Ke a. À ai pt, “ … (5 fi il EL TE Ra Dre ANNALES DES SCIENCES NATURELLES CINQUIÈME SÉRIE 00e en es BOTANIQUE | hérite a | PRRESE O4 a mn) HÈS = sy ' TS N Ÿ Paris, — Imprimerie de E. Mamriner, rue Mignon, 2. CINQUIÈME SÉRIE BOTANIQUE COMPRENANT L’'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS OU FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM. AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE VII PARIS VICTOR MASSON ET FILS, PLACE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE 1867 MAN ÈA A y 0 48204 LE PA \ TV |A ‘Ü PR Lie. | risneauere cost k à: + LA À peqrétie rss + din sé Lémorras [14 ANNALES DES SCIENCES NATURELLES BOTANIQUE PA CE EE PP ÉTUDE MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES, Par M. Ed. PRILELNEUX Les Orchidées, tout en formant une famille étroitement unie, présentent dans leurs mœurs une très-grande diversité. Non- seulement elles vivent sous les climats les plus différents, depuis les pays glacés qu'habite le Calypso borealis jusqu'aux régions les plus chaudes de l’Inde et de l'Amérique, mais, de plus, elles y végètent dans les situations les plus diverses; tandis qu’un grand nombre d’entre elles sont des plantes aériennes qui crois- sent sur le sommet des arbres, et parent de leurs magnifiques fleurs les forêts tropicales, d’autres poussent au milieu de la Mousse qui couvre la surface du sol dans les marais et dans les bois, à demi aériennes, à demi terrestres d’autres, en plus grand nombre dans les pays tempérés, sont terrestres, plongent leurs racines dans le sol, et étendent au soleil leurs feuilles vertes et leurs fleurs ; quelques autres enfin méritent le nom de plantes soulerraines : entièrement cachées sous la terre durant une grande partie de leur vie, elles ne montrent qu’un instant, au- PES 6 ED. PRILLIEUX. dessus de sa surface, une hampe dépourvue de feuilles vertes» qui ne survit pas à la formation des graines. Non-seulement la vie de ces plantes s’exerce ainsi dans des conditions fort diverses, mais elle a en outre une durée très- variable. Sans doute, on peut dire dans un certain sens que toutes les Orchidées sont vivaces ; mais elles ne le sont pas toutes de la même façon. On peut aisément concevoir qu’une touffe de plante soit vivace, et que néanmoims chacun des pieds qui la composent ne vive qu'un certain nombre d’années, s’il donne naissance par ses bourgeons à un autre pied qui le remplace quand :l cesse de vivre. C'est ce qui a lieu chez la plupart des Orchidées où la plante vivace n’est rien autre chose qu’un en- semble de pousses toutes semblables entre elles à l’âge près, qui naissent les unes des autres et se succèdent sans fin. Si l'on peut considérer comme indéfinie la vie de la plante prise dans son ensemble, on peut aussi isoler par la pensée les pousses semblables qui sont les éléments qui la composent et dont la succession fait la perpétuité de la plante, et observer dans la durée de leur vie de grandes différences. Tantôt ces pousses ne vivent pas plus d’une année, ainsi qu'on le voit, par exemple, chez les Ophrydées où la plante ne présente qu’un seul individu vivant qui dépérit et meurt quand celui qui doit le remplacer commence à se développer ; tantôt, au contraire, ces pousses vivent sept ou huit ans, et la plante est formée de l’enchaînement d’un pareil nombre d'individus nés succes- sivement les uns des autres, d'année en année ; c’est ce que l’on observe dans toutes les Orchidées à pseudobulbes. Enfin, dans les Vanilles et dans un certain nombre de Vandées, la plante entière est formée par une seule pousse qui vit indéfiniment, qui croît sans cesse par une extrémité, tandis que l’autre vieillit, perd ses feuilles, dépérit, meurt et se décompose. Ainsi la dénomination de végétaux vivaces que l’on donne aux Orchidées n’a pas dans tous les cas la même signification : tantôt la perpétuité de la plante est produite par la permanence de l’activité vitale de l'individu dont la croissance ne s'arrête jamais ; tantôt elle est due au remplacement incessant d'un MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 7 membre dépérissant par un membre nouveau qui doit vivre pendant un temps plus ou moins long. Les Orchidées à végétation indéterminée sont tout aériennes ; ce sont des Lianes qui grimpent le long des arbres, et portent sur toute la longueur de leur tige des feuilles vertes bien développées et des racines. Dans les Orchidées à végétation déterminée, au contraire, 1l y a, même chez celles qui vivent sur les arbres, une portion de la tige destinée à une vie pour aimsi dire terrestre, une portion traçante qui, seule, porte des racines, et n’a pas d’autres feuilles que des écailles ; en un mot, un véritable rhi- zome parfaitement distinct de la portion dressée de la tige qui porte les feuilles, et sur laquelle ne se développe jamais de ra- cine. Chacune des pousses qui se succèdent d'année en année est ainsi traçante par sa partie inférieure : tantôt les deux portions de la tige vivent aussi longtemps l’une et l’autre, tantôt la por- tion aérienne de chaque pousse périt après avoir vécu seulement quelques mois, tandis que la portion traçante survit durant un temps parfois très-long, soudée à la portion traçante des autres pousses successives qui se sont développées d'année en année, de facon à former avec elle un rhizome composé d'éléments d'âge et d'ordre différents : c’est ce qu’on voit dans un grand nombre d’'Orchidées terrestres de nos climats. Quant, au con- traire, la partie dressée des pousses est destinée à vivre plusieurs années comme la partie traçante, elle prend un développement tout spécial, car, à partir du moment où elle est formée; tout en demeurant vivante, elle ne doit plus croître ni produire des feuilles nouvelles ; aussi est-elle constituée de manière à emma- ganiser dans ses tissus les aliments, qu'elle consomme ensuite lentement pendant la longue période d’assoupissement qu'elle doit parcourir. Les pousses aériennes destinées ainsi à une vie spéciale ont le plus souvent un aspect tout particulier, et on leur a donné pour les distinguer de toutes les autres tiges un nom à part, celui de pseudobulbes. D’après ces quelques mots, on voit qu’au point de vue de la végétation on peut diviser les Orchidées en trois groupes : les Orchidées à végétation indéterminée ou Orchidées-Lianes, les 8 ED, PRILLIEUX, Orchidées à pseudobulbe et les Orchidées sans pseudobulbes. Les deux premiers groupes sont formés par des plantes épi- phytes, le dernier par des plantes terrestres et souterraines. Nous allons les étudier successivement en commençant par les plantes les plus communes dans notre pays et en général dans les climats tempérés, les Orchidées terrestres ou souterraines à végétation déterminée et sans pseudobulbe. I Les plantes communes dans notre pays, qui appartiennent, soit au groupe des Épipactidées, soit au groupe des Néottiées, peuvent fournir de bons exemples du mode de végétation le plus ordinaire chez les Orchidées terrestres. Ce sont des plantes à végétation déterminée dont la souche est vivace, mais dont les tiges florifères meurent tous les ans après la maturité des graines. Les tiges qui portent les feuilles vertes et les fleurs ne sont pas des rameaux d’un axe principal qui s’allongerait indéfiniment _sous terre ; ce sont les extrémités redressées de pousses succes- sives qui se développent d'année en année. Comme ces pousses naissent les unes des autres, et sont par conséquent d'ordres divers, nous les distinguerons par leurs numéros d'ordre en dé- signant la plus ancienne des pousses que nous observerons sur un pied comme étant de premier ordre, ce qui est toujours vrai par rapport aux autres axes, bien que nous ne puissions le plus souvent affirmer que, parmi les axes que nous observons, celui qui a été formé le premier soit absolument un axe primaire. Dans les Épipactidées que nous prendrons d’abord pour exemple, on peut dire, d'une façon générale, que l’on voit tou- jours l’axe primaire se terminer par une inflorescence, puis un ou plusieurs des bourgeons axillaires se développer et propager la plante. Cependant 1l convient de distinguer deux cas particu- liers : ou bien un seul bourgeon se développe et continue la direc- tion de la partie souterraine de la tige mère, ou bien plusieurs s’allongent en sens divers et multiplient la plante. Le Cephalanthera rubra fournit un bon exemple de la pre- MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 9 mière disposition. Sur l'échantillon que j'ai dessiné (fig. 1), on peut distinguer dans le rhizome six axes successifs qui sont dans le prolongement les uns des autres, et qu'on pourrait au premier abord prendre pour un seul axe. Pour ne pas s’égarer dans l’interprétation des faits, 1l suffit de bien considérer la disposition des bourgeons axillaires, et de remarquer qu'ils sont placés transversalement par rapport à la feuille mère, ou, en d’autres termes, de telle façon que le plan passant par le dos des feuilles du bourgeon est perpendiculaire au plan qui divise la feuille mère en deux moitiés symétriques. À partir de l'extrémité mférieure on compte deux premiers entre-nœuds, surmontés chacun par une cicatrice de feuille ; nous considérerons l'axe qu'ils forment comme étant de pre- mier ordre. Au-dessus de la deuxième feuille, on voit un axe qui continue la direction du premier, un axe détruit et un bourgeon. A l’aide d’une observation un peu attentive, on reconnaît que le bourgeon est inséré non sur l'axe qui prolonge le rhizome, mais sur la base très-courte de celui qui s’est depuis pourri ; cet axe pourri est la hampe qui à terminé l'axe primaire. L’axe qui prolonge la direction du rhizome est né d’un bourgeon axillaire de la deuxième feuille de l’axe primaire : il est de deuxième ordre ; le bourgeon qui persiste sans se développer est né à l’ais- selle de la troisième feuille de l'axe primaire : il est également de deuxième ordre ; toute la partie supérieure de l’axe primaire est détruite. Ainsi l'axe primaire s’est terminé par une inflores- cence, puis à produit à Vaisselle de deux de ses feuilles deux bourgeons, dont un seul a pris un grand développement et a continué le rhizome. Un rhizome formé non par un seul axe, mais par une série d'axes d'ordre divers, a reçu le nom de sympode ; nous nomme- rons articles du sympode chacun des axes successifs qui entrent dans sa composition. La preuère feuille de l'axe secondaire qui s’est développé ou, en d'autres termes, du deuxième article du sympode, a le dos tourné vers la droite de sa feuille mère, comme on peut encore l'observer directement. Au-dessus de la deuxième feuille, on 10 ED. PRILLIEUX. voit, absolument comme au premier article, un bourgeon, un débris de hampe et un axe continuant le rhizome. La hampe ter- minait l'axe secondaire, comme cela avait eu lieu pour l’axe primaire. L’axe qui continue le rhizome est dû au développe- ment du bourgeon axillaire de la deuxième feuille de l’axe secon- daire ; le bourgeon non développé est axillaire de la troisième feuille. Au-dessus de la quatrième cicatrice de feuille que porte le rhizome, le sympode est donc formé par un article de troisième ordre. Le dos de la première feuille de ce troisième article du sympode regarde la gauche de la feuille mère ; au-dessus de la deuxième feuille, on voit la trace de la hampe qui terminait l'axe de troisième ordre. | L’axe de quatrième ordre, né à l’aisselle de la deuxième feuille de l’axe de troisième ordre, forme au delà le rhizome. La pre- mière feuille du quatrième article du sympode a encore le dos dirigé vers la droite de la feuille mère ; au-dessus de la troisième, on retrouve la trace de la hampe qui terminait l'axe de qua- trième ordre. L'axe de cinquième ordre qui continue le rhizome est né à l’aisselle de la troisième feuille de l'axe précédent ; il se termine par la tige florale, qui estencore vivante et couverie de feuilles. A l’aisselle de sa troisième feuille est un bourgeon déjà très-gros qui continuera la direction du rhizome, et formera le sixième article du sympode. J'ai observé la même disposition dans le Cephalanthera lanci- folia, l’Epipactis atro-rubrens, le Limodorum abortivum. Sans insister sur ces divers cxérpies: je ferai seulement remarquer que, dans la figure que j'ai dessinée du Cephalanthera lancifolia (g. 2), on peut reconnaître avec certitude que la partie posté- rieure du rhizome est bien formée par un axe primaire, car il est terminé par une petite pointe, qui n’est autre chose que le corps en forme de toupie, dû à l'embryon lui-même qui s’est développé et renflé ainsi pendant la germination (1) : c'est la (1) Voyez mes Observations sur la germination des Orchidées. (Ann. des se, nat., he série, t. XIII, p.298). MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 11 partie embryonnaire du rhizome qui n’est pas encore détruite. Je puis ajouter que l'examen anatomique de ces parties m'a fourni la preuve incontestable de cette assertion. Nous venons de voir dans le Cephalanthera rubra qu'un seul bourgeon a toujours, en se développant, prolongé dans la même direction l'axe d'ou 1l naît; mais que cependant il s’en produit parfois plus d’un ; qu’ainsi l’axe primaire et l'axe secondaire ont porté chacun deux bourgeons. Supposons que ces seconds bourgeons, au lieu de s'arrêter dans leur développement, aient continué à croître, et même qu’au lieu de deux il s’en développe un plus grand nombre ; au lieu d’un seul axe secondaire prolongeant l’axe primaire, nous en aurons plusieurs qui formeront des ramifications du rhizome ; c’est ce qui a lieu dans l’Epipactis palustris. Il suffira, je crois, de jeter les yeux sur la figure que je donne (fig. 3), pour com- prendre quelle est la différence, faible au fond, qui existe entre ces deux dispositions. Dans le Cephalanthera rubra, un seul bourgeon se développe sur chaque axe; les axes successifs se continuent. Dans l’Epipactis palustris, plusieurs bourgeons se développent sur l'axe primaire, s’allongent en sens divers, et forment des pousses traçantes qui multiplient la plante quand la pourriture envahit l'axe primaire, et met en liberté chacun de ses rameaux. é Outre le mode normal de propagation à l’aide de bourgeons axillaires que nous venons d'étudier, les Cephalanthera et les Epipactis possèdent encore d’autres moyens accessoires de se multiplier, en dehors, bien entendu, de la reproduction par le moyen des graines ; ils portent sur leurs racines des bourgeons adventifs. C’est à M. Th. Irmisch que nous devons la connais- sance de ce fait intéressant (1). Dans le Cephalanthera rubra, c'est d'ordinaire aux points où les racines sont ramifiées que naissent ces bourgeons ; on en voit souvent paraître plusieurs dans le voisinage les uns des autres. Ce sont dans l’origine de petits mamelons, sur lesquels se développent des feuilles qui (4) Morph. Orch., p. 32. 19 ED. PRICLLIEUX, bientôt s’allongent, et produisent des tiges comme les bour- geons normaux du rhizome. Les Cypripedium ont des rhizomes formés par une série de pousses annuelles dirigées dans le même sens, et semblables à ceux dont le Cephalanthera rubra nous a déjà fourni un exemple. Examinons encore une fois sur un pied de Cypripedium calceolus le mode d’enchaînement des axes successifs. Si nous observons une pousse de l’année terminée par une fleur (fig. 4 et A”), nous trouvons d’abord à la base une gaîne dépourvue de bourgeon axillaire, puis une deuxième gaine por- tant à son aisselle un très-petit bourgeon qui ne paraît pas de- voir se développer. Au-dessus est une gaine (troisième feuille de la pousse) munie d'un bourgeon bien formé qui, en se dévelop - pant, produira la pousse de l’année suivante ; au-dessus encore on compte trois gaînes, puis les feuilles parfaites toutes dépour- vues de bourgeon axillaire. Toutes ces feuilles sont disposées dans l’ordre alterne distique. Les feuilles du bourgeon ne sont pas disposées dans le même sens que celles de la tige mère ; elles sont aussi alternes-dis- tiques, mais le plan qui passe par le milieu des feuilles du bour- geon croise àangle droit le plan qui passe par le milieu des feuilles de latige. La première feuille du bourgeon n’est pas située vis-à- vis de la feuille mère, elle se présente transversalement. Dans la pousse de l’année que nous considérons, la première feuille du bourgeon principal a le dos tourné vers la gauche de sa feuille mère. Au-dessous de la pousse de l’année, le rhizome porte des débris de feuilles et les restes des tiges florales des années précédentes. Examinons-le attentivement depuis son extrémité postérieure. Le bout du rhizome est en décomposition , au-dessus on voit la trace de deux feuilles ; au niveau de la deuxième se montre la cicatrice laissée par une tige florale qui est détruite (1). Cette tige était la continuation de l’axe qui porte les deux feuilles a, a,. Le rhizome, dans la partie située immé- diatement au-dessus de la feuille a. , est dû au développement du bourgeon axillaire de cette feuille ; sa position détermine avec certitude la situation du dos de la feuille mère as. Au-des- MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 13 sus de la cicatrice de la première tige florale, le rhizome, formé par un axe secondaire, porte les traces de trois feuilles; au-des- sus de la troisième b,, on trouve les débris d’une pousse flo- rale (Il) ; cette pousse était formée par l'extrémité de l'axe secon- daire ; la suite du rhizome est donc due au développement du bourgeon axillaire de la feuille b,, c’est-à-dire à un axe de troi- sième ordre. La position de cet axe détermine exactement la situation de sa feuille mère &,, on connaît ainsi avec certitude le lieu de sa partie dorsale. Les feuilles d’un même axe étant alternes-distiques, on sait aussi, par suite, quelle était la position de la première feuille de l’axe secondaire b:1. La position de la feuille mère (as) de cetaxe est déterminée par l'insertion de l'axe lui-même ; on peut donc reconnaître ainsi avec certitude, malgré la destruction complète des feuilles, que la première feuille b: de l’axe secondaire avait le dos tourné vers la droite de sa feuille mère. | L'axe de troisième ordre porte, comme le précédent, les traces de trois feuilles; au-dessus de la troisième c,, on trouve les dé- bris de la tige florale (IT) qui formait la continuation de l’axe de troisième ordre ; la suite du rhizome est formée par un axe de quatrième ordre, dont le lieu d’insertion détermine la situation de la feuille cs et par suite de la feuille c,, et permet de recon- naître que cette feuille, la première de l’axe de troisième ordre, avait le dos tourné vers la gauche de sa feuille mère b,. L'axe de quatrième ordre forme la pousse de l’année qui se termine par une fleur ; on reconnaît que sa première feuille a le dos tourné vers la droite de sa feuille mère cs. A l’aisselle de la troisième feuille de l'axe de quatrième ordre est un bourgeon : c'est l'axe de cinquième ordre qui continuera le rhizome, et fleurira l’année prochaine. La première feuille de ce bourgeon a, comme nous l'avons dit déjà, le dos tourné vers la gauche de sa feuille mère. Nous voyons donc que la première feuille de l’axe secondaire et celle de l’axe de quatrième ordre ont chacune le dos tourné vers la gauche de la feuille mère, et qu’au contraire la première feuille de l’axe de troisième ordre et celle de l’axe de cinquième Ah ED. PRILLIEUX. ordré ont le dos tourné vers la gauche de leur feuille mère. Ainsi, en résumé les axes successifs ont leur première feuille dirigée alternativement vers la droite et vers la gauche de leur feuille mère. J'ai déjà attiré, dans un travail antérieur (1), l'attention sur cette disposition fréquente dans les Orchidées, qui pérmet d'expliquer la disposition en zigzag des pousses succes- sives de ces plantes. Cette disposition en zigzag est peu visible dans lès plantes de nos pays où la partie dressée des pousses des années précédentes se détruit promptement, tandis qu’elle est très-frappante dans un grand nombre d'Orchidées exotiques, dont les pousses annuelles renflées en pseudobulbes persistent pendant plusieurs années. Le mode de végétation des Cypripedium exotiques, tels que le C. venustum et le C. barbatum, diffère de celui du C. calceolus, surtout en cela que les pousses successives vivent plusieurs années, et présentent ainsi par leur durée le caractère des tiges que nous étudierons plus tard sous le nom de pseudobulbes. La végétation du Listera ovata ne difière pas de celle que nous avons étudiée en détail dans le Cephalanthera rubra et le Cypripedium calceolus. Le rhizome est un sympode dont chaque article est d'ordinaire formé de deux entre-nœuds; pendant que l'axe se termine par une inflorescence, de laisselle de la seconde gaîne naït un bourgeon qui, en s’allongeant, continue la direc- tion du rhizome puis se redresse et forme une hampe. J'ai trouvé un rhizome formé ainsi de seize articles, c’est-à-dire d’axes de seize ordres différents (fig. 5). Le mode de végétation du MWeottia nidus avis est-il le même que celui du Listera ovata ? Il est tout naturel de le supposer ; M. Irmisch l’a afffirmé ; pourtant il y a quelques observations à fairé à ce sujet. Apres la floraison, les hampes couvertes de fruits se des- sèchent et persistent, sans se pourrir longtemps après que les graines se sont répandues sur le sol ; il est donc, à ce qu'ilsemble, rrès-aisé de retrouver les plantes à tous les moments de l’année (1) Ann. des sc. nat., 2 série, t. V, p. 129, et pl. 7, fig. 4 et 2. MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 15 et d'en suivre là végétation. Je le pensais d’abord, mais c’est en vain que j'ai cherché des souches vivantes au pied des hampes desséchées. J'ai déterré avec soin plus de quarante pieds de NW. nidus avis vérs le mois de juillet, sans en pouvoir trouver un seul dont la souche ne füt morte. La plante n'avait pas survécu à sa fleur, élle avait péri après s'être reproduite : en un mot la plante se montrait monocarpienne. Je le répète, j'ai constaté ce fait plus de quarante fois sans pouvoir trouver un seul cas contraire. Je n'oserais pas dire qu'il en est toujours ainsi, mais je crois pou- voir affirmer du moins que c'est un fait assez fréquent et qui doit ètre signalé. La plante cessant de vivre après avoir fleuri, on comprend que le rhizome doit être formé dans toute sa lon- gueur par un seul axe et non par un sympode (fig. 6). Il porte, il est vrai, des bourgeons axillaires ; si parfois un des bourgeons peut se développer de façon à continuer le rhizome comme l’af- firme M. Irmisch et comme l’analogie, il faut en convenir, tend à le faire supposer, alors on aura un sympode comme dans les plantes voisines. Mais je n'ai jamais rien vu de pareil. Quand j'ai observé un de ces bourgeons axillaires prenant dé l'accroissement, cet accroissement était si considérable que le développement du bourgeon était évidemment anticipé. Il devait certainement dans ce cas (voy. fig. 7) produire, non pas une pousse pour l’année suivante, mais une deuxième hampe destinée à porter des fleurs à côté de celle que produirait le bour- geon terminal. Le mode de végétation du Meottia nidus avis doit être rap- porté au même type que celui du Listera ovata, seulement la plante meurt (bien souvent, sinon toujours) avant que l’axe secondaire ait continué la direction de l’axe primaire. Le MWeotha nidus avis n'est cependant pas 'privé de la pro- priété qu'ont toutes les Orchidées de se perpétuer sans que leurs grammes se développent et les reproduisent chaque année. Quand on arrache un Certain nombre de pieds vivants du N. nidus avis, qu’on les lave pour les débarrasser de la terre et qu'on en examine les racines, on ne tarde pas à voir quelques- G1 ED. PRILLIEUX. unes de celles-ci qui présentent vers leur extrémité quelques petits mamelons souvent allongés déjà à la façon de jeunes ra- cines, et qui semblent disposées autour des racines comme celles- C1 sont elles-mêmes sur le rhizome. Si l’on observe avec soin le bout de telles racines, on y dis- tingue un véritable bourgeon composé de plusieurs écailles. J'ai trouvé de tels bourgeons dans tous les états et j'ai pu en suivre la formation et le développement (fig. 8, 9, 10, 44, 12, 13). Les racines qui doivent porter des bourgeons ne se distin- guent d’abord en rien de toutes les autres, elles se développent de même et atteignent la même grosseur ; mais vers le moment de la floraison, quand elles semblent être parvenues à leur com- plet développement et que déjà même toutes les autres com- mencent à dépérir, la vie se réveille en elles ; à leur extrémité se produit un petit mamelon au sommet duquel apparaissent de jeunes feuilles, le mamelon, d’abord à peu près sphérique, s'al- longe et devient un jeune rhizome qui semble continuer à peu près la direction de la racine. Pendant que le jeune bourgeon s’organise, on voit se former autour de lui de jeunes racines, puis, à mesure que le petit rhizome, qui croît toujours par son extrémité, s allonge, de nouvelles racines s’y forment, et bientôt il est entouré d’une masse de racines semblables à celles de la plante adulte. | Tandis que le jeune rhizome né à l'extrémité d'une racine se développe ainsi, la pourriture a gagné le rhizome de la plante mère et l'extrémité postérieure des racmes elles-mêmes. Dès lors le rhizome nouvellement formé vit librement poussant toujours par sa partie antérieure, tandis que sa partie posté- rieure se désorganise lentement. Nous avons retrouvé dans le Listera ovata, et jusqu'à un cer- tain point dans le Veottia nidus avis, lé mode de végétation des Cephalanthera. Nous retrouvons de même celui de l’'Epipactis palustris dans le Goodyera repens et dans les plantes voisines cultivées en serre, telles que l'Hæmaria discolor et plusieurs Physurus. Des différents points de la tige naissent des bour- geons axillaires qui se développent et produisent chacun un MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 417 rameau traçant qui se prolonge à travers la mousse au milieu de laquelle végète la plante. Ces rameaux traçants présentent, dans le Goodyera repens,une particularité curieuse : 1ls portent en divers points des bouquets de papilles tout à fait semblables à celles qui couvrent les racines et qui sont de même, selon toute probabilité, des organes d'absorption. Nous retrouverons une disposition analogue dans une Orchidée souterraine qui n’a jamais de racines, le Corallorhiza innata. Quant au Gocdyera, il puise sa nourriture, dans la mousse humide, où 1l vit, par les papilles de son rhizome et par celles de ses racmes. Les rameaux du Goodyera en poussant activement s’éloignent dans toutes les directions, s’enracinent, et quand la tige mére d'ou ils sont sortis se détruit ils forment chacun une plante indépen- dante, qui fleurit et pousse à son tour des rameaux traçants. Le mode de végétation des Spiranthes diffère assez de celui des plantes que nous venons d'examiner pour mériter une men- tion spéciale. Si l’on arrache un pied complet de Spiranthes elala, tel que celui que j'ai figuré (fig. 14), on voit, à la base de la tige feuil- lée qui se montre au-dessus du sol, un groupe de plusieurs racines longues et charnues qui naissent toutes de la tige, peu au-dessous du point où sont insérées les feuilles vertes. Au delà, la tige se prolonge en un long rhizome. Ce rhizome, qui atteint environ un décimètre de longueur, porte ainsi à sa partie anté- rieure une rosette de feuilles et de racines; à l’autre bout, à sa partie postérieure, il se termine au mieu d’un paquet de racines renflées, longues et pareilles à celles qui naissent à l’autre extrémité près des feuilles. Le rhizome qui s'étend de l’un à l’autre de ces deux faisceaux de racines porte la trace de l’inser- tion de plusieurs feuilles; c’est au-dessus de la troisième que naît le faisceau supérieur des racines. Ces trois entre-nœuds du rhizome sont très-longs, ceux qui suivent sont au contraire très-courts. À l’aisselle de la septième feuille du rhizome se trouve un bourgeon bien formé: c'est le bourgeon principal, le bourgeon destiné à prolonger la plante. Il va s’allonger en rhi- zome pendant que le paquet postérieur de racines et la plus 5° série. Bor. T. VII. (Cahier n° 4.) 2 2 48 ED. PRILLIEUX. grande partie du rhizome que l'en observe actuellement se détruiront ; toute la portion formée par les trois longs entre- nœuds inférieurs se pourrira et il ne restera plus que la partie fort courte sur laquelle sont insérées les racines. Ainsi le faisceau antérieur de racines deviendra l’année suivante le postérieur ; le nouveau rhizome se terminera par une tige feuillée, au bas de laquelle se formera un nouveau faisceau de racines. Il résulte de ce qui précède que le rhizome du Spiranthes elata est un sympode, c'est-à-dire le produit de l’enchaînement de plusieurs axes d'ordres divers; seulement, l'axe, relativement primaire, est réduit à un Court tronçon qui porte le faisceau postérieur de racines, tandis que l'axe secondaire forme la presque totalité du rhizome. Si l’on compare ce mode de végétation à celui du Cephalan- thera rubra, on voit qu’il est au fond semblable ; il n’en diffère qu'en ce que la pourriture n’envahit la tige dans le Cephalan- thera qu'après une plus longue durée de végétation. Si nous voulons maintenant comparer la végétation du Spi- ranthes autumnalis à celle du Sp. elata, supposons le rhizome du Spiranthes elata raccourci et n'ayant qu'un centimètre au plus au lieu d’un décimètre de longueur (fig. 15). Dans le Spi- ranthes autumnalis nous trouvons au pied de la hampe un axe fort court, portant des traces de feuilles et donnant naissance à de grosses racines charnues, le plus souvent au nombre de deux; c'est l'axe de l’année précédente, l’analogue du tronçon du rhi- zome d’où part le faisceau postérieur de racines dans le Sp. elata. De l’aisselle d’une des feuilles, maintenant détruites de cet axe relativement primaire, est né un axe secondaire fort court qui porte une rosette de feuilles, et sur lequel se forment de jeunes racines; c’est l’analogue du long rhizome du Spiran- thes elala et de son faisceau antérieur de racines. De l’aisselle d'une des ‘euilles du rameau qui porte la rosette de feuilles, naît un bourgeon destiné à continuer le court sympode et à produire un axe de troisième ordre, qui portera des feuilles quand l'axe primaire sera détruit et que l’axe secondaire se ter- minera par une hampe florale. MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 19 La végétation du Spiranthes œstivalis diffère en cela de celle du Sp. autumnalis que, tandis que dans ce dernier la rosette de feuilles, c’est-à-dire l'axe secondaire, est déjà formée au mo- ment où l’axe primaire porte des fleurs, dans le Sp. æstivalis, au contraire, l'axe secondaire n’a pas pris de développement et n’est encore qu’un petit bourgeon au moment de la floraison. On ne trouve donc pas sur un pied de Sp. æstivalis une rosette de feuilles développée sur le côté de la base de la hampe florale; cette rosette de feuilles, portée par un axe d’un autre ordre que la hampe, n’est pas encore née, mais, par contre, les feuilles de axe primaire ne sont pas encore détruites; elles forment une rosette, du centre de laquelle s’élance la hampe couverte de fleurs. Le type d’enchaînement des axes d'ordres divers reste le même, mais comme l'axe primaire se détruit au moment où l'axe secondaire se développe, le sympode n'existe pas, ou, si l’ont peut dire ainsi, il est réduit à un seul article; la chaîne n’a qu'un seul chaînon. La végétation des Ophrydées se rapproche beaucoup de celle des Spiranthes ; on n'y trouve point de long rhizome formé des restes de nombreuses pousses qui se soient succédées d'année en année dans la même direction, mais une pousse qui va se détruire bientôt après avoir porté les fleurs et qui aura disparu tout entière quand la pousse de l’année suivante sortira de terre. Si l’on arrache, au moment de la floraison, un pied d'Orchis mascula (fig. 16), on trouve à sa base deux tubercules: l’un, plus gros, déjà flétri etridé, termine inférieurement la tige flo- rifère ; l'autre, plus petit, plus ferme, est loin d’avoir atteint tout son développement ; 1l porte à la partie supérieure un bourgeon. Ces tubercules ne sont pas autre chose que de grosses racines charnues où sont emmagasinées les matières qui sont employées ensuite au moment de la croissance de la jeune pousse. Le pied d'Orchis mascula en fleur est formé ainsi d’un axe relativement primaire, terminé par l'inflorescence, sur le côté duquel on trouve un axe secondaire encore peu développé, mais à la base duquel s'est déjà formée une grosse racine. C’est, comme on le voit, 20 ED. PRILLIEUX. ‘ une disposition analogue à celle que nous avons observée dans le Spiranthes autumnalis. Sur le bas de la tige qui surmonte le vieux tubercule, on voit des débris de feuilles au-dessous du point où le bourgeon porte à sa base une grosse racine, en d’autres termes le jeune bulbe est mséré. On en peut compter quatre, avant pour la plu- part à leur aisselle des bourgeons qui restent rudimentaires. C’est à l’aisselle de la cmquième feuille que prend constamment naissance le bourgeon principal, celui qui est destiné à se déve- lopper et à former un bulbe. Cette position du jeune bulbe m'a paru constante ; je l'ai retrouvée dans diverses espèces d'Orchis, d'Ophrys, de Gymnadenia, etc.; c'est la disposition ordinaire. Une conséquence que l’on peut tirer de cette observation, si lon y ‘réfléchit, c'est que la plante ne change pas de place, comme on l’a supposé à tort. Chez les Ophrydées, les feuilles dans le bourgeon ne sont pas disposées comme nous l'avons mdiqué dans les Cephalanthera. Le plan passant par le milieu des feuilles du bourgeon ne croise pas celui qui passe par le milieu de la feuille mère ; la première feuille du bourgeon n’est pas séparée de la feuille mère par un angle de divergence autre que celui qui la sépare de la feuille suivante. En d'autres termes, dans les Ophrydées, au passage d'un axe à un axe d’un autre ordre, 1l n'y à pas de prosenthèse : la première feuille du bourgeon est adossée à la tige vis-à-vis de la feuille mère. Supposons l’ordre des feuilles absolument distique, ce qui n’est pas éloigné de la vérité : la cinquième feuille du bourgeon est au-dessus de la première, et par conséquent du côté de la plante mère. Appelons celle-ci plante de première année. Au moment où elle se termine par une imflorescence, elle porte à l’aisselle de sa cinquième feuille un jeune bulbe qui est la plante de la seconde année. À l'automne, la plante de première année se détruit, celle de seconde année commence à pousser; à l'aisselle de sa cinquième feuille, elle porte un bourgeon qui va se renfler et produire un bulbe : ce sera la plante de troisième année. La cinquième feuille MODE DE VÉGÉTATION DES. ORCHIDÉES. 21 _de la plante de seconde année ayant son dos tourné vers la plante de première année, il est clair que le bulbe né à son aisselle occupera la même place, et que la plante de troisième année se développera dans le lieu où était celle de première année; de même celle de quatrième année à la place de celle de seconde année et ainsi de suite, de telle façon que la plante faisant alter- nativement chaque année un pas en avant, puis un en arrière, demeure toujours au même endroit. Telle est la disposition normale ; mais la cinquième feuille n'est pas la seule à l'aisselle de laquelle il y ait un bourgeon ; on en voit le plus souvent à la quatrième et à la troisième feuille. Ces bourgeons ne se développent pas d'ordinaire dans les espèces que J'ai observées, mais cela peut arriver accidentellement, sur- tout quand la hampe a été brisée, etalors, au lieu d'un seul jeune bulbe, on peut en trouver plusieurs; jen ai vu de nombreux exemples dans l'Herminium monorchis. M. Reicheubach (1) a observéle même phénomène dans lOrchis Morio, Ophrys bom- bylifera, le Serapias lingua; M. Germain de Saint-Pierre (2) dans l'Orchis simia et le Loroglossum hircinum. Quand cela a heu, la plante ne se reproduit pas seulement, elle se multiplie, et comme cette production de bulbes surnuméraires peut être déterminée à volonté par la rupture des tiges florifères, M. Re- gel (3) a proposé de mettre à profit cette observation pour la multiplication des Orchidées. Les Ophrydées présentent entre elles quelques différences quant à la marche de la végétation. Dans le plus grand nombre «d’entre elles, dans les Orchis, Ophrys et Loroglossum, etc., le Jeune bulbe apparaît à l'automne ou au commencement de Vhi- ver, C'est-à-dire plusieurs mois avant la floraison de la tige sur laquelle 1! naît. Dans l'Herminium monorchis, il n'en est pas ainsi ; le jeune bulbe se forme dans l'été, à l'époque même de la floraison de la plante mère. IL est, si on le compare à celui des autres Ophrydées, en retard de plusieurs mois, tandis qu'au (1) Archiv. Europ., p. 17. (2) Bull. Soc. bot., t. 11, p. 658. (3) Journ. Soc. Hort., t. T1, 1856, p. 155, 29 ED. PRILLIEUX, moment de la floraison on trouve en général à la base de ces plantes deux tubercules, dont le plus jeune est âgé d'environ six mois ; On n'en voit qu'un à la base de la tige fleurie de l'Hermi- nium, que l’on a appelé, à cause de cette particularité, Hermi- nium monorchis, absolument comme on n’en voit qu’un dans un Platanthera, un Orchis, un Ophrys, que l’on déracine vers la fin du mois de novembre. Cette différence entre la végétation de l’Æerminium et celles des Orchis est, comme on le voit, précisément la même que celle que nous avons signalée entre la végétation du Spiranthes æstivalis et celle du S. autumnalis. Touies les plantes que nous avons examinées jusqu'ici ont, à l'exception du Neottia nidus avis et du Limodorum abortivum, des feuilles vertes et bien développées ; toutes, sans exception, ont des racines, même les deux plantes souterraines, que leur aspect singulier à fait soupconner, bien qu'à tort, d'être parasites. Il y a si peu de plantes phanéroganes qui se montrent absolument dépourvues de racines durant toute leur existence, qu’on à presque de la répugnance à admettre qu'il en puisse exister, et que l’on est étonné de pouvoir citer une ou deux plantes qui fassent une si grande exception à la loi commune. L’Epipogium Gmelin et le Corallorhiza innata présentent cependant certai- nement cette très-singulière et très-rare disposition. J'ai eu le bonheur de pouvoir étudier en détail et à loisir de nombreux échantillons frais et très-complets de Corallorhiza innata : c'est cette plante que je prendrai de préférence pour exemple de l’or- ganisation des Orchidées souterraines dépourvues de racines. Le Corallorhiza ne montre au-dessus de la surface du sol que des hampes grêles qui ne portent pas de feuilles parfaites, mais seulement des gaïnes, et se terminent chacune par une grappe de fleurs. Sous terre, la plante est formée par un rhizome très- ramifié, dont les entre-nœuds sont courts et charnus, et dont l’aspect rappelle, comme l'indique le nom de Corallorhiza, celui d’une branche de corail (fig. 17). Quand on a sous les yeux une souche complète, dans laquelle la pourriture n'a pas encore envahi la partie postérieure du rhi- MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 23 zome, on voit que celui-ci se termine en pointe. comme le rhi- zome des Meottia, des Epipactis, etc. Cette pointe n’est rien autre chose que le tubercule embryonnaire qui persiste pendant de longues années. Dans les £pipactis, etc., la structure anato- mique de cette partie diffère notablement de celle du reste du rhizome ; il n’en est plus de même 1c1 : le rhizome tout entier offre dans toute sa longueur et durant toute la vie de la plante la même simplicité d'organisation depuis sa pointe Jusqu'à la nais-— sance de la tige florale ; il présente la structure rudimentaire de l'embryon germant. Ce fait, fort singulier par lui-même, le devient bien plus encore quand on compare le Corallorhiza adulte à un embryon germant d'OEceoclades maculata (Angræcum maculatum). J'ai étudié avec détail, dans un travail antérieur, les formes bizarres que revêt cette plante avant de parvenir à celle qui la caractérise à l’état adulte. Quand la graine commence à germer, le petit corps ovoïde qu'elle contient, l'embryon, s'accroît beau- coup par sa partie supérieure, 1l prend la forme d’une toupie, et bientôt ‘on voit se développer à son sommet de petites écailles qui forment un bourgeon terminal; c'est là ce qui se passe dans toutes les graines d'Orchidées que j'ai vues germer. Le corps en forme de toupie est formé d'un tissu cellulaire, que traverse par le milieu un faisceau fibro-vasculaire ; 1l offre la plus frappante analogie de structure avec l'extrémité pointue du rhizome des Neottia, Epipactis, etc., et du Corallorhiza. Durant la continuation du développement de l'embryon ger- mant de l'OŒEceoclades maculata, on voit se développer, à l’aisselle des premières écailles formées, des bourgeons qui donnent nais- sance à de pets rameaux qui restent courts et renflés, et ne portent pour toutes feuilles que de petites écailles. Un grand nombre de ces rameaux se ramifient à leur tour ; tous ces axes d'ordres divers sont charnus; leur ensemble forme une sorte de tubercule profondément lobé, qui à la plus grande analogie de forme et de structure avec le rhizome du Corallorhiza. Jusqu’alors l'OŒEceoclades n’a point de racines : sa surface est couverte de papilles semblables à celles que nous avons signalées DA ED, PRILLIEUX, sur le rhizome du Goodyera repens. Ces papilles suffisent en l'absence de racines à la nutrition de la plante. C’est exactement ce que nous retrouvons dans le Corallorhiza : absence de ra- cines, présence de nombreux bouquets de papilles à la surface du rhizome. À. 4 Le bourgeon qui termine un des rameaux charnus du rhi- zome prend, dans l’OEceoclades, un développement différent de celui des autres bourgeons ; il produit des feuilles et une tige qui se redresse, et va bientôt se renfler en pseudobulbe, et re- vôtir la forme adulte sous laquelle la plante est connue, Dans le Corallorhiza, le bourgeon terminal d’une des ramifications du rhizome produit de même un axe qui se dresse, porte des feuilles ou plutôt des bractées, et se termine en inflorescence. L'analogie est frappante ; la différence principale consiste en ce que la pousse dressée de l’'OEceoclades est destinée à vivre imdé- pendante et à former un végétal complet, tandis que le rhizome va se détruire. Dans le Corallorhiza, la forme, qui n’est que transitoire pour l’OEceoclades, persiste, le rhizome continue à vivre et à végéter, la tige aérienne n’est rien qu'une inflorescence qui vit très-peu de temps et se dessèche; aussi ne porte-t-elle pas de racmes adventives, tandis qu'au contraire la pousse de l'OEceoclades en produit plusieurs qui lui permettent de végéter isolée et libre quand le rhizome embryonnaire a cessé de vivre. En résumé, on voit que le Corallorhiza a un rhizome formé d'un axe primaire charnu qui émet latéralement des rameaux charnus comme lui, et qui, comme lui aussi, se ramifient à leur tour ; tous ces axes sont dans un même plan, d'ou l’on peut con- clure que la position des bourgeons est médiane, au moins pour la partie souterraine du Corallorhiza, puisque, si la direction des feuilles du bourgeon croisait celle des feuilles de la tige qui le porte, les rameaux axillaires des feuilles du bourgeon se déve- lopperaient dans un plan perpendiculaire à celui de la tige mere du bourgeon et des autres axes de même ordre, ce qui est con- traire à l'observation. La ramification du rhizome du Corallorhiza n'est pas toujours parfaitement simple et régulière. Parfois, et l’on en peut remar- MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 25 quer un exemple sur la figure que j'ai dessinée, on voit trois branches naître d’un même point : l’une de ces branches est incontestablement l'axe principal ; une autre est due au bour- geon axillaire ; qu'est-ce que peut être la troisième branche? L'interprétation la plus simple est celle qu'a donnée M. Th. Ir- misch en disant que c’est un rameau adventif. M. Schacht, dans un travail postérieur (1), a expliqué différemment le fait; 1l croit que les ramifications accessoires du rhizome du Corallorhiza sont dues à une partition du bourgeon terminal des axes ou de leurs rameaux. Une figure très-nette qu'il donne (pl. VIF, fig. 14) d’un bourgeon terminal double me paraît fournir une preuve suffisante de la justesse de son opmion. Je regrette vivement de n'avoir jamais pu, malgré mes recherches et mon désir, consta- ter par moi-même un fait aussi intéressant, et voir sur les échantillons de Corallorhiza que j'ai eus à ma disposition un bourgeon semblable à celui qu'a représenté M. Schacht. Après avoir formé un nombre plus ou moins considérable d'entre-nœuds courts et charnus, et produit des ramifications latérales, l'axe principal, ou l’un des rameaux, se dresse, et pro- duit une tige aérienne qui porte des gaînes longues sur des entre-nœuds élancés, et se termine par une inflorescence. Ordi- nairement du bas de cette tige naît, à l’aisselle de la feuille la plus inférieure ou de la suivante, un bourgeon qui produira l’année prochaine une tige pareille (fig. 18). Parfois ce bour- geon prend un développement anticipé, et fleuriten même temps que la hampe sur laquelle il est né. C’est un fait de tout point analogue à celui que j'ai indiqué et figuré précédemment dans le Neolhia nidus avis. M. Irmisch croit que la position des bourgeons qui doivent donner naissance à des pousses aériennes est différente de celle des bourgeons qui produisent les rameaux charnus du rhizome ; qu'après une préfeuille adossée à l'axe, on trouve une feuille dirigée, soit vers la droite, soit vers la gauche de la feuille mère. Je ne puis partager cette opinion, que l’habile observateur alle- (1) Beiträge zur Anatomie und Physiologie der Gewächse, 1854, p. 121 el suiv. 26 ED. PRILLIEUX. mand n’émet du reste qu'avec doute. La figure 48 montre un bourgeon dont la deuxième feuille paraît placée vis-à-vis de la première, et par conséquent au-dessus de la feuille mère. Quand un axe du rhizome cesse d'être charnu et de ne pro- duire que de courts entre-nœuds, et donne naissance à une pousse florale, il ne cesse plus dés lors de végéter à la facon or- dinaire des autres Orchidées. Un bourgeon axillaire, né à la base de la pousse florale, produit une pousse florale pour l’année sui- vante ; 1l se forme là un sympode. Mais la durée de cette succes- sion des hampes sur un même point de la souche est courte en général, et, après quelques années, un autre rameau du rhizome se met à fleurir, tandis que celui qui a formé plusieurs inflores- cences successives dépérit. Pendant que les divers axes se pro- longent, la pourriture envahit l'axe embryonnaire, et les ra- meaux divers se trouvent ainsi séparés les uns des autres. Chacun d'eux alors forme une plante complète qui ne se distingue de celle que J'ai figurée et décrite que par l’absence de la petite pointe due au corps renflé de l'embryon, à la place duquel on ne trouve qu'une cicatrice. II Dans les Orchidées, pour la plupart européennes, que nous avons étudiées jusqu'ici, la plante entière est formée par la réu- nion d’un nombre plus ou moins considérable de pousses qui se développent d'année en année les unes des autres, et dont la partie souterraine continue à vivre souvent durant un nombre plus ou moins grand d’années, mais dont la partie aérienne périt toujours après avoir porté durant quelques mois seulement des feuilles et des fleurs. Dans d’autres plantes très-répandues, surtout dans les régions _ tropicales, la partie essentiellement aérienne, la partie dressée de la tige, atteint bien encore dans une année son entier déve- loppement, mais elle vit ensuite pendant plusieurs années, aussi longtemps que la partie traçante, le rhizome, sans croître, 1l est vrai, sans produire de nouvelles feuilles, d’une vie lente et comme engourdie, d’un sommeil dont elle ne doit pas se réveil- e MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. D. ler et qui dure plus ou moins selon les espèces, souvent au moins sept ou huit ans. Ces tiges présentent des formes très-variées; toutefois, le plus souvent elles sont courtes et renflées, de façon à rappeler la forme d’une sorte de bulbe, de là le nom de pseudobulbes qu'on a donné aux tiges d'Orchidées qui sont épaisses, ramassées et charnues. Je pense que pour éviter de créer un terme nouveau on peut, sans inconvénient, donner au mot de pseudobulbe une accep- tion plus large, et s’en servir pour désigner toutes les tiges qui présentent le même caractère de végétation, quelle que soit leur forme, aussi nommerai-je ainsi désormais toutes les tiges qui, après avoir atteint leur entier développement dans le courant d’une année, sont frappées d’une sorte d’engourdissement, et végètent lentement pendant plusieurs années encore. Dans une seule et même tribu, dans celle des Malaxidées, par exemple, nous pouvons trouver de nombreux exemples de toutes les formes, si variées, de ces pseudobulbes. Dans telle plante, 1ls sont globuleux ; dans telle autre, élancés ; dans celle-ci, charnus ; dans celle-là, ligneux ; tantôt 1ls sont formés d’un grand nombre d’entre-nœuds, tantôt de trois ou de deux, tantôt d’un seul ou même d'une partie seulement d’un entre-nœud. Cette dernière disposition, qui est de beaucoup la plus rare, nous est fournie par des plantes à pseudobulbes qui vivent dans notre pays, le Sturmia Læselii et le Malaæis paludosa. | Si l’on prend un pied de Sturmia Læselii qui vient de fleurir, on voit, à côté de la tige feuillée qui se termine par une inflo- rescence, la base de la pousse florale de l'an passé renflée en pseudobulbe et entourée des débris de ses dernières feuilles. Les figures que je joins à ce travail en peuvent donner une idée (fig. 19, 20, 21). On voit autour du vieux pseudobulbe la base persistante de deux feuilles ; la plus extérieure est déchirée en deux valves, l’intérieure s’est fendue du côté de la tige de l’an- née suivante. Celle-ci, en effet, est due au développement du bourgeon axillaire de cette feuille intérieure qui est engaînante ; quand le bourgeon a pris du développement, il a déchiré sa feuille mère et est sorti à travers la fente que l’on observe. 28 ED, PRILLIEUX. La première feuille de la pousse qui vient de fleurir est ados- sée au vieux pseudobulbe : c’est une gaîne parinerviée, c'est une préfeuille ; la deuxième feuille, au contraire, est tournée, soit vers la droite, soit vers la gauche, et toutes les autres sont dès lors successivement dans l’ordre distique. La deuxième et la troisième feuilles sont des gaînes ; elles sont suivies de deux feuilles complètes. La cinquième feuille est constamment difié- rente de la quatrième par sa forme; elle présente sur le côté Interne, au niveau du sommet du pseudobulbe, un épais bourre - let à l’aide duquel elle l’erabrasse fortement. Quand on l’enlève on voit le jeune pseudobulbe à nu (fig. 20). Ce dernier est séparé seulement par un étranglement de la hampe qu'il porte à son sommet et dont il paraît n’être à proprement parler que la base renflée ; 1l ne porte point de feuille. La cmquième feuille qui naît au-dessous du pseudobulbe et l'enveloppe est la der- nière feuille : elle seule est fertile, elle porte à son aisselle un bourgeon que l’on voit logé dans une dépression du pseudo- bulbe. Ce bourgeon, en se développant, produira une pousse pareille à celle que nous observons, elle fleurira et se renflera en pseudobulbe dans le courant de l’année prochaine. Le pseudobulbe existe toujours, même quand la plante ne fleurit pas; dans ce cas, la hampe élancée avorte, on en trouve seulement le rudiment au sommet du pseudobulbe. Un pied de Sturmia Lœæselii montre trois axes d'ordres diffé- rents enchaînés l’un à l’autre ; chaque axe développé est com- posé de cinq entre-nœuds très-courts, formant un rhizome, et d'une hampe dont la base renflée constitue le pseudobulbe. L'axe le plus âgé (qui a fleuri l’an passé) est déjà en voie de décomposition, la partie élancée de la hampe n'existe plus; la destruction envahit ses entre-nœuds postérieurs. L’axe le plus jeune est incomplétement développé ; ce n’est encore qu'un bourgeon. Le Malais paludosa à, dans sa végétation, une grande ana- logieavec le Sturmia Læselii. Une différence d'aspect, qui frappe les yeux dès l’abord, résulte de ce que la partie traçante des axes successifs prend un bien plus grand développement, et que, par MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 29 conséquent, les pseudobulbes du Malaæis paludosa sont séparés par un rhizome très-visible. Il existe en outre dans le mode d’en- chaînement des axes une autre différence qui doit être remar- quée. Dans le Sturmia Læselii, le plan passant par le milieu des feuilles de l’axe qui fleurit cette année croise le plan qui traverse de la même façon les feuilles de l’axe de l'an passé et celui qui partage celles de l’an prochain (en négligeant bien entendu la préfeuille de chacun de ces axes). Il résulte de là que là plante s’avance dans l'espace en faisant des zigzags de la même manière que le Cypripedium calceolus, dont nous avons examiné précé- demment le rhizome avec détail à ce point de vue, et comme nous le reverrons bien plus nettement sur des plantes où les pseudobulbes persistants montrent exactement la place qu’oceu- pait la jeune pousse six ou sept ans auparavant. Dans le Malaæis paludosa, au contraire, tous les axes qui. se succèdent ont leurs feuilles situées dans un même plan d’où la plante ne peut sortir, si longtemps qu'elle vive. Cette différence serait certainement très-frappante si les axes des différentes années restaient longtemps vivants et chargés de feuilles. Dans le Sturmia Læselii, le Malaxis paludosa, et nous pou- vons ajouter aussi le Microstylis monophylla (1), le pseudobulbe est formé par la base renflée de l’inflorescence. Il n’en est pas ainsi dans la plupart des autres plantes; la partie de la tige qui est charnue et renflée en pseudobulbe porte d'ordinaire des feuilles, c’est même la seule région de la tige où naissent des feuilles parfaites et munies de limbe. Tantôt les feuilles sont insé- rées seulement sur le sommet du pseudobulbe qui est alors for- né d'un seul entre-nœud, tantôt le pseudobulbe en porte plu- sieurs et à différentes hauteurs. Les Liparis nous en offrent des exemples. Sur un pied de Liparis foliosa qui a fleuri, et sur lequel les feuilles mférieures sont en partie détruites, je vois encore deux gaînes qui embrassent la base du pseudobulbe et sont toutes (4) V. Thilo Irmisch, Ein kleiner Beitrag zur Naturgeschichte der Microstylis mono- phylla. Flora, 1863, n° 1. 30 ED. PRILLIEUX. deux fertiles. La feuille suivante, qui est une feuille parfaite à limbe articulé, naît à peu près à mi-hauteur du pseudobulbe ; enfin, une dernière feuille est insérée sur le sommet de ce corps ; au-dessus de ce point, la tige se continue en une inflorescence. On voit d’après cela que dans cette espèce le pseudobulbe est formé de deux entre-nœæuds renflés et charnus. Les deux gaînes qui embrassent la base du pseudobulbe sont fertiles, elles portent des bourgeons ; mais 1l convient de remar- quer que ces bourgeons ne sont pas exactement placés aux points qui correspondent au milieu de la partie dorsale de leur feuille- mère (fig. 2); ils sont déjetés l'un vers la droite, l'autre vers la gauche, hors de la position qui semble normale. Ici, sans doute, on pourrait expliquer ce phénomène par une compression à la- quelle aurait cédé le bourgeon. Le pseudobulbe, en effet, n’est pas cylindrique, mais un peu aplati parallèlement au plan qui passe par le milieu des feuilles, de telle sorte qu'il présente un angle saillant au point qui correspond à la partie dorsale des feuilles. Mais cette déviation est toujours la même dans les pseudo- bulbes qui n’ont pas pareille forme, et toujours elle se fait vers le côté opposé à celui par où la pousse qui le porte est attachée à sa tige mère. Quelle qu'en soit la cause, cette déviation des bourgeons est irès-ordinaire dans les Orchidées à pseudobulbes. et c’est toujours dans le même sens qu’elle a lieu. Dans le pied de Liparis foliosa que j'ai sous les yeux et qui a passé fleur, un des bourgeons, celui de l’avant-dernière gaine, se développe déjà pour former la pousse qui se renflera en pseudobulbe, et fleurira avant un an. Sur cette pousse toutes les feuilles sont déjà formées, et les inférieures ne sont pas encore détruites. On y constate qu'au-dessous du pseudobulbe la tige porte cinq feuilles incomplètes et dépourvues de limbe : c’est la quatrième et la cinquième de ces feuilles qui sont fertiles ; la quatrième porte le bourgeon prmcipal. La feuille qui naît sur le milieu du pseudobulbe est la sixième, celle qui est insérée sur son sommet la septième. Sur la tige défleurie, on peut voir que la direction de la pre- mière feuille des bourgeons successifs est inverse ; celle du bour- MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 51 geon de la quatrième feuille a le dos tourné vers la gauche, celle du bourgeon de la cinquième vers la droite. Le Liparis longipes offre une disposition identique. La tige, au-dessous du point où elle se renfle en pseudobulbe, porte six gaînes dont les deux supérieures sont fertiles. Sur l'échantillon que je décris, le bourgeon de la cinquième feuille a le dos tourné vers la gauche, celui de la sixième vers la droite de la feuille mère. Comme dans l'espèce précédente, les bourgeons sont un peu déjetés vers l’extérieur. Le pseudobulbe est encore formé de deux entre-nœuds; la sixième feuille qu'il porte vers la moitié de sa hauteur et la septième qui naît à son sommet sont des feuilles parfaites à limbe articulé. Le Liparis amæna (A. Rich.) diffère seulement des espèces précédentes par le plus grand nombre d'entre-nœuds qui entrent dans la composition de son pseudobulbe. Au-dessous du pseudo- bulbe, je compte quatre gaînes ; les feuilles suivantes (cinquième, sixième, septième et huitième) naissent successivement à des hauteurs différentes sur le pseudobulbe. Les deux dernières seules sont développées à la façon de feuilles parfaites, mais elles ne présentent point d'articulation à leur base. Je ne sais si l’on ne devrait pas les considérer à cause de cela plutôt comme des gaînes très-développées que comme des feuilles munies de limbe. Le mode de végétation de toutes ces plantes est, on le voit, essentiellement le même que celui du Sturmia Læselii. La durée de la vie des pseudobulbes varie selon les espèces : dans les Liparis elata, amæna, etc., elle n’est pas plus grande que dans le Liparis Læselii ; dans le Liparis longipes, au contraire, les pseudobulbes végètent pendant bien plus longtemps, ils demeu- rent chargés de leurs feuilles durant trois ou quatre ans environ, et persistent ensuite, quand celles-ci sont tombées, un nombre à peu près égal d'années avant de se détruire. La disposition d’un assez grand nombre de plantes à pseudo- bulbes charnus appartenant à d’autres genres, telles que le Cælo- gyne fimbriata, le Pholidota imbricata, etc., offre, avec celle du Liparis longipes, la plus grande analogie; seulement leurs pseudobulbes sont formés d’un seul entre-nœud. La partie tra oD ED, PRILLIEUX., cante des axes successifs est tantôt fort allongée comme dans le Cœlogyne fimbriata, où l’on ne compte pas moins de neuf entre- nœuds, tantôt courte comme dans le Pholidota. Elle porte un nombre plus ou moins considérable d’écailles selon les espèces, mais constamment ce sont les dernières, c’est-à-dire celles qui embrassent la base du pseudobulbe, qui seules sont fertiles. Le pseudobulbe porte souvent une seule feuille à son sommet (Pho- lidota imbricata, P. articulata) ; d’autres fois 1l en porte plusieurs, séparées les unes des autres seulement par des entre-nœuds extrèmement courts. | Dans toutes ces plantes, l'axe qui s’est renflé en pseudobulbe se prolonge au delà en pédoncule floral : l’inflorescence est ter- minale. | Il n’en est pas toujours ainsi; très-souvent, au contraire, l’in- florescence ne se développe pas au sommet du pseudobulbe, mais à sa base; elle n'est pas la continuation du pseudobulbe, mais un rameau, un axe d’un autre ordre, né à l’aisselle d’une feuille portée par l'axe qui est renflé. Le Cælia macrostachya nous présente un bel exemple de ce nouveau mode de végétation. Un pied de cette plante qui a fleuri cette année est formé de quatre pseudobulbes encore chargés tous de leurs feuil- les, et disposés, comme on le peut voir, sur le diagramme (fig. 23). Ces pseudobulbes fort gros sont produits par un seul entre- nœud renflé ; mais chacun d'eux porte à son sommet plusieurs feuilles parfaites (3-5), et dont le limbe est articulé à l’extré- mité d’une gaîne assez longue; on pourrait donc à la rigueur compter au pseudobulbe plusieurs entre-nœuds, dont deux, trois et quatre sont aussi courts qu'il est possible de le supposer, et un seul très-développé, qui forme à lui seul tout le corps du pseudobulbe. Cela serait plus exact ; pourtant, pour plus de brièveté, nous dirons en pareil cas que les pseudobulbes, for- més d’un ou de deux entre-nœuds, portent trois ou quatre ou cinq feuilles, sans compter les entre-nœuds très-petits qui font suite au pseudobulbe et correspondent aux feuilles. MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. . 39 A la base des trois pseudobulbes les plus âgés se trouvaient des écailles qui aujourd’hui sont détruites, mais que l'on peut voir sur la jeune pousse qui va se renfler en pseudobulbe, et dont toutes les feuilles sont déjà formées. Sur des bourgeons jeunes, mais complets, J'ai compté sept écailles disposées transversalement dans l’ordre distique, et pré- cédées d’une préfeuille adossée à l’axe qui porte la feuille mère. Les quatre dernières de ces écailles sont fertiles. Sur le pied que j'ai étudié, J'ai trouvé les bourgeons successifs alternativement tournés vers la droite et vers la gauche de leur feuille mère. Cette disposition peut être considérée comme normale dans toutes ces shit bien qu'elle ne paraisse pas y être absolument constante, et qu'on y puisse trouver des exceptions quand on examine un nombre un peu considérable de pieds. La première feuille limbée est la huitième feuille à partir de la préfeuille ; elle est suivie de quatre autres feuilles parfaites ; chaque pousse porte donc douze feuilles, sans compter la pré- feuille. Dans la plante dont je donne le diagramme, le deuxième pseudobulbe est né à l’aisselle de l’écaille la plus élevée (septième feuille) ; la première feuille de cet axe, relativement secondaire, avait le dos tourné vers la gauche de sa feuille mère. L’axe qui forme le troisième pseudobulbe est né de l’avant-dernière écaille, cest-à-dire de la sixième feuille du précédent; sa première feuille regardait la gauche de sa feuille mère. C'est ce troisième axe qui vient de porter fleurs ; on voit à l’aisselle de son avant-dernière écaille la base de l’inflorescence qui à fleuri cette année; vis-à-vis, à l’aisselle de la dernière écaille, se développe la pousse qui forme le pseudobulbe de l'an prochain, et dont la première écaille est dirigée vers la droite de la feuille mère. On voit que, si l'on néglige l’inflorescence, la végétation du Cælia macrostachya est absolument pareille à celle des Liparis, des Pholidota, ete. Mais, tandis que la pousse de l’année se ter- minait en Inflorescence dans le Cælia, au contraire la hampe flo- rale est ici un rameau qui prend un développement anticipé, et 9° série, Bot. T. VII. (Cahier n° 4.) 3 3 311 ED. PRILLIEUX. qui est du même ordre que le bourgeon qui formera le ‘is bulbe de l’année suivante. Dans les plantes que nous avons examinées jusqu'ici les pseudcbulbes sont courts, renflés et formés d’un petit nombre d’entre-nœuds. D'autres plantes, qui présentent du reste tout _à fait le même mode de végétation, montrent, au contraire, des pseudobulbes allongés et même grêles. On peut trouver, dans le genre Dendrobium par exemple, tous les passages entre ces formes extrêmes etsi dissemblables. Ainsi, le pseudobulbe est formé de deux entre-nœuds dans le Dendrobium chrysotoxæum, de trois dans le Dendrobium aggregatum (fig. 2h). C’est une masse courte et renflée comme dans les plantes qui nous ont occupés Jusqu'ici. Dans le Dendrobium densiflorum (fig. 25) on voit la tige dressée formée de cinq à six longs entre-nœuds : les trois infé- rieurs ne portent pas de feuilles parfaites, mais le quatrième, le cinquième et le sixième en sont munis, et ces feuilles sont séparées les unes des autres par des entre-nœuds renflés, d’en- viron 2 centimètres de longueur. Dans le Dendrobium nobile (fig. 26) et le Dendrobium monili- forme les entre-nœuds sont nombreux ; tous sout charnus et portent des feuilles parfaites ; ils ont une forme singulière. Cha- cun d’eux est beaucoup plus renflé à la partie supérieure qu’à la base, de telle sorte qu'ils ne se confondent plus en une seule masse, et qu'ici le pseudobulbe est une tige momiliforme qui porte des feuilles dans touie sa longueur. Enfin dans les Dendrobium moschatum, D. pulchellum, D. Pie- rardi, on ne trouve qu'une tige mince, très-allongée, qui porte une longue suite de feuilles distiques et qu'il est certes bien na- turel d’hésiter à assimiler aux pseudobulbes courts et renflés d’un Cælia ou d’un Bolbophyllum. La différence d’aspect est sans doute grande, mais on trouve entre ces deux formes ex- trèmes de telles transitions qu'il me semble impossible de les séparer, surtout si l’on songe que toutes ces tiges, si variées de forme, ont toutes le même caractère de végétation, caractère très-particulier qui n'appartient qu'à elles et qui mieux que tout MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 99 autre peut servir à les définir. Toutes sont des pousses qui attei- gnent leur entier développement, puis cessent de croître, bien qu’elles continuent de végéter longtemps encore, vivant d’une vie lente qui s'éteint graduellement au milieu d'un sommeil de plusieurs années. Ce mode de végétation est aussi celui des Pleurothallis, dont les tiges sèches et ligneuses seront de même pour nous des pseudobulbes. Chacune des pousses successives qui composent un pied de Pleurothallis est ligneuse dans toute sa longueur, aussi bien dans la région inférieure qui est renflée, mais non . Charnue, que dans la partie grêle et élancée, qui est relative- ment très-longue. Prenons pour exemple le Pleurothallis ophio- cephala, qui est de grande taille et facile à observer (fig. 27), Chaque pousse porte plusieurs gaines et à son sommet une seule feuille parfaite ; ce sont les gaînes que porte la base ren- flée de la pousse qui seules sont fertiles, encore ne le sont-elles pas toutes. Les deux inférieures sont toujours stériles; c’est à l’aisselle de la troisième et à celle de la quatrième que se irou- vent les bourgeons. C’est par leur base renflée que les pousses successives sont insérées les unes sur les autres (fig. 28). Ici, par conséquent, le rhizome est plus renflé que la partie dressée qui correspond au pseudobulbe, mais il est toujours dur et ligneux. Il est toujours formé, comme dans toutes les plantes que nous avons observées, de la base des pousses annuelles successives réunies en sympode, seulement ces pousses sont renflées à la base. La plupart du temps, un seul des deux bourgeons se déve- loppe et le sympode se continue. Parfois cependant, ils se développent tous deux et produisent chacun une pousse nou- velle; alors le sympode se bifurque, une nouvelle série de pousses commence, qui va croître parallèlement à la précé- dente. On remarque, dans l'enchaînement des pousses SUCCESSIVES, la disposition en zigzag que nous avons eu déjà occasion de signaler et qui est, comme nous l'avons remarqué, la consé- quence de la situation transverse des bourgeons. La tige des Pleurothallis parait terminée par une inflores- 36 ED. PRILLIEUX, cence, mais si l'on y regarde de près on peut reconnaître que l'apparence est trompeuse. Chaque pousse de Pleurothallis fleurit durant plusieurs an- nées; on voit des axes nés à un, deux, trois ans et plus de dis- tance, se couvrir de fleurs en même temps. Examinons d'abord, pour prendre le cas le plus simple, une pousse de Pleurothallis clausa fleurissant pour la première fois. Nous voyons en face de la feuille parfaite une écaille qui cache la base d’un long pédoncule grêle qui porte de nom- breuses fleurs. Si nous enlevons cette écaille pour voir l'in- sertion du pédoncule, nous trouvons, sur un prolongement extrêmement court, deux autres écailles plus petites : l’une, l'inférieure, est stérile; l’autre, embrasse la base de l’inflores- cence et un bourgeon assez grand situé non à l’aisselle de l’écaille, mais vis-à-vis d'elle. On peut conclure, ce me semble, de la position de ces organes que le bourgeon extra-axillaire termine l’axe principal et que l’inflorescence, insérée entre le bourgeon et le dos de l’écaille, est une production axillaire. Si nous prenons une pousse de Pleurothallis qui ait fleuri plusieurs fois, nous voyons qu'après que la première inflores- cence s’est détachée, le bourgeon terminal s'est un peu déve- loppé et que de l’aisselle d'une écaille supérieure est née une deuxième inflorescence, puis de même l’année suivante une troisième et ensuite une quatrième. | Comme les entre-nœuds qui se forment à partir de la pre- mière floraison sont excessivement courts, les inflorescences successives semblent toujours naître du même point; leur base est toujours couverte par l'écaille opposée à la feuille parfaite. J'ai indiqué sur un diagramme la disposition des inflores- cences successives dans le Pleurothallis circumpleæa (fig. 38). On voit que de l’aisselle de la première écaille est né, non pas seulement un pédoncule floral, mais un véritable rameau qui porte des Imflorescences successives d'année en année comme l'axe principal. Dans ce cas, lorsqu'on voit plusieurs inflorescences s'épanouir en même temps, l’une est axillaire d'une écaille de la pousse MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 37 principale; l’autre, ou les autres, axillaires d’écailles de rameaux nés antérieurement à cet axe. Il n’en est cependant pas toujours ainsi ; 1] arrive encore que plusieurs inflorescences naissent la même année de l’aisselle des bractées successives de l’axe prin- cipal, et qu'on ait ainsi plusieurs inflorescences épanouies à la fois sans que l'axe se soit ramifié. On peut voir un diagramme d’une série d'inflorescences du Lepanthes cochlearifolia (fig. 37) où les deux inflorescences supérieures, couvertes en même temps de fleurs, sont de même ordre et naissent toutes deux sur l'axe principal. Cette tres-remarquable disposition, que nous venons de dé- crire dans les Pleurothallis et qui se retrouve dans d’autres genres, peut se résumer en quelques mots : la pousse ou le pseudobulbe se termine par un bourgeor qui se développe avec une extrême lenteur durant un temps fort long, produisant tous les ans quelques entre-nœuds excessivement courts, qui portent de minces écailles, à l’aisselle desquelles naissent des pédoncules floriféres. La durée de la végétation de cette extrémité rudi- mentaire de l’axe est, dans nos serres, d'environ cinq ou six ans. Au bout de ce temps, la pousse cesse de fleurir et meurt. Cet exemple permet de saisir une fois de plus le trait prin- cipal du genre de vie des pseudobulbes, et cela peut-être mieux encore qu'on ne l’eût fait en observant une plante dont chaque pousse ne fleurit qu’une fois. Ici, la vie se conserve un peu plus active et on la voit s’éteindre plus lentement. Mais, du reste, le fait général qui caractérise les pseudobulbes n’en persiste pas moins : la pousse parvient très-jeune à la taille qu'elle doit attemdre et qu’elle ne dépasse plus; bien qu'elle vive longtemps encore, elle ne s’allonge plus que d'une manière Imsensible et seulement pour produire des fleurs ; le pseudobulbe lui-même ne prend aucun développement ; le bourgeon terminal seul végète encore lentement, 1l croît même durant plusieurs années, mais cette croissance est si faible, si languissante, qu’à peine peut-on, au bout d’un long temps, en apercevoir les effets ; enfin il finit par s'éteindre. C'est là du moins ce qui se produit le plus souvent, mais non 38 ED. PRILLIEUX. pas toujours cependant. Il n’est pas rare, en effet, 1l est même fréquent dans certaines espèces, que, au moment où la tige épuisée va mourir, soit le-bourgeon terminal qui depuis long- temps ne produisait que quelques faibles écailles et des fleurs, soit un petit bourgeon né à l'aisselle d’une de ces écailles du bourgeon terminal, s'éveille tout à coup et se développe active- ment. Mais, alors même, le vieux pseudobulbe ne sort pas de sa torpeur ; 1l ne s’allonge pas, il ne croît pas, 1l sert uniquement de support à une pousse nouvelle à la vie de laquelle 1l ne prend au- cune part. Aussitôt, en effet, que la pousse supplémentaire com- mence à se développer, elle s’isole de la plante épuisée qui la porte et elle émet de nombreuses racines qui lui permettent de puiser au dehors les aliments qui lui sont nécessaires, sans les emprunter à la plante mère qui dépérit déjà et à laquelle elle doit survivre (fig. 29, 30). Ce développement de pseudobulbes surnuméraires se ren- contre dans beaucoup de plantes autres que les Pleurothallhs, et il n'est pas toujours dû au bourgeon terminal. Le rhizome est, comme nous l'avons toujours vu jusqu'ici, la seule région où se trouvent les bourgeons principaux destinés à produire normalement de nouvelles pousses. Toutelois, on trouve fréquemment des bourgeons à l’aisselle des feuilles qui portent les pseudobulbes, soit à différentes hauteurs, soit à leur extrémité ; tous ces bourgeons peuvent quelquefois se dévelop- per et alors ils produisent, comme cela est si fréquent dans les Pleurothallis, de jeunes individus complets, mumis de racines, qui vivent d’une vie propre et ne peuvent être considérés comme des rameaux de la plante qui les porte (fig. 21). Ï y a pourtant quelques plantes où ces racines ne se pro- duisent pas d'ordinaire à la base de ces pousses secondaires qui, du reste, reproduisent de tout point la forme du pseudobulbe sur lequel ils sont nés et dont on peut, jusqu’à un certain point, les considérer comme des ramifications. Tels sont, par exemple, le: Dendrobium F'alconeri (fig. 32) et le D. plicahile. | Quant aux plantes chez lesquelles on voit assez communément dans les serres des pseudobulbes complets et munis de racines MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 39 naître au sommet d’autres pseudobulbes, on en pourrait citer un assez grand nombre dans les diverses tribus ; j’indiquerai comme exemple les Masdevallia, qui ont tout à fait le même caractère de végétation que les Pleurothalhs, plusieurs Brassia, les Oncidium deltoideum et ©. ornithorrhynchum, les Lycaste Deppei et L. balsamea, le Zygopetalum Mackayi et le Peristeria elata. Jusqu'ici, pour faire connaître ce que sont les pseudobulbes, sous combien de formes diverses 1ls se présentent, quel est le caractère de la végétation des plantes qui ont des tiges de cette sorte, nous avons pris tous nos exemples dans la seule tribu des Malaxidées; nous en eussions pu trouver de tout semblables parmi les Épidendrées et les Vandées. Les tiges des Épidendrées sont, en effet, aussi variées de forme que celles des Malaxidées. Dans certaines plantes, comme les Brasavola, la tige est élancée, mince, sèche et légèrementrenflée, mais seulement à la base comme celle des Pleurothallis, et elle ne porte qu'une ou deux feuilles complètes à son extrémité ; dans d'autres, telles que l’Zschilus linearis et l’Epidendrum raniferum, la tige ligneuse et allongée est chargée dans toute sa longueur de feuilles complètes et n’est pas sans analogie avec la longue tige des Dendrobium pulchellum, D.moschatum, D. Pierardi, etc. Beaucoup de genres présentent des pseudobulbes charnus qui sont formés tantôt d’un seul entre-nœud (Lælia peduncularis, Epidendrum cochleatum), tantôt de deux (Broughtonia violacea), tantôt d'un nombre plus grand. Dans plusieurs Épidendrées, c'est la partie inférieure de la tige qui est renflée ; dans d’autres c’est la partie supérieure qui devient charnue comme on le voit par exemple dans le Schomburgkia undulata; dans d’autres, enfin, la tige dressée est plus ou moins charnue dans toute sa longueur, tel est par exemple le pseudobulbe cylindrique du T'hunia alba. Dans tous ces cas, c’est la partie essentiellement aérienne de la tige qui se renfle en corps charnu ; au contraire, dans d’autres plantes qui sont terrestres, par exemple dans le Bletia hyacin- thina ou le B. verecunda, c’est la partie souterraine de la tige LO0 EU. PRILLIEUX. qui se transforme en une sorte de tubercule: dans les. Phajus WW allichii, grandifolius, etc., c'est la portion située au niveau du sol qui se renfle en un pseudobulbe qui tient ainsi le milieu entre celui des B/etia et celui des Epidendrum. Nous avons vu dans le seul genre Dendrobium les formes les plus dissemblables de pseudobulbes reliées l’une à l’autre par des formes intermédiaires ; le genre Epidendrum peut nôus fournir les mêmes enseignements. Dans l'Epidendrum cochleatum, par exemple, ou l'E. odoratissimum, nous voyons un seul entre- nœud, charnu, reuflé, portant à son sommet deux ou trois feuilles complètes. Dans l’Æ£pidendrum viscidum, la tige dressée, d'abord mince et sèche à sa partie inférieure, devient de plus en plus charnue à mesure qu'elle s'élève, sans atteindre jamais cependant le volume des pseudobulbes précédents. Cette tige porte sur sa longueur des gaines de plus en plus amples, et seu- lement à son sommet deux feuilles complètes. Enfin, dans l'Epidendrum raniferum, ou l'Epidendrum elongatum, les pousses grêles, élancées, ligneuses, portent dans toute leur longueur de nombreuses feuilles complètes et n’ont pas du tout l'aspect ordinaire des pseudobulbes, dont elles ont néanmoins toutes les propriétés essentielles. Les tiges des Lælia, tantôt renflées à leur extrémité inférieure comme celle du L. flava, tantôt minces au sommet comme celles du L. crispa et du L. purpurata, tantôt courtes, ovoïdes et apla- lies comme celle du L. peduncularis, ne s’éloignent pas par leur structure des tiges des Epidendrum ; mais les pseudobulbes du Schomburgkia tibicinis méritent une mention spéciale : 1ls pré- sentent une particularité singulière, 1ls sont creux à l'intérieur (fig. 33). Plus renflés vers la base qu'au sommet, ils rappellent assez bien la forme d’une corne de vache peu courbée. Ils sont composés de quatre entre-nœuds : l’inférieur est assez court, les trois suivants beaucoup plus longs. Les trois entre-nœuds infé- rieurs ne portent que des gaînes qui se dessèchent et se détrui- sent de bonne heure; les pseudobulbes sont surmontés de deux feuilles munies de limbe. Quand on coupe ur de ces pseudobulbes complétement for- MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. A mé, on voit qu'il est creusé dans toute sa longueur et qu'une large cavité s'étend depuis sa base jusqu'à son sommet. Cette cavité communique toujours avec l'extérieur par un trou que l’on voit à la base du pseudobulbe auprès du bourgeon qui naît à l’aisselle de la plus inférieure de ses gaines. Quand on observe un pseudobulbe jeune, on reconnait que dans l'origine, 1l n’est pas creux. Sur une coupe transversale on voit que toute la partie centrale du pseudobulbe est occupée par une moelle formée uniquement de grandes cellules à parois trés-minces. Les faisceaux fibro-vasculaires sont disposés en grand nombre dans un cercle de üssu cellulaire assez dense qui entoure la moelle. Si l’on examine le point où doit se trouver plus tard le trou par où débouche la cavité, on voit que, au niveau du sommet du bourgeon, le tissu du pseudobulbe et celui de la feuille la plus extérieure du bourgeon commencent à se décomposer (fig. 34). Il y a là déjà un commencement de carie; bientôt la décompo- sition va faire de rapides progrès; la carie gagne de proche en proche, et quand elle a traversé la zone ligneuse elle se propage avec une grande intensité dans toute la moelle dont les cellules brunissent, meurent et se désagrégent rapidement. Il se produit ainsi quelque chose d'analogue à ce qu’on nomme des gouttières dans les arbres de nos forêts. C’est toujours sur un point de la surface que se manifeste la carie qui gagne ensuite l'intérieur. Dans le Schomburgkia tibicinis, comme dans les arbres creux, c'est donc une sorte de maladie qui produit la cavité qui pénètre au milieu des tissus encore vivants; mais le phénomère, acci- dentel d'ordmaire dans nos arbres, est normal dans le pseudo- bulbe du Schomburgkia qui se creuse avant d’être dépérissant, avant même d'avoir atteint toute sa taille, et qui se creuse tou- jours. C'est à cette structure singulière de ses pseudobulbes que le Schomburgkia tibicinis doit son nom; les sauvages s’en servent, dit-on, comme d’une sorte de cornet dont ils savent tirer des sons (1). (4) Bateman, Orchid, Mex. h2 ED. PRILLIEUX. L’Epidendrum bicornutum a, comme le Schomburgkia tibici- nis, un pseudobulbe creusé dans toute sa longueur d’une vaste cavité communiquant avec l'extérieur. Je n'ai pu en observer de jeunes, mais la parfaite ressemblance de la cavité, l'existence d’une zone brune de tissu décomposé qui la limite pareïllement dans les deux plantes, me semblent une preuve que, dans l’une comme dans l’autre, la cavité est produite par la décomposition du parenchyme central à la suite d’une carie qui se produit sur un point de la surface, vers la base du pseudobulbe. Je n'aurais guère qu'à répéter, touchant le mode de végéta- tion des Épidendrées, ce que j'ai dit précédemment de l'enchai- nement des pousses successives, de la position des bourgeons, etc. De même aussi que dans les Malaxidées, les pseudobulbes des Épidendrées sont souvent terminés par des inflorescences; c’est ce que l’on voit par exemple dans la plupart des Epidendrum, les Lœlia, etc., mais il n’en est pas toujours ainsi et alors le pseudobulbe paraît indéterminé. Néanmoins, 1l n’en est pas moins dans l'impossibilité de croître indéfiniment; il a un bour- geon terminal, mais ce bourgeon terminal ne se développe pas. Nous n’ajouterions rien à ceque nous avons dit précédemment sur la végétation des pseudobulbes, si nous n'avions rencontré une plante fréquemment cultivée dans les serres, l'Epidendrum . Stamfordianum, qui nous offre une particularité très-singulière et qui l’éloigne non-seulement des autres Epidendrum, où la hampe termine le pseudobulbe, mais même jusqu'à un certain point des nombreuses Orchidées où elle est axillaire. Dans cette plante l’inflorescence est, comme on dit, radicale, c'est-à-dire qu'elle naît de la base du pseudobulbe (de l’aisselle de la cin- quième gaîne au-dessous de la feuille parfaite) ; elle naît à la place où se montre d'ordinaire, dans les plantes à pseudobulbes, le bourgeon principal qui doit continuer le rhizome et former le pseudobulbe de l’année suivante. La hampe florale paraît donc en quelque sorte indépen- dante du pseudobulbe de l’année et peut être regardée comme analogue à une pousse annuelle anticipée qui, au lieu de porter des feuilles, ne se charge que de bractées et de fleurs. MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. ha Jusqu'ici, rien d'absolument propre à l’Epidendrum Stamfordia- num; nous avons en effet déjà eu occasion d'observer dans d’autres plantes, dans le Cœlia macrostachya par exemple, des inflorescences radicales qui peuvent être regardées comme des pousses annuelles prenant un développement anticipé; mais ce qu'il y à de particulier dans l'inflorescence de l'Epidendrum Stamfordianum, c'est que, tandis que dans le Cælia la pousse de l’année suivante est due à un bourgeon né sur le pseudo- bulbe à côté de l'inflorescence et qui est du même ordre que celle-ci, dans l'Epidendrum Stamfordianum, au contraire, la pousse de l’année suivante naît sur l'inflorescence elle-même, comme celle-ci naît sur le pseudobulbe, de telle façon qu'on peut dire que la plante produit alternativement deux sortes de tiges : les unes stériles permanentes et offrant tous les caractères des pseudobulbes, les autres florifères, qui ne vivent pas plus long- temps que ne vivent les inflgrescences, si ce n’est par leur por- tion inférieure qui fait partie du rhizome et porte à son tour une pousse stérile. Ces deux sortes de tiges stériles (pseudobulbes) et fertiles (inflorescences) naissent successivement les unes des autres et sont enchaînées toutes ensemble en un sympode comme les pseudobulbes florifères des autres Epidendrum. . Les Vandées se partagent, au point de vue de leur mode de végétation, en deux groupes bien tranchés; les unes, et c'est le plus grand nombre, ont des pseudobulbes qui ne différent en aucune façon par leur caractère de végétation de ceux que nous avons observés dans les Malaxidées et les Épidendrées, tandis que les autres ont un aspect, une structure et une végétation toute différente. Nous avons trouvé dans d’autres tribus assez d'exemples des formes diverses que présentent les pseudobulbes, nous avons assez insisté sur les caractères des deux régions qui composent les pousses successives et que nous avons désignées sous les noms de rhizome et de pseudobulbe, pour qu'il ne soit plus nécessaire de revenir encore sur ce sujet; Ce que nous avons indiqué pré- cédemment doit suffire pour faire connaître suffisamment les ll 29 ED, PRILLIEUX, formes variées et le caractère de végétation de pseudobulbes dont on pourrait trouver chez les Vandées à végétation détermi- née de nouveaux exemples. Le Calypso borealis nous fournirait une plante des climats froids à pseudobulbe terrestre, tout à fait comparable à ceux du Sturmia Læselii et du Malaæis paludosa. Parmi les très-nombreuses Vandées des régions tropicales, nous trouverions des pseudobulbes de toute taille, de toute longueur : les uns courts et formés d’un seul entre-nœud comme sont ceux des Oncidium, les autres plus ou moins allongés et formés d’un nombre plus ou moins grand d'entre-nœuds, tels que ceux des Catasetum, des Chysis, des Cyrtopodium, tels, enfin, que ceux de l'Ansellia africana et mieux encore du Grammatophyllum speciosum, qui attemt 2 mètres de longueur et ne porte pas moins d’une cinquantaine de feuilles. Mais, dans tous ces cas, les tiges courtes ou allongées sont des pseudobulbes, et con- servent les mêmes caractères que nous avons déjà signalés tant de fois. III Si nous jetons un regard en arrière, avant d'aller plus loin, nous ne pouvons manquer de reconnaître, au milieu de particu- larités assez nombreuses, une grande homogénéité dans la marche de la végétation de toutes les Orchidées que nous avons examinées Jusqu'ici. Dans toutes, la végétation est déterminée ; dans toutes, les pousses, terminées ou non en inflorescences, prennent un déve- loppement rapide, puis cessent, les unes de croître, les autres de vivre au bout d’un temps assez court. Ces plantes cependant sont vivaces, elles se renouvellent chaque année en donnant naissance à une pousse pareille à celle de l’année précédente, de telle facon qu’un pied est composé d'une série de pousses d’âges divers nées successivement Îles unes des autres. Si nous considérons chacune de ces pousses isolément, nous voyons qu'elles sont composées constamment de deux régions dont les propriétés sont extrêmement différentes. MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. 1) L'une est essentiellement terrestre, c'est l'inférieure, celle qui constitue le rhizome ; elle rampe, soit sous la terre, soit au milieu de la mousse qui en recouvre la surface, soit sur le tronc des arbres quand les plantes sont aériennes (1). Elle seule porte des racines. L'autre région, qui forme ce qu'on nomme plus particulière ment la tige où le pseudobulbe, est dressée et est éminemment aérienne, elle seu.e porte des feuilles vertes de toutes formes jusqu'aux plus complexes. Parfois, au lieu d'être dressée elle est pendante comme on le voit dans certains Dendrobium, le D. Pierardi par exemple, mais c’est là un phénomène tout à fait comparable à celui que l’on observe dans les rameaux des arbres pleureurs, ce n'est qu'une exception RHRAReA la loi générale. La partie dressée de la tige ne porte jamais de racine; la partie traçante ne porte Jamais de feuilles complètes et articu- lées, mais seulement des écailles brunâtres. En outre ces deux régions se distinguent encore par le caractère des bourgeons quis’y montrent. La région du rhizome seule produit les bour- geons destimés normalement à perpétuer et à multiplier la plante ; c'est à l’aisselle de l’une de ses bractées, en général la dernière, que naît la pousse principale qui doit prolonger le rhizome. Au contraire, les bourgeons qui se montrent à l’ais- selle des feuilles vertes de la région aérienne de la tige ne sont pas d'ordinaire aptes à se développer. Mais quand il leur arrive de pousser, ce n’est pas à une simple ramification de la tige (1) Bien que la direction du rhizome soit très-généralement traçante, on peut cependant noter en passant quelques exceptions à la règle générale ; il ya en effet un certain nombre de plantes épiphytes où le rhizome est dressé, et porte à son sommet un pseudobulbe dont la base est entourée de racines, comme on le voit d’une façon très- frappante dans le Burlingtonia rigida, où ces rhizomes dressés sont minces et très- longs. Quand la plante vit dans sa position naturelle, ces rhizomes n’en doivent pas moins, du reste, être appliqués sur le tronc des arbres le long desquels la plante doit monter sans cesse, portant chaque année plus haut à l'extrémité de son rhizome dressé un nouveau pseudobulbe. Parmi les plantes toutes épiphytes qui offrent cette particularité de végétation on peut encore citer les Oncidium Baueri, Oncidium sphacelatum, Oncidium citrinum, Ornithi- dium coccineum, Maxillaria densa, Maxillaria tenuifolia, Maxillaria variabilis (lutea),. 