication fut si rapide, que leur descendance dévora non-seulement la végétation indi- gène, mais encore les cultures, et finit par chasser de l’île les colons qui s’y étaient établis. De tels accidents nous aident à expliquer F rareté de beau- coup d'espèces, mais ils ne nous apprennent rien sur celles qu habitent les précipices escarpés de la côte et de l’intérieur, pré- cipices également Imaccessibles à l'homme et à l'incendie, ni sur (4) Madeira en portugais, madéera en espagnol, signifie bois, CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 275 celles des îlots voisins. Pour nous rendre compte de la rareté de ces espèces, ainsi que de la présence des Lauriers et d’autres types de la flore insulaire de l'Atlantique tout à fait distincts des types européens, 1l nous faut chercher d'autres explications, que nous comprendrons mieux après avoir visité les autres îles de l'Océan. Les Canaries forment un archipel beaucoup plus étendu et plus important que celui de Madère ; elles sont situées à 300 milles plus au sud, et elles sont plus voisines de Ja côte d'Afrique; cependant leur flore n’est pas celle de l'Afrique, et elle possède comparativement très-peu de plantes de ce con- tinent. Les îles Canaries contiennent au delà de mille espèces indi- gènes, dont un bon tiers leur sont absolument particulières, et ces espèces se classeni presque exactement de la même manière que celles de Madère ; ainsi la masse des plantes canariennes est identique avec les espèces méditerranéennes. Comme impor- tance numérique viennent ensuite les représentants des variétés légères ou très-caractérisées, ou les congénères des genres et des espèces méditerranéennes. Après celles-ci viennent en grand nombre des plantes atlantiques, qui ne renferment pas moins de quarante arbustes ou arbres de Madère, qu’on ne trouve ni en Europe, ni en Afrique, et autant de représentants des genres, des espèces et des variétés de Madère, ainsi qu’un grand nombre d'espèces voisines, mais ayant plus d'affinité avec les plantes de l'Afrique, de l'Inde et de l'Amérique, qu'avec celles du continent européen. Enfin nous trouvons, comme on devait s’y attendre, une petite quantité de plantes appartenant à cette division de la flore africaine, qui, différant d’une part de la flore méditerra- _néenne et de l’autre de celle de l'Afrique équatoriale, s'étend de l'Asie occidentale à travers l’Arabie et le Sahara jusqu’au cap Blanc, flore qui a les mêmes linutes longitudinales que celles entre lesquelles se trouve le chameau domestique, qui est employé comme bête de somme, même aux Canaries. J ‘appelle- rai cette flore arabo-saharienne. Les hautes montagnes des Canaries, bien que s’élevant à plus 9276 J. D. HOOKER. de onze mille pieds (3660 mètres), ne possèdent pas de plantes alpines, et ici, comme dans le groupe de Madère, beaucoup de formes particulières sont extrèmement rares et localisées. Enfin les flores de plusieurs des îlots du groupe diffèrent considérable- ment les unes des autres. Les deux îlots, situés le plus à l’est, Lancerote et Fortaventure particulièrement, se trouvent ainsi, relativement aux autres, dans des situations analogues à celles que Porto-Santo et Dezertas occupent relativement à l’île princi- pale, Madère. Cette esquisse, largement tracée des traits géné- raux de la flore de ce groupe, suffit pour vous faire voir le paral- lélisme qui existe entre elle et celle de Madère, et à quel degré doit avoir été intime leur connexion originelle. Et cette connexion n’a pas été seulement botanique, ainsi que nous en acquérons la preuve si nous examinons quelques îlots rocailleux, qui émergent à peine de cent pieds au-dessus de la surface de l'Atlantique, à mi-chemin entre Madère et les Cane- ries; ce sont les rochers appelés Salvages, dont un, qui a, je crois, à peme un mille de longueur, est couvert d'une rare végé- tation. il était naturel de penser que ce roc isolé avait été peuplé par une migration de la côte africaine ; mais il n’en est pas ainsi. Mon ami, le révérend M. Lowe, qui a passé plusieurs années à herboriser dans les îles de Madère et des Canaries, est le seul naturaliste qui ait visité ces rochers battus par la tempête. Il fit ce voyage l’année dernière, et il n'informe que ces flots con- tiennent une flore atlantique et une autre flore mtermédiaire entre celles des Canaries et de Madère, mais qui se rattache plus étroitement à cette dernière qu’à l’autre. D’après ces considéra- tions, on peut croire que les Salvages sont le sommet d’une île submergée, qui tenait autrefois une place importante, à la fois botanique et géographique, dans l’océan Atlantique, et ratta- chant plus ou moins étroitement les Canaries à Madere. Il est impossible d'expliquer autrement sa colonisation par ces types des îles océaniques également étrangers à l'Europe et à l'Afrique. Les Acores, qui forment le troisième groupe considérable de l’Atlantique septentrional, demandent une attention partieu- CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 277 lière en raison de leur éloignement de tout continent. Cet archi pel est à 740 milles du Portugal, à 1085 milles de la côte d'Amérique la plus rapprochée (Terre-Neuve), et à une distance presque double des États-Unis d'Amérique situés sous les mêmes latitudes ; il est en outre à 500 milles de Madere. Trois cent eimquante espèces de plantes phanérogames ont été recueillies dans les principales îles. Ce nombre est minime, eu égard à leur étendue, mais 1l est suffisant pour nous faire connaître clairement la nature de la flore des Acores. Parmi ces plantes, une trentaine offrent des espèces particu- lières ou des variétés bien caractérisées, représentant pour la plupart la flore de Madère ou celle d'Europe. Un pareil nombre rentre dans les types qui sont communs aux Açores et à Madère, ou aux Acores et aux Canaries,ou aux trois archipels. Les autres sont des plantes portugaises et espagnoles. Ainsi, quoique le nombre absolu des plantes étrangères à l'Europe soit moindre qu'aux Canaries et à Madère, les Acores occupent une position beaucoup plus importante dans la flore générale, en ce qu’elles comprennent une grande quantité de ces arbres ou arbrisseaux particuliers de l'Atlantique, qui lient ces trois groupes dans une même flore bien caractérisée, mais aujourd'hui divisée en fragments détachés. Quoique situées beaucoup plus au nord que Madère, les Acores contiennent à peine une plus grande quantité de plantes boréales que Madère ou même que les Canaries ; et celles qu'elles possèdent se trouvent pareillement dans les montagnes de la péninsule espagnole. Les plus remarquables sont la Bruyère commune (Calluna vulgaris), ainsi que la jolie Bruyère de Saint-Dabéoc (Menziezia Dabeoci), qu'on ne trouve nulle autre part qu'à l'extrémité occidentale de l'Irlande et dans la région pyrénéenne. Une troisième est le Litlorella lacustris, petite plante aquatique qui habite un lac de montagne, probablement le cra- tère d'un volcan éteint, très-fréquenté par les oiseaux aquatiques nomades. Il existe, comme dans les autres groupes, des différences con- sidérables entre les flores des différents îlots, et une des plantes 978 J. D. MOOKER. les plus remarquées et les plus belles des Acores, le Campanula Vidal, ne se montre absolument que sur un rocher isolé dans la mer, à l’est de la côte de Florès. Cette Campanule n’a jamais été recueillie qu’une seule fois par le capitaine Vidal, dont elle porte le nom, dans l'inspection qu'il fit de l'île il y a quelque vingt ans. Par une circonstance heureuse, le capitaine Vidal était alors accompagné par un habile botaniste, M. H. C.Waison, qui donna à cette plante remarquable le nom qu'elle porte aujourd’hui ; et ils en envoyérent des graines à Kew, où elle a été conservée et multipliée. E est probable qu'on en trouverait aujourd'hui un plus grand nombre d'individus dans les serres d'Angleterre, où ils se comptent par milliers, que dans son pays natal. En considérant l'énorme distance à laquelle les Açores se trouvent de l'Europe, et combien elles sont plus rapprochées de l'Amérique que Madère et les Canaries, il peut paraître étrange que ce groupe d'îles contienne si peu de plantes américaines - étrangeres aux autres groupes. C'est cependant ce qu'on y observe ; il y a plus, le Clethra des Canaries et de Madère, genre qu'on ne rencontre nulle autre part qu'en Amérique, n’habite pas les Açores. La seule trace de l'influence américaine sur la flore des Acores que je puisse signaler est la présence d'une espèce d’Om- bellifère du genre Sanicle (Sanicula). Une espèce européenne de ce genre est répandue presque dans tout l'univers, y compris Madère et les Canaries; mais elle manque aux Açores où elle est remplacée par une autre espèce du même genre, et cette der- nière est très-étroitement alliée à une espèce américame. Un fait significatif ici, c'est que les graines de la Sanicle sont pour- vues de poils crochus, qui suggèrent la probabilité qu'elles ont été originellement transportées à travers l'Atlantique par des oiseaux. Je puis ajouter que les énormes graines en forme de haricots de l'Entada des Indes occidentales sont jetées en grande abondance sur les grèves de ces îles par le courant océanique (Gulf stream), mais qu'elles n'y produisent jamais de plantes, si même elles y germent. Il y a quelques années une caisse de ces graines fut envoyée des Açores à Kew, où beau- CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 979 coup ont germé et ont produit de beaux sujets, prouvant ainsi que leur immersion, durant un voyage de 3000 milles géogra- phiques, n'avait point détruit leur vitalité. Un autre groupe d'îles fort éloignées de celles dont nous ve- nons de parler réclame un moment d'attention, parce que plu- sieurs hotanistes ont cru qu'elles faisaient partie de cette flore atlantique ; ce sont les îles du Cap-Vert, situées entre les tro- piques, à 800 milles au sud des Canaries et à 300 milles de la côte africaine. J'ai visité ce groupe d'îles en 1829, et j'ai trouvé que la flore des terres basses avait un caractère purement africain ou arabo- saharien ; mais en gravissant les montagnes, j'ai rencontré quel- ques plantes qui rappelaient entièrement la flore des Canaries et de Madère. Durant les deux derniers hivers, le Révérend M. Lowe a soigneusement exploré ce groupe, et il a obtenu des résultats du plus grand intérêt. Il a trouvé, comme moi, que la généralité de la flore est africaine, et que celle des montagnes offre plusieurs types des Canaries, mais que tous ces types ont leurs représentants dans la région méditerranéenne, tandis qu'aucune des plantes. qui sont particulières aux Canaries, à Madère et aux Açores, et qui n’ont pas de représentants en Europe, ne se retrouve dans les îles du Cap-Vert, sauf une seule exception : le Dragonnier (Dracæna Draco). Au-dessus de cette zone, en s'élevant à cmq mille pieds et au delà (1600 mètres), on trouve beaucoup de ces plantes à moitié européennes qui apparaissent à Madère, aux Canaries et aux Acores à des hauteurs moindres, et Je puis ajouter qu’on les trouve aussi sur les hautes montagnes équatoriales de l'Afrique et de l’Abyssinie. Ainsi il y a une certaine relation entre les îles du Cap-Vert et les groupes des Canaries et de Madère, exclusion faite des Acores ; mais cette relation est très-faible et tellement môlée à celle du continent africain, et surtout avec celle de la région méditerranéenne, qu'elle peut donner lieu à des considérations autres que celles qui nous occupent ici. Jetons maintenant un coup d'œil sur Sainte-Hélène. L'histoire 280 J. D. HOOKER., botanique de cet îlot, perdu dans le vaste océan Atlantique, est des plus curieuses et des plus instructives. Sainte-Hélène est située par 16 degrés de latitude sud, à 1200 milles de l'Afrique, à 1800 de l'Amérique et à 600 de l’île de l’Ascension, qui en est la terre la plusrapprochée. Elle à environ 10 milles de longueur ‘sur 7 de largeur, et elle surgit de l'océan comme une masse volcanique pyramidale bordée de falaises qui surplombent la mer, et sont coupées de ravines étroites. Lorsqu'elle fut décou- verte, 1l y à environ trois cents ans, elle était entièrement occu- pée par une épaisse forêt, dont les arbres se penchaient sur les abîmes dont les parois verticales surplombent la mer. Tout cela est changé maintenant ; les cinq sixièmes au moins de l’île sont totalement dénudés, et la plus grande partie de la végétation actuelle, arbres, arbustes et plantes herbacées, est d’origme européenne, américaine, africaine ou australienne. Sa flore in- digène est aujourd'hui confinée sur un petit nombre de points au sommet du pic de Diane, dans la chaîne centrale, à 2700 pieds (850 mètres) au-dessus du niveau de la mer. Vous vous rappelez que la destruction des forêts de Madère est due à l'incendie. Un agent beaucoup plus perfide a amené le même résultat à Sainte-Hélène et avec une puissance dix fois plus grande : ce sont les Chèvres. Ces animaux, introduits en 1513, se multiphèrent si rapidement, qu’en 1588 le capitaine Cavendish constata que le nombre en était incalculable, et que leurs troupeaux, pris isolément, s’étendaient souvent sur.plus d'un mille de longueur. En 1709, beaucoup d'arbres existaient encore, et l’un d'eux, l'Ébénier indigène, était même si abondant qu'on s’en servait pour chauffer les fours à chaux. A cette époque, le gouverneur de l’île mandait à la Cour des directeurs de la Compagnie des Indes orientales que le bois disparaissait à vue d'œil, et qu'il devenait nécessaire de détruire les chèvres pour conserver les arbres à Ébène, et préserver l’île de la sécheresse. Il reçut cette réponse laconique : Il ne faut pas détruire les chèvres, elles ont plus de valeur que l’Ébène. Un autre siècle s'écoule, et, en 1810, un gouverneur de l'ile CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 281 annonce que la destruction des grandes forêts est complète, parce que les chèvres dévorent les rejetons, et font mourir les vieux arbres en rongeant leurs feuilles et leur écorce; que le combus- tible est devenu si rare, que le gouvernement paye annuelle- ment pour le charbon (et ceci dans un ilot tropical) la somme de 2729 livres sterling 7 shellings (68 230 francs) ; et cependant alors même les ressemis se font en si grande quantité, le sol est si fertile et la végétation indigène si active, que le gouverneur ne craint pas d'avancer que, si l’on détruit les chèvres et si l'île est laissée à elle-même, dans vingt ans elle se sera recouverte d’un épais tapis de végétaux indigènes. C’est vers cette époque que les chèvres furent détruites ; mais un autre ennemi s'introduisit dans l’île, et c’est lui qui, selon toute probabilité, a rendu désormais impossible son repeuple- ment par la végétation indigène. Le major général Beatson, officier actif et intelligent, alors gouverneur, proposa et fit adopter l'introduction sur une grande échelle des plantes exo- tiques de toutes les parties du monde. Elles se sont propagées avec une rapidité telle et se sont développées si vigoureusement que, dès le commencement de la lutte qui s'établit entre les plantes indigènes et les nouvelles arrivées, il fut facile de pré- voir quelle en serait l'issue. Les Genêts, les Ronces, les Saules, les Peupliers d'Europe, les Pins, les Ajoncs épineux de l'Écosse, les Buissons du cap de Bonne-Espérance, les arbres d'Australie, les plantes herbacées d'Amérique, couvrirent bientôt le sol, et partout où ces plantes exotiques ont pris terre elles ont anéanti la flore indigène. Cette dernière, comme je l'ai dit, est actuelle- ment presque confinée sur la crête de la chaîne centrale. Il est donc impossible aujourd'hui de distinguer les plantes natives de Sainte-Hélène de celles qui y ont été introduites; mais heureusement 1l existe des herbiers formés au commencement de ce siècle, qui suppléent en grande partie à ce qui nous fait défaut. La plus complète de ces collections a été formée par feu le docteur Burrchell. Cetéminent voyageur, après avoir parcouru le sud de l'Afrique et le Brésil, se fixa pendant cinq ans à Sainte- . Hélène, de 1805 à 1810. Malheureusement pour la science, le 289 | J. D. HOOKER. docteur Burchell n'a jamais rien publié, et 1l ne souffrait pas volontiers que d’autres prissent connaissance de son herbier. L'année dernière, à sa mort, sa sœur a offert au Musée de Kew ses magnifiques collections botaniques, parmi lesquelles j'ai lrouvé dans un état parfait de conservation son inappréciable herbier de Sainte-Hélène. 1 contient cent soixante-neuf plantes phanérogames ; mais on regrette que le docteur Burchell n’ait pas indiqué celles qu’on peut avec certitude regarder comme in- digènes, et celles qui ayant suivi l'invasion de l’homme et des animaux s'y sont naturalisées. Cependant, quelques années après le séjour du docteur Burchell, un émiment botaniste anglo- indien, le docteur Roxburgh, visita Sainte-Hélène, et dressa un catalogue des plantes indigènes naturalisées et cultivées qui existaient alors, s'appliquant à distinguer les indigènes qui avaient survécu jusqu à ce Jour. La collection du docteur Rox- burgh était beaucoup moins complète que celle de Burchell ; mais, en collationnant les deux et à l’aide des propres obser- vations que J'ai faites pendant mes deux visites à cette île, je suis arrivé à une assez exacte estimation de ce qui reste de la végétation primitive. D'après ces données, les espèces indigènes qui habitaient l'île avant que le major général Beatson détruisit les chèvres, et introduisit des plantes européennes, sont au nombre de qua- rante-quatre, auxquelles on peut en ajouter cmq d'origine dou- teuse. Toutes sont des arbres, des arbustes et des plantes vivaces; pas une seule n’est annuelle (quoiqu'il y ait abondance de plantes annuelles introduites des régions tropicales et des régions tem- pérées). Quarante d'entre elles sont absolument particulières à l’île, et cinq sont des herbes communes entre les tropiques ou des plantes littorales presque cosmopolites. Ces quarante plantes sont absolument spéciales à l'île Sainte- Hélène, et, presque sans exception, ne peuvent être regardées comme voisines d'organisation de quelques autres espèces que ce soit. 11 n’y en pas moins de dix-sept qu’on a dû classer dans des genres spéciaux ; et, comme espèces, les autres différent tellement de leurs congénères, que pas une ne peut être considérée comme CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 283 une forme insulaire d'une autre espèce continentale. Plusieurs sont excessivement rares et ne se trouvent maintenant, et en- core en très-petit nombre d'individus, que sur des rochers isolés. Une notable partie de ces plantes n'a plus été retrouvée depuis la visite du docteur Burchell ; quelques-unes sont certai- nement détruites à tout jamais, entre autres le bel arbre à Ébène, et probablement près d'un cinquième a totalement disparu depuis un demi-siècle, si même elles ne sont toutes aujourd'hui définitivement éteintes. De ces données incomplètes, il est difficile de tirer quelques conclusions absolues relativement aux affinités de cette flore, mais je pense qu'elle peut être en toute sûreté regardée comme africaine et se rattachant à celle de l'Afrique australe et extra- tropicale. ; Les genres Phylica, Pelargonium, Mesembrianthemum, Osteo- spermum et W'ahlenbergia sont éminemment caractéristiques du süd de l'Afrique, et, parmi les autres genres, c’est à peine si Je trouve un signe de parenté avec l'Amérique, à l'exception d'une plante qui se rattache aux Physalis. Même conclusion à tirer des fougères : sur vingt-six espèces, dix sont absolument particulières à l’île; les autres sont africaines, bien que quel- ques-unes se