nr! É RE ; NAS we ve er # x 2 er OS SA) HS OUT 4 DEN DEUTEN Art T. IV. N°1 à 6. NTIÈME SÉRIE por 1897. urelles paraissent par cahiers mensuels. fi Conditions de la publication de Dé de sciences naturèlles | | HUITIÈME SÉRIE | Late a Publiée sous la direction de M. Pn. VAN TIEGnEN. nu . : L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d’environ 400 pages, ie avec les planches et les figures dans le texte correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs Faire dans l'intervalle : d'une année. Les tomes I à IV sont complets. ZOOLOGIE Publié sous la direction de M. A. MILNE-EpwaRDs. L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 409 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année. Prix de l'abonnement à 2 Done ? . Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES Dirigées, pour la partie géologique, par M. Hégerr, et pour la partie paléontologique, par M. A. MiIzne-Enwanps. L'abonnement est fait pour un volume d'environ 300 pages, publié en plusieurs fascicules dans le courant d’une année. | Prix du volume : Paris : 45 fr. — Départements : 16 fr. — Union postale : 47 fr. Le tome XXII est publié. | Prix des collections. PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. Deuxième SÉRIE (4834-1843). Chaque partie 20 vol. TROISIEME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie 20 vol. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque parte 20 vol. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1874). Chaque partie 20 vol. SIXIÈME SÉRIE (1875 à 1884) : Chaque partie 20 vol. ©: SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 14894). Chaque partie 20 vol. GÉNLOGIE, 22.Y0lunmies #4". Re Ress ANNALES SCIENCES NATURELLES HUITIEME SÉRIE BOTANIQUE CORBEIL. — IMPRIMERIE ÉD. CRÉTÉ ANNALES SCIENCES NATURELLES HUITIÈME SÉRIE BOTANIQUE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. PH. VAN TIEGHEM TOME IV MASSON ET Cr, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L' ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain 1896 Fe VAE RECHERCHES SUR LA MATURATION DES FRUITS CHARNUS Par M. C. GERBER. INTRODUCTION Peu de questions de physiologie végétale ont été l’objet de recherches aussi nombreuses el aussi suivies que celle de la maturation des fruits. Dès 1820, l’Académie des sciences la mettait au concours et traçait le programme suivant : « 1° Faire l'analyse des fruits aux principales époques de leur accroissement et de leur maturation et même à l’épo- que de leur blessissement et de leur pourriture. « 2° Comparer entre elles la nalure et la quantité des subs- tances que les fruits contiendraient à ces diverses époques. « 3° Examiner avec soin l'influence des agents extérieurs, surtout celle de l’air qui environne les fruits et l’altération qu'il éprouve. » L'Académie paraissait ainsi indiquer que l’on ne pouvait arriver à la connaissance des phénomènes de la maturation des fruits qu’en menant de front l'étude de la respiration des fruits et celle de leur composition chimique, pour com- parer les résultats obtenus. Bérard, qui obtint le prix, sépara cependant ces deux ques- tions et les traita dans deux mémoires bien distinets. Depuis ANN. SC. NAT. BOT, IV, À 2 €. GERBER. lors, presque tous les auleurs ont accentué encore cette séparation ; suivant qu'ils étaient chimistes ou naturalistes, ils ont étudié de préférence ou même exclusivement l’une ou l'autre des deux données du problème. Quels ont été les résullats de celte scission ? Au point de vue des échanges gazeux, on a considéré la res- piration des fruits comme indépendante de leur composition chimique et de la température ; on à ainsi laissé échapper l'influence des acides sur cette respiralion et l’action de la chaleur sur les réactions chimiques qui se passent dans les cellules et qui se traduisent à l'extérieur par les phénomènes respiraloires. Au point de vue des varialions dans [a composition chimi- que des fruits, le résullat a été également mauvais. En effet, les composés que l’on rencontre dans les fruits sont difficiles à séparer les uns des autres et à obtenir à l’élat de pureté ; leur dosage présente les plus grandes difficullés. Aussi les savants qui ont abordé le problème de la maturation au point de vue purement chimique ont-ils été obligés de se limiter et de n’étudier qu'un groupe de ces subslances. Souvent ces auteurs furent portés à donner au groupe qu'ils avaient étudié une importance beaucoup plus considérable qu'aux autres groupes au sujel de la formation du sucre. C'est ainsi, pour ne citer qu'un exemple, que Frémy, après avoir combattu la {théorie de Couverchel (1) sur la transfor- mation de l’amidon en sucre sous l'action des acides, admit cette transformation à la suite de recherches sur les substan- ces pecliques. Ces recherches le portent à donner aux com- posés pecliques une importance considérable (2). « L’amidon, dit-il, se change en glucose sous l'influence des acides du fruit. Si, dans un fruit, l'acide faisait défaut, la pectine fonctionnant alors comme une réserve d'acide, pourrait au (1) Couverchel, Mémoire sur la maturation des fruits (Annales de chimie, 1831). (2) Frémy, Mémoire sur la maturation des fruits (Annales de chimie, 1848, Jeisérie, t. XXIV, p- 458). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 3 besoin se changer en acide métapectique ayant alors la propriété de transformer l'amidon en sucre. » Mais en outre, l'étude approfondie du groupe des subs- tances dont ils s’occupaient leur fil découvrir dans les fruits un grand nombre de nouvelles espèces chimiques, de sorte que le nombre de ces substances connues alla toujours en augmentant; il est aujourd'hui si considérable qu’il devient bien difficile de suivre très exactementles variations de tous ces corps. [l en résulte des contradictions fréquentes entre les résullats des divers auteurs, si bien que l’on est loin de connaître complètement les phénomènes chimiques de la maluralion des fruits. Aussi avons-nous pensé qu'en comparant les variations des phénomènes respiratoires observés sur différents fruits à diverses températures aux variations de composition de ces fruits pendant leur maturation, nous obtiendrions des indi- cations sur les corps qui peuvent donner du sucre et sur ceux qui sont complètement brûlés. Pour préciser davantage ces indications, nous avons cru qu'il était nécessaire d'adopter une méthode permellant de dissocier les réactions chimiques qui se produisent dans les fruits, en étudiant la manière dont se comporte, sous l’in- fluence de [a vie, chacune des substances qu'ils renferment. Pour cela, nous devions réduire au minimum la substance vivante, afin d'introduire le moins possible d'éléments étran- gers et de nous placer presque dans les condilions d’une réaction chimique simple. Les spores des moisissures sont tout indiquées pour remplir ce but. Par ce procédé, nous pouvons connaître la quantité de substance mise en réaction, la quantité d’hydrales de carbone formés (callose (1) du my- célium) et les échanges gazeux qui se produisent dans le cours de celte réaction. Si, en comparant les échanges gazeux et les changements chimiques qui se produisent dans le cas des moisissures et (1) M. Mangin a montré que le mycélium des moisissures est formé non pas de cellulose, mais d’une substance voisine, la callose. 4 €. GERBER. dans celui des fruits, nous observons un parallélisme, nous serons en droit de reporter dans les fruits les résultats obser- vés dans les moisissures et d’en Uirer des conclusions plus certaines que les premières indications. Notre méthode diffère beaucoup des méthodes employées par les différents auteurs qui se sont occupés de la matura- tion des fruits. C’est à la suite de l’étude deleurs travaux, des conclusions opposées qui terminaient souvent ces recherches remarqua- bles, que nous l’avons adoptée. Aussi pensons-nous qu'il ne sera pas inulile, pour légitimer le choix de cetle nouvelle méthode, de faire l'historique critique des principaux tra- vaux concernant Ja respiration des fruits et la formation des malières sucrées pendant leur maturation. Mais, avant d'entrer plus avant dans le sujet, je tiens à ex- primer à mon cher maître M. Bureau, professeur de botani- que au Muséum d'histoire naturelle, mes sentiments de profonde reconnaissance. Si la nature de l’enseignement auquel je me suis adonné m'a conduit à diriger mes recher- ches du côté de la physiologie, je ne saurais cependant oublier que c’est sous sa bienveillante direction que J'ai commencé mes études de botanique et que ses conseils pré- cieux ne m'ont Jamais fait défaut. Ces recherches sur la maturation des fruits ont nécessité ma présence dans un laboratoire de chimie pendant plusieurs années. Je remercie vivement mon cher maître M. Heckel, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Marseille, de m'avoir laissé toute latilude à cet égard et de m'avoir ainsi facilité la préparation de cette thèse. HISTORIQUE ET CRITIQUE DES RECHERCHES SUR LA MATURATION DES FRUITS. Nous diviserons en {rois périodes l’histoire des échanges gazeux enlre l'atmosphère et les fruits: MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 5) Pendant la première qui va d’Ingenhousz à Bérard ôn élu- dic surtout les fruits verts et l’on attribue une importance considérable à l'absorption de l’oxygène de l'air. C’est le règne de la théorie des oxydations. Pendant la seconde qui va de Couverchel à Cahours, on s'occupe plutôt des fruits mûrs et la théorie des fermenta- tions lutte contre la théorie des oxydations, pour expliquer la formalion du sucre. À celle seconde période en succède une l{roisième, celle où Pasteur et MM. Lechartier et Bellamy étudient le dégage- ment de gaz carbonique par les fruits soustraits à l’action de l'oxygène atmosphérique, et rattachent ce dégagement à la fermentation alcoolique des sucres ; ces auteurs sont les premiers qui mènent de front l'étude des dégagements gazeux fournis par les fruits dans les conditions particulières où ils les placent et celle des changements chimiques corres- pondants : par suile ils élucident complètement le phénomène. Nous aborderons ensuite l'historique critique de la forma- tion des matières sucrées. Des différentes substances que l’on rencontre dans les fruits, deux groupes surtout ont élé considérés comme ori- gine du sucre : d'une part les hydrates de carbone et d'autre part les acides. Pour Ja clarté de l'exposition, nous ferons séparément l’histoire de ces deux groupes. Quant aux substances pecliques qui existent en abondance dans les fruits à une certaine période de leur maturation, elles ont été peu étudiées au point de vue de la formation directe des matières sucrées. Nous n’en ferons donc pas l’histoire, nous réservant d'en dire quelques mots lorsque, au cours de nos recherches, nous aurons à constater leur intervention dans la transformation de la vie aérobienne des cellules en vie anaérobienne. 6 C. GERBER. Ï. — ÉCHANGES GAZEUX ENTRE L'ATMOSPHÈRE ET LES FRUITS. Première période. — Ingenhousz (1) semble être le premier savant qui se soit préoccupé des phénomènes dont les fruits sont le siège pendant leur évolution. D'après lui, « tous les fruits en général, dégagent jour et nuit, à la lumière comme à l'obscurité, un air méphitique (2) et possèdent à un degré très élevé le pouvoir de rendre malfaisant l'air environnant. J'ai été très étonné el en même temps un peu contrarié de rencontrer un poison dissimulé dans les fruits qui entrent pour une si grande part dans notre alimentation, d'autant plus que j'en ai trouvé quelques-uns, même parmi ceux qui flattent le plus délicieusement le goût et l’odorat, qui possè- dent ce pouvoir à un degré surprenant. Telles sont les pêches. « J'ai remarqué qu'une pêche, à l'obscurité, peut souiller un volume d'air six fois plus considérable que son propre volume, au point que cel air aurait été mortel à un ani- mal qui l’aurait respiré. Même au soleil, ce fruit rendait une pareille quantité d’air si nuisible que la flamme d'une bougie s'y éleignail. » Il croyait que les fruits transformaient non seulement l'oxygène mais même l'azote en gaz carbonique. Cependant il a observé que « quelques-uns des fruits qui méphitisaient l'air au soleil et à l'ombre, le corrompaient moins au soleil et qu'ils dégageaient souvent du gaz oxygène comme les feuilles, lorsqu'ils étaient submergés dans l’eau de source ». Un peu plus tard Sennebier (3) trouve que « les fruits submergés dans l'eau de source, au soleil, donnaient, dans tous les moments de leur existence, un air souvent plus mauvais, quelquelois aussi bon, mais jamais meilleur que l'air atmosphérique ». (1) Ingenhousz, Versuche mit Pflanzen, vol. I, p. 64, vol. II, p. 61, 221 et suivantes, 1786. (2) Gaz carbonique. (3) Sennebier, Mémoires physico-chimiques sur la lumière solaire, p.299, t.I. - MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 75 De Saussure (1) à la suite d'expériences sur les raisins verts et sur d’autres fruits jeunes séparés et non séparés de la plante dit que «les fruits verts comme les feuilles dé- composent l'acide carbonique au soleil, au moins quand ils sont encore sur la plante, et qu'à l'obscurité, comme les feuilles également, ils absorbent de l'oxygène et dégagent de l'acide carbonique ». Tel n'est pas l’avis de Bérard (2) et de la commission de l’Institut qui lui décerne le prix. Celle-ci dit en effet que « les expériences qu'il (Bérard) a faites en examinant l’in- fluence des gaz sur la maturation sont très remarquables. Il a vu que la maturation des fruits ne s’opérait que par le contact de l'air et qu'alors il se formait du gaz acide carbo- nique par l'union de l'oxygène de l'air avec le carbone du fruil, de sorte qu'il se passe 1ei un phénomène opposé à celui que présentent les feuilles sous l'influence solaire. » Parmi les nombreuses expériences que Bérard fit pour établir qu à la lumière comme à l'obscurité les fruits fixés à l'arbre ou cueillis absorbent de l’oxygène et dégagent de l’anhydride carbonique, et par suite ne peuvent pas être comparés aux feuilles, 1l en est une que nous allons discuter. : Il met des fruits verls en almosphères confinées, à l'obscurité, de six heures du soir à six heures du matin, recherche les modifications qui se sont produites dans les atmosphères, puis après les avoir renouvelées, soumet les fruits à l’action directe du soleil de neuf heures du matin jus- qu’à quatre heures du soir et analyse alors une seconde fois les gaz qui entourent les fruits. ILremarque que « dans l’obs- curité, le volume de l'oxygène qui disparaît est plus grand que celui de l'acide carbonique produit, tandis qu'au soleil assez généralement le volume de l'acide carbonique dégagé surpasse celui de l'oxygène absorbé. Cette observation ten- (1) De Saussure, Recherches chimiques sur la végétation, p. 57. Paris, 1804. (2) Bérard, Mémoire sur la maturation des fruits (Annales de chimie et de physique, t. XVI, 1821). 8 : C. GERBER. drait à faire croire que, pendant la nuit, une portion de l'acide carbonique qui se forme est retenue dans le paren- chyme du fruit et que le soleil détermine le dégagement de ce gaz qui à été retenu, de sorte qu'après l'effet suecessif de la lumière et de l'obscurité sur le même fruit contenu dans le même vase, il n’y a aucun changement dans le volume de l'air, el la quantité d'oxygène absorbée se trouve exacte- ment remplacée par une quantité égale en volume d’acide carbonique. Cependant, dit-il, je n’ai pas toujours observé dans le grand nombre d'expériences que j'ai faites l'effet tel que je viens de le décrire. Il m'est même arrivé quelquefois d’en observer un tout contraire, très rarement à la vé- rilé. Au reste la différence entre l'oxygène qui a disparu et l'acide carbonique qui le remplace est toujours fort petite. » ; Il est regrettable que Bérard ait exécuté cette expérience avec l’idée préconçue de trouver un volume de gaz carbo- nique dégagé égal à celui de l'oxygène absorbé. Cette idée qui lui est probablement suggérée par le fait que le gaz carbonique possède son volume d'oxygène, le pousse à expliquer Les diffé- rences observées entre l'oxygène absorbé et le gaz carbo- nique dégagé par un emprisonnement de ce dernier corps dans le parenchyme, la nuil, emprisonnement qui cesserail le jour. I lui eût suffi d'observer que la nuit la température était différente et bien inférieure à celle du jour, au soleil, pour altribuer les variations observées aux variations de température; el puisque ces variations étaient très faibles, il n'eût eu qu'à augmenter les différences de temptrature tout en supprimant l'influence du soleil, pour constater des variations plus grandes dans les volumes de gaz carbonique et d'oxygène. Si d’un autre côté il avait dosé l'acidité des fruits sur les- quels il constatait les modifications dans les échanges gazeux diurnes et nocturnes, 1l eût facilement trouvé les relations frappantes qui existent entre ces trois phénomènes : tempé- rature, respiration, acidité. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 9 Bérard ne se contente pas d'expérimenter sur des fruits placés dans l'air ; précurseur de MM. Lechartier et Bellamy, il place des fruits verts encore altachés à l’arbre dans diver- ses atmosphères dépourvues d'oxygène et constate que la maturalion ne se produit pas ; ilen conclut que « la trans- formation de l’oxygène par l’action du fruit est une fonction absolument indispensable pour que sa maturalion s'opère ». Éludiant les échanges gazeux des fruits blets, Bérard dit que : «la présence d’une très pelite quantité d'oxygène est - indispensable pour déterminer le blessissement; ces fruits commencent par transformer une portion de l'oxygène qui les entoure en acide carbonique et produisent ensuite d’eux- mêmes une grande quantité d'acide carbonique ». Les conclusions de Bérard sur la production du gaz car- bonique à la lumière par les fruils verts ébranlaient la théorie de de Saussure sur l’assimilalion des fruits verts aux feuilles, aussi ce savant recommenca-t-il des expé- riences variées et nombreuses (1) qui confirmèrent pleine- ment ses conclusions de 1804 et élablirent que «les fruits dans les premiers temps de leur développement se compor- tent comme des feuilles vertes ». En somme, si nous mettons de côlé l'étude de la fonc- tion chlorophyllienne, on voit que perdant cette première période les divers auteurs se sont atiachés à démontrer que les fruits étaient le siège de phénomènes d’oxydalion et que celte oxydation élait même indispensable pour la malu- ralion. Deuxième période. — Avec Couverchel (2), le concurrent de Bérard, commence la deuxième période. Ce savant dis- üngue deux époques dans le développement du fruit. « Dans ja première ou période d’accroissement, le fruit se com- porte vis-à-vis de l'atmosphère comme les feuilles. Dans la (1) De Saussure, Annales de chimie et de physique, t. XIX, p. 143 et 225, 2e série, 1821. (2) Couverchel, Mémoire sur la maturation des fruits (Annales de chimie et de physique, t. XLI, p. 186, 2° série, 1831); Lettre à l’Académie (Comptes rendus de l’Acad. des sc., 1844, t. XIX, p. 1114). 10 C. GERBER. seconde ou maturation, la présence de l'oxygène de l'air n’est pas indispensable. Le fruit éprouve par suite de sa composition, de la part de la chaleur et de l’air (ce dernier considéré comme milieu), une action qui lui fait parcourir les différents degrés de la maturation. Cette action est pu- rement chimique. » Enfin survient le blettissement : « Ce n’est autre chose qu’une fermentation qui a loules ses périodes. On y observe comme dans cette analyse naturelle le dégagement d'acide carbonique, la formation d'alcool el d’eau. » Couverchel introduit donc dans la science l’idée de réac- lions internes se passant dans le fruit pendant la maluralion et grâce auxquelles des modifications importantes se pro- duisent sans l'intervention de l'oxygène; cette idée est heu- reuse; malheureusement il l’exagère beaucoup. C’est ce que Frémy démontre en reprenant les expérien- ces de Bérard et en confirmant les résultats obtenus par lui au sujet des échanges gazeux entre les fruits et l'atmosphère. Pour soustraire le fruit à l’action de l'oxygène almosphéri- que, au lieu de le plonger comme Bérard dans de l'azote, de l’hydrogene ou du gaz carbonique, Frémy applique à la surface de celui-ci des couches successives de gomme et de vernis résineux; 1l constate alors que le développement du fruit s’arrêle toujours au moment où il est isolé de l’atmos- phère ; à la nécessité de la respiration établie par Bérard, il ajoute la nécessité de la transpiration pour le développement du fruit. Il étudie les gaz contenus dans les fruits et trouve qu'ils sont d'autant plus riches en oxygène que ces fruits sont plus verts ; enfin, de ce qu'une poire qui, exposée pen- dant piusieurs jours à l’air, dégageait du gaz carbonique et absorbait de l'oxygène, n'a plus dégagé du premier gaz après avoir élé broyée, il conclut que la transformation de l'oxygène de l'air en gaz carbonique ne se produit pas sous l'influence d’un ferment préexistant dans le fruit (1). (4) Frémy, Recherches chimiques sur la maturation des fruits (Comptes rendus de l’Acad. des sce., t. XIX, p. 784, 1844, et t. LVIII, p. 656, 1864). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 11 La grande lulte que nous venons de voir s'ouvrir entre Bérard et Couverchel, entre les partisans de l'oxydation et ceux de la fermentation se continue devant l’Institut par les remarquables communications de Cahours (1) et de M. Cha- tin (2). Ces deux savants trouvent comme Frémy, d’ailleurs, que les gaz contenus dans les fruits müûürs ne sont formés que d'anhydride carbonique et d'azote ; ils sont également d’'ac- cord pour admeitre, que dans l'intervalle de temps compris entre la maturation et le commencement du blettissement, le fruit agit sur le milieu qui l’enveloppe, de la même ma- nière que depuis l’époque où il a perdu sa coloration verte, susqu'à celle où il a atteint sa maturité, de sorte que « dans l’air ou dans une autre almosphère oxygénée, ils consom- ment une cerlaine quantité d'oxygène et fournissent une quantité sensiblement égale d'acide carbonique ». Les mè- mes auteurs remarquent encore dès le commencement de la période du blettissement un accroissement rapide de la quantité de gaz carbonique produit, lequel, disent-ils, prend naissance d'abord aux dépens de l'oxygène de l’atmosphère et continue quand cel oxygène a disparu, de sorte qu’une partie de l’anhydride carbonique produit prend naissance de toutes pièces aux dépens du fruit. C’est dans l'explication de la formation du gaz carbonique que Cahours et M. Cha- lin se séparent. Tandis que Cahours adoptant les idées de Couverchel attribue la production du gaz carbonique formé de toutes pièces aux dépens du fruit à « un phénomène de fermenta- tion opéré au sein du parenchyme », M. Chalin n’admet pas cette fermentation. Si, dit-il, il y avait fermentation du sucre, la quantité de ce dernier devrait diminuer, ce qu'il n'a pas pu conslater ; de plus, on devrait trouver les cel- (1) Cahours, Sur la respiration des fruits (Comptes rendus de l’Acad. des _sc., t. LVIIL p. 495 et 653, 1864; Bull. Soc. chim., t. [, p. 254, 1864). (2) Chatin, Étude sur la respiration des fruits (Comptes rendus de l’Acad. des sc., t. LVIII, p. 576, 1864). 12 €. GERBER. lules de la levure, ainsi que les produits de la fermentation autres que le gaz carbonique, c'est-à-dire l’acide succinique, la glycérine, l'alcool, or il ne constate rien de tout cela. Tout en faisant quelques réserves, il pense que le gaz car- bonique formé de toutes pièces proviendrait peut-être de la « destruction des substances tannoïdes » dont il constate la disparition à ce moment. S'il lui reste des doutes sur l’ori- gine de cette partie du gaz carbonique, les expériences d’oxydation des malières tanniques en présence de l'air et du soleil qu'il a faites avec Filhol le rendent plus affirmatif pour expliquer par l'oxydation des substances lannoïdes du fruit la formation pendant le bleltissement du gaz carboni- que formé aux dépens de l'oxygène de l'air. La question qui divise Cahours et M. Chatin est très déli- cale ; mais nous ne la croyons pas insoluble ; nous pensons que pour la résoudre il est nécessaire de dissocier ces deux productions de gaz carbonique, l’une qui emprunte l'oxy- gène à l'air, l'autre qui utilise celui contenu dans les subs- tances du fruit, et comme agent dissociant nous aurons recours aux variations de la tempéralure dont iei encore on n'a pas tenu assez compte. Pour terminer nous allons dire quelques mots d’un tra- vail postérieur à ceux de la troisième période, mais qui se rattache trop intimement à cette seconde pour en être séparée. MM. Saintpierre et Magnien (1) en faisant respirer des rai- sins à divers états de leur développement ont lrouvé que « toutes les fois que les expériences n’ont pas duré plus de vingt-quatre heures, il est apparu moins d'acide carbonique qu'il ny à eu d'oxygène consommé...; quand les expé- riences ont duré plus de vingt-quatre heures, la proportion d'acide carbonique émis a été, au contraire, supérieure à celle de l'oxygène consommé. Ce fait, ajoutent-ils, confirme l'opinion de M. Pasteur qui veut que les cellules des fruits, (1) Saintpierre et Magnien, Recherches expérimentales sur la maturation du raisin (Annales agronomiques, 1878, t. [V, p. 164). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 13 affamées d'oxygène fonctionnent comme des levures alcoo- liques. » On voit que ces auteurs attribuent à une fermentation le dégagement d'un volume de gaz carbonique supérieur à ce- lui de l'oxygène absorbé, par les raisins. Il est probable qu'il en est ainsi dans leurs expériences. L'examen du ta- bleau IT, page 173, où sont consignés leurs résultats mon- ire, en ellet, que les expériences dans lesquelles il y a plus d'oxygène absorbé que de gaz carbonique dégagé sont celles qui non seulement ont duré moins de vingt-quatre heures, mais qui aussi pour celle raison d’ailleurs, ont le plus d'oxygène restant dans l’atmosphère confinée à la fin; au contraire dans presque toules les expériences où le gaz carbonique dégagé est en plus grande quantité que l’oxy- gène absorbé, et qui ont duré plus de vingt-quatre heures, l'oxygène est réduit généralement au septième de la quan- tité initiale ; dans deux expériences même, il n’en reste plus du tout; or 1l est établi qu’une diminution trop considéra- ble d'oxygène amène de grands changements dans la façon de respirer des plantes. Il est en outre regrettable que ces deux auteurs n'aient pas donné la température à laquelle ils ont opéré, ni fail varier celle température. Par des expériences dans lesquelles l'analyse de Pair nous aura montré qu’il reste encore dans l’atmosphère con- finée où seront les fruits, plus de la moitié de l’oxygène primitif, nous chercherons si à partir d'une certaine tempé- rature le dégagement de gaz carbonique dans les fruits acides n’est pas supérieur à l'absorption d'oxygène, el dans ce cas la présence ou l’absence d'alcool nous indiquera si nous avons vraiment une fermentalion ou si le phénomène ob- servé n’est pas plulôt un phénomène d’oxydalion dans lequel le produit oxydé au lieu d'être le sucre serait l'acide du fruit. Troisième période. — L'idée émise par Cahours de la pos- sibilité pour la plante de fournir du gaz carbonique sans rien prendre à l'oxygène de l'air pendant le bleltissement 14 | C. GERBER. des fruits inspire les travaux de MM. Lechartier et Bellamy et ceux de Pasteur. Dès 1861, Pasteur qui venait de faire ses remarquables observations sur la vie anaérobie de la levure de bière, cherche à élablir des rapprochements entre cette levure el les autres plantes. Il dit que « l’analogie serail complèle, si les plantes ordinaires avaient pour l’oxygène une affinité qui leur permît de respirer à l’aide de cet élément enlevé à des composés peu stables, auquel cas on les verrait êlre ferments pour ces matières (1) ». Pour élablir cette analogie, il fallait constater que le dé- gagement de gaz carbonique indépendant de l'oxygène de l’air était corrélatif à la production d’alcool dans les fruits, . et pour pouvoir altribuer à tout le gaz carbonique dégagé une origine de fermentation, il fallait supprimer l'oxygène de l'air. C’est ce que firent MM. Lechartier et Bellamy (2). Ils renouvellent les expériences de Bérard, Couverchel, Cahours, M. Chalin sur les fruits mûrs laissés dans une atmosphère limitée, après que tout l'oxygène a disparu, à la température ordinaire, et constatent que dans ces condilions «le dégagement de gaz carbonique s’effectue d’abord d'une manière uniforme ; puis il se ralentit, s'arrête complètement pendant un cerlain lemps, pour reprendre ensuile avec des vitesses croissantes supérieures à celles qu'on observe pen- dant la première période ». Ils trouvent que seul le dégage- ment carbonique de la première période est produit par la vie propre des fruits dont les cellules, à l'abri de l’air, « consomment du sucre et produisent de l’alcool et de (1) Pasteur, Influence de l'oxygène sur le développement de la levüre et sur la fermentation alcoolique (Bull. Soc. chim., 1861). (2) Lechartier et Bellamy, Étude sur les gaz produits par les fruits (Comptes rendus de l’Acad. des sc., t. XIX, p. 356, 1869); Note sur la fermentation des fruits (Comptes rendus de l’Acad. des sc., t. XIX, p. 466, 1869); De la fermentation des fruits (Comptes rendus de l’Acad. des sc., t. LXXV, p. 1203, 1872); De la fermentation des pommes et des poires {Comptes rendus de l’Acad. des sc., t. LXXIX, p. 949, 1874); De la fermentation des fruits (Comptes rendus de l’Acad. des sc., t. LXXIX, p. 1006, 1874); De lu fermentation des fruits (Comptes rendus de l’Acad. des se., t. LXXXI, p. 1127, 1875). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 15 l'acide carbonique » ; quant au dégagement observé pendant la troisième période, il est dù à l’action des cellules de la levure de bière. Ils observent également que les fruits qui arrivés à leur maturité n’ont pas la propriété de se conserver longtemps, cessent rapidement de dégager du gaz carbonique quand on les prive d'oxygène, tandis que les fruits qui cueillis en: temps opportun n'acquièrent leur maximum de parfum et de saveur qu'après un cerlain temps de conservation dégagent beaucoup plus longtemps du gaz carbonique quand on les place dans les mêmes conditions. La production d'alcool par les fruils placés dans une atmosphère privée d'oxygène a été également démontrée par Pasteur (1) dans la séance mémorable du 7 octobre 1872 à l’Académie des sciences en réponse à l’invitalion que le secrétaire perpétuel Dumas lui fit « d'exposer les faits qu'il venait de découvrir et qui pourraient bien faire épo- que dans l’histoire de la physiologie générale ». Il proclame la nécessité de la suppression de l’oxygène pour que le phénomène de la fermentalion alcoolique se produise dans les fruits. « Au libre contact de l'air l'alcool et l'acide car- _bonique ne sauraient apparaître que d’une manière acciden- telle ». Telleest également l'opinion de Ricciardi(2)quiayant vaine- ment recherché l'alcool dans des bananes très mûres, puis- qu'il ne les sépara de la « grappe que lorsque l'écorce fut devenue presque noire », en conclut que « l’acide carboni- que produit par la banane dans la troisième période de sa maluration ne provient pas d’une fermentation alcoolique ». Nous aurons à rechercher si l'absence d'alcool n’est pas due à la basse température à laquelle les bananes ont dû müûrir, et si réellement les phénomènes de la fermentlalion alcoolique observés par MM. Lechartier et Bellamy et par (4) Pasteur, Comptes rendus, 1872, t. LXXV, p. 789. (2) Ricciardi, Composition chimique de la Banane à différents degrés de maturation (Comptes rendus, t. XCV, p. 293, 1882). 16 | C. GERBRER. Pasteur dans les fruits privés d'oxygène ne se rencontrent pas également dans les fruits au contact de l'air, à l’époque où ceux-ci développent leur parfum ; on sait, en effet, que beaucoup de parfums de fruils sont dus à des éthers formés par la combinaison d’un acide volalil avec un alcool (acé- tate d'éthyle des pommes, butyrate d’éthyle des ana- nas, etc.); de plus, bien avant Pasteur et MM. Lechartier et Bellamvy, Couverchel dès 1831 (1) avait signalé la formalion d'alcool dans les fruits (poires, nèfles,‘etc.), non pas à l'abri de l'air, maïs pendant leur blettissement, au contact de cet air; mais à cetle époque les cellules de la levure de bière élaient mal connues, aussi Pasteur considère-t-1il « la pré- sence de l'alcool dans quelques fruits au contact de l'air comme purement accidentelle », ainsi que nous l'avons déjà dit. IT. — HYDRATES DE CARBONE ET TANNINS. Bérard (2) établit une distinction entre les fruits qui ne peuvent mürir que sur l'arbre et ceux dont la maluralion continue un cerlain temps après en avoir été délachés. Dans les deux cas, il voit la proportion des matières sucrées aug- menter beaucoup à la maturation ; mais d’après lui, dans le premier, ces sucres, fournis au fruit par l'arbre, ne sont pas le résultat de modifications chimiques des substances que ce fruit contenait pendant qu'il était encore vert, tandis qu'il est obligé d'admettre que, dans le second cas, les sucres ne peuvent avoir que cette dernière origine. Or, il n’a jamais pu constaler la présence de l’amidon dans les fruits. La gomme etle ligneux sont les seules substances dontil voit la proportion diminuer pendant la maturation. « Il est donc naturel de pen- ser, dit-il, que ce sont les portions de ces substances qui ont disparu qui se sont changées en sucre ; et comme, de ces (1) Couverchel, Mémoire sur la maturation des fruits (Ann. de phys. et de chim., t. XVI, p. 172, 1831). (2) Loc. cit. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 17 deux substances, le ligneux est celle qui contient le plus de carbone, il est aussi plus naturel de croire que c’est au ligneux que l'oxygène de l'air prend le carbone pour se transformer en acide carbonique, fonction indispensable pour la maturité. Enfin, pendant le blessissement, ajoute Bérard, l’altération que le ligneux ,a éprouvée pendant la maturation, continue; le sucre se décompose aussi et c’est à sa disparition parlielle qu’il faut attribuer le goût plus fade que prennent les fruits blets. » Couverchel (1), le concurrent de Bérard, admet l'existence de l’amidon dans les fruits, que celui-ci avait niée. Rempla- çant dans le procédé de saccharification de la fécule par l'acide sulfurique, ce dernier par l'acide tartrique, il obtient du glucose et, si l’action de la chaleur n’a pas élé suffisam- ment prolongée, une substance qu'il compare à la gomme et à la gélatine des fruits. Or il observe que la maturation ne se fait pas à basse température, aussi pense-t-il que « le sucre des fruits provient de l’action des acides de ces fruits sur l’amidon, la gomme et la gélatine à une température convenable ». Frémy en 1840 (2) et en 1844 (3) repousse les idées de Bérard et de Couverchel sur la formation du sucre; il oppose à celles de Couverchel les expériences de Biot dé- montrant que le sucre d’amidon n’exerce pas sur la lumière polarisée la même action que le sucre de raisin; à l'opi- nion de Bérard, il objecte qu'il n'a pu obtenir de sucre en faisant bouillir pendant longtemps le ligneux contenu dans le péricarpe des fruits avec des acides concentrés; mais en 1848 (4), et il reproduit cette nouvelle opinion en 1883 (5), (1) Couverchel, Loc. cit., p. 175. (2) Frémy, Premiers essais sur la maturation des fruits : Recherches sur la pectine et l'acide pectique (Journal de pharmacie, t. XXVI, p. 368, 1840). (3) Frémy, Recherches chimiques sur la maturation des fruits (Comptes rendus de l’Acad. des sc., t. XIX, p. 188-189, 1844). (4) Frémy, Mémoire sur la maturation des fruits (Annales de chimie, 3° série, t. XXIV, p. 1-58, 1848). | (5) Frémy, Recherches sur la chimie des végétaux (Encyclopédie chimique, t. IX, 2e section, 1°* fascicule, p. 55). ANN. SC, NAT. BOT. 1V, 2 18 C. GERBER. il revient à la théorie de Couverchel; il pense que « les aci- des des fruits transforment réellement l’amidon en sucre et que, en l’absence de ces acides, l’acide mélapeclique inter- viendrait pour produire la saccharification ». Buignet commence en 1859, par l'étude chimique des fraises, un travail remarquable sur l’origine, la nature et les transformations de la matière sucrée dans les fruits acides. Ce travail fait l’objet de plusieurs communications à l'Institut et d'un beau mémoire publié dans les Annales de chimie et de physique. Ce savant prouve que le sucre qui se forme originairement dans les fruits acides est le sucre de canne et que pendant la maturation, ce sucre se change en sucre interverti, de sorte que, généralement, les fruits acides contiennent : ou simplement du sucre inter- verli (raisins, groseilles), ou bien un mélange de sucre de canne et de sucre interverti (ananas, abricots, pêches, pru- nes). Puis, il recherche l’origine du sucre : 1° dans les fruits acides; 2° dans les fruits à amidon (banane). Il n’a pas trouvé d'amidon dans les fruits acides; mais il a dé- couvert dans ces fruits verts, un principe astringent qu'il suppose être un tannin; 1l le dose facilement par la liqueur d’iode, qui ne bleuit l’empois d’amidon ajouté comme réac- tif indicateur que lorsque le principe astringent s’est tout entier combiné à l’iode. Il constate que celte substance diminue dans les fruits acides au fur et à mesure que la pro- portion de la matière sucrée augmente et pense qu’elle est l'origine du sucre de ces fruits. Les bananes vertes contiennent de l’amidon et du tannin en grande quantité. Buignet a suivi à l’aide de l'analyse les variations de l’amidon, du tannin et du sucre pendant la maturalion de ces fruits sur la plante. Il a reconnu que l’amidon diminue et est remplacé par du sucre de canne. Il n'a pu examiner le fruit à sa parfaite maturité sur l’ar- bre; mais il a observé que les bananes qui achèvent leur maluralion après avoir élé séparées de la plante, contien- nent un mélange de sucre de canne et de sucre interverti. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 19 Il attribue à l’amidon l’origine du sucre des bananes; mais observant que le sucre obtenu dans les laboratoires par l’action des acides sur l’amidon aussi bien que sur le tannin qu'il a découvert dans les pommes n'offre pas les caracières optiques du sucre des fruits, il pense que « le procédé de iransformation de ces substances en sucre, dans les fruits, est absolument différent des procédés mis en œuvre par les chimistes (1 et 2) ». À l'encontre de Buignet, Famintzin (3) pense que même dans les fruits acides, l’amidon est l’origine des matières sucrées; car, au moment où le sucre commence à augmen- ter rapidement dans le raisin, il trouve de l’amidon accu- mulé dans « la moelle et sous l'écorce des pédoncules des grappes et des pédicelles des grains ». I a vu cet amidon diminuer au fur et à mesure que la maturation s’avance, et dans la proportion même qu’augmente la quantité du sucre dans les graines, pour disparaître quand la maturité est complète. Corenwinder (4) étudie la maturation des bananes sépa- rées de l'arbre el arrive aux mêmes résultats que Buignet; mais continuant à analyser ces fruits après leur maturation complète, il voit que le sucre de canne diminue rapidement alors que le sucre interverli augmente en proportion in- verse; finalement tout le sucre disparait. Pour compléter les recherches de Buignet et de Corenwin- der sur les bananes, M. Ricciardi étudie la composition chimique de ces fruits müris sur la plante. Il constate que « leur malière sucrée est presque en totalité du sucre de canne, tandis que celle des fruits cueillis et müris à l'air (4) Buignet, Comptes rendus de l’Acad. des sc., 1. XLIX, p. 276, 1859; t. LI, p. 894 et 1094 (1860). (2) Buignet, Recherches sur la matière sucrée contenue dans les fruits acides, son origine, sa nature et ses transformations (Annales de chimie, 3° série, t:LXI, p.239, 1861): (8) Famintzin, Untersuchungen über das Reifen der Trauben (Annalen der Oenologie, t. IT, p. 242). (4) Corenwinder, Recherches chimiques sur les productions des pays tro- picaux : La Banane (Ann. agr., t. II, p. #29, 1876). 20 C. GERBER. est formée pour les quatre cinquièmes de sucre interverti et . pour l’autre cinquième de sucre de canne (1) ». Aux substances sucrées déjà nombreuses constatées dans les fruits par Buignet, il faut en ajouter d’autres. En effet, la mannite, que M. Berthelot (2) avait signalée dans les fruits frais de Cactus opuntia, esi rencontrée par M. Lin- det (3), dans le suc fermenté d'ananas; enfin MM. Vincent et Delachanal (4) indiquent la présence de la sorbite dans les pommes et celle de la #nannute el de la sordtte en quan- tités à peu près égales dans les fruits mürs de laurier- cerise (à). L'existence de l’amidon dans les fruits acides, mise en doute par Bérard et Buignet, est affirmée de nouveau par les recherches de M. Grignon (6) et surtout de M. Lin- det (7). | En utilisant le microscope et la réaction de l’iode, M. Lin- det le rencontre abondamment dans les pommes, les poi- res, les pêches, les prunes, les abricots et les raisins verts. Répartli également dans toute l'épaisseur de la pomme verte, l’amidon diminue et même peut disparaîlre dans la parlie centrale, avec les progrès de la maturation. M. Lindet étudie les relations entre les proportions de l’amidon et du sucre : 1° dans les pommes cueillies et mises à mürir dans un fruilier (maturation complémentaire) : _ 2° dans les pommes qui mûrissent sur l'arbre. Dans la maturation complémentaire, quelle que soit l’épo- que à laquelle on à cueilli les pommes, il observe toujours (1) Ricciardi, Composition chimique de la Banane à différents degrés de maturation (Comptes rendus, t. XCOV, p. 293, 1882). (2) Berthelot, Annales de chimie, t. XLVI, p. 83, série IL. (3) Lindet, Bull. Soc. chim., t. NU p- 65, 1883. (4) Vincent et Delachanal, Présence de sorbite dans les fruils rosacés (Comptes rendus, t. CVIIEL, p. DEAN (o) Vincent et Delachanal, Comptes rendus, t. CXIV, p. 486, 1892; et Bull. S0C- Chi, 18992, %:VIL Hp: 346. 1 (6) Grignon, in Le Cidre, Paris, 1887. (7) Lindet, Recherches sur le développement et la maturation de la pomme à cidre (Ann. agr., 1894, t. XX, p. 5). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 21 les deux phénomènes suivants : « d’une part produclion de saccharose aux dépens de l’amidon ; d’une autre, inversion de ce saccharose. Ce dernier phénomène s’accomplit d’une facon régulière ; le premier, au contraire, se ralentit quand la proportion de l’amidon s’abaisse dans les environs de 2 p. 100. » Enfin le Lotal des hydrates de carbone exprimé en glucose diminue constamment par la respiration. Dans la maturation sur l'arbre, il constate les mêmes phénomènes. Ceux-ci à la vérité sont profondément trou- blés : non seulement par l'apport incessant des hydrates de carbone élaborés dans les feuilles, et spécialement de l’amidon; mais encore par lutilisation des matériaux hydrocarbonés à la croissance et à la respiration du fruit. Dans le cours de cette maturation, le total des hydrates de carbone (amidon, saccharose et glucose), continue à aug- menter un certain temps (environ un mois et demi), après que les pommes ont présenté les premiers caractères de la maturité. Or, à ce moment même, l’amidon qui avait aug- menté jusque-là, diminue. Il y a donc eu, pense-t-il, même à l’époque ou la teneur en amidon diminuait, un nouvel apport fourni par les feuilles. M. Lindet se demande si cet apport s’est manifesté par un nouveau dépôt d'amidon qui se serail changé en sucre plus vite qu'il ne se serait formé, ou bien si la feuille a fourni directement ce sucre qui est du saccharose. Il remarque en effet, que pendant cette période où la quantité d’hydrates de carbone s'accroît, l’ami- don diminuant, le saccharose seul augmente, tandis que la teneur en sucre interverli reste stationnaire; ce n'est que plus tard, quand le total des hydrates de carbone diminuera, que la quantité de saccharose deviendra moindre, par suite de la transformation de ce dernier en sucre interverti. M. Lindet, entraîné peut-être par la constatation de l’ami- don dans les fruits acides, ne compare entre elles que Îles variations de cette substance et des sucres. Il attribue peu d'importance aux variations des acides. Et cependant, puis- que les acides diminuent pendant la maturation, ne pour- 29 C. GERBER. raient-ils pas fournir une partie des matières sucrées ? La présence de l’amidon dans les pommes a encore été constatée par M. Kulisch {1}, qui divise ces fruils en deux groupes : Pommes ne possédant plus d’amidon au moment de l’aoûtage (précoces) et pommes en possédant encore à cette époque (pommes d'hiver, tardives). C’est, dit-il, dans ces dernières que, après la récolte, la quantité absolue du sucre augmente, par suile de la transformation de l’amidon ; mais, à côté de l'augmentation absolue du sucre, 11 distingue l’aug- mentation relative due à la concentration du suc des fruits par le phénomène de la transpiration. Nous verrons dans l’élude des acides, que la substance signalée par Buignet dans les pommes comme étant un tannin, n’en était pas; cependant les fruils acides renfer- ment du tannin et mademoiseile Mayoux (2) a montré que, dans les pommes, il est localisé dans des cellules spéciales. C'est à son oxydalion que M. Lindet (3) attribue la colo- ration que prend la surface d’une section de pomme exposée à l’air, ainsi que le jus et le marc des pommes pendant la fabrication du cidre; il trouve que les conditions de cette oxydalion correspondent exactement aux conditions d’exis- tence d’un ferment soluble qui présiderait à cette oxydalion même. Plus tard (4), 1l isole ce ferment en le précipitant au moyen de l'alcool. Ajoutant le précipité au jus bouilli, incolore, 11 obtient un Jus coloré; s’il opère en vase clos, il constate qu'il y a absorplion d'oxygène et dégagement d’un volume sensiblement égal de gaz carbonique. Celte diastase, ainsi que celle observée dans les raisins mûrs par M. Marti- nand (5) sont voisines de la laccase de M. G. Bertrand. (4) Kulisch, Recherches sur la maturation des pommes (Landwirth. Jahr- bücher, XXI, p. 871). (2) Mlle Mayoux, Ann. de l’Université de Lyon, t. VI. (3) Lindet, in Le Cidre, 1893, p. 150. (4) Lindet, Sur l'oxydation du tannin de la pomme à cidre (Comptes rend., t. CXX, p. 370). (5) Martinand, Action de l’air sur le moût de raisin (Comptes rendus, t. CXX, MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 24 IT. — Acipes. Les deux savants qui, pour répondre à l'invitation de l’Académie, en 1821, ont, les premiers, éludié les phéno- mènes chimiques de la maturation des fruits, ne partagent pas les mêmes opinions relalivement à la teneur en acides des fruits, aux diverses époques de leur évolution. Pour Bérard (1) si un fruit mûr « nous paraît avoir perdu la saveur acide qu'il avait avant la malurité, c’est que la grande quantité de sucre qui lui est arrivée quand il est mûr, masque sa saveur acide » ; mais la quantité absolue d'acides n’a pas varié. Couverchel (2) au contraire admet que les acides dimi- _nuent pendant la maturation. Il attribue à leur action sur les substances « gommo-gé- lalineuses » des fruits, la formation de la matière sucrée. Comme l'auteur précédent, Frémy (3) trouve que la réac- lion acide des fruits diminue au fur et à mesure que la ma- turation s’avance et, qu'elle n’est presque plus appréciable au papier de lournesol à l’époque de la maturité complète, D'après lui, ce fait serait dû : non pas à la disparition des acides, mais à leur saturation par les bases provenant de l'arbre. Celte saturation lui paraît une condition indispen- sable pour que les fruits müûürissent. À l'appui de cette ma- nière de voir, il fait remarquer que les fruits cueillis trop tôt conservent toujours une saveur acide et astringente. Cette observation nous paraît incomplète. N'y aurait-il pas lieu de rechercher si l'acidité et l’astringence ne disparaîtraient pas dans ces fruits sous l'influence d’une température con- venable ? p. 1426); Action de l'air sur le moût de raisin et sur le vin (Comptes rendus, t. GXXI, p. 502). (4) Bérard, Loc. cit. (2 ) Couverchel, Loc. cit. (3) Frémy, Recherches chimiques sur la maturation des fruits Comptes rend., t. XIX, p. 788, 1844). LRO 4 C. GERBER. Le même chimiste en arrosant un prunier avec une solu- tion faible de carbonate de soude, ou en plongeant des branches de cet arbre dans ia liqueur alcaline, constate que la formation du sucre est arrêtée dans les fruits. Couverchel fait observer que la solution alcaïine a dû altérer l'arbre ainsi que les fruits. En effet dans cette expé- rience Frémy remarquait que les prunes se détachaient au bout de peu de temps et, ajoute Couverchel, « un fruit, avant son développement ne se détache Jamais de la plante qui le porte, à moins de secousses violentes ou d’allération (1! ». Neubauer (2) prétend, et cette asserlion vient à l'appui de la thèse de Frémy, que, si les acides semblent diminuer dans le raisin, c’est qu'ils sont saturés par des bases salifia- bles ; il trouve en effet que la potasse et Les substances miné- rales augmentent dans les grains pendant la maturation. Ces résullats sont en désaccord avec ceux d'un grand nombre d'auteurs. C’est ainsi que Famintzin (5) pour les raisins, Beyer (4) pour les groseilles, trouvent que les principes minéraux et les acides diminuent lors de la maturation; de même Pfeiffer (5) montre qu'à aucun moment de la maturalion des pommes et des poires, les acides ne se trouvent saturés par les bases. Avec M. Pelit, nous voyons pour la première fois l’hypo- thèse de la transformation des acides en sucre êlre appuyée d'arguments sérieux. Après avoir conslaté la présence de sucres el d'acides en quantité notable dans les feuilles de vigne, cet auteur compare les proportions de ces deux sortes de produits qui existent dans les feuilles de vigne el dans les (1) Couverchel, Loc. cit. (2) Neubauer, Chemische Untersuchungen über das Reifen der Trauben (An. der Oenologie, t. V, p. 358, 1875). (3) Famintzin, Untersuchungen über das Reifen der Trauben (An. der Oenologie, t. II, p. 242). (4) Beyer, Archiv der Pharmacie, et Bull. Soc. chim.,t. VII, 2e série, p. 192, 1867. (5) Pfeiffer, Chemische Untersuchungen über das Reifen der Kernobstes (An. der Oenologie, t. V, p. 277}. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 25 grains de raisin. Tandis que ces derniers ne contiennent que du sucre interverti, les feuilles renferment un mélange de sucre interverti el de saccharose; celui-ci même est quel- quelois aussi abondant que le premier. Quant à l'acidité, elle est considérable et à peu près constante dans les feuilles, alors que dans les grains de raisin elle diminue beaucoup au cours de la maturation ; comme il rencontre dans le raisin mûr et dans le raisin vert la même quantité de base, il ad- met avec les auteurs précédents que la diminution de laci- dité est due non pas à la saturation, mais à la disparition des acides. Ses observations le conduisent à admettre que les feuilles élaborent des acides qui s'accumulent dans le raisin où ils se transforment en sucre. D'après lui, les feuilles, en décom- posant l’acide carbonique et l’eau pour former de la cellu- lose, mettent de l'oxygène en liberté. « Cet oxygène réagit sur la cellulose et la transforme en acide tartrique : C6H1005 + 70 — C#H605 + 2C0? + 2H20 LS Q'n. 4 D Cellulose. Acide tartrique. et en acide malique : CSH 100$ + 60 — C'H6O5 + 2C0? + 2H20 malique. = o'n. 4 Cellulose. «L'acide tartrique est transformé en acide malique par une substance colorante réduisant le nitrate d'argent qui existe dans le verjus : CHH505 — 0 — C'H5O* “Acide Acide tartrique. malique. «Enfin l'acide malique se transforme en sucre d’après l'é- quation suivante : 2C*H505 — 2002 — CH! 205 1)» Acide Glucose. malique. (1) Petit, De la disparition des acides du raisin et de leur transformation en 26 C. GERRBER. L'originalité de cette élégante théorie, et cela ressort net- tement de l'examen de la dernière équation, consiste à envisager le sucre comme produil par une sorte de fermen- lation des acides, fermentation se traduisant par une élimi- nation de gaz carbonique, sans fixalion d'oxygène. Il en résulle que pour Petit la disparilion des acides n'est pas due à une combustion même incomplète, et qu'elle n'offre aucun rapport avec la respiration. L'étude de la respiration des moisissures cultivées dans des solutions d'acides el celle de leur mycélium nous per- mellront peut-être de discuter la valeur de cette théorie. L'hypothèse de la formalion du sucre aux dépens des acides est encore soutenue par Mercadante (1). Avec Petit, il pense que cette lransformation se produit dans le grain de raisin même, mais seulement à l’époque de la maturation, etil ne la croit pas, dans les prunes du moins, l’unique origine du sucre. En observant en effet des prunes aux diverses phases de leur développement jusqu’à leur maturité complète, il remarque que pendant la période où, étant vertes, elles fonctionnent comme des feuilles, l'acidité et le sucre aug- mentent parallèlement, tandis que le poids des substances gommeuses diminue. [l admet qu'à cette époque, le sucre prend naissance par l’action prolongée de l'acide malique sur les substances gommeuses. Pendant la période de maluration, il signale l'existence d'une relation assez constante entre la quantité de gaz car- bonique dégagée par les prunes, la quantité du sucre pro- duit et celle de l'acide malique décomposé et, avec ces données, il établit l'équation suivante de la formation du sucre aux dépens des acides : Acide Glucose. tartrique. GCH606 + 06 — 6H20 + 2C6H1206 + 12C0? sucre (Comptes rendus, t. LXI, p. 760, 1869); Sur le sucre contenu dans les feuilles de vigne (Comptes rendus, t. LXXVII, p. 944, 1873). (1) Mercadante, Sur la formation du sucre dans les fruits (Gazzetta chimica italiana, 5° série, p. 125, 1875). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. AT GC*H6O$ + 012— 6H?0 + 2C$H1206 + 12C0?2 Acide “Glucose. malique. Malheureusement, 1l n’a pas mesuré la quantité de l'oxy- gène absorbé et cependant, celui-ci figure quantitativement dans sa réaction, qui par ce seul fait devient hypothélique, en admeltant même qu'une certaine partie du gaz carboni- que dégagé ne proviendrait pas de réactions autres que celles qui engendrent d’après lui le glucose Tandis que Petit et Mercadante considèrent le fruit comme le siège de l'élaboration du sucre, Macagno (1) estime que « les feuilles et surtout les feuilles supérieures aux grappes doivent êlre considérées comme les organes sécré- teurs du glucose et de l'acide tartrique du grain de raisin ». Il se préoccupe peu de l'acide. Son opinion sur l’origine de la matière sucrée résulle d’un cerlain nombre de dosages de sucre faits comparativement dans lrois séries d'expé- riences : 1° À un moment donné, avec les feuilles situées au-dessus et au-dessous des grappes: 2° À différentes époques, avec des feuilles situées au-des- sus des grappes: 3° Avec des raisins silués sur des branches dont on avait ou non élagué l'extrémité. « Ces dosages lui montrent en effet que le glucose se forme de préférence dans les feuilles supérieures du pampre à fruit, que la production du sucre dans ces feuilles marche avec le développement du raisin et qu’elle se réduit beaucoup et même disparaît après la vendange ; enfin que les rameaux verts servent à conduire le sucre dans les grains de raisin où 1l s'accumule. » Avec MM. Saintpierre et Magnien, Müller, Lévy, nous allons voir s’accentuer davantage l’idée d’assimiler le grain (4) Macagno, Recherches sur les fonctions des feuilles de vigne (Comptes rendus, t. LXXXV, p. 763 et 810, 1877); R. stazione œnologica sperimentale del Gattinara. Lavori exseguiti nel 1877, Casale. 28 C. GERBER. de raisin à un simple réceptacle où le sucre s’accumule, en même temps que naîtra l'hypothèse de la combustion com- plète des acides. Auparavant, examinons rapidement les tra- vaux de Neubauer et de Pollaci. Neubauer dans son ouvrage la Chimie du vin, dit que les raisins séparés de la plante ne sont pas susceptibles de mürir davantage, landis que Pollaci (1), à la suite d'analyses faites avec des raisins verts et avec des raisins identiques, mais abandonnés à eux-mêmes après avoir élé cueillis, voit dans ces derniers la quantité de sucre augmenter et l'acidité diminuer; ils continuent donc à mürir ; d’un autre côté, il remarque (2) que lors de la maturation complète, l'accroissement de la quantité de matière sucrée, qui, jus- qu'alors avait été continue dans les raisins, s'arrête avant que la diminution des acides soit parvenue à sa dernière limite. . MM. Saintpierre el Magnien (3) admettent dans leur travail que « le raisin encore vert, reçoit par la sève une solution d'acides végétaux, de sels minéraux et de glucose; une partie des hydrates de carbone qu'il contient s’oxyde pour se transformer en acides par une des combustions incom- plèles suivantes : 2C5H12056 — 90 — 3C:H605 + 3H20 Glucose. Acide tartrique. 2C6H1005 + 90 — 3C*H506 + H?20 To Acide tartrique. « C'est sur ce mélange complexe contenu dans le raisin que l'oxygène de l'air agit, el son aclion doit évidem- ment se porter sur les composés déjà oxydés pour les brûler complètement et les amener à l'état d'eau et (4) Pollaci, Rivista di viticultura ed œnologia italiana dai professori Cerletti e Capene. 31 oct. 1877, Conegliano. (2) Pollaci, La teoria e la pratica della œnologia. Firenze, 1862. p. 38. (3) Saintpierre et Magnien, Loc. cit. CN MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 29 d'acide carbonique d’après les équations suivantes C#H606 + O$—4C0? + 3H°0 Acide lartrique. CH60$ + 05 — 4C0? + 3H20 Acide malique. C6H807 + 0 —6CO? + 4H°0 » on. d Acide citrique. Pour ces deux savants, les acides diminuent donc dans le raisin par combustion complète ; mais se fondant sur ce que les acides organiques combinés aux bases, même à l’état de sels acides, sont bien moins oxydables que les acides libres, ils pensent que la cellule du raisin, quand elle n'a plus comme aliment acide que du bilartrate de potassium, con- somme de préférence le glucose. C’est ainsi qu'ils expliquent que dans les raisins ayant dépassé un certain degré de ma- turation, la quantité de sucre qui jusque-là avait augmenté diminue, tandis que celle des acides reste constante, après avoir diminué. Les opinions de MM. Müller et Lévy au sujet de l'influence de la lumière sur la quantité des sucres et des acides des grains de raisin sont complèlement opposées l’une à l’autre. D'après M. Müller (1) le grain de raisin maintenu dans une profonde obscurité depuis le moment où l’ovule a été fé- condé, jusqu’à la fin du développement, possède les mêmes dimensions, la même coloration, la même quantité de sucre et d'acides que les raisins laissés à la lumière. Il en conclut que la lumière n’a aucune influence sur le développement du grain de raisin et que le sucre est élaboré non pas par la chlorophylle de ce grain, puisqu'elle n’agit qu’à la lumière, mais dans les autres organes de la vigne, pour s’accumuler ensuite dans le raisin. Au contraire M. Lévy dont les expériences ont duré plu- . (4) Müller, An. der OEnologie, t. VI, p. 876; Bericht über den Congress zu Creuznach. 30 C. GERBER, sieurs années, trouve que les grappes de raisin mainlenues à l'obscurité contiennent moins de sucre et plus d’acides que les grappes maintenues au soleil, la température étant la même dans les deux cas. Donc, conclut-il, la lu- mière aclive la combustion des acides. Mais dans cette ex- périence, 1] ya aussi diminution de la quantité de sucre à l'obscurité et M. Lévy aurait dû se demander si l’augmen- tation du sucre à la lumière ne provenait pas de la transfor- malion des acides en sucre, dans le grain de raisin même. Il n'envisage même pas celle hypothèse, tellement il est con- vaincu qu'il n'existe aucune relalion entre les acides et le sucre. Tout en constatant en effet que « le progrès de la maturation des raisins est caractérisé par deux phénomènes concomitants : augmentation rapide et continuelle du sucre, diminution progressive de l'acidité », il dil que ceux qui voient « dans les acides la source principale du sucre que « contient le raisin mûr, confondent la concomitance de ces « deux faits avec des rapports de causalité imaginaire (1) ». Pour lui comme pour MM. Müller et Famintzin, le sucre des raisins proviendrait de l’amidon produit par les feuilles et accumulé dans les pédoncules des grappes; il pense que cette transformation est due à l’action d’une diastase. Comme preuve de l'influence de la lumière sur la destruc- tion des acides, Lévy cite encore la constalalion faite pen- dant la maluration des raisins, par Ë. Mach et Portelli (2) de la diminulion de l'acidité plus rapide à la périphérie (ré- gion qui reçoit le plus de lumière) que vers le centre. Les mêmes auleurs (3) observent encore que dans le raisin vert, le sucre du mésocarpe est dextrogyre, alors que dans le raisin mûr, il est lévogyre. (4) Lévy, L’actinomètre Arago-Davy. Contribution à l'étude de la maturation des raisins (Annales agronomiques, t. IV, p. 531, 1878; t. VI, p. 100, 1880; t. VII, p. 230, 1881, et Giornale vinicola italiana, 1880). (2) Mach et Portelli, Ueber das Maischen des Trauben (Weïinlaube, t. XII, p: 50): (3) Mach et Portelli, Ueber die Zuzammensetzung des Zellinhaltes der einzelnen Theile der Traubenbeere (Weinlaube, XIII, p. 61). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 31 Nous avons vu les dernières recherches relatives aux hydrates de carbone des fruits conduire à la découverte d’un nombre considérable de corps appartenant à ce groupe et, par suite, la composilion chimique de ces fruits se compli- quer à un tel point qu'il devenait difficile de comparer les variations respectives de ces substances à celles des sucres En terminant l'histoire des acides, nous allons être amené aux mêmes conclusions; leur nombre devient si grand. leur séparation si difficile, qu'il serait illusoire de chercher dans la variation de l'acidité autre chose qu'une simple indica- tion. Prenons pour exemple les raisins. Pendant longtemps, on a cru qu'ils ne contenaient que de l'acide tartrique. A celui-ci, Erlenmever et Horster ({ ajoutentles acides glvcoli- que et oxalique, Schwarz (2, l'acide malique, Brünner et Brandenburg (3) l'acide succinique. Les deux derniers au- teurs émeltent alors une hypothèse séduisante, d'après laquelle tous les acides du raisin dériveraient les uns des autres par réductions successives, le premier formé étant l'acide oxalique qui prendrait naissance pendant l’assimila- tion chlorophyllienne, par réductions de l'acide carbonique. Il manquait à cette Sens de réaction l'acide glvoxylique ; Brünner et Chuard (4) le rencontrent bientôt dans les rai- ins verts, les pommes , les groseilles, les prunes: 1ls retirent salement de l'acide formique, par distillation, des gro- te La théorie de Brünner devenait donc moins incerlaine, d'autant plus que Kolb et Drechsel, Kolb et Schmidt ve- naient de montrer que les acides formique et oxalique sont les premiers produits de réduction de l'acide carbonique en solution dans l'eau |[CO{OH*! et que Erlenmever, par sa Si es (4) Erlenmeyer et Horster, Zeitschrift für Chemie und Pharmacie, t. VII, - 242. : (2) Schwarz, An. der Chemie und Pharmacie, t. LXXXIV, p. 83. (3) Brünner et Brandenburg, Bericht der d. Chem. Gesel., t..IX, p. 982, 187 Ueber das Vorkommen der Bernsteinsaüre in unreifen Trauben. (4) Brünner et Chuard, Ueber das Vorhommen von Glyozylsaüre in den Pflanzen (Berichte der d. Chem. Gesel., t. XIX, p. 595, 1886, Phyfochemische Studien). Si 32 €. GERBER. théorie de l'assimilation chlorophyllienne, rendait probable la présence de l'hydrogène nécessaire pour opérer Les réduc- lions successives. Ce savant, en effet, admet que la molé- cule d’eau, sous l'influence de la lumière solaire, serait dé- composée en hydrogène et en peroxyde d'hydrogène, ce dernier se dédoublant lui-même en eau et oxygène libre qui se dégagerait. En possession de tous ces faits nouveaux, MM. Brünner et Chuard reprennent, en la développant davantage, la théorie de M. Brünner. L'hydrogène réagissant sur l'acide carbo- nique dissous, enlèverait de l'oxygène à cet acide sous forme d’eau et engendrerait la série des groupements fonctionnels : aldéhyde, alcool primaire, alcool secondaire, alcool tertiaire, acide, acétone. Ne pouvant exister à l’état de liberté, ces groupements saturent mutuellement leurs atomicités libres el donnent naissance à des acides (acide formique, acide oxa- lique, acide succinique), à des acides aldéhydes (acide glyoxy- lique), à des acides alcools primaires (acide glycolique), à des acides alcools secondaires {acide malique, acide tartrique), à des acides alcools tertiaires (acide citrique). À côté de ces réactions, ils en admettent d’autres, en vertu desquelles, l'acide oxalique formé lui-même par l'union de deux groupements fonctionnels acides : C0 OU 000 Il Gin 0 0 =C—0H Groupement Acide acide. oxalique. donnerait par l’action de l'hydrogène, de l'acide glyoxylique ; suivant les quantités d'hydrogène qui entreraient en réac- lion, ce dernier engendrerait les acides succinique, malique, tartrique, citrique, etc. À l’appui de cette manière de voir, Brünner et Chuard disent avoir rencontré, dans les jeunes fruits verts, principalement les acides formique, oxalique, glycolique et glyoxylique; à la maturité l'acide glyoxylique aurait complètement disparu, landis que les acides sucei- nique, malique et tartrique augmenteraient beaucoup; mais, MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 39 même à celle époque l'acide glyoxylique existerait encore dans les feuilles vertes, aussi pensent-ils que cel acide en passant de la feuille dans le fruit, se transforme par con- densation el réduction pour donner les acides supérieurs de la série, Les recherches faites par ces auleurs sur les groseilles à maquereau et les groseilles ordinaires, les conduisent à admettre que les acides des fruits verts proviennent non seulement des feuilles, mais encore de ces fruits mêmes. Les acides tartrique, malique, citrique ainsi formés ne se transforment pas en sucre d’après MM. Brünner el Chuard. Is n’ont jamais pu, disent-ils, constater pendant la matu- ralion des deux fruits cités plus haut, une diminution sen- sible des acides en corrélation avec l'augmentation du sucre, et ils considèrent cette diminution comme nécessaire à l’hy- pothèse de la transformation des acides en sucre. Pour eux (1) l’origine du sucre des fruits doit être recher- chée dans une substance particulière que Buignet avait élu- diée dans les pommes vertes et qu'il considérait comme un tannin. Ils montrent que cette matière, très répandue dans les fruits verts, est un glucoside formé par la combinaison d’une molécule de glucose avec deux molécules d'acide succinique et élimination de deux molécules d’eau. Ils l’appellent acide glucosuccinique et le considèrent comme un des premiers produits de l'assimilation chlorophyllienne. ls expliquent sa formation en admettant qu'un certain nombre de groupements fonclionnels alcool primaire, alcool secondaire et aldéhyde, s'unissent pour former le glucose el que ce glucose se combine immédiatement à l'acide succi- nique formé lui-même, comme on l’a vu, aux dépens de l’acide glvoxylique. Ce glucoside produit par les feuilles et les fruits verts s’accumule dans ces derniers. À la maturation, 1l disparaît. (4) Brünner et Chuard, Ueber dus Vorkommen einer Glycobernsteinsaüre in den Pflanzen und deren Nachweiss als Monojodbernsteinsatüre (in Berichte d, D. Ch. Gesel., t. XIX, p. 598, 1886). ANN. SC: NAT. BOT: IVS 9 34 €. GERBER. Cette disparilion ainsi que la constance du rapport entre la quantité d'acide et celle du sucre aussi bien dans les groseilles verles que dans les mêmes fruits mürs, permettent à MM. Brünner et Chuard d'attribuer la formation du sucre dans les fruits acides à la décomposition de l'acide glucosuc- cinique. Si les fruits très jeunes ne présentent n1 saveur sucrée, ni saveur acide, c’est que le sucre et l'acide s’y trouvent totalement combinés sous forme de ce glucoside succinique dans lequel les fonclions acides el alcools se masquent mu- tuellement. De même, si les fruits verts un peu plus âgés ont simple- ment une saveur acide, cela est dû à ce qu'ils contiennent un mélange de glucoside insipide et d'une petite quantité d'acides, ces acides ayant été formés en excès par les fruits verts. Enfin ils expliquent la saveur franchement acide et sucrée des fruits mûrs par la dissociation du glucoside en sucre el acide. MM. Brünner et Chuard interprèlent de la même facon les phénomènes qui se produisent pendant la maturation des fruits séparés de la plante. Les fruits cueillis alors qu'ils sont encore verts, con- Hennent, disent-ils, outre du glucose et des acides, une _cerlaine quantité de glucoside non encore décomposé qui, par fermentalion, se dédoublera peu à peu. Cette décompo- sition et par suite, l’augmentation du sucre, est accélérée par la chaleur. De toutes Les théories que nous avons passées en revue, celle-ci est certainement la plus ingénieuse et la plus sédui- sante ; elle repose sur quelques faits d'observation précis ; mais nous croyons qu'elle ne tient pas assez compte de la disparilion des acides pendant la maturation. Si les fruits séparés de l'arbre possèdent constamment la même quantité d'acides organiques libres ou combinés quel que soit le degré de maturation qu’on leur laisse alteindre et quelle que soit aussi la température à laquelle on les expose, la concep- MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 99 ion de MM. Brünner et Chuard devient probable ; mais en est-1l réellement ainsi? Nous pensons qu'il y aura intérêt à porter nos invesligations de ce côté. La découverte de nouveaux acides, leur {transformation les uns dans les autres, leur combinaison avec le glucose à l’état de glucosides, compliquaient déjà beaucoup la question; la découverte de composés résultant de la combinaison des acides entre eux vient encore la rendre plus complexe. M. Ordonneau (1) signale en effet, dans les raisins verts, une combinaison d’acide larlrique droit et d'acide malique gauche qu'il compare à l'acide racémique. Il l'appelle acide lartromalique. Cet acide existe en quantité d'autant plus considérable que les fruits sont plus éloignés de leur matura- lion; dans quelques cas même il peut représenter les trois quarts de l'acidité du raisin. PLAN. — MÉTHODES ET APPAREILS. Des nombreux el remarquables travaux relatifs à la matu- ralion des fruits, nous n'avons résumé dans cet historique que ceux dont la connaissance était indispensable pour la justificalion de nos recherches. Quant au plau que nous adopterons, il découle des réflexions contenues dans Pintro- duction et des criliques esquissées au cours de lhisto- rique. Dans presque tous les fruits charnus sucrés on rencontre, mélangés, des acides, de l’amidon et du tannin; mais dans certains d’entre eux il y a prédominance d'un de ces trois principes, lequel paraît imprimer des caractères spéciaux aux phénomènes de la maturation. Nous choisirons : comme types de fruits où Îles ee prédominent les Pommes (acide malique), les /iarsins (acide tartrique) et les fruits des Auwrantiacées (acide citrique); comme type de fruits où le tannin est la substance prin- (1) Ordonneau, Bull. Soc. chim., 1891. 30 €. GERBER. cipale, les Aakis; enfin, comme type de fruits contenant surtout de l’amidon, les Pananes. Nous éludierons les échanges gazeux de ces fruits avec l'atmosphère, aux températures de 33°, 30°, 20°, 0°, les trois premières se rencontrant normalement en été, le jour ou la nuit et la quatrième assez fréquemment en automne, la null. Ces expériences seront faites autant que possible : 1° Aux différentes époques de la maluration sur l'arbre; 2° Aux différents moments de la maturation des fruits après leur séparation de l'arbre ; 3° Pendant le blettissement ; 4° Aux mêmes époques que ci-dessus, mais après division en plusieurs quartiers. Les fruits qui auront servi aux recherches sur la respiration seront ensuite analysés en vue du dosage des acides, de l’amidon, du tannin, des sucres. | Après avoir comparé la composition chimique de ces fruits aux phénomènes observés pendant la respiration, nous donnerons comme aliment à des spores de Sterigmatocytis r- gra la substance chimique caractéristique de chacun de ces fruits, seule ou mélangée en différentes proportions avec du saccharose. Nous répéterons avec ces moisissures les expé- riences de respiration que nous aurons faites avec les fruits, en nous attachant particulièrement à éludier l'influence de la température et de la quantité de saccharose ajoutée à la substance caractéristique. Nous déterminerons le poids des hydrates de carbone (mycelium) formés dans les divers cas. La comparaison des résultats ainsi obtenus avec ceux obser- vés par ailleurs dans les fruits nous permettra de hasarder quelques hypothèses pour expliquer la disparition des acides, du tannin, de l’amidon et l’origine de la malière sucrée. Nous étant ainsi familiarisé avec les différents mécanis- mes de la maturation des fruits acides, des fruits à tannin et des fruits amylacés, nous aborderons l’étude des fruits de MATURATION DES FRUITS CHARNUS. où composition mixte (Sorbes, Nèfles, Prunelles, ete.), c'est-à- dire de ceux dans lesquels on rencontre une quantité nota- ble d'acides, d'amidon et de tannin ; nous essaierons de dis- tinguer dans les échanges gazeux s’opérant entre ces fruits et l'atmosphère Ia part qui revient à chacune des trois substances. Enfin, après avoir ainsi examiné le plus complètement qu'il nous sera possible le phénomène de la maluration des fruits, nous tâcherons de dégager, sous forme de conclusions, les faits nouveaux que nous aurons constatés dans le cours de nos recherches. Nous avons adopté pour l'étude de la respiration des fruits, la méthode de l'air confiné, lelle qu'elle a été exposée par MM. Bonnier et Mangin (1). Elle consiste à placer un fruit dans un vase contenant un certain volume d'air isolé de l'air extérieur. L'analyse du gaz confiné, faite au début et à la fin de chaque expérience au moyen de lappareil de MM. Bonnier et Mangin, permet d'évaluer la quantité de gaz carbonique dégagé et la quantité d'oxygène absorbé par le fruit. Le rap- port des deux quantités donne le quotient respiratoire. La détermination, à la fin de l’expérience, du volume de l’at- mosphère qui entoure le fruit, le poids de ce dernier, la durée de l’expérience, la connaissance de la valeur du quo- tient respiratoire nous permettent de calculer les volumes de gaz carbonique dégagé et d'oxygène absorbé en une heure par 1 kilogramme de fruit. Ce sont les nombres ainsi obtenus que nous avons consignés dans nos tableaux, à côté du quo- tient respiratoire correspondant. Comme les fruits doivent séjourner souvent plusieurs mois dans nos appareils et que ces derniers sont soumis à de fréquents déplacements, nous avons dû chercher à les sim- plifier le plus possible, tout en leur donnant le maximum (4) G. Bonnier et L. Mangin, Respiration et transpiration des Champignons (Ann. des sc. naturelles, 1884, 6° série, t. XVII, p. 221). 38 C. GERBER. de solidité, et à éviter l'influence probable des vapeurs mercurielles. Appareil de respiration. — Un flacon cylindrique en verre À à large ouverture, est fermé par un bouchon de liège que l’on a maintenu longtemps dans la paraffine fondue ; celle-ci oblure les pores du bouchon et la chaleur à laquelle le liège se trouve soumis dans le bain de paraffine est suffisante pour le stériliser (planche [, fig. 1).: Le bouchon présente trois ouverlures. Dans l’une est en- gagé un thermomètre BP desliné à indiquer la température de l'atmosphère du flacon. À travers la seconde passe un tube de verre C s’enfonçant jusqu’à la moitié de la hauteur du flacon, recourbé à angle droit à sa partie supérieure el présentant dans la branche horizontale un étranglement contre lequel vient buler un tampon d'ouate; son extrémité libre est coiffée d’un tube de caoutchouc pouvant être fermé au moyen d’une baguette de verre pleine.La troisième ouverture porte un tube D recourbé comme le précédent, mais dont la branche verticale dépasse à peine la surface inférieure du bouchon ; la branche hori- zontale du tube est munie d’un robinet à trois voies d qui permet de le faire communiquer, soit avee un manomètre à mercure Z, soil avec le tube horizontal 7° qui porte lui aussi un étranglement et un tampon d’ouate. Pour éviter l’action des vapeurs mercurielles, nous avons pris la précaution de recouvrir d'une mince couche d’eau la surface a de la colonne mercurielle. | Les deux tubes et le thermomètre sont stérilisés à l’auto- clave et enfoncés dans le bouchon au moment où celui-ci est retiré de la parafline el l’ensemble est placé chaud encore sur le flacon stérilisé. Dans ce dernier se trouvent déjà le fruit lavé à l’eau boriquée, puis à l’eau stérilisée, ainsi qu’un petit tube contenant quelques centimètres cubes d’eau destinée à maintenir l'atmosphère constamment saturée d'humidité. Le bouchon est enfoncé suffisamment pour former avec le bord du flacon une cuvette que l’on remplit de paraffine MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 39 fondue en même temps que l’on établit un vide partiel dans l'appareil, de facon à faire pénétrer celte substance dans les interstices qui peuvent exister. Aux lempératures de 20°, 30°, 33° auxquelles nous avons opéré, 1l ne se produit pas de fissures dans la paraffine et le manomèlre nous a toujours montré que la fermeture de nos appareils restait parfaile pendant toule Ia durée de l’expérience. Mais pour les expériences faites à 0° il n’en est pas ainsi, nous avons dû recourir alors au bouchon de caoutchouc. Le tube C du flacon ainsi préparé est alors mis en com- municalion avec une trompe à eau, le robinet à trois voies d élant disposé de telle façon que l'air extérieur puisse péné- irer par les tubes £ et D dans le flacon et en renouveler l'atmosphère. On sépare ensuile l'appareil de la trompe ; on ferme le tube (au moyen de la baguette de verre, puis on oriente le robinet 4 de facon à intercepter la communicalion entre l'air extérieur et l'atmosphère du flacon et à l’établir entre cette dernière et le manomètre. L'appareil est alors prêt à être placé à l'étuve. Prises de gaz. — Chaque fois qu'il est nécessaire, pour analyser l'atmosphère du flacon, d'en prélever un échantillon, nous meltons le tube Æ£ en communication avec l'appareil représenté dans la planche 1, semblable à celui qui a servi dans les expériences de MM. Bonnier et Mangin. Le fonction- nement de cet appareil est trop connu pour que nous y in- sistions davantage. Si l'atmosphère interne des plantes ordinaires est assez réduite et siles dimensions de leurs lacunes sont assez fortes pour que le mélange mécanique de cette atmosphère avec l'air confiné ne modifie pas sensiblement la composition, comme l'ont établi les savants précédents, il n’en esl pas de même pour les fruits dont l'atmosphère inlerne est beau- coup plus développée. Il faudrait done avant chaque prise de gaz, effectuer un brassage avec l'appareil qui sert à pré- lever les échantillons, pour amener le mélange de l'air 40 €. GERBER. contenu dans les iruits avec l’air confiné qui les entoure. Mais l'épaisseur considérable des fruits, les faibles dimen- sions de leurs méats intercellulaires, font que ce mélange est impossible à réaliser d'une facon te. Aussi avons-nous dû tourner la difficulté de la façon suivante : Supposons que nous venions d'effectuer, sans _. mécanique préalable, l'analyse (A) de l'air confiné après un certain temps de respiration du fruit. Nous renouvelons cet air et en effectuons ensuite l'analyse (B), le {toutassez rapide- ment pour que, pendant ce court intervalle de temps, les gaz internes du fruit n'aient pas pu diffuser sensiblement à fe lérieur. Le fruit est alors remis à l’étuve. Au bout d’un temps de respiralion tel que la composition de l'air confiné soit re- devenue à peu près ce qu'elle était lors de l'analyse À, nous effectuons une troisième analyse (C). À ce moment la com- position des gaz contenus dans le fruit est sensiblement la même qu'au moment de l'analyse À et par suite de l'analyse B, c'est-à-dire qu'au début de la nouvelle expérience. Nous pou- vons donc admettre que les volumes de gaz carbonique dé- gagé et d'oxygène absorbé indiqués par la comparaison des analyses Cet B sont bien ceux qui résultent de la respira- tion du fruit dans l’intervalle de temps compris entre ces deux analyses. Cette facon d'opérer présente Les avantages suivants : 1° Les opérations sont beaucoup simplifiées ; 2° Nous n'avons pas, dans la détermination des échanges gazeux qui se produisent entre les fruits et l’atmosphère confinée, à tenir compte des gaz contenus dans les méats intercellulaires et dissous dans le suc des fruits, puisque leurs volumes sont les mêmes au début et à la fin de l'expérience. Nous évitons donc de ce chef une grande incertitude sur l’éva- luation de ces volumes, évaluation que nous serions obligé de faire, si nous no 1e brassage mécanique. Détermination et dosage des acides. — Les acides contenus dans les fruits peuvent être divisés en deux groupes : 1° aci- des volatils; 2° acides fixes. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 41 Pour la détermination qualitative et quantitative des acides volatils, nous avons employé la méthode des distillations fractionnées de M. Duclaux. Nous donnerons un exemple de cette détermination lors de l’étude des acides volalils conte- nus dans les #afis et les melons ananas. Les principaux acides fixes rencontrés dans les fruits que nous avons élu- diés sont les acides citrique, tartrique et malique. Leur re- cherche qualitative a été faite d’après la méthode que nous avons établie en collaboration avec M. Berg dans notre étude sur les acides des Mésembryanthémées (1). La détermination quantitative a été faite par litrage alcalimétrique. Dosage de l'amidon. — Nous avons utilisé pour ce dosage la propriélé que possède l’amidon d’être transformé, quand on le traite à 100 degrés par l'acide sulfurique dilué, en glu- cose que l’on peut ensuite doser au moyen de la liqueur de Fehiting. Pour éviter que, pendant celte action de l'acide sul- furique dilué, les matières sucrées contenues dans les fruits subissent une allération partielle, nous nous sommes préala- blement débarrassé de celles-ci en employant le procédé indi- qué par M. Lindet (2) et qui consiste à opérer un lavage prolongé sur filtre du fruit réduit en pulpe. Afin d'empêcher toute intervention microbienne qui détruirait l’amidon, on ajoute à l’eau qui sert au lavage une faible proportion d’es- sence de moutarde. Dosage des sucres. — Les fruits contiennent des sucres directement réducteurs et des sucres qui deviennent réduc- teurs seulement après interversion. Nous avons dosé les uns et les autres au moyen de la liqueur de Fehling. Le fruit est réduit en pulpe. Gelle-ei est exprimée, puis traitée à plusieurs reprises avec de l’eau de facon à extraire la totalité des ma- tières sucrées. Le liquide ainsi obtenu est, après neutralisa- tion, déféqué par le sous-acétate de plomb pour éliminer les (4) A. Berg et C. Gerber, Sur la recherche des acides organiques dans quel- ques Mésembryanthémées (Revue générale de botanique, t. VIT, p. 295, 1896). (2) Lindet, Recherches sur le développement et la maturation de la pomme à cidre (Annales agronomiques, t. XX, p. 9, 1894). 49 C. GERBER, acides organiques el principalement les tannins qui fausse- raient les résultats. On dilue ensuite le liquide de manière à obtenir une solulion dont la teneur en sucre réducteur soit voisine de 08°,50 p. 100. On détermine alors la quantité de cette solution qui est nécessaire pour réduire 10 centimèe- tres cubes de liqueur de Fehling. Cette détermination donne la quantité de sucres réducteurs. Dans une partie du liquide non encore déféqué, on interverlit les sucres non réducteurs en chauffant le liquide additionné de 3 p. 100 d'acide sulfu- rique dans une fiole placée au bain-marie bouillant pendant vingl minutes. De celle façon, nonseulement on intervertit le saccharose, mais on hydrate aussi le maltose et les glucosi- des qui peuvent exister dans certains fruits. On neutralise ensuite l’acide sulfurique par la soude, on défèque et, par une addition d’eau convenable, on amène la solulion à conte- nir environ 06,50 p. 100 de sucre réducteur. Un nouveau litrage à l’aide de la liqueur de Fehling donne, par diffé- rence avec le premier, la quantité de sucres non réducteurs exprimée en glucose. Comme le terme de la réduction est parfois difficile à sai- sir, nous nous sommes servi d'un réactifindicaleur de la fin de la réaction. Tant que la réduction n'est pas complète, le liquide surnageant le précipité d'oxydule de cuivre, filtré ra- pidement et acidifié par l'acide acélique, donne par addition de ferrocyanure de potassium une coloration rouge de fer- rocyanure de cuivre. J,. — RECHERCHES SUR LA MATURATION DES FRUITS CHARNUS SUCRÉS CONTENANT DES ACIDES. A. — Maturation des pommes. 1° De la respiration des pommes aux diverses phases de leur développement et de leur maturation sur l'arbre. — Placons, dans une atmosphère confinée, aux températures de 31° et de 33°, des pommes reinettes grises el des pommes MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 43 Y reinettes du Canada, cueillies à diverses époques de leur développement (1); renouvelons, aussi souvent qu'il sera nécessaire, celle atmosphère, de facon que la quantité d'oxygène restant soit loujours supérieure à la moilié de celle qui existe normalement dans l’air, après avoir eu soin de doser chaque fois l'oxygène absorbé et le gaz carbonique dégagé ; déterminons le rapport entre ces deux quantités. Nous pourrons grouper les résultats obtenus en dix tableaux formant deux séries ; la première, relative aux pommes reinettes grises, comprend les tableaux 4 à 4 ; la seconde, formée des six derniers, concerne les pommes reinettes du Canada. Considérons dans ces tableaux : 4, les quotients respira- toires ; 4, la quantité d'oxygène absorbé et de gaz carbonique dégagé par un kilogramme de pommes en une heure. | a. Quotients respiratoires. — On voit que quelle que soit l'époque où les fruits ont été détachés de l’arbre, le quotient est d'abord supérieur à l'unité ; puis il diminue, devient inférieur à l'unité, pour rester ainsi pendant toute la durée de l’expérience. Le quotient atteint sa valeur maxima presque dès le début de l'expérience dans les pelites pommes et seulement au bout d’un certain temps, toujours assez court, dans les pommes plus grosses ; ce temps est d'autant plus long que les pommes ont un diamètre plus considé- rable. Si l’on considère que la chaleur mel un temps d'autant plus grand à gagner le centre d’une pomme que celle-ci est plus épaisse, on est porlé à admeltre que le quotient maximum ne peut être atteint qu'au bout de ce temps, et à attribuer uniquement à la chaleur la production d’une quan- té de gaz carbonique supérieure à la quantité d'oxygène absorbé. Mais, déjà, les travaux de MM. Bonnier et Mangin nous mettent en garde contre cette hypothèse qui se présente (4) Ces pommes ont été récoltées à l'altitude de 730 mètres. 44 €. GERBER. tout d’abord à l'esprit, puisque ces savants ont établi que la température n'a aucune influence sur le quotient respira- loire des organes des plantes en voie de croissance. Les données du tableau 10 contredisent également cette hypo- thèse. En effet, la pomme dont il s’agit ici étant placée d'abord à 33°, puis à 18°, on remarque qu’à cette dernière température, son quotient respiratoire, supérieur à l'unité, est le même qu'à 33°, et qu'il offre dans la suite la même série de variations que celles des tableaux précédents, c’est- à-dire diminue, pour devenir inférieur à l'unité. Mais, si les résultats inscrits dans les premières lignes du tableau nous autorisent à mettre en doute l'influence exclusive de la cha- leur sur l’augmentalion du quotient respiratoire, ceux des dernières lignes ne peuvent s'expliquer qu’en attribuant à la chaleur une certaine action. En effet, la pomme qui, depuis un mois et demi, offrait à 18° un quotient inférieur à l'unité, soumise alors de nouveau à la température de 33° donne de suite un quoüent supérieur à cette valeur : de 0,93 il monte à 1,39. D'ailleurs, il suffit d’abaisser suffisamment la tempé- rature des pommes reinelles du Canada pour obtenir un quotient plus faible que l'unité. C’est ainsi que le tableau n° {1 montre qu’une pomme qui, à 30° avait fourni les quotients 1,15 et 1,12, accuse à 0° le quotient 0,88. Ces pommes du Canada dont l'étude nous a fourni des arguments alternativement favorables et défavorables à l’idée de l'influence de la chaleur sur la respiration, vont encore, mais en sens inverse, fournir des résultats également contradictoires. Examinons en effet le tableau 9. Nous voyons que le 8 octobre, à une température de 33°, le A A rapport esl égal à 1,14, et le 23 décembre, à 18°, il (8) devient égal à 0,87. Ici on peut croire que l'influence de la température est très nette; cependant le 20 décembre, date bien plus rapprochée du 23, à 33°, ce quotient est 0,91 ; ül est donc inférieur à l'unité et sensiblement égal à celui observé à 18°; donc, dans ce cas, la température n’exerce MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 49 aucune influence sur le quotient respiratoire. Si, après les vommes du Canada, nous considérons les pommes reinettes grises, nous trouvons encore les mêmes contradictions. Le tableau 4, qui est pour les pommes grises ce que le tableau 10 est pour les pommes du Canada, nous autorise à admettre 9 1 une influence directe de la température sur le rapport —, car celui-ci qui, le 9 octobre, à 33°, était 1,66, devient le 15 octobre, à 18°, 0,92, et reste jusqu'à la fin de l'expérience inférieur à l'unité. Cette influence est encore mise en évidence par les expériences consignées au tableau 12, où nous voyons qu'une pomme reinette grise qui, le 5 juillet, à ‘(2 30°, avait présenté le rapport Nr 1,30, offre, le 4 et le 9 juillet, à 0°, les quotients 0,86 et 0,91, et le 10 juillet, à 18°, le rapport 0,99. Mais examinons maintenant le tableau 3; il nous indique que le 30 octobre, à 33°, et le 31 octobre, à 38°, la pomme mise en expérience offre le même quotient respiratoire 0,96 inférieur à l'unité. Bien plus, en comparant le quotient 1,60 donné le 9 octobre par cette pomme à 33, au rapport 0,96 qu'elle fournit le 31 octobre à 38°, on serait en droit de conclure que la température diminue le quotient respiratoire, Landis que le tableau 11 relatif aux pommes du CO? Canada, en nous présentant le 19 août, à 30°, me 1,05 A * CO? r 7 et le 20 août, à 38°, oi 1,29, démontre que l’augmen- tation du quotient respiratoire est corrélative de celle de la température. Tous ces faits, remarquables par leur opposition, nous amènent à émettre l'opinion suivante : Le quotient resmiratoire des pommes, à partir d'une certaine température est, pendant un certdin temps, supérieur à l'unité ; en d’autres termes : La chaleur, dans cerlains cas, augmente le quotient respiratoire des pommes ; tandis que dans d'autres, elle n'exerce aucune action sur ce quotient. 46 C. GERBER. Le défaut de constance dans son aclion nous conduit à penser que la chaleur influe, non pas directement sur le quotient respiraloire, mais indirectement, en déterminant des réactions chimiques parliculières aux dépens de certains principes ; ces réactions, qui ne se produisent qu'à partir d’une température déterminée, dégageraient du gaz carbo- nique sans absorption d'oxygène ou avec absorption d’une quantilé moindre de ce gaz. La première supposition est peu plausible, car nous aurions affaire vraisemblablement à une fermentalion, et il faudrait constater : 1° la présence d'alcool que nous n'avons jamais pu déceler ; 2° une destruc- tion du sucre, tandis qu’au contraire on observe une augmen- tation de cette substance. Nous devons donc principalement envisager l’hypothèse de l'oxydation d’un principe particu- lier, oxydation qui ne se produirait qu à partir d’une cer- laine température. Ce principe s’oxydant plus rapidement que les sucres, disparaît ; à partir de ce moment, nous relombons dans le cas des plantes chez lesquelles les subs- tances sucrées constituent l'élément respiratoire principal, c'est-à-dire dans le cas des plantes ordinaires où la tempé- ralure n’a plus aucune influence sur le quotient respiratoire, d'après les recherches de MM. Bonnier et Mangin. I n'est pas bien difficile d'expliquer, d’après cette hypothèse, pour- quoi une pomme, portée à 30° ou à 33°, ne présente le quolient respiratoire maximum qu'au bout d’un temps qui est d'autant plus long que celte pomme est plus grosse. Il suffit d'admettre que non seulement il faut un certain temps à la chaleur pour se propager Jusqu'au centre, mais encore que le centre d’une pomme possède le principe en question en plus grande abondance que la périphérie (nous verrons plus tard qu'il en est ainsi). Au début, la chaleur faisant sentir son action sur un tissu qui n'offre qu’une faible pro- portion de ce principe n’augmentera que {rès peu le quotient respiratoire, tandis que plus tard, lorsqu'elle aura atteint la région centrale, elle déterminera l'oxydation du principe plus abondant dans cette région ; il s’ensuivra une augmen- MATURATION DES FRUITS CHARNUS. AT tation considérable du quotient respiratoire qui deviendra supérieur à l'unité. Ainsi, à 30°, le quotient respiratoire observé résulterail de la superposition des quotients respiratoires du sucre el du principe, alors qu’à une température suffisamment basse, le quotient représenterait principalement celui du sucre. S'il en est réellement ainsi, lorsque après avoir déterminé le quotient respiratoire d’une pomme, à 30°, on l’abandonne, pendant un certain temps, à une température très basse, le sucre sera brûlé en beaucoup plus forte proportion que le principe, et le rapport entre celui-ci et le sucre augmentera; il en résulte qu’en portant de nouveau la pomme à 30°, le quotient devra êlre supérieur au premier; c'est ce que l’ex- périence confirme. Le tableau 12 nous montre qu'une 2 che CO pomme qui, le 3 juillet, à 30°, donnait OS 1,30, puis, le Si CO? 4 et le 9 juillet, à 0°, FO 0,86 et 0,91, présente, le 9 … = 1. 9 juillet, à 30°, le rapport co Réciproquement : si, après avoir pris, à 30°, le quotient d'une pomme, on porte celle-ci à 38°, l'oxydation de la substance particulière devra être plus rapide, et si on place de nouveau la pomme à 30°, le quotient oblenu devra être inférieur au premier quolient observé à 30°, sauf à reprendre ensuite la première valeur quand l'excès de sucre aura été comburé. Cest ce qui se produit, comme on peut le cons- tater par l'inspection du tableau 12. Le rapport no qui, le (8) 13 août, à 30°, élait 1,14, et, le 19 août, à 17°, 1,05, devient les 20 et 21 août, à 38°, 1,29, puis, à 30°, Le 23 août, 1,06, et enfin, le 25 août, à la même température, 1,18. Quelle est la substance chimique dont l'oxydation déter- minerait l’augmentation du quotient respiratoire avec la température ? Nous trouvons dans les pommes: de l'amidon, du tannin, des acides, des sucres, etc., nous devons recher- 48 C. GERBER. cher cette substance parmi les corps dont la proportion diminue au cours de la maturation sur l'arbre et, parallèle- ment avec le quotient respiratoire, lors de la maturation après séparalion de l'arbre, en atmosphère confinée. Il con- vient donc de rechercher les modifications chimiques qui se produisent dans les pommes dont nous venons de comparer les quotients et dont nous allons étudier l'intensité respira- toire. b. /ntensité respiratotre et composition chimique des pommes. — Si nous comparons les quantités d'oxygène absorbé ainsi que de gaz carbonique dégagé par un kilogramme de pommes dans lPespace d’une heure au moment où, ayant été placées dans une atmosphère confinée, à 30°, elles fournis- sent le maximum du quotient respiratoire, nous sommes frappé par la diminution considérable de l'intensité respi- ratoire de ces fruits, avec les progrès de l’âge. Les pommes du Canada, en effet, le 18 juin (tableau 5) dégagent 119,80 de gaz carbonique et absorbent 109,90 d'oxygène, tandis que le 31 août (tableau 8), les chiffres correspondants ne sont plus que C0?: 19,95 et 0 : 16,87. | Pour les pommes reinettes grises, les différences sont de même ordre; ainsi, on note le 4 juillet (tableau 1) CO? : 104%,80, 0 : 85,91, etle 31 août, c’est-à-dire, moins de deux mois après, [tableau 2) GO? : 19,25, 0: #6,5b, Le 2 octobre, bien que les pommes mises en expérience soient à la température de 33°, les différences constatées avec les pommes à 30° de Juillet sont voisines des précédentes, et cela pour les deux variétés de pommes. Étudions maintenant les résultals des analyses effectuées, après avoir déterminé le quotient maximum, sur des pom- mes cueillies aux mêmes époques que les précédentes, el rapportons les résultats à un kilogramme de fruit. : On trouve que les acides sont les seules substances dont la quantité diminue constamment depuis le 3 juillet jus- qu'au 2 octobre. C’est ainsi que dans les pommes grises la quantité d'acides, qui le 4 juillet (tableau 1) était 205,90, MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 49 tombe le 29 août (tableau 2) à 78°,27, alors que le poids de l’amidon s'élève de 23 grammes à 46 grammes et celui de la matière sucrée de 485,02 à 735,71. Ilen est de même pour les pommes du Canada : le 3 juillet (lableau 6) on constate 138,94 d'acides et, le 31 août, seulement 95,80, tandis que la quantité d'amidon s'élève dans le même temps de 32 gram- mes à 8 grammes et celle des substances sucrées de 278,85 à 95#,45. Or c’est pendant celte période que se produit l’'abaissement considérable de l'intensité respiratoire qui di-- minue des 4/5 de sa valeur primilive. Allons-nous, pour cela, affirmer que l'acide malique des pommes est le principe qui se trouve oxydé pendant la maturation des fruits sur l'arbre, l’amidon et le sucre constituant dans ce cas des produits de réserve difficilement ulilisables? On serait tenté de le faire, d'autant plus que pendant la seconde période, allant du 29 août au 2 octobre, pendant laquelle l'intensité respi- ratoire diminue très peu, la proportion des acides ne subit que de légères varialions; celle de l’amidon, au contraire, diminue considérablement et la quantilé des sucres s'élève davantage. En fondant cette opinion sur la diminution de la pro- portion d'acides pour un kilogramme de fruit, pendant la maturation sur l'arbre, nous commettrions une grave faute, comme presque tous les auteurs qui ont suivi les variations des acides pendant la maluration. Celte faute explique la discordance que l’on remarque entre les résultats relalifs à cette variation des acides donnés par divers auleurs depuis Bérard jusqu'à Saintpierre et Magnien. Les uns en effet éva- luent,comme nous l'avons fait, la quantité d'acide par rapport à 100 grammes ou à 1000 grammes de fruit, tandis que Îles autres calculent le poids d’acide contenu dans le fruit, en considérant celui-ci, quel que soit son poids, comme une unité. Si nous opérons sur les pommes précédentes de cette dernière façon, nous trouvons que les pommes grises contien- nent le 3 juillet 25,75 et Le 29 août 45,10 d'acides ; dans les pommes du Canada, nous rencontrons le 3 Juillet 38,76 et le ANN. SC. NAT. BOT. IV, À 50 C. GERBRER. 29 août, 105,25 de ces acides ; nous devrions donc émettre des conclusions exactement opposées à celles que nous élions tenté de formuler tout à l’heure au sujet de ces mêmes pommes et dire : Les acides augmentent avec la malura- tion, tandis que l'intensité respiratoire diminue. Cherchons à expliquer ces contradictions qui ont si souvent divisé les auteurs. Les pommes augmentent consi- dérablement de poids pendant leur développement, et cela presque complètement par migration de subslances de l'arbre dans le fruit. Si cet apport offre une composi- tion constante, s'il est formé de sucres, d'amidon, d'acides et d’eau dans les proportions où ces composés existent dans les fruits, le 3 juillet, la diminution de la quantité d'acides par kilogramme de fruits, que nous avons consta- tée, nous autorisera à penser qu'il y a eu combustion des acides dans le fruit; si l'arbre n’a fourni que des hydrates de carbone et de l’eau, la diminution précédente sera due à une dilution et on commeltrait une erreur en croyant qu'il y à eu destruction des acides; il ne faudra tenir comple que de la quantité de ceux-ci contenue dans la pomme considérée en lant qu'unité, et comme nous avons trouvé une augmentation de cette quantité, on devra dire qu'il y a eu, non pas destruction, mais formalion d'acides. L'impossibilité où nous sommes de déterminer la composi- Lion de la sève fournie par l'arbre, ne nous permet pas de décider laquelle des deux méthodes d'évaluation des acides nous devrions adopter; il en résulte que: La maturation sur l'arbre est incapable de nous renseigner sur les rapports re- hant l'intensité respiratoire au quotient et aux modifications chimiques dont le fruit est le siège. Nous ne pouvions pas cependant négliger son étude ; mais on doit y Joindre celle de la maturation après sa séparation de l'arbre, dans une atmosphère confinée. En effet, nous pouvons connaître lrès approximativement la composition chimique du fruit, au moment de sa séparation de l'arbre, en analysant un fruit qui présentera des caractères physi- 91 DES FRUITS CHARNUS. MATURATION 19 çz den de NERO &9'138Y ‘(oso9n[8 uo) soions sop 9IJ0L &9‘139S& ‘(9S09n[$ uo) san9Jonpor soxonç 061308 ‘°°° °° "onbijeu 2pIoY “annnl % 97 2oshpun 9 anol awgw 97 ouprons ‘ojuapa994d Dj anb uouyrangou awuguw 2p 39 Sprod auguw 2p ouvuod aun,p anbuurys uornsodiwuon 28 1807 Pan HOT ne SE UIO DU Ÿ: 90‘139G ‘(osoonçs uo) souons S9P 9JI8)0L &8‘1367 ‘(oS09n[S ua) sanoJonpou soxons ” FGF'asr ******"onbjew eproy ‘Jan O6 nn auwuod 57329 9p anbiunyo uoursodwuo) , 860 | 10‘1# | 6107 | Sc'0# 00€ Re ssl 1008 | Geec | Lr#7 QUES se Ve 06 #00) 200707 Acer er OI o0E€ A et 86 6€ LG GG 0G° VF o0E se CARE ESC 60°T 69° LY 86°S 68 EC oÛE ee - 0 &L 88 GG VE 99°0Y COS SE NT NN RU r° I 10°#S F6°6S 99°8T 00€ re 0 89 FE GG 98 OL'GE 00€ PSE Rs (0 80°} 89° 09 LY°c9 €6 08 oÛE a 70 6 Le Ge 89 97 oÛE NA AIG GI°T €O F9 9€°89 000€ 00€ FE 98 0€ 69 98 66 8€ oÛ€ D RTS aUC OC‘ I FF'°89 EL°YS E& OC oÛE Si D) 706 | ZE Se | €E Lr QE RER SR TON a CL OL 1 er0016 200 67 o0€ à 6LILE | ESS | Le SOPRANO CAT 16‘G8 | 08‘70F| 99'8F 00€ ee &'8£ | OG6'LE | L9‘0r 008 |"""#"JonnRér || Tr 00‘90F7| OL‘LFF| 897 00€ “'aoqmi € ‘29 ‘29 °U *9'9 *2°9 "y “oanoy ad 79 *Sopx ed ue “ROLL "ASAIVNV I à SERA EEAD RE ns “HAL "HSAIVNV 1 CRISE, 20 NE. 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La quantité du gaz carbonique dégagé et celle de l'oxygène absorbé par la pomme diminuent très rapidement en même temps que le quotient respiratoire; quand ce dernier devient inférieur à l'unité, la diminution de la valeur des échanges gazeux esl beaucoup moins rapide; cette intensité tend même à devenir constante. C’est ainsi qu'on relève au tableau le 3 juillet CO A4410 120% 2106: a 11 le Æ8"purllet : CO?:28,32; 0:30,46; 00 jé 20juillel,: CO2:23,29:; 0 :26,04: D 0,86 Or, tandis qu'une pomme cueillie au même moment que celle-ei offrait Le 3 juillet : acides : 205°,90 ; amidon : 25 gram- mes; malière sucrée : 485,08, celle-là présente le 30 juillet : acides : 4#,154 ; amidon : 105,82 ; matière sucrée : 565°,06. Les chiffres inserits au tableau 2 nous conduisent aux mêmes conclusions, que nous pouvons formuler ainsi Pendant la maturation complémentaire, l'intensité des échanges gazeux, le quotient respiratoire, les quantités d'aci- des et d'amidon subissent une diminution parallèle. Nous devons maintenant rechercher si c’est à la diminu- lion des acides et de l’amidon, ou à la diminution de l’une seu- lement de ces deux substances qu’il faut attribuer l’abaïisse- 62 C. GERBER. ment du quotient respiratoire et de l'intensité des échanges gazeux. A cet effel prenons trois pommes reinelles grises, que nous désignerons, pour faciliter l'exposition, par les lettres a, b, c. Ces pommes, de même poids et présentant les mêmes signes extérieurs de maturité, ont élé placées, le 4 octobre, à la température de 33°. Le 9 octobre, leur quotient respira- toire a atleint sa valeur maxima (1,60 à 1,75); c'est ainsi que la respiration de l’une d’elles (4) donne le 9 octobre : C02 390305027060; 0 — 1,60 (tableau 3) Pour connaître avec la plus grande approximation possible sa composition chimique, nous analysons une des deux au- tres(c) et nous trouvons : Acides {exprimés en acide malique) : 98,28: amidon : 3» grammes; matière sucrée : 908,65. Les deux pommes restantes {a el à) sont maintenues à 33°. Leur quotient diminue peu à peu et se montre, le 21 octobre, inférieur à l’unilé. La respiration de la pomme (a) fournit ce jour : C0? C0?:15,66:: :0:145,93; ao == 0,98 tandis que l’analyse de la pomme (4) accuse ACITOS, nn Re Sen al ent 18r,89 AIO ONE ee AN na ARR 25 grammes. Matière sucrée......:...0 de 1158",700 Nous voyons donc que, du # au 21 octobre, l'intensité respiratoire et le quotient de la pomme (a) diminuent en même temps que les quantités d'acides el d'amidon, résul- tats que les tableaux 1 et 2 nous avaient déjà permis de constater; mais si nous maintenons la pomme (a) restante à 33° jusqu au 23 novembre, sa respiralion fournira à celte dernière date les chiffres : 2 3; 0:17,67; ———0,89 MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 63 L'analyse nous donnera ÉOES SE RCREMRATRE eus 48r,65 ANTON RES 7 re PEER RARE Ur 48r Matières sucrées. ent 1255",40 La comparaison de ces chiffres avec les chiffres relevés le 21 octobre, nous montre que pendant le dernier mois de la maturalion complémentaire à 33°, l’intensilé respiratoire de la pomine (a) a très peu varié, le quotient est resté infé- rieur à l'unité, la quantité d'acides est demeurée la même, tandis que celle de l’amidon à beaucoup diminué. Les varialions de la proportion d’amidon ne sont donc pas, à tous les instants de la maturation des pommes, paral- lèles aux variations des quolients el de l'intensité des échanges gazeux ; ce parallélisme n'existe qu'entre les varia- tions de ces deux dernières données et celles de la quantité d'acides, et nous pouvons penser que : Les acides sont la cause de l'échange gazeux spécial observé à 30° et à 33° entre les pommes et l'atmosphère, échange ca- ractérisé par son intensité considérable el par son quotient supé- rieur à l'unité. Le 4 octobre, nous avons placé, en même temps que les trois pommes précédentes, une qualrième pomme reinetle grise, à 33°; aussitôt après avoir accusé le quotient maxi- mum, elle a élé mise à 18° et maintenue à cette tempéra- ture depuis le 9 octobre jusqu'au 25 novembre. Pendant cette longue période de temps, nous n'avons constaté mi la décroissance rapide de l'intensité des échanges gazeux que nous avions relevée dans les {rois premiers tableaux pour les températures de 30° et 33°, ni l'élévation du quotient au- dessus de l’unilé. On en jugera par les deux analyses faites le 19 octobre et le 25 décembre : CO? CO2:9c,89; O:10cc,68; D: — 0,93 (tableau 4) su CO2: 960.455, 01002; E — 0,91 64 €. GERBER. Si le quotient respiratoire el lintensilé des échanges gazeux relevés aux tableaux 1, 2 et 3 sont bien dus à l’oxy- dation des acides, nous ne pouvons expliquer le mode de respiration de la pomme étudiée actuellement qu’en admet- tant une diminution de la quantité d'acides beaucoup plus lente que dans les pommes des tableaux 1, 2 et 3; elle doit donc encore contenir une notable quantité d'acides : c'est ce que l’analyse confirme, puisqu'elle accuse le 25 novembre : 38,547 d'acide malique. L'étude des échanges gazeux et de la composition chimi- que des pommes du Canada (Voir tableaux 5 à 10), nous donnerait absolument les mêmes résullats que celle des reinettes grises. Aussi n'insisterions-nous pas davantage si nous ne devions pas signaler un fait nouveau. L'examen des derniers chiffres des tableaux 5, 6, 8, nous indique que les quantités de gaz carbonique dégagé et d'oxygène absorbé par 1 kilogramme de fruit, dans l’espace d’une heure, après avoir diminué conformément aux règles émises précédemment, augmentent à partir du 2 juillet (tableau 5), du 12 juillet (tableau 6) et du 17 novembre (tableau 8), landis que le quotient demeure loujours inférieur à l'unité. En même temps que se produit celle recrudescence du phénomène respiratoire, le péricarpe des fruits, déjà spon- gieux, devient rouge brun comme la section d’une pomme exposée à l'air; ces deux phénomènes apparaissent au mo- ment où la faible quantilé de tannin contenue dans ces pommes et qui, d’après M. Lindet (1), reste constante au cours de la maluralion, disparaîl, peut-êlre sous l’inflence de la diastase oxydante signalée par cet auteur. Cette augmentation de l'intensité respiratoire, très peu accusée ici, est beaucoup plus intense et plus facile à étudier dans les sorbes et les nèfles, comme nous le verrons plus tard. (1) Lindet, loc. cit. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 65 3 Variation de la composition chimique des pommes au centre et à la périphérie. —- Au début de cette étude, nous avons supposé que le temps plus ou moins long nécessaire pour permetlre à une pomme de développer son quolient maximum était dû à l'inégale répartition d’un principe spé- cial, au centre et à la périphérie, sans préciser davantage. Nous pouvons penser actuellement que ce principe est probablement l'acide malique. Pour affermir notre convic- tion, nous avons dosé les acides et l’amidon dans deux quantités égales de issu prélevées l’une à 5 millimètres de la périphérie, l’autre à 1 centimètre du centre, dans une même pomme du Canada de 10 centimètres de diamètre, qui avait mis trois Jours pour atteindre le quotient maxi- mum. Nous avons obtenu les rapports Acidité à la périphérie à Amidon à la périphérie 9 Acidité au centre 8 Amidon au centre ! 7 On rencontre donc une plus petite quantité d'acides et une plus grande quantité d'amidon à la périphérie d'une pomme qu'au centre. — Cette constatation estencore une preuve nou- velle que c’est non pas à l’amidon, mais aux acides qu'il faut attribuer les particularités caractéristiques de la respiration des pommes. 4° Influence de la température sur la respiration des pom- mes. — Il nous est maintenant plus facile d'expliquer les fails contradictoires que nous avons cités dans les premières pages de ce mémoire au sujet de l'influence de la tempéra- ture sur le quotient respiratoire. Nous allons essayer de démèêler les relations qui existent entre l'intensité des échanges gazeux, le quotient respira- toire, la température et la quantité d'acides. Considérons d’abord les résultats inscrits dans les ta- bleaux 11 et 12 des expériences faites à 0°, 18°, 30° et 38° sur une reinelte grise et sur une pomme du Canada. Le 9 juillet, la reinette grise (tableau 11) donne : ANN. SC. NAT. BOT. IV, {5 66 C. GERBER., 2 ND. dos C0? 6,84; O 1,09: 0:91 3 n° CO? A: 000: perse CO? : 155,50; 0 : 108,70; nn — 1,43 A à ; Ë CO? Le 10 juillet, a 180: 2 CO?: 47,45:207#705; 0 — 0:99 L'analyse de la pomme, faile immédiatement après la dernière expérience, indique la présence de 138,50 d’acide malique. De même, la pomme du Canada du tableau 12 donne les résultals suivants : Le 11 août, à 0°..... CO?: 92,05: O: 26,33: _ — 0,88 A ; ne CU Le 13 août a1300 200027190000 DATES Dr — 4,1% on CO? Ê Le 49 août a 1800 CO: C2 OT ASC A0 7 — 1,05 He à à CO? PR 20 août a 380002028520) 0072260 A. 1,29 La proportion d'acide malique révélée par l'analyse de celle pomme esi 7 grammes. Nous voyons donc que les quantités de gaz échangés en- tre la pomme reinette grise et l'atmosphère deviennent vingt fois plus considérables, alors que le quotient respiratoire s'élève beaucoup au-dessus de l'unité, quand la pomme passe de 0° à 30°; à 18° l'intensité respiratoire est intermédiaire à celles constalées aux lempératures extrêmes, mais le quo- tient reste inférieur à l'unité. On remarque, en outre, que si l'augmentation de l’inlen- sité respiraloire se rencontre également dans les pommes du Canada, de 0° à 18° el de 18° à 30°, puis à 38°, les diffé- rences observées entre ces diverses températures sont bien moins accusées que celles constatées avec les pommes rel- nelles grises. Cela lient à deux causes : d’abord, la pomme du Canada possède une plus faible quantité d'acides (7 gr.) que la reinelte grise (134,50); ensuite, à la tempéralure de 18°, l'activilé vitale des pommes du Canada est suffisante MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 67 pour déterminer l'oxydation des acides, ainsi que le mon- tre le quotient supérieur à l’unité (1,05) observé à cette température. Nous avons déjà signalé cetle persistance de l'activité vitale à basse température, lorsque nous avons étudié la pomme du tableau 10, qui conserve longtemps, à 18°, un quotient respiraloire supérieur à l’umité. Nous résumerons ces observations en disant que : L'intensité des échanges gazeux et le quotient resniratoire des pommes augmentent : 1° Avec la température, pour une même quantité d'acides ; 2° Avec la quantité d'acides, pour une même température; 3° Avec la nature de la pomme, pour une même tempéra- Lure et pour une même quantité d'acides. Si la deuxième proposition esl exacte, nous devons nous attendre à trouver le minimum de variation du quotient respiraloire, pour une même lempérature, dans les pommes où les acides auront presque complètement disparu. L'étude des trois pommes grises que nous allons consi- dérer confirme ces vues. Une pomme qui, pesant 44#,45, a été soumise du 25 août au 3 octobre à la température de 33°, a fourni, dans cet espace de lemps, la courbe normale décroissante de l’inten- sité respiratoire et du quotient; portée le 3 octobre à 38°, elle offre le même quotient respiratoire, 0,94, qu'à 33°; tandis que C0? passe de 7,105 à 13,75 et O de 7,559 à 14,63; l’analyse faite le même Jour ne décèle plus que 15,25 d'acide malique. Une seconde pomme grise (tableau 3) qui, le 30 octobre, passe de 33° à 38°, conserve le même quotient, 0,96, et les quantités de gaz carbonique et d'oxygène passent respecli- vement de 13,65 à 20,69 et de 14,20 à 21,51 seulement. Mêmes résultats pour la pomme du tableau 9 qui ne pos- sède plus que 0£,90 d'acide malique et donne, le 20 décem- CO? bre, à 33°, C0? : 9,38 : 0 : 10,30; Mn 0,91. 68 €. GERBER. elle 23 décembre, à 18° : 2 CO? :4cc,585; O:5cc,15; à Influence de la température sur la respiration des pommes. TABLEAU 11. POMME REINETTE GRISE CUEILLIE LE °'° JUILLET ET PESANT 118,93. PA TEMPÉRA-| PURÉE co? 0 CO? de de ERREURS L'ANALYSE TURE L'EXPÉRIENCE BHEAUE RES CRDE D ia 0 h ce ce Sulleb et 30 13,58 | 128,50 | 98,83 1,30 RS 0 30,66 | 6,412 7,46 | 0,86 si un 0 183 45 | ONS6 TS 0,94 a ea 30 10,93 1455.50 10860 0m 1% ID nn nn. 18 19,75 usa. dors 1 20/00 fn Ce 30 12,23 | 100,40 85,80. | 4,17 A tr 30 18,33 67,19 28, 90 1,14 Composition de celte pomme au 12 juillet. Acide malique 2.10 nr ere 138,50 TABLEAU 12. POMME DU CANADA CUEILLIE LE 1°? AOUT ET PESANT 938",90. 0 h cc cc SOUL a | 30 20.82, | 24.97 |21 10, 0116 HR a 30 2% » 19,17 | 17,06 | 14,12 ES Pan 0 108,75 2, 05 2,39 0,88 D 30 38,58 19, 90 17,45 1,14 in Di 18 152,18 k, 62 L, 40 1,03 AD ET SRE 38 230220) 28, 69 22, 72 1202) SN 38 23,25 34,75 24, 58 1,29 Re eo 30 41,08 | 15,46 14, 30 1, 06 DD ee ere 30 45, 50 12, 32 10, 43 1,18 Composition cle celte pomme au 25 août. AGIUS ANAlIQUE 20. An Meme Toi Ces trois exemples, auxquels nous pourrions ajouter ceux des tableaux 5, 10, etc., nous montrent que : Le quotient respiratoire reste toujours inférieur à l'unité et MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 69 subit des variations à peine sensibles, quelque grandes que soient celles de la température, lorsque la quantité des acides est devenue très fable; quant à l'intensité respiratoire des pommes qui ne contiennent que peu ou pas d'acides, bien que ses variations soient beaucoup plus faibles pour une même va- ration de la température que lorsque les pommes contiennent une quantité notable d'acides, elle augmente encore beaucoup avec cette température. Or ces deux faits : inaltérabililé du quotient respiratoire et variation de l’intensilé avec la température, ont été signalés par MM. Bonnier et Mangin comme caractérisant la respiration des plantes ordinaires. Nous avons donc le droit de dire que : Une température élevée, celle de 30° jar exemple, donne, à la respiration des pommes qui contiennent une certaine quan- lité d'acides, des caractères bien différents de ceux de la respi- ration des plantes ordinaires ; ces caractères différentiels dispa- raissent complètement en même temps que ces acides, de sorte qu'une pomme dans laquelle on ne constate plus qu'une faible acidité respire comme une plante ordinaire. 5° Fnfluence de la section sur la respiration des pommes. Sa comparaison avec l'influence de la température. — L'augmen- tation de l'intensité respiratoire des porames avec la tempé- rature, est la manifestation d’un accroissement de l’activité vitale des cellules, activité qui devient telle que les pommes utilisent les acides pour leur respiration; il en résulte un quotient respiratoire supérieur à l'unité. Or l’aclivité vitale des plantes est également accrue par les blessures, comme le prouve la formation rapide de issu eicatriciel et de bour- _geons dans les régions blessées. En sectionnant les pommes, nous pouvons donc espérer augmenter leur aclivilé vitale; par suite, si elles contiennent des acides, ils seront oxydés et le quotient pourra devenir supérieur à l'unité, même à une température où, dans un fruit entier, il est in- férieur. 70 €. GERBER. Ces considérations nous font prévoir aussi que la section déterminera dans les pommes, qu'elles contiennent ou non des acides, une augmentation de l'intensité respiratoire ; mais on ne devra constater en oulre une augmentaüon du quotient respiratoire que dans les fruits qui contiendront une notable proportion d'acides. Nous sommes donc amené à étudier l'influence des bles- sures et en particulier de la section sur la respiration des pommes : a. Quand elles contiennent des acides; b. Quand les acides ont disparu. a. Pommes contenant des acides. — À une température élevée, 33° par exemple, la série des valeurs successives présentées par le quotient dans les pommes contenant des acides peut être représentée par une courbe à deux bran- ches, la première, ascendante, correspond à des valeurs du quolient croissantes jusqu à une valeur maxima, qui n’est atteinte qu'au bout d’un cerlain temps; la seconde, descen- dante, part de celle-ci et représente les valeurs décrois- santes trouvées jusqu'à la fin de l'expérience. Nous nous placerons donc dans les conditions les plus favorables pour constater si la section augmente le quotient respiratoire, en ne faisant l'expérience que pendant la deuxième période. Une pomme reinette grise (tableau 13), mise le 18 oclo- 2 bre à 33°, a présenté, pour , les valeurs successives 1,14: (8) (9) 1,37; 1,60; 1,47; elle à ensuite été, le 21 octobre, partagée en # quartiers dont l'atmosphère interne à été renouvelée en diminuant, à plusieurs reprises, la pression; puis les surfaces de section ont'élé essuyées légèrement avec du papier buvard et la pomme, ainsi préparée, a été placée à la température de 35°. Immédiatement le quotient a passé de 1,47 à 2,45. Celte augmentation considérable ne peut être attribuée qu’au sec- lionnement, puisque la température n’a pas varié el que, dans ces conditions, le quotient qu’aurail fourni la pomme MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 71 entière eùt élé fatalement inférieur à 1,47, ainsi que le dé- montre l'examen des 10 premiers tableaux. On pourrait croire que cette augmentation étonnante est due à la simple production d’un excès de gaz carbonique, ce qui revient à dire qu’il y aurail fermentation : il n’en est rien. Non seulement, en effet, on ne constate pas la production d'alcool, mais la quantité d'oxygène absorbé est beaucoup plus considérable après le partage qu'avant, comme l’établis- sent les deux analyses faites le 21 octobre : Avant le sectionnement : CO2:27,68; O:19,27; = 1,87 après le sectionnement : CO2:111,66: 0:45,87: 24 Donc : La section d'une pomme faite à une lempérature où la pomme entière offre la respiration caractéristique des acides augmente encore son activité vitale et par suite accroît l'inten- suté des échanges gazeux ainsi que le quotient respiratoire. Le seclionnement produit donc la même ercuation que l'augmentation de la température sur l'activité protoplasmique ; il en résulte une combustion beaucoup plus active des acides : ceux-ci d'ailleurs existent en quantité notable dans la pomme que nous étudions (95,19). Cette suractivité protoplasmique produite par le seclion- nement s’affaiblit rapidement. Au bout de quatre heures on voit le quotient tomber à 1,29 ; au bout de neuf heures, à 1,09, el entre la dixième et la vingtième heure 1l est de- venu 1,04. Quant à l'intensité des échanges gazeux, elle di- minue aussi au fur et à mesure que la section devient moins récente; mais cette diminution est beaucoup plus faible que celle du quotient et bientôt elle fait place à une légère augmentation, tandis que la surface de seclion brunit. Celte augmentation secondaire, semblable à celle que nous avons signalée pour les pommes du Canada entières, F2 €. GERBER. à la fin des tableaux 5, 6, 8, doit avoir la même origine. Étant donné le mode d'action identique de l'augmentation de la température et du seclionnement, nous nous sommes proposé de rechercher si, dans les pommes contenant des acides, la section ne détermine pas l'apparition du quotient supérieur à l'unité, à une température assez basse pour que le quotient du fruit entier soit plus petit que lunité. Après avoir soumis (tableau 14), du 3 au 27 octobre, une pomme à diverses températures, pour comparer les varia- Lions de l'intensité respiratoire et du quotient sous l'influence de la chaleur, à celles que la section produira, nous l'avons partagée en huitquartiers. Trois de ces quartiers, de mêmes dimensions, voisins les uns des autres et présentant les mêmes caractères de maturation, sont analysés à diverses époques. L'un d'eux, analysé aussitôt après le sectionnement, accuse la présence de 85,664 d'acide malique ; les sept autres quarliers sont placés à 16°, lempéralure que la pomme en- tière présentait au moment du partage. Le 27 octobre, tandis que, immédiatement avant le section- nemen{, on avail : C02:40,27; (OS A1G0L; 0,94 huit heures après on trouve : 2 02729750 200 . — 191 Il y a done, à 16°, sous l'influence du sectionnement, augmentalion considérable de l'intensité des échanges gazeux, et le quotient respiratoire, d’inférieur à l'unité, devient supérieur. Ces nombres obtenus avec la pomme seclionnée sont presque aussi forts que ceux fournis par la respiration de cette pomme entière placée à 30°; le 5 octobre, en effet, à 30° nous notons : C0? :931:75::10.:19,95; «=> —=14;65 MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 13 Mais la similitude d'action d’une température élevée et du sectionnement à basse température se poursuit plus loin. Le quolient fourni à 16° par la pomme seclionnée baisse rapidement, de même que celui fourni par une pomme entière soumise à l’action prolongée de la chaleur; le 29 octobre, il n'est plus que 0,92. À ce moment, un deuxième quarlier ana- Iysé donne : acide malique 65,90, accusant ainsi nettement une diminution de la quantité d'acides. Si maintenant cette pomme sectionnée qui, à 16°, ne pré- sente plus un quotient supérieur à l'unité, est portée à 33°, celui-ci reparaît en même temps que l'intensité respiraloire augmente encore, comme l’indiquent les chiffres suivants : 29%0octobre,- 33° : | CO2: 64,22: 0:61,75; —2 — 1,04 Puis les jours suivants, maintenue à cette température, la pomme reprend un quotient inférieur à l'unité ; mais celui-ci augmente encore une fois quand on porte la température à 38°. Le 30 octobre, en effet, à cette dernière température On à : CO? COTE OLA 11: 0 {14 Le 1° novembre, la pomme ramenée à 16° ne donne plus qu’un quolient très inférieur à l'unité (0,87), et l'analyse du iroisième quartier donne : acide malique 5,84, indiquant une seconde diminution des acides. Les résultats de celte expérience nous permettent de for- muler la proposition suivante : La section produit sur les pommes possédant des acides le même effet que l’augmentation de la température, c’est- à-dire : 1° Au début, augmentation considérable de l'intensité des échanges gazeux et du quotient respiratoire ; 2° Ensuile, diminution graduelle du quotient respiratoire € C6°Sy 99*6 as dl LS°YY 88°LS OS'£ o££ 60°T 698€ | 8rer | &6'€ 066 |°°°’"91{0990 73 || SY°e LS'Gr. | 99fTEF | 86‘& o£E _. 0 : *99UU01199$ AUTO 09° F9°GI GY°TE | O0‘FF EE 6 e © «a 6 e . 0e e LA Ù e 67186 onbreu aproy — GILET |6rre | eos | oser | ee 9 ca a 6 “EC re 6 es se 6 6 6 € : En Lisp LP 2Cor |PS89%c | OGéer | re 9440190 FC [| YF HF 6% FC 6% VC 00 6 06e … *2°9 °0"9. ‘u 059 78e) ‘u sn Œ ‘9149UU9 AWUOT (® | “omou 484 70 *Sopy td) -gonaruaa "ASATVNY, ‘o4noy 4ed Jo ‘op avd| ‘yoxaruga O0 a ——" =XA TT “an (@) DC Un. 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MATURATION 88"0 Q1"ec | 1967 | gt‘ o9F ÿ8'a38 ‘°°° "onbiyew oproy ee oh) U0I Yr'19 | #19 | 80% o£E L8‘o | £e‘o | 69°Lr | 8r'9r o9F |'‘OIQUOAOU 57 || 10°T SL'I9 cer) | sg'û o££ L6'0-.| 76 60 | co'ee | 89'8 bb Di Te 06x89 °°°" onbrjeu 9proy OO | 07 6e | co‘8r | 00‘Er DOeT ee pe C6 0 LOSSY LÆT-LE 00 6s 097 GP VC EI FL. 47961) “c0te 08 Ne 0al C0 8087 | €£9'8r | CL'er 097 80‘ | 0999 | #8‘rL | 00°S 086 |°°’""2140790 O6 || FH LS‘6r | Sg'6e | 818 097 "aguUu01799$ AUUOA 399":38 ‘°° ‘’onbqeu oproy RU ne Le O0 89'L 8£'8 0S°T6 008 66-0 | #0'FF. | LEON. | 80'6c o9F A te GS'6r LOVE | SEL 00€ 60 | 682 09'& OG&LI | 00 ENS 3.-6c POI elG6r | Srce | 268€ o0£ 060 | c6‘a 9° 00'EFS | oO °*°:"0414{0790 8F |] 80‘7 0G'6r | 90°1& | S8'es oÛ£ ae ae : ox 1e “ *9491JU9 9WWUO04 a a oh q VUHANAL Ai à due a P |-VYHanaL RERO NE EP PE SR LPO TS AE ER EIES SEIGR SRE TES 0) Aya *LO‘asLG INVSAd LA AUAOLIO 19F HT HITTIHNO ANNO4 + AVSIAVL ‘Sos1if soyjoutox sowmod sop uotjueridsor e[ Ans U01)29$ EI 9p SJU9NIIUT 70 C. GERBER. due à ce que la quantité d'acides diminue de plus en plus, et di- minution beaucoup plus lente de l'intensité des échanges gazeux. On comprend qu’en soumettant simultanément une pomme contenant une forte proportion d'acides, à l’influence d’une température élevée et à celle du sectionnement, les effets résullant de ces deux actions s’ajouteront et on obliendra, comme pour la pomme du tableau 13, un quotient très élevé (2,45). Tandis que les deux expériences précédentes ont été faites sur des pommes très riches en acides, les deux suivantes, effectuées comme celles du tableau 14, à une température inférieure à la température nécessaire pour l'apparition du quotient supérieur à l'unité, ont porté sur des fruits conte- nant une quantité bien moindre d'acides, mais cependant encore relativement forte. Dansla première une pomme reinette grise, cueillhie le 1° oc- tobre et pesant 895,55, a été abandonnée pendant trois semai- 2 (8) plus petit que l’unité; c’est ainsi que le 24 octobre, Les chif- fres caractérisant sa respiration élaient : nes à 16° et, pendant tout ce temps, a fourniun rapport C0? C0?:16,40; O:11,43; “où — 0,91 Elle est divisée ce jour même en quatre quartiers dont l'un accuse à l’analyse 56,60 d’acides, tandis que les trois autres, placés à 16°, donnent : le 24 octobre, 7 heures après le sectionnement : 2 0027928175; 110 :207#07 = le 25 octobre, 23 heures après le sectionnement: 2 CO2:17,96: 0:16,53: _ — 1,08 le 26 octobre, 45 heures après le sectionnement : 2 COLA 6 TO AE ET À — 0,06 PT CHARNUS. DES FRUITS MATURATION 66‘0 cc‘ 9r 90°9# 80‘8 o£E À — 00 1280 &c 61 &L'9r 86‘0 96°C 06‘1S | OST o££ **‘aIquoAou 88 || EST CS° ya 68°9& Pr me ge Les ei "9gUU01799$ AUOT LC 8€ anbreu 9proy |‘ oxquoaou ç3 || 160 | So‘or | Sr'6 929 ns) "J19U9 IWWOT “aanou avd Jo *S0fr{ ed | -apxaruaa *ASAIVNV 1 “oanou 4ed 79 ‘Sont ad Oh I — a =X4 71 ‘HMAL _ 0 ET ES. 0) ‘JATOsuv AOVO4 A -VUHGNAL 09 ‘AUUOSAV Y9VOYA (® z09 atHNq HLVC 0 209 99'€F QE 00°6 à | 869 | o8f 4 "TONAIUIA -X4,7 “AN L |-vyganaL aan "HSAIVNV T ‘* 91QU9AOU 98 °‘9lqiu9AOU CZ dLVA “AHANTAON CS AV NÜSNT 08F V AASSIVT LA LE‘ 1890 LNVSHd ‘HUAOLOO 409$ AT HITTIINO ASIU9 ALLANTAU HNRNOd "Sy AVATAVEL ‘sowuuwod sop uoreztdser tj ANS U01)99$ E[ 9p 9JUaNJUI GERBER. €. 18 oo EE EEE €0‘} | FU YF | 9€"C7 | 00‘0r LE ee CG 10°F F9°TC 07‘ #8 ec'‘er o££ M — LG || ‘juowo4dosor jiuuaq ‘eç-onbsnf OUOULI ‘UO199S 9p 998Jans vT 10‘I €8 6 | ge‘as c8'6 OUR —. 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(9) C0: 9/15: 207 10:05: 0:04 25 novembre, après le sectionnement : C02:26,89: 0: 21,86: _ 1 99 Ce n’est pas seulement aux tempéralures inférieures, où les fruits entiers ne manifestent pas la respiralion caracté- ristique des acides, que l'augmentation de l'intensité et du quolent respiratoire produite par le sectionnement des pom- mes est d'autant plus faible que la quantité d'acides est elle- même plus faible. À 33°, on observe les mêmes faits et pour s’en rendre compte, il suffit de comparer les résultats du ta- bleau 13, dont nous avons déjà parlé, avec ceux dutableau 16, fournis par une pomme du canada. Cette dernière ne con- lent que 25,553 d'acides et a donné les résullats suivants : 24 décembre, 33°, avant le sectionnement : 2 CO 2000 Or AT 91: _ 110 25 décembre, 33°, après le sectionnement : CO? (9) C02:52,03: 170: 30,65; a Le quotient respiratoire n’a augmenté dans cette pomme 80 C. GERBER. que du cinquième de sa valeur, tandis que dans la pomme du tableau 13, en passant de 1,47à 2,45, il a augmenté des deux tiers, alors que l’analyse accusait 95,19 d'acides, c’est-à-dire environ trois fois plus que dans le dernier fruit. Le tableau 16 renferme encore les chiffres de [a respiration suivie pendant plusieurs jours après le sectionnement de la pomme que nous venons d'étudier ; l'examen de ces chiffres montre que le quotient respiraloire et l'intensité des échanges gazeux ont subi les variatious que nous avons déjà signalées plu- sieurs fois et sur lesquelles nous ne reviendrons pas. b. Pommes ne contenant plus d'acides. — Si long que soit le temps pendant lequel nous avons suivi la maturation en atmosphère confinée des pommes détachées de l'arbre, quelle que soit la température à laquelle nous les avons portées, quelque tardive que soit aussi l’époque à laquelle nous ayons séparé ces pommes de l'arbre, nous avons tou- jours constaté la persistance d’une certaine acidité qui, évaluée en acide malique, représente environ i gramme par kilogramme de fruit; mais, réduits à ces faibles proportions, les acides n'influent plus du tout sur le quolientrespiratoire des pommes enlières; nous pouvons donc considérer ces fruits comme dépourvus d'acides et conserver le titre de ce chapitre. La pomme grise du tableau 2 a été placée à 30°, puis à 33°, du 26 août au 21 octobre, date à laquelle nous l'avons par- lagée en quatre quartiers, dont un, analysé, accuse 18°,50 d'acides, alors que les trois autres sont immédiatement re- placés à 33° el donnent alors pour leur respiration Les chif- lres suivants : 21 octobre, avant le sectionnement : CO 20 DE A0 Ge — 0,93 22 octobre, après le sectionnement : CO?:33,61; 0:36,1#; MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 81 On voit donc qu aux températures élevées : 33° par exem- ple, le sectionnement ne modifie aucunement le quotient respiratoire des pommes dépourvues d'acides, qui reste in- férieur à l'unité; au contraire, cette opération augmente l'intensité des échanges gazeux. La pomme du tableau 3, qui est restée du 1° octobre au 23 novembre à 33° et ne possède plus alors que 15,65 d’aci- des, se comporte comme la précédente : 23 novembre : pomme intacte, 35° : co? 0 602-1573 0% 17,05; — 0,89 25 novembre : pomme sectionnée, 33°: 2 002:35,25:20;7:39,62; _ — 0,89 Continuons à observer la respiration des quartiers de cette pomme les jours suivants ; nous trouvons : 26 novembre, 33° : CO? CO?:56,90; 0:58,06; ——0,98 27 novembre, 33° : C02:63,17; O:65,80; = 0,95 Le fait qui se détache de l’examen des trois dernières respirations, c'est que dans la marche de l'intensité des échanges gazeux, nous n'observons plus la période de diminulion qui avail été si nette avec les pommes contenant une grande quantité d'acides; aussitôt après le sectionnement apparail la seconde période, celle de l'augmentation con- tinue; en même temps, on observe que la section prend beaucoup plus rapidement une coloration rouge brun que celle des pommes acides ; il est par suite probable que chez les pommes le tannin est oxydé d'autant plus rapidement par la diastase oxydante que celles-ci sont plus mûres. 1 en résulte une augmentation de l'intensité respiratoire ANN. SC. NAT. BOT. IV, 6 82 C. GERBER. dont nous étudierons plus tard la véritable signification. Il est facile dé prouver que l’augmentation secondaire de l'intensité respiratoire des pommes acides et l’augmentalion primitive de celle des pommes dépourvues d’acides sont liées à la coloration du péricarpe de ces fruits. Pour cela, considérons la pomme du tableau 8 : elle pré- sentait à la fin de l’expérience une région inférieure rouge brun ; séparons celte dernière partie de celle qui est encore blanche et soumetlons à la température de 33° une même quantité de chacun de ces deux tissus, offrant l’une et l’autre la même surface de section, la même forme, le même volume. La partie rouge brun nous donne : 24 décembre, 33° : C02:31,23720:20/55: . 01 25 décembre, 33° : 2 CO0?:37,91; O:50,54; _ = 0,75 et la parlie blanche : 24 décembre, 33° : 2 CO? :21,09; 0:32,45; a. 25 décembre, 33° : : G02:1888:,"0;:2%,52; ee (274 tandis que la pomme entière, à la même température de 33°, donnait le 23 décembre : 2 CO 1% 810 OCE D = 0,00 et qu’elle ne contenait plus que 05,93 d'acides. On voit que les quantités de gaz carbonique et d'oxygène sont plus grandes dans la deuxième analyse que dans la pre- mière, pour la portion rouge brun; elles sont au contraire MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 83 plus petites pour la parlie blanche ; en outre, l'augmentation de lintensité des échanges gazeux est plus considérable aussitôt après le sectionnement, dans la partie qui brunit que dans la partie blanche; mais, à la longue, la surface de section de la portion blanche commence à se colorer et on constate alors l'augmentation secondaire des échanges gazeux, ainsi que le montre l’analyse suivante : 21 décembre 33°, partie blanche : GO: 33,59::.<-0::36,12; _ — 0,93 Toutes Les expériences que nous avons effectuées Jusqu'ici avec des pommes sectionnées dépourvues d'acides, ont été faites à 33° ; la suivante indique qu'aux basses températures, les résultats sont identiques. Une pomme du Canada a élé mise à 33°, du 4 octobre au 20 décembre ; les chiffres relalifs à sa respiration, pendant cette période de temps, ont été relevés dans le tableau 9 ; après avoir été placée le 20 décembre à 18°, elle a été divisée en cinq quartiers ; l’un a donné à l'analyse 15,04 d'acide malique, et les quatre autres ont été séparés en deux lots, soumis, le premier à 33°, le second à 18°; ils ont donné les _résullats suivants : 19 Expérience à 339. Quotient Etat de la pomme. Date. CO? dégagé. O absorbé. respiratoire ° . Pomme intacte..... 20 décembre. 9,38 10,30 0,91 Pomme sectionnée.. 23 — 38,72 39,92 0,97 — 24 — 33,18 35,08 0,93 29 Expérience à 18°. Pomme intacte..... 23 décembre. 4,58 5,15 0,87 Pomme sectionnée.. 2% — 114,16 12,54 0,89 _ 26 Da 9,75 11,74 0,83 On voit donc que, aux basses températures comme aux lem- pératures élevées, la section d'une pomme ne possédant plus d'acides, ne modifie pas le quotient respiratoire qui demeure in- 84 | C. GERBER. férieur à l'unité, mais elle augmente dans les deux cas les échanges gazeux. Si en outre on compare les chiffres fournis, à 18°, par la pomme seclionnée el ceux que la pomme entière avait donnés à 33°, on peut dire que : Pour les pommes dépourvues d'acides, le sectionnement pro- duit à basse température sur la respiration la même action que l'élévation de la température. Continuant dans l'expérience précédente, faite à 18°, à étudier la respiralion pendant un certain temps après le sec- tionnement, on obtient les chiffres suivants : _ 28 décembre : CO? COM SAS E OR 18708 g — 0,85 30 décembre : CO2:12,47: O:18,89: _ — 0,80 et la surface de section brunit. Ces chiffres nous montrent, comme toutes les expériences faites jusqu'ici, l’accroisse- ment secondaire de l'intensité des échanges gazeux due à la coloration de la surface de section. Pour résumer celte étude sur l'influence comparée du sectionnement et de l'augmentation de la température sur la respiration des pommes, nous dirons que : 1° Ces deux agents accroissent toujours l'intensité respira- toure, l'accroissement élant d'autant plus fort que les pommes possèdent plus d'acides ; 2° [ls n'élévent le quotient respiratoire au-dessus de l'unité que lorsque la quantité d'acides est supérieure & une certaine limile (environ 1 gramme d'acide malique pour 1000); cette augmentahon est d'autant plus considérable que les pommes sont plus acides ; 93° L'accroissement du quotient respiratoire par le sechionne- ment ou par l'élévation de la température est dû uniquement à l’oxydation des acides ; celle de l'intensité des échanges gazeux MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 85 est due non seulement à la combustion des acides, mais encore à une combustion plus rapide des hydrates de carbone. Si nous comparons ces conclusions à celles qui ont été émises par M. Stich à la fin de son travail sur l'influence des blessures sur la respiration des plantes (1), nous remar- quons des différences considérables. En effet, en sectionnant des pommes de terre et des bulbes de tulipe, M. Stich observe un fort abaissement du quotient respiratoire. Comme d’autres expériences de sectionnement lui avaient montré antérieurement un accroissement important de la quantité de gaz carbonique dégagé, 1l en conclut que : « Par les blessures, l'énergie respiratoire des végétaux supérieurs s'accroît considérablement et, notamment, de façon que la consommation de l'oxygène augmente plus que la production de l’acide carbonique. » En rapprochant les résultats de ses expériences de ceux que les pommes nous ont donnés, on oblient les tableaux L7set 18 : TABLEAU 17. — Expériences de Stich. Pommes de terre. Intactes nee . Blessées ses (®) 0 D 0,79 0,33 de ce 0,77 0,19 En 0,71 0,39 Bulbes de tulipe... 0,92 0,70 TABLEAU 18. — Expériences de l'auteur. pépins _. pommes intactes. pommes blessées. Quantité d'acides. 0 Se CA ES UT 2,45 92:19 dd 1,19 1,41 2,99 a 0,93 0,93 1,50 de ue 0,89 0,89 1,65 ee eee 0,99 0,97 1,0% Re 0,99 0,65 0,93 bre. é 0,94 4,01 8,66 HO ee 0,91 1,41 5,60 18. dec 0,91 4,23 . 3,94 Re Une ne 0,87 0,89 1,04 (1) Stich, Die Athmung der Pflanzen bei verminderter SauersRanTuns und bei Ver detzungen (Flora, janvier 1891). 86 C. GERBER. L'examen comparatif des deux tableaux montre que seules les pommes qui contiennent moins de 1 gramme pour 1000 d'acides donnent les mêmes résultats que les pommes de terre et les bulbes de tulipe de M. Stich; celles qui contien- nent des acides donnent des résullats différents, et cela d'autant plus que la quantité d’acides est plus forte, quelle que soit la température à laquelle l'expérience a été faite. Si les derniers chiffres de notre tableau confirment les recherches de M. Stich, iln’en est pas de même des études de M. Richard (1). Celui-ci a repris et complété Les expé- riences du premier auteur. Il lrouve que le sectionnement ne fait qu'’augmenter considérablement l'intensité respira- toire sans modifier le quotient. Nous nous garderons bien de prendre parti pour l’un ou pour l’autre de ces auteurs, car nos recherches, bien que limitées aux pommes, semblent donner raison pour quelques-unes d’entre elles tantôt à l’un, lantôt à l’autre. En comparant nos conclusions aux leurs, en effet, nous voyons que : Les quotients respiratoires des pommes acides sectionnées ne suivent ni les règles de M. Such, ni celles de M. Richard ; uls s'écartent d'autant moins de ces règles que l'acidité est plus faible; quand elle n'est plus que 15,5 environ pour 1000, le N(N2 rapport o subit aucune modification, 1 est donc conforme à ceux observés par M. Richard; enfin, quand l'acidité tombe au-dessous du millième, les quotients respiratoires suivent les lois de M. Shch, c'est-à-dire sont inférieurs à ceux de la pomme intacte. 6° Zielalions entre les acides et les sucres contenus dans les pommes. — Ïl ne nous resle plus, pour terminer l'étude des phénomènes de la maturation des pommes à l'obscurité, (1) D' H. M. Richard, Ueber die Steigerung der Athmung und der Wärme- production nach Verletzung lebensthätiger Pflanzen ; Berichte der mathema- tisch-physischen Classe der Künig. Sächs. Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig. Sitzung vom. 27 Juli 1896. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 87 qu'à exposer en quelques mots nos recherches relalives à la malière sucrée des fruits capable de réduire immédiate- ment ou après l’action des acides, la liqueur de Fehling. En se rapportant aux tableaux 6, 8, 9 des pommes du Canada, on remarque à la fin de chacun d'eux la composi- tion chimique présentée par ces fruits au moment où ils viennent d'être détachés de l'arbre. On y voit que la teneur en sucre qui, le 2 juillet, élait seulement 27,85 pour 1000, se trouve êlre 3,5 fois plus forte le 25 août (94,45), alors que de cette dernière date au 6 octobre, elle n’a subi qu'une faible augmentation et est de- venue 99,09 ; 1l en résulle que le sucre s’accumule en très grande abondance dans les pommes du Canada, pendant la période la plus chaude, en juillet et en août. Si, maintenant, nous relevons les quantités d'acides cor- respondantes, nous voyons que de 13,94 le 2 juillet, elle tombe à 9,8 le 25 août et ensuile diminue à peine jusqu’au 6 octobre, date à laquelle elle est encore représentée par le chiffre 9,2; c'est donc encore pendant les mois de juillet et d'août que la proportion des acides diminue le plus forte- ment, tandis que plus tard cette proportion ne varie pres- que plus ; elle peut même, dans les pommes grises, augmen- ter légèrement, comme l'indique la valeur de l'acidité inscrite au bas des tableaux 2 et3. Si l’on admet une composilion constante de la sève, la diminution considérable des acides en juillet et en août s'explique facilement, élant donnée l'influence de la chaleur sur l’oxydalion de ces acides. Mais il n’en est pas moins vrai que la coïncidence du maximum de diminution des acides avec le maximum d'augmentation des matières sucrées esl curieuse et digne d’être signalée. Nous sommes dès lors couduit à nous demander s'il n’existerait pas une certaine corrélation entre ces deux faits. D'ailleurs la comparaison que nous allons établir entre les quantités de sucre et d’amidon contenus dans les pom- mes grises, aux diverses phases de la maturation sur l'ar- 88 C. GERBER. bre, nous encourage à faire quelques recherches dans cesens. Si l’on examine les chiffres inscrits aux tableaux 1, 2, 3 : Total des hydrates Amidon Sucres de carbone Date (en glucose). (en glucose). (en glucose). 4 juilleh.c 23 48,62 74,62 DD apte 0 26 73,61 119,61 GJoCtobre. 7 en 43 90,65 125,65 on voit que la quanlité d’amidon augmente du 4 juillet au 31 août, pour diminuer ensuite, tandis que la quantité de sucre et la quantité totale des hydrates de carbone s'accroît constamment ; 1l en résulte que du 29 août au 6 octobre la quantité des sucres augmente plus que celle de l'amidon ne diminue. Si donc, comme tout à l'heure, on attribue à la sève une composition constante, les changements chimiques qui se seront passés dans les hydrates de carbone que les fruits contiennent ne seront pas les mêmes du 31 août au 6 octo- bre que du 4 juillet au 31 août ; il est certain qu’on ne pourra pas expliquer l'augmentation du sucre uniquement par la transformalion de l’amidon. M. Lindet avail déjà signalé ce fait pour la pomme à cidre. Étant données d'autre part les relations que nous avons établies entre la dimimulion des acides et l’augmentation des sucres, devons-nous alors sup- poser que les acides se transforment en sucre ? Non; car la raison qui déjà nous à conduit à ne donner qu'une impor- tance relative à la diminution de l'acidité pendant la matu- ration sur l'arbre, dans ses rapports avec l'intensité et le quotient respiratoire, subsiste ici, el nous interdit toute hypothèse sur l’origine probable des sucres. En un mot, l'absence de notions précises sur la composition exacte du suc fourni par l'arbre au fruit à diverses époques, ne nous permet pas de voir une corrélation dans la coïncidence des deux faits, diminution de l'acidité, augmentation des sucres. Aussi, allons-nous essayer de chercher des renseignements plus précis dans l’étude de la maturation complémentaire; mais, hâtons-nous de le dire, ces recherches sont bien loin MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 89 de présenter la rigueur et la valeur d’une démonstration. Considérons les trois pommes #, 4, c, cueillies le 2 oc- tobre et qui nous ont déjà permis d'établir la relation exis- tant entre l'acidité et la valeur du quotient respiratoire. Nous savons que ces trois pommes, présentant le même poids et les mêmes caractères de maturation, ont été mises le 3 octobre à 33°. La pomme c a été analysée après avoir fourni le quotient d'acide maximum ; la pomme 4 a été ana- lysée le 20 octobre, quand le quotient est devenu inférieur à l'unité, et la pomme a le 23 novembre, c’est-à-dire longtemps après que le quotient respiratoire a pris cette dernière valeur. Les trois analyses donnent les résultats suivants : Amidon Sucres Date de l'analyse. Acide malique. (en glucose). (en glucose). Gfoctobre 25. 00 9,285 43 90,65 RD 0 ec. 1,89 25 115,17 2SLnOVEMPTE. >... : 1,65 1 125,40 Si nous ne comparons que les deux analyses du 6 octo- bre et du 23 novembre au point de vue de l’amidon et du sucre, nous voyons que l’amidon a diminué de 42 grammes, tandis que la malière sucrée a augmenté de 344,75; la di- minulion de l’amidon étant supérieure à l’augmentalion du sucre, l’on est porté à dire que l’amidon a fourni la totalité du sucre supplémentaire ; mais cette allégation suppose que pendant tout ce temps les réactions produites dans le fruit ont été les mêmes; or cela n'est pas probable, puisque du 6 au 20 octobre le quotient respiraloire est supérieur à l’u- nité, et du 20 octobre au 23 novembre il est au contraire plus pelit que 1 ; voyons donc les résultats que nous oblien- drons en comparant successivement chacune des deux ana- lyses extrèmes à l’analyse du 20 octobre. En rapprochant les chiffres des analyses du 20 octobre et du 23 novembre, on trouve qu’il a disparu 08,24 d'acides seulement et 24 grammes d’amidon, tandis que le sucre a augmenté de 108,23. Il en résulte que pendant cette seconde 90 C. GERBER. période les acides n'ont pas été brûlés ; l’amidon a donné du sucre et une portion de celui-ei a été détruit pour produire le gaz carbonique de la respiration. Si maintenant, on compare les résullats des analyses du 6 à ceux du 20 octobre, on voit qu’il a disparu 18 grammes seulement d'amidon alors qu'il s’est formé 245,52 de sucre; même en admettant que l’amidon se soit complètement transformé en sucre et qu'aucune parcelle de celui-ci n'ait été ulilisée pour la respiration, il resterait à expliquer l’ori- gine de 68°,52 de ce sucre qui ne peuvent pas provenir de l’amidon. Or, les acides ont diminué pendant ce même temps de 76,395; cette diminution peut expliquer la formation des 68,952 de sucre. Ces observations nous permettent donc de dire : Lors de la maturation après séparation de l'arbre, à une température élevée, pendant la période où le quotient respira- toire est inférieur à l'unité, la quantité d'amidon disparue est suffisante pour expliquer l'augmentation de la quantité de sucre; elle ne l'est plus du tout pendant la période où le quo- hient respiratotre est supérieur à l'unité pour expliquer l'aug- mentalñion de la quantité du sucre constatée alors ; à cetle épo- que la quantité d'acides qui disparait est supérieure à l'excès de la quantité de sucre formé sur celle de l’amidon disparu. Aussi peut-on croire qu'une partie des acides se soit transformée en sucre. Nous n émetlons cette dernière hypothèse qu'avec les plus grandes réserves, étant donné qu'il existe dans les fruits un certain nombre de substances dont le dosage est difficile et qui pourraient être l’origine de cet excès de sucre {rouvé. Toutes les expériences sur la maturation complémentaire faites jusqu'ici, nous ont conduit à admettre une augmenta- üon continue du sucre; mais si nous laissons cette matura- tion se continuer un cerlain temps après que l’amidon et les acides auront disparu, on constatera que le sucre diminue. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 91 Dans l'expérience rapportée au tableau 8, où la pomme est restée pendant quatre mois à 30°, puis à 33°, cette diminulion a été si forte que non seulement tout le sucre formé pendant la première partie de la maturation après séparation de l'arbre a disparu, mais qu'une partie du sucre qui existait au moment de la séparation de l'arbre a aussi été brülée; le 23 décembre, l'analyse accuse en effet 908,07 de sucre, tan- dis que le 31 août on trouvait 95£°,45. 1° Relations entre les sucres non réducteurs et les sucres ré- ducteurs des pommes. — Les résultats des analyses inscrits au bas des dix premiers tableaux montrent {ce que Buignet (1) et Lindet (2) ont déjà établi) que le sucre fermenteseible des pommes est formé de sucres réducteurs el de sucres non réducteurs. De l'examen de ces chiffres, nous ne pouvons déduire aucune relation bien nette entre le rapport du sucre réduc- teur à la totalité des matières sucrées, et la quantité d'ami- don ou des acides. Le seul fait à noter est l'augmentation de ce rapport de juillet au mois d'août (mois les plus chauds) et sa diminution d'août à octobre. Enfin signalons, pour lerminer, la transformalion rapide du saccharose en sucre réducteur pendant la maturation en atmosphère confinée ; c’est ainsi qu’en un mois et demi, le rapport du glucose au sucre lotal passe, pour la pomme grise du tableau 3 de 05,59 à 08°,88 et que dans l’espace de deux mois et demi, le rapport s’est élevé pour les pommes du Canada du tableau 9 de 0,59 à 1. On voit donc que l’aug- _ mentation de la matière sucrée au cours de fa maturalion après séparation de lParbre est due au sucre réducteur, et si l'on admet que l’amidon ou les acides, ou bien l’une et l’au- tre catégorie de substances produisent la matière sucrée des fruits aussi bien pendant la maturation sur l'arbre que pen- dant la maturation hors de l'arbre, le processus de celte transformation doit êlre bien différent dans les deux cas, F1) Loc. cit. (2) Loc. cit. 09 €. GERBER. puisque, d’un côté, il aboutit à la formation d’un mélange de sucres non réducteurs et de sucres réducteurs,et, de l’autre, uniquement à du sucre réducteur. Îlest vrai qu'il est possible que, dans les deux cas, amidon etacides fournissent des sucres non réducteurs et que ceux-ci deviennent plus rapidement réducteurs par hydratation dans la maturation après sépa- ralion de l'arbre que dans la maturation sur la plante. NÉCESSITÉ D'ÉTENDRE LES RECHERCHES PRÉCÉDENTES A D'AUTRES FRUITS ACIDES. Nous venons de voir que l’acide prédominant des pom- mes : l’acide malique, imprime aux divers phénomènes qui se produisent pendant la maturation de ces fruits des carac- tères particuliers. Or les acides tartrique et citrique sont, avec l’acide malique, les acides que l’on rencontre le plus fréquemment dans les fruits; nous devons donc rechercher si ces deux acides déterminent dans la respiration les mêmes phénomènes spéciaux que l'acide malique et, par suite, s’il nous est permis de généraliser les conclusions que nous avons émises au sujet des pommes. Nous prendrons les raisins comme types de fruits conte- nant de l'acide tartrique, les baies d’Aurantiacées comme types de fruits contenant de l’acide citrique. Nous avons été dirigé, dans le choix de ces fruits, par le désir d'éliminer, autant que possible, lamidon, dont la pré- sence dans les pommes nous a obligé à employer un certain nombre d’arlifices d'expériences, afin de dégager nettement Les particularités qui, dans les phénomènes constatés, étaient dus réellement aux acides. | B. — Maturation des raisins. Bien que les raisins présentent sur les pommes l'avantage de ne contenir qu’une quantité très faible d’amidon, l'étude de leur respiralion ne laisse pas que de présenter des diffi- cullés que nous n'avons pas rencontrées dans celle des MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 93 pommes. Un exemple va nous permettre de juger de suite l'importance et la nature de ces difficultés. Le 4 septembre, une baie de raisin cueillie sur un plant américain et pesant 15,10 à été placée, à 30°, dans ure atmosphère confinée ; elle a donné les chiffres suivants pour sa respiration : CO? 0 CO 0Ss MMOTASEONTS : —= 0,96 Ce raisin étant très acide, nous nous attendions à consta- ter un quotient supérieur à l'unité, par analogie avec ce que nous avions constaté chez les pommes. Le résultat contraire que nous avons obtenu tendrait à faire croire que l'acide tartrique ne se comporle pas comme l'acide malique. Mais examinons de plus près ce raisin. On peut séparer trois graines pesant 05,11 d'un péricarpe du poids de 05',99 ; les graines ne possédant pas d’acides doivent avoir un quo- tient inférieur à l’unité; 1] suffirait donc que leur intensité respiratoire fût très forte et leur quotient très faible pour masquer complètement le quotient supérieur à l'unité du pé- 3 A ricarpe acide et donner au rapport D. de la baie entière, la valeur 0,96 inférieure à l'unité, valeur que nous avons constatée. Comme :l est facile de séparer ces graines du péricarpe sans les blesser, leur respiralion ne sera probable- ment pas beaucoup modifiée, du moins quant au quotient respiratoire, puisque ces graines ne contiennent pas d'acides ; par suite, on pourra, en comparant leur respiralion à celle de la baie entière, voir ce que doit être la respiration du pé- ricarpe à 30°. Les graines donnent à cette lempérature les résultats suivants : | CO2: 45029: O:790,46; 0 87 Leur respiration est donc à peu près deux fois plus intense et le quotient deux fois plus faible que ceux du fruit entier. Si l'on remarque que ces graines représentent la dixième 94 C. GERBER, partie du fruit, on voit que, puisque le quolient total est 0,96, celui du péricarpe doit être bien supérieur à l'unité. S'il nous est impossible de vérifier directement cette déduc- tion, nous pouvons cependant trouver une preuve indirecte de son exaclitude dans l'étude de la respiration du péricarpe sectionné. | Cette respiration est représentée par les chiffres : CO? : 966,68; 0:520,926; —— —1,85 Ce quotient notablement supérieur à l’unité et l’augmen- tation de l'intensité respiraloire indiquent que le sectionne- ment produit ici le même effet que sur les pommes. Or, pour ces dernières, nous avons vu que le seclionnement à la même influence qu'une température élevée ; par analogie, il doit en être ainsi également dans les raisins et, par suite, le quotient respiratoire du péricarpe, à 30°, doit êlre supérieur à l'unité. | Comme presque tous les raisins contiennent des graines, l’action de l'acide tartrique sur le quotient respiratoire est plus ou moins masquée. Heureusement 1l existe quelques variétés où les graines avortent. Nous les utiliserons pour rechercher les relations existant entre l'intensité ainsi que le quotient respiratoire d’une partet, de l’autre, la maturation sur l’arbre, la matu- ration après séparation du cep, l'augmentation de la tempé- rature et le sectionnement. Après avoir vérifié chacune de ces relations, nous expéri- menterons successivement sur des variétés de raisins dans lesquelles le rapport entre le poids des graines et celui du péricarpe ira en croissant et nous constaterons les modifi- cations que produira l’augmentalion de ce rapport dans les relations étudiées plus haut. 1° Respiration des raisins dépourvus de graines, aux diverses phases de leur développement et de leur maturation sur le cep. — Le 15 septembre, nous avons placé à 30°, en almosphère MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 95 confinée, des raisins appartenant à deux variélés, la première (Sultanieh) dépourvue de graines, la seconde (Black maroco) ne possédant que des graines si peu développées (leur poids ne représente pas le centième du poids du fruit) que leur action sur la respiration peut être négligée. Ces baies de raisin ont élé détachées d'une même grappe el présentent des signes extérieurs indiquant différents degrés de maturation. Les résullats obtenus sont consignés dans le tableau 19 : TABLEAU 19. RESPIRATION A 90° DE RAISINS DÉPOURVUS DE GRAINES, I. Sultanieh. Teneur Poids Par kilogr. et par heure, pour 1000gr. du Aspect A —— — 02 en raisin. extérieur du fruit. CO2 dégagé. O absorbé. FD acide tartrique. ge (ru cc 9 0 Re Verts: ec. 58,48 43,32 1,35 10,20 D Verte. 54,72 40,84 1,34 8,50 1601 Jaune... 41,60 35,83 1,17 PRE IT, Black maroco. 1 2? Vertclair.. 2: 46,75 35,17 1,33 10,50 1,15 vert />rose.. 42,09 34,50 1,22 8,90 1,25 1/.vert?/.rose. 38,66 33,60 1,13 7,13 1,27 Violet clair... 36,45 32,90 1,41 3.20 1,338 Violet foncé... 35,05 34,58 1,14 4,65 Ce tableau montre que, pendant la maturation sur le cep, à une température élevée, 30° par exemple, la respiration des raisins présente les mêmes caractères que celle des pommes. Il se produit donc chez les raisins acides, dans ces conditions de tempéralure, une élévation du quotient respiratoire au-dessus de l'unité; ce quotient et l'intensité des échanges gazeux dimi- nuent avec les progrès de la maturation. 2 Influence des graines sur la respiration des raisins. — Les tableaux 20 et 21 ont été établis comme les précédents. Tandis que les baies qui ont servi aux expériences du tableau 20, possèdent des graines dont le poids est environ le cinquantième du poids total, les graines du tableau 21 représentent à peu près Le vingtième du poids du fruit. C. GERBER. 96 SMS L'URSS SL ES, hs À À 7 bd v si dnine À > Y | YSST| ose |67‘r| L6‘6P cL‘6e |18‘7129 0) 9862 L9‘0g HO‘OlRT'r| 68‘re | 092 |’ ‘ounerezr|'""1des ca 6 « « « « 60% « « @ |60‘o8e r| sega | gore |‘''""elo gl: "des € S9417 JI19A 5068] zr'ar |o‘e| 60e g8‘oz |r9‘ellez‘o) o6‘err | greg 60007) sofa | gofer |'°''auwro oz‘ ‘des € S91} J19A 661 Dee « « eg'e)| « « &_ |20‘O9eT| Lyre | g8fce |'‘ATUI0 MeAlcee| NOR KG « « u « « «« «« « « « FOI nee e IL°YSE re JITUTO 06‘G °° JNOP 0} uod un 349 « « « « «c « « « « «© |ILO‘T| -0 :122€: Di 1,02 Nous la divisons alors en trois parties : portion char- nue (7£,55), coque dure (68,50) et graine encore molle et translucide (18,92). Ces trois tissus, mis à respirer séparé- ment à la température de 30°, fournissent les quotients suivants : : Envéloppe“yerte. +... = — 0,88 a Coque se di Rene È = 0,85 2 Graine he. en, — 1,21 Les deux premières portions ne contiennent pas d'acides el, par suile, leur quotient n’a guère dû être influencé par la section ; la graine n'ayant pas élé blessée pendant la sépa- ration, on peut admettre qu’elle offre à peu près la même intensité respiratoire el le même quotient aussi bien en de- hors du péricarpe que dans l’intérieur de celui-ci; cette graine dégage CO? : 249,36 et absorbe O : 206%. Son intensité respiratoire est donc le double de celle de l’amande entière. Son poids étant le huilième du poids du fruit, on voit que sa respiration représente le quart de la respiration totale de celui-ci el que, par suite, grâce à son quotient très élevé (1,21), elle relève les quolients respira- Loires 0,88 et 0,85 du péricarpe, jusqu'au-dessus de l'unité. 