6 À ED. PRILLIEUX. aérienne qu’ils donnent naissance, mais à une pousse complète comme les bourgeons du rhizome, c’est un rhizome muni de racines qui sort de la tige feuillée. C’est là du reste un phéno- mène tout à fait exceptionnel, et si l'on se place à un point de vue général on peut bien dire : la tige dressée ne se ramifie pas, le rhizome seul porte des bourgeons fertiles et se ramifie. La durée des diverses régions de la tige n’est pas non plus la même ; la portion traçante et souterraine vit le plus souvent plusieurs années, tandis que la région aérienne tout entière, ou du moms une portion de cette région meurt après avoir vécu quelques mois. On peut, en effet, dans la tige aérienne, dis- tinguer souvent une portion essentiellement destinée à porter les fleurs, et où les feuilles sont peu développées, d’une autre qui ne porte pas de fleurs le plus souvent et où les feuilles par- viennent à leur plus complet développement et se montrent sous leurs formes les plus parfaites. L’une est la hampe, l’autre le pseudobulbe. La vie de la hampe est subordonnée à celle des fleurs et des fruits ; elle ne leur survit pas; elle se dessèche et disparaît, tandis que le pseudobulbe continue de vivre encore durant une assez longue suite d'années, aussi longtemps que le rhizome. Toutes les plantes à pseudobulbe n'ont pas cependant une portion de leur ge exclusivement destinée à porter des fleurs: il en est où les fleurs naissent à l’aisselle des feuilles à diverses hauteurs sur le pseudobulbe lui-même ; c’est ce qu’on voit par exemple chez les Dendrobium. Là 11 n'y a pas une portion de la tige essentiellement subordonnée aux fleurs, 1l n'y à pas une région qui meure Comme les hampes avant le reste de la tige ; la tige aérienne tout entière est un pseudobulbe qui survit long- temps aux fleurs. Au contraire, dans la plupart des Orchidées terrestres des cli- mats tempérés la tige aérienne tout entière pourrait bien être comparée à une hampe, elle ne porte jamais de feuilles articu- lées et ne vit pas plus longtemps que les hampes des plantes à pseudobulbes, elle ne survit pas aux fruits qu'elle porte et meurt bientôt en ne laissant vivante que la partie traçante qui lui ser- MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. h7 vait de basé et qui, liée avec la partie traçante des pousses des années précédentes, forme un rhizome souvent assez long dans les plantes où la région terrestre a la propriété de survivre long- temps à la région aérienne, à la tige florale. Dans toutes les Orchidées que nous avons étudiées jusqu'ici nous trouvons, pour nous résumer en deux mots, comme carac- tère commun, la végétation déterminée, la spécialisation des régions différentes dont se compose chaque pousse; comme caractère différentiel, la durée plus ou moins longue de la vie dans les diverses régions, caractère sur lequel nous avons établi particulièrement la définition des pseudobulbes que l’on a sou- vent confondus avec des tiges dont la végétation et les caractères sont cependant bien différents et qu'il nous reste à étudier maintenant, je veux parler des tiges-lianes des Vamilles et d’un certain nombre de Vardées. On doit, en effet, bien distinguer le mode de végétation d'un Vanda de celui que nous avons observé jusqu'ici et qui appar- ent au plus grand nombre des Orchidées épiphytes même à beaucoup de Vandées. Bien que la tige chargée de feuilles distiques d un Dendrobium, par exemple, paraisse au premier abord tout à fait comparable à celle d’un ’anda ou d’un Saccolabium, elle en diffère cepen- dant beaucoup par son mode de végétation. Dans le Dendro- bium, la tige, bien que caulescente, mérite de recevoir le nom de pseudobulbe ; sa croissance s'arrête au bout d’une année et, bien qu'elle ne soit pas terminée par une fleur, on peut dire, qu'en fait, elle est définie, puisque jamais elle ne peut s’allonger. La tige d'un F’anda, au contraire, croît indéfiniment par son extrémité ; elle est indéterminée, elle s’allonge sans cesse, la vie ne s'engourdit et ne s'éteint en elle que partiellement; le dépérissement et la mort n'atteignent que l'extrémité posté- rieure et n envahissent jamais la pousse entière qui ne cesse de croître par l’autre extrémité. Il résulte de là que la tige est essentiellement formée dans toute sa longueur par un axe unique et non par une série d’axes d’ordresdivers enchaînés en sympode comme pous l’avions toujours vu Jusqu'ici. h8 ED. PRILLIEUX. Il résulte encore de là que, dans ces plantes, les inflorescences ne sont jamais terminales, que la tige ne se transforme jamais par son extrémité en une hampe florale, comme il arrive si sou- vent dans les Orchidées à végétation déterminée ; c’est toujours de l’aisselle des feuilles que naissent les inflorescences. Cette position des inflorescences a été souvent inexactement indiquée dans les ouvrages descriptifs où elles sont données comme oppositifoliées. Or, on sait que, d'ordinaire, les inflores- cences oppositifoliéessont des inflorescences terminales déjetées, et que dans ce cas la tige est un sympode formé d’axes d’ordres divers. On serait donc tenté d'attribuer, d'après les descriptions, aux tiges des Vanda une structure bien différente de celle qu’elles présentent en réalité. Ces tiges sont véritablement indé- finies, les inflorescences ne sont oppositifoliées qu’en apparence; de fait elles sont axillaires. Voici ce qui se passe dans le Y’anda mulliflora ou dans le VWanda teres que nous prendrons comme exemples. Les feuilles sont formées d'un limbe et d’une gaîne ; le limbe est articulé à l'extrémité de la gaïîne; la gaîne, assez longue, est étroitement appliquée sur la tige qu'elle enveloppe. L'inflorescence naît à l’aisselle même d’une feuille, c’est-à-dire au point où la gaîne est insérée sur la tige ; dès que l’inflores- cence commence à se développer, elle se trouve pressée entre la face interne de la gaine et la tige que la gaine embrasse complétement d'un long tube étroit. Serrée ainsi de toute part, elle se fait jour à travers la gaîne elle-même qu'elle perce à sa partie dorsale et va se développer au dehors. Elle se montre donc émanant de la tige au niveau de la ligne d'insertion de sa feuille mère. Mais le limbe de la feuille est inséré au sommet de la gaîne, par conséquent assez haut au-dessus de ce point, et si l’on n’y regarde pas très-attentivement, on peut bien prendre l'insertion du limbe sur la gaîne qui embrasse étroitement la tige, pour l'insertion de la feuille sur la tige elle-même. Or, il arrive que la ligne d’articulation du limbe, sur le haut de la gaîne, se trouve précisément à l'endroit où est insérée la feuille . suivante ; Chaque gaine ayant sensiblement la longueur d'un entre-nœud. Par suite de cette disposition, quand l’inflorescence MODE DE VÉGÉTATION DÉS ORCHIDÉES. 19 perce le dos de la gaine de sa feuille mére, ellese montre exac- tement au niveau de la ligne d'insertion du limbe de la feuille supérieure sur sa gaine ; il est dès lors aisé de comprendre com- ment on a pu considérer cette inflorescence comme oppositifo- liée et par suite terminale, tandis qu'en réalité elle est axil- laire (1). Les tiges indéterminées des Orchidées n’atteignent pas toutes la même taille ; leur longueur varie même extrèmement non pas seulement parce que dans certains genres la croissance est plus active, et que les plantes produisent chaque année un plus grand nombre d’entre-nœuds, mais encore parce que la vie persiste plus ou moins longtemps dans la partie postérieure de la tige. Comme exemple des différences extrêmes de longueur de ces tiges indéterminées, je puis citer, d'une part, les Phalænopsis, où elles n’ont pas plus de 20 centimètres, et d'autre part les Vanilles, dont les tiges atteignent au moins une longueur de 80 mètres, comme on le pouvait voir dans l’ancienne serre du jardin de l’École de médecine. La tige, si longue qu'elle soit, étant formée d’un axe unique, et non de l’enchainement d’une série d’axes d'ordres divers portés les uns par les autres, on ne doit pas être surpris de ne la point trouver divisée en régions diverses, de n’y pas distinguer en certains points des modifications de structure, de propriétés, de fonctions analogues à celles que nous avons tant de fois signalées dans les Orchidées à végétation déterminée, où les pousses successives offrent à leur naissance des caractères diffé- rents de ceux qu'elles présentent plus tard. Dans la tige des Orchidées à végétation indéterminée, point de rhizome distinct d'une portion dressée, point de région inférieure né portant que des feuilles incomplètes, et destinée exclusivement à porter des racimes ; les régions distinctes dans les Orchidées à végétation définie sont confondues en une seule dans les Orchidées à végé- (1) Cette disposition, du reste, n’est pas exclusivement propre aux Orchidées à végétation indéfinie ; on la trouve de même sur les pseudobulbes où des inflorescences naissent à l’aisselle de feuilles dont la gaine longue embrasse la tige : dans les Dendro- bium, par exemple. 5€ série. Bot. T. VII. (Cahier n° 4.) 4 4 50 ED, PRILLIEUX, tation indéfinie, chez lesquelles les tiges portent également dans toute leur longueur des feuilles, des bourgeons, des racines et des fleurs. Elles ont, comme les rhizomes, la propriété de pro- duire des bourgeons ordinaires et des racines, tout en étant, comme les pseudobulbes, des tiges éminemment aériennes por- tant des feuilles parfaites et des fleurs. La position des bourgeons qui donnent naissance aux rameaux est la même que celle que nous avons notée plus haut pour les inflorescences. Les rameaux naissant à l’aisselle des feuilles percent la gaine de leur feuille mère pour se montrer au dehors. Les feuilles sont imsérées sur le rameau dans le même sens que sur la tige. La première feuille du rameau est une gaine adossée à la tige mère, par conséquent située vis-à-vis de la feuille mère ; elle est suivie de quelques autres gaînes, mais toujours en petit nombre ; à une faible hauteur, sur le rameau, se montrent déjà des feuilles complètes munies d’un limbe arti- culé au sommet de la gaine. Ce n'est qu'au-dessus du point où se montrent les feuilles complètes qu'apparaissent les premières racines. Ainsi, même à l’origine des rameaux, là où ne se mon- trent encore que des feuilles incomplètes, la tige ne présente pas le caractère du rhizome des plantes à pseudobulbes. Les racines naissent dans toute la longueur de la tige, mais non absolument d’un point quelconque ; leur position est réglée ; elle est fixe et constante, du moins dans de certaines limites. D'une façon générale, on peut dire qu’à la base de chaque feuille peuvent se développer deux racines, l’une à droite, l'autre à gauche ; tantôt tres-près de la ligne dorsale de la feuille, et dans ce cas très-rapprochées l’une de l’autre comme on le voit dans les Angræcum ; tantôt, au contraire, tout à fait sur le côté, et par conséquent vis-à-vis l’une de l’autre, comme on peut lob- server dans les Vanda, Ærides, Renanthera. Cette position des racines, plus où moins latérale par rapport à la feuille, est con- stante dans chaque espèce. Ce qui est éminemment variable, c’est l'apparition ou le manque des racines à la base des diverses feuilles. Le plus souvent il ne s’en développe qu’une seule à la base de chaque feuille, et tantôt c’est celle du côté droit, tantôt ! | MODE DÉ VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES. o1 celle du côté gauche, très-souvent 1l ne s'en développe pas du tout. Le développement simultané des deux racines d’une même feuille est certainement le cas le moins fréquent. Il est cepen- dant quelques plantes où le développement des racines, tantôt du côté droit, tantôt du côté gauche des feuilles, se produit avec une grande constance, et l'on peut établir une loi qui préside à leur apparition : tels sont les Angræcum Brongnarin et ebur- neum, chez lesquels les racines naissent toutes d’un seul et même côté de la tige. Dans ce cas même cependant toutes les feuilles ne portent pas de racme à leur base; mais si l’on désigne par une suite de numéros les feuilles qui se suivent sur la tige, on remarque que les racines apparaissent à droite des feuilles mar- quées de numéros impairs, et à gauche des feuilles de numéros pairs ou inversement. Ç Cette disposition régulière des racines dans certaines Orchi- dées a déjà été signalée par M. Duchartre dans une Vanille (Vanilla lutescens), où lon voit, à une certaine hauteur, une série de racines se développer d'un côté de la tige, puis, plus haut, la régularité s’altérer, et une autre série de racines se montrer du côté opposé de la tige. Dans les Vamilles, en effet, la disposition régulière des racines est bien moins constante que dans les Angræcum que j'ai cités. Du reste, cette régularité dans le développement des racines, soit à droite, soit à gauche des feuilles successives, est tout à fait exceptionnelle ; ce qui est constant, dans toutes les tiges in- définies d’Orchidées qu'il m'a été donné d'observer, c’est que les racines naissent toujours de la base d’une feuille et non ailleurs, et quelles occupent, par rapport à cette feuille, une position latérale se montrant à une distance de sa ligne dorsale qui est plus ou moms grande selon les plantes, mais constante dans chaque espèce. La propriété qu'ont les tiges imdéterminées des Orchidées de donner ainsi naissance dans toute leur longueur à la fois à des feuilles parfaites et à des racines, permet le plus souvent de dis- tinguer à prennere vue, même sur des échantillons secs, quel est le mode de végétation de la plante qu’on a sous les yeux, Si 59 ED. PRILLIEUX. la plante est un pseudobulbe ou une tige indéfinie, ce qui serait souvent difficile si ce caractère faisait défaut. Bien que la végétation indéterminée soit moins commune, même chez les Vandées, que la végétation déterminée, on peut l’observer cependant dans un nombre assez considérable de plantes, parmi lesquelles je puis citer les genres Pachyphyllum, Dichœa, Vanda, Rhenanthera, Camarotis, Saccolabium, Clei- sostoma, Sarcanthus,. Ærides, Acranthus, Angræcum, Crypto- pus, OEona. En dehors de la tribu des Vandées, je ne connais dans la famille des Orchidées que les Vanilles qui présentent des tiges à végétation Imdéfinie. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 1. Fig. 4. Rhizome de Cephalanthera rubra : T, axe du premier ordre; Il, axe du deuxième ordre ; III, axe du troisième ordre; IV, axe du quatrième ordre ; V, axe du cinquième ordre (florifère) ; VI, axe du sixième ordre (bourgeon). Fig. 2. Rhizomne de Cephalanthera lancifolia. el Q is. 3. Rhizome d’Epipactis palustris. Fig. 4. Rhizome de Cypripedium calceolus : 1, axe du premier ordre; 11, axe du deuxième ordre; III, axe du troisième ordre. Fig. 4’. Figure schématique destinée à montrer la disposition des feuilles sur Les axes successifs composant le rhizome du Cypripedium calceolus. a,, a,, feuilles de l’axe . : : Q , e . du premier ordre; b,, b9, b3, feuilles de l’axe du second ordre; c,, c,, C3, feuilles de l’axe du troisième ordre. Fig. 5. Rhizome de Laistera ovata. Fig. 6. Rhizome de Neottia nidus avis dépouillé de ses racines. Fig. 7. Rhizome muni de ses racines et portant deux bourgeons devant donner nais- sance à des hampes florales, Fig. 8, 9,10, 41, 12, 43. Rhizomes naissant à l’extrémité de racines de Neottia nidus avis à divers degrés de dévelop PLANCHE 2. Fig. 14, Pied de Spiranthes elata. Fig. 15. Pied de Spiranthes autumnalis. Fig, 146. Pied d'Orchis mascula. MODE DE VÉGÉTATION DES ORCHIDÉES, 53 Fig. 17. Pied de Corallorhiza innata. Rhizome coralloïde portant deux pousses florales, Fig. 48. Base de la pousse florale du Corallorhiza innata. PLANCHE 9. Fig. 49. Pied de Sturmia Lœselü. Fig. 20. Coupe d'un pseudobulbe de Sfurmia Lœæselii, portant sur le côté le bourgeon qui doit produiré le pseudobulbe de l’année suivante. Fig. 21. Coupe des deux pseudobulbes successifs développés du Sfurmia Læselii. Fig. 22, Figure représentant la disposition des feuilles et des bourgeons d’un pseudo- bulbe de Liparis foliosa. _— Fig. 23. Diagramme d’un pied de Cœlia macrostachya, montrant le mode d’accroisse- ment d’une série de quatre pseudobulbes et d’une hampe florale. Fig. 24. Pseudobulbe de Dendrobium aggregatum. Fig, 25. Pseudobulbe de Dendrobium densiflorum. Fig. 26, Pseudobulbe de Dendrobium nobile. PLANCHE 4. Fig. 27. Pseudobulbe de Pleurothallis ophiocephala. Fig. 28. Partie inférieure de six pousses annuelles successives de Pleurothallis ophio- cephala. Fig. 29. Bourgeon se développant et émettant des racines au sommet d’un pseudobulbe de Pleurothallis obscura. Fig. 30. Bourgeons se développantet émettant des racines au sommet d’un pseudobulbe de Pleurothallis ophioglossoides. Fig. 31. Pseudobulbe de Dendrobium fimbriatum né d’un bourgeon axillaire d’un autre pseudobulbe, Fig. 32. Pseudobulbe de Dendrobium Falconeri. PLANCHE 5, Fig. 33. Coupe longitudinale du pseudobulbe de Schomburgkia tibicinis. Fig. 34. Coupe de la base d’un jeune pseudobulbe de Schomburgkia tibicinis et d’un bourgeon montrant le commencement de la carie qui doit envahir toute la région du pseudobulbe. Fig. 35. Tige de Vanda teres, Fig. 36. Tige de Vanda multiflora. Fig. 37. Diagramme d’une inflorescence de Lepanthes cochlearifoliu. Fig. 38. Diagramme d’une inflorescence de Pleurothallis circumplexa. DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES ARALIACÉES, Par M. A. TRÉCUL. (Mémoire lu à l’Académie des sciences dans la séance du 6 mai 1867.) PREMIÈRE PARTIE. De tous les vaisseaux propres, ceux des Araliacées me parais- sent avoir le moins fixé l'attention des botanistes. Je ne les vois même cités dans aucun travail d'anatomie. Cependant ils méri- tent d’être étudiés, ne serait-ce que pour les comparer à ceux des Ombellifères, avec lesquelles les Araliacées ont tant d’affi- nité. J'essayerai donc d’en tracer ici les principaux caractères. Le suc propre paraît être le plus ordinairement oléorésineux (Aralia edulis, racemosa, Paratropia macrophylla, Panax acu- leala, Cussonia thyrsiflora, etc.) ; mais 1l est gommeux dans la tige des Aralia chinensis, spinosa, Panaæ Lessonii, P. crassifo- lium, et des Panax trifoliolé, pentaphylle, etc. (1). Dans le jeune fruit du Panax Lessonii, ce suc est oléorésineux, soluble dans l'alcool, insoluble dans l’eau, tandis que celui de la tige est (4) Le commerce a répandu dans les collections certaines plantes qui ont un intérêt particulier. Elles y portent les noms d’'Aralia Schefflera, crassifolia, trifoliata, diver- sifolia, Cookii, Hooïkeri, ete. Toutes, par l'aspect de leurs jeunes rameaux et l'épaisseur de leurs feuilles, ont un air de parenté avec l’Aralia crassifolia décrit en 1838 (Ann. of nat. Hist., t. 1, p. 213) par A. Cunningham, qui le qualifie d’arbor polymorpha. De plus, quelques catalogues, que je n'ai pas eus sous les yeux, mais qu'indique le Manuel de MM. Jacques et Herincq, donnent les Aralia dits trifoliata et diversifolia comme synonymes de l’Aralia Schefflera, et MM. Van Houtt, L. Neumann ont obtenu de graines du Panax Lessonii des plantes encore jeunes qui semblent se rapporter à la plupart des formes fournies par le commerce. Les vaisseaux propres de quelques-unes des plantes commerciales m’ayant donné des caractères dignes d’être notés, je les dési- oncrai par les noms d’Aralia crassifolia, ou mieux Panax crassifolium, Dene et Plch., Panax Lessonti, et deux autres par les noms français de Panax frifoliolé et Pañnax pentaphylle, pour ne pas leur appliquer prématurément des noms spécifiques. DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES ARALIACÉES. 39 sommeux, par conséquent insoluble dans lalcoo! et soluble dans l'eau. Les canaux qui contiennent ce suc propre appartiennent, on le sait, à ceux quisont dépourvus d'une membrane particulière, et qui sont limités par des cellules différentes de celles du tissu environnant. Ici ces cellules pariétales se distinguent des voisines par leur contenu, mais pas HDuaurs nettement par leur forme et leur dimension. Dans les racines, je n'ai vu de ces canaux que dans l'écorce. Comme chez les Ombellifères, ceux de la périphérie, souvent plus étroits que les autres, sont placés plus où moins près de la couche subéreuse, et sont unis entre eux par des branches hori- zontales ou obliques. On pourrait croire, à première vue, qu'ils sont épars sans ordre, mais l'organogénie enseigne qu'il n’en est point ainsi. Dans les très-jeunes racines adventives de l'Aralia edulis, par exemple, les premiers vaisseaux dits lymphatiques, qui se développent au centre de l'organe, sont disposés suivant un triangle à peu près équilatéral. Aux trois angles de ce triangle correspondent bientôt les trois premiers rayons médullaires, et dans l'écorce externe, en opposition avec chacun de ces rayons, naît un vaisseau propre sous la forme d'un méat triangulaire ou à quatre faces. Pendant que ce premier méat ou vaisseau propre s’élargit avec l'agrandissement de ses cellules pariétales, qui sont ordinairement plus larges que les cellules ambiantes, il apparaît un autre méat à distance de chaque côté, puis un se- cond un peu plus loin, et ensuite un troisième également à dis- tance ; en sorte qu'il existe alors à la périphérie de la racine vingt et un vaisseaux propres, si tous se sont développés norma- lement: mais il arrive parfois qu'il en naît trois d’un côté de chaque premier vaisseau et deux de l'autre, comme aussi, mais bien plus rarement, 1l en peut naître quatre de chaque côté. Durant l'apparition de ces organes, des faisceaux secondaires se développent sur les trois big du triangle primitif. Au dos de chacun des trois faisceaux qui en résultent correspond un vais- seau propre dans l'écorce externe. Ce vaisseau propre est opposé à un rayon médullaire secondaire, si le faisceau se divise de 56 A. TRÉCUL. bonne heure. D’autres vaisseaux propres un peu plus internes naissent en opposition avec les subdivisions des faisceaux vascu- laires de nouvelle génération. Dans les ramifications de ces racines, les premiers vaisseaux lymphatiques (c’est-à-dire rayés ou ponctués) ne figurent pont un triangle sur la coupe transversale, mais une ellipse. C’est aux extrémités du grand axe de celle-ci que correspondent les deux premiers rayons médullaires, et c’est en opposition avec ces rayons, sous le jeune périderme, que sont produits les deux premiers vaisseaux propres. [Il naît ensuite sur chaque côté de chacun d’eux, de distance en distance, trois ou quatre autres canaux oléorésineux. En même temps un faisceau fibro-vascu- laire s’est développé sur chaque grand côté de l’ellipse, et, au nilieu de la partie corticale correspondante à chacun de ces deux faisceaux, est né un vaisseau propre secondaire, puis un ou deux à côté de lui à distance, et enfin d’autres dans l’écorce plus interne. Les racines de plusieurs autres Araliacées me semblent avoir un développement analogue. Seulement quatre, cinq ou six faisceaux fibro-vasculaires se forment tout d’abord autour d'un axe fibreux ; il se fait autant de rayons médullaires vis-à-vis desquels naissent les premiers vaisseaux propres. Il m'a paru aussi, dans quelques cas, qu'au lieu d’un seul laticifère primitif ilyen a deux,un de chaque côté de l'extrémité élargie d’un rayon médullaire. N'ayant pas eu de ces racines à un état de développement convenable, j'y reviendrai dans une communi- cation ultérieure. Manquant d'espace, je me bornerai à dire que, dans les ra- cines plus développées d’Aralia racemosa, chinensis, elc., que j'ai eues à ma disposition, les vaisseaux propres de l'écorce externe sont distribués sans ordre apparent, tandis que ceux de l'écorce interne sont répartis suivant les lignes concentriques, et ordinairement suivant des lignes radiales parallèlement aux rayons médullaires. On observera aisément cette disposition dou- blement sériée dans de grosses racines de Lierre, qu'il est facile de se procurer. DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES ARALIACÉES, 97 Dans les racines des diverses plantes que j'ai nommées, je n'ai point vu d’anastomoses entre les vaisseaux propres de séries con- centriques différentes, c’est-à-dire sur des coupes longitudi- nales radiales. Au contraire, les anastomoses sont très-fréquentes parallèlement à la circonférence. Le rhizome de l’Aralia edulis renferme des vaisseaux propres dans son écorce et dans sa moelle. Dans l'écorce 1l faut distin- ouer : L° ceux du tissu périphérique qui tient la place du collen- chyme de la tige aérienne; 1ls sont les plus étroits, et néanmoins, dans un spécimen que J'ai sous les yeux, ils ont de 0°",10 à 0"",12 de largeur, et sont un peu comprimés ; 2° ceux épars dans le parenchyme supra-libérien, qui ont jusqu'à 0"",20 dans le même spécimen, où les vaisseaux propres sont très-grands ; 3° ceux de l'écorce libérienne ou interne (il n'y a pas de fibres du liber épaissies). Cette écorce interne peut être partagée, comme chaque faisceau vasculaire, en deux ou trois fascicules du second ordre par des rayons médullaires secondaires. Dans chacun de ces fascicules de l'écorce mterne sont deux ou trois vaisseaux propres rangés radialement (de 0"",10 à 0*",12). Les séries d’un même faisceau principal convergent un peu vers l'extérieur, et au point de convergence est un vaisseau propre unique, le plus large et le premier du faisceau. Au pourtour de la moelle, en dedans du cylindre normal des faisceaux vaseu- laires, sont d’autres faisceaux disposés en sens inverse, c’est-à- dire que leur partie corticale est tournée vers le centre de la moelle. Cette partie corticale est assez étendue, et offre aussi un ou deux vaisseaux propres. D'autres vaisseaux propres sont ré- pandus en assez grand nombre dans la moelle ; ils ont jusqu'à 0"",25 et 0"",50 dans le spécimen que j'ai cité, et seulement environ 0"",12 à 0"",15 dans un autre rhizome. Outre les fais- ceaux Inverses du pourtour de la moelle, il y a parfois quelques autres faisceaux épars dans le centre de celle-ci, muis ces der- niers n'existent pas dans toutes les tiges souterraines. L'écorce des tiges aériennes présente quelque diversité dans la distribution des vaisseaux propres des plantes qui font le sujet de ce travail. Dans celles des Aralia edulis, racemosa, Cussonia 08 A, TRÉCUL., thyrsiflora (rameau de l’année), ils sont nombreux dansla couche de collenchyme située sous l'épiderme ; il y en a aussi d’épars dans le parenchyme sous-jacent, et quelques-uns apparaissent dans le tissu sous-libérien appelé tissu cribreux. Les vaisseaux propres sont autrement distribués dans les Jeunes rameaux des Aralia spinosa, Panax aculeatum, Lessonii, crassifolium, etc. Il n'en existe pas dans le tissu superficiel de l'écorce , et dans le parenchyme supra-libérien ils sont plus ou moins épars ou disposés sur une zone étroite ou ligne cireulaire assez irrégulière. Dans le Panaxæ que je nomme ici pentaphylle, il y a des vaisseaux propres jusque entre les cellules externes du üssu libérien. Dans l’écorce de l’Aralia chinensis, les vaisseaux propres sont aussi distribués dans le parenchyme supra-libérien, mais ils sont fort nombreux et très-rapprochés ; ils ne sont quelquefois sépa- rés que par cinq, quatre ou trois rangées de cellules, et de très- fréquentes anastomoses les unissent. Dans l’Aralia spinosa, ils sont généralement plus écartés, et n’offrent que des anastomoses beaucoup plus rares dans les entre-nœuds. L'écorce des jeunes rameaux du Lierre ne présente de vais- seaux propres que dans le parenchyme voisin du hber, et de très- étroits dans le tissu sous-libérien. Dans une tige plus âgée, de 22 millimètres de diamètre, l'écorce interne était très-déve- loppée. Elle présentait çà et là, à 0"",50 du périderme, des groupes libériens à fibres épaissies et pleines de grains d’ami- don ; à 0"",50 de la surface du bois était une autre zone de fais- ceaux du liber à fibres amylacées aussi (1). Entre ces deux zones de liber et sous la dernière étaient d'assez nombreuses strates de tissu dit cribreux, alternant avec des couches minces de paren- chyme. Les vaisseaux propres étaient rangés parallèlement à ces couches en sept ou huitséries concentriques nettement dessinées, et, parallèlement aux rayons médullaires, ils formaient aussi des (4) Les fibres du liber épaissies de la racine, comme celles de la tige, ainsi que toutes les fibres ligneuses de ces deux sortes d'organes, étaient remplies de grains d’amidon au mois d'avril, DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES ARALIACÉES. 19 séries jusque dans lécorce externe, où l’on remarquait encore trois ou quatre plans de vaisseaux propres sans ordre bien déter- miné. Ces vaisseaux propres, de même que ceux de la racine, où leur disposition est semblable, ne présentaient d'anastomoses que parallèlement à la circonférence. Il en est tout autrement dans le Paratropia macrophylla, qui, sous ce rapport, est remarquable entre toutes les Araliacées étu- diées ici. Dans l'écorce relativement épaisse d’un rameau de deux à trois ans, les vaisseaux propres sont très-nombreux, et, dans l’écorce sous-libérienne aussi bien que dans le paren- chyme extérieur au liber, les vaisseaux propres ont dans la direction radiale une marche sinueuse, et s’anastomosent sou- vent par l'intermédiaire de branches soit obliques, soit hori- zontales. Il en est de même et plus fréquemment encore paral- lèlement à la circonférence, où l’on observe alors de belles réti- eulations. | La moelle des Araliacées manifeste aussi de la diversité dans la distribution des vaisseaux propres. Jai dit plus haut qu'ils sont épars dans la moelle du rhizome de l’Aralia edulis. Cela existe aussi dans la tige aérienne, où se trouvent également, au pourtour de la moelle, des faisceaux fibro-vasculaires inverses de ceux du cylindre normal. Il y a en outre plusieurs autres faisceaux plus petits dispersés dans le centre de la moelle (1). L'Aralia racemosa présente aussi des faiséeaux inverses intra - médullaires, et de deux à quatre autres faisceaux vers le centre de la moelle; mais les vaisseaux propres centraux sont assez rares. La tige de toutes les espèces qui suivent est dépourvue de fais- (1) Au-dessous de l'insertion de la feuille qui précédait l'inflorescence, il n'existait plus de faisceaux épars dans la moelle, il ne subsistait que le cercle des faisceaux inverses de la périphérie de la moelle; mais quelques-uns de ces faisceaux eux-mêmes étaient doubles ; il s'était développé un autre faisceau fibro-vasculaire plus petit sur le côté libérien tourné vers le centre de la moelle, Le même phénomène, reproduit à un degré plus avancé encore, s’est manifesté dans l’axe principal de l’inflorescence. Là les deux faisceaux accouplés étaient unis par un liber commun à fibres épaissies, comme ceux que j'ai décrits déjà dans le tome LXI, p. 1164, et le tome LXIT, p. 247, des Comptes rendus, 60 A, TRÉCUL, ceaux intramédullaires. L'Aralia chinensis montrait jusqu’à soixante vaisseaux propres vers le pourtour de la moelle, tandis qu'il n’y en avait que quatre vers la région centrale. Ces canaux périphériques sont souvent comprimés parallèlement au rayon de la tige ; on les trouve aussi réumis par des anastomoses. Dans la moelle, je n’en ai observé qu'au pourtour dans les Aralia spi- nosa, Cussonia thyrsiflora, Panaæ Lessonii, Paratropia macro- phylla et Hedera Hehx. Dans le Panax pentaphylle, le nombre de ces vaisseaux propres périphériques de la moelle variait avec la hauteur sur la tige. Il y en avait de quatre à dix-sept très- irrégulièrement répartis, et certaines coupes n’en présentaient pas du tout. Quand ils existaient, 1ls offraient quelquefois des anastomoses. Leur diamètre est aussi très-variable, comme au reste dans toutes les espèces. | Quand les vaisseaux propres existent en même temps dans la moelle et dans l'écorce, 1ls communiquent entre eux à travers l’espace cellulaire produit dans le cylindre fibro-vasculaire par l’écartement des faisceaux qui se rendent aux feuilles, et princi- palement sous le faisceau médian. Quand, avec les vaisseaux propres, 1l y à dans la moelle des faisceaux fibro-vasculaires épars (Aralia edulis, racemosa), ces faisceaux s'unissent entre eux vis-à-vis de l'insertion des feuilles, de façon qu’une partie de leurs éléments se couche horizontalement pour constituer avec les voisins un laëis ou sorte de cloison incomplète, qui rap- pelle celle qu'offrent certaines Ombellifères. Des branches de ceux qui sont voisins du pourtour de la moelle s'unissent aux faisceaux normaux et vont à la feuille, tandis que l’autre partie des éléments de ces faisceaux intramédullaires continue sa marche dans la moelle du mérithalle supérieur. Les vaisseaux propres de la moelle, correspondant à cette cloison, se ranufient aussi en ce point : certaines branches se mêlent aux faisceaux horizontaux ; il en part des rameaux qui se prolongent verticale- ment dans la moelle du mérithalle suivant ; d’autres branches, au contraire, se dirigent vers l'écorce, où elles sont mises en communication avec les vaisseaux propres qui vont dans la feuille, dans le bourgeon axillaire, ou bien elles s'étendent dans DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES ARALIACÉES. 61 l'écorce elle-même, en s’y ramifiant et se mettant en relation avec ceux de cette région. Dans les autres espèces à moi connues, la moelle de la tige n'étant point pourvue de faisceaux intramédullaires et n'ayant le plus souvent que des vaisseaux propres périphériques, ceux qui sont voisins de l'insertion de la feuille émettent des ramifica- tions latérales, qui passent dans l'écorce, comme Je l'ai dit, et s’y anastomosent avec ceux du voisinage, souvent apres s'être ramifiés une ou plusieurs fois. L’Aralia chinensis m'a fourni les plus beaux exemples de ce passage. Plusieurs vaisseaux propres de la moelle s’unissaient par des branches latérales, et de celles-ci partaient d'autres branches qui s’'anastomosaient égale- ment, de manière à former un réseau de plusieurs mailles dans le passage même, entre les faisceaux vasculaires, d’où certaines branches se prolongeaient dans le parenchyme de l’aisselle de la feuille. | Tous les vaisseaux propres qui vont de la moelle dans l'écorce ne passent pas à travers l’espace cellulaire signalé ; il en est quelquefois qui traversent le tissu ligneux qui borde cet espace. Les plus nombreux exemples m'en ont été donnés par le Panax Lessont. Dans le Paratropia macrophylla J'ai toujours trouvé un vaisseau propre dans le tissu ligneux, quelquefois à 0"",50 au-dessus de la sortie du faisceau moyen qui se rend au pétiole. Ce vaisseau propre passe à peu près horizontalement dans le corps ligneux, puis, arrivé dans l’écorce, il se courbe et suit le côté Interne du faisceau qui va à la feuille. Les variétés de l’Hedera Helix sont aussi dignes d'intérêt sous ce rapport. La grande variété à feuilles cordiformes, con- nue sous le nom d’'Hedera regnoriana, m'a souvent offert deux vaisseaux propres de passage, espacés l’un au-dessus de l’autre, dans l’aisselle du même faisceau médian. L'un de ces vaisseaux transverses, anastomosé à d’autres dans la moelle et dans l’écorce, avait en outre une petite branche verticale qui se pro- longeait dans le tissu cribreux supérieur. Dans l’H. hibernica, qui à moins de vigueur, j'ai retrouvé ces vaisseaux de commu- nication, mais ils sont beaucoup plus grêles. Je n’ai pu les aper- 62 A. TRÉCUL,, cevoir dans la variété commune qui à moins de vigueur encore. Dans l’Æ. regnoriana, on découvre aussi beaucoup plus aisément les anastomoses que les vaisseaux propres de l'écorce effectuent entre eux vers l'insertion du pétiole. J'ai mentionné plus haut pour leur suc gommeux, et pour la distribution différente de leurs vaisseaux propres dans la moelle, certaines plantes qui peut-être seront réunies en une seule espèce. J'en parlerai de nouveau pour la variation qu'elles présentent aussi dans les rapports des vaisseaux propres de l'écorce avec ceux de la moelle. Dans les Panax Lessonii, crassifolium, trifo- liolé et pentaphylle, les vaisseaux propres de l'écorce contractent entre eux de nombreuses anastomoses à l'insertion de la feuille. principalement dans le tissu placé entre la base du pétiole et le corps ligneux. Dans ce point, chez le P. Lessonu, on voit aisé- ment à l’aisselle du faisceau médian une branche qui passe dans la moelle, où elle va s'unir aux vaisseaux propres du voisinage. Il en est de même dans le P. pentaphylle. Le Panaaæ trifoliolé m'a fait voir une particularité bien remarquable : la branche qui, partant de l’écorce à l’aisselle du faisceau médian, arrivait dans la moelle, n’y allait point pour s'unir à ceux de la moelle, puisqu'il n’en existait pas. Elle s'infléchissait vers la base du ra- meau et se terminait en pointe obtuse à une petite distance, à 4 millimètre au plus de son entrée dans la moelle. Ce qui ajou- tait encore à l'intérêt de ce phénomène, c’est qu'il n'y en avait pas à la base de toutes les feuilles. Il est aussi à noter que le Panax crassifolium, qui, comme le précédent, n’offrait pas de vaisseaux propres dans la moelle, manquait du vaisseau propre traversant le corps ligneux. Il y avait donc sous ce rapport, dans les plantes que je viens de nommer, une sorte de dégradation qui se manifestait aussi dans les vaisseaux propres de la moelle, ainsi que Je l'ai fait observer précédemment. DEUXIÈME PARTIE. En commençant cette Note, je reviendrai sur la description des racines, pour faire connaître un phénomène sur lequel j'ai DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES ARALIACÉES. 63 gardé le silence dans ma précédente communication. Ce fait sera peut-être trouvé susceptible de jeter quelque lumière sur les fonctions tant controversées des vaisseaux propres. Bon nombre d'anatomistes admirent avec Schultz que les vaisseaux propres pourvus d'une membrane sont la voie que suit la séve descendante. Les mêmes botanistes s’accordèrent avec Link pour séparer ces vaisseaux de ceux qui ne possèdent pas de membrane particulière. Ces: deux sortes de canaux reçurent des noms différents, et des fonctions diverses leur furent attribuées. D’autres phytologistes, au contraire, sou- tinrent que tous les vaisseaux propres ne sont que des réser- voirs destinés à recueillr des matières devenues mutiles à la plante et rejetées hors de la circulation. Après que j'eus annoncé les rapports qui existent entre le système fibro-vasculaire et les laticifères dans certaines plantes, je fus amené dès 1862 (voyez l'{nstitut, p. 266) à demander le rapprochement des deux sortes de vaisseaux propres. Plus tard, je démontrai que ceux qui sont dépourvus de membrane sont aussi quelquefois en communication évidente avec le système trachéen (Comptes rendus, t. LX, p. 81), et que fréquemment veux de l’écorce se relient à ceux de la moelle en passant à tra- vers le corps ligneux, comme Je l'ai observé pour les laticifères limités par une membrane. D'autre part, par l'abondance du suc propre dans les parties jeunes, et par la disparition de ce suc dans les parties âgées de plusieurs plantes, et aussi par quelques autres caractères, je prouvai que les laticifères ne servent pas au transport de la séve descendante. Enfin, de la présence des bâtonnets, pris pour des prismes par Rafn, en 1798, dans les vaisseaux du latex des Euphorbes, et reconnus par Hartig pour être d’amidon, et aussi de l'existence d’une maticre am ylacée ou cellulosique que je dévoilai dans le suc laiteux de quelques Apocynées, Je conclus que les vaisseaux propres sont des organes qui jouent un rôle dans la nutrition des végétaux. J’admis que ces Vaisseaux, recevant des tissus environnants les matières devenues inutiles, les soumettent à une élaboration nouvelle et 6h A. TRÉCUL. les rendent aux éléments soit fibro-vasculaires, soit purement utriculaires, avec lesquels 1ls sont en contact. Voici un fait nouveau qui semble donner aussi quelque appui à cette opinion. J'ai remarqué, dans le courant d'avril, que de jeunes racines d’Aralia edulis ne présentaient de grams d’ami- don que dans la rangée de cellules immédiatement en contact avec les cellules pariétales des vaisseaux propres, et que tout le parenchyme cortical environnant en était dépourvu. Quelques autres racines plus avancées montraient à cet égard quelques modifications différentes suivant leur âge, Dans les unes, ce qui restait des utricules du tissu parenchymateux primitif, et les rayons médullaires du premier ordre, renfermaient des grains amylacés ; au contraire, le parenchyme de l'écorce plus interne, dans lequel étaient déjà quelques vaisseaux propres, sauf les utricules contiguës aux cellules pariétales de ces vaisseaux, était privé d’amidon. Il y avait donc autour de chaque laticifère un anneau de cellules amylifères. Dans d’autres racines plus âgées, l'amidon apparaissait dans les cellules environnantes; enfin des racines encore plus avancées dans leur développement offraient de la fécule dans toutes leurs cellules parenchymateuses. En pourrait-il être ainsi si les vaisseaux propres n'étaient destinés qu'à recevoir des matières excrétées devenues complétement inutiles ? Il me paraît convenable de penser que le développe - ment de l’amidon dans ces cellules voisines des vaisseaux propres est favorisé par l'émission de sucs nutritifs par les latici- fères. Passons maintenant à l'examen de quelques-uns des pétioles qui offrent le plus d'intérêt. Ceux de ce groupe de plantes qui, par certains caractères extérieurs, se rapprochent du Panax crassifolium, méritent de fixer notre attention. Leur structure interne et la disposition de leurs vaisseaux propres accusent aussi leur parenté. À son insertion sur la tige, le pétiole offre de sept à neuf fais- ceaux fibro-vasculaires qui apparaissent rangés en arc sur la sec- tion transversale (ces deux chiffres peuvent se rencontrer dans DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES ARALIACÉES. 65 les feuilles d’un même rameau). Is n'ont pas de fibres du liber épaissies (1), et sont séparés les uns des autres par de larges espaces cellulaires ou très-grands rayons médullaires, dans cha- eun desquels sont des laticifères gommeux au nombre d’un à trois. L'un de ces vaisseaux est opposé à l'ouverture externe du rayon, l’autre à l'ouverture interne du même rayon, le troisième est entre les deux. Un ou deux de ces canaux peuvent manquer, et c'est rarement l’externe. Ils sont quelquefois unis par des branches transversales. Quelques autres vaisseaux propres sont épars dans le parenchyme embrassé par l'arc des faisceaux, et un ou deux sont parfois aussi dans le parenchyme externe au voisinage du faisceau médian. Chacun de ces faisceaux, dont les plus volumineux figurent un croissant sur la coupe transversale, peuvent se partager en deux, trois ou cinq, qui prennent des dispositions variées dont je vais indiquer les principales. C’est dans des dispositions ana- logues que s’observent les dédoublements de faisceaux que j'ai signalés à la page 250 du tome LXIIE des Comptes rendus. Dans les Aralia ou Panax dits Cook et crassifolium, c’est le faisceau médian que j'ai vu se diviser le premier. De chaque corne du croissant qu'il représente se détache un petit faisceau qui s'étend obliquement vers la corde de l'arc, c’est-à-dire vers la face interne du pétiole. À la même hauteur, ou un peu plus haut, les deux faisceaux voisins émettent de même, mais seulement par le côté tourné vers le faisceau médian, un fascicule semblable, qui a la même direction que les deux précédents. Ces quatre fais- ceaux s unissent diversement sur leur chemin, et, arrivés à leur destination, à la corde de l’are, ils s’y ajustent entre les faisceaux extrèmes de cet arc, qui se sont un peu rapprochés, et avec les- quels ils complètent de ce côté la zone fibro-vasculaire. Telle est la disposition générale observée dans les Panax Cook, crassifolium, trifoliolé, etc.; mais il y a quelques modifi- (1) Dutrochet, Meven, etc., ont signalé la modification du système libérien dans je renflement basilaire de quelques pétioles. Dutrochet, parlant de celui du Haricot, dit qu'il est porté à considérer ce liber comme arrêté dans son développement (Mé- morres, etc., 1837). 9° série, Bor. T. VII, (Cahier n° 2.) 4 0 66 A. TRÉCUL, cations que je ne puis Indiquer toutes 1c1. Dans quelques feuilles de Panax Lessonii, par exemple, ce n'étaient pas des branches du faisceau médian et de ses deux voisins qui allaient compléter la zone ligneuse sur la face interne du pétiole; c’étaient des rameaux de l’avant-dernière paire. De la première paire, voisine du faisceau médian par conséquent, partaient bien deux fasci- cules, mais il s’arrêtaient au milieu de la moelle, dans laquelle ils se prolongeaient verticalement jusqu’à une petite distance, en un seul petit vaisseau fibreux. À mesure que le renflement basi- laire du pétiole se rétrécit de bas en haut, les faisceaux, d’abord très -écartés, se rapprochent jusqu'à n'être plus séparés que par d’étroits rayons médullares qui sont ouverts vers l'écorce et vers la moelle, jusqu'à ce que plus haut ils soient obstrués par les cellules épaissies qui revêtent l’étui médullaire, et qui res- semblent aux fibres du liber qui sont à la face externe des fais- ceaux, sur toute la longueur de la partie rétrécie du pétiole. Ce simple rapprochement des faisceaux primitivement écartés constitue le cas le plus simple. Plus fréquemment 1l se détache de nouveau de chaque angle interne de quelques-uns des faisceaux primaires un fascicule qui s'oppose au rayon médullaire adja- cent, et, s’unissant avec son homologue fourni par le faisceau voisin, ils ferment ainsi tousles deux du côté de la moelle le rayon médullaire qui reste ouvert du côté de l'écorce. C’est en opposi- tion avec ces rayons médullaires, fermés ou non du côté interne, que sont placés les vaisseaux propres dans l'écorce. Un ou deux autres laticifères semblables peuvent être opposés au faisceau médian dans le parenchyme supra-libérien, comme je l'ai dit plus haut. On en trouve aussi un, deux ou trois, suivant la force des faisceaux, dans le tissu cribreux de chacun de ces derniers. I n'existe le plus souvent pas de vaisseaux propres dans la moelle au-dessus du renflement basilaire. Au sommet du pétiole appa- raît un autre renflement dans lequel les faisceaux s'isolent de nouveau, et là, sans fibres du liber épaissies comme en bas, ils forment un lacis auquel se mêlent des branches des vaisseaux propres (1). (4) Dans un rameau de Panax trifoliolé que j'ai sous les yeux, il y a deux feuilles DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES ARALIACÉES. 67 Dans la base engainante du pétiole du Fatsia japonica (Aralia japonica, Thunb), les faisceaux périphériques sont au nombre de dix à douze de chaque côté du médian ou dorsal; de ces fais- ceaux, qui se dédoublent plusieurs fois pour la plupart, en naissent un grand nombre qui se répandent dans tout le paren- chyme embrassé par l'arc des faisceaux externes. On compte à l'œil nu environ soixante de ces faisceaux vers la hauteur à laquelle se termine la gaine ; et un peu plus hauton en voit une partie arriver vers la face interne et compléter de ce côté le cylindre des faisceaux. Jusque-là 1l n'y a pas d'apparence de moelle centrale libre de faisceaux: mais un peu au-dessus les faisceaux abandonnent le centre, et graduellement, en montant, ces faisceaux centraux se rapprochent des plus périphériques, et vont se placer près d'eux, mais sur un plan plus interne, et vis- à-vis l'espace cellulaire qui sépare les uns des autres ces fais- ceaux les plus externes. Enfin, plus haut encore, les faisceaux des deux plans s'unissent par leurs côtés, et donnent lieu à une zone fibro-vasculaire continue très-sinueuse. Les vaisseaux propres, dans ie renflement du pétiole, sont répandus dans le collenchyme, dans le tissu cellulaire sous-jacent et dans le parenchyme imterposé aux faisceaux. Les vaisseaux propres de la région centrale, dispersés entre les faisceaux, suivent ces der- niers quand ils séloignent de l'axe ; ils restent mêlés à ces fais- ceaux jusqu'à Ce que ceux-ci soient unis en zone continue. Alors, dans la moelle, il ne se trouve plus de vaisseaux propres qu’à la périphérie, mais dans l'écorce il y en a dans le parenchymce supra-libérien et dans le collenchyme. Le pétiole de l’Aralia papyrifera présente à peu prés la même structure vers la base, c’est-à-dire que de nombreux fais- simples, ou mieux à une seule foliole, à pétiole très-court comme celui du Panax crassifolium, parmi les feuilles trifoliolées, qui sont très-longuement pétiolées; mais au sommet du pétiole de ces deux feuilles unifoliolées, est un sillon annulaire qui dénote ce que l’on nomme une articulation. À l’intérieur correspond une interruption de la moelle due à un rapprochement de quelques faisceaux qui rappelle le lacis qu existe en ce point dans les feuilles composées. Dans les feuilles simples du Panax cras- sifolium, un tel état de choses ne se présente ni à l'extérieur, ni à l’intérieur, où la moelle est continue du pétiole dans la nervure médiane. 56 A. TRÉCUL. ceaux sont épars dans sa partie renflée, au-dessus de laquelle ils abandonnent le centre, comme dans le pétiole du Fatsia; mais au lieu de se réunir en une zone continue autour de la moelle, qui devient fistuleuse, ils restent séparés sur des plans différents dans toute la longueur de la partie cylindrique du pétiole, sur trois ou quatre plans vers la base, sur trois ou deux vers le haut. Des vaisseaux propres sont interposés à ces faisceaux dans toute cette étendue. Il y en a aussi au pourtour persistant de la moelle, dans le parenchyme cortical et dans le collenchyme. Les coupes longitudinales pratiquées dans les tissus opposés à la partie fistuleuse ne m'ont fait voir qu'une seule anastomose. Les embranchements des vaisseaux propres y sont par consé- quent rares ; au contraire, les réunions de ces vaisseaux sont très-nombreuses dans toutes les directions de la partie renflée, à la base et au sommet de cet organe. L'espace me faisant défaut, je rappellerai seulement que la moelle des pétioles des Aralia racemosa, edulis, spinosa, chinensis, contient des faisceaux vasculaires intramédullaires (la tige des deux dernières espèces n’en renferme pas), et que leurs vais- seaux propres ont une distribution analogue à celle qui existe dans les jeunes rameaux. J'ajouterai aussi qu’au-dessous de l’in- sertion des folioles sur le pétiole commun (Aralia chinensis, Panax Lessonii, trifoliolé, pentaphylle, etc.), et au-dessous de l'insertion des nervures digitées des feuilles des Aralia papyri- fera, F'atsia japonica, etc., les faisceaux se mêlent, forment un lacis, tandis que les vaisseaux propres s'unissent les uns aux autres par des branches horizontales, d’une manière analogue à celle que j'ai décrite pour les mêmes organes des feuilles des Ombellifères les plus favorables. De ce lacis, les vaisseaux propres passent dans les nervures des feuilles, dont je vais m'occuper maintenant. L’arrangement de ceux des Aralia edulis, racemosa, Fatsia japonica, Hedera Helix, Paratropia macrophylla, etc., fournit encore un point de contact entre les Araliacées et les Ombellifères. Dans ces plantes comme dansles espèces de cette dermière famille que j'ai citées, les vaisseaux propres existent sur les deux faces des nervures, au DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES ARALIACÉES. 69 moins de celles de premier, deuxième, troisième et quelquefois de quatrième ordre. Dans la nervure médiane des foholes et dans les nervures secondaires, 1} y a ordinairement plusieurs vais- seaux propres sur le côté externe, et un nombre moindre, trois, deux ou un seul sur la surface supérieure (4). C’est ainsi qu'il existe cinq à six vaisseaux propres au côté externe de la nervure principale de l’Araha eduhs, et un seul au milieu du tissu cellu- laire qui occupe l'intérieur de l'arc fibro-vasculaire sur le côté opposé. Dans les nervures secondaires, 1l y a trois vaisseaux propres à la face externe, et un seul à la face interne. Dans de plus petites nervures, 1l existe un vaisseau propre sur chaque face; et dans de plus petites encore, on n’en trouve qu'un à la face inférieure, et enfin pas du tout. J'ai pu constater que les vaisseaux propres de la lame sont unis en un seul réseau con- tinu comme les nervures elles-mêmes. Dans le Fatsia japonica, un semblable réseau existe aussi; mais les mailles étant plus grandes, il est moins aisé à vérifier. Pourtant on peut voir avec facilité à la jonction des diverses nervures, au moins de celles de troisième ou de quatrième degré, l’anastomose de leurs vais- seaux propres. Comme ces nervures sont réticulées, il est clair que les vaisseaux propres le sont aussi. Dans la feuille du Lierre, les vaisseaux propres des nervures de troisième ou de quatrième degré sont plus gros sur la face supérieure que sur l’inférieure ; et dans celle de troisième degré, les vaisseaux propres manquent parfois à cette face inférieure. Dans de plus petites nervures, les vaisseaux propres de la face supérieure subsistent encore, quand il n’y en à plus sur le côté opposé. Un tel réseau n'existe pas dans les feuilles des Panaæ Lesso- nu, crassifolium, etc., puisqu'il n'y à même pas de vaisseaux propres dans toutes les nervures. En dehors du liber, je n’en ai trouvé que dans la nervure médiane, que l’espace ne me permet pas de décrire ici même sucemctement. Il ne serait pas impos- (4) L'Aralia spinosa m'a donné une exception. La nervure médiane des folioles ne m'a montré qu’un seul faisceau propre dans le tissu extra-libérien sur le côté infé- rieur, et un autre dans le tissu cellulaire embrassé par l’arc fibro-vaseulaire ; il y en a plusieurs autres dans le tissu cribreux. 70 A. TRÉCUL, sible, toutefois, qu’un tel réseau eût lieu à travers le tissu cri- breux dans lequel on remarque des vaisseaux propres, au moins dans le Panax Lessonti ; mais ce tissu ayant une grande den- sité, et les vaisseaux ne pouvant être isolés, puisqu'ils n’ont pas de membrane particulière, on ne saurait s'assurer de l’existence d’un tel réseau. Je terminerai ce que j'ai à dire des vaisseaux propres des feuilles par la disparition de ceux de la nervure médiane des feuilles du Panaæx crassifolium. Dans cette nervure médiane j'apercçois, un peu au-dessus de la base de la lame, de quatre à six Vaisseaux propres, dont chacun est opposé à un sinus dorsal rentrant du système fibro-vaseulaire. À quelques centimètres plus haut, 1l en a déjà disparu. Ceux qui restent, d’abord entourés de cellules parenchymateuses avec grains verts, sont plus haut peu à peu enclavés entre des cellules épaissies, semblables à celles du liber, qui ont été substituées aux cellules parenchymateuses plus larges. Ils peuvent, malgré cela, être encore environnés de leurs cellules pariétales à parois minces. En pratiquant des coupes de plus en plus haut, on voit ces vaisseaux resserrés entre les fibres se rétrécir par compression, et disparaître tout à fait, ainsi que les sinus parenchymateux qui se remplissent complétement de cellules libériennes. Le même phénomène est observé dans les feuilles du Panax Lessonii et du P. trifoliolé. Pour abréger encore, je ne dirai rien des vaisseaux propres des pédoncules. Je me contenterai, en terminant, d'indiquer les principales positions occupées par ces canaux dans quelques jeunes fruits. Sur une coupe transversale, prise vers le milieu de celui du Panax Lessonii, dont les cinq loges ont une forme très- irrégulièrement sinueuse, on trouve dix faisceaux périphériques: cinq sont opposés aux loges, et cinq aux cloisons. Chacun de ces dix faisceaux à un vaisseau propre de chaque côté, et quelque- fois un troisième vers la face interne ; je n’en ai point vu près de la face externe. Assez rarement, près de quelqu'un de ces fais- ceaux, il y a quatre vaisseaux propres, mais ils sont disposés sui- vant les angles d’un carré dont deux faces sont parallèles à la surface du fruit. Outre les vaisseaux propres qui accompagnent DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES ARALIACÉES. 71 les faisceaux opposés aux loges, celles-c1, près de leur dos très- élargi, sont pourvues de quatre, quelquefois de six vaisseaux propres, dont la position rappelle un peu les vitiæ des Ombelli- fères. Les faisceaux axiles de ce jeune fruit, situés au côté interne des cloisons, sont accompagnés chacun d’un, de deux ou de trois vaisseaux propres, disposés, soit sur le côté externe seu- lement, soit sur l’externe et l'interne à la fois. Enfin, dans la région moyenne de chaque épaisse cloison, il existe ordinaire- ment deux faisceaux vasculaires, un de chaque côté, et chacun d'eux a près de lui deux vaisseaux propres, ou seulement un, Parfois aussi un de ces deux faisceaux manque. Une coupe transversale faite au-dessus de la base d’un jeune fruit d’'Hedera Helix montre dans l’axe un faisceau opposé à chacune des quatre cloisons qui séparent les loges. Je n’ai point vu de vaisseaux propres auprès de ces faisceaux. Il en existe un, au contraire, près du côté externe des faisceaux périphériques, dont un est opposé à chaque loge, et un autre opposé au milieu de chaque cloison. Il y a, en outre, à des places indéterminées, principalement dans l'épaisseur de chaque cloison, trois à quatre petits faisceaux, qui sont accompagnés chacun d’un vaisseau propre souvent très-large. La distribution des vaisseaux propres offre une troisième mo- dification dans le jeune fruit de l’Aralia edulis. Le faisceau péri- phérique opposé à chacune des cinq loges a près de lui trois vais- seaux propres : un vers la face externe, et un à distance sur chacun de ses côtés. Je n’en ai aperçu que très-rarement un quatrième sur la face interne, entre ce faisceau et la loge. Au contraire, chaque faisceau périphérique opposé au milieu des cloisons en possède toujours un quatrième vers sa face interne, mais 1l est ordinairement plus grand que les autres et s’éloigne plus ou moins vers le milieu de la cloison. Assez rarement il y a encore un vaisseau propre dans une place indéterminée à l’inté- rieur d’une ou deux cloisons, sur l’un des côtés. De même que dans l’Hedera, je n'ai pas observé de vaisseaux propres près des faisceaux axiles, soit vers le bas des loges, où ils sont simples et opposés à celles-ci, soit plus haut où ils sont doubles et opposés #2 A. TRÉCUEL. aux cloisons. Vers le sommet des loges, il part de chacune de ces paires de faisceaux axiles deux faisceaux arqués, qui con- vergent vers chacun des cinq faisceaux opposés au milieu des cloisons. À la même hauteur, ou un peu plus haut, un faisceau s'étend, presque horizontalement aussi, du faisceau périphérique opposé à chaque loge, vers la base des styles. Au-dessus de ce faisceau et parallèlement à lui est étendu un vaisseau propre, qui, au-dessous de l’insertion des styles, rencontre deux autres canaux du suc propre. Ces trois vaisseaux s'unissent en un seul qui se prolonge dans le style correspondant. Je bornerai là cette communication. J’ajouterai toutefois, en finissant, que les Grisehinia litioralis, et lucida, et l'Adoæa Mos- chatellina, sur la place desquels les botanistes ne sont pas fixés, sont dépourvus de vaisseaux propres. OBSERVATIONS SUR CERTAINES EXCROISSANCES QUE PRÉSENTENT LES RACINES DB L’AUNE ET DU LUPIN DES JARDIN, Par M. Michel WVORONINE, On trouve assez communément sur les racines de l’Aune (Alnus glutinosa), surtout lorsqu'il croît dans les endroits ombra- vés etau bord de l’eau, de singulières excroissances, qu'on pour- rait comparer à des tubercules dont la surface serait mame- lonnée. Dans le principe, ces excroissances (pl. 6, fig. 2, 3) se mon- trent sous la forme de simples verrues, qui déjà se distinguent aisément des racines auxquelles elles adhèrent par leur forme et leur couleur. Elles sont plus grosses que ces racines, et elles prennent de très-bonne heure l'apparence de petits tubercules lobulés; leur couleur est le jaune brunâtre, tournant plus tard au rouillé ou au rouge brun. Les lobules ou mamelons de ces excroissances s’allongent bientôt en des sortes de branches, qui, elles-mêmes, ne tardent pas à se subdiviser tantôt dichotomi- quement, tantôt d’une manière tout à fait irrégulière. Ces divi- sions ou segmentations étant toujours assez courtes et excessive- ment serrées les unes contre les autres, il en résulte qu’au premier abord on a de la peine à reconnaître leur vraie relation mutuelle, qui est, ainsi que nous venons de le faire entendre, celle des diverses parties d’une grappe (racemus). Ce travail de ramification se continuant, les excroissances deviennent de plus en plus volumineuses ; elles atteignent peu à peu la grosseur d’une Noisette, puis celle d’une petite Pomme (pl. 6, fig. 1), et enfin (mais ce dernier cas paraît assez rare) la grosseur du pong d'un homme. Il est probable que beaucoup de personnes ont remarqué ces singuliers renflements des racines de l’Aune. Déjà en 1829, le 7! M. WORONINE. docteur J. Meyen les avait signalés (1) ; toutefois, la description la plus exacte et la plus détaillée, avec figures explicatives, en a été donnée par Schacht (2). Rossmässler, dans son ouvrage in- titulé la Forét (3), fait aussi mention de ces excroissances. Quant à la cause qui les produit, on peut dire qu'elle est encore totalement inconnue. Le docteur J. Meyen, qui avait entrepris de prouver que les plantes parasites, telles que le Rafflesia, le Brugmansia, les Rhizanthées, les Balanophorées, le Lathræa, les Orobanches, etc., dérivent des racines d’autres plantes, sans provenir de semence, rangea aussi les excroissances des racines d'Aune dans ce qu'il appelait les pseudomorphoses, I] prétendit que la partie interne de chaque renflement, qui terminait les ranufications de la racine, était une production parasite, qui, sans arriver au degré de développement d'un Lathræa, d'un Balanophora, etc., n'en était pas moms l’analogue de ces tu- meurs parasitaires qu'on trouve dans le corps des animaux, et qui y vivent d’une vie propre et indépendante (4). Schacht, de son côté, considère les renflements dont il est question ici comme une déformation particulière des racines latérales ou secondaires, déformation qui serait la conséquence d'une division dichotomique maintes fois répétée de l'extrémité de ces racines. Il cite plusieurs fois (5) ces déformations comme n'étant point anormales ; dans d’autres passages de ses ouvrages, au contraire (par exemple dans Der Baum, 1860, p. 172-174), il admet, ou paraît admettre, qu'elles sont des radicules anor- malement arrêtées dans leur développement, et qui, par une cause inconnue, n’ont pas pu parvenir à l’état de véritables ra= cmes. Il compare les renflements des racines de l'Aune aux (1) Flora, 1829, p. 55 et suivantes. (2) Flora, 1853, p. 261 et suivantes, planche IV. — Beiträge zur Anatomie und Physiologie der Gewächse, 1854, p. 160, planche IX, fig. 3-10. — Leñrbuch der Ana- tomie und Physiologie der Gewächse, 1659, t. IT, p. 147, fig. 497. — Grundriss der Anatomie und Physiologie der Gewächse, 1859, p. 121, fig. 93. — Der Baum, 1860,p. 172-174, fig. 125. (3) Der Wald, 1863, p. 418. (4) Docteur J. Meyen, Abhandlung über das Hervorwachsen parasitischer Gewächse aus den Wurzeln, etc., in Flora, 1829, p. 49 et suiv. (5) Flora, 1853, p. 10-11. OBSERVATIONS SUR LES TUBERCULES DES RACINES DE L'AUNE. 79 excroissances lobulées qu'on rencontre sur les racines de quel- ques autres plantes, telles que les Cycas, les Zamia, le Cerato- zamia, le Laurus canariensis, etc.; mais ni pour les unes, ni pour les autres, il n'explique comment elles se produisent. Rossmässler (loc. cit.) laisse de même la question sans réponse. Le docteur G. V. Saeger {1) est d'avis que les renflements des racines, chez les Aunes, ne sont rien autre chose qu’une hyper- trophie maladive des tissus causée par la piqûre d'un imsecte; en un mot, il en fait l’analogue de ces excroissances que tout le monde a observées sur les branches des Rosiers, des Saules, des Pins, etc., et qui sont effectivement le résultat de piqûres d'insectes. Pendant l'été et l'automne derniers (1865), ayanttrouvé, pour la première fois et en grande quantité, aux environs de Saint- Pétersbourg, ces singulières excroissances des racines d’Aune, j'ai saisi l'occasion qui s’offrait de les étudier et, s’il se pouvait, d'en découvrir la cause. Je vais faire connaître 1c1, en peu de mots, le résultat de mes recherches. Dans les racines de l’Aune saines et Jeunes, mais déjà bien développées en longueur et en épaisseur, je distingue, en allant de l'intérieur à l'extérieur, les trois parties suivantes : 1° un faisceau vasculaire central; 2° le parenchyme qui l'entoure, et 3 l'écorce. La moelle centrale, que Schacht indique dans les racines non-seulement de l’Aune, mais de tous les arbres dicoty- lédonés, n’exisie pas ici, Mes propres observations me per- mettent d'affirmer l'exactitude de celles de Tchernaïeff sur la structure des racines des arbres dicotylédonés, observations qui ne concordent point avec celles de Schacht, au sujet de cette prétendue moelle centrale, Les coupes longitudinales et trans- versales des excroissances des racines d’Aune (pl. 6, fig. 6) y font reconnaître la même structure générale et le même arran- sement des éléments du tissu que dans les racines proprement dites, avec cette seule différence que le parenchyme qui sépare l'écorce du faisceau vasculaire central est ici beaucoup plus (1) Ueber eine krankhafte Veründerung der Blüthen-Organe der Weintraube ; in Flora, 1860, p. 49. 76 M. WORONINE, épais ; car, tandis que dans la racine normale ce parenchyme se compose de quatre à six couches cellulaires seulement, il en a de quinze à vingt, ou même davantage, dans les excroissances des racines. Schacht ne dit rien de cette différence d'épaisseur, mais on reconnaît sur les figures (pl. IX) de ses Beitræge zur Anatomie und Physiologie der Gewæchse qu’elle ne lui a pas échappé. On en a la preuve surtout par la figure 7 de la planche que je viens de citer, car on y voit, à côté d’une coupe longi- tudinale d’une jeune racine normale, une autre coupe pareille- ment longitudinale d’une excroissance de même âge. Quand on examine attentivement au microscope (et des gros- sissements de 90 à 120 diamètres y suffisent amplement), sur des tranches minces de ces excroissances, le contenu des cellules du parenchyme, on reconnaît que la plupart de ces cellules sont remplies de’petites vésicules sphériques, incolores et pressées les unes contre les autres; j'en donnerai un peu plus loin la des- cripton. Si l’on divise à l’aide d'épingles, et toujours sous le microscope, une tranche très-mince de ce parenchyme, on obtient des fragments composés seulement d’un petit nombre de cellules, et par là très-faciles à observer ; et comme quelques- unes ont été déchirées, on envoit sortir les corpuscules vésicu- leux et sphériques dont je viens de parler. Que sont ces corpus- cules ? Rien autre chose qu'un Champignon parasite, ainsi que me l’ont fait reconnaître de nouvelles observations, aidées de plus forts grossissements. Ce qui me reste à faire, c’est donc de faire ici l’histoire du développement de ce parasite. Les hyphes, c'est-à-dire les filaments du mycélium de ces parasites, sont exclusivement intercellulaires ; à cause de leur ténuité (leur diamètre est de 0"*,0008 à 0"",0016), on ne peut les apercevoir distinctement qu'avec un grossissement de h80 diamètres et plus. Ils sont très-peu ramifiés, parfaitement incolores, et, à ce qu'il paraît, dépourvus de cloisons trans- versales, si ce n’est dans des cas exceptionnels. Ces filaments donnent naissance à de courts prolongements latéraux, qui percent les parois des cellules du parenchyme et pénètrent dans leur cavité, pour envoyer de là dans tous les sens, en OBSERVATIONS SUR LES TUBERCULES DES RACINES DE L'AUNE. 77 suivant le contour de la périphérie intérieure des cellules, de nombreux ramuscules entrelacés. Les extrémités de chacun de ces ramuscules se renflent d'abord légèrement en massue, puis srossissent insensiblement et se changent en sphérioles, qui ne sont autre chose que ces petites vésicules rondes, incolores, et pressées les unes contre les autres, déjà indiquées plus haut. Quoique leur véritable nature organique me soit encore Imcou- nue, j'admets hypothétiquement que ce sont les organes re- producteurs du Champignon parasite, et je leur donne le nom de spores. Le développement de ces spores est en général très-rapide, et leur grosseur définitive peut être évaluée de 0°", 048 à 0"",0059. Ordinairement, mais pas toujours, elles sont isolées, par une cloison, du ramuscule qui leur sert de pédicelle, et la cloison elle-même ne se confond pas avec la paroi de la spore, mais est située un peu plus bas, de sorte que l'extrémité du pédicelle paraît comme articulée. La membrane de la spore est, de même que celle des filaments du mycélium, très-fine et incolore. Au milieu du contenu pareïllement inco- lore, granuleux, mais très-homogène de la spore, il m'est arrivé quelquefois de trouver une grauulation plus grosse, qui n’était peut-être qu un nucléus de cellule. La forme des spores, ainsi que Je l'ai déjà dit plusieurs fois, est parfaitement sphérique ; cependant 1l s'en présente aussi de forme allongée ou un peu aplatie, et même plus ou moins polyédrique. Il ne m'a pas été possible de reconnaitre dans ces spores une vraie gemmation ; cependant ] en ai vu deux ou trois qui, sans se détacher de leur pédicelle, émettaient un court filament, dont l'extrémité se ren- flait en une nouvelle spore toute semblable à la précédente. Le pédicelle peut lui-même se ramifier, et, outre la spore terminale et principale, en porter deux ou trois secondaires. Les réactifs chimiques que J'ai employés ne m'ont rien fait voir de parti- culier ; par l'iode les spores se sont colorées en jaune, puis, par addition d’acide sulfurique, en jaune brun foncé. Par ce qui vient d’être dit du développement et des relations mutuelles des spores de notre parasite, on voit que leur ensemble, dans chacune des cellules qui les contiennent, rappelle exacte- 78 M, WORONINE, ment la forme d’un Raisin, c’est-à-dire d'une sorte de thyrse, dont l'axe principal tire son origine d’un mycélium répandu entre les cellules d’un autre végétal. Nous avons donc affaire 1c1 à un Champignon entophyte, dont le mycélium est intercellu- laire, mais dont la fructification est rigoureusement mtracel- lulaire. | Quand on dissèque sous le microscope des tranches minces enlevées sur les excroissances des racines d’Aunes, on peut assez facilement séparer les unes des autres, sans les rompre, les ra- mifications de ces grappes de spores; mais quand elles sont arrivées à un certain âge elles se désagrégent d'elles-mêmes, et l’on ne trouve plus que les membranes vides et mortes, tant des spores que des filaments mycéliens auxquels elles étaient attachées. Quant à dire ce que devient ultérieurement le parasite qui nous occupe, c'est ce que je ne suis pas encore en état de faire ; il faudra pour cela de nouvelles observations. Lorsque les ex- croissances des racines d’Aunes sont anciennes, les mamelons qui les recouvrent prennent une teinte foncée, presque noire ; leur surface est comme desséchée et ridée, et assez souvent même l'écorce sen détache à certains endroits, surtout au sommet des mamelons. On voit alors qu'entre cette écorce morte et desséchée et le faisceaux vasculaire central, également des- séché, le parenchyme a disparu, laissant un vide plus ou moins grand à la place qu'il occupait (1). Ce fait n'a pas encore été . expliqué ; mais il est vraisemblable qu’il se rattache aux phéno- mènes de la vie du Champignon parasite, et en conséquence il ne doit point être perdu de vue dans les recherches dont ce pa- rasite pourra encore être l’objet. Au surplus, quelque valeur qu’on attache au fait lui-même, je crois qu’on est suffisamment autorisé à considérer les excroissances des racines d'Aunes comme un produit morbide d’une nature spéciale, et dont la (1) Meyen (loc: cit., p.57 et 58) avait déjà remarqué cette disparition du paren- chyme des excroissances. Il essaye de l'expliquer en disant que sans doute elles conte- naient un noyau, qui est sorti lorsqu'elles se sont ouvertes ou excoriées par l'effet de la vétusté: OBSERVATIONS SUR LES. TUBERCULES DES RACINES DE L'AUNE. 79 seule cause, ou au moins là cause la plus prochaine, est la pré- sence du Champignon que j'y ai découvert. Ce qui me confirme dans cette manière de voir, ce sont surtout les deux circon- stances suivantes, savoir : 1° que ce Champignon, et ce Cham- pignon seul, accompagne constamment les excroissances ou hypertrophies des racmes d'Aunes ; 2° que tous les observateurs qui mont précédé s'accordent à dire que les excroissances en question ne se montrent que dans les terrains humides, au bord des rivières ou même dans l'eau. Je dois dire toutefois que je lés ai aussi trouvées, quoique très-rarement, sur les racines d'Aunes qui croissaient dans des terrains secs ou sabloneux. Les recherches ultérieures feront connaître comment le parasite pénètre dans les racines de ces arbres, comment il s'y développe, et ce que deviennent ces cellules sphériques, que j'ai supposées ci-dessus être des spores ou corpuscules propagateurs. On ne peut pas douter, je crois, que le Champignon ne soit pérennant, par cette raison déjà que les tumeurs qu'il occasionne devien- nent d'année en année plus volumineuses. Leur croissance est d'ailleurs très-lente : sur les racines d’Aunes obtenus de semis et âgés de un à deux ans, ainsi que sur les très-jeunes racines des vieux Aunes, elles sont toujours très-petites, tandis que celles d’un grand volume, celles, par exemple, qui atteignent à la grosseur du poing, ne se montrent que sur de très-vieilles ra cines. je ferai encore observer que j'ai trouvé ces excroissances non-seulement sur les racines de l’Alnus glutinosa Willd., mais aussi, et par deux fois, sur celles de l’A/nus incana Willd.; je les ai vues de même sur de tout jeunes sujets en pots de l’Ælnus glu- tinosa var. subbarbata, àgés de deux ans, que je tenais de l’obli- geance de M. le docteur Regel, directeur du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg, Parmi les ouvrages de botanique mycologique à consulter pour reconnaître la place que ce Champignon parasite doit occuper dans la classification, le premier qui se présente à l’es- prit est le traité de Nægeli, intitulé Pilse im Inneren von Zellen (Champignons dans l’intérieur des cellules ; in Flora, 18h, p. 278etsuiv.), traité où se trouve décrit, entre autres, un Cham- 80 M. WORONINE. pignon découvert dans les racines de plusieurs espèces d’Iris, et. qu'il nomme Schinzia cellulicola. Ce Champignon, qui végète comme celui de l’Aune dans l’intérieur de cellules, me semble s'en rapprocher beaucoup, surtout par ses organes reproduc- teurs ou supposés tels ; aussi n’hésité-je pas à le regarder comme congénère de ce dernier. En conséquence, je l'appelle, au moins provisoirement, le Champignon de l’Aune (Schinzia Alni). Que le genre Schinzia soit très-voisin de l’'4chlya, comme le pense Nægeli, c'est ce dont il n’y a pas lieu de s’occuper en ce moment, et ce qui d'ailleurs ne pourra être décidé que par de longues et minutieuses recherches sur le développement de ces deux groupes de végétaux parasites. Lorsque je me fus bien convaincu que les renflements des ra- cines de l’Aune sont toujours accompagnés du parasite ci-dessus | décrit (Schinzsia Alni), et que, selon toute probabilité, ils sont occasionnés par sa présence, l’idée me vint d'examiner au mi- croscope les excroissances des racines de quelques autres plantes. Au dire de Schacht, on trouve de semblables excroissances sur les racines secondaires et aériennes de plusieurs Cycadées et du Laurus canariensis, ainsi que sur les racines souterraines de quelques Légumineuses (Lupins et Trèfles de diverses espèces). N'ayant pas à ma disposition une quantité suffisante de racines de Laurier des Canaries, je me suis contenté provisoirement d'examiner les renflements que portent les racines des Lupins ordinaires de jardin (Lupinus mulabilis Lindl., L. Cruikshank-- sit). Ces recherches me donnèrent les résultats suivants : En ce qui concerne la figure et la grosseur des renflements ou excroissances qui naissent sur le pivôt et les racines secondaires du Lupin commun des jardins (Lupinus mutabilis Lindl.), ils apparaissent d’abord sous la forme d’un petit tubercule, dont le diamètre est à peine de 1 à 2 millimètres. Plus ce corps s'accroît, plus sa surface, d’abord unie, devient inégale et bosselée. Lorsqu'il est entièrement développé, il res- semble à une grappe dont les grains seraient serrés les uns contre les autres. | Le nombre de ces excroissances sur les racines d'une même | | OBSERVATIONS SUR LES TUBERCULES DÉS RACINES DE L'AUNE. 81 plante, ainsi que les points qu’elles occupent, varient considé- rablement ; toutefois, on ne les trouve que rarement aux extré- mités des radicules ; plus ordinairement elles sont situées sur les côtés des racines. Dans ce dernier cas elles sont tantôt par- tielles, c’est-à-dire n'embrassant qu'une partie plus ou moins considérable du pourtour de la racine ; tantôt complètes, et alors semblables à des tubercules de forme irrégulière qui se- raient traversés de bout en bout par le corps de la racine (fig. 3). La plus grosse excroissance de cette espèce qu'il m'ait été donné de rencontrer sur les racines du Lupin avait de 1 1/2 à 2 centimètres d'épaisseur. Quant à leur coloration, elle est la même que celle de la racine, c'est-à-dire jaune brunâtre. Lorsqu'on dissèque sous le microscope ces sortes de tubéro- sités par des coupes longitudinales et transversales, on reconnaît que du faisceau vasculaire central de la racme s’échappent d’autres faisceaux vasculaires plus déliés qui vont se diviser, et _ finalement se perdre dans le tissu parenchymateux des excrois- sances. La répartition de ces filets vasculaires entre les cellules du tissu se fait très-irrégulièrement, et, à leur terminaison, ils ne se composent ordinairement que d'un très-petit nombre de vais- seaux, quelquefois d’un seul. Ce qu'il y a de plus remarquable dans la structure de ces excroissances, C'est qu’on y trouve deux sortes différentes de tissu parenchymateux, séparés l’un de l’autre en deux couches distinctes par les faisceaux vasculaires qui pénètrent dans l'ex- croissance ets y ramifient. L'un de ces tissus, qui est indiqué sur la figure 12 (pl. 6) par une ombre légère, est toujours en de- dans de l'épanouissement des faisceaux vasculaires : nous pou- vons le nommer parenchyme intérieur ; l'autre, qu'on a laissé en blanc sur les mêmes figures, s’appellera le parenchyme exté- rieur, puisqu'il se trouve toujours en dehors de l’espace circon- serit par les faisceaux vasculaires, et qu'il enveloppe de tous côtés l’autre espèce de parenchyme. Ce parenchyme extérieur nest, à proprement parler, qu’une extension du tissu cellulaire 9° série, Bor. T. VII. (Cahier n° 2.) 2 6 82 M. WORONINE. de l'écorce même de la racine du Lupin, et 1l consiste, comme le fait voir la figure 14, en une couche épaisse de cellules poly- gonales, dont les plus rapprochées de la surface de l'excroissance sont toujours beaucoup plus grandes que celles qui avoisinent la limite du parenchyme intérieur. Leur contenu est un liquide complétement incolore, aqueux, dans lequel sont suspendus de rares grumeaux de matière plasmatique. Les parois de ces cel- lules sont ordinairement incolores comme le liquide qu'elles contiennent ; cependant celles des deux ou trois couches exté- rieures, qui constituent ce qu'on peut appeler l'épiderme de l’excroissance, sont habituellement de couleur jaune brun. Le parenchyme intérieur est, comme nous allons le voir tout à l'heure, un tissu très-singulier sous bien des rapports. J'ai dit plus haut qu'il constitue des masses de cellules entourées par les ramifications des faisceaux vasculaires. Chacune de ces masses parenchymateuses croît en s’allongeant del'intérieur vers la péri- phérie de l’excroissance, de sorte que les cellules du centre sont toujours les plus développées et les plus anciennes, tandis que les plusextérieures, c’est-à-dire celles qui regardent la périphé- rie de l’excroissance, sont les plus jeunes et les plus petites. Ces jeunes cellules, qui sont encore dans la période de croissance et de division, peuvent être considérées comme la couche végétative de la masse cellulaire, car l'agrandissement de cette dernière re- pose entièrement sur leur activité. La partie jeune de cette masse apparaît, comme nous le voyons 1ci sur une coupe trans- versale, sous la forme d’un cône arrondi, à contour régulier ; mais on voit assez souvent aussi ce contour se diviser en lobules. Ces lobules sont généralement très-irréguliers ; c’est, du reste, de leur forme et de leur disposition que dépend l'apparence ma- melonnée de l’excroissance elle-même de la racine. Le contenu des cellules du parenchyme intérieur est un plasma incolore peu transparent, mucilagineux, qui contient d'abord (c’est-à-dire dans ses plus jeunes cellules) un nombre très-restreint de granulations. Lorsque les cellules sont un peu plus âgées, les granulations s'y montrent en nombre beaucoup plus considérable ; à un degré de développement encore plus 2 OBSERVATIONS SUR LES TUBERCULES DES RACINES DE L'AUNE. 83 avancé, ces corpuscules ont perdu leur forme sphérique initiale, pour prendre celle de petits cylindres ou plutôt de bâtonnets d’égale épaisseur dans toute leur étendue. Les cellules qui con- tiennent maintenant ces corpuscules allongés, et qui sont pour la plupart à peu près aussi larges que longues, ont de 0"*,020 à 0"",040 ; quelquefois cependant elles sont sensiblement plus longues dans un sens que dans l’autre, leur plus grand diamètre pouvant être de 0"",039 à 0"",064, le plus petit étant de 0"",016 à 0“",028. On reconnaît en même temps que ces cellules, jadis polygonales, se sont graduellement arrondies, et qu'elles com- mencent à se séparer les unes des autres. Vers cette même pé- riode de développement, on remarque encore que plusieurs de ces cellules contiennent, outre les corpuscules en forme de bâton- nets, un corps beaucoup plus volumineux qui rappelle quelquefois un nucléus de cellule bien déterminé, mais dont la forme la plus ordinaire est celle d’une étoile irrégulière et à contours indécis. On dirait que ce corps émet dans tous les sens des processus mu- cilagineux. La nature morphologique et la signification de ce corps me sont restées inexpliquables. La désagrégation du paren- chyme intérieur en ses cellules élémentaires, désagrégation qui commence par les parties les plus anciennes et les plus dévelop- pées des excroissances, est déjà en elle-même un phénomène très-remarquable ; mais ce qui est plus curieux et plus remar- quable encore, c'est ce qui suit : si l’on dépose sur une plaque de verre, dans de l’eau très-pure, quelques-unes de ces cellules désagrégées, on trouve dans cette eau, au bout d’un petit nombre d'heures (de six à huit et quelquefois moins), de petits corps allongés, tout à fait identiques de forme et de grandeur avec les corpuscules en forme de bâtonnets, que nous avons vus plus haut être renfermés dans les cellules du parenchyme, et, chose singulière, la plupart sont doués de la faculté de se mouvoir avec plus ou moins de rapidité. Peu d’instants suffisent pour faire reconnaître que ce sont effectivement les mêmes corpus- cules qui sont sortis de leurs cellules, et qui se meuvent en toute liberté dans l’eau. Leur locomotilité n’est pas ce qu'on a appelé du nom de mouvement moléculaire ; &’est un mouvement spon- 8h | M. WORONINE, tané et qui leur est propre, car on les voit souvent traverser le champ du microscope avec la rapidité d’une flèche. On peut, du reste, reconnaître déjà par transparence, dans l’intérieur des cellules, les mouvements de ces petits corps. Si l’on examine, parmi les cellules du parenchyme, celles dont le développement est le plus avancé, les plus müres pour ainsi dire, on voit dans leur intérieur une masse toute composée de ces corpuscules agglomérés et immobiles ; mais entre cette masse, qui ne remplit pas toute la cellule, et les parois de cette dernière, 1l existe un intervalle rempli de liquide transparent, dans lequel s’agitent çà et là des corpuscules détachés de la masse (fig. 17). Lorsque les cellules du parenchyme sont mises dans l’eau, la membrane ténue qui en constitue les parois se dissout, et les corpuscules sont mis en liberté. On voit alors avec une grande netteté que les petits corps ne se meuvent pas tous en même temps; que, même après la dissolution ou la résorption de la membrane cel- lulaire, 1ls restent quelque temps encore agglomérés autour du corps nucléiforme ou étoilé dont 1l a été question. plus haut (fig. 15,16, 17), puis que successivement 1ls s’en détachent pour se disperser de tous côtés, et, pour ainsi dire, voltiger dans l’eau qui les entoure. Ces corpuscules ont à peine 0°" ,0016 à 0"",0028 de longueur ; l’iode les colore en jaune; un mélange d'iode et d'acide sulfurique en jaune plus foncé ou jaune brun. Sous tous les rapports, ils ont la plus grande ressemblance avec ces orga- nismes de nature douteuse, qu'on désigne sous les noms de Bacterium Duj., Vibrio Ehrbg., Zooglæa Cohn., etc. (1), et l'on pourra, sans violenter les analogies, les ranger dans la même classe. Il est difficile de dire au juste combien de temps peut durer la faculté locomotrice de ces petits êtres: dans quelques cas, j'en ai vu plusieurs se mouvoir encore avec agilité après douze, dix- huit et même vingt heures de séjour dans l’eau ; d’autres fois, (1) Voyez Recherches sur l’histoire du développement des Champignons et des Alques microscopiques (Untersuchungen über die Entwickelungsgeschichte der microscopis- cher Algen und Pilze), par le docteur Ferd. Cohn, dans les Mémoires de l’Académie Léopoldine et Caroline, t. XVI (1854), p. 123. OBSERVATIONS SUR LES TUBERCULES DES RACINES DE L'AUNE. 85 leur mouvement avait déjà cessé au bout de trois à six heures. Ceux chez qui le mouvement s’est arrêté subissent bientôt de singulières transformations : d’abord ils s'allongent, puis ils se divisent en fragments, qui ont aussi l'apparence de petits bâton- nets ; on les voit aussi produire des sortes de gemmes, qui tantôt se détachent du corpuscule mère, tantôt lui restent adhérents, et représentent par leur réunion des figures variées, celles, par exemple, de colliers, de croix, de filaments moniliformes, etc. Ici s'arrêtent mes observations sur le développement des petits corps vibrioniformes des excroissances du Lupin. Je n'ai pas réussi à les faire vivre assez longtemps dans l’eau ou dans une solution sucrée pour pouvoir dire ce qu’ils deviennent ultérieu- rement ; cependant je crois qu'il est permis de conclure de mes observations, en attendant que des circonstances plus favorables permettent de les continuer, que les excroissances des racines de Lupins doivent être classées au nombre des productions mor- bides, et que la cause première de l’altération doit en être cher- chée dans la présence même des corpuscules vibrioniformes. Les tubérosités des racines de l’Aune et celles du Lupin sont donc sous certains rapports des phénomènes identiques. Dans les deux cas, le phénomène est produit par un organisme étranger ; dans l’Aune, cet organisme est un Champignon entophyte, que je désigne provisoirement sous le nom de Schinzia 4 lni; dans le Lupin, c'est un corpuscule analogue aux Vibrions ou aux Bac- téries, doué de locomotilité, et se reproduisant par seissiparité ou gemmation. Mais de quelle nature est ce dernier organisme ? Vit-1l de sa vie propre, et la forme sous laquelle je l'ai vu est-elle définitive? Telles sont les questions que je m'adresse, et la seule réponse que Je puisse y faire c'est qu'il faudra encore beaucoup de recherches et d'observations pour éclairer ces points obscurs. EXPLICATION DE LA PLANCHE 6. Fig. 4. Une grosse excroissance de racine d’Aune de grandeur naturelle. Fig. 2-3. Excroissances plus jeunes, également de grandeur naturelle ; fig. 2, prise sur l’A/nus glutinosa, fig. 3, sur sa variété subbarbata. Fig. 4. Partie d’une coupe transversale faite à travers une excroissance de racine d’Aune, vue à un grossissement de 120 diamètres ; faisceau vasculaire au centre; 7, écorce. 86 M. WORONINE. Entre l'écorce et le faisceau vasculaire, se trouve le parenchyme p, dont les cellules sont remplies par le Champignon parasite, le Schinzia Alni. Fig. 5, Grossissement 480 diamètres. Une des cellules de ce parenchyme isolée pour montrer comment les filaments de mycélium intercellulaire entre dans la cellule et y fructifient. La fructification intracellulaire est encore très-jeune ici, de sorte que les petites vésicules rondes, supposées être les spores du Champignon, sont encore peu reconnaissables à ce degré d’avancement. Fig. 6. Grossissement 712 diamètres. Cellule du parenchyme d’une excroissance de racine d’Aune isolée. Cette figure montre les filaments du mycélium du Cham- pignon parasite, rampant à l'extérieur des cellules, tandis que la fructification de ces filaments est entièrement intracellulaire, c’est-à-dire dans l’intérieur même des cellules. Fig. 7. Même grossissement. Grappes de spores du Schinzia Alni extraites des cellu- les qui les renfermaient. Fig. 8, 9, 10, 11. Excroissances des racines tuberculeuses du Lupin commun des jardins (Lupinus mutabilis), de grandeur naturelle. Les états de développement successifs sont indiqués par les numéros. Les excroissances se trouvent, ou sur les racines latérales, ou sur le pivot. Fig. 12. La même coupe transversale vue à la loupe. Fig. 13. Coupe longitudinale passant par le milieu d’une excroissance du pivot de la racine du Lupin, vue simplement à la loupe ; a, p, parenchyme externe ; 7, p, pa- renchyme interne ; g, b, faisceaux vasculaires. Fig. 14. Grossissement, 120 diamètres. Partie d’une tranche très-mince enlevée par une section transversale d’une excroissance de racine de Lupin. 4, p, parenchyme extérieur ;v, p, couche végétale du parenchyme intérieur. Fig. 15. Cellules müres du parenchyme intérieur, désagrégées, vues sous un grossis- sement de 320 diamètres ; on voit entre la membrane incolore qui constitue la paroi de la cellule et la masse du contenu un étroit espace, rempli par un liquide plas- matique transparent, et dans lequel se meuvent les corpuscules allongés ou bâton- nets. Fig. 16. Grossissement, 320 diamètres. Bâtonnets ou corpuscules vibrioniformes mis en liberté par suite de la fonte ou de la résorption de la membrane cellulaire. Fig. 17. Grossissement, 620 diamètres. La membrane cellulaire est ici entièrement résorbée ; on voit les corpuscules vibrioniformes agglomérés autour de la masse nucléiforme étoilée r, qui survit à la membrane cellulaire. Fig. 18. Grossissement, 620 diamètres. Corpuscules vibrioniformes arrivés à la pé- riode d’immobilité ; leur forme se modifie, et ils donnent lieu, par gemmation, à des formes nouvelles de diverses figures. La plupart des figures ont été dessinées à la chambre claire. LES ANTHÉROZOIDES DES CRYPTOGAMES, Par M. £. ROZE. Les découvertes successives, dans presque toutes les classes de Cryptogames, de corpuscules motiles auxquels 1l serait au- jourd'hui difficile de ne pas attribuer un rôle essentiel dans l'acte fécondateur, semblaient par cela même devoir établir une différence profonde entre le mode de fécondation de ces plantes inférieures et celui des Phanérogames. Chez celles-ci, en effet, le représentant de l'élément mâle n’est autre que le liquide gra- nuleux contenu dans le prolongement du tube pollinique, et l'acte fécondateur peut, jusqu’à un certain point, se réduire à une mystérieuse action endosmotique. Mais, chez les Crypto- games, quel sera le mode d'action de leurs anthérozoïdes dans cet acte fécondateur? Les belles expériences de MM. Thuret, Pringsheim et Cohn sur la fonction réservée à l’anthérozoïde dans la fécondation des Algues, tout en jetant une vive clarté sur cette question, avaient, ce me semble, conduit à généraliser trop hâtivement des faits qu'il n’était pas possible de constater avec certitude chez les autres classes de Cryptogames. Du moins, c’est ainsi qu'on en était venu à admettre que ces cor- puscules motiles étaient tout entiers les représentants de lélé- ment fécondateur ; puis, de ce qu'on les regardait comme uni- quement constitués par des filaments ciliés, 1l en résultait que l'opinion généralement accréditée était que la fécondation chez les Cryptogames, par le fait même de ces filaments séminaux (Samenfaden), devait être toute différente de celle des Phanéro- games. Cependant, grâce aux progrès de l'optique, qui permettent aujourd hui d'observer plus nettement les détails des infiniment pets, des opinions nouvelles ne devaient pas tarder à se pro- 88 | E. ROZE. duire. Le dernier mémoire äe Schacht (1), publié spécialement sur ce sujet, fut du nombre. Dans ce mémoire, Schacht se pro- nonca clairement contre l’opinion qui réduisait l’anthérozoïde à un simple filament cilié. Après avoir commencé par établir trois types d'anthérozoïdes (2), celui des Algues, celui des Cha- racées et des Muscinées, et celui des Équisétacées et des Crypto- games supérieures, d’après leur forme et le nombre de leurs cils, il étudia avec soin leur origine, leur motilité, et chercha à pénétrer plus avant qu'on ne l'avait fait dans le secret de leur composition intime. Toutefois, ses considérations, tirées non point des résultats d'observations directes sur les anthérozoïdes de tous les groupes de Cryptogames, mais seulement de quelques études sur des anthérozoïdes d'Équisétacées, de Fougères, de Characées et d'Hépatiques, et, quant au reste, de la comparaison des descriptions de plusieurs auteurs, se trouvaient par cela même privées des éléments nécessaires à une généralisation absolue. Aussi Schacht ne vit1l, dans l’anthérozoïde, « qu'un » corpuscule mou et extensible, porteur de deux ou plusieurs » cils, répondant à une cellule qui serait, 1l est vrai, dépourvue » de tissu cellulaire, mais limitée par une enveloppe protoplas- » matique contenant elle-même un liquide granuleux et se pro- » longeant au dehors en cils d’une extrême ténuité »; ce qui néanmoins le conduisait, tout en restituant à l’anthérozoïde la structure compliquée qu'on lui refusait, à le regarder encore comme étant tout entier le représentant de l'élément mâle. C'est en effet ce qui fait l'objet de ses conclusions, lorsqu'en le com- parant avec le tube pollinique, après avoir fait remarquer « que » la membrane cellulaire qui enveloppe le tube pollinique n’est » pas directement en cause dans l'acte fécondateur » , il dit que » les mêmes éléments dont se compose le contenu du tube pol- » linique sont épars dans le spermatozoïde » . Or, peu de temps avant le mémoire de Schacht, j'avais déjà été assez heureux, à la suite de recherches sur les anthérozoïdes (1) Die Spermatozoiden im Pflanzenreich, 1864. (2) On s’apercevra aisément, par la comparaison des descriptions qui vont suivre, que la classification de Schacht n’est pas aussi facile à établir qu'il le supposait. LES ANTHÉROZOÏDES DES CRYPTOGAMES. 