retrouvent aussi en Amérique et dans l'Inde. La flore de Sainte-Hélène est donc fort intéressante; elle ne ressemble à nulle autre, tant par la spécialité de sa végétation indigène que par la grande variété des plantes étrangères qu’elle a reçues et le nombre des espèces qui y ont été détruites de mémoire d'hommé. En 1839 et en 1843, j'y ai vainement cherché ces arbres et ces arbrisseaux qui sy comptaient par dizaines de mille 1} y a moins d’un siècle, et dont il restait en- core quelques individus vingt ans avant mon arrivée dans l’île. Les uns n'avaient pas laissé le moindre vestige; les autres n'étaient plus représentés que par quelques troncs desséchés au sommet de falaises maccessibles. J'ai lieu de croire qu'au moins une centaine de plantes de Sainte-Hélène ont ainsi disparu du répertoire de la nature depuis la première introduction des chèvres dans l’île. Chacune d'elles était un anneau dans la 28/ | J. D, MOOKER chaîne des êtres créés et formait la continuité avec d’autres espèces existantes ou étemtes, continuité aujourd’ hui i Irrévoca- blement interrompue. L’Aseension. — Nous devons dire en passant quelques mots de l’île de l’Ascension. Elle est beaucoup plus petite que Sainte- Hélène et en est éloignée de 600 milles au nord-est. On a appelé Sainte-Hélène un rocher nu, mais c’est un paradis com- paré à l’Ascension qui n’est qu'un amas de matières volca- niques caleinées, dont une partie ressemble à du verre de bou- taille et dont l’autre se compose de scories et de cendres. Un petit pic verdoyant, élevé de 800 pieds au-dessus de la mer, monopolise presque toute la végétation, qui consiste, dans la partie inférieure de l’île, en une espèce de Pourpier, une Gra- minée et une Euphorbe, tandis que le pic est couvert d’un tapis de fougères, au milieu duquel se trouvent cà et là quelques ar- bustes analogues de genre à ceux de Sainte-Hélène, mais diffé- rents d'espèces. On y trouve en tout neuf espèces de fougères, dont six diffèrent de celles de Sainte-Hélène, et dont trois sont entièrement spéciales à cet îlot. Terre de Kerguelen. — Je vais maintenant vous conduire à une île dont les traits sont d’une nature tout à fait différente de celles que nous avons examinées et dont la végétation paraît être à première vue en désaccord avec tout ce que nous connaissons des relations qui existent entre les îles océaniques et les conti- nents, mais qui néanmoins n'infirme pas la règle qui veut que les flores de ces îles soient dérivées d’autres flores. La Terre deKerguelen, île de la Désolation de Cook, est située au sud de cet orageux océan Indien, à la latitude du Cor- nouaille et dans la limite nord des glaces flottantes. Elle surgit de l’océan comme une masse noire, volcanique, ceinte de fa- laises que baigne une mer éternellement bouleversée par les orages. Elle est à 2170 milles du continent le plus proche, le sud de l'Afrique, à 1130 milles du cap Horn et à 3800 nulles de la moins éloignée des îles de la Nouvelle-Zélande ; ces dernières étant les terres les plus australes habitées par des végétaux. Vue de quelques milles de distance, Kerguelen paraît absolu- CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 285 ment stérile, et lorsqu'on aborde ses rivages, c'est à peine si le paysage se présente sous un aspect moins triste. Une bande étroite de gazon borde les criques profondes de la côte, et au- dessus de cette bande sont, comme entassées, les masses brunes d’une Ombellifère particulière (Azorella Selago) qu'on prendrait de loin pour les touifes d’une mousse ou d’une saxifrage gigan- tesques. Un peu plus loin, on découvre, disséminées çà et là, quelques Graminées et autres herbes qui disputent leur exis- tence à un sol d’une excessive aridité. Nous lisons dans le voyage de Cook que, parmi les pays décou- verts jusqu'à lui, il n'en existe peut-être pas, dans l’un ou dans l’autre hémisphère et sous les mêmes latitudes, qui offre un champ d'exploration aussi pauvre au naturaliste que ce point perdu dans l’immensité des mers. Cook aurait pu ajouter qu’à 10 degrés plus loin de l'équateur dans l'hémisphère sud, et à 20 degrés dans l'hémisphère nord, on ne trouverait pas en- core l'analogue d’une semblable pauvreté en espèces végétales. Cela est tellement vrai, que le Spitzherg, qui est à 30 degrés plus près du pôle que Kerguelen, peut se glorifier de posséder au moins cinq fois autant de plantes phanérogames que cette dernière île. Le naturaliste de l'expédition de Cook, le docteur Anderson, pendant l'été qu'il passa à la Terre de Kerguelen, ne trouva en tout que dix-huit plantes, tant phanérogames que cryptogames. Dans le séjour que j y fis, en hiver, j'en ai trouvé cent cin- quante, y compris celles qui avaient été signalées par Cook ; fait très-remarquable, en ce qu'il montre à quel point le climat, si rude et si orageux qu'ilsoit, y varie peu d’une saison à l’autre et reste uniforme pendant toute l’année. Toutes ces plantes sont vivaces, et l'une d'elles était remarquable par sa taille : c'était une gigantesque Crucifère, voisine de nos Cochléarias, et à laquelle on à donné le nom de chou de l’île de Kerguelen, tant à cause de son port qu'à cause de l’usage qu’en faisaient nos marins. Pendant quatre mois et demi, en effet, nous n’eûmes pas d'autre légume frais que celui-là, et nous en mangions Jjournellement, en potage ou accommodé avec la viande salée du 286 J. D, HOCKER, navire. Ce fut une précieuse ressource, car, pendant ce long espace de temps, nous n'eûmes aucun cas de scorbut ni d'autre maladie grave parmi les cent vingt hommes, officiers et mate- lots, dont se composait l'équipage. On peut en inférer que cette plante justifie bien le nom de Pringlea antiscorbutica qui lui a été donné en l’honneur de sir John Pringle, qui a écrit des ouvrages remarquables sur ce fléau des marins, le scorbut. Cette Crucifère abondait près de la mer, et on la reconnaît fort bien sur la gravure qui représente la crique de Christmas Har- bour, dans le troisième voyage de Cook. Elle n’est voisine génériquement d'aucune autre Crucifere de l'hémisphère aus- tral, et elle est aussi caractéristique par sa manière de vivre et sa structure botanique qu'aucune des plantes particulières que j'ai signalées comme les traits saillants de la végétation de Madère, des Acores et des Canaries. Pas plus que ces dernières, elle ne révèle rien sur l’origine et les affinités de la flore à laquelle elle appartient. Il n’en est pas de même des autres plantes phanérogames de Kerguelen ; celles-ci, presque sans exception, accusent les points du globe d’où elles sont dérivées. Le seul autre genre qui soit particulier à l’île, le Lyallia, affecte décidément une forme andine. Parmi les seize autres espèces, quatre passent pour distinctes et propres à l’île de Kerguelen, mais trois d'entre elles sont si voisines de leurs congénères de la Terre de feu qu'on peut tout aussi bien les regarder comme n'en étant que des variétés, et la quatrième se trouve dans les mêmes rapports avec une espèce de la Nouvelle-Zélande. Des douze restantes, dix se retrouvent à la Terre de feu, et parmi elles quatre sont exclusivement propres à cette région et à l’île de Kerguelen, y compris la remarquable Ombellifère mentionnée ci-dessus (4z0- rella), et qui fait partie d’un genre très-caractéristique de la flore des Andes sud-américaines. Cinq appartiennent à toutes les régions circumpolaires australes et une seule est commune à l'ile de Kerguelen et au groupe des îles Auckland. Enfin, trois sont des espèces européennes, toutes trois aquatiques, et qu'on trouve dans presque toutes les eaux douces du globe. Ce sont CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES, 287 les Callitriche verna, Limosella aquatica et Monha fontana. 1 résulte de ces faits que la flore de Kerguelen se rapproche beaucoup de celle de la Terre de feu ; elle s’en rapproche même tellement qu’on ne saurait raisonnablement douter qu’elle n’en dérive, aa moins pour la plus grande parte. Et ce qui est sur- tout à remarquer dans cette relation si intime et si évidente, c'est que la contrée de cette flore mère n’est pas la plus rappro- chée de celle qui en est issue, comme cela a lieu dans les autres iles que nous avons examinées, mais, au contraire, celle qui en est la plus éloignée. En effet, la terre de Kerguelen est à une distance plus grande du continent auquel elle se rattache par sa flore, qu'aucune autre île de l'océan Atlantique ou Indien ne l’est des continents qui seraient dans les mêmes rapports avec elle. Je me suis efforcé de mettre sous vos yeux, par des exemples frappants, les principaux caractères botaniques de certaines îles océaniques et la nature des ressemblances ou des différences qui existent entre leur végétation et celles des continents qui en sont les plus rapprochés ou dont leur flore paraît être directement ou indirectement dérivée. Mais avant de passer à l'examen des théories qui ont été proposées pour expliquer comment les îles océaniques ont été peuplées de végétaux et à quoi tiennent les particularités de leurs flores, je crois devoir en récapituler brièvement les traits principaux. Ainsi, nous avons vu : 1° Que la flore d'aucune île océanique n’est indépendante et sui generis; qu'elle est toujours très-manifestement alliée à quelque flore continentale et cela à quelque distance que cette ile soit du continent auquel sa flore se rattache, et que, quelque rapprochée qu'elle soit d’un autre continent, sa flore ne pré- sente jamais que de faibles traces de la végétation de ce der- nier. C'est ainsi que les Açores, placées à 1000 milles géogra- phiques plus près de l'Amérique que ne l’est Madère, ne possè- dent même pas autant de types américains que Madère ; que Sainte-Hélène, quoique à 1000 milles pius près du sud de l'Amé- rique que d'aucune partie de la côte africaine, contient à peine quelques plantes à physionomie américaine; et que l’île de Ker- 280 J. D. HOOKER. guelen, bien que beaucoup plus éloignée de la terre de Feu que de l'Afrique, de l'Australie ou de la Nouvelle-Zélande, offre cependant une flore qui est à proprement parler celle de la terre de Feu. 2 Que les flores de toutes ces îles sont plus fortement em- preintes des caractères généraux de la végétation des chmats tempérés que ne le sont leurs sinulaires continentales sous des latitudes analogues. C’est ainsi que Madère et les Canaries ont une flore méditerranéenne, bien qu'elles soient respectivement à 5 et à 10 degrés plus au sud que la latitude moyenne de la région méditerranéenne ; les affinités de la flore de Sainte-Hélène sont avec celle de l'Afrique australe, tandis que la flore de Kergue- len, sous le 48° degré de latitude, contient ce que nous pourrions nous attendre à trouver à la pointe australe de l'Amérique, si cette pointe s’étendait au 60° degré de latitude sud. 3° Toutes ces îles renferment de nombreuses et très-remar- quables espèces qui leur sont propres exclusivement et qui les distinguent des Açores continentales. Ces plantes particulières peuvent se répartir en deux groupes tranchés : a. Les espèces particulières aux îles et sans affinité avec celles du continent qui s'y rattache, comme les Lauriers, etc., de Madère, des Canaries et des Acores, les composées arborescentes de Sainte-Hélène, le chou de Kerguelen et le Lyallia. b. Celles de genres particuliers, différents de ceux de la flore mère continentale, mais ayant des analogies dans cette dernière, ou même n’en différant que peu. Dans ces genres, les espèces sont ou totalement différentes de leurs congénères continentales, ou plus ou moins voisines; quelquefois même elles contiennent des variétés très-analogues ou tout à fait sem- blables à celles des flores continentales. h° Qu'en règle générale, les espèces qui se rattachent au continent sont proportionnellement les plus abondantes et occu- pent la plus grande partie du sol des îles. Les espèces exclusi- vement propres aux Îles sont plus rares, les genres propres plus rares encore; tandis que les plantes qui n'ont aucune affinité avec celles du continent sont souvent les plus communes de CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 289 toutes, surtout dans les îles à climat tempéré, au moins dans les conditions actuelles de la végétation de ces îles. 5° Que les espèces indigènes annuelles sont extrèmement rares ou manquent entièrement, mais que les plantes annuelles introduites sont devenues très-nombreuses dans ceux de ces îlots qui ont été colonisés par les Européens. J'arrive maintenant à la partie la plus difficile de ma tâche, qui est d'examiner en peu de mots les hypothèses mises en avant par les naturalistes pour expliquer la présence des plantes en tinentales dans les îles océaniques, ainsi que les différences qu’on observe entre ces flores insulaires et celles des conti- nenis. Aucune de ces hypothèses n’a été vérifiée et ne satisfait l’esprit : ni les considérations géologiques, n1 les affinités bota- niques, ni la sélection naturelle, ni la réunion de ces données, ne nous donnent la solution d'un problème qui est aujourd’hui l'énigme de la science du botaniste. La flore océanique est réel- lement pour ce dernier ce que les comètes et les météorites sont pour l’astronome. La doctrine darwinienne elle-même, cette doctrine féconde qui nous ouvre de si vastes aperçus sur l’ori- gine et la succession de la vie, et qui est pour nous ce que l’ana- lyse spectrale est au physicien, est restée insuffisante pour dé- brouiller les phénomènes multiples que nous présentent ces flores insulaires. Pour mon compte, je ne vois que deux hypo- thèses possibles pour expliquer l'existence d’espèces continen- tales dans les îles océaniques : ou les semences de ces espèces y ont été apportées à travers l'Océan par les courants, les vents, les oiseaux ou d’autres agents analogues ; ou bien les îles ont autrefois fait partie du continent, et leurs espèces étaient répan- dues sur des terres intermédiaires qui ont disparu depuis. Pour un observateur superficiel, l'une ou l’autre de ces causes peut paraître admissible et suffisante ; mais le naturaliste, qui n'accepte rien à moins d’une démonstration absolue, trouve d'insurmontables objections à chacune de ces hypothèses. Les avocats de ces hypothèses s'accordent sur un point fondamental, savoir : que les plantes communes aux îles et aux continents 0° série. Bor. T, VI, (Cahier n° 5.) à 19 200 J. D. HOOKER, n'ont pas été créées indépendamment les unes des autres dan les deux localités, mais qu’elles sont passées de l’une à l’autre. Un autre point, qui probablement obtiendra le même assenti- ment, est que les plantes insulaires sans analogies avec celles du continent sont les restes d'une végétation beaucoup plus ancienne que celle qui maintenant domine sur le continent au- quel la flore insulaire a été empruntée. Ce dernier point est des plus importants à établir. Je vous ai exposé les raisons, tirées des conditions actuelles de la flore atlantique, qui me font supposer qu’elle n’est que le débris d’une flore beaucoup plus ancienne. Cette manière de voir s’ap- puie sur le fait que les plantes insulaires ont leurs congénères, et souvent leurs très-proches alliées, abondamment représentées à l'état fossile dans les terrains tertiaires de plusieurs contrées de l'Europe. On ne conteste plus aujourd’hui que depuis qu’exis- tent ces espèces d'aspect étrange, qui attirent si fortement notre attention dans les forêts des Canaries, de Madère et des Açores, la végétation de l’Europe n'ait subi une révolution complète; que ces plantes ne soient les témoins vivants d’une période où les arbres caractéristiques des flores de l'Asie et de l'Amérique composaient les forêts de notre propre continent, et enfin qu'elles ne doivent leur conservation jusqu'à l'époque actuelle à leur situation insulaire. Sans aucun doute, elles ont émigré du continent européen, où elles ont dans la suite été rem- placées par l'invasion des flores septentrionales et orientales, mais cette émigration a eu lieu à une époque prodigieuse- ment ancienne, quand les conditions de climat des îles et des continents étaient très-différentes de ce qu'elles sont aujour- d'hui. L'hypothèse d’une ancienne extension du continent de l'Eu- rope qui, embrassant les îles, les mettait à même de recevoir, sans migration transocéanique, les plantes qu'il possédait, a été appuyée pour la première fois sur des raisons scientifiques par feu le professeur E. Forbes, dans son Mémoire sur les relations géologiques de la France et de la flore des îles Britanniques, mémoire lu en 18/45 devant l'Association britannique, à Cam- CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 291 bridge. Dans cet essai, le professeur Forbes démontre que la flore britannique est principalement dérivée du continent de l’Europe, quand ces îles en faisaient partie, c'est-à-dire avaut lirruption de la Manche et de la mer du Nord, hypothèse qui est fortement appuyée et, je crois, universellement acceptée par les naturalistes et les géologues. Il explique ensuite la colonie particulière des plantes pyrénéennes, qu’on trouve dans l’ouest de l'Irlande, par une ancienne extension du continent au tra- vers de ce qui est aujourd'hui la baie de Biscaye; et enfin il ressuscite l'hypothèse de l'Atlantide des anciens en montrant la probabilité d’une extension vers l’ouest du contment européo- asiatique, extension qui pénétrait jusqu'au üers de la distance qui nous sépare actuellement de l'Amérique, et qui embrassait toute la région des Açores, de Madère et des îles Canaries. Les arguments sur lesquels se fondait cette manière de voir ayant été exposés en détail par le professeur Forbes lui-même, je n'ai pas à les rappeler ici, d'autant mieux que j'y ferai allusion en discutant l'hypothèse contraire d'une migration transocéanique des plantes insulaires. Cette migration, qui d'abord ne fut rien de plus qu'une con- jecture généralement acceptée, ou une simple probabilité, a été pour la première fois exposée scientifiquement par M. Darwin, il ÿ a sept ans, dans son livre célèbre : « De l’origine des espèces, » Je vous prie 11 de bien comprendre que cette hypothèse de la migration des plantes ne fait pas nécessairement partie de la théorie de M. Darwin sur l’origine même des espèces; la varia- tion, ni la sélection naturelle ne pouvant aider mécaniquement au transport des plantes d’un continent à une île, quoique ces deux principes puissent influer sur notre manière de considérer les résultats de ce transport, ce qui est une tout autre question. Je vous ai exposé, en vous parlant des flores océaniques, des laits qui appuient fortement la théorie de M. Darwin sur l’ori- gine des espèces, et de la même manière, M. Darwin, qui croit à la migration transocéanique, et qui la fonde sur des données complétement indépendantes de sa théorie de l'origine des espèces, utilisa cependant, à l'avantage de cetté dernière, Îles 209 ) J. D. HOOKER., aperçus que lui fournit la théorie de la migration. M. Darwin va jusque-là, et c'est jusque-là aussi que nous devons le suivre pour discuter son argumentation. M. Darwin raisonne avec une grande vigueur pour soutenir l’hypothèse d’une migration transocéanique des espèces. Par- tant du fait universellement admis qu'il y a en tout temps des moyens de transport en activité, le problème se réduit pour lui à une question d'espace, à une certaine somme d'agents et à une durée indéterminée pendant laquelle ces agents ont opéré. Il montre que les Oiseaux transportent des semences dans leurs pattes, dans leurs becs et dans leurs estomacs, et qu’ainsi des îles telles que les Canaries et Madère sont approvisionnées exclusi- vement par des Oiseaux de terre européens; que nons