2 HE nés HN à 5 (HA ENNIT TRE Fine D V3 pa f HE 43 it H fi 4 4 k 1 4° TX : ja ANNALES DES SCIENCES NATURELLES SIXIÈME SÉRIE BOTANIQUE PARIS. — IMPRIMERIE DE E, MARTINET, RUE MIGNON, Ÿ SIXIÈME SÉRIE BOTANIQUE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LÀ CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE MM. AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE TOME Ii] PARIS LIBRAIRIE DE G. MASSON PLACE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE 1876 ‘ 4 ‘ A ke ui Forts CO FE A à A : PORN DT D es le = r - = er D pps y L S | : à SR ù Fi Ï ai À 1 L ‘ F4 " ET FH na k L À. 2 2 D. 2 = 5ès L tou, og 1 cu ER — mn es VIRE A re A 4 E a : [+ ; n, & î Ù CH = nd Î : M: : ë - - à e ae Me Re 2n » En Q DES CPR CIE | fs F4 FETE re ô : 1 . à sat dE EE 1 s : È \ : TRUE \ : ri Ti cine 4 se à ETES ai - Lt RE 4% 11 3 ; = A2 "E s î à ” + da 1e Cr £ x : } . l : f RS) 3 p k \ LE à \ Er nr HD * ce e— re & galus aa n x MR he 1 è 1 E ÿ 4% ï < . CES . si. . _ =, + 5 12. > ; 4 ” CALAIS. : , : \ li . ANNALES DES SUIENCES NATURELLES BOTANIQUE RECHERCHES SUR LA FRUCTIFICATION DE QUELQUES VÉGÉTAUX PROVENANT DES GISEMENTS SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE Par M. B. RENAULT, PREMIÈRE PARTIE, FRUCTIFICATIONS DES Zygopteris. Le genre Zygopteris, établi par Corda sur des échantillons signalés pour la première fois par Gotta, est actuellement assez bien connu des paléontologistes ; les pétioles en ont été décrits par Cotta (1), et j'ai fait connaître de mon côté, dans les Annales des sciences naturelles (2), la structure détaillée de la tige et de plusieurs pétioles appartenant à différentes espèces. Mais il manquait à la connaissance complète de cette plante curieuse celle des feuilles et des fructifications ; je crois pouvoir aujour- d'hui combler cette lacune. Dans les magma siliceux de Saint-Étienne on rencontre quel- (1) Dendrolithen, p. 19. (2) 5° série, t. XHI. ô B. RENAULT. uefois des agglomérations d’organés capsulaires allongés, légè- rement arqués, presque réniformes, de 2,5 à 3 mullim. de longueur, et de 4 millim. à 1°°,3 environ de diamètre, fixés par leur extrémité à de petits pédicelles très-courts, réunis eux- mêmes au nombre de 3 à 8 en petits bouquets sur un support commun également très-court. Détachés de leur support primitif, ces bouquets forment des amas assez considérables ; une coupe, passant par l'un d'eux, rencontre les organes dans toutes les directions possibles ; son examen m'a fourni les détails suivants : La coupe transversale de l’une de ces capsules est de forme circulaire. Les parois sont formées d’un seul rang de cellules à section presque rectangulaire; aux deux extrémités d’un même diamètre on remarque deux renflements formés par des cellules à parois plus épaisses, de dimensions plus considé- rables, dont le grand axe est perpendiculaire à la surface de la capsule : ces renflements existent depuis la base amincie jusqu'au sommet, et proviennent d’un anneau élastique qui fait sensibiement le tour de la capsule. A l’intérieur, on remarque une membrane détachée de la paroi formant une sorte de sac rempli de nombreux corpuscules ou spores. Ge sac constitue un véritable sporange. Les spores sont formées d’une première enveloppe transparente régulière- ment sphérique, dans laquelle on aperçoit une deuxième enve- loppe à surface plissée et d’une teinte plus foncée. J'ai dit plus haut que la capsule était légèrement arquée. Une section passant dans le plan de cette courbure montre que les parois se composent d’un seul rang de cellules, plus longues que larges, et qui se rétrécissent de plus en plus à mesure que l’on approche de la base du sporange, où elles deviennent presque fibreuses. Si la section passe par le plan médian du sporange, elle ne rencontre l'anneau élastique n1 dans la partie convexe, ni dans la partie concave ; mais, si la section est faite perpendi- culairement à cette première direction, elle rencontre les cel- lules de l’anneau dans toute son étendue. On doit donc conclure que les deux bandes élastiques qui s'élèvent de la base pour VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 7 attendre le sommet occupent les deux côtés du sporange placés entre les courbures. Cette disposition de lanneau élastique diffère de celle que j'ai décrite (1) dans ma note sur les Bofryopteris. Dans ce genre, la bande élastique est unique en effet, et s'élève obliquement de la base au sommet. Ce n’est pas la seule différence que présentent ces deux modes de fructification, dont le groupement est cependant analogue. La longueur des capsules du genre que je décris aujourd’hui est de 2,5 à 8 millim., tandis que celle des Botryopteris atteint seulement 1°°,5 à 2 millim.; les pédicelles qui les supportent sont plus allongés dans les premières que dans les secondes, et les spores sont trois à quatre fois plus volumineuses. De plus, il est impossible de confondre les capsules piriformes des Botryopteris avec les sporanges arqués des Zygopteris. Malgré les nombreuses coupes que j'ai pu faire dans ces groupes de fructification, je n'ai rencontré d’autre forme de pétiole que celle dont une coupe est représentée (pl. #, fig. # bis). Sa partie vasculaire est à peu près cylindrique, et il m'aurait été impos- sible de reconnaitre son origine et de rapporter ces fructifica- tions à quelque genre fossile connu, si à leur contact ne s’étaient trouvés quelques pétioles de Zygopteris. On sait que de chaque extrémité de l’ff qui figure la section du faisceau vasculaire de ces pélioles partent alternativement, à droite et à gauche, deux faisceaux vasculaires à section circulaire ou elliptique fort dif- férents de la forme de lf-fdu faisceau du rachis. Dans les pétioles de Zygopteris j'ai signalé la présence de tubes à gomme formés par des cellules superposées. Ges tubes se retrouvent dans les petits pétioles qui parcourent les fructifications décrites plus haut, et forment un cercle autour du faisceau vasculaire central. Je rapporte donc avec une très-grande probabilité les fructi- fications réniformes précédentes à celles des Zygopteris, qui appartiendraient ainsi à la même famille que les Botryopteris. {1) Annales des sciences naturelles, 6° série, t. Ie. 8 B. RENAULT. Peut-être les Anachoropteris viendront-ils se placer également à côté de ces deux genres. La connaissance de leur frucüfication pourra seulement décider si cette hypothèse est fondée. Dans son grand travail sur la Flore carbonifère du dépar- tement de la Loire, M. Grand’'Eury figure et décrit une espèce particulière de Schzopteris à laquelle 11 donne le nom de Schizopteris pinnata. Les pinmnules, d’une forme particulière, charnues, profondément incisées et laciniées, offrent comme disposition la plus parfaite analogie avec des groupes de fructi- fication également pinnés, désignés par le même savant sous le nom de Androstachys. Les figures 12 et L#4, pl. 1, montrent en effet la grande ressemblance qui existe entre la fronde stérile et la fronde fructifiée. Si maintenant on examine chacun des groupes de capsules de ces deux types, leur mode d'attache, leur grandeur, leur forme arquée et la disposition même de l'anneau, dont on dis- tingue des traces sur l'empreinte, on reconnait une telle ana- logie avec ce que J'ai décrit plus haut, qu'il est impossible de ne pas reconnaitre l'identité spécifique des fructifications sili- cifiées avec les empreintes d’Androstachys fossiles. Nous arrivons donc naturellement à cette conclusion, que certaines formes de Schizopteris (Schiz. pinnata) sont les frondes pmnées, quelque- fois fructifiées (Androstachys) des Zygopteris, dont on ne con- naissait que les pétioles et la tige. Cette Fougère se trouve ainsi étudiée et connue dans toutes ses parties, et son histoire jette quelque lumière sur le groupe jusqu'ici si obscur des Schizopteris. SECONDE PARTIE. FRUCTIFICATIONS DE Bruckmannia, DE Volkmannia £Tt DE Macrostachya. Les fructifications spiciformes ont attiré depuis longtemps l'attention des paléontologistes ; aussi les collections particu- lières et publiques renferment-elles un grand nombre de ces épis à l’état d'empreintes. Les unes, offrant l'aspect général et la conformation ee épis VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 9 des Lycopodiacées, désignées sous le nom de Lepidostrobus (Brongn.), n'ont soulevé aucun doute sur leur attribution ; tous les paléontologistes sont actuellement d'accord pour les rap- porter à des Lycopodes arborescents de la période houillère. Les autres, en général de dimensions plus petites, d'aspect équisétiforme, plus variées d'organisation, présentent beaucoup plus d’incertitudes quant à leur origine. Les quelques fragments dont la description se trouvera plus loin appartiennent à cette dernière catégorie. Les principales formes ont été désignées, comme on sait, sous les noms de Bruckmannia (Sternberg), Volkmannia (Stern- berg), Huttonia (Sternberg), Macrostachya (Schimper), Cingu- laria (Weiss). Le Bowmanites (Binney) doit être regardé comme une fruc- tification de Lycopodiacée plutôt que de Calamariée. M. Ottocar Feismanthel pense que : 4° Les Bruckmannia sont les épis fructifiés des Annularia : «en cela il est d'accord avec la plupart des savants. Mais, comme nous le verrons plus loi, 1l est probable que sous le nom de Bruckmannia on à compris d’autres fructifications que celles d’Annularia ». 2 Que les Volkmannia sont les épis d’Asterophyllites ; enfin, que les Huttonia appartiennent aux Calamites. Dans un travail publié par M. Weiss (de Berlin) (1), ce bota- uiste, se basant sur la structure des épis et le mode d’attache des sporanges, admet six types différents de fructifications : Equisetum, Annularia, Calamostachys, Macrostachya (Huttonia), Cingularia, Asterophyllites (Volkmannia). 1° Dans le type Equisetum, on sait que les sporanges, en nombre variable, sont placés circulairement sous l'extrémité (1) Zeitschrift der dsutschen geologischen Gesellschaft, 1873. 10 B, RENAULT. peltée des sporangiophores disposés en vertcilles sur lPaxe de l'épi, et qu'il n’y a aucun verticille stérile foliacé entre les verti- cilles fertiles des sporanges. 2 Dans le type Annularia, chaque verticille fertile se trouve séparé par un verticille stérile ; le sporange wnique serait porté à l'extrémité d’un sporangiophore de forme triangulaire et partant de laxe, immédiatement au-dessous des bractées du verticille stérile. 3° Dans les Calamostachys, le verticille fertile est formé de sporangiophores s’élevant perpendiculairement du milieu ‘de l'intervalle qui sépare deux verticilles stériles ; l'extrémité peltée de chaque sporangiophore porte quatre sporanges. 4 Les Macrostachya (Huttonia) offrent des sporangiophores partant de laisselle des bractées stériles; mais l'échantillon unique examiné par M. Weiss, et qui ressemble à l'Huttonia carinata, ne lui à pas permis de déterminer la nature des spo- ranges. 5° Le verticille fertile des Cingularia est composé de lames cunéiformes insérées au même niveau que le verticille stérile et au-dessus. Le verticille stérile forme un disque dentelé sur ses bords. Chaque lame du verticille fertile est au contraire profondément incisée, et chacune des meisions porte, Pun à la suite de l’autre, dans le sens du rayon, deux sporanges séparés par un sillon. 6° Les sporanges des Asterophyllites sont de formes ovoïdes et placés à l’aisselle des bractées composant les verticilles stériles. Dans ce groupe rentreraient les Volhkmanma et les Sphenophyllun. elles seraient, d’après le savant allemand, les principales dispositions offertes par les épis équisétiformes. Le type Equisetum n'a été rencontré Jusqu'ici, pendant la période houillère, ni à l’état d'empreinte, ni à l’état pétrifié. La forme de fructification rappelée plus haut, et que M. Weiss propose comme type de celle des Annularia, n’est pas la seule que nous présente ce groupe de végétaux. En effet, les Bruck- mannia tuberculata, regardés généralement comme les épis fructifiés de lAnnularia longifolia, présentent la disposition VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 41 désignée par M. Weiss sous le nom de Calamostachys, et que MM. Ludwig, Binney, Carruthers, Williamson, ont signalée dans ses points généraux sur les nombreux épis pétrifiés que ces savants ont étudiés. Les fructifications des Annularia ne peu- vent donc pas être représentées par un type unique. D'un autre côté, des épis très-analogues aux Bruckmanma tuberculata, comme disposition des sporanges et comme dimen- sions, doivent en être distingués, comme je l’indiquerai plus loin, après l'examen détaillé de certains épis silicifiés découverts à Saint-Etienne. La disposition des sporanges sur un pédicelle pelté partant de l’aisselle des bractées appartiendrait plutôt aux Vo/kmannia qu'aux Macrostachya, si deux épis silicifiés venant d’Autun sont bien des épis dont le Volkmannia gracilis (Sternberg) serait le type. Enfin, un fragment de fructification que l’on peut rapporter à l'Eguisetites infundibuliformis donne quelques détails sur la structure des épis de Macrostachya. Quant aux fructifications de Sphenophyllum, je n’en ai pas encore trouvé dans les nombreux fragments silicifiés que j'ai eu occasion d'examiner. À plusieurs reprises j'ai rencontré des rameaux portant leurs feuilles insérées aux articulations, mais sans trace de fructfication. Par ce qui précède on voit done qu'il est difficile d'établir une classification définitive; ee n’est que par la minutieuse com- paraison des empreintes et des épis pétrifiés, malheureusement encore trop peu nombreux, qu'on peut espérer jeter quelque lumière sur ce point si intéressant de la paléontologie végé- tale. Je conserverai done les anciennes dénominations désignant plutôt des formes de fructification que des genres précis et déterminés. La forme d’épi la mieux connue est celle dans laquelle les Sporangiophores sont insérés perpendiculairement à l’axe de l’épi, au milieu des entre-nœuds. En effet, en 1865, Rud. Ludwig, sous le titre de Calamiten Früchte (1), a décrit des (1) Palæontographia, vol. X, 12 B. RENAULT. épis de 6 à 8 centimètres de longueur, disposés en panicules cylindriques et terminés en pointe, et dont les verticilles stériles, sous forme de bractées alternantes, sont distants de 3,5. Ces bractées alternantes, au nombre de dix, présentent une côte médiane, et ne dépassent pas, lorsqu'elles sont redressées, la hauteur d’un entre-nœud. Les sporanges, au nombre de quatre, sont fixés à cinq sporangiophores peltés et disposés en verticille. M. Binney, de son côté, a décrit (1) avec de nombreux détails de petits épis en forme de chatons, à peme longs d’un centimètre. Les bractées stériles imbriquées qui les constituent, après avoir formé une sorte de plancher horizontal, se relèvent verticale- ment et dépassent un peu la longueur de l’entre-nœud; elles sont au nombre de douze : six sporangiophores peltés et verti- cillés supportentchacun quatre sporanges. D’après M. Schimper, ces épis peuvent être considérés comme appartenant à lAnnu- laria longifolia. Vers la même époque, M. Carruthers (2) à fait connaitre la structure d'épis présentant la même disposition que ceux décrits par M. Ludwig et M. Bimney. Dans la plante décrite par M. Carruthers, le nombre des sporangiophores peltés qui com- pose les verticilles fertiles est de cinq. Chacun des sporangio- phores porte quatre sporanges, dans lesquels M. Carruthers a cru reconnaitre des spores munies délatères! Mais ne serait-ce pas plutôt les débris de la cellule mère, dans laquelle les spores se seraient formées? Ici la distance des verticilles stériles est d'environ 3 à 4 millimètres, et le nombre des bractées double de celui des sporangiophores. Ces épis ne diffèrent donc pas sensiblement de ceux décrits par Ludwig, et paraissent appar- tenir, soit au Calamites communis (Ettingshausen), soit au Cala- mocladus longifolius (Schimper). M. Williamson a publié en 1869, dans les Mémoires de la Société littéraire et philosophique de Manchester (3), une nou- velle forme de strobile de Calamite. La figure de lépi restauré (1) London Paleont. Soc., 1868. (2) Journal of Botany, décembre 1867. (3) Vol. IV, 3: série. VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 13 qu'il donne montre que les sporangiophores, au nombre de vingt, partent non plus de l’axe, mais qu’ils en sont éloignés et portés sur des bractées stériles soudées entre elles. Il est à regretter que la conservation de l'échantillon n'ait pas permis à M. Williamson d'observer plus complétement les détails de ce curieux strobile ; car, tel qu'il est déerit, il ne me parait pas devoir se ranger à côté des précédents. Le Volkmannia Dawsoni, étudié par le même savant dans le cinquième volume (1), offre une disposition tout autre : ici les bractées stériles sont libres, roides, aiguës, s’écartant oblique- ment de l’axe presque en ligne droite ; de leur aisselle s’élevaient les sporangiophores auxquels étaient fixés les sporanges dis- posés en série radiale en nombre variable, Malheureusement on ne sait pas bien comment les sporanges étaient attachés. On voit, par le résumé suceimct qui précède que, si l’on connait assez bien la structure des Bruckmannia, 1 n’en est pas de même des autres types. Les épis que je vais décrire peuvent être considérés comme faisant partie des types suivants : Bruckmannia, Volkmannia et Equisetites infundibuliformis. 4° Bruckmannia Grand'Euryi (2).— Ces épis proviennent de magmas silicifiés recueillis près de Saint-Étienne par M. Grand°- Eury. Noyés dans la silice, leur surface extérieure n’a pu donner la forme exacte des bractées, dont on ne peut reconnaitre la disposition qu’au moyen de coupes transversales; par consé- quent, leur assimilation à des empreintes connues devient dif- ficile. Cependant j'ai rencontré des empreintes recueillies à Saint-Étienne, et qui ne laissent guère de doutes sur leur identité spécifique avec les premières, à cause de certains détails que je signalerai dans les épis fossiles. Ces épis sont cylindriques ; leur longueur totale est inconnue, mais elle parait avoir été considérable ; leur diamètre extérieur (4) 3° série du même recueil, 1870-1871. (2) Les préparations de ce Bruckmannia sont conservées au Muséum, ainsi que celles de l’une des éspèces de Volkmannia décrites dans ce mémoire, le Volkmannia gracilis. 14 B. RENAULT. est de 11 à 12 millimètres ; celui de l’axe est de 2,5 à 3 nulli- mètres. La distance des verticilles stériles entre eux est de D#,0. Ce genre m'a offert deux espèces différant entre elles par le nombre des éléments qui entrent dans la constitution des verti- cilles stériles et fertiles. L'axe est formé d’un cylindre higneux asséz épais (1) composé de fibres rayées en série radiale, surtout aux articulations, La partie centrale du cylindre est occupée par une moelle continue dont les cellules, plus hautes que larges, sont disposées par files verticales, et la tige n’est pas cloisonnée aux articulations. Sur une coupe transversale, le cercle ligneux,; épais de 0"",3 à 0°®,6 aux articulations, montre autour de la moelle et à la hauteur d’un nœud une série de lacunes en mêmé nombre que les sporangiophores. Dans l’une des espèces (le Bruckmannia Grand'Euriÿi) le verticille stérile se compose de 36 bractées, et le verticille fertile de 18 sporangiophores, tandis que dans l’autre (le Bruck- mannia Decaisnei) on compte 24 bractées stériles et 12 sporan- giophores. Dans ces deux espèces, les bractées stériles s’éloignent hori- äontalement à peu près à 2°%,5 de la surface extérieure de Paxe et se redressent ensuite. Les bractées fibreuses intérieurement sont parcourues par un faisceau vasculaire qui en occupe la partie inférieure et médiane ; une coupe transversale de la por- tion horizontale de la bractée donne une figure plan-convexe, la portion convexe étant en dessous. La partie fibreuse de la bractée dépassait, en se relevant; le milieu de l’entre-nœud ; mais cette partie fibreuse parait avoir été recouverte par un tissu cellulaire moins résistant, dont on retrouve souvent les traces, et qui me parait s'être continuée sur environ 2 centi- mètres, de facon à atteindre le haut du deuxième entre-nœud supérieur. Autour de plusieurs des épis j'ai rencontré de nom- breux débris de ces extrémités, qui, sur une coupe transversale (1) Ce cylindre est plus épais que celui que J'ai indiqué dans lé Bruckmannia tuberculata (Ann. sc. nat., 5° série, t. XVI). VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 15 (fig. 9 et 10, pl. 4), montrent une section arrondie du côté de la face extérieure ; les bords, relevés de chaque côté de la bractée, forment deux gouttières longitudinales le long de la nervure médiane saillante occupée au centre par des cellules allongées dans le sens de la longueur de la bractée. À droite et à gauche de cette nervure, le tissu est formé essentiellement de cellules allongées dans le sens transversal; le grand axe est perpendi- culaire à la nervure médiane; et elles sont rangées parallèle- “ent au limbe de la bractée, dont la surface est recouverte par un épiderme très-régulier. À la maturité de l’épi, cette partie cellulaire de la bractée devait probablement se séparer de la partie fibreuse qui, du reste, parait elle-même avoir dù se désarticuler. La partie cellulaire forme au-dessous de la partie fibreuse un plancher continu horizontal, d’où émanent verti- calement et en forme de lames rayonnantes des prolongements qui s'étendent au delà des sporangiophores placés au-dessous : 18 dans l’une des espèces, 42 dans l’autre. Ces lames rayon- nantes, qui dépassent peu les sporangiophores, ne paraissent pas s’être soudées, du moins à la maturité, au verticille stérile inférieur. C'est dans l'intervalle laissé eñtre elles par ces lames que se trouvent logés les sporanges. Les sporangiophores, dont l'axe fibreux est parcouru en dessus par un faisceau de trachées, se terminent par une lanie cellu- laire verticale soudée aux diaphragmes cellulaires qu’elle re- couvre entièrement, et qui s'étend jusqu'aux bractées du verti- cille stérile supérieur. Les cellules qui forment cette couche sont à parois épaisses allongées perpendiculairement à sa sur- face, et paraissent avoir joué le rôle de tissu élastique; cette couche est plus épaisse et plus solide là où elle se soude aux sporangiophores. J'ai dit que le sporangiophore était parcouru en dessus par un faisceau vasculaire de trachées. Ce faisceau, avant d'atteindre l'extrémité de l'organe, se sépare en deux branches horizontales très-courtes, qui se subdivisent ensuite chacune verticalement en deux branches ; ces quatre faisceaux s'arrêtent à la base des 16 B. RENAULT. sporanges, qui sont ainsi placés par paires de chaque côté de la cloison qui réunit le sporangiophore au verticille supé- rieur. Cette disposition par paires de chaque côté de la membrane cellulaire mdique que le verticille fertile, dont les éléments sont moitié moindres en nombre que ceux du verticille stérile, se compose, en réalité, d’un nombre égal de sporangiophores soudés deux à deux. Dans la figure 8, pl. #, on peut voir quatre de ces sporanges dont 1l ne reste plus que les membranes déchirées du côté de leur support, encore inclus entre les lames cellulaires, et dont les spores se sont échappées. Celles-ci, comme celles de nos végétaux actuels, se formaient quatre par quatre dans des cel- lules mères renfermées dans les sporanges. La figure 7, pl. 5, montre plusieurs de ces cellules mères. À l’époque de la maturité, l'enveloppe du sporange se déchi- rait, et les diaphragmes cellulaires, dont les bords extérieurs étaient sans doute tirés en même temps que les sporangiophores de bas en haut par la lame élastique, en s’écartant, laissaient échapper les spores, qui pouvaient se disséminer librement, les bractées étant alors, en effet, débarrassées de la portion cellulaire qui les surmontait. En examinant les empreintes d’épis longs de 49 à 15 cen- timètres provenant de Saint-Étienne, et dont l'aspect rappelait ceux des Bruckmannia tuberculata, au point qu'on aurait pu les confondre, j'ai pu distinguer, au-dessus de chaque sporan- oiophore, une lame qui allait rejoindre le veruicille stérile supé- rieur ; le bord extérieur et plus épais de ce diaphragme vertical partait de l’une des bractées, en se dirigeant vers l'extrémité des sporangiophores, où elle se terminait au-dessous sous la forme d’un onglet recourbé ; les sporangiophores, au lieu d’être per- pendiculaires à l'axe de lépi, étaient obliques, comme s'ils avaient été trés de bas en haut à leur extrémité. Dans les échantillons que j'ai pu examiner, les sporanges étaient tombés ; leur présence, sans cette circonstance, aurait plus ou moins masqué les détails de structure que je viens de faire connaître. VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 17 Quant aux bractées stériles, elles avaient perdu les appendices cellulaires dont j'ai parlé à propos de l’épi silicifié. Je considère cette empreinte comme spécifiquement iden- tique avec le Bruckmannia Grand Euryr. 2% Volkmannia (Sternberg). — L'étude de ce genre de fruc- tification a: été faite d’après deux fragments, dont l’un cor- respond au sommet, et l’autre à une portion médiane de l’épr. Ges deux échantillons n’appartenaient cependant pas à la même espèce, mais certainement à la même forme de fructification. Tous les deux ont été trouvés dans les gisements silicifiés d’Autun : le premier, inclus dans un magma siliceux, ne m'a pas laissé reconnaitre la forme des bractées stériles ; le second, au contraire, isolé, n'a permis de voir et de dessiner la forme extérieure de l’épi sur une petite étendue. Première espèce (Volkmannia gracilis). — Le sommet de l'axe de cet épi, terminé en cène peu élevé, est recouvert par les derniers verticilles de bractées stériles, qui, en se réunissant, donnent à l'extrémité une forme arrondie. Le diamètre de l’axe est de 2,5 environ. Sa partie Higneuse, formée de fibres allongées rayées, constitue un cylindre entou- rant une moelle composée de cellules un peu plus hautes que larges, disposées sans interruption par files verticales aux arti- culations, dépourvues par conséquent de cloisons transver- sales. Le cylindre ligneux est parcouru, dans le sens de la longueur, par des lacunes dont le nombre parait correspondre à celui des sporangiophores. L’axe porte alternativement des verticilles stériles et des ver- ticilles fertiles. Les premiers, distants de 2 millimètres, se com- posent de 20 bractées qui s’éloignent horizontalement de leur point d'insertion en se courbant un peu; puis elles se relèvent à une distance de 1"",5 de l’axe pour attendre une longueur verticale de # à 5 millimètres, dépassant ainsi de beaucoup l’entre-nœud supérieur. La partie de la bractée, là où celle-ci se redresse, est renflée et se prolonge en dessous en forme d'onglet plus ou moins saillant dans l’entre-nœud inférieur. 6° série, BoT. T. IL (Cahier n° 1). 3 2 18 B. RENAULT. Une coupe transversale des bractées dans la partie où elles forment un plancher horizontal montre qu’elles sont planes en dessus, mais parcourues en dessous par une côte saillante formée par un faisceau vasculaire. Ces bractées se joignent en dessus par leurs bords, mais sans se souder, comme cela arrive dans les Bruckmannia; leurs sections transversales, à différentes hauteurs, sont d'abord elliptiques, le petit axe de lellipse étant dirigé suivant le rayon; un peu plus haut une légère saillie se montre sur la face intérieure, et en même temps, de chaque coté de cette saillie, la surface de la bractée devient concave, la face extérieure reste convexe; un peu plus haut encore la section redevient elliptique, puis enfin circulaire; la bractée est donc subulée dans la partie relevée, et diminue de largeur à peu près régulièrement de la base au sommet, terminé en pointe. À l’aisselle des bractées, et de deux en deux sur un même verticille, s’insèrent les sporangiophores : ceux-ci s'élèvent obli quement ens’écartant de l'axe; leur extrémité se dilate en forme de disque épais, sous les bords desquels, parallèlement aux sporangiophores, sont disposés quatre sporanges ovoides dont la pointe regarde le côté de l'axe. Leur longueur est de 0"",7, et leur diamètre 0"”,8. Leur enveloppe parait formée d’une seule couche de cellules renfer- inant des granulations sphériques très-petites dans l'échantillon que J'ai sous les yeux, soit parce que les spores sont très-jeunes, soit parce qu'elles sont prises au sommet de l’épi. La section transversale du sporangiophore est circulaire ; le centre est parcouru par un faisceau vasculaire qui se divise en quatre branches dans la partie charnue du disque, et se dis- tribue ensuite sous chacun des quatre sporanges dont la base est plongée dans le tissu du disque. Deuxième espèce (Asterophyllites equisetifornis). — Le deuxième échantillon appartient, ainsi que je viens de le dire, à une autre espèce et à la région moyenne d’un épi, au lieu d'en être l’extrémité, comme le précédent. Sa surface non en- gagée dans la silice présentait quelques bractées assez bien VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 49 conservées. Celles-ci sont droites dans la partie verticale, longues de 7 à 8 millimètres sur 1"",5 de large, et en contact par leurs bords à la partie inférieure ; au tiers de leur hauteur, la largeur diminue régulièrement jusqu’à l'extrémité, terminée en pomte aiguë qui atteint presque la deuxième articulation située au- dessus. Leurs sections transversales présentent les mêmes va- riations de forme que celles que j'ai signalées précédemment pour la première espèce. Le diamètre total de l’épi, qui est cylmdrique, mesure 2 cen- timètres, celui de l'axe est de 5 millimètres. La longueur des sporanges, qui sont comprimés sur leurs faces latérales et arrondis sur les autres côtés, est de 4 à 5 mil- limètres. La distance des verticilles stériles est de 4"",5. Ce verticille stérile se compose de 28 bractées qui s'éloignent de l’axe en se recourbant légèrement, puis qui se relèvent verticalement après s'être renflées à la partie coudée et avoir envoyé un court pro- longement dans Fentre-nœud imférieur. Le nombre des sporangiophores est de 14, et partent de Pais- selle des bractées stériles de deux en deux. Is se dirigent obli- quement en s’éloignant de laxe; leur extrémité ne m'a offert aucun renflement discoïde, soit que ce renflement charnu ait servi au développement des sporanges, soit qu'il ait disparu par la silicification. Quoi qu'il en soit, les sporanges sont disposés par quatre autour du sporangiophore : deux au-dessus, deux au-dessous. Les spores sont plus grosses que dans l'échantillon précédent, puisqu'elles ont probablement attemt tout leur déve- loppement. Les épis fructifiés dont les empreintes pourraient se rap- porter aux deux échantillons silicifiés que je viens de décrire sont assez peu nombreux. Le type en serait offert peut-être par le Volkmanma gracilis (Sternb.), qu’on ne peut ranger, à cause du nombre et de la forme des bractées, à côté du Calamostachys typica de M. Schimper, espèce pétrifiée décrite par Ludwig (loc. cit.), mais dont les bractées sont plus larges et moins nombreuses ; ou bien encore par le Calumostachys Galamitis 20 B. RENAULT. foliosi (Schimper), dont voici la diagnose donnée par ce savant : «Spicis cent. 9-10 metientibus exacte cylindricis, diametro cent. À, bracteis angustis numero circa 20. » Les grandes espèces de Volkmannia gracilis seraient plus voisines des échantillons silicifiés, notamment de la première espèce de Volkmannia décrite, que le Calamostachys Calamitis foliosi; ce dernier, du reste, appartient à une formation houil- lère plus ancienne que celle d’Autun. Une empreinte d’épi fructifié, adressée récemment au Muséum d'histoire naturelle par M. Grand’'Eury, et rapportée par ce savant à l’Asterophyllites equisetiformis, se rapproche au contraire, plus qu'aucune autre, de la deuxième espèce de Volkmannia par son diamètre, la forme et le nombre de ses bractées et par la disposition générale des sporanges. IT me parait donc probable que le premier épi sthcifié de Volknannia appartient au Volkmannia gracilis (Sternberg), et le deuxième à l'Asterophyllites equisetiformis. 3" Equisetites infundibuliformis. — Ge fragment isolé d’épi siicifié provenant des environs d’Autun a les extrémités des bractées peu distinctes ; elles m'ont paru représentées par des dents courtes, relevées et appliquées contre un prolongement lamelliforme du verticille supérieur. Le diamètre extérieur de cet épi mesure 25 à 26 millimètres ; c’est le plus considérable que j'aie rencontré. Son axe à 9 millimètres environ de diamètre, et paraît can- nelé sur une coupe transversale. Ces cannelures correspondent aux intervalles de dix faisceaux qui forment le cylindre ligneux, chaque faisceau présentant deux ou trois lacunes. L'axe présente assez bien, sur une coupe transversale, sauf la division plus marquée des faisceaux, la figure publiée par M. Williamson dans sa description d’une nouvelle forme de Calamite (loc. cit., 1869-70). Les verticilles stériles, composés probablement de 20 bractées soudées entre elles, sont distants les uns des autres de 4"",5. Leur section transversale forme une lame continue dans laquelle il m'a été impossible de reconnaître les différentes bractées qui VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 94 la composaient, à cause de la mauvaise conservation de l’échan- tillon. Le disque plan qui en résulte se relève sur les bords et se termine par de petites dents probablement en même nombre que les bractées, et appliquées contre un prolongement lamel- laire du verticille supérieur. En effet, si l’on fait une coupe tan- sentielle près des bords, entre les deux lames résultant de la soudure des bractées, on remarque une bande continue formée de grandes cellules dirigées perpendiculairement au plan de la bande, tissu élastique peut-être. Cette lame se relève sur les bords extérieurs, et m'a paru réunie par du tissu cellulaire au verticille de bractées situé au-dessus d’elle ; elle formerait done une bande continue circulaire, dont le bord supérieur serait soudé au verticille, et l’inférieur s’avancerait plus où moins dans l’entre-nœud; son rôle serait purement protecteur, rôle nécessité par le peu de développement extérieur des bractées. Les sporanges m'ont paru volumineux, disposés en un seul rang sur le plan formé par le verticille des bractées ; leur enve- loppe, composée d’une seule série de cellules, renferme des spores dont la grosseur dépasse beaucoup celle des spores ren- contrées dans les épis précédents, et peuvent être considérées comme des #4acrospores. Par les dimensions et la forme générale des bractées, cet épi paraît se rapprocher de ceux des Macrostachya, connus sous le nom d'Equisetites infundibuliformas. Ces épis, en effet, sont grands, cylindriques, à entre-nœuds rapprochés; les bractées, relevées et imbriquées, sont courtes, lancéolées, et les bords de la partie aiguë sont légèrement con- caves; soudées dans leur partie horizontale, ces bractées forment un plancher continu, et il n’est pas rare de voir sur des épis brisés transversalement le disque continu qui en résulte. En résumé, dans ce mémoire J'ai essayé de faire connaître aussi complétement que me le permettait la conservation des échantillons. 1° Les fructifications probables des Zygopteris ; 9% Une nouvelle forme de Bruckmannia ; 99 BR. RENAULT, 3° La structure anatomique encore inconnue des Volk- mannia ; 4 La portion des épis de Macrostachya qui renfermait les macrosporanges. Dans un autre mémoire je donnerai la description des cônes mâles munis d'anthères pollinifères des Cordaïtes, de leur cône femelle avec graines incluses, et en même temps les détails ana- tomiques de leur bois adulte, celui de leurs jeunes rameaux avec écorce, et la structure complète de leurs feuilles. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE 1. Fructifications de Zygopteris. Fig. 1. Coupe un peu oblique d'un groupe de quatre capsules (10 D.) dont les pédicelles sont fixés à un support commun &. Le nombre des capsules réunies en sorte de bouquet peut varier de deux à huit; ces bouquets ont toujours été rencontrés détachés du rachis qui les a portés, et groupés accidentellement en masse plus ou moins considérable dans les magma siliceux. b, portion de la paroi d’une capsule formée d’une seule assise de cellules dont la section transversale est rectangulaire ; €, autre portion de la même paroi occupée par les cellules de la bande élastique : ces cellules se distinguent des précédentes par leur coloration plus foncée et leurs dimensions plus considérables; e, enveloppe qui contient un grand nombre de spores f présentant une enveloppe extérieure, sphérique, lisse» dans laquelle le contenu s’est contracté irrégulièrement (voy, fig. 7) sous l'influence du liquide qui à produit la silicification. Fig. 2. Deux capsules plus grossies (20 D.). La section est dirigée dans l'épaisseur de l’enveloppe de la capsule supérieure ; en f, la paroi a même été enlevée en totalité, et le contenu formé par des spores est devenu visible ; la section passe au contraire sensiblement par le plan longitudinal médian de la eapsule inférieure. La forme des capsules est arquée ; sur la capsule supérieure il est facile de distinguer la région occupée par la bande élastique cc qui s'étend latérale- ment sur toute sa longueur. La coupe rencontre au contraire la capsule inférieure dans une région où il n’y a pas de trace d’anneau élastique ; les parties concave et convexe en sont donc dépourvues. Les autres lettres ont la même signification que précédemment. Fig. 2 bis. Une capsule à été coupée suivant la ligne mn de la figure 2, c’est-à-dire perpendiculairement au plan médian des courbures convexe et concave. VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 23 Cette section, représentée fig. 2 bis, montre qu’elle passe sur tout son contour par la hande élastique, qui fait ainsi le tour du sporange et envoie même des prolongements jusque sur le pédicelle en c’. Fig. 3 (gross. 20 D.) Coupe transversale faite à travers un bouquet de capsules. Comme celles-ci sont rencontrées dans des points différents de leur longueur, le diamètre des sections n’est pas le même; toutes sont pourtant munies de renflements ec qui correspondent à l’anneau élastique ; le plan de chaque anneau paraît être orienté de la même manière par rapport au centre du groupe formé par les capsules. Fig. 4. Section transversale des pétioles de Zygopteris trouvés au milieu des capsules précédemment décrites (10 D.). g, faisceau vasculaire central en forme d’— caractéristique des pétioles de Zygopteris; h h, deux faisceaux vasculaires qui s’en échappent laté- ralement pour se porter dans les subdivisions du pétiole : ces faisceaux secondaires n'ont pas la forme de = du faisceau principal, mais sont elliptiques ou circulaires ; à à, canaux gommeux remplis d’une substance brune, déjà signalés dans le Zygopteris Lacattü ; k, piquant existant à la surface du pétiole. Fig. 4 bis (même grossissement), Section de l’un des pédicelles qui portent un groupe de capsules. g, section circulaire du faisceau vasculaire central; 44, canaux gommeux qui entourent ce faisceau vasculaire. Fig. 5. Sporange du Botryopteris dubius (gross. 20). Ge sporange est arqué comme les capsules de Zygopteris représentées dans la figure 2, mais ses dimensions sont plus considérables, et les spores qu’il renferme sont plus petites que celles contenues dans ces mêmes capsules. Je ne pense pas qu'il soit possible d'identifier le Botryopleris dubius que j'ai décrit (Ann. sc. nat., 6° série, t. T) avec les fructifizatians de Zygopteris dont il est question ici. Fig. 6. Sporange de Botryopteris forensis (même grossissement). Les figures 2, 5 et 6 font ressortir la différence de grandeur de ces trois espèces de capsules, qui différent en outre par la disposition de la bande élastique et par la gros- seur de leurs spores. Les figures 7, 8 et 9 (100 D.), qui représentent les spores contenues dans les capsules des Zygopleris, des Botryopteris forensis et dubius, permettent d’en faire la comparaison avec facilité. Fig. 10. Spores du Volkmannia gracilis décrit plus loin. Fig. 11. Spores de l’Equisetites infundibuliformis décrit également plus loin. Fig. 12. Empreinte (demi-grandeur naturelle) d’une fronde pinnée de Schizop- teris pinnata (Grand’Eury). 1, rachis principal; m, rachis secondaire sur lequel s’insèrent des feuilles charnues, déchiquetées, profondément laciniées, dont on voit un exemple dans la figure 13 grossie deux fois. Fig. 14. Empreinte (demi-grandeur naturelle) d’une fronde pinnée d’Andro- stachys(Grand'Eury). Chacune des pinnules est remplacée dans cette fronde 24 fructifiée par un bouquet de capsules b b dont on a représenté trois exem- plaires dans la figure 15 grossie deux fois. BB. HRENAUEY%X. m, rachis secondaire; «, pédicelle sur lequel sont fixées quatre ou cinq capsules b b. Fig. 16. Une capsule d'Androstachys (grossie vingt fois). En comparant cette figure avec la capsule supérieure de la figure 2 représentée avec le même grossissement, il est facile de voir que ces capsules se ressemblent par leur grandeur, leur forme arquée, leur bande élastique disposée de la même manière. c, bande élastique. Fig. 17. Une capsule d’Androstachys vue par la partie convexe ; latéralement en ç on distingue les bandes élastiques longitudinales. PLANCHE 9. Volkmannia gracilis. Fig. 1. Portion supérieure d’un épi un peu oblique, vue par transparence dans un fragment de silice poli (gross. 10 D.). nË 15 a, axe de l’épi; b, verticille de bractées stériles : quelquefois les bractées sont fendues et brisées, comme on le voit en b'; dans la partie recourbée elles se renflent plus ou moins et forment une expansion saillante c; €, Sporangiophores naissant à l’aisselle des bractées ; leur extrémité est rompue, et les sporanges qui y étaient fixés sont tombés ; f, dernier ver- tüicille stérile dont les bractées presque rectilignes forment, en se réunis- sant par leur extrémité, un cône peu élevé qui recouvre le sommet de lépi. 2. Coupe transversale du même échantillon passant par un verticaille de bractées stériles ; celles-ci, au nombre de vingt, ne se soudent pas entre elles par leurs bords, mais restent libres dans toute leur étendue. a, partie fibreuse de l’axe, les fibres sont en grande partie rayées ; n, partie plus intérieure formée de cellules allongées au milieu desquelles sont creusées des lacunes / au nombre de dix; m, moelle centrale ; gg sont les parties postérieures des bractées du verticille qui se sont séparées du corps de la bractée b b; g' q" représentent les sections transversales de deux verticilles de bractées plus inférieurs que b b, et qui ont été rencontrés par la coupe transversale. Fig. 3. Coupe transversale (gross. 