89 des Polytrichs, pour entrevoir que le rôle de ces corpuscules motiles n’était pas aussi simple que devait plus tard le supposer Schacht lui-même. Depuis, guidé par limportance des faits nouveaux que m'avaient offerts les Muscinées, Je tins compte de la répétition des mêmes phénomènes que me présentaient les autres classes de Cryptogames. Jarrivai de la sorte, en poursui- vant l’observation pendant et après le mouvement cihare de l’anthérozoïde, à reconnaître d'abord que si l'allongement du tube pollinique n’a d'autre fin que celle d'amener au sac em- bryonnaire la substance fécondatrice, l’anthérozoïde ne devait avoir en réalité, de son côté, que la même fonction à remplir à l'égard de l’archégone; puis, que si le contenu du tube pol- linique peut à juste titre suffire à représenter l'élément mâle, il était toujours possible d'isoler sur l’anthérozoïde l’équivalent de ce même contenu, en tenant compte seulement de ceci, que l'élément fécondateur qui s’élabore lentement dans le tube pol- linique se trouve tout préparé chez l’anthérozoïde. Ce qui pouvait se résumer en ces termes, que l’anthérozoïde est un tout composé de deux parties très-distinctes : l’une, dont la vitalité n’est accusée que par le mouvement, c’est l'appareil moteur ; l’autre, qui semble jouir d'une vitalité propre, c’est l'élément fécondateur. Un rapide exposé de mes observations sur les diverses classes de Cryptogames fera, je l'espère, mieux saisir l'importance de cette distinction fondamentale. [Il ALGUES. — Je n'ai pu observer jusqu'ici, dans cette immense classe de végétaux, que les anthérozoïdes de Fucus. serratus. Mais je tenais à pouvoir constater la structure que présentent ces anthérozoïdes et à suivre les effets endosmotiques produits par l'eau ambiante sur leur masse inerte. On sait que ces corpus- cules bi-ciliés sont constitués par une vésicule allongée, hyaline, qui contient vers le milieu de sa longueur un granule orangé _très-apparent et dont chaque extrémité est terminée par un cil vibratile. Observée sur un anthérozoïde inerte, cette vésicule (1) (1) Du moins, mes propres observations me portent à la considérer comme telle, car 90 E. ROZE. se gonfle peu à peu dans l’eau de mer où le corpuscule a effectué ses derniers mouvements, jusqu’à ce qu'elle arrive, au bout d’un certain temps, à présenter la forme d’un globule sphéroïdal : J'ai pu y noter alors l'apparition de quelques vacuoles et la sub- division en 3-4 fragments du granule orangé primitif; quant aux Cils, 1ls paraissent diminuer insensiblement de longueur, mais sans offrir de modification appréciable dans leur consti- tution intime. Les réactifs chimiques se comportent sur ces an- thérozoïdes comme l’a signalé M. Thuret : en contact avec la solution iodée, la masse vésiculiforme jaunit faiblement et le granule orangé se colore en vert sale, réaction qui peut s’expli- quer par la coloration bleu amylacé du granule dénaturée par . la persistance de sa teinte orangée. De cet ensemble d’observa- tions, rapproché de tout ce qui a été publié d’identique sur la classe des Algues, et particulièrement des anthérozoïdes immo- biles d’un grand nombre de ces végétaux, il me semble plau- sible de considérer la masse vésiculiforme de ces anthérozoïdes, abstraction faite des cils, comme un centre vital essentiellement doué d’une action fécondatrice, que l’on regarde cette vésicule comme constituant elle-même l'élément mâle, ou le granule orangé comme représentant à lui seul l'unique agent féconda- teur. Nous retrouverons en effet dans les anthérozoïdes des autres classes de Cryptogames, soit une vésicule enveloppante, soit des granules libres. Dans tous les cas, n'oublions pas de noter, d'un côté, la vitalité manifeste de cette vésicule plasmatique, de l'autre, l’anéantissement graduel des organes moteurs. IT CHaraACÉEs. — Chez les Characées, l’anthérozoïde, comme l’a très-bien décrit M. Thuret, est constitué par un filament bi-cilé à trois tours de spire : les deux cils sont insérés vers l'extrémité antérieure ; à l’autre extrémité, le filament se bour- soufle de facon à présenter l'aspect d’une vésicule allongée. Au je n’ai pu, lors des dernières ondulations ciliaires, reconnaitre que son intérieur fût plutôt rempli par une masse plasmatique que par un liquide. hp eat. LES ANTHÉROZOÏDES DES CRYPTOGAMES. 91 | moment où l’anthérozoïde s'échappe de sa cellule mère (1), et | tant qu'il se montre doué de toute sa motilité, le plus souvent même jusqu'aux dernières ondulations ciliaires, ce renflement vésiculeux conserve sa forme primitive : on y distmgue alors une sorte de mucilage granuleux et 3-4 vacuoles. Mais quelque | temps après, et dès qu'on a pu constater l’immobilité du corpus- | cule, on voit cette vésicule se gonfler peu à peu, et dans certains . cas même prendre, par l'effet endosmotique de l’eau ambiante, la forme d’un sphéroïde régulier dans lequel s’agite un grand nombre de très-fines granulations. Quant au filament cilié, 1l | perd toute sa rigidité et ne subit aucune modification appré- | ciable. Ici donc, le centre vital est bien évidemment représenté par | cette vésicule plasmatique dont le contenu, au seul contact de l'eau, passe par toutes les phases de transformation d’une sub- stance assimilatrice. Je ferai remarquer aussi que cette vésicule présente un phénomène également commun à l’anthérozoïde du Fucus serratus et à tous les anthérozoïdes en général : c’est que l'effet endosmotique semble ne se produire qu’en raison de limmobilité du corpuscule, comme si la rapidité de la progres- sion empêchait l’action du liquide environnant. Toujours est-il que cette vésicule peut être considérée ici comme l’équivalente de la masse vésiculiforme de l’anthérozoïde du F'ucus, dont les | deux cils se trouvent représentés chez les Characées par la spire | bi-ciliée, ce qui ne constitue en somme qu'un organe moteur | plus complexe (2). | (1) Quelques Algologues rattachent ce petit groupe de végétaux à la classe des Algues. Mais, si par certains caractères il peut en effet s’en rapprocher, il n’est pas | inoins vrai qu'il s’en éloigne sous d’autres rapports et en particulier par la genèse de ses anthérozoïdes. Ainsi, chez les Algues, l’anthérozoïde paraît être dépourvu d’une cellule mère proprement dite, l'anthéridie servant à l’évolution commune de plusieurs anthé- ka Chez les Characées, au contraire, la fonction de l’anthéridie se complique de ki à produire autant de cellules mères qu’il y a d’anthérozoïdes. Seulement, ces | cellules mères se perforant pour livrer passage au corpuscule se distinguent par leur | persistance de celles des autres Cryptogames où la mise en liberté de l’anthérozoïde effectue au contact de l’eau par la dissolution, souvent rapide, de la paroi cellulosique \de la cellule mère enveloppante. | { (2) Voy. Bull. Soc. bot. de France, 1864. t. XI, p. 225. | | 92 | E. ROZE. III Muscinées. — Les différences très-sensibles que j'ai constatées dans la structure des anthérozoïdes des trois groupes de Musci- nées rendent nécessaire d'en spécialiser la description. Si effec- tivement leur structure dans chacun des groupes peut se résumer en un type particulier, il me paraît au contraire difficile de pouvoir fondre ces trois types en un type unique. Hépatiques. — Des recherches faites sur les anthérozoïdes du Riccia Bischoffii, du Fossombronia pusilla, du Pellia epiphylla et de quelques autres espèces (Marchantia polymorpha, Antho- ceros lœvis, Frullania dilatata) dont la petitesse relative des anthérozoïdes ne m'a pas permis d'en faire une étude aussi satisfaisante, il me paraît résulter que la forme typique de ces corpuscules chez les Hépatiques peut se ramener à un filament bi-cilié, décrivant de un et demi à trois tours de spire, et ter- miné par un appendice vésiculiforme qui se comporte au sein du liquide comme celui de l’anthérozoïde des Characées. Seu- lement ici, le mucilage granuleux de cette vésicule est remplacé par un petit nombre de granules (6 à 12) doués d’un très-vif mouvement brownien, et c’est par la subdivision successive de ces granules que la vésicule, en se gonflant, finit par se remplir de très-fines granulations. Je ferai remarquer de plus que la très- vive oscillation des granules peut s’observer déjà au sein de cette vésicule sur l’anthérozoïde encore enfermé dans sa cellule mère. Aussi n'est-il point besoin de parler ici de l'opinion des obser- vateurs qui avaient cru pouvoir attribuer la présence de cette vésicule à la persistance même de la cellule mère, alors que l’on peut constater dans cette propre cellule à paroi cellulosique la préexistence de la vésicule plasmatique. On arrive donc aux mêmes conclusions que celles déduites des anthérozoïdes des Characées, soit pour l'organe moteur, soit pour la vésicule ou centre vital proprement dit. Sphaignes. — L'anthérozoïde de ce petit groupe de Musci- nées se rapproche, par sa structure, beaucoup plus du type des Hépatiques que de celui des Mousses, Mais ce qui lui est tout LES ANTHÉROZOIDES DES CRYPTOGAMES. 98 à fait spécial, c’est l’organisation même de la vésicule allongée qui termine le filament bi-cilié à deux tours de spire. En effet, cette vésicule est entièrement remplie par un grain de fécule, lequel même en occupe si exactement la cavité qu'il n'est pas facile à première vue de distinguer la membrane enveloppante du granule contenu; mais l'mertie de l'anthérozoïde en permet plus aisémentla constatation, car la vésicule en se gonflant prend insensiblement la forme sphéroïdale et laisse voir alors dans son liquide intérieur osciller le grain amylacé. Ici du moins ressort très-nettement ce fait que si le centre vital de l'anthérozoïde peut se résumer däns la vésicule plasmatique, la substance assimila- trice qu’elle renferme, grâce à sa composition parfaitement déterminée, pourrait servir peut-être à faire pressentir le véri- table rôle du corpuscule fécondateur. Mousses. — La structure de l’anthérozoïde des Mousses pro- prement dites est si singulière et leur est si bien spéciale, qu'il est impossible de retrouver un type identique, soit dans les autres Muscinées, soit dans les diverses classes de Cryptogames. Chez celles-ci, en effet, la substance assimilatrice transportée par l’an- thérozoïde sera toujours protégée par une vésicule plasmatique ; dans les Mousses, au contraire, cette même substance est direc- tement appliquée sur le filament spiral bi-cilié, de façon à s’en séparer immédiatement après l’inertie de cet organe moteur. Elle y est représentée par des granules amylacés dont la réu- nion constitue ce prétendu renflement qui, signalé à la base du filament des anthérozoïdes des Polytrichs, m'a paru être situé au milieu même de ce filament dans tous les genres des autres Mousses acrocarpes que J ai pu étudier. L'adhérence de ces gra- nules au filament bi-cilié est probablement due à une certaine viscosité que présente le filament à ses divers points d’adhérence. Quoi qu'il en soit et de quelque façon qu'on envisage ce fait, il est difficile de ne pas voir là, d’un côté, une substance assimila- trice neltement définie, non plus enveloppée, mais libre ; de l’autre, un organe moteur indépendant dont la fonction cesse avec le mouvement qui lui est propre (1). (1) Voy. Bull, Soc. bot. de France, 1864, t, XI, pp. 107, 413 et 293. DA E, ROZE. IV Schacht avait établi son second type d’anthérozoïdes sur la présence d’une spire bi-ciliée; son troisième type se trouvait représenté par une spire hérissée de cils et terminée, comme la précédente, par une vésicule plasmatique. On a déjà pu voir, pour le second type, qu'il était nécessaire de tenir compte des notables modifications de structure présentées par les Musci- nées; on verra de même que si la spire ciliée pouvait servir à formuler une troisième forme typique, 1l faudra tenir compte en outre de l’adhérence de la vésicule qui ne s'effectuera plus, comme le croyait Schacht, à l'extrémité postérieure de la spire, mais qui aura leu dans toute la longueur du filament, ou seu- lement sous son extrémité antérieure. Du reste, la structure de l’anthérozoïde des Selaginella, pour se rapprocher, par son fila- ment bi-cilié, du deuxième type de Schacht, s'éloignerait, on le conçoit, très-difficilement de la forme typique des Cryptogames supérieures. Le nombre des cils n’est donc pas d’une importance majeure dans la classification des types d’anthérozoïdes, d’au- tant que la raison même de leur nombre nous échappe encore entièrement. Toutefois, comme nous pourrons, dans le plus grand nombre des cas, noter également l'indépendance réelle de la vésicule et sa faible adhérence à l'organe moteur, nous retrouverons par conséquent encore là, d'un côté, l'équivalent de la masse vésiculiforme de l’anthérozoïde du Fucus serratus, de l’autre l'équivalent de son organe moteur : ainsi, la vésicule et la substance assimilatrice toujours similaires; seul et plus compliqué, l’organe moteur, c’est-à-dire plus de puissance dans la motilité, mais identité dans la fonction. : Équiséracées. — Le type normal, sous lequel peut se repré- senter l’anthérozoïde des Équisétacées, est une spire hélicoïdale, ciliée sur sa partie supérieure et dont le dernier tour en s’élar- gissant embrasse, en la contournant, plus du tiers de la vésicule captive. Cette vésicule, en effet, se trouve dé la sorte tellement maintenue dans les contours de la spire, qu'il lui est impossible de s'en dégager, d'autant que les premiers tours de cette spire LES ANTHÉROZOÏDES DES CRYPTOGAMES. 95 ne paraissent pas doués, comme dans les Fougères, de la faculté de se dérouler par extension longitudinale. Peut-être y a-t-1l une adhérence telle entre le sommet de la spire et le pôle voisin de la vésicule, que ces deux parties d’un même tout ne puissent s’éloi- gner l’une de l’autre? Toujours est-il que l’anthérozoïde, même immobile, se présente constamment sous la forme normale d'un sphéroïde assez régulier. Quant à sa progression, on con- coit qu'elle ne peut être fort rapide, en raison même de sa struc- ture sphéroïdale : aussi peut-on ramener ses divers mouvements à la simple rotation autour de l’axe et à des oscillations successives autour du pôle supérieur comme centre. Les derniers phéno- mènes que puisse révéler l'étude prolongée du corpuscule merte se résument dans la transformation insensible des granules amy- lacés primitifs en une sorte de mucilage granuleux rempli de vacuoles, et dans le gonflement simultané de la vésicule qui finit par éclater dans le liquide environnant (4). FoucÈres. — Ce que je viens de dire, au sujet de l’anthéro- zoïde des Équisétacées, explique aisément la forme de l’anthé- rozoïde des Fougeres. En effet, donnons au premier une struc- ture telle qu'il puisse dérouler en s’allongeant chacun des tours de sa spire ciliée ; attachons ensuite la vésicule dans l'intérieur de cette spire, et cela au moyen d’un mucus extensible qui, se détachant successivement des derniers tours au fur et à mesure de leur extension, ne conserverait plus d’adhérence qu'avec la parte interne du premier tour spiral, nous obtiendrons néces- sairement par cette légère transformation du type primordial, d'abord que le mouvement de la spire sera plus rapide puisqu'il s'effectuera aisément suivant les lois de la rotation de l’hélice autour de son axe; ensuite, que la vésicule, grâce à sa sphéri- cité, offrant par contre un certain obstacle à la progression, à cause de la résistance qu'elle éprouve de la part du liquide am- biant, tendra forcément de son côté à demeurer en arrière. D’où résultent un allongement très-sensible de la spire et cette situa- tion extrème de la vésicule qui, se trouvant elle-même dans l'axe (1) Voy. Bull. Soc. bot. de France, 1865, t, XII, p. 356. 96 E. ROZE. de l’hélice, c'est-à-dire ne correspondant pas au mouvement, présentera de plus ce phénomène singulier de rester, pour ainsi dire, immobile quand la spire eliée exécute ses plus rapides rota- tions. Du reste, cette vésicule de l’anthérozoïde des Fougères se comporte identiquement comme celle de l’anthérozoïde des Équisétacées, avec lequel on peut dire que cet anthérozoïde ne présente en somme qu'une légère différence de structure, celle de leur appareil moteur (1). ‘ V Isogrées. — La spire de l’anthérozoïde des Fougères, comme celle de l’anthérozoïde des Équisétacées, a plutôt la forme d’un ruban que d’un filament cylindroïde; c’est cette dernière forme au contraire que présente celle de l’anthérozoïde des Isoétées et des autres Crvptogames supérieures. Dans les Isoétées, ce fila- ment hélicoïdal porte d’ailleurs une crête de cils comme les spires plates des deux groupes précédents; mais de plus, 1l a la faculté de se dérouler et de s’allonger dans presque toute sa lon- gueur, au point que, dans la rapidité de son mouvement, 1l est parfois difficile d'y discerner une forme hélicoïdale. Dans le même temps, la vésicule reste elle-même assez loin en arrière de la spire, ce qui, à première vue, la simule fixée à son extrémité postérieure. Mais en l’observant quelque temps après, et lorsque l'anthérozoïde ne tarde pas à subir l'effet d’un ralentissement dans sa progression, on peut alors remarquer que cette vési- cule se rapproche imsensiblement de la partie antérieure du ila- ment cilié, pendant que de son côté le filament cilié reprend lui- même peu à peu sa structure hélicoïdale nettement définie. Eafin, l’'immobilité de l’anthérozoïde le ramène à une forme voi- sine du type primordial des deux groupes précédents, par suite du gonflement très-manifeste de la vésicule, de la transformation endosmotique de son contenu granuleux et de l’affaissement ultime du filament cilié qui finit par se trouver enroulé en spi- rale autour de cette sphère plasmatique (2). (4) Voy. Bull. Soc, bot. de France, 1864, t. XI, p. 225. (2) Voy. Bull, Soc. bot. de France, 1864, t, XI, p. 293. LES ANTHÉROZOIDES DES CRYPTOGAMES. 97 SÉLAGINELLÉES, — Ce groupe de plantes qui, sous le rapport de la reproduction, s’éloignent sensiblement des vraies Lycopo- diacées par la présence de spores sexuées, n’a pas, que je sache, été l’objet de recherches spéciales depuis la publication du beau travail de M. Hofmeister (2). Or, des semis de Selagi- nella Martensii qui, à trois reprises différentes, m'ont donné identiquement les mêmes résultats, m'ayant permis avec l’em- plor de puissants objectifs de compléter sur quelques points les observations de M. Hofmeister, je crois qu’il ne sera pas sans intérêt de faire précéder 1c1, par quelques détails nouveaux sur la fécondation de ce Selaginella, l'histoire de ses anthérozoïdes. Le premier point qui semblait ressortir des recherches de M. Hofmeister était le peu de concordance du développement intime des microspores et des macrospores, relativement à l'ac- tion des anthérozoïdes sur les archégones du prothallium. Ce point douteux me paraît complétement éclairer par les résultats suivants : dans mes semis, faits sur du charbon végétal pulvé- risé et maintenu très-humide, des deux sortes de spores du S. Martensi obtenues plus de trois mois auparavant par la des- siccation en sachets de papier de rameaux fructifères, l'époque des fécondations ne variait que de la sixième à la huitième semaine, et celle de l'apparition des plantules de la septième à la neuvième semaine, ce qui, terme moyen, réduit pour cette espèce à deux mois la durée de la période génératrice. J'ajouterai que dans l’évolution concomitante des deux sortes de spores, un premier phénomène se manifeste sur celles d’entre elles qui ont été recueillies au moment précis de leur maturité. Je veux parler de leur déhiscence, produite par l'écartement des trois valves supérieures. Les macrospores sont alors couron- nées par un parenchyme hyalin sur lequel se discernent déjà, quatre par quatre, les cellules archégoniales ; quant aux micros- pores, constituées par une double enveloppe, une externe, épaisse et inerte, l’autre interne, membraneuse, hyaline et extensible, elles laissent voir dans leur intérieur, à travers cette (4) Vergleichende Untersuchungen, etc., 1851 (Ann. des sc. nat., 3° série, 14852, t XVIII, p. 472). 5€ série. Bot, T. VIT. (Cahier n° 2.) Ÿ 7 98 AR | KE. ROZE. endospore qui, en gonilant, à écarté les valves de l'épispore, une agglomération de 30-40 cellules inères d’anthérozoïdes. C’est par une sorte de déchirement de cette endospore que ces cellules mères, à leur maturité, sont projetées dans l’eau environnante. Quelques minutes suffisent pour achever la dissolution dans l’eau de leur membrane cellulaire, et permettre à l’anthérozoïde, ainsi is en liberté, de nager très-rapidement dans le liquide. Je dois direici que l'extrême petitesse de ces corpuscules (le diamètre de Jeurs cellules mères n’estque de 0°",006) jointe à la difficulté de leur préparation, fe m'a permis d'en étudier la structure qu'à la condition de répéter mes observations sur des semis différents, Néanmoins, j'ai pu noter, el Je crois, avec certitude, qu'ils sont constitués par un filament bi-cilié, enroulé en spirale autour d’üne vésicule de 0"*,003 à 0®®,004 (mesure moyenne) dont l'intérieur présente cinq ou six granules tres-petits qui, lors de l'inertie de l'anthérozoïde, paraissent doués, comme les granules amylacés des autres anthérozoïdes, d'un très-vif mouvement brownien. Les deux cils sont assez longs; mais leur longueur m'a paru devoir être égale à celle du filament spiral, si ce der- nier se mesurait déroulé. Le mouvement du corpuscule dû à l'agitation ciliaire peut se ramener à une rotation autour de son axe : cette rotation ést accompagnée d'une progression oscilla- toire, parfois si rapide, qu'il devient alors impossible de discer- ner non-seulément les cils, mais la vésicule elle-même. A ce pro- pos, je ne crois pas devoir passer outre sans mentionner en pas- sant les résultats moins satisfaisants que m'ont donnés quelques études faites sur des semis de microspores de Selaginella Galeottii et caulescens, I1 m'en est resté en effet ce doute que toutes les espèces dé Selaginella ne présenteraient peut-être pas, sur leurs añthérozoïdes, une vésicule aussi développée que celle du S. Mar- tensii. Dans ce cas, la vésicule encore rudimentaire, au moment de la mise en liberté de l’anthérozoïde, paraltrait ne devoir gon= fler qu'ultérieureinent, ce qui dès lors rapprocherait le type des anthérozoïdes de ces Selaginella de celui des Isoétées. Quoi qu'il en soit, ces diverses observations m'auront du moins permis de constater que dans ce groupe de Cryptogames, se retrouvaient, LES ANTHÉROZOIDÉS DES CRYPTOGAMES. 49 encore, à côté d'organes moteurs, les éléments nécessaires à une assimilation fécondatrice. Raizocarpées. — Dans ce pelit groupe de Cryptogames supé- rieures, j'ai pu observer sur les anthérozoïdes du Pilularia glo- bulifera et Sur ceux du Salvinia natans, que l'appareil moteur, représenté par un filament cilié dans presque toute sa longueur, est très-manifestement indépendant de la vésicule plasmatique : ceci se vérifie aisément sur les anthérozoïdes qui n’ont pas encore atteint leur développement normal. Dans ce cas, en effet, les filaments ciliés ont si peu d’adhérence avec la vésicule, qu'il n'est pas rare de les voir se détacher peu de temps après la sortie de la microspore; ce fait s’observe très-fréquemment chez le Pilularia, en raison d'un phénomène propre à ce genre de plantes. Ainsi, lors de la déhiscence des conceptacles, les micro- spores et les macrospores sont évacuées au dehors, au sem d'un mueus hyalin, gélatineux, qui met plusieurs Jours à se liquéfier dans l’eau environnante. Or, à mesure que ce mucus perd de sa consistance, les spores subissent simultanément les effets de leur évolution ; de telle sorte qu’au moment précis où l’archégone de la macrospore attend le corpuseule fécondateur, les anthéro- zoïdes s'échappent eux-mêmes de la microspore. Mais alors, le mucus, par l'effet d’une dissolution graduelle, à disparu pour faire place à l’eau envahissante, et c'est au sein de cette eau même que l'anthérozoïde peut gagner la macrospore. C’est done à ce moment précis qu'il faut recueillir des anthérozoïdes pour les observer à leur complet état de développement; par suite, toutes les microspores retirées du mucus encore persistant ne dévront fournir que des anthérozoïdes anormaux, c’est-à-dire des anthérozoïdes dont lé filament cilié sera déjà doué de mo- ülité avant que la vésicule elle-même soit définitivement con- stituée, C’est effectivement ce que prouve l'observation, qui permet de constater alors le déroulement progressif du filament cilié, et d'assister aux divers mouvements dont parait douée cétte spire déroulée, soit qu’elle tourne en cercle ainsi qu'un ressort de montre, soit qu’elle progresse en décrivant une sorte 100 E. ROZE. de reptation ondulatoire. H n'est donc pas difficile, après cela, de s'expliquer pourquoi Jusqu'ici les observateurs, et tout ré- cemment M. Hanstein, ont pu décrire l’anthérozoïde du Pilu- laria en le réduisant à son appareil moteur. Mais des observa- tions, faites en temps utile, m'ont permis de constater que cet anthérozoïde, à l'époque précise de sa maturité, présente tou- jours intimement soudé à la vésicule le filament cilié, et que cette vésicule, qui renferme 6-8 grains amylacés, subit les trans- formations signalées sur celles des anthérozoïdes des autres classes de Cryptogames (1). Des études toutes récentes sur le Salvinia natans sont venues du reste confirmer les résultats de ces observations sur le Pilu- laria. Et cependant, le Salvinia, en raison même de la compli- cation de son organisation, se comporte différemment dans les préliminaires de la génération. Ainsi, chez lui, point de vitalité dans les enveloppes des sporocarpes, point de mucus protecteur au sein duquel s'effectue l’évolution simultanée des spores; mais une destruction lente des conceptacles, et par suite la mise en liberté des spores après le déchirement des enveloppes pro- tectrices. Une autre distinction essentielle ressort aussi de l’évo- lution des spores génératrices et du renouvellement graduel des organes fécondateurs : chez le Pilularia, en effet, les micro- spores n’émettent qu'une seule fois des anthérozoïdes, et les macrospores ne donnent naissance qu'à un seul archégone, tandis que chez le Salvinia, les microspores émettent successi- vement plusieurs tubes anthéridiens, et le prothallium des ma- crospores présente le développement graduel de 4-5 archégones. Néanmoins, la préparation des anthérozoïdes du Salvinia offre les mêmes difficultés pour l'étude que ceux du Pilularia, en raison surtout de l'immersion continuelle des microspores, qui leur permet d'effectuer leur émission d’anthérozoïdes à la matu- rité même de ces corpuscules fécondateurs. En effet, il en résulte nécessarrement que, dans le plus grand nombre des cas, on peut ne les observer qu’à un état de développement incom- plet, d'autant que la simple pression du verre à couvrir sur les (1) Voy. Bull. Soc. bot. de France, 1865, t. XII, p. 356. LES ANTHÉROZOIDES DES CRYPTOGAMES. 101 préparations suffit pour soumettre les tubes anthéridiens à une déhiscence anticipée; par suite, on n'obtient de la sorte qu’une émission d’anthérozoïdes dont le filament cilié offre d'ordinaire peu ou point d'adhérence à la vésicule plasmatique, ce qui pro- vient de ce que la formation ciliaire précède toujours celle de la substance assimilatrice. Or, dans le cas normal, cette vésicule (1) fait au contraire corps avec le filament cilié, qui ne s’en détache même que très-rarement et qu'après la complète mertie du cor- puscule. Cette vésicule est dans ce cas sphéroïdale ; le filament cilié décrit autour d’elle un tour complet de spire d’un pôle à l’autre de la sphère : il porte 8 longs cils dont les ondulations rapides lui donnent une motilité très-vive. La vésicule contient d'ordinaire 4 grains amylacés et bon nombre de granules de même composition. Du reste, on y constate les mêmes transfor- mations endosmotiques que sur celle de l'anthérozoïde du Pilu- laria. Dans les Rhizocarpées, se retrouvent donc encore ces deux parties bien distinctes d’un même tout : la vésicule plas- matique et l'appareil moteur, c'est-à-dire l'enveloppe de la sub- stance assimilatrice et son organe de translation. (1) Je ne crois pas avoir ici besoin de m'appesantir sur la distinction à établir entre la cellule mère de l’anthérozoïde et sa vésicule proprement dite. Les observateurs qui ont confondu ces deux productions si différentes ne pouvaient cependant mieux trouver que dans le Salvinia la constatation d’un fait dont la singularité devait à juste titre attirer leur attention. Il est, en effet, pour ainsi dire impossible d’en observer un anthé- rozoide dépourvu de cette vésicule. On comprend dès lors toute la valeur de l’objection que se posait M. Pringsheim, lorsqu’après avoir avoué «qu'il n'avait pu constater si l’anthérozoide se délivrait de la cellule mère dans laquelle il se trouvait enfermé», il déclarait «que cela n’avait pas lieu avant son entrée dans l’archégone, ce qui ne laissait pas que d’être surprenant, etc...» (Prinsgheim, Jahrbücher, etc., 1863, Morphologie der Salvinia natans). Schacht, en signalant lui-même le fait, avait du reste déjà entrevu ce qu'il y avait de fondé dans cette objection. En effet, l’erreur de M. Pringsheim ne reposait que sur une illusion d'optique: ce qu’il regardait comme une cellule-mère n'est qu'une vésicule plasmatique, et le filament cilié qui lui paraissait interne par rapport à la cellule mère, décrit extérieurement une spire autour de cette vésicule. Quant à l'interprétation que M. Hofmeister a donnée du même fait, bien qu'il eùt reconnu que le filament cilié füt en dehors de la prétendue cellule mère, il ne faut, pour se l'expliquer, que se reporter à l'opinion professée par le célèbre observateur qui regardait ces anthérozoïdes comme uniquement constitués par des filaments ciliés. 109 | | E. ROZE, La conclusion, qui semble venir d'elle-même terminer -ce ra- pidé exposé, peut se résumer en ceei : que l'anthérozoïde n’est en réalité qu’un agent de transport chargé d'opérer le rappro- chement entre les deux éléments sexuels. Car, au fond, ce qui sépare nettement des Phanérogames, les Cryptogames douées de ces corpuscules motiles, c’est le milieu qui sert à faciliter ce rapprochement; et cela même n'est-il pas remarquable que l'air soit le véhicule réservé aux utricules polliniques, alors que l'eau se trouve être exclusivement le milieu nécessaire à la fécon- dation de ces plantes inférieures? Ce milieu, du reste, nous explique la présence de l'organe moteur de l’anthérozoïde, car nous retrouvons ce même organe chéz les animaux dont les spermatozoïdes exigent aussi pour se mouvoir, soit un liquide spécial, soit l’eau elle-même propre à la fécondation de la plu- part des aquatiques et amphibies. Quant à l'essence de l'acte fécondateur, longtemps encore elle restera probablement à l’état de problème insoluble; cepen- dant, si la connaissance des éléments prèts à l'effectuer peut constituer une donnée positive qui aide à en découvrir la solu- tion, je croirai ne pouvoir mieux terminer qu'en appelant parti- culièrement l'attention sur l'organisation de l'anthérozoïde des Mousses, dans lequel sé résument si nettement, et la fonction de l'organe et la composition de la substance fécondatrice. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE VII. _ Fucus serratus L. (gr. 1500/1), Fig. 4. Anthérozoide en mouvement. Fig. 2. Le même, quelques heures après la cessation du mouyement. Chara fœtida Al. Braun (gr. 1200/1). Fig. 3. Anthérozoïde en mouvement. Fig. 4, Le même, inerte. Pellia epiphylla Nees (gr, 1200/1). Fig. 5. Anthérozoïide dans $a cellule mère. Fig. 6. Anthérozoïde dont le mouvement commence à se ralentir. LES ANTHÉROZOIDES DES CRYPTOGAMES. 103 Sphagnum cymbifolium Ehrh, (gr. 1500/1). Fig. 7. Anthérozoide en mouvement. Fig. 8. Le même, une heure environ après la cessation de tout mouvement. Mnium hornum L. (gr .4200/1). Fig. 9. Anthérozoïde en mouvement. Fig. 10. Le même, inerte. Atrichum undulatum Pal. de Beaux. (gr. 1200/1). Fig. 41. Anthérozoide en mouvement. Fig. 12. Le même, inerte. Equisetum arvense L. Fig. 13. Anthérozoïde en mouvement très-lent (gr. 800/1). Fig. 44: Le même, une heure environ après La cessationdetout monvement (2 r ,1200/1). Pteris anguta: Vall, (gr, 1800/1). Fig, 45. VA PME en mouvement, | Fig. 16.. Le même, une heure environ après la cessation de out à Mouv ement. Fig. 17. Le même, deux heures plus tard. Isoetes lacustris L, (gr.!1600/1). Fig. 18. Anthérozoïde en mouvement. Fig. 19. Le même, après la cessation de tout mouvement. Fig. 20. Le même, deux heures plus tard. Selaginella Martensii et Galeottii Spring (gr. 1600/1). Fig. 24. Anthérozoïce vu de face; b, le même, vu d’en haut(S. Martensi). Fig. 22, Autre forme d’anthérozoide (S, Galeotti). Pilularia globulifera L. (gr. 600/1). Fig. 23. Anthérozoïde incomplétement développé, encore adhérent à sa cellule mère le filament cilié est presque entièrement détaché de la vésicule. | Fig, 24. Le filament cilié, détaché de la vésieule, doué d'un mouvement rotatoire assez rapide. | {, + Fig. 25. Le même filament, dans un mouvement de reptation. Fig. 26. Anthérozoide normal, en mouvement, | Fig. 27. Le même, une heure après la cessation de tout mouvement, Salvinia natans Hoffim. Fig. 28 et 29. Anthérozoïdes incamplétement développés : le filament cilié se détache de la vésicule (gr, 800/1), | ons Fig, 30. Anthérozoïde normal (gr. 1200/1). OBSERVATIONS ORGANOGÉENIQUES SUR LA FLEUR FEMELLE DES CAREX, Par M. F, CARUEL. La structure florale du genre Careæ a beaucoup attiré l’atten- tion des botanistes, à cause de l'enveloppe particulière, connue sous le nom d’utricule ou urcéole, qui entoure chaque fleur femelle, et dont la nature morphologique a soulevé bien des doutes et appelé des explications bien différentes. Trois théories principales ont été proposées pour en expliquer l’origine et la nature. La première en date est celle qu'on attribue généralement à Lindley (1). Ce botaniste considérait l’urcéole comme formé par la réunion de deux bractéoles opposées, placées à droite et à gauche de la bractée mère ou glume, sur un petit axe secon- daire développé à son aisselle, et terminé par la fleur. L'appen- dice, généralement en forme de crochet, qui se trouve dans l'intérieur de l’urcéole de plusieurs espèces (notamment dans celles dont on a fait le genre Uncinia), devrait alors être consi- déré comme un axe tertiaire atrophié produit par l’aisselle d'une des deux bractéoles. Kunth a publié en 1855, dans un mémoire resté célèbre, une théorie toute différente. D'après lui, l’urcéole représenterait une seule bractéole à bords réunis, placée en opposition à la glume, et produisant à son aisselle la fleur femelle ; celle-ci ter- minerait donc un axe tertiaire, tandis que l’axe secondaire, après (1) D'après J. Gay (Ann. sc. nat., 2€ série, t. X), voyez sur ce sujet, et sur tout ce qui concerne l'historique de la question, un travail très-complet de M. Duval-Jouve inséré dansle Bull. de la Soc, bot. de France, t. XI. OBSERVATIONS SUR LA FLEUR FEMELLE DU CAREX. 105 avoir fourni l’urcéole, tantôt se serait arrêté dans son développe- ment, tantôt se prolongerait sous la forme de l’appendice. En dernier lieu, Schleiden à donné dans ses Grundzüge une troisième explication encore différente. Selon lui, la fleur fe- melle, née à l’aisselle de la glume, serait entourée dans l’origine par un périanthe à trois pièces, dont deux latérales se développe- raient pour former l’urcéole par leur réunion, tandis que la troisième, placée en arrière, avorterait entièrement. La théorie de Schleiden n’a pas attiré l'attention au même degré que les deux autres, entre lesquelles s'est partagée la gé- néralité des botanistes qui se sont occupés de la question. On peut dire cependant que la théorie de Kunth est celle qui a trouvé le plus de faveur. Moi-mèême, dans un travail récent sur les Cypéroïdées (1), j'ai cru devoir l’adopter comme la plus sa- tisfaisante des trois, ou mieux des deux, car au fond l'opinion de Schleiden se rapproche beaucoup de celle de Lindley, et peut se concilier avec elle. Ma préférence me semblait justifiée par tous les arguments qu'on peut tirer de l’analogie et de la struc- ture des parties. En effet, la préfeuille des bourgeons foliaires des Cypéroïdées est opposée à la feuille mère; la même dispo- sition se retrouve dans la première glume des épillets par rap- port à leur feuille ou bractée axillante ; elle devait se retrouver dans la bractéole florale par rapport à la glume, ce qui concor- dait avec l’idée de Kunth, et se trouvait au contraire en opposi- tion avec l'existence de deux bractéoles latérales ou de deux pièces latérales du périanthe, que demandait la théorie de Lin- dley ou de Schleiden. De plus, la préfeuille des bourgeons est souvent amenée par la compression à avoir deux carènes laté— rales au lieu d’une carène médiane, et, dans ce cas, elle montre une tendance à se diviser au sommet, fait qui enlève toute va- leur à l’un des principaux arguments en faveur de l'opinion qui voit, dans la présence de deux carènes et de deux dents termi- nales, les indices de la réunion de deux organes dans l’urcéole des Carex comme dans la paillette des Gramens. La préfeuille (4) TZ. generi delle Ciperoidee europee, Florence, 14866. 108 x F. CARUEL, des bourgéons floraux ést engainante, et a beaucoup de rapports avec l'urcéole. Enfin l'urcéole est souvent plus ouvert:du'cûté de la glüme que du côté du rachis, et sé rapproche aimsi de la conformation de la bractéole inférieure de l'épillet secondaire dans le genre Kobresia, si voisin des Carex, dans lequel cette bractéole, simplement engaïînante à la base, est univérsellement considérée comme représentant un organe unique, Cependant je ne me dissimulais pas les graves objections qu'on. pouvait opposer à l'opinion de Kunth; elles étaient de deux sortes, Il y avait d'abord un fait organographique relatif à la position du fruit des Careæ. Dans toutes les autres Cypé- roïdées, quand le fruit est trigone, deux des angles étant néces- surement latéraux, le troisième est antérieur, on contreposé à la glume axillante; or, dans les Careæ la même chose a lieu, c'est-à-dire que le troisième angle est également tourné vers la glume, tandis qu’il devrait l'être du côté opposé ou vers l'axe de l’épillet si la fleur provenait de l’aisselle de l'urcéole qu’on sup- pose opposé à la glume. Je erus pouvoir écarter cette objection par l'hypothèse d’une légère déviation de la fleur à une certaine époque de son développement, d'une sorte de demi-tour amené par la compression des parties avoisinantes, et dont le résultat aurait été de faire prendre au fruit une position inverse de celle qu'il aurait dû avoir, Mon hypothèse trouvait un point d'appui dans la position du rachéole abortif dans les espèces qui en sont pourvues, lequel, d'après une observation de M. Parlatore (Flora italiana, t, H, p. 8) dont j'avais vérifié l'exactitude, se trouve placé latéralement par rapport à la fleur, au lieu d’être dans la ligne médiane entre celle-ci et la glume. Un autre genre d'objections d'une grande valeur paraissait résulter des observations organogéniques de deux savants dont le nom fait autorité en pareille matière, Schleiden et Payer. Voici comment s'était exprimé Schleiden au sujet de la fleur femelle des Careæ : « Elle est de trois feuilles à l’origine, mais une feuille:s'atrophie de bonne heure, pendant que les autres se développent excessivement, et se réumissant par les bords, en- ferment la feuille atrophiée, et forment ainsi. l'enveloppe OBSERVATIONS SUR LA FLEUR FEMELLE DU CAREX. 407 ventrue qu'on nomme utrieule. » (Grundz., éd. 2, t. If, p. 27h, tab, 2, fig. 24-26). Voici maintenant ce qu'avait dit Payer : « Dans la fleur femelle, sur le tubercule primitif, se montrent simultanément deux replis opposés, placés l’un à droite et l'autre à gauche de la bractée mère; ces deux replis, d’abord distincts, se rapprochent par leur base en grandissant, deviennent connés, et finissent par former le sac que les botanistes descripteurs appellent wtricule. » (Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1853, t, XXXVIL, p. 632.) Quoique ne concordant pas entière- ment entre elles, cependant, comme on le voit, les observations de Payer et de Schleiden pouvaient se concilier, et en tout cas elles étaient très-concluantes contre la théorie de Kunth. fl fallait donc les répéter pour en apprécier la juste valeur ; c’est ce que j'ai fait dans le courant de l'hiver dernier. EU Mes recherches ont porté sur plusieurs espèces différentes, entre autres les Carex pendula, C. sylvatica, C. vulpina, C. di - vulsa, C. glauca, etc. Mais c’est surtoutau C. pendula que je me suis attaché, à cause des facilités plus grandes que présente l’observation de ses gros épillets garnis d'appendices espacés. - Ceux-ci se développent de bas en haut sur l'épillet. Leur pre- mière apparition sur la surface unie du rachis a lieu sous la forme d’une légère bosselure allongée dans le sens de l'axe du _ rachis (pl. VI, fig, 1). Bientôt cette bosselure se montre plus | épaissie, et par conséquent plus relevée vers le bas que vers le haut. Ensuite il se dessiné à peu près à son tiers supérieur une légère dépression transversale, qui dès lors marque la division sur la bosselure entre une portion inférieure qui sera la glume, et une portion supérieure ou mamelon axillaire, d'où sortira le reste de l'organisme, À partir du moment où s'est opérée leur distinction, la glume et le mamelon se développent séparément ; | mais celui-ci est bientôt dépassé et recouvert par la glume, qui s’exhausse plus rapidement que lurs Tous deux restent confon- dus par leur base commune, qui ne s'accroît sensiblement ni en hauteur, ni en largeur (fig. 2). Le mamelon axillaire continuant à croître, ilse forme sur son pourtour, à quelque distance de son sommet, un renflemént ou | 408 -_ F. CARUEL. bourrelet circulaire, qui s'en détache exactement comme le té- gument se détache du nucelle dans une gemmule en voie de formation (fig. 3) ; c’est là le premier indice de l’urcéole. Le bord de cet organe ne tarde pas à se dessiner tout à fait, et à cette époque il est égal et uni, ou du moins ses légères inégalités n'offrent aucune régularité, et n’indiquent pas là présence des lobes ou dents qu'il montrera plus tard (fig. 4-6). La partie du mamelon qui dépasse l’urcéole s’est allongée pendant ce temps, et bientôt elle montre du côté opposé à la glume une hosselure (fig. 5), qui peu à peu grossit et s’en détache tout à fait sous forme de renflement sphérique (fig. 6) : celui-ci n’est autre chose que le mamelon floral. Le Corps qui l’a produit, après avoir fourni l'urcéole, représente donc un axe secondaire ou rachéole, axillaire par rapport à la glume. | Après avoir donné naissance au mamelon floral, tantôt le rachéole s'arrête dans sa croissance (fig. 8, 9), de sorte que dans l’épillet adulte on n’en trouve plus de traces ; tantôt il con- tinue à s’allonger, et c’est alors qu'à l’époque de la floraison on peut le retrouver dans l’intérieur de l’urcéole à l’état abortif, sous forme de crochet ou de soie. Dans le cas où le rachéole s'allonge plus ou moins, il continue à se couvrir de bosselures, qui représentent de nouvelles fleurs rudimentaires, dont le dé- veloppement ne va pas plus loin (fig. 6, 7), si ce n’est dans les cas tératologiques où l’on voit un épillet pluriflore occuper la place de la fleur unique. Quelque temps après sa première formation, le mamelon floral se relève sur le pourtour de son sommet pour former l'enceinte du gemmulaire (ovaire), au fond duquel on voit en même temps poindre la gemmule (fig. 7, 9). D'un autre côté, le bord de l’ur- céole se relève souvent de côté et d’autre pour former les deux dents qui terminent généralement cet organe (fig. 8, 9). Il est à remarquer que, quand le développement du rachéole au delà de la fleur est notable, celle-ci se déjette de côté en s’écartant de sa position naturelle (fig. 7) ; ainsi l'hypothèse d'une déviation, que j'avais imaginée pour rendre compte de la position du fruit OBSERVATIONS SUR LA FLEUR FEMELLE DU CAREX. 109 des Curex, se trouve être un fait réel prouvé par l'observation directe. Je ne suivrai pas plus loin la fleur femelle des Careæ dans ses changements subséquents. Ce que j'en at montré suffit pour prouver que la conformation de tout cet organisme est précisé- ment comme l'avait pensé Kunth, dont l'organogéme confirme en tout point la parfaite justesse des vues morphologiques. C'est apparemment pour ne pas avoir pris les choses d’assez loin que des organogénistes, tels que Payer et Schleiden, ont pu être induits en erreur sur la signification de leurs observa- tions sur la fleur femelle des Carex. J'ai copié deux figures de Schleiden à côté des miennes, pour qu'on puisse en faire la comparaison (fig. 10, 11). Qu'on les mette en regard, surtout la figure i1 avec ma figure 9, et l’on verra tout de suite que le célèbre botaniste allemand a évidemment pris le sommet du rachéole abortif, déjà presque entièrement caché dans l’inté- rieur de l’urcéole, pour une troisième pièce atrophiée ayant fait partie de l’urcéole lui-même. Parmi les faits dont la succession constitue le développement de l’épillet et des fleurs des Careæ, 1l en est un sur lequel je crois devoir revenir, à cause de l'importance qu’il peut avoir pour l'intelligence de certaines formes encore obscures de l’or- ganisation végétale. Je veux parler de la communauté d’origine des glumes axillantes et du bourgeon situé à leur aisselle. J'ai montré que ces organes font originairement partie d’un même tout, d'une même bosselure se renflant sur la surface du rachis, et que ce n est qu à une époque postérieure à la première appa- rition de la bosselure que celle-ci se divise au haut en deux por- tions, dont l’une sera la glume et l’autre représentera son bour- geon axillaire, toutes deux étant réunies par une base commune sur laquelle elles sont implantées, et qui leur sert d’intermé- dire avec le rachis. Ce genre d'organisation n’est pas aussi rare dans le régne végétal qu'on pourrait le penser. Dans un autre travail (1), j'ai montré que la même chose existe dans les (1) Observations sur les organes des gemmules des Anémones. Ce travail a été com- muniqué à la Société botanique de France, au mois de mai 1865, ‘ 440 | | F. CARUEL, pistils des Anémones, dont la feuille pistillaire et la gemmule située à son aisselle se forment également en même temps au sommet d’un mamelon, d’abord homogène, qui se détache de la surface du torus (fig. 12), et, par voie d'analogie, j'ai rattaché à cét ordre de faits les cas remarquables offerts par les pédon- cules floraux de certaines plantes, telles que lé Samolus V'ale- randi, les Thesium, les Conifères, etc., où l’on voit aussi un or- ganisme complexe, formé d’un axe et d’appendices, se détacher tout d'une pièce d'un autre axe, sans qu'il y ait de feuille ou de bractéé placée à à leur point de jonction. Je pensais alors que l'organisme en question représentait uni- qüement un bourgeon, qui se serait détaché ainsi d'un axé sans l'intermédiaire d'aucune feuille ou bractée axillante. Maintenant je pencherais plutôt à admettre une autre explication, plus en harmonie avec les idées courantes de morphologie végétale, et qui, au reste, peut se concilier avec ma première idée. Il existe dans beaucoup dé plantes un organe bien connu, quoique peu étudié, qui sert également d’intermédiaire entre la tige d'un côté et les feuilles avec leur bourgeon axillaire de l’autre, et dont par conséquént il n’est pas difficile d'établir l’analogie avec la base commune soit de la feuille pistillaire et de la gemmule dans les Anémones, soit de là glume et de l’épillet secondaire dans les Carex : j'enteuds l'organe que l’on a désigné sous le nom de coussinel. Dans la base commune dont il s’agit, on aurait ainsi uné espèce de coussinet péstillaire, glumal, ete., selon les cas. Lé coussinet foliaire proprement dit est en général peu apparent ; mais, dans quelques cas exceptionnels, il prend un grand déve- loppement; ainsi, dans le Groseillier à maquéreau, il s'étend et sé divise en fortes épines; rien d’extraordinaire alors si d' autres fois il s'étend en longueur, de manière à simuler une sorte d'entrenœud cylindrique, comme dans les Thesium ou le Samo- “lus, ou si en même temps il s’aplatit en largeur, comme dans les Ds ns des Conifères. | OBSERVATIONS SUR LA FLEUR FEMELLE DU CAREX. Ali EXPLICATION DES FIGURES. “ PLANCHE VIII. Carex pendul«. Fig. 4. Extrémité d’un très-jeune épillet, montrant la naissance des épillets secon- daires avec leur glume, Grossissement environ 65 fois. Fig. 2. Profils superposés de quatre épillets secondaires, ép, avec leur glume, g, à différents degrés de développement. #5 Das Fig. 3. Épillet secondaire au moment où l’urcéole, w, se détache du rachéole, r. Fig, 4. Le mômié, plus avancé. Fig. 5. Epillet secondaire après l'apparition du tnäïnelon floral, /. Fig. 6. Le même, plus avancé. . Fig. 7. Épillet secondaire enveloppé dans sa gltime, après que la fleur s’est diviséé en un gemmulaire, gl, Conteñañt au fond une gemmiule, gm ; une deuxième fleur rudi- mentaire, 7/, s’est montrée plus haut sur le rachéole. Toutes les figures précédentes sont grossies environ 460 fois. Careæ sylvaiicai Fig. 8. Épillet secondaire, vu du côté du rachis. Fiw. 9. Le même, plus avancé, vu du côté de la glüme. Mème grossissement, 460 fois. Carex lagopodioides (d’après Schleiden).: Fig. 40. Épillet secondaire, déjà très-avancé, avec la fleur composée d’un gétnniulaire et d’une gemmule, et entourée d’un prétendu périgone à trois pièces. Fig. 41. Le même, beaucoup plus avancé. Le rachéole inclus dans l'urcéole a été pris pour une troisième piece abortive du périgone. Anemoné cofonaria. Fig. 12. Très-jeunes pistils, au moment où le gemmuüulaire et la gemmule se constuis tuent séparément au sommet d’un mamelon jusqu'alors indivis. Grossissement 135 fois environ. DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES TÉRÉBENTHINÉES, Par M. A. TRÉCUL. Dans les plantes de ce groupe, j'ai trouvé les vaisseaux propres de la tige : 1° dans l'écorce seulement (Rhus aromatica, suaveo- lens, Cotinus, coriaria, virens; Pistacia vera, Lentiscus ; Schinus Molle) ; 2° dans l'écorce et la moelle à la fois (Rhus toxicoden- dron, typhina, glauca, elegans, semialata) ; 3° -dans la moelle seulement (Ailantus glandulosa, Brucea ferruginea\; h° dans l'écorce, le bois et la moelle (Rhus viminalis). Les racines que j'ai examinées ne m'ont présenté de vaisseaux propres que dans l'écorce. Dans ma communication du 6 mai, j'ai dit que dans les jeunes racines de l’Aralia edulis les premiers vaisseaux propres apparaissent vis-à-vis des premiers rayons médullaires. Il n’en est pas de même dans les Rhus toæicodendron, aromatica, Cotinus, elegans, Pistacia vera, etc. Le corps ligneux de leurs racines, d’abord divisé en quatre, cinq ou six faisceaux primaires par autant de rayons médullaires, n'offre dans l’écore qu'un vaisseau propre opposé au milieu de chaque fibro-vasculaire (1). Dans desracines un peu plus âgées des Rhus toxicodendron et Cotinus, ilexistait en outre, dans l'écorce interne, deux vaisseaux propres vis-à-vis de chaque faisceau primaire, un pour chaque moitié de celui-ci. Dans une racine de 8 millimètres de diamètre du Pistacia vera, il y avait de ces laticifères sur trois lignes concen- triques. Ceux du cercle le plus externe étaient opposés aux fais- ceaux primaires ; ceux du troisième cercle l’étaient aux faisceaux (14) Pour faciliter l'observation, on iodera les préparations. L’amidon des rayons médullaires étant bleui, la position relative des parties sera plus marquée. | | | | | | DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES TÉREBENTHINÉES, 113 tertiaires, mais il n’y en avait pas vis-à-vis de tous ces derniers faisceaux. Dans une racine de 25 millimètres de diamètre, les vaisseaux propres étaient sur six plans différents. Ceux des quatre plans externes, mêlés aux groupes de fibres du Hber, n’accusaient pas de lignes concentriques. Ceux de l'écorce la plus interne se montraient seuls rangés suivant une ligne circulaire ou suivant deux telles lignes concentriques çà et à interrompues. Une racine de Rhus elegans, de 8"*,5 de diamètre, avait ses vaisseaux propres les plus externes épars, mais son écorce interne en présentait sur quatre lignes circulaires plus ou moins étendues. Dans une racine plus âgée, de 15 millimètres de diamètre, les vaisseaux propres, sur six à sept plans différents, n'étaient manifestement en ligne circulaire que dans le plan le plus interne. Ces vaisseaux propres des racines se montrent fréquemment anastomosés sur des coupes tangentielles. J'y ai même vu des réticulations dans les racines des Pistacia vera, Rhus toxicodendron, aromatica ; mais les plus beaux réseaux m'ont été donnés par les racines du Rhus elegans. La racine du Ptelea trifoliala ne contient pour tous vaisseaux propres que des cellules isolées, éparses, pleines d’oléorésine, et semblables par leur forme, leur dimension, l'épaisseur de leurs membranes, aux cellules environnantes, qui sont remplies d'ami- don. Dans la tige, au contraire, l'oléorésine est contenue dans des cavités globuloïdes ou elliptiques qui ont transversalement de 0°*,6 à 6"°,23 sur 0°", 10, et longitudinalement 0"°,10 sur 0°°,06 à 0"*,25 sur 0*",11. Elles sont dépourvues de mem- brane propre, et entourées de quelques rangées de cellules comprimées. Ces organes de la tige, décrits par M. de Mirbel, sont situés dans le parenchyme vert externe. La tige des Zanthoxylum Pterola et fraxineum offre des organes de même nature, et pleins aussi d’oléorésine. Ces plantes possèdent en outre, dans leur écorce sous-libérienne, des cavités analogues, mais oblongues et remplies de globules d'oléorésine qui ont de 0"°,001 à 0"",015. Ces dernières cavi- tés ont 0"",05 à 0**,12 de long sur 0°*,01 à 6,04 de large, ' et sont plus nombreuses que celles de l'écorce externe. II conti- 5€ série. Bot. T. VII. (Cahier n° 2.) 4 8 11h A. "IRÉCUL, nue d’ailleurs de s’en former, à mesure que l'écorce interne s’ac- croît, dans un rameau de deux ans de Z. Pterota par exemple. Dans la tige des Rhus, Pastacia, Schinus, ele., les vaisseaux propres de l’écorce ne sont jamais extralibériens. Les premiers apparaissent dans les faisceaux corticaux eux-mêmes, à peu près en même temps que les trachées au côté interne du faisceau. Ils se montrent d'abord, au moins dans les faisceaux principaux, vus sur des coupes transversales, sous la forme de fentes linéaires d'abord sans suc propre, étendues radicalement et bordées d’une rangée de cellules beaucoup plus larges que les cellules environ- nantes. De ces cellules linutantes plus larges les accompagnent à tous les âges, car à l’état parfait ces vaisseaux propres ont ordinai- rement pour paroi, sinon toujours, des utricules plus grandes que les cellules comprimées qui forment autour d'elles plusieurs ran- gées. Dans les faisceaux les plus petits de quelques espèces, ces vaisseaux propres externes commencent par une courte ligne noire sinueuse, environnée aussi de plus larges cellules. Cette ligne ou fente, par l'écartement des parois, devient un méat irrégulier si la ligne était courte et sinueuse, ou semblable à une boutonnière un peu ouverte si la fente était droite et plus longue. Cette ouverture se remplit de suc propre bien avant d'avoir atteint la largeur des cellules qui la bordent, ce qui paraît exclure toute idée de destruction utriculaire. Ces premiers développements s’observent surtout avec facilité dans le Rhus toxicodendron, qui donne aisément des coupes très- nettes. L'évolution des vaisseaux propres de la moelle de cette plante conduit aussi à la même conclusion. I se forme d’abord un petit groupe de cellules plus étroites que les autres utricules médullaires, puis une courte fente sinueuse apparaît vers le milieu du groupe; elle s’élargit un peu, montre du suc propre à globules trèes-ténus avant d’avoir acquis la largeur des cellules marginales. L'ouverture, d’abord irrégulière, grandit, et un canal de largeur variable en résulte; mais il est limité par les cellules les plus étroites, et non par de plus larges, comme le , sont celles qui bordent les premiers vaisseaux propres de l'écorce des Pisiacia vera, Rhus aromatica, ete. Toutefois, ces vaisseaux lei és DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES TÉRÉBENTHINÉES. 115 propres de l'écorce, dans quelques espèces surtout, ne sont pas toujours entièrement bordés par des cellules plus larges ; iln’en existe parfois que sur une partie de leur pourtour. Alors ces plus grandes cellules sont saillantes dans la cavité, mais celle-ci se régularise en avançant en âge. Ces vaisseaux propres corticaux primaires, comprimés paral- lèlement au rayon dans l’origine, sont presque toujours dépri- més dans le sens opposé après leur parfait développement. Chacun d'eux est placé sous un faisceau arqué de fibres du liber épaissies dans le rameau de l’année, ainsi que l’a figuré M. de Mirbel dès 1808 pourles Rhus typhina et semialata. À mesure que l'écorce interne s'accroît en épaisseur, 11 y naît des vaisseaux propres en quantité variable suivant les espèces, et 1ls y sont d'abord fréquemment disposés en cercles avec plus ou moins de régularité, ou sur des portions de circonférence plus ou moins étendues; mais plus tard, l’élargissement de l'écorce détruisant l'ordre primitif, ils paraissent épars. Ces vaisseaux de l'écorce mterne se montrent anastomosés en réseau parallèlement à la circonférence dela tige dans diverses plantes (Schinus Molle, Rhus semaalata, viminalis, elegans, glauca, virens, coriaria). L'une des plus favorables pour l’étude de ces réticulations est le Rhus typhina, d'après lequel M. Lestiboudois les a décrites en 1865 (Comptes rendus, t. LVT, p. 321), D'autres espèces, tout en présentant assez souvent des anastomoses, ne laissent apercevoir que très-rarement des mailles (Pistacia vera, Lentiscus). Parmi les plantes qui possèdent des vaisseaux propres dans l’écorce et dans la moelle, la plus remarquable sous ce rapport est le Rhus semralata, qui m'a offert 58 de ces vaisseaux au voi- sinage de l’étui médullaire. Dans le Rhus typhina, J'en ai vu jus- qu'à 25 dans la même position; mais dans les Rhus viminals, glauca, elegans, is y sont plus rares. Dans le Rhus viminalis, je n'en ai vu que de 5 à 12, très-irrégulièrement distribués dans la moelle. L'un d'eux est opposé au faisceau médian de la base de chaque feuille, et, quand 11 se ramifie, la coupe transversale peut en présenter deux ou mème trois dans le plan radial; les autres sont épars dans la moelle. Le Rhus glauca montre aussi quelque 116 A. TRÉCUL. variation à cet égard: tantôt il existe un vaisseau propre dans la moelle, et ilest vis-à-vis du faisceau médian de la feuille voi- sine; tantôt il en offre deux opposés dans la même situation. D’autres fois il y en à un opposé au faisceau médian d'une autre feuille voisine, et dans quelques coupes vis-à-vis d’un troisième et d’un quatrième faisceau. Au contraire, vis-à-vis de certaines feuilles, il n’en existe pas du tout, bien que plus bas on en observe encore. Un rameau de deux ans m'a fait voir vis-à-vis du faisceau médian des anciennes feuilles tantôt un seul vaisseau propre, et tantôt, en opposition avec des feuilles plus élevées, jusqu’à trois et même cinq vaisseaux propres. Le Rhus elegans est non moins singulier. Deux rameaux de l'année, longs, l'un de A centimètres, l’autre de 10, ne montraient dans la moelle, sur les coupes transversales, qu'un seul vaisseau propre opposé au faisceau médian de la feuille voisine. Un autre rameau plus vigoureux avait un vaisseau propre vis-à-vis de chacun des trois faisceaux qui allaient à la feuille examinée, et aussi vis-à-vis des trois faisceaux de la feuille qui venait après, et même vis-à-vis de plusieurs autres faisceaux. Un autre rameau long de 49 cen- timètres avait, vis-à-vis du faisceau médian de chacune des cmq feuilles supérieures, deux vaisseaux propres opposés suivant le plan radial : le plus mterne était le plus grand, comme c’est l’or- dinaire dans ce cas. Ce qui est remarquable, c’est qu'il n'existait plus de vaisseaux propres dans la moelle, dans tout le rameau au-dessous de la cinquième feuille, et dans un autre rameau au-dessous de la septième. Dans le Rhus toxicodendron, les vais- seaux propres sont épars irrégulièrement dans le parenchyme médullaire, et leur nombre a varié de 3 à 12. Pendant leur développement dans de jeunes rameaux, je n’en ai quelquefois pas observé sur certaines coupes transversales, et pourtant j en trouvais dans des coupes prises plus haut et plus bas ; néanmoins j'ai vu de ces canaux anastomosés entre eux dans des rameaux plus àgés. Les vaisseaux propres peuvent être au nombre de 40 à 60 à la périphérie de la moelle de l'AÆilantus glandulosa. Ns sont situés entre la partie saillante des faisceaux trachéens, où ils | } | | | DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES TÉRÉBENTHINÉES. 117 commencent avec l'apparence de méats très-1rréguliers dans leur section transversale et suivant leur longueur. Dans le Brucea ferruginea, les vaisseaux propres occupent une position sem- blable autour de la moelle. Leur largeur variait, sur une même coupe transversale du rameau, depuis l'aspect d’une simple fente jusqu'à 0"",35 sur 0"",20 d'ouverture (le grand diamètre est ordinairement parallèle aux rayons de la tige). La largeur d'un même vaisseau est souvent aussi très-différente à des hauteurs diverses, et l’une des extrémités de la partie dilatée est quelque- fois le point de jonction de deux branches, tandis que l’autre extrémité peut s’atténuer au point de sembler se terminer en cône, on en tube grêle, ou en une fente plus ou moins étroite comme celles que je viens de signaler. Les Rhus semialata, viminalis, glauca, typhina m'ont fait voir la communication des vaisseaux propres de la moelle avec ceux de l'écorce à travers l’espace laissé libre dans le corps ligneux par l’écartement des faisceaux qui vont aux feuilles. J'ai dit pré- cédemment qu'il existe souvent un vaisseau propre opposé au faisceau médian de chaque feuille du Rhus glauca, et que ce vais- seau se ramifie vis-à-vis de l’aisselle de la feuille. Dans ce cas, une des branches suit le faisceau médian de celle-ci, tandis que l’autre branche plus forte monte plus haut et se bifurque de nouveau : la plus faible branche passe dans l'écorce, s'étend au-dessous du bourgeon où elle se ramifie; l'autre branche au contraire continue de se prolonger par en haut dans la moelle. Le Rhus semialata n'a offert à la fois sur la même coupe transver- sale jusqu'à 4 vaisseaux propres allant de la moelle dans l'écorce. Il y en avait deux quelquefois dans un même passage intraligneux | latéral, un de chaque côté, et dans l’autre passage latéral, un vais- | seau propre venant de la moelle se bifurquait au milieu, d’où ses | deux branches arrivaient dans l'écorce. Là, dans l’aisselle de la | feuille, lés laticifères présentent de fréquentes anastomoses. Dans le Rhus viminalis, on trouve souvent plusieurs vaisseaux propres | de la moelle réunis en réseau vis-à-vis de l'insertion de la feuille. Ils y subissent fréquemment, par la destruction de cellules envi- ronnantes, des élargissements qui atteignent jusqu’à 0*°,50 sur 118 A. TRÉCUL., 0*%,25, d’où partent plusieurs branches dans des directions dif- férentes. Les réticulations de ces vaisseaux propres se continuent même dans le passage intraligneux médian, et les branches qui en émanent sont en relation avec les vaisseaux de l'écorce, de la feuille et du bourgeon. Ce Rhus viminalis m'a fourni un cas bien digne de fixer l’at- tention des phytotomistes. Ty ai trouvé de ces vaisseaux propres dépourvus de membrane, passant de l'écorce dans le bois, comme dans les plus beaux exemples de laticifères munis d’une membrane particulière. Par des coupes radiales on obtient sou- vent des vaisseaux propres qui, verticaux dans l'écorce, à des profondeurs diverses, se courbent à angle droit et pénètrent dans le bois en suivant les rayons médullaires. Ailleurs, c’est un vaisseau vertical aussi, qui émet latéralement, et de même à angle droit, une branche parfois plus large que lui, laquelle entre dans le corps ligneux. J'ai même vu un de ces vaisseaux horizon- taux du bois qui, dans l'écorce, traversait en croix un autre vais- seau propre vertical, puis, un peu rétréci, allait se terminer plus à l’extérieur dans une partie élargie, qui devait être un point d'union avec un autre laticifère. Ce qu'il y a de singulier, c’est que ces vaisseaux, dont il y a quelquefois deux dans le même rayon médullaire, ne communiquent pas avec ceux de la moelle. Par conséquent, en relation avec le bois et l'écorce seulement, ils ne sont pas destinés à faire communiquer les laticifères dé l'écorce et de la moelle, comme on a pu le croire pour ceux que j'ai décrits antérieurement, en parlant des laticifères à mem brane propre du Figuier, des Dorstema, du Beaumontia, etc. Ils ne peuvent avoir pour objet (ainsi que ces laticifères des Euphorbes, qui, partant de l'écorce, décrivent une courbe dans le bois et reviennent à l'écorce) que de mettre les vaisseaux propres de cette écorce en relation avec le corps ligneux. Ces vaisseaux transverses ne paraissent pas exister dans le bois des rameaux de premiére et de deuxième année de cé Rhus. Je ne les ai vu apparaître que dans les rameaux de trois ans, et ils sont plus nombreux dans les branches de quatre et de cinq ans. Le nombre des faisceaux qui passent de la tige dans la feuille ; = on Gt Mig uen _—— DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES TÉRÉBENTHINÉES. 119 est de trois dans les Ahus virens, eiegans, viminalis, Schinus Molle, ete., de sept dans le Rhus typhina, ete. Chaque faisceau possédant un vaisseau propre dans sa partie corticale, il impor- terait de décrire ici la distribution des faisceaux dans le pétiole pour connaître celle des laticifères dans cet organe, mais l'espace ne me permet pas d'aborder en détail une telle description. Je dirai seulement que ces faisceaux disposés en are, isolés comme d'ordinaire, et dépourvus de fibres du liber très-épaissies dans la base renflée du pétiole, s’y multiplient par division (1). Leurs ramifications se rangent, les unes sur la corde de l'arc, vers la face interne du pétiole, les autres entre les faisceaux primaires. Tous ces faisceaux complètent la zone ligneuse pétiolaire. Dans cette zone, les vaisseaux propres sont situés au-dessous des fibres - du liber épaissies de chacun des faisceaux, au moins des princt- paux. Le Rhus semialata a de plus, sur le côté interne médul- laire de ses plus gros faisceaux, un, deux et trois vaisseaux propres, qui ontjusqu'à 0"®,065 delargeur. Il est à peine néces- saire de dire que l’Ailantus glandulosa et le Brucea ferruginea, qui n'ont pas de vaisseaux propres dans l'écorce des rameaux, n'en offrent pas davantage dans celle du pétiole. Dans la moelle du pétiole du Brucea en particulier, 11 y a un et souvent deux vaisseaux propres entre la partie saillante des faisceaux vasculaires. Le pétiole de l’Ailantus a une structure plus compliquée. Des sept à neuf faisceaux qu’il recoit du rameau, il en naît un assez grand nombre qui produisent, outre la zone fibro-vasculaire normale, en dedans de laquelle sont des vais- seaux propres, une zone de faisceaux ligneux intramédullaire, trés-irrégulière, avec d’autres faisceaux épars dans la moelle qu'elle enserre, et quelques vaisseaux propres. Tout ce système intramédullaire se dégrade insensiblement vers le haut du rachis. Vers la base de la nervure médiane de chaque foliole de l’#1- lantus, le système fibro-vasculaire forme trois ares : l’inférieur, (4) Sans savoir qui le premier a signalé la division des faisecaux à la base du pétiole, je crois devoir rappeler que j'en ai parlé dès 1846 (Annales des sciences naturelles, 3e série, t. VI, p. 344, ligne 2}: 120 | Yi A. TRÉCUL. qui est le plus grand, est ouvert vers la face supérieure, et a deux vaisseaux propres dans sa région médullaire ; le supérieur, qui est le plus petit, et tourné en sens inverse, a aussi deux vaisseaux propres vers sa région trachéenne. Le troisième, de grandeur moyenne, et placé entre les deux, est tourné dans le même sens que le premier. Il peut être considéré comme repré- sentant la zone vasculaire intramédullaire du pétiole. Une zone libérienne, divisée en faisceaux vers la face externe, continue sur les côtés et vers la face supérieure de la feuille, embrasse tout ce système fibro-vasculaire. Les nervures secondaires n'ont pas de vaisseaux propres. La feuille du Brucea ferruginea présente aussi quelque inté- rèêt. Sa nervure médiane a sept à huit faisceaux vers sa base, où ils forment une zone un peu déprimée sur la face supérieure. Six vaisseaux propres intramédullaires sont opposés ordinaire- ment chacun à un intervalle cellulaire séparant deux faisceaux. Selon la coutume, cette nervure se dégrade vers le sommet, où elle a à peu près la structure des nervures secondaires. Celles-ci n’ont que deux ou trois petits faisceaux presque juxtaposés, dans chaque intervalle desquels 1l y a un vaisseau propre. Dans les nervures plus petites, de troisième ou de quatrième ordre, les éléments fibro-vasculaires sont épanouis autour de l'unique vaisseau propre, de manière que les trachées elles-mêmes sont disposées en demi-cercle autour de la moitié supérieure de ce laticifère, dont elles ne sont tout au plus séparées que par les cellules pariétales de ce vaisseau propre. Dans la nervure médiane des Rhus toxicodendron et semialata, le système “bro-vasculaire est partagé en deux parties: l’une supérieure, formée de trois faisceaux réunis, est munie de trois vaisseaux propres placés sous le liber ; l’autre inférieure, compo- sée de sept faisceaux rangés en arc, a aussi sept laticifères. Dans la nervure médiane des folioles du Rhus typhina et du Pis- tacia vera, 11 y à un seul vaisseau propre sur le côté supérieur, et cinq sur le côté Imférieur. Dans celle des Rhus aromatica, glauca et viminalis, il n'y a de même qu'un seul vaisseau propre au côté supérieur, mais seulement trois à l’inférieur. Dans les Rhus DES VAISSEAUX PROPRES DANS LES TÉRÉBENTHINÉES. 1921 Cotinus, virens, Pistacia, Lentiseus, ete., 1l n’y a pas de vaisseaux propres au côté supérieur, etil y en a trois au côté mférieur, ou accidentellement quatre. Dans la nervure médiane du Schinus Molle, qui n’a que deux faisceaux au côté inférieur et un fais- ceau rudimentaire au côlé supérieur, il n'existe que deux vais- seaux propres, un dans chaque faisceau inférieur. Dans les Rhus, Pistacia, Schinus nommés ici, toutes les ner- vures autres que la nervure médiane n’ont qu'un vaisseau propre, qui est sur le côté mférieur. Les tout à fait petites ner- vures ne m'ont pas présenté de laticifère (Rhus aromatica). Chez deux de ces plantes, les Rhus glauca et semialata, j'ai constaté que leurs vaisseaux propres sont réticulés comme leurs nervures. On sait que dans les folioles du Ptelea trifoliata et du Zan- thoæylum sont éparses des glandes oléorésineuses, semblables à celles qui existent dans l'écorce des rameaux; mais ce qui n'a pas été observé, je crois, c’est que, au moins dans le Z. Pterota, il y a au contact des nervures, sur leurs côtés et sur leurs faces supérieure et inférieuré, des cavités oblongues pleines de glo- bules de suc propre, semblables à celles que j'ai signalées dans l'écorce sous-libérienne de la même plante. Ces cavités, ou vais- seaux propres, s'élargissent un peu à la jonction des nervures, quand elles s’y trouvent. Il me restée à mentionner un fait remarquable qui commence à se manifester à la chute des feuilles. Il consiste dans l’obstruc- tion des vaisseaux propres à la base du pétiole. Cette obstruc- tion est effectuée par une multiplication utriculaire qui débute par l'agrandissement des cellules pariétales des vaisseaux propres. Les cellules agrandies se divisent ; les nouvelles en pro- duisent d'autres à leur tour, et bientôt les vaisseaux propres sont tout à fait pleins de parenchyme, à l'insertion même de la feuille bien qu'à petite distance ces vaisseaux aient l’aspect normal et soient remplis de suc propre (Pistacia vera, Rhus semialata, Cotinus, coriaria, loxicodendron, typhina, suaveolens, aroma- hica). RECHERCHES L'ORGANISATION DU GENRE ZNOMERIA, Kc., Par M. le Dr RIPART. Le genre Inomeria, encore peu connu de la plupart des bota- nistes, a été établi en 1845 par M. Kützing dans sa Phycologia germanica, et plus tard dans son Species Algarum, publié en 1849. Voici comment il le caractérise : Phycoma crustaceum (lapidescens); trichomata verticalia parallela flagelhifornna, vagi- nis obsoletis, concretis ,ubique in fibras tenuissimas solutis circum- data (hydrophilæ). À la page 343, il en décrit trois espèces : Inomeria RœmerianaKg., In. Brebissoniana Kg., In? granulosa Nægeli, in Utt.; mais il n’en a observé aucune à l’état vivant. Un peu plus tard, en 1852, il en ajouta une quatrième avec un point de doute : Zn. umbilicata Nægeli? Dans ses Tabulæ phycologicæ, et dans ce dernier ouvrage, il donne une figure assez incomplète de ces quatre espèces, ce qui n’a rien d'éton- nant, puisqu'il n'a pu les étudier que sur des échantillons desséchés. Dans le deuxième fascicule de sa Flora europæa Algarum aquæ dulcis et submarinæ, publié en 1865, M. L. Rabenhorst s'exprime ainsi sur le genre {nomeria : T'richomata erecta flagel- hiformia, arcte vaginata, paralleliter disposita ; vaginæ tenuis- Simæ, in fibrillas longissinas nonnunquam exsertas solutæ. Thallus crustaceus durissimus, lapidosus, intus pallidus, Sœptus leviter concentrice zonatus. Cellulæ perdurantes et fruc- tiferæ deesse videntur. — Genus mihi admodum dubium, p. 223. Comme M. Kützing, M. Rabenhorst n'a observé aucune espèce de ce genre à l’état vivant et n’en a vu qu'une seule en échan- üllons desséchés, l’In. Brebissoniana K3.; il décrit à la suite cette espèce avec cette mention : Species mihi ignotæ : Inom. 4 RECHERCHES SUR L'ORGANISATION DU GENRE INOMERIA. 193 granulosa Næseli, In. umbilicata Næg. et In. fusca Kg. On s'étonne de ne pas trouver, dans cette énumération d'espèces, l'In. Rœæmeriana, indiqué par Kützmg comme habitant l’Alle- magne et la France, avee d'autant plus de raison que c’est elle qui est précisément figurée dans le Conspectus generum placé en tête du deuxième fascicule déjà cité. Il y a là certamement une omission. Du reste, la figure donnée par M. Rabenhorst paraît avoir été copiée exactement sur celle des T'abulæ phycologicæ de M. Kützing. Si ces deux célèbres observateurs n'ont pu se faire une idée plus juste de ce genre remarquable, on doit l’attri- buer sans nul doute à ce que ni l’un ni l’autre n'ont rencontré aucune de ses espèces dans son lieu natal et vivante. Sous ce rapport, j'ai été plus heureux qu'eux, car je puis facilement et en toute saison me procurer l’Zn. Brebissoniana Kg., qui fait le sujet de ce travail et qui abonde dans les ruisseaux des environs de Bourges. Je l’ai découvert en 1861, et depuis cette épo- que je l'ai observé bien des fois et étudié dans tous ses détails. C'est précisément parce que ce genre est peu connu (M. Raben- horst dit même que pour lui il est tout à fait douteux, admodum dubium) que je me décide à faire connaître le résultat de mes recherches et les dessins analytiques que J'ai faits 11 y a six ans, et que Jai complétés et contrôlés encore cette année par un nouvel examen microscopique. Lorsque je rencontrai cette petite Algue pour la première fois, je fus très-embarrassé pour lui donner un nom. D’après le dia- mètre de ses filaments et les mesures mdiquées par M. Kützimg dans son Species, je croyais d’abord que c'était l’{nomeria gra- nulosa Næg.; mais, d’un côté, on verra plus bas que ces me- sures n'ayant rien d'absolu ne peuvent servir à établir une diagnose certaine, et, d’un autre côté, ayant reçu de mon excellent confrère et ami, M. le docteur Roussel, un échan- tillon authentique de l’Zn. Brebissoniana, récolté par lui dans les rivières des environs de Melun et soumis à l’examen de M. de Brébisson lui-même, j'ai pu acquérir, par l'étude et la comparaison de ces deux Algues, la certitude qu’elles apparte- naient toutes les deux à une seule et même espèce. | A2! | RIPART. Elle se trouve communément dans les eaux vives coulant sur le calcaire jurassique du centre de la France, et dans mes excur- sions fréquentes au bord de nos ruisseaux je n'ai pas eu l’occa- sion d’en observer d'autre espèce. Jamais elle ne croît dans les eaux stagnantes ou croupies ni dans les marais. Elle forme sur les pierres, au fond et au bord des rivières, des plaques ou croûtes plus ou moins étendues en largeur et variant un peu d'apparence suivant l’état de la surface qu'elles recouvrent. Ces plaques sont ordinairement arrondies dans lenr pourtour, mais d’une manière très-rrégulière ; leur surface extérieure est mamelonnée et d’une couleur vert sombre tirant un peu sur le gris plutôt que sur le brun, comme le dit M. Kützing qui se sert de cette expression olivaceo-fusca. Ce n’est pas seulement sur les pierres qu'on rencontre les croûtes formées par ln. Brebisso- niana, mais encore sur les bois mondés, les pieux, les racines des arbres plongeant dans l’eau, les vieilles souches des plantes aquatiques vivaces. Je l'ai souvent récoltée dans les environs de Bourges sur les vieilles souches de l'Zris pseudo-acorus L., et surtout sur celles du Menyanthes trifoliata L. Elle croît fré- quemment en compagnie du Chœætophora pisiformis Ag., endi- viæfolia Ag., Nitella tenuissima Kg., et avec d'immenses légions de Diatomées de tout genre : Navicula, Synedra, Gomphonema, Encyonema, etc., auxquelles elle sert de support. Les plus petits thalles, dès qu'on peut les apercevoir à l'œil nu, ont environ un demi-millimètre de diamètre et sont hémi- sphériques. On en trouve toujours de semblables sur la limite des plaques, quelle que soit l'étendue de celle-ci. Ils sont ordi- nairement en grand nombre, et peu à peu, en grossissant, ils se touchent, se soudent entre eux, s agglomèrent et finissent par constituer par leur réunion des plaques ou croûtes assez larges, et c'est sous cet état qu'on rencontre le plus habituellement l'In. Brebissoniana. Ces croûtes, ainsi formées par l'agglomé- ration d'une trés-grande quantité de thalles primitivement isolés, présentent une surface extérieure couverte de bosselures plus ou moins saillantes suivant leur âge ; les bosselures correspondent chacune à un thalle primitif et sont d'autant plus proéminentes RECHERCHES SUR L'ORGANISATION DU GENRE INOMERIA. 195 que l’agglomération est plus récente. Au fur et à mesure qu'elles s’accroissent en largeur et en épaisseur, leur saillie devient moins apparente et, quand elles sont anciennes, ce ne sont plus que des ondulations sur la surface extérieure du thalle commun. Celui-ci varie en épaisseur depuis un demi-millimètre jusqu'à 2 et même à millimètres. Sa consistance est dure, crétacée : on dirait une sorte de ciment ou de mortier. Quand on le voit pour la première fois, on a de la peme à s'imaginer que c’est un corps organisé : on croirait plutôt avoir sous les yeux un enduit limoneux ou un dépôt calcaire formé par les eaux. C’est cette apparence qui fait, je le suppose, que cette espèce a été et est souvent encore méconnue par les botanistes; car, à en juger par le centre de la France, elle doit être commune dans toutes les rivières à fond calcaire. Quoique dures, ces croûtes sont assez fragiles et par la pression des doigts se réduisent facilement en grains, comme le ferait un mortier mal lié. La surface infé- rieure, celle par laquelle le thalle adhère à son support, est lisse, unie et représente exactement la surface de celui-ci comme le ferait un moule en plâtre. Elle est d’une tete grise et moins verte que la surface supérieure ou externe. Quand on examine le thalle sous l’eau et avec une bonne loupe, on remarque que toute sa surface extérieure est hérissée de filaments flottants dans l’eau par leur extrémité libre, tandis que par leur autre extrémité ils semblent naître du thalle Jui- même. Une coupe perpendiculaire nous montre que le thalle est divisé en deux zones bien tranchées dans le sens vertical. La supérieure est la plus large et a la même couleur vert sombre que la surface extérieure. La zone inférieure au con- traire, qui n'occupe que le tiers environ de la coupe verticale, est d’une couleur grisâtre et ressemble à la surface inférieure du thalle qui est en contact avec le support, A la loupe, on dis- tngue facilement que la zone supérieure est constituée en grande partie par des filaments perpendiculaires, parallèles ou s'écartant un peu en éventail au sommet. Sur des échantillons desséchés, on voit encore mieux cette disposition, parce que le thalle devenant par la dessiccation d'un gris blanchâtre et les 126 RIPART. filaments restant verts tranchent davantage sur le fond et se laissent mieux apercevoir. La zone inférieure ne présente au- cune apparence filamenteuse, et à la loupe on ne distingue qu'une surface grise homogène prenant en desséchant une teinte d’un blanc calcaire. À l’état frais et au moment où on la retire de la rivière, avant, par conséquent, toute décomposition, cette Algue a une odeur prononcée de poisson, analogue, quoique moins forte, à celle qu'exhale la Spongilla lacustris L., avec laquelle on la rencontre souvent. Après avoir étudié avec soin les propriétés physiques de l'Inomeria Brebissoniana, 11 faut pénétrer plus avant et tâcher de débrouiller son organisation interne. Pour mieux nous en rendre compte et pour plus de commodité dans les descriptions, nous établirons trois divisions ou zones dans le sens perpendicu- laire. Ainsi, nous étudierons successivement et dans l’ordre où nous les avons reconnus : 1° les filaments hbres de la surface extérieure du thalle qui par leur ensemble constituent ce que je nomme zone libre ou externe ; 2° la couche supérieure du thalle déjà signalée plus haut et présentant des filaments verti- caux dont les extrémités, quand elles sont devenues libres, for- ment la zone externe : nous la nommerons zone fibreuse ; 8° enfin, nous donnerons le nom de zone crétacée à la couche inférieure du thalle, celle qui se moule immédiatement sur le support. La figure 1 représente l’ensemble de ces trois couches et montre leurs rapports et leurs proportions relatives. Zone libre ou externe. — Les filaments libres qui la consti- tuent sont très-variables dans leur longueur et leur épaisseur. Les plus développés ont environ un millimètre et demi de longueur et sont épais à leur base de 0"",016. Leur extrémité se termime par un long cil hyalin cloisonné transversalement. Ces filaments sont recouverts d'un enduit calcaire d’une excessive ténuité à leur extrémité. On ne peut s'empêcher d'admirer l’artifice avec lequel la nature l’a disposé pour permettre au filament des mouvements dans tous les sens, malgré une croûte relativement assez épaisse. Avec de bonnes lentilles et une préparation soi- RECHERCHES SUR L'ORGANISATION DU GENRE INOMERIA. 127 gnée, on peut distinguer cet enduit calcaire presque jusqu'à l'extrémité du filament. Ce sont d’abord des granulations extra- ordinairement fines et transparentes : peu à peu, en se rappro- chant de la base, les granulations deviennent plus grosses, moins transparentes, puis enfin tout à fait opaques, agglomérées en- semble et formant des écailles articulées et séparées par des intervalles qui permettent au filament de se plier dans toutes les directions. La fig. 2, dessinée à la chambre claire et à un grossissement de 700 diamètres, peut donner une idée exacte de cette disposition. Presque toujours l’enduit calcaire des fila- ments sert de support à des myriades de Diatomées qui gènent beaucoup l'observation, et d’ailleurs l'enduit calcaire lui-même, par son opacité, masque entièrement l’organisation du filament, de même que le dépôt calcaire qui imprègne tout le thalle n’en permet qu'un examen très-incomplet. On peut, il est vrai, en fracturant, en écrasant la croûte calcaire, apercevoir à nu des fragments de filaments, mais il est impossible de les étudier dans leur ensemble. Cette difficulté, dans l'observation de cette petite Algue, nous explique comment les figures données par les auteurs cités au commencement de ce travail sont si défectueuses et si loin de faire prévoir l'organisation compliquée de son thalle. Voici le procédé que j'ai employé pour me débarrasser du carbonate de chaux qui imprègne toutes les parties de la plante. Après avoir choisi les pulvinules les mieux développés, je les ai plongés dans de l’eau aiguisée d'acide chlorhydrique. Il en résulte immédiatement une vive effervescence et les fragments du thaile plongés dans le liquide sont couverts de bulles de gaz acide carbonique. Peu à peu l’effervescence diminue; mais il faut attendre environ vingt-quatre heures pour que tout le sel calcaire soit dissous et avoir soin de laver l’Algue à grande eau pour ne point s'exposer à tacher le microscope ou à avoir des bulles de gaz entre les lames de verre, ce qui altérerait la préparation et gènerait beaucoup l'observateur. Après ce traite- ment le thalle, au lieu d'être dur et cassant, devient souple et a une consistance molle qui permet de l’étudier aussi facilement que la plupart des autres Rivulariées, Les membranes qui con- 198 RIPART, stituent les gaines deviennent plus apparentes, ainsi que la gangue muqueuse qui sert de trame à tout le thalle. Ce procédé a donc un grand avantage, mais il a aussi des inconvénients : il tue la plante et altere un peu sa couleur. fl ne permettrait pas d'observer les phénomenes à ta a par exemple la fécondation (s’il y en a une dans cette espèce), la rt des spores, etc. Examinons maintenant la zone libre d’un pulvinule ainsi préparé. La fig. 3 montre un fragment de la surface du thalle surmonté des différentes espèces de filaments qui la constituent. Les plus gros, débarrassés de leur enduit calcaire, n’ont plus qu'un diamètre de 0"",01 à leur base. L'enduit calcaire a donc 0°*.006 d'épaisseur à ce point, 0"",003 de chaque côté. Ils sont essentiellement constitués par un tube transparent continu, assez épais, ou gaine, qui Contient dans son intérieur un long cordon, étranglé de distance en distance par des articulations transversales, incolore à son extrémité et prenant une teinte d'un vert ærugineux de plus en plus foncé à mesure qu'on descend vers sa base. Ce long cordon vert est lui-même formé d'un tube extrêmement mince, divisé par des cloisons trans- versales en articles ou plutôt de cellules placées bout à bout et pleines d’endochrome. Bien quil ne m'ait pas été possible d'isoler et d'étudier séparément la membrane des cellules rem- plies d'endochrome, on ne peut douter de son existence : l’ex- trémité hyaline des filaments laisse voir cette disposition d’une manière très-nette. Les gaines sont quelquelois onvertes à leur extrémité libre, comme celles des Phormidium (fig. 3) et laissent échapper les cellules pleines d’endochrome qui se fragmentent, se séparent les unes des autres à la mamière des Oscillariées (fig. 4, a, b, c). Ces filaments ainsi constitués et munis de leur gaîne ne sont que la continuation, comme nous le montre la fig. 1, de ceux qui portent les spores à leur base et dont nous parlerons plus en détail en étudiant la zone fibreuse. Pour plus de facilité dans les descriptions, nous les désignerons sous le nom de filaments amphigènes, à cause de la double ut. qu'ils remplissent à chacune de leurs extrémités. RECHERCHES SUR L ORGANISATION DU GENRE INOMERIA. 199 La gaine des filaments amphigènes est entourée d’une autre espèce de filaments simples d'une très-grande ténuité et dont les extrémités, devenues libres à leur sortie du thalle, flottent dans l’eau avec les filaments amphigènes eux-mêmes et sont une partie constituante de la zone externe que nous étudions. (Voy. les fig. 3 et 6.) Ce sont eux que M. Kützmg a désignés sous le nom de fibres. Il dit, en effet, en parlant des gaînes : « vaginis ubique in fibras tenuissimas solutis. » Malgré leur petitesse (ils n’ont que 0"",001 de diamètre), 1ls sont constitués par un tube continu, transparent, contenant des cellules pleines d’endo- chrome, exactement comme les plus gros, et ressemblant aux filaments contenus dans la gangue muqueuse des Phormidium. Pour nous faire une idée de leur extrême petitesse, compa- rons-les à un objet connu; rappelons-nous, par exemple, que les zoospores du Cladophora glomerata Kg., connues de tous les algologues depuis les beaux travaux de M. Thuret, ont un cen- tième de millimètre de diamètre, tandis que nos filaments n’ont qu'un milième de millimètre de diamètre. Ils sont donc dix fois plus ténus, et ce n’est qu'avec un bon éclairage et de forts gros- sissements qu'on peut bien les voir et distinguer leur structure. Leur position leur donne quelque analogie avec les filaments qui accompagnent les thèques des Lichens et de certains Cham- pignons. Pour ne point créer un mot nouveau, je propose de leur donner aussi le nom de paraphyses, sous lequel je les dési- gnerai dans la suite de ce travail. Outre les filaments amphigènes et les paraphyses, il existe encore, dans la zone externe, une troisième espèce de filaments renfermés en nombre plus ou moins grand dans une gaîne com- mune, et d’une structure propre tout à fait semblable à celle des paraphyses ; ils sont aussi représentés fig. 3. Certaines gaines contiennent deux filaments, d’autres en contiennent un plus grand nombre. Ces gaines prennent naissance dans la zone fibreuse comme les filaments amphigènes; mais elles sont moins dilatées à leur base. Leur extrémité libre, au lieu d’être toujours fermée comme celles représentées fig. 3, est souvent ouverte et alors les filaments qu'elle contient s’épanouissent 5e série. Bor. T. VIL, (Cahier n° 3) 1 9 299 ,araumon : RIPART. comme uñ pinceau. Quand on parvient à déchirer ces gaînes par fragments, on aperçoit bien leur structure (fig. 5). Les filaments qu'elles renferment sont encore plus ténus que les paraphyses, surtout quand il y en à un grand nombre réuni dans la même gaîne : dans ce cas, il faut d'excellentes lentilles pour apercevoir leurs articulations, Ce serait un excellent test-object. Je donnerai à cette troisième espèce de filaments le nom de paraphyses composées, J'ai réuni à dessein, dans là figure 3, pour faciliter ma des- cription, toutes les espèces de filaments que l’on observe à la sur- face du thalle; mais il ne faudrait pas juger par cette figure de leur fréquence relative; on se tromperait beaucoup, car, tandis que les filaments amphigènes et les paraphyses existent en très- grande abondance, les paraphyses composées sont beaucoup plus rares, Zone fibreuse. — Elle occupe environ les trois cinquièmes supérieurs de la hauteur du thalle et est essentiellement consti- tuée par un stroma ou gangue muqueuse, demi-transparente quand elle est débarrassée du carbonate de chaux quil’imprègne, et traversée verticalement par tous les filaments dont nous avons rencontré les extrémités terminales et libres dans la zone ex- terne, C’est ce qui lui donne une apparence fibreuse. Quand on essaye de la rompre, elle se fragmente dans une direction verii- cale. Dans les pulvinules privés de leur sel calcaire, il est assez facile de séparer sa base horizontalement de la couche crétacée au-dessus de laquelle elle est immédiatement située. . Les filaments amphigènes, accompagnés des paraphyses (fig, 6), sont disposés assez régulièrement, comme le montre la figure 4, et ont beaucoup d’analogie avec les filaments spori- fères des Rivularia, Euactis, Dasyactis et autres Rivulariées. Tandis que leur extrémité libre que nous connaissons déjà se termine en pointe fine et transparente, leur extrémité opposée, qui est plongée dans l'intérieur de la gangue muco-crétacée, est disposée en massue arrondie. Ordinairement il y en a trois étages ou assises horizontales ; cependant cette disposition n’est pas. toujours aussi régulière que l'mdique la figure 4; les fila- CRE TRE SN ee CN RECHERCHES SUR L'ORGANISATION DU GENRE INOMERIA. 