PT nn) Ére Ls | ) € | . "? L] | tira ñ 4] | œ@ PA NN ARMES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, PAR LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. TOME HUITIÈME. LIBRARY NEW YORK JQTANICAL GARDEN. À PARIS, cHez TOURNEISEN rirs, LIBRAIRE , RUE DE SEINE, FAUBOURG SAINT-GERMAIN : N. 12. 1806. NOMS DES PROFESSEURS. Messieurs , HAUV SN ON SE ANTineralorie. FauJas-SAINT-FoND . Géologie, ou Histoire naturelle du globe. FourcroY. . . . . Chimie générale. VAUQUELIN . . . . Chimie des Arts. F DESFONTAINES . . . Botanique au Muséum. À. L. Jussieu . . . Botanique à la campagne. A. THouIN . . . . (Cultureet naturalisation des végétaur. GEOFFROY.-ST.-HILAIRE. Mammifères et oiseaux . . . - LAcÉPÈDE. . . ... Reptiles et poissons. . . . . . ,? Zoologie LAMARCk. . . . . Insectes, coquilles, madrépores, etc. . PORTAL . . , . . Anatomie de l’homme. CUVIER « . . +. +. Anatomie des animaux. VANSPAENDONCK . . Iconographie, ou l’art de dessiner et de peindre Ise productions de la nature. ET L 5 1910 SUR LES ÉLEPHANS à. VIVANS ET FOSSILES. PAST Gi CG OV L'ER Les ossemens fossiles d'éléphans sont ceux qui ont éveillé, les premiers, et le plus généralement soutenu l’attention des ob- servateurs, et même du vulgaire. Leur énorme masse les a fait remarquer et recueillir partout; leur abondance extrême dans tous les climats, même dans ceux où espèce ne pourroit sub- ‘sister aujourd'hui , a frappé d’étonnement , et a fait imaginer une infinité d’hypothèses pour l’expliquer : mais il s’en faut bien qu’on ait mis autant d'activité à déterminer les conditions et la nature du problème, qu'on a fait d’efforts pour le ré- soudre; et peut-être cette négligence dans la fixation des bases et des termes même de la question a-t-elle été une des causes qui ont rendu si malheureuses la plupart de ses solutions. Je veux dire qu'on ne s'est occupé que fort tard de beau- coup de questions partielles , auxquelles il auroit fallu pouvoir répondre avant d'essayer ses forces sur ce grand problème. Nos éléphans actuels sont-ils tous de la même espèce? En supposant qu'il y en ait plusieurs, les éléphans fossiles des dif- rens pays sont-ils indistinctement de lune et de l’autre ? ou bien sont-ils aussi répartis en divers pays selon leurs espèces ? ou ne seroient-ils pas d'espèces différentes et perdues, etc. ? Ïl est évident qu'on ne pouvoit rien dire de démontrable sur le problèine, avant d'avoir résolu toutes ces questions pré- 8. n LIBRARY NEW YORK BOTANIC A ; GARDEN. 2 ANNALES D'U'MUSÉ Um liminaires; et cependant à peine a-t-on encore les élémens né- cessaires à la solution de quelques-unes. Les ostéelogies d’éléphant publiées jusqu'à présent sont si peu détaillées, qu'on ne pourroit encore aujourd'hui dire de plusieurs si elles viennent de lan ou de lautre de nos élé- phans vivans; et sur cette innombrable quantité d’ossemens fossiles dont tant d'auteurs ont parlé , à peine a-t-on obtenu des figures passables de deux ou trois. Daubenton qui avoit un squelette d'Afrique sous les yeux, ne $'aperçcut point des énormes différences de ses molaires avec les molaires fossiles ;, et il confondit un fémur fossile de Fanumal de l'Ohio avec celui de l'éléphant. Les comparaisons faites par T'entzelius , par Pallas et par tant d’autres, des os fossiles aux os frais, ne furent jamais exprimées qu’en termes généraux , et ne furent accompagnées ni de ces figures exactes, ni de ces mesures ri- goureuses, ni de ces détails abondans que des recherches aussi importantes exigent nécessairement. Je n’ai même pu me dispenser de donner ici une nouvelle planche du squelette entier de l'éléphant des Jndes. En effet, la figare publiée par Allen Moulin (1) ,copiée dans l £léphan- tographie d'Hartenfels, dans l Æmphitheatrum zootomicum de Falentin et ailleurs, est si mauvaise, qu'on ne peut y rien distinguer de préeis, pas même l'espèce dont elle provient. Celle de Patrice Blair (2) appartient, il est vrai, à l'espèce des fndes ; mais, outre qu’elle est faite d’après un jeune individu dont les-épiphyses n'étoient pas soudées, elle est très-mal des- ° (1) Anatom ical Account of the elephant accidentally burnt in Dublin, etc. Lond, 1682 ,72 pag. 4.° cum 2 tab. (2) Transact. phil., tome 27 , n° 326, juim:710, pl. EL. D'HISTOIRE NATURELLE, 5 sinée. On y a placé les omoplates à rebours; on a donné six doigts au pied gauche de devant, et quatre seulement à ceux de derrière, etc. Celles de Perrault (1) et de Daubenton(2), faites une et l'autre sur un squeletie que nous conservons encore, appar- tiennent à l'espèce d'Afrique. La première est assez bonne, mais-la tête y est représentée trop petite. La seconde est au plus médiocre. Celle de Carnper (3) est bien ,comme celle de Blair ,de l’es- pèce des Indes ; mais, quoique mieux dessinée que les autres, elle est faite d’après un très-jeune individu qui n’avoit pas ac- quis toutes ses formes, et auquel on n’avoit point enlevé ses ligamens. Ainsi lon verra, j'espère, avec plaisir la réduction d’un grand dessin que j'ai foit faire sous mes yeux avec beaucoup de soin, par M. Juet, et qui entrera un jour dans l'anatomie dé- taillée de l'éléphant, que je prépare. On ne recevra pas non plus sans intérêt ce que je vais ex- traire de mes observations touchant la croissance des denis et leur structure. Ce que je dois en dire, tout nécessaire qu'il est pour l’histoire des fossiles, est encore d’une importance plus générale sous un autre rapport, pouvant éclaircir l’histoire des dents dans l’homme et dans les animaux, attendu que le volume des dents de l'éléphant rend fort visibles des choses assez diffi- ciles à distinguer dans les autres espèces. Mais, avant tout , je ferai , suivant mon usage, un exposé des (1) Mém. pour servir à l'Hist. des An. ILL® partie, pk 23, Elle a paru en 1754. (2) Hist. nat. in-4. , tome XI, pl. IV. (5) Descrip. anat. d'unéléphant. A ANNALES DU MUSÉUM lieux où l’on a trouvé les ossemens fossiles de l’espèce qui fait le sujet principal de mes recherches actuelles. ARTICLE PREMIER. Exposé géographique des principaux lieux où l'on a trouvé des ossemens de l'éléphant fossile. ’ Vouloir rapporter ici tous les lieux où il s’est trouvé des ossemens fossiles d’éléphant seroit une entreprise infinie: it nous suffira de montrer que tous les pays et toutes les époques en ont offert. On en trouve des traces dès le temps des anciens. T'héo- phraste en parloit dans un ouvrage que nous n'avons plus; mais Pline nous a conservé son témoignage: « T'heophrastus au- » tor est, et ebur fossile candido et nigro colore inveniri, et » ossa é terrd nasct, invenirique lapides osseos , lib. XX XVI, » cap. XVIIE » Il est probable qu’on a pris souvent les os d’éléphans pour des os humains, et que ce sont eux qui ont occasionné toutes. ces prétendues découvertes de tombeaux de géans dont parle si souvent l'antiquité. De ce nombre étoient sans doute les ossemens découverts à T'égée, en creusant un puits, et qui formoient un corps de sept coudées de longueur qu'on prit pour celui d'Oreste (x) ; et ceux qu'on voyoit à Caprée, au rapport de Suétone , et qu'on regardoit comme des os de géans ou de héros (2). (1) Herod. lib. I, 6. LXVIX. (2) Suet. Aug. $. 72 2 D'HISTOIRE NATURELLE, 5 Quant aux relations de corps encore plus grands, conne celle du squelette de 46 coudées , mis au jour en Crète par un tremblement de terre, qu'on regarda comme celui d'Æntelle ou d'Otus (1) ; celle d’un autre de 6o coudées, déterré près Lingis en Mauritanie (2) lorsque Sertorius y comimandoit, et qu'on prit pour celui d’Antée, elles sont sans doute fort exagé- rées , ou bien elles avoient pour origine des ossemens de cétacés. Strabon qui rapporte la derfière , sur l'autorité de Gubinius , n'hésite pas à la regarder comme fabuleuse. Ces idées erronées, qui tenoient à une ignorance absolue de anatomie , durent se perpétuer pendant le moyen âge : aussi y est-il fait mention de plusieurs géans, et les descriptions de leurs os sont quelquefois tellement exagérées, qu'ils auroient été huit ou dix fois plus grands que ceux des plus grands éléphans , sil'on s’en rapportoit aux notices vagues, et souvent pleines de contradictions qu’on en donne. Mème apres que des idées plus saines: eurent dissipé ces chimères, on put croire que les éléphans dont on découvroit des os, avoient été enfouis par des honnmes. Ainsi, tant que ces découvertes se bornèrent à l'Italie et aux pays très-fré- quentés par les Macédoniens, les Carthaginois et les Ro- mains, On put croire en trouver d'assez bonnes explications dans la quantité prodigieuse d’éléphans que ces peuples ont possédée. On sait queles premiers Européens qui ayent eu des éléphans furent Alexandre ei ses Macédoniens, après la 2 (1) Plin. lib, VIT, cap. XVI. (2) Stab. Géogr. lib. XVII, ed. d’Amsterd, 1707, p. 1155. G ANNALES DU MUSÉUM défaite Ce Porus {1}, et qu'ils mirent des lors Aristote en état d'en donner d'excellentes notions ; après la mort d'Alexandre, ce fut Æntisonus qui en eut le plus (2). Les Séleucides (3) en entreünrent toujours, surtout depuis que $e/eucus Nicator.en eût reçu cinquante de Sandro-Cottus en échange d’un canton enüer des bords de lIndus (4. Pyrrhus en amena le premier en Îtalie, l'an de Rome 472 (5); et comme il étoit débarqué à T'arente , les Romains donnerent à ces animaux qui leur étoient inconnus, le nom de bœufs de Eucanie. Hs étoient en petitnombre , et Pyrrhus s’en étoit emparé sur Démétrius (6). Curius Dentatus en prit quatre de ceux de ?;rrhus,et les amena à Pome pour la cérémonie de son triomphe. Ce sont les pre- miers qu'on y ait vus; mais ils y devinrent bientôt en quelque sorte une chose commune. Metellus ayant vaincu les Carthagi- nois en Sicile, l'an 502 , fit conduire leurs éléphans à Rome sur des radeaux , au nombre de cent vingt, suivant $énèque , et de cent quarante-deux, suivant Pline (7), qui furent tous massacrés dausle cirque. Ænnibalen amena aussi avec luien Ttalie. C{audius | Pulcher en fitcombattre dans le cirque, en 655. Lucullus, vingt ans après , en montra combattant contre des taureaux. Pompée en fit voir vingt, selon line ; dix-huit, selon Dion Cassius (8); César, quarante , lors de son troisième consulat. Pompée en (1)Pausanias , Attic., lib. 1,ed. Hanov., p. 21. (2) Id, ib. (5) Plin. VITE, c, V. (4) Strab. lib. XV, p. 1054. (5) Plin. VIT, c. VI. (6) Pausan. loc. cit. (7) Plin. VI, e. VI (8) Dion. Cas. lib. XXXIX , ed. Han., p. 108. A. D'HISTOIRE NA EU REMAE 7 attela à son char lors de son triomphe d'Afrique (1). Germa- nicus en montra qui dansoient grossièrement (2). Ce fut sous AVéron (3), aux jeux qu'il donna en l'honneur de sa mère (4). qu'on en vit danser sur la corde, et faire mille tours d’adresse extraordimaires. Eten dit même expressément , à loccasien de ceux de Germanicus , que c’étoient des éléphans nés à Rome, que l’on dressoit ainsi; par conséquent ils y propageoient. « Cum Tiberii Cæsaris nepos Germanicus, gladiatorun » spectaculum edidit, plures jam grandes utriusque sexiis » elephanti Romæ erant, é quibus ali plerique generati ex- » tilerunt : quorum arius interea dum committebantur et con- » firmabantur , et membra infirma conglutinabantur, peritus » vir &d pertractandos eorum sensus animosque mirabili » quodam disciplinæ genere eos erudiebat. Ælian. de Anim. » hb. IT, cap. XL, trad. de Conrad Gesner. Columelle assure ce fait encore plus positivement : « Zndia » perhibetur molibus ferarum mirabilis, pares tamen in héäc » terr& ( Lalia ) vastitate beluas progenerari quis neget, » cüm inter mœntia nostra natos animadvertamus elephantes? » Col. De Rerust. lib. IE, cap. VIE , ed. Lips. , 1735 ,4° 471.» Si nos naturalistes eussent fait attention à ces deux passages, ils n’auroient pas ajouté foi si long-temps à l'impossibilité de faire produire léléphant en domesticité , et lon auroit peut- étre tenté plus tôt les essais qui viennent de réussir à M. Corse. Plusieurs des empereurs suivans eurent encore des éléphans; Gallien, entr’autres, en posséda dix. (:) Plin. lib. VIII, cap. IT. (2) Id. rb. (5) Id. ib. (4) Dion, Cassius , lib, LXT , edit. Hanov. , p. 697. D. S ANNALES DU MUSÉUM Ainsi, quoique l'Italie offre une grande quantité d’ossemens fossiles, on à pu long-temps en attribuer l’origine aux individus amenés par les hommes; peut-être même y en a-t-il en effet quelques-uns qui viennent de cette cause. Voici une indication des principaux endroits d'Italie où l’on en a trouvé; mais nous sommes bien éloignés de la regarder comme complète. La plus grande défense a été trouvée par MM. Zaroche- Jfoucauld et Desmarets auprès de Rome : elle avoit 10 pieds de long sur 8 pouces de diamètre , quoiqu’elle ne fût pas en- tière (1). Nous en possédons quatre morceaux au Muséum : ils sont fort altérés. On en avoit trouvé à Rome même dès 1664, en creusant à l’entrée du Vatican pour faire des fondations (2). Thomas Bartholin parle même de découvertes antérieures faites en cette ville (3), et il est probable quele corps d'£vandre, trouvé en 1041 où 1054 (4), n'étoit pas autre chose. Fortis cite une auire défense trouvée par hasard au sommet d'un vignoble, et quelques-unes , découvertes par le Fibre aux environs de Rome etde Tod5), M. Chartes-Eouis Morozzo représente une mächelière (6) trouvée en avril 1802 daus un vignoble, hors la porte del Popolo, avec beaucoup d’autres os et de fragmens d'ivoire. Boranmi parle de beaucoup de grands os , de dents et de inâchoires inféricures , déterrés de son temps près dun (1) Buff. Epoques de la Nat., notes justif. o. (2) Monconys, Voy.en lal., p. 446. (5) De Unicornu ,ed. de 1678, p. 569. (4) Dom Calmet, Diet. de la Bible, IT, 160. (5) Fortis, Mém. pour l'Hist. nat. d’Ital,, tome IT , p. 302. (6) Mémm. de la Socièté ital., \ome X, p. 162 , et Journ. de phys. LIV, p. 445. n°] D'HISTOIRE NATURELLE. 9 château nommé Guidi , sur la voie aurélienne , à 12 milles de Rome (1). Jér.-Amb. Langenmantel parle d’un fémur, d’une omoplate et de cinq vertèbres, trouvés près de Fitorchiano , au nord- est de V’iterbe, au bord de la vallée du Tibre (2). Il y en a aussi une dissertation par Chiampimi (3). Jacques Blancanus donne plusieurs morceaux d'ivoire, trouvés au Monte-Blancano , près de Bologne (4). Le val d’Arno sembleen fourmiller. Le grand duc Ferdinand de Médicis en fit déterrer un squelette entier , en 1663, dans la plaine d’Arezzo (5). Le docteur T'argioni- Tozzetti en avoit déposé au Muséum de Florence un humérus trouvé dans des vases marines du val d Arno supérieur ,et sur lequel des huîtres s'étoient fixées (6). Il parle dans ses voyages , surtout au tome V.°, de plusieurs fragmens du même genre et de la même contrée; et l'on a de lui une lettre particulière sur des ossemens de plusieurs individus d'âge différent , trouvés épars dans les couches de sable des col- lines du val d'Arno inférieur , pêle-mêle avec des coquilles (7). Selonles Vovelle litterarie de Florence , on en découvrit, en 1724, plusieurs os et défenses sur des collines peu éloignées du château de Cerreto-Guidi, près de Gavena. Il y en avoit au moins de quatre individus qui furent recueillis par le ch. Buon- (1) Mus. Kircher, p. 200, (2) Ephem. nat. cur. dec. IT, an. VIL , obs. 234, p. 446. (5) Chiampiniz de Ossib. eleph.in diœcesi viterbiensi , anno 1688 inventis. (4) Comment. Inst. bonon., UV, p.155. (5) Fortis, loc. cit., p. 298. (6) Id. 1. (7) Mélanges d'Hist. nat. par Æ/éon du Lac ,tome II, p.337 et Journ. étrang. , déc. 1755, p. 228. 8. 2 10 ANNALES DU MUSÉUM talenti (1). Fortis parle d’une défense déterrée près du même Cerreto-Guidi, au val de Nievole , par le doct. Nenci (2). Selon T'argioni- T'ozzetti, ce docteur en avoit trouvé des morceaux d'au moinstrois mdividus; T'argioniles avoit obtenus et les conservoit dans son cabinet; il en donne Pénumération (3). Déjà quelque temps auparavant on avoit découvert un sque- lette presque entier dans le même lieu , daus un terrain appar- tenant au comte Gaddi. On en déterra, en 1744, une défense près de Pontea-Cap- piano, à 5 milles de Gallena (4). D’autres os trouvés dans la colline de Lamporecchio ont été décrits par le docteur Fenturiné (5). Il y aune dissertation particulière sur ces os du val d Arno par M. de Mesny. Cœsalpin mdique déjaune tête de fémur de Castel-San-Giovant entre Ærezzo et Florence (6). Scali, au rapport de l'ortis, avoit détaché une défense d’une couche pierreuse, pétrie de corps marins (7) ,au village de Saint-Jacques près de Livourne. Coltellini cie quatre lieux différens du territoire de Cor- tone où il s’est trouvé des os et des défenses (8). J'ai moi-même à décrire un astragale d'éléphant du val d'Arno , appartenant à M. Miot. Dolomieu dit que les os d’éléphant du val d’ Arno sont dans la base des collines d'argile, qui remplissent les intervalles des (1) Alléon Dulac , p. 4on. (2) Fortis, loc. cit. (5) Targ. Tozz., Viagg. V, p. 264. (4) Id. ib. (5) Giorn. d'’Iral., tome IIT, p. 58. (6) Cæsalp: de Metall. IX, p. 141. (3) Fortis, p.302. , (8) Journ. étrang., juillet 1761 , et Buff., Epoques de la Nat. , note 9. D'HISTOIRE NATURELLE. 4 chaines calcaires; que les couches qui les contiennent supportent des bois, les uns pétrifiés , les autres bituminisés, qu’il a jugés être de chêne ,et quisonteux-mêmes recouverts par des couches de coquillages marins mélés de plantes arrondinacées, et par d'immenses bancs d'argile (1). On vient de faire dans ce genre une découverte considérable dans l'état de Parme ; ÿ'en ai entre les mains un Mémoire adressé à M. Moreau-de-Saint-Méry, alors administrateur gé- néral de ce pays, par M. le conseiller Joseph Cortesi. C'est sur le mont Pulgnasco, commune de Diolo, à 9 milles de Fiorenzuola ,et à 4 de Castel Arcuato, presque dans la terre végétale , car les os en étoient encore pénétrés de racines (2). Un dépôt remarquable où les os d’éléphans étoient entassés avec ceux de plusieurs autres animaux , est celui du mont $er- baro, commune de Romagnano , dans le val de Pantena , à 3 lieues de Y’érone. Fortis en a donné une description dans un Mémoire ad Aaoc(3). Ils se trouvoient dans un enfoncement au haut de la montagne. Dans le nombre des os d’ éléphans, étoit une défense de plus de 9 pouces de diamètre, et qui devoit avoir au moins 12 pieds de longueur, M. de Gazola vient d'envoyer de cet endroit à notre Muséum , une demi-mächoire mférieure et un os du mé- tacarpe, qui indiquent un individu d'au moins 15 pieds de haut. Le Piémont en a beaucoup fourni ; jai reçu dernièrement pour notre Muséum, de la part de M. Giorna , deux portions considérables de mâchoires qui étoient au cabinet d'histoire EE (1) Journ. de Phys. , tome XXXIX , p. 515. (2) Mémoire m. de M. Cortesi,communiqué par M. Moreau de Saïnt-Méry. (5) Imprimé d'abord séparément en italien , et inséré en français dans ses Mé- moires sur l’'Hist. nat.de l'Italie , tome IT, p. 284 et suiv. * 12 ANNALES DU MUSÉUM naturelle de Turin. M. Giorna n'écrit qu'il y a encore dans ce cabinet un fémur d'éléphant. Nous avons dans lenôtre des fragmens d'ivoire de Butigliano dans la province d’Asti. L'extrémité opposée de l'Italie en a aussi. Jérôme Magius parle d’un cadavre de cinq coudées de long, déterré près de Æeg10 en creusant une citerne (1). Le père Arrcher cite un tombeau de géant d’anprès de Co- zence en Calabre (2). Le journal de l'abbé Nazari parle d’un squelette d'au moins 18 pieds de long (3), déterré en 1665 à Tiriolo dans la haute Cülabre. On dit, à la vérité, que ses os ressembloient à ceux d’un homme ; mais on sait aujourd'hui à quoi s’en tenir sur ces sortes de comparaisons. Thomas Bartholin cite de véritable ivoire fossile de Calabre et d'autre de Szcrle (4). F'allope en annonce dela Pouille (5), et Bonanni dit qu'une inondation mit à découvert dans cette province ,en 1698, une défense longue de douze palmes (6). On peutbien encore placer ici les deux prétendus géans dont l'histoire est répétée dans toutes les gzgantologies , savoir : celui qui fut découvert dans le XIV siècle à Trapani en Sicile , dont a parlé Bocace(7), et celui des environs de Palerme au XVI siècle ,mentionné par F'asellus(3);mais la grandeur du premier (1) Hier. magius de Gigantibus. (2) Mund. subterr, Gb. VII, sect. IE, c. IV, p. 55. (5) Collection acad, part. étr. , tome IV, p. 178. (4) De Unicornu, p. 569. (5) De Metallic., cap. ultim. (6) Mus. Kircher, p: 199: (7) De Geneal. Deor., ed. in-fol., p. 114. (8) Fasellus, Decad. I, Lib. , c. IV. D'HISTOIRE NATURELLE. 13 est prodigieusement exagérée, car on lui donne 300 pieds; et Kircher qui a visité la caverne où lon prétendoit l'avoir trouvé, dit positivement qu’elle n’avoit pas plus de 30 pieds de haut. Il est d'autant plus vraisemblable que ces prétendus géans ont dù leur origine à des os d’éléphans, qu’on trouve de ceux- ci, au rapport du marquis Charles de Vintimulle ; historien de Sicile, cité par Kircher(1), près de la mer , entre Palerme et Trapani {in agro solonio.) Kircher rapporte encore des récits de trois autres géans de $ïcile, dont, comme à l'ordinaire, presque tous les os éloient consumés , excepté les dents (2). Quant à la Grece, l'état d'oppression où elle gémit n’a pas permis qu'on ait des relations anatomiques raisonnables des fossiles qu’elle recèle, mais ceux-ci ont donné lieu à des récits de géans dans les temps modernes comme dans l’anti- quité. IT est donc vraisemblable qu’il y a des os d’éléphant dans le nombre. I fut trouvé, en 1691, à 6 lieues de Thessalonique , des ossemens dont l’un admettoit le bras d’un homme dans sa cavité; une mächelière inférieure étoit haute de 7 pouces et demi, et pesoit 15 livres. Trois autres dents pesoient de 2 à 3 livres chacune. Le cubitus ou l'humérus avoit 2 pieds 8 pouces de circonférence. Il y en a un procès-verbal signé de plusieurs témoins, dans une Dissertation d’un abbé Commiers , insérée dans le Mercure de 1692, et citée par l'abbé d’Arti- gny dans ses Mémoires d'Histoire, de Critique et de Littérature, tome Î,p. 136. Dom Calmet s'est trompé en portant cet évé- nement à 1701 (3). (1) Mund. subterr. Nb. VIT, sect. I , c. IV, p. 59. (2) Id. ib. -(5) Dict. de la Bible, IT , 160, 14 ANNALES DU MUSEUM Suidas parle déjà d'ossemens de géans trouvés en quantité sous l’église de Sainte-Mena à Constantinople > et que l’em- Pereur Ænastase fit déposer dans son palais (1). Nos gazettes annoncent tout récemment une trouvaille sem- blable faite à Demotica (2). L'ortis cite une molaire de l'ile Cerigo , déposée dans le ca- binet de Morosini à Venise (3). La France où chacun sait qu'il y a eu dans les temps his- toriques beaucoup moins d'éléphans vivans qu'en Italie et en Grèce, n’en à guére moins donné de fossiles. IL est certain que le prétendu géant trouvé sous Charles VII, en 1456, dans la baronnie de Crussol près de Valence , étoit un éléphant. La description que Monsireuil donne d’une de ses dents n’en laisse pas douter. Elle étoit longue d'un pied, mais beaucoup moins large, el avoit quelques racines. Sa partie triturante étoit concave et large de quatre doigts ; elle pesoit 8 livres (4). IL est probable que celui qui fut déterré sous Lours XI, au bourg de Saint-Peyrat, encore près de Valence, et dont parle Cælius Fodiginus , étoit de la méme espèce. On lui donne 18 pieds de longueur. C’est aussi en Dauphiné que s'est trouvé celui de tous les squelettes fossiles qui a donné lieu à plus de contestations, le fameux T'eulobochus, sujet des longues disputes d'Habicot et de Riolan. Les nombreuses brochures qu'il occasionna sont eq RENE ET AI (1) Suidas , voce pris. (2) Journal de Paris, 9 juin 1806, ” (5) Loc. cit., P. 309. (4) Cassanio de Monstreuil , 4e Gig., p. 57. 4p. Sloane, Mém. de l’Ac. des Se. de Par. , an. 1727, in-19, P. 455. pe D'HISTOIRE NATURE:LLE 15 remplies d’injures, mais ne contiennent presque rien qui puisse éclaircir la question. La rivalité entre les médecins et les chirurgiens excitoit les combattans beaucoup plus que l'intérêt de la vérité. Riolan montra cependant assez habilement, pour un homme qui n’avoit jamais vu de squelette d’éléphant, que ces os devoient provenir de cet animal (1). Voici à peu près ce qu'il y avoit de vrai dans tout cela, autant qu'il est possible d'en juger aujourd’hui. Il paroït qu’on trouva, en 1613, le 11 janvier, dans une sablonnière, près du château de Chaumont ou de Langon, entre les villes de Mon- tricaut, Serre et Saint-Antoine , des ossemens dont une partie fut brisée par les ouvriers. Un chirurgien de Beaurepaire, nommé Mazurier, montra à Paris et en divers autres lieux, pour de l'argent, ceux qui étoient restés entiers ; et afin de mieux exciter la curiosité, il distribuoit une petite brochure où il assuroit qu'on les avoit trouvés dans un sépulcre long de 30 pieds , sur la tombe du- quel étoit écrit: T'eutobochus rex. On sait que c’étoit le nom du roi des Cimbres qui combattit contre Marius. Mais on (1) Voyez les brochures suivantes que je cite dans l’ordre selon lequel elles se succédèrent, Histoire véritable du géant Teutobochus, ete. 15 pages, par Mazurier. Gigantostéologie, par N. Habicot, 1615. Gigantomachie, par un écolier enmédecine (J. Riolan ), 1613. L'imposture découverte des os humains supposés d'un géant, 1614. Monomachie, ou réponse d’un compagnon chirurgien aux calomnieuses inyen- tions de la Gigantomachie de Rzolan, 1614 (auteur inconnu). Discours apologétique de la grandeur des géans , par Guillemeau, 1615. Réponse au traité apologétique touchant la vérité des géans, par N. Habicor. Jugement des ombres d'Héraclite et de Démocrite sur la réponse d'Habicot au discours attribué à Guillemeau. Gigantologie, ou Histoire de la grandeur des géans, par Rio/an, 1618. 16 ANNALES DU MUSÉUM accusa ce chirurgien d’avoir fait faire sa brochure par un jésuite de T'ournon , qui avoit forgé l'histoire du sépulcre etde l'inscrip- tion. Il ne paroit pas qu'il se soit justifié de cette imposture. Quant aux os qu'il montroit, ils consistoient dans les pièces suivantes : 1. Deux morceaux de la mächoireinférieure, dont un pesant six livres, contenant deux molaires et la place de deux autres; et un plus grand pesant douze livres , avec une dent entière et trois cassées. Chaque dent avoit quatre racines, éLoit grande comme le pied d’un petit taureau, comme pétrifiée et de cou- leur semblable à la pierre à fusil. 2° Deux vertèbres, dont une de trois doigts d'épaisseur où l'on pouvoit passer le poing dans le canal médullaire ; les apo- physes transverses avoient des trous à leur base. L'autre étoit beaucoup plus grande, mais avoit perdu son apophyse. 3° Un morceau du milieu d'une côte, long de 6 pouces, large de 4, épais de 2. 4. Un fragment d'omoplate dont la facette articulaire avoit 12 pouces de long et 8 de large. 5e Une tète d'humérus, grande comme une moyenne tête d'homme , et dont la scissure pouvoit loger un moyen calmar d'écritoire. 6° Un fémur long de 5 pieds, de trois pieds de tour en haut, de > près des condyles, d'un et demi au milieu; les trochanters y manquoient. Le cou n’avoit ni une longueur , ni une obliquité approchantes de celles-de l'homme (xd: LT EEE Antigigantologie,ou Contrediscours de la grandeur des géans;par Habicot,1618. Touche chirurgicale, par Habicot, 1018. Correction fraternelle sur la vie d'Habicot, par Riolan, 1618. (1) Gigantomachie , p. 30. D'HISTOIRE NATURELLE. 17 7. Un tibia long de près de 4 pieds, et en ayant plus de 2 de tour en bas. 8.0 Un astragale, différent de celui des animaux (on enten- doit domestiques ), mais qui n’avoit point l'apophyse scaphoi- dienne aussi saillante que celui de l’homine (x). 9° Enfin un calcanéum qui avoit en bas des facettes pour le scaphoide et le cuboïde, mais dont l’apophyse postérieure ou tubérosité, n’étoit point aussi forte que celle de l'homme. Cetteextrémité postérieure étoit bien sûrement d’un éléphant; il n’y a point d'autre grand animal dont l’astragale ressemble assez à celui de l'homme , pour que qui que ce soit ait pu s’y méprendre ; mais les dents n’en pouvoient pas être : il n’en a pas tant , et elles n’ont point de telles racines. Y avoit-il dans ce lieu, comme dans beaucoup d’autres, des os d’éléphans etde rhino- cérosenfouis pêle-méle ? c’est ce qui me paroït le plus probable. Riolan dit dans une de ses brochures que le Dauphiné est rempli de ces os. Cela s'est confirmé. Un quatrième prétendu géant s'y est trouvé, en 1667 , dans une prairie près du château de Molard, diocèse de Vienne. Ses dents pesoient dix livres (2). M. de Jussieu m'a dit avoir vu autrefois des os d’éléphant sus- pendus dansune des églises de alence, et qu’on y disoit de géant. Mais à mesure qu'on se rapproche de notre temps, les des- criptions deviennent plus raisonnables. Une véritable mâche- lière d’éléphant a été publiée par M. de la Tourette dans le IX: tome des Savans étrangers de l'Académie des Sciences, p- 747 et suiv. Elle fut trouvée, en 1760, près de Saint-Valier, à demi-quart de lieue du Rhône, et à 80 pieds d’élévation au- (1) Ib. p. 26. (2) Dom Calmet, Dict. de la Bible, IT, p, 16x. LA) 18 ANNALES DU MUSEUM dessus de cefleuve, dans uneterre graveleuse mélée de cailloux. Il ya aussi de ces os en Provence. M. Arnaud, avocat demeurant à Pimoisson, département des Basses-Alpes, près Riez, possède une mâchoire inférieure d’éléphant, trouvée dans ses environs. Je tiens ce fait de lui-même. La rive droite du Rhône n’en est pas dépourvue, M. Sou- lavie parle dun squelette presque entier, découvert dans les . environs de Lavotite, département de l'Ardéche, dans des at- terrissemens voisins du Rhône (1). M. f'aujas décrit une défense trouvée par M. Lavalette dans la commune d’Arbres , près Villeneuve-de-Berg, même département , au pied des Monts Coirons, et à 5 pieds de profondeur dans un tuffa volcanique (2). M. Cordier, imgénieur des mines , a bien voulu me donner une note sur celte position qu'il a aussi examinée avec soin, La défense étoit mcrustée dans l'intérieur d’une brêche volcanique solide, qui ne forme pas seulement le sommet de la collme d'Arbres, mais s'étend en couches horizontales sous toute la masse des Corrons dont elle est la première assise. Assez bien conservée ailleurs , elle est presque entièrement décomposée à Arbres, ets y réduit eu une argile jaunâtre où les pyroxènes sont seuls restés entiers; tout ce sol volcanique repose Sur une haute plaine de calcaire coquillier compact, diversement in- cliné. Il faudroit maintenant savoir si ces défenses étoient en- veloppées dans lecorps méme de la couche volcanique ouseule- ment dans quelques-uns de ses anciens déblais. Au reste M. Cordier connoit plusieurs autres lieux où des ossemens sont enveloppés dans des matières volcaniques. (1) Mist. nat. de la France mérid. , tome IT , p. 98. (2) Annales du Muséum d’Hist. nat., tome 1], p. 24. D: H 1NSUTÉ QG & REX IN) ANT) DARHEMLYE E. 19 On peut consulter la carte des Coërons , publiée dans l'Hist. nat. de la France méridionale, tome VE On trouve beaucoup d’autres débris d'éléphans en se rappro- chant des Pyrénées. La montagne Noire en recèle une quan- lité dans ses pentes. M. Dodun , ancien ingénieur du département du Tarn ,a dé- couvert dans les environs de Castelnaudary, plusieurs mäche- lières d'éléphant bien caractérisées dont ilnra fait voir les des- sins. Il én à parlé dans ie Journalde physique ,tome LXI, p.254. À Gaillac en Albigeois ,on trouva, en 1749, à 11 pieds de profondeur , dans du gravier sec mélé de sable, un fémur mutilé et des lames de mächelières (1). - Nous possédons nous-mêmes une mächelière des environs de Foulouse , que nous devons à M. Tournon, médecin et habile naturaliste de cette ville. M. de Puymawrin, membre de PAcadémue de Toulouse, avoit envoyé au cabinet plusieurs fragmens de défenses, qu'il avoit trouvés sur la croupe d’un coteau, à un quart de lieue du château d’{/an, résidence des évêques du Comminges (2). En remontant vers le nord, on ne remarque point que les os fossiles d’éléphant deviennent moins communs. Il y a au Muséum une portion d’omoplate déterrée à trois lieues au-delà de Chélons-sur-Saône, du côté de Tournus(3). Les ouvriers qui travaillent au canal du centre ‘en ont ré- cemment découvert un amas dans la même province. J'en ai ‘ recu, par les soins de M. Gérardin, employé de ce Mu- séum, une mâchelière d’éléphant très-reconnoissable, quoique (1) Hist. de l’Ac. de Toulouse , tome 1], p. 62. (2) Daub., Cab. duroi, Hist. nat. XI, n.