SR TES = PAS RER RES ESS É SRE re $ REA ; RSR ETS : nee, Te SES ÉAIE il cit Pl Hi) Q Hyral CONSERVER _ &BOUND ? 2 JUN 1995 21 “su Nes < DEF ANNALES SCIENCES NATURELLES SIXIÈME SÉRIE BOTANIQUE PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 3 DES SCIENCES NATURELLES BOTANIQUE COMPRENANT L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. J. DECAISNE TOME IX PARIS G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE Boulevard Saint-Germain ctrue de l'Epcron EN FACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE 1878 \ __ \ L mu : : NES 1 vi oo bre : ut nl nr : 1 Ce ' > u 1 ï ea ' ee nr [ Ê Ï mn \ ï 1 il æ D ; : ï ' un. Ut TE DT : | È | Fa RE t : 1 | LL 1 pe ai us Û "1 ’ y 1 . : ! Tu An CN De É DE L'INFLUENCE DES MATIÈRES SALINES SUR L'ABSORPTION DE L'EAU PAR LES RAGINES Par M. Julien VESQUE. Senebier, le premier, eut l’idée d'examiner si les acides et les sels ajoutés à l’eau ont une influence sur la vitesse de la trans- piration. Il se servit uniquement pour ces expériences de rameaux coupés, et il trouva que les sels aussi bien que les acides avaient pour effet d'accélérer l’émission de la vapeur d’eau par les fouilles. Les sels mis en expérience furent le sulfate de soude, le nitrate de potasse, le chlorhydrate d’ammoniaque. Seul, le chlorure de sodium produisit des effets plus faibles que l’eau. M. Sachs (1) publia en 1860 un travail sur le même sujet. Les essais relatifs à l’action des sels, car, de même que Sene- bier, cet auteur a étudié en outre celle des acides et des bases libres, ont porté sur des Fèves. Deux plantes aussi égales que possible étaient enracinées dans des pots de verre remplis de terre sèche; l’une d'elles à été arrosée avec de l’eau pure, l’autre avec de l’eau additionnée d’une petite quantité (1 pour 100) d’un sel tel que le nitrate de potasse, le sulfate d’ammoniaque, le sulfate de chaux. Toutes les expériences ont donné comme résultat uniforme un ralentissement notable de la transpi- ration. En discutant la valeur de ces expériences, M, Sachs fait observer avec raison que l’eau versée sur le sol dissolvait d’abord les principes solubles qu’il renfermait, et que par con- (1) Eandwirthsch. Versuchs. Stationen, L. 6° série, Bot. T. IX (Cahier n° 1), t 1 6 J. VESQUE. séquent il n’y avait pas entre les deux plantes une différence aussi grande qu’on aurait pu le croire : l’une, en effet, plon- geait ses racines dans de l’eau chargée des substances solubles du sol, l’autre dans de l’eau chargée de ces mêmes substances, plus le sel qu’on y avait ajouté. De plus, en vertu du pouvoir absorbant du sol, une partie de ce sel, retenu par la molécule solide, était soustraite à la succion des racines. M. Sachs a été conduit, par ces considérations, à exécuter une nouvelle série d'expériences dans lesquelles les racines des plantes, au lieu d’être fixées dans le sol, plongeaient l’une dans l’eau distillée, l’autre dans une solution saline. Les résultats n’ont pas différé des premiers, et M. Sachs en conclut que le nitrate de potasse, le sulfate d’ammoniaque, le sulfate de chaux et le chlorure de sodium abaissent considérablement la transpiration, lorsqu'on les donne aux plantes à une dose qui ne peut exercer aucune action funeste sur la végétation; il est du reste indifférent que ces sels soient offerts isolément aux plantes, vu qu’ils se trou- vent accompagés des matières solubles que l’eau enlève à la terre arable (1). En 1876, M. AÏf. Burgerstein (2) a publié un travail étendu sur les relations qui existent entre les matières nutritives et la transpiration. Les expériences, qui paraissent être soigneuse- ment exécutées, ont porté surtout sur des rameaux coupés de (1) Je ne me suis point occupé de l'influence des acides et des bases libres. Senebier, M. Sachs et M. Burgerstein trouvent que les acides accélèrent la transpiration et que les bases la retardent. M. Sachs croit que cet effet est tou- jours accompagné d’une lésion des racines. Cette question ne me paraît avoir qu'un intérét de curiosité, les acides, au moins ceux sur lesquels on aurait pu expérimenter, ne se trouvant jamais à l’état libre dans le sol, et les alcalis exerçant une action manifestement véné- neuse sur la végétation. Seul, l'acide carbonique aurait mérité une attention particulière. Mais on verra, par la description de la méthode d'investigation que j'ai suivie, que cet acide gazeux, tendant toujours à se séparer de l’eau sous forme de bulles, ne pouvait nullement se prêter à mes recherches. C’est à regret que j'ai dû y renoncer. M. Burgerstein dit que l’acide carbonique agit de la même facon que les autres acides, c’est-à-dire qu’il produit une accélération de la transpiration. (2) Sitzungsb. der Kais. Akad. der Wissensch. Wien, 1876,t. LXXII, p. 191. ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. fi l’'If et sur des plantes intactes, telles que le Maïs, le Pois, le Haricot d'Espagne. Chaque expérience à porté simultanément sur plusieurs échantillons dont l’un plongeait dans l’eau distillée et les autres dans la solution saline, acide ou alcaline à différents degrés de concentration. Les quantités d’eau transpirée, obte- nues par la pesée, ont été ensuite rapportées à 100 de poids frais. Mais j'ai cherché vainement, dans le mémoire de M. Burgerstein comment les rameaux avaient été traités avant l'expérience, s'ils avaient été employés immédiatement après avoir été détachés de l'arbre, s'ils avaient séjourné dans l’eau distillée, dans l’eau ordinaire ou dans une solution nourricière. L'auteur, qui ne s’est pas méfié de l’influence de ce traitement préalable, a négligé d'indiquer ces détails. Les plantes entières, pourvues de leurs racines, ont été éle- vées dans de l’eau de source (1) dont la composition ne nous a pas été donnée. Gette composition, on le verra plus tard, est extrêmement importante et peut, à elle seule, expliquer jusqu’à un certam point le désaccord qui règne entre les résultats de M. Burgerstein et ceux de M. Sachs. Quant à l'emploi de rameaux coupés, Je suis complètement de l’avis de l’auteur. Il est certain que les chiffres ainsi obte- nus ne sauraient avoir une valeur absolue; mais les résultats sont qualitativement les mèmes que s’il avait opéré sur des plantes intactes. Voici en peu de mots les conclusions du travail de M. Bur- gerstein : 4. Les acides activent la transpiration. 2. Les alcalis la ralentissent. 3. Les sels offerts isolément à la plante l’activent. 4. Les mélanges salins et les solutions nourricières la ralen- tissent (2). 5. Les extraits d’humus la ralentissent. (1) « Hochquellenwasser ». - (2) Gette proposition est confirmée par le même auteur dans un nouveau mémoire publié dans Sitzungsb. der Kais. Akad. der Wissensch., 1878, qui nous est inconnu jusqu'ici. 8 As J. VESQUE. | Je reviendrai en temps et lieu sur chacune de ces proposi- tions pour les discuter et Les comparer à mes observations. Ainsi, en résumé, Senebier trouve que les sels activent la transpiration ; M. Sachs trouve qu'ils la ralentissent. M. Bur- genstein trouve qu'ils lactivent quand on les offre isolément à la plante, et qu’ils la ralentissent au contraire lorsque plusieurs de ces sels mélangés constituent ce qu’on appelle une solution nourricière. Il serait difficile, je crois, de trauver dans toute la science physiologique une question qui ait été résolue par les divers observateurs d’une manière aussi contradictoire, D'un autre côté, on ne saurait guère admettre que dans des expériences aussi simples l’un ou l’autre de ces auteurs se füt absolument trompé au point de trouver le contraire de la vérité. Il devait donc exister quelque agent ou quelques conditions qui auront passé Imaperçus, dont personne ne s’est méfié et qui auront renversé le sens des résultats. Par lui-même, le sujet est intéressant, parce qu'il touche à l’une des questions les plus obscures de la physiologie végétale, le travail des racines, et parce que son étude promet quelque utile application à la culture. Au début de ce travail, j'avais projeté d'étudier uniquement l'influence des sels et des solutions nourricières complexes sur les quantités de liquide absorbé par les racines, sans me préac- cuper de l’action de ces différents milieux sur la transpiration, c’est-à-dire l’émission d’eau par les organes aériens de la plante. On a vu plus haut que les auteurs qui m'ont précédé dans ce genre de recherches ont au contraire évalué l'énergie de la transpiration pour conclure (M. Sachs, du moins) de là, avec raison, à celle de Pabsorption par les racines. M. Sachs nous à montré en effet que la transpiration est au plus haut degré influencée par la quantité d’eau mise à la disposition des racines. M. Burgerstein, plusréservédansses conclusions, s'abs- üent de discuter dans ce sens les résultats de ses expériences. En présence de ces incertitudes, il m'était démontré que je devais restreindre mes recherches à la transpiration seule, d’une ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 9 part, et à l'absorption osmotique seule, d'autre part, en opérant dans le premier cas sur des rameaux coupés, et dans le second sur des racines saines privées de toute la partie aérienne de la plante. Comprise de cette manière, ma tâche se divisait done en trois parties : 4. Quelle est l'influence des sels et des mélanges salins sur Pabsorption de l’eau par les racines de plantes intactes dont les organes aériens sont entourés de conditions atmosphériques invariables ? 2. Quelle est l'influence des sels et des mélanges salins sur l'absorption de l’eau par la section d’un rameau coupé dont les feuilles transpirent librement au milieu d’uné atmosphère maintenue à une température et un état hygrométrique inva- riables? 3. Quelle est l'influence des sels et des mélanges salins sur l'absorption de l’eau par des racines saines détachées récem- ment de la plante? Les deux derniers articles ne sont, à proprement parler, que des annexes du premier, destinées à permettre de comparer nos résultats à ceux de M. Sachs et de M. Burgerstein et d’expli- quer le désaccord quirègne entre ces deux physiologistes. Description des appareils. — Pour mesurer les quantités d’eau absorbée par les racines, je me suis servi en prineipe de l'appareil que j'ai décrit dans mes recherches. antérieures sur des sujets analogues (1). La plante est mastiquée dans un cylindre de verre fermé aux deux bouts par des bouchons. Outre la plante, le bouchon supé- rieur, percé de trois trous, laisse passer un thermomètre gradué au dixième de degré, destiné à indiquer la température de l’eau, et un tube de cristal très fin, recourbé à angle droit et divisé sur sa partie horizontale en degrés d’égale capacité. Chacun (1) De l'absorption de l'eau par les racines, dans ses rapports avec la transpiration (Ann. sc. nal., 6° sér., t. IV, p, 89). — De l'influence de la température du sol sur l'absorption de l’eau par les racines (ibid., t. VI, p. 169). 10 J. VESQUE. des degrés ayant une longueur d'environ 6 millimètres, est divisé lui-même en dixièmes et correspond à 0%,0701 de mercure, ce qui équivaut, à 0 degré, à 05,00515 d’eau. Le bouchon inférieur, percé de deux trous, reçoit deux tubes à robinets de cristal, dont l’un monte jusqu’à la partie supérieure du cylindre et l’autre ne dépasse pas le bouchon. Ges deux robinets servent à changer le fiquide qui entoure les racines. Tout le cylindre est fixé dans la douille d’une cloche de verre renversée, de manière quil puisse être entouré d’une quantité d’eau (de 2 à 3 litres) assez grande pour qu'on n'ait pas à redouter les brusques changements de température. L'appareil étant installé de cette manière, je suppose que les racines plongent dans de l’eau chargée de 4 pour 1000 de chlorure de potassium. À laide d’un tube de caoutchoue, je mets le robinet à tube plongeant en communication avee un flacon situé plus haut et renfermant de l’eau disüllée. J’ouvre le robinet. L'eau s’écoulera goutte à goutte par le tube horizon- tal gradué. Si j'ouvre en ce moment l’autre robinet inférieur, l’eau s'écoule par celui-ci, et je parviens aisément à régler ce robinet de manière que l'air ne puisse pas pénétrer dans l'appareil par le tube gradué. De cette façon, la solution de chlorure de potassium est en peu de temps remplacée par de l’eau distillée. Après avoir fait couler amsi 200 centimètres cubes de liquide, j'en recueille une petite quantité dans un tube à essai, et je m'assure qu'il ne précipite plus par le nitrate d'argent. Je crois donc être assuré qu’en faisant couler 244 centimètres cubes de liquide, celui-ci est complètement renouvelé,:c’est-à- dire que, par exemple, l’eau disuillée aura remplacé la solution, ou réciproquement, la solution aura remplacé l’eau distllée. Au premier abord, il semblerait bien plus simple de faire écouler tout le liquide en abandonnant les racines pendant un temps très court dans l'air atmosphérique, qu'on remplacerait ensuite par le nouveau liquide. Mais l'expérience a montré qu'un tel procédé ne serait pas sans inconvénient ; J'ai montré, en effet, que le contact, mème très-passager, des racines avec ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 11 l'air a pour effet une accélération très appréciable de l’absorp- tion (1). Première série d'expériences. — Absorption de l'eau chargée de sels par les plantes intactes. Les plus grandes difficultés qu’on rencontre dans la réalisa- tion de ces expériences consistent à maintenir au même degré la température de l'eau et celle de lair, Pétat hygrométrique de l'air et le rayonnement du ciel. Jai essayé d'opérer dans une grande salle obscure dont les meubles peints en noir et les murs couverts d’une couleur foncée écartent autant que pos- sible les rayonnements diffus. J’espérais pouvoir remplacer le soleil par une forte lampe à gaz, ainsi que M. Wiesner Pa fait récemment dans ses expériences d'héliotropisme, et que je l'avais déjà fait dans mes recherches sur l'influence de la tem- pérature du sol. Mais la réplétion aqueuse dont j'ai parlé lon- ouement dans ce dernier mémoire s’oppose à toute comparai- son entre deux expériences consécutives. J'ai eu la bonne fortune de pouvoir profiter de la température très uniforme et de l’état du ciel à peu près invariable que nous avons éprouvés au mois de juillet passé. Les expériences ont été faites dans une des pièces du laboratoire de physiologie végétale de lInsti- tut agronomique à Joimville-le-Pont, dont la fenêtre unique, exposée à l’ouest, était fermée par un store de toile de couleur vert d’eau. Comme mon procédé d’expérimentation me permettait de faire un grand nombre de lectures dans un temps très court, j'ai opéré sur la même plaute en lui donnant successivement de l’eau distillée et la solution saline. M. Sachs et M. Burgerstein, au contraire, avaient opéré en même temps sur des plantes différentes. Le premier de ces auteurs choisissait des individus aussi semblables que possible, sans se préoccuper ni de leur poids, ni de leur matière sèche, mi de leur surface; le second a rapporté les valeurs de la transpiration au même poids sec. On sent combien ces procédés sont peu concluants ; car, même (1) Voy. Vesque, L’absorption comparée à la transpiration (Ann. sc. nat., Ge sér., t. IV, p. 201). 12 3. VESQUE. en supposant une similitude complète entre deux plantes, ce qui n’existe pas, une foule de faits bien observés nous mettent en garde contre une idiosynerasie aussi réelle qu’inexpliquée. Cette modification apportée aux travaux de mes devanciers a eu pour résultat inattendu de mettre d’un coup en lumière un fait intéressant qui explique aisément toutes les divergences signalées plus haut. Première expérience (4).— Une bouture de Lierre très vigou- reuse, pourvue d’un système radiculaire volumineux, garnie de huit feuilles bien développées, est mastiquée dans le eylindre, En faisant couler dans ce cylindre une petite quantité d’eau, je ramène chaque fois le ménisque à l'extrémité du tube gra- dué capillaire, et j’observe chaque fois le nombre de divisions que parcourt ce ménisque pendant un temps donné. Les racines ont séjourné dans de l’eau distillée depuis quatre heures du soir jusqu'à huit heures du matin. Cette eau, qui s’est peu à peu chargée de différents sels contenus dans la sève de la plante, n’a pas été renouvelée. À. — Eau legerement chargée de sels, NUMÉRO | NOMBRE | DIVISIONS | MOYENNE | TEMPÉR. | TEMPÉR. ÉTAT ; des absorbées L s Ste HEURE. de la nu. ; par de des hygromé - on) divisions par ; division. | psoibées. Inles minute. l'air. racines. trique. 1! 8 h. 35 m. 5,5 17° 115019 91,5 (1) Je reproduirai tout entières les expériences 1 et 2; quant aux suivantes, il me sera permis de ne donner que la moyenne, pour ne pas surcharger ce mémoire de tableaux. ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 13 Dans ces conditions, c’est-à-dire dans de l’eau légèrement chargée de matières salines, peut-être aussi de quelques ma- tièrés organiques, la planté absorbait done 0,44 divisions d’eaü par minute. J’ouvrèé maintenant lés deux robinets inférieurs, dont l’un est en communication avec un flacon placé plus haut, rempli d’eau distillée, tandis que l’autre laisse écouler le liquide dans une éprouvette graduée. Au moment où la quantité de liquide écoulé égale 200 centim. cubes je ferme les robinets, car jé suis assuré que l’eau distillée’ a complètement remplacé le liquide primitivement contenu dans le cylindre. J’obtiens ensuite les chiffres suivants : B. — ÆEau distillée. | NUMÉRO | NOMBRE | DIVISIONS | MOYENNE | TEMPÉR. | TEMPÉR. : ds ia des absorbées : par des divisions par division. ; 3 minute. air. racines. VOST Jabsorbées.| minute. nute La moyenne absorbée par minute est de 0,659. Comparé aû précédent, ce chiffre montre que la plante, après avoir sé- journé pendant une nuit dans de l’eau chargée de quelques impuretés, absorbe ensuite des quantités beaucoup plus fortes d’eau distillée ; l'augmentation est de 150 pour 100. Il s’agit maintenant de faire l’expérience inverse, en faisant couler pendant toute la nuit autour des racines un faible cou- rant d’eau distillée que je remplacerai ensuite par une solution nourricière, ds Le lendemain, j'ai obténu dans l’eau distillée : 14 J. VESQUE. C. — Eau distillée. NUMÉRO | NOMBRE | DIVISIONS | MOYENNE | TEMPÉR. | TEMPÉR. ÉTAT HEURE. de la ; ÊCE absorbées par de des hygromé- divisions par division. bsorhesinniautet minute. l'air. racines. | trique. 8 h. 42 m. 9,17 169,5 | 159,6 | 85 44 6,7 1,0 0,50 » » » 19 9,3 | 2,6. | 0,52 » 15,5| » 52 10,75 1,45 0,48 0,50 » » » 9 h. 01 15,3 4,55 0,51 » » » 09 19,3 4,0 0,50 » » » L'eau distillée est remplacée par une solution nourricière à 2 pour 1000, renfermant à poids égaux du sulfate de magnésie, du chlorure de potassium et du nitrate de chaux, avec une trace de phosphate de soude et de perchlorure de fer. D. — Solution nourricière à ? pour 1000. NUMÉRO | NOMBRE | DIVISIONS | MOYENNE | TEMPÉR. | TEMPÉR. ÉTAT HEURE. de la x qe ApS0rpécs par de des hygromé- ee divisions par À ; ; . division. aDeorbéesil| mioute. minute. l'air. racines. trique. 9 h. 20 m. 1,5 160,5 | 159,5 84,5 On voit que cette solution normale à été absorbée en propor- üons un peu plus fortes que l’eau distillée. Ce résultat est très important, car il montre que la plante ab- sorbe tantôt mieux, tantôt moims bien une solution nourricière que l’eau distillée. Il importe en effet de savoir ce que la plante a eu avant l’expérience. Si elle à séjourné pendant un temps ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 19 assez long dans une solution nourricière même très faible (A), elle absorbera très activement l’eau distillée (B); si ensuite on la laisse dans l’eau distillée pendant quelque temps, elle absorbera plus activement une solution nourricière. La plante n’étant pas encore complètement abreuvée d’eau distillée, j'ai voulu voir quelle serait l’influence de la concen- tration de la solution nourricière. Les trois essais suivants m'ont parfaitement renseigné à cet égard. E. — Solution nourricière à 4 pour 1000. ———_—_— NUMÉRO | NOMBRE | DIVISIONS| MOYENNE | TEMPÉR. | TEMPÉR. ÉTAT HEURE. de la | de FRANS par de des |hygromé - divisions par division. minute. l'air. racines. trique. absorbées.| minute. 3 h. 14 m. 10,9 18° 16°,5 | 82,5 18 13,2 2,3 0,575 » » » 26 ALT 4,5 0,562 0,57 18,5 » » 39 22,7 5,0 0,555 » » » 44 28,0 5,3 0,589 19 16, 5 » La solution nourricière est remplacée par l’eau distillée : F. — Eau distillée. NUMÉRO | NOMBRE | DIVISIONS | MOYENNE | TEMPÉR. | TEMPÉR. ÉTAT des absorbées - p HEURE. de la Re par de des hygromé- 1 divisions par division. minute. l'air. racines. | trique. absorbées.| minute. 4h: Om. | 6,4 19 | 416,6 | 81,5 16 3. VESQUE. Après ce séjour de 25 minutes dans l’eau disüllée, j'ai rem- pli le cylindre d’une solution nourricière à 2 pour 4000. G. — Solution nourricière à 2 pour 1000. NUMÉRO NOMBRE | DIVISIONS | MOYENNE | TEMPER. | TEMPÉR. ÉTAT Re 8 Ta des absorbées pr äè des yotomé divisions par js _— à ivision. / ? ainüté. air. | racines. trique. division. |pcorbées.| minüte. | 18 | q 32 | 0,64 : 1:99 |. 08. Îlest donc bien évident que lorsque la plante est dans uñ état tel qu'elle absorbe plus activement l’eau distillée qu’une solution nourricière, cette dernière est d'autant mieux absor- bée qu’elle est plus étendue. En résumé, cette seule expérience, dans laquelle la plante a réeu successivement de l’eau distillée et des solutions nour- ricières après avoir été soumise chaque fois à un régime plus ou moins long d’eau disüllée ou d’une solution, permet de conclure : 4. Que dans les conditions ordinaires, c’est-à-dire la plante n'ayant pas trop longtemps été privée d’aliments minéraux, l’eau distillée est plus rapidement absorbée qu'une solution nourricière. Comparez les tableaux À et B, 2. Que la plante pendant longtemps soumise au régime de l'eau distillée absorbe ensuite plus avidement une solution nourricière. Comparez les tableaux Cet D. 3. Que dans les conditions indiquées ci-dessus par la première proposition, les solutions nourricières sont d'autant mieux absorbées qu’elles sont plus diluées. | Comparez les tableaux E, F et G. Il est vrai que dans cette dernière expérience les différences ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 17 obtenues entre l'absorption de l’eau distillée et celle de la solution nourricière ne sont pas bien grandes. J’ai cependant voulu reproduire celte expérience dans son entier, afin de mon- trer comment Je suis arrivé à tenir compte du régime antérieur de la plante. Pour mieux démontrer la proposition n° 3, je vais indiquer les résultats d’une autre expérience semblable, faite sur la même plante soumise depuis quelques jours au régime de l’eau distillée. Deuxième expérience.— Le même Lierre au régime de l’eau distillée est soumis aux quatre épreuves suivantes : absorption dans l’eau distillée, dans l’eau distillée complètement renou- velée, dans une solution nourricière à 2 pour 1000, dans l'eau distillée. NUMÉRO | NOMBRE | DIVISIONS | MOYENNE | TEMPÉR. | TEMPER. ÉTAT HEURE. de la des phEoTbées par de des hygromé- divisions par | division. minute. l'air. racines. trique. absorbées.| minute. A. — Eau distillée. 8h. 5 m. 1,6 179,0 | 140,9 | 84 10 2,8 | 12 | 0,24 DD JS $ 15 CMD NT AC A ERA MAR I À 20 5,4 | 4,2 | 0,2% PS NS RTE B. — Eau distillée complètement renouvelce. 98 1,5 16,51 15,01 34 33 28 | 1,3 | 0,2% | » ) » 38 4,2 | 1,4 | 0,28 | 0,266 A rt ; 43 55010403 0,26 D US » ot série, BorT. T. IX (Cahier n° 1). 2 2 18 S. VESQUE. | | | NUMÉRO | NOMBRE | DIVISIONS| MOYENNE | TEMPÉR. | TEMPÉR. ÉTAT HEURE | de Ja des absorbées par de des hygromé -| : divisions par 3 ; : division, ñ c minute. l'air. racines, trique. | absorbées.| minute. | | Lt Ein | | C. — Solution nourricière à 2 pour 100. Û 8 h. 55 2,1 16,5 60 4,6 0,50 5 0,48 0,46 0,48 0,50 . — Eau distillée. 0,44 0,40 | 0,42 0,42 Si nous comparons l'essai B à l'essai À, nous voyons que le renouvellement de l’eau distillée qui entourait les racines n’a guère eu d'influence sur Pabsorption; en effet, tout ie temps que la plante y a séjourné, le liquide n’a pas cessé de couler goutte à goutte par le tube gradué, de sorte qu'il n’a pu se charger de sels et de matières organiques provenant de la plante, ainsi que cela est arrivé dans une expérience précé- dente. La solution nourricière est ensuite absorbée avec une vi- tesse beaucoup plus grande que l’eau distillée, 0,484 divisions par minute au lieu de 0,266. | Cette solution étant remplacée de nouveau par l’eau distil- lée, celle-ci est beaucoup plus activement absorbée que précé- demment, mais encore moins que la solution nourricière. ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 19 Il est donc bien vrai que la plante longtemps soumise au régime de l’eau distillée devient apte à mieux absorber une solution nourricière que l’eau pure, et nous pouvons y ajouter cette autre proposition, qu'un séjour même très passager (vingt-cinq minutes dans le cas qui nous occupe) rend à la plante la faculté d’absorber l’eau distillée en plus grande quan- tité que lorsqu'elle n’a eu pendant longtemps à sa disposition que ee liquide dépourvu d'aliments salins. Il découle naturellement de ces expériences qu’on parvient à introduire dans la plante des quantités beaucoup plus grandes de liquide lorsqu'on lui donne alternativement de l’eau pure et des solutions nourricières que lorsqu'on la laisse séjourner indéfiniment dans l’un ou l’autre de ces milieux. Cette alternance peut-elle avoir une influence sur le déve- loppement des tissus de la plante, sur ia carnosité plus ou moins grande des feuilles ou des tiges, par exemple? C’est ce que l'expérience seule pourra décider. Je ne puis m'empêcher de rappeler ici une pratique de jardinage qui consiste à pré- férer pour les arrosages les eaux de pluie, de citerne et de rivière, aux eaux plus chargées de source. J'imagine que la plante croissant dans un soi perméable, riche en humus et en engrais salins, reçoit par ses racines de l’eau qui a eu le temps de dissoudre une quantité notable de sels; l’eau d'arrosage très pure sera ensuite absorbée avec avidité ; mais cette eau se charge elle-même peu à peu de sels, de sorte qu’en réalité il existe dans le sol des conditions comparables à celles que j'ai reproduites artificiellement dans l'expérience n° 2. Ïl est en outre évident qu'il sera favorable de laisser le sol se dessécher quelque peu avant d’arroser, car dans ce cas l'alternance sera bien plus marquée, les dernières traces d’eau du sol étant aussi riches que possible en engrais minéraux. On sait que les plantes maritimes sont habituellement char- nues et qu'on a attribué ce phénomène tantôt au sel qui im- prègne le sof, tantôt à la brume salée qui se dépose sur les feuilles. J'ai fait moi-même quelques expériences sur le Silene inflata en opérant de deux manières différentes : dans le pre- 20 J. VESQUE. mier cas le sol était arrosé avec de l’eau salée; dans le second les plantes étaient exposées pendant plusieurs heures par jour à de l’eau salée pulvérisée par un appareil qu’il serait trop long de décrire. L'une et l’autre de ces expériences n’ont donné que des résultats négatifs. Je crois aujourd’hui que c’est dans l'alternance des arrosages salés par la brume de la mer et des arrosages d’eau pure du ciel qu'il faut chercher la solution du problème. Ces plantes maritimes, croissant sur un sol très perméable, se trouvent souvent dans une solution d’une con- centration certainement incompalible avec leur végétation. S'il vient ensuite à pleuvoir, l’eau salée est rapidement entrai- née dans le sous-sol, et la plante absorbe avidement l’eau pure. Les deux expériences que je viens de décrire en détail ont suffi pour m'orienter et jettent un jour nouveau sur les diver- gences d'opinions que jai signalées au début de ce mémoire. M. Sachs opérait sur des plantes enracinées dans la terre, il devait donc trouver que les solutions salines sont moins bien absorbées que l’eau distillée. M. Burgerstein opérait au con- traire sur des plantes élevées dans de l’eau sans doute assez pauvre en matières salines; il devait trouver que les solutions salines sont mieux absorbées que Peau distillée. Quant aux solutions nourricières complexes qui, selon M. Burgerstein, produiraient leffet contraire de la solution d’un seul sel, J'avoue ne pas comprendre comment cet observateur a pu ar- river à ce résultat. Les plantes étauent-elles nourries autrement que celles dont il s’est servi dans les premières expériences? C'est ce qu'il ne dit pas. Il suffit du reste d’un séjour de très courte durée dans une solution saline pour produire cet effet, et que les plantes employées aient végété moins longtemps dans l’eau pure que les autres, ou que lauteur se soit servi des mêmes plantes qui avaient déjà fourni les résultats de ses premières expériences, @b qui par conséquent avaient en partie séjourné pendant quelque temps dans de l’eau chargée de sels. Après ces quelques expériences préliminaires qui m'ont si utilement renseigné sur les vraies difficultés de mon sujet, j'ai ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 21 étudié isolément l’action de plusieurs sels offerts à la plante à différent degré de concentration. 4. Azotate de chaux. — Un Lierre soumis depuis quelques jours au régime de l’eau distillée absorba en moyenne 0,42 divi- sions d’eau distillée par minute. L'eau distllée à été remplacée par une solution de 1 gramme d’azotate de chaux cristallisé dans un litre d’eau. L’absorption a été de 0,48, par conséquent sensiblement plus élevée que celle de l’eau distillée. Pendant ces deux essais, la température de l'air était de 17, celle des racines de 15°,3, l’état hygrométrique de Pair 84, La plante, après avoir séjourné pendant trois heures dans la solution d’azotate de chaux, absorba aussi bien l’eau distillée que la solution saline. La température de l'air étant 48°, celle des racines 47°,5, l’état hygrométrique de l’air étant 8%, la solution d’azotate de chaux à 4 pour 1000 a été absorbée à raison de 0",346 par minute; l’eau distillée également à raison de 0",346. Il a donc suffi d’un séjour de quelques heures dans la solu- tion saline pour ramener l'absorption de celle-ci au même degré que celle de l'eau distillée. Le lendemain, après un séjour de quinze heures dans Peau distillée, l’absorption de l’eau distillée était de 0,937 par mi- nute, celle de l’azotate de chaux à 2 pour 1000 de 0",368, la température et Pair étant de 17°,2, celle des racines de 169,3 d: l’état hygrométrique de 86. Il est done bien démontré que, la plante étant saturée d’eau distillée, la solution d’azotate de chaux est mieux absorbée que l’eau pure. Les expériences suivantes sont destinées à montrer que ces contacts réitérés des racines avec la solution saline rendent à la plante sa faculté primitive de mieux absorber l’eau distillée que la solution. a. Température de l'air... DR SRE CE AE AE 18,9 Température des racines....................... 17,9 État hygrométrique.......... se AS drrt pt 86 Absorption de l’eau distillée.................... 0,223 Absorption de l'azotate de chaux à 4 p.1000...... 0,317 ro 19 J. VESQUE. b:i Températurederl'air.s 440146 00 de ART DE ETS te LE EL Température des racines. 42,4... shit État hygrométrique. ...... D EST no Gt 89 Absorption de l’eau distillée... ,........,,,... 0,17 Absorption de l’azotate de chaux à 8 p. 1000...... 6,20 ©, Températufe de, l'air.....:,...:..... Rice es à 17,5 Température desiraciness rm 17,2 État hygrométrique.......... AT RS das do 90 Absorptionrde l'eau distillée... 4.42. 25, 0,28 Absorption de l’azotate de chaux à 4 p. 1000..... 0,22 2. Azotate de potasse. — Les racines du même plant de Lierre ont baigné pendant la nuit dans une solution à 0,70 pour 1000 d’azotate de potasse; je lui donne ensuite alternativement, pendant vingt minutes, de l'eau disullée, et pendant dix mi- nutes la solution saline. De cetie manière j'ai obtenu successivement Îes chiffres sui- vents : Mempératurede air... .40:4-+.. ame 17,0 Température des racines MMS NERO 15,9 à 16,9 a. Absorption de la solution saline (par minute). .... 0,147 b. Absorption de l'eau distillée...................,. 0,195 c. Absorption de la solution saline................. 0,170 d. Absorption de l’eau distillée.................... 0,175 e. Absorption de la solution. : 4.444420 500, 0,160 f- "Absorption de l’eau distiléés fai erneee 0,150 g. Absorption de la solution...................... 0,240 Il est donc bien évident qu'après la nutrition salée, Peau distillée était mieux absorbée que la solution saline, et qu'après avoir donné à la plante deux fois plus longtemps de l’eau dis- tillée que la solution, cette dernière était finalement bien plus rapidement absorbée que l’eau distillée. 3. Chlorure de potassium. — L'expérience a porté sur un Lau- rier-rose élevé dans l’eau ordinaire, pourvu d’un système radi- culaire exubérant, portant vingt-quatre feuilles. Les racines ont séjourné une après-midi et la nuit suivante dans une solution de 2 grammes de chlorure de potassium tondu par litre d’eau. Température:de l'air. 4... try 4 ENENA 16,1 à 16,8 Température:des ragines....;:L1"4.ctl4.retiee 15,5 à 15,7 Étathygrométrique F4 ch Re eme 90 ( ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 93 a. Absorption de la solution de chlorure de potassium ap 1000R ER ie ne ne Me ue Lunnte 0,51 b. Absorption de l’eau distillée................. ... 0,725 c. Absorption de la solution de chlorure de potassium ADD MADODEPA ARR SE MR EMMIMQRE ENRE VEN ane 0,55 L’eau disullée est bien mieux absorbée que lasolution, mais le séjour de treute-huit minutes dans l’eau a suffi pour élever d’une manière sensible l'absorption de la solution. Le même fait ressort encore plus nettement de la série sui- vante : Température de l’air.....:..... POUCES R EE ET IIR ANUS 18,0 à 18,2 Température de l’eau:...).:41,.1004 2.05 leice417,35 à 17,6 État hygrométrique de Pair..:....:,..,,.,.5..1 89 d. Absorption de la solution de chlorure de potassium AAA D DOR PL DÉR RATE A ana re 0,51 e: Absorption de l’eau distillée....: ...... ff 0,735 f. Absorption de Ja solution à 4 p. 1000............ 0,65 Les racines ont plongé dans Peau distillée une après-midi et la nuit suivante. Température de l'air. ..... CES TA ET ee 18,8 Température des racines.......... deb Lists, 1 à 18,95 État hygrométrique de lair........... Loire 88,5 g. Absorption de l’eau distillée............,....... 0,50 h. Absorption du chlorure de potassium à 4 p. 1000.. 0,51 i. Absorption de l’eau distillée..,..... scie ln 0,04 Grâce à la végétation des racines dans l'eau distillée pendant une vingtaine d'heures, la solution saline est un peu mieux absorbée que l’eau pure. Le contact des racines avec la solution pendant vingt minutes a suffi pour relever l’absorption de l’eau distillée de 0,50 à 0,54. Les racines séjournent encore une fois toute l'après-midi et la nuit dans l’eau distillée. Température de l'air. ...:....:. DobHorbc DAIOS de .. 19,1 à 19,5 Température des-racinesiiste RL PePRLe Ur. 18,6 État hygrométrique de l'air. .:................. 88 j. Absorption de l’eau distillée..,........ D'SOPAE 0 DIE 0,42 k. Absorption de la solution à 4 p. 1000........... 0,72 L. Absorption de l’eau distillée, ..,.,..,.,.,,..,,., OO. 24 J. VESQUE. Le résultat, absolument analogue au précédent, est encore beaucoup plus marqué. La rapidité avec laquelle le sel rend à la plante la propriété d’absorber de l’eau distillée est tout à fait surprenante. 4. Sulfate de potasse. — Les racines du même Laurier-rose ont séjourné un jour dans l’eau distillée. Température de l'air..........0...,..... :.. -0119;8 Température des racines... RAS TOUS 19,1 État hygrométrique de l'air. ................... 86 a. ‘Absorption del'eau distillées. #2, ce 1: MD, 22 b. Absorption du sulfate de potasse à 1 p. 1000...... 0,55 C-LAbsorption, de l’eau.distillée.s net hr “0100 0,55 d. Absorption du sulfate de potasse à 2 p. 1000...... 0,58 e. Absorption de l’eau distillée..,..., PR SOUDE 0,64 Autre expérience. La plante a séjourné dans l’eau distillée. a. Absorption de l’eau distillée........... Rene 0,43 b. Absorption du sulfate de potasse à 1 p. 1000....... 0,51 c. Absorption de l’eau distillée.................... 0,48 d. Absorption du sulfate de potasse à 2 p. 1000...... 0,49 e. Absorption de l’eau distillée.................... 0,51 f. Absorption du sulfate de potasse à 4 p. 1000..... 0,50 g. Absorption de l’eau distillée...........,........ 0,62 Les résultats de ces expériences sont donc exactement les mêmes qu'avec les autres sels; la plante, abreuvée d’eau dis- üllée, absorbe avidement la solution saline, mais un contact même très court des racines avec cette dernière leur rend la faculté d'absorber mieux l'eau distillée. Je fais couler autour des racines, pendant une nuit, une solution de sulfate de potasse à 1 pour 1000; le lendemain j'obtiens les chiffres suivants : Température delai. rte ce rec ere 22,9 Température des Tacines.=21"1.6/10.42% 20MPReRRS 22,15 Etat hygrométrique de l'air. ........... 1.110 85,5 a. Absorption du sulfate de potasse à 1 p. 1000...... 0,41 b. Absorption de l’eau distillée......,..:..,.:..... 0,50 c. Absorption du sulfate de potasse, à 4 p. 1000... 0,565 ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 95 Après un séjour d’une nuit dans la solution, l’eau distillée est mieux absorbée que le sel, mais une demi-heure de contact avec l’eau distillée a suffi pour renverser le phénomène, en ren- dant à la plante la propriété d’absorber mieux la solution saline que l’eau pure. 9. Solution nourricière complexe, composée à parties égales de sulfate de magnésie, de chlorure de potassium et d’azotate de chaux, additionnée d’une petite quantité d’une solution con- centrée de phosphate de soude jusqu’à la production d’un léger trouble. Laurier-rose (Nerium Oleander) pourvu de nombreuses racines et de neuf feuilles bien développées. Les racines ont séjourné pendant deux jours dans l’eau dis- tillée. Température de l'air. ......,.,,,844. 00,0 18,5 Température des: rACINeS rie cer ekje depiele 17,9 État hygrométrique de l’air,......... NHBRBSARREE 89 a. Absorption de l’eau distillée.................... 0,95 b. Absorption de la solution nourricière à 3 p. 1000... 0,415 Les racines restent en contact avec la solution nourricière pendant vingt-quatre heures. Hempérature del Ales R eee nt ee ete 22,3 à 23,8 Température des racines............,.......... 20,0 à 20,6 État hygrométrique de Pair.....,......,....... 89 c. Absorption de la solution nourricière.,.......... 0,65 dAAbsorptontdeleaudistillée sr... 0... 0,93 Les résultats sont exactement les mêmes qu'avec un sel isolé. Il ressort de cette longue série d'expériences, dont je n’ai voulu reproduire qu'une faible partie, toutes étant parfaitement concordantes : 1° Que dans les conditions ordinaires, c’est-à-dire la plante n'ayant pas manqué d'aliments minéraux, l’eau distillée est mieux absorbée que les solutions salines et que les liqueurs nourricières. 2° Que lorsque la plante a été soumise pendant un temps plus ou moins long au régime de l’eau distillée, elle absorbe 26 J. VESQUE. mieux les solutions salines et les liqueurs nourricières que l’eau pure. 9° Qu'un contact même de courte durée des racines avec l’eau distillée agit favorablement sur l’absorption des sels; et réciproquement, un contact passager des racines avec une solution saline, sur celle de l’eau distillée. 4° Que ces influences sont d'autant plus fortes, que les solu- tions salines et les liqueurs nourricières sont plus concentrées. 9° Qu'il n’y à aucune différence qualitative entre l’absorp- tion de la solution d’un sel isolé et celle d’une liqueur nourri- cière. Deuxième série d'expériences. — Absorption des sels et des mélanges salins par les racines saines détachées de la tige. — Ces expériences ont eu pour but unique de montrer que la racine isolée, détachée de la plante, se comporte exactement, à linten- sité du phénomène près, comme la plante intacte. Je pense pouvoir me dispenser de reproduire ici de nouvelles séries de chiffres ; quelques essais sufliront pour écarter tout doute à cet égard. Système radiculaire d’un Laurier-rose mastiqué dans l’ap- pareil. 1. Les racines ont séjourné dans l’eau distillée pendant vingt heures. Température de l’air.......:....:...,. sonne 2 Fempérature des racines... es. 29,1 à 22,3 Etat hygrométrique de Pair... .......,.......:.. 86 a. Absorption de l’eau distillée..................:. 0,86 b. Absorption du sulfate de potassse à 2 p. 1000 Re 0,133 2. Les racinesont séjourné dans une solution de sulfate de potasse à 3 p. 1000. Températuretde Lait. semence 25 Températurétdes racines: 2m rit mn. CRI 24,15 à 24,2 Etat hygrométrique de l'air... #01. .:8.42:7 83 a. Absorption du sulfate de potasse à 3 p. 1000. ..... 0,15 b. "Absorption de l’eau distillée.......:,...:,..,...... 0,22 [] faut ajouter que dans le cas des racines coupées, l’absorp- ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 27 tion baisse rapidement après chaque changement de mulieu et qu'on est obligé de s’en tenir aux premiers chiffres. Troisième série d'expériences. — Absorption des sels et des mélanges salins par la section de rameaux feuillus. Première expérience. — Quinze rameaux de Lilas coupés sous l’eau sont placés pendant vingt heures dans des solutions de chlorure de potassium (voy. tableau page 28). Trois rameaux («) reçoivent une solution à..... 1/2 p. 1000. — (6) — une solution à.... — (y) — ‘une solution à.... 2 _ (8) — une solution à.... 4 — (e) — une solution à,... 6 Is sont disposés dans de petits flacons dont les goulots sont bouchés avec du coton destiné à empêcher l’évaporation directe de l’eau des flacons. Gette occlusion est bien suffisante pour des expériences qui ne durent que deux heures au plus. Les flacons sont pesés avec les rameaux; une nouvelle pesée faite une heure et demie plus tard donne par différence la quantité d’eau évaporée. Ensuite toutes les solutions sont remplacées par l’eau distillée, et l’on répète les mêmes pesées. Les expériences ont été faites dans une pièce du laboratoire éclairée par la lumière diffuse, qui était suffisamment à l'abri des changements de température. Ciel couvert. Voici le résumé des expériences : lemperature dela Rene... Pret Pet. 23,3 à 24,2 Etat hygrométrique. de lair....:.............:. 71 à 78 On voit qu'après le traitement préalable par les solutions salines l’eau distillée, est mieux absorbée que les premières. Quant à l'influence de la concentration, les chiffres me paraissent trop peu nombreux pour qu’il soit permis d’en tirer une conclusion. Deuxième expérience (inverse de la première). — Quinze ra- meaux de Lilas ont séjourné toute une nuit dans l'eau distillée. Après avoir déterminé leur transpiration, je leur donne {rois à to CO NT 20 HEURES, 3 A 3, DANS DES SOLUTIONS DE CHLORURE DE POTASSIUM MMENT CONCENTRÉES, TRANSPORTÉS ENSUITE DANS L’ YANT SÉJOURNÉ PENDA TABLEAU I. — RAMEAUX DE LILAS A POIDS EN GRAMMES. EAU DISTILLEE. DIFFERE J. VESQUE. ‘007 1um9 [os = Des = 5 SUEP 9/09 ‘a9[[SIP NE] SUEP A © S = % uorertsuex É © 2 2 : sa — (==) (==) . ; 3 Ip neo, sue M à 2DIIHSIP NEO SUEP a 2. .% ENS uorjet SU, DES S LA = el 2 =] su PRE D es = “uorn]os EL SUep SU S pol ü a =) = en a à = ES] uorertdsueig QUE “O0 10819 109$ of A £t 5 suep 91109 ‘o9[NSIP NEA Suep SOS e A uote dSUeiL < S SAS ES y = = HUE “29[[SIP Nv9I SUvp SR e CONS Te D a © 2 UE, uonerdsueu I, ENS " 3 = = & oc = [.b] = “UOUN[OS EL SUrP = = =) CO PCT sl Es uonerdsueig PRE AL F4 ‘O0F FuU19 T9S a nn = DS ED MES cn = suep 210? ‘o9I[NSIP NEO, Suep 2 S D . uorjuaidsueiI < © EH © 8 = Ë Htc “29[(NSIP NO suep = le : DAS er S © € ; a À uoreatdsueiL = à é & 2 «4 5 3 ‘uorn[os e[ SUP = A = 5 D © À = uorjeidsues I, PLIS O0F 1ue)9 [9S OI tn ve 5 SUvP 2/09 {09[NSIp NA Suep CNoRS a PINS uote dsUeAg, < S E © 2 © : Dane “0YIINSIP Ne9,] Suep SieIre : 8 vi See DE uorjetidsuei f, RC 5 Cas = £ = S 3 “UOTJNIOS EL SUrP ANEvE Æ ë uoredidsues RSR = SIEUE L © (=) © “O0F 1u812 [os I ne el . Ê supp 9f[09 ‘99[[1SIP NEO, SUep SSL = 8 S UOTE dSUrAL, < © FH L=2 SR : £ DS © - : na “3 99[HSIP NUIT SUEP S l'A ‘Ss . SANS uorjeidsuert, RIRE 5 G Al en Li) e Cb] m, a ee ©: = el 2x; « pre 5 © = “UOTN[OS PL Suep = & = = s 1N & © = e] G 1orquatds à é a uorjestdsutig ARUPANT ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. EE EEE PEINE I IEEE A 80,5 À 81,5. TAY HYGROMETRIQUE DE L'AIR 219,0 À 219,4. TABLEAU IL. — TEMPÉRATURE DE L'AIR ‘007 1u819 Neal # SO © : SUPP 9[(99 ‘UOLJN[OS E[ SUPP A S e = UOeATAS UNI, =] . . £ & , 3 “UOTJN[OS EI SUEP = e = : Ÿ 1 MS GT 19 GI : > uOTJeaTdSU CI] STE RES ® È = e © a n ur ere c "29[[SIP nv S D = 21NSIP ( P CUS si = uOuITASUCAL sie à uvJa neo O0F uv: al AE SEE ds SUEP 9[[99 ‘UOIJNIOS EL SUCP a) = = = 2 uote dsUtiL 1e “UOTN[OS PL SUEP CITE : La] Si d d CE 3 Red ï < uor}edSUCAT, DR es à < = = © La 7? 2 "09[[USIP nv] Sucp = a 2 © — Z + = uornrudsural MEL ES 6 UEJ) nvo 007 1Uë1ÿ il RE ES: = SUEP 9[[99 ‘UOTNIOS CU] SUEP 2 Sa S 2 2 BR È = uotjeardsueiL ‘UONLOS EL Suep SPÉRNTE ; CR . am GT : ai uorjesidsuri É— o < = = a 2 F “op[1SIP NUIT SUP & 2 & 2 oneardsurs SO AS = UOTE ASUCS EL = = C ueJ9 nvo 007 ue; al LITE ee — SUEP 9[[09 ‘UONNIOS E[ SUEP D © © ; = — S extdsur S uoyeatdsueiz = ns ‘UOTN[OS EL suep M NE F a À ï as O1 19 . ne uoreatdsuvaiz a S < & a a = > #2 GO IT SIP NEO TÉSUED a 2 & S uorertdsura NON Æ mendsuriL REV TES “007 1ueJ9 nvo O0 ut: il Loire _ = SUVP 9[[09 ‘UON[OS E[ SUP nes ES = = UOTPATASU LA I, = = 1 : pu ‘UOTN[OS EI SUEP = = ns È Fi eardsue RÉ ue È & uoreudsurig ES MEET 5 < E N So à “9I[NSIP ne] Sup UE EN TS G Gi + = uoneatdsuvig AS MENNNES 30 3. VESQUE. trois les solutions différemment concentrées de chlorure de potassium (voy. tableau page 99). Il est donc bien évident que les rameaux coupés se com- portent exactement de la même manière que les plantes intactes. Quand ils ont été longtemps au régime de l’eau dis- üllée, leur transpiration est activée par les dissolutions salines ; quand, au contraire, ils ont eu à leur disposition des solutions salines, l’eau distillée hâte la transpiration. Ce résultat est certainement fait pour étonner. À priori, on aurait été tenté de considérer tous ces phénomènes comme dépendant du pouvoir osmotique des racines. ÎLest à présent certain que ce pouvoir ne réside pas unique- ment dans les racines, mais dans toutes les parties de la tige, et qu'il est en relation avec Pascension de la sève. Ces faits, je pense, contribueront à jeter quelque jour nouveau sur la question de la circulation de l’eau dans la plante. n’y a pas de différence entre l’action des sels isolés et celle des solutions nourricières. Des rameaux de Lilas qui avaient séjourné pendant quarante-quatre heures dans l’eau distillée ont transpiré beaucoup plus vite dans des solutions complexes à;,:, 4, 2 et 3 pour 4000 que dans l’eau pure. Voici les chiffres : Moyenne des trois rameaux : a. Rameaux recevant la solution nourricière à 1/5 p. 1000: Transpiration dans l’eau distillée............,... 0,193 Transpiration dans la solution.................. 0,203 b. Rameaux recevant Ja solution nourricière à 1/2 p. 1000 : Transpiration dans l’eau distillée................ 0,190 Transpiration dans Jaisolutions : "2... 0,220 © Rameaux recevant la solution nourricière à 1 p. 1000: d. Rameaux recevant la solution nourricière à 2 p. 1000 : Transpiration dans l’eau distillée.......,........ 0,170 Transpiration dans la solution....,...,..,...... 0,226 : ABSORPTION DES MATIÈRES SALINES PAR LES RACINES. 91 e. Rameaux recevant la solution nourricière à 3 p. 1000 : Transpiration dans l’eau distillée............... 0,260 Transpiration dans la solution.................. 0,330 Pendant ces expériences, la température de lair est restée très fixe à 21°; l’état hygrométrique a varié de 85 à 87. LES FORETS DU NEVADA CENTRAL AVEC QUELQUES REMARQUES SUR CELLES DES RÉGIONS ADJACENTES Par MH. Ch, S. SARGENE. Le voyageur qui traverse le grand Bassin par la voie de fer du Pacifique pourrait croire ce pays presque aussi dépourvu d'arbres que le grand plateau qu'il a laissé derrière les mon- tagnes Rocheuses, en arrivant de l'Est. Cependant cette pre- mière impression disparaîtrait s’il descendait davantage vers le Sud et s’il gravissait quelques-unes des basses chaines de mon- tagnes qui, presque toutes dirigées dans le sens des méridiens, divisent partout l’intérieur de cette région élevée en longues et étroites vallées. Comparées à nos forêts atlantiques ou à celles, plus nobles encore, qui, dans l'Ouest lointain, doivent leur existence au voisinage de l'océan Pacifique, les forêts de ces déchivités du Nevada se font remarquer par leur peu d’étendue, l'aspect misérable des arbres, et surtout par le nombre extrè- mement restreint des espèces dont elles sont composées. Néan- moins, si clatrsemées et si pauvres qu'elles soient, elles ont, dans l’état actuel des choses, une immense valeur, parce qu’elles régularisent et conservent les fables cours d’eau qui soutiennent l’agriculture du Nevada, et qu'elles fournissent les bois de construction et de chauffage à une nombreuse popula- tion; population malheureusement imprévoyante, qui gaspille sans trêve n1 merei eLsans prévision de l'avenir cette précieuse ressource, oubliant que son isolement des contrées habitées, les longues distances et le fret excessivement élevé des trans- ports lui enlèvent tout moyen de se pourvoir ailleurs. Une rapide excursion entreprise au mois de septembre der- nier (1878), en vue d'étudier sur place la production forestière du grand Bassin et d'introduire dans nos États de l'Est quel- ques-unes des plantes particulières à cette région, m'a conduit FORÊTS DU NEVADA CENTRAL. 33 jusqu’au centre minier d'Eureka, et de là, par les vallées du Dry et du Fisher Spring, à 75 milles plus au sud, dans la chaîne du Monitor, jusqu’à son point culminant, la montagne de la Table, haute de 41 200 pieds (3425 mètres). Je trouvai là tous les matériaux de l'étude que j'avais dessein d’entre- prendre. Les forêts, dans cette partie du grand Bassin, ne con- tiennent que sept espèces d'arbres. Deux d’entre eux, le Cèdre rouge (Juniperus virginiana L.) et le Tremble (Populus tremu- loides Michx), s'étendent à travers tout le continent, de PE. à l’O.; deux autres, le Pinus Balfouriana Murr. et le Pinus flexilis James, couvrent les chaines de montagnes depuis les monts Rocheux du Colorado jusqu'au mont Shasta en Cali- fornie; deux encore, le Pinus monophylla Torr. et le Juniperus cahifornica Carr., variété utahensis Engelm., sont endémiques dans le grand Bassin; enfin le Cercocarpus ledifolius Nutt., qu’on ne rencontre qu'à l’état de buisson plus ou moins grand dans les monts Rocheux et en Californie, et qui devient, mais ici seulement, un arbre d’une certaine valeur. Ni le Cèdre rouge, ni le Tremble n’ont d'importance ici. On n’a rencontré qu'un seul individu de Cèdre rouge fort ra- bougri, et il est évidemment si rare dans toutela région, qu'il n'ajoute à peu près rien à la valeur de ses forêts. Quant au Tremble, 1} borde tous les cours d’eau des montagnes au-des- sus de 8000 pieds (2440 mètres) d'altitude, et il est rare qu'il y atteigne une hauteur de 15 pieds (5 mètres), satige n'ayant à la base que quelques pouces d'épaisseur : aussi le considère- t-on comme pratiquement mutile. Plus à l'E., dans les monts Wahsatch, on voit quelques arbres de cette espèce dontle tronc acquiertjusqu'à deux pieds d'épaisseur (61 centimètres). Là 1l est exploité sur une grande échelle par les. Mormons, qui en ürent des planches, des solives, des ustensiles divers, etc. Le Juniperus californica var. utahensis est le plus commun et le plus largement répandu de tous les arbres de la région. On le rencontre à des altitudes moindres que les autres, etilest le seul qui descende jusqu’au fond des vallées, où, à la hauteur 6° série, Bor. T. IX (Cahier n° 1). 3 3 34 OM. S. SARGENT. de 5000 pieds (1925 mètres), il est souvent abondant, mais moins cependant que sur les déclivités des montagnes, où il s'élève à plus de 8000 pieds (2440 mètres). C’est un arbre bas, de forme buissonnante, ramifié au niveau du sol, dont le tronc robuste excède rarement 2 pieds (61 centimètres) de diamètre à la base. Sa ramure est courte et résistante, son écorce épaisse et fendillée. Le bois, qui est d’une dureté moyenne, de cou- leur pâle et légèrement aromatique, fournit le combustible le moins cher tant pour les usages domestiques que pour le chauf- fage des machines à vapeur employées dans les travaux des mines ou sur les voies ferrées. Le Juniperus californica type est propre à la région californienne maritime, et sa variété w{a- hensis s'étend sur toute la partie méridionale du grand Bassin. Lorsqu'elle porte fruits, cette espèce se reconnait aisé- ment à ses baies sèches et monospermes, à lagrande épaisseur de lenveloppe ligneuse qui entoure la graine, et, comme la fait remarquer le docteur Engelmann, à son embryon pourvu de #4 à 6 cotylédons, ce qui est unique dans le genre. Lorsqu'il n’est pas en fruits, on peut aisément ie confondre avec le J.occidentalis Hook., qui cependant n’a pas été trouvé dans le Nevada central. De même que tous les arbres du grand Bassin, ce Genévrier croît avec une excessive lenteur. Un échantillon que j'en ai en ce moment sous les yeux, et qui a quatre pouces et demi de diamètre, laisse voir sur sa coupe transversale cent cinq couches ligneuses accusant un pareil nombre d'années de croissance. L’épaisseur moyenne de l'accroissement annuel est donc d'environ ! de pouce (; nullimètre). En compagnie de ce Genévrier, au-dessus de 6000 pieds (4830 mètres), et montant mème un peu plus haut que lui, se trouve le Pinus monophylla Torr., le Nut Pine ou Pin aman- dier du Nevada et de la Californie orientale, qu'il ne faut pas - confondre avec une autre espèce à grames également comes- tibles, le P. edulis Engelm., qu'on rencontre depuis le Colorado jusqu'au Nouveau-Mexique et à PArizona. Le P. monophylla est un petit arbre de 40 à 20 pieds (de 3 à 7 mètres) de haut, à écorce écailleuse et rougeûtre, qui se distingue à première vue FORÊTS DU NEVADA CENTRAL. 39 de tous les autres Pins américains par ses feuilles ou aiguilles solitaires, glauques et cylindriques ; 1l est rare qu’elles soient géminées, et alors elles sont demi-cylindriques. Le bois de l'arbre est blanc, doux au toucher, léger et très résineux. C’est de tous les bois de la région celui qu’on préfère pour faire du charbon. Par la lenteur de sa croissance, le P. monophylla rivalise avec le Genévrier dont je parlais plus haut. J’en ai exa- miné un échantillon tiré de la même localité que ce dernier il avait 5 pouces et demi de diamètre, et sur sa couche transversale on comptait cent trente couches annuelles de bois. On sait communément que l'immense production d'amandes, de saveur agréable, qui se récoltent dans ces forêts de Pins, constitue la base la plus importante de l’alimentation des Indiens du grand Bassin. La valeur de cette récolte et lexcel- lence du charbon qu’on obtient de son bois font du Pinus mo- nophylla un arbre exceptionnellement précieux dans un pays minier entièrement dépourvu de houille, mais c’est aussi ce qui fait le danger de le voir disparaître dans un prochain avenir. I ne serait pas sans intérêt de tenter l'introduction de cet arbre dans le midi de l'Europe; il réussirait vraisemblablement sur les pentes arides des montagnes actuellement dénudées et qu’on tente presque vainement de reboiser d’essences européennes. Son port strictement pyramidal lorsqu'il est jeune, mais qui change de figure avec l’âge, et la belle teinte glauque de son feuillage, le recommandent d’ailleurs aux amateurs de Coni- fères cultivées pour le simple agrément. Le Pinus Balfouriana n’a été trouvé jusqu'ici que sur le mont Prospect, près d’'Eureka, à une hauteur de 7500 à 8000 pieds (2000 à 2440 mètres), c’est-à-dire jusqu’au sommet de la mon- tagne. À l’arrivée des Européens, ce sommet étaitentièrement boisé, mais, à peu d’exceptions près, tous les Pins ont été cou- pés pour fournir des madriers aux mineurs, qui tes préféraient à cause de leur grain serré et résistant à tous les autres bois du Nevada. Les individus qui ont échappé à cette destruction ont de 15 à 80 pieds de haut; leur tronc a quelquefois jusqu’à deux pieds de diamètre à la base, et leur forme pyramidale les 30 CHE. S. SARGENT. ferait prendre, à une certaine distance, pour des Sapins. L’écorce du tronc, comme le bois, estrougeàtre, très épaisse et profondément crevassée; celle des branches est lisse et entiè- rement blanche. Les feuilles, courtes, serrées et incurvées, persistent pendant des années, formant des touffes longues d’un pied à lextrémité des rameaux dénudés sur le reste de leur étendue, ce qui à valu à l'arbre, de la part des mineurs, le nom de Pin queue de renard. Si le Pinus Balfouriana devait conserver dans la culture les particularités qui le distinguent sur les montagnes du Nevada, il deviendrait intéressant pour les plantations ornementales. Le Pinus flexilis, qui représente au Nevada le Pin blanc de Est et le Pin à sucre de Californie, est le plus grand et certai- ment le plus estimable des arbres de futaie de la partie centrale du grand Bassin. Jen ai vu de grands massifs sur la chaîne du Monitor, entre 8000 pieds (2440 mètres) et 10000 pieds (3050 mètres) d'altitude. C’est lui qui, plus loi vers le nord- est, donne aux diverses parties de la région leurs noms de White Pine district, Wlhite Pine range, etc. Sur la chaine du Monitor on rencontre assez fréquemment des individus de 50 à 70 pieds (15 à 18 mètres) de hauteur, avec des troncs de 2 à 4 pieds de diamètre ; mais la taille de ces arbres diminue graduellement avec l’altitude, de telle sorte qu’à 3000 mètres ils se réduisent à de simples buissons de 4 à 2 pieds de haut. Le fait que les plus beaux exemplaires de ce Pin se trouvent le long des cours d’eau de la montagne, en compagnie du Popu- lus tremuloides, mdique clairement qu’il est plus sous la dépen- dance de l’humidité de l'air et du sol que les autres Conifères du Nevada. Cest le seul arbre de la région que l’on débite en planches. Le bois en est tendre, blanc, à grain assez fin, et quoiqu'il ne soit pas dépourvu de nœuds, il est bon, et, pour la qualité, il tient le milieu entre ceux du Pin blanc de l'Est et du Pin à sucre de Californie. Le Cercocürpus ledifolius, qui, exception faite du Populus tremuloides, est le seul arbre non conifère du pays, atteint ici sa plus grande taille et son plus grand âge. Il est commun FORÊTS DU NEVADA CENTRAL. A entre 6000 et 8000 pieds (1830 et2440 mètres) d'altitude, et, après le Genévrier et le Pin amandier, l’arbre le plus abondant du Nevada central. C’est un petit arbre de 10 à 30 pieds (de 3 à 9 mètres) de haut, à petites feuilles persistantes, à écorce brune et qui se détache par plaques; par son port et tout son aspect il rappelle assez bien un Pommier à tête déprimée. Le bois de cet arbre, qui est d’une brillante couleur d’acajou et prend un beau poli, est excessivement dur, pesant, à grain serré, mais extrèmement fragile, et si difficile à travailler, qu’on le regarde comme ne pouvant être d'aucune utilité dans l’in- dustrie. On l’emploie cependant quelquefois comme support de machines, et, sous ce rapport, ilrivalise de solidité avec les métaux. Toutefois sa valeur comme combustible l'emporte sur celle de tous les autres arbres de l'Amérique du Nord. Dans nos États de l'Est, nous considérons nos Hickories (Juglans, Carya) comme fournissant le meilleur bois de chauffage, mais ils sont inférieurs à ce point de vue à l’Acajou de montagne, ainsi qu’on nomme généralement le Cercocarpus dans le Nevada. Le poids spécifique de l'Hickory sec n’est que 0,838 (le poids de l’eau étant pris pour unité); celui du Cercocarpus est 1,117, et comme la valeur du combustible est proportionnelle au poids spécifique, le bois du Cercocarpus est de 30 pour 100 supé- rieur à celui de l’Hickory. Le résidu de cendres laissé par la combustion n’est, pour le Cercocarpus, que 0,52 pour 100 du bois consumé; il est de 0,81 pour 100 pour l'Hickory, e’est-à- dire de ;, pour 100 plus élevé. Le Cercocarpus est probable- ment le seul arbre de l'Amérique septentrionale dont le bois soit plus lourd que l’eau, et, parmi les arbres des tropiques utilisés dans les arts, il n’y en a que six, d’après les documents fournis par Lastett, qui l’égalent ou le surpassent sous ce rapport, et parmi eux le Gaïac, le plus lourd de tous, dont le bois sec pèse 1,248. Ainsi qu’on doit s’y attendre, le Cercocarpus croît avec une excessive lenteur. L'examen d’un bon nombre d’échan- üllons, âgés de cent à deux cents ans, que j'ai eus sous les veux, m'a fait reconnaitre que l'accroissement annuel de larbre, en épaisseur, n’est en moyenne que de de pouce (0,42). Le 38 CH. S. SARGENT. plus grand exemplaire vivant que j'ai vu se trouvait sur le mont Prospect, près d'Eureka, à une altitude de 7000 pieds (2135 mètres). C'était un arbre surbaissé, très branchu, haut d’une vingtaine de pieds, dont le tronc avait près de 2 mètres de hauteur au-dessous des premières branches. À un mètre du sol, la circonférence de ce tronc était de 7 pieds 5 pouces (2",25). Si nous supposons que la croissance de cet arbre ait été aussi rapide que celle des échantillons tirés d'arbres plus jeunes que j'ai cités tout à l'heure, on ne peut pas lui attribuer moins de 800 ans; mais il est probablement beaucoup plus vieux, puisque l'épaisseur des couches ligneuses annuelles décroit à partir d’un certain âge, et l’on peut avec vraisemblance sup- poser que la graine d’où il est sorti avait déjà germé quand le plus âgé des Sequoia actuellement vivants en Californie n'avait pas encore atteint son second centenaire. Deux arbustes de cette région méritent d’être mentionnés ici à cause de leur beauté, qui les rend tout à fait dignes d’entrer dans nos jardins d'agrément. C’est d'abord le Cowania mexi- cana Don, superbe Rosacée, très voisine du Gercocarpus, qui se distingue par un élégant feuillage pennilobé et par de grandes et très abondantes fleurs jaunes; puis un Spiræa frutescent, le S. Millefolium Torr., dont le feuillage rappelle celui du Cha- mæbalia: mais c’est une plante plus forte et d’un port plus frappant; peut-être mème est-il le plus beau de tout le genre, On voit par ce qui précède que les forêts du Nevada, compo- sées d’un petit nombre d'espèces qui luttent péniblement contre un mauvais sol et un mauvais climat, datent d’une époque très reculée, et que les arbres clairsemés et rabougris dont elles se composent n'atteignent leur état adulte qu’après des siècles de croissance prodigieusement lente, Pour cette raison, il devient visible qu'une fois détruites, elles ne pourront plus se reconsti- tuer, la sécheresse, qui sera la conséquence du déboisement, devant opposer à la nature et aux efforts de l’homme un obstacle insurmontable. Il importe donc d’éveiller l'attention publique sur la nécessité de sauver, avant qu’il soit trop tard, quelques parties de ces forêts, De vastes surfaces encore boisées appar- FORÊTS DU NEVADA CENTRAL. 39 tiennent au gouvernement, et 1l est de son devoir de les main- tenir intactes pour conserver lhumidité des montagnes, d’où dépend lPexistence future des populations de cette contrée. C'est une idée dont on ne peut se défendre quand on a vu les terribles destructions d'arbres qui s’exécutent journellement sur le do- maine public et sur le domaine privé, et qui s'étendent à me- sure qu'on découvre de nouveaux gîtes de métaux précieux. Il n’est pas sans intérêt de comparer la végétation arbores- cente du Nevada avec celle des régions situées directement à l'est et à l’ouest du grand Bassin, car de cette comparaison résultera un nouveau degré d’évidence de la pauvreté forestière du Nevada. On y trouvera en même temps üne nouvelle preuve -du rapport qui existe entre la pluie et la distribution des forêts, et surtout de l'influence de l'humidité sur le nombre des espè- ces, nombre qui eroit ou diminue en proportion de la quan- tité d’eau pluviale qui arrose annuellement la terre. Dans le territoire situé entre les 41° et 37° parallèles, et qui s'étend du pied oriental des montagnes Rocheuses aux ver- sants occidentaux de la Sierra-Nevada, il existe trois grands massifs forestiers (1). Gommençant par l'est, nous trouvons : 4° les montagnes Rocheuses, comprenant, outre la chaîne prin- cipale, les chaînes secondaires de Uinta et de Wahsatch, ainsi que la région du Goloradoet la moitié occidentale de l'Utah; 2° le Nevada proprement dit, qui s'étend du pied occidental du Wahsatch au pied orienta de la Sierra-Nevada, embrassant la moitié occidentale de l'Utah et la totalité du Nevada, à l’ex- ception de ses deux extrémités nord et sud ; 3° enfin, la région montagneuse de la Sierra-Nevada. Dans les montagnes Rocheuses, circonscrites comme nous venons de le dire, et où, malgré leur situation continentale, règne une grande humidité qu'y aturent les pics très élevés qui les dominent de toutes parts, on trouve 29 espèces d'arbres et (4) Dans la comparaison qui va suivre, nous fiendrons compte non-seulement des arbres proprement dits, mais aussi de tous les arbustes et sous-arbustes qui excèdent 1",10 en hauteur, et qui, en qualité de sous-bois, sont un élément très important de la forêt. 40 CH. S. SARGIENT. 18 d’arbustes, en tout 73 espèces ligneuses. Dansle Nevada, où, par suite de sa situation isolée entre de hautes chaînes de mon- tagnes, les chutes de pluie sont faibles et irrégulièrement dis- tribuées, le nombre des espèces arborescentes ou seulement arbustives se réduit presque à la moitié du précédent, soit à 38 espèces, dont 10 arbres et 28 arbustes. Dans la Sierra-Nevada au contraire, où l'océan Pacifique envoie une grande quantité d’eau sous forme de neige, de pluie ou de brouillards, et mal- gré la distribution assez irrégulière de cette eau dans le cours des saisons et de l’année, le nombre des espèces ligneuses s'élève à 89, dont 35 sont des arbres (1), c’est-à-dire trois fois et demie autant que dans la région voisine du Nevada et un üers de plus que dans les montagnes Rocheuses ; et 54 arbris- seaux et arbustes, soit le double du nombre de ceux de la ré- gion du Nevada. La table suivante met en regard, autant que nous la con- naissons actuellement, la végétation forestière des trois régions comparées. MONTAGNES ROCHEUSES. NEVADA. SIERRA-NEVADA. Berberis Fendleri. Berberis Fremontii. Calycanthus occiden- talis. Fremontia californica. Ptelea angustifolia. Rhamnus californica. Rhamnus californica. Rhamnus alnifolia. Rhamnus crocea. Ceanothus cordulatus. Ceanothus integerri- mus. Æsculus californica. Acer grandidentatum. Acer macrophyllum. Acer glabrum. Acer glabrum. Acer glabrum. Negundo aceroides. Rhus glabra. (1) Le Pinus monophylla, quoiqu’on le rencontre çà et là sur le flanc orien- tal de la Sierra, n’est pas compris parmi les arbres que nous attribuons à cette région, parce que, de mème que l’Artemisia tridentata, il est éminemment caractéristique de la flore du Nevada. FORÊTS DU NEVADA CENTRAL. AA MONTAGNES ROCHEUSES. Rhus aromatica. Robinia neo-mexicana. Prunus pennsylvanica. Prunus virginiana. Prunus demissa. Spiræa discolor. Neillia opulifolia. Rubus deliciosus. Purshia tridentata. Coleogyne ramosissi- ma. Cercocarpus parvifo- lius. Cercocarpus ledifolius. Cercocarpus intricatus. Cowania mexicana. Rosa blanda. Rosa blanda var. Sorbus sambucifolia, Cratægus rivularis. Cratægus coccinea. Amelanchier alnifolia. Peraphyllum ramosis- simum. Philadelphus micro - phyllus. Fendlera rupicola. Ribes cereum. Ribes aureum, Ribes leptanthum. Ribes bracteosum. Ribes divaricatum. Cornus pubescens. NEVADA. Rhus aromatica, Prunus Andersoni. Prunus demissa. Spiræa discolor. Spiræa Millefolium. Purshia tridentala. Cercocarpus ledifolius. Cowania mexicana. Rosa californica var. Rosa blanda var Amelanchier alnifolia. Ribes cereum. Ribes aureum. Cornus pubescens. SIERRA-NEVADA. Fhus diversiloba. Rhus aromatica. Cercis occidentalis, Prunus subcordata. Prunus emarginala. Prunus demissa. Spiræa discolor. Neillia opulifolia. Rubus nutkanus. Gercocarpus parvifo - lius. Cercocarpus ledifolius. Adenostoma fascicula- tum. Rosa californica. Heteromeles arbutifo- lia. Sorbus sambucifolia. Cratægus rivularis. Amelanchier alnifolia. Philadelphus Lewisii. Carpenteria californica Ribes cereum. Ribes aureum. Ribes leptanthum. Ribes Menziesii. Ribes oxyacanthoides. Ribes sanguineum. Cornus pubescens. Cornus sessilis. Cornus Nuttallii. Garrya Fremontii. 42 æ MONTAGNES ROCHEUSES, Sambucus glauca. Samhucus racemosa. Lonicera involucrata. Artemisia tridentata. Forestiera neo-mexi- cana. Shepherdia canadensis. Shepherdia argentea. Elæagnus argentea. Sarcobatus vermicula- tus. Atriplex confertifolia, Celtis occidentalis. Celtis occident. pumila, Quercus undulata, Betula occidentalis. Betula glandulosa. Corylus rostrata. CM. S, SARGENT, NEVADA. Sambucus glauca. Lonicera involuerata. Artemisia tridentata. Fraxinus anomala. Shepherdia canadensis. Shepherdia argentea. Shepherdia rotundifo- lia. Sarcobatus vermicula- tus, Atriplex confertifolia. Spirostachys occiden- talis. SIERRA-NEVADA. Sambucus glauca. Sambucus racemosa. Lonicera involucrata. Cephalanthus occiden- talis. Leucothoe Davisiæ. Arctostaphylos pun - gens. Rhododendron ogci- dentale. Styrax californica, Fraxinus dipetala, Fraxinus oregona. Eriodictyon glutino- sum. Umbellaria californica. Quercus lobata. Quercus lobata fruti- cosa. Quercus Douglasii. Quercus chrysolepis. Quercus chrysolepis var. vacciniifolia. Quercus sonomensis. Quercus Vislizeni. Quercus densiflora. Castanopsis chryso - phylla. Corvlus rostrata cali- fornica. Myrica Hartwegii. FORÊÈTS DU NEVADA CENTRAL. 43 MONTAGNES ROCHEUSES. Alnus incana. Alnus viridis. Salix longifolia, Salix cordata. Populus tremuloides. Populus angustifolia. Populus balsamifera. Ephedra trifurca. Pinus contorta. Pinus contorta latifo- lia. Pinus ponderosa. Pinus edulis. Pinus flexilis. Pinus Balfouriana. Picea Engelmanni. Picea pungens. Abies subalpina. Abies concolor. Pseudotsuga Dougla - sil. Juniperus occidentalis. Juniperus virginiana. 13 espèces. 47 genres. 19 arbres de futaie, 6 arbrisseaux. 48 sous-arbustes. NEVADA. Salix ongifolia. Salix cordata, Po,ulus tremuloides. Populus angustifolia. Populus trichocarpa. Ephedra trifurca. Pinus monophylla. Pinus flexilis, Pinus Balfouriana. Picea Engelmanni. Juniperus californica var. utahensis. Juniperus virginiana. RO AREAS 38 espèces. 26 genres. 10 arbres de futaie. 28 arbustes. SIERRA-NEVADA. Alnus incana. Alnus rhombifolia. Salix (species). Salix (species). Populus tremuloides. Populus Fremontn. Populus trichocarpa. Pinus contorta. Pinus ponderosa. Pinus flexilis. Pinus Balfouriana. Pinus Sabiniana. Pinus tuberculata. Pinus monticola. Pinus Lambertiana. Abies concolor. Abies magnifica. Abies nobilis. Tsuga Hookeri. Pseudotsuga Dougla- sil. Sequoia gigantea. Libocedrus decurrens. Taxus brevifolia. Torreya californica. Juniperus occidentalis. æ espèces. genres. arbres de futaie. petits arbres. arbustes, ot Q2 © ER Le 44 CH. S. SARGENT. Quatorze espèces sont communes aux trois régions; ce sont les suivantes : Acer glabrum. Rhus aromatica, var. Prunus demissa. Spiræa discolor, var. Cercocarpus ledifolius. Amelanchier alnifolia. Ribes cereum. Ribes aureum. Cornus pubescens. Sambucus glauca. Lonicera involucrata. Populus tremuloides. Pinus flexilis. Pinus Balfouriana. En sus de ces quatorze espèces, il y en a 12 qui sont com- munes aux montagnes Rocheuses et à la Sicrra-Nevada, sa- VOIT : Rhamnus californica. Neillia opulifolia. Cercocarpus parvifolius. Sorbus sambucifolia. Ribes leptanthum. Sambucus racemosa. Alnus incana. Pinus contorla. Pinus ponderosa. Abies concolor. Pseudotsuga Douglasii. Juniperus occidentalis. Toutes les espèces du Nevada s'étendent à la région des montagnes Rocheuses, à lexception des 10 suivantes : Berberis Fremontii. Prunus Andersoni. Spirea Millefolium. Rosa californica, var. Fraginus anomala. Shepherdia rotundifolia. Spirostachys occidentalis. Populus trichocarpa. Pinus monophylla. J'uniperus californica, var. Le Populus trichocarpa est la seule espèce arborescente du Nevada (peut-être cependant avec les deux Saules) qui, en outre des 1% espèces communes aux trois régions, s'étend jusqu’à la Sierra-Nevada, de sorte que 15 espèces du Nevada se trouvent dans la région de la Sierra-Nevada, tandis que 28 pénètrent dans les montagnes Rocheuses, ne laissant ainsi que 10 espèces appartenant en propre au Nevada. Parmi elles, le Fraxinus anomala et le Shepherdia rotundifolia sont endé- miques ; les 8 autres espèces s'étendent au sud jusque dans l’Arizona. Les genres suivants, qui sont communs à la Sierra-Nevada FORÈTS DU NEVADA CENTRAL. 45 et aux forêts atlantiques, n’ont pas de représentants dans la flore continentale intermédiaire : Calycanthus. Myrica. Cephalanthus. Torreya. Styrax. Cercis. Æsculus. Rhododendron. Leucothoc. Tsuga. Dans la Sierra-Nevada, 10 genres n’ont pas de représentants dans les forêts de l'Est, savoir : Fremontia. Castanopsis. Carpenteri«. Libocedrus. Umbellaria. Heteromeles. Adenostoma. Eriodictyon. Garrya. Sequoia. Un fait à remarquer est Pabsence presque totale de Légumineuses arborescentes et frutescentes dans les trois régions, où les genres herbacés de cette famille sont cepen- dant fort nombreux, et l’on à d'autant plus lieu d’en être sur- pris, que ces Légamineuses arborescentes abondent un peu plus loin au sud, dans le Nouveau-Mexique et l’Arizona. On trouve cependant dans la région des montagnes Rocheuses un Robinia très voisin de ceux des États de l'Est, et dans la Sierra-Nevada une seule espèce de GCercis, qui encore n’est qu’un grand buisson. D'autre part, el ceci est pareillement à noter, le nombre des Rosacées frutescentes, dont plusieurs sont endémiques et monotypiques, est très considérable com- parativement à celui des autres Angiospermes. C’est ainsi qu’on trouve dans les montagnes Rocheuses 13 genres et 19 espèces de ces Rosacées ligneuses ou arborescentes ; 7 genres et 10 es- pèces dans la région du Nevada ; et 11 genres avec 13 espèces dans celle de la Sierra-Nevada, c’est-à-dire, en tout, 14 genres et 28 espèces. Dans toute l'étendue des États-Unis à l’est du Mississippi, on ne connaît que 10 genres de Rosacées ligneuses, tous représentés dans nostrois régions de l'Ouest, à Pexception des deux genres méridionaux Chrysobalanus et Noeviusia. La comparaison de nos trois régions, en ce qui concerne les Chênes, va nous faire voir combien la distribution de ces arbres est sous la dépendance de l'humidité du climat. Les Chênes 46 CH. S. SARGENT. abondent dans les deux forêts de l'Est et de l'Ouest, celles de l'Atlantique et du Pacifique, tandis que dans Ja région inter- médiaire des montagnes Rocheuses il n°y en à qu’une seule es- pèce, extrèmement polymorphe, qui n’atteint pas le Nevada, où aucune espèce du genre n’est connue ; 1] n’y en a même point, autant que Je sache, sur les flancs orientaux de la Sierra- Nevada, qui font face à la région aride du grand Bassin. Quel- ques espèces insignifiantes et rabougries de Chènes se ren- contrent cependant le long des montagnes de l’Arizona et du Nouveau-Mexique ; mais il tombe là quelques pluies, qui sont mieux distribuées sur les saisons que plus au nord, et c’est par là, en quelque sorte, que la région forestière du Pacifique se rattache à celle de l'Atlantique. Ce qui est encore à noter, c'est l'absence du Pinus pon- derosa dans la région du Nevada. Cette espèce abonde dans toute la chaine des montagnes Rocheuses, et, à travers le Nouveau-Mexique et l’Arizona, elle s'étend jusqu'à la Sierra- Nevada, où elle constitue, sur les pentes orientales arides, au moins les trois quarts de la forèt. On pourrait done s'attendre à la rencontrer sur quelques-uns des sommets les plus élevés du Nevada central, et cependant personne ne ly a encore vue. Il en est de même du Pseudotsuga Douglasti, très commun dans toute la région des montagnes Rocheuses, ainsi que sur les pics les plus élevés du Nouveau-Mexique et de l’Ârizona, mais qui ne pénètre pas dans la région du Nevada. Ceci, toutefois, est peut-être moins surprenant que l’absence du Pinus ponde- rosa, parce que le Pseudotsuga Douglasii ne parait pas non- breux sur les versants orientaux de la Sierra-Nevada, et qu'il w’attemt son plus grand développement que sous le ciel humide du nord-ouest de la région maritime. Enfin le Juniperus virginiana, l'arbre américain le plus lar- sement répandu, qu'on rencontre depuis le fleuve Saint-Eau- rent jusqu’à la Floride, et des bords de l’Atlantique aux côtes septentrionales du Pacifique, ne pénètre pas cependant dans la Sierra-Nevada, et l’on peutdire qu'il expire dans le Nevada, où il est d’une extrème rareté. SUR LA DÉCOMPOSITION DE L'ACIDE CARBONIQUE PAR LES FEUILLES ÉCLAIRÉES PAR DES LUMIÈRES ARTIFICIELLES Par ME. Æ. Æ, AEHERRANN Docteur ès sciences et RE. IL. RMIABEENNE Licencié ès sciences, répétiteur à l'Ecole de Grignon. M. Hervé-Mangon et M. Prillieux ont montré, il y a déjà quelques années, que des feuilles développées dans l’obscurité, présentant la teinte jaune des plantes étiolées, verdissent quand elles sont soumises à l’action des lumières artificielles. — Continuant ces recherches, M. Prillieux (Comptes rendus, 4869, p. 408) a placé des rameaux d’Helodea dans de l’eau légèrement chargée d’acide carbonique et les a exposés à l’action des lumières artificielles, Il a vu s'échapper des sec- tions des rameaux de petits filets gazeux : quand le dégagement n’est pas trop rapide, on peut compter les bulles émises dans un temps donné et en déduire l'intensité avec laquelle se pro- duit le phénomène. En s'appuyant sur les expériences de M. Prillieux, les seules que nous connaissons sur ce sujet, peut-on affirmer que les lumières artificielles sont capables de déterminer la décompo- sition de lacide carbonique ? Est-il certain que le gaz qui s'échappe par les rameaux coupés est bien de l'oxygène pro- venant de la décomposition de l’acide carbonique ? Nous ne pensons pas que lexpérience soit suffisante pour qu'on en puisse déduire que les lumières artificielles déter- minent la décomposition de l'acide carbonique. En effet, les feuilles renferment toujours une certaine quantité de gaz; ces feuilles, exposées à l’action de radiations à la fois calorifiques 48 . HP. HEINRAIN DE L. NMAQUENNE. et lumineuses, peuvent laisser dégager le gaz qu’elles con- tiennent, par suite d’un simple échauffement, et le dégagement gazeux observé est peut-être simplement l'air qui était primi- ivement renfermé dans les feuilles (4). Il est très possible cependant que le dégagement gazeux soit dû non-seulement à un échauffement du gaz de la feuille, mais aussi à une décomposition d'acide carbonique; l'expérience de M. Prillieux laisse la question indécise, et pour arriver à une certitude, il nous à paru nécessaire de nous placer dans des circonstances telles qu'elles permissent de procéder à des ana- lyses, nous montrant un excès d'oxygène dans l'atmosphère où avaient séjourné les feuilles éclairées. Il est évident que, pour que le phénomène d’assimilation soit sensible, 1l faut fournir à la plante une somme de lumière suffisante pour qu'elle dégage un volume d'oxygène au moins égal à celui qui est consommé dans le mème temps par la respiration ; or, pour arriver à ce résultat, on est nécessaire- ment conduit à rapprocher beaucoup la feuille de la source lumineuse, et il arrive bientôt un moment où la chaleur obs- cure, qui est rayonnée en même temps que la lumière, devient suffisamment intense pour désorganiser les tissus chlorophyl- liens qui aussitôt cessent de fonctionner (2). Habituellement cette difficulté ne se rencontre pas quand on opère au soleil; car dans ce cas le rapport de la chaleur obscure à la chaleur totale est seulement de Æenviron, tandis que vour les sources artificielles, 1l s'élève quelquefois Jjus- qu'à #, nombre trouvé pour le rayonnement du platine dans la lampe de M. Bourbouze. Il nous a dès lors semblé que, dans les expériences de M. Prillieux, l’eau jouait surtout le rôle d’un corps absorbant chargé d'arrêter au passage les radiations obscures, et par suite (4) Voyez la note de M. Barthélemy, Ann. de chimie et de phys., 6° série, 1878,t. XVIII, p. 140. (@) L'un de nous a fait voir, dans une Note communiquée à l’Académie des sciences (décembre 1878), que le pouvoir absorbant des feuilles pour Ja chaleur obscure émise par la lampe Bourbouze est égal à 0,70 en moyenne. ACTION DES LUMIÈRES ARTIFICIELLES SUR LES FEUILLES. 