avons annuellement un transport transocéanique par la migration d’Oiseaux américains en Europeet d'Oiseaux européens en Amé- rique ; que les Poissons de l'Océan dévorent des graines, et que, devenus la proie d’Oiseaux de mer, le contenu de leur estomac peut être déposé dans des îles éloignées; que la poussière est emportée par le vent à 1000 milles par delà l'Océan, et que les semences de beaucoup de plantes ne sont ni plus grosses, ni plus pesantes que des grains de poussière. En ce qui concerne l’action des courants marins, M. Darwin démontre encore par des expériences positives que, bien lom que le contact de l’eau salée soit, comme on l’a supposé, nécessairement fatal aux semences, un grand nombre de celles-ci résistent à l’action de l’eau salée pendant un espace de temps suffisant pour leur permettre d’être transportées à plusieurs centaines de milles sans perdre leur vita- lité, et je vous en ai fourni un exemple remarquable dans ces graines d'Entada (elles m'avaient précisément été envoyées par M. Darwin) qui, après avoir flotté l’espace de 3000 milles, de l'Amérique équinoxiale aux Açores, ont germé à Kew. Il ajoute que les îlots de corail, que personne ne suppose avoir jamais été reliés à un continent, sont amplement approvision- nés de plantes par les agents que nous venons d'indiquer. Comme preuve négative en faveur de sa manière de voir, M. Darwin allègue les faits suivants : que les îles océaniques sont Phase sat S— _… CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 203 pauvres en espèces, et que des genres entiers, ou même des familles entières de plantes continentales, leur manquent, ce qui u’aurait pas lieu si elles avaient été une extension du continent ; que les Mammifères terrestres et les Batraciens manquent de même à toutes les îles océaniques, bien que les Mammifères ailés tels que les Chauves-Souris, les Oiseaux, les Insectes et autres animaux terrestres voyageurs, s'y trouvent en plus ou moins grande quantité ; que si nous Invoquons une extension du continent pour quelques îles, nous devons l’admettre pour toutes, ce qui est inadmissible eu égard à ses idées sur la per- manence des circonscriptions et de la topographie générale des continents et du lit des mers pendant les dernières époques géo- logiques. Enfin, les îles océaniques dont je viens de vous entre- tenir, ainsi d’ailleurs que presque toutes les autres, sont volca- niques, ce qui impliquerait que les continents submergés étaient aussi volcaniques. Cette opinion, qu'aucune preuve n'appuie, est en elle-même fort improbable. Ce que je viens de vous exposer n’est qu'une esquisse som- maire des arguments de M. Darwin en faveur de la migration transocéanique des végétaux. Telle qu'elle est, elle dénote une si grande habileté à mettre les faits en lumuère, une telle fertilité d'invention pour vérifier ces faits, que je me sens presque en- trainé à admettre avec lui que, dans l’état présent de la science, le transport à travers l'Océan est le principal moyen et le plus probable par lequel les îles océaniques ont été peuplées de végé- taux. Je dis le plus probable, et ] ajoute que M. Darwin ne donne cette explication que comme une opinion vers laquelle il inchne, et qu'avec cette candeur qui caractérise tous ses écrits, il ne fait pas même valoir ici, en présence des deux hypothèses, les arguments que lui fournirait sa théorie de dérivation des espèces. à Mas quoique les explications de M. Darwin répondent à beaucoup de points du problème dont il s’agit ici, et qu’elles puissent même éventuellement satisfaire à tous, il n’existe pas moins de grandes difficultés à ce qu'on les admette camme raison dernière des faits. 20 J. D, HOOKER. D'abord, relativement au transport par les vents et les cou- rants marins, tout ce que nous savons de la direction que pren- nent ces agents dans le nord de l'Atlantique est en faveur du transport des plantes d'Amérique, et non des plantes d'Europe, aux Acores; et cependant lestypes américains se trouvent dans ce groupe d'îles en moindre nombre qu'à Madère et aux Canaries. Cette objection est en partie balancée par le fait que les Açores sont plus près de l'Europe que de l'Amérique ; que les plantes américaines, lorsqu'elles entrent en lutte contre celles de l’Eu- rope, sont vaincues et disparaissent, et enfin qu'un bon nombre des types qui aujourd'hui sont propres à ces îles ont été aussi européens à une époque géologique comparativement récente. On ne peut pas non plus regarder comme concluant le fait que les Oiseaux des îles de l'océan Atlantique, ainsi que me l’assure le docteur Sclater, sont presque tous identiques spécifiquement avec ceux de l’Europe, et y voir la preuve d’une migration des plantes européennes vers ces îles. Sans doute, les Oiseaux d'Europe y émigrent, mais 1l ne s'ensuit pas nécessairement que les plantes d'Europe les y accompagnent, car, tandis que les plantes diffèrent considérablement d'espèces d’une des deux régions à l’autre, les Oiseaux n'en différent point, d'où l’on doit inférer que ces deux catégories d'êtres ne sont pas soumises à la même loi. M. Darwin atténue cette objection en faisant observer que la migration des Oiseaux est continuelle et fréquente, et que, comme ils survivent tous, ils conservent le type primitif et ne donnent pas naissance à des variétés locales, etc.; tandis que le transport des semences étant accidentel et que ces semences ne survivant qu'en petit nombre, les plantes auxquelles elles don- nent le jour produisent à la longue des variétés locales, et ne perpétuent pas les variétés et les formes du continent. Il en est de même pour Sainte-Hélène et l'Ascension : ces îles ont une végétation africaine, mais elles n’ont pas d'Oiseaux ter- restres, et, quoiqu'elles se trouvent à mi-chemin entre l'Afrique et l'Amérique, c’est à peine si elles ont à elles deux un seul type américain parmi les Phanérogames. L'île de Kerguelen, de i } L: EE CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAÏIRES. 295 même, a une flore dont les éléments lui sont venus non de la côte la plus voisine, mais de la côte la plus éloignée. Une autre difficulté se présente : c'est l'extrème rareté des plantes communes aux îles de l'océan Atlantique. Prenons pour exemple. cet arbre remarquable des Canaries, le Bencomia cau- data, dont deux individus seulement, l’un mâle et l’autre femelle, ont été trouvés dans les montagnes de Madère ; il est à peine concevable que des individus de l’un et de l’autre sexe aient été transportés en même temps des Canaries à une aussi grande distance. Il en est de même des autres plantes rares et spéciales à ces îles, quand elles leur sont communes. Des îlots intermé- diaires, comme les Salvages, sur lesquels ces plantes particu- lières abondent, fournissent le seul moyen de concevoir ces communications d’une île à l’autre; mais si l’on admet ces îles intermédiaires (ce que M. Darwin ne repousse pas), pourquoi n’admettrait-on pas tout aussi bien que des continents ont pu Jouer le même rôle? Personne ne conteste que certaines grandes îles, qui sont situées trop près des continents pour que l’on puisse les classer parmi celles que nous appelons océaniques, et qui contiennent des Mammifères terrestres, comme la Grande-Bretagne, Ceylan, Madagascar, le Japon, les îles Falkland, etc., n'aient été jadis réunies aux continents, comme l'mdique leur population animale et végétale. Cependant, l'examen des flores de la plupart de ces grandes îles complique singulièrement la question ; car, contrai- rement aux îles océaniques, elles renferment, 'outre les plantes des continents adjacents, bien des types d'organisation qu'on ne retrouve que sur le continent opposé. C’est ainsi que Ceylan con- tient des plantes malaises qui n'existent pas dans la péninsule de l'Inde ; que le Japon en possède qui appartiennent à l'Amérique du Nord, et que Madagascar en à qui sont propres aux îles de Bornéo et de Java. Nous serions ainsi forcés d'admettre que tan- dis que les grandes îles, qui se sont peuplées de plantes par leur communication directe avec les continents adjacents, recoivent des émigrants des continents les plus éloignés, les petits flots qui sont situés beaucoup plus près des continents vers lesquels se 296 | ’ J. D. HOOKER. dirigent les courants d’émigration ont été à l'abri des effets de ces derniers. [ei encore Je crois que la seule manière d'expliquer les faits est d'évaluer les changements qui se sont effectués dans la flore des îles et des continents pendant une période géolo- gique comparativement récente. Nous avons aussi des exemples remarquables d’îles qui n’ont pas profité des migrations des continents les plus voisins, et où cependant on se serait attendu à en trouver les effets. C'est, entre autres, le cas de la Nouvelle-Zélande. Cette grande ile contient certaines espèces et certains types de l'Australie, mais ce ne sont pas les plus communs, ni probablement ceux qui y sont arrivés par voie de migration océanique. La végétation arborescente de l'Australie consiste généralement en nombreuses espèces de Myrtacées (Eucalyptus) et de Légumineuses qui composent à elles seules près des trois quarts des forêts de ce continent; cependant on ne trouve pas une seule de ces espèces a la Nouvelle-Zélande, quoique leurs semences, celles des Eucalyptus surtout, soient très-petites, produites en immense quantité, faciles à transporter, et qu'elles conservent longtemps leur vitalité. De plus, les Eucalyptus et les Acacias, une fois introduits par l’homme à la Nouvelle-Zélande, s'y sont natura- lisés si facilement et en si peu de temps, qu'ils ont fait reculer devant eux la végétation indigène. Si même nous admettons, avec M. Darwin, que les change- . ments spécifiques et sous-spécifiques des plantes, qui passent des continents dans les îles océaniques, sont dus aux nouvelles relations auxquelles elles sont soumises dans l’étroit espace de leur nouvel habitat et à la lutte qu’elles ont à soutenir contre les autres plantes pour continuer à exister, comment se fait-il que les plantes des Acores, iles situées à 750 milles de l'Europe, soient moins modifiées que celles de Madère, qui n’est qu'à 300 milles ? Cette objection n’est pas réfutée d’une manière satisfaisante par ce fait que l’île la plus voisine du continent, recevant une immu- gration plus nombreuse, la lutte quis établitest plus vive; car cette même cause devrait plutôt remplir l’île de formes identiques avec celles du lieu d'émigration, et, par les croisements entre indi- . PT | CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 297 vidus de même espèce, tendre à conserver les formes primi- tives et typiques, ainsi qu'on l’a observé à Madère pour les Oiseaux d'Europe, dont les espèces ne s’y sont point modifiées, tandis que les plantes européennes y ont notablement changé de figure. Quant à l’objection qui pourrait m'être faite que les îles océaniques sont d'origine volcanique, et par conséquent ne sont pas les sommités des montagnes de continents submergés, et qu’elles ne contiennent pas de Mammifères fossiles, j y répondrais que nous avons dans l'archipel malais de vastes espaces de terre qui, s'ils étaient submergés (et ils sont continuellement exposés à des abaissements et à des soulèvements), ne laisseraient que des pics volcaniques isolés, tels qu'en présentent les îles de l'océan Atlantique. Si ces terres étaient submergées, laissant saillir au- dessus du niveau de la mer leurs pics volcaniques, par exemple ceux de Java ou des Moluques, etc., devrions-nous nous attendre à y trouver des Mammifères terrestres, récents ou fossiles ? Il ne faudrait pas non plus oublier que, comme règle générale, les iles diminuent en étendue et en nombre vers les centres des grands Océans, ce qui, étant admis que les grandes îles adja- centes aux continents en faisaient autrefois partie, appuierait l'hypothèse qu'il a pu en être de mème pour les petites. Au sur- plus, la répartition des plantes sur les continents eux-mêmes nous offre des faits analogues à ceux que nous trouvons dans les îles, et ces faits sont si rebelles à toute explication qui n'admettrait pas d'immenses révolutions géologiques, que nous ne pouvons guère faire autrement que de les mettre sur la même ligne que ceux des îles océaniques. D'un autre côté, à mon avis, la grande objection qu'on peut faire à l'hypothèse de l'extension des continents est qu'avec elle on répond à tout et qu'on n’explique rien; elle prouve trop; tandis que l'hypothèse d’une “migration transocéanique, bien qu’elle laisse une multitude de faits inexpliqués, offre une solu- tion satisfaisante de beaucoup d’autres, qui, dans l'hypothèse de continents intermédiaires, restent à l’état de faits isolés, et qui littéralement n’ont aucun mtérêt scientifique. Ce sont + 298 J. D. HOOKER. des curiosités pour la science, mais non des curiosités scienti- fiques. | Ainsi, à l’aide de l’hypothèse de la migration transocéanique, combinée avec la théorie de l’origine dérivative des espèces, nous pouvons comprendre pourquoi les anciens types spéci- fiques, comme les anciennes races du genre humain qui ont disparu sur les continents sous la pression imcessante de races supérieures, auraient survécu dans les îles où peu d'individus de ces races supérieures ont pénétré ; nous pouvons comprendre comment il se fait que tant d'espèces et de genres des continents se trouvent représentés dans les îles par des espèces et des genres similaires, mais non identiques. Ces deux hypothèses nous font encore comprendre pourquoi on observe dans les flores insu- laires de l'Atlantique une série si bien graduée de formes, qu'on passe insensiblement de la variété au genre, sans y trouver ces coupes tranchées qui séparent si nettement les espèces sur le continent; pourquoi des tribus entières manquent dans les îles ; pourquoi leurs flores sont limitées et leurs espèces en si petit nombre proportionnellement au nombre des genres ; pourquoi les espèces arborescentes des genres qui leur sont particuliers revêtent si souvent des figures bizarres ou pittoresques , et enfin beaucoup d’autres faits de moindre importance qu'il serait fasti- dieux d’énumérer 1c1. Si un grand nombre des phénomènes que nous présentent les flores insulaires sont expliqués d’une manière satisfaisante par la théorie de la mutabilité des formes spécifiques, et ne le sont pas au même degré par aucune autre théorie, on est obligé d’ad- mettre qu'il y à là un puissant argument en sa faveur. Tenez d’ailleurs pour certain que cette lutte sourde, mais perpétuelle des êtres, lutte qui existe dans le règne végétal aussi bien que chez les animaux, pour la conservation de leur existence, met à profit tous les changements de forme, toutes les modifications des milieux, pour étouffer et faire disparaître les formes les moins appropriées à ces diverses circonstances ; et ne doutez pas davan- tage que les changements de figure, dans le temps et dans l’es- pace, sont, pour le monde organique, une loi aussi certaine et } | CONSIDÉRATIONS SUR LES FLORES INSULAIRES. 299 aussi absolue que le sont pour les corps inorganisés les propor- tions mathématiques des atomes et Les nombres qui président à leurs combinaisons. Il est connu aujourd’hui que, par une sage ordonnance des choses, le semblable ne reproduit jamais exactement son sem- blable ; que deux phénomènes ne sont jamais absolument syn- chroniques, n1 que les êtres organisés se ressemblent d'une manière parfaite dans la succession de leurs générations. Je dis que c'est une sage ordonnance, parce que, ne répétant Jamais identiquement les mêmes formes, elle les approprie par là aux conditions de milieux, qui elles-mêmes se modifient sans cesse dans l’indéfinie durée de la nature. L'admission de principes généraux dans les sciences physiques et naturelles à toujours été lente, et nous en avons un nouvel exemple dans celui qui veut que les espèces actuelles aient été créées par dérivation de formes antérieures, modifiées dans le cours des temps. Sous ce rapport cependant, les sciences phy- siques sont en avance sur les sciences biologiques, parce qu'elles sont étudiées depuis plusieurs siècles, tandis qu'il y en a à peine un que la botanique et la zoologie ont commencé à être l'objet d'études vraiment sérieuses et scientifiques. Aucun système n'a été établi avant cette époque, et les grandes découvertes faites en anatomie et en physiologie sont encore contemporaines de plusieurs d’entre nous. Elles sont comparativement si récentes, qu'on n’a pas encore jugé que leur connaissance dût faire partie d'une éducation libérale. NOTICE POUR SERVIR A L'HISTOIRE DU DÉVELOPPEMENT EN ÉPAISSEUR DES PAROIS CELLULAIRES, | Par M. A. MILLARDENT, Licencié ès sciences, membre de la Société botanique de France. J'ai réuni dans cette notice un petit nombre d'observations anatomiques faites dans le courant de l’année 1864, et qui m'ont paru avoir quelque intérêt pour l'histoire du développe- ment des parois cellulaires. Je témoignerai avant tout ma vive gratitude à M. le professeur Hofmeister, sous les yeux duquel la plupart de ces observations ont été faites, pour la bienveil- lance avec laquelle il n'a cessé de m'assister de ses conseils et de sa haute expérience. L'embryon de la graine du Bertholletia est entouré d’une coque épaisse composée de trois couches distinctes (fig. 4). Les deux internes, formées de cellules petites, plus ou moins polyé- driques, à dimensions presque égales dans tous les sens, n'of- frent rien de particulier ; c'est de la couche externe seulement qu'il sera question dans cette notice. Cette couche est constituée par des cellules allongées, pris- matiques, à parois épaisses et incolores, implantées à la sur- face de la couche précédente comme le duvet du velours à la surface de la trame qui le porte; leur réunion forme un tissu très-dense, sans le moindre méat intercellulaire, tel qu'on l’ob- serve à la surface des graines de beaucoup de Légumineuses. Si l’on isole ces cellules par la méthode de macération de Schultze, on découvre dans chacune d'elles (fig. 2, 3, 4, 5 et 6), à un grossissement assez faible, de un à six canaux longitudi- naux d'un calibre très-variable et d’un trajet plus ou moins régulier. Ceux-ci tantôt mesurent toute la longueur de la cel- DÉVELOPPEMENT EN ÉPAISSEUR DES PAROIS CELLULAIRES. 