10 D.) passant par un verticille de sporangio- phores. p, Sporangiophores au nombre de dix; s, sporanges fixés quatre par quatre à chaque sporangiophore ; 1, cercle de lacunes entourant la moelle ; b b, verticille de bractées à l’aisselle desquelles s’insèrent de deux en deux les sporangiophores pp; qq sont les parties postérieures séparées du corps des bractées du verticille b b; g'g", g''g", coupe transversale de deux verticilles de bractées alternant entre eux et avec le verti- cille bb. VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 25 Fig. 4. Coupe longitudinale (gross. 10 D.) rencontrant quatre verticilles de bractées et les sporangiophores qui partent de leur aisselle ; la section est un peu inclinée par rapport à l’axe de l’épi. Les sporangiophores, en effet, ne sont pas placés en lignes verticales les uns au-dessus des autres. Nous venons de voir que les bractées alternent entre elles, de plus que les sporangiophores partent de l'aisselle de ces bractées de deux en deux; par conséquent les bractées doivent se correspondre sur une même ligne verticale de deux en deux, et les sporangiophores de quatre en quatre verticilles. a, partie ligneuse de l'axe de l’épi; b, bractée ; b', partie extérieure de la bractée qui a été rompue et disjointe du corps de la bractée ; p, sporan- giophore partant de son aisselle ; 4, disque charnu par lequel se termine l'extrémité du sporangiophore ; s, sporanges de forme ovoide adhérant par l’une de leurs extrémités au disque charnu dans lequel ils sont en partie plongés. Fig. 5 (gross. 20 D.). Une bractée et un sporangiophore naissant à son aisselle. ss, deux sporanges ; d, disque charnu servant à la nutrition et au dévelop- pement des sporanges ; b, D”, ce, comme précédemment. Fig. 6. Coupe transversale (35 D.) de l'axe faite à la hauteur des sporangio- phores. a, partie ligneuse; Z, lacunes occupées par des trachées; p, sporangio- phores; s, sporanges. Fig. 7. Coupe tangentielle passant par deux verticilles (gross. 35 D.). b b, verticille de bractées stériles; b', partie inférieure de la bractée où se trouvent les trachées; p, section transversale des sporangiophores ; s, enveloppe des sporanges formée d’une seule assise de cellules ; s’, spores très-petites qui y sont contenues. L'un des sporanges est coupé dans l’épaisseur du disque charnu qui le ter- mine ; on voit en { le faisceau de trachées qui à parcouru le sporangiophore s’étaler et se diviser en quatre branches, dont chacune se porte sous la base d'un sporange. Les bractées stériles bb sont aplaties à la partie supérieure, mais leurs bords, plus ou moins rapprochés, ne sont jamais soudés. PLANCHE 3. Bruckmannia Grand Euryi. Fig. 1. Coupe longitudinale (10 D.) d'une portion d’épi de Bruckmannia Grand’Euryi passant par quatre bractées stériles et deux sporangiophores ; on à figuré seulement les parties de droite. a, partie ligneuse de l'axe : la moelle a disparu dans cet échantillon; bb, bractées formées d’une partie fibreuse et d’une couche cellulaire f placée en dessous, très-souvent détruite ; c c, nœuds de la tige corres- pondant aux points d'attache des bractées, qu'il n’est pas rare de voir se séparer de l'axe en d; e, sporangiophore s’insérant au milieu de l’inter- valle compris entre deux verlicilles de bractées ; son extrémité se ter- mine par une lame cellulaire verticale ; 4, sorte de bande élastique qui 96 BB. RHNAUET. s'étend jusqu'au verticille de bractées supérieur ; les cellules qui la com- posent sont prismatiques, et leur grand axe dirigé perpendiculairement à la surface de la bande ; 0, lame cellulaire formant une cloison verticale : elle s'étend entre le sporangiophore et le verticille de bractées d’une part, et entre l'axe de l'épi et la hande élastique de l’autre (dans la figure cette cloison est séparée, par déchirement, de l'axe et du verticille de bractée supérieurs); 4, continuation de la lame cellulaire au-dessous du sporangiophore, mais dans aucun cas je ne l'ai vue s'étendre jusqu’au verticille inférieur. . Fig. 2. Section transversale de l’axe de l'épi faite à la hauteur d’un verticille stérile (gross. 35 D.). a, partie Hgneuse de l'axe : dans cette région, qui correspond à un nœud, les fibres prennent une disposition rayonnante ; f, tissu cellulaire réunis- sant les bractées stériles b b entre elles ; 4, lacunes en même nombre que les sporangiophores et formant un cercle autour de la moelle. Fig. 3. Section transversale de l'axe à la hauteur d’un verticille de sporan- giophores (gross. 10 D.). a, partie ligneuse de l’axe ; {, lacunes ; b b, bractées stériles du verticille inférieur rencontrées par la section; la partie fibreuse de la bractée est seule conservée ; ee, sporangiophores au nombre de dix-huit : dans cette espèce Ja partie supérieure des sporangiophores est parcourue par un faisceau vasculaire ; en {t on le voit se diviser en deux branches hori- zontales; 4, loges formées par les cloisons verticales qui s'étendent des sporangiophores au verticille supérieur; dans chacune de ces loges se trouve une paire de sporanges; #, membrane fapissant l’intérieur des loges : les sporanges n'existent plus dans l'échantillon figuré; hk, bandes élastiques qui recouvrent l'extrémité des sporangiophores et le bord vertical des cloisons. Fig. 4. Section transversale faite dans l'intervalle d’un verticille stérile et d’un verticille fertile (gross. 10 D.). a, partie ligneuse de l'axe; /, lacunes; 0, cloisons verticales; À, bande élastique qui recouvre leur bord extérieur; k, loges occupées par les sporanges. Fig. 5. Coupe tangentielle verticale faite en dehors de l’axe de l’épi et ren- contrant deux verticilles de bractées stériles et un verticille intermédiaire de sporangiophores (gross. 10 D.). bb, coupe transversale des bractées stériles ; une couche cellulaire f f forme un plancher continu au-dessous de chacun des verticilles ; la séparation de ce plancher et du verticille est le résultat de la macération qu'a dû subir l’épi lors de la silicification; ee, sections transversales des sporan- giophores : ceux qui sont situés à droite et à gauche de la figure sont rencontrés obliquement par la section et permettent de voir une assez grande partie des cloisons cellulaires ; leur prolongement à au-dessous du sporangiophore, et la bande élastique À qui recouvre leur bord externe ; 0 0, les autres cloisons qui réunissent les sporangiophores et le plancher cellulaire du vertieille stérile. VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE, 27 Fig. 6. Coupe longitudinale et radiale passant par un nœud de lépi. a, partie ligneuse formée de cellules ou fibres rayées ; 4’, cellules allongées sans stries, plus rapprochées de la moelle : c’est dans cette région que sont creusées les lacunes longitudinales ; 4, faisceau vasculaire qui se rend dans une bractée. Dans ces Bruckmannia le tissu ligneux est bien plus caractérisé que dans les épis d'Annularia longifolia que j'ai décrits (loc. cit.), et les éléments qui le composent ont une disposition rayonnante prononcée, surtout aux articu- lations ; p, fibres corticales. Fig. 7. Trois groupes de spores (gross. 100 D.). Chaque groupe est composé de quatre spores, dont trois seulement sont visibles dans le dessin. La cellule mère est quelquefois conservée. PLANCHE 4. Bruckmanniax Grand'Eury. Fig. 8.. Coupe tangentielle un peu oblique passant par l'extrémité d’un sporan- giophore dans la partie supérieure de la figure et plus près de l'axe de l’épi à la partie inférieure (gross. 10 D.). b b, bractées stériles : le faisceau vasculaire € qui a parcouru le sporan- giophore se divise en deux courtes branches horizontales # {”, et chacune d’ellés en deux autres uw u, uw’; ces quatre branches se portent dans le tissu charnu qui termine le sporangiophore, et dans lequel se trouvent plongées les bases des sporanges. La partie inférieure de la figure montre que la section rencontre le sporan- giophore e plus près de l’axe et n’intéresse plus la partie charnue ; en v v, on voit les enveloppes déchirées des sporanges; la déchirure est tournée du côté du sporangiophore e; entre les deux enveloppes supérieures s’étend la cloison cellulaire 0. Fig. 9. Section transversale d’appendices ou de bractées que l’on trouve en grand nombre autour des épis précédents, et qui pourraient être les prolon- gements cellulaires de la partie fibreuse b des bractées stériles. Fig. 10. Mème section plus grossie (20 D.). o o æ, grandes cellules prismatiques dont le grand axe est dirigé perpendicu- airement à la surface de la bractée ; j, cellules à sections rectangulaires l tàl face de la bractée ; j, cellules à sections rectangula disposées sur un seul rang formant l’épiderme ; {, faisceau vasculaire central. Fig. 11. Coupe longitudinale de la bractée montrant la nervure médiane et les grandes cellules parallèles entre elles et disposées symétriquement de chaque côté de la nervure. Fig. 12. Coupe longitudinale d’une deuxième espèce de Bruckmannia, le Bruck. Decaisnei. a, partie ligneuse de l’axe; bb, verticille stérile; e, sporangiophore ; o, cloison verticale réunissant le sporangiophore avec le verticille supé- rieur ; », lame élastique qui s’étend du sporangiophore jusqu'aux bractées 28 B. RENAULT. stériles ; €, nœud correspondant à l'articulation d’une bractée stérile ; m, moelle occupant le centre de l’épi; elle est continue, et il n’y a aucune cloison transversale aux articulations. Fig. 13. Coupe transversale du même épi (gross. 10 D.). a, partie ligneuse de l'axe ; {, lacunes ; e, sporangiophores ; en £ on voit le faisceau vasculaire se bifurquer en deux branches horizontales : on compte dans cette espèce douze sporangiophores et vingt-quatre bractées stériles ; le Bruckmannia précédent a, comme on s’en souvient, dix-huit sporangiophores et trente-six bractées stériles; 0, commencement des cloisons cellulaires ; t', trace des faisceaux vasculaires dans la portion charnue des sporangiophores; n, membrane fapissant l'intérieur des loges formées par les cloisons cellulaires ; f, section transversale d’un cercle de bractées composant le verticille stérile immédiatement in- férieur. Fig. 14. Fragment d’épi du Volkmannia de l'Asterophyllites equiseliformis (grandeur naturelle). À sa surface on reconnait la forme des bractées stériles, qui sont longues, étroites, lancéolées et terminées en pointe aiguë. Fig. 15. Coupe transversale du même épi passant par un verticille de sporan- giophores ; on en compte quatorze ee, chacun portant quatre sporanges ; la figure ne montre que vingt-buit de ces sporanges s. Plus à l'extérieur la coupe rencontre deux cercles concentriques ff’ de bractées alternantes : on n’a figuré qu'une portien des bractées qui les forment ; elles sont au nombre de vingt-huit. Fig. 16. Coupe longitudinale du même épi (grandeur naturelle). Les pédicelles e des sporangiophores partent de l’aisselle des bractées de la même manière que dans le Volkmannia gracilis. Fig. 17. Coupe transversale (gross. 4 D.). Les sporangiophores sont terminés en pointe, la partie charnue du disque terminal à disparu; ce résultat est dû, soit au développement mème des sporanges, soit au mode de pétri- fication. tig. 18. Coupe tangentielle montrant le pédicelle p et les quatre sporanges qui y sont fixés. l'ig. 19. Equisetites infundibuliformis. — Coupe transversale d'un épi montrant le plancher continu formé par la soudure des bractées b b qui se présentent dans cet échantillon sous la forme de lames foliacées ; l’épi est vu en dessous et en grandeur naturelle. a, axe ligneux formé de dix faisceaux disposés en cercle; sur la coupe de chacun de ces faisceaux on distingue deux ou trois lacunes. Fig. 20. Coupe longitudinale du même, grossie deux fois. a, axe ligneux sur Ja surface duquel se voient b'b' les traces d'insertion des bractées ; b b, bractées en forme de lames rencontrées par la coupe ; ss, sporanges renfermant des macrospores #Mm; en se reportant à la figure 11 de la planche 1, on peut comparer la grandeur de ces organes avec celle des spores des Zygopteris (fig. 7), et des spores des Volk- mannia (fig. 10); ce, lames formées de cellules à sections rectangulaires, VÉGÉTAUX SILICIFIÉS D'AUTUN ET DE SAINT-ÉTIENNE. 29 dont le grand axe est dirigé perpendiculairement au plan de la lame; l’un des bords de ces lames est flottant dans l’intervalle qui sépare deux verticilles ; le bord externe paraît être uni par du tissu cellulaire avec le verticille de bractées supérieur, et n’en serait par conséquent qu’une dépendance. Le mauvais état de conservation où se trouvait l’épi ne m'a pas permis de résoudre cette question. Fig. 21. Coupe tangentielle, grossie deux fois, faite parallèlement à l'axe et près des bords de lépi. En b b, on voit les planchers continus formés par les verticilles de bractées soudées entre elles ; les sporanges reposent directement sur ces planchers et paraissent disposés sur un seul rang; je n'ai pu reconnaitre aucune trace de sporangiophore. cc, bandes résultant de la soudure des lames que j'ai signalées précédemment, et qui pourraient être considérées comme des organes protecteurs disposés circulairement au-dessous des verticilles de bractées. ® Fig. 22. Un des faisceaux ligneux qui forment l’axe de l’épi, grossi vingt fois, et montrant les lacunes {de la périphérie. ig. 23. Coupe longitudinale tangentielle faite près de la surface de l'épi (gross. 35 D.). b, portion du plancher cellulaire résultant de la soudure des bractées ; s!, macrospores déformées. DÉVELOPPEMENT SCLERODERMA VERRUCOSUM Par RNA. Nicolas SORGKENEX, Professeur à l’université de Kasan. Le nombreux et intéressant groupe des Gastéromycètes n’a été jusqu'ici que très-incomplétement étudié ; l’histoire de son développement est à peine ébauchée. En effet, tous les travaux auxquels ces Champignons ont donné lieu sont, ou purement systématiques, ou ne concernent que leur structure générale. Tels sont ceux de Vittadini (1), Tulasne (2), Bonorden (3), tra- vaux auxquels on doit ajouter les recherches de M. JF. Sachs (4) et celles de M. de Bary (9), et enfin les recherches de M. A. Pi- tra (6), qui sont les plus remarquables et qui ont eu pour objet l'histoire du développement de ces Champignons. Les difficultés que l’on rencontre dans l'observation du déve- loppement progressif des Gastéromycètes tiennent à ce que les (1) Monogr. Lycoperdineorum (Mem. della Accad. Torino, 1849, €. V). (2) Sur les genres Polysaccum et Geaster (Ann. des sc. nat., 2 série, 1849; & AVI). — Recherches sur l'organisation des Nidulariacées (ibid., 3° série, 1844, t. 1).—- Recherches sur l'organisation des Onygena (ibid.). — Description d'une nouvelle espece de Secotium (ébid., 1845, t. IV).— De la fructification des Scleroderma comparée à celle des Lycoperdon et des Bovista (Ann. sc. nat, 2e série, t. AVI). — Fungi hypogæi, 1851. (3) Mycologische Beobachtungen (Bot. Zeit., 1851, p. 18). — Die Gattungen Lycoperdon und Bovista {ibid., 1857, p. 593). (4) Morphologie des Crucibulum vulgare (Bot. Zeit., 1855). (5) Zur Morphologie d. Phalloideen (Beiträge z. Morphologie und Physio- logie d. Pilze, 1864, t. I, p. 55).! (6) Zur Kenntniss d. Sphærobolus stellatus (Bot. Zeit., 1870, p. 681). — Lilleratur d. Gasteromycetes, M. de Bary (Morph. und Phys. d. Pilze, ete., 1866, p. 94). DÉVELOPPEMENT DU SCLERODERMA VERRUCOSUM. 31 spores germent très-difficilement, et que ce phénomène se trouve en outre limité à quelques espèces qui sont jusqu'ici : le Lyco- perdon constellatum Kr., verrucosun Rupp., Bovista plum- bea P., Sphærobolus stellatus Tore, Cyathus striatus W. (). D'autres ne germent point du tout; par conséquent, la culture artificielle ne peut leur être appliquée, et leurs premiers déve- loppements nous sont inconnus. Le genre Scleroderma cepen- dant a été l’objet de deux mémoires plus détallés. M. Tulasne, dans ses recherches sur la fructification des Scleroderma comparée à celle des Lycoperdon et des Bovista, à le premier fait connaitre le développement de la couche hymé- niale et des organes de la fructification. Les faits déerits par cet habile mycologue ont été reproduits en entier dans les ou- vrages élémentaires (2) et restent jusqu’à présent entièrement acquis à la mycologie. Le Scleroderma à encore été étudié par M. Bonorden (3), qui confirme les recherches de M; Tulasne sur le développement des spores et décrit très en détail les autres parties du Champi- gnon. L'été dernier (4875), j'ai eu un grand nombre de maté- riaux sous la main : le Scleroderma se rencontrant en abon- dance dans le jardin botanique de Kazan, où il se reproduit en masse, J'ai pu entreprendre des recherches à son sujet, me rendre compte de son développement, et me faire une idée pré: cise du mode de formation des petites cavités (de la glèbe), qui se couvrent d’une couche hyméniale ; jai pu porter enfin mon attention sur les plus jeunes états de développement du Sclero- derme.. Le S. verrucosum se développe, comme on le sait, un peu au-dessous de la surface du sol; lorsqu'il est complétement formé, 1l écarte la terre avec son sommet et se montre au dehors. Il m'est arrivé de trouver des périthèces presque mürs (1) Bot. Zeit., 1859, p. 217. — Resse, Pringsh. Jahrbuch, 1875, t. X. (2) Par exemple dans Payer, Familles naturelles, CRYPTOGAMES, 1848, p. 114, fig, D13-516. (3) Handbuch d_allg. Mycologie, 1851, p. 245. 32 N. SOROKINE. sur des individus encore recouverts de terre, tandis que tous ceux qui avaient éclaté n'étaient recouverts de terre que jus- qu'à la moitié de leur hauteur. En déterrant les exemplaires des Scleroderma, on peut parfaitement distinguer leur mycélium blanc qui sé présente sous la forme de fils rameux d’un diamètre plus où moims petit; mais j'en ai rencontré dont la grosseur égalait une plume d’oie : dans ce cas les rameaux de ces fila- ments blancs s'entrelacent les uns aux autres et forment un réseau qui pénètre plus ou moins profondément dans la terre, qui s'y attache avec assez de ténacité pour qu'il soit assez difficile de les enlever sans les rompre. Sous le microscope, ce mycélium parait consister en fils transparents dichotomique- ment ramifiés et cloisonnés. Près de chaque cloison, on peut constater le développement des boutonnières, Si communes sur la plupart des mycéliums (Schnallen) (fig. 2, 3, sch.). Quel- quefois l'extrémité du filament se renfle en forme de cornue ou de ballon (fig. 5). Là où les filaments se rencontrent en grande quantité et pénètrent dans les fissures de la terre, ainsi que Je viens de le dire, ils se juxtaposent l’un l'autre et forment alors un mycéllum qui ressemble à un cordonnet (Strang{ürmiger Mycelium), comme l'appelle M. de Bary (1) (fig. 1). Si l’on coupe transversalement ce cordon, on voit qu'il consiste en filaments disposés parallèlement et qui forment à l’extérieur une partie plus compacte ; c’est-à-dire qu'on peut y distinguer un tissu médullaire (2) et un tissu cortical. Les rameaux du mycélium, qui pénètrent à travers les molécules de terre, ne forment point de cordons, mais se reconnaissent tout de suite à la quantité de boutonnières qu'ils portent. J'ai vainement cherché sur le mycélium les organes de fécon- dation. Le plus jeune état du développement que j'aie observé se composait d’une pelote de filaments courts, dichotomes et en- trelacés (fig. 4). Ces filaments, qui ne se touchaient pas étroite- ment, renfermaient beaucoup d'air dans leurs intervalles, ce (A) Morph. und Phys. der Pilze, etc., p. 21. (2) De Bary, loc. cit., p. 20. DÉVELOPPEMENT DU SCLERODERMA VERRUCOSUM. 39 qui rendait l'observation difficile. Cependant, si l’on veut em- ployer un moyen pour se débarrasser de l’air, on le fait sortir en effet, mais les fils délicats se crispent ou deviennent telle- ment transparents que l'observation n’est plus possible. La phase ultérieure du développement présente un petit corps sphérique dont les filaments s’entre-croisent de manière à rap- peler une sorte de petite éponge (fig. 5 g), bien certainement constituée par leurs nombreuses ramifications. Les fils développés ensemble forment le squelette réticulaire du corps du Seleroderma (une jeune frame) ; entre le réseau de la trame on remarque des cavités (fig. 9 .) dans lesquelles se forment vers le bas des filaments qui enveloppent tous les corps, et produisent, à ce qu'il paraît, le péridium (fig. 5 p); mais je ne suis pas {out à fait certain de ce dernier fait (1). M. Tulasne a aussi observé des cavités chez les jeunes cham- pignons, et il en parle de la manière suivante : « Au centre du champignon, de petits espaces irrégulièrement arrondis, et plus diaphanes que les parties qui les entourent, forment un réseau d'autant plus manifeste que la plante est moins jeune. À mesure que celle-ci s'accroît, les espaces perdent de leur transparence et se remplissent d’utricules dilatées, qui sont les cellules ex- trèmes, soit des filaments composant la trame qui les limite, soit des rameaux qui en proviennent (2). » C’est précisément sur cette disposition des filaments qui remplissent ces cavités, que mes recherches ne s'accordent pas avec l'opinion émise par M. Tulasne. En effet, bientôt après la formation du squelette du Seleroderma , les filaments qui le constituent envoient des rameaux délicats et transparents qui se dirigent dans les cavités les plus proches (fig. 6 Lv, L). Mais ces filaments délicats se divisent bientôt en se bifurquant à leurs extrémités, quoique (1) Pour obtenir les plus jeunes états de développement du Scleroderma, j'ai pris des morceaux de terre dans lesquels se trouvait le mycélium du cham- pignon, et je les ai mis dans l’eau. Après qu’une partie de la terre s'était détachée je lavais le mycélium jusqu’à ce qu'il n’y restàt plus de terre. On pouvait alors distinguer facilement de très-jeunes champignons depuis la grosseur d’un pois jusqu’à celle d’un point à peine visible. (2) Loc. cit., p. 8. 6° série, BoT. T. II (Cahier n° 1). 3 [Sel 3% N. SOROKINE. les deux rameaux restent unis l’un à l’autre (fig. 7 «, 8). Puis l'un d’eux s’entortille autour de son voisin (fig. 7 €); c’est alors que commence la ramification des deux cellules et la formation de la pelote hyméniale (Kg. 7 d,e, 6 hv), dans laquelle on pour- rait d’abord reconnaitre distinctement la présence d’une cellule isolée, sur laquelle se sont pour ainsi dire dévidées les autres, en formant une boule; mais plus tard, après l'apparition des cloisons dans les cellules, il devient impossible de la distinguer (fig. 7 e, f, d). Au reste, apparition des cloisons est très-Himi- tée ; les filaments extérieurs ont la faculté de produire des rameaux qui rampent et s’enroulent autour de la pelote (fig. 8, 9, 10). De là provient Paccroissement assez rapide de la pelote. Ainsi le jeune champignon, pendant son développement, con- siste en d'innombrables pelotes renfermées dans une commune tunique brune formée des filaments du péridium, qui ont pris une coloration plus foncée (fig. T4 p, Lv). Les intervalles laissés entre les pelotes sont occupés par les filaments de la trame, où se produit la trame des fils du capillitiun. M. Tulasne (4) dit : © Il n’est pas non plus sans intérêt de remarquer la différence qui existe entre les Scleroderma et les Lycoperdon; quant à la persistance des filaments du capilli- tium et à leur adhérence aux parois du péridium. Dans le pre- mier de ces genres, les filaments qui séparent les espaces fructi- fères et les grappes de sporophores flétris qui en sont nes, se désarticulent facilement et sont entrainés par les mômes agents qui dispersent les spores. Le capilliütum des Lycoperdon et des Bovista conserve longtemps au contraire sa ténacité et son adhé- rence aux parois du péridium interne, ce qu'il est très-facile de constater dans les champignons qui ont depuis longtemps dé- passé l'époque de leur maturité et qui retiennent encore leur “apillitium presque entièrement privé de spores. » M. Bonorden mentionne succinctement la formation du capil- litium en démontrant que dans le champignon qui à atteint sa (1) Loc. cit., p. 10. DÉVELOPPEMENT DU SCLERODERMA VERRUCOSUM. 39 maturité, Qil ne reste que les spores müres avec de courts hyphas non cloisonnés, qui constituent ensemble le fond flocon- neux du champignon mür. » D’après mes recherches, la trame du Seleroderma consiste, dans sa jeunesse, en filaments délicats et rameux; chez les exemplaires plus âgés, on aperçoit des cloisons dans ces fils, et on peut observer le durcissement de quelques-unes des cellules du filament, tandis que les autres parties conservent leur déli- catesse et leur transparence (fig. 20 &, b). Enfin, pendant la période de la maturation du Scleroderma, les parties délicates du filament se convertissent en mucilage et se dissolvent ; il ne reste alors que des cellules endurcies qui peuvent être toutes ou simples, ou rameuses, selon les filaments dont elles sont issues (fig. 20 «a, 21, 19 c). Ainsi, le phénomène de la formation du capillitium chez les Scleroderma rappelle très- exactement ce qui à heu chez les Lycoperdon, Bovista, Geaster, etc., et comme M. de Bary (1) le décrit dans sa Mor- phologie et sa Physiologie des Champignons. Voyons à présent le développement des basides et des spores. Immédiatement après la formation de la pelote hyméniale, quelques-uns des fils qui la forment envoient des rameaux qui se dirigent vers le centre de la pelote (fig. 15). Ces rameaux se divisent en courtes cellules par la formation de cloisons. La cel- lule supérieure, qui, plus tard, joue le rèle de baside, s’allonge un peu, se remplit de protoplasma granuleux et offre au milieu un nucléus qui réfracte vivement la lumière (fig. 16 «, b). Même dans les pelotes très-jeunes, on peut constater la formation des basides : on les distingue alors des filaments qui les entourent à leur forme arrondie. À lextrémité libre de la baside appa- raissent bientôt quatre spores rondes placées sur des pédicules très-fins et courts (fig. 17). Le nucléus de la baside disparait avant l'apparition des spores; mais ce phénomène a déjà été observé par M. Woronine chez l'Exobasidium vaccinii (2). Hjarrive quelquefois qu'au lieu de quatre spores il ne s’en (1) Loc. cit., p. 77. (2) Exobasidium Vaccinii, 1867, taf, IT, fig. 29, 96 N. SOROKINE. forme qu’une seule; dans ce cas, elle est plus grosse qu'à l'or- dinaire (fig. 16 c). Les basides sont en général de forme oblongue et ne prennent que dans des cas fort rares la forme d’une cornue (fig. 16 c). Sous ce rapport, je ne puis considérer les dessins de M. Tulasne comme exacts et je m'étonne que M. Bonorden (1), qui a lui- mème recherché le développement des spores, ait pu dire : CM. Tulasne le premier à reconnu la formation des spores sur des basides dans le Scleroderma, et il en a donné de très-belles figures. » Je ne puis non plus regarder comme correcte la troisième figure (pl. 1) du Mémoire de M. Tulasne. Les spores se détachent très-tôt de leur baside, et pourtant je ne puis partager l'opinion de M. Tulasne, basée sur la sup- position exprimée par M. Berkeley : « que les spores n’acquiè- rent pas sur leurs basides tout l'accroissement qu'elles doivent prendre, qu'elles s’en détachent peut-être assez longtemps avant d'y être parvenues et qu'alors elles puisent les éléments de leur nutrition dans le milieu au sein duquel elles sont plon- gees. » Je pense au contraire que les spores acquièrent leur dévelop- pement normal sur les basides et ne tombent qu'à ee moment. Comme l'accroissement des spores est très-rapide et se termine très-tôt, on comprend qu'il soit difficile de trouver toujours les spores attachées à leurs basides. Le sort ultérieur des basides m'est resté inconnu. [l'est per- mis de présumer qu'elles se dissolvent avec les filaments qui constituent la pelote hyméniale. Je ne puis comprendre ce que M. Bonorden à voulu exprimer en disant (2) : « Pendant que les spores grossissent, les basides prennent, en diminuant de (1) Loc. cit., p. 245. (2) «Indem die Sporen sich vergrôssern und firben, ziehen sich die Basidien zu dünnen Stielen zusammen, diese werden dann von den Sporen so bedeckt, dass sie nur noch schwer zu erkennen sind. Gleichzeitig werden die Sporen in knäuelartige, darmartige Vorsprünge gehüllt und diese verwandeln sich in kurze schwarze Stacheln oder Warzen » (loc. cit., p. 245). DÉVELOPPEMENT DU SCLERODERMA VERRUCOSUM. 37 volume, la forme de petits pédicules si complétement recouverts par les spores, qu’on peut à peine les reconnaitre. En même temps, les spores se recouvrent de saillies sinueuses qui elles- mêmes se transforment en petites pointes, ou en tubercules noirs. » L’exosporium prend ordinairement une couleur foncée et se couvre ou simplement d’épines, ou d’élévations pectinées qui divisent toute la surface de la spore en une multitude de petits polygones (fig. 18 «, b, ce, 3). Les jeunes spores présentent dans leur mtérieur une gouttelette oléagineuse que M. Tulasne a prise pour un nucléus (1); mais cette gouttelette se dissout dans l'alcool sans laisser de trace. Tous les observateurs ont admis que la maturation commen- çait au centre du champignon et qu’elle marchait vers la cir- conférence par un développement centrifuge ; mais cette sup- position n’est juste qu'en partie ; car j'ai souvent rencontré des individus chez lesquels la maturation commençait à la base de la glèbe et à la place même où la glèbe limite la partie stérile du pédicule du Scleroderma (fig. 12 b). Il v en avait aussi chez lesquels les spores prenaient une teinte foncée à la partie supé- rieure du champignon; enfin, J'en ai observé chez lesquels la maturation s’avançait en formant une bande foncée à quelque distance du péridium, tandis que la partie centrale restait presque incolore (fig. 12 d). En un mot, je n'ai pu constater ni régularité, ni loi dans la maturation progressive des pelotes hyméniales. Puisque dans les plus jeunes états les cavités (avant la forma- tion des pelotes hyméniales) ne sont pas toujours de même grandeur, il en résulte que les rameaux qui forment ces pelotes peuvent pénétrer dans ces cavités au nombre de deux et même davantage; dans ce cas, toute la cavité se remplit de pelotes de grandeurs différentes; voilà aussi pourquoi on peut observer souvent sur les exemplaires âgés des masses variables de spores en conformité avec la grandeur de la cavité. (1) Loc. cit., p. 245. - LE à race 38 N. SOROKINE. Après la maturation des spores, les filaments délicats de la trame disparaissent, de manière qu'il ne reste que les fils com- parativement grossiers du capillitium qui séparent les masses de spores les unes des autres. | On ne voit jamais à la surface des spores les restes des pédi- cules qui les fixaient à la baside. Lorsqu'il à atteint sa complète maturité, le Scleroderma fait saillie par son extrémité supérieure, soulève la terre qui le recouvrait et finit par éclater. Quant à la structure du péridium, mes recherches confir- ment celles que M. Bonorden a publiées dans l'ouvrage que j'ai cité. EXPLICATION DES PLANCHES 5 ET 6. (Grossissement, fig. 1-5 300/1 ; 12 a f, grand. natur.; tous les autres 500/1). Fig. 1. Une partie du mycélium du Scleroderma verrucosum, rappelant un cordonnet. Fig. 2. Le même morceau du mycélium déchiré au moyon d’épingles. Les fila- ments qui se ramifient dichotomiquement sont munis de cloisons et de bou- tonnières (Schwallen). Fig. 3. Deux filaments pareils, le troisième se termine en forme de cornue. Fig. 4. Un jeune champignon qui consiste en filaments courts (#). Fig. 5. Le sommet d’un champignon un peu plus âgé. Les filaments se sont entremêlés de manière à rappeler une éponge : L, les cavités, g, la jeune trame ; p, les filaments qui se dirigent vers le sommet et formeront dans la suite le péridium (?). Fig. 6. Le même corps sphérique d’un champignon dans un état plus avancé de son développement : g, la trame; k, les cavités; X k, les spires des fila- ments qui forment les pelotes hyméniales. Fig. 7. a f, la formation progressive de la pelote hyméniale. Fig. 8. Une pelote, dans les filaments extérieurs de laquelle on apercoit l’appa- rition des cloisons. Fig. 9-10. Les pelotes un peu plus développées. Fig. 11. Une partie du champignon, coupé transversalement : p, le péridium devenu foncé. La glèbe g consiste en pelotes hyméniales k k, entre lesquelles on remarque dans la trame beaucoup d’air 4. Fig. 12. La coupe transversale de quelques exemplaires de Scleroderma verru- cosum : a, un très-jeune exemplaire ; b, un exemplaire dans lequel la matu- ration des spores a commencé à la base de la glèbe; c, la maturation se DÉVELOPPEMENT DU SCLERODERMA VERRUCOSUM. 39 remarque au sommet; d, la maturation avance en forme d’un anneau; e, un exemplaire à demi mür, la maturation à commencé au centre; f, Scleroderma verrucosum complétement mûr. Fig. 13-14. L'apparition des basides à l’intérieur de la pelote hyméniale. Fig. 15. Les basides sont complétement développées et vont former les spores. Fig. 16. Trois jeunes basides : au centre des deux on voit le nucleus &, b. Une baside difforme (e) renflée à son sommet et n'ayant qu'une seule spore. Fig. 17. Deux basides avec les spores; 4, une baside à quatre spores ; b, n’a qu’une seule, les trois sont tombées. Fig. 18. Les spores du Scleroderma verrucosum : a, une jeune spore encore incolore (on voit au milieu une goutte d'huile) ; b, l’exosporium devient foncé et commence à se couvrir d'épines ; ç, une spore couverte d’épines; d, une spore avec des élévations pectinées. Fig. 19. Deux pelotes hyméniales avec des spores qui mürissent à l’intérieur (sp) ; les filaments qui les entourent se dissolvent, et on ne voit que les fils du capillitium. Fig. 20. Les filaments qui forment le capillitium : 4, une partis du filament à une membrane épaisse ; D, la membrame reste délicate et transparente. Fig. 21. Les fils du capillitium. BURSULLA CRYSTALLINA NOUVEAU GENRE DE MYXOMYCÈTES Par MI. Nicolas SOROKIRE. Professeur à l'université de Kasan. Dans la quatrième réunion des naturalistes, qui vient d’avoir lieu à Kasan, le professeur Cienkowsky annonça la découverte de plusieurs organismes protoplasmiques paraissant correspondre à un type simplifié des Myxomycètes (1). L'un de ces orga- nismes reçut de M. Cienkowsky le nom de Guttulina rosea, qui offre un intérêt spécial ; il se réduit, en effet, à une gouttelette microscopique de couleur rose de 0"",07 détendue, reposant sur un pédicule de même longueur. Le Guttulina rosea consiste en un assemblage de cellules dépourvues de membrane conmune. Ces cellules sont arrondies au sommet, tandis que du côté du pédicule elles sont étroitement unies les unes aux autres et présentent des parties fusiformes, disposées sur plusieurs rangs. Toutes ces cellules contiennent un plasma rouge et un nucléus, Lorsqu’elles sont plongées dans l'eau leur contenu s’en échappe sous la forme d’une petite amibe semblable à l'An. Limax Duj. M. Cienkowsky n’a pu constater la confluence de ces ambes. Il faut conclure de ce qui précède que le Guttulina est un organisme très-semblable au Dictyosteliun mucoroides Brefeld, mais dépourvu de membrane commune; ici les amibes se groupent, mais ne s'unissent point. Pendant l'automne de 1874 j'ai observé à la surface de fumier de cheval un organisme fort étrange et qui me rappelait le Gut- tulina. I consistait en un pédicule au haut duquel se trouvait (1) Protocoles de la section botanique du 26 août, p. 11 (Just Botanischer Jahresbericht, Erstes Jahrgang, 1873, shl.). BURSULLA CRYSTALLINA. M une cellule qui atteignait environ 0"“,015, ou plutôt tout Por- ganisme n’était qu'une cellule qui s’étirait en un pédicule de longueur très-variable : tantôt il atteignait au plus la moitié de la partie supérieure de la cellule; tantôt, au contraire, il la dépassait de deux et même trois fois (fig. 1-6, 19-17). Le con- tenu de cette cellule était d’une couleur rosâtre et renfermait, au commencement de son développement, des grains plus fon- cés et des gouttelettes oléagineuses (fig. 1). Dans les organismes qui avaient atteint un développement plus complet on pouvait voir le plasma se détacher dans plusieurs endroits de la mem- brane cellulaire, puis on voyait se produire des enfoncements qui s’avançaient de plus en plus dans l’intérieur du contenu et former huit parties protoplasmiques enveloppées d’une mem- brane commune (fig. 2, 3). Ces parties prenaient peu à peu la forme sphérique (fig. 4). Nous voyons ainsi la série du dévelop- pement des spores procédant de la division du protoplasma et non d’une formation libre des cellules, ce dont on peut s'as- surer en écrasant un organisme, jeune encore, sous le micro- scope (fig. 27). Ainsi, l'opinion de M. Famintzme se trouve confirmée par mes recherches. € Ges dermières, dit-il, en par- lant des spores, ne se forment pas, comme on l’admet depuis les recherches de M. de Bary, par formation cellulaire libre autour de noyaux préexistants, mais par division du plasma des spores, comme les spores dans les sclerofium (1). » Notre figure 27 reproduit deux jeunes cellules dont les membranes sont écrasées (7y), et le contenu présente des parties non encore détachées les unes des autres (22°). Chacune des cel- lules renferme ordinairement huit parties. Lorsqu'elles ont pris une forme sphérique, les bords de chaque morceau du protoplasma changent leurs contours et se meuvent d’abord lentement dans l’intérieur de la cellule, mais leur mouvement devient de plus en plus apparent. Pendant ce temps l’extrémité de la cellule, que par analogie nous appel- lerons sporange, se transforme d’abord en mucilage et finit par (1) A. Famintzine, Beitrag. z, Kenntniss d, Myxomyceten (Bot. Zeit., 1873, s, 662). 42 N. SOROKINE. disparaître ; il se forme ainsi quelque chose de semblable à une bourse, contenant huit parties mobiles de plasma ou des spores (fig. » 2). Dès que louverture s’est formée les spores com- mencent à sortir les unes après les autres en changeant leur contour en longs pseudopodes (fig. 6 2) et laissant le sporange complétement vide. Les spores mobiles rappellent beaucoup les monères. Elles consistent en portions de protoplasma rose, sans nucléus; à l’intérieur on distingue des vacuoles et des ogranules de grosseur différente; ces pseudopodes s’allongent en d'assez longs rameaux (fig. 7). Au bout d'un certain temps après le commencement du mouvement (à peu près deux heures), les monères ne se meuvent plus avec la même énergie, et les pseudopodes s'allongent avec moins de force. Comme cet organisme croit en masse sur le fumier, on comprend que les spores puissent venir à se ren- contrer, ce qui arrive principalement à approche de la période de repos, c’est-à-dire quand les spores se meuvent avec moins de rapidité; en effet, on voit se joindre plusieurs monères qui s'étaient rencontrées. D'abord elles ne font que se toucher par leurs pseudopodes, mais ensuite elles s'unissent et forment ainsi un morceau de protoplasma qui reste immobile à la même place et qui consiste en plusieurs monères unies ensemble et que nous appellerons plasmodium (fig. 9). Bientôt après on peut observer, au milieu de eette masse protoplasmique, une partie qui s'élève de plus en plus (fig. 9-13). À mesure que l'élévation devient plus considérable, le plasma qui lui servait d'abord de litière passe dans l'extrémité arrondie de l'élévation jusqu’à ce qu'il forme une cellule sphérique supportée par un pédicule. De la masse des spores ou des monères qui, réunies, ont formé un plasmodium, on voit se former un ou deux sporanges, el quel- quefois même davantage, qui naissent de la même place. Dans le premier cas leur grandeur est beaucoup plus considérable que dans le second (fig. 1 et 15). Quant au nombre des spores qui se forment dans la cellule, il reste invariable ; il ne m'est jamais arrivé d’en rencontrer plus où moins de huit dans un sporange. BURSULLA CRYSTALLINA. 43 Dès qu'un individu atteint l’époque de sa maturité, la nais- sance des spores se manifeste à l’intérieur du sporange et celles-ci parcourent, comme je viens de le décrire, tous leurs degrés de développement. L'organisme dont je viens de parler ne diffère par conséquent du Guttulina que pur la présence d’une membrane et par l'absence de nuclôus dans les organes de la fructification ; je l'ai nommé Bursulla crystallina. En observant le développement du Bur- sulla je suis tombé par hasard sur un fait qui offre également un grand Intérêt. Désirant savoir quelle serait l'influence d’une basse température sur l'organisme que je viens de signaler, j'en ai placé à l'air au mois de décembre par un froid de -- 15° à — 22° R.; quelques jours après mon attention fut attirée par quelques sporanges, qui ne différaient en rien de ceux que je viens de décrire (excepté par des pédicules fort courts), mais renfermaient à l’intérieur des portions de protoplasma avec un nucléus très-visible et placé exactement au centre du fragment (fig. 16, 17). L’extrémité du sporange se transformait aussi en mucilage et finissait par disparaitre (fig. 17 2); les parties de protoplasma sortaient sous forme d’amibes mobiles (fig. 48). Ainsi, quoiqu'il y ait à la surface du fumier de cheval des organes de fructification de deux espèces, il était facile de les distinguer par la présence du nucléus dans les organes formés plus tard. Le sort ultérieur des amibes ne diffère en rien de ce que nous avons déjà vu : elles s'unissent et forment également des masses plus ou moins considérables de plasmodiums ; ces derniers se convertissent en sporanges dans lesquels se forment des amibes, c’est-à-dire des parties de plasma avec un nucléus au centre. La présence d’une membrane commune constitue la différence principale entre le Bursulla et le Guttulina. En outre si pendant leur déplacement une amibe et une monère viennent à se rencontrer, leurs pseudopodes com- mencent à se Jomdre; les corps se rapprochent (ce dont on peut s'assurer par le déplacement du nucléus) et prennent une forme sphérique à contour d’abord irrégulier, mais peu à peu tous les pseudopodes se raccourcissent, le contour devient 4% N. SOROKINE. régulier et la boule se recouvre d’une membrane épaisse; le nucléus reste pourtant très-visible (fig. 19-24). De tout ce qui vient d’être dit on peut, ce me semble, tirer la conclusion suivante : Le Bursulla crystallina appartient au genre le plus simple des Myxomycètes ; il possède deux espèces de spores, mais 1l est actuellement impossible de déterminer quels sont les organes qui jouent le rôle de l'élément mâle et quels sont ceux qui représentent l'élément femelle ; pour cela, il me semble, nous pouvons nous dispenser d'employer ces termes, il suffit de dire que les organes sont distincts, et qu'après leur union il se forme toujours une cellule qui peut prendre le nom d'oosphère. Par conséquent le commencement de l'union peut être considéré comme le premier acte de la fécondation, d’au- tant plus que l’union s'opère toujours entre deux espèces d’or- ganes différentes, c’est-à-dire entre des amibes et des monères. Au printemps l'oosphère se développe en Pursulla avec les organes de fructification en forme de monères ; la membrane de loosphæra éclate alors et le contenu s’allonge en formant un pédicule plus ou moins long ; ce pédicule se termine par un sporange qui ressemble entièrement à ceux que nous avons décrits. Avant le développement de loosphère le nucléus qui se trouvait pendant tout l'hiver à l’intérieur disparait (fig. 25-26). Il se peut que ce phénomène de fécondation soit très-répandu dans ces simples organismes, car M. Sachs considère aussi cette union des amibes des Myxomycètes comme une fécondation, puisqu'il s'exprime de la manière suivante : « Rien n’empèche d'admettre que la réunion de cette multitude de zoospores ne soit une conjugation, c’est-à-dire un acte sexuel, dans le même sens que la copulation des zoospores des Volvocmées, ete, (1). » (1) Lehrbüch. Vierte Aüfllage, 1874, s. 267. BURSULLA CRYSTALLINA. 