49 de ramener le rayonnement des lumières artificielles à une constitution physique analogue au rayonnement du soleil. C’est en se basant sur cette première idée théorique que toutes Les expériences que nous allons décrire ont été entre- prises. Dans une première série d’essais nous avons laissé des plantes immergées dans une dissolution faible d'acide carbonique, suivant le procédé classique de MM. Cloëz et Gratiolet. Nous avons bien vu, comme l’a observé M. Prillieux, une multitude de bulles gazeuses couvrir la surface des feuilles et s'échapper rapidement par la section des tiges et des pétioles ; mais lorsque nous avons cherché à déterminer, par la méthode de M. Bous- singault, la composition de l’atmosphère dissoute dans l’eau, de l'atmosphère de l’eau et des feuilles ayant subi ou non une illumination artificielle, nous n'avons pas obtenu des résultats satisfaisants. Nous avons donc dù renoncer à cette méthode, et nous avons opéré en plaçant nos feuilles dans une atmosphère gazeuse chargée d'acide carbonique, et en les protégeant de l’action trop intense des rayons calorifiques par une couche d’eau de À à 2 centimètres d'épaisseur (1). K Acer, Appareil employé. Les premiers essais que nous avons exécutés nous ont fait voir que nous ne pouvions arriver à des résultats précis qu’en opérant par comparaison, c’est-à-dire en déterminant avec exactitude les changements de composition que la présence d’une feuille déterminait dans lPatmosphère gazeuse où elle était placée; et pour apprécier ces changements sans cause d'erreur, nous avons résolu de remplir simultanément deux tubes, dont l’un renfermait une feuille, dont l’autre servait de témoin, avec le même mélange gazeux; puis, de soumettre ces (1) On sait, d'après M. Aymonnet (Comptes rendus, 1876), que, dans une auge de verre d’un centimètre d'épaisseur, l’eau absorbe les 0,802 de la chaleur émise par la lampe de Bourbouze. G° série, Bot. T. IX (Cahier n° {).# 4 90 BP. P. HAIRERIRAEN HU EL. MAQUENRE. deux tubes aux mêmes conditions de température, pour que la petite quantité d’eau qui restait en contact avec l'atmosphère gazeuse ne püt pas dissoudre des quantités variables d'acide carbonique. Après quelques tätonnements, nous nous sommes arrêtés à la disposition suivante : On a coupé d’abord deux tubes de verre semblables à ceux qu'on emploie dans les analyses organiques, à une longueur de 95 centimètres environ ; on les a munis à l'extrémité inférieure d’un bouchon plein, et à l’extrémité supérieure d’un bouchon muni d’un tube qui porte un caoutchouc qu’on peut écraser à l’aide d’une pince. Ge caoutchouc se raecorde à un tube courbé en arc de cercle auquel est soudé un tube vertical ; celui-ci, maintenu à l’aide d’une pince et d’un support est terminé par un long caoutchouc. On introduit une feuille étroite et longue, comme celles des Graminées, dans l’un des tubes à analyse, puis on dispose les deux tubes au-dessus d’une euve à eau, et lon aspire par le caoutchouc en ouvrant les deux pinces, de façon à remplir simultanément d’eau les deux tubes, celui qui renferme la feuille et le témoin : l’eau remplit tout l'appareil. On continue d'aspirer jusqu’à ce que le tube de caoutchouc soit plein lui- même ; on le serre alors fortement avec les doigts de façon à le conserver plein d’eau, et on labaisse au-dessous du niveau de la cuve pour qu'il fonctionne comme siphon. Lorsqu'on recon- nait qu'il ne reste pas une seule bulle d'air dans Pappareil, on laisse se fermer les deux pinces, puis on adapte l'extrémité du caoutchouc au robinet supérieur d’un gazomèétre renfer- mant un mélange d'air et d'acide carbonique ; on tourne Îles robinets, on desserre les pinces, et le gaz remplit aussitôt les deux tubes. On abandonne les pinces qui écrasent les tubes de caoutchouc; on ferme les tubes inférieurement avec le bou- chon plein, sans les sortir de l’eau, on les sépare du tube en arc de cercle, et les deux tubes renfermant un mélange gazeux identique sont prêts à être exposés à l’action de la lumière. La quantité d’eau qui reste au bas des deux tubes est très faible et ne peut avoir qu'une très petite influence sur la composition ACTION DES LUMIÈRES ARTIFICIELLES SUR LES FEUILLES. 91 du gaz; elle est au reste sensiblement la même dans les deux tubes. Ceux-e1 sont immergés dans de grandes éprouvettes rem- plies d’eau etplacées à égale distance de la source lumineuse : cette distance a varié de 6 à 8 centimètres, Les expériences ont duré de une heure à une heure et demie ; elles ont eu lieu sou- vent pendant la nuit, de façon que la lumière solaire ne püt avoir aucune influence perturbatrice. Quand on met fin à lexpérience, on transporte les tubes sous la cuve à eau ; on enlève le bouchon inférieur, on engage le caoutchouc supérieur dans un tube gradué rempli d’eau, on desserre la pince. Le gaz monte dans le tube gradué ; on le mesure, et on l'analyse à l’aide de la potasse, puis du mélange de l’alcali et de l'acide pyrogallique. Protégées par la couche d’eau, les feuilles résistent très bien à l’action des sources, même les plus chaudes ; elles ne pré- sentent aucune altération, et 1l est arrivé souvent qu’on les ait employées à deux opérations successives. & 2, Expériences à l’aide de Ja lumière de Drummond. Expérience n° 1 (98 avril 1879). — Durée, une heure. Feuille de Tulipe. — Distance de la feuille à la lampe, 8 centi- mètres. Analyse du gaz sans feuille. En centièmes. 2 € Re NOIRE 9,4 :. carboni Gaz analysé Le PA LOUE re Ac. carbonique. 6,01 Après potasse.......... 18,00 Orne .i.8160-200Rodive anis 18,79 Après acide pyrogallique. 14,40 A San AZO1E Nr ee 75,19 Analyse du gaz en contact avec la feuille. Gaz analysé. ........... 19,40 NE (DLO Ac.carbonique. 4,64 Aprés potasse..... ARR TDR ARR Oxygène... .... 19,58 Ù À Ve Fe Cxygène. 5,8 % D Après acide pyrogallique. 14,70 Ÿ AZOtE...... 75,71 Changement de composition déterminé par la feuille. Acide carbonique: :4.4 #44, — 1,37 Oxygène....... DA PE D 0 AE PES EH + 0,79 Azote ,..,.. AR HAE — 0,58 92 BP. HP. HDAMRERERANS HE EL. RAAGUHRNE. Expérience n° 2 (29 avril 1879). — Durée, une heure et demie. Feuille d’Hemerocallis fulva. — Distance de la feuille à la lampe, 6 centimètres. Analyse du gaz sans feuille. En.centiemes. Gaz:analysér re te 18,2 Ac. carbonique. 3,29 ARS D Ac. carb. 0,6 x 1 En Après potasse.......... 17,6 Du Oxygène... .... 19,78 x : : xXygene. Rp Après acide pyrogallique. 14,0 Y5 d AZOfB tr cer 16,92 Analyse du gaz en contact avec la feuille. En centièmes. Gazianalysé sens UE 20,0 Ac.carbonique. 1,5 à ; Ac. carb. 0,3 c O91E Après potasse.......... 19,7 : L Oxygène....... 22,9 Een u Oxygène. 4,5 _ Après acide pyrogallique. 15,2 AzOle.,..e:-.. 16,0 Changement de composition produit par la feuille. Acide carbonique. ...: ...... ANNEE 470 OxÿSénenpen ere RP reREe Le + 2,72 AUTO ES te A DE A ANR — 0,92 Expérience n° 3 (30 avril 1879). — Durée, une heure 39 minutes. Feuille d'Hemerocallis fulva. — Distance, 6 cen- thnètres. Analyse du gaz sans feuille. En centièmes. Gaz analysé. ........... 18,95 A6 EUbT 00 Ac. carbonique. 3,81 à AC: CarDe 0: : Après potasse.......... 17,65 Déesnclrigiee Oxygène... 19,34 x : : XYS . 29 -p Après acide pyrogalhique. 14,10 AE N A7O(e nm cE 16,83 Analyse du gaz en contact avec la feuille. En cenliemes. Gaz analysé..." 20,1 ET à Ac. carbonique. 1,99 “ AC, CarD, L k à Après polasse .......... 19,7 Os ne 42 Oxygène...... 21,39 Après acide pyrogallique. 15,4 ASE NS AZoterse 0 76,61 Changement de composition produit par la feuille. ACIde CATDONIQUE 6e ere — 1,82 OSVOCHE RTE CES ee our + 2,05 AZOLE a ee ENT ee -- 0,22 0 Expérience n° 4 (1% mai 1879). — Durée, une heure et demie. Feuille d’Hemerocallis fulva. — Distance, 6 centi- mètres. ACTION DES LUMIÈRES ARTIFICIELLES SUR LES FEUILLES. 93 Analyse du gaz.sans feuille. En centièmes. Gaz analysé............ 18,3 Ac. carbonique. : 3,28 ETES Ac. carb.. 0,6 1 Rés Après potasse.......... 17,7 Oxygène. (416 Oxygène ...... 19,67 Après acide pyrogallique. 14,1 RE Azotecre bit 77,03 Analyse du gaz en contact avec la feuille: En centièmes. Gaz analysé. ........... 19,4 à Ac.carbonique. 1,55 à 9 = Ac. carb. 0,3 x ss Après potasse.......... 19,1 | Oxygène...... 21,65 nf ; Oxygène . 4,2 ; Res Après acide pyrogallique. 14,9 AZOfE". 4... ce 16,80 Changement de composition produit par la feuille. Acide carbonique................... — 1,73 Oxygène: cent Ro deeRner + 1,98 AZOLE Re RE RE Ro RE la rate — 0,25 Expérience n° 5 (16 mai 1879). — Durée, une heure et de- mie. Feuille de Blé. — Distance, 6 centimètres. Analyse du gaz sans feuille. En centièmes. Gaz analysé. ........... 19,6 Ac.carbonique. 8,67 : Ac. carb. 1,7 N æ Après potasse .......... 17,9 D etat Oxygène...... 18,97 Après acide pyrogallique. 14,1 ANSE, 29 Arole Else 72,96 Analyse du gaz en contact avec la feuille. En centièmes. Gaz analysé. ...... HAE ie) AL DEA Ac.carbonique. 5,64 f AC. . : 4 _ Après potasse.......... 18,4 Fe go Oxygène... 21,54 VE xygène .. 4 : d. Après acide pyrogallique. 14,2 LE 0 AZotes.-..... 12,82 PYPOSALIQ Ù Changement de composition produit par la feuille. Acide carbonique................... — 3,03 OxyO NC Re a + 9,17 AZOLERAAENNSSS LEE NEAS AUROE? — 0,14 Expérience n° 6 (19 mai 1879). — Feuille de Blé. — Dis- tance, 6 centimètres. Analyse du gaz sans feuille. En centièmes. Gaz analysé AR RE PP 1e ns D LCD At. carhouique. 7,13 Après potasse.......... 17,45 Can NI Re Oxygène . .... 18,83 \ 0 ë ) NC. D, ne Après acide pyrogallique. 13,90 Y5 Agote .......… 15,74 D4 P, P. DEHÉRAEN KE EL. MAQ@UENNE. Analyse du gaz au contact de la feuille. En centièmes. Gaz analysé. ........... 19,9 Après potasse.......... 18,9 Après acide pyrogallique. 14,7 UE T0 Ac.carbonique. 5,0 PAS La . , D Oxygène... ... 2454 Oxygène. 4,92 Ÿ asc AzOte Nr EU 13,9 Changement de composition produil par la feuille. Acide carbonique................... — 2,42 OxyDÈNC 0008 RS AR + 9,27 AZDLE Se tete Je MMA ce he bee “40,10 IL est done bien évident, d’après les chiffres précédents, que la lumière d’une lampe de Drummond est assez mtense pour déterminer la décomposition de lacide carbonique : c’est ce qui apparaîtra encore plus nettement en réunissant Îles résultats des six expériences précédentes dans le tableau suivant : Décomposition de l'acide carbonique par les feuilles sous l'influence de la lumière de Drummond. Acide carbonique disparu. Oxygène apparu. Expérience n° 1......... 1,37 0,79 — NORD PAR 1,19 2,12 —- NoNO ee cc 1,82 2,05 — NA. 441 1,73 1,98 — MOD PMR 3,03 SLT — NON Mal 2,10 2,27 11,14 10,98 , Nous reconnaissons de plus que le volume d'oxygène dégagé Le représente à peu près le volume d'acide carbonique disparu, Expériences à l’aide de la lampe Bourbouze. Le succès que nous avions obtenu à l’aide de la lumière de Drummond nous a encouragé à tenter les mêmes expériences avec une autre source lumineuse, la lampe Bourbouze. Il était vraisemblable à priori qu'on devait obtenir des effets moins avantageux, car la lampe Bourbouze ne présente pas un éclat ACTION DES LUMIÈRES ARTIFICIELLES SUR LES FEUILLES. 59 lumineux aussi grand que celui de la lampe de Drummond : en comparant en effet l’éclai de ces deux appareils par des méthodes très approximatives, nous avons trouvé que si la lampe de Drummond avait un éclat égal à celui de 74 bou- gies, la lampe Bourbouze équivalait seulement à 62 bougies. Les expériences ont été disposées comme les précédentes, en immergeant les tubes dans des vases remplis d’eau; il fal- lait renouveler celle-ci plus fréquemment que lorsqu'on a employé la lumière de Drummond. En effet, si la lampe Bour- bouze est moinsbrillante que la lumière de Drummond, elle est beaucoup plus chaude. E æpérience n° 7. — Distance, 20 centimètres environ. Durée, une heure. — Feuille de Tulipe sauvage (Tulipa silvestris). Analyse du gaz sans feuille. En centièmes. Gaz-analysént. :4 Huile. 19,1 Ant do Ac. carbonique. 6,28 Aprés potasse. ....:.... 17,9 où + Le no nAOXVEÈRE Fe. she 18,22 Han Dxygène . 5 ie Après acide pyrogallique. 14,4 5 É AZOtE. rc 15,40 Analyse du gaz en contact avec la feuille. En centièmes. Gaz analysé. ......., et 11855 Ac.carbonique. 4,86 À s Ac. carb. 0,9 : , Après potasse.......... 17,6 Disons. 6 Oxygène. ..... 19,45 Après acide pyrogallique. 14,0 D MEME Cr nee 75,69 Changement de composition dù à la feuille. Acide carbonique..,,.....,,..,...., -— 1,42 (DEN EE 0 0 00 D 0 à She te + 1,19 AZOIC- rene ce RPC OO + 0,29 Expérience n° 8. — Suite de l’expérience précédente. —- Durée, deux heures. Même feuille. On change l’eau du man- chon une heure après le commencement de lPexpérience. Analyse du gaz sans feuille. En centièmes. SAR EL 2 : ique. 10 Gaz analysé 21,8 AL ee AC Ique 6,10 Après polasse....,..... 20,0 D ee 0 Oxygène." "18,78 Après acide pyrogallique. 16,0 JESIS ENT Azote 4 00 15,12 Analyse du gaz au contact de la feuille. En centièmes. G alysé Etre 9,5 .carbonique. 5,13 3aZ analysé 19,5 NA EPUL0 Ac carbonique 9,15 APLÉS POtasse ee... 18,5 D crc Oyygène...... 19,00 Après acide pyrogallique. 44,8 HS T EME AZOLE ALIM 15,87 56 P. P. DERÉRAIN ET K. MAQUENNE. Changement de composition dû à la feuille. Acide carbonique. .... Oxygène oser sus sonores sos esse csse csv Pour ne pas allonger indéfiniment ce travail, nous résume- rons dans le tableau suivant les résultats obtenus à l’aide de la lumière Bourbouze : Acide carbonique disparu. Expériencetne 07:21... 1,42 — OO à 0,97 — DOM se 0,45 — HOMO 0,50 — n'AUEEEL Se 0,48 — no? cr 0,38 4,20 Oxygène apparu, 1,13 0,22 0,09 0,62 0,09 0,39 Ainsi, dans toutes ces expériences, il y a eu action de la feuille, mais cette action est faible; il est bien à remarquer cependant que, si l’on n'avait pas soumis les feuilles à influence de la lumière, on aurait obtenu un résultat probablement in- verse de celui que nous avons constaté. En effet, nous avons abandonné une feuille à la lumière diffuse du laboratoire pen- dant quatre heures, puis nous avons procédé à l'analyse des gaz comme précédemment. Gaz analysé. Après potasse Après acide pyrogallique. Analyse dù gaz san Analyse du gaz au contuct de Après acide pyrogallique. : 1 17,3 14,2 s feuille. HEAR 22,3 5 É . Ac. carb. 1,5 Sr tCLSS AU, Oxygène LU 16,8 5 la feuille. Ac. carb. Oxygène. 3,1 En centièines. Ac.carbonique. 6,72 e à 7 O4 Oxygène ...... 17,94 AZOLE 2e 15,94 En centivmes. Ac. carbonique. 8,46 Oxyeène 2e 15,86 AZOtE ee AE 75,68 Changement de composition dù à la feuille. Acide carbonique... Oxygène Azote ACTION DES LUMIÈRES ARTIFICIELLES SUR LES FEUILLES. 57 Dans une autre série d’essais, nous avons exposé en même temps à la même source de lumière deux tubes renfermant chacun une feuille ; mais on avait préservé l’une d’elles de l’action des rayons lumineux en entourant le tube qui la con- tenait d’une gaine de clinquant. Les résultats trouvés ainsi ont été, comme on va le voir, absolument conformes aux précé- dents. Lampe BBourbouze. — Keuilles d'Avoine, Expérience n° 1. CO?.... 10,4 Composition centésimale du gaz employé............ 0 15,6 AZ NET 0 CO?. 94 éclairée... ..... OL 16,3 Composition du gaz dans lequel à Az ... 74,6 séjourné la feuille. .....,.-.... ) CO... 10,6 \ non éclairée, ... { O0 ... 15,0 AZ « 74,4 Expérience n° 2. CO?. 10,7 Composition centésimale du gaz employé. ............ 0 15,2 Az 74,1 CO? 9,7 | éclairée... ..... (0) 16,1 Composition du gaz dans lequel a ( Az... 74,2 séjourné la feuille....,........ CO72... 10,8 “non éclairée...1:119:0111., 145,0 Az... 14,2 Différence de composition que présente avec le gaz primitif le gaz au contact de la feuille. — Expérience n° 1. Expérience n° 2. D A ——— Feuille éclairée. Feuille non éclairée. Feuille éclairée. Feuille non éclairée. BON 49 + 0,2 2410 + 0,1 (D'IPASTENTT — 0,6 + 0,9 — 0,2 Az .. + 0,6 + 0,4 ON + 0,1 Ainsi une feuille abandonnée à l’obscurité, ou simplement à la lumière diffuse, une feuille, en un mot, qui n’est pas frappée par les rayons directs d'une source lumineuse, consomme de 58 æ, @. DEHARAIN HU EL. MAQUENNE. l'oxygène et émet de lacide carbonique ; comme nous avons obtenu sous l'influence de la lampe Bourbouze un excès d’oxy- oène et une diminution d'acide carbonique, nous sommes forcés de reconnaitre que ses rayons possèdent une certaine efficacité pour déterminer la décomposition de l’acide carbo- nique. En comparant toutefois les résultats obtenus à l’aide de la lumière de Drummond à ceux qu'a fournis la lampe Bour- bouze, on trouve des différences telles qu'on ne saurait les attribuer à l’inégal éclat des deux flammes, et qu'il faut qu'une autre cause Intervienne. Or, depuis les recherches classiques de Th. de Saussure, de nombreuses expériences dues à MM. Gareau, Coren- winder, Sachs, Maver, Bœhm, enfin à l’un de nous travaillant en collaboration avec M. Moissan, ont montré que le phéno- mène de respiration dont les végétaux sont le siège est particu- lièrement excité par la chaleur obscure ; la quantité d'acide carbonique émise par les feuilles est d'autant plus grande, que ces feuilles sont exposées à une température plus élevée. On conçoit donc qu'une source puisse produire sur les feuilles des résultats très différents, suivant l’abondance relative des radiations lumineuses et des radiations calorifiques, puisque, si les unes favorisent la décomposition de lacide carbonique et l’émission d'oxygène, les autres, au contraire, en élevant la température de la feuille, déterminent l'absorption de l’oxy- gène et l'émission d'acide carbonique. Il devenait donc probable que, si nous avions réussi à mon- trer la décomposition de lacide carbonique à laide de la lumière de Drummond, c'était parce que nous avions absorbé, à l’aide de notre manchon rempli d’eau, une partie de la cha- leur obscure émanée de la source, et que nous avions ainsi pu faire dominer Pinfluence des radiations lumineuses. Le même procédé, appliqué à la lampe Bourbouze, ne s’est plus montré aussi efficace, probablement parce que nous n'avons pu soustraire assez complètement notre feuille à l’action de ces radiations calorifiques, beaucoup plus intenses que celles que fournit la lampe Drummond. a ACTION DES LUMIÈRES ARTIFICIELLES SUR LES FEUILLES. 99 Avant d'admettre cette interprétation des résultats précé- dents, il fallait toutefois les soumettre à une sérieuse vérifica- tion : les études de M. Aymonnet sur les pouvoirs diathermanes de divers liquides nous rendaient ce travail facile. La benzine laisse passer bien plus de rayons calorifiques que eau. Dans une auge de verre d’un centimètre d'épaisseur, la benzine ab- sorbe seulement 0,486 du rayonnement de la lampe Bour- bouze, l’eau absorbant 0,802. Il était done probable qu’en disposant nos appareils comme précédemment, mais en rem- plissant les manchons de benzine, on obtiendrait avec la lampe Bourbouze des résultats encore plus désavantageux que ceux qu'avaient fournis les expériences où l’eau retenait une impor- tante fraction de la chaleur obscure émise par la source. A 4. Décomposition de l'acide carbonique par les feuilles, dans des manchons remplis d'eau ou de benzine. — Expériences avec la lampe Bourbouze et la lumière Drummond. Le remplissage des tubes avec les gaz a encore été faitsimul- tanément. L'appareil s’est un peu compliqué, mais il est en- core cependant d’une construction assez simple. Un tube ver- tical auquel est fixé un long caoutchouc fixé dans un support est soudé à un tube en arc de cercle; chacune des deux branches de celui-c1 est reliée par un caoutchouc à un tube vertical soudé lui-même à un tube en are de cercle : on a ainsi quatre ouvertures qui, munies de caoutchoucs et de pinces, peuvent recevoir quatre tubes. Par aspiration on remplit d’eau tout l'appareil après que les feuilles ont été introduites; puis, en mettant le caoutchouc adapté au tube vertical qui termine tout l'appareil en relation avec un gazomètre, on peut, en des- serrant les pinces qui écrasent les caoutchoucs, faire pénétrer simultanément le gaz dans chacun des quatre tubes. Deux d’entre eux ne renferment pas de feuilles, les deux autres contiennent des feuilles identiques; mais l’un est plongé 60 P. P. MDEBÉRANN ÆT EL. MAQUENNE. dans une éprouvette remplie d’eau, et l’autre dans un manchon rempli de benzine. Toutefois cette matière étant très inflam- mable et devant se trouver très près d’une flamme très vive, 1l fallait la soustraire à l’action de l'air, et de plus la refroidir constamment, de façon à empêcher son échauffement et une émission de vapeurs inflammables qui n'auraient pas laissé que d'être dangereuses. On à réussi à opérer sans risque en mon- tant avec beaucoup de soin un appareil à cireulation continue, dans lequel la benzine arrivait par la partie inférieure du man- chon, puis s’écoulait par la partie supérieure, et passait dans un serpentin rempli d'eau froide, pour revenir à un tube qui la ramenait à la partie inférieure du manchon. Nous donnerons seulement ici le résumé des expériences qui ont été exécutées, soit avec la lampe de Drummond, soit avec la lampe Bourbouze. Décomposition de l'acide carbonique par les feuilles placées dans les manchons remplis d’eau ou de benzine. Lumière Hbrummond. Manchon rempli d'eau. Manchon rempli de benzine. a EE Ac. carbonique Oxygène Ac. carbonique. Oxygène. disparu. apparu. disparu. apparu. Expérience n° 13... 2,40 9:97 0,79 0,72 = ont 2,15 2,62 1,07 1,09 — n°45 .,,2. 2,20 1,92 1,90 1,92 — MO PES 1,12 0,96 0,71 1,06 8,47 fat BAT 4,79 Eampe HBourbouze. Expérience n° 17... — 1,05 + 0,42 + 1,08 — 1,66 1 no 48) — OI. + 0,09 061 —=10,4 == NOR — 1,83 + 1,39 — 1,16 + 0,90 _ n° 20... — 0,84 + 0,98 — 0,39 + 0,17 ne Ole 0,80. ASS UE 08 CdL0E Ut ne 25e — 0,62 OEM IGN 019 Total : — 5,43 + 490 +1,74 — 9,18 (1) M. Aymonneta montré (Comptes rendus, 1876) qu'une solution de chlorure de strontium à 22 p. 100 absorbe, sous la même épaisseur d'un centimètre, un peu plus de chaleur obseure que leau pure. Dans l'expérience 19, nous avons rem- placé l’eau par une dissolution de chlorure de strontiun: le résultat à été un ACTION DES LUMIÈRES ARTIFICIELLES SUR LES FEUILLES. 61 La vérification est done complète. Quand on a employé la lumière de Drummond, on a encore obtenu, en entourant les feuilles de benzine, une faible décomposition d'acide carbo- nique et une légère émission d’oxygène ; mais les chiffres ob- servés sont plus faibles de moitié que ceux qu'on à obtenus avec l’eau. Toutefois, si nets que soient ces résultats, 1ls sont encore moins probants que ceux que fournissent les expériences exécutées avec la lampe Bourbouze. En effet, quand on a plongé les tubes dans de l’eau, on à obtenu une faible décomposition d'acide carbonique ; mais, au contraire, quand ils ont été en- tourés de benzine, le phénomène de respiration à dominé, et quatre fois sur six on a trouvé plus d’acide carbonique et moins d'oxygène qu'il n’y en avait dans Patmosphère mise en expé- rience : les radiations calorifiques ont donc prédominé sur les radiations lumimeuses. CA QT Décomposition de l'acide carbonique par des feuilles dans des manchons enve- loppés d’eau, de benzine ou de chloroforme. — Expériences avec la lampe Bourhouze et la lumière Drummond. La benzine n’est pas le seul liquide diathermane que nous ayons employé ; le chloroforme présente encore un pouvoir absorbant plus faible que celui de la benzine (0,25 au lieu de 0,486), et il nous permettait d'obtenir une nouvelle vérifica- tion des résultats précédents. On à donc fait une troisième série d'expériences, Les quatre tubes ont été remplis simultané- ment : {rois d’entre eux renfermaent des feuilles aussi iden- tiques que possible. On à fait usage surtout de feuilles de Blé ou d’Avoine. Puis on exposait ensemble au rayonnement les peu meilleur. Mais il faut sans doute Pattribuer plutôt aux feuilles qu'au chlo- rure lui-même ; car il s’est trouvé que notre dissolution renfermait 34 p. 100 de sel hydraté, et, dans ces conditions, M. Aymonnet, qui à bien voulu se charger de faire pour nous cette détermination, a trouvé que son pouvoir absorbant était devenu égal à celui de l'eau. 62 BP. HP. IDRMMNERAEN NE EL. MAQUENNE. tubes placés dans des manchons renfermant de l’eau, de la benzine où du chloroforme. Enfin le quatrième tube, plongé dans l’eau, ne recevait pas de feuilles et devait servir de té- moin. Expérience n° 23. — La méthode d'observation étant con- nue, l’ensemble des calculs ayant été donné dans de nombreux exemples, nous présenterons seulement dans ces dernières ex- périences les changements de composition du gaz produits par la feuille. — Lampe Bourbouze. Manchon rempli: { paru Eau. Benzine. Chloroforme. Acide p lue. | É Fr. Acide carbonique. nes — 0,62 M0 62e Mer RARES { apparu + =G + un, Oxygène. .s.…. baisbanates 0,76 0,13 1,47 | appar a JRDPATE LS 0 7 AMEN NO EURE l disparu Expérience n° 24. — Changement de composition dù aux feuilles de Blé, — Lampe Bourbouze. Manchon rempli. EE eh Eau. Benzine, Chloroforine. L 5 disparu — | “Er Acide carbonique. | — 1,49 — 0,08 — 0,15 apparu + | disparu — a - XVCÉNE.. 7e ) 0,74 — 0,24 — 1,71 0xys t apparu + nn ? ? disparu — - à : Aroteis. CU, U 4 ME 0,751 nul @aailes ier4686 apparu + Expérience n° 95.— Changement de composition dû aux feuilles du Sorgho d'Alep. — Lampe Drummond. Eau. Chloroforme. Acide carbonique. :.,.....,....., — 0,97 + 0,83 Oxyoéne NC pe PR. Le + 0,25 — 0,91 AZOTÉC. semer cel ee aise + 0,72 + 0,08 Expérience n° 26. — Sorgho d'Alep. — Lampe Drummond. Eau. Chloroforme, Acide carhonique.. ...,,:........ — 1,08 — 0,58 OXVBENC ee eee ee de cie — 0,88 — 0,01 AZOte RE A Re + 0,20 + 0,59 ACTION DES LUMIÈRES ARTIFICIELLES SUR LES FEUILLES. 06 Expérience n° 27. — Hemerocallis fulva. — Lampe Drum- mond. Eau. Chloroforme. Acide,earbonique.........,1.1... — 4,17 — 0,76 Oxysenets. RARE + 4,98 + 0,64 AZOLE RL LRUINE Gene MERS Pr — OA + 0,12 Expérience n°98. — Hemerocallis fulva. — Lampe Drum- mon. Eau. Chloroforme. Acide Carbonique:.,......,...... — 9,44 — 0,84 Oxyoénethanen Abe nature DE + 4,10 + 0,46 AZOLER RAS ARE D AS NEA EL us — 0,66 + 0,38 Ces dernières expériences, exécuiées avec la lumière de Drummond, nous paraissent avoir un grand intérêt. Quand nous avons fait agir cette lumière au travers d’une couche de benzine, nous avons encore observé nettement la décomposi- tion de l'acide carbonique; les résultats constatés ont été à peu près la moitié de ceux qu'a fournis la même lumière agissant au travers d’une couche d’eau. Quand nous ne protégeons plus les feuilles contre la chaleur obscure que par une couche de chloroforme, nous avons encore une décomposition d'acide carbonique et une apparition d'oxygène; mais les différences observées entre les feuilles placées dans les manchons remplis d’eau ou de chloroforme deviennent infiniment plus sensibles. En effet, si nous résumons les cinq dernières expériences, nous trouvons : Lumière Drummond agissant au travers d’un manchon rempli. Eau. Chloroforme. Acide carbonique disparu. ......... 9,66 1,95 Oxygène apparu cr ere. 2419579 0,20 Nous n'avons pas cru nécessaire de multiplier davantage ces expériences, celles que nous venons de citer nous paraissent établir nettement l'influence qu’exerce la chaleur obscure sur les feuilles, influence suffisante pour masquer parfois la décomposition de l'acide carbonique par les cellules à chloro- phylle. 64 RP. HP. HDRBZREQEN AN FE. RAQ@UENNE. S 6. 2, Expériences exécutées au soleil. Il arrive quelquefois, quand on expose des feuilles au soleil, dans une atmosphère chargée d'acide carbonique, qu'on n’ob- ent pas de décomposition. Comme pendant ces opérations la température des manchons qui renferment les feuilles s'élève beaucoup, nous avions pensé que peut-être ces échecs étaient dus à linfluence de la chaleur obscure masquant les effets dus à la chaleur lumineuse. Nous avons tenté pendant le dernier été un certain nombre d'expériences pour reconnaitre s’il était avantageux d'absorber une fraction plus ou moins forte de la chaleur solaire en plaçant les tubes contenant les feuilles dans des manchons renfermant des liquides diversement diather- manes ; mais les résultats obtenus ne nous ont pas conduits à des conclusions précises : le ciel voilé de l’année 1879 se prêtait mal, au reste, à ces sortes d'essais, que nous comptons re- prendre pendant une saison plus propice. CONCLUSIONS. Des expériences précédentes nous pouvons tirer les conclu- sions suivantes : 1° Les feuilles placées dans des tubes immergés dans de l’eau et maintenus à une faible distance de la source lumineuse décomposent l'acide carbonique, quand elles sont exposées à l'action de la lumière Drummond. 2% Elles le décomposent encore, mais plus fuiblement, quand elles sont éclairées par la lampe Bourbouze. 3 Quand les feuilles sont protégées par une couche d’eau, la décomposition a toujours lieu. Quand elles sont enveloppées de benzine, beaucoup plus diathermane que Peau, la décom- position est encore sensible sous l'influence de la lampe Drum- mond ; elle ne lest plus sous l'influence de Ia lampe Bour- bouze, et l’on observe en général le phénomène inverse d'absorption d'oxygène et d'émission d'acide carbonique. ACTION DES LUMIÈRES ARTIFICIELLES SUR LES FEUILLES. 65 4 Quand on remplace la benzine par le chloroforme, plus diathermane, la lampe Drummond donne encore une très faible décomposition beaucoup moindre que lorsque les man- chons renferment de la benzine; avec la lampe Bourbouze, le phénomène de respiration l'emporte sur celui d’assimilation, l'atmosphère s’appauvrit en oxygène et s'enrichit en acide carbonique. 5° Nos expériences donnent done un nouvel exemple de l’action très différente qu’exercent sur les végétaux les radia- tions lumineuses et les radiations obscures : quand les pre- mières dominent, les cellules à chlorophyile décomposent l'acide carbonique (soleil, lumière de Drummond ou lampe Bourbouze, agissant au travers d’une couche d’eau); quand les radiations obscures prennent le dessus, la plante consomme de l’oxygène et émet de l’acide carbonique (lampe Bourbouze, agissant au travers d’une couche de benzine ou de chloro- forme) (1). (1) On sait cependant que pour obtenir le maximum de décomposition d’acide carbonique par les feuilles, il faut que celles-ci soient portées à une certaine température, variable avec les espèces. 6° série, Bor. T. IX (Cahier n° 2). ! 5 ESSAI SUR LES SPHÉRIACÉES DU DÉPARTEMENT DE VAUCLUSE Par A. HE. WADE, Docteur ès sciences. Le lecteur trouvera dans cet opuscule un aperçu des Sphé- riacées de ma contrée, le département de Vaucluse, dont la végétation est celle de la région de l’Olivier. Jai eu pour colla- borateurs, dans la recherche minutieuse de ces Cryptogames, mes deux fils Jules et Émile, dont le coup d'œil perspicace n’a été d’un très grand secours. Hélas! le premier ne verra pas le travail auquel il avait tant contribué ! Les matériaux avaient été d'abord récoltés en vue de la partie cryptogamique pour une Flore de Vaucluse que se proposait lillustre phi- losophe anglais 3. Stuart Mill, devenu Vauclusien par un long séjour dans la ville de son deuil. Avec cette noble intelli- gence s’est évanoui le projet formé ; et quelques fragments mycologiques seront peut-être tout ce qui restera de mes pro- pres investigations. Je publie aujourd’hui la famille des Sphériacées, qui jus- qu'ici, dans ma région, n’a été l’objet d'aucune étude spéciale. Je suis fort loin d’avoir épuisé la moisson, et mon dessein est d’y revenir si ce modeste travail est jugé de quelque utilité. Je dois les plus vifs remerciements à mon ami Th. Delacour, sans les encouragements duquel je n'aurais jamais coordonné mes notes, dont chaque ligne me rappelle des souvenirs si doux et si douloureux à la fois ; jen dois également à M. E. Gaude- froy. L’un et l’autre, membres de Ia Société botanique de France, ont mis à ma disposition leur bibliothèque mycologi- que avec une générosité pour laquelle Je ne saurais avoir trop de gratitude ; et ils m'ont ainsi permis d’être renseigné sur les SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 67 travaux analogues, malgré mon isolement au fond de mon pauvre village. La classification que j'ai suivie est celle de l’infatigable my- cologue italien P. À. Saccardo (Conspectus generum Pyrenomy- cetum) (1). À leur rang naturel sont disposées les coupes géné- riques que j'ai cru devoir proposer, et sont passés sous silence les genres qui ne m'ont pas encore offert de représentants dans ma région, où qui sont réservés pour une étude ultérieure. Les dimensions des sporanges et des sporidies sont données en micromillimètres, c’est-à-dire en millièmes de millimètre. Quant à celles des périthèces, elles sont rapportées au milli- mètre. Le grossissement des figures est constamment de 1000 en diamètre, sauf trois exceptions (Julella Buxi, Stuartella for- mosa, Navicella Jul), pour lesquelles lamplification est de (1) Les ouvrages que j'ai pu consulter sont les suivants : Fries, Systema mycologicum. Persoon, Synopsis methodica Fungorum. De Candolle, Flore française. Duby, Botanicon gallicum. Chevaller, Flore générale des environs de Paris. Castagne, Catalogue des plantes de Marseille, et son supplément. Albertini et Schweinitz, Conspectus Fungorum. Karsten, Mycologia fennica. Montagne, Sylloge Cryptogamarum. Cooke, Handbook of British Fungi Fuckel, Symbolæ mycologicæ, et ses trois suppléments. Nitschke, Pyrenomycetes germanici. Niessl, Notizen über neue and kritische Pyrenomyceten. — Boiträge zur Kenniniss der Pilze. Cesati et De Notaris, Schema di classificazione degli Sferiacei italic ascigeri. De Notaris, Sferiacei ilalici. Saccardo, Mycologiæ venetæ Specimen. — Conspectus generum Pyrenomycetum italicorum — Fungi venceti novi vel critici. — Michelia, commentarium Mycologiæ italicæ. — Fungi italici autographice delineati. Enfin j'ai eu à ma disposition les Eæsiccat sougeot,.de Desmazières et de Plowright (Sphwriacer britannici). ‘ GS S. FH MAIMBRH. 600 fois seulement. Ainsi, à moins que le texte n’avertisse du contraire, le grossissement à pour facteur 1000. Avec cette uniformité d'échelle, la comparaison est beaucoup plus facile. Sérignan, 20 octobre 1879. Sect. I. — ALLANTOSPORÆ Sacc. Sporidia continua, cylindrica, curvata, utrinquè obtu- siuscula, hyalina. À. — CESPITOSÆ. Fracchiiea Sacc. B. -- COMPOSITE. Calosphæria Tul. Valsa Fries. Eutypa Tul. Cryptovalsa Ges. et De Not. Diatrype Fries. Diatrypella Ces. et De Not. FRACCHIAEA Sacc. Fracchiaea heterogenea Sacc. Mye. ven. Spee. p. 115, tab. x, fig. 3-7, et Fung. ital., fig. 465. Ad ramos Paliuri aculeati, diù sub Jove humifusos.— Autumno. — Orange. CALOSPIHÆRIA Tul. Calospheria princeps Tu. Sel. Fung. Garp. W, p. 109, tab. xux, fig. 17-22. Sphæria pulchella Pers, Syn. Fung. p. 43. Sub cortice stipiis Cerasorum emortuarum, per annum. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. j We) VALSA Fries. 4. Valsa ceratophora Tul. Sel. Fung. Carp. XX, p. 491, tab. xx17, fig. 1-11. Frequentissima, ad ramos exsiccatos Quercüs Ilicis, Q. cocci- feræ et Q. pubescentis. — Rariüs ad ramos Castaneæ (Piolenc). 2. Valsa Vitis Schw. Nitschke, Pyr. germ. p. 190. Ad ramos exaridos Vitis. — Hyeme. 3. Valsa microstoma Pers. (Sphæria), Syn. Fung. p. 40. In Pruno spinosä, præsertim basi stipitis. — Hyeme. 4. Valsa sordida Nke, Pyr. germ. p. 203. Ad ramos emortuos Populi nigræ.— Autumno. 5. Valsa Cypri Tul. Sel. Fung. Carp. TE, p. 464, tab. xxv, fig. 10-20. Ad ramos exaridos Ligusiré vulgaris. — Januario et junio. G. Valsa salicina Pers. (Spheæria), Syn. Fung. p. 47. In ramis emortuis Salicis albæ. — Autumno. 7. Valsa ambiens Pers. (Sphæria), Syn. Fung., p. 44. In ramis emortuis Oxyacanthæ, Piri, Ulmi. — Hyeme. 8. Valsa fallax Fekl, Symb. Myc. p. 200. In ramis exsiccatis Corni sanquineæ. — Hyeme. 9. Valsa rhamnicola KH. Fab. Perithecia in siagulo acervulo 8-20, corticis parenchymati immu- tato infossa, globosa, minuta; ostiola in discum atrum conoideum pustulatim peridermium inflantem atque transversim erumpentem collecta, totam superficiem disci papillis atris, nitidis et minutissi- mis exasperantia. 70 F. Hi. FABIE. Asci clavati, sessiles, 8-spori. Long. 25-97, lat. 4-5. Sporidia subdisticha, hyalina, cylindracea, curvula, continua. Long. 6-7, lat. 2. Ad ramos mortuos et corticatos Rhamni infectorii. — Julio. 40. Valsa Terebinthi H. Fab. Perithecia minima, 5-15 in singulo acervulo, corticis parenchy- mali immutato infossa, globosa, atra; ostiolis brevibus, apice niti- dis, in discum punctiforme confertè erumpentibus. Asci clavati, sessiles, 8-spori. Long. 20-34, lat. 5-6. Sporidia disticha, hyalina, continua, cylindracea, curvula, utroque polo 1-guttulata. Long. 9, lat. 2. In ramis exaridis Pistaciæ Terebinthi. — Hyeme. Sur les mêmes rameaux s'observe un Cytispora à cirres d’un vert jaunâtre pâle. A1. Valsa Maclure H. Fab. Perithecia 10 vel mins in quoque acervulo, cortice immutato in- fossa, globosa, atra; ostiolis brevibus, obtusis, atris, confertim erum- pentibus. Asci clavati, breviter stipitati, 4-spori. Long. 45-50, lat. 9-10. Sporidia hyalina, continua, cylindracea, curvata, utrinquè obtusa. Long. 18-20, lat. 5-6. In ramis resectis Macluræ aurantiacæ. Autumno. — In iisdem ramis, Fungus spermogonius.Spermogonia minima, mono vel pauci- cellularia, poro in medio disci albicantis perforata ; spermatit cylin- dracei, recti vel curvati, continui, hyalini. Long. 5-6, lat. 1 1/2. Orange, uù le Maclura aurantiaca est employé çà et là comme haies de clôture, notamment au viaduc sur l’Aygues. 42. Valsa Persoonii Nke, Pyr. germ. p. 222. Ad ramos exsiccatos Pruni spinosæ, Oxyacanthæ, Persicæ, Pruni sativæ. 13. Valsa nivea Pers. (Spheria), Syn. Fung. p. 38. In Populis et Alnis emortuis. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. | 71 EUTYPA Tul. 1. Eutypa spinosa Pers. (Spheria), Syn. Fung. p. 34, tab. 11, fig. 9-12. Ad Fagos putrescentes. — Mont Ventoux. 2. Eutypa Julii A. Fab. Stroma corticale, subepidermicum, tandem liberatum, ramos latè ambiens, atrum. Perithecia in matrice nigricante nidulantia, densè stipata, 1/3"* lata, globosa, atra, subtiliter rugulosa, in rostrum cy- lindricum, strictum, sinuosum, deflexum, sexies perithecii altitudi- nem æquans abruptè attenuata; rostris fasciculatim erumpentibus. Asci fusiformes, 8-spori. Long. 45-50, lat. 5. Sporidia disticha, cylindracea, utrinquè obtusa, recta vel curvula, continua, hyalina. Long. 8-10, lat. 2. Ad basim putrescentem Punicæ Granati nobis semel autumno obvia, Carissimo filio dicata. Les rostres sortent de l’écorce par groupes nombreux et sont courbés tous dans le même sens. 3. Eutypa aspera Nke, Pyr. germ. p. 132. Ad ramos exaridos et decorticatos Loniceræ etruscæ. 4. Eutypa referciens Nke, Pyr. germ. p. 137. Ad stipites semi-putrescentes Genistæ Scorpii. — Hyeme. D, Eutypa lata Pers. (Spheria), Syn. Fung. p. 29. Espèce triviale, très indifférente pour la nature du support. Nous l'avons observée sur : Lierre, Aubépine, Saules caverneux, Chêne, Sapin, Paliure, Cognassier, Peuplier, Figuier, Térébinthe, Lilas, Cornus san- quinea, Bupleurum fruticosum, Cercis Siliquastrum, Quercus [lex, Quercus coccifera. CRYPTOVALSA Ces. et De Not. Cryptovalsa protracta Pers. (Sphæria), Syn. Fung. p. 34. Observée d’abord sur lAcer campestre par Persoon, cette Sphé- riacée est devenue pour Cesati et De Notaris, qui l’ont retrouvée à la fois 72 3. I. FABRE, sur la Vigne et sur l’Érable champêtre, le type du genre Cryptovalsa (Ges. et DeNot. Schema Sfer.p.29;etSfor. ital. p.40, tab. xLvi, fig. 1-4), Quelques démembrements ont eu lieu depuis, plutôt basés, à notre avis, sur la nature du support que sur la structure réelle de la Sphériacée. Ainsi ont pris place dans la classification, notamment le Cryptovalsa ampelina Nke et le Cryptovalsa Nitschkii Fckl. À tenir compte de la nature du support il nous serait facile d'enrichir ce catalogue ; mais ce serait un encombrement plutôt qu’une réelle richesse, car les exemples surabondent pour démontrer que beaucoup de Sphériacées croissent sur des végétaux très divers. L'examen comparatif n'ayant pu nous montrer des différences essentielles d’organisation, nous considérons comme simples variétés du type de Persoon les formes suivantes. a. ampelina Fekl, Symb. Myc. p. 212; Nke, Pyr. germ. p. 156. Ad sarmenta exsiccata Vitis. —- Januario. B. Nüschkii Fckl, Symb. myc. p. 212. — Valsa Mori Nke, Pyr. germ. p. 157. In ramis exaridis Gorni sanguineæ. y. Scorpii H. Fab. Stroma corticale, pulvinos inæquales, multiformes, determina- tos, epidermide rimosä t{ectos, efformans. Perithecia in stromate irregulariter nidulantia, globosa; ostiolis crassis, exasperatis, atris, prominulis. Asci eylindraceo-clavaii, longè stipitati, polyspori. Long. 50-60, lat. 40 (pars sporifera). Sporidia hyalina, cylindracea, continua, curvula. Long. 8, lat. 2. Ad ramos exaridos Genisiæ Scorpii. 0. Llicis H. Fab. Stroma corticale, ramulos ambiens. Perithecia in stromate irre- oulariter nidulantia, globosa, atra. Diam. 1/3-1/2"%*, Ostiola per epidermidem fissam prominula, obtuso-conica, brevia, rugosa, atra. Asei clavati, longissimè stipitati, polyspori. Long. GO, lat. 7 (pars sporifera). Sporidia cylindracea, hyalina, continua, curva. Long. 8-9, lat. 2. Ad ramos mortuos Quercüs Ilicis. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 13 s. Cratægi H. Fab, Stroma corticale, nune latè effusum et ramos ambiens, nune pul- vinos irregulares efformans. Perithecia in stromate inordinatim ni- dulantia, globosa, atra, 1/2" lata; ostiolis prominulis, globoso- conicis, rugosis, alris, Asei clavati, longissimè stipitati, polyspori. Long. 435. Pars spo- rifera : long. 50, lat. 7. Sporidia ut suprà. Long. 8-9, lat. 9. Ad ramos exsiccatos Cratægi Oxyacanthe. 2. Amygdali H. Fab. Stroma utsuprà. Perithecia 1/3"" lata; ostiolis minutis, vix pro- minulis. Asci clavati, longissimè stipitati. Long. 150. Pars sporifera : long, 70, lat. 8. Sporidia. Long. 8, lat. 2. Ad ramos exaridos A mygdali communis. n. linearis H. Fab. Stroma ligno denudato insidens, pulvinos lincares, fibris ligneis cinctos partimque tectos efformans. Asei clavati, longissimè stipitati. Long. 100. Pars sporifera : long. 00, lat. 7-8. Sporidia : long. 9, lat, 2. Forme de petits bourrelets linéaires, saillants, disposés suivant la lon- gueur des fibres, sur le bois mort et décortiqué à la base du tronc du Quercus pubescens. 0. Coryli H. Fab. Stroma corticale, modo latè effusum, ramos plus minüsve ambiens, modo pulvinos longitudinaliter ordinatos efficiens. Perithecia 4À/3- 1/2" lata ; ostiolis brevibus, crassis, asperis. Asei clavati, longissimè stipitati. Long. 110. Pars sporifera : long. 75, lat. 10-19. Sporidia : long. 8-10, lat. 9. Ad ramos emortuos Coryli Avellane. Paliuri H. Kab. Stroma corticale, latè effusum. Perithecia in seriebus longitudi- nalibus plerumquè disposita. 74 3. EE. FARHRN. Asci clavati, longissimè stipitati. Long. 200. Pars sporifera : long. 90, lat. 8. Sporidia : long. 6-8, lat. 2. Ad basim terrà infossam ramorum Paliuri aculeati. Les rameaux coupés de Paliure implantés en terre pour servir de haie sont tous, tôt ou tard, occupés à la base par cette Sphériacée. DIATRYPE Fries. 1. Diatrype stigma Moffm. (Sphæria), Pers. Syn. Fung. p. 21. Vulgaris in ligno emortuo, corticato vel decorticato, variorum fruticum et arborum, sicut : Cratægus Oxyacantha, Populus, Alnus, Corylus, Pistacia Terebinthus. 2. Diatrype disciformis Hoffim. (Sphæria), Pers. Syn. Fung. p. 24. In ramis deciduis Fagi. — Mont Ventoux. 3. Diatrype bullata Hoffm. (Spheæria), Pers. Syn. Fung. p.27. Ad palos Salicis albeæ. DIATRYPELLA Ces. et De Not. Diatrypella quercina Pers. (Spheæria), Syn. Fung. p. 24. Ad ramos emortuos Quercûs pubescentis. Sect. IT. — HYALOSPORÆ Sacc. Sporidia ovoidea v. oblonga, hyalina, continua, v. tandem tenuiter 1-3-septata. Paraphyses nullæ. A. — SIMPLICES. Urospora H. Fab. Sporidia in caudam posticè longè attenuata. B. — ComPosiTÆ. Diaporthe Nke. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 79 UROSPORA H. Fab. Perithecia simplicia, tecta. Sporidia continua, hyalina, in caudam longè attenuata. Urospora cocciferæ H. Fab. Perithecia sparsa, punctiformia, minima, globosa, atra, in cortice nidulantia et epidermidem pustulatim inflantia ; ostiolo erumpente, papillato. Asci cylindraceo-clavati, brevè et crassè stipitati, 8-spori. Long. 00-55, lat. 7-8. Sporidia disticha, hyalina, pluriguttata, lanceolata, anticè acu- minata, posticè in setam vel caudam hyalinam multo longiorem pro- ducta. Long. 10-15 absque setà; lat. 3-4. Ad ramulos emortuos Quercüs cocciferæ. — Hyeme, semel inve- nimus. Environs d'Orange. Fig. 1. Sporidies. DIAPORTHE Nke. 4. Diaporthe Crategi Fckl, Symb. myc. p. 204. Ad ramos exsiccalos Oxyacanthæ. — Januario. 2. Diaporthe Dorycni H. Fab. (Tetrastagon). Perithecia nunc solitaria, nune acervulos punctiformes vel lineares efformantia, globosa, flaccida, atra, in corticis parenchymate nigri- ficato nidulantia ; ostiolis brevibus, crassis, epidermide ruptà cinctis. Asci lanceolati, brevissimè stipitati, 8-spori. Long. 60-70, lat. 14-16. Sporidia subdisticha, oblonga, hyalina, medio consirictula, sub- tiliter 1-septata, loculis ins Î-magniguttatis. Long. 15-27, lat. 4-6. Ad ramos emortuos Dorycnit suffrulicosi, per annum. Fig. 2. Sporidies. 3. Diaporthe retecta Fckl et Nke, Nke, Pyr. germ. p. 304. Ad ramos exsiecatos Buxi. — Februario. 4. Diaporthe revellens Nke, Pyr. germ. p. 302. Ad ramos Coryli. — Martio. 76 . FH, FABRE. 5. Diaporthe resecans Nke, Pyr. germ. p. 314. In ramis exsiccatis Syringæ vulgaris. — Martio. 6. Diaporthe insignis Fekl, Symb. mye. ® suppl. p. 36. In ramis exsiccatis Rubi fruticosi. — Januario. 7. Diaporthe rhynchophora H. Fab. (Euporthe). Perithecia in ligno nigrificato nidulantia et series longitudinales efformantia, globosa, atra, 1/4" circiter lata; ostiolo elongato, cur- vato, atro, nitido, lævi, vel noduloso squamoso, apice marginato papillatoque, 1° et ultrà æquante. Asei lanceolati, sessiles, 8-spori. Long. 45-50, lat. 8. Sporidia disticha, oblongo-lanceolata, hyalina,4-guttata. Long. 16, lat. 4. Ad ramos exsiccatos Coroniilæ minimæ, cum Cucurbitariä elon- gatà. — Hyeme. Par ses ostioles longuement rostrés, cette espèce rappelle le Diaporthe oncostoma Duby, qui vient sur le Robinia Pseudacacix. Fig. 3. Périthèces grossis 20 fois. — Fig. 4. Sporidies. 8. Diaporthe pulla Nke, Pyr. germ. p. 249. Ad caudices et ramos exaridos Hedere. 9. Diaporihe Coronille Desm. (Sphæria), Sacc. Fung. ven. ser. V, p.181. Âd ramos emortuos Coronillæ Emeri. — Autumno. Sect. III. — PHÆOSPORÆ Sacc. Sporidia ovoidea, v. subnavicularia, continua, nigricantia. À. — SIMPLICES. a. Nudæ, Iypocopra Fries. Rosellinia De Not. b. Tectæ, Anthostomella Sacc. SPIHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 72, B. — CoMPoOsiITÆ, Xylaria Hill. Poronia Fries. Ustulina Tul. Hypoxzylon Bull. Daldinia Ces. et De Not. Nummularia Tul. HYPOCOPRA Fries. 4. Hypocopra Serignanensis H. Fab. Perithecia superficialia, sparsa, atra, cylindraceo-conoidea, rugo- siuscula, verlice subdepressa poroque minimo perforata. Diam. Jos alter Asci cylindracei, 4-spori ! longissimè ! stipitati. Long. 250-306. Pars sporifera : long. 110-122. Paraphyses filformes, numero- sissimæ. Sporidia simplicia, monosticha, ovalia, annulo hyalino circum- data, initio magniguttata, dein opaco-atra. Long. 95-54, lat. 15-20. Ad stercora exsiccata Cuniculorum, in silvis Serignanensibus (Sérignan). — Julio. À notre connaissance, huit autres Sphériacées coprogènes végètent sur les vieilles crottes de Lapin, savoir : Coprolepa merdaria Fries, Hypo- copra stercoris DG.. Sordaria anserina Rabh. (Malinvernia), Sordaria decipiens Wint., Sordaria setosa Wint., Sordaria curvicolla Wint., Sordaria minuta Wint., et Sporormia minima Awd. Par ses sporanges à quatre sporidies seulement, le Sordaria anserina aurait quelque analogie avec notre espèce ; mais les sporidies non appen- diculées et la présence d’une enveloppe hyaline ne permettent pas de faire de celle-ci un Sordaria. La caractéristique du genre Hypocopra lui con- vient au contraire très bien; néanmoins ce n’est pas l’Hypocopra sterco- ris, dont Fuckel dit les sporanges substipités, tandis qu'ils sont très longuement pédicellés dans notre espèce. D'autre part enfin, nous n’avons jamais compté que quatre sporidies par sporange dans l'A, Serigna- nensis, tandis que ceux de l'A. stercoris en ont huit. 2. Hypocopra fimeti Pers. (Sphæria), Syn, Fung. p. 64. Vulgatissima in fimo vaccino et equino. 78 3. A. FABRE. 3. Hypocopra humana Keki, Symb. myc. p. 244. Ad stercora humana, in umbrosis. ROSELLINIA Ces, et De Not. 1° MByssisedæ. 4. Rosellinia Aquila Fries (Spheria), Syst. myc. I, p. 442. Se trouve fréquemment toute l’année, dans les haies épaisses et pleines d'ombre, sur les rameaux et débris de bois à demi pourris. Nous l'avons observé notamment sur : Cydonia vulgaris, Cornus sanquinea, Sy- ringa vulgaris, Corylus Avellana, Vitis vinifera, Prunus spinosa, Ulinus campestris, Cratæqus Oxyacantha, Arundo Donax, Rubus fru- licosus. 9, Rosellinia Delacourei H. Fab. erithecia densè rta, globosa, mi , è subiculo byssoideo Perith densè conferta, globosa, minuta, è subiculo byssoid ferrugineo-purpurascente latè effuso emergentia, eodemque subiculo tecta, vertice poro coronulà albä cinclo perforata. Diam. 1/3-1/2"", Asci cylindraceo-clavati, 8-spori, stipitati. Long. 60-70, lat. 7. Sporidia simplicia, obliquè monosticha, irregulariter ellipsoidea, plerumquè latere altero convexiore, atro-brunnea, nunc 2-guttata, nune absque guttulis. Long. 10-12, lat. 6. Ad lignum denudatum et putrescens basis Fraæini. — Januario. O Nous n’avons observé cette espèce qu’une seule fois sur le bois pourri d’une vieille souche de Frêne, au bord d’un fossé, à Orange. Fig. 5. Sporidies. 3. Rosellinia Buxi H. Fab. | Perithecia densè conferta, subiculo byssoideo, atro, rigidiusculo, hirtello nidulantia, conico-globosa, vertice tenu papillulata, carbo- pacea, fragilia. Diam. 1/2". Asci cylindracei, 8-spori, brevè stipitati. Long. 190, lat. 10. Sporidia imbricato-submonosticha, oblongo-fusiformia, ple- rumquè leniter inæquilateralia, initio pellucida, pluriguttata, dein opaca, atra. Long. 22-36, lat. 6-7. Ad basim putrescentem Buæi sempervirentis. — Junio. Vers le milieu du sporange, et à la maturité, les sporidies sont fré- quemment sur deux rangs ; elles sont sur un seul rang à chaque extré- SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 79 mité. Cette espèce, qui parait rare, provient des bois de Sérignan (Vaucluse). Par la forme des sporidies, elle se rapproche du Rosellinia Thelena, mais celui-ci a les siennes prolongées aux deux bouts par des appendices hyalins. — Fig. 6. Sporidies. 20 Nudæ. 4. Rosellinia mammeæformis Pers. (Spheria), Syn. Fung. p. 64. Minimè frequens im umbrosis, ad ramos et caules semi-pntre- scentes Rusci aculeati, Coryli Avellanæ, Rubi frulicosi. — Vere. 5. Rosellinia Julii H. Fab. Perithecia superficialia, sparsa vel parcè gregaria, interdum non- nulla coalita, majuscula, sphæroidea, fragilia, carbonacea, opaco- atra, verrucosa, brevissimè papillata ; nucleo albo. Diam. 4, 11/2". Asci cylindracei, 8-spori, sat longé et crassè stipitati, Long. 200- 250, lat. 15. Maturi simul ac inteeri ægrè reperiuntur. Sporidia simplicia, monosticha, ellipsoidea, nunc regularia, nunc inæquilateralia, utroque polo acutiuscula, opaca, atro-fusca. Long. 29-97, lat. 19-14. Ad cortices ramorum putrescentium Quercüs cocciferæ, et rariüs Quercüs Ilicis. — Hyeme. Cette belle Sphériacée est fréquente et vient principalement à la base des tiges sèches du Chêne kermès, sur la partie enterrée au milieu des feuilles mortes, dans les fourrés épais. — Fig. 7. Sporidies. 6. Rosellhinia Gaudefroyi H. Fab. Perithecia sparsa, nonnullave coalita, in cortice duriori semi- immersa, sphæroidea, carbonacea, rugosiuscula, brevè papillata. Diam. 17. Asci cylindracei, 8-spori. Long. 200-250, lat. 15, Sporidia simplicia, obliquè monosticha, ovalia, fuliginea, ferè atra, multiguttata. Long. 30-34, lat. 11-13. In cortice duriori, ad basim truncorum Quercüs pubescentis. — Julio. Cette espèce est habituellement accompagnée sur la même écorce de l'Hysterium pulicare et du Lophiostoma pileatum. — Fig. 8. Sporidies. 80 3. I. MARMBE. 7. Rosellinia amphisphæriodes Sacc. Michelia, TX, p. 352. — Fungi ital. fig. 586. In cortice annoso et rimoso, ad basim stipitis Populi nigræ. — Martio. 8. Rosellinia etrusca H. Fab. Perithecia superficialia, ligno decorticato, nigrificatoque insi- dentia, carbonacea, densè conferta, papillata, amœnè mammæ- formia. Diam. 2/3, 3/4", Âscos non vidi. Sporidia simplicia, ovalia, opaco-fusca, nunc regularia, nunce te- nuissimé inæquilateralia, 2-5-guttata, utroque polo acutiuseula et appendiculo brevi, lato, hyalino prædita, Long. L1-15, lat. 5-6. Ad ramos exsiccatos Loniceræ elruscæ. — Junio. Sphériacée peu répandue, et dont nous n’avons pu encore observer les sporanges, à cause d’un état de maturité trop avancé. — Fig. 9. Spo- ridies. 9. Rosellinia Arausiaca H. Fab. Perithecia sparsa, ligno nigrificato semi-insculpta, deorsüm glo- bosa, sursum conoidea, rugosiuseula, vertice poro perforata. Diam. 1727 Asci cylindracei, brevè siipitati, 8-spori. Long. 76-80, lat. 19-43. Sporidia simplicia, rectè monoslicha, ellipsoidea, atro-brunnea, tandem opaca. Long. 20-29, jai. 10-12. Âd ramos exsiccatos Lonicere elruscæ. Par ia forme et les dimensions des sporidies, cette espèce se distingue nettement du Rosellinia etrusea, qui vieni sur le même support. Observée aux environs d'Orange (Arausio). — Fig, 10. Sporidies. ANTHOSTOMELLA Sacc. 4. Anthostomella Smilacis H. Fab. Perithecia numerosissima, epidermide tecta, semi-insculpta, glo- bosa, atra, vertice papillulata. Diam. 1/5". Asei cylindracei, brevissimè istipitati, 8-spori. Long. 100-119- lat. 14. Sporidia simplicia, obliquè monosticha, ovata, atro-fusca, 4-2: magniguttala. Long. 16-18, lat. 11-19. (ee = SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. Ad ramos exsiccatos Smilacis asperæ. —- Januario. Ne saurait être le Sphæria Smilacis de Castagne, Cat. pl. Mars. p.169, car l’auteur dit de sa Sphériacée: « sporulis 2-septatis », et la nôtre n’a aucune trace de cloison même dans les sporidies, qui, plus jeunes, se prêtent le mieux à l’observation par leur transparence. — Fig. 41. Spo- ridies. 9. Anthostomella Paliuri H. Fab. Perithecia sparsa, nonnullave conferta, ligno fracido infixa, epi- dermide tecta, globosa, atra, verlice erumpente papillata. Diam. 28e: Ascei cylindracei, stipitati, 8-spori. Long. 70-80, lat. 8. Sporidia simplicia, obliquè monosticha, plus minusve ordinatim ovalia, fusco-fulva. Long. 40-15, lat. 5-6. Ad ramos emortuos Paliuri aculeati. — Februario. Fig. 12. Sporidies. XYLARIA Hill. 4. Xylaria Hypozylon Linn. (Clavaria), Flora suec. ed. I, p. 457. Est fort rare dans notre région. Observé une seule fois et stérile sur une vieille souche pourrie au bord d’un fossé, PORONIA Fries. À. Poronia punctata Limn. (Periza). Encore une espèce qui parait à peu près manquer dans Le département de Vaucluse. Nous la possédons provenant de Requien, qui l'avait récol- tée sur les crottins des bêtes de somme, aux environs d'Avignon, dans la fertile plane qui a remplacé l'étang desséché de Pujault. Elle est cepen- dant fort commune dans le département voisin, celui du Gard, au milieu de conditions bien différentes, il est vrai. D’après M. de Seynes (Essai d’une flore mycologique de ta région de Montpellier et du Gard), la région entre Aigues-Mortes, la Camargue et la mer, formée d’un sol léger, où les sables maritimes se mélangent d’un terreau noir, riche en déjections des taureaux et des chevaux qui errent en liberté dans ces solitudes, abonde en Champignons coprogènes, notamment en Poronia punciaia, qui y pullule d’une manière remarquable. 6° série. Bot, T. IX (Cahier n°2). 2 82 J. HI. MABRKA. USTULINA Tul. 4. Ustulina vulgaris Tul. — Spheria deusta Hoffm, — Hypoxylon ustulatum Bull. Ad basim É'agorum annosarum, in monte Ventoso. HYPOXYLON Bull. À. Hypoxylon fuscum Pers. (Spheria), Syn. Fung. p.19. Trivialis species collecta in sequentibus : Alnus glutinosa, Cory- lus Avellana, Ulmus campestris, Cornus sanguinea, Fraxinus oæyphylla. 2. Hypoxylon serpens Pers. (Spharia), Syn. Fung. p.920. Sat frequens in Salicibus cavis. Rarits ad caudices emortuos Coryli Avellanæ et Quercüs Elicis. 3. Hypozylon cohærens Pers. (Spheria), Syn. Fung. p.14. Ad caudices emortuos Fagorum, in monte Ventoso. DALDINIA Ces. et De Not. À. Daldinia concentrica Bolt. (Sphæria). Ad caudices emortuos Fagorum, in monte Venioso. NUMMULARIA Tul. 1. Nummularia Bulliardi Tul. — Hyporylon nummularium Bull. Champ. p.179, t. cccezxvrn, fig. 4. Ad truncos Fagoruin emortuorum, in monte Ventoso. Sect. IV. — DIDYMOSPORÆ Sacc. Sporidia ovoidea v. oblonga, bilocularia, fusca v. hyalina À. — SIMPLICES. a, Tectæ. Didymosphæria Feki. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 83 Rhynchostoma Karst. b. Nudæ. Amphisphæria Ces. et De Not. B. — CESPITOSÆ. Otthia Nke. C. — COMPOSITÆ. Valsaria Ces. et De Not. DIDYMOSPHÆRIA Fckl. 1. Didymospheria Spartii Castag. (Sphæria), Cat. pl. Mars. p. 169. Perithecia sparsa, globosa, punctiformia, in cortice interiori ni- dulantia, epidermide nigrificatà tecta, vertice deplanata et coro- nulà albâ epidermidis fissæ cincta; ostiolo inconspicuo. Asci cylindracei, stipitati, 8-spori. Long. 150, lat. 12. Sporidia monosticha, ovato-oblonga, 1-seplata, medio constric- tula, atro-ardosiacea. Long. 24-30, lat. 7-10. In ramulis delapsis Spartii juncei et Genistæ Scorpii. — Per annum. 2. Didymosphæria Rubi Fckl, Symb. myc. p. 141. Ad ramos emortuos Rubi fruticosi. — Hyeme. 3. Didymosphæria Vitis H. Fab. Perithecia conferta, initio epidermide tecta, dein semi-libera, globosa, atra, in seriebus longitudinalibus inter corticis fibras ni- dulantia ; ostiolo inconspicuo. Diam. 1/5"". Asci cylindracei, stipitati, 8-spori. Long. 195, lat. 16. Sporidia monosticha, ovata, atro-brunnea, didyma, ad septum non constricta. Long. 16-20, lat. 10-12. Ad ramos emortuos Vilis viniferæ. — Hyeme. 4, Didymospheæria Rhamni H. Fab. Perithecia solitaria, sparsa, globosa, atra, sub epidermide in pustulam infatà nidulantia, vertice poro perforalo per epidermi- dem stellatim fissam erumpente. Diam. 1/2"*. Asci hunc longissimi, cylindracei, stipitati, long. 200, lat. 15, 84 3. H. FABRE. et tunc sporidia monosticha; nunc sed rariüs elavati, long. 100, lat. 20, et tunc sporidia subdisticha. Pars non sporifera, long. 25. Sporidia oblongo-ovata, didyma, medio constrictula, obscurë fuliginea. Long. 25-30, lat. 9-12. Ad ramos exaridos Rhamni infectorii. — Hyeme. Fig. 13. Sporidies. 5. Didymospheria Oxycedri H. Fab. Perithecia sparsa, cortiei exarido semi-immersa, globosa conoidea, atra, poro pertusa. Diam. 1/9, 2/5". Asci latè clavati, sessiles, 8-spori. Long. 150-175, lat. 30-40. Sporidia nunc inordinala, nunc subdisticha, ovalia, didyma, me- dio constricta vel non, fusca ; loculis 1-magniguttatis. Long. 30-35, lat. 12-19. Ad corticem ramorum exaridorum J'uniperi Oxycedri. — Martio. Fig. 14. Sporidies. 6. Didymosphæria Syringæ . Fab. Perithecia sparsa, minuta, sub epidermide nigro-punctatà nidu- lantia, globosa, atra, vertice poro pertusa. Asci cylindracer, brevè stipitali, 8-spori. Long. 90-120, lat. 8. Sporidia obliquè monosticha, didyma, medio subconstricta, pallidè fusca, loculis 1-guttatis. Long. 15, lat. 5-6. Ad ramos emortuos Syringeæ vulgaris. — Martio. Remarquable par les petites dimensions de ses sporidies. — Fig. 15. Sporidies. RHYNCHOSTOMA Karst. Rhynchostoma J'ulii H. Fab. Perithecia initio epidermide tecta, tandem denudata, solitaria vel 4-20 et ultrà irregulariter coacervata, basi globosa et in ligno fracido nidulantia, sursüm conico-clypeiformia, expansa, rugosa, opaco-atra, in rostrum cylindricum nunce breve nunc perithecii alti- tudinem æquans aut superans abruptè producta; rostro recto vel cernuo, sub apice plerumquè subtiliter marginato. Rostrum quan- doquè in papilkun degenerat, et perithecia vertice poro modù per- iorantur. Diam. partis immersæ 1"; partis emersæ et clypeiformis, 14/9797 SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 89 Asci cylindracei, brevè stipitati, 8-spori. Long. 100-195, lat. 10-15. Sporidia obliquè monosticha, oblongo-elliptica, didyma, initio hyalina, medio constrictula, loculis magniguttatis granulosisque ; dein opaco-fusca. Long. 18-25, lat. 7-10. Ad ramos exsiccatos Genistæ Scorpii. — Hyeme. Fig. 18. Périthèces grossis 10 fois. — Fig. 19. Sporidies non müres. — Fig. 20. Sporidies müres. AMPHISPHÆRIA Ces. et De Not. 4. Amphispheria Emiliana H. Fab. Perithecia sparsa, semi-immersa, globoso-conica, mammæformia, rugosiuscula, atra; ostiolo cylindrico, brevi, prominulo. Diam. 2/5", Asci cylindracei, elongati, brevissimè stipitati, 8-spori. Long. 195-179, lat. 12-15. Sporidia monosticha, ellipsoidea, initio hyalina, multiguttata, dein didyma, fusca ; loculis obscurè 1-magniguttatis. Long. 18-25, lat. 10. Ad corticem duriorem basi truncorum Populi albæ et Populi nigræ.— Hyeme. Je dois cette belle Sphériacée aux recherches de mon fils Émile. Sur la vieille écorce de l’'Ulmus campestris, également à la base du tronc, j'ai récolté un Amphisphæria qui ne m'a pas offert des différences suffi- santes pour être séparé de l’A. Emiliana. — Fig. 16. Sporidies. 2. Amphisphæria inæqualis H. Fab. Perithecia sparsa, ligno exsiccato semi-immersa, globoso-conoi- dea, ad latera compressiuscula, obtusa, atra, apice pertusa. Diam. 1°". Asci cylindraceo-clavati, brevissimè stipitati, 8-spori. Long. 90, lat. 15. Sporidia submonosticha, didyma, obscurè brunnea; loculis inæ- qualibus, altero majore, ovato, brunneo, altero minore, conoideo ut plurimüm dilutiore, ferè hyalino. Long. 20-25, lat. 10-12. Ad ramos denudatos Oleæ europeæ. Hyeme. — Inæqualis dicta ob loculos inæquales, alter forsän sterilis, alter fertilis. 86 J, H. FABRE, Serait-ce un état anormal? Les échantillons que j'ai pu observer, en petit nombre, il est vrai, m'ont tous présenté le même fait. — Fig. 17. Sporidies. oTTuIA Nke. 4. Otthia Pruni Fckl, Symb. myc. p.169. Ad ramos exsiccatos Pruni spinosæ. — Hyeme. 2, Otthia Coryli Fckl, Symb. myc. 1° suppl. p. 19. Ad ramos exsiccatos Coryli Avellanæ. — Martio. 3. Otthia populina Pers. (Sphæria), Syn. Fung. p. 50. Ad ramos emortuos Populi nigræ. — Hyeme. 4. Otihia Cratægi Fckl, Symb. myc. 1* suppl. p. 19. Ad ramos exsiccatos Cratægi Oxyacanthæ. —Januario. 5. Otthia Ulini H. Fab. Perithecia acervulos densos erumpentes efformantia, rariüs sub- solitaria, globosa, atra, papillata. Diam. 1/2°*, Asci ampli, cylindracei, brevè stipilati, 8-spori. Long. 125-150, lat. 18-20. Sporidia obliquè monosticha, didyma, medio constricta, initio pallida, pluriguttata granulosaque, tandem atro-fusca; loculis ple- rumquè 4-magniguttatis. Long. 25-30, lat. 10-15. Ad ramos emortuos Ulmi campestris. — Hyeme. VALSARIA Ces. et De Not. Valsaria insitiva Tode (Sphæria). Ad ramos cæsos Robiniæ et Cratægi Oxyacanthæ. — Novembre. Sect. V. — PHRAGMOSPORÆ Sacc. Sporidia oblongata, v. fusoidea, typice 2-pluriseptata, fuli- ginea, in nonnullis hyalina, rarissimè septulis longitudina- libus. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 87 À. — SIMPLICES. a. Tectæ. Massaria De Not. Rebentischia Karst. Leptosphæria Ces. et De Not. Clypeosphæria Fekl. b. Nudæ. «. Ostiolo papillato. Melanomma Nke. Ohleria Fckl. Trematosphæria Fekl. Zignoella Sacc. Melanopsamma Niessl. Bertia De Not. Stuartella H. Fab. Perithecia polyedrica. Sporidia navi- cularia. 8. Ostiolo compresso. Nawicella H. Fab. Sporidia magna, navicularia. Lophidium Sacc. Hostrella H. Fab. Sporidia rostro hyalino utroque polo prædita. Lophiostoma Ces. et De Not. (partim). Lophiotrema Sacc. B. — CEsPITOSx. Verlotia H. Fab. Sporidia fusiformia, loculo medio ven- tricoso, colorato, cæteris hyalinis. MASSARIA De Not. 4. Massaria Platani Tul. Sel. Fung. Carp. KW, p. 235. Frequentissima, per annum, ad basim ramorum emortuorum Platani. 2. Massaria Antoniæ H. Fab. Perithecia sparsa, globosa, carbonacea, in ligno denudato et exa- rido nidulantia; vertice conoideo, emerso. Diam. 1/2" vel minüs. Asci cylindracei, brevè stipitati, 8-spori. Long. 200, lat. 45. 8e J. E4. MARIE. Sporidia monosticha, magna, annulo hyalino circumdata, oblongo- elliptica, nunc recta, nunc curvula, 5 et rariüs 6-7-septata, ad septa plus minüsve constricta, immatura flavo-hyalina, matura brunnea ; loculis pluriguttatis. Long. 36-40, lat. 10-44. Ad lignum exaridum in Moris Oleisque cavis (Horus alba, Olea europæa). — Per annum. J’aitache à cette importante Sphériacée le nom de ma fille aînée, Antonia, zélée pour la recherche et l'étude de ces végétaux microsco- iques. — Fig. 21. Sporidies. $ P REBENTISCHIA Karst. 4. Rebentischia Typhe H. Fab. Perithecia latissimè sparsa, immersa, globosa, atra; ostiolo conico, prominulo. Diam. 1/3-1/2"%, Asci clavati, stipitati, 8-spori. Long. 70-100, lat. 41-15. Sporidia imbricato-dislicha, clavata, 5-septata, flava; loculis A-guttatis; loculo ultimo absque guttulä, longiori, angusliori, in caudam conicam dilutiorem, ferè hyalinam, producto. Long. 27-35, lat. 9-10. Ad ramos exsiccatos Typhæ angustifoliæ semel reperimus. — Jyeme. Karsten (Mye. fenn. KE, p.14) dit au sujet de son genre Rebentischia : «Perithecia superficialia… Sporæ 4-septatæ. » Notre espèce ne présente pas ces deux caracières de la diagnose générique: elle a les périthèces ,ogés sous l’épiderme et les sporidies à cinq cloisons; mais la dernière Ce) ioge, hyaline et caudiforme, ne permet pas de la classer ailleurs. Nous retrouverons cette loge terminale, caudiforme et plus ou moins hyaline, dans deux autres espèces, dont l’ostiole comprimé fait incontestablement des Lophiostomacées. Peut-être conviendrait-il de ne tenir compte ici de la forme de Postiole, et de classer les trois espèces, ainsi que les similaires sous le rapport des sporidies, dans une nouvelle coupe générique pour laquelle nous proposerions le nom de Dacryospora, faisant allusion aux sporidies en forme de larme. Cette observation a irait au Lophiostoma caudatum et au Lophiostoma dacryosporum, dont la description vien- dra plus loin. Pareil groupement serait d'autant plus fondé, que certaines Lophiostomacées ont indifféremment un ostiole papilliforme ou un ostiole comprimé. Tel est, par exemple, le Lophidium ambiguum. Fig. 22. Sporidies. de) > SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. LEPTOsSPHÆRIA Ces. et De Not. 4. Leptosphæria Saccardiana K. Fab. Perithecia sparsa, coriacea, initio epidermide tecta, tandem epi- dermide destructà superficialia, globoso-conica, mammcæformia, atras Diam.1/3-1/27°, Asei ampli, clavato-cylindracei, brevè stipitati, 8-spori. Long. 140-150, lat. 25-30. Sporidia inordinata, crassè fusoidea, initio hyalina, dein fusco- flava, utrinquè obtusa, sæpe curvula, 7-9-septata, ad septa constric- tula; loculis Â1-magniguttatis, altero intermediorum crassiori. Long. 40-50, lat. 11-15. {n ramis exsiccatis Cralægi Oxyacanthæ hyeme semel legimus. In honorem inclyti mycologi P. À. Saccardo hæc præclara species sic denominala. Pour l’ampleur et la forme des sporidies, prend rang à côté du Lepto- sphæria littoralis Sacc. (Fung. ital. fig. 144) et du Leptosphæria massa- rioides Sacc.(Fung. ital. fig. 328). 2. Leptospheæria Avellane H. Fab. Perithecia densè gregaria, subepidermica, in cortice nidulantia, globosa, atra ; ostiolo erumpente, papillato, prominulo. Diam. 1/4". Asci clavati, longè et sensim stipilati, 8-spori. Long. 85, lat. 8. Pars sporifera : long. 50. Sporidia inordinata, oblonga, utrinquè obtusa, 3-septata, recta vel curviuscula, pallidissimè fusca. Long. 9-15, lat. 5-6. Ad ramos emortuos Corylli Avellanæ. — Martio. Nous parait différer de la suivante par ses sporidies de moilié environ moindres en longueur, par ses sporanges longuement pédicellés, par ses périthèces densément rapprochés. 3. Leptosphæwria vagabunda Saec. Fung. veneti, ser. Il, p. 318. Perithecia sparsa, sub epidermide pustulatim inflatà nidulantia, dein epidermide ruptà semilibera, deplanato-globosa, atra; ostiolo brevi, papillulato. Diam. 1/2". Asci clavati, brevissimè et abruptè slipitati, 8-spori. Long. 65, lat. 15. 90 J. H, FABRE. Sporidia subdisticha, oblonga, utrinquè obtusa, primitüs hyalina, didyma, ad septum constricta, 4-guitata, tandem fuscella, 3-septata, ad septa constricta; loculis 1-guttulatis aut non. Long. 22-95, lat. 6-7. Ad ramos exsiccatos Coryli Avellanæ et Cratægi Oxyacanthæ. — Martio. 4. Leptospheria hiemalis Sacc. Fung. ital. fig. 365. Ad caules exaridos Æquiseli ramosi. — Januario. 5. Leptospheria culmifraga Fries (Spheæria), Syst. myc. HU, p. 510. Ad ramos exaridos Phragmitidis communis. — Decembri. 6. Leplospheria arundinacea Sow. in Fr. Syst. myc. U, p. 429. Ad ramos exaridos Phragmitidis communis. — Decembri. 7. Leptospheria Emiliana H. Fab. Perithecia sparsa, modè cortice immersa et epidermide tecta, modà ligno denudato insidentia et semi-libera, globoso-compressa, atra; ostiolo conico. Diam. 1/2-2/3"". Asci cylindracei, brevè stipitati, 8-spori. Long. 195, lat. 8. Sporidia rectè monosticha, oblonga, utrinquè rotundata, hya- lina, 2-seplata, ad septa vix consiricta; loculis 1-magniguttatis. Long. 18, lat. 6. Ad ramos exsiceatos Jasmini fruticantis et Pistaciæ Terebintlu. — Hyeme. Si ce n’était l’orbe guttulé de chaque loge, nous rapprocherions cette espèce du Sphæria Opuli Fekl (Symb. myc. p. 115), dont les sporidies sont dépourvues de ce caractère si remarquable. La découverte en est due à mon fils Emile, à qui elle est dédiée. — Fig. 25. Sporidies. CLYPEOSPHÆRIA Fekl. Clypeospheria Notarisii Kekl, Symb. mye. p. 117. Ad ramos exsiccatos Rubi fruticosi. — Haud frequens. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 91 MELANOMMA Nke. À, Melanomma Minerve H. Fab. Perithecia sparsa, basi ligno nigrificato infixa, conica, deorsüm cylindracea, atra, dura, vertice poro perforata. Diam. 1/2-2/3"". Asci cylindracei, brevè et crassè stipitati, 8-spori. Long. 65-70, lat. 8-10. Sporidia monosticha, initio hyalina, 1-septata, biconoidea, 4-eut- tata, dein oblonga, utrinquè obtusa, 3-seplata, ad septa constric- tula, pallidè fuliginea; loculis 1-magniguttatis. In maturissimis, loculi intermedii atro-fuliginei, extimi subhyalini. Long. 18-20, lat. 7-8, Ad putamina Olearum sub Jove di nigrificata. Itidem reperitur in putaminibus Armeniacee. Cette remarquable Sphériacée, observée sur de vieux noyaux, tantôt d'Olive et tantôt d’Abricot, ne nous a présenté aucune différence sensible, malgré la variété du support. — Fig. 26. Sporidies. 9, Melanomma Julii H. Fab. Perithecia densissimè gregaria, ligno indurato insidentia, super- ficialia aut basi infixa, conico-globosa, dura, rugulosa, atra, vertice poro pertusa. Diam. 1/3-1/2"". Asci cylindracei, longè stipitati,8-spori. Long. 100. Pars sporifera : long. 79, lat. 6. Sporidia monosticha, oblonga, cylindracea utrinquë oblusa, 3-septala, ad septa vix constricta; loculis intermediis fusco-fulvis, extimis ferè hyalinis, Long. 19-15, lat. 4-5. In Quereubuset Moris cavis (Quercus [lex et Morus alba).—Martio. Dans les Chênes creux, le bois occupé par cette Sphériacée est forte- ment noirci; dans les Müriers caverneux, au contraire, il est recouvert d’une sorte d’efflorescence blanche étrangère à la Sphérie. Fig. 27. Sporidies. 3. Melanomma Mori H. Fab. Perithecia gregaria, ligno exarido nigrificato vel albicante insi- dentia, superficialia, conoidea, atra, vertice poro perforata. Diam. 1/8"" circiter. Asci cylindracei, brevè stipitati, 8-spori. Long. 195, lat. 40. 99 J. H. FABRE. Sporidia obliquè monosticha, oblonga, utrinquè obtusa, recta vel curvula, atro-fusca, 3-septata, ad septa strangulata. Long. 47, lat. 4. In Moris cavis (WMorus alba). — Martio. A la parfaite maturité, les loges des sporidies se séparent et forment autant d'articles distincts. Ce caractère important, dont on retrouve l’ana- logue, mais moins prononcé, dans le genre Ohleria, mériterait peut-être une coupe générique à part. — Fig. 28. Sporidies. 4. Melanomma Olearum Castg. (Sphæria), Cat. pl. Mars. p.166. Ad corticem annosum Oleæ per annum sat frequens. 5. Melanomma Requienii H. Fab. Perithecia in acervulos oblongos transversim epidermidem rum- pentes aggregala, globoso-conica, vel globoso-depressa et umbili- cata, atra, rugosiuscula; ostiolo papillulato. Diam. 1/3-1/2"", Asci cylindracet, stipitati, 8-spori. Long. 80-90, lat. 10. Sporidia obliquè monosticha, oblonga, utrinquè obtusa, 3-septata, ad septa non vel vix constricla, pallidè fusca aut fulva. Long. 15-18, lat. 5-0. Ad ramos emortuos Rhamni infectorii ei Punicæ Granati. — Hyeme. Les groupes sont composés d’un nombre très variable de périthèces, parfois de 15 à 20, parfois de 3 ou 4. Il y a même des périthèces isolés. Quelques groupes, mais plus rarement, fendent l’épiderme en long; d’autres enfin se montrent sur le bois dénudé. Une différence insigni- fiante de coloration des sporidies distingue la Sphériacée venue sur le Grenadier (Punica Granatum) de celle venue sur le Rhamnus infecto- rius. Les premières sporidies sont fauves, les secondes sont brunes. Enfin, écrasés sur le porte-objet, les périthèces venus sur le Rhamnus infectorius teignent l’eau en rose ; mais cette coloration provient unique- ment du support. — Fig. 29. Sporidies. 6. Melanonunma Hippophaes H. Fab. Perithecia sparsa, rariüs parcè acervulata, per epidermidem fissam erumpentia, globosa, rugosiuscula, atra, subtiliter papillata. Diam. 1/3". Asci cylindracei, brevè stipitati, 8-spori. Long. 100, lat. 10. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. Sporidia obliquè monosticha, oblongo-ovalia, utrinquè rotundata, 3-septata, dilutè flava. Long. 18-29, lat. 6-7. Ad ramos exaridos Hippophaes rhamnoidis. — Autumno. Fig. 30. Sporidies. de 13 Ces deux dernières espèces trouveraient mieux leur place dans le genre Botryosphæria, si celui-ci était convenablement délimité. OuLERIA Fckl. 4. Ohleria Ulmi H. Fab. Perithecia sparsa vel conferta, bysso tenui albicante super lignum cariosum effuso insidentia, semi-immersa aut libera, glo- bosa-conoidea, atra, rugosiuscula, vertice poro pertusa. Diam. 1/2"" vel minuüs. Asci cylindracei, brevé stipitati, 8-spori. Long. 90-100, lat. 9-10. Sporidia monosticha, fusiformia, initio hyalina, /-guttata et medio constricta, dein 3-septata, fusco-fulva, tandem in duos arti- culos secedentia. Long. 15-20, lat. 4. Ad lignum emortuum et denudatum Ulmi campestris. — Hyeme. Les sporidies müres se divisent en deux articles conoïdes, comprenant chacun deux loges en général 1-guttulées. La séparation se fait dans le sporange lui-même, qui paraît alors contenir des sporidies didymes en nombre double du nombre habituel. — Fig. 31. Sporidies. 2. Ohleria quercicola H. Fab. Perithecia sparsa vel gregaria, ligno exarido nigrificatoque insidentia, globosa-conica, atra, rugosiuscula, poro pertusa. Diam. 1/5". Asci cylindracei, brevè et crassè stipitati, 8-spori. Long. 100, lat. 8-10. Sporidia monosticha, oblonga, utrinquè obtusa, initio hyalina, -guttata, medio strangulata, dein 3-septata, fusca, tandem in duos articulos didymos secedentia. Long. 15-16, lat. 4. Ad lignum emortuum et adhüe durum in plagis Quercüs pube- scentis. — Martio. La séparation en articles à deux loges se fait encore dans le spo- range. 94 J. H. FABRE. TREMATOSPIHÆRIA Fckl. Trematospheria errabunda . Fab. Perithecia modo sparsa, modo densissimè gregaria, ligno exarido sæpè fuligimeo semi-immersa, globoso-conica, rugosiuscula, sor- didè atra, vertice poro pertusa, vel ostiolo brevi et conico prædita. Diam. 1/2-2/57", Asei clavati, nunc brevè, nunc longè et crassè slipitati, 8-spori. Long. 100, lat. 15-20. Sporidia farcta vel subdisticha, fusoidea, recta vel curvula; initio hyalina, didyma, #4-magniguttata, medio constricta, dein fusca, 3 et rariüs À-septata, loculis guttatis aut non, subintermedio cras- siori. Long. 99-40, lat. 5-8. Ad lignum exsiccatum, plerumquè fuligineo conspurcatum, caudi- cum variarum arborum inter quas : Quercus [lex, Fraxinus oxy- phyllu, Populus nigra, Gralægus Oxyacantha, Paliurus aculeatus, Olea europæa. — Hyeme. Au début, les sporidies sont hyalines et 4-guttulées. Parmi les spori- dies brunes, les unes sont simplement didymes, les autres ont trois cloi- sons et les loges guttulées ou non. L'une des loges intermédiaires est en outre fréquemment un peu plus renflée que l’autre. Nous avons observé la même espèce sur la vieille écorce d’une souche cariée d’Aubépine. Notre Sphériacée se rapproche alors beaucoup du Trematosphæria cor- ticola Fckl (Symb. myc. p. 162); mais son habitat ordinaire sur le bois dénudé ne permettrait pas de lui appliquer lappellation de corticola, si les deux espèces n’en forment réellement qu'une. — Fig. 32. Sporidies. ZIGNOELLA Sacc. Zignoella pulviscula Curr. (Spheria), Sacc. Fung. ital. fis..297: Ad lignum emortuum stipitis Quercus pubescentis. — Hyeme. MELANOPSAMMA Niess]. Melanopsamma pomiformis Pers. (Spheria), Syn. Fung. p. 60. Ad lignum emortuum Salicum cavarum.—- Rarissima. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 95 BERTIA De Not. À. Bertia parasitica H. Fab. Perithecia superficialia, carbonacea, dura, nunce solitaria, nunc confluentia, hemisphærica, atra, Fragorum instar papillata, vertice poro pertusa. Diam. 1/2-2/3"". Asei clavati, stipitati, 8-spori. Long. 60-70, lat. 10. Sporidia farcta, oblonga, utrinquè obtusa, hyalina, 3-5 septata, nonnunquäm loculo subintermedio seplo longitudinali diviso. Long. 15-20, lat. 4-5. Habitat crustam Eutypæ lalæ. — April. — Rarissimé obvenit. Fig. 33. 9. Bertia moriformis Tode (Spheria), Pers. Syn. Fung., p. 80. In Salicibus cavis (Saliæ alba), ramisque semi-putrescentibus et denudatis Oxyacanthæ. — Haud frequens. STUARTELLA H. Fab. Perithecia carbonacea, simplicia, polyedrica. Sporidia colo- rata, navicularia, 3-septata, magna. Par ses sporidies amples et naviculaires se rapproche du genre suivant, Navicella; mais s’en éloigne par son périthèce polyédrique et dépourvu d’ostiole comprimé. Nous désirons rattacher à ce genre le nom du célèbre philosophe anglais Stuart Mill, qui préparait une Flore de Vaucluse quand ses amis et la science ont eu brusquement à déplorer sa perte. Stuartella formosa H. Fab. Perithecia superficialia, nunc sparsa, nunc parcè confluentia, magna, carbonacea, dura, atra, tuberculis polyedricis exasperata ; ostiolo inconspicuo. Diam. 1-5". Asci subcylindracei, brevissimè et crassè stipitati, 8-spori. Long. 185, lat. 15-20. Sporidia disticha, elongato-lanceolata, navicularia, 3-septata, lo- culis binis intermediis ferrugineo-fulvis, loculis ultimis hyalinis sed quandoquè concoloribus. Long. 55-60, lat. 12-15. Ad ramos languescentes Quercüs {licis rarissimè invenitur. 