901 lule, tantôt se réunissent à différentes hauteurs, deux à deux. trois à trois, pour former un canal plus vaste d’où partent bien- tôt de nouvelles ramifications longitudinales. Dans les cas les plus fréquents, ils s'anastomosent directement aux extrémités de la cellule, ou bien se rendent à une grande cavité également terminale, au moyen de laquelle ils communiquent ensemble ; il n'est pas rare non plus de les voir se résoudre en un lacis de canalicules enchevèêtrés dans tous les sens et dont le trajet est difficile à suivre. Chacun des membres de ce système longitu- dinal est relié aux autres par des anastomoses transversales ou obliques, et l’on en voit partir également des conduits qui se rendent à la périphérie de la cellule, où ils se renflent un peu en se terminant. Ces irrégularités de calibre et de direction dans les grands canaux longitudinaux, jointes aux irrégularités non moins grandes que présentent leurs anastomoses, ainsi que les canali- cules qui se rendent aux parois de la cellule, donnent à celle-ci un aspect étrange et une complication que l’on a d’abord quelque peine à démêler. Une coupe longitudinale (fig. 8, 13) montre les mêmes choses, mais d’une manière plus nette, si ce n'est que les limites de chaque cellule sont souvent un peu obscures. On y découvre, en outre, une masse de canalicules d'une ténuité extrême, pour ainsi dire enroulés en spirale au- tour des autres, creusant la paroi d’une masse de cavités vermi- culées qui donnent à celle-ci l'aspect d'un morceau de bois qui aurait longtemps servi de retraite aux larves de certains in- sectes (fig. 8, 9 et 10). On pourrait croire, à première vue, que ces canalicüles ne sont que des gouttières creusées sur la paroi des canaux longi- tudinaux (peut-être même en est-il ainsi dans quelques cas), mais une observation attentive amène presque toujours à recon- naître que ce sont de véritables conduits. Une coupe trans- versale (fig. 11 et 12) détruit toute espèce de doute à cet égard. On y voit de la manière la plus claire les orifices des canaux Jongitudinaux, tantôt simples, tantôt entourés de plusieurs ou- vertures vermiculées qui les contournent; il est donné aussi 209 A. MILELARDET. très-fréquemment d’apercevoir l'ouverture de communication de ces canalicules dans les canaux longitudinaux. Les anasto- moses et les conduits qui se rendent aux parois ne sont pas moins évidents, et l’on finit par avoir de tout ce système une idée extrêmement nette. He J'ai pu, sans avoir à ma disposition de jeunes fruits de Ber- tholletia, suivre le mode de développement de ces curieuses cel- lules, du moins pour ce qui a trait aux Canaux principaux. Il arrive quelquelois que dans des coupes transversales on ren- contre des cellules qui, au lieu de plusieurs ouvertures plus ou moins périphériques et correspondant aux canaux longitudi- vaux, n en montrent qu'uné seule centrale qui répond à la ca- vité primitive de la cellule (fig. 11). Cette cavité n'est pas régu- lière, mais rétrécie en plusieurs points par des excroissances qui partent de la paroi et s’avancent vers le centre, décomposant ainsi la cavité primitive en trois ou quatre cavités plus petites, placées excentriquement et communiquant ensemble au centre par des passages très-étroits. Dans d’autres cellules plus avan- cées on trouve la soudure de ces promontoires de matières cellulaires déjà opérée et les canaux longitudinaux compléte- ment constitués. Il y a des cellules (fig. 7, a') où, au lieu d’un petit nombre de canaux longitudinaux, on trouve trois ou quatre fois autant de canaux Courts ét anastomosés dans tous les sens. Leur dévelop- pement a lieu de la même manière que je l'ai exposé plus haut pour les canaux principaux. Le travail d’épaississement, au lieu d’avoir pour point de départ une surface étendue de la parot de la cavité cellulaire, ne se fait que par petites places, et il en résulte une foule de protubérances qui, sè rencontrant des façons les plus variées, produisent, au moyen. des intervalles qu’elles laissent entre elles, ces canaux secondaires que je viens de mentionner. Dans quelques cellules le travail d'épuiisiehbt a marché | plus vite à la partie moyenne qu'aux extrémités : il en ré- sulte qu'on y voit à l’un des bouts, quelquefois à tous les deux, | une cavité dans laquelle débouchent les canaux longitudinaux; de > es rm qe à = 4 | | | DÉVELOPPEMENT EN ÉPAISSEUR DES PAROIS CELLULAIRES. 308 lorsqu’au contraire, ce qui est plus rare, le travail d'épaississe- ment marche plus rapidement aux extrémités qu'au centre, on trouve une disposition opposée (fig. 2, 3, 4, 5 et 6). C'est ici le lieu de mentionner des filaments mycéliaux, que j'ai trouvés assez fréquemment dans les canaux longitudinaux (fig. 7, a, b). Ils sont rougeâtres, composés d'articles assez courts et se ramifient souvent en même temps que le canal, Il semble qu'ils se sont introduits par l'extrémité extérieure de la cellule; je n’en ai vu qu'un seul qui, envoyant un filament latéral, semblait passer dans la cellule voisine. | Lorsqu'on a observé les désordres que causent certains bysses dans les cellules végétales privées de vie, 1l est naturel de se demander si la végétation parasite que je viens de signaler dans les cellules du Bertholletia ne serait pas la cause de leur organisation anormale. Afin de ne pas perdre la suite de mon observation, je répondrai dès à présent à cette question, me réservant de discuter un peu plus. tard quelques-unes des con- clusions auxquelles Schacht est parvenu dans son dernier mé- moire sur ce sujet (1). Il est vrai que des filaments mycéliaux creusent quelquefois dans l’épaisseur des parois des cellules un système de canaux et de cavités disposés avec une certaine régularité, et pouvant par cela même, surtout lorsque le champignon a disparu, faire regarder comme naturelle une disposition complétement accidentelle ; néanmoins il ne me paraît pas possible d’invoquer ici cette cause. J'ai trouvé des noix de Bertholletia qui n'of- fraient pas un seul filament parasitaire, et dont les cellules montraient cependant la même organisation que les autres. Jamais non plus je n'ai vu, parmi les cavités dont sont creusées les cellules, une seule qui offrit ces lignes droites et ces angles vifs qui paraissent caractéristiques de la présence d’un parasite (Schacht, loc. cit, pl. XXII-XXIIT). Une preuve plus certaine encore est fournie par la direction des couches qui forment l'épaisseur de la cellule, et qui sont toujours disposées concen- (1) Ueber die Veränderungen durch Pilze in abgestorbenen Pflanzenzellen (Pringsheim’s Jahrbücher, UT, 449), 304 A, MILLARDET, triquement autour des canaux longitudinaux. Une coupe extrè- mement mince le montre déjà à la lumière simple (fig. 12 et 13), mais cette structure devient tout à fait évidente à la lumière polarisée. La figure 14 montre une coupe transversale observée à l’aide d’une mince plaque de gypse interposée entre les deux prismes de Nicol. Il est évident, d’après la répartition des couleurs, que chaque canal doit être regardé comme un axe autour duquel sont orientées les différentes couches de matière cellulaire, ainsi qu’on le voit sur la plupart des fibres du liber. Comme cette disposition ne peut pas être un effet de la présence du parasite, on est obligé d’en conclure l'existence d’un canal avant l'apparition de ce dernier. S1 les filaments parasitaires ne jouent aucun rôle dans la formation des canaux, il me paraît superflu de dire qu’il semble impossible qu'ils concourent à la formation des canalicules, surtout de ceux qui sont enroulés en spirale (fig. 10), ou, comme la figure 9 en représente un, en limaçon. Ce mode de formation est d'autant plus impossible que leur diamètre surpasse tou- jours celui de ces derniers. Quel peut être leur mode de déve- loppement? N'ayant eu à ma disposition que des cellules adultes, il m'a été impossible de pénétrer dans cette partie de leur his- toire, et je ne vois pas d'hypothèse qui puisse en rendre compte d'une manière satisfaisante. Avant d'abandonner ce sujet, j’appellerai encore l'attention sur une disposition de structure que présentent ces mêmes cel- lules, disposition qui se retrouve dans le plus grand nombre des cellules et des fibres à parois épaisses : je veux dire ces lignes plus ou moins flexueuses que l’on a regardées comme des in- dices de stratification. Dans le cas présent elles sont très-appa- rentes sur les coupes les plus fines, peu allongées, onduleuses et disposées concentriquement autour des canaux longitudinaux. D'un diamètre extrêmement étroit, on les voit se détacher comme de petites lignes claires sur le fond plus dense et plus sombre du reste de la paroi (fig. 12 et 13). A un grossissement de 1200 diamètres, elles paraissent encore si étroites, qu'il est difficile de décider si l’on à affaire à de simples amincissements DÉVELOPPEMENT EN ÉPAISSEUR DES PAROIS CELLULAIRES. 305 ou à de véritables cavités. On peut souvent, en colorant la coupe par une solution concentrée d’iode, s'assurer, par l’exa- men des bords de celle-ci, qu'il y a réellement dans ces points plus clairs un manque de substance, mais ce vide peut être dû à l’éraillement des tissus par le couteau. M. le professeur Hofmeister, à qui je montrai mes prépara- tions de Bertholletia, eut la bonté de m'indiquer une observation de Mirbel qui offrait quelque analogie avec la disposition que j'avais observée dans cette plante. C'est également à son obli- geance que je dois la connaissance de ces cellules de Magnolia Yulan dont je parlerai tout à l'heure. Suivant Mirbel (1), les cellules des noyaux de Prune auraient des parois creusées d’une foule de cavités quadrilatères et éche- lonnées du centre à la circonférence dans le sens du rayon. Cette observation ne manque pas de justesse dans ses points essen- tiels, mais la figure qu'il donne est complétement inexacte. Je vais exposer les faits tels que l’observation la plus minutieuse, à l’aide d’un appareil à immersion n° 10 d'Hartnack, me les a montres. Lorsqu'on fait une tranche mince d'un noyau de Prune, de Pêche, de Nèfle et d’un grand nombre d’autres Pomacées, on est d'abord frappé, si le fruit est parvenu à maturité, de l’épaisseur considérable des parois cellulaires et du grand nombre de couches secondaires régulièrement stratifiées qui les forment (fig. 15). Si, au lieu d’un grossissement de 3 à 4 dia- mètres, on emploie un bon grossissement de 1000 à 1200, on s'aperçoit bientôt que chaque couche de matière cellulaire est séparée des couches voisines par un espace clair de dimensions à peu près égales à celles de la couche elle-même. Il arrive, lorsque la coupe est très-mince, que toutes ces couches se dis- joignent et agrandissent ainsi les intervalles qui les séparent. Ce fait me fit croire que peut-être l'apparence stratifiée qu’offrent les parois pourrait dépendre d'un ébranlement produit par le rasoir ; J isolai donc par la macération ces mêmes cellules, et je (1) Mirbel et Payen, Mémoire sur l’organisation et la structure de plusieurs orga- nismes des plantes (séance du 13 février 14845), pl. 16. 5€ série, Bor, T, VI, (Cahier n° 5) 4 20 306 A. MILLARDET. m'assural, comme la figure 16 le représente, que, dans ce cas, on aperçoit encore la stratification. Il est du reste assez facile de distinguer sur une coupe quel- conque si les vides qu'on observe sont naturels ou dus à l’érail- lement des tissus. Ici encore on voit les mêmes vides se repré- senter dans chaque cellule sur des points analogues, qui sont ceux où les tissus ont eu à supporter la plus forte pression de la part du rasoir. La coupe que j'ai dessinée figure 17 fera mieux comprendre qu’une description la structure dont je veux parler. J'ai tâché de réunir dans ce seul exemple toutes les variétés que présen- tent les couches dans leur arrangement, depuis la régularité la plus parfaite (a) jusqu’au cas où on les voit suivre un trajet plus ou moins sinueux et se ramifier de différentes façons (b, c). : En € se voient des canalicules ouverts par la coupe ; en #, d’autres vus par transparence. Les lamelles de matière ligneuse viennent Ss appuyer sur les parois des canalicules où elles se ter- minent. J'ai figuré aussi (fig. 48) deux canalicules tels qu'ils se sont présentés à moi sur le bord d’une coupe très-fine. J'ai ac- quis ainsi la conviction que ces canalicules ne présentent point d'ouvertures qui les fassent communiquer avec les intervalles que laissent les lamelles de cellulose, et qu'ils sont revêtus d'une membrane spéciale (fig. 18, a). Quelle est maintenant la signification de ces espaces incolores qui séparent les différentes couches? Si l’on examine avec atten- tion des coupes faites sur des noyaux bien secs, et je dirai en passant que dans ceux-e1 les détails anatomiques m'ont toujours paru plus nets que dans des noyaux encore frais, on verra, sur- tout dans ceux où la stratification est la moins régulière, certains intervalles plus grands que les autres (fig. 17, d) et qui sont bien réellement des cavités. L'emploi de la teinture d'iode en fournit une preuve certaine, la matière cellulaire se colorant en jaune foncé sur lequel se détachent en blanc les lacunes dont j'ai parlé. Si l'on expérimente sur un noyau frais et d’un fruit non encore mûr, et qu'après avoir placé la coupe dans l’eau, on la laisse sécher pour l’examiner ensuite au microscope, il semble que | DÉVELOPPEMENT EN ÉPAISSEUR DES PAROIS CELLULAIRES. 307 chacun de ces espaces clairs ne soit pas complétement vide, mais qu'il soit occupé par une lamelle très-mince de substance plus transparente. Si l'on a affaire au noyau d'un fruit compléte- ment mûr, on aperçoit encore de la manière la plus distincte que quelques-uns de ces points transparents sont vraiment bien des lacunes; enfin, si la coupe est bien sèche, on voit presque tous ces espaces placés entre les strates ressortir en noir comme les canalicules eux-mêmes, ce qui indique qu'ils sont comme ces derniers de véritables cavités. Cette structure se retrouve dans tous les tissus scléreux, dans les noyaux de toutes les Amygdalées et Pomacées que j'ai exa- minés ; dans la coque de la Noix, de la Noisette, dans les rayons médullaires du Hêtre, etc... Nulle part cependant elle n'est “aussi accusée que dans la Prune. Ne m y étant pas pris d'assez bonne heure pour suivre le développement de ce fruii, je le fis sur la Noisette. Il ne m'a pas été donné de distinguer, dans les cellules de la coque de ce fruit, la formation des couches de celles des espaces qui les séparent ; je me suis assuré seulement que dans des cellules à parois encore très-minces on aperçoit déjà cette différence d'homogénéité de la substance qui en con- stitue les parois et qui se traduit par des lignes concentrique- ment stratifiées. La figure que donne Mirbel des cellules du noyau de Celtis (loc. cit., pl. XVI), me fit croire qu'il y avait là un nouvel exemple de cavités pariétales remplies par des cristaux. Il n’en est rien ; la membrane cellulaire est ici très-mince, et les cavités qu'il a figurées ne sont que les ponctuations que la paroi offre à sa surface. Ainsi l'épaisseur des parois cellulaires dans le noyau de la Prune, et d’autres cas encore, n’est pas formée par un tissu homogène ou par des couches de cellulose régulièrement appli- quées les unes contre les autres. Chaque couche, souvent irré- guhèrement développée, est séparée de ses voisines par une substance douée de propriétés physiques différentes, beaucoup | moins solidement agrégée, et qui, par suite du développement ultérieur des parois, aussi bien que par la dessiccation, éprouve 308 A. MILLARDET. un retrait qui souvent change en une lacune véritable l’espace qu'elle occupait d’abord. Cette matière ne paraît pas cependant se comporter à l'égard des réactifs autrement que ne le font les couches elles-mêmes. Il était probable que ce système de cavités, que je désignerai sous le nom de cavités ou lacunes pariétales, devait se retrouver encore dans d’autres organes élémentaires à parois très- épaisses. En eflet, une observation attentive ne tarda pas à me les faire découvrir dans les fibres ligneuses du Buœus arbores- cens, dans celles du liber du Gui, du Quinquina et de différentes : espèces d’Acer. Leur existence dans les fibres me paraîtrait même assez fréquente, leur ténuité expliquant suffisamment comment elles se sont dérobées jusqu'ici aux recherches des, phytotomistes. Les fibres du liber de l’Acer platanoides me les ont montrées de la manière la plus nette. C’est surtout sur les coupes trans- vérsales que leur présence se trahit de la manière la plus évi- dente, toutefois je dois dire qu'elles n'existent pas dans toutes les fibres, ni même dans tous les faisceaux fibreux. Il peut arri- ver que l’on fasse plusieurs coupes de suite sans en rencontrer de très-apparentes, tandis que tout d’un coup on tombe sur un faisceau dont toutes les fibres en sont comme criblées. Les plus fines de ces cavités se présentent sous la forme de ponctuations irrégulières, qui chagrinent pour ainsi dire la surface de la coupe, tandis que les plus étendues ont des contours bien arrêtés et paraissent nettement comme des lacunes (fig. 19). Leur forme est le plus souvent irrégulière et elles communiquent en- semble par des rétrécissements ; on les voit quelquefois s'ouvrir dans un canalicule latéral ou dans le canal central de la fibre. Leur nombre, dans chaque fibre, non plus que leur position, n'offre rien de constant; elles se présentent indifféremment près du centre ou vers les parois; quelquefois elles sont limitées par des lignes droites, et l'on peut alors, quoique rarement, y découvrir un cristal d'oxalate de chaux. Les coupes longitudinales montrent une disposition corres- pondante (fig. 20). Il arrive fréquemment que le couteau y cause DÉVELOPPEMENT EN ÉPAISSEUR DES PAROIS CELLULAIRES. 309 de légers désordres, mais on peut toujours s'assurer, en isolant les fibres par la macération, qu'elles présentent (fig. 21) réelle- ment des places plus claires qui répondent à ces lacunes parié- tales. La petitesse de ces lacunes en rend le développement dif- ficile à suivre; j'en ai vu cependant des traces certaines dans des fibres dont les parois n'avaient encore que la moitié de leur épaisseur habituelle. Je passerai maintenant aux cellules du péricarpe du Magnolia Yulan, dont la structure n’est pas sans analogie avec celles que j'ai étudiées jusqu'ici. Elles sont polyédriques, soudées intime- ment et forment un tissu très-dense, où les limites de chaque cellule sont peu apparentes (fig. 22). Leur cavité centrale est très-étroite et leurs parois sont extrêmement épaisses. Dans l'épaisseur de ces dernières se voit un véritable réseau de cana- licules ramifiés dans tous les sens : les uns ont une direction radiale et viennent se terminer à la cavité centrale, tandis que les autres suivent un trajet oblique ou parallèle à la surface extérieure et s’anastomosent avec les premiers. On n’apercçoit aucune trace de stratification, et la substance cellulaire agit très- peu sur la lumière polarisée. Dans la cavité centrale, et çà et là dans les canalicules, sont logés de petits cristaux d'apparence cubique, qui se montrent au contraire énergiquement biréfrin- gents. | La présence de filaments mycéliaux dans l’intérieur des cel- lules du Bertholletia m'amena à répéter quelques-unes des ob- servations de Schacht. Je suis arrivé aux mêmes conclusions que lui relativement aux fibres de Dracæna draco, mais il m'est impossible de partager sa manière de voir quant à ce qui re- garde les fibres de Caryola urens. | Je dois à la bonté de M. Hofmeister d'avoir pu examiner des fibres toutes fraîches de ce Palmier. Malheureusement le sujet était encore jeune, et les fibres offraient à peine la cinquième partie du diamètre qu’elles ont dans les échantillons bien déve- loppés qui nous viennent des pays chauds. J'ai pu malgré cela y reconnaitre distinctement, dans ses caractères essentiels, la même structure que leur connaissent les phytotomistes, et que Schacht attribuait à la présence de parasites, 310 A. MILLARDET, En isolant ces fibres à l’aide de l'aiguille seulement et sans avoir recours à la macération, qui altère toujours plus ou moins ces tissus encore tendres, on peut facilement s'assurer que la plupart des ponctuations sont reliées entre elles deux à deux, trois à trois, par des dépressions en forme de stries (fig. 23). C'est une disposition analogue à celle que Mohl a figurée dans les vaisseaux de l'Aleurites triloba et du Clematis vitalba (A), mais avec cette différence qu'ici ces dépressions sont recou- vertes par une lame de cellulose de formation postérieure, qui les convertit en de véritables canaux dont le sens change sou- vent pour chaque couche d’épaississement. Il m'a semblé même, avec un grossissement très-fort, reconnaître à ces stries cette forme plus ou moins rhomboédrique que Schacht regarde comme caractéristique de la présence de filaments parasitaires. Sur ces mêmes fibres isolées on peut, avec un peu de patience, trouver des points où cette structure est tout à fait évidente et où ces dépressions, recouvertes du côté du centre par une ou plusieurs couches de matière cellulaire, paraissent comme des cavités sans communication avec l'intérieur de la fibre. La figure 25 en offre quelques exemples; s'ils sont si peu nom- breux, on doit l’attribuer au peu de développement des fibres que j'ai eues à ma disposition. C’est également à cette cireon- stance que j'attribue la difficulté que j'ai eue à reconnaître la présence de ces cavités sur une coupe transversale. Tous mes efforts pour m'en pruurer une préparation bien nette sont de- meurés sans résultat. Ainsi il n'est pas juste, comme le dit Schacht (loc. ct., p. 448 et A77), que les cavités rhomboïdales que l’on voit dans les fibres de Caryota urens soient dues à l'action d'un parasite. Je n’ai pas vu de canaux ramifiés comme il en figure (loc. cit... fig. 19); mais, outre qu'ils doivent être extrêmement rares, leur présence n’a rien de surprenant après ceux qu'offre le Ber- thollelia. En terminant, je résumerai rapidement les conséquences qui découlent de ces observations. (1) Mohl, Vermischte Schriften bot. Inhalts, 1846, pl. XII, fig. 6-15. DÉVELOPPEMENT EN ÉPAISSEUR DES PAROIS CELLULAIRES. 