45 EXPLICATION DE LA PLANCHE 8. Toutes les figures ont été faites à un grossissement de 500/1. Fig. 1. Deux jeunes exemplaires de Bursulla crystallina. Fig. 2, 3, 4. Développement progressif des spores. Fig. 5. L’extrémité du sporange se transforme en mucilage, les spores com- mencent à changer leurs contours. Fig. 6. L’extrémité du sporange s’est changée en une ouverture par laquelle les spores sortent sous forme de monères. Fig. 7. Deux monères mobiles. Fig. 8. Deux monères commencent à se joindre par leurs pseudopodes pour la formation d’un plasmodium. Fig. 9. Un plasmodium au milieu duquel se forme une élévation. Fig. 10, 11. L’élévation devient de plus en plus visible. Fig. 12. L'élévation se transforme en sporange. Fig. 13. Une élévation plus âgée. Fig. 14. Ün jeune sporange au milieu duquel commence la formation des spores. Fig. 15. Trois exemplaires du Bursulla crystalina qui sortent à la même place du plasmodium : le premier sporange a un pédicule très-long, le second a un pédicule court, el le troisième en a un très-court. Fig. 16. Un exemplaire de Bursulla sous l'influence d’une basse température ; les spores ont un nucléus visible. Fig. 17. Un des états suivants du développement de ce même exemplaire; l'extrémité se transforme en mucilage (2). Fig, 18. Deux amibes mobiles, le nucléus (a) est très-visible. Fig. 19. Une amibe et une monère commencent à s’unir par leurs pseudopodes. Fig. 20. Une union plus intime des deux organes. g. 21. L’amibe et la monère sont presque unies, le nucléus est presque central. g. 22. Deux organes complétement unis. Fig. 23. Une oosphère non recouverte de membrane. g. 24. La membrane (e) est très-visible. Fig. 25. Le développement de l’oosphère ; le nucléus disparait; c, la mem- brane. Fig. 26. Un jeune exemplaire du Bursulla crystallina provenant d’une oosphère ; ©, la membrane abandonnée. Fig. 27. Deux jeunes sporanges écrasés; le contenu en est sorti et présente des parties de protoplasma non complétement séparées les unes des autres. QUELQUES MOTS DÉVELOPPEMENT DE L'APHANOMYCES STELLATUS Par MI. Nicolas SORDKENE, Professeur à l’université de Kasan. Après le travail de M. de Bary (1) rien, que je sache, n'a été publié de nouveau sur cet intéressant organisme. Dans sa Monographie des Saprolégnices (2) M. Cornu ne cite qu'en passant le genre Aphanomyces. Ge défaut de renseignement doit être attribué en grande partie à la rareté comparative de l'Aphanomyces, tandis que les autres représentants de la famille se rencontrent au contraire assez communément. Voilà bien certainement pourquoi les particularités relatives à la formation des organes de la fructification de l'Aphanomyces ont échappé aux observateurs. Mais, avant eu l’occasion d’en suivre le déve- loppement, j'ai constaté plusieurs phénomènes intéressants que je vais faire connaitre. Cependant, comme la formation des spores mobiles et des oospores que j'ai observée se trouve presque identique à la des- cription qu’en a donnée M. de Bary, je n’en dirai que quelques mots, me réservant de décrire en détail les phénomènes NOUVEAUX. L’'Aphanomyces stellatus consiste, comme on le sait, en une cellule rameuse contenant un plasma granuleux. On connais- sait, pour cet organisme, deux sortes d'organes de fructification : les spores mobiles et les oospores, qui sont la conséquence de l'acte de la fécondation. (1) Einige neüe Saprolegnien: Pringsh. Jahrbücher, 1860, t& I, s. 169. (2) Annales des sciences naturelles, 1872, 5? sér., t. XV. DÉVELOPPEMENT DE L'APHANOMYCES STELLATUS. 47 Lors de la formation des premières spores, le contenu du filament se groupe de manière à former des espaces plus clairs qui séparent presque les portions de protoplasma les unes des autres (fig. 4, 2); une raie étroite indique la portion supérieure du protoplasma de celle qui se trouve au-dessous; ce dernier se réunit de la même manière au suivant, et ainsi de suite (fig. 3); mais cette raie finit à son tour par disparaître, et nous trouvons dans le filament autant de morceaux de plasma séparés qu'il se formera dans la suite des spores mobiles (fig. 4). On voit ainsi apparaitre dans le filament quelquefois de 20 à 100 spores mobiles (1) placées les unes à la suite des autres dans toute la longueur du filament qui est détaché par une cloison de la partie mférieure de la cellule ; puis le filament se rompt à l'extrémité supérieure, et la première spore sort et se fixe près de louverture, la seconde vient à sa suite, puis la troisième, ete. Avant sa sortie chaque spore prend d'abord une figure fusi- forme dans la paroi de la cellule-mère, puis les deux extrémités s’amincissent (fig. 9). Une fois le filament vidé nous voyons que les spores mobiles arrondies se sent groupées à leur sortie près de l’ouverture. Chacune de ces spores se recouvre d’une mem- brane, d’où elle s'échappe bientôt après par une nouvelle ouverture. Avant cet état on distingue très-nettement, au centre de cette dernière, un point très-clar (fig. #4, a bc). La spore mobile, délivrée de sa membrane, est de forme ovale, avec l’un de ses bouts aminei; le point eluir correspond à la partie pointue qui porte deux cils, lun dirigé en avant, l’autre en arrière (fig. 8). Lorsque toutes les spores mobiles sont sorties de leurs membranes, ces dernières restent longtemps fixées à l’ouverture du filament vide, où elles forment une sorte de corps transparent cellulaire (fig. 7). Quant aux oospores, elles se développent dans des vésicules particulières dont les membranes présentent des élévations plus ou moins saillantes (fig. 10 0), Les rameaux latéraux du fila- (1) De Bary, loc. cit., s. 172 (110 spores). 48 N. SOROKINE. ment sur lequel sont fixées ces vésicules ou oogones, se joignent à la membrane de l’oogone, en croissant dans les intervalles des élévations (fig. 11 0, 12 o a). Il est à présumer que le fila- ment ou antheridium, qui s’est soudé à la membrane, y enfonce un prolongement qui produit là la fécondation, de même que le font tous les représentants de la famille des Saprolégniées. Après la fécondation nous trouvons à l’intérieur de l’oogone une oospore couverte d’une membrane épaisse (fig. 12). Voilà, en quelques mots, l’histoire du développement de l'Aphanomyces stellatus. Mais il existe cependant des phénomènes qui font exception aux règles tracées plus haut. Ces exceptions se rapportent prin- cipalement au développement des spores mobiles. On sait que la spore mobile, sortie de sa membrane près de l'ouverture du filament (fig. 6, 7), c’est-à-dire après sa mue (Häntüng), con- tinue à se mouvoir pendant quelque temps encore, puis qu’elle se calme et germe (fig. 9). Cependant M. de Bary à déjà re- marqué que la spore mobile germe quelquetois à l'ouverture du filament, avant la période de la mue (4), et par conséquent avant la période de mouvement, comme cela a été observé chez l'Achlya prolifera (2). Ainsi, la mue ne peut servir de carac- tère générique ni pour lAchlya, ni pour l'Aphanomyces. Mais, ce qui est encore plus intéressant, c’est qu'au moment de la sortie des spores mobiles plusieurs morceaux du proto- plasma ne présentent aucun mouvement et restent à la mème place dans le filament (fig. 10 »#). Il en résulte que le filament se partage, pour ainsi dire, en deux étages; dans Pinférieur il se forme aussi des morceaux fusiformes de plasma (fig. 9, 10), mais après quelques mouvements convulsits ils se calment et ne prennent aucune forme déterminée. Quant aux portions du plasma de l'étage supérieur elles peuvent sortir de la façon normale et poursuivre régulièrement leur développement. Quel- quefois les spores mobiles de la partie supérieure n'étant pas toutes sorties, on en voit quelques-unes d’attardées, pour ainsi (1) Loc. cit. p-AMA (2) Bot. Zeit., 1852, tab. VIE, fig. 28. DÉVELOPPEMENT DE L'APHANOMYCES STELLATUS. 49 dire, et le phénomène de la mue les surprend à l’intérieur du filament, d’où elles sortent néanmoins par une ouverture nou- velle (fig. 10 À, æ, &’, s). Enfin, les spores de cette espèce peuvent sortir soit complétement formées, c’est-à-dire munies de deux eils et capables de se mouvoir (fig. 10 À, s, sp), soit simplement ‘sous forme d’un morceau de plasme susceptible de germer (fig. 10 À, #, 7, æ). Il m'est arrivé en outre de rencontrer des filaments d’où ne sortaient que très-peu de spores mobiles; toutes les autres restaient et muaient à l'intérieur du filament (fig. 10 B). Si les membranes abandonnées par leurs spores ont occupé la partie supérieure du filament, et qu'il reste encore des mor- ceaux de plasme dans la partie inférieure, ces derniers prennent leur forme ovoide pointue à l'extrémité et se calment ensuite (fig. 10 B, m). IT arrive même que les spores mobiles se revêtent de membranes à l’intérieur du filament, y germent et émettent à travers la membrane du filament des rameaux d’une longueur plus ou moins considérable (fig. 10 B, y; 12 y). En outre on peut rencontrer des filaments tellement gonflés qu’ils dépassent en diamètre quatre ou cinq fois les filaments ordinaires, et qui sont remplis de membranes abandonnées par leurs spores mobiles. Au premier coup d'œil ces sporanges ne diffèrent en rien des sporanges caractéristiques des genres Dyctyuctus et Diplanes. H faut donc conclure de tout ce qui vient d’être dit, qu'il n'existe aucune régularité dans la formation des spores mobiles chez l’Aphanomyces stellatus. Ainsi, 1° elles peuvent se recouvrir d’une membrane avant de sortir du filament ; 2 il peut ne sortir qu'une partie des spores, tandis que les autres restent renfermées dans le filament et s’y couvrent d’une mem- brane, À, c; elles peuvent y rester toutes et en sortir par des ouvertures du filament qu’elles remplissent de leurs mem- branes. Ce fait confirme les belles observations de M. Pringsheim (1) à propos des Dyctyuctus et Diplanes. Ges phénomènes se ren- (1) Weitere Nachträge z. Morphologie u Systematik d. Saprolegnien (Pringsh. Jahrb. IX B. 9° Heft, S. 221). 6° série, BoT. T. II (Cahier n° 1). # 4 50 N. SORONMENE. contrent en effet non-seulement chez l'Aphanomyces, mais aussi chez les Achlya polyardia, racemosa, etc., quoique les espèces nommées puissent être caractérisées de la manière suivante : « Zoospores formées à l’intérieur de sporanges, réu- nies après la déhiscence et perdant leurs enveloppes avant de se disperser; les enveloppes restent agglutinées près de lou- verture du sporange (1). » M. Pringsheim reproduit lAchlya racemosa muni de sporanges typiques en même temps que de sporanges qui ne diffèrent en rien de ceux du Dyctyuctus (2). Ces sporanges, ainsi que les autres, ont été observés par ce savant sur le même filament. Par conséquent lAphanomyces stellatus peut ètre placé au nombre des Champignons aquatiques qui développent leurs spores mobiles sous deux aspects fort différents, et d'un troi- sième, intermédiaire entre les deux. Outre tout ce qui a été dit J'ai observé chez l'Aphanomyces des organes de fructification non encore décrits, et qui rappellent par leur analogie les organes signalés par M. Walz chez le Saprolegnia (3). Ces organes se développent de la manière suivante : certains fila- ments, au lieu de se développer en sporanges, anthéridies ou en oogones, s’élargissent à l’extrémité supérieure en forme de matras ou d’ampoule (fig. 4#a), puis la partie renflée se détache du reste du filament à la suite de la formation d’une cloison (fig. 14 a’); c’est ainsi qu'apparait une cellule sphérique remplie de “protoplasma granuleux et de gouttes oléagmeuses (fig. 44 b). Pendant que la cellule supérieure s’arrondit, il se forme au- dessous de nouveaux renflements jusqu'à ce que tout le filament se soit transformé en un chapelet de cellules (conidies) de srandeur et d'âge différents, celle placée en haut étant certai- nement la plus âgée (fig. 14 c). Les cellules complétement formées sont réunies par des digues, digues qui consistent en une cellule cylindrique séparée exactement en deux par le milieu (fig. 14e, p. 13 p). (1) Lindstedt, Synopsis d. Saprolegniaceen, 1872, S. 79. (2). Loc. cit., taf. XXV, fig. 1, 5. (3) Bot. Zeit., 1870, s. 556, tab. IX, fig. 20. DÉVELOPPEMENT DE L'APHANOMYCES STELLATUS. o1 - La membrane de la conidie supérieure s’épaissit de plus en plus en prenant une teinte brune; mais à travers cette mem- brane on peut cependant distinguer le contenu, qui consiste en plasma granuleux et en gouttelettes oléagineuses (fig. 13, 19, 15). Ayant atteint la période de sa maturité, la conidie supérieure Se détache et sa place est immédiatement occupée par la conidie placée plus bas, et sur la conidie tombée on peut nettement voir la digue qui y reste adhérente sous forme d’élé- vation (fig. 15 g). Après trois mois de repos la conidie entre en germination ; à cette époque la membrane éclate et le contenu en sort sous forme de filament qui, en produisant des rameaux, donne naissance aux organes de fructification que je viens de décrire, lorsque la conidie tombe sur un terrain favorable ; dans le cas contraire, et lorsqu'elle n’atteint pas une longueur considérable, on voit se former des spores mobiles (fig. 17). Je dois faire remarquer encore, en terminant, que les conidies capables de germer (c’est-à-dire après trois mois de repos), mais non exposées à la lumière, ne germent jamais, tandis que les conidies de même âge exposées au soleil germent en vingt- quatre heures. EXPLICATION DE LA PLANCHE 7. Toutes les figures ont été faites à un grossissement de 500/1. Fig. 1-5. La formation des spores mobiles chez l’Aphanomyces stellatus. Fig. 6. L’extrémité des sporanges à l'ouverture desquels on remarque plusieurs membranes des spores mobiles : 4, la spore mobile n’est pas encore sortie de sa membrane, on voit l'apparition du point clair (la spore est tournée de manière que le point clair n’est pas au centre) ; b, une spore pareille ; ç, une spore pareille dont le point clair est placé plus au centre; 3, une spore mobile qui germe sans sortir de sa membrane. Fig. 7. L'extrémité du sporange, à l’ouverture duquel se trouvent les mem- branes abandonnées par les spores. Fig. 8. Deux spores mobiles. Fig. 9. a, une spore qui se calme et qui prend une forme sphérique ; b, une spore en germination, Fig. 10. À, un sporange avec la formation anormale des spores nobiles ; m', le protoplasma resté non divisé en spores ; in, les morceaux fusiformes du con- tenu non transformé en spores; æ, la mue des spores à l’intérieur du spo= 52 | N. SOROKINE. ranse ; æ', une spore sortie sous forme de masse sphérique et immobile de plasma; 3, une spore mobile près de l'ouverture du sporange et qui n’a pas encore quitté sa membrane ; sp, une spore mobile qui s’est formée régulière- ment ; s, une spore mobile sortie par l'ouverture du sporange (à côté), où elle a laissé sa membrane. B, un sporange dans lequel toutes les spores (excepté trois) ont laissé leurs membranes ; m#, des parties fusiformes de plasma ; z, une spore mobile germant à l’intérieur du sporange ; sp, une spore formée régulièrement. lis. 11. Le filament d’Aphanomyces stellatus muni de deux oogones (0 0) et d'antéridies (a a); b, un sporange à l’intérieur duquel on voit les membranes des spores mobiles. Fig. 12. Un filament muni d’un oogone (0), un anthéride (a), deux conidics (c). On voit en outre un sporange à l’intérieur duquel sont restées trois spores (y) mobiles, dont deux sont en germination. Fig. 43, Deux conidies de l’Aphanomyces stellatus, Fig. 14. Les filaments qui sont élargis pour former des conidies ; @, la partie d'en haut est renflée; a’, l'apparition d’une cloison; b, une jeune conidie presque complétement formée (on remarque en bas deux renflements qui indiquent la place où doivent se former deux nouvelles conidies) ; p, la digue ; ce, une chaîne de conidies : celle d’en haut est la plus mûre. Fig. 15. Une conidie complétement mûre ‘qui est tombée; p, une élévation, qui n'est rien autre chose que la digue; a, une conidie, vue de profil; b, la même conidie, présentant sa partie basilaire. Fig. 16. Deux conidies qui germent : @, après l'influence du tinct. jori (le contenu prend une couleur brune); b, une conidie qui donne naissance aux filaments rameux. Fig. 17. Une conidie qui produit un sporange d’où commencent à sortir les spores mobiles d'une façon normale. Fig. 18. Un bout du sporange d’Aphanomyces stellatus dont les spores mobiles ont toutes laissé leurs membranes à l’intérieur du filament. Trois spores ne sont pas sorties ; l’une d’elles vient seulement de former une petite ouverture et sort en forme d’une petite élévalion. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES STYLOSPORES ET SPERMATIES ÉTUDE MORPHOLOGIQUE ET PHYSIOLOGIQUE Par M, Niaxime CORNU, Docteur ès sciences, Aide-naturaliste au Muséura. I, — DES SPERMOGONIES ET DES SPERMATIES, La découverte du polymorphisme des Champignons thé- casporés, des Lichens et des Urédinées est certainement l’une des découvertes les plus importantes du siècle dans Pétude des végétaux inférieurs, et M. Tulasne mérite à bon droit le titre que lui donne M. de Bary, qui l’a appelé le Réformateur de la mycétologie. Gette découverte a, en effet, imprimé à la science une impulsion puissante; elle a montré des chemins nouveaux où les observateurs se sont élancés et ont rencontré des résultats aussi remarquables qu'inattendus. Le point de départ de l’idée du polymorphisme est la recherche des organes sexuels des Champignons et de la fécondation, La pensée qui dirigeait ces études semble avoir été que la féconda- tion devait avoir lieu dans la plante adulte, comme cela a lieu chez les phanérogames ; c’est ce qui pendant longtemps a laissé sans résultat les travaux des botanistes dans la recherche des organes sexuels des Fougères. Aujourd’hui, grâce aux observa- tions de divers savants, notamment de MM. de Bary, Woronine et de M. Tulasne lui-même, on connait, chez les jeunes Asco- mycètes, les organes analogues aux organes fécondateurs ; et, quoique cette question ne soit pas encore exemple d’obscurité, on peut dire que ces faits sont désormais acquis à la science, 54 M. CORNE. J’en ai pu, du reste, vérifier quelques-uns sur des Champignons assez différents de ceux qui avaient été examinés jusqu'alors (1). L'ancienne théorie sexuelle des spermaties, édifiée par M. Tulasne, a été frappée par lui, et pour ainsi dire renversée par ses observations ultérieures sur le Peziza (Pyronema) con- fluens et le Peziza melanloma (2) ; mais une étude plus complète des spermaties devait prouver qu'il en était réellement ainsi. Malgré cette évolution dans l'appréciation des fonctions sexuelles, le mérite du botaniste français reste intact, puisque cette théorie, destinée à être remplacée comme toutes Îles théories, eut le mérite immense d’être féconde en idées nou- velles et fut l’origine d'importantes découvertes, telles que celle des générations alternantes (ou hétéræcie) des Urédinées, qui en procède immédiatement. Spermahes ; leur rôle fécondateur supposé. — M. Tulasne, dans deux mémoires, point de départ de ses études (3), fit con- naître, d’abord chez les Lichens, puis chez les Ascomycètes, un appareil de reproduction constant qu’il nomma spermogonie. La spermogonie est remplie de petits corps spéciaux qu’il appela spermalties, qui y sont engendrés en grand nombre; les noms ürent leur origine de l’idée que l’auteur se faisait de leur rèle dans la fécondation; cette fécondation devait donner lieu à la production des spores contenues dans les thèques; il s’expli- quait peu, du reste, sur la façon dont elle pouvait s’opérer. Chez les Lichens, les spermogonies qui sont, non pas des apo- thécies avortées, mais des organes parfaitement autonomes, sont tantôt brunes et très-visibles (Borrera ciliaris, où elles sont (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences du 21 juin 1875, rapport de M. Brongniart sur les mémoires envoyés au concours (Étude de la fécondation dans la classe des Champignons), p. 1468. Le mémoire auquel l’Académie des sciences voulut bien décerner un encouragement avait été présenté le 30 mai 1873 en collaboration avec mon ami, M. E. Roze; nous en avions séparément étudié et rédigé les divers chapitres ; les résultats consignés ici y étaient som- mairement indiqués, ceux auxquels il est fait allusion étaient beaucoup plus longuement développés (Dothidea et Hypomyces). (2) Annales des sciences naturelles, 5° série, t. VI, p. 221, pl. 11 et 12, 1866. (3) Annales des sciences naturelles, 3° série, t. XV, p. 370, 1851 ; t. XVIL, p. 5 et 153, 1852, REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 99 spécialement faciles à étudier), tantôt indistinetes, incolores et même immergées dans le thalle (Opegrapha) ; elles sont situées à des places variables, le plus souvent sur le bord du thalle. Elles contiennent, dans leur intérieur, des sortes de filaments toruleux, simples ou peu rameux, composés d'articles courts, et dont chacun donne naissance, latéralement et à son sommet, à une spermatie en forme de bâtonnet droit ou courbe : les spermaties sont parfois d’une forme différente, elliptiques, ou bien très-grêles et courbées en arc. Il faut se garder de con- fondre avec elles les stylospores qui sont, du reste, assez rares dans la famille des Lichens. Un peu plus tard M. Tulasne décrivait ces mêmes corps et ces mêmes organes dans le grand groupe des Champignons thé- casporés ; il publia une partie de ses recherches dans les Annales des sciences naturelles, 3° série, 1853, t. XX, p. 129, et l’en- semble trouva place dans un admirable ouvrage imtitulé Selecta Fungorum Carpoloqia; 11 y exposa les différents modes de reproduction de divers végétaux compris dans le groupe des Pyrénomycètes et des Discomycètes. Dans chacun d’eux on rencontre en général : 4° Des conceptacles contenant des thèques le plus souvent octospores ; 2° Des pycnides contenant des stylospores ; 3° Des spermogonies contenant des spermaties ; 4° Des conidies nées en dehors de toute cavité. M. Tulasne établit l'identité spécifique de ces diverses formes en prouvant qu'elles procèdent sans parasitisme du même my- célilum ; du reste, tous ces appareils de reproduction, lorsqu'on les considère dans une série d’espèces voisines, offrent un port général et ont une disposition semblable; de pareilles compa- raisons prouvent, d’une äutre façon, que ces divers appareils reproducteurs se correspondent réellement dans chacune des espèces. Chez les Ascomycètes, les spermaties et les appareils spermatiophores se présentent avec l'aspect qu'ils ont dans les Lichens, mais avec une plus grande variété, car le groupe est bien plus étendu. Les spermogonies sont en général plus abon- 56 M. CORNU. dantes et se prêtent mieux à l'étude; les éléments sont plus clairs et plus nets, les membranes moins diffluentes et géla- tineuses, et les corpuscules produits en plus grande quantité. Les spermaties sont rejetées sous forme de cirrhes, sortes de petits cylindres visqueux très-grèles, de couleur blanche, jaune, rosée où rouge; placés dans l’eau, ces cirrhes se désagrégent immédiatement; la gomme qui réunit les spermaties et les agglutine se dissout, el elles sont mises en liberté; elles pa- raissent parfois agitées dans le liquide d’un mouvement de trépidation spécial très-différent de celui qui entraine les diato- mées et les zoospores, et qui est ici purement moléculaire. Leur forme est celle de bâtonnets droits ou courbes; elles peuvent être ovoïdes ou sphériques (Melogramina rubricosum), d'autres fois plus allongées, courbées en are (Eutypa Acharii), ou en forme de V (Diatrype quercina), où bien en forme de virgule, très-grèles à une extrémité, renflées à l’autre (Polystigma rubrum), etc. (D). Les rameaux qui les portent sont soit des arbuscules sem- blables à ceux des Lichens, dont les cellules sont plus allongées en général, soit de courts stérigmates. Les spermogonies sont ou séparées ou réunies, présentant une cavité unique ou sphérique, ou labyrinthiforme; parfois mème les spermaties naissent en dehors de tout conceptacle à la surface du Champignon (Stictosphæria) comme des coni- dies ordinaires. Malgré la grande diversité de forme des spermaties et des organes qui les contiennent, 1l est impossible de ne pas être frappé de l’analogie extrème qui existe entre la plupart de ces appareils et de ceux qui se rencontrent chez les Lichens. Nous savous d’ailleurs aujourd'hui, d’après les travaux récents de MM. Schwendener, Rees et Bornet, que les Lichens ne sont qu un groupe spécial de la grande classe des Champignons. Le fait commun à tous les corpuscules nommés spermaties par M. Tulasne, c’est d’abord d’ètre extrêmement petits, au (1) Tulasne, Carp., t. I, pl. 9, fig. 16; pl. 7, fig. 12; pl. 12, fig. 15, et pl. 8, fig. 11. REPRODUCTION DES ASCOM CÈTES. 57 moins dans l’une de leurs dimensions, et d’être produits en nombre énorme par les organes qui leur donnent naissance. M. Tulasne, ayant essayé de les faire germer, éprouva une série d'échecs : aux caractères précédents, purement physiques, s’ajouta donc un caractère physiologique, le refus d'entrer en germination dans des conditions ordinaires. Des corpuscules en nombre si considérable qui ne germent pas et n’engendrent pas de mycélium ne pouvaient être considérés comme des spores ; en présence d’un organe sporifère tel que la thèque, dont le développement a lieu dans des conceptacles particuliers, et dont la maturité est postérieure au maximum de développement des spermogonies, il était naturel de relier les deux formes l’une à l’autre ; la thèque étant vraisemblablement l'organe femelle ; les corpuscules qui ne germent pas, d’après M. Tulasne, étant des organes mâles analogues physiologiquement aux grains de pollen : mais l’action réciproque de ces deux sortes d'organes, la manière dont se produit la fécondation, et l’instant précis auquel elle devait avoir lieu restaient dans le doute. En résumé, les spermaties ont été considérées comme des organes mâles à cause de leurs dimensions très-réduites, de leur nombre considérable, et surtout de impossibilité de les faire germer. M. Pringsheim s'était de même appuyé sur l’absence de ger- mination de certains corps agiles développés sur les Saprolégniées pour les considérer comme des organes mâles, comme des anthérozoides. | Dans un travail spécial sur la fécondation des Saprolégniées (1) j'ai démontré que cette manière de voir était mexacte; les pré- tendus anthérozoïdes du Saprolegnia dioica et de l'Achlya dioica ne sont pas des productions de la plante qui les porte, mais bien des parasites ; chez les Ascomycètes, dans beaucoup de cas, la même objection ne peut être faite, et les organes dont il a été question appartiennent bien réellement à la plante (1) Annales des sciences naturelles, 5° série, t. XV, 1872. Mémoire couronné par l’Académie des sciences, Prix Desmazières pour l’année 1872 ; rapport de M. Duchartre, séance du 28 décembre 1874. ? 58 M. CORNU. chez laquelle ils se rencontrent. Les considérations précédentes m'ont engagé à rechercher la cause de linsuceès obtenu par M. Tulasne, et maintenant que les organes de la fécondation sont plus exactement connus chez les Champignons thécasporés, il faut renoncer à regarder les spermaties comme des organes males; ce sont donc des spores, elles doivent germer comme les autres spores. IT. — GERMINATION DES SPERMATIES. Les premiers essais en vue d'obtenir la germination des sper- maties ne réussirent pas; ils furent répétés plusieurs fois (E). En même temps que les spermaties et avec plus de succès d'abord, furent mises en germination des stylospores et des spores endothèques de diverses espèces de Pyrénomycètes. Gela permit de faire, un grand nombre de fois, deux remarques qui, sans être nouvelles, eurent une assez grande influence sur le résultat final. Les spores obtenues au moyen de coupes faites au rasoir et dilacérées avec des aiguilles étaient disposées dans une goutte d’eau sur le porte-objet du microscope; elles restaient à l'air libre ou étaient, suivant les cas, recouvertes d'une lamelle de verre mince. La préparation était abandonnée dans une atmo- sphère humide pour éviter la dessiccation; on put voir alors que les spores exigeaient en général, pour germer, l'influence de l’air libre. Dans une préparation couverte d’une lamelle les germinations ne se montraient qu'à une faible distance d'abord, de moins en moins actives à mesure qu'on s’en éloignait. Au centre et déjà à une certaine distance des bords, aucune des spores ne présentait de développement. Gette absence de déve- loppement ne pouvait être attribuée à autre chôse qu'au manque d'air; les filaments-scermes, aussi bien que les spores, ont besoin d'oxygène pour s’accroitre. (1) Je fus attaché pendant l'hiver de 1870 à 1871, avec M. Branly, chef des tra- vaux de physique à la Faculté des sciences de Paris, à l'observatoire du général Ducrot, situé près du bois de Boulogne. Les jours de pluie et de brouillard où la surveillance de lhorizon n’était pas possible furent en partie employés à ces recherches. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 39 Des exemples nombreux montrèrent en outre que les spores augmentent parfois de volume d’une manière considérable, qu’elles peuvent alors changer de forme et devenir méconnais- sables. Après bien des tentatives restées sans résultat, je crus voir que certaines spermaties étaient considérablement modifiées dans leur forme et dans leur grosseur ; elles étaient toutes situées du mème côté de la préparation, dans un angle, tout à côté d’une étiquette gommée sur laquelle était inscrit le nom de l’espèce en expérience et la date du semis. L’eau en excès avait dissous quelque peu de gomme dont la présence avait déterminé cette modification considérable qui, pour plusieurs raisons, ne s'était pas étendue. L'idée me vint alors de donner aux spermaties non plus de l’eau pure, mais un liquide nutritif. Les spores de Mucor ne germent pas facilement dans l’eau pure (1), tandis qu'un centième de sucre détermine leur développement. Pour faire germer les spermaties qui accompagnent le plus généralement le Diplodia acerina, le procédé suivant fut essayé : une tige d’Acer pseudo Platanus fut pilée dans de l’eau, et une goutte filtrée du liquide ainsi obtenu reçut quelques spermaties : la température était de 8 à 10 degrés environ. Au bout de cinq jours, au milieu d’un très-grand nombre de bactéries, on put voir en bien des points de la pré- paration quelques filaments courts, épais, difformes, et d’une taille si différente de celle des spermaties que je n'aurais pu les rapporter à la même espèce si je n'avais été prévenu par les observations faites sur d’autres spores. Les intermédiaires furent vus, mais il fallait, pour lever tous les doutes, répéter l'expérience dans des conditions meilleures. Deux choses étaient particulièrement défavorables, c’étaient : 4° Le manque d'air dans une préparation recouverte d’une Tamelle ; 2° La présence de bactéries nombreuses et de mucédinées diverses s’introduisant par les côtés dans la préparation; les (1) Cette nécessité d’un liquide nutritif est proclamée pour des espèces diverses. De Bary, Morph. und Phys. der Pilze, p. 149. 60 M. CORNU. bactéries surtout étaient défavorables à cause de la petite dimension des spermaties, qu’on pouvait confondre avec cer- tains développements dus aux bactéries. Voici comment il fut possible de changer, partiellement du moins, ces conditions si peu avantageuses. On se servit de cel- lules formées d’un tube de verre ou de plomb coupé perpendi- culairement à son axe et rodé, suivant deux plans parallèles et peu distants, et collé par l’une de ces sections sur le porte-objet. Ce sont des cellules analogues à celles dont M, Van Tieghem s’est servi pour ses cultures des Mucorinées et qu'il a figurées dans les Annales des sciences naturelles, 5° série, t, XVI, pl. 20, fig. 1. Les spores étaient déposées dans une goutte de liquide et placées ainsi sur la lamelle, Cette dernière était appuyée par ses bords sur ceux de la cellule, la goutte occupant la face infé- rieure; on peut alors explorer à l’aide du microscope tous les points de la goutte d’eau dont la surface inférieure est en con- tact avec l'air. Pour éviter la dessiccation, une grosse goutte d’eau était placée au fond de la cellule. Pour fixer la lamelle on se servait non pas d'huile, qui eùt empêché le renouvellement de l’air, mais de deux petites pelotes de cire molle, fixées avec une aiguille plate sur la tranche de la cellule : l'air pouvait cir- culer et se renouveler lentement. Le tout fut placé dans une chambre humide formée d’une caisse de zinc carrée contenant une brique plongeant dans l’eau; la caisse était recouverte d'une lame de verre peu distante de la surface de la brique. Dans cet espace étroit on peut conserver humides, sans ajouter d'eau, des préparations déposées depuis plus de six mois; elles ne se dessèchent pas, mème à la longue. Les spores déposées sur Les lamelles étaient en contact avec de l'air renou- velé dans une atmosphère qui empêchait la dessiecation de la goutte de liquide. Pour éviter l'introduction de spores étrangères par le liquide nutritf et surtout le développement des bactéries, on tâcha de fabriquer de toutes pièces, comme fit M. Raulin dans ses cul- tures d'Asperqiilus niger, un liquide à laide de substances REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 61 chimiques pures et exemptes de germes. Le liquide contenait = de sucre et + de tannin dissous dans de l’eau distillée. Ces deux substances se rencontrent simultanément dans lécorce du bois de la plupart des plantes phanérogames sur lesquelles se développent une si grande abondance d’Ascomycètes. L'ad- dition d’une matière azotée dans le liquide nutriuf (+ d’azotate d'ammoniaque et + de sucre) fut essayée, mais ce second liquide ne parut pas donner d'aussi bons résultats que Île premier. Les diverses espèces mises en expérience ont été choisies au basard, suivant les chances des récoltes et la facilité de se pro- eurer aisément celles qui présentaient des spermaties bien nettes et faciles à déterminer. L'une des espèces que l’on trouve communément est le Diplodia acerina ; de longues branches coupées pendant l'hiver de 1870 à 1871 et conservées en fagots sans trop d'humidité se couvrirent de spermogonies au printemps suivant et fournirent de bons matériaux d'étude; les branches mortes de Cratæqus oæyacantha prises dans les buissons présentent fréquemment le Diplodia vulqaris et ses spermogontes qui ne firent jamais défaut. Ges deux Diplodia m'ont donné d'excellents résultats (1). Les spermaties qui accompagnent le Diplodia acerina sont très-étroites et courbées en are; semées sur un liquide nourri- (1) Les spermogonies du Valsa ambiens sont en général accompagnées d’un Diplodia qui, pour les différentes espèces d'arbres ou d’arbustes, paraît pré- senter des différences notables. M. Léveillé avait cru pouvoir distinguer des types divers (Ann. sc. nat., 3° série, 1846, t&. V); M. Tulasne, Carp., t. I, p. 174, les considère comme identiques entre eux ; il rattache avec doute, p. 173 et 174, les stylospores aux Valsa. Il est certain cependant que le Valsa nivea et le V. salicina, espèces fort voisines de la précédente, sont de même accom- pagnées chacune par un Diplodia. Ne serait-1l pas possible de revenir à l’opinion de Léveillé, Desmazières et Mougeot, de considérer comme distinctes les formes diverses de stylospores qui accompagnent et qui caractériseraient des espèces voisines, comme le sont un grand nombre de Valsa. Sans préjuger l'opinion des mycologues, je désignerai les spermogonies par le Diplodia qui les accom- pagne. L’hésitation du célèbre auteur du Sel. fung. Carpologia ne viendrait-elle pas de la présence possible de deux ordres de spores germant les unes et les autres dans certaines espèces qui ont déjà des stylospores spermatiformes ; on reviendra plus loin sur ce sujet. 69 RE. CORNU. cier, leur forme se modifie d’abord sans augmentation de lon- gueur : elles deviennent ovales; la partie concave de Parc se remplit et la forme générale de la spore est complétement mo- difiée ; le plasma, qui était très-dense et sans globule, apparaît plus nettement caractérisé. On aperçoit, sur les bords prinei- palement, des trainées granuleuses et des ébauches de vacuoles. Un peu plus tard, après quatre et cinq jours, la spore émet un ou deux filaments courts et difformes, dont le diamètre diffère un peu du diamètre transversal de cette spore elle-même après son grossissement (pl. 2, fig. 7). À cet état on voit que la germination est bien nettement com- mencée; mais le plus souvent, la nourriture mal appropriée, suffisante seulement pour déterminer ce début de développe- ment, ne lui permet pas d’aller plus lom. Il existe aussi des bactéries qui ont pullulé, et dont la présence dans la préparation entrave smgulièrement la marche de l'expérience. Sur plusieurs préparations disposées avec les mêmes spores et le même liquide, les unes arrivaient à bien, tandis que les autres ne donnaient lieu qu’à des productions étrangères. Cette irrégularité ne fut pas l’une des moindres difficultés. Dans chaque cas un essai comparaüf fut fait dans l’eau pure, mais il n’amena jamais de résultats ; à côté de la cellule où était fait le semis dans un liquide nourricier en était un autre dis- posé sur la même lame, et où, dans des conditions iden- tiques, un semis était tenté dans l’eau pure; sur toutes les espèces étudiées la comparaison fut établie ainsi de façon à voir la différence des développements. Le Diplodia vulqaris déve- loppé sur le Cratæqus oxyacantha donna des résultats absolu- ment analogues, quoique le développement parüt notablement plus lent; 1l en fut de même chez celui du Tilleul (Diplodia) (voy. pl. 2, fig. 6). Les spermaties de Valsa leucostoma (1) furent recueillies sur une branche de Pêcher, et elles furent semées simultanément dans le même liquide nutritif que précédemment et dans de Qi) Carp., & I, p. 185. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 63 l’eau pure. Dans l’eau les spores demeurèrent sans changement pendant plusieurs semaines; dans le liquide nutritif, au con- traire, au bout de deux jours ces spores avaient complétement modifié leur forme : grèles, disposées en are, elles étaient deve- nues irrégulièrement ovales et s'étaient déjà notablement allon- oées; quelques-unes même s'étaient prolongées en un ou deux filaments ; mais après quatre jours elles n'étaient plus recon- naissables : elles avaient pris l'aspect de filaments difformes sur lesquels on voyait à peine, dans certains cas, la spore qui leur avait donné naissance; mais l’allongement ne continua pas, faute de nourriture probablement (pl. 2, fig. 9). Le Valsa liphæma, commun sur le Chène, offre des sperma- tes de même forme (1). Semées dans les mêmes conditions, ces spermaties s’accrurent lentement en restant plus où moins pointues par une de leurs extrémités. Leur grosseur était très-mégale ; au bout de sept jours ces spores avaient plus que décuplé de volume; après quatorze jours elles avaient encore grossi : quelques-unes d’entre elles présentaient des apparences de prolongements, mais peu nets. Dans l'eau pure 11 n’y eut aucun développement ni modi- fication d'aucune sorte. Chez le Valsa liphæma M. Tulasne (2) signale non pas des spermaties, comme Chez le V. leucostoma, mais des stylospores spermatiformes, et nomme l'organe qui les produit Pycnis sper- mogonica. Il à représenté très-exactement quelques-unes de ces spermaties bien nettement courbées en arc, tandis que les autres sont peut-être un peu trop rectilignes. [la obtenu la ger- mination par un semis dans l’eau ; il a observé aussi ce gonfle- ment singulier des spores, qui est, dans la figure, relativement faible, puisque dans cette espèce la spore peut attemmdre jusqu’à dix fois son diamètre primitif. Je n’ai pu obtenir aucun dévelop- pement des spores dans l’eau pure; M. Tulasne a-t-11 maintenu dans l’eau une coupe transversale d’écorce qui aurait pu fournir (1) Tulasne, Sel. fung., t, 1, p. 197. @) TI, p. 197, pl. 23, fig. 18-21. 