06 S. Hi. MARIE. Chaque périthèce ou chaque groupe de périthèces apparaît sur une ex- croissance subéreuse de l’écorce, qui se fait jour en perçant l'épiderme. — Fig. 34. Sporidies grossies 600 fois. LOPHIOSTOMA Ces. et De Not. Considéré dans son acception la plus générale, le genre Lophiostoma (Sphæriæ platystomæ de Persoon, Syn. Fung. p. 56) est caractérisé par un ostiole large et comprimé, qui s'ouvre suivant une fente au lieu d’un pore. Ce caractère ne manque pas de valeur, car il est constant, excep- tion faite de quelques rares espèces où l’ostiole est indifféremment com- primé en lame ou arrondi en papille. Mais à cette constance de structure externe est fort loin de correspondre semblable fixité dans la structure interne. Les sporidies, organes que la classification doit considérer en première ligne, différent beaucoup entre elles, non-seulement par la coloration et le nombre des loges, détails secondaires, mais encore par la forme et l’édifice général ; et leur examen démontre bientôt qu’un classe- ment basé sur le seul ostiole comprimé est purement artificiel. On ne peut arriver à une classification naturelle et mettre un peu d'ordre dans ce genre si vaste et si difficile, qu’en le subdivisant d’après la structure des spores. Le vieux genre Lophiostoma devient ainsi une famille, sub- divisée en genres dont la caractéristique est fournie par les spores. C'est du reste ce qu'avait déjà très bien aperçu l'éminent cryptogamiste italien Saccardo, s’exprimant ainsi dans son Michelia, n. IE, p. 337: « Generis Lophiostomaiis species, etsi inter se habitu externo exactè conveniant, sporidiis inter se ità vartis utuntur,ut in nonnulla genera merito dividi posse videantur. » Quelques coupes génériques sont alors proposées, et nous les adoptons avec empressement tant elles entrent dans nos vues. Néanmoins elles sont encore insuffisantes pour que toutes les es- pèces de notre région viennent naturellement s’y classer. Nous en propose- rons donc quelques autres ; et le primitif genre Lophiostoma sera réparti, quant aux espèces par nous observées, dansles genres Navicella H. Fab., Lophidium Sacc., Rostrella H. Fab., Lophiostoma (sens. strict.), et Lo- phiotrema Sacc. 1 resterait encore les genres Lophiella Sacc., Schizo- stoma Gesat. et De Not., dont nous n'avons pas jusqu'ici trouvé de représentants. NAVICELLA H. Fab. Sporidia magna, colorata, navicularia, id est elongata et crassè fusoidea ; plerunquè utroque polo loculo hyalino, saltem expallente, definita. à c rer r7 SPHERIACELS DE VAUCLUSE. U4 À. Navicella Julu H. Fab. Perithecia sparsa, ligno fracido sed adhuc duro immersa, glo- boso-conica; ostiolo prominulo, conico, compressiusculo, apice plerumquè truncato rimâque ellipticà pertuso. Diam. 1. Asci clavati, brevè stipitati, 8-spori. Long. 150-200, lat. 15-20. Sporidia inordinata, navicularia, utrinquè apiculata, 5-7-9-sep- tata, fusco-fulva; loculis 1-magniguttatis, loculis ultimis ferè hya- Hnis. Long. 60-75, lat. 19. Ad lignum emortuum in Moris cavis (Morus alba). — Februario. Celte magnifique espèce, que nous considérons comme le type du genre Navicelia, ne semble pas fortrépandue. Nous l'avons rencontrée à Orange, sur le bois mort à l’intérieur des Muüriers caverneux. — Fig. 35. Sporidies grossies 600 fois. 2. Navicella Balsamiana De Not. (Lophiostoma), Saccardo, Myc. ven. p. 110, tab. x, fig. 48-51. In annoso cortice, and basim trunci Popul nigræ. — Hyene. 3. Navicella pileata Tode (Sphæria), Pers. Syn. Fung. p. 04. Sporidia navicularia, utrinquè attenuata, D-7-septata, medio leniter constricta, fuliginea; loculis guttatis, ultimis hyalinis. Long. 34-45, lai. 9-11. In corticibus fissis ad basim truncorum Quercüs pubescentis — Per annum frequens. %. Navicella elegans H. Fab. Perithecia latè sparsa, cortice duriori insidentia, plus minusve immersa, globoso-conica, rugosiuscula, atra; ostiolo brevi, crasso, rimä fisso. Diam. 2/3". Asci cylindracei, stipitati, 8-spori. Pars sporifera : long. 150, lat. 12. Sporidia obliquè monosticha, navicularia, initio hyalina, didyma tandem 9-septata; loculis ultimis subhyalinis, cæteris fuscis Â-magniguttatis. Long. 30-45, lat. 9-10. Ge série, Bor. T. IX (Cahier n° 2).5 1 98 J. H. FABRE. In corticibus fissis et exsiccatis ad basim truncorum Mori (Morus alba) et Juglandis. — Martio. Par les dimensions des sporidies, leur disposition en un seul rang dans le sporange, et leurs extrémités obtuses, cette espèce se distingue nettement du Navicella Julii, qui habité le même support, mais vient sur lé bois desséché ét non sur l’écorce. — Fig. 36. Sporidies. 5. Navicella Ulini H. Fab. Perithecia sparsa, cortice duriori insidentia, semi-immersa aut feré libéra, globosa, rugosiuscula, atra ; ostiolo lato, semi-circulari, basi constricto. Dia. 1/2-1"". Ascos non vidi. Sporidià navicularia, utrinquè obtusa, 5-7-septata, fuliginea ; loculis ultimis dilutioribus. Long. 55-46, lat. 10. In corticibus aridis ad basim truncorum ÜUlmi campestris. — Januario. Fig. 37. Sporidies. 6. Navicella Salicum H. Fab. Perithecia sparsa, nunc immersa, nunc ferè libera, globosa, ru- gôsiuscula, atra; ostiolo compresso, dimidiam partem diametri perithecii æquante, lateribus parallelis, acie plerumquè curvulâ. Diam. 2/31", Asci cylindraceo-clavati, stipitati, 8-spori. Long. 175. Pars spo: rifera : long. 195, lat. 18. Sporidia pallidè fusca, oblonga, utrinquè obtusa, 5-septata, ra- rits 3-séptata ; loculis guttatis, ultimis concoloribus. Long. 30-40 lat, 10. In corticibus annosis ad basim Salicis albæ. — Januario. Fig. 38 Sporidies. 7. Navicella Gaudefroyi H. Fab. Perithecia sparsa, ligno carioso semi-immersa, globoso-com- pressa, rugosa, atra ; osliolo lato, compresso, plerumquè irregu- lari. Diam. 1/2-1"* Asei subcyliñdracetr, stipitati, 8-spori. Sporidia obliquè monosticha, fusco-fulva, utrinque attenuata, o-septata; loculis 1-magniguttatis, ullimis concoloribus. Long. 36- 40, lat. 9-10. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 99 Ad lignum cariosum in Salicibus eavis (Salix alba). — Autumno. Fi g. 39. Sporidies. LOPHIDIUM Sacc. Sporidia ellipsoidea, vel oblonga, septulis longitudinalibus prædita. 4. Lophidium compressum Pers. (Spheria), Syn. Fung. p. 96. Sporidia oblonga, utrinquè obtusa, fusco-fulva, 5-septata, rarius 7-séplata; septulis longitudinalibus 4-3. Long. 25-30, lat. 10. Sphériacée triviale qui s’observe toute l’année sur une foule de végé- taux ligneux desséchés, tels que : Quercus Ilex, Quercus pubescens, Vitis vinifera, Lonicera etrusca, Cercis Siliquastrum , Rubus fruticosus, Punica Granatum, Genisia Scorpius, Cornus sanguinea, Prunus spinosa, Spartium junceum, Pistacia Terebinthus, Syringa vulgaris, Amelanchier vulgaris, Goronilla Emerus. 2. Lophidium Santolinæ H.Fab. Perithecia sparsa, basi plus minüsve immersa, globosa, ru- gosiuscula, atra; ostiolo brevi, lato, compresso, acie curvä. Diam. 2/3». | * Asci cylindraceo-clavati, brevè stipitati, 8-spori. Long. 400, lat, 15. Sporidia subdisticha, oblongo-fusiformia, fusco-fulva, 7 et ra- rits 5-septata; séptulis longitudinalibus 1-2, vel nullis. Long. 30- 35, lat. 7-8. : Ad lignum exsiccatum et decorticatum Santolinæ Chamæcypa- rissi. — Hyeme. Fig. 40. Sporidies. 3. Lophidium Populi H. Fab. Perithecia sparsa, cortice semi-immeérsa, conico-elobosa, subti- liter granulosa, opaco-aira ; ostiolo brevi, nune compresso, nunc crassiusculo, papilliformi. Diam. 1/2-1°%. Asci cylindracei, brevè stipitai, 8-spori. Long. 140-150, lat, 10-12. Sporidia obliquè monosticha, oblongo-ellipsoidez, utrinquë ob- 100 3. H. FABRE. tusa vel acutiuscula, medio pauld constricta, initio flava, dein fulvo-brunnea, 7-septata; loculis ultimis integris, aliis uno et aliquando 2-3 septulis longitudinalibus divisis. Long. 20-95, lat. 8-10. Initio sporidia didyma sunt atque multiguttulata. In cortice annoso ad basim Populi nigræ et Populi albæ. — Hyeme. Fig. 41. Sporidies. Si l'on ne tenait compte de l’ostiole, qui généralement est comprimé, mais parfois aussi papilliforme, cette espèce trouverait sa place dans le senre Teichospora, à cause de la configuration de ses sporidies. 4. Lophidium aromaticum H. Fab. Perithecia sparsa, sphæroïidea, atra, nunc maximä parte libera, nunc ligno infixa et secundüum fibrarum longitudinem disposita, undè ad latera ut plurimüm compressiuseula; ostiolo lato, com- presso, ellipticè perforato, rectangulari vel curvulo, in nonnullis autem papillam conoïdeam efformante. Diam. 1/2-2/3"". Asei cylindracei, longè stipitati, 8-spori. Long. 125, sporidiis obliquis; et 190, sporidiis rectis. Lat. 10-12. Sporidiis maturis, ægrè inveniuntur asc. Sporidia monosticha, oblonga, ellipsoidea, utrinquè obtusa, medio constrictula, initio flava, tandem brunnea, 7 et rarissimè 9-septata ; plerisque loculis septulo longitudinali divisis. Long. 20- 95, lat. 8-9. Ad ramos exaridos et decorticatos variorum fruticum aromatico- rum, sieut : Thymus vulgaris, Lavandula Spica, Rosmarinus officinalis, Santolina Chamæcyparissus. Pariter invenitur in se- quentibus : Genisla Scorpius, Rhamnus infectorius, Jasminum fruticans. — Per annum. Les sporidies jaunes ont leurs loges guttulées. Parfois le périthèce est superficiel, et alors il n’est pas rare que l’ostiole soit déjeté latéralement. Se rapproche beaucoup de l’espèce précédente, dont elle diffère surtout par son support et ses sporidies, dont les loges sont divisées par une seule cloison longitudinale, tandis que les loges du Lophidium Populi en ont fréquemment deux et même trois. Sa place serait encore dans le genre Teichospora, S'il n’était tenu compte de Postiole, le plus souvent com- primé. — Fig. 42. Sporidies. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 101 9. Lophidium Spartii H. Fab. Perithecia sparsa, immersa, globosa, atra ; osticlo compresso, erumpente, rectangulari. Diam. 1/2". Asci cylindracei, stipitati, 8-spori. Long. 100, lat, 10-19, Sporidia obliquè monosticha, oblonga, ellipsoidea, utrinquè oh- tusa, medio constricta, 4-5-septata, fusco-fulva ; loculis -guttalis, plerisque septulo longitudinali divisis. Long. 22-30, lat. 8-10. Ad ramos exsiccatos Spartii juncei. — Hyeme. Fig. 43. Sporidies. 6. Lophidium Scorpii H. Fab. Perithecia sparsa, ligno denudato insidentia, nunc immersa, ostiolo erumpente, nunc ferè libera, globosa, atra; ostiolo lato, compresso, basi constricto, acie curvä. Diam. 1/2-2/5"". Asci cylindracei, longè stipitati, &8-spori. Long. 80-100, lat. 9-10. Sporidia monosticha, oblonga, utrinque rotundata, 3-septata, dilutè fulva; septulis longitudinalibus 1-2 vel nullis. Long. 15-20, lat. 7-8. Ad ramos emortuos et decorticatos Genistæ Scorpii. — Hyeme. Fig. 44. Sporidies. 7. Lophidium ambiquum H. Fab. Perithecia gregaria, in cortice nidulantia, initio epidermide tecta, dein semi-denudata, globosa, atra; ostiolo brevi, crassius- culo, nunc cylindrico et poro pertuso, nunc compresso et rimâ fisso. Diam. 1/2-2/3"". Asci clavati, 8-spori, alii modicè, alii longissimè et tenuè stipi- tati. Pars sporifera : long. 60-80, lat. 16. Sporidia inordinata, ovato-oblonga, medio plerumquè constricta, flava, 7-septata ; loculis septulo longitudinali divisis. Long. 22-97, lat. 9-11. In ramis emortuis Corni sanguineæ. — Martio. Ses sporidies ressemblent beaucoup à celles du Lophidium Populi, dont il se rapproche encore par son ostiole ambigu, tantôt papilliforme et tantôt comprimé; mais en diffère, ainsi que des autres congénères, prin- cipalement par la forme en massue des sporanges et par la disposition des sporidies qui sont disposées sans ordre. 102 S. EL. FABRE. ROSTRELLA H. Fab. Sporidia rostro hyalino utroque polo prædita. Rostrella ruscicola H. Fab. Perithecia sparsa, in ligno nigrificato nidulantia, sphæroidea, ad latera compressa, atra; ostiolo erumpente, lato, compresso, rectangulari, secundüm rami longitudinem semper disposito. Diam. 1/4-1/3mn, Asci clavati, paraphysibus circumvallati, stipitati, &-spori. Long. 110, lat. 14. ren imbricato-disticha, flava aut pallidè brunnea, oblonga, fusoidea, 5-septata, ad sepla constrictula; loculis 1-2-guttatis, Appendiculum rostriforme dimidiam partem sporidiü circà æquat. Long. sinè rostro 20-30, lat. 6-7. Ad basim caulium emortuorum Rusci aculeali. — Hyeme. E’appendice hyalin en forme de rostre qui termine Ia sporidie à chaque extrémité rapprocherait eette espèce du genre Ceriosporæ Niessl (No- tizen über neue und kritische Pyrenomyceten, p.9); mais l’ostiole large et comprimé en fait incontestablement une Lophiostomacée. D'ailleurs la présence des paraphyses et le cloisonnement multiple des sporidies ne permettent pas de la faire rentrer dans le genre Ceriospora, dont les paraphyses sont fugaces et dont les sporidies sont à une seule cloison, comme le Ceriospora Dubyi Niessl, ou bien à trois cloisons, comme le Ceriospora œantha Sacc, (Fung. ttal., fig. 188), — Fig. 45. Spo- ridies. LOPHIOSTOMA Ces. et De Not. (sensu strictiore). Sporidia colorata, oblonga vel fusoidea, 3-7-septata. 4. Lophiostoma Sluartii H. Fab. Perithecia sparsa, nunc immersa, nunc ferè libera, elobosa, ru- gosiuscula, atra; ostiolo erumpente, lato, compresso, acie curvâ. Diam. 1/9", Asci clavati, stipitaii, 8-spori. Long. 100-195, lat. 49. Sporidia subdisticha, fusiformia, utrinque obtusa, 5-7-septata, ad dissepimenta constrictula, præcipuë ad septum medium, Îlava, dein brunnea; loculis sæpè 1-%-guttulatis. Long. 95- 30, lat. 7-8. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 103 Ad ramos exaridos decorticatosque Thymi vulgaris et Rosmarini officinalis. — Hyeme. Fig. 46, Sporidies. 2. Lophiostoma caudatum À. Fab. Perithecia sparsa, ligno denudato plus minüsve inseulpta, glo- boso-compressa; ostiolo lato, compresso, nune rectangulari, aunc semi-cireulari et basi constricto. Diam. 1 Jan, Asci clavati, slipitati, 8-spori. Long. 110, lat. 11. Sporidia subdisticha, elongato-lacrymæformia, hinc erassiora, obtusa, illine angustiora et in caudam conicam producta, 3-5-sep- tata, flava aut pallidissimè fusca, ad sepla constrictula; loculis 1-guttatis. Long. 30-35, lat, 5-0. Ad ecaules exsiccatos denudatosque Paliuri aculeati. — Martia, Par la forme de ses sporidies, cette Sphériacée rappelle le genre Re- bentischia Karst., dont la dernière loge est hyaline et en forme de queue, — Fig. 47. Sporidies. 3. Lophiostoma daeryosporum H, Fab. Perithecia sparsa, minuta, immersa, ovalia ; ostiolo erumpente, lato, compresso, semi-circulari, secundüm longitudinem calami directo. Asei cylindracei, 8-spori. Sporidia obliquè monosticha, lacrymæformia, curvula, d-sep- tata, pallidissimè fuliginea, ferè hyalina; loculo imo in caudam producto, aliis 1-2-guttatis. Long. 24-50, lat. 6-8. Ad calamos emortuos Phragmitidis communis. — Hyeme. Parfois la sporidie présente six cloisons, la queue se divisant en deux loges. Se rapproche beaucoup de l’espèce précédente par la forme des sporidies; mais, outre la nature du support, les sporanges eylindriques et les sporidies disposées sur un seul rang, l’en distinguent d’une maxière suffisante. 4. Lophiostoma vagans À. Fab. Perithecia sparsa, rarits gregaria, nunc corticem exaridum, nunc lignum denudatum et maculà nigrà latè elfusà conspurcatum incolentia, immersa aut semi-libera, globoso-conoidea vel sphæ- roidea, rugosiuscula, atra; ostiolo lato, compresso, rectangulari vel basi constricto et acie curvulo. Diam. 1/2-1/3"", Asci clavati, brevè stipitati, 8-spori. Long. 70-100, lat. 5-7. 104 JF. H. FABRE. Sporidia imbricato-disticha, fusoidea, curvula, initio hyalina, guttata, dein 5 et rariüs 3-septata, modà fulva, mod dilutè fusca; loculis ut plurimum {-guttatis, sub-intermedio paulüm crassiori. Long. 18-25; lat. 5-7. Ad caules et ramos varios. — Per annum. Cette espèce, la plus commune des Sphériacées de notre région, s’éta- blit de préférence surle bois dénudé et noirci. On la trouve en abondance sur une foule de supports, tels que tiges et rameaux desséchés de : Olea europea, Arbutus Unedo, Jasminum fruticans, Rhamnus infectorius, Rhamnus Alaternus, Pistacia Terebinthus, Quercus Ilex, Quercus cocci- fera, Ligustrum vulgare, Cornus mas, Phillyrea media, Erica vulga- ris, Rosmarinus officinalis, Thymus vulgaris, Lonicera etrusca, Rhus Cotinus, Odontites viscosa, Hypericum perforatum, Arundo Donaæ, Acer monspessulanum. On l’observe encore sur le bois mort à l’intérieur des troncs caverneux, tels que ceux de l’Olivier. S'il était nécessaire d'établir combien peu la nature du support doit généralement être prise en consi- dération quand il faut déterminer une Sphériacée, on en aurait ici un exemple frappant. L'examen le plus attentif n’a pu nous convaincre de la multiplicité spécifique, malgré la multiplicité si variée des supports. Quel- ques légères différences de dimensions et de teintes, c’est tout ce que le microscope peut constater. Nous donnons deux dessins de ces légères variétés : l’un (fig. 48) a rapport au Lophiostoma vagans venu sur l’Hypericum tetrapterum ; l'autre (fig. 49) concerne le Lophiostoma vagans observé sur tiges pour- ries de l’Arundo Donax. 5. Lophiostoma Characias H. Fab. Perithecia latè sparsa, ligno denudato nigrificatoque immersa, globoso-compressa, atra, minuta; ostiolo erumpente, lato, com- presso, rectangulari. Diam. 1/5". Asci clavati, brevè stipitati, 8-spori. Long. 100, lat. 15. Sporidia obliqué-subdisticha, oblonga, utrinque conoïdea, 2-sep- tata, rarius 4-5 septata, ad septa vix constricta, recta vel curvula, flava ; loculis 1-guttatis, aut siné guttulis. Long. 22-95, lat. 6. Ad caules decorticatos et exsiccatos Euphorbiæ Characias. — Februario. Fig. 50. Sporidies. 6. Lophiostoma Syringe H. Fab. Perithecia ligno denudato et nigrificato immersa, series rectas secundum ligni fibrarum longitudinem ut plurimüm efformantia, SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 105 globoso-compressa, atra; ostiolo lato, compresso, rectangulari, longitudini ramorum parallelim disposito. Diam. 1/3-1/2"". Asei clavati, brevè et crassè stipitati, 8-spori. Long. 80-100, Jat #19; Sporidia sursüm disticha, deorsüm monosticha, oblongo-fusoi- dea, utrinquè obtusa, plerumquè curvula, luteola, 5-septata, ad septa constrictula; loculis Î-magniguttatis, altero intermedio paulüm crassiori. Senio fuliginea fiunt, guttulasque amittunt. Long. 22-97, lat. 8-9. Ad ramos deciduos et putrescentes Syringæ vulgaris. — Julio. Fig. 51. Sporidies. 7. Lophostoma Juniperi À. Fab. Perithecia densè gregaria, in cortice interiore nidulantia, sub- globosa, atra ; ostiolo lato, compresso, rectangulari, per epidermi- dem fissam erumpente. Diam. 1/3-1/2"". Asci cylindraceo-clavati, stipitati, 8-spori. Long. 90-10, lat. 12. Sporidia obliquè monosticha, oblonga, utrinquè obtusa, 3-sep- tata, ad septa consirictula, flava,; loculis 1-guttatis. Long. 17, lat. 5. Ad corticem ramorum et caulium J'unipericommunis. — Hyeme. Fig. 52. Sporidies. 8. Lophiostoma fallax H. Fab. Perithecia sparsa, vel conferta, ligno decorticato et nigrificato plüs minüsve insculpta, globoso-compressiuscula; ostiolo parvulo, nunc compresso, lato, rectangulari, nunc conoideo, papillato. Diam..1/3-1/927. Asci clavati, 8-spori. Pars sporifera : long. 100, lat. 10. Sporidia disticha, oblonga, 3-septata, rariüs 4-septata, ad disse- pimenta constrictula, clavata, hine obtusa, crassiora, illine conica, angustiora, pallidè fuliginea ; loculis 1-guttalis. Long. 25, lat. 6. Ad caules denudatos et nigrificatos Syringæ vulgaris et Cratægi Oxyacanthæ. — Martio. Par la forme et les dimensions de ses sporidies, cette espèce paraïtrait devoir se confondre avec le Lophiostoma rhopaloides Sacc. (Fung. ital. fig. 237,et Mich. I, p. 43); mais l’ostiole aussi souvent papilliforme qu’étalé en lame, et les sporidies disposées sur deux rangs, tandis qu’elles 106 3. H. FARRE. sont sur un seul rang dans l'espèce de Saccardo, nous portent à la con- sidérer comme distincte, — Fig. 53. Sporidies. 9. Lophiostoma Requienii H. Fab. Perithecia sparsa, epidermide primüm tecta, ostiolis tantüm modô emergentibus, dein denudata, cortice plus minüsve infixa, globosa, atra; ostiolo lato, compresso. Diam. 1/2-2/5m. Asci cylindracei, stipitati, 8-spori. Long. 60-75, lat. 20. Sporidia obliquë monosticha, oblonga, obtusa, 3-septata, ad septa vix constricta, fulva; loculis 4-guttulatis. Long. 21, lat, 6-7, Ad ramos exsiccatos Cralægi Oxyacanthæ. — Hyeme. Serait-ce le Lophiostoma quadrinucleatum Karst.? Nous en doutons, car la figure qu’en donne Saccardo (Fung. îtal., fig. 222) ne rend pas bien les sporidies du Lophiostoma trouvé par nous sur lAubépine. D'ailleurs, d'après le témoignage de Karsten et d’après celui de Saccardo, le Lophiostoma quadrinucleatum vient sur le bois dénudé et noirci, tandis que le nôtre s'établit exclusivement sur l'écorce, diversité d'habitat que nous avons trouvée jusqu'ici assez caractéristique. D'autre part, Kar- sten (Myc. fenn. p. 85) dit du L. quadrinucleatum: «sporæ distichæ»; et dans le Z. Requienii les sporidies sont sur un seul rang. fl est vrai que la figure de Saccardo donne deux sporanges, l’un à sporidies sur un seul rang, et l’autre à sporidies sur deux rangs. Jusqu'à plus ample informé, nous maintenons donc le Lophiostoma Requient. — Kig. 54. Sporidies. 10. Lophiosioma Arundinis Kries (Sphæria). Sporidia disticha, fulva, fusoidea, 5-septata, Long. 30-45, lat. 7-8. Ad ealamos emortuos Phragmitidis communis, — Autumno. Fuckel (Symb. myc. p. 156) décrit les sporidies comme hyalines; nous les avons vues fauves. LOPHIOTREMA Sacc. Sporidia oblonga vel fusoidea, 3-5-septata, hyalina, in non- nullis speciebus extra ascos fuliginea. sive senio, sive matu- rilate. 1. Lophiotrema Thymi H. Fab. Perithecia sparsa, ligno denudato semi-immersa, globosa, rugo- SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE, 107 siuscula, atra;_ ostiolo brevi, nunc papillato, nunc compresso. Senio collapsæ, sphærulæ umbilicatæ fiunt. Diam. 1/3", Asci clavati, brevè stipitati, 8-spori. Sporidia subdisticha, fusoidea, recta vel curvula, hyalina, 3 sep- tata. Long. 38-49, lat. 7-8. Ad caules exaridos denudatosque Thymi vulgaris. — Hyeme. Fig. 55. Sporidies. 2. Lophiotrema viticola Sacc. Fung. ital, fig. 244. Ad sarmenta exarida Vitis. — Decembri. Outre les sporidies hyalines contenues dans les sporanges, on en voit quelques autres en petit nombre, d'un brun très clair et dont les sporanges sont détruits. 3. Lophiotrema Coryli H. Fab. Perithecia gregaria, sub epidermide nidulantia, globosa, atra ; ostiolo erumpente, brevi, nunc econoideo, nunc lato, compresso, latitudinem perithecii ferè æquante, rectangulari vel basi con- stricto et semi-circulart. Diam. 1/47", Asci cylindraceo-clavati, brevissimèé et abruptè stipitati, 8-sport. Long. 80-90, lat. 7-8. Sporidia disticha, fusiformia, recta vel curvula, initio hyalina, G-guttata, medio septata, dein matura 5-septata, fuscella ; loculis 4-guttatis vel non. Long. 30-55, lat. 4-5. Sub -epidermide ramorum exsiccatorum Coryli Avellanæ, — Martio. Encore un exemple d’une Lophiostomacée à ostiole variable, tantôt papilliforme et tantôt comprimé. — Fig. 56. Sporidies, 4. Lophiotrema Artemisiæ H. Fab. Perithecia sparsa, corticem laciniatum et nigrificatum incolen- tia, immersa vel semi-nuda, globoso-compressa, atra ; ostiolo lato, compresso, reclangulari vel curvulo, dimidium perithecii diame- trum æquante. Diam. 2/3", Asci clavati, brevè stipitati, 8-spori, Long. 100-195, lat. 10-15. Sporidia imbricato- disticha, cylindraceo-fusiformia, utrinquè obtusa, recta vel curvula, initio hyalina, 3-septata, loculis 1-gutta- tis, dein fusca, 3 et rariüs 4-5-septata, loculis absque guttulis. Long. 30-45, lat, 5-7. 108 J. H. FABRE. Ad caules emortuos Arlemisiæ campestris. — Hyeme. Fig. 57. Sporidies. 5. Lophiotrema glandium H. Fab. Perithecia sparsa, minima, globosa, atra, primüm epidermide tecta, tandem superficialia ; ostiolo lato, compresso, prominulo. Asci cylindraceo-clavali, stipitati, 8-spori. Long. 45-50, lat. 9-10. Sporidia subdisticha, lanceolata, hyalina, 3-4-guttulata, seu ob- scurè 9-septata. Long. 18-20, lat. 5. Ad glandes putrescentes Quercüs Ilicis. — Hyeme. Fig. 58. Sporidies. VERLOTIA H. Fab. Perithecia densè acervulata. Asci 8-spori, paraphysibus cir- cumvallati. Sporidia fusiformia, multiseptata ; loculo medio crassiorl, ventricoso, colorato, cæteris hyalinis. Verlotia Helichrysi H. Fab. Perithecia superficialia, densè acervulata, rarissimè solitaria, lignum denudatum in rimis corticis incolentia, sphæroiïdea, carti- laginea, ostiolo nunc papillato, nunc inconspicuo. Diam. 1/2- 2/3". Asci cylindraceo-clavati, 8-spori, brevè stipitati. Long. 150-160, lat. 16. Sporidia imbricato-subdisticha, elongata, fusiformia, plerumquè curvula, 6-8-septata ; loculo medio crassiori, ventricoso, fulvo, gra- nuloso, tertiam partem sporidii circiter æquante ; cæteris hyalinis, pluriguttatis. Long. 54-58, lat. 9-10. Ad ramos emortuos Æelichrysi Stæchadis. — Julio (Sérignan). Fig. 59. Sporidies. Par la forme singulière etles dimensions de ses sporidies, cette Sphéria- cée rappelle le Sphæria obæsa Dur. et Mtgn. Flor. Alg. 52, t.xxvrnr, fig. 3. Cette dernière, observée en Afrique sur le Scabiosa urceolata, a été re- trouvée en [talie par Saccardo sur l’Eupatorium cannabinum. L'auteur italien en fait le Leptosphæria obæsa (Mach. X, p. 38, et Fung. tal. fig. 284). Mais la Sphériacée de l'Hélichryse ne peut en aucune manière, à cause de ses périthèces rassemblés en groupes nombreux, se rapporter au genre Leptosphæria. D'autre part, la coloration des sporidies et la forme des périthèces, qui sont globuleux au lieu d’être déprimés, ombi- SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 109 liqués et largement perforés (peritheciis globoso-depressis, tandem um- bilicatis, latè pertusis, Mign. Syll., p. 238), ne permettent pas de con- fondre l'espèce de lHélichryse avec l'espèce de la Scabieuse et de l’'Eupatoire. Nous la proposons comme type du genre Verlotia, en l’hon- neur de notre excellent ami M. Verlot, chef de l’école botanique au Muséum. Sect. VI. — SCOLICOSPORÆ Sacc. Sporidia vermicularia v. bacillaria v. filiformia, sæpè asci longitudine septulata, v. guttulata, hyalina. A. — SIMPLICES. a. Tectæ. Rhaphidophora Fries. b. Superficiales. Lasiosphæria Ces. et De Not. B. — STROMATICÆ. Cryptospora Tul. RHAPHIDOPHORA Fries. 4. Raphidophora Terebinthi H. Fab. Perithecia sparsa, nunc cortice immersa, nunc superficialia et lignum denudatum incolentia, globosa, atra, in ostiolum acutè co- nicum producta. Diam. 1"* vel minüs. Asci angustè cylindracei, brevè stipitati, 8-spori. Long. 175-200, lat. 19-15. Sporidia anguslissimè cylindracea, asci longitudine, hyalina, guttulis globosis, numerosissimis, in seriem unicam dispositis, feta. Lat. 3. AdQ ramos emortuos Pistaciæ Terebinthi. — Hyeme. 2. Raphidophora Characias H. Fab. Perithecia gregaria, sub epidermide nidulantia, globosa, atra, 1°" ferë lata; ostiolis erumpentibus, brevibus, cylindraceis, crassis, umbilicato-perforatis. Asci angustè cylindracei, subsessiles, 8-spori. Long. 160-200, lat. 8-10. 110 3. H. FABRE. Sporidia angustissimè cylindracea, asci longitudine, hyalina, sep- tata guttulataqué. Lat. 1 1/2-2. Ad caules exsiccatos Euphorbiæ Gharacias rarissimè invenitur. — f[lyeme. LASIOSPHÆRIA Ces. et De Not. Lasiospheria Stipe À. Fab. Perithecia conferta, sparsave, semi-immersa, globosa, atra, subi- ? culo byssino fusco-purpureo, latè effuso cincta atque basi tecta; rostro brevi, crasso, cylindrico, apice umbilicato et sæpè purpureo. Diam. 1/3-1/92"", Asci clavati, brevè stipitati, 8-spori. Long. 75, lat. 12-15. Sporidia farcta, plerumque fasciculata, longè fusiformia, 3-5-sep- tata, guttulata granulosaque, dilutissimè flava. Long. 45-60, lat. 4. Ad basim foliorum semi-putrescentium Ship pennale. — Au- gusto. Mont Ventoux. Fig. 60. Sporidies. CRYPTOSPORA Tul. Cryptospora suffusa Kries (Sphæria) Syst. myc. p. 599. Ad ramos exsiccatos Alni glutinosæ. Sect. VII. — DICTYOSPORÆ Sacc Sporidia ovoidea, oblonga v. subfusoidea, transversè et longitudinaliter septata (muriformia), fusca, rartüs hyalina. A, — SIMPLICES. a. Nudæ, Teichospora Fekl Decaisnella H. Fab. Sporidia magna densè fenestrata. b. Tectæ. Julella H. Fab. Asci bispori! Sporidia hyalina, magna, densè clathrato-reticulata. Pleospora Rabh. Delacourea H. Fab. Son a! strato hyalino et utroque polo in rostrum producto obvoluta. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 411 B. — CoMPosiTÆ. Gucurbitaria Gray. TEICHOSPORA Fckl. 4. Teichospora Emilii H. Fab. Perithecia nunc sparïsa, nunc densè éonferta, in ligno denudato, exarido, ut plurimümi pulvisculà niveñ obtecto semi-insculpta, initio sphæroidea, papillà sat crassà prædita, tandem collapsa et umbili- cata. Diam. 1/3-1/2%. Asci cylindracei, brevissimè stipitati, 8-spori, Sporidia obliquè monosticha, pallidè fuliginea, medio constric- tula, alter dimidiä parte paululüm crassiori, 3 et rarits 5-7-sep- tata, cum septulis longitudinalibus. Long. 15-18, lat. 7-8. Ad lignum exaridum in stipite cava Mori albæ. — Aprili. La forme et les dimensions des sporidies la rapprocheraient du Tei- chospora trabicola Fckl, mais les périthèces ombiliqués l’en séparent nettement. Cette forme ombiliquée se retrouve dans le Teichospora pa- tellarioides Sace., etie Teichospora pezizoides Sacc. (Fung. ital., fig. 317 et 318), sans que les sporidies, différentes d'aspect et dé dimensions, puissent faire réunir la Sphériacée des Müriers caverneux, soit avec Pune, soit avec l’autre des deux espèces italiennes. La couleur blanche du support n’est nullement un effet du Teichospora Emilii, car on observe celui-ci, assez rarement, il est vrai, sur du bois de Mürier dont la coloration est naturelle, — Fig. 61. Sporidies. 2. Teichospora Artemisie H. Fab. Perithecia sparsa, superficialia, ligno denudato nigrificatoque insidentia, cartilaginea, atra, primüm sphæroidea, deindè vertice collapso patelliformia, papillulata. Diam. 1/2°*. Asci cylindracei, brevè et crassè stipitati, 8-spori. Long. 155, lat. 11. Sporidia obliquè monosticha, oblongo-ovata, medio constrictula, alterà dimidià parte paulalum crassiori, rufo-fusca, 3-5-7-septata, loculis plerisque septulo longitudinali divisis. Long. 22-24, latno* Ad caules exsiccatos Artemisiæ campestris. — Julio. Fig. 62. Sporidies. 142 J. H. FARRE. 8. Teichospora Helichrysi H. Fab. Perithecia sparsa, superficialia, ligno denudato et nigrificato insidentia, cartilaginea, atra, initio sphæroïdea, demüm, centro collapso, umbilicata et papillulata. Diam. 1/3-1/2%%, Asci cylindracei, brevè et crassè stipitati, 8-spori. Long. 119, late 44e Sporidia obliquè monosticha, irregulariter ovata, flavo-fusca, 3etrarits 4-5-septata, medio constrictula, cum 4-2 et ultrà sep tulis longitudinalibus. Long. 18, lat. 9. Ad caules emortuos Helichrysi Stochadis. — Julio. Voisine des deux espèces précédentes par ses périthèces à la fois lar- gement ombiliqués et papillulés au centre, elle s’en distingue nettement par ses sporidies, de même qu’elle se sépare du T. patellarioides et du T. pezizoides Sacc. — Fig. 63. Sporidies. DECAISNELLA H. Fab. Perithecia simplicia, nuda. Sporidia magna, crebrè fene- strata. Asci 8-spori vel 4-spori. Inclyto professori J. Decaisne genus dicatum. Decaisnella spectabilis H. Fab. Perithecia basi ligno exarido plus minüsve insculpta, sparsa, nunc solitaria, nunc 2-3 inter se coalescentia, globoso-conoidea, ad latera compressiuscula, rugosa, quandoquè exasperala, opaco-atra, modù papillata, papillà brevi et egregiè nitidà, mod vertice obsoletè umbilicata. Diam. 1-2°°,. Asci cylindraceo-clavati, longè et crassè stipitati, 8-spori. Long. 180, la. 18-20. In aliis, asci cylindraceï, brevissiinè etcrassè stipitati, 4-spori. Long. 110-120, lat. 16. Sporidia 4-na obliquè aut rectè monosticha; sporidia 8-na sursûm subdisticha, deorsüm monosticha ; ambo oblonga, utrinquè rotun- data, quandoquè oblongo-ovoidea et subinæquilateralia, initio hya- lina, granulosaque, dein lutea, 5-7-septata; tandem rufo-brunnea, 7-li-septata, septulisque longitudinalibus crebrè fenestrata. Long. 32-45, lat. 11-14. Ad lignum exaridum in Oieës et Moris cavis. — Julio. Sérignan. Fig. 64. Sporidies. Le genre que nous proposons au sujet de cette magnifique Sphériacée SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 1143 doit prendre rang à proximité du genre Teichospora, dont il diffère par l’ampleur des sporidies et leur texture densément treillissée. Quelques Lophiostomacées, notamment le Lophidium thyrioides Sacc. (Fung. ital. fig. 357, et Michel. p. 412), ont des sporidies assez analogues de forme ; mais le Decaisnella spectabilis ne possède nullement l’ostiole caractéris- tique des Lophiostomacées. JULELLA H. Fab. Perithecia simplicia, immersa ; asci bispori! Sporidia magna, clathrato-reticulata. Tandis que les autres Sphériacées contiennent huit sporidies par spo- range, ou tout au moins quatre, l'espèce qui me sert de type pour ce genre, par une exception bien remarquable, n’en contient constamment que deux. En outre, ses sporidies frappent l'attention par leur ampleur et leur contexture treillissée. J’attiche à ce genre, si exceptionnel, le nom de mon fils Jules, mon perspicace collaborateur dans la recherche de ces végétaux microscopiques, et ravi si jeune à son amour passionné de la plante et de l’insecte. Julella Buxi H. Fab. Perithecia latè sparsa, cortici nidulantia, globoso-depressa, atra, papillulata, epidermidem in pustulam atro-cæsiam, scutiformem, 4m et ultra longam, vertice tandem poro perforatam, inflantia. Diam. 1/4"" circiter. Asci ampli, abruptè stipitati, bispori ! Long. 165, lat. 95. Sporidia grandia, elliptica, crebrè clathrato-reticulata, dilutissimè flava, hyalinave. Long. 70, lat. 95. Paraphyses filiformes, ascis multo longiores. Long. 250. Ad ramos languescentes Buxi sempervirentis. Per annum. — Avignon, Orange, Sérignan. Dans une sporidie, je compte environ 16 assises de cellules à peu près rectangulaires, et 6 rangées longitudinales, ce qui porte à une centaine le nombre des mailles du réseau. La longueur du sac occupé par les spori- dies mesure 130 micromillimètres, et le pédicule seul 35. Vient aussi, mais plus rarement, sur le bois mort et décortiqué du Buis, sous forme de tubercules noirs, allongés, elliptiques, percés au sommet d’un pore, et superposés chacun à un périthèce rond, enchâssé dans le bois et dont le diamètre ne fait guère que le cinquième de l'espèce 6° série, Bor. T. IX (Cahier n° 2). t 114 3. M. FABRE. de bouclier qui le recouvre. Ces tubereules ont pour dimensions moÿennes : long, 4 1/2", larg. 1/2°%, Fig. 65. Un sporange et ses deux sporidies (grossi 600 fois). PLEOSPORA Rabh. 4. Pleospora herbarum Pers. (Sphæria), Syn. Fung. p. 78. Ad caules exaridos sequentium : Cirsium lanceolatum, Euphorbia Characias, Melilotus officinalis. 2. Pleospora socialis Nssi, Notizen, p. 26. Ad caules exsiccatos Ali Cepæ. 3. Pleospora vulgaris Nssl, Notizen, p. 26. Ad caules emortuos Eryngii campestris et Solani tuberosi. 4. Pleospora Salsolæ Fckl, Symb. myc. p.131. Ad caules exaridos Salsolæ Kali. 5. Pleospora Ephedræ H. Fab. Perithecia subepidermica, dein epidermide destructà libera, sparsa, nonnullave confluentia, globosa, atra, rugosiuscula ; ostiolo brevi, crasso, cylindrico. Diam. 3/4". Asci cylindraceo-clavati, longè stipitati, 8-spori. Long. 150-200, lat. 15-20. Sporidia inordinata, vel submonosticha, oblongo-lanceolata, 7-9- septata et muriformia, medio constrictula, initio flava, dein fusca. Long: 32-40, lat. 11-14. Ad ramos emortuos Ephédræ helveticæ. Januario. — Orange. Fig. 66. Sporidies. DELACOUREA H. Fab. Perithecia simplicia, initio tecta. Sporidia pluriseptata, sep- tulis longitudinalibus nonnullis prædita, strato hyalino in appen- diculum cornutum utràque extremà parte producto obvoluta. Cette coupe générique, à laquelle nous rattachons le nom de notre SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 415 excellent ami Th. Delacour, membre de la Société botanique de France, rappelle un peu, par le rostre hyalin terminant de part et d’autre la spo- ridie, le genre Ceriospora de Niessl (Notizén, etc. p. 9); mais la struc- ture interne des sporidies n’est nullement la même. Delacourea insignis H. Fab. Perithecia latè sparsa, rarits nonnulla confluentia, primd epi- dermide tecta, ostiolo erumpente, postea, epidermide destructä, basi ligno insculpta vel o6mnind libera; globosa, atra, tenuissimè rugosa ; ostiolo papillato, prominulo. Diam. 1/3-1/2"*. Asci paraphysibus cireumvallati, clavati, brevè stipitati, 8-spori. Long. 80-95, lat. 15. Sporidia subdisticha, oblonga, utrinquè curvula, 5-7-septata, plerumquè cum 9-3 septulis longitudinalibus, flava; loculis ut plu- rimüm guttulatis. Hyalinum rostrum utriusque poli dimidiam par- tem sporidii superat. Long. sine rostris 25, lat. 6-7. Ad ramos exsiccatos Genistæ Scorpii, hyeme semel invenimus. — Orange. Fig. 67. Sporidies. CUCURBITARIA Gray. 1. Cucurbitaria elongata Fries (Sphæria), Syst. myc. I, p. 422. Frequentissima ad ramos exsiccatos Robiniæ Pseudacaciæ. Quelques auteurs, notamment Saccardo, ont considéré comme spécifi- quement distinct le Cucurbitaria qui croît sur le Coronilla Emerus. L'examen comparatif des spores ne nous a pas montré des différences qui puissent être prises en sérieuse considération. Nous réunissons donc au Cucurbitaria elongata la Sphériacée de la Coronille. Nous en faisons de même pour les Cucurbitaria observès par nous sur diverses Légumineuses frutescentes, telles que : Cytisus sessilifolius, Coronilla minima, Spar- tium junceum, Genista Scorpius, Genista cinerea, Dorycnium suffru- ticosum. Nous avons enfin observé identiquement la même espèce sur l'Ephedra helvetica, ce qui prouverait encore une fois, s’il en était be- soin, combien peu la nature du support doit être prise en considération pour la détermination spécifique des Sphériacées. Dans tous les cas, les sporidies ont les caractères suivanis : Sporidia oblonga, utrinquè obtusa, medio constrictula, 3-5 et rarius 1-septata, cum septulis longitudinalibus 1-3, dilutè fulvo-brurnea. Long. 20-30, lat. 8-11. 116 JS. HA. MABSERE. 2. Cucurbitaria Laburni Pers. (Sphæria), Syn. Fung. p. 50. Ad eaules exsiccatos Cytisi Laburni, in monte Ventoso. 3. Cucubitaria naucosa Fries (Sphæria), Syst. myc. p. 416. Ad ramos emortuos Ulmi campestris. 4. Cucurbitaria Ligustri H. Fab. Perithecia superficialia, densissimè gregaria, lignum decorti- catum et nigrificatum incolentia, rugosa, atra, sphæroideo-conica, ostiolo vel nullo, vel brevi et crasso. Diam. 1/3-1/2"", Asci cylindraceo-clavati, stipitati, 8-spori. Long. 195; lat. 13. Pars sporilera, long. 112. Sporidia monosticha, ellipsoidea, utrinquè obtusa, 3-5-septata, medio constrictula, luteolo-fuscula; loculis plerisque septulo longi- tudinali divisis. Long. 20-29, lat. 10-19. Ad lignum decorticatum Ligustri vulgaris. — Junio. Le support habituel en est le bois mort, dans les parties des rameaux qui ont été dénudées par leur mutuelle friction. Avoisine le genre Teicho- spora, où serait sa place, si les périthèces étaient isolés au lieu d’être groupés en amas. — Fig.68. Sporidies. ° 5. Cucurbitaria pulchella H. Fab. Perithecia superfcialia, minuta, numerosissima, densissimè con- ferta, ligno exarido denudatoque insidentia, conico-globosa, nitido- atra, vertice poro pertusa, è subiculo opaco-atro, flocculoso oriunda. Diam. 1/4". Asci cylindraceo-clavati, brevè stipitati, 8-spori. Long. 90-100, lat. 10-12. Sporidia submonoslicha, oblonga, utrinquë obtusa, hinc cras- siora, rotundata, illinc angustiora, conica, 3-septata, plerumquè cum 1-2 septulis longitudinalibus, ad septa constrictula, pallidè lutea vel fuscula ; loculis guttulatis aut non. Long. 15-20, lat. 6-7. In ligno exarido sequentium : Paliurus aculeatus, Quercus pubescens, Spartium junceum, Ulmus campestris, Rhamnus A laternus. Son habitat le plus fréquent est la section transversale des souches mortes du Paliurus aculeatus. Le subiculum noir et tomenteux n’est bien visible qu'à la loupe et disparait tôt ou tard. — Fig, 69. Sporidies. SPHÉRIACÉES DE VAUCLUSE. 117 EXPLICATION DES PLANCHES. Toutes les sporidies sont grossies 1000 fois en diamètre, à l'exception des n° 34, 35 et 65, dont le grossissement n’est que de 600 fois. PLANCHE À. Figures. Figures. 1. Urospora Cocciferæ. 6. Rosellinia Buxi. 2. Diaporthe Doryenii. 7. Rosellinia Julii. 3. Diaporthe rhynchophora, péri- 8. Rosellinia Gaudefrovi. thèces grossis 20 fois. 9. Rosellinia etrusca. 4. Diaporthe rhynchophora, spori- 10. Rosellinia arausiaca. dies. 11. Anthostomella Smilacis. 5. Rosellinia Delacourei. 12. Anthostomella Paliuri. PLANCHE 2. 13. Didymosphæria Rhamni. 19. Rhynchostoma Julii, sporidies 14. Didymosphæria Oxycedri. non mûres. 15. Didymosphæria Syringæ. 20. Rhynchostoma Julii, sporidies 16. Amphisphæria Emiliana. mûres. 17. Amphisphæria inæqualis. 21. Massaria Antoniæ. . Rhynchostoma Julii, périthèces grossis 10 fois. PLANCHE . Leptosphæria Emiliana. . Melanomma Minerveæ. . Melanomma Julii. . Melanomma Mori. . Melanomma Requienii. . Melanomma Hippophaes. PLANCHE . Navicella Ulmi. . Navicella Salicum. . Navicella Gaudefroyi. . Lophidium Santolinæ. . Lophidium Populi. . Lophidium aromaticum. . Lophidium Spartit. . Rebentischia Typhæ. . Ohleria Ulmi. . Trematosphæria errabunda. . Bertia parasitica. . Stuartella formosa. . Navicella Julii. . Navicella elegans. . Lophidium Scorpii. . Rostrella ruscicola. . Lophiostoma Stuartii. . Lophiostoma caudatum. . Lophiostoma vagans, sur Hype- ricum letrapterum. 118 Figures. Lophiostoma vagans,sur Arundo 49. Donax. . Verlotia Helichrysi. . Lasiosphæria Stipæ. . Teichospora Emilii. . Teichospora Artemisiæ. . Teichospora Helichrysi. . Decaisnella spectabilis. J. H. FABRE. PLANCHE 5. . Lophiostoma Characias. . Lophiostoma Syringæ. . Lophiostoma Juniperi. . Lophiostoma fallax. PLANCHE Figures. 54. . Lophiotrema Thymi. . Lophiotrema Coryli. . Lophiotrema Artemisiæ. . Lophiotrema glandium. Lophiostoma Requienii. . Julella Buxi. . Pleospora Ephedræ. . Dalacourea insignis. . Gueurbitaria Ligustri. . Cucurbitaria pulchella. CONSIDÉRATIONS L'ORIGINE DE LA FLORE ALPINE EUROPÉENNE Par M. John BALL, F. R. S.(!{). Toute découverte dans la science est un acheminement vers de nouvelles découvertes; tout accroissement du savoir humain ouvre au philosophe de nouveaux aperçus dans un champ qui paraît sans limites, et provoque des recherches nouvelles, La géographie botanique, qui n’a eu d’abord d’autre objet que de nous présenter le poétique tableau de la distribution des plantes sur le globe, soulève aujourd’hui ‘énormes problèmes. On ne se contente plus de savoir que telle flore occupe telle région de la surface de la terre, on veut savoir pourquoi elle s’y trouve. Fille légitime du sol, l’habite-t-elle depuis sa première apparition dans la nature, ou bien n'est-elle qu’une étrangère que des circonstances inconnues ont chassée de sa patrie première? Et si cette flore n’est pas autochthone là où nous la voyons aujourd’hui, d’où et quand y est-elle venue, et quelles causes ont déterminé sa migration? Telles sont les questions que s'adressent d’émi- nents botanistes, questions enveloppées d’obscurité, où les faits se prêtent aux interprétations les plus diverses et où l'hypothèse vient souvent remplacer l'observation, C’est ainsi, d’ailleurs, que procèdent toutes les sciences dela nature; elles tâtonnent d’abord dans d’épaisses ténèbres, cheminant au hasard et accumulant théories sur théories ; mais après une période d’hésitations plus ou moins longue, tout à coup le jour se fait; la loi des phénomènes se dégage ; les matériaux accu- mulés et restés jusque-là sans liaison apparente s’agrègent suivant leurs véritables affinités, et 1l en résulte un tout har- monique, un corps de doctrine qui satisfait pleinement l'esprit. (1) Conférence faite dans la séance de la Société royale de géographie du 9 juin 1879, 120 JOHN BALL. C’est la période de certitude, le terrain solide qui permettra de faire de nouveaux pas en avant. Tel est l’état actuel de la science paléontologique, science déjà avancée sans doute, mais encore vacillante dans ses con- clusions dernières. En ce qui concerne le Règne végétal, nous avons déjà pris connaissance, dans les Annales des sciences naturelles, des efforts tentés par MM. J. Hooker, Asa Gray et Ch. Sargent pour remonter dans le passé de la végétation du globe. Il y aurait injustice à ne pas reconnaître que ces re- marquables travaux ont été inspirés, au moins en partie, par ceux de l’illustre Darwin. La théorie de l’évolution, dégagée de celle du transformisme, se prête en effet à l’explication de nombreux phénomènes qui, sans elle, seraient incompréhen- sibles. À quel avenir cette théorie est-elle destinée ? C’est ce qu'il serait prématuré de décider en ce moment, mais on peut supposer avec quelque vraisemblance qu’elle sera de plus en plus confirmée dans ses lignes principales par le progrès gra- duel de la science. Ici, d’ailleurs, toutes les questions sont encore ouvertes ; les faits sur lesquels s'appuie la théorie évo- lutionniste ne sont qu'une faible partie de ce qu'il nous reste à apprendre, et c’est aux naturalistes futurs de pro- noncer le dernier mot. En attendant, enregistrons les recher- ches qui se font dans cette voie, mais tenons-nous dans cette sage réserve, dans ce doute philosophique de l’école carté- sienne, qui est le plus sûr garant contre les entraînements de l'imagination. Nous avons à faire connaitre aujourd’hui les idées d’un éminent botaniste anglais, M. John Ball, sur l’origine de la flore alpine de l’Europe. Sans nous astreindre à reproduire littéralement les termes du discours dans lequel il les a pré- sentées aux savants membres de la Société royale, nous ferons nos efforts pour en rendre exactement le sens, laissant aux lecteurs de cette Note toute liberté pour accepter ou rejeter les conclusions de l’auteur. Cu. NaAuUDIN. ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 491 « Personne n’ignore que, dans la seconde moitié de ce siècle, une révolution scientifique s’est accomplie, dont les conséquences seront peut-être plus durables que celles des grands événements politiques qui ont eu lieu en mème temps. L'ordre actuel de la nature, qui jadis nous apparaissait comme un fragment détaché du Cosmos, fait aujourd’hui manifeste- ment partie d’une longue série de phénomènes dont les racines plongent dans un lointain passé. L'histoire de notre planète et celle des formes que la vie yrevêtse présentent à l'esprit comme un tout continu, gouverné par des lois qui n’ont jamais cessé d’agir depuis une époque si reculée, que l'imagination s’effraye d’en contempler l'éloignement. Cependant, quelque faibles que soient nos ressources pour retracer la séquence des phéno- mènes, par suite de notre connaissance imparfaite des lois qui les régissent, on ne tient plus pour téméraire une telle entreprise, et plusieurs hommes de science, engagés dans des voies différentes, travaillent à rattacher l’histoire du présent à celle du passé, c’est-à-dire aux conditions dans lesquelles notre planète se trouvait à ces époques si éloignée de nous. » Une vive passion pour les paysages de montagnes m’a entrainé de bonne heure à parcourir les Alpes, les Carpathes, les Pyrénées, les montagnes du midi de l'Espagne et d’autres encore, sans parler de celles de nos îles Britanniques. En y ré- coltant des plantes, ilm’était impossible de n’être pas frappé tout à la fois des ressemblances et des contrastes offerts par leurs flores respectives, et de ne pas chercher à m’en rendre compte. Il y à plus de vingt ans que je dresse des tableaux de la flore alpine, pour déterminer la distribution de chaque espèce sur la chaîne des Alpes et sur les autres montagnes de l’Europe. Comme les versants méridionaux de la chaîne principale possè- dent la flore la plus riche et la plus variée, et qu’à cette épo- que ils avaient été les moins explorés, je divisai cette flore en 90 districts et cherchai des renseignements à toutes les sources, dans les livres, les herbiers publics et privés, etsurtout dans de fréquentes herborisations, de sorte que cette partie de mon 499 JOHN BALL. travail implique la préparation de 50 flores locales. Quoique je regarde les investigations botaniques comme étant encore très incomplètes, J'ai cependant accumulé par ces recherches mulüpliées une grande masse de matériaux, et la question qui se présente aujourd’hui est celle de savoir quelles conclusions j'ai à tirer de ces comparaisons. » Pendant bien des années, et tout en m’occupant d’autres choses, mon esprit s’est souvent reporté, mais sans grand ré- sultat, sur ce problème de l’origine de la flore alpine, Si je me crois aujourd'hui en mesure de résoudre quelques difficultés qui m'ont longtemps paru insolubles, je n'hésite pas à dire que je le dois à la nouvelle direction donnée aux études d'histoire naturelle par la doctrine de Charles Darwin. Je le dois aussi à deux œuvres magistrales, étroitement liées au sujet qui m’oc- cupait : l’Origine, les affinités et la distribution géographique de la flore australienne, et V'Essai sur la distribution des plantes arctiques (1), qui ont placé le nom de Sir Joseph Hooker parmi ceux des fondateurs de la doctrine de l’évolution. Si, dans mon essai d'explication de la flore alpine, je m’écarte sur quelques points des idées émises par ces deux grands maitres, J'espère qu'on n’en reconnaitra pas moins que je suis leur disciple. » Par cette expression flore des Alpes, j'entends toute la flore qui s'étend du Dauphiné et de la Provence aux frontières de la Hongrie, et qui est limitée au sud-est par le plateau de Karst. Les chaînes qui commencent en Croatie, et parcourent la Bosnie et la Dalmatie, sont souvent désignées sous le nom d’Alpes Dinariques, mais, tant par leurs relations orographi- ques que par leurs productions naturelles, elles se rattachent au système montagneux de la Turquie d'Europe, Il n’est pas aussi facile de fixer les limites septentrionales et méridionales de la région des Alpes, parce que les hauteurs s’y abaissent insensiblement et finissent par se confondre avec les plaines. Du côté du midi surtout, beaucoup de plantes, dont l'habitat naturel est dans le bas pays, se sont introduites dans les (1) Origin, À ffinities and Distribution of the Australian Flora.— Ouitlines of the distribution of Arctic Plants. ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 193 vallées, et, d'un autre côté, des plantes qu’on ne trouve que sur les pentes les plus exposées au soleil méridional, et qui ne s'élèvent pas à la zone supérieure, ne peuvent pas être exclues de la flore alpine. Comme règle générale, j'ai retranché de mes listes les plantes de la plaine qui, accidentellement, émi- grent dans les vallées, mais jy ai compris toutes celles qui sont réellement indigènes des massifs montagneux, bien que quelques-unes d’entre elles ne montent pas à plus de 2000 à 3000 pieds au-dessus du niveau des mers. J’ai encore une remarque à faire avant d’entrer en matière: toutes les plantes dont je parlerai dans les pages qui vont suivre sont des plantes fleurissantes, autrement dit des Phanérogames. Je laisse de côté toutes les Cryptogames, Fougères, Mousses, Hépatiques, Lichens, etc., organismes qui se reproduisent par des spores ou germes si ténus, que les moindres vents les dispersent à de grandes distances, et que leur distribution géographique a une tout autre signification que celle des plantes quise repro- duisent par de véritables graines. » Quand on s’élève sur les Alpes, en partant de la région de l'Olivier ou de la Vigne, jusqu’à la ligne des neiges éternelles, on remarque, comme tout le monde le sait, un changement graduel dans la végétation, ce qui a amené les botanistes à distinguer plusieurs zones correspondantes à ces change- ments. Pour le but que nous nous proposons iei, il suffira d’en faire trois divisions bien marquées : une zone inférieure, qui s'arrêtera à la limite des arbres à feuilles caduques; une zone intermédiaire, qui comprendra les forêts de Gonifères et les pâturages alpins ; puis une zone glaciale, occupée çà et là par des champs de neige et des espaces découverts pendant deux ou trois mois d'été, mais où de fortes gelées sont fré- quentes pendant les nuits. » En gravissant les pentes inférieures, nous voyons dispa- raître successivement le Chêne et l’Orme, puis le Hêtre, l’Éra- ble, le Tremble et le Sorbier des oiseleurs, qui sont les derniers représentants de nos arbres ordinaires ; le Hêtre seul formant encore des groupes forestiers à cette hauteur, dans quelques 194 JOHN BALL. parties des Alpes. En même temps que nous voyons disparaître ces arbres, nous laissons derrière nous une multitude d’ar- bustes et de plantes herbacées, successivement remplacés par un nombre presque aussi grand d'espèces nouvelles. L’expres- sion de limite des arbres à feuilles caduques, dont je me suis servi tout à l'heure, n’estpas absolument exacte, car le Bouleau, l’Aune et quelques Saules montent souvent jusqu’à la limite supérieure des Conifères, et le Hêtre lui-même, mais alors ré- duit à la taille d’un simple buisson, s'élève parfois presque aussi haut. Dans la zone supérieure des Alpes, les Conifères forment une large ceinture entre les crêtes neigeuses et la région moins élevée; mais, principalement par le fait de l’homme, cette ceinture est trouée et morcelée sur de vastes étendues, et ces intervalles sont aujourd’hui occupés par des prairies et des pâturages émaillés de fleurs dès le commencement de l'été, et qui atteignent jusqu’à la région des neiges. Le Pin d'Écosse qui, en Scandinavie, s’'avance jusqu’au cap Nord, à 300 milles au delà du cercle polaire, est de beaucoup dépassé sur les hauteurs alpines par le Sapin, qui, en Norvége, dépasse à peine le cercle polaire. Dans les Alpes, cet arbre s'élève communé- ment à 6000 pieds (1950 mètres) au-dessus du niveau de la mer, et dépasse même cette limite de 600 à 700 pieds sur les pentes méridionales. Au-dessus de lui, le Mélèze et l’Alvier montent souvent à la hauteur de 7000 pieds (2400 mètres). Je reviendrai plus loin sur la troisième zone alpine, celle des neiges perpétuelles. » Voici maintenant, aussi abrégée que possible, la statis- tique végétale des Alpes. Dans la région tout entière,je trouve 2010 espèces réparties en 523 genres et 96 familles naturelles; mais, parmi ces familles, il yen a 36 qui n’ont aucun repré- sentant dans la zone supérieure, et qui, dans la zone infé- rieure, ne comptent qu'un petit nombre de genres et d’es- pèces, toutes largement disséminées. Ces 36 familles ont en tout 53 genres et 76 espèces, ce qui donne en moyenne moins de deux espèces par genre. Ce sont là évidemment des groupes ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 195 dont l'habitat naturel doit être cherché ailleurs que dans les Alpes. Outre ces 2010 espèces, je compte encore 335 sous- espèces, c’est-à-dire des formes très-voisines des espèces ad- mises, mais qui se distinguent par des différences plus mar- quées et plus permanentes que celles des formes communé- ment appelées variétés. Un bon nombre de ces sous-espèces, et même de ce que je considère comme de simples variétés, sont admises comme bonnes espèces par plusieurs botanistes français et allemands. » En donnant ici la liste des familles ainsi que le nombre des genres et des espèces qu’elles contiennent, je ne puis me dispenser d'appeler l'attention du lecteur sur quelques-unes des plus caractéristiques (4). La majorité des espèces alpines (1) Voici la liste des familles ou ordres naturels de la flore des Alpes. Celles dont le nom est en italiques ne s’élèvent pas jusqu’à la zone supérieure : Renonculacées. Crassulacées. Solanées. Berbéridées. Droséracées. Scrofularinées. Nymphéacées. Haloragées. Orobanchées. Papavéracées. Lythrarices. Lentibulariées. Crucifères. Onagraires. Sélaginées. Résédacées. Ombellifères. Labiées. Cistinées. Araliacces. Plantaginées. Violariées. Cornées. Chénopodées. Polygalées. Caprifoliacées. Polygonées. Caryophyllées. Rubiacées. Paronychiées. Portulacées. : Valérianées. Thymélées. Tamariscinées. Dipsacées. Éléagnées. Malvacées. Composées. Urticées. Tiliacées. Campanulacées. Cannabinées. Hypéricinées, Vacciniées. Ulmacées. Linées. Éricacées. Bétulacées. Géraniacées. Pirolacées. Salicinées. Rutacées. Monotropées. Euphorbiacées. Ilicinées. Plombagirées. Buxiuées. Célastrinées. Primulacées. Empétrées. Rhamnées. Oléacées. Aristolochiées. Sapindacées (Acer). Asclépiadées. Cupulifères. Anacardiacées. Gentianées. Corylacées. Légumineuses. Polémoniacées. Loranthacées. Rosacées. Boraginées. Santalacées. Saxifragées. Convolvulacées. Conifères. 126 JOHN BALL. rentre dans trois ordres naturels répandus sur toutes les par- ties du globe. Ge sont, en premier lieu, les Composées, qui, Gnetacées. Joncaginées. Mélanthacées. Orchidées. Potamées. Smilacées. Iridées. Typhacées. Asparaginées. Amaryllidées. Aroïdées. Joncées. Dioscorées. Lemnacées. Cypéracées. Alismacées: Liliacées. Graminées. La liste qui suit indique le nombre de genres et d'espèces des 25 principales familles de plantes alpines, en y comprenant la région tout entière. Familles Genres. Espèces. Sous- Familles Genres. Espèces. Sous- naturelles. espèces, naturelles. espèces. Composées.:... 62 250 60 Campanulacées 6 42 4 Légumineuses.. 20 134 24 Orchidées... 22 40 6 Graminées. ss. 48 134 13 | Primulacées.. 8 36 8 Crucifères. .... 26,115. 18 Boraginées.... 15 31 4 Cypéracées .... 9 108 5 ! Rubiacées.. 3 30 9 Caryophyllées.. 17 101 18 | Salicinées..... 2 29 3 Ombellifères.... 37 JÉTAUTE Joncées ...... FA 21 4 Scrofularinées,. 16 83 10 Gentianées.... 6 26 6 Rosacées. .... 16 82 18 (iéraniacées... 4 24 0 Renonculacées.. 15 711 .-22 Polygonées.... 3 24 2 Labiées.ss.c:ss 26 67 7 Crassulacées... 3 22 10 Liliacées. . . ss: 18 43 6 Euphorbiacées. 2 20 2 Saxifragées....: 4 42 9 Dans la zone la plus élevée des Alpes se trouvent les familles suivantes, dont nous indiquons Île nombre de genres et d'espèces qui les y représentent. Familles. Genres, Espèces, S0uS- Familles. Genres. Espèces, _ S0us- especes. especes. Composées..…... 38 145 30 Primulacées . 6 29 6 Crucifères ..... 17 JAN Cf Gentianées.. 3 93 1 Légumineuses.. 15 72 6 Orchidées... 11 19 2 Caryophyllées. . 10 T408 40 Joncées .. 2 18 2 Graminées..... 16 66 6 Liliacées 8 17 (1 Cypéracées..... 5 63 4 Crassulacées . 2 16 5 Scrofularinées.. 16 53 8 Rüubiacées ..… 2 16 3 Rosacées ...... 11 49 5 Salicinées .…. 1 16 0 Ombellifères ... 18 45 7 Violariées 1 12 3 Renonculacées.. 9 ai 7 Polygonées .… 3 11 0 Lapiées 975%: 16 39 4 Onägraires .… 2 10 3 Saxifragées .... 4 37 6 Valérianées.…. 2 10 0 Campanulacées. 2 30 4 En résumé, ces tableaux nous montrent : 4° Que la flore alpine totale contient, dans les 25 familles le plus richement représentées, 385 genres, 1675 es- ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 127 dans les Alpes, ne comptent pas moins que 62 genres, avec 250 espèces et 60 sous-espèces. Après elles viennent lés Légu- mineuses, très nombreuses, comme on le sait, dans toutes les régions chaudes de la terre, mais qui sont aussi représentées par plusieurs espèces jusque dans la région polaire. Enfin les Graminées, dont le domaine géographique n’est pas moins vaste que celui des deux familles précédentes. Ghacun de ces deux derniers ordres compte, dans les Alpes, 134 espèces. Après ces trois grandes familles qui prédominent dans la plupart dés autres parties de la terre, celles qui comptent le plus d'espèces dans les Alpes sont celles qui sont le plus large- ment répandues dans les pays froids et qui partout sont carac- téristiques des régions montagneuses, sans y être entièrement confinées. Les plus remarquables, parmi ces dernières fa- milles, tant par le nombre de leurs espèces alpines que par celui des individus, sont les Crucifères, les Cypéracées, les Caryophyllées et les Ombellifères. À ces sept familles se rat- tache près de la moitié de la flore” alpine, car, sur les 2010 es- pèces de cette flore, elles en fournissent 936. Sans entrer dans de plus longs détails sur ce point, je dois appeler l'attention du lécteur sur quelques groupes particuliers, qui sont spécia- lement caractéristiques de la flore montagnarde dans le monde entier : ce sont les six familles des Rosacées, des Re- nonculacées, des Saxifragées, des Primulacées, des Campanu- lacées et dés Gentianées. Presque partout elles ornent les som- mets des montagnes, ét l’on voit leur importance s’accroître, tant par le nombre de leurs espèces que par l'éclat de leurs fleurs, à mesure qu’on se rapproche de la limite des neiges. Ces six familles fournissent à très peu près 15 pour 100 des espèces de la flore alpine tout entière; dans la zone moyenne pèces et 282 sous-espèces, et dans les 71 autres familles moins importantes, 138 genres, 335 espèces et 53 sous-espèces. 2% Que dans la zone la plus élevée, considérée seule, les 25 principales familles contiennent 220 genres, 982 espèces et 133 sous-espèces, et que les 35 autres familles, représentées dans cette zone seule, comptent 59 genres, 135 espèces et 17 sous-espèces: 1928 JOHN BALE. elles en donnent environ 20 pour 100, et à la limite des neiges elles forment près du tiers de la végétation phanéro- gamique. » Dans la zone moyenne des Alpes je compte 1117 espèces caractérisées, réparties en 270 genres et 60 ordres ou familles naturelles. Les proportions relatives de ces différents ordres n’y diffèrent pas beaucoup de celles qu’ils présentent dans la flore alpine totale. Les Composées y forment encore environ le 1/8 de la végétation, mais les Légumineuses, les Graminées et les Ombellifères commencent à y décroitre. Les Crucifères et les Caryophyllées, au contraire, y deviennent comparative- ment plus nombreuses, ainsi que les six familles essentielle- ment montagnardes dont j'ai parlé tout à l’heure. Quant à la région supérieure, ou glaciale, je n’essayerai pas de donner des chiffres, par cette seule raison que nous manquons encore de données suffisantes. Il y a déjà bien longtemps que j'ai re- connu que ce qui arrête la végétation sur les points les plus élevés n’est pas tant la rudesse du climat que le manque de terre et d’un site convenable où les plantes pourraient s’éta- blir, et que là où, par des circonstances accidentelles, ces deux conditions sont réunies, on acquiert la preuve que la région glaciale est moins inhospitalière aux plantes qu’on ne le sup- pose communément. Je puis en fournir un exemple tiré de mes propres souvenirs. » Il y a une vingtaine d'années, je partis un matin de l’Eg- gischhorn avec un vague désir d'atteindre le sommet du grand glacier d’Aletsch, pour contempler du haut du Jungfrau-Joch les vastes prairies de la Wengern Alpe. Le soleil était chaud; le glacier était couvert d’une épaisse couche de neige fraiche- ment tombée, et à chaque pas que nous faisions, mon guide et moi, la figure brûlée par le soleil et les pieds gelés, nous en- foncions profondément dans cette neige molle et à demi fon- due. Après plusieurs heures de cet exercice, auprès duquel le travail d’un moulin à bras aurait été un délicieux passe-temps, je reconnus qu'ilne me serait pas possible d'arriver assez tôt au but projeté pour revenir avant la fin du jour à mon point de ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 129 départ. En conséquence je changeai mon plan et je résolus d'employer le reste de la journée à herboriser. » Ceux qui connaissent le glacier d’Aletsch, le plus vaste champ de neige qui existe en Europe, seront surpris d’en- tendre parler d’herboriser en un pareil endroit. Sur plusieurs lieues de longueur, cette grande rivière de glace, dont le lit a de 2 à 3 milles de largeur, coule entre des escarpements cou- verts de neige, dont la nappe est percée çà et là par les pointes noires du rocher. Mais, juste au point où les deux grands tri- butaires du glacier se réunissent, descendant l’un de l’est, l’autre de l’ouest, j'avais remarqué, sur la pente sud qui borde le glacier du Grünhorn, une place formée d’éboulis et de gravier que la neige ne couvrait point. Je me dirigeai de ce côté et gravis cette pente Jusqu'au sommet, où je fus arrêté par une barrière de rochers à pie, dont la carte fédérale suisse fixe l'altitude à 10700 pieds (3263 mètres) au-dessus de la mer. Sur ce coin resserré, à environ 2000 pieds (610 mètres, plus haut quele fameux Jardin près de Chamouni, et beaucoup plus éloigné que lui des lieux habités par les plantes alpines, j'ai récolté plus de 40 espèces en fleur, et parmi elles le Thym commun (Thymus communs) et une variété du Dent-de-lion (Taraxacum Dens-leoms) plus commun encore. C’est là un cas unique dans mes excursions alpines; mais jusqu’à ce qu’on ait fait beaucoup d’autres découvertes semblables dans toute la chaîne, il sera prématuré de donner l’inventaire de la flore glaciale des Alpes. Des endroits aussi bien conditionnés pour la végétation sont rares au-dessus de 10000 pieds, et c’est un grand hasard qu’un excursionniste 1solé puisse les rencontrer; mais, ce dont je suis convaincu, c’est que le nombre des plantes capables de vivre et de se multiplier dans la haute région alpine est beaucoup plus grand qu’on ne l’a eru jusqu'ici. » À propos de la question qui nous occupe en ce moment, il sera bon de se “appeler que quelques espèces, peut-être même un grand nombre d'espèces, donnent naissance à des races qui, pour n'être physiologiquement que de simples va- riétés, se distinguent cependant de leur type par des tendances 6° série, Bot. T. IX (Cahier n° 3). 1 9 130 JONN BALL. héréditaires que rien ne ferait supposer si l’on ne considérait que les formes extérieures. C’est ainsi que la sélection artifi- cielle a produit en Norvége une variété d’Orge qui mürit ses grains en moins de deux mois, tandis qu'il faut presque le double de ce temps à la variété ordinaire pour arriver au même point de maturité. Des différences plus grandes encore se montrent entre les nombreuses variétés de Maïs cultivées en Amérique et dans le midi de l'Europe. Il est donc probable que, dans beaucoup de cas, comme par exemple celui du Thym que je citais tout à l'heure, les plantes qui se trouvent sur les sominets alpins, dans des conditions très différentes de celles des lieux qu’elles habitent ordinairement, appartiennent à des variétés physiologiques qui possèdent héréditairement, ou qui ont recouvré par une cause quelconque la faculté de s'adapter à ce milieu particulier. » Il serait inutile d'apporter d’autres exemples du fait que je viens de rappeler et qui est suffisamment attesté par la pra- tique agricole de tous les pays; mais je ne dois pas omettre de dire quelques mots au sujet de recherches qui ont occupé plu- sieurs hommes éminents, et plus particulièrement M, Alph. de Candolle, qui a largement développé et amélioré les méthodes suivies par ses prédécesseurs, méthodes dont il a corrigé plu- sieurs défauts, sans les reconnaitre tous. Partant de sette donnée supposée exacte qu'il y a pour chaque espèce de plante un certain degré de température minimum, supérieur à zéro, nécessaire pour qu'elle entre en végétation, on conclut hypo- thétiquement qu'il lui faudra aussi une certaine somme de température déterminée, au-dessus de ce minimum, pour parcourir tout le cyele de sa vie, depuis la germination jusqu'à la maturité de ses graines. En observant avec soin les limites polaires de la végétation de certaines espèces largement ré- pandues, puis tenant compte desmoyennes températures men- suelles en différents lieux, on à cherché à reconnaitre quelle somme totale de chaleur est nécessaire à chaque plante pour croître et se reproduire à Pétat sauvage, comme on l’a fait pour diverses plantes cultivées. ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 131 » Sans nier formellement qu’on y ait réussi pour quelques espèces, il n’en reste pas moins, pour beaucoup d’autres, que les observations thermométriques faites à l’ombre, ainsi que cela se pratique habituellement, sont d’un faible secours pour nous renseigner sur les conditions de leur vie et de leur crois- sance. Quelques conclusions qu’on tre de ce mode d’observa- tion pour les plantes qui vivent dans les plaines, conclusions qui peuvent être plus ou moins fondées, je regarde comme très certain qu'il est absolument inapplicable à la végétation des hautes montagnes. La difficulté de préciser la différence des effets produits sur les plantes par la température de l'air à l'ombre et par celle qu’elles reçoivent quand elles sont expo- sées directement à la lumière du soleil, n’avait point échappé à l'esprit pénétrant de Humboldt, le vrai fondateur de cette branche de la science; elle n’a pas échappé non plus à M. Alph. de Candolle, qui l’a prise en grande considération. fl admet que pour l’Europe centrale, et pendant l'été, la diffé- rence de température moyenne entre un thermomètre à l'ombre et un thermomètre éclairé par le soleil peut varier de 5 à 8 degrés du thermomètre Fahrenheit (de 2°,8 à 4,4 du centigrade) ; mais il pense pour diverses raisons que l'effet de cette différence sur les plantes peut se réduire à celle de À de- gré du thermomètre centigr., c’est-à-dire à moins de 2 degrés du Fahrenheit. Sur ce point je fais remarquer qu'à moins d’en avoir fait l’expérience, personne ne se fait une juste idée de l'intensité des rayons du soleil dans les hautes régions de l'atmosphère, et que ce que j'en ai dit dans une note présentée à l'Association britannique en 1862 ne semble pas avoir attiré l'attention des naturalistes. La différence moyenne des températures de l’été, déduite de quinze années d’observations faites avec le plus grand soin à Chiswick, à l’aide de deux ther- momètres, l’un à l’ombre, l’autre à boule noire exposé au s0- leil, n’a pas atteint 7 degrés de Fahrenheit (3°,89 centigrades). Nous ne possédons aucune série d'observations semblables pour les hautes montagnes; toutefois nous avons un aperçu des effets de la radiation solaire dans ce fait fourni par 132 JOHN HALL. quatorze observations à des hauteurs variant de 4000 à 14 000 pieds au-dessus du niveau de la mer, et dans lesquelles un petit thermomètre à boule noire exposé pendant trois mi- nues au soleil a marqué 40 degrés Fahrenheit (22°,22 centi- srades) de plus que lorsqu'on le tenait à l’ombre. Dans cinq observations semblables faites à laltitude d'environ 12 000 pieds (3660 mètres), la moyenne des différences entre la température à l'ombre et celle qu’on prenait au soleil s’est élevée à 46 degrés (25°,5 centigrades). » Plus décisives encore sont les observations de latempérature du sol exposé au soleil, que j'ai citées dans la même note. Sur ce coin de terrain dépourvu de neige, dont j'ai parlé plus haut, et qui est situé au-dessus du glacier d’Aletsch, à environ 10 300 pieds de hauteur (3140 mètres), j'ai trouvé la tempéra- ture du sol, éclairé par le soleil, de 83 degrés (46°,1 centi- grades) à un pouce (2,5) de profondeur, et de 75 degrés (41°,6 centigrades) à la profondeur de 5 pouces (12,7), ce qui est à peu près le point le plus bas qu’atteignent les racines des plantes alpines. Dans une autre circonstance, me trouvant à l'altitude d'environ 8400 pieds (2652 mètres) dans les Pyré- nées, je vis Le thermomètre ordinaire posé à terre, au voisinage de deux larges champs de neige, marquer 107°,6 Fahr. (59°,77 centigrades), et encore 99 degrés (55 degrés centigrades) à un pouce et demi (3°,8) au-dessous de la surface du sol (1). Nous sommes encore très loin de pouvoir apprécier les effets de ces hautes températures du sol sur la vie des plantes alpines, aussi bien que ceux de lintense illumination solaire à laquelle elles (1) Des observations semblables, faites dans les Pyrénées pendant l'été de 1872, ont amené M. Ch. Martins à la même conclusion : « C’est le sol, bien plus que l’air ambiant, nous dit ce savant météorologiste, qui favorise la végé- tation des plantes alpines et leur permet d’en accomplir les phases dans un temps très limité. » (Voy. dans la Revue des deux mondes, livraison du 15 dé- cembre 1872, le récit de M. Ch. Martins, intitulé : Une station géodésique au sommet du Canigou.) La présence de plantes méditerranéennes sur des ro- chers échauffés par des filets d’eau thermale qui traversent leurs fissures, et cela à des hauteurs où la rudesse du climat ne leur permettrait pas de croître dans les circonstances ordinaires, est une autre preuve frappante de l’influence de la chaleur du sol sur la végétation. ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 133 sont exposées; mais ce que nous pouvons regarder comme certain, c'est que les observations thermométriques faites à l'ombre ne nous apprennent à peu près rien sur cette obscure question. » Nous allons maintenant comparer la flore des Alpes avec celles d’autres régions, afin de voir quelles lumières nous en pourrons tirer pour faire son histoire et en expliquer l’origine. » La première chose qui nous frappe en parcourant la liste des plantes alpines, c’est le grand nombre d'espèces, plus des deux eimquièmes, qui lui sont communes avec les flores de toutes les parties de l’Europe tempérée, et dont la majorité s'étend à la Sibérie, et même, en notable proportion, à l’Amé- rique septentrionale. Il est évident que ce sont là des plantes douées à un haut degré du pouvoir de s'adapter à des condi- tions physiques très diverses et que leur vigoureuse organisa- tion à rendues victorieuses dans la lutte pour l'existence. Sur 792 espèces de cette catégorie qui habitent les Alpes, il n’y en a pas moins de 215 qu’on retrouve dans lenord de l'Amérique, et un nombre encore assez considérable, principalement d’es- pèces aquatiques, s’est avancé jusqu'aux extrémités les plus reculées des continents de l'Amérique du Sud, de Afrique, de l'Australie et dans la Nouvelle-Zélande. Il faut noter que dans ce grand nombre d'espèces il n’y en à pas une sur 42 (c’est- à-dire seulement 65 sur 792) qui puisse être comptée comme appartenant à la région alpine supérieure. Dans le fait, ces espèces si largement répandues sont, en majeure partie, assez communes dans la zone inférieure des Alpes, mais elles crois- sent également Bien dans les bois, les terres à bruyères et les landes de l'Europe moyenne, d’où beaucoup d’entre elles se sont avancées presque jusqu’au cerele polaire. » Si nous retranchons de la flore alpine 727 espèces qui n°y entrent pas comme élément essentiel, et une cinquantaine d'espèces méditerranéennes, venues du sud, qui se sont établies d'une manière plus ou moins permanente dans le fond des vallées, il nous reste 1157 espèces dont nous avons à recher- 134 JOHN BALL. cher l’origine. Sur ce nombre nous en trouvons 172 qu’on peut regarder comme endémiques, c’est-à-dire comme propres et particulières à la région alpine, d’où 42 sont parties, comme de leur centre, pour gagner les Apennins ainsi que les monta- gnes de la Croatie et de la Dalmatie. Il en résulte que le nombre des espèces endémiques absolument limitées aux Alpes se réduit à 130. Plusieurs botanistes y ajouteraient dix ou douze sous-espèces bien caractérisées ; quelques-uns même double- raient ce nombre en comptant comme espèces des formes dont je fais de simples variétés. Gela posé, il nous reste à examiner les espèces qui, sans être exclusivement propres à la chaine des Alpes, sont toujours des plantes montagnardes, bien qu’elles puissent habiter les plaines dans la région arctique. » En comparant la flore des Alpes à celle d’autres chaines de montagnes, on ne sera pas surpris de trouver qu’un grand nom- bre de ses espèces se retrouvent dans les Pyrénées et les Car- pathes. Nous savons déjà qu’un peu plus du septième de ces espèces, c’est-à-dire 472, est endémique; plus de la moitié est commune aux Alpes et aux Pyrénées; les deux tiers sont com- muns aux Alpes et aux Carpathes, et un sixième environ aux Alpes et au nord de l’Europe et de l'Asie. La majeure partie de ces dernières dépasse même le cercle polaire, mais seulement en Scandinavie, et cela pour des raisons que j’expliquerai plus loin. Un point sur lequel j'appelle l'attention du lecteur est que la majorité des plantes qui sont communes aux Alpes et à la région septentrionale de l’ancien continent ne se retrouvent pas pour cela sur toutes les grandes chaînes de l’Europe cen- trale ; les Pyrénées en possèdent environ un tiers ; les Carpa- thes exactement les deux tiers; puis il reste une quarantaine de ces espèces qui n’ont jamais été trouvées dans les Pyrénées et les Carpathes. À l’époque actuelle, les Alpes ne sont sépa- rées des plus hautes sommités de ces deux chaînes que par des intervalles de pays, comparativement bas, qui n’excèdent pas 200 milles anglais (322 kilomètres) ; mais vers le milieu de la période tertiaire, et peut-être aussi à une date plus récente, ces montagnes étaient séparées des Alpes par des bras de mer qui ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 435 faisaient de cette partie de l’Europe un archipel. Tout compte fait cependant, nous trouvons beaucoup plus de différence entre les Pyrénées et les Alpes qu'entre les Alpes et les Carpa- thes. Considérant, ainsi qu'il convient de le faire, la chaîne des Asturies comme faisant partie des Pyrénées, il se trouve que chacune de ces trois régions a environ la moitié de sa flore commune aux deux autres. » Les Alpes possèdent en propre 172 espèces endémiques et au moins 15 genres qui ne se trouvent pas dans les Pyrénées; ces dernières ont à leur tour environ 100 espèces endémiques, avec 6 ou 7 genres étrangers aux Alpes, Les connexions bota- niques des Alpes et des Carpathes sont beaucoup plus étroites, puisque les Carpathes possèdent les deux tiers de la flore alpine et n’ont guère que 30 à 40 espèces qui leur soient exclusive- ment propres. En revanche, ces montagnes ont un grand nom- bre d’espèces qu’on peut appeler orientales, puisqu'elles leur sont communes avec le Caucase et les Balkans, et qu’elles ne s’avancent point à l’ouest jusqu'aux Alpes. » Simaintenant nous jetons les yeux sur une grande mappe- monde, nous remarquons que l’ancien continent, depuis la pointe nord-ouest de l'Espagne jusqu'au Kamtchatka, sur un espace d'environ 8500 milles anglais (15676 kilomètres), est presque partout traversé par des chaînes de montagnes, qui nulle part ne laissent entre elles des intervalles de plus de 300 milles (483 kilomètres). En suivant cette ligne de som- mets depuis les Pyrénées jusqu’au nord de la Perse, à travers les Alpes, les CGarpathes et le Caucase, nous atteimdrons le grand massif montagneux de l’Asie centrale; mais là nous trouverons qu’au lieu d’une seule ligne de hauteurs, le conti- nent asiatique, sur presque la moitié de sonétendue, est occupé par de nombreuses chaines généralement dirigées de l’ouest à l’est et entrecoupées de plateaux, la plupart très élevés, mais qui, sur certains points, s’abaissent à des niveaux compa- rativement assez bas. Nous savons peu de chose de cette vaste région, exception faite cependant de la grande chaîne de PHi- malaya et de celle qui, au nord, détermine la limite méridionale 136 JOHN BALL. de la Sibérie. Cette dernière chaîne sera pour moi l’Altaï, bien que ce nom ne s'applique d'habitude qu'à une petite partie du massif. Un fait ici nous frappera : c’est que la flore alpine eu- ropéenne à moins d’affinité avec les flores des montagnes les plus rapprochées des Alpes qu'avec celles des chaînes de l’Asie septentrionale, malgré les grandes distances qui les séparent et des différences climatiques non moins grandes. En effet, un bon quart de ces espèces alpines et environ les cinq sixièmes des genres alpins se retrouvent dans la région de lAltaï; et ceci est d'autant plus remarquable, qu'au tiers de la distance qui sépare les Alpes de PAltai nous trouvons le grand massif du Caucase, qui, avec un climat beaucoup plus favorable, pos- sède une riche flore montagnarde, et où néanmoins le nombre des espèees qui lui sont communes avec les Alpes est compara- tivement très réduit. Très approximativement, sur 12 espèces des Alpes, 1l yen à 3 qu'on retrouve dans l'Altaï, et 2 seule- ment dans le Caucase. » La flore alpine européenne est représentée dans l'Himalaya par un grand nombre de ses genres, mais elle n’y compte qu'un petit nombre d'espèces, et il faut remarquer en outre qu’une notable partie des espèces communes aux Alpes, à l’Altaï et à l'Himalaya s'étendent aux régions arctiques de l’ancien con- tinent; mais ceci ne s'applique qu'aux espèces dont nous par- lons, et beaucoup de genres qui sont exclus de la flore arctique sont communs aux Alpes et aux montagnes de l'Asie. » Ce n'est pas sans crainte que j’aborde maintenant une ques- tion sur laquelle je vais être obligé de me séparer de ceux que je considère comme mes maîtres en histoire naturelle, ques- tion où j'aurai à discuter les rapports de la flore des Alpes avec celle des régions arctiques et à chercher les inductions qu’on peut en ürer. Dans le mémoire auquel j'ai déjà fait allusion, Sir Jos. Hooker a traité de la constitution de la flore arctique et nous à fait voir commentelle se rattache aux autres flores de la terre. Après nous avoir montré, dans une analyse magis- trale, quelle large proportion d'espèces elle fournit à l’Europe entière et même à la zone tempérée de l'hémisphère du sud, ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 137 il conclut que cette flore arctique, si remarquable encore en Scandinavie, y était surtout développée avant la période gla- claire, et qu'après avoir été refoulée vers le sud, dans l'ancien et dans le nouveau monde, par le refroidissement général, elle a remonté vers le nord et s’est établie sur les montagnes des deux continents, lorsque le réchauffement du globe lui permit cette nouvelle migration. Gette théorie, au moins en ce qu’elle a de plus général, à été exposée par Darwin dans son livre sur l'Origine des espèces, et pleinement acceptée par Lyell. Il me suffit de citer ces noms pour justifier mon hésitation à lutter contre de telles autorités. » Jeferai d’abord remarquer que parmi les plantes énumé- rées par Sir Jos. Hooker comme dépassant le cercle polaire, près de la moitié appartiennent à ces espèces ubiquistes qui, douées à un haut degré du pouvoir de s'adapter aux condi- tions climatiques les plus diverses, se sont répandues sur toute la zone tempérée de l’ancien continent et même de l'Amérique septentrionale. Quelque sens qu’on attache à la présence de ces plantes dans les régions arctiques, il ne semble pas y avoir de raison pour en conclure qu’elles en sont originaires. À l’époque actuelle, elles sont plus communes dans la vraie zone tempérée que partout ailleurs, et si nous devions spéculer sur leur origine d’après les localités où elles prospèrent le mieux, il s’en trouverait un bon nombre que nous devrions rattacher à la région méditerranéenne plutôt qu'à celle du nord. D’un autre côté, Hooker a eu soin de rap- peler que le climat de la Scandinavie septentrionale est nota- blement réchauffé par le Gulf-stream, peut-être aussi par les vents du sud-ouest qui viennent de l'Atlantique, et qu’il en résulte pour cette partie dela péninsule scandinave une région botanique tout à fait exceptionnelle à pareilles latitudes. Là, et là seulement, on voit les arbres forestiers et la culture de l’Orge dépasser de beaucoup le cercle polaire, et, par une con- séquence naturelle, une multitude de plantes, qui appartien- nent réellement à une zoné plus tempérée, ont pu s'établir dans une région géographiquement arctique, mais rattachée par 138 JONN BALL. la douceur relative de son climat à la région tempérée de l'Europe. Laissant de côté toutes les espèces qui, dans l’Europe centrale, sont caractéristiques de la flore montagnarde, je trouve dans le cataiogue de Hooker 217 espèces qui nulle part n’atteignent le cercle polaire, sice n’est en Scandinavie, et qui presque toutes s'étendent à la région méditerranéenne. À ces 217 espèces il faut en ajouter 131 qui sont ubiquistes, et qui, si elles habitent la zone arctique, n’habitent pas mois la zone tempérée et sont largement répandues sur tout l’hémi- sphère septentrional. En opérant ainsi, nous réduisons à 348 le nombre des espèces rigoureusement arctiques. Il est vrai que la majeure partie de ces espèces se retrouve dans la zone infé- rieure desAlpes; maiscequiest curieux etsignificatif, c’est que la grande majorité, au moinsles quatre cinquièmes de ces plantes si bien organisées pour résister à la sévérité des hivers polaires, ne s'élèvent pas à la zone supérieure des Alpes, etqu'il n’y en a qu'un très petit nombre quis’approchent de la limite des neiges perpétuelles. » Le docteur Christ, de Bâle, frappé du fait que presque toutes les espèces ubiquistes que j'ai retirées des flores alpine et arctique sont communes à l’Asie septentrionale, et par cet autre fait que la connexion est plus étroite entre la flore des Alpes et celle des montagnes de Sibérie qu'avec toute autre, et enfin que ce qui est pour moi la vraie flore arctique est plus largement représenté dans cette même région de l’Asie que dans les montagnes du centre de l’Europe; le docteur Christ, dis-je, dans un mémoire que je voudrais discuter ici si le temps me le permettait, arrive à cette conclusion : que l'Asie septentrio- nale a été le berceau de la flore arctique ainsi que de cette partie de la flore alpine qu'il croit être dérivée de cette der- pière. Pour le moment je m'abstiendrai de rien décider sur l'origine de ces flores, me bornant simplement à citer les faits tels qu'ils se présenteront, ainsi que des chiffres qui, sans être d’une exactitude absolue, en approchent cependant assez pour le but que je me propose. » Parmi les espèces de la flore alpine proprement dite, 1l y en ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 139 a 17 pour 100 qui lui sont communes avec la flore arctique, et 25 pour 100 avec l’Altaï; de son côté, la flore arctique compte 40 pour 100 de plantes qui se retrouvent dans les Alpes, et 50 pour 100 dans lAltaï, en donnant à cette dénomination le sens large que je lui ai attribué plus haut, c’est-à-dire en y comprenant tout l’ensemble des montagnes du nord de l’Asie. » Simaintenant, par déférence pour les grandes autorités que j'ai citées tout à l'heure, j’admettais que les plantes arctiques qu'on trouve dans les Alpes sont des émigrées venues du nord, en quoi cette hypothèse expliquerait-elle l’origine de la flore alpine? Supposant même qu’elle soit valable pour rendre compte de la fraction 17 pour 100 que je viens de signaler, comment nous expliquerait-elle l’origine du reste de cette flore, c’est-à-dire des 83 pour 100 de plantes étrangères à la flore arctique, dans lesquelles se trouvent au moins quatre types génériques exclusivement alpins, et de plus un nombre très considérable d’autres genres propres à la région supérieure des Alpes, et dont la moitié seulement se retrouve dans la zone arctique”? Est-il vraisemblable que, dans le court laps de temps qui s’est écoulé depuis la fin de la période glaciaire, des cen- taines d'espèces très distinctes et de nombreux genres se soient développés dans les Alpes, et, ce qui n’est pas moins difficile à concevoir, que cette multitude de genres et d’espèces étrangers à la région arctique se sont plus récemment encore répandus sur des chaînes de montagnes discontinues, c’est-h-diré de l'extrémité occidentale des Pyrénées à l'extrémité orientale des Carpathes, sur un espace d’au moins 4500 milles anglais (241% kilomètres) d’étendue ? Et là encore ne s’arrêtent pas les difficultés : il faudrait expliquer en outre comment il se fait que plusieurs de ces types alpins, qui n’appartiennent pas à la flore arctique, sont représentés sur d’autres chaînes de mon- tagnes fort éloignées des Alpes, non par les mêmes espèces, il est vrai, mais par des espèces congénères, qu’on peut croire descendues d’un ancêtre commun. C’est ainsi, par exemple, qu’on trouve une espèce de Wulfenia dans un coin très res- 140 JOHN BALL. serré des Alpes, une seconde dans le nord de la Syrie, et une troisième dans l'Himalaya. » Pour faire saisir au lecteur la complexité du problème qui nous occupe, Je ne saurais choisir un meilleur exemple que les Saxifrages, qui sont peut-être de tous les groupes génériques le plus caractéristique de la végétation des hautes montagnes. Il est même d'autant plus convenable de choisir ce groupe de plantes qu'il a été étudié avec le plus grand soin par Engler. Faisant mes réserves sur quelques points de détail, je prends ce travail tel que l’auteur nous le présente. » Avec des différences comparativement légères dans la struc- ture de la fleur et du fruit, les Saxifrages nous offrent la plus extraordinaire diversité dans le feuillage et le mode de végéta- tion, diversité qui est telle en effet, que si ces plantes avaient été conservées à l’état fossile, sans leurs organes floraux, jamais le botaniste le plus exercé n’aurait pu les rapporter au même genre, mi peut-être à la même famille. Engler se conformant, pour la plus grande partie de son travail, à la marche suivie par ses prédécesseurs, répartit en quinze sec- tions les 166 espèces de Saxifrages à lui connues. Onze de ces sections, correspondant chacune à un mode particulier de végétation, sont représentées dans les Alpes, qui d’ailleurs, sous ce rapport, offrent plus de variété qu'aucune autre chaîne de montagnes. De ces onze sections, dix se retrouvent dans les Pyrénées, neuf dans les Carpathes, et huit dans les régions arctiques. Si nous poussons nos explorations plus loin, nous trouvons des Saxifrages sur les hautes montagnes de tout le globe, exception faite de l'Australie méridionale et de la Nou- velle-Zélande. Les montagnes Rocheuses possèdent six de nos sections alpines, et en outre deux autres qui n’ont pas de représentants dans l’ancien monde. Les Andes nous offrent cinq espèces endémiques, toutes appartenant à une même section qui est largement représentée dans les Pyrénées et les Alpes, deux de ces espèces andines étant en outre très voisines d’une espèce arctique quines’étend pasaux Alpes. L'Himalaya possède six de nos groupes alpins de Saxifrages, mais 1ls y sont ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 141 pour la plupart représentés par d’autres espèces que dans les Alpes, et les trois quarts de ces espèces y sont endémiques. Enfin, on n’a trouvé jusqu'ici en Abyssinie qu’une seule espèce endémique et appartenant à une section qui débute sur les montagnes du sud-est de l'Europe et s'étend à travers celles de l’Asie Mineure jusqu’à l'Himalaya. » Le tableau suivant nous montre, d'après les travaux d’En- gler, la distribution des Saxifrages sur les principales mon- tagnes de la terre, en deçà du cercle polaire. Les numéros indiquent le nombre des espèces de chaque section apparte- nant aux diverses régions considérées. Fe a | a mél < |[8os| 34 ù : A ERA END RS) SAITSE Mt Eee SNS EE | E SECTIONS. Ë £ AUS) 2uléral es) LE < E > & & Sy & E SAINS £ S Be EN Eee EC EE Cymbalaria. » » » » 2 l » » » Tridactylites. se 3 2 2 2 l » l il » Nephrophyllum n 4 1 k 2 4 ni 2 » Peltiphyllum.