° DCDXCIX. (5) Id. ib.n. MXXXII , et Mairan, Hist. de l’Ac. des Sc. 1745 , p. 49. 5 20 ANNALES DU MUSÉUM brisée. Il y avoit auprès une mâchelière de rhmocéros. Le lieu de sa découverte se nomme Chagny. M. Tonnelier, garde du cabinet du conseil des mines, con- serve une lame de mâchelière qu’il a trouvée dans un atterris- sement, à l'endroit dit le Pont-de-Pierre,àunelieue d'Auxerre. Mon collègue, M. Tenon, membre de l'Institut, en a vu une autre dent, des environs de cette dernière ville. A Fouvent, village près de Gray , département de la Saône, on a trouvé, il y a six ans, dans un creux d’un rocher qu'on faisoir sauter pour élargir un jardin, un grand nombre dos, des mâchelières et des portions de défense d'éléphant, avec des os d’une espèce particulière d’'hyène, que je décris ailleurs. On en avoit eu également un grand nombre auprès de Po- rentruy, département du Haut-Rhin, en 1779, en faisant un chemin. J’en possède une molaire, Les environs de Paris en offrent comme les autres pro- vinces. Je possède une mächelière et un fragment de défense trouvés dans les atterrissemens de la Seine près d’ Argenteuil. M. de Cubières Y'ainé conserve une mächelière prise près de Meudon, à une assez grande profondeur dans le sable. En creusant le canal qui doit amener les eaux de Ourcg dans cette capitale, on a déterré deux défenses et deux mâ- chelières des plus grandes que j'aye encore vues, en trois en- droits différens de la forêt de Bondy. M. Girard, célèbre in- génieur et directeur en chef de ce canal, a bien voulu me les remettre pour les déposer en ce Muséum. Comme j'ai examiné soigneusement le local avec M. Girard etle savant minéralogiste M. {lexandre Brongniard, je necrois pas hors de propos d'en donner ici une courte description. Le canal est creusé dans la plaine de Pantin et de Bondy dont le sol s'élève de 70 à 80 pieds au-dessus du niveau de la D'HISTOIRE NATURELLE. 21 Seine, et qui embrasse le pied des collines gypseuses de Mont- martre et de Belleville. Cette plaine est formée jusqu’à 4o pieds de profondeur où elle a été sondée, de diverses couches de sable , de marne et d'argile; on n’y a renconiré nulle part de pierre calcaire , quoiqu'il y en ait au niveau de la rivière à Saint- Ouen. Le canal traverse en quelques endroits des couches de gypse qui se continuent avec la base de la colline de Belle- ville. Nous verrons ailleurs qu'il paroït que largile et le sable ont rempli après coup l'intervalle des collines gypseuses. La partie la plus élevée de la plaine, celle qui partage les eaux qui tombent dans la Seine et celles qui tombent dans la Marne, est près de Sévrans dans les bois dits de Saint-Denis. Il n’a pas fallu néanmoins y creuser à plus de 30 à 4o pieds; ce qui prouve combien cette crête est peu considérable par rapport au reste de la plaine. Le sol y est en grande partie d’une marne jaunâtre, alternant avec des lits d'argile verte, et contenant par-ci-par Rà des rognons de marne durcie , et dans d’autres endroits des ménilites en partie remplies de coquilles qui nous ont paru fluviatiles. En certaines places, les couches de marne et d'argile s’en- foncent comme si elles eussent formé des bassins ou des espè- ces d’étangs, que des matières étrangères seroient venues rem- plir. Il y a en effet à ces places-là des amas de terre noirâtre qui suivent la courbure des enfoncemens de l'argile, et qui sont surmontés à leur tour par du sable jaunûtre. C’est dans la terre noire, a 18 pieds de profondeur, qu’on a trouvé les dents et les défenses d'éléphans. Il y avoit aussi un crâne plus ou moins complet qui a été brisé par les ou- vriers, et dont j'ai les fragmens, ainsi que beaucoup d'os du geure du bœuf, d’autres ruminans moins grands, et surtout un crâne très-remarquable d’une grande espèce inconnue d’an- 22 AN N'AGLIES D U : MU S/E! U! M tilope que je décrirai ailleurs. Le sable jaune supérieur con- tient beaucoup de coquilles communes d’eau douce , soit lininées soit planorbes ; mais la terre noire n’en a point non plus que largile verte et la marne jaunâtre dans lesquelles elle est enchâssee. L’ivoire est fort décomposé; les mächelières le sont moins, et les autres os presque pas. Ea plupart re pa- roissent pas même avoir été roulés. Deux portions de mächelières de Gerard en Brie, à une lieue de Crécy , sont mentionnées par Daubenton. Elles étoient à 10 pieds de profondeur dans une sablonnière (1). Le baron de Serviére représente une mâchelière supérieure bien caractérisée (), trouvée sous le lit de la Moselle , près de Pont-à-mousson. Un germe de neuf plaques des environs de Metz avoit été envoyé au Muséum par M. de Champel (3). On connoit depuis long-temps les éléphans fossiles de la Jelgique. Goropius Becanus (4) a combattu dans le XVI” siècle les préjugés qui faisoient attribuer à des géans des os et des dents de cette espèce trouvés anciennement aux environs d'Anvers ; et il parle à cette occasion des os de deux éléphans déterrés près de #ilvorde, dans un canal que les habitans de Bruxelles firent creuser de cette ville à Rupelmonde, pour éviter je ne sais quelles vexations que leur faisoient éprouver ceux de Malines. Jean Lauerentzen , dans son édition du Museum regis Daniæ de Jacobœus, part. Æ, sect. [ , n° 73, rapporte l’his- toire d’un squelette qu’'Otho Sperling vit déterrer à Bruge en EE Tu St (1) Hist. nat. XT, no MXXVII, et Ac. des Sc, 1762, (à) Journ. de Phys., tome XIV , p.525 , pl Il, fig. à, (5) ist. nat. XI, n.° MXXXI. (4) Origin. anverp. Nb. I, p. 107, Gigantomachia. D} À SO RR ER UN AÏTUULR NEUTRE LE: 23 à 1643, et dont un fémur étoit conservé dans ce cabinet. C’étoit un fémur d’éléphant long de 4 pieds et pesant 24 livres. M.de Burtin, densle chap. E, .2,p.25 ,desa Dissertation sur les Révolutions de la surface du globe, couronnée à Harlem en 1787, dit posséder une dent d’éléphant découverte en Brabant. Ilajoute (p. 180 note) qu’une très-grande tête fossile de cette espèce a été retirée d'une rivière, à deux lieues de Zouvain, par des pêcheurs. M. Delimbourg parle aussi en général de ces os dans un Mémoire inséré parmi ceux de l'Académie de Bruxelles (1). Bæcler, in Cynos. mat. med. Herrmanni , vol. L, pl. ILE, p. 134 , et Sloane, Ac. des Sc. 1727, avoient déjà parlé dune défense trouvée dans le Rhin, près de Vonnenweyer. Un fragment du même endroit, long de # 2”, se trouve en- core aujourd'hui chez M. Spielmann, pharmacien de Strasboug, et une mnolatre de }Vitenweyer qui n’en est pas éloigné , chez M. Petersen, habitant de la même ville (2). Jean Herrmann, dans un programme particulier du 15 décembre 1785, montre que la prétendue corne de bœuf, de- puis long-temps suspendue à lun des piliers de la cathédrale de Strasbourg, n’est aussi qu'une défense fossile qu'on aura sans doute tirée autrefois du même fleuve. En général, toute la vallée du Rhin fourmille pour ainsi dire de ces ossemens. M. Adrien Camper en a vu beaucoup en 1788, dans les cabinets de Bäle, et entre autres chez M. Bernoulli (3). (1) Tome I, p. 410. (2) Tiré des lettres de M. Harnmer. (3) Desc, anat, d’un éléph. , p. 28, note, 3; 24 ANNALES DU MUSEUM Anorr représentoit déja une mâchelière et un os du méta- carpe du cabinet de M. Dannone , professeur à Bâle (1). La chronique de Colmar parle, sous l'an 1267, d'os de géans trouvés près de Bäle, au village de Hertin (>). Il y en a aussi diverses molaires dans la bibliothèque pu- blique de Bale , dont deux ont été gravées in-fol. comme dents de géans(3).Davila avoit un morceau d'ivoire du méme lieu (4). On en a trouvé à Mutierz , à une lieue de Bâle, et a Keinfelden (5). Un squelette presque entier fut déterré, en nivose de l'an 7, à Vendenheim , à un myriamètre au nord de Strasbourg , sur l'une des collines les plus avancées des Vosges , à 4o pieds de profondeur , en creusant un puits. On n’en a conservé qu’une défense longue de 4 pieds 10 pouces sur 5 pouces et demi de diamètre, et quelques portions osseuses peu considérables. Je tire ces détails de ce que MM. Lierrmann et Hammer ont bien voulu m'en écrire. Ilen est parlé dans l'Annuaire du'département du Bas-Rhin pour l'an VIT , et l'on y cite une découverte semblable faite quelques années au- paravant sur une autre colline avancée des Vosges , à Epfig, à 8 lieues de Strasbourg , en creusant les fondemens de l'église. M. Hammer possède aussi un fragment de défense trouvé dans une ile du Rhin près de $e/z, et un autre des environs d' Haguenau. Le cabinet du landgrave de Hesse-Darmstadt contient une mâchoire inférieure d’un grand volume, trouvée auprès de @) Ænorr, Monum., tome I1,sect. IT, tab. H. et H. III. (2) Dom Ca/met, Dict. de la Bible, IT, 160. (3) M. Hammer possède ces gravures. (4) Davila, Cab. IE, 220. (5) Tiré des lettres de M. Hammer. Voyez aussi Brucker merckwurdigkciten der landschaft basel, n° XV, pl. 15 , fig. 1,2,et Davila, p. 227. D'HISTOIRE NATURELLE, 25 FForms. Merk en parle, EL lettre sur les fossiles, p. 5 et suiv., et la représente, pl. TL. Le cabinet de Xtünast avoit un fémur du même lieu. Il y a une dissertation particulière de Charles Gotlob Ste- ding sur Pivoire fossile des environs de Spire (1). I représente uné machelière de treize lames écartées , où il en manque deux en avant et une ou deux en arrière. Elle fut trouvée à 4 pieds de profondeur , et pesoit 3 livres et demie. Il y avoit auprès un fragment de défense de 4 livres. Nous possédons en ce Muséum deux mâchoires inférieures, d'âge différent, trouvées l’une et l’autre aux environs de Co- logne. Le côté d'Allemagne en a donné encore davantage. Le Museum Künastianum cite de l'ivoire fossile du pays de Bade, trouvé en 1609, à 10 toises de profondeur au bord du Rhin (2). IL y a au cabinet de M. Æammer une molaire et un fragment d’omoplate d’auprès de Brisach. Merk (3) indique un crâne trouvé près de Wanheim, et dont il existe une gravure que je n'ai pu encore me procurer. Il portoit deux mächelières , pesoit 200 livres, et avoit 4” de long, mais sans doute en suivant les courbures. M. Hammer possède une molaire déterrée dans une ile du Rhin , vis-à-vis Manheim , et un fragment péché dans le Rhin même, près de cette ville. Il ÿ avoit chez M. Gmelin, apo- oo (a) Nov. Ac. nat. cur., tome VI, p. 367, obs. LXXTI. (2) ILe lettre, p.14. (3) Mus. Künast.Stasb. 1668 , ed. 8.° p. 60; ed. in-4., p. 13, n..287. Je dois cette citation à M. Hammer. 8. ñ 26 ANNALES DU MUSEUM thicaire à T'ubingen , une mâchoire mférieure trouvée dans le Rhin , également près de Manheim (1) , et dans le cabinet de Künast un grand os aujourd’hui déposé dans celui de l’école de médecine de Strasbourg. Merck décrit au même ouvrage une omoplate , un humérus , deux fémurs, une défense, un ischion et un cubitus déterrés sur le bord du Rhin, dans un banc de gravier, près d'Erfel- den, dans le pays de Darmstadt. Il y avoit auprès un crâne de rhinocéros. Le bassin d’éléphant déposé au même cabinet a probable- ment été déterré dans les mêmes environs, à ce que mécrit M. l'ischer. Il y a encore dans ce cabinet , selon le même na- turaliste , des dents trouvées à Ærbach en Rheingau. francois Beuth possédoit einq mèchelières et une défense tirées du Rhin, près de Dusseëdorf (2). M. Leindenfrost, professeur à Duysbourg , avoit une mà- choire inférieure, un humérus, un fragment de fémur et deux mächelières des bords de la Zippe, près de Schornbeck, dans le duché de Clèves,à peu de distanee du Rhin (3), tou- jours avec des fragmens de rhinocéros. Dès 1546, il est parlé d’un grand nombre d'os déterrés à Lippenheim près de ÆFesel (4). Le cours du Æhin en étant si riche, les aHuvions de son em- bouchure n’en pouvoient manquer; aussi la Æollunde en est- elle pleine. (1) Commerce. noricum. 1745, pl I, fig. 10 , p.297. (2) Juliæ et montium Subterranea. Dusseld. 1776, 8. p.77: (6) Merck , HIT lettre , p. 13. (4) Comerc. litter. Nunningii et Cohausenir. D'HISTOIRE NATURELLE. 27 Plempius (1) parle d'un fémur tiré del Zssel, près de Does- bourg. Lulof fait mention d'une dent et de plusieurs os déterrés dans la vallée de l’Zssel, près de Zutphen (2). Palier décrit un fémur de 41 pouces de long, mis à décou- vert avec une vertèbre, par une irruption de la Meuse du 11 février 1957, près de Hedel , dansle Bommeler-waerdt. Verster donne d'excellentes figures, faites par Camper, d'une portion considérable de crâne, et d’une portion de bassin déterrés non loin de là, près de Bois-le- Duc (3). M. Brugmans , professeur de Leyden , m'a donné le dessin d'un fémur trouvé dans ses environs. Les parties plus élevées de la république batave n’en sont pas dépourvues. Picaardt cite des ossemens monstrueux du pays de Drenthe, etune défense longue de 12 empans, déterrée en juillet 1650, près de Covorden (4). L’ Allemagne est sans contredit le pays de l'Europe où l’on a le plus trouvé d'os d’éléphans fossiles, non pas peut-être qu’elle en recèle plus que les autres contrées, mais parce qu’il n'y a dans cet Empire, pour ainsi dire, aucun canton sans quelque homme instruit, et capable de recueillir et de faire con- noitre ce qui s'y découvre d’intéressant. «) Remarques sur l'anatomie de Cabrol: , p: 36, ap: Palier, Soë. de Harlem . tome XIL , p.373 et suiv. (2) Beschouwing des Aard Kloots: 6. 425., ap. Palier. loc, cit: (5) Mém. de la Soc. de Harlem, tome XXWI, p. 55-84. (4) Ann. Drenth, ap. ’erster. 1. c. 28 ANNALES DU MUSEUM Merck comptoit déjà en 1784 (1) quatre-vingts endroits où l’on avoit déterré de ces os, et plus de cent échantillons d'os dont l’origine étoit inconnue. M. de Zach fait aller le nombre des lieux à plus de cent (2); et M. Blumenbach le porte au double (3). Tout le monde. connoît l’histoire de l'éléphant découvert à Tonna, dans le pays de Gotha, en 1696, et dont Tentzelius: et Hoyer. out donné des relations (4). On vient d'en déterrer un second, en 1799, à 50 pieds de distance du point où l’on. avoit trouvé l’autre; et le célèbre as- tronome, M. le baron de Zach , nous a donné à cette occasion une description de terrain plus circonstanciée (5) dont nous allons profiter pour faire connoître les détails de la découverte, Ii yen avoit déjàune auparavant dans le journal de M. Foëgt(6). IL y a deux T'onna (..Græffen- Tonna et Burgtonna ) situés tous deux dans des enfoncemens.de la vallée de V Unstrut, au- dessous de Langensalza; et à droite tant de la Sa/za que de l Unstrut. Toutes les gorges de cette vallée, comme de la plu- @) IL lettre, p. 8. (2) Monatliche Corresp. janvier 1860, p. 29. (5) Archæologia telluris , p. 12: (4) Tentselii epistola ad Magliabecchium , de sceleto-elephantino , Tonnæ nuper effosso. Phil. trans. vol. 19, n.° 254, p.757-776. J. G. Hoyer, de Ebore fossili, seu de sceleto elephantizin colle subuloso reperto. £phem. nat. eur. dec. 5, an. 7-8, p 294,obs: GEXXV.Voyezausst les 4er. erud: Lñps., jan. 1607, et Ÿ”alentini Ainph. Zoot., p. 26. 5) Norice-d'un:squelette d'éléphant trouvé à Burgtonna, dans la: correspon- dance relative aux progrès de la géographie et de l'astronomie, journal alle. mand de M. Zach, janvier 11800, ant. IT; p. 2retsuiv. (6) Magasin pour les nouveautés de l'hist. nat. etde laphysique, par MM. Lich- senberg et Voïgt, en allem, tome HIT, 4.° cah, D'HISTOIRE NATÜRÉREE / 29 part des vallées basses de la 'Thuringe, sont ‘occupées par des couches horizontales d'un tuf caléaire. tendre ; qui écritient des os, des bois de cerf, destimpressions: dé "diverses feuilles que l’on a jugé provenir de plantés 'et d’arbrés'aquatiques du pays , et des coquilles qui ont paru’ appartenik à lhalx stu- gnalis et à d’autres espèces d’eau douce. Ce tifsetrésuar en certains endroits'en ‘un 'sablesmärnetk , que Po eiplbie depuis beaucoup plus d’un: siècle améliorer les terrés.-On Pobtient en partie par des fouilles souterraines et irrégulièrés; celles de la commune dé mn sont'à UE es et Go pieds de profondeur'au-déssous dur 8Qk 519002 sens5 e6ploup 50 Les ouvriers y trouvent de temps en temps ee os.'Et ds dents d'éléphans et. de: rhmocéros, d'animaux! np “du cerf et de celui de la tortue !: ) 45 SE Ces dépôts de tuf alternent avec d’autres, en grande partie formés de glaises et dans lesqnelsron: touve: aussi! de RD quoique plus’varement. 295001 3: i Les deux squelettes de 1696 et. de 1799étoientrà Fo ris de profondeur. On recueillit du premier un fémur pesant 32 livres; *éb la tête de l’autre fémur , grande comme: celle ‘d’un te jet pesant o livres; un humérus long de 4 pieds;‘larges de empans et demi ; des vertèbres} des côtes; dat tétesavec quatre molaires pesant chacune 12 livres ; et deux défenses Jonigues de 8pieds; mais rune pi fentes de ces te fut [1 brisée: nLotiénnib 5h esdgpoq e $ Nous ne nous arréterons pas à ranre compte de RU. occasionnées par cette découverte, Les médecins du pays, consultés par le duc de Gotha, déclarèrent bien unanime- ment que ces objets étoient:des jeux. de la nature,et.soutinrent 30 ANNALES DU MUSEUM leur opinion.par plusieurs brochures; mais T'er£zel , biblio thécaire dee prince ,opérant plus senséinent, conipara chaque os pris à part avec son analogue dans l'éléphant, tel, qu'il les connoissoit par la description d'Allen-Moulin ; et par quelques remarques d Aristote, de Pline et de Ray, et en démontra la ressemblance: Il alla plus loin, et prouva par la régularité des lits au-des- sous desquels on avoit trouvé ce squelette , qu'on ne pouvoit attribuer sa présence en ce lieu à quelque inhumation faite de main d'homme; mais qu'il ne pouvoit y avoir été amené que par quelque cause générale!, telle que l'on se représente le déluge. Le deuxième squelette, celui de 1709, étoit dans une po- silion comprimée et courbée: il occupoit une longueur d’en- viron 20 pieds ; les-pieds de derrière étoient près des défenses. Celles-ci opt ro pieds de long; elles étoient sorties des alvéoles et se croisoient. Elles sont tendres, mais entières : le bras entre aisément dans leur cavité. On ne put conserver de la iête qu'une partie de la mächoire inférieure et les deux plus grossesmolaires. La plupart des autres osetles côtes se brisèrent aussi plus ou mois en les détachant du tuf; mais on a trouvé au moins des parties de tous. Les cellulosités des os étoient en partie remplies de cristaux de spath. La couronne d’une molaire ag pouces de long sur 3 delarge, et sa hauteur est de 6 à 8 pouces; un tibia entier , 2 pieds 4 pouces,et 6 à 8 pouces de diamètre; une tête de fémur, 6 pouces: (1). (x Zach. loc. cit: p.27: (Note de la page 28). D'HISTOIRE NATURELLE. 3t À peu de distance, et dans des couches semblables, on a trouvé des bois du cerf ou élan fossile, et à Ballstædi, vil- lage voisin , des dents de rhinocéros. La vallée del Unstrut a fourni encore des os fossiles d’élé- phans en d’autres de ses parties; notammnent une défense pe- sant 119 livres et de 10 pieds de long, près de #'éra (1). Un lieu non moins célèbre queceluide T'onna par les nom- breux ossemens d’éléphant et d’autres animaux étrangers qu'il a fournis , est la petite ville de Cantstadt dansle pays de 7Fir- temberg sw de Necker. La principale découverte s'en est faite en 1 us et David Spleiss, médecin de Schaffouse, en rendit comple dans une dissertation particuhère intitulée: OEdipus osteolithologicus, seu Diss. histor. phys. de Cornibus et.ossi- bus fossilibus canstadiensibus. Schaff. 1707, 4° , où il mséra une relation assez bien faite, par Salomon Reisel, médecin. du duc. Il en est traité aussi dans la Medulla mirabilium de Sey- fried,.et la Descriptio ossium fossilium canstadiensium. de Reiselius, 715 ; et Jean Samuel Carl en a donné une ana— lyse chimique fort bonne pour Je temps, dans son: Lapis Ly- dius philosophico pyrotechnieus ;'ete., Francf., 1505... J’en dois de plus un xapport eirçonstancié à l'amitié de M. Autenrieth, professeur d'anatomie à Tubingen, et de M. Jæger, garde du cabinet d'histoire naturelle de Stuttgard. Ces deux savans ont encore les os eux-mêmes sous les yeux ; ils connoissent. le local où on les a-trouvés ; et ils ont pu.com- -pulser une partie des procès-verbaux. ps re dresse dans ke HS . la découverte. sci e-ralètl a (1) Anoll 7: under CRT Er As etc, et Güihaische get etes 1782-85, x. ; p.608, £ [ 39 AN NA LES D 6 ni © 8 É UM in endroit méme est à l’est du Vecker, à mille pas en dehors dé la Ville, du edité du village de Fcldbach. Reisel dit qu'il y avoit ae restes d’un ancien mur, épais de 8 pieds et de 80 de tour , qui paroil avoir été l'enceinte d’un fort ou d’un temple, et l’on en voit en effet encore les restes. Aussi Spleiss conclut- il que ces os étoient ceux des animaux qu'on sacrifioit; mais ils étoient pour la plupart bien plus profondément : d’ailleurs on en trouve encore plus près du Necker, dans un sol naturel, et tout semblable à celui où on les déterra. Tout ce qu'on pour- roit conclure de leur aboïidance. dans l'enceinte de ce mur , c'est qu'ils avoient déjà été une fois déterrés à cet endroit ; et rassemblés par! quelques curieux. Le sol est une argile jaunätre, mêlée de petits Gras de quartz roulés , et de PeuRe coquilles. M. Æutenrieth n'a envoyé les dèsise de cinq ‘qui m ont Ps du nombre de nos petites co- quilles d'eau douée. Cette: argile remplit les divérs enfoncemens des collines cal- caires , à bancs réguliers , qui bordent la vallée du Necker , et après avoir formé la masse du bas pays de Wirtemberg, vont se joindre à dés'collines plus élevées’ d’une marne rougeätre, qui entourént les montagnés du haut pays; calcaires entre le Neëker.et le Danabe (7416 de Souabe)yet formées de: granit et de grès, éhtre le Necker et létRhin (/4 forét Noire ). Ces collines marneusés offrent souvent des plantes pétrifiées ét dés'/çouéhes de chaïbôn del terre), et’ leur sommet est re- couvert dé"pétrifications marines anciennes, comme : amino nites, bélemnites , etc. M. bios, a-irouvé dans le voisinage une forët entière &e troncs de. palmiers, couchés, Cefutun simple soldat qui remar qua le premier pan hasard, D'HISTOIRE NATURELLE. 33 en avril 1700, quelques os qui se montroient hors de terre. Le duc alors régnant, £berhardt-Louis, fit continuer les fouilles pendant six mois. On garda ce qu'il y eut de plus entier. Le reste , en quantité prodigieuse; car il y avoit, selon Rersel, plus de soixante défenses , fut envoyé à la pharmacie pour être em- ployé comme /corne fossile. Les os eux-mémes étoient sans aucun ordre, en grande parte brisés, quelques-uns roulés, sans aucune proportion entre eux. IL y avoit, par exemple, des dents de cheval par charretées , et pas des os pour la dixième partie de ces dents. Les os d’éléphans paroissent avoir été plus élevés que la plu- part des autres. En général , on n’en trouva plus aucun, passé 20 pieds de profondeur. Une partie étoit engagée dans une espèce de roc, formée par de largile, du sable, des cailloux et de l’ocre, agglutinés ensemble, et l’on fut obligé d'employer la poudre pour les avoir. Les os d'éléphans que l’on a encore à Stuttgardt dans le cabinet royal, consistent dans les morceaux suivans : une por- tion de mâchoire supérieure avec deux molaires parfaitement parallèles ; deux molaires supérieures antérieures, presque en- tières et des fragmens de deux autres: les lignes d’émail dans les parties usées sont, comme dans presque toutes les molaires fossiles, minces et droites, presque sans festons et anguleuses dans le milieu ; quatre molaires supérieures postérieures ; deux molaires mférieures ; des fragmens , et des germes: il y a des . lignes d’émail bien festonnées ; une défense très-courbée de 5 pieds et demi, et une autre de 4 pieds et demi, mesurées par le coté convexe; des fragmens de beaucoup d’autres; des por- tions de vertèbres et de côtes ; quatre omoplates, et des frag- 8. 5 34 ANNALES DU MUSÉUM mens de quelques-autres; un fragment d’humérus; trois cu- bitus; six os innominés du côté droit, et sept du gauche, la plupart incomplets; quatre têtes de fémurs; trois corps de fémurs sans tête; une rotule; deux tibias : il y a de plus chez un apothicaire de la même ville une mächoire inférieure et une portion de tibia. Ces os sont accompagnés dans le cabinet de beaucoup dos de rhinocéros, d’hyène et d'animaux du genre du cheval, du cerf, du bœuf, du lièvre et de petits carnassiers. Detrès-grands épiphyses de vertébres pourroient faire soupconner des cé- tacés. Îl y a «ussi quelques fragmens humains sur lesquels je re- viendrai. Malheureusement on n’a pas assez distingué les hau- teurs différentes où chaque os fut trouvé pendant six mois que es fouilles durèrent , niles os qui étoient dans le retranchement mentionné par Aeisel, de ceux qu'on trouva hors de ses limites. On déterra par exemple aussi des fragmens de charbonet d’ob- jets fabriqués par l’homme, comme des vases, etc. qui sûrement n’avoient pas été déposés en même temps que les grands os. Canstadt n’est pas le seul lieu de la vallée du Necker et des vallons qui y aboutissent où l’on ait fait de pareilles découvertes. Près du village de Berg, au-dessus de Canstadt, au dé- bouché du petit vallon du Veisenbach où est Stutigard, est une masse d’un tuf calcaire singulier, qui ne consiste qu’en incrustaiions de plantes aquatiques; je l'ai visité moi-même plu- sieurs fois, et j'apprends de M. Autenrielh qu'il y a trouvé un squelette fossile de cheval. On en avoit tiré en 1745 une défense du poids de 5o livres; et M. Jæger y a trouvé, il y a quatre ans, une mächoire inférieure. Cest cette place que Guettard a vue , la prenant pour celle de Canstadt (1}.On a trouvé des os (x) Voyez les Mém. de l'Ac. des Sc. de Par. pour 1763. D'HISTOIRE NATURELLE. 39 dans ce même petit vallon un peu au-dessous et d'autres au-des- sus de Stutigard. Tout près des murs méme de la ville, on trouva, 1l y a dix-huit mois, sous la terre végétale, en creu- sant une cave, une partie considérable d’un grand squelette d'éléphant, deux grandes défenses et une petite dans de lar- gile rougeätre et bleuâtre. Dans le vallon de la Rems qui d- bouche au-dessous de Canstadt, on à eu une grande molaire. M. Storr en a découvert une autre sur le haut Necker, près de Tübingen. Le bas Necker en a donné à #Veinsperg, près d Heilbron (1), etc’est près du confluent de cette rivière avec le Rhin , qu'on en a tiré une des mäâchoires inférieures déposées à Darsmstadt. Bausch (>) cite déjà de l’ivoire fossile des en- virons d’'Aeidelberg , d’après Boëtius de Boodt,ei Geyer, des os et des dents d’auprès de Manheim (3). La vallée étroite du Xocher en a fourni des défenses près de alle en Souabe en 1494, et en 1605. Cette dernière, en- core aujourd’hui suspendue dans l'église de Halle, pèse 500 livres (4), mais sans doute en y comprenant les ferremens qui la supportent. Une inscripuon dit qu’il y avoit auprès beau- coup de grands os. Un incendie ayant détruit le tiers de cette ville en 1728, on trouva,en creusant de nouvelles fondations, beaucoup d'ivoire fossile, dont une défense de 7 pieds et de- mi. Une molaire du même lieu est représentée dans le Mu- -seum closterianum , fig. VAIL. (1) Bausch, de Ebor. foss. 180. (2) De Ebore foss. 189. (5: Mise. nat. cur., dec. IE,an 6, p. 196, ob. LXXXV. (4) Dissertatio in auguralis physico medica de Æbore fossilé suevico halensi, pres. {7r. Hoffmann , auct. Joh. Fred. Beyschlag hale magd., 1754. 