64 M. CORNU. quelques éléments nutritifs? C’est cette faculté germinative qui a déterminé lillustre mycologue à nommer ces spores stylo- spores, et non spermaties, quoiqu'elles tiennent beaucoup de ces dernières, et à faire un compromis entre les deux opinions en les nommant stylospores spermatiformes. Le Valsa liphœæma est l’une des espèces les plus communes de nos environs. Le caractère général de cette germination dans les espèces précédentes, c’est d’abord un accroissement considérable en diamètre : semblerait que les spermaties se comportent comme des spores qui seraient desséchées, racornies, et qui ont besoin tout d’abord de reprendre leur forme normale. Il ne semble pas, comme dans beaucoup de stylospores (Diplodia, Massaria, Melanconis, ete.), qu'elles aient une première enveloppe externe à rompre pour émettre un filament-germe ; tel est peut-être le caractère qui distingue les stylospores des spermaties. Après ce premier gonflement survient la naissance de fila- ments gros et difformes ; mais une fois la nourriture de la goutte épuisée, la germination s’arrête. L’exactitude de cette manière de voir est nettement mise en évidence par ce fait que, quand ces spores sont trop accumulées dans le mème liquide nour- ricier, aucun développement n’a lieu, même à l'air libre. Des résultats très-nets et très-concluants furent aussi obtenus avec les spermaties d'un Ascomycète très-commun à Chaville, sur le Peuplier, le Valsa nivea Fr. (1). Les spermogonies offrent des cavités labyrinthiformes d’où s'échappent une quantité innombrable de spermaties très-pe- ütes, très-grêles, et courbées en are. Semées dans le liquide nutritif elles ne tardent pas à se gonfler entièrement, et après deux jours elles ont déjà acquis une forme ovale ou irrégulière. Elles s’allongent au bout de plusieurs jours en imitant les sper- mates du Piplodia acerina, mais elles présentent un accrois- sement un peu plus considérable. Le plasma a entièrement changé d'aspect; il présente des trainées reconnaissables ; au lieu d'être dense et trouble, comme il l'était primitivement dans (1) Tulasne, Carp., t. Il, p. 182, pl. 292, fig. 12-21. REPRODUCTION DES ASCOMYEËTES. 69 l'intérieur de la spermatie. Au bout de neuf jours, tandis qu’il y a de véritables filaments-germes dans le liquide nutritif, les spermaties placées comparativement dans l’eau pure ne montrent aucun développement. Elles présentent, du reste, un changement analogue à celui qui a été décrit et figuré par M. Tulasne (1) pour les spores endothèques. Un autre Ascomycète qui se rencontre très-abondamment sur les rameaux tombés à terre du Platane, présente d’abon- dantes spermogonies, mais elles y sont toujours dépourvues de conceptacles ascophores; on y rencontre aussi, quoique plus rarement, les spores brunes eloisonnées de l’Hendersonia muta- bilis Berk et Br. (Poetospora Desmazieri Mont.), qui ne sont que les stylospores du Massaria Platani (2). Ges spermogonies sont groupées sous lécorce, comme le sont les conceptacles ascophores et les pyenides du Massaria Platani; c’est à cette espèce que je les rapporte. M. Tulasne n’a pas signalé de spermogonies chez cette espèce. Les spermaties naissent sur des filaments allongés celoi- sonnés ; chacune d'elles est portée par un stérigmate très-court et presque nul 1e1; la cellule qui produit une spermatie s’allonge latéralement au dehors de la cellule immédiatement supérieure et forme comme un début de ramification. Ce prolongement se renfle quelque peu, puis se sépare par une cloison. Les spermaties sont ovales, d’un diamètre longitudinal égal à + — 0"",0035. Leur taille et leur origine ne laissent aucun doute sur ce que ce soient bien réellement des spermaties (pl. 9, fig. 3). On conçoit la difficulté de déterminer les espèces quand 1l faut les recueillir dans un état favorable, et non pas dans un état trop avancé, c’est-à-dire quand les autres organes reproducteurs (pyenides et surtout conceptacles) qui seuls donnent une détermination exacte ne doivent pas encore être développés. Avec les spores multiloculaires de l’Hendersonia se rencon- (1) Loc. cit., fig. 20 et 21. (2) Garp., t. Il, p. 235. 6° série, BoT. T. IL (Cahier n° 2). OF 66 M. CORNE. traient quelquefois celles du Diplodia paupercula qui sont bilo- culaires, mais elles se montrent bien plus rarement. Semées sur le liquide nourricier, ces spores, au bout de cinq à six jours, s’accrurent en tous sens et demeurèrent à peu près semblables, sauf la taille, à ce qu’elles étaient; le corps de la spore, plus ou moins visible au milieu du filament, présentait un ou deux prolongements déjà notablement accrus : après dix à douze jours, le point qui correspondait à la spore s'était cloi- sonné de façon à former des cellules aussi longues que larges, et elles se renflèrent en tonneau, tandis que celles de l’extré- mité, plus longues que larges, plus étroites que les précédentes, demeurèrent presque cylindriques. Le plasma interne prit une apparence toute nouvelle ; au milieu des parties granuleuses se montrèrent des gouttes oléagineuses très-particulières, et dont il n’y avait eu jusque-là que des traces. Ces gouttes oléagineuses se rencontrent dans un certain nombre d'espèces d’Ascomy- cètes ; ici elles montrent que la spore primitive s’est réellement et positivement nourrie aux dépens du liquide qui lentourait. En même temps que les filaments s’ailongaient d’une façon considérable jusqu’à attemdre plus de cent fois leur longueur primitive, la paroi prenait une teinte toute spéciale : elle se colorait en noir, comme cela a lieu dans la plupart des Ascomy- cètes ; elle montrait une coloration caractéristique de ce groupe de Champignons (pl. 11, fig. 1-6; voy. explication). Aussi, dans ce cas, la germination ne s'arrêta pas à des indications de fila- ments, mais elle eut lieu avec une vigueur considérable; le liquide était probablement mieux approprié à cette espèce qu’à toute autre, et je ne doute pas que des tâtonnements ne per- mettent d'obtenir un accroissement notable des spermaties d'une espèce quelconque ; il suffira, en effet, de leur fournir une nourriture analogue à celle qu’elles trouvent dans l’écorce qui en permet le développement : 11 y eut dans la préparation un véritable feutrage gris de filaments entre-croisés et entrelacés. Ïl ne provenait pas de spores étrangères, comme cela se produit souvent dans les semis de cette nature, et on peut l’affirmer pour deux raisons : la première, c’est que le développement REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 67 a été suivi de jour en jour ; la seconde, c’est que ce développe- ment ne s’est pas montré sur des spermaties isolées, mais sur l’ensemble des spores, c’est-à-dire sur des xilliers, présentant toutes à la fois la même modification. Quand des spores étran- gères se sont introduites dans une cellule, c’est toujours isolé- ment, tandis que là toutes les spermaties étaient au même état à la fois. Dans l’eau pure il n’y eut aucun développement ; dans l’eau tenant en suspension de la gomme ces germinations purent, comme je lai dit plus haut, s'effectuer aisément. Une remarque facile à faire, du reste, et qui ressort de ces observations jour- nalières, c’est que quand une préparation donne de bons résul- tats en un point, elle en donne de pareïls en tous ses points ; car dans la nature ces spores, toutes issues de la même spermogonie, sont dans les mêmes conditions; quand lune germe, l’autre doit germer aussi. L'examen d’un seul point de la préparation suffit; on n’a pas à rechercher avec soin si parmi la masse quelques-unes se sont développées. On peut donc se rendre compte assez rapidement si telle ou telle préparation devra être suivie ou laissée de côté. On peut signaler spécialement encore un Ascomycète à sper- maties rouges rencontré à Chaville sur le Châätaignier, et qui doit être considéré comme la forme spermogoniale du Sticto- spheria Hoffmanni Tul. Les spermaties courbées en arc et très- grêles présentèrent, dans le liquide nutritif, un développement partiel, mais tout particulier. Elles s’accrurent dans le liquide nutritif seulement, mais au lieu de devenir ovales par le gon- flement de toute la partie concave, comme cela s'était montré dans les Diplodia et Valsa cités plus haut, une portion seule- ment de cette paroi se dilata, de sorte que la spore paraissait, après deux ou trois jours, se composer d’une partie ovale, sur- montée d’un arc assez court souvent en prolongement avec l’un des côtés de la paroi (pl. 40, fig. 8). Cependant toutes les spores qu’on doit faire rentrer dans les spermalties de M. Fulasne ne germent pas aussi difficilement ; elles n’ont pas toujours besoin d’un liquide nourricier pour se développer et émettre des filaments. 68 M. CORNU. Le Cucurbitaria Laburni De Not. (4) est une belle espèce d'Ascomycète qu'on trouve fréquemment sur les rameaux morts du Cytisus Laburnum et plantes voisines (2). Les rameaux spermatiophores isolés dans des conceptacles spéciaux sont courts, ramassés et soudés ; leurs cellules sont renflées et glo- buleuses, de sorte qu’on croirait avoir affaire à des stylospores très-petites ; un regard jeté sur la figure 12 de la planche citée montrera combien ces spores sont différentes des stylospores véritables. Si l’on compare ces rameaux courts et ramassés à ceux des spermaties, à ceux du Dothidea ribesin (3) on se convaincra de la grande analogie qu'ils ont entre eux, et on reconnaitra qu'ils sont identiques. Pour faciliter cette compa- raison, j'ai reproduit, pl. 9, fig. 5, la figure de M. Tulasne rela- tive à ces deux espèces (voy. l’explication des planches). Le polymorphisme des stylospores de cette espèce tantôt cloisonnées dans plusieurs sens et colorées, tantôt sans cloison et incolores, avec tous les intermédiaires, détermina M. Tulasne à les désigner sous le même nom. Il avait remarqué cependant que les s{ylospores blanches viennent parfois ensemble dans un conceptacle spécial qu'il appela pycnis leucospora. C'est de l’un d'eux qu'a été extraite la portion de tissu représentée figure 12. Or ces microstylospores blanches ne sont pas tout à fait semblables aux stylospores blanches trouvées dans les pyenides; au lieu d'être ovales, comme elles ont été repré- sentées d’après la planche de M. Tulasne, elles sont notable- ment différentes, allongées, assez grèles, courbées en arc, plus rarement rectilignes : ce sont de véritables spermalties par tous leurs caractères. Ce qui les en à fait séparer, c'est leur facile germination, qui à lieu ici, non dans un liquide nourricier, où elles ont refusé de se développer, mais dans l’eau pure. Comme (4) Tul., Carp., t. I, p. 215, pl. (2) Un Cucurbitaria très-beau vivait sur les branches mortes du Colutea arborescens dans les haies du chemin de fer de Ceinture à Passy, au mois de février 4871 : ilne paraît pas différer du précédent, quoiqu'il y ait sur les légu- mineuses trois espèces de Cucurbilaria : C. elongata Grev.; C. Spartii De Not., et C. Laburni De Not. (Carp., loc. eit., p. 219.) @) Tal., Carp., t. IT, pl. 9, fig. 4. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 69 leurs congénères, elles-se gonflent soit dans toute leur longueur, soit par une extrémité seulement, et se cloisonnent de très-bonne heure, de façon à devenir semblables à des spores biloculaires ; des filaments proviennent de l'allongement de leur extrémité, mais dans l’eau pure ne peuvent se développer davantage. Plu- sieurs essais m'ont donné le même résultat : succès relatif sur l’eau, insuecès complet dans le liquide nutritif. Les stylospores brunes ou blanches, au lieu de s'arrêter bientôt, sont remar- quables par la facilité avec laquelle elles émettent des filaments- germes qui s’accroissent très-rapidement. Un autre exemple de développement dans l’eau pure, mais s’arrêtant de même presque aussitôt, est fourni par l’Aglaospora profusa De Not. (1). Cette espèce possède des spores endo- thèques très-remarquables à quatre loges noires contenues dans une enveloppe claire; elle est commune sur les rameaux de Robinia pseudo-acacia. Elle possède en outre des stylospores ovales, rosées et des spermaties longues, grèles, courbées en are, naissant d’un tissu dense, où les arbuscules sperma- tiophores ne sont pas aisément visibles; ces dernières se trouvent souvent mêlées aux précédentes, ou bien sont renfer- mées dans des spermogonies isolées. Placées sur le liquide nutritif, elles n’ont présenté aucun développement ; sur l’eau pure, au contraire, après deux jours et demi on pouvait voir sur la paroi un ou deux prolongements non terminaux, mais nés en un point quelconque du côté de la concavité ou de la convexité, comme si la spore se disposait à germer, sans augmentation de volume ; mais ce développement n'alla pas plus loin. En répétant de nouveau le même semis dans les mêmes conditions, j'ai obtenu les mêmes résultats, également incomplets (voy. pl. 10, fig. 4). Le même fait s’est présenté dans des circonstances semblables avec le Quaternaria Persooni (2), dont les spermaties sont de même linéaires et recourbées en are (voy. pl. 40, fig. 3). Ainsi, dans ce cas comme dans le précédent, l’eau qui (1) Loc. cit., p. 159, pl. 20. (2) Tulasne, Carp., t. IF, p. 105, pl. 12. 70: : M. CORNU. a déterminé le début du développement de ces spores n’a pu produire un allongement plus considérable; une nourriture appropriée semblait nécessaire. Nous verrons plus loin que les spermaties de lAglaospora profusa ont pu être semées sur un rameau et donner lieu à la production de l'Ascomycète. Pour achever de démontrer que les spermaties sont réelle- ment des spores et non des organes #ûles plus ou moins ana- logues aux anthérozoïdes, et pour bien montrer qu’elles germent aisément dans certains cas, il suffit de signaler les espèces dont les spermaties germent dans l’eau et dont le développement est moins difficile à obtenir. Plusieurs de ces espèces sont indiquées dans le magnifique ouvrage de M. Tulasne et ont été représentées par lui à cet état. Dothidea melanops (Garp., t. KE, p. 73, pl. 40). — Les sper- mogonies à rameaux spermatiophores représentés (loc. cit., fig. 6) sont les analogues de ceux du Dothidea ribesia Fr. (loc. cùt., pl. 9, fig. 4), sur lesquels il ne peut y avoir de doute; plus condensés ici et plus confus, ils n’en portent pas moins des organes identiques, des spermaties. La présence de stylospores très-nettes confirme encore cette détermination ; cependant leur germination est représentée fig. 7 par M. Tulasne lui-même ; leur accroissement de volume est très-notable. M. Tulasne les appelle microspores spermatiformes. Eutypa Achari (p. 53, pl. 7, fig. 8-20). — Là sont repré- sentées des microtylospores qui de même ont germé. L'auteur figure aussi les mêmes, nées sur des rameaux libres très-sem- blables aux rameaux spermatiophores (fig. 10). Cette identité lui arrache la remarque que cela prouve combien sont voisines les unes des autres les conidies et ces petites spores considérées comme spermaties ou stylospores (loc. cit., p. 54) : © E mira ila similitudine manifeste patet proximam conidia inter et semina exilia pro stylosporis vel spermatiis habita etiam exstare necessitudinem. » [l les nomme stylospores, mais dans PE. flavovirens 11 nomme les corpuscules analogues (loc. cit., fig. 4, p. ®8) stylospores spermatiformes, et ne parle cependant pas de leur germination. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 71 Dans l’énumération des Valsa on trouverait de même décrits des corps reproducteurs ambigus ayant l'apparence de sperma- ties, mais doués de la faculté germinative : c’est ce qui leur fait donner le nom de stylospores spermatiformes ; c’est probable- ment pour cette raison que lauteur n’a pas cru devoir réunir aux Valsa les stylospores véritables qui ont été décrites sous le nom spécial de Diplodia, et qui accompagnent si fréquem- ment leurs spermogonies, car il y aurait eu deux sortes de spores capables de germer. On peut se reporter aux pages 188 (V. liphæma) et 174 (V. corylina), on y trouvera la trace de ce cas embarrassant qui se traduit p. 170 dans la description du genre Valsa par ces paroles précieuses à recueillir : « Spermatia (quæ si malueris microstylosporas nonnunquam meritissime dicas..…..) »; à propos du genre Eutypa, p. 60 : « Spermatia seu stylosporæ..……. » ; à. propos des Dothidea, p. 65 : « Sper- matiæ sive microstylosporæ..….…., ete. ». Le Cenangium Ribis Fr. (t. IT, pl. 19, fig. 1-9, p. 163) présente, outre les stylospores, des corpuscules beaucoup plus petits, qui ne sont que des spermaties; mais, comme elles germent, M. Tulasne les désigne sous le nom de conidies ; ces derniers organes se montrent avec une forme bien plus caracté- ristique chez le GC. Ulmi Tul., en compagnie de stylospores plus grosses. M. Tulasne dit à ce propos, p. 174 : « Spermatia sin- ceriora mentiuntur bacillos plerisque Lichenum solennes. » Ces spores sont réellement homologues dans l’un et l’autre cas : elles germent dans le premier, donc elles peuvent probablement germer dans le second, malgré leur forme caractéristique, j'oserai dire /ypique, puisque c’est chez les Lichens que les spermaties ont d’abord été découvertes. Il semble donc bien établi par ce qui précède que les sper- maties peuvent germer, soit sur l’eau, ainsi que cela ressort déjà des figures de l'ouvrage de M. Tulasne, soit dans un liquide nutritif approprié. Cela concorde avec les faits observés dans l'étude du développement des conceptacles ascophores des Ascomycètes ; les observations démontrent que la fécondation a eu lors du développement du conceptacle lui-même, par 79 RM. CORNE. une conjugation de filaments, et non par le moyen d’anthéro- zoïdes. t Le liquide nutritif employé fut choisi non pas tout à fait au hasard, mais sans autre essai préalable pour les substances introduites et les proportions, que le triple succès primitif; il à réussi dans presque tous les cas essayés, il fallait seulement le filtrer souvent, sans cela 1l donnait lieu au développement de bactéries; si les spermaties étaient trop nombreuses dans la préparation, la germination se produisait mal. Certaines raisons feraient croire que ce liquide n’était pas le meilleur possible, car parfois il y avait un dépôt dont la nature, d’ail- leurs, n’a pas été reconnue, mais qui devait provenir de la pré- cipitation d’une partie du sucre par le tannin; il se formait parfois aussi une pellicule qui doit être attribuée à la présence du tannim. [Il est possible que dans chaque cas il faiile des pro- portions spéciales de produits organiques particuliers ; ce point a dù être laissé entièrement de côté. C’est par ces substances (sucre, tannin, essences diverses, alcaloïdes, sels, etc.) répan- dues en proportions différentes dans les divers végétaux que Les Champignons doivent probablement le choix de leur station, tantôt sur des végétaux assez divers (Stictosphæria Hoffmann, Nectria cinnabarina, Eutypa lata, Valsa ambiens, etc.), tantôt sur un seul et unique végétal (Aglaospora profusa, Acacia ; Massaria Platani, Platane). Si cependant les proportions exactes sont nécessaires pour le développement complet, il ne doit pro- bablement pas en être ainsi pour les débuts du développement. Les essais entrepris sur les Lichens (Borrera ciliaris et Par- melia Acetabulum) ne donnèrent aucun résultat ; il y a en effet ici une difficulté de plus. Les spermogonies des Ascomycètes se décomposent dès qu’elles ont terminé leur végétation, quand leurs spores ne sont plus en bon état et qu’elles sont passées, comme on dit vulgairement ; en latin on les désigne sous le nom de spermogonia obsoleta. Toute la spermogonie disparaît (4) ; 1l (1) On peut citer comme exemple très-net de ce fait les spermogonies de divers Valsa (V. salicina, nivea, ambiens, etc.), que les anciens auteurs avaient désignées collectivement par le même nom, Cytispora fugax. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 15 n’en est pas de même chez les Lichens ; il faudrait choisir des spermogonies de l’année, en bon état, et contenant des sper- maties mûres. Cet insuccès est d'autant plus regrettable que la théorie des spermaties considérée comme agent fécondateur vient d’être remise en question chez les Lichens par un travail récent. M. le docteur Stahl, élève de M. de Bary, dit avoir trouvé chez les Lichens un trichogyne plus où moins analogue à celui des Floridées, sur lequel la spermatie viendrait se fixer, et affirme qu’elle y émet un petit prolongement (1). Sans discuter à fond les observations de M. Stahl on peut ajouter que lexis- tence d’un filament analogue au filament copulateur femelle (macrocyste), dont la base est le point de départ des filaments thécigères n’est nullement en question. Sous ce rapport M. Stahl a fait preuve d’une grande habileté d’anatomiste ; je ne nierai pas non plus que lextrémité de ce filament ne puisse sortir au dehors; mais ce qui paraît singulier dans l’état actuel de nos connaissances, @’est qu'il y ait chez les Lichens une fécondation d’un ordre tout autre que dans les autres Ascomycètes. Les Lichens ne sont pas autre chose que des Champignons para- sites sur des algues ; le fait est maintenant hors de doute depuis les beaux travaux de MM. Schwendener, Rees et Bornet; cer- taines espèces se rapprochent des Æysterium (Opegrapha), les autres des Tympanis, des Cenanqium et des Pezires. Or, dans les Ascomycètes 1l semble probable, depuis les travaux publiés sur ce sujet par MM. de Bary, Woronine, Tulasne, Gillkimet et d’après mes propres observations, qu'il y a unité de type dans le mode de fécondation. Les Lichens feraient-ils exception ? Avant de se prononcer il faut attendre que M. Stahl ait publié des figures et des descriptions et qu'il ait pleinement démon- tré que les spermaties agissent bien comme les anthérozoïdes immobiles des Floridées. S'il en était réellement ainsi, le rôle des organes fécondateurs, tel que nous le concevons aujourd'hui d’après les travaux de (1) Bot. Zeit., mars 1874. 74 M. CORNE. MM. de Bary, Woronine et Tulasne, serait profondément mo- difié; 11 y aurait formation des thèques à la suite soit d’une conjugation, soit de l’action de corps fécondateurs, comme dans les Saprolégniées, ainsi que je l'ai montré (4) ; mais il convient d'attendre encore la confirmation de ces observations, que M. Stahl nous fera probablement connaitre. III. — MOoRPHOLOGIE DES CONIDIES ET DES SPERMATIES ; REMARQUES DIVERSES. Comment faut-il considérer les spermaties chez les Ascomy- cètes ? — Ge sont des spores (2) au même titre que les autres, puisqu'elles germent et donnent des filaments qui parfois prennent la temte noire et l’apparence des filaments mycéliaux, et qui contiennent un plasma tout semblable à celui qu’on observe dans les Ascomycètes. Ce sont des conidies très-petites, de forme tout à fait spéciale et nées sur des arbuscules particuliers dans des conceptacles protecteurs; elles ne germent pas en général dans leau pure et ont un développement assez lent; leur rôle physiologique semble être déterminé par cette taille très-réduite et Les circon- stances qu’exige leur germination. Les spermaties n'appartiennent point à un parasite. — La première idée qui s'offre à l'esprit, maintenant que la faculté germinative y a été reconnue, c’est que les spermaties pour- raient être des organismes parasites, vivant aux dépens d'autres espèces. (1) Ann. sc. nat., 5° sér., t. XV. (2) Faut-il changer ce nom de spermaties ? Nous ne sommes pas de cet avis ; il est toujours mauvais d'introduire un mot nouveau; qu’on cesse d’attacher au nom une idée de fécondation qui n’y est pas essentiellement contenue ou exprimée, et qu'on lui laisse la signification de corps reproducteur, qui est aussi conforme à l’étymologie ; ainsi interprété, le nom de spermatie peut subsister dans la science. Le nom de conidies ne peut leur être réservé, car ce mot sert à désigner des spores diverses (stylospores ou spermalies), comme on le verra plus loin, et ce serait détourner de son sens général, restreindre un mot employé par tout le monde, et dont la signification nette et précise est admise par tous. Les stylospores et les spermaties sont des conidies particulières. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 75 C’est une ancienne opinion qui se trouvait ainsi rajeumie. I] y a des exemples de ces parasites chez les Ascomycètes ; le plus commun est le Sphæria cupularis Pers. (1), qui vit fréquem- ment aux dépens du Tubercularia vulgaris Tode. On peut encore citer le Nectria episphæria Tode (2), que l’on rencontre assez souvent sur les sphéries à demi décomposées qu’il remplit plus ou moins complétement. Cette opinion est raisonnable ; est-elle exacte ? On peut affirmer que non. Les preuves sont de diverses natures : 1° Quand les trois sortes de corps reproducteurs sont im- mergés dans le même stroma, il y a continuité de tissu entre les divers organes : de bonnes coupes peuvent le montrer aisément. Quand ils sont contenus dans des conceptacles différents et isolés les uns des autres, les tissus présentent un aspect identique, et le mycélium qui les porte offre partout la même apparence; dans ce dernier cas il arrive souvent que la forme extérieure, au diamètre près, le groupement qui les réunit, la façon dont l'écorce est soulevée ou modifiée, en un mot, le port général de ces conceptacles montrent qu'on à bien affaire à des formes semblables et ayant entre elles la plus grande analogie. L’Aglao- spora profusa peut donnér un bon exemple de ces caractères extérieurs. Les spores sont de trois sortes et très-différentes de forme; cependant les pycnides et les spermogonies qui sou- lèvent l’écorce sous forme de petits mamelons régulièrement disposés ont un aspect très-semblable, et, sans la différence de taille, on pourrait les confondre les unes avec les autres. Les Cucurbitaria sont un autre exemple de ces faits; les groupe- ments circulaires de ces belles espèces sont très-semblables dans les trois cas (3). On pourrait encore invoquer le développe- ment précoce de ces petites spores qui précèdent les autres, dont l'apparition a lieu régulièrement autour des spermogonies, (1) Carp., t. Il, p. 82, pl. 18, fig. 14-21. @)"Carp.,t. Ill, p.91. (3) J'ai montré plus haut que les pycnides leucospores de M. Tulasne, qui peuvent se montrer chez les Diplodia comme chez les Cucurbilaria, ont parfois été confondues par lui avec les véritables spermogonies. 76 M. CORNU. s'appuyer sur la disposition ciremante des conceptacles asco phores nés après elles. Plusieurs Valsa peuvent en fournir des exemples. 2 Ne seraient-ce pas des périthèces détournés de leur déve- loppement, creusés puis remplis par des Champignons parasites dont les conceptacles reproducteurs avorteraient, comme cela a lieu, par le fait de l’Exosporium vivant aux dépens de l'Her- cospora Tilie ? L'identité spécifique des stylospores et des endospores, qui n'est, du reste, pas en doute, est facile à prouver; il suffit de citer les Cucurbitaria, les Melanconis, etc., dont les spores de l'une et l’autre nature offrent la même forme. Chez le Pleospora herbarum, quoique différentes en apparences, toutes les formes reproduetrices peuvent, par germination, donner lieu à des spores qui ont la forme de lPautre. On se servirait, pour les spermaties, d’un raisonnement analogue. On trouve, en eflet, chez le Stictosphæria Hoffmanni, chez certains Valsa, chez le Sphæria (Pleurostoma) Gandollei des spermaties presque identiques aux endospores, ou peu diffé- rentes; chez les Cucurbitaria les spermaties rappellent beaucoup ecrtaimes stylospores, puisque M. Tulasne les considérait comme une forme de ces dernières, et chez l’'£Eutypa Acharii certaines conidies. Dans d’autres espèces on trouve spermaties et stylospores, coit séparément, soit dans le même conceptacle (Aglaospora pro- fusa De Not.). En un mot, il y a de profondes analogies et une grande parenté entre les trois sortes d'organes reproducteurs. Enfin, le développement de quelques-uns de ces corps repro- ducteurs, aussi bien des stylospores que des spermaties, donne lieu à des filaments noirs, dont l’apparence, la couleur et le plasma interne sont semblables dans les filaments qui consti- tuent les parois des conceptacles. La cavité est donc remplie, non pas par un parasite, mais par le corps reproducteur du mème Champignon que celui qui en forme les parois. La pré- sence, chez un grand nombre d’Ascomycètes, de trois formes de spores distinctes comme origine, et le plus souvent aussi REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 77 comme forme, doit être considérée comme nécessaire à signaler ici. L'importance en est grande, surtout dans les cas où ces trois formes de spores germent toutes les trois avec facilité, qu'elles soient différentes (Hypomyces), ou bien qu'il y ait entre elles une analogie évidente et des passages (Pleospora) ; cette remarque trouverait également sa place au paragraphe pré- cédent. Quel est le caractère distinctif des spermaties? — M. Tulasne considérait autrefois l’absence de germination comme suffi- sante; c'était même là son critérium : nous avons vu que l’on doit abandonner cette manière de voir et chercher un autre caractère en dehors des considérations précédentes. C’est d’ail- leurs une question assez embarrassante ; les éléments que nous avons réunis Jusqu'ici ne sont peut-être pas suffisants pour la résoudre, 1l faudrait faire une étude complète de l’ensemble des Ascomycètes. Dans certains cas cela pourrait acquérir de lim- portance. Si une espèce présente deux sortes de conceptacles seulement, l’un d’eux contenant des thèques, l’autre devra-t-il être nommé spermogonie ou pyenide ? Il y a des cas fort obscurs ; et comment, en effet, classer les corps reproducteurs nommés dans le Selecta fungorum Carpoloqia : stylospores spermati- formes? Essayons d’analvser les faits. Il paraîtrait, au premier abord, y avoir dans ces petits corps deux groupes bien distincts par leur origine, que M. Tulasne à également nommés sper- maties. Les uns naissent sessiles sur des filaments assez courts réunis en une couche dense et serrée (Polystigma rubrum, Diatrype quercina, Rhytisma acerinum). Les autres sont portés par des filaments cloisonnés, dont chaque article est fertile. C'est le plus grand nombre dans les Ascomycètes et les Lichens. Cette distinction semble assez tranchée. La première caté- corie des spores rappelle les conidies des Hypoxylon, et, dans certains cas, d'une façon assez complète : ce sont, en apparence, des microstylospores. Les petites spores de la sphacélie du Claviceps purpurea, que M. Tulasne avait d'abord nommées _ spermaties, rentrent dans ce cas; 1l reconnut plus tard leur _ faculté germinative et ne les considéra plus comme telles. Les 78 REA. CORNE. spores de ce groupe sont souvent courbées en arc, leur diamètre longitudinal étant de beaucoup supérieur à leur diamètre trans- versal (Diatrype quercina, Aglaospora profusa, Polystigma rubrum). Les autres seraient les spermaties proprement dites ; mais, dans plusieurs cas, il y a des intermédiaires entre ces deux formes. On conçoit, du reste, que si le filament cloisonné est entrelacé avec d’autres de même nature de telle sorte que le stérigmate, généralement court, d’où naît la petite spore soit seul dressé, on retombera dans le cas précédent. Si les cloisons sont très-rapprochées, les stérigmates s’allongeant un peu, nous retomberons encore dans un cas très-analogue (Eutypa Acha- rit (1), Melanconis lanciformis) (2). Il y a donc des transitions entre les deux catégories, de telle sorte qu’on puisse hésiter sur linterprétation à donner à telle ou telle spore. On voit qu’on ne peut pas trouver de caractère distincuf üré de la manière dont elles naissent sur les fila- ments. Un cas curieux à citer dans l'ouvrage de M. Tulasne est celui du Valsa (Nectria?) chrysoides (3) ; on y verra le genre de dif- ficulté qui peut se présenter maintes fois. I y a la plus grande analogie entre la figure 15, qui donne l’insertion des conidies et la figure 41 du Welanconis lanciformis (loc. cit.), qui donne celle des spermaties. Il faut remarquer, d’ailleurs, que les cloisons des filaments n’ont pas été indiquées dans l’un et l’autre cas. Que conclure de à? C’est qu'il est impossible de décider par ces considérations seules si l’on a affaire à l’une ou à l’autre sorte de spores, et dès à présent on peut concevoir que, guidé par le seul eritérium üré de la germination, M. Tulasne a pu commettre des erreurs et considérer comme stylospores des spores qui étaient en réalité des spermaties, et réciproque- ment. Peut-être vaudrait-1l mieux, pour la distinction des deux ordres de spores, laissant ou non de côté leur mode de dévelop- U) Cart:,:t: 1 pli: tfig..19 p.53. (2) Ibid., pl. 16, fig. 11, p. 82. (3) Tulasne, Sel. fung. Garp., t. ILE, pl. 3, p. 107. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 79 pement, s'adresser à un caractère tiré de la nature des enve- loppes et de leur nombre. Dans les Pyrénomycètes supérieurs, où la variation des formes s'étend entre des limites peu étendues, l'insertion des sper- maties, c’est-à-dire leur naissance sur des rameaux plus ou moins allongés, sur de courts stérigmates sessiles, sur la paroi, peut avoir quelque importance; mais chez certains Ascomy- cètes moins élevés, dans le cas où la variation est excessive, cette considération perd évidemment de son importance. Tout en la conservant à titre d'indication générale, n’obtiendrait-on pas de meilleur résultat d’un eritérium emprunté à lautre ordre d'idées? On donnerait alors une plus grande importance à la constitution de la spore elle-même : les spermaties sont des spores à parois minces nées sur les articles de rameaux parti- culiers; les stylospores paraissent être en général des spores à double enveloppe. Les premières possèdent une membrane extensible, dilatable; les autres, revêtues d’une membrane externe, dilatable aussi dans une certaine mesure, doivent la rompre pour se développer : leur organisation est plus com- plète. Ce sont aussi des spores acrogènes, mais ce ne sont pas des conidies de même ordre que les autres : ce sont des conidies chlamydees. On a vu dans les pages précédentes que, comme les stylo- spores, les spermaties sont douées de la propriété germinative ; la grande ressemblance de ces dernières avec certaines conidies permet de se demander quelle est la définition des spores que M. Tulasne désigne sous le nom de conidies. Cette définition est contenue dans le fait qu’elles naissent toutes librement à la surface de lAscomycète, et non contenues dans des cavités spéciales. Or, en examinant la série des espèces présentant des conidies, nous voyons qu'il y en à de fort différentes : les unes petites, à membrane mince (Xylaria), les autres grosses, à membrane épaisse (Melanconis) ; 11 convient alors de se de- mander si sous ce nom de conidie les premières ne seraient pas les analogues des spermaties, les secondes des stylospores, et si sous cette appellation on ne confond pas deux ordres d'organes. 80 NI. CORNE. Au lieu de trois ordres de spores non comparables, 1l n’en resterait plus que deux; ce serait une grande simplification dans l'étude des formes reproductives. Pour nous éclairer sur lexactitude de cette conception, cherchons à passer des stylospores et spermaties encore assez nettes de certaines espèces et rappelant celles des Pyrénomycètes supérieurs, aux organes plus variables et polymorphes des Asco- mycètes inférieurs, el là nous nous trouverons conduits à con- sidérer quelques formes de Mucédimées. Il ne faut pas se dissimuler que des unes aux autresil y à des solutions de conti- nuité, et que dans quelques cas l’analogie sera peut-être un peu lointaine au premier abord; c’est la conséquence naturelle des faits eux-mêmes. Il sera peut-être possible, d’ailleurs, de com- bler plus tard les vides les plus considérables et de relier la série des formes par des chaines plus solides et des intermé- diaires plus immédiats. On a insisté plus haut sur la grande ressemblance qui existe entre les spermalties et les conidies, analogie déjà signalée du reste par M. Tulasne, dont la phrase est citée p. 70. Il est nécessaire, avant d'entreprendre la comparaison des différentes sortes d’or- ganes, de se pénétrer de cette analogie. Elle se retrouve aussi chez les stylospores, à un degré presque égal, de telle sorte qu'on ne devra pas être étonné de retrouver libres et non situés dans des conceptacles les arbuscules spermatiophores ou sty- losporiques. Ces derniers, quand ils sont libres, ont été consi- dérés comme semblables aux premiers, et leurs spores ont de même reçu le nom de conidies. IT arrive donc que sous ce nom de conidies se trouvent désignées aussi bien des spermaties que des stylospores : 1 convient donc de séparer avec soin ces deux cas et de débrouiller ce qui doit rentrer dans l’une ou l’autre catégorie. Mais ce second cas est beaucoup plus rare que le premier. Les Melanconis en offrent une série de remarquables exemples ; on voit, chez diverses espèces de ce genre, des sper- maties véritables associées à une deuxième sorte de spores nommées conidies parce qu’elles naissent libres sur le stroma ; mais leur membrane épaisse, leur couleur foncée, leur ana- REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. Si logie générale avec les stylospores des Massaria et Cucurbilaria montrent qu’on à réellement affaire à des stylospores libres. Quand on pratique une coupe mince à travers une spermo- oonie il n’est pas rare, surtout si l’on a affaire à un organe en pleme activité organique, de rencontrer sur les arbuscules spermatiophores, à tous les états de développement, les sper- maties encore attachées à l’extrémité des rameaux. II est néces- saire, pour cette étude, d'opérer sur des plantes vivantes; si l’on a recours à des organes desséchés, on éprouve une très- grande difficulté pour l’observation; les coupes paraissent être plus faciles à obtenir aux dépens d’un tissu qui prend la consistance de la cire, mais l’observation des détails est incomparablement moins aisée. Les spermaties se développent de la manière suivante : À l’extrémuté des rameaux latéraux plus ou moins allongés se forment de petits renflements; le stérigmate effilé en alène s’est légèrement gonflé ; la peute partie développée à son extré- mité s’allonge plus ou moins, mais sans que son diamètre s’ac- croisse beaucoup; elle conserve la dimension transversale du filament qui lui a donné naissance. Tantôt la petite spore demeure rectiligne, tantôt, au contraire, et c’est le cas le plus fréquent, elle se courbe légèrement en arc; dans le cas où les spermaties sont fort longues, elles sont presque toujours forte- ment courbées (Diatrype, Aglaospora, Quaternaria). A est difficile de décider, comme on a tenté de le faire pour les spores des Hyménomycètes, d’où dérive cette nouvelle formation et quel changement subit le plasma à l’extrémité du stérigmate ; les grossissements les plus énergiques paraissent encore insuffi- sants. Tant qu’elle n’a pas acquis son volume définitif, la spermatie reste adhérente au filament ; elle en est séparée par un étran- glement assez sensible, et c’est là que se fait la séparation en deux de la cloison qui isole la spore de son support. Ges petits corps sont englobés dans une sorte de mueus qui parait être exsudé par chacun d'eux, et probablement aussi par les fila- ments qui leur donnent naissance ; cela est très-visible dans Îes Ge série, Bor. T. III (Cahier n° 2). 2 6 82 RE. COHRNU. Lichens : quand ce mucus se gonfle sous l’action de l'humidité, les spermaties sont chassées au dehors (1). Ce qui vient d’être dit s'appliquerait mtégralement aux coni- dies les mieux caractérisées; nous allons voir, en effet, par l'examen des divers appareils comidiaux, la ressemblance extrême qu’ils présentent avec les formes typiques des filaments spermatiophores. Les stylospores véritables (en restreignant ce nom aux formes asexuées qui accompagnent les spermaties, microsty- lospores ou microconidies), offrent un ensemble de caractères assez reconnaissables dans certains cas. Elles sont produites à l’extrémité de filaments en général courts qui tapissent la cavité des pycnides ou qui peuvent être libres et pluricellu- laires. L’extrémité du filament, printivement arrondie ou obtuse, se renfle d’une façon considérable de manière à dépasser une où plusieurs fois son diamètre propre. En même temps que ce gonflement une élongation considérable se manifeste; si la stylospore doit présenter plusieurs cloisons elles se produisent à cet instant. Lorsque la stylospore a atteint sa forme définitive, elle est encore attachée au filament, et sa membrane est encore incolore ; cette membrane ne tarde pas à s’épaissir, mais pour que la spore acquière son aspect définitif, elle a souvent besoin : de subir le contact de l'air. L'action de l'air détermine un bru- nissement particulier de la parte la plus externe, tandis que la plus interne demeure incolore : cette dernière est restée mince, tandis que l’autre s’est notablement accrue et modifiée ; dans certains cas même l'épaisseur de la paroi est une fraction considérable du contenu de la spore. Lorsque la germination a lieu, cette membrane externe se rompt et c’est l’interne qui fait hernie au dehors. Il n’est pas rare de voir la spore ornée de prolongements, (1) À ce gonflement du mucus se joint aussi une action spéciale des parois due à l’hygroscopicité des filaments; mais le gonflement du mucus est un fait très-sensible dans certaines espèces, principalement chez les Lichens; on l’observe aussi chez certaines endospores ou stylospores ; quelques-unes sont environnées d’une auréole muqueuse qui se dilate dans l’eau (Massaria, etc.), et subsiste autour de la spore. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 89 pointes, cils qui ne prennent pas part à ce noircissement : cer- taines cellules, en général celles des pôles, sont parfois dans ce cas. La modification exercée par l’action de l'air est manifeste sur les stylospores du Massaria eburnea et sur la forme très- probablement stylosporique décrite à part sous le nom de Diplodia. M. Tulasne a signalé ces deux faits et revient sur le dernier en plus d’un endroit de son ouvrage. De même que les Diplodia, les Hendersonia et Pestalozzia (pl. 41, fig. 10-19) doivent être probablement tenus pour des formes stylosporiques d’Ascomycètes. Quelquefois la formation stylosporique est plus compliquée, on peut citer le Prosthemium betulinum, appareil stylosporique du Massaria siparia selon M. Tulasne, un Prosthemium lié de la même façon au Nectria armeniaca et le curieux Asterospo- rèum Hoffinanni évidemment voisin des espèces précédentes, mais dont la forme typique n’est pas clairement établie. On peut voir (pl. 11, fig. 7 a-c) les périodes diverses du développement du Pr. betulinum, dont certains prolongements restent stériles, tandis que d’autres s’accroissent et se eloisonnent. On consul- tera avec intérêt le Se/. Fung. Garpoloqia, t. IE, p. 234 et 249, et t. DIT, p. 76, où il est question des rapports de ces espèces entre elles. Il est probable que les genres Triposporium Gorda, Hirudi- naria Ges., Speira Gorda, Dictyosporium Corda, etc., sont très-voisins des précédentes formes, et ces dernières nous con- duisent msensiblement aux Pleospora, Fumago et autres espèces où la membrane des filaments et des conidies brunit à Pair et s’incruste, tandis que les petites spores décrites par M. Tulasne comme des stylospores offrent une plus grande ressemblance avec les microstylospores où spermaties. Mais, comme mes études sur les espèces diverses de ces groupes n’ont pas été assez complètes, Je suis forcé, à mon grand regret, de m'arrèter ici brusquement sans conclure relativement à ces deux derniers genres et de reprendre le sujet étudié plus spécialement, c’est- à-dire la morphologie des appareils spermatiophores. 