191 ments amphigènes n'ont done pas tous la même longueur, de mème qu'ils varient aussi beaucoup dans leur épaisseur. En me- surant les plus gros, je trouve qu'à leur émergence du stroma | ils ont un centième de millimètre de diamètre, un centième el demi vers leur partie moyenne, et près de deux eentièmes de millimètre à leur base. Chaque filament amphigène se compose d’un tube continu, transparent, fermé à ses deux extrémités, dont l’une forme un ail très-fin, et l'autre est dilatée à sa base el se termine en oul-de-sac. Ce tube ainsi disposé en un cône tres- allongé, composé d’une seule cellule, constitue ce que l’on appelle la gaîne, et contient dans son miérieur la série des cel- lules endochromiques et la spore elle-même. Ses parois ont rela- tivement une épaisseur considérable : mesurées au niveau de sa partie moyenne, je leur trouve un diamètre de 0"",003, À un grossissement de 4200 diamètres, on remarque près de sa sur- face interne des siries longitudinales, parallèles, d'une extrême délicatesse (fig. 7). Cette surface interne parait lisse et très- unie ; là surface extérieure, au contraire, est mégale, granu- leuse. id Nous avons déjà étudié les cellules pleines d'endochrome eon- tenues dans l'extrémité libre de la gaîne ; celles que renferme son extrémité inférieure plongée dans le stroma muco-crétacé méritent toute notre attention, et présentent des modifications remarquables ; elles se dilatent de plus en plus, et leur couleur est d'un vert d'autant plus foncé qu'on les examine plus près de la base; leur contenu est finement granuleux (fig. 7). Dans les cellules les plus basses, et par conséquent les plus larges, l'endochrome présente des granulations de plus en plus grosses, Dans les filaments amphigènes encore jeunes, dont l'extrémité inférieure est à peine renflée, la dernière cellule a la même appa- rence que celles qui la précédent; mais, à mesure qu'ils pren- nent de l’aecroissement et avancent en âge, leur extrémité de- vient de plus en plus elaviforme, et la dernière cellule prend une teinte plus foncée, brune plutôt que verte, et n’a aucune appa- rence granuleuse (fig. 6). Au bout d'un certain temps, cette cellule se sépare complétement des cellules voisines, prend une 139 RIPART. forme tout à fait sphérique, et paraît manifestement entourée d'une membrane propre, assez épaisse, comme l'indique la figure 8. La spore (Manubrium Kg.) est alors complétement for- mée. En examinant un grand nombre de filaments amphigènes, on trouve des spores à tous les degrés de développement ; ce sont ces cellulæ basilares perdurantes attribuées par tous les auteurs aux Rivulariées, et dont M. Rabenhorst, comme on l’a vu par la citation faite au début de ce travail, croyait, à tort, les Inomeria dépourvus. Leur diamètre moyen a 0"”,01. Lorsque la spore est arrivée à son état parfait de maturité, l'extrémité inférieure de la gaîne s’allonge un peu, et présente une ouverture destinée à lui livrer passage, comme l'indique la figure 9. La figure 10 montre la spore prête à sortir, et la figure 41 nous fait voir l'extrémité inférieure de la gaîne un peu flétrie et revenue sur elle-même après la délivrance de laspore. Dans la même figure, on remarque la forme arrondie que prend la cellule devenue la dernière par la sortie dela spore, et destinée sans aucun doute à constituer une spore nouvelle, phénomène qui se reproduit pro- bablement pendant toute la durée dela plante. Je n'ai qu'un mot à dire de la matière muco-crétacée située entre tous les filaments et les reliant entre eux. Examinée avec le plus grand soin, soit avant, soit après l'immersion dans l’eau acidulée, Je n'ai pu y distinguer aucune trace d'organisation : elle est complétement amorphe ; c'est évidemment un produit de sécrétion. Zone crétacée. — Je la nomme ainsi parce qu’elle est presque entièrement formée par la même substance muqueuse impré- gnée de carbonate de chaux dont je viens de parler; elle occupe environ les deux cinquièmes inférieurs de l’épaisseur du thalle. Après son traitement par l'eau acidulée, quand on essaye de la déchirer, on parvient à la fragmenter par assises horizontales ou feuillets, tandis que la zone précédente, au contraire, se laisse diviser par segments verticaux. Quand on examine un de ses fragments au microscope (fig. 12), on ne trouve aucune appa- rence d'organisation à cette matière muqueuse, qui a de l’ana- logie, pour la couleur, avec une forte solution de gomme , mais RECHERCHES SUR L'ORGANISATION DU GENRE INOMERIA. 135 elle a plus de consistance. Elle est irrégulièrement mamelonnée, et on distingue çà et là quelques débris de filaments ressemblant à des paraphyses, et des cellules ou spores semblables à celles que nous avons observées à la base des filaments amphigènes ; ces cellules n’ont pas toutes la même dimension, et sont distri- buées dans la zone crétacée d'une manière assez irrégulière. Les plus petites ont 0"",009 et les moyennes 0"",0L : ces mesures se rapportent tout à fait à celles des spores encore renfermées dans l’intérieur des gaines, et comme, d'un autre côté, elles ont la même apparence, et sont comme elles entourées d’une épaisse membrane, on ne peut, je crois, douter de leur origine : ce sont des spores échappées de la partie inférieure des filaments amphi- gènes, et accumulées avec de la matière muco-crétacée sécrétée par eux. Il y en a cependant qui ont une apparence diffé- rente et des dimensions beaucoup plus considérables ; la plus grande de celles contenues dans la figure 12 a un diamètre de 0"*,027, c'est-à-dire qu’elle est près de trois fois plus grosse que les autres ; en même temps son endochrome, au lieu de conserver une teinte uniforme, a pris une apparence celluleuse, et est divisé en un certain nombre de mamelons arrondis. Plu- sieurs des spores de la même figure montrent un commence- ment de division semblable, quoiqu'elles soient lom d'avoir acquis le mème volume. C’est manifestement un premier degré de germination, qu’il eût été bien intéressant d'étudier; mal- heureusement, comme je l’ai déjà dit, la méthode employée pour débarrasser le thalle de son carbonate de chaux arrête tous les phénomènes vitaux, el ne m'a pas permis de pousser plus loin mon observation. Considérations physiologiques. — Nous nous sommes arrêtés longtemps sur l'anatomie de cette petite Algue, et nous avons fait tous nos efforts pour débrouiller son organisation intérieure restée Jusqu à présent très-obscure. Sans nous flatter d’avoir tout vu, nous avons pu cependant arriver à démontrer que sa structure est analogue à celle des autres Rivulariées connues. Maintenant que nous connaissons les organes et leur position relative, tâchons de nous rendre compte de leurs fonctions en 13 | RIPART. commencant par lés filaments amphigènes, les plus importants d’entre eux ; les cellules énidochromiques me paraissent être les organes essentiels de la végétation et de la reproduction. Nous avons déjà vu que les cellules situées près de l'extrémité externe, au fur et à mesure de leur accroissément, s'échäppeñt dé la gaine ouverte, se séparent les unes des autres, ét deviennent libres ; or, par analogie avec ce qui se passe dans d’autres Aloues inférieures, il n’est guère permis de douter que chacune d'elles he soit susceptible de reproduire l'espèce : de serait une génération par division, üné Sorte de bourgeonnemetit. On pourrait appeler cette partie du flament eætfrémilé blaäsioÿène et sa base extrémité sporogène; mais je dois avouer que je n’ai jamais observé même un commencement de germination de ces cellules isolées : leur production continuelle et leur dissémina- tion facile dans l’eau semblerait en fapport avec là quantité pro- digieusé de thalles que ‘l'on trouve ordinairement dans les rivières où croît cette espèce. Les modifications successives que subit la dernière cellule près de Ia base du filament amphigène ont été décrites avec soi : je n'y reviéndrai pas. Arrivée à son développement complet et pourvue d’uiié épaissé meMmbrate qui l'enveloppe, elle constitue évidemment une spore semblable à celle que possèderit la plu part des autres genres de la même famille ; 1l eût certainement été trés-intéressant de suivre le développement des spores de- venues libres et accumulées au milieu de la couche crétacée, d'étudier leur mode de dissémination ; mais jusqu'à présént il ne m'a pas été possible de lé faire. La gaîne remplit aussi des fonctions importantes: elle sert de protection aux cellules endochromiques pendant leur végétation, et sa partie inférieure fait l'office d’une sorte d’utérus, dans le- quel là spore éprouve sés différentes inodifications jusqu'à sa maturité. À ce moment, élle s'éntrouvre pour lui donfier pas- sage, de même que le cil de son extrémité opposée se détache lorsque le phénomène du bourgéonnement commence, et par sa Chute met l’intérieur de la gaine en communication avec le. liquide ambiant, dans lequel les cellules-bourgeons peuvent RECHERCHES SUR L'ORGANISATION DU GENRE INOMERIA. 435 alors se répandre facilement. La surface extérieure granuleuse de l’épaisse membrane qui forme la gaîne me semble être l'or- gane principal de secrétion de la substance muco-crétacée qui donne au thalle sa consistance pierreuse. Cette fonction de la gaine paraît évidémhient démontrée par l’éxamen que ous avons fait de son extrémité libre, qui est elle-même recouverte d’un enduit de la même substance. Quant aux paraphyses simples ou composées, nous ignorons complétement leur destination, Chacune d'elles doit-elle se dé velopper plus tard et devenir un filament amphigène ? Ont-elles des fonctions sexuelles à rémplir? Rien ne nous autorise à lé penser, et il vaut mieux nous arrêter que de hous livrer à des suppositions hasardées. À En prenant pour type du geñre Znomeria la seulé espèce que je connaisse, celle que jé viens d'analyser dans cette étüde déjà bien longue et cependant encore incomplète, puisqu'il reste tant de questions que je n'ai pu résoudre, voici comment je propose de le caractériser : InomERIA Kg. Emend. Phycoma durum, crustaceuin (lapidescens); trfichomata vagi- näla, flagelliformia (amphigena mihi) parallelä, verticaliter seu radiatim disposita, ultra phycomatis externam superficiem longe producta, summo apice hyalina, basi manubriata seu cellula perdurante instructa (Manubrium Kg., Spora auct. mult.), fila- mentis minutissimis aliis simplicibus (paraphyses mihi) aliis compositis (paraphyses compositæ, mihi) stipata et substantia mucosa amorpha carbonate calcico imdurata undique circum- data. Propagationis modus duplex : aut cellularum vegetantium partitione, aut cellulis perdurantibus ad basim trichomatum sitis. Fœcundatio, si exstat, nondum cognita. 136 RIPART. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHES 9 ET 40. Sauf la première, toutes les figures ont été dessinées à la chambre claire. La figure 7 a été dessinée à un grossissement de 1200 diamètres, les autres à un grossissement de 700 diamètres. Fig, 4. Coupe perpendiculaire d’un fragment du thalle, montrant les différentes zones qui le constituent. Fig. 2. Extrémité libre d’un filament amphigène avec son enduit calcaire, tel qu'il existe dans la nature. Fig. 3. Fragment de la zone externe ou libre d’un pulvinule composée de diverses sortes de filaments, après l’immersion dans l’eau acidulée. Fig. 4. a,b,c, Cellules sorties d’un filament ouvert à son extrémité. Fig. 5. Fragment d’une gaine contenant deux paraphyses. Fig. 6. Partie inférieure d’un filament amphigène avec ses paraphyses. La spore n’est pas encore arrivée à son développement complet. Fig. 7. Section de la partie moyenne d’un filament ampbigène. Fig. 8. Extrémité inférieure d’un filament amphigène et spore complétement formée. Fig. 9. Extrémité inférieure d’un filament amphigène, présentant une ouverture pour le passage de la spore. Fig. 10. Spore prête à sortir par l’ouverture inférieure. Fig. 11. Partie inférieure d’un filament amphigène après la sortie de la spore. Fig. 12. Lamelle de la zone crétacée contenant des spores devenues libres et dont quelques-unes ont éprouvé un commencement de germination. RECHERCHES LA FÉCONDATION DES FLORIDÉES, Par MM. E. BORNET et @&. THURET. I On sait que presque toutes les tribus des Floridées possèdent deux formes de fructification. Tantôt le contenu de certaines cellules se divise en quatre spores : c'est que l’on nomme la fructification tétrasporique. Tantôt l’on trouve, sur d’autres individus, des agglomérations de cellules diversement agencées, qui produisent chacune une spore unique : c’est ce qu'on appelle le fruit capsulaire ou cystocarpe. Quelquefois la fructification est remplacée par des produc- tions celluleuses de forme et de structure variées, d’où sortent des corpuscules globuleux ou ovoïdes, incolores, beaucoup plus petits que les spores et qui ne sont pas susceptibles de germer. Négligés longtemps par les algologues, ces organes sont connus aujourd’hui dans un très-grand nombre de genres et d'espèces appartenant aux tribus les plus diverses. Les cellules dont ils sont composés ne forment très-souvent qu'une couche trans- parente peu visible à la surface de la fronde; mais dans cer- tains genres ils sont portés sur un petit axe plus ou moins développé, et prennent quelquefois alors un aspect fort remar- quable. Dans les Polysiphonia entre autres, où on les observa d’abord, ils se montrent sous la forme de petits cylindres hya- Hins, d’une abondance extrême sur certains échantillons. C’est pour ceux-là que C. Agardh créa le nom d’anthéridies, voulant exprimer ainsi leur ressemblance avec des anthères, mais sans rien préjuger sur leurs fonctions (1). (1) Species algarum, W, p. 57 (1828). 138 | BORNET ET THURET. M. Nægeli accorda le premier un rôle essentiel à ces organes, et en fit même la base d’une classification nouvelle. Admettant sans réserve leur identité avec les anthéridies des Mousses et des Hépatiques, 1l sépara les Floridées des autres Algues, comme étant seules pourvues d’une reproduction sexuelle (1). Mais cette classification reposait sur une double erreur. D'une part, les anthéridies des Floridéés ne rénferment point des anthéro- zoïdes mobiles semblables à ceux des Mousses, comme le croyait l’auteur. D'autre part, c’est précisément dans les Algues répu- tées agames par M. Nægeli, qué la sexualité a été démontrée de la facon la plus péremptoire, et que les phénomènes de la fécon- dation ont été étudiés jusque dans leurs moindres détails, Dans les Floridées au contraire, le rôle des anthéridies est resté jus- qu'ici aussi obscur que jamais. Les meilleurs observateurs ont échoué dans leurs recherches à ce sujet, et le plus habile d’entre eux à reconnu qu'on ne pouvait donner aucune preuve des fonctions physiologiques qui leur étaient attribuées (2). | IL n’y avait pas en effet plus de "motifs pour affirmer que les _tétraspores fussent un organe femelle, que pour donner ce rôle aux cystocarpes. — On ne pouvait non plus chercher dans les Floridées rien d’analogue à ce que l’on voit dans d’autres Algues, où les spores sont fécondées directement par les anthé- rozoïdes. Car les spores des Floridées commencent à germer peu après être sorties de leurs enveloppes, et il est facile de s'assurer que le contact des corpuscules des anthéridies n'est point nécessaire pour leur développement. Pour résoudre la difficulté, M. Pringsheim proposa une théorie plus ingénieuse que solide, et à laquelle d’ailleurs 1l renonça bientôt. Quelques différences accidentelles qu'il avait remarquées dans la germination des spores de Ceramium, sui- vant qu’elles provenaient des cystocarpes ou de la fructification tétrasporique, l'avaient conduit à supposer que les premières donnaient peut-être naissance à une sorte de prothallium, qui (4) Die neuern Algensysteme, p. p. 416, 187, 193 (1847). (2) Pringsheim, Zur Kritik und Geschichte der RTE is das AE geschlechl, p. 13 (1856). Le : A 0 Nr pe ge ne cé: FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 139 représentérait l'organe femelle (1). Mais des expériences plus exactés lui firent réconnaître que les spores des deux fruits ger- ment de même quand elles sont placées dans des conditions normales, et qu'il n'existe point de formation analogue au pro< thallium des cryptogames supérieures (2). Nos recherches sur ce point n'avaient pas eu plus dé succès que celles dés autres algolügues, et nous avions renoncé à pour- suivre là solution de ce problème, quand notré attention y fut ramenée par la publication du dernier mémoire de M. Nægeli sur les Céramiées (3). Dans ce travail, fruit de longues et pa tiéntes étudés, l’autéur maintient ses anciennes théories sur la iiäturé dé la double fructification des Floridées : il regarde eñ- coré les tétraspores comme l'organe femelle destiné à être fécondé par les prétendus spermatozoïdes des anthéridies, et ne voit dans les cystocarpes qu’un mode de reproduction asexuelle, ahälogué aux propagules des Hépatiques (4). Personne cepen- daïit n’eût été plus à même que ce savañl éminent de recon- naître le peu de fondement de cette hypothèse, s’il avait mieux tiré parti de ses propres observations, Car dans ce même ou- vrage que nous venons de citer, il décrit avec sa précision habi- tuellé un petit corps celluleux qui précède le développement du cystocatpe de diversés Céramiées, et lui donné lé nom d'appa- reil trichophorique (Trichophorcomplex oder Trichophor), à cause du poil qu'il porte à son sommet (5). Or, cet appareil dont M. Nægeli ne soupçonnait pas l'importance physiologique, est une des parties priicipales de l'organe femelle si vainement cherché jusqu'ici dans les Floridées. D'autres observateurs ävaient déjà remarqué cette structure particulière du cystocarpe à sa première origine, L'un de nous l'avait représentée dans le Lejolisia (6), et M. Pringsheim l'avait (4) Ueber die Befruchtung und Keïmung der Algen, p. 20 (1855). (2) Zur Kritik u. Geschichte der Untersuch. über das Algengeschlecht, p. 12 (4856). (3) Beiträge zur Morphologie und Systematik der Ceramiace® (Sitzungsberichte der künigl. Bayerischen Akademie der Wissenschaften, 1861, IL, p. 297). (4) Loc. cit., p. 299: (5) Loc. cit. p. 312. (6) Ann. des st. nat,, 4° série, t, XI, pl, 2 (1859). 140 BORNET ET THURET. aussi figurée dans un Spermothamnion (1). Mais M. Nægeli est le premier qui en ait fait une étude spéciale, et en ait donné une description détaillée. [l l’indiqua dans plusieurs des genres qu'il à faits aux dépens des Callithamnion et des Griffithsia, dans le Ptilota, le Wrangelia, le Spyridia, et avec doute dans le Glæosiphonia (2). Cette umiformité dans le premier dévelop- pement du fruit capsulaire nous parut d'autant plus digne d’at- tention, que dans quelques-uns de ces genres l’organisation du fruit mür est fort différente. Pressentant les rapports que cette structure transitoire pouvait avoir avec la fécondation des Flo- ridées, nous avons cherché si elle se retrouvait dans d'autres tribus. Nous avons reconnu en effet que le développement du cystocarpe est précédé de formations analogues dans des genres fort éloignés des précédents, et dont le fruit présente des difié- rences encore plus frappantes. Enfin la copulation des corpus- cules des anthéridies avec le poil qui surmonte Pappareil tricho- phorique, nous fournit une preuve décisive du rôle que remplis- sent ces organes, et la fécondation des Floridées nous parut dès lors assez bien démontrée pour en faire le sujet d'une com- munication à l'Académie des Sciences (3). Nous donnons aujour- d'hui un exposé plus détaillé de ces recherches, en y joignant quelques figures qui feront mieux comprendre les faits que nous avons observés. IT Les diverses parties qui concourent à la formation du cysto- carpe, constituent l'organe femelle des Floridées. Leur nombre et leur arrangement sont très-variables dans les différentes tribus. Dans les Némaliées, la cellule qui reçoit l’imprégnation n'est que le prolongement de celle qui donnera naissance aux spores. Dans les autres Floridées au contraire, ces deux fonc- tions sont remplies par des appareils distincts, quelquefois même entièrement séparés. Enfin, dans plusieurs tribus, les premiers (4) Beiträge zur Morphologie der Meerrs-Algen, taf. V (1862). (2) Loc. cit., p. 313 et seq. (3) Comptes rendus, LXII, p. 444. (Séance du 10 septembre, 1866.) FÉCONDATION DES FLORIDÉES. ti rudiments du péricarpe qui recouvrira le fruit mür, s ajoutent encore aux parties précédentes, et en augmentent la complica- tion. Quelles que soient cependant les variétés de forme, de structure et d'aspect qui résultent de ces diverses combinaisons, un caractère du moins semble constant : c'est la présence d’un petit appendice de nature particulière, auquel nous avons donné le nom de trichogyne, parce qu'il a presque toujours la forme d’un poil plus ou moins allongé, et qu'il est l'organe essentiel de l’imprégnation. Ce poil est toujours uniloculaire, même dans les algues telles que les Rhodomélées, où tous les autres sont arti- culés. Il n’est jamais séparé par une cloison de la cellule qui lui sert de base, quoiqu'il y ait souvent un étranglement assez mar- qué à son point d'insertion. Enfin, dans toutes les tribus excepté celle des Némaliées, il est porté sur quelques petites cellules qui ne prennent point part directement à la formation des spores, et avec lesquelles 1l forme un ensemble plus ou moins distinct, que nous désignerons, à l'exemple de M. Nægeli, sous le nom d'appareil trichophorique. Némaliées. C'est dans les Némaliées où Batrachospermées que nous trou- vons la structure la plus simple. L'appareil trichophorique n'existe pas, et l'organe femelle est réduit à la cellule du tricho- gyne. La formation du cystocarpe, seule fructification que ces plantes possèdent, est aussi beaucoup moms compliquée que dans les autres tribus. Voier comment elle a lieu dans le Nema- lion mullifidur: J. Ag. La fronde des Vemalion se compose d’un axe filamenteux, autour duquel rayonnent des faisceaux de filaments monili- formes. À la base et sur le côté d’un de ces filaments, il naît une petite cellule ovale, qui s’allonge et se coupe en deux par une cloison transversale. La partie supérieure se redivise de même une ou deux fois encore, et il en résulte la formation d’un très-court ramule, composé de trois ou quatre articles super- posés. Les articles inférieurs ne se développent pas davantage, et deviendront le pédicu du cystocarpe. La cellule supérieure 112 BORNET ET FHURET, - continue à croître; elle se remplit de protoplasma, prend une forme conique, et bientôt on voit poindre à son sommet une petite protubérance, qui s’allonge peu à peu en un long poil mucilagineux, Ce poil est le trichogyne, qui finit par dépasser les filaments périphériques, et que son contenu réfringent dis- tingue des autres poils qui recouvrent la ronde. C’est alors que s'opère la fécondation. Les anthéridies des Némaliées naissent d'ordinaire sur la même fronde que les cystocarpes, et forment _ cà et là de petits bouquets de cellules hyalines, implantés au sommet des filaments périphériques. Lorsque les corpuscules issus de ces anthéridies se trouvent en contact avec l'extrémité supérieure du trichogyne, 1ls y adhèrent, s'y soudent étroite- ment, et l'on en voit souvent plusieurs fixés ainsi à son sommet (pl. 44, fig. 4). Alors la partie conique qui forme la base du trichogyne, commence à s’élargir : elle se partage par des cloi- sons verticales en plusieurs cellules, qui grossissent à leur tour, deviennent saillantes, et composent une petite masse irrégulère- ment lobée (fig. 2, 3, 4). Enfin par des divisions successives cette masse celluleuse se transforme en un glomérule de fila- ments très-courts, dichotomes, dont les articles supérieurs renferment chacun une spore. Pendant que ces changements s opérent, la partie supérieure du trichogyne semble se flétrir, comme un organe dont les fonctions sont termmées; elle se tortille, se détruit peu à peu, et c’est à peine si l’on en trouve quelque reste, quand la formation du eystocarpe est achevée, Nous avons observé la même structure dans le Nemalion Lu- bricum Duby; dans le Vemalion purpureum Chauv. (Helmintho- cladia purpurea 3, Ag.), espèce plus favorable à cette étude que les deux autres à cause de la facilité avec laquelle on distingue le trichogyne parmi les gros filaments en chapelet qui compo- sent la fronde ; dans le Liagora viscida Ag., où nous avons vu tres-nettement la soudure des corpuscules avec le trichogyne (fig. 6) ; et enfin dans l’Helminthora divaricata 3. Ag. (fig. 7). Dans cette dernière espèce, les faisceaux des filaments péri phériques n'étant pas très-serrés, on trouve assez aisément les trichogynes, qui atteignent une longueur remarquable. Quelque- SR et _ _ FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 145 fois la matière réfringente qu'ils renferment se creuse de va- cuoles, qui leur donnent l'apparence d’être eloisonnés : mais la cavité est toujours libre d’une extrémité à l'autre. Dans la partie renflée qui sert de base au trichogyne, un peu au-dessous de la naissance du poil, on remarque une petite tache de matière jaune-verdâtre immergée dans le protoplasma réfringent, et au-dessous de cette tache un pett granule brillant. Le tricho- gyne se détruit peu après la fécondation, et on n’en trouve plus de traces avant même que le cystocarpe soit complétement dé- veloppé. La formation de ee dernier organe est difficile à suivre, à cause de la naissance simulianée de l'involucre, qui est propre au genre Helminthora et le disingue des Nemalion. Cet invo- lucre a une origine singulière, Dans l'Heiminthora comme dans les genres précédents, le petit ramusoule qui porte le trichogyne est attaché à une des cellules inférieures d’un filament de la fronde, A l’époque de la fécondation, la cellule placée immé- diatement au-dessus de celle-ci, et qui se trouve très-rapprochée de la base renflée du trichogyne, émet deux petits prolonge- ments parallèles qui embrassent cette base : ceux-ci en émettent d’autres à leur tour, qui sont dirigés en haut et en bas, et qui, se ramitiant de plus en plus, enveloppent le jeune cystocarpe et finiront par former la couronne de filaments qui entoure le fruit mür. Quoique cette structure gène l'observation, on peut cepen- dant reconnaître que la base du trichogyne grossit et s’arrondit, puis se partage en deux par une cloison transversale, enfin que par une série de divisions successives, elle se change en un glo- mérule de filaments sporifères, recouvert par un tégument mu- cilagineux. — Les spores del’Helminthora, quand elles viennent de sortir du cystocarpe, présentent un phénomène très-eurieux. que nous n'avons vu dans celles d'aucune autre Floridée. Pen- dant plusieurs heures elles changent sans cesse de forme, à la manière des Amibes. Elles ne paraissent pas se déplacer, et n’ont point d'organes locomoteurs. Mais de sphériques qu’elles étaient d'abord, elles deviennent tour à tour oblongues, pyriformes, rhomboïdales, etc.; elles s'éurent, se contractent, se gonflent sur un pont, se rétrécissent sur un autre; en un mot, elles All RORNET ET THURET. prennent successivement les formes les plus variées. Ces chan- gements se font assez lentement, mais sont très-visibles. Le len- demain tout mouvement a cessé, et l’on trouve beaucoup de spores qui ont commencé à germer. La tribu des Némaliées, par une exception très-rare dans les Floridées, renferme un genre d’eau douce, et ce genre est assez rapproché des précédents par sa structure et sa fructification, pour que nous eussions lieu d'espérer que la même ressemblance s'étendrait à l'organe femelle. Nous avons retrouvé celui-ci en effet dans le Batrachospermum moniliforme Roth. Mais le tricho- gyne n’a pas la même forme que dans les Némaliées marines. Au lieu de s’allonger en un poil, la partie supérieure s’élargit en une cellule ovoïde ou presque lancéolée, qui communique avec la partie basilaire par un col étroit (pl. 44, fig. 9, 10, 11, 42). Cette cellule paraît avoir une consistance plus ferme que les tricho- gynes ordinaires ; Car on la retrouve encore intacte dans dés cystocarpes assez avancés, jusqu'à ce qu'elle soit cachée par le développement des filaments sporifères. Les anthéridies sont peu nombreuses : elles naissent, comme dans les autres Néma- liées, au sommet de quelques ramules périphériques (fig. 8), et renferment des corpuscules globuleux, plus gros que ceux des genres voisins. On trouve fréquemment un de ces corpuscules implanté au sommet de l'organe femelle, et la soudure est quel- quefois si complète que le corpuscule ne semble plus être qu'un renflement terminal du trichogyne (fig. 10, 11). Souvent le même trichogyne porte plusieurs coute à la fois : en ce cas, il nous a paru ordinairement qu'il n’y en avait qu'un seul qui füt réellement soudé avec lui (fig. 12). Nos recherches sur le Batrachospermum et les figures qui s'y rapportent, ont été faites d’après des échantillons conservés dans l'alcool. Les résultats nous en ont paru d’ailleurs si nets et si précis, que nous n'avions pas hésité à en faire mention dans la note sur la fécondation des Floridées, que nous avons commu- niquée l’année dernière à la Société des sciences naturelles de Cherbourg (4). Depuis lors nous avons eu le plaisir d'en trou- {4} Mém. de la Société impériale des sc. nat. de Cherbourg, t. XIL, p. 259 (1866): FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 149 ver la confirmation dans un travail tout à fait indépendant du nôtre, que M. le C"* de Solms-Laubach avait entrepris sur le même sujet, et qu'il a publié récemment dans le Botanische Zeitung (1). Le seul point de quelque importance sur lequel nos observations ne s'accordent pas avec les siennes, est relatif à l’origine du eystocarpe. M. de Solms a eu sur nous l'avantage d'étudier des plantes vivantes. Cependant, tout en reconnaissant l’infériorité des matériaux que nous avions à notre disposition, nous croyons pouvoir émettre quelques doutes sur le rôle qu'il attribue dans la formation du fruit aux cellules de l'axe qui porte le trichogyne. Il nous à paru qu'ici, comme dans les autres Némaliées, c'est la base même de la cellule du trichogyne, sé- parée de la partie supérieure par un étranglement, qui seule donne naissance au cystocarpe (fig. 11). La cellule placée au- dessous de celle-ci ne produirait pas, selon nous, de filaments sporifères, mais seulement quelques-uns des ramules qui for- ment autour du cystocarpe une sorte d'involucre incomplet, Céramiées, Spermothamniées, Wrangéliées. Dans les plantes qui nous restent à examiner, la structure de l'organe femelle est beaucoup plus compliquée que dans les genres précédents. La formation du cystocarpe est aussi très- différente. Nous commencerons par celles dont le fruit n’a pas de péricarpe, parce que le développement des organes est plus facile à suivre, et nous prendrons pour exemple la formation de la favelle dans le Callithamnion corymbosum Lyngb. Pour trouver l’origme du fruit dans cette espèce, 1l faut exa- miner les jeunes ramifications du sommet de la fronde. Un des courts articles dont elles sont formées se turméfie et devient in- colore. La partie saillante se divise par des cloisons parallèles à l’axe en quatre ou cinq petites cellules, qui sont rangées autour de l’article principal et recouvrent environ la moitié ou les deux üers de sa circonférence. Toutes ces cellules ne sont pas desti- nées aux mêmes fonctions. La dernière de chaque côté de la série (1) Ueber die Fruchtentwickelung von Batrachospermum (Bot. Zeit, XXV, nos 21, 22, mai 1867). 5° série. Bot. T. VIL. (Cahier n° 3.) À 10 1:6 BORNEY ET THURET, produira les spores. Les cellules intermédiaires formeront l'appa- reil trichophorique. Elles sont le plus souvent au nombre de deux dans le Callithamnion corymbosum. Celle qui donnera nais- sance au trichogyne commence par se diviser transversalement en deux compartiments superposés, dont le contenu présente une différence très-marquée. Le compartiment inférieur est rempli, ainsi que l’autre cellule intermédiaire, d’un protoplasma réfringent. Le compartiment supérieur au contraire semble vide, ou ne renferme qu'un liquide incolore. C'est du sommet de celui-ci que naît le trichogyne, sous la forme d’un poil un peu renflé au-dessus de son point d'insertion. Ce poil est géné- ralement trés-long dans les Gallithamnion, et atteint de vingt à quarante centièmes de millimètre. Il n’est pas rare de trouver quelques corpuscules des anthéridies fixés à son extrémité supé- rieure, comme le représente la figure 13 (pl. 41). Bientôt alors commence la formation du fruit. Aucune des cellules de l’appa- reil trichophorique n’y prend part. Elles ne semblent destinées qu'à transmettre la fécondation aux deux cellules latérales. Du moins 1} n'y a que celles-ci qui se développent. Chacune d'elles s'allonge et se renfle en un corps oblong, rempli d’un proto- plasma fortement réfringent, dans lequel on distingue bientôt deux ou trois cloisons transversales. Il résulte de ce mode d’ac- croissement bilatéral que le fruit se trouve composé de deux lobes distincts, séparés par l'appareil trichophorique, et qui se développent parallèlement de chaque côté du rameau. Le som- met de ces lobes se renfle en un mamelon celluleux, qui grossit beaucoup et par des divisions répétées se transforme en une masse de spores arrondie, recouverte d’une membrane transpa- rente. À peine le premier mamelon a-t-il commencé à se former, qu'il en nait au-dessous un second, destiné à le remplacer ; puis un troisième succède à celui-ci, en sorte que la favelle arrivée à maturité se compose ordinairement de plusieurs masses spori- féres de grandeur inégale : les plus grosses, d’un rouge foncé, où les spores entassées sont prêtes à crever la membrane et à se disséminer dans l’eau ; d’autres plus petites, de couleur jaunâtre, où la formation des spores est moins avancée; d’autres, enfin, eme KÉCONDATION DES FLORIDÉES. 147 plus petites encore et incolores, dont le contenu commence seu- lement à se diviser. Quant au trichogyne et à l'appareil tricho- phorique, ils disparaissent de bonne heure, et il est rare d'en trouver encore quelques vestiges entre les lobes du cystocarpe, dès que ceux-c1 ont commencé à grossir. Nous avons vu la même structure dans plusieurs autres espèces de Callithamnion (C. versicolor Ag., C. byssoideum Arn., C. grande Ag., C. polyspermum Ag., C. Hookeri Harv.,C. tetri- cum Ag.) L'appareil trichophorique comprend souvent une ou deux cellules intermédiaires de plus que dans le Callithamnion corymbosum. Mais ces variations n'ont point d'importance. Nous avons observé une fois, dans le Callithamnion corymbo- sum, deux cellules intermédiaires portant chacune un trichogyne. Cette pluralité d'organes d’imprégnation, accidentelle dans les Callithamnion, est normale dans d’autres genres, Ainsi, dans le Griffithsia corallina Ag., le court ramuscule d’où naît le cysto- carpe se compose de trois petites cellules, dont la supérieure et l'inférieure ne se développent pas : la seconde porte deux appa- reils trichophoriques (1). — Dans le Bornetia secundiflora Th., on trouve au centre de l'involucre qui renfermera plus tard le cystocarpe, un petit mamelon jaunâtre, formé de trois ou quatre cellules superposées. Comme dans le genre précédent, la cellule supérieure ne se développe pas. Mais celle qui est placée au- dessous donne successivement naissance à plusieurs appareils trichophoriques sur divers points de sa circonférence. Dans le Wrangelia penicillata Ag., il y a aussi plusieurs appa- reils trichophoriques, qui sont réunis au sommet d'un rameau. Is sont accompagnées de filaments articulés presque incolores, que l’on a décrits à tort comme formant un involucre, mais qui sont plutôt comparables à des paraphyses ou paranémates. En effet, les spores naissent à la base des appareils trichophoriques, sur divers points et à diverses hauteurs du ramule fructifère : elles forment des bouquets entremêlés avec ces paraphyses, et confluent plus tard en un seul glomérule. On ne trouve plus (1) M. Nægeli a fait la même obsérvation //66, cit., p. 397). 145 BORNET ET THUREFT. alors qu'une masse globuleuse de spores, à travers laquelle sor-- tent de nombreuses paraphyses, qui se recourbent sur le cysto- carpe et le recouvrent d’une zone transparente. Ce fruit sin- gulier diffère complétement, par sa structure et son mode de formation, de celui du Wrangelia multifida 3. Ag., tandis que cette dernière espèce est très-voisine sous ce rapport des Sper- mothamnion, et doit être placée, sinon dans le même genre, au moins dans la même tribu. Nous avons trouvé fréquemment dans le #rangelia penicillata plusieurs corpuscules soudés avec le trichogyne, et cette espéce nous à paru être une de celles où 1l est le plus facile d'observer ce phénomène. Nous l'avons vu également dans divers genres de Spermothamniées et de Céramiées, savoir, dans plusieurs espèces de Spermothamnion, dans les Corynospora fleæuosa J. Ag. et C. Borreri Nob. (Callithamnion Borreri Harv.), dans le Ptilothamnion Pluma Th. (Callithamnion Pluma Ag.), le Pti- lota elegans Bonn. et enfin dans diverses espèces de Ceramium (pl. 12, fig. 14). En général ces observations sont assez faciles dans toutes ces plantes, pourvu qu'on ait des échantillons en bon état, et qu'on apporte à cette recherche la patience nécessaire. Nous devons cependant faire une exception relativement aux espèces du genre Ceramium. Car l'appareil trichophorique, naissant sur la partie convexe du sommet des rameaux, est diffi- cile à distimguer parmi les cellules saillantes et les poils qui re- couvrent cette partie de la fronde. Il se compose de trois ou quatre petites cellules superposées, dont la supérieure se pro- longe en trichogyne. Cette structure de l'appareil trichopho- rique, qui se retrouve aussi dans les Spermothamnion, le Cory- nospora flexuosa, le Ptilota elegans, etc., paraît être la plus ordinaire dans les Floridées, et nous aurons occasion de la men- tionner plusieurs fois dans les tribus suivantes. Lejolisia. Dans tous les genres dont nous avons parlé jusqu'ici, le fruit était nu, ou simplement involucré. Nous passerons maintenant à ceux où il est pourvu d'un péricarpe. | FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 149 Nous dirons d'abord quelques mots du Lejolisiu Born., genre anomal, qui semble voisin des Spermothamniées par sa fronde monosiphoniée et ses tétraspores exsertes. Le cystocarpe aussi, dans les premiers temps de sa formation, ressemble compléte- ment à celui d’un Spermothamnion (pl. 12, fig. 15, 16); mais plus tard il prend la structure d’une céramide de Rhodomé- lée (1). Voici comment cet organe se développe dans le Lejolisia mediterranea Born. Les cystocarpes naissent sur de courts ramules composés d’un ou deux articles. La cellule terminale d’un de ces ramules se renfle et se coupe en deux par une cloison transversale. Des deux nouvelles cellules ainsi formées, la supérieure ne se déve- loppe pas, ou entrera plus tard dans la composition du péri- carpe. L'inférieure se divise de nouveau par des cloisons verti- cales en cinq cellules, une centrale et quatre périphériques. L'une de celles-c1, qui est presque toujours placée à l'opposite du filament auquel est attaché ie ramule fructifère, prend bientôt un aspect différent des autres. Elle se décolore, se remplit de matière granuleuse réfringente; enfin elle se partage par des cloisons horizontales en trois articles superposés, qui constituent l'appareil trichophorique. L'article supérieur s'allonge en un court trichogyne, sur lequel on trouve quelquefois implanté un des corpuscules des anthéridies (fig. 16). Quant aux trois autres cellules périphériques, elles se divisent et se ramifient de ma- mère à former le péricarpe filamenteux propre au genre Lejoli- sia. C'est au centre de ce péricarpe que naissent les spores, pat suite du développement de la cellule centrale. On reconnaît clarement que les cellules de l'appareil trichophorique ne par- ticipent pas à leur formation. Elles sont repoussées de côté à mesure que la masse sporifère grossit, et quand le eystocarpe a pris tout son développement, on retrouve encore le trichogyne implanté latéralement vers son tiers inférieur. Rhodomélées, La tribu des Rhodomélées, l’une des plus importantes des (4) Voy, Ann. des se, nal,, 4e série, t, XI, pl, 2. 450 BORNET ET FHURET. Floridées, est aussi une de celles où l'on peut le mieux observer la fécondation. Il est vrai que le développement du fruit est plus difficile à suivre que dans les plantes où le cystocarpe est nu, parce que le péricarpe, naissant en même temps que l’ap- pareil trichophorique, le recouvre presque aussitôt ; et plus tard la formation des spores est cachée par les parois de ce même péricarpe, qui a pris un rapide accroissement. Mais d'autre part, comme la forme du fruit urcéolé ou céramide des Rhodomélées est déjà bien reconnaissable dès sa première origine, on peut sans beaucoup de peine trouver cet organe à divers âges et en divers états, examiner un grand nombre de trichogynes, et constater l’imprégnation avec une entière certitude. Ajoutons «que les Polysiphonia, le principal genre de cette tribu, dont les espèces abondent sur nos côtes, fournissent des matériaux d'étude pendant presque toute l’année. — Nous allons décrire la formation de la céramide dans le Polysiphonia insidiosa Cr. L'extrémité des derniers rameaux des Polysiphonia n'est formée que de quelques cellules superposées. À mesure que la plante s'accroît, ces cellules se multiplient, le rameau s’élargit, et en même temps émet des prolongements latéraux, qui devien- nent ou des poils, ou des ramules secondaires. C'est sur le deuxième article d’un de ces petits ramules latéraux que se développe la céramide. Cet article se renfle et se divise par des cloisons longitudinales en quatre cellules : trois d’entre elles constituent l'axe du ramule fructifère, qui se terminera plus tard en un poil articulé dichotome; la quatrième, plus grosse et placée du côté qui regarde le rameau principal, donnera nais- sance au cystocarpe. De chaque côté de cette cellule il s'en forme d'abord une nouvelle, de forme oblongue ou presque triangulaire : ces deux cellules latérales, qui ne tarderont pas à se multiplier et à entourer la cellule médiane, sont les pre- miers rudiments du péricarpe. La cellule médiane se divise bientôt elle-même, par des cloisons perpendiculaires à l'axe du ramule, en trois articles placés bout à bout, qui constituent l'apoareil trichophorique. L'article supérieur, c'est-à-dire celui qui est le plus rapproché du sommet du ramule, s'allonge peu FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 151 à peu en un poil hyalin, qui est le trichogyne. Pour bien com- prendre la structure de la jeune céramide à cette époque, il ne suffit pas de l’examiner par un des côtés, parce que les cellules destinées à former le péricarpe cachent déjà en partie la dispo- sition intérieure ; 1l faut aussi la regarder en dessus, c'est-à-dire par la face opposée à l'axe du ramule. On voit alors l'appareil trichophorique, tel que nous venons de le décrire, couché entre les cellules du péricarpe, et l'on reconnait sa ressemblance avec celui d’un Ceramium. Le trichogyne, au moment de la féconda- tion, atteint une longueur à peu près égale à celle de la | Jeune céramide. Il est généralement un peu dilaté dans sa partie supérieure, qui renferme un protoplasma réfringent (pl. 42, fig. 18). On trouve fréquemment un ou plusieurs des corpus- cules sphériques qu'émettent les anthéridies, fixés à son som- met (fig. 19). Ils se soudent au trichogyne par un petit canal très-court, mais bien visible. La matière réfringente un peu granuleuse qu'ils renfermaient, disparaît alors, peu à peu ; leur contour devient plus marqué, et 1ls semblent vides. Ils restent longtemps attachés en cet état au tube du trichogyne (fig. 20), et l’on en retrouve encore les débris quand la céramide a déjà pris un certain accroissement, — À partir du moment où le tri- chogyne commence à s’allonger, le développement intérieur de la eéramide devient de plus en plus difficile à observer. De chaque côté de l'appareil trichophorique naissent des cellules, qui finis- sent par le recouvrir. Bientôt les deux côtés du péricarpe se rejoignent, enveloppant la base du trichogyne, qui se trouve réduite à un étroit canal. Enfin les cellules péricarpiennes se multipliant de plus en plus, recouvrent entièrement le fruit, ne laissant au sommet qu'une étroite ouverture, qui s'élargira D tard pour livrer passage aux spores. De toutes les Rhodomélées que nous avons eu occasion d’exa- miner, le Chondria tenuissima Ag. est celle qui nous a offert les conditions les plus favorables pour l'étude spéciale de la copu- lation des corpuscules avec le trichogyne. L'observation est plus facile ici que dans les Polysiphonia, à cause de la grosseur rela- tive des organes, Le trichogyne est long de six à neuf centièmes 1592 BORNET ET THURÉT, de millimètre, sur une largeur moyenne d'un centième de milli- mètre. Les corpuscules des anthéridies ont environ un centième et demi de millimètre en longueur, et de plus ils sont remar- quables par leur forme ovale-allongée, un peu rétrécie à une extrémité, qui ne permet de les confondre avec aucun des orga- nismes microscopiques que contient l’eau de mer (pl. 12, fig. 21). On trouve aisément les trichogynes sur les ramules fructifères qui portent de jeunes céramides. En examinant un de ceux-ci sous un faible grossissement du microscope, on apercevra, parmi les poils dichotomes qui garnissent le sommet du ramule, quelques petits poils plus courts, obtus, dont le contenu réfrin- sent brille au milieu des autres. Ce sont les trichogynes, qui sont implantés chacun sur une céramide naissante. L'appareil trichophorique est semblable à celui des Polysiphonia. I se com- pose également de trois cellules, plus ou moims régulièrement divisées, placées bout à bout, et couchées de même entre les cellules du futur péricarpe. Mais la structure de la céramide, au moment de la fécondation, est plus compliquée ici que dans le genre précédent. Le péricarpe est plus développé ; il recouvre en grande partie le contenu de la céramide et enveloppe déjà la base du trichogyne. L'appareil trichophorique n’occupe qu’un côté de la cavité circonscrite par le péricarpe : le reste est rem- pli par une ou deux séries de cellules, qui formeront plus tard le placenta celluleux d’où naïîtront les spores. Le trichogyne con- siste en un tube un peu renflé en massue, rempli d'un proto- plasma jaunâtre et fortement réfringent. La membrane dont les parois sont formées, très-visible sur les côtés du tube, s’amin- cit tellement au sommet, qu’elle échappe à la vue. C’est sur cette partie, en apparence dépourvue de tégument, que s’attachent les corpuscules des anthéridies. La copulation qui s'opère alors entre les deux organes se voit avec une parfaite netteté. Au point où leur surface est en contact, toute ligne de démar- cation disparaît : leur contenu se mélange et semble se fondre l’un dans l’autre ; puis le protoplasma qui remplissait le tricho- gyne devient granuleux, se détache des parois du tube, se resserre, jusqu’à Ce qu’enfin il soit réduit à une traînée de gra- FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 153 nules irréguliers, qui se prolonge dans toute la longueur du tube et vient aboutir au corpuscule (fig. 26). Le plus ordinairement les corpuscules pendant la fécondation sont placés en travers sur le sommet du trichogyne, et y adhèrent par leur partie mé- diane (fig. 22, 23, 24). Mais on en trouve aussi dans des posi- tions très-diverses. Quelquefois ils sont fixés par une de leurs extrémités, soit debout, soit obliquement (fig. 25). C’est ce qui arrive surtout quand plusieurs corpuscules s’attachent sur le même trichogyne. Souvent alors le sommet du tube se gonfle et se déforme d’une manière très-sensible au point de contact des corpuscules.— Lestrichogynes du Chondriatenuissima persistent encore longtemps après que la fécondation est terminée. On les retrouve implantés latéralement à la base de céramides qui ont déjà une certaine grosseur. Leur extrémité semble alors comme fondue dans un petit amas de matière mucilagineuse, au milieu de laquelle on distingue encore les restes des corpuseules vides. Une autre Rhodomélée, le Bonnemaisonia asparagoides Ag., mérite d'être mentionnée à cause d’une particularité singulière que présente le trichogyne. Toutes les parties de cette plante sont enveloppées d’une épaisse cuticule, qui forme un limbe transparent autour du tissu coloré de la fronde. Cette mem- brane recouvre aussi la jeune céramide, et il semble qu’elle oppose un certain obstacle à l’élongation du trichogyne. Car celui-ci, avant de la traverser pour s’allonger au dehors et rece- voir l'imprégnation, se contourne en divers sens et décrit des circonvolutious plus ou moins nombreuses (pl. 12, fig. 47). Nous avons encore observé les trichogynes de plusieurs autres Rhodomélées.— Dans le Rytiphlæa tinctoria Ag., ilssont placés sur les extrémités roulées en crosse des derniers ramules. — Pour trouver ceux des Laurencia (L. obtusa Lmx, L. hybrida Len.), il faut les chercher dans la petite dépression du sommet des rameaux. — Enfin dans les Dasya (D. arbuseula Ag. D. coccinea Ag.), ils naissent à l’aisselle des rameaux supé- rieurs de la fronde. A5/ BORNET ET THURET, Spyridiées, Daos le Spyridia filamentosa Harv., nous avons vu tantôt un, tantôt deux trichogynes, et 1l serait possible que ces variations fussent en rapport avec celles que l’on remarque dans le nombre des lobes du cystocarpe. Mais l’état de nos échantillons et leur petit nombre ne nous ont pas permis de vérifier cette con- jecture. Rhodhyméniées. Le Plocamium coccineum Lyngb. est la seule plante de la tribu des Rhodhyméniées où nous ayons pu constater avec cer- ütude l'existence du trichogyne. Il consiste en un poil court, assez gros, un peu renflé au sommet, implanté sur un des petits mamelons de couleur jaunâtre qui, dans les individus à cysto- carpes, bordent la partie convexe des derniers rameaux de la fronde. L'anpareil trichophorique est immergé dans le tissu de ce mamelon. Il ne nous a pas été possible d’en étudier suffisam- ment la structure sur le petit nombre d'échantillons que nous avons eus à notre disposition. Delessériées. Nous avons rencontré des difficultés analogues dans l’étude des Delessériées. Le cystocarpe du Delesseria ruscifohia Lmx naît au sommet des jeunes frondes, sur le côté saillant de la nervure médiane, un peu au-dessus des plus petites prolifica- tions qui se développent le long de cette nervure. On le recon- naît à un petit amas de cellules jaunâtres, d’où sort un court trichogyne claviforme. Dans le Nitophyllum punctatum Harv., la transparence du tissu semblerait devoir rendre l'étude plus facile. Mais cet avan- tage est contre-balancé par la petitesse des parties et la fréquence des avortements. Si l’on examine au microscope un fragment _ de la fronde de cette espèce, pris sur un échantillon où les pre- miers cystocarpes commencent à se développer, on remarquera çà et là, vers le sommet des lobes, quelques points où la régu- larité du réseau celluleux est interrompue. Une des cellules … hp he ne ÈS FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 155 s'est divisée de manière à former un petit assemblage irrégu- lier, qui est assez généralement composé de cinq cellules dis- posées de la façon suivante. Trois petites cellules sont d'un côté, deux plus grandes de l’autre, et entre ces deux groupes se trouve un intervalle incolore, en forme de boutonumière allongée, qui donne à l’ensemble de cette structure quelque ressemblance avec un stomate. Ces cinq cellules (dont le nombre peut varier en plus ou en moins) sont le rudiment du péricarpe, et c’est dans l'intervalle mcolore qu'est couché, parallèlement à la sur- face de la fronde, l’appareil trichophorique. Il consiste en trois cellules très-petites, placées bout à bout, remplies d'un proto- plasma réfrmgent. La cellule de l’une des extrémités se prolonge en un petit trichogyne fort court, qui n’est pas toujonrs visible, mais que nous avons pu quelquelois distinguer nettement (pl. 13, fig. 27). Sur l’autre face de la fronde on retrouve un assemblage de cellules plus ou moins semblable à celui que nous venons de décrire ; quelquefois même il y a un second appareil trichophorique, correspondant à celui de la face op - posée. Mais en ce cas il ne paraît v avoir que l’un des deux qui soit bien développé; l’autre avorte et disparaît promptement, recouvert par les cellules péricarpiennes. Les cellules de l’appa- reil trichophorique ne contribuent pas directement à la forma- tion de la masse celluleuse d’où naïtront les spores : celle-ci parait tirer son origine d’une cellule latérale, placée sous les petites cellules du péricarpe. Dudresnaya, Nous avons réservé pour la fin de ce travail l'examen d’un genre où la fécondation s'opère d'une manière beaucoup plus compliquée que dans tous les précédents. Le genre Dudresnaya Cr. comprend deux espèces marines, dont la fronde a une structure analogue à celle des Batracho- spermum, mais dont le cystocarpe ressemble à la favelle des Céramiées, Ce fruit se développe dans des conditions extrôme- ment singulières. Deux organes distincts concourent à sa for- mation, un appareil trichophorique, et des filaments particuliers 155 BORNET ET TAURET. sur lesquels naissent les cystocarpes. Ces deux organes sont com- plétement séparés l’un de l’autre; ils sont même placés d’ordi- naire sur des ramules différents, et ce n’est qu'après la féconda- tion du trichogyne qu’il s'établit entre eux une communication par le moyen de tubes connecteurs, qui transmettent l’action fécondante de l'appareil trichophorique à l’une des cellules des filaments fructifères. Nous allons essayer de décrire cette curieuse disposition d’après l'étude que nous en avons faite sur le Du- dresnaya purpurifera J. Ag. La fronde de cette espèce se compose d’un gros axe mono- siphonié, autour duquel rayonnent des faisceaux de ramules trichotomes, verticillés par quatre ou par cinq. C'est sur ces ramules que naissent les organes de la fructification. F'appareil trichophorique ne consiste à son début qu'en un court filament, formé d’une série de petites cellules incolores (pl. 13, fig. 28). Plus tard quelques-unes de ces cellules se ramifiant un peu latéralement, 1l en résulte une petite expansion celluleuse irrégulière, tantôt en forme de raquette, tantôt ayant quelque ressemblance avec une Jeune pinnule de Callithamnion impar- faitement développée. Les cellules du sommet renferment un protoplasma réfrmgent. La partie supérieure de l'appareil tri- chophorique est généralement un peu recourbée en crochet, et la cellule terminale au moins est toujours plus ou moins réfléchie sur les inférieures. De cette même cellule émane un long tri- chogyne, remarquable par la torsion en spirale qu'il présente constamment un peu au-dessus de sa base (fig. 29, 30, 31, 32). Il n’est pas rare de trouver quelques corpuscules des anthéridies soudés à son extrémité. La fécondation est d’ailleurs facilitée, dans les deux espèces de Dudresnaya, par cette circonstance que les anthéridies naissent sur les mêmes individus que les éysto- carpes. Elles sont semblables à celles des Némaliées, et forment de même des bouquets de cellules hyalines au sommet de petits ramules, que l’on trouve cà et là parnni les rameaux périphé- riques. — Après que la cellule supérieure de l'appareil tricho- phorique s'est allongée en trichogyne, quelques-unes des cellules placées au-dessous d’elle se développent à leur tour, et s'allon- FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 157 gent en filamenis flexueux, Incolores, irréguliérement cloison - nés de distance en distance. Ce sont les tubes connecteurs dont nous avons parlé plus haut. Le protoplasma réfringent que ren- fermaient les cellules passe dans ces tubes et se condense à leur extrémité (fig. 33). Is continuent à croître, se ramifiant quel- quefois, et serpentant à travers les rameaux voisins Jusqu'à ce qu'ils rencontrent un des filaments fructifères qu'ils sont destinés à féconder.— Ceux-ce1 consistent en une série d'articles saperpo- sés, plus ou moms nombreux, devenant plus courts vers le som- met du filament, et terminés par une cellule hémisphérique plus grande, ce qui les fait paraître un peu claviformes (fig. 34). Ces petits filaments sont répartis en grand nombre dans toute la fronde. Dans les plus jeunes sommités de la plante 1ls parais- sent distribués avec une grande régularité : on en trouve un attaché à la base de chacun des quatre faisceaux de ramules qui entourent l'axe central. Mais dans les parties de la fronde plus agées, 1ls sont disséminés irrégulièrement sur les ramules, et jusque sur la base de l'appareil trichophorique. Leur cellule ter- minale, au moment de la fécondation, est remplie d’une matière granuleuse grisâtre. C'est à cette cellule que vient s’accoler un des tubes émis par l'appareil trichophorique. Il s'applique sur un point quelconque de sa surface, puis continue à s’allonger, et va s'accoler de même à la cellule terminale d’un autre fila- ment. De celui-ci 1l passe à un troisième, puis à un qua- trième, etc. (fig. 35). Nous avons vu le même tube s'appliquer ainsi tour à tour sur six cellules différentes, et il est probable que cette série de fécondations peut se prolonger encore beau- coup plus. Mais on comprend qu'il est fort difficile de suivre au delà d’une certaine longueur la marche sinueuse de ces tubes transparents à travers les ramules de la fronde. — Chaque fois qu'un tube s'accole à la cellule terminale d’un des filaments fructifères, 11 s'établit une soudure complète entre les deux corps; leurs parois disparaissent au point de jonction, et les. deux cavités n'en font plus qu'une. Alors la portion du tube qui est soudée avec la cellule se gonfle, et produit une sorte d'am- poule dans laquelle passe toute la matière que la cellule ren- 158 BORNET ET THURET, fermait. Cette ampoule grossit, s’allonge, et la matière s'agglo- mère dans sa partie supérieure, qui se sépare bientôt par une cloison : c’est cette partie, pleine de protoplasma réfringent, tandis que le reste de la cavité commune est vide, qui devient le siége de la formation du cystocarpe. Elle grossit, se divise à plusieurs reprises, et finit par se transformer en une masse de spores arrondie, recouverte d'une membrane transparente. Quant à la partie inférieure de l’ampoule, qui sert maintenant de support au cystocarpe, elle forme, par sa réunion avec la cel- lule terminale du filament fructifère, une grosse cellule inco- lore, tres-irrégulière, dans laquelle le tube connecteur semble entrer d’un côté et sortir de l’autre (fig. 37).— 11 résulte de cette étrange disposition qu'un seul appareil trichophorique suffit pour la formation d'un grand nombre de cystocarpes, puisque, après avoir été fécondé par les corpuscules des anthéridies, il émet plusieurs tubes connecteurs, qui vont à leur tour féconder chacun une longue suite de cellules. Aussi, quand on examine sous le microscope un échantillon bien fructifié, on trouve abon- damment les cystocarpes, reliés les uns aux autres par un réseau de tubes connecteurs : mais les appareils trichophoriques sont beaucoup moins nombreux, et ce n'est pas toujours sans diffi- culté qu'on parvient à les distinguer au milieu de l'enchevêtre- ment des tubes, des ramules et des filaments fructifères. Nous avons observé le même mode de fécondation et de for- mation des cystocarpes dans le Dudresnaya coccinea Cr. L'appa- reil trichophorique de cette espèce ne forme pas une expansion celluleuse comme dans la précédente ; il reste à l'état de simple filament. La cellule qui porte le trichogyne se recourbe de même sur les cellules inférieures ; mais le poil ne présente pas la sin- gulière torsion que nous avons mentionnée dans le Dudresnaya purpurifera. Enfin les filaments fructifères ont une forme diffé- _rente. Au lieu d’être renflés au sommet, ils sont élargis vers leur milieu, et s'atténuent ensuite en une pointe plus ou moins longue. C’est sur une des grosses cellules qui occupent le milieu du filament fructifére que vient se souder un des tubes émis par l'appareil trichophorique. Cette cellule se tuméfie alors beau- FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 159. coup, et forme des boursouflures irrégulières. Son contenu sag- glomère daus ces boursouflures, qui se cloisonnent, se redivisent à plusieurs reprises, et se convertissent en une masse de spores très-volumineuse, plus ou moins lobée, enveloppée d’une mem- brane transparente. La portion de la cellule à laquelle s’est soudé le tube connecteur reste vide ; mais elle est bientôt com- plétement recouverte par le développement de la masse spori- fère. Quant à la partie supérieure du filament fructifère qui se ‘termine en pointe, elle demeure implantée sur le cystocarpe, comme M. Decaisne l'avait déjà remarqué (1). Il n'y a aucune raison de croire que les Dudresnaya soient les seules Floridées où la fécondation s'opère par l'intermédiaire d'organes particuliers. Nous présumons qu'il pourrait y avoir une disposition analogue dans les Dumontia et les Halymenia. Peut- être aussi trouvera-t-on quelque complication de même nature dans le Polyides rotundus Grev., où le pédicule du eystocarpe donne également naissance à des tubes flexueux, qui rampent à travers la spongiole fructifère, et produisent de nouveaux cysto- carpes de distance en distance. 111 Il résulte des faits exposés dans ce mémoire que l'appareil de fécondation des Floridées consiste en un petit corps celluleux terminé par un poil uniloculaire ou trichogyne. La fécondation est produite par la copulation des corpuscules des anthéridies avec ce trichogyne, et a pour conséquence le développement du fruit capsulaire ou cystocarpe. Sous ce rapport, toutes les plantes que nous venons d'examiner sont soumises à la même loi, et présentent les mêmes phénomènes. Mais l'uniformité ne va pas plus loin. La fécondation n’agit pas toujours de même sur la formation du fruit, et il semble que l’on peut dès à présent dis- tinguer trois modifications principales dans la manière dont cette action s'exerce. Elle est à peu près directe dans les Némaliées, où le cystocarpe naît de la base même du trichogyne. Dans les (4) Essais sur une classification des Algues (Ann. des sc. nat., 2 série, 1842, t. XVII, p. 380, pl. 46, fig. 82). 460 BORNEF ET THURET. autres tribus au contraire, les cellules destinées à la formation des spores sont distinctes des cellules trichophoriques, et ne re- coivent qu'indirectement l'influence de la fécondation. Cette action est plus indirecte encore dans les Dudresnaya, où l'appa- reil d'imprégnation est complétementisolé de l'appareil fructi- fère, et où 1l faut, pour ainsi dire, deux fécondations succes- sives pour arriver à la production du fruit. Quoique ces observations ne portent encore que sur un petit nombre de genres, eu égard à tous ceux qu'il reste à étudier, nous croyons cependant qu’elles embrassent assez de types diffé- rents pour que l'on ne puisse conserver de doutes sur la véritable nature de l'organe femelle des Floridées. Les fonctions du tri- chogyne sont trop évidentes pour qu'on se refuse à y voir un organe d'imprégnation, et 1l semble probable que dans toutes les espèces qui possèdent la fructification capsulaire, la nais- sance du cystocarpe doit être précédée de quelque formation analogue à celles que nous avons décrites dans les pages précé- dentes. On trouvera sans doute encore de nombreuses variations, non dans la fécondation du trichogyne, qui paraît être la même par- tout, mais dans la disposition des organes, leurs relations réci- proques et leur mode de développement. Il semblerait même, d’après ce que nous savons déjà, que ces différences pourraient fournir des éléments précieux pour la classification, encore si imparfaite, des Floridées, et qu'il ne serait pas moins utile sous ce rapport d'étudier le cystocarpe à sa première origine que quand sa formation est achevée. Malheureusement la petitesse des parties qui composent l'organe femelle rend toujours ces re- cherches fort laborieuses, et elles deviennent presque imprati- cables quand la structure de la fronde ne se prête pas aux dis- sections microscopiques. Dans un grand nombre de Floridées, le cystocarpe se développe à l’intérieur d'un tissu opaque; l'appa- reil trichophorique n’est donc pas visible extérieurement. En ce cas il est souvent impossible, non pas seulement de l'étudier, mais même de le découvrir, surtout quand les cystocarpes ne sont point localisés sur un point déterminé ; car alors on ne sait FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 161 même pas sur quelle partie de la plante il faut diriger ses re- cherches. Dans un Plocaria, par exemple, les cystocarpes peu- vent naître sur un point quelconque de la fronde : mais sitôt que leur présence se révèle par la moindre tuméfaction du tissu, il est déjà beaucoup trop tard pour observer leur premier déve- loppement ; et d'autre part, au milieu des poils dont la surface est couverte, vouloir distmguer un poil aussi ténu que le tricho- gyne serait une entreprise tout à fait chimérique. Nous avons cru devoir signaler ces difficultés, afin d'expliquer pourquoi nous ne mentionnons guère dans ce mémoire que des plantes à structure filamenteuse. Ce sont presque les seules, en effet, où nous ayons pu étudier l'appareil de la fécondation avec une pré- cision suffisante. Dans les espèces à frondemembraneuse, comme les Nitophyllum, l'observation devient déjà beaucoup plus diffi- cile. Elle ne nous a donné que des résultats douteux dans le Rhodophyllis et les Chylocladia. Si le Plocamium fait exception parmi les Algues inarticulées par la facilité avec laquelle on trouve les trichogynes, cela tent à la position particulière que ces organes occupent sur le bord des ramules. Mais dans toutes les Floridées à frondes épaisses et coriaces, telles que les Gigar- tinées, Gracilariées, etc., nos recherches ont toujours échoué jusqu'ici. Nous n'avons pas été plus heureux dans l'examen du Jana corniculata Lmx, quoique dans cette espèce la présence des cystocarpes et des anthéridies sur les mêmes individus semble bien confirmer les relations physiologiques de ces deux organes (1). (4) C'est à tort que M. Rosanoff, dans ses Recherches anatomiques sur les Mélobé- siées (Mém. de la Soc. des sc. nat. de Cherbourg, t. XII, p. 46 et 59), suppose que les cystocarpes indiqués depuis longtemps par l’un de nous dans les Jania sont «un état anormal ou jeune» du fruit tétrasporique. Lorsque l'on récolte des touffes de Jania corniculata en pleine fructification, parmi les échantillons dont les conceptacles renferment des tétraspores, on en trouve souvent quelques-uns dont les conceptacles ont la même forme, mais contiennent des spores rondes indivises, rayonnant d’un placenta central. Ces spores se développent successivement dans l’article terminal de très-courts filaments claviformes, composés de deux ou trois cellules, qui sont rangés autour d’un bouquet de paraphyses incolores placé au centre du conceptacle. Le moindre examen de ce fruit suffit pour le distinguer de la fructification tétrasporique, et le mode de formation des spores ne peut laisser aucun doute sur son analogie avec 0€ série. Bor, T,. VIT. (Cahier n° 3.) 8 11 162 BORNET ET TAURET. D'autres difficultés se présentent encore dans cette étude. Pour observer l’origine du fruit capsulaire, il faut le chercher dans les parties les plus jeunes de la fronde, et choisir de préfé- rence des échantillons qui commencent seulement à fructifier. Car dans ceux qui sont chargés de cystocarpes déjà mûrs, non- seulement on ne trouve plus qu’un petit nombre d'organes assez jeunes ; mais de plus il arrive très-souvent que la formation du fruit s'arrête dès le début, et ne dépasse pas la période où l’or- gane femelle est muni d'un trichogyne. "On le reconnaît encore à sa structure et à la position qu'il occupe sur la fronde ; mais les parties qui le composent ne sont plus aptes à remplir leurs fonc- tions. Les cellules deviennent alors des cellules végétatives ordi- naires : le contenu réfringent du trichogyne disparaît ; ses parois s’épaississent ; quelquefois 1l s’allonge beaucoup plus que dans l'état normal, et devient un poil tout à fait semblable aux poils ordinaires. Ces avortements sont fréquents, même des les pre- miers temps de la fructification, dans les genres Helminthora, Callithamnion, Spermothamnion, Lejolisia, Polysiphonia, Nito- phyllum (1). I importe beaucoup de se tenir en garde contre cette cause d'erreur, qui donnerait souvent une idée inexacte du mode de formation du cystocarpe, et qui ne permet d’ailleurs d'observer aucun des phénomènes de la fécondation. Jamais en effet, dans ces cas d’avortement, nous n'avons vu de corpuscules fixés sur le trichogyne, et nous sommes portés à croire que c'est précisément à cette circonstance qu'est dû presque toujours l'arrêt de développement de l'organe femelle. le cystocarpe des autres Floridées. Nous avons observé une structure tout à fait pareille dans les conceptacles d’un petit Melobesia, voisin du M. farinosa Lx, qui croit sur les feuilles du Posidonia CauliniKon.— Sur les mêmes individus de Jania qui portent des cystocarpes, quelques-uns des rameaux inférieurs sont terminés par des concep- tacles de forme plus allongée, un peu lancéolée, dont la paroi intérieure est tapissée d’anthéridies. Ces conceptacles mâles ne se trouvent pas sur les individus à tétra- spores. (4) Ce sont de ces organes arrêtés dans leur développement qui ont été représentés par l’un de nous dans le Lejolisia (Ann, des sc. nat., 4° série, t. XI, pl. 2); par M. Pringsheim dans le Spermothamnion roseolum, Pr. (Beiträge zur Morphologie der Meeres-Algen, pl. 5, fig. 10); par M. Nægeli dans le Callithamnion versicolor, Ag. (Beiträge zur Morphologie und Systematik der Ceramiacee, fig. 4), l FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 163 Car les corpuscules des anthéridies étant dépourvus de mouve- ment, leur contact avec le trichogyne ne peut résulter que de causes extérieures et accidentelles. Ii doit doncarriver assez sou- vent que ce contact n'ait pas lieu en tempsutile pour déterminer la fécondation et le développement du fruit. Un exemple assez frappant nous semble confirmer cette conjecture. Sur une grosse touffe de Rytiphlæa tinctoria Ag., qui croissait isolément sur un rocher, en dehors de sa station habituelle, nous n'avons pu trou- ver aucun Cystocarpe bien développé, quoique la plante fût en bon état, et que le sommet des jeunes rameaux fût, pour ainsi dire, hérissé de trichogynes. Quelques céramides avaient pris un certain accroissement; mais le péricarpe seulement s'était formé ; elles ne renfermaient pomt de spores, et leur trichogyne était encore intact. Le mode de fécondation des Floridées diffère essentiellement de tous ceux que l’on connaît dans les autres Algues. Aucune analogie, mème éloignée, ne semble le rattacher à ceux qu’on a observés jusqu ici. On s’étonnera peut-être de trouver de telles dissemblances dans les fonctions les plus importantes de la vie, chez des plantes que l’on réunit sous une même dénomination. Mais il ne faut pas oublier que ce nom d’Algues ne représente pas un ensemble nettement limité : ce n'est en réalité qu'un nom commun sous lequel on comprend des familles appartenant à des types différents, et qui n’ont souvent d’autres rapports que l'absence de tissu vasculaire et le milieu où elles croissent. Les Floridées forment parmi elles un groupe à part, qui n’a d’affi- nités bien marquées avec aucun autre. Les Dictyota s'en rappro- chent par la nature de leur double fructification. Toutefois ce serait grandement exagérer la valeur de cette ressemblance que de les ranger parmi les Floridées, comme le propose M. Cohn (4). Nous ne connaissons aucune de celles-ci dont le cystocarpe, si simple cuil soit, ait la structure et le mode de formation que l’on trouve dans celui du Dictyota. Nous n'avons d’ailleurs rien pu voir dans ce dernier qui ressemblât à l'appareil d’imprégna- tion des Floridées,. (4) Ueber einige Algen von Helgoland, 1865, 164 RBORNET ET THURET. EXPLICATION DES PLANCHES 11, 12, 15. N. B. — Toutes les figures sont représentées à un même grossissement de 400 dia- mètres. — Celles du Batrachospermum moniliforme (fig. 8 à 12) ont été faites d’après des échantillons conservés dans l'alcool ; toutes les autres d’après des plantes vivantes. PLANCHE A1. Nemalion multifidum J. Ag. Fig, 4. Fragment d’un faisceau des filaments périphériques. Le filament de gauche est terminé par un bouquet d’anthéridies. A droite, un ramule très-court porte un trichogyne, au sommet duquel deux corpuscules des anthéridies sont fixés. D’autres corpuscules flottent à l’entour. Fig, "2, 9, HS AUS PMP URES représentent la formation du cystocarpe, depuis le mo- A ment où la base du trichogyne commence à se renfler et à se diviser, jusqu'à la naissance des spores, Le trichogyne sc détruit à mesure que le cystocarpe se déve- loppe. Liagora viscida Ag. Fig. 6. Ramule portant un trichogyne, au sommet duquel sont fixés trois corpuscules des anthéridies. On voit nettement la soudure des corpuscules avec le poil. Helminthora divaricata J, Ag. < Lo ©) is. 7. Trichogyne au moment de la fécondation. Batrachospermum moniliforme Roth. Fig. 8. Ramules portant quelques anthéridies. 7 ig. 9. Ramule portant à son extrémité un trichogyne non encore fécondé. Fig. 10. Trichogyne au sommet duquel est soudé un des corpuscules des anthéridies, Fig. 11. Commencement de la formation du cystocarpe. La base du trichogyne s’est élargie, et recouvre déjà d'un côté la cellule inférieure. Fig. 12. Ramule portant un jeune cystocarpe, du milieu duquel sort le trichogyne. Trois corpuscules sont attachés au sommet du trichogyne; mais il n’y en a qu’un qui paraisse soudé avec lui. Callithamnion corymbosum Lyngb. Fig. 13. Fragment d’un jeune rameau sur lequel se développera une favelle. Il est placé de manière à montrer une des faces latérales de l'organe femelle. À gauche, on remarque une cellule ovale, divisée en deux compartiments superposés. Le com partiment supérieur est à peu près vide, et forme la base du trichogyne. La cellule de droite donnera naissance aux spores. Il existe une cellule correspondante sur l'autre face du rameau; mais elle est cachée, ainsi qu’une céllulc intermédiaire, par celles qui portent le trichogyne. FÉCONDATION DES FLORIDÉES. 165 PLANCHE A2. Ceramium decurrens Harv. Fig. 44. Trichogynes avant, pendant et après la fécondation. La soudure des corpus- cules des anthéridies à l'extrémité du poil se voit avec la plus grande netteté. Lejolisia mediterranea Born. Fig. 45. Commencement de la formation du fruit. On voit à droite l'appareil tricho- phorique, formé de trois cellules superposées, dont la supérieure commence à s’al- longer en trichogyne. Fig. 16. Cystocarpe un peu plus avancé. Un corpuscule est soudé avec le trichogyne. Bonnemaisonia asparagoides Ag. Fig. 17. Jeune céramide au moment de la fécondation. Le trichogyne s’est contourné plusieurs fois sur lui-même, avant de pouvoir traverser l’épaisse cuticule qui recouvre toute la plante. Polysiphonia insidiosa Crouan. Fig. 18. Jeune céramide un peu avant la fécondation, Elle est vue de côté, ainsi que les suivantes. Le trichogyne fait saillie au sommet sous la forme d’un petit poil uni- loculaire. Le groupe de cellules, de forme oblongue, placé au-dessous du trichogyne dans une direction oblique, est le commencement du péricarpe. L'’axe du ramule qui porte la céramide est à droite, et se termine par un poil cloisonné rameux. Fig. 19. Sommet d'une jeune céramide au moment de la fécondation. Un des cor- puscules des anthéridies est implanté sur le trichogyne. Fig, 20. Jeune céramide dont la fécondation est terminée. Trois corpuscules vides sont soudés par un court prolongement au tube du trichogyne. Chondria tenuissima Ag. Fig. 21. Jeune céramide avant la fécondation, Le contenu de la céramide est presque entièrement recouvert par le péricarpe, qui enveloppe déjà la base du trichogyne et cache complétement l'appareil trichophorique, Quelques corpuscules des anthéridies flottent autour du trichogyne. Fig. 22, 23, 24, 25, 26. Ces cinq figures représentent la copulation des corpuscules avec le trichogyne. Dans les trois premières, le corpuscule est placé en travers sur le somnet du poil, ce qui est le cas le plus fréquent. Dans la figure 24, le corpuscule est attaché de côté, et soudé au tube par son extrémité la plus étroite. Dans la figure 25, la fécondation est terminée : le contenu du trichogyne s’est contracté en une traînée de matière granuleuse, qui se prolonge jusque dans le corpuscule, PLANCHE 13. Nitophyllum punctatum Harv. Fig. 27, Fragment de la fronde vu à plat, montrant'le premier développement de la coccidie, Les cellules qui formeront plus tard le péricarpe ont commencé à se diviser, 166 BORNET ET G. THURET. et sont déjà au nombre de cinq, trois petites à gauche, deux plus grandes à droite. Dans l'intervalle qui les sépare est plongé l'appareil trichophorique, que les trois petites cellules de gauche recouvrent en partie. Il se compose de trois cellules très- petites, dont la supérieure se prolonge en un court trichogyne. Le protoplasma gri- sâtre dont il est rempli se détache nettement par son aspect réfringent sur les cellules colorées en rose qui l'entourent. Dudresnaya purpurifera J. Ag. Fig. 28, 29, 30, 31, 32. Appareil trichophorique à divers états de développement. Ce n’est d’abord qu’un simple filament, Plus tard il forme une petite expansion cellu- leuse irrégulière, La cellule terminale se recourbe en crochet, et donne naissance à un long trichogyne, remarquable par la torsion en spirale qu’il présente un peu au-dessus de sa base. | Fig. 33. Appareil trichophorique, après la fécondation du trichogyne. Quelques-unes des cellules placées au-dessous de celle qui porte le trichogyne, ont commencé à s’allonger pour former les tubes connecteurs. La matière réfringente qu’elles con- tenaient a passé à l’extrémité de ces tubes. Deux corpuscules des anthéridies sont encore fixés au sommet du trichogyne. Fig. 34. Filament fructifère non encore fécondé. ILestterminé par une cellule arron- die, remplie d’une matière granuleuse grisâtre. Fig. 35. Fécondation des filaments fructifères par le tube connecteur. Un de ces tubes, émis par l’appareil trichophorique, s’est appliqué successivement sur la cellule ter- minale de quatre filaments différents, et continue à s’allonger pour aller en féconder d’autres. La fécondation est d'autant moins avancée, que le tube est plus éloigné de l'appareil trichophorique. Ainsi, en remontant de gauche à droite, on voit d’abord le tube simplement appliqué sur la cellule terminale d’un filament. Il est déjà soudé avec celle du filament suivant, elle contenu des deux organes commence à s’agglo- mérer dans le haut de la cavité commune. L'opération est encore plus avancée dans le troisième, au sommet duquel le tube a formé une sorte d’ampoule. Enfin dans le quatrième filament, c’est-à-dire le premier fécondé, cette ampoule est déjà sé- parée par une cloison du reste de la cavité, qui est vide et que le tube connecteur semble traverser. Fig. 36. Autre exemple de la soud,,re d’un tube connecteur avec la cellule terminale d’un filament fructifère. Le contenu des deux organes s’est mélangé, et va s’agglo- mérer dans une ampoule latérale. Fig. 37. Commencement de la formation des cystocarpes. Ils sont reliés entre eux et à l’appareil trichophorique par les tubes connecteurs, qui viennent s’attacher à la cel- lule vide servant de pédicule au cystocarpe. Cette cellule, de ferme très-irrégulière, provient de la soudure du tube avec la cellule terminale du filament fructifère. Les cystocarpes sont encore très-jeunes, et leurs cellules se rediviseront plusieurs fois avant de se transformer en spores. Les plus avancés sont les plus rapprochés de l'appareil trichophorique, qui ont été fécondés les premiers, INFLUENCE DE LA LUMIÈRE ARTIFICIELLE SUR LE SPIROGYRA ORTHOSPIRA, Narc., Par M. A. FAMIENTZEN, Professeur à l’université de Saint-Pétersbourg. I Parmi le grand nombre d'ouvrages qui existent aujourd'hui sur les Algues, je n’en connais pas un seul qui traite des condi - tions physiques dans lesquelles s'effectue leur végétation. Jus- qu'ici on n’a étudié ces végétaux qu'au point de vue de leur structure, de leur reproductron sexuelle, de la formation des zoospores et de la division des cellules. Toutes les recherches sur le mode de nutrition, ainsi que sur l’action de la lumière, n’ont eu pour objet que les Phanérogames. Si l’on en excepte quelques observations sur l’action de la lumière dans la formation des zoospores et sur leur mouvement, observations qui sont disséminées dans différents recueils, on peutdire qu'il n'a encore rien été fait de ce genre sur les Algues. : J'ai pensé cependant que les Algues devaient être, à ce point de vue, un sujet intéressant d’études, et c’est ce qui m'a amené à observer l’action de la lumière sur le Spirogyra. Comme source de lumière, j'ai employé la lumière de la lampe au pétrole. Ayant déjà réussi, à l’aide de cette lumière artificielle, à faire germer les graines du Cresson (1), ef à y observer les phénomènes qui se produisent sous l'influence de la lumière naturelle, j'ai dû croire que j'aurais le même succès en appliquant ce moyen d'observation aux cellules des Spirogyres. Chacune des grandes cellules transparentes de cette Algue filamenteuse peut vivre tout à fait indépendante des cellules voi- sines, et par conséquent être considérée comme un individu. (4) Voyez mes observations dans les Mémorires de l’Académie impériale de Saint- Pétersbourg, 1865, t. VIII, n° 45, 165 A, FAMINTZIN. J'avais donc dans chaque fragment de Spirogyra toute une co- lonie d'individus de même espèce, qui, bien que réunis les uns aux autres par continuité de tissu, pouvaient être observés sépa- rément pendant toute la durée de mon observation. L'espèce dont je me suis servi a été le Spirogyra orthospira, qui, recueilli pendant l'été, s'était conservé bien vivant dans mon aquarium. La structure des cellules de Spirogyra est si complexe, et elle a déjà été si bien expliqué par divers botanistes, que je n'ai pas à m'y arrêter ici. Je me contenterai de renvoyer le lecteur aux mémoires de À. Braun (1), M. Prmgsheim (2) et M. de Bary (3). Les cellules, telles que je les ai trouvées dans mon aquarium, ont été représentées dans la figure 4 (pl. 1h). Les rubans de chlorophylle étaient presque entièrement dé- pourvus d’amidon; je n y en ai su moins trouvé que de très- petits granules. Je coupai les filaments de l’Algue en petits morceaux, et je les exposai dans une soucoupe pleine d'eau, à la lumière de la lampe, au foyer même du réflecteur. Tous les rayons calo- rifiques de la flamme étaient presque complétement interceptés par un vase d'eau à parois parallèles et transparentes, comme dans mes expériences sur le Cresson. L'influence de la lumière de la lampe sur les cellules du Spiro- gyra se manifesta rapidement. Au bout de vingt-quatre heures, tous les rubans de chlorophylle étaient déjà remplis d’amidon. Voulant reconnaître en combien de temps les premières traces d'amidon se manifestent, je fis l'expérience suivante : Je mis plusieurs filaments de Spirogyra de l'aquarium dans un endroit obscur, espérant, d’après ce que l'observation avait déjà fait découvrir au sujet des Phanérogames, amener par là la disparition complè'e des grains d’amidon. Je réussis à souhait : au bout de quarante-huit heures, on n’apercevait plus la moindre trace d'amidon dans les cellules de la plante. Je pris alors un long filament de Spirogyra et le coupai en (4) Die Verjüngung, p. 257-264: (2) Pflanzenselle, 1854, p. 31-32. (3) Die Conjugaten, 1852, p. 2. INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LE SPIROGYRA. 169 petits morceaux ; un de ces morceaux fut traité par l'iode, afin d'être bien sûr qu'il ne contenait point d’amidon; les autres furent exposés à la lumière de la lampe. Après quinze minutes d'exposition à cette lumière, un des fragments fut immergé dans l'iode ; mais je ne pus pas encore y constater la présence de l’'amidon. Au bout de trente minutes, la réaction de l’iode com- mença à être sensible ; elle le fut bien davantage une demi- heure plus tard, c’est-à-dire après une heure d'exposition à la lumière; on reconnaissait alors facilement des groupes de pe- tits grains amylacés. Je recommencai plusieurs fois cette expé- rience, et toujours avec le même succès. J'exposai à la lumière de la lampe des fragments de Spirogyra, jour et nuit, pendant deux semaines sans interruption, en chan- geant tous les jours l'eau du vase qui les contenait ; voici ce qui en résulta : La quantité des grains d’amidon s’accrut journellement dans ces cellules ; les rubans de chlorophylle s'épaissirent considéra- blement, et, modifiant insensiblement leur forme, ils se chan- gerent partiellement en grosses masses sphériques (fig. 2). Ces masses me parurent vides intérieurement, mais elles étaient couvertes extérieurement d'une couche de grains d’amidon et de chlorophylle. Pendant que ces changements s’effectuaient, les cellules conservaient toute leur vitalité, et chez plusieurs même on put observer un travail actif de division en cellules nouvelles (fig. 3). Toutefois, du sixième au quinzième jour, la plupart des cellules périrent. La teinte des rubans de chloro- phylle devint de plus en plus claire ; à la fin de l’expérience, ils étaient jaunes dans le plus grand nombre de cellules ; dans celles qui étaient mortes, ils étaient incolores et environnés de petits dépôts d’amidon. Je voulus examiner avec plus d'attention ces premiers résul- tats ; 1] s'agissait pour moi : 1° D'exposer des fils de Spirogyre à la lumière de la lampe et d'en tenir d’autres dans l'obscurité, afin de mieux observer la formation de lamidon sous l'mfluence de la lumière, ainsi que sa disparition dans l'obscurité. 470 A. FAMINTZIN. 20 D'étudier l’action de la lumière sur la division des cellules. 3° D’examiner si les cellules de Spirogyra exposées à la lu- mière de la lampe croissent en longueur, et comment elles se conduisent sous ce rapport dans l'obscurité. h° D’observer les changements des cellules de Spirogyra à la lumière de la lampe, colorée ou rendue jaune par un chromate alcalin, et à la lumière colorée en bleu par une dissolution ammo- niacale d'oxyde de cuivre, ainsi que la formation de l’amidon et les altérations que ces lumières colorées peuvent y faire naïître. Pour résoudre ces questions, je pris les dispositions suivantes : Je laissai des filaments de Spirogyra dans l'obscurité pendant vingt-quatre heures, et, quand les grains d’amidon en eurent complétement disparu, je coupai ces filaments en une douzaine de morceaux de diverses longueurs, savoir : quatre d'environ 10 millimètres, quatre de 7 millimètres, et les quatre autres de h millimètres. Je les distribuai alors entre quatre soucoupes pleines d’eau; dans chacune de ces soucoupes j'avais trois fragments de longueurs différentes, et par là faciles à distm- guer. Je comptai les cellules dans chacun de ces douze frag- ments, et je notai l’espace qu'ils occupaient sur l'échelle centé-— simale du micromètre, amsi que la longueur de leurs cellules. Je pris encore note des accidents que la section des filaments avait pu produire à leurs extrémités, comme la rupture d'une cellule ou les lambeaux de membrane déchirée qui pouvaient y adhérer, de telle sorte qu'il m'était facile de reconnaitre toutes les cellules de ces divers fragments. Une des soucoupes fut mise à la pleine lumière de la lampe ; une autre fut exposée à la lumière bleue, la troisième à la lumière jaune ; la quatrième resta dans l’obscu- rité. Dans chaque lot, les trois filaments contenaient ensemble environ cinquante cellules. = Tous les matins je passais en revue les cellules des divers fragments, prenant chaque fois leur mesure. En procédant ainsi, j étais sûr que, pendant toute la durée de l'expérience, aucun des changements qui surviendraient dans les deux cents cellules du total ne pourrait m'échapper. Voici maintenant les résultats auxquels je suis arrivé : INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LE SPIROGYRA 471 1° L’amidon se forma avec la même rapidité que dans les essais précédents, tant à la lumière de la lampe, ou lumière blanche, qu'à la lumière jaune; à la lumière bleue et dans l'obscurité, il ne s’en montra aucune trace. 2° Avec la formation d'amidon eut lieu aussi la division des cellules à la lumière blanche et à la lumière jaune. Dans l’obscu- rité, la division des cellules n'eut pas lieu ; à la lumière bleue, deux cellules seulement se divisèrent chacune une fois. Il est encore digne de remarque que, tandis que l’amidon se formait simultanément et en même quantité dans toutes les cellules saines, la division n'eut lieu que dans des cellules déterminées, quoique nombreuses, et qu'on ne pouvait, du moins d'après leur apparence, distinguer des cellules qui ne se divisaient pas. Si l'on jette les yeux sur les petits tableaux ci-joints, on remarquera que le nombre des cellules divisées sur chaque fragment n’est pas proportionnel au nombre total des cellules. On pourrait donc considérer la non-division des cellules dans la lumière bleue et dans l’obscurité non-seulement comme l'effet de l'absence des rayons jaunes, mais aussi comme une 1diosyncrasie individuelle des filaments. Afin de diminuer la force de cette objection, je soumis à la lumière directe de la lampe (la lumière blanche) les fragments qui avaient passé neuf jours dans la lumière bleue, et qui, quoique dépourvus d’amidon, s'étaient conservés très- vivants. L’amidon commença aussitôt à s’y former, et bientôt les cellules se divisèrent. On reconnaîtra par les chiffres du tableau ci-joint combien est rapide cette division des cellules. J'ai été moins heureux avec les filaments qui avaient été tenus à l'obscurité, parce qu'ils étaient déjà très-altérés, quoique en- core vivants. Mis à la lumière de la lampe, ils formèrent tous de lamidon, mais en très-faible quantité, et sur aucun d’eux les cellules n’eurent assez de force pour se diviser; quatre jours après, tous ces filaments étaient morts, Je démontrerai plus loin que, si les cellules ne se divisent pas dans l'obscurité, cela tient uniquement au manque de lumière. La longueur des cellules est indiquée sur ce premier tableau et sur les suivants en divisions micrométriques. 172 A, FAMINTZIN, Tableau des divisions des cellules. A la A la A la < le uÉ se Dans l'obscurité, lumière blanche. lumière jaune. lumière bleue. (9,16,21) | (8,15, 23) | (10,16, 17) | (42, 47, 28) 27 novembre. . L6 L6 L3 57 (43, 16, 21) | (8, 15, 27) 29 novembre. . 50 b0 L3 (43, à 29) | (14, 24, 43) | (12, si 17) 1 décembre. 3 décembre. . (La plupart des cel- | (16, 31, 46) lules sontmortes.) “ 6 décembre, . | Toutes les cellules 95 45 sont mortes, Le 6 décembre, les cellules furent mises à la lumière de la lampe. (15, 17, 24) 8 décembre. . ' 56 57 (17, 34, 56) | (17, 29, 30) 10 décembre. . 107 16 Toutes les cellules sont mortes, (La plupart des cel-| (17, 29, 31) lules sont mortes.) 12 décembre. . Première remarque. — Les petits chiffres rapprochés par groupes de trois dans chaque colonne et renfermés entre paren- thèses désignent le nombre des cellules dans chacun des trois fragments de Spirogyre soumis à la même lumière; le nombre en chiffres plus grands placés au-dessous des premiers désigne la somme des cellules des trois fragments réunis. Deuxième remarque. — Dans plusieurs de ces expériences comparatives, les cellules de Spirogyra moururent plus rapide- ment à la lumière de la lampe qu’à la lumière jaune ; je n’en puis donner aucune explication. Troisième remarque. — La plupart des cellules occupaient de quinze à trente-cinq divisions du micromètre, et leur longueur INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LE SPIROGYRA. 