911 Si l’on envisage de près les faits que j'ai exposés précédem- ment, on sera frappé de l'impossibilité de les concilier avec l’une des théories proposées pour l'explication de l’accroisse- ment en épaisseur des parois cellulaires végétales : Je veux dire la théorie d’apposition. Bien qu'elle ait pour auteur l'homme qui, dans ces dernières années, par le nombre et l'exactitude de ses travaux, a le plus contribué au progrès de l'anatomie végé- tale, et qu’elle règne encore assez généralement dans les écoles, qu'il me soit permis de la comparer rapidement à la théorie opposée, celle de l’intussusception, en prenant pour terme de comparaison les observations contenues dans cette notice et quelques autres dont la science s’est enrichie dans ces dernières années. «L'accroissement de la membrane cellulaire, ditM. Mohl, dont » je rapporte fidèlement les paroles, ne provient pas de ce que » la membrane mince de la jeune cellule croit elle-même en » épaisseur par intussusception d'une nouvelle substance de la » même nature (eines neuen Membranstoffes) ; il dépend au con- » traire du dépôt périodique de membranes nouvelles sur la » paroi déjà développée.» Tel est l'énoncé de la théorie d’appo- sition ainsi que son auteur l’a formulée dans son célèbre mé- moire sur la cellule végétale (1). Depuis ce temps les physiologistes n’ont cessé d'appeler l’at- tention sur des faits de jour en jour plus nombreux, où l’accrois- sement des parois cellulaires obéit à d’autres lois. Dans ces di- vers cas, le phénomène serait produit, non par une simple apposition, mais par une association intime des molécules plus jeunes aux molécules plus anciennes dans l'épaisseur des parties déjà formées, en un mot, par intussusception. Cette dernière théorie est la seule qui puisse expliquer le développement des parois cellulaires en surface sans dimi- nution de leur épaisseur (2), phénomène d'une grande importance dans leur histoire, puisqu'il est à la fois le premier et le plus fréquent changement qu'elles éprouvent. On ne peut (4) Mobl, Die Pflanuzenzelle in Wagner’s Handwürterbuch der Physiologie, p. 177, (2) Unger, Anatomie und Physiologie der Pflanzen, 1855, p. 94. — Schleiden, Grundzüge der Botanik, Ausg. III, p. 217. 312 A. MILLARDET. non plus expliquer autrement l'accroissement d’une membrane dans toutes ses dimensions, comme M. Naegeli l’a observé pour la membrane primaire de plusieurs espèces de Glæocapsa (1), et comme MM. Sanio (2) et Hofmeister (3) l'ont constaté dans l’ac- croissement de la membrane qui sert à la formation des élatères dans les spores d’£quisetum. L'intussusception fournit également seule le moyen d’expli- quer les cas d'épaississement centrifuge des parois cellulaires, notamment la formation de la cuticule et des aspérités qu'elle présente à la surface des grains de pollen, des spores des crypto- games, et en général des organes exposés aux influences exté- rieures. Cette formation centrifuge n’est pas seulement suscep- tible de produire des couches cuticularisées. M. Hofmeister a observé en effet que, dans les espèces d’£uastrum dont les zygo- spores portent des épines bi-trifurquées, une membrane de cellulose pure se produit par ce procédé à l'extérieur de ces zygospores (4). L’épaississement centripète est donc le seul refuge des dé- fenseurs de l’apposition. Les deux bases principales de leur théorie sont : premièrement, la présence, dans la plupart des parois cellulaires notablement épaissies, de lignes ordinairement concentriques qui semblent indiquer le point de contact des différentes membranes qui les constitueraient; secondement, l'impossibilité de distinguer 1c1, comme dans le cas de l’épaissis- sement centrifuge, si la couche la plus interne des parois d’une cellule a été formée par apposition ou intussusception. Quant à ce quiest de la première question, les observations contenues dans cette notice permettent d'y répondre. La manière irrégulière dont sont stratifiées les couches dans le Bertholletia, et souvent aussi dans le Prunus, les canaux et canalicules à (1) Naegeli und Karl Cramer, Pflanzen. physiolog. Untersuch., Heft, IL, p. 282. Naegeli est le premier qui ait cherché à montrer le peu de solidité de la théorie de l’apposition, et à expliquer tous les phénomènes de l’épaississement de la paroi des cellules par l’intussusception. (Voy. loc: cit., le développement de la fécule, p. 213 et seq., et surtout p. 277-288.) F (2) Sanio, Botan. Zeit., 1857, p. 664. (3) Hofmeister, Pringsheim’s Jahrbücher, II, 287. (4) Ibid., cours de 1864. DÉVELOPPEMENT EN ÉPAISSEUR DES PAROIS CELLULAIRES, 313 direction si variée, soit radiale, soit tangentielle ou oblique, dont elles sont creusées dans la première de ces plantes et dans le Magnolia Y ulan , montrent qu'il est impossible d'admettre dans ces différents cas un épaississement par dépôt de membranes successives. Quant à la présence des lacunes pariétales qui, dans quelques-uns des cas cités, se trouvent juste au point de con- tact de ces couches d’épaississement, leur développement (Pru- nus, Corylus, Acer) montre qu'elles ne sont la plupart du temps, sinon toujours, que des formations secondaires (1) qui se produi- sent sur les points moins denses des tissus par une sorte de retrait, de contraction, causés par la dessiccation ou l'agrégation plus énergique des molécules dans les parties plus denses qui les limitent. Pour ce qui regarde les lignes concentriques qu'offre l'épaisseur de la paroi des cellules, elles ne sont pas formées par les surfaces de contact de membranes distinctes, mais dans la majorité des cas par la manière différente dont la substance cel- lulaire se comporte relativement à l’eau et à la lumière dans les différents point de son épaisseur. Quant au second point sur lequel s’appuie la théorie de l'appo- sition, 11 n'a que la force d’une preuve négative. Sans doute il est impossible de prouver d’une manière directe que les couches les plus internes d’une paroi cellulaire sont formées plutôt par intussusception que par apposition, mais il n’est pas impossible cependant d'obtenir par induction des preuves qu’il en est ainsi. M. Hofmeister a observé que, dans les spores d’Equisetum, la membrane qui se trouve au-dessous de celle aux dépens de laquelle se développent les élatères et en dehors des deux internes montre successivement les réactions de la cuticule, de la cellulose, puis enfin de la cuticule (2). Il a montré également que la membrane qui unit quatre à quatre les grains de pollen dans le Phajus Wallichii (3), et détermine ainsi la formation des (4) La possibilité de ce mode de formation des différentes couches d'épaississement, a été déjà exprimée à différentes reprises par M. Hofmeister, notamment dans: Neve Beiträge zur Kenntniss der Embryobildung der Phanerogamen (Abhandlungen der künigl. sächs. Gesellschaft der Wissenschaften, VI Band, p. 641, note). (2) Hofmeister, Pringsheim's Jahrbücher, UT Bd., p. 283-2914. (3) Hofmeister, Neue Beiträge u, s. w. (op. cit., p.650). BY A. MILLARDET, tétraèdres, à un moment donné change de réaction et se montre soudainement distinguée en deux couches, une extérieure cuti- culaire, une intérieure de cellulose pure. Ces changements suc- cessifs dans la composition chimique et physique d’une mem- brane cellulaire prouvent qu'il existe dans ces membranes, longtemps après leur formation, un mouvement vital intérieur, que leurs molécules constituantes sont constamment dans un état d'équilibre mstable réglé par les phénomènes généraux du développement de la cellule. Il est ainsi évident que ces couches ne sont pas, comme le veut M. Mohl, réduites à un rôle pure- ment passif et destinées, une fois formées, à servir simplement de point d'appui aux couches de formation postérieure. Mais ce n'est pas là la seule conclusion à tirer de ces observa- tions. Si l'intussusception a été observée dans des couches cel- lulaires séparées par une épaisseur plus ou moins grande de tissus du centre de la cellule, et semblant ainsi plus capables d' échapper : à l'action des phénomènes vitaux toujours plus actifs dans les couches plus rapprochées du centre, on doit conclure que l’intussusception doit également déterminer l’aceroissement dans les couches les plus internes, là où le phénomène semble plus simple et plus facile. Je ferai valoir, en terminant, une dernière considération en faveur de la théorie de l'intussusception. Il est une loi générale- ment admise en sciences naturelles, c’est que plus un phénomène est général et simple, plus les lois qui président à sa production sont elles-mêmes simples et générales. Quel est dans l'histoire du développement descellules le phénomène qui frappe le pre- mier l'observateur? C’est leur accroissement sans contredit, accroissement des parties liquides aussi bien que des parties solides ou parois. Chez celles-ci, l’aceroissement dans le sens tangentiel, l'épaisseur restant la même, ou dans le sens centri- fuge, ou dans tous les sens en même temps, ne peut, de l’aveu de tous les botanistes, se produire que par intussusception. Nous sommes donc obligés d'admettre par analogie que l’intussuscep- tion préside également au développement centripète, à moins de reconnaître au phénomène le plus général du développement des cellules deux causes entièrement opposées. DÉVELOPPEMENT EN ÉPAISSEUR DES PAROIS CELLULAIRES. 919 EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 143, Ah, 45. Bertholletia excelsa. Fig. 1. Coupe de la coque du Bertholletia ; on voit en a la couche des cellules dont il s'agit. Fig. 2, 3, 4, 5, 6. Différentes cellules de cette couche isolées et laissant voir le sys- tème de cavités et de canaux lengitudinaux dont elles sont creusées. Dans cette figure, ainsi que dans les deux suivantes, la membrane primaire manque ; elle a été écartée en les isolant, | Fig. 7. a, extrémité d’une cellule qui présente un grand nombre de canalicules, et non un système de canaux principaux. On aperçoit une foule d'excroissances qui, de tous les points de la cellule, s’avancent vers le centre, et forment, par les intervalles qu'elles laissent entre elles, un réseau de canalicules anastomosés dans tous les sens. On y voit également un filament mycélien qui semble s'être introduit par l’extré- mité de la cellule. En b, on voit également un pareil filament qui suit les canaux longitudinaux, et qui (en c et c/) s'engage dans les canaux latéraux pour passer dans une autre cellule. Fig. 8. Une cellule presque entière coupée suivant sa longueur. On voit vers l’extré- mité supérieure le réseau des canalicules qui devient de plus en plus serré. Fig. 9. Plusieurs canalicules, dont un enroulé en limaçon, qui se rendent d’un canal longitudinal {c) à la cloison qui sépare deux cellules (a). Fig. 10. Canaux longitudinaux avec le réseau de canalicules qui s’enroulent sur leur paroi. | Fig. 11. Coupe transversale présentant les orifices béants des canaux longitudinaux en même temps que des orifices plus petits, et des vides linéaires diversement contournés qui répondent aux canalicules. En haut de la figure plusieurs cellules où l’on voit la manière dont se développent les canaux longitudinaux. Fig. 12. Coupe transversale et très-mince d’une cellule. On observe les mêmes détails que dans la figure précédente, et, de plus, les lacunes pariétales sous forme de traits ondulés. Elles sont un peu exagérées, eu égard au grossissement. Fig. 13. Une coupe longitudinale très-mince de l'extrémité extérieure d’une cellule. On y voit trois canaux longitudinaux qui se perdent en donnant naissance à un nombre infini de canalicules; ceux-ci présentent le même phénomène à leur tour, et il en * résulte un lacis d’intervalles extrêmement ténus, séparés par de fines granulations de matière cellulaire. On aperçoit en outre, au bas de la figure, les fines ondul1- tions que présentent les lacunes pariétales et qui donnent au tissu un aspect légère- ment stratifié. Fig. 44. Coupe transversale observée à la lumière, polarisée à l’aide d'une plaque de gypse. Prunus domestica. Fig. 45. Coupe du noyau. On voit dans l'épaisseur des parois le trajet des canaux et des lignes concentriques qui indiquent le grand nombre des couches qui les consti- tuent. 316 A. MILLARDET. Fig. 16. Quelques-unes de ces mêmes cellules isolées ; on apercoit encore des traces de stratification. Fig. 17. Coupe fine d’une de ces cellules extrèmement grossie; on y voit des canali- cules ouverts par la coupe ({); d’autres sont vus par transparence (f/). Le réseau qui s'étend entre les canalicules est formé par des lamelles de matière cellulaire séparées par des intervalles plus clairs. En à, la stratification de ces lamelles est tout à fait régulière ; en à, un peu moins; en €, irrégulière ; en d, deux intervalles plus grands et qui sont des cavités, à n’en pas douter. Fig. 18. Canalicules tels qu'ils se sont présentés au bord d’une coupe très-mince ; on voit qu'ils sont revêtus d'une membrane particulière (a) qui n'offre aucune ouverture de communication avec les cavités pariétales. Acer platanoides. Fig. 19. Coupe transversale faite sur une écorce encore fraiche d’un faisceau de fibres du liber complétement développées. La plupart offrent des ponctuations irrégulières qui, lorsqu'elles atteignent tout leur développement, apparaissent comme des cavités plus ou moins anastomosées. Au bas de la figure, une fibre dont tout le diamètre est occupé par un cristal; plus haut une autre fibre, où un cristal plus petit est placé excentriquement. Fig. 20. Portion d’une fibre coupée longitudinalement ; en f, canalicules. Fig. 21. Portion d’une de ces mêrnes fibres isolée par la macération, et montrant d’une manière ‘obscure des espaces plus clairs qui correspondent aux lacunes que présentent les deux figures précédentes. On y aperçoit aussi des stries enroulées en spirale autour de l’axe de la fibre et les ouvertures extérieures des canalicules. Magnolia Yulan. Fig. 22. Coupe de la couche interne du péricarpe. Les limites des cellules sont peu distinctes, quelques-unes sont coupées juste vers leur milieu, et montrent leur cavité centrale ; d’autres sont coupées excentriquement et ne présentent qu'un réseau de canalicules croisés dans tous les sens, ainsi que des points arrondis qui répondent à la coupe de ces canalicules. Caryota urens. Fig. 23. Portion d’une fibre isolée à l’aide de l'aiguille seulement, et provenant d’une jeune plante encore vivante. On y observe des stries plus claires qui relient les canaux, deux, trois ensemble. En à, des cavités dans l’épaisseur de la paroi ; en b, des canalicules d’une forme spéciale. SUR LA STRUCTURE ANORMALE DES TIGES DES LIANES, Par M. Lasdilaü NETTO, Docteur en philosophie, directeur de la section de botanique, ete., au Muséum impérial de Rio-de-Janeiro. Dans le Comple rendu du 21 septembre 1863, il a été publié un extrait de mes premières recherches sur la structure anor- male des Lianes. Les forêts qui environnent Rio-de-Janeiro m'ont offert de nouveaux sujets d’études qui, malheureusement, ont été interrompues par mon présent voyage en Europe. En revanche, grâce à l'accueil bienveillant accordé spontanément aux naturalistes étrangers par les savants professeurs du Muséum de Paris, j'ai eu à ma disposition la riche collection de bois de la galerie botanique, ce qui m'a permis de compléter et de rectifier Aie iés de mes observations. Ce que j'ai l'honneur de présenter aujourd’ hui à l’Académie se rapporte seulement à la tige des Cissus, et surtout à celle des Bauhinia et Schnella, appelée généralement au Brésil Cipo d’es- cada, à cause des sinuosités régulières et alternatives qui la font ressembler aux marches d’un escalier. Mes autres observations sur l’ensemble de ces végétaux feront, dans la suite, l'objet de nouvelles communications. L'accroissement en diamètre proprement dit de la tige des Bauhinia n’a lieu qu’en deux points diamétralement opposés de sa périphérie. Il commence dès le premier développement fibro- vasculaire de la plante. Un fait digne d'attention, c’est que le plan vertical selon lequel ces deux ailes se développent coupe à angle droit celui qui réunit les insertions opposées des feuilles distiques de cette tige. Si l’on fait une coupe transversale dans un entre-nœud de deux ans environ, et qu'on l’observe à un grossissement suffisant, on remarque que la périphérie de la 218 L. NETTO. moelle décrit une croix très-régulière, dont l’un des bras, un peu plus long que l’autre, correspond aux deux ailes ligneuses placées selon une ligne droite, le plus court répondant aux deux séries opposées des imsertions des feuilles. Cette moelle est com- posée d’utricules légèrement ponctués, surtout vers le centre. Les rayous médullaires sont distribués régulièrement à travers les faisceaux ligneux, munis déjà de plusieurs vaisseaux ponc- tués d'autant plus larges qu'ils se trouvent plus près de l’écorce. Considérons une coupe transversale, pratiquée à la hauteur de l'insertion même d’une feuille. Dans cette coupe, on remarque quelques modifications apportées au plan dela coupe précédente : d'abord la moelle n’est plus au centre, non pas qu'elle ait été déplacée, mais parce que le cylindre ligneux a reçu, par suite de la formation de la branche, un épaississement assez considé- rable du côté de celle-c1; ensuite on remarque que les rayons médullaires et les faisceaux ligneux qui appartiennent aux deux ailes, ainsi que le bras correspondant de la croix formée par la moelle, se trouvent recourbés vers le côté opposé à la branche, et que, par suite de cette modification, les ailes elles-mêmes ont été refoulées de ce même côté. Si nous observons une tige plus âgée, nous remarquerons que les ailes se sont rapprochées, et en outre qu’elles tendent à se courber l’une vers l’autre, en sorte que si la coupe est observée à l'œil nu, elle rappelle à peu de chose près une coupe qu'on aurait pratiquée verticalement sur un calice adhérent à l'ovaire. Mes dessins expliquent mieux que je ne puis le dire toutes ces particularités, car ils représentent des tiges très-âgées où le rapprochement des deux ailes a atteint son plus haut degré. J'ai dit plus haut que l'accroissement en diamètre de cette tige se faisait sur deux points seulement de sa périphérie, et que ces deux points, se développant plus tard en deux grandes ailes ligneuses, se trouvent dans le plan qui coupe à angle droit la ligne des deux séries des insertions des feuilles. Les deux ailes des Cipos d’escada se développent donc bien loin du concours immé- diat des organes latéraux de la tige, comme j'ai pu m'en assurer, et ce simple fait suffit pour contredire, ce me semble, STRUCTURE ANORMALE DES TIGES DES LIANES. 