84 M. CORNE. Pour l'étude particulière des organes spermatiophores il con- vient tout d’abord de prendre comme origine les organes assi- milés aux spermogonies des Lichens et désignés par le mème nom chez les Ascomyeètes. Les arbuscules spermatiophores sont formés de filaments dressés dont chaque cellule se pro- longe latéralement au-dessous de celle qui la surmonte ; le court rameau ainsi formé est porteur d'une petite spore de forme variable, mais à membrane simple et à plasma dense. Ge sont de véritables conidies ; les cellules qui leur donnent naissance sont tantôt courtes, comme dans le Physcia ciliaris, tantôt, au contraire, plus allongées, Parmelia Acetabulum (voy. pl. 9, fig. 1). Chez la plupart des Ascomycètes les arbuscules spermatio- phores affectent une forme très-analogue. Chez certaines espèces ils sont constitués par des cellules courtes se prolongeant en courts stérigmates latéraux ; on voit sans peine que ce sont des formations très-analogues à celles des Lichens. Chez d’autres espèces les cellules des filaments sont beaucoup plus grèles, les stérigmates constituent de véritables rameaux latéraux, et par- fois quelques-uns d’entre eux se séparent par des cloisons; il n’est pas rare d’en voir alors plusieurs naître à la même hauteur. Leur nature est très-évidente quand ils prolongent un article du filament, mais l’on passe aisément, par la pensée, de ce cas à celui où le stérigmate s’isole et devient lui-même une cellule latérale (pl. 10, fig. 2). C’est ce quise rencontre le plus fré- quemment dans les Ascomycètes et qu’on a représenté chez le Valsa ambiens. Cette forme diffère à pee de la précédente, et M. Tulasne la proclame identique à l’autre ; c’est une modi- fication très-générale du filament qui porte les spermaties ; on s’en rendrait compte en feuilletant les planches du Selecta Fungorum Garpologia. Le Nectria cinnabarina Tode (1), l'une de nosespèceslesplus communes, se présente en grande abondance sur les branches mortes l'hiver et le printemps dans les jardins et les haies. La (1) Carp., t. Ill, p. 29, pl. 12. O REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. le GO 5 première forme sous laquelle il se montre constitue le Tuber- cularia vulgaris Tode. Si l’on pratique des coupes minces du Tubercularia, on reconnait qu'il est formé d’un stroma rouge duquel partent un grand nombre de filaments disposés en éven- tail et porteurs d’une masse considérable de spores. Ces fila- ments sont cloisonnés, et chacune de leurs cloisons porte un court stérigmate qui donne naissance à une conidie; cette conidie est fort petite, ovale et pleine d’un plasma dense; les filaments ont la constitution des filaments spermatiophores, les conidies la forme et la dimension des spermaties. On à affaire à des spermogonies à surface libre, comme le sont sous une couche d’écorce celles du Stictosphæria Hoffmanni Tul. (1) (Spheria Stigma Hoffm.), et non disposées en forme de cavité. Les filaments du Tubercularia donnent naissance à un nombre énorme de petites spores, comme ceux des spermogonies ordi- naires ; ils diffèrent de la forme typique par un allongement plus grand des cellules qui les constituent, mais leur disposition générale est absolument la même (voy. pl. 4, fig. 8). Si nous étudions le Xylaria Hypoxylon, si commun sur les vieilles souches dans les bois dont les stromas fruticuleux portent tantôt des conceptacles ascophores, tantôt des conidies, nous verrons que dans le premier cas le stroma est d’un noir intense, et dans le second d’une blancheur éclatante due au tissu coni- diophore : une coupe transversale montre qu'il est formé de filaments dressés, très-petits, cloisonnés, dont la cellule termi- nale donne naissance à une petite conidie (2) ; mais la cellule terminale n’est pas la seule douée de cette propriété, celle qui est au-dessous peut aussi quelquefois en émettre une : n’a-t-on pas là de véritables filaments spermatiophores très-semblables aux arbuscules les mieux caractérisés des Pyrénomycètes et des Lichens ? Dans le Poronia punctata (3) un plus grand nombre d'articles (1) Tulasne, Carp., t. IL, p. 51, pl. 6, fig. 1. (2) Sel. fung. Carp., pl. 1, fig. 3. (Cette figure a été reproduite ici, pl. 1, fig. 7). (3) Carp., pl. 3, fig. 10. 86 M. CORNU. sont prolifères, mais les stérigmates des conidies sont presque nuls; dans d’autres Hypoxylon, H. fuseum (1), les articles prolifères sont franchement rameux. Si nous passons aux Hypomyces, nous y rencontrons, outre les endospores, deux formes de spores, également libres et por- tées sur des arbuscules. Les unes, à membrane épaisse, colorée et double, représentent évidemment les stylospores : elles sont plus ou moins analogues à celles des WMelanconis, des Massaria et des Cucurbitaria; les autres pâles et à membrane mince représentent les spermaties. Le fait commun à l’ensemble de ces espèces qui vivent toutes aux dépens d’autres champignons, c’est de présenter, outre les conceptacles ascophores, deux ordres de spores parfaitement homologues, et dont le parallélisme complet ne peut être mis en doute. Ges curieux parasites, dont M. Tulasne a donné de magnifiques dessins, vont nous montrer la variation possible dans chacune des deux formes. L'Hypomyces aurantius (Pers. sub Sphæria) possède des arbuscules conidiophores, où les stérigmates sont très-allongés et forment des rameaux latéraux (pl. 9, fig. 9). L'existence de deux autres modes de reproduction ne permet pas de douter que la troisième ne corresponde aux spermaties ; on constate d’ailleurs une analogie de forme avec la forme typique décrite plus haut et représentée planche 9, figure 2. À l'extrémité des rameaux naît une spore acrogène ovale qui se détache et tombe. Elle peut être encore adhérente lorsque commence en dehors d'elle la formation d’une seconde spore née de même à l'extrémité du filament, et qui la soulève peu à peu et s’isolera d'elle. La spore la plus extérieure sera ainsi la plus ancienne. Îl y a une analogie réelle avec ce qui se passe chez les Pemicil- lium, et les conidies en chapelet des genres voisins des Æypo- myces (ex. Melanospora, Torrubia) fournissent des exemples semblables. I v a d’ailleurs, dans les Torrubia et Hypocrea (2) (A) Carp., t. I, pl. 4, fig. 9. (@ÿCarp., t: U, pl. 4,/6g.27; pl. 2, Mg-95 pl:3, fe 7049 REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 87 les représentants identiques des arbuscules spermatiophores ; les spores chlamydées paraissent y faire le plus souvent défaut. Chez l’Hypomyces aurantius comme chez VIT. ochraceus Pers. (4) les conidies sont parfois biloculaires, quoique souvent simples ; chez l'A. chrysospermus elles sont le plus souvent biloculaires ; chez l'A. rosellus Tul. (2) elles sont pluriloculaires. Il est bien certain que dans tous ces cas divers on a toujours affaire à des formes homologues et qu'il faut considérer comme identiques morphologiquement. Les Hypomyces possèdent donc un appareil comidiophore représentant les spermogonies des autres Ascomycètes, qui éta- blit et montre là transition entre la forme typique et d’autres formes au premier abord fort différentes. C’est ainsi que les spores en chapelet du Penicillium glaucum trouvent leurs analogues ; cette ressemblance est appuyée par les recherches récentes de M. Brefeld, quia obtenu et décrit les conceptacles de cette espèce, conceptacles à parois celluleuses ayant à mon sens quelques-uns des caractères des perithèces propres aux Hypo- myces. Les espèces dont les conidies sont pluriloculaires nous conduisent aux spores courbes des Selenosporium, Stilbum (par- tm) et Atractium, Fusisporium, Fusarium, dont l’analogie avec les Hypomyces est évidente ; une apparence générale, la teinte du plasma souvent colorée, la disposition des spores indiquent une parenté incontestable. C’est à eause de cette analogie que M. Tulasne, ayant pu rattacher plusieurs de ces formes coni- diales à leur forme ascophore, a placé ces dernières dans le grand groupe des Nectriacées, à côté des Hypomyces. C’est ainsi que, selon M. Tulasne, l’Afractium flammeum Berk et Ravenel, est la forme conidiale du Sphærostilbe flammea Tul. (3) ; l'A. cin- nabarinum Mont. appartient au Sph. cinnabarina Tul. (4) ; le Fusisporium Buxirevient au Nectria Russeliana Mont., etc. J’ai () Carp., t. IL, p. 41, pl. 7. (2) Garp., p. 45, pl. 6. (3) Tulasne, Carp., t. UE, p. 104, tab. xmr. (4) Tulasne, Carp. t. I, p. 103. S8 M. CORNU. pu, dans une culture prolongée pendant plusieurs semaines, vérifier le premier de ces faits. Cette parenté à déjà été indiquée par l’illustre mycologue français, et ce qui vient d'être dit a pour but de le rappeler. [l'a montré la relation qui lie toutes ces formes ; mais, en con- tinuant l’étude des Mucédinées, on peut prévoir qu'il y a un certain nombre d'espèces et peut-être de genres que nous devrons rapprocher les uns des autres, et déduire de là leur place dans la série. Sans faire appel à des considérations nouvelles on peut re- marquer l’analogie extrême de certaines formes de Mucédinées avec les Hypomyces dont il vient d’être question ; c’est ainsi que les Verticillium, Acrostalagmus, Acrocylindrium, Cylindro- phora, Acremonium, dont plusieurs formes sont figurées planche 9 (voy. Pexplication), constituent probablement les re- présentants des arbuscules spermatiophores d'espèces d’Asco- mycètes plus ou moins voisins des Hypomyces ; il en est de même des Dendrochium, dont l’une des espèces se rapporte vrasemblablement au Spherostilbe aurantiaca Tul. À l'appui de cette manière de voir on peut citer l'opinion de M. Bonorden ; il constata lui-même l’analogie des Verticillium avec les arbuscules spermatiophores des Ascomycètes, et crut pouvoir considérer son Verticillium ruberrinuum comme la forme spermatiophore du Trichothecium roseum Lk. (1). M. de Bary s'étant assuré que les spores, très-petites d’ailleurs, pos- sèdent cependant la faculté de germer, contesta cette assimi- lation (2). Il contesta aussi que le Verticillium fût une forme du Trichothecium, opinion qui parait en effet peu admissible. Aujourd'hui, et pour d’autres raisons, on peut reprendre l'opinion de M. Bonorden et assimiler ces petits arbuscules à ceux des Hypomyces, et par conséquent aux filaments sperma- tiophores des Ascomycètes. La figure 11 de la planche 10 repré- sente une espèce développée en grande abondance sur des (1) Bot. Zeit., 1864, p. 249. (2) Voy. Morph. und Phys. der Piülze, p. 169, trad. franç. (Ann. sc. nat., 5° série, 1866, t. V, p. 361). REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 89 feuilles décomposées du Vitis riparia, à Bordeaux, au mois de novembre 1873; en même temps qu’elle, sur le même sub- stratum, se trouvaient, en abondance aussi, les spores d’un Sepedonium; brunes, échinées, surmontant une cellule vide, on peut les assimiler aux chlamydospores des Hypomyces et Les rapporter à l’espèce précédente. Sans juger la seconde question (très-douteuse d’ailleurs), on ne peut s'empêcher de remarquer la grande analogie qui existe entre cette forme comdiophore et les Hypomyces; je rapporterais cette espèce à l’Acrostalagmus cinnabarinus Gorda (Verticillèum ruberrimum Bonorden) dont il vient d’être question. Il est à remarquer que, comme chez les Hypomyces, les spores peuvent demeurer à l’extrémité des stérigmates, soit qu’elles ne naissent pas toujours au même point de extrémité du filament, soit qu’elles restent engluées par un liquide qui Les agglutine. La présence du liquide visqueux se voit dans les spermogonies plus nettement caractérisées (Valsa, Diatrype, Sticlosphæria, ete.), et même dans les pyenides. C’est ainsi qu’à Pextrémité des rameaux de lAcrostalagmus, (comme de l'Hypomyces rosellus), par exemple, se forment des globules ou capitules de spores. Il n’y a pas de sporange autour de ces amas de spores, ainsi que cela est, d’après Corda, représenté dans les British Fungi de M. Cooke (1), qui le considère comme une Mucorinée. Cette disposition particulière et la naissance de plusieurs spores à l'extrémité d’un stérigmate, fait qui peut s’observer aisé- ment, notamment dans les spermogonies du Tryblidium quer- cunmum, nous mènent aux formes où plusieurs conidies naissent à l’extrémité des filaments ; nous considérerons done comme représentant les organes spermatiophores, le Polyactis cinerea Berk, forme particulière du Peziza Fuckeliama d'après M. de Bary. Il y à un grand nombre de genres voisins des Polyactis, et plusieurs d’entre eux sont fort curieux, qui doivent probable- ment être considérés de la même manière, mais il faudrait en (1) British Fungi, p. 635. 90 M. CORNE. faire une étude plus approfondie pour pouvoir se prononcer avec certitude. L'Hypomyces asterophorus Tul. présente une forme de coni- dies en apparence très-dissemblable à celle des autres, mais dont la valeur morphologique est aussi la même; ce sont des filaments simulant des antennes d’insectes et qui se désarti- culent en une foule de petites conidies. I suffit de se représenter la formation des spores nouvelles sans la production de l’étran- glement qui accompagne la cloison; on aura ainsi des files de conidies rectangulaires, et non un chapelet de spores ovales. La comparaison des stylospores donnerait lieu à des re- marques très-Intéressantes, et l’on voit, par les espèces qui viennent d'être passées en revue, la différence que peuvent offrir finalement des organes homologues et qui représentent réellement l'appareil spermatiophore. L'analogie avec les genres précédents nous permettrait pro- bablement de ranger non loin des Acrostalagmus et Verticillium le curieux Gonytrichum cæsium Gorda (4), et non lom encore de ces espèces le Cylindrodendrum album Bonorden (2); le remarquable Ceratocladium microspermum Corda (3) lui est assez analogue d’après M. Bonorden (loc. cit). Le Chætopsis Vauchii est de mème une forme spermatiophore, mais elle se rapproche plus de la forme type que celles qui viennent d’être citées (pl. À, fig. 14). M. Tulasne le considère comme analogue à la forme conidifère du Chætosphæria innumera ul. décrite autrefois sous le nom de Dematium virescens Pers. (4). Je n’examine point dans ce travail cette dernière forme et ses analogues qui sont souvent décrites sous le nom collectif de Dematiei. Get ensemble renferme des espèces dont la membrane s’incruste et s'épaissit; il y aurait un examen particulier à faire des divers genres qui sont dans ce cas, qu’ils soient connus complétement (Fumago, Pleospora) ou mcomplétement (Exospo- (1) Icones, t. X, fig. 51. (2) Handb. der Myk., pl. 5, fig. 12, p. 98. (Voy. ici même pl. 1, fig. 12.) (3) Icones, t. V, pl. 2, fig. 19. (4) Carp., t. IL, p. 253. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. J1 run (1), Hirudinaria, Speira, Asterosporium, Sporocybe, etc.). On en a dit quelques mots plus haut relativement aux difficultés que l’étude de ce point spécial soulèverait. Il y a aussi des cas où au lieu de trois sortes de spores on en trouve en réalité quatre; on en voit des exemples chez les Nectriacées (Nectria pulicaris Fr.) (), ce sont des exceptions rares et qui mériteraient un examen spécial ; ce n’est pas le lieu de les examiner ic1 où l’on ne s’occupe que des faits les plus généraux : 1l faut se garder de confondre les formes parasites avec leur hôte; cette confusion impossible quand il s’agit de deux formes ascophores (Nectriu cinnabarina et Sphæria cupu- laris) serait facile entre des organes de reproduction asexuée. C’est probablement à des formes spermatiophores qu’appar- tiennent les conidies de petits Ascomycètes parasites sur les feuilles des plantes languissantes et qui y forment des taches pulvérulentes recouvrant le tissu mis à mort et en partie des- séché. Les houppes de filaments sortent par les stomates, comme cela à lieu chez les Péronosporées, et chaque filament est ter- miné par une spore allongée et Imcolore ; il en naît d’autres sur les parties latérales des filaments. Quelquefois simples, parfois cloisonnées, ces conidies ressemblent à celles des Fusisporium, et ont vraisemblablement une valeur morphologique identique. Plusieurs de ces parasites ont été confondus sous le nom de Oidium fusisporioides Fr., donné en général à la forme coni- diophore ; ils ont été désignés aussi sous des noms divers, dont quelques-uns ont été cités déjà plus haut à propos d’autres comparaisons; plusieurs espèces des genres Hormodendrum, Cylindrosporium et Graphium devront de même rentrer dans la même catégorie. Elles se rencontrent fréquemment dans nos environs à des époques variables pour chaque espèce. C’est ainsi que sur l’Adoæa et la Ficaire, plantes précoces, les Stig- matea sont précoces aussi; ils se montrent en été sur les Sym- phytum, pendant l'automne et l’hiver sur le Glechoma hederacea. (1) L’Exosporium Tiliæ offre plus d’une analogie avec certains Pleospora (Pl Clavariarum) aussi bien par ses spores que par son parasitisme. (2) Carp., t. HI, p. 68, pl. 15, fig. 5-9. 99 ME. CORNE. M. Tulasne à donné (1) des figures magnifiques du Stigmatea Fragarie. Les conidies, quand l'air humide favorise leur déve- loppement, peuvent former des séries adhérentes et qui imitent la curieuse disposition qui se présente chez l’'Hypomyces aste- rophorus. I y a donc une véritable parenté entre toutes ces formes appartenant à des espèces naissant dans des conditions si différentes et distinctes d’ailleurs entre elles ; mais on ne peut s'empêcher de remarquer qu'une ressemblance générale les réunit toutes. Dans les Erysiphe l'appareil conidiophore simplifié et réduit à un rameau unique est encore Panalogue de ceux-ci. Les spores naissent de même en files et tombent à mesure qu'elles sont mûres ; elles forment des chapelets plus ou moins longs, suivant les circonstances extérieures. De l'appréciation exacte des diverses formes résulterait peut- être un rapprochement plus aisé des espèces. De la compa- raison des organes de même valeur : périthèces, pyenides, sper- mogonies (ce dernier mot employé dans le sens moditié), 1l résulterait certamement une connaissance plus parfaite des affinités des diverses plantes. Il est certain que le classement, d’après l’importance du stroma seul, est artificiel, comme toutes les classifications fon- dées sur un caractère unique, et plusieurs Âscomycètes à con- ceptacles isolés pourraient être rapprochés des Hypoxylon sans rompre pour cela les analogies naturelles. Certains genres très- nettement définis le sont par d’autres caractères que leur stroma. On pourrait ainsi rapprocher le Stictospheria Hoffmanni Tul. non des Hyporylon, mais des Valsa, avec lesquels il a beaucoup plus d’analogie ; 1} en est de même pour plusieurs espèces fimi- coles. D’après ces considérations l’idée du genre, fondée en parue sur la forme extérieure et la valeur du stroma, serait profondément modifiée. I faudrait faire entrer en ligne de compte, principalement dans le cas où ils sont représentés par des cavités séparées, la (1) Carp., IL, pl. 31. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 93 comparaison des divers modes de reproduction à un degré peut-être égal; mais cette évaluation des analogies devrait être précédée d’un travail préliminaire. I faudrait chercher à éta- blir quels sont, dans chaque espèce, les corps reproducteurs correspondant aux stylospores et ceux que l’on doit nommer spermaties; cela serait surtout nécessaire dans le cas où les espèces manqueraient de lune de ces formes, soit qu’elles en soient réellement dépourvues, soit, au contraire, que la plante soit incomplétement étudiée. Ainsi, par exemple, lhomologie des trois modes de reproduction des Hypomyces est fort nette, mais on conçoit que si chez l’une des espèces les conidies, chez une autre les stylospores n'étaient pas connues, il serait sin- guler et contraire à l'esprit de la méthode naturelle de tâcher d'établir une comparaison quelconque entre les conidies de l’une et les stylospores de l’autre ; tandis qu'au contraire une com- paraison attentive avec une troisième espèce munie de lune et de l’autre sorte de spores permettra d'établir ainsi un lien naturel entre ces deux espèces par l'intermédiaire d’une troisième. De pareilles études trouveraient donc leur application dans le groupement des formes diverses, et, en s'appuyant sur des considérations analogues, on pourrait réunir pour ainsi dire en corps de doctrine une méthode d’induction pour relier entre elles des espèces considérées jusqu'alors comme éloignées. Ainsi la valeur morphologique exacte des modes asexués de reproduction à une importance capitale aussi bien dans le grou- pement des diverses espèces déjà connues que dans la recherche des divers membres appartenant à une seule et même espèce, mais connue encore d’une façon incomplète ; on pourrait l’ap- pliquer par exemple au triage, pour ainsi dire, des Ascomy- cètes, parmi les nombreuses formes des Mucédinées. Ces considérations ont leur importance, et, sans qu'il soit nécessaire d'entrer dans des détails plus longs, il est facile de s’en rendre compte. Mais la comparaison et l’assimilation des divers ordres d'organes reproducteurs exigent des études minu- tieuses et probablement poursuivies sur des plantes en voie de développement. Ce qui vient d’être dit est une vue d’ensemble 94 NE. CŒRNU. jetée tout d’abord sur le sujet ; il faudra y revenir plus tard et examiner chaque cas avec som. Ces généralités trouveraient place dans une énumération des Ascomycètes et permettraient certainement de les mieux connaitre ; mais ce ne sont encore que des indications permettant de se guider d’une manière intuitive. Il faut, en effet, se représenter que de l’ancien groupe des Mucédinées on a successivement distrait des plantes appar- tenant non pas seulement aux Ascomycètes (quoique ce soit le plus grand nombre), mais encore aux Péronosporées et aux Mucorinées. Dans les faits signalés plus haut on a donc une indication, et non un classement assuré. Il faut se garder, par exemple, de prendre les sporanges monospores des Mucorinées pour des conidies, comme on lavait déjà fait, et les sporanges linéaires pour des spores en chapelet; le développement et la germi- nation permettront de se mettre en garde contre de semblables erreurs. il faut être prudent dans de pareilles recherches sur la place que doit occuper un genre, et prendre garde de commettre des erreurs graves ; la plus fréquente et la plus facile à commettre serait celle qui consisterait à prendre le genre tout entier tel qu'ilesi défini par une espèce ou deux. Les anciens auteurs, et parfois leurs successeurs, ont souvent réuni des espèces appar- tenant à des groupes fort différents, dont la nature et le déve- loppement très-distincts pendant une longue période condui- saient cependant à une forme définitive assez semblable. C’est ainsi que M. Bonorden à réuni dans son genre Monosporium des Hypomyces (M. agaricinum) et des Peronospora (M. macro- spernum) ; il en était de même autrefois du grand genre Botrylis, qui comprenait des formes très-diverses : Torrubia (B. Bas- sania) ; Peronospora (B. nivea Ung.); des Pezizes (B. cine- reu), etc., des Mucorinées (PB. Jones), etc. Il serait à désirer que le groupe confus des Mucédinées, qui contient des éléments si hétérogènes, déjà très-entamé par les travaux de M. Tulasne, vit de plus en plus diminuer le nombre REPRODUCTION D ASCOMYCÈTES. 95 de ses membres, et que chaque espèce, réunie à ses formes dif- férentes, en füt retirée et placée au rang naturel qui lui appar- tient, et qu’on supprimât définitivement de la mycologie ce groupe, qui n’est que provisoire. Ce fait, s’il arrive, marquera un progrès. considérable de la science ; les observations précé- dentes ont eu en partie pour but de travailler à ce résultat. L'importance taxonomique de lPappareil de reproduction asexuée est évidente chez les Algues, et dans ce grand groupe de végétaux il permet, concurremment avec le mode de repro- duction sexuée, de faire soit des coupes heureuses dans des genres en apparence très-semblables, soit des rapprochements importants entre d’autres qui paraissent très-éloignés ; c’est ainsi que la nature même des zoospores qui sont munies d’une couronne Cihaire permet de rapprocher les Œdogonium des Bolbochete, si différents comme port. Chez les Champignons on peut obtenir des résultats semblables par des considérations analogues. En résumé, le magnifique ouvrage le Selecta Fungorum Cur- poloqia montre que les Ascomycètes possèdent plusieurs modes de reproduction ; les preuves qui en sont données sont irréfu- tables ; ces quatre modes de reproduction donnent lieu à la for- maton de quatre ordres de spores : 1° Les endospores ; 2° Les stylospores ; 3° Les spermaties ; % Les conidies. Les spermaties ont élé considérées, à cause de leur refus d'entrer en germination, comme des corps fécondateurs. On a vu plus haut que plusieurs des formes considérées comme ne germant pas peuvent entrer en végétation dans des conditions particulières, et que ce sont des corps reproducteurs comme les autres. Tel est le premier résultat du présent travail. L'étude morphologique des spermaties a montré que beau- coup de formes conidiales peuvent être considérées comme équivalentes aux spermaties, et qu’elles en sont la forme homo- J6 NE. Cr. logue ; on à pu déduire quelques conclusions relatives à des espèces urées du groupe confus des Mucédinées. Cependant, sous le nom de conidies, M. Tulasne désignait aussi certaines spores fort différentes des premières et qui se rapprochent des stylospores ; 11 faut les considérer comme telles désormais. Il résulte de là une simplification considérable dans le groupe des Ascomycètes et une grande unité dans la comparaison des organes. Les Champignons possèdent deux ordres de spores asexuées : les stylospores et les spermaties, qui sont douées de la propriété germinative, peuvent naitre librement ou dans l’in- térieur des cavités, exister simultanément ou se montrer isolé- ment avec les périthèces ; telle est la conception très-simple qui sert de conclusion aux pages précédentes. IV. — ROLE DES SPERMATIES. Quel serait donc le rôle des spermaties, puisqu'elles ne servent pas à la fécondation? Tâchons, d’après ce qui a été dit plus haut, de nous rendre compte de l'utilité de ces spores. Leur nombre immense, leur taille très-réduite et leur masse presque impondérable doivent les rendre éminemment propres à la dissémination des espèces qu'elles représentent. De même que les insectes concourent, en été, à la diffusion des grains de pollen et à la fécondation des phanérogames, de même les oiseaux, pendant l'hiver, doivent servir au transport des sper- maties et à la propagation des Ascomycètes. À la maturité des spermogonies (et elles sont de très-bonne heure en cet état, dès le mois d'août on peut en rencontrer) on voit, dans des conditions favorables, en sortir des cirres longs et grèles ; ils contiennent, agglutinés sous forme de ces petits cylindres grèles et contournés, des millions de spores; la pluie les délaye et les entraine sur les feuilles qui jonchent le sol et que le vent chasse au loim. Les oiseaux se posent çà et là et se déplacent à terre ; ils se perchent ensuite sur les arbres, et sont ainsi probablement, dans bien des cas, avec la pluie et le vent, les agents chargés de déposer sur les rameaux le parasite qui REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 97 doit y vivre, s’y développer, en décomposer et en assimiler les éléments. Ge mode de transport s'applique d’ailleurs aux endo- spores et aux stylospores, mais d’une façon vraisemblablement beaucoup plus restreinte. Qui est-ce qui caractérise, en effet, les spermaties telles que les concevait M. Tulasne? Deux pro- priétés que ne possèdent pas les autres spores : d’une part, leur petite taille, qui les rend plus faciles à transporter par un agent même infiniment fable, et surtout le fait tout spécial qu’elles ne germent pas en tout lieu et qu’elles exigent même des cir- constances particulières. Pour les endospores et les stylospores l'humidité suffit, avec un peu de chaleur, pour les faire entrer en germination, mais il est probable qu’elles ne germent pas aussitôt qu’elles sont mouillées; elles peuvent ainsi être char- riées au loin par la pluie et le vent. Combien de ces spores, cependant, doivent se perdre après avoir germé sur le sol, sur les feuilles, les mousses, dans des conditions défavorables pour un développement ultérieur ! Une fois le germe développé, la spore n’est plus transportée hors de Pendroit où elle s’est accrue; les filaments-germes, qui s’attachent assez fortement sur les re. de verre dans nos pré- parations, doivent de même adhérer aux surfaces rugueuses des corps bruts où les spores sont tombées. Les spermaties, au con- traire, déposées sur une substance qui ne leur convient pas, demeurent sans germer et attendent qu'elles soient transpor- tées ailleurs. Comme la germination est fort lente et consiste d’abord en un accroissement en diamètre, elles peuvent encore être entrainées pendant une période assez longue et se déve- lopper sur un substratum identique voisin du précédent, mais sur lequel ne s’est encore déposée aucune spore. Si nous recherchons les espèces qui ne possèdent pas de spermaties, ou du moins qui ne possèdent qu’une seule sorte de spore dont la germination est facile, nous voyons que leur substratum pourra nous donner peut-être une idée du rôle phy- siologique des spermaties. Parmi les Pyrénomycètes nous trou- vons les Hypoxylées (Hyporylon, Xylaria, Poronia) ; nous y trouvons encore le groupe correspondant, celui des sphéries 6° série, Bot. T. IT (Cahier n° 2). 3 7 98 M. CORNE. colorées (Torrubia, Cordyceps) ; les Discomycètes nous offrent d’autres genres [Peziza (4), Ascobolus, etc.]. Tous ces genres se développent sur des corps peu compactes, mous et faciles à traverser : vieux bois, organismes vivants ou malades, fu- miers, etc. Ces spores à germination facile seules y existent en général ; 1l semble qu'elles suffisent, avec les endospores, pour assurer la pénétration de lespèce dans les substances qui n'offrent aucune résistance au développement immédiat. Tel est le fait général, abstraction faite des exceptions qui peuvent se présenter. Mais, sans attacher plus d'importance qu'il ne faut à ces con- sidérations, qui ne sont encore qu'une vue de l'esprit, on peut s'étonner à bon droit de la facilité avec laquelle les Champi- gnons se montrent sur les branches qui meurent. Il est rare d'en trouver qui ne soient pas attaquées par un Ascomycète, méme lorsqu'elles tiennent encore à Parbre. L'idée d’une génération spontanée ne doit pas venir un seul instant à l'esprit. Ne pourrait-on pas, au lieu d'admettre le transport direct des spores chaque année, ce qui peut soulever des graves difficultés, proposer une explication assez plausible. Le parasite déposé à l’état de spermatie le plus souvent (ou d’une autre sorte de spore), s’il peut se loger dans une fente de l'écorce, germe sur ce sol qui lui convient; il lutte contre la plante qui se défend et barre probablement la route au mycé- lium par un cloisonnement de ses cellules, comme on en voit souvent des exemples. Le Champignon reste d’abord cantonné dans une petite portion, où il demeure presque stationnaire. Que lui faut-il, en effet? Un petit espace de tissu mort, la base d'une feuille en partie détachée. Quand enfin la branche meurt, peut être vaincue par la lutte, le parasite installé depuis long- temps dans la place se répand enfin dans la masse du bois dont il s'empare entièrement. Cela expliquerait la rapidité du déve- loppement des Ascomycètes sur les branches coupées et laissées (1) M. Woronine a rencontré les conidies mycéliales chez les Ascobolus ; il ÿ a dans le genre Peziza des spermaties qui rattachent ce genre aux genres qui en présentent : Bulgaria, Genügium. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 99 à terre, ou mème qui meurent sur l'arbre; chaque rameau mort, dans les bois, se couvre bientôt, à l’époque favorable des fructi- fications, d’une espèce souvent spéciale. Tel serait le rôle des spermaties vraies. On remarquera d’ailleurs que l’ordre d'apparition est en général le suivant : les spermaties se montrent d’abord, puis les stylospores, enfin les endospores. Ainsi, quand il n’y à pas les conditions nécessaires d'humidité pour le développement des deux dernières sortes de spores, les spermaties seules sont chargées de la diffusion du parasite. Pour tâcher de vérifier ce qui vient d’être dit, des semis de spermaties ont été faits sur les espèces végétales qui leur con- viennent ; un semis comparatif des autres sortes de spores fut fait aussi. Les branches maintenues dans une chambre humide qui a été décrite plus haut avaient été ensemencées au préalable ; de petits supports en fils d'argent les isolaient de la brique humide ; une étiquette métallique où étaient inscrites la date du semis, la désignation de l’espèce végétale et de espèce des spores employées était reliée par un fil de platine. Les spores furent semées aux deux extrémités et dans des fentes pratiquées obliquement en entamant le bois et l’écorce. L'expérience fut faite sur un certain nombre d'espèces, le semis ne réussit que dans deux cas. De semblables semis furent tentés simultanément avec Île Cucurbitaria Laburn sur le Cytisus Laburnum ; Massaria Pla- tani sur le Platane ; Aglaospora profusa sur le Robinia pseudo- Acacia; Diplodia acerina sur l’Acer platanoides, et d’autres espèces encore. Il faut avouer que le développement d’un nombre considé- rable de Mucédinées diverses, Penicillium, Trichothecium, Fu- sisporium, Verticillium, Stysanus, etc., ete., nuisit beaucoup à ces cultures ; cependant, sur l’un des fragments, après deux 2 9) © 2 Ï mois j'obtns les stylospores de lAglaospora profusa, sur lequel j'avais semé un excès de spermaties. Les spores roses sortirent à travers l’écorce en longs cirres assez reconnaissables. Cette espèce parait se développer très-vite sur les branches où on 100 M. CORNE. l'observe ; les spermogonies se rencontrent quelquefois dans l'écorce encore munie d’un peu de chlorophylle. Quant à l'autre exemple assez douteux, il était relatif à un semis de spores assez mélangées de Cucurbitaria Laburni; un stroma se forma, mais il n’y eut pas émission des spores. Peut-être le développement complet exigeait-1l un temps plus long. Ces expériences, quoique incomplètes, ont leur signification, mais elles seraient à recommencer dans des conditions meil- leures, à l'abri des moisissures qui, dans les laboratoires, en- travent toujours ces cultures de longue haleine. Ainsi, nous pouvons conclure que chez les Ascomycètes les spermaties ne sont pas des organes mâles, mais très-probable- ment les agents de dissémination des espèces à grande distance. Elles sont très-nombreuses, très-petites; leur masse semble avoir été allégée de la réserve de nourriture que contiennent les autres spores. Pour leur premier développement elles ne s’ac- croissent que lorsqu'elles sont arrivées sur le substratum qui leur convient ; là seulement elles germent et y demeurent. Il faut donc renoncer à considérer les spermaties comme des corpuscules fécondateurs ; mais si leur rôle n’est pas celui qui leur avait été primitivement assigné, si Pinterprétation de ces petits corps doit être modifiée, les recherches dont ils ont été l’objet n’en restent pas moins admirables ; elles sont consignées dans un magnifique ouvrage où les faits, en dehors des théories, sont exposés avec une abondance et une exactitude de détails vraiment merveilleuses. Il assure à son auteur l’une des places les plus glorieuses dans l’histoire de la science : le polymor- phisme des Champignons y est en effet établi sur des bases tel- lement solides que c’est aujourd’hui une vérité qu’on ne pourra désormais ébranler ; l’une des conséquences les plus heureuses est la simplification d’une partie de la science dont l'étude complète devenait sans cela impraticable et, pour ainsi dire, impossible. REPRODUCTION DES ASCOMYCÈTES. 101 V. —— REVUE SOMMAIRE DU GROUPE DES ASCOMYCÈTES. Essayons de faire une courte application des faits énoncés dans les pages précédentes ; examinons une partie des genres qui composent le grand groupe des Ascomycètes ; 1l est utile de prendre pour guide le grand ouvrage de M. Tulasne, connu de tous ceux qu'une semblable question intéresse, cela dispense de longues et difficiles explications, de détails sans fin qu’on saura où retrouver. Si l’on passe en revue la série des genres étudiés dans le Carpologia, on remarque que chez plusieurs d’entre eux 1l n'existe, en dehors.des périthèces, qu’un seul mode de reproduction des spores d’une seule sorte, € proto- sporæ unius modi», c’est d’ailleurs le plus grand nombre; ce sont, parmi les Pyrénomycètes, les genres suivants : Xylaria, Ustulina, Hypoxylon, Poronia, Nummularia, “Eutypa, “Sticto- sphæria, “Polystigma, “Melogramma, “Diatrype, “Quaternaria, “Calo- sphæria, **Gryptospora, **Sphæria (obducens), “Pleurostoma, Rosellinia, *Robergia, Torrubia, Hypocrea, Sphærostilbe, *Hysterium (pinastri et pulicare). Les genres précédés d’un astérisque sont ceux qui sont déerits comme munis de spermogonies ; ceux qui en présentent deux sont décrits comme munis de stylospores ; chez les autres ce sont des conidies qui se montrent seules. Dans tous ces genres ces spores précoces doivent être consi- dérées comme homologues. Il est évident que les spermaties nues du Diatrype quercina où du Stictosphæria Hoffÿmanni cor- respondent aux conidies des Nummularia où des Xylaria. La seule différence, c’est que les unes germent et que les autres paraissent dépourvues de la faculté germinative quand elles sont plongées dans l’eau pure ; l’addition d’un peu de substance nutritive efface ce caractère distinctif. Lorsque ces conidies sont renfermées dans des cavités ou qu’elles offrent une taille un peu supérieure à celle que l’on observe dans les genres Nummularia, Xylaria, ete., on les nomme microstylospores ou stylospores ; mais dans les genres 102 M. CORNU. précédés de deux astérisques ces corps reproducteurs sont morphologiquement des spermaties, c’est-à-dire de simples conidies, nées de la même manière que les autres, malgré quelques différences tenant principalement à leur facile germi- nation. Étant donné que le caractère fondamental manque, l'examen des formes montre que l’on peut justifier cette ma- nière de voir; les microstylospores du Sphæria obducens et de l'Eutypa ne diffèrent en rien des spermaties. Les stylospores du Cryplospora aucta et des espèces voisines offrent une grande analogie avec les conidies courbées en arc de certains Sphærostilbe ; comme elles, elles présentent des cloisons, mais seulement après un premier travail germinatif ; les conidies des Sphærostilbe doivent, probablement en se basant sur la comparaison avec celles des Nectria et des Hypo- myces, être considérées comme morphologiquement identiques aux spermaties. I n’a pas été question, dans le tableau précédent, du genre Valsa, si riche en espèces, et dont M. Tulasne n’en décrit pas moins de quinze, tout en en étudiant un beaucoup plus grand nombre. Les diverses espèces présentent toutes lappareil spermatiophore, mais dans quelques cas il est décrit comme pycnide, . Un peu plus lom se trouve le faisceau 2 ano- dique, également profond. Le faisceau 2 cathodique commence maintenant sa transformation ; 1} est situé du côté anodique du faisceau ? anodique ; à une très-faible distance au-dessus de cette coupe il ressemble, à la taille près, au faisceau À catho- dique. Le faisceau 2 cathodique est séparé du IT central par le % anodique et le 5 cathodique; entre le 2 cathodique et le 4 anodique on trouve une petite masse fibreuse, qui est sans doute la terminaison du faisceau VIT central. Entre le fais- ceau [f central et le faisceau 2 anodique se trouve le faisceau V central, divisé par un large rayon médullaire (1). Au delà du 2 anodique 1l y a deux faisceaux ordmaires (3 cathodique et 9 anodique) qui le séparent du HIT central, dont le mouvement centripète commence en ce moment. En général le faisceau ordinaire prend abord une position légèrement oblique en tournant ses trachées du côté cathodique; il se glisse ainsi insensiblement sous une masse de bois secondaire qui le re- couvre. Pendant cette métamorphose il peut rester indivis, ou bien se diviser momentanément en plusieurs groupes qui appa- raissent, dans la vieille tige, sous Papparence d’une ou plu- sieurs trainées de tissu libérien. Ce faisceau est contigu au 1 cathodique. (1) I faut se garder de considérer ces deux masses comme deux faisceaux distincts : les trachées convergent ou divergent (en éventail) relativement à un même plan de symétrie; sur la tige très-jeune on les trouve le plus souvent entièrement confondus, mais la division profonde parait être constante dans la tige âgée ; il est probable qu'elle est en rapport avec la position momentanée de ce faisceau, à l'opposé du faisceau émergent et en regard d’une face plane. Du reste la régularité de la structure de la üge ne laisse aucun doute à cet égard : le faisceau 1 cathodique sorti, il ne reste entre le IE central et le 3 anodique que le faisceau VI; le faisceau — 1 cathodique était situé entre le Il central et le V central. 