475 réelle était approximativement de 3 à 6 dixièmes de milhmètre. J'aiobservé des cellules plus courtes, qui ne couvraient que cinq ou six divisions micrométriques, mais seulement parmi celles qui s élaient divisées à la lumière blanche et à la lumière Jaune. La plupart des cellules, aussi bien celles qui avaient été exposées à la lumière que celles qui étaient restées à l'obscurité, manifes-- tèrent une faible augmentation en longueur, qui alla à une ou deux divisions micrométriques ; un très-petit nombre gagna jus- qu'à trois ou quatre divisions du même micromètre. C'est seule- ment parmi les cellules des filaments de Spirogyre qui avaient été soumis à la lumière jaune, que je pus observer un accroisse- ment plus considérable, mais sur cinq cellules seulement, et qui se distinguaient des autres en ce qu'elles s'étaient divisées par un plus grand nombre de cloisons, tandis que toutes les autres se bornèrent à une seule division ou même ne se divisèrent pas du tout. J'indique dans le tableau ci-joint le nombre des divi- sions de ces cellules, le temps qu’elles ont mis à se diviser et le degré de leur accroissement en longueur : LU RER RE RE RE AC D RE PC CP D 97 novembre. 29 novembre. 4er décembre. 3 décembre. G décembre. calin emo, ME OUI, bo COCERDENE 14 EL de pluies fe 11 ; RL, 2. mas volés = 4h re À 2. pd te grgès Man de 11 | F4 D N A à JE ? |: CRETE GTA dr 33 AR: ME 2 LA TA | 8 de rl dr ébés don à : RL En à cle « 2 tin sh 6 gf — 34 pis CLS LE Fées " + #8 À PRE ; RER Cr. 5 Net ( 9? — 39 pe PE Mes dans | (9 5, AE. En Le er à Ë EE. DRE CE g( = 31 EAU TA : Quatrième remarque. — Les filaments de Spirogyre que nous avons vus se conduire de la même manière à la lumière bleue 474 A. FAMINTZIN. et dans l'obscurité, en ce qui concerne la non-formation de l’ami- don et l’inertie des cellules, devenues par là incapables de se diviser, manifestèrent cependant des différences dans la manière d’être de leurs rubans de chlorophylle. A la lumière bleue, les rubans de chlorophylle avaient leurs bords ondulés et conser- vaient leur forme et leur longueur ; ils étaient, en un mot, tout semblables à ceux des filaments qui vivaient dans l'aquarium , seulement ils étaient privés d’amidon ; ils touchaient les deux bouts de la cellule, qu’ils dépassaient en longueur, ce qui les obligeait à se courber ou à se contourner de différentes manières. À l'obscurité, les rubans de chlorophylle étaient devenus plus courts; leurs bords n'étaient plus ondulés ni crénelés, mais seulement un peu rétrécis de distance en distance, ou vaguement moniliformes (fig. 4). Dans aucune cellule ils n’atteignaient à la fois les deux cloisons terminales, quoiqu’ils fussent souvent éten- dus en ligne droite. Cette apparence remarquable pouvait, au premier abord, s'expliquer tout aussi bien par l'allongement de la cellule que par le raccourcissement réel des rubans de chlo- rophylle ; mais les mesures que j'avais prises de la longueur des cellules me fournirent le moyen de m'éclairer sur ce point. Je reconnus qu'en effet les rubans de chlorophylle s'étaient plus contractés que les cellules ne s'étaient allongées, et que, même dans les cellules qui n’avaient pris aucun accroissement, on re- marquait le même raccourcissement de ces rubans de chloro- phylle. On en jugera par les mesures suivantes : LONGUEUR LONGUEUR DISTANCES DES RUBANS DE CHLOROPHYLLE des cellules des cellules des extrémités des cellules a et b. au commencement | à la fin de l’obser- , de l’observation vation Ruban Ruban Ruban le 27 novembre. le 6 décembre. de chlorophylle de chlorophylle de chlorophylle — — n® 4. nm? 2. n° 3. Division Division TT, | RS TS micrométrique. micrométrique. Extrém. | Extrém. | Extrém. | Extrém. | Extrém. | Extrém. à. b. a, b. a. a | mt | mms | pemmmmmemms | | es | een INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LE SPIROGYRA. 175 On voit par ce tableau que, dans les longues cellules qui me: suraient vingt et une et vingt-deux divisions micrométriques, et qui n'avaient pris aucun accroissement, de fortes contractions des rubans de chlorophylle eurent lieu : ainsi, dans la première, la contraction a été de plus du tiers de la longuenr de la cellule ; dans la deuxième, de plus de la moitié de cette même longueur. Il ne saurait donc y avoir de doute sur la diminution réelle du ruban de chlorophylle dans l'obscurité. Les rubans de chlorophylle étaient dans cet état de contrac- tion lorsque je les soumis à la lumière blanche de la lampe, et les cellules produisirent, comme je l'ai déjà mdiqué ci-dessus, des granules d'amidon dans les rubans de chlorophylle, quoique en faible quantité. Dans un petit nombre de cellules, les rubans de chlorophylle s’allongèrent et s’élargirent de nouveau, et même considérablement, sous l'influence de la lumière, et leurs con- tours redevinrent fortement ondulés. Dans la plupart des cellules, au contraire, il s'était formé, par l'effet de la lumière, une sorte de membrane fine et transpa- rente (fig. 5) autour des rubans de chlorophylle, dont la masse colorée en vert semblait comprimée ou partiellement tordue, et souvent même se divisait en fragments séparés. Toutes les cel- lules qui furent ainsi transportées de l'obscurité à la lumière pé- rirent en peu de temps, comme si elles avaient été incapables de supporter ce brusque changement de milieu. Quoi qu'il soit démontré par l'expérience que je viens de dé- crire que d'abord la formation de l’amidon, puis la division des cellules, se sont effectuées avec la coopération des rayons jaunes, il restait cependant à reconnaître si la division des cellules était amenée directement par les rayons jaunes, ou si elle était la conséquence de la formation préalable de l'amidon. Cette der- mère hypothèse me parut la plus probable, parce qu'elle était conforme aux faits observés par Al. Braun (voy. Verjüngung, p. 241), qui ne put, ilest vrai, observer que les commencements de la division du Spirogyra aux premières heures du jour ou sur des exemplaires qui avaient été mis dans l’esprit-de-vin avant le lever du soleil; mais l'hypothèse concorde aussi avec les obser- 176 A. FAMINTEZIN. vations qui ont été faites sur la division des cellules dans les Phanérogames. D’après ces données, la non-division des cellules des filaments de Spirogyre à la lumière bleue et dans l'obscurité s’expliquerait simplement par l'absence des matériaux néces- saires pour la construction de la cellule. Afin de vérifier cette explication, j’exposai à la lumière de la lampe plusieurs morceaux de Spirogyre pendant quarante-huit heures, jusqu'à ce que les rubans de chlorophylle se fussent remplis d'amidon ; je choisis ensuite six de ces morceaux, dont je mesurai toutes les cellules, et j’en remis trois à la lumière de la lampe et tins les trois autres dans l'obscurité. Au bout de quarante-huit heures, Je compta les cellules dans les six frag- ments, et je reconnus qu'un acüf travail de division cellulaire avait eu lieu aussi bien dans les fragments tenus à l'obscurité que dans ceux qui étaieñt éclairés par la lumière de la lampe, et par conséquent que la cellule, éclairée ou non, se divise et forme des cloisons transversales, pourvu qu'elle contienne la matière nécessaire pour composer ces cloisons. J'ai remarqué pourtant que la division des cellules se faisait avec plus d'énergie à la lumière que dans l'obscurité. Le tableau suivant va mettre le fait en évidence : NOMBRE DES CELLULES NOMBRE DES CELLULES dans l’obscurité. à la lumière. (12, 28, 28) (17, 20, 30) k décembre ...... 68 67 (14, 30, 36) (19, 30, 41) 6 décembre ...... 80 90 (7, 34, 54) (49, 40, 61) 9 décembre ...... 105 120 (17, 35, 54) (28, 47, 74) 42 décembre ...... 106 146 Sur les cellules mises dans l'obscurité, ainsi que sur d’autres qui furent soumises au même traitement, j'ai pu observer la ré- sorption de l'amidon formé à la lumière. Au bout de vingt- quatre heures, on n’apercevait encore aucune diminution de l'amidon; c'est seulement trois ou quatre jours après que Je pus DE L'INFLUENCE DÉ LA LUMIÈRE SUR LE SPIROGYRA. 477 constater qu'une résorption considérable de cette substance avait eu lieu. Au bout de huit jours, 1l existait encore une grande quantité d’amidon dans les cellules. La formation de l’amidon se faisait donc avec plus de rapidité que sa dissolution. Je terminera cette communication en déclarant que je ne considère pas comme un procédé normal de développement les changements ci-dessus décrits dans les cellules de la Spirogyre, mais que je les compare seulement aux phénomènes d’accrois- sement et de nutrition qu'on a observés sur des plantes phané- rogames cultivées expérimentalement dans un sol très-échauffé ou dans de l'eau distillée. Par suite de la mortification de toutes les cellules de Spirogyre soumises aux expériences que je viens de rapporter, ainsi que des circonstances qui ont accompagné ce dépérissement, je me crois autorisé à attribuer les faits anor- maux dont j'ai parlé à l'absence de matière nutritive. En ce moment, mes nouvelles expériences ont pour but de provoquer un développement normal par diverses combinaisons de sels minéraux et d'eau. Dans le travail qu'on vient de lire, je ne m'étais proposé que d'étudier les phénomènes qui pouvaient se produire dans les cir- constances déterminées dont J'ai parlé. Les résultats que j'ai obtenus peuvent se résumer de la manière suivante : 1° La formation de l'amidon dans les cellules des Spirogyres est rapidement obtenue par la lumière de la lampe au pétrole. Au bout d’une demi-heure, on peut déjà reconnaître, au moyen de liode, la présence de l’amidon. En vingt-quatre heures, tous les rubans de chlorophylle en sont remplis. Quelques jours plus tard, lamidon s'y trouve en telle quantité que les rubans de chlorophylle grussissent considérablement, se renflent même souvent en masses arrondies ou en amas sans formes détermi- nées. Ils perdent peu à peu leur couleur verte et prennent une temte jaune clair. Dans les cellules mortes 1ls deviennent inco- lores, et sont toujours remplis d'amidon. 2° La formation de l’amidon est déterminée seulement par la lumière jaune. Dans la lumière bleue, comme dans l'obscurité, l’amidon ne se forme pas, et, s'il existe, 1l disparaît peu à peu. 5° série. Bor. T, VII. (Cahier n° 3.) 4 42 178 A. FAMINTZIN. 3° La division des cellules n’a lieu, sous l'influence des rayons jaunes, que par suite de l'existence préalable de l’'amidon dans les cellules. Lorsque ces dernières en contiennent, elles se divi- sent par des cloisons transversales aussi bien à la lumière bleue et dans l'obscurité qu'à la lumière jaune. h° À la lumière bleue les rubans de chlorophylle se conser- vent vivants pendant au moins neuf jours, bien qu'ils ne con- tiennent aucune trace d'amidon. Dans l'obscurité ces mêmes rubans de chlorophylle se contractent jusqu'au tiers et même jusqu’à la moitié de la longueur de la cellule. Ils deviennent alors plus étroits, prennent des contours plus lisses ou moins on- dulés, et présentent une apparence plus régulièrement monili- forme. 5° Aussi bien à la lumiere bleue que dans l'obscurité, l'ami- don disparaît plus lentement qu’il ne s’est formé à la lumière blanche ou à la lumière jaune. IT Influence de la lumière sur le mouvement des Chlamidomonas pulvisculus Ehr., Euglena viridis Ehr. et Oscillatoria insignis Tw. D'après l’opinion aujourd’hui régnante, ces divers organismes seraient influencés différemment par la lumière : les deux pre- miers seraient attirés par elle et avec d'autant plus d'énergie qu'elle est plus intense; les Oscillatoria, au contraire, y reste- raient complétement indifférents. C’est cette opinion que j'ai voulu vérifier par les observations dont on va lire le résumé : Chlamidomonas pulvisculus et Euglena viridis. Ces deux organismes sont si semblablement influencés par la lumière que je ne crois pas devoir les séparer ici. Afin de bien expliquer les phénomènes qui les concernent tous les deux, il est nécessaire, selon moi, d’en examiner toutes les circonstances sous deux rapports, c’est-à-dire de chercher d’abord les conditions les plus favorables de la production des phénomènes, ensuite d'étudier les évolutions successives des or- DÉ L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LE CHLAMIDOMONAS. 179 ganismes exposés à la lumière, pendant le cours entier de leur vie. J'ai hâte de déclarer que ma tâche s'est réduite ici à l'examen de la première question, et que mes observations ont eu seulement pour objet : 1° de reconnaître de quelle manière les mouvements du Chlamidomonas pulvisculus et de l'Euglena veridis sont influencés par la lumière à divers degrés d'intensité, et 2° quelle action a pu exercer sur eux le liquide dans lequel je les observais. Je trouvai réunis ensemble le Chlamidomonas et l'Euglena dans une mare située à Wassili-Ostrow. Ils y étaient en si grande quantité qu'il suffisait de puiser un peu d'eau avec l'écume bourbeuse qui surnageait pour en recueillir des mil- hers. Portés dans une chambre, ils s’accumulèrent vers le côté du vase le plus rapproché de la fenêtre, prouvant ainsi que la lumière les attire, comme l'avaient déjà fait remarquer d’autres expérimentateurs. Mes observations ont été faites dans les derniers jours de mai et seulement de dix heures du matin à une heure de l'après- midi. Je me suis toujours servi de soucoupes si plates que toute l’eau qu'elles contenaient pouvait être éclairée par les rayons directs du soleil, sans qu'aucune partie en restàt dans l'ombre. Je recouvrais d'une petite planche les soucoupes sur les trois quarts environ de leur surface, laissant à découvert le côté le plus rapproché de la fenêtre. De cette manière, il n’y avait qu'un quart de l’eau qui fût éclairé par le soleil; le reste était dans l'ombre et recevait d'autant moins de jour que le point | était plus éloigné de l’espace laissé à découvert. | Dans la crainte que les organismes que je tenais dans une chambre ne perdissent par là de leur vitalité, ft-ce même par- tiellement, j'eus soin de m'en procurer tous les jours une nou- velle provision, qui était soumise à l’expérience. Les uns étaient mis tout aussitôt dans l'eau limpide de la Newa,, les autres dans celle de la mare, après avoir pris toutefois la précaution de la filtrer. Malgré ce soin cependant, elle restait toujours jaunâtre, alcaline et chargée d’une si grande quantité de sels en dissolu- | | | | 180 À. FAMINTZIN, tion que, dans mes soucoupes, elle se couvrait én peu de temps d’une croûte épaisse de petits cristaux. Néanmoins les Chlami- domonas et les Euglena Y conservaient toute leur vitalité. Dans toutes ces recherches, j'ai suivi la méthode indiquée par mes prédécesseurs, et qui consiste à examiner des ensembles à l'œil nu. Jai, au contraire, entièrement renoncé à observer ces organismes dans une goutte d'eau, sur le porte-objet du microscope, parce que j'étais convaincu que cette méthode ne donnerait ici aucun résultat satisfaisant. En effet, sans rappeler que la lumière en traversant la goutte d’eau est dénaturée ou modifiée de diverses manières, suivant la forme et la grandeur de cette goutte, elle est encore influencée par la hauteur du soleil, aussi bien que par la distance à laquelle on se trouve de la fenêtre. Enfin, l'observation au microscope se complique telle- ment par suite de certains rapports que j'ai découverts entre le Chlamidomonas et l'Euglena, et que je décrirai plus loin, que je me vis obligé, pour le moment du moins, de rejeter entiè- rement ce mode d'observation. Voici deux des principaux résultats de mes recherches : 1° Le degré d'intensité de la lumière exerce une influence considérable sur la division et le mouvement de la masse verte: mais l'effet produit est bien différent de ce qu’on a cru jus- qu'ici. Ce ne sont pas les rayons directs du soleil qui excitent le plus vivement la locomotilité des Chlamidomonas et des Euglena, mais bien la lumière diffuse, ou la lumière de moyenne intensité. 2 Les effets produits par la lumière sur ces organismes verts sont, dans une certaine mesure, sous la dépendance du liquide dans lequel ils se meuvent. Dans la soucoupe remplie d’eau de la mare tiltrée et tenue à l’ombre, tous les individus se réunis- sent à la surface de l’eau, le long du bord le plus rapproché de la fenêtre et y forment une ligne verte. Dans l’eau de la Newa, au contraire, ils restent pour la plupart, au moins en apparence, complétement indiftérents à la lumière, et se répan- dent également sur le fond et sur les parois du vase, y formant une couche verte uniforme. Un très-petit nombre d'individus se meuvent, montent à la surface de l’eau et se groupent en deux DE L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LE CHLAMIDOMONAS. 181 liges ou séries, dont l’une s'attache à la paroi la plus voi- sine de la fenêtre et l’autre à la paroi opposée. La première série est composée d'individus qui tendent vers la lumiere, comme je vais le démontrer ; la seconde, d'individus qui cher- chent l’obseurité. Il faut noter qu'aucun de ces organismes ne s'arrête sur les bords latéraux de la soucoupe, de sorte que les deux lignes ou séries dont je viens de parler sont séparées l'une de l’autre, et de chaque côté, par un intervalle considérable. Malgré de nombreuses et de minutieuses recherches, je n'ai jamais pu découvrir, à l’aide du microscope, la moindre diffé- rence entre les individus de ces deux séries. Tous, aussi bien ceux qui recherchent la lumière que ceux qui y restent Indiffé- rents ou qui la fuient, se sont montrés parfaitement identiques sous le microscope. La différence qui existe entre le Chlamidomonas et l'Euglena, relativement à ce qu'ils éprouvent d’une forte lumière et d’une lumière de moyenne intensité, se manifeste par la dissemblance de leurs groupements soit à l'ombre, soit à la lumière directe du soleil. Les expériences qui suivent ont mis ces particularités dans tout leur jour : | 1° Je mis, dans deux soucoupes parfaitement semblables et remplies d'eau filtrée, des quantités égales de l’eau colorée en vert par le Chlamidomonas et par l'Euglena, ayant soin de mé- langer bien également cette eau verte à l’eau filtrée dans les deux soucoupes, dont l’une fut placée à l'ombre et l’autre expa- sée aux rayons directs du soleil. Les deux soucoupes furent, en outre, recouvertes d’une petite planche un peu plus qu'aux trois quarts, du côté le plus éloigné de la fenêtre. Dans toutes deux, la masse verte s’aggloméra rapidement, et déjà en quelques mi- putes les changements de position furent sensibles. Dans la sou- coupe tenue à l'ombre, la masse verte s'était portée du côté éclairé, et formait une seule mais très-large ligne verte le long de la paroi la plus proche de la fenêtre. Dans la soucoupe expo- sée au soleil, ce rapprochement en ligne n'existait pas, ou du moins était très-peu accusé, parce que les individus, si ce n'est peut-être un très-petit nombre, n'avaient pas cherché à se rap- 189 A. FAMINTZIN, procher du bord de la soucoupe. Mais à défaut de cette ligne, qu’on pourrait appeler marginale, il s’en était formé une autré, allongée transversalement, à la surfacé de l’eau, dans toute la largeur de la soucoupe, ét exactement sur la ligne de l'ombre projetée par la planche. Cette ligne, fortement prononcée, était toute droite du côté où s’arrêtait la lumière du soleil; mais de l’autre côté, c’est-à-dire déjà sous l'ombre de la planche, elle était ondulée et vaguement limitée. Cette disposition est facile à éxpliquér : les individus qui se trouvaient à l'ombre, sous la planche, s'étaient portés vers la lumière; mais les plus avancés d'entre eux avaient élé arrêtés à la limite de l'ombre par les rayons du soleil. Ceux qui venaient après eux s'étaient grou- pés à côté, sans franchir la première ligne et ainsi de suite, jusqu'aux retardataires, qui ne pouvant percer les masses com- pactes placées devant eux, s'étaient disséminés un peu au hasard éni arrière de ces masses, formant comme des flocons nuageux à la surface du liquide. Ce qui prouve que les choses se passent bien comme je viens de l'indiquer, c’est que, en dehors de cette ägrégation linéaire, on n’aperçoit aucun individu de Chlami- domonas ou d’Euglena dans la partie du vase qui est ombragée par la planche. Cépendant, je nai pas encore réussi à reconnaître avec cérti- tude si cétte ligüe verte est exclusivement formée par les Chla- midomonas et lés Euglena qui se trouvaient dans la partie om- bragée de la soucoupe, ou si ceux de ces organismes qui se trouvaient dans la partie éclairée ont aussi contribué à sa for- mation. J’ignore entièrement si ces derniers mdividus avaient perdu, par l'effet des rayons solaires directs, la faculté de se mouvoir, et si par conséquent ils étaient restés à la même place, ou si, conservant leur faculté locomotrice, ils ont fui cette lu- mière trop vive, et se sont réfugiés à la limite de l'ombre. Dans tous les cas, il est certain quela ligne de groupement des Chla- midomonas et des Euglena s’est faite sur la limite de l'ombre et de la lumière, et qu'elle n’a point dépassé cette limite du côté qui était éclairé par le soleil. En variant les expériences, on acquiert facilement la preuve que la lumière directe du soleil est un DE L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LE CHLAMIDOMONAS. 183 obstacle que ces corpuscules n'aiment point à franchir; qu’on diminue seulement l'intensité de la lumière en étendant au-des- sus de la soucoupe une feuille de papier, on verra aussitôt la ligne en question se déformer et disparaître, et les corpuseules se grouper en une nouvelle ligne le long de la paroi du vase la plus voisine de la fenêtre, absolument du reste comme dans le vase tenu à l'abri du soleil. 2° Le résultat de l'expérience reste le même lorsque, au lieu de mettre l’une des soucoupes au soleil et l’autre à l'ombre, on les met toutes deux au soleil, en ayant soin seulement d'en cou- vrir une d'une feuille de papier. 9° Dans une soucoupe remplie d’eau filtrée, couverte d’une petite planche comme les précédentes, et placée à la lumière du soleil, l'agrégation des Chlamidomonas et des Euglena se main- tent, telle que je l'ai décrite plus haut, aussi longtemps que le vase reste exposé au soleil; mais, dès qu'il est atteint par l'ombre que projettent les châssis des fenêtres, le groupement des cor- puseules change aussitôt sur toute la surface ombragée ; la ligne qui traverse la soucoupe d’un bord à l’autre disparaît à l'instant, tandis que celle qui longe la paroi du vase la plus rapprochée de la fenêtre s’épaissit considérablement. En même teraps on peut voir dans la soucoupe deux agglomérations distinctes des cor- puseules, quand l'ombre d’un des barreaux de la fenêtre partage en deux la surface de l’eau éclairée par le soleil. Par ces diverses expériences, j'ai réussi, Je crois, à établir une notable différence dans l’action de la lumière sur les orga- nismes en question, suivant qu'il s'agit de la lumière directe du soleil ou de la lumière diffuse. Ce premier point étant acquis, je me propose d'examiner plus à fond, dans un prochain travail, l’action que la lumière directe du soleil'exerce sur eux. La manière dont les Chlamidomonas et les Euglena se com- portent vis-à-vis de la lumière est toute différente suivant qu’on les tient dans de l'eau de ia Newa ou dans l'eau filtrée de leur mare, quoique, suivant toute apparence, ils conservent long- temps leur pleine vitalité dans la première de ces eaux. Dans celle de la Newa, la tendance de la très-grande majorité des 18h A. FAMINTZIN. corpuscules vers la lumière est excessivement diminuée ; chez quelques autres, en nombre très-réduit comparativement, c'est une tendance tout opposée qui se manifeste ; ceux-là fuient la lumière au lieu de la rechercher, et ils s'accumulent dans les parties les plus obscures du vase. Cette différence de résultats, amenée par l'emploi de l’eau de la Newa, devient plus visible encore et se confirme par des expériences comparatives. Je plaçai à l'ombre et sur un même rang plusieurs soucoupes entièrement semblables ; les unes étaient remplies de l’eau filtrée de la mare, les autres d’eau de la Newa, et toutes reçurent d’égales quantités de la matière verte constituée par les organismes en question. Chaque sou- coupe était couverte d'une petite planche, comme dans le$ expériences précédentes. Au bout de quelques minutes déjà, la différence du groupement était sensible. Dans l’eau filtrée, toute la matière verte se réunit sur la paroi des vases qui était la plus voisine de la fenêtre et ne forma qu’une seule large bande. Dans l’eau de la Newa, la masse verte resta presque entièrement indifférente à la lumière, car elle couvrait également tout le fond des soucoupes, aussi bien que leurs parois, et cela dans la partie éclairée comme sous l'ombre des planches. Il n’y eut qu'un petit nombre d'individus qui entrèrent en mouvement sous l'influence de la lumière; ils s'élevèrent à la surface de l’eau, et là se partagèrent en deux groupes, dont l'un se disposa en ligne le long de la paroi tournée vers la fenêtre, tandis que l’autre alla former une ligne sem- blable sur la paroi opposée : les premiers tendaient vers la lumière, comme je vais le prouver, tandis que les autres cher- chaïent l'obscurité. Les deux lignes étaient complétement sépa- rées l’une de l’autre, car sur les parois latérales on n’apercevait pas le moindre corpuscule vert. Ce qui prouve bien que cette séparation est le fait de la lumière, c’est qu'en modifiant l’in- tensité de celle-ci on fait disparaître ou changer de place les lignes vertes. Jai varié de différentes manières cette petite expérience à l’aide d’un morceau de carton échancré, qui me servait à faire tomber, à volonté, l'ombre ou la lumière sur DE L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LE CHLAMIDOMONAS. 4189 les différents points des soucoupes. Suivant les points où je por- tais le faisceau de lumière qui traversait l'échancrure, on voyait les corpuscules des deux rangées opposées se déplacer ou rester immobiles. Ceux, au contraire, qui ne manifestaient aucune sensibilité à la lumière, et c'était le très-grand nombre comme je l'ai dit ci-dessus, restaient complétement indifférents à ce manége. Un affaiblissement tout aussi remarquable de la sensibilité de ces organismes à la lumière, lorsqu'ils baignaïent dans l’eau de la Newa, se manifesta dans les vases qui furent exposés à la pleine lumière du soleil. Dans toute la série des expériences qui eurent ce point particulier pour objet, je n’ai vu qu'une seule fois une ligne verte s'étendre le long de la paroi du vase qui re- gardait la fenêtre, et c’est aussi une seule fois qu'une ligne sem- blable s’est dessinée sur la paroï opposée qui était recouverte par la planche. J'ai souvent réussi à voir ces organismes se grouper en grandes masses, phénomène tout semblable à celui qui a été décrit par M. Nägeli (1) au sujet du T'etraspora lubrica et du Tachygonium, et qui n’en différaitqu'en ce que je n’ai rencontré que des agglo- mérations en forme d'arbre, et telles que le point de départ des embranchements se trouvait toujours vers le milieu de l’eau, et non point, comme l'a vu M. Nageli, sur la ligne verte elle-même. Je me suis assuré, à l’aide du microscope, que ces aggloméra- tions consistaient en Chlamidomonas et en Euglena. Quant à ce qui regarde la sécrétion de substances acides par ces organismes, je ne puis que confirmer ce qui à été annoncé par d’autres observateurs. Ni à l'ombre, n1 dans l'obscurité com- plète, je n'ai vu se dégager des bulles de gaz, tandis qu'à la lumière directe du soleil quelques minutes suffisaient pour pro- duire cet effet; et lorsque la quantité de la matière verte était considérable, toute la surface de l’eau était bientôt couverte d'une écume formée de l'accumulation des bulles du gaz. Dans tous les vases placés dans la chambre on voyait se for- (4) Nägeli, Beïträge zur wissenschaftlichen Botanik, 1860, II, p. 406 et 407. 186 A. FAMINFZIN, mer vers le soir, à la surface de l'eau, une membrane qui con- sistait en une couche de Chlamidomonas et d’Euglena immobiles. Dans les vases partiellement ombragés, cette membrane n’exis- tait que dans la partie éclairée. Néanmoins, l'observation dé- montre que la formation de la membrane, ainsi que l’état d’im-— mobilité des organismes, ne sont point un effet de la lumière, mais d’une autre cause qui m'est restée inconnue ; car, dans les vases placés à l'obscurité, cette membrane s’est formée de la même manière ; seulement, elle s’est étendue à toute la surface du liquide. | I est très-probable que si, dans les soucoupes partiellement couvertes d’une planche, la membrane ne s’est formée que dans la partie éclairéé, cela tient à ce que les organismes qui vont passer à l’état d'immobilité se reurent le soir à la surface de l’eau éclairée par la lumière, et y tombent dans cette espèce de sommeil caractérisé par l’immobilité. Afin de prévenir toute fausse Interprétation des faits que je viens de rapporter, j'ai hâte de dire que mes observations et les conclusions que Jen tire ne se rapportent qu'aux Chlamidomo- nas et aux Euglena arrivés à l'état de développement où je les ai trouvés. J'ignore encore si, à d’autres périodes de leur déve-- loppement, ces organismes ne se comportent pas relativement à la lumière d’une autre manière que celle que j'ai décrite. Il m'est difficile par conséquent de me prononcer au sujet des assertions de M. Cohn, contradictoires des miennes. Suivant cet habile observateur a), l'EÆuglena viridis doit tendre d'autant plus vers la lumière que l'intensité de cette dernière est plus grande. Je me permets de douter de l'exactitude des observations de M. Cohn, par cette seule raison qu'il ne dit pas s’il a observé l’Euglena viridis à la lumière directe du soleil ou à l'ombre. S'il n’a pas attaché d'importance à ce point, on comprend facilement que les faits que j'ai décrits aient pu lui échapper. Quoique je mette en doute les conclusions de M. Cohn, je suis néanmoins disposé à croire que les relations du Chlamidomonas et de l'Eu- (4) Cohn, Jahresbericht der sachs. Gesellsch., 1863, p. 103, DE L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LE CHLAMIDOMONAS. 187 glena avec la lumière peuvent varier suivant leurs divers états de développement. Les quelques faits suivants rendent probable cette manière de voir : «Les jeunes Volvoæ globator, écrit le professeur Cien- kowski, s’assemblent dans la partie la plus obscure des vases où on les tient enfermés ; mais lorsqu'ils sont sur le point de passer à l’état immobile, ils se dirigent vers la lumière. » Selon M. Cohn (1), la lumière favorise l’activité vitale des cel- lules locomotiles du Protoccocus pluvialis, et elles la recherchent. C’est ce qui fait qu’on les trouve toujours à la surface de l’eau et aux bords des vases. Mais dans les actes de propagation, et lorsqu'elles rentrent dans l’état de repos, ces mêmes cellules de Protoccocus paraissent fuir la lumière, ou du moins elles cher- chent à gagner le fond des vases. Ces deux citations montrent clairement que, dans leurs rap- ports avec la lumière, ces organismes subissent des modifica- tions, qui cependant diffèrent d'une espèce à l’autre. Les Folvoæ fuient la lumière dans la première période de leur développement, et ils ne la recherchent que dans la période de transition à l’état immobile. Le Protoccocus pluvialis, au con- traire, ne se dirige vers la lumière que dans le premier âge, et il la fuit avant de passer à l’état d'immobilité. En présence de ces faits contradictoires, il n'est pas possible de tirer à priori, et par simple voie analogique, une conclusion relativement au Chlamidomonas et à l'Euglena, en ce qui concerne leurs rap- ports avec la lumière aux différents âges de leur vie. Il suffit, pour faire sentir cette impossibilité, de rappeler que nous avons été témoin, dans les expériences ci-dessus relatées, de quelques phénomènes, rares sans doute, mais pourtant très-réels, qui ont été en opposition avec ceux qui se présentaient habituellement, par exemple celui de la formation d’une ligne verte assez large à la lumière directe du soleil, ou encore celui d’une ligne pareille dans un des vases remplis de l’eau de la Newa. Ces faits excep- tionnels, je le répète, s opposent à ce que nous puissions rien (4) Cobn, Nov, Act, Acad., CG, L. C., XXII, 719-720, 188 A. FAMINAZIN. conclure de général et d’absolu sur les rapports des Chlamido- monas et des Euglena avec la lumière. Je finirai ce chapitre par quelques remarques que je me crois autorisé à faire, par suite de mes recherches sur le mouvement des zoospores. La remarquable analogie des Chlamidomonas et des Euglena avec les zoospores donne à supposer que ces der- niers se comportent de la même manière qu'eux vis-à-vis de la lumière. Les expériences faites jusqu’à présent exigent donc un rema- niement complet. Pour être définitivement fixé sur le mouve- ment des zoospores, il faudra tenir grand compte dorénavant des circonstances suivantes : 1° l'intensité de la lumière; 2° la composition du liquide dans lequel l'expérience sera faite; 3° l’inclinaison des parois du vase ; 4° les expériences ne devront être faites que pendant les jours très-clairs, car il suffit d’une ombre, même momentanée, par exemple celle d'un nuage qui passe sur le ciel, pour changer le groupement de la masse verte ; 5° les observations doivent être faites dans des vases et non dans des gouttes d’eau. Comme il est très-probable, si l’on en juge par analogie, que la plus grande tendance des zoospores est vers la lumière de moyenne intensité (la lumière diffuse) , l'endroit le plus éclairé de la goutte peut ne pas correspondre au degré de lumière préféré par les zoospores ; et enfin, comme il est tout à fait impossible de fixer la position du point convenablement éclairé de la goutte, on ne peut pas admettre que les résultats obtenus de ce mode d'observation soient rigoureux. Oscillatoria insignis Thw. J'ai recueilli les filaments verts-bruns de cette Algue dans un fossé près de Pteerhof ; ils étaient en partie adhérents aux corps baignés dans l’eau et qu'ils recouvraient comme d'une couche veloutée, et en partie flottants à la manière d’une écume à la surface de l’eau. Je trouvai intéressant d'examiner aussi cette Algue dans ses rapports avec la lumière, et de voir jusqu’à quel point s’étendait son analogie avec les organismes décrits plus haut. DÉ L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRÉ SUR L'OSCILLATORIA. 180 Aucun naturaliste n'avait encore aperçu la relation du mouve- ment des Oscillatoires avec la lumière, et M. Cohn l’a même niée dernièrement (1). Je fus d'autant plus surpris du résultat que j'avais obtenu que, non-seulement le mouvement de l'Oscilla- toria insignis est modifié par la lumière, mais que l’anaiogie avec le Chlamidomonas et l'Euglena va plus loin encore, car J'ai re- connu que les filaments de l’Oscillatoria insignis ne tendent que vers la lumière de moyenne intensité, et évitent la lumière directe du soleil autant que l'obseurité (les expériences furent faites au mois de juillet). La seule différence est que le mouve- ment de l'Oscillatoria est beaucoup plus lent, et qu'il faut par conséquent plus de temps pour l’apercevoir. Ainsi, tandis que le Chlamidomonas et V'Euglena exposés à la lumière se groupent en quelques minutes en bandes vertes, les filaments de l'Oscilla- loria emploient plusieurs jours pour exécuter leur migration. Pour bien observer ces mouvements, il suffit de mettre dans deux soucoupes de formes et de grandeurs semblables, et remplies d’eau de mare, une certaine quantité de filaments d'Oscillatoires au milieu du vase, de couvrir les deux sou- coupes, comme dans les expériences précédentes, avec de petites planches, et d'en mettre une à la lumière directe du soleil et l’autre à l'ombre. D'abord les filaments d'Oscillatoires ombragés par la planche changent leur groupement exactement de la même manière dans les deux soucoupes ; la masse suspendue dans l’eau envoie dans tous les sens des touffes ou faisceaux de fils qui rayonnent, les uns, vers le fond du vase, les autres vers Ja surface de l’eau. Quelle que soit la largeur et l’épaisseur de ces faisceaux, leur élongation est sensiblement la même, de sorte que l’ensemble, vu d'en haut, paraît toujours à peu près circu- laire. Toutefois cette symétrie dans la croissance des faisceaux ne se conserve que jusqu'au niveau de l'ombre projetée par la planche. À partir de ce point, on voit, dans le vase tenu à l'ombre, les faisceaux de filaments étendus vers la partie décou- verte croître plus rapidement, tandis que les autres (ceux qui (3) Cohn, Jahresbericht der sachs. Gesellsch. 1863, p. 102. 190 A. FAMINTZIN, regardent la partie couverte du vase) non-seulement cessent de croître dans ce sens, mais se retirent peu à peu, et enfin dispa- raissent complétement. Au bout de quelques jours déjà, on ne trouve plus, sous l'ombre de la planche, la moindre trace de fila- ments d'Oscillatoire, parce qu'ils ont tous émigré vers la partie éclairée du vase, où 1ls s'accumulent sous la forme d’une mem- brane brune, qui couvre aussi bien la surface de l’eau que les parois et le fond du récipient, mais seulement jusqu'à la ligne de l'ombre, où elle s'arrête subitement. Dans Ja soucoupe exposée à la lumière directe du soleil, 1l s'effectue aussi des changements de situation des filaments de l'Oscillatoire, mais en sens inverse de ceux que nous venons d'observer dans l'autre vase ; les faisceaux dirigés dans le sens de la lumière ne s’avancent que jusqu’au bord de l'ombre, et là s'arrête leur élongation. Les faisceaux tournés dans d’autres sens s'étendent davantage, et finissent par tapisser d’une couche con- tinue toute la surface de l’eau, les parois et le fond du vase, dans la partie couverte par la planche. Au bord de l'ombre, cette sorte de membrane s'arrête subiternent comme dans l’autre vase. La différence de situation des fils d’Oscillatoire dans les deux soucoupes devient frappante, si l’on enlève en même temps les planchettes qui les recouvrent. On voit d'emblée que, dans la première soucoupe, les endroits tapissés par la membrane brune de l'Oscillatoire correspondent exactement à ceux qui, dans l'autre vase, n’en sont pas recouverts, et que par conséquent le oroupement des fils de l'Algue dans une des deux soucoupes est diamétralement opposé de celui de l’autre. En retournant les soucoupes, c’est-à-dire en leur faisant faire un demi-tour sur elles-mêmes, on peut contraindre les fils de l’'Oscillatoire à traverser de nouveau toute la largeur des vases. Cependant les Oscillatoires sont loin d’être aussi favorables que le Chlamidomonas et l'Euglena pour faire cette expérience ; ces derniers traversent la soucoupe en quelques minutes, et on peut leur faire faire ce manége plusieurs fois dans une heure, et sans que leur vitalité en soit affectée. Une expérience de ce genre avec l’Oscillatoire exige plusieurs jours, et dans l'intervalle les DE L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR L OSCILLATORIA. 491 fils de l’Algue se trouvant dans dés situations peu favorables à leur développement ou même à l'entretien de leur vie, souffrent, cessent de croître, et même finissent par dépérir peu à peu. Les influences de la lumière sur l'Oscillatoire ont été étudiées avec plus de détail dans l'expérience suivante : dans trois sou- coupes préparées de la même manière que les précédentes, j'ai déposé vers les neuf heures du matin une certaine quantité de fils d'Oscillatoire ; une des soucoupes fut mise à la lumière directe du soleil, une autre à l'ombre, la troisième à l'obscurité totale dans une armoire. Voici quels furent les résultats : 1° Dans la soucoupe exposée à la lumière du soleil, à six heures du soir, les fils s'étaient groupés en faisceaux rayon- nants, et les rayons avaient déjà sensiblement gagné en lon- gueur ; du centre de la masse principale, les fils s’élevaient vers la surface de l'eau, et c'est là qu'ils étaient le plus nombreux. D'autres fils se dirigeaient vers le bas, restant suspendus dans le liquide sans atteindre le fond de la soucoupe. La masse princi- pale qui flottait sur l'eau était unie à une autre masse qui était restée au-dessous par un lacis enchevêtré de fils; ce lacis se di- visait dans sa moitié inférieure en faisceaux secondaires, qui servaient d’ancre pour maintenir Ja masse supérieure. Avant six heures du soir, tous les fils d'Oscillatoire étaient encore sous l'ombre de la planchette; à 7 heures, quelques-uns étaient allongés vers la partie découverte de la soucoupe (le soleil avait quitté la fenêtre vers quatre heures du soir, et à ce moment le temps s'était couvert). Le quatrième jour, l’Algue, comme dans | les expériences précédentes, s'était constituée à l’état de mem- | brane brune qui couvrait toute la partie ombragée de la sou- coupe. Je ne trouvai que très-peu de fils dans la partie éclairée. Pendant la nuit, le mouvement de l'Oscillatoire doit être très- lent, car jamais je n'ai vu, pendant les heures d'obscurité, leurs fils occuper entièrement la partie de la soucoupe qui était éclai- rée pendant le jour par le soleil ; je n’en ai jamais trouvé qu'un petit nombre qui dépassassent quelque peu la ligne où l'ombre _ s'arrêtait. 2° Dans la soucoupe tenue à l'ombre, à six heures du soir, la 199 A. FAMINEZIN. position des fils était aussi rayonnante, mais les rayons étaient de moitié plus courts que dans le cas précédent, et par consé- quent la circonférence de la masse totale de l’Algue plus nette et mieux définie. Ici aussi la masse supérieure des fils était unie aux fils inférieurs par un épais lacis. Des rayons détachés de la masse s’étendaient pareillement à la surface de l’eau ; d’autres lacis de fils se dirigeaient vers le bas, mais ils étaient beaucoup plus courts et moins nombreux. Le quatrième Jour, tous les fils de l’Algue avaient, comme dans les précédentes expériences, émigré dans la partie éclairée de la soucoupe. 3° Dans la soucoupe enfermée dans l'armoire, à une obscurité totale, à six heures du soir, la disposition rayonnante était peu reconnaissable. De la masse principale ne sortaient que six fais- ceaux ou lacis enchevêtrés, courts et gros, dont l'extrémité libre se terminait comme en pinceau. Tous reposaient sur le fond de la soucoupe. À la surface de l’eau on ne voyait pas non plus de fils rayonnants. Le quatrième jour quelques fils s'étaient étendus sur le fond de la soucoupe, mais la plupart sans s'être déplacés, et on ne voyait toujours pas de filaments d’Oscillatoire à la sur- face de l'eau. Observation. — Au commencement de l'expérience, j'avais remarqué que, dans l'armoire, tous les lacis de l'Oscillatoire s'étaient tournés du même côté. Une recherche minutieuse me fit découvrir une fente étroite de l’armoiré dans cette direction. La fente ayant été obturée, les lacis de l’Algue cessèrent de se tourner de ce côté, et dès lors s’orientèrent dans tous les sens. Comme résultat de ces essais, je conclus : 1° Que le mouvement des fils de l'Oscillatoria insignis Tw. a pour cause principale la lumière ; 2° Que, dans l'obscurité, ce mouvement se manifeste aussi, mais qu'il est très-lent ; 3° Que les fils d'Oscillatoria ne recherchent que la lumière de moyenne intensité ou lumière diffuse, et qu'ils évitent les rayons directs du soleil autant que l'obscurité. | | | | | | | SUR LE VERDISSÉMENT DES PLANTES. 193 FAI De l'influence de la lumière sur le verdissement des plantes (1). Après avoir démontré que le mouvement de quelques Algues se produit avec plus d'intensité sous l'influence d'une lumière diffuse, l’idée me vint qu'on pourrait peut-être arriver à décou- vrir quelque chose d’analogue chez les Phanérogames. Puis, en recherchant dans les ouvrages récents ce qui avait été publié sur ce sujet, je trouvai quelques faits qui me parurent s’y rat- tacher, mais auxquels on avait donné, à mon avis, une tout autre interprétation. En effet, parmi le grand nombre de décou- vertes intéressantes dont le professeur Sachs a enrichi la phy- siologie végétale, on trouve l'énoncé suivant (2) : « Si l’on applique une lame de plomb sur une feuille étiolée qu’on expose ensuite à la lumière, la partie éclairée de la feuille finira par se colorer en vert, tandis que la partie recouverte par la lame n'offrira aucun changement ; mais ce phénomène ne se mani- feste qu'autant que la lame aura été étroitement appliquée sur la feuille. 11 en est tout autrement si le contact n’est pas parfait ét lorsque la lumière peut se glisser entre la lame et la feuille ; enfin si le soleil frappe la feuille, ce sera alors la partie recou- verte qui présentera la teinte verte la plus prononcée. » M. Sachs étudia plus tard encore ce phénomène avec soin et publia dans le Flora (3) le résultat de ses essais : « Je fis germer, dit-il, du Maïs à l'obscurité ; lorsque les deux premières petites feuilles furent complétement développées, mais jaunes, j'exposai les pots qui les contenaient en ligne à une fenêtre éclairée par le soleil. Les plantes de l’un des pots restèrent exposées directe- ment à la lumière ; celles du deuxième pot furent couvertes d'une sorte de cloche de papier blanc; celles du troisième | pot furent abritées sous une cloche semblable, mais faite de trois (1) Bullet. Acad, imp. scienc. Saint-Pétersbourg, octobre 1866, (2) Sachs, Physiol., p.11. (3) 1862, p. 214. 9° série, Bor. T, VII, (Cahier n° 4.) 1 13 19h FAMINTZIN. feuilles de papier superposées. Dans cet état et après deux ou trois heures, les plantes découvertes ne montrèrent aucun indice de coloration verte; celles placées sous la cloche formée d’un simple papier commencèrent déjà à verdir, et celles enfin cachées sous la cloche triple de papier se montrèrent très-visi- blement vertes, quoique ayant évidemment recu moins de lu- mière. Cette expérience fut renouvelée plusieurs fois et produisit le même résultat sur le Phaseolus vulgaris. Mais l'observation suivante est plus remarquable encore. Après avoir recouvert légèrement, dit M. Sachs, quelques parties de feuilles étiolées de Maïs en germination, de lames d’étain, je plaçai les plantes au soleil. Après une heure ou deux, tous les endroits non recouverts étaient restés jaunes et sans la moindre teinte verte, tandis que les parties couvertes par les lames d’étain étaient d’un vert foncé. La preuve que, dans ce cas encore, le verdisse- ment était bien occasionné par l'obscurité, mais non par le manque absolu de lumière, se reconnaissait à ce que la colora- tion verte ne se mamifestait pas lorsque la lame de plomb était étroitement appliquée sur la portion de feuille étiolée et que la lumière ne parvenait pas à se glisser entre les deux parties. Ces faits cepertdant pouvaient s'expliquer de deux manières, comme 1l est facile de le comprendre. Les petites plantes ombra- gées, tant sous le sachet de papier que celles qui se trouvaient porter des lames de plomb ou d’étain, étaient toujours exposées à une plus haute température par l'effet du soleil ; sous la cloche de papier par l'échauffement de l'air; sous les lames de métal par l’échauffement qu'elles transmettaient à la partie sous-jacente. Dans ces expériences, le verdissement plus rapide des petites plantes ombragées pouvait être tout aussi bien attribué à l’'échauffement qu'à la lumuère modérée, et, en effet, M. le pro- fesseur Sachs a donné, à diverses époques, ces deux explications. Dans le Flora, 1862, 1l attribue le verdissement plus rapide des petites plantes ombragées à la réduction de l'intensité de la lumière, ainsi qu'on peut s’en convaincre par la phrase sui- vante : « C’est un fait reconnu depuis longtemps que la lumière diffuse effectue plus rapidement le verdissement que la lumière SUR LE VERDISSEMENT DES PLANTES. 195 directe du soleil. » Dans son Traité de physiologie (1), il donne une autre explication, Le verdissement plus rapide de la feuille recouverte par la lame de plomb est occasionné, dit-il, « parce que la lame de plomb s’échauffe et que la température plus élevée, même à une moindre lumière; peut effectuer un verdis- sement plus rapide, comme on l’a constaté sur le Maïs ». Je tenais beaucoup à répéter, de mon côté, ces expériences, mais de manière à ne réaliser successivement qu'une seule des conditions, de lumière et de chaleur. Je pris donc à tâche, à cet effet, de savoir si le verdissement plus rapide des petites plantes ombragées re pourrait pas être atteint à l’aide du seul échauf- fement ou par la simple réduction de l'intensité de la lumière. Je répétai les expériences de M. le professeur Sachs, sur le Lepidium sativum, le Brassica Napus et le Zea Mays. J'ombrageais ces petites plantes, non avec des sachets de papier ou au moyen de lames d’étain ou de plomb, mais en suspendant verticalement devant elles une feuille de papier, ou en les mettant à l'ombre. De cette manière, mes petites plantes se trouvèrent exposées à une lumière modérée sans être échauf- fées comme dans les expériences de M. Sachs; elles se trou- vérent même ainsi dans un milieu plus frais que celui qu'éclai- rait directement le soleil. Néanmoins, j'obtins le même résultat ; le verdissement fut plus rapide sur la petite plante ombragée. Le 1” août, à dix heures du matin, j'exposai au jour trois pots de jeunes Lepidium sativum développés à l'obscurité : _j'exposai à la lumière directe du soleil l'un des pots; je mis l’autre à côté en l'ombrageant par une feuille de papier placée verticalement ; le troisième fut mis complétement à l'ombre. _ À onze heures quarante minutes, les cotylédons de la plupart des petites plantes du premier pot étaient encore entièrement jaunes ; un verdissement partiel se mamifestait seulement à l’ex- | trémité des lobes des cotylédons, qui se trouvaient encore privés | de lumière ou ombragés par les plantes voisines, ou enfin encore renfermés dans leur enveloppe séminale, (4) 1866, p. 14. 496 FAMINTZIN. Dans les deux autres pots, les cotylédons, sans exception, verdirent uniformément sur loute leur étendue. Le 13 août, à dix heures du matin, j'exposai au Jour quatre pots de jeunes plants de Lepidium sativum et de Brassica Napus germés à l'obscurité. Tous furent directement exposés au soleil, en ombrageant cependant deux pots par une simple feuille de papier. | À onze heures trente minutes, les petites plantes ombragées verdissaient déjà, tandis que celles exposées directement au soleil étaient restées parfaitement jaunes. Vers deux heures de l'après-midi, les premières avaient pris une teinte vert sombre; les dernières commencèrent à verdir, mais partiellement. Plusieurs autres expériences de ce genre me donnèrent des résultats analogues. Je parvins de même à obtenir le verdissement du Zea Mays en germination en l'ombrageant. | Ces petites plantes de Maïs avaient le même âge que celles observées par M. Sachs ; elles avaient à peine développé leur deuxième feuille. Je maintins cette seconde feuille verticale- ment et Je la recouvris légèrement, d’une extrémité à l’autre, d’une petite feuille d’étain, mais de facon à laisser entre elle et le limbe une petite distance ; en même temps, j'ombrageai une assez grande étendue de la même feuille au moyen d’une petite feuille d'étain, qui ne se trouvait pas appliquée sur la feuille, mais fixée à un morceau de gros carton par de la cire à cacheter. Ce carton, attaché à un support de bois, pouvait être rapproché à volonté de la feuille, comme un écran, de manière à rendre impossible toute élévation de température. En même tèmps, Je collai, sur le côté opposé du carton, deux petits morceaux de bois étroits, sur lesquels je fixai de même encore un morceau de carton. | Ce petit appareil avait pour but de maintenir une couche d'air de température égale, et de rendre impossible le moindre échauffement correspondant à la partie ombragée de la feuille. Je commencçai l'observation à onze heures du matin. À midi ACTION DE LA LUMIÈRE SUR LES FEUILLES DES MNIUM. 4197 trente minutes, on pouvait déjà voir distinctement le verdisse- ment à l’endroit ombragé de la feuille, tandis que sa surface découverte était restée entièrement jaune. Vers deux heures de l'après-midi, le verdissement du point ombragé était devenu plus intense encore, quoique la superficie découverte de la feuille était encore jaune. À deux heures, j'enlevai la lame d'étain et je constatai que la place qu'elle occupait était aussi verte que celle qui s’était trouvée ombragée par le carton. Ces expériences, comme les précédentes, furent souvent répétées et eurent le même résultat. Ainsi se trouvent entièrement confirmés les faits décrits par M. Sachs; mais je me vois obligé de leur donner une explica- tion toute différente. En attribuant le rapide verdissement des jeunes plantes étiolées à l’action d’une faible lumière, on démontre, en effet, que, chez les Phanérogames, la fonction vitale qui détermine leur coloration verte se produit également, avec plus d'énergie, sous l’action d’une lumière de moyenne intensité que sous l’ac- tion directe du soleil. IV De l’action de la lumière sur le changement de position des grains de chlorophylle dans les feuilles d’une espèce de Mnium (1). On sait depuis longtemps que les grains de chlorophylle prennent part au mouvement du plasma et qu'ils se meuvent dans la cellule, mais c’est M. Boehm (2) qui, le premier, a observé chez les Crassulacées ‘influence de la lumière sur la dispersion des grains de chlorophylle. Il remarqua, sur ces plantes rentrées dans une serre chaude exposée au midi, que tous les grains de chlorophylle étaient constamment groupés sur les parois cellu- laires vers l'heure de midi, tandis que ce phénomène ne se ma- nifestait pas sur les individus de la même espèce placés à l’air _hibre. Il constata encore, sur les Sedum sexangulare et Sedum dasyphyllum, que les grains de chlorophylle s’appliquaient aux (1) Bull. Acad. scienc, Saint-Pélersbourg, novembre 1866. (2) Bœhm, Comptes rendus des séances de l’Académie de Vienne, 1866, p. 22, p. 911, etc, 198 FAMINTEIN. parois de la cellule lorsque ces plantes se trouvaient exposées, seulement pendant une heure, aux rayons du soleil de juillet, Plus tard, il étendit la même observation à toutes les Crassula- cées (une centaine d'espèces environ). Dans un travail antérieur, il ajoutait : «En employant des verres bleus, la réunion en groupes des grains de chlorophylle eut lieu assez rapidement, mais il fallut plusieurs heures pour apercevoir le mème phé- nomène sur les feuilles exposées à l’action d'un verre rouge. » Pour reconnaître l'influence des rayons calorifiques sur le mou- vement de la chlorophylle dans les feuilles, l’auteur se servit d'un poèle de fer noirei; les feuilles se trouvaient préservées de la sécheresse au moyen d’une disposition spéciale ; mais 1l n’ob- tint qu’un résultat négatif. Il en fut autrement lorsqu'il opéra avec les rayons solaires en se servant d'une lame de verre couverte de noir de fumée. Il remarqua qu'après y avoir soumis des feuilles pendant douze heures, la réunion en groupes des grains de chlorophylle était très-manifeste. Comme conclusion finale de ces expériences, M. Boehm fait remarquer « que cette disposition si remarquable des grains de chlorophylle peut s'obtenir indistinctement par tous les rayons lumineux naturels, sans distinction de la longueur de leurs ondes ». Il ajoute encore « qu'il a également observé, sur un grand nombre d'espèces de Saæifraga à feuilles charnues, ce groupe- ment des grains de chlorophylle sous l'influence de la lumière solaire ». J'ajouterai maintenant, à ces faits démontrés par M. Boehm, mes propres observations sur les feuilles d'une espèce de Mnium. On sait que la superficie des feuilles de ce genre de Mousse est formée par une seule couche de cellules, excepté toutefois à la place correspondant à la nervure moyenne. En observant des feuilles en plein jour, on remarque que les grains de chlo- rophylle des Mnium sont aplatis et qu’ils tapissent le plan supé- rieur et inférieur de la cellule, tandis que les parois des mêmes cellules sont entièrement dépourvues de globules verts. Dans la nuit, au contraire, tous les grains sont fixés aux parois, de sorte que la surface supérieure et inférieure de chaque cellule ACTION DE LA LUMIÈRE SUR LES FEUILLES DES MNIUM. 199 se trouve privée de chlorophylle, tandis que les parois sont revê- tues d’une couche verte de grains placés de champ. Par des journées sombres, il m'est arrivé de trouver encore à six heures du matin tous les grains de chlorophylle appliqués aux parois ; mais il suffisait alors d'éclairer la feuille par-dessous, et au moyen du miroir du microscope, pour voir après quelques mi- nutes les grains de matière verte se diriger vers la surface supé- rieure et inférieure de la cellule, de sorte que, vers sept heures du matin, ils avaient tous repris leur position diurne. Vers le soir et pendant la nuit suivante, tous les grains de chlorophylle regagnèrent de nouveau les parois des cellules en répétant tous les jours ce même manége. Pour constater plus nettement encore le changement de posi- tion des grains de chlorophylle sous l'influence de la lumiere, j'ai essayé de faire grimper les grains de chlorophylle sur les parois cellulaires en obscurcissant la place qu'ils occupaient, et de leur faire reprendre leur position diurne par un éclairage artificiel. On va voir tout à l’heure que ces deux opérations m ont réussi. Cette différente situation des grains de chlorophylle dans les cellules des feuilles de Mnium avait déjà frappé M. W. Schimper, qui les a même représentées planche vr, fig. et 5 de ses Zcones morphologicæ atque organographicæ, en donnant de ce phéno- mène une tout autre explication, ainsi que le démontre la des- cription de ces deux figures. Il explique la figure 4 par les mots «parlhicula folii junioris (Mnii punctati) in quo granulorum chlo- rophyllaceorum formaho incipit; prima granula ad cellularum commissuras disposita vides ; » et fig. 5, «particula fol perfecte evoluii ejusdem speciei, granula chlorophyllacea rite efformata denso agmine circumcirca ad cellularum parieles jacent ». Les recherches suivantes démontrent clairement que cette explica- tion n'est pas exacte. Avant tout, je me suis efforcé de trouver le moyen d’obser- ver autant que possible les grains de chlorophylle réunis dans la même cellule, sur une plante vivante et dans les condi- tions normales. A cet effet, je collai sur la platine objective du microscope, au moyen de la cire copale, deux morceaux de verre 200 FAMINTZIN. de 25 millimètres de longueur chacun, sur 10 millimètres de largeur et de 1 millimètre d'épaisseur. Je les posai de manière que leur surface se trouvât horizontale; l’un traversait la platine objective, tandis que l’autre en longeait le bord et se trouvait perpendiculaire à la première, de sorte que les deux petits morceaux de verre formaient un angle aigu; je fixai ces deux morceaux de verre au moyen de la gomme copale, et, sur le bord de l’espace qu'ils Himitaient, je plaçai un grand verre à couvrir, mais le plus mince possible; de cette manière, il ne touchait les morceaux de verre que par deux de ses bords et il les dépassait par ses autres extrémités. Ce petit appareil, placé sur la platine objective, me donnait un champ assez grand qui communiquait hbrement aux deux bouts avec l'air qui l’en- tourait ; le reste étant fermé avec soin. J'y plaçai avec précau- tion la petite tige couverte de feuilles de la plante que je voulais soumettre à l'observation. Les feuilles de la plante s’appliquaient étroitement à la surface inférieure du petit couverele de verre que j'avais choisi, comme je viens de le dire, aussi mince que possible. Mon appareil ainsi disposé me permit de faire mes observations avec le numéro 9 de Hartnack. Afin de conserver aussi fraiches que possible les racines et la terre autour de ma petite plante, je les recouvris également d’un petit couvercle de verre, sous lequel je glissais une goutte d’eau qui s’y trouvait vetenue par capillarité. Puis enfin, pour maintenir les petites feuilles de la plante vivante dans de l'air humide, et les empêcher de se dessécher pendant l'observation, je leur faisais arriver de toutes petites gouttes d’eau au moyen d’une aiguille très-fine ; puis, en outre de cela, j'ai fait passer par le côté, sous le petit couvercle de verre, une grosse goutte d’eau qui, en restant sus- pendue au bord intérieur de l’une des cannelures du verre et à une certaine distance de la petite plante, était destinée à la maintenir toujours très-fraiche. A la fin de chaque observation, Je portais aussitôt toute la préparation dans un espace saturé de vapeur d'eau. En employant toutes ces précautions, je fus à même de suivre, pendant plusieurs jours, non-seulement une plante par- faitement vivante, mais encore de pouvoir étudier la même ACTION DE LA LUMIÈRE SUR LES FEUILLES DES MNIUM. 201 cellule et d'y examiner, pendant plusieurs heures de suite, les grains de chlorophylle. Comme mes études ont été entreprises sur de petites plantes dépourvues de fructification, je n'ai pu, à mon très-grand regret, en reconnaitre l'espèce, mais seulement constater qu'elles appartenaient au genre Mnium. Les grains de chlorophylle de l’espèce que J'ai examinée étaient fort grands, aplatis et très-favorables à l'observation. Ils changeaient souvent de position respective; mais pendant le jour, ces mouvements se passaient à la face supérieure ou à la face inférieure de la cellule. Les observations, faites tantôt à la lumière du jour, tantôt à celle de la lampe, me don- nèrent les mêmes résultats. Dans les deux cas, J'ai toujours remarqué que, lorsque l'on porte les petites plantes de l'obscu- rité à la lumière, on voit, après quelques minutes, certains grains de chlorophylle qui commencent à passer sur les plans inférieurs et supérieurs de la cellule, et, après une heure en- viron, on les y trouve tous. Mais leur manége est beaucoup plus lent lorsqu'ils gagnent les parois de la cellule. Dans ces essais, comme dans tous les suivants, J'ai obtenu 2 déplacement des grains de chlorophylle par la lumière seule- ment et non par les rayons calorifiques. Je m'étais appliqué, en effet, à conserver une température aussi égale que possible dans l’espace éclairé aussi bien que dans l'espace obscur. Enfin, en étudiant, au moyen de la lampe au pétrole, l'in- fluence des rayons colorés, j'ai obtenu des résultats qui ne s'accordent pas entièrement avec ceux de M. Boehm. Jexposai en même temps, à la lumière de la lampe, trois pré- parations sur les tablettes objectives de trois microscopes ; l’une en pleine lumière de la lampe, l'autre à la lumière jaune, la troisième à la lumière bleue. Les préparations furent mises d'abord à l'obscurité pendant plusieurs heures; les grains de chlorophylle y prirent leur position nocturne. Mais, au bout de quelques minutes déjà, je vis aussi bien à la lumière bleue qu’en pleine lumière, que les grains de chlorophylle rampaient pour gagner, soit le plan supérieur, soit l’inférieur des cellules. Après une heure, le déplacement complet de tous les grains de chloro- 209 FAMENTZIN. phylle était entièrement achevé. Mais sous l'influence de la lumière jaune, ils restèrent immobiles et gardèrent inême en- core après une demi-heure la position qu'ils affectent pendant la nuit. Toutefois, 1l me suffisait de changer la lumière jaune contre la lumière blanche de la lampe pour faire rapidement prendre aux grains de chlorophylle leur position. La raison qui fait que «mes résultats ne s'accordent pas avec ceux de M. Boehm tient évidemment à nos méthodes différentes de recherches. M. Boehm faisait passer directement la lumière solaire à travers des verres rouges et bleus, colorés par des sels de cuivre. De plus, les feuilles de Sedum spurium, choisies par M. Boehm comme sujet d'expérience, furent mises (amsi qu'il le dit dans la remarque p. 475, vol. 37 (1859) des Comptes rendus des séances de l’Académie de Vienne) sur une couche de papier brouillard qu'il tenait humide au moyen de petits morceaux de glace ; de plus les feuilles restèrent recouvertes de lames de verre et toujours dirigées de manière à recevoir assez verticale- ment les rayons solaires. Il résultait de ce mode d’expérimenta- on que la lumière blanche, quoique affaiblie, non-seulement n'était pas exclue, mais que la plante se trouvait soumise à l'influence de la lumière homogène colorée. Mes observations sont conformes aux siennes en ce qui concerne le rapide chan- gement de lieu des grains de chlorophylle sous l’action du verre bleu. Peut-être la lumière blanche avait-elle senlement accéléré un peu le mouvement des grains de chlorophylle. Sous le verre rouge, le mouvement des grains ne se mamifesta que bien lentement dans les expériences de M. Boehm, et il est probable qu'il eut lieu non pas sous l'influence de la lumière rouge, mais exclusivement par la lumière blanche latérale, comme ce fut aussi le cas dans son expérience à l’aide des lames de verre recouvertes de noir de fumée. En effet, dans mes essais, OÙ J'évitais avec le plus grand soin la moindre lumière venant de côté, l’inefficacité des rayons de moindre réfrangibi- lité sur le mouvement des grains de chlorophylle s’est clairement manifesté. : Ce qui est smgulier, c’est que les phénomènes que je viens de décrire m'ont été confirmés partiellement par des exemplaires ACTION DE LA LUMIÈRE SUR LES FEUILLES DES MNIUM. 203 desséchés et conservés en herbier et sur toutes les espèces de Mnium que j'ai pu examiner. J'ai trouvé chez toutes les feuilles un groupe de grains de chlorophylle placé aux parois des cel- lules; ce à quoi, du reste, on pouvait s'attendre, puisque Îles petites plantes ne se dessèchent que graduellement entre le papier, par conséquent encore à l’obseurité, et que les grains de chlorophylle ont dû conserver dans toutes les cellules leur position nocturne. Ce changement de place des grains de chlorophylle n'est influencé que par la lumière et reste entièrement indépendant de la position de la plante relativement à l'horizon. Je m'en suis assuré en constatant l’état des plantes placées verticale- ment ou horizontalement. Quant à l’action de l'obscurité, nous avons l'expérience suivante : Deux plantes complétement semblables entre elles furent placées à l'obscurité, l’une dans une position verticale, l'autre horizontalement. Après quelques heures, les grains de chlorophylle avaient changé dans l’une et dans l’autre, et pour prendre chez toutes deux la même position. Le résultat de ces expériences peut se résumer de la manière suivante : 1° Les grains de chlorophylle exécutent normalement, et tous les jours, dans les cellules des feuilles du Mnium, un chan- gement de position : ils occupent pendant le jour la face supé- rieure et la face inférieure de la cellule, et s'appliquent à leurs parois latérales pendant la nuit. 2° Cette migration des grains de chlorophylle s'effectue uni- quement sous l'influence de la lumière. 8 La position diurne des grains de chlorophylle ne se pro- duit que par les rayons les plus réfrangibles de la lumière arti- ficielle; la lumière jaune agit comme l'obscurité. h° La migration des grains de chlorophylle est tout à fait indépendante de la position de la plante relativement à l’ho- rizon et s'opère de la même manière, que les plantes soient verticales ou qu'elles soient horizontales. MATIÈRE AMYLACÉE ET CRYPTOGAMES AMYLIFÈRES DANS LES VAISSEAUX DU LATEX DE PLUSIEURS APOCYNÉES, Par M. A. TRÉCUL (Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1865, t. LXI, p. 156.) I En 1798, Rafn trouva, dans le suc propre des Euphorbes et de l’'Hura crepitans, des corpuscules qu'il décrivit comme des prismes quelquefois obtus aux extrémités. Ces petits corps furent négligés jusqu'en 1835. Alors M. Th. Hartig, qui, sans doute, ignorait l'observation de Rafn, les découvrit de nouveau, et si- gnala leur nature amylacée. En 1862, le même botaniste annonça avoir observé dans le latex de la Chélidoine des globules qui bleuissent sous l'influence de la glycérine iodée (1). Enfin, dans ma dernière communication, j'ai indiqué, dans le latex des Jatropha acuminata et podagrica, des corps qui sont évidem- ment les analogues des grains amylacés des Euphorbes ; mais ils n’ont pas la propriété de bleuir par l’iode, La substance bleuissant par l’iode, dont je veux entretenir aujourd'hui l’Académie, se présente dans les conditions sui- vantes : Quand on fait bouillir dans la solution de potasse caustique des tronçons de tige des Nerium Oleander, Cerbera Manghas, etc., et qu'on lave avec soin pour éloigner la potasse et les cellules (1) Note de l'auteur, 1867. — Je n'ai pu vérifier l'existence de globules amylacés dans le latex du Chelidonium majus, ni par la glycérine iodée, ni par tout autre moyen. SUR LES AMYLOBACTER. 205 parenchymateuses, les laticifères qui restent avec les éléments cellulaires non éliminés prennent assez souvent la couleur bleue quand on les met en contact avec la solution 1odée. Cette colo- ration peut affecter la membrane et le latex, et elle se manifeste ordinairement avec plus de facilité dans les vaisseaux propres de la moelle que dans ceux de l'écorce. Ces laticifères ont souvent perdu une partie de leur suc laiteux par la section ou pendant la coction. C’est surtout dans ces or- ganes en partie vidés que l’iode fait apparaître la teinte carac- téristique de l'amidon ; celle-ci affecte ou tout ce qui reste dans le vaisseau (et c'est le cas le plus rare), ou seulement une partie de ce qui y est renfermé. Quand la couleur bleue n’atteint qu’une partie du contenu, on peut avoir des parcelles de latex coagulé, entre lesquelles est interposée une sorte de dépôt d’un bleu foncé ; ou bien, si le latex est en quantité plus grande, de ma- pière à former une colonne corrodée n'occupant pas tout le dia- mètre du vaisseau, cette colonne peut être entourée d’une couche de la substance bleue, qui se resserre aux extrémités de la co- lonne et se prolonge dans l'axe du tube vidé. On a, dans ce cas, l'image d'une membrane altérée ou d’une couche qui aurait été déposée à la face interne du laticifère; mais aucune trace d'une pareille couche n’est apparente sur les autres points du vaisseau, c'est-à-dire qu'elle ne continue pas la couche la plus interne de la paroi du laticifère, quand celle-c1 laisse voir plu- sieurs strates. Et d’ailleurs on a la preuve qu'il ne saurait être ici question de detritus d’une couche interne de la paroï, quand le latex, resté en quantité beaucoup plus considérable, et rem- plissant plus ou moins complétement le tube sur de grandes longueurs, bleuit tout entier. J'ai obtenu ainsi des colonnes longues de 2 à 3 millimètres qui étaient devenues d'un très- beau bleu, et qui contenaient de nombreuses granulations plus foncées. Ce fait démontre que le latex de ces plantes ou renferme une substance amyloïde toute formée, ou que cette substance est susceptible de se développer pendant l'opération. Que lun ou l’autre cas soit l'expression de la vérité, 1l est clair que ce latex 206 | A. TRÉCUL. doit être considéré comme très-riche en matières assimilables et nutritives. Voici maintenant un autre phénomène qui me paraît se ratta- cher au précédent, et qui pourrait bien n'être qu'une autre manifestation de la même substance. Ayant fait macérer des tronçons de tige de l'A pocynum canna- binum en août 1860, pour en isoler les laticifères, le latex de ceux-ci, Comme cela arrive ordinairement, prit des apparences diverses en perdant sa fluidité. Les globules se réunirent, soit en globules plus gros, soit en masses ou en colonnes presque homo- gènes, quelquefois assombries par l'interposition de substances gazeuses. À une époque plus avancée de l’altération, tout le latex, dans de longs vaisseaux ramifiés, avait de nouveau changé d'aspect; 1l était redevenu finement granuleux. Il ne restait çà et là dans ces vaisseaux que de petites masses de latex encore à l’état coagulé, comme pour attester la seconde modification. C'était déjà là un fait assez singulier; mais ma surprise fut grande, quand, après avoir mis ces laticifères en contact avec l’iode et l'acide sulfurique, je vis tout leur contenu devenir vio- let foncé, tandis que les petites masses de latex qui n’avaient pas subi le dernier changement, et qui étaient enveloppées par le suc redevenu finement granuleux, étaient restées incolores, ou avaient pris la tete jaune que l’iode communique fréquemment au latex. Ayant ensuite porté mon attention sur les fines granulations de nouvelle formation, je m'aperçus qu’elles étaient plus étendues qu’elles ne le semblaient d'abord, parce que chaque point violet n'était, dans certains vaisseaux, que la terminaison d'un petit corps oblong, incolore ou un peu jauni, et composé de deux ou de quelques cellules. Ailleurs, les autres cellules de ce petit corps étaient plus faiblement teintées de violet, ou bien toutes l’étaient également et avec intensité. Chez d’autres laticifères, la même modification, au lieu de s'effectuer sur toute la longueur du vaisseau à la fois, ne se pro- pageait que graduellement. Une partie de la colonne du latex était devenue pourprée par l’action de l’iode et de l'acide sulfu- SUR LES AMYLOBACTER. 207 rique, tandis que l’autre avait jauni; mais de l’une à l’autre teinte, on avait toutes les transitions. | Quelques autres vaisseaux propres étaient fort instructifs, en ce que leur latex, n'étant pas modifié au même degré, se colo- rait en jaune sous l'influence des réactifs; seulement des cor- pusCules violets étaient dispersés dans son intérieur, el souvent tous étaient éloignés les uns des autres. Il est important de noter que je n’ai point trouvé de ces petits êtres organisés répandus dans le liquide qui environnait ces lati— cifères. I n'en était pas de même dans un autre flacon qui avait recu des fragments de tige d’Amsoniu tatifolia. Un grand nombre de ces corpuscules étaient disséminés entre les cellules désagrégées et à la surface des laticifères, à des places déterminées dans ce flacon. Dans quelques-uns de ces laticifères, ce suc, après avoir subi l'espèce de coagulation mentionnée plus haut, avait été transformé en substance finement granuleuse comme dans le cas précédent. Les granules, d’abord globuleux, s’allongeaient en cône sur deux côtés opposés. Il en résultait des petits fuseaux, dont une ou deux cellules (4) prenaient la teinte purpurine sous (1) Note de l'auteur, 1867. — Ces Amylobacter fusiformes et les cylindriques ont souvent un bout, ou même les deux, nou colorable en bleu ou en violet par l'iode, Chez les cylindriques et dans la queue des formes en têtard dont il sera question plus loin, il y à fréquemment, après l’action du réactif, plusieurs parties non colorées alter- nant avec des parties devenues bleues ou violettes. Comme il me paraissait que, dans les formes en têtard, la queue et la tête devaient constituer chacune sa cellule, et que, d’un autre côté, on trouve souvent deux et parfois plusieurs Amylobacter cylindroïdes bout à bout, j'avais été porté, au début de mes études, à regarder les parties diverse- ment colorables comme autant de cellules. Ce point, douteux à cause de?la petitesse des objets, fut discuté en septembre 1865 devant la Commission nommée par l’Académie ; et l’un des membres, M. Tulasne, fit observer qu’il ne serait pas impossible que les di- verses parties d’un même utricule fussent susceptibles de se colorer différemment. Telle est, en effet, la bonne opinion. M. Nylander, à qui je fis voir, quelques jours après, mes dessins et mes préparations, l’adopta plus tard dans ses notes. Depuis, les formes cylin- dracées, surtout celles de l’Helianthus tuberosus, m'ont convaincu qu’elle doit être admise. J'y ai reconnu que l'alternance des parties incolores et des parties violettes peut se manifester dans la jeunesse au moment de l’apparition de l’amidon, et dans la vieil- lesse à l’époque de la disparition de celui-ci. Quand un Amylobacter cylindroide se divise, il a ordinairement ses deux extrémités non colorables en violet par l’iode. Alors, les deux individus nouveaux sont unis par leurs bouts colorables en violet ou en 208 A. TRÉCUL. l’influence de l’iode seul. Parfois, dans le mème vaisseau, cer- tains corpuscules devenaient violets, tandis que les autres restaient incolores. | Voilà pour l'observation directe. Si maintenant on se demande quelle est l'origine de ces petits végétaux, on ne reconnaît que deux réponses possibles : ou 1ls sont nés de germes venus de l'extérieur, ou 1ls proviennent d’une modification des éléments du latex. S'ils ont pour origine des germes préexistants, com- ment ces germes se sont-ils introduits par milliards dans toute la longueur de vaisseaux plems d’un suc dense assez consistant pour ne pouvoir plus couler, de manière à se substituer complé- tement à ce suc lui-même ? Comment concevoir, en admettant une telle invasion des germes, que de tout petits îlots de latex soient restés mfacts de distance en distance, et aient pu résister à cette invasion qui les étreignait de toutes parts N'est-1l pas au moins aussi vraisemblable que ces organismes soient nés d’une transformation du latex, quand d’ailleurs ce suc recèle des élé- ments (amylacés ou cellulosiques) favorables à la production de ces plantules, ainsi que le prouvent les faits exposés dans la pre - mière partie de cette note ? | On n’objectera pas que des milliards de germes n’ont pas été indispensables dans le principe ; qu'il a suffi d'un petit nombre de ces germes au début, et que les êtres qui en sont nés se sont multipliés par scission après l'introduction dans les laticifères. - On ne pourra le soutenir, parce que, dans plusieurs de ces vais- seaux, un tel mode de propagation n'avait certainement pas lieu, puisque ces petits êtres étaient le plus souvent éloignés les uns des autres. Et, d'autre part, pour arriver à ces laticifères, il eût fallu que ces germes traversassent le liquide du flacon. Or nous D bleu, Cependant, j'ai vu quelquefois, dans l’Helianthus tuberosus, \'Amylobacter en voie de’ division rester incolore sous l’influence de l’iode dans sa partie moyenne, c’est- à-dire au point où se fait la section, — D'un autre côté, les Amylobacter eylin- driques, que m'a fournis la tige de l’Euphorbia Sibthorpü, étaient presque sans exception partagés par une*ou deux parties fort étroites, ressemblant à autant de cloi- sons minces non colorables en bleu par l’iode. Les Amylobacter de cette dernière plante étaient encore fort remarquables par la teinte franchement bleue et non violette que leur communiquait l’eau iodée, | SUR LES AMYLOBACTER. 209 avons vu que, dans celui qui contenait l’Apocynum cannabinum, il n'existait pas de ces corpuscules dans le liquide environnant ces vaisseaux. Il me semble donc que voilà un concours de circon- stances bien difficiles à expliquer par la panspermie, tandis qu’elles paraissent découler tout naturellement d’une modifica- tion de la matière organique (1). : I1 Production de plantules amylifères dans les cellules végétales pendant la putréfaction. (Comptes rendus, 1865,t. LXI, p. 432.) Depuis Needham et Spallanzant, l'hétérogénie a presque tou- jours préoccupé les naturalistes divisés en deux camps; et le débat à naturellement porté sur l’origine des germes. On pré- tendit d’une part, avec Spallanzani, que ces germes viennent de l'atmosphère ; et d'autre part, avec Needham, qu'ils sont formés pendant les expériences aux dépens des matières organiques employées. D'un côté, 1l fallait donc montrer les germes dans l'air ; de l’autre côté, on était dans l'obligation de les exposer en voie de formation dans les matières organiques. Le problème paraissait insoluble ; cependant les expériences que j'ai eu l'hon- neur de présenter à l'Académie le 24 juillet en donnent la solu- tion. Elles font connaître la substance transformée ; elles font assister en quelque sorte à la naissance des germes et au déve- loppement des plantules qui en résultent. On observe, en effet, des colonnes de latex à tous les degrés de modification. On voit ce latex se coaguler en réunissant ses globules en masses plus ou moins considérables, ou en colonnes presque homogènes ; alors ce latex coagulé peut prendre des aspects divers. Très-fréquemment il redevient finement granuleux, et les granules sont souvent beau- coup plus fins que ne l’étaient les globules du latex à l’état nor- (1) Indépendamment de l'intérêt que je viens de signaler, ces petites plantes en ont un autre. Elles sont un nouvel exemple d’amidon amorphe dans les Cryptogames, où _ilne fut guère observé que dans les thèques de quelques sphéries par M. Nylander, au sommet des appendices des Erysiphe par M, Tulasne, et dans les spores d’une Tubé- racée par M. Currey. Toutes ces plantes sont relativement d’une organisation bien plus élevée que les petits végétaux que je viens de décrire, 9€ série. Bot. T, VIT. (Cahier n° 4.) 2 14 910 A. TRÉCUL, mal (Apocynum cannabinum, Amsonia salicifolia, etc.}. Ces cor- puscules sont ordinairement Jaunis par l’iode ; mais quelquefois ils sont colorés en violet par l’iode seul ou par l’icde et l'acide sulfurique, comme je l'ai déjà dit. Dans beaucoup de laticifères, ces granulations sont mêlées à d'autres plus volumineuses, elliptiques, plus rares et assez régulièrement espacées. Ces der- nières, parfois déjà teintées de violet par l’iode, s’allongent en petits cylindres ou en fuseaux. Dans certains vaisseaux, la plus grande parte du latex a disparu ; il ne reste que des grains glo- buleux ou bien ellipsoïdes, comme ceux dont je viens de parler, espacés et suspendus dans un liquide limpide. Quand ils sont globuleux, 1ls sont généralement improductifs ; quand ils sont elliptiques, ils produisent par une de leurs extrémités une tigelle cylindrique ou graduellement atténuée, qui leur communique l'aspect de têtards. Ordinairement cette tigelle ou queue se colore en violet par l’iode, tandis que le germe ou bulbe reste incolore. Ces diverses modifications ne s’accomplissent pas sur toute la colonne du latex coagulé : tantôt la surface de celle-ci est seule transformée ; tantôt elle l’est complétement sur de grandes lon- gueurs; mais 1l en reste cà et là des parties non changées qui occupent tout le diamètre du vaisseau, et attestent qu'aucun germe n’a pu venir de l'extérieur. | Depuis ma communication du 24 juillet, j'ai renouvelé mes expériences sur des plantes appartenant à des familles diverses (Apocynum cannabinum, Amsonia salicifolia, Periploca græca, Asclepias Cornuti, Metapleæis chinensis, Euphorbia Chara- cias(1), Ficus Carica, Lactuca altissima, etc.). Toutes ces plantes m'ont donné des résultats analogues, mais toutes cependant ne sont pas également favorables. Le Ficus Carica à été l’une des plus intéressantes, car, outre les modifica- (4) L'Euphorbia Characias demande une mention spéciale à cause des bâtons amy- lacés que renferme naturellement son latex. Ces bâtons amylacés ne sauraient être confondus avec nos plantules. Leurs dimensions les distinguent nettement. Les pre- miers ont de 0,02 à 0%®%,025 de longueur sur 022,005 de largeur, tandis que les secondes n’ont que de 0®%,005 à 0m%,007 de longueur, SUR LES AMYLOBACTER. 211 tions du latex, la moelle d’un rameau de l’année m'a montré la génération de nos plantules amylifères dans l'intérieur de ses cellules fermées de toutes parts. Ces cellules présentent trois états avant l'apparition des plantules : les unes contenaient encore des matières azotées jaunissant par l’iode ; les autres ne renfer- maient plus qu'un liquide parfaitement homogène ; d’autres, enfin, avaient une grosse bulle de gaz au centre de ce liquide. Ce n’est que dans les deux derniers cas que s’est effectuée la production des plantules amylifères. Dans un tronçon de rameau de cé Figuier, les plantules avaient la forme de têtards, dont la partie renflée se colorait elle-même en violet, presque noir, par l’iode. Dans les autres tronçons, toutes les cellules médullaires généralement contenaient des plantules cylindroïdes ou un peu atténuées vers une extrémité. L’iode leur communiquait la plus belle teinte violette. L'apparition de nos petits végétaux dans des cellules fermées, occupant leur siége naturel au milieu de la moelle, éloigne toute idée de l'introduction de germes venus du dehors. Le même phénomène s’est produit dans des fibres du liber déjà notablement épaissies de l’Asc/epias Cornuti et du Metapleæis chinensis. Il s’y forma des germes elliptiques, qui s’allongèrent aussi en petits cylindres où prirent la forme de têtards (1). La naissance de plantules amylifères à l’intérieur des cellules est done hors de doute (j'en conserve les préparations). Mais si la substance renfermée dans les utricules peut se transformer ainsi, il est probable que la matière extérieure peut jouir aussi de la même propriété. C’est en effet ce qui a lieu. Voici les cir- constances dans lesquelles se présente la formation externe des plantules : le plus fréquemment elle n'apparaît que dans les méats intercellulaires; s'ils sont très-étroits, on y aperçoit une, deux, trois ou un petit nombre de rangées de corpuscules amy- lifères ; s’ils sont plus larges, les plantules peuvent les tapisser, et simuler une colonne continue. Beaucoup plus rarement, les . plantules se développent sur toutes les faces de la cellule. Quand (4) Note de l’auteur, 1867, — Depuis cette époque, je les ai obtenus dans les fibres du liber de bon nombre de plantes. 212 A. TRÉCUL. elles sont très-espacées, on peut suivre leur évolution. Dans V Asclepias Cornuti et dans le Lactuca altissima, je les ai vues commencer par une éminence linéaire qui simule un tout petit pli de la strate externe de la paroi cellulaire. Vers la partie moyenne de cette éminence, 1l naît un corpuscule elliptique. Celui-ci s’allonge par un bout; puis la plantule devient libre par une extrémité, ordinairement par celle qui est formée par le corpuscule initial, tandis que par l’autre extrémité elle reste encore engagée dans l'éminence linéaire primitive, qui se pro- longe sur la cellule, bien au delà de notre plantule. Quand, au contraire, ces petits végétaux naissent en série, l’éminence linéaire de la surface de la cellule est bien plus longue, elle se renfle cà et là, produit un corps elliptique dans chaque rentle- ment, d’où il résulte autant de petites plantes amylacées. Ces végétaux extra-cellulaires ont deux formes principales : celle de têtards et celle de fuseaux. L'extrémité mitiale (le germe ou le bulbe), qu’elle soit aiguë comme dansles fuseaux, ou ren- flée en tête globuleuse ou elliptique, ne se colore le plus souvent pas sous l'influence de l'iode. De tous les faits qui précèdent, 1l résulte que la matière orga- nique contenue dans certaines cellules peut se transformer, pendant la putréfaction, en corps vivants de nature très-différente de l'espèce génératrice. Voici de cette proposition une dernière preuve encore plus frappante que les autres. Il existe dans l'écorce du Sambucus nigra, et dans les plantes de familles diverses (Solanées, Crassu- lacées), des utricules qui sont pleines de petits tétraèdres à côtés un peu inégaux (1). Ces utricules sont isolées ou groupées ; elles forment souvent des séries longitudinales reliées les unes aux autres, et, comme les membranes des cellules constituantes sont souvent résorbées, on a des lacunes communiquant entre elles. Ce sont les tétraëdres renfermés dans ces lacunes qui se changent en plantules amylifères (ceci ne veut pas dire qu'il ne puisse y (4) Gette qualification de fétraèdre n’est qu'approximative. Ces cristaux paraissent : le plus ordinairement n'avoir que quatre côtés inégaux, peut-être parce qu’on les voit incomplétement. Ils appartiennent, selon toute probabilité, à un autre système. SUR LES AMYLOBACTER. 913 en avoir d'une autre origine dans cette plante). Lors de mes observations en 1869, j'avais reconnu que des corpuscules colo- rables en violet par l'iode remplacent fréquemment les tétraèdres après la putréfaction ; mais je ne vis pas à cette époque la tran- sition des uns aux autres. Je fus plus heureux cette année : j'ai vu des tétraèdres eux-mêmes, renfermant la matière amylacée, constituer des colonnes temtes du plus beau violet. J'ai vu les tétraèdres s allonger par un de leurs angles, et passer graduelle- ment à nos singulières plantules en produisant une tigelle eylin- drique. Dans ce cas, le tétraèdre, arrondi ou encore anguleux, représente le bulbé. Le tétraèdre peut même s’effacer compléte- ment, et ne laisser après lui qu'une plantule fusiforme ou eylin- drique. Voilà donc encore un exemple qui, à cause de la forme origi- nellement tétraédrique de la matière transformée, ne laisse rien à désirer pour la rigueur des conclusions. NOMENCLATURE. — Malgré la variété des formes de ces petits végétaux, ou plutôt à cause de cette variété même, puisque l’on passe d’une forme à l’autre par toutes les gradations ; en raison aussi de l’amidon qu'ils contiennent, et pour rappeler la ressem- blance des formes cylindroïdes avec les Bactéries, je crois utile de les réunir sous le nom d’Amylobacter. Si l'on voulait les diviser d'après les formes les plus disparates, on pourrait établir trois sous-genres : L° l’'Urocephalum, qui comprendrait les formes en têtard; 2° l’Amylobacter vrai, auquel seraient attribuées les formes cylindracées ; 3° le Clostridium, qui renfermerait les formes en fuseau. Pour terminer, je signalerai un fait de transformation qui Im- téresse également le chimiste et le botaniste. En étudiant le Lac- tuca allissima, je séparai de l'écorce, par la macération, des lames de cellules qui contenaient d'élégantes aiguilles cristallines du plus beau vert. Elles étaient diversement groupées : les unes for- maient des touffes globuloïdes ou hémisphériques ; les autres, portées sur des pédicelles grêles, imitaient des aigrettes très- dilatées au sommet. D'autres touffes globuleuses offraient deux A! W. NYLANDER, zones bien distinctes : l’une, centrale, était formée de cristaux courts et pressés ; l’autre, externe, était composée d’aiguilles plus rares et plus longues. Certaines de ces aiguilles étaient un peu renflées au milieu. Ayant mis de l'alcool sur ma préparation, tout disparut. D’autres lames cellulaires semblables ayant été placées dans l’éther, toute trace de mes cristaux s'effaça de même. Ayant alors examiné d’autres lames de ces cellules, j'en trouvai qui renfermaient à la fois des houppes vertes et des grains de chlorophylle. Beaucoup de ces grains commençaient à changer de figure. Ils devenaient un peu anguleux, puis ilen sortait des pointes qui s’allongeaient progressivement ; enfin, d’autres présentaient des aiguilles plus longues avec toutes les dispositions que je viens de décrire. Il me parut certain que j'avais sous les yeux de la chlorophylle cristallisée (4). CIRCA AMYLOBACTERIA rréc. NOTULA SCRIPSIT WW. NYLANDER. (Flora, 1865, n° 33, p. 521.) CI. Trécul nuper (in Comptes rendus Acad. se., 156-160 et h32-136) ortum exposuit plantularum, ut dicit, Cryptogamarum «amyliferarum » in vasibus laticiferis et fibris atque cellulis medullæ Àpocynearum, F'icus Caricæ, Euphorbiæ Characiæ sci - licet caulium ramorumve harum Phanerogamarum macerationis ope putredini subjectorum. Has sic dictas plantulas Dom. Trécul Amylobacteria, ob reactionem 1odo effectam, colorem 11s viola- ceum tribuentem, distinxit tres formas, nempe 1) Urocephalum vel typum gyriniformem (« en forme de têtard »), 2) Amylo- (4) Note de l’auteur. — Suivant M. S. De Luca, qui a cherché à vérifier cette observation sur la Laitue cultivée, les cristaux ainsi formés seraient composés de man- nite. (Voy. l’Incoraggiamento giornale. Napoli, 1865, vol. 1, p. 362.) CIRCA AMYLOBACTERIA NOTULA. 215 bacterium (sensu strictiore nominis) et 3) Clostridium seu typum cylindraceum, hisce nominibus varias formas a se observatas designans. Statuit phytotomista clarissimus eas intra cellulas certas vegetabilium citatorum e materia organica putrescente oriri vel satius ipsam materiam, quam continent cellulæ quæ- dam vel vasa laticifera, vi putredinis éransmutari in tales plan- tulas amylobactericas. Ejusmodi corpuscula facillime enaset animadverti et quidem post macerationem paucorum (3-5) dierum, temperatura 16°-20° Cels., m cellulis varus (præsertim parenchymatis medullæ) et vasibus laticiferis ramorum vel caulium Phanerogamarum varlarum communium, Resedæ odoratæ, Spartii scoparü, Dahliæ variabihis, etc., atque simul diffusa eadem videre licet in aqua putréscente, ubi fragmenta horum ramorum cauliumve immersa asservantur. Sint ita ea corpuscula multo quidem frequentiora et facilius obtenta quam crederes ex commentariis clarissimi Trécul. | In Spartio ea maxima conspiciuntur, vulgo oblonga vel cylin- draceo-fusiformia, sat sæpe leviter curvula, aliquando altero apice ellipsoideo-incrassata alteroque attenuata itaque haud parum variabilia ; sæpissime 1odo addito violacee tinguntur, so- lum apice altero vel utroque remanente plus minus incolore (etiam talia zona media angusta sola colorata vidi) ; rarius tota sic violacea evadere inveni. Quando caudata sunt (quod rarius observatur), sola cauda iodo violacee cærulescit vel obscuratur (vel etiam pars posterior capituli). Magnitudo variat longitu- dine 0,006-0,020 nullim., crassitie 0,0025 millim., atque non prætervidendum est, hibenter 2 (longe rarius 3) corpuseula talia omnino tanquam Bacteria apicibus conjungi ; immobilia tamen manent (1). Inter formas à cl. Trécul designatas ambigunt. Præ- sertim in vasibus laticiferis occurrunt. Minora nonnihil et subfusiformia 1odo violaceo-obscurata in isdem vasibus Aesedæ et in cellulis medullæ obveniunt (1) Frequenter statu immobili observantur Bacteria (ex. gr. constanter in pane). Eorum minora et majora adsunt, etiam mobilitate gaudentia, fere æque crassa (licet breviora) ac corpuscula Spartii, atque tenuia sat longa plus minus mobilia. 