5 * n° La 20 ANNALES DU MUSEUM Tous les bassins des grandes rivières de l'Allemagne ont donné des os d’éléphant comme les lieux dont nous venons de parler. Pour continuer le dénombrement de ceux qu'a donnés le bassin général du Rhin, nous citerons d’abord ceux de la vallée du Mein. Bausch ( de Unicornu fossili, p. 190 et suiv.) cite une dé- iense de 9 pieds, trouvée en 1571 près de Schweinfurt; une seconde du méme lieu, en 1648; une troisième, de 13 à 14 pieds de long , en 1649, l'une et l'autre dans les fortifications de la ville; une en 1505, à Carlsbach près d’AHarmelburg ; une en 1049 à Zeiïl, découverte par une inondation du Æ#ein ; on y en avoit déjà trouvé en 1631, et on y en retrouva en 1657; une auprès de #urtzbourg ; une des environs de Bamberg; une des environs de Geroldshofen; une molaire du poids de r2 livres près d’Ærnstein en 1655. Si l'on jette un coup-d'æil sur une carte de F'ranconie, on verra que tous ces endroits, depuis Bamberg jusqu'à #Vurtzhours , n’occupent pas dans la vallée du Mein une longueur de plus de 25 lieues, en suivant les courbures. Quant au grand bassin du Danube, nous avons d’abord dans la vallée de l4tmühl le grand dépôt décrit par Col- lini (1) et par Esper (2), situé entre les villages de Kahldorf et de Raiterbuch , à trois lieues d’Æichsledt, et où les os d’élé- phant étoient accompagnés, comme à Canstadt et à Fouvent, d'ossemens d’Ayenes. M. Hammer possède une vertebre et une portion de crâne trouvés en 1770 auprès d_Æichstedt. (2) Mém. del’Ac. de Manh.,t. V. (2) Soc. des Natur. de Berlin, meue schr,,t& V. D” HTMS HT LOU AURA à IN AU TL D RYENLIL. E 37 Plus bas, on a la dent mächelière déterrée à Xrembs en 1644 par les Suédois (1), en creusant un fossé , et le prétendu géant trouvé au même lieu l’année d’après, ainsi que le tibia etle fémur déterrés à Baden près de Vienne sur la Swecha(2). L’ivoire fossile de Moravie, dont parle Formuus (3) , appar- tient également au grand bassin du Danube. Pour la partie de ce bassin qui s'étend en Hongrie, on peut voir dans Marsigli, Danub., IL, p. 73 et pl. 28, 29 , 30, 31, un atlas, un fragment d'humérus , une molaire, un fragment de défense et une très-grande mâchoire inférieure , trouvés en différens lieux de Hongrie et de Transylvanie, la plupart dans des marais. Fichtel (4) dit qu'il a été détaché, près de Jegenye, dis- trict de Kolocz, une défense longue de 6 pieds, d’un mon- ticule tout composé de nummulaires; ce qui seroit une cir- constance presque unique, si elle étoit bien constatée. Le Journal littéraire de Gœættingen (5) parle d'os etde dents trouvés près de Harasztos, village vallaque voisin de Claus- bourg dont les eaux tombent dans la Teisse. M. Hammer possède un fragment de molaire de Buggau près Schemnitz en Hongrie, dont les eaux tombent dans la ri- vière de Gran, et avec elle dans le Danube, vis-à-vis la ville de ce nom, autrement appelée Strigonie. (x) Theatr. europ. ,t. NV, Seybold medulla mirabil., p. 430. (2) Lambecius , Bibl. Cæs. lib. vol. VI, p. 515 - 516. Æappelius , Relat. cur.IV, p. 47: (5) Mus. , p. 54. (4) Traité des Pétrifications du gr. duché de Transylvanie, en allem., Nüremb. 1780, in-4.°, tome II, p. 110. (5) N° 6 de 1798. 38 ANNALES DU MUSÉUM Pour revenir à l'Allemagne , nous trouvons dans le bassin du JV'eser le squelette déterré à Tide, dans le vallon de l Ocker, entre #Folfenbuttel et Stetterburg(r) ,en 1722 ; Leibnitz avoit déjà fait représenter une mâchelière de cet endroit (2). Nous y trouvons encore le squelette entier découvert en 3742 par le docteur Kœnig à Osterode , au pied du Hartz, et au même endroit d’où l'on a eu une Spot et un radius de rhinocéros en 1733 (3). Les os de Bettenhausen près Cassel sur la Fulda (4), ainsi que ceux de la Æesse en général (5) et ceux d’Aildesheim sur l’/nnerste appartiennent encore à ce bassin (6). Dans celui de l £/be, outre les squelettes entiers de la vallée de l'Unstruth, mentionnés ci-dessus, nous trouvons Les nom- breux ossemens d’'£sperstædt, dans le comité de Mansfeld, entre {alle en Saxeet Querfurt, et dans la vallée dela Sala (5). Ce qui est bien remarquable, c'est qu'une partie fut trouvée dans une carrière de pierre dure : apparemment que c’étoit dans quelque fente. Scheuchzer en avoitune molaire dans son cabinet. Il en avoit aussiune de Querfurt même, à la source de la Salza qui se jette dans la Sala (8). ————————_—— a G) Brückmann , Epist. in. 50, et Hamburg-berichte , vol. de 1744, (2) Protogæa, pl. dernière. (5) Brückmann , Epist. it. cent. IT, Ep. 29, p. 306. (4) Walch.in Knorr.,Monum., t. II , sect. IT, p. 162, (5) Bausck. de Eb. foss., p. 189. (6) Id. 16. (7) Hoffmann et Beychlag, de Ebore fossili ‘suevico halensi, p. 9. Sekulez, Comerc. lite. norimb., 1752, p. 405. (8) Museum diluv., p. 101, n.° 25. (9) 18., n° 15, D'HISTOIRE NATURELLE. 39 On en a trouvé plusrécemment à Dessau sur PElbe même (1), et à Potzdam ,au confluent de la Æavel et de la Sprée (2). Sondershausen, sur la Wipra, qui se jette dans F'Unstrutt appartient encore au bassin de Pilbe. #Walch (5) dit qu'on y a trouvé des os d’éléphant irès-calcinés. Æ/tenburg sur la Pleiss est du même bassin. On y trouva de l'ivoire fossile en 1740 (4). On doit encore rapporter ici l'ivoire fossile trouvé près de Rabschitz , sur le chemin de Meïssen à Freyberg, dont parie Fabricius dans ses Annales de la ville de Meissen, an 1566 (5); la défense retirée d’un rocher auprès de Suabers, sur la- quellece même auteur rapporte de mauvais vers latins (6), et les os trouvés sous la terre végétale à Ærxleben, près dErfort (3). Pour le bassin de F Oder ,il faut consulter la Silesia subter- ranea de Folkmann. y parle d'un lumérus (8) penda dans l'éelise de Trebnitz, d'un fémur dans la cathédrale de Breslau(s), et d’un prétendu géant déterré à Liegnitz ,en fondant l'église, dont les os furent distribués pour étre placés dans les princi- (1) Merneke , Soc. des Nat. de Berlin, IE, p. 470. €) Fuchs., ib., p. 474. (5) Kaorr. Monum., tome IE, sect. IT, p. 163. (4) Schnerter, Lettre à J.-J, Raab., jena., 1740, 8. (5) Ap. Bausch, de Eb. foss., 180. (5) Ap. ÆAlbinus Meissnischeberg-chronik, tit. XXII, p- 172. (7) #alch. Monum. de Xnorr., Hi, sect. IL, p. 162, qui cite Buumer; Act, ac. el, mog. Erfurti, tome IT; mais je n'ai rien trouvé à ce sujet dans les Observ. ad geogr. subterr. pertin. , dans le vol. d'Zrf. de 1776, seule dissertation de Bau- mer que celte désignalicn puisse indiquer, (6) PI. XXV , f 1. (9) 18, f, 2. Lo ANNALES DU MUSÉUM pales églises du pays. Un fémur fut tiré de l'Oder même en 1652, près de Kleirschemnitz (1). A l'est du bassin de l'Oder, on trouve en Pologne et en Prusse celui de la Vistule. Quoique beaucoup moins examiné que ceux des fleuves d'AI- lemagne , il a pourtant aussi fourni des os d’éléphans, et a donné lieu, comme tant d’autres, à des récits de géans , sur lesquels on peut consulter l Histoire naturelle de la Prusse par Bock, en Allemand , tome If, p. 304. Gessner avoit déjà recu une défense fossile de ce pays-là (2). Raczinsky mentionne une molaire découverte au bord méme du fleuve, à 6 milles de Varsovie (3), et Klein, une autre déterrée, en 1736, à G pieds de profondeur dans le sable, à demi mille de Dantzig, près le couvent de Saint-Adelbert (4). Le bassin du Dniester ou T'yras n’en est point exempt. Le même X{ein parle de molaires et de plusieurs autres os mis à découvert par ce fleuve en 1729 (5), auprès de Kaminiek. Les les britanniques qui, par leur position, n'ont pas dû recevoir beaucoup d’éléphans vivans en offrent un grand nombre de fossiles. $Sloane avoit une défense déterrée à Londres même, Grays inn lane , dans du gravier , à 12 pieds sous terre (6). Ilen possédoit une autre du comté de Vorthampton trouvée (1 Eph. ac.nat. cur., an. 1665. (2) De fig. lap., p.137. (3) Hist. nat. pol. I, 1. (4) Hise. pisc. nat. promov. miss. , I, p. 52. (5) IB., p. 29- (6)Ac. des Sc. 1727,in-12, T1, 430 etsuiv. D’ HE S TD OMR E EN À DURE RE k E. 4u dans de Pargile bleuâtre, sous 14 pouces de terre végétale, 18 d'argile et 30 de cailloux mélés de terre (1). Une molaire du même canton et de quatorze lames étoit plus profondément sous 16 pieds de terre végétale, 5 pieds de terre sablonneuse mélée de cailloux, un pied de sable noir mélangé de petites pierres, un pied de gravier menu et 2 de gros gravier où étoit la dent , et sous lequel seulement venoit l'argile bleue (2). Dès 1630, on avoit trouvé à Glocester une portion de crâne avec quelques dents (3). Une maächoire inférieure avoit été déterrée à Trentham, dans le comté de Stafford (4). En 1700, divers grands os, dont un humérus , furent dé- terrés à Vrebness, près Harwich, sur la rivière de $towr, à 5 ou 16 pieds de profondeur , dans du gravier (5). M. de Burtin possède une molaire des environs de Har- wich (6). À Norwich, dans le comté de Vorfolk , il se trouva en 1745 une molaire du poids de 11 livres anglaises, et plusieurs grands os (7). J'ai moi-même en ce moment sous les yeux, par la com- munication qu'a bien voulu n’en faire M. G.-4. Deluc, l'os du métacarpe du petit doigt du pied de devant droit, trouvé à «> Id. p. 434, et Morton, Nat. Hist. of Northamptonshire, p. 252. (2) Id. ib,p. 445, et Morton, 1b, et tab. XI, fig. 4. (3) Id. 1b. (4) Id., p. 467 ,et Rob. Plot. , Hist. nat. du comté dé Stafford, (5) John. Luffkin, Trans. phil., tome 22, n.° 274, p. 024. (6) Burtin , Mémoire couronné à Harlem , p. 25. «7 Henry Baker, Trans. phil. vol, 45 ,p. 351, art. XXI. 8. 6 2 ANNALES DU MUSÉUM Kew, à 18 pieds de profondeur, dont un pied et demi de terreau, 5 pieds d'argile sableuse , rougeätre , bonne à faire des briques ; 8 de gravier siliceux , et 3 pieds de sable rougeûtre, lequel repose sur de l'argile. Ce sable contenoit beaucoup d’autres ossemens , entr'autres le noyau d’une corne du genre du bœuf; et, dans une autre fouille du même champ, on trouva sur l'argile une défense longue de & 7” qui se brisa quand on voulut l'enlever. L’argile elle-même contient des coquilles, et entr'autres des nautiles (1). La petite île de Sheppey, à l'embouchure de la Midsvey et de la T'amise, a fourni une vertébre, un fémur, une dé- fense, etc., dans un endroit de la côte lavé par le flot (2). M. Peale cite encore tout récemment des os irouvés dans la plaine de Salisbury , auprès de Bristol et dansles {les des Chiens (3). Dom Calmet avoit déjà parlé d’un géant des en- virons de Salisbury , près du fameux $tone-Henge (/). Pennant (5) avoit reçu deux molaires et une défense du Flint-Shire , au nord du pays de Galles. Elles avoient été tirées par des mineurs de dessous une mine de plomb, à 115 de profondeur, dans un lit de gravier; et parmi les lits supé- rieurs en étoit un de pierre calcaire épais de 11 à 12 ; un bois de cerf étoit avec ces dents. Je soupçonne bien cette position de n'avoir pas été décrite exactement : elle seroit peut-être la seule de son genre. (1) Ces détails sont extraits d’une lettre dont m’a honoré M. G. 4. Delue, en date de Genève le 6 décembre 1805. (2) Jacob , Trans. phil. , tome 48 , p. 626-627. (3) Historical Disquis : on the Mammoth, p. 7, note 4) Dict. de la Bible, p. 160. (5) Pennants works, t, XV , quadr. I, p. 158. D'HISTOÎRE NATURELLE, 43 L’/rlande a fourni des os d'éléphantméème dans ses parties septentrionales. Il y en eut quatre belles mächelieres de dé- terrées , en 1715 ,à Maghery , à 8 milles de Belturbet, en creu- sant lés fondemens d’un moulin (1). La Scandinavie , ce pays si peu propre à nourrir des élé- phans vivans, en contient cependant de fossiles. M. Quensel, mtendant du cabinet d'histoire naturelle de PAcadémie des Sciences de Stockholm , a eula bonté de m’en- voyer le dessin d’une grande mächelière inférieure très-usée du cabinet qu'il dirige. Elle a été trouvée dans une colline de sable, près du fleuve de Jic en Ostrobothnie. J.-J. Dæœbeln a déjà décrit et représenté des os gigan- tesques (2), déterrés en 1733 à Falkenberg, dans la province de Halland. A en juger par les figures, ce sont une première côte, un os du métacarpe et un os indéterminable du carpe d'un éléphant. - Les os de géans déterrés en Norwége, dont parle Pontop- pidan , ne peuvent guère non plus se rapporter à autre chose(3). Il n’est pas jusqu’à l'Islande qui n’en ait. Thomas Bartolin faitmention d’une mächelière d’éléphant, qui fut envoyée de cette île à Resemius , et donnée par celui-ci au cabinet public de l'Université de Copenhague. Elle étoit pétrifiée en silex (4). $Sloane en avoit une dans son cabinet, changée dans la même matière (5); mais il n’en fait point connoître l’origine. (1) Francis Neville, Trans. phil. ,tome 29 ,n.° 349, p. 367. (2) Act. ac. nat. cur., vol. V, tab. V. (3) Pontopp. Hist. nat. de Norw., trad. angl. 1955, IL, p. 262. (4) Act. med. Hafn., I, p. 85 ,n.° XLVI. (5) Mém. de l’Ac. des Sc. de Par., 1727 ,in-12, t. IL, p. 447. 6 * k4 ANNALES DU MUSÉUM Pontoppidam cite ausst , d'après T'orfœus , un crane et une dent trouvés en Islande, et d’une prodigieuse grandeur (1). De tous les pays du monde, celui qui a le plus fourniet qui recèle encore le plus d’ossemens fossiles d’éléphans, c’est le‘ vaste empire de Russie, et surtout celles de ses provinces où l’on devroit le moins s'attendre à en trouver , les parties les plus glacées de la Sibérie. Déjà , dans la Russie d Europe, on en a découvert en beau- coup d’endroits ; il en fut trouvé de monstrueux ,en 1775, à Swijatowski,à 17 werstes de Pétersbourg (>). Il y a au cabinet de cette ville une défense des environs d’Archangel(3), dans la vallée de la Dwina. Corneille Le- brun cite des défenses trouvées près de la surface , à ’orones sur le T'anaiïs (4). Il y en a un énorme aimas , ainsi que d’os de beaucoup d’autres animaux, sur la rive du Tanaïs, près de la ville de Kostynsk (5). M. Pallas, dans son Nouveau Voyage des provinces mé- ridionales de la Russie, en rapporte des exemples, de plusieurs lieux entre le T'anaïs et le Folga , comme des environs de Pensa (6), et de deux autres endroits plus prèsdu Fo/ga (7). Mais pour toute la Russie asiatique. proprement dite , le ‘() Hist. nat. Norw. , trad. angl. IT, p. 242. (2) Journ. de Pol. et de Liltér. ,5 janv. 1776, ap. Buff. Ep. de la Nat., notes just. 0. (5) Pall., Nov.Com. Petrop., XI, 471. G&) Sloane, loc. cit., p. 445. (5) Pall., Nov. Com. Petrop., XVII ,578. Gmez, Voy.en Sib. en allemand, E, 34 et 78. (6) Trad. fr. , tome I, p. À Te (7) 16., p. 93 etgf et p. xox-et 702. D'HISTOIRE NATURELLE. 45 témoignage universel des voyageurs et des naturalistes s’accorde à nous la représenter comme fourmillant de ces monstrueuses dépouilles (1). à Ce phénomène y est si général, que les habitans ont forgé une fable pour l'expliquer ; et qu'ils ont supposé que ces os et ces défenses proviennent d’un animal souterrain vivant à la manière des taupes, mais ne pouvant hmpunément voir la lumière du jour. Ils ont nommé cet animal mammont ou mammouth , selon quelques-uns , du mot mamma qui si- gnifie terre dans quelque idiome tartare (2) ; et ,selon d’autres, de Farabe behemoth, employé dans le livre de Job, pour un grand animal inconnu , ou de mehemoth, épithète que les Arabesontcoutume d'ajouter au nom de l'éléphant /f4l) quand il est très-grand (3). C’est sous le nom de cornes de mammont, mammontova- kost, qu'ils désignent les défenses ; celles-ci sont si nombreuses et si bien conservées, surtout dans les parties septentrionales, qu'on les emploie aux mêmes usages que l'ivoire frais , et qu'elles font un article de commerce assez important pour queles czars ayent voulu autrefois s’en réserver le monopole (4). C'est probablement le profit qu’elles procurent qui a excité à leur recherche, et qui a fait découvrir tant de ces ossemens dans ce vaste pays ; ajoutez que les rivières immenses qui des- cendent à la mer glaciale, et qui s’enflent prodigieusement à (1) Voyez ZLudolf, gram. russ. , Isbrand-Ides, sam. bernh. Miller Strahlen Berg, Gmélin, Pallas , etc. (2) Pall. loc. cit. 5) Strahlenberg, twad. avgl., p. 405. 15) Sa) (4) Etat prés. de la Russie , en angl, ap. Woane , oc. cit. 46 ANNALES DU MUSÉUM époque du dégel, rongent et enlèvent d'énormes portions de leurs rives, et y mettent chaque année à découvert des os que la terre contenoit; ce qui n'empêche point qu'on n’en trouve beaucoup d’autres quand on creuse des puits et des fondations. Ainsi on ne doit pas croire qu'ils ayent simplement été amenés par les fleuves des montagnes voisines de l'Inde où les éléphans peuvent se porter naturellement encore. aujourd’hui, comme l'a avancé récemment un auteur estimable (1). D'ail- leurs il n’y en a pas moins le long du Volga, du T'anaïs et du Jaik qui viennent du nord, et le long de la Léna, del /n- digirska , du Kolyma et même de l Anadir (2) qui descendent des montagnes très-froides de la Tartarie chinoise , que le long de l Ob, du Jenissea et des rivières qui s’y jettent, dont l'/r- tisch est peut-être la seule qui s'approche assez des montagnes du Thibet, pour qu'on puisse lui appliquer cette hypothèse. C'est des bords de l'/ndigirska que vient le beau crâne rap- porté par Messerschmidt, et dont nous donnerons une copie, Il n’est, dit M. Pallas (3), dans toute la Russie asiatique, depuisle Don ou T'anaïs , jusqu’à l'extrémité du promontoire des Tchutchis, aucun fleuve, aucune rivière, surtout de ceux qui coulent dans les plaines, sur les rives ou dans le lit duquel on n'ait trouvé quelques os d’éléphans, et d’autres animaux étrangers au climat, Mais les contrées élevées, les chaînes primitives et schis- (1) Patrin Mist. Nat. des Minéraux,tome V, p. 591 et suiv. etnouyeau Dict, desSe. pat., Art. Fossiles. (2) Pall. Nov. Com. Pétrop., XIII, p. 471. (3) Nov, Com. Petrop., tom. XVII pour 1772, p. 576 et suiv. D'HISTOIRE NATURELLE. 47 teuses en manquent ainsi que de pétrifications marines, tandis que les pentes inférieures et les grandes plaines limoneuses et sablonneuses en fournissent partout aux endroits où elles sont rongées par les rivières et les ruisseaux , ce qui prouve qu’on n’en trouveroit pas moins dans le reste de leur étendue, si lon avoit les mêmes moyens d'y creuser. Il y en a méme fort peu dans les lieux trop bas et marécageux ; ainsi l OP qui parcourttantôt des forêts basses et marécageuses, tantôt des rives escarpées, n’en a que dans ces derniers en- droits :« Ubr adjacentes colles arenosi præruptam ripam effi- » ciunt ». Strahlenberg avoit dit la même chose plusieurs an- nées auparavant, sur la manière dont ces os sont mis à nu dans les mondations (1). . On en trouve à toutes les latitudes ; et c’est du nord que vient le meilleur ivoire, parce qu’il a été moins exposé à l’ac- tion des élémens. Ce qui, indépendamment de cette prodigieuse abondance excluroit toute idée d’expéditions conduites par les hommes, c'est qu'en quelques endroits ces os sont réunis à une quan- tité mnombrable d’os d’autres animaux sauvages grands et petits. Les os sont généralement dispersés, et ce n’est que dans un petit nombre de lieux qu’on a trouvé des squelettes complets comme dans une sorte de sépulcre de sable. Ce qui est bien remarquable encore, c’est qu’on les trouve souvent, dans, ou sous des couches remplies de corps marins, comme coquilles , glossopètres et autres. Telle est l'extrait du récit de M. Pallas. (1) Strahlenb, loc. cit. Q = 8 ANNALES DU MUSÉUM Une particularité quim’est pas moins frappante que toutes celles que nous rapporte ce grand naturaliste, c’est que en quelques endroits l'on a découvert des os d’éléphans qui con- servoient encore des lambeaux de chair ou d’autres parties molles; l'opinion générale du peuple en Sibérie est que l'on a déterré des mammonts encore revêtus de leurs chairs fraïches et sanglantes: c'est une exagération ; mais elle est fondée sur ce qu'on trouve quelquefois ces chairs conservées par la gelée. Isbrand-Ides parle d’une tête dont la chair étoit corrompue et d’un pied gelé, et gros comme un homme de moyenne taille ; et Jean-Bernhard Müller, d'une défense dont la cavité étoit encore remplie d’une matière semblable à du sang caillé. On douteroit peut-être de ces faits s'ils n’étoient confirmés par un du même genre, à l'authenticité duquel rien ne manque, celui du rhinocéros entier déterré avec ses chairs , sa peau , Son poil, auprès du #'#/houi, en 1771, dont nous devons à M. Pallas une relation circonstanciée , et dont la tête et les pieds sont encore conservés à Pétersbourg. Ces faits prouvent tous en- semble que c’est une révolution subite qui a enterré ces éton- nans monumens. | À ces remarques générales , nous allons joindre un apercu rapide des principaux cantons où l’on a découvert des os d’é- léphans. | Nous en avons déjà cité du bassin du Volga; ajoutons-y ceux d’entre le Volga et le Swiaga, et ceux du long de la Kama où ils sont mélés de coquillages marins (1); ceux de la (1) Pallas , Nov. Com, Petrop., XVII, 58r. D'HISTONREÆ NATURELLE. 49 rivière d'/rouis (1), et ceux que M. Macquart a donnés au conseil des mines, et qui étoient mêlés d'os de rhinocéros. C’est aussi du Volga que venoit sans doute le fémur ra- porté de Casan par l'astronome Delille, et décrit par Dau- benton 2). M. Pallas donne une longue liste dos, de défenses et de molaires d’éléphans et de rhinocéros envoyés de ce gouver- nement à Petersbourg ,en 1776 et 17979 (3), et qui venoient aussi des bord du Swraga. Nos journaux parlent tout récemment d’un squelette com- plet trouvé dans ja terre de Struchow, gouvernement de Casan (4). J.-Chr. Richter avoitune molaire des environs d’Æstracan(5). Le Jaïk en détache sans cesse de ses rives , composées d’un limon jaunâtre, pétri de coquilles, et le peuple les conserve par superstition (6). M. Pallas en à vu à Kalmikova sur le Jaïk, dans lequel il dit qu'on en pêche de temps en temps (5). Delille en avoit aussi rapporté des bords de ce fleuve plu- sieurs fragmens au Muséum (8). Le bassin de l'O en est plein. Les Samoyèdes en viennent sans cesse vendre les défenses à Bérésova ; ils les. recueillent (1) Id. Voy. en div. prov. de Russ., trad. fr., 8e, p. 283. (2) Mém. de l’Acad. pour 1762, et Hist. nat. , tome XI ,n.° MXXXIV. (3) Neue nordische beytræge , L, p. 175, etc. (4) Magasin encyclopéd., mai 1806, p. 169. (5) Mus. Richter, p. 258. (6) Pallas , Nov. Com. Petrop. XVI, p. 58r. (7! Voy. IL, p.271. (8) Hist. nat. XL ,n.e MXXX VIT. 8 ; ba ANNALES DU MUSÉUM dans les immenses plaines nues qui vont jusqu'à la Mer Gla- ciale , et qui sont remplies de coquilles (1). Il y en a un énorme amas à Autschewazkoi sur VOB (>). Pallas en a eu une molaire et un grand nombre d'os, en face d'Obdorsk, près de l'embouchure du fleuve (3). Strallenberg en eite un squelette énorme trouvé près du lac Fzana, entre l'frtiseh e V Ob (4). L’frtisch,Vune des principales branches de @, est peut-être la rivière qui en a le plus donné (5) , ainsi que ses tributaires, la Tobol, la Toura, YIsete (6). Ces deux dernières qui des- cendent de la pente orientale des monts Ourals montrent sou- vent ces os mêlés de produits marins (7). M. Pallus les a vus près de l'Zsete, avec des glossopètres, des pyrites (8), et sous dif férentes couches d'argile , de sable, d’ocre , etc., et à Werko- tourié, près de la source de la T'oura (9) où Steller en avoit déjatrouvé (10), encore avec des glossopètres et des bélemnites. Il en a aussi détaché le long de l’/rtis, dans un sable pur mélé de coquilles (11). Strahlenberg parle d’une tête entiére de 4 pieds et demi de oo, (1) Nov. Com. XVH, p. 584. (a) Ib., p. 578. (3) Voy. V,p. 116. (4) Strahlenb., trad, angl., p. 404. (5) Voy. IV, p. 97 et 124. (6) Messerschmidt, ap. Breynius, Trans. phil, vel. 40, p. 148. (7) Nov. Com. XVII, p. 581. (8) 14. et Voy. HI, p. 353. (9) Voy. IE, p. 324. (10) Nov. Com. XII, p. 476. (xx) 16., id, = D'HISTOIRE NATURELLE 51 long, de Tumen sur la Toura (1). Le Tom, autre twibuataire de POB, en a beaucoup donné(>), ainsi que la Keta (3). Un squelette entier a été vu sur les bords du premier , entre Tomsk à Kafnetsko, par Messerschmidt (}). Enfin on en trouve jusque sur l4Zer, et même au pied de ces montagnes si riches en mines, desquelles plusieurs des branches de l Ob prennent leur source. M. Pallas assure avoir une molaire tirée d’une mine même de la fameuse montagne des Serpens, et trouvée avec des entroques, l'une des anciennes productions de la mer (5). Le bassin du Jenissea en a fourni de tout temps(6), auprès de Xrasnojarsk où M. Pallas en eut une molaire (3), et jus- que par les 70.° de lat. nord, au-dessous de Selakino, c'est-à- dire , très-près de la Mer Glaciale. Ge naturaliste nomme aussi l'Angara, autrement dit grande T'onguska , parmi les rivières qui en ont déterré (8). Messerschmidt et Pallas citent encore le Chatanga, Mana quise jette dans la Mer Glaciake, entre le Jenisseaet la Léna (9). Îsbrand-Ides Jean-Bernhard Müller (10) citent Jakutsk (x) Strahlenb. , trad. angl. p. 404. (2) Pallas et Messerschmidt, locis cit. (5) Isbran-Ides, ap. Sloane, doc. cit. , p. 437. (4) Strahlenb., trad. angl., p. 404. (5) Nov. Com. loc. cit. (6) Zsbr.-Ides. loc. cit. Pall. Nov. Com. XUIL , p. 471. Zaur. Lange et Niüller, ap. S/oane, loc. cit. (7) Voy. VI, p. 170, et Nov. Com. XVII, p. 584. (8) Nov. Com. XII , p. 471. (9) Locis cit. (10) Ap. Sloane, loc, cit. SJ 52 A N: N AZLOEZS: VD U 2 M UÜSŸÉ U Æ sur la Zéna ; et l'Académie de Pétersbourg posséde un cräne trouvé non loin de lembouchure de ce fleuve (1) avec presque tout le squelette. Le Filhoui, qui se jette dans la Zéna, et sur les bords du- quel on à trouvé ce rhinocéros entier, n’est sûrement pas dé- pourvu d'ossemens d’éléphans. Nous avons déjà parlé du cräne des bords de l/ndigirska ; il fut üré du flanc sablonneux d’une colline, non loin du ruis- seau dit Folockowoïë-Ruczei 2), vis-à-vis de Stanoi-Jarsk (3). En ajoutant à tous ces lieux lesrives du Xolyma et de l Ana- dir dont parle Pallas (4), on trouve qu'il n’y a aucun canton en Sibérie qui n’ait des os d’éléphans. Mais ce qui paroiïtra sans doute plus extraordinaire encore que tout ce que nous venons de rapporter, c’est que, de tous les lieux du monde, ceux où il y ale plus d'os fossiles d’éléphans, sont certaines îles de la Mer Glaciale , au nord dela Sibérie, vis-à-vis le rivage qui sé- pare l'embouchure de la Léna de celle de l/ndigirska. La plus voisine du continent a trente-six lieues de long. « Toute l'ile ( dit le rédacteur du Voyage de Billings ) à l'ex- » ception de trois ou quatre petites montagnes de rochers , » est un mélange de sable et de glace ; aussi lorsque le » dégel fait ébouler une partie du rivage , on y trouve en » abondance des dents et des os de mammont. » » Toute l'ile, ajoute-tAl, swivant l'expression de lingé- » nieur , est formée des os de cet animal extraordinaire , (1) Pallas. Nov. Com. XIIT , p. 472. Fe (2) Messerschmidt, loc. cit. (3) Pall. Nov. Com. XIIL , p. 471. (4) Id, ñ D'HISTOIRE NATURELLE. 53 » de cornes et de cränes de bufle ou d'un animal qui lui res- » semble, et de quelques cornes de rhinocéros ». Dettes très-exagérée sans doute , mais qui prouve à quel point ces 05 y sont abondans. Une seconde ile, située cinq lieues plus loin que la première et longue de douze , offre aussi de ces os et de ces dents, mais une troisième à vingt-cinq lieues au nord n’en a plus montré (Tr). Il s’en faut bien que le midi de l'Asie ait autant Eüfnb dé ces ossemens que le nord. Les lieux les plus méridionaux de l'Asie, où lon ait dit jus- qu'à présent avoir trouvé des os fossiles d’éléphant, sont la mer d_Aral et les bords du Jaxartes. Daubenton mentionne un fragment pétrilié de molaire des bords de ce lac (>),et Pal- las assure que les Bouchares apportent quelquefois de l'ivoire des environs de ce fleuve (3). En général, il est singulier qu’on ne déterre point de ces os dans. les climats où les éléphans qué nous connoissons vivent habituellement, tandis qu'ils sont si communs à des latitudes qu'aucun de ces animaux ne pourroit supporter. N'y en a-t-il point eu d’enfouis ? ou la chaleur les a-t-elle dé- composés ? ou, lorsqu'on en a découvert, a-t-on négligé de les remarquer, parce qu'on les attribuoit à des animaux du pays es et qu'on n’y voyoit rien d’extraordinaire ? Les naturalistes qui visiteront la zone torride ont là un sujet bien important de re cherches. (1) Voyage de Billings , traduit par Castera, tome I , p. 191 et suiv.. (2) Hist. nat. XI ,.n.° MXXX. (3) Nos. Com. XVII, p. 570. 54 ANNALES DU MTHÉUM Il paroïît du moins qu'on en a vu en Barbarie où il n'existe aujourd'hui d’éléphans d'aucune espèce. Sans vouloir parler de la dent de géant vue par Saint-Au- gustin sur le rivage dUtique, et qui auroit pu faire cent de nos dents ordinaires, le squelette de géant déterré par quelques esclaves espagnols auprès de Tunis , en 1559, pa- roit d'autant plus appartenir à léléphant , qu'un second sque- leue déterré au même lieu, en 1649, y appartenoit certaine- ment, comme le célebre Peyresc s'en est assuré (1). Il ne manquoit , pour compléter les singularités , que de trouver l'éléphant fossile en Amérique , continent où il n’y en a jamais eu de vivans depuis que les Européens le connoissent, et où ces animaux n'ont certainement pas pu être détruits par les peuplades foibles et peu nombreuses qui lhabitoient avant sa découverte. Buffon avoit déjà avancé l'existence de ces ossemens dans l'Amérique - Septentrionale, et, à ce qu'il prétendoit , dans celle - là seulement, On sait même qu'il imagina, comme cause de leur destruction dans ce continent, l'impossibilité où ils dûrent étre de passer l’isthme de Panama, lorsque le refroidissement graduel de la terre les poussa vers le midi, comme si tout le Mexique n'étoit pas encore assez chaud pour eux. Au reste, les faits sur lesquels Buffon appuyoit son hypo- thèse n'étoient pas même entièrement exacts. Les os qu’on avoit découverts de son temps n’étoient point de l'éléphant; (1) Gassendi, Vie de Peyresc, lib. IV, 27 ejus oper., ed. Lugdun., 1658, fo), 306 et 308. { pe Fe D'HISTOIRE NATURELLE. 55 ils appartenoient à un autre animal, celui que nous désigne- rons par le nom de mastodonte, et que Pon connoit aussi sous celui d'animal de EP Ohio. Mais on à aujourd’hui certainement des os d'ééphans pro- prement dits ; plusieurs auteurs récens en foni foi: M. Rem- brandt Peale dit qu'on en a trouvé des mâchelières dans le Kentuckey , toutes semblables à celles de Sibérie, mais en peut nombre, dans un état de décomposition et non accompagnées des autres os, si ce n’est peut-être des défenses (1); d’où il conclut que la destruction de l'éléphant, dans ce continent, est bien antérieure à celle du mastodonte où anünal de F Ohio ; ou que ses dépouilles y ont été apportées d'ailleurs par quel- que catastrophe. J'ai reconnu une vraie mächelière d’éléphant très-bien re- présentée dans une planche de louvrage de J. Drayton sur la Caroline. Catesby parle déjà de véritables dents d’éléphans fossiles en » ce pays-là.