… » » » » » » » 1 » Isomeria...... » » » { » » » 3 » Miscopetalum.. l l l » l » » » » Hirculus...... [ » » Î 1 11 l ( » Boraphila. .... 2 2 2 6 » 3 9 9 » Dactyloides.... 8 o | 10 ! ! » 2 1 5 Trachyphyllum 3 2 2 6 l 13 ) ) » Robertsonia.. I » 3 » » » » » » Enaïzoonia.... 8 2 3 2 ! » » » » Kabschia...... ns 4 3 » 3 9 » » » Bergenia. ..... » » » » » 3 9 » » Porphyrion. …. 4 2 3 2 » I 1 Il » Espèces endé- miques dans 14 3 6 2 3 | 28 6 fl 5 chaque région. | l » Dans ce tableau j'ai omis la section Diptera d'Engler, qui est particulière au Japon, et J'ai ajouté le petit groupe des Bergenia, dont quelques botanistes font un genre distinct, mais qui est rattaché aux Saaifraga par les meilleures auto- rités. Ge groupe est bien caractérisé par son port, et il parait être confiné sur Les montagnes du eentre et du nord de l'Asie. 142 JOHN BALL. » Engler imagine qu’à la fin de la période tertiaire il existait déjà six types de Saxifrages, qui, si je le comprends bien, ont donné naissance à toutes les espèces du genre actuellement existantes. Sans entrer dans plus de détail, je me borne à dire qu'il a rattaché à l’un de ces types anciens des espèces si diffé- rentes de port et d'aspect, que personne, Je crois, n’admettra la possibilité de cette descendance dans une période de temps aussi courte que eelle qu'il suppose. Mème quand il ne s’agi- rait que d'espèces appartenant strictement au même groupe, je ne pourrais pas l’admettre. Si nous supposons, par exemple, que la Saxifrage à feuilles opposées (S. appositifolia L.) a émigré des régions arctiques dans les montagnes de l'Europe centrale pendant la période glaciaire, cela n’expliquerait pas Pexistence d’une espèce très différente, quoique appartenant au même groupe, le S. retusa, qui est disséminé sur des points fort éloignés les uns des autres, dans les Alpes, les Carpathes et les Pyrénées, et qui ne se retrouve nulle part ailleurs dans le monde. » Mais voici une nouvelle difficulté qui surgit. Si nous sup- posons que la flore arctique, ou une notable partie de cette flore, s’est répandue sur les montagnes de l'hémisphère sep- tentrional depuis le commencement de la période glaciaire, on se pose naturellement la question : Où était cette flore avant qu'elle occupät les régions arctiques? Nous avons aujour- d’hui de nombreuses preuves qu’à une époque géologiquement récente, celle du tertiaire moyen, peut-être même celle du tertiaire supérieur, la flore de l’extrème Nord était essentielle- ment celle d’un elimat tempéré, et qu’à cette époque le climat des régions arctiques ne pouvait convenir aux plantes qui y croissent aujourd'hui. Je ne sache pas que personne ait encore essayé de répondre à cette question; par conséquent, en expo- sant mes vues sur ce point, Je ne risque pas de me mettre en contradiction avec les illustres naturalistes dont je parlais plus haut, » Avant d'aller plus loin, je dois dire quelques mots de décou- vertes récentes en paléontologie botanique qui touchent au ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 443 sujet dont nous nous occupons. Parmi les nombreuses vérités, anciennes et nouvelles, que nous devons à Darwin, il en est une qu'il est bon de rappeler ici : c’est la grande insuffisance des matériaux que la géologie et la paléontologie ontmiseentre les mains des naturalistes, insuffisance que tout le monde reconnait aujourd'hui, mais à laquelle on ne pensait guère avant la publication de Origine des espèces. Gette insuffisance des fossiles est surtout frappante quand il s’agit d'expliquer la végélation montagnarde; et si l’on en excepte un très pelit nombre de débris d'assez peu de valeur qui ont été découverts dans ces dernières années, on peut dire que tout ce qui nous aurait renseigné sur l’état ancien de cette végétation est irré- vocablement perdu. Les plantes peuvent se conserver à l’état fossile au fond de marais, de lacs peu profonds et d’estuaires, mais c’est le plus grand des hasards si une plante occupant le sommet des montagnes peut rencontrer ces conditions favo- rables. Ainsi donc, en essayant de raisonner sur l’ancienne végétation des montagnes, nous n'avons pas de preuve directe à faire valoir pour appuyer nos vues, et inévitablement nos conclusions resteront plus ou moins hypothétiques. » Quiconque possède quelques notions de botanique sait que les plantes fleurissantes se répartissent, d’après la structure de leurs tiges, en deux grandes sections, les endogènes et les exæogènes (Monocotylédones et Dicotylédones), réunies en un groupe plus général sous le nom d’Angiospermes. Mais à côté de ces grandes sections se trouve un autre groupe, celui des Gymnospermes, qui diffère des premiers par certains caractères importants, entre autres par la structure toute particulière de leur bois. Ge groupe de Gymnospermes se compose de deux types principaux, les Conifères (Pins, Sapins, ete.) et les Cyca- dées. Je crois que les travaux récents de quelques botanistes, et particulièrement ceux du professeur Williamson, d’Owen’s College, confirment les vues de teux qui pensent que la classe des Gymnospermes dérive d’un type cryptogamique qui est représenté à l’époque actuelle par les Lycopodes. Ce qui est certain, c’est que jusqu’à présent les restes fossiles de plantes 144% JOHN BALL. démontrent l'existence de plusieurs types de Gymnospermes pendant toute la longue période des formations carbonifère et permienne, époque où ne vivait encore aucune plante fleuris- sante, si ce nest peut-être une seule endogène qu’on croit y avoir reconnue. » Dans les dépôts de la période secondaire on trouve quelques vestiges d’endogènes, dont les affinités restent obscures; quant au type plus élevé des exogènes, on ne commence à en voir des traces que vers le milieu de la période crétacée. Plus haut, et tout d’un coup, se montrent dans des dépôts répan- dus sur tout l’hémisphère septentrional une multitude de plantes, de types très variés, mais qui, pour la plupart, ont tant de ressemblance avec les plantes aujourd’hui vivantes, que les paléontologistes n'hésitent pas à en faire rentrer un grand nombre dans nos genres actuels. Quelque incertitude qui règne sur la caractéristique de ces espèces, 1l n’en est pas moins certain que vers le milieu de la formation calcaire il a existé en Europe, dans le nord de l'Amérique et jusqu'au cercle polaire dans le Groenland, de nombreuses espèces d'arbres appartenant à des ordres naturels très divers, et voisines des espèces qui vivent aujourd'hui dans les zones tempérées chaudes et subtropicales. À partir de cette époque, l'histoire de la végétation dans les terres basses de lhémi- sphère septentrional se continue presque sans lacunes, bien qu'on ne puisse douter qu'elle ne soit très incomplète. Très peu de ces anciens types ont disparu; un grand nombre ont émigré vers des contrées plus chaudes, et quelques-uns ont continué à vivre dans la zone tempérée du Nord. » Dans bien des cas nous pouvons établir des séries de formes intermédiaires entre ces espèces anciennes et celles d'aujourd'hui, de manière à les rattacher les unes aux autres en quelque sorte sans solution de continuité. La conclusion la plus générale qu'on en puisse tirer, est que, malgré de très grands changements survenus dans les conditions physiques de l'hémisphère septentrional, les formes et les caractères de la végétation n'ont été que très peu altérés. Mais si, au commen- ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 445 cement du dernier chapitre d’une histoire dont la fin nous est seule accessible, l’évolution des plantes phanérogames, et plus particulièrement des exogènes, était déjà arrivée au point où nous la voyons, où étaient, demanderai-je, les formes anté- rieures, les types ancestraux d’où sont sortis ceux de la végé- talion perfectionnée dont nous retrouvons les restes dans les couches de la terre? Où faut-il chercher ces types beaucoup plus anciens qui ont servi à combler l'intervalle, si embarras- sant pour les botanistes, qui sépare aujourd’hui les endogènes des exogènes? Frappé de l'absence totale d'arbres exogènes dans les dépôts de fossiles les plus anciens, M. de Saporta, qui est une des autorités les plus compétentes sur ce point, est réduit à des conjectures, toutes, selon moi, plus improbables les unes que les autres. Il hasarde l'hypothèse que ce type de végétation peut s'être développé sur quelque point isolé du globe qui n'avait, à cette époque, aucune connexion géogra- phique avec les régions fossilifères qui nous sont connues, ou bien que, sous l’influence de quelque cause mystérieuse, le pro- cédé évolutif était alors extraordinairement rapide. Selon moi, il n’y a ici d'autre alternative que d'abandonner définitivement la doctrine de l’évolution, ou d'admettre que le point de départ de la végétation phanérogamique remonte à une époque im- mensément plus éloignée que celle que nous lui atiribuons d’après les fossiles qui nous en restent. Toute la difficulté de La question vient de l'impossibilité de fournir des preuves. » Je vais maintenant essayer de faire saisir la forte proba- bilité que la première apparition des plantes phanérogames a dû se produire dans des conditions telles qu'aucun veslige n’a pu nous en être conservé. J'ai à fire voir d'abord que les plus anciennes formes connues de la végétation, celles que nous trouvons dans les dépôts de La période carbonifère et de Ja période paléozoïque antérieure à celle-ci, se sont développées dans des conditions physiques très différentes de létat de choses existant aujourd'hui, mais qu'en mème temps, sur cer- taines parties de la terre, régnaient d’autres conditions qui ont dù imprimer un cours tout différent à l’évolution de la vie 6° série, Bot. T. IX (Cahier n° 3). ? 10 146 JOHN BALL. végétale. Dans l’histoire physique du globe, considéré dans ses rapports avec la nature organique, il y à un événement d’une importance transcendante, auquel 1} ne me parait pas qu’on ait donné jusqu'ici l’attention qu’il méritait : je veux parler du dépôt des grandes masses de charbon. Ce ne serait pas exa- gérer que d'estimer à 10 billions et demi de tonnes le poids du charbon dans les dépôts qui nous sont connus, et à une quan- tité pareille celui des couches qu’on n’a pas encore décou- vertes ou qui sont enfouies sous les mers. Cette évaluation nous donne 21 billions de tonnes de charbon, contenant ap- proximativement 17 billions de tonnes de carbone, qui a dû être presque en totalité extrait de l’atmosphère à l'état de gaz carbonique. Pour former une telle masse de charbon, les plantes de cette époque ont dù dégager de sa combmaison plus de 45 billions de tonnes d'oxygène, augmentant par là d'environ # pour 100 la quantité de ce gaz dans l'atmosphère. Je laisse de côté tous les autres agents qui ont largement aussi contribué à diminuer la proportion d'acide carbonique de l'air depuis la période paléozoïque, me bornant à rappeler que la quantité d'acide carbonique de l'atmosphère actuelle est éva- luée à 3 billions de tonnes, contenant 818 millions de tonnes de carbone. Ce qu'on peut inférer de là, et encore très pro- bablement en restant au-dessous de la vérité, c’est que, dans les temps paléozoïques, avant le dépôt des couches de char- bon, l'atmosphère contenait vingt fois plus d'acide carbonique qu'aujourd'hui et beaucoup moins d'oxygène. » L’acide carbonique, tout le monde le sait, est plus pesant que les autres gaz de l’atmosphère, dans la proportion appro- chée de 3 contre 2. Si l'air demeurait en repos et que les rap- ports de ses gaz composants ne fussent pas troublés par la respiration des animaux et des plantes et par les industries de l’homme, la quantité d'acide carbonique de l'air irait en diminuant à mesure que la hauteur au-dessus du niveau des mers s’accroitrait. Mais la proportion en est si faible relative- ment à celle de lPoxygène et de l'azote, l'atmosphère étant d’ailleurs sans cesse en mouvement, que cette inégale répar- ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 147 tition de l’acide carbonique nous échappe. Les plantes rédui- sent l’acide carbonique, les animaux le reconstituent et le rendent à l’atmosphère : là où la vie végétale l'emporte sur la vie animale et sur la combustion du carbone par l’industrie, ainsi qu'il arrive dans la plupart des régions montagneuses et entre les tropiques, la proportion d'acide carbonique dimmue dans l'air; elle s’accroît au contraire dans les conditions op- posées, mais les courants incessants de l’atmosphère, en mé- langeant les gaz, nous rendent ces inégalités insensibles. Si l'atmosphère contenait vingt fois plus d'acide carbonique, on ne peut guère douter qu'il ne s'établit alors une sorte d’équi- libre dans le sens vertical, suivant la densité respective des gaz; en d’autres termes, que la proportion d’acide carbonique n’allât en décroissant en raison directe de la hauteur. Un mathématicien consommé, mon ami le comte Saint-Robert, de Turin, a bien voulu, à ma demande, étudier cette question, et calculer ce que serait à des hauteurs successives la quantité d'acide carbonique dans une atmosphère telle que je viens de le supposer. Laissant de côté les fractions, voici sa réponse : Au niveau de la mer, la quantité d'acide carbonique étant MODLÉSENLÉ NPA « se UP Ris secs tie here. otre 100 À 3000 mètres ou 10000 pieds de hauteur, elle le sera par 82 À 4000 mètres ou 13 000 pieds, par DT DSC OD TOUL Te dE 74 À 5000 mètres ou 16 400 pieds, par..............,...., +, 67 A 10000 mètres ou 32 000 pieds, par................... 12,5 » La proportion d'acide carbonique qui existerait dans cette atmosphère serait encore considérable à la hauteur de 5006 mètres; mais à partir de ce point, elle diminue rapide- ment, et à 10 000 mètres elle est relativement très faible, presque aussi faible qu'on l’a observée quelquefois dans certains lieux à Pair bibre et qu’on la trouverait dans un appar- tement où plusieurs personnes seraient réunies depuis quel- ques heures. » Mais ce n’est pas seulément par la proportion d'acide carbonique de l'air que l’ancien climat des montagnes a dû différer de celui des plaines. Par suite de la haute température 148 JOHN BALL, qui régnait alors uniformément sur toutes les parties de la terre, lair devait être imprégné de vapeur d’eau presque jusqu'au degré de saturation, et ces deux éléments, qui laissent passer librement les rayons de la lumière, mais sont opaques pour les radiations de la chaleur non lumineuse, ainsi que les recherches de Tyndall nous l'ont appris, ont eu pour effet de maintenir une température élevée et toujours égale sur les plaines, Les sommets des montagnes et surtout ceux des plus hautes, aujourd'hui à peine habitables pour les êtres organisés, se trouvaient dans des conditions physiques bien différentes. La limite des neiges éternelles sur les monta- gnes de l’époque paléozoïque devait être située beaucoup plus haut qu’elle ne l’est sur celles de l’époque actuelle, même sous l'équateur, et les plus hauts sommets ont dù éprouver, par fa vicissitude des saisons, des alternatives de refroidissement et de réchauffement presque aussi marquées que celles d'aujourd'hui. Il y avait donc là des conditions d’existence incompatibles avec l'organisation des Cryptogames et des Gymnospermes des basses régions, et qui exigeaient de la part des organismes des adap- tations spéciales, dont le résultat a été de donner naissance aux flores alpines de notre époque. C’est sur les hautes mon- tagnes, je le répète et j'y insiste, que nous devons chercher l'origine des types les plus élevés de l'organisation végétale, types qui devaient finalement prévaloir à mesure que le globe se rapprochait de ses conditions physiques actuelles. Pendant l'incalculable série de siècles qui se sont écoulés depuis l’in- stant où la vie végétale a commencé à poindre sur la terre jusqu’au dépôt des couches carbonifères, les types des prin- cipaux ordres naturels se sont graduellement différenciés sur différentes parties du globe et graduellement répartis entre Les diverses contrées, à mesure que les conditions d'existence leur devenaient favorables et suivant que la topographie de la sur- face leur permettait de s'étendre ou les tenait enfermés sur de moindres espaces. Par cette considération que plus une espèce a été originellement appropriée au climat froid des hautes montagnes, moins elle à pu, dans le cours subséquent de sa ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 149 carrière, se plier à des conditions physiques différentes, je suis porté à croire que la plupart de nos genres et peut-être la plupart de nos espèces montagnardes existaient déjà avant la fin de la période carbonifère, et j'ai quelque espoir que les observations accumulées de lu géographie botanique confirme- ront en définitive cette manière de voir. » Vaste en elle-même, mais courte comparativement aux my- riades d'années ou de siècles qui l'ont précédée, la période comprise entre la fin de l’âge du charbon et la fin de l’époque secondaire, où des fossiles végétaux commencent à se montrer, a dù, si mes vues sont correctes, être employée à la différen- eiation graduelle des tribus végétales pour les adapter aux nouvelles conditions d'existence qu’elles rencontraient en des- cendant de leur premier séjour. C’est à cette période que j’in- clime à reporter l’origine probable de beaucoup de groupes naturels aujourd’hui confinés dans les contrées tropicales et subtropicales, qui, insensiblement descendus des montagnes, se sont pliés aux conditions physiques de ce nouveau elimat. Par là aussi s'expliquéraient les aires très circonserites qu'occupent certaines familles, certains genres, et même certaines espèces aujourd’hui séparées de leurs congénères par de vastes es- paces. | » Cela étant, nous devons nous attendre à trouver que les groupes, familles ou genres naturels, qui se sont les prémiers adaptés aux conditions d'existence dans les pays de plaines, doivent être plus largement disséminés sur le globe que ceux dont l’évolution en ce sens s’est faite plus tard, et cela non-seu- lement parce qu'ils ont eu plus detemps pour se modifier, mais aussi parce qu'ils ont pu occuper des régions que la configura tion changeante de la terre et des mers, postérieurement à leur arrivée, interdisait à de nouveaux venus. C’est ainsi, très pro- bablement, que le Brésil, qui était primitivement une vaste région montagneuse, plus tard graduellement aplanie par des dénudations continuées pendant des siècles et des siècles, a pu se trouver, vers le commencement de l’époque secondaire, rat- taché au continent de l’Afrique par un archipel qui s’étendait 150 JOHN BALL. à travers l’océan Atlantique équatorial. On s'explique par là que certaines familles et certains genres ont pu passer d’un continent à Pautre, tandis que d’autres groupes, qui n'étaient point encore préparés à cette migration, ont rencontré, après la disparition de Parchipel, la barrière infranchissable de l'Océan. » Pendant le cours de la période tertiaire les climats se sont profondément modifiés dans lhémisphère septentrional, et l'influence des latitudes semble s'être alors beaucoup mieux caractérisée dans les plaines basses qu’elle ne l'était aux époques précédentes. À mesure que ces changements de climats s’ef- fectuaient, les plantes primitivement adaptées aux climats des montagnes descendaient de plus en plus nombreuses dans les plaines, celles qui étaient douées d’une organisation plus flexible se trouvant toujours en avance des autres et occupant de plus vastes étendues de pays. En mème temps que le climat des régions polaires se refroidissait et devenait plus semblable à celui qui y règne aujourd'hui, beaucoup d'espèces alpines, largement répandues sur les montagnes, s’avançaient insensi- blement vers les régions arctiques, autant que le permettaient les moyens detransport quiétaient à leur portéeetquand elles ne rencontraient pas de barrières infranchissables, laissant der- rière ellestoutes celles que les obstacles physiques arrêtaient ou quin’avaient pas encore été capables de se plier aux condi- tions du climat arctique, climat, il ne faut pas l’oublier, bien différent, sous plusieurs rapports essentiels, de celui des mon- tagnes situées sous des latitudes plus basses. » Le dernier chapitre de la longue histoire géologique de notre globe est celui de la période glaciaire. Je n’ai pas de raisons ab- solues pour contredire, sur ce point, les hypothèses émises par des hommes comme Darwin, Lyell et Hooker, non plus que celles du D' Christ et de Grisebach. Je pourrais citer quelques plantes dont la présence actuelle sur les montagnes de l’Europe centrale peut dater de la période glaciaire, sans remonter plus haut; j'en pourrais nommer quelques autres qui y ont peut- être été apportées à une époque récente des montagnes du _ ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 151 nord de l’Asie; mais ce que je ne crains pas d’affirmer, c’est qu'on a exagéré au delà de toute mesure l'influence de la pé- riode glaciaire sur la distribution géographique des plantes et sur les climats de l’Europe. Même à l’époque du plus grand refroidissement, les sommets les plus élevés des Alpes n'étaient pas entièrement couverts de neige et de glace, attendu que nous reconnaissons très bien, aux traces qui en restent, la limite que les anciens glaciers n’ont jamais dépassée. Sur la zone moyenne de ces montagnes, les pentes situées au-dessus ou à côté de ces glaciers jouissaient d’un climattrès peu différent de celui d'aujourd'hui. Selon moi, le seul effet de la période glaciaire sur les Alpes a été d’abaisser de 1000 à 2000 pieds (de 400 à 600 mètres) les niveaux des zones de végétation. Cette opinion pourra paraitre aventurée ; mais, sans entrer dans des détails qu’il serait trop long d’exposer ici, je puis en apporter une preuve directe en rappelant une découverte importante qui n’est pas due au hasard, mais à la sagacité du D' Stoppani. Get éminent géologue italien, en songeant que les glaciers, qui à l’époque de leur plus grande extension remplissaient les val- lées des Alpes de Lombardie, avaient dù former des bar- rages et donner naissance à de petits lacs où s’étaient vraisem- blablement accumulés des restes d'animaux et de plantes, a eu l’idée de faire des fouilles dans ces dépôts, et il a eu la bonne fortune d’y trouver ce qu'il cherchait. D'un de ces fonds de lacs, il a retiré, avec des os d'animaux fossiles, des fragments très reconnaissables d’Érable sycomore, de Buis, d’'Orme, d'IF, et des feuilles qui ont paru appartenir à une espèce indéter- minée de Magnolia. Dans un autre dépôt de même âge, il a trouvé des fragments de Châtaignier, de Sapin, de Noisetier et de Trapanatans, plante aquatique aujourd’hui rare dans les lacs italiens, mais assez commune sur le versant nord des Alpes; il y à aussi trouvé un Noyer, qui me parait n'être qu'une variété de notre espèce ordinaire, aujourd'hui étrangère à l’Europe à l’état sauvage. I faut donc admettre qu’à l’époque glaciaire, les conditions cosmiques qui donnaient à la Scandi- navie et aux îles Britanniques un climat d’une douceur excep- 152 JONMN BALL. tionnelle ont pris fin, et que l'augmentation des pluies, accom- pagnées d’un certain abaissement, peu considérable d’ailleurs, de la température, a eu pour conséquence une grande exten- sion des glaciers sur toutes les montagnes du nord de l'Europe; mais il faut en mème temps regarder comme absolument 1m- probable que le climat de l'Europe moyenne se soit refroidi au point de permettre aux plantes alpimes d'y descendre et de s’y établir. » Les causes qui ont présidé à la distribution géographique des plantes sont un vaste sujet d’études, auquel on ne peut guère toucher sans être obligé d'entrer dans de longs détails; aussi n’aurai-je pas le temps de faire passer sous les yeux du lecteur toutes les preuves qui militent en faveur de la théorie que je viens d'exposer. Ce sujet se divise en plusieurs branches très distinctes, dont chacune demanderait à être discutée à part. Dans l'impossibilité de les suivre toutes, je me borneraï à eiter quelques-uns des principaux faits, et l’on reconnaitra, je l’'es- père, combien étroitement ils se lient à ma manière de voir. » Si les différents groupes naturels de plantes, genres et familles, avaient été différenciés aux époques géologiques modernes, pendant lesquelles ilest à peu près certain qu'il n°y a eu qu'un seul changement considérable dans la distribution des terres et des mers, nous devrions trouver une certaine uni- formité dans leur distribution géographique; mais 1l n’en est point ainsi. Un botaniste qui, sans théorie préconçue, étudie- rait cette distribution des types largement disséminés, arrive- rait infailhiblement à établir les relations les plus diverses entre les grandes masses continentales. Concédant que quelques types ont pu, même sur une grande échelle, s’étemdre et dis- paraitre dans certaines régions, les faits connus n’en suggèrent pas moins la probabilité que de longs intervalles de temps se sont écoulés, et que de nombreux changements dans la topo- graphie des terres et des mers ont eu lieu entre les dates de la dissémination des différentes familles naturelles et de leurs genres les mieux caractérisés. On ne saurait en douter quand on jette les yeux sur les cartes géologiques des trois époques e ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 153 de l’oolithe, de la chaux et du tertiaire moyen; on y saisit d’emblée les rapports qui existent entre les flores des Alpes, des Pyrénées, des Carpathes et d’un autre massif montagneux dont je n'ai pas parlé, celui de la péninsule des Balkans, rap- ports tout à fait inattendus, où l’on voit en même temps, à côté de ressemblances, d’étranges contrastes entre des points peu éloignés, ce qui serait Inexplicable dans l'hypothèse que la flore actuelle de ces montagnes est géologiquement moderne, et, par suite, que sa dispersion est plus moderne encore. » Les contrastes de la végétation entre des groupes de mon- tagnes voisines, etmême entre les différentes parties d’un même oroupe, nous font voir que, pour une très forte proportion de la flore alpine, les moyens de transport aux plantes ont fait défaut ou n’ont aidé à leur dissémination que dans une très faible mesure ; on est par là autorisé à croire que lorsqu'une même espèce se montre sur des points très éloignés l’un de Pautre, celte dispersion remonte à une époque reculée, antérieure même à l’oolithe. Quels que soient les obstacles qui aujour- d’hui retiennent les plantes montagnardes dans les localités qu’elles occupent et ne leur permettent pas d’en sortir, ils ont été bien plus grands et plus insurmontables encore pendant les périodes géologiques qui ont précédé celles dont je parlais tout à l’heure, puisque alors le continent de l'Europe était profondément découpé en larges et profondes baies et morcelé en archipels. Cependant nous avons de nombreux et curieux exemples d'espèces dont les divers habitat sont extrèmement éloignés les uns des autres, témoignant par là que la dispersion de ces espèces est extrêmement ancienne. Cest le cas, par exemple, d’une Gentiane alpine (Gentiana pyrenaica) des mieux caractérisées, qui n’a été trouvée Jusqu'ici que dans la partie orientale des Pyrénées, à l'extrémité nord-est des Car- pathes et en Asie Mineure. Beaucoup d'espèces, en outre, communes aux Pyrénées et aux Alpes orientales, manquent totalement dans la région intermédiaire. » Le genre Ramondia n’est pas moins remarquable sous ce rapport. Les quelques espèces qui le composent habitent les 454 JOHN BALE. Pyrénées, la Serbie et la Thessalie, et un second genre qui en est très voisin (Haberlea), et n’est représenté que par une seule espèce, se montre sur les monts Rhodope. Ge sont [à les seuls représentants européens d’une famille naturelle composée de deux tribus, dont l’une, presque exclusivement tropicale et américaine, est largement développée sur les Andes, tandis que l’autre, à laquelle appartiennent nos espèces d'Europe, fait pour ainsi dire le tour du globe entre les tropiques, et nous présente ses types montagnards multipliés surtout dans lHi- malaya. I semble probable que la distribution géographique de ces espèces et de ces genres a été déterminée par le soulè- vement simultané ou successif des diverses parties du grand axe montagneux qui à traversé l'hémisphère septentrio- nal dans l’ancien monde, et que, dans la longue durée du temps qui s’est écoulé depuis, les formes intermédiaires entre ces espèces actuellement disjointes et isolées se sont éteintes. » Je citerai encore un autre fait qui se lie à la distribution des plantes sur le globe. S'il y a quelque fondement dans la théo- rie que je viens d'exposer, nous devons nous attendre à trouver les flores les plus riches, celles qui se font le plus remarquer par la variété de leur végétation et le nombre d'espèces leur appartenant en propre, sur les masses montagneuses qui, au moins partiellement, n’ont pas été recouvertes par la mer depuis une époque géologique fort reculée. Sans doute des terres soulevées au voisimage d'autres terres qui en même temps s’affaissaient sous la mer, ont pu recevoir de ces der- mères une partie quelconque de leur population végétale; mais comme règle générale, toute migration considérable d’une flore implique l'extinction d’un grand nombre d'espèces, et toute flore immigrée est moins riche que ne l'était celle de la région qu'elle a quittée. Pour des raisons suffisamment expo- sées par Darwin, la plus grande variété de types génériques ou d’un ordre plus élevé doit se montrer dans les régions où de grandes masses de montagnes ont été pendant de longs espaces de temps isolées les unes des autres et ont formé desiles sépa- ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 155 rées par des bras de mer assez larges pour empêcher l'échange des plantes que chacune de ces îles possédait. » Il est remarquable en effet à quel point ces vues de l'esprit ont été confirmées par l'observation. Quelque grands qu’aient pu être les changements de niveau dans les différentes parties des Alpes, il est suffisamment démontré qu’une partie des Alpes orientales est restée émergée depuis l'époque paléozoïque, et 1l est extrêmement probable qu'il en a été de même de leur partie sud-occidentale, qui possède, comme tout le monde le sait, une flore beaucoup plus riche que la chaine centrale. Le professeur Ramsay a parfaitement établi ce fait que, malgré qu'une partie des Alpes ait été surélevée de 4000 pieds (1300 mètres) vers le milieu de la période tertiaire, la hauteur de la chaine, avant cet événement, était très probablement aussi grande qu’elle l’est aujourd’hui. » Desraisons semblables s'appliquent avec plus ou moins de probabilité à d’autres chaines de montagnes, où l’on observe de pareils mouvements de surélévation. À très peu d’excep- tions près, et qui encore ne sont qu'apparentes, toutes les chaînes de montagnes qui se font remarquer par la richesse de leur flore et le grand nombre de leurs espèces endémiques ont fait partie d'anciennes masses continentales, et, à diverses épo- ques, ont été isolées des régions circumjacentes, mais n’ont jamais été entièrement recouvertes par la mer. C’est ce qu’on voit dans les Pyrénées, les Carpathes, les Balkans, le Caucase et les montagnes de la péninsule hellénique ; et cela est égale- ment vrai des deux plus riches flores montagnardes que lon connaisse, celles de l'Espagne et de l'Asie Mineure, qui, pen- dant de longues périodes, ont été découpées en archipels où s’est conservée l’ancienne végétation, mais où, par suite de la séparation de leurs diverses parties, les plantes ont été soumises à des modifications qui ont aceru le nombre de leurs espèces et de leurs variétés. D’un autre côté, c’est par des causes tout opposées que s'explique la pauvreté relative de régions mal partagées sous le rapport de leurs flores, c’est-à-dire par le fait qu’elles n’ont émergé de l'Océan qu’à des époques comparati- 156 JOHN BALL. vement modernes. L'Italie et la Sicile nous en fournissent de remarquables exemples, et il n’est pas peu digne d’attention que les quelques espèces endémiques des montagnes de lFtalie se trouvent dans les Alpes liguriennes, qui, alors que la péninsule était encore sous l’eau, constituaient une île depuis le commencement de l’époque secondaire. Ces mêmes plantes existent aussi dans les Apennins méridionaux, dont l’ancien- neté est probablement la même que celle des montagnes de la Ligurie, Les exceptions apparentes que nous offrent la Scandinavie et les îles Britanniques s'expliquent par le fait que ces deux contrées semblent avoir été presque entièrement submergées pendant un temps comparativement court après les dépôts tertiaires les plus récents. Autant que j'ai pu le vérifier, ce même rapport entre la richesse d’une flore et son ancienneté se confirme dans toutes Les parties du monde, bien qu'il y ait en apparence deux remarquables exceptions à cette règle dans larchipel des Ganaries et celui des Sandwich. Il semble impossible d'expliquer les particularités de leurs flores sans admettre qu'à une date plus ou moins recuiée, ils ont fait partie de quelque continent actuellement submergé, ou tout au moins qu'ils en étaient voisins; mais c’est là une question que, pour le moment, je laisse de côté, ainsi que beaucoup d’autres. » Plus d’un lecteur de cette Note pourra m’objecter que, sur beaucoup de points, les preuves que j'ai données de ma théorie sont insuffisantes et que ma conclusion est au moins prématurée. Favoue n'avoir rien à répondre à cette objection. Pendant les nombreuses années que j'ai consacrées à ce pro- blème de la végétation montagnarde, j'ai à tout instant ren- contré de nouvelles difficultés dans linsuffisance des faits matériels qui pouvaient appuyer mes vues. La tendance à con- clure avant l’heure est le danger constant de l’homme de science, et quoique je me sois tenu en garde contre cette fâcheuse disposition, je n’oserais pas assurer que je ne m’y suis pas quelquefois laissé entrainer. Il est du moins certain que, jusqu'à ce que notre planète ait été étudiée autant qu’elle peut ORIGINE DE LA FLORE ALPINE DE L'EUROPE. 157 l'être, jusqu’à ce que nous la connaissions à fond, nous sommes perpétuellement exposés à nous tromper en déclarant qu’une chose n’est pas, par la seule raison qu’elle n’a pas encore été observée. La tâche de pousser plus loin l'étude de ce globe doit être laissée à la jeune génération qui s’élève, et j'estime que je n'aurai pas perdu mon temps si la discussion dans laquelle je viens d'entrer suscite des chercheurs qui, par leurs décou- vertes, ajouteront quelque chose à ce que nous savons déjà, quelle que puisse être d’ailleurs la conclusion finale de leurs travaux, pour ou contre les vues que j'ai exposées dans €e travail. » Avant de finir, je tiens à citer encore un exemple de la valeur que peut avoir pour la philosophie naturelle un fait isolé, découvert par hasard, comme 1l s’en présente souvent au voya- geur, même à celui qui ne sort pas de l'Europe. I y a une petite plante assez commune en Norvége et dans le nord de l'Écosse, nommée Trientalis, et. qui est remarquable entre toutes parce qu elle est la seule plante européenne qui ait nor- malement sept étamines et une corolle à sept divisions. I y a vingt ans on ne la connaissait, dans les Alpes, que dans deux localités de la Suisse, et l’éminent naturaliste Oswald Heer la regardait eomme une plante immigrée du nord pendant la période glaciaire, et n'ayant jamais pu sortir de V’'étroit espace où elle était cantonnée. Peu de temps après la publication de Pouvrage d’Oswald Heer, en descendant un jour de rochers escarpés dans un des coins les moins fréquentés des Alpes méridionales, à cinq heures de marche des bosquets d'Oliviers et de Citronniers du lac de Garde, je fus tout à la fois surpris et charmé de voir sortir des fissures du granite les jolies étoiles à sept rayons du Trientalis. À peu près vers le même temps, des botamistes le découvraient dans une vallée du Frioul, à 80 milles plus à l’est; un peu plus tard, dans une des vallées centrales du Tyrol, et enfin sur un point très éloigné de là, dans les Alpes occidentales de la Savoie. Voilà com- ment des trouvailles tout à fait dues au hasard ont complète- ment changé nos idées sur l’origine probable de cette plante 158 JOHN BALL. dans les Alpes; au lieu d’y voir une étrangère récemment im- migrée, nous devons aujourd'hui la regarder comme la des- cendante d’une ancienne famille autochthone, luttant péni- blement contre des conditions défavorables et menacée d’une totale extinction. » Si des faits de cette importance peuvent être découverts dans des parties de l’Europe comparativement bien explorées, que ne devrions-nous pas attendre des recherches de voya- geurs éclairés danslesrégionsdu globe qui n’ont été examinées que d’une manière superficielle ou qui sont encore totalement inconnues! J’appelle particulièrement leur attention sur ces humbles plantes quihabitent les sommets des plus hautes mon- tagnes, qui croissent dans les crevasses des rochers ou bordent les amas de neiges éternelles. Tout ce qu’elles ajouteront à nos connaissances sera autant d’acquis pour l’histoire ancienne de la terre; elles seront les points de repère qui nous guideront dans la tâche de ressaisir les premières phases de la vie orga- nique. Et ce ne sera assurément pas diminuer l’intérêt de ces recherches de croire que ces petites plantes, échappant aux vicissitudes qui ont bouleversé et si profondément modifié les antiques flores de la terre, nous représentent les premières formes des types les plus élevés de l’organisme végétal, et même que quelques-unes, restées immuables pendant lincon- cevable durée des âges géologiques, ont assisté, témoins impas- sibles, aux révolutions qui ont lentement détruit et renouvelé les formes multiples de la vie à la surface de notre planète. » NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX SUIVANT LES CONDITIONS PHYSIQUES DU MILIEU Par M. Ch. lEAMHAULTY. Il y a plus d’un an, j’accompagnai mon ami M. G. Bonnier dans un voyage en Scandinavie, entrepris dans le but de chercher à déterminer l'influence exercée par les conditions physiques du milieu sur les végétaux. Les résultats obtenus ont été publiés par nous dans un mémoire inséré aux Annales des sciences naturelles (1). Quelques doutes ont été émis depuis au sujet de la valeur des conclusions que nous avions tirées de l'observation des faits (2). Je me décidai alors à entreprendre un second voyage pour porter de nouveau mon attention sur ces phénomènes. M. G. Bonnier, occupé d’autres travaux, ne put m’'accompa- gner cette fois; je regrette vivement de n'avoir pu continuer avec lui des recherches auxquelles sa collaboration assurait plus de garanties de rigueur et d’exactitude. Si ces travaux offrent quelque intérêt, une part très large en revient cer- tainement à mon collaborateur : la plus grande partie des observations faites dans la Scandinavie moyenne ont été re- cueillies en commun lors de notre premier voyage; je dois assumer seui la responsabilité de tout ce qui est relatif au nord de la Suède et à la Laponie, où j'ai passé plusieurs mois cette année. Nous avons exposé précédemment quelques-unes des rai- (1) G. Bonnier et Ch. Flahault, Ann. sc. nat., 6° série, 1879, t. VIT. (2) M. Ramond, Sur la végétation de la Norvège (Bullet. Soc. bot. de France, 1879, t. XXVI, p. 9). 160 CH. FLAHAULT. sons qui nous ont déterminés à choisir la Scandinavie pour y poursuivre nos recherches, je ne reviendrai pas sur ce point. Il me parait inutile de rappeler les différences que pré- sentent les contrées boréales et les régions tempérées au point de vue de la lumière. Dans notre précédent mémoire, nous avons indiqué les moyennes de la durée de léclairement du 15 mai au 30 juillet, la déclinaison étant supposée la même pendant tout ce temps (1); on arrive à des résultats plus précis si lon tient compte de la déclinaison de chaque jour, à midi, par exemple: les différences sont toutefois assez légères pour que nous puissions les négliger ici. On sait que la coloration de la chlorophylle en vert, ou, pour parler plus exaetement, le développement du principe bleu de la chlorophylle se produit par l'action des radiations lumineuses du spectre solaire. Îl est rationnel de penser que partout où existent ces radiations lumineuses, elles produisent le même effet; il faut bien admettre que les mêmes rayons lumineux agissent toujours de la même façon : s'ils persistent pendant un espace de temps très long, ils doivent agir pen- dant tout ce temps, de même que leur action doit nécessaire- ment cesser quand les rayons disparaissent. On ne peut donc pas admettre que l'acide carbonique ne soit pas décomposé continuellement par la chlorophylle dans les contrées qui sont éclairées sans discontinuité par la lumière solaire. Puisque cette action de la lumière se traduit surtout par la formation de composés ternaires carbonés, il faut nécessaire- ment qu'il y ait une relation entre la quantité d'acide carbo- nique décomposé et la quantité de matières ternares formées ; les expériences de laboratoire nous le montrent tous les jours. On ne saurait s'étonner, par conséquent, de voir les végé- taux des contrées boréales ou arctiques accomplir toute leur évolution annuelle en un temps très court. On commettrait (1) Loc. cit., p. 116 MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 161 une grave erreur en comparant la durée de la période végé- tative dans les régions arctiques avec sa durée dans les Alpes : ce qu’il faut considérer, c’est le temps utile de cette période végétative, c’est-à-dire la quantité de lumière reçue. Si l’on se place à ce point de vue, on comprend que les végétaux qui commencent à végéter en juin en Laponie y aient accompli leur évolution et y aient müûri leurs graines en un temps beau- coup plus court que celui qui est nécessaire aux mêmes es- pèces dans les Alpes de l’Europe moyenne. Quelques faits bien établis prouvent du reste la justesse du résultat auquel on est conduit par le raisonnement. L’Orge (Hordeum vulgare) semée en Finmark peut être récoltée mûre quatre-vingt-neuf jours après les semailles, tandis que dans le sud de la Suède elle nécessite environ cent Jours pour ar- river à maturité, bien que la température y soit plus élevée qu’en Finmark. M. De Candolle, en déterminant la limite septentrionale de l’Aquileqia vulgaris, du Radiola linoides et de quelques autres plantes, a établi que ces plantes ne reçoivent pas dans la pé- ninsule scandinave les sommes de température qu’elles exi- gent sous d’autres latitudes ; une lumière plus intense, qu’elle soit due à l'altitude ou à la latitude, abaisse le chiffre des sommes de température nécessaires à chaque espèce. Il admet qu’au delà du 60° degré de latitude la lumière compense la chaleur; cette explication rationnelle n’a pourtant pas été admise universellement. avoue que je ne comprends pas les objections adressées par Grisebach à M. Schübeler au sujet de cette influence. Le savant géographe croyait avoir fait une observation « qui prouve que si la lumière prépare l’Orga- » nisme à l’exécution du travail dont il est chargé, l’accom- » plissement de la croissance dépend de la chaleur seule ». Cette observation est relative à ce fait que de l’orge semée dans une localité À aussi lumineuse mais moins chaude qu'une autre B, a exigé pour mürir quatre semaines de plus que l’Orge semée en B. Il me semble qu’on ne peut en con- clure qu’une seule chose, c’est que la lumière ayant été la 6° série, BoT. T. IX (Cahier n° 3). 3 11 162 CH. MLABAULE. même des deux côtés, la chaleur a agi plus puissamment là où elle était le plus élevée (1). Je crois cependant devoir faire des réserves au sujet de quelques-unes des observations de M. De Candolle. Il admet, et j’admets avec lui, que plus on avance vers le nord, plus la lumière directe ou diffuse remplace utilement la chaleur : les exempies que J'ai cités précédemment ne sont peut-être pas des preuves dans le sens rigoureux du mot, mais rendent au moins cette opinion fort probable. Je crois cependant qu'il n’est pas juste d'attribuer quelque influence au « ciel plus pur (2) »; il pleut en effet beaucoup plus en Norvége que dans la Grande-Bretagne. Puisque la constance de la lumière favorise assez l’assimi- lation pour compenser la température trop faible reçue par certaines plantes, on doit admettre aussi qu’elle favorise l’emmagasinement des matières nutritives pour les espèces qui trouvent sous les hautes latitudes les sommes de température qui leur suffisent sous des latitudes moins septentrionales; ce doit être une des causes du grand développement des plantes vivaces dans les contrées boréales ou arctiques. Les plantes annuelles ne dépendant que des températures de lété, relativement élevées dans ces contrées, y trouvent donc des conditions favorables. Les plantes vivaces trouvent sous la neige un abri contre le froid; mais en raison même de l’inno- cuité du froid de l'hiver à l'égard des plantes annuelles, c’est à d’autres causes qu'il faut attribuer la prédominance des plantes vivaces : il me parait très vraisemblable que la durée de l’éclairement y joue un très grand rôle. M. H. W. Arnell, dans un important mémoire sur le développement de la végétation en Suède (3), a calculé le temps que mettent les différents phénomènes de la vie végétale à avancer de 4° de latitude, de la Scanie vers le nord de la (1) Grisebach, la Végétation du globe, p. 153. (2) A. De Candolle, Géographie botanique raisonnée, p. 403. (3) H. W. Arnell, Om Vegetations uiveckling à Sverige àren, 1873-75 (Upsala Univers. Arsskrifi, 1879). MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 163 Suède ; il nous apprend que le jour de vingt-quatre heures étant considéré comme unité de temps, la floraison des plantes qui fleurissent en Scanie progresse de la façon suivante : MOIS DE LA FLORAISON TEMPS MOYEN que la floraison met à pacrourir en Scanie. 1 degré de latitude. Avril. Mai. Juin. Juillet. La marche de ce phénomène a donc un maximum de vitesse en été; ilen est de même des autres phénomènes végétatifs. Ce maximum ne saurait guère être attribué qu’à la durée de l’éclairement, car les travaux de M. Fritsch ont démontré que cet accroissement ne se produit pas en Autriche. La lumière a donc sur la flore une influence générale très remarquable, puisqu'elle compense dans une mesure assez large le défaut de température. L'action de la lumière est encore bien plus considérable sur les variations individuelles d’une même espèce. Dès 1817, À. P. De Candolle considérait la durée de l’éclai- rement comme devant agir sur les feuilles et sur Les fleurs (1). Dans le mémoire fort instructif et trop peu connu que publia Læstadius en 1830 (2), ce savant mit en relief un grand nombre de faits intéressants relativement à l’action de la lu- mière sur les plantes dela flore laponne : « Flores perpetua luce » sümulati, nunquàm ferè clauduntur, quo facto majoresque » evadunt... sequitur eos eo grandiores atque ampliores fiert, » quù magis splendeat lumen... Hinc flores sub arcto, non » tantüm ampliores quam alibi terrarum, sed etiam colore » vivacissimo, corolla valdè speciosa superbiunt, idque, ni (1) A. P. De Candolle, Mém. sur la géogr. des plantes de France. (Mém, Soc. d’Arcueil, t. IT). (2) Læstadius, Loca parallela, ete., 1830, p. 209 et suiv. 164 CH. FLAHAULT. » fallo:, ob lumen solare perpettum, eujus vis ratione florum » in ampliando ac colorando sita est... Hæc ratio florum in » Lapponia Tornensi maximè perspicua... Lumen solare am- » pliores reddit flores atque coloratiores.… » Il cite à l'appui de son affirmation une longué liste d'exemples, « als innu- » meris omissis », dit-il (p. 255); il en discute la valeur avec une rigueur que je recommande tout spécialement à ceux qui admettent la fixité absolue des caractères spécifiques. Depuis, Grisebach (1), M. Ch. Martins (2), M. de Gaspa- rin (3), de Baer (4), Fries (5), M. Schübeler (6), ont signalé un très grand nombre d'observations du même ordre : ilen résulte d’une façon incontestable que les feuilles de beaucoup de végétaux sont plus grandes et plus vertes en Scandinavie que dans des contrées plus méridionales, que beaucoup de fleurs y sont plus brillamment colorées. Les observations de M. Schübeler tendent à démontrer aussi que la proportion des matières nutritives emmagasinées par une plante est plus considérable en Norvége que dans le sud. M. G. Bonnier a fait aussi des expériences compa- ratives qui démontrent d’une façon évidente que le nectar est plus abondant sous les hautes latitudes que vers le sud de l’Europe (7). C’est à la lumière qu’on attribue la plupart de ces variations; je ne crois pas pourtant que des expériences aient été faites (1) Grisebach, Vegetations Character von Hardanger (1844). — Végétation du globe, p. 153-155. (2) Ch. Martins, Relation des expéditions à bord de la corvette « la Re- cherche », BOTANIQUE, t. Il, p. 232. (3) De Gasparin, Mém. sur la radiation solaire (Ann. Société météoro- loyique, 1853. , (4) Voy. Grisebach, Végétation du globe, p. 318. (5) Th. Fries, Botaniska Notitser, 1858 et 1865. (6) Schübeler, Vœxtlivet à Norge. Christiania, 1879. — Id., Pflanzenwelt Norwegens. Christiania, 1878. (7) G. Bonnier et Ch. Flahault. Ann. sc. nat. bot., 6° série, 1879, t. VII. — Voyez aussi : G. Bonnier, les Nectaires, élude critique, elc. (Ann. sc. nat., 6° série, 1879, t. VIT), Schübeler, Vææxtlivet à Norge, Christiania, 1879, p. 69 et 82. MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 165 pour reconnaître cette action d’une façon positive : aussi des botanistes très distingués, qui n’ont pas voyagé sous les hautes latitudes, ont-ils eru devoir repousser la possibilité de ces variations. J’ai entrepris à ce sujet une série d'expériences; elles por- tent sur : 1° La grandeur des feuilles et leur richesse en chlorophylle. 2 Le développement des matières colorantes des fleurs. 3° L’emmagasinement des matières nutritives. Les expériences ont été faites comparativement à Upsal et à Paris. Elles ont porté sur des plantes d'espèces et de variétés bien déterminées. On a récolté à Paris des graines de ces plantes; on en a fait deux parts, dont l’une a été semée vers le milieu de mai au jardin botanique d'Upsal; l’autre a été semée à la même époque au Jardin des plantes de Paris. On a choisi dans les deux jardins des endroits parfaitement décou- verts; la nature du sol est sensiblement la même des deux côtés. On sait, d'autre part, que la température des mois d’été est fort peu différente entre Upsal (59° 51”) et Paris (48° 50); la quantité d’eau qui tombe annuellement pendant cette sai- son à Upsal est aussi sensiblement la même qu’à Paris. D'autre part, on a récolté à Upsal des graines des mêmes espèces et des mêmes variétés autant que possible; on en a fait deux parts, dont l’une a été semée à Upsal, l’autre à Paris. On a agi de même avec des graines récoltées en Allemagne, à Erfurt. M. le professeur Th. Fries et M. H. von Post, professeur à l’école d'agriculture d’Ultuna, près d’Upsal, ont bien voulu se charger de surveiller là partie des expériences que J'avais entreprise en Suède. Je surveillai moi-même les cultures de Paris, avec l’aide de mon ami M. Bois, préparateur de botanique au Muséum. Quand je quittai la France pour aller en Suède, M. Bois vouiut bien s’en charger seul, et le fit avec un zèle au sujet duquel je suis heureux de pouvoir lui exprimer toute ma reconnaissance Les expériences sur la coloration des fleurs purent être sui- 166 CH. FLAHAULT. vies très attentivement; de nombreuses observations furent faites jusqu’au 20 septembre, avec toutes les garanties d’exac- titude désirables. Il n’en est pas de même des dimensions des feuilles et de la quantité de chlorophylle. Des raisons particulières m'ont privé d’un certain nombre des observations de Paris, je ne les signa- lerai donc pas; quant à la production des matières nutritives et à leur emmagasinement, la fin de l’été a été si humide en France, si belle au contraire en Suède, que je n’oserais encore rien conclure d’une façon positive sur ce point. La durée moyenne de l’éclairement étant à Upsal de dix- sept heures quarante-neuf minutes entre le 45 mai et le 30 juil- let, tandis qu’elle n’est que de quinze heures trente-huit minutes à Paris pendant la même période, les plantes cultivées à Upsal ont subi l'influence de la lumière en moyenne pendant deux heures onze minutes de plus à Upsal qu’à Paris, c’est-à-dire que pendant la période considérée, elles furent éclairées pen- dant dix mille quatre-vingt-sept minutes de plus dans la loca- lité suédoise. Or cette action se produit pendant tout l'été; la différence dans la quantité de lumière reçue est donc extrême- ment considérable. Chacune des questions que j'ai étudiées présente quelques difficultés spéciales qu'il fallait résoudre. Je traiterai donc séparément de chacune d’elles. 1° Grandeur des feuilles et richesse en chlorophylle. Ne pouvant compter assez sur le résultat des expériences entreprises à Upsal, je n’en tiendrai pas compte maintenant; je me contenterai de citer quelques-unes des observations com- paratives que J'ai faites sur la dimension des feuilles de quel- ques espèces sous différentes latitudes, dans des localités dont l'altitude est toujours assez peu élevée au-dessus du niveau de la mer pour pouvoir être négligée. Les chiffres suivants expriment pour chaque localité la movenne déduite de la mesure d’au moins une série de cent feuilles prises sur les rameaux de vieilles branches, à partir MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 167 du sommet. Toutes ces observations ont été faites sur des arbres isolés dans des localités découvertes, pendant les mois d’août et de septembre, c’est-à-dire à l’époque où les feuilles ont acquis leurs dimensions maxima. J’ai choisi, autant que je l’ai pu, des arbres situés sur des pentes sèches; j'ai recueilli un très grand nombre d'observations sur différentes espèces. Comme il était difficile de réunir à la fois toutes les garanties d’exactitude que je viens de signaler, je néglige la plupart des données que J'ai amassées ; je dois dire cependant que toutes m'ont donné le même résultat, à savoir, que dans les mêmes conditions générales de température, d'altitude et d'humidité, les dimensions des feuilles sont plus grandes à mesure qu’on _s’avance vers les hautes latitudes. “ ; IFFÉRENCE DIMENSIONS Gôüteborg Pitea “ en faveur D , 3 de la localité moyennes des feuilles. (OT 427).1(65° 19°). |plus la septen- trionule, longueur moy. des feuilles. | 0,054 | 0,062 0,008 laTeBur NI NAME LAN 0,045 0,050 0,005 Upsala Saltdalen (59° 517).1(67° 10). longueur moy. desfeuilles. | 0,17 0,20 0,03 largeur. maiinisn gens. 0,09 0,12 0,04 Betula odorata. Ulmus montana. | longueur moy.desfeuilles. | 0,085 0,193 0,038 Popul, Tremula Nan QUES à 0,075 0,094 0,019 Gôteborg. | Saltdalen. Jongueur moy. desfeuilles. | 0,12 0,145 0,025 Cerasus Padus. lanvénre ere ee 0,07 0,085 0,015 Il me paraît inutile de donner une liste plus longue de chiffres dont la lecture serait fastidieuse; ces quatre exemples suffisent, je crois, à démontrer ce que J'ai dit au sujet de la grandeur des feuilles; les différences sont toujours en faveur de la localité la plus septentrionale. Si, au lieu de lobserver 168 CH. FILAHAULT. sur des espèces arborescentes, on compare les feuilles de plantes herbacées, on trouve des différences bien plus considé- rables qui peuvent dépasser un cinquième, comme cela arrive pour l’Aconitum septentrionale, le Geranium silvaticum, etc. ; mais les plantes herbacées vivaces sont soumises trop directe- ment à des influences d’un ordre tout à fait secondaire, telles que la nature superficielle du sol, sa richesse en humus, etc., pour que j'en puisse tenir un compte très grand : je m’en tien- drai donc aux exemples qui, pour être moins frappants, sont fondés sur des observations plus sûres. Du reste, les auteurs que j'ai cités comme s'étant occupés de cette question ont fait connaître un grand nombre de faits qui témoignent des dimensions énormes qu’acquièrent parfois les feuilles sous les hautes latitudes; J'en pourrais ajouter plu- sieurs autres. Les mesures comparatives que j'ai faites sur des plantes cultivées dans le Saltenfjord, en Norvége, par 67° 15/ de latitude (Betteraves, Pois, Pommes de terre), et sur les plantes spontanées dans la même localité, m'ont démontré que laccroissement des dimensions est plus grand chez les plantes cultivées que chez les plantes sauvages; c’est sans doute une manifestation de la variabilité plus grande des plantes sou- mises à la culture depuis bien des générations. En même temps que les dimensions des feuilles s’accrois- sent, la coloration verte des feuilles devient plus foncée; cependant cette teinte plus foncée n'implique pas une richesse plus grande en chlorophylle. On sait aujourd’hui, par les expé- riences de J. Bühm, de Sachs, de Famintzine, que la coloration plus ou moins vive des organes verts est due le plus souvent à la répartition variable des grains de chlorophylle dans les cellules ; mais les dimensions des feuilles, toujours plus grandes sous les hautes latitudes quand toutes les autres conditions sont égales, et surtout le fait. que toujours dans ces conditions les feuilles sont en môme temps plus grandes et plus vivement colorées, me paraissent démontrer l'influence favorable qu’exerce la longue durée de l’éclairement sur le développement de la chlorophylle. Nous savons que la durée de l’éclairement augmente avec MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 169 la latitude, qu’elle s’aceroit jusqu'à devenir continue pen- dant toute la période végétative; or de même que la pro- longation dans la durée de léclairement est insensible dans les régions équatoriales, on n’y a jamais remarqué que les feuilles y présentassent les particularités dont nous parlons. Elles ont au contraire vivement frappé les botanistes qui ont séjourné dans les contrées boréales : tout porte à croire que ce phénomène suit une marche parallèle à la durée de léclaire- ment, que les dimensions des feuilles et leur richesse en chlo- rophylle sont, toutes les autres conditions étant égales, corré- latives de l’éclairement. On a fait, il est vrai, diverses objections à cette manière de voir. On a objecté que si cet accroissement était dù à la lumière, il devrait se produire régulièrement jusqu’à 68°30/ de latitude, v atteindre un maximum qui se maintiendrait ensuite jus- qu’au pôle. On a cité quelques faits à l’appui de cette affirmation : par exemple, sous certaines latitudes élevées, on n’a pas remarqué cet accroissement des feuilles. Cela est très naturel, si lon considère des régions froides où l'été est fort court, où les tem- pératures estivales elles-mêmes sont très faibles; les plantes ayant besoin d’une certaine somme de température pour se développer, le font pourtant d'autant plus vigoureusement que cette somme se rapproche davantage d’un certain optimum. Mais nous avons vu, d'autre part, qu’au voisinage des limites boréales des végétaux, la lumière peut compenser la chaleur et reporter ces limites vers le nord; elle ne peut le faire évi- demment qu’en fournissant à la plante des aliments que le défaut de température la force à consommer aussitôt. Nous pouvons donc affirmer que lorsque toutes les condi- tions sont égales, l'accroissement des dimensions des feuilles est toujours corrélatif de celui de la lumière : quand la tempé- rature fait défaut, la lumière peut la compenser dans une cer- taine mesure ; par cela mème l'excès dans l’assimilation n’existe plus, puisqu'il sert pour ainsi dire à combler un déficit. 470 CH. FLAMAULT. On a objecté que les feuilles et les organes végétatifs s’accrois- sent d’une façon spéciale dans les localités les plus humides. Je partage absolument cet avis. Mais c’est à Klorô et dans la région du nord de Bergen, vers 61°-62° de latitude, que la péninsule scandinave est le plus humide. Or, d’après toutes les observations faites jusqu'ici, les feuilles s’accroissent au nord de cette région jusqu’au delà du 67° parallèle; elles s’accroissent aussi bien sur la côte suédoise de la Baltique, au climat sec, que sur la côte norvégienne, qui reçoit annuellement trois fois plus d’eau que la côte de la Baltique. On à dit aussi que la grande quantité de vapeur d’eau con- tenue dans l'air diminue nécessairement beaucoup l'intensité lumineuse, que cette diminution doit être assez grande pour compenser la longue durée du jour. J'admets que la vapeur d’eau diminue l'intensité lumineuse des rayons solaires; mais je ne saurais admettre qu’elle puisse compenser la longueur du jour. En effet, lesexpériences de plu- sieurs physiologistes ont montré qu'une lumière très fortenuit au développement de beaucoup de feuilles; qu'une lumière vive détruit la chlorophylle (1). M. Famintzine a montré que des plantes semées à l'obscurité et transportées à la lumière verdissent moins vite si elles sont exposées à la lumière directe du soleil que si elles sont placées à l’ombre (2). De mème si l’on place à la lumière du soleil de jeunes feuilles étiolées dont on a caché une faible partie, cette partie ombragée se colore en vert avant les parties qui recouvrent les rayons directs du soleil. Get effet ne doit pas être attribué à une élévation locale de tem- pérature, car des écrans ont été disposés de façon à intercepter les rayons solaires, tout en laissant les différentes parties dans les mêmes conditions de température. Le verdissement des feuilles est donc favorisé par un éclaire- ment de moyenne intensité; nous pouvons par conséquent ad- mettre que l’accroissement des feuilles sous les hautes latitudes (1) J. Sachs, Manuel de physiologie végétale. — TX. Bühm, Ucber die Ver- färbung grüner Blätter im intensiven Sonnentichte. Berlin, 1878. (2) Famintzine, Mém, Acad. Saint-Pétersbourg, 1866, t. X. p. 548-552. MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. Tr a pour cause l'éclairement très long, mais d'intensité faible, dont elles subissent continuellement l'influence. C’est la conelusion que M. Bonnier et moi avons tirée de nos précédentes observations (1). Pour pouvoir préciser d’une façon complète l’action de l'intensité lumineuse sur les plantes, il faudrait : 1° avoir à sa disposition un moyen satisfaisant d'apprécier cette intensité : toutes Les recherches poursuivies dans ce sens n’ont pas encore amené de résultats décisifs; 2 avoir déterminé si, comme cela paraît fort probable, la lumière n’est favorable ou utile aux plantes qu'entre certaines limites encore indéterminées, varia- bles pour chaque espèce. Les recherches récentes d’un grand nombre de physiologistes paraissent démontrer que les plantes possèdent un zéro spécial, un minimum particulier au-dessous duquel la lumière n’agit pas sur leur chlorophylle ; qu’elles possèdent aussi leur optimum et leur maximum ; ilest probable que ces différents points sont plus élevés pour les plantes tro- picales que pour les plantes boréales ; qu’il y a parallélisme entre les chiffres qui représentent les températures et ceux qui représentent les intensités lumineuses minima, optima et maxima de chaque espèce : mais les données que nous possé- dons sur ce sujet sont encore bien peu nombreuses et fort incertaines. Quant aux difficultés spéciales auxquelles j'ai fait allusion, elles ont peut-être un intérêt moins restreint que les recherches dont je viens de résumer le résultat; elles sont relatives à la présence ou au développement exceptionnel de matière verte dans les organes soustraits à l’action de la lumière. On sait en effet que : 1° Les embryons de Pinus et de quel- ques autres Conifères ont leurs cotylédons colorés en vert intense au moment de la germination, alors même qu'ils sont encore cachés sous 1 ou 2 centimètres de terre compacte, bien que le vase dans lequel a lieu la germination soit soustrait à l’action de la lumière. (1) Loc. cit., p. 118. 172 CH. FLAHAULT. 2° L'embryon d’un certain nombre de plantes phanérogames, protégé cependant par des téguments fort épais, renferme de la matière verte. 3° On sait que les frondes de quelques Fougères développées dans l’obscurité profonde prennent une coloration verte tout à fait normale. Ces faits s'expliquent d'autant plus difficilement, que dans toutes les expériences relatives à l’action de la lumière, on a reconnu que: cette action est locale; qu’en dehors du point frappé par un rayon lumineux, la coloration verte ne se pro- duit pas ordinairement. La coloration verte est-elle due dans ce cas à de la chloro- phylle identique à celle des feuilles développées à la lumière? Si la réponse est affirmative, dans quelles conditions s’est formée cette chlorophylle? Il est facile de résoudre la question relative à la matière verte des embryons enfermés dans la graine. M. JF. Bühm a déjà montré que si les graines de quelques plantes (Acer, Astragalus, Celtis, Raphanus) se développent à l'abri de la lumière, l’em- bryon ne se colore pas en vert. J’ai reproduit cette expérience sur les graines de Viola tricolor, d’Acer pseudo-Platanus, de Geranium lucidum, j'ai obtenu le même résultat. La matière verte que renferment lesembryons des plantes qui présentent cette particularité (Evonymus,Raphanus, Tropæolum, Pistacia, Viscum, Citrus, Cephalaria, etc., etc.) se présente généralement sous forme d’un protoplasma dense, homogène, coloré uniformément en vert, qui remplit les cellules (Acer pseudo-Platanus, À. macrophyllum, Viola tricolor, Geranium lucidum). Dans l'embryon du Visceum album, on trouve les cellules remplies de grains verts arrondis, de dimensions un peu plus faibles que ceux qui remplissent les cellules des feuilles et du parenchyme cortical de cette plante. Anatomiquement, cette matière a donc les caractères de la chlorophylle, mais dans la plupart des cas elle n’a pas atteint ce degré de diffé- renciation qu’elle acquiert dans les conditions ordinaires. Quant à son fonctionnement, il suffit de prendre des coupes MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 173 minces de l’embryon, de les placer entre deux lamelles, et de les étudier au microscope en les soumettant à l’action directe des rayons solaires, pour constater aussitôt undégagement de bulles gazeuses qui persiste pendant plusieurs heures d’inso- lation. Au bout de ce temps, la matière verte n’a pas changé de caractèrés; je n'ai pu y découvrir des grains d’amidon. Crai- gnant que le gaz dégagé ne soit pas de l’oxygène, et par con- séquent qu'il n’y ait pas assimilation, Je réunis dans des éprou- vettes remplies d’eau un grand nombre d’embryons de Viola et de Vascum; je les renversai sur une cuve à eau comparative- ment avec une éprouvette renfermant autant de petites feuilles d’AHelodea que lune des premières renfermait d’embryons de Viscum; ceux-ci ont généralement une surface un peu moins grande que celle d’une feuille d'Helodea. Après quinze minutes d’insolation, les feuilles d’Helodea se chargèrent de bulles qui s’élevèrent dans l’éprouvette; la production de bulles se pro- duisit aussi dans les éprouvettes contenant les embryons, mais elle fut plus lente. Après six heures d’insolation, les feuilles d’Helodea avaient dégagé près de 600 millimètres cubes ; les embryons de Viscum n’en avaient produit qu’un peu plus de de 100 millimètres cubes. Il suffit de plonger une allumette presque éteinte dans l’éprouvette renversée pour constater que des deux côtés le gaz dégagé est bien de l'oxygène. Les em- bryons de Viola étant très petits, la quantité de gaz dégagé par eux fut trop faible pour que je pusse lui faire subir l’expérience classique de l’allumette éteinte; mais je pense qu'il ne doit rester aucun doute sur la nature du gaz produit par eux. Dans les deux cas, nous avons donc eu affaire à un dégage- ment d'oxygène, et la matière verte contenue dans la graine est bien de la chlorophylle identique avec celle des feuilles qui ont subi l'influence de la lumière. L'étude spectroscopique d’une dissolution alcoolique de cette matière verte prise dès la maturité de la graine dans les embryons d’Acer pseudo-Platanus, À. macrophyllum, Astra- galus glycyphyllos, Evonymus japonicus, Raphanus Raphanis- trum, Pistacia vera, confirme les résultats précédents ; toutes 174 OM. FLAMAULT. ces dissolutions présentent les bandes d'absorption caracté- ristiques de la chlorophylle, et notamment la bande très- limitée, très foncée, située entre les raies B et G de Fraun- hofer. Il suffit du reste de suivre le développement de l'embryon pour reconnaitre que cette chlorophylle ne s’est pas formée à l'obscurité. Dans tous les cas que j'ai étudiés (Viscum album, Viola tricolor, Tropæolum majus, plusieurs espèces de Gera- nium el d’Acer), les téguments de la graine ou du fruit présentent au début un degré de transparence remarquable : l’albumen de Viola est pour ainsi dire liquide jusqu’à une époque très voisine de la maturité; dans tous les cas, la chloro- phylle est formée dans l’embryon pendant cette période de formation de la graine, alors que la lumière pénètre facilement jusque dans les parties les plus profondes. Ce qui nous mtéresse le plus, c’est que cette chlorophylle se conserve ensuite pendant très longtemps à l’obscurité sans s’altérer aucunement, et toute prête à fonctionner dès que la lumière agit sur elle. Du reste, on peut citer d’autres exemples de chlorophylle demeurée inaltérée à la suite d’un long séjour à lobscurité. J'ai semé au mois de février 4879 des spores de Blechnum brasiliense dans une serre, à une température à peu près constante de 25° centigr. Au commencement de mars, les pro- thalles naissaient et présentaient tous leur plus grande surface normalement au côté d’où leur venait la lumière. Quand ils eurent atteint de 1" à m5 de largeur (15 mars), je les plaçai à l'obscurité complète dans le but de voir au bout de combien de temps ils auraient consommé tout leur amidon et comment la chlorophylle se détruirait. Après trente-six heures de séjour à l'obscurité, je ne pouvais plus y découvrir d’amidon, malgré l'emploi des réactifs; mais le 15 juillet les grains de chloro- phylle étaient encore verts, inaltérés, appliqués le long des parois cellulaires, tout prêts à fonctionner au premier rayon de soleil. Ge fait est d'autant plus intéressant que, comme M. Boro- dine l’a montré autrefois, les spores de Fougères ne germent pas MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 179 à l'obscurité, bien qu’elles renferment une petite quantité de matières nutrilives. Les embryons de Pinus et de Thuia ne se colorent en vert qu'au moment de la germination; mais ils se colorent dans le sol, et bien que la culture ait lieu dans une chambre parfaite- ment obscure. L'étude anatomique montre que cette coloration verte est due à une quantité énorme de grains de chlorophylle bien constitués, un peu plus petits qu’ils ne le sont dans les feuilles ordinaires de la même espèce (Pinus Cembra). On peut en étudier le fonctionnement de la même façon que nous l'avons fait pour les embryons verts ; le dégagement d’oxvgène n’est pas très rapide, mais il est très sensible. La chlorophylle se forme donc ici sans intervention de lu lumière. Si la jeune plante de Ponus développée à l'obscurité y est maintenue indéfiniment, 1l vient un moment où, tout l'albumen étant absorbé par les cotylédons, la plante cesse des’accroître dès ce moment la chlorophylle s’altère rapidement ; les grains pâlissent, perdent leurs formes régulières, deviennent rata- tinés ; ils se transforment finalement en gouttelettes d'huile de dimensions irrégulières. Si au contraire la plante est placée à la lumière avant le complet épuisement de la chlorophylle, les plantes continuent à s’accroître sans que rien révèle chez elles un état de souffrance. C'est dans les mêmes circonstances que la chiéfobhylle se forme dans les feuilles produites par des rhizomes de Nephro- dium spinulosum et de N. Filix-mas placés à l'obscurité la plus complète. Je crois devoir rapprocher les faits précédents de ceux que j'ai observés sur les bulbes de lAlium Cepa et de Crocus vernus Le 4° février 4879, je plantaï à l'obscurité dix-huit bulbes de Crocus vernus, après en avoir disséqué deux pour déter- miner exactement le degré de développement des différentes parties. En ce qui concerne les faits dont il est question iCi, on pouvait constater déjà une différenciation en protoplasma 176 CH. FLAMHAULT. incolore et en grains de chlorophylle jaunes, dans les cellules du sommet de la feuille. Les dix-huit bulbes ne tardèrent pas à se développer. Le 17 février, par une température constante de 25°, ils commencèrent à montrer lextrémité de leurs feuilles ; malgré l'obscurité absolue, lextrémité de ces feuilles était verte, les grains de chlorophylle s'étaient colorés. Plusieurs bulbes d’Allium Gepa furent enfermés en novem- bre 1878 dans une boîte de métal, placée elle-même dans une armoire sèche et obscure. Le 40 avril 4879, ces bulbes avaient développé des feuilles de 3 à 5 centimètres de longueur, colorées en vert sombre; toutes les cellules étaient remplies de grains de chlorophylle tellement serrés les uns contre les autres, que leur forme était polyédrique. Quelques-unes des feuilles furent enlevées et placées à la lumière sous des éprou- veltes renversées, comparativement avec de jeunes feuilles vertes de Zea Mays présentant sensiblement la même surface; après une demi-heure d’action d’un soleil bien pâle, les feuilles d’'Allium aussi bien que les feuilles de Zea dégageaient des bulles d'oxygène. Les autres bulbes furent maintenus à l'obscurité, mais dans une atmosphère assez humide : les feuilles s'allongèrent en pâlissant, à mesure que les cellules devenaient plus grandes ; les grains conservèrent leur forme et furent capables d’assi- miler jusqu’au moment où toute la matière nutritive du bulbe étant épuisée, 1l ne s’y trouva presque plus de glycose. Alors les grains s’altérèrent rapidement dans FA Ulium comme dansle Crocus; ils perdirent la netteté de leurs formes, jaunirent dans l’espace de deux Jours, et se transformèrent finalement en granules irréguliers d’aspect graisseux, solubles dans l'éther. Dans tous les cas que nous venons d'étudier, la formation de chlorophylle verte dans les organes placés à l’obscurité accompagne la transformation des matières nutritives emma- gasinées ; dans tous les cas, cette matière reste inaltérée tant que le végétal n’a pas épuisé ses réserves. Quand celles-ci ont MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 177 été consommées, la chlorophylle elle-même est détruite e disparait très rapidement. On ne connait, que je sache, aucun cas où la chlorophylle se forme à l’obscurité sans que la plante ait à sa disposition des réserves plus ou moins abondantes. Il me semble rationnel de penser que c’est aux dépens de la matière nutritive emmagasinée que la chlorophylle verte se forme dans les différents cas examinés plus haut. Ces faits me paraissent intéressants en ce qu’ils montrent jusqu’à quel point, dans les expériences relatives à l'influence de la lumière, il faut tenir compte des réserves nutritives ; elles peuvent dans une certaine mesure remplacer la lumière, et préparer la plante à subir plus rapidement son influence. 