126 €. GERBER., La graine ne contient aucun des acides citrique, malique, tartrique, mais renferme des corps gras. Or il résulle des ex- périences de M. Godlewski(1), et de celles de MM. Bonnicr et Mangin (2) sur la respiration des graines oléagineuses, que le quotient respiraloire des graines oléagineuses est très in- férieur à l'unité pendant la germinalion, alors que la quan- lilé des corps gras diminue et que celle des hydrates de carbone augmente comme l’a montré M. Leclerc du Sa- blon (3). De plus, ce dernier auteur a montré que pendant la formation des graines oléagineuses, la quantité de sucre diminue et celle des corps gras augmente (4). Il est donc probable que le quotient supérieur à l'unité (1,21) donné par la graine est dû à la transformation du sucre en corps gras plutôt qu’à la destruction de ceux-cr. Cetle hypothèse est d'autant plus plausible que les sucres contenant beaucoup plus d'oxygène que les acides gras, ne pourront se changer en ces derniers qu’en perdant de l’oxy- sène, probablement à l’élal de gaz carbonique ; celui-ci vien- dra s'ajouter au gaz carbonique produit pendant a respira- tion aux dépens de l’oxygène de l'air et 1l en résultera le quolient supérieur à l'unité observé. Nous n’insisterons pas plus longtemps sur ce sujet délicat de la formalion des corps gras el nous nous contenterons de dire que : Au voisinage de la maturité, les amandes, tout en ne conte- nant ni acide malique, ni acide tartrique, ni acide citrique, peu- vent présenter, grâce à la graine, un quotient respiratoire su- périeur à l'unité. Si nous considérons une amande plus Jeune que la précé- dente, nous conslaterons que ce fruit, dont la coque encore (1) Godlewski, Beiträge zur Kenntniss der Pflanzenathmung (Jahr. de Prmgs- heim, t. XIIL, Abth. 3). (2) G. Bonnier et L. Mangin, Recherches sur la respiration des tissus sans chlorophylle (Annales des Sc. naturelles, 6° série, t. XVIII, p. 293, 1884). (3) Leclerc du Sablon, Recherches sur la germination des graines oléagi- neuses (Revue générale de Botanique, t. VII, 4895, p. 165). (4) Id., ibid. db Rs te am, MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 127 molle et non lignifiée possède 6,60 d'acide malique par kilo- gramme, présente aussi à 30° un quotient supérieur à l'unité (1,07) qui dans ce second cas sera dû non seulement 2 2 CO O ? 0; à la graine — 1,26, mais encore à lacoque voilà pourquoi, bien que le quotient da péricarpe vert ne soit que 0,85 comme dans l’amande précédente, le quotient du fruit enlier est plus élevé que celui de cette amande. Avec une amande encore plus jeune, l'acidité de la coque est plus considérable (145,6), la graine est complètement transpa- rente et n’est pas encore le siège de l'élaboration des corps 2 < gras, aussi son quolient est-il inférieur à l'unité ce == 0,99 }: (8) 2 mais celui de la coque augmente beaucoup (5 — 1,50). de sorte que son influence l'emporte sur celle de la graine et ‘02 ; CO du péricarpe vert (= 0,86 pour ce dernier) et, par suite, le quotient du fruit entier est supérieur à l'unité (1,04). Les quotients 1,17 et 1,83 que nous avons obtenus avec des amandes si jeunes qu'il nous était impossible d’en sépa- rer les diverses régions, s’expliquent par le fait que l'in- fluence de la respiration de la coque acide sur celle du fruit est d'autant plus grande que ce fruit est plus jeune. Cepen- dant il arrive souvent que le rapport du poids de la coque à ceux de lagraine jeune et du péricarpe vert est si faible que, malgré l’acidité de cette coque, le quotient du fruit est infé- rieur à l'unité; c’est ainsi que le quotient d’une àmande jeune est seulement 0,99, ceux du péricarpe et de la graine élan! respectivement 0,88 et 0,97 alors que celui de la coque “est 1.70. _ Enfin, en nous adressant à une amande müre dont la coque complètement lignifiée ne possède plus d'acides et dont la graine est presque à l’état de vie ralentie, nous remar- quons que les quotients fournis, el par le fruit entier et par les trois régions isolées de ce fruit, sont inférieurs à l'unité. 198 €. GERBER. Nous pouvons résumer de la façon suivante celte étude de la respiration des amandes : a. Les amandes douces présentent souvent aux diverses pha- ses de leur développement un quotient supérieur à l'unité. Ce quotient est du : 1° À l'acidité de la coque, dans les fruits jeunes ; 2° À l'acidité de la coque et à la graine, dans les fruits ayant atteint à peu près la moitié de leur développement ; 3° Exclusivement à la graine dans les fruits voisins de la maturité. b. Le quotient supérieur à l'unité présenté par les graines des amandes douces semble être dû à la formation des corps gras. 2 Respiration des pêches (Prunus Persica). — Les deux caractères des amandes : graines oléagineuses offrant un quotient supérieur à l'unité, coque acide donnant également un quotient plus grand que l'unité, se retrouvent : le premier dans les pêches, le second dans les prunes ; mais on ne se doute nullement à première vue de leur existence, parce que le péricarpe de chacun de ces deux fruits est acide et offre un quotient supérieur à l’unité, de sorte que l’on s'étonne bien moins de rencontrer ce quotient dans la respiralion de ces deux fruits intacts que dans celle des amandes. C'est ainsi que des pêches cueillies à trois périodes succes- sives de leur développement et contenant une faible quantité d'acides (6 à 8 grammes d'acide malique par kilogramme), nous ont toujours présenté à la température de 30° un quotient légèrement supérieur à l'unité et peu différent dans les trois cas (1,05 à 1,07), bien que la respiration des graines ait subi pendant cette maturation des modifications considé- rables ainsi que le montrent les chiffres suivants : ; ; ; CO2 Date de l'analyse. CO02 dégagé. O absorbé. 0: oh juilet ne 286,60 196,20 1,43 L'LPAUUD nn NESPRE 186,80 196,70 0,95 MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 199 Ces chiffres montrent en effet que les graines jeunes (bien plus fréquemment que celles des amandes), offrent un quo- üent supérieur à l'unité, sans qu’elles contiennent d'acide tar- trique, d'acide malique ou d’acide citrique. À ce moment leur intensité respiratoire est considérable. Quand les pêches ont dépassé la moitié de la grosseur qu'elles auront défiuitivement (11 août) le quotient respira- toire des graines devient voisin de l’unité ; il a donc beau- coup diminué, mais l'intensité respiraloire est demeurée sensiblement la même. Enfin dans les pêches mûres (le 30 août), les graines pas- sent à l’état de vie ralentie, leur respiration est quatre à cinq fois plus faible et la quantité d'oxygène absorbée par elles dépasse de beaucoup la quantité de gaz carbonique dé- gagé. Comme le poids de ces graines est très faible par rap- port au poids du fruit (ia proportion est inférieure à … les variations de leur respiration qui, nous le voyons, sont très fortes n'influent en aucune façon sur la respiration du fruit entier. 3° Respiration des prunes (Prunus domestica) variété fausse reine-Claude. — On peut plus facilement déterminer l'in- iluence de la coque acide sur la respiration des prunes, va- riélé fausse reine-Claude entières du tableau 32. ; Ainsi en comparant les quotients fournis à 30° par les deux fruits étudiés le 30 mai et le 12 juin à ceux obtenus avec les péricarpes charnus sectionnés, on constate une augmenta- tion beaucoup plus faible que pour les pommes et les raisins possédant la même proportion d'acides. En effet le quotient respiratoire de la prune du 30 mai passe seulement de 1,13 à 1,22 etcelui de la prune du 12 juin, de 1,18 à 1,23, alors que les quotients des pommes et des raisins varient dans les mêmes conditions de 1,10 à 1,50 et à 1,60. La respiralion du péricarpe charnu semble donc insuffisante pour expliquer le quotient élevé du fruit entier. Nous sommes par suile amené à rechercher si la porlion interne fibreuse du péri- ANN. SC. NAT. BOT. IS e9 130 C. GERBER, TABLEAU 32. RESPIRATION A 30° DE PRUNES FAUSSE REINE-CLAUDE AUX DIVERSES PHASES DE LEUR DÉVELOPPEMENT. 30 12 25 10 22 28 DATES. MAL. JUIN. JUIN. |JUILLET.|JUILLET.|JUILLET. Fruit entier. Poids mn. Ger,15 8,05 | 348,35 | 468,85 | 45sr,55 | 678r,85 CDZdésagé re. 96c€,94 | 115,20 | 34ec,78 | 31,31 | 682,48 | 270,68 OAbsorbé 2 0e, SHC TON 07e TAN 0e 102 0672000052) PSS CO? Deere. 1,13 1,18 0,85 0,77 2,32 3,15 Vert sombre,| Vert, dur, Vert, | Vert un | Vert jaung-| Jaune, d peu clair, 4/2 mol L NSPDÉCL Se eme. ur, Non par- nou non dus aa le [2mol-| molie, fumée. parfumée. | parfumée. |parfumce.[le,perfumée| parlumée Péricarpe charnu. Poids 4er,37| 118,83 448,50 | 4387 ,70 | 65€" ,05 GOE désagé nes 164,10 | 176,70 53cc,33 | 582,24 | 54cc,04 O\absoPbé 0 + 134,50 | 143cc,60 500,46 | 430,19 | 37,53 CO? | ©. dé O0 ds dou 1,22 4,23 1,04 1,33 1,44 AcidesN API Le 03 Jon ga 108r,01 er 32 1/2 malique.\ ; Sucre réducteur ....| Traces. | 118,55 26e",01 165,88 DUCLE LOLAL CRUE 987,581 148,49 658,01 926:,81 Péricarpe ligneux. PONS ao noob 187477 48580 18,9 | 18r,70 | 257,40 CDAdécase verre 264,40 | 196cc,20 D PE 77 OfbSorDe En 229,90 460920 20,04 162,90") NEC A CO? oi RE NOTA LOU 1,17 1,16 0,85 Occ,37 0,51 Acidés or [ d4er,60 | 58,60 Graine. Poids. ee sr e 81,28 | 08,35 08,35 | 0%" ,15 | 05,40 CO? dégagé. 00. 298ce,70 | 199cc,00 37,40 | 50,42 | GC, 15 D'absOor DE RE 233€ ,40 | 280°c ,50 54,21 | 96cc,97 | 80c,96 CO? Dress. 0,98 OA DO UE ENT) 7 SCD EP NP SN PONS OV (NE EEE EN PCR pen Let ‘ue, MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 131 carpe ou la graine n'offriraient pas un quotient supérieur à l'unité. Le tableau 32 montre que seule la portion fibreuse dégage plus de gaz carbonique qu’elle n’absorbe d'oxygène. Le 30 mai etle 12 juin elle est acide, ferme, maisnon dure, 2 el présente à la première dale le rapport — 151%, à la 2 seconde, le rapport ne — 1,16. Quant à la prune étudiée le 1° juillet, elle offre un péricarpe fibreux complètement dur dépourvu d'acides et dont le quotient respiratoire est de- venu inférieur à l’unilé (0,85); comme celui de la graine l’est également (0,69), ilen résulteque les respirations de ces deux porlions du fruit l’emportent sur celle du péricarpe charnu acide. Par suite le fruit entier offre un quotient res- piratoire inférieur à l’unité (0,77), malgré la présence de 105,01 d'acides dans le péricarpe charnu. Nous passons pour le moment sous silence les respirations des prunes du 22 et du 28 juillet, ainsi que celle de la prune du tableau 32 bis, parce qu'elles appartiennent au type de fermentation que nous éludierons plus tard. TABLEAU 32 bis. RESPIRATION A 30° D’UNE PRUNE CUEILLIE. POIDS 34% ,39. DATE COULEUR Co? 0 Ju DÉGAGÉ ABSORBÉ CO? de et 0e RE I ) | L'ANALYSE. CONSISTANCE. par kilog. et par heure. 5 CC. cc. | 4er juillet... |Vert clair, dure, non parfumée! 34,78 40,92 | 0,85 | BU. > 33,90 32,30 1,05 te 7. |Gommence à se pariumer ..-|: 30,90 24,72 125 Peer, 28,31 21 ,45 1,32 NET 25,95 20,430 | 4,97 RO TAEE 24,26 18,66 | 1,30 Due cu peu jaunâtre, demi-molle,) ,: 66 15,94 j él très parfumée, \ : [Fes DO Ph oe.. 28,99 15,02 1,93 23 _ — de 38,21 18,73 2,04 1 RTE RTC NT der an à 39,83 | 16,59 | 2,40 | ..IJaune, molle, très parfumée.l 42,50 15,74 2,70 | 132 RESPIRATION A 30° DES ABRICOTS AUX DIFFÉRENTES PHASES DE LEUR MATURATION. DATE DE L'ANALYSE. CD dÉSAREr MAUR Oabsorbé:::7"1.:18) 2 [7 La GO désacé re OAbSorbé 47280 Sucres réducteurs... Totalité de sucres... Totalité des hydrates de carbone....... GO désasé.. PEL Oabsorpé. 20e CO? Poids L. mReNenU CO dÉSAgEPAEnE. O absorbé em 6. 0e ee + « 0e + « + © €. GERBER. TABLEAU 33. 22 MAI. 4° JUIN: ACT ARBRE. 76,30 140c,10 141,60 0,99 Der, 48 329cc 20 238,70 16,20 2350.30 267,30 0,88 O2r,62 208cc,80 233,50 0,89 23 MAI. 2 JUIN. 2e ARBRE. Fruit entier. 122r,30 90ce,71 88cc,92 1,02 3sr,38 180c°,70 164,30 1,10 Péricarpe charnu. 8,80 336cc,00 258,50 1,30 4sr,60 501cc,80 319cc,60 1,57 2487,59 Traces. 185,33 Péricarpe ligneux. 157,58 sr 84 223cc 40 398cc,50 ASE 433,20 0,79 0,92 Graine. 05,78 Osr,31 328,20 210cc,00 356,70 223cc,00 0,92 0,94 318,60 89cc,60 880,53 1,07 268r,83 161cc,00 128cc,80 248,90 108r,65 298,89 32er 94 98,95 182cc,00 215 10 0,85 187,82 346c60 35e, 40 0,97 RS De ini. 5 i- MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 133 4° Respiration des abricots (Prunus Armeniaca). — Pour terminer l'étude des perturbations apportées à la respiration des fruits acides par les tissus non acides, il ne nous reste plus qu'à envisager le cas des drupes dans lesquelles le noyau ainsi que les graines offrent un quotient inférieur à l'unité, et le mésocarpe charnu seul, un quotient supérieur à cetle va- leur. C’est le cas de la majorité des drupes des Rosacées et en particulier des abricots. On peut voir, d’après les deux premières colonnes du tableau 33, qu'à 30° le quotient du fruit entier est inférieur ou très peu supérieur à l’unilé bien que la quantité d’acides soit considérable, par suite de l'influence prépondérante de la respiration du noyau et de la graine. Cependant, dans certains abricots (colonnes 3 et 4) la respiration du mésocarpe charnu l'emporte sur celle du noyau et de la graine et le quotient du fruit devient supé- rieur à l'unité. CONCLUSIONS GÉNÉRALES SUR LA RESPIRATION DES FRUITS SUCRÉS ET ACIDES. Après avoir étudié les différents cas que présente la res- piration des fruits acides, nous pouvons résumer les résul- tats obtenus de la facon suivante : Les fruits acides offrent une respiration spéciale caractérisée principalement par l'existence d'un quotient respiratoire variant dans le même sens que la température et l'acidité et augmentant par le sectionnement. À. À une température suffisamment élevée, ce quotient peut- être : 1° plus grand que l'unité, 2 plus petit que cette valeur. 1° Quand la respiration des tissus acides du fruit l'emporte \{N2 A sur la respiration des tissus non acides, le rapport — est 0 supérieur à l'unité. Tel est le cas des raisins el des nèfles du Japon dépourvus de graines, des raisins & petiles graines, des grosses manda- 134 €. GERBER. rines el des oranges, aes amandes très jeunes, des prunes tant qu'elles ne sont pas par fumées. 2° Quand la respiration des tissus acides ne l'emporte pas sur celle des tissus non acides, le quotient respiratoire peut être : x. supérieur, B. inférieur à l'unité. 2 TE est plus grand que l'unité lorsque parmi les tissus non acides 1 s'en trouve (graines) qui contiennent des corps gras en voie de formation (amandes moyennes et presque adultes, pêches). 2 B. 0 est plus petit que l'unité quand on ne constate pas la formation de corps gras dans les tissus non acides (amandes adultes, pêches dyées, abricots). B. La température à laquelle les fruits acides prennent un quotient supérieur à l'unité varie avec la nature de l'acide ; elle est plus basse pour les fruits à acide malique (pommes) que pour ceux à acide tartrique (raisins) ou à acide citrique (fruits des Aurantiacées). C. Les tissus acides des fruits n'offrent un quotient supérieur à l'unité à une température élevée ou par le sechonnement qu'autant que leur acidité est supérieure à une certaine limite. Cette limite, très basse pour l'acide malique (pommes) est plus élevée pour les acides tartrique (raisins) et citrique (citron). COMPARAISON ENTRE LA RESPIRATION DES FRUITS ACIDES ET CELLE DES PLANTES GRASSES. Les recherches de Hugo de Mohl (1), de Gaudichaud (2), de Mayer (3), de Hugo de Vries (3 .),de Aubert (5), de Berg et (4) Hugo de Mobhl, Grundzüge der Anatomie und Physiologie, 1851. (2) Gaudichaud, Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XXVII, p. #. (3) Mayer, Ueber die Sauerstoffanscheidung einiger Crassulaceen (Land- wirthschaftl. Versuchs-Stationen, t. XXI, 1880). ; (4) Hugo de Vries, Ueber die Periodicität in Saüre-Gehalte der Fettpflanzen (Naturkunde, 3, Recks, Decl 1, Amsterdam, 1884). (5) E. Aubert, Turgescence el transpiration des plantes grasses (Annales. des sciences naturelles, 1892). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 135 Gerber (1), etc., ayant établi que les plantes grasses offrent une acidité assez considérable due principalement aux acides citrique, lartrique et malique, nous nous sommes demandé si ces plantes n’offriraient pas le même type de respiration que les fruits sucrés acides. Aussi avons-nous étudié l'Opuntia Ficus indica dont les raquettes et les fruits contiennent de l'acide malique, de sorte qu'il nous élail facile de comparer la respiration d’un fruit acide à celle d'une tige acide. Le 15 octobre, nous avons détaché de la plante mère une raquette du poids de 715,20, portant un fruit violacé de 115,65. Le fruit et la raquette mis isolément à respirer à la température de 35° nous ont fourni les chiffres suivants : R | 2. FACC 90 > ° f7cc ° C0? —— S dUelte. CO2: 74602095, 06700 80: 0 — 4,05 Frui 2. D4cc DK» e DNCC ‘ CO? Ra , PUIÉ nu nEe .n CO: : 21 329 3 0:25 As on 08 2 La tige offre donc un rapport — 1,05 plus grand que l'unité. On ne saurait considérer celle respiration comme anor- . male, car, à une température plus élevée (40°) l'intensité respiratoire augmente encore, ainsi d'ailleurs que le quo- tient : "(2 ce CO? : CO 70040: 07680017; 5 — 1:16 Or, on sait que, tant que la quantité d'oxygène absorbé augmente avec la température, on peut considérer la plante comme ne subissant aucune altération (2) el, par suite, sa respiralion comme normale. Nous avons donc le droit de conclure que la tige de l'Opuntia Ficus indica présente la respiralion caractéristique des fruits acides, d'autant plus | (1) A. Berg et C. Gerber, Acides des Mésembryanthémées (Revue générale de Botanique, 1896). (2) D'ailleurs cette raquette, après avoir été exposée pendant plusicurs jours aux températures de 35° et 40°, plantée le 2 novembre 1896, a con- tinué à croître, et à la fin d'avril 1897, c’est-à-dire plus de six mois après l'expérience, fructifiait. ed 136 €. GERBER. que l'intensité respiratoire et le quotient varient dans le même sens que la température, comme le montrent les chiffres suivants obtenus avec la même raquette: Par kilogr. et par heure. RE. ANS CO2 Date de l’analyse. Température. C0? dégagé. O absorbé. 0, 10 oclobre 0.20 35 71,29 67,89 4,05 16 0 40 79,78 68,77 1,16 AA RAS 33 43,15 44,19 0,89 4 a 20 Ye 9,45 0,79 CE en à 35 34,36 97,27 1,15 Je in ee 33 21,26 SA ,70 0,98 Rd 16 2,35 3,23 0,79 2 novembre....... 33 14,10 15,01 0,94 À l'encontre de la tige, le fruit nous a offert, à 35°, un quotient très inférieur à l'unité (0,84). Ce fait doit être altribué au nombre considérable de graines plongées dans la pulpe située au centre du fruit ; car, en plaçant isolément à la même température le péricarpe et les graines, nous 2 oblenons pour celui-là D = 121 el pour celles-ci CO? — — 0,67. () ; Des raquettes dont l'acidité était beaucoup plus faible que celle de la précédente, nous ont présenté des quotients qui, comme celui du fruit, n’ont jamais atteint l'unité; mais en faisant varier la lempérature, ces quotients variaient dans le même sens que cette dernière. Nous pouvons donc dire que la respiration de la tige d'Opuntia Ficus indica est la même que celle des fruits acides. Il n'existe aucune raison pour qu'il n'en soil pas de même de toutes les plantes grasses. Telle n'est pas l'opinion de M. Aubert {1). Cet auteur, dans son étude sur la respiration el l'assimilation desplantes grasses, n'admet pas que le quo- lient respiratoire puisse être supérieur à l'unité. [ dit, en (1) E. Aubert, Respiration et assimilation des plantes grasses (Revue géné- rale de Botanique, 1892, et Thèse de doctorat ès sciences, 1892, Paris, 22 partie, p. 61). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 137 effet, parlant des travaux de MM. Dehérainet Moissan (1)et(2): « D'accord avec ces deux savants sur la dépendance étroite du phénomène respiratoire avec la formation des acides végélaux, je ne saurais toutefois admettre comme ils A2 l'ont fait, que le rapport cor puisse dans la respiration nor- male, prendre des valeurs supérieures à l'unité » et plus loin : « L’élévation de la température provoque le dégage- ment d'acide carbonique aux dépens de l'acide malique et 2 C le rapport _ se rapproche de l’unilé sans le dépasser, tant que dure la respiration normale ». Mais si nous examinons les chiffres des analyses faites par M. Aubert, nous voyons qu’un certain nombre de plantes n'obéissent pas à celle loi. Ainsi, Euphorbia mamillaris et rhipsaloides, Triticum sativum, Sedum telephium, Opunta monacantha, présentent des quotients supérieurs à l’unité. Nous pouvons donc supposer que beaucoup d’autres quotients indiqués comme étant égaux à l'unité, auraient dépassé cette valeur, si la température avait été plusélevée, d'autant plus que les expériences de M. Mangin, de M. Warburg et de M. Purjewicz prouvent également que les feuilles con- tenant des acides donnent un quotient supérieur à l'unité. En effet, des feuilles de fusain injectées d’acide malique par M. Mangin (3) ont donné les quotients 1,22 et 1,97. Quant à M. Warburg (4), il a montré que les feuilles de Bryophyllum, sous l'influence de la chaleur, deviennent (1) P. Dehérain et H. Moissan, Recherches sur l'absorption d'oxygène et - l'émission d'acide carbonique par les plantes maintenues dans l'obscurité (Annales des sciences naturelles, 5° série, t. XIX, p. 321, 1874). (2) H. Moissan, Sur les volumes d'oxygène absorbé et d'acide carbonique émis dans la respiration végétale (Annales des sciences naturelles, 6° série, t. VIT, p- 292). (3) L. Mangin, Sur les modifications apportées dans les échanges gazeux normaux des plantes par la présence des acides organiques (Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. Il, p. 716, novembre 1889). (4) Warburg. Ueber die Bedentung der organischen Säuren für den Leben- sprozess der Pflanzen (speziell dersog. Fettpflanzen). Untersuch. aus. d. botan. Instit. zu Tübingen, t. II, p. 53-150. 138 €. GERBER. moins acides et augmentent le volume de l'atmosphère confinée en dégageant du gaz carbonique; il en résulte que le quotient respiratoire de ces feuilles est plus grand que l'unité. Au contraire, celui des feuilles de Bryophyllum désacidifiées reste, dans les mêmes conditions, inférieur à l'unité, car il n’y a pas augmentation du volume de lPalmo- sphère confinée. Enfin, le Sedum hybridum a fourni à M. Purjewiez (1), après un séjour prolongé à l'obscurité, CO? — 1,05; des plantules éliolées de blé, placées les unes dans l’eau, les autres dans une solution à 2 p. 100 de malate de chaux et laissées pendant quatre jours à l’obscurité, lui ont donné pour quolients respiraloires respectivement 0,75 et. 4,07. Sans insister davantage sur ces faits, nous voyons que nous pouvons généraliser comme il suit les résullats obtenus avec les fruits acides : Toute partie de plante contenant des acides offre une respi- ration caractérisée par un quotient respiratoire variable avec la température et pouvant devenir supérieur à l'unité, si la température est suffisamment élevée et si la quantité d'acides est assez considérable. Cette respiration peut donc étre opposée à celle des organes en voie de croissance ne contenant pas d'acides, cette dernière étant caractérisée, comme MM. Bonnier et Mangin l'ont établi, par la constance du quotient respira- toire dont la valeur est loujours inférieure à l'unité, quelle que soit la tempéralure. ÉCHANGES GAZEUX ENTRE LES FRUITS SUCRÉS ET ACIDES EXPOSÉS À LA LUMIÈRE ET L'ATMOSPHÈRE. Les recherches que nous venons d'exposer, ainsi que les nombreuses éludes faites dans ces derniers temps sur les échanges gazeux entre les plantes grasses exposées à la (1) En russe, d'après un résumé de Rothert, in Bot. Centralbl., LVIIT, P. 368, et d’après Vesque (Annales agronomiques, 1894, t. XX, p. 440). , Ur (© ni Ni MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 139 lumière et l'atmosphère, nous amènent à nous demander si le parallélisme physiologique que nous venons de constater entre les plantes grasses el les fruits acides placés dans l’obs- curilé se poursuit lorsqu'ils sont exposés à la lumière solaire. Malheureusement, l'étude des échanges gazeux entre les fruils acides exposés aux radialions lumineuses et J’almosphère est peu avancée. Nous avons vu en effet dans l'historique que si de Saussure rapproche des feuilles les fruits acides soumis à l’action de la lumière parce qu'ils réduisent l’anhydride carbonique, Bérard, au contraire, dit qu'ils diffèrent essentiellement des feuilles parce qu'ils déga- gent du gaz carbonique au soleil. D’un autre côté, de Saussure et Bérard ont bien constaté que souvent l’atmo- sphère confinée des fruits augmente à la lumière; mais tandis que de Saussure attribue cette augmentation à un dégagement d'oxygène, Bérard prétend qu’il est dû à une production de gaz carbonique. Avant d'essayer de comparer les fruits acides et les plantes grasses exposées à la lumière, nous devons donc tenter de résoudre les questions suivantes: 1° Les fruits acides transforment-ils ou non en anhydride carbonique, à la lumière, l'oxygène de l’almosphère con- finée ? _ 2° Augmentent-ils le volume gazeux de cette atmosphère ? 3° S'il y a augmentation, ce phénomène est-il dû à un dégagement d'oxygène ou de gaz carbonique? 4° Faut-il attribuer ces faits aux radialions lumineuses ou _ aux radiations calorifiques qui les accompagnent et dont nous avons vu l'influence considérable sur la respiralion des lissus acides mis à l’obscurilé ? … Afin d'éliminer l'influence des radiations calorifiques sur les échanges gazeux entre l'atmosphère et les fruits exposés à la lumière, nous avons plongé le flacon contenant les fruits soumis à l'observation dans une solulion saturée d’alun potassique, solution dont le pouvoir absorbant pour la chaleur est considérable. Pour faire perdre à cette solution 140 €. GERBER. la chaleur cédée par la lumière, nous l'avons entourée d’une nappe d'eau à une certaine température et constamment renouvelée grâce à un courant lent et continu. La température à laquelle se trouvait le fruit était indi- quée par un thermomètre dont le réservoir pénétrait dans l'intérieur d’un second fruit : celui-ci présentait les mêmes caractères et, placé dans un second flacon, étail exposé au soleil dans les mêmes conditions que le premier. L'influence considérable des blessures sur le quotient et l'intensité respiraloire des tissus acides nous interdisait, en effet, d’enfoncer le thermomètre dans le fruit étudié. Pour ne faire intervenir comme nouveau facteur que les radiations, la veille même de l'expérience, les flacons conte- nant les fruits étaient exposés dans l’étuve à la température à laquelle nous voulions les exposer au soleil; l'atmosphère de ces fruits était renouvelée juste au moment où nous commencions l'expérience. Les fruits sur lesquels nous avons opéré sont : les man- darines, les oranges et les citrons, fruits qui contiennent de l'acide citrique, les pommes variété reinette grise et variété du Canada, renfermant de l'acide malique. La saison à la- quelle nous avons entrepris ces expériences ne nous à pas permis d'expérimenter sur des fruits qui contiennent de l'acide tartrique (raisin); mais l’analogie que nous avons vu exister entre la respiration des raisins et celle des fruits d'Aurantiacées placés dans l'obscurité, nous fait penser que les premiers se comporleraient au soleil comme les der- niers. 1° Fruits des A urantiacées. — Nous avons expérimenté sur des citrons et des oranges très jeunes et verts, sur des oranges plus âgées, mais encore vertes, enfin sur des oran- ges el des mandarines offrant un degré de maturalion assez avancé pour que les zestes soient devenus jaune d'or. Tous ces fruits ont élé placés au soleil et à l'obscurité à diverses températures et les résultats obtenus ont été consignés dans les tableaux 34, 35 et 36. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 664887 ANVSAd MARINA HOW | 6€. 16/88 | 00 ESF. | 219$ |: 696 NET 07 66 0 LE OL RS UNIS QQ) 6 HIÈR 16769! 6rLL En" o)Mn9$qO |. ot FR 00. | cécg | ce ce |" NATRTOS | 0TE RE RS 68'0 686€ | 87€ |’°°'"""JIATTOTOS| o8F |‘JOLTA9J GO} €9'0 Gs'ec | Ge op |'eSnjjipoianunt| oGF |'AOTMANF L 209 "90 *2*9 919 "oanou aëd 30 *$01Df red : : “oanou aed 79 Sony red es 0: Ah , “LNANA AI VIDA FRA *ASAIVNV/T HG 0: Re ie LNANAUI VIDE FRA HAUTE aa &09 |yauosav 0 |29Y93a:09 HANEL av 609 |sauosuv O |g9v93a409 “INAL 4LVa (ATV ANANANEOT) 06/1828 INVSHd TAUVIOUNT °9149Q 90UDA() SHMOVIENVHNV SH SLI "C6 AVATAVL SHGŒ NOILVUIASHU V'T UNS AUAINAT VT AG HAINHNTANI 080 OL‘9TT FCE6 GL‘0 OG°TER DER Ho errTnaS QC 09€ Na ra F9‘0 Gr'89 29'CY rs OMIDo 00 ie no te + 1] LG‘0 00‘ 89‘£T L‘0 OL'£F F9‘0£ A [I2I0S 08 .. . es OF L8‘0 61'8G e9° 08 YL'0 09‘021 OS‘CRT er ste OA OSQ() ie LT PTE COL OUEN RE 6 | rS‘0 SG y ST°LE 9L°0 OL‘801 C9‘TS a T9I0S LE e . 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Mais l'examen de l'intensité des échanges gazeux nous montre que, à la même tempéralure, pour les fruits très jeunes et verts du tableau 34, la quantité de gaz carbo- nique dégagé est beaucoup plus considérable à l'obscurité qu'au soleil, tandis que pour les fruits mûrs et jaunes du tableau 36, cette quantité a peu varié. Il en est de même pour l'orange du tableau 35 où la masse du tissu incolore est beaucoup plus considérable par rapport à celle du paren- chyme chlorophyllien que dans les oranges et les citrons très jeunes. Cela nous amène à dire que : L'intensité des échanges gazeux pour les fruits qui présen- tent de la chlorophylle est moins considérable à la lumière qu'à l'obscurité. Ce fait est dû à l'assimilation chlorovhyllienne. La différence entre ces deux intensités est d'autant moins grande que les fruits sont plus ägés, plus gros, parce que le rapport entre le tissu vert el le tissu incolore est d'autant plus faible que les fruits sont plus gros. Dans les fruits d'Aurantiacées qui n'ont plus de chlorophylle, l'intensité des échanges qazeux est sensiblement la même à la lumière qu'à l'obscurité. Donc les fruits jeunes d’Aurantiacées ne réduisent qu'une partie du gaz carbonique émis par la respiration parce que chez eux la respiration l'emporte sur l'assimilation, de sorte que finalement une partie de l'oxygène de l'atmosphère con- finée est transformée en gaz carbonique; mais on conçoit que s2 la température est suffisamment basse pour ralentir la respiration, si le tissu chlorophyllien est assez considérable, l'assimilation l’emportera sur la respiration et l'on n'observera pas de dégagement de gaz carbonique. La première question que nous nous sommes posée est donc résolue. L'étude des quotients respiratoires des trois tableaux va nous permettre de répondre à la deuxième. Ces tableaux, _en effet, nous montrent que chez les citrons et les oranges 144 C. GERBER. très jeunes, ni la lumière, ni la température, si élevée qu'elle soit, ni ces deux agents réunis, ne peuvent porter le quotient respiratoire au-dessus de l'unité; chez les oranges encore vertes, mais beaucoup plus grosses, la lumière n’a aucune action; la chaleur seule, quand elle devient très forte (36°), élève le quotient au-dessus de l'unité. Enfin, chez les oranges et les mandarines jaunes placées au soleil, le quotient respiratoire ne devient supérieur à l'unité que si la chaleur est assez élevée pour déterminer dans ces fruits mis à l'obscurité le même phénomène. Conclusions : Les radialions lumineuses seules, sont inca- pables de déterminer, dans les fruits des A urantiacées, l'appa- riion du quotient respiratoire supérieur à l'unité, caractéris- tique des fruits acides. Ce fait pourrait être attribué à ce que le zeste empêche les radiations lumineuses d'alteindre la région acide; aussi, après avoir enlevé le zeste des oranges el des mandarines des tableaux 35 et 36, nous avons répété à la lumière et à l’obscurité sur des quartiers d’endocarpe dont la membrane est transparente et intacte, les expe- riences précédentes. Bien que la lumière fût très vive et que la surface exposée au soleil füt considérable, nous n'avons jamais oblenu, à la température de 18°, de quotient supérieur à unité (0,89 ; 0,91; 0,92), tandis que, à l'obscurité, aux températures de 31°et 33°, ces quotients étaient 1,11; 1,10; 1,39. Bien plus, pour la même température de 18°, le quotient observé au soleil est inférieur au quotient constaté à l'obscurité (0,91 au lieu de 0,98). Nous pouvons donc dire que : Les radiations lumineuses n’élèvent pas le quotient respira- toire des tissus contenant de l'acide citrique, même quand celui- ci est directement exposé à ces radiations. Elles n'activent pas non plus sensiblement la destruction de cet acide ; en effet, deux quartiers de l’orange du tableau 36 placés pendant cinq jours à 18°, l’un alternativement à la lumière et à l'obscurité, l’autre constamment à l'obscurité, ont présenté la même acidilé (95,50), tandis qu’un troisième quartier, maintenu à MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 145 l'obscurité à 33° pendant ces cinq jours, offrait une acidité beaucoup moindre (55,20 d'acide citrique). Nous terminerons cette étude des fruits des Aurantia- cées en faisant remarquer que les quarliers de mandarines el d'oranges, dont la membrane séparant le tissu acide de l'atmosphère est extrêmement mince, n'offrent pas un quo- tient supérieur à l’unité, aux températures basses où les pommes sectionnées le donnent. Ce fail semble nous indi- quer que l'élévation du quotient au-dessus de l'unité dans les pommes sectionnées doit être attribuée non pas à un contact plus intime avec l'oxygène de l'air, mais à la section même. En effet, il semble n'exister qu'une légère différence dans le contact avec l'atmosphère, des pommes seclionnées et des quarliers de mandarine. Ce sent donc les blessures qui déter- minent une suractlivité vitale des cellules pour former un tissu cicatriciel, et cette suractivité est telle que les acides, non uti- lisés en temps ordinaire à basse température, passent de l'état d'aliments de réserve à l’élats d'aliments assimilables. 2° Pommes. — Deux fruits : l’un, pomme du Canada, conservé à 15° environ, depuis le mois d'octobre, l’autre, reinelle grise, conservé dans la glace pendant ce même temps, sont placés à 18° d’abord au soleil, puis à l'obscurité. Ils ont fourni dans ces conditions pour leur respiration les chiffres du tableau 37: TABLEAU 37. I. Reinette grise. Poids 618",30. Acide malique 68,70 0/5. À 02 Date. Eclairement. Température. CO2, 0. _ f 0 cc (dt 13 février. Lumière intense..... 18 13:93 12,22 1,14 14 — Obscurté. rien. 18 14,97 10,50 1,14 II. Pomme du Canada. Poids 1128",50. Acide malique 35°,05 0/60. 12 février. Lumière très intense. 18 6,74 9,63 0,70 13. — Obscuritéert. de 18 7,02 9,75 0,72 A4 — ODSCUAIÉ ER EREVERILE 33 18,29 16,78 1,14 On voit que chacune de ces pommes offre, au soleil, la ANN. SC. NAT. BOT. iv, 10 146 C. GERBER. même intensité des échanges gazeux et le même quotient qu'à l’obscurité, la température étant la même. Mais, tandis que le quotient respiratoire est supérieur à l'unité pour la pomme reinette grise qui, à 0°, a brûlé principalement les réserves hydrocarbonées et par suite est devenue plus acide, il est au contraire inférieur à l'unité pour la pomme rei- nelte du Canada, qui a perdu la majeure partie de son acidité en demeurant aussi longtemps à 15°. Il suffit de porter cette dernière pomme à 33° pour déterminer la combustion des acides restants et, par suite, pour élever le quotient au- dessus de l'unité ; celui-ci devient, en effet, 1,14. Nous dirons donc : La lumière n'a aucune action sur les échanges gazeux entre les pommes adultes et l'atmosphère. Si parfois on observe un quotient supérieur à l'unité, ul dou être attribué aux radiations calorifiques, car la même température à l'obscurité fait appa- railre le même quotient respiratoire. Nous n’avons pas le droit d'étendre ces conclusions et de dire comme pour l'acide citrique que la lumière n’a aucune action sur les Lissus contenant de l’acide malique. En effet, s'il nous était facile, en isolant les quartiers de fruits des Aurantiacées, d’'insoler directement le tissu à acide citrique, il n’en est pas de même pour les pommes. Nous avons montré que la périphérie d'une pomme adulte est bien moins acide que le centre; il en résulte que la lumière étant arrêlée par une épaisseur assez considéra- ble de tissu pauvre en acides, ne doit pas arriver jusque. dans la région acide ; de plus, pour exposer directement le Lissu acide à la lumière, nous ne pouvions songer à section- ner les pommes, car nous avons vu que le sectionnement détermine l'élévation du quotient respiraloire au-dessus de l'unité dans les fruits acides. Ces réserves sur l'influence des radialions lumineuses nous sont inspirées aussi par les recherches de de Saussure, Mayer, Kraus, de Vries, Warburg, Mangin, Aubert, Purjewicz, recherches que nous avons déjà signalées sur les plantes grasses ou injeclées MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 147 d'acides, el par celles de Purjewiez (1) sur les solutions acides. Ce dernier en exposant des solulions aqueuses d’acide malique à la lumière à constaté que celui-ci se décompose assez facilement. _ Nos expériences sur les fruits des Aurantiacées et sur les pommes nous permettent maintenant de comprendre les ob- servations contradictoires de de Saussure et de Bérard (1) et en même lemps de répondre aux questions que noùs nous sommes posées. Ces deux savants ont observé que des prunes reine-Claude diminuent pendant la nuit le volume de l'atmosphère con- finée. Ils expliquent tous les deux cette diminution en disant que l'oxygène absorbé pendant la respiration nocturne est bien transformé en un volume correspondant de gaz carbo- nique, mais qu'une porlion de celui-ci est relenue par le pa- renchyme des fruits. Si celte hypothèse était exacte, en faisant le vide dans le flacon qui contient ces fruits, ou en les faisant bouillir avec de l'acide sulfurique très étendu, on pourrait obtenir une certaine quantité de gaz carbonique ; or il n’en est rien, comme nous l'avons vérifié. Il est plus naturel d'admettre que, à la température basse de la nuit, l'acide malique, qui est le principal acide de ces prunes, n’est pas oxydé. Ces fruits respirent donc alors comme les plantes ordinaires, absorbant plus d'oxygène qu'ils ne dégagent de gaz carbonique, par suite de l’utilisation d’une partie de l'oxygène absorbé, pour l'oxydation incomplète de certaines substances (transformation possible des sucres en acides); il en résulle donc une diminution du volume de l'atmosphère confinée. Ces mêmes prunes exposées au soleil ont, au contraire, déterminé une augmenlalion du volume de l'atmosphère ; mais cefte augmentalion à pour cause, dans les expériences _de de Saussure, un dégagement d'oxygène et, dans celles de Bérard, un dégagement de gaz carbonique. Aussi, d'après ce (A) Loc. cit. ilot 148 C. GERBER., dernier auteur, le soleil détermine-t-il le dégagement du gaz carbonique qu'il supposait retenu la nuit dans le paren- chyvme du fruit, et cetacide, venant s'ajouter à celui qui résulte de la transformation d’un volume correspondantde l'oxygène de l'atmosphère confinée, augmente le volume de celle-ci. Au contraire, pour de Saussure, le gaz carbonique retenu par les fruils la nuit, esl décomposé au soleil el l'oxygène dégagé s'ajoute à l'oxygène de l’atmosphere. Ni l’une ni l’autre de ces deux explications ne peuvent être admises. La lempérature à laquelle se trouvaient les prunes exposées au soleil élait suffisante pour déterminer l'oxydation de l’acide malique, oxydation qui, comme nous l'avons vu, ne nécessite pas une température très élevée. Il en résulte que la quantité de gaz carbonique dégagé est plus grande que celle d'oxygène absorbé; mais pendant cette respiralion proloplasmique, la chlorophylle, grâce aux ra- diations lumineuses, décompose du gaz carbonique et mel en liberté un volume correspondant d'oxygène. L'âge du fruit, ses dimensions, le rapport de la quantité du tissu chlorophyllien à celle du tissu incolore, la proportion des acides, la température el l'intensité lumineuse n'’élant pas les mêmes dans les expériences des deux auteurs, l'intensité de la respiration et celle de l'assimilation chlorophyllienne étaient différentes. Tandis que dans l'expérience de Bérard la respiralion l’emportait sur l'assimilation, le contraire avait lieu dans celle de de Saussure. Voilà pourquoi une certaine quantité de gaz carbonique n’était pas décomposée dans la première, alors que, dans la seconde, il ne restait que de l'oxygène en excès et de l'azote. Cette discussion des résul- lats contradictoires oblenus par de Saussure et par Bérard, ainsi que l'étude faite précédemment des échanges gazeux qui se produisent entre les fruits acides exposés à la lumière el l'atmosphère peuvent êlre résumées comme suil : 1° Généralement les fruits acides exposés au soleil dimi- nuent le volume de l'atmosphère confinée, parce qu'ils déga- gent moins de gaz carbonique qu'ils n'absorbent d'oxygène ; MATURATION DES FRUITS CHARNUS. { Æs Le) 2° Quelquefois, au contraire, ils l'augmentent : | a. Cette augmentation doit être attribuée aux radiations calorifiques qui accompagnent les radiations lumineuses : elle exige pour se manifester une température beaucoup plus élevée avec les fruits d'Aurantiacées (acide citrigue) qu'avec les pommes (acide malique). b. Cette augmentation de volume semble due à la destruc- lion des acides, destruction qui nécessite une absorption d'oxy- gène et qui est accompagnée d'un dégagement plus considé- rable de gaz carbonique, de sorte que généralement l'ercès de gaz observé est du qaz carbonique. c. [l'est possible que cet excès de yaz carbonique soit rem- placé par son volume d'oxygène dans les fruits jeunes à acide malique exposés à un soleil vif et à une température peu élevée. Ce phénomène est dû à ce que la destruction de l'acide malique se poursuit à celle basse température el que, d’un aulre côté, l'assinalation l'emporte alors sur la respiration ct réduit tout le qaz carbonique formé par celle-ci. COMPARAISON DES ÉCHANGES GAZEUX ENTRE L'ATMOSPHÈRE ET D'UN COTÉ LES FRUITS SUCRÉS ACIDES, DE L'AUTRE LES PLANTES GRASSES. On sait que : les plantes grasses perdent leur acidité à Ta lumière et augmentent dans ces conditions le volume de l'atmosphère, l'excès de gaz observé étant dû soit à de l'oxy- gène pur, soit à un mélange d'oxygène et de gaz carbonique, soit à du gaz carbonique simplement. Ce qui était l’excep- lion pour les fruits acides devient donc la règle chez les plantes grasses ; par suile, il semble exister des différences profondes entre la vie des fruits acides exposés au soleil et celle des plantes grasses placées dans les mêmes conditions. Cependant ces différences sont loin d’être essentielles et elles s'expliquent facilement. En effet : 1° L’acide dominant des plantes grassses est l'acide ma- lique ; 450 €. GERBER. 2° La proportion de parenchyme chlorophyllien est beau- coup plus considérable dans les plantes grasses que dans les fruits acides ; | 3° L'épaisseur des organes des plantes grasses est beau- coup moins grande que celle des fruits acides. De ces faits il résulte que les radiations lumineuses peu- vent atteindre le tissu acide beaucoup plus facilement que dans les pommes et ajouterleur aclion à celle de la chaleur pour déterminer la destruction d’une quantité beaucoup plus grande d'acide malique. L’atmosphère confinée s’enrichirait donc beaucoup plus en gaz carbonique qu'il ne s’appauvrirail en oxygène; mais l'assimilation plus active que dans les fruits acides décom- pose suivant l'intensité de l’éclairement : soit un volume de gaz carbonique supérieur à celui de l'oxygène absorbé, soit même la totalité du gaz carbonique. L'atmosphère confinées’enrichira donc, comme M. Mayer et M. Aubert l’ont constaté, tantôt en oxygène et en gaz car- bonique, tantôt simplement en oxygène, ce qui élait l’excep- tion chez les fruits acides; si la chaleur est trop forte ou l’insolation trop faible, nous retombons dans le cas des oranges mûres, des mandarines müres et des pommes rei- nettes grises ; c’est-à-dire que la respiration l’emportera sur l'assimilation; on a bien une augmentalion du volume de l'atmosphère confinée, mais cetle atmosphère a perdu une partie de son oxygène tout en acquérant une plus grande quantité de gaz carbonique; enfin quand l'insolation et la chaleur seront faibles, les plantes grasses, comme les pom- mes du Canada adultes et les fruits jeunes des Aurantiacées, diminuent le volume de l'atmosphère confinée qui a perdu plus d'oxygène qu'elle n'a acquis de gaz carbonique. On voit donc que les plantes grasses et les fruits acides ne présentent pas au soleil une physiologie aussi différente qu'on pourrait le supposer. Ces deux groupes forment une série continue. Aux deux extrémités de cette série, on peut placer d’une part les plantes grasses à parenchyme chloro- MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 151 phyllien très développé, de l’autre les fruits mûrs des Au- rantiacées (acide citrique). Ces deux groupes se comportent d'une facon absolument différente à la lumière ; mais ils sont reliés entre eux par un certain nombre d’autres ter- mes : plantes grasses très charnues, jeunes fruits à acide malique (pommes, prunes) dont la physiologie offre beau- coup de points communs. Nous voyons done qu'il est facile d'expliquer le dégage- ment d'oxygène présenté par les plantes grasses et les fruits acides exposés à la lumière, tout en admettant que les acides, à la lumière comme à l'obscurité se détruisent en dégageant du gaz carbonique. Telle n’est pas l'opinion de M. Aubert (1). Pour lui, tan- dis que « l'élévation de la température provoque le dégage- ment de gaz carbonique aux dépens de l'acide malique », la lumière décomposerait ces mêmes acides par un processus tout autre, en dégageant de l'oxygène. Aussi explique-t-il d’une manière différente de la nôtre, le dégagement simul- tané d'oxygène et de gaz carbonique qu'il a observé dans les plantes grasses exposées au soleil ainsi que le montre le pas- sage suivant : « L’oxygène dégagé par la décomposition des acides organiques étant en général supérieur en volume à celui qu'utilise la plante pour sa respiration, l'excès de l'oxygène se dégage en entraînant avec lui l'acide carboni- que dû à la respiration du parenchyme incolore. Une partie seulement de cet acide carbonique est réduite lors de son pas- sage à travers le parenchyme chlorophyllien et l’autre par- tie sort de la plante ». Cette théorie nous parait bien com- pliquée ; il nous semble en outre qu’elle explique bien moins facilement que la nôtre l'expérience suivante de M. Mangin (2): En exposant au soleil des feuilles de fusain injectées d'a- cide malique et qui, comme nous l’avons vu précédemment 2 4 offrent à l'obscurité le quotient > 1, cel auteur cons- (8) (1) Loc. cit., pages 61 et 78. (2) Loc. cit. 152 ; €. GERBRER. late qu’elles dégagent « de l’oxygène sans absorption corré- lative de gaz carbonique », tandis que des feuilles de la méme espèce, injectées d’eau distillée, qui présentent à l'obscurité un quotient inférieur à l’unité, ne dégagent pas dans les mêmes conditions d'oxygène au soleil. TRANSFORMATION DES ACIDES DANS LES FRUITS. Pour expliquer que les fruits acides dégagent plus de gaz carbonique qu'ils n’absorbent d'oxygène quand il ÿ.a diminution des acides et, au contraire, dégagent moins de gaz carbonique qu'iis n’absorbent d'oxygène quand leur aci- dité ne varie pas, on peut émettre les trois hypothèses sui- vantes : 1° Les acides se dédoublent en dégageant du gaz carboni- que sans absorber de l'oxygène et ce gaz, venant s’ajouler à celui de la respiration normale, donne un quotient supérieur à l'unité ; 2° Les acides se détruisent entièrement en gaz carbonique et en eau; pour cela ils empruntent à l’atmosphère l’oxy- gène nécessaire, mais celte quantité d'oxygène est inférieure à celle du gaz carbonique dégagé ainsi que le montrent les trois équations suivantes : CHSOÿ + 302— 4C02L3H20; CO? Ho ne 0 malique. 2C+*H506 + 50?— 8CO0?+6H20; CO? — 10 Acide (9) tartrique. 2C*H807 H90?2—12C02+ 8H20,; CO? en ER | 333 Acide (0) citrique. 3° Les acides en empruntant à l'atmosphère une certaine quantité d'oxygène, se dédoublent en un corps plus oxygéné (gaz carbonique) et en un corps moins oxygéné (hydrates de carbone); mais la quantité de gaz carbonique dégagé est su- périeure à celle de l'oxygène absorbé. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 153 Les équalions suivantes indiquent les limiles supérieures au-dessous desquelles sont comprises les valeurs des quo- tients respiratoires dans ces condilions : 2C*H60* = — CH20$+20C0*; GO: Acide Clics 0:<--; 4 malique. 12C*H505 — 5CSH1206—E 6GH20 + 18007; CO? 2 Acide Coose. 07: tartrique. (1) 13CSH807 — 9C6H1205—2H02124C02; CO? Acide Gluedse 0: : “ citrique. Quant aux limites inférieures, on les obtient en ajoutant une de ces trois équalions à un nombre infini de chacune des trois équations d'oxydation complèle indiquées précé- demment ; elles sont donc fournies par les quotients de ces équations et on peut dire que d’après la troisième hypothèse le quotient doit osciller : Pour l'acide malique entre 1,333 et l'infini. Pour l'acide tartrique entre 1,60 et l'infini. Pour l'acide citrique entre 1,333 et l'infini. La première hypothèse doit être éliminée. Nous avons en effet trouvé que des oranges (acide cilrique), mises dans une almosphère d’azote et de gaz carbonique, à une lempé- rature élevée, ne perdent qu’une très pelite quantité d’aci- des, bien que l'expérience ait duré deux mois. = De semblables observations ont été faites sur les plantes grasses à acide malique placées dans une almosphère d'hy- drogène par M. Warburg, M. Aubert, M. Purjewicz. La deuxième hypothèse n’admet pas de quotients plus élevés que 1,33 pour les acides malique et citrique, 1,60 pour l'acide tartrique. Or, fréquemment dans les fruits acides (4) Si, comme type d’hydrates de carbone formé, on prend la cellulose au lieu du glucose, on obtient la formule suivante qui a l'avantage de ne pas emprunter de l’eau au milieu où la réaction s'opère : CO° 12C6H807— 9CSH1005 + 3H20 + 18C0? ; Rene 154 C. GERBER. entiers et surtout dans les mêmes fruits sectionnés, nous avons obtenu des quotients beaucoup plus élevés. Quant à la troisième hypothèse, elle explique ces derniers quotients ; de plus, elle justifie ce fait que la teneur en sucre des fruits acides augmente pendant la maturation après sépa- ralion de l’arbre, alors que l'acidité diminue, sans que, pour les pommes par exemple, la diminution corrélative d’amidon puisse expliquer cette augmentation du sucre. Elle explique aussi l'augmentation du sucre des plantes grasses exposées au soleil, alors que l’acidité diminue (MM. Aubert, Warburg, Purjewicz, elc.). Nous sommes donc amené à envisager comme probable l'hypothèse dela transformation des acides en sucre et en gaz carbonique, par oxydalion partielle et dé- doublement. Malheureusement, les acides sont accompagnés dans Les fruits d’un grand nombre d’autres substances, plus difficilement dosables, variant comme eux avec les progrès de la maturation. S'il y a de fortes probabilités pour que le quotient respiratoire supérieur à l'unité soit dû à la destruc- tion des acides et non à celle des autres substances, nous n'avons pas le droit d'affirmer qu'il en est ainsi. L’hypo- thèse que nous venons d'émettre ne pourra acquérir la va- leur d’une cerlitude que si les acides, séparés de toutes les autres substances, étant donnés en nourriture à une quantité de protoplasma aussi petite que possible, fournissent des hydrates de carbone, par absorption d'oxygène et dégage- ment d’un volume plus considérable de gaz carbonique. Il faudra, en outre, que le quotient respiratoire obtenu en remplaçant, dans l'expérience précédente, les acides par un mélange de ces acides et de saccharose subisse, avec les changements de température, les mêmes variations que celui des fruits acides, en même temps que le mélange nu- tritif éprouvera au point de vue de la teneur en acides, les mêmes modifications que ces fruits. | Telles sont les raisons qui nous ont conduit à étudier l’in- fluence de l'aliment et de la lempérature sur la respiration des moisissures. UT PPS ENS RREES MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 1595 RESPIRATION DES MOISISSURES. Les remarques précédentes nous ont amené à employer pour culture des moisissures un appareil permettant : 1° De prélever facilement une petite quantité de l’atmo- sphère confinée et du liquide nutrilif, pour en faire l’ana- Ivse ; 2° De renouveler l'atmosphère aseptiquement afin d’évi- ter pendant toute la durée de l’expérience l'introduction d'organismes étrangers à la moisissure étudiée. Cet appa- reil se compose d’un ballon de Fernbach de 500 centimètres cubes (PI. IT) dont les deux tubulures latérales a sont coiffées d’un tube de caoutchouc fermé lui-même par une baguette de verre. Un lampon d’ouate est appliqué contre l’étranglement que ces tubulures offrent en leur milieu. L'ouverture supé- rieure à présente aussi un tampon d'ouate que traversent de petits tubes, fermés par le haul, effilés et fermés égale- ment à la partieinférieure. La fermeture de la portion effilée est effectuée alors que les tubes sont à une température assez élevée pour que, après le refroidissement, il s’y produise un vide relatif. En appuyant sur la partie supérieure des tubes, nous brisons la pointe plongée dans le liquide nutritif ; une pelite quantité de celui-ci pénètre alors par aspiration dans le tube et sertpour l'analyse. L'ouverture supérieure à est fermée par un bouchon de liège paraffiné. Nous mettons dans cet appareil 50 centimètres cubes du liquide nuiritif suivant, qui ne diffère de celui de Raulin (1) que par la substitution aux carbonales de potassium et de magnésium des sulfates correspondants (2) et par la suppres- sion de l’aliment organique. Celui-ci est remplacé par (1) J. Raulin, Recherches sur le développement d'une Mucédinée dans un mi- lieu artificiel (Ann. des sc. nat., 1870). (2) Cette substitution a été opérée dans le but d'avoir l'acide organique complètement à l'état libre et non partiellement combiné aux bases. 156 C. GERBER. 1 gramme environ soil d'acide tartrique, soit d'acide ma- lique, soit d’acide cilrique. | Voici la composition dela solution minérale: 8r gr Azotate d'ammoniaque. 0,133 Sulfate de zinc..." 0,0023 Phosphate — 0,020 Sulfatetde) fer... 9,0023 Sulfate de potassium... 0,020 Silicate de potassium. 0,0023 Sulfate de magnésium... 0,0133 Hau... RER ARE 50 Sulfate d’ammoniaque. 0,0083 L'appareil est stérilisé à l’autoclave. Après refroidisse- ment, le liquide est ensemencé avec quelques spores de Sterigmatocystis nigra, puis l'atmosphère est renouvelée par le passage d'un courant d’air lent effectué au moyen des lubulures latérales et de la trompe à eau. Nous préparons ainsi trois ballons qui contiennent, le premier de l'acide tartrique, le second de l'acide citrique et le troisième de l'acide malique ; nous les fermons et Les plaçons dans l’étuve à 20°. Après un laps de temps variable avec la nature de l'acide, on voit se former autour des spores une sphère blanche ; cest le mycélium qui s'accroît, s’étale en formant une membrane blanchâtre à la surface du liquide sans le recou- vrir complètement. Celle membrane présente quelques fruclüifications isolées; celles-ci recouvrent complètement le mycélium qui devient alors tout à fait noir seulement au moment où l'acide a disparu de la solution nutrilive. L’at- mosphère confinée est analysée de lemps en temps et chaque analyse est effectuée avant la disparilion de la moitié de l'oxygène de l'atmosphère. L'expérience est arrêtée quand les échanges gazeux sont devenus presque nuls. À ce moment le mycélium est dessé- ché à l’étuve et pesé. Les résultats de l'analyse des atmosphères confinées sont consignés dans les tableaux 37, 38, 39. 1° Acide tartrique (tableau 37). — L'examen du tableau 37 montre que 06,95 d'acide tartrique ont complètement dis- 157 CHARNUS, FRUITS DES MATURATION "oporod onbeyo 9p 0: e0) mes “oporod onbeyo juepuod AAUOSAY (À 8T'T GER OL'LE GL°ÇY PCM DE 28 See D Au | IF} cs'08 0P‘6C 0407 CR ue LC et | e6‘1 89‘97 G1‘SE CSS RO RE CE GG LY'6T GO'TY RG Aie PS Re (6 “onbiujun} 0p190,4 9p G/V 22504 J] — ‘POLY WNTENI(] ? Le ee ec Suez on | \ re Lee C2 29 CRT RE ARE Sn 00 £OË 6 6 AC 6 ete rente liens l'ése ele echo Leslie | 87° 9709 trad € ‘05 = Ce LENS ge°se 0749 GR ORG n de STDOE UC 2°) °2°9 °2"9 au] *2POUIA ALU en +0ù Fan ‘49V9Y4 *HONATUFAXA I 44 ‘ASAIVNV I aq 19V994 707 0) 0 80) dant 4ALVA . + ee 5e vs © © 0. © ee © sonneries 3e SUO0SSOD WUNII99AUEMND Spi0q CO'G CO'£ZS 66°9% 91 Ste 66‘GE € °T 66‘67 66°6F CL'&9 ARC Le (Lu) 6 CE “onbroquv apron p sd fu 1 — ‘aporupd amas = - 6 HOÔOIULUVL HOIVA GG 180 LNYNHLNOD AFLIHLAN HGINOIT HNS LAOV OF AT AONANASNA VUH9OIN SILSADOLVNOIMALS NA 00& Ÿ NOIIVUIdSAU LE AVAIA VE 158 C. GERBER. paru et ont formé 05,16 de mycélium ; pendant la durée de l’expérience, on a observé le dégagement de 456" ,99 de gaz de carbonique pesant 0£",8578 et l'absorption de 223,23 d'oxygène pesant 0#,3025. Le quotient respiratoire général 456,99 | 2923.93 Il n'existe dans le liquide nutrilif, après séparation du mycélium, aucune trace de substance organique; nous de- vons donc retrouver la totalité du carbone de l'acide tartri- que, dans le gaz carbonique et dans le mycélium. En admet- tant que le mycélium privé complèlement de ses réserves par autophagie ne soit presque plus formé que de callose, c’est-à-dire d'un hydrate de carbone très voisin de la cellu- lose, il est facile de calculer la quantité de carbone qu'il con- tient et, par suite, de vérifier si ce carbone ajouté à celui du gaz carbonique, correspond bien à celui de l'acide tar- trique. ; — 9,05. est Carbone. Carbone contenu dans 08,95 C*H605............. re 0,3040 — — EE S010 GUAM MAR 0,2285 —— — OBTAOIC HO RAA ARC 0,0711 Total du carbone contenu dans les nouveaux corps ÉO BRIE Su ee dom en bn ie NN Ut Eee 0,2996 Différence entre le carbone disparu et le carbone DÉLÉOUNÉ: ee AO RE ARR A TR ere 0,004 Cette différence minime s'explique très facilement par le dégagement de gaz carbonique pendant le renouvellement de l’atmosphère après chaque analyse. Pour que la réaction soit bien telle que nous venons de l’esquisser, c'est-à-dire pour qu'il y ait formation d’hydrates de carbone, de gaz carbonique et d’eau, il faut encore que l'oxygène de l'acide tartrique ajouté à l'oxygène absorbé soit égal à la somme de l'oxygène du mycélium, de celui du gaz carbonique et de celui de l’eau formée aux dépens de l'hydrogène de l'acide tartrique non contenu dans le mycélium. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 159 Oxygène. Sxyreene contenu dans-087,95:C*H092: 5... 2. 0,6080 -- — — absorbé Si :,:033095 Poids de 0? disparu pendant la réaction....... 0,9105 Hydrogène contenu dans 08,95 C*H505........ 0,0380 — — DS TOC ANOE: FE 0,00988 Poids de l'hydrogène formant de l’eau....,... 0,02812 Oxypène contènu dans l'eau formée. i#2400 3.0. 0,22496 ee PES — 08516 -CSH10$:::;.:, ..: -0,07901 — — — 081,8918.C07.. :.…. 0,6093 Poids de O contenu dans les nouveaux corps........ “0,91327 Différence entre O disparu et O retrouvé............ 0,00277 Cette différence est faible. La formation d’une petite quantité de substances albuminoïdes, ainsi que la respira- tion pendant le renouvellement de l’aimosphère l'explique en partie ; elle entre d’ailleurs dans les limites des erreurs de dosages volumétriques. Cetle étude de l’oxygène et du carbone nous autorise à penser que réellement l'acide tartrique se transforme sous l'influence du protoplasma, en anhydride carbonique, en hydrates de carbone et en eau. Si maintenant nous considérons dans le tableau 37 les échanges gazeux successifs dont la somme constitue l’é- change gazeux tolal que nous venons d'interpréter, nous voyons que sur les 456*,99 de gaz carbonique dégagé, les 305 premiers centimètres cubes l’ont été avec un quotient voisin de 2,50, les 132 suivants avec un quotient voisin de 1,50 et les 19,99 derniers avec le quotient 1. On peut donc envisager trois phases dans la réaction totale. Dès le début de la troisième, on ne constate plus dans le liquide, la présence d'acide tarlrique, n1 même de matière organique. Dans le cours de celte phase, la respiration est très lente ; le protoplasma vit des réserves très faibles for- mées aux dépens de l'acide tartrique. Au début de cette pé- riode, l’iode colore légèrement en brun une couche tapis- sant la paroi interne des cellules et cette coloration disparait 160 €. GERBER, par la chaleur pour réapparaître par le refroidissement ; il est donc probable que les réserves sont formées de glycogène ou de dextrines et que ce sont elles qui disparaissent en don- nant du gaz carbonique, car la réaction de l’iode ne peut plus être constalée à la fin de l'expérience. Pendant la première phase, on constate une prolifération abondante du mycélium en même temps qu'une diminution rapide de l'acide tartrique. Ce dernier doit donc donner alors et du gaz carbonique et des hydrates de carbone {caïlose et dextrines ou glycogène). Enfin, pendant la seconde période, le mycélium augmente très peu, l'acide {artrique diminue beaucoup moins pour une même quantité de gaz carbonique dégagé que pendant la première période. Si nous ajoutons que le quotient au lieu d’être voisin de 2,50, se rapproche de 1,50, il nous sera permis de penser que pendant cette seconde période, deux phénomènes se produisent : 1° l'acide tartrique continue à subir la même transformation que pendant la première pé- riode ; 2° une parlie des réserves élaborées pendant cette pre- mière période sontoxydés, transformées en gaz carbonique et en eau avec un quotient respiraloire égal à l’unité. Ce der- nier quotient vient donc abaisser le quotient dû à l'acide tartrique. Cette interprétation nous semble plus plausible que celle qui consislerail à admettre une combustion plus complète de l'acide laririque pendant la seconde période que pendant la première. En effet, l’oxydalion complète de l'acide tartrique nécessite un quotient égal à 1,60 comme l'indique l’équalion : 2 2C4H*05 50? = 8C0? + 6H20 : _ 21.60 Or sur les 132 centimètres cubes de gaz carbonique dégagé pendant cetle seconde période, 71,50 l'ont été avec les quotients 1,41 et 1,18, inférieurs à 1,60. . Nous pouvons essayer de représenter par une formule chimique la réaclion en vertu de laquelle, pendant la MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 161 première période, l'acide tartrique donne des hydrates de carbone en dégageant du gaz carbonique et en absorbant de 2 l'oxygène suivant le rapport nn — 2,90. Il nous suffit d'ajouter à la réaction d’oxydalion lotale de l'acide tartrique, la réaction donnant le quotient maximum avec formalion d'hydrates de carbone. On a ainsi : 12C4H506 — ÿC6H1206 + 6H20 + 18C0? 8C:H505 + 2002 — 24H20 + 32C0? Total : 20C-H608—E 2007 — 5CH1206 LE 30H20 + 50002 el en divisant par cinq: 4CH6O5 LE 402— C6H1205 L 6H20 -- 10C0? ou en prenant la formule de la cellulose au lieu de celle du glucose. CO? 4CH$065 + 40? = CeH100ÿ + 7H20 + 10C0? ; in —= 2,00 Cette équation nous semble bien près de représenter la 2 réaction, car, non seulement le quotient co est de 2,50, (8) comme dans notre expérience; mais encore le rapport _ acide tartrique 600 hydrate de carbone : 162 existe entre les mêmes éléments dans notre expérience. En effet, le poids 05,16 du mycélium épuisé de ses réserves est certainement inférieur et de beaucoup au poids des hy- drales de carbone engendrés aux dépens de l'acide lartrique, puisque les réserves hydrocarbonées qu'ilcontenait ont fourni non seulement les 19% ,99 de gaz carbonique de la troisième période, mais encore une partie du gaz carbonique de la seconde période. Il suffirait d’altribuer aux hydrates de car- bone formés le poids de 0,25 {ce qui n’a rien d'exagéré) acide tarlrique 0,95 mycélium 0,25 — 3,10 est voisin du rapport qui pour avoir comme rapport : —— —= 3,80, valeur très voisine de 3,70. ANN. SC. NAT. BOT. IV, {1 Gas‘ 0 RS Re ee 2 LE) wunt}99Âwu np Spioq 0) | | OL'FTSE LI TOF ST Sn rare io) 00-09 ; : 5 ( 0€‘0 F6°6 LG‘F « ‘06Y (fo '6"010:0 626 0 07050 © 6 TI FT 910 | LIS8C | gore - | 60 ee di. 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Pendant la durée de l'expérience il s’est dé- gagé 462°,17 de gaz carbonique pesant 05,8477 et il y a eu absorption de 311*,76 d'oxygène pesant 05,42926. 462,1 Le quotient respiratoire général est donc Te = 1,48: Effectuons pour le carbone et l'oxygène les mêmes calculs que ceux que nous avons faits à propos de l'acide tartrique. Carbone. Gicontenu dans 06,80 -CÉH807: 5.5.5... 0,30 C — OF SAMÉCO PURES AE) 02919 C — DEMHDE CHOC CNRS, Las 0,0666 Total du C entrant dans les nouveaux corps OPEN en du laisse Dune e me see. < 0,2978 Différence entre le C disparu et le C retrouvé. 0,0028 Cette différence très faible s'explique, comme pour l'acide taririque, par le dégagement de gaz carbonique pendant le renouvellement de l'atmosphère. Oxygène. O Contenu: dans: 06",80.\CPHPOT. 2. 0. 52... 0,4667 (8) abSorbhé. 24, 0,4226 Poids de O disparu pendant la réaction........ 0,8893 contenu dans: H?0 formé::....:....:.:,.:., 0,192 (9) — DEAD COOPER SU 0,0741 O ch DE SAT eu Lie, 0,6165 Poids de O contenu dans les nouveaux corps ÉOPNÉS AR TER RENE MER RS D 0,8816 Différence entre O disparu et O retrouvé.... —+0,0077 Cette différence est de même sens que celle du carbone. Elle se trouve expliquée principalement par les échanges gazeux qui continuent à se produire pendant le renouvelle- ment de l’atmosphère, ainsi que nous l’avons déjà fail remarquer au sujet de l'acide tartrique. 164 C. GERBER. Cette étude du carbone et de l'oxygène nous autorise à dire que : L'acide citrique comme l'acide tartrique emprunte de l'oxy- gène à l'atmosphère pour se transformer sous l'influence du protoplasma en anhydride carbonique, en hydrates de carbone el en eau. Si nous considérons, dans le tableau 38, les échanges gazeux successifs dont la somme constitue l'échange gazeux total que nous venons d'interpréter, nous distinguons, comme pour l'acide tartrique, trois phases dans l’émission des 462%,17 de gaz carbonique. Dans la première phase, 361*,47 de gaz carbonique (plus des trois quarts de la quantité totale) sont dégagés alors que le quotient est voisin de 1,60 et même, généralement, un peu supérieur à celte valeur. Dans la seconde phase, 79,25 de gaz carbonique sont dé- gagés alors que le quotient est compris entre 1,41 el 1,21. Dans la dernière phase pendant laquelle le quotient est inférieur à l’unilé, la quantité de CO? dégagé n’est plus que 21*,51. Pour les raisons développées au sujet de l'acide tar- trique, nous admettrons : 1° Que la respiration constatée durant la troisième phase correspond à la combustion des hydrales de carbone mis en réserve pendant la première phase. 2° Que la respiration observée dans le cours de la deuxième phase correspond à l’oxydalion de l'acide citrique avec un quotient semblable à celui de la première phase et à celle des réserves hydrocarbonées accumulées pendant celte première phase ; l'oxydation complète de l'acide citrique nécessite en effet un quotient supérieur à celui (1,21) du 28 octobre comme le montre l'équation : 2C6H#0T + 90? — 1200? + 8H°0 ; ee 3° Que pendant la première phase, l'acide citrique absorbe l'oxygène de l’almosphère et se transforme en gaz carbo- MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 165 nique, en eau et en hydrales de carbone (callose et glycogène ou dextrines). La formule suivante représente assez exac- tement la réaction qui se produit pendant celle première phase : 6CSH807 + 4502 — 24C02+ 14H20 + 2CSH 1005 ; _ — 1,60 3° Acide malique (tableau 39). Le tableau 39 montre que 0£,88 d'acide malique ont complèlement disparu, en fournissant 0%,13 de mycélium épuisé de ses réserves. Le phénomène a donné lieu à un dé- gagement de 509”,03 de gaz carbonique, pesant 05°,9331, et il y a eu absorption de 339,46, d'oxygène, pesant 05°,4608. Quotient respiratoire général = = 1,50 P ë PT Carbone. - C contenu dans 08,88 C6H605.................. 0,3131 C — OS OS SAC OS Die PR Er 0,2545 C — OEAS CPEROOPE Sur, 0,0578 Total du C contenu dans les nouveaux corps D AT SR LE PT OU M DT A desole à 0,3123 Différence entre le C disparu et le C retrouvé. 0,0008 Cette différence est insignifiante. Oxygène. gr O contenu dans 085r,88 C:HSOS ................ 0,5254 (0) ADSOFDÉ: 1.2.4 0,4648 Poids de O disparu pendant la réaction........ 0,9862 O:contenu dans -H?0 formée.:::.. 1.10: 0,2510 (9) — DE AS CSP LU, 0,0642 (9) — HER S SA OTD AE RSS 0,6786 Poids de O contenu dans les nouveaux corps DORE SU RU el DL 0,9938 Différence entre O disparu et O retrouvé..... —0,0076 Comme dans l'acide tartrique et à l'encontre de l'acide citrique, celte différence est de sens inverse de celle du carbone. € las0 de LR 0 00 0 T0 DE OP SON CE TREND Wu N1199 À 0 np Spioq —. Se & | | 9%" 6££ C0‘608 ne SE AO AE ON ‘0 19 :09 SOC € 6 6 D0°0-6 0/0 6.0 0.0 0 000 0 0 à y , eg‘ ‘o] 6 \ &8 0 8c L L6 G « 67 700% Or 9 8€ 6} ! 8 0 ze'e 1°). C@JI seseeseseeseese oil 0% “ndodsip D anbyDwW 2p100 TT — ‘apoud aWaISV0uT YO‘ I 8€ 67 9103 OO PR tent dl 0%} 969% 10 ‘908 REuE sets (ges Cd ee Re el : don et : “anbypu 9p1909 2D E/Y 2)$94 I — ‘aporwusd awexn2 7 09° 96° 67 66° 62 08 8û A D ‘ 6 6 09°T 10 CG 10 07 0€ 6& A ue Or 5 79 F 07 9LY 79 68C 091 o7‘ec 08:88 Ce sesssreseeseesee Jopninl © | OL°] Le 9Y LT « PAT DÉROOION STD D OS CON NNQUE A °2'9 °2'9 ‘2'9 °2°9 °q *2POUIË 2144 “oponod *aporgd *oporod onbeyo op onbeyo quepuod | onbeyo juepuod 0 AAUOSTV 49V94a AONMBTIRMT os 0 JaUOSav 4OVOYQ 209 9P Op 209 0 c09 eo 2 609 aan LV # *HAOIIVK HGIDV,A SR ‘130 © LNVNHINO9 AILININN HGINÔÜIT UNS NIN£ GY HT HONANASNH VUIIN SILSXOOLVNOIUALS NG 00 V NOILVUIdSAU © "66 AVAIAVL 1 MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 167 Conclusions : Ainsi que les deux acides précédents, l'acide malique emprunte de l'oxygène à l'atmosphère pour se trans- former sous l'influence du protoplasma en gaz carbonique, en hydrates de carbone et en eau. L'étude des échanges gazeux successifs du tableau 39 comme celle des respirations relatées dans les deux précé- dents lableaux indique trois phases dans l'émission des 909,03 de gaz carbonique. Dans la première phase, 289,64 de gaz carbonique sont dégagés alors que le quotient est égal ou supérieur à 1,60 (quotient moyen de cette période 1,64). Dans la seconde phase, 206",01 de gaz carbonique sont dégagés alors que le quotient est compris entre 1,49 et 1,0%. Dans la dernière phase pendant laquelle le quotient est in- férieur à 1, on ne constate plus qu'un dégagement de 13°,38 de gaz carbonique. Ce que nous avons dit des trois périodes correspondantes observées dans les expériences auxquelles nous avons soumis les acides tartrique et citrique, s'applique également aux périodes de combustion de l'acide malique. Nous nous con- tenterons donc de donner la formule suivante qui représente la réaction correspondant à la première période : OCHHEO5 + 130? — 24C02 + 2C6H1005-L 17H20; = — 1,60 INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA RESPIRATION DES MOISISSURES EN CULTURE ACIDE. Maintenant que nous connaissons les caractères de la res- piration des moisissures cultivées sur des milieux acides, à une température déterminée (20° par exemple), nous devons rechercher si ces caractères ne varieraient pas avec la tem- _ pérature, que celle-ci soit supérieure ou inférieure à 20°. 1° Températures supérieures à 20°. Tant que la température n'est pas assez élevée pour tuer le protoplasma, les réactions vitales sont les mêmes qu'à 20° : C. GERBER. 168 GT' 120 percer sv: iisar ter; t:%* 91)9SS0p WNIp2AU np SPi04 | (Ep TR do RU DO O4 09 | | | GS'G6T£E CT Fr OR ne 0) 2. 00 OSET Cu'8 DOUeL onu} &L 0 | 90 LE | 69 90 l ‘0 9c‘eZ QC'eT 00‘96 ee A CI “onbrino apron p snjd D hu 2] — ‘opoutod awa1st0uiT 6 60°T 3708 8670 8S'LY ed se OC F | OG°LS | 8€‘GOF OCCE 00: LE O0S te | ee “onbrupo 2p190,9 9p ÿ| p 21594 I — ‘opouÿd auaxno( { 1° <0‘90 198 CA EG Robe Fan ae . F9 7 88 £6 9£°88 00 7C ee he ee L ; : co: CL‘ CNE ER Se Me ne ee ee PES : 6e ce ‘e6T GURTE, de ou ue ie A 40°T FT 49°9£ cS'EG eu — € ser OV'LI "9 OUCOL je 2 = °° ""94{999p & °2°9 °2'9 \ ‘2°9 pe) °u POI 2191WI41X à ‘aporod o d o Sd ee ; "HONAIUGAXAT | *ASUIVNV 1 onbeo 9p ee oo nb oepucd (0) es ee ap | op 0 JUUOSTY 49v93a 7209 | 09 0 09 Ù (0) 09 aan | CAL *“ANOXENV HANOIULIO HGI9V,A CL 180 INVNHINO9 ALLINLAN GGINOII UNS AUANAAON FS MT HONANASNA VUOIN SILSADOLVNIIIALS NQ EE V NON VUTASAU 07 AVAIAVE MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 169 mêmes quotients, même poids de mycélium formé, mêmes phases successives dans le phénomène resmraioire ; l'intensité respuraltotre est seule augmentée. C'est d'ailleurs ce qui ressort nettement de l'examen du tableau 40 où sont relevés les chiffres des respiralions obtenues à 33° avec 08°,75 d'acide citrique. C'est aussi ce que montre l'examen des quotients obtenus à 32° avec 05,98 d'acide taritrique. Ces quotients sont relevés dans le tableau 41 qui va, en outre, nous servir pour l’étude de Flinfluence des températures inférieures a 20°. 2° Températures inférieures à 2°. Placons à 5° la culture d'acide tartrique, après qu'elle a dégagé, à 32°, 162,28 de gaz carbonique avec le quotient caractéristique 2,47 en détruisant 05,424 d'acide ; elle dégage alors CO? — 13,21 avec les quotients0,89 et 0,76, sansqu'il se produise aucun changement dans l'acidité de la liqueur. Nous devons donc admettre que à 5°, l'acide tarlrique n'est pas détruit et que le gaz carbonique dégagé provient de la combustion des réserves hydrocarbonées accumulées dans le mycélium à 32°. à L’oxydation des hydrates de carbone ne nécessite pas, en effet, un quotient supérieur à l'unité CO CSH1206 6026002 6H20; — —1 _ Ces réserves s’épuisent à la longue, aussi la respiration est-elle d'autant plus faible que la durée de l'expérience est plus considérable. C’est ainsi que dans la première période du temps (24",75) pendant lequel la culture a été placée à 5°, le dégagement du gaz carbonique est 0,280 par heure, tandis que, au contraire, dans la seconde période (98°,18) il ne se dégage plus que 0"”,064 par heure, c’est-à-dire une quantité de gaz carbonique cinq fois moindre. Le mycélium privé ainsi de ses réserves, porté à 33°, se nourrit de nouveau d'acide lartrique (nouvelle diminution de 05,42 de cetle substance) aux dépens duquel il s'accroît et renouvelle ses réserves. On C. GERBER,. 170 39V94 5079 oo LY‘a80 PO D OP OCT DC CU CONTI ee) qu np SPI0q L rte (oui De «09 . A D de Ve Con 00) 000 | 090 te 6 2 eg 90/0 o£E DO ORCH orne 08‘0 879 t 6VS O8L‘0 oE£ eefL RE . 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Ces nouvelles réserves seules sont utilisées pour la respiration du mycélium, quand nous placons celui-ci de nouveau à une basse température (8°); car, de même qu'à 5°, l'acidité du milieu ne varie pas, pendant les 191 heures où le mycélium dégage 22*,55 de gaz carbo- nique avec les quotients 1 et 0,80. À 8° comme précédemment à 5°, pendant le 46 premières heures, la respiration est bien moins faible (C0°—0*,247 par heure) que pendant les 145 heures suivantes (C0?— 0,077 par heure). Si les températures de 5° et de 8° sont trop basses pour que l'acide lartrique soit utilisé comme aliment par le Ste- rigmatocyslis nigra, 1l n’en est pas de même pour les tempé- ratures de 12° et de 14°; les 0,13 d'acide tartrique restant sont, en eflel, détruits à ces températures et le quotient res- piratoire est supérieur à l'unité; mais il n’est que de 1,30 à 1,34, au lieu de 2,47, valeur qu'il présentait au début. C’est que, une certaine quantité des réserves qui n'avaient pas été consommées à 8°, sont utilisées à ces tempéralures, ce qui diminue le quotient dû à l’acide tartrique. Pour démon- trer qu'il existait encore des réserves à ce moment, nous avons porté à 33° notre culture où l'analyse ne décèle plus la présence de l’acide tarlrique; nous avons encore observé un dégagement de gaz carbonique, avec un quotient infé- rieur à l'unité; mais ce dégagement relativement fort au début (0°,78), devient insignifiant ensuite (0*,0165). En détruisant ainsi, à basse température, les hydrates de carbone formés à haute température aux dépens de l’acide tartrique, nous avons obtenu une quantité de réserves plus considérable que par la culture à température constante. Aussi la quantité de gaz carbonique dégagé, avec un quo- tient égal ou inférieur à l’unité, est-elle beaucoup plus considérable dans le premier cas (46,48) que dans le se- 172 €. GERBER. cond (19,99). Il en résulte un abaissement du quotient res- piraloire général qui n’est plus que 1,78 au lieu de 2,05. L'acide citrique nous a donné les mêmes résullals que l'acide tartrique, il se comporte à 4° comme ceux-ci, c’est- à-dire qu'il n’est pas décomposé; mais à 8° déjà, on voit apparaître le quotient supérieur à l'unité. Nous pouvons donc généraliser comme il suit les obser- valions faites sur l'acide lartrique : Les acides tartrique, citrique el malique ne sont capa- bles de servir d'aliments au STERIGMATOCYSTIS NIGRA qu'à partir d'une certaine température, variable avec la nature de l'acide. Ces aliments ne subissent pas par oxydation une transformation complète en gaz carbonique et en eau. Lis fixent de l'oxygène et dédoublent leur molécule en corps plus oxygénés (eau et gaz carbonique) ef en corps moins oxygénés (aydrates de carbone). Cette réaction, indépendante de la tem- pérature, mais variable avec la nature de l'acide, se produit de telle façon que la quantité de gaz carbonique émise est supé- rieure pour les trois acides à la quantité d'oxygène absorbée. Le quotient respiratoire est voisin de 2,50 pour l'acide tar- trique et de 1,60 pour les acides ctrique et malique. RAPPROCHEMENTS ENTRE LA RESPIRATION DES MOISISSURES ET CELLE DES FRUITS SUCRÉS ACIDES. Dans l'étude de la respiration des pommes (reineltes grises) qui contiennent de l'acide malique, nous avons fré- quemment observé des quotients voisins de 1,60, c’est-à- dire semblables aux quotients constatés pendant ia première période de la respiration des moisissures cultivées sur une solulion d'acide malique. C’est ce que montrent les exem- ples suivants relevés au cours de cette étude : | Pommes entières. \ S oclobre....... — 41,09) (Tableau 4). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 119 Co? DAOCLODRE. 0. D 7 1,60 (Tableau 3). CO? AD EP RER RSR : —4,,60.- (Mablean 13): Pommes sectionnées. M1Poctobre 7 _ — 2,45, (Tableau 13;. DA EE sue à _ 1,51 %/(Tableau 14). Nous avons rencontré des quotients de même valeur, avec les fruits de l’amandier (1,50 ; 1,70 ; 1,83) et avec les nèfles du Japon (1,58), fruils qui contiennent, comme les pommes, de l’acide malique. De même les mandarines et les oranges qui contiennent principalement de l'acide citrique nous ont également pré- senté des quotients voisins de 1,60, c’est-à-dire semblables aux quolients observés pendant la première phase de la respiration des moisissures cultivées sur des solutions d'acide citrique. C’est ainsi que nous relevons dans le tableau 29 ainsi qu'un peu plus loin les quotients suivants és CO? É WrAINeCECNPICECTOUSES er ER Lee de 1,59 Fa. CO? ; Endocarpe d’une mandarine verte........ DE 1,52 MERS CO? x Endocarpe d’une mandarine vert jaunâtre. ee 1,78 HUE CO? | Endocarpe d’une mandarine jaune....... ne 1,62 Puisque ces quotients élevés sont accompagnés dans les fruits d’une diminution des acides semblables à la diminution des acides dans les cultures de moisissures, nous pouvons penser que, pour les exemples cités plus haut, les acides citrique et malique se comportent dans les fruits comme dans nos cultures, c'est-à-dire qu'ils forment des hydrates de car- bone avec absorption d'oxygène et dégagement d'un volume plus considérable de gaz carbonique. 174 C. GERBER. Le quotient 2,50, caractéristique de la première période des cullures de moisissures sur solution tartrique, n'a jamais été rencontré avec les raisins et les alkékenges où cet acide domine; maintes fois, cependant, avec les raisins sectionnés et privés de leurs graines, nous avons trouvé des quotients voisins du chiffre 2,05 qui représente le quotient général de la respiration des cultures d'acide tartrique où du mycélium a été formé en quantité notable. Il semble donc que, à cer- tains moments, l'acide tartrique se comporte dans les fruits comme dans nos cultures et forme des hydrates de car- bone comme les acides malique et citrique. Mais, nous devons reconnaître que souvent les fruits con- tenant de l'acide malique ou citrique et, généralement, les fruits renfermant de l'acide tarlrique nous ont donné des quotients respiratoires qui, tout en étant supérieurs à l’unité, sont très inférieurs aux quotients précédents. Ils corres- pondent à peu près à ceux que nous avons relevés pendant la deuxième période de la respiration des cullures acides. Or, dans les fruits charnus acides, les acides sont mélangés à des hydrates de carbone (saccharoses, glucoses, amidon); il se pourrait donc que les quotients observés, de même que ceux de la deuxième période de nos cultures, soient dus à ce fait que le fruit utilise au même instant, deux aliments différents : l’acide avec le quotient caractérisque de la pre- mière période des cultures acides, les hydraies de carbone avec le quotient au plus égal à l’unilé; ce serait celte der- nière respiralion qui abaisserait le quotient élevé de la première pour fournir les valeurs intermédiaires que nous venons de signaler. Pour vérifier cette hypothèse, il est nécessaire d'instituer une nouvelle série d'expériences et d'étudier la respiration du Sterigmatocystis nigra cultivé sur la solution minérale indiquée plus haut et dans laquelle nous aurons fait dissou- dre un mélange de saccharose et d’acides. Si les considéra- lions que nous venons de formuler sont exactes, les Hjuotrents respiratoires obtenus avec les cultures soumises à diverses MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 175 températures devront être de même valeur que les quotients observés avec les fruits acides placés dans les mêmes con- ditions. Le quotient de ces cultures devra présenter aussi, à ces diverses températures, les mêmes modifications que le quo- lient respiratoire des moisissures cultivées sur les acides purs; celui-ci devra donc être tantôt supérieur, tantôt infé- rieur à l'unité, s’il est vrai, comme nous l'avons admis, que les acides donnent, aux températures élevées, des substances hydrocarbonées qui, seules, servent d’aliment à la moisis- sure, à basse température. Enfin, comme loutes nos suppositions partent de cette idée que la combustion des hydrates de carbone se fait avec un quotient au plus égal à l'unité, co? 0 | C6H1205 + 60? —6C0? + 6H20 ; nous devons tout d’abord vérifier cette manière de voir en étudiant la respiration du Sferigmatocystis nigra eullivé sur la solution minérale sucrée. RESPIRATION DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA CULTIVÉ SUR UNE SOLUTION MINÉRALE SUCRÉE A 20°. \ Le tableau 42 montre que 0:"°,90 de saccharose prennent 239,03 d'oxygène à l'atmosphère pour donner naissance à 05,23 de mycélium en dégageant 408,81 de gaz carbonique : CO? 408,81 10 499,03 inférieur à l'unité et, par suite, l’ensemble du phénomène correspond bien à une simple oxydalion du saccharose, Mais, si nous examinons les échanges gazeux successifs re- levés dans le tableau 42, nous voyons que les deux premiers quotients diffèrent du quotient général et de tous les autres quotients partiels parce qu'ils sont légèrement supérieurs à l'unité. Bien qu'ils ne soient en aucun point comparables Quotient respiraloire général — (0,993.IF est 170 €. GERBER. TABLEAU 22. RESPIRATION A 200 DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA ENSEMENCÉ LE A2 SEPTEMBRE SUR LIQUIDE NUTRITIF CONTENANT 08",90 DE SUCRE. au DUREE CO2 pécacé. O agsorpé. ee | DE L'ANALYSE. DE L'EXPÉRIENCE. h. CS C-C. 19/Septenibse re 123,00 62,04 60,46 41,05 20 4 Mo ne 8,90 39,43 30,84 1,10 20 — A AB 13,18 09,406 05,46 1,00 21 CU D 12,42 49,11 50,11 0,98 22 a 16,75 35,82 38,01 0,93 23 ne 27,58 25,41 31,76 0,80 26 A De de Ne 69,75 30,25 41,67 0,87 30 a A 95,50 32,62 39,31 0,83 S OCLODEE NP 2 182,00 J2 bi 39,19 0,91 DD. | Cr eee 408,00 40,10 90,12 0,80 aux quotients irès élevés des acides, 1l n’en reste pas moins acquis que la simple oxydation du saccharose ne peut pas expliquer ces deux quotients. Nous devons doncadmettre qu'il se produit au début du développement de notre moisissure, une autre réaclion qui disparaît très rapidement pour faire place à l'oxydation complète du saccharose : celteréaction est celle qui délermine la formation des substances albuminoïdes aux dépens du saccharose el de l’azote du nilrale d'ammonia- que. Les substances albuminoïdes contiennent moins d’oxy- gène et plus de carbone que le sucre. Pour devenir substance albumincïde, ce dernier à donc besoin de perdre de l’oxy- gène : soit à l'état libre, soit à l’état de corps plus orygéné que le sucre (gaz carbonique) ; en même temps que celte réaction s’accomplit une autre partie du saccharose se trouve brû- lée ; dans la première hypothèse, l'oxygène devenu libre est ulilisé pour cette combustion; l'atmosphère fournit donc une quantité d'oxygène inférieure à celle qu’elle devrait fournir et, par suite, le volume de l'oxygène absorbé est A — —————— * EE ——————— MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 177 . CO? inférieur au volume du gaz carbonique émis ; donc Gr RE D dans la seconde hypothèse, l'anhydride carbonique dégagé lors de la formation des albuminoïdes, vient s'ajouter aux gaz produits par la combustion du saccharose, d’où résulte encore le dégagement d’un volume de gaz carbonique supé- 2 rieur au volume de l'oxygène absorbé : donc encore — > 1. (8) Le mode de croissance de notre moisissure explique pour- quoi le quotient de notre culture devient rapidement infé- rieur à l'unité. On sait que, lorsque le filament mycélien s'allonge par la formation de nouvelles cellules, le proto- plasma des cellules plus âgées passe tout entier dans les cellules en voie de formation, de sorte que les anciennes ne représentent qu'un squelette de callose ; 11 n'y a donc plus formation de nouvelles quantités de substances albuminoïdes et l’accroissement se réduit en somme à des formations cellulosiques ; à partir de ce moment, toul le saccharose se transforme donc : en callose d’une part et, de l’autre, en acide carbonique et en eau, la deuxième réaction {combustion complète du saccharose) fournissant la chaleur nécessaire à la condensation, avec élimination d’eau du saccharose en hydrate de carbone insoluble; aussi, quand on ajoute à la solution nutritive affaiblie une nouvelle quantité de sucre, les nouveaux quolients observés sont-ils tous inférieurs à l'unité. Toutes ces considérations nous autorisent à éliminer les ‘deux premiers quotients du tableau 42, ce qui nous permet de dire que : Le quotient respiratoire des moisissures cultivées sur des milieux sucrés n'est pas supérieur à l'unité. Comme dans les fruits séparés de l'arbre 1l ne se produit pas de nouvelles quantités de substances albuminoïdes, nous devrons, dans l'étude de la respiration des fruits sucrés et acides, ainsi que dans celle des moisissures cullivées sur milieu acide et sucré, nous rappeler que la destruction du sucre se fait avec un quotient au plus éqal à l'unité. ANN. SC. NAT. BOT. IN 12 178 C. GERBER. RESPIRATION DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA CULTIVÉ SUR UNE SOLUTION CONTENANT DU SACCHAROSE ET DE L'ACIDE TAR- TRIQUE. 1° Respiration à 20°. — Nous avons placé à 20°, un de nos ballons ensemencés dans la solution minérale duquel nous avions préalablement fait dissoudre 0#,956 d'acide tartri- que et 08,932 de saccharose. La culture qui en résulte a dégagé 949*,76 de gaz carbonique et a absorbé 749°,57 2 d'oxygène ; le quolient respiratoire général est : — 1 26e! il s’est formé 05,36 de mycélium. Or un poids d’acide tartrique très voisin de la quantité mise dans notre culture à fourni les résultats suivants (la- bleau 37) : COZMAÉTAGE TANT RER ANNEE 456°c,99 Oabsorbét esse ee re 223cc,03 CO? é oi 2,05 P'idumycéliumie 20e AN PO 08r,16 De même un poids de saccharose voisin de celui mis dans la culture fournit les chiffres suivants (chiffres du tableau 42 augmentés pour CO? et O du 10°, le poids du sac- charose de la culture 42 étant inférieur de 1/10 à celui du saccharose de la culture mixte 43): CO décasérter/rrme eercr 449cc,69 O:ADSorbÉ ST Sert AR Re 482cc,93 CO? A — 0,93 P. du mycélium eve eee 08,253 L'addition des quantilés de gaz carbonique, d'oxygène et de mycéllum de ces deux dernières cultures donne : COPIE Sagem AUS SR Re 906°°,68 Oabsonhés. aan, eme RER 705°c,96 CO? ;— D) 5 1,28 Padumycélumese. teens 08r,413 MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 179 La comparaison des valeurs ainsi oblenues aux résullats fournis par la culture mixte 43, met en évidence des rap- prochements frappants; les deux quotients sont presque identiques ; le poids du mycélium, les volumes de gaz car- bonique absorbé, d'oxygène absorbé sont également très voisins, si bien qu'il nous est permis de dire que : Le sac- charose et l'acide tartrique donnés simultanément comme aliments aux moisissures semblent se comporter comme si chacun était isolé; l'un et l'autre fournissant par fixation d'oxygène : du gaz carbonique et des hydrates de carbone. Rien ne permettait de prévoir ce fait important. En effet, nous devions nous altendre à ce que, des deux corps mis en présence, celui qui se rapproche le plus de la cellulose se transformât en cette dernière, tandis que la chaleur nécessaire à cette transformalion aurait été four- nie par la combustion complète de l’autre corps. Comme le saccharose ne semble devoir subir qu’une condensation avec perte d’eau pour devenir cellulose, il était naturel de supposer que ce fût lui qui fournit cette dernière, l'acide lartrique étant au contraire brûlé complètement. On voit qu'il semble n’en rien être et que, chaque substance paraît fournir la chaleur nécessaire pour la transformation d’une certaine portion de cette substance en hydrates de carbone de réserve et en callose. Les quotients respiratoires partiels 1,77 et 1,86 (2 et 3 août), viennent confirmer celte manière de voir. Nous avons vu en effet que l’oxydation complète de l'acide tartri- que se fait d’après l’équation : 2C:H60$6 + 50? — 800? + 6H?0 e uC0 D'où le quotient oi 2e 1,60. En supposant même que, à ces dates du 2 et du 3 août, aucune parcelle de saccharose ne fût oxydée, le quotient ne devrait pas dépasser 1,60, s’il y avait oxydalion com- plète de l'acide tartrique. Puisqu'il en est autrement, nous 180 C. GERBER. sommes obligé d'admettre que : Zncontestablement, à ces dates, l'acide tartrique mélangé à du saccharose, donne nais- sance à des hydrates de carbone, et cette constatation nous donne le droit de croire que, tant qu'il existe de l'acide tar- trique dans la liqueur et que le quotient est supérieur à l'unité, la réaction est la même, mais le quotient caractéristique de la formation d'hydrates de carbones par l'acide tartrique est masqué par le quotient inférieur à l'unité dù au saccharose. Si, maintenant nous considérons l'ensemble des résullats inscrits dans le tableau 43, nous voyons que la respiration comprend trois phases : Dans la première, la liqueur contenant de l’acide et du saccharose, le quotient est*supérieur à l'unité. Dans les deux autres, le quotient est inférieur à l'unité. Tandis que, dans la seconde phase, si la liqueur ne contient plus d'acides, elle possède encore du saccharose, dans la troisième, le liquide ne présente plus trace de matière organique, et le mycélium respire en brülant uniquement ses réserves. Dans notre expérience à 20°, la seconde phase est insignifiante, puisque la solution ne présente que 05,05 de sucre et que la quantité de gaz carbonique dégagé n’est que le 20° de celle qui est dégagée pendant la première phase. Nous pouvons donc dire que : à 20°, l'acide tartri- que constitue pour le STERIGMATOCYSTIS NIGRA, wn aliment aussi facilement assimilable que le saccharose; il disparait de la liqueur nutritive aussi rapidement que ce dernier. Les résultats de cette expérience paraissent différer un peu de ceux obtenus par M. Duclaux. En effet ce savant a constalé que « lorsque la mucédinée pausse sur du liquide Raulin complet, contenant du sucre et de l'acide tartri- que, la destruction de l'acide tartrique ne commence qu'à la fin de l'expérience, lorsque la plante à poussé, a con- sommé presque tout le sucre et lorsque ce sucre devient rare » (1), de sorte que « l’acide tartrique peut rester inal- (1) Duclaux, Chimie biologique, 1883, p. 214-215. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 181 TABLEAU 43. RESPIRATION A 20° DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA ENSEMENCÉ LE 24 JUILLET SUR LIQUIDE NUTRITIF CONTENANT 08,956 D'ACIDE TARTRIQUE ET 05",932 DE SUCRE. DATE DURÉE |ASPECT | co? de de Fa Co? (9 CO: | néches: |} AES0RBÉ:) 70 RE e la À À FD pendant | pendant de Ù DÉGAGE | ABSORBÉ | chaque | chaque | chaque L'ANALYSE RIENCE. | CULTURE | période. | période. | période. AS AE Première période. fs b. CiCe C.C- | e.c: cc: | 30 juillet... 134,33 29,47| 27,01| 1,08 D | 0 7 67,57| 55,85) 1,21 | He... | 10,25 | 60,57] 46,24| 1,31 | en août...:.. 11,66 59,86! 47,65! 1,25 | ner 9,82 38,13| 32,39| 4,17 | D 11,66 36,78| 27,05| 1,36 | 9, » 32,83| 18,55) 1,77 5 ANCRERE 14. 50) | 49,07| 26,39) 1,86 LASER 21,33{ saut | 54,26) 3443] 1,59 | D 24, mi tion pe 39,131 1,42 )1852,63/645.10| 1,32 | très faible ? va ONE 25,5 47,68| 32,66| 1,46 | De 20,33 32,68| 21,79! 1,50 Re 26,82 37,96! 26,36| 1,44 ND PERS 31,58 59,40! 42,24! 4,44 rese 43,66 58,36] 50,48| 1,16 LEE 31,25 40,86! 32,95] 1,31 AS 22,42 . 25,11| 21,64| 1,15 M. 36, » 31,14| 28,03| 1,11 | IQ TEEN ES 46, » | 33,76| 34,39] 1,04 | 2° Période.— Il n'y a plus que des traces d'ac. tartrique et 08,05 de sucre. 2DAOût. re 200 La sporula- 20,55 20,55 15255 l ! à tion est 48,89 49,17 0,99 TE Re 66, »|pis actie.| 28,34) 28,62] 0,99 | Troisième période. — Il n'y a plus ni acide tartrique ni sucre. 2d-août 1". 183,75 [Srorintense| 34,541 33,45 0,89 ) | ons 48,24] 55,40] 0,87 3 septembre.| 162, »léraimrel 46,70] 19,65] 0,85 \ 949,76 | 749,57 182 €. GERBER. léré si l’on interrompt l’action à temps, avant la complète disparition du sucre ». L’abaissement au-dessous de l’unité du quotient respi- ratoire des fruits acides, par leur exposition à une basse iempéralure, le même abaissement au-dessous de l'unité du quotient fourni par les cultures en milieu acide et le maintien du degré de l'acidité de la liqueur nutritive pen- dant toute la durée de la respiration aux basses tempéra- tures, l'arrêt même au bout d’un certain temps de la res- piralion des moisissures placées dans ces conditions, tous ces faits nous conduisent à supposer que la différence en- ire les résullats observés par M. Duclaux et les nôtres est due à ce que ce savant a opéré à une température moins élevée que nous. C'est d’ailleurs ce qui ressort de l'étude de la respiration aux températures supérieures et inférieures à 20°, du Sterigmalocyslis nigra cultivé sur des solutions acides el sucrées. 2° Respiration aux températures supérieures à 20°. — Le lableau 44 donne les chiffres de la respiration à 37° du Sterigmatocystis nigra, cultivé sur une solution minérale contenant 08,98 d'acide larlrique et 08,975 de saccharose. On voit de suite que, à cette température comme à 20°, il faut distinguer trois périodes dans la respiralion. La {roi- sième est identique pour ces deux lempératures; c’est la période de l’autophagie, pendant laquelle la moisissure pousse des fructifications abondantes. Quant aux deux au- ires périodes, elles diffèrent beaucoup à 37° el à 20°. 1° Dans la cullure à 37°, le quotient respiratoire est plus élevé au-dessus de l’unité pendant la première période et plus inférieur à l'unité pendant la seconde que dans la cul- ture à 20°, pendant les périodes correspondantes. 2° La quantilé de gaz carbonique dégagé pendant la pre- mière période n’est que cinq fois et demie plus forte que pendant la seconde à 37°, tandis qu’elle élait vingt fois plus fort à 20°. Aussi la liqueur nutritive qui, aux deux tempé- ralures, ne possède pas d'acide tartrique au début de la MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 183 TABLEAU #44. RESPIRATION A 37° DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA ENSEMENCÉ LE 24 JUILLET SUR LIQUIDE NUTRITIF CONTENANT 0%",98 D’ACIDE TARTRIQUE ET 08,975 DE SUCRE. | co 0 Co? DATE DOBPENASRECT Se de CO2 [e) CO? DÉGAGÉ | ABSORBÉ 0 de 3 de la —— | pendant | pendant de L EXPÉ- DÉGAGÉ. | ABSORBÉ, 0 chaque | chaque | chaque SR RiENcE. | CS période. | période. | période. Première période. h.:1 c.c. cc: | 26 juillet... 41,43 | 135 35,13| 1,19: De rt à 17250 (4 Meclium |117,20 | 82,51 | 1,42 | don — JU 99,26 18,12|4.28 DR n 375 (suratin.| 43,66 | 22,50 | 1,94 2-1 066. 44,99 | 29,79 | 14,51 29 ce (1) : ë 90 Sporulation 61,08 02,06 1,16 Qi Lu ue 0,38 an 47,22 | 45,44 |- 1,04 ; | 20 = 0,82. } 64,60! 47,50! 1,36 ,825,72/585,27| 1,41 au à se 72,14 | 44,06 | 1,63 | Ho 1 2) Fu | 76,98 | 45,82 | 1,68 31 Sete e 4 ,06 äaCCroisse- 47,99 30,37 1,98 leraoût. 11,66{ ment du | 70,54 | 41,98 | 1,74 pure JE | 45,86 | 30,17| 1,52 | D Fi 45,97| 38,19| 1,33 | Su 9,00 | 2244 | 24114| 1,06 / Deuxième période. — Il reste 0% ,25 de sucre, mais plus d'acide tartrique. de JON + 2 | fre mycstiun 42,99 43,42 0,99 D su continue à + 92,79 | 57,95 | 0,91 .151,691107,22| 0.91 ne Vfaceroite. Ÿ 53/07 | 65:85 | 0,85 Troisième période. — In'y a plus ni acide tartrique ni sucre. 1115 août... \ Somstion! 23,68 | 28,53] 0,83 Intense, Toute la sur- » à à = Re 45,78 | 63,06] 0,73 \ mycélium 8 septembre o est noire, 22,10 34,93 GOAeLO total. ne 1023,19 [815,55 (1) Les quotients très faibles 1,16 et 1,04 signalés dans le tableau 44, au milieu de la première période le 29 juillet, alors que le mycélium se couvre de spores, indiquent que celui-ci, à ce moment, ou bien se nourrit presque exclusivement de saccharose, ou bien utilise les réserves hydrocarbonées qu’il possède. L'âge de la culture semble donc avoir une influence sur la respiration et la nutrition des moisissures. Nous ne pouvons que signaler ce fait dans ces recherches spécialement dirigées en vue d'étudier les rela- tions qui existent entre la disparition des acides el le quotient respiratoire. 184 €. GERBER. seconde période, contient-elle encore à ce moment le quart du saccharose primitif à 37°, tandis qu'à 20°, elle n’en con- tient que le vinglième seulement. 3° Il existe une bien plus grande quantité de gaz carbo- nique formé avec un quotient supérieur au quotient (1,60) d’oxydation complète de l'acide tartrique, pendant la pre- mière période, à 37° qu’à 20°. Ce fait s'explique facilement parce que, à 37°, la quanlilé de saccharose détruit pendant cetle période, est moindre qu'à 20°. Cette augmentation, quand il y a moins de saccharose détruit, dans la quantité de gaz carbonique formé avec un quotient caractéristique de la production d'hydrales de carbone aux dépens de l'acide tartrique, vient à l’appui de l'hypothèse que nous avons émise précédemment, d'après laquelle les quotients supérieurs à l'unité, mais inférieurs au quotient d'oxyda- tion complète de l’acide tartrique, qui ont été constatés dans la respiration des moisissures cultivées sur un milieu sucré el acide, seraient des quotients de formation d'hydra- tes de carbone, abaissés par la combustion du saccharose. Conclusions. — Aux températures élevées, l'acide tartri- que conslilue pour le STERIGMATOCYSTIS NIGRA un aliment plus facitement assimilable que le saccharose ; aussi, cette mot- sissure cullivée sur une solution contenant des poids égaux des deux aliments fait-elle disparaître beaucoup plus rapide- ment l'acide tartrique que le sucre. Il en résulte qu'en inter- rompant à temps l’action de la moisissure, on constate dans la liqueur une notable proportion de sucre, tandis que l'acide a complètement disparu. 3° iespiralion aux températures inférieures à 20°. — Des filaments mycéliens de Sterigmatocystis nigra que l’on a cultivés, à 12°, sur une solution contenant 05,33 d'acide tartrique et 0,98 de saccharose, ont fait disparaître com- plètement l'aliment, avec dégagement de 537“,97 de gaz carbonique et absorption de 553*,05 d'oxygène. Le quo- C0 59707 üent général 10: some 0,97, est inférieur à l'unité. 185 FRUITS CHARNUS. DES MATURATION — . = ES CT 180 ane relie, 0 sp entree el 07e delle ete ele de le ets (3 eNete ‘°°*9499S$S9P WNI[92ÂU np SPIOq L6‘0 s . Û . , CE .. r09 G0'eCc LG‘ J °C 00,0:676 0" + d'os 0e 50 01 s{e%6 010,0 0e 0-5 [RIOL 9 | 8818 p0‘C9 YL'0 60°9% Te PSURIUESQU 0 ESS 00/60 CADAAE a é YL'0 O8‘ IF 6606 |'oatou wnrgoÂtwu np ootjans| 06066 |" — 6y “anbrjiey opioe 1ù o1ons tu snjd @ À [] — *9por494 2€ go srieé po‘ye 98‘0 | 0&‘9€ FT | squepuoqeshjd nod un uor| 00897 [°°° — Fr 7 OK 4 eg‘0 GG'£G 008 -t[naods ‘our]q WNI9OA IN SC'E6 0, SIP “onbrajae) oprov,p snjd seu o4ons op 80180 99801 II — ‘2POUI 0 %O°Y L9'C0Y GS 1TY aa LG‘ La ST | &6°9G M ee mc | OS'YG PISTE "o[qiez uorpepniods CO OT FE NAN ES 0 LT 99°YGI CL‘ dd E8'CT pare CE Or RES Dre dc PO°EG OV'8T ‘outIq 1199 C£'G£ CRE NC 701 09'88 LG CCE LES NE *O1ons 9P F#‘as0 J9 onbrapie 9pI9v.p 82180 97$904 II — *(Q) 2POUMI ol EG 0 88/07 C9'6E GL,06-n) PO sf L6‘0 19°62 IL‘88 DOC DEEE a 0) VO‘Y 66°0Y O7 1# "2[qiSuosur uorjepnaods 0866 Ts nt emo) 860 0° F8 Ya" eLe 80‘T 68°LS aa Ge Dr Ale ER I | 001 2695 7697 “ouviq WAR DORE SRE 200 re "0 0G'SC LYC 2679 TOMATE \ 680 OSGE GI°GE te donmunl 6e ‘(D) 9POWPd vil °2°9 °2'9 °2'"9 °2') "29 ‘u une "oportpd *0po tot 0 *“UAL IN) VA da “HONST TAXE I *ASAIVNV TI 0 onbeqo ‘puod | onbeqgo ‘puod LATE AUHOSUY À ‘19V9FQ 707) NE op op = HIUMOSAV () J9V9Y4 30179 0) LAS V TN LV *“HUDNS A4 8G‘a30 IA HOÔNILUVE HŒDV,A EE‘ asQ LNVNSENOD ALLIWLON HOINÔOII UNS UHIANVI @Y AT HONANASNE VUYIN SILSADO LVNOIUALS AN op Y NOILVUIASHU 67 AVAIAVEL 186 €. GERBER., Si l’on se contentait de cette vue d'ensemble du phéno- mène, on aurait le droit de s'étonner de ne pas distin- guer dans cette respiration l'influence de l’acide tartrique. Cependant celle influence apparaît nettement, lorsqu'on exa- mine les échanges gazeux successifs relevés dans le ta- bleau 45, puisqu'un certain nombre d’entre eux présentent des quotients supérieurs à l’unité. Nous sommes donc amené à distinguer trois périodes dans la respiration de notre moisissure à 12°, comme nous l'avons fait pour les températures de 37° et de 20°. Dans la troisième période ou période d’autophagie, rien de particulier. Quant à la seconde, elle se rapproche beaucoup de la période correspondante observée à 20°, car la quantité d’anhydride carbonique dégagé est faible par rapport à la quantité dégagée pendant la première période, et elle est due en grande partie, comme à 20°, à la combustion des réserves accumulées dans le mycélium, puisque la liqueur au début de cette période, n'offre plus d’acide tartrique et ne contient qu’une {rès faible quantité de saccharose. C’est pendant la première période que, à 12° comme à 20° et à 37°, on rencontre des quolients supérieurs à l’unité; mais ceux-ci n'apparaissent, à 12°, qu'à la fin de la période, tandis qu’au début et pendant la plus grande partie de cette période, on ne rencontre que des quotients inférieurs à l'unité. C'est ainsi que du 29 janvier au 18 février (phase à), 275",94 de gaz carbonique sont émis par la cullure, avec un quolient inférieur à l’unité (0,98); pendant cette phase la liqueur ne perd qu’une quantité très faible d’acide tar- trique (1/6), tandis que les 3/4 du saccharose disparais- sent. Au contraire, du 20 février au 28 février (phase b), 145,75 de gaz carbonique sont dégagés avec un quotient supérieur à l'unité (1,17). Pendant ce temps les 5/6 d’acide lartrique restant disparaissent, tandis que la liqueur ne perd qu'un cinquième du poids primitif du saccharose. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 187 On voit donc que, à 12°, le procès physiologique du S£e- rigmatocystis nigra, cultivé sur une solution sucrée el acide, est bien celui indiqué par M. Duclaux. Le sucre est d'abord brûlé en grande partie et la respiration se fait avec un quotient inférieur à l'unité ; puis l'acide est attaqué par la moisissure en même temps que le restant du sucre, et la respiration prend un quotient supérieur à l'unité ; enfin l'acide disparait complètement alors qu'il reste encore des traces de sucre, de sorte que le quotient respiratoire redevient inférieur à l'unité. Essayons d'analyser de la même façon la première période de la respiration de notre moisissure à 20° et à 37°. On voit que, à 20°, la première période peut se diviser en trois parties : Date. CO2 dégagé. O absorbé. cc cc 30 juillet au 2 août .... 291,78 236,39 1,23 2août au 10:août. 369,45 241,22 1,53 10 août au 19 août .... 191,40 167,49 1,14 Dès le début de l'expérience, il y a donc combustion d'acide et de saccharose ; mais la quantité de saccharose brûlée est plus forte que celle de l'acide tartrique ; le _ quotient respiratoire, tout en étant supérieur à l'unité, est faible. Bientôt, l'inverse se produit, l'acide tartrique devient l'aliment d'élection ; il disparait donc en plus grande quan- üité que le saccharose et le quotient respiratoire augmente beaucoup. La teneur en acide de la liqueur diminue telle- ment alors, que la moisissure peut difficilement utiliser l'acide lartrique, tandis qu'elle s'empare facilement du saccharose qui est encore très abondant ; aussi le quolient diminue-t-il tout en restant supérieur à l'unité. Enfin, comme loule trace d'acide a disparu, alors qu'il reste encore une faible quantité de sucre, le quotient respiratoire devient inférieur à l'unité : nous entrons dans la seconde période. À 57°, la première période ne peut être divisée qu'en deux parlies : 188 C. GERBER. Date. CO2 dégagé. O absorbé. _ . ce ce 26 juillet-28 juillet... 271,63 188,70 1,44 29 juillet-2 août........ 54,09 396,09 1,39 On voit done qu'à 37°, contrairement à ce qui se passe à 20° et à 12°, l'acide tartrique, dès le début de l'expérience, disparaît beaucoup plus facilement que le saccharose ; aussi le quotient respiratoire de la première partie de la première période est-il supérieur à celui de la deuxième partie. Bientôt, l’acide tartrique a disparu complètement, alors qu'il reste encore une grande quantité de saccharose ; à ce moment, le quolient devient inférieur à l'unité et nous entrons dans la seconde période, beaucoup plus importante à 37° qu à 20° et qu'a 12°. En faisant abstraction de la période d’autophagie, nous pouvons résumer comme il suit l'étude de l'influence de la température sur la respiration et la nutrilion des moisissures cultivées sur une solution contenant du saccharose et de l'acide tartrique : Aux températures élevées (37°), l'acide tartrique est con- sommé plus rapidement que le sucre, de sorte que le quotient respiratoire décroît constamment : supérieur à l'unité dans la première mottié de l'expérience, il devient inférieur à cette valeur dans la seconde moitié, pendant laquelle il ne reste plus que du sucre dans la solution nutritive. Aux basses températures (12°), le sucre est, au contraire, consommé plus rapidement que l'acide, de sorte que le quotient respiratoire croît constamment : inférieur à l'unité dans la première moitié de l'expérience, 1 devient supérieur à cette valeur dans la seconde moufié, où 1 reste principalement de l'acide dans la liqueur nutritive. Aux températures moyennes (20°), sucre et acide sont consommés dans les mêmes proportions, de sorte que le quotient reste presque constamment supérieur à l'unité; mais il est de beaucoup inférieur à la moyenne des quotients supérieurs à l'unité observés aux températures élevées. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 189 4° Influence de la température sur le mode d'oxydation de l'acide tartrique et du saccharose. — Dans l'expérience 46, nous avons exposé, à diverses températures, une culture de Sterigmatocyslis nigra faite sur une solution contenant 0#,37 d'acide tartrique et 18,025 de sucre. Les résultats de celte expérience viennent confirmer et résumer les observa- tions que nous venons de faire au sujet des lrois expériences précédentes : c’est ce que prouve le simple examen des valeurs successives du quotient respiratoire inscrites au tabieau 46. Mais la comparaison de ces quotients successifs et du quotient général aux mêmes quotients de l’expé- rience 45, fait ressortir un point nouveau et important : l’abaissement considérable des quotients partiels et du quo- tient général produit par l’abaissement de la température. En effet, bien que la proportion d'acide el de sucre soit sensiblement la même dans les deux expériences faites à 12° (45) et à des températures diverses (46), le quotient général obtenu dans le premier cas n’est que 0,97, le poids du miycélium n'étant aussi que 0#°,25, tandis que ce quotient est dans le second cas 1,13 et le poids du mycélium 05,31, Enfin, dans l'expérience 46, une plus grande quantité de gaz carbonique est émise avec des quotients partiels supé- rieurs à l’unité que dans l’expérience 45. Nous ne pouvons expliquer ces différences frappantes qu'en admellant une modification dans le mode d’oxydalion de l'acide tartrique ou dans celui du sucre. D'après la première hypothèse, dans l'expérience 46 où la plus grande parle du gaz carbonique a été dégagée aux températures de 30° et de 33°, l'acide tartrique à donné naissance à des hydrates de carbone (poids élevé du mycélium), tandis que dans l'expérience 45 où la lempéralure était constamment égale à 12°, cet acide a été complètement brülé. On sait, en effet, que le quotient de formation des hydrates de carbone aux dépens de l'acide tartrique est 2,50, tandis que le quo- tient de combustion complète de cet acide n'est que 1,60. Cette première hypothèse est peu plausible ; nous avons 190 C. GERBER, toujours constalé que l'acide tartrique pur, à partir du moment où il peut servir à la nutrition de la moisissure, s’oxyde en fournissant le quotient 2,50 caractéristique de la formation des hydrates de carbone. | TABLEAU 46. RESPIRATION DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA ENSEMENCÉ LE 17 DÉCEMBRE SUR LIQUIDE NUTRITIF CONTENANT 08,37 D'ACIDE TARTRIQUE ET 18",025 DE SUCRE. Température variable. | DATE TEMPÉRA-| DURÉE de CO2 nécacé.| O AssonBé. | DE L'ANALYSE. TURE. L'EXPÉRIENCE (0) h. C.C. PAC: 21 décembre. 10002 330 238,00 43,04 36,17 1,19 2) CEA EUR RE JU 8,90 57,03 47,92 119 28 Ne ne eue PAS 8° 21,17 21542 291 0,89 30 NN 8° 45,25 31,27 31,27 1,00 31 TR 0 399 6,17 0,15 40,44 1,24 31 D D 330 6,16 50,21 40,50 1,24 LS ANvierr Me PRrAe 390 1,18 68,45 60,04 1,1# 74 NN eue 110 42,25 31,00 39,94 0,94 2 ee 339 4,50 36,05 28,89 1,25 D En RAR 8° 61,50 21,60 25,42 0,85 5 NO a NOR ae 300 6,50 39,193 26,47 1,35 6 AR AE RER 300 11,50 04,43 37,93 1,45 9 AE 120 69,00 29,12 28,64 1,02 9 NA de 3939 9,66 36,48 33,18 1,08 10 TE A Re ne SO 12,90 39,25 39,69 0,99 COTE O Toast e 611,438 | 540,35 _ HIOMED EEE Pr 1,13 ee ln ele rel le lolo: te estelle feleihe D'après la seconde hypothèse, à basse température, tandis que la plus grande partie du sucre donne d’un côté du gaz carbonique el de l’eau, par combustion complète, et de l’autre des hydrates de carbone par condensation avec perte d’eau, le reste de ce sucre fournit des corps incomplète- ment oxydés, prenant naissance par fixation d'oxygène, sans dégagement de gaz carbonique; l’acide oxalique répond à ces condilions, comme le montre l'équation suivante : CI2H2011 -L 902 — 6C20“H2 + 5H20 MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 191 Cette réaction absorbant de l'oxygène sans dégager de gaz carbonique, abaisserait considérablement le quotient respi- raloire de l’acide tartrique et du sucre. Or, si on filtre le liquide qui présente une réaction acide et sur lequel était cultivée la moisissure à 12°; si, après avoir ajouté une solution d’acétale de soude, on traite par le chlorure de calcium, on obtient un précipité blanc, inso- luble dans l’acide acétique, soluble dans l'acide chlorhy- drique ; lavé puis calciné modérément, ce précipité laisse un résidu de carbonate de chaux qui fait effervescence avec les acides. Ce sont les caractères de l'acide oxalique ; la seconde hypothèse est donc vérifiée. Cet acide oxalique que M. Duclaux a constamment ren- contré dans les cultures languissantes de Sferigmatocystis nigra et qu'il considère comme une formation transitoire destinée à être brülée par la moisissure (1), reste à l’étal d’aliment non assimilable à la lempérature de 12°; voilà pourquoi nous constatons sa présence dans la liqueur, quand le mycélium ne respire presque plus, et si nous admettons avec ce savant « que le sucre n’est jamais sous l’action de l’aspergillus sans donner comme produit intermédiaire de l'acide oxalique », l'absence presque complète de ce dernier dans le liquide nutritif de nos cultures maintenues à 33° et à 31° doit provenir de ce que, au fur et à mesure de sa formation, il est oxydé en gaz carbonique et en eau 2C20*H? + 0° — 4C0° + 2H°0 ; tout se passe donc alors comme s'il ne se formait pas, et par suile son influence sur le quotient respiratoire est nulle. Nous pouvons donc dire que : Le sucre et l'acide tartrique, donnés simultanément comme aliment au Sterigmatocystis nigra, fournissent chacun aux températures suffisamment élevées, des hydrates de carbone et du gaz carbonique. Aux basses températures, l'acide tartrique (4) Duclaux, Chünie biologique, 1883, p. 219. 192 C. GERRER. TABLEAU #47. RESPIRATION A 20° DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA ENSEMENCÉ LE 8 NOYEMBRE SUR LIQUIDE NUTRITIF CONTENANT 08,99 D'ACIDE MALIQUE ET 08",985 DE SUCRE. DATE | DURÉE| ASPECT co? D RARE ne CO02 0 Co? DÉGAGÉ | ABSORBÉ O0 de Aa de la 0 pendant | pendant de not DÉGAGÉ | ABSORBÉ chaque | chaque | chaque L ANALYSE RIENCE CULTURE période. période. période. Première période. h. C.C. C.C. | c.c cc 43 novembre. . | 119,33 66,62! 55,05] 1,21 | ne 0 Lie 26,32] 60,10| 1,27 | di 105,96! 82,14| 1,29 16 — ..| 46,75] Mctumblne | 199 36| 89,97] 1,36 19 D lai, PE | ve,3al 81,62! 42e |78181|280 00,07 SN Se 00 © 670) 420 (90, 09 00 04,72| 71,01| 1,23 DD. 1 |do2us 75,20| 68,98| 4,09 on tes 38,01| 37,27| 4,02 | Deuxième période. — Il reste 08:,01 d'acide malique et 05,55 de sucre. 23 novembre. .| 47,50 10,070 11120790 26 21 60,88) neenmbn | 09001 10,56 099 | 29 — ..| 66, »| Sont | 43,77| 47,07| 0,93 /2713,69/283,36| 0,97 5 décembre. .[ 135,50) 50,05! 51,07| 0,98 1 lon 39,95| 43,89| 0,91 / Troisième période. — Il ne reste ni acide malique ni sucre. Surface du 15 janvier. ..|744, » Peine 53,58|. 56,40! 0,95 | D3,b8| 56,40! 0,95 très abondante. CO RO Motal Een 1078, 78) 929,71 ROBE Ne M TU CAT Er dt NE RL Da AE) Poids-du mycéliumidesséché. 0 RE O8r,35 à 2 TS ee ES MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 193 se comporte comme aux températures élevées, lant que cette température est supérieure à celle où l'acide tartrique n'est plus un aliment pour la moisissure; quant au sucre, alors que la plus grande partie se comporte également comme aux tem- pératures élevées, une faible quantité absorbe de l'oxygène et, sans dégager de qaz carbonique, produit de l'acide oralique ; il en résulle un abaissement considérable du quotient respura- toire général. RESPIRATION DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA CULTIVÉ SUR UNE SOLUTION. CONTENANT DU SACCHAROSE ET DE L’ACIDE MALIQUE. Nous avons soumis l'acide malique aux mêmes expériences que l'acide tartrique. Le mode opératoire employé, la méthode de discussion des résultats étant les mêmes dans les deux cas, nous serons très bref. Nous nous contenterons de formuler les conclusions qui ressortent tant de l'examen des tableaux où nous avons inscrit les résultats obtenus que de la comparaison de ces tableaux avec les tableaux relatifs à l'acide tartrique. 1° Respiration à 20° (tableau 47). — D'une part, l’exis- {ence des quotients partiels 1,36; 1,42; 1,46 (16, 17, 18 no- vembre), supérieurs au quotient 1,333 de combustion totale de l'acide malique; d'autre part, la comparaison des quantités de gaz carbonique dégagé, d'oxygène absorbé, de mycélium formé dans la culture mixte de sucre et d'acide malique et dans les cultures isolées à 20° d’une quantité de sucre ou d’une quantité d'acide malique égale à celle qui existe dans la culture mixte; enfin l'identité des résultats obtenus et des résultats fournis dans le cas de l'acide tartrique nous permettent de dire : De méme que le saccharose et l'acide tartrique, le saccha- rose et l'acide malique donnés simullanément comme aliment à 20°, aur moisissures, semblent se comporter comme si chacun était isolé. : . ANN. SC. NAT. BOT. Vs 43 194 C. GERRER. TABLEAU 48. RESPIRATION A 33° DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA ENSEMENCÉ LE 24 NOVEMBRE SUR LIQUIDE NUTRITIF CONTENANT 0%",953 D'ACIDE MALIQUE ET 08’ ,972 DE SUCRE. DURÉE PEUPLE CO? (0) de €O2 0 CO? DÉGAGÉ | ABSORBÉ | de un RA- pendant pendant, de : H'ÉRÈRX DÉGAGÉ. | ABSORBÉ. 0 chaque | chaque | chaque !À CONARNES RIENCE. DURE: période. période . | période.|f (LE EN EMEEES || Ceemeemenceens | coxmeneuemmeneenenens a SRE RER, | mcm, CORRE Ccmceeneeenenen | | Première période. b. CAC. CC: | 25 novembre.| 20,00| 33° 26.33 | 30,28 | 1,20 | 26. 7 | 19,00) 932 | 53,19) 43,06) 1210) Dh .| 3,00! 330 | 4462] 34,32| 1,30 26 0 020550 | 5280) 70 6124020 26 .| 3,00| 33° | 54.00 | 42,19 | 4,28 DR | 2,50 | 33° | 52,08 | 40,69 | 1,28 Dr 9,75 50 | 22,14] 92,14| 14,00 : Sun de 3921 330 | 5660] 56,34 | 4,36 91408 |526,TN MON Se 4,25 |..330 | 80,33 | 55,40 |: 4,45 AJ 14,751 4100 | 23,55] 21,41| 1,10 28 se 4,00! 33° | 66,87 | 48,46! 1,38 28 3:80) 330 25707) 41,66 1,37) 29 se 12/50 1" 490 1-19,03 16/61 1,200) Done 31811330 19792189 69144145 Deuxième période. — Il reste 08,65 de sucre et des traces d'acide malique. || 29 novembre.| 8,081 33° | 42,08] 42,50] 0,99 0 0 00) ee role 000 | 30 Le deb 00e orne leo 0,80 | 30 2 | eo où lo lus 0e l'erdécembre: og) G3e 4061) 2260/0085 20408) AOMONNES D a à | 3000 25, 2 0 0,80 | k | 2000! 33° | 3436) 30,05] 088. Be 1 46.581435 colo 0) peu Troisième période. — Il n’y a plus ni sucre ni acide malique. 8 décembre.| 53,00| 33° | 29,81] 35,91] 0,83 | ï | MT ES) 1008 001380 1048 62 A6 0 07 | 13,13 | 02,48 | 20/8818 GO PO tbe nu 104,54 |949,54 2 MOYEN ne een Le 1, 10 Poids du mycélium desséché........ 08,29 ÉÉNR R die à LE où OS CE RENE T MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 195 L'un et l'autre fournissent, par fixation d'oxygène, du qaz carbonique et des hydrates de carbone. Cette formation d'hydrates de carbone, aux dépens de l'acide malique, que metient en évidence les quotients élevés observés le 16, le 17 el le 18 novembre, est masquée pendant le reste de la première période par ce fail que les quotients élevés sont ahaissés par la combustion du saccharose. À côté de ces analogies que présentent l'acide malique et l'acide tarlrique, nous devons signaler des différences essen- lielles. Tandis que dans le cas de l'acide tartrique (tableau 43), la seconde période de la respiration à 20° est insignifiante, puisque la quantilé de gaz carbonique émise pendant cette période n'est que le vingtième de la quantité émise pendant la première et que le poids du sucre existant dans la liqueur n'est que de quelques centigrammes, dans le cas de l'acide malique au contraire, cetle seconde période est extrême- ment importante. Le dégagement de gaz carbonique est, en effet, le tiers de celui de la première période, el la quantité de sucre consommée pour fournir ce dégagement est 05,55. Cette période est même plus importante que la période observée, à 37°, avec l'acide tartrique (t. 44). Donc : À l'encontre de l'acide tartrique, l'acide malique conshtue à 20° pour le Sterigmatocystis nigra un aliment beaucoup plus facilement assimilable que le saccharose ; aussi, celte moisissure cultivée sur une solution contenant des poids égaux de ces deux aliments, fait-elle disparaitre complètement l'acide malique, alors qu'il reste encore plus de la moitié du sucre dans la hqueur. 2° Respiration aux températures supérieures à 20° (ta- bleau 48). — Les résullals du tableau 48 ont été obtenus en exposant une cullure de moisissure à 33°. Étant donnée l'intensité respiratoire considérable de notre Sterigmatocys- lis à cette tempéralure, nous avons été obligé, pour éviter dès phénomènes d'asphyxie, de placer durant la première 196 €. GERBER. période notre culture à des températures basses, pendant les heures de la nuit, où il nous était impossible de renou- veler l'atmosphère. Comme la quantité de gaz carbonique émis à ces basses températures (8°, 10°, 12°) est faible el que, pour deux d’entre elles (10°, 12°) les quotients sont supérieurs à l'unité, on voit, que la dun apportée de ce fait à la respiration, durant la première période, est négligeable. La comparaison des tableaux 47 et 48 montre que pour l'acide malique comme pour l'acide tartrique, dans la cul- ture à 33°, le quotient respiraloire est plus élevé au-dessus de l'unité, pendant la première période et plus inférieure à l'unité pendant la seconde, que dans la culture à 20°. Ce- pendant l’augmentation du quotient de la première période est beaucoup plus faible pour l'acide malique (1,27 à 1,29, que pour l'acide tartrique (1,32 à 1,41). De même, tandis que la quantilé de gaz carbonique dé- _ gagé, avec des quolients supérieurs à celui de la combustion complète de Pacide, est plus forte à 37° qu’à 20° pour l'acide lartrique (263,32 au lieu de 81*,90), elle est au contraire plus faible pour l'acide malique 4991 qu'a 200 0281087 an lieu de 294°,68). Il semble donc que, alors qu'aux températures élevées l'acide tartrique fournit une plus grande quantité d'hydrates de carbone qu’à 20°, l'acide malique subit une oxydation plus complète aux hautes températures qu'aux températures moyennes. D'ailleurs le poids du mycélium qui, pour la cul- ture à 20°, est 05,35, n'est plus à 33° que 05,29. Enfin la quantité de gaz carbonique dégagé pendant la seconde période est beaucoup plus importante par rapport à celle de la première période à 33° qu’à 20°. Le rapport entre ces quantités s'élève en effet de 1/3 à 1/2; la quan- uté de sucre non décomposé, au début de cette seconde période, alors que lacide a disparu, est également plus forte à 33° qu'à 20° (08,65 au lieu de 06',55). Nous avons constaté le même fait avec l’acide tartrique: cependant la seconde période de la respiration est beaucoup 197 CHARNUS. FRUITS DES MATURATION 8G' 30 PR re ponts res A ee nee ss THE] O 0 LUI np SPI0d 2e «09 YC'YCY €G‘0 | cy'eT | C£'CT | &6‘0 ave] 8‘0rF testesseerssessseeseUiOT ‘OSU9JUI S91} UOrepn10ds ‘911OU WNI[99ÂU NP 998JINS *ejqiez uoryepniods ‘out[q WnI[29ÂN "2[qISU9SUr uoryepniods ‘OUtIq WNI994ÂN ‘axni109 VT aq LIHASV 16°0 1817 Y0'8€ , 16.0 CS'6F 9€°cy 16°0 OS‘LEZ LE‘SIS 98'0 FL°9Y 0S'0F L8'0 (DR 25 69% 86°0 O8 ANA *9J0nS 9P (L‘'as0 93594 [1 “onbrjeu oproe p sud e ÊU I] — ‘pou 08 &O‘T €S°47 cY° SF 6 ne 80‘T ASS ey‘9s 90 7 Gr ELF 98 C81 0° AUS OL‘eH 60'T 17° GE'ce "2POILIT ox} °2°9 | °9°9 °92°9 ‘2°9 “oporagd “oponuod onbeyo juepuod onbeyo op SR doses NE Or ; Er 20: An Es ne 26 JUHOSUV ( J9Y930 709 809 RS SC 99‘6TI eee 9 99‘COT 8F°60F GL‘&6 0C°96 00°C6 OCT GL'STT CC SVT 00‘&6F su *HONAIUTAXE 1 op MAG “onbrexo 9p1o0,p £3' 130 9p oouosaid ®[ 9783SU09 uQ ‘aaons op 1u enbryew eproe p sujd e AU IT — ‘2P0249q “ASA'TVNY 1 4Q 8 “JOUAQJ # — 0€ *10TAULI #8 dLVA *AU2NS HA *U9 F LA ANÔÜITVA HAT) V 4 e£a80 LNVNALNON HATLIHLNON NOILNTOS ANA MHNS HAILTNI VUHIIN SILSAIOLVNOIUALS NG 0€} V NOILVUIdSHH ‘67 AVAIAVL 198 _ €. GERBER, plus importante dans le cas de l'acide malique à 33° que dans le cas de l'acide tartrique à 37°. TABLEAU 50. RESPIRATION A DIVERSES TEMPÉRATURES DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA ENSEMENCÉ LE 16 DÉCEMBRE SUR LIQUIDE NUTRITIF CONTENANT 08,36 D'ACIDE MALIQUE ET 18°,01 DE SUCRE. | PAIE ie de CO? nécacé.| O aBsonué. co? l DE L'ANALYSE. L'EXPÉRIENCE TURE. 0 b. c.c. c.c 21 décembre... 2. | 120,00 330 51,87 46,74 41,11 22 CPR | 24,00 3930 09,32 44,25 1,25 A | 48.82 | 190 57.08 | 40,38 | 4,16 29 RAR D EN NE de Ce 105,26 8° 09,26 46,8% 1,18 D janvieri. 0 99.50 | 40° S6 64 | 4057 1 14 OT ae 84,175 40 34,94 39,71 0,88 CT ne | ae 5726 | 40.80 | 1,15 A AE RS A 10,00 39° 50,06 45,92 1,09 Ro 0,66 | 330 Lit | cos UE Sn 0,95 | 330 Eh 76 QE RU AE NN es 11,83 3930 61,37 56,30 1,09 QE A RE PP En 11,00 a 39,80 40,23 0,84 Re 3648 | 330 1066 81413 No oi VAN ER D nt 152,00 3930 39,71 47,84 0,83 Conclusions. — Aux températures élevées, l'acide malique constitue pour le Sterigmatocystis nigra un aliment dont la faculté d'assimilation par rapport à celle du saccharose est beaucoup plus considérable qu'à 20°. À ces températures éle- vées, cet acide est également beaucoup plus rapidement assimilé que l'acide tartrique ; mais il semble subir une oxydation plus complète qu'à 20°; tandis qu'au contraire l'acide tartrique sem- ble subir une oxydation un peu moins complète et, par suite, fournir une plus grande quantité d'hydrate de carbone. 3° Jiespiralion aux températures inférieures à 20° (ta- bleau 49). — Le tableau 49 relatif aux échanges gazeux suc- cessifs oblenus en plaçant à 12° une culture de Sterigmato- MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 199 cyslis nigra sur une solution contenant 06',33 d'acide malique et 1 gramme de sucre, contraste absolument avec le ta- bleau 45 où l'acide tartrique remplace l'acide malique. En effet, dans le tableau 45, la seconde période, celle où il ne resle plus d'acide et où le saccharose constitue le seul ali- ment offert à la moisissure, n'existe pour ainsi dire pas; dans le tableau 49, au contraire, cette seconde période est plus importante que la première, car la moisissure y con- somme les 3/4 restants du saccharose et dégage plus de gaz carbonique que pendant la première. Celle-ci ne peut pas, dans le cas de l'acide malique, être subdivisée en deux parties comme pour le cas de l’acide tartrique. Dès le début de cette première période, les quotients respiratoires supérieurs à l'unité apparaissent en même temps que la quantité d'acide malique diminue, et ces quotients vont en décroissant peu à peu jusqu'à devenir inférieurs à l'unité, au moment où l’on passe à la seconde période, moment où l'acide a disparu et où 1l reste encore beaucoup de saccharose. Nous avons vu, au contraire, que dans le cas de l’acide lartrique, pendant la première moitié de la première période, les quotients sont inférieurs à l’unité alors que du saccharose seul disparaîl et que les quotients supérieurs à l’unité ne se montrent que pendant la seconde partie de la première période, quand l'acide, non utilisé dans la première partie, est consommé par la moisissure, faute d’un aulre aliment. Le tableau 50 dans lequel sont relevés les quotients respi- ratoires fournis à diverses lempéralures par le S{erigmato- cyshs nigra cultivé sur la solution précédente, montre que, même au-dessous de 12° (8°), l'acide malique est encore con- _sommé de préférence au saccharose. La comparaison de ce tableau avec le tableau 49 prouve également que le quotient respiratoire général est diminué aux basses lempératures uniquement par suite de la formation d'acide oxalique aux dépens du sucre. Nous n’insisterons pas davantage sur ce fait que nous avons éludié précédemment el nous résume- rons comme il suit l'étude de la respiration du Sferigmato- 200 C. GERBER. cystis nigra cultivé sur un mélange de sucre et d'acide ma- lique : Quand on donne simultanément comme nourriture du sac- charose et de l'acide malique à une moisissure, l'acide malique est toujours consommé plus rapidement que le sucre, quelle que soit la température (à l'encontre de l'acide tartrique pour les basses températures). [l en résulte que le quotient respiratoire décrott constamment. Supérieur à l'unité au début de l'expé- rience, il devient inférieur à cette valeur généralement quand l'acide a complètement disparu. RESPIRATION DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA CULTIVÉ SUR UNE SOLUTION CONTENANT DU SACCHAROSE ET DE L'ACIDE CI- TRIQUE. Toutes les expériences quiont été faites avec les deux acides précédents ont été répétées avec l'acide citrique. Elles nous ont montré que : L'acide citrique se comporte absolument de la même facon que l'acide tartrique quand 1 est donné mélangé à du sucre comme aliment aux moisissures. Au lieu de la série des tableaux de ces expériences, ce qui prolongerait outre mesure notre exposé, nous nous conten- terons du tableau 51, dans lequel sont relevées les respira- tions fournies par le Sterigmatocystis nigra cultivé sur une solution contenant des poids égaux de sucre et d'acide à des tempéralures alternativement élevées et basses. RAPPROCHEMENTS ENTRE LA RESPIRATION DES MOISISSURES CUL- TIVÉES SUR DES SOLUTIONS ACIDES ET SUCRÉES ET CELLE DES FRUITS CHARNUS ACIDES ET SUCRÉS. Aux températures élevées, les fruits charnus acides pré- sentent comme le S'erigmatocystis nigra cultivé sur une solution sucrée et acide, des quotients supérieurs à l'unité ; ces quolients sont à peu près égaux à ceux des moisissures MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 201 TABLEAU 51. RESPIRATION DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA ENSEMENCÉ LE 24 NOVEMBRE SUR LIQUIDE NUTRITIF CONTENANT 0%,82 D'ACIDE CITRIQUE ET 0%" ,84 DE SUCRE. Température variable. DATE DURÉE TEMPERA- CO2 0 de de ù TURE. : DÉGAGÉ. ABSORBÉ, L ANALYSE, L EXPÉRIENCE. h. c.c. C:C: 13 décembre ...... 339 » 19,84 19,27 1,03 M nu. 330 11,00 32,32 25,45 1,27 oi Bo 10,25 3,81 6,93 0,55 SEE 10 109,50 8,49 8,84 0,96 1,52 6,06 0,25 82,41 68,11 1,21 64,65 50,91 1,27 19,45 21,37 | 0,91 25,57 26,36 | 0,97 48 | 37.50 447 37,36 39,02 1,47 40,99 38,31 1,07 51,87 36,27 1,43 17,69 20,11 0,88 20,49 2358 |: 0,87 63,21 48,63 1,30 49,78 35.82 | 439 69,70 29,43 1,12 37,42 38,18 | 0,98 47,01 51,10 | 0,92 62,27 67,68 | 0,92 30,79 7001 082 13,82 17,71 0,78 874,61 | 776,18 elle" el ares Se! 1 0! s%eete ee ‘ecole ad le 202 €. GERBER, et comme ceux-ci, sont d'autant plus élevés qu'il y a plus d'acide. À ces températures, les quotients respiratoires successifs d'un même fruit acide, comme ceux des moisissures, dimi- nuent peu à peu en même temps que l'acidité du fruit, pour devenir inférieurs à l’unilé. La seule différence observée entre les fruits et les moisissures consiste en ce que le quo- lient respiratoire des moisissures devient inférieur à l’unité seulement quand tout l'acide à disparu, tandis que celui des fruits est déjà plus petit que l’unité alors que ceux-ci contiennent encore une pelite quantité d'acide. Cette ditfé- rence s'explique facilement; dans les fruits, en effet, la proportion des acides aux substances sucrées est beaucoup plus faible que dans nos cultures et, par suite, le quotient élevé dû aux acides est beaucoup plus abaissé par la com- bustion du sucre dans les fruits que dans les moisissures. Aux basses températures, les fruits, comme le Sterigmato- cystis nigra, Se comportent différemment suivant qu'ils con- tiennent des acides citrique et tartrique ou de l'acide ma- lique. Les fruits à acide citrique ou tartrique (fruits des Auran- Uacées, oranges, alkékenges, etc.), comme le Sterigmato- cyslis cultivé sur une solution contenant un mélange de saccharose el d’un de ces deux acides, présentent aux basses températures un quotient inférieur à l'unité ; mais, tandis que ce quotient, à la fin de l'expérience, devient supérieur à l'unité pour les moisissures, il reste constamment inférieur à l'unité pour les fruits. Cette différence s'explique par ce que la quantité de sucre très petite dans nos cultures de moisissures est épuisée à la fin de l'expérience et par suite la moisissure est obligée de consommer le seul aliment qui lui est offert, l'acide, tandis que dans nos fruits la quantilé de sucre est si considérable que l'acide ne reste jamais seul. Les fruits à acide malique (pomme, etc.), comme le Sfe- igmatocystis ceullivé sur une solution de saccharose et d'acide malique, offrent aux basses températures, comme MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 203 aux températures élevées, un quotient respiratoire supérieur à l'unité. Ce quotient diminue en même temps que l'acidité du fruit pour devenir inférieur à l’unité quand l'acide a pres- que complètement disparu. Il y a, on le voit, identité absolue entre la respiration et ses rapports avec l'acidité, dans les fruits charnus acides et sucrés et dans le Sterigmatocystis nigra cultivé sur une solu- lion sucrée et acide. Nous avons donc le droit d'étendre aux fruits les conclusions formulées au sujet des moisissures et de dire : Les quolients respiratoires supérieurs à l'unité observés : généralement à toute température pour les fruits charnus sucrés contenant de l'acide malique, seulement aux tempéra- tures élevées pour les fruits charnus sucrés contenant de l'acide citrique ou de l'acide tartrique, doivent être attribués à la com- bustion incomplète de ces acides. Ceux-ci prennent de l'oxy- gène à l'atmosphère, pour donner naissance à des hydrates de carbone avec dégagement de qaz carbonique. Ces quotients sont généralement inférieurs aux quotients caractérishiques de la formation des hydrates de carbone aux dépens des acides parce qu'il se produit en même temps que la réaction précédente, une combustion des matières sucrées con- tenues dans les fruits, combustion qui absorbe plus d'oxygène qu'elle ne dégage de gaz carbonique (À). RECHERCHES SUR LA MATURATION DES FRUITS CHARNUS SUCRÉS CONTENANT DU TANNIN. Méthode de recherches. — Nous avons montré dans l'hislo- rique critique que les auteurs ne sont pas d'accord sur le rôle du tannin dans les fruits. = Tandis que M. Chatin (1) attribue une partie au moins du (1) J'ai souvent eu recours, pendant cette étude de la respiration des moi- sissures, aux conseils précieux de M. Perdrix, professeur de chimie à la Faculté des sciences et ancien préparateur à l’Institut Pasteur. Je suis heu- reux de lui en exprimer ici mes plus vifs remerciements. (1) Loc. cit. 204 €. GERBER. gaz carbonique dégagé pendant le bleittissement à la des- truction des matières tannoïdes par oxydation, Cahours (1) prétend que le gaz carbonique dégagé pendant cette période de la vie des fruits est dû à la fermentation du sucre. D'un autre côté, Buignet (2) dit que le tannin se transforme en matière sucrée, alors que Brünner et Chuard (3), après leur découverte de l'acide glucosuccinique, révoquent fortement en doute lexistence de la substance tannoïde de cet auteur et attribuent à leur glucoside l’origine des sucres. Enfin M. Lindet (4), par sa découverte d’une diastase oxy- dante qui détruirait le lannin, remet en faveur la théorie de l'oxydation de cette substance. En présence de ces nombreuses opinions opposées, nous nous sommes demandé si la méthode qui nous avait réussi dans l’étude de la transformation des acides organiques ne pourrait pas nous aider pour la recherche de la trans- formation des tannins. Aussi nous proposons-nous : 1° D’étudier à diverses températures la respiration des fruits contenant du tannin et de rapprocher les résultats irouvés de ceux que nous fournit l'analyse du péricarpe; 2° D'étudier la respiration du Séerigmatocystis nigra cul- tivé sur du tannin où il développe abondamment son my- célilum et de comparer celte respiration à celle des fruits. Choix du fruit. — Les fruits qui contiennent du tannin sont {rès nombreux, aussi, semble-t-il à première vue que nous n’ayons que l'embarras du choix ; mais, ou bien le tannin ne représente qu'une faible proportion de ces fruits (ba- nane, elc.), ou il est accompagné d’acide dont l’oxydation vient modifier les échanges gazeux dus à sa transformation (pommes, fruits du Prunus spinosus), sorbes, nèfles (Wespi- lus germanica)|. Nous avons donc été obligé de préférer aux fruits indigènes les Æakis. Loc. cit Loc. cit. Loc. cit. ROC Ctt: MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 205 Ces fruits des Piospyros sont dépourvus d’acides et con- tiennent une telle quantité de tannin que, d’après M. Du- pont (1),le liquide résultant de leur macération dans l’eau, liquide appelé CAibouki, est employé au Japon comme mor- dant dans la fabrication des laques, dans la teinture et dans la tannerie. Les Diospyros sont cultivés dans un certain nombre de jardins à Marseille; aussi nous a-t-il été facile de commencer nos expériences sur leurs fruits aussitôt après leur séparation de l'arbre. Respiration des fruits de Diospyros kaki, variété Zendji. — Le 29 octobre, nous avons placé en atmosphère confinée un kaki Zendji jaune rougeâtre voisin de la maturité. Le péricarpe de consistance ferme ne dégageait aucun parfum. Un fruit offrant le même degré de maturation présente une saveur très astringente et la surface de section se colore rapidement par le perchlorure de fer. Le premier fruit est constamment exposé à la température de 33°, du 29 octobre au 13 novembre. L'analyse de l'atmosphère confinée faite plusieurs fois pendant ce laps de temps a fourni les chiffres inscrits dans le tableau 52. TABLEAU 52 RESPIRATION À 33° D'UN KAKI ZENDJI PESANT 255",50. Par kilog. et par heure Durée Re RE Date de CO2 O0 CO2 - de l'analyse. Caractères du fruit. l'expérience. dégagé. absorbé. EE ‘Consistance Étns 2 h ce ce 34 octobre. ns ra. RS 2096 23114 30-051 0 0:98 fum. | 2 novem. 41,15 28,25 39,10 0,19 PE | 54,08 31,24 34,72 0,90 6 — Le parfum apparaîil. 45,82 46,60 32,81 1,42 Qu 45,17 06,39 29:D2 2,21 AA — 63,66 63,98 21,05 3,04 Consistance molle, pas 13 CE RRRR RAUROUDE ns V0. 80 16,23: 1 «8107 de parfum. Saveur sucrée. ) (1) Dupont, Notes relatives aux kakis japonais cultivés (In Bull. de la Soc. d'hort. et d’accl. du Var, Toulon, Michel Massone, 1880). 206 C. GÉRBER. On voit que, jusqu'au 4 novembre, c’est-à-dire pendant six jours, le quotient respiratoire s’est constamment maintenu inférieur à l'unité, alors que la quantité d'oxygène absorbé diminuait de plus en plus et le fruit dont la consistance devenait moins fermene dégageait encore aucun parfum. Mais, à partir du 6novembre,le fruit de plus en plus mou dégageun parfum agréable qui augmente peu à peu d'intensité et le quotient respiratoire devenu supérieur à l'unité s'accroît en même temps. Ce quotient augmente dans des proportions telles que bientôt la quantité de gaz carbonique dégagé est trois fois plus considérable que la quantité d'oxygène absorbé. Quant à l’intensilé respiratoire, elle continue à décroître, puisque la quantité d'oxygène absorbé diminue de plus en plus; finalement elle n’esl pas même la moitié de ce qu’elle élait au début de l'expérience. La comparaison du tableau 52 avec les tableaux relatifs à la respiration de tous les fruits acides aux températuresélevées (pommes, raisins, oranges, mandari- nes, elc.), fait ressortir des différences essentielles : les quo- tients respiratoires des fruits acides sont, au débutde l’expé- rience, supérieurs à l'unité; puis ils décroissent constamment pour devenir inférieurs à l'unité ; l’intensité respiratoire dé- croissant en même lemps, on peut dire d'une façon géné- rale que l'intensité respiratoire est d'autant plus forte que le quotient respiratoire est plus élevé. Au contraire, le quo- tient respiratoire du kaki Zendii, inférieur à l'unité au dé- but, croît constamment et est d'autant plus élevé que le fruit est plus mûr; l'intensité respiratoire diminuant cons- tamment avec la maturité, 1! en résulte que, contrairement au cas des fruits acides, l’intensité respiratoire est d’autant plus faible que le quotient est plus élevé. Puisque nous avons constaté au début de l'expérience une grande quantilé de tannin et l’absence de parfum, tandis qu’à la fin il ne reste plus de tannin et que le fruit est parfumé, nous sommes amenés, en rapprochant ces deux faits de celui consistant en l'augmentation du quotient respiraloire à la fin de la même expérience, à émettre Les trois hypothèses suivantes : MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 207 1° Le tannin disparaît seulement pendant la deuxième partie de l'expérience. Cetle disparition est accompagnée d’un dégagement de gaz carbonique supérieur à l'absorption d'oxygène et de la formation d'un produit volatil odorant. 2° Le tannin disparaît pendant toute la durée de l’expé- rience. Cette disparition est accompagnée d'un dégagement de gaz carbonique inférieur à l'absorption de l'oxygène, mais pendant la seconde partie de l'expérience, outre la destruc- tion du tannin, le fruit est le siège d’une seconde réaction, indépendante de la première ; celte réaction engendre le par- fum et, en même temps, ou bien elle dégage plus de gaz carbonique qu'elle n absorbe d'oxygène, ou bien elle ne dé- gage que du gaz carbonique. 3° Le tannin se détruit d'abord pendant la première partie de l'expérience, alors que le quotient est inférieur à l'unité: puis, seulement quand il est détruit, une deuxième réaction se produit qui, ou bien dégage plus de gaz carbonique qu'elle n'absorbe d'oxygène, ou bien ne dégage que du gaz carbonique. Laquelle de ces trois hypothèses devons-nôus adopter ? Puisque toutes lrois admetlent des relations différentes existant entre le quotient supérieur à l'unité, la disparition du tannin et la production du parfum, nous devons, en es- sayant de supprimer le quotient supérieur à l'unité et en cherchant ensuite quelles modifications cette suppression produit dans les deux autres phénomènes, trouver des faits conüirmant l'une des trois hypothèses et infirmant les deux autres. | Nous avons eu recours à l’abaissement de température pour essayer de diminuer le quotient respiratoire, ce procédé _nous ayant déjà réussi pour les acides. Le tableau 53 comprend les chiffres de la respiration, à 20°, d'un #aki Zendji offrant les mêmes caractères exté- rieurs de maturation que le £a? du tableau 52. _ On voit que les modificalions de la consistance du fruit, du tannin, du parfum et de l'intensité respiratoire sont les 208 C. GERBER. mêmes à 20° qu à 33°. Quant aux quotients respiratoires, ils sont bien, à 20° comme à 33°, d’abord inférieurs à l’unité, puis, quand le parfum apparaît, ils deviennent bien supé- rieurs à celle valeur et d'autant plus grands que l’on est plus éloigné du début de l'expérience, mais l'écart entre le quotient maximum et le quotient minimum est beaucoup plus faible à 20° qu'à 33° (0,92 à 2,50 au lieu de 0,93 à 3,07). Si nous remarquons que, à 20°, l’intensité respiratoire est deux fois moins forte qu'à 33°, nous pourrons penser que l’activité protoplasmique étant bien moins forte à 20° qu’à 33°, les cellules n’ont pas besoin d'emprunter autant d'oxygène dans le premier cas que dans le second. Aux deux tempéra- _ tures, l’apport de l'oxygène, de l'extérieur, est insuffisant ; mais il est plus insuffisant à 33° qu à 20°, d’où asphyxie plus complète des cellules. Dans les deux cas, puisqu'il y a as- phyxie, il doit y avoir production d'alcool el il est probable que c’est lui qui en se combinant à des acides donne des éthers constituant le parfum du Zendyi. TABLEAU 53. RESPIRATION A 20° D'UN KAKI ZENDJI PESANT 268", Par kilog. et par heure. Durée Te Date de Co? (0) CO2 de l'analyse. Caractères du fruit. l'expérience. dégagé. absorbé. ON Consistance ferme. Beaucoup detan-/ 18,75 2136 2322 0,92 4 noyene nin. Aucun pare fum. ) 6 — 46,25 23,70 22,51 1,05 ga 45,33 52,84 24 OUAIS Al — 63,92 42,19 16,88 2,90 19 UE 49,08 37,62 15,23 2,47 15 — 471,50 33,02 13,07 2,41 nt es 47,15 26 » 11,64 2,23 Consistance molle. 10 Pas detannin. Par- 47,66 20,92 0.87 2,12 fum très dévelop- pé. Saveur sucrée. Ce que nous venons de dire nous fait espérer qu’en abais- sant davantage la température nous obliendrons une dimi- MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 209 nution de l’activité protoplasmique telle que l'oxygène de l’almosphère soit suffisant à entretenir les réactions cellu- laires. C’est en effet ce qui se produit en plaçant à 0° un kahi Zendyi offrant les mêmes caractères que les deux pré- cédentis (Lableau 54). On voit que le tannin disparaît complètement sans qu'il y ait production de parfum (élimination de la première hypo- thèse) et avec dégagement d’une quantité de gaz carbonique moins considérable que la quantité d'oxygène absorbé, puis- que les quotients sont tous inférieurs à l'unité. S'il ya réellement fermentation dans les expériences faites à 33° et à 20°, nous devons constater dans les fruits, la pré- sence de l'alcool. Cet alcool doit être, avons-nous dit, non pas libre, mais combiné à des acides sous forme d’éthers; aussi avant de rechercher directement l'alcool etles acides par le procédé de M. Duclaux, est-il nécessaire de saponifier ces éthers. TABLEAU 34. _ RESPIRATION A 0° D'UN KAKI ZENDJI PESANT 218r,50. Par kilog. et par heure Durée es — Date de Co2 0 Co2 de l'analyse. Caractères du fruit. l'expérience. dégagé. absorbé. 0” /Consistance ferme.\ h ec Beaucoup de tan-| A de je 2 novem. | En dou nr 72,50 HAT 8,89 0,81 (à 15°) fum. Do — 122,58 0,81 1,64. 0,50 He 233,50 070 -. 141 0,61 30 7 287 » 1,64 2,41 0,68 9 décem. 222,50 DUO 301: 1084 190 — 232,82 254 3,42) O8 Consistance si 0 RE 264,92 - 281 292 0,86 fum.Saveur sucrée Voici la marche que nous avons adoptée et que nous allons exposer avec quelques développements, puisqu'elle nous a servi pour toutes les expériences faites avec les Æafis, les bananes, les melons, les nèfles, les sorbes, les ananas, ele. ANN. SC. NAT. BOT. IV, 14 210 | €. GERBER, Saponification des éthers. — 433 grammes de kaki Zendji parfumés, müûris à 20°, sont triturés avec de l’eau distillée de facon à obtenir un litre de mélange que l’on passe à travers un linge. Le résidu, après expression, est trailé à deux nou- velles reprises de la même façon. On obtient ainsi trois litres d'un liquide qui est distillé au bain d'huile; la distillation est arrêlée quand il ne reste plus dans le ballon qu’un demi- litre de résidu qui ne présente plus aucun arome, alors que le produit distillé offre l'odeur des fruits. Après avoir ajouté à ce liquide un grand excès d'eau de baryte, nous versons le mélange dans un grand ballon (pl. Il) surmonté d'un réfrigérant en.verre ascendant, dont la parte terminale plonge dans de l’eau. Le liquide est maintenu en ébullition lente et régulière pendant vingt-quatre heures. Pendant celle opération, on constale à la base du réfrigé- rant-spirale des stries qui font penser à la présence d’un alcool. On laisse refroidir et on transforme le réfrigérant ascendant en un réfrigérant descendant, en remplaçant le tube de raccord À par un tube qui rejoint le col du ballon à la partie supérieure du réfrigérant ; préalablement on a versé l’eau où plongeait la partie terminale du réfrigérant dans le ballon. On distille un tiers du liquide dans lequel passe l'alcool. Ce liquide est mis de côté. Recherche des acides volatils. — Les deux tiers restants de la liqueur sont réduits à 60 ou 80 centimètres cubes. On laisse refroidir et on fillre. Après avoir ajouté une quantité d’acide larlrique suffisante pour mettre tout l'acide volatil en liberté, on décante pour enlever le précipité de lartrate de baryte, lequel est lavé à plusieurs reprises; les diverses liqueurs sont réunies et le volume est complété à 110 centimètres cubes. On distille dans un ballon de 250 centimètres cubes commu- niquant avec un réfrigérant Liebig dont l'extrémité inférieure recourbée est taillée en biseau. La distillation est poussée de telle façon que dans l’espace de quarante-cinq minutes environ on recueille dans de petits flacons jaugés et à col étroit dix prises successives de dix centimètres chacune; on MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 211 arrêle alors la distillation. Il reste dix centimètres cubes de liquide dans le ballon. Chacune des prises est salurée par une solution normale de soude étendue au quarantième, la phtaléine du phénol ser- vant de réactif indicateur; le nombre de centimètres cubes nécessaires pour chaque neutralisation est relevé dans la colonne [ du tableau 55. TABLEAU 55. RECHERCHE DES ACIDES VOLATILS CONTENUS DANS LE KAKI ZENDJf. IL. IN A VI. VIL (1). I. Chiffres Chiffres Acides Chiffres Chiffres Soude correspon- correspon- passés correspon- Correspon- nécessaire RE dants dants dans les danis dants Numéro à la Pour- de l'acide de l'acide 10,20, 30 de l'acide de l'acide delaprise. saturation. centage. acétique. formique. 125 cc: acétique. formique. ce re ce ce ce cc ce jet 2 7,90 7,40 5,90 7,90 7,40 5,90 . D 15 810 7,80 6,30 16 » 15,20 12,20 see 2,50 8,30 8,20 6,80 24,30 23,40 149 » ne 2,60 8,60 8,60 7,40 32,90 32 » 26,40 5... 270 8,90 8,90 8 » 41,80 40,90 34,40 AS 9 80: 9.30: «060 8,80. 51,40 50,50 43,20 1. 35... 40.» 40.40 0,60 61,10 60,90 52,80 D ÉRAUUE 9:90 dl 'e) (HE) 11,80 72,10 71,90 64,60 de. 380: 42.60 12,500 45086 SANTO: 8440: «19:60 10... 4,60 15,30 145,60 20,40 1400 » 1409 » 100 » On voit qu'il passe dans chaque prise, une proportion d’aci- des d'autant plus forte que la prise a été cueillie à un mo- ment plus éloigné du début de la distillation. C’est le carac- tère des acides formique el acélique, par opposilion aux acides bulyrique, valérianique, ete., qui passent de préférence dans les premières prises. Évaluons les diverses quantités de soude de la première colonne (et par suile les quantités _d’acides passés dans chaque prise) en centièmes de la quantité de soude qu'il a fallu pour saturer les 100 centimètres cubes du liquide distillé. Pour cela, 1l suffil de diviser chacun des nombres dela colonne [ par le nombre qui représente la quantité totale de soude employée (30,20). On obtient ainsi _ (4) Duclaux, Dosage des acides volatils (Annales de l'Institut Pasteur, t. IX, p. 29, 1895). 212 C. GERBER. la colonneIl. Si on compare les chiffres de cette colonneaux chiffres correspondants fournis par les acides acétique (co- lonne 111) et formique (colonne IV) (1), on remarque qu'ils sont éloignés des chiffres de l’acide formique et au contraire très voisins des chiffres de l'acide acétique. Ils leur sont même légèrement supérieurs, ce qui s'explique, comme nous le verrons, par la présence probable de traces d'acides œnan- thylique ou pélargonique. Le rapprochement avec l'acide acétique el l'écart avec l'acide formique ressortent encore bien mieux de l'examen des colonnes V, VI et VIE où nous avons inscrit les quantités de notre acide, d'acide acétique et d'acide formique qui passent dans les 10, 20, 30, ete., pre- miers centimètres cubes distillés. Vérification de la nature de l'acide. — Le liquide neutra- lisé de l'expérience précédente, auquel nous ajoutons les 10 centimètres cubes de liqueur restant dans le ballon, aci- dulé de nouveau avec de l'acide tartrique, puis redistillé, fournil une solution qui, saturée par la potasse et ensuite évaporée, laisse un résidu. Une portion de ce résidu, traitée par l'acide sulfurique et l'alcool, dégage l'odeur caractéristi- que de l’acétate d’éthyle ; on perçoit en outre une légère. odeur qui nous semble êlre due à l'œnanthylate ou au pé- largonate d'éthyle (?). L'autre partie du résidu, chauffée avec de l'acide arsénieux, dégage l'odeur du cacodyle également assez caractéristique de l’acide acétique. Recherche des alcools. — Le liquide que nous avons mis de côté au début de l'expérience et que nous supposons con- tenir de l'alcool est distillé au tiers à plusieurs reprises. On constate chaque fois les stries indiquées par Pasteur comme pouvant faire présumer la présence de l'alcool. Lorsqu'il est réduit à 100 centimètres cubes, nous le soumettons àla dis- tillation fractionnée avec un petit tube Glinski et nous re- cueillons les dix premiers centimètres cubes; le liquide obtenu est un peu louche ; sa densité prise par la méthode. (1) Duclaux, Annales de Chimie et de Physique, 6° série, t. VIIX, p. 542. (1886). ; MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 213 du flacon est 0,987, ce qui correspond à 10 p. 100 d'alcool; passé au comple-goultes de M. Duclaux 1l donne 158 gouttes à 15°. Or l'alcool ordinaire à 10 p. 100 de concentration ne donne, d'après ce savant (1), que 14% gouttes ; nous avons donc affaire à un mélange d'alcool ordinaire el d’un alcool supérieur (alcool butylique ou amylique) en très faible quantité. Vérification de la nature des alcools. — Les premières por- tions du liquide soumis de nouveau à la distillation, ont un aspect laiteux, tandis que les dernières sont limpides ; le produit qui accompagne l'alcool ordinaire est donc de lal- cool amylique; par oxydation au moyen du dichromate de polassium et de l'acide sulfurique, 1l se développe une odeur d'acide valérianique qui confirme la présence de l'alcool amylique. M. Duclaux recommande (2) pour caractériser l’alcool or- dinaire, de joindre à la constatation des stries et à l'épreuve du comple-gouttes, la formation d’iodoforme. Aussi, à une partie du liquide qui a été passé au compte-goulles, nous ajoutons 2 grammes de carbonate de soude pur, cristallisé, et 08°,10 d'iode en poudre fine; nous portons à 60° le mé- lange placé dans une petite capsule de porcelaine, en agitant constamment, jusqu’à ce que l’iode ait disparu. On perçoit nettement une odeur d’iodoforme. On voit, en outre, appa- raître dans la masse du liquide, par refroidissement, des paillettes jaunes micacées qui se déposent au fond de la cap- sule; ces paillettes offrent l’odeur de l’iodoforme el, exami- nées au microscope, elles se présentent en tables hexago- nales régulières, les unes isolées, le plus grand nombre groupées en étoiles ; or ces formes sont également caracté- risliques du corps précédent. Les Zend]i müris à 20° contiennent donc de l'acide acé- tique, des traces d’acides supérieurs, de l'alcool ordinaire (1) Duclaux, Dosage des alcools (Annales de l'Institut Pasteur, 1. IX, D 219 1895. (2) Duclaux, Chimie biologique. 214 . €. GERBER, el une faible quantité d'alcool amylique ; ces substances sont combinées à l’état d’acélate d’amyle (odeur dominante), d'a- célate d’étyle et peut-être d'œnanthylate ou de pélargonate d’éthyle. La même opération pratiquée sur les Zendji müûris à 0° et non parfumés n’a pas révélé la moindre trace d’alcools: Nous sommes donc amené à rapprocher ces deux faits : quotients supérieurs à l’unité et formalion d’alcools. Il de- vient par suite probable que l'élévation du quotient au-dessus de l'unité est due à la fermentation des matières sucrées, cette fermentation étant produite par une asphyxie partielle des cel- lules qui n'empruntent pas à l'extérieur une quantité d'oxy- gène suffisante pour les réactions dont elles sont le siège. Celte opinion va être confirmée par l’élude de quelques autres variétés de kakis, étude nécessaire pour établir que les phénomènes observés chez les Zendji, se produisent éga- lement chez tous les fruits à lannin. Respiration des fruits de Diospyros costata. — Deux fruils de Diospyros costata, rouges, voisins de la maturité, à péri- carpe dur el contenant encore beaucoup de tannin, sont mis l’un à 30°, l’autre à 15°. Ils nous ont donné les résullats ins- crits au tableau 56. TABLEAU 56. RESPIRATION A 900 ET A 15° DE DEUX FRUITS DE DIOSPYROS COSTATA, 1er Fruit. Poids 798',65. Température 30°. Par kilog. et par heure. bate I CO2 de l'analyse. CO?2 dégagé. O absorbé. FO 10 octobre. 4 0. 20,55 23.39 0,90 12 Dee AE 14,70 16,52 0,89 (BR ir. 24,07 94,55 1,10 16 De EU ee 42,50 24,68 1,71 Peu US 45,25 18,31 2,47 19 AE a 46,62 14,9% 3,12 MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 245 2° Fruit. Poids 1128",70. Température 15°. Par kilog. et par heure. Date EE — co2 de l’analyse. CO2 dégagé. O absorbé. RO 12octobres::i: 4, 11,92 13,54 0,88 14 nd ess 0 io 15,55 14,02 1,14 16 DR 14,27 10,57 1,39 18 er 10,49 8,32 1,26 20 se Re SEE 9,91: 8,26 1,20 23 ee ce ne 8,27 6,73 1,29 29 nn sie LAer ne 8,99 6,82 1,26 TABLEAU 57. RESPIRATION A 20° D'UN KAKI OCHIRAKAKI PESANT 1218",30. DATE CARACTÈRES DURÉE GO 0 À DÉGAGÉ ABSORBÉ CO? de du de — , , e Te nt À 0 L ANALYSE FRUIT LL, EXTÉRIENCE Par kilog. et par heure. | , Rouge vil. Consistance h. cc. cc. ferme. B’aucoup de ann 26"o6tobre:..27 / Saveur astringente. | 48,75 8,06 8,07 0,93 | Pas d’alcools ni d'acides volatils. D ee NS : 60,33 7,96 8,31 0,91 JADE Un 02,00 7,61 8,30 0,91 2 novembre... 47,18 8,01 8,80 U94 4 — ue 47, » 1,49 8,99 5,90 (9) — su 46, » 181 8,20 0,96 ) — us 45,66 7,36 8, » 0,92 A1 — si 70,58 0,94 445 0,83 1% — nes 70,33 5,03 6,99 0,86 17 _. , 12,92 5,48 5,82 0,9% 20 — nie 11,82 5,27 D, 19 0,92 23 — “ra 71,90 0,24 5,92 0,90 21 = no 93,42 5,934 5,08 0,94 30 = as 13,82 9,00 9,95 0,94 3 décembre... 71,08 0,99 6,61 0,90 Rouge foncé. Censistance \ | molle. Pas de tannin. = SE Saveur sucrée, 85,42 6,09 6,69 0,91 | Pas d’alcools ni d’acides | volalils. A la fin de l'expérience les deux fruits sont devenus mous; ils ont complètement perdu leur tannin, leur saveur est su- crée et celui qui a müri à 30° offre seul un léger parfum. 216 C. CÉRRER. TABLEAU 58. RESPIRATION A 18° D'UN KAKI DÉPOURVU DE GRAINES. : r 2 | DATE CARACTÈRES DURÉE CO2 npécacé.| O ABsoRRé. de TN AN TE DE L’'ANALYSE. DU FRUIT. L'EXPÉRIENCE par kilog. et par Deures h cc. CC Poids 1448r,95. Cou- leur rouge pâle. Consistance ferme 6 (| de : | 93.0 5.32 6,41 “HONG ONE Tannin abondant, EU De ? saveurastringente. Pas d’alcool. 98,26 5,16 5,79 De 94,42 | 5,30 5,89 26 2. 92,50 | 4,52 5,14 130 — 99,00 | 4,58 4,93 | 95,00 | 4,88 5,30 94,18 | 2,85 3,10 94,48 | 4,28 4,91 96,00 | 3,37 3,75 111,92 | 3,15 3,84 122,75 | 347 a 122,00 | 4,19 4,87 | 5Sjanvier.... 117,25 3,16 3,48 DD, 118,92 | 3,42 3,93 DS — Le. 119,88 | 3,79 4,35 — 4) 111,18 | 3,81 4,38 He 122,75 | 3,90 4,40 oi 121,58 | 4,23 4,60 4 février... . Couleur rouge vif. | 118,75 4,40 5,00 8 Re h| 42 — ll 16 — || 24 . Hope | 341 Es tal 102,32 | 5,37 6,32 ne 98,58 | 4,42 5,14 ee . 94,75 | 5,48 6,75 Va 93,50 | 5,57 6,40 DS ne 93,00 | 5,15 6,21 . 99,50 | 5,45 6,64 Poids 1348r,50. Cou-\ | leur rouge foncé. Consistance semi- à molle. Pas de tant 72% 9,91 6,79 nin, Saveur sucrée, \ pas d'alcool. | | | MATURATION DES FRUITS CHARNUS. DAT La méthode de M. Duclaux nous révèle dans le fruit müûri à 30° la présence d’une quantité appréciable d'alcool éthy- lique pur el d'acide acétique ainsi que celle de traces d’acide formique. Rien de tout cela n'existe dans le fruit mûr à 15°, c’est à peine si l’on peut soupconner l'existence de traces d'alcool éthvlique. Or l'examen du tableau 56 nous montre que le premier fruit dont l'intensité respiratoire est deux fois plus forte que celle du second présente également un quo- tient deux fois plus élevé (3,12 au lieu de 1,15). L'élude des fruits de Diospyros costata comme celle des Æaki Zendyi nous permet donc d'affirmer l'existence de relation très étroites entre le quotient supérieur à l'unité, la production d'alcool el l’activité vitale exagérée. Si l’un de ces phénomènes ne se produit pas, les deux autres ne se manifestent pas non plus. C'est ce que montre également l'étude du tableau 57 où sont consignées les respirations à 20° d'un kaki appartenant à la variété Ochirakahki, variélé pourvue de graines comme la variété Zendji, alors que les fruits de Diospyros costala et ceux que nous étudierons tout à l'heure n'en possèdent pas. Ce tableau montre en effet qu’à 20° l'intensité respiratoire du fruit est si faible que l'oxygène emprunté à l'atmosphère est suffisant pour les réactions chimiques qui se passent dans les cellules, même quand le fruil se ramollil; aussi le quo- tient respiratoire est-il constamment inférieur à l'unité, où s’il continue à disparaître pendant que l'alcool se produit. Or de la résolution de cette question dépend l'élimination de l’une des deux hypothèses (2° ou 3°) que nous avons précé- demment émises sur la disparilion du tannin. Pour arriver à ce résultat nous avons entrepris deux nou- velles expériences. Deux kakis (de variété indéterminée), rouge pâle, presque mürs, sont placés l’un à 18°, l’autre à 33° le 10 novembre. Le premier (tableau 58) est resté près de quatre mois dans nos appareils; 1l a subi une évolulion très lente, est devenu rouge foncé et de consistance semi-molle; 1l ne possède plus du tout de tannin à la fin de l'expérience et l'analyse 218 TABLEAU 59. C. GERRBER. RESPIRATION A 33° D'UN KAKI DÉPOURVU DE GRAINES. EE 1 RAS 02 É É | DA CARACTÈRES DURÉE CO2 pécacé.