« Æn un lieu de Caroline (dñ-i ) nonimé Sroxo , ». furent deterrées trois ou quatre dents d'un grand animal » que tous les nègres, natifs d'Afrique , reconnurent pour » des molaires d'éléphant,et je crois aussi qu’elles en étoient, » en ayant vu quelques-unes de pareilles rapportées d_A4- » frique (2).» M. Barton qui na indiqué ce passage , remarque avec rai- son qu'il ne faut pas en inférer que ce fussent précisément des dents semblables à celles d'Afrique, mais seulement des dents (x) Historic. disquis., on the mammoth.p. 68. (2) Catesb., Garol, IE, ap. p. VIL, 56 ANNALES DU M USÉUM d'éléphans en général (je veux dire des dents composées de lames). En effet, on ne peut supposer que Catesby et ses nègres fussent en état de distinguer les espèces de ce genre, à une époque où aucun naturaliste ne les distinguoit encore. M. Barton ajoute qu'il a vu lui-même des dents de notre éléphant fossile, trouvées en 1799 , à quelque distance au nord de lendroit dent parle Catesby, en un lieu nommé Biggin-Swamps, près de la source de la branche oceiden- tale de Cooper - River. Elles étoient à 8 pieds de profondeur, pêle-mêle avec des os du grand mastodonte. Le même savant a vu une molaire de celte espèce, tirée d’une branche de la rivière de $usqueanna, avec une portion de défense longue de G pieds et de 31 pouces de tour, qui auroit eu au moins 10 pieds de long si elle eut été entière; et ce qui est remarquable, c'est que les sauvages délawares nomment cette branche Chemung ou Riwiere de la Corne (1). C'est d'apres ces faits que M. Barton écrivoit à M. de La- » cépede : (On a trouvé, en différens endroits de l Amérique- » Septentrionale, des squelettes ou des os d’un grand animal » plus ou moins voisin de l'éléphant; j'en ai reconnu des mo- » laires d’une espèce qui, si elle n’étoit pas absolument la même » que Féléphant d'Asie, lui ressembloit du moins beaucoup » plus par la forme de ses molaires, que ne fait le rmam- » inoth(2).» (I entend le ruastodonte ). (1) Estrait d’une lettre de M. Sith Barton, à M. Cuvier. (2) Lettre de M. Barton à M. de Lacépède, imprimée dans le PArlosophical Magazine de Tilloch,n.° LXXXVI, juillet 1805, p.95: D'H1S TOIRE NATURELLE. 57 Enfin j'ai moi-même des morceaux à en démontrer. Je les dois à l'amitié dont m'honore l'illustre et généreux M. de Hum- boldt. Pendant tout son voyage, ce savant n’a négligé aucune occasion de recueillir les dépouilles fossiles de quadrupèdes, dans l'intention de favoriser mes recherches; et il a bien voulu me remettre, à son retour, parmi beaucoup d’autres pièces dont je ferai usage par la suite, deux morceaux du véritable éléphant , recueillis , lun, dans l'Amérique-Septentrionale ; l’autre, dans la Méridionale. Le premier consiste en lames séparées de molaires, et ne donne par conséquent lieu à aucune équivoque. Elles sont tres-grandes , et du reste entièrement semblables à celles de Sibérie , par l’étroitesse et le peu de festonnement des lames d’'émail , amsi que par la petite dilatation de leur milieu. On les a prises à Hue huetoca, près Mexico. L'autre morceau est une pointe de défense d’un ivoire cal- ciné, mais parfaitement reconnoissahle de la villa de Ibarra, province de Quito au Pérou, à 1117 toises de hauteur. Ce tronçon étant moins comprimé que ne le sont d'ordinaire les défenses du mastodonte , j'ai tout lieu de croire qu'il vient d’un éléphant. Je déposerai soigneusement dans le Muséum ces deux pré- cieux morceaux qui prouvent que les vrais éléphans d'autre- fous à dents molaires composées de lames minces, ont aussi laissé de leurs dépouilles au nord et au midi de l'isthme de Panama. Pour ne négliger aucun renseignement, nous rappellerons ici les os de géans dont les relations espagnoles du Mexique, du Pérou et autres sont remplies. On peut en voir les extraits, accompagnés de beaucoup de récits nouveaux et détaillés, dans ù, 8 58 AÉONPACLE"S PDU - MU SE UM la Gigantologie espagnole qui fait partie de l'Apparato para la Historia natural espaniola du franciscain T'orrubia (x). Ce quinous empêche d'appliquer tous ces récits à l'éléphant, c’est qu'ils peuvent aussi devoir leur source à des os des deux mastodontes , qui sont beaucoup plus communs en Amérique , que ne le sont ceux de l'éléphant ,et qu'aucun de ceux qui les ont transmis n’a pris la peine de donner des figures, ou de dire quelques mots propres à faire distinguer les espèces. Ii est vrai que leurs prétendus géans se seroient trouvés anéantis par là même. Cette énumiération des lieux où lon a trouvé des os fossiles d’éléphans, est le résultat d'un dépouillement que nos travaux anatomiques proprement dits nenous ont pas permis de rendre aussi complet que nous l'aurions désiré; il est probable qu’elle auroit été bien plus considérable encore, si nous avions eu le temps de parcourir avec plus de soin les ouvrages des natura- listes, les voyages , les topographies, les collections acadé- miques et les journaux; mais elle est déjà suflisante pour donner une idée de la prodigieuse quantité de ces os que la terre re- cèle, et de tous ceux que lon pourroit découvrir encore si les fouilles étoient multipliées , et si celles qui se font étoient plus souvent dirigées par des hommes imstruits. naar VE grrr REP Ets Buse cbtoRe: PUPON I APISNEE LENS EM OM CITES SSSR (1) Tome I, p. 54-79. D'HISTOIRE NATURELLE. 59 OBSERVATIONS CARPOLOGIQUES. PAR M. CORRÉA DE SERRA. LE observations que je vais présenter sont des fragmens d’un ouvrage entrepris, il y a neuf ans, sous les yeux et par les conseils de l’illustre président de la Société royale de Londres. Ce travail avoit en vue deux objets : celui de continuer la dissec- tion et la description des fruits et des graines, si habilement com- mencée par Gærtner , et celui de connoitre la structure intime et la physiologie des fruits. Des devoirs et des circonstances per- sonnelles me firent mterrompre ces recherches , et en atten- dant que je puisse donner la perfection que je désire au ré- sultat de mes observations sur le second objet ,je me bornerai, pour le présent , à exposer seulement ce qui a rapport à la première partie de mon travail. Je souhaite que les débris en puissent être utiles à ceux qui se livrent aux mêmes recherches ; mais avant d'entrer dans les détails, qu'il me soit permis de dire quelques mots sur le plan que j'ai suivi en disséquant et décrivant ces fruits et ces graines. Avant les dernières années du siècle qui vient de finir , les boianistes en général, ceux même qui faisoient du fruit la base des grandes divisions de leurs méthodes, ne remarquoient dans les fruits et les grames que les différences les plus ap- e * Go ANNALES DU MUSÉUM parentes, et par là même fort souvent les moins décisives. Les recherches faites en France pour l'établissement des familles naturelles , et les travaux presque contemporains de Gærtner, fixent l'époque encore récente où la carpologie a pris le rang qui lui est dù entre les branches de létude des végétaux. On ne doit cependant rien en conclure de défavorable pour les botanistes antérieurs; car la tâche qu'ils avoient à remplir, in- dépendamment de cette considération , étoit immense, et ils s'en sont acquittés de manière à exiger notre reconnoissance. D'ailleurs la botanique proprement dite, ou cette partie de la science qui considère les végétaux comme êtres distincts, étant née bien avant l’autre partie de la science, qui les considère comme êtres vivans, et qui en recherche l’organisation in- terne, les botanistes étoient habitués à n’employer à la distinc- tion des plantes que les parties que la nature elle-même dé- ploie aux yeux de l'observateur. Les progrès de la science ne les forçcoient pas encore à franchir ces limites. . Gærtner nous a fait connoitre la structure d’un grand nom- bre de fruits et de graines, mais un bien plus grand nombre reste encore à examiner. J’aurois cru avoir assez fait, si sur ses traces j'avois continué à disséquer et décrire une partie des objets inconnus, mais il arrivera toujours que plus on ob- serve la nature, et plus on y distingue des choses dignes de remarque, qui ont échappé au premier observateur. Jen’ai pas cru par conséquent courir le danger de paroître novateur ,en m'écartant avec sobriété et mesure des traces de Gæriner partout où les faits l’exigeoient. Ce n’est pas., en pareil cas, la vanité individuelle ou lesprit d'innovation, mais la nature elle-même qui suggère les changemens. IL avoit distingué six objets de dissection et description dans D'HISTOIRE NATURELLE. Gt les fruits et les graines , à savoir : le péricarpe, le réceptacle , la forme de la grame, ses intégumens , lalbumen et lem- bryon. Il m'a paru que la nature nous forçoit à en considé- rer pour le moins huit, et voici mes raisons. Le seul ovaire doit étre considéré comme péricarpe. Ce seroit coufondre les choses et les idées que de faire partager ce nom à tout autre organe qu'aux organes féminins destinés à contenir les semences. Il y a cependant dans beaucoup de plantes des parties de la fleur qui, au lieu de tomber après la fécondation, restent adhérentes au fruit et font corps avec lui, sans pourtant en être une partie. Cette cohésion montre que, dans l’organisation de la fleur, aucune articulation externe ou interne ne les séparoit des organes féminivs. Elles sont différentes dans les différentes familles : ce sont, par exemple, les bractées dans les coniferes, le zamia, le cycas, ete. ; c’est le calice dans des familles presque entières; ce que l’on nomme vulgairement nectaire dans les carex; le réceptacle dans le fi- * guier., le dorstenia, le nelumbo, etc.;les filamens dans d’autres, et même le pédoncule devenu charnu dans l'hovenia dulcis, et dans l’acajou. Quoiqu'’elles ne soient pas le fruit , elles font partie de son apparence, et nous indiquent des rapports d’or- ganisation intérieure , toujours précieux pour les vrais bota- nistes. J’ai donc cru nécessaire de leur assigner une place sé- parée, lorsqu'elles existent ; et tout en désignant la rature par- ticulière de chacune , de les désigner par le nom général d’/n- duviæ. Ce mot n'a été fourni par Plaute, qui, dans le premier acte, scène troisieme des Ménechmes, parle d’une fille que son amant habilloit des habits déjà portés par sa femme : Uxoris exuviæ, dit-il, arduviæ tuc. Un des phénomènes les plus remarquables de l'histoire des Ga ANNALES DU MUSÉUM fruits, c’est la manière dont leur structure se démonte et se décompose, pour donner lieu à la dissémination de la graine. Cette opération est le résultat tout ensemble , et du total de leur organisation, et de la nature des substances qui les com- posent. Ce phénomène s'opère différemment dans diverses fa- milles, et son influence est marquée sur l’histoire du fœtus et de la jeune plante. J’ai cru par conséquent juste d’assigner aussi une place séparée à cet objet, qui paroit tout à la fois physiologiquement important, et capable de fournir des in- dices remarquables de Paffinité ou différence des végétaux. Le mot déjà connu , de dehiscentia, est celui que ÿ emploie pour désigner cet objet. Le péricarpe est, de toutes les parties du fruit, celle où les bota- -nistes ont remarqué de plus nombreuses et de plus frappantes diversités. Elle est aussi celle où Gærtner s’est plu à noter le plus grand nombre de différences. Mais on se méprendroit sur la marche de la nature, si lon supposoit que les diversités qu’elle montre dans des ouvrages du même genre sont effectivement «les diversités absolues. Ce sont toujours au contraire des modi- fications seulement d'un même plan, suivi avec ténacité, mais varié avec richesse. Il importe pour le moins autant à la science de connoître ce qu’il y a de constant dans ce plan, que ce qui est varié dans son exécution. Or , si l'on fait attention à tous les organes composés des végétaux, on trouvera que chacun est formé par un système très-simple de vaisseaux, accompagnés d’une portion de tissu cellulaire plus où moins composée, laquelle en dépend , et pre- nant , sous l’influence de ces vaisseaux, des formes variées, concourt par là avec eux à l'opération que organe accomplit. Tel est le système des feuilles, des bourgeons, des écailles, des D'HISTOIRE! NATURELLE. 63 ealices, des parties mâles de la fleur , et tel est aussi en effet celui des fruits et des graines qu'ils renferment. En observant les fruits avec réflexion, l’on trouve un où plusieurs paquets de vaisseaux, qui s'élèvent du fond du récep-” tacle, suivent la direction centrale, ou s’écartent pour se réu- nir au sommet. Dans l’un et dans l'autre cas, ils vont de là se terminer en une substance glanduleuse , que les botanistes ont nommée siigmate. Les graines se montrent placées sur les branches-mères de ces paquets, comme les bourgeons le sont sur les branches de larbre. La substance cellulaire qui ac- compagne ces paquets de vaisseaux, déterminée et dirigée par leurs ramifications secondaires, se prolonge, en guise d'ailes, eoncourt à former les valves et les dissépimens, et recouvre les cavités remplies de graines. Ces ailes, en se rencontrant, se réunissent par abouchement, et donnent lieu à des sutures que la maturité fait éclater au moment que la même cause détache la graine du petit cordon auquel elle est attachée. Tel est le système général des fruits, et il n’y en a pas un seul qui n'en ait les principaux et les plus indispensables traits, quel- que singulière que soit la modification de ses. différentes parues. Ce paquet de vaisseaux ,ou ce cordon pistillaire qui mañirise si souverainement lorganisation du fruit, est l'organe auquel jai cru devoir donner une attention particulière, partout où l'état où se trouvoit le fruit n’a permis de observer. Depuis le réceptacle jusqu'au stigmate, c’est lui qui sert de charpente: au fruit , qui détermine la place et la manière: d’attache des graines, aussi bien que la déhiscence du fruit même. C’est donc en le considérant, que les parties du fruit viennent à: être, non-seulement connues, mais connues sous les vrais 64, ANNALES DU MUSÈEUM rapports que la nature a mis entre elles. C’est aussi en con- sidérant cet enchaînement des parties, que l’on peut apprécier au juste la vraie différence ou affinité des fruits. Si ce Mémoire étoit destiné à la physiologie végétale, je tà- cherois d'exposer en détail ce que je me crois fondé à penser sur cet organe. Je tâcherois de montrer comment, très-simple dans l'appareil des vaisseaux qui le composent, il n’admet sous ce rapport qu'un petit nombre de diversités dans quel- ques familles. Comment la disposition et direction de ses branches, qui se trouve presque toujours déterminée d'avance dans le réceptacle , est susceptible d’un plus grand nombre de combinaisons , selon les différentes familles, et se trouve quel- quefois diverse dans des familles, d’ailleurs très-voisines. Je pourrois dire aussi que la naiure , quelquefois double et triple du tissu ceilulaire qui Paccompagne , est la cause de diver- cités encore plus nombreuses dans Paprarence et la structure des fruits. Mais comme la carpologie, dont je m'occupe ici, fait partie de la botanique proprement dite, je ne me per- iettrai de remarquer à présent que ce qui tombe sous les veux , aidés d'une simple loupe, et qui peut être d'un usage immédiat et facile pour l'association ou distinction des plantes. Gærtner a désigné par le nom de réceptacle la place et la manière de attache des graines dans les fruits. Ce mot est depuis long-temps consacré avec beaucoup de justesse à dési- signer ou le pédoncule élargi et garni de feuilles floréales sur lequel sont placées les fleurs en tête , les aggrégées aussi bien que les composées , ou le fond de la fleur qui sert de base an pistil D’aiieurs, le mot réceptacle ne présente aucune idée directe des fonctions que remplissent les parties du fruit qu’il a voulu ainsi désigner , et par cette raison même n'offre pas D'HISTOIRE NATURELLE. 65 le véritable point de vue, sous lequel les différences qu'on y trouve peuvent être considérées. On trouvera , j'ai lieu de le croire, que le mot de Placentatio que j'ai adopté, et que j'em- ploie pour désigner ces mêmes parties, offre une idée plus nette des fonctions qu’elles remplissent, et fait mieux ressou- venir l'observateur, des points de vue sous lesquels il doit en- visager les diversités qu'il remarquera dans leur structure. La forme de la graine et ses imtégumens ont été assez nette- ment considérés par Gærtner, et je me suis fait un devoir de me conformer à sa mamière de voir sur ces deux articles; mais les faits ne m'ont pas permis de le suivre entièrement pour ce qui regarde l’albumen et l'embryon. La signification du mot albumen a été si exactement cir- conscrite par la chimie moderne, que son emploi en carpo- logie pour exprimer des substances si visiblement différentes que celles qui entourent ou accompagnent l'embryon dans les graines, ne peut qu'induire en erreur. Il y avoit été introduit en conséquence d’un de ces rapprochemens que l’on s’est plu long-temps à faire entre la physiologie animale et la végétale, et qui ne pouvoient convenir qu’à l'enfance de cette dernière. Grew, qui, dans son Anatomie des Plantes, l'employa le pre- mier, comparoit la graine de celles-ci à l'œuf des animaux ovipares, et croyoit y trouver des substances et une organisa- tion parfaitement analogues. Pendant plus d’un siècle, ce rap- prochement ingénieux a siduit le plus grand nombre des na- türalistes; et Linné lui-même, bien qu'il connût les observa- tions de Malpighi, la adopté et embelli dans son $Sponsalia Flantarum. Quoique la ressemblance des œufs et des graines soit très-grande, l'analogie des substances qui les composent est loin d’être prouvée. 8. 9 GG ANNALES DU M.USÉU M Le mot de perispermum, employé par M. de Jussieu, qui est tiré de la situation, et ne préjuge rien sur la nature de ces diverses substances, jusqu'à présent non soumises à l’ana- lyse , est bien plus convenable à la sévérité et à l'exactitude d’ex- pressions dont on doit user dans l'étude de la nature. J’ai.cru devoir le préférer à celui d’albumen dont Gærtner a fait usage, parce qu'il étoit persuadé que la graine étoit un œuf véritable. C'est par une suite du même préjugé , que, trouvant dans quelques embryons un membre dontlexplication devencitiem- barrassante, il crut que sa continuité avec la plumule Pauto- risoit à le regarder comme le jaune ( vitellus ) de l'œuf végétal. Or, le jaune-dans les œufs des animaux étant par sa nature la partie la plus indispensable , et le membre dont il est ques- tion ne se rencontrant que dans un petit nombre de plantes, il est par là seul évident qu'il ne remplit point les mêmes fonctions et qu'il ne peut lui être comparé. Les germinations du nélumbo et du nénupharm'’ontappris que dans ces deux plantes c'étoit une radicule d’un caractère particulier , qui ne produit aucune chevelure, mais qui reste toujours sous la même forme, placée inférieurement aux racines de la plante, celles-ci pro- venant toutes de l'espace intermédiaire entre le corps de ce prétendu vitellus et les feuilles séminales. J'ai même soupçonné, d’après la forme particulière des racines des. orchidées, , que les graines presque invisibles de ces. plantes devoient être pourvues dun pareil organe. M. de Candolle , auquel,je lis part de ma manière de voir, a bien voulu la consigner sous mon nom dans son Jnéroductiou & la, Flore française, et les observations récentes de M. Salisbury sur la gerinina- ion des orchidées ont confirmé ce que javois soupçonné D'HISTOIRE NATURELLE. 67 quant à cette famille de plantes. Je ne tiendrai donc aucun compte de cet organe, dans sa qualité supposée de vitellus ; mais je le décrirai partout où il se présentera comme une ra- dicule particulière, dont je remarquerai les diversités appa- rentes , laissant à la germination à nous instruire sur sa na- ture et ses fonctions dans chacune des plantes où on la re- trouve. Il est probable que ces fonctions et cette nature ne se trouveront point absolument les mêmes partout, puisqu'on observe une assez grande variété dans la forme et la posi- tion de ce membre. L'une et l’autre sont différentes dans les cryptogames et les graminées , les scitaminées, le ruppia, le zostera, le ceratophyllum, le rhizophora , etc.; ce qui paroït prouver encore une fois qu’il n’est pas exact de les confondre avec le vitellus des œufs des animaux, si uniforme en lui- même et par la situation et par la forme. Voilà les seuls changemens que je me suis permis dans la néthode et la manière de voir du respectable Gæriner. Ge n'est pas que Pétat actuel de la science ne nous permette des soupcons sur la possibilité de mieux voir quelques-uns de ces objets. Il y a, par exemple, des raisons assez fortes pour douter s'il existe de vrais cotylédons dans beaucoup de plantes qui passent pour monocotylédones. El y en a aussi pour penser que les périspermes, qui sont de plus d’une espèce quant à la substance, le sont aussi quant à leur origine et leurs fonc- tions, et que la présence de quelques-uns est même condi- tionnelle. Mais sil est temps déjà d’avoir de tels soupçons fondés , il ne l'est pas encore d'agir comme si ces points étoient clairement avérés. s Je passe à la description détaillée des fruits et des graines 9 68 ANNALES DU MUSÉUM D'après ce que je viens de dire, elle touchera huit points pr'imcIpaux. 1. Les induviæ. 2.° Le péricarpe et son cordon pistillaire, lorsque l'état du fruit permettra de le reconnoïtre avec exactitude. 3° La placentation des graines. 4° La déhiscence du fruit. 5.° La forme de la graine. 6. Ses intégumens. 7° Le périsperme. 8° L’embryon. Et je tâcherai, partout où il sera possible, d’en tirer des con- séquences immédiates pour mieux établir les affinités des plantes qui les produisent. D'HISTOIRE NATURELLE. 69 OBSERVATIONUM CARPOLOGICARUM FASCICULUS PRIOR. L DRIANDRA VERNICIA. Vernicia montana Loureiro Flora Coch.,t. 2, pag. 722, edit. Willdenow. Tab. I, fig. 1. (Ex Museo Domint J. Bas. ) * Frucrus. Induviæ. Nulle. Pericarpium. Capsula ovata, acuminata , tricocca, lobis cari- nats , superficie varicosa, trilocularis; substan- . tia duplex , exterior , suberoso-lignosa {in fructu recenti carnosa }; interior ( cocculi ) lignosa. Chorda pistiilaris centralis composita, chor- dulæ partiales tot quot loculamenta. Placentatio. Semen in singulo loculamento unicum , chor- dulæ partiali superne affixum. Dehiscentia. Substantiæ externæ in sulcis , internæ ( cocculo- rum ) ad fructus axem. X* SEMEN. Forma.Semen solitarium, grande , ovatum ; hine convexum , inde obtuse angulatum, glabrum , fuscum, va- 70 ANNALES DU MUSÉUM riegatum. Caruncula umbilicalis., lata, scutifor- mis semicalyptram semini adnatam simulans , chartaceo fungosam. Integumentum. Vuplex , exteriüs crustaceum , interius mem- branaceum , crassum. Perispermum. Semini conforme crassum, carnosum, pal- Edum. ÆEmbryo. Dicotyledoneus, perispermo minor, inversus, al- bidus. Cotyledones ovatæ, foliaceæ, VEnosæ , tenues. Radicula teres, brevis, supera. Onserv. Tota hæc fructus seminisque structura Euphorbia- ceis propria. Exprcario FIGURÆ. 1., É'ructusrinteger. 2. Ejusdem sectio transversa. (a) $Seminis laius exterius. (b) ÆEjusdem laitus interius cum caruneula. (c) /dem decorticatum. (d) Ejusdem sectio verticalis cum perispermo et em- bryone. IT CARISSA CARANDAS. L. Fab. I, fig. 2. (Ex Museo Domuint J. Banks.) * FrucTus. Ind. Calix persistens, perianthium, inferum , quinque parti- tum , acutum, minimum. Peric. Pomum ovatum, carnosum, biloculare areis loculo- rum compressis, evalve. D'HISTOIRE NATURE L LE. TI Plac. Suberosa, centralis, crassa , utrinquè septo continua, cui semina unum ad quatuor in unoquoque loculo affixa, funiculis umbilicalibus centralibus brevissimis. Dehisc: Nulla. **# S:EM.E.N, Forma. Semen compressum, planum , orbiculato angulatum margine incrassato cinclum , cujus impressio in placenta et parietibus locularum persistit. Hilum centrale. Integ. Simplex, membranaceum, subearnosum , nucleo latius. Perisp. Carnosum semini conforme , eo argustius, margini in- crassato per filamentum superum adherens. Embr. Dycotyledoneus planus , rectus , perispermo dimidio brevior. Cotyledones ovato-acuminatæ, foliaceæ ,radicula longa, teres, recia, Süpera. Osserv. Planta ceriè Jasmineis quam Apocyneis affinior. Exec. mic. Fructus integer. 2. Ejusdem sectio transversa. 3. Ejusdem sectio-verticalis. 4. Septum centrale. (a) Semen auctum. Ejusdem sectio verticalis cum pe- rispermo et embryone. IL AVERRHOA BILIMBI. L Tabl. IL, fig. 2. (Ex Museo Domini BANRKS.) * FRrucTUS. Ind, Calix persisiens, perianthiuns, foliolis lenceolatis , acutis, parvis. £. 72 + ANNALES DU M ü S £ ü m' Iilamenta decem persistentia, setacea, Styli quinque , persistentes. Peric. Bacca pulposa, oblonga , ovata, quinqueloba, sulcis profondis , lobis teretibus , quinquelocularis, loculis com- pressis, membrana propria tenuissima vestitis. Chorda pistillaris centralis , composita, chordulæ partiales tot quot loculamenta. Placent. Semina duo ad quinque in singulo loculo, chor- dulis pistillaribus partialibus utrinque aflixa, ut quæque chordula ducbus loculis semina alternatim præheat, fu- niculus umbilicalis, subsuperus , setaceus, Dekisc. Nulla. ## SEMEN. Forma. Semen lentiforme, supernè auctius, tuberculatam , hilo rostellato, gibbo , calloso. Fntes. Duplex. Exterius membranaceum, tenue, leve; interius coriaceum , fuscum, extus tuberculatum., Perisp. Semini conforme carnosum. Fmbr. Dycotyledoneus, perispermo paulo minor, inversus , compressus, albicans. Cotyledones foliaceæ, tenues, el- lipticæ, radicula teretiuscula, brevis, supera, Osserv. Genns hoc procul dubio Rhamnoïideis affinè, nam si Staphylæam fructu carnoso, aut Evonymum carnosum loculis polyspermis animo concipere liceat, fructus eveniet Averrhoæ simillimus, Expz. rc. 1. Fructus integer. 2. Ejusdem sectio transversa. 3. Idem verticaliter apertum. (a) Seminis facies. (b) Idem excorticatum. (c) Embryo. D'HISTOIRE NATURELLE. 73 IV. AVERRHOA CARAMBOLA.L Tab. IT, fig. 2. (Ex Museo Domini Banks.) RD CDULS. Jnd. Calix persistens, perianthium, pentaphyllum, parvum. Perie. Bacca pulposa , oblongo ovata, quinqueloba , inter an- gulos profunde sulcata , lobis acutis , fructum stellatum referentibus, quinquelocularis loculis compressis, mem- brana propria vestitis. Chorda pistillaris centralis, com- posita, chordalæ partiales tot quot loculämenta. Placent. Semina tria ad quatuor in singulo loculo, chordulis parüalibus aflixa, faniculus umbilicalis brevissimus, et ex eo arillus carnosus, bilabiatus semen involvens. Dekisc. Nulla. XX SEM EN. Forma. Semen gigartoideum, apice mucronatum, hinc gib- bum, et lineä longitudinal natatum cui arillus adhæret. Jnteg. Duplex ,exterius coriaceum , fascum ; interius tenue. Perisp. Semini difforme oblongo ovatum , carnosum. Æmbr. Dycotyledoneus compressus , perispermo pauld minor, cotyledones foliaceæ, tenues, ellipticæ , radicula tere- tiuscula , brevis. Exec. mic. 1. lructus integer. 2. Ejusdem sectio transversa. 3. Ejusdem segmentum verticale. (a) Semen arillo obvolutum. (b) Îdem arillo explicato, (c) Idem denu- datum. (d) {dem denudatum: (e) Embryo: 7: 10 74 ANNALES DU MUSÉUM V. BROUSSONETIA PAPYRIFERA. Tab. I , fig. 1. ( Morus papyrifera, L.) Ventenat, Tableau du Règne végétal, t. 3, p. 543. * Faverus. And. Flos fœmineus persistens. Receptaculum commune, ro- tundatum, fungosum , albidum tectum undique flosculis, quorum plurimi effæti. Calix monophyllus, trifidus, membranaceus. Corolla nulla. Peric. Receptaculum proprium seminis elongatum , gelatinoso carnosum , calice longius. Apice bilabiatum videtur et semen lacinis amplectere, sed membrana pellucida, exilissima , lacinüs continua, semen includit. Chorda pistillaris , simplex, per alteram laciniarum transiens, versus apicem bifida ,crure altero in stylum simplicem protracta , altero semen inversum sustinente. Placent. Ut suprà. DERISCRRANTCEEAUO cr DSRIAE X*X SEMEN. Forma. Semen solitarium, globoso-reniforme , subrufescens, glabrum. Integ. Duplex, exterius crustaceum fragile; interius mem- branaceum , tenue, albidum. Perisp. Semini conforme, carnosum, albidum , embryonem includens. ÆEmbryo. Dicotyledoneus,uncinato curvatus , inversus, lacteus , D’ nm r'S'T'oM RE NA TAU AR ELL LE 15 cotyledones eblongæ , angustæ ; planæ, incumbentes, radicula teretiuscula , oblonga , erassa ; adscendens. Osserv. Fico affinior planta quàm moro. Exez. r1i6. Fructus integer seu florum fæminæorum conge- ries globoso-capitata. 2. Ejusdem sectio verticalis. 3. flosculus fertilis à capitulo avulsus. 4. Calix explicatus. (a) Seminis facies aucta. (b) Ejusdem sectio verticalis cum perispermo et embryone. VI. PALMA MARIPA. Aublet, Plantes de la Guiane ,1. 2, p. 974. Tab. ILE, fig. 2 ( Ex speciminibus in collectione Domini ne JussiEv.) PrÉRUCTUS Induwiæ. x Calix hexaphyllus, foliolis duplici ordine alterna- tm imbricatis, coriaceis , concavis, glabris , nitidis, margine scariosis, interioribus majoribus. 2. Involucrum interius , cupula hæmisphærica, coriacea, margine serrulata, intus striata, calice minor in fructu adulto , eidem æqualis in florescentià , tunc germen ad styli basim usque involvens. Peric. Drupa fibrosa, ovali-oblonga, apice terminata um- bone orbiculato , elevato, styli rudimentum ferente. Cu- ticula tenuis, glabra, nitida, rufescens. Caro exigua, 10 * 76 ANNALES DU MUSÉUM _fibrosa. Putamen à cortice non discretum , lignosum, durissimum , crassissimum. Loculamenta tria oblonga. Chorda pistillaris composita ? centralis ? Placentaitro. . . . ,. Pi DER Eee **_ SEMEN: Homer {41 en Phtes. .ipteius sus IP CTISDRNENS SON Emnbrpor SAME. Osserv. Involucrum interius cupuliforme, cum post fecun- dationem, mcrementum pericarpi non sequatur , et calice minus evadat , corollam non deciduam esse sus- picarer. Cæterum hujus plantæ flos adhue ignotus, et ex paucissimis Aubletii de eà verbis nihil colligi po- test. Sed et palmarum omnium fructificationes , ite- ralà comparativäque investigalione carent adhuc. Exp1. ic. 1. fructus integer. 