319 les idées si ardemment appuyées par Gaudichaud ; mais le phé- nomène dont je donne ici un aperçu n’est pas mentionné dans les travaux de ce botauiste, ni dans ceux de Crüger, de Schleiden et de Schacht, qui se sont occupés de la structure des tiges anor- males. Revenons maintenant au développement, non pas des ailes, dont nous connaissons quelques exemples analogues dans les Ménispermées, dans les Bignoniacées, dans les Cassia et dans les Malpighiacées, mais à celui qui s’opère particulièrement à lin- sertion de la branche (1). Ce développement n'ayant lieu qu'à la base de cet organe, l'accroissement du bois ne se fait normale- ment que de ce côté, tandis que de l’autre côté il est nul. C’est là la cause de la forme si remarquable de ces tiges. En effel, les faisceaux ligneux, se dédoublant et en même temps s’accroissant radialement comme dans une tige ordinaire, rendent la moitié correspondante du cordon ligneux central (tige primitive) beaucoup plus volumineuse que l’autre. Or, les ailes de la tige, ne participant nullement à l’action quise produit sur la face développée, accompagnent naturellement le mouve- ment du côté inactif qui tend à se plier sur lui-même, et de là leur courbure mutuelle, peu sensible d'abord, mais fort remar- quable dans les anciennes tiges. La moelle est au reste le meilleur. guide qu'on puisse prendre pour l'observation de ces modifica- tions. Représentant une croix régulière dans une coupe transver- sale pratiquée au milieu de l’entre-nœud, on la voit courber gra- duellement les deux moitiés de son bras le plus long vers le côté opposé à celui d'où naît la branche la plus voisine, à mesure. que, par des coupes successives, on s'approche de celle-ci. Les rayons médullaires suivent aussi cette direction. Qu'on sé figure maintenant le même phénomène ayant lieu alternativement, (4) On ne voit qu’un petit nombre de branches à l'extrémité des tiges des Bauhinia. “Presque toutes meurent par la suite, ou bien restent réduites aux deux vrilles (quelque- fois une seule) qui se trouvent à leur premier nœud en sortant de la tige mère, Mais | ordinairement tous ces appendices finissent par disparaître, et la tige devient compléte- ment nue. J'ai vu aussi parfois des individus dont les feuilles se trouvent tout à fait dé pourvues de bourgeons à leur aisselle, 320 L. NETTO. tantôt pour un côté, tantôt pour l’autre, et l’on aura exactement l'explication de la structure des concavités et des convexités alternantes de la tige des Bauhinia. En effet, si l’on prend une tige de ces Lianes et que l’on considère trois coupes pratiquées, l’une au milieu de l’entre-nœud et les deux autres aux deux nœuds qui lui sont voisins, ces coupes projetées horizontalement donneront, la première une figure à peu près en forme de o très-allongé, et les deux autres deux croissants dont les faces concaves se regardent. Il s'ensuit donc que le maximum d’amin- cissement du cordon ligneux central correspond au milieu de l'entre-nœud, et le maximum de son développement à la hauteur de la feuille. La tige des Cissus, quoique n'offrant pas extérieurement des caractères aussi saillants que celle des Bauhinia, n'en est pas moins remarquable quant à l’arrangement de son système fibro- vasculaire. C'est le Cissus hydrophora, dont la séve a été étudiée par Gaudichaud à Rio, qui est pris 1c1 comme type. Lorsqu'on observe au microscope la coupe transversale d’une jeune tige de cette Liane, on voit, en partant de l'écorce, et aus- sitôt après la couche subéreuse, une large couche parenchyma- teuse, contenant très-peu de chlorophylle et parsemée à son côté, externe d’amas de cellules ponctuées dont les parois deviennent fort épaisses plus tard. Dans les régions plus internes de ce paren- chyme, on voit des paquets libériens devant des faisceaux ligneux dont l’anomalie est frappante au premier abord. Ces faisceaux, loin d’être continus dans le sens des rayons, se trouvent subdi- visés tangentiellement et séparés par du parenchyme en paquets distincts entre eux. Mais ce qui rend le corps ligneux plus remarquable, c'est qu’au lieu de rayons médullaires ordinaires, il est partagé radialement par de larges bandes cellulaires identiquement organisées comme la couche corticale, dont elles semblent être les prolongements. En effet, les larges lacunes remplies de raphides et les amas de cellules aux parois épaisses de la couche parenchymateuse de l'écorce s'y trouvent aussi, avec cette seule | ! | STRUCTURE ANORMALE DES TIGES DES LIANES. 221 différence que, dans les rayons médullaires, si je peux les appe- ler ainsi, ces cellules ne sont abondantes que vers le voisinage de l'écorce. Une particularité également notable du bois de cette Liane, c'est que, malgré le développement d’une tige assez avancée, les fibres ligneuses sont comme à l’état d'ébauche et se détachent à peme des éléments parenchymateux qui les entou- rent. Ce n'est que dans les tiges de plus de trois ans qu'elles peuvent atteindre leur développement défimtif, aussi la tige du Cissus hydrophora a-t-elle aussi peu de consistance que celle d'un Costus. J'ai parlé plus haut des raphides contenues dans les lacunes qui sont répandues pour ainsi dire dans toute l'épaisseur de la tige. Leur forme, comme on le verra d’après mes dessins, est celle d'une aiguille pointue d’un côté et bifurquée de l’autre, et eur abondance est telle qu’elles gènent parfois les observations. Je ne pense pas qu'il y ait d’autres plantes où ces cristaux soient en aussi grande quantité. Les lacunes qui les contiennent nesont que de grandes cellules dont le diamètre vertical égale deux fois le diamètre transversal. Mais, comme caractère histologique particulier de cette Liane, il faut mentionner spécialement la structure de ses fibres higneuses. On vient de voir qu’elles restent dans un état rudimentaire jusqu'à l’âge d'environ deux ans ; en les examinant à une époque plus avancée, on est encore frappé de la minceur de leurs parois, et bien plus encore de les trouver remplies de cellules ballonnées en grand nombre dans chaque fibre. Au premier abord on pourrait croire que ce sont simplement des cloisons particulières à ces tissus, mais en les traitant par l'acide nitrique on voit de petits ballons se détacher des parois internes des fibres et les laisser complétement à nu. Les vais- seaux ponctués eux-mêmes présentent cette particularité ; seule- ment, chez ces derniers, les cellules ont été absorbées, et il ne reste que quelques lambeaux ponctués de leurs parois horizon- tales. | Qu'il me soit permis de dire en terminant quelques mots rela- tifs à des faits physiologiques remarqués dans cette Liane, La 5° série, Bot, T, VI, (Cahier n° 6.) { 21 322 L. NETFYO, disnnsitite de ses faisceaux ligneux isolés au milieu du paren- chyme, en rappelant jusqu'à un certain point les tiges de quelques Monocotylédonées, leur ressemble encore davantage lorsqu'on l’observe près des nœuds. Là 1l n’y à plus d'ordre radial dans la disposition des faisceaux; de plus, les utricules environnantes semblent être en voie de trans{ormation. Elles sont très-serrées et pleines d'activité, surtout vers un certain côté du faisceau ou j'ai cru voir un dédoublenient cellulaire. Plus la tige est ancienne, plus ces modifications sont saillantes. C'est au reste un phéno- mène fort curieux que celui de la vitalité présentée .par les tron- cons détachés des vieilles tiges, surtout au voisinage des nœuds. Gaudichaud (Annales des sciences naturelles, 2°série, t. VE, p.141) parle ainsi de ce fait : «Quoique j'eusse employé pour dessécher » les bois de mes collections la forte chaleur d’un four, un des » morceaux de cette Liane y a résisté, et deux ans après est » arrivé vivant en France.» On en à obtenu, comme on le sait, un bel individu dans les serres chaudes du Muséum. Toutefois je crois que Gaudichaud s’est trompé lorsqu'il attribue à cette Liane deux sortes de tiges, dont l’une serait dépourvue de moelle. Ce botaniste ne s’est peut-être pas aperçu que c'étaient les racines adventives de la plante, tout aussi aériennes et presque aussi longues que les tiges elles-mêmes. À CAMPANULACÉES DU PAYS D’ANGOLA, RECUEILLIES Par M. ce D' WELWITSCH, ET DÉCRITES Par M. Alph. DE CANDOLLE. Les Campanulacées que M. le docteur Welwitsch à rapportées du pays d’Angola proviennent de deux districts, celui de Huilla, situé à 3800-5500 pieds d’élévation, sous 14°-16° latitude sud, et celui de Pungo-Andongo, à 2400-3800 pieds, sous 9°-10° latitude sud. Leur nombre est de douze seulement, mais elles sont toutes nouvelles, par où l’on peut juger de la richesse des collections de M. Welwitsch. Ces douze espèces se rapportent à deux genres très-nombreux dans l'Afrique australe extra-tropicale, les genres Lightfootia et W'ahlenbergia. Le premier, qui est plus particulièrement de l'Afrique australe, reçoit à lui seul onze des douze espèces du pays d'Angola. La douzième espèce, que je rapporte au genre W ahlenbergia, appartent à la section Lobelioides des îles Cana- ries et Madère. Ainsi, nous continuons à remarquer dans cette famille, comnie dans les Apocynées et autres dans lesquelles les groupes sont bien naturels, que les sections sont localisées presque aussi nettement que les genres. Le genre Lightfootia étant augmenté de nouvelles formes, 1 devient nécessaire de constituer eut sections. D'abord le ca- ractère générique, tel que je l'ai donné dans le Prodromus, doit être modifié comme suit, les mots en italiques étant ceux à ajouter : « Ovarium bi-3-5-loculare.. Stigma bi-3-5-lobum … Capsula sæpius semisupera, inlerdum fere omnino supera.… Suffrutices, vel herbæ perennes, vel herbæ annuæ, in Africa australi indigenæ, » 22 A. DE CANDOLLE, Plusieurs des espèces annuelles découvertes dans le pays d'Angola sont très-grêles, avec l'aspect de certains Linum, de certains Arenaria, etc., ce dont le Lightfootia oxycoccoides Lher. approchait déjà un peu. Le fait le plus remarquable dans nos nouvelles espèces est de trouver dans celle que je nomme Lightfootia Welwitschii un ovaire presque libre, qui paraît entièrement libre au premier coup d'œil, de sorte qu’on dirait une Caryophyllée ou une Paronychiée. Comme tous les autres caractères sont ceux d’une Campanulacée et même du genre Lightfoctia, j'ai scruté attentivement l'insertion de l'ovaire, après quoi Je me suis contenté de faire de l’espèce une simple division des Lightfootia. En effet, l'ovaire, plus tard la capsule, sont implantés par une large base sur le fond de la fleur; les étamines et les lanières de la corolle sont tout à fait comme dans nos Phyteuma et naissent autour de la base de l'ovaire, entre celui-ci et là base des lobes du calice; le calice lui-même a un tube excessivement court, plus large que long. Or, dans la famille des Campanulacées, le tube du calice appartient au pédi- celle, car dans les Specularia on trouve souvent des bractées sur le tube, comme dans certaines poires monstrueuses. Le tube (soit le bord du pédicelle) est généralement court dans les Light- footia, qui sont d’ailleurs certainement des Campanulacées. L'ovaire n’y est pas immergé dans le pédicelle, mais il est im- planté sur une large base et plus ou moins entouré de tissu par les côtés, d’où 1l résulte que le caractère d’ovaire supérieur ou inférieur n’est plus dans ce genre qu’une question de degrés. Presque toutes les autres espèces ont l'ovaire à moitié supère ; quelquefois la capsule devient pour les trois quarts supère. Dans le Lightf, W'elwitschii, ce serait davantage. Il ne manque pas d’ailleurs d'exemples de plantes très-voisines ayant les unes l'ovaire libre, les autres l’ovaire: adhérent, c’est-à-dire imfère, par exemple les Loganiacées et les Apocynées, les Éricacées et les Vacciniées, les différentes tribus des Rosacées, les différents genres des Diptérocarpées, et les différentes sections du genre Saæifraga-et du genre Asarum. Parmi les espèces du genre Lobelia on trouve le ZL. Clhffortiana, dont l'ovaire est à moitié CAMPANULACÉES DU PAYS D ANGOLA. 3925 libre, et le L. œalapensis, où il l'est presque complétement. Le Lightfootia W'elwitschii n'est pas plus exceptionnel dans son genre que le Lobelia œalapensis dans le sien. Un détail, en apparence imsignifiant, m'a aidé beaucoup à reconnaître une Campanulacée dans le Lightfootia Welwitschii, c'est la forme aplatie et imfléchie du filet des étamines. Je ne connais aucune exception à ce caractère dans la famille des Campanulacées, dont je me suis occupé autrefois d’une manière spéciale. En général, une forme particulière des étamines, surtout 1l est vrai des anthères, est quelque chose de constant dans une famille, et cela est d'autant plus singulier qu'il s’agit parfois de bagatelles, comme la flexion ou la proportion relative de parties déterminées ou de leur pubescence, etc. On peut souvent deviner la famille rien que par l'inspection d’une éta- mine, et même d'une étamme simplement biloculaire. Cette constance de quelques caractères, en théorie accessoires, est bien faite pour dérouter lorsqu’on veut réfléchir à la valeur intrinsèque ou relative des caractères. À priori, ce sont les ca- ractères essentiels qui devraient ne pas varier dans une famille, et les caractères accessoires qui devraient n'être pas fixes. Mais sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, les idées mo- dernes, touchant la filiation des êtres organisés au travers du temps, jettent un jour nouveau sur la philosophie de l’histoire naturelle. Qu'on admette plus ou moins, ou qu’on nie absolu- ment l'hypothèse de M. Darwin sur le procédé par lequel les formes des êtres se seraient successivement modifiées, 1l règne depuis vingt ans chez presque tous les géologues et les natura- listes une présomption assez forte que les êtres organisés de chaque époque sont dérivés d'êtres organisés antérieurs. Cette idée n’est que la généralisation du vieil adage : Omne ovum ex ovo, Elle repose aussi sur le principe plus élevé que tout a une cause, que tout s'enchaîne, et comme on ne voit pas de matière morganique se changer en matière organisée, on cherche natu- rellement l’origine d’une forme organisée dans un être organisé antérieur. Peu importe que les transformations se soient opérées très-lentement et par un triage naturel, comme le veut M. Dar- 326 | A. DE CANDOLIE. win, ou brusquement, comme nous le voyons quelquefois dans l'apparition de monstruosités héréditaires, ou tantôt d’une ma- nière et tantôt d'une autre, ce qui est peut-être plus probable, on est toujours amené, par un ensemble imposant de faits, à l’idée d’une filiation des êtres organisés depuis un temps incom- mensurable. Or, dans les transmutations successives, il est très- possible que des caractères secondaires, très-accessoires, n’aient pas changé. Il a suffi peut-être pour cela que tel caractère, de minime importance, n'ait jamais été un obstacle aux fonctions éssentielles de l'être. L'exemple des langues, dérivées les unes des autres, le fait parfaitement comprendre. Assurément toutes les langues qu'on sait aujourd'hui provenir du sanscrit différent sur des points importants, tels que les déclinaisons ou conjugai- sons et le mode de construction des phrases, ce qui n'empêche pas que des mots, de simples mots, sont restés identiques depuis l’origine (1). On peut concevoir de même que toutes les espèces d'un genre ou tous les genres d'une famulle aient conservé d’une origine commune quelque caractère insignifiant, malgré des changements sur des points d’une importance majeure. De ces considérations si générales, auxquelles je me suis laissé entraîner parce qu’elles offrent de l'intérêt, je passe à la des- cription des nouvelles Hp africaines, découvertes par M. le docteur Welwitsch. LIGHTFOOTIA Lher., Alph. DC., Monogr. Campan., p. 107; Prodr., VII, p. 417. | Sectio I. Mesoraeca. — Genus Zightfootia auct. Capsula semisupera vel fere omnino iniera. A. — Suffrutices., — Ovarium triloculare. L. MARGINATA, sublignosa, ramis adscendentibus pilosis, folns alternis sessilibus oblongis lanceolatisque acutis glabris vel parce (4) Le mot sac existe dans toutes les langues indo-européennes, ou bien il a été modifié très-légèrement en saccus des Latins, céxxos des Grecs. Le mot raisin de la langue française existait déjà dans le sanscrit, avec le même sens. É Ke CAMPANULACGÉES DU PAYS D’ANGOLA. 327 pilosis albo-margivatis passim denticulatis, floribas in axillis bractearum ternis solitariisve, bracteis'acute lanceolatis flores æquantibus, lobis calycinis lanceolatis integris, laciniis corollæ dimidio longioribus apicem versus pilosis. — In districtu Huilla, locis sylvaticis et rupestribus. | Specimina 1156, 1156 bis et 1158 paulo differunt, nec tamen varie- tates constantes videntur. Plantæ in omnibus 2-3 decim. altæ, diffusæ, basi denudata sublignosa. Specimen unum sub n° 1158, radice perpen- diculari donatum (prioris anni?) plantam annuam simulat. Pili sparsi rigidi. Folia majora 45 mill. longa, 6-8 mill. lata, sensim ad bracteas h-5 mill. longas transeuntia, in specimine 1156 bis subtus pilosa, in aliis glabra, denticulis in specim. 1158 rarioribus aut nullis, Margines foliorum, bractearum et loborum calycis albi, callosi. Inflorescentia laxe subspicata. Pedicelli 2-5 mill. longi, pilosi. Tubus calycis obconicus, pilosus. Corolla basim usque 5-partita, pallide cærulea, 3-4 mill. longa. Filamentorum pars dilatata obovato-truncata. Stylus apice crassior et 3-lobus. Capsula basi late obconica, sursum libera et conica. Semina nitida. L. TENUIFOLIA caulhbus e radice pluribus adscendentibus pu- bescentibus, foliis alternis crebris tenuissime linearibus dentatis subtus pilosis, floribus in axillis follorum superiorum sæpius solitariis, calyeis pubescentis lobis linearibus dentatis, laciniis corollæ linearibus subpilosis lobos calycis paulo superantibus. — In sylvaticis dumetosis distr. Huilla (n. 1157 et 1159, forma contractior). ETy Radix 6-20 centim. longa, alba, perpendicularis, inferne ramosa. Caules (ex n. 1197) 3 decim. alti, cylindrici, sublignosi, non crassi, sur- sum plus minus ramosi. Folia medium usque caulis (in 1157), vel in ramulis abbreviatis (in 1159) dense approximata, 4-8 mill. longa, 4/2-3/4 millim. lata, intervallis ideo multo longiora, erecta vel patentia, superna in ramis floriferis distantia sed similia. Pedicelli 4-3 millim. longi, cum tubo calÿcis hemisphærico pubescentes, Lobi calycini 3 mil- lim. longi, gracillimi, paucidentati, erecti. Laciniæ basin versus tarde segregatæ, lacteo-cærulescentes (Welw.). Alabastrum corollæ ovoideo- oblongum, 4-5 millim. longum; laciniæ dimidio dorsi subpilosæ. F ila- menta staminum basi ovato-acuminata plana, apice piliformiä: Antheræ lineares filamento æquales. Ovarium 3-loculare. Stylus apice 3-lobus. Capsula erecta, semi-supera, 3 mill, longa, inferne hemisphærica, su- perne 3-valvis. Semina ellipsoideo-trigona, nitida, Specimina 1159 abbre- WA _ 228 A. DE CANDOLLE. _viata, e loco forsan sicciore, vel casu truncata, in ramulis foliferis.reno- vata, characteribus non difierunt. ij Habitus quodammodo Z. longifoliæ A. DC., Prodr. B. — Herbæ radice fusiformi bienni! — Ovarium 3-loculare. L. coLLomroines, radice fusiformi, caulibus erectis paucira- mosis puberulis, foliis alternis margine incrassato crenatis et crenis denticulatis utrinque puberulis, inferioribus obovatis vel obovato-oblongis, superioribus lanceolatis linearibusque, capi- tulis terminalibus, calycis tubo glabriusculo, lobis lanceolatis dorso et margine pilosis, lacinus corollæ lobis dimidio longiori- bus glabris. — In pascuis editis bumidis distr. Huillæ (1163). Radix 3-4 cent. longa, fere anguste napiformis, inde planta forsan biennis. Caules e radice 1-2, cylindrici, purpurascentes, circiter 3 decim. alti, tenuiter pubescentes. Folia inferiora (a radice tamen distantia) 1-2 cent. longa, 5-6 millim. lata, in petiolum brevem angustata, obtusa ; cætera acuta sessilia, 2-4 cent. longa, 2-5 millim. lata, mixtis interdum foliis obovato-oblongis. Pili in nervo subtus longiores, alibi brevissimi et sparsi. Capitula 1-2 cent. lata, subglobosa, multiflora, bracteis linea- ribus crenatis vel integris pilosis mixti. Flores lacteo-cærulescentes (Welw., Sched.). Calycis tubus hemisphæricus, glaber vel -apicem versus pilosus; lobi lanceolati, dorso margineque pilosi, 2 mill. longi. Corollæ 5-partitæ laciniæ lineares, 4 mill. longæ, apice tantum in ala- bastro pilis 1-2 donatæ. Filamenta ovato-oblonga. Ovarium 3-loculare. Stylus apice 3-lobus. Capsula..