320 J. VESQUE En résumé, la marche des faisceaux sera donc la suivante : Les feuilles sont disnosées d’après la divergence de deux cin- quièmes ; chacune reçoit trois faisceaux, qui sont tous les trois fermés et recouverts, dans la tige, de bois et de Hber secon- daires. Le faisceau médian N central descend de deux entre- nœuds sans changer de nature; 1l s'applique alors sur le côté cathodique du faisceau (n — 2) cathodique, et en même temps il subit la transformation que j'a décrite plus haut et par laqueile il devient un faisceau ordinaire (voy. fig. 4); 1l est bientôt séparé du faisceau (a —?) cathodique par le (x — 3) anodique, et plus loin il va se loger entre Le (x — 5) cathodique etle (7 — 3) anodique, où 1} se termine vers le septième entre- nœud par une petite masse fibreuse (voy. fig. 3, le faisceau VII situé entre le 2 cet le # a) (4). Les deux faisceaux latéraux de la feuille N conservent bien moins longtemps leur forme extraor- dinaire, et ils ne la perdent pas en même temps. Le faisceau anodique est situé entre les faisceaux ordinaires (n + 1) catho- dique et (N +5) central ; il se transforme en un faisceau ordi- naire dans le premier entre-nœud plus bas, vers l'émergence des faisceaux (N — À). Le faisceau 7 cathodique est situé entre le (N +5) central et le (x — 1) anodique, et an le (N +5) central à disparu, entre le (# +2) anodique et ! ou anodique ; quand le faisceau (7 — 1) anodique à ns : tige, il a pour voisin, du côté cathodique, le faisceau (N + 2) central. Il perd presque aussitôt sa forme extraordinaire, et lon trouve généralement le faisceau (N + 1) central tout préparé à Pémer- gence avant que le à cathodique commence sa transformation. En général il est impossible de préciser très-exactement la place où commence la transformation des faisceaux ; 1l suffit de faire un certain nombre de coupes par le milieu de quelques entre-nœuds pour s'assurer que le nombre des faisceaux profonds (5) m'est arrivé plusieurs fois de rencontrer le faisceau n anodique sur le côté cathodique du faisceau (N + 2) central; cela aurait pour résultat d'inter- verür sur la figure 9 l’ordre des faisceaux 4 €, 3 « et VE, qui deviendraient 4 €, VLet 3 a. Fignore si j'avais affaire à une variation, ou s’il y avait une faute d'observation. ANATOMIE DU GOODENIA OVATA. 391 n'est pas loujours le même, ce qui tient uniquement à la trans- formation prématurée ou tardive d’un ou de deux de ces fais- Ceaux. C'est à dessein que j'ai omis tout ce qui est relatif aux ana- stomoses. Au moment où les trois faisceaux 1 quittent l'anneau fibro- vasculaire, les faisceaux ordinaires qui les séparent (IV centr.., 6 anod. et # cath., 3 anod. et NT centr.) s'unissent intimement (jeune tige) en deux bandes de tissu fibro-vasculaire, dans les- quelles 1l est très-difficile de reconnaître le nombre des fais- ceaux primitifs. Il y à même plus, le faisceau 2 cath. d'un côté et de TT central de l’autre, se réunissent respectivement à ces deux masses de tissu. Le faisceau LIT central, qui commence maintenant à se différencier comme faisceau d’une émergence prochaine, apparait souvent comme un petit crochet terminal de cette masse fibro-vasculaire, tourné vers l’intérieur de la üge. Immédiatement au-dessus du nœud les faisceaux se dis- socient de nouveau; mais il n’est pas certain que les nouveaux faisceaux soient purement la continuation directe des anciens. Après avoir ainsi reconnu la structure particulière du Goo- denia ovata, il était intéressant de savoir si elle s’étendrait sur tout le genre où même sur toute la famille des Goodénovices. Je fus naturellement réduit à l'emploi d'échantillons secs, et néanmoins celte étude, quelque rapide et superficielle qu’elle ait été, m'a fourni des résultats assez curieux pour mériter d’être mdiqués. Les espèces que j'ai examinées sont : Goodenia hederacea Sm., heterophylla R. Br., albiflora Schlecht., decurrens R. Br. stel- ligera, cistifolia, bellidifolia Sm., grandiflora R. Br., purpura- scens R. Br., viscida R.Br., squarrosa, armeriefolia Sieber (1). Ces Goodenia présentent de très-grandes différences de port ; plusieurs espèces sont des sous-arbrisseaux, d’autres n’ont que des feuilles radicales du milieu desquelles s'élève linflores- cence. (1) 12 espèces sur les 70 qui sont connues. 6° série, Bor. ©. IE (Cahier n° 6). 1 21 329 J. VESQUE. Quant à la structure anatomique, on remarque immédiate- ment deux types très-différents : dans l’un, les faisceaux, très- faibles, sont tous situés au-dessous d’une zone complète d'éléments prosenchymateux très-épaissis, située elle-même au-dessous de la gaine de Caspary. Les faisceaux ressemblent parfaitement aux faisceaux primitifs du G. ovata, et le tissu prosenchymateux est le même, mais il n’existe pas de bois secondaire en dehors de cette zone fibreuse. Dans le G. heterophylla R. Br., je puis citer le plus bel exemple de cette structure; les faisceaux y sont même assez nettement disposés sur deux rangs, premier Indice de la sin- gulière différenciation des fusceaux du G. ovatu. Dans cet état la tige ressemble à celle de certaines Cynarées (Lappa). Une large bande, d'un tissu très-épaissi, décrit au milieu de la zone des faisceaux une courbe telle que quelques- uns de ces faisceaux (analogues aux faisceaux extraordinaires du G.ovata) sont situés en dedans; les autres restent en dehors. Il ne manque plus, pour que la ressemblance avec le G. ovata soit complète, que le développement de bois et de hber secon- daire dans le cambium des faisceaux externes et en dehors du tissu épaissi pour les faisceaux Imternes. Dans le G. stelligera, la zone de prosenchyme existe, mais 1e1 tous les faisceaux. sont situés en dedans de cette zone. Il en est de même de G. bellidifolia, purpurascens, viscula, armeriæfoli, ainsi que dans toutes les espèces à feuilles radicales que j'ai examinées. Les autres espèces, qui sont généralement des sous-arbris- seaux, G. hederacea, albiflora, decurrens, cishifoliu, grandiflora, squarrosa, ne présentent absolument rien de semblable. Les faisceaux ressemblent tous aux faisceaux ordinaires du G. ovala, et s’accroissent fortement en épaisseur. Le Goodenia ovata parait donc présenter une combinaison de ces deux modes de structure. Le premier plan de disposi- tion des faisceaux est conforme à celui des Cynarées (1). Dans (1) Je n'ai pas étudié le parcours des faisceaux dans les Gynarées, et je ne veux pas pousser la comparaison plus loin. ANATOMIE DU GOODENIA OVATA. 323 leur partie inférieure, les faisceaux s’accroissent ensuite de la manière ordinaire, de sorte que si tous les faisceaux se trou- vaient dans ce cas, la tige ressemblerait à celle d’un grand nombre de Goodenia frutescents ; dans leur partie supérieure, les faisceaux situés à l’intérieur de la zone épaissie sont en effet recouverts avec celle-ci d’une couche de bois et de liber secon- daires qui constitue la véritable anomalie de structure de cette plante. Parmi les autres genres, le Selliera radicans Cavan. et un Distylis (Galogyne KR. Br.) (1) présentent une structure sem- blable à celle du Goodenia et du type heterophylla. Les Leschenaultia |biloba Lind., arcuata de Vries., grandi- flora DC. , tubiflora (?)] ressemblent aux Goodenia à structure ordinaire. Il en est de même du Velleia (2) et du Dampiera ovalifolia KR. Br. Des différences anatomiques très-nettes distinguent le Scæ- vola (Sc. Plumieri) des autres Goodénoviées. Sur le rameau d’un centimètre de diamètre que j'ai eu à ma disposition, l’épiderme mortifié était déjà séparé de l'écorce primaire par une couche péridermique d'environ quatre assises de cellules, dont la formation m'a paru être purement centri- pète, et qui a pris naissance dans Passise cellulaire située im- médiatement au-dessous de lépiderme. L’écorce primaire, très- développée, se compose d’une vingtaine d'assises de cellules réunies entre elles, sans méats dans les trois ou quatre assises externes, mais séparées ailleurs par de vastes méats triangu- laires ou quadrangulaires. Dans la région interne, les cellules sont à peu près isodiamétriques, arrondies; dans les assises externes, elles sont deux fois plus hautes que larges ; partout les parois sont marquées de ponctuations pâles, très-finement criblées, La gaine de Caspary est à peine reconnaissable à la régularité des cellules et à l'absence des méats intercellulaires ; cependant à laide du chloroiodure de zinc on peut s'assurer de (1) Ge genre ne diffère des Goodenia que par la division du style (Gen. plant. Benth. et Hook., t. Il, p. 539). (2) Velleia (Drummond, Swan river, 182). 324 J. VESQUE. la sclérification de cette assise de cellules. Les rayons médul- laires sont larges et peuvent arriver jusqu'à cinq rangées de cel- lules. L’accroissement en épaisseur paraît être très-rapide, le bois est léger, les éléments en sont peu épaissis. La limite externe du liber est marquée par de volumimeux paquets de fibres hbériennes, semblables à celles du Goodenia ; la parte la plus externe du liber mou est irrégulièrement composée d’élé- ments plus larges et de petits groupes d’utricules qui provien- nent sans doute de la division secondaire d’une mème cellule- mère. Le liber mou secondaire appartient presque absolument au type réqulier (1); les cellules cambiales ne se divisent pas transversalement pour former les cellules grillagées, elles se divisent une fois par le milieu pour en produire de paren- chymateuses. Les cellules grillagées appartiennent à la variété dite tubes cribreux; les parenchymateuses portent sur les faces laté- rales une où deux files d'assez larges ponctuations arrondies. Le bois consiste en fibres finement ponctuées, entremèlées de vaisseaux ponctués, aréolés, trrégulièrement disséminés et d’un diamètre environ trois fois plus fort que le diamètre extérieur des fibres. Autour des vaisseaux il v à un peu de parenchyme ligneux. Les trachées et les vaisseaux rayés sont accompagnés d’une mince zone de parenchyme séveux et font une saillie arrondie du côté de ia moelle. Cette description peut S'appliquer à tous les Scævolu, que j'ai pu étudier, Se. microcarpe Gavan., crassifolia, Kwnigii, spine- scens, R. Br. (2), qui diffèrent seulement par la rapidité de l'ac- (1) Voy. Anatomie comparée de l'écorce (Ann. sc. nat., 6° série, t. IT, p. 166). (2) Le Scwvola spinescens possède un des bois les moins vasculaires qu'il n'ait janais été donne d'observer. Les fibres ligneuses sont épaissies au point d'oblitérer complétement leurs cavités; les vaisseaux sont très-rares dans le bois secondaire, et ils égalent à peine en largeur le diamètre extérieur des fibres ; les éléments du bois primaire sont également très-fins ; les rayons mé- dullaires conservent cependant leurs cavités cellulaires et se distinguent nette- ment au milieu du bois très-réfringent; la moelle, qui est elle-même assez épaissie, est séparée du bois par une forte couche de tissu épaisst. ANATOMIE DU GOODENIA OVATA, 3925 croissement en épaisseur, la densité et la vascularité de leur bois. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE 19. Goodenia oval«. Fig. 1. Coupe transversale d’un jeune rameau. — Gross. de 340 diamètres. épr, écorce primaire ; g, gaîne protectrice de Caspary ; €’, cambium situé en dehors du faisceau supérieur, où il engendre en dedans du bois secon- daire b’ et du liber secondaire L'; fl, fibres libériennes ; {m, liber mou; b, bois ordinaire ; m, moelle. La coupe donne l'image de deux faisceaux, dont le supérieur est le plus jeune et entre un peu plus haut dans une feuille avec deux congénères situés à droite et à gauche, mais séparés de lui par deux faisceaux semblables à celui qui est représenté dans la moitié inférieure de la figure. Les grosses fibres libériennes du faisceau supérieur semblent se mettre en continuité de tissus avec le parenchyme interfasciculaire fortement épaissi. Le bois régu- lier vient toucher, des deux côtés, les fibres libériennes, et le faisceau ainsi fermé est incapable, dans cette partie, d’un accroissement secondaire. Le nouveau cambium c’, assez mal caractérisé à cause de la saison avancée (octobre), se continue avec le cambium régulier du faisceau inférieur. Fig. 2. Coupe longitudinale radiale d’un faisceau prêt à entrer dans une feuille, dessinée au même grossissement que la figure précédente. — La coupe va de la gaine protectrice de Caspary g jusqu'au bois régulier b; c' est le cambium nouveau (extra-fasciculaire) ; D”, le bois secondaire ; fl, les fibres libériennes du faisceau primitif; dm, le liber mou avec ses tubes cribreux ; b, le bois. Fig. 3. Coupe transversale d’un jeune faisceau un peu au-dessous de son émergence. — Même grossissement. c', une assise de cellules délicates situées entre les fibres libériennes pri- maires et la gaine protectrice. Le cambium ordinaire du faisceau est encore en relation latérale avec celui des faisceaux voisins, mais il s’est déjà enfoncé au-dessous du niveau général de l’anneau cambial. F'assise c’ rejoint égale- ment le cambium ordinaire et deviendra le foyer de l'accroissement en épaisseur. Fig. 4. Coupe schématique de la tige au milieu d’un entre-nœud. Les numéros en chiffres romains indiquent l’ordre des faisceaux médians qui se rendent aux feuilles; les faisceaux latéraux sont marqués par des chiffres arabes ; 2 a indique le deuxième faisceau anodique (du côté de l'ascension) ; dcle deuxième faisceau cathodique. Les parties ombrées représentent le bois, les parties pointillées les fibres libériennes des faisceaux externes. Fig. 5. Schéma du parcours des faisceaux.— Les numéros d'ordre sont les mêmes que dans la figure précédente, Le eylindre est développé de telle manière que les parties internes dans la tige sont antérieures dans le dessin et mar- 326 J. VESQUE. quées en noir ; les parties réduites à des lignes sont extérieures, et les endroits où les gros traits s’atténuent correspondent aux points d’inflexion où les fais- ceaux descendants se dirigent en dehors et vont se ranger dans le cercle extérieur. Les anastomoses au niveau des nœuds n’ont pas été dessinées (1). (1) Pour l'aspect du jeune faisceau poussé vers l’axe de la tige par le bois secondaire supra-fasciculaire, je puis renvoyer le lecteur à la figure que j'en ai donnée dans mon Mémoire sur l'anatomie comparée de l'écorce (Ann. sc. nat., 6e série, t. Il, pl. 10, fig. 1). RECHERCHES SUR LA RESPIRATION DES RACINES PAR MM. P. P. DEHÉRAIN, Docteur ès sciences, Aide-naturaliste de Culture au Muséum d'histoire naturelle, et J. VESQUE, Docteur ès sciences, Préparateur de Culture au Muséum d'histoire naturelle. PREMIÈRE PARTIE. Les physiologistes distinguent aujourd’hui dans les végétaux deux fonctions différentes. Les organes à chlorophylle, frappés par les rayons du soleil, décomposent l'acide carbonique et émettent de l’oxygène : c’est là un phénomène de nutrition, puisque c’est par cette décomposition que les plantes assimilent le carbone qui fait partie intégrante de leurs tissus et des prin- cipes qu'ils renferment. D'autre part, les rameaux, les fleurs, les fruits, les graines, absorbent de l'oxygène et émettent de l'acide carbonique. Ge phénomène de respiration, antagoniste du précédent, a été l’objet de recherches importantes dans ces dernières années; mais ces recherches n’ont pas porté sur les racines, et nous n'avons guère sur l’action qu'elles exercent sur Patmosphère ambiante d’autres observations que celles qui ont été faites au commencement du siècle par Th. de Saussure. L'illustre observateur à bien reconnu (1) que l'oxygène était (1) Recherches chimiques sur la végétation, p. 109, etc. 3928 P, P. DEHÉRAIN ET J. VESQUE. indispensable aux racines, que les plantes dont les organes souterrains étaient plongés dans une atmosphère dépouillée de ce gaz ne tardaient pas à périr ; il a même reconnu que des racines charnues (Betteraves, Carottes) séparées de leur tige transformaient loxygène ambiant en acide carbonique. Mais il n'a pas examiné si les racines, encore adhérentes aux plantes, absorbaient encore de l’oxygène ; il n’était pas indifférent cepen- dant de s’en assurer. Il était intéressant également de dé- terminer dans quels rapports se trouvaient l’oxygène absorbé et lPacide carbonique émis, dans le cas où cette émission aurait lieu. La première partie de notre travail a donc eu pour but de reconnaitre quelle influence exercent les racines sur lPatmos- phère ambiante. Dans la seconde partie, qui n’est pas terminée, nous avons attaqué une autre question. Que la racine soit l'organe d’absorp- tion des matières minérales, des matières azotées, cela n’est douteux pour personne, mais est-elle également un organe d'absorption pour l'acide carbonique? C’est ce qu'on ne sait plus aussi bien. Il est certain qu'on réussit à élever des plantes dans des sols absolument stériles, absolument dépourvus d’élé- ments carbonés, quand on à la précaution d'y ajouter les sub- stances azotées et minérales nécessaires à leur développement; on réussit également à faire vivre des végétaux en alimentant exclusivement leurs racines à l’aide de dissolutions salines, et dans ces conditions particulières le carbone parait être exelu- sivement prélevé par les feuilles sur Pair ambiant. Toutefois il est rare que les plantes élevées dans les sols arti- ficiels deviennent aussi vigoureuses que celles qui se dévelop: pent dans un sol fertile. La raison n’en serait-elle pas que dans celui-ci la racine trouverait une large provision d'acide carbo- nique qui, aspiré dans le sol et arrivant jusque dans les feuilles, y serait décomposé à son tour dans les cellules à chlorophylle et contribuerait dans une certaine mesure à fournir à la plante les matériaux nécessaires à son développement. Nous avons donc recherché si l'acide carbonique donné aux RESPIRATION DES RACINES. 329 racines était absorbé par elles et pouvait apparaitre sous forme d'oxygène dans l'atmosphère des feuilles; mais les résultats auxquels nous ont conduits les premiers résultats obtenus dans la série d'expériences exécutées cette année n'ont pas été assez nets pour que nous croyions devoir les publier actuellement. Nous reviendrons l’an prochain sur ce sujet. DE L'ACTION DES BGACINES SUR L'ATMOSPHÈRE AMBIANTE. 7 as Description de l’appareil employé. La figure À représente l’appareil qui à été employé dans la première partie des recherches. Il consiste essentiellement en une éprouvette munie de trois tubulures supérieures et d’une inférieure, et remplie de pierre ponce dans laquelle les plantes ont été enracimées. Nous avons disposé ainsi une dizaine d'appareils dans lesquels se sont déve- loppés des Lierres et des Véroniques (Veronica speciosa), en excellent état de santé quand les expériences ont commencé. Il n’est pas besoin d’insister sur la nécessité de placer les plantes en expérience dans un sol absolument dépouillé de matières végétales, puisque leur présence eùt déterminé des absorptions d'oxygène et des dégagements d'acide carbonique qui auraient masqué le phénomène que nous voulions étudier. On avait choisi des arbrisseaux ligneux afin de pouvoir fermer hermétiquement la tubulure supérieure par laquelle sortait la tige, au moyen d’un bouchon de caoutchouc fendu dont la fente était garnie de caoutchouc fondu ; la üge ligneuse présentait une résistance suffisante pour supporter de sem- blables manipulations qui auraient altéré une tige herbacée. La tubulure € était munie d’un bouchon garni d’un robinet; la tubulure « portait un thermomètre et un manomètre à mercure b. Notre appareil devait être disposé de façon à renouveler aisément l'atmosphère de l’éprouvette À; on y réussissait à laide d’un courant d’eau pénétrant dans l’éprouvette par la 330 P. P. DEHÉRAIN ET J. VESQUE. tubulure d. Il est facile de voir en effet que si l’on désirait chas- ser tout l'air contenu dans À, on n'avait qu'a ouvrir le robmet c et à faire couler de Peau par l'entonnoir G : cette eau passait dans le ballon B par le tube p; et si une certaine quantité d'air Fic. 1. était entraînée par les mouvements de trompe qui se produisent si souvent dans de semblables appareils, cet air se réfugiait à la partie supérieure de B et n’arrivait pas à modifier la composi- tion de l'atmosphère À. On ouvrait en même temps le robinet d ; l’eau s’écoulait de B en d par le tube 7 et chassait Pair par c; quand l’eau commencçaità couler pare, on était sûr d’avoir déplacé RESPIRATION DES RACINES. 391 tout l’air contenu dans À. Si lon voulait remplacer leau par de l'air normal, on fermait d et Pon ouvrait e et ce; l'air pénétrait par ec, remplaçait Peau qui s’écoulait par e dans un vase placé au-dessous de la table, percée pour laisser passer Pextrémité recourbée du tube #. Une porüuon de Peau imprégnait la pierre ponce, qui était ainsi maintenue à un état convenable d’hu- midité. Le tube # et le robinet / permettaient de vider le ballon B quand on voulait remplacer le liquide d'arrosage par un autre. Grâce à ces dispositions, nous avons pu faire fonctionner les appareils régulièrement, sans qu'il fût nécessaire d’en démonter aucune partie. Ajoutons, en terminant cette description, qu'il a été néces- saire de noircir les éprouvettes À renfermant la pierre ponce. En effet, les liquides d'arrosage, contenant une petite quantité de nitrates et de phosphates, se chargent avec une extrême facilité de matière verte dont l’action respiratoire pouvait trou- bler les phénomènes que nous voulions observer (1). & 2. Absorption d'oxygène et dégagement d’acide carbonique par les racines. L'appareil étant décrit, nous pouvons indiquer les résultats auxquels nous ont conduits les expériences exécutées pendant le dernier été. Nous avons d’abord cherché comment les racines agissaient sur l'air normal. Quand on laisse pendant quelques jours l'appareil en obser- valion, tous les robinets étant fermés, on reconnait, par la marche du manomètre, que la pression diminue à Pintérieur, sans qu'on puisse attribuer cette diminution ou à un abaisse- ment de température, ou à un changement barométrique pen- dant la durée de expérience. Pour observer comment les racines avaient modifié latmo- (1) Les petites Algues (Scenedesmus oblusus et caudatus) qui forment cette matière verte paraissent décomposer l'acide carbonique avec une grande facilité ; pendant les chaudes journées d'été nous avons vu souvent des flacons remplis d’eau chargée de cette matière verte présenter uné effervescence assez vive. 332 P. P. DEHÉRAIN ET J. VESQUE. sphère de l’éprouvette, nous avons dans nos premières expé- riences déplacé l'air contenu dans léprouvette au moyen de Peau; 1l nous suffisait pour cela d'adapter à la tubulure € un caoutchouc muni d'un tube abdueteur retourné sous un tube oradué rempli d'eau, et de verser de Peau par lentonnoir C: cette eau S'introduisait dans l'appareil par la tubulure d et dé- plaçait devant elle Fair de léprouvette À. En opérant ainsi, nous avons toujours trouvé que Pair de À s'était appauvri en oxv- oène, mais qu'il ne contenait pas d'acide carbonique. On en jugera par les chiffres suivants que nous empruntons à l'expérience du 3 avril 1876. La pression intérieure était de 10 millimètres au-dessous de la pression normale. La tempé- rature marquée par le petit thermomètre « était de 18 degrés. Nous avons fait deux prises de gaz, qui ont été analysés par les méthodes ordimaires, c'est-à-dire que le gaz étant mesuré sur l'eau, on y ajoute un petit fragment de potasse pour absorber l'acide carbonique ; on à ensuite ajouté de l'acide pyrogailique ; quand on n’a plus observé de diminution de volume, on à lu le gaz restant. L'expérience à commencé le 3 août, à 5 heures 50 minutes du soir; on y a mis fin le #à 2 heures 30 minutes. Premiere prise de gaz. Gaz recueilli. .......... 21,8 Après potasse.......... 21,8 Acide carbonique.. 0,0 Après acide pvrogallique. 17,9 Oxyobneree ee 3,9 Oxyéène dans 21/8diair. RER PREMIER 4,9 Oxygène absorbé. ....... 0,6 Gaz recueilli........... 24,1 Après potasse.......... 24,1 Acide carbonique... 0,0 Après acide pyrogallique. 19,9 Oxygène 1.0 4,2 Oxygène dans 24,1 d'air. 22 om. cE 5,0 Oxygène absorbé. ....... 0,8 Cette première expérience montrait que les racines absorbent une quantité notable d'oxygène, qu'elles ne remplacent pas par une quantité équivalente d'acide carbonique. RESPIRATION DES RACINES. 399 Une deuxième expérience donna des résultats analogues; on observa encore le 5 avril sur la même Véronique une absorption d'oxygène non accompagnée d’une émission d'acide carbonique. Une autre série d'expériences exécutée les Jours suivants donna cependant une très-faible quantité d'acide carbonique : c’est ainsi que le 6 avril, avec une température intérieure de 20 degrés, une pression intérieure de 764, la pression extérieure étant de 771, nous avons eu les chiffres suivants : Premiere prise de Gaz. Gaz recueilli. .......... 23,00 Après potasse.......... 22,85 Acide carbonique. 0,15 Après acide pyrogallique. 18,80 Oxygène ........ 4,05 Oxygène dans 25,0 d'air normal........... 1,82 Oxygène absorbé. ....... 0,77 (razirecuellit ee rm 24,30 Après polasse.......... 21,15. Acide carbonique. 0,15 Après acide pyrogallique. 19,85 Oxygène ........ 4,30 Oxygène dans 24,3 d'air normal........... 5,09 Oxygène absorbé. ....... 0,79 La quantité d'acide carbonique ainsi dégagé était donc très- fable, En opérant sur un Lierre au lieu d’une Véronique, on obünt encore les mêmes résultats: la quantité d'oxygène absorbé état sensible; la quantité d'acide carbonique était nulle ou très-faible. Ces premières expériences nous montraient que pour obser- ver plus nettement l'émission d'acide carbonique, il fallait mo- difier un peu cette mamière d'opérer. Nous pensämes d’abord à analyser une plus grande quantité de gaz. Le 7 avril, la température était de 20°,5, la pression de 766 ; on ferme les robinets. Le 8, à quatre heures, on recucillit en deux opérations tout le gaz contenu dans léprouvette. On obünt cette fois des résultats plus concluants. Première prise de gaz. Gazxmecueill": 122.22. 88,1 Après potasse.......... 86,7 COTE ee 1,4 Après acide pyrogallique. 72,2 Oxygène ....... 14,5 334 BP. P. DEMAIN ET J. VESQUE. Deuxième prise de gaz. Gaz recueill........... 47 1 Après potasse... ...... 46,5 Acidecarbonique. 0,6 Après acide pyrogallique. 38,4 Oxygène ..:.4.1 8,1 Les résultats de l'expérience peuvent donc se résumer ainsi : Gaz totales eat HR Sn ER RENE se 139,2 Acide Carboniques. acc ec ce chece 2,0 Oxygène... 1% Ana Ron RE 29,6 AIZOLGR Se Te ele ee An Re AN ne Ne eee 110,6 135,2 d'air renferment 28,34 d'oxygène; il y a done eu 28,34 — 929,60 — 5,74 d'oxygène absorbé qui n’ont été par- tiellement remplacés que par? centim. cubes d'acide carbonique. Ainsi les racines fonctionnent comme les rameaux, comme les feuilles, comme les bourgeons; elles absorbent de l'oxygène et émettent de l'acide carbonique, les expériences précédentes le démontrent clairement. Les résultats des analyses précédentes font voir que le gaz qui a séjourné au contact des racines est plus pauvre en oxygène que l'air normal, et en même temps plusriche en azote. Faut-il en conclure que pendant que ce gaz perd de Poxygène fixé par les Lissus végétaux, il gagne de lazote provenant des gaz con- finés dans ces tissus ; ou bien peut-on admettre que laugmen- tation en azote n'est qu'apparente et due simplement à la dimi- nution de l'oxygène, la quantité d'azote restant constante? Nous avons essayé de décider cette question en modifiant quelque peu notre manière d'opérer, qui nous exposait au reste à perdre un peu d'acide carbonique. 8 8. Les racines plongées dans l'air normal émettent-elles une quantité sensible d'azote? On conçoit qu'en remplissant d’eau l'appareil à Paide des manœuvres indiquées plus haut, jusqu’à ce que l'eau sorte par le robinet ç, puis en recueillant Peau qui pourra s’écouler de l'appareil dans un vase gradué placé au-dessous de la table, par RESPIRATION DES RACINES. 390 le tube # et le robinet e, on mesure assez exactement le volume que lair occupe dans léprouvette dans les inter- stices de la pierre ponce : on à donc le volume du gaz intérieur ; les différences de niveau du mercure dans lPappareil lues au cathétomètre donnent la pression intérieure de ce gaz, dont la température est mdiquée par le thermomètre. On posséderait donc tous les éléments nécessaires pour calculer le volume du oaz, si l’on pouvait avoir la certitude que l'appareil tint absolu- ment. Nous verrons plus loin qu'il semble que malgré tous nos soins, nous ne pouvons pas affirmer qu'il en est ainsi; toutefois, si la fin de notre expérience est peut-être entachée de quelque incertitude, nous pouvons cependant en déduire plusieurs con- clusions importantes. Il était nécessaire, dans ces expériencesrigoureuses, de ne pas perdre d'acide carbonique, de façon à ne pas attribuer à une absorption par les racines une diminution de volume due seule- ment à la dissolution de l'acide carbonique dans l’eau ; aussi avons-nous modifié le procédé d’abord employé pour les prises de gaz. Nous avons approché de l'appareil une de ces grandes cuves àmercure profondes, qu'on emploie dans les amphithéâtres pour vérifier la loi de Mariotte à de basses pressions (fig. 2), et qui consiste essentiellement en un tube de fer auquel est fixée une vasque de verre. En enfonçant dans le mercure une de ces pipettes à robinet de verre dont l'usage se répand dans les laboratoires, nous en chassions Pair complétement ; puis fermant le robinet quand Pair était expulsé, la pipette étant encore sous le mercure, nous pouvions la laisser remonter encore pleine de mercure; on y attachait alors un tube capillaire articulé par des caoutchoucs, qui allait se fixer par un caoutchouc au robinet e. La disposition de appareil est représentée dans la figure 9 : dans cette figure le gaz est pris dans l'atmosphère des feuilles ; mais On conçoit facilement que le même mode d'opérer s'applique au vase contenant les racines tel que le présente la figure 4. Expériences des A6 et 17 mai. — L'expérience des 16 et 17 mai a donné des résultats d’une grande netteté. 9390 P. P. DEHÉRAIN ET J. VESQUE. Au moment de la fermeture desrobinets, on observe les chif- fres suivants : {—=17°, H = 759",5. Le 17, quand on y mit fin, | d Q h TS Il € x in | | ne pl) | C Un I) ul l nul fl b. ; LE E an — = — A NI les chiffres étaient devenus {= 18°,5, H—759 5 7—9gmill 9 (4 est la différence de pression intérieure accusée par le mano- mètre D). Pour calculer là diminution de volume due à lPaction des racines, on employa la formule très-simple SA RTE Et ET 7 T60(ÆHat) T60(1 Hat!) RESPIRATION DES RACINES. 337 ou en remplaçant par les valeurs : 193X 7451 123XTU45 LL, 7 760X1,0622 760 X 1,067 Ainsi par l’action de la plante le volume du gazavait diminué de 5,3. On préleva une certaine quantité de gaz sur le mercure comme 1! a été indiqué plus haut; on trouva : GAZ ATeCUCIIRR AE MER Etre ec DÉTOE MAIS EE 9,2 ACideNcarbonique RAA MEN RANENELE 0,5 (QATAR ES ee ER DE OS DD OA EE DAT PS LU AR A AUTRE 1,1 AZ OT AE te anne ee de eee etes ms Te 7,6 Les 117,7 de gaz contenus dans lPappareil à la fin de Pexpé- rience contenaient done : (CAO TONER RE eu en ee 14,0 ACITeSCAThONUE Rd lee EEE MORE DEAR o 6,3 AUTOS Ode dE A to aie D AS CIS LS PAU OP LA AE A An os 97,4 OxyECDeR. NAME A Éd ane bee Due 25,18 AZOLE Re AR RE ee AR ete RASE 97,20 Nous trouvons done dans latmosphère les changements suivants : Oxygène primitif... ... 25,18 Oxysenelnal rene 14,00 Différence en moins. 11,78 Azote primitif. ....... 97,20 Azotefinal..."2. 1: 97,40 Différence en plus... 0,20 Acide carbonique final. 6,30 — — 6,90 Il est donc apparu 6,9 de gaz; il en a disparu 41,78— 6,5 = 9,18, nombre qui se confond sensiblement avec la diminu- üon de volume observée à l’aide du manomètre, puisque nous avions {rouvÉ 9,3. Expérience des 17 et A8 mai. — On a laissé l’a ppareil dans les mêmes conditions que précédemment, la Véronique était en très-bon état ; on a seulement égalisé la pression intérieure à Ja pression atmosphérique, en faisant couler un peu d’eau dans l'appareil: le volume de cetteeau, mesuré à la fin de expérience, 6° série, BorT. T. TT (Cahier n° 6). ? 99 338 P. P. IDRMAERAIN DE J. VES@UR. a été précisément trouvé égal à 5 centimètres, ce qui vérifie les nombres précédents (1). On à arrêté lPexpérience le 48 mai, elle avait duré vingt- quatre heures environ. Les données du calcul sont les suivantes : y (23 5)x(759,6— 16,6) (123— 5) x (760,4 —18,7— 16,2) _ » à 160 (1 + 19°,3 2) T60 (1 + 21,2 a) Un échantillon du gaz, prélevé comme 1! a été dit plus haut, a donné les résultats suivants : Volume du Gares e ete. sn ne 0 7,80 Acide: lcarheniquensitit,s CE AUTRE, AREA 0,55 Oxygene RER RE PO DIE EEE 0,60 Azote..... D PE ne CR One 6,68 ACITeNCATDOMIUER SEE Eee dec Ce ce 8,09 Oxvgenere ie ec chere to UMR 8,82 EVA OR A SOUS DO SUN e à IE 97,89 Le gaz avait perdu : Oxygene.. 10.2.) 002. 6... 14,00—8,82= 5,18 Îl avait gagné : Aide carbonique... er... 8,09 — 6,30 —1,79 Or le calcul manométrique donne 3,20 ; nous avons donc une faible différence qui est due à lazote. En effet, le gaz primitif renfermait 97,40 d'azote, nous en trouvons à la fin 97,89, c’est- à-dire que l'azote a augmenté de 0,49 : augmentation un peu plus forte que celle que nous aurions dù trouver d’après le calcul manométrique, puisque nous n’aurions dû avoir que 0,19 au lieu de 0,49 ; mais nos procédés d'analyse ne nous permet- taient pas une plus grande approximation. Si nous comparons entre elles ces deux expériences, nous (1) La pression barométrique s'était maintenue à 759 millimètres. RESPIRATION DES RACINES. 339 trouvons que pendant la seconde phase la plante à pris un peu moins d'oxygène et dégagé un peu moims d'acide carbonique que pendant la première opération. Nous pourrions transcrire ici plusieurs autres expériences que renferme le registre du laboratoire de culture; mais 1l n’en ressorürait aucun fait nouveau, les autres expériences donnant, comme celles que nous venons d'examiner, une absorption d'oxygène et une émission d'acide carbonique, la quantité d'azote restant sensiblement constante. Il est donc bien clair, d’après les résultats précédents, que la racine respire comme les autres organes végétaux, et que comme eux (quand la fonction chlorophyllienne n’est pas en jeu), elle absorbe de Poxygène et dégage de l'acide carbonique. Un grand nombre de matières organiques mortes ou vivantes donnent des résultats semblables, et si nous avions arrêté là nos observations, nous n’aurions pu en ürer aucune conclusion relative à limportance physiologique de ce phénomène de res- piration. Nous avons voulu savoir si la plante a besoin, pour soutenir sa vie, de rencontrer de l’oxygène dans l'atmosphère confinée du sol, où s’il lui suffit d’avoir sa tige seulement dans l'air, et pour résoudre ce point particulier, nous avons disposé quelques expériences où les racines ont été plongées dans des atmosphères artificielles. I était important d'examiner d’abord si un simple changement dans la composition de l'air du sol n'aurait pas une action fàcheuse sur la santé de la plante; de [à Ja nécessité de plonger d’abord ces racines dans loxy- gène pur. $ 4. Action des racines sur une atmosphère d’oxygène pur. Pour remplacer dans le vase À Pair normal de l’oxygène, nous avons commencé par y faire couler de l’eau à laide des manipulations indiquées plus haut, puis nous avons adapté à une cloche remplie d'oxygène un caoutchouc fixé à son autre extrémité au tube €; nous avons alors ouvert le robinet e, l'eau s’est écoulée et l’oxygène est venu la remplacer. 340 P. P. DERINRAEIN DE J. VESQUE. Le 9 juin, la Véronique dont les racines sont dans Poxygène depuis huit jours n’a pas souflert, la plante est très-vigoureuse ; le manomètre accuse une très-forte diminution de volume. Cette diminution a été très-marquée pendant plusieurs Jours, puis elle est restée stationnaire, et a enfin un peu diminué ; on a prélevé à ce moment un échantillon de gaz sur le mercure (voy. fig. 2). On a trouvé dans 22,1 : ACIDE CARDONIQUE:- ee mures Mo rene 2,1 ORYDEÈNE APS RS RENE IEEE 10,9 Arote Lire parait eh eme Rae 9,1 Ainsi, à l’origme, le gaz de l’éprouvette À était de l'oxygène pur; à la fin, 1 renferme presque la moitié de son volume d'azote. Get azote vient-11 d’une fuite dans l'appareil? vient-il des racines quiauraient émis une certaine quantité de ce gaz qui se serait diffusé dans l’atmosphère du flacon, diffusion facilitée par la différence de composition de l'air extérieur et de l'air contenu dans les racines? Nous ne sommes pas assez sûrs d’un appareil dans lequel il a fallu luter une plante pour affirmer qu'un peu d'air n’y est pas entré; mais 1l est très-possible éga- lement que l'azote provienne d’une diffusion des gaz contenus dans la plante. Nous constatons donc ce fait simplement, réservant une étude plus approfondie pour un prochain travail que la saison trop avancée ne nous permet pas d'entreprendre immédiatement. L'expérience précédente était de nature à nous faire voir, comme celles qui ont été faites dans Pair normal, queles racines absorbent de loxygène, mais elles ne pouvaient nous permettre d'affirmer que cet oxygène est nécessaire à leur existence; il fallait, pour nous éclairer complétement, placer les plantes dans des atmosphères dépouillées d'oxygène. $ ». Respiration des racines dans une atmosphère dépouillée d'oxygène. Lesexpériences portèrentsur deux Lierres : lun reçut d’abord une atmosphère riche en acide carbonique ; à lPanalyse on re- RESPIRATION DES RACINES. 3/41 connut que ce gaz formait environ le tiers du volume total; la plante ne parut pas en souffrir. Après quelques jours elle parais- sait être dans le même état qu'à l’origine. On chassa alors Pair complétement, on le remplaça par de lacide carbonique pur; mais la plante ne tarda pas à périr, le point végétatifse détacha et les feuilles se desséchèrent peu à peu. Ainsi Poxygène est nécessaire aux racines ;ilne suffit pas, pour que la plante puisse vivre, que sa partie aérienne plonge dans une atmosphère oxy- oénée, il faut encore que le gaz comburant soit directement en contact avec les organes souterrains. L’absorption d'oxygène observée dans les expériences précédentes n’est pas un simple phénomène d’oxydation des matières combustibles contenues dans les racines, c’est un acte respiratoire qu'on ne peut sup- primer sans que la plante périsse. Toutefois l'énergie respira- toire des racines parait très-inférieure à celle des organes aériens : ainsi une atmosphère très-riche en acide carbonique n’exerce pas une influence fâcheuse tant qu'il y a de l'oxygène ; la plante vit, et c’est seulement au moment où il est compléte- ment chassé que les phénomènes morbides apparaissent et pré- cèdent la mort de peu de jours. Une expérience analogue à la précédente fut tentée sur un autre Lierre : les racines furent plongées dans une atmosphère d'azote. La plante ne parut pas souffrir, elle resta pendant près de quinze jours (juin) sans présenter aueun phénomène mor- bide. On voulut rechercher si même dans ces conditions le Lierre avait pu former un peu d'acide carbonique ; mais la pre- mière expérience tentée donna un résultat très-inattendu qui nous empêche d'ajouter à l'expérience une grande confiance: l'analyse montra dans l'atmosphère des racines une petite quan- üté d'oxygène. En effet, 21,1 de gaz qui auraient dû être de l’azote pur accusèrent 19,6 d'azote seulement ; l'acide pyrogal- lique et la potasse ayant absorbé 4,5 de gaz oxygène. Nous rencontrons ici la même difficulté qui nous à arrêtés dans l’expérience sur Poxygène : peut-on affirmer qu'un appareil comme celui qui nous a servi soit complétement à l'abri d’une fuite? Nous n'oserions le dire; cependant une 349 P. P. DEHÉRAIN ET J. VESQUE. autre expérience faite avee beaucoup de soin semble mdiquer que les gaz contenus dans la plante sont susceptibles de se diffuser dans l'atmosphère des racines. Le 19 juin on opère sur une Véronique (Veronica speciosa) en parfait état de santé; on lave deux fois l’atmosphère des racines par un courant de gaz azote. Le 21, la plante étantencore très-saine, on fait successivement deux prises de gaz. Ga Anal SE ER RSS RE D ee 22,1 A DTES ADO ASS er an en ne er ce ds te 20,5 Après acide pyrogallique..…..1..41..,...,,.44 4,05 20,4 On trouve donc : AcidéLcarhonique.0 Hitler AIR MON EE 1,6 Oxygène Listen ten pure tele MScR 0,1 Une autre prise de gaz a donné les résultats suivants, qui s'accordent avec ceux qu’on avait obtenus dans la première analyse : Gaz-analysé tp sécheresse ele 20,3 ADRÉSMDOIASSC retracer OC ELEC LC 19,5 Après acide pyrogallique.................... ..... 19,5 D'où l’on peut conclure que l'atmosphère ne renfermait pas d'oxygène, mais qu'il y était apparu cependant 0,8 d'acide car- bonique, c’est-à-dire 3,9 pour 100 de gaz. Ainsi dans cette expérience on a obtenu d’une plante dont les racines sont plongées dans l’azote une faible quantité d'acide carbonique, mais qui n’est cependant pas très-imférieure à celle que nous avons trouvée dans diverses expériences exécutées sur l'air normal; elle n’est même pas très-différente de celle que nous avons exécutée dans une atmosphère d'oxygène : il en fau- drait donc conclure que l'acide carbonique observé ne provient pas d’une oxydation extérieure des racines, mais d’un gaz formé par la plante elle-même qui se diffuserait au travers des racines pour se répandre dans l’atmosphère ambiante. Les racines de Véronique qui avaient donné les résultats pré- cédents furent de nouveau maintenues dans l'azote; on fit RESPIRATION DES RACINES. 343 passer dans l’appareil un nouveau courant de gaz et l’on ferma les robinets; mais la plante ne put pas supporter pendant long- temps cette atmosphère absolument privée d'oxygène : Les feuilles du bas tombèrent les premières ; le 29 juin plusieurs avaient déjà disparu, et la plante elle-mème ne tarda pas à périr. Les expériences précédentes démontrent donc : 1° Que loxy- gène est nécessaire à tous ies organes des végétaux, et qu'ilne suffit pas, pour qu'une plante vive, que sa partie aérienne soit plongée dans Pair; il faut encore que les racines eiles-mêmes trouvent de l'oxygène dans l'atmosphère du sol où elles s’en- foncent. 2 Que l'absorption d'oxygène qui a lieu par les racines n’est accompagnée que d’un faible dégagement d'acide carbonique, tellement que les racines font un vide partiel dans les vases où elles séjournent. 