916 W. NYLANDER. (neque bina hic inter se juncta vidi). At simul occurrunt (etiam in Spartio\ corpuscula alia multo minora capitulo consistentia subgloboso vel ellipsoideo caudigero, cauda scilicet prædita te- nui brevi vel demum longiusculo (usque longit. 0,018 millim.), capitulo interdum antice apiculum protrudente ; hæcce autem corpuscula iodo non colorantur. In als deinde phanerogamis, ex. gr. in medulla Dahhiæ variabilis similia vidi vel subsimilia et æque brevi tempore maceratione orta evidenterque identicæ naturæ corpuscula, sed hæc sæpe cauda iodo violacee tincta (Urocephalum Tréc.), sæpius vero non tincta (1); aliquando in ambobus gyrimiformibus (corpusculis Resedæ et Dahliæ) vidi caudam utrinque capitulum offerentem (2). Ita sic dicta Amylobacteria 1odo perfusa aut violaceo colore tinguntur aut ahib1 incoloria manent; reactio 1lla chemica cha- racterem minime sistit omnes formas respicientem et in alus variabilis comperitur aut adhuc in als nulla. Analogia quædam cum Bacteriis indicari videtur e similitu- dine originis in materiis putrescentibus vel fermentatione dege- neratis atque formæ, quam indicavi, compositæ nisu ad typum moniliformem vel longitudimaliter seriatim Bacterns peculia- rem. Si autem de « plantulis » autonomis hic agitur, res manet valde dubia, nam propagationis momenta omnimo latent. Nesci- mus etiam quid sint Bacteria, an infusoriis adnumeranda sint aut an elementa initiala efficiant vegetabilium mfimorum (tum potissime classis Fungorum). Facilius est enarrare qualia sunt, qualis figuræ, quæ ante oculos vemunt, quam explicare quid ea sistunt vel quas partes agunt et quem tenent locum in serie en- tium. In concipienda natura sic dictorum Amylobacteriorum interesset, ut perspiciatur saltem analogia certa eorum cum vegetabilibus ullis rite cognitis ; hoc autem pertinet adhuc ad «abdita rerum ». Aspectum ea corpuscula potius habent ele- mentorum anatomicorum quam organismorum qualiumeunque autonomia præditorum. Quod adtinet ad originem eorum in (4) Hic sicut alibi color violaceus iodo ortus mox addito ammoniaco evanescit. (2) Anne duplicatio et multiplicatio divisione exstat caude ? Corpuscula Spartii lon- gitudinem certam divisione transversali se dividunt sicut Bacteria. CIRCA AMYLOBACIERIA NOTULA. 217 cellulis clausis (1), hocce minoris habere liceat ponderis tan- quam factum theoriæ sic dictæ heterogeneseos (vel « generationis æquivocæ ») conveniens, quousque non demonstratum est, 1lla corpuscula entia sistere autonoma. Si modo elementa hetero- morpha sunt vel materiet organicæ particulæ elementares, restat ut morphoseos conditiones et historia determinentur. Notetur nisus granulorum gonimorum ex. gr. In Pannaria, Stictina, Nephromio, Peltigera, Endocarpisco, et in cephalodus Lichenum ad dispositionem moniliformem ; sed evolutio et multiplicandi modus subsimiles in sic dicta Torula cerevisiæ et in germimibus accedentibus Mucedineis obvenit (progemmatio Nyl., Lich. Scandin., p. 12), unde copia explicatur mgens brevi tempore proveniens. | | Hoc loco ad memoriam revocanda sit bacterioidea Leptothrix buccalis Rob., in tubo digestivo, cavitate buccali et præsertim in dentibus cariosis hominis copiose vigens, socia Vibrionum. Algis relata fuit et bacilla refert cylindrica recta incoloria, lon- gitudine variantia (2), gracillima (crassitier 0,001 imillim. vel nonnihil tenuiora), 1odo addito reactionem exhibentia similem ac corpuseula supra memorata «amylobacteria », nam vulgo tunc evidenter violacee tinguntur ; at occurrunt simul alia 1m- mixta bacilla leptotrichina, quorum color 1odo haud mutatur sed manet incolor. Longiora bacilla e fragmentis (obsoletissime constrictionibus indicatis) composita videntur seriatim junctis sicut Bacteria ; fragmenta ea demum separantur et tum sunt bacilla mediocria, longitudinis tamen satis variæ ; motu proprio carent. Origo etiam hic pendere videtur e materts degeneratis vel putrescentibus. Omnia hæc corpuscula solum rudimenta vel roles infimas (1) Memoretur hic celeberrimum Nâgeli (in Linnæa 1842, Ann, sc. natur., 1843) descripsisse et delineavisse fungillum obvium in céllulis vetustis parenchymaticis Schinziam cellulicolam. Nescimus quando cellulæ tales morientes vel emortuæ inte- græ sunt vel omnino clausæ, aut si non eæ aliquo modo aditum primis germinibus . alienis dare queant. Alioquin cellulæ omnes vel plurime iisdem conditionibus sub- Jectæ eadem phænomena ostendere deberent. (2) Non confundantur longiora cum filamentis longissimis Leplomili formæ queæ sæpius admixta occurrit ejusdemqgue est tenuitatis, sed iodo non tingitur, 18 W. NIYLANDER. aut elementa typorum sistunt, quorum pleniores biologicæ rationes adhuc ignotæ sunt. Addendi venia detur, me etiam intra cellulas medullares ma- gnas (et, quantum videre potui, omnino clausas) observavisse in ramulis putrescentibus Dahliæ variabiüs copiosa Bacteria sæpe oriri demumque motu agilissimo gaudentia 1b1 strenue .Circumvehi. | ADHUC CIRCA AMYLOBACTERIA ADNOTATIO. (Loc. cite, n°797, pe 0129) Postquam observationes anteriores circa À mylobacteria Tréc. Floræ miseram in Ficu Carica notavi, præsertim sub cortice so- luto ramulorum {maceratione 4-5 dierum subjectorum), libera Amylobacteria fusiformia copia maxima obvenientia et motu pro- prio nonnihil undulante conspicuo alacriter circumnatantia, omnino sicut Bacteria 1bidem consociata. Illa corpuscula fusi- formia (longitudinis circiter 0°°,007-9), crassitiei circiter 0"",002) vix nist simplicia occurrunt, nec, sicut ex. gr. in COor- pusculis Spartu vidi, 2 v. 3 apicibus seriatim conjunguntur. Dixit ea Clostridia Tréeul. Non omnia simul, sed certa solum cor- puseula certoque momento cireumagi incipiunt (1). Idem apud Bacteria occurrit. In cellulis medullaribus frequentissime atque in fibris simul eorumdem ramulorum obvia sunt 4mylobacteria capilata, cauda tenui prædita (Urocephala Tréc.); nullum autem motum proprium eo saltem statu ostendunt. Apud Pyrethrum sinense corpuscula fusiformia similia ac in F'icu et similiter motu distincto gaudentia, forte etiam copio- siora vidi sub cortice, post macerationem aliquot dierum. Quo- que 1b1 (aique in aqua ambiente) observavi Bacteria varia et talia formæ solitæ, composita aut simpliciora, zonas angustas offe- (4) Quoque fibras totas Vibrionibus minutis agilissimis omnino repletas vidi in ïisdem ramulis Ficus Caricæ. Simili modo originem ducunt verisimiliter ut Bacteria vel Amylobacteria in materiis putrescentibus cellularum. SUR LES AMYLOBACTER. 219 rentia 1odo plus minusve violacee tinctas ; apex solus uterque summus fragmentorum (frustularum) tunc tingitur (1). Ex his observationibns concludere liceat, 4mylobacteria ejus- dem naturæ esse ac Bacteria isdemque affinia. SUR LES 4MYLOBACTER, PAR M. W. NYLANDER. (Bull. Soc. bot. de France, séance du 8 décembre 1865.) J'ai fait des observations sur les corpuscules que M. Trécul appelle Amylobacter (2) et qui se forment dans des tissus végé- taux en voie de putréfaction. Pour lui, ce sont des Cryptogames autonomes, chez lesquelles il distingue trois genres : Urocepha- lum, Amylobacter et Clostridium. Mes observations ont présenté quelques faits qui ne me paraissent pas confirmer la manière de voir de M. Trécul. Dans le Spartium scoparium, J'ai remarqué que ces corpus- cules sont souvent réunis bout à bout, deux ou trois ensemble, de la même manière que cela a lieu généralement chez les Bac- terium. Leur forme est tellement variable, que les trois genres de M. Trécul se trouvent confondus chez le même type, bien que la forme oblongue ou cylindroïde (Clostridium Tréc.) soit la plus fréquente. La longueur varie entre 0"".006-0"" 020, sur une épaisseur entre 0"",002-0"",003. Plus tard j'ai vu, à la suite d’une macération de peu de Jours, des corpuscules de même nature, se développant en grande quantité sous l'écorce de rameaux de Figuier et de Pyrethrum sinense, offrir des mouvements propres très-distincts, (4) Etiam in larva alba dipterica vidi quoque segmentum supra fascia et segmen- tum anale fere totum iodo addito violacee tingi, quod hic obiter notandi venia detur. (2) Le nom d’Amylobacter n'implique aucunement pour M. Trécul l’idée d’une affinité avec les Bacterium. 290 W. NYLANDER. — SUR LES AMYLOBACTER. exactement comme de vrais Bacterium, dont le même liquide de macération montre une forme fréquente, douée de vifs mouvements et se colorant partiellement en violet par l'action de l’iode. | Les observations que Je viens de résumer en quelques mots semblent indiquer que les Amylobacter ne diffèrent pas essentiel- lement des Bacterium. M. Trécul dit que les Amylobacter se développent dans des cellules closes par une « transformation » de la matière orga- nique qu'elles contiennent. Mes observations ne m'ont pas appris d'où viennent les Amylobacter; j'avoue même ne pas avoir entière confiance en la théorie d’une métamorphose hétérogéné- lique, mais il est assez facile de voir (surtout chez les grands Amylobacter du Spartium) que leur multiplication s'effectue par un allongement de ces corpuscules qui se séparent ensuite en deux au moyen d’une constriction transversale. D'ailleurs, on peut voir des myriades de Bacterium ordinaires se mouvoir dans des cellules closes (non perforées), par exemple de la moelle du Dahlia variabilis en état de putréfaction, et, dans les mêmes conditions, des vibrions extrêmement agiles remplir, comme une masse grouillante, toute la cavité de cer- taines fibres (même à parois épaisses) du liber du Ficus Carica. Ces faits ne permettent aucunement, ce semble, d'admettre une généralion spontanée, car, pour cela, il faudrait d'abord connaître exactement toute l’histoire biologique des productions dont il s’agit et dont nous ne savons encore rien. RÉPONSE A TROIS NOTES DE M. NYLANDER CONCERNANT LA NATURE DES AMYLOBACTER. Par M. A. TRÉCUL. (Comptes rendus, 1867, t. LXV, p. 513.) Dans les Comptes rendus de 1865, t. LXT, sont deux notes dans lesquelles j'ai décrit des plantules amylifères, qui se déve- loppent pendant la putréfaction des végétaux mis en macération dans l’eau. Quelques jours après ma seconde communication à l’Académie, je fis voir à M. W. Nylander quelques-unes de mes préparations et mes dessins ; puis Je l'engageai à étudier cette question. Il le fit, et, peu de temps après, 1l publia deux notes dans le Flora (2° série, t. XXXVII), et une troisième dans le Bulletin de la Société botanique de France (t. XI), dans lesquelles il met en avant deux phénomènes importants : 4° la mobilité de quelques Amylobacter ; 2° la multiplication par division de quel- ques autres. De plus, 1l ne Juge pas ces corps essentiellement différents des Bactéries, et 1l ajoute que les faits qu'il rapporte ne sont pas favorables à l'adoption d’une génération spontanée. J'ai attendu près de deux ans pour répondre. Avant de le faire, j'ai voulu renouveler mes observations, et apporter, s'il était possible, de nouveaux faits. Je vais aujourd'hui examiner les principaux points de cette discussion. J'ai le regret de trouver dans les notes de M. Nylander des inexactitudes de rédaction que je ne puis passer sous silence. Ainsi, dans sa première Note (Flora, 1865, p. 522) et dans sa troisième (Bulletin de la Société botanique de France, t. XI, p. 896), il me fait attribuer le nom de Clostridium aux formes oblongues ou cylindriques des corps dont il s'agit. Il est évident, comme le mot l'indique, que ce sont les formes en fuseau que j'ai désignées par ce terme. L'auteur ajoute que, dans le Spartium scoparium, la forme 299 A, TRÉCUL. de ces corpuscules est tellement variable, que les trois genres que j'ai établis se trouvent confondus chez le même type. Cette assertion n’est pas fondée, car, dans toutes les plantes que j'ai étudiées jusqu'ici, même dans le Spartium mdiqué, les 4mylo- bacter ont toujours été de même type dans un endroit donné. Ils sont tous ou cylindroïdes, ou graduellement atténués d'un bout à l’autre, ou fusiformes, ou capités. Quand ils sont capités, la tête est, dans tous les individus, ou elliptique et la queue cylim- drique, ou ovoïde et la queue atténuée vers l'extrémité, où bien la tête est globuleuse et la queue cylindracée. M. Nylander, qui ne cite que les Spartium scoparium, Reseda odorata, Dahlia variabilis, Pyrethrum sinense et le Figuier, croit pouvoir dire : «Sint ita ea corpuscula multo quidem frequen- » tiora et facilius obtenta quam crederes ex commentariis ela- » rissini Trécul. » Rien dans mes deux notes ne justifie ces paroles. Il y a, au contraire, à la page À33 du Compte rendu, un passage qui indique que toutes les plantes examinées par moi ont donné des Amylobacter ; et depuis je n'ai trouvé que des exceptions bien rares parmi les Phanérogames, bien que sous le rapport de la quantité 1l y ait beaucoup de diversité. En outre, M. Nylander affirme que les 4 mylobacter fusiformes du Figuier et du Pyrethrum sinense sont mobiles à la manière des Bacterium, auxquels 1l les assimile. Oui, les 4 mylobacter sont mobiles quelquefois, mais beaucoup plus souvent ils ne le sont pas. Dansla très-grande majorité des cas, à la surface des cellules et dans les méats, ils sont si pressés les uns contre les autres, et souvent si adhérents à la paroi cellulaire, que tout mouvement est impossible. De plus, à de certaines places dans quelques plantes, quand les utricules sont suffisamment écartées par la désagrégation, des Amylobacter capités, tous dressés en grand nombre, et assez régulièrement espacés sur la surface de cer- taines cellules parenchymateuses ou fibreuses, simulent des forêts microscopiques (écorce du Sureau, écorce et moelle de l’Aralia japonica Thunb.). Une semblable disposition m'a été offerte aussi à l'intérieur de nombreuses cellules dans la moelle de rameaux de deux ans du Figuier. Sur toute la paroi interne NATURE DES AMYLOBACTER. 223 étaient dressés et épars une multitude d’Amylobacter, dont la tête était dirigée vers le centre de la cellule. Ces petits corps dressés, qu'ils soient à l’intérieur ou à l’exté- rieur de la cellule, sont ordinairement de ceux qui ont la tête ovale, et sont fixés à la membrane par l'extrémité atténuée de leur queue ou pédicule. Dans le Sureau, j'ai obtenu quelquefois en même temps, mais beaucoup plus rarement et à des places spéciales, des Amylobacter à tête globuleuse, dressés aussi à la surface des cellules. C’est même cette dernière forme qui, seule jusqu'ici, m'a permis de suivre l’évolution de ces corpuscules dressés. Jai vu poindre sur les cellules des globules qui, par- venus à un certain volume, étaient soulevés peu à peu par le développement graduel du pédicule relativement épais. S'il ne m'est pas arrivé de surprendre à son début l'Amylobacter dressé à tête ovoïde, j'ai pu en observer le développement à l’état de liberté dans des cellules parenchymateuses et des fibres du liber. J'en parlerai plus loin. M. Nylander, très-disposé à coufondre ces corps avec les Bacterium, demande s'ils ne seraient pas, ainsi que ces derniers, de simples éléments anatomiques, ou des rudiments, des reje- tons (proles) ou éléments de types, dont on ne connaîtrait pas tous les phénomènes biologiques. La raison principale sur laquelle 1l s'appuie, outre le mouve- ment spontané, cest que dans le Spariium scoparium il a vu souvent deux de ces corps bout à bout, d'où 1l a conclu, à juste titre, qu'ils se multiplient par division. Ces corpuscules s’allon- gent, dit-il, et se séparent ensuite en deux au moyen d’une con- striction transversale, Dès 1865 j'en ai figuré des séries de cinq et davantage. Les membres de la Commission se rappelleront mes dessins, que je remets sous les yeux de l’Académie. N'ayant pas vu alors la scission s’opérer, je me suis abstenu de signaler cet état comme un mode de multiplication. J'ai même décrit (Comptes rendus, t. LXI, p. 434) et représenté, d'après le Lactuca altissima, des rangées d'Amylobacter fusiformes. Mais je suis convaincu qu’une telle disposition en série peut provenir, dans quelijues circon- 29] A. TRÉCUL. stances, d’un autre phénomène que l'allongement et la section de corpuscules ou de filaments préexistants. J'en donnerai tout à l’heure un exemple. C’est donc sur une telle division, qui toutefois a réellement lieu chez les Amylobacter cylindroïdes, que M. Nylander se base pour douter de l'autonomie de nos plantules, dont cependant il ne connaît pas l'origine, ainsi qu'il l'avoue à la page 523 du Flora par le passage suivant : «Si autem de « plantulis» auto- » nomis hic agitur, res manet valde dubia, nam propagationis » momenta omnino latent. » Malgré cet aveu, qu'il renouvelle dans le Bulletin de la Société botanique, p. 396 ; malgré aussi l'observation de Bactéries et de Vibrions dans des cellules closes (non perforées) et même dans des fibres du liber épaissies (1), observation sur laquelle, au contraire, il s'appuie, M. Nylander croit pouvoir dire : « Ces » faits ne permettent aucunement, ce me semble, d'admettre » une génération spontanée, car pour cela il faudrait d’abord con- » naître exactement toute l’histoire biologique des productions » dont il s'agit, et nous n’en savons encore rien. » Que M. Nylander n'ait rien observé à cet égard, je le crois sans peine, puisqu à cette époque 1l n'a pu consacrer que quel- ques semaines à cette étude (de la mi-septembre à la fin d'oc- tobre, vers laquelle son envoi a dû être fait au Flora). S'il n’eût pas été prévenu contre la théorie de l’hétérogenèse, il se serait rappelé que J'ai décrit l'origme des 4mylobacter non-seulement d’après ce qui se passe dans des lacticifères, mais aussi dans des utricules et des fibres du liber fermées, dans lesquelles j'ai vu se développer d'abord des corpuscules ou germes elliptiques, qui émettent une petite tige ou queue, dont l'allongement s'effectue peu à peu. J'ai plusieurs fois depuis renouvelé cette observation. J'ai vu le germe commencer lui-même par un petit point de substance jaunissant par l’iode, lequel grossissait jusqu’à ce qu’il eût acquis (1) Des Bactéries et des Vibrions naissent fréquemment, et parfois même des Monades, à l’intérieur des cellules de la moelle fendue longitudinalement de divers végétaux. Je reviendrai l’année prochaine sur ce sujet, NATURE DES AMYLOBACTER. 279 le volume et la forme (elliptique ou globuleuse) de la tête de l'Amylobacter ; puis latéralement, ou à l’un des bouts s'il était elliptique, naissait une queue comme je viens de le dire. J'ai en ce moment à ma disposition un bel exemple de la transformation du latex en Amylobacter. Dans un laticifère d'Euphorbia Characias, le suc laiteux, après s'être coagulé, se divise en corpuscules elliptiques, dont bon nombre prennent déjà par l'iode, à des degrés divers, la teinte caractéristique de l’amidon. (Voyez la note de la page 210 ci-dessus.) Ce qui se passe à l’intérieur des cellules s’accomplit aussi à l’extérieur ; et là les Amylobacter se développent ou à la surface même de la membrane cellulaire, ou dans le liquide que ren- ferment les méats pendant la macération. Je vais décrire, de ce dernier cas, un exemple que chacun pourra vérifier facilement. Quand on met avec de l’eau, dans des flacons de 60 à 90 grammes, des tronçons de tige d’'Helianthus tuberosus fendus longitudinalement par la moitié, l’eau pénètre le tissu, chasse le gaz qui remplit les méats de la moelle, et bientôt les cellules superficielles mises à nu par la section, et les méats voisins, con- tiennent une multitude de globules extrèmement petits, qui occupent à peu près toute la cavité des méats. Évidemment ces globules ne sont pas venus du déhors, car pour cela il faudrait que des globules semblables fussent répandus en imnombrable quantité dans tout le liquide ambiant du flacon, ce qui n'est pas. Leur substance a été prise par le liquide aux cellules voisines. Ces granules ne tardent pas à sallonger et à prendre la forme de cylindres, qui, d'abord d’une grande ténuité, croissent en longueur et en épaisseur. Ces corpuscules sont alors jJaunis par l'iode ; ce n’est que plus tard, quand 1ls ont acquis un volume plus considérable, qu'ils se colorent en bleu indigo par l’eau iodée. Ici, comme ailleurs, une extrémité, ou même les deux, reste souvent incolore ou est jaunie. Pendant leur accroisse- ment, à quelque période qu'on les examine, ils sont toujours libres. A tous les âges, la rupture du méat suffit pour les dis- perser, et 1ls sortent isolés les uns des autres par la section trans- versale de la moelle. Cependant, quand ils sont déjà eylin- 5e série. Bor, T,. VII. (Cahier n° 5.) 3 15 226 A. TRÉCUL. driques, mais encore jeunes, on les trouve quelquefois disposés en séries longitudinales. Cette disposition ne provient que de la juxtaposition accidentelle de ces petits corps pendant leur accroissement, à laquelle s'adjoint probablement aussi la division en deux de quelques-uns d’entre eux. Assez souvent, l'espace manquant à leur élongation, ils sont recourbés par la pression, et parfois aussi le méat est élargi sous l'influence de cette pres- SION. Les granules primitifs remplissant à peu près le méat au dé- but, tous ne peuvent arriver à l’état d'Amylobacter parfaits, qui sont ici volumineux. Beaucoup de ces corpuscules disparaissent donc pendant l’évolution des autres. Assez fréquemment, toute- fois, ceux qui ne s'accroissent pas restent mêlés à ceux qui se sont développés ; 1l arrive même que ces derniers, étant rares, sont épars dans la masse des granulations. Dans d’autres méats, des colonnes de granules, jaunissant par l'iode, alternent avec des colonnes de gros Amylobacter bleuissants, comme dans cer- tains vaisseaux du latex. Des Amylobacter semblables naissent en immense quantité à l'intérieur des cellules médullaires lésées par la section longitu- dinale de la moelle et aussi à la surface de l'écorce, sur la cuti- cule. Dans ces deux endroits, où ils sont en contact immédiat avec l’eau du flacon, les 4 mylobacter présentent un phénomène que je n’ai observé nulle part ailleurs. Ils sont entourés d’une matière gélatineuse incolore, qui leur donne, à la couleur près, l'apparence d’une Nostochinée, d’un Palmella (1). (1) A cet égard, je dois faire remarquer qu'il se développe quelquefois à la surface du liquide des corpuscules elliptiques et des globuleux qui sont entourés aussi de gélatine. D'abord isolés ou en nappes, ils se multiplient par division dans la matière gélatineuse qui environne chacun d’eux, et peuvent donner ainsi naissance à de longs filaments mu- queux et incolores. En files ou isolés, ces corps jaunissent par l’iode, ainsi que tout se qui se forme à la partie supérieure du liquide. On ne rencontre là que bien rarement des Amylobacter, et ils y sont sans doute apportés par les bulles de gaz qui montent des tis- sus végétaux. Voici maintenant une expérience qui tend à prouver que les productions de la surface du liquide naissent moins de germes venus de l'atmosphère que de la. matière organique soustraite par l’eau à la substance végétale. Ayant mis en macéra- tion, par un temps chaud, dans plusieurs flacons, des tronçons de tige d’Helianthus tuberosus qui furent tous entièrement submergés, il y eut déjà de mombreuses produc- Ed NATURE DES AMYLOBACTER. 221 Quelle est leur origine ? Ils ne viennent certainement pas de propagules, comme pourrait le croire M. Nyländer. En effet, quand une Algue ou un Champignon filamenteux se multiplie par segmentation, les propagules ou spores qui en résultent ont leur petit diamètre au moins égal à la largeur du filament seg- menté. Jei, les segments de nos Amylobacter PARFAITS en voie de division, bleuissant par l’iode, sont volumineux : ils ont de 0"",005 à 0°",01 de longueur sur 0"",002 de largeur. Au con- traire, les granulations par lesquelles ces Amylobacter commen- cent, dans nos macérations d’ÆHelianthus tuberosus, sont très- petites ; elles n’ont guère que 0""”,0008 dans tous les sens. Voici comment ces Amylobacter se développent : les tronçons de tige, avant d’être placés dans l’eau, ne montrent rien qui puisse, à priori, être soupçonné de les produire. On n’apercçoit, dans la substance superficielle de la cuticule, qu’une sorte de chagrin irrégulier d’une extrême délicatesse, qu’une grande attention peut seule faire remarquer. Mais, au bout de vingt- quatre à trente-six heures, par un temps chaud, en août et septembre, de fins granules se dessinent à sa place ; puis, sur des étendues considérables ou sur des espaces très-li:: ités, ces tions vivantes (W%brio bacillus, Monadiens, etc.) à la partie supérieure un liquide au bout de trente à trente-six heures, et la liqueur, d’abord troublée, s'était éclaircie. Au contraire, les Amylobacter débutaient à peine par de rares granulations au pourtour des tronçons de tige. Ayant enlevé les formations de la surface du liquide de deux flacons, d'abord avec le manche d’un scalpel, ensuite en retirant l’eau superficielle, et celle-ci ayant été remplacée par de l’eau nouvelle dans un de ces deux flacons, il ne se produisit plus aucune végétation pendant les six jours suivants. Des Monadiens seuls paquirent, et cependant les Amylobacter se développèrent sur les tronçons de tige, et me permirent d'étudier toutes les phases de leur évolution. Le temps étant devenu plus froid, l'expérience n’a pas réussi depuis: il y a toujours eu production d’abon- dantes végétations. J'ai dit plus haut que ces végétaux superficiels jaunissent par l'iode. Il n’en est pas de même au fond du flacon, où se déposent des matières enle- vées au tissu organique. Ces matières engendrent d'abondants et superbes Amy/obacter enveloppés de gélatine, dans les macérations d'Helianthus tuberosus. Avec quelques autres plantes ce sont des Vibrions et des Spirillum qui sont produits, tandis qu’avec certains végétaux ce sont des vésicules globuleuses qui sont formées. Quand on se sert d'Euphorbia Characias, par exemple, ce sont les globules du latex qui paraissent sur- _ tout produire ces vésicules, La constitution de ces différents dépôts semble concorder très-bien avec la production des divers ferments observés par notre savant confrère M. Pasteur, pendant les fermentations, 298 A. TRÉCUL. granules semblent se vivilier, tous s’accroissent. Ailleurs, et c'est le cas le plus fréquent, une partie minime seule prend du déve- loppement. Ces granules s’allongent, et les petits cylindres qu’ils forment se pressent, les uns côte à côte quand ils sont nom- breux, les autres bout à bout, ou bien obliquement les uns par rapport aux autres. Ils donnent aussi lieu parfois à des figures d’une remarquable symétrie, qui les feraient prendre pour des groupes de cristaux, s'ils ne jaunissaient ou même bleuissaient déjà sous l'influence de l’iode. Dans quelques groupes rares, les jeunes Amylobacter semblent tous rayonner du centre, sans ce- pendant former des séries continues, bien que quelques-uns soient placés bout à bout. Aïlleurs, au lieu de rayonner, ils sont étendus dans la même direction, ce qui pourrait faire croire qu'ils sont nés de la segmentation de filaments parallèles ou tous dérivés successivement les uns des autres, si l’on n’en connais- sait pas l’origine, et si un examen attentif n’apprenait pas que beaucoup alternent entre eux. Les Amylobacter cylindroïdes primitifs naissent donc isolés les uns des autres ; mais après s'être allongés à un certain degré, quelquefois de très-bonne heure, d’autres fois seulement tres- tard, ils se coupent en deux, et les nouveaux formés se com portent de même. D'abord nus, en apparence du moins, comme ceux des méats de la moelle, ils sont plus tard entourés de gélatine. Alors ils sont comme disséminés au hasard dans une couche assez épaisse de cette matière, dans laquelle ils continuent de se multiplier par division. Quand on suit l’évolution d’une telle couche, on remarque souvent que les plus externes sont plus volumineux, moins grêles que ceux de la partie plus profonde de la couche ; que ces derniers jaunissent par l’iode, tandis que les externes, plus gros, bleuissent; ce qui est dû à la continuation, pendant quelque temps, de la formation primaire à la face mterne de la couche. Assez fréquemment, au lieu d’une couche très-étendue de ces productions, il n’existe que de petites masses ou des groupes d’un petit nombre d’Amylobacter entourés de même de gélatine. NATURE DES AMYLOBACTER. 229 Il me paraît hors de doute, par ce qui précède, que ces pelits corps constituent bien réellement des plantules autonomes, puis- qu'on les voit naître, et puisque ces formes cylindracées, au moins, se multiplient par division en conservant toujours la même figure. Ces petits corps enveloppés de gélatine sont certainement de même nature que ceux qui en sont dépourvus dans les méats de la même plante ; ils ont la même forme, la même constitution et le même mode de multiplication par division. On peut se demander maintenant si ces Amylobacter, qui ne sont pas doués de mouvement, peuvent être rapprochés des formes en têtard et de celles en fuseau. Ils ont tous pour caractère commun, à l’état parfait, de bleuir par l'iode, et de conserver le plus souvent une sorte de noyau plasmatique qui reste incolore ou qui jaunit, mais qui souvent aussi devient amylacé. Le caractère différen- tiel le plus important me semble résider dans le mode de multi- plication par division, dont me paraissent jouir jusqu'ici les seules formes cylindroïdes. A cause de cela, le nom d’A4mylo- bacter proprement dit, que j'ai appliqué à ces dernières, est Jus- üfié, ainsi que celui d'Urocephalum que j'ai donné aux formes en têtard, et celui de Clostridium aux fusiformes. Le mouvement que je n’ai pas encore aperçu chez les Clostri- drum, bien que ce soit chez eux que M. Nylander l’a signalé, ne serait pas un caractère distinctif, car 1l se rencontre chez des Amylobacter vrais ou cylindriques, et chez des Urocephalum du Figuier, longs de 0"",02, à queue flexueuse, et devenant tout entiers d’un bleu très-intense par l'eau iodée. De plus, parmi ceux de ces corpuscules qui jouissent d’un mouvement propre, et qu’il paraît difficile de séparer de ceux de même genre qui en sont privés, les uns sont rigides et les autres flexueux. Je ne crois pas encore le moment venu de les décrire spéci- fiquement ; cependant je puis assurer qu'aucun d'eux ne se rap- porte spécifiquement ni génériquement aux Bactéries et aux Vibrions décrits par Ebrenberg et Dujardin (1). (1) Note de l'auteur. — Le défaut d'espace ne m'a pas permis de signaler dans les 230 A. TRÉCUL. Outre les Amylobacter, j'ai encore observé, dans les cellules de la moelle du Figuier, des corpuscules vibrioïdes cylindriques, fort grèles, de longueurs très-variées, qui n’offrent aucune ar— ticulation, et qui plus tard sont remplacés par de longs filaments aussi grêles qu’eux-mêmes, qui se contournent dans les cellules et les remplissent quelquefois en grande partie. Je ne les ai jamais vus bleuir par l’iode, ni se segmenter comme les Amylo- bacter cylindracés décrits plus haut. J'ajouterai en terminant qu'il n’est pas indispensable, comme le croit M. Nylander, de connaître toute l’histoire biologique d’un Corps vivant, pour admettre qu'il a été formé par hétéro- genèse. Il suffit pour cela de le voir naître, et de s'assurer qu'il n'est point un simple élément anatomique; en un mot, qu’il est doué d’une existence propre. Or les Amylobacter étant quelque- fois dotés d’un mouvement de translation, et montrant assez fréquemment un mode de multiplication, doivent être consi- dérés comme des êtres particuliers. D'un autre côté, comme 1ls sont formés par la modification d’une partie de la substance des plantes employées, souvent contenue à l'intérieur même de cel- lules dans lesquelles ils se développent, je conclus qu'il y a là une démonstration de l'hétérogémie, qui, Je crois, peut être définie ainsi : « Une opération naturelle par laquelle lu vie, sur » le point d'abandonner un corps organisé, concentre son action sur » quelques-unes des particules de ce corps, et en forme des étres » tout différents de celui dont la substance a été empruntée ». Comptes rendus toutes les inexactitudes de M. Nylander. En voici une qui a bien aussi son importaace. Ce savant dit dans la note 2 de la page 396 du Bulletin de la Société botanique, t. XII : «Le nom d’Amylobacter n'implique aucunement pour M. Trécul l'idée d’une affinité avec les Bacterium.» Pourtant, à la page 435 du t. LXI des Comptes rendus j'ai dit: «...: en raison aussi de l’'amidon qu'ils contiennent, &T POUR RAPPELER LA RESSEMBLANCE DES FORMES CYLINDROÏDES AVEC LES BACTÉRIES, 7e crois utile de les réunir sous le nom d’Amylobacter. A PERCÇU VÉGÉTATION DES PLANTES CULTIVÉES DE LA SUÈDE. Par M. N. J, ANDERSSON, Membre des Académies des sciences et d'agriculture de Stockholm (4). EE « La péninsule scandinave est la terre la flus habitable et jouissant du climat le plus doux sous une latitude boréale si élevée. » (Ar. FoRSELLES.) I Surface, géologie, température. SURFACE pu pays. — La Suède, dont la superficie est évaluée à 3865 milles carrés suédois (4418 myriamètres), forme un vaste système orographique, coupé par de nombreux bassins, et ne présentant qu'exceptionnellement des plaines d’une certaine étendue. De la chaîne de montagnes généralement continue qui, dans presque toute sa longueur, sépare les États de Suède et de Norvége, le pays s’abaisse, soit en pente égale, soit par terrasses ou gradins vers le bassin formé par la Baltique à l’est de la par- tie la plus septentrionale du pays, le Norrland, qui constitue plus des deux tiers de la Suède ; dans le tiers restant (le Svearike et le Gôtarike), le plus peuplé et le mieux cultivé; l'altitude la plns considérable se présente au centre de cette région, à double ver- sant, à l’est vers la Baltique, à l’ouest vers la mer du Nord, dans laquelle les Alpes scandinaves plongent leur extrémité méridio- (1) Ce travail de géographie botanique est extrait d’un opuscule que M. Andersson vient de publier au sujet des produits naturels de la Suède, présentés à l'Exposition internationale, Nous avons supprimé deux très-petites cartes qui accompagnent le mémoire original, ainsi que quelques passages relatifs aux plantes alimentaires (pota- gères fruitières, etc.), tout en conservant ceux qui ont trait aux plantes les plus importantes de la grande culture, à cause de l'intérêt plus général qui s’y rattache. (Rép.) 232 N. J. ANDERSSON. nale. Ces différences de surface et de niveau influent nécessaire- ment sur la direction des vallées et sur le cours des eaux, et, par suite, sur les variations du climat et de la végétation, ainsi que sur les plus ou moins grands progrès de la culture. Dans la Suède du Nord, les fleuves et leurs vallées descendent des Alpes scan- dinaves dans la direction du sud-est vers la région côtière; dans la Suède centrale et méridionale, ils vont, soit vers le sud-est, soit vers le sud-ouest. La partie supérieure ne possède qu'un seul système hydrographique, qu'un versant unique, celui du sud- est ; la Suède inférieure présente au contraire un versant et un système hydrographique de chaque côté du plateau qui constitue la ligne du partage des eaux, et où se rencontrent et viennent se fondre différentes régions naturelles partant de points opposés. Les Alpes scandinaves (le Külen ou les Monts Seve), dont le cap Nord est le point le plus septentrional, atteignent la fron- tière suédoise à Kilpisjaur dans la Laponie ou district lapon de Torne, où elles n’ont encore qu'une altitude moyenne d'environ 2000 pieds (600 mètres) ; mais, dés leur entrée dans la Laponie de Lule, elles s'élèvent presque subitement, et présentent le pic déjà remarquable de Suoloitjalma (6314 pieds —1874 mètres au- dessus du niveau de la mer) comme centre d’une majestueuse et sauvage région de neiges et de glaces, qui s’avance de 9 à 11 my- riamètres dans cette Laponie et dans celle de Pite; la chaîne s’abaisse ensuite légèrement dans les Laponies situées plus au sud, se relève dans le Jemtland (Kjälahôgen, 3994 pieds — 1154 mètres), où le dôme presque solitaire de l’Areskutan, si intéressant au point de vue de sa flore, domine le bas-pays comme une vedette avancée. Au Sylfjell (frontières du Herjedal), la chaîne atteint une altitude de 5421 pieds (1626 mètres), puis elle s’abaisse de nouveau et plus profondément vers la Dalécar- lie, où le Hemfjell s'élève à 3012 pieds (904 mètres), et le Städ- jan plus isolé, s’avançant davantage vers la région inférieure, à 3612 pieds (1084 mètres). La région (le Norrland) qui, des Alpes scandinaves, descend vers le bassin de la Baltique, doit présenter, par suite de la constitution physique de ce vaste système de montagnes, des dif- APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. 239 férences très-considérables, quoique la largeur en soit à peu près égale depuis la base de la chaîne sur toute l'étendue de cette dernière. 1. La partie la plus septentrionale de la Laponie, le district lapon de Torne, est parcourue par les el/s ou fleuves de Torne et de Kalix (la parte méridionale l’est, en outre, par ceux de Lina et de Rane), qui, descendant du massif peu saillant du Kôlen qui entoure le lac de Torne (orne trask, 108 pieds — 392 mètres), ne forment, sur toute l'étendue de leur cours, aucune série de lacs d’une certaine étendue, mais, descendant vers la mer par des chutes ou des cataracies successives, Indi- quent que le pays incline par une pente relativement douce, ce qui rend difficile l'établissement de limites nettement tranchées de culture et de végétation. 2. La Laponie de Lule commence à la frontière suédo- norvégienne par un massii large et onduleux de hautes cimes neigeuses, formant les contre-forts de l’orgueilleux tronc du Suoloitjalma. C'est dans cette partie la plus élevée des Alpes suédoises qu'apparait la flore arctique dans toute sa magnificence et dans toute sa beauté primitive. De ce massif naissent le grand et le petit Lule-elf; le premier sort du lac Wirihjaur {1948 pieds — 98/4 mètres), au centre même de ce groupe de montagnes; le second du pied méridional du Saggatijaur (957 pieds == 287 me- tres). Ces deux cours d’eau forment presque jusqu’à leur point de Jonction, à 13 milles (14 myriamètres) sud de la côte, une succession non interrompue de lacs étroits et allongés, réunis par de puissantes cataractes et qui montrent que le pays ne descend pas en pente douce, mais par terrasses vers la mer. Cette configuration nous permet de déterminer plus facilement et plus exactement les diverses zones de végétation qui, de la région inférieure, s'élèvent vers les sominités dés Alpes. à. Les bassins du Pite et du Skellefte-elf commencent dans la grande région glaciaire détachée vers le sud par le groupe du Suoloityalma, et forment, aux limites inférieures de cette région, des lacs aussi grands et même plus grands encore que ceux de la vallée du Lule (Pjeskijaur, Tjäggelvas, Hornavan, Stora- 23 N. J. ANDERSSON. van, etc.); de ce point, la plus grande partie de leur cours pré- sente une pente égale vers la côte. Grâce à cette circonstance, le bas et le haut pays forment plus nettement deux parties distinctes dans cette Laponie que dans toutes les autres ; aussi la flore de la première est-elle très-différente de celle de la seconde. h. La Laponie d'Ume ressemble à quelques égards à celle de Torne. De la région alpestre, l'Ume-elf a, pendant 30 myria- mètres environ, un cours relativement paisible sur une déclivité assez unie, et qui dénote une pente légère dans le pays même qu'il parcourt. La région alpestre est aussi moins caractérisée ici que dans les autres parties de la Laponie ; le reste du district présente de plus nombreuses forêts marécageuses occupées par des Conifères. 9. Au pied et à l’est de ces divers districts lapons s'étend la région côtière sur une largeur de 8 à 10 myriamètres. C’est en général une terre alluviale plate le long du cours inférieur et de l'embouchure des grandes rivières, souvent riche et couverte de champs et de prairies, mais possédant, à la partie supérieure des cours d’eau, des forêts presque inépuisables de Comifères. La culture y à fait de grands progrès dans ces dermiers temps, et les richesses naturelles y récompensent tous les jours davantage Je travail de l’homme. | Le reste du Norrland contient les bassins et les cours d’eau suivants : | 6. L’Angermanna-elf commence par une série de lacs d’une longueur de 46 myriamètres, pour descendre ensuite rapidement vers le golfe de Bothnie. Il a ses sources dans un dédale de mon- tagnes, qu'il quitte pour traverser une vaste région forestière, et pour arroser ensuite, vers la fin de son cours,”un pays très- coupé, et assez souvent fertile dans les vallées. 7. L'Indals-elf, sorti de la haute région alpestre qui s'étend derrière l’Areskuta, descend dans le beau bassin du Storsjô (Grand Lac), long de 7 myriamètres ; il se jette ensuite, en écumant, en nombreuses et puissantes cataractes, à travers le Jemtland et le Medelpad. La première de ces provinces peut APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. 239 être considérée comme formant trois plateaux distincts : le pre- mier, frontière du haut Medelpad, est riche en lacs ; le second, autour du Storsjà (1028 pieds = 308 mètres), est probablement l’une des régions montagneuses les mieux cultivées, malgré sa situation au pied des Alpes; le troisième, le haut plateau alpestre, se montre moins accessible à la culture. Le Medelpäd, qui pré- sente des pentes plus égales, est une contrée assez riche et cul- tivée. Sa seconde rivière, la Ljunga, tombe dans la mer, non loin de l’Indais-elf; elle forme d’abord une quantité de petits lacs, mais, en général bordée de forêts plus ou moms Inacces- sibles, elle bouillonne ensuite en rapides continuels jusqu'à la mer. 8. Le Ljusne-elf traverse en premier lieu la région maigre et pauvre du Herjedal, immense ravin descendant des Alpes, et qui s’est divisé en différents petits ravins latéraux débouchant dans la dépression principale. fl parcourt ensuite rapidement sa dernière terrasse, le Helsingland, célèbre par ses forêts et couvert de lacs nombreux, mais présentant çà et là de riches cultures. 9. Le bassin du Dal-elf est presque exclusivement formé par les deux branches principales de ce cours d’eau (les deux Dal- élfs). Près de la chaîne du Kôlen, la Dalécarlie (Dalarne) forme, soit un pays alpestre bas et peu cultivé, soit une riche région forestière ; elle a le Städjan (3612 pieds — 1083 mètres) pour point culminant. On y voit encore un ravissant paysage d'une nature douce et souriante avec de pittoresques vallées entre des hauteurs arrondies en collines. La partie inférieure du Dal-elf sépare le Gestrikland, terroir maigre et aride, de son voisin plus fertile, l'Upland. Quoique la Daiécarlie appartienne au Svéaland, elle se rapproche davantage de la nature plus grandiose, mais moins fertile, du Norrland. Sur les frontières méridionales de la Dalécarlie, au point de rencontre des trois provinces de Vermland, de Néricie et de Vestmanland, le Külen se divise en deux chaines ou séries de hauteurs souvent peu considérables : l’une, séparant la Norvége du Vermland, du Dalsland et du Bohuslän, suit une direction 236 N. J. ANDERSSON. presque méridionale; l’autre s'avance du côté du Wetter à tra- vers la Néricie avec une altitude de 1287 à 1041 pieds (386 à 312 mètres); elle sépare ensuite les bassins du Mälar et du Wetter, suit de là, en s’abaissant toujours davantage (730 à h80 pieds — 219 à 144 mètres), le Wetter, entre les plaines de la Vestrogothie et de l'Ostrogothie, envoie une branche à l’est, vers le Hôlôskog et le Kolmarden, entre les provinces de Néricie, de Sudermanie et d'Ostrogothie, traverse le plateau montueux du Smaland (Taberg, 1032 pieds — 310 mètres), et disparait en Scanie en formant une crête de collines transversales souvent interrompues. Par suite de cette charpente orographique, la Suède moyenne et méridionale ne présente que peu de grands bassins parcou- rus par des fleuves comme en Norrland, mais plutôt un plateau montueux et boisé, coupé de terrasses en pente ou encore de plames fertiles. Le seul haut plateau de quelque importance est le Smaland, formant avec ses montagnes une sorte de nœud au milieu du Gôtaland. Aux environs d’Almesakra, à une hauteur de 1000 pieds (environ 300 mètres), se trouvent les sources des rivières de la Laga, de l’Emm et de l'Husquarna, dont la première se rend au sud-ouest, dans le Halland, parallèlement à la Nissa et à la Wiska, et tombe avec elles dans le Kattégat; la seconde, au sud-est, se déverse dans la Baltique, sur la côte orientale du Smaland, et la troisième tombe au nord dans le Wetter ; au sud, on voit le Helgea porter les eaux des grands lacs du Smaland intérieur vers les régions orientales de la Scanie. Ces divers cours d’eau indiquent la quadruple direction dans laquelle s’abaisse le haut plateau. Le Vermland, le Dalsland et la plus grande partie ou du moins la partie occidentale de la Néricie, ainsi que le Vestmanland, doivent être plutôt considérés comme des terrasses de la chaîne du Kôülen; et si, à quelques égards, ces provinces sont plus propres à la culture que la partie centrale de l’aride Smaland, elles possedent toutefois d'assez grandes richesses forestières, ce qui s'applique naturellement aussi aux localités montagneuses APERÇU DÉ LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. 237 des frontières du Vestmanland et de l’'Upland du côté de la Dalé- carlie et du Norrland, aux régions situées entre la Néricie, le Vermland, l'Ostrogothie et la Vestrogothie, ainsi qu'entre ces deux dernières, et enfin aux régions stériles séparant le Smaland occidental de la Vestrogothie méridionale, et à celles du versant smalandais du côté du Bleking. La Suède possède, en outre, quatre grandes et fertiles régions de plaines ; ce sont : 1° La plaine d'Upsal, au centre de l’'Upland, entre le Roslag coupé par ses fjords et ses milliers d'îles, et la région forestière du Vestmanland oriental. 2 La plaine d'Ostrogothie, au sud du bassin qui, du Wetter courant à l’est vers la Baltique, est coupé par le canal de Gothie. C’est un immense champ de céréales terminé à l’ouest, sur les bords du Wetter, par le dôme solitaire de l'Omberg (869 pieds — 260 mètres). 3° La plaine de Festrogothie qui s'étend entre les grands lacs Wener (132 pieds — 42 mètres) et Wetter (272 pieds — 82 mètres). De son sein s'élèvent les cônes isolés du Kinne- kulle (856 pieds — 257 mètres), du Billingen (885 pieds — 265 mètres), du Môsseberg (84h pieds — 253 mètres), de l’Alleberg (447 pieds = 134 mètres), des Halle et Hunneberg (454 pieds = 136 mètres), etc., tous appartenant à une période géologique plus récente. h° La plaine de Scanie, située au sud de la chaîne transversale, qui, sous les noms de Æallandsas, Linderodsas et Soderas, par- court dans la direction du sud-est cette province, la plus belle et la plus fertile de la Suède, et la divise en deux parties à peu près égales : celle du sud, riche comme l'état voisin du Dane- mark, d’une fertilité méridionale ; celle du nord rappelant da-- vantage l’aridité et la pauvreté septentrionale du Smaland, au - quel elle touche. Entre ces élévations et ces plaines se trouvent quatre régions côtières présentant une nature-plus variée ; ce sont : La Sudermanie, belle province au sud du Mälar, riche en lacs et en cultures coupées par des forêts ; 238 N. J. ANDERSSON. Le Bleking, au-dessous du Smaland méridional, province traversée par de nombreuses vallées longitudinales, célèbre par ses beautés naturelles et en outre assez fertile ; Le Halland, à l'ouest du Smaland, région côtière sablonneuse, ne présentant presque que de grandes bruyères dans sa partie septentrionale, mais se rapprochant dans sa partie méridionale de la fertilité de la Scanie ; et en dernier lieu : Le Bohuslan, région fort accidentée, coupée de montagnes presque nues, S'élevant entre les golfes ou fjords qui pénètrent profondément dans les terres, et constituant les derniers bras du Kèlen qui disparaît 1c1 dans la mer, mais qui y a apporté les derniers représentants chez nous d'une nature arctique, déve- loppée plus au nord dans toute sa beauté. A la Suède appartiennent, encore, deux îles de la Baltique, situées à une petite distance de la terre ferme. Ce sont les îles de Gotland et d'Oland, possédant un climat msulaire, et par conséquent une nature plus méridionale. La première, aux rivages assez escarpés (130 pieds — 39 mètres; le plus haut pont, le Thorsborgen, a une altitude de 292 pieds = 60 mètres), présente vers le centre de sa partie septentrionale une région de plaine fertile formant une dépres- sion évasée, s'égalisant vers la pointe méridionale, mais par endroits couverte de marais tourbeux et ornée de belles forêts. La seconde île, celle d'Oland, s'élève assez abruptement (120 pieds = 36 mètres) du côté tourné vers le Smaland ; mais elle descend ensuite en pente douce vers la côte orientale. Dans sa partie méridionale, cette île présente une longue plame sté- rile de roches nues. Ea ligne alluviale, au-dessous de l'élévation occidentale, jouit par contre d'un terroir fertile et d’un climat très-doux. Les forêts de Conifères ne se trouvent que clar- semées dans la partie septentrionale ; Les bois d'arbres à feuilles sont plus nombreux. APERÇU GÉOLOGIQUE. — La masse principale des montagnes de la péninsule scandinave est composée de couches verticales de gneiss, dé gneiss granitique, de schiste micacé, de schiste APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. 239 chloritique et de la roche connue en Suède sous le nom de Helle- flinta, fortement tourmentées, alternant çà et là avec des lits de calcaire primitif, de minerai de fer, de pyrite de cuivre, etc. Presque partout où ces roches se présentent, elles sont traver- sées par des filons plutoniens de granite, de syénite, de diabase, d'hypérite, de diorite, de porphyre, etc. On ne rencontre que sur une surface relativement minime des couches sédimentaires fossilifères; elles appartiennent prin- cipalement à la période silurienne, qui paraît jadis avoir occupé une partie considérable de la Suède moyenne et méridionale ayant la dénudation survenue durant la période glaciaire. Par suite de la faible résistance que ces couches meubles ont opposé à l’action érosive des glaciers, elles ont été triturées et enlevées par les eaux de la plupart des hautes terres, partout où elles n'ont pas été, comme au Kinnekulle en Vestrogothie, protégées par des couches plutoniennes plus récentes. On les trouve prin- cipalement dans les plaines de l'Ostrogothie, de la Vestrogothie et de la Néricie, dans les îles d'Oland et de Gotland, et sur quel- ques points épars de la Scanie, du Smaland, de la Dalécarlie et du Jemtland. ( Sur un terrain très-étroit des environs de l’Oresund (Scanie), on rencontre des lits de grès (molasse), de charbon et d'argile réfractaire, déposés pendant la période triasique ; sur quelques points de la Scanie, on rencontre des couches appartenant à la formation crétacée, composées de graviers et de sables calcaires, de craie et de silex. La formation tertiaire manque totalement en Suède. Pendant la période glaciaire, qui précéda immédiatement la période actuelle ou quaternaire, la péninsule scandinave fut sou- mise à une immense dénudation ; des couches mesurant dans quelques localités une épaisseur de plus de 300 mètres ont été triturées et enlevées par l'action des glaces. Partout, des neiges éternelles des Alpes scandimaves aux plaines de la Scanie, on rencontre des roches polies et striées datant de cette période, de même que la plus grande partie des couches meubles qui remplissent les vallées entre les collines. A elle 2h0 N. J. ANDERSSON. appartiennent les argiles glaciaires remarquables par leurs co- quilles arctiques subfossiles, les asar où chaînes de collines de cailloux roulés et de graviers anguleux, etc. Presque toutes les couches de ces collines proviennent en majeure partie de la dés- agrégation mécanique de roches de gneiss et de granite plus ou moins mêlées de feldspath. Aussi nos argiles, qui jouent un rôle si important dans la végétation, contiennent-elles, outre leurs éléments ordinaires, une quantité de potasse suffisante à l’ali- mentation des plantes, un peu d'acide phosphorique, provenant de l’apatite qui se trouve, quoique en petite quantité, Imjectée dans le gneiss et dans le granite, ainsi qu'une quantité très- variable de chaux. La présence plus considérable de ce minéral indique toujours que des couches calcaires siluriennes ont fourni une partie des matériaux de l'argile ; aussi ces argiles et ces marnes, si parti- culièrement favorables à la culture, se rencontrent principale- ment dans les localités où se trouvent des roches siluriennes, dont la présence donne à la végétation un caractère luxuriant tout particulier. À part la mince couche d'humus qui les re- couvre, Ces couches glaciaires sont la plupart du temps à fleur de terre; mais souvent aussi on les trouve recouvertes de lits post-glacraires d'argile et de sable, détendue et de composition singulièrement variables, ainsi que des couches plus ou moins épaisses de vase, de tourbe, etc. Toutes ces circonstances rendent naturellement très-difficile la détermination de l'influence qu'exerce la constitution géolo- gique du sol sur la végétation des diverses provinces de la Suède. Partout s’entrecroisent, sur une étendue souvent très-restreinte, des vallées alluviales, des lits d'argile et de marne, des collines de sable, des marais stériles ou des lacs. Cependant on peut dire, en restant dans le domaine des géné- ralités, que, dans la Suède méridionale, caractérisée par la pré- sence du Hétre, les argiles glaciaires caïllouteuses ou marneuses prédominent et y provoquent une végétation vigoureuse, quoi- que interrompue dans quelques endroits par des sables mouvants et des marais tourbeux, APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. JA Dans la Suède moyenne, ou la région du Chéne, l'écorce solide se compose de roches cristallines feldspathiques ou calcaires. Les couches meubles y varient aussi beaucoup, car on y trouve des argiles glaciaires plus ou moins marneuses, mais toujours fer- tiles, alternant avec des collines assez fertiles aussi, quoique formées de cailloux anguleux, ainsi que des collines très-arides composées de cailloux roulés, comme, par exemple, en Smà- land. Dans certaines localités, comme en Vermland et en Vestro- gnthie, on rencontre de nombreuses roches éruptives. La Suède septentrionale, région des Conifères, de l’Alnus incana et du Bouleau, est presque exclusivement formée de roches cristallines : le terrain silurien de la Dalécarlie au nord du Siljon, et celui du Jemtland autour du Storsj. Les régions allu- viales de la bande côtière présentent une certaine fertilité ; mais plus on s'élève vers les régions alpestres presque entièrement dépourvues d’argiles, plus la terre couverte de marais, de forêts et de lacs, placés sous un climat très-àpre, devient monotone et défavorable au développement d’une flore variée, ainsi qu’à la culture des plantes alimentaires. TemPÉRATURE. — La forme de la croûte terrestre, son altitude relative ou sa constitution géologique, ne sont pas seules à exer- cer une influence sur la végétation : le degré de chaleur de la terre, dans laquelle les végétaux plongent leurs racines, et de l'air, où ils développent leurs tiges, leurs feuilles, leurs fleurs et fruits, est d'une grande importance pour la connaissance des richesses végétales d’un pays. Température de l'air. — Le tableau, page 242, donne cette température pour des points différents de la Suède. On s’est attaché jusqu'ici aux données fournies par la température moyenne de l’année, de l'été ou de l'hiver (isothermes, iso - thères et isochimènes). En effet, si, dans certains cas, il peut être intéressant de voir Jusqu'à quel point la végétation d’un pays se trouve influencée ou limitée par ces circonstances, en comparaison de celle d'un autre pays à température moyenne identique ou différente, 1l est assurément beaucoup plus impor- 5e série. Bor. T. VII. (Cahier n° 4.) 4 16 ANDERSSON. Ne. J. 202 + 10 © © 2 © = nn S 10 © Se © mm © —— £ LI + UNI | 662 ME cr+ 8877 HG Y LH e ver —ler 6 —|[n'gr—198"17— 6 re or—+ ré gr+ 8877 198 7 81 to —|79 07 —|18"e 7 —105 cr — 6'e —\8r 774196 dep ar + LS ty Iso —l6rz —1096 —[81e — cc cer lrntertlretsit sr +lorr org —L1r8 —1508 — 166 lose r—loocr—+ er ar+ Ste 1807 +28 g —1917 —1009 — 89<6 £ L0‘er—+ cer |89 y 1884 +10 x +119 —196 9 —18€G — L'or lrL er + |ge Je: ve yy—+ loss Hlesz Hlsee — cry —[|97e — cotyr—lro cr +0 +180 crie 106% -ILLT —1|L19e —|18"e — 6oyy lise + loto + er cr Li +186 ge +100 x —|L9e —158"s — op los pr lio for + los cr lse6 H8re 97 x —11Se —106e — 967 108“cr+ [16697 +180 91-110 07+ 1677 017 —ÎL1z —161 7 — Gray 00e | 18 9 +176 TU 18‘6 + + {#0 —|25g —1|19'0 — sy loryr les er+loryitluse Hlere Ælurg —\t6y —1|s8 T7 — 16017 —lor or lre8cr + #9 7 lor 6 H-150y 1007 —109z —[8rz — 18-314 |66 el IL 07 80" vit lise +187 1600 +106‘9 —|&10 — rer) ‘or vcitlist errors tee 1190 —186p —{8ro — mard-les er eL ont | cr lee*or + [81e 86 00e 0 185" 0 -— SRG + HarE vvortleryr +6 + 6L‘y ler o +186 0 —|18"0 + ererleozr loc rt lerter+ [re ose +108 0 {197 — 160 — ‘quads *Ju0Y ‘In ‘ump ‘IN ‘IHAY "SAPIN ‘JOTAN "ITAUB ‘euua4on | ‘que99q *QUI2AON ‘2140790 La 106 168 10S 407 188 198 107 10G 18G 19Y IVG 16 1LY 18G 1686 168 107 rL 157 099 |” 099 069 (Q a) 069 009 009 06G|° 06G|° 06G 08G oLG|"° oLG|”° 09G|° 09G|° oLG|° 09G|” o9G oGG|”° Er CCC *“epuvaedu} ‘°°: ‘HP0LY90f SO TTOUM °°° punsA2]SQ Ci ET CS” °°° "wT0u207S ... * PUJSUUA ****++Suidoyurq . . * 8104970 *"*"sSurdoquof ""AGSIM **PUJSUICH °° ‘uUWeUSACY ee pans 9 1e --punT APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE. 243 tant de connaître la température de chaque mois, plutôt que de prendre une moyenne dont la valeur diminue à mesure qu’aug- mente le nombre d'années sur lesquelles elle porte (1). Température de la terre. —Les données fournies plus bas à cet égard sont tirées de l'ouvrage de feu le docteur A. Lindblom : In geographicam plantarum antra Sueciam distributionem adno- tata (Lund, 1835). J'ignore si l’on a publié un ensemble d’ob- servations plus récentes relatives à cette branche de la physique ; mais il résulte de ce tableau que la température de la terre augmente de 8 degrés Celsius par 10 degrés de latitude. Il est clair toutefois que cette augmentation est soumise à une foule d'anomalies dépendant des différences mnombrables de situation et de terrain. Les déductions ultérieures à tirer des tableaux ci- joints ne sont pas du domaine du présent travail, ces tableaux ne figurant qu’à titre de compléments à la courte description physique et géologique qui précède, et seulement dans le but de fournir quelquesindications sur les différences de chaleur au- dessus et au-dessous de la surfaçe-de notre pays. Latit. PROVINCES. LOCALITÉS. PROVINCES. Thermomètre centigrade Thermomètre centigrade : | "Upsala. .... ÜUDIARd. Norrkoping..|Ostrogothie...17 Stockholm. . Billingen. . . Värnaby. . . . [Smäland mérid. Rumfetorp. .|[Oland. ...... Klinte Gotland Solvesborg. .[Bleking Ramlôsa....[|Scanie.,..... Lund. ..... » . [Laponie d'Ume ss LV SO IJIS NI OO DOS D © SD OS OO SOS © © © © S s Eycksle. .... Tafvelsjô. . . .| Vestrobothnie. tiiansid. :: .. Angermanland. Sundsvall...!Medelpad. ... Skog Gestrikland. . . » Vermland . ... Lo s vs 1 1 2 2 2 3; ! ñ 5 5 LT (4) Les observations sur la température de l'air à Lund sont empruntées à la Statistique de Forsell, et celles de la ville de Visby, pendant la dernière moitié de l’année, sont dues à M. le docteur Lindstrôm ; les autres m'ont été communiquées par * M. le professeur Edlund, chef des observations météorologiques en Suède, oh N. J. ANDERSSON. IT La végétation suédoise au point de vue de ses régions principales. Un paysayant, comme la Suède, une si grande extension, du sud au nord, qu’il comprend 14 degrés géographiques ; un pays présentant une surface et une formation si diverses, que l’on rencontre ici de grandes plaines, là de profondes vallées, ailleurs des forèts immenses ou des Alpes couvertes de neiges et de glaces éternelles ; un pays qui tantôt repose sur les couches les plus anciennes, tantôt sur les plus récentes; où la différence entre le maximum et le minimum de la température de l'air et de la terre est si considérable ; ce pays doit nécessairement pré- senter dans sa végétation des différences singulièrement grandes. Aussi sont-elles si prononcées, que non-seulement 1l ne sera pas facile, mais encore à peine possible de diviser ce pays en régions végétales nettement dessinées ; car, dans cette délimitation, il est nécessaire de considérer les'’trois circonstances suivantes qui souvent se confondent et se combinent : 1° la nature de la loca- lité, si la flore appartient à la végétation arctique, alpine, mon- tagnarde, champètre ou maritime; 2° l'altitude au-dessus du niveau de la mer, d’où dépend l'influence de la température de la terre et de l'air sur la végétation; et 3’ la hauteur polaire (la distribution vers le nord ou vers le sud) déterminée d’après l'extension géographique de certains végétaux importants, prin- cipalement de ceux à tige ligneuse. À certains égards, comme M. le professeur Fries l’a déjà fait observer, l'influence de ces trois circonstances sera, pour ce qui concerne la géographie de la flore suédoise, suffisamment prise en considération, si l’on adopte pour base l’ancienne division politique du pays en Gothie (Gôüta-rike), Suède proprement dite (Svea-rike) et Norrland, ce qui nous donne les trois régions principales suivantes : La première de ces régions, la Gothie (Gôta-rike), est carac- térisée par un climat relativement doux et un relief peu consi- dérable au-dessus du niveau de la mer (quoique le Smaland soit APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÈDE. 245 un haut plateau). Elle présente des plaines considérables, comm e celles de la Scanie, de l'Ostrogothie et de la Vestrogothie. Quel- ques parties appartiennent à un âge géologique plus récent et jouissent d’une végétation plus vigoureuse et plus riche, se rap- prochant plus nettement de celle du Danemark et de l’Alle- magne. On peut la définir comme la région du étre. Tandis que la pointe méridionale de ce tiers de la Suède se rattache de très-près à des pays plus méridionaux, sa partie supérieure pré- sente deux éléments assez distincts, un à l’est et un à l’ouest du haut plateau smalandais, ainsi que du Wetter. Si donc l’en- semble doit être considéré comme une région, 1l se subdivise en trois ou en quatre sous-régions, ayant le plateau smalandais au centre, autour duquel se groupent les trois autres régions. La seconde région, ou la Suède proprement dite (Svea-rike), est un pays de terrasses descendant vers les grands lacs Mälar, Hjelmar, Wener et Wetter, ou s’abaissant des Alpes norvé- giennes. Le climat y est plus doux que plus au nord, mais sensiblement plus rude que dans la région précédente ; la tempé- rature y est plus égale que dans les deux autres régions. Abstrac- tion faite de la Néricie, le Svea-rike appartient presque exclu- sivement à la formation primitive ; il présente des vallées considérables alternant avec des chaînes de collines boisées, ainsi qu'une végétation presque totalement dépourvue de types caractéristiques, et ressemblant en général à celle des contrées avoisinantes. C'est 101 que se trouve la imite naturelle du Chéne. Absolument à l'inverse de la région précédente, celle-ci forme une forte dépression rendue fertile par iles terres alluviales qui la recouvrent, principalement dans sa partie centrale, le bassin ou vallée du Mälar. Cette partie offre, par conséquent, la végé- tation la plus riche, tandis que les hauteurs environnantes, des débris desquelles les vallées et leurs cours d’eau s’enrichissent, sont moins fertiles et moins caractéristiques. La différence entre une végétation occidentale et orientale s’égalise par là de plus en plus, et plus on s'avance vers le nord, moins on trouve, à quelques rares exceptions près, de traces de cette différence. La troisième région, le Norrland, présente dans sa partie mé- 2h16 N. 3. ANDERSSON. ridionale des différences peu sensibles avec la région précédente. Chaque grand cours d’eau qui y descend constitue une nouvelle limite pour la marche des végétaux méridionaux vers le nord ou pour la descente de la flore septentrionale vers le sud ; de sorte que plus on s'élève soit le long de la côte vers le nord, soit à l’ouest vers les grandes Alpes, plus on voit disparaitre les traces de la végétation suédo-européenne, et plus on voit clairement anparaître les traits de la flore arctique. Le climat devient tou- jours plus rude, le froid toujours plus intense et plus constant, et les couches géologiques présentent une variété toujours moins grande : l’Alnus glutinosa est remplacé par l'Alnus incana ; les arbres à feuilles caduques se mélent d’abord aux Coniières ; mais ces derniers prennent bientôt entièrement le dessus, jus- qu'à ce qu'enfin ils soient forcés de cesser à leur tour, pour être remplacés par le ?runus padus, le Sorbus aucuparia et le Bou- leau, ces derniers faisant place à leur tour aux Saules et aux Osiers nains, sur les hautes plaines des Alpes, à côté des régions arides et nues où ne prospèrent plus que des herbes alpestres, et où des Mousses chétives et des Lichens indiquent la limite de la vie végétale. Si, à divers égards, les régions précitées peuvent être consi- dérées comme des subdivisions naturelles assez exactes de notre pays, elles n’ont pas toutefois le degré de vérité rigoureuse exigé par le botaniste, dès que les délimitations du genre aui nous occupe doivent principalement se baser sur les différences de la végétation. Il faut ÿ faire entrer comme éléments la présence en masse, dans telle région, de certains végétaux tant herbacés que ligneux, ou leur distribution diverse tant verticale que po- laire. À cet égard, comme plusieurs auteurs l'ont déjà reconnu depuis longtemps, les régions suivantes pourront être établies avec plus de raison. 19 Région du Hêtre et du Charme. Le IHétre (en suédois, Bok). — Les provinces de la Suède qui touchent au centre actuel du Hêtre en Europe, le Danemark, APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËÈDE. 217 sont aussi celles qui contiennent les plus grandes forêts de cette essence. Ce sont la Scanie, le Halland méridional, le Bleking, ainsi qu'une partie du Smaland et du Bohuslan. A l’ouest, sa limite s'avance donc jusqu'au 59° degré (Bohuslän septentrio- nal), mais à l’est on ne peut la placer plus haut que le 57° 5" (gouvernement de Calmar). | Le Charme (Carpinus Betulus; suédois, Annebok) occupe à peu près la même aire que le Hêtre. On le trouve dans les pro- vinces de Scanie et de Bleking, dans le Halland jusqu'à la Laga (Lagaan), ainsi que dans le Smäland oriental, où sa limite septen- trionale est Wernanäs, au sud de Calmar. Il apparaît aussi dans l'ile d'Oland, mais non dans celle de Gotland où ces deux essences méridionales (le Hêtre et le Charme) font totalement défaut. Mais on cultive chez nous avec succès le Hêtre et le Charme sous une latitude beaucoup plus élevée que celles des limites in- diquées plus baut, au-dessus desquelles ces arbres ne forment pas toutefois de forêts, et ne se sèment pas d'eux-mêmes. Le Hêtre mürit ses faînes jusqu'au Dal-elf, et l'on voit à Stockholm des exemplaires de Charme mesurant 12 mètres de hauteur sur 50 centimètres de diametre. La région du Hêtre décrit par conséquent un arc s’élevant à l'ouest jusqu'au 59° degré, à l'est un peu au-dessus du 57° de- gré, mais descendant un peu plus bas versle milieu; celle du Charme est définie par une ligne droite traversant la Suède mé- ridionale sous le 55° degré. Quoique le Hêtre manque dans l’île d'Oland. et le Hôtre et le Charme dans celle de Gotland, ces deux iles de la Baltique, avec leur climat si doux et leur végétation essentiellement méridionale, ne peuvent être exclues d’une ré- .gion jouissant plus que toutes les autres du climat le plus méri- dional de la Suède, si bien représenté par ces deux essences. Cette région est aussi la région principale du Froment et du Sarrasin ; la Noix et le Raism y mûrissent en plein air; on y cultive avec succès la plupart des arbres, des arbustes et des plantes vivaces qui prospèrent dans les pays voisins. Les arbres et les arbrisseaux qui caractérisent principalement cette région sont les suivants : 2h18 N. J. ANDERSSON. 1° Le Sorbus Aria (suédois, Norsk Oxel) est très-fréquent le long des côtes de la Norvége jusqu’à Trondhjem; on le ren- contre dans le Bohuslän et à la pointe nord-ouest de la Scanie (cap Kullen) ; à l’est, on ne le trouve que sur les côtes de Gotland, mais non dans l’île d’Oland. Dans l’intérieur de la Suède occi- dentale, 1l apparaît sur quelques points du Dalsland, près de la région qu'il occupe en Norvége. L'Alisier suédois et celui de Finlande (Sorbus scandica et S. fennica) appartiennent plutôt en Suède à la région du Chène. | 2° L’Acer campestre (suédois, Nafverlünn) croît, dit-on, sous la forme d’un petit arbre dans quelques localités du sud-ouest de la Scanie, comme, par exemple, dans la paroisse de Svedala ; mais on le rencontre planté à Stockholm, mesurant une hauteur de 6 à 7 mètres. 3° Le Cornus sanguinea (suédois, Kornell) s'avance, il est vrai, en Ostrogothie jusqu'au cours d’eau qui déverse dans la | Baltique les eaux du Wetter (58° 30"); mais 1l arrive à son plus grand développement dans les provinces méridionales, ainsi que dans les îles d’Oland et de Gotland. Il atteint dans toutes ces régions une hauteur d'environ 1",80. L° L’Evonymus europœus (suédois, Benved) se rencontre dans les provinces de Scanie, de Halland et de Bleking, dans les îles d'Oland et de Gotland, et s’avance en Smâland jusqu’à la pa- roisse de Thorsäs. Sa limite coïncide donc au plus près avec celle du Hêtre, quoique le Fusain appartienne davantage à la partie orientale du continent suédois. 5° L’Ilex Aquifolium (suédois, Kristiorne) se trouvait jadis dans le Bohuslin, près de Wagga, paroisse de Tossenne, d’où il est maintenant extirpé. Il abonde, par contre, dans les parties les plus méridionales de la Norvège. 6° Le Ligustrum vulgare (suédois, Liguster) appartient exclu- sivement aux îles des côtes du Bohuslän ; mais on le rencontre planté dans la Suède moyenne, où il est redevenu sauväge dans plusieurs localités. 7° Le Lonicera Periclymenum (suédois, F’rivendel) tapisse principalement les rochers de la côte occidentale de la Scanie au APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËÉDE,. 249 Bohusliän ; il pénètre dans les régions occidentales du Smaland, de la Vestrogothie et du Dalsland, et se trouve aussi dans le Bleking. En Sudermanie on l’a observé, dit-on, dans la paroisse de Kila. Cultivé, il prospère, avec plusieurs de ses congénères, sous une latitude encore plus élevée. 8° Le Coronilla Emerus (suédois, Kronart) est un type méri- dional, dont la présence dans quelques localités de la partie moyenne de l’île de Gotland, ainsi que sur les pentes calcaires de la côte orientale d'Oland, étonna si fort Linné. 9° Les Helianthemum Fumana et H. œlandicum sont, comme le type précédent, restreints aux deux îles précitées, le premier habitant Gotland (57° 30’), le second Oland (56° 30’). 10° Nos trois espèces de Genêts (suédois, Ginst) semblent appartenir de préférence aux vastes bruyères du Halland. Le G. germanica n’occupe que quelques points du centre de cette province. Le G. pilosa est répandu dans la partie méridionale du Halland, dans la partie occidentale avoisinante du Smäland, ainsi que dans la Scanie moyenne et septentrionale. Le G. tinctoria se rencontre au centre du Halland et dans quelques localités de la Vestrogothie occidentale. 11° Le Sambucus nigra (suédois, Flader), assez abondant dans les provinces du sud et de l’ouest, plus rare dans la Suède moyenne, se rencontre planté Jusqu'à Hernüsand ; ce type nous est probablement venu de l'étranger. Quant au Sambucus Ebu- lus, quoique croissant maintenant à l’état sauvage dans nombre de localités et même jusqu'à Stockholm, il est plus certain en- core qu'il a été transplanté chez nous. — Il en est probablement de même du Sarothamnus scoparius, qui se rencontre dans le nord-est de la Scanie, le Halland, le Bohuslän, le Smaland méri- dional, sur les îles du Wener, à Stockholm, où les extrémités en gèlent chaque hiver, amsi que l'Ulexæ europœus (suédois, Gulltorne), que l'on rencontre de temps à autre dans les dépôts de l’est de Vestervik (Smaland) et de Visby (Gotland). 12° L'Hedera helix (suédois, Murgron) s'avance vers le nord jusqu'aux rives méridionales du Mälar, mais ne fleurit pas à cette altitude et ne se montre dans toute sa richesse que dans les pro- 9250 N. J. ANDERSSON. vinces méridionales. On le trouve aussi dans le Bohuslän et le Dalsland ; 1l s'élève par conséquent jusqu'au 59° degré environ de latitude. | 15 Le Rubus fruticosus (suédois, Bjornhallon), type linnéen que différents botanistes ont récemment divisé en un grand nombre d'espèces sur lesquelles ils sont peu d'accord, est censé représenter en Suède douze espèces différentes. Il est difficile de préciser le centre de ce type multiple, car il présente une abon- dance tout aussi grande sur les côtes est et ouest de la Scanie que dans le Bohuslän et sur la côte orientale du Smaland, d’où plusieurs espèces s'étendent jusqu'en Ostrogothie el en Suder- manie, et s'arrêtent dans les environs de Stockholm. Il semble- rait plutôt que, dans chacune de ces trois régions, certains types spéciaux prédominent, comme, par exemple, en Scanie, le Rubus Radula et le R. thyrsoideus ; en Smâland, les R. pruinosus et glandulosus ; et dansle Bohuslan, le R. vulgaris (R. Wahlber- gu). Un habitat plus local paraît devoir être assigné au R. or- ridus (Skärgard ou archipel côtier d'Ostrogothie), ainsi qu’au R. tæniarum (Bohuslän). Le R. suberectus est le seul qui pénètre plus spécialement dans l'intérieur du Gôta-rike ; les autres, R. plicatus, R. affinis, R. discolor, R. corylifolius, présentent une plus large distribution, variant partout en formes innombrables presque impossibles à déterminer. 14° Les Roses (suédois, T'ornrosor ou Nyponbuskar) affectent, comme le type précédent, des formes multiples difficiles à dé- finir. Elles acquièrent tout leur développement et toute leur richesse en Scanie, en Halland et dans les régions voisines, tout en pénétrant dans la Suède moyenne jusqu'à la latitude du Norrland. Ainsi, tandis que le groupe du Rosa canina parait appartenir plus spécialement à la Suède moyenne, celui du R. villosa est principalement méridional; le vrai Rosa villosa dépasse à peine la région du Mälar, et manque en Vermland, ainsi que dans la Vestrogothie proprement dite. D'un autre côté, le groupe du À. tomentosa s’avance dans les provinces de l’est jusqu’au Helsingland, et celui du À. mollissima s'étend dans la région des mines (Bersglag) du Vermland, et pénètre au nord APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE. 251 jusqu’en Jemtland. Le À. cinnamomea fleurit encore sur les Alpes de la Laponie. Le À. inodora (variété du R. rubiginosa) paraît être localisé dans le Halland, le Bohuslän et sur le Kinnekulle en Vestrogothie. Ces deux derniers genres (Rubus et Rosa) se composent, comme on vient de le voir, d'éléments qui appartiennent tout aussi bien à la région du Chêne qu’à celle du Hêtre, quoique leur affinité évidente avec des types plus méridionaux (Alle- magne), ou avec des types occidentaux du reste de l'Europe (Angleterre), paraisse les rattacher plutôt à la région du Hêtre. Voici maintenant ce qui concerne la distribution des autres végétaux qui appartiennent plus ou moins exclusivernent à la région du Hêtre et du Charme : Plantes de la Scanie appartenant presque exclusivement à cette province : Cineraria campestris Retz. {Silaus pratensis Bess. Rumex acutus L. Senecio erucifolius L. Acer campestre L. Ceratophyllum submersum Petasites alba L. Hypericum tetrapterum Fr.| L. — spuria L. Alsine tenuifolia, viscosa|Allium carinatum L. Sonchus palustris L. Scherb. Gagea arvensis Pers. Picris hieracioides L. Sagina apetala, cæspitosalJuncus diffusus Hoppe. ?) Dipsacus pilosus L. Aresch.| Potamogeton gracilis Fr.? Scabiosa suaveolens Desf, — ciliata Fr. f) Carex Boenninghauseniana Betonica officinalis L. Ornithopus perpusillus L. Weih. Ajuga genevensis L. Astragalus arenarius L. Hordeum murinum L. Solanum villosum Lam. — hypoglottis L. ?) — pratense Huds. Veronica montana L. Medicago minima Lam. Lepturus incurvatus L. Orchanche major L. Melilotus dentata WK. Lolium festucaceum Lk. Lysimachia nemorum. Trifolium alpestre L. ? Kœleria cristata L. Primula elatior Jacq. Rumex conglomeratus Aiïropsis caryophyllea Fr. Statice Behen Drej. Schreb.|Psamma baltica RS. Habitent aussi : 1) le Bohuslän, 2) le Smäland. Le Halland possède en propre les types Æypericum pulchrum LL. et Orobanche minor Sutt. ; mais l’Aconitum Cammarum L. et le Genisfa pulosa L. ont aussi été observés dans la partie voisine du Smaland, le Genista tinctoria L. dans la Vestrogothie, et le G. pilosa L. en Scanie et en Smaland. Le Rosa inodora Fr. se trouve aussi . le Bohuslän et sur le Kinnekulle. Plantes appartenant à l’île de Gotland : Inu!a ensifolia L. Ranunculus ophioglossifolius|Arenaria gothica Fr. 2) Hieracium hyperboreum Fr.| Vill. Sanguisorba officinalis L. — boreale Fr. Batrachium Rionii Nym. Orchis laxiflora Ham, Euphrasia salisburgensis Pulsatilla patens Mill. 1) Gymnadenia odoratissima Funk. |Helianthemum FumanaMill.| R. Br. à) 2592 N. J. ANDERSSON, Cephalanthera pallens Rich. [Zannicbellia Rosenii Wallm.|Scirpus carinatus Duv, Tofieldia calyculata Wbg. Calamagrostis varia PI. Se trouvent aussi dans : 1) l'Angermanland, 2) la Vestrogothie, $) l'Ostrogothie. Plantes appartenant à l’île d’Oland : Artemisia laciniata Willd. [Thalictrum angustifolium |Oxytropis campestris DC. Linosyris vulgaris Cass. Jacq. Kochia hirsuta Nolte. Plantago minor Fr. Helianthemum œlandicum |Ulmus effusa L. t) Selinum lineare Schum. f) Mill. Epipactis microphylla Sw. Ranunculus illyricus L. Potentilla fruticosa L. Carex Schreberi Schrank. Thlaspi perfoliatum L. ?) Se trouvent aussi dans : 1) le Smaland oriental, ?) l'Upland, 8) le Bleking. Plantes communes aux îles de Gotland et d’'Oland : Artemisia rupestris L. Anemone sylvestris L. Euphorbia palustris L. Crepis virens L. Adonis vernalis L. Ulmus campestris Sm. Galium rotundifolium L. Sisymbrium supinum L. Anacamptis pyramidalis Prunella grandiflora L. 1) |Viola pratensis MK. i) Rich. Globularia vulgaris L. — elatior Fr. Schœnus nigricans L. Scandix Pecten L. Coronilla Emerus L. Carex tomentosa L. Aussi dans : 1) la Vestrogothie, 2) le Bohuslän. A la Scanie et à l’île de Gotland : Linaria Elatine L. Rumex palustris Sm. Potamogeton coloratus Falcaria Rivini Host. Salix rosmarinifolia L. Vabl, 1) Thalictrum Kochii Fr. Juncus obtusiflorus Ehrh. |Cyperus fuscus L. Ononis campestris Koch. 1) Appartient aussi au Bleking. A la Scanie et à l’île d’Oland : Peucedanum Oreoselinum Mônch. | Kæleria glauca DC. A la Scanie et aux îles de Gotland et d’Oland : Antirrhinum Orontium L. !)|Gypsophila fastigiata L. 2) [Orchis militaris L. 1) Ranunculus philonotis Anthericum ramosum L. — ustulata L, !) Ehrh. 1)|Juncus glaucus Ebrh. — Morio L. 1) Tunica prolifera Scop. Se rencontrent aussi dans : t) le Bleking, ?) la Dalécarlie. À la Scanie et au Bleking : Potentilla opaca L. | Galeobdolon luteum L. À la Scanie et au Halland : Senecio paludosus L. Solanum miniatum Willd. Filago germanica L. Circæa intermedia Ehrh. Plantes propres au Bohuslän : Erigeron Mülleri Lund. 1) |Stenhammaria maritima Sedum anglicum L. Cotula coronopifolia L. Reich. /Rubus tæniarum Lind. Hieracium æstivum Fr. Digitalis purpurea L. Carex punctata Gaud, — onosmoides Fr. Glaucium luteum L. Zostera minor Nolte. Cuscuta Ligustri Aresch. Cerastium tetrandrum Curt. |Calamagrostis acutiflora DC. Ligustrum vulgare L. Tilia platyphyllos Scop. 1) Habite aussi le Vermland, APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE, 253 Plantes méridionales dont la limite vers le nord est en gé- néral le Smaland méridional : Helichrysum arenarium DC, |Centuneulus minim. L. 1, 2) |Cerastium brachypetalum Gnaphalium luteo-album L.|Evonymus europæus L, Desp. Pulicaria vulgaris Gærtn. |Chærophyllum temulum L. | Holosteum umbellatum L. Bellis perennis L. Anthriscus vulgaris Pers. Epilobium virgatum Fr. 1) Carduus acanthoides L. 1) |Helosciadium inundatum |Potentilla collina Wib. Cirsium oleraceum Scop. !) Koch. Trifolium filiforme L. Cichorium Intybus L. Bupleurum tenuissimum L.| — striatum L, Hypochæris radicata L. Reseda Luteola L. Rumex sanguineus L. — glabra L, Thalictrum aquilegifolium |Carpinus Betulus L. Arnoseris pusilla Gærtn. L. 1) Orchis mascula L. 1, ?) Valerianella dentata Poll, |Melanosinapis communis |Gagea spathacea Schult. Galium saxatile L. 1) Spenn. Alisma ranunculoides L. Stachys arvensis L. 1) Nasturtium officinale L. 1) |Scirpus multicaulis Lindl. 1) Ajuga reptans L. 1) Teesdalia nudicaulis Br. Bromus racemosus L. Gentiana Pneumonanthe {Radiola linoides Roth. Corynephorus canescens 1,2) Hypericum humifusum L. 1) PB. Veronica triphyllos L. 1) Ne se trouve pas en Oland, ?) habite aussi le Vermland ou le Dalsland. Plantes d’une distribution plus locale ou sporadique dans celte région : 4 1) Scanie, 2?) Bleking, 3) Halland, 4) Oland, 5) Gotland, 6) Smäland, 7) Bohuslän, 8) Vestrogothie. Cineraria palustris L. 1, 2, 4, 6,8, Cerastium glutinosum Fr. 1, 2, 4, 5, 8, Inula britannica L. 1, 4,5, 6, 8, Circæa lutetiana L. 1, 4,7, 8, Senecio aquaticus Murr. 1, 3, 6,7, 8, Potentilla procumbens Sibth. 1, 2, 5, 7, Valeriana dioica L. 1, 2, 3, 4, 7, — cinerea Chaix 2, 4, 6,8, Verbena officinalis L, 1, 3, 6, Rubus Radula Weih. 1, 2, 7, Statice rariflora Drej. 1, 7. | Anthericum Liliago L. 1,2, 4, Œnanthe fistulosa L. 1, 3, 5,6, Juncus maritimus Lam. ?, 6, Batrachium hederaceum (L.) 1, 3, 5, 7. — capitatus Weig. 1-5, Thalictrum minus L, ?, 5, 7. Elymus europæus L. 1, 4-6, Lunaria rediviva L, 1,6, 8. Panicum Crus-Galli L. 1-3, Geranium palustre L. 1, 7, 8, Digitaria humifusa Pers. 1-3, Dianthus arenarius L. 1, 2, 3,7, Phleum arenarium L. 1, 2, 4, 5. Sorbus Aria L., Scanie, Bohuslän, Dasland, Gotland ; Fumaria tenur- flora Fr. et Potamogeton fluitans Roth., Scanie, Upland; Geum hispi- dum Fr., Halland, Bleking, Smaland, Ostrogothie ; Oxytropis pilosa L., Gotland, Smaland, Ostrogothie; Allium montanum, Scanie et Dalsland, et Dianthus superbus L., Scanie et Torne, Plantes maritimes croissant Sur les deux côtes : |Cochlearia officinalis L. Sur la côte orientale Sagina subulata Presl. (mer Baltique) : Artemisia maritima L. Lepigonum marinum Wbg. Cuscuta halophyta Fr. Schoberia maritima Mey. [Sonchus palustris L, 2) Plantago Coronopus L. Zannichellia major Bonn. |Bupleurum tenuissimum L, Eryngium maritimum L. |Triticum junceum L,. Kochia hirsuta Nolte. Lepidium latifolium L. — hebestachyum Fr. (Oland), 95h N. J. ANDERSSON. Juncus maritimus Lam.! Sur la côte occidentale |Crambe maritima L. (Bleking, Smäland). (Kattégat et Skagerrack) : Cerastium tetrandrum Zannichellia Rosenii Wallm. Curt. 1) (Gotland). Stenhammaria maritima. 1) |Sedum anglicum L, 1) Scirpus carinatus Duv. |Statice Behen Drej. ?) Rubus tæniarum Lind. f) (Gotland).| — rariflora Drej. Zostera minor Nolte. 1) Psamma baltica RS. Armeria maritima Willd. .|Carex punctata Gand. t) (Scanie).| Heloscias scoticum Fr. — maritima Müll. à) Batrachium hederaceum(L).| — hæmatolepis Drej. f) Glaucium luteum L. 1) — incurva Lightf. 1) Seulement dans Bohuslän, 2?) Scanie, 3) croît aussi en Vestrobothnie. Pour les autres plantes qui croissent dans cette région, le lecteur voudra bien comparer les listes des espèces que nous donnerons pour les deux autres régions. 2° Région du Chêne (suédois, Ek). La Suède possède deux types de Chéne : le Quercus pedun- culata Willd. et le Quercus sessiliflora Sm. La première de ces espèces est indubitablement le Quercus Robur (Rouvre) de Linné. Sa limite naturelle est le Dal-elf, quoiqu'il croisse cultivé jusqu’à Sundsvall dans le Medelpad (62° 20"). On le rencontre dans la parte occidentale de la Néricie et dans le voisinage du lac Hjel- mar, d'ou 1l pénètre dans le Vermland occidental, et suit à l'ouest les rives du lac Fryken. Tandis que sa limite orientale est par conséquent environ le 61° degré, sa limite occidentale est un peu au-dessous du 60° degré, précisément le contraire du Hêtre, dont le Chène dépasse toutefois légèrement la limite occidentale dans le Bohuslän. Cet arbre se rencontre aussi dans les provinces méridionales, ainsi que dans les îles d'Oland et de Gotland. — Le second type, Quercus sessiliflora, relativement assez rare de la Scanie au Bohuslän, entre dans la Vestrogothie, et atteint les paroisses de Dalskog et de Hôgsätra dans le Dalsland. Du Sma- land il s'avance en Ostrogothie jusqu’à la paroisse de Tjärsta, de sorte que sa limite tombe à peu près sous le 58° degré et demi. La région du Chêne, comprenant par conséquent toute la Suède moyenne, c'est-à-dire les régions supérieures du Gôêta- rike, ainsi que le Svea-rike tout entier (à l'exception de la région essentiellement norrlandaise de Dailéearlie), s’élève, contraire- ment à ce qui s observe pour le Hêtre, infiniment plus vers l’est APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. 259 que vers l’ouest. La plupart des arbres, comme l’Érable, l'Orme, etc., qui, par leur développement plus considérable dans cette téciQu. paraissent y appar tenir, s'avancent non-seu- lement le long de la côte jusqu'à l'Angermanua-elf. mais se pré- sentent encore épars jusque dans la région alpestre du Jemtland ou dans la basse Laponie. Cette région possède, en outre, une végétation un peu différente de la précédente. C'est à sa limite que les arbres fruitiers cessent en général de mürir leurs fruits, et que s'arrête la culture er grand du Froment et des Pois. Le Seigle en est la céréale principale, et ce n’est que . dans des étés exceptionnellement favorables que les fruits plus méridionaux y mürissent en plein air. Le Tabac y est l’objet d'une culture générale ; les légumes et les végétaux tuberculeux y prosperent net bien. La végétation spontanée y manque de la plupart des types méridionaux, et le nombre des représentants de la flore septentrionale y est plus considérable que dans la précédente. Cette région possède la plupart des arbres feuillus de la Suède, et l’on y cultive avec avantage une foule d’arbustes et d’arbres étrangers, parmi lesquels un grand nombre de Conifères. Nous passons maintenant aux arbres à feuilles caduques appartenant à la région du Chêne : 1° Le Fraxinus excelsior (suédois, Ask) s'étend, vers le nord, depuis nos provinces méridionales au Helsingland ; il suit la région occidentale du pays, et croît, en outre, dans la Dalécarlie; de sorte que l’on peut fixer sa limite environ à la même latitude que celle du Chêne, c’est-à-dire sous le 61° degré de latitude nord. On le cultive toutefois encore à Umea. Il recherche de préférence les terrains de récente formation géologique, et y devient l’un de nos arbres les plus hautset les plus gros. On en trouve non-seulement dans les îles de Gotland et d'Oland, mais encore en Upland, qui mesurent de 0",60 à 1",20 de diamètre, sur 18 à 24 mètres de hauteur. 2 L'Acer platanoides (suédois, Spetslonn) présente à peu près la même extension que le Frêne ; on le rencontre depuis la Scanie Jusque dans la partie moyenne du Vermland, ainsi qu’en 256 N. J. ANDERSSON. Néricie et dans le Helsingland ; toutefois il croît non-seulement le long de la région côtière de l'Ângermanland jusqu’au Skulu- berg, mais encore jusqu'au Hykjeberg en Dalécarlie, et même dans la paroisse de Skulu en Jemtland, de sorte que sa limite polaire peut être fixée au 63° degré et demi, quoiqu’on le ren- contre à Ume, Skellefte et même à Pite. En Vermland, il s’avance jusqu'à 60° 26". Sur la côte occidentale de la Suède, on trouve des Érables dans l’île de Koster, Skargärd (archipel côtier du Bohuslän}. Il s'élève rarement au-dessus de 6 à 12 mètres. 3° Le Taha parvifolia Ehrh. (suédois, Lind), la seule espèce indigène, occupe la même zone que l’Érable. Le long de la côte- est, il s’avance Jusqu'au Stüdeberg dans le Medelpad et au Sku- luberg en Angermanland ; on le cultive même encore à Torne ; dans l’intérieur du pays, on ne l’a pas observé au-dessus du mont Osmund en Dalécarlie. Certaines îles des environs de Strômstad (côte ouest) sont ornées de petites forêts d’un autre Tilleul, désigné par les botanistes sous le nom de T'ilia grandi- folia Ehrh. ou de T. platyphylla Scop. L'origine de cette der- nière espèce ne nous paraît pas encore suffisamment éclaircie. — Dans la Suède moyenne, le Tilleul égale à peu près les dimen- sions du Frêne, et atteint un âge de plusieurs siècles. h° L'arbre le plus caractéristique de la Suède est sans contre- dit le Sorbus scandica (suédois, Svensk Oxel). On n’en trouve que quelques mdividus (peut-être plantés) dans la Livonie et l'Esthonie; maisilest plus fréquent dans l’île d’Osel, sur les côtes de la Livonie ; on le rencontre ensuite près de Dantzig sur les rives méridionales de la Baltique (cultivé jadis?) et sur quel- ques points des montagnes de la France. Chez nous, il est com- mun dans la Suède moyenne, plus rare à l’état sauvage vers le sud (Scanie septentrionale), ainsi que vers le nord, où il s’avance jusqu’au Medelpad (62 degrés et demi) ; cultivé, il croît encore à Pite ; dans la Suède occidentale, on le trouve aussi en Vermland sous 59° 42". En Dalécarlie, il s’élève jusqu'à 60° 36’. Il habite aussi le Bohuslän et les îles de Gotland et d’Oland. Le Sorbus fennica Kalm (suédois, Finsk Oxel) a son principal habitat dans la partie de la Suède qui regarde l’entrée du golfe APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËÉDE. 257 de Finlande, savoir : le Roslagen (Upland oriental) et le Süder- tôrn (Sudermanie orientale), où 1l préfère le climat maritime. On le voit ensuite sur l'île de Gotland, tant dans sa partie orien- tale (île de Carlsô) qu'à la pointe septentrionale de cette île (îles de Faro et de Sando) ; on le retrouve enfin, quoique rarement, dans le Bohusliän. Il est assez fréquent dans la Norvége moyenne et méridionale. 5° Notre Orme le plus commun (Ulmus campestris L., Ulmus montana Sm. Fr.) présente absolument la même extension que l'Érable ; on le rencontre par conséquent encore au Skuluberg, en Angermanland, et dans la partie septentrionale du Jemtland, où il croît même dans la région alpestre (là plutôt par suite de l'influence norvégienne). On le cultive à Pite. Il préfère tou- tefois les régions d’un climat plus doux, et y devient grand et fort gros. On en voit à Stockholm des sujets d’au moins 21 mètres de hauteur, avec un tronc de 1",80 à 2",40 de diamètre. 6° L'Alnus glutinosa (suédois, Klibbal), commun dans la Suède moyenne et méridionale, est plus rare vers le nord, et cesse en Angermanland près de la ville d'Ornsküldsvik; dans l'intérieur du pays, 1l ne s'avance que le long des rives et des berges des lacs et des cours d’eau ; mais on le trouve en Dalé- carlie jusqu'au lac Barken, et en Vermland le long du Clar-elf. Plus au nord et dans les parties les plus froides du Svea et du Gôta-rike, cette espèce est remplacée par le type septentrional : l’Alnus incana. Les plantes ligneuses croissant sous forme d’arbrisseaux dans la région du Chêne sont les suivantes : 1° Le Taxæus baccata (suédois, Zdegran) n’est nulle part com- mun dans notre pays; mais 1l se montre par individus épars depuis la Scanie jusqu'en Upland et en Gestrikland, tant dans la Suède occidentale que dans la Suède orientale, quoique prin- cipalement le long des côtes. Sa présence sur les bords du Ragunda-elf, en Jemtland, paraît être accidentelle. 