……. L. NarIFORMIS, radice napiformi, caule erecto simplici vel superne ramoso pubescente, foliis alternis margine incrassato crenatis et crenis denticulatis vel dentatis utrinque puberulis, inferioribus oblongis vel anguste obovato-oblongis, superioribus lanceolatis acuminatis, capitulis axillaribus cum terminali pauci- floris, calycis tubo hirto, lobis lanceolatis dorso et margine pilosis, laciniis corollæ lobis dimidio longioribus externe pilosis. — In dumetis subsiccis distr. Pungo-Andongo (n. 1150 et 1150 bis). Radix insigniter napiformis ex schedula, anguste pisiformis (ut in priore) ex specimine sub oculis. Caulis 5 decim. altus, nunc superne ramis erectis auctus, teres, tenuiter pubescens. Folia (ex specimine CAMPANULACÉES DU PAYS D ANGOLA. 329 4150 bis, ubi omnia adsunt) inferiora 5 centim. longa, 4 cent. lata, vix in petiolum basi angustata, subacuta; superiora gradatim breviora, angustiora, magis acuta. Fasciculi florum a medio caulis vel in caule et versus apicem ramorum axillares, folium (bractea) non superantes, brac- teis minoribus angustioribus foliis similibus mixti. Flores pallide violacei (ex schedula), forma ut in L. collomioide. Filamenta similia. Capsula semisupera, 3-locularis. Dentes foliorum fere ut in priore specie, in specimine 1150 validiores ; pubes ut in eadem specie, in specimine 4150 parcior quam in altero. C. — Herbæ annuæ. — Ovarium 2-3-loculare. L. AnNuA, caule ramisque diffusis hirtis, foliis alternis sub- _sessilibus oblongis vel obovato-oblongis margine albo calloso passim denticulatis utrinque in nervo pilosis, racemulis sæpius ä-floris axillaribus terminalibusque, calveis lobis linearibus, laciniüs corollæ linearibus dorso passim pilosis, stylo apice bilobo. — In pascuis petrosis et dumetis siccis (1147, 1162) districtus Huilla. Habitus quodammodo Stachys annuæ. 7 Radix perpendicularis, 5-6 centim. longa. Rami divergentes, nume- rosi, unde planta tota subglobosa, 15-20 eentim. alta. Folia 20-25 millim. longa, 4-8 mill. lata, membranacea, nervis lateralibus non distinctis, obtusa vel subacuta, ad bracteas breviores lanceolatas acuminatas cæte- rum similes transeuntia. Flores cyanei bracteas præcipuas vix supe- rantes. Pedicelli brevissimi tubusque calycis hemisphærici pilis rigidis non crebris donati. Lobi calycis 2 mill. longi, vix pilosi, integri. Laciniæ lobis paulo longiores, basi ima solum connexæ. Staminum filamenta basi ovata. Stylus laciniis corollæ æqualis. Capsula semisupera, utrinque obconica, bilocularis. Semina ellipsoideo-trigona. L. ARENARIA, Caule erecto ramisque hirtis, foliis alternis ses- silibus oblongis vel lanceolatis acutis margine incrassato passim denticulatis ad nervum subtus hirtis, pedicellis gracilibus bractea longioribus, calyeis tubo obovoideo hirto, lobis lineari- lanceolatis acuminatis lacinus corollæ sublongioribus, stylo apice trilobo. — In areuosis et cultis relictis distr. Huilla, mense maio florens. {: | | Radix annua, gracilis, perpendicularis, ramosa. Caulis 45-25 cent. altus, angulosus. Folia sparsa; inferiora 45-18 mill. longa, 4-5 mill. lata ; media et superiora gradatim augustiora et breviora. Pili caulis et ”” 230. | A, DE CANDOLLE. paginæ inferiorisfolii non crebri, rigidi. Inflorescentia diffusa, multiflora. Pedicelli fructiferi extremi centim. longi, erecti, glabri. Tubus calycis in flore 2 mill., in capsula 4 mill. longus.. Lobi erecti, 2 mill. longi, glabri. Lacmiæ corollæ graciles, lineares, luteo-violascentes (Welw.). Ovariunÿ in. capsula semisuperum, sæpius 3-loculare, nunc h-loculare. Semina: ellipsoideo-trigona. | L. gracus, glabriuscula, caule ramisque exilibus erectis, foliis alternis raris plerisque anguste linearibus subintegris, pedicellis folio proximo multoties longioribus, calycis tubo hemi- sphærico, lobis lanceolatis, apice piliferis, corollæ sub-5 -par- titæ glabræ, laciniis quam lobi calyais triplo quadruplove lon- gioribus, stylo apice 3-lobo. — In distr. Huilla a 4151); januario florens. — Annua. "el Radix gracilis brevis. Pili pauci, rigidi, hinc inde in caule foliisque.. Folia ima 3-4 mill. longa, 1-1 1/2 mill. lata; cætera 6-3 mill. longa, 4/2 mill. lata: in omnibus margo crassior, vix integer. Pedicelli extremi folio oppositi, 6-12 mill. longi, erecti. Flores cyanei. Lobi calÿeis millim.: longi, tubum æquantes. Laciniæ glabræ, 3-3 1/2 mill. longæ. Capsula vix 2 mill. longa, turbinata, 3-locularis. Semina fere elliptica, subcom-. pressa, oculo nudo vix perspicua. L. exiuis, glabriuscula, caule ramisque gracilibus erecus, folüis alternis linearibus remote denticulatis, pedicellis folie proximo minimo multotes longioribus, éalycis tubo he sphærico, lobis lanceolatis apice piliferis, -corollæ 5-partitæ glabræ, lacimiis quam lobi calyeini triplo-quadruplo -longioribus post anthesin conniventibus, stylo apice 2-lobo. — In humidis passim prope Humpata distr. Huilla (n. 4152). Annua. Præcedenti radice, caule et inflorescentia simillima ; tamen fois latioribus, manifeste dentatis, bracteis brevioribus, lobis calycinis. apice setiferis, laciniis corollæ non irregulariter post anthesim ut in Lightfootiis divergentibus sed modo Wahlenbergiarum conniventibus, capsula basi obtusiore et biloculari differt. Folia ima 3-6 mill. longa, 2-3 mill. lata; media 6-12 mill. longa, 3/41 mill. lata, non valde dis-' tantia; suprema minima tandem 1 mill. longa; omnia margine ut in priore crassa, sed in foliis mediis manifeste dentata. Pili pauci, inflores- centia et calyx ut in priore. Corollæ luteo-cæruleæ (ex Welw.),.2-3 mill.: longæ, apice non omnino glabræ, nuncut videtur subpubescentes, Caps: CAMPANULACÉES DU PAYS D'ANGOLA. | 331 sula immatura hemisphærica, laciniis corollæ in cylindrum irregularem approximatis coronata, ex 4 floribus dissectis 3-locularis. Semina per tico-trigona. t L. peus, caule erecto sparsim piloso, ramis gracilibus dif fusis glabris, foliis allernis imis elliptieis medüs oblongis vel linearibus omnibus remote denticulatis passim pilosis, pedi- cellis folio minimo proximo multoties longioribus, lobis calyci- nis longe lanceolatis apice piliferis, corolla lobis duplo? longiore, stylo + 4 bi?-lobo. — In pascuis humidiuseuls distr. Huilla (n. 41154). Annua. Radix ut in prioribus. ue à 20-25 cent, altus, tenuis, hirtulus, ex ramis gracillimis pedicellisque uti in prioribus filiformibus debilis et diffusa planta, modo quorumdam Galiorum. Folia ima 8-12 mill. longa, h:6 mill. lata, Gbtusa; media 2-4 cent. longa, 2-8 mill. lata, margine inerassato passim dentata, sparsim pilosa, nunc'glabra, obtusiuscula : suprema dentiformia 2-1 mill. longa, linearia, Pedicelli'centim. longi. Flores ex Welw. lactei, in speciminibus meis non aperti, Tubus calyeis hemisphæricus, glaber. Lobi 1 4/2 mili. longi, ideo quam in prioribus longiores. Corolla junior clausa, obovoidea, glabra, 2 mill. longa, veri- similiter aperta paulo longior, laciniis basi non segregatis. Stylus ex unico flore juniore dissecto subbifidus videtur, lobis tum arcte conni- ventibus hispidis brevissimis. L. PANICULATA, glabriuscula, cauhbus e radice exili erectis, superne defoliatis ramosis et gracilibus, foliis alternis basi approximatis oblongo-lanceolatis linearibusve margine incras- sato passim subdentatis, pedicellis gracillimis folio proximo mimimo lineari longioribus, lobis calyéinis lanceolatis, laciniis corollæ lobis triplo longioribus, stylo apice bilobo, — In uligi- nosis æstate inundatis distr. Huilla. (a LS 3} -# Radix tenuis, 2-4 cent. longa. Caules 3-4, adscendentes, tenues, parce basi pubescentes, 2-2 1/2 decim. alti. Folia sessilia, inferiora approxi- mata, 15-20 mill. longa, 2-4 mill. lata, subtus parce pilosa vel glabra, media distantia, minora, ad bracteas lineares 3-2 mill. longa transeuntia. Rami ramulique inflorescentiæ divergentes, tenues, glabri. Pedicelli 2-5 mill. longi. Calycis glabri 5-fidi tubus obovoideus, lobi erecti inte- gri, millim. longi, apice obscure setiferi. Laciniæ 3-4 mill. longæ, gla- bræ, Filamenta obovata. Capsula fere omnino infera, hemispliericas Semina elliptico-trigona. | Ps DEEE | 332 A. DE CANDOLLE. Wahlenbergia Meyeri A. DC. in Prodr., VIH, p. 439, quæ capensis, hisce præcedentibus Lightfootiis admodum proxima videtur, ex habitu, dura- tione, inflorescentia, pubescentia, etc., sed corolla 5-fida nec partita a genere Lightfootia difiert. Wahlenbergia parviflora A. DC. ib., p. 437, proprior adhuc, nam corolla profundius fissa gaudet. Inde discrimen inter Lightiootias annuas et genus Wahlenbergia non magis valet quam inter Phyteumata sect. Podanthi et quasdam Campanulas. Lightfootiæ lignosæ habitu differunt. Sectio II. ANOTHECA. Capsula fere omnino supera, etiam junior ipsa basi lata solum adhærens, 2-locularis. — Herba annua. L. WeLwirscau, caule erecto ramisque hirtulis, fohis alternis linearibus vel lineari-lanceolatis sessilibus acuminatis margine cartilagineo passim denticulatis integrisve, pedunculis pedicel- lisque gracillimis, lobis calycinis lanceolatis erectis paucipilosis, laciniis corollæ 5=partitæ linearibus calycem non superantibus. — În pratis sylvaticis humidis distr. Pungo-Andongo (n. 1149), ad flum. Cuanza. Planta habitu Lini cathartici. Radix gracillima, perpendicularis. Caulis 1-2 decim. altus, ramis plus minus auctus. Folia intervallis plerumque longiora, 5-10 millim. longa, 4-1 1/2 mill. lata, subrigida, pilis paucis sparsis præsertim subtus do- nata vel glabra, ad bracteas magis distantes sed fere similes gradatim transeuntia. Flores ramos terminantes et in axillis superioribus solitarii, pedicello 1-5 millim. longo, passim piloso suffulti, colore livido-flaves- cente (Welw.). Calyx 5 millim. longus, tubo brevissimo sed lato, lobis integris, sparse ciliatis, margine incrassato integris extremitate 1psa pilos 1-2 præbentibus. Laciniæ summo apice paulo hirtæ, alabastrum ovoideum præbentes, deinde fere ad imam basim segregatæ. Stamina (ut in omnibus Campanulaceis) filamento basi ligulato oblongo, apice fili- formi; anthera lineari filamento æquali. Ovarium ovoideo-acutum, gla- brum, fere omnino liberum, in stylum apice bilobum desinens. Capsula ovoideo-conica, basi lata solum adhærens, bilocularis, dehiscentia..…… Semina (immatura) placentæ axillari in singulo loculo inserta, elliptica, anatropa. Primo adspectu a Campanulaceis omnino diversa, propter ovarium quod superum videtur. Tarmen, calyx, corolla, filamenta basi plana, semina, omnino Lightfootiæ, nempe generis ubi ovarium sæpe semisupe- CAMPANULACÉES DU PAYS D'ANGOLA. 333 rum, et insertione attente observata basis ovarii non angustata, paulo adhærens apparet, staminibus ideo non vere hypogynis. Nomen sectionis ex &w, sursum, et Orxn, Capsula. WAHLENBERGIA Schrad., Alph. DC., Monogr. Campan., p. 129; Prodr., VIE, p. 424. Sectio LoBeLioines Alph. DC., Monogr., p. 157; Prodr., p. kh0. * Lobi calycis æquales. W. zoBeLioipEs Alph. DC., /. c. — Species Canariensis et Maderensis. ** Lobi calycis inæquales. °W. HUILLANA, Caulibus e radice tenui pluribus adscendenti- bus ramosis, foluis alternis oblongis vel obovato-oblongis inte- gris vel subdentatis, floribus folio oppositis, tubo calycis obovoi- _ deo, lobis 4 oblongis uno multo minore nunc deficiente late- raliter 1-2-dentatis. — In sylvaticis paludosis prov. Huilla (n. 1161). Radix annua, gracilis. Caules 8-16 cent. alti, passim pilosi. Folia non pauca, 5-10 mill. longa, 2-3 mill. lata, remote denticulata vel subintegra, sæpius obtusa, passim pilosa, vel glabra. Pedicelli solitarii, in flore vix millim., deinde 3-4 mill. longi, erecti, glabri. Flores (ex Welw.) albido- cærulescentes plerumque 3-4-meri. Calyx 4-5 mill. longus; tubus glaber, basi acutus, fere enervius; lobi tubum excepto minore æquantes, erecti, basi angustiores, denticulis 1-2 lateraliter sub lente visibilibus. Corolla sæpius inclusa, 4-3-fida, tubo cylindrico, lobis ovatis. Stamina 3 (an semper?) filamento e basi lingulata oblonga attenuata, antheris lineari- bus brevioribus. Stylus trunco glabro, lobis 2 lineari-oblongis papillosis trunco vix brevioribus. Capsula (immatura) 4 mill. longa, lobis præterea paulo accretis erectis coronata, bilocularis. Semina ellipsoidea. B, pusilla, multo minor (4-5 mil. alta). — In pascuis editis de Fspa- lanca, in prov. Huilla (n. 1160) Caules nunc simplices, gracillimi, ceterum et folia floresque ut in specie. Folia in gracilioribus (juvenili- bus) opposita, in aliis alterna. Lobi calycis magis quam in aliis variantes, nunc 5, Sæpius 4-3, nunc omnes inæquales. Capsulam vidi in vertice paulo hians, unde character genericus patet. NOTICE SUR LES POLYGONÉES, LES THYMÉLÉES ET LES LAURINÉES RÉCOLTÉES PENDANT LES ‘ANNÉES 4835. 57 DANS LA HAUTE ASIE, PAR MM. DE SCHLAGINTWEIT, Examinées Par M. E. F. MEISSNER Cette collection, dont l'examen nous a été confié, se com- pose de 53 espèces de Polygonées, 4 de Thymélées et 6 de Lau- rinées, représentées généralement par plusieurs, quelquefois même par de nombreux échantillons provenant ‘de localités dif- férentes et en assez bonne condition pour permettre de les déter- miner avec certitude. Elle forme donc une nouvelle et précieuse contribution à notre connaissance de la flore de ces pays, et, ce qui lui donne une valeur toute ‘particulière, c’est l'exactitude et les détails avec lesquels les localités ont été notées. Aussi, CO YONS-NOUS, notre devoir est d'ajouter verbalement, dans l'énumération suivante, l'indication des localités et des hauteurs où ces plantes ont été trouvées et auxquelles se rattachent les observations sur la distribution géographique des espbses par lesquelles nous terminerons cette notice. Les données suivantes sur Îles systèmes de montagnes et sur le climat nous ont été communiquées par M. Hermann de Schlagintweit-Sakünlünski ; elles sont tirées du grand ouvrage anglais intitulé Résultats d’une mission scientifique dans l'Inde et la haute Asie, dont quatre volumes in-4° avec 46 tableaux de latlas ont paru jusqu’ à présent (L). S ‘ Le pays que nous désignons sous le : nom de haute Asie s'étend a Boutan dans le sens est-ouest jusqu’au Kaboul, et, dans la direction ‘(4) Results of a scientific mission to India and high Asia, undertaken between the years 1854 and 1858, by Hermann von Schlagintweit-Sakünlünski, Adoïphe and Robert von Schlagintweit. Leipzig, F, À Lai ri London, Trübner ” Cie, POLYGONÉES, THYMÉLÉES:ET-LAURINÉES® DE LA HAUTE ASIE. 499. nord-sud, des larais qui longent les bords de l'Indus au Turkestan, vaste dépression qui sépare les chaînes du Künlün et du Thianshan. En degrés géographiques, nous trouvons pour limites extrêmes de ce pays : en lon gitude : du 72° au 95° degré à l’est de l'observatoire de Greenwich; en latitude : du 28° au 37° degré de latitude nord. Pour mieux se repré- senter de pareilles étendues de pays, il suffit de se rappeler que les Alpes; d'Avignon à Vienne par exemple, n’occupent que 12 degrés de longitude et que leur latitude n'atteint qu'une différence de 4 degrés; la surface couverte par les Alpes n'égalant que la dixième partie de la base de la . haute Asie. Les systèmes de montagnes de la haute Asie se réduisent à trois chaînes fondamentales : l’'Æimalaya, le Karakorum et le Künlün. Cest celle du centre, le Karakorum, qui forme la séparation des eaux, non pas le Künlün, comme on l'avait supposé jusqu'alors; l'existence du Karakorum comme chaîne continue n’était pas miênié encore soupçonnée. M. H. de Schlagintweit fut le premier, en 1856, qui visita ces régions, alors accompagné par son frère Robert. Son frère Adolphe, qui y.passa en 1857 et pénétra au nord jusqu'à Kishgar, y tomba victime de son x par un assassinat barbare vers la fin du mois d'août. Quant au climat de ces régions, nous avons à faire remarquer : a. Que pour le décroissement de température suivant la hauteur, 1 valeur moyenne, qui résulte d’un très-grand nombre d' observations st de 1 degré centigrade pour 702 pieds anglais d’élévation ou très-approi- mativement 215 mètres (1). Le décroissement, suivant la latitude est ana- logue à celui de l’Europe centrale, ‘savoir de 1°,1 ceñtigrade pour un degré delatitude ; maïs en même temps, la région de la haute. Asie, dans ses lignes isothérmes réduites à la température de la mer, montre un décroissement général dans ses parties australes. _b. Pour l’état hygrométrique de l'atmosphère, nous avons trouvé qué le Tibet n’a. que 2 à 6 pouces de pluie (50,8 à 152"",4), tandis qu’au Sikkim, dans l'Himalaya, elle dépasse 120 pouces (3",048), et, ce qui n’est pas moins important, c’est que l'humidité relative a été trouvée dans le Tibet plusieurs fois de 1 1/2 pour 100, même de 1 pour 108 seulement (2), tandis que jusqu'alors l'humidité relative la plus basse qui eùt été observée’ sur le globe était de 16 pour 400, trouvée par Humboldt (3) aussi dans les parties australes de l'Asie, mais dans (1) Voy. M. de Schlagintweit, Results, etc., vol, IV, 548, Pour les Alpes il avait obtenu. 576 pieds anglais pour 4 degré centigrade, Phys. Geogr.,. 1850, vol. f; p. 334, etc. (2) Results, vol. IV, p. 29. (3) A. de Humboldt, Asie centrale, édit. allem., vol. HE, pe 54 0 936 | E. F. MEISSNER. des régions basses et en même temps situées bien au nord des pays exa- minés par MM. de Schlagintweit. — Les hauteurs sont données en pieds anglais (1 pied anglais égale 0°,3048) (1). Le signe \ a été placé en face du nom de certaines localités qui ne sont que des campements ou des CTI elles portent générale- ment le nom de Déra. Les numéros ajoutés aux plantes se rapportent à la signature origi- nale (topographique) de l'Æerbarium Schlagintwert. POLYGONEZÆ. RHEUM Linn. 4. RaeuM AUSTRALE Don., DC., Prodr., XIV, p. 35? a. Himalaya occidental, prov. Garvhal, environs de Badrinath, hau- teur 10 000 à 10600 pieds anglais. 4-31 août 1855. N° 9984. — Echan- tillon en fruit, sans feuilles. b. Tibet, prov. Ladak, villages sur le côté gauche de la vallée de l'In- dus, à 20 milles au sud-ouest de Leh. 1-25 sept. 1856. N° 1778. — Prov. de Rumbak, au Kanda-La-Pass, au sud-ouest de Leh. 1-7 sep- tembre 1856. N° 6284. — Feuilles, sans fleurs ni fruits. 2. Raeum Emont Wall., DC., loc. cit. a. Tibet, prov. Ball, de A Thale-La à Bagmaharal, au nord-est de Skardo et Shigar. 30 août 1856. N° 5924. b. Himalaya occidental, prov. Lahol, de Darche à A Patseo; de Kar- dong à Darche, dans la vallée de Bhaga, et sur les pentes du côté gauche de la rivière Bhaga, de Kardong jusqu’à la limite des arbres. 13-18 juin 1856. N°° 2871, 4099 et 36 393. — Aussi dans la province de Kishtrar, depuis Triloknath jusqu’au passage du Kali, au sud-ouest de Triloknath. 24-27 juin 1856. N° 3888. 