2% Développement des matières colorantes des fleurs, L'observation qui précède nous amène naturellement à traiter de la formation des matières colorantes des fleurs; nous verrons que les réserves nutritives font pour elles une impor- tance bien plus grande encore. On a beaucoup écrit sur les matières colorantes, sur leur nature, sur leur classification et leur développement. Un mémoire spécial de M. F. Hildebrand (4) résume l’état actuel de la question ; jai moi-même publié une note sur ce pointil y a quelques mois seulement (2) : je crois done inutile d’entrer dans de longs détails sur ce sujet. Gela me parait d'autant plus inutile, que la question semble devoir entrer bientôt dans une voie toute nouvelle. Aucun travail n’a donné jusqu'ici des résultats satisfaisants sur la nature de ces matières colorantes, sur leurs caractères chimiques; plusieurs savants entrevoient aujourd'hui des relations étroites entre plusieurs d’entre elles et les hydrocarbures dont la science a enrichi l’industrie depuis quelques années. Je ne puis songer à aborder les recherches que nécessiterait un pareil sujet; aussi, négligeant absolument (1) F. Hildebrand, Die Farben der Blüthen. Leipzig, 1879. (2) Bull. Soc. botan. de France, 11 juillet 1879. x 6° série, BoT. T. IX (Cahier n° 3).4 12 178 CH. MLAHAUET. le côté chimique de la question, je ne m'en occuperai qu’au point de vue physiologique, pour essayer de montrer dans quelle mesure les matières colorantes des fleurs sont en rela- tion avec la lumière. D'après les nombreux travaux qui ont traité de la coloration des fleurs (1), la coloration jaune ou orangée serait due presque toujours à des grains protoplasmiques colorés : c’est à cette matière que MM. Fremy et Cloëz ont donné le nom de æan- thine (2) ; à part de rares exceptions, toutes les autres colora- tions des fleurs (violet, bleu, rouge, etc.) seraient dues à des liquides contenus dans les cellules. Dans tout ce qui va suivre, nous considérerons, d’une part la xanthine, ou pigment jaune, insoluble dans Peau; d'autre part, toutes les autres matières colorantes solubles dans l’eau. Je crois que cette distinction est suffisamment autorisée par les faits qui suivent. Quelques expériences devenues classiques ont été faites par M. d. Sachs sur le développement des matières colorantes (3) ; M. Askenasy (4) a étudié de nouveau ce sujet. D’après M.J3.Sachs, le développement de la couleur des fleurs est indé- pendant de l’action focale de la lumière; elle se développe aux dépens de substances qui prennent naissance dans les feuilles sous linfluence de la lumière, et il suffit, pour que la fleur ait tout son éclat, que les feuilles continuent à subir cetteinfluence ou que la plante soit pourvue de matières emmagasinées. J'ai répété sur un grand nombre de plantes les expériences de M. 3. Sachs, j'ai obtenu les mêmes résultats. Si l'on choisit par exemple des variétésde Jacinthes (Hyacin- thus orientalis) à fleurs très foncées, comme la variété rouge (1) Voyez surtout : Morot, Ann. sc. nat., 1850, t. XIE, p. 170 et suiv. — Trécul, Ann. sc. nal., 4° série, 1858, € X. — Schübler et Frank, Unter- suchungen über die Blüthenfarben. Tubingen, 1825. — Hildebrand, Préngs- heims Jakrbächer, 1863, t. HE, p. 59 et suiv. (2) Fremy et Cloëz, Comptes rendus, t. XXXIX. (3) J. Sachs, Bot. Zeilung, 1863 et 1865. (4) Askenasy, Bot. Zeitung, 1876. MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 179 € Charlemagne », les variétés bleues « fleur parfaite » et € prince Alexandre », on ne trouve aucune différence dans l'éclat des fleurs épanonies à l'obscurité et à la lumière. Les unes comme les autres ont une coloration très intense, qui, pour les plantes développées à l'obscurité, tranche de la façon la plus remarquable sur la teinte blanchâtre des feuilles étio- lées. M. Askenasy croit pourtant que les Jacinthes bleues demeurent plus pales à l'obscurité qu'à la lumière ; l’expé- rience que je viens de citer et où j'ai eu soin de cultiver toujours les mêmes variétés à la lumière comme témoins, confirment plemement le résultat obtenu par M. Sachs, quelle que soit la couleur des plantes observées. J'ai fait quelques expériences pour essayer de reconnaitre si réellement 1l y a quelque relation entre lemmagasinement des matières nutrilives et la coloration plus ou moins vive. Si au début de l’hiver on enlève toutes les feuilles vertes que porte un rhizome de Saxifraga ornala, sion le place à l’obscu rité en ne laissant que le bourgeon de l’année suivante, les feuilles de ce bourgeon, en se développant ensuite, sont com- plètement incolores et étiolées ; leur limbe est petit ; la hampe florale se développe, reste plus courte que dans les conditions normales ; les fleurs ont une temte beaucoup plus pâle que celles qui se sont développées à la lumière. On pourrait croire que celte teinte pàle estle résultat de la privation de la lumière directe; mais, pour démontrer qu'il n’en est pas ainsi, il suffit de séparer la hampe florale du reste de la plante par une cloi- son opaque qui lui permet de se développer à la lumière, en laissant tout le reste de Ia plante à l'obscurité. Or les fleurs développées dans ces conditions à la lumière, mais sans que les feuilles aient pu assimiler, ne sont pas plus colorées que lorsque la plante entière s’est développée à l'obscurité. Je crois pouvoir conclure de cette expérience que si la fleur est plus pâle dans le Saxifraga, c'est parce que les matières en réserve ne sont pas en quantité suffisante pour en permettre le développement complet. La même expérience à donné les mêmes résultats avec 150 CH. MESIIAULE. Hyacinthus romanus, H. provincialis, Pœonia tenuifolia, Lris Chamwiris. Dans ces espèces, la plante développée à l’obseu- rité donne des fleurs moins colorées qu'à la lumière du soleil ; or on remarquera que les bulbes ou les rhizomes de ces plantes sont beaucoup moins développés relativement que dans les Tulipa, Grocus, Hyacinthus orientalis, où la coloration est aussi vive à l'obscurité qu’à la lumière. Ces faits prouventseulement que le développement des ma- üières colorantes n’est pas soumis d’une façon directe à l’action de la lumière. M. Askenasy (1) a fait l'expérience suivante, plus décisive encore. Il a coupé des branches d'Antirrhinum majus et de Digitalis purpurea portant de jeunes boutons, mais complète - ment privées de feuilles ; 1fles a placées dans l’eau, à la lumière : elles ne développèrent pas de matières colorantes, bien qu’elles se fussent épanouies. Jai répété cette expérience pour diverses plantes; j'en at obtenu le mème résultat dans tous les cas où la matière colorante est liquide. Les expériences suivantes démontrent, si je ne me trompe, quele développement des matières colorantes esten rapportavec l'assimilation actuelle où avec la présence deréserves nutritives. Le 24 août 1879, je trouvai à Arjeploug (Laponie) un coteau exposé au midi, couvert d’un gazon très bas, formé d'un petit nombre d'espèces de plantes parmi lesquelles le Leontodon autumnalis et le Campanularotundifolia étaient de beaucoup les plus nombreux. J’enlevai soigneusement 30 plantes de cha- cune de ces deux espèces; j'en replantai 15 après en avoir enlevé toutes les feuilles et en avoir retranché la plus grande partie de la tige souterraine, en ne Jaissant que les hampes florales couvertes de boutons etles Jeunes racines ; quant aux 15 autres, je les rep'antai aussi, mais en leur laissant toutesleurs feuilles, leurs rhizomes complets, en ne retranchant que quelques racines, de façon qu’elles n’en possédassent pas plus que les premières. J'arrosai toutes les plantes après les avoir replan- (4) Askenasy, Bot. Zeit., 1876. MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. | 181 tées : toutes les conditions étaient ainsi les mêmes entre les deux lots de chaque espèce, sauf que l’un possédait des feuilles et desréserves, tandis que l’autre n’en possédait pas. Le 6 sep- tembre, je revins à Arjeploug; le temps v avait toujours été beau pendant mon absence; je retrouvai mes plantes. Je les enlevai soigneusement. Toutes avaient épanoui leurs fleurs, mais les 45 pieds de Leontodon que j'avais privés de leurs feuilles et de leurs rhizomes présentaient une coloration jaune telle qu’elle est indiquée sur la planche 9 (Leontodon, Paris), tandis que les autres avaient une teinte orangée beaucoup plus vive. Les 15 plantes de Campanule privées de feuilles et de réserves avaient des fleurs colorées en bleu pâle, plus petites du reste que normalement; les autres étaient colorées en bleu violet très intense (pl. 9, Campanula, Arjeploug). Je crois pouvoir conclure de ces expériences, que réellement la coloration des fleurs est corrélative de l'assimilation actuelle ou de la présence de réserves nutritives. On trouve des grains de chlorophylle plus ou moins abon- dants dans les pétales de quelques fleurs, par exemple dans l’'Anemone fulgens, le Gentiana acaulis. Cette chlorophylle, mélangée au liquide coloré rouge ou bleu, assimile et contribue dans une faible mesure à la coloration de la fleur; des expé- riences très faciles le démontrent pleinement. Il suffit par exemple de placer à la lumière, à la surface d’une couche d’eau, des fleurs de Gentiana acaulis où d’Anemone fulgens qui se sont épanouies à lobscurité comparativement avec d’autres fleurs épanoues à lobseurité, mais ne possédant pas de chloro- phylle : les premières se colorent sous l’action de la lumière, les secondes conservent exactement la coloration qu'elles avaient avant d'être placées à la lumière, comme il est facile de le reconnaitre en les comparant avec les témoins qu'on a eu soin de conserver dans l'obscurité. Il résulte de ce que la matière colorante soluble des fleurs ne dépend pas directement de la Inmière, qu’elle peut être formée dans le bouton dès le jeune âge, alors que les pétales sont encore cachés sous un abri épais et opaque; c’est ce qui 182 CH. FLANHAULT. arrive pour beaucoup de Pelargonium, les Malvacées, les Papa- véracées, chez lesquels on trouve presque toujours les pétales très brillamment colorés, longtemps avant l’épanouissement du calyce. Les matières colorantesjaunes se comportent tout autrement, quand elles se présentent sous forme de grains. Ces pigments jaunes ont des caractères très nets, homogènes ; les recherches anatomiques, physiologiques etspectroscopiques de M. Trécul, de M. Kraus, de M. Wiessner, de M. Pringsheim, paraissent mettre hors de doute que ces pigments sont le résultat d'une modification de la chlorophylle. [ls présentent en effet, d’une façon générale, les mêmes réactions que la matière verte (4). J'ai fait sur quelques plantes (Ranunculus, Galeobdolon luteum, Doronicun plantagineum, Alyssum saxa- tile, Cypripedium Calceolus, Azalea chinensis, Uvularia grandi- flora, Primula, Cheiranthus, ete.) des observations qui confir- ment pleinement cette manière de voir. Ces pigments sont verts au début du développement de ces fleurs ; 1ls présentent tous les caractères anatomiques de la chlorophylle, colorant ordi- nairement tout d’abord l’ensemble du corps protoplasmique en vert, comme cela arrive dans les jeunes feuilles ou dans les embryons verts; plus tard ils se séparent en grains arrondis, qui pâlissent peu à peu, jaunissent, se corrodent et finissent par se diviser en une quantité de granules irréguliers colorés en jaune plus ou moins vif. Il arrive souvent que les grains verts ne se divisent pas et que le pigment n'ait fait que se colorer en jaune (Eranthis, Forsythia, Tussilago Farfara). Si l’on place à l'obscurité des fleurs à pigment jaune encore très jeunes, en laissant tout le reste de la plante à la lumière, ces fleurs épanouies sont notablement moins colorées relativement que des fleurs à matières colorantes liquides placées dans les mêmes conditions : on l’observe facilement pour les Ranun- culus macrophyllus, R. cassius, Erysinum goniocaulon, Achillea (1) Bull. Soc. bot. de France, 11 juillet 1879. MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 183 tomentosa, Brassica campestris. me semble qu’on peut en con- elure que ces fleurs jaunes trouvent en elles-mêmes une partie des éléments nécessaires à leur développement. J'aiditqu'iln’en est pas ainsi pour les fleurs colorées par une matière soluble : le Sfylophorum ohioense, par exemple, coloré en jaune orangé très éclatant par une matière soluble, n’est nullement influencé par la lumière directe. Les expériences précédentes m'ont paru nécessaires pour qu'on puisse arriver à reconnaitre de quelle façon et dans quelle mesure la coloration des organes floraux est influencée par les variations dans la quantité de lumière reçue par les feuilles, autrement dit par les variations dans Passimilation. J'ai cité plus haut les observations nombreuses d’où il ré- sulte que les fleurs sont plus colorées sous les hautes latitudes ; J'ai montré que ce phénomène n’est pas proportionnel à la latitude, mais, autant que de simples observations permettent d’en juger, proportionnel à la durée de l’éclairement; jai signalé les principales objections qui ont été faites à cette ma- mière de voir, et j'ai répondu à celles qui s'appliquent aussi bien à la dimension et à la coloration des feuilles qu'à la coloration des fleurs. M. Hildebrand, tout en adoptant l'opinion que le développe- ment des couleurs est en relation avec la présence de matières nutritives emmagasinées, croit cependant devoir admettre que € la lumière influe d’une façon très différente sur la formation « des matières colorantes bleues ou rouges chez les différentes plantes » (1). Or, les exemples qu'il donne de plantes sur la coloration desquelles la lumière n’a pas d'action, ou n’a qu’une action faible, sont précisément des plantes généralement pour- vues de réserves; au contraire, il cite le Silene pendula et d’autres plantes comme soumis à un haut degré à l’action de la lumière. Quant au fait que quelques plantes, l’Orchis ustu- lata par exemple, ne se colorent à l'obscurité qu’en certains points déterminés, iln’est pas plus facile de l’expliquer aujour- (1) F. Hildebrand, Die Farben der Blüthen. Leipzig, 1879. A$4 CH. FEAMHAULT. d’hui que la propriété qu'ont les corolles de beaucoup de plantes de ne se colorer qu’en certains points fixes, quelquefois très limités, sans qu'aucun phénomène extérieur paraisse agir sur cette localisation. Enfin, M. Hildebrand, après avoir cité quelques-unes des observations que j'ai rappelées, d’après lesquelles la colora- tion est plus intense sous les hautes latitudes, croit devoir conclure que la coloration plus vive des plantes arctiques est en relation avec la proportion des poussières répandues dans l'atmosphère qui est beaucoup moindre dansles terres polaires que plus au sud. Je me contenterai de faire observer à ce sujet que les fleurs sont beaucoup plus vivement colorées dans les corbeilles que l’on plante au milieu des places publiques et des jardins de Copenhague, de Gôteborg et de Stockholm, où l’on ne peut admettre que les poussières atmosphériques ne soient en très forte proportion. De tout ce qui précède, il ressort, je pense, d’une façon évi- dente, que la lumière agit sur la coloration des fleurs, non pas directement, mais en favorisant l'assimilation et l'emmagasi- nement des matières nutritives. La coloration des fleurs n’est qu'un des phénomènes nombreux qui peuvent s’accomplir en dehors de toute intervention actuelle de la lumière, aux dépens de la matière assimilée antérieurement sous l'influence de cette force. Comme je lai dit, nous n'avons pas encore une con- naissance suffisamment précise des relations générales de la lumière avec l’activité de la végétation; nous ne pouvons affirmer encore dans quelle mesure certains degrés d'intensité lumineuse peuvent être favorables ou nuisibles à chaque espèce; on ne connaît pas du tout la valeur du minimum, de l’'optimum et du maximum de lumière qu’exige chaque plante. Mais cette difficulté étant admise, on peut cependant reconnaître quelle influence exercent des différences d'intensité lumineuse assez grandes pour être perçues par nos sens. On peut surtout étudier l'influence qu’exerce la durée de l’éclairement, dans des conditions d'intensité Iumineuse MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 185 aussi peu différentes que possible; nous savons que lin- tensité lumineuse devient nuisible à la végétation quand elle devient très grande, qu'une lumière faible est favorable au développement de la chlorophylle. Nous devons chercher à reconnaître maintenant comment agit sur la coloration des fleurs l'accroissement de la durée du jour, qui agit, nouslavons vu, pour augmenter les dimensions des organes pourvus de chlorophylle. Je ne reviens pas sur les observations que j'ai citées, c’est par Pexpérience qu'il faut déterminer ce phénomène. Jai dit que des expériences comparatives ont été entreprises à Upsal et à Paris. Des graines de quelques espèces et de quel- ques variétés bien déterminées ont été récoltées à Upsal, à Paris et à Erfurt; chacun des lots à été divisé en deux parts, dont l’une a été semée à Paris, l’autre à Upsal, dans des con- ditions aussi identiques que possible quant aux caractères physiques et minéralogiques du sol ; les plantes ont été semées à la même époque, plantées des deux côtés en des points découverts ; les observations comparatives ont été faites en même temps à Paris et à Upsal. La plus grande difficulté consistait à apprécier lés diffé- rences de teinte que peuvent présenter les fleurs. Il était impossible de songer à accorder quelque valeur à des expé- riences dont les résultats ne pourraient être appréciés d’une façon rigoureuse; j'ai employé, pour déterminer exactement la valeur des différentes teintes, une échelle des couleurs publiée par la Société sténochromique de Paris et basée sur les données émises autrefois par M. Chevreul (4). Ge tableau com- prend quarante-deux couleurs types, avec les teintes graduées qu’elles présentent successivement du ton le plus foncé (noir) au blanc. Chacune de ces quarante-deux gammes se com- pose de vingt et une teintes ou tons différents, de sorte qu'il est presque toujours facile de rapporter exactement les cou- leurs des fleurs à tel ou tel ton. Cependant elles présentent (1) Chevreul, Moyen de définir et de nommer les couleurs d'après une mé- thode précise et expérimentale. Paris, F. Didot, 1861. 186 CH. MLAHAULT. quelquefois des teintes si spéciales, des caractères de nuances si délicates, qu’elles ont échappé à toute appréciation com- paralive. Une de ces échelles de couleurs fut mise entre les mains de M. Bois, qui fit avec moi un certain nombre d'observations qu'il continua ensuite après mon départ. Les observations ont été nombreuses des deux parts ; elles se sont succédé pendant une partie de Pété. Lors de chaque observation, on notait sim plement la couleur mère et la teinte correspondante ; comme un certain nombre de plantes de chaque variété ou de chaque espèce étaient cultivées à la fois, 11 se présentait naturellement de faibles différences individuelles. Toutes les observations ont été faites sur les fleurs complè- tement épanouies; pour éviter toutes les erreurs dues à âge de la fleur, qui en modifie souvent la couleur d’une façon considérable, on les a observées toujours au moment où Îles anthères s'ouvrent pour mettre le pollen en liberté. Des deux côtés on a pris la moyenne entre les extrèmes, qui dans une même localité ont, du reste, varié fort peu. Ces expériences ont porté sur les espèces et variétés sui- vantes : Tagetes erecta. T. lucida. Eschscholzia californica. FE. californica albo-rosex. ÆE. californica auran tiaca . Lobelia Érinus. Lnpaliens Balsamina (Gamellia). Phlox Drummond. P. Drummondi atropurpurea. P. Drummond roseu. P. Drunumondi à gr. fl. rouges éclatantes. Antirrhinum majus . A. majus (Galatée). A. majus (Brillant). MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 187 Les teintes de l’Impatiens Balsamina n’ont pu être compa- rées d’une façon assez précise pour que Jj'indique Île résultat qu’elles m'ont donné. L’Eschscholzia californica (aurantiaca) n’a présenté aucune différence entre Upsal et Paris; la teinte en était extrêmement vive des deux côtés. Toutes les autres espèces ou variétés ont donné à Upsal des fleurs plus vivement colorées en Suède qu'à Paris, quelle que soit du reste leur provenance. La planche 9 met en relief ces différences pour les variétés où elles ont été déduites du plus grand nombre-d’observations. Les six exemples que représente la planche montrent bien que ces différences se produisent pour différentes couleurs ; toute explication de cette planche serait inutile, un simple coup d’œil suffit pour en donner toute l’explication. On m'a objecté avec beaucoup de raison qu’on ne pourrait rien conclure de définitif d'expériences faites sur des plantes horticoles, auxquelles la culture à fait subir beaucoup de varia- tions et qui ontacquis une variabilité extrême. Aussi ai-je mul- tiplié les observations sur les plantes spontanées. Je ne les ai pas semées dans un jardin botanique; je n’ai pas entrepris d'expériences spéciales sur ces plantes, je me suis contenté de faire un grand nombre d'observations comparatives que M. Bois poursuivit de son côté à Paris ou aux environs de Paris. La planche 9 donne aussile résultat obtenu par l'observation des quatre espèces spontanées chez lesquelles les différences sont le plus considérables ; ce sont : Epilobium spicatum, Galluna vulgaris, Leontodon autumnalis, Gampanula rotundifolia. Mais comme les observations sur ces plantes ont été moins nom- breuses que sur les plantes cultivées, je n'ai pas cru pouvoir prendre une moyenne. La planche 9 représente les teintes les plus foncées obtenues, d’une part à Paris ou aux environs de Paris, d'autre part dans diverses localités de la Laponie pen- dant les mois d'août et septembre 1879. Les observations com- paratives ont aussi porté sur d’autres espèces : il y en a certai- nement dont la teinte ne varie pas sensiblement avec la 188 CH. FLAHAULE. latitude, mais un très grand nombre d'espèces y présententune coloration plus vive, plus intense. I me suffira de citer les plantes suivantes pour lesquelles la différence a été un peu moins grande que pour les quatre espèces précédentes. Geranium silvaticum. Saxifraga aizoides. Ranunculus acris. Thymus Serpyllum. Myosotis silvatica. Trifolium pratense. Origanum vulyare. Viola tricolor v. arvensis. Taraxacum Dens-leonis. Peut-être pourrait-on reconnaitre que certaines couleurs varient plus facilement que d’autres ; je suis porté à croire qu'il en est ainsi pour le jaune dù à des grains de pigment. Mais mes observations n’ont été faites que pendant les mois d’été ; or, on sait que la proportion des fleurs de telle ou telle couleur varie avec les saisons. Pour pouvoir conclure sur ce point, il faudrait par conséquent poursuivre des observations pendant toute la durée d’une période végétative annuelle. Il me parait hors de doute maintenant que les variations observées depuis si longtemps dans les contrées septentrio- nales, au point de vue de la coloration des fleurs, sont dues, aussi bien que l'augmentation des dimensions des feuilles, à la durée de l’éclairement, comme M. Bonnier et moi laffirmions il y à un an. 3° Emmagasinement des matières nufritives. De ce que léclairement plus long dans les régions septen- trionales favorise le développement des parties vertes ; de ce que la coloration des fleurs soumise à l'assimilation ou à la présence de réserves nutritives est plus forte dans ces contrées que dans les pays méridionaux, on peut déduire que probable- ment les matières nutritives emmagasinées par les plantes le MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 189 sont aussi plus abondamment vers le nord que sous des lati- tudes méridionales quelques expériences de M. Schübeler (4) : confirment cette manière de voir d’une facon assez concluante pour que je n’eusse pas songé à répéter ces expériences si elles avaient porté sur des plantes plus nombreuses. J'ai donc cultivé dans des conditions aussi identiques que j'ai pu les obtenir un certain nombre de variétés de plantes culuvées pour leurs réserves nutritives. M. Vilmorin, toujours prêt à rendre service à ceux qui essayent de contribuer aux progrès de la science, a bien voulu mettre à ma disposition quelques-unes des variétés qui lui ont paru les plus favorables à des cultures comparatives en Suède et en France. M. I. von Post, le savant professeur de l'École royale d'agriculture d'Ultuna, à mis à ma disposition les variétés cultivées en Suède qui lui ont semblé pouvoir donner les meilleurs résultats; il a eu la bonté de diriger fui-même la culture de ces plantes à l’école d’Ultuna ; une autre part en fut cultivée au jardin botanique d'Upsal; une troisième au Jardin des plantes de Paris. J’ai dit que des circonstances acei- dentelles m'ont privé d’une partie des observations de Paris: en outre l'automne y a été excessivement pluvieux cette année, tandis qu’il a été remarquablement beau et sec en Suède : il en résulte que les produits ont été à Paris probablement inférieurs à ce qu'ils auraient! dù être. Du reste, tant de causes influent sur le résultat des cultures au point de vue des réserves, que Je ne me permettrai pas de tirer aujourd’hui une conclusion des données que j'ai recueillies ; j'espère que, grâce au dévoue- ment si désintéressé que j'ai rencontré à l’université d’Upsal, Je pourrai poursuivre pendant plusieurs années des expériences qui ne sont pas moins intéressantes au point de vue de la seience pure qu’au point de vue de l’agriculture. Je me con- tenterai de dire que mes recherches portent sur des plantes de nature très diverses, telles que différentes variétés de Blé, d'Orge, de Maïs, de Pois (Pisum sativum), de Betterave, de (1) Schübeler, Væxtlivet à Norge. Christiania, 1879. — Pflansenwelt Norwe- gens. Ghristiania, 1878. 190 CM. MLAMAURT. Pomme de terre. Ces plantes étant cultivées pour des produits divers et dépendant de conditions climatiques très différentes, il est impossible, on le comprend, de se contenter du résultat d'expériences faites pendant une seule année. LIMITES DE VÉGÉTATION DES PLANTES EN SCANDINAVIE. Pendant que je poursuivais les recherches que je viens d'ex- poser sur l’action de la lumière, Je n'ai pas négligé d'étudier un certain nombre d'autres problèmes relatifs à la distribution des végétaux : la solution de ces questions présente de grandes difficultés en raison de l'ignorance où lon est le plus souvent des données qui devraient être les bases essentielles de ces recherches; je ne puis exposer encore les résultats que j'ai obtenus. Tous ceux que ces problèmes mtéressent ont remarqué combien 1l est regrettable que certaines questions fort impor- tantes n'aient pas été traitées d’une façon réellement scien- üfique. [me parait donc essentiel d'employer tous les moyens pour arriver à donner un caractère plus rigoureux à feur étude. Les travaux importants publiés depuis le commencement du siècle sur fa distribution des végétaux en Scandinavie ont eu évidemment la plus grande utilité : ce sont des documents fort précieux pour ceux qui veulent acquérir une Connaissance ral- sonnée de la flore du pays. I y a quelques années, 1ls auraient dù sausfaire les esprits les plus exigeants; 1} n’en est plus de mème aujourd’hui. Depuis quelques années, la météorologie à fait des progrès inattendus; des instituts ont été créés dans psque tous les pays; beaucoup d’entre eux ont pu grouper autour d'eux un grand nombre d'hommes zélés dont les observations ont eu pour résultat de faire connaitre peu à peu le chimat du pays jusque dans ses délauls : à ce point de vue, la Scandinavie oceupe mcontestable- ment une des premières places. Grâce à Pactivité des profes- seurs chargés de diriger les services météorologiques ; grâce à l’intérèt que les hommes les moins instruits accordent à ce MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 191 genre d’études, aucune des questions relatives aux phénomènes climatiques dans les pays scandinaves n’a été négligée, et l’on a pu dresser des cartes fort Instructives. Ce qu'il y à d’intéressant dans la distribution géographique actuelle des êtres vivants, ce n’est pas la répartition des espèces en elle-même, mais la relation qui existe entre le climat et le développement de la vie. Depuis un petit nombre d'années on a publié dans cet ordre d'idées quelques intéressants travaux, dus surtout à MM. De Candolle, Quetelet, Linsser et Fritsch. L'observatoire météorologique de l’université d'Upsal nous en fournit deux très remarquables : l’un sur les époques d’ar- rivée des Oiseaux de passage en Suède, par M. V. C. Gyllens- kjôld (1879); l’autre sur le développement des végétaux à la suite de lhiver, par M. EH. W. Arnell (1878). Chacun de ces mémoires comprend quelques cartes fort instructives. À propos de l'influence générale de la lumière, j'ai déjà eu l’occasion de signaler quelques-uns des résultats acquis par M. Arnell; Il me parait utile de signaler encore les suivants : Du sud de la Suède à Haparanda, au fond du golfe de Botnie, la maturation des fruits emploie en moyenne générale 1,5 jour pour avancer de 1° de latitude; la fohaison le parcourt en 2,3 jours; la chute des feuilles emploie en moyenne 2,3 jours pour parcourir la même distance en sens inverse, Ces moyennes sont déduites d'environ 30000 observations faites sur tous les points de la Suède. Depuis, M. Hildebrandsson, le savant professeur de météo- rologie de l’université d'Upsal, et M. Rundlund, dans un mé- moire sur la prise et la débâcle des glaces en Suède (1879), ont mis en relief ce fait, que le développement de la végétation et la débâcle des glaces suivent exactement les mêmes courbes, bien que les phénomènes extérieurs de la végétation avancent presque deux fois plus vite vers le nord que la débâcle. Il est probable que c’est dans la longueur des jours de Pété des régions les plus septentrionales qu'il faut chercher lPexplication de ce _ phénomène; une étude attentive el spéciale pourra nous éclairer sur ce point. Quoi qu'il en soit, ce fait est important 492 CH. KLAHAULT. par lui-même au point de vue de la durée de la période végéta- üve dans les contrées septentrionales. Il est incontestable qu'il est intéressant de connaitre la marche des migrations des animaux, puisque ces migrations sont toujours en relation avec le climat; on ne peut nier pour- tant que les végétaux ne soient liés d’une façon bien plus intime encore aux phénomènes extérieurs. L'animal quitte la région où il ne trouve plus les conditions favorables à sa vie et à son développement; pour la plante, c’est une condition de vie ou de mort. Chaque individu pourra peut-être vivre dans des con- ditions défavorables, mais ilne s’y reproduira plus ou se repro- duira faiblement; par conséquent, Pespèce à laquelle il appar- tient n’oceupera dans la flore qu’un rang très subordonné, et finira le plus souvent par disparaitre sous l’influence des acei- dents que sa constitution ne [ui permettra pas de supporter. Si donc 1l est intéressant de montrer quels sont les végétaux qui trouvent dans un pays les conditions optima de leur déve- loppement, il serait aussi fort important de pouvoir tracer la courbe que décrivent les limites altitudinales ou latitudinales des différents végétaux dans les contrées qu’ils habitent. Îl faudrait naturellement tenir compte des différentes actions qui peuventintéresser la vie des plantes. L’altitude, la latitude, sont sans contredit les plus importantes ; elles entraïinent avec elles des modifications profondes dans les conditions de tempé- rature. Comme Wahlenberg pouvait déjà l’affirmer à la suite de ses belles observations comparatives en Laponie et dans les Alpes de Suisse (1), la température agit sur la végétation plus que toute autre cause. Les nombreux travaux écrits depuis sur ce sujet n’ont fait qu'établir d’une façon tout à fait positive l'affirmation de cet illustre botaniste. Mais il en est bien d'autres, comme l’état hygrométrique de Pair, lanature miné- ralogique du terrain, ses caractères physiques, la quantité de lumière reçue, l'insolation, ete., auxquelles 11 faut attacher aussi beaucoup de valeur. (1) Wablenberg, De vegetatione ct climate. MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 195 Pour arriver à de bons résultats,'il faut donc tenir compte d’un grand nombre de phénomènes à la fois; mais on peut quelquefois se placer dans des conditions assez favorables pour pouvoir négliger quelques-uns d’entre eux : cela arrivera surtout si l’on ne veut pas du premier coup embrasser des régions trop étendues. Cette condition est nécessaire pour que le travail ait une réelle valeur. Pour laisser de côté, par exemple, influence de la constitution minéralogique du sol, on pourra chercher à tracer la courbe des limites d’es- pèces connues comme absolument mdépendantes de la nature du sol, sauf à étudier ailleurs d’une façon spéciale celles qui subissent évidemment cette influence. Dans les contrées scandinaves, dont la constitution minéra- logique est fort homogène, où le calcaire n'apparaît que rare- ment, il sera facile d'éviter les erreurs dues à cette cause. Mais, je le répète, les deux conditions les plus importantes sont sans contredit altitude etla latitude, en raison des modi- fications qu’elles entrainent dans les conditions de lumière, de chaleur, d'humidité. Il y à pourtant quelques diflicultés qu’il est nécessaire de ne pas perdre de vue. D'abord le choix des plantes n’est pas indifférent. Il ne suffit pas qu’une plante ait ses limites dans la région où l’on étudie pour qu'il soit d’un grand intérêt de déterminer ces limites : la détermination exacte des limites de quelques espèces rares, n’occupant une placeconsidérable dans l’ensemble de la flore d'aucun pays, n'aurait qu'un intérêt médiocre; il serait difficile de ürer des conclusions importantes de pareils résultats. M. De Candolle a beaucoup insisté sur le choix des espèces qu'il est avantageux détudier (1); je ne fais que rap- peler les conditions qu'il considère comme les plus essentielles. Il faut choisir des espèces bien déterminées, des espèces qui, w’étant pas ordinairement cultivées comme plantes d'ornement, ont moins de chances de se répandre accidentellement dans un pays, comme cela arrive pour le Polemonium cœruleum et (4) De Candolle, Géogr. botan. raisonnée, p. 73. 6° série, BorT. T. IX (Cahier n° 4). 12 194 CH. FLAHAULT. le Bellis perennis en Scandinavie ; il faut aussi choisir des plantes qui soient parfaitement connues de tout le monde, afin d'éviter les erreurs de la part des personnes aux rensei- onements desquelles on est souvent obligé de se fier. Quant aux plantes de grande culture, il faut bien remarquer que partout où l’homme cultive une espèce, 1l ne lui demande pas les mêmes produits. Le Maïs, si répandu dans le centre et le midi de l’Europe, peut être cultivé en Scandmavie jusque vers Je 60° parallèle, mais on n’exige plus de cette plante qu'elle y mürisse ses fruits ; c’est comme fourrage seulement qu'on la cultive. [l'en est de même de l’Orge ou du Seigle que l’on sème en beaucoup de points de la Suède dans le but d’en obtenir des fruits mürs, mais qu’on y récolte bien souvent comme fourrage, lorsque les étés ont été plus froids que de coutume. Enfin l’homme cherche avec d'autant plus de soi qu'une plante est plus difficile à cultiver, à lui fournir artifi- ciellement ce dont elle a besoin pour en obtenir les produits qu'il en attend; les limites de pareilles plantes peuvent donc s’écarter singuhèrement des limites naturelles : il me semble qu’il faut les négliger complètement. C’est pourtant sur des plantes cultivées que les observations les plus attentives ont été faites. M. De Candolle a fait beaucoup d’efforts pour appliquer aux limites polaires, équatoriales et altitudinales d’un certain nomhre d'espèces spontanées, les principes qu’il a posés ; les pages qu'il consacre à ce sujet sont des plus instructives. Cependant il faut bien reconnaître que la détermination de ces limites pour une surface aussi considérable que l’Europe est une œuvre bien difficiie, étant donné que la plupart des flores ne fournissent sur les limites des espèces que les renseignements les plus vagues et les plus incomplets; elles ne tiennent en général aucun compte de l’altitude, et c’est sans doute ce qu’il est le plus essentiel de connaître. Le travail nécessairement très considérable que cette entreprise a imposé à son auteur a eu du moins pour résultat de déterminer la méthode avec beaucoup de précision; si les résultats obtenus sontimparfaits, MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 195 cela tient surtout au manque de soin de la plupart des auteurs de flores, qui n’accordent d'intérêt qu'à la plante en elle-même, indépendamment du monde extérieur auquel elle est liée si intimement. M. Martins (1), après avoir montré à plusieurs reprises les grandes différences climatiques que présentent la côte orien- tale et la côte occidentale dela Scandinavie, essaye aussi de dé- terminer la limite de quelques espèces ligneuses, mais 1l n’in- dique que leur limite moyenne. Je ne crois pas qu’on puisse le faire pourtant. Comme je l'ai dit bien des fois déjà, les Himites sont fort élevées le long des côtes occidentales, courent géné- ralement du nord au sud, pour ne traverser la péninsule que beaucoup plus au sud, et se relèvent ensuite plus ou moins en se rapprochant de la côte orientale, la limite moyenne dans la péninsule n’a donc aucune valeur effective : le point où on la placerait naturellement dans Pintérieur de la presqu’ile est certainement situé pour une plante quelconque beaucoup au nord de celui où est sa limite réelle. J'ai essayé moi-même de déterminer les limites de quelques vécétaux dans la péninsule scandinave et les contrées voisines; je me suis trouvé en face des difficultés dontje viens de parler, mais à un moindre degré sans doute que M. De Candolle. En effet des travaux fort nombreux traitent de la flore scandinave, et il en est bien peu parmi eux qui négligent complètement les questions dont nous nous occupons. J'ai pu en outre exami- ner les riches herbiers de l’université d'Upsal et de M. le pro- fesseur Fries; les étudiants ont bien voulu aussi mettre à ma disposition les collections qu’ils ont réunies pour leurs études personnelles. J’ai puisé à ces sources les renseignements les plus précieux; j'ai pu compléter ceux qui manquaient de toute la précision désirable, grâce à la connaissance approfondie que M. Th. Fries et M. Norman possèdent de la flore scandi- nave. Enfin M. Hult, jeune botaniste finlandais qui s’est déjà fait connaître favorablement par la publication d’un intéressant (1) Voyage de la corvette « la Recherche », BoTAN., t. IE, p.67 et suiv. 196 CH. MEAHAULT. mémoire sur la végétation d’une partie de la Finlande, a eu l’obligeance de m'aider à effectuer pour la région finlandaise le travail que J'avais entrepris pour la presqu'île scandinave. Je crois donc les limites que j’indique exactes ou à fort peu de chose près (1). (1) Je crois devoir indiquer ici les principaux ouvrages dans lesquels j'ai puisé les renseignements les plus précieux sur les limites. Peut-être cela encou- ragera-t-il quelqu'un à continuer le travail que je ne fais, pour ainsi dire, que tracer. Wahlenberg, Flora lapponica. Berlin, 1812. 1. Læstadius, Loca parallela, etc., 1830, p. 289-293. Lessing, Reise durch Norwegen nach den Loffoden, etc. Berlin, 1831. E. Fries, Summa vegetabilium Scandinavie. Stockholm, 1846, p. 1-83. F. J. Bjôrnstrôm, Grundragen af Pitea Lappmark Vaxtphysiogn. Upsala, 1856. Th. Fries, Skildring af en botan. Resa à Ost Fimmarken (Botan. Notitser, Upsala, 1858). Th. Fries, En botanisk Resa à Fimmarken (Botan. Notitser, Upsala, 1865), p. 6, 27, 42. M. Blytt et A. Blytt, Norges Flora. Kristiania, 1861, 1874, 1876. A. Blytt, Botanisk Reise à Valders, etc. Kristiania, 1864. J. M. Norman, Specialia loca natälia plantar. (Soc. reg. scient. Norveg., Nidaros, 1868). 3. M. Norman, Index supplem. loc. natal. in prov. arct. Norveg. nasc. (Soc. reg. scient. Norveg., Nidaros, 1864). À. Blytt, Om Vegetations forholdene ved Sognefjorden. Kristiania, 1869. Andersson, Végétation en Suède (Ann. sc. nat., BOTANIQUE, 9° série, 1867, t. VI). J. M. Norman, En begyndende (« naturalisation à gr. distance »}, etc. Plante- geografiske Notitser fra de arktiske Norge (Kongl. vetensk. Akad., Stockholm, 14 sept. 1870. À. Berlin, Den geografiska Utbredningen af skand. Halfüns fanerogamer och ormbuskar. Stockholm, 1876. Schübeler, Pflanzenwelt Norwegens. Christiania, 1878. — Veæxtlivet i Norge. Christiania, 1879. Hartman, Skandinaviens Flora, 11° Upplag, 1879. G. Bonnier et Ch. Flahault, Ann. sc. nat., 6° série, 1879, t. VII. N. Wille, Botanisk Reise paa Hardangervidden (Nyt Magazin fa Naturvid., Christiania, 1879, p. 27, 61). On trouvera aussi, dans les rapports réunis annuellement (depuis 1873) à l'observatoire météorologique d’Upsal, une foule de renseignements précieux encore inédits, fournis par deux cent cinquante observateurs répandus dans toutes les provinces de la Suède (Jakltagels. üprer period. Fenomen à Wärt och Djurverlden). MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 197 Je n’ai essayé de déterminer les limites septentrionales que pour une seule espèce, le Convallaria majalis L. Il se présente, quand il s’agit de déterminer les limites septentrionales des espèces scandinaves, une difficulté toute spéciale : la plupart des botanistes qui herborisent dans le nord de la Suède vien- nent de régions plus méridionales; ils observent avec le plus grand soin les points où apparaissent les plantes boréales ou arctiques qui ne leur sont pas familières, et ne remarquent pas les plantes qu'ils rencontrent tous les jours dans les localités situées plus au sud. Je crois que les renseigne- ments fournis par les herbiers ou les flores ne seront suffisants pour déterminer la limite septentrionale d'aucune espèce her- bacée en Scandinavie. Il est pourtant beaucoup d’espèces pour lesquelles la déter- mination de ces limites aurait un grand intérêt; je cilerai par exemple : Echium vulqare, Origanum vulqare, ete. Limite septentrionale du CONVALLARIA MagaziS L. — Le Convallaria majalis a une aire d'extension très vaste aussi bien en altitude qu’en latitude. La hmite latitudinale de cette plante, commune dans presque toute l’Europe moyenne, passe en Scandinavie, où elle forme une courbe instructive ; en même temps lesalutudes maxima qu’elle y atteint ne sont pas dépour- vues d’intérêl. Elle est très commune dans toute la Suède méridionale ou moyenne, où aucun massif montagneux n’est assez élevé pour l'arrêter. Elle s’étend vers le nord, le long des côtes du golfe de Botnie, en formant une bande de plus en plus étroite; toui au fond du goife, ellene s’éloigne guère du voisinage de la mer (Kalix, 65° 55/; Ofver-Kalix, 66° 30/), et s'étend de là vers l'est, en Finlande et en Russie. On la rencontre assez abondamment dans les forêts basses de la Laponie d'Umea; elle devient rare dans la Laponie de Pitea, où on ne la trouve plus que dans la région forestière des Sapins. Elle n’a pas été trouvée encore dans la Laponie de Torneä, bien que la-plus grande partie de cette province ne 198 CRE. MILAMAEUET. dépasse pas 200 mètres d'altitude. Wahlenberg croit qu’elle ne s'élève nulle part en Laponie à plus de 163 mètres, qu’elle ne s'étend pas en dehors des localités où la température moyenne du sol est 2°, 4. On la trouve aussi aux îles d’Oland et de Gottland. Très répandu dans tout le sud de la Norvége, le Convallaria y atteint dans le Sognefjord laltitude de 1233 mètres (Aarland, 61° lat.), sans cescer d’être très commun. Plus au nord, on le rencontre dans la plupart des fjords; je lai trouvé abondamment dans la vallée de Junkersdalen (Saltenfjord, 67°45/lat.). Sa limite septentrionale parait être l’ile de Senjen (60° 30”) (1). Cette espèce s'élève presque partout un peu au delà de la limite du Bouleau, comme cela arrive dans le Sognefjord, et comme je l'ai constaté à Graddis (Saltenfjord), où elle atteint près de 900 mètres d'altitude. Au point où, entre le Jemtiand et le Trondhjemstft, la frontière s’abaisse jusqu'à 910 mètres, le Convallaria parait s'étendre de l'Atlantique à la Baltique. Im’a été impossible de déterminer quelle altitude il atteint dans les montagnes des provinces suédoises de Dalarne, de Härjedal et de Jemtland; il paraît certain toutefois que cette limite estinférieure à celles auxquelles 1larrive le long des côtes de Norvége. Les données manquent aussi pour déterminer exac- tement sa limite dans les massifs montagneux du centre de la Norvége, mais 1l me parait certain qu’elle n’y dépasse nulle part 4000 mètres d’élévation. Nous voyons donc le Convallaria majalis nettement limité vers le nord. À une très faible distance de sa limite latitudinale en Norvége, nous le trouvons encore à 700 mètres d'altitude, au delà de Ia Himite des Bouleaux. Cette circonstance me fait (1) C’est sans doute par erreur que M. Martins signale le Convallaria majalis comme se trouvant à l'ile de Magerô; il n'y a pas été trouvé depuis que M. Martins l’a signalé. Les habitants de Pile confondent le Pirola rotundifolia avec le Convallaria; l'erreur de M. Martins s’explique peut-être par des ren- seignements erronés qu'il aurait reçus des habitants, MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 199 croire que cette plante n’a pas atteint, de ce côté, sa limite latitudinale naturelle, qu’elle pourrait s’étendre plus au nord si les circonstances le lui permettaient. Du côté de la Baltique, au contraire, nous la voyons s’abais- ser peu à peu jusqu'à se restreindre au voisinage de la mer; cette limite semble tout à fait naturelle. Il serait intéressant d’étu- dier l’époque à laquelle les principaux phénomènes de la végé- tation se produisent aux différents points de cette courbe limite; ce travail permettrait probablement de déterminer les causes qui limitent Pespèce dont nous nous occupons. Si nous comparons la limite septentrionale du Convallaria avec les lignes isothermes, nous voyons qu’elle décrit une courbe très différente des lignes isothermes de l'été. Elle correspond à peu près avec l’isotherme annuelle de 0, bien que sur les côtes de Norvége le Convallaria ne s’étende pas vers le nord parallèlement à cette isotherme. Quant aux isothermes de l'hiver (janvier), la courbe du Con: vallaria est presque identique à la courbe de — 12° en Suède et en Finlande; du côté de la Norvége, on ne rencontre nulle part une température aussi basse : la courbe limite y coupe obliquement toutes les isothermes de l'hiver depuis celle de — 10° jusqu'à — 4. Il est donc très vraisemblable que la limite septentrionale du Convallaria majalis en Norvége n’est pas déterminée par la température. Limites méridionales. — Quant aux limites méridionales des espèces boréales, il est beaucoup plus facile de les déter- miner. J’ai essayé de le faire pour un certain nombre de plantes des régions forestière et alpine. On remarquera que je ne l’ai tenté pour aucune espèce des marais : c’est que les plantes aquatiques ou palustres étant beau- coup moins soumises aux influences atmosphériques que les plantes terrestres, leur aire d’extension en altitude aussi bien qu’en latitude est toujours beaucoup plus grande; peut-être même serait-il difficile de trouver une seule plante spéciale aux 200 CRH. MEAHAUET. marais dont il soit possible de fixer nettement la limite dans la péninsule scandinave. Parmi celles quej'ai étudiées, quelques-unes sont spéciale- ment boréales : Calypso borealis, Rubus arcticus, Andromeda hypnoides, Chameæorchis alpina; d’autres sont communes au nord scandinave et aux montagnes les plus hautes de l’Europe centrale : Petasites frigida, Aconitum Lycoctonum, Thalictrum alpinum, Bartsia alpina, Mulgedium alpinum, Oxyria digyna, Rhodiola rosea. En raison du cours des fleuves de la Suède, qui, coulant tous parallèlement vers le sud-est, favorisent au plus haut degré la migration des plantes vers le sud, on peut considérer que les plantes boréales atteignent en Suède leurs limites méridio- nales extrêmes, qu’elles ne sauraient dépasser sous ces latitudes. Je ne crois pas qu'aucune autre contrée connue présente une situation aussi favorable au développement des espèces dans tous les points où elles peuvent trouver les conditions essen- tielles à leur existence; la limite méridionale y présente done un intérêt tout particulier en raison même de cette situation. Étudions maintenant d’une façon spéciale les limites de quelques espèces. 1. — Espèces alpines. Le Chameæorchis alpina Rich. appartient {essentiellement à la région alpme, et s’abaisse du sud au nord en même temps que la limite de cette région. En Norvége, cette espèce est fréquente à partir de 800mètres comme minimum, jusque près de la limite des Phanérogames, qu'elle n’atteimt pas pourtant; on la rencontre aussi dans les montagnes les plus élevées du Jemtland et du Härjedal, en Suède. Elle n'existe probablement pas dans la région déprimée qui s’étendentre Trondhjem etOstersund ; maiselle reparaît versle nord et s’abaisse successivement tout le long de la chaine du Kjôlen. Dans la Laponie de Pitea, on ne la trouve encore que MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 201 sur les montagnes les plus élevées, à partir de 600 mètres en- viron; à Tromsô, Alten, Magerd, Varanger, et dans le Porsan- gerfjord, elle descend jusqu’au voisinage de la mer. On ne la trouve ni aux Feroe, n1 aux îles du Spitzherg. La courbe que décrit le Chamæorchis n'a aucun rapport avec les isothermes de l’hiver; il s'étend sur les montagnes partout où ces isothermes de l’hiver atteignent les températures les plus basses, mais il n’en est pas de même dans la plaine. La courbe limite de cette espèce diffère peu de lisotherme de juillet correspondant à une température moyenne qui ne dépasse pas + 10°; il me parait très vraisemblable que cetle espèce est arrêtée par un maximum de température qu’elle ne pourrait dépasser, ou par une cause spéciale aux montagnes, comme l’abri formé par la neige contre les froids intenses. L'Oxyria digyna L. parait compris entre les mêmes limites que le Chameæorchis, mais avec un peu plus d'extension en altitude ; il descend jusqu’au niveau de la mer, à une latitude moins septentrionale que le Chamæorchis et le dépasse un peu vers le niveau des neiges. M. Martins signale cette espèce aux Feroe, depuis le voisi- nage de la mer jusqu’à 700 mètres d'altitude; elle est com- mune au Spitzhberg, même dans les parties les plus septen- trionales. Elle parait limitée par les mêmes causes quele Chamæorchs; son abondance permettra peut-être de déterminer les causes de ses limites plus facilement que pour cette dernière espèce. Rhodiola rosea Li. — Plante alpine suivant à fort peu de chose près la même courbe que le Chamæorchis et lOxyria digyna. Le Rhodiola paraît pourtant pouvoir s'étendre davantage au delà de ses limites ordinaires ; sa limite supérieure en altitude correspond aussi exactement que possible avec celle de Oxyria, mais il descend beaucoup plus bas dans les vallées de la Laponie, où je l'ai trouvé fort abondant sur les grèves des grands lacs, au niveau inférieur de la région subalpine, vers 425 mètres d'altitude. 209 CH. FLAMHAUET. Dans les vallées escarpées de la région de Christiania et de Hamar, vers 61° de latitude, on le trouve à partir de 400 à 900 mètres d'altitude; il n’est même pas rare de le rencon- trer sur les rochers maritimes du Bohuslän (Suède), presque au niveau de la mer, par 58° de latitude. D’autre part, on le trouve à l’île de l’Ours (74° parallèle). Cette espèce est donc intermédiaire entre les plantes nette- ment alpines et les plantes subalpines. L’Andromeda hypnoides L., au contraire, est compris entre des limites très étroites en altitude. C’est une espèce essentielle- ment alpine. Elle commence au-dessus de la limite des Bou- leaux (Betulaodorata s. glutinosa) et atteint le niveau desneiges éternelles. Elle a donc une aire d’extension plus restreinte que le Chameæorchis, VOxyria et le Rhodiola; mais les courbes limites de ces espèces sont parallèles et paraissent déterminées par les mêmes causes. M. Th. Fries a trouvé cette dernière en un seul point du Spitzherg. Toutes les espèces précédentes n'existent pas en Finlande. Le Petasites frigida Fr. à une extension un peu différente de celle des plantes précédentes. Il se retrouve en effet en plusieurs points de la Finlande, à un niveau qui n’atteint pas 300 mètres au-dessus de la mer, comme dans la province de Savolax, où M. Hult a rencontré cette espèce dans plusieurs localités; elle y est pourtant rare. Sa limite méridionale géné- rale paraît passer vers 65° de latitude, au sud d'Uleaborg, pour se diriger ensuite vers le sud-est et longer les rives occi- dentales du lac Onega. Elle est assez répandue au Spitzberg, mais seulement dans les régions non granitiques, et s’y multi- plie, quoiqu’elle y fleurisse bien rarement, comme l’a constaté M. Th. Fries. II. — Espèces subalpines. Bartsia alpina Li. — Espèce alpine et subalpine. Dansle sud de la Norvége, on ne la trouve guère dans les vallées un peu larges; mais dans les vallées escarpées et profondes de la pro- vince de Bergen, elle descend jusqu’au niveau de la mer. Sa MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 9203 limite supérieure altitudinale dépasse la limite ordinaire des Saules ; son aire d'extension est donc fort étendue. En Suède, sa limite inférieure est très basse. On la trouve dans les marais de la Vestrogothie au sud du Vener, en Ostrogothie à l’est du Vetter, à des altitudes toujours infé- rieures à 300 mètres. On la trouve aux îles de Gottland et d'Üland (57° latit.), à un niveau beaucoup plus faible encore ; elle n’y est pourtant pas commune. Mais elle devient de plus en plus fréquente dans les provinces du nord de la Suède et de la Norvége, à mesure qu’on s'élève vers la limite supérieure du Bouleau, où est son maximum de dévelop- pement. C’est une des plantes qui paraissent s’accommoder le plus facilement de températures extrêmement différentes. Elle se trouve dans toutes les montagnes scandinaves, jusqu'au voisi- nage des neiges éternelles, et forme tout autour des massifs montagneux une large ceinture qui s'étend sur presque toute l'étendue de la Suède jusque tout près du niveau de la mer. En Finlande, elle n’existe que dans le nord; elle ne s'étend pas vers le sud au dela du petit plateau de Kemiträsk, élevé d’un peu plus de 300 mètres (66° à 67° latit.), bien que presque toute cette vaste province présente les mêmes con- ditions de température, de climat, d'altitude, de sol, que les régions basses, où elle est très commune de l’autre côté de la Baltique. Le Mulgedium alpinum L. et l'Aconitum Lycoctonum L. pa- raissent avoir exactement la même limite vers le sud, bien que la rareté relative de la première de ces deux espèces ne per- mette pas de déterminer très exactement ses limites. Comme le Bartsia alpina, le Mulgedium ne s'étend pas en Finlande au sud du plateau de Kemiträsk. L’Aconitum n’attemt même pas cette région, quoiqu’on le retrouve autour du lac Ladoga, presque au niveau de la mer. Le Saussurea alpina L. suit aussi une courbe parallèle à celle du Bartsia. Gette plante atteint le même niveau en alti- tude, et le dépasse peut-être, au moins sur les hauts plateaux 204 CH. FLAHAULT. de la Norvége, mais elle ne descend pas aussi bas que le Bartsia. Comme les plantes précédentes, elle n’existe en Kin- lande que sur le plateau de Kemiträsk, d’où sa limite méridio- nale se dirige vers le sud-est pour passer au voisinage du lac Onega, à peu près parallèlement aux isothermes annuelles, qui s’abaissent beaucoup à l’est de la Baltique. L'extension altitudinale du Thalictrum alpinum L. est plus restreinte encore; le parallélisme de ses limites avec celles des plantes précédentes en est d'autant plus remarquable. Bien que cette plante existe abondamment dans la Laponie suédoise, à des altitudes inférieures à 300 mètres, on ne la trouve pas en Finlande sur le plateau de Kemiträsk, qui atteint ce niveau. Sa limite passe au nord de cette région. L'absence de toutes les plantes précédentes dans les plaines de la Finlande me paraît d'autant plus intéressante, qu'elles sont très fréquentes de l’autre côté de la Baltique. C’est là un phénomène intéres- sant pour l'explication duquel il faudra peut-être recourir aux causes historiques ou géographiques ; du moins les efforts que j'ai faits pour rapporter cette distribution spéciale à une cause physique ou un ensemble de causes physiques actuelles n’ont pas abouti jusqu'ici. Aucune des espèces subalpines précédentes n'existe, ni à l’île de l’Ours, ni au Spitzherg. Calypso borealis Salisb. — Gette espèce a une aire d’exten- sion extrêmement restreinte en Scandinavie ; elle n’a été trouvée jusqu'ici que dans un petit nombre de localités de la région forestière, au nord de la péninsule scandinave. Elle paraît ne pas dépasser, vers le nord, les latitudes où la flore subalpine se rapproche sensiblement du niveau de la mer, vers l’ouest, elle n’atteint pas les premières collines sub- alpines (Laponie de Lulea, d'Umeà) ; vers le sud, elle ne passe pas 64° 37. Elle s'étend en Finlande, dans la Laponie russe ; on la trouve en Sibérie, dans la région de lPOural, sans qu'il soit possible d'établir un parallélisme entre ses limites et les isothermes MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 205 d'aucune saison. Il faut donc chercher ailleurs les causes de la distribution de cette espèce. On ne l’a trouvée, ni aux Feroe, ni en Écosse, ni même en Norvége. Rubus arcticus L. — Cette plante appartient aux régions forestière et subalpine. Elle est très commune surtout dans les provinces du nord de la Suède, qui s'étendent le long des côtes (Westernorrland, Westerbotten) ; très développée vers le sud jusque dans le Gestrikland, elle est très rare en Laponie; elle n’est pas commune dans l’intérieur de la Norvége, mais s'étend lelong dela mer Glaciale, sans dépasser sensiblement le niveau de la mer. D'autre part, elle est fort abondante dans les plaines de la Finlande. On ne la trouve, ni aux Feroe, ni à l’ile de lOurs, ni au Spitzherg. La comparaison de ses limites avec les différentes lignes 1s0- thermes me porte à croire qu'elle est arrêtée vers Le sud par un maximum de température annuelle qu’elle ne saurait dépasser; la courbe que décrit sa limite méridionale est en effet presque exactement parallèle à lisotherme de janvier correspon- dant à une température moyenne de — #'; on la rencontre à peu près partout où la température de Janvier est inférieure à — 4° et supérieure à — 15°, avec un optimum vers — 10°: cette limite est aussi parallèle à lisotherme annuelle de + #, d’une façon moins rigoureuse pourtant que cela n’a lieu pour les températures de l'hiver. Les limites que je viens d'établir ne constituent qu'une partie du travail nécessaire pour connaître les relations qui exis- tent entre elles et le climat. I faudrait étudier maintenant la marche des principaux phénomènes de la végétation pour chacune de ces plantes, aux environs de ces limites ; il faudrait, aux environs de la limite générale, prise comme base, tracer pour chacune de ces plantes la courbe de ces différents phénomènes, comme le développe- ment des feuilles, l'épanouissement des fleurs, la maturation 206 CH. MELAFAULT. des fruits, la chute des feuilles ; il faudrait comparer ces courbes avec celles que décrivent les différents phénomènes météoro- logiques au voisinage de cette limite. En traçant les limites générales de quelques espèces, je n’ai fait, si je ne me trompe, que déterminer une moyenne com- mune pour tous les phénomènes importants de la végétation. Il est fort probable que plusieurs causes contribuent à limiter les différentes espèces. Dans certaines régions où la somme des températures permettrait à une plante de vivre et de pros- pérer, il se peut, par exemple, que la température de l’automme descende trop tôt au-dessous de O0 pour qu’elle puisse mürir ses graines : c’est une cause absolue d'exclusion pour les plantes annuelles. Îl arrive souvent aussi que la somme des tempéra- tures étant la même dans deux localités, l’une soit abritée par la neige contre les gelées nuisibles du printemps, tandis que l’autre ne l’est pas. Des observations nombreuses me font soup- çonner qu'ilen est ainsi pour quelques plantes alpines qui ne descendent jamais dans la plaine ; mais cen’est jusqu'ici qu'une hypothèse, je ne la discuterai pas. L'étude comparative des courbes relatives aux phénomènes végétatifs pour chaque espèce, et des courbes relatives aux phénomènes climatiques, me paraît le seul moyen d'arriver à la connaissance précise des causes qui limitent les espèces végétales. Malheureusement, 1l faut, pour entreprendre un pareil tra- vail, avoir dans le pays des relations et une autorité que Je n'ai pas; puissé-Je du moins avoir nettement tracé le pro- oramme de ces recherches : je considérerais que le présent tra- vail a porté ses fruits, et je me féliciterais de l'avoir entrepris, si sa lecture pouvait décider quelqu'un des infatigables étu- diants dont l’université d’Upsal sait si bien encourager les efforts, à poursuivre la solution de ces problèmes. Ce travail a été exécuté en partie au laboratoire de botanique dirigé par M. Duchartre, à la Faculté des sciences de Paris, en partie au laboratoire de M. le professeur Th. Fries, à l’uni- versité d'Upsal. C’est avec bonheur que je dédie ce travail à M.Th. Fries, en reconnaissant qu'aucune expression de grati- MODIFICATIONS DES VÉGÉTAUX. 9207 tude ne saurait être à la hauteur des services qu'il m'a ren- dus. Je me fais aussi un devoir de remercier de tout cœur M. Hildebrandsson, professeur de météorologie et directeur de lobservatoire météorologique d'Upsal. Grâce au dévouement que ces deux savants n’ont cessé de me témoigner pendant les quelques mois que j'ai passés en Suède, jai pu entreprendre un difficile voyage en Laponie, poursuivre les recherches dont je viens d'exposer quelques résultats, et mener à bonne fin, j'ose l’espérer, une entreprise à laquelle je n'aurais pu songer sans le désintéressement avec lequel ils ont bien voulu me consacrer leur temps et me prodiguer leurs conseils. SUR L’ÆCIDIUM ABIETINUM Par M. A. de IARY. (Fraduit du Bot. Zeit., n° 48 et ann. 1879.) Lorsqu'on atteint, au milieu ou pendant la dernière période de l'été, un certain niveau au-dessus de la mer, on trouve dans les Alpes l’Épicéa (Abies excelsa DC., FT. fr.) presque par- tout infesté d’une espèce de Champignon décrite (1) sous le nom d’'Æcidium abietinum ou de Peridermium abietinum. En examinant les plus jeunes pousses de cet arbre, on voit qu’elles sont seules attaquées par le Champignon, et que leurs feuilles quadrangulaires portent sur leurs faces latérales des frucufications d’écidiospores. Ces fructifications, en forme de petits tubes cylindriques, généralement comprimés, de cou- leur rouge-brique pâle, s’élèvent à un millimètre environ au- dessus de la surface de la feuille. Comme M. Reess la montré, leur structure estidentique avec celle des fructifications d’Æc1- dium. Leur péridie, pseudopéridie ou enveloppe, est primitive- ment fermée; mais elle se déchire plus tard irrégulièrement au sommet, d'où les déchirures s'étendent trrégulièrement vers la base, On remarque alors que l'enveloppe elle-même est inco- lore, mais que la coloration rouge-brique provient des spores, qui ne tardent pas à se disperser sous forme de poussière. Entre les écidies et sur leur côté, se trouvent des spermogonies distri- buées irrégulièrement. Elles sont subglobuleuses, enfoncées sénéralement dans la feuille et munies d’une ouverture étroite, légèrement bombée, dépourvue des paraphyses pointues allon- gées, et telles qu'on en trouve chez la plupart des Urédinées. Pour le reste, elles possèdent la structure ordinaire (2) de ces (4) Reess, Die Rostpilze der deutschen Coniferen. Halle, 1869. (2) Comp. Morphologie und Physiologie der Pilze, etc., p. 168. SUR L’ÆCIDIUM ABLETINUM. 209 organes chez les Urédinées, et ne forment pas de spermaties ellipsoïdales qui, enveloppées d’une gelée coriace, sortent par l'ouverture. À l’époque de la maturation des écidies, les sper- mogonies sont desséchées et apparaissent à l'œil nu sous la forme de points bruns disséminés à la surface de la feuille ; elles sont souvent surmontées d’une petite pointe brune formée par les spermaties desséchées et retenues par la substance géla- tineuse. Lorsqu'elles ont atteint leur développement maximum, qui précède l’apparition des écidies, elles sont de couleur rouge jaune pâle. Tant qu’une feuille porte des fructifications à spores ou éei- dies et des spermogonies, sa surface reste toujours d’un rouge jaune pâle. Cette coloration s'étend même à la périphérie de a parte de feuille où se montrent les fructfications du Champi- gnon. Les zones transversales infestées et colorées de la sorte sont de hauteur et de disposition très inégales : tantôt elles en- vahissent presque toute la longueur de la feuille, tantôt elles ne forment que des lignes transversales disposées sans ordre à la surface d’une feuille d’ailleurs parfaitement saine et verte. Dans l'aire d’une telle zone, les écidies font éruption sur une ou sur plusieurs des quatre faces foliaires. Dans le dernier cas, elles sont disposées sur chaque face par rangées longitudinales simples. Les phénomènes que nous venons de décrire s’obser- vent, soit sur des Épicéas isolés et de préférence sur les petits arbres dispersés entre les rochers et les taillis qui dépassent la limite de la région des forèts compactes ; ou bien ils s'étendent sur de vastes massifs en futaie et deviennent assez redoutables pour figurer comme maladie dans la littérature forestière (1). Le Champignon peut envahir, soit l'arbre en entier, épargnant à peine un rameau de l’année, soit quelques jeunes feuilles de celte pousse; ou bien 1l attaque, à tous les degrés possibles, des pousses déterminées, voire même des feuilles tout à fait isolées. Souvent on voit un massif qui semble couvert par le Champignon sur de longues étendues, de sorte que le coloris (4) Compar. Just Jahresbericht de 1876, p. 1210. 5° série, BoT. T. IX (Cahier n° 4). ? I = 210 DE HARVY. rouge jaune de la forèt modifie essentiellement le ton du paysage. Si, partant d'un tel endroit, on se porte plus loin et surtout à un niveau moins élevé, le phénomène disparait de plus en plus, et l’on croit reconnaître que le Champignon a eu pour point de départ le premier endroit. D’autres fois, au contraire, on trouve le Champignon tout à fait isolé au milieu de la forêt et sans connexion avec un lieu boisé. On peut dire qu'en général les phénomènes commencent à devenir fréquents à partir d’une hauteur de 1000 mètres au- dessus du niveau de la mer pour accompagner de là les Épicéas jusqu'aux plus hautes régions. Ainsi, pour ne citer comme exemple que quelques localités bien visitées, la maladie ne se fait remarquer dans l’'Oberland bernois, à la montée de la Schinigen Platte, que près de la Schœneck (environ 1000 mè- tres); dans le Schæchenthal, près d'Altdorf, canton d’Uri, elle ne devient fréquente que dans le voisinage d’Aesch (1200 mè- tres), tandis qu’à extrémité nord du lac d’Achen, dansle Tyrol (près de la Scholastica), elle se manifeste déjà près du rivage du lac situé à une hauteur d'environ 930 mètres. Cependant cela ne veut pas dire que leChampignon ne redescende pas plus bas : ce fait trouvera plus loin son explication. La fréquence de cette maladie m’a souvent engagé à en rechercher l’origine et à connaitre la biologie de lÆcidium de l’Épicéa. L'intérêt qui s'attache à ces recherches est encore rehaussé par ce fait que cet Æcidium est absent, non-scule- ment des régions plus basses des Alpes mêmes et des promon- Loires avoisinants, mais qu’il n’attaque pas les Épicéas dépassant le niveau de 4000 mètres dans la forèt Noire, les Vosges, et, sauf certaines exceplions déterminées sur lesquelles on reviendra plus loin, probablement dans toutes les régions extra-alpines. Pour résoudre la question, on devait, ou du moins on pou- vai partir des faits constatés pour certains Æcidium dont on connait aujourd’huile développement et la biologie (1). Je con (1) Comparez les résumés dans Morphologie und Physiologie der Pilze, etc., p. 184 et 215 et suiv.— [d. Sachs, Lehrbuch, 4° éd., p. 550 et suiv., ainsi que la littérature spéciale qui s’y trouve citée. Pour tout le reste des phénomènes de SUR L’ÆCIDIUM ABIETINUM. 211 sidère ces faits comme suffisamment connus, et, sans m’arrêter à une récapitulation détaillée, je passe immédiatement à leur ‘application à l’objet qui m'occupe. Pour avoir une idée de la manière dont l'Æcidium atteint le Jeune feuillage de Pannée, 1l fallait d’abord savoir si le mycé- um du Champignon persiste dans les vieilles pousses, ou s’il pénètre chaque année dans ces Jeunes organes et dans les feuilles pour y fructfier, comme cela se passe chez PÆe. elu- tinum dans le balai des sorciers du Sapin blanc, où pour lÆci- dèum de l'Uromyces Pisi dans l’Euphorbia Cyparissias (à). 1 fallait rechercher en outre le mode de germination des spores et connaître la durée de leur faculté germinative, bien que ces points aient déjà été élucidés par le travail de M. Reess. En jetant les yeux sur les pousses d’'Épicéa fortement attaquées, on pourrait croire au premier moment qu'on à affaire à un Champi- onon vivace à la façon de l’Æcidium du balai des sorciers et de l'Euphorbe, car, de même que pour ces deux Æcidium, aucune feuille, en exceptant peut-être une feuille de l’année, n’est dépourvue d’écidies, qui ont partout atteint sur l’étendue de la pousse un degré de développement approximativement égal. On reconnaît en outre que les feuilles attaquées se désarticulent au-dessus de leur base, et tombent après la maturation des frucüfications du parasite. Les marques de cette désarti- culation qui indiquent la présence du Champignon sont nom- breuses sur les rameaux des années précédentes qui ont donné naissance à de nouvelles pousses. Souvent les rameaux des années antérieures sont presque dépouillés et ne portent plus que quelques feuilles saines. Cependant, malgré ces indices, on ne découvre pas trace d’un mycélium pérennant sur des exemplaires aussi favorables que possible à l'observation ; dans les cas rapportés plus haut d’écidies rencontrées sur des feuilles pour la plupart saines, l’idée d’un mycélium pérennant ne saurait être admise. L'observation montre toujours, au développement des Urédinées connus, auxquels il sera fait allusion dans l'exposé qui va suivre, je renvoie, une fois pour toutes, à ces résumés. (1) Compar. Schrôter, dans Hedwigia, 1875. 212 DE BARY. contraire que le mycélium envahit dans toute son épaisseur la zone transversale colorée de la feuille qui porte les écidies et les spermogonies, mais qu'il ne pénètre jamais au delà. Elle nous apprend en outre que ce mycélium, loin d'attaquer le rameau qui porte les feuilles ou les bourgeons qui s'épanouiront l'été prochain, n'entre mème pas dans les zones de la feuille qui restent normalement vertes à l’arrière-saison ; lorsque les feuilles attaquées sont tombées, il ne reste plus rien du mycé- lium, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur de l'arbre. Les spores de l'Æcidium de V'Épicéa germent comme celles des écidies ordinaires, en donnant naissance à un long boyau ondulé et souvent ramifié. Elles peuvent germer dès leur maturité et conserver cette faculté pendant plusieurs semaines, mais non au delà. D’après ces deux observations, il faut admettre que le Cham- pignon de l'Épicéa arrive du dehors, dans n'importe quelle période de végétation, et sous une autre forme que celle de ses écidiospores. L’analogie avec d’autres espèces d’Urédi- nées qui se comportent relativement de la même manière porte à croire que cette forme est celle de sporidies qui des- cendent de quelque espèce de téleutospores. Ur, comme on ne connaît pas pour l'Épicéa d’autre forme de téleutospores que - celle décrite sous le nom de Chrysomyxa Abietis (LE), et que les sporidies de ces téleutospores ne produisent pas, comme on sait, d’écidies sur les feuilles d'Épicéa, on était en droit d'ad- mettre que l’Æcidenmm de ce dernier appartient à une espèce hétéroïque ou métoique (2), dont les téleutospores se déve- loppent sur une espèce végétale autre que l’Épicéa, d'où les sporidies peuvent arriver sur les pousses alpines de cet arbre. Enfin, les circonstances dans lesquelles se déclare la présence de l’Æcidium indiquaient que ces téleutospores présumées forment et émettent généralement leurs sporidies presque à la même époque où les bourgeons d'hiver de l’Épicéa se déve- loppent. (1) Compar. Reess, loc. cil. (2) Pour la signification des mots, voy. Bot. Zeit., 1867, p. 264. SUR L’ÆCIDIUM ABIETINUM. 213 Or, on sait qu'il existe un grand nombre d'espèces qui forment des téleutospores dont on ne connait pas le mode de développement complet, et dont on avait cherché à établir a parenté avec certains Æeidium de Gonifères ; 1l suffit de rap- peler les Coleosporium, Melampsora, Cronartium et quelques espèces de Leptopuccinia. Pour la plupart de ces espèces, Pidée d’une parenté avec l'Æcidium de l'Épicéa doit être écartée dès que l'on considère que l’Æcidium n'existe pas dans les mon- Lagnes où ces espèces sont mêlées avec leurs plantes nourri- cières. La limite du Champignon de l'Épicéa dans les Alpes rendait plutôt probable lexistence d’une forme de téleuto- spores, ou respectivement d’une espèce nourricière qui ferait défaut dans les chaînes de montagnes centrales. En effet, quand on examine la végétation de ces régions, on est frappé de voir l'Æcidium de lÉpicéa apparaître constam- ment dans les endroits où cet arbre se rencontre en com- pagnie de la Æose des Alpes (Rhododendron ferrugineum ou hirsutum.) Les massifs de Comifères abondamment attaqués se trouvent toujours dans le voisinage de fourrés étendus de Rho- dodendrons; les petits arbres qui, complètement recouverts par l’Æcidium, dépassent les limites supérieures de la région des forêts, sont très reconnaissables au milieu des broussailles ; même les cas isolés d’Æcidèum dans les régions inférieures cor- respondent souvent à la présence, en ces endroits, de pieds isolés de Rhcdodendron. Pour le moment, il s'agissait de trou- ver les téleutospores sur la Rose des Alpes. Une Urédinée connue sous le nom d’Uredo Rhododendri, qui habite ces buissons et qui par endroits est très répandue, ne saurait être prise en considérauon, parce que la marche de son développement et particulièrement sa germination et la faculté serminative de ses spores la rangent précisément parmi les Uredo, point sur lequel on reviendra plus loin. Quant aux téleutospores de RAododendron, on n'avait signalé jusqu’à pré- sent qu'un Puccinia Rhododendri, que Fuckel (1) disait avoir (1) Symbolæ mycolog., p. 51. 214 DIE FBARY. rencontré sur une seule feuille d’un Rh. ferrugineum de l'Oetz- thal, mais que, pour autant que je sache, personne n’a retrouvé depuis. Au commencement du mois de juillet 1878, M. le docteur BIytt m'apporta de la Grande Scheidrik, dans lPOberland bernois, du voisinage de laquelle je connaissais lÆcidium de l'Épicéa, quelques exemplaires du Rhododendron ferrugineum, dont la face inférieure des feuilles portait d’abondantes pus- iules d'Urédinées, qui furent reconnues immédiatement pour des assises de téleutospores en germination inconnues jusqu’à ce jour. La constatation de ce fait paraissait presque suffisante pour répondre à la question, puisqu'on possédait un point fixe d'où l'on pouvait partir pour entreprendre des recherches décisives faciles à réaliser, soit dans le laboratoire, soit pendant quelques excursions dirigées dans cette intention. Pour ces excursions, je choisis de préférence le Schæchenthal, parce que, de toutes les régions riches en Rhododendrons, celle- ei était la plus facile à atteindre. Pour la situation de cette vallée, je prie le lecteur de vouloir bien s'orienter à l’aide de la carte. Afin de rendre facilement intelligibles quelques courtes Indications quise trouvent plus lom dans le texte, 1l me suffira de dire que la vallée est fermée en haut par la Balm- wand (1730 mètres), sur laquelle passe le sentier qui conduit par le Klauserpass dansle canton de Glaris. La Rose des Alpes, Bh. hirsutum (le Rh. ferrugineum ne devient abondant que plus haut), forme sur la Balmwand, qui est dénudée et sans forêt, des buissons étendus au milieu desquels des Épicéas rabougris sont couverts de Champignons. En descendant de là, on les trouve isolés sur les rochers des parois de la vallée jus- qu'à Unterschæchen (1000 mètres). Le massif d'Épicéas men- lionné au commencement de ce travail se trouve au pied de la Balmwand, près du hameau de Aesch. Au printemps, quelques semaines après la fonte des neiges et avant l'épanouissement des bourgeons d'hiver, on voitsur la Rose des À pes, à la face inférieure des feuilles, ou beaucoup plus rarement sur les entrenœuds de l’année précédente, des SUR L'ÆCIDIUM ABIETINUM. 