2. Idem absque calicinis squamis. 3. Involucrum interius cupuliforme. 4. Pe- pü seclio transversa. ( La suite dans la continuation de ces Annales. ) dust Vale on... ci PL F2. æ k: Li « * a TER : k LE à a "à LL A Fi -6 | % [24 #" L. o Coq villes fossiles 2 von Pre PAU: Æuphr. Pcquen Tonrr €. | a EAN à À FES Æ VA a LA é à BE: Fig. 67. , | ë a Fig. 8. Z C oquilles lossiles des environs de Paru. Pl. 1X. y £uphr.. Prquenat [ he , Î Tom. 8. a Ë dé nice HR: Hé ée): …: Fig 2. D'HISTOIRE NATURELLE. 77 EXPLICATION DES PLANCHES Relatives aux coquilles fossiles des. environs de Paris. Fire. 1. 7. HUITIÈME PLANCHE: Cadran plissé. Solarium plicatum. Annales, vol. 4, p. 53 , n. 4. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture. b. La mème, vue du côté du dos. Cadran à gouttière. Solarium spiratum. Annales, vol. 4, p. 54,n. 5. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. &. La même, vue du côté du dos. Cadran évasé. Solarium patulum. Annales, vol. 4, p.53, n. 1. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture, 8. La même, vue du côté du dos. Cadran disjoint Solarium disjunctunr. Annales, vol. 4, p.55, n. 8. a. Coquille, vue. em dessous. &. La même, vue en dessus. Cadran corne-d'ammon. Solarium ammonites.- Aunales, vol. 4, p. 54, n.6. a. Coquille, vue en-dessous. : &. La même, vue en dessus. e. La même , de grandeur naturelle. Cadran à deux faces. Solarium bifrons. Annales, vol. 4, p.55, n.g. a. Coquille, vue en dessus: &. La mème, vue en dessous. Coquille non décrite ; il en sera fait mention dans le supplément. NEUVIÈME PLANCHE ic. 1. Dauphinule en éperon. Delphinula calcar. r8 A NNMIADES D Ut :MiU: SE U M Anüales, vol.4,p.110,n.1. a: Coquille, vue en dessus. b. La mème, vue en dessous et montrant l’ouverture, 2. Dauphinule turbinoïde. De/plinula turbinoides. Annales, vol. 4, p. 111, n. 4. _a. Coquille , vue du côté de l'ouverture, "b. La mème, vue du côté du dos, 35. Sabot dentelé. Turbo denticulatus. Annales, vol. 4, p; 107, n. # a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. b. La mème, vne du côté du dos. Ce doit être une dauphinule, 4. Dauphinule conique. Delphinula: coniow, Annales, vol 4, p, 110, n. 3. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture, b. La même, vue du côté du dos. 5. Dauphinule siriée. Delphinula striata, Annales, vol. 4, p. 111,0. 6: a. Coquille , vue du côté de l'ouverture. b. La même, vue du côté du dos. 6. Dauphinule à bourrelet: Delphinulai marginata. Annales, vol. 4,p. 1t1,n. 5. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture. b. La même, vue du côté du dos. 7. Dauphinule canalifère. Delphinula canalifera. Annales, vol. 4 ,p. 112, n. 8. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture. : ‘ &. La mème, vue du côté du dos ou-de la spire. 8, Dauphinule sillohnée. Delphinula ‘sulcata. Annales, vol, 4, p. 111,n. 7. a.Coquille , vue du côté de l’ouverture: &. La même, vue en dessus: DIXIÈME PL.A-N:GHiEe Fi. Cyclostome:en niomie. Cyclostoma muni, - Annales , vol. 4,p.115; n. 5. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture, 2, La même, vue du côté du dos: (4. Tom . 6. PL ED mi ) |E CARPOLOCIE PL.Z. Fig .1 Drvandra Ærneta … Fig.2 CATiSSa Grands. L Le « Quetros se: 724 LOPT : d. CARPOLOGIE PL... Fig.1 Averrhoa Bémbr . Fig. 2 Averrhoa Crambola . Jorrr 6 PL. 346 Querros ve. CARPOLOCIE PL. HI. Fig 1 Broussonetia ’apyrjéra Hy.2 Palma Warpa . 2 7: 8. D'HISTOIRE NATURELLE. Cyclosiome turritellé. Cyclostoma turritellata. Annales, vol. 4, p. 115, n. 6. a. Coquille, vue du côté de l’ouverture. D. La même , vue du côté du dos. Scalaire treillissée. Scalaria decussata. Annales, vol. 4, p. 213, n. 2. Scalaire dépouillée. Scalaria denudata. Annales , vol. 4 ,p. 214, n.3. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture. b. La mème, vue du côté du dos. Scalaire crèpue. Scalaria crispa. Anpales, vol. 4, p. 215, n. r. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. D. La mème, vue du côté du dos. Turritelle à bandes. Turritella fasciata. Annales, vol. 4, p.217, n. 4. a. Coquille, vue du côté du dos. 4. La même, vue du côté de l'ouverture, Turritelle imbricataire. T'urritella imbricatarie, Annales, vol. 4, p.216, n.1. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. b: La même, vue du côté du dos. Turritelle sillonnée. T'urritella sulcata, Annales, vol. #4, p. 216, n. 2. a. Coquille, vue du côté de l’ouverture, b, La même, vue du côté du dos, 79 80 ANNALES Du MUSÉUNM ESSAIS ANALYTIQUES Des racines d'Ellébore d'hiver ( Eleborus hie- malis yet de Brione. PAR M VAUQUELIN. L- LA faculté qu'ont les principes élémentaires des végétaux de se combiner dans des propor uons , ‘pour ainsi dire infinies, doit donner naissance à une quantité infinie aussi de corps dif. férens qu’on a nommés principes immédiats des végétaux. Queue on ne connoisse ençore d’une manière! bien distincte qu'une vingtaine environ de--ces principes, on concoit qu'il peut en exister beaucoup d’autres ; et 8i on ne les a pas encore trouvés , c'est probablement fante d'avoir examiné un assez grand non Lie de plantes aux différentes époques de leur vie. La preuve, c’est qu'il n’est guère de végétal qu’on analyse avec les moyens que fournit aujourd’hui la chimie , qui ne pré- sente quelque principe nouveau, ou du moins que les anciens chhmisies avoient confondu avec d’autres dont il ne partage que quelques-unes des propriétés. L'examen chimique des principales familles des plantes pro- met cependant à celui qui s'en occupera avec le zèle et le ta- lent nécessaires, une ample moisson de découvertes utiles aux arts, à la médecine et surtout à la physiologie végétale. Il n’est pas douteux qu’on ne trouvât beaucoup de substances D'HISTOIRE NATURELLE. 81 alimentaires qu'on pourroit mettre à profit dans maintes cir- constances ; beaucoup desubstances propres aux opérations des arts ; des médicamens, peut-être plus précieux que ceux qui viennent quelquefois de très-loin; enfin des poisons dont on apprendroit à se garantir en les signalant, et en donnant des moyens de les détruire. Les succès que la chimie a déjà obtenus en ce genre de re- cherches doivent, par l'espérance qu’ils donnent, encourager à poursuivre ce travail, pour tàcher d'en obtenir encore d’autres. Excepté l'organisation qu'il n’est pas permis à l’homme de donner à la matière, il est tout près d’imiter la nature dans les productions végétales, comme il la fait dans ses composi- üons minérales. Pour mettre cette proposition en évidence, qu'il me soit permis de rappeler ce que la chinuie a fait de- puis quelques années en ce genre. Indépendamment des nouvelles méthodes imaginées pour re- connoître et séparer les principes immédiats des végétaux an- ciennement connus, et souvent confondus dans le même véhi- cule, ou déposés dans différens orgaues des plantes, la chimie a formé, pour ainsi dire, de toutes pièces et avec ses propres ins- trumens, un grand nombre de matièressembhlables à celles de la nature; et sielle n’est pas encore parvenue à imiter en tout point ses opérations, celtescience a aussi donné naissance à plusieurs combinaisons utiles dont la végétation ne lui a point offert d'exemples. Elle sait composer les acides malique, oxalique, acétique, benzoïque, gallique et prussique; elle produit des huiles, des résines , du tannin , une espèce de camphre qui, sil n’est pas entièrement semblable à celui que nous trouvons dans le règne 8. 11 28 A NÜNKX LES! D ùu mu S É Um végétal, au moins s'en rapproche beaucoup; elle forme aussi des substances amères ; des combinaisons sucrées ; et que ne produira-t-elle pas lorsqu'elle multipliera ses expériences et opêrera avec Îë temps ét les circonstances les plis conformes à céllés qu'émiploïe {a nature (t)? $. E Sur lu raciiie de l'ellébore d'hiver (2). En entreprehant le travail dont je vais rendre compte , j'ai eu principalement en vue d'examiner le principe añiér er âcre contenu dans celté racine; les résultats qué j'en ai ob- tenus vont fait naitré‘le désir de soumeitre aux mêmes: épreuves quelques aütres racines qui paroissent avoir des ana- logies en ce point avec celles dont il est question : jen par- lerai successivement. £a racine de l’ellébore d'hiver est de la classe dés racines: tubéreuses ; sa couleur est blanche-jaunätre à l'extérieur; elle. est enveloppée d’un épidérme noir très-fin. lle ne paroît pas d'abord avoir de saveur; mais elle produit, au bout de quel= ques instans, une àcreté trèsAorte daus la bouche et lé gosier.. Lée Expérience. Une portion de cette racine ,. lavée et écrasée dans un mor- Le (1) M Seguin a lu dernièrement à l’Institat un Mémoire dans lequel il examine le principe âmer, considéré dans les différentes farhilles naturelles des plantes. JL n'est pas douteux qu'avec le zèle et les moyens qu'a M. Seguin , ce travail ne lui fournisse des résultats intéressans. (2) C’est sur la racine verte que j'ai opéré, D'HISTOIRE NATURE ILE. 55 tier de marbre, fut mise en macération pendant deux jours avec de l’eau distillée ; au bout de ce temps, l’eau avoit acquis une couleur rouge-brunâtre ; un commencement de fermen- tation se manifestoit dans la matière; ce qui étoit indiqué par un gaz qui se dégageoit abondamment : la liqueur avoit aussi contracié une légère acidité, dépendante de la fermentation, car la racine fraiche n’est nullement acide. IT: Expérience. La liqueur fut passée dans un linge fin avec forte expres- sion; le mare resté dans le linge fut pétri avec la main, au milieu de l’eau, pour en faire sortir tout ce qui avoit pu se dissoudre , ainsi que les parties assez divisées pour passer entre les mailles du tissu. Cette même liqueur fat ensuite fitrée au papier pour en séparer les parties solides , qui étaient la plupart de l'amidon. Soumise, ainsi filtrée, à l'évaporation, elle se couvrit de pel- licules brunes qui se précipitoient et se renouveloient succes- sivement. Lorsque cette liqueur, dont la couleur étoit smgu- lièrement augmentée, fut réduite au quart environ, on la filtra pour avoir les pellicules à part. Celles-ci se desséchèrent facilement, devinrent friables et présentoient des surfaces brillantes : leur saveur étoit amère; âcre et piquante; propriété qu'elles devoient à une portion d'huile qui y étoit mélée, et dont nous parlerons plus bas. Elles ne fondoient point par la chaleur, mais brüloient en répan- dantune odeur de matière animate dans laquelle on distinguoit quelque chose de piquant. LA 1x Ÿ 84 ANNALES-DU MUSÉUM Cela est d'autant plus vraisemblable, qu'avant l’évaporation la liqueur précipitoit le sulfate de fer en rouge-pourpre, comme le fait l'huile elle-même, et linfusion de noix de galle comme les matières animales. | IIIe" Expérience. Une autre portion de cette racine également broyée fut mise avec de l’alcool rectifié , auquel elle communiqua bientôt une couleur jaunâtre qui passa au brun-rouge au bout de deux jours. L'alcool décanté fut remplacé par une autre portion qui se colora encore, mais très-légèrement. La première liqueur fut soumise à la distillation pour en retirer l’alcool et obtenir séparément ?a substance qu'il avoit dissoute. On remarqua , lorsque la plus grande partie de Pal- cool fut passée, qu'une huile rouge-brune se séparoit ; qu’une partie plus légère et moins colorée restoit sur la liqueur , tan- dis qu'une autre plus pesante et plus colorée occupoit le fond de la liqueur. Avant que la totalité de lalcooï ne fût passée, on retira la matière de la cornue; on la mit dans une capsule de porce- laine où l’on acheva lévaporation de Palcool; alors il y avoit une grande quantité d'huile toujours divisée en deux parties, comme on vient de le dire. Par le refroidissement, l'huile de dessus se figea sur la li- queur aqueuse provenant de la racine, et qui avoit aussi une couleur jaune-brune; celle de dessous se figea aussi, mais prit moins de consistance. Enire ces deux huiles , il y en avoit une « D'HISTOIRE NATURELLE. 85 autre sous la forme de petits grains blancs et eristallins; état qu’elle devoit probablement à une petite quantité d'hu- midité. Cette huile a une âereté extrême dont Paction sur la bouche et la gorge se continue pendant long-temps d’une manière très- incommode. Elle paroit étre légèrement soluble dans l’eau, mais Cest peut-être à la faveur de la matiere végéto-animale et du mucilage : au moins l’eau dans laquelle la racine a ma- céré acquiert la couleur de l'huile, ainsi que läcreté qui est propre à cette substance. A l'état de pureté, cette huile dissoute dans un mélange d’eau et d'alcool précipite la dissolution du sulfaie de fer en rouge- pourpresuperbe. Cette couleur s'attache facilement aux étoffes, mas elle verdit par les alcalis. L'eau où a macéré la racine d’ellébore produit le même effet. Cette huile ne s'élève point en vapeurs à la température de l’eau bouillante, comme les huiles essentielles ; mais elle est plus volatile que les huiles grasses , et n’éprouve pas, par l'ac- tion du feu , une altération aussi marquée que ces dernières, Il paroit qu'elle tient le milieu entre les huiles grasses et les huiles essentielles par cette propriété. C’est, suivant moi, une espèce d'huile particulière qui n’avoit point encore été exa- minée chimiquement, et qui cependant existe dans un grand nombre de végétaux, et est, sans doute, la cause de l'âcreté et de la propriété vénéneuse dont jouissent plusieurs d’entr’eux. IV." Expérience. Une.troisième portion de cette racine dont la pellicale avoit Li Œ ANNALES DU. M-USÉU M été enlevée fut broyée dans un mortier de marbre, et mise en macération pendant deux jours dans l'eau. On a passé la liqueur dans un linge fin avec expression, elle en est sortie blanche comme du lait; elle a déposé, par le repos, une poudre blanche qui a présenté tous les caractères de l'amidon. Le marc de celte racine, ainsi lavé et exprimé, a éte mis avec de lalcoo! chaud à différentes reprises. L'alcool qui a servi à cette opération blanchissoit forte- ment par l'addition de l’eau, et déposoit, au bout de quelque temps, une poudre blanche , grenue et comme cristalline; c'étoit une huile concrète, mêlée d'un peu d’eau. Du reste, cet alcool a présenté les mêmes propriétés que eelui dont on a parlé plus haut; seulement l'huile qu'il a fournie étoit moins colorée que celle de la racine traitée directement par l'alcool; ce qui prouve que ce menstrue avoit en même temps dissous une autre matière colorée contenue dans l’épiderme. Le marc, lavé successivement avec de l'eau et de Palcoel, n'avoit plus de saveur àâere, d’où lon peut conclure que la matière qui donne cette propriété à la racine d’ellébore est soluble dans l'alcool, puisque ce menstrue seul lui enleve en- tièrement sa saveur, et que d'une autre part, c'est l'huile qui jouit de cette propriété, L'eau dissout aussi une petite quantité de l'huile ; mais àl paroit qu’elle ne produit cet effet qu’en vertu de la matière végéto-animale, et de la matière sucrée qui lune et l’autre se combinent à l’eau. Le marc, épuisé de substances solubles dans les deux réactifs que l’on vient d'indiquer , soumis à la distillation, a donné une D'HISTOIRE NATURELLE £- 7 liqueur acide, mais d’où la potasse a dégagé beaucoup d'am- moniaque, une huïle brune, épaisse, qui, par l'odeur etla saveur, sembloit tenir le milieu entre l'huile animale et l'huile végétal obtenues par ce moyen : le charbon brülé a laissé une cendre composée de phosphate de chaux et de phosphate de fer , en petite quantité. Il entre donc dans la composition de la partie insoluble de la racine d’eilébore une certaine quantité d'azote. La racine d’ellébore est composée , d'après ce qui a été dit dans le ceurs de cette analyse: 1. D'une huile extrêmement ëcre et caustique ; 2° D'amidon très-pur et très-doux ; 3° D'une substance végéto-animale; 4. D'une matiere ligneuse en petite quantité; 5.” De quelques atomes de sucre; 6° Enfin, d'un peu de matière extractive-colorée. Ne sont pas comptés au nombre des élémens de cette ra- cine les sels terreux et ferrugineux qui y sout contenus; ils: appartennent au sol dans lequel la plante a crù, et non à la végétation. Il est très-remarquable de irouver dans les végétaux et jus- que dans les mêmes parties de ces végétaux des substances aussi différentes par leurs propriétés ; le poison le plus âcre avec l'aliment le plus doux; la matière purement végétale avec la matière animale : il faut nécessairement que chacune de ces substances ait elé formée dans des geures d'organes particuliers, et qu'ensuite elles se soient réunies dans le même lieu; car il est difficile de concevoir comment de tels produits se seroient formés dans un seul liquide et dans les mêmes organes. D'après la nature et les propriétés de la matière huileuse, 85 À NONQAAL Æ SD U AU S.É U M l'en concoit qu'il seroit impossible de l'enlever à la racine au moyen de l'eau, pour avoir Famidon à l'état de pureté, comme cela se pratique à l'égard de la brione , du marihoc, etc. : ces dernières ne devant pas leur àâcreté à une substance huileuse , mais à une matière amère soluble dans l'eau. I faudroit donc employer l'alcool pour débarrasser lamidon de la racine d’el- lébore de l'huile âcre qui y est mêlée. $. IL De la racine de brione. La racine de brione a fait souvent l'objet des travaux des pharmaciens dans l’intention d'en extraire pour l'usage de la médecine un amidon auquel ils ont donné le nom de fécule de brione. Ils y ont en même temps trouvé une substance amère que les médecins ont regardée comme un purgatif puissant. Mais cette racine contient encore plusieurs autres principes dont ils n'ont pas parlé, soit qu'ils ne les aient pas aperçus, soit que, les regardant comme inutiles pour l’art de guérir , ils w’ayent pas cru devoir en faire mention. [ls n’ont pas non plus examiné chimiquement la substance amère-purgative, et ne lui ont pas conséquemiment assigné de place parmi les produits des végétaux. Ce sont ces lacunes que je me suis proposé de remplir en présentant cetexamen. Voici comment j'ai procédé. 1° J'ai fait broyer la racine le plus fin possible; je l'ai mise avec une certaine quantité d’eau, et j'ai pressé le tout avec force. J'ai ensuite enfermé le marc dans un linge fin, et l'ai broyé entre mes mains, au milieu de l'eau, pour le débarrasser le plus complétement possible du principe amer, et en même temps pour en faire sortir, sans mélange de fibres ligneuses, Ja matière amvylacée la plus divisée. D'HISTOIRE NATURELLE. 89 Toutesles liqueurs filtrées et réunies avoientune saveur amère très-forte, mais sans mélange d’acreté. Elles étoient précipitées abondamment par l'infusion de noix de galle; ce qui y annonce la présence d’une matière végéto-animale. Soumises à l'évaporation , elles se troublent , déposent des flocons blancs-jaunätres , prennent peu à peu de la couleur? et s’épaississent enfin comme un syrop. Dans cet état de con centration, leur saveur est très-amère , et elles rougissent for- tement le papier de tournesol. L'alcool tira de ces liqueurs concentrées en extrait une matière colorée et amère , une autre substance moins colorée, sans saveur marquée, et filante comme un mucilage, qui ne fut pas dissoute. La portion de matière enlevée par l'alcool se dissout en- tièrement dans l’eau ; sa dissolution est acide; elle n’est pré- cipitée ni par l’acétate de plomb, ni par l’oxalate d’ammo- niaque; ce qui prouve que cette matière ne contient point d'acide malique ni de chaux. Une portion de cette substance, soumise à l'action du feu, s’est considérablement boursouflée , a répandu une vapeur qui a d’abord une odeur de caramel, et ensuite de pain bruülé; le charbon provenant de cette décomposition n’a donné que des signes presque insensibles d’alcali; mais elle a four ni une quantité notable de muriate de potasse. La matière amère ayant été séparée de l'extrait de brione, j'ai redissous dans l’eau la substance non attaquée par Palcool, et jai mêlé à sa dissolution de lacétate de plomb qui y : formé un précipité considérable. 8. 12 09 AN NA & E S ED U l'M US É Um D L'eau n’a pas dissous la totalité de la matière laissée par l'alcool; il est resté une poudre blanche, insipide, insoluble dans l’eau, et soluble dans les acides sans effervescence. Ses dissolutions étoient précipitées par l’acétate de plomb et l’oxa- late d’ammoniaque; elle brüloit sans se gonfler en répandant une odeur piquante, et laissoit un résidu grisätre que les acides dissolvoient avec effervescence. Ces propriétés prouvent que cette matière est formée de malate de chaux; j'y ai aussi trouvé une petite quantité de phosphate de chaux. Le précipité formé par lacétate de plomb et la matière insoluble dans l'alcool a été décomposé par une suflisante quan- tité d'acide sulfurique ; la liqueur surnageante a été évaporée à siccité et traitée par l'alcool. Ce menstrue en a dissous une parue qui lui a donné une couleur rouge et une saveur acide ; il est resté une matière brune sans goût, qui cependant se dissolvoit dans l’eau, et qui paroissoit être de nature animale. La matière dissoute ne contenoit ni plomb, ni acide sulfu- rique ; elle précipitoit abondamment lacétate de plomb en flocons blancs ; ce précipité n’étoit pas entierement redissous par le vinaigre : l'eau de chaux y occasionnoit un léger pré- cipité , tandis que les alcalis n’y en formoient point. Ces phé- nomènes annoncent que la liqueur dont il s’agit content un mélange d'acide malique et d'acide phosphorique. Après avoir séparé par lalcool la matière amère du suc de brione épaissi , et avoir précipité l’acide malique et phos- phorique, au moyen de lacétate de plomb, de la matière in- soluble dans l'alcool, il est resté une matière brune qui con- tenoit de l’acétate de chaux. Cette liqueur, évaporée en con” sistance extrait , avoit une saveur de mucilage cuit, un peu uauséabonde, mais nullement amère. D'HISTOIRE NATURELLE. O TFraitée par l’acide nitrique, elle a fourni une quantité uo- table d'acide muqueux ou sachlactique, ainsi que de l'acide oxalique, dont la grande partie s'est unie à la chaux et au plomb qui se trouvoient dans la liqueur. Elle contenoit aussi une assez grande quantité de matière végéto-animale très-colorée : ce qui a été annoncé par la teinte jaune qu’elle a prise avec Pacide nitrique et l'odeur mixte qu’elle répandoit en brülant. La racine de brione contient donc, d’après cette analyse: 1° une matière .amère soluble dans l'alcool ; 2° Une matière amylacée ; 3° Du malate de chaux avec excès d'acide; 4° Du phosphate de chaux ; 5.e Une substance gommeuse en grande quantité; 6.° Une matière ligneuse; 7.0 Une petite quantité de sucre ; 8.0 Une matière végéto-animale. Résumé des propriétés de la matière amère. Cette substance, séparée par l'alcool des autres principes de la brione, le sucre seul excepté, a une saveur amère très- forte , mais sans äâcreté ; elle est également soluble dans lal- cool et dans l’eau : elle n’est pas précipitée par l’infusion de noix de galle. Sa saveur et toutes ses propriétés la font ressembler à la substance amère de la coloquinte ; ressemblance qui doit pa- roitre assez naturelle, puisque la coloquinte et la brione ap- partiennent à des genres très-voisins , et sont probablement organisées de la même maniere. 02 ANNALES DU M'US ÉUIM J’observerai ici que je me suis servi, avec beaucoup de succès , de l'acide nitrique foible pour séparer l'amidon de la partie ligneuse dont il est presque toujours mélé. Cet acide dissout très-bien la première, et n’attaque pas la seconde; seuiement il la jaunit à cause de la matière végéto-animale qui y reste. J'ai également employé avec succès une dissolution légère de potasse pour dissoudre la substance végéto-animale , et avoir le ligneux pur. D'HISTOIRE NATURELLE. 93 SUITE DU MÉMOIRE SUR LES ÉLÉPHANS VIVANS ET FOSSILES. PAR M. CUVIER. ARTICLE IL Sur les mächelières des éléphans en général, sur leur structure, leur accroissement , leur succession et leurs Rp. au p sù D 4 DA différences d'apres l'âge et la position. PA manière dont ces dents croissent et se succèdent est si extracrdimaire, elles offrent dans leurs divers états des figures et des grandeurs si variables, qu'il n’est point étonnant qu'on ait été quelquefois exposé à les méconnoïtre, Mous avons fait les observations suivantes sur les deux élé- phans des Indes que nous avons eu occasion de disséquer ; mais nous devons dire que nous étions guidés par le beau travail de notre respectable collègue, M. Tenon, sur les dents du cheval. Ce que nous avons vu de particulier sur celles de Véléphant ne tient qu'a leur grandeur et à Jeur caractère propre de configuration. 8. 3) 94 ANNALES DU MUSEUM Nousdevons aussi reconnoitre que d'excellentes observations avoient déjà été faites avant nous sur le sujet particulier des dents de l'éléphant, par M. Pallas(i1), Pierre Camper et son ils Adrien (>), MM. Corse, Home (3) et Blake®fh): ces trois derniers surtout ont presque épuisé la matière, chacun d'eux en ayant découvert de son côté quelque partie importante. Quant à la manière dont les dents en général naissent et croissent, nos observations nous paroissent confirmer la théorie de Æunter, plutôt que toutes les autres, dans ce qui concerne la partie de la dent qu'on nomme substance osseuse. Mais ce grand anatomiste ne nous paroît pas avoir été aussi heureux à l'égard de l'émail set il a entièrement méconvu la nature de la troisième substance , propre à certains herbivores, Sous ces deux rapports, c'est M. Blake qui nous paroit éire approché davantage de la vérité; tandis que nous ne pensons pas, comme lui, qu'il y ait des vaisseaux dans la substance osseuse. En effet, chaque molaire d’éléphant , comme toute autre dent quelconque, est produite et pour ainsi dire conçue dans l'intérieur d’un sac membraneux que nous appellerons , avec plusieurs anatomistes, sa capsule. Ce sac, vu extérieurement, est, dans éléphant, d’une forme rhomboïdale, moins haute en arriére qu’en avant, il (:) Acad. Pétrop., Nov. Com. XIII, p. 472. (2) Descrip. anat. d'un éléphant. (5) Transac. phil. pour 17099. (4) Essay on the Structure and Formation of the Teeth in Man , and various Animals, by Robert Blake , m. d. Dublin, 18071, 8, DH 1,5 E'OUINR EN À TUULR EL L E. Où est fermé de toute part, si l’on excepte les petites ouvertures pour le passage des nerfs et des vaisseaux. Il est logé dans une cavité osseuse, de même forme que lui, creusée dans los maxillaire, et qui doit former un jour lalvéole de la dent. Il n’y à que la lame externe de la capsule qui ait la sim- plicité de forme que nous avons dite, Sa lame interne fait au contraire, comme dans les kerbivores en général, beaucoup de replis; mais pour les faire concevoir , il faut décrire une autre partie. J'entends parler du noyau pulpeux de la dent; il a dans chaque animal une figure propre : pour se représenter celui de l'éléphant en particulier, qu'on se figure que du fond de la capsule , pris pour base, partent des espèces de petits murs, tous parallèles, tous transverses et se rendant vers la partie du sac, prête à sortir de l’alvéole. Ces petits murs n’adhèrent qu’au fond de la capsule; leur extrémité opposée, ou, si l'on veut, leur sommet, est libre de toute adhérence. Cesommei libre est beaucoup plus mince quela base; on pour- roit appeler leur tranchant; ilest de plus profondément fendu sur sa largeur en plusieurs pointes ou dentelures très-aiguës. La substance de ces petits murs est molle, transparente , très-vasculaire , et paroït tenir beaucoup de la nature de la gé- latine; elle devient dure, blanche et opaque dans lesprit-de- Vin. ù On peut maintenant aisément se figurer les replis de la membrane interne de la capsule; qu’on s’imagine qu’elle forme des productions qui pénètrent dans tous les intervalles des TN 96 ANNALES DU MUSÉUM petits murs gélatineux que je viens le décrire. Ces productions adhèrent à la face de la capsule qui répond à la bouche et aux deux faces latérales, mais elles n’adhérent point à son fond, duquel naissent les petits murs où productions gélatinenses, Par conséquent, on peut concevoir un vice possible et con- tinu , quoique infiniment replié sur lui-même entre tons ces petits murs gélatineux (descendans pour les dents d'en haut, ascendans pour celles d’en bas ) et ces petites cloisons mem- braneuses ( ascendantes dans les dents d’en haut, descendantes. dans celles d'en bas ). C’est dans ce vide concevable que se déposeront les ma- titres qui doivent former la dent , savoir : la substance vulgai- rement appelée osseuse, qui sera transsudée par les productions gélatineuses venant du fond de la capsule, et l'émail qui sera déposé par les cloisons membraneuses, eten général par toute la surface interne de la capsule et de ses productions, la seule base exceptée. Il faut cependant remarquer qu'entre la prétendue subs- tance osseuse et lémail, il y a encore une membrane très- fine que je crois avoir découverte. Lorsqu'il n’y a encore au- cune partie dela première substance de trans:udée, cette mem- brane enveloppe immédiatement le petit mur gélaineux, et le serre de très-près. À mesure que ce petit mur transsude cette substance, il se rapetisse , se retire en dedans et s'éloigne de la membrane qui lui sert néanmoins toujours de tunique, mais de tunique commune à lui et à la matière qu'il a transsudée sous elle: L’éimail de son côté est déposé sur cette tunique par les productions de la lime interne de la capsule, et il la comprime D'HISTOIRE NATURELLF. 