| O0 assorné. de RER Re ë DE L'ANALYSE. DU FRUIT. L'EXPÉRIENCE Poids 1298,20. Cou-\ leur rouge pâle.) Consistance dell Tannin abondant. nt certe | Pas d'alcool. / } 13 nu || 25 28 + | 4 décembre. ..) Consisitance semi- Couleur rouge vif. molle. 31 2Janvier. ee [Poids 126 gr. Cou-\ | leur rouge foncé. Péricarpe mou, ; . } translucide. Sa- de tannin. Pas d’al- cool ni d'acides vo- latils. veur sucrée, Ki] | h. 62,00 par kilog. et par heure. 15,44 12,27 12,14 14,33 11,71 10,38 11,76 11,09 11,88 11,02 11,26 11,52 11,67 13,89 15,40 17,45 17,30 16,95 22,06 22,81 Énen MATURATION DE FRUITS CHARNUS. 219 n'y décèle aucune trace d’alcool. Le quotient est demeuré constamment inférieur à l’unité. Ces résultats confirment entièrement l'hypothèse de la transformation du tannin avec dégagement d'une quantité de gaz carbonique inférieure à la quantité d'oxygène absorbé. Quant au second kaki placé à 33°, son intensité respira- toire est trois fois plus forte, aussi son évolution est-elle beaucoup plus rapide (tableau 59). Dès le 26 décembre 1l fonce en couleur et commence à se ramollir; cependant le quotient est inférieur à l'unité. Le 4 janvier, c’est-à-dire moins de deux mois après sa sépa- ration de l'arbre, commence la seconde période, celle de la fermentalion, car le quotient respiratoire devient supérieur à l’unité ; aussi arrêtons-nous l’expérience. Plus d’astringence, saveur simplementsucrée, aucun parfum. L'analyse ne révèle ni acides volalils n1 alcools ; le tannin a complètement dis- paru. Ces diverses constatations nous permettent d'éliminer la deuxième hypothèse et nous autorisent à interpréter comme suit les phénomènes qui se produisent pendant la maturation des fruils charnus sucrés contenant du lannin : La respiration des fruits charnus sucrés contenant du tannin varie avec la température; mais quelle que soit cette dernière, le tannin disparaît toujours avant que le quotient ne denienne supérieur à l’unité. Aux basses températures, l'oxygène de l'atmosphère qui peut pénétrer dans le fruit est capable de déterminer des réactions d'oxydation fournissant une quantité d'énergie supérieure à celle que nécessite la vie des cellules ; aussi le quotient respira- toire est-il toujours inférieur à l'unité. Aux températures élevées, tant qu'il ya du tannin, la quan- tité d'oxygène formée par l'atmosphère est également suffisante pour les réactions cellulaires ; par suite le quotient respira- toire est encore inférieur à l'unité; mais, dès que le tannin a disparu, cette quantité d'oxygène denient insuffisante et les cel- lules cherchent le complément d'énergie dans la fermentation de leur matière sucrée. 2920 C. GERBER. On peut facilement expliquer l'insuffisance que l’on cons- late, à partir d’une certaine température, dans la quantité d'oxygène fournie par l'atmosphère aux #akis ne contenant plus de tannin, par les transformations pecliques qui se pro- duisent pendant la maturation. Frémy (1) a montré que les fruits acides verts ne contien- nent que de la « pectose insoluble » et pas de pectine; il a montré aussi que, lorsque la maturation s’avance, la « pec- tose se transforme en pectine » sous l’action simulianée des acides et de la chaleur; les fruits tournent, leur consistance devient molle. Nous avons constaté que des modifications semblables se produisent chez les kakis. Ces fruits, quand ils sont verts, possèdent une grande quantité de tannin et ne contiennent que la substance appelée par Frémy pectose insoluble. Le tannin est encore très abondant chez ces fruits quand ils sont devenus rouges, presque mûrs, mais leur consistance élant encore ferme; à cetle époque ils ne présentent que des traces de pectine. Aussi, le suc de ces fruits filtré ne donne-t-il par l'alcool qu un précipité très faible; ce même suc, acidulé et bouilli, ne se prend pas en gelée par le refroi- dissement. Au contraire, aussilôt que le tannin a disparu, les fruits qui étaient durs et opaques, deviennent mous, presque translucides ; l'alcool donne avec leur suc un abondant précipité. Ce suc acidulé et bouilli se prend en gelée par le refroidissement. Les kakis contiennent donc à ce moment une quantité considérable de pecline. Nous devons, par suite, admettre que le {annin empêche la formation de la pectine. Or les tra- vaux de M. Mangin ont établi que la pectose est combinée dans les parois des cellules à la cellulose, sous forme de (41) Frémy, Recherches sur la pectine et l'acide pectique (J. de Ph., t. XXVI, p. 368, 1840). Mémoire sur la maturation des fruits (Annales de Chimie, 3° série, t. XXIV, p. 1-58, 1848). Comptes rendus de l’Ac. des Sc.,t. XLVIII, p. 203 (J. de Ph., 3° série, t. XXVII, p. 5). Modification des substances gélati- neuses pendant la maturation des fruits (Enc. ch., t. IX, 2° section, 1° fasc., p. 54). MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 291 pecto-cellulose. Pendant la formation de la pectine, les parois des cellules gonflent considérablement, et le tout forme une masse compacte dans laquelle les méats intercel- lulaires ont disparu. L'air qui pouvait au début circuler faci- lement grâce à ces méats communiquant les uns avec les autres, ne peut donc plus, quand le tannin a disparu, cir- culer qu’en se dissolvant dans la masse pectique, c’est-à-dire très lentement, On comprend donc que, à partir du moment où la transformation est complète, les cellules du fruit ne reçoivent qu'une quantité très faible d'oxygène ets’asphyxient si, par suile de la température très élevée, leur activité vitale est considérable. Celte manière de voir est confirmée par la remarque que nous avons formulée au sujet des ex- périences faites aux températures élevées (tableaux 52, 56), à savoir que la quantité d'oxygène absorbé quand les quo- lients respiratoires sont très élevés est beaucoup plus faible que lorsque les quotients sont inférieurs à l’unité. Si, comme dans les expériences 53, 56, IT, la température étant moins élevée, l’activité vitale est plus faible, la quantité d'oxygène qui parvient aux cellules est moins insuffisante et les quo- lients sont moins élevés ; d’ailleurs la différence entre les quantités d'oxygène absorbé, quand les quotients sont supé- rieurs à l'unité et quand ils sont inférieurs à cette valeur est bien moins considérable aux températures moyennes qu'aux températures élevées. Enfin, si la température est encore plus basse (exp. 54, 57, 58) ou, si la température étant moyenne, l’activité vitale des cellules est néanmoins très faible, la quantité d'oxygène qui parvient à travers la masse pectique aux cellules, est encore suffisante pour assurer les réactions vitales : il n'y à pas d’asphyxie, pas de fermentation. Un autre fait qui di- minue, aux basses températures, les chances d’asphyxie, c’est la lenteur, à ces températures, de ce que l’on a appelé la transformation de la pectose en pectine, ce qui fait que la quantité d'oxygène fournie aux cellules par l'atmosphère diminue très lentement. Les kakis müris à basse tempéra- 229 C. GERBER, ture conservent une consistance plus ferme et une perméa- bilité plus grande que les kakis müris à haute température. L'examen des tableaux 53 et 56, [, montre que, peu de temps avant la période où les quotients sont supérieurs à l’unité et même au début de cette période, la quantité d’oxy- gène absorbé devient plus considérable. Cette augmentation passagère de l’intensilé respiratoire semblable à celle que nous avons vue dans les pommes est due peul-êlre en partie à une combustion plus active du tannin au moment où celui- ci va disparaître complèlement; mais elle a cerlainement pour cause principale l'activité vitale nécessaire à la produc- tion de la pecline. Nous ne pouvons cependantinvoquer cette augmentation de l’activité cellulaire que comme un déterminant très secon- daire de l’asphyxie, car non seulement elle se produit éga- lement dans les expériences 57 el 58 où l’on n'observe ja- mais de quolient de fermentation, mais encore elle n’est pas constante puisqu'on ne la remarque pas dans les expé- riences des tableaux 56, IE, et 52 où cependant les quotients deviennent supérieurs à l'unité. Conclusions. — La respiration caractérisée par l'élévation du quotient respiratoire au-dessus de l'unité, respiration cons- tatée seulement aux températures élevées chez les kakis dont le tannin a complètement disparu, est due au phénomène connu sous lenom de transformation de la pectose du fruit en pectine et à l'asphyxie des cellules qui en est la conséquence. INFLUENCE DU SECTIONNEMENT SUR LA RESPIRATION DES KAKIS. 1° Kahis dépourvus de tannin et présentant le quotient de fermentation. — Un fruit de Diospyros costata müri à la tem- pérature de 33°, rouge, offrant une consistance molle, a donné les chiffres suivants pour l'échange gazeux entre l'atmosphère et lui : 2 24 décembre... CO?:409,38; O:16°°,22; = =. 2,49 MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 2923 : à CO? 26*décembre... CO?:43cc93: O:21cc,99: on Il a été ensuite coupé en deux moiliés semblables; l’une offre une saveur sucrée, ne présente pas trace de lannin et contient de l'alcool; l’autre, placée à 33°, respire de la façon suivante : 2 26: décembre... :CO0?:49c,83; O:21%,17; er 2 27 — O0 relec:01:7..0::286c 98; ie Ces chiffres prouvent que le sectionnement diminue le quotient de fermentaiion des fruits de Diospyros dépourvus de tannin ; mais cette diminution est faible et le quotient n’en resie pas moins supérieur à l'unité. Ce fait s'explique facilement : dans les fruits où s’est formée la pecline, que le péricarpe soit seclionné ou non, il n’en constitue pas moins une masse dépourvue de méats intercellulaires; l'oxygène est donc obligé dans le premier cas, tout aussi bien que dans le second, de se dissoudre pour arriver aux cellules. Dans le fruit sectionné, l’épaisseur de la masse étant moins considé- rable, les cellules les plus profondes reçoivent une quantité d'oxygène légèrement supérieure à celle qui leur parvient dans le fruit entier; mais cette quantilé est encore insuffi- sante, de sorte que les cellules continuent à vivre par la fer- mentation de leurs réserves sucrées ; on peut constater d’ailleurs dans l'exemple précédent que la quantité d’oxy- gène aborbée par le fruit sectionné est peu supérieure à celle qui est absorbée par le fruit entier. 2° Kakis contenant du tannin et dont le quotient est infé- rieur à l'unité. — Un fruit de Diospyros costata, rouge, de consistance ferme el pesant 808,70, élant mis à 18°, dégage le 2 janvier 3°,22 de gaz carbonique et absorbe 3*,79 d'oxy- CO; vence: = (0,09: gène : =: 0, Ce fruit est ensuite coupé en trois parties semblables : l’une accuse la présence d’une grande quantité de tannin et 224 C. GERRER. ne contient pas d'alcool ; les deux autres placées, la première à 33° et la seconde à 18°, donnent les chiffres suivants que nous rapprochons des chiffres fournis par le fruit entier : Fruit entier 18°. , ; : CO2 Date de l’analvse. CO2 dégagé. O absorbé. OS DAANVIÉD nee en 3,22 3,19 0,85 Fruit sectionné 33°. JANVIER ee Li. 23,49 or, 04 0,86 HAN RS Re ER 24,838 31.90 0,170 Fruit sectionné 18°. Hajanviéres AVR Let ee 8,69 11,20 0,77 GT PR Ne SR A te RAT 8,16 0,83 Ce rapprochement nous montre que, quelle que soit la température à laquelle la partie sectionnée a été portée, le (e sectionnement à diminué le quotient respiratoire déjà infé- rieur à l'unité de notre fruit ; quant à l'intensité respiratoire, elle a au contraire augmenté considérablement. La comparaison de ces résultats à ceux que nous ont donnés les fruits acides placés dans les mêmes conditions montre que : Chez les £akis, le sectionnement détermine des effets dif- férents, suivant que ces fruits ne contiennent pas de tannin et offrent un quotient de fermentation, ou contiennent du {annin et présentent un quotient inférieur à l’unité. Dans le premier cas, le sectionnement diminue légèrement le quotient de fermentation qui reste cependant supérieur à l'unité; l'intensité respiratoire est à peine augmentée. Ces Æakis se comportent d’une façon toute différente des fruits acides, où le sectionnement délermine une augmentation considérable du quotient et de l'intensité respiratoire. Dans le second cas, le sectionnement diminue aussi le quotient respiratoire qui, déjà avant cette opération, était inférieur à l'unité, mais il augmente beaucoup l'intensité respiratoire. Ces kakis se comportent comme les fruits sucrés et acides | MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 225 qui ont complètement perdu leur acide ou comme les luber- cules de pomme de terre et autres portions charnues. TENEUR EN SUBSTANCES SUCRÉES DES KAKIS AVANT ET APRÈS LA DISPARITION DU TANNIN. Deux fruits de Dyospyros costala presque mûrs, rouges, de consistance ferme et présentant l’un et l’autre les mêmes ca- ractères de maturité, sont, le 9 octobre, l’un analysé, l’autre placé à 30° jusqu’à ce qu'il soil devenu mou el que son quo- tient de fermentation soit suffisamment élevé. Il a fallu pour obtenir ce résultat une période de dix jours pendant lesquels le fruit a fourni les respirations suivantes : Par kilogr, et par heure TR CO2 Date de l'analyse. CO2 dégagé. O absorbé. DES cc cc. 10° octobre..:.::.: 20,15 23,39 0,90 ae ES 14,70 16,52 0,89 Ne mn ni 27,01 24,55 1,10 HDi er er rc. 42,20 24,68 SK A à, 45,25 18,31 2,47 POMPES CE tr. ee, 46,62 19,9% 3,12 Voici la composition chimique de ces deux fruits : Hydrates Sucres de carbone Date réducteurs Totalité saccha- de l'analyse. Tannin. Alcool. en glucose. des sucres. rifiables. 9 octobre... En abondance. Absence. 308,65 588r,67 , 48r,13 TOUR es Absence. Présence. 088,56 608,45 06,75 Ces analyses montrent que pendant la disparition du tan- nin, la quantité de matière sucrée n’a pas varié. Il ne s’est produit qu'une transformation du sucre non réducteur en sucre réducteur dont la quantité est le 19 octobre deux fois plus grande que le 9 octobre : Nous pouvons donc dire que de tannin disparatt dans les fruits sans qu'il semble donner naissance à des matières sucrées ; pendant sa destruction, le -quohent respiratoire du fruit est inférieur à l'unité. L’étade dela respiration du Sterigmatocystes nigra cullivé ANN. SC. NAT. BOT. 1415 296 C. GERBER. sur une solution de tannin va nous permettre de préciser davantage ces conclusions. RESPIRATION DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA CULTIVÉ SUR UN MILIEU CONTENANT DU TANNIN. Des filaments mycéliens de celte moisissure, cultivés sur 50 centimètres cubes de solution minérale contenant 2 gram- mes de tannin, ont été placés alternativement à 33° et à 14°. La culture a dégagé 1047*,27 de gaz carboniqueet a absorbé (8) 05,36 de mycélium desséché et il ne reste aucune substance organique dans la liqueur. En attribuant au tannin la formule C"H!0°, puisque la synthèse de Schiff a établi que ee corps est l’éther digallique, on obtient 1,17 comme valeur du quotient d'oxydation complète. 978*,30 d'oxygène : général = 1,06; il s’est formé 2 CMHLO°-E1202 — 44002 + 3m0:; CO — 14 a D D EE Puisqu'ils’est formé des hydrates de carbone dans notre cul- ture, le quotient respiratoire devrait être supérieur à 1,17, puisque le quotient maximum de formation des hydrates de carbone aux dépens de l’éther digallique est infini. C#H1009 + 53H20 —2C5H1005 + 2C0?° = 6 Le quotient général 1,06 que nous avons obtenu étant in- férieur même au quotient d'oxydation complète, nous som- mes obligé, puisqu'il n'existe dans la culture aucune aulre substance organique que le mycélium, d’admeitre que le tannin dont nous nous sommes servi ne possède pas la for- mule indiquée par Schiff. D'ailleurs, une prise de liquide faite le 16 mars, quand le quotient respiratoire commençait à diminuer, nous a révélé à côté d’une très faible quantité MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 220 de tannin, la présence de sucres réducteurs. Ce fait ne peul s'expliquer que par la présence, dans le tannin dont nous nous sommes servi, lannin retiré des noix de galles et pré- paré à l’éther, d’une cerlaine quantité de matière sucrée. Du reste M. Van Tieghem /1), dans son étude sur la fer- mentalion gallique, a rencontré, dansles solutions de tannin fermentées, du glucose à côté de l'acide gallique ; la somme de ces deux substances équivalait à peu près au poids du tannin détruit. Si nous ajoutons que les formules du tannin données par Pelouze et Liebig (2) et par Strecker (3) sont différentes de celles de Schiff, et peuvent s’obtenir, ainsi que M. Duclaux l’a montré (4), en ajoutant à de l’acide gallique des proportions différentes de glucose, nous pouvons penser avec M. Duclaux et comme il est dit dans le Dictionnaire de Wurtz(5), que le tannin de la noix de galle est un glucoside dédoublable en glucose et en tannin réel; le tannin préparé à l'éther contiendrait une porlion indécomposée de ce glu- coside. D'ailleurs ce tannin bouilli avec l'acide sulfurique dilué donne du glucose (6). Le quotient que nous avons ob- tenu doit donc être considéré comme représentant le quo- tient fourni par le tannin et dont la valeur serait abaissée par le quotient d’oxydation du glucose qui l'accompagne. Ceci posé, l'examen des quotients successifs du tableau 60 nous montre qu’on peut considérer lrois périodes dans la respiration de notre moisissure. Pendant la première période qui va du 5 au 15 mars, la moisissure consomme de préférence le tannin, que la Lem- pérature soit 33° ou 14°, et les quolients sont pendant celte période, voisins de 1,12. Cependant, à 33°, les quotients sont un peu supérieurs aux quotients oblenus à 14°; cela nous montre que, aux températures élevées, le tannin pur est ) Van Tieghem, Ann. des sc. nat., t. LVIIT, 1868. ?) Pelouze, Ann. de Ch. et de Ph., t. LIV, p. 337, 1833. 3) Strecker, Ann. der Ch. und Ph., t. LXXXI, p. 247. 4) Duclaux, Chimie biologique, 1883, p. 229. ) Vol. V, p. 193. ) Van Tieghem, Truilé de Botanique. 228 €. GERBER, consommé plus rapidement, par rapport au glucose, qu'à la température de 14°. Durant celle période, la production du mycélium est très abondante. Pendant la seconde période qui va du 16 au 18 mars, le mycélium s'accroît très peu ; la moisissure n’a presque plus de tannin à consommer, mais elle utilise le sucre réducteur contenu dans la liqueur ; aussi le quotient diminue-t-il de plus en plus. Enfin, pendant la (roisième période, le mycé- lium vit de ses réserves et le quotient est inférieur à l'unité. Le fait capilal qui se dégage de cette élude est le suivant : TABLEAU 60. RESPIRATION DU STERIGMATOCYSTIS NIGRA, À DIVERSES TEMPÉRATURES, CULTIVÉ SUR UNE SOLUTION CONTENANT 2? GRAMMES DE TANNIN. CE | D cn TEMPÉRA- no CO2 0 Co2 | | TUÜRE { DÉGAGÉ ABSORBÉ 20 L'ANALYSE L'EXPÉRIENCE h. CACE CCE 5 mars (malin) 390 49, » 122,30 108,30 4,00 Den (SOIR) ce 330 6, » 58,08 52,30 1,42 OR ee 140 11, » 36,69 35,98 1,02 Le 140 &, » 80,95 74,93 1,08 D RU 4149 29,50 59,43 05,02 1,08 AE AR LE 140 41,29 11,08 70,07 1,10 que 140 45,25 96,84 86,47 1,12 PE N AEe n 149 30,08 64,17 59,42 1,08 HSE QE 339 11,50 96,60 86,25 4,42 Deuxième période. — Peu de tannin, beaucoup de sucre réducteur. lohmars 2er do (| oc» 100,70 92,35 1,09 TN ME CR LES) 33° | 16, > 93,61 88,41 1,06 OR ES CU RENAN 33° 20,79 12,31 71,65 4,01 Troisième période. — Pas de tannin, pas de sucre réducteur. DONMIATS ÉAEUERE LA 12330 46, » 52,82 60,71 0,87 DS PASS 101, » 23,13 36,42 0,69 Total dl IDR Le 11037,27 | 978,30 | D 1,06 Lo Poidsidu mycélitmadesséces 2 "neree Re 08r,36 DR RE PT ENT CR RQ EEE MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 299 Le tannin, pour donner naissance à des hydrates de carbone, dégage plus de gaz carbonique qu'il n'absorbe d'oxygène. Or dans tous nos kakis, fruits qui sont constitués par un mélange de malières sucrées et de tannin, le tannin à dis- paru sans que le sucre ait sensiblement diminué, pendant que le fruil dégageait une quantité de gaz carbonique tou- jours inférieure à la quantité d'oxygène absorbé. Nous conclurons donc que dans les fruits contenant du tannin, celui-ci disparaît par oxydation complète, sans donner naissance à des hydrates de carbone. Celle conclusion est la confirmalion absolue des idées si souvent émises par M. Chatin, idées contraires à la théorie de Buignet, d’après laquelle les matières tannoïdes des fruits setransformeraient en substance sucrée. En terminant celte étude de la matura- tion des fruits à Lannin, nous grouperons dela façon suivante les différentes conclusions que nous avons formulées succes- sivement au sujet des faits que celte étude nous a révélés : Les fruits charnus sucrés contenant du tannin respirent, quelle que soit la température à laquelle is sont soumis, en dégageant moins de qaz carbonique qu'ils n'absorbent d'oxy- gène, tant que le tannin n'a pas disparu complètement. Cette substance se transforme par oxydation complète en gaz carbo- nique et en eau, sans production d'hydrates de carbone. Dés que le tannin a disparu, on constate la formation «e pectine dont le gonflement fait disparaitre les méats intercel- lulaires et diminuer par suite la quantité d'oxygène qui peut arriver jusqu'aux cellules, alors que cette transformation accroft le besoin en oxygène des cellules. Tant que la température est suffisamment basse pour que l'activité cellulaire peu intense se contente de l'énergie dégagée dans les combustions produites par l'oxygène libre, la respira- ñon continue à présenter un quotient inférieur à l'unité. Aussitôt que la température est suffisamment élevée pour que l'activité cellulaire exige une quantité d'énergie supérieure à la quantité fournie par l'oxygène libre, les cellules emprun- tent l'énergie qui leur manque à la fermentation des matières 230 C. GERRBER. sucrées. Le dégagement de gaz carbonique qui en résulte vient s'ajouter à celui de la respiration ordinaire, pour déterminer un quotient supérieur à l'unité que l’on peut appeler quotient de fermentañon. Le quotient de fermentation diffère du quotient d'acides que nous avons rencontré dans les fruits acides : par son apvarition tardive, par les températures basses auxquelles il continue à se manifester, par sa valeur beaucoup plus grande, par la dimi- nulion de l'intensité respiratoire au moment où il se manifeste, par la formation corrélative d'alcool dans le fruit. La valeur du quotient de fermentation est très peu abaissée par de sectionnement qui diminue à peine les obstacles que l'oxygène rencontre pour arriver jusqu'aux cellules ; aussi l'in- tensilé respiraloire augmente-t-elle à peine. Au contraire, tant que les fruits contenant encore du tannin ont, par suite, un quotient inférieur à l'unité, le sectionnement augmente beau- coup leur intensité respiratoire tout en diminuant leur quo- tent. Dans le premier cas les fruits sectionnés se comportent d'une facon opposée à celle des fruits seclionnés contenant des acides ; dans le second cas, ils se comportent comme les fruits sectionnés qui ont, brûlé tout leur acide et comme les portions charnues des plantes. RECHERCHES SUR LA MATURATION DES FRUITS CHARNUS SUCRÉS CONTENANT DE L AMIDON. On peul dire que les substances sucrées et l’amidon n'existent jamais seuls dans les fruits; ils sont généralement accompagnés de tannins el assez souvent d'acides. C'est ainsi que d’après les recherches de Buignet (1) les bananes (Musa) que nous avons prises comme type de ce groupe contiennent, quand elles sont jeunes, alors que le sucre n'est encore qu'à l’état de traces, une notable propor- tion de tannin en outre de l'amidon. Mais ce tannin diminue (1) Loc. cit. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 231 avec les progrès du développement du fruit el, dans les bananes verles encore, mais adulles, que nous avons étudiées, 1l n'existe qu’en très petite quantité. Les bananes présentent également une certaine acidité que Boussingault (1), puis Corenwinder (2), attribuaient à l'acide malique. Il résulte de nos recherches que cette acidité est due principalement à de l'acide cilrique, l'acide malique n’existant qu’à l’état de traces. Néanmoins, la quantité totale de ces deux acides ne dépassant guère un gramme par kilogramme de fruit, nous pouvons faire abstraction de l'acide aussi bien que du tannin et considérer les bananes vertes, mais adultes, comme contenant simple- ment de l’amidon et des matières sucrées. Boussingault, Buignel, Corenwinder, Ricciardi, Sagot, etc., se sont occupés exclusivement des modifications chimi- ques qui se produisent dans les bananes pendant leur matu- ration, sans aborder l'étude des échanges gazeux corres- pondants. Nous mènerons de front ces deux études, en appliquant aux bananes la méthode de recherches qui nous a servi pour les fruits acides et pour les fruits à tannin. RESPIRATION DES BANANES PLACÉES A DIVERSES TEMPÉRATURES. Trois bananes vertes, arrivées au même stade de dévelop- pement, sont placées respectivement à 0°, à 13° et à 30°. Le péricarpe fibreux du fruit placé à 0° brunit au bout de peu de temps, ce qui indique une altération rapide. Ce fait, en nous montrant que les bananes ne peuvent pas supporter les températures voisines de 0°, nous explique la localisation des Bananiers dans les pays chauds où la température ne subit que de faibles variations. Quant aux deux premières bananes, elles passent par toutes les phases de la maturité. Leur péricarpe fibreux, vert au début, devient vert jaunâtre, puis jaune ; enfin, dans l’expérience faite à 30°, le blettisse- HI Loc. cit. (2) Loc. cit. 232 C. GERBER. ment devient tel que la surface du fruit est complètement brune, c'est-à-dire semblable à celle de la banane placée à 0°. À la fin de l'expérience, les deux bananes müries à 30° et à 13° offrent un certain nombre de différences semblables à celles que nous avons observées dans les kakis Zendyi müûüris aux mêmes températures. La banane müûrie à 30° (tableau 61), comme le {ak Zendyi placé à la même tempé- rature, est très parfumée; sa consistance est molle ; la pec- tine est très abondante et l’on constate la présence d'alcools et d'acides volatils (alcool éthylique, mélangé d’une quantité d'alcool amylique plus grande que dans le kaki, acides acé- tique, formique et valérianique). La banane mûrie à 13° (tableau 62), comme le £aki Zendyi müûri à 0°, l’ochirakaki müri à 15°, elc., elc., ne dégage pas de parfum ; sa consistance est ferme ; la pectine est en moins grande quantité ; on ne constate ni alcools, ni acides volatils. Celte dernière remarque permet de comprendre les résul- tats obtenus par M. Ricciardi (1). Si cet auteur n’a pas pu déceler la présence d’alcool dans la pulpe de « deux bananes qu'il avait laissées sur la grappe jusqu’à ce que l'écorce fût devenue presque noire », c’est que probablement les fruils avaient müûri à basse température. L'examen des chiffres relatifs aux respirations, inscrits dans les tableaux 61 et 62, va encore accentuer davantage les rapprochements que nous avons faits entre les bananes et les kakis. En effet, comme les kakis müris à basse température, la banane müûrie à 13° ne présente que des quotients respira- toires inférieurs à l'umité, et son intensité respiratoire augmente avec les progrès de la maturation. La quantité d'oxygène absorbée à la fin de l'expérience est double de celle qui est absorbée au début. Cette augmentation est donc beaucoup plus marquée chez les bananes que chez les kakis. (1) Loc. cit. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 233 TABLEAU 61. Ù RESPIRATION A 30° D’UNE BANANE VERTE. POIDS 778",67. Parkilog. et par heure Durée PR AE RE Date de CO2 (0) CO2 de l’analvse. Caractères du fruit. l'expérience. dégagé, absorbé. 102 h ce ce Me Vert. Aucun parfum.) : à 23 janvier … Con ce me 35 20,50 © 51 0,66 24 — ... 2% 31,60 32,90. 0,96 Done re Léger parfum. 39,50 54,40 32 1,70 26, — ... | 16,50 60,40 66,10 1,05 DH ar. Vert jaunâtre. 15,50 69,40 72,30 0,96 DS eh. 14,25 62,10 65,30 0,95 DRE SN URES 12,50 69,30 72,20. 0,96 SD Ni .. 18 56,70 60,40 0,94 6 1 De, SR SES Jaune verdâtre. 15 64,50 64,50 1 1 évrier... 15 64,65 68,10 0,95 DEN. 45,25 66,70 70,70 1,06 DE Fe 14,75 63,20 H000 41,10 Jaune. Parfum aug- mente d'’intensi- Denis, D Con tance 16,75 84,50 54,20 :- 1,56 semi-molle. RNCS TER 14 72,48 52,44 4,39 SR ne. 29 46,55 43,10 1,08 (Etes ee 16 44,50 47:80 2/50 (Brun. Parfum cn 14 — tense. Consistance 16 50,21 12,90%%2:89 | molle. \ De même, comme avec les kaki Zendji placés aux tempé- ratures élevées, on observe avec la banane soumise à 1a tem- pérature de 30° un certain nombre de quotients respiratoires supérieurs à l’unilé; mais, tandis que ces quolients ne sont constatés chez les kakis qu'à la fin de lexpérience, à l’époque où le fruit tourne, chez les bananes ils alternent avec des quolients inférieurs à l’unilé. Cependant, à la fin de l'expérience, quand la pulpe de la banane tombe en déli- quium, on observe une série continue de quotients supé- rieurs à l’unité, correspondante à la série signalée chez les kakis. L’allernance des quotients respiraloires supérieurs et inférieurs à l'unité s'explique par la formation successive de 234 C. GERBER. TABLEAU 62. RESPIRATION A 13° D’UNE BANANE VERTE. POIDS 65€" ,40. DÉGAGÉ, | AB£ORBE. L'ANALYSE. FRUIT. PÉRIENCE C.C Cc.c 19 janvier ......... Joe un Du {ai 26,17) 6,83! 11,77| 0,58 { Consistance ferme. DD ee al 68,18] 6,47| 9,2#| 0,70 DH ee 12,58 | 6,66| 8,33| 0,80 DONS Ne AR 16,82| 6,33| 7,63| 0,83 1er février... . ,82| 6,01! 7,43] 0,81 Hi Cle 2,081 6,85| 8,15| 0,84 Bu Ne % 00! 9,57] 12,44| 0,77 Le jaunâtre. Aucun : NOR A parfum. conne 78,50 | 15,96! 17,93 | 0,89 | ferme. \ RÉ ne | 44,25 | 43,06 | 16,74 | 0,78 RARE Un 49,75 | 15,85 | 18,86 | 0,84 AU SE ne en 43,18 | 18,82 | 20,91 | 0,90 Joe nee 39,58 | 18,56 | 19,96! 0,93 20 Ur Dove 33,00 | 19,49 | 20,73 | 0,94 D le he 38,00 | 16,54! 19,23 | 0,86 DE NS LS ANA 33,00 | 17,71 | 20,59 | 0,86 Jaune verdâtre. Aucun DD dde | parfum. 39,58 | 17,54] 20,40 | 0,86 Consistance ferme. DO De 31,08 | 16,55 | 21,22 | 0,78 DB Me Le ee 40,58 | 18,19 | 21,40 | 0,85 LEP MAlS Se nent 31,25 | 19,42 | 22,58 | 0,86 rt de ne 37,08 | 19,97 | 23,22| 0,86 (ane Parfum à peine A sensible. 33,00 | 20,97 | 24,38 | 0,86 Consistance ferme. | | Pulpeseitoess st CRE or Mere Poids 375" ,50 À Blanche. Parfum à | D:MATS: Lire ets | peine sensible. 45,8216221991e 959141000709 \ Consistance ferme. | MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 239 foyers de fermentation dus à une transformation peclique intense. Si nous pratiquons la section transversale d’une banane au moment où le quotient, après avoir été une pre- mière fois supérieur à l’unilé, est devenu inférieur à cette valeur, on trouve qu'une région de la pulpe limitée au centre d’un des lrois carpelles, est plus molle, plus translu- cide, plus parfumée, et contient plus de pectine que le reste du fruit. Une pareille section pratiquée sur des bananes qui, à deux ou {rois reprises différentes, ont accusé un quotient supérieur à l’unité, fait découvrir dans la pulpe deux ou trois régions présentant les caraclères indiqués précédemment et situées chacune dans un carpelle différent. L'activité vitale des cellules du premier foyer de fermentalion augmente probablement au moment de la production du phénomène que l'on a appelé la transformation de la pectose en pectine, tandis que la quantité d'oxygène libre qui est à leur disposi- tion diminue ; aussi, cherchant une autre source d'énergie, font-elles fermenter leurs matières sucrées. Il en résulte un quotient respiratoire supérieur à l'unité. Cette transforma- tion achevée, l’activité vitale diminue, et les cellules se con- tentent de nouveau de l'oxygène libre, de sorte que le quo- tient redevient inférieur à l’unilé, jusqu'au moment où un deuxième, puis un troisième foyer de fermentation se décla- rent. Nous préférons cette façon d'interpréter l'alternance des quotients à celle qui consisterait à admettre une mort rapide des cellules du foyer de fermentation, cellules qui ne pourraient pas vivre longtemps d’une vie anaérobie. S'il en était ainsi en effet, l'intensité respiratoire, au moment où le quotient redevient inférieur à l’unité, ne devrait pas êlre supérieure à celle qui existe dans le moment précédent où le quotient est très élevé. De plus, elle n’explique pas la série continue des quotients supérieurs à l’unité survenant après les trois alternances, puisque alors les cellules des trois car- pelles devraient être toutes mortes, tandis que la première explication permet d'admettre une nouvelle recrudescence dans l’activité cellulaire de tout Le fruit à la fin de la matu- 236 C. GERBER. rité, recrudescence qui engendre encore la fermentation. Lo respiration des bananes est donc caractérisée : Aux basses températures, par un quotient respiratoire toujours inférieur à l’unilé et par l'augmentation de l'inten- sité respiratoire avec les progrès de la maturation ; Aux températures élevées, par une alternance de quotients respiratoires supérieurs à l'unité et de quotients plus petits que cette valeur. RÔLE DES DIVERSES PORTIONS DU PÉRICARPE DANS LA RESPIRATION DES BANANES. Le péricarpe des bananes comprend deux portions : L'une, externe, fibreuse ; l’autre, interne, blanche, pul- peuse. Les quotients de fermentation sont-ils fournis par ces deux portions ou simplement par la pulpe? Les modifications identiques que les progrès de la maturation déterminent dans les caractères organoleptiques et dans la composition chimique des kakis et de la pulpe des bananes, nous portent à considérer cette pulpe comme élant la cause des quolients élevés constatés avec les bananes entières. Nous en avons fait la démonstration directe de la facon suivante : Dans une banane verte, présentant le même développe- ment et cueillie au même moment que le fruit de l’expé- rience 61, nous avons séparé le péricarpe fibreux de la pulpe. Celle séparation est aussi facile que celle du zeste de l’endocarpe dans les mandarines. La pulpe blanche et de consistance ferme, placée à 30°, présente la même allernance de quotients respiratoires supérieurs à l’unité et de quotients inférieurs à celle valeur {tableau 63) que la banane entière du tableau 61. Quant au péricarpe fibreux, il a donné à 30° CO? 0 pulpe était 1,75. On voit que /es quotients de fermentation observés chez les bananes aux températures élevées, doivent être attribués à la respiration de la pulpe. — 0,90, le 23 janvier, le jour même où le quotient de la MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 231 TABLEAU 63. RESPIRATION A 300 DE LA PULPE D'UNE BANANE VERTE. POIDS ##457,50. | DATE CARACTÈRES DURÉE Co? (9) C0? de de de OÙ DÉGAGÉ. ABSORBÉ, L'EXPÉRIENCE. LA PULPE. L'EXPÉRIENCE he CC: cc / Blanche. Consis-) 23 janvier.....) tance ferme. Lé- 19 101,20 61,50 1,175 * ger parfum. DR ta US | 20 90 56 1,58 à Consistanceferme. 9 ! 9 25 En Ale, elfe bee Aucun parfum. e 127,30 124,80 4,02 DO ER. 8,90 114,40! 115,60! 0,99 AT Qi ENS ee 14 98,13 101,20! 0,97 DATI AE: RE TETEES 10,75 102,90 87,93 4,17 DONC 11 133,50 14,04 1,88 DS ne 7,50 148,20 87,69 1,69 ri < molle. Parfum \ Consistance semi- intense. Hi Celle-ci présente absolument les mêmes caractères d'alter- nance de quotients supérieurs et de quolients inférieurs à l'unité, que la pulpe soit enveloppée du péricarpe fibreux ou qu'elle en sout séparée. Ce n’est donc pas au péricarpe fibreux qu'il faut attribuer la diminution de l’apvort d'oxygène aux cellules de la pulpe, diminution qui détermine en partie l'apparition du quotient de fermentation. Chaque quotient respiratoire supérieur à l'unité est déter- miné par une formation intense de pectine, laquelle se pro- duit dans la pulpe d'un des trois carpelles. Cette formation exige une dépense d'énergie considérable, tout en diminuant la quantité d'oxygène libre dont les cellules peuvent disposer. Celles-ci ne trouvant plus assez d'oxygène pour produire les réactions susceptibles de dégager l'énergie nécessaire, emprun- tent celte énergie à da fermentation des matières sucrées. L'asphyxie des cellules, due à l’obstruction des méats intercellulaires par la pectine, n’est pas beaucoup alténuée GERBER. €. 238 RE EEE RCE OI ER A DRE A PSS 4 ‘91094 SUN U9 JINIJ 9p SUWUCISOFIA Un JEd 9quosqe au93Âx0,p Je 99259p aubiuoqreo api9t,p S2qu9 Sa1JaWU99 9p 91quOu 9j juaquospador uor9ea; enbeyo 9p AN9JUIUOUIP 9 79 AN9JISUNU 97 *o9s {peur quepuodo9 759 odpnd e7 ‘uoresidsei ®] d 6 à anod ounaq aired er 9p Gen A PR En ue HA LD re 00 99F | 00 997 | 00 601 « K odind er 1oedas jnod eu uo 88 7099 auni 9 8£'6c 7E'TS 069€ | « « « « D HOT — BR ‘ounJ je gunel ‘°°° "IP 0 Éo-co ces era ee a £c 86 SN 09 LG 09‘&8F h} GE - de = = cop" \"ounaq z/7 ounel ne 00067 0£‘0 =) me | GI PUR qe/rounel g/1 0€ a OL 97} YGF C6 . 00 ‘067 ‘Q CZ — 26 [HI= = — = 60 = ——l'ounaiq r/pounelz/el "" — € 00 008 6 67 S8 © DL C6 © 09° GEI &6 0— OL'8Lr | | 09101 ŒY/Y Ly/E to c 6 a 07607 06 C9 6 YOH 0C CO OS‘YLI L LE 2 Q 0 — 5 D 0 (DE I = JE 0 — : RES NO EDR D ECO) ff Ne e CE] — IC . : pu De PU rie OS 02:06 : ; GYy O!‘LVT 08° 99 (CA « «c « « 6 —— — L9° == - CO “oayeunef 19 ste De LT Of ie vYY ti TER OS FF} à a GL& LS AAA Ce COLL Ch 0 —= 60‘£ ILE — ÉEReT Er - GO SD DO GO OR OO (ES) . 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Ainsi, pour la banane pelée de l’expérience 63 qui, le 29 janvier, présentait le quotient 1,32, la portion périphérique dure et blanche ayant été séparée de la portion centrale semi-molle et translucide, les deux portions donnent à la même température de 30°, la première le quotient 1,26, la seconde le quotient 1,31. Dans le tableau 64, nous avons consigné les respirations fournies à 30° tant par des bananes entières détachées d’un même régime aux divers moments de leur maturation, que par la pulpe et le péricarpe fibreux de ces mêmes bananes. Ce tableau indique nettement que le péricarpe fibreux ne donne pas de quotients respiratoires supérieurs à l’unité. Cela nous permet de compléter les conclusions précédentes en disant que : Dans les bananes entières, le quotient de fermentation dû à la pulpe est abaissé par la respiration du péricarpe fibreux. Aussi, dans les expériences du 25 avril, du 30 avril et du 1° mai, le quotient de la pulpe est-il plus élevé que celui du fruil entier. | Le phénomène contraire se produit bien dans l'expé- 2 rience du 16 avril, la banane entière donnant . — 1,67 et la pulpe = — 0,99; mais cette exception s'explique très facilement par l'alternance des quotients supérieurs et des quotients inférieurs à l’unité que nous avons vue exister dans la maturation des bananes à 30°, puisque la respira- tion de la pulpe n'a été relevée que vingt-quatre heures après celle de la banane entière. Le tableau 64 nous permet encore de suivre les varia- tions dans la teneur en amidon et en sucre de la pulpe aux divers degrés de la maturation. On voit que tant que les ba- 240 C. GERBER. nanes ne sont pas encore arrivées à la dernière période, celle où l’on constate une série continue de quotients de fermen- tation (derniers quotients des tableaux 61 et 64), la quantité d’amidon diminue d’une manière progressive et celle des substances sucrées augmente, ainsi que Buignet l’avait déjà signalé (1). Quand la banane se parfume un peu avant le blettissement complet, l’amidon diminue encore, dispa- rait finalement, mais les matières sucrées augmentent bien moins que précédemment. Enfin, quand la banane se ramollit, qu'elle présente son maximum de parfum et qu'elle dégage constamment beau- coup plus de gaz carbonique qu'elle n’absorbe d'oxygène, la quantité de malière sucrée diminue de plus en plus ainsi que Corenwinder l'avait indiqué (2). Pour terminer, remarquons avec Buignet et Corenwinder que, pendant cetle maturation, la quantité de sucre non réducteur diminue de plus en plus, tandis que celle du sucre réducteur augmente. INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LA RESPIRATION DES BANANES. Tous les fruits acides que nous avons étudiés ont conti- nué à dégager du gaz carbonique, à la lumiere solaire. En est-il de même pour les fruits non acides? Pour celte élude nous avons choisi la banane qui pré- sente un tissu chlorophyllien très abondant. 1° Modifications apportées par les bananes vertes, expo- sées à la lumière solaire, dans la composition d’une atmos- phère contenant du gaz carbonique. — Une banane pesant 75 grammes el dont le quotient respiratoire, à l’obscurité, est CO? | = 1,20, modifie de la façon suivante l'atmosphère con- finée, lorsqu'elle est exposée à la lumière solaire : (4) Loc. cit. (2) Loc. cit. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 241 Gaz: Azote. Oxygène. carbonique. Composition de l'at- ( Avant l’insolation. 370,70 57,50 31,80 mosphère confiné. ( Après l’insolation. 370,70 38,23 55:05 Quotient des échanges gazeux au soleil....... 1,21 Placés à la lumière solaire, les bananes vertes continuent donc à émettre du qaz carbonique, dans une atmosphère oxy- génée qui en contient déjà. 2° Modifications apportées par les bananes vertes, exposées à la lumière, dans la composition d’un gaz ne contenant que de l'azote et de l’oxygène, dans les proportions où ces gaz sont dans l'atmosphère. LUMIÈRE VIVE. 1e banane verte. Poids — 788,25. Date. Température. COZ. 0. — BÉanviereE.% sr. 20° 192519 43,06 0,76 5) donc 25° 28,08 65,09 0,90 2e banane verte. Poids — 798,25. Date. Température. CO2. 0. — . ASaviens. ses 0 20° 46,56 59,70 0,78 h) nn aies sreiete 29° 57,49 63,84 0,90 Conclusion : Au soleil, les bananes vertes dégagent du qaz carbonique dans une atmosphère formée seulement d'azote et d'oxygène. 3° Influence de la lumière solaire sur la respiration des Bananes vertes. — Si, dansles deux expériences précédentes, nous n'avons comparé les échanges gazeux qui se produisent entre les bananes et l'atmosphère au soleil et à l'obscurité, c’est parce que toules les études que nous avons faites jus- qu'ici nous ont montré que d’un jour à l’autre la respiration d’une même banane présente des variations considérables. On ne peut éviter l'influence de ces variations qu’en com- parant les échanges gazeux qui se produisent entre: l’at- ANN. SC. NAT. BOT. 1v, 16 242 C. GERBER. mosphère et une banane exposée à la lumière, à la respira- tion que cette banane présenterait au même moment à l'obscurité. Voici le procédé que nous -avons employé. Une Banane verte, dont la partie supérieure et la partie inférieure présentent absolument les mêmes caractères extérieurs de maturalion, est coupée {ransversalement en deux parties identiques. L'une est exposée à la lumière, l’autre, dans les mêmes conditions de température, à l'obscurité. On analyse au bout d’un certain lemps les deux atmosphères. Le lendemain, l'expérience est renouvelée, mais en exposant à la lumière la moitié qui, la veille, élail exposée à l'obscurité et, à l’obscu- rilé, la moilié qui élait exposée à la lumière. Par ce pro- cédé. nous introduisons, il est vrai, un facteur nouveau, le sectionnement; mais, comme ce facteur fait senlir son ac- tion sur les deux moitiés, il en résulte que son influence est négligeable dans la comparaison des résultats obtenus. Voici ces résultats. TEMPÉRATURE 250. 1re moitié. Poids 378",20. Date. Éclairement. CO2. 0. — . 26 décembre........ Lumière vive. 38,86 44,16 0,88 21 AT ne UE Obscurité. 32,06 31,33 1,04 2e moitié. Poids 398",25. Date. Eclairement. CO. À. . 26 décembre... Obscurité. 38,61 44,33 0,87 27 OS MATE Lumière vive. 393,10 31,83 1,04 On voit que l'intensité el les quotients respiratoires n'ont subi aucune variation, par le fait de l'exposition à la lumière solaire. Comme l’action que la lumière exerce sur les échanges gazeux entre les plantes et l'atmosphère, quand ces plantes contiennent de la chlorophylle, est une réduction du gaz MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 243 carbonique émis pendant la respiration, les expériences précédentes nous portent à penser que l’assimiliation chlo- rophyllienne due à la portion verte du péricarpe des bana- nes est très faible; aussi avons-nous renouvelé l'expérience ci-dessus, en séparant, dans chaque moilié de banane, la pulpe de Ia portion verte du péricarpe. Voici les résultats obtenus à la lempéralure de 25° : PREMIÈRE MOITIÉ | 2 C02 0 DATE ÉCLAIREMENT DÉGAGÉ ABSORBÉ Co? 5 : RE — 0 Par kilog. et par heure. Pulge, 188,05. C.c CoC 20 décembre .....|Lumière vive..... 26,36 | 36,62 | 0,72 21 RU AE Obscurité .....:.. 31,08 30,62 1,03 Péricarpe vert, 138,65. 20 décembre. .... Lumière vive..... | 10,84 | 18,69 0,58 21 ne Obscurité 64 29,53 34,7% | 0,85 DEUXIÈME MOITIÉ CO? 0 DATE ï CE : , CO2 ÉCLAIREMENT D el CPE : Par kilog. et par heure. Pulpe, 165,30. c.c C.c. 20 décembre..... Obscurité.s 4 :.07 28,38 | 38,74 0,78 21 A RTE Lumière vive..... 31,70 32,02 0,99 Péricarpe vert, 128,75. 20 décembre..... Obscurité 2" | 18,15 30:23 0,60 21 D Ne. de Lumière vive..... 14,12 | 19,08 | 0,74 | On voit que la lumière n’a aucune influence sur la pulpe. Si la partie verte insolée dégage du gaz carbonique au so- leil comme à l'obscurité, la quantité de ce gaz émis à la lumière est deux fois moindre que la quantité dégagée à 244 C. GERBER. l'obscurité. Il y a donc assimilation, mais ce phénomène est très peu marqué; voilà pourquoi il est complètement masqué dans la banane entière où, au gaz carbonique dé- gagé par la partie verte, s'ajoute une quantité beaucoup plus grande du même gaz émis par la pulpe. Conclusions : La lumière n'a qu'une influence négligeable sur la respiration des bananes vertes. Celles-ci dégagent du gaz carbonique aussi bien au soleil qu'à l'obscurité. RESPIRATION DES MELONS VARIÉTÉ ANANAS. Un grand nombre de fruits de la famille des Cucurbi- lacées se comportent comme les bananes. Tels sont les melons de la variélé ananas, souvent appelés melons de poche à cause de leur faible volume. TABLEAU 65. RESPIRATION A 30° D'UN MELON ANANAS. — POIDS, 2478r,40. DATE AD DURÉE Co? 0 a CARACTÈERES de DÉGAGÉ ABSORBÉ CO2 : L DÜ FRUIT 2e RIRE CS 0 L ANALYSE L EXPERIENCE Par kilog. et par heure. b. CAC: c.c. Vert. Aucun par- 15 septembre.) fum. Consistance! 13,92 46,26 49,22 0,94 | ferme. 16 — 24,92 43,91 43,05 4,02 17 — ‘| 18,60 41,45 44,04 1,01 18 — 18,83 46,24 45,78 1,01 Vert un peu Jau- | 19 —- 3 nâtre. Léger par-, 20, » 61,55 54,95 1,12 fum. | 20 — 23,07 Sara 48,83 1,10 21 —" 1. 20,80 47,1% 45,77 1,03 22 — 18,75 48,62 44,20 1,10 23 — 2225 47,71 37,01 41,21 24 _ Dr 7) 53,15 311,90 4,40 25 Le 21,93 49,87 30,98 1,61 26 — 20,75 43,53 19,96 2,18 (Vert jaunâtre, par- 28 -— fum intense, con-! 37,66 30,342) 048014 1 955 : sist. moins ferme. | EE! MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 245 C'est ce faible volume ainsi que le parfum très intense qu'ils dégagent à la maturité qui nous ont conduits à Îles éludier, afin d'étendre le schema de la respiration des bananes à tous les fruits amylacés parfumés. Le tableau 65 contient les chiffres des quantités de gaz carbonique dégagé et des quantités d'oxygène absorbé par un melon ananas placé à 30°. Ce melon qui n'offrait aucun parfum au début de lexpé- rience, quand le quolient respiratoire était voisin de l'unité, présente un faible arome, le 19 septembre, au mo- ment où le quotient commence à s'élever, et l'intensité du parfum augmente en même temps que le quotient prend des valeurs plus élevées. TABLEAU 66. RESPIRATION A DIVERSES TEMPÉRATURES D'UN MELON ANANAS. POIDS 24087, CO2 pécagé.| O apsonBé. DATE CARACTÈRES | TEMPÉ- DURÉE de l'analyse. du fruit. RATURES-deil'éprenve.) re rm O0 par kilog. et par heure. Vert. ane) 0 h ce ce 10 septembre.) ierme. Hi 30 19 59,72 58,55 «11,02 ÉeÉparitnr- it": Al — 30 17,80 01,25 50,7% |1,01 12 —— 30 17,79 44,600 49 19114602 13 — 30 23,33 41,01 41,85 |0,98 14 — 30 22 34,53 38:19; 10,89 15 — 30 18 11 36,11 38,04: 10,95 16 -— 30 2419 34,19 39,44: 10:95 Vert. Un peu jau- 18 — ) nâlre. ho 30 18,07 48,52 kk,51, 11,09 parlum. 19 — 30 19,75 42,51 38,04 |1,10 20: : — : 30F 102,83 40,01 SOUL NE LAC 21- —— 30 19,83 39,13 34,85 |1,14 22 2 30 18,90 30,88 00,99 2% M1 23 — 30 16,25 414,03 29,95: 487 24 — 30 13,50 39,95 21,959 : :| 4,43 26 — PS CALE 7 11,23 S,0714739 28 —- | 15 45,15 NA 4,755 212409 ‘Vert jaunètre. Par- ) : fum intense. ee ’ ’ 2 à Consistance AE 15 +2,43 9,04 4,61 12,09 ( ferme. | | | RE EE NE 246 C. GERBER. Le tableau 66 où sont inscrits les résullats d'une expé- rience semblable à la précédente, faite avec un melon iden- tique au premier, non seulement contient une série de de quotients comparable à celle du tableau 65, mais encore montre (respiralion des 26, 28 et 30 septembre) que, une fois le quotient de fermentation nettement établi, celui-ci se maintient et même s'élève de plus en plus, bien que nous ayons abaissé la température de 30° à 20°. Dans les fruils que nous étudions, comme dans les bana- nes el les kakis, les quotients supérieurs à l’unilé corres- pondent à une diminution de la quantité du sucre et à la formation d’alcools et d'acides. C'est ainsi que deux melons analysés le premier, au mo- ment où le quotient respiratoire devenait supérieur à l'unité, le second quand ce quotient a été constalé pen- dant un temps assez long et lorsqu'il est devenu très élevé, contiennent, le premier, 60,98 de substances sucrées el le second 535,44 seulement. Le sucre qui a disparu a été transformé en alcool, puis- que la méthode de M. Duclaux ne permet de déceler la pré- sence de l’alcool que dans le second fruit. Cet alcool, dont la quantité est 10 centimètres cubes, est mélangé d’une petite quantité d'alcool amylique, les deux étant combinés à des acides volatils. Nous allons indiquer rapidement la marche que nons avons suivie dans la recherche de ces acides et qui est une application de la méthode de M. Duclaux à la caractérisation de deux acides inférieurs mélangés. Détermination de la nature des acides volatils des melons ananas. — Le liquide acide provenant de la saponification des éthers et dont le volume est 110 centimètres cubes, est soumis à la distillation fractionnée. Les dix prises nécessi- tent pour leur saturation les quantités de liqueur normale de soude diluée au cinquantième inscrites dans la colonne I du tableau 67. On voit qu'il passe d'autant plus d'acide à la disüllation que la prise est faite à un moment plus éloigné du Sal FRUITS CHARNUS. MATURATION DES « 00! 00F « 09°GL 0Y°YS OG'E 09‘79 OG‘FL OV'E 08'&S 06‘09 O£'E 0G'£Y 0€‘08 0€‘ 0Y°%E 06°07 OC/E 0Y‘98 ras OV‘ 6} OF'ES « trad 0S‘G 1 « 06°S OY'L ‘407 39 onbr90e ‘onbruaoy oprov | ‘onbrgov oprov] soprot op op Sa[ 941Ju9 syurpuodsou09 sjuvpuodsaoir09 O11CN9YOU SOA} SO4JJ{N) roddeyr ‘ITA "IA “HIA "SVNVNV SNO'IUN SAT SNVA SANNHLNON S'TILVIOA SHGIDV SAG HPVSOU 00P OV'ES 0£'OL 06°8£ 08'8r OY'GE OL‘0€ OY'ES OL‘YY 08'L "DOS oT 299 0€ ‘08 ‘OH suep spssed SOPOY "A OA 09'SF 09‘9T CT 0S‘GF OI‘£F OS‘FT A OY°TF 09°6 OA OF'Or 08'8 096 076 8 06°8 0L‘8 OY°L 098 O£‘8 08'9 0G'8 OL'L 0£°9 OS'L OS'L 06‘S OY'L 0G'L 29 “onbituuoy oprov, | ‘onbrjo7e opror] ‘08U}U994n0,] op pp ail SJUtpuodsoroo sjuepuodsora09 SouJJtq) Su JJtUr) "AI ‘I ‘29 AVAIAVE 09€ 09 ‘UOTJVANJES EI & DAILSSOIQU 2puoc T a "os ef 9p OIJUnN 248 » C. GERRER. début de l'opération; nous avons donc affaire soit à de l'acide formique, soit à de l’acide acétique, soit à un mé- lange de ces deux acides. Dans la colonne Il, on a évalué la quantité d’acides de chaque prise en centièmes de l'acide qui a passé dans les cent centimètres cubes du liquide recueilli. Si l’on com- pare les chiffres de celte colonne aux chiffres correspon- dants fournis par l'acide acétique (HI) et par l'acide formi- que (IV), on remarque qu'ils sont intermédiaires ; supérieurs à ceux de l'acide formique, ils sont inférieurs à ceux l'acide acétique et se rapprochent plus des derniers que des pre- miers. Le liquide distillé possède donc un mélange d'acide formique et d'acide acétique, l’acide acétique dominant. Cette constalalion ressort encore de l'examen des colon- nes V, Vlet VII, où nous avons inscrit les quantités des aci- des que nous recherchons (V), les quantités d'acide acétique (VI) et d'acide formique (VII) qui passent dans les 10, 20, 30, etc., premiers centimètres cubes dislillés. Proportions des acides mélangés. — Il nous suflil, d’après les prescriptions de M. Duclaux, de prendre la différence entre les nombres de la colonne V et les nombres supérieurs et inférieurs correspondants des colonnes VI et VIT; le rap- _ port de ces différences donne une valeur approximative du rapport des acides dans la liqueur. En opérant, pour les chiffres correspondant à 30, 40, 50, 60, 70 centimètres cubes, ainsi que le conseille M. Duclaux, nous obtenons : Acide acétique | gm0,3 Acide formique 1 molécule Coton Ut Notre liquide conlient donc 3,3 fois plus d’acide acétique que d'acide formique. Puisqu'il à fallu 77*,35 de liqueur normale de soude au cinquantième, c’est-à-dire 1,54 de liqueur normale pour saturer les 100 centimètres cubes de liquide distillé, on peut en représentant par x le nombre de molécules de l’acide acétique qui existe dans la liqueur et par MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 249 y celui de lacide formique, écrire les relations suivantes : — —3,3 et <+y—0,00154 d’où on tire __ 0,00154 3 —=0,000358 et y— 0.004154 —0,000358—0,001482 L Or la table I de M. Duclaux {1} montre qu'il passe dans les 100 centimètres cubes distillés 59 p. 100 de l'acide for- mique et 80 p. 100 de l'acide acétique contenus dans les 110 centimètres cubes. Il y avait donc dans le liquide étudié: 0,000358 X 100 59 0,001182 X 100 TU Acide formique. CARE — 00100060! Meide acétique.. — 0m01 00147 Puisque d’un côté les poids moléculaires des acides for- mique et acélique sont 46 el 60, et que de l'autre nous avons opéré sur 270 grammes de melon ananas, on voit que dans 1 kilogramme de melon ananas il y aura : 0,000601 X 46 Acide formique....... 0,350 == 087,103 0,00147 X 60 Acide acétique.…...1:. er — 081,397 ge _Inulile d'ajouter que nous avons fait avec le liquide, acidulé par l'acide lartrique, puis distillé de nouveau, toutes les réac- tions caractéristiques de l’acide acétique et de l’acide for- mique. Voici les résultats de l’analyse complète des deux melons que nous venons d'étudier : (1) Duclaux, Dosage des acides volatils (Annales de l’Institut Pasteur, t. IX, p. 267; 1895). 250 C. GERBER. 4e melon (au commencement de la fermentation). Matière sucrée CO? (9) CO? évaluée Acile Acide dégagé. absorbé. "D englucose({). Alcool. acétique. formique. 49cc,38 4266,93 4,19 608",98 0 0 0 2e melon (après un certain temps de fermentation). 720 80 2300 64 3,08 53,44 1Qce 08,227 Osr,103 Nous résumerons l'étude que nous venons de faire des bananes et des melons, en disant que : À. Les fruits charnus sucrés contenant de l’amidon se comportent comme les fruits contenant du lannin. Is n'en diffèrent que par les trois points suivants : 1° La formation de la pectine et l'asphyxie qui en résulte se produisent avant que l'amidon ait complètement disparu, tan- dis que chez les fruits à tannin, elle ne se manifeste qu'après la disparition complète du tannin ; 2 L'augmentation de l'intensité respiratoire qui se produit au moment de la production de la pertine est beaucoup plus forte que chez les fruits à tannin; aussi doit-elle contribuer à déterminer le phénomène de la fermentation ; 3° L'anvdon se transforme en substance sucrée, tandis que le tannin subil une oxydation complète. B. L'assimilation chlorophyllienne est très faible chez les fruits charnus sucrés contenant de l’amidon. Elle est complètement masquée par la respiration du tissu incolore. RECHERCHES SUR LE GENRE DE FERMENTATION QUI DONNE NAISSANCE AU PARFUM DES FRUITS. De ce fait que, dans les kakis, les bananes, les melons, on constate la formation d'alcool éthylique, lorsque le quotient respiratoire devient supérieur à l'unité, nous avons conclu à l'existence d’une fermentation. Celte fermentation esl. déterminée par les cellules mêmes (1) Cette quantité est calculée en grammes par kilogramme de substance, comme pour toutes les analyses que nous avons faites. % MATURATION DES FRUITS CHARNUS. AS 4 | du fruit, car les ensemencements en liquides sucrés et dans divers milieux nutritifs ne nous ont pas révélé la présence de cellules de levure ou de microbes. La présence, à côté de l'alcool éthylique, de faibles quantités d'alcool amylique et des acides formique, acétique, butyrique et valérianique, nous oblige à nous poser la question suivante : Est-ce bien à une fermentation alcoolique semblable à la fermentation déterminée par les levures que nous avons affaire ? Ne serait-ce pas plulôt une fermentation semblable à celles que M: Perdrix (1) et M. Grimbert (2) ont étudiées? M. Perdrix, en effet, a observé : D'une part, que le bacille amylozyme est un microbe anaé- robien qui transforme les substances amylacées en matière sucrée réduclrice et engendre en même temps une cerlaine quantité d'alcool éthylique et de faibles quantités d'alcool amylique, ainsi que des acides acétique et butyrique. D'autre part, que la fermentation alcoolique du sucre de fécule par la levure ne donne pas d'alcool amylique et que « la présence de cet alcool dans les alcools de pomme de terre industriels est due au bacille amylozyme et à d’autres bacilles semblables existant dans l’eau. Ces bacilles trouvent dans la fécule qui n’est jamais complètement saccharifiée un milieu favorable à leur vie et peuvent se développer grâce à l'acide carbonique dégagé par la levure (3) ». Mais, dans les fermentalions produites par le bacille amy- lozyme et ses congénères, 11 ÿ a dégagement non seulement de gaz carbonique, mais encore d'hydrogène. C’est donc la présence ou l'absence d'hydrogène dans les gaz dégagés par les fruits parfumés qui nous permettra de savoir à quel genre de fermentation alcoolique nous avons affaire. (1) Perdrix, Sur les fermentations produites par un microbe anaérobie de l’eau (Thèse de doctorat ès sciences, Paris, 1891, et Annales de l'Institut Pasteur, 1891). (2) Léon Grimbert, Fermentation anaérobie produite par le Bacillus ortho- butylicus. Ses variations sous certaines influences biologiques (Thèse de doc- torat ès sciences, Paris, 1893). (3) Perdrix, Loc: cit:, p. 30. 252 €. GERBER. En raison de la faible proportion d'hydrogène qui, dans le cas d’un dégagement par les fruits, serait contenue dans l'atmosphère confinée, nous avons élé obligé de renoncer à la méthode au chromate de plomb employée par M. Perdrix et par M. Grimbert et de recourir à un procédé de dosage plus sensible. Ce procédé consiste à faire passer un volume déterminé de gaz privé d’eau et d'acide carbonique sur une colonne d'oxyde de cuivre chauffé au rouge et à recueillir l’eau formée dans un tube à ponce sulfurique taré. (Voir pour les détails de l’appareil la planche IL et la légende qui l'ac- compagne.) En opérant ainsi, sur une grande quantité de gaz, nous n'avons recueilli dans le tube à ponce sulfurique et dans le tube à polasse qui l'accompagne que des traces d’eau et de gaz carbonique provenant de la combustion d’une minime quantité des éthers qui donnent le parfum au fruit, et qui a échappé au lavage à la potasse el à l’acide sulfurique. Les fruits, au moment de la formation du parfum, ne déqa- gent donc pas d'hydrogène libre ; par suite, la fermentation observée chez ces fruits n'est pas semblable à la fermentation produite par le bacille amylozyme, mais elle se rapproche plu- tôt de là fermentation produite par les levures. On pourrait peut-être, pour expliquer la formalion des acides formique el acétique qui constituent la presque totalité des acides volatils rencontrés dans les fruits parfumés, in- voquer une oxydation incomplète de l'alcool éthylique pour l'acide acélique et des sucres pour l'acide formique. On sait, en effel, que l'alcool traité par le permanganate de potasse et l'acide sulfurique engendre de l’acide acétique. Cet acide prend même naissance, comme M. Duclaux (1) l'a montré, aux dépens de l’alcool exposé en solution aqueuse neutre ou alcaline au soleil en présence de l’ar. De plus, nous ne trouvons pas dans nos fruits d'alcool (4) Duclaux, Action de la lumière solaire sur les substances hydrocarbonées (Annales de l’Institut agronomique, t. X, p. 281, 1887). Po E me — MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 253 méthylique qui, par oxydalion, pourrait fournir l’acide formique, tandis que, d'un côté, M. Perdrix (1) a démontré que beaucoup de corps organiques et en particulier les su- cres donnent, par oxydation avec le permanganate et l'acide sulfurique, de l'acide formique et de l'acide carbonique; de l’autre M. Duclaux (2), en exposant à la lumière solaire du glucose en solution alcaline, a observé la formation d'acide formique, d'acide carbonique et d'alcool. Il est permis de supposer que l'alcool et la matière sucrée contenus dans les cellules de nos fruits, en présence d'une quantité insuffisante d'oxygène, subissent les mêmes modifica- tions que sous l'influence de la lumière ou du permanganate de potasse et engendrent les acides formique et acétique. RECHERCHES SUR LA MATURATION DES FRUITS CHARNUS SUCRÉS CONTENANT DES ACIDES, DE L'AMIDON ET DU TANNIN. Dès le début de nos recherches sur les fruits charnus su- crés, nous avons fait ressortir que presque tous ces fruils contiennent des acides, de l’amidon et du tannin en propor- lions variables. | Maintenant que nous connaissons les caractères de la ma- luration des quelques rares fruits chez lesquels un de ces éléments est prédominantel imprime des caractères spéciaux aux phénomènes de Ia respiration, nous pouvons aborder l'étude de la maturation du groupe compact des aulres fruits. En effet, les phénomènes que nous observons, si com- plexes qu'ils soient, seront toujours la résultante de phéno- mènes connus, puisqu'ils sont dus à la disparition des acides, de l’amidon el du tanuin. En employant des facteurs tels que les variations de la température, le sectionne- ment, etc., nous pourrons faire la part de ce qui revient (1) L. Perdrix, Contribution à l'étude de l'oxydation des composés organiques par le permanganate de potasse (Annales de la Faculté des sciences de Marseille, 1897). - ®} Duclaux, Loc: cil., p.271. 254 C. GERBER. dans le phénomène général, à chacun des phénomènes par- ticuliers que nous avons éludiés. Comme la facon de procéder est absolument la même avec tous les fruits contenant les trois éléments, nous nous bornerons à étudier la maturation de deux d’entre eux : les sorbes (Sorbus domestica) et les nèfles (Wespilus germa- nica). ÉTUDE DE LA MATURATION DES SORBES (SORBUS DOMESTICA). 1° Respiration des sorbes séparées de l'arbre avant la maturité. — Les deux éléments dominants dans les sorbes, l'acide malique et le tannin, existent en grande quantité dans ces fruits, tant que ceux-ci sont verls ou vert rougeû- tre et que leur consistance est dure. = Trois sorbes présentant ces caractères, el, par suite, assez éloignées de la maturité, ont présenté à 30° une respiration particulière dans laquelle on peut distinguer trois périodes : Première période. — Elle est caraclérisée, au début, par des quotients respiratoires supérieurs à l’unilé et voisins de ceux que nous ont fournis les pommes acides. La valeur de ces quolients diminue peu à peu et devient inférieure à l'unité, à la fin. Pendant toute la durée de cette période, l'intensité respi- ratoire resle slalionnaire ou plutôt diminue légèrement. Tous ces caractères sont identiques à ceux que nous avons observés dans la respiration des fruits acides, pendant le temps où ces acides disparaissent. La sorbe conserve durant celte période sa couleur vive et sa dureté. Deuxième période. — Les quotients respiratoires primiti- vement inférieurs à l'unité augmentent peu à peu, devien- nent supérieurs à celte valeur et bientôt ils sont plus élevés que les quotients observés au commencement de la pre- mière période. L'intensité respiratoire augmente d’abord en même temps que les quotients, lant que ceux-ci ne son! que légèrement supérieurs à l'unité, puis elle diminue rapide- gp MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 259 ment lorsqu'ils deviennent très élevés, pour n'avoir plus qu'une valeur deux fois plus petite que celle qu’elle avait au débat de la première période. Tous ces caractères sont identiques à ceux que nous avons constatés dans la respiration des fruits à tannin, aux températures élevées. Il est donc probable que le quotient de la fin de la seconde période et celui du début de la pre- mière, tout en se rapprochant par leurs valeurs supé- rieures à l'unité, sont d’origine bien diflérente : le premier est un quotient de fermentalion et le second un quotient d'acides. Pendant cetté période, le fruit subit des modifications considérables. Il jaunit légèrement et prend un aspect mat caractéristique ; la durelé diminue et le fruit exhale un parfum particulier rappelant l’acélate d’éthyle. Troisième période. — Le quotient respiraloire tombe brusquement d’une valeur très élevée au-dessus de l'unité à une valeur très abaissée au-dessous de ce chiffre ; l’inten- sité respiraloire décroît dans les mêmes proportions, si bien qu'elle n’est guère que le vingtième de ce qu'elle était au début de la première période. TABLEAU 68. RESPIRATION A 30° D'UNE SORBE CUEILLIE AVANT LA MATURITÉ. POIDS 567,18. DURÉE [PAR KIL.ET PAR HEURE, TE AN MIRE de L'EXPÉ- co2 0 0 L'ANALYSE, FRUIT, RIENCE. DÉGAGÉ. ABSORBÉ. . DATE CARACTÈRES h ec ce Vert et rouge vif.) 99 DC à Consislance dure: | 22,88 39,97 | 31,83 | 1,13 65,83 | 30,45 | 16,93 | 1,80 12,08 | 1,02 | 1,63 | 0,63 17 sr 38 49,51 4228; 101 4,46 19 | 41,17 | 98,15 | 28,15 | 1,00 21 = 38,25 | 22,23 | 23,16.| 0,96 Jaune. Aspect mat. 23 = Consistance moins, 40,08 | 19,84 | 20,0% | 0,99 ferme. EE GERBER. C. Le) — 9 ‘enbrwuoz 38 enbi3998 Soploe p so0eiL — ‘jooote,p seq ‘CF 1826 918107 9919n$ 9oueJsqnS — Se *69 "1368 SAN9JINPII SOINS — ‘F86G ‘13€ Onbrjew oproy : 010$ D] 2p aSh)DUuy | Ce 0 |6r'& |#co |00‘897 ‘1914|"" "9140790 9 1 0 |084 |0S0 |£6/891 19144 9140790 9 es + |Le Gr |F9'8F | ec'LE “HUMAN — 68 IST |67'8T | C6 La GL'9€ D 6G ESF |G6‘0c | L8‘L& | 007 nr Le GE Lyc |97 07 ES 17 “Una La ‘OUII9J | CO'F |c9'ce |07'LE |Ce°rr Hire CT 6 à pre « \SUIOUL ou) à : | aU9} 907 |Ce‘Le | 606 | r6°r7 _sISUON “Jeu (a : pe GUIOU 9our7 !.. a J92dSyY ‘ounref SAÛ 6 ce 2 = cor |eg9'ze | SE'SE | gc'6e fasnen Jeu (ge e6o |reter cer | oc'ee ne cz j2odsy ‘eunef %0°F |LO‘re | 70‘ CS | ON‘6S ee a OO Vaciee | |eyLe ee GOT | JE‘ec | 1708 | 806€ os vi 60‘Y |TO‘LE | 68'SE S0'ET Pr 67 (Gr |cs'ec |98‘8c | ge'ge a 97 OV |C9 LS |€9'E7 | €S'6€ | a | "9ANp ) Pa |LLAE |CTEY7 | 8C'EC rue OT 6 lets le: Joout)sisu0) 6 7 de 6 de ru OUT todos OV: IR |eL Ie | RE 9e ‘JA 9o89n0o4 \ SERRES OT SLT | FO‘ EE | CS 6C =uon “Jra ouneç) 11u81ds 7} à Men | °2°9 °9°9 ‘uü °2'9 °2°9 ‘u "HONANE “LINUX ‘ASAIYNY T AONAIU LINUX *"ASATYNY T 0 AUHOSAV | HOVOIA | -qaxa A 0 *Jauosav | ‘AOVOTE | _ygxarr == ‘ np ap ——— Dr np 409 0 tO ep 200 0 209 101 0,73 2,08 0,35 / molle. \ Analyse de la sorbe. 186 Acide maliquer ee -ReNepe Re t ae 3,891 ACIde ACÉQUE Een LCR CREER PES 0,60 ACIdé CTOPMIQUE. 202200 EN CREER RSS LEP CUE 0,13 261 0%‘0 190 AM Val “Ar 000... *‘J9TAUR/ 7 TL FF > OP T. °n’ 0 2 6 6,010 616, 6"1”"0 Tv 0e %€"0 L&'0 60‘0 0G° 67 0 | JoT4 TR 0€ 08°0 98°0 @7°0 GL'cs ( RP CROSS DEC Z *‘OUHI9F SUIOU OU Le LO‘I 9€] CLYTR ( J C A RE Of {-sISu0r) ‘o89f wnjae ‘jrumags 96H 88" r OS'EYT () RM re OFF FLE SF 0 CR RTE G ‘UNIV UNONV ‘oUr19 LL‘0 de OF'LF ACT 91 Ms es J ni Ÿ °J ( en IUT NOUAUT 90 90 ( û J9UPJSISUO) ‘Jeu J9odsy ‘'ounef Us "Jos qe “OOUONPAXO LE ormuoduo AUOT NP S910po0 0" "oSAQUUE op O1) ‘0 809 °p oJU(] ne CHANT “04n01 48 79 *S0[Df ar] "0S'astt SOOA HLIUNLVA VT GG ENUNON OV HUAUVOT HA HAHPVINE HANOS UND Œ 69 V NOILVUIASAU 6L QOVA'IAVL ee ‘0 990 "O[AUYAISE UNIL ‘JO CPS Se tee £G 0L°0 OL°4 MOT AOEDET TETE AUOT GI me fa ( *OJ{U9IPV LUN JAVA *OUHO SUIOUL ( AS Re rNT AU £6G 80 CH ) MITA : LAMEES RENE < a loouejsisuor"Htunaq v oouounuon) 86H LYS GL°G DOM ENRU ETES a LU 996€ CG PHHANET ir Cr — Vh À ‘WNJAUd Unonvy ‘otuo L8"0 LI L& LO' J W J Pt AO UIQIUSAOU QT u loouvsisuo") ‘jeur Joodsy ‘ounrep) 0 ‘o{dos qu “OO HOH9UXO | “JUOAJ ND So41Qjovav") “os {quur | op £0) "0 9p oqu(I ——__— CMALUE “oanoty 4Ud jo SO au G'aigG SAIOd 'HLIUNLVK VA a NEWOWN AV HUAUVOUT QG HAHDVLHA HHUOS ANNA 694 V NOILVUIASUU 262 C. GERBER. Quelle que soit la température à laquelle on place ces fruits (30°, 20°, 0°), leur respiration est toujours, dès le début, celle de la seconde période des sorbes cueillies en été, et elle se termine par la troisième période (tableaux 73, 74, 75). Ce qui distingue la période de fermentation des sorbes mûres cueillies en automne de celle des Sorbes d'été, c’est sa plus grande longueur, la quantité beaucoup plus forte de gaz carbonique émis avec le quotient de fermentation, l’élé- vation beaucoup plus considérable de ce quotient et, enfin la persistance à 0° de ce quotient avec une valeur presque aussi élevée qu'à 20° et qu'à 33°. Ces différences correspondent à d’autres différences dans la teneur des sorbes en alcool et en acides volatils. En effet, tandis que les sorbes qui, après avoir été sépa- rées prématurément de l'arbre, ont subi la maturation complémentaire ne présentent pas trace d'alcool el ne con- liennent qu'une très faible quantité d'acide formique et d'acide acélique, les sorbes cueillies en automne, lout en ne renfermant qu'une faible quantité d'alcool (0,37 par kilog.), présentent une notable quantité d'acides volatils (08,60 d'acide acétique et 05,13 d'acide formique par kilog.). Les nombreux fruits que porte un même Sorbier sont loin d’être mûrs à [a même époque. On en trouve qui ont atteint leur complète maturilé avant les premières gelées d'automne, alors que d’autres ne sont blets que pendant cette période de froid. Les uns et les autres ont bien perdu leur astringence, mans les derniers sont toujours plus acides au goût que les premiers. Ce que nous venons de voir sur les relations directes qui existent entre les basses températures et la non-appari- lion de la première période de respiration ou période de combustion des acides, nous permet d'expliquer facilement ce fait. Les fruits tardifs possèdent encore une grande quantité MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 263 d'acide malique et de tannin au moment des gelées. Or, l'abaissement constant de la température s'oppose bien à la combustion de l'acide, mais 1 est sans action sur celle du lannin. Celui-ci disparaît, la transformation de la pectose en pectine survient, provoque l'apparition de la période de fermentation, le blettissement et enfin la mort des cellules. Les acides protégés contre l'oxydation par la diminution, puis par la disparition des phénomènes vitaux, restent dans le fruit blet et lui communiquent la saveur aigreletie qu'il possède. 3° Influence du sectionnement sur le blettissement des sor- bes. — Ayant en vue spécialement l'étude de l'influence du TABLEAU 76. RESPIRATION A 16° D'UNE SORBE MURE NON BLETTE AVANT ET APRÈS LE SECTIONNEMENT. POIDS, 68,15 DATE CARACTÈRES LATE CO? 0 Co? DE L'ANALYSE DU FRUIT es ut DÉGAGÉ ABSORBÉ (D) Fruit entier. | | b. ec. cc Jaune et rouge, cou- leur vive consis-| 49 n mbre.é, ? 5 29,9 ovembre tance ferme, aucun 14,93 18,45 | ,24 0,83 parfum. | Fruil sectionné en deux. \ Surface du fruit as- pect mal; section blanche. 1342" |° 30,10 | “29.80 | -104 | | (Section acquiertune 14) — . ...tlégèreteinte rouille. | Parfum léger. | + al 162 — : 42, » 12,17 ASO 1,62 Surface du fruit et section brunes; AS: — quelques goutle-, 54,25 1,81 4,88 1,60 | lettes d’eau sur al section. | A — Une TA» 2,43 3,98 0,61 Fruit blet. | 2,20 0,15 264 C. GERBER. sectionnement sur le blettissement des sorbes, nous avons choisi des fruits cueillis en novembre, alors que ne ma- lique a presque complètement disparu. Nos études sur les pommes nous ont, en effet, montré que le sectionnement détermine chez les fruits acides une augmentation considérable du quotient respiratoire, aug- mentalion qui, dans le cas où nous nous placons, serait une cause de perturbations. Deux sorbes dépourvues d'acides, jaunâtres, d'aspect mat, sont sectionnées, l’une quand le quotient de fermentation n’a pas encore apparu, l’autre quand ce quotient est très élevé. | L'examen des résultats obtenus avec la première {la- bleau 76) montre que le sectionnement n'a influé en aucune facon sur l’évolution de la sorbe. TABLEAU 7. RESPIRATION A 46° D'UNE SORBE EN VOIE DE BLETTISSEMENT AVANT ET APRÈS LE SECTIONNEMENT. POIDS 98,35. Fruit entier. Par kilog. et par heure. Durée TR. RO Date de CO2 0. Co? de l'analyse. Caractères du fruit. l'expérience. dégagé. absorbé. "0. jou Aspect h ee Fa 10 novembre. mat. Parfum 21,25 29,44 19,24 1,53 léger. 11 eu 19,58 24,44 11,10 2,31 Fruil Sectionné en deux parties. /Surf. du fruit \ commence à 411 — ) Ro Sect.| 5,08 35,14 20,19 4,74 \ coul. roues 12 —— 2) 17 13,70 6,56 2,09 Section brunit) 14 — Parfum aug- 48,25 ds 3,99 1,93 mente. fe Gouttelettes 16 — d'eau sur la 48,08 2,26 2,69 0,84 l section. 18 — 47 0,61 2,55 0,24 MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 269 En effet, les respiralions successives fournies par le fruit sectionné sont absolument les mêmes que celles fournies par les trois sorbes entières précédentes. Les modifications apportées à la respiration de la seconde sorbe par le sectionnement sont plus accusées (tableau 77). Le quotient respiratoire qui était 2,31 avant l'opération, devient 1,74 aussitôt après, tandis que l'intensité respira- toire augmente. Nous avons déjà conslaté cette diminution du quotient respiratoire avec les kakis et melons; il est dû à la même cause, accès plus facile d'oxygène. Mais cette perturbation n’est que de peu de durée el le qnotient reprend vile sa marche ascendante caractéristique de la période de fermentation, pour tomber ensuite rapide- ment au-dessous de l'unité, quand on arrive à la troisième période identique à celle des sorbes entières. Conclusions. — Le sectionnement n'exerce qu'une influence très faible sur la resmration des sorbes au moment de leur blettissement. ÉTUDE DE LA MATURATION DES NÈFLES (MESPILUS GERMANICA). Les sorbes que nous venons d'étudier présentent des graines si petites qu'elles modifient à peine la respiration du péricarpe. Il n'en est pas de même du second exemple des fruits con- tenant des acides, du tannin et de lPamidon, c’est-à-dire des nèfles; car chez celles-ci les noyaux constituent le 10°, ou le 15° du poids total du fruit. L'examen du tableau 78 relalif à la respiralion d’une nèfle cueillie en été comme les sorbes des trois premiers tableaux, quand elle est dure et très éloignée de la maturité, Indique trois périodes identiques aux périodes observées pour les sorbes. Mais dans les deux premières périodes, les quotients res- piratoires ont une valeur plus faible; ce fait est dû à la res- piralion des graines. 266. C. GERBER. TABLEAU 78. RESPIRATION A 30° PUIS A 209 D’UNE NÈFLE CUEILLIE AVANT LA MATURITÉ. poips, 298r,70 î ; S k IRÉ CO2 (0) nn br TEMPERA- . DÉGAGÉ ABSORBÉ ; : ë TURE , de ES L'ANALYSE FRUIT L'EXPÉRIENCE Par kilog. et par heure. Jaune. h cc. ce \Consistanre dure. | 15 seplemb.. } Sr parfum. | 300 24,25 45,52 48,42 ] Saveur astrin- | gente. | LOS 300 22,25 48,30 44,32 PIN Re 30° 20,42 44,29 40,57 JSNEET NU 30° 21, » 34,96 34,27 Er 30° | 20,84 315 31,97 DA = is. 30° 20,88 29,44 29,4% DD ace 30° 38,29 28,95 31,13 DO ue 30° 42,40 24,13 29,01 Jaune brun. 4 octobre... JUmsislancemoins( 36 67.66 a 8 96 ferme. ? 7 ? ! Aucun .. ne | 200 110, » 5,98 8,53 Brun. é Das ne Léger parium. 20 110,30 1,91 9,39 Rs 20 62, » 20,32 15,40 Eioe 200 63, » 17,67 13,38 2 RTE Blet, 200 48,15 5,83 6,01 | De même, l'examen des {ableaux 79, 80 et 81, où nous avons inscrit les respirations successives de trois nèfles cueillies en automne, au moment où l'acide a presque complè- tement disparu et où la consistance est devenue moins. ferme, montre qu’il existe, comme pour les sorbes cueillies dans les mêmes conditions, deux périodes seulement et qu'il y à parallélisme complet dans la respiration de ces deux es- pèces de fruits. Ici comme précédemment, la seule différence consiste dans labaissement des quotients. D'ailleurs, l'expé- rience relatée aussitôt après les tableaux 79, 80, et 81 prouve l'influence de la respiration des graines sur la respiration du fruit entier. | MATURATION DES FRUITS CHARNUS. TABLEAU 79. RESPIRATION À 33° D'UNE NÈFLE CUEILLIE AU MOMENT DE LA MATURITÉ, POIDS 308",63. Date de l'analyse. 23 octobre... NN 19 D Or (Ar 19 a | 19 10 «D Perl Aer novem. Caractères du fruit. Jaune vif. Consis- | tance ferme. Sa- veurastringente. | Tannin. (Une tache brune.) : Consistance moins ( ferme. SN fum. Saveur su- crée. Pas detan- ie Léger ee) nin. Durée de l'expérience. TABLEAU 80. Par kilog. et par heure CT De RS ENER CO2 (0) CO2 dégagé. absorbé. 07 ce cc 47,24 4x 11 0,99 41,57 43,76 0,95 43,39 43,10 0,97 42,31 33,47 0,98 43,83 41,75 1,05 13,14 13,21 0,99 4,55 7,59 0,60 RESPIRATION A 20° D’TNE NÉFLE CUEILLIE AU MOMENT DE LA MATURITÉ, poips 228r,40. Date de l'analyse. 24 octobre... 26 — 28 = _ 30 — 4er novem... 3 ne 4 + | Caractères du fruit. Jaune vif. Ro | tance ferme. Sa- screen Tan»in. ‘Une tache ue Consistance moins ferme. \ (Blet. Léger par- fum. Saveur su- crée. Pas de tan- nin. Durée de l'expérience. h 56,33 Par kilog. et par heure RE CO2 0. CO2 absorbé. 0 cc cc 19,59 2278 0,86 19,09 19,88 0,96 16,12 17,52 0,92 15,45 16,48 0,92 20,49 20,91 0,98 25.05 21,78 0,15 8,10 2,50 3,67 0,68 268 C. GERRBER. TABLEAU 81. RESPIRATION A 0° D'UNE NÈFLE CUEILLIE A LA MATURITÉ. POIDS 208",09. Par kilog. et par heure Durée OT Date de CO2 0 co? de l'analyse. Caractères du fruit, l'expérience. dégagé. absorbé. 0 Jaune brun. 1 peurs) h cc ce 31 octobre. tache brune et 183,75 11,48 16,89 0,68 molle. 10 novem.….. Brun. 242 23,32 16,07 ,46 19m 0e Brun. 118 16,39 9,76 ; 24 Blet. 143,42 4,73 3,36 1,33 3 décem... Biet. 286,50 0,86 1,40 0,62 Une nèfle dont une portion du péricarpe seulement est atteinte par le blettissement et qui présente à 20° le quotient de fermentation 1,14, est divisée en lrois parties : noyaux, péricarpe brun et blel, péricarpe ferme et blanc. Les respirations fournies par ces trois parties, à 20°, sont les suivantes : ) CO? CO2. 0. So Nèfle entière. ::....... 24,28 21,30 1 1Æ Nova en RE Aer 6,95 10,86 0,64 Partie-blette.<:.