8. Raeum Moorcrorrianum Wall., DC., loc. cit., p. 36. a. Tibet, prov. Spiti, passage de Lasha-Lung à A Phang, pentes du nord-ouest; aussi de A Chala à À Takenak, et depuis la base nord- ouest du passage de Tari jusqu’au pied méridional du passage Parang, vià Mud. 12-23 juin 4856. N° 2475, 2408, 6941. — Province de Gnari- Khorsum, au pied septentrional du passage Uta-Dhura, à travers le pas- (4) Les détails pour les différentes stations se trouvent dans le vol. II des Results. POLYGONÉES, THYMÉLÉES ET LAURINÉES DE LA HAUTE ASIE. 997 sage de Kiungar jusqu'à sa base septentrionale, hauteur de 16200 à 17600 pieds anglais. 9-12 juillet 1855. N° 7334. En outre, la collection contient encore des feuilles (sans fleurs) qui appartiennent ou au 2h. Moorcroftianum ou au Rh. spiciforme Royle, trouvées dans la province Ladak du Tibet, près Leh (juin-juill: 1856, n° 1918), et dans le Künlün, prov. Khotan, en descendant de A Oitash jusqu'au pied du glacier Bushia, côté nord-ouest du Künlün (27 août 1856, n° 12844); de même un échantillon en fleurs sans feuilles, trouvé dans le Tibet, prov. Ladak, à droite de l'Indus, vis-à-vis de Leh (juillet 1856, n° 1843), dont 1l reste indécis S'il appartient au À. australe ou au R. Emodi ou au À. tibetanum. OXYRIA Hill. OxyRiA ELATIOR R. Br., DC., Prodr., XIV, p. 37. De nombreux échantillons en fleurs et en fruits, hauts de 5 à 10 pouces. Sans le fruit, on ne saurait les distinguer de l'O. re- niformis Hook. a. Tibet, prov. Ladak, près Leh, et entre Leh et Yugu et Upschi, aux: deux côtés de la vallée de l’Indus. 1°" août au 15 sept. N° 17, 1965, 4258. — Prov. Balti, entre /\ Thale-La et Bagmaharal, au re de Skardo et Shigar. 30 août 1856. N° 5922. — Prov. Gnari-Khorsum, entre Poling et À Bulla-La, au pied nord-est du passage Nélong. 16- 18 septembre 4855. N° 7290. — Prov. Tsanskar, de Padum vià Abrang à À Brok, sur le pied sud-est du passage Pentse-La. 27-28 juin 1856. N° 7166. b. Himalaya occidental, prov. Garvhal, près Badrinath, hauteur 10000 à 10600 pieds anglais. N° 9990 et 9993. — Entre Sukhi ct Kharsali, à travers les passages de Bamburu et Chaia (entre les vallées de Bhagiratti et de Jamna), hauteur 9000 à 15400 pieds anglais. N° 8914. — De Nélong à Ussilla dans la vallée de Tons, en passant par Mukba et le passage de Damdar ou Hatka, n° 9706. Aoùût-oct. 1855. — Prov. de Lahol, entre Kardong et Darche et Koksar (vallée de Bhaga), pentes du côté gauche de la rivière Bhaga jusqu’à la limite des arbres. N° 2765, 2872, 3690, 4176. — Entre À Patsco et Chingchiugbar, au pied sud-ouest du passage Bara-Lacha, N° 4015. Juin 1856. 5° série, Bor, T, VE. (Cahier n° 6, * 92 338 E. F, MEISSNER. RUMEX Linn. (1). 4. Rumex Loxctrouius DC. (non Kth), DC., Prodr., XIV, p. 44? (R. domesticus Hartm.). Échantillons dépourvus des feuilles radicales, mais se distin- guant du À. crispus par des pédicelles plus longs et des valves souvent un peu plus grandes, plus oblongues, et dépourvues de callosité ou munies seulement d’un faible renflement de la par- tié inférieure de la nervure. | | | a. Tibet, prov. Nubra, entre Kardong et Diskit, sur le côté gauche du Shayok (n° 2315). — Prov. Ladak, rive droite de l’Indus, près Leh et Dah, et entre Kharbu-Koma et Shaksi, au sud-ouest de Dah, entre Leh et Kaltse, côté droit de la vallée de l’Indus. N° 1007, 1160, 1248, 1548, 1345, 5966. — Passage du Kandala à Marka (au sud-ouest de Leh), vià Shingo. N° 1732. — Prov. Balti, environs de Skardo, hauteur 6900 à 7500 pieds. N° 824. — Prov. Hasora, de À Tap au glacier Masenno (A\ Lolio-Duru) et À Ashursbott (groupe des glaciers Diamer). N° 7243. Juill.-sept. 1856. b. Himalaya occidental, prov. Kishtvar, de Triloknath jusqu'au haut du passage Kali, au sud-ouest de Triloknath. Juin 1856. N° 3851. — Prov. Chamba, près Nurpur, hauteur 4000 à 5500 pieds. Juillet 1856. N° 11 704. Ses 2, Ruuex crispus L., DC., loc. cit., p. Hh. Var. Valvis plerumque omnibus calliferis sed callis sueto minoribus et inæqualibus, 1-2 sæpe obsoletis. Tibet, prov. Ladak, environs de Leh. Juillet, août 1856. N° 1035. Var. Valva unica callo parvo, reliquis nervo subtumidulo præditis v. penitus ecallosis. Tibet, prov. Balti, de Skardo à la vallée de Satpar vers le midi. Sep- {) Les échantillons de la collection manquant souvent de feuilles radicales et de calyces fructifères mürs, parties sans lesquelles 11 est impossible de distinguer avec sûreté certaines espèces de Rumex, nous en avons dù marquer plusieurs d’un point de doute. Comme cependant ce sont des espèces largement répandues sur le globe et qui, notamment, croissent dans l’Asie septentrionale, il est très-vraisemblable qu'elles se trouvent aussi dans lesrégions d’où provient notre collection. POLYGONÉES, THYMÉLÉES ET LAURINÉES DE LA HAUTE ASIE. 999 tembre 1856. N° 5525. — Prov. Ladak, rive gauche de l'Indus, près Leh. Juillet 1536. N° 904. 3. RuMEx conGLomeraTuSs Murr., DC., loc. cit., p. 19? Himalaya occidental, prov. Kishtvar et Lahol. Juin 1856. N° 2876, 3882. — Echantillons trop jeunes, appartenant peut-être plutôt. au R. Wallichii Meissn., DC., loc. cit., p. 48. h. Rumex sancuneus L., G viridis Sm., DC., loc. cu., D, 19? . | a. Tibet, prov. Ladak, entre Yugu et Leh, entre Kharbu-Koma et Shaksi, entre Kaltse et Dambar. Juin-août 1856. N° 905, 1100, 1947, 5365, 5367. — Prov. Balti, environs de Skardo, hauteur 6900 à 7500. Août, sept. 1856. N° 828. 6 b. Himalaya occidental, prov. Lahol, entre Kardong et Darche, vallée de Bhaga. Juin 1856. N° 2766. — Echantillons en état jeune. 5. Rumex parrenTiA L., DC. oc. cit. p: 54. Tibet, prov. Nubra, entre Liagchung, Panamik et Changlung, côté gauche de la vallée de Nubra. N° 2017. — Prov. Ladak, entre Upschi et Leh, côté gauche de la vallée de l’Indus. N° 1311. Juill., août 1856. 6. Rumex corntrozivs Horn., DC., loc. cit., p. 52? B? laæiflorus Nob., panicula ampla, foluis lanceolatis lineart- busque margine crispulis interspersa, apice aphylla, racemis solitariis, verticillastris discretis laxiuseulis, pedicellis fructife- ris 5-6 lin. longis prope basin articulatis, valvis reniformi- triangularibus rotundatis obtusis (3-4 lin, longis, 4-5 lin. latis) mediocriter cordatis transverse tenuiter venoso-striatis vix reti- culatis, ad medium usque dense acuteque inciso-serrulatis su- pra integris, unius callo grosso ovali lævi, reliquarum parvulo v. (unius saltem) obsoleto. C’est peut-être une nouvelle espèce assez différente du vrai R. cordifohius, surtout par les valves ; mais l'échantillon unique que nous en possédons, manquant de feuilles inférieures et radi- cales, ne suffit pas à en donner une diagnose et une description complètes. Cette plante s'approche beaucoup du À. cristatus DC., mais elle en est certainement distincte par ses valves plus forie- 3h0 E. F. MEISSNER. ment dentées, etdont la largeur excède toujours plus ou moins la longueur. Elle a été trouvée dans la province de Ladak du Tibet, près de Dah, au côté droit de la vallée de l’Indus, en juillet 1856. N° 1214. 7. RuMEx DENTATUS Campd., DC. K- cit., p. 56. Variatio valvarum dentibus utrinque 2-A ne taen etiam 1-2 v. subnullis). | Himalaya oriental, prov. de Sikkim, sur la « Singhalila », crête entre Tonglo et Falut, hauteur 9000 à 12000 pieds. Mai et juillet 1855. N° 14706. 8. RuMEx NEPALENSIS Spr., DC., loc. cu., p. 59. a. Himalaya occidental, prov. Simla, environs de Simla, hauteur 6000 à 7300 pieds, et de là à Kashmir, vià Kangra et Jamu, 6000 à 9000 pieds. N° 13384. — Prov. Chamba, de Chamba au « Padri-Pass », vers le nord-ouest. N° 3565. — Prov. Jamu, du Padri-Pass à Bhadrar. N° 3074. — Prov. Gärhval, environs de Badrinath, hauteur 10000 à 10600 pieds, et entre Gaurikund et Bilung, vià Trijugi Naraïn et Maser- Tal. N° 9357 et 9998. — Prov. Lahol, entre Kardong et Darche, dans la vallée de Bhaga. N° 2807. 4 b. Tibet, prov. Ladak, près Dah, côté droit de la vallée de l’Indus. N° 1225. Mars-sept. 1856. Il y a en outre des échantillons en état trop jeune qui appartiennent probablement aussi au À. nepalensis, provenant du Tibet, prov. Nubra, Balti et Ladak (n° 2305, 5630, 1672); de l'Himalaya central, prov. Nepal, hauteur 5000 à 7000 pieds (n° 13043), et de l'Himalaya occi- dental, prov. Jamu, Kishtvar, Chamba, Lahol et Pandjab (n° 5071, 2972, 3310, 3939, 2667, 274k, 10195). 9. Rumex srricrus Link, DC., loc. cit., p. 57. Forma racemis ramosis; valvis (immaturis) duabus subnudis, tertia callo oblongo Fe prominente prædita. Folia vadicalia desunt. a. Himalaya occidental, prov. Kashmir, entre le passage Pir-Pachaki ou Kishtvar et Islamabad. Août 1856. N° 5183. -.b. Inde boréale-occidentale, prov. Pandjab, entre Shahpur et Les Hech:et Rechua Duab). Mars 1857. N°° 10479, 10608. POLYGONÉES, THYMÉLÉES ET LAURINÉES DE LA HAUTE ASIE. 31 10. Rumex ACETOSELLA L., d vulgaris DC., loc. cit., p. 63. a. Himalaya occidental, prov. Sikkim, près Darjiling, hauteur 6000- 8000 pieds. Juin, juill. 1855. N° 12 625. b. Tibet, prov. Balti, près Skardo, 6900 à 7500 pieds. Août, sept. 1856. N° 690. 11. Rumex Acerosa L., « vulgaris DC., loc. cit., p. 65. a. Tibet, prov. Spiti, pied septentrional du passage Tari, en allant de Mud au pied méridional du Parang-Pass. N° 6978. b. Himalaya occidental, prov. Lahol, dans la vallée de Bhaga ; prov. Kishtvar, passage de Kali, au sud-ouest de Triloknath; prov. Chamba, Kali-Pass, au nord-est de Chamba. N°° 2762, 3052, 3286. — Prov. Garh- val, près Badrinath, 10 000 à 10600 pieds. N° 9999. Juin-août 1855 et 56. c. Inde occidentale, prov. Sindh et Pandjab. Fév., mars 1857. N° 10978. . 12. Rumex rosEeus L., DC., p. 72. Inde boréale-occidentale, prov. Pandjab, 1400 à 2500 pieds. Fév., mars 1857. N° 10723, 11142. | 13. Rumex nasraTus Don., DC., loc. cit., p. 72. Himalaya occidental, prov. Kashmir, bassin du lac desséché de Kash- mir, près Srinagger. Oct. 1856. — Prov. Simla, entre Nahan et Solen (au midi de Simla), vià Dagshai, 2800 à 6500, et à Simla même, 6000 à 7300 pieds, aussi entre Kalka et Sabathu, 2000 à 4600 pieds. Mars- mai 1856. N° 4917, 4683, 5002, 7719, 7770. — Prov. Garhval, de Bar- kot à Mandrassi, au nord de la station Massuri; prov. Marri, entre Mera et Marri, et de Baramula à Marri, des deux côtés de la vallée d'Ihilum, 4000 à 7000 pieds. Oct., nov. 1856. N°° 8006, 11567, 12486. POLYGONUM L. Sectio AVICULARIA. 1. Pozyéonum ErrusuM Meissn., DC., Prodr., XIV, p. 98. Forme ordinaire. a. Inde boréale-occidentale, prov. Pandzab ou Pandjab, prèsRaulpindi (1900 à 2600 pieds), Peshaur, Kalabagh et Shahpur, au pied méridional du « Salt-Range ». Nov. 1855, mars 1857. N° 2578, 2743, 1061 6 10183, 10330, 10772, 10699, 11478, 11630. 812 E. F. MEISSNER, b. Inde occidentale, prov. Sindh, près Khanpur, côté gauche de l’In- dus, presque au niveau de la mer. Janv. 1857. N° 12000. c. Himalaya oriental, prov. Sikkim, près Darjiling, 6000 à 8000 pieds. Juin, juill. 1855. N° 12315. d. Delta du Gange, prov. Bahar, lit de rivière sec, près Patna, 150 à 300 pieds. Janv. 1857. N° 12961. B brevifolium Nob., multicaule, humile, caulibus subsimplici- bus tenuibus, internodus (1-3 lin. longis) folia (Hinearia v. oblonga obtusa) æquantibus v. brevioribus. Cæt. ut in forma vulgari. | a. Himalaya occidental, entre Simla et Kashmir, vià Kangra et Jamu, 3000 à 9000 pieds. Juin, sept. 1856. N° 13 254. b. Inde occidentale, prov. Sindh, entre Karrachi et Titta, côté droit de l’'Indus, presque au niveau de la mer. Mars 1857. N° 11 987. /? tenellum Nob., annuum? multicaule, humile, caulibus de- bilibus, internodus 3-7 lin. longis, foliis anguste linearibus (4-12 Tin. long., 1/3-3/4 lin. latis) obtusiusculis, floribus raris. Ce pourrait être une espèce distincte, mais nous n'en con- naissons pas le fruit mür. Inde boréali-occidentale, prov. Pandjab, entre Dera-Ismael-Khan et Shahpur, Sindh-Sager-Duab (700 à 800 pieds). Mars 1857. N° 10 568. 2. Poryéonum RoxsurGnt Meissn., DC., loc. cit., p. 93. « longifolium Meissn., loc. cit. Himalaya occidental, prov. Chamba, passage du Kali, au nord-est de Chamba (n° 5306); prov. Chamba, près Nurpur, 4000 à 5500 pieds (n° 11769); prov. Lahol, près Kolung, rive droite du Bhaga, et au pied sud-ouest du passage Bara-Lacha (n° 3410, 4017). Juin, juill. 1856. B brevifolium Meissn., loc. cit. Himalaya occidental, prov. Marri, vallée d'Ihilum jusqu’à Méra, 5500 à 4000 pieds. N° 12490. — Prov. de Kashmir, dans le bassin desséché du lac et près Srinagger. N°° 4567, 1638. Oct., nov. 1856. e subexæsertum Nob., achænii apice breviter e calyce exserto, faciebus oblongis. — Cæt. ut var. G. Kashmir, bassin sec du lac, près Srinagger, dans la: plaine d’Ulli et POLYGONÉES, THYMÉLÉES ET LAURINÉES DE LA HAUTE ASIE. 3/19 sur les petits passages vers Srinagger. Août-oct. 1856. N° 1258, 4290, L638, 12067. 3. Poryconum 1LECEBROIDES Meissn., DC., loc. cit., p. 9h. a. Himalaya occidental, prov. Lahol, entre Kardong et Darche, dans la vallée de Bhaga. N° 2899. b. Tibet, prov. Ladak, entre Leh et Kaltse, côté droit de la vallée de l’Indus. N° 1539, Juin, juill. 1856. L. Poryconuu recumgexs Royle, DC., loc. cit., p. 96, Forma pauciflora, foliis plerisque sueto minoribus. Tibet, prov. Ladah, près Leh. Juill., août 1856. N° 1046. Sectio PERSICARIA. 5. PoLyconuM BAR&ATUM L., « vulgare Meissn., DC., loc. cit., p. 101. | | Himalaya oriental, prov. Sikkim, près du Tilsa-River, depuis le pied du Sikkim-Himalaya jusqu’à la vallée du Brahmaputra. Août, sept. 1855. N° 12720. 6. Pozyconum rLaccipum Roxb. Forma & et G (DC., loc. ct., p. 107), breviseta, bractearum cils 1/2 Lin. lougis, summarum nullis. | Himalaya occidental, prov. Kishtvar, près de la ville de Kishtvar, N° 2983. — Prov. Kashmir, dans le ba NOUS Notice sur les Polygonées, Laurinées, etc., récoltées pendant les années 1855 et 1857 dans la haute Asie, par MM. Schlagintweit et examinées par M. Meiss- . - COUPE RP APE UE ER EEEEEEEEEEEE————— — — — — —…—…’………"…"…"…"…"…"…"…"…"”"”"…"”"”"”"”"”"”"”"”"…"”"”"…"_…"_" "_" TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS. BRONGNIART (Ad.).— Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de la Nouvelle-Calédo- He ee ce ee DE CANDOLLE (Alph.). — Campanula: cées du pays d’ Angola: recueillies par M. le docteur Welwitsch. . Durré (V.). — Recherches sur les gaz du Mürier et de la Vigne, par MIS R: Faire ile. Our Faivre (Ernest). — Recherches sur la circulation et sur le rôle du La- tex dans le #Ficus elastica. . . . . — (Voyez Durré.) Gris (Arth.)., Voyez BRONGNIART. Hooker (J. Dalton). — Considéra- tions sur les Flores insulaires. . Meissner (C.F.). — Notice sur les’ Polygonées, les Thymélées et les Laurinées récoltées dans la haute Asie, par M. Schlagintweit. . . MiLLARDET (A.). — Notice pour ser- vir à l’histoire du développement en épaisseur des parois cellulaires. NauDin (Charles). — Cucurbitacées nouvelles cultivées au Muséum d'histoire naturelle en 1866. . . . Nerro (Ladislau). — Sur la struc-, ture anormale des tiges des Lia- De de GR NS PAYEN (A.). — Composition et usage économique, en Chine, de deux es- pèces de gousses ; structure et com- position des périspermes des Lé- gumineuses. PLANCHON (J. Em.). — Sur des fleurs anomales de la Vigne cultivée. . TRéÉcUL (Aug.). — Des vaisseaux propres dans les Clusiacées. TuLasne (L. R. et Ch.). — Note sur les phénomènes de copulation que présentent quelques Champignons. 0 e, eL 4 ») Lago; ju (eue gén 334|VAN TIEGHEM (Ph.). -- Recherches sur la structure des Aroïdées. . . 300 O1 317 211 TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Planches 1 à 10. Structure des Aroïdées. — 11-12. Copulation des Champignons. — 13-15. Épaississement des membranes végétales. — 416. Fleurs monstrueuses de Vigne. Paris, — Imprimerie de E. Marniner, rue Mignon, ?. ob, Joné D: PL. +, ; é: | «7 LANE pare LORIE NS OCTO CNCTCN ste ' Les LA LE |, 55 N>. PKG “/ "M TA THE: 2 Structure. des Arotadées . À. Salmon tmp. r. Vieille-strapade, 15. Parts . Pierre se. -Di ST dooc] ÿe Pa ge 000) 66 i Fe | GE ESS Ÿ : a Si] 1 s EX: ——$— +7 | A 5, ! © 5 \ Ce 2 re NT À- re < nn. RS CR J'ucture des Arotdees A. Saumon imp. r. Weille-F'strapade. 16. arts . Bot. Tome 6. LL. 3. J dE a: A à CE US ®æ) 4 SA C2 A #7 2 2CS J'éruclture des AMroid C> , À. Salmon 2772 r.F teulle-Lstrapade 15, L’arts . S N $ È < ES À. Stlmon 272 ». J'ieille-Estrapate. 15 Lurts . \C ) AT { LT AE PF / Jéructure des Îroidées . \ À “a ht cf mn ff “un. ere: des Secenc.nat. 5° Seree . Pot. Tome 6. 11. 5. 4 M si | CET LS | \ sabre | ES ) se: CIS 4 ER UE e SSuclure des AMrotdees. A. Salmon impr. Pieille-Æ strapade, 15, larts. dus dt.é sidi. 3 à 4 à: 46e, - des Jctrenc. ral. De Jerce. 2 Bot. Tome 6. PL. 6: # à 4 Ps à pen D. 12 mu /f #- | \ sol \L)! GO EANT | Ê. RÉ SREEERET) ST ke Ê 7 . © Î sn À Po CA / FAN 1 d: ! 66e Gg (0) 3 D — 7% Dex | ) ( à /€ H H Ale) FS, : \ #4 \ @ D dr / } \ RL” d nl Le D È € eo 1 Re FE Où | L_ © © Van Tieghen del . a Jrructure des AMroidees . | | | L | | 4, 1. | | | | FE 3 j û A Salmon impr. Vieille -Estripade. 15, Paris. Fe f- Bot. Zome 6. rl. ñ Æh tiltes À à 4 Lan .! "Sd + | Le @ “ St Arotdees . À. Salmon mp. 7. Micille-Estrapade. 15, Larts . Structure. des in. des Jeune. rat. 5° Serre. fer ss os ii AN ARR “ver NT à "+ AE: ha Ar ï F1 ne, DJs. Pet. lome 6. 11. 6. So @) Q æ ee se) ss DO AXE RO E © POS AZ bo0 00e LES. 0 e Ségo e TT: L9 + 2-6 Pierre se. Jfracture. des AMroidees . À. Salmon np. r. Verlle-Æstrapade 15. Lars . 1 , 7 ai . LA « 22. des Jetens. ral. 5 Serte.. [a 7 rats u m (l \ (UT Qu I PSE A \ Lieghem dé. c facture des A7 (4 cdees : A. Salmon mp r Vreulle-E rtrapaie 28 Juris Dot. lome 6. PL. o l’ierre sc PV Eee T4 “Inn.des Nuenc. nat. 5 Serre. Pot. lome 6. L’L:10. / M SO as LT 566 COPA ES ct L + Docs QQ00000a0a00606 4 RE 200066006068 7 ME A 200 IS O0 vu. \ Fu x Ÿ Q à‘ & rs Ÿ À 2 & N) $ NO à : < Ra à è Xe) EN Es AL è Ÿ +“ KW i = ET Een Re z 8 ET OUR FAUX | Pet. lome 6! Ann.des Sezenc.nal. 5° Jerte. Era 5 a LD ”, ae De pole Lu 0 Un LR ESS ” + un + RP es ee Qt "y PET SES OR" VE CRT tes) & ER + | Millardet del . Pierre fe À. J'almon trp Tr Viville- Fstrapade, 25 Lure. £paisissemen L des mem0rTanes vcgelales ; Ann.des Seienc.nal. 5 Serre. Dot. Lome 6. PL. 14. Pierre sc. Lpaësissement des membranes vegela les. À. Salmon imp. 7. frelle-Fstrapade, 25 Pare . 2 ’ . à re ca À Fe + LU SÉRÉR. lé Ann. des Setenc. rat. 5° Serre. Pot. Zome 6. PL 15 ; Ê= Lpaisissement des membranes vegeltales. re À Salmon emp.r. Vieille -Listrapade. PER LEUR …"" ‘ LE EEE dr !nnr.ades Sriene. nat. S Serre . Bot. Z5me 6. PL. 16. 7 VA Zlan chon del. ‘ Per re re 7 Re Leurs monslruecuses de Vi Free. Le À. J'almon 22722 PF: Preulle-histrapate. 15, Lure . PE be dé NAS LCL "n À 42 Liver bé L bre = VC LT j ver 0 Y ; D ml 2 | +: h : ", y CL ; Ù 18 ” ha 2 : FN : ® w a - Le VO E U 4 00 te à +. Wpi 4 . À 2 DD or Le ie Fee à PR LAR? F5: LE CTP TEL eue = 6 0e sb 20 28 mn me CEST $ L tt 23 ain LR trié vues trie He de RHBRE ÉHE HAE HHH 331 à £ * . #4 HTE _ ssiai ne 2 HE LRU TELL: 3 me Lier RÉPARER HR 235 FAR ré: rs = sata ur HS SATA MMifrirerasésis LITE _ TETE rnisrstetes s Le a hit ete es METTENT EEE ne. HR rs LT Mir INUTE Posez: : mi este | ému e TOI EME …. r its ECO rt ame norte une» SAT A EM EEE EEE EEE T ones de .e T L . he te mer dt + 4444 à - LITE RRILE EU CEREREET EEE EEE CE EE HÉRATREETEENEEEEEEE Er IE EEE EE ÉRRTREREEEHS Ê eng mas SA MEET EE CEE CE EEE EEE EEE CEE ES HECTOR PEN EE EEE ET ERT HT HET 2: HR MAT Ta rsiereserrem ententes iateteenes: HEENAT SRE COTON REMISE ERREURS HÉHONE HET CRE RE EN E HS Fetttirest pet qe ER EE EE ES LEE ere presenter tbe 44 Labs PET TT NÉE RER E EE ET ET EE RE ET pe 4 See eh tte 427 — LOL LE stetess OP EI ET Te AE deep er ... ro messe z #+ — opens bribhé et pr Pit TETE Ti sheet LRO EE EEE CEE ER PE EE EEE EEE ++ sé h vér TAPIE EEE Eee ter ET ET PEER ET ER _ 13 esstrtnse + hello rsipieses pa ei Tee prritienerite Dogg: RL de Dh A Ÿ “ mt mte rémte rt eng mrré gère LITELETETICENSES THCPLREELEC ET EEE EE EE ET EEE NERTE SE ES e - vu eems DTA TT nSTT PO TS VS ST SRE EP eee nes