915 pustules convexes de couleur brun rouge, oblongues ou arron- dies, qui atteignent en moyenne un demi-millimètre. Les pus- tules oblongues sont souvent recourbées et généralement dis- posées par groupes serrés qui en réunissent un nombre variable. Ces groupes sont ou isolés, ou réunis plusieurs sur une même feuille. Dans la plupart des cas, la partie de la feuille qui porte une de ces associations se distingue par une coloration brun sale ou rouge brun qui envahit toute son épaisseur, permettant de la sorte de reconnaître à la face supérieure la présence des pustules. Au moment où les rameaux émergent du tapis de neige qui les recouvrait, les pustules, pour autant que j'ai pu lob- server, ne sont pas encore visibles, et l’on neremarque que des taches d’un rouge jaune sur lesquelles les pustules ne tardent pas à se montrer. Je les ai vues apparaître dans l’espace de dix à vingt etunJjours sur desrameaux coupés qu’on avait recueillis sous la neige et conservés frais, loin des Alpes, dans un appar- tement. Ces pustules sont les assises de téleutospores qu'il s'agissait de trouver (voy. fig. 1). Ges assises sont recouvertes par l’épi- derme foliaire intact et soulevé proportionnellement à la con- vexité. Elles sont composées de couches cellulaires cylindro- prismatiques, sans méats intercellulaires, et dirigées perpendi- culairement à l’épiderme de la feuille. Plus longues au milieu du foyer que sur son bord, elles touchent par leurs extrémités externes à l’épiderme, sans laisser de méats intercellulaires, tandis que leurs terminaisons internes sont situées dans un plan approximativement parallèle à la surface de la feuille ou faiblement concave par rapport à sa face inférieure. Dans certains endroits, on trouve enclavée entre les rangées cellu- laires, une cellule morte et brunie. Chaque rangée du centre d’une pustule est formée en moyenne de # à 6 cellules d’une largeur de 10 à 14 & environ et d’une longueur généralement double de la largeur. Le nombre des cellules qui constituent les rangées du bord de la pustule décroît progressivement. Pris séparément, les rapports 216 DE FBARY. de dimensions et de nombre de ces cellules accusent des varia- tions nombreuses. Les parois des cellules sont incolores, homogènes, et pré- sentent partout la même épaisseur, à l’exception toutefois de la partie correspondant à la face supérieure, laquelle est un peu plus épaisse. Cet épaississement disparaît graduellement sur les parois latérales, de façon à donner aux cellules en contact avec l’épiderme une forme arrondie. Chaque cellule contient, suspendues dans un protoplasma incolore, presque homo- gène, plusieurs grosses gouttes de la matière grasse rouge jaune, caractéristique des Urédinées. La coloration générale de la pustule provient en grande partie de cette matière grasse, dont la couleur toutefois est plus ou moins masquée et troublée par le brunissement de l’épiderme. Les rangées prennent leur origine d’un enchevêtrement d’hyphes qui s'étendent sous forme de couche horizontale ou lécèrement concave de la face interne de la pustule; elles sont constituées par les branches de ces hyphes qui s'appliquent contre l’épiderme. Ge tissu ést interrompu irrégulièrement par des cellules mortes du parenchvme foliaire; les hyphes se con- tinuent de tous côtés par des filaments mycéliens vigoureux, ramifiés et cloisonnés, abondamment répandus sous toute la pustule dans les méats intercellulaires du parenchyme de la feuille. Sous les pustules complètement développées, les cellules du tissu des hyphes et du mycélium contiennent également de grosses gouttes d'huile de couleur jaune rouge, tandis que chez les exemplaires non développés, recueillis à la limite de la neige fondante, le mycélium, situé sous les pustules encore pâles, renferme des gouttes.de matière grasse incolores. En se rapportant à tout ce que l’on sait aujourd’hui de la biologie des Urédinées, les faits ci-dessus mentionnés suffi- sent pour montrer que les pustules proviennent du mycélium qui existe d’abord. Les observations directes qui viennent à l'appui de cette affirmation seront exposées plus loin. La dénomination employée plus haut a été choisie par la raison que chacune des cellules externes, respectivement supé- SUR L'ÆCIDIUM ABIETINUM. 947 rieures, des rangées des pustules se comporte pendant son- développement, ou, suivant l'expression consacrée, pendant sa sermination, Comme une téleutospore d’Urédinée typique. Ceci s'applique au moins aux trois cellules supérieures des files plus allongées du centre; quant aux files périphériques plus courtes, le nombre est moins élevé. Les articles inférieurs ou internes, par rapport à la substance foliaire de chaque rangée, servent dans ce cas de support ou de #anche à leurs téleuto- spores. Les recherches plus étendues sur les rapports de nombre entre les téleutospores et les basides d’une seule file rencontrent des difficultés techniques considérables, et n’ont d’ailleurs qu’une importance restreinte à cause de leur Incon- stance ; nous ne les avons donc pas poursuivies. Dans l’état signalé plus haut, les téleutospores sont mûres et capables de germer; mais comme la germination ne s’effectue qu'en présence d’une humidité considérable, il en résulte que les cultures réussissent bien dans un endroit saturé de vapeur d’eau, ou en plaçant la face supérieure de la feuille sur le liquide. La germination débute par l'allongement perpendiculaire à l’épiderme des files qui composent les couches de téleutospores. Cet allongement a pour effet de crever l’épiderme, soit au centre, soit sur les bords du foyer, qui, ainsi dénudé, se présente avec une belle couleur rouge. Il est accompagné en même temps dans les cellules, et principalement dans les téleutospores elles-mêmes, d’une division successive des grosses gouttes jaunes de matière grasse en une infinité de gouttelettes qui se répartissent régulièrement dans le protoplasma mcolore. Avant que la téleutospore subisse des changements ultérieurs, son protoplasma acquiert, à la suite de cette répartition, une colo- ration uniforme générale, excepté sur la couche pariétale qui demeure incolore. Les phénomènes qui se passent ensuite peuvent être décrits en peu de mots, en se reportant à ce que l’on connait au sujet d’autres Urédinées, et particulièrement du Puccinia où Chrysomyxa A bietis. La téleutospore émet un tube promycélien qui, dans les téleutospores supérieures, part du 918 DE BAR. bord de la paroi primitivement en contact avec l’épiderme, et dans les autres immédiatement au-dessous de la paroi transver- sale qui les limite supérieurement. Chaque tube promycélien, après avoir fini son allongement et recourbé son extrémité su- périeure généralement en arc, se divise par trois ou quatre cloi- sons transversales. Chacune des cellules ainsi formées, sauf généralement l’inférieure, émet de son extrémité supérieure un siérigmate qui sépare à son sommet une sporidie réniforme. Tous ces phénomènes, considérés séparément, se passent exactement comme on l’a décrit pour les Puccinia, Chrysomyxa et autres genres analogues. Le premier allongement, autant qu'il a été possible de faire les observations, parait s'effectuer simultanément dans une même couche ; le développement devient ensuite plus rapide à certains endroits du bord ou du centre. Dans chaque file de téleutospores cependant, considérée séparément, tous les phénomènes de germination commencent d'abord dans la léleutospore supérieure pour apparaitre successivement dans les téleutospores de plus en plus profondes. Par conséquent les promycéliums des téleutospores supérieures recouvrent les pre- miers d’un duvet rouge orangé la surface du foyer mise à nu, tandis que ceux des étages de téleutospores inférieures n’appa- raissent que successivement. Tous atteignent néanmoins le même niveau; ceux de l'étage inférieur s’insinuent par consé- quent entre les téleutospores déjà germées des étages plus éle- vés. Ils deviennent d'autant plus longs que l'étage auquel ils appartiennent est plus bas (fig. 3). À la suite de tous ces chan- gements amenés par la germination, le tissu se gonfle considé- rablement pendant un certain temps. Il apparaîtenfin à œil nu sous forme d'un épais coussinet, couvert d’un duvet, puis sau- poudré de la poussière des sporidies. Tels sont, en général, les changements de structure dont les couches de téleutospores sont le siège. [ne reste plus qu'à faire remarquer que les différentes files d'un foyer, probablement relächées dans leur ferme con- nexion latérale par la résolution des couches mitoyennes de leurs parois, deviennent plus facilement séparables, et que les SUR L’ÆCIDIUM ABIETINUM. 919 cellules inférieures des files, caractérisées plus haut comme supports ou manches, deviennent également le siège d’un allon- gement accompagné d’une distribution plus fine de la matière grasse rouge, et de la formation de vacuoles. Quand la germination est terminée, toutes les parties du foyer s’affaissent dans le même ordre suecessif quia présidé à la germi- nation ; desorte que finalement le tout présente une masse ratati- née qui, même si l’on en connait le développement, laisse à peine quelques indications de sa structure primitive. Au-dessus de cette masse ratatinée, l’épiderme fendu se referme ordinaire- ment en laissant subsister de petites fentes. Si à l’origine le foyer, arrivé à un degré avancé de germination, formait un corps bien développé et très visible à l'œil nu, il est devenu maintenant tout à faitinsignifiant, n'étant plus, dans le Rh. hir- sulum, qu'une tache quelque peu proéminente, recouverte d’un épiderme déchiré, difficile à découvrir sur le Rh. ferru- gineum à cause des écailles glanduleuses rousses qui le recou- vrent d’une couche épaisse. Le tissu de la partie foliaire qui porte les assises du Champignon meurt toujours après la germination, et brunit à travers toute son épaisseur. Les taches qui en résultent permettent facilement de reconnaître les feuilles qui portaient des téleutospores. Les sporidies, complètement développées, se détachent des stérigmates et sont lancées à une petite distance par un mé- canisme qui (je ne l’ai pas examiné) est probablement semblable à celui qui agit sur les spores des Coprins (4). La force avec laquelle elles sont projetées n’est pas considérable. Si lon dis- pose un foyer en germination au-dessus d’une plaque de verre dans un endroit saturé de vapeur d’eau, de manière que lesfiles de téleutospores soient placées horizontalement, on constate après un certain temps que les sporidies les plus éloignées se trouvent à une distance d’un demi à un millimètre de leur point de départ. Les phénomènes de germination des sporidies sont en tout (1j Compar. Brefeld, Botanische Untlersuchungen über Schimmelpilze, HI, p. 65. 990 DE RABVY. point les mêmes que ceux des puccinies; ils se manifestent dès leur maturité, pourvu qu'elles restent dans une enceinte suffisamment humide; dans les deux cas, la sporidie émet directement un tube germinatif, ou forme un court stérigmate sur lequel se développe une sporidie secondaire qui ne tarde pes à donner naissance à un tube germinatif. Pour arriver à une solution définitive de la question prinei- pale, on pratiquait des ensemencements de sporidies en fixant des foyers de téleutospores en germination à une faible distance au-dessus du substratum dont il fallait déterminer l'aptitude pour ces espèces de cultures. Après l’émission des sporidies, ces foyers furent enlevés et les cultures soumises à un degré d’humi- dité suffisamment grand. De tels essais ont donné d’abord sur les jeunes feuilles récemment développées du Rh. hirsutum des résultats purement négatifs. Ni à la face supérieure, ni infé- rieure de la feuille, il n’y eut pénétration des tubes germinatifs, qui périrent, ainsi que les sporidies, quelques jours après. Tout autres furent les résultats sur les feuilles d'Épicéa jeunes et tendres, à peine sorties du bourgeon d'hiver et encore pourvues d’un épiderme peu épais : trente-six à quarante-huit heures après l’ensemencement, on pouvait constater la forma- tion de nombreux tubes germinatifs de sporidies qui avaient pénétré dans les cellules épidermiques à des endroits indéter- minés, correspondant à l’ensemencement. J'ai vu, dans des cultures serrées, pénétrer jusqu’à quatre filaments germinatifs dans une seule cellule épidermique. Les phénomènes de cette pénétration àtravers la paroi des cellules sont tout à fait pareils à ceux qui ont été souvent décrits pour les Puccinia, Uro- myces, etc. Après quarante-huit heures, tous les filaments avaient parcouru la longueur entière de la cellule épidermique, et commençaient à se ramifier en montrant toujours la partie un peu renflée, voisine de leur point d’entrie, séparée de la partie apicale plus allongée par une cloison transversale : ce fait ne s’observe pas chez les autres Urédinées. En partant des cellules épidermiques, les filaments pénètrent rapidement dans les méats intercellulaires du parenchyme foliaire et s’y déve- SUR L'ÆCIDIUM ABIETINUM. 991 loppent en un mycélium abondamment ramifié, pendant que la partie de la feuille infestée se décolore et acquiert peu à peu une teinte rouge jaune. Des jeunes feuilles, inoculées le 40 juin, permettaient cinq jours plus tärd de reconnaitre des taches Jaunes pâles, sur lesquelles apparurent, à partir du 20, de nom- breuses spermogonies. Pendant ce temps, les feuilles poursui- vaient leur développement normal; les taches avaient pris en même temps plus d'extension, et le mycélium avait envahi toute l'épaisseur des zones transversales infestées de la feuille. Alors commenca lentement la formation des fructifications d’écidiospores, dont les premières rompirent l’épiderme 1° 9 juillet. À la fin de ce mois, le développement des écidies avait atteint son apogée. Ce résultat final était obtenu sur des pousses non détachées de jeunes Épicéas de semis de deux à quatre ans, cultivés en pots depuis le mois d'octobre en vue des observations à effec- tuer l’année suivante. Sur les individus bien robustes et bien garnis de feuilles, les poussesinfestées étaient finalement toutes pareilles aux pousses recueillies dans les Alpes. Sur les aiguilles minces des semis âgés de deux ans et sur celles d’autres pousses restées faibles par suite de la transplantation, le Champignon atteignit également des dimensions plusréduites. Un assez grand nombre des aiguilles plus faibles commencèrent à se dessécher parüellement ou totalement après l'apparition des spermogo- nies; dans ce dernier cas, les feuilles ne tardèrent pas à tomber: phénomène déterminé sans doute par une infection surabon- dante. L’inoculation ne réussit pas sur des rameaux coupés, placés dans l’eau et conservés frais ; le développement du Cham- pignon s'arrêta à la formation des spermogonies, sans aller au delà, quoique les pousses eussent longtemps conservé leur fraicheur. Toutes les expériences d'infections décrites jusqu'ici ont été faites, soit en opérant sur de jeunes pousses de l’Épicéa à peine dégagées des écailles du bourgeon dont les feuilles serrées se re- couvraient encore l’une l’autre, soit sur des entrenœuds à peine allongés. L’infection réussit bien encore sur les exemplaires 222 DE BARY. (pousses terminales et latérales de semis âgés de deux ans) chez lesquels les entrenœuds et leurs feuilles sont récemment allon- o6s; mais, dans cecas, les fructifications à spores acquièrent un développement fort restreint. Sur ces exemplaires, les sporidies ont pu tomber également, soit entre les feuilles déjà existantes, soit sur des entrenœuds où le Champignon s’est développé en donnant. naissance à des spermogonies el à quelques rares fructifications. F sera probablement très difficile, sinon 1m- possible, de déterminer rigoureusement le temps pendant lequel le jeune feuillage demeure susceptible d’être infesté, parce qu'on aura certainement affaire ici à des différences indivi- duelles nombreuses. Des pousses robustes, coupées sur des arbres plus âgés, laissèrent à peine reconnaitre des traces dou- teuses de pénétration après l'allongement complet et récent de leurs entrenœuds. Sur les feuilles plus âgées de Pannée précédente, il ne se produit plus la moindre infection : c’est ce qui résulte des expériences entreprises ad hoc et de Pobser- vation, d'après laquelle, sans exceptions, l'Æcidium de l'Épicéa ne se trouve Jamais à l’état spontané sur d’autres pousses que celles de Pannée. Pour avoir la biologie complète de notre Champignon, il fallait réaliser encore des ensemencements d’écidiospores, sur des feuilles de Rhododendron. Ges essais furent pratiqués le 6 sep- tembre 4878 avec des écidies spontanées, fraichement appor- iées des Alpes, et pendant les mois de juillet et d'août 4879 avec des écidies cultivées. Chaque fois les spores furent semées, dans le jardin ou dans un appartement, sur des feuilles de l’année du Rh. hirsutum complètement exemptes de Gham- pignon, lesspores des Æcidium spontanés sur celles d’un petit pied provenant des Alpes, mais cultivé déjà depuis une année dans un jardin, les autres sur des exemplaires très robustes provenant de Gand. Les spores furent semées d’abord sur la face inférieure des feuilles. La germination eut lieu au bout de vingt-quatre heures ; après trois ou quatre Jours, les filets ger- iwinauls entrèrent dans les stomates, puis, de là, dans les méatsintercellulaires du parenchyme. Sur celles des feuilles SUR L’ÆCIDIUM ABIETINUM. 223 de la culture de 1879 restées attachées au pied, apparurenr, environ trois semaines après l’ensemencement, des taches brunes. Le brunissement s’étendit insensiblement de Ha face inférieure à travers toute l'épaisseur de la feuille; dix se- maines après l’ensemencement, on ne voyait encore aucune éruption d’un Champignon quelconque. Une feuille cepen- dant, examinée quatre semaines après l’ensemencement, por- tait dans les méats intercellulaires des taches et de robustes filaments mycéliens ramifiés, qui se distinguaient de ceux pourvus de téleutospores par l'absence des gouttes jaune rouge de matière grasse, pareils en cela aux filaments décrits plus haut comme existant au début de la formation des téleuto- spores. Le pied infesté en 1878 ne fut pas soumis à un contrôle microscopique. Après avoir été transporté dans la serre au mois d'octobre, il montra également des taches brunes sur quel- ques-unes de ses feuilles : le 5 novembre, apparut sur une d’elles une pustule d’Uredo dont il sera question plus loin; quelques autres pustules apparurent au mois d'avril; 1 n’y eut ni téleutospores, ni aucune éruption de Champignon après le 25 avril. Un autre essai d’inoculation fut tenté sur des feuilles non marquées des deux pieds belges (dont l’un d’ailleurs ne reçut aucune semence), de telle sorte qu'ils furent placés entre les petits Épicéas infestés, couverts d’écidies. Il était facile de voir, à l’époque de la maturité des écidies, que les spores avaient abondamment saupoudré le feuillage des Rhododendrons, résultat auquel ôn arrivait quelquefois plus facilement en secouant les petits arbres. L’humidité nécessaire à la germination était, en cas de nécessité, entretenue par un arrosage de tous les soirs. Huit à dix semaines après l’ense- mencement, quelques-unes des feuilles de l'année portaient des taches brunes caractéristiques, sans toutefois formation de spores. 994 DE BARY. IT Les résultats qui précèdent permettent de résoudre la ques- üon de l’origine del Æcidium sur l Épicéa. Le Champignon qui produit ces écidies passe l’hiver sous forme de mycélium dans les feuilles de l’année et toujours vertes de la Rose des Alpes; 1l forme au printemps, puis à la face inférieure des feuilles, des téleutospores qui germent aussitôt, donnent naissance à des sporidies qui se développent également et dont les filaments germinatifs pénètrent dans le jeune feuillage de l'Épicéa qu'ils ont atteint, pour y former pendant l'été le mycélium appelé à produire les écidies. Des tubes germinatifs des spores éci- diennes pénètrent dans les stomates des feuilles de Rhododen- dron, puis se développent'en mycélium hivernant, qui recom- mence le même cycle l’année suivante, en produisant égale- ment des Uredo. L'apparition en masse de l'Æcidium de VÉpicéa dans les régions que nous venons d'indiquer, trouve son explication complète dans l'abondance tout à fait extraordinaire des téleu- tospores et dans les circonstances de leur développement. Il n'existe en effet peut-être aucune autre forme de Champignon parasilaire qui infeste son hôte avec plus de constance et en plus grande abondance. On peut dire sans exagération qu’on trouvera peu de pieds spontanés au Rh. hirsutum ou du Rh. ferrugineum qui ne portent le Champignon en question, sur la plupart de leurs rameaux et dans un certain nombre de feuilles de l’année précédente, au moins, généralement, sous forme de téleutospores, et, dans certains cas déterminés, sous forme d'Uredo. On peut facilement se procurer le Champignon en recueillant, avant ou pendant l’époque de la floraison, une poignée defeuilles de Rhododendron.On comprend néanmoins que, malgré cette abondance, les fovers de téleutospores n'aient pas été reconnus jusqu'ici, non-seulement parce que l'attention est généralement moins dirigée sur les Champignons de la Rose des Alpes, mais parce que les rares connaisseurs ont eu peu souvent l’occasion SUR L'ÆCIDIUM ABIETINUM. 295 d'examiner les Rhododendrons avant l’époque de leur floraison. Or, les foyers de téleutospores que l’on trouve encore en vie vers cette époque sont, aussi loin que porte mon expérience, en voie de germination, et ressemblent alors tellement à un Uredo que, même signalés, ils n’auraient pas été aperçus, par la raison que l’examen d’une forme d’Uredo connue présente en elle- même très peu d'intérêt. La plupart des foyers de téleutospores ont donc terminé leur germination, les uns à l’époque de la floraison des Rhododendrons, les autres peu après; ils sont alors ratatinés, et l’on a de la peine à les reconnaître pour des Übampignons, quoique les taches foliaires brunies qui les por- tent soient à cette époque très facilement reconnaissables. On peut cependant, même en reconnaissant le Champignon et les taches qu’il produit, ignorer son abondance, si l’on ne tient pas compte de ce que la Rose des Alpes, pour autant que je sache, se dépouille de ses feuilles anciennes et toujours avant la seconde période; de sorte qu’au printemps, avant l’épa- nouissement des bourgeons d’hiver, le pied n’est garni que des feuilles de l’année précédente. Celles des feuilles qui sont des- tinées à tomber, restentattachées, il est vrai, chez beaucoup d’in- dividus, et peut-être chez la plupart, jusqu’à larrière-saison, longtemps après l’époque de la floraison ; tandis que d’autres, au contraire, tombent dès que l'inflorescence et le feuillage de l’année sont à peine arrivés à leur complet développement. On peut trouver ainsi, à une époque relativement avancée de l’an- née, même entre les pieds encore fleuris, d’autres mdividus qui se font remarquer par leur feuillage d’un beau vert et par l’ab- sence des taches de téleutospores. Ils ne forment cependant que des intervalles apparents dans la dispersion générale du Champignon, car un examen plus profond fait reconnaître le feuillage sans taches pour celui de l’année, tandis que les feuilles qui portent les marques du Champignon sont répan- dues sur le sol. La répartition si étendue des téleutosporessur les Rhododen- drons est cause de la grande abondance des germes qui peuvent infester les Épicéas du voisinage. Rien qu’en ne comptant sur 6° série, Bor. T. IX (Cahier &° 4). 3 15 226 DE BARVY. une tache de téleutospores que 40 000 files de ces dernières, ce qui est certainement loin d'atteindre le chiffre moyen réel, et en ne prenant pour chaque file que trois téleutospores qui serment et qui donnent naissance chacune à trois sporidies, on arrive, pour les milliers et les milliers de feuilles infestées d’un buisson de Rhododendrons, à des chiffres tout à fait fan- tastiques. Les sporidies mûres lancées par leurs stérigmates comme 1l à été montré plus haut, tombent alors, ou bien peuvent être entrainées, en raison de leur légèreté, par des courants atmosphériques dans une direction soit latérale, soit verticale, ce qui, soit dit en passant, est facile à imiter sous cloche au moyen d’un aspirateur. Dans ces circonstances, leur dispersion sur le voisinage est nécessairement abondante; il est à peine besoin de faire remarquer qu’elles s’attachent aux feuilles, et d'autant plus facilement, que la rosée ou les brouil- lards en ont rendu la surface plus humide. Des agents autres que les courants atmosphériques ou les phénomènes météoro- logiques n’interviennent probablement pas dansleur dispersion. C'est d’ailleurs nécessairement par l'intervention d'agents de cette espèce qu'on rencontre parfois des sporidies assez loin de leur point d’origine. Ainsi, on trouve souvent des Épicéas attaqués par l'Æeidiuin sans qu’il ait des Rhododendrons dans le voisinage immédiat. Le massif d'Épicéas situé près d’Aesch etmentionné plus haut est, en ligne directe, à une distance d'au moins 100 mètres et davantage des Rhododendrons les plus rapprochés; or, le courant humide qui descend dais la vallée et qui chasse le brouillard peut, en quelques secondes, entrainer des milliers de sporidies. On a montré également plus haut que le jeune feuillage seul ne peut être infesté que jusque vers la fin de l’allonge- ment internodal, etque la pénétration et le développement ulté- rieur des germes de sporidies réussissent mieux sur les pousses nouvellement sortes des bourgeons d'hiver et dont les feuilles sont encore pressées l’une contre l’autre. Ceci pourrait en tout. cas être la règle tout à fait prédominante pour les Épi- céas développés en plein air; j'ai du moins, dans ce cas SUR L’ÆCIDIUM ABIETINUM. 297 trouvé l'Æcidium et les spermogonies toujours exclusivement sur les feuilles, jamais sur les entrenœuds. L'expérience nous apprend cependant que le Champignon peut pénétrer et se développer également dans les entrenœuds encore verts qui viennent de terminer leur allongement.:£es sporidies ont, dans tous les cas, plus de chance arriver sur les feuilles que sur les entrenœuds, parce que la superficie totale des feuilles sur chaque rameau est bien plus grande que celle des entrenœuds et parce que les feuilles forment ensemble, autour des entrenœuds même allongés, un écran, ouvert il est vrai, maus qui ne reçoit pas moins les sporidies qui s’abattent. Il est d’ailleurs peu important de savoir S'il y a lune ou l’autre fois infection d’un entrenœud ou non. Ce qui est démontré, c’est que la formation des écidies n’a leu que sur le feuillage jeune de PÉpicéa; ilnereste plus qu'à savoir comment l'infection par le Ghampignon est assurée. Ge but est atteint gràce à la coincidence de Pépoque de germination des téleuto- spores et de la formation des sporidies avec celle de lépa- nouissement des bourgeons de l’Épicéa. Ces deux phénomènes ne sont cependant pas partout synchroniques ; on rencontre plutôt des différences considérables déterminées par des causes soit externes, soikinternes, qui font que des individus de mème espèce, quoique très rapprochés, différent de plusieurs se- maines dans leur développement. Ge fait est connu de qui- conque a examiné un bois d'Épicéas au printemps ; on ne voit sous ce rapport aucune différence entre le Champignon de la Rose des Alpes et l'Épicéa. Il existe donc un inter- valle de temps déterminé durant lequel les deux parties demeurent dans un état favorable à linfection. Cet inter- valle peut avoir une durée variable et tomber, suivant la loca- litéet les conditions atmosphériques, dans différentes phases de l’été. Veut-on le désigner par rapport aux phases de déve- loppement de la Rose des Alpes, on pourra dire qu'il coïncide à peu près avec l’épanouissement des bourgeons d'hiver pour prendre fin au commencement de l’époque de la floraison. A, la Balmwand, par exemple, les téleutospores recueillies le 228 DE HBARY. 3 juin sur les pentes exposées au soleil et dépourvues de neige depuis quelque temps déjà étaient au moins très voisines de la maturité. Transportées à Strasbourg et tenues aussi sèches que possiblesans exposer les feuilles à être fanées, elles furent mises en culture le 7 juin : beaucoup d’entre elles commencèrent à germer après vingt-quatre heures. Les bourgeons d'hiver des Rhododendrons et des Épicéas étaient encore complètement fermés, tandis que ceux qui croissaient au milieu du massif d’Épicéas près d’Aesch, un peu en aval de cette localité, com- mençaient à ouvrir leurs bourgeons. Des rameaux de Rhodo- dendrons recueillis le 26 juin dans la même contrée portaient quelques foyers de téleutospores qui avaient fini de germer, et beaucoup d’autres qui, après avoir été humectés, se gonflaient et perçaient déjà l’épiderme après une ou deux heures. Les bour- geons d'hiver de ces rameaux venaient de s'ouvrir. Je n’ai pu comparer les Épicéas de cet endroit le 26 juin; mais à en juger d’après leur état au 3 juin, ils avaient certainement commencé à développer leurs pousses à cette époque. Sur des Rhododen- drons rapportés de différents endroits, au mois de juillet, à l’époque où leur floraison allait commencer, j'ai toujours trouvé des téleutospores arrivées au terme de leur germination ou entrées déjà dans les premières phases de leur développement rétrograde. À partir du milieu du mois d'août, je n’ai plus trouvé dans les contrées que J'ai visitées, même en cherchant attentivement, que des foyers de téleutospores ratatinées et dont la germination était terminée depuis longtemps. Les Rhodo- dendrons avaient toujours alors dépassé le maximum de leur floraison et développé complètement leur feuillage de l’année ; l'Æcidium de l'Épicéa avait, de son côté, atteint l'apogée de son développement. Les faits et considérations qui viennent d'être rapportés poure pliquer la présence de l’Æcidium de l’Épicea nous per- mettent également de comprendre pourquoi cette affection devient plus rare à mesure qu’on s'éloigne des régions qu'ha- bite la Rose des Alpes, et nous donnent la raison de son absence dans les régions plus basses, couvertes d’Épicéas et mentionnées SUR L'ÆCIDIUM ABIETINUM. 299 plus haut. Plus on descend dans la vallée, en s’éloignant de la région des Rhododendrons, plus la période de l’épanouisse- ment de l’Épicéa est précoce — dans le Schæchenthal, cette période avait commencé déjà le 3 juin à une altitude de 1000 mètres au-dessus du niveau de la mer — et moins il est probable que les sporidies provenant des Rhododendrons les plus rapprochés rencontrent encore un substratum qui con- vienne à leur développement. Ensuite l’arrivée de sporidies susceptibles de germer doit être accompagnée de difficultés croissant avec la distance. Quoiqu’on soit forcé d'admettre que des corps petits et légers comme les sporidies peuvent être transportés rapidement à une grande distance par les courants atmosphériques, il n’en est pas moins vrai que les obstacles que rencontre le courant dans sa direction descendante et les corps auxquels les sporidies peuvent rester attachées devien- nent plus nombreux, et que le danger de périr par dessiccation qui les menace, devient plus grand : on sait, en effet, que ceci arrive rapidement et très facilement chez les sporidies des Urédinées. En résumé, ce sont, d’un côté les différences entre les époques de développement aux différents niveaux, de l’autre les difficultés qui s’opposent au transport des spori- dies capables de germer, qui déterminent la limite inférieure de la répartition de lÆcidium de l’Épicea. Dire dans chaque cas séparé laquelle de ces deux causes est la plus efficiente, sera difficile, même dans les recherches ultérieures à entre- prendre. Il est à peine besoin de dire comment le Champignon par- vient sur le feuillage de l’année des Rhododendrons dans les endroits où ils se trouvent associés aux Épicéas : les écidio- spores, dont nous connaissons le mode de germination, sont produites en quantités immenses, se répandent facilement en poussière à la maturité, et trouvent à cette époque partout le feuillage susceptible d’être infesté. Le Champignon cependant dépassé de beaucoup les régions où la Rose des Alpes accom- pagne l’Épicéa. Je l’ai vu suivre les Rhododendrons partout dans les Alpes, jusqu'aux limites les plus élevées de leur répar- 230 DE BARY. tition, qui laissent même les petits Épicéas rabougris des centaines de mètres derrière elles. El est peut-être moins fré- quent dans les hautes altitudes et sur les pentes absolument dépourvues d'arbres que dans la région des Épicéas : les moyens d'évaluation nous manquent pour Paffirmer; mais toujours est-1] que son abondance y est encore telle qu’elle permet de le découvrir presque sans peine sur chaque pied. D’après ce qui précède, la question de savoir comment le Champignon arrive chaque année dans ces régions n’est donc pas encore suffisam- ment résolue. S'agit-il de pentes déboisées qui s'élèvent direc- tement au-dessus de la région des Épicéas chargés d’Æcidim, comme par exemple sous le sommet de la Scesa plana, au Lü- nersee, et à quelques centames de mètres encore au-dessus, alors on peut admettre sans difficultés la possibihté d’un transport abondant d’écidiospores par des courants atmos- phériques ascendants. On sait en effet que des corps bien plus pesants peuvent être transportés de la sorte : telles sont les feuilles d'arbres que l’on trouve sur les champs de neige à une très grande altitude. On sait également que les écidiospores, formées en si grande abondance, se répandent en poussière, c’est-à-dire qu'elles s'élèvent facilement dans l'air et avec l'air, ce qui les rend aptes à subir un long träns- port. Elles sont beaucoup plus susceptibles d'être transpor- tées que les sporidies, parce que, amst qu'il a été dit plus haut, elles conservent dans Pair sec leur faculté gerninative durant des semaines. Comme on ne peut pas mesurer en réalité la quantité d’écidiospores transportées de à à un niveau plus élevé, on ne pourra pas décider si cette quantité est suffisante pour expliquer le phénomène en auestion. D'une autre part, le Champignon accompagne également la Rose des Alpes dans des endroits où l’arrivée annuelle d’écidiospores fraîches est soumie à des difficultés plusgrandes. D’après mes souvenirs et les observalionsrécentes que M. le docteur Ma- gnus à bien voulu faire sur ma demande, le Champignon est répandu partout sur le R4. ferrugineum qui forme dans l'En- gadine supérieure le taillis des bois de Mélèzes et de P. Cembro. SUR L’ÆCIDIUM ABIETINUM. 931 On n’ytrouve pas d’Épicéas sur de grandes étendues : autour de Pontresina par exemple, M. Magnus ne les à rencontrés qu’en peu d’endroits, généralement dans les jeunes plantations cultivées, et alors ils étaient dépourvus d'Æcidium. Or, en sup- posant même qu’il se trouvât des Épicéas à une distance directe de quelques kilomètres seulement du bois de Cembro; en admettant que la quantité d’écidiospores nécessaires soit transportée par les courants atmosphériques de cet endroit au Pinus Cembro, celui SPECIES CRESCENTES EMEA Bu) % ae) % 34 | 77 | 86 | 40 1 1 1 1! 1 3 2 1 9 2! 9 1 1 1 k EU EE Ne EE 4124 1 4 1 NN 4 80 404 11 2 1 52 | 91 1102 | 25 84 | 18 1 1 1 1 5| 1 1 1 1 94 | 91 2 UBIQUE. | | [ES LA CO 23 GRAMINÉES MEXICAINES. 281 SPECIES CRESCENTES IN GENERA. RE — —— Ë e ï A an a , < a SO AMS RE él ME UN LAS CIE RCE SENT AUS 216 | S JE] 2 |8s| 8 | 3 |$é DEEE MERE AE REPORT..... 531 1995 | 95 | 52 | 91 1102 | 95 | 94 | 21 Zeugites 0 102 NS TS Krombholzia. . 2 2 Disakisperma....... 1 1 UÜnrola en SA UATA 4 3 1 1 Orthoclada......... 1 1 1 HestuCa... 2. 4.411. ghaIS 1 Brachypodium...... 30 3 Ceratochloa., ...... { 1 1 1 Bromus............ 3 2 1 Helleria............ 1 1 Bambusa.......... A el 1 1 1 Guaduas sr menrran 5 3 2 Arundinaria......., 2 2 Chusquea.......... 6| 6 Merostachys........ il 1 i Pappophorum......| 3 | 9 il Cathestecum........ | 1 Lesourdia.......... 2 2 (CD AE ss SEA de Buchloe........,... 1  1 Microchloa......... 1 1 { Spartina.....,..... 1 1 Ctenium.........., | 1 Chondrosium. ...... 11 9 jl sl 1 Atheropogon. .. 11 Gi Dr 4A 3 Triathera.... ...... 1 1 rien NUE sl 1 Pentarhaphis.. ..... 1 1 MrICHIOrIS. 2. 00 2 1 1 Cynodon......,.... | 1 1 1 Chloris 6... 6 3 1 2 2 1 Gymnopogon....... Do Dactyloctenium.. ... 1 El 1 1 Eleusine........... 5 n 1 { 1 1 Leptochloa......... 6! 4] 1 1 2 2 NUE Glyceria”..... 202. 1 | Diplachne.......... 2 | 1 | Loliume 22e. Lt | 1 Agropyrum......... 1 in M AU 2) 1 1 BIYMUS me does 3 4102 TOTAUX..... 643 1371 | 33 | 65 |101 |116 | 29 1107 | 24 989 E. FOURNIER. Le premier fait qui frappe, en parcourant le tableau précé- dent, c’est la grande quantité de types spéciaux, tant géné- riques que spécifiques, offerts par la famille des Graminées dans la flore mexicaine. Sur 643 espèces, 371 sont spéciales à cette flore, soit plus de la moitié (1), et sur 123 genres, 16 n’ap- partiennent qu’à elle, savoir : Pogonopsis, Jouvea, Hexarrhena, Bauchea, Perieilema, Calamochloa, Achæta, Chaboissæa, Krombholzia, Disakisperma, Helleria, Lesourdia, Cathestecum, Opizia, Triæna et Pentarhaphis, parmi lesquels se trouvent 11 monotypes. On pourrait étendre cette liste, sans cesser d’être rationnel, en y joignant l’Hilaria, qui se prolonge un peu dans le Texas; l’£Euchlæna, qui eroît aussi au Guatemala. Parmi ces genres se trouvent les plus grandes raretés de la flore mexicaine ; chacun d’eux n’a guère été rapporté que par un seul collecteur, et je ne cite que sur la foi d’autrui les genres Pogonopsis de Presl, Disakisperma de Steudel, et Pentarrhaphis de Humboldt, sans en avoir vu d'échantillons. Les 272 Graminées communes au Mexique et à d’autres régions se décomposent, comme on le voit, en catégories d’une importance très différente. Celles qui se retrouvent dans l’an- cien monde, au nombre de 29, et par lesquelles je commen- cerai cet exposé, se décomposent elles-mêmes en quatre caté- gories. Les unes sont propres à la zone tropicale du globe, les autres à la zone méditerranéenne et même à la zone tempérée, d’autres à la zone alpine ou boréale; une quatrième catégorie embrasse celles qui se naturalisent aisément dans la plupart des ports de mer. À la première catégorie appartiennent : Tragus occidentalis, Paspalum conjugatum, Helopus punctatus, Pañnicum paspaloides, Cenchrus echinatus, Manisuris granula- ris, Vilfa virginica, Poa ciliaris, Bambusa vulgaris et Micro- (1) Ge nombre est probablement un peu trop considérable, parce que j'ai dû y comprendre des espèces, douteuses pour moi, de Presl, de Steudel et de Nees d'Esenbeck, qui pourraient causer quelques doubles emplois, ou bien n'être pas spéciales à la flore mexicaine, ou même ne pas lui appartenir du tout, certaines des récoltes de Hænke n'ayant été attribuées à cette flore qu'avec incertitude. Ces espèces douteuses, admises néanmoins dans la monographie, y sont au nombre de 31. GRAMINÉES MEXICAINES. 383 chloa setacea. La deuxième catégorie (dans laquelle on pourrait encore distinguer des plantes de deux régions et des intro- ductions dues à la culture) comprend : Oplismenus colonus, O. Crus-galli, Hemarthria fasciculata, Phalaris minor, Agrostis verticillata, Arundo Donax, Avena fatua, Eragrostis megasta- chya, E. poæoides, E. pilosa, Cynodon Dactylon, Glyceria fluitans, Lolium temulentum et L. perenne. Dans la troisième, je n’ai à citer que deux espèces, mais des plus intéressantes : le Phleum alpinum et V'Agrostis borealis Hartm. Parmi les plantes véritablement adventices sur beaucoup de points, je crois enfin qu’il faut ranger : Paspalumn vaginatum, Steno- taphrum americanum et Eleusine indica (1). En comparant les Graminées du Mexique à celles des autres régions américaines , J'ai été tout d’abord frappé d’un fait remarquable, c’est que sur ces 272 espèces, il n’en vient que trois en Californie : le Panicum fimbriatum, le Tripsacum dac- tyloides et le Vilfa virginica. Gomme je trouvais au Muséum de bons matériaux de comparaison dans l'herbier Durand, riche en Graminées de Californie, je puis croire que je n’ai (1) Il se trouve, dans un des ouvrages de Humboldt (De distributione geogra- phica plantarum, p. 65), une énumération analogue, où il chiffre à 10 le nombre des Graminées communes à l’ancien et au nouveau monde, d’après les récoltes de son voyage. Bien que ce chiffre de 10 soit ici porté à 29, cepen- dant il est plusieurs des identifications de Humboldt que je n’ai pu admettre, parce que plusieurs d’entre elles reposent sur des erreurs de détermina- tion. Ainsi : 1° le Panicum Myurus (cf. Kunth, Syn. I, 173) est indiqué par Hum- boldt sur les flancs du volcan de Jorullo, au Mexique et à la côte de Goromandel. Mais la synonymie donnée par Kunth dans le Synopsis est inexacte d’après Nees d’Esenbeck, et Kunth lui-même, dans l’Enuwmeratio, 1, 86, ne cite pas l'Inde parmi les localités de l’espèce. — 2° Le Setaria glauca HB, du Mexique est le $. penicillata Pres]. — 3° En indiquant le Lappago racemosa à Guana- juato et en Dalmatie, Humboldt a confondu le Tragus occidentalis Nees avec notre Tragus racemosus. — 4 Le Festuca Myurus, qu’il indique au Mexique et en Allemagne, est devenu le F. muralis Kunth (F. Myurus HB. non L.). — 5° Son Andropogon Allionii LG. est, dans la monographie, l'A. contortus L. (qui passe d’ailleurs dans le genre Heteropogon). — 6° Son Andropogon ave- naceus Schrad., de Cuba, qui, d’après lui, croîtrait aussi en Allemagne, est, d’après Kunth lui-même (Enum., I, 502), le Sorghum halepense, espèce de la région méditerranéenne que la culture aura naturalisée à Cuba. 284 E. FOURNIER. commis aucune omission en traçant, vers l’ouest des États- Unis, l'aire géographique de chacune des espèces à moi con- nues pour vivre au Mexique. Il est vrai que je dois moi-même, pour être exact, atténuer la valeur de ce résultat, en faisant observer qu'il n'existait dans les herbiers mexicains que j'ai examinés aucune plante de la Sonora, c’est-à-dire de la partie du Mexique la plus voisine de ia Californie. Un résultat analogue se présente quand on compare la végétation du Mexique à celle des Prairies américaines, qui occupent desi vastes espaces entre les montagnes Rocheuses et le Mississippi. Je ne trouve guère ici qu’une plante à signaler, mais celle-là très importante dans la végétation des Prairies, dont elle constitue la base : c’est le Buffalo-grass des mdigènes, le Buchloe dactyloides, une Chloridée dioïque dont l’organisa- tion curieuse a été, de la part de M. Engelmann, l’objet d’un mémoire intéressant. J’ajouterai que je n’ai aucune identité connue à signaler entre les Graminées du Mexique et celles des pampas de la république Argentine ; car les localités que je cite dans ce pays pour quelques Graminées mexicaines ap- partiennent à la région subtropicale de Cordova ou de la pro- vince de Corrientes. Au contraire, on observe quelques iden- tités entre les Graminées du Mexique et celles du Texas ou des États-Unis de l’est, savoir : 33 pour le premier et 65 pour les seconds. Gomme le chiffre de 65 est environ le double de celui de 33, 1l est évident qu'on ne doit pas regarder ces plantes comme ayant passé du Mexique aux États-Unis (ou vice versd) par l’intermédiaire du Texas. Il parait même assez difficile d'expliquer comment un nombre aussi notable de plantes bien connues, qui habitent les pentes descendant du Mexique au golfe des Antilles ou la vallée du rio Grande del Norte, ne se retrouvent ni dans la Louisiane, ni dans l’État du Mississippi ou dans celui de l’Alabama, et cependant apparaissent non-seule- ment dans la Floride, mais encore dans la Géorgie et dans la Caroline du Sud. La cause d’une dispersion aussi singulière pourrait bien être fournie par les observations des météorolo- gistes. GRAMINÉES MEXICAINES. 285 M. F.-F. Hébert, dans une note (1) où 1l étudiait la loi de translation des tourbillons de l'atmosphère, a dit récem- ment qu’en Amérique, quelques-uns de ces tourbillons des- cendent du Nouveau-Mexique, par la vallée du rio Grande del Norte, sur le golfe, puis viennent aborder le nord de la Floride, pour s'élever, de là, vers le nord, en suivant les côtes de l’Atlantique ou le versant oriental des Alleghanys. En con- sidérant ces tourbillons comme les agents du transport des graines, on expliquerait une partie des faits dont je viens de parler, surtout s'ils étaient confirmés par l'étude d’autres familles végétales. À un autre point de vue, les affinités des Graminées mexi- caines avec celles des États-Unis se divisent en deux catégories que l’on pourrait désigner par les termes d’affinités septen- trionales et d’affinités méridionales. Les premières sont bien moins nombreuses. Il faut en citer comme exemples : l’Agros- hs laxiflora, VA. decumbens et V’A. Pickeringii, qui se rencon- trent dans les provinces septentrionales de l’Union améri- caine. Une autre espèce du même genre, l’A. borealis Hartm., qui se trouve parmi les plantes rapportées par Liebmann de la partie la plus élevée du pic d’Orizaba, où cesse la végétation phanérogamique, appartient aussi à la flore de la Scandi- navie et du Groenland. L’existence, dans les parties les plus élevées des Andes mexicaines, du genre Graphephorum Desv., fondé sur l’Aira melicoides Michx. du Canada, et dans lequel rentre, comme l’a établi M. Asa Gray, le Dupontia R. Br., est un indice de relations des même ordre, mais de nature seule- ment générique. Mais les Graminées mexicaines qui coexistent aux États- Unis s’y rencontrent surtout dans la Caroline du Sud, la Géorgie ou la Floride, c’est-à-dire dans la zone du Cotonnier ou dans la région subtropicale. Ces plantes appartiennent à la partie supérieure d’une aire de dispersion naturelle et très vaste, qui englobe la majorité des plantes vulgaires dans la (1) Comptes rendus, séance du 29 avril 1878. 286 E. FOURNIER. partie moyenne de l'Amérique, et qui s'étend du 35° degré de latitude boréale au 35° degré de latitude australe, c’est-à-dire depuis la Caroline du Sud jusqu'à l’embouchure du rio de la Plata. C’est dans cette zone que se montrent les plus nom- breuses relations géographiques des Graminées mexicaines, qui se retrouvent au nombre de 101 dans les Antilles (en en excluant la Trinité), de 107 dans le Brésil et de 116 dans la région tropicale, ainsi que je lai caractérisée plus haut. Le rapprochement de ces trois chiffres montre bien qu’il s’agit ici de relations de même ordre. Ces relations, d’ailleurs, se modifient d’une manière frap- pante, selon les genres et les tribus de Graminées qu’on examine. Ce que je viens de dire concernant les affinités tropicales est surtout vrai des Oryzées, Olyrées, Panicées, Andropogonées, Chloridées, des Æragrostis parmi les Poa- cées, et des Vail/a parmi les Agrostidées (1). Au contraire, les Stipées, les genres Deyeuxia, Trisetum, Bromus, Chusquea, Epicampe, Lycurus, Perieilema, Muhlenbergia, ne renferment guère, dans mon travail, que des espèces purement mexicaines. Les analogies qu’ils offrent, de même que les genres Dissan- thelium et Crypsinna, les rapprochent évidemment des Andes de l'Amérique du Sud; mais ce sont des analogies plutôt géné- riques que spécifiques, car je ne signale avec les Andes qu’un total de 28 espèces communes, chiffre inférieur à celui du Texas, et encore y a-t-il du doute sur la hauteur à laquelle plusieurs de ces espèces parviennent dans les Andes. Ces affinités géographiques concourent à confirmer une opi- nion déjà répandue : c’est que les régions variées qui constituent le Mexique y servent de point de rencontre à des végétaux de flores très diverses. Ceci apparaît d’une manière éclatante par l'examen de la famille des Graminées, et surtout de certaines espèces communes de cette famille. Nous venons de voir que le Buchloe dactyloides, la Graminée dominante dans les prai- (1) Le Vüilfa tenacissima se rencontre sur les hauts plateaux du Mexique et sur les terres chaudes de diverses régions tropicales. GRAMINÉES MEXICAINES. 987 ries américaines, paraît dans plusieurs localités au Mexique. D'un autre côté, M. Moritz Wagner, dans son intéressant livre intitulé : Naturwissenschaftliche Reise im tropischen Amerika, nous apprend que les espèces de Graminées les plus vulgaires dans les savanes qui bordent la mer Pacifique, sur les côtes des États de Costa Rica et de Veragua, sont les suivantes : Paspa- lum notatum, Digitaria marginata, Panicum maximum, Setaria glauca (qu'il entend sans doute comme Humboldi) et Eragrostis ciliaris ; or, ces espèces sont toutes communes au Mexique. Les affinités des Graminées mexicaines avec celles des îles Galapagos, dont la flore est bien connue, sont les mêmes qu'avec celles des savanes qui bordent l’océan Pacifique. Sur 32 Graminées constatées dans le groupe des Galapagos, j’en ai relevé 12 qui comptent parmi les plus communes de la flore mexicaine, savoir : Paspalum conjugatum, Panicum fluitans J. D. Hook. (probablement identique avec ie P. paspaloides Pers.), P. fuscum, Oplismenus colonus, Anthephora elegans, Sporobolus indicus, Sp. virginicus, Poa ciliaris, P. megasta- chya, P. pilosa, Eleusine indica et Leptochloa virgata. Je ne compte pas le Panicun multiculmum Anders., bien que M. Grisebach le rapporte au P. carthagenense, n’en ayant pas vu d’échantillon authentique. Somme toute, les Graminées mexicaines, au point de vue de leur répartition géographique, comme au point de vue de leurs caractères botaniques, se divisent assez nettement en deux groupes. Celles qui sont, ou spéciales au Mexique, ou communes, d’une part à cette contrée, d’autre part à la région andine ou à la région septentrionale, se distinguent en géné- ral par la gracilité de leurs feuilles et le peu de hauteur rela- tive de leur chaume. Celles qui se répandent dans la région tropicale se font remarquer au contraire par leur taille, par l'ampleur de leurs organes de végétation et de leur inflores- cence. Les premières habitent de préférence les parties mon- tagneuses et sèches; les secondes, le bord des fleuves et les endroits humides (1). Ces dernières, dont plusieurs s'étendent (1) Voyez Meyen, Grundriss der Pflanzengeographie, p. 130. 288 E. FOURNIER. des États-Unis du Sud jusque dans la république Argentine, sur les bords du Parana, à travers 70 degrés de latitude du nord au sud, doivent l'étendue de leur aire à ce qu’elles parti- cipent de la diffusion des plantes aquatiques. Il y a là, ce nous semble, une considération nouvelle dans la géographie bota- nique des contrées tropicales. On sait, d’une manière générale et un peu vague, que la diffusion des espèces végétales a lieu, dans ces régions, sur des espaces très étendus. On n’a pas assez remarqué, je crois, que les espèces à aire étendue, entre les tropiques et même au delà, ne sont pas seulement celles qui habitent le sein des eaux, comme le Victoria regia, les Ponte- deria, les Nelumbium, mais aussi celles qui habitent le long de leurs bords; tandis que les familles également tropicales qui vivent dans les régions arides ou montagneuses présentent un beaucoup plus grand nombre d'espèces cantonnées et, par- tant, d'espèces rares. La végétation des Campos du Brésil, assez bien connue aujourd’hui, fournit de nombreux exemples de cette catégorie d’espèces à aire restreinte (1), tandis que, depuis les limites du Pérou jusqu’à la côte du Para, un grand nombre d’essences forestières ou même herbacées suivent le cours de l’Amazone (2). Il résulte de ces considérations que l’on doit distinguer dans les contrées tropicales, quand on s’occupe de la géographie botanique de ces contrées, une région fluviale. L'égalité rela- tive de température qui s'établit au sein des vallées, la facilité de transport offerte par le courant même des fleuves et par l'inondation de leurs rives, expliquent l’aire étendue des végé- taux qui les habitent. De plus, en Amérique, les vents qui partent de l'équateur agissent sur la dissémination des végé- (1) M. de Martius a fait remarquer (Reise nach Brasilien, 141) que même ja Serra do Mar, granitique et séparée des schistes argileux des Campos, porte, sur ses parties les moins humides et les plus élevées, les formes végétales de cette région. (2) L'humidité relative produite par le climat maritime et les vents d’est ou de nord-est est aussi la cause qui détermine une similitude remarquable de végé- tation sur beaucoup de points du val américain, du Mexique à la Guyane et à la partie septentrionale du Brésil. GRAMINÉES MEXICAINES. 289 taux non-seulement en enlevant et en laissant retomber leurs graines, mais encore en réchauffant les vallées sur leur passage. C’est au vent du nord que les parties centrales de la répu- blique Argentine doivent de posséder une température plus élevée que celle que leur assigne leur latitude, ainsi que Pa bien établi M. Schnyder de Buenos-Ayres (1). Au contraire, de l'autre côté de l'Équateur, les tempêtes qui partent des montagnes d’où naissent le rio Cauca et le rio Magdalena, pour suivre le cours de ces fleuves et descendre sur les An- ülles, n’ont certainement pas pour effet d’abaisser la tempé- rature de la Jamaïque (2), outre que ces ouragans sont eux- mêmes des agents non contestés de dissémination. Ce serait un curieux travail que d'examiner chaque famille naturelle, dans sa distribution géographique, au point de vue auquel je viens de me placer, et de rechercher si elle appar- tient ou non à la région fluviale que je viens d'indiquer, et quelle proportion elle contient d'espèces à aire étendue ou à aire étroite. On constaterait Immédiatement que certaines des grandes familles ne donnent à cette région qu’une fraction de leurs types, par exemple les Graminées auxquelles ce mémoire est spécialement consacré (3). Il en serait encore ainsi, no- tamment, des Légumineuses et des Rubiacées. On remarque- rait ensuite que, en changeant de région naturelle, certaines (1) Archives des sciences physiques et naturelles, novembre 1877. (2) F.-F. Hébert, communication faite au congrès de la Sorbonne en avril 1878. (3) I est facile de noter ici un curieux exemple de la localisation affectée par ies Graminées de la région montagneuse, dans l'Amérique centrale. Cet exemple est offert par le travail monographique auquel M. Weddell a soumis les Deyeuxia des Andes (Bull. Soc. bot. Fr., t. XXIT, Séances, p. 173). Sur les 60 espèces de Deyeuxia étudiées par M. Weddell dans la flore alpine de l'Amé rique du Sud, on peut dire, en général, que les unes sont propres à la Nouvelle- Grenade, d’autres à l'Équateur, d’autres à la Bolivie, d’autres au Chili; et même en Bolivie, à une altitude égale, à une faible distance, et sous le même méri- dien, les Deyeuxia ne sont pas les mêmes sur le col de Sorata que sur le col qui sépare la Paz de Coroïco. Or, ce sont là précisément les deux points que M. Weddell à le mieux explorés pendant ses voyages, et M. Mandon ayant lui- même séjourné encore depuis à Sorata, on a tout lieu de penser que la consta- tation d’une localisation si singulière n’est pas le résultat d’une erreur tenant à l'insuffisance de nos collections. 6° série, BOT. T. IX (Cahier n° 5).5 19 290 E. FOURNIER. familles changent aussi de distribution géographique. Ainsi, les Renonculacées et les Ombellifères, dans notre Europe tempérée, contiennentbeaucoup d'espèces dela région fluviale, et ces espèces ont, chez nous, une aire très vaste. Dans la partie tropicale du nouveau monde, au contraire, les types de ces deux familles ne se rencontrent que dans la région élevée. Enfin on noterait en Amérique, parmi les familles de la région montagneuse ou aride, les Asclépiadées, les Cactées, les Zygo- phyllées, les Vacciniées, beaucoup d’Euphorbiacées, etc. ; parmi les familles de la région fluviale, les Cypéracées, les Musacées, les Palmiers, les Artocarpées, beaucoup d’Aroïdées et de Fougères, les Malvacées, les Convolvulacées, les Poly- gonées, etc. On conçoit que je n’ai pas l’intention de poursuivre ici plus loin ces indications, me bornant à les suggérer comme une conséquence de l’étude détaillée des relations géogra- phiques d’une grande famille. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION ET DES AUTRES ILES AUSTRO-AFRICAINES DE L'OCÉAN INDIEN Per Émile BESCHEREEIEE. INTRODUCTION. Lorsque nous avons entrepris, il y a plusieurs années, l’in- ventaire des Mousses de nos colonies, nous pensions nous borner aux limites géographiques de la possession française, comme nous l’avons fait pour la Nouvelle-Calédonie et les Antilles, et ne pas étendre nos investigations aux pays voisins. Il ne nous à pas été possible d'agir de la sorte pour l'ile de la Réunion. Nous ne pouvions, en parlant de cette île, passer sous silence Sainte-Marie de Madagascar, Nossi-bé et Mayotte, et il nous était difficile de ne pas comprendre dans notre tra- vail l'ile Maurice, ancienne possession française, qui a long- temps été explorée par nos voyageurs et dont les collections sont confondues souvent avec celles de la Réunion. Nous nous sommes donc trouvé amené ainsi à faire la flore bryologique des îles austro-africaines de l’océan Indien, et pour être plus complet, nous avons cru devoir y ajouter l’île de Madagascar, quoique les Mousses de cette île participent à la fois, au sud, de la végétation du Cap et, au nord, de celle des Comores. Mais comme les Mousses récoltées par Pervillé au N. O0. de Madagas- car et par Bernier dans une autre partie de l’île, n’avaientencore été qu’en partie décrites, nous avons pensé qu'il fallait profiter de l’occasion pour les signaler dans notre florule. L'ile de la Réunion, autrefois ile Bourbon, est, de toutes les îles voisines de Madagascar, celle qui offre la plus riche et la plus nombreuse collection de Mousses. De formation volca- nique, elle présente une surface elliptique de plus de 250 000 299 ÉM. RPESCHERELLE. hectares, allongée du N. 0. au $. E.; deux groupes de mon- tagnes, le piton des Neiges (3069 mètres), volcan éteint depuis longtemps, et le piton de la Fournaise (2695 mètres), volcan encore en activité, séparent l’île en deux régions très distinctes au point de vue botanique surtout, Pune S.$S. 0., appelée partie sous le vent, qui à été peu explorée à raison de son ari- dité, l’autre N. N.E., nommée partie du vent, qui au con- traire a été l’objet des recherches de tous les voyageurs. Les premières Mousses citées par Schwægrichen, par Palisot de Beauvois et par Bridel, proviennent de Commer- son, qui, accompagnant M. de Bougainville dans son voyage autour du monde de 1766 à 1769, resta plusieurs mois à la Réunion et y récolta un petit nombre d'espèces con- servées au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Les voyages de Perrottet, sur le Rhin en 1819, de Duperrey, sur la Coquille en 4895, et de Dumont d’'Urville, sur l’Astrolabe et la Zélée de 1837 à 1840 ne fournirent aucuns matériaux pour la bryologie. Bory de Saint-Vincent, de 4801 à 1802, récolta au contraire un grand nombre de Mousses; elles manquent au Muséum, mais il nous à été facile de prendre connaissance d’une grande partie d’entre elles dans l’herbier de M. Cosson, que ce savant botaniste, avec son obligeance habituelle, a bien voulu mettre à notre dispositon. M. Bélanger, embarqué sur la Chevrette de 1827 à 1829 resta quelques mois seulement à la Réunion, et ne rapporta que deux ou trois espèces qu'ilesttrès difficile de se procurer aujourd'hui. M. Ad. Delessert a aussi récollé quelques espèces en 1854; elles se trouvent dans l’herbier Montagne, au Muséum. Mis le plus grand nombre provient des envois de Richard (1837), qui a été longtemps directeur du jardin botanique de l'ile. Les échantillons sont généralement mal préparés; mais, par Compensation, ils sont copieux. Vers la même époque, M. Lépervanche père (1839), qui était en correspondance avec M. Thuret, fournit à ce dernier une trentaine d'espèces que M. le D° Bornet, possesseur de lher- bier de M. Thuret, a bien voulu nous communiquer. L'her- bier du Muséum renferme aussi les Mousses récoltées par FLORULE BRYOLOGIQUE DE EA RÉUNION, ETC. 295 M. Frappier, et celui de l’exposition permanente des colo- nies, au palais de l’industrie à Paris, contient 25 espèces envoyées par M. Potier, directeur actuel du jardin botanique de la Réunion, mais sans indication de localités. Toutes ces Mousses de diverses provenances ne for- maient pas encore un bien riche butin. Bory n'avait guère visité que le piton des Neiges, la plaine des CGhicots, la plaine des Cafres (1600 mètres) et le volcan de la Four- naise, c’est-à-dire les localités principales au point de vue du touriste. Lépervanche père avait surtout exploré les envi- rons de Salazie, et Richard la plaine des Fougères. Nous étions dans cette situation 1! y a quelques années, lorsqu'un botaniste plein de dévouement pour la science, M. Georges de l'Isle, sur les instigations de M. le professeur Bureau, s’arrèta plusieurs mois à la Réunion en revenant de l’île Saint-Paul, et consacra une partie de ce temps à la recherche des Mousses. IT à visité à londies environs de Saint-Denis, toute la côte qui s'étend au N. E. jusqu’au cratère, les plateaux de Salazie, de Hellbourg, de Terre-Plate, les plaines des Fougères, de Belous, des Salazes, des Cafres, des Palmistes, le morne Saint-François, le cratère Commerson, et toutes les ravines qui descendent des Hauts, c’est-à-dire toute la partie fertile de Pile où 1l y avait quelque chance de trouver des Mousses. Le nombre des échantillons qu'il a rapportés de son voyage est relativement considérable ; on y rencontre une grande quantité d'espèces nouvelles et la plupart des espèces anciennes, mais dans un meilleur état, ce qui nous a permis de rectifier ou de compléter les diagnoses de Schwægrichen ou de Bridel, faites souvent sur des échantillons incomplets. Quoique les espèces de M. G. de l'Isle soient nom- breuses, nous n'avons pu cependant ne pas nous étonner de la grande différence quiexistait entre les récoltes de ce voyageur et celles de Commerson et de Bory. Les collections de ces derniers, bien que très restreintes, comprenaient des quantités d’échan- üllons de Sphagnum, de Polytrichum et d'autres Mousses de marais, et peu de Mousses lignicoles. M. G. de PIsle n’a recueilli aucune de ces espèces, et cependant il a visité les mêmes loca- 9294 ÉRS. BESCHERELLE. lités, et 1] n'aurait pas manqué de les récolter s’il les avait trouvées sous sa main; en revanche, les espèces croissant sur les arbres abattus et pourrissant à terre sont en majorité, tandis qu’elles sont en minorité dans les collections de Bory. Nous croyons que cette différence provient d’un fait que nous trouvons signalé de la manière suivante dans un rapport que M. Debette, ingénieur en chef des mines, envoyé en mission à la Réunion, a adressé au ministre de la marine le 15 mars 4877 : «L'ile de la Réunion, dit M. Debette, était, il n’y a pas » encore un siècle, couverte jusqu’à une distance moyenne de » 4 à 9 kilomètres de la côte, de forêts qui, s’élevant presque » jusqu'au sommet des montagnes, entretenaient les sourceset » s’opposalent jusqu’à un certain point, aux sécheresses dont » on se plaint si vivement aujourd’hui. L’accroissement rapide » de la population, le développement des cultures qui en est » résulté, surtout celle dela Ganne à sucre, ont nécessairement » amené le défrichement d’une grande parties des forêts, » défrichement qui a été trop souvent accompli avec aussi peu » de discernement que de prévoyance, et dont nous avons été » plus d’une fois à même de constater les procédés barbares, » lors de nos excursions à l’intérieur de l'ile, en y traversant » de vastes emplacements où les bois, abattus par le feu, pour- rissaient sur place sans qu'on eùt même cherché à en rer » le moindre profit. » Ceci donne l'explication du fait que nous avons constaté ; mais le bryologue trouve une compensation dans le desséche- ment de certaines localités. Les arbres à moitié carbonisés qui pourrissent à terre servent de substrat à un grand nombre de Mousses qui n’attendaient que cette circonstance pour se développer et se reproduire ; de petites colonies se forment ainsi, et par une cause souvent fortuite de nouvelles espèces sont introduites dans un pays où quelques années auparavant on les aurait cherchées en vain. Aux récoltes de M. G. de l'Isle sont venues s'ajouter tout récemment celles de M. Paul Lépervanche, inspecteur des forêts à Saint-Denis, de mademoiselle Berthe, sa fille, et de FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 295 M. Valentin, garde général. Ces trois derniers ont bien voulu, sur la demande de M. l’ingénieur Debette, se charger de visiter à notre intention les localités qui n'avaient pas encore été explorées, telles que le pas de Belcombe, le cratère Brülant, la plaine des Marsouins, le Grand Brûülé de Saint-Denis. M. Valen- tin a surtout porté ses recherchessur la partie la moins fertile, Cilaos (1140"), Saint-Paul, Saint-Leu, Saint-Louis, où il a ren- contré des espèces intéressantes. L'île de la Réunion parait done avoir été suffisamment fouillée au point de vue bryologique. Le nombre des espèces constatées s'élève à 209; nous sommes loin des 25 Mousses citées en 1805 dans le Prodrome de Palisot de Beauvois. Sur ces 209 espèces, 50 sont communes avec Maurice, Madagascar, le Cap et les Comores; 158 sont spéciales à la Réunion. Elles se répartissent entre 193 genres dont quelques-uns sont spéciaux à larégion : telssont les Coleochætium, Jagerina, Hildebrandtiella. Presque tous les genres européens y sont représentés par une ou deux espèces. Ceux qui fournissent le plus grand nombre d'espèces sont : Campylopus (13), Fissidens (5), Plilonotis (9), Polytrichum (4), Neckera (4), Hookeria (6), Thuidium (4); et parmi les genres exotiques : Macromitrium (5), Schlotheimia (7), Pilotrichella (4), Rhaphidostegium (12), Ectropothecium (7), Hypopteryqium (4). Un certain nombre d’espèces de Cey- lan et de la flore indienne et javanaise sont remplacées à la Réunion par des espèces affines très voisines, qui n’offrent bien souvent que de faibles différences quand on embrasse l’ensem- ble de la végétation, mais qu'on est cependant obligé de dis- tinguer lorsqu'on ne s'occupe que d’une partie très restreinte du globe. Pour ne citer que quelques exemples, nous remar- querons notamment le genre Garckea, qui ne comptait jusqu’iei qu'une seule espèce propre à Ceylan, le G. phascoides, et qui est représenté aujourd’hui à la Réunion par une deuxième es- pèce qu'on retrouve à Nossi-bé. Ilen est de mêmede l’Orthodon serratus, du Macronatrium hispidulum, etc. L'ile Maurice (autrefois ile de France), quand nous avons commencé notre étude, n'était connue, bryologiquement par- 296 ÊM. BESCHEMREELE. lant, que par les récoltes de Commerson, d’Aubert du Petit- Fhouars, de Fichard et de Boivin (1847-1849), qui se trouvent au Muséum de Paris, et par quelques espèces envoyées par ävateloup et Duisabo à Montagne. Le séjour qu’y fit Michaux rest signalé par la présence d'aucune Mousse. Tout cela n’était pas suffisant; un appoint considérable nous est venu depuis de M. Duby et de M. Geheeb, qui ont bien voulu mettre à notre disposition les récoltes ré- centes de M°* Lecoultre et de M. le D' de Robillard. M. le pro- lesseur Schimper nous à communiqué en même temps celles de MM. Avres et Darnty. M. Bordas nous a fait parvenir, de son côté, quelques échantillons que nous avons utilisés pour notre travail; et ce qu'il y a de vraiment surprenant, c’est que le seul et unique échanüllon de Sphagnum que nous ayons reçu Ge Maurice nous à été envoyé par M. Bordas, qui ne s'occupe pas de botanique! Les Sphagnum ne croissent cependant pas isolément, et l’on ne peut s'expliquer, puisqu'ils existent à Maurice, comment des botanistes tels que Richard et Boivin n'en aient pas trouvé un seul exemplaire. Les Mousses constatées dans cette île s'élèvent à 98 espèces, dont 62 acro- carpes et 35 pleurocarpes ; la moitié environ se trouve à Ja Réunion. Madagascur. — Les matériaux nous ont manqué pour faire l'étude compiète de cette ile, dont les côtes sont plus connues aue Pintérieur au point de vue des Mousses. De très nombreux botanistes l’ont parcourue depuis la fin du dernier siècle : Commerson, Sonnerat, du Petit-Thouars, Michaux, Bover, Porrottet, Goudot, Bernier, Pervillé, etc. Les herbiers renfer- ment bien des plantes phanérogames provenant de ces collec- teurs, mais en dehors des récoltes de Pervillé qui sont au Muséum, et de celles de Bernier que nous avons pu voir dans l'herbier de M. Thuret, chez M. le docteur Bornet, on n’y ren- contre pas de Mousses. Pervillé à surtout visité l'ile Saite- Marie et la côte N.0. qui se rapproche de Nossi-bé. Nous avons d'ailleurs uülisé pour notre étude les Mousses recueillies par MM. Borgen et Borchgrewink, que le M. D'Ernest Hampe a bien FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 297 voulu nous donner et que ce savant bryologue avait déjà dé- crites dans le Linnæa (t. XXX VIH). De son côté, M. le D'Kiær, de Christiania, a mis aussi à notre disposition un certain nom- bre d'espèces provenant des collections envoyées par M. Bor- gen en 1874 et par M. Rosas. Nous avons pu ainsi réunir 71 espèces; mais ce nombre est évidemment bien loin de représenter l’ensemble des Mousses de cette ile si riche en végétaux de toutes sortes. Iles Comores.— Ge groupe d’ilés comprend la grande Gomore, Anjouan, Mayotte et Moely. Boivin a exploré les trois pre- mières en 1849 et ses récoltes sont au Muséum. Anjouan a été l’objet des recherches de M. Hildebrandt en 1875; les Mousses que ce botaniste a recueilliesont été décritespar M. Ch. Müller dans le Linnæa, tome XL. Les espèces constatées par Boivin et par M. Hildebrandt dans le groupe des Comores s’élè- vent à 69. MNossi-bé, — Pervillé (1837) fut le premier qui envoya des Mousses de cette petite colonie française. Boivin, plus tard (1849), y récolta plusieurs espèces. Mais c’est surtout depuis 1878 que nous en connaissons la végétation d’une manière com- plète, grâce au zèle et au dévouement de M. Marie, commis- saire de marine, qui s’est déjà fait connaitre des naturalistes par les découvertes qu'il à faites à la Nouvelle-Calédonie et à la Guadeloupe. M. Marie n’est encore que depuis un an à Nossi-bé, et les espèces que nous avons reçues de lui montent déjà à 42. Îles Seychelles.— Quoique ce groupe d’iles soiten dehors de la région étudiée dans notre florule, nous avons cru devoir donner la description de 16 Mousses nouvelles que M. G. de l'Isle y a recueillies en revenant de la Réunion. Nous terminons cette notice par le tableau ci-après qui per- mettra de se rendre compte, par tribus, des Mousses con- statées jusqu'ici dans les îles qui font l’objet de la présente florule : 298 ÉM. BESCHMEREELEN. TRIBUS. e Ë É É - É 2 3 Res An dE AT 1. ACROCARPI. I. Weisiaceæ...... 71 35 | 18: | 14 | 41 n 2 IT. Fissidentaceæ. .. 15 6 1 2 n 5 » III. Leucobryeæ..... DA 31109 | 02 IV. Leptotrichaceæ. . 6 41:82 PS M 4 » \ A 1 il » » » » » VI. Pottiaceæ.. 3 8 » 2 1 » VIL. Calymperaceæ. . 15 SP ET UN VIII. Grimmiaceæ ....:| 32 19 | 13 n 9 2 1 IX. Splachnaceæ . ..… 2h12 » » { » » Xe Funariaceæ..... ! 3 n » 1 » » XI Bryateæ. .…....., 20 Te ON NT INET Î » XII. Bartramieæ..... 10 10 2 1 9 1 » XIIT. Polytrichaceæ..…. 1941042, | 6110), 2,1. 1 Toraux... | 220 || 116 | 62 | 35 ! 47 | 19 8 2. PLEUROCARPI. nig XIV. Leucodontaceæ.. 10 4 5 sl 1 1 » XV. Neckeraceæ..... 36 18 8 | 13 | 10 2 » XVI. Hookeriaceæ . ..…. 23 16 2 4 » 3 4 XVII. Fabroniaceæ.. 2 2 1 >» > » » XVII. Leskeaceæ. . .... 9 4 2 2 » 1 » XIX. Hypnaceæ. ..... 73 4044 MA NUEO AZ 7 XX. Hypopterygieæ.. 10 GYM || 1 2.120 ToTaux... | 163 89:| 35 134019401098 8 XXI. Andreæaces ee 1 1 » » » » » XXII. Sphagneæ ...... 4 3 4 » > » Acrocarpi. ..... 220 || 116 | 62 | 35 | 47 | 19 | 8 TorTaux... | 388 || 209 | 98 | 69 | 71 | 42 | 16 TT, TOTAL GÉNÉRAL. . 507 Clamart (Seine), le 24 décembre 1879. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 299 Series I. MUSCI ACROCARPI. — Ordo STEGOGARPI. Tribus L. WEISIEÆ. Fam. E. — WEISIACEÆ, Gen. I. — HYMENOSTOMUM KR. Br. H. pulicare Besch. — Weisia (Gymnostomum) pulicaris Nob., in Rev. Bryol., 1877. — Dioicum, pusillum, gregarie cespitosum, fuscescens. Caulis simplex vel e basi breviter 2-3 fasciculato-ramosus. Folia madida patula, sicca tortilia, oblongo-lanceolata, concaviuscula, late acumimata, integer- rima, subüliter papillosa, margine plano, costa pallide viridi in mucronem brevem hyalinum evanida; cellulis minutis apicalibus inconspicuis, mediis quadratis papillosis, inferio- ribus elongate quadratis pellucidis. Folia perichætialia similia, intima breviora minus obscura. Capsula in pedicello recto vix 2 millim. longo rufo globosa, minuta, apice angusta, puli- caris, nitida, ore pertenui ; operculo aciculari oblique et longe rostrato. Mayotte : Borvin (in herb. Mus. Paris.). Très jolie petite Mousse remarquable par ses nombreuses petites capsules arrondies, d’un roux qui rappelle la couleur de la puce. Gen. Il. — GYMNOSTOMUM Hedw. 1. G. chloropus Besch.— Dioicum. Cespites plani, dense con- gesti. Caulis gracilis, superne vix 2 mill. exsertus, fusco-viridis. Folia torquata, basi ovato-lanceolata, versus tertiam partem ad apicem usque elongate lanceolata, margine basi plano dein arcte revoluto, dorso subtiliter papillosa, integerrima, costa infra apicem evanida. Folia perichætialia latius ovata subvagi- nantia longiora ; archegonia stylo longo instructa, eparaphy- sata. Capsula in pedicello tenuissimo vix 5 mill. longo flexuoso tortuoso pallide luteo elliptica vel oblonga, evacuata parce striata, subnitida; operculo acuto capsula breviori. 300 Éd. BESCHEREEELE. La Réunion: sur la terre, où il forme des touffes semblables à celles du Barbula convoluta (G. dE L’ISLE). 2. G. scaturiginosum Besch. — Cespites tumescentes, con- densati, mole tophaceo obrupti, ferrugimei superne luteo-viri- des. Gaules graciles erecti, semiunciales vel majores, fastigialo- ramosi. Folia sicea erecta, mollia, erecto-patentia, elongate ovato-ligulata, acuminata, integerrima, costa infra apicem evanida dorso subpapillosa, margine in uno latere incurva ; cellulis basi elongatis pellucidis, ad margines angustioribus elongaiis, ceteris quadrato-ovatis. Capsula in pedicello 7-8 mil- lim. longo rubello ovoidea, nigra, nitida, ore angusta. Oper- culum oblique longirostre La Réunion : près de la source pétrifiante de Salazie, et dans l’eau du ruisseau provenant de la source de Hellbourg (G. DE L'ISLE), Mousse formant des touffes compactes, incrustées de calcaire à l'instar de l’Eucladium verticillatum : intermédiaire entre le G. rupestre et le G. curvirostrum; diffère du dernier par ses capsules ovoides plus petites, à orifice plus étroit non dépassé par la columelle, et du premier par la capsule ovoide et l’opercule plus long. Gen. IE. — ANŒCTANGIOM Hedw. 4. A. Borbonense Besch. — Pusillum vix 3-#nullim. altum, anœæne viride, ramis ascendentibus brevibus. Folia apice con- gesla, spiraliter torta, lanceolato-ligulata, costa excurrente, utraque pagina minute papillosa, cellulis basi quadra- üs hyalinis, ceteris minutissimis opacis. Folia perichætialia intima longiora convoluta late acuminata integerrima pellucide areolata, costa evanida. Gapsula in pedicello gracillimo flac- cido erecla, ovata, ætate fusca ; operculo subulato recto vel vix obliquo. La Réunion : sur la terre, mai 1875 (G. DE L'ISLE, n° 255). Très voisin du Zygodon (Anwctangium) pusillus G. Müll.; ses rameaux dressés non courbés, ses feuilles non dilatées au sommet et gar- nes de papilles très fines, son opercule à peine incliné, l'en distinguent suffisamment. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 301! 9. A. Mariei Besch. — Dioicum. Cespites maseuli plant luteo-virides. Gaulis gracilis, 2-3 millim. longus simplex sub flore innovans. Folia erecta, flexuosa, apice conglobata, lan- ceolato-linearia, obtusa, cellula apicali hyalina unica acute acuminata, integerrima, margimbus planiusculis sæpe flexuo- sis, costa canaliculata infra summum evanida dorso valde pa- pilloso-tuberculosa ; cellulis inferioribus rectangularibus hyalinis obsolete papillosis, ceteris quadratis chlorophyllosis et papillosis. Antheridia numerosa paraphysibus brevioribus flavidis paucis mixta. Cetera ignota. Nossi-bé : sur la terre calcaire, en touffes compactes, f6- vrier 1879 (MARIE). 3. A. rufo-viride Besch. — Dense cespitosum, compactum, tomentosum, inferne rufum, superne viride. Folia anguste li- gulata, brevia, integerrima, acuta, basi pellucidiora quadrate areolata, dehine obscure quadrato-punetata. Perichætium longum foliis appressis vaginantibus costatis, margine e me- dio serrato-erosis, intimis longioribus integerrimis late cuspi- dats; vaginula Tonga curvata. Capsula gracilis oblonga, ætate rufa, pedicello 12-13 millim. longo stramineo dein ferrugineo ; operculo capsulam æquante. Grande Comore : mai 1850 (Boivin). Espèce très voisine de l’A. rhaphidosteqium par la forme de la cap- sule, mais qui en diffère par les tiges plus courtes et plus compactes, les feuilles caulinaires moins longues, plus étroites, à réseau composé de cellules fines, peu distinctes et opaques, les feuilles périchétiales plus longues, engainantes et dentées vers le milieu. Var. eucollum (Anæctangium eucollum Nob. in Rev. Bryol.), colore intense viridi-ferrugineo, caule breviore, foliis angustio- ribus, capsulæ collo paulo longiore, foliis perichætialibus vix erosis. Grande Comore (Bo1viN). 4. À. rhaphidosteqium CG. Müll., in Hitt. — Cespites lati densiusculi 4-5 cent. longi, imferne rufi superne luteo-virides. Caulis fragilis, dichotome ramosus, mollis, radiculosus. Folia 3092 ÉM. BESCHERELLE. caulina madida erecta, sicca crispula, basi anguste ovata, elongata, lanceolata, acuta, margine revoluto ob papillas pro- minentes subcrenulata, costa cum apice evanida papillosa ; cel- lulis quadrato-rotundis tenuissime papillosis sola basi infima elongate quadratis pellucidis. Folia perichætialia inferiora minuta cordata, erosa, ecostata, media majora vaginantia co- stata, intima obtusa, elongate ovata, costa infra apicem eva- nida, omnia integerrima pellucide areolata. Capsula in pedi- cello 10 millim. longo stramineo flexuoso filiformi erecta, pal- lide aurantiaca, vernicosa, tenuis ; operculo capsula longiore aciculari recto vel curvulo. Calyptra albicans. Grande Gomore : mai 1850, Borvix (hb. Mus. Par.). Gen. [V. — WEISIA Hedw. 4. WW. Mauritiana Sch. im herb. — Cespites elati, densi vel laxiusculi, superne virides. Caulis plerumque simplex vel fasciculato-ramosus, À centim. altus. Folia sicca patentia, apice cirrato-incurva, laxe imbricata, superne in gemmulam clavatam congesta, lanceolata, basi pellucida, acuminata, subintegerrima, marginibus supra medium involutis, costa pallida valida excurrente; eellulis inferioribus rectangula- ribus hyalinis, superioribus chlorophyllosis quadratis. Capsula (vetusta) in pedicello 5-6 milim. longo flavido superne tortili breviter ovato-cylindrica, subplicata, sub ore vix coarctata. Getera ignota. Maurice : Aves (in herb. SCHIMPER). Voisin par le port du W. bogotensis Hpe. 9. W. (?) Ayresiü Sch. in herb. — Cespites densi, ferru- ginei. Folia crispula, madida patentia, superiora erecta, ovato- lanceolata, integerrima, basi pellucida, cellulis quadratis areo- lata, apice cuspidata, marginibus arcte involutis dorso minute granulosis. Folia perichætialia majora, subvaginantia. Capsula in pedicello 6-7 nullim. longo pallido apice flexuoso FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 9303 ovata, cernua, inclinata, ore cellulis minutis rotundis rubellis ornato, gymnostoma (?). Operculum oblique longirostre. Maurice : AYRES (in herb. SCHIMPER). Cette Mousse offre une grande ressemblance avec le W. viridula d'Eu- rope; mais elle s’en éloigne au premier abord par sa capsule gymnostome, courbée, et par ses feuilles non crispées. Il ne nous a pas été possible de découvrir de dents péristomiales ni dans les vieilles capsules, ni dans les jeunes. Fam. EN. — SPLACHNOBRYE/Æ, Gen. SPLACHNOBRYUM C. Müll. 4... Boivini G. Müll. in litt. — Cespites laxi, graciles, sordide virides. Gaulis 10-15 millim. longus, simplex vel inno- vando fureatus. Folia mollia, remota, erecto-flexuosa, oblonga, plana, caulina late acuminata, imtegerrima costa excurrente vel cum apice evanida, dorso ob cellulas prominentes rugosa, folia innovationum basi ovata ligulata, apice rotundato costa infra apicem vix producta, cellulis laxissimis utriculo primor- diali persistente impletis. Folia perichætialia similia. Capsula in pedicello 4-5 millim. longo rubello tortili innovationem superante erecta, gracilis, brevis, cylindrica, ore dilatata ; operculo brevissimo obtuse conico. Peristomii dentes anguste lanceolato-lineares, geminati, carnosuli, inter articulationes hiantes, capsulæ orificium superantes. Calyptra ? Nossi-bé : ruisseau d’Androdroat, mars 4851, Borvin (hb. Mus. Par.) et Marie; Antourtour, MARIE, 1879. 