07 tellement contre la substance interne ou osseuse qu’elle sé- pare de lui, que bientôt celte tunique devient im perceptible dans les portions durcies de la dent, ou du moins qu'elle n’y paroi que sur la coupé comme utie ligne prisätré fort fine, qui sépare Pémail de la substance interné, Mais où voit tou- jours alors que c’est ellé seule qui attache ces parties duréies au fond de la capsuie; car sans elle il y auroit solution de con- tinuité. La substancé appelée osseuse et l'émail sont donc produits par une sorte de juxta-position; la première se forme par couches, du dehors au dedans; la couche intérieure est la dernière faite, et c’est aussi la plus étendue, absolument conime dans les coquilles ; et sa formation commençant par les points les plus sailans du noyau gélatineux de la dent, c’est à ces points que cette substance est la plus épaisse; elle va en $'amincissant à mesure qu'elle:$en éloigne. Que l’on se reporte maintenant par la pensée à l'époque où celte transsudation commence, on concevra qu’il se forme une pelite Calotte sur chacune des dentelures qui divisent les tranchans des petits murs gélatineux dont jai parlé tantôt. À mesure que de nouvelles couches s'ajoutent par dedans aux premieres, les calottes se changent en cornets comiques ; &i les couches nouvelles et intérieures descendent jusqu'au fond des échancrures des tranchans de ces petits murs, tous les cornels se réunissent en une seule lame transversale; enlin si elles descendent jusqu'à la base des petits murs eux-mêmes > toutes les lames transversales se réuuiront en une seule cou- ronpe de Gent, qui présenteroit les mêmes éminences et les “mêmes découpures que l'on voyoit dans son noyau gélati- neux , si pendant le temps que ces couches transsudoient , 98 ANNALES DIU M US ÉvM d'autres substances ne s’étoient pas déposées dessus, et n’en avoient pas en partie rempli les intervalles. ’ . r , . NT » D'abord l'émail est déposé , comme je l'ai dit, sur la sur- face de la substance dite osseuse , par la membrane interne de la capsule, sous forme de petites fibres ou pluiôt de petits cristaux tous perpendiculaires à cette surface, et y formant, dans les premiers temps, une sorte de velours à brins fins. Quand on ouvre la capsule d’un germe de dent, on irouve les petites molécules du futur émail, encore tres-légèrement ad- hérentes à la face interne de cette capsule , et s’en détachant ai- sément. Une partie nage même dans une liqueur interposée entre la capsule et le germe. Je n’ai pas vu les petites vésicules adhérentes à la capsule, d’où Æérissant prétend que sort la matière qui doit en se desséchant devenir l'émail. L'opinion de Hunter que l'émail n’est que le sédiment du liquide imter- posé entre la dent et sa capsule, est inexacte, en ce qu'il fait trop abstraction de la membrane capsulaire, d’où sortent réel- lement les molécules de l'émail; mais il est très-vrai que ces molécules sont d’abord entre cette membrane et la dent avant de se coller à celle-ci. Quant à l’autre opinion, qui fait sorur lémail, comme par cfflorescence, des pores de la substance osseuse, quoiqu’elle soit reçue de beaucoup d’anatomistes , elle n'a pas le moindre fondement dans lintuition, Mais revenons à nos dents. Une couche épaisse d’é:nail enduisant donc la couronne de toute part, remplit une partie des intervalles que les lames transversales et leurs dentelures avoient d’abord laissés entre elles. Le reste de ces intervalles est tout-à-fait comblé par une troisième substance que M. Tenon a nommée cortical osseux, € D'HISTOIRE NATURELLE. 09 > parce qu’elle enveloppe toutes les autres, et qu’elle ressemble à un os ordinaire par sa nature chimique et sa dureté, plus = encore que les deux autres parties de la dent. Aussi M. Æome la nomme-t-il os, tandis qu'il appelle ivoire la substance vul- gairement dite osseuse. M. Blake donne à ce cortical le nom de crusta petrosa. Sa production a quelque chose de très-remarquable. M. Te- non a pensé qu'elle venoit de Possification de la Fame interne de la capsule, lorsqu'elle avoit produit l'émail. M. Blake croit que cette lame, après avoir donné Fémail par une de ses faces, donne le cortical par sa face opposée. M. Home ne s’est point clairement exprimé sur ce sujet. Pour moi, je me suis assuré que le cortical est produit par la mêine lame et par la même face qui a produit l'émail : la preuve, c'est que cette lame reste en dehors du cortical, comme elle étoit auparavant en dehors de l'émail, et qu’elle y reste molle et libre tant que ce cortical lui laisse de la place. Seulement elle change de tissu; tant qu’elle ne-donnoit que de l'émail, elle étoit mince et transparente. Pour donner du cortical, elle devient épaisse, spongieuse, opaque ct rougeûtre. Le cortical naissant n'est point par filets serrés, mais conime par petites gouttes qui auroient été jetées au hasard. Les productions membraneuses de la capsule de la dent se retirent vers le haut et vers les côtés, à mesure que le cor- tical qu’elles déposent sur l'émail , remplit tout le vide qui étoit resté entre les différentes lames de la dent. Les sommités de ces lames sont couvertes de cortical commele reste, tant qu’elles ne sont pas usées. Une seule et même production de la cap- sule dépose souvent déjà son cortical sur le haut de la lame, qu’elle ne dépose encore que de Pémail sur le bas. Il arrive +106 . ANNALES DU MUSÉUM aussi que le haut de l'intervalle des lames est déjà comblé par le cortical lorsque le bas est encore séparé : alors le bas de la production capsulaire se trouve séparé du haut, et ne reçoit plus sa nourriture que par ses adhérences latérales avec la capsule. La déposition de Pémail commence presque avec la trans- sudation de la substance osseuse, et celie du cortical suit de près, de manière que le sommet de chaque lame est terminé dans ses trois substances bien avant sa base, et que les lames voisines sont soudées ensemble par leurs sommets, avant d'être encore durcies à leurs bases. Qu'on ajoute à présent à tout ce que nous venons de dire cette circonstance , que ces diverses opérations ne s’exécutent point en même temps dans toutes les parties de la dent, mais qu'elles ont lieu beaucoup plus tôt en avant qu’en arrière. On concevia que les lames antérieures seront déjà réunies entre elles par leurs sommets et même par leurs bases, quand les lames intermédiaires seront encore séparées les unes des autres au moins par leurs bases ; et quand les postérieures ne seront pas même formées, et ne présenteront que les cornets pointus et distincts qui doivent former les sommets de leurs dentelures. Il résulte aussi de tout ce que nous venons de dire que les substances dont se composent les dents se forment toutes par excrétion et par couches, que la substance mterne en particu- lier n'a de cominun avec les os ordinaires que sa nature chi- nique , également formée de gélatine et de phosphate caicaire, mais qu'elle ne leur ressemble ni par son tissu, ni par sa mia- niere de se former, ni par celle de croître. Son tissu woffre ni cellulosité, ni fibres, mais seulement des lames emboïtées les unes dans les autres : ceux qui le comparent au diploë du D'HÔTES UT 6 À RÔE ! N° NT OR EL L +: 101 crane , et y supposent des cellules , en donnent une idée très- fausse. Elle ne se forme point dans un premier noyau carti- lagmeux qui seroit successivement pénétré par des molécules terreuses ; elle ne croît point par un développement général et simultané de toutes ses parties ,eten conservant une même forme; enfin elle n’est pénétrée ni par des vaisseaux ni par des nerfs. Ceux qui ont pensé que les vaisseaux du noyau pulpeux passent dans fe corps de la dent ont ététrompés; et bien plus encore ceux qui établissent un passage des vaisseaux du périoste de lalvéole dans la masse des racines. Il ne passe pas la moindre fibrille du noyau pulpeux à la substance dite osseuse ; et celle-ci rest liée au reste du corps que par son seul enclavement mé- canique. Aussi aucune parte de la dent ne se régénère quand cile a été enlevée; et si des dents fendues se reconsolident, c’est seulement parce que de nouvelles couches se formant en dedans, se collent aux extérieures, et collent celles-ci entre eiles. Nous verrons encore de nouvelles preuves de tout cela en traitant de l'ivoire, et nous y réfuterons les objections tirées des maladies des dents; mais, en attendant ,nous pouvons dire que c’est très-improprement que la plupart des anatomistes ont donné à la substance interne des dents le nom de subs- tance osseuse , et qu'ils ont désigné par celui d'ossification l'opération qui les développe et les durcit : c'est confondre deux choses essentiellement différentes, et donner, par des noms mal appliqués, des idées fausses qui peuvent même influer sur la pratique. Mais revenons à nos dents mächelières d’éléphant. Lorsque toutes les parties du corps de la dent sont faites et 8. 14 102 ANNALES DU MUSÉUM consolidées , et qu’elle vient à sortir de son alvéole, elle éprouve des changemens tout nouveaux. Comme l'éléphant est herbivore, ses dents Susent par la mastication, ainsi que celles de tous les animaux soumis au méme régime, On sait même qu'il est nécessaire que leurs dents s’usent , pour que leur surface soit en état de broyer les substances végétales. Ce fait général, mis encore récemment dans le plus beau jour par les travaux de M. Tenon, prouveroit à lui seul, et mdépendamment de tous ceux que nous venons de développer, que les dents ne sont pas organisées comme les os. Qui ne sait à quels accidens ces derniers sont exposés lorsqu’'iis sont entamés où seulement mis à nud. Les sommets des petites dentelures des lames s’useront les premiers; une fois usés jusqu à la substance intérieure, chacun de ces sommets présentera un disque circulaire ou ovale de cette substance, entouré d’un cerele d’émail et d’un cercle de cortical; et il y aura une rangée de ces petits cercles par chaque lame. Si la détrition pénètre jusqu’au fond des échancrures qui produisent les dentelures , tous ces petits cercles se réuniront en un seul ruban de substance osseuse, entouré d’une double ligne d'émail , et la substance corticale fera tout le tour de la table de la dent, et occupera tous les intervalles des rubans. Chaque ruban sera la coupe de lune des lames transversales qui composent'la dent. Et si la détrition pouvoit aller jusqu’à l'endroit où les lames se réunissent toutes en une seule couronne : la dent toute en- tire n'offriroit plus qu'un très-grand disque de substance osseuse, entouré de toute part d’un petit bord d'émail et d’un autre de cortical. D'HISTOIRE NATURELLE. 103 Mais la détrition ne peut jamais aller complétement jusque- Rà, parce que la détrition ne se fait pas en même temps sur toute la couronne, ainsi que la consolidation ne s’y étoit pas faite; et en voici la raison. La dent, par sa forme rhomboïdale et par sa position très- oblique, présente beaucoup plus tôt sa partie antérieure à la mastication , que sa partie postérieure, Le plan ou la table produite par la mastication, fait donc, avec la surface com- mune des sommets de toutes les lames, un angle ouvert en arrière ; et il arrive de là que lorsque les lames de devant sont entamées profondément et forment des rubans entiers, les lames intermédiaires n’offrent encore que des rangées trans- versales de cercles ou d'ovales, et que celles de derrière sont tout-à-fait intactes, et présentent les sommets de leurs den- telures en forme de mamelons arrondis. Les lames antérieures sont même tout-à-fait détruites avant que les postérieures soient entamées fort avant; et il arrive de là un autre phénomène, aussi particulier à l'éléphant : c’est que ses dents diminuent de longueur ,en même temps qu’elles diminuent de hauteur. Pendant que la partie extérieure de la dent s'use et dimi- nue, la portion de racine qui lui correspond s'use d’une autre manière qui est plus diflicile à concevoir. En examinant ce qui en reste, on voit qu'elle est comme rongée; elle présente à sa surface de petites fossettes irrégulières, comme si elle eût été dissoute par un acide qu’on y auroit jeté par gouttes. C’est une sorte de carie semblable à celle qu'éprouvent les dents de l'homme quand elles sont dépouillées de leur émail. Nous en rechercherons la cause plus bas. Toujours est-il que la dent 1 104 À NN A%LIE S : DIU JM US$, É U M se trouve par là successivement privée dans les diverses por- tions de sa longueur de segmens ou de tranches qui en oc- cupoient toute la hauteur. De là résulte encore un autre effet singulier : c'est que la partie antérieure de la mächoire , devant toujours être remplie, la dent se meut d’arrière en avant dans le sens horizontal, en même temps qu’elle se porte dans le sens vertical de haut en bas ou de bas en haut, selon qu’elle appartient à la mächoire supérieure ou Imférieure. Voilà comment chaque dent , au moment où elle tombe, se trouve très-petite, quelque grande qu’elle ait pu être au- paravant. Ce mouvement de la dent active fait de la place pour celle qui se forme dans l'arrière mächoire et qui doit lui succéder; cette seconde dent aide, par son développement, à pousser la première en avant ; et l’on pourroit dire que les denis de rem- placement de l'éléphant viennent derrière ses dents de lait, au lieu de venir dessus ou dessous comme dans les autres ani- maux. Patrice Blair (1) qui avoit aperçu des lames transversales sé- parées dans les arrière-mächoires de léléphant, et qui les avoit nommées avec beaucoup de justesse des rudimens de dents, ne voulut point croire que ces lames vinssent à former par la suite une dent qui remplaceroit celle derrière laquelle il les trouvoit. IL fut donc réduit à leur chercher divers usages imaginaires. On a disputé sur le nombre des dents des éléphans : la So- (1) Trans. phil., tome 27, n.° 526, p. 116. D'HISTOIRE NATURELLE. 10) ciété royale de Londres s’aperçut, en 1715, qu'il varie d'une à deux de chaque côté, et que la place de la division varie aussi ; c'est-à-dire que la première dent est plus ou moins longue à proportion de la seconde, suivant les individus (1). Pallas a enseigné le premier le mode de leur succession , qui explique toutes ces irrégularités ,en montrant qu’ils ont d’abord une seule dent de chaque côté ; que la seconde , en se développant, pousse la première, de façon que pendant un certain temps il y en a deux ; ensuite la chute de la première fait qu'il n’y en a de nouveau plus qu'une (2). J'ai annoncé que cette succession, et par conséquent ce changement alternatif de nombre se répétoit plus d’une fois , parce que j'avois encore trouvé des germes séparés dans un éléphant qui avoit déjà deux dents en place (3). Ce dernier point avoit au reste déjà été constaté, mais pour la mâchoire supérieure seulement , par Daubenton (4) ;enfin ce grand na- turaliste avoit aussi pressenti jusqu’à un certain point la né- cessité de cette succession d’arrière en avant , que Pallas à plus clairement développée. M. Corse (5) nous a appris que cette succession se répète jusqu'à huit fois dans l'éléphant des Indes ; qu’il y a par consé- quent trente-deux dents qui occupent successivement les diffé- rentes parties de ses mâchoires. Les premières paroissent huit ou dix jours après la naissance, (1) Trans. phil. , tome 29, n° 349, p. 370. (2) Nov. Com. Petrop., XIII. (5) Mem. de l'Inst., Sciences math. , tom. I. (4) Hist. nat., tome XT, in-4.°, (5) Trans. phlul. pour 1790. 106 ANNALES DU MUSÉUM sont bien formées à six semaines , et PT NUE sorties à trois mois. Les secondes sont a sorties À deux ans. Les troisièmes paroissent à celte époque, et font tomber les secondes à six ans ; elles sont à leur tour poussées en dehors par les quatrièmes à neuf ans. On ne connoit pas si bien les époques sulvantes, Pour moi, je nai jamais trouvé ni plus ni moins de trois dents à la fois dans les deux éléphans que j'ai disséqués , et dans cinq tètes sèches que jee examinées , savoir : une petite molaire plus ou moins prête à tomber , une grande en place et en pleine activité, et un germe plus ou moins grand, plus ou moins consolidé, occupant tout le fond de l’arrière-mä- choire. On juge aisément , à la profondeur de la détrition, si une dent que l’on trouve isolée étoit située en avant ou en arrière dans la mâchoire; celles qui étoient situées en avant n’ont jamais aucune de leurs lames entières. Le nombre des lames qui composent chaque dent va en augmentant , de manière que chacune d’elles en a plus que celle qui la immédiatement précédée. M. Corse, qui a fait le premier cette remarque, donne ces nombres d'après ses observations (1); les premières ont quatre lames seulement; les deuxièmes, huit ou neuf; les troisièmes, douze ou treize , et ainsi de suite jusqu'aux septièmes ou hui- tèmies qui en ont vingt-deux ou vingt-trois. M. Corse n’a ja- mais vu de dents qui en eussent davantage. Nous avons lieu de croire que ces nombres ne sont pas bien (1) Trans. phil. loc. cit, D'HISTOIRE LAN A TU REILILE. 107 absolus , car nous avons une mâchoire inférieure dont la pre- mière dent a quatorze lames , et la suivante quatorze germes de lames. M. Camper en a une absolument pareille ( Desc. anat. d’un Élép., p- 27, pl. XIX, f. 2 }; mais à la mâchoire supérieure qui correspondoit à la nôtre, il y a dans la dent ac- üve treize lames, et dans le germe de la suivante dix-buit. Indépendamment du nombre, il y a des différences par rap- port à l'épaisseur des lames; elles sont plus minces dans les premières dents que dans les dernières : et comme les mä- choires sont plus courtes lorsqu'elles portent les premières dents , il arrive que le nombre des lames en activité est à peu près le même en tout temps , c’est-à-dire , de dix ou douze. Lorsque l'éléphant est grandi , l’espace occupé par les lames en activité est, il est vrai, plus grand ; mais ces lames sont elles- mêmes plus larges, et remplissent toujours l'espace, quel qu'il soit. Comme il faut à peu près le même temps pour user le même nombre de lames , les dernieres dents, qui en ont beau- coup plus, durent bien plus long-temps que les premières. Les remplacemens se font donc à des imiervalles de plus en plus longs , à mesure que l'éléphant avance en âge. Les dents déléphans, comme celles de tous les autres ani- maux, ne poussent leurs racines que quand le corps est par- fait ; les racines se forment par couches, comme le reste de la dent : la chose ne pouvoit être autrement. Mais pourquoi cette division dans un autre sens, lorsque la réunion des ca- loites de toutes les éminences gélatineuses sembloit ne plus devoir produire qu'un seul corps ? Pour répondre à cette question qui est d’un intérêt général pour toutes les dents, il faut ajouter une circonstance à la des: 1C8 ANNALES DU MUSÉUM cription que j'ai donnée du genre : j'ai réservé ce point pour ce moment-ci, afin de ne pas trop embrouiller les idées, La base de ce corps gélatineux, dont les productions que j'ai appelées murs servent de noyaux aux lames de la dent, n’adhère pas par tous ses points au fond de la capsule. Il y a d'espace en espace des solutions de continuité , et par con- séquent les parües adhérentes de cette base peuvent être con- sidérées comme des pédicules très-courts. Lorsque la lame de substance osseuse recouvre toutes les productions ou murs, et tout le corps du noyau de la dent, elle se continue tou- jour sur et entre les pédicules les parties de cette lame qui se portent entre les pédicules, forment le dessous du corps de la dent ; les parties qui enveloppent les pédicules, et qui sont par conséquent plus ou moins tubuleuses, forment les premiers commencemens des racines. Ces racines et les pédicules qui leur servent de noyau s’al- longent ensuite par deux raisons : d’abord les progrès des lames de substance osseuse qui, s’allongeant toujours, forcent la dent à s'élever et à sortir de l’alvéole ; ensuite l’épaississement du corps de la dent par la formation des couches successives qui, en remplissant le vide intérieur, n’y laisse presque plus de place pour le noyau gélatineux , et le refoule vers l'intérieur des tubes des racines. Il ne se produit point d'émail ni de cortical sur les racines, parce que la lame interne de la capsule qui a seule le pouvoir de sécréter ces deux substances ne s'étend pas jusque-là. Je pense que c’est en partie à cette absence d’émail qu’est due la corrosion qui commence sur les races, sitôt que la portion de la couronne qui leur correspond est usée jusqu’à elles, D'HISTOIRE NATUREULE. 109 À celte époque , laracine a pristout le développement qu’elle pouvoit prendre; le noyau pulpeux est entièrement repoussé par les couches dont il a rempli lui-même la cavité qu'il oc- cupoit. Cette force d’accroissement de la racine cesse donc de contrebalancer l'accroissement des parois osseuses de l’al- véole, et celles-ci poussent continuellement la racine en dehors. Elle commence à se carier aussitôt que, se montrant hors de la gencive, elle est exposée à l'action septique de l'air, de la chaleur et de l'humidité de la bouche. Ce qui donne à mes yeux quelque probabilité à cette idée, c’est que la corrosion commence plutôt à la jonction de la racine et de la couronne, qu’à la pointe de la racine, J’en ai plusieurs preuves dans mes échantillons. On peut en juger aussi par la petite dent que représente M. Corse, Trans. phil., 1709, tab. VI, ig. 3. Peut-être aussi la compression mécanique que la racine éprouve de la part de lalvéole contribue-t-elle à sa des- trucuon , comme on attribue la destruction des racines des dents de lait à la gêne qu’elles éprouvent par le rétrécissement de leur alvéole, occasionné par le développement des dents qui doivent leur succéder. Au reste, il faut toujours qu'une partie de ses molécules soit absorbée organiquement ; mais ce ne seroit pas le seul phéno- mène dans lequel un corps devenu étranger seroit pompé par les vaisseaux lymphatiques et disparoïtroit. La chose est connue de reste pour les liquides. Pour les solides, je crois qu'on en a desexemples dans quelques séquestres. On peut voir à cet égard la Dissertation d'Alexandre Macdonald. Les dents des deux mächoires de l'éléphant se distinguent aisément par leur forme. Celles de la mâchoire supérieure ont leurs lames disposées de manière que leurs sommités sont 8. 19 110 ANNALES DU MUSÉUM toutes dans une surface convexe. La table produite par leur détrilion est aussi convexe. C’est le contraire pour les deux choses dans celles de la mâchoire inférieure. Un caractère encore pius frappant peut se prendre de la direction des lames par rapport à la couronne ou à la partie triturantie. Celles d’en bas sont inclinées en arrière; c’est-à-dire que l'angle aigu qu’elles forment avec le plan de trituration est di- rigé en avant, du moins dans leur partie radicale : car le sommet des antérieures se recourbe un peu en arrière. Celles d'en haut, au contraire, sont inclinées en avant, ou l'angle aigu qu’elles font avec le plan de trituration est dirigé en arriére, Il est toujours aisé de distinguer l'arrière de la dent de l'avant :.la trituration entamant bien plus en avant qu’en ar- rière , c’est le bout le plus profondément usé de la couronne qui est toujours l’antérieur. Il faut remarquer cependant que Pinclinaison des lames sur la couronne dhuinue aux deux mächoires, à mesure que la détrition augmente. Les lames postérieures qui s’usent plus tard, s’'usent un peu plus vite, parce que leur développement vers la racine continuant quand celui des lames antérieures a cessé, elles sont poussées en dehors avec plus de force : d’où il arrive que la table de détrition devient de plus en plus per- pendiculaire à la direction des lames. On distingue encore les dents appartenant à chaque côté, parce qu’elles sont convexes à leur face interne, et un peu con- caves à l’externe. J'ai cherché à représenter cette marche de la dentition dans les figures de mes planches LIL et IV. : D'HISTOIRE NATURELLE. Titi PI. IV. fig. 5 estun crâne d'éléphant des Indes, scié verticalement. a. l'entrée des narines. 2, b. L'énorme épaisseur des sinus qui séparent les deux parois du crâne, c. La cavité du cerveau. d. Le trou occipital et le condyle droit de ce nom. e. L’alvéole de la défense. f. La cavité de la défense ouverte, pour montrer l’espace qu'occupoit son noyau pulpeux. Dans l’espace depuis f jusqu'a g, on a enlevé une portion de l'os maxillaire et tout l'os palatin , pour montrer les dents et leurs germes en situation dans toute leur étendue. A. Est la dent antérieure réduite presqu'à rien par la détrition et par la com- pression tant de la dent suivante que de son propre alvéole. z. La dent en pleine activité, dont les racines commencent à se former en Z, et dont la partie triturante Z est déja usée en table, Les lames postérieures 72 sont gncore intacles, n. Le germe de l'arrière-dent encore enclavé dans sa capsule membraneuse, et celle-ci logée dans une cavité de l’arrière-mâchoire. o. Le nerf de la cinquième paire, qui donne des filets aux capsules des dents et à leurs noyaux pulpeux. Ces deux mêmes dents sont représentées plus en grand, pl. IE, fig. r et 2. Fig. 1 est la dent en activité ; à, à, la portion de ses lames déjà usée en table ; &,e, la portion encore intacte; d, ef ses racines qui s’enfoncent entre les pro- ductions de l’alvéole £,z, r, On a enlevé toute la face antérieure des racines et de la base du fust de la dent, pour montrer le noyau pulpeux, 4, 7, mn. Comme le corps de la dent est presque entitrement fermé et rempli, les petits murs transverses Z, 0, PDP, 4» 7, $, SOnt presque entièrement raccourcis et com= primés ; mais en revanche les pédicules #, 4 ,v,x, qui servent à la formation des racines sont déjà fort allongés, Fig. 2 est le germe de l'arrière-dent, retirée avec sa capsule de la cavité de l'arrière-mâchoire. a, b. Reste du périoste de l’alvéole, ce, d. Partie antérieure de la membrane externe de la capsule. , f. Portion de cette membrane externe, détachée et rejetée en bas, pour montrer la membranéinterne g, X, à. k,k,k, k,ete. Productions transversales de cette membrane interne , lesquelles séparent les lames de la dent et Les murs gélatineux sur lesquels ces lames se forment. LAS 112 ANNALES DU MUSEUM On a enlevé les portions de la membrane qui réunissoient ces productions , alu de faire voir les lames de la dent qu'elles couvroient. 7,1, 1 Le corps du noyau pulpeux de la dent. 72,7, 7,72, elc. Ses productions ou les petits murs transverses qu'il envoie entre les productions de la capsule et sur lesquelles se forment les lames de la dent. 2,n,n,7,ele. Lames dites ossenses transsudées par ces petits murs qui les enveloppert, et dont l’ensemble doit former la dent. Les postérieures sont beau- coup plus courtes et n’enveloppent pas aussi complétement leurs petits murs, parce que la transsudation commence plus lard en arrière. * 0,0,0,0, etc. L'émail déposé sur ces lames par la face interne de la capsule. Il y en a beaucoup moins sur les lames postérieures, par la mème raison. Dans la partie d, g, A, le cortical a déjà couvert l'émail et soudé les lames ensemble. P;pP, p. Les solutions de continuité qui séparent les commencemens des pédi- cules des racines. * Fig. 5 est la partie moyenne de ce mème germe, vue par sa face postérieure. a, a. Sa base, vue en raccourci. b. L'un des derniers petits murs transverses. e. Lame dite osseuse qui n’enveloppe encore que ses dentelures. d. Une dentelure dont l’enveloppe n’est pas encore jointe aux autres. e,e,e, e. L'émail qui commence à se déposer sur cette lame. J. Reste de la capsule. £,g. Extrémités des lames transverses de la capsule. Z, 2. Bases des petits murs transverses du noyau pulpeux. #,1, 7 Lames de la dent qui les enveloppent. k,k. Email qui commence à se déposer sur ces lames. Fig. 4 représente les derniers petits murs du noyau pulpeux, détachés du reste et écartés les uns des autres. a. Les lames en cornet qui avoient commencé à se former sur les dentelures da plus antérieur. &. Celles qui ne faisoient que de naître sur les dentelures de l’avant-dernier. e. Le dernier de tous qui n’avoit encore aucune enveloppe dure. Fig. 5. Une lame de germe de dent d'éléphant des Indes, vue par sa face large. a, a. Sa partie qui devoit bientôt poindre hors de la capsule et de la gencive, et où l’on voit déjà le cortical répandu comme par gouttes. &, b. Sa partie moyenne où il n’y a encore , sur la substance dite osseuse, que l'émail comme des file!s de velours, D] D” HE SIMON TIRUELUNLA ST UMR EL EE. 119 e, c. Sa partie de la base , où la substance dite osseuse est encore à nu, sans émail ni cortical. Fig. 6. Une lame pareille de l'éléphant d'Afrique. a. L'arête qui donne à la coupe des lames de cette espèce la figure d'un losange. ARTE CL E LT. Sur les défenses des éléphans, la structure , l'accroissement 9 Li] les caractères distinctifs de l'ivoire et sur ses maladies. — l'in des remarques génerales sur les dents. Nous ne nous arrêterons pas à réfuter opinion de quelques modernes (1), que les défenses de Péléphant sont des cornes. C’est une vieille idée soutenue par Pausanias (>), déjà com- plétement réfutée par Philostrate, et que personne r’adopte plus. Au contraire, la plupart des anatomistes qui pensent que les dents croissent comme les os ordinaires, par une sorte d'intussusception, prennent leurs preuves de l'ivoire, de ses maladies et de ses accidens. Cependant l'ivoire se forme, comme les autres dents, des couches successives transsudées par le noyau pulpeux. J’ai ouvert moi-même lalvéole et la base d’une défense sur un éléphant frais, et c’est là que j'ai vu évidemment un noyau pulpeux d’une grandeur énorme et entièrement dépourvu de toute union organique avec la défense qu'il avoit cependant sécrétée. Quoique l'individu füt parfaitement frais, on ne voyoit pas la moindre adhérence entre la défense et le noyau; pas la moindre fibre, pas le moindre vaisseau; aucune cellulosité ne (1) Zudolph. æthiop., 1. X , e. 10, Perrault, dans sa Description de l'éléphant de Versailles, etc. (2) Vita Apollon , Mb, 1X, c. 15, 114 ANNUAL ENS 40: UHYMLIUISHELÙ JM les lioit. Le noyau étoit dans la cavité de la défense, comme une épée dans son fourreau, et n’adhéroit lui-même qu’au fond de son alvéole. é La défense est donc dans son alvéole comme un clou en- foncé dans une planche. Rien ne ly retient que l’élasticité des parties qui | Ja serrent; aussi on peut en changer la direction per des pressions Ace C’est une expérience qui a réussi avec notre second éléphant : ses défenses se rapprochoiïent de manière à géuer les mouvemens de sa trompe; on les écarta par degrés au moyen d'une barre de fer dont le milieu étoit en vis, et qui S'allongeoit à volonté. Chacun sait que les den- tistes font la même chose en petit avec des fils pour les dents qui n'ont qu'une racine, | ; Les couchessuccessives , dont ivoire se compose, ne laissent que peu de traces sur la coupe d'une défense fraîche; mais ici les fossiles nous aident à mieux connoitre la structure des parties. Les défenses décomposées et altérées par leur séjour dans la terre se délitent en lames coniques et mincés, toutes enveloppées les unes dans les autres, el montrent par là quelle a été leur origine, Aucun os proprement dit ne se délite ; jamais de cette ma- niére. Sloane est, je CrOIS , le premier qui ait fait cette re- marque. Les gravures, les entailles quelconques faites à la surface d'une défense ne se remplissent jamais; eïles ne disparoissent qu’à mesure que la défense s’use par le frottement. Il est vrai qu'on trouve quelquefois des baîles dans l’inté- rieur de l'ivoire , sans qu’on voye le trou par lequel elles sont entrées. | à no D’, HS TON INR FUN A TU RE TIÉ.E. 115 Notre Muséum en possède un exemple; on en voit d’autres allégués dans divers ouvrages (1). Quelques-uns en ont conclu que le chemin traversé par les balles avoit dù être rempli par les sucs même de la dé- fense et par sa force organique (2); ou, comine s'exprime Haller, par une espèce de stalactite (3): mais il est aisé de voir, au contraire, que ce trou ne s’est pas rempli après coup, re la HozLon d' ivoire en dehors de la balle est semblable au reste; il w y a que ce qui l'entoure immédiatement qui soit irrégulier : c’est que la balle avoit traversé lalvéole et la base encore mince de la défense d’un jeune éléphant, et sétoit logée dans le noyau pulpeux, encore dans tout son dévelop- pement: elle a été saisie ensuite par les couches que ce noyau a transsudées , et y est restée prise. Camper l'a déjà expliqué ainsi (Desc. an. d'un éléph., p. 54). On ne peut donc déduire de ce fait aucune conséquence propre à justifier la nutrition de l'ivoire par intussusception. : Par la même raison, il ne prouvoit rien contre Fopinion de Duhamel sur la formation des os par lendurcissement des couches successives du périosie, quoique Faller en ait tiré lun de ses principaux argumens. Quant aux maladies de l'ivoire, celles qui tiennent à lalté- ration de son üssu viennent tout simplement d’une maladie dans le noyau pulpeux, à l'époque où il sécrétoit la portion (1) Blumenbach , Manuel d’Anat. comp., p. 45 ; Gallandat, Méw. de l’Ac. de Harlem , IX, 552; Bonn , Thes. Hovian. , p. 146; Camper, An. d'un EL, pl. XX , fig. XI et XI1 ; aller, Op. min. IE, p. 554. (2) Haller, Phys., VIL , p. 519. (5) 14., p. 330. 