%.20 72 3,83 6,40 0,60 Partiehblanche "7" 30,02 20,90 1,43 On voit que le quotient respiratoire des noyaux est très inférieur à l’umité et l’on comprend que leur respiration abaisse considérablement la valeur 1,43 du quotient de fermentation de la parti: vivante et blanche du péricarpe. Quant à la partie blette, son quotient et son intensité. respiratoire sont très faibles, ce qui se comprend, puisqu'elle est formée de cellules pour la plupart mortes. Conclusions. — Les nèfles se comportent absolument comme les sorbes, mais les quotients d'acides et de fermentation sont diminués par la respiration des graines. Cetle élude a été répétée sur un grand nombre d'autres fruits : prunes, pêches, poires, prunelles {Prunus spinosus), MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 269 ananas, etc., ele. Toujours nous avons obtenu les mêmes résultals. Nous croyons donc inutile d’insister plus longue- ment et nous terminerons cette élude en disant : 1° Les fruits charnus sucrés contenant des acides, du tannin et de l’amidon, élant séparés de l'arbre longtemps avant la ma- turation et placés à une température élevée, offrent trois périodes dans la respiration. Pendant la premicre période, les acides sont oxydés ainsi qu'une partie du tannin. Il en résulle un quotient supérieur à l’unilé (quotient d'acides) qui diminue peu à peu et devient in- férieur à l'unité quand les acides ont disparu. Pendant la seconde période, le reste du tannin est brûlé, puis la pectine apparait, les cellules s'asphyrient et déterminent la fermentation des substances sucrées qui donnent de l'alcool et des acides volatils, d'où le par fur. Le quotient respiratoue qui, au début de cette période, est inférieur à l'unité, s'élève rapidement (quotient de fermenta- lion). Après une augmentation passagère, l'intensité respiratoire s'affaiblit. Durant cette période, le fruit jaunit, prend un as- pect mat et sa consistance devient moins ferme. Pendant la troisième période, les cellules ne pouvant s'adap- ter à ce nouveau genre de vie (fermentation) meurent : le fruit blettit. Le quotient s'abaisse, ainsi que l'intensité respiratoire qui devient très faible. 2 Les mêmes fruits placés aux basses lempératures ne pré- sentent que les deux dernières périodes ; aussi, peut-on consta- ter l'existence, dans la pulpe de ces fruits blets, d'une grande quantité lacide malique qui leur donne une saveur aigrelette. 3° Les fruits charnus sucrés contenant des acides, du tannin et de l'amidon, étant séparés de l'arbre au moment de leur maturation, ne présentent dans leur respiration que les deux dernières périodes, quelle que soul la lempérature à laquelle on les porte. La troisième période fait presque complètement défaut chez les poires, les prunes, les pêches, les prunelles, fruits pour lesquels la deuxième période, celle de fermentation, 9270 _ €. GERBER. devient très longue. On peut presque dire que chez ces fruits le quotientreste supérieur à l’unité,tant qu'ilexiste de la matière sucrée. Nous avons déjà rencontré ce phénomène chez les kakis, les bananes, les melons. Nous pouvons donc penser que chez tous les fruits dont la deuxième période de respiration est très longue, les cellules s'adaptent au nouveau genre de vie caractérisé par l'asphyrie partielle et la fermentation alcoolique. Les cellules de ces fruits peuvent étre comparées aux cellules des levures. Au contraire, chez les sorbes, les nèfles et tous les fruits dont la deuxième période de respiration est très courte et est suivie d'une troisième période, les cellules ont absolument besoin d'oxygène libre; elles meurent aussitôt qu’elles en sont privées, après une courle période d'asphyxie el de fermentation. Les cellules de ces fruits peuvent être comparées à celle du Penicillium glaucum dont le pouvoir de faire fermenter les liquides sucrés s'épuise rapidement. Les fruits charnus sucrés contenant des acides, du tannin et de l’amidon, présentent donc au contact de l'oxygène de l'air, des phénomènes de tous points comparables à ceux qui ont été observés par MM. Le Chartier et Bellamy en plaçant ces fruits à l'abri de l'oxygène et dont nous avons parlé dans l'historique. Le rapprochement est encore plus manifesle si l’on consi- dère que les différences entre la respiration des nèfles et des sorbes d'une part, et celles des prunes, des poires, des prunelles, etc., d'autre part, sont de même ordre que les différences D par MM. Le Chartier el Bellamy dans leur étude. Ilest en effet certain que les fruits qui, cessent rapidement, à l'abri de l'oxyqène, de déqager du gaz carbonique, entrent dans notre première catégorie, celle où les cellules des fruits ne peuvent pas s'adapter à la vie sans air. Ceux qui, au contraire, dégagent, dons ces conditions, pen- dant très longtemps du gaz carbonique, tels que la pomme de Loccard (le dégagement a duré 160 jours) et « tout fruit qui Cracquert son marimuim de parfum et de saveur qu'après un MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 271 « certain temps de conservation » (1), entrent dans notre seconde catégorte, celle où les cellules des fruits peuvent s'adapter à la de sans a. RÉSUMÉ GÉNÉRAL Si nous rapprochons les unes des autres, en les com- parant, les conclusions que nous avons énoncées à la fin de chacun des chapitres, nous voyons qu'il se dégage de notre étude un certain nombre de faits nouveaux concernant et la respiration des fruits charnus sucrés etles modifications chi- miques que ceux-ci éprouvent pendant la maturation. RESPIRATION DES FRUITS CHARNUS SUCRÉS. I. Contrairement à ce que l’on observe dans la respiration des plantes ordinaires, les fruits charnus sucrés dégagent à certaines phases de leur développement un volume de gaz gaz carbonique supérieur au volume d'oxygène qu'ils absor- bent dans le même temps et présentent, par suite, un quotient respiratoire supérieur à l'unité. IL. Ce quotient respiratoire spécial a une origine et des al- lures différentes suivant le degré de la maturalion des fruits et les principes chimiques que ceux-ci contiennent. Nous sommes ainsi amené à distinguer deux catégories de quotients supérieurs à l’unilé. : Les uns sont dus à la présence des acides ; nous les avons appelés quotients d'acides. Les autres sont dus à l'insuffisance de la quantité d’air qui parvient aux cellules et à la produc- tion d'alcool qui en est la conséquence ; nous les avons ap- pelés quotients de fermentation. | IL. Les guotients d'acides se présentent toutes les fois que (1) Le Chartier et Bellamy, De la fermentation des fruits (CG. R., 1875, t. LXXXI, p. 1129). 279 ; C. GERBER. les fruits qui contiennent des acides : citrique, tartrique, malique, etc., se trouvent à une température supérieure à un certain degré. La limite inférieure à partir de laquelle se manifeste le quotient d'acides est assez élevée (30°) pour les fruits à acides tartrique et citrique ; elle est moins élevée (15° environ) pour les fruits à acide matique. Il est à remarquer qu'on obtient les mêmes quolients supé- rieurs à l’unité, lorsqu'on cultive des moisissures telles que le Sterimatocystis nigra sur des solutions ne contenant que les acides précédents. Il est ainsi prouvé que l'élévation du quotient respiratoire signalé plus haut dans les fruits acides est due à la présence de ces acides. Mais, en plus de cette expérience et pour nous placer dans des conditions tout à fait comparables à celles que pré- sentent les fruits, nous avons cultivé le même champignon dans des solutions contenant un mélange de sucre et d'acide. Or, dans ce cas, nous avons trouvé les mêmes quotients su- périeurs à l’unité que dans les fruits acides et le même écart entre les limites inférieures de température où appa- raissent, pour les différents acides, les quotients supérieurs à l'unité. Les quotients d'acides se rencontrent également chez les plantes grasses. Cela nous permet de rapprocher leur respi- ration de celle des fruits acides et d’opposer ces deux respi- rations à celle des plantes ordinaires. IV. Les quotients de fermentation se produisent toutes les fois que l'oxygène de l'atmosphère n'arrive plus aux cel- lules en quantité suffisante pour fournir l'énergie nécessaire à l’activité vitale. Ce manque d'oxygène est dû à la production de pectine; cette production, d'une part est accompagnée d’une augmen- tation de l’activité cellulaire el, d'autre part, détermine une diminution dans l'apport de l'oxygène aux cellules, par suite de l'occlusion des méats intercellulaires par le gonflement de la pecline. MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 273 Nous avons constaté que l'apparition du quotient de fermentation n'a lieu que lorsque le tannin a disparu entièrement, et ceci concorde avec l’autre fait que nous avons également observé, à savoir que le phénomène dit de la transformation de la pectose en pectine ne se produit qu'après la disparition de ce tannin. Les relations que nous avons établies entre la formation de la pectine et l'apparition du quotient de fermentation nous ont permis de démontrer que les fruits, au contact de l’oxygène de l'air, se trouvent, de par cette formation, placés dans les mêmes conditions que les fruits privés d'oxygène par MM. Le Chartier et Bellamy, et qu'ils se comportent de la même facon. V. Le quotient de fermentation diffère du quotient d'acides : 1° Par l’époque à laquelle on le constate. — Chez les fruits cueillis avant la maturité, il se manifeste à la fin de la ma- turation tandis que le quotient d'acides apparait au début; 2° Par la température minima à laquelle il se manifeste. — On l’observe aux températures basses, même à 0°, chez Les fruits qui présentent encore à cette température une respi- ration assez forte pour avoir besoin d’une quantité notable d'oxygène, tandis que le quotient d'acides n'apparaît guère, même pour ces fruits, qu'à 30°; 3° Par sa valeur. — Cette valeur est souvent supérieure à 3, tandis que le quotient d'acides est toujours inférieur à 2 et généralement plus petit que 1,50; 4° Par l'intensité respiratoire correspondante. — La quan- ülé de gaz oxygène absorbé par le fruit, quand on constate le quotient de fermentation, est bien moins forte qu'avant son apparition, tandis que cette quantité est bien plus forte quand c’est le quotient d'acide qui se manifeste ; >° Par les modifications qu'il éprouve sous l’influence du seclionnement. — Le sectionnement diminue légèrement sa valeur et augmente à peine l'intensité respiratoire corres- pondante, tandis qu'il élève considérablement le quotient d'acides en même temps que l'intensité respiratoire s'accroît fortement ; ANN. SC. NAT. BOT. IV 1e 274 C. GERBER. 6° Par les changements chimiques qui se produisent dans le fruit. — Le quotient de fermentation indique la forma- tion d’alcool et assez souvent d'acides volatils. On ne cons- tale rien d’'analogue dans les fruits offrant le quotient d'acides. MODIFICATIONS QUE LES FRUITS ÉPROUVENT PENDANT LA MATURATION. Indiquons maintenant les modifications chimiques qui se produisent dans les fruits au cours des phénomènes respi- ratoires dont nous venons de montrer les variations. Ces modifications affectent : 1° les acides; 2° les tannins ; 3° l’a- midon ; 4° les matières sucrées. 1. Les acides des fruits sont partiellement utilisés à la for- mation d’hydrates de carbone. Cette réaction se produit chaque fois que l’on observe le quotient d’acides, quelle que soit sa valeur, celle-ci étant, comme nous l'avons dit, toujours supérieure à l’unité. Nous avons établi ce fait de la facon suivante : 1° Les moisissures cullivées sur un milieu nutritif ne con- tenant que des acides forment des hydrates de carbone (mycélium). En même temps elles présentent un quotient respiraloire supérieur au quotient que l’on obliendrait en oxydant complètement la molécule des acides. Donc un quotient supérieur au quotient d’oxydation com- plèle desacides indique la formation des hydrates de carbone. Or les moisissures cullivées sur un milieu nutritif conte- nant un mélange de sucre et d'acides, ainsi que les fruits acides, présentent, tant qu’il existe une assez grande quan- ilé d'acides et que la température est assez élevée, un quo- lient supérieur au quobient d'oxydation complète des acides; donc il se forme dans ces conditions des hydrates de car- bone aux dépens des acides des fruits. IL est cerlain que celte formation se produit encore dans les cullures des moisissures et dans les fruits contenant une MATURATION DES FRUITS CHARNUS. 275 très faible quantité d'acides et une grande quantité de sucre ; mais la combustion du sucre qui se produit avec un quotient au plus égal à l'unité élant très considérable par rapport à celle des acides, le quotient très élevé de formalion des hy- drales de carbone aux dépens des acides est fortement abaissé par celte combuslion et, par suite, le quotient observé est inférieur au quotient d’oxydalion complète des acides. 2° Dans les pommes cueillies nous avons constaté que la quantité de substance sucrée qui se forme aux tempéra- tures élevées est supérieure à la quantité d’amidon disparue el correspond à peu près à la somme de l’amidon et de l’a- cide disparus. IL. Le fannin disparaît dans les fruits par oxydation com- plèle, sans former d'hydrates de carbone. Ainsi se trouve démontrée l'opinion émise par M. Chalin sur la transforma- Uüon du lannin dans les plantes. Les deux faits suivants éla- blissent celle oxydation : 1° Alors que le quotient respiratoire que présente le Ste- rigmatocysts nigra cultivé sur une solution contenant du tannin de la noix de galle {tannin formé de sucre et d’éther digallique) et y produisant des hydrates de carbone aux dé- pens de cette substance, est toujours supérieur à lunité, quelle que soit la température, le quotient respiratoire des fruits non acides contenant simplement du tannin et du sucre est constamment inférieur à l’unité, jusqu’à la dispari- Uon complète de ce tannin ; 2° La disparition du tannin dans les fruits voisins de la maturité n'esi pas accompagnée d’une augmentation de la matière sucrée. II. L'amidon se lransforme en matière sucrée dans le cours de la maturation. Cette conclusion est démontrée par les dosages de ces deux sortes d’hydrates de carbone faits à divers moments de la maturation des pommes après qu'elles ont été séparées de l'arbre. Nous avons ainsi confirmé les résullats des recherches de Buignet et Corenwinder sur les bananes et celles de Lindet sur les pommes. 270 C. GERBER. IV. Les matières sucrées, en même temps qu’elles se for- ment aux dépens de l’amidon et probablement aussi des acides, disparaissent en parlie par oxydation. En outre, dans les fruits qui présentent le quotient de fer- mentation à la fin de la maturation, ces substances sucrées se transforment parliellement en alcools et acides volalils. Il en résulte des éthers qui constituent le parfum de ces fruits. Puisque les acides et le tannin disparaissent rapidement aux températures élevées, on peut hâler la maturation des fruits charnus sucrés contenant soit des acides (pommes, raisins, oranges), soit des tannins (kakis), soit un mélange de ces deux sortes de substances (sorbes, nèfles, poires, elc.),en les exposant aux températures élevées. D'autre part, on peut retarder la maluration des fruits contenant beaucoup d’acides et dont la respiration ne pré- sente pas de période de fermentation (certaines pommes, raisins, cerises, oranges, etc.) en les exposant à des tem- péralures voisines de 0°, puisque, aux basses températures, les acides ne sont pas comburés. : Par contre, les fruits contenant du lannin et qui présen- tent à la fin de la maturation un quotient de fermentation (sorbes, nèfles, kakis, etc.), ne peuvent pas êlre conservés beaucoup plus longtemps aux basses températures qu'aux températures élevées, parce que le tannin est brûlé aussi bien à l’une qu'à l’autre température. Aussitôt après sa dispari- lion, se produit la transformation de la pectose en pectine et, par suite, apparaît la période de fermentation et le fruit blettit. Enfin, la nécessité d’une température élevée pour la com- bustion des acides tartrique et citrique, la possibilité d’oxy- dation de l'acide malique aux basses températures, expli- quent pourquoi les pommes, les sorbes, les nèfles et les au- tres fruits qui contiennent de l'acide malique mürissent sous des climats froids, tandis que les raisins et les oranges MATURATION DES FRUITS CHARNUS. DAT exigent des climats plus chauds ; elles expliquent également pourquoi les fruils à acide malique (pommes, sorbes, nè- fles, etc.) mürissent après leur séparation de l'arbre dans des fruitiers dont la température est peu élevée, tandis que les raisins et surtout les oranges et autres fruits d'Auran- tiacées müûrissent difficilement dans ces conditions. Cepen- dant, en élevant suffisamment la température, les fruits à acides citrique et tartrique achèvent leur maturation en fruilier. En terminant l'exposé de celle élude sur la maturation des fruits, je suis heureux de témoigner à mon cher maître M. Duvillier, professeur de chimie industrielle à la Faculté des sciences de Marseille, ma reconnaissance la plus pro- fonde pour la large hospitalité qu'il m'a accordée dans son laboratoire et pour la part qu'il a prise à la direction de ce travail. Qu'il me soit également permis d'adresser à M. Jumelle, maîlre de conférence de botanique à la même Faculté, qui a été pour moi un maître plein de bienveillance, l'expression de ma vive gratilude. C’est à sa direction éclairée et aux conseils qu'il m'a prodigués que je dois d’avoir pu effectuer ces re- cherches. EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE T. F16. 1. — A. Vase cylindrique contenant le fruit à étudier. — B. Thermo- mètre. — C. Tube recourbé pouvant être fermé par un tube de caoutchouc et une baguette de verre c. — D. Tube recourbé dont la branche hori- zontale F porte un robinet à trois voies d et un manomètre E. Le mercure contenu dans la branche a de ce manomètre est surmonté d’une mince couche d’eau destinée à empêcher l’arrivée des vapeurs mercurielles dans le vase À. — G. Réservoir de l'appareil destiné au prélèvement des échan- tillons de gaz pour l’analyse. Ce réservoir communique, par l’inter- médiaire du robinet à trois voies g, soit avec le tube F, soit avec le tube de dégagement I conduisant les gaz dans la cuve à mercure K. — H. Ré- servoir à mercure permettant, par son élévation ou son abaissement, de refouler ou d’aspirer les gaz contenus dans le réservoir G, avec lequel il communique par le tube en caoutchouc h. — L. Petit tube à essai dans lequel se rend la prise de gaz et que l’on transporte sur l'appareil à analyse de MM. Bonnier et Mangin. — M. Grand flacon régulateur de pression, que l'on met en communication avec le tube C, au moment du renouvellement de l’atmosphère du vase A, au moyen du tube à robinet N et du tube de caoutchouc qui lui fait suite. Ce flacou porte un robinet à trois voies m qui permet d’y faire le vide au moyen d’une trompe à eau communiquant avec la branche n, ou d'y laisser rentrer l'air par la branche p. FiG. 2. — A. Ballon de verre où s'effectue la saponification. — B. Réfri- gérant à serpentin destiné à condenser les vapeurs qui s’échappent du ballon A. — C. Tube faisant communiquer le ballon A et le réfrigérant B. Ce tube permet le passage des vapeurs du ballon au réfrigérant et le retour inverse des produits condensés. — D. Petit appareil destiné à éviter les pertes d’alcool. Il est formé d’un tube portant un renflement «a et dont l'extrémité inférieure plonge dans un peu d’eau contenue dans le tube à essai b. Un vide, ménagé entre ce tube à essai et le bouchon c, permet à l’air déplacé au début de l’ébullition de s'échapper librement. PLANCHE Il. F1G. 1. — A. Ballon de Fernbach dont les tubes latéraux a sont fermés par des tubes de caoutchouc et des baguettes de verre. Le col b de ce ballon, qui contient le liquide nutritif ensemencé, est fermé par un bouchon et porte un tampon d’ouate c que traversent les tubes d destinés à prélever EXPLICATION DES PLANCHES. 9279 des échantillons du liquide nutritif. Deux autres tampons d’ouate e sont placés dans les tubes latéraux a. Fi. 2. — A. Réservoir d'eau destiné à chasser par déplacement l’atmo- sphère confinée contenue dans les vases à expériences. — B,... Bn. Série de 8 à 10 vases contenant les fruits en expérience (pour simplifier la figure, on n’a représenté que deux de ces vases). — C. Armoire pouvant se fermer et contenant : un robinet à trois voies a, un tube à potasse de Liebig b, un tube en U à ponce potassique c et un tube en U à ponce sul- furique d. Cette disposition permet d'enlever à l’atmosphère des flacons B,... Bn, avant qu’elle passe dans le tube à combustion, le gaz carbonique, la vapeur d’eau et la presque totalité des éthers qu’elle contient. — D. Grille à combustion pour analyse organique dans laquelle est chauffé un tube en verre dur contenant de l’oxyde de cuivre. Celui-ci est relié par un caoutchouc avec le tube à ponce sulfurique d. Une pince e permet de régler le courant gazeux daus l'appareil à combustion. — E. Tubes destinés à retenir l'acide carbonique et la vapeur d’eau formés : 1° tube à ponce sulfurique f retenant la vapeur d’eau; 2° tube à potasse g et tube à ponce sulfurique À retenant l'acide carbonique. — F. Gazomètre à air formé des flacons i et k et permettant de balayer, grâce au robinet à trois voies a, les gaz contenus, à la fin de l'expérience, dans l’ensemble des tubes à absorption et du tube à combustion. ERRATUM Page 217, article C. Gerber sur la Maturation des fruits charnus, rétablir ainsi le deuxième alinéa de cette page : « Ce tableau montre en effet qu’à 20° l'intensité respiratoire du fruit est si faible que l'oxygène emprunté à l'atmosphère est suf- fisant pour les réaclions chimiques qui se passent dans les cellules, même quand le fruit se ramollit; aussi le quotient respiratoire est-il constamment inférieur à l'unité. « Toutes les expériences précédentes ne nous disent pas si, quand les fruits sont maintenus à une température élevée, le tannin a complètement disparu au moment où le quotient devient supé- rieur à l'unité, ou s’il continue à disparaître pendant que l'alcool se produit. Or de la résolution de cette question dépend l’élimi- nation de l’une des deux hypothèses (2° ou 3°) que nous avons précédemment émises sur la disparition du tannin. » SUR DEUX FLORIDÉES NOUVELLES POUR LA FLORE DES CANARIES Par M':e N. KARSAKOPFF. ÎI. — VICKERSIA CANARIENSIS. L’Algue que je vais décrire sous ce nom a été découverte par M°° Anna Vickers pendant le séjour qu'elle a fait à l’île Canarie durant l'hiver 1895-96. C’est une très Jolie et déli- cate Floridée, appartenant à la famille des Céramiacées, qui formait des touffes gazonnantes à la face inférieure hori- zontale de rochers surplombant des flaques profondes. Son thalle, haut de 2 à 3 centimètres (pl. XIV, fig. 1), est composé d’un axe articulé, rameux, à végétalion indé- terminée et de ramules définis, distiques ou verticillés par 3 ou par 4. À la base, la fronde est couchée, rampante, fixée au substratum et aux corps environnants par des rhi- zoïdes (fig. 3) sortant de la partie inférieure ou de Ja partie moyenne des articles; les uns sont des crampons terminés par un épatement discoïde à bord sinué, dans lequel on reconnaît une structure rayonnante; les autres, plus allon- gés et naissant à toute hauteur sur la lige, sont entièrement cylindriques. La ramification est irrégulière. Certains ra- meaux jouent le rôle de stolons et s’étalent sur le sol; les autres sont dressés. Tous sont garnis, à presque tous les articles, de ramules unicellulaires, ovoïdes ou elaviformes, 282 N. KARSAKOFE. légèrement courbés vers le haut de sorte que leurs bords supérieur et inférieur ne sont pas symétriques (fig. 5 et 6). Par leur forme et leur grosseur, ainsi que par l'aspect de leur matière colorante, ces ramules ont une grande ressem- blance avec les articles des Griffithsia moniliformes. Dans quelques cas, à la base des rameaux dressés, ils affectent une configuration bien différente. Ils sont allongés, acicu- laires et composés de 4 à 6 articles cylindriques ou légère- ment renflés vers le milieu (fig. 4). — Au sommet, le point végétatif est recouvert par les jeunes ramules qui sont forte- ment incurvés (fig. 6). La plupart des exemplaires récoltés par M”° Vickers sont pourvus de tétraspores. Les ramules qui les portent ont la même forme et la même grandeur que les ramules végéta- tifs, mais ils s’en distinguent nettement parce qu'au lieu de s'attacher directement sur l'axe, ils y sont fixés par l'inter- médiaire d’un court article, à peu près aussi long que large (fig. 5-7). C'est de cette sorte de pédicelle que naissent les tétraspores. [ls sortent en grand nombre de tout le pour- tour libre de l’article et ne sont accompagnés d'aucun organe accessoire, poils ou involucre. Leur division est triangulaire (tétraédrique). — Généralement les ramules ferliles sont verticillés et plusieurs verticilles se succèdent sans êlre interrompus par des ramules ordinaires. Nous n'avons vu ni les anthéridies ni les cystocarpes. De toutes les Algues de la région canarienne dont nous avons consulté les figures et les descriptions, une seule nous a paru avoir une assez grande ressemblance avec la plante de M”° Vickers, c’est celle que M. J. Agardh a fait connaître sous le nom de Calliüthamnion baccatum, d’après un exem- plaire unique, malheureusement stérile, rapporté des Aco- res (1). Comme la nôtre c’est une plante naine, rampante, s'attachant par des rhizoïdes, dont les rameaux dressés (1) Om de under Korvetten Josephines expedition, sistliden sommer in- samlade Algerne. (OEfversigt af K. Vetensk. Akad. Fôrhandl. 1870, p. 365, pl. I; — Epicrisis System. Floridearum, 1876, p. 27.)' FLORE DES CANARIES. 283 portent des ramules globuleux opposés ou verticillés. Tout en la plaçant à côté du Callithamnion (Spermothamnion Areschoug) Turneri, M. J. Agardh fait remarquer qu'elle est bien différente de tous les Cal/lithamnion qu'il connaît par la conformation de ses ramules supérieurs. Il n'existe, en effet, aucun autre Callithamnion dont les ramules soient renflés en boule de manière à simuler une baie; chez tous ils offrent une forme cylindrique ou acicu- laire. Toutefois la figure du C. baccatum différail trop de la Floridée canarienne pour qu'on püt identifier les deux Algues sans plus ample information. Un exemplaire fut adressé à M. le professeur J. Agardh, auteur de l'espèce. Ce savant répondit avec la plus grande bienveillance que la plante de la Canarie est effectivement voisine du C. bacca- tum, mais ne peut lui être réunie. Il fit observer que, dans le C. baccatum, les ramules, le plus souvent ternés, sont étalés horizontalement, el composés d’un seul artiele globuleux porté par un pédicelle très court, et qu’en outre son thalle est plus robuste, comme on le verra en comparant la figure, faiblement grossie, donnée par M.J. Agardh, avec la figure 2 de notre planche, qui est 4 fois plus grande que nature, et même avec les figures 3 et 5 dont le grossisse- ment est de 36 fois. — L’'Algue des Canaries a les ramules végélatifs, seuls comparables, puisque le C. baccatum est stérile, oblongs ou claviformes, asymétriques, étalés dressés et formés d’un seul article, ou bien aciculaires et constitués par plusieurs articles. Si l’ensemble de leurs caractères permet de rapprocher ces deux Algues comme espèces voisines, dans quel genre convient-1il de les placer ? Lorsque le C’. baccatum était seul connu, comme Il était dépourvu de fructification, les orga- nes végétatifs pouvaient seuls servir de guide pour lintro- duire dans la classification. Son thalle articulé, rampant, fixé par des crampons dilatés en disque, ses ramules opposés et verticillés rappelaient le C. Turneri, aussi est-ce d'abord près de celte espèce qu'il fut inlercalé; plus tard, dans 284 N. KARSAKOFF. l'Epicrisis Syst. Floridear., p. 27, il prit place dans le groupe des VERTICILLATÆæ entre les Callithamnion dispar et Muelleri. La connaissance des Heu de la plante de M°"° Vic- kers fournit un renseignement important pour la solution de la question. Si nous examinons la disposition offerte par les principaux genres qui s’en rapprochent le plus par la struc- ture générale, nous en trouvons trois surtout qui doivent altirer l'attention : le Spermothamnion (Callithamnion Tur- neri Ag.), le Callithamnion, pris dans le sens élendu qu’on lui donnait autrefois, et le Griffithsia. Dans le Spermotham- nion, de même que dans le plus grand nombre des Calli- thamnion, les tétraspores occupent la place d’un ramule ou de son article terminal; il n’y a d'exception que pour les espèces réunies autrefois par Naegeli sous le nom de Pœci- lothamnion, chez lesquelles les tétraspores naissent au nom- bre de 1 à 3 sur le côté d’un article portant déjà un rameau (1). Les Griffithsia présentent également deux dis- positions principales ; ou bien les tétraspores sont solitaires sur les rameaux verticillés, ou bien ils naissent en grand nombre autour de la partie supérieure d'articles dont la forme et la grandeur sont plus ou moins modifiées. De ces diverses sortes d’arrangement des tétraspores, deux seulement, celle du Pæcilothamnion et celui des Grif- fithsia cités en dernier lieu sont comparables à la disposi- tion présentée par la plante de M”*° Vickers. Encore ne faut-il pas pousser bien avant la comparaison avec les Griffithsia pour s’apercevoir que la ressemblance est plutôt générale et ne s'étend pas jusqu aux détails. En effet, si l’on Jette un coup d'œil sur l’organisation du fruit télrasporique figurée par Kützing dans le tome XII des T'abulæ phycologicæ aux planches 20, 26, 27 et 29, on verra que les tétraspores ne naissent pas immédiatement de l’article de la fronde qui les porte, mais qu'ils sont les cellules terminales de petites (4) Voy. Naegeli, Die neuere Algensysteme, pl. VI, fig. 8 et 9; Thurel, Études phycol., pl. XXXV, fig. 14. FLORE DES CANARIES. 285 Louffes très ramifiées produites d'abord par l’article. L’ana- logie semble plus marquée avec les Pæcilothamnion. Dans les deux cas les tétraspores naissent directement d’un article, toutefois il y a lieu de considérer que les différences ne manquent pas non plus. Dans le Pæcilothamnion l'article fructifère est un article ordinaire du thalle et non un article spécial ; les tétraspores, très peu nombreux, naissent en une simple ligne le long de l'arlicle el non de toute sa surface. Par sa fructification lélrasporique, la petite Algue cana- rienne qui nous occupe ne rentre donc exactement dans aucun des types génériques connus. Elle présente en outre d’autres caractères qui ne semblent pas permettre de la ratlacher à l’un ou l’autre des genres avec lesquels elle présente le plus d’analogie par la disposition des tétras- pores. Son thalle, dont les rameaux dressés ont une crois- sance indéterminée tandis que les ramules verticillés qui les garnissent ont une croissance définie, la sépare nettement du Pæcilothamnion, dont toules les divisions sont équiva- lentes. Elle se distingue des Griffithsia parce que ses ra- mules sont dépourvus de poils caduques ramifiés et par la manière dont ses tétraspores naissent directement et isolé- ment de l’article fruclifère. Elle s'éloigne de l’un et l’autre genre par ses crampons discoïdes dont il n’est fait mention nulle part, que je sache, chez les Callithamnion proprement dits et les Griffithsia, bien que chez ces derniers les rhizoïdes cylindriques se développent abondamment. Celle réunion de caractères, tirés à la fois du port de la plante, de la structure de son thalle et de ses tétraspores, me parail avoir assez d'imporlance pour justifier l’établisse- ment d'un genre nouveau qui se placerait provisoirement à côté du Griffithsia, en attendant que le cystocarpe en soit connu. Îl pourrait êlre défini de la manière suivante : VICKERSIA. Frons tola articulata, monosiphonia, ecorticata, repens, 286 __N. KARSAKOFF. radiculis apice scutellatim expansis affixa; fila primaria cylindrica, inferne irregulariler ramosa, ramis erectis ad genicula opposite aut verlicillatim ramulosis. Ramuli vegetativi simplices sæpius ex articulo unico crassius- culo inflato, nunc ad basim ramorum articulis pluribus cylindricis constantes. Ramuli tetrasporiferi biarliculati ar- ticulo inferiore telrasporas numerosas circumcirca præ- gnante. Tetrasporæ sphæricæ triangule divisæ sessiles. Cystocarpia et antheridia desiderantur. Dans ce genre viendraient se placer deux espèces ainsi définies : V. CANARIENSIS. Fronde cæspitosa 1-2 cent. alta repente et radicante, filis primariis cylindricis setaceis irregulariter ramosis, secun- dariis erectis subsecundalim parce ramosis, opposile vel verlicillatim ramulosis; ramulis demum clavato-ovatis, incurvalis, erecto patenüibus, unico articulo constantibus. Tetrasporis in ramulis cæteris conformibus, sed ex duobus articulis formatis, evolulis, articulum inferiorum minorum circumeirca veslientibus. Hab. ad insulam Canariam prope Las Palmas, Casüillo, Confital, fornicem cavernularum investiens. Februario. Frons parva. Fila primaria cylindrica crassitie setacea, inferne irregulariter dichotoma, deorsum radiculis ex parte inferiore arliculorum egredientibus, affixa. Fila secundaria erecla, libera, secundatim parce ramosa, hinc inde radicu- las elongalas cylindraceas scutello haud terminatas el ra- mellos binos, lernos quaternosve fere a quoque geniculo emittentia. Ramuli semi-millimetrum vix longi, erecto-pa- tentes, sursum incurvi, Juveniles cylindracei, demum pas- sim heteromorphi : alii cylindracei, aciculares, ad basin ramorum distichi, ex articulis 4-6 constantes; ali unico arti- culo inflato clavato-ovato formati. Ramuli tetrasporiferi us vegeltalivis conformes sed bi-arliculati; articulo basilari FLORE DES CANARIES. 287 brevi tetrasporas globosas, sessiles, subverticillatas, trian- gule divisas circumceirca pregnante. æ V.? BACCATA. Callithammion baccatum J. Ag., loc. cit. « Fronde nana repente, radiculis elongatis radicante, filis primarliseylindricis, inferne dichotomis nudiuseulis, superne opposite aut verticillatim ramulosis, ramulis demum sphæ- ricis », sæpissime ternis patentissimis, fere horizontaliter egredientibus, unico articulo globoso supra pedicellum bre- vissimum constantibus. In Atlantico ad Azoras. « Frons fere microscopica. Fila primaria cylindracea quoad longitudinem crassiuscula, inferne dichotoma et radiculis elongatis ad alias Algas affixa, superne libera et ramulis binis aut ternis infra geniculum quodque erumpentibus, quasi peculiaris indolis, baccam referentibus, obsita. Articuli in filo primario cylindracea geniculo crasso hyalino sejuncti, inferne diametro circiter duplo longiores, superne sensim breviores. Ramuli juveniles magis cylindracei, mox inflati sphærici, unico nune duobus articulis constantes, intra membranam hvyalinam endochroma coloratum sphæricum, nunc basi quasi pedicellatum (residuo articuli inferioris) foventes. » (Descr. auct. transcripsi.) Il serait à désirer que la découverte des tétraspores pour la Vicersia baccata, des cystocarpes et des anthéridies pour les deux espèces permette d'en compléter le portrait. Au dire de M" Vickers, le gracieux petit Vickersia cana- _riensis était abondant dans certaines flaques sur la grève de Las Palmas et près du Castillo à la fin de l'hiver. On peut espérer que l’algologue qui aurait l’occasion de se trouver à la Grande Canarie un peu plus tard dans la saison, l'y ren- contrerait avec les deux autres organes de fructificalion. Son aspect, même à l’état stérile, est assez caractéristique pour que l'identification en soit facile. 288 N. KARSAKOFF. Il est permis de supposer aussi que, dans sa patrie aux Açores, le V. baccata n’est pas rare non plus, et doit tapis- ser comme une Mousse rose les recoins bien abrités. Il. — PHyLLoPHoRA GELibioibEs Crouan mscr. Je dois à M. Bornet le nom de cette Algue que je ne pou- vais déterminer, attendu qu'elle n’a pas été décrite. Elle est simplement mentionnée dans l'Essai de classification des Alques de la Guadeloupe, par Mazé et Schramm, 2° édition, Guadeloupe, 1870-77, p.200, sous le nom de Gelidium liqula- tonervosum Crouan msc. qui serait demeuré entièrement obs- cur si des échantillons en nature, distribués par M. Mazé, ne permettaient point d'en fixer la classification. J’ai pu voir un de ces exemplaires dans les collections du Muséum, et deux autres dans l’herbier Thuret, où se trouvent les types des frères Crouan qui ont, comme on le sait, déterminé les Al- gues récoltées par Schramm et Mazé. Ces exemplaires por- tent les numéros 499 et 1084; le premier seul est cité dans l'Essai. Les noms divers inscrits de la main de Crouan sur ces échantillons montrent que son opinion a varié relativement au genre dans lequel il convenait de les placer. Sur le nu- méro 499 on lit : Phyllophora gelidioides Crouan. Gelidium ligulatonervosum Crouan olim. Le numéro 1084 est inscrit sous la dénomination de : Phyllophora siculus (Kg. Bot. Zeit., 1847) J. Ag. Sp. Phyllotylus siculus (Kg. Tab. Phyc., XIX, tab. 75). D'où résulte qu'après avoir d’abord rapporté la plante au genre Gelidium, manière de voir reproduite dans lÆssai el dans le Cataloque of the marine Algæ of the West Indian Region de M. G. Murray, p. 13, Crouan en appréciait plus lard les affinités d’une façon différente et la rangeait parmi les Phyllophora, soit qu'il la tint pour une espèce distincte, soit qu'il la réunit à une espèce déjà connue. FLORE DES CANARIES. 289 - En l'absence de toute fructification qui fournirait des ca- racières décisifs, la seconde appréciation me paraît Jusüfiée par le port, le mode de végétation et la structure anatomi- que. Et comme le nom de Gelidium lqulatonervosum, quoi- que publié, n’est accompagné d'aucune description, aucune règle de nomenclature n'empêche de prendre celui de PAyl- lophora gelidioides, mieux approprié, que Crouan lui avait substitué. [l ne nous semble pas que l'assimilation faite par Crouan entre cetle Algue et le Phyllotylus siculus puisse êlre acceptée. Bien qu’elles aient quelques caractères com- muns, les deux plantes sont trop différentes pour qu'on ne les distingue pas. À la Guadeloupe le Phyllophora gelidioides croît sur des rochers ensablés, toujours submergés, à la base d’Algues plus ou moins développées; il est rare. Il ne semble pas non plus être abondant à la Grande Canarie où M°° Vickers l’a découvert dans une seule localité, au Castillo San Cristoballo, où 1l lapissait le fond d’une flaque. La plante forme un entrelacement de fibres radicales cy- lindriques horizontales, rameuses, adhérentes aux rochers et aux corps voisins par des crampons. De ce plexus sortent des frondes dressées, irrégulièrement rameuses, d’abord cy- lindriques, puis élargies el aplaties en lames étroites, linéai- res, à bord irrégulièrement dentelé, obtuses ou atténuées au sommet, colorées en rouge brun. Ces lames sont plus épais- ses au milieu que sur les bords de sorte qu'elles paraissent pourvues d’une nervure plus ou moins apparente. Comme leurs congénères elles sont fréquemment inlerrompues par une série de troncatures, d'où sortent une ou plusieurs proli- fications qui renouvellent et allongent la fronde. Celle-ci mesure de 2 à 4 centimètres de hauteur. La largeur des la- mes reste au-dessous de 2 millimètres. Des stipes et des lames naissent des prolifications qui se recourbent vers le bas el jouent le rôle de stolons ou se dressent en . forme de lames stipilées. Les parties cylindriques du PAyllophora goods sont ANN. SC. NAT. BOT. v, 19 290 N. KARSAKOFF. composées en deux sortes de cellules ; les intérieures poly- gonales, assez grandes environ {rois ou quatre fois plus lon- gues que larges, à parois épaisses, qui forment la masse principale du tissu. Elles diminuent peu à peu de grandeur et de longueur jusqu’à la périphérie où elles sont à peu près égales dans toutes les directions. — La coupe des lames montre que celles-ci sont ancipitées et qu’elles ont la même structure ; seulement les cellules corlicales sont un peu plus petites et ont les parois plus épaisses. Quelquefois les cellules corticales de la partie médiane de la lame se développent en une file de cellules étroites très denses qui sont peul-être des commencements de némathé- cies ; mais le développement n'élait pas assez avancé pour que cette interprétation eût un degré suffisant de certitude. D'après les caractères externes et internes, 1l existe une plus grande ressemblance entre la Floridée récollée par M'° Vickers et les Phyllophora de la section PAyllotylus qu'avec les Gelidium. On sait que dans ce dernier genre les tissus sont disposés autour d’un axe central articulé distinct surtoul au sommet des pinnules, plus ou moins dissimulé plus lard par la formation d’un grand nombre de rhizoïdes internes qui descendent entre les cellules. Il n'existe aucune trace de celte double disposition dans le PAyllophora gelidioides. La forme linéaire des segments de la fronde, leur opacité, leur couleur distinguent nettement cette espèce du PAyl- lophora sicula auquel Crouan l'avait assimilée et auquel elle ressemble par son thalle inférieur et sa végétation gazon- nante. J’en résumerai ainsi les caractères différentiels: Phyllophora gelidioides Crouan mscer. in herb. Thuret. relidium liqulatonervosum in Mazé et Schramm, loc. cit. Fronde cæspitosa pollicari, fusco-rubra, radice fibrosa, bris ramosis decumbentibus radicantibus ; segmentis ere- clis basi slipitatis, stipite elongato ramoso filiformi, ramis in Jaminas planas, lineares, ancipites serrato-denti- FLORE DES CANARIES. 291 culatas simplices aut furcalos vel proliferas abeuntibus. Hab. ad Antillas (Mazé !) et Canariam (Vickers !). Je liens à exprimer ici mes remerciments les plus sincè- res à M. Bornet pour les deux dessins (fig. 1 et 2) qu’il a bien voulu faire de la Vickersia canariensis et aussi pour les indi- cations précieuses el les conseils si bienveillants grâce aux- quels le travail entrepris a pu être mené à bonne fin. EXPLICATION DES FIGURES PLANCHE II Fig. 1. — Vickersia canariensis. Touffe de grandeur naturelle. Fig. 2. — V. canariensis. Fragment de la touffe précédente. Gr. # fois. Fig .. 3. — Id. Partie rampante du thalle avec des rhizoïdes et des ramules à croissance définie. Gr. 36 fois. Fig. 4. — Fragment du thalle à longs rhizoïdes et à ramules articulés, al- longés, aciculaires. Gr. 18 fois. Fig. 5. — Thalle dressé : ramules stériles et ramules tétrasporifères. L'un des premiers de forme bizarre vient de séparer par une cloison une section qui donnera probablement un rhizoïde. Gr. 36 fois. Fig. 6. — Sommet d’une tige. Cellules terminales, et ramules biarticulés tétrasporifères. Gr. 45 fois. Fig. 7. — Disposition des tétraspores sur le pédicelle d’un ramule. Gr. 90 fois. “ » Fe , Cry) € lynghpe majuscule Hanves Core, Gore) K yhoceloum Éynghyacoun be eve nee) £. arms 04 Hrok fhiauston KG, Denfesin- Pence um | Bryrpsis Menaghin:] € LE LCx (Hermes) La ets Thann . (Taegss) Brprpsie Bnlisiane Lana , RL pre ge Le Fr lee D sr A — nf. de cl —— hs sn re ARCS. dracrmn ad FE sent cout Ts. (Tue) ec APRES 43 Fr = is LES : © Aomgatn e Te ie re ve eme D, eme. È | Phasbhs4ce at /(Fucerhare), dasses ii. Ectoc1pus tra ae À G7 = £ RP RAE pi. ? Je © LR e 210 te Pytaisfla flrescont Thunst- - Penser Sonde ESA. Fan Actu. ° D RS Pret TA4. ) Lan) Er choketys Tes - rame SLA ) che Tags CONTRIBUTION A LA FLORE ALGOLOGIQUE DES CANARIES Par M': A. VICKERS. Sachant que la Grande Canarie avait été moins étudiée au point de vue algologique que sa voisine l’île de Ténériffe, j'ai pensé qu'il serait intéressant de me diriger de ce côté et, pendant cinq ou six mois, de parcourir les grèves, racler les rochers à la recherche d'espèces nouvelles, ou, dans tous les cas, d'espèces et de variétés nouvelles à ajouter à la liste, déjà si nombreuse, desîles Canaries. J'ai réussi plus que je n'osais l’espérer. Dans la liste des 136 espèces que J'ai récoltées j'ai recueilli 33 espèces qui n avaient pas encore été signalées pour ces régions, un PAyl- lophora très rare, trouvé seulement à la Guadeloupe et dont la description n’a pas été publiée jusqu’à présent, et un genre tout à fait nouveau que M°"° N. Karsakoff a décrit plus haut sous le nom de Vichersia canariensis. La Grande Canarie ou Gran Canaria fait partie de ces îles « Fortunées » si célèbres par leur climat vraiment idéal: elle est située entre la latitude 27° 4% et 28° 19’, et la lon- gitude de 15° 50’ d’après le méridien de l’observatoire de Greenwich, ce qui lui donne 55 kilomètres de longueur sur 47 kilomètres de largeur. Elle couvre doncune superficie de 1 623 kilomètres. Pendant les grandes marées, la mer se trouve au plus bas de 6 heures à 9 heures du matin et de 294 A. VICKERS. 6 heures à 9 heures du soir, ce qui n’est guère commode pour les excursions lointaines. Les côtes sont très découpées; tantôt ce sont les falaises qui descendent à pic dans la mer, tantôt des dunes de sable qui sont à peine plus élevées que le niveau de l’eau. La côte nord-est de l’île peut se classer dans cette der- nière catégorie; 1l n’y a pas de falaises à escalader. — On a devant soi une grève de sable presque unie qui, pendant les grandes marées, découvre çà et là des groupes de rochers. Cette grève s'étend depuis Castillo jusqu’à la jetée de Las Palmas. Sur cette étendue , qui embrasse 3 kilomètres, la flore marine est aussi variée qu'abondante. Je commence par Castillo. Cette vieille tour, qui fait face à la pointe de la jetée de la Luz, a pour base un groupe de rochers assez considérable, très riche en Algues. Si je citais toutes les espèces que J'v ai cueillies, la liste en serait trop longue. Je ne nommerai que les principales. Le Gri/fithsia tenuis S'y trouve en grande quantité, ainsi que l’Anadyomene stellata. C'est là aussi que j'ai cueilli le AA pour la pre- mière fois. | En avançant du côté de Las Palmas, on arrive à un petit plateau rocheux en face de l'hôtel Métr opole, qui ne décou- vre que pendant les très basses marées. Ge n’est qu'un petit point, et cependant on y trouve quelques bonnes cho- ses : le Grrffithsia Schousboei et le Dasya Wurdemanni en abondance. À quelques pas plus loin, il y a un autre petit groupe de rochers qui a aussi sa végélation propre. C’est là que l’on trouve, pendant les grandes marées, le Dictyota liqulata el le Griffithsia opuntioides. En bas de l’hôtel Santa Catalina, à 2 kilomètres environ de Las Palmas, commence une série de rochers dont la végé- tation varie infiniment. Chaque groupe semble avoir sa flore distincte. Pendant les très basses marées cette côte abonde en Péerocladiacamllacea, Chrysymenia uvaria, Caulerpa pro- hifera. Le Caulerpa crassifolia y est plus rare, mais on le ren- er bi Sr CS CONTRIBUTION À LA FLORE ALGOLOGIQUE DES CANARIES. 295 contre de temps entemps.A deuxreprises j'ai cueilli du Wran- gelia Arqus et, dans les plus basses marées, la mer découvre une flaque profonde remplie de Zonaria flava. Le long de cette grève les roches sont couvertes de Jania entremêlée de Pterosiphonia pennata. À la jetée de Las Palmas la série de rochers s'arrète. Au delà de Las Palmas la végétation change un peu d’as- pect. Le terrain devient vaseux, les égouts de la ville se déversant de ce côté. Les flaques sont tapissées de Corallina mediterraneu, d'Ulva Lactuca à mi-marée. A basse mer on trouve par-ci par-là Le Viclersia et l'Herposiphonia secunda en grande abondance. Encore 1 kilomètre de marche, et par une grève de galets on arrive au Castillo San Cristoballo, une autre vieille tour plantée sur un rocher battu par la mer. C'est Ià que j'ai trouvé le Phyllophora gelidioides. Sur le chemin de Telde, à 3 kilomètres de Las Palmas, il ya quelques rochers quine sont pas trop mauvais. Je suis arrivée là un jour au moment où l’on tirait la senne. Toute la popula- tion des environs y élait assemblée, hommes, femmes et enfants.— Pour eux la pêche a été médiocre; moi, j'ai eu la chance de prendre possession de six beaux exemplaires d’Udotea (Rhipilia) tomentosa, ramenés par ces filets et lais- "sés sur le sable par les pêcheurs. Une excursion très intéressante à faire, c’est d'aller à Bañadero, sur la côte nord de la Grande Canarie — cinq heures de voiture pour le moins. La côte esl sauvage, héris- sée d'immenses rochers. Au premier abord, devant ces mas- ses grises, sans aucune trace apparente de végétalion, on est pris de découragement. Ce n'est qu'un moment. En examinant de plus près ces roches, on aperçoil des crevas- ses formant de véritables flaques dont quelques-unes sont assez profondes. On n'a que la peine d'y descendre pour faire une belle récolte de Geldium, de Fucus platycarpus, de Gracilaria armata, etc. La végétation, par son caractère, semble appartenir aux mers plus froides. 296 A. VICKERS. Le côlé le plus riche par sa flore algologique est la baie de Confital; elle peut être le but d’excursions innombrables,sans que l’on puisse arriver à en épuiser toutes les richesses. À droite de la baie, à l'abri de l’Isleta se trouvent les ro- chers de Confital ; pour s'y rendre par Guevas, on prend la route qui monte au phare, on enfile un chemin qui serpente le long de la falaise et on finit par descendre sur un plateau de rochers sillonné par de profondes crevasses, où la mer s’engouffre avec fracas. À mi-marée, on peut cueillir dans les flaquesle Griffithsia furcellata, le Polysiphonia erythræa, . l'Hormothamnion enteromorphoides, etc.; dans les basses ma- rées on recueille le Lyngbya majuscula, le Derbesia penicil- lum, le Liagora elongata. En continuant jusqu’au nord-ouest de l’Isleta, on traverse toute une série de petites baies peu riches en Algues. Les rochers sont trop battus pour que l’on puisse y faire une récolte, même médiocre. Antera, centre de la baie de Confital, est un bon endroit pour les recherches. On y arrive de Las Palmas par le tramway à vapeur, d’où l’on descend avant d'arriver au port de la Luz. On traverse ensuile l’isthme de Guanarteme en droite ligne et au bout de 10 minutes de marche on se trouve à Antera. Le spectacle est merveilleux par une belle malinée de soleil ! La baie de Confital, d’un bleu d'azur, semble élinceler, toute baignée de lumière et, au premier plan, les rochers aux mille teintes, que la mer vient de décou- vrir, forment un admirable contraste avec ce lointain lumi- neux. Mais l’algologue ne s'arrête guère pour admirer la vue, car il sait que la marée n'attend pas et qu'il n’y a pas de temps à perdre. lei la plage est suffisamment plate pour découvrir une grande étendue de rochers, et par-ci, par-là il y a des coins abrités, où les vagues ne viennent pas se bri- ser. On ytrouve le Liagora viscida, le Liagora pulverulenta, le Galaraura Decaisnei, le Microdictyon calodictyon en abon- dance, le Dictyota linearis. À mi-marée dans les grandes flaques peu profondes, on 27à CONTRIBUTION A LA FLORE ALGOLOGIQUE DES CANARIES. 297 recueille le Dictyota Fasciola, le Taonia atomaria et le Cau- lerpa crassifolia. Si l’on passe avec un petit bateau sur le récif, c'est une végétation toute différente que l’on aperçoit. Le récil est absolument plat avec de nombreuses petites flaques, dont quelques-unes sont assez profondes. lei il y a beaucoup de Caulerpa Webbiana et de Caulerpa peltata. Dans les très basse marées de février et mars on peut aller sur le récif à pied ; c’est alors que la mer découvre une quantité de roches excellentes, couvertes d’une belle végétation marine. Parmi les Algues qui se trouvent à la fois sur le récif et sur la bande de rochers attenant à la terre ferme, Je citerai l’Aspara- gopsis Delilei, dont les superbes plumets de couleur pourpre ondulent au va-et-vient de la marée. Je ne conseille pas aux chercheurs d’Algues de suivre la grève jusqu au bout du côté de Tenaya. On arrive à de gros cailloux battus sur lesquels rien ne pousse. _ Le dragage m'a donné d’assez bons résullats. En grattant un vieux sac que J'ai pêché dans le port de la Luz, j'ai trouvé du Microdictyon umbhilicatum ; j'ai dragué aussi dans le port l’'Herposiphonia tenella. En dehors de la jetée de Ja Luz et dans la baie de Confital, du côté de Guevas, la drague amenait de nombreux exemplaires de Sarcomenia miniata et d'Hyp- nea musciformis. Du reste, j'ai très peu dragué. La mer pen- dant les mois d'hiver était presque toujours mauvaise el les grands fonds étaient tellement infestés de Cystosu'a Abies marina, que la drague s’y prenait à chaque instant, ce qui rendait le dragage extrêmement laborieux et difficile. Mes herborisations ont duré un peu plus de # mois, de novembre 1895 à mars 1896. La détermination des échan- tüllons a été faite au Muséum d'histoire naturelle avec l’aide de M'° Karsakoff. Dans les cas douteux nous avons eu recours aux conseils et à l’expérience de M. Bornet. Qu'il _me soit permis de leur exprimer à tous deux ma plus vive reconnaissance. Je remercie aussi M. le major Reimbold, qui à eu l'amabililé de donner son avis sur le Xal/l/ymenia 298 A. VICKÉERES. renifornas et sur les Enteromorpha, et M. le professeur Fal- kenberg qui à bien voulu faire pour moi la détermination du Sarcomenia miniata. MYXOPHYCÉES 1. xLyngbya majuscula Harvev. Dans les flaques peu profondes sur les Corallinées, près de la ligne de la haute mer. AC. Castillo, Con- lital, Salina. De décemhre à février. Non encore indiqué aux Canaries quoiqu'il se trouve à Tanger et au Gabon (Gomont). 2. x Symploca hydnoides Kütz., var. genuina Gomont. Dans les flaques à mi-marée. R. Confital. Janvier. N'a pas été mentionné aux Canaries. Croît aussi à Tanger et au Cap Vert. 3. x Hydrocoleum lyngbyaceum Kütz. var. « Gomont. Sur les rochers à haute mer. R. Confital. Janvier. Inconnu jusqu’à présent aux Canaries. Tanger (Schousbæ). 4. x Hormothamnion enteromorphoides Grunow. — Sphærozyga mi- crocoleiformis Crouan. Sur Spyridia et diverses autres Algues. AR. Confital, Récif, Castillo. Novembre à février. Cette Algue, connue dans plusieurs îles des Antilles, n’avait pas encore été signalée aux Canaries. 5. Rivularia bullata Berkeley. Sur les rochers battus, à haute mer. AC. Confital. Novembre. CHLOROSPERMÉES 6. Ulva lactuca L. — Sur les rochers et dans les flaques, à haute mer. Très commun sur la grève entre Las Palmas et Le Castillo S. Cris- toballo, probablement parce que c’est le seul endroit où il y aitun peu de vase. 7. Enteromorpha Linza J. Ag.? — Dans les flaques peu profondes, ou passant sur des Corallinées. R. Grève entre Las Palmas et le Castillo S. Cristoballo. Janvier. Cet Enteromorpha formait des touffes de 2 à 3 centimètres de hauteur, composées de frondes simples, filiformes à la base, s’é- largissant en une lame linéaire ou cunéiforme, large de 3 ou 4 mil- limètres au sommet qui est obtus ou tronqué ainsi qu'on le voit dans l’Ent. Cornucopiæ. Mais sa couleur plus jaune et sa membrane plus délicate ne permettent pas de le réunir à cette espèce. M. le major Reinbold, qui a bien voulu l’examiner ainsi que les deux espèces suivantes, pense qu'elle pourrait appartenir à l'Ent. Linza f. lanceolata. 8. x E. lingulata J. Ag. — Rochers de Confital à marée haute, AR. Fé- vrier. ; Nouveau pour les Canaries. Tanger (Schousbæ). 9. x E. Hopkirkii Mc. Calla. — Sur Spyridia à haute mer dans les fsques chauffées par le soleil. Castillo. AC. Janvier. Non indiqué aux Canaries. CONTRIBUTION À LA FLORE ALGOLOGIQUE DES CANARIES. 299 10. E. ramulosa Hook f. spinescens Kütz. — Sur les rochers à mi- marée. G. Décembre. 41. x Ulothrix (Hormotrichum) Iæta Thur. — A mi-marée dans des flaques exposées au soleil, sur Cymopolia barbata. Décembre. N’était encore connu que de Tanger (Schousbæ). 12. Chætomorpha ærea Kütz. — À marée tout à fait haute dans un filet d’eau saumäâtre, à Castillo. Janvier. 13. Cladophora prolifera Kütz. — Sur les rochers devant l’hôtel Mé- + tropole, à marée basse. CC. Novembre à février. 14, GC. pellucida Kütz. — En face de l'hôtel Métropole, à mer basse. AR. Janvier. 15. GC. Neesiorum Kütz. — Grève au delà de Las Palmas. Un seul exem- plaire. Janvier. 16. GC. expansa Kütz. — À basse mer sur Cladophora prolifera. Rochers en face de l’hôtel Métropole. 17. CG. flexuosa Griffiths. — Sur les rochers de l’autre côté de Las Pal- mas ; exemplaire unique. - 18. G. (Ægagropila) enormis Kütz. — Sur les rochers en bas de Las Palmas à mi-marée. C. Mars. 19. x Siphonocladus tropicus J.Ag. — A. Antera. Grève de Confital, pen- dant les plus grandes marées. R. Janvier. A Espèce des Indes occidentales non encore signalée aux Ca- ° naries. 20. x Siphonocladus membranaceus Bornet. — Pousse à mi-marée. AC. Castillo S. Cristoballo, à Antera. Janvier. 21. x Microdictyon umbilicatum Zanard. — Dragué dans le port de la Luz le 31 décembre. RR. N'a pas encore été indiquée aux Canaries quoiqu’elle se trouve à Cadix et dans la Méditerranée, 22. Microdictyon calodictyon Decaisne. — Très commun aux grandes marées de janvier à mars. Antera, centre de la baie de Confital et à Castillo. Décembre à mars. N'a été trouvé ni au Maroc ni au Cap Vert. 2%. Anadyomene stellata Ag. — Recueilli au Castillo dans des flaques peu profondes en plein soleil, à marée basse. J'ai trouvé aussi quel- ques exemplaires sur la grève qui longe la route de Telde. AR. Février. 24. Valonia utricularis 7. — Dans les creux des rochers à mi-marée. AC. Castillo et rochers en bas de l'hôtel Santa Catalina. Février. 25. Dasycladus clavæformis Ag. — Formant des tapis serrés, sur les rochers qui restent presque à sec à marée basse. CC. Partout. 26. Cymopolia barbata Lamouroux. — Abonde dansles flaques peu pro- fondes exposées au grand soleil et se trouve partout, devant l'hôtel Métropole, à Castillo, Confital, etc. Cette Algue, d’un vert éclatant, perd sa couleur à l’état sec. Novembre à mars. Croit aussi à Cadix et aux Indes occidentales. 97. Acetabularia mediterranea Lamouroux. — A mi-marée sur les. rochers de Confital et aussi à Antera. AC. 28. Derbesia Penicillum (Bryopsis Meneghini). — À basse mer sur les rochers battus. Pousse en petites touffes d’un vert émeraude. Assez commun sur les rochers de Confital. Les exemplaires n'étant pas. fructifiés, leur détermination demeure incertaine. Janvier. 300 29. 30. 31. 32. 33. 34. 30. 36. 31. 98. 39. 40. A. VICKERS. Bryopsis Balbisiana Lamouroux. — Dans les flaques à mi-marée. R. Castillo. Les exemplaires peu développés que je rapporte à cette espèce ressemblent tout à fait à la forme qui est figurée dans les Tubulæ phycologicæ (Vol. VI, tab. 78), de Kützing, sous le nom de Br. pe- nicillata. B. plumosa Ag. — Castillo, Bañadero, grève de Las Palmas. Fé- vrier. B. hypnoides Lamouroux ? — A basse mer dans les flaques un peu profondes. AR. En face de l'hôtel Métropole. Baie de Confital. Janvier. | Les exemplaires, peu développés, semblent se rapporter à cette espèce. Caulerpa Webbiana Montagne. — Assez commun par endroits sur le récif de Confital où il forme cà et là comme de petits tapis de Mousse. Il se trouve aussi à Salina et à Castillo. C. Février. f. disticha. — Parmi les exemplaires chez lesquels les ramus- cules sont disposés uniformément autour de l’axe on en rencontre un petit nombre dont la forme est plus délicate et dont les ramus- _ cules sont distiques. C. prolifera Lamouroux. — À très basse marée à Antera et sur les rochers de la grève de Las Palmas. Les racines tracantes de cette Caulerpe pénètrent dans le sable à une assez grande profondeur. J'ai aussi trouvé le C. prolifera dans des flaques profondes à mi- marée ; mais elle est plus petite que celle des basses marées. AC. Février. GC. crassifolia Ag. — À marée basse ; quelquefois dans les flaques à mi-marée. Rochers de Confital, grève de Las Palmas, Antera, Cas- tillo. R. Février. C. peltata Lamouroux. — Sur le récif de Confital où ses tiges tra-- cantes s’enchevêtrent dans les Jania comme celles du C. Webbiana, et se cassent comme du verre. Dans l’état vivant il est d’un vert jaune clair, noircissant sur le papier. Commun sur le récif, mais rare ailleurs. Décembre, janvier. Codium adhærens Ag. — Sur les rochers de Confital et partout. AC. GC. Bursa Ag. — Trouvé dans une seule flaque profonde aux rochers de Confital. C. elongatum Ag. — Dans les flaques à haute mer. CC. Antera. Dé- cembre, février. x Udotea tomentosa G. Murray el Boodle. — Sur la grève près de la route de Telde. J'ai trouvé là sept ou huit exemplaires qui avaient été amenés à terre par les filets. R. Décembre. Si ce n’est que les bords de leur fronde sont entiers et non lacé- rés, ces échantillons vont bien aux figures du Rhipilia tomentosa données par Kützing dans les Tabulæ phycologicæ (VIII, tab. 28). MM. G. Murray et Boodle (Journ. of Bot., 1889, p. 72) placent le Rhip. tomentosa Kütz. dans le genre Udotea. | Espèce nouvelle pour les Canaries. FUCOIDÉES Dictyota dichotoma Lamouroux. — Dans les flaques, peu profon- CONTRIBUTION À LA FLORE ALGOLOGIQUE DES CANARIES. 301 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. DD. )6. des, à mi-marée. AR. A Antera, centre de la baie de Confital. No- vembre à décembre. x D. ligulata J. Ag. — Rochers devant l'hôtel Métropole dans les plus basses marées. Je n’ai trouvé cette espèce que dans cet endroit; elle doit donc êlre assez rare. Janvier à mars. D. linearis Ag.— À marée très basse. On le trouve aussi, rejeté par les vagues, sur la grève à Antera et sur le récif de Confital. C. No- vembre à février. D. fasciola Lamouroux. — Dans les grandes flaques peu profondes chauffées par le soleil, à Antera. Excessivement commune en no- vembre et décembre. Taonia atomaria J. Ag. — Dans les flaques profondes à marée basse. Baie de Confital {Antera). CC. Décembre à février. Padina pavonia Gaillon. —Tapisse presque entièrement les flaques . peu profondes d’Antera. CC. Novembre à février. Stypopodium lobatum Kütz. — Rejeté sur la grève devant l'hôtel Métropole et à Antera. R. Novembre à décembre. . Manque au Maroc et à Cadix. Zonaria flava Ag. — A très basse mer, à la pointe du groupe de ro- _ chers qui se trouvent à mi-chemin entre Las Palmas et l'hôtel Métropole. R. Février. Gymnosorus variegatusJ. Ag. — Dans les creux des rochers, sur- tout dans les crevasses profondes. TC. Rochers de Confital, Antera. Novembre à février. Se trouve aussi à Cadix. Dictyopteris polypodioides Lamouroux. — Dans les trous des ro- chers à marée basse. G. Décembre à mars. typocaulon scoparium Kütz. — Sur les rochers à basse mer. Amené par la drague et rejeté par le flot. CC. Novembre. En très bel état de fructification. Cladostephus verticillatus Ag. — Rochers à basse mer. CC. De dé- cembre à février. Sphacelaria cirrhosa Ag.— Un exemplaire unique dragué dans le port de la Luz. x Ectocarpus irregularis Kütz. — Basse mer. Sur Liagora elongata où il croit mêlé à l'Ect. virescens et plusieurs Floridées épiphytes. Rochers de la baie de Confital. Ect. siliculosus Lyngbye? — À mi-marée, dans les flaques profon- des. Rochers de Confital. C. Février. Échantillons stériles dont la détermination est incertaine. + Ect. virescens Thuret. — Sur les rochers qui se trouvent en bas de l'hôtel S. Catalina. Cette espèce abonde dans l'endroit où je l'ai trouvée. Janvier, février. x Pylaiella fulvescens Thuret. -- Dans les flaques à marée haute. Antera, le centre de la baie de Confital. Décembre à février. Espèce nouvelle pour les Canaries. Asperococcus bullosus Lamouroux. — Dans les flaques peu pro- fondes, à mi-marée. Gaslillo. Scytosiphon Lomentaria J. Ag. — Groupe de rochers en bas de l’hô- tel S. Catalina, à mi-marée, dans une seule flaque. Février, mars. Colpomenia sinuosa Derb. et Sol. — A basse marée, Antera, el sur le récif de Confital. GC. Décembre et janvier. 302 61. 63. 64. 65. 68. 69. A. VICKERS. Fucus platycarpus Thuret, f. nana (Fucus limitaneus Montagne). — Sur le haut des rochers à mer presque haute. Au Castillo S. Cristo- ballo et à Bañadero, village de pêcheurs sur la côte Nord de la Grande Canarie. Assez commun dans cet endroit en janvier et fé- vÉier. Cystosira Abies marina ie — Tout à fait au bas de l’eau dans les plus basses marées et jusque dans les grandes profondeurs. Ce Cystosira est aussi abondant aux iles Concrie que les Fucus sur les côtes septentrionales. CCC. Cystosira discors Ag. — À mer très basse, dans les creux des ro- chers, quelquefois rejeté à la côte. Novembre à février. Les exemplaires récoltés sont très jeunes. Sargassum linifolium Ag., var. amygdalifolium (Montagne). À mer très basse, dans les creux des rochers. Novembre à février. On le trouve souvent rejeté par les vagues. Les exemplaires récoltés sont stériles. Sargassum vulgare Ag., var. megalophyllum (Montagne). — À mer très basse. Récolté sur place ou ramassé sur la grève. Janvier, février. var. diversifolium Ag. — Rejeté par la mer. Novembre. Sargassum Desfontainesii Ag. — Rejeté par la mer. Les plus jeunes exemplaires sont cueillis dans les crevasses des rochers à basse mer. Novembre à février. FLORIDÉES 6. x Porphyra leucosticta Thuret. — Un seul exemplaire ramené par la drague. N'a pas encore été indiqué aux Canaries. Chantransia Saviana Ardissone (Callithamnion Nemalionis De Not. le — Sur le Liagora elongata. Baie de Confital. Se trouve dans le golfe de Gascogne (Herb. Thuret) et dans la Méditerranée sur le Nemalion lubricum. Liagora viscida Ag. — À marée basse. Antera et sur le récif de Confital. CG. Novembre à février. x Liagora pulverulenta Ag. — Se trouve aussi à marée basse à An- tera et sur le récif de Confital. Moins commun que le L. viscida. Novembre à février. Plante des Indes occidentales non signalée aux Canaries. Liagora elongata Zanardini. — À basse mer. Castillo et dans les profondes crevasses formées par les rochers de la baie de Con- fital. AC. Novembre à février. Scinaia furcellata Bivona. — À basse mer. Antera. Un seul exem- plaire. Galaxaura Decoinel J. Ag. — A basse mer. Antera et le récif de Confital. CC. Décembre à février. Actinotrichia lapidescens Schmitz. — Mi-marée. Antera. CC. No- vembre à février. Wrangelia Argus Montagne. — Sur les rochers en bas de l'hôtel S. Catalina et à Castillo. R. Décembre et janvier. Gelidium crinale Lamouroux. — Mi-marée el basse mer. Rochers en bas de l'hôtel S. Catalina et rochers de Confital. AC. CONTRIBUTION A LA FLORE ALGOLOGIQUE DES CANARIES. 303 76.x G. pusillum Le Jolis. — Je ne l’ai recueilli qu'à Bañadero à haute mer. Non indiqué aux Canaries. 77. G. corneum Lamouroux. — Haute mer dans les crevasses des grands rochers. Bañadero, Castillo S. Cristoballo. Janvier. 78. G. pectinatum Montagne. — Mêlé au Fucus platycarpus à mer pres- que haute. Bañadero. Un seul petit exemplaire. 19. G. Arbuscula Bory. — Dans les flaques formées par les crevasses des rochers. Bañadero. AR. Mars. 80. Pterocladia capillacea Bornet. — Sur la grève rocheuse qui s'étend depuis le bas de l'hôtel S. Catalina jusqu’à la jetée de Las Palmas dans les plus grandes marées. CG. Novembre à mars. 81. x Phyllophora gelidioides Crouan. Mscr. (Gelidium ligulatonervosum Crouan). — Dans les flaques du Castillo S. Cristoballo. RR. Jan- vier. Plante de la Guadeloupe. Nouvelle pour les Canaries. 82. x Callymenia reniformis Ag.? — Basse mer, à l'ombre des rochers. Castillo et tout le long de la côte, depuis Le bas de l'hôtel S. Cata- lina jusqu'à la jetée de Las Palmas. C. Novembre à février. Les plantes étaient encore peu développées, stériles, de sorte que la détermination spécifique n’est pas tout à fait sûre. Non in- diqué aux Canaries. 83. Sphærococcus coronopifolius Ag., forma gracilior. — Rejeté par la mer en assez grande quantité dans la petite baie d’Antera à Con- fital. Novembre à février. 84. x Gracilia armata J. Ag. — Dans les crevasses des grands rochers. Bañadero. R. Février. Espèce non encore indiquée aux Canaries, bien qu'elle se trouve à Madère et au Maroc. 85. Hypnea musciformis Lamouroux. — Rejeté par les vagues ou ac- croché en draguant. AR. Novembre à janvier. 86. Rhodymenia Palmetta Greville. — Mi-marée, groupe de rochers au bas de l'hôtel S. Catalina. R. Février. 87. Chrysymenia uvaria J. Ag. — A très basse mer, dans les creux des rochers, à Antera, et en grande abondance sur la grève de Las Palmas. Février, mars. 88. Lomentaria articulata Lyngbye. — A Castillo, au mois de mars. Un seul exemplaire. 89. Champia parvula Harvey. — Dragué dans le pont de la Luz un très misérable exemplaire. 90. Plocamium coccineum Lynghye. — À marée très basse. Se trouve à Antera et sur la grève de Las Palmas. CC. De novembre à mars. 9. Falkenbergia...…. Schmitz: (Nitophyllum? confervaceum Berthold ; Polysiphonia Hillebrandii Bornet). — Sur les Corallines et autres Algues croissant à Antera, aux rochers de Confital, à Castillo, Sa- lina, etc. CC. De novembre à février. 92. Nitophyllum uncinatum J. Ag. — À marée basse sur les rochers en bas de l’hôtel Santa Catalina. Février. 93. Delesseria Hypoglossum Lamouroux. — A marée basse sur les _ rochers de l'hôtel S. Catalina. PC. Bañadero. 94.7 Sarcomenia miniata Ag. — Rejeté par la mer ou dragué par six à dix mètres de profondeur en face de l'hôtel Métropole, en dehors de 304 A. VICKERS. la jetée de la Luz et dans la baie de Confital. J'en ai cueilli deux pe- tits exemplaires à Antera et sur la grève de Las Palmas. C. De novembre à février. Nouveau pour la flore canariennne. Se trouve à Cadix. 95. Asparagopsis Delilei Montagne. — À marée très basse. Pousse au milieu de flaques profondes en pleine exposition du soleil. Les plus grands exemplaires qui ont de 20 à 28 centimètres de haut vien- nent d’Antera et du récif de Confital ; les autres plus petits ont été recueillis sur les rochers devant l'hôtel Métropole. AC. De novem- bre à février. 96. Laurencia obtusa Lamouroux. — A basse mer. Récif de Confital, grève près de la route de Telde à Castillo S. Cristoballo. AC. Mars. 97. Rytiphlæa tinctoria Ag. — A marée basse, à Bañadero. CC. Fé- vrier. 98. Halopithys pinastroides Kütz. — Rejeté par les vagues. AC. No- vembre, décembre. 99. Alsidium corallinum Ag. — Tapisse plusieurs flaques peu profon- des à mi-marée à Castillo et Castillo S. Cristoballo. C. Décembre à février. 100. x Polysiphonia simpliciuscula Crouan. — Rochers près de Las Pal- mas. Mars. Exemplaires très jeunes. Espèce nouvelle pour les Canaries. 101. P. macrocarpa Harvey? (P. pulvinata auct. plur.). — Mi-marée. Grève située entre le Castillo S. Cristoballo et Las Palmas. Dé- cembre-janvier. 102. P. erythræa J. Ag. — Dans des petites flaques à marée haute. Ro- chers de Confital. Février. Parmi les exemplaires il y en a de ma- gnifiquement fructifiés. 103. P. furcellata Harvey. — À mi-marée. Castillo. Février. La plante est encore peu développée à cette époque de l'année. 104. Polysiphonia (Pterosiphonia Falkenberg) pennata J. Ag. — Basse mer, le long de la grève, depuis le bas de l’hôtel S. Catalina jus- qu’à la jetée de Las Palmas. C. Février, mars. 105. Dasya (Lophocladia Schmitz) trichoclados J. Ag. — La plus com- mune de toutes les Algues à la Grande Canarie et en même temps une des plus jolies. Rejetée par la mer en immense quantité: On la trouve aussi dans presque toutes les flaques, à marée très basse, sur le récif de Confital et ailleurs. De novembre à avril. Beaucoup d'échantillons portent des tétraspores. Espèce commune aux Antilles et aux Canaries. 106. Dasya Wurdemanni Bailey. — Croît sur diverses Algues, surtout sur des Corallinées. CC. Partout de novembre à mars. 107. x D. ocellata Harvey. — Recueilli une fois seulement en bas de l'hô- tel S. Catalina, à marée basse. Février. N’a pas encore été signalé aux Canaries, bien qu'il se trouve au Maroc. 108. D. Arbuscula Ag. — A marée presque haute, dans les crevasses des grands rochers de Bañadero. R. 109. Herposiphonia tenella Schmitz (Polysiphonia tenella J. Ag.). — Dragué dans le port de la Luz. R. Mars. 110. H. secunda (Polysiphonia secunda Montagne). — À marée basse, sur la grève qui se trouve entre Las Palmas et le Castillo S. Cristo- CONTRIBUTION À LA FLORE ALGOLOGIQUE DES CANARIES. 309 ballo. Elle croît sur les Corallinées, principalement sur le Corallina officinalis. AC. Janvier-février. 111. x Spondylothamnion multifidum Nægeli. — Dragué dans le port de la Luz. Mars. Espèce non encore indiquée aux Canaries. 112. x Spermothamnion gorgoneum Bornet in herb. (Callithamnion gor- goneum Montagne). — Sur Codium elongatum, à mi-marée dans les grandes flaques peu profondes d’Antera, baie de Confital. AC. dans cet endroit de novembre à janvier. Plante des Antilles et du Cap Vert, nouvelle pour les Canaries. Je ne l’ai trouvée que stérile. 113. x S. Turneri Areschong. — Dragué dans le port de la Luz. Mars. N’avait pas encore été rencontré aux Canaries. 114. Griffithsia barbata J. Ag. — Exemplaire unique dragué dans le port de la Luz. Mars. N'est pas cité parmi les Algues du Maroc ni de Cadix. 115. G. Schousbœæi Montagne. — A marée très basse, devant l'hôtel Mé- tropole. AC. De décembre à mars. 416. G. phyllamphora J. Ag. — À basse marée, en face de l'hôtel Métro- pole et sur la grève de Confital. Exemplaires presque tous fructi- fiés. PC. Novembre à février. 117. G. opuntioides J. Ag. — A basse mer, sur toute la grève depuis Castillo jusqu’à la jetée de Las Palmas. AC. Novembre à mars. 118. x G. tenuis Ag. — À marée très basse, sur des cailloux battus par les vagues. Castillo, où elle pousse en grande quantité, donnant une teinte rosée aux pierres qu’elle recouvre. Je ne l'ai pas trouvée ail- leurs. Décembre-janvier. Nouveau pour la Flore des Canaries. 119. G. furcellata J. Ag. — N'a été trouvée en abondance que dans un seul endroit et même dans une seule flaque, à marée presque haute aux rochers de Confital. Cette Algue poussait sous un grand ro- cher dont elle tapissait toute la partie inférieure. Malheureuse- ment les exemplaires ne portent aucune fructification. Janvier à mars. 120. x Vickersia canariensis Karsakoff. — Dans une flaque élevée, à la face inférieure d’un rocher saillant. Grève de Confital. Castillo. Fé- vrier. Cette Algue et one. 121. x Monospora pedicellata Solier. — Cueilli à Antera. Exemplaire unique. Mars. Non signalé aux Canaries. 122. x Callithamnion corymbosum Lyngbye. — Un seul exemplaire dragué dans le port de la Luz. Janvier. Non signalé aux Canaries. 123. x Gallithamnion byssoides Arnolt, var. arachnoideum — Dragué dans le port de la Luz. Décembre. Quoiqu’elle existe au Maroc, cette espèce n'avait pas été signa- lée aux Canaries. 12%. x Gallithamnion gallicum Naegeli? — A basse marée, en bas de l’hôtel Santa Catalina. Février. Nouveau pour la Flore des Canaries. 125. Spyridia filamentosa Harvey. — A haute mer, dans les flaques ANN. SC. NAT. BOT. IV, 20 306 __: . A, VICKERS. peu profondes exposées au grand soleil et dont l’eau est presque saturée. Rochers de Confital, C. Novembre à mars. 126. Ceramium echinotum J. Ag. — Sur les rochers battus de Confital. C. en mars. 127. Ceramium (Centroceras) clavulatum Ag. — Sur la grève entre Las Palmas et le Castillo S. Cristoballo. KR. Janvier. | 198. Grateloupia dichotoma J. Ag. — A basse mer, dans les laques peu profondes sur la grève ac Las Palmas et en bas de l'hôtel San Catalina. AR. Février. | 129. Nemastoma canariensis J. Ag. — Dans une flaque enfoncée sous les rochers à l'abri de la lumière, Antera, Confital. RR. Février. 130. Melchbesia corticiformis Kützing. — Sur le Pierocladia capillacea au fond des flaques profondes de Confital. C. 131. Melobesia pustulata Lamouroux. — Sur Pterocladia capillacea. Grève de Las Palmas. 132. x Lithotamnion incrustans Philippi. — Rochers de Confital. Non signalé aux Canaries. 133. x Lithotamnion crassum Philippi. — À mi-marée, rochers de Con- fital. Non signalé aux Canaries. ; 134. Gorallina mediterranea Areschong. — À mi-marée et à basse mer, sur les rochers entre Las Palmas et le Castiilo S. Cristoballo. CC. 1435. Jania granifera Decaisne. — Mi-marée. Sur les rochers et diverses Algues. 136. Jania rubens Lamoureux. — A mi- marée, sur Averses Aloues. Ro chers devant l'hôtel Métropole. C. Janvier. EE — —— RECHERCHES SUR LE NODE DE FORMATION DES TUDEN CRI DANS LA RACINE DES MONOCOTYLÉDONES Par M. G. CHAUVEAUD INTRODUCTION Les tubes criblés ont élé l'objet de nombreux travaux, mais ce sont surtout les tubes criblés des formations secon- _ daires qui ont élé étudiés, et, dans les mémoires spéciaux, on ne trouve à peu près aucun renseignement concernant les tubes criblés primaires. C’est ainsi que l’un des auteurs qui ont le plus contribué à nous faire connaître ces éléments, déclare qu’ « il ne lui a pas été donné de reconnaître le mode de développement des tubes primaires qui se forment aux dépens des cellules procambiales » (1). Dans le présent travail, nous étudions le mode de forma- tion des tubes ceriblés primaires, dans la racine des Mo- nocotylédones, empruntant à la plupart des familles de cette classe les sujets de nos observations. Nous insistons parliculièrement sur le développement des premiers de ces tubes eriblés primaires, parce qu'ils consti- (1) Janczewski, Études comparées sur les tubes cribreux (Ann. des sc. nat., 6e série, t. XIV, p. 112). 308 GUSTAVE CHAUVEAUD. tuent l'élément le plus caractéristique du faisceau libérien. C'est pour cette raison que les figures qui accompagnent ce mémoire représentent presque toutes l’état le plus favorable à l'observation de ces premiers tubes. Cet état correspond à une phase spéciale de l’évolution de tout tube criblé, phase qu'en raison de son imporlance nous avons cru devoir dis- linguer sous le nom de phase de différenciation maximum (1). Il est d’usage de marquer conventionnellement les tubes criblés pour les distinguer des cellules du conjonctif avec lesquelles on peul d'ordinaire les confondre. Nous n'avons pas employé ce procédé et nos figures sont la représentation exacte par la gravure des photographies obtenues directe- ment sur les coupes. L'épaississement el la coloration de la membrane de ces tubes qui les font reconnaître si aisément à première vue, sont mis en évidence par un traitement très simple que nous avons déjà indiqué (2). MONOCOTYLÉDONES GRAMINÉES. — (Cetle famille a été étudiée d’abord par M. Van Tieghem, en 1871, puis plus spécialement par M. Klinge, qui résume ainsi (3) le mode de formation du faisceau libérien : « Dans une racine jeune apparaissent en de nombreux points également espacés des cellules peu épais- sies, de forme pentagonale ou carrée, qui sont les pre- mières cellules du protophloème. Ces cellules sont générale- ment entourées vers l’intérieur par deux cellules allongées radialement, pentagonales ou carrées, qui sont protégées par une cellule plus grande polygonale. La différenciation de ces cellules est centripète. Plus tard, par division tangen- tielle des deux cellules, et par division radiale de la plus grande, il se fait jusqu’à huit cellules, el toujours la pre- mière cellule pentagonale demeure distincte vers l'extérieur, (4) Comptes rendus de l’Ac. des sc., 1. CXXV, p. 546, 1897. . (2) Loc: cit. ; (3) Klinge, Mém. Acad. des sc. de St-Pétersbourg,t. XXVI, 1879. MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 309 tandis que vers l'intérieur se trouve un tube criblé. Tel est le schéma d’un faisceau libérien. M. Van Tieghem (1) fait dériver le faisceau entier de la division d’une cellule penta- gonale ; je n'ai pas fait d'observations à ce point de vue. Mais s’il prend la première cellule de protophloème pour la cellule mère, je puis affirmer que j'ai toujours vu cette cellule présenter une valeur égale à celle des trois autres. » Depuis la publication de M. Klinge, nous avons indiqué la véritable nature de cette cellule et établi les divers degrés de parenté qui lient entre eux les éléments du faisceau libérien (2). Nous allons compléter ces résultats, en suivant toutes les phases du développement dans un certain nombre de plantes appartenant aux différentes tribus de la Use des Graminées. Triticum satioum (fig. 1, 2 et 3, pl. IV). — Si l’on fait une coupe transversale très près du sommet d’une racine de Blé, on voit que le cylindre central ou stèle diffère par la forme de ses cellules de la portion corticale qui l'entoure. Les cellules de la stèle sont assez régulièrement polygonales, tandis que les cellules de l'écorce sont notablement aplaties dans le sens du rayon, et disposées en séries radiales assez régulières. Au centre de la stèle une cellule grandit de suite beaucoup plus que les autres en même temps qu'elle s’arrondit (3). Cette cellule est un vaisseau que nous appel- lerons vaisseau médullaire pour le distinguer des autres vais- seaux situés à la périphérie de la stèle et qui se différen- cient beacoup plus tard. Autour de ce vaisseau axile, il y a quatre assises concentriques de cellules polygonales dont l’externe est le péricycle. Toutes les cellules constituant ces assises demeurent quelque temps semblables, mais (4) Van Tieghem, Sur la symétrie de structure des plantes vasculaires (Ann. des sc. nat., 5° série, t. XIV, p. 140, 1871). . (2) Sur le développement du faisceau libérien de la racine des Graminées (Bull. du Mus. d'Hist. Nat., 1895, p. 209). (3) Quand il ne sera pas fait de mention spéciale, les indications de forme des éléments se rapporteront toujours à leur description faite sur des coupes transversales. 