2° Le Prunus spinosa (suédois, Slan) a sa limite septentrio- nale dans la région au nord du Mälar. On le trouve en Néricie, dans une localité du Vermland (district d'Olme) et en Dalsland. 5° série, BOT. T. VII. (Cahier n° 5.) 1 17 258 N. J. ANDERSSON. 3 Le Cratægus Oxyacantha (suédois, Hagtorn) cesse de croître immédiatement au nord du Milar (59° 40); mais on le rencontre en Néricie et dans le Bohuslän ; 1l manque en Vermland et au Dalsland. Le Cratægus monogyna s’avance par contre jusqu'à Gefle, et se trouve dans plusieurs parties des montagnes du Vermland. Dans la Suède moyenne, même à Stockholm, il devient un arbre de 6 mètres de hauteur, avec un tronc de plus de 45 centimètres d'épaisseur. h° Le Cotoneaster vulgaris (suédois, Oxbar) paraît aussi cesser au Dal-elf, mais on en rencontre des individus épars jusque dans le Herjedal et même sur l’Areskuta, en Jemtland. On trouve aussi dans certaines localités de la côte occidentale et orientale la va- riété à fruits noirs (Coioneaster nigra Whb.), qui habite en outre le Dalsland, ainsi que le Kinnekulle, en Vestrogothie. 5° Le Rhamnus Frangula (suédois, Benved), bien que répandu depuis la Scanie jusqu'à la Laponie de Pite (65 degrés et demi), se rencontre principalement sur les deux versants de la Suède moyenne. 6° Le Rhamnus catharticus (suédois, F"rentorn), par contre, ne s'élève pas au delà de la paroisse de Tuna, dans le Helsing- land (61°40'). Il attemt d'assez grandes dimensions dans la Suède moyenne ; mais en Vermland, on ne le rencontre qu’au voisinage de Christinehamn et sur les îles du Wener. Il est plus commun dans le Dalsland et dans le Bohuslän. 7° Le Wiburnum Opulus L. (suédois, Olvon) s'étend de la Scañie jusqu à la Lapome d’Ume (64° 16"), quoiqu'il soit très- rare au-dessus du Helsingland. Il forme dans la Suède moyenne un arbrisseau de 8 à A mètres de hauteur. 8° Le Lonicera Xylosteum L. (suédois, Try) s'étend des pro- vinces du sud jusque dans l'Ângermanland ; on le trouve aussi dans les provinces occidentales du Vermland jusqu’en Jemtland. 9° Le Lonicera cœrulea L. est un type local de la Dalécarlie méridionale et des parties voisines du Vestmanland. 10° Le Berberis vulgaris (suédois, Sur tôrne) cesse de croître dans le Helsingland ; en Scanie, on le rencontre à peine à l’état sauvage en dehors du nord-est de cette province ; on le APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE. 259 trouve en Néricie, dans le Vermland méridional et en Dalé- carlie jusqu’au 60° 30", La limite du Chêne paraît être aussi celle de cet arbuste. Linné croyait l’Épine-vinette d’origine étrangère ; actuellement, du moins, elle est abondante dans la Suède moyenne. 11° Le Corylus Avellana (suédois, Hassel) est fort commun dans les plus belles parties de Ja Suède moyenne et méridio- nale ; 11 devient plus rare vers le nord, ets’ arrête dans la paroisse de Själevad, en Angermanland, à peu près à la limite du Frène. On le rencontre aussi en Vermland, mais non en Dalécarlie. 19° L'Erica Tetralix L. (suédois, Klockljung) appartient plus exclusivement aux provinces occidentales de la Suède méridio- nale et moyenne. On le trouve dans la Scanie supérieure, en Halland, en Vestrogothie, dans le Smäland occidental, en Vermland et en Néricie ; les eaux du Hjelmar et du Mälar consti- tuent ses frontières vers le nord. Les autres végétaux appartenant à la Flore suédoise peuvent se partager dans les trois classes suivantes, d'après leurs limites d'extension vers le nord. Première classe. — Plantes cessant en général en Ostrogothie, ou au-dessous de la basse chaîne de montagnes qui sépare cette province de la Sudermanie et de la Néricie : Filago minima Fr. 1) Camelina sativa L,. Quercus sessiliflora Sm. !) Myosotis versicolor Fr. Corydalis cava Schw. Potamogeton polygonifolius Pulmonaria angustifolia Fr,|Geranium dissectum L. Pour, 1, ?) Teucrium Scordium L, Stellaria Holostea L. Scirpus setaceus L. Cornus sanguinea L, 2, 3) |Alchemilla Aphanes L. Glyceria plicata Fr, 1) Sium angustifohum L, Rubus corylifolius Sm. Avena strigosa L. 1) Hydrocotyle vulgaris L. ?) |Vicia tenuifolia Roth. Airopsis præcox Fr. Cardamine sylvalica Lk. Atriplex rosea L. 1) Croit aussi en Vermland, ?) Dalsland, %) ne croit pas en Smaäland. Deuxième classe, — Plantes cessant dans les régions au sud de lac Miälar : Tragopogon minor Fr, Hutchinsia petræa Br. Rubus nemorosus Hayÿn, Scabiosa Columbaria L, Dianthus Armeria L. Lotus uliginosus Schk. Sherardia arvensis L, {) Sedum rupestre L. 1, 8, 6) |Erica Tetralix L. 1, 3) Lonicera Periclymenum L. |Sempervivum tectorum L. 3)|Carex sylvatica Huds. 3) Erythræa Centaurium L. Rubus suberectus Ands. 1, 3) Holcus mollis L. Hedera Helix L. 2) — plicatus Weih. Melica uniflora L. Pimpinella magna L. — thyrsoideus Wimm. Pulsatilla pratensis Mill, — discolor Weih, ANDERSSON. 260 N. J. Près de Stockholm, on observe les types : Anagallis arvensis L. Cerefolium sativum Bess. Geranium columbinum Sambucus Ebulus L. Galium sylvestre Pall. ÿ) Jasione montana L t, à) Thymus Chamædrys Fr. Ballota ruderalis L. 6) Verbascum thapsiforme L. Lychnitis L. Veronica polita Fr. Hypericum montanum t) Rubus Wablbergi Arrh. Vicia dumetorum L. — cassubica L. 2) Polygonum Bistorta L. 4) Rumex maritimus L. 1, 3) Chenopodium murale L. L. 1, 5, 5)|Callitriche hamulata Kütz. - [Gagea stenopetala Reich. $) Carex evoluta Hn. paniculata L. Bromus sterilis L. — es Trifolium procumbens L. 5) opaca Fr. 1) Croit aussi en Vermland, ?) en Dalsland, 3) en Néricie, 4) en Vestmanland, 5) ne croit pas dans le Smäland oriental, 6) ne croît pas en Smäland. Troisième classe. — Plantes qui croissent encore dans diverses localités de l'Upland, mais qui ne vont pas au delà du Dal-elf : Orobus niger L. 3) Vicia lathyroides. 2) Medicago falcata L. ?) Melilotus arvensis Wallr. ?) Ononis hircina L. Pulsatilla vulgaris Mill. Papaver Argemone L. ?) Senecio Jacobæa L. f) Corydalis pumila Host. 2, à) Inula salicina L. 1, 5, 5) Brassica Napus L. 2) Petasites officinalis Mônch. ?)|Alliaria officinalis And. ?) Serratula tinctoria L. ?, $) |Sinapis alba L. Euphorbia exigua L. 2) Cirsium acaule L. ?) Dentaria bulbifera L. 1,3) |Mercurialis perennis L. Lappa major Gærtn. 1,5) |Cardamine impatiens L. {) |Rumex maximus Schreb. ?) Anthemis Cotula L. 2, 5) Arnica montana L. 5) Scorzonera humilis L. 5) Crepis biennis L. 2) anceps Wbg. 2) Hierac. auriculiforme Fr. ?)|Neslia paniculata Desv. 2) Leontodon hastilis L. Alyssum calycinum L. ?) Sambucus nigra L. Draba muralis L. ?) Valerianella olitoria Geranium pyrenaicum L. ?) Poll.2,# lucidum L. 1) Viscum album L. ?) molle L. à) convolvulus sepium L. 2) |Malva sylvestris L. 2, 4) Cuscuta Trifolii Bab. 2) Alcea L. 2) Symphytum officinale L. moschata L. #) Myosotis hispida Schlecht. 3, 6)|Gypsophila muralis L. 2) Mentha sylvestris L. 2) Cerastium arvense L. Nepeta Cataria L. Bryonia alba L. 2) Marrubium vulgare L. 1, 2) |[Saxifraga tridactylites L. ?) Cynanchum Vincetoxicum |Epilobium hirsutum L. ?) Br.2)f: paviflor. Schreb. 2?) Solanum nigrum L. 5, 5) roseum Schreb. ?) Verbascum phlomoides L, ?) tetragonum L. ?) Veronica spicata L. 7?) Pyrus communis L, ?) Pedicularis sylvatica L. 1) Melampyrum arvense L. ?) | Rosa rubiginosa L. 1) Armeria elongata Hoffim. 2) Acharii Billb. {) Torilis Anthriscus Gmel. 1, 3) villosa L. ?) Daucus Carota L. 4) Heracleum Sphondylium L. Selinum carvifolium L. $#) |Potentilla verna L. !) Ranunculus arvensis L. ?) |Prunus spinosa L. 3) Batrachium confus. Sch.?, $)|Lathyrus tuberosus L. ?) Anemone ranunculoid, L, 2) — —— Fragaria collina L, 1) Hypericum hirsutum L. ?, 4) Poterium Sanguisorba L. ?) Nasturtium amphib. L. 2, #)Rumex Hydrolap. Huds. Chenopodium hybridum L. Salix undulata Ehrh. ?) viridis Fr. Smithiana Willd, 2?) purpurea L. ?) Callitriche stagnal. Scop. 2) Orchis sambucina L. ?, 3) Cephalanthera ensifolia Rich. ?) Allium Scorodoprasum L. ?) arenarium L. ?) ursinum L. !) Schœnoprasum L. ?) Acorus Calamus L, Lerona gibba L. 2) Potamogeton crispus L. 2, à) acutifolius Lk. ?) Carex montana L. remota L. divulsa Good. 2) — Cratæg. Oxyacantha:L. ?, $)|Brachypod. pinpat. P. B. 3) — gracile P.B. 2) Festuca gigantea Vill. t) Bromus erectus Huds. ?) commutat. Schrad. ?) asper Murr. ?) tectorum L. à) Setaria viridis P. B. ?) — — Alopecurus agrestis L. ?) 1) Ne se trouve pas en Vermland, 2) n’habite ni le Vermland ni le Dalsland, 3) ne 261 croit pas daus le Smäland occidental, 4) inconnu dans le Smäland, 5) se trouve aussi en Dalécarlie, 6) dans le Herjedal, et 7) en Jemtland. APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. Plantes croissant à Gefle près du Dal-elf : Androsace septentr. L. 2, #)|Rumex conspersus Hn. t) Laserpitium latifol. L. ?, 3%) |Chenopodium urbicum L, ? Papaver dubium L, ?) — glaucum L. t) Nasturtium silvestre L.?, #)|Salix alba L. Malva rotundifolia L. 2, 3) |Neottia Nidus-avis L,. Viola odorata L. 2) ÉALAROSERER compressus Cratægus monog. Jacq. 1) L. 2) Rosa cordifolia Fr. ?) Avena flavescens L, ?) Fragaria elatior L. Phieurx Boehmeri Wib. 2) 1) Ne se trouve pas en Vermland, ?) n’habite ni le Vermland ni le Dalsland, 3) incounu dans le Smaland occidental, 4) n’habite pas le Smäland. Carlina vulgaris L. 1) Onopordon Acanth. L. 2) Hieracium pratense L. Lithosperm. officinale L. ?) Ballota fœtida Lam. 2) Veronica hederifolia L. ?) Odontites rubra Pers. Lathræa Squamaria L. 3) Lysimachia Nummul. L. ?) Espèces d'une distribution plus disjointe : Smaäland, Betula humilis Schrank. Aira uliginosa Weïihe. Hieracium Friesii Hn, et Halland. Betula fruticosa Pall. id, Scirpus fluitans L. id. Utricularia neglecta Yehm. et Vermland. — Brehmii Heer. et Angermanland, Thesium alpinum X, Blekinge et Ostro- gothie. Ostrogothie. Pleurospermum austriacum Hoffm. Erucastrum Pollichii Sch. Vicia pisiformis L. et Smaland, echo 0- gothie. Fluminia arundinacea Fr. Vestrogothie, Orobanche Cirsii Fr. Stipa pennata 1. Upland, Sulvia pratensis L. Naias flexilis Rostk, Potamogeton rutilus Wollg. — decipiens Nolte, Schænodorus inermis RS. Dalécarlie. Lonicera cærulea L. et Vestmanland. Saliz daphnoides L. et Vermland. Aconilum Napellus L, et Scanie. Vermland, (Scirpus parvulus Rüm.) Calamagrostis Langsdorffii Trin. (?) — Hartmanniana Fr, et Süderma- nland. — littorea DC. et Herjedalen. Xocalités diverses, Lepigonum neglectum Kindb. Bleking — Gefle. Sedum alhum 1, Bleking — Upland. Prunus insititia L,. id, id. Corydalis solida Sm. id. id. Carduus nutans L. Smäland — Upsala (Auger manland.) Hieracium aurantiacum 1. Smäaland — Stockholm. — pallidum Bid. Smäl.—Stockh, — _gothicum Fr. id. id, Corydalis laxa Fr. id. id, Melica ciliata L. id. id. Lathyrus heterophyllus L. Smäl. — Néricie. Convallaria verticillata KL, Smäland — Upland. Cephalanthera rubra Rich. Ostrogothie et Dalécarlie. Asperula tinctoria XL. Ostrog.—Upland. Fumaria Vaillantii Lois. id. id. Thlaspi alpestre L. id. id. Hicracium rigidum Mn. Ostrogothie — Gestrikland. Ranunculus cassuhicus L, Ostrogothie —- Gestrikland. Fritillaria meleagris L. Ostrogothie — Gestrikland. Hieracium oreades Fr. land, Ostrogothie. Dracocephalum Ruyschiana XL. Vestrogo- Upsala, Sma- 262 N. J. ANDERSSON, thie, Smäl., Ostrog., Vestmanland, Agrimonia odorata Nul. Bohuslän, Dals- Lavatera thuringiaca Li. Sudermanie, land, Roslagen. Vestmanland, Upland. Medicago sylvestris Fr. Vestrogothie, Up- Viola uliginosa Schrad, Dal-elf, Kalmar, land, Oland, Gotland. Sorbus fennica Kalm. Roslagen, Got- | Festuca sylvatica Vill. Bleking, Bo- land, Roslagen. hulän, Vestrog., Néricie, Helsingland, Plantes maritimes de cette région qui se trouvent : Sur les deux côtes Halimus pedunculatus Sur les côtes de la mer (Bohuslän et Suède centrale). Wallr. t) Baltique : R lé 1 lis Li , HR SRE Seutellaria hastifolia L, 1) Zostera marina L. $ — angustifolia Nolte. Samolus Valerandi L. Isatis tinctoria L. Scirpus rufus Schrad,. à : Carex dote Silene viscosa L. De JE AE AU Carex extensa Good. Glyceria maritima Wahlb. ?) Psamma arenaria RS. Tripleurospermum mariti- mum (L.) Erythræa littoralis Fr. — pulchella Fr. Cakile maritima L. Cochlearia danica L. Sagina stricta. {) Atriplex rosea L. 1) — littoralis L. Habitent aussi : 1) l'Ostro-| 1) Habite aussi le bassin Salsola Kali L. gothie, 2) le Smäland. du Mälar. 3° Région de l’Aune blanchâtre, des Conifères et du Bouleau. Cette région, nettement limitée au point de vue géographique, comme comprenant tout le Norrland au-dessus du Dal-elf, et la Laponie jusqu’au faîte des Alpes scandinaves, ne l'est pas à ÿeaucoup près au point de vue de sa flore, car la plus grande partie des plantes qui s'y rencontrent se retrouvent aussi dans l'une des régions précédentes, où même dans toutes les deux, circonstance qui s'applique non-seulement aux plantes herba- cées, mais encore aux arbres et aux arbrisseaux. La plupart des types d’une origine plus positivement méridio- nale ne croissent pas dans cette région ou y cessent peu à peu ; la culture des arbres fruitiers n'y réussit qu'avec de grands soins. L'Orge y est à peu près la seule céréale ; quoique, dans des localités plus favorables, le Seigle et même le Froment y par- viennent à maturité, la nature semble toutefois conseiller aux hommes de se livrer à l'élève du bétail et à l'exploitation des forêts plutôt qu’à l’agriculture proprement dite. Les végétaux de la troisième région sont, quant à leur distribution, tellement entremèêlés, qu'il est impossible d’éta- blir des subdivisions. Toutefois on pourrait dire, à quelques égards, que l’Aune blanchâtre (Alnus incana) caractérise tout le cordou littoral sur une largeur de 60 à 80 kilomètres, et que APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE. 263 des forêts immenses, inépuisables, de Conifêres s'étendent de là jusqu'à la chaîne du Kôlen, tandis que le Bouleau est presque le seul représentant de la végétation arborescente sur les hauteurs des Alpes. Les seules limites nettement caractérisées sont, dans cette partie de la région, celles des Conifères et du Bouleau. 4. L'Ainus incana L. (suédois, Graal ou Arre) forme dans le Norrland une zone continue, dont 1l occupe exclusivement la moitié supérieure, tandis que depuis l'Angermanland (à Orn- skôldsvik, par exemple) il se mêle à l’Alnus glutinosa: Cette zone s'arrête dans la partie septentrionale de l'Upland et du Vestman- land ; mais dans le Gôta-rike, l'A/nus incana apparaît de nou- veau à l’ouest et au sud-ouest de l'Ostrogothie ; il est plus local en Smäland, et s’y avance jusqu à Sandsjô et Wranghult. Du côté des Alpes, il pénètre en Laponie dans la région supérieure des Conifères ; plus au sud, il se rapproche encore davantage de la chaîne du Kôlen, traverse toutes les provinces occidentales, et se présente en dernier lieu sur quelques montagnes de la Vestro- gothie centrale, ainsi que près de Wessige en Halland, Au nord de la Suède, l’Alnus incana présente, principalement dans la région alpestre, une modification très-fréquente, connue sous le nom d’'Ainus pubescens Tausch., qui cependant ne peut être considérée comme une espèce aussi nettement déterminée que le premier type. 2. Linné ne voyait dans le Bouleau qui habite notre pays qu'une seule espèce, le Betula alba (suédois, Bjôrk). Wahlenberg parta- gea l'opinion de son grand prédécesseur ; mais Ehrhart divisa cette espèce en deux types : B. verrucosa et B. pubescens, aux- quels Wallroth en ajouta un troisième sous le nom de B. gluti- nosa. La plupart des botanistes suédois n’admettent que deux espèces, tandis que d’autres en voient trois. Dans ce dernier cas, ils considèrent le B. verrucosa comme une forme méridionale qui n'entre pas dans les limites de la Laponie, et les deux autres comme appartenant aux régions alpestres. La manière différente de comprendre l'espèce dans ce genre a fait naître de grandes difficultés dans la détermination de leurs limites. Un fait certain, toutefois, c’est que, comme arbre, le Bouleau croît en abon- 264 N. J. ANDERSSON. dance à partir de la Scanie moyenne et septentrionale jusqu’à l'extrême nord de la Suède, qu'il forme au-dessus de la région du Pin ou du Sapin (420 mètres) une région propre, et que, passant par une grande variété de formes, du bel et grand arbre à gros tronc que nous lui connaissons (24 à 30 mètres de hau- teur sur 30 à 90 centimètres d'épaisseur), 1l devient successive- ment un petit arbrisseau rampant et rabougri. J'ai compté, en effet, soixante-dix zones concentriques ou annuelles sur des troncs de Bouleau de 8 centimètres de diamètre croissant aux dernières limites de la végétation de cet arbre. On rencontre de temps à autre dans la même région alpestre, mais presque toujours par individus isolés, un autre Bouleau, le B. alpestris de Fries, qui, par sa forme et son caractère, a tout l’air d’être un hybride du type arborescent et du type nain. Je n’ose décider si le B. intermedia Thomas (ou le B. oycovien- sis Bess.) en diffère ; mais si le B. alpestris paraît être la modi- fication hybride qui se rapproche le plus du B. nana, le B. in- lermedia se rattache, par contre, davantage au type arborescent. Deux Bouleaux de la forme naine ont été trouvés, dit-on, dans les froids et tristes marais du Smaland, le B, humailis Schrank et le B. fruticosa Pall. Ce dernier a toutefois été vainement cherché dans ces derniers temps, et tous deux ne peuvent être considérés que comme locaux dans notre patrie. Le Betula nana (suédois, Dvergbjork) appartient non-seule- ment aux plaines élevées et centrales des Alpes scandinaves, où il se montre à une hauteur de 750 mètres ; mais 1l remplit, en outre, tous les marais du Norrland, et pénètre par le Vermland et la Néricie occidentale sur le haut plateau smalandais, où son extrème limite méridionale est à Skatelof; on le trouve, en outre, sur les frontières du Halland et du Bohuslin. 8. Le Myrica Gale (suédois, Pors) est distribué depuis la Scanie jusqu'à la Bothnie septentrionale (Norrbotten), mais il entre à peine en Laponie. M. le professeur Fries prétend que, par son abondance dans les provinces moyennes du Norrland, cet arbris- seau forme une région propre (sous le 64° degré, aux environs d'Ume), descendant vers celle où il rencontre différents arbres APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE, 265 méridionaux à feuilles caduques, tels que le Tilleul, le Frêne, l'Érable, etc. C’est peut-être sous cette latitude que l’on pour- rait placer chez nous la limite entre la flore européenne et la flore arctique. h. Conifères. — Les espèces de cette grande famille qui ha- bitent la Suède sont, outre l’7f (Zdegran) dont nous avons déjà fait mention, le Pin (Tall), le Sapin (Gran) et le G'enévrier (En). Les deux premiers types constituent la masse principale de nos forêts, qui recouvrent environ 2486 myriamètres carrés, c’est- à-dire à peu près le quart de la surface totale du pays. On ren- contre, il est vrai, des forêts plus ou moins considérables dans la plupart des régions de la Suède méridionale et moyenne, comme dans tout le Smäland, dans les parties frontières de l'Ostrogothie, dans la Vestrogothie méridionale et septentrionale, dans le Dalsland occidental, dans tout le Vermland, dans une grande partie de la Néricie et de la Sudermanie, ainsi que dans le Vestmanland septentrional et l'Upland occidental; mais les ri- chesses de ces diverses régions ont été tellement prodiguées dans ces derniers temps, que l’on redoute, pour ces provinces, le sort de la Scanie, du Halland, du Bohuslän et de certaines localités de la Vestrogothie, qui seront bientôt entièrement déboisées et transformées en terres arides. Le Norrland est une région forestière presque ininterrom- pue, mais où malheureusement le long des grands cours d’eau le flottage a pris dans ces vingt dernières années des proportions si effrayantes, que là aussi on redoute la disparition des forêts. Partout le Pin et le Sapin s’y mêlent et s’y confondent, quoique en quantités variables, suivant la nature du sol. Au pied de la chaîne des hautes Alpes, ils occupent des régions distinctes ; le Pin y monte de 90 à 120 mètres plus haut que le Sapin, qui en général ne s'élève guère à plus de 300 mètres. Le contraire a toutefois lieu de temps à autre : ainsi le Sapin s'élève au-dessus du Pin dans les vallées chaudes et profondé- ment encaissées de Quickjock (Laponie de Lule), de Gillsnole et de Sandsele (Laponie d'Ume), ainsi que sur les Alpes du Jemtland et sur l’Areskutan. 266 N. J. ANDERSSON. = La hauteur et les dimensions majestueuses des grands Coni- fères de la Suède méridionale et moyenne diminuent sensible- ment à mesure que l’on s’avance vers le nord et vers les Alpes ; leur croissance y est plus lente et leur longévité plus grande. J'ai vu à Quickjock des Pins présentant cinq cent quarante zones concentriques annuelles sur un tronc d'environ 30 centimètres d'épaisseur ! On à voulu dans ces derniers temps séparer à titre d'espèces distinctes les types de Pin et de Sapin qui croissent dans le Nord. Mais ces espèces (Pinus Friesii Wich. et Pinus Abies medioxima Nyl.) ne sont mdubitablement que des modifications septentrio- pales, la première caractérisée par ses fascicules séparés de feuilles plus persistantes que chez le Pin commun, la seconde par les écailles arrondies de ses cônes, sans parler d’autres petites particularités. | Le J'uniperus communis (suédois, En) est distribué sur toute la Suède, de la Scanie aux hautes Alpes. Il s'élève même, sur les sommités alpestres, au-dessus du Bouleau naim et de l'Empetrum nigrum. Dans les sols profonds des parties méri- dionales de la Suède, il devient souvent un arbre de 5 à 6 mètres de hauteur, affectant les formes du Cyprès. Sur les som- mités des Alpes, c’est un arbrisseau déprimé et rampant, à feuilles beaucoup plus larges et beaucoup plus courtes (Juni- perus nana Willd.). | Plusieurs Conifères ont été naturalisées chez nous dans ces derniers temps ; la plus répandue est le Mélèze (Pinus Lariæ; suédois, Larktrad). 5. Le Sorbus aucuparia (suédois, Ronn) est aussi distribué sur toute l’étendue de la Suède, de l’extrème. sud à l’extrème nord. Il forme un des arbres les plus caractéristiques du paysage lapon, et sa riche floraison pare non-seulement la région du Bouleau, mais encore les régions supérieures, où il s'élève à une altitude verticale de près de 600 mètres. 6. Le Prunus Padus (suédois, Hagg) occupe la mème aire que le Sorbier ; dans les hautes vallées des Alpes, il est orné de belles fleurs quelque peu rougeâtres et légèrement odorantes. Il APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE, 267 s'élève dans la région du Bouleau à 360 mètres à peine d'alti- tude. 7. Le Populus tremula (suédois, Asp) est un arbre forestier très-commun dans toute la Suède ; il forme souvent de petits bois et atteint des dimensions parfois assez considérables (18 mètres de hauteur sur près de 60 centimètres d'épaisseur). C'est toute- fois un type plutôt septentrional, croissant en Laponie jusqu'à la limite supérieure du Pin. Plusieurs espèces de Peupliers étran- gers sont entièrement naturalisées en Suède. 8. Les Saules et les Osiers (suédois, Pilar et Videbuskar), dans notre pays comme dans toutes les régions montagneuses et alpestres de l'Europe, sont singulièrement riches en formes dif- ficiles à déterminer. Une partie de ces représentants sont d'ori- gine étrangère, et leur présence chez nous est due à ce qu'ils y ont été primitivement culüvés : ce sont le Salixæ fragilis, le Salix viminalis et le Salix purpurea, ces derniers employés dans la vannerie. Ces diverses espèces habitent à peu près la région du Chêne, et appartiennent par conséquent à la division précé- dente. D'autres types sont de vrais hybrides venus de l'étranger ; ce sont le Salix viridis Fr., le S. undulata Ehrh., le S. Smi- thiana W., lesquels s’avancent à la même altitude que les précé- dents, tandis que les types :S. mollissima Ehrh., rubra Huds., laurina, Schraderiana et plusieurs autres, se présentent comme cultivés principalement dans la Suède moyenne ou méridionale, Les espèces imdigènes sont les S, pentandra L., caprea et ni- gricans, croissant depuis la région des Bouleaux dans les Alpes jusqu'en Scamie. Les deux premiers sont des arbres considé- rables dans la Suède moyenne, le troisième revêt parfois aussi les dimensions d’un arbre. Les S, hastata L. et vagans And, sont des arbrisseaux ayant la même aire, mais très-rares vers le sud. Le S, daphnoides Will. croîten Vermland, le long du Clar-elf,et près de Mora en Dalécarlie, Le S. #riandra L. se rencontre à l'embouchure de quelques-uns des grands fleuves du Norrland, de Torne à Gefle ; ailleurs il est souvent planté. Les S, cinerea L., aurita L. et repens sont des espèces répandues depuis la Suède 268 N. J. ANDERSSON. méridionale jusque dans la Bothnie septentrionale, quoiqu’elles pénètrent à peine dans les limites de la Laponie. Les Saules qui, sur les hauts plateaux des Alpes scandinaves, forment une région particulière au-dessus de celle du Bouleau, sont les types phylicifolia, Lapponum L., glauca L. et lanata L. Le premier parvient àses plus grandes dimensions dans la région forestière et descend jusqu’en Vermland; les autres ont leur prin- cipal développement dans les vallées ; le S. Lapponum descend à peine au-dessous de l’Upland ; le S. glauca s’avance jusqu’en Dalécarlie et en Vermland, mais à l’est il ne dépasse pas l’Ân- germanland ; et le S. lanata ne va que jusque dans le Herjedal, sans même s'éloigner de la région alpestre. Au-dessus de ces Saules, on trouve les S. myrsinites L., arbuscula L., ovata Ser., polaris L., herbacea L. et reticulata, comme caractérisant spé- cialement les hautes régions alpestres ; les deux premiers des- cendent toutefois aussi dans la région forestière, où ils pré- sentent un plus riche développement. — Différents hybrides (S. versifolia Wbg., etc.) ont une distribution plus locale, mais le S. ambigqua Ehrh. est assez répandu dans la région du Chêne. 9. Le Myricaria germanica Desv. (suédois, Strandljung) se rencontre sur les bords de l'Angermanna-elf et de l’Indals-elf, au cœur même du Norrland. Il dépasse rarement plus de 1",50 de hauteur. 10. L'Hippophae rhamnoides L. (suédois, Iaftorn) croît sur les bords du golfe de Bothnie, depuis Torne jusqu'aux environs de Stockholm. A1. Nous avons trois espèces sauvages de ÆRibes : le R. alpr- num (suédois, Mabür), qui, du sud, s'élève jusqu'en Anger- manland et en Jemntland, tandis que le R. nigrum (suédois, svarta V'inbar) s'étend depuis la région forestière inférieure du Torne-elf sur toute l'étendue du pays, et que le R. rubrum (suédois, ruda FV'inbar) remonte jusqu'aux limites alpestres de la région forestière supérieure, et parfois même jusque dans la région des Bouleaux. 42. Le Daphne Mezereum L, (suédois, T'ibast) s'étend de la région du Bouleau sur toute la surface de la Suède. APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE, 269 13. L'Empetrum nigrum (suédois, Kräkris) s'élève dans la région alpestre jusqu'à la limite des neiges, et se trouve partout jusqu'en Scanie. 14. Les représentants des Éricacées dans notre pays sont le Vaccinium Myrtillus (suédois, Blabar), le F”. uliginosum (sué- dois, Odon), le V. vitis Idœæa (suédois, Lingon), et le F7. Oxy- coccus (suédois, Tranbar), que l’on rencontre jusqu à la région forestière supérieure de la Laponie. Le Calluna vulgaris (sué- dois, Ljung), l'Arctostaphylos Uva Ursi (suédois, Mjôlonris) et le Ledumpalustre (suédois, Squattram), présentent tous la même distribution que les Vaccinium. Aux hautes régions des Alpes scandinaves appartiennent plus spécialement les types Arctosta- phylos alpina, Azalea procumbens, Phyllodoce cœrulea, Rhodo- dendron lapponicum, Andromeda hypnoides, A. lelragona et A. polifolia, cette dernière croissant dans les marais de la Suëde jusqu'en Scanie. 15, Le Rubus idœus (suédois, ÆHallon), le Rubus saxatilis L. (suédois, Jungfrubar), le R. Chamæmorus (suédois, ÆHjortron), et le R. arcticus (suédois, Akerbär), sont les représentants des Ronces dans cette région. La première de ces espèces habite tous les districts forestiers de la Scandinavie; le À. saxatilis s'élève jusque dans la région du Bouleau, et le À. Chamæmorus prospère dans les marais des plateaux alpestres. Le À. arcticus ne se trouve pas en Laponie au-dessus de la région des forêts ; le long des côtes, 1l descend jusqu'à Stockholm. Cette esquisse des plantes ligneuses de la troisième région montre combien il est difficile de les prendre pour bases de déli- mitations rigoureuses. Le plus convenable est de fonder ces der- nières sur les différences présentées par la végétation dans son extension du sud au nord, ou sur les modifications qu'elle subit en partant des bords de la mer pour s'élever aux sommités des Alpes. | En remontant le long des côtes, que l'on pourrait appeler la région de l'Alnusincana par excellence, on trouve les différences principales que voici : 270 N, J. ANDERSSON, 1° Le Gestrikland est la limite des plantes méridionales sui- vantes : Dans les listes ci-dessous, les numéros indiquent que l'espèce ne se trouve pas: 1) dans le Smäland occidental, ?) en Vermland, 5) dans tout le Smäland, 4) qu’elle babite aussi le Jemtland. Artemisia campestris L. 2) [Malachium aquaticum Fr.1.|Ophrys myodes L, 2, 4) Eupatorium cannabinum L.|Cerastium Crepis præmorsa Tausch. 1) Leonurus Cardiaca L. Melampyrum nemorosum L dé ap) à) Conium maculatum L. 1) Libanotis montana All. ?) Sanicula europæa L, t) Lepidium campestre L. 2) Silene noctiflora L. 1, 4) 9° Le Helsingland Tragopogon pratensis L. Centaurea Scabiosa L. Hieracium stoloniflorum Kit. 2. Convolvulus arvensis L. Anchusa officinalis L, 1, Symphytum orientale L. 2. Cynoglossum officinale L. Pulmonaria officinalis L. 1,2. Echinospermum Lappula ; L. Mentha gentilis L. 1, ?. Lycopus europæus L. Clinopodium vulgare L. f. Galeopsis Ladanum L. Origanum vulgare L. Fraxinus excelsior L. Gentiana Amarella L. 5. Veronica Anagallis L. 2,8, Euphrasia gracilis Fr. Melampyrum cristatum L.15 2 Æthusa Cynapium L. Ægopodium Podagraria L.f. Ranunculus Lingua L. 1. — polyanthemos L. 1, 2, Rasunculus bulbosus L. ?, 3° Le Medelpad : Campanula Cervicarià L. 1) glomerata L. t) Trachelium L. 2) latifolia L. 1. rapunculoides L, 1, Solanum Dulcamara L. f, rs Ci ns — Æ semidecandrum L. Ervum tetraspermum L. Euphorbia Peplus L. 1) latifolia All. 4) Epipactis palustris L. 2) |Sedum sexangulare L.?,3,4) Sturmia Loeselii Rich. ?) Convallaria multiflora L. 1) Scirpus compressus Pers. ?) Chenopodium rubrum (L.)1)|Carex riparia L, 2) Quercus Robur L, Salix viminalis L,. Taxus baccata L, Batrachium circinatum (L.)1, 2 Ficaria ranunculoides Mônch. !. Delphinium Consolida L. Berberis vulgaris L, 1, Sisymbrium officinale L, 1, Bunias orientalis L, ?, Farsetia incana Br. Polygala vulgaris L. comosa Scbk. 2. Geranium pusillum L, f, pratense L. 2. Helianthemum vulgare L.1, 2. Ribes Uva-crispa L. Rhamanus cathartica L. f, Saxifraga granulata L, t, Sedum album L, 1,2, Rosa dumetorum Thuill. mollissima Willd. tomentosa Sm, Agrimonia Eupatoria L. 1,2. Rubus cæsius L,. Geum urbanum L. intermedium Ebrh. Cotoneaster vulgaris Lind. 4, Vicia angustifolia Roth. — Verbascum nigruiti D. Linaria vulgaris L. minor L. 2. Adoxa moschatellina L. 1 Lepidium ruderale L. Senebiera Coronopus (L.) 2. — pseudo-Cyperus L. 2) paradoxa W. ?, 4) pulicaris L. 2) Sessleria cærulea Ard. ?) —— —— Trifolium arvense L. montanum L, 1,2, Pyrola umbellata L, Monotropa Hypopitys L, Euphorbia Esula L, ?, Rumex obtusifolius L, Chenopodium Bonus -Hen- ricus L. Chenopodium Vulvaria L. 2. polyspermum L. Salix fragilis L, Platanthera chlorantha Cust, Stratiotes aloides L,. Hydrocharis Morsus -Ranæ L. ' Gagea lutea (L.) 1, Juncus conglomeratus L, sylvaticus L. 2. Typha angustifolia L, 1. Rhynchospora fusca L. 2. Carex hirta L, 2, stricta Good. {, disticha Good. Lolium temulentum L. Poa compressa L. ft, Triodia decumbens L, Avena elatior L, 2, — —— Polygala amära L. 2, 3, Malva borealis Wallm, f. Geranium sanguineum L. f. Viola hirta L. 1, 2. Stellaria uliginosa L. Sorbus scandica L. 2. APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÈDE. 271 Astragalus glycyphyllus L,. Medicago lupulina L. Melilotus officinalis L. — alba L. Trifolium fragiferum L, 2. Ononis arvensis L, ?. Herniaria glabra L. 1,2. Scleranthus perennis L. Polygonum Persicaria L. Chenopodium polyspermum 1 PAR? l° L'Angermanland 6 Bidens cernua L, 4, Anthemis tinctoria L. Artemisia Absinthium L, Senecio viscosus L, 2. — ‘sylvaticus L. Botrychium peltatum Lo ds de) Myosurus minimus L, 1, Anemone hepatica L, 4, Erysimum cheiranthoides L.f, Lappa tomentosa Lum. Barbarea vulgaris Br. Lapsana communis L. Raphanus Raphanistrum L, Hieracium cymosum L. !,7.|Camelina fœtida Fr. — setigerum Fr, Draba verna L. Trichera arvensis (L.) — ._nemorosa L. Asperula odorata L, 4. Tilia parvifolia Ehrh, Galium Mollugo L,. Erodium cicutarium L, 4, — verum L, Hypericum quadrangulum Lonicera Xylosteum L. 1, 4, QE Campanula persicifolia M. — Cuscuta Epilinum L. f, Mentha aquatica L. Thymus Serpyllum L. Glechoma hederacea L. Stachys sylvatica L. 1, — palustris L. Lamium album L. — _intermedium Fr. Gentiana campestris L. 4, Verbascum Thapsus L. !. Scrophularia nodosa L. Veronica Beccabunga L, 1,4, — arvensis L, — verna L. perforatum L. Viola stagnina Kit. 3,4, Melandrium pratense Rôhl, 4, Viscaria vulgaris Rôhl, 4, Lychnis Flos-Cuculi L, 4, Dianthus deltoides L, 4. Stellaria palustris Ret{z, Cerastium viscosum L. Spergula Morisomi Bor, 4, Ribes alpinum L. ft, Sedum Telephium L, PU verticillatum EL Rosa canina L, — agrestis L, 4. Lathyrus sylvestris L, Rhinanthus major Ehrh, 4 |Orobus vernus L, 1, 4, Primula veris L, 1, 4, — tuberosus L,. Acer platanoides L, 4, — sepium L, 4, Potamogeton lucens L. — _zostcrifolius Schum, Carex paludosa L. f, Cynosurus cristatus L, 1, Glyceria aquatica (L.) Trifolium agrarium L, f, — _ spadiceum L, 4, Trifolium medium L, Pyrola media Sw. , Euphorbia Helioscopia L, Rumex crispus L, Ulmus montana Sm, 4, Humulus Lupulus L, 4, Atriplex patula L, Corylus Avellana L, Alaus glutinosa L,. Ceratophyllum demersum L, Listera ovata L, 1, 4, Allium oleraceum L, 1, 4, Gagea minima (L.) 1. Lemna polyrrhiza L, Potamogeton obtusifolius — pusillus L, 4 Sparganium ramosum Huds. — natans L, Eriophorum latifolium Roth. f, Carex Hornschuchiana Hop. 4, — ericetorum Poll, #, — pilulifera L. 4. — Vulpina Good. — muricata L, Lolium linicola Sond, Dactylis glomerata L, 1, 4, Bromus mollis L. Catabrosa aquatica (L.) Holcus lanatus L. Heracleum sibiricum L, ds villosa Roth, 4 Er pratensis L, 5° Jusqu'aux environs d'Ume *), à travers une partie plus ou moins grande de la Vestrobothnie, ou au commencement des Laponies d'Ume °) et de Pite *), croissent : Bidens tripartita L, Senecio vulgaris L, 6, Chrysanthenum segetum L, |[Filago montana L. — Leucanthemum Centaurea Jacea L, L,1,7,, — CyanusL, — Auricula L. Anthemis arvensis L, Cirsium lanceolatum Scop.|. — glomeratum Fr. Matricaria Chamomilia — arvense Scop, 6. Hypochæris maculata L, 6. L, 1,6) Lappa minor DC, Succisa pratensis Mônch. Matricaria inodora L, Sonchus arvensis L, Viburnum Opulus L. 6, Tanacetum vulgare L, 1,6, | — oleraceus L, Valeriana sambucifolia Artemisia vulgaris L, 7, — asper L, 4, Mikan, 1, 7. (Lactuca muralis L, |Crepis tectorum L. 7, Hieracium Pilosella L. 6. 272 N, J. ANDERSSON, Lobelia Dortmanna L. Agrostemma Githago L. 6, [Iris pseudo-Acorus L, 1. Cuscuta europæa L. f. Arenaria trinervia L. À. Convallaria majalis L. 7. Lycopsis arvensis L. 7. — serpyllifolia L. 7, — Polygonatum L. Myosotis stricta Link. {, 7. |Lepigonum rubrum (L.) |Butomus umbellatus L, — cæspitosa Sch. 6. Elatine Hydropiper L. Sagittaria sagittifolia L. Lithospermum arvense L. 1. |Rhamnus Frangula L. 7, Alisma Plantago L, 6. Echium vulgare L. Ribes nigrum L, … [Muncus effusus L, 6, Mentha arvensis L. 6. Sedum acre L, 4. — compressus L. Calamintha Aciuos Clairv. !.|Bulliarda aquatica (L.) Lemna minor L, Lamium purpureum L. Lythrum Salicaria L. — trisulca L. — amplexicaule L. 7. |Peplis Portula L. 6. Potamogeton natans Wib. 6. Ajuga pyramidalis L, 6. Potentilla Anserina L. Typha latifolia L. Hyoscyamus niger L. 4, Spiræa Filpendula L, 1, Sparganium simplex Hud. 7. Veronica Chamædrys L,. Lathyrus palustris L. 1, — minimum Fr. 7. Primula farinosa L. 6. — pratensis L. Rhynchospora alba (L.) 6. Plantago media L, 6. Vicia sylvatica L. Scirpus pauciflorus Ebhrh. Littorella lacustris L. 7. — Cracca L,7, — acicularis L. 6, OEnanthe Phellandr. L. 1, — sativa L, — sylvaticus L, 1, Pimpinella Saxifraga L. 6 |Ervum hirsutum L, 6. Carex glauca Scop. 6. Sium latifolium L. 6, Lotus corniculatus L. 6. — stellulata L, 6. Ranunculus sceleratus L. 6. |Trifolium hybridum L. — teretiuscula Good, 7, Thalictrum flavum L,. 6, Scleranthus annuus L. — elongata!) — simplex L. 4,6,4 Polygonum mite L. Lolium perenne L, f. Anemone nemorosa L, 6. — Hydropiper L. Festuca elatior L. Corydalis fabacea L, 1,6. — dumetorum L.7. Bromus arvenusis L, 1, 6, Fumaria officinalis L. 6, Salix cinerea L, Briza media L. 4, Sysimbrium Sophia L, 6, — aurita L. Glyceria fluitans L. Arabis Thaliana L. 7, — repens L. — distans L. Camelina sylvestris Fr. 4,6,2.|Betula verrucosa Ehrh, 7. |Avena fatua L, 6, Impatiens Noli tangere L.!.|Myrica Gale L. À. — pubescens LE, 6. Geranium Robertianum L. 4. |Callitriche autumnalis L, 6. |Calamagrostis arundinacea Linum catharticum L, 4. Platanthera bifolia L. 6. (LS: Viola tricolor L, 5. Herminium Monorchis L. 1.|Aspera spica Venti (L.) Silene nutans L. Malaxis paludosa LE, 6. La végétation, considérée dans sa distribution depuis la côte jusqu’au sommet des Alpes, peut être divisée en quatre régions principales : a. La région forestière mférieure (regio sylvatica Wbg), com- prenant la basse Laponie, avec ses lacs et ses marais nombreux, jusqu’à la limite du Sapin. La liste suivante indique les plantes que les provinces plus méridionales y envoient : Gnaphalium sylvaticum L. [Ranunculus auricomus L, !, |Potamogeton prælongus Cirsium palustre Scop. Turritis glabra L. Wulf, Hieracium fallax W. Viola palustris L, Scirpus lacustris L. Myosotis arvensis Hoffm. Sagina nodosa Fenzl, Carex acuta L. Scutellaria galericulata L. |Myriophyll. alterniflorum — leporina L. Lysimachia vulgaris L. DC. |Bromus secalinus L. f, — thyrsiflora L. Polygonum amphibium L, |Phleum pratense L. Plantago lanceolata L. Potamogeton natans L. Baldingera arundinacea Cicuta virosa L. f. | — rufescens Schrad. Dum. Nymphæa alba L, b. La région forestière supérieure (regio subsylvatica), qui APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE. 273 renferme les derniers représentants des Conifères au-dessus de la région du Sapin, région très-étroite sur quelques points, et par- fois même confondue avec la précédente (par exemple à Quick- jock, Gillesnole, et sur lAreskutan en Jemtland), mais assez large ailleurs. L’Orge croît encore dans cette région, quoiqu'elle y oele souvent; mais la culture des Pommes de terre et autres plantes tuberculeuses, ainsi que des légumes, y réussit parfaite- ment. Nous y trouvons encore les types : Achillea Millefolium L. Erigeron acris L. Carduus crispus L. Hicracium cæsium Fr. — saxifragum Fr. — tridentatum Fr. Viola canina L. — umbellatum L. Drosera rotundifolia L. — paludosum L,. f. — longifolia L. Galium boreale L. — _intermedia Hay. * — palustre L. Silene inflata L. — uliginosum L. Sagina procumbens L. — Aparive L. Epilobium palustre L. Myosotis palustris L. Circæa alpina L. Asperugo procumbens EL. Prunella vulgaris L, Galeopsis Tetrahit L. — versicolor L. Spiræa Ulmaria L. Minyanthes trifoliata L. Trifolium repens L. Veronica scutellata L. — pratense L. Limosella aquatica L. Vaccinium Vitis idæa L. Pedicularis palustris L. Oxycoccus palustris Pers. Utricularia intermedia Hay.|Calluna vulgaris Salishb. — vulgaris L. Pyrola rotundifolia L.. — minor L. — minor L. Plantago major L. — secunda L. Angelica sylvestris L. — uniflora L. Nasturtium palustre DC. 1, Capsella bursa L. Thlaspi arvense L. Subularia aquatica L. Oxalis Acctosella L. Hippuris vulgaris L. Rubus idæus L, Myriophyilum spicatum L, | Callitriche verna L. Orchis maculata L. — anguslifolia L. Goodyera repens L. Listera cordata L, Corallorrhiza innata L, Maianthemum bifolium L. Triglochin palustre L. Juncus balticus Wild, ft, 2. — _ articulatus L. — alpinus Vill. — bufonius L.' Luzula pilosa (L.) Calla palustris L. Potamogeton perfoliatus L. Scirpus palustris L. Eriophorum angustifol. Roth. — gracile Koch. — vaginatum L. Carex filiformis L,. — limosa L. — panicea L. — ornithopoda L,. — vulgaris Fr. — juncella Fr. Peucedanum palustre (L.) Carum Carvi L. Nuphar luteum L, Ranunculus Flammula L, — reptans L. Montia fontana L, Carex cæspitosa L. 1,2. Polygonum aviculare L. — canescens L, — Japathifolium L. — chordorrhiza Ebrh. — Convolvulus L, Triticum repens L. Rumex domesticus Hn, Poa serotina Ehrh. Batrachium heterophyllum | Urtica urens L. — annua L. Le — dioica L. Molinia cærulea (L.) Chelidonium majus L. Chenopodium rubrum L. Phragmites communis Trin. Brassica campestris L. Salix pentandra L. Calamagrostis Epigeios L. Sinapis arvensis L. 1. Pinus sylvestris L. — lanceolata Roth. Barbarea stricta Andr. — Abies L. Alopecurus geniculatus L. e. La région du Bouleau (regio subalpina), au-dessus de la limite des Conifères (420 mètres). Ce n'est que dans des locali- tés particulièrement favorables que l'on y voit les dernières traces de la culture (Orge et Pomme de terre); mais on y trouve une végétation de Graminées et de plantes succulentes d'autant plus 5e série, Bor. T. VII. (Cahier n° 5.) 2 18 971 N. J. ANDERSSON. belle et d'autant plus favorable à l'élève du bétail. Les formes plus méridionales que l’on y rencontre sont : Gnaphalium uliginosum L. |Stellaria media L. Populus tremula L. Antennaria dioica L. — graminea L. Salix capræa L. Tussilago Farfara L. — Friesiana DC. Gymnadenia conopsea L. Hieracium murorum L. Cerastium vulgatum L. . [Paris 4-folia L, — vulgatum Fr. Ribes rubrum L. Juncus supiaus L. Taraxacum officinale Wigg.|Sedum annuum L. Carex irrigua Wbg. Valeriana officinalis L. Epilobium angustifolium L. — _ilava L. Linnæa borealis L. — montanum L,. — Œderi Ebrh. Myosotis sylvatica Hoffm. 2. |Sorbus Aucuparia L. — pallescens L,. Veronica serpyllifolia L. Rosa cinnamomea L. — dioica L. — officinalis L. Rubus saxatilis L, Triticum caninum L. Rhinanthus minor Ehrh. Fragaria vesca L. Poa sudetica Hæncke 2. Melampyrum pratense L. |Potentilla argentea L. — trivialis L. — sylvaticum L. — Tormentilla L. Melica nutans L. Pinguicula vulgaris L. Geum rivale L. Agrostis stolonifera L. Cerefolium sylvestre Bess. {Prunus Padus L. — vulgaris L. Actæa spicata L. Anthyllis vulneraria L. — canina L. Arabis hirsuta Scop. Vaccinium Myrtillus L. Milium effusum L. 1. Viola mirabilis L. 1. — uliginosum L. Alopecurus pratensis L. 1. — montana L. Arctostaphylos Uva Ursi (L.)[Hierochloa borealis L, Stellaria nemorum L. Î. Daphne Mezereum L. d. La région alpestre (regio alpina), au-dessus de la limite des arbres, revêtue à sa partie inférieure de fourrés de Saules, ne présentant à sa partie supérieure que quelques Lichens et quel- ques Mousses, mais riche entre ces deux extrémités d’une magni- tique flore alpestre. Les plantes suivantes y sont les derniers re- présentants d’une végétation plus méridionale : Solidago Virgaaurea L, Rubus Chamæmorus L. Carex vesicaria L. Leontodon autumnale L. Potentilla maculata Pourr. — ampullacea L. Camparula rotundifolia L, |Empetrum nigrum L. — capillaris L. Eupbrasia officinalis L,. Rumex Acetosa L. Festuca rubra L. Trientalis europæa L. | — Acetosella L. — ovina L. Cornus suecica L. Polygonum viviparum L. Poa pratensis L. Ranunculus acris L. Juniperus communis L. — nemoralis L. Geranium sylvaticum L. 1) |Gymnadenia albida Br. ?) |Aira cæspitosa L. Parnassia palustris L. Cœloglossum viride Hn. — flexuosa L. Melandrium sylvestre Rôhl.|Luzula campestris L. Calamagrostis stricta Ehrh, Alchemilla vulgaris L. Potamogeton gramineus L. | Anthoxanthum odoratum L. Espèces maritimes de la Suède supérieure : Sur les deux côtes : |Lepigonum salinum Fr. Festuca arundinacea Schr. 3) Lathyrus maritimus L. Glaux maritima L. Atriplex hastata L. Côtes de la Baltique : Plantago maritima L. Salicornia herbacea L. Angelica littoralis Fr. Triglochin maritimum L. |Batrachium marinum Fr. ?) Sencbiera didyma Pers. Potamogeton marinus L. 2) |Hippophae rhamnoides L, Silene maritima Fr. Scirpus maritimus L. 5) Zannichellia polycarpaNolte. Stellaria crassifol. Ehrh. ?) |Carex norvegica Willd. Carex glareosa Wbg. Halianthus peploides (L.) [Elymus arenarius L. ; Aira bothnica Wbg, 1) Se trouve aussi dans la Laponie, ?) dans V'Angermanland, 8) dans le Medelpad. APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE. 279 Espèces subarctiques observées seulement dans les régions suivantes : Helsingland. Muüblenbergia pendula Trin. Angermanland, Arabis petræa Lam. Calamagrostis chalybea Fr. Jemtland. Hieracium dovrense Fr. — strictum Fr. Carex pediformis Mey. — nigra All? Herjedal. Hieracium floribundum Wimm. Skelleftea. Rosa carelica Lindl. Norrbothnie, Carex lævirostris Fr, (Glyceria pendulina Trin.) Espèces plus répandues. Mulgedium sibiricum Less. Lap. de Torne et d'Ume, Vestrobothnie, Helsingland. Hieracium decolorans Fr. Lap. d'Ume, Herjedal. Polemonium cæruleum L. Lap.de Torne, Herjedal, Angermanl. ; Medelpad. Thalictrum rariflorum Fr. De la Vestro- bothnie au Medelpad et au Jemtland. Viola umbrosa Fr. Lap. d'Ume — Verm- land. Myricaria germanica Dev. Angerman- land, Medelpad, Jemtland. Nigritella augustifolia Rich. Les mêmes provinces et le Herjedal. Calypso borealis Salisb. Lap. de Lule et d'Ume, Skelleftea. à Glyceria remota Fr. Angermanland, Medelpad. Calamagrostis littorea DG.: Jemtland, Herjedal, Vermland. — elala Blytt, Angermanland, Vestrobothnie. Nous avons signalé les plantes ci-dessus comme étant d’ori- gine méridionale. La raison en est que, d’un côté, elles appar- tiennent aussi à des points plus méridionaux de l’Europe, et que, de l’autre, elles sont moins répandues dans les provinces septentrionales que dans celles plus au sud. — Mais la Suède possède en outre des types que l’on peut appeler arctiques, soit parce qu'ils sont communs à presque toutes les terres arctiques, soit encore parce qu ils se développent dans leur plus grande beauté et leur plus grande abondance sur les Alpes scandinaves ou à leur pied. Ce sont : 4° Les plantes qui ne s’éloignent pas du voisinage de la haute région alpestre : Laponie de Torne, Laponie de Lule. Carex rufina Drej, — nardina Fr. Papaver nudicaule L. Hieracium argenteum Fr, Melandrium affine Vahl, Braya alpina Sternb. Laponie de Torne et Chrysosplenium tetrandr.Fr.|Arenaria humifusa Wb£, de Lule. Carex fuliginosa Hop. Salix sarmentacea Fr. Trisetum agrostideum Fr. |Luzula hyperborea Br, Antennaria carpathica Hierochloa alpina Wbg. Carex bicolor AI: (Wbg.) 276 Melandrium apetalum (L.) Saxifraga Cotyledon L. 1) Eriophorum russeolum Fr. Laponie de Forne, de Lule et de Pite. Arnica alpina Murr. Campanula uniflora L. Pedieularis hirsuta L, flammea L, Draba nivalis Lillj. Potentilla nivea L. Andromeda tetragona LE, Rhododendron lapponicum L. Laponie de Lule et de Pite. Draba Walhenbergii Hn. Kœnigia islandica L. 1) Région alpestre de la Eaponie. Carex festiva Dew. parallela Læst, Catabrosa algida Fr. Laponie et Jemtland. Ranunculus nivalis L. Betula alpestris Fr. Luzula Wahlenbergii Hn, Herjedal. Gnaphalium supinum L. Antennaria alpina (L.) Erigeron elongatus Ledeb. alpinus L. uniflorus L. Hieracium atratum Fr. N. J. ANDERSSON, Diapensia lapponica L, Gentiana tenella Roth. Veronica alpina L. saxatilis L. Primula scotica Hort. stricta Hornem. Ranunculus glacialis L. Cardamine bellidifolia L. Arabis alpina L. Draba hirta L. alpina L, Alsine biflora L. stricta Wbg. Saxifraga oppositifolia L, cernua L. Sibbaldia procumbens L. Dryas octopetala L,. Oxytropis lapponica Gaud, Andromeda hypnoides L. Rumex Acetosa alpinus L. Salix myrsinites L. arbuscula EL, ovata Sir. polaris L. reticulata L. Chamæorchis alpina L, Juncus arcticus L. biglumis L, triglumis L. Luzula parviflora Dew. arcuala Wa. Carex ustulata Hoppe. laxa Wbg. rariflora Sm. pedata Wbg. atrata L. pulla Good. lagopina Wbeg. rupestris AlL. a — Kobresia scirpina W. iTriticum violaceum Horn. 1) Croit aussi en Jemtland. microglochin Wbg. | Poa laxa Hænke. Trisetum subspicatum (L.) Aiïra alpina L. Vahlodea atropurpurea Fr. Jusqu'en Dalécarlie. Hieracium alpinum L. Pedicularis lapponica L. Archangel. officin. Hoffm. Ranuncul. pygmæus Wbg. Cerastium trigynum Vill. Saxifraga stellaris L. aizoides L. rivularis L. Arctostaphylos alpina (L.) Phyllodoce cærula (L.) Azalea procumbens L. Oxyria digyna L, |Salix herbacea L, Juncus trifidus L. Luzula spicata L. Carex rigida Good. Poa cæsia Sm. Espèces arctiques éparses. Phaca frigida L. Lap. de Torne et de Lule, Jemt- land et Herjedal, Astragal. oroboides L. Lap. de Lule, Jemtl, et Herjed. Pedicularis Oederi Vahl. Jemtl. et Herjed. Juncus castaneus Sm. Jemtl. et Herjed. Kobresia caricina W.Jemtl. et Herjed. Ranunculus aconitifolius L., Jemtland, Herjedal et Da- lécarlie. 2° Les plantes suivantes sont distribuées depuis la limite des Alpes scandinaves jusqu'en : © Angermanliand. Gnaph. norvegicum Gunn. Thalictrum alpinum L, Stellaria borealis Big. Saxifraga cæspitosa L. Epilobium lineare Muhl, Salix glauca L. phylicifolia L, Læstadiana Hn. — Eriophor. callithrix Cham. Agroslis borealis Hn, Medelpad. Mulgedium sibiricum Less. Hieracium crocatum Fr. Polemonium cæruleum L. Pinguicula villosa L. Ranunculus lapponicus L. Potamogeton salicifol, Wolf, |Thalictrum rariflorum Fr. Sagina saxatilis Wimm. Epilobium alpinum L, Carex Vahlii Sv. Calamagr. lapponica Wbg, Helsingland. Saussurea alpina DC. Mulgedium alpinum Less. Petasites frigida (L.). Hieracium corymbos. Fr. APERÇU Hieracium prenanthoides Vill, Galium triflorum Michx, Gentiana nivalis L. Viola biflora L. Epilob. origanifolium Lam, Rubus castoreus L. Astragalus alpinus L, Tofieldia borealis L, Sparganium hyperborenum Læstad. Eriophorum capitat. Host, Carex tenuiflora Wbe. capitata L. Phleum alpinum L. Gestrikland, Batrach. confervoides Fr. Viola montana L. Alnus pubescèens Tausch. Carex tenella Schk. Vermland. Mulgedium alpinum Less. Galium triflorum Michx, Salix phylicifolia L, glauca L, Lapponum L, Tofieldia borealis L. Sparganium affine Schnizl. fluitans Fr. oligocarpon Angstr, Eriophorum alpinum L. Carex tenella Schk, Phleum alpinum L, — — Upland. Aconitum septentrionale L, Rubus arcticus L. Ostrogothie. Bartsia alpina, 1) Croit aussi en Halland. DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. Salix Lapponum L, Vestrogothie. Cerastium alpinum L. Saxifraga adscendens Wah. Sparganium oligocarpon. Simnaland. Galium trifidum L. Echinospermum deflexum Wbg, Sceptrum Carolinum L. Erysimum hieracifolium L. Silene rupestris L, Salix myrtilloides L. Betula intermedia Thom. nana E. Alnus incana L. Juncus stygius L. Potamogeton nigrescens Fr. 1) Sparganium fluitans Fr. affine Schnizl. Carex livida Wbg. globularis L. vitilis Fr. loliacea L. 1) heleonastes Wbg. Calamagrostis phragmitoides Hn. Halleriana DC. @Gotland, Pinguicula alpina L,. Bartsia alpina L, Gland. Viscaria alpina (L.) Poa alpina L, 277 Bohuslan. Erigeron Mülleri (Lund.) Rhodiola rosea L, Alchemilla alpina L, Carex vitils Fr. Blekinge. Viscaria alpina (L.), Carex aquatilis Wbg. Espèces septentrionales descendant jusqu'aux provinces les plus mé- ridionalcs. Cirsium heterophyllum. Linnæa borealis L. Cornus suecica L. Batr. trichophyll. Chaix. Trollius europæus L. Pulsatilla vernalis Mill. Viola sueeica Fr. Saxifraga Hirculus L. Chrysosplenium alternifo- lium L, Rubus Chamæmorus L, Andromeda polifolia L, Ledum palustre L. Polygonum viviparum L. Salix vagans And. hastata L. nigricans SM, triandra L, Betula odorata Bechst, — |Scheuchzeria palustris L. Juncus filiformis L. Schœnus ferrugineus L. Scirpus cæspitosus L. Eriophorum alpinum L. Carex vaginata Tausch. irrigua SM. Buxbaumii L. microstachya Ehrh. Calamagrostis stricta Ebrh, Rapports de la flore suédoise avec celle des pays voisins, L'origine des plantes de la Suède, la question de savoir si elles ont été indigènes à toutes les périodes géologiques, ou si elles ont en tout où en partie immigré dans nos contrées, et, dans ce cas, de quelles régions elles nous sont arrivées, nécessiterail un exposé qui ne peut trouver place ici. Toutefois, pour ne pas la 278 N. J. ANDERSSON. laisser entièrement de côté, et dans le but de fournir une con- tribution ultérieure à la connaissance de la nature de notre pays, nous allons donner en quelques traits généraux les différences ou les concordances que à flore suédoise ss avec celle des Pays Voisins. Nous avons essayé de montrer dans les pages précédentes que la Suède peut être divisée, au point de vue de sa végétation, en trois régions : méridionale, moyenne et septentrionale, ou régions du Hêtre, du Chêne et de l’Aune blanchâtre (A/nus incana), cette dernière touchant à la région alpestre. L'étude de la flore des pays limitrophes montrera que la nôtre s'en rapproche d’une manière évidente, puisque la végétation de nos provinces méri- dionales présente une ressemblance frappante avec celle du Danemark et de l’Allemagne du Nord, comme celle des pro- vinces de l’ouest nous offre de l’analogie avec la flore anglaise ; que la plus grande partie des plantes de la Suède moyenne se retrouve dans les pays de la Baltique, au sud du golfe de Fin- lande ; que les localités côtières et forestières de la région septen- trionale ont une flore commune avec celle de la Finlande et des régions plus à l’est, et que notre flore alpestre se rattache en- tièrement enfin, non-seulement à la flore arctique circompolaire, mais aussi à celle des plus hautes régions de l'Europe et du reste du globe. Ceci nous amène à établir, comme éléments de la flore sué- doise, une végétation arctique, nord-est et sud-est; ces trois vé- gétations peuvent être confondues dans notre pays plus qu’ail- leurs, par suite de l'extension en longueur de la Suède, et en partie à cause des différences si variées d'altitude qu’elle nous présente. 1° La végétation arctique. — Les types, ainsi que l’indiquent les listes données page 275, se répartissent comme suit : L'tponié de‘ Fophert, FPMERCEUML, LEONE 6 — Lule. tt tout hf NE ét DAS 8 _ FOPRE ET DE en mr TC oc es l — PôrnestEüle PARTOUT AA 1. 8 — Eule "CPE RPC ET 2 Région alpestre de la Laponie, ......... . 3 APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE. 279 LapotietetJemitland. 4.518848 088h ri (a té 1,8 Depuis la Laponie jusqu’au Herjedal. ......... 92 — — jusqu’à la Dalécarlie,........ 17 Localités éparses, ,coscorcsse ss SORT 6 = 78 Les espèces arctiques qui s'étendent en dehors des limites des Alpes scandinaves sont distribuées de la manière suivante : Sur toute l'étendue du pays.. .... 28 | Jusqu'en Ostrogothie, ....,...... 3 Jusqu'en Blekine...,1...;,6,:. * 2 — Hplands.: 16. ti. Len 2 — PONTS. - : . ... ein rhtés Fo — N'ETIRIAMÉS ea o ce og me 12 — Goblands. Lac crcet 0: . 2 — Gestrikiandia7, 1.41, 2AURM un ul : ne at 9 — Helsinelange, 2... 44 Aie Vestrogothie PRET MER AN 2e 3 = Medelpad sole bete lee ee ete 10 — amalande us, at 20 — Angermanland. ........ 11 —"160 258 Déduction faite des espèces appartenant à deux ou PRES provinces, on obtient les sommes suivantes : Plantes exclusivement alpestres, 109 ; plantes alpestres répan.. dues dans le reste du pays (118 — 28 = 90), soit un total de (227) 199 espèces d’un caractère plus spécialement arctique. Si nous étendons la comparaison aux localités de l'Europe présentant des analogies avec notre pays, nous trouvons que l'Écosse ne contient que peu de ces espèces. La Suisse et le reste de l'Europe en possèdent la presque totalité, mais on n’y trouve pas les vraies plantes Arnica alpina Murr. {, 2. Antennaria alpina f, 2, Erigeron elongatus ft. Petasites frigida !, 2. Campanula uniflora 1, 2. Diapensia lapponica ft, 2. alpestres suivantes : (Stellaria borealis f, 2, Arenaria humifusa f,. Chrysosplenium tetrandr.Fr. Epilobium lineare ? Rubus castoreus 1,2, arcticus ?, 2. Carex rotundata 1,2 pedata 1, 2, globularis 1, rufina 2, aquatilis 1, 2, tenuiflora f, 2, Pedicularis flammea 2. Andromeda hypnoides 1, 2, — tenella 2 — hirsuta t. — tetragona f, 2, — festiva 2. — lapponica f, ?, Rhododendron lapponic. 2. — parallela. Pinguicula villosa 1, ?. Primula stricta 1, 2, Nuphar intermédium f. Ranunculus nivalis f, 2. pygmæus Î, 2. lapponicus 1, 2. hyperboreus f, 2. Papaver nudicaule f, ?, Draba trichella Fr. nivalis 1, 2. alpina 1,2, Melandriuni apetalum !, 2. affine 2. Kœnigia islandica 1, ?, Salix Læstadiana, versifolia !. polaris {, 2. sarmentacea. Betula alpestris, Juneus biglumis f, 2, Luzula parviflora 1, 2, arcuata 1, 2. hyperborea f, 2. Wahlenbergii !, 2, Eriophorum russcolum f, 2. callithrix 2, nardina 2. Triticum violaccum f. Catabrosa algida 1, 2, Trisetum agrostideum f. Vahlodea atropurpurea 2. Calamagrostis phragmi- toides 1. lapponica 1, 2, Agrostis borealis. Hierochloa alpina t, 2. 9280 N. J. ANDERSSON. On peut done considérer ces espèces comme caractérisant la flore arctique suédoise, et la distinguant de la flore des autres pays de l’Europe. Il faut y ajouter encore quelques types d’autres parties du Norrland, lesquels ne s'élèvent pas dans la région alpestre proprement dite (voy. p. 47). Mais comme les espèces désignées par !) appartiennent, en outre, à la partie septentrio- nale ou arctique de la Russie d'Europe ou de la Russie asia- tique, et celles désignées par ?) aux régions les plus septentrio- nales de l'Amérique, ou, en d'autres termes, comme de ces 62 espèces, 36 appartiennent, en outre, aux régions arctiques situées à l’est et à l’ouest de la Laponie ; que 9 ne se trouvent que dans la Russie septentrionale et asiatique et 10 dans l’Amé- rique arctique, 1l ne reste par conséquent que 7 espèces particu- lières à nos régions, savoir : les types Draba trichella Fr., sans doute confondu avec d’autres formes de ce genre polymorphe ; A grostis borealis Hn., avec À. rupestris AI. ou À. alpina Scop.; Carex parallela Læst., avec les modifications de €. dioica L. (voy. Ledeb., F1, ross., IV, p. 264); Chrysosplenium tetran- drum, avec C. alternifolium; et enfin Salix Lœstadiana Hn., S. sarmentacea Fr. et Betula alpestris Fr., qui probablement doivent être considérés comme des hybrides accidentels. 2° La végétation nord suédoise. — Nous désignons de ce nom les plantes qui, déduction faite des types arctiques précédents, sont distribuées sur la totalité ou la majeure partie de la Suède, mais qui habitent encore les régions situées au nord du Dal-elf. Les listes communiquées plus haut nous donnent les chiffres suivants au point de vue des limites de ces types : GestriRlandt Æ .siancesl aérbaabiendMiT .. 5. 30 Helsingland:…: . 32. tunibesiet oigm A... 44 Medelnade ..........0t@udan.) ami … | ete « 0 Angermanland. PE Li 2 UE ue POLE 95 VestrobothmiéT 15. .50 PÉRMMEL RSR EE CORTE 427 Partie inférieure forestière de la Laponie, ..... 25 Partie supérieure forestière de la Laponie. .... 109 Région des Bouleaux, forestière de la Laponie... 62 Région alpestre forestière de la Laponie. ...... 33 Gbier de aimer... BI TR 2. 22 Pypes distribution diSTONMIeMEE LE, LE 22 C'est-à-dire que 632 espèces de parties plus méridionales de la Suède se trouvent encore dans cette région. À APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE. 281 Si nous comparons avec cette partie de nos contrées le pays situé du côté opposé de la Baltiqne, la Finlande, nous trouve- rons, déduction faite des espèces Stablies récemment des genres Hieracium et Sparganium, qui n’ont pas encore été entièrement reconnues en dehors de la Suède, que, des plantes énumérées ci- dessus, 23 seulement font défaut. De ces types nous rencontrons déjà les suivants : Gentaurea Scabiosa L., Senecio viscosus L., Chrysanthemum segetum L.., Faleriana sambucifolia Mik., Hot- tonia palustris L., Thalicirum simpleæL.., Berberis vulgaris L.., Polygala comosa Schk., Viola stagnina Kit., Sedum sexangu- lare L., Astragalus glycyphyllus L., Ononis arvensis L., Trifo- lium fragiferum L., Sturmia Læselii Rich. et Juncus squarro- sus L. dans les provinces immédiatement au sud du golfe de Finlande, amsi que dans les autres provinces de la Baltique ; les types Lamium intermedium Fr., Cuscuta Epihinum L., Lepi- dium campestre L., Senebiera Coronopus L. et didyma L. et Convallaria verhcillata L. se retrouvent dans la province de Prusse ; Lonicera cœrulea E., en Esthonie, Livonie et Cour- lande ; et VNarthecium L., jusque dans le Mecklembourg. Des espèces plus locales, plus isolées et caractérisant le mieux cette région, les suivantes appartiennent aussi à la Finlande : M ühlenbergia pendula, Calypso borealis, Carex tenella, Rosa carelica, Glyceria pendulina, Careæ lævirostris, Mulgedium sibi- ricum, Galhium triflorum, Polemonium cœæruleum, Fiola um- brosa et Glyceria remota. Le Nigritella angustifolia se trouve aussi en Livonie. Si nous nous rappelons maintenant que les 632 espèces mdi- quées ci-dessus habitent la Finlande ainsi que les autres pro- vinces de la Baltique, nous arrivons à ce résultat que la végé- tation de la Suède septentrionale est entièrement identique avec celle des pays immédiatement situés à l'est de la Baltique. Deux espèces font seules exception, savoir : l'Arabis petræa L., qui habite la Bohème, le Hanovre et l'Angermanland ; et le Myri- caria germanica, dans la Silésie supérieure et le Jemtland. L'Utricularia ochroleuca, que M. R. Hartman a décrit comme appartenant au Helsingland, est encore inconnu en dehors de 289 N. J. ANDERSSON. la Scandinavie, ainsi que le Calamagrostis chalybea, que l’on pourrait considérer comme une forme hybride. 3° La végétation moyenne suédoise. — Nous avons vu, par ce qui précède, qu’à l'exclusion des plantes qui s'étendent aussi dans les régions mentionnées ci-dessus, on trouve : Jusqu'en Upland et aux environs de Gefle....,....,... 138 Jusqu'en Sudermanie et à Stockholm.........,...., 47 Jusqu ôn OS OR HU.» nn net eg à Ge qe 22 Ée ‘Jong \duecrdon” maritime? » 4 4:20: ARE Dans des localités éparses.....,,..,..,.,. a PR 59 Du nombre total des végétaux qui, réunis à ceux mentionnés des régions précédentes, habitent les provinces de la Suède moyenne, la plupart se retrouvent en Finlande . 63 commencent à se présenter dans les régions immédiatement au sud du golfe de Finlande, 38 dans la province de Prusse, 6 dans la Poméranie et à dans le Mecklembourg. Cela montre que cette région se rapproche singulièrement des régions situées à l’est et au sud de la Baltique. Les types plus locaux chez nous des Pleurospermum, Erucastrum et Geum hispidum se retrouvent dans la province de Prusse ; ceux des Luvatera thuringiaca, dans le Harz, la Saxe et la Silésie ; Crepis nicæensis Balb., dans l'Allemagne méridionale ; T'hlaspi alpestre, dans le Hanovre, la Saxe, la Bohême, etc.; Carex evoluta, en Silésie; et Calamagrostis Langsdorffui, à Pétersbourg et en Sibérie. On ne peut donc considérer comme particuliers à la Suède que les types suivants : Cuscuta halo- phyta Fr., Calamagrostis elata BI. (que l'on rencontre aussi en Norvége), Medicago sylvestris et Rumex conspersus, les deux premiers étant des espèces douteuses, et les deux autres plutôt des hybrides accidentels. h° La végétation sud suédoise. — Si la flore des régions précé- dentes est plus monotone, les listes données ci-dessus nous mon- trent que les différentes parties de cette région-ct présentent entre elles d’assez grandes différences. Le nombre des plantes particulières à la Scanie s’élève à 42. De ces types, 17 se retrou- vent dans l’Esthonie, les provinces voisines et la province de Prusse, et tous les autres dans les régions au sud de la Baltique. Toutefois l'Orobanche major n’a pas été trouvé en Allemagne APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. 283 (à moins qu'il ne soit synonyme de l'O. stigmalodes Wimmer, de la Silésie), mais on le rencontre en Angleterre, et le Carexæ Bæœnninghauseniana n habite que l’intérieur de l'Allemagne du Nord. Le Danemark possède cependant ces deux types. L'île de Gotland est caractérisée par 17 espèces qui lui sont à peu près propres ; à de ces espèces appartiennent en outre à l’Esthonie, 2 à la Prusse, 1 à la Poméranie, 1 au Mecklembourg et L au Holstein. L’Inula ensifolia ne se retrouve que dans la Volhynie, la Hongrie et le Tyrol ; les Æieracium hyperboreum Fr... et boreale Fr., le Batrachium Rionii Nyman et le Zannichellia Rosenu Wallm., sont peu connus ; le Ranunculus ophioglossifolius ne se rencontre que dans les îles de la Manche ; l’Helianthemum F'umana dans l'Europe du Sud, le long du Rhin jusqu'à Mayence, et d’un autre côté Jusqu'au Harz ; l’Arenaria gothica paraît être un type anglais, et l'Euphrasia salisburgensis appartient aux Alpes de l'Allemagne. Nous avons vu que 14 types appartiennent presque en propre à l’île d'Oland. De ces types, 5 se retrouvent dans l’Esthonie et ses îles, 2 en Poméranie, 4 dans le Mecklembourg. L'Artemisia laciniata appartient au nord-est de l'Asie, et se trouve aussi en Thuringe ; le Plantago tenuiflora Kit. habite les régions de la mer Caspienne, la Hongrie, la Lithuanie; le Ranunculus illy- ricus, le Caucase, la Silésie et l'Allemagne septentrionale ; le T'hlaspi perfoliatum, V’Asie occidentale, le Brandebourg, le Harz (et l’île d’Osel ?) ; l’Helianthemum æœlandicum, la Russie méridio- nale et occidentale, la Hongrie, les Alpes de l’Allemagne méri- dionale, la Thuringe, la Franconie, et l’Epipactis microphylla la Thurmge etle Harz. Des espèces communes aux îles d'Oland et de Gotland, 40 ha- bitent simultanément l'Esthonie, 4 la Prusse et 4 la Poméranie. Le Globularia vulgaris se retrouve dans l'Europe moyenne et méridionale (douteux pour l’Esthomie et la Livonie). Le Coro- nilla Emerus croît dans l'Allemagne méridionale, et a été trouvé, dit-on, en Thurmge. Des 43 espèces que nous avons vues s'arrêter dans le Smaland méridional, nous ne retrouvons pas le Galium saæatile avant le 28! N. J. ANDERSSON. Mecklembourg ; l’Helosciadium inundatum Koch, l’Epilobium virgatum et lie T'rifolium striatum habitent la Poméranie ; les espèces Gnaphalium luleo-album, Valerianella dentata, Stachys arvensis, Anthriscus vulgaris et Teesdalia nudicaulis ont leur limite septentrionale dans la province de Prusse, et, des autres, 82 remontent jusque dans les provinces immédiatement au sud du golfe de Finlande; le Cerastium brachypetalum pénètre assez profondément dans l’Allemagne du Nord, et le Scirpus multi- caulis se retrouve à Hambourg ainsi que dans de Holstein. Parmi les types qui n'habitent pas toute l'étendue de la région, mais seulement quelques-unes de ces parties nous en retrouvons 30 dans l'Esthonie et les provinces conti- guês ; 18 habitent la province de Prusse ; le Senecio aquaticus et l'Elymus europœus la Poméranie ; le Cerastium glutinosum et le PBatrachium hederaceum le Mecklembourg ; le Potamogeton coloralus et le Sagina ciliata le Lauenbourg. Trois de ces types, le Fluminia arundinacea, le Salix rosmarinifolia et le Dianthus superbus se retrouvent aussi en Finlande. Les deux espèces de Statice n’ont peut-être pas été aussi rigoureusement déterminées que chez nous. Le Stalice Limonium a été indiqué comme crois- sant en Poméranie. En dernier lieu, pour ce qui concerne les espèces appartenant à la flore côtière de cette région, on retrouve le Scirpus cari- natus dans le Holstein ; le Lepigonum marinum, le Bupleurum tenuissimum, le Kochia hirsuta, le J'uncus maritimus, dans la Poméranie et le Plantago Coronopus en Prusse, mais les autres vont jusqu’au voismage du golfe de Finlande. Les types que l’on ne rencontre que sur la côte occidentale de notre péninsule se retrouvent tous en Angleterre, à l'exception du Careæ maritima et du C. salina, tandis qu’un seul d’entre eux, le Crambe, habite la côte méridionale de la Baltique, et que le Glaucium est, quoique rarement, introduit le long de la Baltique avec du lest. Si nous comparons en dernier lieu la flore de la Suède avec celle du Danemark, nous trouvons que les plantes alpestres sont naturellement exclues de ce dernier pays; que 66 espèces de la Suède moyenne et des îles de Gotland et d'Oland ne se rencon- APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUEDE. 289 trent ni en Scanie, ni en Danemark, et que même un certain nombre (23) des espèces habitant la Scanie, ou ne s’y retrouvent pas, ou y sont très-sporadiques. La plupart de ces plantes ont une aire presque exclusivement orientale; quelques-unes s’éten- dent de préférence vers le sud. La flore de la Grande-Bretagne montre aussi une grande con- formité avec celle de la Suède, quoique plus de 250 espèces (y compris les espèces alpestres) suédoises manquent aux îles Britanniques, où l'on trouve un assez grand nombre de types qui n'existent pas en Suède. Mais nous avons, principalement sur notre côte occidentale et dans les régions voisines, une quan- tité de types qui démontrent une grande conformuté avec la flore ouest européenne. Ce sont, entre autres, les Thalictrum minus, Sedum anglicum, Glaucium luteum, Haloscias scoticum, Armeria mariima, quelques Rubi fruticosi, Arenaria cihata, Crambe maritima, Hypericum pulchrum, Genista, Ligustrum, Diguta- lis L. Cet élément se prononce d’une mamière encore plus frap- pante dans plusieurs espèces de la Norvége du sud-est et du sud- ouest, qui manquent actuellement en Suède. Nous venons de voir par cet exposé que la flore arctique sué- doise est identique avec la flore des régions circompolaires et des régions alpestres ; que la majorité des espèces constituant le reste de la végétation suédoise se retrouve dans les autres régions de la Baltique, principalement au nord du golfe de Finlande ; que le nombre de ces types diminue à mesure que l’on s’avance vers le sud, et que quelques-uns seulement paraissent indiquer une plus grande parenté avec ceux de l'Europe occidentale. Ces faits nous amènent à la conclusion que la flore suédoise actuelle est composée de deux éléments principaux : 1° Un élément arctique comprenant les régions arctiques et subarctiques ; 2° Un élément oriental ou sud-est commun à la Scandinavie, la Sibérie, l'Asie centrale ou le sud-est de l’Europe. L'histoire de la flore suédoise nous permet ainsi d'admettre que, pendant les derniers temps de la période glaciaire, il existait chez nous une végétation arctique qui s’étendait beaucoup plus 286 N. J. ANDERSSON. vers le sud qu'actuellement ; que, la période glaciaire disparue, la flore arctique a été remplacée par une flore qui, venant de l'Asie centrale, s’est répandue dans la plupart des régions du centre de l’Europe, et qu’en dernier lieu. avec le Hêtre, est arri- vée chez nous une végétation venant du Caucase ou du sud-est de l’Europe. (Voyez W. C. Areschong, Contributions à l'histoire de la végétation scandinave, travail inséré dans l'Annuaire de l’Université de Lund, 1866.) : PLANTES CULTIVÉES. Le lecteur à pu voir dans les pages précédentes que le climat de notre pays est singulièrement favorable à la végétation des plantes méridionales sous des latitudes beaucoup plus élevées que dans d’autres contrées, à l'exception toutefois de la Norvége, à laquelle le voisinage de l'Atlantique procure une température plus égale et des hivers plus chauds, et où par conséquent les limites des arbres et des plantes cultivées s’avancent le long des côtes à une hauteur polaire vraiment étonnante. Nous allons donner dans les pages suivantes un aperçu rapide des plantes appartenant chez nous à la grande culture, l’espace ne nous permettant pas d'entrer dans une revue détaillée des nombreuses variétés de ces types. | 1° Le Froment (Triticum vulgare ; suédois, Hvete) se cultive avec avantage dans la Suède moyenne et méridionale. Il prospère principalement dans la région du Hêtre, quoiqu'il réussisse en- core fort bien dans celle du Chêne jusqu’au Dal-elf. On le ren- contre cependant encore infiniment plus haut : en 1865, on en récolta 7 tonneaux (1) en Jemtland, 3tonneaux en Vestrobothnie (où 1l croît même dansla Laponie de Dorothea et de Lycksele) et dans la Bothnie septentrionale. Nous avons vu dans les bonnes années du Blé cultivé à 1000 pieds (800 mètres) au-dessus de la mer, à Quickjock dans la Laponie de Lule, au pied des plus hautes sommités des Alpes scandinaves. En Dalécarlie, le Fro- ment d'hiver s'arrête à Falun (400 pieds = 120 mètres), mais (1) Le tonneau suédois ancienne mesure vaut environ un demi-hectolitre. APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE. 287 le Froment de printemps, ou Blé de Pâques, remonte jusqu'à Nas (240 mètres). C'est l’Ostrogothie qui cultive le plus de Froment. Viennent ensuite la Scanie, la Sudermanie, le gouvernement de Stockholm (campagne), la Vestrogothie, l'Upland, la Néricie, etc., comme l'indique le tableau placé à la fin de cette section. Nous cultivons tant le Froment d'hiver que le Froment de printemps; ce dernier est général dans la Suède occidentale, et il est naturellement mieux approprié que le précédent au climat des latitudes septentrionales. 9 Le Seigle (Secale cereale ; suédois, Rag) se cultive dans toute la Suède, du moins jusqu'à l'Ângermanna-elf; il appar- tient toutefois plus spécialement à la Suède moyenne. En Dalé- carlie, le Seigle d'hiver s’avance jusque dans la vallée d’Elfdal (61° 14’), à une altitude de 210 mètres, et le Seigle de printemps croît encore à Idre (510 mêtres). Dans le Norrland, il suit les côtes de la mer jusqu'à Haparanda, et pénètre le long des grands cours d’eau dans l'intérieur du pays (67° 56"), à une distance d’en- viron 11 myriamètres du golfe de Bothnie. On le cultive encore à Storsand et à Storbacken (Laponie de Lule), à une altitude de 130 mètres environ. Plus haut, il ne réussit que dans les localités favorisées, mais en général il doune de riches moissons, même dans les provinces norrlandaises. — Au point de vue de sa cul- ture, le gouvernement de Malm (Scanie) paraît être celui qui en fournit le plus ; viennent ensuite l'Ostrogothie, le gouverne- ment de Calmar (Smäland), la Sudermanie, l’'Upland, les gou- vernements de Skaraborg (Vestrogothie) et d'Orebro (Néricie). 8" L’Orge (suédois, Korn) est chez nous une céréalé de prin- temps, dont la culture réussit dans un sol favorable sur toute l'étendue de la Suède, et qui, avec l’Avoine, prospère en Norr- land jusqu'à 68° 38’. Elle s’avance le long des fleuves jusque dans la région subalpine, mürit en général assez bien à une hau- teur de 300 mètres, et j'ai vu dans la Laponie de Lule des champs d'Orge parfaitement mûrs au-dessus de la région des Conifères, et à une hauteur de 450 mètres. Elle atteint la même alütude dans les districts alpestres du Jemtland, et en Dalécarlie 288 N. J. ANDERSSON. elle mürit dans la paroisse d’Idre (61° 56') à une hauteur de 510 mètres au-dessus de la mer. Le gouvernement de Malmôü est la partie de la Suède qui cul- tive le plus d’Orge ; viennent ensuite ceux de Christianstad, de Geffeborg, d'Upsal, de Colmar, du Norrland occidental et de Kro- noberg. La Néricie est la province qui en a le moins. h° L’Avoine (suédois, Hafre) est après l'Orge notre principale céréale de printemps, et se sème souvent avec celle-ci, consti- tuant dans ce cas le mélange nommé Blandsäd (grain mêlé, petit Blé) par nos agriculteurs ; cette dénomination est toutefois appliquée chez nous à divers autres mélanges de deux ou plu- sieurs graines, telles que Seigle et Froment d'hiver (Méteil), Seigle de printemps et Avome, Orge et Seigle d'automne, etc. L'Avome forme la principale culture de quelques régions arides de notre pays : celles, par exemple, des provinces de Vermland et de Smäland ; dans d’autres part'es, on la cultive beaucoup plus qu'auparavant. Elle atteint en Dalécarlie (Särna, 61° 40’) une altitude de 480 mètres au-dessus de la mer. En Norrland, elle s'avance le long des côtes jusqu'aux fron- tières de la Laponie, lesquelles constituent aussi la limite du Seigle. 5° Le Sarrasin (suédois, Bokhvete), dont nous avons deux espèces : le Sarrasin commun ou Blé noir (Fagopyrum esculen- tum Gærtn.) et le Sarrasin de Tartarie (F. emarginatum Gærtn. F. lataricum L.), appartient presque exclusivement à la région du Hêtre, quoiqu'on le rencontre parfois cultivé dans les terres sablonneuses de Ia Suède moyenne et du Gestrikland ; la pre- mière espèce résiste le mieux au climat, et elle paraît pouvoir être cultivée encore plus au nord. Semé au commencement de l'été, le Sarrasin mürit quelques semaines après l’'Orge, mais le rapport en est trés-incertain dans nos contrées, où tantôt cette céréale donne d’abondantes récoltes et tantôt manque totale- ment. PLANTES TUBERCULEUSES:, 1. Les Pommes de terre (suédois, Potates) constituent en APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. 209 grande partie la nourriture du peuple suédois : elles sont culti- vées dans tout le pays, et leur limite dans la région du Bouleau (420 à 480 mètres) est aussi celle de toute autre culture. Elles y mürissent aussi, à moins d’automnes très-défavorables, et ren- dent de 10 à 20 pour 1. En Norrland, on les plante ordinaire- ment à la fin de mai ou au commencement de juin, et on les récolte vers la fin de septembre. Pendant la période quinquen- nale de 1861 à 1865, la récolte annuelle de ce tubercule a donné 814 5238 tonneaux dans le gouvernement de Christianstad (Scanie), 613132 dans celui de Skaraborg (Vestrogothie), 96 096 dans celui de Vestrobothnie, 29 230 dans la Norrbothnie, et la récolte totale en Suède a été de 8 134 645 tonneaux. Cette plante alimentaire présente dans notre pays une quan- tité mfinie de variétés des plus grandes aux plus petites, et l'on peut affirmer sans crainte qu'il n'existe pas une seule variété étrangère qui n'y croisse ou n'y puisse croître. Dans le compte rendu, pour l’année 1864, des magnifiques cultures de l’Aca- démie royale d'agriculture, M. l’intendant Dannfelt a donné la lhste de 140 variétés blanches, 76 variétés rouges, bleues et noires, 13 variétés marbrées, en tout 229 sortes différentes. Une variété indigène y est mentionnée, c’est la Pomme de terre dite de Munsü. D'après le rapport de M. Dannfelt, elle a la priorité sur la plupart des variétés connues sous les dénominations de Kid- ney, Marjolin et de Flukes, comme résistant mieux au climat, et - comme moins sujette à la maladie qui depuis si longtemps affecte ce tubercule. A Stockholm, les Pommes de terre anglaises hâtives exigent soixante jours, les variétés dites de Fluke, les Pommes de terre oignons de Saxe cent vingt à cent trente jours, et les Pommes de terre de Svartsjo cent quatre-vingts Jours pour parvenir à leur maturité. 2, Le Houblon (Humulus Lupulus L.; suédois, Mumle) croît spontanément (peut-être passé depuis des siècles à l'état sau- vage) dans plusieurs parties du pays jusqu’en Jemtland, et on le cultive encore dans la Norrbothnie, à 6 ou 8 myriamètres des côtes. Les sortes les plus communes chez nous sont une variété 5€ série. Bor. T. VII. (Cahier n° 5.) 3 19 290 N. J. ANDERSSON. hâtive, une variété tardive, et, la meilleure et la plus recherchée, une variété à tige rougeûtre et à grands épis rouge brun. Plu- sieurs sortes étrangères ont été introduites et essayées ces der- nières années. | 8. Le Chanvre (Cannabis sativa ; suédois, Hampa) est cul tivé, quoique nulle part en grande abondance, jusqu’à la limite du Houblon ou à celle du Seigle en Norrland. Le Chanvre géant du Piémont à été essayé à Stockholm. h. Le Lin (Linum usitatissimum L.; suédois, Lin, dontle L. cre- pilans est une modification à capsules s’ouvrant d’elles-mèmes à la maturité) a reçu dans ces dermiers temps la même exten- sion que les végétaux précédents. Sa culture en grand à prinei- palement leu dans le Helsmgland et l’Angermanland, ainsi que: dans certaines parties des gouvernements de Jünkôping (Smä- land) et d'Elfsborg (Vestrogothie). Parmi les sortes essayées à Stockholm, le Lin d'Italie s’est fait remarquer par la grosseur de ses graines. La récolte annuelle du Lin et du Chanvre s'élève encore en Suède à 40 000 quintaux de graines et 90 000 quintaux de ma- lière textile. 5. Le Colza (suédois, Raps) présente chez nous deux variétés différentes : la Vavette d'hiver (Brassica Napus oleifera ; sué- dois, Kalraps ou Rapsat), et la Navette d'été (Brassica Rapa olei- fera; suédois, Rofraps; allemand, ÆRübe,l. Rübsen). Toutes deux se sèment en automne et au printemps. La culture du Colza d'hiver à lieu principalement en Scanie (production annuelle, environ 26 006 tonneaux) et dans l’île de Gotland. Le Colza d'été prospère jusqu’au Mälar, du moins en Néricie. La récolte totale annuelle donne une moyenne de 27 300 tonneaux. 6. Tabac (suédois, Tobak). Les espèces les plus usitées sont les Nicotiana Tabacum (variété Amerfort), N. macrophylla (variété Goundie) et N. rustica (cette dernière la plus commune). Cette plante se cultive principalement dans le voisinage des villes, où APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. 291 l'on dispose de grandes quantités d'engrais très-forts. Au-dessus de la Suède moyenne cette culture est de peu d'importance. ARBRES FRUITIERS, ARBUSTES ET PLANTES A FRUITS COMESTIBLES,. La culture des arbres fruitiers en Suède date du moyen âge, et les moines paraissent en avoir été les premiers promoteurs, Gustave Wasa et Charles IX s’mtéressèrent, dit-on, spécialement à cette branche de l'économie rurale, et au temps de la reine Christine, la riche noblesse y consacra une attention toute parti- culière. Au commencement du xvin° siècle on énumère, comme cul- tivées chez nous, 43 variétés de Cerises, 30 variétés de Prunes, 129 de Poires et 53 de Pommes. L'hiver de 1709 fut d’une lon- gueur et d'une sévérité extraordinaires ; une grande quantité d'arbres fruitiers périrent, et la plupart, sinon la totalité, des arbres de nos vergers dans la Suède moyenne ne remontent sans doute pas au delà de l’année 1710. Mais si c'est un fait que le xvnr° siècle a vu se réaliser d’im- menses progrès dans cette branche de la culture nationale, c’est principalement dans ces dernières années qu'elle s’est élevée, avec l’agriculture, à une hauteur que l’on n’eût jamais pu pressen- tir chez nous. Depuis la fondation, à Stockholm, en 1832, de la Société suédoise d'horticulture, non-seulement les jardins des grands domaines ont reçu infiniment plus de soins, et les jardi- ners pépimiéristes, amsi que des sociétés d'actionnaires, ont dé- ployé une plus grande activité et multiplié leur production, mais encore des sociétés horticoles ont été fondées partout, même jus- qu'en Vestrobothnie, et de vastes pépinières ont été créées dans plusieurs de nos provinces (gouvernements d'Upsal, Linkôüping, Skara, Wexiô, etc.), d’où de bonnes espèces fruitières appro- priées au climat se sont répandues dans tout le pays, en même temps que l'on à importé beaucoup plus qu'auparavant, prinei- palement de l'Allemagne du Nord, des sortes jugées convenir à nos climats. Par ces différents moyens, la masse des arbres frui- tiers s'est prodigieusement augmentée en Suède dans le cours des vingt dernières années, et l'on peut dire sans exagération que # 292 N. J. ANDERSSON. différents points du pays possèdent la plupart des espèces plus ou moins communes de l'Allemagne du Nord, et qu’à l'égard du moins de la culture des Pommiers, la Suède n’est pas fort au- dessous des régions de l'Europe du Nord où cette culture est le plus développée. | Une contribution fort importante pour les progrès et le traite- ment rationnel de cette culture a été fournie par M. le docteur en philosophie O. Eneroth, lequel, après l'étude persévérante et étendue des arbres à fruits de notre patrie, a récemment publié un travail très-remarquable sous le titre de Manuel de pomologie suédoise (Handboki Svenik pomologi). On y trouve l’énumération d'un grand nombre de variétés de Pommes et de Poires, mdi- gènes ou introduites de l'étranger en Suède. Il. — FRUITS À NOYAU (PRUNUS L.). A. Prunier (Prunus domestica L.; suédois, Plommon). Sa limite s'étend Jégèrement au nord de l’'Ângermanna-elf, et sa présence au-dessus de cette latitude est excessivement spora- dique. En 1865, on voyait à Torne un petit Prunier nain qui n'avait jamais porté de fruits. Des Pruniers plantés naguère à Pite ont beaucoup souffert des hivers rigoureux de ces dernières années, et n’ont pas encore porté de fruits. 2. Cerisier (Kürsbarstrad) ; à fruits doux, Merisier (Prunus avium ; suédois, logelbär) ; à fruits acides, Cerisier (P.Cerasus ; suédois, Klarbar), dontnous possédons un très-grand nombre de variétés. 3. L’'Abricotier (Armeniaca vulgaris ; suédois, Aprikostr ad) est cultivé en espalier (et en serre) dans la Suède méridionale et moyenne, où 1l mürit souvent ses fruits. h. Le Pécher (Persica vulgaris; suédois, Persikotrad) est un arbre fort délicat, qui dans les étés froids ne müûrit pas même en espalier dans la Suède méridionale. Les principales variétés cultivées en serre sont : Madeleine blanche, grosse Mignonne et APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUËDE. 203 double Montagne, Pêche Pavie, Old Newington, Pêche petite, Violette hâtive et Brugnon violet musqué. 5. L'Amandier (Amygdalus communis ; suédois, Mandel- buske) est presque exclusivement cultivé comme arbrisseau d’or- nement; dans les étés les plus chauds, ses fruits parviennent à une demi-maturité jusque sous la latitude de Stockholm. 1. Le Chdtaignier commun (Castanea vesca ; suédois, Kastan- jetrad) mürit dans les étés favorables ses fruits dans les parties méridionales de la Scanie. 2, Le Noyer (Juglans regia ; suédois, F’alnôtsträd) est cultivé jusque dans le bassin du Mälar. Dans les étés chauds, ses fruits mürissent à Stockholm. Cet arbre atteint dans l’île de Gotland des dimensions considérables et un diamètre de 90 centimètres. Les Noix (suédois, Falnotter) y mürissent au commencement d'octobre. 3. Le Noisetier (Noïisetier aveline, Corylus Avellana ; suédois, Hassel ; Noiseites : Hasselnôtter) croît jusqu’en Angermanland ; mais le Noisetier franc (C. tubulosa Willd.), et ses variétés, n'est guère cultivé qu'en Scanie, quoiqu'il réussisse parfaite- ment jusque dans la vallée du Mälar. 1. Vigne (Vaitis venifera L.; suédois, Vinranka; Raisin : Vindrufva). Le Raisin müûrit assez souvent en plein air dans la Suède méridionale ainsi que dans l’île de Gotland, mais très- rarement à Stockholm (Raisin précoce, Chasselas). 2. Le Mürier (Morus nigra ; suédois, Mullbar) est cultivé pour ses fruits dans la Suède méridionale et à Gotland, où ils par- viennent ordinairement à maturité. Le jardm botanique d'Upsal en possède deux exemplaires datant du temps de Linné ; au prin- temps, on les transporte avec leurs pots en plein air, où leurs fruits müûrissent parfaitement. 3. Le Figuier (Ficus carica L.; suédois, F'ikon) présente les mèmes conditions que les deux types précédents, quoiqu'il mürisse plus rarement encore ses fruits en plein air. 29/ N. J. ANDERSSON. h. Les Groseilliers (Ribes Uva crispa; suédois, Krusbär ; R. Grossularia ; suédois, Stickelbär) sont cultivés jusqu’en Norrbothnie, où leurs fruits mürissent encore sous le 67° de latitude nord, à 4 ou 8 myriamètres des côtes ; leurs fruits arrivent ordinairement à maturité vers la fin de juillet. 5. Le Cassis (Ribes nigrum; suédois, svarta Finbar) et le R. rubrum sont indigènes dans nos contrées, et croissent jusque dans les régions les plus septentrionales; aussi les cultive-t-on aussi loin que l'horticulture peut s’étendre vers le nord. ARBRES ET ARBRISSEAUX D'ORIGINE ÉTRANGÈRE CULTIVÉS EN PLEIN AIR EN SUËDE. La connaissance des plantes ligneuses étrangères cultivées dans différentes parties de notre pays n’est pas encore aussi com- plète qu'on le pourrait désirer. Le désir de s’entourer d’arbres d’arbrisseaux étrangers n’est pas aussi général qu’il pourrait l'être chez nous, ce qui provient peut-être des masses d'arbres indigènes dont notre pays est couvert. Mais comme la résistance de ces végétaux à nos hivers earac- _térise à un haut degré notre climat, j'emprunterai à des listes qui m'ont été communiquées la nomenclature des espèces les plus importantes et les plus communes croissant dans notre pays sous différentes latitudes. J'en exclurai toutefois une grande quantité dont la présence est essentiellement sporadique, ainsi que d’autres plantes de jardins, sur la dénomination desquelles règne une grande incertitude. En commençant par les provinces septentrionales de la Suède, et en énumérant pour les provinces méridionales les plantes ligneuses qui s'y ajoutent aux précé- dentes, il sera facile de déterminer l'aire géographique de ces types autant qu'elle est connue chez nous, ce qui veut dire très- imparfaitement. Norrbothnie, 66 degrés (d’après les communications de M. Rin- SIUS) : Amelanchier Botryopium DC. murit ses fruits. Populus balsamifera L., Prunus virginiana L., Caragana arborescens Lam., Cornus alba L., stricta Lam. et sibirica L., Syringa vulgaris L., Sambucus racemosa L., Elæagnus macrophylla Thbg., APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. 