110 AKXNALEE DE MUSEUM ahtéréc; et ce qu'on a appelé des exostoses est toujours en dedans et jamais en dehors. C’est l'effet d’une sécrétion mo- Hentanément trop abondante en un certain point. Au surplus, on a donné souvent pour ivoire malade des portions de dents canines de morse ( trichecus rosmarus } dont la texture est naturellement grenue. Il y en a de décrit sous ce Utre dans Daubenton lui-même. Les maladies des dents sont à peu près dans le même cas que celles de ivoire. Ce qu'on à nommé carie , suite presque nécessaire de l’en- lèvement de l'émail, est la décomposition que la substance interne subiroit, quand même elle ne seroit plus adhérente au corps, si elle restoit exposée à la chaleur de la bouche et à l’action de la salive et des divers alimens; mais elle n’a point de rapport avec la carie des os. La disposition de certaines personnes à voir leurs dents se carier , vient de ce que la substance de celles-ci n’est pas d’une bonne composition , et tient au mauvais état du noyau pulpeux lorsqu'il les transsudoit. Il en est de même des taches, des couches plus tendres qu’on observe dans l'épaisseur de certaines denis. Ce sont des effets d’indispositions momentanées du noyau pulpeux. Les douleurs, les inflammations, sont dans le noyau pul- peux, et non dans la partie dure de la dent C'est le noyau pulpeux qui est sensible aux chocs et à la température des corps, au travers de enveloppe que la partie dure lui forme. On s'étonnera peut-être qu'une enveloppe aussi épaisse et aussi dure n’émousse pas toute sensalion; mais la pulpe du noyau des dents est, après la rétine et la pulpe du labyrinthe de l'oreille , la partie la plus sensible du corps animal. D'HISTOIRE NATURELLE. Eu, Les poissons qui ont leur labyrinthe enfermé dans le crane, Sans Caisse, sans tympan, sans osselets , en un mot, sans au- cune communication ouverte à l'extérieur, entendent par les ébranlemens communiqués au crâne. C’est quelque chose de beaucoup plus fort en sensibilité que ce queles dentséprouvent. Les exostoses des dents , les fongosités ne viennent point à la surface de l'émail d’une dent saine , mais dans le fond des creux des caries. Ce sont des productions du noyau pulpeux qui ont percé la matière dure dans le fond aminci de ces creux. L’allongement continuel des dents qui n’en ont point à leur opposite pour les retenir , s'accorde avec tous ces faits ; la por- tion, une fois sortie de la défense de l'éléphant , s'allonge tou- jours, mais ne grossit et ne durcit point : c'est qu'elle est tou- jours poussée en arrière par des couches nouvelles, tandis qu'elle-même ne peut plus éprouver aucun changement. On sait jusqu'où cet allongement se porte dans les lapins qui ont perdu une dent, et dont la dent opposée ne suse plus par la mastication. Continuant d'allonger en arrière, elle finit par empêcher l'animal de manger. C’est dans ce sens qu'Aristote a dit que les dents croissent toute la vie , tandis que les autres os ont des limites déterminées. Il faut ajouter cependant que les dents ordinaires en ont aussi une : c’est quand l'entrée de leur cavité est oblitérée, et que leur noyau pulpeux ne recoit plus de nourriture; mais la nature a eu soin de laisser les voies toujours ouvertes dans les animaux qui, usant beaucoup leurs dents, avoient besoin qu’elles se réparasssent toujours en arrière : tels sont les Zäpärs pour jeurs incisives et les éléphans, pour leurs défenses : la racine ne s’y rélrécissant point, son canal ne peut être bouché. 5. 16 118 ANNALES DU MUS ÉUVM ART 100 L'Æ SI V. Application des observations sur la dentition de l'éléphant à la connoissance des fossiles. Faute d’avoir connu tous les détails de la formation et de la maniere de croître des dents en général , les descripteurs de fossiles ont commis une foule d'erreurs; mais comme les circonstances relatives aux molaires de l'éléphant sont encore plus compliquées et plus difficiles que celles qui concernent les autres animaux , elles ont été un sujet plus fécond de mé- prises, D'abord un grand nombre d'auteurs ont possédé des mo- laires entières et bien formées d'éléphans fossiles, sans le savoir. Aldrovande , Leibnitz, Kundmann, Beuth ont été dans ce cas. L’inverse a eu lieu souvent aussi ; et l’on a donné pour dents d’éléphans des dents très-différentes. Aldrovande, de Metall., donne , sous ce nom, trois dents d'hippopotames. M. de la Métherie, T'héor. de la Terre, V.200, dit que la dent trouvée près de Vienne en Dauphiné , et gravée, Journ. de Phys., févr. 1773, p. 135, paroit avoir appartenu à Pelé phant d'Afrique. Nous avons montré qu’elle a dù provenir d’une espèce de grand tapir. Le même auteur , p. 201 , assure : « Qu'il est prouvé aujourd’hui que les dents de l'Ohio et » celles rapportées du Pérou par Dombey sont celles d’un » éléphant qui est de la même espèce que celui d'Afrique. » Cependant les dents de Vienne, celles de l'Ohio et celles du Pérou, ne se ressemblent point entr’elles , et ni les unes ni les autres ne ressemblent à celles de l’éléphant d'Afrique. D'HISTOIRE NATURELLE. 119 D'autres auteurs ont cru pouvoir établir des différences spécifiques sur le nombre des dents existantes à la fois dans la mächoire. Ainsi Merck, 21. Lettre sur les os fossiles de rhino- céros, Darmst. , 1584, p.12 et suivantes, croit pouvoir établir la différence entre les éléphans vivans et Les fossiles , sur ce que les mâchoires qu'il avoit observées ne portoient que deux dents, tandis que celle de léléphant décrit par Daubenton en avoit quatre. Il remplit huit pages de raisonnemens à ce sujet, et finit cependant par proposer aussi une explication de cette variété dans le nombre des dents, semblable à celle de Pallas , en la rapportant à la différence des âges. M. Morozzo, Mém. de la Société ital., tome X, p. 162, nous dit encore que l'éléphant n’a qu'une dent de chaque côté. Quelques-uns n'ayant pas su comment ces dents diminuent dans tous les sens avant de tomber, ni la grande différence entre les dents des jeunes individus et celles des vieux, ont imaginé que les petites molaires que Fan trouve isolées , pro- venoient de quelque éléphant d’une espèce plus petite. Mais les erreurs incomparablement les plus fortes et les plus bizarres sont celles qu'ont occasionnées les lames par- üelles de germes de molaires d’éléphans, que l’on a trouvées détachées et non usées. Les anciens naturalistes qui considéroïent généralement les fossiles comme des pierres figurées , trouvèrent à ces lames quelque ressemblance avec un pied ou une main , et leur donuerent le nom de chirites. Kirker en représente sous ee nom: dans son Mundus subter- raneus, L,G4. IL y en a aussi de: pareilles dans son Muséum et daus le Huseunr metallicum vaticanum de Mercati. 16% 120 A NINA LES. DU MUSEUM Aldrovande en représente sousle même noi, de Hetallic., hb. IV, 48r. Mais rien n’approche en ce genre de ce qu'on trouve dans les Rariora Naturæ et Artis de Kundmann, pl. IE, fig. 2. Cet auteur décrit l’objet représenté par sa figure comme la pate pétrifiée de quelque grand babouin ; À assure que la peau, la chair, les ongles, les veines sy voyoient entièrement pétrifiés; que M. {'ischer, professeur de Kænisberg, qui avoit vu la plupart des cabinets de l'Europe, regardoit cette pétrification comme l’une des plus rares du monde, et qu’enfin le roi de Pologne, électeur de Saxe, lui en avoit fait offrir une somme considérable pour lacquérir pour le cabinet de Dresde. IV alch, dans son Commentaire sur l'ouvrage de Xnorr, tome EE, sect. Il, p. 150, cite ce morceau parmi les ostéolithes de singe, etc. Cependant un simple coup d'œil jeté sur la figure fait voir que ce n’est qu'une lame de molaire d’éléphant, non encore usée à son extrémité, ni soudée au reste de la dent. ÂRTICLE V. Comparaison des mdächelières de l'éléphant des Indes et de l'éléphant d'Afrique, et premier caractère distinctif de ces deux espèces. Exarien des diverses mäckhelières fossiles d'élépharit. On a long-temps possédé et décrit indistinctement des dents molaires de l'éléphant des Indes et de l'éléphant d Afrique , sans lescomparer et sans apercevoir qu’elles ne se ressemblent pas en tout. Ainsi la Société royale de Londres fit représenter, D'HISTOLRE NATURELLE. 121 en 1715, des molaires d'Afrique , pour servir d'objet de coin- paraison à des molaires fossiles qui ressemblent comme on sait beaucoup à celles des /ndes , et personne n'insista sur une différence qui sautoit aux yeux. L’exact et judicieux Daubenton ne la remarqua pas davan- tage , et Buffon ni Linnæus ne soupconnerent jamais qu’il püt y avoir plus d’une espèce d'éléphant, On n’apercoit pas même encore de traces de cette possibilité dans l'édition du $ystema Naturæ , par Gmelin ; et en effet tout ce que l’on trouvoit là- dessus dans les anciens et dans les voyageurs étoit vague, ei pouvoit ne se rapporter qu'à de simples variétés. : Tel est par exemple ce que les anciens ont dit sur leur di- vers degrés d'aptitude à la guerre. Diodore de Sicile:,lib. IT ,avance que« les éléphans de Plxos » surpassent de beaucoup en courage et en force ceux de » LyBie.» 1 Appien le confirme, de Bellis Syriac., ed. Amsierd. ,4650, 8°, tom.f, p. 173. Selon lui, « Domitius qui commandoit les » Romains contre Antiochus, jugeant que les éléphans qu'il » avoit d'Afrique ne lui seroient d'aucune utilité, parce que DEN LEUR QUALITÉ D'AFRICAINS ( dé mea ) ils étoientplus petits, » et que les petits redoutent les grands, il les rangea der- » rière les autres (c’est-à-dire, derrière ceux des Indes ).» Pline et Solin disent en général que les Africains sont plus petits que ceux des Indes et les redoutent. H est bien pro- bable cependant que les éléphans d'Annibal et ceux de Ju- gurtha wétoient que de la première espèce: Il y avoit quelque chose de plus précis et d'aussi vrai dans ce que dit un scoliaste de Pindare, cité par Gessner, Quadr., 12% ANNALES: DU MUSEUM p- 378, qu'il n’y a de défenses qu'aux mäles dans l'espèce des Indes, mais que les deux sexes en portent dans celle de Lybie etd'Æthiopie. Quant à la distinetion établie par Philostrate() cntre les éléphans de montagnes, de plaines et de marais ,et aux différences de leur naturel et de leur ivoire, il est encore probable que si elles sont réelles , elles ne constituent que de simples variétés. La première véritable distinction spécifique des éléphans par la structure intime de leurs dents, est donc entièrement due à P. Camper; quoiqu'il n’en ait rien écrit, les planches où il les avoit représentées, et les témoignages de son fils et de M. 'aujas la lui assurent. M. Blumenback en avoit aussi fait de son côté l'observation; il avoit caractérisé les deux espèces d’après cette seule diffé- rence , dans son Manuel, sixième édition , p. 121 , et avoit fait représenter les deux sortes de dents dans ses Abbildungen , pl. 10. Cette différence consiste dans la forme des plaques et dans leur nombre; ow l’observe des le germe. Les germes de l'éléphant des Indes sont des lames dont cha- cune est formée de deux surfaces à peu près parallèles, et simplement sillonnées sur leur longueur. (Voyez pl. IF, fig. 5.) Dans l'éléphant & Afrique, Yune des surfaces (et souvent toutes les deux } produit dans son milieu et sur à peu près toute sa longueur une saillie anguleuse ; ses sillons sont aussi beau- coup moins nombreux (Voyez pl IE, fig. 6.) Il résulte de cette structure des germes que la coupe des Q) Pa Apoll. Tyan., lib.IT, c. 13, edit. olear. Lip. 1759, p. 60. D'HISTOIRE NATURELLE. 123 James , quand la dent a été usée, présente dans léléphant des Indes des rubans transverses étroits, d'une égale largeur, et dont les bords, formés par Péimail , sont très-festonnés ; et dans l'éléphant d Afrique: des losanges, où des rubans plus larges au milieu qu'aux deux bouts, et dont les bords sont rarement découpés en festons bien sensibles. A cette différence de forme, s’en joint une dans lé nombre: les lames de l'éléphant d'Afrique étant plus larges , il en faut moins pour former une même longueur de dent ; neufou dix de ces lames font une dent aussi grande que treize où qua- torze de l'espèce des /ndes. Il paroït que ces deux espèces observent la mênre propor- tion dans les dents de même âge, que dans celles de méme longueur. Ainsi, en comparant nos crânes d'Asie avec ceux d'Afrique , à peu près de même âge , nous trouvons aux dents postérieures des prémiers quatorze où quinzé lames, et à celles des autres neuf ou dix seulement. Aussi n’avons-nous jamais vu de dent d'Afrique qui eût plus de dix lames , tandis que celles des Indes en ofit, selon M. Coxe, jusqu'à vingt-trois, et que nous en voyons de fossiles à vingt- quatre et vingt-cm. Ces caractères , pris des molaires, étant une fois constatés pour les éléphans vivans , il étoit naturel d'examiner sous ce rapport les éléphans fossiles, d'autant qu'après les défenses, les dentsmolaires sont la partie qu’on a le plus souvent trouvée et recueillie. Les questions qui se présentoient étoient celles-ci : Auquel des deux éléphans vivans les molaires fossiles ressemblent - elles davantage ? Ressemblent-elles entierement à lun des deux ? 12/ ANNALES DU MUSÉUM Toutes les molaires fossiles sont-elles semblables entre elles ? Ïl n’y a point de doute sur la première question. Le plus grand nombre des dents fossiles ressemble, à la première vue , à celles des /ndes, et se compose comme elles de rubans à peu près d’égale largeur. et festonnés. On peut s'en assurer en consultant notre planche VI, où nous ayons fait représenter des dents fossiles tant supérieures qu'inférieures de différens âges, à moitié de leur grandeur na- turelle. Fig. 1 est une inférieure d’un vieux éléphant, toute usée, trouvée, l’année dernière, dans la forêt de Bondy, avec sa pareille. Fig. > en est une d’un très-jeune éléphant ; une vraie mo- laire de lait : de Fouvent. Fig. 3 estune molaire supérieure d’un éléphant d'âge moyen de Sibérie : c’est le n° MXXII de Daubenton. Fig. 4 est une des secondes molaires d’un jeune éléphant. Elle vient des environs de Toulouse. Fig. 5, une molaire inférieure d’un vieux éléphant , usée seulement à demi. C'est cette ressemblance générale qui a fait dire à Pallas et à presque tous ceux qui sont venus depuis lui, que l'éléphant jossile est le même que celui d'Asie. Mais cetie ressemblance est-elle complète ? Je lai nié autre- fois (1) ; depuis lors j'ai hésité un peu à soutenir une assertion qui pouvoit paroitre hasardée, et.sur laquelles Les observations (1) Mém. de l’Inst,, Classe de Math. et Phys., t. IT, p. 15. D HMIUST (OU IR E UN À AU RÉEL Æ, 129 de mon savant ami, M. Adrien Cumper, m’avoient inspiré quelques doutes (1). Examinons de nouveau la chose avec impartialité. Il est certain d’abord que le nombre des lames, considéré seul, ne peut, comme jelavois cru , donner de bons caractères, puisqu'il est sujet à varier selon l’âge de l'individu , et le rang de sa dent, depuis quatre jusqu'à vingt-trois ou vingt-quatre. Mais le nombre, pris dans des dents de lougueur égale , n’en donneroit-il point? c’est ce que j'ai examiné sur un grand nombre de dents des /ndes et fossiles, et j'ai presque tou- jours trouvé les lames de ces dernières plus minces, et par conséquent plus nombreuses dans un même espace. J'en ai dressé une table que je joins ici. On peut y voir: 1.” Que les lames varient d'épaisseur dans les divers indi- vidus de chaque espèce ; | 2° Qu'il y a, comme nous lavons dit plus haut, un rap- port entre cette épaisseur et le nombre des lames ; c’est-à- dire que plus il y a de lames dans une dent, plus chaque lame prise à part est épaisse ; 3. que cependant en comparant ensemble des dents de même nombre de lames, ces lames occupent toujours un es- pace sensiblement moindre dans les molaires fossiles ; et que cette différence va très-loin dans certains échantillons , et d’au- tant plus loin que le nombre des lames est plus fort. à) Descrip. an. d’un éléph. ,in-fol., p. 19. 126 ANNALES DU MUSEUM NOMBRE NOMBRE LONGUEUR LONGUEUR MOLAIRES FOSSILES. total [des lames des lames.| usées. totale. usées. SUPÉRIEURES. De Sibérie, brune , lames séparées, | mais peu altérées, Daub.,n.° 1025.) XXV 11 0,%60 | 0,135 | 0,085 D'origine inconnue, jaunâtre, peu aléréet 0 MN ES MARS 16 0,200 | 0,165 | 0,081 De Sibérie, brun, noirâtre , plu- sieurs lames enlevées en avant et erTarnieres Pete Ur tele dem MEENTTATET ro 0,110 | 0,080 De Sibérie , très-altérée dans son cé- ment ; quelques lames enlevées : DEEP rondon onu TNRQUt] Bb A 153 |0,:85 | 0,165 | 0,089 D'origine inconnue, altérée, blan ' che , au moins une lame enlevée EN ATTIETE DM ee ee IIEN Vi 14 0,165 | 0,075 D'origine inconnue, très-altérée, blanche, toute usée. . . . . . XV 15 0,165 | 0,165 | 0,084 De Toulouse , très-altérée , blanche toute/usée cet. CE. ES Re EXTET 135 0,095 0,095 0,050 De Fouvent, altérée , jaune, toute USE CR RENE EN nee XII 12 0,085 | 0,035 0,037 De Fouvent, jaune ,très-usée . .f VII 0,055 | 0,055 | 0,055 INFÉRIEURES. Du canal de l’Ourque . . + . . . | XXIV 0) 0,245 | 0,247 | 0,089 D'origme inconnue, blanche, ter- reuse, cassée en deux endroits. . | XXIV 12 0,265 0,142 0,085 Probablement de Sibérie, brune, mais nullement altérée : plus de .| XXI r1 0,250 | 0,160 | 0,070 De Fouvent, jaune ,terreuse, quatre cassées en arrière. « + + + + - | XIX 15 0,250 | 0,190 | 0,080 Probablement de Sibérie, peu alté-| rée , teinte eu noir . . . + . . | XVIII 18 0,178 | 0,178 0,088 De la mâch. inf. des environs de Co-|: É loge PR EE PP EVIL 13 0,230 | 0,180 | 0,075 D'une petite mâch. du même lieu .| XIV 11 0,125 | 0,986 | 0,050 D'une mâch. foss. de Sibérie, du ca- binet de M. Camper. . . . . . | XII 0,160 Ï AE SOS MASON CENT UE XI 0,140 D'HISTOIRE NATURELL E. ia? 0 6 SN multi lie ju dét it NOMBRE | NOMBRE | ueur | MONGUEUR MOLAIRES DES INDES. total |des lames des lames] LARGEUR. des lames.| usées. totale. usées. —————_—_—_. "2eme OO YU MAMARUES is ——_—_—_——— | À SUPÉERIEURES. De la tête d’él. dent. de Ceylan. .| XVI 11 0,200 | 0,162 | 0,055 Du grand squelette mookna . . . | XIV 7 0,177 | 0,102 | 0,060 Du squelette de dentelah . . . .| XIV 8 Dent séparée du cabinet . . . . .| XIV 7 0,145 | 0,090 | 0,045 Tête séparée de mookna ou de fe- 0,155 | 0,085 0,055 BODIENRS ES OPA EUR SET 5 Autre dent séparée du cabinet . . XIV 4 0,120 | 0,045 | 0,045 LR Te QE HE ROSE DAT PRCEER GENE PR TEE XII 8 0,150 0,092 0,060 Ia. Re MONTE TIM PE XI 10 |o,150 0,125 | 0,065 Antérieure du squel. de dentelah . IX 9 0,080 | 0,080 | o, 057 Antér. de la tête séparée demookna.| VII 3 © © [eo] Yi 0,078 | 0,055 — du squel. de mookna . . . .. VII De] © S © 1 © 0,075 0,060 Dent d’un très-jeune él. Daub. , 1019 EERTODOX (ae drap 4h VII 7 0,055 | 0,055 | 0,030 INFÉRIEURES. D'une mâch. de Ceylan, du cabinet de M. Camper:k. Pau.) : 24. XXII Dent séparée du cabinet d’anat., en pcbesciée hr. dons Liv 0,315 0,070 D'une mäch. de Ceylan, du cab. de RCampertn hu. 1-01 XVII 0,190 Tête du squelette mookna . , , . | XV | ro 0,230 | 0,156 | 0,065 Tête séparée de mookna . , . . . | XV 8 0,205 | 0,110 0,055 Dentséparée du cabinet de M, Faujas.| XIV 0,054 Squelette de dentelah. , . . . . | xIII 12 0‘182 0,060 Dent séparée du cab. d’anat. , . . | xIIT 3 0,065 Dent d’une tête séparée de dentelah CÉIGET ADR EN NII © a © Le] 2 g © 122 0,005 120 AL INPOIN PERS AE CECRSN FD PU MUSEUM Ainsi, lorsque M. Camper n’oppose une dent d'éléphent vivant ; à lames minces, et une autre à lames épaisses, c'est que la première qu'il a représentée, pl. XIX , fig. 2 de son ouvrage, n'a que douze lames, et vient d'un jeune éléphant; et que l’autre, 4b., f. 6 , ainsi que celle pl. XIIT, fig. 4 et 5, en a vingt-trois, et vient d’un vieux. Îne faut comparer ensemble que des dents de même nombre de lames. Il résulte de ce premier caractère ( l'étroitesse des lames ) que le nombre de ces lames qui servent à la fois à la tritu- raüon a pu étre plus considérable dans l'éléphant fossile que dans l'éléphant des Indes. Corse dit expressément que ce dernier n'en a guère que dix ou douze en activité à la fois; et l’on trouve très-souvent des dents fossiles qui ont léurs vingt-quatre lames usées : telle est celle de la forêt de Bondy, représentée pl. VE, fig. 1. Un second caractère, qui né me paroit pas moins sensible, c'est que les lignes d'émail qui interceptent les coupes des lamés sont plus minces et moins festonnées dans les dents fossiles que dans les autres. Je le remarque sur tous les échan- tillons de ce Muséum, excépté un seul dont je parlerai plus bas. Un troisième caractère est pris de la largeur tant absolue que proportionnelle des dénts, beaucoup plus considérable dans l'éléphant fossile que dans celui des Indes. On peut s'en assurer par la cinquième colonne de ma table, On y voit que les fossiles ont presque toutes de 0,08 à 0,09 de largeur, et les dents du vivant de 0,06 à 0,07. Si ces différences étoient seules, elles ne seroient peut-être as suffisantes pour établir une distinction d'espèces ; mais comme elles sont d'accord avec les différences des mâchoires es D'HISTOIRE NATURELLE. 129 et avec celles des crànes, amsi que nous le verrons bientôt, elles prennent de l'importance. Mais n’y a-t-il dans l’état fossile que de ces molaires à lames étroites ? J'ai annoncé ci-dessus un échantillon à lames larges; il a été déterré auprès de Porentrui, département du Haut-Rhin. Sans étre fort altéré, il l’est assez pour être regardé comme vraiment fossile. Neuf lames y sont restées entières, et il en a été enlevé en arrière un nombre qu’on ne peut déterminer. Ces neuf lames sont grosses, très-ondulées et occupent un espace de 0,180 en longueur. Leur largeur est encore plus considérable que dans les autres dents fossiles ; elle va à 0,090: celte dent devoit appartenir à un très-vieux éléphant. M. Adrien Camper parle de trois fragmens de molaires fos- siles qu'il a dans son cabinet (1) , et dont les lames sont aussi larges que celles des molaires vivantes ; mais il faudroit savoir si les dents dont ces fragmens proviennent avoient beaucoup ou peu de lames , car ce n’est qu'alors qu'on pourroit instituer une comparaison. M. Authenrieth m'annonce avoir vu à Philadelphie des dents qui lui ont paru tenir de plus près à l'éléphant d'Afrique qu’à celui d'Asie; mais M. Barton vient de nv’assurer positivement que ce sont des dents fraiches apportées d'Afrique. Celle qui a été gravée pour l'ouvrage de M. Drayton sur la Caroline, ressemble aux molaires fossiles ordinaires; et celles dont M. HumboldtnYarapporté des fragmens du Mexique y ressemblent également , ainsi que celles dont j'ai parlé ci-dessus d’après M. Barton. (1) Desc. an, d’un élép., p. 19. 130 ANNALES DU MUSÉUM M. de Humboldt dit, à la vérité, dans une lettre insérée dans les Annales du Muséum ,tome IT, p.337, avoir trouvé, près de Santa-Fé, une immensité d'os fossiles d’éléphans, tant de l'espèce d'Afrique que de celle de l'Ohio ; mais un examen plus approfondi a montré depuis, comme nous le verrons ailleurs , que tous ces os éloient d’une espèce particulière de mastodonte. Il paroïit donc que la plus grande quantité sans comparai- son des molaires d’éléphant fossiles, sont à lames étroites, et que le petit nombre d’exceptions que l’on a recueillies jusqu’à présent n’est ni lrès-Iimportant ni bien constaté. ARTICLE VL Variétés dans la grandeur et la courbure des défenses des éléphans. Comparaison des défenses fossiles à celles des éléphans vivans. Sd a. Défenses des espèces vivantes. Examinons maintenant les variétés des défenses, et les diffé- rences remarquées à cet égard parmi les éléphans, Leur üssu n’en offre point de fort importantes. Il présente toujours sur sa coupe transverse ces stries qui vont en arc de cercle du centre à la circonférence , et forment en se croisant des losanges curvilignesquien occupent toutle disque, et qui sont plus ou moins larges, et plus ou moins sensibles à l'œil. Ce caractère , commun à tous les ivoires d’éléphant et dépendant immédiatement des pores de leur noyau pul- peux , ne se trouve dans les défenses d'aucun autre animal, On l’observe dans toutes les défenses fossiles, et 1l réfute D'HISTOIRE NATURELLE. 151 Fopinion de Leibnitz (1), adoptée par quelques autres écri- vains et même par Linnœus (2) , que les cornes de mammouth pourroient provenir du morse (trichecus rosmarus ). Les dé- fenses du morse paroissent toutes composées de petits grains ronds accumulés. La grandeur des défenses varie selon les espèces, selon les sexes et selon les variétés ; et comme elles croissent pendant toute la vie, l'âge influe plus que tout le reste sur leurs di- mensions. L’éléphant d'Afrique a , autant que nous pouvons savoir , de grandes défenses dans les deux sexes. La femelle africaine de 17 ans, dont nous possédons le squelette, en porte de plus grandes que tous les éléphans des Indes mâles et femelles de même taille dont nous avons eu connoissance. C'est d'Afrique qu'il vient le plus d'ivoire , les défenses les plus'volumineuses , et celles dont Pivoire est le plus dur et conserve le mieux sa blancheur. Mais nos connoissances un peu exactes se réduisent aux élé- phans de la côte occidentale et à ceux du midi de l'Afrique ; nous ignorons si ceux de la côte orientale leur ressemblent en tout, et s’il nya point d’autres variétés dans l’intérieur. Nous savons cependant par Pennant que la côte de Mosam- bique fournit des défenses de dix pieds, les plus grandes que l’on connoisse. Dans l'espèce des Indes, il y a beaucoup de variétés que @) Protogæa , $. XXXIV, p. 26 G)Syse, Nat , ed. XAF, p. 49- 132 ANNALES DU:M U SIÉ U M M. Corse a développées avec plus de soin qu'aucun autre (1). D'abord aucune femelle n’y porte de longues défenses : elles les ont toutes petites et dirigées en ligne droite vers le bas , {ce qu’a trés-bien exprimé Aristote (2) dans un passage mal à propos contredit depuis) , et une partie les ont tellement courtes, qu’on ne peut les apercevoir qu’en soulevant les lèvres. De plus, il s’en faut bien que tous les mäles en aient de grandes. T'avernier dit qu'il n’y a dans l'ile de Ceylan que le premier né de chaque femelle qui en porte (3). On distingue sur le continent de l'Inde les dauntelah ou éléphans à longues défenses , des mookna qui les ont très - courtes. Ceux-ci les ont toujours droites. #Volfs, qui a voyagé long- temps à Ceylan, dit aussi qu'il y a dans cette île beaucoup de males sans défenses, et qu'on les y nomme majanis (4). Parmi les dauntelah, on distingue encore, suivant Corse, les pullung dauntelah dont les défenses se dirigent presque horizontalement et les puttel dauntelah où elles se portent droit vers le bas. Entre ces deux extrêmes, il y a plusieurs intermédiaires , et l’on a aussi donné des noms aux individus dont une défense diffère de l’autre ou qui n’en ont qu'une en iout. Mais toutes ces variétés n’ont rien de constant et se mélent indistinctement les unes avec les autres. On les trouve ensemble dans les mêmes hardes. . | Au Bengale, les défenses ne pèsent guère plus de 72 livres (1) Trans. phil., 1799 , p. 205 et suiv. (2) Hist. anim., Lib. I, c. V. (5) Tavernier, tome IT, p. 175. () Voyage à Ceylan, en allem., p. 106, cité par Camper, An. d'un éléph. Pe 17e D’ HyI S TOILR-E NA T UR EWL'E. 133 en poids, et elles ne passent pas 50 dans la province de Ti- perah qui produit les meilleurs éléphans. Cependant on a à Londres des défenses, probablement originaires du Pégu , qui pèsent 150 livres. C’est en effet du Pégu et de la Cochin- chine que viennent les plus grands éléphans et les plus grandes défenses de l'espèce des Indes. La côte de Malabar veu donne pas, selon Pennant, qui ayent plus de quatre pieds de long. - Voici une table que j'ai dressée des longueurs des diamètres et des poids des plus grandes défenses dont les auteurs ont donné les dimensions ou que j'ai pu observer moi-même. Les défenses d'Afrique r’ont pu y être distinguées de celles des Indes, et äl n’y a pas toute la certitude qu’on pourroit dé- sirer sur les espèces des mesures employées. 