3° Que ce dégagement d'acide carbonique a lieu aussi bien dans une atmosphère privée d'oxygène que dans une atmosphère oxygénée ; d’où l’on peut conclure que l'acide carbonique émis ne provient pas d’une oxydation superficielle de quelques organes en décomposition, mais bien d’un phénomène régulier de circulation des gaz dans la plante. Nora. — Au moment de mettre sous presse, nous recevons un travail de M. Barthélemy, inséré dans le tome V de la Revue des sciences naturelles (Montpellier), juin 1876, et qui a trait à l'absorption des bicarbonates par les plantes. Bien que le très-intéressant mémoire de M. Barthélemy ne touche pas directement à la question que nous avons traitée, nous y trouvons cependant une observation qui est complétement d'accord avec les nôtres. L'auteur a re- marqué la présence de bicarbonate de chaux dans des eaux où il avait placé du carbonate neutre et où des racines de plantes aquatiques séjournaient quelques heures ; l’auteur en conclut que les racines des plantes rejettent de l'acide car- bonique qui muintient les bicarbonates saturés. RECHERCHES LA QUANTITÉ ET LA RÉPARTITION DE L'EAU DANS LA TIGE DES PLANTES LIGNEUSES Par M. N. GELEZNOW (|). L'eau joue un rôle si important dans la vie des plantes, que étude détaillée de la distribution de ce liquide dans les dif- lérents organes et aux différentes époques de la végétation mérite plemement Pattention des physiologistes. Une circonstance particulière m'a déterminé à entreprendre cette étude. [y a bien des années (1854 ou 1855) qu'un fait curieux à attiré mon attention. J'ai remarqué, pendant un hiver froid, aux environs de Saint-Pétersbourg, que les branches inférieures d’un Filleul touchaient le sol par leur extrémité, tandis que par un temps plus doux, en été, ces mêmes branches étaient relevées de manière qu'on pouvait facilement se tenir debout sous leur ombrage. Ce fait remarquable à 6t6 signalé pour la première fois par M. Rogers. L'hiver de l’année 1833 était très-rigoureux en Angleterre et à fait périr ou a endommagé beaucoup de plantes. Le célèbre Lindley, rassemblant de toutes parts les notions concernant cette dévastation, publia la remarque de M. Rogers. Ce propriétaire du duché de Kent remarqua que, pendant un matin très-froid, les branchesdes Tilleuls plantés dans son jardin (1) Extrait des Mélanges biologiques ürés du Bulletin de l'Académie impériale de Saint-Pélersbourg, vol. IX, 19/31 décembre 1872, imprimé par ordre de l'Académie en octobre 1876. Ce mémoire est accompagné de quatre tableaux in-folio qui n'ont pu être reproduits dans les Annales. DE L'EAU DANS LA TIGE DES PLANTES LIGNEUSES. 349 penchaient vers la terre et obstruaient le passage. I avait déjà l'intention de les couper, lorsque, dans la journée, devenue plus chaude, te phénomène disparut, c’est-à-dire que les branches se relevèrent de nouveau. En 1865 et en 1866, M. le professeur Caspary à étudié le même phénomène à Kônigsberg avec un grand som et sur plu- sieurs espèces d'arbres. Get illustre savant attribuait Pabaisse- ment et le relèvement des branches, comme M. Rogers, à l’action du froid, sans donner d'explication sur ce fait (4). Dans l’année 1867 parut à Bâle un petit mémoire de M. Beyer. Il y était question des branches de Sapin séchées naturellement et dépourvues d’écorce, qu’on emploie généra- lement en Suisse, en les humectant, comme de véritables hygromètres et même assez sensibles. J'ai observé souvent des branches sèches recouvertes d’é- corce, attachées à l'arbre (Pinus Strobus), aussi bien que sépa- rées, et je me suis assuré qu’elles jouaient beaucoup moins que les branches fraiches. Je les ai employées, celles du Tilleul prin- cipalement, non comme hygromètres, mais comme thermo- mètres. En fixant horizontalement par sa base une branche droite et en traçant vers son extrémité, sur une planche ver- ticale, un arc divisé en degrés, j'ai pu observer de loin lPinten- sité du froid, indiqué par le sommet de la branche plus ou moins incliné. Je nai pas d’ailleurs l'intention de réfuter ici l’assertion de M. Beyer. Il est évident que le bois, comme substance hygroscopique, est sujet à l'influence de Phumidité atmosphérique. Je ferai remarquer seulement que M. Beyer parlait du bois sec et dépourvu d’écorce, tandis que j'ai expé- rimenté avec le bois frais et recouvert d’écorce. Je me suis assuré, par une longue série d'observations faites en 186% et 1865, que la position excentrique de la moelle influait sur le phénomène. On sait, par la remarque de feu (1) Ueber die Veränderungen der Richlung der Aste holziger Gewächse bewirkt durch niedrige Wüärmegrade (extrait du Report of the international Exhibition and Botanical Congress, London, 1866). 346 N. GELEZNOW. Schimper, de Manheim (1), que le canal médullaire est loin de se trouver toujours exactement au centre de la branche. Dans quelques espèces 1l est placé constamment au-dessus du centre géométrique, comme dans lesConifères ; dans une foule d’autres espèces 1l est placé au-dessous, etc. Or, pour prouver que cette position excentrique exerce une influence prédominante dans l’abaissement des branches par le froid, j'ai fixé la base de plu- sieurs branches de Tilleul, de Bouleau, d'Orme et autres, dans la position naturelle, c’est-à-dire le canal médullaire se trouvant plus près de la terre. D’autres branches de même espèce, de dimensions très-approximativement les mêmes, étaient renversées, le canal médullaire se trouvant au-dessus du centre géométrique. L'expérience était préparée pendant le dégel. Les branches se trouvaient droites et leurs sommets sur 0 degré au milieu de l'arc; mais par le froid survenu, les bran- ches se sont courbées en sens opposé. Geci prouverait que c’est la position de la moelle qui détermine leur direction. D'où vient cependant que les branches de Pin, tout en ayant une position inverse de la moelle, s’inclinent par le froid dans le même sens pourtant que le Tilleul, tandis qu’elles devraient se relever ? Cette circonstance m'a engagé à entreprendre en 1865-1867 une étude des propriétés du bois frais dans différentes parties des branches, au-dessus et au-dessous de la moelle et à diffé- rentes époques de l’année. Il me semblait que l’humidité, répartie inégalement plus haut ou plus bas du canal médullaire, pouvait produire et expliquer le phénomène de l’abaissement et du relèvement. J'ai choisi pour cela quelques espèces qui se trouvaient dans différentes parties du parc de l’Académie agricole et forestière de Pierre le Grand, près de Moscou, en exemplaires de grandes dimensions, dont quatre Conmifères, savoir : le Pin ordinaire, le Sapin, le Mélèze et le Pindu Lord; de même que le Bouleau, le Chêne, l'Érable et l'Ormeau. Quelques résultats de ces recherches, que j'ai l'intention (1) Amtlicher Bericht über die 31. Versammlung deutscher Naturforscher und Arzte in Gôtltingen, 1854. Gôttingen, 1860, p. 87. DE L'EAU DANS LA TIGE DES PLANTES LIGNEUSES. 347 de publier séparément,pourront trouver utlement leur place dans ce mémoire. Ainsi : 1° À commencer de la base de chaque branche, l’eau augmente successivement vers son sommet. 2° L’écorce du Mélèze, à toutes les époques de l’année, est plus humide que le bois. 3° Dans les Conifères, le bois de la partie supérieure de la branche qui se trouve au-dessus du canal médullaire est toujours plus chargé d’eau que la partie infé- rieure. # Dans plusieurs autres arbres c’est la partie mférieure qui est plus aqueuse, comme dans le Bouleau. IL paraît donc que le bois des Conifères et celui des autres arbres dicotylédonés possèdent des propriétés opposées sous le rapport de humidité. De là il y a certainement loin à une explication suffisante du phénomène de l’abaissement des branches par le froid, mais au moins voit-on clairement que c'est dans cette direction qu'il faut chercher la vérité. Pour obtenir des résultats concluants, j'ai opéré sur un seul arbre de chaque espèce portant assez de branches pour pou- voir les couper tous les mois une à une pendant toute une année. Mais comme les branches devaient être prises à des hauteurs différentes, je doutais que la quantité d’eau fût partout la même. I fallut donc entreprendre une nouvelle série de recherches pour pouvoir faire des corrections convenables. Cest justement cette série d'observations qui fait le sujet de ma présente communication. C’est dans la suite, quand je serai parvenu à rassembler assez de faits pour un mémoire général sur la distribution de l’eau dans les plantes, que je me propose d'exposer la littérature de cette matière. Pour le moment je n'expose que mes propres observations. Voici comment j'ai opéré. J'ai choisi dans le parc de l’Aca- démie trois groupes d'arbres qui contenaient un assez grand nombre de sujets de la même espèce, à peu près du même âge et des mêmes dimensions. Ils provenaient du semis naturel dans le temps que le pare était complétement délaissé. Le groupe le plus éloigné était composé de Pins et se trouvait, en hiver, à dix minutes de chemin de mon habitation. Le groupe intermédiaire, qui était le plus grand, contenait des Bouleaux, 348 N. GELEZNOW. des Trembles et quelques autres plantes. Enfin les Érables végé- tient tout près, dans mon jardin particulier, au milieu de grands Érables, leurs progéniteurs. Les arbres étaient âgés de onze à trente-six ans, mais les sujets de la même espèce ne différent en âge que de quatre à douze ans. Leur hauteur était de # à 9 mètres, sur un diamètre de # à 10 centimètres près du sol. Les observations ont duré toute une année, depuis le mois de mars de l’année 1868 jusqu'a celui de lPannée 1869. Chaque mois et au jour indiqué, aussi régulièrement que le permettaient mes occupations principales, je coupais avec une scie un arbre de chaque espèce. Pour la coupe je choisissais toujours un temps sec; à cause de cela j'étais obligé de la remettre quelquefois pour plusieurs heures et même pour plusieurs jours. Je coupais Parbre à fleur de terre ou à une hauteur qui ne dépassait pas 60 centimètres (quand la neige entourant la base de l'arbre entrait dans les fissures de l’écorce et empêchait de la bien essuyer, où quand quelques autres circonstances ne permettaient pas de couper plus bas). Lorsque larbre abattu était transporté dans la chambre et divisé en cinq parties presque égales, on détachait d’abord de sa base une pièce de la longueur de 5 centimètres environ. Cette opération se faisait au froid, eten été du mois dans un endroit frais, pour éviter autant que possible la perte de Feau pendant la préparation et les pesées. Les surfaces inférieure et supérieure de la pièce étant très-vite égalisées par un instru- ment tranchant, on la pesait dans un verre couvert. Ensuite on détachait Pécorce et l'on pesait le bois seul. La même chose se répélait successivement avec les quatre autres pièces. Elles étaient toutes conservées dans un endroit sec dans des capsules de papier. La dessiccation définitive se faisait à 120 degrés (1). Je n'avais pas suffisamment de temps pour suivre constam- ment et assez en détail tous les phénomènes aériens qui peuvent (1) Les résultats de toutes ces opérations sont consignés dans quatre tableaux in-folio. DE L'EAU DANS LA TIGE DES PLANTES LIGNEUSES. 349 influer sur la quantité d’eau dans les plantes. L'observatoire météorologique projeté de lPAcadémie ne fonctionnait pas encore. J'ai done dû me contenter de quelques remarques, par exemple sur la température de Pair au moment de la coupe de chaque arbre, ete., que je place 1er telles que je les x1 notées dans mon journal. Je me propose dans la suite de faire une étude spéciale de l’influence des phénomènes météorologiques sur le contenu de l’eau dans les plantes; cependant, main- tenant, pour donner une idée sur la marche du temps dans mes recherches, jai consulté les tables des observations mé- téorologiques qui se publient dans les Annales de l'Obser- valoire physique central de Russie, et qui se font entre autres à Moscou, à l’Institut des arpenteurs, à la distance en ligne droite d'environ 10 kilomètres au sud-ouest de l'Académie. Il suffit, je crois, de reproduire ici la température, lhumi- dité relative, et surtout la quantité de pluie par mois, pour donner une idée approximative des météores de cette année, qui influent le plus sur la végétation. Mois. Température, Humidité relative. Pluie et neige. 0 Pour 100. mn Janvier 1868.... —- 11,88 0,96 20,4 Février.…..... .… — 12,19 0,96 26,1 Mars. SEE — 4,36 0,86 19,1 AVbllasdosdaso + 2,40 0,74 292,0 Marseenne ê + 11,68 0,6% 96,1 JON ANA EN + 15,06 0,67 D Juillet 10e + 19,09 0,70 36,3 ABB ON ec 00 + 18,00 0,71 15,2 Septembre. ..... + 11,58 0,77 67,6 Octobre ........ + 7,64 0,80 13,3 Novembre ...... 2113289 0,92 30,7 Décembre ...... —... 4,89 0,93 47,2 Janvier 1869. .... —— 19,71 0,98 24,9 Février......... 3:50 0,94 38,4 Enexaminant ces troiscolonnes, on s'assure que l’année 1868 était une année assez exceptionnelle; sous le rapport de la tem- pérature elle était moyenne. [n’y avait que cinq jours de grand froid, de — 26 à — 39 degrés centigrades, qui durait le matin. I ny avait pas de chaleurs du tout. Le maximum de + 24 300 N. GELEZNONW. degrés ne s’est montré qu'un jour, le 20 juillet, et la moyenne de + 19 degrés se prolongeait une semaine. L'air était saturé au mois de janvier et de fé+rier seulement pendant douze et quatorze jours; au mois de novembre et de décembre pendant huit et deux jours. Au mois de d'avril, mai, juin et juillet, il y avait vingt-deux jours où Phumidité relative descendait de 50 à 60 pour 100. C'était une année très-sèche. Il est tombé un tiers de Peau en comparaison des années pré- cédente et suivante. Au mois d'avril 11 y avait seulement quatre jours de pluie ou de neige; au mois d'août et d'octobre, cinq jours. En comparant les moyennes des trois années subsé- quentes, on jugera mieux du caractère de l’année 1868 : 0 Pour 100. dant SG ete JL 9,56 0,83 699,08 186804. EU 0,80 249,50 LRO + 5,178 0,83 647,45 Je n'ai pas comparé les jours de pluie avec mes jours d’obser- vations, parce que l’eau tombait chaque fois en st petite quantité que je n'espérais pas pouvoir remarquer son influence sur les arbres. Une forte pluie tomba le 27 juillet, de 18"",4. Les deux autres le 15 septembre et le 10 octobre, de 21%°,1 et de 20 mil- limètres; pendant la plupart des autres jours il tombait moins de 0"",95 d’eau. Ce qui se fait remarquer en premier lieu quand on compare entre eux les hauteurs de chaque arbre, bois et écorce ensemble, c’est que la quantité d’eau augmente en général de la base de l'arbre à son sommet. Cependant 1} est assez rare que cette augmentation paraisse dans toute sa régularité. On la voit, par exemple; dans le Pin (Pinus silvestris, le 3 août 1868, le 21 janvier 1869), dans l'Érable (Acer platanoides, le 5 août, le 40 octobre), dans le Bouleau (Betula alba, le 20 décembre, le 46 janvier 1869), dans le Tremble (Populus tremula, le 96 octobre, le 25 novembre). Mais l'évidence de ce fait est souvent troublée par certaines anomalies, que je dois men- lionner spécialement. D'abord on trouve quelquefois que deux, trois et même tous les numéros qui se suivent ont presque la même valeur (Pinus silvestris, le 13 juillet, À, 2; Betula DE L'EAU DANS LA TIGE DES PLANTES LIGNEUSES. 391 alba, le 49 juillet, 3, 4; Populus tremula, le 11 juin, 9, 3, 4,5; le 12 septembre, 3, À) : ce qui prouve que lPaugmentation ne se fait pas toujours avec la même conséquence; tantôt elle se ralentit, tantôt elle s'accélère. Quand on remarque des cas où la différence ne dépasse pas les dixièmes ou les centièmes de pour 100 (Pinus silvestris, le 9 juin, 2, 3 ; le 26 novembre, 2, 3; Acer platanoides, le 22 mars, 2, 3, 3; Betula alba, le 12 juil- let, 3, 4; le 24 novembre, 2, 3; le 15 février, 3, 4; le 49 sep- tembre, 3, 4), on est tenté de croire que ce sont des erreurs d'observations et que les deux ou trois nombres sont égaux. D’autres fois, quand les différences sont de 1 ou de plusieurs pour 100 (Populus tremula, le 22 décembre, 2, 3), on est obligé de les considérer comme réels, et l’on doit en chercher la solution dans les circonstances extérieures, qui influent sur le mouve- ment des liquides dans les plantes, ou. bien encore dans des circonstances inconnues. On remarque même quelquefois, sui- vant la hauteur de larbre, une certaine intermittence que, alternativement ou non, une augmentation d’eau vers la cime (Acer platanoides, le 17 juillet, le 14 février 1869). Celle-ci est le plus souvent de quelques pour 100 moins humide qui indique lesnuméros précédents (Pinus silvestris, le 10 mai, 1; le 10 octobre, le 27 novembre, le 18 février 1869 ; Acer plata- noides, le 19 avril; Betula alba, le I octobre; Populus tremulu, le 48 avril, le 42 mai, le 19 janvier 4869). Quelquefois cette diminution de humidité s’observe sur le Pinus silvestris et le Populus tremula vers le sommet. On pourrait croire que cette circonstance provient de Péva- poration de l'eau que perdent les petites branches pendant la préparation et les pesées, qui duraient à peu près deux heures. [m'estarrivé une ou deux fois de remarquer que les feuilles et mêmesles branches commençaient à se faner vers la fin de l'opé- ration. Mais comment expliquer que l’eau du bois diminuait, tandis que l’écorce qui le recouvre et qui devrait se dessécher la première, continuait à augmenter d'humidité? Je pense done que cette diminution de là quantité d’eau vers la cime peut pro- venir de la consommation des feuilles. Quand on compare l'écorce et le bois, on trouve exactemert 999 N. GELEZNOW. les mêmes variations que Je viens de décrire plus haut dans la totalité de l’arbre, seulement la marche des changements ne s’accorde pas souvent dans les deux organes. Tandis que dans l'écorce humidité augmente vers la cime, c’est au contraire le bois qui est plus sec (Pinus silvestris, le 43 septembre, le T8 février 4869). L’inverse à également lieu (Pinus silvestris, le 10 octobre). Dans l'Érable cette discordance est encore plus grande. Le 13 juin, on voit l’eau augmenter dans Pécorce vers la cime, tandis que le bois offre un phénomène contraire. Le Bouleau présente des cas pareils (Betula alba, Ÿ% mars, le 16 janvier) ; le Fremble aussi (Populus tremula, le 18 avril, le 25 novembre). Je n'ai remarqué qu'une seule fois que ce fait, la diminution de la quantité d’eau vers la cime, se soit exprimé dans la totalité de l'arbre (Populus tremula, le 46 février). Ges discordances s’effacent un peu, il est vrai; mais comme le bois a plus de poids que l'écorce, son influence prédomine presque LouJours. Pour comparer la marche de lhumidité suivant les saisons, il est plus commode d'examiner chaque arbre séparément. I. — Pinus sizvesrris L. L'humidité dans le Pin est plus régulièrement distribuée et la plus constante des quatre espèces. On peut s en convaincre par les moyennes de chaque mois de la table suivante, où les fractions sont omises. Eau p. 400. EEE Mois. 3ois. Écorce. Totaux. Mars 1868........... 63 53 62 nelle De A ete era 61 44 5S MA mL Print 61 50 60 Juin: .": RENE À TA 54 41 53 Juillet Ur MRRRe 61 54 61 NOUS Er ER che crient 58 47 56 Septembre........... ( 45 61 Octobre :..,........r 65 : 56 63 Novemhre Mineur. 63 48 60 Décembre............ 59 D EN Janvier 1869 ........ 68 59 63 Février. reines 60 D? 59 GI 50 09 DE L'EAU DANS LA TIGE DES PLANTES LIGNEUSES. 993 Entre le maximum, 65, et le minimum, 55, il y a en tout 10 pour 400 ; mais entre les nombres intermédiaires 11 y a si peu de différence, 1ls sont répartis si irrégulièrement, qu'on voit à peine que pendant le printemps et été l'humidité de l'arbre est momdre qu’en automne et en hiver. On est pour- tant frappé qu'aux mois où la végétation est en pleine vigueur, on trouve dans le Pin moins d’eau que dans les autres saisons. Le bois en contient un peu davantage et presque aux mêmes époques. Le maximum en septembre, 6%, le minimum au mois de juin, 54 pour 400. IT faut donc ranger le Pin parmi les arbres à bois très-humide, et plus humide en automne et en hiver qu'au printemps et en été. Ce fait a été déjà remarqué par M. Hartig (1). L'écorce du Pin est en toutes saisons plus sèche que le bois de 41 pour 100. Son humidité n’est pas en rapport avec celle du bois. Elle est plus sèche en avril, 44, et plus humide en janvier, 59, et varie ainsi de 15 pour 100. Au mois de sep- tembre elle est presque à son minimum, quand le bois est au maximum. Au mois de janvier, c’est l’inverse qui a leu. On aurait pu croire que la sécheresse de l'écorce serait le cas Le plus naturel, puisqu'elle recouvre le bois, et ayant plus de surface, elle est plus exposée que celui-ci à l’évaporation; mais il n’en est pas toujours ainsi, comme nous allons le voir. Bien que la méthode que j'ai suivie pour la détermination de l’eau dans les arbres ait été différente de celle de M. Hartig, J'ai obtenu quelques résultats semblables. Le bois du Pin est plus aqueux que les autres; son humidité est répartie assez uni- formément pendant toute l’année. En hiver pourtant il con- tent plus d’eau qu'au printemps. Il. —- AGER PLANTANOIDES L. Sous quelques rapports PErable est opposé du Pin, comme quelq Pl PI ) on le voit par le tableau qui suit : (1) Ueber die Bewegung des Safles n den Holzpflanzen. (Bot. Zeit. von Mohl und Schlechlendahl, 1858, n° 4%, p. 9). Ge série, Bor. T. IT (Cahier n° 6). 5 99 zt 354 N. GELEZNON. Mois. Bois. Écorce. Totaux. Mars 18692: ere 43 46 45 AIRE Res ST T 46 47 47 MATE AM ECRERNE PERTE 46 50 47 Juin MERCI San enr et 46 19 46 Juillet bisou ee 41 62 44 AGE ea eee 40 52 49 Septembre............. 91 49 (1) 38 (2) Octobre. AU ! 37 47 38 Novembreststzent ner 99 47 40 Décembre. ............ 91 46 99 Janvier 14869............ 91 46 38 Névrier, AMF: MEME 38 46 99 al 49 42 C’est donc un arbre très-sec. Bien que son humidité ne varie que de 9, de 47 à 38 pour 100, elle est répartie régulièrement et part:ge l’année en deux moitiés : pendant lune, de mars en août, l'arbre contient en somme 45 pour 100 d’eau; pendant l’autre, de septembre jusqu’en février, 39. Le bois suit exacte- ment la même marche : pendant six mois, — moitié humide, maximum 46; pendant six mois, — moitié sèche, minimum 37 pour 100. L’écorce est toujours plus humide que le bois, ayant 8 d’eau de plus. Elle a un minimum de 46 pour 100, qui correspond presque au minimum du bois, et un maximum de 62, qui au mois de juillet se trouve avec le bois de moyenne humidité. La plus grande humidité ne dure que quatre mois, de mai en sep- tembre. Durant cette période elle varie de 13. Les autres huit mois elle conserve à peu près la même quantité d’eau, ne variant que de 3 pour 100. (1) Loc. cit. (2) Quoiqu’un accident fàcheux m'ait privé des trois numéros de l'écorce de ce mois, et que les moyennes exactes de l'écorce et des totaux n'aient pu être obtenues, cependant on remarquera facilement, en examimant les tableaux, que les moyennes de lhumidité de chaque mois, bois et écorce, aussi bien que l'arbre entier, coïncident très-approximativement avec le n° 4, ou varient plus rarement entre le n° 5 et le n° 5. M. Hartig, dans son ouvrage (loc. cit.), a donc justement choisi la hauteur de 4 pieds pour déterminer la quantité d’eau con- tenue dans tout l'arbre, hauteur qui correspond à peu près à mon n° 4. DE L'EAU DANS LA TIGE DES PLANTES LIGNEUSES. 399 LIT. — BETULA ALBA L. Cet arbre, par son humidité moyenne de 48 pour 100, doit être placé entre les deux précédents. Mais il se distingue par une différence énorme de 30 pour 100 entre le maximum, 79, et le minimum, 42, d'humidité. Mois. Bois. Écorce. Totaux. Mars MSCS AR MAP A8 39 16 APE ES PRO RE Æ 52 42 50 MAT re RO 58 45 56 Mines Nr : 74. D? 72 Juillet: ss MP Rues 42 42 42 NOR EL AR 12 49 + LA Septembre..........1. 1 » » Octobre M AMEL ee 44 43 44 Novembre... 46 A1 45 Décembre: 20... 42 43 + 42 Janvier 1869..7........ A4 46 + Un RÉVRIEL ARR ARS 55 42 44 48 kk 48 Pendant sept à huit mois, depuis la fin de l'été jusqu’au printemps, humidité moyenne du Bouleau est assez constante elle est à peu près de 44 et varie seulement de À à 3 pour 100; mais au mois de mars il survient une époque d’effervescence. C'est surtout au mois de juim que Phumidité est la plus grande, 72. Le bois suit la même marche, il est plus humide de 4 ou 2 pour 400 que l'arbre entier. Je regrette de n’avoir pas eu le temps d'examiner le Bouleau à l’époque de la plus forte ascen- sion des sucs, qui doit avoir eu lieu quelques jours aupa- ravant. On s’en assure en comparant les différentes hauteurs de Parbre au mois de juin. On trouve à son milieu, 7 juin, A, 3 jusqu'à 82 pour 100 d’eau, qui diminue vers le bas et vers le haut. L’écorce est en général plus sèche que le bois, au mois de juin la différence est mème de 22; mais aux mois d'août, de décembre et de janvier elle est plus humide de 1 à 7 pour 100. On doit s'attendre à une transition où l'écorce et le bois ont le même degré d'humidité, et en eflet le mois de juillet présente ce fait; on peut présumer que ce n’est pas chaque année qu'il 396 N. GHLEZVON. eu est toujours ainsi, où qu'a d'autres mois lécorce peut être plus humide que le bois. I faut rappeler ici que ces manques de concordance entre ces deux parties ne sont pas rares suivant la hauteur de Farbre. IV. — PoPuLus TREMULA L. Le Tremble appartient la même catégorie que le Bouleau, bien qu'il s’en distingue nettement par quelques propriétés opposées. Mois. Bois. Écorce. Totaux. Mars 1808 ten Sr res. DS o4 07 MNOTAS RES En Mn DE ”_ D4 51 D4 MARS Na ne 57 pl 56 Juin SMS A 16 Do + 48 Tulet- ee terne 47 DD + 49 AO UE eee ne ln ce 46 D8 + 49 SEDeMPTE. ent. ee 47 ot + 49 Octobre ren ere D9 50 D? Novembre..." 2... Do 49 D9 Décembre ....24...,...… ut 50 D9 Janvier 1869........... 19 46 49 RÉVRERE PARENT b6 (1) 48 Do (1) 52 752 52 Bien que la différence de Parbre à Fétat le plus humide, mars, 9, et à l’état le plus sec, juin, 48, ne soit que de 9 pour 400, les mois se groupent clairement en deux parties iné- sales: pendant les huit mois du printemps, de l'automne et de l'hiver, le Tremble est plus humide que pendant les quatre mois de l'été et du commencement de l'automne. Bien que les totaux de lPhumidité du bois et de lécorce soient semblables, ce fait est probablement accidentel. Le bois est un peu plus humide que dans les totaux pendanties huit mois et un peu plus sec pen- dant les quatre autres. Dans l’écorce le phénomène est inverse. J'ai noté par le signe + les mois où Pécorce est plus humide de 54 à 58 pour 100, afin de faire mieux ressortir cette époque ; elle comceide exactement avec celle où le bois est le plus sec. On n'excusera, je lPespère, de mon intention de vouloir (1) Je prends encore une fois le n° 4 pour moyenne de l’arbre, bois et totaux, ayant pas le n° 5 pour former la moyenne exacte, DE L'EAU DANS LA TIGE DES PLANTES LIGNEUSES. 997 introduire dans la science quelques expressions qui désignent le phénomène assez curieux —les relations de Phumidité du bois et de écorce. Je. désigne par Aygroxylés (5y7p645)06), ou inieux par érophlæës (&nséphous), les arbres dont le bois est très-humide, et pendant toute l'année plus humide que l'écorce, comme le Pm; par æéroxylés (6ap649)2) où hygrophlæës (y56- vhouos), les arbres à bois sec, et pendant toute l’année plus sec que l'écorce, comme dans F'Érable. L'humidité du bois et la sécheresse de l'écorce sont deux faits qui vont ordinairement de pair et peuvent être exprimés par le même mot, et réciproque- ment. Cependant le Mélèze a le bois très-humide et l'écorce plus humide encore ; e’est pourquoi j'aurais préféré l'expression d'Aygroxylé, qui, en désignant Phunndité de Pécorce, ne rap- pelle pas la sécheresse du bois. La troisième catégorie, les amæbæoxylés (amoSow£vhos), contient les arbres, comme le Bouleau et le Tremble, dont le bois, pendant une partie de l’an- née est plus humide, et pendant une autre plus sec que l'écorce. On trouvera peut-être prématuré de vouloir former des caté- gories, quand on n'a à classer dans chacune d'elles qu’une ou deux espèces de plantes, catégories qui peuvent même varier d’une année à l’autre; mais ce ne sont pas moins des faits dis- tincts, et j'espère avoir bientôt à prouver que les recherches ulté- rieures montreront que tous les arbres pourront être classés dans lune des divisions précédemment nommées et même dans quelques autres qui ne sont pas encore suffisamment consta- tées. Du reste, les expressions que je propose se rapportent aussi bien aux catégories constantes qu'aux faits isolés. Un arbre peut changer son humidité très-souvent et irrégulièrement, il n’en sera pas pour cela moins hygrophlæé ou xérophlæé, selon que son écorce sera plus ou moins humide que son bois. Il paraît pourtant que ces caractères sont propres aux espèces. J'en ai examiné quatre, douze exemplaires de chacune. Le Pin et l'Érable restaient fidèlement attachés aux catégories de xéro- phlœæés et hygrophlæés. Quant à celle d'’amæbæoxylés, le Bouleau, par exemple, et beaucoup d’autres arbres étaient depuis longtemps connus comme ayant le bois plus humide au printemps que dans les autres saisons. RECHERCHES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES LA STRUCTURE DU BOIS Par M. Julien VESQUE. Ï. — C’est à propos du mémoire qui précède de M. Geleznow sur la quantité et la répartition de l’eau dans la tige des plantes ligneuses que je me suis décidé à réunir dans une courte note quelques observations anatomiques et physiologiques, en y rat- tachant des considérations théoriques sur le mouvement de l’eau dans le bois des végétaux dicotylédonés. M. Sachs cite, dans sa Physiologie végétale (1), quatre causes qui agissent sur l'ascension de la séve dans les corps ligneux, SaVOIT : 4° La poussée produite par les racines ; 2% La capillarité des cavités du bois; 3° L’imbibition des membranes cellulaires ; 4 Les oscillations de la température. Les plus importantes sont, sans contredit, la poussée des racines et lPimbibition des membranes cellulaires. Les change- ments de température agissent en dilatant Pair contenu dans les vaisseaux ; leur influence doit être assez restreinte, cepen- dant elle se fait sentir quelquefois dans les expériences de courte durée. Le 19 février 1876, j'ai étudié l'absorption de l’eau sur un pied de Veronica spectabilis intact, qui provenait d’une bouture faite dans l'eau ; la tige de la plante était soigneusement masti- quée dans le goulot d’un flacon qui communiquait, d'autre part, (1) Traduction française, p. 234. RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DU BOIS. 309 avec un tube thermométrique gradué de telle manière que l’espace compris entre deux divisions contenait 4 milligramme d’eau. Uñe troisième tubulure placée à la partie supérieure de ce flacon pouvait se fermer à l’aide d’un robinet de verre, et per- mettait de produire un courant d’eau dans tout l’appareil. Le flacon était entouré de glace fondante pour maintenir l’eau à 0 degré. Au moment où l’on fermait le robinet, on voyait l'air pénétrer dans le tube capillaire, le ménisque se déplacer plus ou moins vite, et lon comptait le nombre de secondes qui cor- respondait à l'absorption de 5 milligrammes d’eau. Après avoir noté l’absorption à la température ordinaire de la salle, jai chauffé Patmosphère des feuilles, et j'ai obtenu de cette manière les chiffres suivants : TEMPÉRATURE NOMBRE de l'air. de secondes pour absorber MOYENNE. 5 milligrammes. 18 degrés centigr. 42, 43, 42,38, 37, 85, 33, 33, 34, 80, 39, 38, 30,94, 32, /91... 306 secondes. 33 degrés....... Mouvement presque im- perceptible. 35 degrés... LOT RER RME LES 1HRLMAE Ja idecrés sit MOST pros 108 id. 32 degrés....... PODR R eetn e os 100 id. : 2Ldesrés. "00 er un Su MIA se DA 78 id. 31 degrés su HAN PETER NEERe AR T4) Nid; 30idegrés 2... CH TS mages Pin 654t*id: L’élévation de température a done produit ici un effet tout opposé à celui qu’on devait prévoir. Après cette série d’expé- riences j'ai abandonné la plante à elle-même pendant dix mi- nutes environ, et j'ai observé ensuite la marche normale de l'absorption qui augmentait avec la température. Je ne saurais attribuer cette irrégularité qu’à la dilatation de l'air contenu dans les vaisseaux de la plante. Il faut dire qu’en temps ordinaire les racines de la Véronique ne plongeaient pas toujours dans l’eau, mais que l’appareil était disposé de manière à permettre de la laisser écouler en faisant entrer lair par Île robinet supérieur; par cet arlifice je cherchais à imiter des alternatives d'humidité et de sécheresse, et les vaisseaux pou- 300 J. VESQUE. vaient se remplir partiellement de gaz. À part son intérêt direct, cette expérience nous apprend avec quelle cireonspeetion il faudra choisir les sujets d'expériences de courte durée. Il faut, à mon avis, que les plantes destinées à ces sortes de recherches n'aient pas manqué d’eau depuis longtemps. I. — La capillaritédes vaisseaux, jointe àla force d’imbibition des parois, donne probablement lieu à des phénomènes très- compliqués. On sait que les vaisseaux renferment le plus souvent des chapelets d'air et d’eau. Chacun des petits index d’eau diminue constamment par suite de la transpiration ; les parois mêmes des vaisseaux absorbent le Hiquide pour le transmettre de proche en proche jusqu'aux parties superficielles de la plante. Les gaz n'arrivent pas nécessairement en quantité suffisante pour remplacer l’eau ; il est évident, dans ce cas, que lPabsorp- tion par les racines augmente momentanément. Souvent on observe, surtout quand on opère sur des rameaux coupés, des accélérations d'absorption qui durent une où deux minutes, et qui sont probabiement en rapport avec ces ruptures de l'équilibre dans les vaisseaux. Voici, par exemple, la marche de Pabsorption d’eau par la section d’un rameau coupé de Clématite. TEMPÉRATURE NOMBRE de secondes pour absorber A TRS RE de l'air. un milligranme d’eau. MS de Te 107, 110. AS te en eee 103, 100, 103. RARE DURS LS DT n 0 SE 97, 92, 93, 85 lRUO- re retire 93, #2, 85, _ FOR A RE ae 85, 89, 80, AOSDHLATE HEMMES ANA 80, 75, 15, 63, 81, 65, 70, 67. ADI RER PRE Me 15, @>, 70, @2, 67, 66, 65, 70, 65. La température de l'air augmentait régulièrement, et malgré cela il s’est présenté dans les temps d'absorption quelques chiffres qui diffèrent beaucoup de leurs voisins ; je les fais res- sortir en caractères gras dans le tableau ci-dessus, et j'attribue ces accélérations momentanées à de petites ruptures d'équilibre dans les vaisseaux capillaires. RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DU BOIS. 301 LL. — Il résulte de tout ceci qu'il y à un visible mouvement ascensionnel dans les vaisseaux. Lorsque l’évaporation est faible et que la plante trouve, dans le sol, de Peau à discrétion, les vaisseaux en sont remplis, les parois cellulaires sont fortement imbibées ; en un mot, le bois est à son maximum d'humidité. Si Peau vient à faire défaut autour des racines, 1} s’introduit peu à peu de Pair dans les vaisseaux sous forme de bulles qui divisent la colonne d’eau ; ces bulles se confondent, et finalement tout le vaisseau est rempli d'air. La quantité d’eau évaporée est généralement une faible partie de celle que contient la plante. L'examen anatomique prouve que le système vasculaire pos- sède lui-même une structure telle que l’eau qui peut s’en écouler n’est qu'une faible portion de celle qu’il peut contenir. Admettons, pour un instant, que les vaisseaux soient com- plétement remplis d’eau, qu'ils soient cylindriques, rectilignes, que leurs parois soient lisses, que leurs éléments constitutifs ne soient pas séparés par des diaphragmes incomplétement percés : dans ce cas, la poussée des racines et la succion pro- duite par l’évaporation et transmise aux vaisseaux par l’inter- médiare de limbibition des parois, peuvent être réunies en une seule force que je puis comparer à une pression. La quantité d’eau qui traversera un point pris à la base d’un vaisseau sera exprimée par la loi de Poiseuille sur l’écoulement des liquides à travers les tubes capillaires. Q étant cette quantité, p la pression, d le diamètre du vais- seau, / sa longueur, et À un facteur constant si la température ne change pas, nous aurons : (1) Apdi O = — l La quantité d’eau écoulée sera proportionnelle à la somme de la poussée des racines et de la succion produite par l'évapo- ration, proportionnelle à la quatrième puissance du diamètre du vaisseau, et inversement proportionnelle à sa longueur. Par suite d’une sorte d'économie à laquelle les naturalistes sont habitués depuis longtemps, les vaisseaux semblent avoir 302 3. VESQUE. un diamètre tel qu'ils ne permettent que la circulation d’une quantité d’eau voisine de celle que la plante évapore dans le même temps et dans les circonstances ordinaires. I découle de là une conséquence connue depuis longtemps, qu’une plante peut se faner quand la chaleur est excessive, quoiqu’elle soit abondamment arrosée. De mème certains rameaux coupés sous Peau se fanent irrévocablementsi lon ne remplace pas la poussée des racines par une poussée artificielle. La quantité d’eau prise par la section reste pendant longtemps constante, mais elle n'égale pas celle qui s’'évapore, et la plante perd de son poids. Un rameau de Topinambour à évaporé, pendant quatre heures successives, les quantités d’eau suivantes : Première heures. "fes ns ie Le 134,5 Deuxième heure..5.::.:.2:Me..:tete se. 1997 5 roISIeMe NeUTes Re PE ee ee Ne 109,0 Quatrième heurer ea MEMONATEMR AO Le 81,0 Il pesait, au commencement, 98 grammes, et après lexpé- rience il ne pesait plus que 82 grammes. 11 avait donc perdu 16 grammes. Un autre rameau, aussi semblable que possible, et pris dans les mêmes conditions, à la nuit tombante, à absorbé, pendant deux heures régulièrement, 17 centigrammes par minute, soit, 105,20 par heure. IV. — Le rapport entre la quantité d’eau qui peut s’écouler à travers le corps ligneux à une pression donnée et la quantité d’eau que peuvent renfermer les cavités du bois oscille, pour a même espèce, dans des limites assez étroites et représente, pour ainsi dire, la réserve transpiratoire. Plus ce rapport se rapproche de lPunité, moins la plante supportera la sécheresse; ce sera une espèce hygrophile. Plus il sera petit, mieux la plante se passera d’eau; elle sera xérophile. Pour faciliter la discussion, je vais substituer d’autres quan- üités dans la formule de Poiseuille. Soit s la section moyenne d’un vaisseau, nous aurons : (2) .__ Tr RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DU BOIS. 30 d'où Remplaçons maintenant dans la formule (4) d par sa valeur, il viendra, pour la quantité d’eau écoulée par un vaisseau : 2 OL 162DS Ir? el pour # Vaisseaux, . __n16 Aps?, (3) On = Te Soit maintenant S la somme des sections de # vaisseaux : S— ns, S— —*° Nous aurons, en substituant dans la formule (3) : 16ApS?, Q — T r2ln Si nous voulons écarter de la discussion tous les éléments autres que les vaisseaux, c’est-à-dire les fibres, le parenchyme ligneux et les rayons médullaires, qui sont tous des éléments clos dans les Dicotylédonés, nous pourrons calculer la quan- lité Q d’eau écoulée pour le cas particulier où S sera égal à l'unité; alors nous arriverons enfin à la formule très-simple : 16 A L AGE Le terme a) est une constante; Indiquons-le par la lettre K : in Di Q — Cette quantité Q est un maximum, et ne s'applique qu’au cas idéal de vaisseaux cylindriques, lisses, rectilignes et sans diaphragmes. Or, ces conditions ne se réalisent jamais dans la nature; les vaisseaux sont souvent renflés au milieu de leurs éléments constitutifs; aux extrémités de ces éléments sont placés des diaphragmes horizontaux ou obliques, percés d’un, 004 J. VESQUE. de deux où plusieurs trous, d'une série de boutonnières paral- lèles, ete. Les parois sont marquées de ponctuations de diverses configurations. Dans la nature, ce rapport entre la quantité d’eau qui peut s’écouler à travers les vaisseaux et le volume de ces vaisseaux se trouve donc encore diminué, el ce qui sera vrai à ce point de vue pour le cas idéal, le sera à fortiori pour le cas qui se pré- sentera dans la nature. Je traduis done là dernière équation ainsi modifiée en lan gage ordinaire : La quantité d’eau qui s'écoule à travers un système de vais- seaux dont les'sections couvrent exactement un millimètre carré est inférieure à une quantité proportionnelle à la poussée des racines augmentée de la succion produite par l’évaporation, inversement proporionnelle à la longueur de la tige, et inverse- ment proportionnelle au nombre des vaisseaux qu'on peut des- siner dans un millimètre carré. Si nous voulons maintenant construire des plantes aptes à résister pendant longtemps à la sécheresse, nous disposons de trois facteurs variables, et nous pouvons : 1° Diminuer p, c’est-à-dire la poussée des racines et léva- poration ; 2 Augmenter /, la longueur de la plante ; 3° Augmenter le nombre des vaisseaux nécessaires pour re- présenter une somme de section égale à un millimètre carré. Diminuer p, cela revient, à peu de chose près, à créer des plantes grasses, les Cactées : évaporation fuble, système radi- culaire peu développé. Cependant, dans ces plantes, le tissu fondamental, extrèmement développé, sert surtout de magasin d’eau. L'augmentation de la longueur / conduit aux plantes sar- menteuses, grimpantes, aux lianes, qui ont des vaisseaux de grande section, mais très-longs. Si nous augmentons le nombre des vaisseaux en diminuant la section de chacun d'eux, nous aurons des plantes basses très-xérophiles, comme les Éricacées. RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DU BOIS. 360 À l'inspection de la structure anatomique de la tige, il serait donc possible de reconnaitre immédiatement dans quelles con- diüons d'humidité et de sécheresse la plante végète, si lon en connaissait l’évaporation absolue. Quoique ce chiffre ne soit pas connu pour une seule espèce, il était intéressant de déterminer quelques-unes des valeurs absolues qui entrent dans ces caleuls, surtout pour montrer combien ces chiffres varient et Jusqu'à quel point ils sont d'accord avec les prévisions théoriques. L'importance de ces chiffres augmentera encore si l’on par- vient à démontrer la vérité de l’hypothèse que j'ai émise plus haut, savoir, que la quantité d’eau qui peut s’écouler en un temps donné à travers les vaisseaux n’est pas très-éloignée de celle que la plante évapore. Pour les obtenir, j'ai gravé sur une ardoise l’image d’un mil- limètre carré dessiné à la chambre claire avec un objecüif de Hartnack, n° 4. Le grossissement est de 105. J'ai dessiné la coupe transversale sur ce carré divisé, et j'ai compté les vaisseaux ; enfin, un travail de patience n'a permis d'évaluer la somme des sections de ces vaisseaux avec une approximation assez grande pour que lerreur ne dépasse pas la variabilité naturelle de la structure dans la même espèce. Les résultats de ces observations sont réunis dans les tableaux ci-dessous. La première colonne contient le nombre de vaisseaux par millimètre carré ; la deuxième, la somme des sections ; la troi- sième, la section moyenne de chaque vaisseau ; la quatrième, le nombre de vaisseaux qu'il faut pour former un centième de millimètre carré. Ce dermier chiffre est le plus important; car, en supposant que l’eau qui peut s’écouler par les vaisseaux soit précisément celle qui s’'évapore dans un temps égal, il donne immédiatement une idée de la réserve transpiraloire, car le rapport de Peau qui s'écoule et de celle que les vaisseaux con- üennent est AD P, ln Q )! ( rapporté à l’unité de sommes de sections. 