295 Cratægus sanquinea Schrad., Lonicera Ledebourii Eschs. et tatarica L., Mahonia aquifolium Nutt., Ribes aureum L., Rubus odoratus L,, Amygdalus nana V., Spiræa acutifolia W., alpina Pall., salicifolia L., sorbifolia 1, Ampelopsis hederacea Mchx» Deutzia gracilis S. Z., Artemisia Abrotanu m L., Symphoria racemosa Psh., Berberi dulcis Scop. Vestrobothnie, 64 degrés (communiqué par M. Rosendahl) : Pinus Larir L., Viburnum Lantana L., Evonymus latifoliis Scop., angustifolius Psh, et verrucosus Scop., Philadelphus coronarius L., floribundus Schrad. et nanus Hort., Amygdalus georgica Desf., Spiræa callosa, carpinifolia, lævigata \., wlmifo- lia Scop. et thalictroides L., Hydrangea nivea Mchx., Ceanothus americanus L. Jemtland, 63 degrés (communiqué par M. Lignell) : Acer Pseudoplatanus L., Æsculus Hippocastanum L., Populus balsamifera L. # pyramidalis L., Caragana arborescens DC., Cornus alba L. et sanguinea L.., Lonicera tatarica L. et Caprifolium L., Sambucus nigra L. et racemosa L., Syringa vulgaris L. et chinensis W., plusieurs espèces des genres Rosa et Spiræa, Ligustrum, Ribes aureum L., Philadelphus coronarius L., Rubus odoratus L., Symphoria racemosa Psh, Amygdalus nana L. | Suède moyenne, 57° — 60° (Gefle, Upsal, Stockholm, Carlstad et Gothembourg ; d’après les communications bienveillantes de MM. Pettersson, Larsson, Ljungdahl et Lüwegren). Cette vaste région de notre patrie possède une foule d'arbres et d’arbustes venant principalement de la Sibérie ou de l'Asie orientale, de l'Amérique du Nord et du Japon. Les espèces suivantes sont les plus communes et supportent parfaitement le climat : Conifères : Pinus austriaca Host., 2nops Ait., Pallasiana Lamb., Pumilio Hænk., pyrenaica Lapeyr., Cembra L., Strobus L,; Abies acutissima H., alba Mx, nigra Mx., orientalis Poir., canadensis Mx.; Picea balsamea Voud., Nordmanniana Lond., Larix dahurica Sams., pendula Salisb.; Thuja occidentalis L., plicata Donn., Warreana H.; Juniperus Sabina L., squamata Don., virginiana L.; Tazus adpressa Knight, __ Salicinées : Salix alha ., dasyclados Wimm., Doniana Sm., holosericea Ws purpurea L., stipularis Sm., Smithiana W.; Populus alba L., angulata Ait., cana- densis Mx., canescens, monilifera Aït., nigra L., trepida Wall, græca Ait. Bétuiacées : AZnus cordata Ten., serrulata W., viridis ; Belula excelsa, papyra- cea et populifolia Ait, nigra L., macrophylla H., urticifolia H. _Cupulifères: Quercus Cerris L., coccinea L., rubra L., tinctoria L., alba L.. discolor Aït., obtusiloba Mx., palustris Dub.; Fagus ferruginea L,; Castanea vesca L. (comme arbrisseau) ; Carpinus americanus W., orientalis L.; Corylus Colurna Le tubulosa W. Juglandées : Juglans regia L. (mürit à Stockholm ses fruits dans les étés les plus chauds), nigra L. (plus vigoureux); Carya alba, amara et porcina Mx (deviennent seulement des arbrisseaux) ; Plerocarya caucasica Kunth, 296 N. J. ANDERSSON, Ulmacées : Ulmus americana L., effusa W., fulva H., glabra Mill.; Celtis austra- lis L., occidentahs L. Éléagnées : El. argentea Mnch., Shepherdia canadensis Mett. Anacardiacées : Rlus radicans L., Toxicodendron L., typhina L., vernicifera DC., glabra L. Solanacées : Lycium barbarum L., ruthenicum Murr. Oléinées : Chionanthus virginica L.; Syringa Emodi Wall.,persica L., chinensis W., Josikæa Jacq., rothomagensis Loud.; Fraxinus americana W., aucubæfolia H., sambucifolia Lam., cinerea Bosc., oxyphylla Lois. Caprifoliacées : Lonicera glauca Mch., Goldii Spr., atropurpurea Benth., proli- fera Booth., ciliata Mülhb., Ledebourii Esch., alpigenal., orientalis Lam., sibirica MB., dioica L., discolor Lindl., kispida Pall., grata Aït.; Symphoricarpus montanus HBK., racemosus Mx., vulgaris Mx., Weigelia rosea Lindl.; Sambucus canadensis L., variétés du nigra ; Viburnum Lantana L., lantanoides Mx., edule Psh, prunifolium L., plicatum Thbg., dentatum L., pyrifolium Poir. Cornées : Cornus florida L., mascula L., alternifolia L., circinata L'Her,, aus- tralis Sans., sericea L’Her., sibirica Lodd,, stricta Lam. KRhamnées : Rhamnus alnifolius L'Her., alpinus L., tinctorius BK., spathulæf{o- lius FM. Célastrinées : Evonymus nanus MB., angustifolius Psch, atropurpureus Jacq., latifolius Scop., verrucosus Scop. Ribésiacées : Ribes divaricatum Dougl., gracile Mx., niveum Lindl., atropurpu- reum Mey., caucasicum MB., floridum L’'Her., lacustre Poir., rigens Mx., tenvifolium Lindl., opulifolium et saxatile Hort., aciculare Sm., Cynosbati L., gracile Mx., dia- canthum L., multiflorum WK., petræum Waulf., glaciale Wall., sanguineum L., triste Pall., etc. Saxifragées : Iteavirginica L., Hydrangea japonica Sieb. Philadelphées : Phïladelphus grandiflorus W., Gordonianus Lindl., speciosus Schrad., laxus Lodd.; Deutzia canescens Zieb., crenata S. Z., scabra Thbg. Rosacées : Spiræa cuneifolia Wall., bella Sims., cana WK., chamædrifolia X.., cratægifolia H., crenata Gou., Hookeri H., hypericifolia 1, nepalensis Wall., opulifo- lia L., media Schm., nana H., triloba L., Billardit H., Douglasii Hook., oblongi- folia WK., eximia H., lanceolata Borkh., Regeliana Rig., prunifolia S. Z., Nobleana Hook., {omentosa L., etc.; Rubus occidentalis L., spectabilis Psh, nutkeanus DC.; une quantité de Rosa (R. centifolia, gallica, pimpinellifolia et damascena). Amygdalées : Prunus americana Psch, cerasifera Ehrh., divaricata Led.; Cera- sus Chamæcerasus Lois., Mahaleb L., pensylvanicus Hook., serotinus Ehrh. Pomacées : Cratægus Crus-galli L., linearis Pers., prunifolia Bosc., coccinea L., rotundifolia Munch., punctata Aït., flava Aït., Aronia Bosc., pectinata Bosc. glandulosa W., nigra WK., orientalis Bosc., pentagyna WK., virginica Lodd., etc.; Mespilus germanica L.; Amelanchier ovalis DC.; Aronia grandifolia Sp.; Sorbus ame- ricana OE., edulis Koch, intermedia Pers., græca Lodd., nepalensis H.; Cotoneaster affinis Lindl., Pyracantha Sp., acuminata Lindl., laxifiora Jacq., uniflora Bunge ; Cydonia japonica Pers., vulgaris L.; Pyrus nivalis Jacq., Ringo Sieb., præcox H., flo- ribunda Sieb., paradisiaca H., baccata L., cerasifera Tausch., spectabilis Ait., Pollve- ria L., amygdaliformis Vill., Michauxii Bosc, salvifolia DC. Papilionacées : Gleditschia caspica Desf., ferox Desf., longispina H., macroacan- APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÈDE. 297 tha Desf., triacantha L.; Robinia Pseudacacia (Bessoniana)L., viscosa Vent.; Halimo- dendron argenteum Fisch.; Caragana frutescens DG., Chamlagu Vam., mollis Bess., pygmæa DC., spinosa DG., Redowski DC., Altagana Poir.; Cytisus austriacus L., capi- tatus Jacq., nigricans L., caucasicus H., elongatus WK., supinus L., purpureus Scop., uralensis Led., sessilifolius, alpinus Mill., Laburnum L.; (Sophora japonica L.; Amor- pha fruticosa L.; Colutea arborescens L., cruenta Aït., media W.) Zanthoxylées : Ptelea trifoliata L, Acérinées : Acer macrophyllum Psh, spicatum Lam., tataricum L., lætum Mey., monspessulanum L., ibericum L., Opulus Aït., rubrum L., dasicarpum Ehrh., opuli- folium Vill., saccharinum L,, striatum Lam. Staphyléacées : Staphylea pinnata K., trifoliata L., colchica M. Hippocastanées : Æsculus Hippocastanum avec nombre de variétés, /lava Aït., floribunda AÀ., Pavia L. (variétés), rubicunda Lois., spectabilis H., Lyonti H., Whitleyii H. Tiliacées : Tilia alba Mx. (argentea Desf.), vitifolia Host., americana L., bego- niæfolia, macrophylla, ete. H. Tamariseinées : Tamarix gallica L. Berbéridées : Berberis asiatica Roxb., canadensis Psh, actinacanthos Mart., cratægina DC., macrocarpa Schrad., sanguinolenta Schrad., integerrima Bunge, spathulata Schrad.; etc. Plantes grimpantes : Vitis Labrusca L. (a donné des fruits à Upsal ), vu/pina L., Clematis Flammula L., orientalis L., virginiana L., vitalba L., campaniflora Brot., Viorna L., Celastrus scandens ; Menispermum canadense 1, ; Lonicera sempervirens Ait.; Hedera Helix L., hibernica H., colchica H., digitata H.; Rosæ, Aristolochia Sipho L., tomentosa Sims. Les espèces suivantes doivent être couvertes pendant l'hiver dans la Suède moyenne, sinon elles y gèlent totalement. On ne peut donc les considérer comme naturalisées. Elles réussissent par contre dans nos provinces méridionales, ainsi que dans l’île de Gotland (d'après M. le docteur Westôü), et parfois aussi le long de la côte occidentale (suivant la communication de M. Lüwegren) : Conifères : Pinus Laricio Poir., excelsa Wall., Lambertiana Dougl.; Abies Smi- thiana Loud., Douglasii Lindl., Menziesii Loud.; Picea amabilis Loud.; cephalonica Loud., grandis, nobilis, pectinata, Pichta et inops Loud.; Cedrus atlantica Man., Deodara Roxb., Libani Barrel.; ‘ Araucaria imbricata R. P.; Cupressus Lawsomana Murr., nutkaensis Lamb.; Cryplomeria japonica Don, Lobbii H.; Sequoia gigantea Endl.; Refinospora ericoides Z.; Chamæcyparis sphæroidea Sp.; Taxodium distichum Rich.; Thuja gigantea, Nutt.; Biota orientalis (aurea), pendula Endi., tatarica Loud.; Juniperus chinensis L,, excelsa MB.; Cephalotaxus Fortunei Hook.; Salisburia adian- tifolia Sm. Piatanées : Platanus orientalis L., vulgaris Sp. Cupulifères : Quercus pseudo-Ægilops, Ægilops, L.; Castanea vesca (présente une tige de 5 centimètres de diamètre en Scanie) ; Ostrya vulgaris W, 298 N. J. ANDERSSON., Salicinées : Salix babylonica L. Scrophulariées : Paulownia imperialis $. Z. (n’a pas encore fleuri). Bignoniacées : Tecoma radicans Juss.; Catalpa syringæfolia Sims. (n’a pas encore fleuri). Oléinées : Fraxinus excelsior var. aurea, lentiscifolia Desf., Ornus L. Éhénacées : Diospyros Lotus L., virginiana L. Styracées : Halesia tetraptera L. Éricacées : Andromeda speciosa Mx., floribunda Psh, racemosa H.; Rhododen- dron ponticum L., catawbiense Mx., maximum L.; Azalea pontica L. (plus vigou- reux) ; Kalmia latifolia L., angustifolia L.; Clethra alnifolia L,, tomentosa Lam. Bubiacées : Cephalanthus occidentalis L. Caprifoiiacées : Lonicera brachypoda H.; Weigelia amabilis Planch., splen- dens H, Cornées : Aucuba japonica L,.; Aralia spinosa L. Papilionacées : Gymnocladus canadensis Lam.; Wüstaria chinensis DC.; Amorpha caroliniana, Lewisi Lodd.; Colutea haleppica Lam.; Cytisus purpureus; Spartium Junceum L. Aquifoliacées : lex Aquifolium L.; Prinos glabra L. Hamamélidées : Liguidambar imberbe W., styraciflua L. Anacardiacées : Rhus Cotinus L. Calycanthées : Calycanthus floridus L., occidentalis Hook. Pomacées : Cotoneaster buxifolia, rotundifolia et micropghylla Wall., nummula- ria Lindl., Aronia arbutifolia P. è Amygdalées : Amygdalus glandulosa Hook., chinensis H., Prunus Lawrocerasus L., lusitanica L. Rosacées: Spiræa prunifolia S. X., ariæfolia Sm., etc,; Kerria japonica DC.; Rosa hybrida, borbonica, semperflorens, indica L. Euphorhiacées : Buxus sempervirens L. (atteint en Scanie une hauteur de 3-4 m.); Simarubacées : Ailantus glandulosa Desf. (produit chaque année à Stockholm de nouvelles pousses; atteint de grandes dimensions dans la Suède méridionale), Zanthoxylées : Zanthozylum fraxineum W. Acerineæ : Negundo fraxinifolium Nutt. (très-grand dans la Suède méridionale), Acer pensylvanicum L., obtusatum WK. Sapindacées : Kœ/reuteria paniculata Lam. Malvacées : Hibiscus syriacus L. Magnoliacées : Liriodendron Tulipifera L, (en Scanie la tige mesure 30 centi- mètres de diamètre). D’après des renseignements venus de l'École d'agriculture d'Alnarp en Seanie (côte sud-ouest de cette province), les espèces suivantes s y sont montrées plus ou moins sensibles au climat ; les branches, surtout chez de jeunes exemplaires, en ayant or- dinairement gelé dans les hivers un peu rudes : Ailantus glandulosa, Amorpha, Catalpa syringæfolia, Colutea arborescens, Coro- nilla Emerus, Cratægus Pyracantha, diverses espèces de Cytisus, Deutzia scabra APERÇU DE LA VÉGÉTATION EN SUÉDE. 299 Fraxinus lentiscifolia, Genista tinctoria, Juglans regia, Ligustrum ovalifolium, Morus alba, Pterocarya caucasica, Quercus Cerris, palustris, pyrenaica, Ribes sanquineum, diverses espèces de Berberis, Rosa et Rubus, Sophora japonica, Spartium, Spiræa Lindleyana, Tamarix gallica, ete. La Scanie possède, en outre, plusieurs végétaux ligneux d’une origine plus méridionale et prospérant aussi en Danemark, entre autres : Broussonnetia papyrifera Vent., Cercis canadensis L., Siliquastrum L., Chionanthus virginica L., Colutea Pocockii Aît., Juniperus Oxycedrus L., Pinus Pinea L., Platanus cuneata, Rhamnus Erythroxylon Pall., etc. Er vdi Dans le jardin botanique de Wisby, île de Gotland, les types suivants ont, suivant les données de M. le docteur Westüô, par- faitement supporté jusqu'ici le chmat de cette latitude : Acer saccharinum, Cydonia japonica, Forsythia viridissima, Hamamelis virginiana, Hibiscus syriacus, Kælreuteria, Pæonia Moutan, Abies Pinsapo, Pichta, Quercus cocci- nea, Rhus Cotinus, Robinia hispida, tortuosa, etc., Salisburia, Weigeliæ, Zizyphus Paliurus. Les suivants doivent être couverts : Acer Negundo, Azalea pontica, Crypto- meria japonica, Ficus carica, Indigofera Dosua, Liriodendron, Paulownia, Pyrus sibirica, Rhododendron ponticum, Ribes speciasum, Prunus Lauracerasus, Spartium Junceum et radiatum. Les espèces herbacées suivantes, quise trouvent en partie ré- pandues en Suède, n’y sont pas originairement spontanées, mais ont été introduites dans la flore suédoise de régions plus méri- dionales : Chrysanthemum Parthenium Pers., Matricaria discoidea DC., Senecio erraticus Bert., Inula Helenium L., Erigeron canadensis L., Echinops sphærocephalus X.., Tragopogon porrifolius L., Hieracium Sabaudum 1, Dipsacus pilosus L., Xanthium Strumarium L,, Sambucus Ebulus L., Campanula Rapunculus L., Escholtzia cristata W., Mentha viridis L., Datura Stramonium L., Scrophularia vernalis L., Linaria striata DC., Veronica persica Poir., Myrrhis odorata Scop., Pastinaca sativa L., Anethum graveolens L., Levisticum officinale Koch, Imperatoria Ostruthium L., Apium graveolens L., Reseda lutea L., Aquilegia vulgaris L., Papaver Rhœas L., som- niferum L., Corydalis nobilis L., Fumaria capreolata L., Diplotaxis tenuifolia DC., Sisymbrium Loeselii L., Lrio L., Hesperis matronalis L., Nasturtium Armoracia (L.), Lepidium DrabaL., Malva sylvestris L., Alcea L., moschata L., Althæa officinalis, L., Geranium phœum L., Erodium moschatum Aït., Oxalis stricta L., corniculata L., Viola odorata L., Siiene gallica L., Armeria L., Saponaria officinalis L., OEno- thera biennis L., Potentilla inclinata Will., Lathyrus tuberosus L., Vicia sativa L., Medicago sativa L., Euphorbia Cyparissias L., Mercurialis annua L., Aristolochia Clematitis L., Asarum europæum L., Parietaria officinalis L., Amarantus Blitum L., Afriplex hortensis L., nitens L., Blitum capitatum L., virgatum L., Crocus vernus, L., Narcissus pseudo-Narcissus L., Leucoium vernum L., Galanthus nivalis L., Tulipa 300 N. J. ANDERSSON. L2 Lin À 2e 3. CONSPECTUS SPECIERUM LICHENUM NOVO-GRANATENSIUM COLLEMA Ach. . coccophylloides Nyl. . glaucophthalmum Nyl. . implicatum Nyl. . pycnocarpum Nyl. LEPTOGIUM (Ach.). L. foveolatum Nyl. PIE TS . L. tremelloides (Ach.). Var. azureum (Sw.). . L. diaphanum (Sw.). . L. pulchellum Acn. L. denticulatum Nyl. . L. Menziesii Ach. . L. chloromelum (Sw.). . L. phyllocarpum (Pers.), Var. macrocarpum Nyl. . L. bullatum Ach. . L. corrugatulum Nyl. . L. inflexum Nyl. Var. isidiosulum Nyl. MYRIANGIUM Mnt. et Berk, . Myriangium glomerulosum (Tayl.) (M. Duriæi Mnt.). CONIOCYBE Ach. . C. furfuracea Ach, CALICIUM Ach. C curtum Borr. TRACHYLIA (Fr.) Nyl. . Tr. leptoconia Nyl. TYLOPHORON Nyl. . T, protrudens Nyl. . T. moderatum Nyl, SPHÆROPHORON Pers. . Sph. compressum Ach. BÆOMYCES Pers. B. absolutus Tuck. B. fungoides Achb. B. imbricatus Hook. RSS © ND [ES Qt & U N GLOSSODIUM Nyl . GL. aversum Nyl. STEREOCAULON Schreb, (1). . St. lecanoreum Nyl. . St. ramulosum (Ach.) Nyl. . St. proximum Nyl. Var, compressum Nyl. St. mixtum Nyl. St. myriocarpum Th. Fr. St. albicans (Th. Fr.) Nyl. CLADONIA (Hffm.) . Cl. fimbriata Hffm. CL. gracilis var. ochrochlora (FIk.). . CL. degenerans f. trachyna (Ach.). F. gracilescens FIK. . CI. stenophylla Nyl. . CI. symphoriza Nyl. . CI. muscigena Eschw. CLADINA Nyl. . CL rangiferina Hffm. . CI. sylvatica Hffm. Var. pycnoclada (Pers.). . CI. aggregata (Sw.). ROCCELLA DC. R. fuciformis Ach. SIPHULA Fr. . S. fastigiata Nyl. THAMNOLIA Ach. . Th. vermicularis Ach. USNEA Hffn. U. barbata /. plicata (L.). . U. ceratina Ach. . Ü. gracilis Ach. U. longissima Ach. . U. lævis (Eschw.) ALECTORIA (Ach.). . A. Loxensis (Fée). Var. atroalbicans Nyl. (1) In Lich. Lapp. or., p. 177, animadverti, in serie systematica locum meliorem dari Stereocauleis aute Cladonieos ob naturam in illis granulosam thalli, gradum inferiorem inter typos adscendentes exprimentem. 350 J. TRIANA ET J-E. PLANCHON (W. NYLANDER). 1e RAMALINA Ach. R. calicaris (Ach.). Var. farinacea (L.). Var. denticulata (Eschw.). . R. Bogotensis Nyl. CETRARIA (Ach.). C. Islandica var. crispa Ach. PELTIGERA (Hffm.). . P. pulverulenta Tayl. P. rufescens Hffm. . P. microdactyla Nyl. P. polydactyla Hffm. Var. dolichorhiza Nyl. . P. leptoderma Nyl. STICTINA Nyl. . St. crocata (L.), St. Humboldtii (Hook.). . St. gyalocarpa Nyl. . St. Kunthii (Hook.). . St. Lenormandii (v. d. B.). . St. tomentosa (Sw.). Var. dilatata NyL. . St. quercizans (Mich.) Nyl. Var. peruviana (Del.). 8. St. fuliginosa (Ach.). gHrwne . St. peltigerella Nyl. . St, Andensis Nyl. STICTA (Ach.) Nyl. . St. laciniata Ach. Var. læviuscula Nyl. . St. damæcornis var. sinuosa (Pers.). Var. subscrobiculata Nyl. . St. aurata Ach, RICASOLIA (DN.). . dissecta (Ach,) . Fendlerii Tuck. et Mnt. . corrosa (Ach.). . subdissecta Nyl. . pallida {Hook.). . erosa (Eschw.). PARMELIA (Ach.). TDR TT P. perforata Ach. P. perlata var. ciliata DC. P. olivetorum (Ach.). P. latissima Fée. P. lævigata (Sw.). P. sublævigata Nyl. Var, Texana (Tuck.). . cervicornis Tuck. P . P. reducens Nyl. P . limbata Laur, 10. F uw D P. Kamtschadalis Mey. et Flot. var, americana . P. Borrerii Turn. (f. rudecta Ach.). P. osteoleuca Nyl. . P. tæniata Nyl. . P. leucobates Nyl. . P. hypotrachyna Nyl, PARMELIOPSIS Nyl. . P. angustior Nyl. PHYSCIA (DC.). Ph. flavicans (Sw.). . Ph. acromela (Pers.), . Ph. hypoglauca Nyl. . Ph. leucomela Mich. Var. angustifolia (Mey. et Flot.). Var. podocarpa (Bél. ). . Ph. speciosa (Wulf.). Var. hypoleuca-(Ach.). * Ph. Domingensis (Ach.). ** Ph. obscurata Nyl. . PI. dilatata Nyl. . Ph. stellaris (L.). . Ph. obsessa (Mnt.) Nyl. . Ph. obscura /. endochrysea Hmp. Var. ulotrichoides Nyl. . Ph. adglutinata (FIk.). * Ph. syncolla Tuck. . Ph. picta (Sw.). PYXINE Fr. . P. Cocoës (Sw.). Var. sorediata (Ach.) 2. P. Meissnerii Tuck. ND — L3 Q9 NO 16 -® DIS E 9. 10. 14: 12, PANNARIA (Del.). . P. pannosa (Ach.). P. nigro-cincta (Mnt.). . P. (Coccocarpia) molybdæa Pers, Var. incisa (Pers.). Var, pellita (Sw.). * P. aurantiaca (Hook.). ** P, cronia (Tuck.), LECANORA Ach. L. candelaria 7, substellata (Ach.). L. murorum /, obliteratum (Pers.) L. aurantiaca (Lghtf.). Var. erythrella Ach, L. crocantha Tuck. L. conjungens Nyl. . L. russeola Nyl. . L. subferruginea Nyl. L. pallidior Nyl. L. diducta Nyl. L, pyracea (Ach.). L, Brebissonii (Fée), 27. L, glaucodea Nyl. 28, L. umbrina (Ehrh.). 29. L. cæsiorubella Ach. 30. L. subæruginosa Nyl. 31. L. mesoxantha Nyl. 32. L. concilians Nyl. 33. L. multifera Nyl. 34. L. atra Ach. 35. L. sulphureofusca Fée. 36. L. alboatrata Nyl. 37. L. punicea Ach. 38. L. xanthophana Nyl. 39. L. (Urceolaria) scruposa Ach, PERTUSARIA DC, 4, P. vaginata (Turn.). 2. P. multipuncta (Turn.). 3. P. dealbata (Ach.). &. P. pustulata (Ach.). 5, P. albidella Nyl. 6. P. thelocarpoides Nyl. 7. P. achroiza Nyl. 8. P. leioplaca (Ach.). Var. octospora Nyl. Var. pycnocarpa Nyl, Var, trypetheliiformis Nyl. * P. tetrathalamia (Fén). **P. rhodiza Nyl. 9, P. assimilans Nyl. 10. P. rhodostoma Nyl. 41. P. tuberculifera Nyl. 42. P. ochrotheliza Nyl. 13. P. confundens Nyl. 14. P. pycnophora Nyl. THELOTREMA Ach. 4. Th. sphinctrinellum Nyl. 2. Th. terebratulum Nyl. 3. Th, pachystomum Nyl. PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, . L. erythroleuca Nyl. . L. erythroleucoides Nyl, L. Domingensis Ach. . L. amplificans Nyl. L. insperata Nyl. L. homobola Nyl. L, diplinthia Nyl. . colobinoides Nyl. . erysiphæa Nyl. . inæquata Nyl. . blanda Nyl. L L . L. pallescens Ach. L L . L. subfusca /. allophana Ach. Var. subcrenulata Nyl. Var. subgranulata Nyl. Var. coilocarpa Ach. * L. Bogotana Nyl. . L. albella jf. chlarona (Ach.). Var. præferenda Nyl. 351 4. Th. cavatum Ach. (et /, obturatum 3. À. rhabdosporum Nyl. k, A, postpositum Nyl. COŒNOGONIUM Ehrnb, 1, G. Leprieurii (Mnt.). 2. GC. Linkii Ehrnb, 3 GC. confervoides Nyl, k. CG. interplexum Nyl, 9. C. complexum Nyl. LECIDEA Ach, 4. L. lutea (Dicks.). 2. L. parvifolia Pers, 3. L, russula Ach, k. L. Piperis Spr, Var, circumtincta Nyl. 9. L. mutabilis Fée. Ach.) Var, submutatum Nvyl. Var. planius Nyl. Var. amplius Nyl Nyl.). . Th, concretum Fée, . Th. lævigans Nyl. Var. avertens Nyl. * Th. pauperius Nyl, Th. olivaceum Mnt. . Th, calvescens Fée. . Th. albidum Nyl. . Th. gymnocarpum Nyl. . Th, Auberianoïides Nyl, . Th. lepadinum Ach, . Th. leucomelanum Nyl. Var. cathomalizans Nyl, . Th. conveniens Nyl. . Th. monosporum Nyl. . Th. occlusum Nyl. . Th, glyphicum Nyl, . Th. compunctum (Sm.). . Th. Bahianum Ach. Var. obturascens Nyl. * Th. leucocarpoides Nyl. . Th. develatum Nyl. . Th, leucocarpum Nvyl. . Th. epitrypum Nyl, . Th. metaphoricum Nyl . Th. Wightii (Tayl.). . Th. inscalpens Nyl. ASCIDIUM Fée, . À, Domingense (Fée). . À. Cinchonarum Fée. Var. dodecamerum Nyl. 6. L. coarctata (Ach.). 7. L. furfuracea Pers. 8. L. demutans Nyl, . Th. clandestinum Fée (/. remanens 302 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (W. NYLANDER). 9. L. sororiella Nyl. Var. monophora Nyl, 10. L. trachona Flot. 10. Gr. rigida (Fée). 41. L. Andesita Nyl. Var. enteroleuca (Ach.). 42. L. perminima Nyl. Var, subducens Nyl. 13. L. melanella Nyl. 11. Gr. vernicosa (Fée). 44. L. sordidula Nyl. Var. monospora Nyl. 15. L. byssomorpha Nyl. Var, hyperbolizans Nvl. 16. L. hosthelcoides Nyl. Var. albicans Nyl. 47. L. bacillifera Nyl. __ * Gr. chrysocarpa (Eschw.). * L. albo-maculans Nyl. 12. Gr. cleistomma Nyl. 18. L. luteola (Ach.). 13. Gr. componens Nvyl. * L. endoleuca Nyl. 14. Gr. anguilliformis Tayl. *#* L. proposita Nyl. 15. Gr. tumidula (Fée). 49. L. millegrana (Tayl.). 16. Gr. Afzelii Ach, 20. L. squamulosula Nyl. 17. Gr. subtracta Nvl. 21. L. fulgidula Nyl. 18. Gr. symplecta Nyl. 22. L. fuscula Nyl. 19. Gr. striatula (Ach.). 23. L. melacheila Nyl, Var. elongata Nyl, 24. L. iodea Nyl. 20. Gr. substriata Nyl. 25. L. ischnospora NyL 21, Gr. pezizoidea Ach. 26. L. versicolor Fée. 22. Gr. iuusta Ach. Var. vigilans (Tayl.), Var. medusuliformis Nyl. . tuberculosa Fée. L. cyttarina Nyl. . L. admixta Nyl. . L, leucoxantha Spr. L. conspersa Fée, . L. parasema (Ach.) Nyl. Var. elæochroma Ach. Var. enteroleuca Ach. . L, contigua f. platycarpa (Ach.). . L. polycarpa FIk. ecrustacea. L. tenebrosa Flot. * L. umbricolor Nyl. L. disciformis (Fr.) Nyl. . L. myriocarpa DC. . L. sanguinariella Nyl. . L. subjuncta Nyl. 1 . L. petræa Flot. . L. proximans Nyl. . L. insignior Nyl. . L. Leprieurii Mnt. stellulata Flot. L: punctuliformis Nyl. . L. glabrescens Nyl. . L. geographica var. GRAPHIS Ach. . Gr, Ruiziana (Fée). Gr. comma (Ach.) Nyl. Gr. tenella Ach. . Gr. scripta Ach. Var. serpentina Ach. , glaucescens Fée. . assimilis Nyl. . sophistica Nyl. . dolichographa Nyl. r. analoga var. subtecta Nyl. subradiata NyL. viridiatra Flot. Gr. … GP: dendritica Ach. sculpturata Ach. Var, dissimilis Nyl. Var. . Gr. . colubrosa Nyl. . dimorpha Nyl. . aggregans Nyl. . serpentinella Nyl. . mesographa Nyl, *. patellula Fée. . grammitis Fée. . leiogramma Nvl, plurifera Nyl. leucocheila (Fée). triticea Nyl. . triphora Nyl. . Chlorocarpa Fée, . chrysentera Mnt, tetraphora Nyl, cometia Fée, r obtecta Nyl. scribillans Nyl. . agminalis Nyl. . homographiza Nyl. . reniformis Fée. . Poitæi Fée, . pachygrapha Nyl. . dividens Nyl. . intricata Eschw, . bypolepta Nyl. . radiata Nyl. . tachygrapha Nvyl. . alborosella Nyl, . tricosa Ach. + decolorascens Nyl. . Gr. intricans Nyl. ICE: . Gr. cinpabarina Fée. hæmatites Fée, © © JE O1 & 0 D FR = © — SD OR CS ND 18. PRODROMUS FLORÆ . Gr, hæmographa Nyl, Gr, cabbalistica Nyl. HELMINTHOCARPON Fée. . H. Le Prevostii Fée, OPEGRAPHA Ach, . O. prosodea Ach. . O0, Bonplandiæ Fée. . O. abbreviata Fée. . O. varia /. diaphora Ach, O. microsema Nvl. O, chionographa Nvl. . O. agelæa Fée, 0. onchospora Nyl. . O, leucophila Nyl. * 0. gracilior Nyl. . O. interalbicans Nyl. . O. diplasiospora Nyl. PLATYGRAPHA Nyl. . PL dilatata Nyl. . PI, homæoiïides Nyvl. . PI flaviseda Nyl. . PI. psaroleuca Nyl. PI, flavescens Nyl. . PI, permutans Nyl, . PI. leucopsara Nyl, PI. phlyctella Nyl. PI. endecamera Nyl. . PI. ocellata Nyl. . PI. elæocarpa Nyl. . PI. leptographa Nyl. . PL, rimata (Flot.). . PL. interrupta Fée. PI. lineolata (Nyl.) . PI. extenuata Nyl. ARTHONIA Ach. , À, cinnabarina Wallr. Var. adspersa (Mnt.). . À, rubella Fée, A. explanata Nyl. . polygramma Nvyl, . fuscoalbella Ny1. . pulicosa Nyl. . nephelina Nyl. . aleurocarpa Nvl. . scriblitella Nyl. . Xanthocarpa Nyl,. undenaria Nyl. . purpurissata Nvl. . ambiguella Nyl. . tædiosa Nyl. . macrotheca Fée. . polymorpha Ach. . complanata Fée. * A, excedens Nyl. A. astroidea Ach. et dl 0 où dl Du 5 5° série, Bor, T. VII. (Cahier n° 6.) 3 NOVO-GRANATENSIS, 19. A. analogella Nyl. 20. À. pruinosula Nyl, 21. A. miserula Nvl, GLYPHIS Ach. . GI. labvrinthica Ach. GI. actinobola Nyl. . medusulina Nyl, . GI, cicatricosa Ach, . G1. confluens Mnt. CHIODECTON Ach. 4. Ch. perplexum Nvyl. 2. Ch. farinaceum Fée. * Ch. decussans Nyl. * Ch. pterophorum Nyl. Ch. inconspicuum Nyl, FUN EE (ep Cb. sphærale Ach. Ch. subordinatum Nyl. Ch. hypochnoides Nyl. Ch. seriale Ach. . Ch. separatum Nyl. LISE MYCOPORUM Flot 1. M. pycnocarpum Nyl, 2. M. sparsellum Nvl. MELASPILEA Nvl 1. M. opegraphoides Nyl. CORA Fr, C. pavonia Web. = . DICHONEMA Nees. 1. D. sericeum (Sw.). VERRUCARIA Pers, 1. V. mastoidea Ach. * V. Tetraceræ Ach. 2. V.nucula Ach. Var. endochrysea (Mnt.). 3. V. dolichophora Nyl. * V. belonospora Nyl. h. V. catapasta Nyl. 9. V, pyrenuloides (Mnt.). 6. V. duplicans Nyl. 7, V. intrusa Nyl. 8. V. astroidea Fée, 9. V. aperta Nyl. 10. V. pleiomera Nyl. 11. V. subducta Nyl. 12, V. marginata Hook. * V. convexa Nyl. **V. Santensis Tuck, 13. V. mastophota Nyl. 14. V, mastophoroides Nyl. Ch. rubro-cinctum (Ehrub.). 23 99! 45. V. nitida Schrad. Var. nitidella FIK, J. TRIANA ET JE. PLANCHON (W. NYLANDER). STRIGULA Fr, # V, aspistea (Ach.). 1, Str. complanata Fée, 16. V. punctella Nyl. PARATHELIUM Nyl. Var. exstans NylL. 17. V. hypophyta Nyl: 4, P. polysemum Nyl. 48. V. cryptostoma Nyl. 2. P. indutum Nyl. 19. V. aggregata Fée, | DUT Ve ochraceoflava Nyl, MELANOTHECA Fée, 21. V. pupula Ach. 1. M, aciculifera Nyl, 29, V. catervaria Fée. *V. diffluens Nyl. TRYPETHELIUM Ach, . V. nitidi la Nyl. F V. DE Mini. 1. Tr. Columbianum Nyl, 95. Y. myriomma Nyl, 2. Tr. phæothelium Nyl. 96. V. thelotremoides Nyl. . Lx. pallesrens és. 27. V. subprostans Nyl. . Tr. scoria Fée. 98. V. obvoluta Nyl. 9. Tr, nigritulum Nyl. 29. V. diluta Fée. 6. Tr. annulare Mnt. Ty dirempta Nyl. 7. Tr. ochrothelium Nyl. 30. V. contendens Nyl. 8, de: Sprengelii Ach. 31. V. epidermidis var, Cerasi Ach, 9. Tr. madreporiforme Eschw. 32. V. apposita Nyl. 10. Tr. variatum Nyl. 33. V. thelena Ach. ASTROTHELIUM 34. V. cinerella Flot, ECURE 35. V. microphora Nyl. 1. A. sulphureum (Eschw.). Q 2, A. leucothelium Nyl, ENDOCOCCLS Nyl. * A, scorioides Nyl. 4, E. erraticus Mass. 3. À, diplocarpum Nyl, Ex hoc conspectu videre licet specierum, numeros quos offerunt in Nova Granata genera diversa et tribus Lichenum. In tabula sequente adduxi numeros specierum alpium Boliviensium vicinarum, quæ vix desunt in Andium columbiensium regionibus editissimis hucusque neglectis : ) Species Earum in Nova Granata. in Europa. CoemeneemmMEenect, 5, 0,4 4h RE #2 18 1 MYNMANC IA anne ere gere dE 4 ï COURRIER ee ste sr ut > - We ÉmQEe 3 a TYlONROTE TRE A... à: MER RRS 2 0 Sphærophorel. ...:..-2..:..% ner 1 à DÉPDLANBENS WMOPRMN AT A EELE d'os cs A 0 RienéotanienUe. «6... ch ses 6 0 Cladonier dir, PAC 0 2 À PRE M 41 6 RogéeHes emans «NX. , La er st 1 1 Sinon eo Le EU nie gène aus 2 1 User OMR Mmes du 2 l Evene ARR ee ss cts 2 0 Rémaine ORNE 7 AU CE pes à otage ne à 2 1 Cetrariaife AROMMQUD 0 ER LE monter À À Peltigerei 4/2 RUNUE, Si MTS A PIE u 6 l Parmeliéti"} 19058. 0. 4 PRE. 99 17 Pyxinel, 440 SR et 2. ILE. de. 2 0 Gyrophogér 277000 EE AR 3 1 Leésanorer*, FM T AP Lee dre 100 27 LOCIAERRL, L'ENTYNENE TRE 2 SR ds RE 17 Graphidei........ ut ER: sta à ES 8 PyrenmempeiUea nl, Jées AUDE 57 5 RCE NAN NE nv. OT 97 RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. FONCTIONS DES FEUILLES. Par M. B. CORENWINBER, (Extrait des Mémoires de la Société des sciences, d'agriculture, etc., de Lille, 1866.) Assimilation du carbone à la lumière solaire, Les savants qui ont étudié la respiration des plantes à la fin du siècle dernier opéraient généralement par une méthode assez grossière, mais qui cependant leur a permis de faire de bril- lantes découvertes et des observations qui n’ont pas perdu de leur valeur aujourd'hui. L'appareil dont 1ls se servaient consistait en une simple cloche de verre placée sur une soucoupe et renfermant des feuilles de plantes. La cloche et la soucoupe sont pleines d’eau de source. L'appareil étant exposé au soleil, les feuilles se couvrent bientôt de bulles nombreuses d’un fluide élastique qui vient se réunir à la partie supérieure de la cloche. Ce gaz examiné, on reconnaît qu'il est formé presque en totalité d'oxygène (air déphlogistiqué). C'est à l’aide de cet appareil que Senebier et surtout Ingenhousz ont fait de nom- breuses expériences sur lesquelles ils ont écrit des ouvrages intéressants qu'on peut consulter encore avec fruit aujour- d'hui (4). Une question à dû préoccuper d’abord ces physiciens, c'était celle de connaitre l'origine de l'air expiré par les feuilles main- tenues sous l’eau, au soleil. Ingenhousz prétendait que l'air déphlogistiqué qui sort de la surface des feuilles mises dans de l’eau n’est pas puisé par elles (4) Senebier, Mémoires physico-chimiques, 3 vol. Genève, 1782, —- Ingenhousz, Expériences sur les végétaux, 2 vol. Paris, 1787. 396 BR. CORENWINDER., dans cette eau (1). Les raisons qu'il donne à l'appui de cette opinion sont que l'air qu'on recueille des plantes sort disticte- ment de leurs pores ct que la quantité qui s’en échappe ainsi est supérieure à ce qu'on en pourrait tirer de l’eau par l’ébulli- tion. Cette manière de voir d’Ingeuhousz est erronée, ainsi qu’on l’a reconnu depuis. Senebier n’a pas tranché la question d’une manière aussi radicale que son compétiteur. Il l’a posée en termes dubitatifs qui prouvent que pour lui la chose n'était pas aussi claire. Voici comment il s’exprimait (2) : «L'air produit par les feuilles végétantes exposées sous l’eau au soleil est-il produit par l’air de l’eau qui passe dans la feuille et qui s'en échappe ensuite, ou provient-il originairement de cette feuille ? » Pour étudier cette question, ce physiologiste, ainsi qu'il le rapporte lui-même, mit des feuilles de Pêcher, de Joubarbe, des talles de Gramen, sous des récipients dont les uns étaient remplis avec de l’eau saturée d'air fixe (acide carbonique), d’autres avec de l’eau commune, d’autres avec de l’eau distillée, d'autres enfin avec de l’eau bouillie; il les exposa au soleil, et il trouva que les feuilles qui étaient placées dans l’eau chargée d'air fixe fournissait beaucoup plus d'air que les autres; que les feuilles placées dans l’eau commune en produisaient consi- dérablement plus que celles qui étaient dans l’eau distillée ou bouille, et que cette dernière était celle de toutes qui provo- quait le moins l'émission de cet air (3). Ainsi Senebier observa le premier que la présence de l’acide carbonique dans l’eau favorise l'émission de l'oxygène de la part des feuilles placées dans ce milieu, au soleil. Mais comme il ne connaissait pas la composition de l'air fixe et qu'il ne savait pas que celui-ci contient de l'air déphlogistiqué, il ne put parvenir à expliquer ce phénomène. Avec une proïondeur de vues qu'on admire souvent chez ces (1) Expériences sur les végétaux, t. 1, p. 30. (2) Mémoires physico-chimiques, t. I, p.29. (3) Mémoires physico-chimiques, t. I, p. 36. RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. 397 éminents observateurs, Senebier analyse toutes les conditions de ce phénomène. Ainsi qu'Ingenhousz, il se préoccupe d'abord de ce que l'air fourni par les feuilles n’est pas le même que celui qu'on retire de l’eau par l’ébullition, et conséquemment que ce n’est pas de l’eau que les feuilles retirent cet air. En otre, disait-il, les feuilles en fournissent bien plus qu'il n’y en a dans l’eau : ces organes renferment donc un air qui leur est propre et qu’elles émettent lorsqu'elles sont exposées sous l’eau au soleil. Cependant, ajoute-t-il plus loin (comme pour corriger ce que cette opinion avait de trop absolu) : on ne peut se dissimuler que les feuilles rendent d'autant plus d'air, au soleil, que l'eau où elles sont mises en est plus chargée ; 1l faut donc penser que ces feuilles absorbent aussi de l’air contenu dans l’eau, mais qu'elles l'élaborent avant de le rendre. Senebier pressentit donc le véritable sens de ce phénomène ; mais l’état de la chimie à l’époque où il vivait ne lui permit pas de le préciser en termes convenables. Plus tard, lorsqu'on connut la composition de l'air fixe (acide carbonique) on expliqua facilement pourquoi les feuilles ne donnent pas d'oxygène dans l’eau bouillie, alors qu'elles en émettent sensiblement dans l’eau de source (qui contient de l'acide carbonique) et davantage encore dans l’eau saturée de cet acide. On admit avec raison que l’acide carbonique contenu dans l'eau est absorbé sous l'influence des rayons solaires; qu'il y a fixation de carbone et exhalation d'oxygène. En cette circon- stance, le phénomène est de même nature que celui qui se pro- duit dans l'air atmosphérique. Il n’est plus douteux aujourd’hui que les feuilles plongées dans de l’eau de source absorbent l'acide carbonique contenu dans cette eau. Je crois néanmoins qu'il n’est pas sans utilité de faire connaître une particularité de ce phénomème qui me paraît intéressante. Depuis plusieurs années, j'ai pris l'habitude de faire presque constamment, en mon jardin à la campagne, des expériences à la manière d'Ingenhousz et de Senebier; non pas que je me 398 B, CORENWINDER. contente des résultats qu'elles me fournissent et que je les admette comme définitifs, mais parce qu’elles sont très-faciles à exécuter, exigent peu de préparations, et qu'elles me procu- rent souvent l’occasion de faire des recherches plus précises à l’aide de mon appareil (1). Avant placé sous une cloche pleine d’eau de source (prise à ma pompe) des feuilles de capucine qui ont la propriété d’é- mettre beaucoup d'oxygène au soleil, je remarquai au bout de deux à trois jours, en retirant ces feuilles de la cloche, qu'elles étaient devenues blanchâtres. Les ayant fait sécher au soleil, il me fut facile d'acquérir la preuve qu'elles étaient couvertes de granulations de carbonate de chaux. Trempées dans de l’eau acidulée, ces feuilles faisaient effervescence. En répétant une expérience semblable sur les feuilles rouges de l’Atriplex des jardins, le dépôt de carbonate calcaire ne fut pas moins abondant. Comme 1l ne pouvait y avoir d'évaporation sous la cloche, il est bien évident que ce dépôt, produit à L4 surface des feuilles, démontre que l'acide carbonique avait pénétré dans ces feuilles aux points où le dépôt calcaire avait eu lieu. On sait que les eaux de source renferment beaucoup de car- bonate calcaire dissous à la faveur de l'acide carbonique. En faisant bouillir cette eau ou en la soumettant à l’évapora- tion spontanée, ce sel se dépose. Ces granulations produites à la surface des feuilles prouvent donc que, dans le cas de mon expérience, il y avait eu absorption d’acide carbonique (2). (1) Voyez mon Mémoire imprimé dans les Annales de physique et de chimie, année 1858. (2) Tous les botanistes ont remarqué qu'il se forme souvent un dépôt pulvérulent sur les feuilles submergées des plantes aquatiques, telles que le Potamogeton, les Chara, l'Hippuris, etc. MM. Cloëz et Gratiolet ont constaté que ce dépôt est du carbo- ñate de chaux, et ils ont supposé, avec raison, qu'il avait lieu au moment où la feuille absorbe l’acide carbonique qui tenait ce sel en dissolution. Mes observations prouvent donc que les feuilles aériennes se comportent comme les feuilles submergées, lorsqu'on les expose au soleil dans de l’eau chargée de bicarbonate calcaire ; seulement, avec les premières, le phénomène n’est pas de longue durée. RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. 399 Certaines feuilles ne donnent pas d'oxygène pendant leur exposition au soleil. Elles ne perdent pas néanmoins la propriété d’exhaler de l'acide carbonique dans l'obscurité, Senebier a fait des expériences assez nombreuses à l'effet de découvrir si les feuilles exhalent de l’oxygène dans tous les états où elles se trouvent pendant leur vie (1). À ce sujet il a constaté les faits suivants : «1° Les cotylédons des Haricots n'expirent pas d'oxygène ou en expirent très-peu, lorsqu on les soumet à l’action des rayons solaires ; c’est-à-dire qu'ils ne possèdent qu'à un faible degré la propriété de décomposer l'acide carbonique. » 2° Les feuilles naissantes, de couleur jaune ou rouge, en fournissent une proportion faible, sinon nulle. » 8° Les feuilles qui rougissent avant de tomber, comme celles de la Vigne du Canada, du Poirier sauvage, de la Bardane, de l'Épine-Vinette, etc., n’en donnent aucune trace (2). Il en est de même des feuilles sèches qui tombent de l'arbre à l’approche de l'hiver, après qu’elles ont été parfaitement desséchées (3). » hk° Les feuilles panachées, celles qui ont des parties diverse- ment colorées, ne produisent pas d'oxygène par leurs fragments colorés en rouge. Telles sont celles de l'Amarante tricolore. Toutefois la variété de l’Amarante qui a des feuilles entièrement rouges fournit assez d'oxygène lorsqu'on l’expose aux rayons du soleil. | » 5° Enfin les feuilles étiolées, c’est-à-dire celles qui se sont développées dans l'obscurité et qui sont entièrement blanches ou jaunâtres, ne donnent absolument aucune trace d'oxygène lors- qu'on les transporte, sans transition, du milieu où elles ont vécu dans une station où elles reçoivent les rayons du soleil. » Tel était l’état des connaissances acquises par Senebier (1) Mémoires physico-chimiques, t. I, p, 109, (2) Observons en passant que ces feuilles rouges sont mortes ; tout principe de végé- tation est éteint en elles. Cette remarque est essentielle, parce que nous verrons plus loin que ces organes peuvent affecter une couleur différente de la verte à l’époque la plus active de leur existence, (3) M. Boussingault vient de découvrir que les feuilles vertes qu’on a fait sécher dans un herbier périssent et perdent conséquémment la propriété de décomposer l’acide carbonique. 360 R. CORENWINDER. lorsque de Saussure fit une expérience, à ce sujet, sur la variété de l’Arroche (Atriplex hortensis) qui a des feuilles entièrement rouges à l’époque où sa végétation est très-active. Il constata que cette plante fournit abondamment de l'oxygène lorsqu'elle est exposée au soleil, et 1l lui parut que cette variété rouge n’en produisait pas moims que la variété de l’Atriplexæ qui a des feuilles vertes (1). | J'ai confirmé, 1l y a quelques années, cette observation de de Saussure, en opérant d'une manière plus rigoureuse qu’il ne l'avait fait lui-même, c’est-à-dire en mettant en expérience une plante d’Atripleæ végétant en pleine terre. Cette plante, placée sous une cloche contenant de l'air mélangé d’un décihtre d’acide carbonique, absorba ce dernier en moins d’une heure, sous l’in- fluence d’un soleil assez vif. Des recherches effectuées sur d’autres plantes qui, pendant leur période active de végétation ont des feuilles qui ne sont pas colorées en vert d'une manière apparente, m'ont appris qu'elles ont également la propriété de produire de l'oxygène tout aussi bien que les feuilles vertes (2). Il résulte de ces observations qu'il faut distinguer les feuilles chez lesquelles la coloration rouge, blanche ou jaune est un indice de dégénérescence et d’épuisement (soit que ces couleurs affectent la feuille entière ou seulement des fragments de sa surface), de celles qui sont normalement colorées en pourpre au moment où leur activité vitale est dans toute sa plénitude. Les premières n'ont plus d'action sur l'acide carbonique, les der- mères le décomposent avec énergie. Il paraît probable qu’en général toutes les feuilles de la der- nière catégorie, outre la matière colorante qui domine, contien- nent aussi de la matière verte qui, quelquefois est apparente, souvent entièrement dissimulée. Il est même remarquable que cette matière verte qui dispa- raît en apparence pendant la période adulte de la végétation, (1) Recherches chimiques sur la végétation, p.56, 1804. (2) Recherches chimiques sur la végétation (Mémoires de la Société des sciences de Lille, 1863) ; — Cloëz, Ann. des se. nat., L° série, t, XX, p. 184, 1863. RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. 361 au moment où la plante exerce ses fonctions vitales avec le plus d'activité, reparaît quelquefois à l’époque où la feuille vieillit. C’est ce qu'on observe particulièrement sur le Noisetier pourpre, dont les organes foliacés sont verts à la fin de l'été. La matière colorante pourpre est donc plus fugace que la matière verte. Étant bien établi par les expériences de de Saussure et les miennes que certaines feuilles, colorées en pourpre pendant la période active de leur existence, jouissent néanmoins de la pro- priété d'expirer de l'oxygène à la lumière solaire ; il reste à déterminer si cette propriété dépend exclusivement de la ma- tière verte; celle-ci exerçant son action particulière, nouob- stant le voile dont elle est revêtue. N’est-1l pas possible aussi que la chlorophylle éprouve une modification dans sa couleur et même dans ses propriétés chimiques tout en conservant son influence sur l'acide carbonique de Pair? | Ayant entrepris depuis plusieurs années des recherches sur les feuilles panachées et sur celles qui sont étiolées, j'ai vu se confirmer les observations de Senebier. Pour les feuilles panachées, j'ai opéré particulièrement sur celles d’une espèce très-connue de l'Érable négondo, lesquelles sont blanches avec des fragments verts. La partie blanche n'abandonne pas de matière colorante aux réactifs chimiques ; elle n'exhale pas d'oxygène à la lumière. Cette plante possède souvent à l'extrémité de ses rameaux des feuilles entièrement blanches ; celles-ci sont absolument mertes à l'égard de l'acide carbonique et n'en décomposent aucune trace, même sous l’in- fluence d’un soleil très-vif. I wa paru intéressant de rechercher comment ces feuilles incolores se comportent dans l’obscurité. A cet effet, j'ai fait passer un rameau absolument dénué de vert sous la cloche de mon appareil, et J'ai vu que ces organes faibles et dégénérés exhalent de l'acide carbonique en l'absence de la lumière et même pendant le jour lorsqu'on les maintient dans un apparte- ment ou en un lieu fort ombragé. Les feuilles étiolées, par exemple celles de Ja chicorée qu'on fait pousser dans une cave et qui ne présente pas de trace d’ap- 302 B. CORENWINDER., parence verdâtre, n'exhalent pas d'oxygène lorsqu'on les trans- porte de l'obscurité dans un lieu éclairé par les rayons du soleil. Toutefois, si avant de faire l’expérience on les laisse séjourner à la lumière pendant quelque temps, elles verdissent et acquiè- rent peu à peu la propriété de décomposer l'acide carbonique. Ces organes blañcs ou jaunâtres, développés dans l'obscurité, exhalent néanmoins de l'acide carbonique. A la température de 5 à 6 degrés, cette exhalation est faible comme pour tous les végétaux, mais si la chaleur augmente, elle devient plus con- sidérable (1). Il résulte de ces dernières observations que le phénomène de l'expiration nocturne se manifeste même chez des végétaux dépourvus de chlorophylle (2). Les feuilles des plantes décomposent beaucoup plus d’acide carbonique pendant le jour qu’elles n’en exhalent pendant la nuit. J'ai publié, en 1858, un mémoire sur l'assimilation du car- bone par les feuilles (3). Les expériences qui en font l'objet avant été effectués à l’aide d’un appareil qui me permettait d'opérer sur des plantes végétant dans leur condition normale, il en résulte que mes observations ont l'avantage de mieux satis- faire l’esprit que celles qui ont été effectuées sur des feuilles séparées de leur tige. Avec cet appareil, j'ai résolu plusieurs problèmes relatifs à la respiration des plantes et j'ai complété les observations de mes devanciers. C'est ainsi que j'ai démontré que la quantité d'acide carbo- nique expirée par les feuilles pendant la nuit est bien inférieure à celle que les mêmes feuilles peuvent absorber pendant le jour, surtout par un beau soleil. Par exemple, une plante de Colza, exposée pendant une (1) M. Boussingault a déjà annoncé qu’une plante née dans l'obscurité doit émettre incessamment de l’acide carbonique, tant que les matières contenues dans la graine fournissent du carbone. (Ann. des sc. nat., t. I, p. 315, 1864.) (2) M. Ch. Lory a observé que les Orobanches, plantes parasites dépourvues de parties vertes, dégagent de l’acide carbonique à toutes les époques de l’année, soit à la lumière solaire, soit dans l’obscurité, (Ann. des sc. nat., 1847.) (3) Annales de physique et de chimie, année 1858. RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. 863 heure aux rayons du soleil, peut absorber 1C6 centimètres cubes d'acide carbonique. En supposant que cette exposition ait lieu pendant dix heures, en admettant que les conditions restent absolument les mêmes, elles en fixeraient 1660 centimètres cubes. Or, cette plante, pendant une nuit entière, n'ayant expiré que h2 centimètres cubes, on voit que ce qu’elle gagne pendant le jour est bien supérieur à ce qu'elle perd dans le courant de la nuit (4). Des expériences faites sur d’autres plantes m'ont donné des différences non moins considérables. De ce que j'ai trouvé que cette plante a pu faire disparaître 166 centimètres cubes d'acide carbonique, en restant exposée au soleil pendant une heure, il n’en résulte pas nécessairement qu’en dix heures elle en absorberait dix fois davantage. Aussi, en rendant compte de l'expérience précédente, ai-je eu le soin de faire cette restriction : que pour obtenir en dix heures une absorption de 1660 centimètres cubes, 1l fallait, que pendant cet intervalle, les conditions fussent absolument les mêmes qu’elles l'avaient été pendant une heure. Cette réserve était nécessaire ; Car rien ne nous autorise à admettre que l’assimila- tion des feuilles est constante et proportionnelle au temps, c’est- à-dire qu'en quinze heures elle serait quinze fois plus forte qu'en une heure, etc. L'intensité de l'absorption diurne varie suivant beaucoup de circonstances : en raison de la température, de l’état du ciel, de l'heure du Jour, c'est-à-dire de l’inclinaison des rayons so- laires. Toutefois, peu de temps après son lever, le soleil agit déjà sur les feuilles, ainsi que je l'ai démontré dans mon premier mémoire. J'ai eu l'intention de jeter quelque lumière sur cette question, mais j’avoue que J'ai été arrêté par les difficultés dont elle est hérissée. Lorsqu'une plante est enfermée sous une cloche, on ne (4) Cette loi n'avait pas échappé à Ingenhousz, qui l’a exposée dans un chapitre intitulé : « Expériences qui démontrent que l’altération causée par les plantes à l'air commun pendant la nuitest de peu d'importance, en comparaison de l'amélioration qu'il en reçoit pendant le jour,» (Expériences sur les végétaux, t. 1, p. 259.) " 36/4 B, CORENWINDER. peut pas impunément l’exposer à toute heure à l’action du soleil, au moment où cet astre approche du zénith, la température s’élève dans la cloche à un point tel que les feuilles grillent et produisent conséquemment de l'acide carbonique : en ce cas, l'expérience est tout à fait mauvaise ; aussi ai-je toujours eu le soin de ne faire mes recherchss que vers huit ou neuf heures du matin. Ces expériences sont beaucoup plus difficiles qu’on ne le croit, et il faut prendre des précautions pour éviter de com- mettre des erreurs grossières. Je ne me dissimule même pas que l’on ne peut admettre d'une manière absolue que les conditions soient les mêmes pour les plantes enfermées sous une cloche que pour celles qui sont maintenues en plein air où elles sont yafraichies constamment par des courants d’air chargés de vapeur. Mais comme il n'y à pas moyen d’opérer autrement, il faut bien se contenter de l'ap- proximation qu'on obtient, et faire ses réserves sur les causes d'erreurs introduites par l'expérience elle-même. Les feuilles exhalent-elles de l’acide carbonique pendant le jour et dans quelles circonstances ? On répète souvent, même devant l'Académie des sciences, que les feuilles des plantes exhalent pendant le jour de l’acide carbo- nique, lorsqu'elles sont exposées à la lumière diffuse. Prise dans un sens absolu, cette opinion est fausse; il faut préciser au préalable ce qu’on entend par de la lumière en cet état, car, dans un mémoire précédent, j'ai prouvé que, si ce phénomène a lieu pour les feuilles adultes lorsqu'elles sont main- tenues dans un endroit fort ombragé ou dans un appartement, il ne se manifeste plus lorsque ces feuilles se trouvent en plein air, que le ciel soit clair ou voilé par des nuages. Cette opinion a été accréditée dans la science par des chi- mistes qui ont opéré dans leur laboratoire sur des tronçons de rameaux placés dans l'air stagnant d’une cloche fermée. Cette méthode d'observation est vicieuse : il importe, lorsqu'on veut étudier la nature, de se rapprocher de ses procédés. Il convient dans le cas actuel de ne conclure qu'après avoir fait des expé- RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. 309 riences sur des plantes maintenues dans leur état normal, c'est- à-dire en plein ar. De Saussure lui-même n’a pas été éloigné de croire que les feuilles dégagent constamment de l'acide carbonique même au soleil. Il a été conduit à émettre cette opinion par suite d’ure expérience que Je vais faire connaître en reproduisant les termes mêmes dans lesquels 1l l'a exposée. En un chapitre de ses mémoires intitulé : « L'élaboration de l’acide carbonique par les feuilles est nécessaire à leur végéta- tions au soleil (1) », voici comment il s’est exprimé : «J'ai suspendu à la partie supérieure des récipients qui cou- vraient des rameaux de Pois 7 ou 8 grammes de chaux éteinte à l'eau, et desséchée ensuite brusquement à la chaleur de l’eau bouillante. J'ai fait reposer l'ouverture de ces récipients st sur des soucoupes pleines d'eau de chaux (2). » Dés le second jour, l'atmosphère des plantes exposées au soleil dans cet appareïi a dimmué de volume. » Le troisième jour, les feuilles inférieures ont commencé à jaumir ; et entre le cinquième et le sixième jour, les tiges étaient mortes ou entièrement défeuillées. L'atmosphère des plantes examinées à cette époque s’est trouvée viciée ; elle ne contenait plus que 16/100% d'oxygène. Des Pois que J'avais fait végéter en même temps, sans chaux, sous des récipients plein d'air com- mun, ne l'avaient changé ni en pureté, n1 en volume, et ils étaient sains et vigoureux dans toutes leurs parties. Nous voyons, par l'expérience avec la chaux, qu'il y à eu absorption et par conséquent formation d'acide carbonique ; car la substance qui à produit l'absorption n'a eu d'action que sur ce gaz. Nous voyons de plus que la présence ou plutôt l'élaboration de l'acide carbonique est nécessaire à la végétation au soleil. On trouve enfin que, quand on ne s'aperçoit pas de la production de l'acide (4) Recherches chimiques sur la végétation, p. 34, (2) Ce procédé d’expérimentation n’a pas été imaginé par de Saussure. IL est dù à deux physiciens hollandais : Deiman et Paets van Trootswyk. Senebier, dans ses Mémoires physico-chimiques (t. 4°, p. 243), a rendu compte des expériences de ces savants, 306 B, CORENWINDER. carbonique par les plantes qui végètent sans chaux dans l'air commun, c’est parce qu’elles le décomposent, à mesure qu’elles Je forment avec le gaz oxygène environnant. » Cette expérience est dépourvue de toute précision. De Saussure observe que, dès le second jour, l'atmosphère des feuilles exposées au soleil à diminué de volume. Le fait peut être vrai, mais en est-il de même des conséquences qu’il en tire? Si les feuilles devaient normalement exhaler de l'acide car- bonique au soleil, cette exhalation aurait dù être sensible le premier Jour; car un phénomène physiologique de cette nature, s’il était constant et normal, devrait surtout se manifester, alors que les feuilles sont encore saines et vigoureuses. En les main- tenant dans une atmosphère stagnante, ces organes ne sont plus dans des conditions régulières ; et quand même ils produiraient de l'acide carbonique le lendemain au soleil, il serait hasardeux de conclure que cette production est le résultat d’une fonction de la plante plutôt que d’un commencement d’altération. Toutes les fonctions physiologiques normales des feuilles se manifestent dès les premiers instants où on les observe. Que l'on expose des feuilles au soleil dans une cloche contenant avec de l'atr une proportion assez considérable d'acide carbonique (an décilitre par exemple), on remarque que cette quantité d'acide est absorbée en totalité après une heure ou deux d’insolation, si les branches mises en expérience sont un peu volumineuses. Pour que la conclusion de de Saussure fût admissible, 1l aurait donc fallu que les feuilles exhalassent de l'acide carbonique dans les premières heures de l'expérience. C’est ce qui n'a pas eu lieu. De Saussure fait remarquer que le lendemain il y avait absorption dans la cloche, c’est-à-dire qu’il s'était produit une certaine quantité d'acide carbonique. Mais il n’appuie pas suffi- samment, à mon avis, sur sa manière d'opérer ; 1l ne dit pas si les feuilles sont restées sous la cloche pendant la nuit ou s'il les en a retirées. Il est évident que, dansle premier cas, l'absorption doit être TR RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. 367 attribuée à l’exhalation d'acide carbonique qui avait eu lieu dans l’obscurité. Il aurait dû s'expliquer à cet égard. Quand bien même, du reste, ce physiologiste aurait remar- qué que le lendemain, pendant le Jour, 11 y avait absorption dans la cloche, et conséquemment production d'acide carbo- nique, pouvait-il conclure que cette production était le fait d’un phénomène normal? Évidemment non. D’après son aveu, les feuilles inférieures ont commencé à Jaunir le troisième jour ; le cinquième et le sixième Jour, les tiges étaient entièrement dé- feuillées. Puisque l’altération était manifeste le troisième jour, ne pouvait-elle pas avoir commencé le deuxième? N'est-ce pas elle qui a occasionné le dégagement d'acide carbonique qui émane essentiellement de toutes les matières organiques entrant dans la période de destruction ? Et, puisque ce physiologiste n'a analysé Pair qui avait été en contact avec les plantes, qu'après la chute des feuilles jau- nies, 1l n'était pas rationnel de conclure que la disparition de 5/100* d'oxygène avait pour cause une absorption normale et physiologique exercée par les feuilles qui auraient transformé cet oxygène en acide carbonique. Cette absorption doit être attribuée plutôt à l’altération des plantes. Si les rameaux de Pois qui végètent dans des cloches ne ren- fermant pas d’alcalis ne changent pas la pureté de l'air, c’est uniquement parce que les feuilles peuvent reprendre pendant le jour, au soleil, l’acide carbonique exhalé pendant la nuit, et se récupérer ainsi de ce qu’elles ont perdu. Lors done que de Saussure à émis cette proposition assez vague, et dont le sens est peu saisissable : « L'élaboration du gaz acide carbonique par les feuilles est nécessaire à leur végétation au soleil. » Il a dit une chose vraie, s'il a entendu par là que les feuilles exposées au soleil ne peuvent vivre dans une atmosphère privée d'acide carbonique. Ce fait est parfaitement exact. En admet- tant que l'absorption de cet acide soit un acte nutritif, la plante meurt d'inanition dans un milieu qui en est dépourvu; elle périt rapidement alors, surtout si elle a été détachée de ses racines, e 308 B. CORENWINDER, Mais la conclusion qui me paraît fort hasardée, c'est celle que de Saussure exprime en ces termes : «Quand on nes’aperçoit pas de la production de l'acide car- bonique par les plantes qui végétent sans chaux dans l'air com- mun, c'est parce qu'elles le décomposent à mesure qu'elles le forment avec le gaz oxygène environnant, » Si je comprends bien l'idée de de Saussure, il arriverait qu'au soleil les feuilles commencent par absorber l'oxygène de l'air. Celui-ci exerçant un phénomène de combustion dans le tissu de ses feuilles serait changé en acide carbonique, et rejeté au dehors sous cette nouvelle forme. De cette manière, la respi- ration des végétaux serait analogue à celle des animaux. Mais cet acide carbonique, à peine mis en liberté, serait absorbé de nouveau par les feuilles, le carbone en serait fixé et l'oxygène exhalé. Cette hypothèse étant fondée sur une expérience dont je viens de prouver l'inexactitude, 1l en résulte que rien ne nous autorise à l’admettre : toutefois, comme 1l ne suffit pas de com- battre des faits mal observés avec des arguments, quelque puis- sants qu'ils soient, J'ai cru devoir soumettre ce sujet à l'observa- tion directe. Ainsi que dans toutes mes recherches antérieures, je me suis fait un scrupule de n’admettre comme concluantes que les expé- riences effectuées sur des plantes placées dans des conditions normales, c'est-à-dire végétant avec leurs racines en terre, et présentant toute la vigueur désirable. Souvent, comme terme de comparaison, j'ai opéré sur des feuilles ou des rameaux de- tachés; mais je n’ai jamais admis comme définitifs les résultats observés en cette occasion. Voici de quelle manière ont eu lieu ces nouvelles expé- riences : Aïnsi que je l'ai indiqué dans mon premier mémoire, je fais passer la tige que je veux isoler du sol à travers les rainures de deux plaques de tôle superposées et je lute convenablement. Je recouvre la plante d'une cloche, et je mets celle-ci en commu- RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. 309 hication avec les autres pièces de mon appareil (1). La cloche qui est fixée par un lut sur ces plaques est munie d’une douille fermée par un bouchon que traverse un tube de verre. Celui-ci est surmonté d’un robinet et d’un entonnoir, inférieurement il plonge dans un vase plat de verre. Cette préparation faite et le robinet A étant fermé, je fais couler l'aspirateur avec rapidité jusqu’à ce que tout l'acide car- bonique qui était contenu dans la cloche ait été remplacé par de l'air dépouillé de cet acide par son passage à travers les tubes contenant des alcalis. Cette opération terminée et ma cloche étant exposée au soleil, à l'ombre ou dans un apparte- ment, Je verse sur un filtre, placé dans l’entonnoir, une disso- lution concentrée d’eau de baryte, qui se rend dans le vase placé à l'intérieur de la cloche, à proximité de la plante. On ferme aussitôt le robinet, et l’on continue de faire couler l'aspirateur, afin de maintenir cette plante dans une atmosphère constam- ment renouvelée, mais dépourvue d'acide carbonique. Ces préliminaires posés, je vais faire connaître les expériences que j'ai effectuées par la méthode que je viens d'indiquer et les résultats que j'ai observés. Le 8 août 1862, je fis passer sous la cloche de mon appareil une branche de Laurier-Cerise appartenant à un sujet vigou- reux, parfaitement sain, et végétant en mon Jardin à la cam- pagne. Après avoir pris les précautions indiquées, Je fis couler de l’eau de baryte à l'intérieur de cette cloche. Le premier jour, température 25 degrés, le temps était clair et le soleil brillait presque constamment. On mettait un écran pour en affublir l'intensité. L'expérience commencée le matin fut continuée pen- dant toute la journée. Vers le soir, je constatai que l’eau de baryte était restée parfaitement limpide. Ces feuilles n'avaient donc pas exhalé d'acide carbonique. La nuit suivante, nécessairement, l'eau de baryte s'est cou- verte de carbonate. Le lendemain, l'eau de baryte ne s'est pas troublée d’une (4) Voyez la description de mon appareil dans les Annales de physique el de chimie, année 1858, 9° série, Bor. T. VIL. (Cahier n° 6.) 4 24 370 B. CORENWINDER. manière sensible ; mais le troisième jour, on vit apparaître des traces de carbonate. Les feuilles commençaient à jaunir. Enfin, après avoir été maintenues pendant cinq à six jours sous la cloche, les feuilles de cette branche jaunies et flétries se sont détachées de leur tige. La branche, toutefois, n'était pas morte, car l'ayant sortie de la cloche, elle a produit de nouvelles feuilles quelque temps après. Le 3 avril 1864, j'ai fait une expérience semblable sur une plante de Fritillaire (Fritillaria imperialis) n'ayant ni fleur, ni bourgeon floral. Le temps était sombre, pluvieux ; le soleil fut constamment voilé par des nuages. Le premier jour et le lendemain, l’eau de baryte resta par- faitement limpide. Cette plante n'avait donc exhalé pendant le jour, en plein «ir, aucune trace d'acide carbonique. Le 5 et le 6, les feuilles avaient jauni ; le 7, elles étaient entièrement flétries. L'eau de baryte se couvrit ces jours-c1 d’un peu de carbonate. Je passerai sous silence les observations de même nature que j'ai effectuées sur d’autres plantes, et qui m'ont donné des ré- sultats analogues. Ces recherches confirment donc la critique que J'ai faite des expériences de de Saussure, et prouvent que cet éminent physiologiste a été fort téméraire, quand il a cru pouvoir conclure de ses observations que les feuilles, pendant le jour, au soleil, expirent de l'acide carbonique en absorbant de l’oxy- gene, | C’est pour n'avoir pas apporté dans cette étude tous les soins et toute la persévérance nécessaires que d’autres observateurs ont soutenu l’assertion de de Saussure. Je pense même que le désir d'établir une similitude illusoire entre la respiration des plantes et celle des animaux n’a pas peu contribué à propager cette erreur, tant il est vrai que rien n’est plus funeste à l'esprit d'observation que les idées préconçues. Je crois aussi que beaucoup d’observateurs se sont trompés à cet égard, parce qu’ils ont opéré généralement dans leur RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION, 971 laboratoire, et qu'ils ont pris un fait particulier pour un fait gé- néral. En ce cas, ainsi que je l'ai prouvé antérieurement, les feuilles se comportent comme pendant la nuit ; elles absorbent l'oxygène et dégagent de l'acide carbonique. Ce phénomène se remarque, quel que soit le procédé d’expérimentation employé. Ainsi, en faisant l'expérience décrite précédemment dans un lieu fort ombragé, on voit que l’eau de baryte se couvre de car- bonate pendant le jour, tandis qu'elle reste limpide, si l’on se place en un lieu découvert. Je ne puis donc que répéter ce que j'ai établi précédemment, que c’est une erreur de prétendre d’une manière absolue que les feuilles adultes expirent de l'acide carbonique à l'ombre ou dans la lumière diffuse ; 1l serait plus conforme à la réalité des choses de dire que ce phénomène se manifeste, pendant le jour, toutes les fois que ces organes ne se trouvent pas dans des conditions na- turelles et dans un milieu favorable à l'exercice de leurs fonctions. C’est ce qui arrive lorsqu'elles sont dans un appartement ou en un lieu fort ombragé (4). On admet aujourd'hui que les plantes absorbent aussi de l’acide carbonique par leurs racines dans le sol, et qu’elles l’éla- borent par leurs feuilles sous l'influence de la lumière. Mes expé- (4) Dans l’état actuel de nos connaissances, il est difficile d'expliquer pourquoi les feuilles adultes exhalent, pendant le jour, de l’acide carbonique lorsqu'on les maintient dans un appartement ou dans un lieu fort ombragé, mais il ne me parait pas plus extraordinaire que ce phénomène s’accomplisse en cette situation que dans l'obscurité complète, On sait que, toutes les fois qu’une plante est exposée de manière que la lumière ne lui parvienne pas verticalement, elle ne se trouve plus daus son état nor- mal ; les feuilles s’infléchissent alors et cherchent à étaler leur limbe dans un plan per- pendiculaire à la résultante des rayons lumineux, C’est ce que tout le monde 4 pu remarquer, On conserve difficilement des végétaux dans un appartement, surtout si celui-ci est peu éclairé. Ils ne blanchissent pas, il est vrai, mais le plus souvent ils cessent de croître et se flétrissent, Que l’on plante un arbrisseau au milieu d'arbres déjà vieux, il est certain qu'ilse développera difficilement et qu’il restera toujours ché- tif, Il convient même, pour que des arbres croissent, que la lumière ne soit pas affai- blie sur les branches latérales. Si deux rangées d'arbres parallèles sont plantées dans un chemin étroit, on voit presque toujours que leurs troncs s’écartent de manière à for- mer entre eux un angle plus ou moins ouvert. En ce cas, ces végétaux s’inclinent toujours du côté où la lumière leur est plus favorable, 3712 B. CORENWINDER. riences prouvent que dans cette hypothèse l'acide carbouique contenu dans l’intérieur des tissus ne sort pas au moins de la sur- face des feuilles pour subir cette élaboration, car l’affinité de l’eau de baryte pour l'acide carbonique est prédominante, et cet alcali ’absorberait en partie, sinon en totalité, si cet acide se répandait dans l'atmosphère environnant les feuilles mises en expérience (1). (4) Il est prouvé que les plantes ne peuvent prospérer, ni même se maintenir, dans un milieu privé d'oxygène. Toutefois, la fonction que ce gaz exerce est encore un mystère. D’après ce qui précède, on a vu que de Saussure admettait que l'oxygène est absorbé, même le jour, par la partie aérienne des plantes et transformé en acide carbonique- Celui-ci, rejeté au dehors, serait décomposé de nouveau par les feuilles, le carbone fixé et l'oxygène remis en liberté. Dans cette hypothèse, la quantité d’oxygène reufermée dans un ballon qui contient une plante resterait invariable. C’est cette fonction, très-complexe, qui ne me semble pas justifiée par l'expérience, Il est possible, toutefois, que l’oxygène de l’air soit absorbé constamment par les tiges et les feuilles, même pendant le jour ; mais le fait est difficile à prouver, parce que de Saussure lui-même a démontré que lorsqu'on fait passer une branche dans un ballon contenant de l'air privé d’acide carbonique et exposé au soleil, l'atmosphère intérieure de ce ballon s’enrichit en oxygène. Cette nouvelle acquisition d'oxygène est occasionnée par un phénomène très-important que nous examinerons dans un instant. Suivant le même auteur, cet oxygène inspiré par les feuilles produit une combustion intérieure qui donne naissance à de l’acide carbonique ; mais, d’après mes expériences, il n’est pas admissible que cet acide soit exhalé par les plantes exposées à la lumière, si ce n’est exceptionnellement dans leur premier àge. Du reste, cet acide carbonique pourrait être transporté dans les feuilles et décom- posé par elles sous l'influence de la lumière sans être expiré au préalable. C’est ainsi que s’assimile incontestablement le carbone qui existe sous forme d'acide carbonique dans les cellules vegétales. Ces faits sont encore du domaine de l'hypothèse; ils n’acquièrent un certain degré de probabilité que par la nécessité d’expliquer pourquoi les parties aériennes des plantes ne peuvent se soutenir (sauf de rares exceptions) dans un milieu privé d’oxy- gène. Nous avons dit précédemment que de Saussure à observé que lorsqu'on expose au soleil, dans un ballon, un rameau chargé de feuilles attenant à la tige-mere, il se répand dans l'atmosphère du ballon une proportion d'oxygène supérieure à celle qui y était contenue au moment de commencer l'expérience. Cet excès d'oxygène provient nécessairement de la décomposition de l’acide carbo- nique qui circule dans les tissus des plantes. Quelle est l’origine de cet acide carbonique ? On suppose généralement aujourd’hui, on enseigne même, que cet acide est aspiré dans le sol par les racines. Quoique je n'aie pas terminé les expériences que j'ai entre- prises sur ce sujet, je puis certifier que ce dernier phénomène n'a pas l'importance RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. 378 Fonctions des feuilles dans leur jeunesse. Ce que je viens de prouver s'applique exclusivement aux feuilles adultes, c’est-à-dire à celles qui ont atteint leur déve- loppement complet. Les bourgeons, les pousses nouvelles, les feuilles tendres et récemment épanouies, dégagent, au con- traire, de l'acide carbonique le jour, en plein air, à l'ombre et souvent même au soleil. Cette exhalation d'acide carbonique par les organes foliacés naissants est singulièrement influencée par la température. A l'ombre et par un temps froid, elle est peu prononcée ; mais si la température s'élève, elle augmente dans une proportion notable. On sait que l’évolution d’un bourgeon est un phénomène ana- logue à celui du développement de la graine. Ces organes rudi- mentaires absorbent de l'oxygène qui brûle certaines substances carbonées qu'ils renferment, en produisant de l’acide carbonique et de la chaleur. Mais, à mesure que les feuilles se développent, celles-ci absorbent, au contraire, de l'acide carbonique et exhalent de l'oxygène. J'ai déjà fait mention de cette propriété des feuilles naissantes. Aujourd’hui, je vais présenter quelques nouveaux développe- ments sur ce sujet, et signaler une particularité essentielle de cet important phénomène, En considérant que les organes foliacés naissants produisent à l'air de l'acide carbonique, on pourrait supposer, à priori, qu’on lui attribue. Mais ce qui n’est pas douteux, d’après les observations de de Saus- sure, c'est que les végétaux font dans le sol, par leurs racines, des inspirations abon- dantes d'oxygène. Cette fonction explique la nécessité de labourer la terre, de la drai- ner, en un mot, de lui donner toute la porosité convenable. En même temps, les racines sucent dans l'humus et dans les engrais des éléments divers. L’oxygène brüle, élabore ces éléments et produit, entre autres composés, de l'acide carbonique qui se dissout dans les liquides séveux. Enfin, cet acide carbonique est transporté dans la circulation végétale jusqu'aux feuilles. Alors un nouveau phénomène s’accomplit. Si les rayons du soleil éclairent la nature, les feuilles décomposent cet acide, fixent le carbone, se l’assimilent et resti- tuent à l’atmosphère l'oxygène qne la plante lui avait emprunté par ses organes infé- rieurs. 37 B. CORENWINDER. qu'ils n’ont pas la propriété d’'exhaler de l'oxygène pendant cette première période. Cependant les feuilles primordiales, ainsi du reste que l’a observé Ingenhousz, commencent à expirer de bonne heure une faible proportion d’exygène, et cette propor- tion s'accroît avec leur développement. Ces deux fonctions sont simultanées pendant une époque variable suivant les espèces ; la première diminue à mesure que la seconde augmente, bientôt celle-ci devient prédominante, et celle-là cesse de se manifester. Pour constater la propriété des feuilles naissantes d’exhaler de l’acide carbonique pendant le jour, je transporte mon appa- reil dans mon jardin, en un lieu bien découvert, et je place sous la cloche de verre, dans l'air atmosphérique, les sujets sur les- quels je veux expérimenter. A l’aide d’un aspirateur, je fais passer dans cette cloche un courant d'air dépouillé d'acide carbonique, et je reçois l'acide carbonique exhalé par les feuilles dans une dissolution concentrée d'eau de baryte. De cette manière, le phénomène est visible, on en saisit toutes les phases et les cir- constances qui l’accompagnent. Il n’est pas aussi facile de rendre manifeste le dégagement d'oxygène que produisent ces jeunes organes lorsqu'on les expose au soleil, Cette production est généralement très-faible, surtout dans l’origine, et il ne serait pas possible de l’apprécier avec certitude en plaçant ces feuilles dans l'air atmosphérique dont on ferait ensuite l'analyse. Les corrections nombreuses que né- cessite cette opération ne permettent pas de certifier qu'il y a augmentation d'oxygène lorsque cette augmentation est peu sensible. Je n'ai pu confirmer cette propriété des jeunes feuilles d’exha- ler, dès leur naissance, une faible proportion d'oxygène sous l'influence des rayons solaires, qu’en opérant à la manière d'In- genhousz, c’est-à-dire en plaçant ces feuilles dans des cloches pleines d'eau chargée d'acide carbonique. Par ce procédé, le fait est saisissant; on voit bientôt apparaître des bulles sur la face inférieure des feuilles, et l'on peut recueillir une petite quantité de fluide élastique dans lequel on constate facilement la présence de l'oxygène. RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. 379 A l'appui de ces propositions, je vais citer quelques expé- riences : Le 7 avril 1864, j'ai exposé au soleil, dans de l’eau chargée d'acide carbonique, six jeunes pousses de Lilas, dont les feuilles inférieures seules étaient ouvertes. Elles produisirent de l'oxy- gène en proportion sensible. Le même jour, des pousses semblables, placées dans la cloche de mon appareil, c’est-à-dire dans l'air renouvelé, exhalèrent de l'acide carbonique. Le 9 avril, six jeunes pousses de Pivoine entièrement rouges, et dont les feuilles n'étaient pas encore développées, donnèrent au soleil, dans de l’eau chargée d'acide carbonique, une propor- tion très-sensible d'oxygène. Au même instant, six pousses entièrement pareilles aux pré- cédentes, mises dans la cloche de mon appareil, expirèrent en plein air de l'acide carbonique à l'ombre ou au soleil. Le 30 avril 1865, je fis une expérience de même nature sur de jeunes pousses de Pomme de terre ayant environ 7 centimètres de hauteur, et j'acquis la conviction, en opérant comme précé- demment, qu'elles exhalaient en même temps de l'oxygène et de l'acide carbonique. Je pourrais citer un grand nombre d'expériences analogues, mais je me borne aux précédentes pour ne pas fatiguer l'at- tention. Il est difficile actuellement d'indiquer en général la limite où cesse cette faculté des organes foliacés naissants de produire de l'acide carbonique en plein air, le jour. Cette limite est très- variable, suivant la nature des feuilles, leur état de développe- ment et d'autres causes qui me sont inconnues. Tantôt cette fonction persiste assez longtemps, tantôt elle est à peine sai- sissable. Ainsi je lis dans mes notes que le 4 mai 1865 j'ai observé que de jeunes plants de Betteraves, ayant environ 8 centimètres de hauteur, n'ont pas donné sensiblement d'acide carbonique pendant le jour, par un temps clair, et à la température de 20 degrés. 3706 BR. CORENWINDER. Le lendemain, je fis une remarque semblable sur des pousses de Phlox (Phlox paniculata) à peine sorties de terre. Quoique le temps fût sombre et pluvieux, ces organes primitifs n’exhalèrent pas d'acide carbonique à la température de 20 degrés. Toutetois les feuilles précédentes exposées au soleil, dans de l'eau chargée d'acide carbonique, laissèrent échapper de l’oxy- gène en quantité appréciable. D'autres plantes conservent, au contraire, pendant assez long- temps, la faculté de donner de l'acide carbonique, le jour, même dans des conditions normales. Je citerai entre autres les feuilles du Dielitra spectabilis. Il m'est arrivé plusieurs fois de remarquer aussi que certains bourgeons possèdent à un haut degré la faculté dont il vient d’être question. Je citerai ceux du Peuplier et du Marronnier par exemple. Cette faculté s’exaltant, surtout quand ces organes sont exposés au soleil, j'ai pensé que cette anomalie pouvait avoir une cause particulière. N'ayant pas tardé de soupconner que la matière résineuse qui couvre les écailles de ces bourgeons n’était pas sans influence en cette occasion : j'ai fait une expérience sur ces écailles isolé- ment, et j'ai obtenu d'autant plus d'acide carbonique que la température était plus élevée. Il ne faudrait pas attribuer uniquement à cette cause le phé- nomène de la production d'acide carbonique par les feuilles pri- mordiales, car ce phénomène persiste, quoique à un moindre degré après qu'on a séparé ces écailles. En outre, beaucoup de jeunes pousses qui sont dépourvues de ces appendices ne jouis- sent pas moins de la propriété en question. Il est évident que l’acide carbonique fourni par ces écailles est dû à la combustion de la substance résineuse par l'oxygène de l'air atmosphérique. Quoique j'aie fait beaucoup d'expériences sur les différents sujets que Je viens de développer, je m’abstiendrai de tout com- mentaire. Je me garderai bien surtout de me livrer à des consi- dérations théoriques qui, sans douie, seraient prématurées. Observer les faits avec attention, les enregistrer avec ordre et RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA VÉGÉTATION. 377 clarté, tel doit être le rôle de l'observateur consciencieux. T1 vaut mieux, à mon avis, réunir des matériaux solides que de construire avec de fragiles débris un édifice chancelant. Je me bornerai donc, en terminant, à résumer les faits princi- paux et définitivement acquis qui ont fait l'objet de ce mémoire : 1° Les feuilles des plantes aériennes, mises dans de l’eau char- gée de bicarbonate calcaire et exposées au soleil, absorbent l’excès d’acide qui tient ce sel en dissolution, et un dépôt de car- bonate neutre de chaux se produit précisément aux points où l’acide a pénétré dans les feuilles. 2° Toutes les feuilles ne donnent pas de l'oxygène pendant leur exposition au soleil; elles continuent néanmoins en certains cas d'expirer de l'acide carbonique dans l'obscurité. 3° Les feuilles des plantes en général décomposent beaucoup plus d'acide carbonique pendant le jour qu’elles n’en exhalent pendant la nuit. | h° Dans leur première jeunesse, les bourgeons, les feuilles naissantes, expirent pendant le jour, en plein air, même au soleil, une certaine proportion d'acide carbonique. Cette faculté subsiste pendant une époque variable, suivant les espèces. Ces organes commencent de bonne heure aussi à exhaler une pro- portion d'oxygène, faible d'abord, mais qui s'accroît à mesure qu'ils se développent. Ces deux fonctions sont simultanées pen- dant une certame période ; bientôt la dernière devient prédo- minante, et la première cesse de se manifester (L). 5° Les feuilles adultes et complétement développées ne laissent pas dégager de l'acide carbonique, le jour, lorsqu'elles se trouvent dans des conditions normales, c’est-à-dire en plein air et sous la voûte du ciel. Mais si on les maintient dans un appartement, loin des fenêtres ou dans un lieu fort ombragé, elles en émettent plus ou moins pendant le jour, suivant la nature des plantes et l’affai- blissement de la lumière. Ceci explique pourquoi il est difficile de conserver des végétaux dans les appartements. (4) Ces phénomènes sont du même ordre que ceux observés pendant la germination par M. Boussingault. (Économie rurale, t. 1, p. 40, 1851.) DIAGNOSES BREVES PLANTARUM NOVARUM JAPONIÆ, SCRIPSIT C. J. MAXIMOWICZ. (Extrait du Bulletin de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, 1866.) IDESIA G, n FLacourTiAcEÆ, Eu-FLacourrigæ. — Flores dioici. Sepala 5 (3-6) tomentosa imbricata, in fructu decidua. Petala nulla & : stamina c disco parvo inserta. Antheræ breves longitudinaliter dehiscentes, filamenta villosa. Ovarti rudimentum minutum @ : stamina abbreviata castrata. Ovarium globosum ; placentæ 5 (8-6) parietales prominentes, ovulis undique obsessæ ; styli 5 (3-6) patentes stigmatibus incrassatis. Bacca intus LR poly sperma, seminibus in pulpa nidulantibus. Semina testa crustacea, cotyledonibus orbiculatis. — Dictum in honorem peregrinatoris Batavi Eberhard Ysbrants Ides, qui initio sæculi præteriti ab imperatore Petro primo missus Chinam adiit, opusque optimum de peregrinationibus suis promulgavit sub titulo : Dreijahrige Keise nach China, Amsterd., 1704, etiam in gallicam et angli- cam linguam translatum. | Genus Aberiæ Hochst. et Trimeriæ Harv. e characteribus affine, sed præter notas expositas etiam habitu, qui fere potius Prochiæ, diversum. Z. polycarpa. Arbor vasta. Folia subcordata 5-nervia serrata. Racemi terminales et ex axillis summis orti, longissimi, compositi. Flores in fa- milia majusculi, lutescentes, Q quam A majores. Baccæ aurantiacæ nu- merosissimæ, pisi maximi diametro. Sponte crescit in insula Kiusiu, v. gr. ad pedem montis Hikosan. Plantata in Nippon, v. gr. in hortis Yedo, in pago Fudsi-ssawà non pro- cul a Fudsi-yama. DIAGNOSES BREVES PLANTARUM NOVARUM JAPONIÆ. 379 DISANTHUS G. n. Hamamecipaceæ, — Flores hermaphroditi, in capitulo bifloro sessiles, oppositi, basi bracteis brevissimis obvallati, Calyæ im- bricatus 5 -partitus, laciniis ovatis obtusis hyalinis, latitudine inæqualibus, in flore revolutis. Petala 5, æstivatione involuta, e latiore basi donge angusteque flabellata, stellatim patentia. Sta- mina 5, leviter perigyna, e fauce vix exserta, antherarum locu- lis apice confluentibus, virgineis introrsis, demum terminalibus sursum spectantibus, valvis binis persistentibus longitudinalibus, filamento dorso prope apicem inserto, Ovarium subsuperum compressum, in stylos duos erectos attenuatum stigmatibus punctiformibus, biloculare, loculis sabquinqueovulatis, ovulis e placenta prope apicem dissepimenti locata pendulis, Capsula bilocularis loeulicida, endocarpio cartilagineo ab exocarpio so- luto, Semina in loculo sub 4 vel 5 imæqualia angulata lueida, paueissimis evolutis (omnia visa inania), Genus ob flores binatos Disanthus dictum., floribus Hama- melidem referens, in serie generum polyspermorum familiæ for- mam simplicissimam constituit. | D. cercidifolia. Arbor? vel frutex, totus glaber. Stipulæ scariosæ li- neares eaducæ. Folia longe petiolata, suborbicularia vel rarius orbiculari- ovata, basi cordata vel rarissime truncata, apice leviter acuminata, ipso apice rotundato obtuso cum mucronulo, integerrima, palmatim 5-ner- via. Flores axillares coætanei. Capitula breviter peduneulata, ad pedun - culi basin perulata, perulis sero caducis, biflora, Practeæ sub quovis fiore sub 3, truncatæ, cum illis floris alterius basi confluentes. Petala fuscoviolacea expansa florem pollicarem constituentia. C'apsulæ per binas peduneuli apici insidentes, 18 mill. usque longæ et latæ, leviter bilobæ, seeundo anno maturæ, et usque ad flores anni sequentis persistentes. Se- mina atra. — Hab. in insulæ Nippon interioribus, in montibus altissimis. CHIONOGRAPHIS G. n. MeLanTHACEz, HEeLONIEz Kth. — Flores hermaphroditi arcte- spicati. Perigonium ebracteatum phyllis liberis, 3 (4) superiori- bus petaloideis lineari-spathulatis, præfloratione brevibus, supra 380 C. 3. MAXIMOWICZ. stamina deorsum flexis, sub anthesi erectis patentibus, inferiori- bus 3 (2) omnino deficientibus! Stamina 6, phyllis perigont ipsa basi inserta, tria longiora, phyllis lateralibus 2 et loco infimi de- ficientis opposita, præcociora, tria breviora phyllo sammo et locis lateralium deficientium opposita, seriora, virginea extrorsa dehissa ob antheras resupinatas introrsa. Filamenta plana, lon- giora ovato-oblonga, breviora quadrata angustiora. Antheræ medio dorso insertæ, versatiles, rotundatæ, loculis-crassis, sinu angusto profundo discretis, longitudinaliter dehiscentibus. Ova- rium trilobum, loculis in stylos tota facie interiori stigmatosos loculo æquilongos desinentibus. Ovula in quovis loculo 2, colla- teralia placentæ centrali supra medium inserta, adscendentia anatropa, globoso-ovata, funiculis brevissimis crassis. — Herba glaberrima spithamæa habitu Chamælirii lutei (caroliniani W.), rhizomate brevi præmorso crasso, foliis radicalibus petiolatis elhpticis vel oblongo-ellipticis nervosis, caule usque ad spicam primum densissimam, vix pollicarem, demum digitalem inter- ruptam, foliato, floribus albis. — Nomen græce interpretatum e japonico, quod penicillum niveum significat. Genus anomalum defectu bractearum et perigonio irregulari. Ch. japonica. Kiusiu, in sylvis montis Kundsho-san, ad rivulos, medio Junio nondum florens; Kuma-moto, in sylvis Cryptomeriæ fine Maji florens. Planta nostra verosimiliter identica cum Melanthio luteo Thbg. Î. Jap. p. 152.—Ejus UÜrteslægten Melanthium, in Skrift. af Nat. selsk. Kjôbenh. IV. 2. p. 17. t. VII, fig. sinistra. — Æelonias ? japonica R.S.Syst. VIE, p.1567.— Melanthium japonicum Willd. Mag. naturf. Fr. Berl. IL. p. 22. Figura citata nempe in plan- tam nostram sat bene quadrat, præter folia acutiora et spicam longiorem. Sed perigonium, a me in speciminibus numerosis examinatis semper, ut supra descripsi, inventum atque vix varia- bile credendum, perperam 6-phyllum delineatum et descriptum ! Analysis floris nulla data est. Filamenta describuntur brevissima vix semilinealia (Omnia igitur æquilonga? sed icon. exprimit DIAGNOSES BRÈVES PLANTARUM NOVARUM JAPONLE. 201 mæquulia !), flores luter (exsiccat ?), stigmata simplicia obtusa, germen unicum ovatum, «capsula fructus est » (sic!). Præterea non convenit locus : in aquis et tempus florendi autumnale, sed hæe minoris momenti. — Nihilommus vix de identitate utriusque plantæ dubius remansti : cuinam descriptiones inter- dum pessimæ Thunbergii non notæ ?! METANARTHECIUM G. n. M&ëLANTHACEÆ. — Flores racemosi, hermaphroditi. Perigo nium sexpartitum, coloratum, membranaceum, persistens, phyllis basi campanulatis apice patulis subulato-linearibus, exte- rioribus subangustioribus, præfloratione planis valvatis, interio- ribus statu gemmaceo leviter conduplicatis, omnibus apicem versus incrassato-1-nerviis. Stamina 6, subperigyna, phyllis perigonn ad 1/4 usque adnata, æqualia. Filamenta subulata, basi adnata dilatata. Antheræ semper introrsæ, medio dorso insertæ, oblongæ, biloculares, loculis alte discretis longitudina- liter dehiscentibus. Stigma parvum, trilobum. Ovarium basi pe- rigonio adnatum, ovale, in stylum conicum crassum longiorem attenuatum ; loculi tres, multiovulati,. ovulis placentæ centrali biseriatim msertis, horizontalibus, funiculis brevibus. Capsula perigonio persistente cireumdata, ovata, in stylum persistentem acuminata, sexsulcata, 3-locularis, apice loculicida, septis cras- sis medio bipartibilibus. Semina numerosa, ovata, exappendicu- lata, testa tenui reticulum convexum elegans efformante. Embryo minutus ovatus, in basi albuminis carnosi. — Herba rhizomate erasso brevi præmorso, fibris densis obvallato, peren- nans, foliis omnibus radicalibus oblongis vel spathulatis nervo- sis luteo-viridibus, scapis nudis simplicibus, racemo elongato rarissime basi ramo unico adaucto, pedunceulis crassis demum arcualis bibracteatis exarticulatis, floribus virescenti-luteis. M. luteo-viride. — In totius Japonræ pratis siceis subalpinis , gregaria et non rara, fine Jul flor., septembri frf. 382 C. 3. MAXIMOWICZ, In mentem vocat aliquomodo plantam sequentem. NARTHECIUM ASIATICUM.— Foliis latiusculis 9-11-nervis ; brac- teolis supra medium pedicellorum; perigoni membranacei phyllis subulatis sensim attenuatis, stamina paullo superantibus ; filamentis breve crispeque villosis basi apiceque exserto glabris. In Nippon borealis principatu Nambu, flor. e. fr. mat. Flores virescenti-lutescentes. Reliquæ duæ species ita definiendæ : N. ossifragum L, — Fois latiusculis 5-7-nerviis; bracteis supra medium pedicelli; perigonii subpetaloidei phyllis lineari- bus apice subito acuminato obtusiusculis, stamina triente supe- rantibus ; filamentis dense longeque villosis, apice brevi glabrato supra villum non exserto. N. americanum Gawl. — Folis anguste linearibus 8-11-ner- vis ; pedicellis basi bracteolatis; perigonii subpetaloidei phyllis linearibus apice subito acuminato obtusiusculis stamina paullo superantibus ; filamentis villosis apice glabro exserto, — Flores quam in præcedente duplo saltem capsulæque minores, racemus fructifer densissimus, in ceteris duabus speciebus laxus. Differentiæ enumeratæ, speciminibus, N. americani excepto, numerosissimis superconditæ, constantissimæ videntur, TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. Étude du mode de végétation des Orchidées, par M. Ed. PRILLIEUX. . 4 Des vaisseaux propres dans les Araliacées, par M. A. TRÉCUL, Observations sur certaines excroissances que présentent les racines de l’Aune el du Lupin des jardins, par M. Michel WoRoNINE. . , , . . , : Les anthérozoïdes des Cryptogames, par M. E, ROZE. . . à. pie e "0 US Observations organiques sur la fleur femelle des Carex, par M. F. CARUEL. , Des vaisseaux propres dans les Térébinthinées, par M. A, TRÉGUL. , , Recherches sur l’organisation du genre /nomeria, par M. le docteur Riparr. Recherchgs sur la fécondation des Floridées, par MM. E. Borwer et G. Taurer. Influences de la lumière artificielle sur le Sptrogyra orthospira, par M. A. FA- 7 à nn aude | PNY ose Fe 0 NE Influence de la lumière sur le mouvement des Chlamidomonas pulvisculus, Euglena viridis, etc, , , , . . ke : dedheanit. nie Influence de la lumière sur le tient dé plantess 524 4e 11e ‘ De l’action de la lumière sur le changement de position des wtaines de émibhe- phylle dans les feuilles d’une espèce de Mnium., . . ., , . HER Matière amylacée et Cryptogames amylifères dans les vaisseaux du ia ne plu- sieurs Apocynées, par M4, À, TRÉGUL. 4 . à ss à 4 « + Circa amylobacteria Tréc. Notula, scripsit W. NYLANDER, Adhuc circa Amylobacteria adnotatio, auctore NYLANDER. . , Surles Amylobacter, par. M, W. NYranDER. : «4 . . , . . . : Réponse à trois notes de M. Nylander concernant la nature des Amylobacter, RS D CRE RAR ESA 4 OMR OR OR, OO is Recherches chimiques sur la végétation. — Fonctions des feuilles, par nn a) Pal «à. de ee ‘à ct FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Aperçu de la végétation des plantes cultivées de la Suède, par M. ANDERSa0N, Prodromus Floræ Novo-Granatensis, ou Énumération des Plantes de la Nouvelle- Grenade, avec description des espèces nouvelles. = LiCHENES ; additamentum pnoouit W. NyLangen. OR MOT 4 MOTS MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES. Diagnoses breves Plantarum novarum Japoniæ, scripsit C. J, Maximowicz, , 104 112 122 137 167 178 193 197 204 214 218 219 224 399 231 301 378 TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS. ANDERSSON {N.J.). — Aperçu de la — Adhuc circa Amylobacteria adno- végétation des plantes cultivées de RATIO + nes de “= 226 CET 218 la Suède. . . . . . . . . . . . 5 231|_ Sur les Amylobacter. . . . . . . 219 Borner (Ed.). — Recherches sur la fé- PRiLLIEUX (Ed.). — Etude du mode de condation des Floridées se ve ne . 137 végétation des Orchidées. . . . . . 5 CARUEL (F.). — Observations organo- R ea M p Etobe géniques sur la fleur femelle des té; |"IPART- -— \CCErCNeS SUT ! Organisa- CALE du Sos TO 104 tion du genre Inomeria. . . . . . 122 CORENWINDER (B.).— Recherches chi- Roze (E.). — Les anthérozoïdes des miques sur la végétation. . . . . . 355| Cryptogames . . . . .. +. +. 87 FamiNTzIN (A.). — Influence de la lu- THURET (G.). — Voyez Bornet. mière artificielle sur le Spyrogyra TRÉCUL (A.). — Des vaisseaux propres ORÉROS DL, * RU NE EU RE: 167] des -Nrahéces., . 04 JTE 54 — Influence de la lumière sur le mou- — Des vaisseaux propres des Téré- vement des Chlamidomonas, Eugle- DIMÉRMÉES 7. Le LOS RIRES 112 na, Oscilalonia,lete, te IL 2, 178 — Matière amylacée et Cryptogames amylifères dans les vaisseaux du latex de plusieurs Apocynées. . . 208 — Influence de la lumière sur le ver- dissement des plantes. . . . . . . 193 — De l’action de la lumière sur le changement de position des grains — Réponse à trois notes de M. Nylan- de chlorophylle dans les feuilles der concernant la nature des Amy- d'une Mme at. List de 197 ÉTOILE | SA Maximowicz(C. J.).— Diagnoses breves WoRoniNE (Mich.). — Observations sur Plantarum novarum Japoniæ . . . 378| certaines excroissances que présen- NYLANDER (W.). — Circa Amylobac- tent les racines de l'Aune et du LOG NOR RP ee 2441. Eupin des jardins, © "SR RER NNTS TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME, Planches 1-5. Végétalion des Orchidées. — 6. Champignons parasites des racines de l’Aune et du Lupin. — 7. Anthérozoides des Cryptogames. — 8. Organogénie de la fleur femelle des Carex. — 9et 10. Organisation de l’Inomeria. — 11, 12, 13. Fécondation des Floridées. — 14. Action de la lumière sur le Spirogyra. FIN DE LA TABLE. , . . = , o) Paris, — Imprimerie de E. Manriner, rue Miguon, - Fr, AT T | LT COS Cu LA ei: Mio < RC den ns Le < DS Ann. des S'etenc. nat. À Sérte. Pot. Tome 6. FL. 1. Zad. Prillicux del. Pierre sc. 3 £ L X à Ve y cldadion des Orchidees . | À. Salmon 2772 7 Preille-Estrapade. 28 LurE . \ Fa EX A - Ann.des Scienc.nat. 5 Serte. Bot. Zome 6. JA. 2. Za Prillieux del. Prerre se. Veyelalion des Orchidées . À Salnon mp. r. Mireille Lstrapate. 15, a Lurts. di: Fr Arr.des Jcrenc. nal. 5° Serre. Pot. Lome Ô. PI. 3. Zd Lrillieux del . Prerre Sc. Vegeleat zon des OrchRtACES . À. Salmon 7772 à Vieille -Fstrapade. 25, Zarts. Z. Pol Jonmce6. Ft. Ue.des Jc.nat. 5 Jerte. Peerre SC. 7. Zrillieux del . ES. LA Ve egela on des Orchide A. Salmon im PT. Vieille -Estrapaute. 15, Lurts . AN LE DAT SEL A PRDIAUEN in] 11 1 Qi) in UE | PPT AU Bot. Lome 6 LA. 5. DO SRE Son oem Zd Lrillieux del. Pierre JC. leg clañion des Orchidees. À Salnon 1mp.r. Ve le-Lstrapade, 215 a Put . à A À A/nn.des Serenc.nat. 9 Serre. Pot. Zome 7 11.0 ) un 1 AS FU [ LUE à 1" > i CES \ gs tn RENAN TA RU À \ NT N ni N \ \\ RAA AR ESS ay { ) AO UNI fl 14 1,1}} MAUN \ EPTICILPIAR \Y 10 NAN HN | 177 | N 4 SHATEN | #. Woronin del . : |: Charnpigrons parasites es Racines de lAulne el dut Lupin. € A. Salmon, tmp. 7. Preille-Lstrapade , 18, LATE . Le Myth A AL o A 1e à Pot. Zome 7. FF: 5 Me / M » ’ 24 7 2 Ann.es Jrcenc nat . © Jerte - Er N KW f") O a ';: \ \ 2 / av. 4 | ) £$ : LA. A) NL _ 3 20 À 22 à \ 7 se er 0979 - Ne | s- 7,1 29 # 4 Z Fr? 27° » / 27. f ( { de LÉ 1} cn | } Pierre Fe ER, de . Antheroxoides des l r'ypPLOgAINeS. À. Salmon np. T Preille-Æ'strapade, 25, Prrts Ann.des Scicenc.nal. À Serte.. Pot. Zome 7. 71.8. PLAN : Caruel À Menici del . frerre se. Uryenogénie de la fleur © des Career. 2 Lemon 2722 r. Vreille-L'rtrapate. 15, Lars . “ Pers de 8 ES ‘ x 4 2 & LJ= “ TN VA Mb pins ne Bot. Tomé 7. PL 9. SE _— — CT u Se 1 \ £ Sa ne Ann.des Scienc.nat. 5 Sirre. Prerre se. Le Organisation de l'Lromerte . À. Salmon, Impr. Vieille-E. slrapade, 15, Parts . ri jte, E 2 A $ / É— è D Ÿÿ RQ #T 2, SLR Ann. des Science. nat. 5° Serce.. Pot. Zome 7. PE 40! part del . Pierre Sc. Orgarisalion de. l'normerte . À. Salmon. Impr. Frieule-Æ. s{rapade, 15, Luris . Bol. Tome 7 DB: LE AMnn.des Seine. nat. 5 Jérre-. EC eur dre anni > @ D DD IE le at ln DS . D RO ONE, me RE PT DS Prcart se. Peconadaition des loridees . À. Salmon, 1mp. 7. Viville-Ltrapade, 15. Partis . Bot. Lome 2 FT, 78. VAR. des Sréene. 2 Syre. CAP RES CET 7 te RES Sul ml mt ET Picart se. Adatonr des Ploridées . fece Æ. Salmon. Lmp.r. Vieille -£; érapade,15. Laris. Ann.des Science. nat. ES Série. Bot. Iome 7. PL. 13. Bornet del. Preart se fecordakion des flo ACCES. | À. Jrlmeon, emp.r Freille -Æ. wrapade , 15, Zhrts . PRR S S N À, Ÿ N | À È & or | ; Ÿ FN J « S g 5, (e4 [e) = de. à S y) 4 ce R À Ÿ R 2 Ÿ Ÿ -X à x À à k Se è NS - NS Ÿ $ | Y NN N À ; à A+ Nù J R — Are. des S'ecenc.nat. 5° Serre. Famintrin del. EL) UE % LS f: Ron 2 E fo< PEU LPO Ca En »+