2. S. inundatum CG. Müll. in litt. — Dioicum, laxe cespi- tosum, sordide lutescens. Gaulis erectus, basi denudatus, superne remotissime foliosus, gracilis, plerumque simplex, un- cialis vel major. Folia mollia, flaccida, filis confervoideis mixta, elongalta, e basi ovata, late ligulata, apice ob cellulas supre- mas prominentes in flabellulum dispositas rotundata, integer- rima, marginibus e medio ad summum planum valde involutis, costa rubella infra apicem evanida; cellulis incrassatis basi laxioribus subpellucidis vestigio utriculi primordialis impletis. Cetera desunt. 304 ÊM. BESCHERELLE. Nossi-bé : cascade d’Androdroat, mars 1851, Borvix (hb. Mus. Par.). La plus grande espèce du genre ; très distincte de la précédente par le port et par les feuilles arrondies au sommet. Fam. HS. — DICRANEÆX. Gen. I. — MICRODUS Sch. 4. M. limosus Besch. — Monoicus, gregarie cespitosus, sor- dide lutescens. Caulis vix À centim. altus, ramosus, innovans. Folia julacea, erecta, arcte imbricata, inferiora brevissinia, comalia majora, omnia Lamen minutissima, ligulato-lanceo- lata, obtusa, integerrima, margimibus in uno latere revolutis superne duplicatis, costa deplanata; cellulis obovalibus vel hexagonis incrassatis. Folia perigonialia intima late ovata, concava, abrupte acuminata. Folia perichætialia comalbus si- milia, erecta. Gapsula in pedicello rigidiuseulo luteo 5-6 mull. longo erecta, junior elongate-ovata, senior globosa, annulata ; operculo capsulam æquante obliquo siceitate horizontal. Pe- ristomii dentes minuti, rufi, apice grisei, rugulosi, pertusi vel irregulariter in duobus cruribus fissi. Calyptra minut s- sima basi integra. | Nossi-bé : Commun sur les talus, févr. 1851, Borvix (in herb. Mus. Par.) ; Hellville, 1879, Marie; torrents desséchés à Nossi-Comba et Antourtour, juillet 1879 (44.). 2. M. lutarius Besch.—Cespites extensi, sordide lutescentes. Caulis breviter apice divisus. Folia erecta, adpressa, bastellip- lica, margine e basi ad ultra medium fol constrieta Incras- sata, apice obtusiuscula, integerrima; costa lata continua ; cellulis rectangularibus utriculo primordial repletis. Gapsula in pedicello 7-8 millim. longo nigrescente ovata, sublævis, annulata, ore angusto; operculo curvirostri capsula breviore. Peristomi dentes minuti, grisei, pertusi vel apice irregula- riter fissi. La Réunion (G. DE L’'ISLE). FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 305 Espèce voisine de l'Angstræmia (Microdus) minuta Mpe, de Mada- gascar ; en diffère cependant au premier abord par ses capsules non bril- lantes et par l’opercule plus court. 3. M. manutus Hpe, in Lënn., XXXVIIT, p. 209, sub Ang- strœæmit. Madagascar (BoRGEN, n° 99). 4. M. pallidisetus G. Müll., Syn., EL, p. 429, sub Seligeria (Leptotrichella) . Madagascar (AUBERT pu PETIT-THouARsS). Gen. II. — ANGSTR(ŒEMIA Br. et Sch. À. vulcanica G. Müll., Syn. EL, p. 427. — Borya vulcanica et Weisia vulcanica Brid., Musc., Suppl. I, p. 125 (18092). Di- cranum filum (1812), in hb. Cosson.; Dicranum vulcanicum (Bory), Brid., E, p. 466; Dicranum filiforme Schgr., Suppl. KF, p. 79, tab. 199; Pal. Beauv., Prodr. — Dioica ! Gespitosa sur- culis plerumque simplicissimis basi aggregatis 1-3-uncialibus. Caulis filiformis erectus vel subarcuatus, graminicolor, infra apicem floriferum innovans vel breviter divisus. Folia inferiora minora remota, anguste ovato-lanceolata, sæpe emarginata, breviter subulata, superiora longiora adpressa, omnia integer- rima, Costa crassa in subulam canaliculatam acutam folium proprium æquantem producta; cellulis basi hexagonalibus, ceteris angustis subflexuosis incrassatis obscure limitatis. Folia perichætialia comosa, erecta, caulinis superioribus similia, sed duplo triplove longiora, subula longissima plerumque tortili flexuosa. Archegonia stylo longo instructa. Capsula in pedi- cello brevi immerso plerumque gemella, cylindrica, erecta, angusta, fere æqualis. La Réunion : dans un trou obscur des laves de la plaine des Sables, près du volcan, où elle forme des gazons serrés d’un vert soyeux; rare en fruit, Bory, 1802 (hb. Cosson); G. DE L'ISLE. N. 0. de Madagascar; associé au Leplotrichum Boryanum, PERVILLÉ (hb. Mus. Par.). Ge série, BoT. T. IX (Cahier n° 5). 4 20 306 ÉM. BESCHERELLE. Gen. III. — DICRANELLA Sch. 1. D. flavipes Besch. — Dioica. Planta viridi-flavescens, gracilis, elata, subuncialis, laxe cespitosa, simplex, erecta. Folia remotiuscula, heteromalla, flexuosa, erecto-patentia, pallide viridia, haud nitentia, integerrima vel sammo parcis- sime dentata, basi elongate ovata, apice obtusiuscula, margine supra partem ovatam ad apicem usque revoluta, costa excur- rente, Himbo fere omnino disüncto, cellulis superioribus rec- tangularibus chlorophyllosis, inferioribus longioribus hyalinis parieubus . flavescentibus. Capsula (junior) cylindrica, vix inclinata, annulata, pedicello flaccido elongato, operculo longe subulato. Peristomi dentes longi e medio bifidi. Caly- ptra generis. La Réunion: plaine de Belous (G. DE L’Isce, n° A4). Proche du D. borbonica, mais en diffère par son feuillage vert glauque et ses feuilles ovales engainantes. 9. D. borbonica Besch. — Cespites laxi ætate fuscescentes. Caulis filiformis, gracilis, fragilis, uncialis vel minor, plerumque simplex, interdum apice ob innovationes 2-4 furcatus. Fokia caulina infera erecto-patentia flexuosa remota, comalia erecta flexuosa, e basi latiora obovata vaginantia subito lanceolato- subulata integerrima Lantum in parte superiore vaginæ sinuoso- crenulata, costa lala totam subulam occupante; cellulis inferioribus elongatis plus minus regulariter rectangularibus pellucidis, ceteris angustis elongate quadratis. Perichætia com- plura, folus longis vaginantibus. Capsula in pedicello iongius- culo tortili flexuoso vix curvato erecta, junior auguste cylin- drica, tenella, rufo-nigra, sicca sub ore coarctata, collo longo, annulo lato revolubili; operculo late conico oblique rostrato. Peristomi dentes longissimi bifidi, basi purpurei, Calyptra angusta, cucullata, mferne integerrima. La Réunion : Borvix (in herb. Mus. Par.). Espèce très voisine du Dicranella cygnea Angst., et du D. Khasiand Mitt.; en diffère cependant par les tiges rameuses quelquefois dès la base, FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 307 le plus souvent au sommet, où elles se divisent en trois ou quatre rameaux fructifères à l’instar des Dicranum et des Campyiopus; elle s’en éloigne aussi par le péristome composé de dents très longues, comme dans le pre- mier de ces deux genres. 3. D. Pervilleana Besch. — Dioica. Habitu D. proscriptæ similis, sed gracilior. Caulis tenellus, simplex vel parce inno- vans, d-6 millim. longus, arcuato-ascendens. Folia inferiora patula flexuosa, comalia subsecunda homomalla, basi ovato- lanceolata, setacea sensim in cuspidem tantum apice subdenti- culatam attenuata, costa lata; cellulis basi rectangularibus flavidis, medis minoribus chlorophyllosis, ceteris vix conspi- cuis. Folia perichætialia amplexantia basi longa, longe setacea. Capsula in pedicello 8-10 millim. longo rubello tenello ovato- cylindrica, lævis, attenuata. Operculum aciculare obliquum, capsulam æquans. Peristomi dentes longi, bifidi, purpurei. Annulus latus revolubilis. Galyptra fusca. Sainte-Marie de Madagascar : PERVILLÉ, 1841, n° 834 (hb. Mus. Paris); Madagascar (hb. Scnimper, sub Leptotricho leptorhyncho Sch.). Cette Mousse ressemble beaucoup par le port à certaines espèces du genre Leptotrichum, mais par ses dents péristomiales fendues au-dessus du milieu elle se rapporte bien certainement au genre Dicranella ; elle s'éloigne du D. borbonica, par sa capsule plus grêle et plus courte, par les feuilles caulinaires plus solidement nervées, sensiblementatténuées, et par les feuilles périchéliales à base beaucoup plus allongée. Gen. IV. — TREMATODON Rich. 4. T. paradoxus Hsch, ; G. Müll., Syn., E, p. 456. La Réution : G. DE L'ISLE, associé au Garchkeu Beschereller. Cap de Bonne-Espérance. 2, T. borbonicus Besch, — Monoicus. Habitu 7. longicolli similis, laxe cespitosus. Caulis humilis, sæpe breviter ramosus. Folia e lutescente viridia, erispatula, infima minora lanceo- lata, superiora ovato-lanceolata vel ovata, subito in cuspidem longam arcuatam attenuata, integerrima vel tautum apice obtuso cellulis paucis radiantibus prominentibus denticulata ; 308 ÉM. BESCHERELLE. cellulis quadratis incrassatis, inferioribus oblongo-hexago nis mollibus, costa late deplanata canaliculata sub summo evanida. Capsula in pedicello perlongo stramineo lævi flexuoso ovato- cylindrica, cernua, collo tereti ipsa fere duplo longiore ornata, late annulata. Operculum longum subulatum recte vel oblique rostratum. Peristomi dentes fusci, longi, in cruribus duobus fere æqualibus adhærentibus vel tantum ad articulationes cohærentibus fissi. La Réunion : GaupicHAuDn, Voyage de la Bonite (in hb. Mus. Par.); RICHARD, FRAPPIER (20.); G. DE L’ISLE. Se rapproche beaucoup du T. longicollis Mich., mais s’en éloigne par ses feuilles obtuses à cellules apicales saillantes, disposées en éventail, à cellules basilaires, molles oblongues-hexagones, et par son périsiome à dents plus courtes divisées en deux parties presque égales et soudées seu- lement aux articulations. 3. T. subambiquus Besch.—T. ambiquo similis sed gracilior, fuscescens. Folia augustiora, inferiora squarrosa patentia apice obtusiuseula subdentata, perichætialia majora longe ovato- lanceolata concava. Capsula subcernua, collo arcuato vel lon- giore, late annulata. Peristomit dentes fusci, in cruribus gra- ciibus ad articulationes et apicem adhærentibus. La Réunion (hb. Mus. Par.). Diffère du T. divaricatus Sch. par les dents péristomiales, qui ne sont point perfecte bifidi, comme l'indique la courte diagnose donnée dans le Bryologia europæa. T. pallidens G. Müll., in Linn., XL. Comores : Anjouan, mai 1850, Boivin; HiLpEBRANDT, 1875, n° 4812. Nossi-bé, à Hellville, MARIE, septembre 1879. 5. T. Hildebrandti GC. Müll., Le. Comores : Anjouan, 1875, HizpeBranDr, n° 1812 (ex parte). Gen. V. — SYMBLEPHARIS Mont. S. (?) circinata Besch. — Cespites latissimi, mollissimi, Î-2-unciales, virides vel ætate viridi-lutescentes. Caulis FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 309 fragilis, flexuosus, ramosus. Folia madida erecto-patentia flexuosa, sicca crispata cireinata, e basi vaginante submem- branacea breviter obovata, erecta, e cellulis hyalinis rectan- gularibus areolata, subito recurva, longissime lanceolata, angusta, cuspidata, marginibus integerrimis subtiliter papil- losis, costa flavida firma excedente; cellulis mediis elongate quadratis haud incrassatis, ceteris angulate quadratis papillosis dense chlorophyllosis. La Réunion : plaine des Cafres, G. DE L’'ISLE ; LÉPERVANCHE, 1876. Grande Comore : BorviN, associé à Anæctangium rha- phidosteqrum. Espèce inconnue en fructification et qui paraît très voisine du $. Chris- mari du Mexique. Gen. VI. — DICRANUM Hedw. 1. D. dichotonum Brid., Bryol. univ., TL, p. 4014; CG. Müll, Syn., I, p. 362; D. Boryanum Sch., ms. in herb. Cosson. La Réunion : plaine des Chicots, Bory (in herb. Cossox) ; RicHarp; KRAPPIER; plaine des Fougères, sur la terre, LÉ- PERVANCHE, 1839 (in hb. Taurer); Petit bras de Caverne et plaine des Cafres, G. DE L’ISLE, n° 207 et 40%; sommet du Brülé de Saint-Denis, Mi BERTHE LÉPERVANCHE; sommet de la Rivière des Roches, près de Saint-Benoïit, Paul Léper- VANCHE, 1877. 2. D. scopareolum G. Müll., Linn., XL, p. 238. Comores : Anjouan, HILDEBRANDT, 1875. Gen. VIT. — LEUCOLOMA Brid. Sect. Dichelymoidea. Caule gracili elongato ; foliis erectis patulis, cellulis sublævibus. 4. L. bifidum Brid., Bryol., I, p. 218.—Trichostomum leu- coloma Schwer., Suppl. IE, 4 p., tab. 199. -- Dicranum Com- mersonmianum G. Müll., Syn., [, p. 393. 310 EMI. BESCHERELLE. La Réunion : sur les troncs d'arbres, COMMERSON (hb. MonTAGNE) ; RicHarDp (hb. Mus. Par.); plaine des Palmistes, rive gauche du bras Panon,G.pe ISLE, juillet 187%, avec cap- sules ; sommet de la Rivière des Roches, Paul LÉPERVANGHE. Maurice : Borpas (in herb.). Madagascar (?) : AuBerr pu Petir-Taouars (ex C. MüLLER). Var. orthothecioides : caulibus congestis flavide rufescen- tibus, ramis apice subtruncatis, foliis patentioribus. Maurice : sur la terre, montagne du Pouce, DARNTY, juin 187%, n° 25 (hb. ScHIMPER). 9. L. dichelymoides C. Müll., £. e., p. 240. Comores, Anjouan : HiLDEBRANDT, n° 1841. 3. L. seychellense Besch. — Dioicum, dense cespitosum pendulum e lutescente viride.Caulis repens, gracilis 2-3-fidus, 40 cent. longus vel major, e basi subdistiche plumose foliosus, ramis cuspidatis demissis. Folia laxa remota, erecto-patentia, apice flexuosa, plana vel ad cuspidem convoluta, e basi lan- ceolato-subulata, brevia, latissime limbata, mtegerrima, costa angusta viridiuscula excurrente ; cellulis marginalibus nume- rosissimis elongatis flavescentibus partem latiorem fere occu- pantibus ; cellulis obscure ovatis minutis chlorophyllosis dorso scabris subpapillosis paucis in parte angustiore atque costam versus tantum productis, alaribus magnis planis lutescentibus granulosis. — Cetera? Seychelles : sur les arbres (G. DE L'ISLE). Espèce remarquable qui offre un peu le port de l’Orthothecium rufes- cens: diffère des Leucoloma des îles voisines par des tiges plus allon- vées, plus grêles, les feuilles de moitié plus courtes, à marge plus large- ment membraneuse, très éñtières, et papilleuses sur le dos comme dans le L. sinuosum. 4. L. cinclidotioides Besch.— Habitu formis minoribus Cin- clidoti fontinaloidis simile. Gespites atro-virides, Taxe congesti. Caulis uncialis, arcuatus, flexuosus, parce ramosus, basi sæpe subdenudatus, apice comose foliatus. Folia laxe homomalla, subsecunda, nigrescentia, basi auriculata ovata, subito longe FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 911 acuminata haud acuta, marginibus e parte angustiore ad sum- mum dentatum involutis, dorso granulosis, limbo inferne latiusculo supra medium obsoleto, costa latiuscula viridius- eula; cellulis alaribus crassis quadratis numerosis obscure tinctis, ceteris chlorophyllosis quadratis. - La Réunion : LÉPERVANGHE, 1876. 5. L. Lepervanchei Besch. — Caulis uncialis, gracillimus parce divisus, pallide viridis. Folia remota, sicca squarroso- erispula, ad comam gracilem secunda, madida erecto-patentia, brevia, ovato-lanceolata, breviter cuspidata, convoluta, basi latissime, e medio ad apicem anguste, marginata, cuspide denticulata; cellulis chlorophyllosis superioribus quadratis, inferioribus ovato-quadratis dorso granulosis haud scabris, basilaribus elongate quadratis planis amplis aureis. Arche- gonma longistylia paraphysibus æquilongis cincta. La Réunion : sommet de la Rivière des Roches, LÉPER- VANCHE, 1877. Différe du L. bifidum par ses feuilles crispées, plus courtes, à cellules moins scabres sur le doset à pointe moins allongée, denticulée au sommet. 6. L. Sanctæ-Mariæ Besch. — Cespites laxi, rufi, obscuri. Caulis 10-15 centim. longus, remotissime et distiche ramosus, parce ramulosus, interrupte foliosus. Folia brevia, elliptico- lanceolata, breviter acuminata, remota, patentia, sicca flexuosa, apice caulis in comam ovatam brevem erectam congesta, inte- cerrima vel vertice subtiliter serrulata, e basi rotunda auri- culata ad medium late limbata; cellulis chlorophyllosis minu- tissimis opacis granulosis, alaribus flavidis sæpe decoloratis elongate quadratis. Folia perichætialia latius ovata, abrupte setacea, integra, vix limbata, dimidiam capsulam attingentia ; archegoniis longistylis. Capsula geminata vel solitaria in pedi- cello 3-4 millim. longo erecta, ovata vel ovato-cylindrica, badia ; operculo breviter conico oblique rostrato. Peristomii dentes fere e basi in duobus cruribus fissi, siceitate in conum producti. Calyptra basi mitræformis plurilobata, apice fusca scabra. 312 ÉM. BESCRERELLE. Madagascar : Du Perir-Taouars (hb. Mus. Par.); sur les rameaux, BERNIER (hb. Tauret). Sainte-Marie de Madagascar: sur le tronc desarbres, dansles parties les plus sombres et les plus humides de la forêt de Lafondrou, décembre 1849, Borvix, n° 1580 (hb. Mus. Par.). Espèce remarquable par ses grandes tiges de couleur rousse, garnies de feuilles étalées et entières. Elle diffère notamment du L. bifidum Brid. par son port plus robuste, ses pédicelles capsulaires plus allongés et ses feuilles à oreillettes composées de cellules rectangulaires non disposées en treillage. 7. L. Thuretu Besch. — L. Sanctæ-Mariæ proximum, dense cespitosum, basi fusco-apice luteo-viride. Caulis fasci- culatus, distiche ramosus, uncialis, ramis erectis v. erecto- patentibus acuminatis. Folia caulina remota, prius patentia e medio erecta suberispata, basi brevi late ovato-lanceolata, apice obtuso serrato involuta, limbo marginal late basi pro- ducto, supra medium dissoluto, costa angusta pallida infra apicem evanescente; cellulis alaribus ad margines paucis rec- tangularibus, costam versus numerosis quadratis magnis crassis fuscis, ceteris teneris dense papillosis obseuris. Folia peri- chætialia similia sed longius cuspidata, capsulæ collum attin- gentia. Capsula in pedicello brevi lævi atropurpureo solitaria, globoso-ovata, evacuata subtruncata, nigra; operculo longius- culo apice torto. Peristomi dentes intense uscei fere ad basin usque fissi. Calyptra ? Madagascar : BERNIER, n° 30 (hb. Taurer). Très rapproché du L. Sanctæ-Mariæ, mais différent par le port, par les feuilles crispulées, dressées, denticulées, obtuses et plus larges à la base, ainsi que par les capsules globuleuses tronquées. Sect. Cespitulosa. Caule brevissimo cespituloso densifolio ; foliis crispatis brevibus obscure viridibus, cellulis valde papillosis. 8. L. cespitulans G. Müll., L. e., p. 240. Comores : Anjouan, HicpeBraNDT, n° 1819. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 313 9. L. amblyacron G. Müll., in herb. Geheeb. — L. cespitu- lanti simile sed paulo maqus, laxius cespitulosum, viridis- simum. Folia majora, imbricata, ovato-lanceolata, crispula, apice magis obtusa, marginibus superne subtiliter serrulatis, summitate digitato-dentatis, limbo hyalino tantum apicem versus evanido; cellulis minutis dorso scabris, inferioribus ovato-ellipticis, alaribus amplis elongate quadratis numerosis flavidis vel ad margines decoloratis. Ile Maurice : DE RoBiLzarD (hb. GEHEEB). 10. L. subcespitulans Besch. — Habitus L. cespitulantis, sed laxius foliosum. Folia angustiora flexuosa, viridissima, longe acuminata, haud obtusa, summo acute dentata, limbo hyalino latiore; cellulæ dorso scaberrimæ papillis aduneis impletæ, alares amplæ fuscæ quadratæ. La Réunion : associé au L. sinuosum Brid., LÉPERVANCHE, 1876. Sect. Albescentia. Caule gracili; foliis brevibus pallide viridibus sæpius imbricalis in uno latere dejectis. A1. L. sinuosulum CG. Müll., in herb. Geheeb. — Habitu for- mis minoribus L. mollis simile, sed minus, gracilius, pallide viride. Gaulis breviter ramosus, interrupte foliosus. Folia imbricata, secunda, flexuosa, ad comam falcata, nitentia, lan- ceolata, integerrima, tantum apice denticulata, dorso scaber- rima, marginibus sinuosis e medio ad apicem angustissime, infra medium latiuscule et hyaline limbatis; cellulis superio- ribus quadratis papillosis, inferioribus elongatis chlorophyl- losis, alaribus amplis elongate quadratis curvatis fuscis, ad margines hyalinis. Maurice : pe RoBILLARD (hb. GEHEEB). 12. L. secundifolium Besch.— Dioicum, dense cespitosum, condensatum, lutescens. Gaulis uncialis vel minor, dicranoideus parce ramosus, Folia e basi infima erecta convoluta maxime auriculata elongate lanceolata, arcuato-falcata, valde secunda, apice et dorso serrulata, 6 medio ad apicem anguste margi- 314 ÉÊM. BESCHERELLE. nata, ad basin supra auriculas latissime limbata, auriculis valde prominentibus e cellulis ventricosis aureo-fuscis præ- dius; eellulis chlorophyllosis plus minus ovato-quadratis dorso papillosis. Iles Seychelles : Mahé, G. DE L’ISLE, 1874. Très différent des autres espèces de Leucoloma des îles australes de l'Afrique par le port, qui se rapproche de celui du Dicranum congestum d'Europe, et par la couleur, qui rappelle celle du Dicranum albicans. 15. L. candidulum C. Müll., in herb. Geheeb.— Cespites densi, albescentes, subnitidi. Gaulis dense foliosus, uncialis, parce ramosus. Folia congesta, erecta, curvata, apice secunda, flexuosa, anguste lanceolata, elongate elliptica, acute acumi- nata, marginibus sinuosulis apice serrulatis, limbo inferne latiusculo, versus apicem angusto sed conspicuo; cellulis chlorophyllosis dorso scabris, inferioribus elongatis, alaribus magnis quadratis fuscis. Maurice : DE ROBILLARD (hb. GEHEEB). Très voisin du L. sinuosulum, mais différent par ses feuilles étroites à marge hyaline plus large et à oreillettes moins saillantes, composées d’un plus petit nombre de cellules. 14. L. chrysobasilare CG. Müll., {. c., p. 238. Comores : Anjouan, HrepeBRanoT, n° 1840, 1849 et 1846. Var. B gracilicaulon, caulis gracilior erectior, foliis breviori- bus crispatulis, capsula immersa brevissime pedunculata recta minuta ovata, operculo recte conico brevi. Comores : Anjouan, HiLDEBRANDT, n° 1838. 45. L. persecundum G. Müll., in herb. Geheeb.— Dioicum, cespitosum, albide viride. Gaulis mollis, gracilis, secundifolius, apice aduncus. Folia basi anguste ovata, elongate lanceo- lata, sicca in uno latere dejecta falcata, e medio flexuosa tor- quata, brevia, cuspidata, haud setacea, apice serrata, margine anguste limbata, limbo infra apicem continuo; cellulis su- perioribus quadratis valde chlorophyllosis dorso papillosis, FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 315 papilis aduneis, cellulis mediis ovatis ellipticisve, basilaribus numerosis quadratis aureo-fuseis sæpe decoloratis. Maurice : DE RoBiLLARD (hb. GEHEEB). Voisin par le port du L. secundifolium, mais s’en éloigne suffisamment par ses feuilles plus courtes non auriculées à la base et bordées d’un margo hyalin très étroit. Sect. Dicranoidea. Gaule robusto: foliis dicranoideis longissime setaceis rufulis vel rufo- viridibus late auriculatis. 16. L. sinuosum Brid., in Bryol. univ., 1, p. 427. — Dicra- num sinuosum CG. Müll., Syn., I, p. 354 (ex parte). — Cespites compact, inferne rufescentes, superne obscure virides. Caulis brevis, vix uncialis. Folia apicalia adunca, cau- lina dense conferta falcata e medio convoluta ovato-lanceo- lata longissime cuspidata, subula apice serrulata, dorso sublævia vel granulosa, margine angustissime medio latius limbata, costa angusta excurrente; cellulis chlorophyllosis, basilaribus longioribus subellipticis flavescentibus, alaribus numerosis quadratis vel subventricosis fuscis, inferioribus sæpe decoloratis. Capsula in pedicello 2 centim. longo terminalis, cylindrica; operculo rectirostri fere capsulam in longitudine æquante. La Réunion : Bory DE SaINT-ViNcENT (in herb. Gosson, sub Campylopodo setaceo Sch.); Salazie, LÉPERVANCHE, 1839; RicHARD; FRAPPIER (hb. Mus. Par.); plaine des Cafres, n° 12 (hb. TaureT); G. DE L’ISLE, c. fr.; sommet de la Ri- vière des Roches, P. LÉPERVANCHE, 1879. Maurice : DuisaBo (hb. MonTAGNE), DE RoBiLLarD (hb. Duy). Var. setifolium, elatius, gracilius, pallide viride, folia erecta flexuosa valde longiora longissime setacea. La Réunion : sommet de la Rivière des Roches, P. LÉPER- VANCHE. 17. L. fuscifolium Besch. — Cespites densissimi, compacti, 316 ÉM. BESCHERELLEX. intricati, obscure fusco-virides. Caulis vix uncialis, fasciculato- ramosus. Folia dense imbricata apice caulis in comam gra- Gilem erectam subito geniculato-aduncam congesta, ovato- lanceolata, falcata, basi latiora auriculata, sensim setacea, marginibus tantum medio angustissime limbatis, in parte angustiore serrulata ; cellulis chlorophyllosis quadratis sublie- vibus, inferioribus dicranoïdeis, alaribus magnis quadratis, crassissimis, aureo-fuscis, ad margines oblongis decoloratis. La Réunion : Bory (hb. Cosson, sub Campylopodo setacea Sch. et Dicrano sinuoso Brid.); FraPprer (hb Mus. Par.). Se distingue du L. sinuosum par sa tige d’un vert sombre, ses feuilles plus larges, serrulées, moins longuement sétacées et à marge hyaline très étroite depuis le milieu jusque vers le sommet. 48. L. Dubyanum Besch. — Dioicum, dense lateque cespi- tosum. Caulis uncialis, adscendens, robustus, faseiculato-ramo- sus, densifolius, e fuscescente viridis. Folia erecta, basi latiora ovata, lanceolata, late subulata, e parte angustiore ad apicem remote denticulata haud vel vix marginata, medio anguste lim- bata; cellulis ellipticis dorso granulosis, angularibus ventri- cosis paucis sed basin totam fere occupantibus. Maurice. : M" LEcOULTRE (hb. Dusy). Diffère du L. sinuosum par des tiges moins longues, plus rameuses, des feuilles plus courtes et plus larges, dentées depuis la partie rétrécie jusqu’au sommet et garnies à la base de deux séries de grandes cellules vésiculeuses. 19. L. Boivinianum Besch. — Dioicum. Gespites dicranoider, congesti sed'laxi, fuscescentes. Gaulis ramosus, basi tomento- sus. Folia caulina e basi latiuscula, erecto-patentia, lanceolata subulata, apice flexuosa subcirrosa, sæpe secundo-arcuata, tantum acumine parce serrulata, margine anguste albo-hya- lino, costa excurrente angusta Iæviuscula ; cellulis e medio ad apicem quadratis chlorophyllosis basilaribus elongatisfavidulis, alaribus quadratis valde latioribus fuscis. Folia perichætialia secunda falcata longissima, longe vaginantia, intima convoluta FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 317 abrupte subulata tenuicostata apice serrulata. Planta mas- cula gracilior, perigonis infra innovationem glomeratis, anthe- ridiüs paraphysibusque flavidis longis numerosis, foliis basi late ovatis abrupte subulatis costatis. Capsula in pedicello 25 millim. longo rigido fusco eylindrica, recta, 3 nullim. longa, atro-rubens ; operculo conico rectirostri subulato. Peristomii dentes angusti fusei, e basi in cruribus longissimis ad articula- tiones nodosis divisi. Calyptra -4 millim. longa latere fissa, basi integra, apice scabriuscula fusca. Comores : Anjouan, Boivin, mai 1850 (hb. Mus. Par.) Sect. Prionodontoidea. 20. L. Prionodon Besch. — Dioicum. Caulis repens, basi fasciculato-ramosus, ramis 6-15 centim. longis erectis rigidis robustis apice decumbentibus firmis plerumque simplicibus interdum apice furcatis crassis rufo-lutescentibus. Folia ma- dida patentia, sicca erecto-patentia flexuosa, basi late vagi- nantia, lanceolata, sensim acute acuminata, costa continua, margine late et flavide limbato, inferne et superne dentato, medio ciliolis fureatis vel palmatis serrato; cellulis quadratis ovatsve incrassalis, Inferioribus elongatis flavidis parietibus interrupts dicranoideis, alaribus haud diversis. Cetera de- sunt. La Réunion : CoMMERsoN (hb. Mus. Par.). Maurice : sur les arbres, bois de la Réunion, près de Cure- pipe, 21 mars 1877, Darnry, n°26 (hb. Schimper). Mousse remarquable par son port, qui rappelle celui des Prionodon et des Jäügerina par ses feuilles limbées comme celles des Leucoloma, mais dentées comme celles de certains Syrrhopodon. Est-ce le type d’un genre nouveau ? Sedis incertæ. 9. L. thraustum Hpe, Linn., XXX VIT, p. 209, sub Dicrano. Madagascar : Alamazantraskoven, BORCHGREVINK. 318 ÉM. BESCHERELLE. Gen. VII. — CAMPYLOPUS Brid. \ Folia epilifera sect. ATRICHIA .......................... 2 fr a pilifera sect. TRICHOPHYLLA ..................... 12 Folia comalia secunda......,.. MALE .. GC. interruplulus. 2 —- erecta, rigida........,.... GC. Boryanus. — erecta vel patentia, flexuosa ............... 3 44 Costa angusta.......... SAR RER ER 2 C. dolosus. nee Hata et lasse... eyice DIX ÉTAT OR 4 1! Cellulis alaribus inconspicuis.. .... OT T0 non hon ) l — CONSPICUIS. ee see ee cree de 6 Folia caulina integerrima, perichætialia Dauer. 6er... ere de C. nivalis. É Folia caulina denticulata, nn con- VOlUTAS Te mere cent C. Boivinianus. 6 Calyptrabasi nuda,,,,i:4.....4, 45 ne RE el 7 — fimbriata-veluenotane "cr "re 8 Folia caulina longe setacea, serrata, dorso Mean PAC RE. AU ENS PRIE C. pallescens. 7 Folia caulina brevia, acuminata, dentala, dOFSO SCADTAe rene AO C. Hildebrandtü. LE dorso Iævia.......... .... C. Matarensis. Folia integra ; 8 dorso rugosa,........... C. virescens. | Folia denticulata yel .serrata. ,..:,...,,4444,.4,4..,,, 5% 9 9$ Folia-dentrculata 122. elec ose . 10 © —. obsolete denticulata............... C. arcuatus. Folia nitidasdata.si25is ALLER à C. Echernicri. 0) — obtusa, angustissima..,.......... C, brachymastix. = SEL rAd e eree ci TROUS ouc 11 Costa dorso valde rugosa, strato superiore {in sectione) cellularum hyalinarum for- 41 mata. :;.,4+s A ES ..,....... G. Robillardi. Dorso vix rugos0..,..,..., is, …. OC. Capiliflorus. ET 0 DSC A PS RE Tnt re TI AE C. Madegassus. 12 Folü pilum reflexumu...... Re ne C. aureo-nilens. — CLÉCEUME RE rem UC EU CP CCC EEE 15 13 | COSTA Or OM VI Reese aan cle LE 14 LE RE HTC ON UAERR OPARIERRRNNRt 15 1} Cellulæ: alares conspicuæ. "550. mu G. crateris. — ceteris similes...,.:.... C. ripicolus. 15 { Folia basi auriculata.................. C. chryseolus. du obsolete aucune me en UE 16 0 Folia marginibus involutis.............. | ï He Folia marginibus planis........ ........ GC. Angsiræmii. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 319 Sec. Atrichia : folia apicibus concoloribus. 1° Cellulæ alares inconspicuæ. 1. CG. nivalis Brid., Bryol., I, p. 477; C. Müll., Syn., I, p1393: La Réunion : piton des Neiges, Bory SAINT-VINCENT. (+) Noia. — Parmi les nombreux échantillons de Campylopus que nous avons eus à notre disposition, nous n’avons pu en rencontrer un seul qui se rapportât au C. nivalis, que nous n’avons pas trouvé d’ailleurs dans l’herbier de Bory. 2. C. Boryanus Besch. — Cespites dense cohærentes, unciales vel majores, inferne rufi dei viridiusculi, ætate lutescentes. Caulis tomento rufo parce obtectus, ramosus, iterum furcatus, ramis crassis apice In Ccomam angustam elongatam desinentibus. Folia elongata, lanceolata, angusta, rigida, pungentia, integerrima, marginibus fere e basi convo- lutis, setacea, tantum cuspidis apice bidentata; costa latis- sima basis 2/3 folii fere occupante dorso lævi, in sectione transversali e serie unica superiore cellularum laxarum ina- nium magnarum et seriebus duabus inferioribus cellularum obsceurarum et minutarum composita; cellulis marginalibus angustis elongatis, ceteris rectangularibus, alaribus latioribus teneris paucis. Folia perichætialia similia sed basi vaginan- tia et apice minus convoluta. Capsula solitaria in pedicello ob innovationes laterali breviusculo lutescente ovalis, minuta, sicca erecta, inferne vix gibbosula, evacuata haud constricta, sulcata, fusca. Peristomii dentes teneri, eroso-papillosi, ha lini, supra medium fissi. Getera desunt. La Réunion : plaine des Chicots, Bory, échantillons avec capsules (hb. Gossox., sub Dicrano aureo Bory, et Cumpylo- podo vulcanico Brid., et Dicrano sericeo Bory); pas de Bel- combe, Paul LéPervANGHE (échantillons d’un beau vert soyeux, mais stériles). Se rapproche beaucoup du G. nivalis Brid., que nous n’avons pas vu dans les collections que nous avons eues sous les yeux; mais, d’après la 3920 ÉRM. BESCMERELLE. diagnose donnée par Bridel et par M. Ch Müller, notre Mousse en diffère par les feuilles caulinaires dressées (non erecto-patentia, ni scabra), par les feuilles périchétiales dressées non étalées, et par le péristome à dents à peine fendues jusqu’au milieu. 3. C. Doivinianus Besch. — Dioicus. Cespites compact, latissimi, fuscescentes. Caulis brevis, semiuncialis, breviter ramosus, tomentosus. Folia caulina brevia, erecto-patentia vel siccitate erecta, comalia erecto-subsecunda longiora, anguste ovato-lanceolata, haud auriculata, marginibus in su- bulam convolutis denticulatis, costa lata dorso rugosa; cellulis alaribus paucis rectangularibus fuscis, ceteris quadratis. Folia perichætialia longiora, externa breviter ovata abrupte cuspi- data angustissime costata, intima longe vaginantia, convoluta, abrupte acuminata cuspidata apice dentata. Capsula in pedi- cello tortili eygneo lævi ovalis, subregularis, plicata, basi om- nino rugulosa, sicca ore subgibbosa, operculo longirostri. Peristomii dentes juniores supra medium in duobus cruribus inæqualibus fissi. Annulus latus complicatus. Calyptra brevis, nitida, basi fimbriata, apice fusca. Maurice : Borvin, octobre 1849 (hb. Mus. Par.). Voisin du GC. concolor, mais différent par les tiges plus courtes et plus robustes, par les feuilles non falciformes, dépourvues d’oreillettes à La base, et par la capsule solitaire régulièrement ovale. 2 Cellulæ alares conspicuæ. Calyptra nuda. 4. C. pallescens Besch. — C. propinquo Hpe affinis, sed differt : cauli attenuato, foliis erectis vix flexuosis, capsula haud gibbosa nec strumulosa, calyptra nuda sed breviter lace- rata. La Réunion : Belous, G. DE L’IsLE, n° 200. 9. C. Hildebrandti CG. Müll., im Lènn., XL, p. 236. Comores : Anjouan, Borvix, 1849 (hb. Mus. Par.); HiLne- BRANDT, n° 1839. 6. C. dolosus Besch. — Cespites vix unciales, densiusculi, FLORULE BRYOLOGIQUE DE Là RÉUNION, ETU. 921 erecti, graciles, flavescentes. Gaulis e basi julaceus filiformis, rafus, sæpe proliferus, superne comose foliosus. Folia cau- lina erecto-adpressa, remota, comalia numerosa longiora subhomomalla, falcatula, ovata, fere abrupte lanceolato-subu- lata, subula denticulata, basi auriculata; costa basi vix quar- tam partem folii et subulam totam occupante; cellulis alari- bus amplis vesiculosis purpureis, sequentibus late rectangula- ribus chlorophyllosis, ceteris quadratis minoribus pellucidis. Folia perichætialia longiora, subconvoluta, vaginantia, longe setacea, denticulata. Capsula in pedicello (juniore) recto semi- unciali flavido lævi solitaria vel gemella, curvula. Calyptra longe cucullata lævis, basi albide et longe fimbriata. La Réunion : sur la terre, plaine de Belous, mars 1875, G. DE L’IsLE, n° 211. Échantillons n’offrant que des capsules trop jeunes non encore dévelop- pées. Cette Mousse se rapproche beaucoup par le port du C. chrysodictyon Hpe, de la Nouvelle-Grenade. B. Calyptra fimbriata. 7. C. madecassus Besch. — Densissime gregarius, rufes- cens, uberrime fructificans. Caulis brevis, 4 cent. altus, sub- simplex vel infra perichætium innovans. Folia madida paten- tia v. erecto-patentia, sicca erectiuscula, apice flexuosa vel subfalcata, rufescentia, inferiora breviora anguste ovato-lan- ceolata, superiora basi magis ovata curvula, omnia auriculata, marginibus dentatis apice involutis; costa latiuscula apice dorso denticulata-haud lamellosa (in sectione transversali) e seriebus tribus cellularum æqualium obscurarum composita ; cellulis alaribus ventricosis fuscis, mediis rectangularibus, ceteris quadratis. Foha perichætialia intima convoluta, angus- tius et valde longius costata, laxe reticulata, externa caulinis similia sed latius ovata abrupte cuspidata. Capsula in pedicello arcuato siccitate erecto tortili ovata, irregularis, basi stru- mosa, evacuata arcuato-cylindrica haud rugulosa sed valde plicata. Calyptra minuta basi fimbriata. Madagascar : BERNIER (herb. THURET). 6° série. BorT, T. IX (Cahier n°6). ! 241 299 EM. BESCHERELLE. Espèce très voisine du C. flexœuosus d'Europe; en diffère au premier abord par la capsule goîtreuse et par ses feuilles très distinctement den- ticulées. 8. C. capitifiorus Mont., in C. Müll. Syn., IE, p. 598. La Réunion : RicHarp (hb. MonTAGNE ; hb. Cosson); Frap- PIER (hb. Mus. Par.); sommet de la Rivière des Roches, P. Lé- PERVANCHE. Cette Mousse, qui est assez commune à la Réunion, présente différents aspects suivant les localités où elle se trouve. Tantôt elle offre des touffes dressées, läches, à tiges très grêles de 5-10 cent. de longueur, couvertes dun léger feutre roussâtre caché sous les feuilles; dans cet état elle est presque toujours stérile, et les capsules ne se rencontrent que sur les tiges de moilié plus courtes. Tantôt les tiges sont entremêlées, rigides, garnies d’un feutre recouvrant presque entièrement les feuilles, et termi- nées par une forte rosette d’où s’échappent ou de nombreux pédicelles, ou plusieurs innovations semblables à la tige. En dehors de ces caractères rien n'autorise à séparer ces différentes formes. Var. pachycomus. Gaulis uncialis, pluries innovans, longe subdenudatus, densius tomentosus, rufus, folis erectis vel erecto-patentibus sparsis obtectus, apice viridi-lutescens in comam crassam brevem polycarpam productus. La Réunion : sur les arbres, — Bras Pavé, grande Belous, Hellbourg, plaine des Palmistes, G. DE L’ISLE, n° 424. 9. C. Robillardi Besch.—Dioicus. Caulis elatus, bipolliearis, infra vel inter perichætia 2-3 innovans, lutescens, cylindricus, foliis adpressis et tomento rubro obtectus. Folia comalia numerosa laxissime erecta, longe setacea, e medio ad apicem tridentatum valde serrata, marginibus superne convolutis e costa latissima dorso dentata distinctis; cellulis inferioribus quadralis raro rectangularibus, alaribus laxissimis in ventrem hyalinum vel decoloratum congesus. Cetera ignota. Maurice : de RoBizLarD (hb. Dugy). Nossi-bé : à Ankiabé, Manir. Diffère au premier abord du C. capitiflorus Mont. par les feuilles plus largement nervées, profondément dentées en scie du milieu au sommet et sarnies d’oreillettes rousses très prononcées: FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 323 10. C. Echernieri Besch. — Dicranum arcuatum Brid., Bryol., 1, p. 463, et C.Müll., Syn.,[, p. 388 (ex parte). —Ces- pites laxe tumidi, juniores stramineo-virides sericei, ætate lutes- centes. Caulis erectus, firmus vel flexuosus, 5-15 cent. longus, tomento rufo obtectus, superne furcatus, ramis binis vel ternis longe cuspidatis. Folia remota, erecto-patentia, hetero- malla, basi Jata concava valde auriculata, lanceolata, late subu- lata, marginibus involutis, fere e medio ad apicem usque denti- culata, dorso lævia ; costa latissima, in sectione transversaria ex antico strato magnarum vacuarum cellularum et siratis duobus posticis cellularum parvarum incrassatarum composita; cellulis auriculæ numerosis fuscis maxime ventricosis, ceteris minutis. La Réunion : creux humides et aquatiques de la plaine des Chicots, BorY (herb. Cosson, sub Dicrano concolori Hook., et D. arcuato Brid.); Saint-Leu, ECHERNIER ; plaine des Marsouins, Paul LÉPERVANCHE. Se rapprochefibeaucoup par le port'et par la forme des feuilles du (. Jamesoni. 11. C. malarensis Besch. — C. Echernieri similis, differt caulibus proliferis, foliis subsecundis sæpe arcuatis longioribus, costa angustiore, cellulissuprabasilaribus longioribus sinuosis, supra auriculas latioribus quadratis hyalinis utriculo pri- mordiali repletis. La Réunion : Cilaos, Matarum, VALENTIN. Voisin du C. arcuatus Brid., mais différent par les cellules sinueuses, beaucoup plus longues à la base. 49. GC. longifolius Sch. mss. -— Dicranum arcuatum Brid., Bryol., 1, p. 463, et G. Müll., Syn., E, p. 368 (ex parte). — Dense cespitosus, flexuosus, inferne rufus et dense tomentosus, superne lutescens. Caulis furcatus, longe cuspidatus. Folia longa, erecto-patentia, superiora conferta erecta, basi anguste lanceolata, subulata, subintegra vel summo parce dentata, dorso scabra, marginibus tantum apice involutis, costa latius- 324 EN. DESCHERELLE. cule ; cellulis alaribus numerosis fuscis rectangularibus haud ventricosis, Ceteris minoribus elongatis vel quadratis. Cetera io nota. La Réunion : plaine des Chicots, Bory (in hb. Cosson). L’échantillon de Bory, récolté au piton des Neiges, entre les touffes de Cenomyce, comprend le Campylopus arcuatus Brid. et le C. Echernieri Nob.; la plaine des Chicots a en outre offertles deux espèces réunies dans la même touffe, de sorte qu’il est assez difficile de savoir à laquelle de ces deux espèces se rapporte le C. arcuatus Brid. C’est pour celte raison que nous conservons à cette dernière le nom de C. longifolius que M. Schimper lui a imposé dans l’herbier de M. Cosson. 43. C. virescens Besch. — Caulis erectus, semiuncialis vel uncialis, simplex, flexuosus, apice cuspidato breviter innovans, basirufus superne virescens, tomentosus. Folia remota, hetero- malla, flexuosa, ovato-lanceolata, basi auriculata, marginibus e medio convolutis, integerrima, tantum summo paucissime ser- rata ; costa lata apice in dentem geminatum producta, dorsolevi- ter lamellosa, inferne lævi, secundum sectionemtransversariam, ad medium folit seriebus tribus cellularum tenellarum opaca- rum, ad basin serie antica cellularum majorum vacuarum composita ; cellulis quadratis chlorophyllosis, alaribus subven- tricosis fuscis. La Réunion : Saint-Leu, Tamarins, VALENTIN. 44, GC. brachymastyx G. Müll. in herb. — C. virescenti ha- bitu simillimus sed gracilior, folis minoribus et brevioribus. Maurice : RoBiLLaRD (in herb. GEHEEB). 45. C. interruptulus G. Müll. in herb. — Dioicus, laxe ces- pitosus. Caulis gracilis, tomentosus, brevis, ex apice iterum innovans. Folia caulina parva angustissima, comalia rosulata patentia humore falcata subauriculata, marginibus ad apicem denticulatum involutis, costa lata; cellulis alaribus paucis majoribus Taxe quadratis crassis fuscis, ceterisrectangularibus. Ceiera ? Maurice : RogiLLanp (in herb. G. MULLER). FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 493 Sect. Trichophyllus. 16. C. chryseolus GC. Müll. m herb. — Dense cespitosus, erectus, aureo-ruscus. Caulis brevis, apice comosus brevi- ramosus, tomentosus. Folia adpressa, lanceolata, acuta, mar- ginibus apice involutis infra pilum serratis, costa latissima in pilum rigidum canescentem parce serratum desinente, dorso lamellosa ; cellulis alaribus majoribus subventricosis nume- rosis fuscis, marginalibus e basi ad medium usque flavidulis rectangularibus, ceteris opacis plus minus oblique quadratis minutis. Folia perichætialia inmtima convoluta in cylindrum producta, apice serrulata, laxe areolata. Capsula singuleris vel geminata in pedicello cygneo lævi ovalis, sicca erecta lævis basi verrucosa, ætate nigra. Peristomii dentes longi medio in cruribus punctulatis rufis remote trabeculatis fissi. Calyptra ? Grande Comore : mai 1850, Borvix (in herb. Mus. Par.). 17. GC. Valentini Besch. — C. polytrichoideo affinis. Gaulis inferne atratus, superne pallide viridis, breviter et parce ramosus, semiuncialis. Folia erecta, ovato-lanceolata, subau- riculata, pilo in folis inferioribus divaricato superioribus erecto canescente serrato, marginibus apice involutis, costa latissima dorso valde lamelloso serrato; cellulis alaribus subventricosis v. laxe réctangularibus mollibus decoloratis, superioribus ovatis incrassatis obliquis parietibus pellucidis ad costam descendentibus, marginalibus membranaceis hyalinis angustis elongatis totam basin occupantibus, ad medium usque evanes- centibus ; reticulatio (in sectione transversaria) e 3-4 stratis cellularum composita, strato dorsali valde lamelloso, ventrali e cellulis paulum latioribus inanibus formato. La Réunion : Cilaos, hauts de Matarum, VALENTIN. Cette Mousse se rapproche du C. aureo-nitens G. Müll., mais elle en diffère au premier abord par ses touffes rigides à poils dressés ou divari- qués, mais jamais réfléchis; elle s'éloigne du C. polytrichoides de Not. par ses feuilles à nervure dentée sur le dos et composée de 2-3 séries inférieures de cellules petites, opaques, chlorophylleuses, et d’une série 326 EM. BESCHERELEEX. supérieure dejcellules larges, hyalines et vides.[Le C. Angstræmii C. Müll. (in herb.) et le C. lonchoclados G. M. (in Musc. Robill.) de Maurice ne paraissent pas différer de notre Mousse. 18. G. aureo-nitens G. Müll., Syn., [, p. 406. La Réunion (hb. Briper,,'ex C. MULLER). 49. C. Angstræmii G. Müll. ms., C. aureo-nitens Angstr. (non Müll.) in Ofvers. af K. Ver. Akad. Fôrh., 1873, p. 43. — GC. Valentini similis, sed robustior, fusco-viridis glaucus. Folia magis comosa, apice plana, haud involuta, pilo divaricato, cellulis alaribus mollibus majoribus hyalinis. Maurice : ANDERSSON (in herb. Angstrôm.). 20. CG. lonchoclados G. Müll.‘in Muse, Robill. — Planta mascula tantum nota, cespites densissimos late extensos ferru- gineos efficiens. Caulis uncialis, robustus, tomentosus, inno- vationibus gracilibus longis ramosus. Folia erecto-patentia, basi longa, marginibus subito involutis, costa latissima dorso valde lamelloso in fpilum longissimum incanum divaricatum serratum producta; folia comalia rosulata gemmas masculas numerosas ineludentia. Foliaperigonialia externa late ovata concava laxius reticulata colorata. Perigonia propria! gemma- cea ovata foliis muticis brevissimis. Maurice : sur les rochers, où il forme de larges plaques de plusieurs mètres de longueur (RoBiLLaRD, in herb. Duey et GEHEEB). 91. C. ripicolus Besch. — Elatus uncialis vel major, nigres- cens, apice aureo-nitens, prolifer. Folia erecto-patentia, basi angusta, haud auriculata, costa lata dorso lævi in pilumerectum longum serratum vel parce denticulatum fuscidulum vel hyali- num sæpe cadueum producta; cellulis basilaribus majoribus mellibus ovatis, marginalibus angustisrectangularibus, ceteris ovatis opacis, ad medium echlorophyllosis sed plus minus obscuris, costa (in sectione transversaria) e tribus stratis cellularum formata, strato superiore cellularum vacuarum com- posito. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 327 La Réunion : sur les pierres des ruisseaux de la plaine des Fougères, LÉPERVANCHE, 1839 (in herb. TaurerT); pas de Bel- combe, 1877, PAUL LÉPERVANCHE. Diffère du C. crateris par les feuilles non auriculées, à poils rous- sätres et par la nervure composée d'une série supérieure de cellules vides. | 29. C. crateris Besch. — Dioicus, habitu GC. Valentin simi- lis. Cespites laxi, nigrescentes, apice lutescentes, nitidi. Caulis parce ramosus, gracilis, uncialis, ramis gracilibus. Folia angus- tiora e basi paulo auriculata involuta, subconvoluta; cellulis alaribus crassis subventricosis fuseis, marginalibus paucis membranaceis, supra-alaribus dicranoideis sinuosis, ceteris ellipticis angustis; costa lata dorso lævi (in sectione), e strato medio cellularum minutarum vacuarum composita. La Réunion : cratère Commerson, associé au Bartramia vul- canica, PAUL LÉPERVANCHE, 1877. Diffère au premier abord des C. Angstræmiti et C. Valentini par ses euilles auriculées et lisses sur le dos. Gen. IX. — HOLOMITRIUM PBrid. 4. H. vaginatum Brid., Bryol. univ., X, p. 227; Hook., in Muse. exot., t. 64, sub Trichostomo; G. Müll., Syn., [, p. 351, sub Holomitrio. — Gespites late et dense extensi, rigidi. Gaulis basi tomentosus brevi-ramosus. Folia caulina dense imbricata sieca cirrosa, e basi breviora amplexicaulia, late lanceolata, apice cucullata, brevia, integerrima, costa latiuscula inferne sæpe indistincta, in apiculum latum reflexum continua; cellulis quadrato-rotundis dense chlorophyllosis, basilaribus longio- ribus obscuris rectangularibus. Perichætia longe cylindrica pedicelli tertiam partem vix attingentia, folis convolutis sen- sim laxe attenuatis integerrimis. Gapsula in pedicello unciali ovalis vel cylindrica, erecta, ore contracta ; operculo recto lon- girostri. Peristomii dentes breviusculi. La Réunion : Boivin; Salazie, 1839, LÉPERVANCHE (hb. TaureT!); FRAPPIER ; G. DE L'ISLE. 325 EME. BESCHERELILE. Maurice : montagne de la Rivière Noire, Borvix (hb. Mus. Par.); de RoBiLLarp (herb. Dugy). Se trouve également à Taïti. Forma cucullata : Planta atro-viridis, folia concava apice valde cucullata, La Réunion : Roche-Plat, cirque de la rivière des Galets, VALENTIN, 1876. Var. oblusifolium : Caule breviore, apice obtuso, sæpe fla- gellis filiformibus ramoso, foliis obtusis cucullatis. Madagascar : Rosas, 1875, stérile (in bb. Kiær). 2, H. borbonicum Mpe (in herb.); H. vaginatum Brid. (ex parte). — H. vaginato simile, sed elatius. Caulis semiuncialis inferne tomentosus. Folia caulina cirrosa duplo longiora, basi amplexante ovato-lanceolata vel elongate lanceolato-cuspidata, integerrima, marginibus involutis, costa latiuscula in apicu- lum planum producta ; cellulis mediis quadrato-rotundis chlo- rophyllosis, inferioribus in parte vaginante elongatis opacis parietibus sinuosis inconspicuis, ad angulos latioribus qua- dratis fuscis vel decoloratis. Perichætia cylindrica longe exserta foliis convolulis longissime subulatis apice flexuosis capsulam dimidiam plerumque attingentibus. Capsula in pedicello flexuoso 15-20 mill. longo vel ultra ovato-cylindrica ovatave, ore angustata; operculo recto capsula longiore. Peristomi dentes longiusculi. La Réunion : RicHarD, 1837, n° 575 (hb. Mus. Par.); Borvin, 1847 (hb. Mus. Par.) ; plaine des Palmistes, plaine des Cafres, Sainte-Agathe, G.DE L’ISLE. Maurice : AuBerT pu Perir-THouars! (hb.mus. Par.). N. O. de Madagascar : PERVILLÉ 1841! (herb. Mus. Par.). Cette espèce se distingue au premier abord de l’H. vaginatum par ses tiges plus grandes, ses feuilles caulinaires longuement lancéolées et cus- pidées, par ses feuilles périchétiales beaucoup plus longues, atteignant souvent le milieu de la capsule; le pédicelle est quelquefois de longueur variable et la capsule présente parfois la forme ovale. Forma longiseta : Cespites altiores et longiores; caulis FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 329 uncialis gracilior ; capsulæ pedicellus 20-30 mill. longus, folia perichætialia pedicelli partem tertiam haud superantia. La Réunion : sommet du Brûlé de Saint-Denis, 1876 (Me BERTHE LÉPERVANCHE). 3. H. comorense G. Müll., Linn., XL, p. 236. Comores : Anjouan, HILDEBRANDT, 1875, n° 1815. Trib. II. FISSIDENTACEÆ. Gen. I. — FISSIDENS Hedw. a. Folia haud marginata. Holatlongellinenha ee Pa eee aba labo cn oie e F. Boryanus. Folia elliptica acute acuminata. Lamina vera integerrima. Folia 15-30 jun. Hat). 2 Ham F. ovatus. OA 2 Tue RM Se een venue sn F. comorensis. Lamina vera scabriuscula................. ASUROCE F. reflexus. Folia elliptica obtuse acuminata. Lamina serrulata, cellulis hexagonis................ F. ellipticus. Lamina integerrima, cellulis quadratis.............. F. Boiviniunus. B. Folia plus minus marginala. Laminæ omnes tolo ambilu marginatæ. Cellulis minimis papillosis......... TE F. leucocinctus. Cellulis latis pellucidis............,:.............. F. obsoletidens. Lamina vera tantum limbata vel margine laxius reticulata. ï margine serrulato ................ F. flavo-limbatus. Limbo mio | — subdenticulato............ F. ferrugineus. — sinuoso sed integro....... F. nossianus. STADE TS ga margine serrulato RRQ. F. Darntyi. iargine integro.......,.... F, madecassus. 4. F, comorensis CG. Müll., in Linn., 1876. — Cespites mi- nuti, lutescentes.Caulis ob innovationes ramosus. Folia humore circinata, siccitate crispula, circiter 44-juga late lanceolata, breviter acuminata integerrima immarginata; costa flavida subexcurrente, lamina vix longe producla truncato-acumi- nata; cellulis dorso prominentibus minutis obseuris angulate rotundis. Gapsula terminalis, obliqua. 330 EM. BESCHERELLE. Mayotte : sur la terre, Borvin. Nossi-bé : sur les roches, au pied du Loucoubé, près de l’ancien village de Passandava, janv. 1850, Borvin ; sur la terre à Nossi-Comba et Antourtour, septembre 1879, MARIE. Var. acuminatus, nigrescens, folia longius acuminata, la- mina vera basi ad marginem laxe reticulata sublimbata. Nossi-Comba, sept. 1879, MARIE. 2, F. reflerus Hpe, in Linn., XXX VII, — « Caulis gracilis, » simplex. Folia firma, immarginata, ob cellulas margine pro- » minentes scabriuscula, inferiora remota breviter ovata apice » reflexa, comalia magis complanata longiora sicca, subse- » cunda oblongo-lanceolata apiculata; cellulis minimis rotun- » dato-papillosis, lamina vera medium folii superans. Capsula » in pedicello terminali brevi adscendente rubro erecta, » parva, anguste ovata. » (Hampe, loc. cit.) Madagascar : BORGEN. Espèce voisine, d’après l'auteur (/. c.), du Fissidens taxifolius Hsch. 3. F. ovatus (?) Brid., Bryol. univ., I, p. 696; C. Müll., Syn., [, p. 70. — Gaules simplices e basi fasciculati vel parce ramosi, siccitate introrsum convoluti, fuscescentes, madore planiusculi, frondem subovatam simulantes. Folia 15-30-juga, longe linearia, angusta, parallela, tantum in superioribus ver- sus apicem divergentia, acuminata, sicca inflexa, cosia pallida superne flexuosa infra apicem evanida, immarginata, integer- rima vel summo subtiliter denticulata ; lamina vera ad2/3 folii producta, lamina dorsali basi ob cellulas prominentes crenu- Jata rotunda; cellulis omnibus angulate rotundis minutis, tan- tum in lamina vera costam versus oblatis majoribus crasse limitatis. Cetera desunt. La Réunion : sur les pierres humides, dans le lit des ruis- seaux, LÉPERVANCHE (hb. THURET). Cette Mousse paraît devoir être rapportée au F. ovatus de Bridel. Var. planifolius, fronde 1/2 cent. longa lata ovata breviter FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 391 stipitata, foliis linearibus viridibus siccitate plamis integris vel apice subdenticulatis. Nossi-bé : Antourtour et Nossi-Comba, Marte, 1879 (pl. femelle, mais stérile). 4, F. ellipticus Besch. — Dioicus? Caulis gracilis plerum- que simplex, albo-virens vel glauco-viridis. Folia remota, sicca vix contracta, breviter elliptica, obtusa v. latissime acuminata, margine omnino serrulata, lamina dorsali basi valde serrulata rotundata, lamina apicali obtusissima, costa apicem versus flexuosa lata; cellulis hexagonis subpapillosis dorso valde pro- minentibus. Cetera desunt. La Réunion : plaine des Palmistes, G. nE L’IsE, n° 293 (ex parte). 9, F. Boivinianus Besch. — Dioicus. Caulis elatus, rigidus, rufescens, semiuncialis, parce ramosus. Folia sicca erecta crassa apice torta, madida arcuata, acinaciformia, late obtusa, in apice caulis gemmam efformantia, immarginata, lamina vera integerrima, basi breviore, ultra medium producta, cellulis quadratis ampliusculis lævibus areolata ; lamina dorsali costa breviore defluente erosula; lamina apicali obtusa omnino eroso-serrulata, cellulis rotundis grossis dorso prominentibus, costa lata infra apicem evanida. Grande Comore : BoIviN. Var. longifolius, caule longiore unciali vel ultra, apice fur- cata, foliis siccitate circinatis longioribus difficile emollien- tibus. La Réunion : LÉPERVANCHE, 1839 (in hb. THuRET). 6. F. Boryanus Besch. — Dioicus? Cespites laxi, pallide ferruginei. Caulis uncialis, simplex, apice frondem plumosam ellipticam cuspidatam rigidam simulans. Folia caulina multi- juga, longe linealia, integerrima haud limbata, lamina vera ad 9/3 folii producta, lamina dorsali angustissima costæ ad basin enata, lamina apicali angusta obtusa cellulis laxis amplis hexa- gonis pellucidis. Flores feminei terminales foliis basi breviter 3392 KL. BESCHNRELLE. ovatis concavis latioribus, lamina apicali longiore ultra 2/3 folii producta, lamina dorsali vix infra laminam veram descen- dente; archegoniis paucis. Getera desunt. La Réunion : Bory (in hb. Taurer). Diffère du F. linealis Br, Europ., dont il se rapproche beaucoup, par les ailes apicales des feuilles qui atteignent à peine le tiers de la feuille pro- prement dite et par l’aile dorsale qui naît à la base de la nervure. 7. F. leucocinctus Hpe, in Linn., XXXVIII. Madagascar : BORGEN. 8. F. obsoletidens C. Müll. in litt. — Monoicus? pusillus, simplex vel parce basi ramosus. Folia 7-8-juga, latiuscula, remota, omnino Inæqualiter acuminata, Himbata, marginibus sinuosis obsolete dentatis; lamina vera supra medium producta, lamina dorsali basi vix rotundata, sæpe evanescente, costa crassa viridi cum acumine desinente; cellulis latis pellucidis. Capsula in pedicello gracili geniculato erecta vel inclinata, ovalis; operculo subulato breviter rostrato. Nossi-bé : talus couverts sur les bords de la mer, au-dessus du plateau de Hellville, janvier 1850, Borvix (herb. Mus. Par.); Nossi-bé, Nossi-Comba et Antourtour, sur les pierres, août 1879, MARIE. La marge denticulée des feuilles et les cellules foliaires plus larges dis- tinguent suffisamment cette espèce du F. rufescens. 9. F, flavo-limbatus Besch. — Dioicus, fusco-viridis, sæpe rufescens vel vinosus. Gaulis brevis, simplex, siccitate arcuatus. Folia homomalla, pauca, late oblongo-acuminata; lamina vera alte producta tantum e basi ad partem angustiorem limbo flavo marginata; lamina dorsali angusta basi subrotunda, lamina apicali brevi, costa flavida infra apicem evanida. Fola perichætialia linearia breviora, omnino elimbata. Capsula ter- minalis, erecta, minutula, longe operculata. Calyptra conica infra os Capsulæ paulum descendens. La Réunion : Frappier (in herb. Mus. Par.) ; plaine des Pal- mistes, rive gauche du bras Piton, 10 juillet 1877, G.DE L'IsLe; FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 333 sur les rochers humides du bras Pavé, grande Belous, G. DE L'ISLE, n° 415. Très voisin par le port du F. rufescens du Cap; mais l'absence de limbe marginal aux lames dorsale et apicale de la feuille ne permet pas de confondre ces deux espèces. Le F. madecassus Sch., dont nous n’avons pas vu d'exemplaires dans les collections de Pervillé, semble se rapprocher beaucoup de notre Mousse parses feuilles semi-limbées ; maisil s’en éloigne, à en juger d’après la dia- gnose qu'en donne M. C. Müller (Bot. Zeit., 1864), par la forme de ses feuilles périchétiales, par un port plus robuste et par la couleur ferrugi- neuse des feuilles caulinaires. 10. F. ferrugineus C. Müll. in Bot. Zeit.,1864.— « Pusillus » strictus ferrugineus simplex elegans. Folia densissime con- » ferta stricta rigidiuscula 8-10-juga, latiuscula lanceolata >» obliquiuscule mucronata, costa ferruginea valida excurrente » percursa, e cellulis minutissimis opacis ternuiter papillosis » areolata, margine ob papillas lævissime serrulata ; lamina » dorsalis ad basin nervi subrotundatim vel truncatulo ena- » scens, lamina folii vera toto ambitu limbo valido ferrugineo » subdenticulato marginata. » Madagascar : associé à F. madecassus, PERVILLÉ. Diffère du F. madecassus par la couleur ferrugineuse, les feuilles plus serrées, à lame proprement dite entièrement limbée. 11. F. nossianus Besch. — Minutus, flavo-viridis. Caulis simplex. Folia facile madore deplanata, sicca apice incurvius- cula, integerrima, lamina vera alte producta limbo lato margi- nata, lamina apicalis brevis, lamina dorsalis basi rotundata; costa pallida latiuscula sinuosa cum apice sæpe bidentato con- tinua; cellulis omnibus minutissimis opacis. Folia perichætialia similia. Capsula minuta, urceolata, terminalis. Nossi-bé : Andradroat, mars 1850, Boivin; MARIE, févr. 1879. Se distingue du F. flavo-limbatus par ses feuilles distiques à l’état sec, munies d’une nervure terminée au sommet par deux cellules dentiformes 334 EM. BESCHERELLEX,. et par ses feuilles condupliquées (lamina vera), bordées de 2-3 séries de cellules allongées hyalines. La capsule est en outre urcéolée et plus petite. 12. F, Darntyi Sch. in herb. — Dioicus, F. exili similli- mus. Folia 4-8-juga, laminis omnibus minutissime areolatis haud limbatis, toto ambitu subserrulatis, lamina vera inferne ad medium usque cellulis hyalinis rectangularibus majoribus marginala, lamina apicali acute acuminata, costa pallide viridi ætate fuscescente infra apicem evanida. Flos masculus in planta distincta terminalis. Capsula (vetusta) in pedicello ge- niculato tenuissimo erecta v. horizontalis, minima. Cetera? Maurice :sur la terre humide, à Plaisance, mai 1874, DARNTY (in herb. ScHIMPER). Beaucoup plus grèle que le F. flavo-limbatus et distinct par la petitesse de ses capsules; les feuilles proprement dites (laminæ veræ) n’offrentpas, comme celte dernière espèce, de limbe distinct et ne présentent que des cellules marginales hyalines irrégulièrement carrées. 13. F. madecassus Schpr.; C. Müll., Bot. Zeit., 1864. — « Dioicus, pusillus simplex viridis. Folia 6-7-juga crispula, » madefacta stricta, anguste lanceolato-acuminata, acuta, mi- » nutissime areolata tenerrime papillosa opaca viridissima, » costa albida validiuscula distinctissima excurrente genullexa » percursa, integerrima; lamina folii vera 2/3 foli occupans, » limbo albido in medio laminæ evanido marginata, symme- » trica vel ala unica asymmetrica acuminata ; lamina dorsalis » ad basin nervi subrotundatim enascens; lamina apicalis » præsertim foliorum superiorum sæpius subfalcato-incurva ; » perichætialia caulinis similia. Capsula in pedicello plan- » tulam parum superante gracillimo ascendente erecta, » parva anguste oblonga aperta vetusta subeyhindrica, paullo » inæqualis, operculo e basi cupulata elongate et oblique » rostralo. » Madagascar : PERVILLÉ. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC, 939 Gen. — II. CONOMITRIUM Mont. Sect. Octodiceras C. Müll. 1. C. palmifolium P. Beauv., in Prodr., p. 76, sub Mnio; Brid., Bryol. univ., I, p.687, sub Bryo. — Conomitrium bor- bonicum CG. Müll., in Bot. Zeit., 1864. — Caulis fluitans, ramosus, apice gemmaceo haud incrassato nec falcato-folio- sus. Folia elongata, angusta laxe reticulata. La Réunion : CommErsoN (in herb. Mus. Par.). Très voisin du C. capense par le port, mais différent par les feuilles moins longues et plus larges dans toute la longueur. Sect. Reticularia C. Müll. 2. C. Mariei Besch. — Planta dioica, pygmæa, simplex, sterilis 2 mill., cum fructu vix 5 mill. longa, pallide viri- dis, superne secundifolia. Folia minuta, anguste elliptica, 3-6-juga, in uno latere dejecta, laxissime et flavide areolata, obtuse acuminata, haud chlorophyllosa, elimbata, erosula, costa infra apicem evanida, lamina vera brevis cymbiformis apice truncata, lamina dorsalis basi subrotundata. Cap- sula in pedicello inferne geniculato 3 mill. longo tenero apice cygneo inclinata, minutissima, operculata oblongo-cylindrica, matura anguste obconica; opereulo vix oblique rostrato. Ca- lyptra minutissima, conica, rugulosa, albida. — Planta mas- cula tenerrima, folus acutioribus intimis truncatis serrato- ciliatis. Nossi-bé : sur la terre, forèt de Loucoubé, avril 1879, Marié, Trib. I. LEUCOBRYACEÆ. Fam. LEUCOBRYEXÆ. Gen. I. — LEUCOBRYUM Hpe. 4. L. Boryanum Besch. — Dicranum megalophyllum Brid., Mant., 67. — Sphagnum javense Brid., Bryol. univ., I, p. 19 € 336 EM. BESCHERELLE. (ex parte). — Laxe cespitosum albide virens, ætate fuscescens. Caulis 2-3 uncialis, robustus, curvatus. Folia maxima, secunda, basidense imbricata longe vaginantia, e medio patula,integer- rima, apice acuminata, à basi ad medium latiuscule margi- nata, margine e cellulis 7-8 longissimis hyalinis valde con- spicuis formata, lamina e stratis cellularum æqualium duobus composila. Getera ignota. La Réunion : lieux frais de la plaine des Ghicots, en touffes épaisses, molles etstériles, Bory (hb. Cossox.) ; FRAPPIER (hb. Mus. Par.); plaine des Fougères, avril 1839, LÉPERVANCHE (hb. TaurerT). Espèce très voisine par le port du L. falcatum G. Müll. (Sphagnum ja- vense Brid.), mais différente par les feuilles lisses, non dentées au som- met. Le L. giganteum G. Müll. s’en éloigne également par ses feuilles moins fortes el plus longues, composées, en section transversale, de cel- lu'es plus petites. 2. L. juniperoideum Brid., Bryol. univ., [, p. 408, sub Di- crano; G. Müll., Syn., 1, p.78. — D. L. glauco proximum sed habilu juniperoideo, foliis angustioribus subulatis, capsulæ pedicello breviore diversum. La Réunion : d’après BRIDEL +. 3. L. Isleanum Besch. — Habitu L. candido simile. Dense cespitosum caulibus brevibus. Folia glauco-viridia, superiora secunda, e stratis cellularum magnarum hyalinarum duobus composita, subtubulosa ob margines e medio involutas, acu- minata, margine e basi ad medium usque lato e cellulis 12 an- gustissimis formato,supra medium ex unica cellula composito. Cetera ? La Réunion : G. DE L’ISLE, an L. juniperoideum? 4. L. Boivinianum Besch. — Dioicum, dense cespitosum, brevicaule, albide ferrugineum. Caulis fasciculato-ramous, vix uncialis. Folia erecta, rigida, brevia, sicca subrugosa, sub lente nitida, madida dorso lævia, basi angustiore, latiuscule lanceo- lata, apice acute et crasse acuminata, acumine flavo sæpe FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 997 adunco, marginibus angustis integerrimis e medio Jeviter involutis apice cucullatis, areolatione (in sectione transversa) in margine ultimo ex unico strato, versus margines e # stratis, ultra ? stratis cellularum composita. Getera ignota. Sainte-Marie de Madagascar : sur les rochers ombragés de Tarabac (?), janvier 1848, Borvin n° 580/2 (hb. Mus. Par.). 9. L. comorense G. Müll., Linn., XL, p. 235. Comores : Anjouan, HILDEBRANDT, 1875, n° 1822. 6. L. madagassum Besch. — Cespites condensati albidi, ramis subuncialibus erectis julaceis obtuse acuminatis. Folia lanceolata, e medio ad apicem obtusum mvoluta, erecto-ad- pressa, albicantia, integerrima, apicibus haud prominentibus, dorso glabra, lævia; cellulis marginalibus 6-8 elongatis hyali- nis areolata, in sectione transversa e cellularum #4 stratis composita. Madagascar : Ross, 1876 (in herb. K1xR). Les feuilles sont, comme celles du L. comorense, composées de quatre couches de cellules superposées ; mais les rameaux rigides et les feuilles non mucronées éloignent suffisamment notre Mousse de lespèce des Comores. Gen. IT. — LEUCOPHANES Brid. 4. L. Seychellarum Besch.— Dioicum, dense cespitosum, compactum, Inferne fuscescens, superne viridi-albescens. Caulis uncialis vel minor, erectus, ramosus, plus minusve dense folio- sus. Folia erecta, lanceolata, concava, carinata, e medio ad apicem obtusum serratum minute denticulata, e duobus stratis cellularum areolata, margine e seriebus tribus cellularum hya- linarum composito. Folia perichætialia intima multo breviora. Capsula in pedicello 5-6 mill. longo terminalis, erecta, oblonga, pallide ferruginea, nitida. Peristomium (vetustum) e 16 den- tibus latis ferrugineis granulosis. Getera desunt. Îles Seychelles : Mahé, G. DE L’Isre. Voisin par le port du L. octoblepharis. te série. BoT. T. IX (Cahier n° 6). ? 29 338 ; EM. BESCHERELLE, 9. L. Hildebrandtii C. Müll., in Linn., XL, p. 234. Comores : Anjouan, HiLpEeBRANDT, 1875. Forma rigida, caulibus folisque erectioribus magis rigidis, cosüs sæpe anomalis. L. Lepervanchei Besch. priùs. La Réunion : sommet de la Rivière des Roches, 1876, Pauz LÉPERVANCHE. Maurice : COMMERSON (in hb. Mus. Par.). Sainte-Marie de Madagascar: sur le troncdes arbres, dans les ravines couvertes, à Tanambo, avril 1851, Borvix (hb. Mus. Par.). Très semblable au L. octoblepharis de Bornéo; en diffère cependan par ses feuilles moins longues, aussi larges d’un côté de la nervure que de l'autre, à marge très entière et plus étroite, et à nervure garnie de dents ciliiformes seulement au sommet, Schwægrichen (Suppl. IV, Syrrhopo- don octoblepharis) et Dozy et Molkenboer (Musci frondosi,p. 64) disent que les feuilles ne sont composées que d’une seule couche de cellules; il ya là une erreur évidente. Une section transversale suffit pour faire reconnaitre que les feuilles sont formées de deux étages de cellules très prononcées de la nervure, à la marge, plus petites dans la couche supé- rieure, et que la marge, très large, est composée d’une seule couche de 5-10 cellules plus petites, suivant que la section est faite à la base ou au- dessus du milieu de la feuille. Dans le L. Hildebrandtii, de la Réunion, les deux couches sont presque aussi larges et les cellules marginales sont moins nombreuses. Gen, HE — OCTOBLEPHARUM Hedw. albidum Hedw.; C. Mül., Syn., [, p. 86. La Réunion : G. DE L'ISLE. Ile Maurice : CommERsox (hb. Mus. Par.); sur les arbres pourris, RicHARD ; montagne de la Rivière Noire, Borvis ; de RogiLzaRD (bb. Dux). Madagascar: COMMERSON; sur les rochers ombragés, à Sainte-Marie, Boivin, n° 1579. Mayotte : Borvin. Nosst-bé : Borvix ; Nossi-Comba, Loucoubé, Ankiabé, MARIE. / Seychelles : G. DE L’ISLE FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 339 5 Commun dans la région tropicale de l’Asie, de l'Afrique et de l’'Amé- rique. Trib. IV. LEPTOTRICHACEZÆX. ‘am, — E. HU CHMEACEH.Æ. Gen. PLEURIDIUM Brid. P. globiferum Brid., Bryol., HE, p. 162; C. Müll., Syn., I, p. 16, sub Asfomo. « Caulis repens filiformis ramosus, foliis » approximalis, Superioribus confertis ovato-lanceolatis acu- » minatis. Gapsula globosa subsessilis. » (Brid., /. «.) Maurice : sur la terre nue mouillée, adhérent aux frondes des Lichens crustacés, d'après Bridel +. Nous n'avons trouvé cette Mousse dans aucune collection. am. El. — CEHRATODONTEA, Gen. CERATODON Brid. 1. GC. purpureus Brid., Bryol. univ., T, p. 480; G. Müll., Syn., 1, p. 646; Br. et Sch., Bryol. Europ. Var. brevidens, folis apice angustioribus, peristomii denti- bus brevioribus remote trabeculatis fere ad basin infimam fissis differt. Maurice : AYRES (in herb. Schimper). 9, C. stenocarpus Br. et Sch., in Bryol. Europ.; C. Müll., in Syn., L, p. 647. La Réunion : pu Perir-Touars. N. O. de Madagascar : PERVILLÉ (in herb. Mus. Par.). Échantillons nombreux, mais de détermination incertaine, par suite de la vétusté des capsules. Fan. HAE. — ERLPTFOTRACEE A. Gen. L — GARCKEA GC: Müll. G. Bescherellei G. Müll. in itt, — Dioica. Gespites laxis- simi lutescentes, Gaulis brevis 5:10 mill. longus, simplex, fil- 340 EM. BESCHERELLE. formis rectusremote foliosus. Folia inferiora lanceolata, supe- riora comantia divaricata majora ovato-lanceolata concavius- cula longe lateque attenuata apice denticulata,” costa crassa excurrente ; cellulis folii bas ellipheis, ceteris longe hexagonis incrassatis. Folia perichætialia comalibus similia sed latiora, costa obsoleta. Plantæ masculæ femineis mixtæ minores, folus perigonialibus internis basi concavis convolutis summo in subulam longissimam subdenticulatam productis. Capsula immersa minuta ovato-cylindrica breviter pedicellata, operculo conico recto basi tumido, annulo fugacr composito. Peristomu simplicis dentes 16 lanceolati infra os nascentes basi parce trabeculati fusci, medio perforati, apice connati ut in G. Tre- matodonte,valde papillosi, lutescentes. Calyptra minuta, cam- panulata tantum operculum obtegens, basi haud fissa e medio ad apicem scaberrima. La Réunion: G. DE L'ISLE, associé au Trematodon paradozus. Nossi-bé : Loucoubé, Nossi-Comba, août 1879, MARIE. Le genre Garckea ne comprenait jusqu'ici qu'une seule espèce, le G. phascoides, qui est particulier à diverses parties de l'Inde, à Java, Suma- tra, etc. Elle a été fizurée par Hooker dansles Hiscell. bot., 1830, I, tab. 21, sous le nom de Dicranum phascoides, par Griffith dans les Icones plan- tarum asiatic., 1849, tab. 79, sous le nom de Grimmia flexzuosa, etpar Dozy et Molkenboer dans les Musci frondosi novi archipelagi Indici, 1854, tab. 59, sous le nom de Grimmia comosa. Les dessins de Griffith ne per- mettent guère de reconnaitre la plante ; ceux de Dozy et Molkenboer sont meilleurs, mais l'anneau capsulaire et le péristome ne donnent pas une idée exacte de ces organes. La nouvelle espèce de ce genre que M. Georges de l'Isle a rapportée de l'ile de la Réunion croit, comme le G. phascoides, associée aux Tremato- don, et diffère de l'espèce indienne par un port plus grêle, des feuilles con- caves, plus larges, à pointe plus courte et denticulée; la capsule est éga- lement plus petite, Ja coiffe moins scabre, lopercule plus épais, et le péri- stome, plus court, offre des dents perforées dans toute la longueur. Gen. IL. — LEPTOTRICHUM Hpe. L. Boryanum G. Müll., Syn., [, p. 452. La Réunion : sur la terre, dans les forêts, Bory (hb. Cosson); FRapPier (hb. Mus. Par.); plaine des Cafres, G. DE L’ISLE. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 341 Maurice : Bory (hb. Gosson). N. O. de Madagascar : PERVILLÉ (hb. Mus. Par.). Fam, IV. — HISTICHEACEÆ. Gen. EUSTICHIA Brid. E. longirostris Brid., Mant., p. 31, et Bryol., I,p.195, sub Pterigynandro; Brid., Bryol., H, p. 67%, sub Phyllogonio (Eustichia). Cette Mousse est indiquée par Bridel comme ayant été récoltée à Tris- tan d’Acunha (4. ce. p.195), par M. CG. Müller (Syn., 1, p.42) à Madagascar, et par M. Mitten (Musci austro-americ., p. 604) à Tristan et à la Réunion. Nous ne l’avons trouvée dans aucun herbier comme venant de lune ou de l’autre de ces îles. Trib. V. DREPANOPHYLLACEZÆ. Gen. DREPANOPHYLLUM Rich. D. fulvum Rich., in Hook., Muse. exot., IE, tab. 145 ; Brid., in Bryol., IE, p. 669 ; G. Müll., Syn., E, p. 39. La Réunion : RicHARD, d’après Hooker (£. c.) +. Nous n’avons vu cette Mousse, ni dans la collection de Richard, ni dans aucune de celles que nous avons eues sous les jeux. Elle paraît plus spé- ciale à l'Amérique australe. Trib. VI. POTTIACEZÆ, Fam. 5. — PONVRIREXÆ. Gen. HYOPHILA Hpe. H. Poterii Besch. — Cespites breves, simplices. Folia laxa, sicca subpatentia, parum involuta, oblonga, subspathulataà, apice subcrenulato obtusissima rotundave, mucronulata, costa excurrente; cellulis basilaribus obsolete hexagonis vel quadraltis, superioribus minutissimis opacis. Gapsula in pedi- cello breviusculo vix 4 cent. allo contorto anguste cylindrica 349 EM. BESCHERELLE. vel elliptica, sæpe eurvula, gymnostoma, annulata. Calyptra torta cellulis obliquis reticulata. La Réunion : Porter (in herb. perm., des colonies franç.). Nossi-bé, Hellville, Nossi-Comba, Marie, 1879. Se rapproche beaucoup de l'Hyophila involuta C. Müll., de Ceylan ; en diffère cependant par ses tiges moins robustes, les pédicelles capsulaires plus courts, et les feuilles moins larges, plus obtuses elà peine involutées. Fam, EN. — TRICHOSTOMEX. Gen. E — TRICHOSTOMUM Hedw. Sect. Eutrichostomum. 1. T. Ayresianum Sch. in herb. — Dioicum, dense lateque cespitosum. Caulis apice viridis, inferne nigrescente fuscescens, ramosus. Folia sicca erecto-crispula, madida erecto-patentia, lanceolato-ligulata, marginibus fere parallelis apice incurvis, dorso subtiliter papillosis, obtuse acuminata mucronata, inte- gerrima, costa pallide viridi tereti sub apice evanida ; cellulis superioribus quadratis minutis papillosis incrassatis, interio- ribus rectangularibus, basi infima subhexagonis. Maurice : Ayres (in herb. SchrmPer). Subg.. LEPTODONTIUM Hpe. 2. T. stellatum Brid., Bryol. univ., T, p, 443, sub Dicrano: C. Müll., Syn., LE, p. 579, sub Trichostomo. La Réunion : sur la terre ombragée à la plaine des Chicots, stérile, BoRY (hb. Cosson) ; G. DE L'IsLe. Très voisin du T. epunctatum CG, Müll., par la forme et le tissu des feuilles, mais plus robuste ; ses tiges sont plus ramifiées et garnies de feuilles étalées plus longues, flexueuses, non squarreuses, à marge révo- lutée dès la base et à cellules basilaires fortement papilleuses. 3. T. epunctatum G. Müll., Syn., I, p. 579; T. squarrosum Brid., Bryol. univ., 1, p. 498. — Neckera viticulosoides P. Beauv. — Planta dense et latissime cespitosa. Caulis erectus flexuosus, dichotome ramosus, innovans, 4-2-uncialis FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 343 vel longior, flavidus, radiculosus et rufo-tomentosus, Folia caulina anguste oblongo-lanceolata, squarrosa, carinata, fla- vida, margine vix revoluto, ultra medium ad apicem usque dentibus papillosis dentatis horride serrata, costa crassa lutes- cente subcontinua ; cellulis minutis rotundis papillosis, infe- rioribus ovatis, basilaribus pellucidis minute hexagonis lævi- bus obselete papillosis. Perichætium longe exsertum, nitens folus longe convolutis membranaceis apice flexuosis Iævibus. Capsula in pedicello 15-20 mill. longo flavido siccitate tortili erecta, ætate obliqua, cylindrico-ovata, fuscidula, nitida, ore angusto, opereulo subulato capsula dimidio breviore. Calyptra longissima, latere fissa, contorquata, pallide fusca. Peristomii dentes læves, rufescentes. La Réunion: en touffes épaisses formant des gazons d’un vert gai, plaine des Chicots, Bory (hb. Cossox); Ricaarp, 1837 (hb. Mus. Par.); Borvin, 1847-1859, associé à l'Orthodon (bb, Mus. Par,); plaine des Cafres, Belous, G. pe L'Isce; la Possession, Cilaos, Saint-Leu, VALENTIN. N. O0, de Madagascar : PERVILLÉ, 1847-1859, stérile (hb. Mus, Par.), Gen. IL — BARBULA Hedw. Subg. TORTULA, Sect. Unguiculateæ. 4. B. subrevoluta Hpe, Linn., XXX VII. Madagascar : BORGEN, n° 6. Sect. Torluoseæ. 2. B. inclinans Sch. in herb. — Caulis brevis robustus dense foliosus rufescente-nigricans. Folia erecta apice incurva in rosulam erassam congesta, lanceolata, basi elongata, hya- lina, obtuse acuminata, integerrima, dorso papillosa, costa lata rubella cum apice finiente vel in mucronem brevem exce- dente ; cellulis quadratis papillosis, inferioribus ad costam flavidis longe ellipticis, ad margines rectangularibus hyalinis 344 EM. BESCHERELLE. lævibus. Folia perichætialia valde longiora, convoluta, lutes- centia, lævia, longe acuminata, costa tenui continua, cellulis .axis sinuosis elongatis utrinque acutis areolata. Capsula in pe- dicello 25-30 millim. longo rubello tenuissimo flexuoso incli- nata, Ovata, pro planta minuta, badia, vernicosa. Peristomii dentes laxe contorti. Maurice : Ayres (in herb. SCHIMPER). Se rapproche du B. inclinata Schgr., mais en diffère au premier abord par la forme de la capsule, qui rappelle celle du B. gracilis, par les feuilles caulinaires non crispées et par les feuilles périchétiales plus longues. Nous avons reçu également de M. Schimper, sous le nom de Barbula subcernua Sch., une espèce très voisine du B. inclinans, récoltée par M. Ayres à Maurice, et qui n'en diffère que par la capsule un peu moins atténuée à la base et par les innovations garnies de feuilles plus aiguës, plus étroites et beaucoup plus petites. Subg. SYNTRICHIA. 3. B. rufa Sch. in herb. — Dioica? pulvinata, habitu B. lævipile similis; sed foliis rufis ultra medium revolutis dorso papillosis, costa rubella papillosa apice brevius producta his- pida, foliis comalibus longius piliferis, paraphysibus luteis crassis differt. Maurice : AYRES (herb. SCHIMPER). L’échantillon assez pauvre que nous avons sous les veux ne nous per- met pas de donner une diagnose plus complète. Trib. VII. CALYMPERACEZÆ. Fam. I. — CALYMPEREÆ. Gen. [. — CALYMPERES Sw. Sect. Hyophilina. 4. C. Isleanum Besch. — Dioicum, dense cespitosum, gra- cile, atro-viride. Folia caulina crispata, madida erecto-paten- tia, e basi erecta, late ovata, suprema concava dilatata obtusa integerrima, dorso minute papillosa; costa lata infra apicem evanescente raro paulum excedente, dilatata, filis septatis ob- tecta ; marginibus haud limbats ; cellulis viridibus papillosis FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 349 ad partem basilarem hyalinam versus margines late produetis. Folia perichætialia similia sed acutiora. Capsula in pedicello eam æquante ovalis, gymnostoma, exannulata. Calyptra flavide viridis, plicata, apice fuscella, vix scabriuscula. Seychelles : Praslin, déc. 1875, G. DE L’ISLE. Nossi-bé, Loucoubé, Nossi-Comba, sur les arbres, MARIE, 1879. Diffère du €. Richardi par ses feuilles entières dès la base, à cellules vertes descendant jusqu’à la base entre les cellules hyalines de la marge. 2. C. Mariei Besch.—Habitu C. Isleano simile, sed caulibus brevioribus atro-viridibus. Folia ligulata basi latiora abrupte in tertiam partem longitudinis angustata, e cellulis hyalinis numerosioribus, cellulis chlorophyllosis minoribus areolata, margine e basi ad partem foli latiorem, e serie unica cellula- rum externarum dentiformium oblique insertarum, dein serie- bus tribus cellularum angustarum opacarum composito. Capsula et calyptra ut in C. Isleano. Nossi-bé : Hellville, février 1879; forêt de Loucoubé, août 1879, M. Marie. 