906 J. VESQUE. En supposant p invariable et égal à Punité, et en rapportant toutes Les valeurs à l'unité de longueur, ce rapport sera : 0"! Q''in Plus » sera grand, plus la réserve transpiratoire sera grande pour des plantes de même poussée, de même activité transpi- ratoire et de mème taille. Il serait facile de formuler des lois du même genre en prenant la longueur de la plante connue variable. Dans les tableaux 11 faudra évidemment tenir compte de la longueur, si lon veut se faire une idée de la réserve transpiratoire des plantes de toutes tailles et surtout des plantes sarmenteuses. La réserve transpi- ratoire étant plus grande que — on voit qu'elle est au moins proportionnelle au carré de la longueur, et que dans les lianes, par exemple, la longueur de la tige supplée à la finesse des vaisseaux pour assurer à la plante une réserve d’eau quelquefois très-considérable. RECHERCIHES SUR LA STRUCTURE DU BOIS. 367 varssraux | SOMME | SECTION | NOMBRE AISSEAUX Épnrre moyenne des vaisseaux NOM par PU Fee RONSe de chaque par centièmes RL A Sillinotre ANT LE 'OMeeRR # e mallimère SE TA de millimètre 7 CORIENES GER. carré, po de millimètre] de sommes $ carré, de sections. l Ruyschia Clusiwfolia....... 7,00 90,0 5,07 0,19 À Autre exemplaire. ....:.... 6,00 38,00 6,93 0,16 Moyenne ............. 6,05 30,07 5,64 0,17 ? À Bignonia apurensis, échan- k tillon moyen........ AU 10,00 25,00 2,50 0,40 l Vitis Labrusca........... 18,00 26,00 » » LIGNES 5118 DIRES ER NT RP € 16,00 23,00 » » | ACL PAT ETES TS RE RS 24,00 29,00 » » Moyennes 19,00 26,00 1,36 0,73 l Marcgravia umbelluta, éch. a! HPAMONEN Re Rene cbrte 21,00 24,00 1,14 0,87 ! Celastrus scandens, échan- billontmoyens. st. 43,00 17,00 0,39 2,05 Il y a deux espèces de vaisseaux, de gros et de petits, comme ces derniers dépriment notablement la moyenne, j'ai fait de nou- velles mesures, en négli- geant les vaisseaux de petit diametre. Ame nuit RÉ 11,00 13,00 1,18 0,84 | Aristolochia Sipho, bois { d'automne et de printemps réunis, avec 2 rayons mé- IPrdullaires(t:. 42.9. ..:."8 86,00 28,00 0,92 9,00 { Id. avec un rayon médul- l DANS EE een Te 47,00 27,00 0,57 1,07 Moyennertus "ts 66,00 97,05 0,42 2,04 \ Section maxima des vais- SAUNA Mr NE » » 5,00 » 1 Mesure en comptant seule- ment les vaisseaux dont la section dépasse un cen- ième de millimètre carré. 14,00 26,00 1,08 0,53 t Ægiphila Huinboldlii, éch. | IMMOTON EN FAST CASA 25,00 19,00 0,76 1,03 Triplaris americand, moi- tié de la zone qui renferme le bois printanier........ 15,00 1,08 0,32 319 F Moitié renfermant le bois au- (Mntomnal:..l 4 FANS AL. 11,00 4,05 0,41 2,44 908 NOM DE LA PLANTE J. VESQUE. VAISSEAUX par millimetre carré. Swartzia pinnala, bois vas- culaire. Alseis labalioides, échant. moyen De nËs ss à elec ele: Casuarina torulosa, échant. MOYEN ee ee ee Capparis muricata, échant. MOVENR A eee Xanthoæylon Plerota, bois printanier............... Bois automnal......... Quercus Robur. Dans mon échantillon, le bois prin- tanier très-vasculaire oc- cupe environ un tiers de la zone annuelle, bois prin- LANIEr ocre . Bois automnal......... Moyenne vraie. Sambucus racemosæ, échan- üllon moven............ Cornus alternifolia, échant. oyen . Salix fragilis, échantillon MOVENER CR er rLere Salix triandra, bois prin- (AMEN Pere ecee Bois automnal......... Salix aurila. Les vaisseaux sont accolés en gran nombre, surtout dans Île bois d'automne; bois prin- HER Pa ES Au OT AUS Portion qui renferme le bois AUtONINAl 2.0 Capparis lunceolata, bois printanier...... ! Bois automnal......... 29,00 15,00 22,00 61,00 19,00 120,00 43,00 12,00 45,00 34,00 124,00 69,00 61,00 70,00 75,00 69,00 135,00 61,00 60,00 SOMME des sections des vaisseaux en centiemes de millimetre carré. SECTION moyenne de chaque Vaisseau en centièmes de millimètre NOMBRE des vaisseaux par centièmes de millimetre carré de somimes carré. de sections. 9,03 0,32 3,12 4,05 0,34 2 80 5,05 0,25 4,00 20,00 0,59 9,09 5,00 0,26 3,08 24,00 0,02 5,00 11,00 0,25 9,91 28,05 2 91 0,42 5,00 0,11 9,00 12,08 0,28 2,65 30,05 0,24 4,06 15,05 0,22 4,45 13,05 0,22 4,52 94,00 0,48 2.06 13,00 0,17 0,11 21.00 0,30 3,28 23,05 0,177 D,00 13,00 0,21 4,69 11,05 0,19 5,2 RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DU BOIS. 369 SRI D SECTION | NOMBRE VAISSEAUX | , SOMME moyenne des vValsseaux eu des sections à S NOM par des sde de chaque |par centièmes : ilimètr een Ti one] vaisseau de millimètre DE LA PLANTE. IIMÈRE en centièmes carré de millimètre d e carré. millimètre| de s S carré. carré. dé Stone Acmena floribunda, bois à printaniér er here 93,00 15,05 0,17 6,00 Mimosa arborea, bois prin- : : NON E RES En 8,00 22,07 2,83 6,35 Bois automnal, DIS RE OEE 17,00 2,08 0,16 6,07 Acer monspessulanum, bois , SA printamen: 44:06" cie 84,00 13,00 0,16 6,05 Bois automnal............. 69,00 9,00 0,13 7,06 Betula populifolia portion comprenant le bois prin- 3 , TO PASS NS IE 87,00 17,05 0,20 4,97 Moyenne du bois ordin...... 82,00 12,03 0,15 6,66 Autre échantillon. .... RME 90,00 13,00 0,14 6,93 Carpinus _ americana, bois pie su péintanien- ren For enRe 50,00 8,00 D, 6,25 Bois automnal............. 32,00 4,00 0,12 8,00 Punica Granatum, échan- EE tillon moyen............ 64,00 9,00 0,14 7,11 Amelanchier vulgaris, toute la zone annuelle......... 78,07 10,00 0,12 7,08 Aria nivea, bois printanier.| 165,00 16,00 0,096 10,31 Bois automnal...:......... 85,00 i1,00 0,13 HT Corylus tubulosa, bois prin- LANTERNE IPN EEE 114,00 19,00 0,17 5,84 Bois automnal..........,... 92,00 11,00 0,12 8,90 Spiræa argentea, échantillon j MOVE re ere dec Lo 33,00 3,09 0,12 8,16 Cratwgus oxyacantha, éch. MOTS do Poe Dar 181,00 19,08 0,11 9,14 Belula davurica, portion renfermant le bois prin- | TANTEL A ER ee 79,00 8,02 0,11 9,26 Portion moyenne.......... 68,00 Le 0,10 10,00 Eurybia ar gophylla, bois _ L D DLINTANIED ETS. ei elele ciel 10,00 4,00 0,01 10,00 Bois automnal............. 29,00 2,00 0,07 14,50 6° sévie, Bor. T, HE (Cahier n° 6). 24 9370 J. VESQ@QUEX. SECTION | NOMBRE VAISSEAUX RÉOE moyenne des vaisseaux À NOM par des vaisseauxl de Chaque par centièmes À DE LA PLANTE millimètre errcentièmes en tetes Se nr de Ds iRe de millimètre 1 PRPEREESUES RE a, carré, AC de millimètre de sommes @ carré. de sections. Arbutus Andrachne, bois = PrDtAMIE.. Rue, 6e 443,00 92,05 0,073 13,00 | Bois automnal.. ........... 264,00 24,00 0,09 14,00 h Aria scandica, échantllon| Moyen. Rr MERE CEE 210,00 15,05 0,074 13,54 4 Cydonia vulgaris, échan- AE _ tllon moyen ti.r.:.5..0# 230,00 16,00 0,07 14,37 À Buxus sempervirens, toute la | | | À zone annuelle........... 254,00 17,00 0,07 :45;00 | Azalea nudiflora, bois prin- re . 1: fanier..ct.: 14... 900,00 17,00 0,057 17,06 { Bois automnal............. 251,00 15,00 |: 0,059 16,07 M. Geleznow a eu affaire, dans ses recherches, à un arbre dont la réserve transpiratoire est assez grande, le Bouleau. Il est évident qu’il devait trouver un grand écart entre le maximum et le minimum d'humidité du bois : cet écart est de 48 p. 100. Quant à la différence entre l'humidité de l'écorce et celle du bois, il me semble qu’elle tent surtout à la variabilité de l’hu- midité, c’est-à-dire à la grandeur de la réserve transpiratoire du bois. Gelle de l'écorce ne change pas beaucoup, non-seule- ment dans la même plante, mais même d’une plante à l’autre. M. Geleznow cherche à baser une différence biologique sur le rapport entre l'humidité de l’écorce et celle du bois. I désigne sous lenomde æérophlæés les arbres dont le bois est toujours (?) plus humide que l'écorce. Ge sont ceux dont la réserve transpi- ratoire ne s’épuise pas. Îl est curieux que l'arbre que Eu (re- leznow cite à ce propos soit une Conifère. La structure parti- culière du bois de ces arbres échappe A à mon mode d'investigation, mais il est à présumer que la réserve transpiratoire est énorme dans ces plantes, et que leau ne se RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DU BOIS. 371 meut qu'avec une difficulté extrème dans le corps ligneux. Les hygrophlæés ont le bois plus sec que l'écorce ; cesont des plantes dont la réserve transpiratoire ne dépasse pas une certaine limite (PÉrable, d'après M. Geleznow). La troisième catégorie, les amæbæoxylés, contient les arbres, comme le Bouleau et le Tremble, dont le bois pendant une partie de l’année est plus humide, et pendant une autre plus sec que lécorce. Ce sont les arbres dont la réserve transpiratoire est très-grande et s’épuise à certaines époques. Telle me parait être la véritable signification des faits si patiemment étudiés par M. Geleznow. I serait à désirer que desrecherches semblables s’étendissent sur des plantes ligneuses extrêmes dans leur manière de vivre, les unes affectionnant les lieux humides, les autres supportant les plus fortes et les plus longues sécheresses. Les premières seront, pour me servir des expressions de M. Geleznow, hygrophlæces et xérophlæées, suivant la quantité d’eau qu'elles évaporent; les autres seront amæbæwoxylées. SUR UNE ROCHE D’ORIGINE VÉGÉTALE Par MM. BUREAU ct POISSON. À son retour de l’île Saint-Paul, et pendant une de ses explo- rations botaniques dans les parties élevées de l'ile de la Réunion, M. de lIsle, voyageur naturaliste attaché à l'expédition pour le passage de Vénus, apprit par des gardes forestiers l'existence de deux cavernes dont le sol était combustible. Il se fit con- duire à la moins éloignée, située dans la plaine des Palmistes, à la base du piton des Roches, à 1200 mètres d'altitude. C’est une grotte d'environ 10 mètres de profondeur sur 6 mètres de large. On y entre en rampant, par une ouverture très-étroite, et l’on descend sur le sol de la grotte par un talus rapide, formé de terres éboulées. Tout ce sol est formé, sur plus d’un mètre d'épaisseur, par une substance d’une teinte d’ocre jaune, douce au toucher, insipide, inodore, se divisant facilement en frag- ments très-légers, qui laissent eux-mêmes aux doigts une pul- vérulence jaune, et se réduisent facilement en poussière par la pression ou le frottement. Lorsqu'on approche une allumette d'un des fragments, il brûle, sil est très-sec, avec une flamme jaune très-courte, presque sans fumée et sans odeur. S'il est quelque peu humide, il se consume sans flamme, comme l’'amadou, avec une fumée abondante et une odeur d'herbe brülée. Nous avons étudié au microscope cette substance intéres- sante, recueillie par M. de l'Isle, et nous l’avons trouvée en- titrement composée de petits corps qui ne peuvent être autre chose que des spores ou des grains de pollen. Leur couleur est jaunâtre, leur forme ovale, et leur surface est couverte d’une réticulation sullante. Sur un des côtés, et dans le sens de la longueur, est un sillon ouvert dans la plupart des cas, et for- SUR UNE ROCHE D'ORIGINE VÉGÉTALE. 373 mant une fente presque aussi longue que le grain et par laquelle a dû s'échapper le contenu. Il y a peu de plantes qui soient capables de fournir une assez grande abondance de pollen ou de spores pour former un dépôt semblable. Les recherches, pour arriver à une détermination, nous ont paru ne pouvoir présenter aucune chance de succès en dehors d’un des quatre groupes suivants : Les Conifères, dont le pollen forme parfois des nuages qui ont donné lieu à la fable des pluies de soufre. Les Cycadées. Les Lycopodes, dont notre voyageur a vu, à la Réunion même, les spores répandues dans l'air en quantité telle qu’elles occa- sionnaient une gêne de la respiration. Enfin les Fougères, et particulièrement les Fougères arbo- rescentes, dont les frondes remplissent parfois les feuilles de nos herbiers d’une couche épaisse de poussière jaune, formée de spores et de sporanges. Nous avons successivement comparé les spores ou grains de pollen de la grotte de l’ile de la Réunion avec les poussières fournies par les quatre groupes naturels dont nous venons de parler, et nous avons pu établir successivement que : Ce n’est point du pollen de Conifères, car celui des Abiétinées, seule tribu des Conifères qui puisse en donner avec une telle abondance, porte sur le côté deux expansions vésiculeuses caractéristiques, et finit par se dépouiller complétement de sa membrane extérieure ou exine, qui se plisse et se contracte après s'être isolée. Rien de tout cela n'existe dans les grains dont nous cherchons la nature, et dans lesquels la membrane extérieure est parfaitement conservée ; du reste, il n°y a pas de Conifères dans l’île de la Réunion. Ce n’est pas du pollen de Cycadées, ear le pollen du genre Cycas, le seul qui existe dans l’île, bien que d’une forme assez analogue, est au moins d’un tiers plus petit, hyalin, et présente une exine tout à fait lisse. Le genre Cycas n’est, du reste, pas indigène à la Réunion : il y à été apporté du Japon ou des 31% PURMAU AE POISSON. Moluques, et on ne le trouve pas à plus de 300 mètres au- dessus du niveau de la mer, c’est-à-dire qu’il s'arrête à 900 mè- tres au-dessous du point où se trouve située la grotte. Ge ne sont pas des spores de Lycopodes, malgré leur abon- dance dans certains points de l'ile, car les spores de Lycopodes ont une forme géométrique facile à reconnaître, celle d’un tétraèdre. Nous sommes donc arrivés, par exclusion, à circonscrire nos recherches dans la classe des Fougères. Le sous-ordre de cette classe, auquel il était le plus probable que cette poussière devait appartenir, était celui des Cyathéacées, Fougères en arbre qui fournissent une quantité de spores beaucoup plus considérable que les espèces des autres groupes. Nous avons encore été obligés de renoncer à cette attribution, car les spores de toutes les Gyathéacées de la Réunion, que nous avons exa- minées, sont absolument lisses et transparentes ; elles affectent la forme d’un tétraèdre, dont un des angles serait plus saillant que les autres et la base presque cordiforme. Au contraire, si l’on rapproche des spores formant le sol de la grotte celles d'espèces de Fougères du sous-ordre des Poly- podiées, on est frappé de la ressemblance : la forme, la réticu- lation sont les mêmes, la couleur même est analogue; enfin, en passant en revue les Polypodiées de la Réunion rapportées par M. G. de l'Isle, nous en avons trouvé une dont les spores nous ont fourni, avec celles qui font l’objet de nos recherches, une identité presque complète. C’est une espèce à très-grandes feuilles, qui est assez abondante à cette altitude, et que nous n'avons pu encore déterminer. La cohésion de ces spores fossiles, ainsi que la fente qui existe dans la plupart d’entre elles et a laissé échapper le con- tenu, nous fait penser que cette accumulation s’est faite par l’eau et non par le vent. Quoi qu'il en soit, c’est la première fois sans doute que l’on voit une roche ou une couche du sol présenter une semblable composition. La seconde grotte, située dans la plaine de Belouve, n'a encore été explorée par aucun naturaliste. RECHERCHES CHIMICO-PHYSIOLOGIQUES SUR LA NUTRITION DE LA PLANTE Par RIDE. V. KNOP (|) ct HI. DUWWORZAK. Les solutions nourricières qu’employaient les deux auteurs avaient exactement la même composition, mais elles différaient par le degré de concentration. Celles de M. Knop étaient à 4 pour 1000; il y cultivait le Maïs et le Haricot. M. Dworzak avait disposé ses cultures en deux séries : Maïs et Haricot dans une solution à 2 pour 1000, et pour la deuxième série les mêmes plantes dans des liquides de concentration double. L’ex- périence a montré que la concentration la plus favorable au développe- ment des végétaux varie entre 0,5 et 5 pour 1000. Suivant la concentration, les plantes absorbent des quantités de sels très-variables ; dans le liquide plus concentré elles en absorbent plus que dans le plus faible, et plus aussi qu’ii ne leur en faut pour produire la substance organique. Pour chacun des sels qui sont considérés comme des aliments, il existe une solution telle que la racine l’absorbe sans appauvrir ni concentrer le liquide restant. Ce titre est voisin de 1 pour 1000, mais il n’est pas abso- lument le même pour différents sels et différentes plantes ; cette règle est valable non-seulement pour un seul sel dissous dans l’eau, mais aussi pour chacun des sels qui se trouvent dans une solution de composition complexe. À des concentrations plus élevées, 1,5 ou 2 à 5 pour 1000, la plante absorbe un liquide plus dilué, etinversement, si l’on donne à la plante une solution plus faible, de 0,5 pour 1000, par exemple ; elle absorbe relative- ment plus de sel que d’eau, de sorte que ia solution extérieure s’appauvrit de plus en plus. [l est très-remarquable, en outre, que la plante absorbe (1) M. Knop a publié un travail étendu portant le titre de : Mittheilungen des landivirthschaftlichen Instituts der Universilat, Leipzig, 1875, 1°" cahier. M. Dworzak a fait connaître le sien à part (Wien. überreutersche Buchdruc- kerei, 1875): Ces deux publications sont le fruit de recherches qu'ils ont exécu- tées en commun. Le présent extrait est üiré du Centralblatt für Agricultur- chemie de R. Biedermann, t. IV, 1875, p. 171. 316 V. KNOP ET H. DWORZAK. des quantités absolues de sels plus fortes dans les liquides plus concentrés que dans les autres, et il n’est pas rare que cet excès absorbé soit propor- tionnel à la concentration. Il résulte de tout ceci qu’on peut forcer, pour ainsi dire, l'absorption des sels par les racines. M. Knop a déjà fait observer, dans des communications précédentes, que les végétaux dicotylédonés s’accommodent très-bien d’une solution étendue de 0,5 à 2 pour 1000, tandis que les monocotylédonés se développent mieux dans des liquides d’une concentration de 2 à 5 pour 1000. On réussit sans difficulté à élever des plantes normalement et vigou- reusement développées dans des solutions de composition appropriée ; autre chose est d'interpréter les phénomènes que la plante offre dans le cours de sa végétation. Le poids de la récolte, la floraison, la fructification, dépendent à tel point des changements de température et d’insolation, qu’on ne peut être assez réservé dans les conclusions relatives à l'influence des liquides nourriciers. Ge n’est qu'après avoir vu se présenter les mêmes phénomènes pendant plusieurs années qu’on peut se prononcer avec quelque certitude sur les résultats négatifs, surtout si l’on a fait des essais comparatifs avec différentes solutions. Les résultats positifs s’interprètent sans difficulté et fournissent immédiatement de bonnes conclusions. Les expériences d’une seule année ne donnent donc que peu de résultats certains, et M. Knop rattache ses expériences de 1874 à deux autres séries qu’il avait faites auparavant. Quelques mots maintenant sur la composition quantitative et qualitative des liqueurs employées par MM. Knop et Dworzak. Dans ses premiers essais, M. Knop avait planté un Maïs, d’abord dans une solution étendue, ensuite dans une solution plus concentrée, et enfin dans l’eau distillée. Cette plante a produit un épi avec 140 grains normale- ment développés ; elle a évaporé 5,5 litres d’eau et elle a absorbé 49°,1103 de sels minéraux, savoir : 1,0534 de chaux, 0,2189 de magnésie, 1,7454 de potasse, 0,5730 d'acide phosphorique, et 0,5196 d'acide sulfurique. L’acide azotique n’a pas été dosé. Un autre essai sur 12 Graminées, 3 pieds de Blé et autant de Seigle, d’Avoine et d’Orge, devait décider la question si l’on pourrait trouver une solution qui fût absorbée par la plante sans changement de concentration. Dans ce but, la solution a dü être changée très-souvent, de sorte qu’on ne peut pas donner en chiffres une compo- sition quantitative et qualitative déterminée. L'expérience a plutôt montré qu'il n'existe pas de solution semblable, mais qu’on en approche beaucoup en donnant à la plante une petite quantité de phosphate de fer, quatre parties en poids d’azotate de chaux, une partie d’azotate de potasse, une partie de sulfate de magnésie et une partie de phosphate acide de potasse (les deux derniers anhydres). C’est cette solution qui a été employée le plus souvent par MM. Knop et Dworzak. La solution A renfermait quatre NUTRITION DE LA PLANTE. SU parties d’azotate de chaux, deux d’azolate de potasse, une de sulfate de magnésie et une de phosphate de potasse. Pour une partie des plantes (solution B), la moitié de lazotate de potasse a été remplacée par du chlorure de potassium, de telle manière que le potassium du chlorure était égal à celui de l’azotate. Dans une autre série (solution G), le chlorure de potassium a été remplacé par du chlorure de calcium en quantité telle que le poids de chlore fût le même. Les plantes cultivées étaient le Maïs de Bade, et le Haricot d’Espagne (Phaseolus multifiorus), une Monocoty- lédonée et une Dicotylédonée, toutes deux d’une végétation rapide. Les solutions étaient à 1, 2 et 4 pour 1000. Voici les conclusions de M. Knop. À. Absorptions totales. — 1. Le Maïs, monocotylédoné, se comporte autrement vis-à-vis des solutions chlorées et non chlorées que le Haricot, dicotylédoné. Le Maïs réussit mieux dans les solutions privées de chlore, quelle qu’en soit la concentration. Pour le Haricot, les conditions les plus favorables sont celles du chlo- rure de caleium, vient ensuite la solution privée de chlore; la plus défa- vorable est celle au chlorure de potassium. 2. Quant à la concentration, les plantes, Maïs et Haricot, qui ont végété dans le liquide de 4 à 5 pour 1000, ont donné le plus de matière sèche en temps égaux et à quantités d’eau absorbée égales. 3. On peut considérer comme concentration moyenne favorable 2 pour 1000. Le Haricot vient encore très-bien dans une solution à 1 pour 1000, mais cette liqueur est déjà trop pauvre pour le Maïs. Le Maïs élevé dans cette solution s’est distingué par une dégénérescence du parenchyme de la feuille, tandis que les douze autres, mieux nourris, ne présentaient rien de ces symptômes morbides. Quand on calcule l’augmentation quotidienne de matière sèche, on trouve que la solution sans chlore, seule, a donné des augmentations de 0,24 à 0,55 grammes, tandis que celles qui renfermaient du chlorure de calcium n’ont donné que 0,12, 0,13 à 0,22 grammes. 4. La formation de matière sèche augmente avec la quantité de liquide nourricier absorbé, celle-ci dépend du développement des racines et des feuilles, organes transpirateurs. L’accroissement s'accélère done à partir de la germination, mais, sans doute, sans régularité. ». Quoique les bases et acides minéraux déterminent la formation de matière sèche et n’entrent pas eux-mêmes pour une part essentielle dans cette augmentation, on voit cependant, dans le Maïs, que les plus grandes plantes ont absorbé la plus grande quantité de matière minérale. Les poids secs des Haricots sont trop peu différents pour qu’ils puissent donner lieu à des considérations de ce genre. 6. Les quantités de malières minérales dans la plante augmentent avee la durée de la végétation. 3178 V. HN@OP ME I. DYWVORZAK. 1. La richesse relative des matières sèches en substances minérales varie dans les plantes différemment nourries. Pour le Maïs 1 pour 1000, la plus grande plante À (solution sans chlore) a absorbé relativement plus de cendres que la plante CG (chlorure de calcium), dont la végétation a été à peu près de la même durée. Mais la plante B (chlorure de potassium), qui a séjourné plus longtemps dans la solution, renferme le plus de cendres. IL en est de même pour celles élevées dans des solutions à 2 pour 1000, mais cette règle se perd pour les Maïs à 4 pour 1000. Les Haricots n’ont pas donné de résultats de ce genre, parce que les poids sees sont trop voisins, et les durées de végétation, au contraire, trop variables. 8. La chaux à cela de commun avec la potasse, que les plus grandes quantités ahsolues absorbées coïncident avec les plus grandes quantités de matière sèche. Aux concentrations de À et 2 pour 1000 le Maïs à absorbé le moins de chaux dans la solution au chlorure de calcium. Dans les solutions con- centrées à 4 pour 1000, la régularité de l’absorption s’efface ; mais on voit toujours, dans le Maïs et dans le Haricot, que les plantes les plus lourdes renferment le plus de chaux. 9. L’absorption relative de chaux à été plus forte dans les plantes qui avaient produit la plus grande récolte sèche à l’époque de la floraison. Quant à la petite quantité de calcium dans les plantes B, on voit nettement iei que, parallèlement à l’absence de la chaux dans les cendres, il s’est produit très-peu de matière sèche. La chaux paraît done jouer un rôle essentiel dans la production de la matière sèche. 40. Les absorptions absolues de magnésie offrent deux par ticularités. D'abord elles sont sans exception plus faibles que celles de la chaux et de la potasse ; mais, tandis que celles-ci dépendent de l'absorption des acides, l'absorption de la magnésie est presque indépendante du degré d’acidité des substances minérales. 44. L'absorption relative de la magnésie est encore plus remarquable. Elle permet de saisir un phénomène qui se présente dans l’absorption de la chaux et qui n'aurait pas été visible dans l'étude de la chaux seule. Pour produire 100 grammes de matière sèche, il faut le même équivalent de chaux quand on remplace la magnésie par une quantité correspondante de chaux et qu’on additionne ce surplus aux quantités relatives de chaux. Ce fait est surtout apparent dans les solutions à 1 pour 1000. On sait que dans un liquide plus concentré on force, pour ainsi dire, la plante à absorber une plus grande quantité de sels ; on efface alors un peu la régu- Jarité du phénomène. . L'absorption absolue de la potasse est en rapport immédiat avec la production de la matière sèche : sur 40, les solutions À ef B, on voit les NUTRITION DE LA PLANTE. 379 plus fortes absorptions de potasse coïncider avee les plus fortes productions de matière sèche. Dans tous les cas, la potasse est la base que le Maïs et le Haricot exigent le plus impérieusement ; la chaux seule concourt avec la potasse, mais cette dernière l'emporte le plus souvent de beaucoup. En comparant ensemble les absorptions absolues de potasse, on voit immédiatement que le chlorure de potassium a exercé une action dépres- sive sur l'absorption de la chaux, sans que pour cela la potasse soit venue remplacer la chaux. £ 13. Les quantités relatives de potasse absorbée sont toujours les mêmes dans des solutions de même richesse, qu'elles renferment d'ailleurs du chlore ou qu’elles n’en renferment pas. Dans les solutions riches la plante absorbe plus de potasse pour former 100 grammes de matière sèche que dans les solutions pauvres ; il en est, sous ce rapport, des quantités rela- tives comme des quantités absolues. 14. Les absorptions absolues d’acide phosphorique sont en rapport avec celles de la potasse, quelles que soient la composition et la concentration des liquides nourriciers : partout où l’absorplion de la potasse augmente beaucoup, celle de l'acide phosphorique suit ce mouvement ascendant. La plante sait prendre des quantités considérables d’acide phosphorique, même dans les solutions les plus étendues, et le plus souvent elle n’en absorbe pas plus dans une liqueur concentrée que dans une solution faible. 45. Les absorptions relatives d’acide phosphorique se comportent natu- rellement vis-à-vis de la potasse comme l’absorption absolue. Comme les quantilés d'acide phosphorique absorbé différent de celles qui correspon- draient au phosphate de potasse, il faut croire que cet acide est absorbé encore en combinaison avec une autre base; vu la manière particulière dont se comporte la magnésie, cette base ne peut être que la chaux. Quelle que soit l'importance de Pacide phosphorique dans la nutrition de la plante, celle de la potasse paraît être plus grande, car le rapport de l'acide à la base dans le phosphate de potasse (4,5 : 1) se trouve renversé dans les substances minérales absorbées par la plante; le surplus de potasse est fourni dans les solutions nourricières par l’azotate de potasse. Disons encore, pour montrer les rapports entre magnésie, chaux et potasse, que la plante prend lacide phosphorique sous la forme de phosphate de potasse et de phosphate de chaux. 16. L'absorption absolue d'acide sulfurique est toujours plus faible dans le Maïs et le Haricot que celle de lacide phosphorique (une seule fois égale). 17. Il en est autrement de l'absorption relative de l'acide sulfurique. Le Maïs exige beaucoup plus d’acide sulfurique que le Haricot pour pro- duire la même quantité de matière sèche. Pour le Maïs, les absorptions relatives sont aussi plus fortes dans les solutions diluées que dans les 380 V. KNOP ET H. DWORZAK. solutions concentrées, tandis que le Haricot absorbe relativement plus d'acide sulfurique dans les solutions concentrées. 18. L’absorption absolue du chlore est un peu plus rapide quand on le donne à la plante sous forme de chlorure de calcium que quand on le donne sous forme de chlorure de potassium. Dans les solutions B et G (1 pour 1000), le chlore peut être épuisé jusqu’à la dernière trace, quand on remplace la solution absorbée par une solution normale sans chlore, ou par de l’eau distillée. Les essais à 2 et à 4 pour 1000 prouvent en outre que l'absorption du chlore augmente avec la richesse du liquide ; elle augmente également avec la quantité de solution absorbée, car le Maïs, en absorbant 1600° de liquide à 1 pour 1000, s’est approprié plus de chlore que le Maïs et le Haricot en absorbant 1200c+ d’une solution plus concentrée. 19. L’absorption relative du chlore a été plus forte dans le Maïs, mono- cotylédoné que dans le Haricot, dicotylédoné. En outre, le Maïs a absorbé plus de chlore que dans les solutions faibles, relativement à la matière produite, que dans les solutions concentrées. C’est l’inverse pour le Haricot. Quant à l’action physiologique du chlore, les auteurs n’ont pas remarqué de préférence pour les solutions renfermant du chlore. M. Nobbe prend le chlore pour un agent favorable, sinon nécessaire à la végétation. L'étude de l’influence que le chlore exerce sur l'absorption des autres bases et acides conduit au résultat peut-être Le plus remarquable de tout ce travail : c’est l'effet dépressif du chlore sur l'absorption de la chaux : cet effet est le plus marqué quand on emploie le chlorure de potassium, il l’est moins avec le chlorure de calcium. La chaux ainsi refusée n’est pas remplacée par la potasse, et, comme l’absorption de la magnésie n’est nullement comparable à celle des deux autres bases, on obtient comme résultat final une forte augmentation de l'élément acide vis-à-vis de l’élé- ment basique dans la somme des matières minérales absorbées par la plante. Comme c’est l'acide phosphorique qui l'emporte de beaucoup parmi les acides, l'acidité proviendra surtout de ce qu’une plus grande partie de cet acide n’est pas saturée dans les plantes qui ont végété dans les solutions chlorées. Il faut donc admettre qu’un changement si essentiel dans la constitution matérielle des substances minérales exerce une influence physiologique sur l’une au l’autre fonction de la vie végétative. Et, de plus, quand on songe, comme l’a montré M. Arendt, que de toutes les substances miné- rales, acides et bases, c’est précisément l'acide phosphorique qui présente la plus forte migration des feuilles à travers la tige, jusque dans le fruit, et que cet acide s’y accumule au point de rendre les cendres acides, il n'est pas invraisemblable que lacidité croissante résultant de Pacide phosphorique libre puisse être favorable au développement du fruit. NUTRITION DE LA PLANTE. 381 En admettant comme exactes les observations d’autres physiologistes qui ont reconnu dans les combinaisons du chlore un agent favorable au développement du fruit, on voit que la véritable cause immédiate est l'augmentation de l'acidité des phosphates, et non pas l'influence des bases, et notamment de la potasse. L'augmentation de l’acidité par le chlorure de potassium est très-forte, et elle se produit très-régulièrement. 20. Les matières nutritives qui peuvent être absorbées jusqu’à la der- uière trace dans une solution nourricière sont : la potasse, l'acide phos- phorique, l'acide sulfurique, l'acide chlorhydrique et l'acide azotique. B. Les absorptions périodiques. — La comparaison des besoins de la plante dans les premières et les dernières périodes de sa végétation amène aussi des résultats intéressants. 21. La somme des matières minérales prises dans une période posté- rieure, alors que la plante est mieux garnie de racines et de feuilles, est plus forte que la somme qui correspond à une période antérieure. Le Haricot G (2 pour 1000) seul à fait une fois exception à cette règle. Il est très-remarquable que le chlore et la potasse ne suivent pas cette règle non plus, et que les bases et les acides se comportent très-diffé- remment, comme on va le voir. 22. Les absorptions périodiques de potasse (il ne peut être question que des absorptions absolues, parce qu'il est impossible, dans ces re- cherches, de déterminer la matière sèche) n’augmentent pas dans les périodes subséquentes, malgré le développement des feuilles et des racines; elles égalent à peine celles des premières, mais le plus souvent elles sont plus faibles. 23. Les absorptions périodiques de chaux augmentent constamment jusqu’à la floraison ; l’absorption de la chaux remplace, pour ainsi dire, celle de la potasse dans les dernières périodes. 24. Les absorptions périodiques de magnésie se comportent dans le Maïs comme celles de la chaux. Dans le Haricot, elles sont presque égales dans les deux périodes initiale et lerminale : les différences ne s'expriment qu'en milligrammes ; mais, dans la dernière période, les plantes munies d’un système radiculaire et foliaire plus développé absorbent une plus grande quantité de liquide nourricier, et, par conséquent, il y à eu diminution de l'absorption de magnésie ; comme il en est de mème pour la potasse, on voit que la chaux augmente de valeur pour la nutrition de la plante à mesure que celle-ci vieillit, 25. Les absorptions d'acide phosphorique augmentent constamment jusqu’à la floraison. 26. Les absorptions périodiques de l'acide sulfurique présentent aussi une particularité. Get acide était donné à toutes les plantes sous forme de 382 V. HN@EP EN El. DWOEMRFAN. sulfate de magnésie pour 40 d'acide sulfurique ; l'acide donné aux plantes égale donc le double de la base. Des 10 Maïs qui avaient été mis en expérience, 4 ont absorbé l'acide sulfurique et la magnésie à peu près dans ces mêmes proportions. Mais, dans les Haricots, la plante prend toujours moins d'acide sulfurique que de magnésie. 27. Les absorptions périodiques du chlore sont toujours plus faibles à la fin qu’au commencement, dans Le Maïs. Le Haricot se comporte ordi- nairement de la même manière, mais pas avec la même régularité. À la fin, M. Knop montre encore combien il est nécessaire, dans ces expériences, d'opérer à la fois avec des liquides différemment concentrés. Quand on étudie la végétation des plantes dans trois solutions d’égale concentration, et que l’on compare ces résultats à ceux qu’on obtient dans les recherches complètes, on peut voir facilement à quelles conclusions erronées auraient conduit des expériences roulant sur des liquides de même concentration. FIN-DU TROISIÈME VOLUME. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. DRGANOGGEAMPENE , ANANEOERAE HA PRIVSIOILGOGHE. Reproduction des Ascomycètes. Stylospores et spermaties. Étude PUS logique et physiologique, par M. Max. CORNU. . . 59 Étude sur la formation et le ut de oies Galles! par M°Ed:IPRILLIEUX. 4 1. 115- Sur la transformation du sucre er HALL cable en dre ee nrret t sur le rôle probable du sucre dans la végétation, par M. Durix. . . 266 Note sur l'anatomie du Goodenia ovata, par M. Julien Vesque. . . . 312 Recherches sur la respiration des racines, par MM. DEnÉRAIN ei VesquE. 817 Recherches sur la quantité et la répartition de l’eau dans la FRS des plantes ligneuses, par M. GELEZNOW. : . . PARC A ARNO Recherches anatomiques et physiologiques sur la structure du bois, par MÉHIVESQUE. 2. 2 | : AS EURE TO TM E S MRU ENS E EE) Recherches chimico- hysioogiques sur la nutrition des plantes, par MM. Knop et Dworzax AU NES T0 RÉONOGERAPENNE EU DKSORSIEPATION DAS PLANTES. Développement du Scleroderma verrucosum, par M. Nicolas SORORINE. . 3 Bursella cristallina. Nouveau genre de Myxomycètes, par le même. . . 40 Quelqués mots sur le FeSpne net de ee stellatus, par le même. 46 Note sur quelques none de gr ne . “Phéophra astées, par ur J. D 138 Le Balbiania investiens. Étude organogénique et RCI. par MAESESIRODOT MUR a RE A En ne NN AO FLORE DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. l'lorule bryologique des Antilles françaises, par M. Em. BESCHERELLE. . 17 Qt PALÉONTOLOGER VÉGIATTALIM. Recherches sur la fructification de quelques végétaux provenant des gise- ments silicifiés d’Autun et de Saint-Etienne, par M. B. RENAULT. Sur une roche d’origine végétale, par MM. Ed. BUREAU et J. Poisson. TABLE DES ARTICLES PAR NOMS D'AUTEURS. BESCHERELLE (Ém.).—Flor ule bryo- Poisson (J.). — Voy. BUREAU. logique des Antilles françaises. . 175/PriLziEux (Ed.). — Etude sur la BurEAU (Ed.). Sur une roche formation et le CEE d’origine végétale. . . . . . . . 372] de quelques Galles. . . . . 113 Cornu (Maxime). — R eproduction RENAULT (B.). — Recherches sur la des Ascomycètes. Stylospores et fructification de quelques végé- spermaties. Etude morphologique taux provenant des gisements sili- et physiologique. . . . .. ba! cifiés d'Autun et de Saint-Etienne. 5 DECAISNE (J.). — Note sur quelques SIRODOT (S. s- plantes du groupe des CT tiens. Etude organogénique et LÉGS: 0 ë . 138] -physiologique. :......... 146 DEHÉRAIN (P. P. ï Recherches sur |SOROKINE (Nic.). — Développement la PA des racines. . . . 317) du Scleroderma verrucosum. . . 30 Durin. — Sur la transformation du — Bursella crystallina. Nouveau sucre cristallisable en produits genre de Myxomycètes. . . . . 10 cellulosiques, et sur le rôle pro- — "Quelques mots sur le développe- bable du sucre dans la végétation. 266! ment de l’Aphanomuyces stellatus.. 46 Dworzark. — Recherches chimico- VESQUE (J.). — Note sur lanatomie physiologiques sur la nutrition du Goodenia ovata. . .. .. .. 312 des plantes. . . . 31» — Recherches sur la respiration GELEZNOW (N.). — Recherches sur des racines. . . . . 917 la quantité et la répartition de — Recherches anatomiques et phy- l’eau dans la tige des plantes siologiques sur la structure du ligneuses. . . . pre DA |UNOIS ENS ELEN 01809 KNOP. — Voy. DWworzak. TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Planche 1. Zygopteris, Schizopleris, Androphyllum. Volkimannia gracilis. — Et Buckmannia Grand Euryi. — 4. Buckmannia, Volkmannia, Equisetites infundibulifornus. 6. Scleroderma verrucosum. — 7. Aphanomyces stellatus. — 8. Bursella cryslallinu. — 9. Spermaties des Ascomycètes : morphologie. — 10. — — germination. — A1. — — germination et stylospores — 12. Deherainia smaragdina. — 13-15. Organisation et développement du Balbiania. — 16, 17, 18. Formation et dév eloppement des Galles. __ 49, Anatomie du Goodenia ovata. FIN DES TABLES. PARIS, — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2 « Ann. des Jecene. nat, 6 © S'erte. Bols lorre SNLIN I, ia - # : : Res IX LIT ge 5150 EE SA : Fe SRE LIEU } | 1) \ | SL LL 2. HA D ne é a a Le) ER RE 3, Len, del. 7 Y0p leris _ Sets opte] US An drop yllutrre. Ann, des SJ'etene. nat, L° J'erte., BOOT orme INRE NL), ” IE i qi TITI El ; À Fe 4 f/] à RP mur 5 Re 4 j Ben, del. | | Lierre de. Vol£mannca TAC «US. Znp. A Salnon,r Veille Ertrapade, 15 Paris Ann, des J'eiene. rat 6° Serre. Pol Lomme IT L 8, il Se æ ü SRE DA RSS RTS D, Rien, del. Pierre de . Fe ; Pruckmannia Crand £ur VA (Z Zip. A J'alnon,r Melle Lstrepade, 15, Larts. Po LONEN IN LISA, R FRREUEE AE \ ; NA 4 ; #, CAE NE É fai ) \ j PT ARE y TSI AT) nee S SL NE Ca D rsescoeses Pespeses 2 a EX DV Etui Le Cia - na RSA ETS RES ES os ù ‘ Aen, del. Pierre se, Bruchmannia Crand uryc. Volhmannia Æguaseliles fire bulformies. 11 [a ( " Frs Ve ST A NT UNE NP 7. : G nie se ; Le Ann, des J'ecwnc. nat. 6° Serre Bot, Lome 3, PL. sd TE 4 ND 4e ÉE — _—_—_.—. 4 _. : co L— D Jorokine del J'elero der Œ DECTTUCOS UE, Drp A J'almon r Heille Loétrapader5, Juris. Peerre re. . des J'ecence. nat. 6! J'érce W. d'orokire del. J'eleroderima ODCPPUCOS UNE, np. À S'alnonr. Ville Lstrapades1S P'arir. Bob lone. SILL1 6! 2 7 / Boë, Tome. 3, PL, CERTES 2 des J'ecene, nat. Ê° Série. EL Re + de, l'ierre VW J'orokine del. Aphanomiyees rlellalis. Jp. A, Salmon, r Melle Ertrapade,16. L'arir es J'ecerce, rat. LS. | Bot, Tome) 3,178. Pierre re. Bursulla cr'yslalina S'orek. A PE EE TP ET PNR ES Se fr) Te PDob Torres LP lièrre se. Jpermakes des As comyceles 7 Worphologie 7. np. À, Je almon,r. Wrille Lrtrapade,r#, Parur. Wrr des Jecenc. nat. Ce Serre. on D Poe Dr D -— cn Va 2460 b Lierre se. Jpermatiesr des Arcomycéter lCerrinakion Zmp, À. Jelmor r Veille Frtrapade, 15 Larir. » Anx des Seine. nat, 6° J'erte, ue Boë. Tome # PLo, lerre se. ei ds NA re one y celtes “ Cerrinalion va Znp, À. Salmon, r Fille Ertrapade, 25 Larur, Pierre re. / Bol, Tome: 3, PLir. 72 / 2 AL Copa LE Dee DR SES Les. [ Eerminat: GNC Jp er males des As Spore , C3 1 7-4 Le Lsbapade.18 Parier NAT ÉET) À, delren 7. mp. Bol, Tome 3, PL, 12, AC An nn _ Cuirir d'après Dene. Pierre se. Deheratria SATA ARE PDene. Amp. À. Salmon, r. heile Lrtrapade, 15, L'art. Bol Wome D'TL, 79 D roe dt Organisation el developpement du Palbianta. Jm LP. A, SJ'almon, r heille Listrapade 148, Lartr., Ann. des Jccenc. nat, 6? Serie. . Bot, Tome , PL, 14 0 Sirodot del, \ Pierre ve. Organisation el dev eloppetnert du Pallianta. Ann. des J'ecere. RAIN Aa rte, ob dore à AAA Urjanisalon el developpernent du Palbiania. np. À, S'alnon, r Veille Lstrapate, 45, L'arrr, Bo£, Torre Ÿ,fL, 16, in. des J'ecene. nat. 6% J'érie Prerre se l develop emetil des Galles. Ce L'ormalion mp. À, S'almon, r Meile Lrtrapade,15, Part. TE à Ann, des S'etene nat. 6° Série. | Bot Jome Z, PE, 27: L] 9 6° 0 ) 0904 Li] A 0 0 é 9 Eu Re ES VF , Prillieux del. Paerre se. L'ormalion el developpentent des Galles np. A, S'alnon,r, Vidle Listrapade, 8. L'arir, Ann des ere. RL. CT jo Bot. Tome. 3. PL 18, Pierre. se. lormakon et der eloppement des Calles mp. A. S'abnon,r Melle Erkrapade,1s, Paru. SC ÿ k ù | a : , Ann, des J'etene ral B'Nerce QU Ÿ C ONG EU os 1Q A Ô SOL Qu e 0e ae S À O, @ EN DO) Aiooo © } DS Q < , j 4 y SC 2 ( ac DO = ve SO. \ (OX à F (l nes —— D) Bot, Tome 3,?72,1g. Analonue de la Lige du Cooderta ovale. np. A Salnonr Veidle Lrianade 15 Lartr MTS 0 nt 1 Ft È LÉTIETS Hi Û LE Per LR MEN fe ÿ TRUITE: FOrMTES Er CELARNI H HOT EE LE ï sit fi c EME HR ke 2h res ei [ets . 4. 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