310 GUSTAVE CHAUVEAUD. bientôt une certaine différenciation se fait parmi elles, dif- férenciation qui aboutit d’abord à la constitution des pre- miers tubes criblés. Cette différencialion s’accomplit de la manière suivante : Une cellule de l’assise sous-péricyclique grandit, puis se divise par une cloison radiale en deux cellules filles ; de ces deux cellules filles, l'une (a, fig. 1), se modifie peu, tandis que sa sœur grandit, puis se divise par une nou- velle cloison, qui au lieu d’être radiale comme la précédente est inclinée de 45° sur cette direction (c, fig. 1). Il en résulte la formation de deux nouvelles cellules {fet a’, fig 1}, dont l'une {{) va évoluer rapidement en tube criblé. Ce dernier élément grandit un peu et acquiert une forme losangique tout à fait caractéristique. En se modifiant ainsi 1l repousse la cellule & et s’insinue de telle facon que les deux cellules a et a se trouvent symétriquement disposées par rapport à lui ; comme d'autre part les deux cellules {4 et a, fig. 2), sont devenues semblables entre elles, il est désormais im- possible de distinguer celle qui est la sœur du tube criblé (1). Ce que nous venons de décrire pour une cellule de lassise sous-péricyclique s’accomplit à la fois dans plusieurs cel- lules de la même assise ; 1l y a d'ordinaire huit cellules éga- lement espacées qui se comportent ainsi, donnant huit {ubes criblés semblables et pareillement disposés par rapport aux cellules voisines. Chacun de ces tubes criblés est emboîté, vers l’intérieur par les deux cellules a et a’ (fig. 1 et 2) dont nous avons dit l'origine, et vers l'extérieur par deux cellules péricycliques qui sont de taille un peu plus grande que les autres cellules de la même assise. À ce moment, l'assise péricyclique est (1) Cette disposition symétrique des deux cellules libériennes, par rapport au premier tube criblé, est liée à la direction de la cloison qui divise la cel- lule mère du tube criblé. Parfois il peut arriver que cette cloison ait une orientation différente et qu’au lieu d’être inclinée de quarante-cinq degrés sur le plan diamétral passant par l'axe du tube, elle soit perpendiculaire à ce plan, c’est-à-dire tangentielle; dans ce cas, le premier tube criblé est exactement superposé à sa cellule sœur et comme cette disposition peut subsister plus ou moins longtemps, on peut distinguer aisément la cellule sœur de la cellule libérienne. MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 211 continue et simple dans toute son étendue; ce n’est que plus tard qu’elle subira en face des faisceaux ligneux certaines modifications que nous signalerons ultérieurement. Peu après leur formation, les tubes criblés subissent une différenciation particulière, leur membrane acquiert un épaississement {rès marqué et sur leurs parois transversales se forment les nombreuses ponctualions qui constituent le principal caractère des tubes criblés. Ces ponctualions sont réparties uniformément sur toute la cloison transversale et leur nombre est de vingt environ. En même temps que leur membrane s’épaissit elle subit aussi une modification dans sa nalure, modification que l’on met en évidence très nettement en employant comme réactif le brun Bismarck. Sous l'influence de ce réactif, la membrane du tube criblé présente à ce moment une coloration foncée très intense et se distingue au premier coup d'œil des autres mem- branes demeurées minces et peu colorées. Cette modifica- tion a une durée très courte; bientôt après la membrane redevient mince et le brun Bismarck ne lui donne plus qu'une coloration semblable à celle des autres cellules. Aussi est-ce surtout pendant cette période qu'il convient d'étudier les tubes criblés, car à aucune autre phase de leur vie 1ls ne prennent un aspect aussi caractéristique. Pour bien indiquer limportance de cette phase de l’évolution des tubes criblés, Jai proposé récemment (1) de la distinguer en l'appelant phase de différenciation maximum. Cette phase a une durée très courte comme je viens de le dire ; elle s’éta- bit, pour les tubes criblés en question, à un millimètre environ du sommet de la racine et subsiste sur une lon- gueur très faible, de telle sorte que sur les coupes failes à deux ou trois millimètres du sommet on n’en constate plus les caractères. Tel est le mode de formation du tube criblé externe que nous appellerons désormais le premier tube criblé,. (1) Loc. cit. 319 GUSTAVE CHAUVEAUD. pour le distinguer des tubes criblés internes qui se difié- rencient ultérieurement. En ce qui concerne les deux cellules & et 4’ qui emboîlent vers l’intérieur le tube criblé, nous les appellerons simple- ment des cellules libériennes, car si l’une d'elles seulement mérite le nom de cellule compagne, en raison de son origine, on ne saurait, après les premiers étais du développement, établir entre elles aucune différence. Nous avons fait remar- quer ailleurs (1) que l’expression de cellule compagne ne pouvait s'appliquer avec sa définition ancienne au cas que nous étudions en ce moment. Ces deux cellules hbhériennes conservent toujours leur membrane mince, à aucun moment cette membrane ne présente de coloration plus foncée, et jamais elle n’acquiert de ponctuations. En dedans de ces deux cellules libériennes on peut voir, el cela très près du sommet de la racine, une cellule (#', fig. 1) qui est d’abord en tout semblable aux autres cellules du mé- ristème terminal, et qui tardivement, évolue en tube criblé. Mais ce tube criblé interne ou second tube criblé a un déve- loppement direct et sa cellule mère déjà distincte dans le méristème se transforme en tube criblé sans se diviser. Cette cellule mère correspond d'ordinaire exactement aux deux cellules libériennes, mais pendant très longtemps elle ne présente aucun caractère particulier qui puisse la faire dis- ünguer des cellules voisines, comme on le voit en {f fig. 2). À une certaine distance du sommet de la racine, la mem- brane de ce second tube criblé s’épaissit et acquiert les propriétés particulières (?', fig. 3) qui caractérisent la phase de différenciation maximum, tandis que les poncluations des cloisons transversales deviennent nettement distinctes. Comme le second tube criblé est de plus grande taille que le premier, les cribles sont d’un examen plus facile ; en outre, ces cribles demeurent bien visibles pendant toute la durée de la racine, alors que ceux du premier tube deviennent (1) Loc, cit. MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 313 peu distincts après la phase de différenciation maximum. C’est sans doute à cause de cette double particularité que ce second tube criblé a élé signalé comme tel par tous Îles auteurs précédents, pendant que le premier est resté méconnu. Parfois, la cellule mère du second tube criblé, au lieu de demeurer simple, se dédouble dès l’origine en deux cellules filles, mais alors ces cellules évoluent pareillement en tubes criblés (”, fig. 3), et dans ce cas, ces deux tubes sont accolés l’un à l’autre et chacun d’eux a une taille inférieure à celle des autres tubes demeurés simples. En résumé, le faisceau libérien de la racine du Blé se compose d’un premier tube criblé (#), de deux cellules lihbé- riennes (&, a’) et d'un second tube criblé (7). Cette consti- tution se présente avec une constance très grande el ces éléments affectent dans leur disposition une régularité remarquable, ainsi qu’on en peut juger par l’examen des figures qui sont la représentation exacte des choses, puis- qu'elles ont été obtenues par la pholographie. Pendant que le faisceau libérien se constitue ainsi, le faisceau ligneux se différencie de la manière suivante : Après la différenciation du premier tube criblé, on peut reconnaitre aisément le premier vaisseau formé (v, fig. 2) qui grandit plus que les éléments voisins, mais épaissit seulement beau- coup plus tard sa membrane. La cellule péricyclique super- posée à ce premier vaisseau se comporte diversement; le plus souvent elle se dédouble tangentiellement, d’autres fois elle demeure simple. Dans le cas où elle se dédouble, tantôt les deux cellules superposées se différencient en vaisseaux, tantôt la cellule interne seule évolue en vaisseau; quand elle ne se dédouble pas, la cellule péricyclique se trans- forme d'ordinaire en un vaisseau étroit et arrondi comme les précédents. Hordeum murinum (1. — Sur une racine issue de l’em- (1)M.Janczewskia figuré les premiers tubes criblés dans l’Hordeum vulgare; il est vrai que leur disposition par rapport aux cellules voisines estinexacte, 314 GUSTAVE CHAUVEAUR. brvon, on trouve un vaisseau médullaire axile et sept fais- ceaux lisneux alternant avec autant de faisceaux libériens ; sur une autre racine d’ordre quelconque, on rencontre lreize faisceaux ligneux, et huit vaisseaux médullaires placés deux côte à côte au centre, les autres suivant un cercle irrégulier sans rapport avec les faisceaux du bois. Cela montre une fois de plus que le nombre des faisceaux est très variable chez la même plante et qu’il en est de même en ce qui con- cerne le nombre et qui plus est l’arrangement des vaisseaux médullaires. Au contraire, dans les deux exemples la composition du faisceau libérien est la même et son dévelop- pement s'effectue de la même façon. Le péricycle forme à la périphérie de la stèle une bande très ondulée du côlé interne. En effet, très réduit, parfois même interrompu, en face des faisceaux ligneux, 1l présente ailleurs des cellules assez grandes et un peu allon- gées radialement, tandis que les deux cellules adossées au premier tube criblé sont plus courtes, formant une dépression séparée par .une saillie arrondie de la dépression plus marquée qui est en face du vaisseau ligneux. C’est dans la faible dépression formée par ces deux cellules péricyeliques que se loge le premier tube criblé; sa forme est losangique, mais son grand diamètre est tangenliel, sa lumière demeure bien distincte. Les deux cellules libériennes emboîtent com- plètement sa moitié interne et ne dépassent guère son plus grand diamètre landis qu'elles sont un peu plus larges que les cellules voisines du rayon. Le second tube criblé se dé- veloppe directement en dedans de ces deux cellules, et comme son diamètre est à peu près égal au leur et que sa paroi offre peu d'épaisseur, il est assez peu distinct comme tel. C’est surtout à l’aide du premier tube criblé que l’on peut à toute époque reconnaître à coup sûr le faisceau criblé, car 1l demeure toujours avec son aspect très carac- téristique. toutefois les auteurs récents ne paraissent pas avoir tenu compte de son in- terprétation (Ann. des sc. nat., 5° série, t. XX). MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 319 Brachypodium pinnatum (fig. 4, pl. IV). — Dans celte plante le premier tube criblé (6, fig. 4) se forme comme dans les précédentes, mais les premiers stades de son dévelop- pement sont assez peu distincts. Cela tient à la petitesse des éléments et aussi à la constitution particulière du péricyele. Le péricycle, en face du premier tube criblé, allonge beau- coup ses cellules dans le sens radial; ailleurs, ses cellules s’allongent aussi dans le même sens, mais elles se divisent de façon à donner deux {et plus souvent trois) assises dis- posées irrégulièrement. Ces cellules péricycliques sont sus- ceptlibles d’épaissir leur paroi, elles demeurent étroitement serrées les unes contre les autres sans aucun méat, formant à la périphérie de la stèle un anneau caractéristique. Le premier tube criblé, encastré à la face interne des deux cellules péricycliques très allongées suivant le rayon, est nettement losangique et bien visible lors de sa différenciation maximum, mais plus tard 1l est moins facile de le distinguer, car 11 devient le plus petit de tous les éléments de la stèle, Les cellules Hbériennes (a, a) qui emboîtent la moilié interne de ce tube criblé demeurent toujours plus grandes que Jui, mais leur paroi ne s’épaissit pas. En dedans de ces deux cellules libériennes, le second lube criblé (f) se différencie à son tour; il acquiert un diamètre supérieur à celui des cellules libériennes et sa paroi devient un peu plus épaisse. Telle est la constitution du faisceau libérien qu'on ren- contre dans le #. pinnatum ; on voit qu’elle est semblable à celle que nous avons trouvée dans le BI6, mais souvent cetle constilution typique du faisceau libérien est modifiée par une division des éléments qui en masque l’arrangement pri- mitif. En effet, l’une ou l’autre des cellules libériennes, et même les deux à la fois se divisent assez fréquemment ; ilen est de même d’ailleurs de la cellule mère du tube criblé interne, de telle sorte que sur une coupe trans- -versale, on peul toujours rencontrer, à côlé d’un faisceau libérien typique, d’autres faisceaux où il y a plus de deux 316 GUSTAVE CHAUVEAUD. cellules libériennes et en dedans desquelles se trouvent plusieurs tubes criblés. Nous pouvons remarquer que la tendance à la multiplica- tion des éléments est manifestée à la fois par le péricycle et par le liber; nous retrouverons ailleurs cette même ten- dance s’accusant de la même manière. | Agropyrum repens. — C'est très près de l’extrémité de la racine que l’on voit naître le premier tube criblé. Comme dans le Blé, ilest détaché par une cloison longitudinale faisant avec le plan diamétral un angle de 45° environ. À ce mo- ment le péricvycele est simple et continu ; mais tandis que les cellules adossées au tube criblé grandissent en demeurant simples, les autres cellules péricycliques se dédoublent par une cloison langentielle. D'ordinaire les deux cellules péri- cycliques qui emboîtent l’angle externe du tube criblé demeurent seules indivises, mais quelquefois leurs voisines aussi demeurent indivises et l’on peut avoir jusqu’à cinq cellules formant au dos de chaque faisceau libérien un arc péricyclique simple. Parmi les autres cellules péricycliques dédoublées, celle qui est en face du faisceau ligneux se trans- forme d'ordinaire en un vaisseau lignifié à à paroi épaisse, et de très petit diamètre. Ce pelit vaisseau péricyclique est séparé de l'endoderme par une cellule demeurée paren- chymateuse, et dans ce cas le péricyele est continu. Si l’on considère une racine à quelque distance du sommet, il est difficile d'attribuer à ce petit vaisseau une origine péricyclique et l’aspect rappelle celui d’une racine typique. Mais il arrive parfois que les deux cellules péricyeliques situées en face du vaisseau du bois se transforment en vais- seaux lignifiés, alors le péricyele paraît interrompu, car le vaisseau le plus externe est au contact de l’endoderme. In- versement, il se peut que les deux cellules péricycliques superposées en dehors du vaisseau demeurent parenchyma- teuses, en ce cas le faisceau vasculaire est réduit au vaisseau el c’est-à-dire à son bois, et se trouve séparé de l Er derme par ces deux cellules a MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 317 * Le premier tube criblé devient bientôt le plus petit des éléments de la stèle, il a une forme losangique bien nette et sa disposition est {rès régulière. Sa cellule sœur et la cellule voisine constituant les deux cellules libériennes emboîtent son angle interne et atteignent un diamètre double du sien; leurs parois sont un peu plus épaisses que celles des cellules des rayons, mais elles n’atteignent jamais l’épaisseur que pré- sentent les parois des cellules péricycliques et surtout médullaires. En dedans de ces deux cellules libériennes, se différencie à son tour le second tube criblé qui se développe directement aux dépens de sa cellule mère, ainsi que nous l’avons vu dans le Blé. Ce tube criblé a un diamètre nota- blement supérieur à celui des cellules libériennes, mais qui ne dépasse que très peu celui des cellules voisines du rayon. Sa paroi, plus épaisse que la paroi des cellules libériennes, ne diffère pas sensiblement de celle des cellules plus in- ternes qui séparent entre eux les grands vaisseaux médul- laires. On peut signaler la forme caractéristique présentée par les cellules de l’endoderme. Ces cellules sont allongées radiale- ment, encore plus que les cellules du péricycle qui le sont déjà plus que les autres cellules de la stèle, et leurs parois interne et latérales sont très épaissies. Koeleria setacea (fig. 7, pl. V). — Dans cette espèce le péricycle (p) se montre d'abord continu et formé de cellules un peu allongées radialement. Un certain nombre d’élé- ments plus grands que leurs voisins commencent à se dis- tinguer dans la région centrale : ce sont les vaisseaux médul- laires (v); et aussitôt apparaissent les premiers tubes criblés qui se forment directement comme dans le Blé. C’est surtout grâce à la coloration que prend leur paroi, lors de leur diffé- renciation maximum, qu'on peut aisément les distinguer (f), car s'ils ont toujours une forme assez régulière, ils se con- fondent par la taille avec les éléments voisins. Les deux cellules libériennes (a, a) recouvrent chaque tube criblé vers l’intérieur, mais leur taille et l’apect de leur paroi ne les dis- 318 un GUSTAVE CHNAUVEAUD. tinguent en rien des cellules voisines. À ce moment, le tube criblé interne (/') n’est pas encore différencié, et seule sa situation permet de le reconnaître. Plus tard, il accroît un peu son diamèlre, de façon à dépasser la taille des trois autres éléments du liber, qui forment alors des îlots peu distincts au milieu du conjonctif. Ce tube criblé interne se dédouble assez fréquemment. | En face des vaisseaux, une ou deux cellules péricyeliques se dédoublent, et d'ordinaire, les deux cellules superposées au vaisseau se transforment en vaisseaux à lumière très étroite; quelquefois, seule la cellule péricycelique interne se transforme ainsi; il peut même arriver qu'aucun vaisseau péricyclique ne se produise. C’est ce qui a lieu surtout là où le péricycle ne se dédouble pas, ce qui se rencontre parfois. En général, on peut trouver sur la même coupe ou sur un petit nombre de coupes, des faisceaux ligneux offrant toutes ces manières d'être en ce qui concerne leurs rapports avec l’'endoderme. Molinia cærulea. — Dans la région recouverte par lacoiffe, le péricycle simple est formé de cellules dont deux, siluées en face du fatur faisceau criblé, sont plus larges que les autres et sensiblement isodiamétriques, tandis que celles qui se trouvent en face des futurs faisceaux ligneux sont plus étroites. En dedans des deux larges cellules périeycliques, apparaît le premier tube criblé dont le calibre demeure Loujours un peu inférieur à celui de chacune des deux cellu- les libériennes qui l’emboîlent du côté interne à la facon ha- bituelle. La cellule mère du second tube criblé n'offre encore aucun caractère particulier. En avançant en âge les cellules du conjonctif épaissis- sent leur paroi et les lignifient complètement; les cellules du péricyele ont des parois plus épaisses que ceiles des autres cellules du conjonclif. De son côté, l'endoderme offre un épaississement considérable, l’assise sus-endoder- mique présente aussi lardivement un épaississement très marqué, ses cellules épaissies en V simulent les caractères des MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 319 cellules endodermiques, mais le degré de leur épaississement est moindre. Dans la stèle entièrement lignifiée et entourée d'un anneau également lignifié, les éléments libériens seuls conservent leur paroi mince et cellulosique. Les deux cellules libériennes et le premier tube eriblé restent très étroits; au contraire, le tube criblé interne acquiert un calibre qui surpasse celui des larges vaisseaux du bois. Grâce à cetle particularité, le M. cærulea esi l'un des exemples les plus favorables que l’on puisse choisir pour lexamen du tube criblé interne. C'est en même temps un exemple excellent pour montrer la composition exacte du faisceau libérien tout entier, car il se délache nettement de tous les éléments considérablement épaissis qui l'entourent. Briza media. — À l'origine le péricycle se comporte d’une facon analogue à celle que nous venons de déerire chez le Molinia cærulea. En certains points également espacés, deux cellules accolées grandissent plus que les autres en demeu- rant simples, tandis que, en des points intercalaires, les cellules, par groupes de deux (plus souvent trois), se dé- doublent, donnant ainsi de petits arcs formés de deux assises de cellules plus courtes. En dedans des deux grandes celiules péricycliques prend naissance, à la manière ordinaire, le premier tube criblé qui est bordé sur ses faces internes par les deux cellules libériennes. Ce premier tube criblé est assez régulier el présente une forme losangique, mais parfois la cloison qui le détache de sa cellule mère, au lieu d’être inclinée à 45° sur le rayon, prend une direction tangentielle, de telle sorte que le tube criblé ainsi détaché a une forme carrée et se trouve exac- tement superposé en dehors de sa cellule sœur. Dans ce cas, cette dernière est facile à distinguer et cet arrangement peut quelquefois persister longtemps : souvent, dans la suite du développement, ce tube criblé tend à s’insinuer entre les deux cellules libériennes el son origine réelle devient plus douteuse. En dedans des deux cellules libériennes, se 320 GUSTAVE CHAUVEAUD. développe directement le second tube criblé. Les éléments libériens épaississent tout d’abord leur paroi plus que ne le font les cellules voisines du conjonctif, aussi 1ls forment des ilots assez distincts, le premier tube criblé demeure toujours un peu moins large que les cellules libériennes, ces der- nières et le second tube criblé ont un calibre peu différent de celui des cellules qui les bordent. Plus tard tous les éléments du conjonctif épaississent leur membrane et la lignifient plus ou moins complètement. En dehors des faisceaux ligneux, la cellule péricyelique de l'assise interne se transforme d'ordinaire en un vaisseau très étroit accolé ä la face externe du vaisseau du bois, mais la cellule de l’assise externe ne subit pas, en général, cette transformalion, en sorte que le péricycle n’est pas inter- rompu en face des faisceaux ligneux. | Diarrhena americana.— Le péricycle présente une particu- larité assez rare. D'abord simple et continu, il se dédouble bientôt en deux assises, par places équidistantes, restant simple dans les intervalles. Mais à l'inverse de ce que nous avons vu chez l’Agropyrum repens et le PBriza media, c'est en face des arcs péricycliques dédoublés que se trouvent les faisceaux libériens, les faisceaux ligneux se développant en face des arcs où le péricycle est demeuré simple. Le premier tube criblé apparaît intercalé entre les deux cellules libériennes qui ont une largeur un peu supérieure à la sienne, tout en restant inférieure à celle des cellules voi- sines du conjonclif. Le second tube criblé se transforme directement aux dépens de la cellule située en dedans des cellules libériennes, et acquiert une taille égale à celle des cellules qui le touchent de part et d’autre. Parfois le nombre des éléments libériens est augmenté, et cette augmentation tient soit au dédoublement des cellules libériennes, soit au dédoublement de la cellule mère du second tube criblé. Nous retrouvons ici une tendance à la mulliplication des éléments manifestée à la fois par le liber et par le péricycle, phénomène analogue à celui que nous avons déjà signalé à MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 321 propos du Brachypodium pinnatum. À côté de cette parti- cularité, on peut signaler une disposition qui ne se rencontre que rarement, mais qui est assez intéressante. Dans certaines coupes, deux faisceaux criblés se développent dans le voisi- nage l’un de l’autre, sans faisceau ligneux intercalé; ilse peut même que les deux tubes criblés externes ne soient séparés que par une seule cellule libérienne. Melica nutans (Kg. 5, pl. IV). — Le péricycle (p) très jeune est simple et uniforme, se détachant très nettement grâce à la taille de ses cellules qui ont une longueur (dans le sens radial) double de leur largeur, tandis que les cellules de l’endoderme {e) et des assises sus-endodermiques sont plus ou moins aplaties. De place en place, dans le péricycle, deux ou trois cellules accolées, plus allongées que leurs voisines, se cloisonnent tangentiellement ; entre ces groupes on en voit d'autres, composés seulement de une ou deux cellules, qui se comportent de même. On à ainsi un certain nombre d’arcs péricycliques formés de deux assises qui correspondent, les premiers aux faisceaux ligneux, les autres aux faisceaux libériens. Le premier lube criblé apparaît au moment où se foni ces dédoublements partiels du péricycle. La cloison qui détache ce tube criblé est assez irrégulière dans sa disposi- tion, et parfois elle est dirigée tangentieliement, ce qui donne _ naissance à un tube criblé de forme rectangulaire, Quand il est losangique, le tube criblé (4 demeure un peu plus étroit que les autres cellules, mais quand il est pentagonal, ce qui arrive assez souvent, sa taille égale celle des cellules voisines etilest difficile de la distinguer de l’une ou de l’autre des cellules libériennes qui, dans ce cas, ne le recouvrent pas complètement vers l'intérieur. Le tube criblé interne (#) se développe directement et n'offre à aucun moment un aspect bien caractéristique. Plus tard, les éléments hbériens s’arrondissent, ce qui a pour effet de produire quelque irrégularité dans leur arran- sement; en outre, leur nombre est souvent supérieur à ANN. SC. NAT. BOT. ty. 21 22 GUSTAVE CHAUVEAUD. quatre par le fait du dédoublement des cellules Hhériennes. Nous retrouvons donc encore celte multiplication des élé- ments frappant à la fois Le liber et le péricycle, fait sur lequel nous avons déjà insisté à plusieurs reprises. Glyceria aquatica. — Le péricycle, simple au début, formé de cellules-presque carrées, se distingue nettement de l’en- doderme dontles cellules très élargies Llerminent les séries radiales fort régulières de l'écorce interne. En des points équidistants, deux cellules péricychiques grandissent plus que leurs voisines, tant en longueur qu'en largeur. C’est en dedans de ces deux cellules que se forme le premier tube criblé ; 1l apparaît de (rès bonne heure; à la hauteur où la coiffe présente encore deux assises, 1l est déjà bien distinct. La cloison quile détache à une direction un peu irrégulière, parfois elle se rapproche du plan tangent et alors le tube criblé paraît superposé en dehors de la cellule libérienne qui est sa cellule-sœur. Toutefois ce lube criblé demeure bien distinct, sa lumière égale celle des deux cellules libé- riennes qui s'arrondissent peu à peu. En dedans de ces cel- lules se différencie, à son tour, le second tube criblé dont le diamètre atteint au moins le double de celui des cellules libériennes. Mais ce tube criblé est rarement seul, d'ordinaire sa cellule mère se dédouble et l’on a deux ou trois tubes criblés de même taille accolés en dedans des deux cellules libériennes. Poa fertilis. — Dans cette plante, le péricycle au débul se distingue aisément de l’endoderme qui, comme dans le Glyceria aquahca, a ses cellules très élargies tangentielle- ment. En dedans de lui, on voit bientôt apparaître le tube criblé externe qui se forme régulièrement par une cloison inclinée de 45° sur le plan radial. Ce tube criblé acquiert un calibre égal à celui des deux cellules libériennes qui em- boîtent son angle interne. Les deux cellules péricycliques qui emboîtent son angle externe grandissent un peu plus que les autres cellules du péricyele ; en particulier, celles qui se lrouvent en face du vaisseau demeurent très petites. Ensuite MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 329 le second tube eriblé acquiert ses caractères, el sa membrane s'épaissit de telle façon qu'il se distingue nettement des au- tres cellules du conjonctif qui ont une taille à peu près égale à la sienne. On peut trouver çà el là deux tubes criblés accolés résultant d’un dédoublement de la cellule mère. A un état plus avancé, le faisceau Hbérien se distingue par la petitesse de ses éléments. En effet, tandis que le second tube criblé conserve une lu- mière à peu près égale à celle des cellules voisines du con- jonctif, les deux cellules libériennes et le premier tube criblé sont beaucoup plus pelits, et forment un îlot dont l’ensemble offre une section au plus égale à celle du second tube criblé. En dehors de chaque vaisseau du bois, la cellule péricy- clique se tranforme en un vaisseau lignifié, à lumière très étroite, accolé à la face externe du vaisseau du bois dont le diamètre est beaucoup plus grand. En ce point, le péricycle paraît donc interrompu. Avena pubescens. — Le péricycle formé de cellules toutes semblables à l’origine est bien distinct de l’endoderme qui a ses cellules élargies tangentiellement, ainsi que les assises corticales superposées. Le péricycle demeure simple sur tout son pourtour, et les deux cellules, situées en face de chaque faisceau ligneux, demeurent plus petites que les au- {res et sont comprimées plus lard par le vaisseau qui acquiert un assez grand diamètre. Le premier tube eriblé se forme par le cloisonnement de sa cellule mère el prend la forme losangique ordinaire ; toutefois il se peut que ia cloison qui le détache soit dirigée parallèlement au plan tangentiel, et alors, Le tube ecriblé présente une forme rectangulaire et est superposé complètement à celle des cellules libériennes qui est sa cellule sœur. Dans tous les cas sa lumière est petite et celle des cellules libériennes ne la surpasse guère. En de- dans des deux cellules libériennes, le second tube criblé se développe directement et peu à peu atleintun diamètre à peu près égal à celui des vaisseaux du bois, en même temps qu'il épaissit beaucoup sa membrane. 24 GUSTAVE CHAUVEAUD. Phragmites communis. — Dans celte plante le faisceau criblé se compose de quatre éléments qui se développent suivant le type normal. Le premier tube criblé a une section un peu plus faible que celle des cellules libériennes, et de très bonne heure, on peut distinguer le second tube criblé qui a déjà une taille supérieure à celle des cellules voisines du conjonclif. | Deyeuxia varia. — Le péricycle ne diffère pas beaucoup par la forme de ses cellules des assises qui l'entourent; il présente de bonne heure un cloisonnement qui frappe toutes ses cellules et qui est surtout actif en face des faisceaux li- bériens. [Il en résulte que le premier tube criblé est d’ordi- paire séparé de l’endoderme par deux, souvent même par trois, rarement par quatre assises provenant du cloisonne- ment du péricyele primitivement simple. Ce premier tube criblé se développe par voie indirecte, comme nous l'avons indiqué pour toutes les Graminées déjà étudiées, et s intercale entre les deux cellules libériennes qui le recouvrent du côté interne et offrent une taille à peu près égale à la sienne. Parfois, ces cellules libériennes se dédou- blent et l’on a ainsi trois et quatre cellules semblables acco- lées en dedans du premier tube eriblé. Le second tube criblé se distingue d'assez bonne heure, car il acquiert un diamètre un peu supérieur à celui des éléments qui l'entourent et sa paroi s'épaissit de façon assez marquée. Ce qui permet de reconnaître très aisément, dans une racine âgée, le premier tube criblé, au milieu d'éléments de même taille, c’est qu'il est limité par quatre faces curvilignes à convexité intérieure, tandis que les éléments qui l'entourent sont arrondis. En dehors du vaisseau du bois dont le diamètre est égal à celui du tube criblé interne, une cellule péricyclique se (transforme en un vaisseau très élroit ; quelquefoisil se forme ainsi deux petits vaisseaux accolés, mais le plus externe est loujours séparé de l’endoderme par une cellule péricyelique qui n’a pas subi celte modification. À mesure que la racine avance en âge, le conjonctif tout MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. D AS entier s’épaissit et se lignifie, entourant les faisceaux libé- riens qui se détachent sur les coupes comme autant d’ilots clairs à parois minces, car la paroi du second tube criblé s'est amincie comme le fait plus tôt celle du tube criblé externe. L’endoderme épaissit ses cellules en V et cet épais- sissement est si considérable qu'il va jusqu'à l’oblitération presque complète de ses cellules. Calamagrostis canadensis (lig.13,pl.VT).— Le péricyele (p) est continu et homogène à l’origine, puis les deux cellules situées en face du premier tube criblé grandissent plus que les autres et s’allongent notablement dans le sens radial sans se cloisonner, tandis que les cellules situées en face des futurs faisceaux ligneux se cloisonnent tangentiellement et souvent aussi radialement. Dans des racines plus grosses il est fréquent de voir le péricyele se dédoubler aussi en face des faisceaux criblés. Sur des racines de grosseur moyenne, ce dédoublement peut ne se produire qu’en face d’un certain nombre de ces faisceaux. Toutes les cellules péricycliques prennent d’ailleurs une forme allongée dans le sens radial et cette forme se conserve encore dans les assises du con- jonctif situées en dedans du péricycle, pour s’atténuer peu à peu vers le centre où les cellules sont isodiamétriques. Le premier tube criblé (4 se forme indirectement par -cloisonnement de sa cellule mère et sa lumière est assez grande, quoique moindre que celle des deux cellules libé- riennes. Ces deux cellules (4,4) sont allongées radialement et se prolongent vers le centre, en dedans du premier tube criblé, d'une longueur égale à son plus grand diamètre ; elles ressemblent d’ailleurs beaucoup aux cellules des rayons qui les avoisinent. Parfois ces cellules libériennes se dédoublent ; _j'ai pu observer un dédoublement particulier de la cellule _quadrangulaire qui d'ordinaire évolue en tube criblé ; des deux pelites cellules quadrangulaires produites, l’externe seule a évolué en tube criblé, l’autre ayant pris les carac- tères des cellules libériennes tout en restant plus petite que _ ces dernières. Mais ce fait est rare et la constitution des 326 GUSTAVE CHAUVEAUD. éléments libériens est normale, car l’augmentalion du nombre des cellules libériennes, qu on observe surtout chez les racines de plus gros diamètre et qui est due au dédouble- ment des cellules libériennes, accompagne le dédoublement du péricycle, ainsi que nous l'avons constaté souvent déjà. Le second tube criblé (7) se transforme directement et ac- quiert un diamètre un peu supérieur à celui des cellules qui l’entourent. Les petites cellules péricycliques situées en face des fais- ceaux ligneux se comportent différemment ; l’externe qui touche l’endoderme demeure irrégulièrement rectangulaire et conserve ses parois minces, tandis que l’interne s’arrondit, épaissit sa membrane en se rélrécissant beaucoup pour former un vaisseau. Souvent deux cellules péricycliques de la même assise évoluent ainsi en vaisseaux placés côte à côte tangentiellement et ils sont tantôt accolés au grand vaisseau du bois, tantôt séparés de lui par un élément péri- cyclique. Cet élément péricyelique peut lui-même être lrans- formé en vaisseau étroit ou demeurer à l’état de cellule pa- renchymaleuse. Zea Maïs (fig. 8, pl. V). — Le péricycle (p) est simple et homogène pendant un cerlain temps, puis certaines de ces cellules grandissent plus que leurs voisines; ce sont celles qui se trouvent en face des futurs faisceaux eriblés; les cel- lules superposées aux futurs faisceaux ligneux se cloisonnent tangentiellement et les cellules ainsi produites demeurent plus petites que les autres. Ce dédoublement du périeycle peut se produire même en face des faisceaux criblés, et, sur une même coupe, on peut voir çà el là certains faisceaux libériens séparés de l’endoderme par deux assises, tandis que les autres n’en sont séparés que par une seule assise de grandes cellules demeurées indivises. Le premier tube criblé (? est détaché par une cloison in- clinée de 45° sur le plan diamétral, et son calibre est presque aussi grand que celui des deux cellules libériennes (a,a) qui l'emboîtent du côté interne. En dedans de ces cellules on MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 327 en voit d'autres qui se distinguent de bonne heure par une taille plus grande. Ces éléments accolés les uns aux autres et au nombre de six d'ordinaire évoluent directement en tubes eriblés (7). Les cellules libériennes sont susceptibles de se dédoubler et c’est surtout dans les grosses racines que le fait se produit. Nous trouvons donc dans cette plante une augmentation du nombre des éléments libériens en rapport _avec Le dédoublement du péricycle, parallélisme que nous avons signalé bien des fois. Coïx lachryma. — Le péricycle simple est formé de cel- lules serrées entre elles et un peu allongées radialement différant par là des cellules de l’endoderme, qui au con- traire sont un peu élargies. Le premier tube criblé appa- rail très près de l'extrémité, mais la cloison qui le détache n a pas toujours son inclinaison habituelle, quelquefois elle est langentielle et alors le tube formé est rectangulaire; par- fois sa direction n’est pas exactement tangentielle et alors le tube détaché a une forme trapézoïde. En dehors de lui les deux cellules péricycliques qui recouvrent sa portion externe sont un peu plus grandes que les autres, mais la différence est peu sensible et la constance n’est pas très grande. En dedans de lui, les deux cellules libériennes ont une taille un peu supérieure à la sienne et sont semblables _ quand le tube est losangique, mais quand il est rectangulaire ou pentagonal, ce qui arrive parfois dans la suite, la cellule libérienne qui est superposée à sa face interne est plus petite que l’autre qui se prolonge sur le flanc du tube. En dedans des cellules libériennes, se trouve le second tube criblé qui évolue directement et se distingue de bonne heure par un épaississement marqué de sa paroi. Cette particularité est nettement mise en évidence par la coloration que donne le brun Bismarck. Ce tube eriblé se dédouble parfois, par cloisonnement à l’origine de sa cellule mère, et dans ce cas chacun des deux tubes criblés disposés côte à côte tangen- ticllement a un calibre un peu inférieur à celui que possède le tube criblé unique. | 328 GUSTAVE CHAUVEAUD. Baldingera arundinacea (fig. 9, pl. V). — Au début le pé- ricycle p est simple et homogène, bien distinct par ses cellules isodiamétriques de l’endoderme ({e) dont les cellules sont aplaties dans le sens du rayon. Bientôt en certains points correspondant aux fulurs faisceaux du bois, les cellules péricycliques se divisent par des cloisons radiales donnant des cellules étroites qui un peu plus tard se dédou- blent par des cloisons tangentielles. D’ordinaire les cellules qui se cloisonnent ainsi sont au nombre de trois placées côte à côte; quelquefois elles sont au nombre de deux, mais plus rarement d’une seule. Le premier tube criblé ({) se forme par cloisonnement de _ sa cellule mère selon le type normal, mais sa section est un peu irrégulière, car la direction de la cloison qui lui donne naissance n'est pas très constante. En dedans de lui sont les cellules Hibériennes (a, a) dont le nombre est quelquefois porté à trois, par dédoublement de l’une des deux cellules primitives. Sur leur face interne s'applique le second tube criblé (7), qui acquiert lors de sa plus grande différenciation un calibre égal à celui des vaisseaux du bois. Dans une racine âgée, le conjonctif tout entier se sclérifie et les fais- ceaux libériens se détachent en clair sur le fond sombre des coupes. L'endoderme a épaissi ses cellules très fortement et _ présente un aspect particulier, ses parties épaissies dessi- nant le contour d’une scie circulaire. Phalaris canariensis. — Le péricycle se montre de bonne heure formé de cellules alternativement courtes et un peu allongées dans le sens radial. Les cellules courtes corres- pondent aux futurs faisceaux libériens et ligneux, les autres correspondent aux futurs rayons. Le premier tube criblé apparaît avec une grande régularité et son mode de forma- lion esl facile à constater. Pour ces deux raisons celte plante est un exemple favorable à l'étude qui nous occupe. Le premier tube criblé s’intercale peu à peu entre les deux cellules libériennes qui sont de taille un peu supérieure à MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 329 la sienne, mais ne se distinguent pas autrement des cellules voisines du conjonctif. Un peu plus tard, le second tube criblé grandit et acquiert un diamètre qui correspond environ à celui que possède l'ilot formé par les trois autres éléments libériens: À ce mo- ment, ceux-c1 ont pris une laille et une apparence presque semblables et l’ensemble du faisceau libérien ainsi constitué présente une régularité que l’on ne retrouve guère ailleurs aussi parfaite. En traitant les coupes d’une racine âgée par la double coloration, on voit ces quatre éléments libériens se détacher nettement en rose sur le fond complètement vert. Hierochloa borealis (fig. 10, pl. V). — Le péricycle (p) sim- ple et régulier est bien distinct de l'endoderme (e) dont les cellules aplaties terminent les séries radiales de l'écorce. En des points équidistants correspondant aux futurs fais- ceaux du bois, les cellules péricycliques se divisent radia- lement, de sorte qu’en ces points, les cellules, tout en étant aussi longues que leurs voisines, deviennent plus étroites. Le premier tube criblé apparaît avec une irès grande régu- larité, sa cellule mère est notablement plus grande que la cellule libérienne déjà formée ; aussi Le cloisonnement a pour résullat immédiat d’égaliser la laille des deux cellules libé- riennes. Ce premier tube criblé se différencie très vile, sa membrane s’épaissit et se colore très fortement par le brun Bismarck sur une longueur correspondant à un millimètre environ ; 1l est large et assez nettement cunéiforme (t). Les deux cellules libériennes («, a) ne présentent aucune modi- ficalion, tandis que le second tube criblé (f) qui se trans- forme directement en dedans d’elles offre déjà un épaissis- sement el une coloration marquée de sa paroi. Pendant ce temps, l’une des cellules péricycliques étroites superposées au faisceau du bois peut se diviser par une cloison tangentielle en deux cellules superposées, dont l'in- terne se transforme en un vaisseau étroit accolé à la face externe du vaisseau du bois, tandis que les cellules péri- cycliques adossées au premier tube criblé sont devenues 330 _ GUSTAVE CHAUVEAUD. notablement plus grandes que les autres en restant toujours simples. Slhipa altaica. — Le premier lube eriblé se forme régu- lièrement en dedans d’un péricycle simple: il est recouvert du côté inlerne par les deux cellules libériennes en dedans desquelles se développe directement le second tube eriblé. Ce dernier acquiert un calibre considérable ; son diamètre surpasse celui des vaisseaux du bois et atteint celui des pelits vaisseaux médullaires. À lopecurus nigricans. — De très bonne heure le péricvcle monire un allongement marqué de ses cellules dans le sens radial, ce qui le distingue à première vue de l’endoderme dont les cellules sont au contraire aplaties dans le même sens. Le premier tube apparaît avec régularité et les deux cellules Hibériennes qui l'emboilent se prolongent beaucoup en dedans de lui. Le second tube criblé est très facile à reconnaîlre comme tel à un stade peu avancé par sa situa- tion très régulière contre la face interne des cellules libé- riennes el par sa laille supérieure à celle des éléments voisins. En face du premier tube eriblé les cellules péri- cycliques grandissent beaucoup, au contraire les cellules péricycliques superposées aux vaisseaux du bois demeurent étroites et courtes. Puis le premier tube eriblé acquiert sa différencialion maximum, il épaissit sa membrane qui prend par le brun Bismarck une coloration très foncée, ses angles latéraux s'arrondissent un peu, mais son angle interne de- meure aigu et bien accentué; le second tube criblé est encore. nellement polygonal el les deux cellules libériennes.le sont aussi. Plus tard, le premier tube criblé s’arrondit ainsi que le second dont la membrane présente alors les réactions caractéristiques ; mais les cellules Hbériennes demeurent polvgonales. Enfin, à un âge avancé, les éléments libériens se distinguent du conjonctif par leur agencement réguler et la minceur de leurs parois, à l'exception du second tube criblé qui par l'épaisseur de sa membrane et sa coloration se confond bien avec les éléments voisins. On peut observer MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS,. 331 cà et là la présence de deux tubes criblés internes situés côle à côte par suite du dédoublement de leur cellule mère. Agrostis alpina. — Le péricycle simple et uniforme a des cellules isodiamétriques qui le font distinguer facilement de l'endoderme dont les cellules sont un peu aplaties. Le pre- mier tube criblé se détache par une eloison très régulière- ment disposée, 1l est assez grand et s’accroit encore en s’arrondissant un peu au moment où sa paroi acquiert sa dif- férenciation maximum, de telle sorte que sa largeur dépasse d’ordinairel a largeur des cellules hHbériennes, qui par contre, sont beaucoup plus allongées que lui dans le sens radial, car après l’avoir recouvert elles se prolongent vers le centre en se touchant sur la moilié au moins de leur longueur. À ce moment le second tube criblé n'est guère distinct comme {el, car il se confond par l'aspect avec les cellules du conjonctif qui le louchent. Les cellules du périevele pendant ce temps ont subi les modificalions que nous avons signalées bien des fois déjà, celles qui sont adossées au premier tube criblé grandissent beaucoup, tañdis que celles qui sont en face des vaisseaux demeurent courtes et encore plus étroites. Bientôt après le tube criblé interne grandit plus que les éléments voisins et sa membrane offre peu à peu les carac- (ères distinctifs; son accroissement s'accompagne de la réduction en longueur des cellules libériennes. En vieillis- sant davantage les éléments libériens modifient encore leur aspect, le premier tube criblé à sa forme losangique, mais les deux cellules libériennes sont devenues ovalaires et leur calibre ne l’emporte guère sur celui du premier tube, tandis que le second irrégulièrement arrondi a un diamètre plus grand qui égale celui des éléments voisins du conjonctif. Lasiagrostis splendens (lg. 6, pl. IV). — Le péricyele (p) est simple et uniforme d’abord, puis ses cellules s’allongent en restant étroites, tandis que les cellules endodermiques (e) au contraire s'aplatissent. En cerlains points correspondant aux fulurs faisceaux du bois les cellules péricycliques se dé- DZ GUSTAVÉ CHAUVEAUD. doublent par une cloison tangentielle, mais ce dédouble- ment ne frappe pas les cellules situées en face de tous les faisceaux. Sur une même coupe on peut voir les cellules pé- ricycliques se dédoubler seulement en face de la moilié des faisceaux du bois. Pendant que ce dédoublement se produit, le premier tube criblé (#) prend naissance et acquiert sa dif- férenciation maximum. En dedans de lui les deux cellules hbériennes (a, a) ne présentent aucun caractère spécial et il en est de même du second tube criblé (4). Plus tard, ce second tube grossit et se différencie directement, devenant alors bien distinct, tandis que les autres éléments libériens deviennent de plus en plus étroits. Milium effusum (üg. 11, pl. V). — À la périphérie de la stèle, les cellules sont allongées de très bonne heureet il en est ainsi, quoique à un degré moindre, des cellules de l’endo- derme (e), ce qui pourrait faire prendre au premier abord l'endoderme pour le péricycle, d'autant plus que les assises corlicales sus-endodermiques sont formées de cellules apla- ües qui tranchent neltement avec les premières. Le péri- cycle (p) simple au début est assez uniforme, car c’est à peine si l’on peut constater une petite dépression en face des points où se forme le premier tube criblé, dépression due à ce que les cellules adossées à ce lube sont un peu plus courtes que les autres à ce moment. Les changements qui survien- nent immédiatement consistent surlout en un allongement très accentué des cellules du périeyele, de l’assise sous-péri- cyclique et même de l’endoderme. En face des futurs fais- ceaux du bois, les cellules périeycliques se divisent d’ordi- naire par une cloison langentielle, mais ce cloisonnement n'est pas constant; il peut affecter une, deux, trois ou quatre cellules et même parlois ne pas se produire. Le premier tube criblé (t), né par cloisonnement de sa cel- lule mère, présente une certaine irrégularité dans sa forme et dans sa position qui est due surtout au cloisonnement qui frappe parfois les cellules libériennes («, a). En effet, une de ces cellules peut se diviser par une cloison soit tangen- MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 339 lielle, soit inclinée parallèlement à celle qui a détaché le pre- mier tube criblé. Quelquefois les deux cellules libériennes présentent chacune ce cloisonnement tangentiel, d’autres fois 1l n’y en à qu'une qui le présente, l’autre se cloisonnant obliquement, enfin dans plus de la moitié des cas aucune des deux cellules libériennes ne se cloisonne. Le second tube criblé (#) est facile à reconnaître, quand il est situé exactement contre la face interne des deux cellules Hibériennes, et quand son diamètre est un peu supérieur à celui des cellules voi- sines. Il est moins aisé de le distinguer sûrement, au moins au début, quand par suite de leur cloisonnement les cellules libériennes ne présentent pas une face interne régulière el surtout quand sa cellule mère se dédouble, ce qui arrive par- fois. Plus tard le second tube s’arrondit et épaissit sa mem- brane, ce qui le rend à ce moment bien distinct des cellules voisines à paroi mince et à forme polygonale. À un stade très avancé du développement, on trouvera sur la même coupe, des faisceaux libériens formés de quatre élé- ments présentant l'aspect typique, el d’autres formés d'un plus grand nombre d'éléments offrant un aspect beaucoup moins régulier. Cette tendance à la multiplication des élé- ments libériens accompagne encore ici un dédoublement partiel des cellules péricycliques. . Oryza sativa. — En dedans du péricycle simple et uni- forme sur tout son pourtour, le premier tube criblé prend naissance par un cloisonnement assez régulier de sa cellule mère. Peu à peu les deux cellules péricycliques qui emboîtent sa portion externe grandissent plus que les autres en demeu- rant simples, tandis que les cellules siluées en face des futurs vaisseaux se dédoublent par une cloison langentielle. Puis le premier tube eriblé acquiert sa différenciation maximum et sa laille demeure inférieure à celle des cellules libériennes qui l’emboîtent du côté interne. | Sorghum saccharatum (lg. 12, pl. V).-— À la base de la coiffe, le conjonctif offre des cellules régulièrement polygo- nales au centre et plus grandes que vers la périphérie où les 394 GUSTAVE CHAUVEAUR. cellules sont en voie de division active. L’assise externe de la stèle n’est pas distincte comme assise péricyelique, ses cel- lules de taille et de forme inégales se cloisonnent irréguliè- rement, mais surtout en direction tangentlielle, tranchant nettement avec l’endoderme dont les cellules courtes et assez larges sont disposées en séries radiales régulières avec les cellules des deux assises sus-endodermiques. Quand la cloi- son oblique qui détache le premier tube criblé se produit, ce tube n’est séparé de l’endoderme que par une seule cel- lule ; mais cetle cellule ne tarde pas à faire comme ses voi- sines et se dédouble par une cloison tangentielle. En dedans du premier {ube criblé (4, les deux cellules libériennes (a, a) sont assez larges, mais courtes, et ne dépassent que peu, vers le centre, l’angle interne du premier tube. Avant que celui- ci ait modifié sa paroi, on peul reconnaître le second tube criblé (4) grâce à sa siluation régulière, en dedans des cellules libériennes, et surtout, à sa taille notablement supérieure à celle des cellules voisines. Puis ces éléments se différencient successivement pendant que les cellules péricycliques situées en dehors d'eux poursuivent leur cloisonnement. À un état très avancé du développement, le faisceau libérien se trouve d'ordinaire séparé de l’endoderme par lrois assises. Comme tous les éléments du conjonctif se sont arrondis ainsi que les cellules Hbériennes et le second tube criblé, et que d'autre part, le nombre des assises séparant le faisceau criblé de l'endoderme n’est pas constant sur une même coupe, l'aspect est tout d’abord assez confus. Seulement le premier tube criblé conserve sa forme losangique, et grâce à lui, on peut loujours distinguer les éléments qui composent le faisceau libérien. Celle racine ne présente pas une multiplication de ses éléments libériens en rapport avec la multiplication de ses cellules péricycliques, toutelois cette multiplication se rencontre çà et là, surtout dans les grosses racines. Imperata cylindrica. — Sur des racines de grosseur moyenne, le conjonctif au début est formé de cellules plus grandes dans sa région centrale, tandis que vers sa périphé- MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 397 rie les cellules sont très petites el l’assise externe se dédouble avec une régularité assez grande sur tout son pourtour. Celle double assise péricyclique limite nettement la stèle, car les cellules endodermiques forment aveé les autres assises corti- cales des séries radiales fort régulières. Le premier tube cri- blé se forme par un cloisonnement régulier et sa taille égale bien vite celle des deux cellules libériennes qui le recouvrent. Les deux paires de cellules péricyeliques qui le séparent de l’en- doderme demeurent longtemps plus grandes que les autres eu gardant leur superposition régulière, mais parfois leur arrangement est un peu troublé dans la suite et l’on peut compter trois cellules entre l'endoderme et le premier tube criblé. Quand ce tube acquiert sa différenciation maximum le second tube criblé est encore peu facile à distinguer, mais un peu plus tard, sa paroi se modilie en même temps que son calibre augmente et il devient bien distinct. À ce mo- ment, il serait facile de le confondre avec un vaisseau du bois, car il en a la taille et ce dernier n’a pas encore lignifié sa membrane qui est peu épaissie. Mais en dehors de la pré- sence des cloisons criblées, d’une constatation souvent difti- cile, 1l est toujours possible d'éviter cette confusion, grâce à Ja disposition des cellules libériennes et surtout du premier tube criblé dont la forme losangique et la petite taille sont si caractéristiques. | Panicum miliaceum. — Le péricycle, simple d'abord, se dédouble en face des futurs faisceaux criblés, assez régulie- rement, tandis que sur le reste de son pourtour le dédouble- ment est moins régulier. Le premier tube criblé nait par cloisonnement oblique de sa cellule mère, et est entouré vers l'intérieur par les deux cellules libériennes qui sont aussi larges que longues. En dedans de ces dernières le second tube criblé se transforme directement et se distingue de bonne heure, parce qu'il acquiert rapidement un calibre supérieur | à celui que représentent les trois autres éléments considérés dans leur ensemble. Les deux paires de cellules péricycliques adossées au premier tube criblé prennent une plus grande 330 GUSTAVE CHAUVEAUD. taille que leurs voisines. Nous avons rencontré une coupe dans laquelle deux faisceaux libériens bien développés n’é- taient séparés par aucun faisceau ligneux et se trouvaient par suite séparés l’un de l’autre seulement par une ou deux assises de conjoncltif ; les deux tubes criblés internes se trou- vaient même accolés l’un à l’autre tangentiellement. La grandeur que possède le second tube criblé dans cette racine en fait un excellent exemple pour l'étude des cribles en parliculier. CYPÉRACÉES. — {eleocharis palustris (Kg. 14 et 15, pl. VI. — Sous la coiffe la région stélique est à peu près homogène autour d’un grand vaisseau axile (», fig. 14) à paroi mince, el les cellules de son assise externe (p) sont assez semblables de forme à celles de l’endorme (e) qui se distingue néanmoins très aisément, à cause de la disposition en séries radiales des assises internes de l'écorce. En certains points équidistants, on voit une cellule beau- coup plus large que les autres, située en dedans du péricy- cle simple. Cette cellule se divise bientôt après par une cloison oblique en deux autres dont l’une à toujours, au moins du côté externe, une largeur plus grande que l’autre el correspond par sa paroi externe à une portion de la paroi de deux cellules péricycliques contiguës. Cette cellule fille présente un angle saillant de sa paroi externe qui correspond à l'angle rentrant formé au point de séparalion des deux cellules péricycliques. Aussi, quand cette cellule fille, qui seule va se diviser, prend une cloison, cette cloison s'insère par son bord interne sur la cloison radiale qui a séparé les deux cellules filles et au tiers de sa lon- gueur en partant de son extrémité interne, et d'autre part, sur la paroi externe à une distance du sommet de l’angle égale à celle qui sépare cet angle de la cloison radiale. Il en résulte que la cellule externe produite a une forme quadrangulaire avec un angle interne aigu et un angle externe obtus; sa cel- lule sœur à une forme pentagonale irrégulière. Mais peu après, la cellule quadrangulaire, qui est le premier tube cri- MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. DOL blé (?), s’insinue également entre sa cellule sœur et la cellule voisine et ces deux cellules (4, a) deviennent désormais sem- blables par leur aspect. Les deux cellules péricycliques adossées au tube criblé grandissent d’abord un peu plus que les autres, surtout en largeur, mais plus lard cette différence de taille disparaît, et toutes les cellules de l’assise péricyclique sensiblement isodiamétriques sont égales entre elles. On n’a plus à y dis- Uüunguer des petites cellules supra-ligneuses et des grandes cellules supra-libériennes. C’est la première fois que nous rencontrons un péricycle aussi parfaitement régulier. En dedans des deux cellules libériennes, évolue à son tour le second tube criblé (7) qui se différencie directement, aux dépens de sa cellule mère, et l’on a un faisceau libérien com- posé de quatre éléments bien distincts alors, qu'on ne peut constater encore aucune différenciation des vaisseaux. Les cellules endodermiques {e, fig. 15) ont pris un allonge- ment assez marqué; elles forment autour de la stèle une large couronne claire, et d'autant plus claire que leurs parois ra- diales sont excessivement minces et coupent cette couronne de simples lignes ; leur taille est notablement supérieure à celle des cellules péricycliques qui sont elles-mêmes deve- nues plus grandes que les autres éléments de la stèle, le vais- seau axile excepté. Ce n'est que plus tard que la cellule péricyclique, exacte- ment intermédiaire à deux faisceaux criblés voisins, épaissit sa paroi et prend une forme arrondie pour se transformer en vaisseaux. Comme à partir du moment où commence sa différenciation, ce vaisseau ne se divise plus perpendiculaire- ment à l’axe de la racine, 1l subit, par suite de l'accroissement intercalaire de la région où il se trouve, un étirement assez marqué, lequel a pour effet de diminuer son diamètre qui devient ainsi pius étroit que celui des autres cellules péri- cycliques. À un état plus avancé encore, on observe toujours la même régularité el 1l n° y a qu'à signaler une tendance à Es 5 l'épaississement el à la sclérification des cellules du conjonctif. ANN. SC. NAT. BOT. IV: 22 338 (GUSTAVE CHAUVEAU 5. Eriophorum vaginatum (g. 16, pl. VE. — Au début toutes les cellules de la région stélique sont semblables el assez ré- gulièrement polygonales, tranchant nettement avec les cellu- les corticales qui sont disposées en séries radiales régulières. Le premier tube criblé apparaît à un niveau où la coiffe possède encore quatre ou cinq assises d'épaisseur. Ce tube (4) se forme en dedans du péricyele simple par le cloisonnement de sa cellule mère, à la facon habituelle ; mais la direction de la cloison qui lui donne naissance n’est pas constante et par suite sa forme est assez variable (?). Le plus souvent cette forme est penlagonale, l'angle externe emboîté par les deux cellules péricycliques persiste, mais l'angle interne esl rem- placé par une face un peu plus petite que les quatre autres. Tantôt la cloison est tangentielle et alors le tube eriblé est superposé à sa cellule sœur (a) qui est généralement plus pelite, tantôt elle est radiale et le tube criblé a même lon- gueur que sa cellule sœur qui est appliquée à son côté. Ainsi sur une coupe, un seul tube criblé externe estlosangique avec son angle interne emboîlé par les deux cellules libériennes, lous les autres sont pentagonaux et parmi eux deux sont superposés à une petite cellule libérienne quadrargulaire, landis que les autres de forme plus allongée ont une longueur égale à celle des deux cellules libériennes qui les accompa- gnent de part et d'autre. Quand il acquiert sa différenciation maximum, le tube criblé externe a une taille égale à celle des cellules libériennes qui se confondent par leur aspect avec les cellules voisines du conjonctif. En dedans d'elles se différencie plus tard le second tube criblé (7) qui procède di- rectement de sa cellule mère. Les cellules péricycliques qui emboîlent le premier tube eriblé grandissent un peu plus que leurs voisines, tandis que la cellule péricyclique placée à égale distance de deux faisceaux criblés voisins s’arrondit pour se transformer en un vaisseau qui est, en dehors des vaisseaux médullaires, le seul élément vasculaire de cette racine. Scirpus maritimus. — Très profondément sous la coiffe à MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 339 un niveau où l'épaisseur de celle-ci est de quatre ou einq as- sises, le péricycle est formé de cellules un peu plus grandes que les cellules des assises sous-jacentes et se distingue da- vantage encore de lendoderme dont les cellules forment avec les assises voisines de l'écorce des séries radiales. En dedans de l'assise péricyclique unique, le premier tube criblé est produit par cloisonnement de sa cellule mère et présente souvent un angle interne très aigu ; mais la direction de la cloison qui lui donne naissance peut varier, et alors le tube a une forme pentagonale. Quand il est losangique, sa taille est un peu inférieure à celle des cellules voisines ; quand il est pentagonal, sa taille est égale ou supérieure à celle de ces mêmes cellules avec lesqueiles il présente alors une plus grande ressemblance de forme. Plus tard, le premier tube criblé se différencie, ses angles s’arrondissent el alors ce n’est plus que rarement qu’on peut voir les deux cellules libériennes se toucher en dedans de lui; d'ordinaire il est directement en contact avec le second tube criblé qui commence à êlre bien distinct, grâce à une faible augmentation de diamètre. Dans une racine, toutes les coupes étudiées ont montré deux faisceaux libériens accolés, les tubes criblés internes élaient en contact tandis que les tubes externes étaient séparés, par deux cellules libériennes quelquefois, mais plus souvent par une seule. Dans ce dernier cas, la seconde cel- lule libérienne était superposée à l’un des tubes eriblés ex- ternes qu'elle séparait, par toute sa longueur, du tube criblé interne correspondant ; elle était d’ailleurs aisément recon- naissable par sa forme rectangulaire et par sa pelite taille. Ces cas de faisceaux libériens doubles sont intéressants parce qu’ils montrent avec évidence la différence qui existe entre le premier tube criblé et le second. En effet, jamais dans ces cas on ne peut constater le contact entre deux tubes criblés de la première catégorie, tandis que le contact de deux tubes criblés internes est la règle quand ils existent. Il en résulte que l’on doit considérer les deux cellules Hbériennes comme 340 GUSTAVE CHAUVEAUD. intimement liées au tube criblé interne qui ne paraît pas pouvoir exister sans en être accompagné. À la base de la coiffe, la différenciation du premier tube criblé est arrivée à son maximum. Plus tard, le second tube criblé grandit plus que les éléments voisins et s’arrondit de façon irrégulière. Fréquemment, on trouve deux de ces tubes internes appliqués côte à côle et résullant du dédoublement de la cellule mère. Les deux cellules libériennes et le premier tube criblé restent plus petits que les éléments voisins. Le péricycle forme une assise nettement distincte des autres assises du conjonctif, celle de ses cellules exactement in- termédiaire entre deux faisceaux criblés voisins s’arrondit et se transforme en un vaisseau. Schæœnus nigricans (fig. 17, pl. VI). — Sous la coiffe, les cellules de l’assise périeyclique (}) sont un peu plus grandes que les autres cellules de la stèle, à l'exception des vais- seaux médullaires (v) qui, comme toujours, offrent un dia- mètre beaucoup plus grand, mais elles diffèrent peu des cellules de l’endoderme {e). En dedans de cette assise péri- cyclique alors uniforme, le premier tube criblé naît par le cloisonnement de sa cellule mère. Ce tube {#) est parfois lo- sangique, mais souvent il devient pentagonal et est alors un peu plus grand; dans ce cas il n’est pas recouvert vers l’inté- rieur par les deux cellules libériennes (4, a) et se trouve en contact direct avec le second tube eriblé (f’) qui se distingue d'assez bonne heure, par sa taille supérieure à celle des cellules voisines et sa forme irrégulièrement arrondie. Isolepis Holoschænus. — Au début, les assises externes de la stèle se confondent par la taille et la forme de leurs cellu- les, de telle sorte qu’on ne peut, dans la région de la coiffe, assigner au péricycle une épaisseur déterminée, comme cela est si souvent possible. Un peu plus tard, la périphérie de la stèle et la région endodermique sont le siège de modifica- tions assez rares. Les cellules de l’assise interne de l'écorce se cloisonnent tangentiellement et radialement, ce qui produit des groupes de quatre cellules un peu irréguliers parce que MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 9341 ce cloisonnement ne s'effectue pas dans toutes les cellules avec la même rigueur. Ces nouvelles cellules à peu près iso- diamétriques sont beaucoup plus étroites que les cellules corlicales qui lesrecouvrent ; elles se continuent sans tran- sition vers l'intérieur avec les cellules périphériques de la sièle que l’on voit peu à peu se différencier en deux assises. Certaines cellules de la plus interne de ces deux assises gran- dissent, ce sont les cellules mères des premiers tubes criblés qui se trouvent également espacées. Pendant ce temps, les cellules de l’assise externe se cloisonnent tangentiellement, et cette fois, le péricycle devient double, tandis qu’à l’origine il ne l'était qu'en apparence, par le fait de la ressemblance entre les deux assises externes de la stèle. Le prenuer tube criblé naît par le cloisonnement de sa cellule mère, mais la direction de ce cloisonnement est telle que d'ordinaire le tube criblé prend la forme pentagonale. Il acquiert peu à peu sa différenciation maximum et sa taille égale celle des cellules voisines, il en est quelquefois ainsi de sa forme qui devient hexagonale. Pendant que s’accomplit cette différenciation, l’assise in- terne sous-péricyclique se cloisonne radialement et tangen- tiellement. Les cellules libériennes se cloisonnent aussi d'ordinaire et se trouvent par suite au nombre de quatre. Ces quatre cellules un peu plus petites que les cellules voi- sines sont groupées étroitement, et en dedans d'elles on peul voir le second tube criblé qui acquiert à son tour un calibre supérieur aux cellules du conjonctif, et que, grâce à ce carac- Lère, l’on reconnaît aisément longtemps avant la différencia- tion de sa membrane. Vers cetle époque, la cellule de l’assise sous-péricyclique, située à égale distance de deux faisceaux criblés, se transforme en un vaisseau dont le diamètre égale celui du second tube criblé, mais dont la paroi plus épaisse se lignifie d'assez bonne heure. Ce vaisseau demeure toujours séparé de l’en- doderme par deux assises cellulaires au moins ; d'ordinaire il estseul, mais parfois on en trouve deux superposés radiale- _ ment ou même placés côte à côle. 342 GUSTAVE CHAUVEAUP. Dans cette racine, les assises sus-endodermiques présen- tent une sclérification très marquée qui donne naissance à un anneau continu formé de cinq à six assises. Cet anneau très dense entoure un anneau clair formé par les assises en- dodermiques dont les cellules au lieu d'être aplaties sont allongées et à parois minces. | Blysmus compressus. — En dedans du Danoudie simple, naît le premier Lube criblé dont la forme devient quadran- gulaire ou pentagonale, suivant que la eloison qui lui donne naissance a été oblique ou tangentielle. En prenant sa dif- férencialion maximum ce tube acquiert une taille à peu près égale à celle des cellules libériennes, mais reste loujours plus petit que les cellules voisines du conjonctif. En dedans des deux cellules Hibériennes se développe directement le tube cri- blé interne qui devient très large. Souvent, il y a une troisième cellule libérienne, provenant du dédoublement de l’une des deux cellules primitives et alors cette troisime cellule est située en dedans du premier tube criblé qu’elle sépare du second. Le lube interne est rarement unique, d'ordinaire, il y a trois tubes eriblés groupés en arc en dedans des deux cellules libériennes. Tous ces tubes internes se transforment direc- tement et lors de leur différenciation maximum leur mem- brane est très épaisse et fortement colorée. Quand il y en a plusieurs, la taille de chacun d'eux est inférieure à celle que présente le tube unique, mais elle est encore un peu supérieure à celle des cellules libériennes; il se peut d’ail- leurs que l’un des trois ait une taille plus nn que celle des deux autres. Carer ligerine (Fig. 18 et 19, pl. VD. — A la base de la coiffe, le conjonctf est uniforme, toutefois l’assise externe (p, fig. 18) se distingue par Pallongement de ses cellules qui iranchent avec les cellules courtes et élargies de l’endoderme ({e). Le premier tube criblé (4) se forme, comme chez les Gra- minées par le cloisonnement oblique d'une cellule mère, siluée en dedans de l’assise péricyclique unique; toutefois MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 343 cette formation présente quelques différences qu'il con- vient d'indiquer. Quelquefois la cloison de séparation du tube criblé est tangentielle, alors le tube est superposé à sa cellule sœur et cette dernière est facile à reconnaître de sa voisine. En outre cette cellule sœur présente une modification de sa membrane analogue à celle du tube cri- blé, et, à l’aide du brun Bismarck, elle prend une colora- lion foncée qui la fait reconnaître même dans les cas où elle offre avec sa voisine la plus parfaite symétrie. C’est là une particularité sur laquelle il convient d’insister, car elle montre que la cellule sœur du tube criblé participe plus étroitement à la constitution du système criblé que l’autre cellule libérienne, et si dans la plupart des Graminées, ces deux cellules sont semblables de forme et de position, il faut peut-être ne pas accorder beaucoup d'importance à cette similitude qui n’est point confirmée par l’origine. Le péricycle se comporte d’une manière analogue à celle que nous avons rencontrée chez beaucoup de Graminées. Celles de ses cellules qui emboîtent le premier tube criblé grandissent plus que toutes les autres ; celles qui sont en face des faisceaux ligneux demeurent au contraire plus courtes el plus étroites. Cà et là, on voit une de ces dernières cellules se cloisonner langentiellement. Le premier tube criblé acquiert sa différenciation maximum en prenant une forme quadrangulaire plus ou moins régulière. Un peu après qu'il a perdu les carac- lères de sa différenciation maximum, on ne peut encore distinguer sûrement le second fube criblé que dans des cas particuliers, car il ne présente avec les cellules voisines aucune différence de taille; cependant, il est d'ordinaire _ plus ou moins arrondi, tandis que celles-ci sont encore poly- gonales. À ce moment, on ne trouve d’ailleurs aucune trace de différenciation des vaisseaux. Sur une série de coupes, on peut voir deux faisceaux libériens accolés, leurs cellules libériennes sont au contact sans inlerposition entre elles d'aucune autre cellule. | 344 GUSTAVE CHAUVEAUD. La cellule péricyclique la plus petite se transforme peu à peu en vaisseau, elle s’arrondit, sa paroi s’épaissit, la cellule qui est située en dedans d'elle s’arrondit aussi pour se transformer en un second vaisseau qui, comme cela avait lieu chez les Graminées, est beaucoup plus grand que le précédent. Toutefois il semble bien que le développement soit 101 centripète ; il est vrai que dans le cas où la cellule pé- ricyclique se dédouble tangentiellement l’ordre d'apparition des éléments est centrifuge, puisque la cellule qui doit don- ner naissance au grand vaisseau du bois est formée alors que la cellule péricyclique ne s’est pas encore cloisonnée pour donner naissance aux deux cellules qui seront les petits vaisseaux externes. Normalement, 1l y a un pelit vaisseau péricyclique touchant l’endoderme et un vaisseau du bois plus grand accolé à la face interne du premier; mais il peut y avoir deux petits vaisseaux péricycliques ; il est vrai que par contre le grand peut exister seul et être séparé de l’endoderme par un élément péricyclique non transformé en vaisseau. Enfin dans le cas où il y a deux cellules péri- cycliques, il se peut que ce soit la plus externe seule- ment qui se transforme en vaisseau, et celui-ci est séparé du vaisseau du bois par l’autre cellule demeurée paren- chymateuse. Sur les coupes colorées en brun, le faisceau libérien se détache nettement à un âge un peu avancé, lous ses élé- ments prennent une coloration plus foncée que le conjonc- tif, le second tube criblé (f) surtout est aussi foncé que le grand vaisseau du bois dont il a presque la taille. Le nom- bre des tubes criblés internes varie. Carex stipata. — Le péricyele à lonone est formé de cellules petites et serrées les unes contre les autres, peu différentes d’ailleurs des cellules sous-jacentes, mais assez distinctes des cellules endodermiques plus larges et for- mant avec les assises corticales sus-endodermiques des séries radiales régulières. En dedans du péricycle de- meuré simple, le premier tube criblé se forme par le MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 349 cloisonnement de la cellule mère, et il est déjà bien distinct au niveau où la coiffe offre encore deux assises d'épaisseur. La direction de la cloison qui le détache est moins constante que dans les Graminées, et il en résulte que le tube criblé se présente avec une forme variable. Cette direction de la cloison varie d’ailleurs dans le même faisceau, car on trouve une cellule mère à cloison tangentielle faisant suite à une cellule mère dans laquelle la cloison présente l’obliquité caractéristique des Graminées, c'est-à-dire l’inclinaison à 45° sur le plan diamétral. À la base même de la coiffe, le premier tube criblé ac- quiert sa différenciation maximum, il s’arrondit el prend une forme ellipsoïdale dont le grand diamètre est tangen- tiel si la cloison était elle-même tangentielle, et radiale si la cloison avait elle-même cette direction. Les deux cel- lules libériennes, qui sont de part et d'autre de ce tube criblé, n'ont aucun caractère qui les fasse distinguer des cellules voisines. Le second tube criblé se différencie direc- tement, plus tard, et acquiert une laille égale à celle des vaisseaux auquel 11 ressemble beaucoup à un certain mo- ment. Toutefois, tandis que le vaisseau est rond ou ellip- soïide à grand diamètre radial, le second tube criblé est _ellipsoïde à grand diamètre tangentiel. De plus, çà et là, on peul trouver deux tubes criblés internes côte à côte ou plus rarement superposés. Sur de grosses racines, on observe une mulliplication des éléments libériens, cellules et tubes internes, qui peut porter à sept ou huit le nombre des éléments compo- sant un faisceau. Ces îlots libériens sont susceptibles de prendre, sous l’action des réactifs, une coloration foncée qui les fait aisément reconnaitre. Cela a lieu en particulier pour les tubes criblés internes, au moment de leur différen- ciation maximum. NaAïADACÉES. — La siructure du faisceau libérien a élé éludiée dans un certain nombre de plantes de cette famille 346 GUSTAVE CHAUVEAUD. par plusieurs auteurs (1) qui ont donné des figures où ces faisceaux sont exactement représentés. Le faisceau libérien est caractérisé par sa simplicité el sa régularité; 11 n’y a pas de péricyele car le tube criblé touche l’endoderme. Najas major. — La stèle est formée, à son origine, par deux assises de cellules concentriques entourant une cellule axile ronde el de diamètre plus grand que les autres. Cette cellule axile est un vaisseau médullaire. Les autres cellules se cloisonnent diversement; la cellule mère, située ici au contact de l’endoderme, se divise par une cloison oblique donnant naissance à un tube criblé qui prend une forme losangique, en s’intercalant entre les deux cellules endoder- miques qui lui sont superpostes. Mais très souvent, la direc- tion de la cloison qui détache le tube criblé est tangentielle, el ce dernier est alors penltagonal et superposé exactement à sa cellule sœur qui est généralement de forme quadran- gulaire. Najas minor (fig. 20 et 21, pl. VIT). — Dans l'exemple qui a élé étudié (fig. 20), la stèle présente trois cellules cen- lrales qui s’arrondissent, pendant que les autres demeurent polygonales, et qui acquièrent aussi une taille un peu supérieure à celle des cellules qui les entourent. Les cellules de lassise externe s’allongent dans le sens radial, puis en des points équidistants, une des cellules de cette assise se divise par une cloison tangentielle donnant vers l'extérieur un tube eriblé (f, fig. 20) de forme pentagonale, avec une face interne à laquelle est accolée sa cellule sœur (a). Peu après sa formalion, le lube criblé acquiert sa différenciation maximum el sa paroi se distingue nette- ment, ainsi que le montre la figure 21 qui représente cel élal. Dans cette espèce la direction de la cloison qui délache le tube criblé est langentielle dans la plupart (1) H. Schenck, Vergleichende Anatomie der submersen Gewächse, Cassel. 1886. C. Sauvageau, Sur la racine du Naïas (Journ. de bot., 4889). Contribution à l’étude du système mécanique dans la racine des plantes aquatiques (bid.), MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 347 des cas, ce n’est qu’exceplionnellement qu'elle est inclinée de 45° sur le plan diamétral et donne par suite naissance à un tube criblé de forme losangique. 