3. CG. Nossi-Combe Besch. — Caulis gracilis, brevis, pal- lide viridis. Folia angusta, lanceolata, apice rotundata sæpe anomala, sicca arcuata, madida erecto-patentia, margine in- terdum revoluta, jam e basi papilloso-denticulata, areolatione a basi ad partem latiorem : 1° e seriebus 3-5 cellularum mar- ginalium minutarum rotundarum flavo-viridium, 2° seriebus 3-4 cellularum sequentium majorum elongatarum angusta- rum, in costæ lateralis forma supra medium productarum, composita. Getera ignota. Nossi-Comba, août 1879, M. Marie. 4. C. Hildebrandtii G. Müll., Linn., XL, p. 246. Comores : Anjouan, HILDEBRANDT. 9. C. pachyloma Hpe, Linn., XL, p. 247. Gomores : Anjouan, HILDEBRANDT. 346 EM. RESCHERELELE. 6. C. decolorans G. Müll. in litt, — Dioicum, Cespites den- sissini et latissimi, albo-rufescentes. Gaulis mollis, semi-un- cialis, apice fasciculato-ramosus, primo adspectu ob folia basi longe decolorata submembranaceus. Folia madida erecto-pa- tentia, sicca basi erecta, late vaginantia, apice cirrosa, ovali- elliptica, obtusa, e medio ad partem basis latiorem flavide Hmbata, irregulariter serrata dentibus ascendentibus, ad ba- sin anguste limbata integra, e medio ad apicem elimbata den- talo-serrata, marginibus flexuosis subrevolutis; costa lata dorso papillosa, infra apicem evanescente; cellulis echloro- phyllosis medium folii et ultra in longitudime occupantibus ; ceteris quadratis papillosis. Capsula im pedicello 5 mill. longo torto erecta, ovato-cylindrica, pallide straminea, ore latiusculo nigro, gymnostoma ; operculo breviter conico. Calyptra longe descendens, pedicellum longe obvelens, plicata, plicis apice scabris. Planta mascula femineis intermixta infra perigonium ovatum crasse gemmaceum innovans, folis caulinis brevius membranaceis ; foliis perigonialibus externis valde brevioribus minutis, intimis ovalis flavis acuminatis laxe reticulaus; cel- lulis apicalibus minutis viridiusculis papillosis; costa cum apice dorso papilloso finiente; antheridis et paraphysibus paucis. Mayotte : Boivin, 1847 (hb. Mus. Par.). 7. C. Sanctæ-Mariæ Besch.— Dioicum. Gespites pusilli, sor- dide virides. Folia sicea crispata, linearia, basi breviuscula, ad apicem paulum latiora, integerrima, elimbata; costa excedente superne scabra dilatata sporuligera; cellulis mimo- ribus quadratis dorso granulosis versus marginem longe ad basin descendentibus, cellulis majoribus hyalinis vix paginam mediam versus costam occupantibus. Getera desunt. Sainte-Marie de Madagascar : sur le tronc des Manguiers à Louques, avril 1851, Boivin (in herb. Mus. Par.). Voisin du C. moluccense de Bornéo, mais différent au premier abord par les feuilles moins larges, dépourvues d’un limbe distinct et par les tiges beaucoup moins robustes, FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 347 Gen. IT. — SYRRHOPODON Schwer. Sect. Hyophilidium. 4. S. Nossi-beanus Besch. — Dioicus, elatus, robustus. Caulis dense foliosus, fasciculato-ramosus, fusco-viridis. Folia rigida, adpressa, flexuoso-arcuata, madida erecta haud patula, basi infima breviora, dein latiora, longe ligulata, e medio erosa, apice mucronata, costa lata dorso lævi sub apice dila- tato denticulato evanida, limbo lato e cellulis longissimis fla- vidis composito subplicato ante marginem e basi producto, infra apicem inconspicuo; cellulis marginalibus e basi ad par- tem angustiorem elongate quadratis hyalinis, dein ad summum minutis angulate rotundis opacis lævibus, Cetera ignota, Nossi-bé : forêt du Loucoubé, mars 1851, Borvix (hb. Mus. Par.). Très voisin par le port des S. Dregei et codonoblepharum, mais en diffère par ses feuilles non dentées, à nervure lisse et garnies d’un limbe inter- médiaire entre la marge et la nervure. 2. S. leptodontioides Besch. — Dioicus, habitu Leptodonti Smithii sais similis. Gaulis elongatus repens, apice assurgens, valde tomentosus, fuscus, dense pinnatim ramosus, ramis 2-6 mill. longis gracilibus decrescentibus fusco-viridibus. Folia sieca tortilia, madida erecto-flexuosa, basi lanceolata, late acuta, omnino integerrima, marginibus planis apice in cucul- lum incurvo-conniventibus, limbo angusto hyalino tantum medio extante; cellulis superioribus quadrato-rotundis opacis subtiliter papillosis, infra medium folii ad basin marginem versus elongatissimis numerosis hyalinis, ad costam quadratis paucis brevibus, parietibus rufulis erasse limitatis ; costa valida continua tantum apice obsoleta dorso denticulata, N. O0. de Madagascar: PERVILLÉ, 1841 (in herb. Mus. Par.), associé à Orthodon borbonicus. 3. S. cyrtophyllus Besch.— Cespites compacte pulvinati, ferruginer, valde rufo-tomentosi, 3-5 cent. alti, dichotome vel fastigiato-ramosi, ramis À centim. longis julaceis gracilibus 348 EM. BESCHERELLE. rigidis. Folia anguste ovata, brevia, obtusa, sicea recte incur- vato-crispata, madida erecto-incurva, plicata, integerrima vel medio subcrenulata, costa lata in mucronem brevem producta dorso lævi, marginibus e medio ad summum ob plicas undu- latas sublimbatis, versus basin limbo lato e cellulis angustis rectangularibus superioribus flavis inferioribus rufis compo- sito ; cellulis rotundatis pellucidis vel parce incrassatis subti- liter papillosis flavidis vix conspicuis, basilaribus ad costam minute quadratis pellucidis, parietibus rufis validis sed sæpe decompositis. La Réunion: Bory (herb. Gosson); sur les vieux troncs : d'arbres, à Salazie, 1839, LÉPERVANCHE (hb. THURET). Espèce très remarquable, qui se distingue de ses congénères par un port tout particulier rappelant au premier abord les touffes grêles du Philo- notis fontana et de l'Oreas Martiana ; elle se rapproche un peu du S. fu- bulosus Lac., mais elle en diffère par ses feuilles incurvées, non contour- nées en tube au sommet, etc. Sect. Orthophyllum. 4. S. microbolacus G. Müll. in litt. — $S. Banksü GC. Müll. similis. CGespites densissimi, valde compacti, humiles, vix 4 centim. alti, rufescentes, radiculis rufis intermixti. Caulis gracilis parce ramosus. Folia erecta, angusta, basi longissima pellucida, tantum apice obtusiuseulo et marginem versus me- dium minute quadrate læviter areolata, toto ambitu flavide limbata, integerrima vel saummo parce eroso-denticulata ; costa cum apice evanida dorso lævi. Folia perichætialia similia sed paulo minora. Capsula in pedicello torto vix 5 millim. longo erecta, ovata, peristomata. Nossi-bé : Borvix (in herb. Mus. Par.). Très proche par le port et la forme des feuilles du S. Banksii, de Taïti, mais beaucoup moins robuste; les feuilles sont plus obtuses, moins largement limbées et garnies de cellules hyalines plus nom- breuses. Sect. Orthotheca. o. S. mauritianus G. Müll. in herb. Angstrôm.; S. muloui- FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 349 nensis Angstr.,in Ofvers.af Kong. Vet. Akad., 1873, p.141.— Habitu S. longisetaceo G. Müll. simillimus, sed foliis breviori- bus latius acuminatis obtusis basi brevius pellucidis, margini- bus e parte latiore denticulato-serratis, costa latiore lamellis in facie superiore pluribus serratis ornata ; limbo lamellato utrinque dentato; cellulis pellucidis rectangularibus paucis, ceteris quadratis opacis. Maurice : N.J. ANDERSSON (hb. ANGSTRôM.). 6. S. mahensis Besch. — CGespites laxi, latissimi, glauco- virides, inferne fuscescentes. Caulis repens, elongatus, pendu- lus, 5-15 cent. longus, parce dichotome ramosus, tomentosus. Folia laxa, erecta, apice divaricata, basi breviter obovata con- cava vaginata, abrupte longe et late subulata, Hmbo lamellato e foli medio laxe ad summum acutum dense serratum remote acute serrato horride papilloso, margimibus supra basin infi- mam integram lævem usque ad partem angustiorem spiculoso- serratis, dentibus papillosis, costa plerumque rufa papilloso- serrata ; cellulis superioribus subquadratis opacis valde papil- losis, ad basin, versus marginem, descendentibus, cellulis inferioribus hyalinis spatium obovale occupantibus, ad mar- gines augustioribus elongatissimis. Folia perichætialia similia sed basi longiora. Capsula in pedicello 5 millim. longo superne scabriusculo ovata, brevicollis, annulata, badia. Peristomii simplicis dentes rubri, angusti, papillosi. Calyptra mitrata, basi vix lacerata, superne scaberrima. Seychelles : Mahé, G. DE L'ISLE. Par le port, cette Mousse ressemble au S. rupestris et au S. rigidus ; mais elle diffère du dernier par le pédicelle plus court, scabre au som- met, par la capsule à col distinct, par les feuilles plus courtes et plus larges, spiculées - papilleuses, plus fortement dentées dessus et dessous. 7. S. aculeato-serratus Besch. — Habitu S. Hobsoni similis, dioicus, sordide viridis inferne fuscus, laxe cespitosus. Folia caulina firma, erecta, arcuatula, madida erecto-patentia, basi elliptica, longe lanceolata, oblusiuscula, marginibus invo- lutis dentatis e medio subtubulosa, limbo incrassato solido 390 EM. BESCHERELLE. marginis ad partem mediam dentibus aculeatis longis hyalinis numerosis serrato; costa lata pallide viridi dorso granulosa su- perne utrinque dentata ; cellulis superioribus opacis angulate rotundis deorsum tenuissime papillosis, mediis quadratis fla- vidis, marginem versus ad basin descendentibus. Getera ignota. La Réunion : P. LÉPERVANCHE, 1877. Diffère du S. Hobsoni et du S. mauritianus GC. Müll. par ses feuilles à marge garnie, dans la partie la plus large, de dents très aiguës, lon- ques, hyalines et composées de cellules finement papilleuses en dessous. sect, Eusyrrhopodon. 8. 9. Lepervanchei Besch. — Dioicus, dense cespitosus, inferne rubescens, superne albo-virens. Gaulis brevis, semiun- cialis, dense ramosus, ramis brevibus erectis. Folia angusta, elongate elliptica, basi longe membranacea, nitida, medio pa- rum latiora, flavida, latiuscule limbata, integerrina, dein re- motissime et interrupte serrulata, infra apicem aretius serrata angustissime et hyaline limbata, saummo obtusiusculo elimbata acute papillosa, costa lata rubiginosa sub apice evanida magis acule et crasse papillosa; cellulis chlorophyllosis dorso bi- papillosis ad medium usque basin, versus marginem, pro- ductis. La Réunion : P. LÉPERVANCGHE. Diffère du S. Isleanus, de l'île Saint-Paul, dont il se rapproche le plus, par la couleur vineuse des touffes, par les feuilles plus obtuses, plus fortement papilleuses au sommet et par la marge dentée du milieu usqu’à l'extrémité. 9. S. apertifolius Besch. — Laxe cespitosus. Caulis repens, ramosus, uncialis vel major, flexuosus, ferrugineus, tomen- tosus, valde fragilis. Folia basi longe rectangulari vagimante albida, pellucidereticulata,patentia, abruptesquarrosa, anguste lanceolata, parce rugoso-denticulata, tantum apice obtuso acu- leato-serrata, limbo hvalino inferne favido latiusculo, e medio ad Summum angustiore hyalino, costa albida subcontinua ; cellulis minuts viridiusculis opacis grosse papillosis: Getera? FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 901 Maurice : Savanne, Boivin, 1847-1859 (hb. Mus. Par.). Très voisin du S. tristichus Nees, de Java, mais différent par ses feuilles à bords hyalins faiblement dentés et garnis seulement aa sommet de dents en forme de petits crochets ; les cellules chlorophylleuses munies de très fortes papilles l'en distinguent aussi. 10. S. Seignaci Besch. — Dioicus. Caulis humilis vix 2 mill. longus, virescéns. Folia patentia, viridissima, basi hyalina brevi lanceolata, limbo hyalino angusto omnino marginata, surmmo serrata, obtuse mucronata, dorso papillosa, costa pellucida infra apicem evanida; cellulis viridibus ad basin usque margi- nem versus descendentibus, cellulis hyalinis rectangularibus 4-5 seriatis. Nossi-bé : sept. 1879, associé à d’autres Mousses, en très rares échantillons, M. SEIGNAC. Trib. VIH. GRIMMIACEÆ. Faim. H. — GDCNNARAE M. Gen. I. — GRIMMIA Ehrh. G. vulcanica Besch. — Cespites dense congesti, rufo-nigri- cantes, breves. Caulis simplex vel vix ramosus. Folia anguste ovato-lanceolata, concava, adpressa, margimibus involutis, inte- gerrima, costa in pilum hyalinum brevem caducum rectum subdenticulatum producta; cellulis basi rectangularibus hya- linis parietibus sinuosis, ceteris quadratis chlorophyllosis opacis sinuosis. Celera ignota. La Réunion : Cratère brülant, P, LÉPERVANCHE, 1878. Gen. IE — RHACOMITRIUM Brid. 1. R. Lepervanchei Besch. — Dioicum. Cespites magni con: densati, bi-triunciales et majores, inferne ferruginei, superne luteo-virides. Gaulis elongatus, dichotome ramosus, ramis À 2 longis breviter ramulosis. Folia humore patentia, dein erecto- © patentia, sieca adpressa subflexuosa, marginem versus plicata, latiuscule ovali-lanceolata, sensim elongate cuspidata, cuspide 392 EM. BESCHÉRELLE. vix hyalina, marginibus e basi cuspidis denticulato-crenulatis, areolatione ut in À. symphyodonta. Folia perichætialia convo- luta, obtusa, integerrima. Capsula in pedicello brevi 5-8 mill. longo tortili erecta, lævis, luteola; operculo aciculari apice torquato. Calyptra dimidiam capsulam obvelens, fusca, su- perne scabriuscula. Peristomium? La Réunion : sur les bois pourris, 1839, LÉPERVANCHE, n° 15 (herb. TaureT); pas de Belcombe, 1877, Paul LÉPER- VANCHE. Commun, mais très rarement fructifié. 2. R. Seychellarum Besch. — Habitu præcedenti simile sedminus, inferne fuscum, superne olivaceum, ramosum. Folia caulina minora, cuspidata, integerrima, costa excedente con- colore, cellulis sinuosis angustioribus. Folia perichætialia si- milia vel paulo minora. Capsula in pedicello fere immerso 3-4 mill. longo ovato-cylindrica; opereulo aciculari capsula breviore. Calyptra minuta nigrescens, apice scabra. Seychelles : près de la baie Sainte-Anne, G. DE L'ISLE; rares exemplaires associés à d’autres Mousses. 3. R. lanuginosum Brid. — Var. squalidum Brid., Bryol. univ., [, p. 217. La Réunion : Bory-SanT-ViNcexT, d'après Bridel. Maurice (hb. Mus. Par.). Quand cette Mousse croît dans une localité, elle s’y rencontre généra- lement en abondance; il est done étonnant de ne la trouver dans aucune des collections qui nous sont passées sous les Veux. L’échantillon très minuscule de Maurice, qui figure au Muséum sans nom de collecteur, pourrait bien être étranger à cette île. Fam. Il. — HEDWIGIEX. Gen. HEDWIGIA. H. cihata Ehrh.; auct. Madagascar : Rosas, 1876 (in herb. Kiær). FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 399 Lam. HIT. — ZYGODONTEXÆ. Gen. ZYGODON Hook. et Tayl. Z. borbonicus Besch. — Hermaphroditus. Caulis brevis 10-15 mill. longus, fasciculate et breviter ramosus, inferne fu- scescens, tomento rufo obtectus, superne glauco-viridis. Folia caulina suberispata, madida squarrulosa patentia curvata, complicata, late ligulata, apice late acuminata, cellula hyalina terminala, margine plano summum versus e dentibus duobus remotis acutis hyalinis ornato, costa infra apicem evanida ; cellulis rotundis subtüliter papillosis, inferne quadratis, basi infima rectangularibus hyalinis. Folia perigamia hastata, acute acuminata, laxius reticulata, integerrima, lævia, an- theridiüs magnis et archegoniis paucis. Gapsula in pedicello 15-30 mill. longo torto juniore flavescente ætate fuscescente lævi erecta vel paulum inclinata, ovato-cylindrica ore angus- UHore, sicca 8-plicata, collo strumoso conspicuo; operculo dimidiam capsulam æquante. Galyptra torquata, rufa, lævis, basi nuda. La Réunion : G. pe L’Ise, 1875, n° 420 ; P. LÉPERVANCHE, 1877. Diffère, au premier abord, du Z. tetragonostomum par la capsule ornée de 8 plis fortement accusés; par ses feuilles, qui n’offreat au sommet que deux dents aiguës de chaque côté du limbe, et par la nervure plus courte. Lan. UV. — @R'TELOWIRNCHE. Gen. 1, — ULOTA Mühr. U. fulva Brid., Bryol. univ., 1, p.301; G. Müll., Syn., I, p. 718. — Monoica. Cespites pulvinati densissimi saturate aureo-fulvi. Gaulis tomentosus 4-3 innovationibus ramosus. Folia sicca valde crispata, madida incurva, basi breviter ovata, concava, lanceolata, longe acuminata, margimibus toto ambitu nodoso-crenatis, cosia rufa infra apicem evanida dorso rugosa ; cellulis basilaribus margimem versus quadratis ampliuseulis decoloratis, parietibus erassis nodosis hyalinis, ad costam GC série. BoT. T. IX (Cahier n° 6). 3 23 304 EM. BESCHERDELE. elongatioribus flavido-aureis, mediis ovatis, ceteris punctatis quadratis papillosis. Folia perichætialia similia sed longiora, e medio revoluta. Flos masculus, ovatus, elongatus, foliis internis minutis obtusiusculis. Gapsula in pedicello 5 mill. longo atro- purpureo vix torüli ereeta, longicolla, siccitate torta, elavata, plicata, rufa, ore albido; operculo conico apiculato; vagimula brevi pilosa. Peristomii simplicis dentes 16 bigeminati apice geminat, breves, lati, grisei, punctati, longitudinaliter striati. Calyptra fusca, basi multifida, pilis numerosis aureis sericeis longis crassis denticulatis vel subtiliter serratis valde hirta, La Réunion : plaine des Cafres, sur les arbres, G. DE L’ISLE, n° 182. Maurice : RoBiLzarD (in herb. GEHEEB). N. 0. de Madagascar : PERVILLÉ, n° 898 (in herb.Mus. Par.). Cette jolie Mousse se rapproche des Ulota crispa d'Europe et Ulota calvescens des Canaries par le port ; elle en diffère au premier abord par la couleur rousse des touffes, par le péristome simple et par la coiffe couverte de poils dorés, soyeux, très longs et très nombreux. Les échantillons de Schlotheimia fulva Angstr., de Maurice, qui nous ont élé envoyés par feu M. Angstrôm, se rapportent entièrement à l'Ulota fuloa Brid. Gen. IE — ORTHOTRICHUM Hedw. Subg. COLEOCHÆTIUM. Plantæ prorepentes haud pulvinatæ. Folia oblonga, obtusa in spiram torlilia. Calyptra integra haud plicata, pilis erectis latiusculis foliüformibus dentatis obtecta. Capsula ovalis bre- viter exserta, suleata, collo Jlongiusculo; vaginula inferne obpirifornis superne in tubum perlongum (inde nom.) mem- branaceum apice laceratum continua. Peristomium duplex. Ce sous-genre, qui ne comprend qu'une seule espèce, tient le milieu entre le genre Ulota et le genre Orthotrichum ; 1 diffère du premier par la coiffe entière non plissée et garnie de poils dressés, verdûtres, du deuxième par ses tiges ramparites non pulvinées, et des deux par la gaine très longue du pédicelle, qui rappelle la vaginule du Voitia mvalis, FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 309 O. plicatum P. Beauv., in Aetheoy., p. 84; Brid., Muse, I, p.13; Schwgr., Suppl. E, pur, p.18; C. Müll., Syn., [, p.690: Brid., Bryol. univ., 1, p. 303, sub Ulota. — Gaulis longe repens tomentosus, ramis sterilibus plerumque simplicibus fere æqualibus, fertilhibus subramosis erectis teretibus gra- cilimis obtusiusculis luteo-vel atro-viridibus et nigrescen- tibus basi microphyllis. Folia sicca dense imbricata in spiram tortilia, madida erecto-patentia, mollia, concava, oblonga, obtusa, integerrima sed ob cellulas papillosas valde promi- nentes subcrenata; costa viridiuscula dorso denticulata sie- citate prominula; cellulis fere omnino rotundis tantum basi vix laxioribus papillosis. Folia perichætialia subsimilia, apice crenata, breviter acuminata, intima minora. Vaginula obpiri- formis in tubum longum dimidio pedicello breviorem superne membranaceum laceratum albicantem producta. Capsula in pedicello erecto apice tunndulo tortili vix mill. longo anguste clavato-piriformis, fusca, orificium versus rufescens angu- slata, sicca sulcata; operculo e convexo conicum obtusius- culum capsula triplo breviore. Peristomii duplicis dentes externi bigeminati vel geminati siccitate reflexi albescentes, interni filformes breviores. Calyptra campanulata sursum pilis latis filiformibus denticulatis papillosis erectis siccitate flexuosis haud erispatis vidibus hirta, inferne valde para- physata. La Réunion : AuBert Du Perir-THouarS (in herb. Mus. Par.); sur les arbres, près de Samt-Benoit, juillet 1857, G. pe L'ISLE, n° 298. Maurice : pu Perir-THouars, fide Schwægrichen. Gen. I. — DASYMITRIUM Lindb., Journ. of Bot., 1864 (DruMMONDIA Hook., GC: Müll.). D. borbonicim Besch. — Cespites laxissimi, pulvinati, Caulis longe repens arcuatus, intricatus, ramis brevibus vix 4 cent. altis obtusis rigidis fuscescentibus vel Tüuteo-viridibus, ramulis brevissimis. Folia sicca adpressa apice incumbentia contorta, 306 EM. BESCHEREEEE. | madida erecto-incurva, oblongo-lanceolata, acuta, marginibus supra basin angustam revolutis, costa infra apicem evanida cellulis quadrato-ovatis obsolete papillosis, inferioribus elon- gas anguste rectangularibus. Kolia perichætialia dissimilia, rara, erecta, longiora, longius cuspidata, laxissime areolata, externa uneinala obtusa, costa In mucronem longum acutum excedente. Capsula in pedicello rubro 15-18 mill. longo tortili in dichotomia terminal ovato-oblonga, lævis sed ore plica- tula; operculo oblique aciculari. Peristomi simplicis dentes 16 obtusi albdi granulosi. Calyptra glabra, plicata, apice fusea in uno latere fissa, cucullata, basi in 40-46 lacintis lats rotun- datis incurvis divisa. Sporæ maximæ. La Réunion: plaine des Chicots, Bory (herb. Gosson); Borvix, 1849 (in herb. Mus. Par.); plaine des Palmistes, G. DE L’ISLE, 1879, n° 200 et 286 ; pas de Belcombe, P. LÉPERVANCHE, 1877 (bb. Mus. Par., sub Macromitrio schizomitrio Nob. priùs). Madagascar (N. O.) : PERVILLÉ, 1849, n° 827. Se rapproche beaucoup par le port du Macromitrium Blumei Ness, de Java, et du A. fasciculare Mitt., de Ceylan; mais en diffère par les caractères ci-dessus décrits et surtout par la forme de la coiffe. Gen. IV. — MACROMITRIUM Brid. Sect. 1. Macrocoma. Caulis rigidus longe repens, ramis filiformibus subpinnatis; foliis adpressis parvis; capsula elongata microstoma. 4. M. tenue Brid., Bryol., 4, 740; G. Müll., Syn., I, p. 720. — Monoicum. Caulis longe repens, intense viridis vel fusco-viridis, ramis brevibus 5 mill. vix longis teretibus erectis breviter vel pinnatm ramulosis. Folia minuta, lanceolata, basi excavata, acute acuminala, costa infra apicem evanida; cellulis minutis rotundis papillosis, basilaribus costam versus elongatis paucis pellucidis. Folia perichætialia longiora et latiora, latius acuminata. Capsula in pedicello 4-6 mill. longo rubello ovato- cylindrica, angustissime plicata, ore angusto ; operculo conico FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 397 breviusculo. Peristomium simplex, breve, truncatum. Calyptra totam capsulam obvelens, pallide straminea, basi in facimiis membranaceis albidis divisa, pilis longis nodosis valde hirta. La Réunion : G. DE L'ISLE, n° 222. Afrique australe. Sect. 2. Cometium Mitt., in Jowrn. of the Linn. Soc., XII, p. 302. Caulis gracilis dichotome et fasciculatim ramosus. Folia squarrosa seriatim disposita e cellulis rotundatis areolata. Capsula in pedicello bre- viusculo scabro ovalis vel globosa. Calyptra rugosa, ramentosa vel pilis nodosis hirta. 2. M. scleropodium Besch. — Monoicum? Caulis longe re- pens, ramis uncialhibus basi simplicibus tomentosis, iterum fur- calis glauco-viridibus gracilhibus brevioribus. Folia sicca laxe torquata squarrosa, madida patentia, minuta, eliptice ligulata, integerrima, costa canaliculata dorso levi in mucronem brevem subdentatum continua ; cellulis omnimo validis rotundis papii- losis margine prominentibus. Folia perichætialia vaginantia, valde breviora, acutiuscula. Capsula in pedicello 3-4 mil. longo scaberrimo in dichotomia obsito globosa, rufa, firma, lævis sed apice anguste plicatula, -collo tumidulo; opereulo recto conico in apiculum breviusculum producto. Peristomium imperfectum, truncatum. Galyptra rugosa, rufa, basi in 9-6 lacinis patulis divisa, pilis nodosis fuscidulis valde hirta. La Réunion : plaine des Palmistes, Sainte-Agathe, 9 juil- let 1879, G. pe L'IsLE, n° 289. Très belle espèce, remarquable par le port, par la couleur glauque des feuilles, par la capsule sphérique portée sur un pédicelle très verruqueux, par la coiffe rousse hérissée de poils et divisée en lanières qui s’étalent en parasol sur la capsule. Elle se rapproche du M. hispadulum Mitt., de Ceylan, mais en diffère par sa capsule globuleuse plus large à la base qu’au milieu et par sa coiffe rousse plus grande et plus velue. Sect. 3. Eumacromitrium G. Müll. Caulis plus minus incrassatus, rigidus vel flaccidus, foliis siceitate flexuosis, erispatis vel spiraliter contortis. 398 ÉNI, BESCHEREDILE. Folia spiraliter torta, elongate acuminata. Folia perichætialia caulinis similia..,.....,,,...... M. maurilianum. — longiora.s.. re. .tns, M. rhizomatosum. Folia incumbenti-contorta. Folia aristata. Basi glaberrima, lunato-areolata.. ...... . M. subpungens, Basi tuberculosa, elongate areolata....... M. Hildebrandti. Folia lanceolata plus minus acuminata, æ. Planta robusta. Folia marginata, apice crenato-dentata. Folia perichætialia caulinis similia.. ..,.... M. Belangeri. — longiopa fs: Eli M. rufescens. Folia haud marginata apice integra....,....... M. laxo-torquatum. B. Planta gracilis. Folia erecto-patentia. Cellulis basilaribus ellipticis. ..... DTA EME M. fimbriatum. — elongate quadratis sinuosis.. M. funicaule. FOlIA MÉIENA cure eme en se SE ... M. aciculare. 3. M. fimbriatum P. Beauv., in Aetheog., p.80; Brid., Bryol., 1, p. 80, sub Oréhotricho; Schwgr., in Suppl. IF, p. 1, p. 37; OC. Müll., Syn., E, p.739, sub Macromitrio ; Macronitrium unci- natum Brid.,f, p.308 et 735.—Caulis repens fasciculato-ramo- sus et ramulosus, semiuncialis, ramis brevibus obtusis dense folosis. Folia madida patentia, sicca erecta tortilia, oblonga, obesa, obtuse acuminata, luteo-viridia, ætate badia, costa infra apicem evanida; cellulis prominentibus quadrato-ovatis basi breviter lunatis. Fola perichætialia intima minora sed latiora; vaginula ovata velsubcylindrica. Capsula in pedicello 8-10 mill. longo purpureo oblonga, lævis, siccitate sulcata. Opereulum e convexa basi subulatum, capsula vix brevius. Peristomii sim- plicis dentes albidi, geminati, punetulati. Calyptra multisulea basi valde laciniata, laciniis incurvis, e stramineo fusca, sub- lævis, rugosa vel pilis raris brevibus ornata. La Réunion : plaine des Chicots, Bory (herb. Cosson), RicHarp, n° 590 (in herb. Mus. Par.). Maurice : COMMERSON (herb. Mus. Par.); pu PeTiT-THouars (herb. Mus. Par., sub Hypno striato Aub., sub Bryo spirali Aub., et Orthotricho pallido var. y. Beauv.). FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 309 Madagascar, N. 0. : sur les troncs d'arbres, PERVILLÉ, 1841 (herb. Mus. Par.). Var. chloromitrium Besch. Dioicum ; densissime et compacte cespitosum, ramis brevioribus À cent. vix altis erectis; cap- sulis numerosis oblongis plicatulis badus, pedicello breviore ; peristomii dentibus fugacibus griseis papillosis ; calyptra albi- cante lutea ramentosa, Planta maseula inter folia caulis femi- nei mixta, foliis arcuatis ecostatis, Maurice : montagne du Pavillon, Borvin (herb. Mus. Par.). Cette Mousse diffère du M. aciculare par les feuilles caulinaires de moitié plus petites, obtusément acuminées, par les feuilles périchétiales beaucoup plus petites que les caulinaires et très largement acuminées ; par la capsule ovale-allongée non sphérique, et par la coiffe souvent ru- gueuse ou munie de quelques poils épars, dressés, articulés, semblables aux paraphyses et fendue à la base en lanières courtes recourbées en griffe vers le pédicelle. 4. M. funicaule Sch. in herb. — Monoicum, repens ; ramis erectis basi simplicibus semiuncialibus apice breviter ramosis fusco-viridibus uncialibus. Folia sicca vix crispula adpressa, madida erecto-patentia vel patentia, nunquam recurva, ovato- lanceolata, angusta, acuminata, integerrima, carinata, con- vexa, costa sub apice evanida; cellulis inferioribus rectangula- ribus sublunatis sinuosis vix papillosis, superioribus minutis dorso granulosis. Folia perichætialia caulinis similia sed la- tiora et latius acuminata. Capsula in pedicello vix 5 millim. longo globosa, lævis, ore angusta ; operculo rectirostri subu- lato. Peristomium fugax? cum opereulo deciduum. Calyptra fusca basi maxime et profunde laciniata, apice lævis vel parce ramentosa. Maurice : sur les arbres de la montagne Rouge, aux Trois- Ilets, À. Darnry, juin 1874 (in herb. ScHIMPER). Intermédiaire entre le M. aeiculare et le M. fimbriatum : diffère notamment du premier par ses feuilles non recourbées à l’état humide et dressées par la dessiccation, et du second par la capsule globuleuse. 360 ÉÊM. BESCHERELLE. 9. M. aciculare Brid., in Mant. Musc., p.139, et Bryol., I, p. 307 et 730; C. Müll., Syn.,[,p. 744. —— Orthotrichum pal- lidum & etf Pal. Beauv. — Bryum spirale Aub. mss. (in herb. Mus. Par.). — Dioicum. Caulis longe repens, ramis erectis 1 cent. longis teretibus obtusis fuscis simplicibus vel parce bre- viter ramosis. Folia angusta, erecta, apice squarroso-incurva, madida patentia, brevia, lanceolata, acute acuminata, inte- gerrima, Costa Cum apice evanida ; cellulis basilaribus semi- lunatis, ceteris minutis obscuris punctiformibus. Folia peri- chætialia mtima ovato-lanceolata, breviora, apice latiora, laxius reticulata. Vaginula ovoidea. Capsula in pedicello 5-7 mull. longo globosa, lævis, ore contracta ætate plicatula; operculo aciculari capsulam æquante. Peristomit simplicis dentes fu- gaces albidi. Galyptra pallida basi maxime plicata. La Réunion : sur les branches, au bord des forêts élevées, Bory (in herb. Cossox); plaine des Fougères, LÉPERVANCHE, 1839, n° 25 (herb. THURET). Maurice : À. pu Perir-THouars (in herb. Mus. Par.); sur les rochers ombragés et sur les bois morts, montagne du Pouce, anse Courtois, montagne du Corps de garde, Borvin, 1849, (bb. Mus. Par.). Espèce très voisine du M. fimbriatum. Ses feuilles caulinaires plus longues, aiguës, à nervure dépassant presque toujours le sommet; ses feuilles périchétiales largement concaves, plus longues ; sa capsule globu- leuse; sa coiffe Le plus souvent lisse, longuement fendue à la base en lanières divariquées, sont autant de caractères qui ne permettent pas de confondre les deux espèces. 6. M. rhizomatosum G. Müll. in hitt. — Habitu M. mauri- hano simile, dioicum. Gespites laxissimi, incohærentes, ferru- ginel. Caulis longe repens, capillaris, fragilis, nudus, laxe ramosus, ramis numerosis remotis biuncialibus flexuosis rigidis inferne longe denudatis gracilibus subtortilibus. Folia madida patentia, sicca adpresso-tortilia apice recurva, auguste lanceo- lata, costa et reticulatione ut in M. mauritiano. Folia perichæ- tialia longiora, longe acuminata, acutissima, costa in cuspidam FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 301 longam integram continua, intima apice rotundata. Capsula in pedicello 3-4 mill. longo urceolata, sub ore coarctata, plica- tula ; operculo capsula breviore. Calyptra basi valde laciniata, plicata, apice subnuda vel paucissime pilosa. Peristomium simplex. Nossi-bé : bord desruisseaux, avril 1841, PERVILLÉ, n° 789. Très voisin des grandes formes du M. mauritianum, mais différent par ses tiges plus ramifiées et ses feuilles périchétiaies plus longues que les feuilles caulinaires. ; 7. M. mauritianum Schgr., in Suppl. If, % part., p. 197, tab. 189; G. Müll., Syn., I, p. 726. — Dioicum. Gespites laxi, luteo-virides inferne fuscescentes. Caulis longe repens, ramis plurimis approximatis uncialibus vel longioribus simplicibus vel divisis, ramulis teretibus rigidiuseulis brevioribus elavatis, sæpe ex apice pluribus brevibus fasciculatis, stolonibus gracil- limis longis sparsifolus. Folia madida patentia vel erecto-pa- tentia, sicca erecta rigida squarroso-flexuosa in spiram indis- tinctam disposita, ovato-lanceolata, costa crassa in cuspidem obtusam incrassatam brevem desinente; cellulis quadratis minutis obscuris, mediis ovatis subrotundis, basilaribus lunatis. Folia perichætialia similia. Planta mascula inter folia sparsa, minutissima, simplex vel ramosa, foliis paucis muticis ecostatis. Capsula in pedicello 4-5 mill. longo sæpe geminato globose urceolata, ore contracta, lævis, fusca vel pallide badia ; operculo aciculari recto. Peristomit simplicis dentes breves, albidi, fugaces. Calyptra vix capsula brevior plerumque pilis raris orthotrichoideis stipata, suleata, junior lutea, ætate luteo-badia vel nigrescens, basi in laciniis numerosis divisa. F Maurice : SIEBER; montagne de la Rivière Noire, Boivix, n° 847; ANDERSSON (herb. ANGsTR.); ROBILLARD, ex herb. Dusy et GEHEEB. Madagascar : BERNIER (herb. THuRET). Assez commun à Maurice, où il forme des touffes étendues qui varient par la couleur des feuilles, suivant l'exposition et Phabitat. Le A. Mi- 302 ÊM. BESCHERNELE. quelii Miit. (in Bryol. javan., tab. cvunr), s’en rapproche beaucoup, mais il en diffère notamment par les feuilles caulinaires largement acuminées au sommet. Schwægrichen ({. €.) indique la coiffe comme étant glabre; tous les échantillons que nous avons reçus de Maurice ct provenant d’en- vois de MM. Angstrüm, Duby, C. Müller, etc., offrent des coiffes munies de quelques poils dressés semblables à ceux des Orthotrics. 8. M. laxo-torquatum G. Müll., in Muse. Robill. — Dioi- cum? GCespites densissime compacti, robusti, rufescentes vel virentes. Caulis repens basi fasciculato-ramosus, ramis tomen- tosis arcte cohærentibus erectis apice brevissime ramulosis. Folia numerosissima, laxe torquata, anguste lanceolata, acute acuminala, apice integra, e basi ad medium limbo flavido crenato latiuscule marginata, costa infra apicem evanida ; cel- lulis fere omnino minutis quadratis ovatsve, inferioribus tuber- culoso-papillosis, tantum basi infima ad costam oblongo- quadratis paucis pellucidis flavidis, Getera ignota, Maurice : DE RoBiLLaRD (ex herb. GEHKER). 9. M. rufescens Besch. — Dioicum, M. longifoho Brid. simile, dense cespitosum, robustum, aureo-fusco-virescens vel atro-rufum. Gaulis repens, ramis plus minuslongis sæpe uncia- hbus flexuosis; ramulis brevioribus. Foliacaulina squarrosalaxe contorta, madida reflexa, decurrentia, late et longe lanceo- lata, plus minus acuta vel obtusiuscule acuminata, canalicu- lata, margine e medio ad apicem crenato-denticulata, costa continua sub apice evanida; cellulis grossis rotundis luteis, medus quadratis, Imferioribus rectangularibus sublunatis au- reis, omnibus tuberculoso-papillosis, papillis costam versus valde prominentibus. Folia perichætialia longiora, longissime attenuata, costa continua. Vaginula cylindrica longe para- physata. Planta mascula brevistipitata super costam folii plantæ femineæ plerumque obsita. Capsula in pedicello 45-20 mill. longo tortili purpureo lævi erecta, magna, elongate et late ovala, robusta, intense badia, longicolla, ore angusta ; oper- culo e basi alte conica subulato capsulam breviore. Peristomn duplicis dentes externi geminati, lati, articulationibus rotundi, FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 363 granulosi sordide grisei, interni æquilongi bigeminati perfo- rat granulosi. Calyptra magna, valde laciniata, rufula, apice rugoso-tuberculosa. La Réunion : Bory (herb. Cossox) ; sur l’écorce des vieux arbres, lieux élevés, RicHaRD, n° 685; Borvix (in herb. Mus. Par.); plainedes Fongères, LÉPERVANCHE, 1839 (herb. THURET); Terre-plate, plaine des Cafres, G. DE L’Isce n° 254; Sainte- Agathe, P. LÉPERVANCHE, 1877, Grande Comore : mai 1850, Borvi (Macromitrium Boivini C. Mull. in Rev. Bryol.). Madagascar, N. 0 : PERVILLÉ, 1841. Très belle espèce, remarquable par ses rameaux robustes de couleur variant depuis le roux foncé noirâtre jusqu’au vert doré ; se rapproche par le port des M. longifolium Brid. et M. aureum G. Müll. Nous n'avons pu nous procurer le M. Belangeri G. Müll., qui parait se rapporter à la diagnose ci-dessus; notre espèce en diffère cependant par l’aréolation des feuilles et par la forme des feuilles périchétiales. 10. M. Belangeri G. Müll., in Bot. Zeit., 1862, p. 374. — « Dioicum, robustum, aureo-virens vel lutescens. Caulis longe » repens,radiculosus, ramos æquales longiusculos simplices vel » parce dichotomos divisos emittens. Folia caulina meumbentia » contorta, humore erecto-patentia caulem crassiusculum sis- » tentia, late lanceolato-acuminata, basi longe decurrentia, > longitudinaliter profunde complicato-canaliculata , apice » obsolete denticulata, costa ferruginea excedente in muero- » nem brevem producta; cellulis minutissimis incrassatis » rotundato-quadratis basi sublunato-rectangularibus angustis » in membranam auream conflatis, in pagina interiore tuber- » culoso-papillosis ad costam autem utrinque permultis, » laxis marcescentibus fuscidulis; folia perichætialia caulinis » similia, Capsula in pedicello breviusculo 1/2 pollicart » purpureo lævi erecta, turgescenti-ovalis, profunde 6-suleata, » firma, pachydermis, brunnea; annulo lato persistente; » opereulo e basi conica recto subulato. Peristomii dentes tam 3064 ÊV. BESCHERELELE. » interni quam externt imperfecti dimidiati, interni veluti » membrana truncata. » (L. €.) La Réunion : BELANGER (in herb. C. Mülier). Nous n'avons pas va cette Mousse qui estindiquée par l’auteur comme étant très semblable au H. Neilgherense. TE. M. Hildebrandtii CG. Müll., in Linn., XL, p. 248 Comores : Anjouan, HILDEBRANDT, n° 1814. 12. M. subpungens G. Müll., Linn., XL, p. 249. Comores : Anjouan, HiLbEBRrANDT, n° 1814 (ex parte). Gen. V. — SCHLOTHEIMIA Brid. Secl. 1. Gracilaria. Caulis filiformis subteres, foliis squarrosis minutis oblongis lævibus. LS. squarrosa Brid. , Suppl. Muse. IX, p. 18; Schwægr., Ï, p.u, p. 39, tab. 56; Brid., Bryol. univ., I, p. 324; C. Müll., Syn.,1,p. 791. La Réunion : forme des touffes très étendues sur les troncs des Ambavilles (Senecio Ambavilla Pers.), dans les Hauts, Bory SAINT- VINCENT (herb. Cossox); FRAPPIER, RICHARD, BoIVIN (hb. Mus. Par.); Salazie et autres lieux élevés, LÉPERVANCHE (hb. Tuner); plane des Palmistes, Terre-plate, Belous, plaine des Cafres, G. DE L’ISLE. N. 0. de Madagascar : PERVILLÉ, (hb. Mus. Par.). 2. S. microphylla Beseh.— Dioica. Gespites densi, compacti, atrorufi. Caulis brevis parce ramosus, ramis brevibus gracili- bus. Folia densissime imbricata, sicca spiraliter contorta, ma- dida valde squarrosa, minutissima , ovata, corrugata , obtusa, acumine brevi recurva, costa latiuscula rufa; cellulis ut im S. squurrose. Folia perichætialia longiora et latiora, concava, obtuse acuminata, plicata; cellulis apicalibus majJoribus. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 9309 — Planta mascula minutissima paucifoliata, inter folia plantæ feminea sparsa. Capsula in pedicello erecto 4-millim. longo ovalo-cylindrica, brevis. Peristomu dentes externi longi ar- üculationibus distinctis margine rotundatis, sæpe usque ad basin exarati, interni breviores in membrana brevi pro- ducti. Calyptra fusca, 8-lobata, glabra vel incrassata haud scabra. Madagascar : BERNIER (in herb. Taurer). Intermédiaire par le port entre le S. squarrosa et le S. badiella : se rapproche du premier par les feuilles caulinaires squarreuses et par la forme de la capsule, mais en diffère par les feuilles périchétiales; cette espèce s'éloigne en outre des deux et de ses autres congénères par la petitesse des feuilles. La disposition que M. Duby a signalée dans les feuilles du S. fornicata se retrouve, quoique à un moindre degré, dans celles du S. microphylla. Celte disposition tient à la concavité de ces organes et à la courbure de l’acumen qu'on ne peut étaler entre deux plaques de verre, ce qui donne au sommet de la feuille l'apparence de deux petites vessies pressées l’une contre l’autre. Sect. 2. Acuminella. Caulis robustus densifolius ; foliis spiraliter contortis, lanceolato-acuminatis, ovalis, ovato-lanceolatis vel cuspidatis. Folia caulina lanceolata cuspidata, capsulæ pedicel- lumad5-20 mil longom.t NU OITTOCLO Rs 2. S. quadrifida. Folia caulina ovata, cuspidata, capsulæ pedicellum 4-5 mill. Jlongum......... TS BARS CORDES DA EE 4. S. Boiviniana. Folia ovato-lanceolata; capsula ignota..... ..... o.S. Commersoniana. 3. S. quadrifida Brid., in Mant. Muse., p. 114, et Bryol., TI, p. 321 ; Schwægr., in Suppl. I, p. 1, p. #1, tab. 57; C. Müll., Syn., 1, p. 793. — Orthotrichum angqulosum P. Beauv., in Prodr., p. 90. Cette Mousse est indiquée par Palisot de Beauvois (/. c., 1805) comme ayant été récoltée à la Réunion, à l’île Maurice et à l’ile de Tristan- d’Acunha, par Aubert du Petit-Thouars, qui la lui aurait communiquée. De son côté, Bridel (Spec. Musc., p. 18,1806), qui l'aurait reçue également de ce dernier, tout en citant les trois localités, ne parait avoir eu connais- 3606 ÉM. BESCHERELILEX. sance que des échantillons recueillis à Tristan-d’Acunha. Schwægrichen (l. ce.) mentionne les trois localités, et M. Gh. Müller, qui n’a vu aucun des échantillons, paraît disposé à croire que le S. quadrifida ne se ren- contre qu'à la Réunion et à Maurice, et considère la localité de Tristan comme erronée. Nous avons eu entre les mains de très nombreux échantillons de Schlotheimia provenant des iles austro-africaines de locéan Indien, et nous n'avons guère trouvé que le $S. fornicata Dub. qui s’approchàt par le port extérieur du $S. quadrifida Brid. L’échantillon type de du Petit-Thouars, conservé au Muséum de Paris et nommé Orthotrichum angulosum P. B. par Bruch, porte la mention suivante de l'écriture du collecteur : € Bryum... surculo ramoso, capsula erecta, calyptra laci- niata ». Ge n'est que postérieurement que Bruch a ajouté la localité: Isle de France. T est done à supposer que l’espèce litigieuse vient plutôt de Tristan que de l’île Maurice, autrement nous n'aurions pas manqué de la recevoir de cette dernière localité. 4.8. Boiviniana Besch. — $S. phæochloræ simillima. Ces- pites densissime ad truncos expansi, ferrugineo-virides. Caulis ramosus, tomentosus, semiuncialis. Folia madida erecta, sicca laxe incumbentia vel in ramulis junioribus spiraliter contorta, elongate ovata, acuminata, planiuscula, integerrima, costa flexuosa in acumen breve finiente. Folia perichætialia lon- giora, erecta, Complicata, subvaginantia. Capsula in pedicello 4-5 mill. longo flexuoso erecta, longe eylindrica,basi attenuata, ætate inchnala phcata, operculo luteo longe cuspidato: Peri- stomi dentes interni externis dimidio breviores. Calyptra maxima fulvella, nitidula, scabra, basi longe 5-lobata. Grande Comore : Boivin, mai 4850. Cette espèce se distingue du S. phæochlora par le port, par les feuilles caulinaires ovales, presque planes, par les feuilles périchétiales plus longues, el par la coiffe plus grande. 5. S. Commersoniana Besch. — Dioica, densissime et bre- vissime cespitosa, ferruginea. Gaulis repens fasciculato-ramo- sus; rami robusti vix À cent. alti, steriles (tantum noti) obtuse acuminati apice flagellis filformibus brevibus paucifoliatis julaceis numerosis prolifert. Folia incumbenti-squarrosa, ma- dida erecto-patentia, late ovata, concava, pottioidea, acumi- FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 367 nata, Mmarginibus superne incurvis sed mucrone plano, costa lata ferruginea in acumen finiente; cellulis undique latis qua- dratis v. subrotundis opacis, folii basi indistincte hexagonis elongatis. Folia flagellorum adpressa, late obtusa, mucronata, costa supra medium evanida. Cetera ? Maurice : COMMERSON (in herb. Mus. Par.), associé au Ma- cromitrium aciculare. Espèce remarquable par la forme ovale de ses feuilles et par les ffagelles filiformes qui terminent les rameaux. Sect. 9. Ligularia. Caulis robustus; foliis contortis oblongc-ligulatis. S. fornicata. — majora..... 7. 5. malacophylla. / Galyptra Iævis................ 8. S. badiella. Capsula ovata. 9. S. ilecebru. Lu elliptica... 10. S. Richard. a cylindrica .. 11. S. phæochlora. — clav.-obl... 12. S. Nossi-beana. Capsulæ pedicellum RES caulinis similia. 6. 15-20 mil. long. Capsulæ pedicellum \ 4-7 mill. long. tr scabra. 6.S. fornicata Dub., in Mém. Soc. d’'hist. nat. Genève, 1876. — Dioica. Gespites late expansi, juniores virides, ætate atro- ferruginei, subnitentes. Caulis brevis, ramos 2-3 mill. altos fasciculatos obtusissimos emittens. Folia erispata late brevi- terque ovato-ligulata, medio latiora, concava, obtusa, breviter acuminata sed ad apicem maxime involutum eucullatum emar- ginala, integerrima, costa lata lævi infra apicem evanida ; cel- lulis basilaribus elongatis obsolete rhombeis aut sublinea- ribus ob papillas minutas, ceteris subrhombeis ovatis opacis. Folia perichætialia similia sed magis concava subnavicularia. Planta mascula inter folia caulis femineæ sparsa, minutis- sima, paucifoliata, foliis regularibus haud emarginatis sed ligulato-acutis, costa evanida, laxius reticulatis. Capsula in pedicello 45-18 mill. longo purpureo ovala vel ovato=cylin- drica, plicata, dilute badia, longicollis, operculo longirostro sed capsula breviore. Peristomit dentes externi siccitate im- eurvi breves, internt erecti albidi granulosi striali externis bre- 368 0. BESCHERELE. viores. Calyptra longa, apice rufula, lævis, basi lutea in lobis 8 laus brevibus fissa. La Réunion : Ricuarp (herb. Mus. Par.), P. Léper- VANCHE. Maurice : pe RoBILLARD (herb. DuBy ; — hb. GEHEEB). Les échantillons de la Réunion se rapprochent par le port du S. qua- drifida, mais en différent par la forme des feuilles. Ceux de Maurice se distinguent des formes de la Réunion par les feuilles à sommet profon- dément recourbé en forme de capuchon. Cette disposition se remarque quelquefois dans les feuilles de l’'Holomitrium vaginatum et dans les plantes qui n'ont pas acquis, par une cause fortuite, un complet dévelop- pement, ce qui est le cas pour la Mousse décrite par M. Duby. 7.5. malacophylla Besch. — Cespites laxi ferruginei rufe- scentes. Caulis repens tomentosus in stolonem filiformem lerminalus, ramis ramosis uncialibus erectis ramulosis. Folia encalyptoitiea, longe oblonga, mollia facile emolienda, apice incurvo late rotundata, integerrima, madida erecto-patentia, corrugala, sicca laxe tortilia, costa in apiculum brevem recur- vum finiente; cellulis minutis rotundo-ovatis basi oblique rec- tangularibus. Folia perichætialia caulinis similia sed paulo longiora. Gapsula in pedicello 2 cent. longo tortilh rufo erecta, ovata, longicolla, plicata. Peristomii duplicis dentes breves arcte trabeculati, interni breviores. Cetera desunt. La Réunion (herb. Mus. Par.). Espèce très rapprochée du S. fornicata Dub., dont elle diffère cepen- dant par des tiges plus allongées et des feuilles plus grandes et de consis- tance plus molle, 8..S. badiella Besch. — Dioica. Cespites dense expansi. Cau- lis gracilis, breviter ramosus, ramis obtuse acuminatis. Folia anguste ovalo-ligulata, minula, corrugata, basi breviora, ob- tuse et breviter acuminata, sicca tortihia apice ramorum spira- liter contorta, pallide badia vel rufula, nitentia, subvermicosa, costa rufa infra acumen evanida; cellulis ut in S. fornicata, basilaribus obsolete papillosis. Folia perichætialia erecta, lon- FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 309 giora, acutiora, plicata. Capsula in pedicello 5-7 miil. longo cylindrica, ore aperta, sicca plicatula badia. Peristomi dentes externi siccitate involuti, madore erecti, longi sæpe inter articu- lationes hiantes rugulosi ruf in latitudine striati apice rotundi, interni externos æquantes vel paulo breviores grisei, longitudi- naliter pluries striato-granulosi. Calyptra fusca, lævis, baei 4-8 lobis latis atque longis fimbriata. La Réunion : sur les arbres, Ricuarp, n° 580 (herb. Mus. Par.); Salazie, 1839, LÉPERVANCHE (herb. Taurer); Paul LÉPERVANCHE; G. DE L'IsLe, n° 254 fer. Var. long gicaulis, caulibus longioribus uncialibus basi intense ferrugineis apice luteo-viridibus, ramis junioribus cuspidatis, foliis ramorum spiraliter contortis, perichætialibus duplo lon- gioribus subacuminatis, eapsula longiore. La Réunion : sur les troncs d’arbres, RicHARo, n° 565 (herb. Mus. Par.). Var. Lelicophylla, folüs omnino spiraliter contortis. La Réunion : piton des Neiges, Bory (herb. Cosson, sub Orthotricho hypnoso Bory) ; sommet de la Rivière des Roches, P. LÉPERVANCHE. N. O. de Madagascar : PERVILLÉ (herb. Mus. Par.). 9.S. illecebra Sch., in herb. — Orihotrichum illecebrum Willd., in herb. Cosson. — Cespites robusti, semiuneales, rufi. Folia dense imbricata, incumbentia, in spiram indistinc- tam contorta, madida erecto-patentia, ligulata, curviuscula, concava, obtusa, marginibus apice crenulatis, costa in mucro- nem acutum continua; cellulis generis maximis oblatis obli- que seriatis, fol basi rectangularibus sinuosis obsolete pa- pillosis. Folia perichætialia longiora, late acuminata, costa infra apicem crenulatum evanida. Capsula in pedicello 5 mill. longo tort ovata, grimmioidea, brevis, plicata, badia. Peri- stomn dentes externi involuti, interni erecti breviores fugaces. Calyptra fusca, basi 6-| lobata, apice scabriuseula. 6° série, BoT. T. IX (Cahier n° 6).4 to Re 370 ÉMW. BESCHEREELLE. La Réunion : sur les Ambawvilles des Hauts, Bory (in herb. Cosson). 10. S. Richardi Besch. — Dioica ? Cespites dengissime et latissime expansi, ferrugineo-virides. Caulis gracilis, S. squar- rosa robustior, graciliter ramosus et brevissime ramulosus, tomentosus. Folia caulina minuta, sicca spiraliter con- torta, ligulata, basi concava, medio breviora, integerrima, apice obtusa breviter acuminata, marginibus basi in unica pagina paulo reflexis, costa rufa in mucronem brevem sæpe reflexum finiente; cellulis ut in S. badiella. Folia perichæ- tialia vix breviora. Gapsula in pedicello 4-6 mill. longo tortili gracilis, elliptica, basi attenuata, ætate intense rufa. Peri- stomii dentes generis, interni externis vix breviores. Sporæ minimæ. Calyptra aureo-fusca, basi 4-lobata, apice scabra. La Réunion : RicnarD, 1837. 11. $S. phæochlora Besch.— Bensissime cespitosa, intricate repens, ramosa, atro-ferruginea vel sordide fusco-viridis baud nitida. Folia ovato-ligulata, medio latiora, corrugata, in spiram vix contorta, obtuse acuminata, mucronata, paginis apice inæqualibus, lævia, costa in mucronem brevem recurvum excedente. Folia perichætialia erecta, longiora, concava, acu- tiuscula. Capsula in pediceilo 4-5 mill. longo cylindrica, eur- vula, plicata; operculo basi mamillato longe et recte rostrato. Peristomi maximi pulcherrimi dentes externi patuli, sæpius erecti longi exarati, interni breviores ad basin usque fissi lon- gitudinaliter granulosi. Calyptra lutea, ætate apice fusea, plus minus scabra, basi 4-8 lobata. La Réunion : sur les arbres, de Salazie à Hellbourg, G. px L’IsLE, n°460 (prius S. Isleana He U Maurice : Savane, Borvix (in herb. Mus. Par.), Roprzsapn (herb. Duey, sub S. Aobillardi Has et S, breviseta Sch.); bois Descroizilles, Savane, DARNTY (herb. ScHimper, sub S. Darntyi Sch.). FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 314 Cette Mousse, la plus forte des espèces congénères de la région, varie quant au port et à la rugosité des feuilles et des coiffes. On la trouve dans les herbiers sous différents noms (S. Robillardi Dub., S. breviseta Sch., S. fulva (non Ulota) Angstr., S. Darntyi Sch., S. Isleana Nob.); et comme il est impossible d’être fixé exactement sur la priorité à donner à l’un ou à l’autre de ces noms, nous avons cru devoir en choisir un qui rappelle la couleur brun verdâtre des feuilles. 19. S. Nossi-beana G. Müll. in litt. — Dense congesta, rufo-ferruginea. Caulis repens, pluries ramosus, vix uncialis, ramis obtusis. Folia sicca spiraliter contorla, madore erecta adpressa, ligulata, apice rotundata v. brevissime acuminata, basi latiora in uno latere longiora plana, margine revoluta, integerrima, costa infra acumen evanida; cellulis quadratis, basin versus elongatis sinuosis obsolete papillosis. Folia peri- chætialia longiora, adpressa. Gapsula in pedicello 4 mill. longo flexuoso tenella, oblonga, subelavaia, basi attentata, opereulo late ef alte mamillato cuspidato, pallide lutco. Peristomii dentes externi radiantes vel recurvi angusti sæpe inter articulationes hiantes, interni breviores fugaces. Calyptra apice fusca, ru- gulosa, incrassata, haud scabra, basi 6-lobata. Nossi-bé : PERVILLÉ (in herb. Mus. Par.). Trib. IX. SPLACHNACEZAÆ. Fam. EH — WAWEDERNA/N. Gen. ORTHODON, Bory in Brid. (Dissonon C. Müll.; TavroriA Mitt.). Calyptra mitræformis basin versus constricta, inferne lobata, scabra vel pilifera. Capsula erecta æqualis, ovalis, obconica, collo plus minus iongo; peristomio simplici &-dentaio, denti- bus erectis bigeminatis vix tantum apice hiantibus. 4. O. borbonicus Bory, mss. in herb. Cosson. — Pryum or- thodontuin Pal. Beauv. in Aeiheog., p. 48. Orthodon serraius P. B. in litt. ad Richard; Sch., Suppl. !1, p. 23, tab. 106; S12 ÉM. BESCEHEREELE. Bridel, in Spec. Muse., 4, p. 86, CG. Müll., in Syn., L, p. 14, sub Dissodonte os ls parte). __Dissodon) Bors yanus Mite. in Muse. Ind. or. — Dioicus ! Cespites lati et latissimi, virides vel ætate fuscescentes, Caulis uncialis vel major, erectus, sim- plex vel parce innovando ramosus, ad medium usque radicans. Folia difficile emollienda, contorquata, remota, erecto-paten- tia, basi elongata e medio oblongo-ovata, denticulata, dein cuspidata inciso-serrata, costa valida in cuspidem longam desinente; cellulis chlorophyilosis ad apicem folii submmioi- deis, inferis ad costam duplo longioribus penta-vel hexagonis, ad margines quadratis. Capsula in pedicello 7-10 mill. Iongo crasso ovata vel clavato-cylindrica, basi attenuata, brevicolla lævis; operculo breviter conico obtuse mucronato. Peristomium simplex latum erectum dentibus 32 vel 8 bigeminatis coa- dunatis, linea multangula vix longitudinaliter exaratis, late lanceolatis firmis apiceincurvis. Calyptra magna, conica, medio ventricosa, capsula valde brevior, straminea, basin versus constricta, #-fida, apice papillis hyalinis amplis oblique exser- tis scabra. Sporæ minutæ. Planta mascula rarissime collecta crassior mnioidea, perigonio discoideo terminali, foliis maJori- bus oblongo-acuminatis minus longe Meet paraphy- sibus clavatis, antheridiis fuscis. La Réunion : sur la terre, dans les lieux élevés, Bory (in herb. Cosson) ; Ricuarp, Borvin (in herb. Mus. Par.); plaine des Palmistes, grande Montée, G. DE L’ISLE, 1875, n° 187 et 410. Madagascar, N. 0., PerviLié, n° 830 (in berb. Mus. Par.). Nota. — Sous le nom d'Orihodon serratus, les auteurs paraissent avoir confondu deux Mousses distinctes qui se trouvent toutes deux à la Réunion. Bory, dans une lettre adressée à Richard, d’après Schwægri- cuen (Suppl. IT, p. 23, 1823), aurait donné ce nom à une Splachnacée de Bourbon caractérisée par une coiffe scabre : calyptra prominentis scabra, et la figure cvr (l. c.) représente en effet cet organe revêtu d’as- pérités très prononcées. Un exemplaire de la Mousse dont il s’agit se trouve dans l’herbier de M. Cosson, sous le nom de Orthodon borbo- nicus N.; écrit par Bory. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 373 Mais Bridel, dans son Species Muscorum, 1, p. 86 (1806), constate que sur l'échantillon qui lui a été communiqué par Bory, la coiffe est subiente villosiuscula. Hooker (Musc.eæot., I, 1820, tab. 136) la confond avec une autre espèce du Népaul, et caractérise ainsi la coiffe : €... superficies pilis longis, flexuosis, articulatis, patentibus albis. Bridel reconnaît plus tard, dans son Bryologia universa (1, p. 232, 1826), que l'opinion de Hooker est fondée. M. Ch. Müller (Synops. Musc., 1849, T, p. 141), tout en réunissant les deux espèces de Bourbon et du Népaul, revient à l’opi- nion de Schwægrichen et décrit la coiffe: C. apice papillis majusculis erectis scaberrima, et, en citant les synonymes, il se demande si la dia- gnose de Hookerest bien exacte, et si l'espèce qu’il a décrite avec une coiffe velue n’est pas distincte de celle à coiffe scabre. M. Mitten (Wusci Indiæ orientalis, 1858, p. 51) sépare les deux formes; il donne le nom de Tayloria (Orthodon) indica à l'espèce du Népaul à coiffe velue, et celui de T. Boryana à l'espèce de la Réunion à coiffe scabre. Les nombreux échantillons de la Réunion que nous avons eus sous les yeux paraissent expliquer l'incertitude des bryologues à l’égard de la Mousse dont il s’agit. En effet, les Orthodon récoltés par Bory, et qui se trouvent, soit dans l’herbier de M. Cosson, soit dans la collection de M. Thuret, ont tous la coiffe couverte de rugosités aiguës, dressées comme l’indiquent Schwægrichen et M. Ch. Müller; mais ceux qui ont été recueillis par M. Georges de l’Isle et par M. Paul Lépervanche ont la coiffe très velue et garnie de longs poils articulés et pluricellulés, comme le mentionnent Hooker et Bridel. Les deux formes sont donc à la Réunion; mais le carac- tère tiré de la coiffe n’est pas le seul qui les distingue. Dans la Mousse à coiffe scabre, les feuilles sont composées à la base de cinq ou six séries de cellules carrées qui s'étendent de la marge à la nervure; les dents margi- nales, quoique très fortes, ne sont constituées que par une seule cellule, et la nervure se continue en une pointe courte, aiguë etentière. Tandis que : dans la Mousse à coiffe velue les feuilles sont lobées-incisées, à dents aculéiformes, trois ou quatre fois plus fortes, formées d’une cellule ter- minale effilée très longue, reposant surune assise composée de deux larges cellules, la nervure se continue en une pointe piliforme très longue, flexueuse et noueuse. [l y a done là évidemment deux espèces distinctes que nous croyons devoir séparer; nous maintiendrons pour la première, à coiffe scabre, le nom de Orthodon borbonicus que Bory lui a donné, et nous nommerons Orthodon Isleanus celle qui a la coiffe velue et que M. G. de l'Isle nous a rapportée. 2. O. Isleanus Besch. — Habitu O. borbonico simillimus. Folia magis inciso-serrata, dentibus majoribus pluricellulatis aduncis longe acutioribus, costa in cuspidem nodosam longius 37% BI. HNSCHERIEELEE. desinente. Peristomii dentes bigeminati breviores linea divi- surali distincta notati, apice geminati. Calyptra basi 4-fida e medio ad apicem versus haud scabro-papillosa sed pilis luteis longissimis remotissime articulatis valde hirta. La Réunion : G. DE L'ISLE, n° 410; Paul LÉPERVANCHE, 418714. . Ressemble beaucoup à lOctoblepharum serratum Mook. (in Musc. exot., tab. 186), mais en diffère notablement par ses feuilles spathulées, élargies au-dessus du milieu, par la nervure sensiblement plus longue, par les dents bigéminées, et par la coiffe étranglée au-dessus des épée pures, à l'instar de celle des Schlotheimia. Trib. X. FUNARIACEÆ. Fam. E — KWUNARIEÆ. Gen. I. — PAYSCOMITRIUM Brid. Sect. Aphanoregma Sull. P. Auberti Besch. — P, serrato simile sed foliis superioribus oblongis subspathulatis virentibus, margine dentatis haud ser- rulatis, cellulis amplioribus, costa infra apicem evanida. Cap- sula in pedicello breviusculo apice crassiori recto globoso- iurbinata, gymnostoma ; operculo breviter apiculato. Galyptra longistyia basi {-fissa. Maurice (?), plus probablement Tristan-d’Acunha, AUBERT pu Perir-THouars (in herb. Mus. Par.). L’échantillon que nous avons sous les yeux porte sur l'étiquette, de la main de du Petit-Thouars : « Bryum serpyllifolium N. », et d’une autre main : « Gymnostomum, Isle de France ». Malgré l'indication de cette localité, comme la mention de du Petit-Thouars est répétée textuellement dans son Esquisse sur la flore de Tristan-d’Acunha (janv. 1803) sous le n° 42, nous n’hésitons pas à croire que l’espèce en question est étrangère à Maurice, et nous ne la citons que pour mémoire. On trouve la même erreur de localité pour une Mousse nommée par du Pelit-Thouars, Bryum piriforme, et qui doit se rapporter à une Funa- riacée hermaphrodite, voisine de lEntosthodon marginatus C. Müll. ; FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 979 mais comme cette Mousse n’a qu’un seul pédicelle sans capsule, il est dfficile d'en donner une diagnose suffisante pour la faire reconnaitre. Gen, II. — ENTOSTHODON Schgr. 4. E. borbonicus Besch. — Monoicus. Caulis longiusculus, basi nudus, simplex. Folia superne rosulata, oblongo-ovata, plus minus acuminata, anguste marginata, flaccida, dentata, costa infra apicem evanida ætate rufescente. Capsula in pedi- cello 45 mill. longo rubello parva, piriformis, gymnostoma, ore aperto, collo brevi; operculo plano vel convexiusculo. Calyptra basi vesiculosa, integra, longe apiculata. La Réunion : sur la terre, plaine des Palmiers, à Sainte- Agathe, G. DE L'Isce, n° 285, et entre les frondes des Mar- chantia, à Saint-Benoît, n° 305 et 309. Voisin de l’E. obtusifolius par le port. 2. E. mauritianus Sch. in Muscis Darntyanis. — Herma- phroditus, habitu E. ericetorum similis, dense gregarius. Caulis brevissimus, simplex. Folia superiora in rosulam congesta, obovata, acuminata, dentata, limbo e duplici serie cellularum composito marginata; cellulis ceteris quadratis amplis hyali- nis, inferioribus longe lateque rectangularibus; costa sub apice evanida. Flores bisexuales antheridiis numerosis, archegoniis paucissimis crassis. Capsula in pedicello 4-6 millim. longo rubello ovata v. oblonga, parva, purpurea vel ætate rufescens, ore vix constricta, gymnostoma,; operculo plano-convexo. Calyptra basi vesiculosa, cucullata, longirostris. Maurice : sur la terre près du sommet de la montagne du Pouce, 13 sept. 1874, DaRNTY (ex herb. SCHIMPER). Espèce très voisine de l’Ent. ericetorum d'Europe, dont elle diffère cependant par l’inflorescence et par la capsule plus allongée. 3. E. Lepervanchei Besch. — Caulis elatus, basi subnudus, simplex vel innovando ramosus. Folia pulchre flavida subni- 376 ÊM. BESCHERELEX. tida, longa, amplia, concava, sicea flaccida haud crispula, spa- thulata, acuminata cuspidatave,integerrima, marginata; costa supra medium evanida; cellulis omnino flavidis apice latis pentagonis, basi longe lateque rectangularibus, marginalibus angustioribus elongatioribus. Capsula in pedicello 4-centim. longo vix tortili erecta, piriformis, longicolla, sicca cylindrico- arcuata, lævis; operculo planiusculo. Peristomi simplicis dentes lanceolati, rigidi, in medio hiantes rufescentes, apice albicantes erosi. Galyptra? La Réunion : P. LÉPERVANCHE. Cette jolie Funariacée offre une transition entre le genre Entosthodon et le genre Funaria. Elle se rapproche du dernier par le port, par ses feuilles larges et longues, par le pédicelle et par la capsule arquée à l’état sec ; mais elle s’en éloigne par la forme de Ia capsule, par la disposition du péristome et par l’opercule, composé de cellules disposées horizonta- lement et seulement en spirale près du centre. Gen. II. — FUNARIA Schreb. 4. K. calvescens Schgr., Suppl. [, p. nt, p. 77, tab. 65; C. Müll., Syn., E, p. 107; F. hygrometrica, var. y. calvescens, Bryol. Eur. La Réunion: Ricaarp, 14837; Boivin, 1847; FRAPPIER, (herb. Mus. Par.); sur les murs de Saint-Benoît, G. DE L'Iscr, n° 283. Var. mauritiana, gracilior, folia minora madore erecta, sub- denticulata ob cellulas marginales prominentes; capsula an- gustior, cylindrica, arcuata. Maurice : montagne du Pouce, dans les charbonnières, sept. 1849, Borvix (in herb. Mus. Par.). 2. F. subleptopoda Hpe, Linn., XXXVIHH, p. 207. Madagascar : BORGEN. FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 377 Trib. XI. BRYACEÆ.. Fam. 3 — PLEUROBRYEE. Gen. MIEHLICHHOFERIA Esch. M. densifolia Angstr. in Ofvers., 1873, p.139.—Dioica. Cau- lis brevissimus, 4-6 muill. longus, ramis brevibus julaceis lutes- centibus sericeis dense foliosis. Folia imbricata tantum summo erecto-patentia, ovata, basi excavata, acuminata, marginibus planis apice parum puncetato-denticulatis, costa crassa per- eurrente ; cellulis rhombeis pellucidis basi infima subquadra- tis. Folia perichætialia duplo fere longiora, angustiora. Capsula in pedicello vix 2 cent. longo purpureo lævi erecta, auguste oblonga, brevicolla; operculo minuto conico, apice mamil- lato. Peristomii dentes lineares remote trabeculati, in linea divisurali obsolete notati, flavescentes apice hyalini granulosi. Annulus magnus compositus. Maurice : N. J. AKDERSsON, 1853 (ex herb. ANGsrrôm.). Fam. Hl. IBIR WI. Gen. I. — ORTHODONTIUM Schgr. O. loreifolium Besch.— Monoicum, laxe cespitosum, hu- mile. Caulis simplex brevissimus, basi infima fuscescens radi- culosus. Folia longissime et anguste linearia, loriformia, longe et acute acuminata, integerrima, tantum apice subdenticu- lata, viridia, nitida, marginibus flexuosis, costa infra apicem evanescente, cellulis laxis hexagonis chlorophyllosis, basila- ribus rectangularibus hyalinis. Folia perichætialia erecta, cau- linis similia. Perigonia prope florem femineum posita, foliis ovatis concavis obtuse acuminatis. Capsula in pedicello 15-95 mill. longo rubello erecta vel inclinata, ovato-cylindrica, sicca sulcata, brevicollis, operculo conico oblique rostellato. Peri- stomii duplicis dentes externi flavidi læves augusti, interni hya- 378 ÉM. BESCHERTCELELE. lini breviores basi haud filiformes sed lanceolati linea media notati. Calyptra parva, cucullata, lævis, fugax. La Réunion : sur les troncs d’arbres à Belous, G. DE L’ISLE, n. 209; Paul LÉPERVANCHE, 4877. Gen. II. — BRACHYMENIUM Hook. 4. B. eurychelium Besch.— Cespites parvi; caulibus semiun- cialibus tomento rufo dense mixtis, graciliter pluries ramosis. Folia sicca erecta subtorquescentia viridiuscula, antica rufula, oblonga, acute acuminata, limbo latissimo crasso lutescente toto ambitu marginata, e basi ad medium ultra revoluta, den- ticulata; costa lata inferne ferruginea ad apicem evanida vel in cuspidem brevem reflexam desinente ; cellulis rhombeïs chlorophyllosis parietibus rufis, basi quadratis hyalinis. Folia perichætialia intima valde minora lanceolata revoluta denticu- lata obsolete limbata, costa excedente. Capsula in pedicello recto 3-4 cent. longo purpureo erecta, elongate obovata, piri- formis, collo attenuato, annulata ; operculo oblique et obtuse conico inclinalo. Peristomii dentes externi rubiginosi siccitate erecti conniventes, madore cristati reCurvi, interni rudimen- tarii in membranam dimidio majorem fulvellam erectam desinentes. Sporæ maximæ. La Réunion : plaine des Paimistes, sur la terre, juiilet 1875, G. DE L’ISLE, n° 311 et 288. 2, B. spathidophyllum Besch.—Monoicum, habitu B. eury cheliosimile, sed foliis longe spathulatis latius marginatis, costa in cuspidem longam excedente, cellulis utriculo primordiali persistente impletis haud chlorophyilosis, inferioribus longe rectangularibus haud quadratis; floribus monoicis; capsula ma- jore longius attenuata, pedicello 45 mill. alto; peristomii in- terni membrana truncata in ciliis rudimentariis haud fissa. Flores masculi terminales in ramulo distincto congesti, peri- gonus duobus geminaceis globosis, foliis laie ovatis concavis FLORULE BRYOLOGIQUE DE LA RÉUNION, ETC. 379 acuminatis integris, costa infra apicem evanida; antheridus majusculis, paraphysibus longioribus. Sporæ maximæ. La Réunion: P. LÉPERVANCHE. 3. B. speirocladum CG. Müll. in litt. — Dioicum, dense cespitosum robustum tomentosum variegate ferrugineo v. rubi- eimoso-viridiusculum. Caulis subuncialis innovando ramosus. Folia siccitate in spiram laxam torquescentia vel erecto-torti- ha, obovalia, acuminata, basi angustiore, Himbo lato flavido apice denticulato-marginata, costa purpurea in euspidem lon- gam divaricatam producta. Plantæ masculæ femineis mixtæ, basi graciliores, foliis apice dense comantibus ; perigonii gem- macei foliis externis ovato-lanceolatis cuspidatis revolutis, costa longe excedente denticulata, intimis valde concavis mi- noribus subito in cuspidem flexuosam reflexam desinentibus, antheridüs et paraphysibus cylindricis numerosis. Capsula in pedicello rubello tortili 25 mill, longo erecta vel ob curvaturam pedicelli inclhinata, obovata, microstoma, collo breviore cor- rugato ; operculo obtuse conico. Peristomi dentes aurantiaci, siccitate erecto-recurvi, membrana interna dimidio breviore truncata haud fissa. Sporæ minutæ. Grande Comore : Borvin, mai 4850 (in herb. Mus. Par.). Très voisin des espèces précédentes, mais diffèrent par les pédicelles plus courts, par les feuilles contournées en spirale, surtout celles des innovations, et par les spores beaucoup plus petites. 4. B. nigrescens Besch.—Monoicum, laxe cespitosum, ela- tum, robustum. Gaulis vage ramosus, basi tomentosus subnu- dus, apice laxe foliosus atro-viridis. Folia basi vinosa, erecta, flexuosa, crispula, ovata vel obovata, plerumque medio latiora, acuminata, dentato-serrata, nigrescentiainferne revoluta, limbo lato e 5-6 seriebus cellularum flavidarum elongatarum com- posito marginata, costa in cuspidem longam plus minus den- ticulatam v. integram producta; cellulis rhombeis utriculo primordial valde repletis, inferioribus rectangularibus pellu- 380 ÊM. BESCHERELLE. cidioribus. Flores masculi in ramulo proprio terminales. Folia perichætialia breviora perfecte lanceolata, marginata, dentata. Capsula in pedicello 40-20 mill. longo tortili rufo erecta, basi et apice attenuata, collo corrugato, operculo brevissime conico cupulato obtusissime subtruncato. Peristomii brevis dentes externi lanceolati, sublæves, sordide albi, membrana interna dimidio breviora in dentibus obtusis fissa. Madagascar : PERvILLÉ, n° 811 (in herb. Mus. Par., sub Bryo nepatensi Hook.). Offre au premier abord une grande ressemblance avec le B. nepalense, mais la marge des feuilles n’est composée que de deux séries de cel- lules dans cette dernière espèce, tandis qu’elle en offre cinq et six dans le B. nigrescens. 9. B. Borgenianum Hpe, Linn., XXXVIIE, p. 241. Madagascar : BorRGEN, n° 1. 6. B. madagassum Hpe, L. c., p. 212. Madagascar : BoRGEN, n° 2. + (La suite au prochain volume. OR EE ronde M De re on sed LE BACILLUS AMYLOBACTER A L'ÉPOQUE DE LA HOUILLE Par NS. Ph. VAN ARGHENMN. (Lu à l'Académic des sciences, séance du 29 décembre 1879.) L'Académie connait les belles préparations en forme de lames transpa- rentes que M. B. Renault, aide-naturaliste au Muséum, a su tailler dans les silex du terrain houiller de Saint-Étienne, rencontrant ici une tige, une feuille ou une racine, là une fleur, un fruit ou une graine à divers états de conservation. J’ai étudié quelques-unes de ces préparations, et je n'ai pas tardé à m’apercevoir que, parmi les nombreuses sections d’or- ganes qu’elles renferment, les moins intéressantes au point de vue de l'anatomie comparée se trouvent être précisément les plus instructives au point de vue de la physiologie générale. Dès lors je me suis appliqué à y rechercher tous les fragments dont les tissus avaient déjà subi une altération plus ou moins profonde, au moment où la pétrification est venue les saisir et les fixer pour toujours. Il m’a semblé qu’en suivant la marche de cette destruction, on pourrait en découvrir la cause et comparer les choses de ce passé lointain à celles d'aujourd'hui. J'ai principalement examiné à ce point de vue la série des préparations de graines de Gymnospermes exécutées par M. Renault pour servir de base au grand travail entrepris par M. Ad. Brongniart. Voulant y revenir plus tard, je laisserai de côté pour le moment tout ce qui concerne la graine elle-même, pour ne considérer dans ces préparations que les frag- ments nombreux et divers dont elle est souvent entourée. Parmi ces fragments, il nous suffira même, pour l’objet que nous avons en vue, d'en étudier d’une seule sorte. Ce seront, par exemple, de très nombreuses radicelles qui, par tous leurs caractères anatomiques, et no- tamment par les cadres épaissis qui renforcent les cellules de l’avant-der- nière assise corticale, se rattachent à la famille des Conifères et ressem- blent, à s’y méprendre, à des radicelles d’If ou de Cyprès. On sait ce qui arrive aujourd’hui quand on abandonne à eux-mêmes au fond de l’eau des fragments de jeunes racines d'If ou de Cyprès. Le Bacillus Amylobacter s’y développe, attaque la plupart des tissus et dissout complètement les membranes cellulaires. Dans l'écorce, tout le parenchyme ordinaire, puis l’assise à cadres épaissis, puis enfin l’endo- derme, disparaissent peu à peu, ne laissant subsister à la périphérie que les sommets cutinisés des cellules épidermiques dont la réunion forme la cuticule. Dans le cylindre central, l’assise rhizogène, les faisceaux libé- riens et le tissu conjonctif sont progressivement détruits, ne laissant sub- 9Q6G A HU NE # 362 PH. VAN TERGIEAFRI sister au centre que ia bande des vaisseaux sculptés. De toute la racine, il ne resie donc, en définitive, que la cuticule et les vaisseaux. À mesure qu’elle est dissoute, la cellulose est aissitôt décomposée et subit la fermentation butyrique. En même temps l'A mylobacter laisse à l’intéri ur de l'organe détruit des traces visibles et directes de son développement. Au cours de l’alté- ration, on voit en effet dans, les lacunes du tissu, des filaments grêles en voie d’active division, des bätonnets isolés qui se renflent pour entrer dans leur phase amylacée, d’autres enfin qui, ayant dépassé cette période de réserve, ont déjà formé vers l’extrémité une spore brillante encore enveloppée à distance par la membrane primitive. Plus tard, quand la destruction est achevée, on rencontre dans le liquide qui remplace les cel- lules disparues un très grand nombre de ces spores libres, soit groupées en nuages flottants, soit accolées à la périphérie contre la cuticule et au centre contre les vaisseaux. Revenons maintenant à nos racines du terrain houiller, toutes sem- blables, avons-nous dit, par leur structure, à celles d’If ou de Cyprès. L'étude attentive d’un grand nombre de fragments saisis par la silici- fication aux états les plus divers de leur altération progressive m’a montré que les choses s’y sont passées de la même manière sous tous les rapports. J'y ai observé en effet la même marche dans la destruction des tissus, ne laissant, comme dernier résidu, que la cuticule et les vaisseaux. J'y ai découvert aussi les mêmes traces visibles et directes du développement actif du Bacillus Amylobacter à Vintérieur des organes attaqués, sous forme soit de filaments grêles divisés en articles, soit de bâtonnets renflés contenant souvent chacun une spore vers l'extrémité, soit enfin d’innom- brables spores libres, disposées en flocons nuageux au milieu de la silice homogène qui comble les lacunes, on accolées côte à côte contre la cuti- cule ou contre les vaisseaux. De cette identité du phénomène ancien et du phénomène actuel dans tous les points qui sont demeurés accessibles à l'observation directe, il me semble légitime de conclure à leur complète similitude. Ainsi, dans les marécages de l’époque carbonifère, comme dans nos marais actuels, les mêmes plantes subissaient, dans les mêmes régions de leurs tissus, la même dissolution par le même agent. Alors comme aujourd’hui, le Bacillus Amylobacter était le grand destructeur des or- ganes végétaux, et la fermentation butyrique, qu’il provoque dans la cellulose comme dans toutes les autres substances dont il fait sa nour- riture, se montrait l’un des phénomènes les plus généraux de la nature organisée. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. DEGANOGERAMPHER, ANARONEXN EX PHYSIOLOGEE VÉGÉTALES. De l'influence des matières salines sur lPabsorption de l’eau par les racines, par M: Julien) VESQUE....:4....................... 45 Sur la décomposition de l’acide carbonique par les feuilles éclairées par des lumières artificielles, par MM. P. P. DEHÉRAIN et H. MAQUENNE. 47 MONOSRAPHIES ÆE HDESCRIPETION DE PLANTES. Essai sur les Sphériacées du département de Vaucluse, par M. FABRE.... Sur l’Æcidium abietinum, par M. A. de BARY....................... FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Les forêts du Nevada central, avec quelques remarques sur celles des régions adjacentes, par M. Ch. S. SARGENT......................... Gonsidérations sur l’origine de la flore alpine européenne, par M. John Nouvelles Observations sur les modifications des végétaux suivant les con- ditions physiques du milieu, par M. Ch. FLAHAULT............... Sur la distribution des Graminées mexicaines, par M. le Dr Ed. Four- Florule bryologique de la Réunion et autres îles austro-africaines de l'océan Indien, par M. Em. BESCHERELLE........................... PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. Le Bacillus Amylobacter à l’époque de la houillle, par M. Ph. Van MECHENMN.. 2. RPM ie OA GLS EH 0 0 à bi DS CUS 66 208 32 119 159 261 291 981 TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS. BALL (John). Considérations sur l'origine de la flore alpine eu- ropéennersete PACE LEr Ces. Bary (Ant. de). Sur l A bn ADIEUNUME TRE EE ce BESCHERELLE (Erm.). Florule bryo- logique de la Réunion et autres îles austro-africaines de FPocéan Indien...sssesteeeruenans. DERHÉRAIN (P. P.) Sur la décompo- sition de l'acide carbonique par les feuilles éclairées par des lumières artificielles. . : FABRE (J. H.). Essai sur les Sphé- riacées du département de Vau- Cluses. Lee FLAHAULT (Ch.). Nouvelles Obser- 119 208 291 vations sur les modifications des végétaux, suivant les conditions physiques du milieu.. ë Fournier (Ed.). Sur la distribu- tion géographique des Grami- néeñi MEXICAINES..: ., si... os MAQUENNE (H.). Voy. DEHÉRAIN. SARGENT (Ch. S.). Les forêts du Nevada central, avec quelques remarques sur celles des ré- gions adjacentes........... 5h VAN TIEGHEM (Ph.). Le Bacillus Amylobacter à l'époque de la houille... VEsqQuE (Julien). De l'influence des matières salines sur l’ab- sorption de l’eau parles racines. CR TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Didymosphæria, Amphisphæria, Rhynchostoma, ete. Lophiostoma, Lophiostrema, Lasiosphæria, etc. Teichospora, etc. . Limite septentrionale du Convallaria majalis, ete. Limites méridionales des plantes en Scandinavie. Planche 1. Urospora, Diaporthe, Rosellinia, etc, — 9, — 3. Leptosphæria, Melanomma, Ohleria, etc. — 4, Navicella, Lophidium, Rostrella, etc. — 5. — 6. Verlotia, Lasiosphæwria, — 7 —. 8. — 9. Coloration des fleurs. — 10. Æcidium abielinum. PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE HIGNON 159 261 Ann. des Jene. rat, 6° Serce. Pot, Lomé .g, PL. 21, Fabre del, lierre se: lrospora- liap orthe. Loselhnia Anthostomela Amp. 1 Salmon, r. heille Litapade, 1514 Ann, des J'ecene. rat. C° SJ'érce . Bot. Tome g,221. 2. [e 6) Labre. del. ; Lierre D) nos phare _ Anphispheria - ÎÀ Ayncosrlona Massari. Rebernhseclit. Znp. À. S'alnon,r Melle Lrtrapade,l£ L'art Je: nn. des Seiene. nal Ê° J'erte. Bol Tome g,11..7, 7 re del. 7 cplosphaærta WMelarnomma_ Ohleriz Tren AloOSDhETUR Perla_Sluartella_ Navicella np. L Jalnon,r. lille 7 wtapade,1s, l'aris A Re IN OO RE PR RC RP RE EE CE Bot, ZJome g, 70.4. Ann des Seswnce.nat. 6° J'érce. Pierre se: del, ladre VNavicella- L. ophidiur Rostrella_ L ophiostona J 7np ASalnon.r lreille Lrtrapade.1®, Lar'iu. Pot. Jome LD VERRE 2. des J'ecence. nat. 0° Jerte-. . ER Pierre sc: bre. del, De ophiostoma_ Zophiostrena- Lasiosphærtz np. A S'alnon.rheile Lstrapade 15 Larts. Ann. des J'ecence. nat. 6° S'erte Bot. 1ome 9, PL, 6. Lier V'E SE, Verlota _ Z astosphæria Jeichos pora- Decassrelr- Lulella _ Zleospora _ Delacourea _ Cucurbilarta ® Amp A S'atmon,r.Meille Ærtrapade, 18 Parts. Ann des Seienc. nat. 6° De Bot. TomeY. FIZ L.Sonnet,se. Limite septentrionale du bre are majalis L. er Jeandinavte. rer aa Lünite de Calypso boreals Jalesb | ee... Limites méridonales de L'Oxyria digyra VE SO EOte deR T0 2 ESRI 17e de lAndromede hyproides L. E ARR en id. du Petasites frigita Fr Farvs, Irp. Monrocq. D _Ann.des Seienc. nat. 6° Serie: Pot. TomedQ. FLE. L.Sonnet, se. Limites meridionales des plantes en Scandinavie. ne PBartsia alpine L._ | OT) alpina D. ne Lane sn Mulgediurr alpin L. Thadictrure alpirum L. + LH h-H op ZT A7 CLECUS Li, Faris I mp... Monroc. h nr des Seine, nat 0° J'erte. PLANTES SPONTAN RES: Leontodor Epulobiunt sprcatue. Paris Arrajok Calluna oudaru Paris Merkenis PLANT TL agetes erecta Paris : Upsala Jagetes lucide Paris Upsala Ankrrhinum 27727 f'Gèlathee/ L Paris Upsala Coloralon des leurs Paris Pot. Zome A PAP UE autuninalis Campanula rolinrdfolia ES CULTIVÉES Arrajok rjeploug Phdort Drummond / alropir' pur ea 7 Paris Paris Lobela Erinuis op. A S'atnon nr lreille Lstrapaderslaris. Upsala Upsala Peerre Je, $ Le des J'ecene. nat. 6° S'érce. Bol. Tone 72 DAPNLE él [TE RUE ARE | de * I oh SN N \ ti W Al \æ = —= LE SSSR = \ 5 RÉ Si ap Vo == À A T'oicdiun abielis. {mp A. S'alnen, r Vieille Lrtrapade,is, L'aris. Riley Dunn & Wilson CONSERVATORS & BOOKBINDERS EEE SE EE. 5 ee s EE = = = = Ë Ce RES = RSR 2e RE Be = SR = - Es RSS ER Re Ë RES TRS 2 & % Les SR LE = EE PE ; = nn Ta “ a = = SES : DER