11 ne se développe aucun autre élément criblé, et le faisceau libérien est réduit à ce premier tube criblé pentagonaï et à sa cellule sœur rectangulaire qui esl siluée en dedans de lui. C’est pour cette raison que l’on peut facilement, même sur une racine âgée, constater la présence de ce premier tube criblé dont le diamètre n’est pas diminué. Potamogetlon natans (fig. 22, pl. VIH. — Au centre de la stèle une cellule grandit plus que les autres et s’arrondit pour donner un vaisseau médullaire axile (v). Toules les autres cellules sont disposées autour de ce vaisseau sur deux rangs concentriques. En des points équidislants, générale- ment au nombre de cinq, une cellule de l’assise externe de la stèle se cloisonne pour donner naissance au premier tube criblé (4), mais comme la cloison de séparation a une direc- lion tangentielle, le tube est pentagonal avec une face interne et un angle externe intercalé entre les deux cellules endo- dermiques. Ce tube acquiert peu à peu les caractères dis- linctifs de sa différenciation maximum, puis ces caractères vont s’atténuant, mais le tube n’en demeure pas moins distinct touiours, grâce à celte particularité que n'étant _suppléé par aucun autre élément criblé, il conserve sa forme pendant toute la durée de la racine. En effet, en dedans de ce premier tube criblé il ne se différencie ultérieurement aucun autre élément criblé et le faisceau libérien est réduit à un tube pentagonal exactement superposé à une cellule libérienne de même forme, mais inversement disposée, qui est sa cellule sœur. AROÏDÉES. — Calla palustris (Gig. 23, pl. VIT). — Très près du sommet le péricyele (p) est formé d’une assise régulière de cellules un peu élargies langentiellement. Au centre, il y a une grande cellule régulièrement polygonale entourée de sept où huit autres celiules de même taille. Entre ces dernières el le péricycle, 11 y en à d’autres plus petites qui sont dispo- 348 GUSTAVE CHAUVEAUD. sées sur une et deux assises alternativement. Puis les cellules péricycliques se différencient un peu, certaines d’entre elles s'alongent, tandis que d’autres restent courtes, et, comme leur alternance est régulière, l’assise péricyclique prend vers l'intérieur un aspect ondulé; aux cellules allongées corres- pondront les faisceaux du bois, et, à l'inverse de ce que nous avons vu chez la plupart des Graminées, les faisceaux hbé- riens seront superposés aux cellules courtes. Les grandes cellules centrales se disposent un peu plus irrégulièrement el se cloisonnent çà et là, les cellules qui les entourent gran- dissent de telle sorte que l’on peut passer sans transition des cellules péricycliques aux cellules du centre. À ce moment, loules les cellules de la stèle se cloisonnent sans que l’on puisse saisir une orientation dans leur eloisonne- ment. Bientôt, un certain nombre de cellules, plus ou moins irrégulièrement espacées entre elles, acquièrent une taille notablement supérieure à celle de leurs voisines et cessent de se cloisonner, alors que les cellules placées entre elles se divisent encore. Ce sont les grands vaisseaux (V), mais comme ici ils sont en concordance avec les faisceaux du bois, on ne saurait les distinguer plus tard comme vaisseaux médullaires. La portion de stèle située en dehors de chacun de ces grands éléments paraît se diviser moins que les régions intermédiaires; toutefois, il m'est arrivé de constater, au contact du péricycle, la formation d’une cloison oblique rappelant celle qui produit le premier tube criblé chez les Graminées, et cela en un point du futur faisceau du bois. Au contraire, vis-à-vis des points où vont se différencier les faisceaux libériens, on voit les cellules sous-péricyeliques se cloisonner tangentiellement ; et d'ordinaire, il ÿ à deux ou rois cellules situées côte à côte qui se dédoublent ainsi, mais l’une seulement évolue en tube criblé. C'est la cellule placée d'ordinaire en dedans des deux plus petites cellules péricycliques qui se transforme en tube eriblé (f). Sa forme est pentagonale, son angle externe s’intercale entre les deux petiles cellules péricycliques et sa face interne MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 349 est généralement aussi grande que les autres. Quand le cloisonnement de la cellule mère est tangentiel, la cellule (a) qui est superposée à la face interne du tube eriblé est sa cellule sœur; mais quand la cloison est dirigée autre- ment, ilest souvent difficile de reconnaître cette cellule sœur. Parfois le premier tube criblé présente un angle interne, mais il est néanmoins penlagonal, car son angle exlerne est remplacé par une face plane et il s'applique au milieu d’une cellule péricyclique, au lieu de se trouver à l'intersection de deux cellules péricycliques. La cellule qui est appliquée à la face interne du premier tube criblé peut, après la diffé- renciation de ce dernier, se diviser par une cloison tangen- tielle, comme le font les autres cellules encore méristéma- tiques de la région libérienne, ce qui montre qu’elle n’est point encore individualisée. En grandissant, les grands vaisseaux internes que nous avons déjà signalés s’allongent radialement; il en est de même des cellules qui les séparent du périeycle. Ces der- nières cellules, au nombre de deux d'ordinaire, se différen- cient en vaisseaux, et, si leur apparition est plus tardive que celle des grands vaisseaux internes, leur différencialion en tant que vaisseaux est au contraire plus hâtive. Parfois, il n°y a qu'un seul vaisseau en dehors du grand vaisseau interne. En dehors du faisceau du bois, on voit quelquefois une ou deux des grandes cellules péricycliques qui les touchent se dédoubler par une cloison tangentielle. Dans chaque faisceau libérien le cloisonnement continue après la différenciation maximum du premier tube criblé, mais, tandis qu'il est sans orientation fixe dans la partie centrale de l’ilot libérien, sur son pourtour, les cloisons se disposent parallèlement au bord du faisceau en chaque point. A cet état du développement, le premier tube criblé présente, de chaque côté de lui, un élément qui demeure parenchymateux, mais n’acquiert Jamais de cloisons criblées. ‘Ces deux éléments ont à peu près la même longueur que le tube criblé, mais ils sont plus étroits et disposés symétrique- 390 GUSTAVE CHAUVEAUD. ment par rapport à lui; ils font partie du faisceau libérien et doivent être considérés comme étroitement liés au premier lube eriblé. En effet, dans les cas exceplionnels où un même faisceau hibérien comprend deux tubes criblés externes ac- colés au péricycle, ces deux tubes possèdent chacun leurs cellules annexes semblables et semblablement placées. Ces éléments éludiés en coupe longitudinale présentent des cloi- sons (transversales assez rapprochées, mais obliques et fortement incurvées. Contrairement à ce qui arrive d'ordinaire le premier tube s'accroît en diamètre, de facon à devenir plus grand que les autres éléments libériens, mais le crible demeure très fine- ment ponctué et difficile à voir. Pendant ce temps les élé- ments placés en dedans de lui se différencient en tubes criblés, mais les cribles de ces nouveaux tubes sont toujours peu distincts, en raison de la finesse des ponctuations et de la minceur de la cloison criblée. Ces lubes internes sont accolés les uns aux autres et touchent directement le premier tube criblé : ils sont en nombre assez variable, formant un ilot homogène entouré par une gaine quise sclérifie plus tara. Monstera deliciosa (fig. 24, pl. VII. — Ce qui caractérise en particulier le liber de cette plante, c’est que l’on voit tres souvent apparaître deux premiers tubes criblés ({) accolés l'un à l’autre au contact du péricycle (p). Ces deux tubes ré- sultent souvent de la bipartilion de la même cellule mère ainsi qu’on peut le constater sûrement dans bien des cas, C'est là un fait intéressant à signaler, car c'est la première fois que nous rencontrons cet accolement direct de deux tubes criblés externes (produits directement aux dépens de leur cellule mère). Les tubes criblés internes () se différencient dans chaque faisceau par voie centripèle; leur nombre est d'ordinaire supérieur à celui des cellules Hbé- riennes qui sont irrégulièrement intercalées entre eux. Leur laille varie assez régulièrement en allant de l’intérieur vers le bord interne du faisceau, où elle est plus grande et où ils se trouvent à l'exclusion de toute cellule libérienne. MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 391 Une autre particularité de cette racine, c’est la présence de tubes criblés médullaires très larges entourés d’une gaine de cellules étroites qui ont été signalés par M. Van Tieghem (1). C’est très près du sommet de la racine, au moment où les premiers tubes criblés externes vont acquérir leur différen- clation maximum, que ces tubes criblés médullaires com- mencent à se différencier. ils dérivent d’une cellule du con- Jonctif encore à l’état de méristème, qui à un diamètre égal à celui des cellules voisines quand commence sa diffé- renciation. Puis, à mesure que sa paroi acquiert ses caractères particuliers, ce tube s’élargit et les cellules qui l'enlourent se disposent autour de lui en rayonnant plus ou moins régulièrement. Ce faisant, ces cellules se cloisonnent sans avoir dépassé la taille des autres cellules du conjonctif, ce qui amène la formation d'une douzaine de pelites cellules {a') disposées en une gaine plus ou moins régulière autour du tube ecriblé (7). Les cellules de bordure primitives ne se cloi- sonnent pas loutes de la même façon : les unes se cloisonnent dans le sens radial {le centre du tube criblé élant considéré comme centre de figure), tandis que les autres, plus nom- breuses, se cloisonnent tangentiellement et, suivant que ce cloisonnement est simple ou répété dans une cellule déter- minée, 1! y une ou plusieurs assises de cellules produites au point considéré. Ces particularités expliquent l'aspect que présentent plus tard ces îlots eriblés. En effet, certains de ces îlots sont constitués par un grand tube eriblé de forme circu- laire enveloppé par une assise uniforme de petites cellules ; d’autres offrent un grand tube de forme irrégulière entouré par une gaine de petites cellules qui sont, en certains points, disposées sur plusieurs assises. Enfin, il peut arriver aussi que la cellule mère du tube criblé se dédouble et l’on a alors deux tubes criblés accolés et entourés par une gaine com- mune de petites cellules. On rencontre de ces îlots criblés (4) Loc. cit. JDA GUSTAVE CHAUVEAUD. médullaires dans le voisinage des faisceaux libériens. Il arrive même parfois que leur situation est telle que, quand le faisceau libérien a achevé son développement, il vient toucher par son bord interne un îlot criblé qui paraît dès lors faire partie intégrante de ce faisceau. Mais, même dans ce cas, on doit distinguer ce large tube criblé comme tube criblé médullaire, car sans cela il faudrait admettre que certains faisceaux libériens du Monstera deliciosa ont deux centres de développement et procèdent à la fois par voie centripète et par voie centrifuge. Philodendron bipinnatifidum. — Au début la stèle est assez homogène, toutefois les vaisseaux internes se font vite reconnaître par leur laille qui dépasse notablement celle de tous les autres éléments ; on peut souvent constater que les trois ou quatre cellules situées en dehors d’eux sont disposées en file radiale indiquant déjà les futurs faisceaux du bois. En dehors de ces éléments, tous les autres sont en voie de cloi- sonnement irrégulier ; quelquefois le cloisonnement frappe encore la cellule la plus externe de la file vasculaire alors que les quatre cellules plus internes ont un diamètre plus grand et subissent un commencement de différencialion. Ceci montre que l’ordre de formation des éléments du fais- ceau ligneux est centrifuge alors que sa différenciation ulté- rieure s’accomplit par voie centripète. Le péricycle a ses cellules peu différentes des autres cellules du conjonctif, mais celles de l’endoderme en diffè- rent par leur aplatissement. Le cloisonnement se poursuit activement dans les régions de la stèle intermédiaires aux faisceaux ligneux, mais on ne peut, à ce moment, distinguer le premier tube eriblé par son mode de cloisonnement, car il se fait de façon peu régulière. Ce n’est que quand ce tube acquiert sa différenciation maximum qu'on peut le recon- naître sûrement comme tel. C’est sous la coiffe, à un niveau où son épaisseur est de quatre assises, que se fait cette diffé- renciation. Le premier tube criblé se montre au bord externe de l’îlot formé par les cellules les plus petites de la stèle, 1l MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 399 est de forme quadrangulaire avec un angle externe intercalé entre deux cellules péricycliques. Souvent sa forme esi pen- tagonale et quelquefois hexagonale, et au lieu d’être placé à l'intersection de deux cellules péricycliques, il est accolé au milieu de a face interne de l’une d’elles. Sa taille varie avec sa forme et sur la même coupe l’un peut avoir une taille double de celle d'un autre. Bientôt après, un second tube criblé se différencie; ce _ nouveau tube est situé contre le péricycle, comme le premier dont il est séparé par une cellule de même forme que la sienne, mais dont la membrane demeure mince et terne et qui n'acquiert point de cribles. Parfois il se fait ainsi {rois et même quatre tubes criblés touchant le péricycle et deux d’en- tre eux peuvent se différencier côte à côle sans êlre séparés par aucun autre élément. Par contre, 1l peut arriver qu'un seul tube criblé se produise au contact du péricycle; dans ce cas, il occupe le milieu de la face externe de l’ilot des petites cellules. Au moment de la différenciation de ces premiers tubes criblés, tous les autres éléments de l'îlot Hbérien qui ne paraissent plus se cloisonner sont semblables entre eux, de telle sorte qu’on ne saurait dire quels sont ceux qui doivent évoluer en tubes criblés. À ce niveau, la coiffe présente deux assises et les faisceaux du bois n’ont pas subi de modifications bien sensibles. La différenciation des éléments libériens se poursuit ensuite rapidement par voie centripète, mais en dehors de celle marche toujours facile à reconnaitre, on ne peut constater aucune régularité dans le nombre et la dispo- silion des tubes criblés internes. Quelques-uns sont séparés l'un de l’autre par une cellule, plus rarement par deux cel- lules Hbériennes, les autres sont accolés les uns aux autres sans interposition d’aucure cellule et occupent toute la région centrale du faisceau. De leur côté les faisceaux ligneux se différencient et les vaisseaux externes sont déjà lignifiés alors que les grands vaisseaux internes ont encore leur membrane mince et cel- _lulosique. ANN. SC. NAT. BOT.. iv, 23 354 GUSTAVE CHAUVEAURD. _ Dans cette racine les tubes eriblés ont un diamètre à peu près égal à celui des cellules libériennes, mais au niveau des cloisons transversales, ils se renflent quelquefois. Ces cloisons sont soit horizontales, soit très obliques, et lantôt très planes, tantôt plus ou moins ondulées, mais loujours les pores qui les traversent y sont disposés uniformément. Si, au lieu d’éludier une racine de faible diamètre, on élu- die des racines plus grosses, on trouve des faisceaux Hibé- riens plus développés à éléments plus nombreux, présentant dans leur ensemble une forme plus allongée, avec des tubes criblés de grande taille placés à leur pointe Interne. Fichardia africana. — La stèle a d’abord toutes ses cel- lules à peu près semblables, puis le cloisonnement se localise vers la périphérie en des points correspondant aux fais- ceaux libériens, pendant que certaines cellules à égale dis- tance du centre et de l’endoderme grandissent plus que les autres, pour devenir plus tard les grands vaisseaux internes du bois. Le premier tube criblé apparait en dedans de l’assise péricyclique qui est simple et dont les cellules ne se distinguent pas des autres cellules du conjonetif. À son début, ce tube criblé est polygonal et sa taïlle est semblable à celle des cellules qui l'entourent, aussi est-il peu facile à reconnaîlre alors, mais peu à peu sa paroi s'épaissit en même temps que sa forme s’arrondit plus ou moins irré- gulhèrement, etlorsqu'il a acquis sa différenciation maximum, il est des plus distincts. [l'est le plus grand des éléments qui se trouvent à la périphérie de la stèle et il est entouré par cinq cellules qui lui forment un anneau qui rappelle, au premier abord, l'anneau constitué par les cellules de bordure d’un canal sécréteur. De ces cinq cellules les deux externes, un peu plus grandes que les autres, sont péricyeliques ; les deux latérales sont des cellules Hibériennes qui demeurent parenchymateuses, tandis que linterne évolue directement en tube criblé. En dedans de ce second tube criblé et des deux cellules libériennes, il y a un îlot assez régulièrement arrondi d'éléments qui se différencient à leur tour par voie MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 3) centripète en tubes criblés. Le nombre de ces tubes eriblés varie comme d'ordinaire avec la grosseur des racines, mais on en trouve fréquemment six ou sept de taille à peu près semblable pour chaque faisceau. En avançant en âge, le pre- mier tube criblé, comprimé par les éléments qui l'entourent, reprend sa forme polygonale, puis la compression augmen- tant en même Lemps que son activité propre diminue, sa ca- vité se rélrécit, ses faces deviennent très fortement con- caves, et, sous £e nouvel aspect, 1l demeure encore l'élément le plus caractéristique du faisceau Hbérien. Dieffenbachia costata (Hg. 25, pl. VIH. — La stèle esl formée, à l'extrémité de la racine, de cellules polygonales qui sont plus petites vers la périphérie, surtout en quatre points équi- distants où le eloisonnement est plus aclif et aboutit à la production de quatre îlots arrondis formés de cellules plus petites. ; Sur le bord externe de chacun de ces îlots, se montrent deux premiers tubes criblés séparés l’un de l’autre au moins par une cellule. Parfois la cloison de la cellule mère est tangentielle et le tube est losangique, mais souvent elle est orientée autrement el le tube est pentagonal, de {elle sorte que ce n’est que lors de leur différenciation maximum que ces tubes peuvent être reconnus. : En dedans de ces premiers tubes il se fait de nouveaux tubes eriblés aux dépens des petites cellules déjà formées, ces Lubes sont irrégulièrement entremêlés de cellules Hbé- riennes, et le nombre des éléments du faisceau libérien est en rapport avec le diamètre de la racine. Anthurium cristallinum. — Dans une racine aérienne, très près de l'extrémité, la stèle se trouve formée de nombreuses cellules serrées, un peu plus petites vers la périphérie où le péricvcle n’est pas distinct. Un certain nombre de cellules assez également espacées dans la région moyenne, destinées _à évoluer en vaisseaux internes, acquièrent déjà une taille plus grande que les autres éléments; en dehors de chacune de ces grandes cellules on peul voir bientôt une file radiale 36 GUSTAVE CHAUVEAUR. formée d'éléments un peu plus grands, première ébauche du faisceau ligneux, landis que dans ies régions intercalaires la division se poursuit plus longtemps, produisant autant d'ilots formés de nombreuses cellules plus petites. Sur le bord externe de chacun de ces îlots, au contact du péricycle formé d’une seule assise, on voit se différencier un premier tube eriblé. C'est grâce à la différenciation spéciale de sa paroi qu’on peut le distinguer, car sa forme polygonale et sa taille demeurent semblables à celles des cellules qui l'entourent. Bientôt après, un autre tube criblé se différencie, et ce nouveau tube est situé également au conlact du péri- cycle, quelquefois il est séparé du premier par une cellule de même forme. Il peut arriver que l’on ait ainsi deux tubes criblés acco- lés au péricÿcle, mais souvent aussi 1l y en a {rois et même quatre parfois. Tous ces tubes criblés ont une forme penta- sonale allongée radialement, el ils sont situés tantôt à l'in- tersection de deux cellules périeycliques, tantôt au milieu de la face interne de l’une d’elles. Quand il y à ainsi plusieurs tubes eriblés accolés au péricycle, ils sont souvent placés côte à côte sans interposilion d'aucune cellule libérienne, et dans beaucoup de eas il est évident que les deux cellules provenant du même cloisonnement ont évolué pareillement en tubes criblés. Ün peu après, ce sont les cellules de l'assise placée en dedans de ces premiers tubes criblés qui acquièrent à leur tour leur différenciation maximum et le nombre en est un peu supérieur. Ces nouveaux tubes ont à leur tour des caractères semblables aux premiers, ils sont ou superposés ou intercalés plus où moins irrégulièrement à ceux-ci, et, soit séparés l’un de l’autre par une ou deux cel- lules libériennes, soit accolés ensemble par deux, par trois ou même davantage. nn .. À ce moment les vaisseaux externes ont épaissi leur paroi el se montrent au nombre de deux bien différenciés, soil côte à côle et de même grandeur, soit en superposition l'interne élant un peu plus grand; ilpeut même y avoir trois MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 391 ou quatre de ces vaisseaux côle à côte au contact du péricycle. Ensuite les tubes criblés se différencient dans la troisième assise du faisceau libérien ; toutefois il ne faudrait pas croire que cette différencialion marche avec une grande régularité, car les cellules du faisceau libérien produites par des cloi- sonnements irréguliers sont elles-mêmes irrégulières et non disposées en assises, aussi la ligne formée par les tubes criblés en voie de différenciation est disposée en zigzag. Les cellules centrales du conjonctif sont devenues plus nettement polygonales ainsi que les cellules péricyeliques, les cellules de l’endoderme se sont élargies un peu, maïs la dé- marcation entre elles est peu marquée. La différenciation du liber se poursuit par voie centripète, Pilot libérien qui avait au début une forme presque circulaire prend un allonge- ment très accentué el arrive à se terminer en pointe. Les éléments libériens ont une faille qui croît assez régulière- ment de la périphérie vers le centre ; aussi les tubes criblés placés à la pointe du faisceau ont-ils un diamètre qui égale celui des cellules médullaires, et qui est environ trois fois plus grand que celui des tubes externes. Dans les faisceaux, ainsi que nous l’avons déjà dit, fa disposition des tubes cri- blés et des cellules libériennes est irrégulière ; les tubes sont plus nombreux que les cellules et existent seuls vers la pointe _ du faisceau. | Les faisceaux ligneux continuent aussi leur différenciation centripèle et forment des lames radiales assez régulières où les grands vaisseaux internes sont séparés, seulement par quelques cellules, des autres vaisseaux qui sont de plus en plus pelils à mesure qu'ils sont plus externes. Acorus gramineus. — La première différenciation que l’on puisse constater dans la stèle est offerte par un certain nombre de cellules inégalement espacées autour du centre qui prennent de suite une plus grande taille. En dehors de chacun de ces grands vaisseaux, deux des cellules disposees en file radiale grandissent à leur tour un peu plus que leurs voisines indiquant les futurs vaisseaux ligneux. 328 GUSTAVE CIAUVEAUD. Entre les faisceaux ligneux, en dedans du péricvyele, on voit un ilot de cellules polvgæonales de forme semblable au dé- but. Parfois on voit naître le premier tube eriblé qui se dé- tache par une cloison à la facon habituelle et acquiert très vite sa différeneialion maximum; 1l naît ainsi pour chaque faisceau libérien deux premiers tubes eriblés accolés au pé- ricycle el séparés l’un de l’autre par deux ou plusieurs cel- lules. Mais {rès souvent aussi ces premiers tubes criblés n’affeclent, lors de leur formation, aucune disposition spé- ciale et ils ne peuvent êlre distingués comme tels qu'à parlir du moment où leur membrane acquiert ses caractères parti- culiers, car dès leur naissance ils ont la forme et les dimen- sions des cellules qui les entourent. Le faisceau hbérien est large, mais l’assise externe ne produit d'ordinaire que deux tubes criblés, l’assise placée en dedans en fournit davantage qui se difiérencient directe- ment un peu plus lard el il en est ainsi de la troisième assise. Quand le faisceau libérien est achevé, il se présente sous forme d'un îlot arrondi séparé du faisceau Hgneux voisin par une ou deux assises de cellules conjenclives. Dans chaque faisceau Hbérien il y à un cerlain nombre de cellules, mais ces cellules sont réparlies irrégulièrement parmi les tubes criblés, de telle sorte que sur les coupes longitudinales on voit {rois et qualre tubes criblés accolés l’un à lautre sur toute leur longueur, sans inlerposilion d'aucune cellule H- bérienne. | TypHAcÉEs. — Sparganium sunplez (fig. 27, pl. VI). — La stèle présente des cellules polygonales assez semblables entre elles, à l'exception de deux ou trois cellules {») placées dans la région centrale qui ont un diamètre beaucoup plus grand et sont arrondies. L'’assise externe se différencie peu à peu, ses cellules s’allongent radialement et acquierent une taille plus grande formant un anneau bien distinct. En dedans de ce péricycle apparaît le premier lube criblé par cloisonnement de sa cellule mère. Chaque tube (4) est assez éloigné de son voisin, car il y a d'ordinaire six de ces. MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 359 tubes; la direction de la cloison n’est pas constante, aussi à côlé d’un tube criblé nettement losangique, on en voit de penlagonaux, el dans ce cas, la cellule sœur du tube criblé est semblable à ce dernier et lui est accolée, ou bien elle lui est superposée, el alors elle est rectangulaire le plus sou- vent. Chaque premier tube eriblé acquiert sa différencialion maximum ; pendant ce temps, des cloisonnements peuvent frapper les cellules siluées en dedans de lilot libérien dont les cellules sont devenues un peu plus petites que les autres cellules du conjonctif. La différenciation maximum est ache- vée au niveau où la coiffe présente encore trois assises d'épaisseur. ; En dedans du premier tube eriblé, les éléments se diffé- rencient par voie centripèle donnant de nouveaux tubes criblés au nombre de quatre à six dont l’ensemble forme un faisceau irrégulièrement arrondi. Plus tard, tous ces tubes -criblés ont sensiblement même laille el même aspect, tandis que les autres cellules du conjoncuif sont un peu plus larges. PanDANÉES. — Pandanus furcatus (Gig. 28, pl. VIT). — Sur une radicelle de faible diamètre, lastèle, considérée au niveau très voisin de lextrémilé où la coiffe présente six assises d'épaisseur, offre un certain nombre de cellules ayant une taille double de celle des éléments qui les entourent; ces cellules situées plus où moins régulièrement en cercle à _ égale distance du centre et de l’endoderme sont les futurs vaisseaux internes. Tous les autres éléments de la stèle sont à peu près semblables, toutefois vers la périphérie où la division est plus active, ils sont plus serrés et plus petits que vers le centre. L'assise externe de la stèle a ses cellules très aplaties radialement, ce qui tend à la faire confondre avec l'endoderme dont les cellules sont également aplaties, mais un peu plus larges. En dehors l’écorce, -dans sa région moyenne, offre de grandes cellules à raphides. À ce niveau, le premier tube eriblé est encore indislinet comme lel, mais 1lne tarde pas à se différencier el un peu plus 360 GUSTAVE CHAUVEAUD. tard, au point où la coiffe n’a plus que trois assises, il a acquis les caractères différentiels qui permettent de le déterminer sûrement. L’assise péricyclique s’est dédoublée et 1l est inter- calé au point d'union de deux cellules de l’assise interne. En différenciant sa paroi, il accroît son diamètre et comprime vers l'extérieur ces deux cellules qui s’aplatissent, dans leur portion contiguë au {ype criblé, et forment une sorte de coussinet dans lequel le tube criblé se trouve presque com- plètement enfoncé. Ce tube a une forme polygonale, d'ordi- naire pentagonale, el un contour très accentué dépassant la taille des cellules qui le touchent et dont Ia forme est géné- ralement aplatie dans un sens ou dans l’autre. Quelquelois ce premier tube criblé n’est séparé de l’endoderme que par une seule cellule péricyelique, et alors il se trouve adosst au milieu de la face interne de cette cellule ; il se peut d’ail- leurs qu'il soit situé pareillement au milieu de la face in- terne d’une cellule de l’assise interne du péricycle, quand celui-ci est dédoublé, mais ce cas est rare. | Un peu plus tard, vers la base de la coiffe, un second tube criblé se différencie en dedans du premier ; tantôt ce nou- veau tube se trouve appliqué exactement contre la face interne du premier, de facon que les deux tubes paraissent provenir du cloisonnement tangentiel de la même cellule du méristème; tantôt il le touche seulement par une face laté- rale ou même seulement par le sommet d’un de ses angles. À ce moment le premier tube criblé s’est éliré, dans Le sens de la longueur de la racine, en diminuant de section, sa paroi s'est amincie et dès lors il devient de moins en moins dis- Uunct des cellules qui l'entourent. Plus tard il se fait de nouveaux tubes criblés qui apparaissent de plus en plus internes, mais leur nombre demeure peu élevé, car le fais- ceau libérien est étroit, et dans la racine considérée, ce nombre est de six en moyenne. Dans la portion externe du faisceau, il y a queiques cellules, situées de part et d'autre du premier tube criblé, qui de- meurent parenchymateuses, tandis que dans sa portion MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS, 301 interne il n’y a que des tubes criblés ; quand la différencia- tion des tubes criblés est à peu près achevée, l’assise qui entoure immédialement le faisceau libérien se sclérifie, [ui formant une gaine scléreuse continue. En dehors du faisceau c'est l’assise interne du péricycle qui se sclérifie ainsi, mais plus tard, le conjonctif tout entier se selérifie, et seuls les éléments libériens conservent leur paroi mince. Si la racine étudiée est grosse, la constitution du fais- ceau libérien peut être différente. En effet, à côté de fais- ceaux (/) semblables à ceux que nous venons de décrire dans une racine grêle, on en trouve d’autres plus larges (/’) où les tubes criblés sont plus nombreux. Tantôt 1l se forme au contact du péricycle un autre tube criblé séparé du premier par une cellule libérienne ; d’autres fois, trois tubes criblés se developpent au contact du péricyele et sont accolés l’un à l’autre sans interposition d'aucune cellule intermédiaire. La différencialion de ces tubes se fail successivement, mais à intervalles assez courts pour qu'on puisse constater, à la fois sur eux tous, les caractères de différencialion maximum. _ Les tubes criblés libériens ne sont pas les seuls éléments criblés que possède la racine du P. furcatus. En effet, cette racine développe dans sa région médullaire des tubes criblés anaïogues à ceux que nous avons déjà étudiés chez le Wons- era deliciosa. Pour observer aisément ces formations mé- dullaires, il convient de s'adresser de préférence à de grosses racines comme le sont souvent les racines aériennes. Nous venons de voir que le nombre des éléments criblés constituant le faisceau varie avec la grosseur de la racine considérée; il en est de même des éléments criblés médullaires. Sur une telle racine on verra dans la moelle des îlots vasculaires et des îlols criblés. Ces derniers sont conslilués par un très large tube criblé entouré de cellules petites, disposées en une assise assez régulière. Ces larges tubes criblés se forment directement aux dépens de la cellule du méristème, ainsi que nous l’avons indiqué dans le cas du Monstera deliciosa. Ces tubes criblés médullaires ont des cloisons de séparation 302 GUSTAVE CHAUVEKAUR. très obliques qui présentent un grand nombre de plages cri- blées dont les pores sont grands el faciles à voir. Quand la différenciation de chacun de ces ilots criblés est achevée, les cellules voisines se modifient et l'entourent d’une gaine sclé- reuse semblable à celle qui entoure chaque faisceau libérien ; plus lard, la sclérification envahit le conjonctif tout entier. TriGLocninées. — Triglochin palustris (Ag. 29, pl. VIH). — Au début, la stèle est formée d’une cellule axile {v) entourée de deux assises de cellules polygonales assez régulières. Tandis que la cellule axile s’arrondit et grossil beaucoup, en trois points également espacés, l’une des cellules de l’assise externe se divise par une cloison tangentielle et donne vers l'extérieur un lube eriblé {?), à la face interne duquelest accolée sa cellule sœur(a). Ge premier tube eriblé penlagonal est le seul élé- ment criblé du faisceau libérien qui est ainsi réduit à ce tube et à sa cellule sœur. Chaque lube acquiert sa différenciation maximum el conserve son diamètre. La cellule libérienne est aussi de forme penlagonale el à une taille un peu supérieure à celle du tube criblé. Comme chez le Potfamogelon et les Najas, il n’y a point ici de péricycle, le tube criblé intercale son angle externe entre les deux cellules endodermiques fe) qui lui sont superposées. PazMiERS. — Phænix spinosa. — Sous la coiffe, les cellules de l’assise péricyclique d'abord simple, sont un peu plus grandes que les autres cellules de la stèle, à l'exception des vaisseaux médullaires disséminés dans la région centrale qui sont déjà très larges. En de nombreux points équidistants, le premier tube criblé se forme par cloisonnement de sa cellule mère et il inlercale son angle externe entre deux cellules périeycliques qui, de leur côté, se dédoublent par une cloison tangentelle, et de telle façon que, plus tard, ce premier tube se trouve enchâssé dans une sorte de coussin formé par ces quatre cellules péricvcliques. Quand le tube criblé est adossé au milieu de la face interne d’une cellule péricyclique, cetle cellule seule se dédouble et le tube criblé a une forme carrée, sn ES CE * MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 303 Partout ailleurs le péricycle demeure simple. Quand le premier tube criblé a acquis sa différenciation maximum, il est de laille un peu supérieure à celle des cellules qui le bordent du côté interne, mais plus petit que les cellules péri- cycliques qui lui sont superposées. En dedans des deux cel- lüles hhériennes, il se différencie successivement de dehors en dedans, el, directement, aux dépens de cellules déjà formées lors de l'apparition du premier tube, des tubes criblés, au nombre de six en moyenne, qui sont d’aulant plus larges qu'ils sont plus internes ; la forme générale du faisceau Hibé- rien complètement dévelop pé est assez allongée dans le sens du rayon. Corypha Gebança (lg. 30, pl. VI. —- La stèle est formée au début de cellules polygonales au milieu desquelles se distinguent très vite les cellules arrondies et larges qui doivent devenir les vaisseaux médullaires (v). L’assise externe de Ia stèle (p) a ses cellules un peu plus grandes que les autres cellules conjonclives el elle est simple dans loute son étendue. En dedans d’elle, la cellule mère du premier lube criblé se divise par une cloison, à la façon ordinaire, donnant naissance au premier tube criblé, mais Ta direction de la cloison est très variable, ce qui entraîne les différences de forme que présentent sur la même coupe les premiers tubes criblés, Chacun d’eux atteint sa différenciation maxi- mum dans la région de la racine où la coiffe a une épais- seur de qualre assises. En même temps que s'est formé le premier tube criblé (4), les deux cellules péricycliques quilui sont superposées se dédoublent par une cloison langen- helle.:de telle sorte que le -tube‘esl séparé de l'éndo- derme (e par deux assises, landis que sur le resle de son pourtour le péricycle reste simple. En dedans du premier tube criblé, il sé différencie successivement, de dehors en dedans, des tubes criblés a évoluent directement et dont le nombre variable peut s'élever à dix ; le faisceau libérien ainsi constitué à une forme allongée radialement, les tubes criblés situés dans la portion interne du faisceau ont un 364 GUSTAVE CHAUVEAUD. diamètre très large et sont superposés en file simple, tandis que ceux de la région moyenne du faisceau peuvent êlre accolés côle à côte au nombre de deux ou trois. Pinanga latisecta (Gg. 31, PL VIH). — La stèle est formée de nombreuses cellules petites et polygonales, au milieu desquelles on voit une dizaine d'éléments arrondis (») qui deviennent beaucoup plus larges que les autres et sont dis- posés en un cercle irrégulier plus près de la périphérie que du centre. Le péricyele simple d'abord présente des cel- lules plus grandes que les autres cellules du conjonctif et qui se rapprochent beaucoup par la forme des cellules de l’'endoderme. Le premier tube criblé naît par le cloisonnement de sa cellule mere et il acquiert sa différenciation maximum dans la région où la coiffe est réduile à une épaisseur de deux assises. Tantôt il n’y à qu'un seul premier Lube eri- blé par faisceau, tantôt il y en a deux et même trois el ces tubes peuvent être accolés l’un à l’autre ou séparés par une cellule lbérienne ayant une forme semblable à la leur. En dedans du premier tube, les cellules subissent par voie centripète une différenciation qui aboutit à la produclion de cimq à huit tubes criblés. A l’état adulte, le faisceau libé- rien ainsi formé prend un aspect cunéiforme à pointe interne et est entouré par le conjonlif qui se selérifie. JONCAGÉES. — Juncus balticus (Kg. 32, pl. VI). — La stèle est formée d’un grand nombre de cellules polygonales parmi lesquelles il en est plusieurs, disposées en cercle autour de la région centrale, qui s’arrondissent et grandissent beau- coup pour devenir les vaisseaux médullaires (»). En dedans du péricyele (p), à ce moment continu mais peu distinct par la forme de ses cellules des autres assises de la stèle, prend naissance le premier tube criblé qui est séparé de ses voisins par quelques cellules seulement, car le nombre des premiers lubes criblés et par suite des faisceaux Hibériens est très grand; il y en a trente-deux dans l’exemple choisi. Comme la direction de la cloison qui sépare le tube est va- MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 309 riable, 1l en résulte une diversité dans la forme et c’est sur- tout lors de sa différenciation maximum que ce tube criblé (6) est facile à étudier. En se différenciant ilaugmente de taille, et devient l'élément le plus large de tous ceux qui se trou- vent à la périphérie de la stèle. Il conserve d’ailleurs tou- Jours cette largeur, ainsi que cela a lieu dans les plantes où le premier tube eriblé est seul chargé d'assurer le {transport des matières élaborées. En effet, il ne se produit ici aucun autre tube criblé et le faisceau libérien est réduit à ce pre- mier tube criblé, mais on doit y raitacher les cellules qui entourent immédiatement ce tube et dont le nombre est des plus variables. Ce nombre est d’ailleurs en rapport avec la orme du tube criblé. Quand le tube est losangique, il y a deux cellules libériennes qui l'emboîtent symétriquement de part el d'autre sur sa moitié interne. Quand il est pentagonal, à chacune des faces externes correspond une cellule péri- cyclique, et à chacune des trois autres faces est appliquée une cellule, ce qui porte à trois le nombre des cellules libé- riennes. Enfin quand il est hexagonal, 1l y a quatre de ces cellules. Ces cellules Hbériennes sont beaucoup plus étroites que le tube et comme elles s’arrondissent avec l’âge, elles font saillie dans son intérieur, ce qui lui donne l'aspect d’un polygone curviligne. Les vaisseaux ligneux se différencient après le tube criblé, soil aux dépens de cellules péricycliques, soit aux dépens de cellules sous-péricycliques et, dans ce dernier cas, le péri- cycle demeure continu en face du bois, Quand la sclérification a envahi tout le conjonctif, les vaisseaux ne peuvent plus être distingués sur Îles coupes transversales, car leur paroi a même épaisseur el 1ls ont même forme que les cellules qui les entourent; seuls, les fais- ceaux libériens se détachent en clair sur le fond coloré des coupes. AtisMACÉES. — Sagittariu sagutifolia (sg. 33, ph VIH). — Dans la stèle les cellules qui entourent un vaisseau axile (») de très grand diamètre sont disposées en assises dont lin- 366 GUSTAVE CHAUVEAUR . terne et l’externe sont très régulières et ont leurs cellules allongées suivant le rayon, les assises intermédiaires au nombre de deux ou trois sont en voie de cloisonnement irréguher el leurs cellules sont plus peliles. En dix points équidistants apparaît le premier tube criblé qui ne peut êlre distingué que quand il commence à se différencier, car au début sa forme et sa taille sont semblables à celles des cel- lules qui lavoisinent. Le cloisonnement des assises moyennes qui s’est surlout localisé suivant des points correspondant aux faisceaux libériens a produit des îlots de petites cellules situés en dedans des premiers tubes criblés (4). Ces îlots dont l'aspect rappelle tout à fait celui du Hiber secondaire de beaucoup de plantes, donnent un mélange irrégulier de cel- lules libériennes et de tubes criblés qui évoluent ultérieu- rement. COMMÉLINACÉES. — Commelina communis (ig. 34, pl. VIH). -— Comme dans le Triglochin palustris, la stèle dès le débutest formée d’une cellule axile entourée par des cellules polygo- nales, mais ici 11 y a trois assises de ces cellules polygo- nales et l’externe est le péricycle (»). Pendant que la cellule axile s’arrondit et grossit pour devenir un vaisseau médul- laire (v), la cellule mère du premier tube criblé se divise par une cloison inclinée de 45° sur le plan diamétral ét donne un lube criblé dé forme losangique {{) qui s’intercale, vers l’ex- térieur, entre deux cellules péricvcliques et, vers l'intérieur, centre sa cellule sœur et une cellule voisine. Souvent la cloison est tangentielle et le tube criblé formé est pentagonal, ainsi sur la coupe figurée dans ce travail sur les cinq premiers tubes criblés, 11 y en a trois losangiques el deux de forme pentagonale. Quand ce premier tube criblé ({) a acquis sa différenciation maximum il perd peu à peu ses caractères, et plus lard la cellule placée en dedans de lui évolue directement en tube criblé (#). Ce second tube criblé est séparé du premier par les deux cellules libériennes quand le premier tube criblé est losangique, il est au con- traire aceolé au premier quand ce dernier est pentagonal. MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 307 Il peut se différencier plusieurs tubes eriblés côle à côte aux dépens des cellules déjà existantes, ce qui se rencontre sur- tout chez les grosses racines. PONTÉDÉRIACÉES. — Pontederia cordata (g.35, pl. VAI). — Très près du sommet de la racine la stèle présente des cellules polygonales au milieu desquelles se trouvent un ou plusieurs vaisseaux médullaires reconnaissables déjà à leur section arrondie et à leur grand diamètre. Tandis que les cellules qui les entourent ne se cloisonnent plus, les cellules de la périphérie se cloisonnent activement et les cloisons y sont dirigées soil tangentiellement, soitradialement, mais aucune cloison oblique ne peut être constatée. Le premier tube criblé naît par cloisonnement tangentiel de sa cellule mère, sa forme est pentagonale et il présente un angle externe intercalé entre deux cellules péricycliques et une face interne à laquelle est superposée sa cellule sœur. En acquérant sa différenciation maximum le tube criblé (4) grandit el dépasse en diamètre les éléments situés en dedans de lui. En grandissant ainsi chaque tube refoule un peu les cellules voisines qui s’aplatissent, de telle sorte que lensem- ble prend l'aspect d’un canal sécréteur dont le tube seraitle canal, tandis que les cellules de bordure seraient représen- {ées par les trois cellules qui correspondent à ses faces laté- rales et interne. Cette bordure serait complélée, vers l'extérieur, par les deux cellules péricycliques dont la taille, assez grande d’abord, s est réduite peu à peu toutenreslant un peu plus grande que celle des précédentes. La cellule sœur du tube criblé est généralement la plus petite de ces cellules de bordure ; parfois même cette cellule sœur se distingue davantage, elle affecte une forme rectan- gulaire avec une lumière très étroite et se trouve recouverte, _ vers l’intérieur, par une cellule semblable aux deux autres cellules de bordure avec lesquelles elle forme une bordure - entourant à la fois le tube criblé et sa cellule sœur. L'accroissement continu de ce premier tube criblé nous fait prévoir que son fonelionnement persiste longtemps et en effet 308 GUSTAVE CHAUVEAUD. il ne se différencie ultérieurement d'aucun autre tube criblé. Le faisceau libérien est doncréduit chez cette plante à un large tube criblé entouré d'ordinaire par trois cellules libériennes dont la médiane est sa cellule sœur. En dehors du péricyele demeuré simple, l'endoderme con- serve ses parois minces, tandis que les quatre assises corti- cales superposées épaississent considérablement leur mem- brane et forment ensemble un anneau scléreux d’une grande régularité. Liciacées. — Seilla ttalica (fig. 36, pl.IX). — La stèle, en- core à l’élal de méristème, est formée de cellules semblables entre elles et différant peu des cellules endodermiques qui commencent à s'élargir; puis, l’assise péricyclique (p) accroît ses cellules et se détache assez nettement des autres cellules de la stèle qui secloisonnent çà et là dans toutes les directions. La cellule mère du premier tube criblé ne se distingue d'abord par aucune disposition spéciale. Le premier tube criblé ayant, dès l'origine, une forme assez variable mais qui ne diffère pas de celle des cellules voisines, on ne peut sûre- ment le reconnaître à ce moment et ce n’est que quand il commence à acquérir ses propriétés particulières qu'il peut être étudié. Fantôt ce tube criblé (f) est situé à l'intersection de deux cellules péricycliques et alors il est d'ordinaire de forme pentagonale, tantôt il est situé au milieu de la face interne d’une cellule péricyclique et il est rectangulaire: d’ailleurs en prenant les caractères de sa différenciation maximum, il tend à s’arrondir plus ou moins complètement. Pendant que se fait celte différenciation, la cellule centrale a beaucoup grandi, formant un vaisseau axile (v) de section circulaire; quelquefois il y a deux ou plusieurs cellules cen- trales qui se transforment ainsi en vaisseaux. Une ou deux des cellules placées en dedans du premier tube criblé se cloisonnent et les deux ou quatre cellules ré- sultant de leur division demeurent longtemps plus petites que les autres. Ce cloisonnement se fait dans des directions va- riées, mais fréquemment la cellule située au contact du premier MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 369 tube criblé prend une cloison tangentielle et ses deux cel- lules filles se trouvent en file radiale avec ce premier tube. De ces deux cellules filles la plus externe évolue d’abord en tube criblé, puis l’autre un peu plus tard évolue pareille- ment. Quand la cloison est dirigée suivant Le rayon, ces deux tubes criblés se trouvent placés côte à côte, ce qui se rencon- tre souvent. Enfin parfois, et cela tient surtout à la grosseur de la racine considérée, le nombre des tubes criblés peut s'élever à cinq par suite de la transformation de deux des cellules placées en dedans des précédentes et qui, en raison du développement centripète, se différencient en dernier lieu. Chaque faisceau libérien ainsi formé est séparé du faisceau ligneux voisin par une assise au moins de cellules conjonc- tives. À l’état adulte, Les tubes criblés ont un diamètre un peu inférieur à celui des cellules du conjonctif, leurs cloisons transverses sont les unes horizontales, les autres obliques et présentent des pores nombreux et uniformément répartis sur leur surface. Lilium tigrinum. — Sur une radicelle grêle, la stèle est formée au début de cellules grandes un peu serrées, disposées en deux ou trois assises irrégulières autour d’une cellule centrale beaucoup plus grande, et se cloisonnant çà et là en sens divers. Ces cellules, dont le nombre est peu élevé, sont entourées par l’assise péricyclique qui paraît au premier abord appartenir à l'écorce, car ses cellules ont la forme et la disposition des cellules qui les recouvrent et leur taille est double de celle des autres cellules de la stèle. Le premier tube criblé, qui naît à l'intersection de deux cellules péricy- cliques, est parfois losangique ; mais souvent la cloison qui lui donne naissance est langentielle, son angle interne est remplacé par une face el sa forme est pentagonale. Dans l'exemple choisi, 11 y a trois faisceaux libériens et entre la grande cellule axile et chaque premier tube criblé il y a deux cellules, tandis que dans les portions intermé- diaires il peut n’y avoir qu'une seule cellule très allongée radialement allant de cette cellule axile jusqu’au péricycle. ANN. SC. NAT. BOT. IV, 24 310 GUSTAVE CHAUVEAUD. Sur les trois premiers tubes criblés, un seul est losangique, les autres sont pentagonaux. Dans une racine plus grosse que la précédente, le nombre des faisceaux libériens est plus grand, mais le mode de for- mation des tubes criblés demeure le même. Le nombre des cellules du conjonctif est aussi beaucoup plus grand et, sous la coiffe, on voit déjà un certain nombre de ces cellules pren- dre des dimensions supérieures à celles de leurs voisines : ces grandes cellules plus ou moins espacées entre elles re- présentent la grande cellule axile de la petite racine. Ces grandes cellules se différencient plus tard en vaisseaux et, rejoignant alors les faisceaux ligneux, ils donneront à ces derniers la forme en V. La différenciation des tubes eriblés se fait par voie centripète, la cellule qui touche la face in- terne du premier tube criblé évolue à son tour directement en tube criblé, puis la cellule située en dedans de ce dernier évolue pareillement, une ou deux des cellules placées de part el d'autre de celle file radiale se transforment aussi en tubes criblés, ce qui donne un îlot compact formé exclusive- ment de tubes criblés accolés les uns aux aulres, mais cet ilot est toujours un peu allongé dans le sens radial. Quant au nombre de ses éléments, il dépend de la racine considérée, variant avec son diamètre. Les cloisons des tubes criblés _ sont d'ordinaire plus ou moins obliques etondulées, rarement horizontales. Veratrum viride (fig. 37, pl. IX). — Le péricycle est sim- pie, et dans la région moyenne de la sièle, une dizaine de cellules (v) rondes prennent très vite un diamètre beaucoup plus grand que celui des cellules polygonales qui les entou- rent et qui se divisent çà et là irrégulièrement. Au niveau de la base de la coiffe apparaît le premier tube criblé qui est quelquefois losangique el se reconnaît alors dès le début. Mais la cloison qui lui donne naissance est peu constante dans sa direclion, aussi très souvent le premier tube formé est pentagonal et les cellules qui lui sont accolées latérale- ment ne le recouvrent pas vers l’intérieur, comme cela a MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 371 lieu dans le cas précédent. Quelque temps après que ce pre- mier tube ({) a acquis sa différenciation maximum, la cellule située en dedans de lui évolue directement en tube criblé. Ce nouveau tube criblé touche la face interne du premier, quand celui-ci est penlagonal, mais quand il est losangique les deux tubes sont séparés l’un de l’autre par les deux cel- lules libériennes qui emboîtent vers l’intérieur le premier tube criblé. Il se fait par voie centripète une différencialion des deux ou trois cellules superposées en dedans du premier tube criblé et cette différenciation porte aussi sur les cellules qui les touchent de part et d'autre, de telle sorte que l’on aun îlot formé de quatre à huit tubes criblés. Ces tubes criblés en se différenciant acquièrent un diamètre supérieur à celui du premier tube qui devient de moins en moins distinct; ils sont de forme à peu près semblable et restent accolés les uns aux autres sans interposition d'aucun autre élément. Colchicum byzantinum (fig. 38, pl. IX).— La stèleest d’abord homogène, mais très rapidement les cellules centrales pren- nent un accroissement supérieur à celui de leurs voisines; il y à ainsi trois ou quatre cellules irrégulièrement groupées au centre et plus ou moins complètement accolées entre elles. Quelquefois l’une d'elles est complètement axile (v)et les autres au nombre de quatre, le plus souvent, sont dispo- sées autour d’elle en rayonnant, indiquant la direction des futurs faisceaux ligneux. L’assise péricyclique(p) devient dis- lincte aussi de très bonne heure, car ses cellules grandissent plus que les autres et ont une lendance très marquée à ac- croître leur largeur, mais comme les cellules endodermi- ques (e) sont encore plus larges, la limite entre l'écorce et la stèle est très nette. C’est sous la coiffe, à la hauteur où elle est réduite à deux assises d'épaisseur, que le premier tube criblé (#) acquiert sa différenciation maximum. Chaque tube à d'ordinaire une forme pentagonale avec un angle externe intercalé entre deux cellules péricycliques. Quand il est superposé au milieu de la face interne d’une cellule péricyclique, ce tube peut 312 GUSTAVE CHAUVEAUD. présenter aussi une face interne et prendre la forme rectan- gulaire. Un peu avant que se fasse sa différenciation maxi- mum, les cellules situées au contact de ce lube se cloison- nent, celles qui le touchent latéralement se cloisonnent radialement, celles qui touchent sa face interne prennent une cloison tangentielle ou un peu oblique; d’autres fois ces cellules ne paraissent pas se cloisonner, de telle sorte que les tubes criblés qui se différencient ultérieurement se forment de façons diverses. AMARYLLIDACÉES. — Narcissus poeticus (fig. 39, pl. IX). — On trouve souvent sur les bulbes de cette plante des racines de deux sortes : les unes jeunes, courtes, à extrémité lisse et unie, qui sont en voie de croissance active, les autres plus ou moins longues à extrémité verruqueuse et comme rabou- grie, de couleur brun rougeâtre, qui ont achevé leur crois- sance. Chez ces dernières la différenciation des vaisseaux du bois s’observe sous la coiffe dans une région où seuls les premiers tubes criblés présentent leur différencialion maxi- mum, tandis que chez les premières la lignification des vaisseaux du bois ne se produit qu’à une distance très grande du sommet, dans une région où les seconds tubes criblés sont eux-mêmes déjà complètement différenciés. Généralement aussi dans cette plante l'apparition des pre- miers lubes criblés n’est pas simultanée comme cela a lieu chez les Graminées, par exemple, mais l’un d'entre eux prend sur les autres une avance assez grande. | Au début, la stèle est constituée par une masse de cellules à peu près semblables et isodiamétriques se distinguant des cellules de l’endoderme légèrement aplaties. La cellule cen- trale grossit ensuile en prenant une section circulaire (v); les cellules qui l'entourent se cloisonnent çà et là irré- gulièrement, tandis que les cellules de l’assise péricy- clique (») grossissent davantage surtout dans le sens de la largeur, se rapprochant ainsi de l’aspect des cellules endo- dermiques (e). Alors apparaissent les premiers tubes criblés qui sont le plus souvent au nombre de quatre également MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 313 espacés. Quand la cloison qui détache le premier tube criblé est inclinée de quarante-cinq degrés sur le plan diamétral, le tube est de forme losangique ; il s’intercale par son angle externe entre les deux cellules péricycliques superposées et par son angle interne entre sa cellule sœur et la cel- lule voisine; mais presque toujours, la direction de la cloison est différente et le tube produit a une forme pen- tagonale semblable à celle des cellules qui le touchent et il est alors bien difficile de le distinguer de ces dernières. Ce n'est que quand il acquiert les caractères de sa différencia- tion maximum {{) qu'on peut le reconnaître à coup sûr. Il possède des cloisons transversales assez régulièrement hori- zontales qui présentent des pores très nombreux et très rapprochés disposés en une plage homogène. Un peu plus tard les caractères s’atténuent beaucoup et bientôt après, chez les racines en voie de croissance active, un second tube criblé se différencie à son tour. Ce second lube (f) provient directement de la cellule placée en dedans du premier tube criblé. Si ce premier tube présente une face interne, ce qui est fréquent, c'est contre cette face qu'il se trouve appliqué ; si le premier lube présente un angle interne, c’est sur cel angle qu'il se place ou bien sur l’une des faces qui y aboutit présentant alors une petite dévialion d’un côté ou de l’autre du rayon qui passe par l’axe du premier tube criblé. Quelquelois la cellule mère de ce second tube criblé se dédouble et l’on a deux tubes criblés accolés l’un à l’autre en dedans du premier. Plus tard encore, la cellule située en dedans du second tube criblé évolue à son tour directement pour donner un troisième tube criblé. Chacun de ces tubes criblés, après avoir acquis les caractères de différenciation maximum, perd peu à peu ces caractères. Le second et le troisième tubes criblés possèdent des cloisons transversales qui sont très souvent _obiiques. La forme de ces tubes n’est pas très constante, mais d'ordinaire elle est polygonale et avec l’âge elle tend à s’arrondir. 3174 GUSTAVE CHAUVEAUD. Nous avons vu que la cellule mère du second tube criblé se dédouble parfois, il en est ainsi de la cellule mère du troi- sième, mais le cas est plus rare. Enfin la cellule placée en dedans du troisième tube peut évoluer à son tour pour donner un quatrième tube criblé qui prolonge ainsi le fais- ceau libérien très loin vers le centre de la stèle, mais le fait ne s observe que dans les racines du plus gros diamètre. IRIDÉES. — Jrès Chamaeiris (Gig. 40, pl. IX). — La stèle est constituée par des cellules polygonales parmi lesquelles se voient plusieurs vaisseaux médullaires (v) irrégulièrement disséminés dans la région centrale. La cloison qui délache le premier tube criblé a une direction variable et ce tube a la forme et la taille des autres cellules; ce n'est que quand il alteint sa différenciation maximum qu'il est aisé à recon- naître (4. Pendant qu'il se différencie, les cellules de l’assise péricychique(p) grandissent un peu plus que les autres cellules du conjonctif et les cellules de l’endoderme (e) grossissent davantage encore, formant un anneau clair régulier. En dedans du premier tube criblé, il se différencie, par voie centripète, un certain nombre de tubes criblés qui évoluent directement et forment un îlot arrondi qui varie d’ailleurs avec la grosseur de la racine considérée. | HYDROCHARIDÉES. — Vallisneria spiralis (Gig. 41, pl. 1 — La stèle élroite se compose d’un petit nombre de cellules dont les périphériques sont polygonales, tandis qu’au centre il y a une ou plusieurs cellules arrondies. En des points Imégalement espacés de l’assise externe, une cellule qui est la cellule mère du premier tube criblé s’allonge radialement, puis se divise par une cloison tangentielle donnant, vers l'extérieur, un tube criblé et, vers l’intérieur, une cellule libérienne. Ce tube criblé (?) de forme régulièrement pentagonale est inter- calé, vers l'extérieur, entre deux cellules endodermiques, car ici comme dans le Vajas il n’y a pas de péricycle. La cellule libérienne (a) est de forme rectangulaire ou parfois pentago- nale. Il résulte de l’inégal espacement des cellules mères une sorte d'asymétrie dans la disposition des faisceaux libé- MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 319 riens; cest ainsi que trois de ces faisceaux (/,/,/) sont rappro- chés vers un côté de la racine, tandis que deux seulement (f.f") se trouvent du côté opposé. Il ne se développe aucun autre élément criblé, le faisceau est réduit à ce premier tube criblé et à sa cellule sœur. Hydrocharis Morsus-ranae (fig. 42, 43 et 44, pl. IX). — Dans cetle plante, le développement des premiers tubes criblés ne se fait pas simultanément, comme cela a lieu dans la généralité des cas que nous avons étudiés, mais successive- ment, ainsi que nous l'avons indiqué ailleurs (1). Au début, la stèle est formée de cellules polygonales et de deux cellules arrondies plus grandes, diamétralement opposées, qui, quoique situées au contact du péricycle, représentent les vaisseaux médullaires que nous trouvons d'ordinaire déjà différenciés. La cellule mère du premier tube criblé est située à égale distance de ces deux vaisseaux : elle se divise par une cloison inclinée à quarante-cinq degrés sur le plan diamétral pour donner un tube criblé de forme losangique, qui s intercale entre les deux cellules péricycliques super- posées vers l'extérieur et entre sa cellule sœur et une cellule voisine vers l'intérieur. Ce premier tube eriblé acquiert sa différenciation maximum, puis un autre premier tube criblé se forme de la même façon, et, plus tard encore, un nouveau tube semblable aux deux précédents prend naissance. De part et d'autre de chacun de ces trois premiers tubes criblés, il se différencie ultérieurement un autre tube cri- blé, ce qui porte à neuf le nombre des tubes criblés déve- loppés au contact du péricycle, par conséquent méritant le nom de premiers tubes criblés, tel que nous l'avons em- ployé pour les autres plantes. Il faut considérer ces tubes criblés comme constituant autant de faisceaux libériens, pour des raisons que nous avons exposées avec détails (2), \ avec cetle réserve que le nombre des tubes et par consé- (1) Sur la structure de la racine de l'Hydrocharis Morsus-ranae (Revue gén. de bot., t. IX, p. 300, 1897). (2); Loc. cit. 310 GUSTAVE CHAUVEAUD. quent celui des faisceaux libériens peut varier plus ou moins. En dedans de ces premiers tuhes criblés, 1l se fait çà et là dans le conjonctif des tubes criblés qui se difté- rencient plus tard, mais sont sans rapport avec les préce- dents et constituent des formations analogues à celles que l’on trouve chez certaines Aroïdées telles que le Monster deliciosa, par exemple. Parmi ces tubes criblés médullaires, il en est un souvent plus large que les autres qui d'ordinaire occupe l’axe de la moelle. Si l’on voulait rattacher, malgré les raisons que nous avons indiquées (1), ces tubes criblés médullaires aux pre- miers tubes criblés, et admettre l'existence de trois fais- ceaux libériens seulement, il faudrait signaler ce fait unique jusqu'ici de faisceaux libériens se rejoignant au centre même de la racine. | Ces tubes criblés conservent pendant toute la durée de la racine une grosseur assez notable, à l'exception des pre- miers, qui sont quelquefois UT ou moins comprimés par les déne VOISINS. RÉSUMÉ. Les descriptions que nous venons de faire de ces diffé- rentes plantes concordent dans leurs traits essentiels, que nous pouvons résumer ainsi : 1° Dans toutes les racines de Monocotylédones que nous avons étudiées, il se forme des premiers tubes criblés qui peuvent être suppléés par d’autres tubes criblés ou bien subsister seuls. 2° Ces premiers tubes criblés se forment par le cloison- nement d’une cellule mère, qui donne le tube criblé et sa cellule sœur. À. Quand la cloison qui divise la cellule mère est inclinée de quarante-cinq degrés sur le plan diamétral passant par (1) Loc. cit. MODE DE FORMATION DES TUBES CRIBLÉS. 11 l’axe du tube criblé, ce dernier prend une forme losangique tout à fait caractéristique (Graminées, Cypéracées, etc.) B. Quand la cloison de séparation est tangentielle, le tube criblé est pentagonal et il est superposé à sa cellule sœur de façon très régulière (Vayas, Potamogeton, Valls- neria, etc. C. Enfin quand cette cloison est orientée différemment, le premier tube criblé détaché ne prend aucun aspect spécial, et on ne peut le reconnaître sûrement que quand il acquiert sa différenciation maximum (Acorus, Pinanga, Lris, etc.). 3° Quana le premier tube criblé est suppléé par d’autres tubes criblés, ces derniers se différencient d'ordinaire directement aux dépens des cellules déjà formées. A. [n’y a qu’un seul de ces tubes criblés directs ( Troti- cum, Avena, elc.). B. Il y a plusieurs tubes criblés directs. a. Toutes les cellules composant l'îlot libérien évoluent ainsi en tubes criblés (Zea Mais, Scilla italica, Narcissus poelicus, etc.). b, Un certain nombre des cellules composant l’ilot libérien évoluent en tubes criblés, les autres demeurent à l’élat de cellules libériennes (Anthurium cristallinum, Monstera deh- ciosa, elc.). 4° Les premiers tubes criblés ne sont suppléés par aucun autre. A. Le faisceau libérien est réduit au premier tube criblé et aux cellules qui l’emboîtent immédiatement au nombre de deux à quatre (Juncus balticus, Pontederia cordata, Hydro- charis Morsus-ranae). B. Le faisceau libérien est réduit au premier tube criblé et à sa cellule sœur (Najas, Potamogeton, Vallisneria). EXPLICATION DES PLANCHES Toutes les figures représentent des coupes transversales de la racine; à l'exception des figures 3 et 44, elles correspondent à des coupes faites au voisinage du sommet, dans la région encore recouverte par la coiffe. Pour ménager l’espace et simplifier le travail de gravure, l'écorce a été représentée seulement par l’endoderme. Aucune marque conventionnelle n'a été adoptée; la paroi des tubes criblés a été indiquée telle qu’on l’obtient par la photographie après la coloration par le brun Bismarck. Dans toutes les figures, les mêmes lettres ont la même signification : e, endoderme ; p, péricycle; t, premier tube criblé ou tube criblé direct; a, cellule sœur du premier tube criblé; a’, cellule libérienne ; t’, second tube criblé ou tube criblé indirect; v, vaisseau médullaire ; V, vaisseau du bois. PLANCHE IV Fig. 4. Triticum sativum. — État très jeune. c, cloison récemment formée, séparant le premier tube criblé ({ ) de sä cellule sœur (a). Fig. 2. — État un peu plus avancé que le précédent, la coupe passe à un millimètre du sommet; le premier tube criblé (t) se montre intercalé également entre la cellule a" et sa cellule sœur (a), et sa paroi a acquis sa différenciation maximum. Fig. 3. — État plus avancé encore, la coupe passe à plusieurs donnes du sommet ; le second tube criblé (4) a acquis sa différenciation maxi- mum ; ({”, tube criblé résultant du dédoublement de la cellule mère du second tube criblé (f’)}. V’, vaisseau d’origine péricyclique. Fig. 4. Brachypodium bipinnatum. — Le péricycle » est formé de cellules longues en face des tubes criblés ({) et de cellules courtes disposées sur plusieurs assises en face des faisceaux ligneux. Fig. 5. Melica nutans. — Le péricycle (p) est dédoublé en face des faisceaux libériens et des faisceaux ligneux. Fig. 6. Lasiagrostis splendens. — Les deux faisceaux libériens indiqués par les tubes criblés ({) sont séparés par une seule cellule de conjonctif (c). PLANCHE V Fig. 7. Kœleria setacea. — Les vaisseaux médullaires (v), assez nombreux, sont éloignés du centre et irrégulièrement espacés. EXPLICATION DES PLANCHES. 319 Fig. 8. Zea Maïs. — Une moitié seulement de la coupe a été figurée. Le péri- cycle (p) est dédoublé cà et là. En dedans de chaque premier tube criblé (£) se trouve un groupe de quatre à huit cellules (c) qui évolueront en autant de tubes criblés directs. Fig. 9. Baldingera arundinacea. — La racine figurée était de faible diamètre, aussi le nombre des vaisseaux médullaires {(v) est de deux seulement; le péricycle (p) est encore simple dans toute son étendue. Fig. 10. Hierochloa borealis. — Le péricycle (p) se dédouble cà et là en face - des futurs faisceaux ligneux. Fig. 11. Milium effusum. — Le péricycle est irrégulièrement dédoublé jen face des futurs faisceaux ligneux; il y a aussi un dédoublement des cellules libériennes (a) qui augmente le nombre des éléments composant le faisceau libérien. Fig. 12. Sorghum saccharatum. — Le péricycle (p) est déjà presque com- . plètement dédoublé. PLANCHE VE Fig. 13. Calamagrostis canadensis. — Le péricycle est dédoublé seulement en face des futurs faisceaux ligneux. Fig. 14. Heleocharis palustris. — L'assise sus-endodermique (s) est repré- sentée. L’endoderme (e) a ses cellules peu différentes des cellules péri- cycliques. Fig. 15. Heleocharis palustris. — État un peu plus avancé que le précédent. Les deux cellules libériennes (a) montrent une différenciation de leur paroi comparable à celle du premier tube criblé (ft). L’endoderme (e) a ses cellules très allongées ; s, assise sus-endodermique. Fig. 16. Eriophorum vaginatum. — Un seul premier tube criblé (f) est losan- gique, les autres sont pentagonaux, et parmi ceux-ci les deux situés au bas de la figure sont superposés à leur cellule sœur (a'), qui est petite et rectangulaire. Fig. 17. Schænus nigricans. — La forme du premier tube criblé ({) est assez variable ; quand il estlosangique, la disposilion des divers éléments (a,a',t') du faisceau libérien est très régulière. Fig. 18. Carex ligerine. — En deux points différents, deux premiers tubes criblés ne sont séparés l’un de l’autre que par une cellule libérienne. Fig. 19. Carex ligerine. — État un peu plus avancé que le précédent; le second tube criblé (f') commence à se différencier et la cellule sœur du premier tube criblé (a') présente une modification de sa paroi comparable à celle du tube criblé. PLANCHE VII Fig. 20. Najas minor. — $, assise sus-endodermique. Fig. 21. Najas minor. — Cette figure représente un état un peu plus avancé que le précédent pris sur une racine plus grosse. s, assise sus-endoder- mique. Fig. 22. Potamogeton natans. — s, assise sus-endodermique. Fig. 23. Calla palustris. — Les grands vaisseaux primitivement développés (v) correspondent par le nombre et la situation aux futurs faisceaux du bois. 380 GUSTAVE CHAUVEAUD. Fig. 24. Monstera deliciosa. — En dedans des premiers tubes criblés placés au contact du péricycle, on voit plusieurs tubes criblés directs (T), situés dans la moelle et entourés d’une gaine de petites cellules (c). Fig. 25. Dieffenbachia costata. — En quatre régions correspondant à autant de faisceaux libériens, on voit deux premiers tubes criblés (f) séparés par une cellule libérienne. Fig. 26. Acorus gramineus. — Le nombre des premiers tubes criblés (ft) correspondant à chaque faisceau est variable. En dedans de ces tubes criblés se voient des ilots de cellules plus petites que les autres qui évo- lueront les unes en tubes criblés directs, les autres en cellules libé- riennes. Fig. 27. Sparganium simplez. — Le premier tube criblé, rarement losan- gique (é), est d'ordinaire pentagonal. Fig. 28. Pandanus furcatus. — f, faisceau libérien étroit n’ayant qu'un seul tube criblé au contact du péricycle; f”, faisceau libérien large ayant deux, trois ou quatre tubes criblés au contact du péricycle. T, tube criblé médullaire entouré de sa gaine de petites cellules (c), mais non encore différencié. PLANCHE VII Fig. 29. Triglochin palustris. — L’endoderme (e) est en voie de dédouble- ment, mais 11 n’y à pas de péricycle. Fig. 30. Corypha Gebanga. — Le péricycle (p) se dédouble en face des tubes criblés. Fig. 31. Pinanga latisecta. — f, faisceau libérien étroit n'ayant qu’un seul tube criblé au contact du péricycle; f”, faisceau libérien large ayant plu- sieurs tubes criblés accolés au péricycle. Fig. 32. Juncus balticus. — Les tubes criblés sont de forme très variable, mais toujours bien distincts. Fig. 33. Sagittaria sagittifolia. — La figure montre l’assise sus-endoder- mique dont les cellules sont exactement superposées à celles de l’endo- derme, c'est un excellent exemple pour montrer la disposition en séries radiales des cellules de l’écorce interne. Fig. 34. Commelina communis. — Le second tube criblé (f) est séparé du premier tube (t) par les cellules libériennes (a), quand le premier tube est losangique; il est accolé à ce premier tube quand celui-ci est penta- gonal. Fig. 35. Pontederia cordata. — Chaque tube criblé (t) est entouré vers l’infé- rieur par sa cellule sœur («') et deux cellules libériennes (a). PLANCHE IX Fig. 36. Scilla italica. — Les vaisseaux médullaires (v) se relient plus tard directement aux autres vaisseaux des faisceaux du bois. Fig. 37. Veratrum viride. — Les vaisseaux médullaires (v) correspondent par le nombre et la situation aux faisceaux du bois. Fig. 38. Colchicum byzantinum. — Les faisceaux du bois composés de deux ou trois vaisseaux s'appuient directement sur le vaisseau axile (v). Fig. 39. Narcissus poeticus. — Disposition des faisceaux du bois par rapport au vaisseau axile (v), semblable à la précédente. EXPLICATION DES PLANCHES. 381 Fig. 40. Iris Chamaeiris. — Les tubes criblés (t) ont une forme variable peu différente de celle des cellules voisines. Fig. 41. Vallisneria spiralis. — Pas de péricycle; Les faisceaux libériens sont disposés asymétriquement ; trois d’entre eux (f) sont rapprochés d’un même côté, tandis que les deux autres (f”) sont écartés du côté opposé. Fig. 42. Hydrocharis Morsus-ranae. — Etat très jeune, il n’y a que deux premiers tubes criblés (t) différenciés. Fig. 43. Hydrocharis Morsus-ranae. — Etat un peu plus avancé que le précé- dent, trois premiers tubes criblés (t) sont différenciés. Fig. 44. Hydrocharis Morsus-ranae. — État plus avancé encore, montrant un plus grand nombre de tubes criblés différenciés (t). TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME Recherches sur la maturation des fruits charnus, par M. C. Gerber. 1 Sur deux Floridées nouvelles pour la Flore des Canaries, par MIE N-KRarsa Ko" 7 eut OR Re CR 0 ee 281 Contribution à la flore algologique des Canaries, par M'e A, Vickers. 293 Recherches sur le mode de formation des tubes criblés dans la racine des Monocotylédones, par M. G. Chauveaud...................... 307 FABLE DES ARTICLES PAR NOMS D'AUTEURS CHAUVEAUD (G.). -- Recherches | Karsakorr (Me N.). — Sur sur le mode de formation deux Floridées nouvelles des tubes criblés dans la pour la Flore des Canaries. 281 racine des Monocotylédones. 307 | Vicxers (M'ie A.) — Contribu- GERBER (C.). — Recherches sur tion à la flore algologique la maturation des fruits désiCanaries rene 293 ChAENUS A SUR ee de R il TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS CE VOLUME Planches I et Il. — Appareils pour l’étude de la maturation des fruits, Planche II. — Vickersia canariensis. Planches IV à IX. — Formation des tubes criblés dans la racine des Monocotylédones. ne ee ur, Corpeiz. Imprimerie En. CRÉré. SD hoUuoIÎ NT yrT "SAMOYPH 9) Ÿ UOSSEI EDRUE TT 1 ï > ‘SYINAF S9D SA) SOp ‘Sjmay sop uonedidsor e1 mod joreddyr Ta Q uogvorruodes vj anod posveddy — 2 Gi ITALIE ALLAN JG TOU TUOLIS SO UUET ON A qe Se in SUD hOUAL/NGT 47 “SANO PA {Su ) D UOSSUN DS 0110] "4 ‘soumyed symar Ssoy aed © ZUO S9] SUPP DUYHOUPAU | OP OU9d0g00o4 ef mod poreddy — D DS [@) [a [æ) É DNS “PABIU SFJSAIOÏBUG HO S NP uonedidsou 4 N / SN Cl EN | vpanod proueddy — } St TI AI OU, 704 OU J9 FOU OUNOS op YUUF {limely ve, . Le Bot. Tome 4,1 L:3 RS 05 DS e) D erce Je e ze. nat. 6 cre > del, rs ‘ N Karsako Vrn os. ol > CTSUR CARNAIUCTS CS | 274 We Zmp,Zemererer et CE Paris LEE Bot. Tome V7 PI. Z. Ann.des Sctenc. nat. 8° Serre. EX RE CA D (2 x | | N Besnard se. Masson et C® Editeurs. G Chaupeaud phot. Znp'S Lemercier, Paris. Bot. Tome IV FA. 5. ee ser SA - é | it FE RENE ë © ESS ee os CESR RL SERRE RÉF : . Desrard Sc. An. des Scienc. nat. 8° Serie. Z dit eurs. Masson et CE _G Chauveaud phot. Lem erccer, faris. r es {mp = _Ann.des Scienc. nat. 8? Serre. Bot. Tome 1. PI. 6. . LEE Snare Ne ent) © GChauveaud phot.. Masson et'C® Zditeurs. Besnard sc. Znp'#S Zemercter, Paris. Ari. des Scienc. nat. 82 Serte. Pot. Tome IV PI. 7 è d [ _& 2. PASNÈNEUTD se | REY NL PEN RE ET EE AS (9 - TL . % . Mouse Fee Com a RE LORS CPAS 7 SR 4 Th N Ed P LEE 27 NS e nue 0e È SR ivS USE G Chauveaud phot. Masson et CE Editeurs. Besnard se. Znp'# Lemercter, Paris. Pr UE du ne Bot. Tome !. PL S. Ann.des Scienc. nat. d° Serie. Ss HS $ SU + fl Fr a, use nE [N 7 S\ a KR & 2e HA RAR. f RRREE ST He " : RQ Er RE . 2220 as EX PETER ER a. E HE me D | CNE DD AU, —] SR ET A À LU RENE HR} NA ùR O D: CA Es CS ae DRE + Er °s e: RÉ XD ee DA & 2 Sa TA AR RER FRE ST RER MERE CRT RSS. RES 10 (1 7) RES : li ER LOTS SL 2 NES D ee 2 nee KT ) (eN AE as TRS RAI ERA 12 MONT" #3 Fa Soon CE Vas : | 1e Besnard sc. Masson et CE Editeurs. Znp'$ Lemercter, Paris. Ke Chauveaud phot. he us fr } fo URE TE RERNTS Érate Nu, MATE "à ANT oui Ji NL ee) s : de : nu ee ZEN he AR ES ER il Ann. des Sctenc. nat. © Serce. Bot. Tome IV PI. 9. CN de se Ê > Ê ES, IE) 2? Par: 2S A CChanpeaud phot. Masson et CE Editeurs. Besnard sc. Zmp'% Zemercier, Paris. RTE de Re MASON ET C* ÉDITEURS HA Libraires de l'Académie de Médecine | 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 1920, A PARIS Vient de paraître: ELEMENTS DE BOTANIQUE ie Par PH. Van TIEGHEM MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR AU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE TROISIÈME ÉDITION, REVUE ET AUGMENTÉE 2 volumes 1n-16 comprenant ensemble 1170 pages et 580 figures intercalées dans le texte, cartonnés toile. .................. ne Lire L'auteur a fait naturellement tous ses efforts pour mettre cette nouvelle édition au courant de tous les progrès accomplis en Botanique depuis l’année 1893, date de _ l'achèvement de la deuxième édition. Ces progrès ont intéressé d’une part la Mor- phologie et la Physiologie des plantes, c’est-à-dire la Botanique générale, traitée dans _ le premier volume, de l’autre l'Histoire des familles végétales, c’est-à-dire la Bota- nique spéciale, qui fait l’objet du second volume. De là, dans le premier volume, toute une série de modifications et d’additions, portant notamment sur la structure de la racine, de la tige et de la feuille, sur la- formation de l'œuf, etc., qui l’ont augmenté d'environ cinquante pages avec les figures correspondantes. De là, surtout dans le second volume un remaniement complet de la classification des Phanérogames _ où une place a dû être faite au groupe nouveau des inséminées avec ses cinq ordres et ses trente-neuf familles, remaniement qui a nécessité une addition de cent pages, avecles figures correspondantes. C'est, en somme, une augmentation de cent cinquante . pages qui, jointe à de nombreuses corrections et modifications de détail, fait de cette . édition un ouvrage véritablement nouveau. LR TS TL TTL PTT LT LITE RTE TS Vient de paraître : PRECIS DE : PROFESSEUR D HISTOIRE NATURELLE MÉDICALE À L'ÉCOLE DE PLEIN EXERCICE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE D'ALCER DEUXIÈME ÉDITION, ENTIÈREMENT REFONDUE … À vol. in 8° de 740 pages avec 954 figures dans le texte. ........ 8 fr. L'étude des végétaux, faite en vue d’en retirer les données applicables à la méde- _ cine, constitue la botanique médicale, science bien ancienne, née # ec la médecine des temps prunitifs et qui est depuis longtemrs et reste la principals source où puise _ la thérapeutique : d'un autre côté, par là bactériologie, elle devient la base de la pathogénie. ae : . Dans ce petit volume, l’auteur s’est efforcé de condenser les notions de botanique médicale indispensables au médecin comme au pharmacien. Eliminant toutes les obscurités et les longueurs, il a cherché à accumuler dans ces quelques pages des Je renseignements précis et pratiques. Il est bien difficile de séparer le botanique médi- _ cale de la matière médicale; aussi l’auteur n'’a-t-il pas hésité à citer les principales drogues d'un usage courant, après avoir donné les caractères des plantes qui les fournissent. Un grand nombre de figures (954) accompagnent et facilitent les des- _criptions en permettant d'analyser les caractères des plantes et de vérifier les détails de leur organisation. TABLE DES MATIÈRE: ; Sur les Buxacées, par M. Ps. Van Tieonen Ha à _ Rd ge TE ju 2 la transformation de 1 aubier en bois partit dans les Chènes rOU- vre et pédonculé, par M. E. MeR...,,....... 0.2... RE AU à ® o ta ne (e nt sa DA ET le ME à a À NN LS Fa. PE PR FA à PER FOR PEL PR EPS "@ PA LPS LR PRE PSC LS CL ECS 2 #. . (2 AE AU: PSFE NP LA ANR PAP: ENS NS Ar A © pie Dre hé me nee euh D mini Gérant cor