13/4 ANNALES DU MUÉSU M AUTEURS LEURS GARANS LONGUEUR | DIAMÈTRE qui ont cité] et les détails sur l’origine | ensuivant au POIDS. les faits, des défenses. lacourbure| gros bout. Se ——— Défense de Sumatra, selon Louis Vartoman, eité par Jonston . . , » 168 1. Défense mentionnée par J. C. Sca- liger, deReb ind tune. 5 5» 162 à Défense du cabinet de Septal, citée par Hexzop- LS OP » D 169 Défense mentionnée par Vielbauer, dans son Traité des drogues î étrangères CLP TEE TENUE Ve EE rs D) " 200 Ù__ Par Louis Barth > Rer.indic. . ” 5, 325 Hartenfels , | Défense apportée des Indes à Bâle Eleplanto-] ciée par Münster , dans sa Cos- graph'a , p. MOENA PATES = 0 ee "9 ss 100envyiren 47 et 48. TC: BR SN ENENRS PAS EN RENERE CARE » » 114 Autre défense mentionnée par J.-C. À Scabgens ee 1. el... AMplusde): ” » À Zd. par AL. Cadamosto . . . . . S’ 5 5 É Les plus grands défenses selon Gyl- Lust Rte 10” # » Une défense que possédoit un mar- chand de Venise, he Ne 14 5, » Ë Les défenses prises sur Firmus, par Aurélien, selon Flavius Vo- PiSCUS telle ete Vale delete O TOM: » 5 Les défenses ordinaires de Guinée. 2 5 100 à 120 Une défense appartenant a M. Wol- fers, négociant d'Amsterdam . |$' du Rhin,| o 208 Camper, Des- | Défense appartenant à M. Ryfsny- Jde En crip. an. d'un der , négociant à Rotterdam , se- élép., p. lon KRiloknerg: 7; less r 55 250 Défense vendue à Amsterdam, se-|. lon le mème 1. 411, 06 5 » 550 Défense du cabinet de Camper. . 6° 7h 105 | D’ # 148410 TRE -N À T CLR EMULE 159 AUTEURS LEURS GARANS LONGUEUR | DIAMÈTRE qui ont cité| et les détails sur l’origine | ensuivant au POIDS. lesfaits. |” des défenses, la courbure. | gros bont. Faujas, Géo-\ La plus grande défense du Muséum dog pe245:) d’hist. nat defParis 1011061 67 HEURE 72" 8.° Fortis, Mém. our L'Hist(…, , dé : {Défense du cabinet de Florence. . 5 n'! 6"! 5 zat. de l'Iral. < Il. Les grandes défenses de Mosam- Pennant. : ; ! bique M ER lo tans ion » 5 9’ 2” de Fr, Plusieurs défenses mesurées par Eden: sis MEN) Me Ere ! angl. 5 de 90 à 125 Bfion sel | 9° 228 9 FE Oe NI I D) » 200 71at.,tome Li ÉCDraCknl sg et re Énege on 10 2 4 » 5 200 in-4. ; 5 Défenses de Lowango, selon le Voyage de la Comp. des Indes . ss 5 126 Défenses du Cap, selon Kolbe . . » » de 60 à 120 Comme les défenses croissent toute la vie, et le reste du corps non, la grandeur d’un éléphant ne peut se conclure de celle de ses défenses, même en établissant la proportion entre individus d’une même variété et d’un même sexe, comme d'un autre côté les défenses s’émoussent ou se cassent à leur pointe, selon le plus ou moins d'usage que Panimal en fait, et qu’elles s’aiguisent plus ou moins brusquement en pointe, on ne peut conclure sûrement leur longueur de leur diamètre à la base. Enfin leur poids ne peutse conclure de leurs dimensions, 18 * 130 À NyNeA RE El DU MU $ EU Messerchinidt, dans les ‘Transactions philosophiques; celle parce que la cavité de leur base peut être plus où moins remplie. Le degré de courbure des défenses des éléphans varie presque autant que leur grandeur. Nous avons vu ci-dessus les différences les plus communes à cet égard parmi les élé- phans des Indes. Il ne manque pas dans les cabinets de dé- lenses à courbures plus ou moins bizarres, et surtout en spi- rale. Camper en a vu plusieurs dans le Muséum britannique{1); et Grew en représente une (2) qui fait plusieurs tours , et je: sais, par une lettre de M. Fabbront, qu'il y en a aussi une dans le cabinet de Florence On en voit assez communément en forme d'S italique, etc. b. Défenses fossiles. Nous ne pouvons savoir s'il y avoit parmi les éléphans fos- siles les mêmes differences que parmi ceux des Indes, par rapport aux défenses des différens sexes et des différentes va- riétés, puisque les défenses fossiles se trouvent d'ordinaire isolées , et que lon n’a pas trouvé assez de cränes entiers pour pouvoir dire sil y en avoit d'adultes sans longues défenses. Nous ne pouvons non plus connoîïtre les limites des défenses fossiles en petitesse. Les petites ont été beaucoup moms re- eueillies, parce qu’elles excitoïent moins l'attention des ouvriers. Mais nous connoissons assez leurs limites en grandeur : les grandes n’ont point été négligées, et ceux qui les ont décrites n'ont pas été tentés d’en diminuer le volume. (1) Desc. an. d'un élép. (2) Mus. Soc. Reg., pl. IV. D'HISTOIRE NATURELLE. 137 J'ai dressé une table des plus grosses défenses fossiles dont les dimensions ayent été données. On peut y voir qu’elles ne surpassent pas infiniment celles des éléphans vivans , du moins de l’espèce d'Afrique. Il faut remarquer d’ailleurs que si on laissoit les éléphans vivre leur âge naturel dans les forêts , sans leur faire la chasse, leurs défenses croissant toute la vie acquerroiïient un volume encore plus considérable que celui qu’elles ont ordinairement. 138 ANNALES DU AUTEURS DETAILS censultés, SUR LES DÉFENSES. MUSÉUM LONGUEUR Di AMÈTRE en suivant au la grande courbure. | 8r0$ bout. Long. du|6’' et à l'au- N.o DEDXCVI de Sibérie, tron- tronçon. tre bout 5/’ quée en avant . HOMO No DCDXCV deSibérie , tronquée Daubenton ,} aux deux bouts. . . . . . . tome XI. \.o DCDXCIV de Sibérie, tron- quée aux deux bouts. . . . . [Ne DCDVCIT, tronquée aux deux Douts SR NS MT EN CCE trouvée par MM. Larochefou- F'aujas, Géol. cauld et Desmarets ; fort tron- 203. j'is des environs de Rome, quée aux deux bouts et cassée en trois morceaux, . 2, » 5! ui Pan 4" Sr et à 5" l’autre bout V4 Saut 2!! 10°! aux deux bouts. SAS 2 Ho etiatl 10/// à l’au- tre bout. 5’ $" Vérone, par Fortis et le comte| Foris, IT, p.} de Gazola, tronquée aux deux bouts , renflée par infiltrations . Défense fossile de Toscane . . . Défense de Sibérie du cabinet de Lamper. Camper sh Melun Premier éléph. de Burgtonna . . Deuxième 24, CNE De Zach. E trouvée au Serbaro près de Pallas, Nov. (ie plus grande défense de Sibérie, du cabinet de Pétersbourg, tron- XIIL, p. 475. Com. Petr., | quée au deux bouts . . . . . 7/6" de vér.lg”’ à 10" 14. 8' 6! » 5'etplus. 5 8’ Fe) 10” Le 66! et à g' l’autre bout 114 G'' 4 POIDS. 1 ” » L2] »” » ” — | ‘ DB IS TOUREUNAÎT UREL'LE. 139 REC ER DER REE PRE ETS ER REP CRAN FATPARE AENIRERER RU Le FUN TE EEE PE FONGUEUR | DIAMÈTRE AUTEURS DETAILS en suivant [ ; I d au POIDS consultés. DES DÉFENSES, CS courbure, | 8r0s bont. La plus grande défense de Cans- : tadt, tres-courbée, tronquée aux pl ; Autenrieth et ? ï 1 5" 6" 5''et à l'au- deux iboutse 0e. Eee 3 sel 11 » Jæger. | tre bout 3 Reisel et Spleiss disent qu'il y en avoitide, ns dede Filet 10” 5 Messersch- mid et Brey-|Une défense très-courbée de Si- HR, nius, Trans. Dérie its 13! 6!! L'UL 6" UE 5 di P- phil, Lo, p. RE d'apoth. tee La défense suspendue dans la ca- Hermann ,) thédrale de Strasbourg , très- Prog. pecul. ) courbée . . . . . « , . 67" 311,5/14 # 4 10// 5! 6!’ ss AT de de Wendenheim. . . . , Quant au tissu, nous avons vu plus haut qu'il est absolu- ment le même dans toutes les espèces, et les défenses du mas- todonte ne se distinguent pas non des élé phans. Ïl ne reste donc à comparer que plus à cet égard de celies la courbure. Beaucoup de défenses fossiles n’ont qu'une courbure très- ordinaire : telles sont celles de notre Muséum. Mais il en est un assez grand nombre dont la courbure est beaucoup plus forte qu’on ne la voit dans les défenses des éléphans vivans. Elle approche d’un demi-cercle ou de la moitié d’une ellipse partagée par son petit axe. Il y en a quatre de cette sorte de décrites : celle de 140 À NHiA LE S4 DU, » MU SRqUUM , Messerchmidi, dans les Transaction philosophiques ; celle de la cathédrale de Strasbourg, selon Zermann ; celle de l'église de Âalle en Souabe, selon Æoffmann et Beyschag, et celle du cabinet de Stuttgardt, selon Autenrieth et Jæger. Cette ressemblance frappante des quatre défenses fossiles les plus entières que l'on connoisse , eu un point qui les distingue des défenses vivantes, est digne de remarque. Quelques personnes en ont cru pouvoir faire un caractère distincuf; inais on peut penser que cette grande courbure ne tient qu'à la longueur des défenses où on l’a remarquée. La partie de défense une fois faite ne changeant plus, si celte défense n’est pas tout à fait droite, chaque augmenta- tion en longueur sera aussi une augmentation du nombre des degrés de l'arc qu’elle décrit. C'est ainsi que les incisives des lapins , dont l’opposée est rompue, se recoquillent tout à fait en spirale. l est bon cependant d'observer qu'une défense d'Afrique de notre Muséum, quoique longue de six pieds, n’est pas à beaucoup près aussi courbée que les quatre que nous venons de citer. il y a aussi des défenses fossiles contournées en tire-bourre, comme or en voit quelquefois de vivantes. Pallas en cite une du cabinet de Pétersbourg (1). Il y en a aussi une, maïs moins tordue dans le cabinet de Stockholm. M. Quensel a bien veulu n'en envoyer.un dessin. Ainsi les défenses ne peuvent établir de caractère certain, ni entre les espèces vivantes, ni entre celle-ci et l'espèce fossile. (a) Nov. :CGou”, , XIIT. D'HISTOIRE NATURELLE. 14r Aurbririalhr Et) Vel I Comparaison des crânes de l'éléphantdes Indes et de celui d'Afrique.—Caractere extérieur pris des oreilles. — Parties du cräne susceptibles de varier dans une seule et méme espèce. J'ai eu l'avantage de faire remarquer le premier, en 1795, les caractères distinctifs qu’offrent les crânes des deux élé- phans, et qui sont d'autant plus intéressans, qu'on peut les employer sur des individus vivans ou entiers, sans être obligé d'examiner leurs mâchelières (1). Je ne les avois reconnus d'a- bord que par la comparaison d’un crâne de chaque espèce; au- jourd’hui je les ai vérifiés sur sept crânes en nature, dont cinq indiens et deux africains, et sur plusieurs figures. Lorsque ces cränes sont séparés de leurs mâchoires infé- rieures et posés sur les molaires et sur les bords des alvéoles des défenses, les arcades zygomatiques sont à peu près hori- zontales dans l'une et l’autre espèce. Si on les considère alors latéralement, ce qui frappe le plus c'est le sommet de la tête presque arrondi dans l'éléphant d'Afrique , et s’élevant dans l'éléphant des Indes en une espèce de doubie pyramide, () Voyez les Mémoires de l'Institut, classe des Sc. math. et phys., tome II. La planche nouvelle que je donne ici, pl. 11, est gravée depuis long-temps d’après mes dessins. J'en avois confié , il y a plusieurs années, une épreuve à M. Wiedemann , professeur à Brunswick,qui l’a fait copier dans ses Ærchives de zootomie, tome II, cab. I, pl. I. de 19 Ce 142 ANNALES DU MUSÉUM Ce sommet répond à l’arcade occipitale de l'homme et des autres animaux, et n’est si élevé dans Péléphant qu’afin de donner à la face occipitale du crâne une étendue suffisante pour un ligament cervical et des muscles occipitaux, propor- tionnés aux poids de l'énorme masse qu'ils ont à soutenir (1). Cette différence de la forme des sommets vient de la diffé- rence d’inclinaison de la ligne frontale, qui fuit beaucoup plus en arrière dans l'éléphant d'Afrique, où elle faitavec la Higne occipitale un angle de 115°, que dans l'éléphant des Indes, où elle n’en fait qu'un de 00°. De là naissent les principales différences du profil, comme , 1. la proportion de la hauteur verticale de la tête à la dis- tance du bout des os du nez aux condyles occipitaux, qui sont à peu près égales dans l’é/éphant d'Afrique ( comme 33 à 32 ), et dont la premiere est de près d’un quart plus grande dans l'éléphant des Indes (comme 24 à 19). 2. La proportion de la distance des bords des alvéoles des défenses au sommet, à une ligne qui lui est perpendiculaire , et va du bout des os du nez au bord antérieur du trou occipital. La première de ces lignes est presque double de l'autre dans l'éléphant des Indes ( comme 26 à 14). Elle est d’un peu moins d’un quart plus grande seulement dans l'éléphant d'Afrique ( comme 21 à 16 ). Outre ces différences dans les proportions, il y en a dans les contours : 1.° le front de l'éléphant des Indes est creusé en courbe rentrante et concave; celui de l'éléphant d'Afrique est au contraire un peu convexe. G) Voyez Pinel, Journ,. de Phys., XLIIT, p. 47-60. D'HISTOIRE NATURELLE. 143 2.” Le trou sous-orbitaire est plus large dans l'éléphant des Indes. Dans celui d Afrique, il ressemble plutôt à un canal qu'à un simple trou. 3° La fosse temporale est plus ronde dans l'éléphant d'Afrique, et l'apophyse qui la distingue de lorbite, plus grosse que dans celui des Indes, où ceite fosse a un contour ovale. Considérés par leur face antérieure, ces crânes offrent des différences tout aussi marquées. 1.9 La plus grande longueur de cette face, prise du sommet au bord de lalvéole, est à sa plus grande largeur , prise entre les apophyses post-orbitaires du frontal, comme 5 à 3 dans l'éléphant des Indes, comme 3 à 2 dans l'éléphant d'Afrique. 2. L'ouverture du nez est à peu près au milieu de la face dans l’éléphant des Indes ; elle est plus éloignée d’un cin- quième du bord de lalvéole que du sommet de la tête dans l'éléphant d'Afrique. Vus d'en haut, ces crânes différent surtout par leurs ar- cades zygomatiques, plus saillantes dans l'éléphant d Afrique que dans celui des /ndes. Par derrière on est frappé de nouveaux caractères : 1.” La hauteur des ailes du sphénoïde fait , dans l'éléphant des Indes, plus de trois quarts des celle de la face occipitale ; tandis que, dans l'éléphant d'Afrique, elle n’en fait pas à beau- coup près la moitié. 2. Dans l'éléphant d'Afrique , l'extrémité postérieure des ar- cades zygomatiques est presque de niveau avec les condyles occipitaux; dans celui des Zndes, elle est beaucoup plus basse. 3. L’occiput est terminé supérieurement dans l'éléphant 19 * 144 ANNALES DU MUSÉUM d'Afrique par une courbe demi-elliptique’, et sa base est formée par deux lignes en angle très-ouvert. Dans celui des /ndes, les côtés sont en arcs convexes, et le haut en arc légèrement concave. Les molaires sont placées, dans lune et l’autre espece , sur deux lignes qui convergent en avant; elles ne different que par leurs lames, ainsi que nous lavons dit ci-dessus. La plupart des caractères que nous venons d’énoncer, con- tribuant à la configuration générale de la tête, sont sensibles au dehors; il en est un autre plus extérieur encore, et qui peut faire distinguer les espèces au premier coup-d’œil. Je crois aussi l'avoir remarqué le premier : il consiste dans la gran- deur des oreilles. L'éléphant des Indes les a médiocres; elles sont énormes, et couvrent toute l'épaule dans l'éléphant d'Afrique. Je me suis assuré du premier point, 1° sur trois éléphans que jai vus vivans, et dont j'ai disséqué deux ; deux étoient de Ceylan et le troisième du Bengale; 2.° sur deux autres m- dividus que j'ai vus empaillés ; 3.° sur toutes les figures bien connues pour appartenir à l’espèce des /ndes, notamment celles de Buffon, de Blair et de Camper ; 4° sur la figure d’un embryon d’éléphant de Ceylan , décrit par Æ. 4. FF. Zim- mermann (1). Quant au second point, jen ai pour preuve, 1° l'éléphant de Congo, disséqué par Duverney. On peut voir sa figure, Mémoire pour servir à l'Hist. des Anim., part. IIT, et je suis sûr que l'oreille n’y est point exagérée, parce qu'on (1) Erlang, 1785, in-4°. D'HISTOIRE NATURELLE. 145 la conservoit encore, il y a quelque temps, au Muséum, et que je l'y ai vue et examinée, 2° Une oreille conservée au cabinet du roi de Danne- marck, et prise d’un éléphant tué au cap de Bonne-Espérance , par le capitaine Magnus Jacobi, en 10675. Elle a 3 pieds et demi de long, et 2 pieds et demi de large (x). 3. Un jeune éléphant d'Afrique de notre Muséum ; ses oreilles , quoique raccornies par le desséchement , sont encore aussi grandes que sa tête. 4° Ün embryon d’éléphant d'Afrique de notre Muséum. 5° Toutes les figures bien connues pour étre d'éléphant d Afrique. D’après ces caractères, on peut s'assurer sur quelle espèce ont été faites les figures dont lorigine n’est pas connue, ou celles que nous offrent les monumens. Aïnsi celle de Gessner (2), copiée par Æ{drovande (3), est de l'éléphant d'Afrique. Celle de Falentin (4), copiée par Labat (5) , et altérée par Æolbe (6) , en est également. Au contraire, celles de Jonston (7), qui sont fort bonnes, et qui ont servi de modèle à la plupart de celle d'Hartenfels (8), dont Zudolph (9) a ensuite emprunté les siennes; celle de (1) Oliger Jacobæus, Mus.reg. Dan., 1697, fol. p. 3. (2) Quadr., p.577. (G) Quad., lib. T, p. 465. (4) Amphithéatr. zoot., tab. , f. 5. )eAfr Oce,, IL; pp: 271: (6 Relation du cap., ad. fr.,in-19 , tome HIT, p.11. (7) Quadr., tab. VIE, VIIL et IX. (8) Elephantograph. curios. passim. (o) AÆEthiop., Ub.X, cap. 9. , , { << -] - CE - 130 ABNN AQUE SSD UD MMNUESSENCHM Veuhof (1), dont les défenses sont seulement trop relevées ; celle d' Edwards (>) dont la tête est trop ronde, parce qu’elle est prise d’un jeune sujet auquel il a fallu ajouter des dé- fenses, sont de l'éléphant des Indes. Les deux figures de Buffon (3) , copiées par Schreber (4) et par Ælessandri (5), sont les deux sexes de l'espèce des Indes. Mayer donne une assez bonne figure d’un mäle dauntelah ( vorstell. allerh. thüere., 1, pl. LXIX ); mais le squelette (cb. LXX) est copié de Blair sans aucune correction. Le fétus d’éléphant , conservé à l'hôtel de la Compagnie des Indes occidentales à Amsterdam, et représenté par Seba, tome I, pl. CXE, est aussi de l'espèce des Indes. La limite entre les deux espèces des /ndes et d'Afrique étoit donc déjà bien tracée par rapport aux diverses parties de la tête, et sans avoir besoin de recourir aux autres caractères que nous développerons plus bas, et que fournissent le nombre des ongles et les formes des divers os des membres; mais avant de pouvoir appliquer avec certitude les caractères ostéologiques du crâne à l'éléphant fossile , 1 falloit déterminer quelles sont les parties variables d’un individu à l’autre dans une même espèce. J'ai donc soumis mes cränes des /ndes à une compa- raison entre eux, et jen ai fait autant pour mes cränes d'Afrique. @) Ambass: orient., Descr. gen. de la Chine, p. 94. @) Av. 221, f 1. (3) Hist. nat., XI, pl. I et Suppl. (4) Quadr., IX, tab. 78. (5) Quadr.,1. pl I. D.H LS ENO DIR CE ONNA TDUU IR AEMEUL UE. 1/7 Ces derniers ne nYont presque point offert de différence appréciable. Quant aux premiers, j'en ai trouvé par rapport à Pocciput et aux alvéoles des défenses. L’occiput est plus renflé en tout sens dans lesuns que dans les autres, sans rapport avec la longueur des défenses. Les alvéoles des défenses de dauntelah sont un un peu plus obliques en avant; ceux des mookna se portent un peu plus directement vers le bas. Ces derniers sont un peu plus petits, mais pas à beaucoup près dans la proportion des défenses elles-mêmes. Ce qui manque à la grosseur des défenses est compensé par une plus grande épaisseur de la substance osseuse de lalvéole. La raison en est que l’alvéole, servant de base et d'attache aux muscles de la trompe, n’auroit pu se rapetisser autant que la défense , sans que la trompe eût perdu la grosseur et la force qui lui sont nécessaires. à) Enfin il y a un peu de variété dans la longueur des alvéoles, et, ce qui est bien remarquable, encore sans aucun rapport avec celle des défenses. Notre grand squelette mookna les a plus longs que nos deux dauntelah, quoique ses défenses soient les plus petites de toutes. Au reste, ce surcroit de lon- gueur ne va pas à plus d’un pouce. Il n’auroit pu être considérable sans que l’organisation de la trompe æhangeût essentiellement , parce que les muscles de sa partie inférieure sont insérés sous le bord inférieur des alvéoles des défenses, et que ceux de la partie supérieure le sont au front, au-dessus des os du nez. La base de la trompe a donc nécessairement de diamètre vertical la distance entre ces deux 148 AIN N AN ES VD U VMAUSIENU m points; et si les alvéoles se prolongeoient au-delà d’une certaine mesure , la trompe prendroit une grosseur monstrueuse. Cet article est très-important à remarquer, parce qu'il four- pit le caractère le plus distinctif de l'éléphant fossile. Si l’on veut comparer ensemble le petit nombre de figures de crànes d'éléphans qu’on trouve dans les ouvrages des natu- ralstes, je ne crois pas qu’on y découvre des différences plus fortes que celles que je viens d'exposer. La table annexée à l’article suivant les exprime par des nombres. À la vérité, un auteur célèbre a supposé entre les cranes des mâles et des femelles une différence dont nous n'avons point fait mention, mais il a été trompé par de simples ap- parences extérieures. Notre mdle mookna de Ceylan avoit à la racine dela trompe une proéminence très-sensible qui manquoit à sa femelle, ME, Faujas imaginant que cette proéminence tenoit aux parties osseuses, a fait représenter ces deux têtes à la pl. XIT de ses Essais de Géologie, « Afin, dit-il , p.238 , d'éviter une er- » reur dans le cas où l'on trouveroit, par l'effet d'un hasard » heureux , des têtes fossiles d'éléphans mâles et femelles , » parce qu'étant prévenu du fait l'on ne seroit pas tenté d'en » faire deux espèces différentes.» Mais la dissection a montré que cette proéminence n'étoit produite que par deux cartilages propres aux éléplhans, qui recouvrent l'entrée des canaux de la trompe dans les narines osseuses. Ces cartilages étoient un peu plus bombés dans cet imdi- vidu que dans les autres. DIET STORE CN ANT UIRUEILI LE. 1/9 Ce n'est pas même un caractère commun à tous les mäles. Le dauntelah &u Bengale, que nous avons possédé ensuite, | ne l'avoit point. Le même savant géologiste a fait donner à ses figures des défenses beaucoup plus grandes que ces deux individus ne les avoient, « afin, dit-il, p. 269, de faire comprendre à » ceux qui n'ont jamais vu d'éléphans , la maniere dont ces » animaux portent leurs défenses ». Mais alors il n’auroit pas dù en faire donner de grandes à la femelle qui n’en porte jamais de pareilles dans l’espèce des Indes. À Rice eg VIE Examen du crâne de l'éléphant fossile. Le crâne de l'éléphant étoit trop celluleux; les lames os- seuses qui le composent étoient trop minces pour qu'il püt se conserver aisément dans l’état fossile: aussi en trouve-t-on des fragmens innombrables ; mais il n’est fait mention que de trois assez bien conservés, dont le plus entier manque encore d’une partie de locciput. Ils appartiennent tous les trois à l'Académie de Péters- bourg (1) ; le meilleur a été trouvé sur les bords du fleuve Indigirska, dans la Sibérie la plus orientale et la plus glacée, par le savant et courageux dantzickois Messerchmidt (2), qui en donna un dessin à son compatriote Breynius. Ce der- nier le fit graver à la suite d’un Mémoire qu'il imséra dans (1) Pal. Nov. Comment. ac, Petrop. XIIL. (2) Id, 5b. 8. 20 150 ANNALES) D © °MU) SE U M les Transactions philosophiques (1); et c’est jusqu’à présent le seul document publie que lon ait sur cette partie du squelette de l'éléphant fossile. J'ai fait copier la figure de Breynius dans ma planche IF, fig. 1, à côté de celles des cränes des /ndes et d'Afrique ; et je Les ai fait réduire tous les trois à peu près à lamême grandeur, pour faciliter la comparaison des formes. Le premier coup d’æil montre que l'éléphant fossile ressemble par le crâne, ainsi que par les dents, à espèce des /ndes beaucoup plus qu’à l'autre. Malheureusement le dessin n’est pas assez correct pour une comparaison exacte, et il n’est pas fait sur une projection bien déterminée. La partie des alvéoles, celle du condyle pour la mâchoire inférieure , et le bord antérieur de la fosse tempo- rale et de l'orbite , sont vus un peu obliquement en arrière, tandis que l’occiput et les molaires sont en profil rigoureux. Cependant on y voit nettement une différence frappante de proportion, celle de l'extrême longueur des alvéoles des dé- fenses. Elle est triple de ce qu’elle seroit dans un cräne de l'Inde ou d'Afrique de mêmes dimensions que celui-ci ; et la face triturante des molaires prolongée, au lieu de rencontrer le bord alvéolaire, couperoit le tube de lalvéole au tiers de sa longueur. Cette différence est d'autant plus importante qu’elle s'accorde avec la forme de la mâchoire inférieure, comme nous le ver- rons plus bas ; et, comme nous l'avons dit ci-dessus, elle né- cessitoit une autre conformation dans la trompe de Téléphant fossile ; car ou les attaches des muscles de la trompe étoient les mêmes, c’est-à-dire , le dessus du nez et le bord inférieur (1) Vol. 40, 0. 446, pl. L et I, D'HISTOIRE NATURELLE. 151 des alvéoles des défenses, et alors la base de cet organe étoit trois fois plus grosse , à proportion, que dans nos éléphans vivaus ; ou bien Îles attaches des muscles étoient différentes , et alors sa structure totale étoit à plus forte raison différente. Si l’on pouvoit s’en rapporter entièrement aux dessins, on trouveroit encore, 1.° que l’arcade zygomatique est autrement figurée; 2. Que l'apophyse postorbitaire du frontal est plus longue, plus pointue et plus crochue; 3° Que le tubercule de los lacrymal est beaucoup plus gros et plus saillant. Quant à la grandeur absolue du crâne fossile, comparée à celle de nos crânes vivans, on peut en prendre une idée dans ma planche IV, fig. 9, 10, et 11, où j'ai fait représenter les trois crânes de face, et sur la même échelle (d’uneligne pour pouce). On peut en prendre une plus juste encore dans la table sui- vante, où j'ai mis les dimensions de tous les cränes dont j'ai pu disposcr. qe etre tome tte er ER Enter t tre | CRANE de c CRANE due CRANE |Autre crâne a RANE = : Sr Ar l'Académie des Indes LT des sépare, séparé , CRANE CRaNE de M : id qurérea du squelett des Indes | des Indes , d'Afrique d'Afrique À Messerschmidt, e ELA Dé T u Pétersbourg Tran L 4 squelette |, I IS" variété variété du i ; rans, phil, s a longues | ; : : 5 mesure el 6 Le I a dents d à a longues a dents squelette, sépare. Re .40.pL.I. ents. d’après le LAS courtes. dents, courtes, dessin. . « a ——— dE ——————_— Depuis le sommet jus- qu'au bord des al- véolese ie et: 1,178 0,885 0,806 0,713 0,64 0,731 0,59 — jusqu'au bout des os dunez. . . . . .| 0,6 0,437 0,433 0,544 0,374 0,206 0,255 — jusqu'aux condyles occipitaux . . . . 0,063 0,49 0,49 0,442 0,566 0,458 0,395 Des condyles aux bords alvéolaires . . . . | 0,95 0,805 0,755 0,703 0,676 0,822 0,626 Distance des condyles . 0,65 0,614 0,52 0,512 0,551 0,551 Plus grande largeur du CrAR ER, or Pr 0 de 0,868 0,675 0,654 0,515 0,463 0,532 0,463 Distance des deux apo- physes derrière l’or- HE Rene Et 0,51 0,455 0,413 0,36 0,480 0,40 , D’'HESTOMRE NATURELLE, 159 Mais pour conclure de ce cräne les dimensions de Findividu qui le portoit il ne faut pas avoir égard à sa première di- mension , dans laquelle entre la longueur excédente des al- véoles des défenses; il ne faut faire entrer en considération que celles qui sont réellement homologues. Or, en les comparant avec celles du crâne de notre sque- lette des Zndes mookna et komarea, on trouve que l'individu fossile devoit avoir à peu près 12 pieds de haut. La comparaison avec le squelette des Indes dauntelah et merghée donneroit un peu plus au fossile. Dès que je connus ce dessin de Messerschmidt, et que je joignis aux différences qu'il m'offroit celles que j'avois obser- vées moi-même sur les mächoires inférieures et sur les mo- laires isolées , je ne doutai plus que les é/éphans fossiles n’eussent été d’une espèce différente des éléphans des Indes. Cette idée que j'annonçai à l'Institut, le premier pluviose an IV (Mémoires de l'Institut , 1.” classe ,tomeIT,p.20et2r) nrouvrit des vues toutes nouvelles Sur la théorie de la terre ; un coup d'œil rapide jeté sur d’autres os fossiles me fit présumer tout ce que j'ai découvert depuis , et me détermina à me con- sacrer aux longues recherches et aux travaux assidus qui m'ont occupé depuis dix ans. Je dois donc reconnoïître ici que c’est à ce dessin, resté pour ainsi dire oublié dans les Transactions plülosophiques de- puis soixante-dix ans, que je devrai celui de tous mes ouvrages auxquels j'attache le plus de prix. Mais je ne me dissimulai point que les caractères qu'il m'offroit avoient besoin d’être confirmés par quelque autre morceau, pour ne point être considérés comme individuels, et malgré leur accord avec ceux de la mâchoire inférieure, 154 ANNALES DU MUSÉUM j'étois bien aise de voir encore un dessin d'un autre crâne. Je iw’adressai à PAcadémie impériale des Sciences de Saint- Pétershbourg , et ce corpsillustre auquel j'ai aujourd’hui lhon- neur d’appartenir, répondit à mon vœu avec une générosité digne d’une compagnie à laquelle les sciences doivent tant de progres. L'Académie me fit faire un superbe dessin colorié et de grandeur naturelle , en profil à peu près rigoureux, d'un autre cräne fossile de Sibérie, de sa collection. Elle le fit accompa- gner d’un dessin de mächoire inférieure, et de ceux d’un crâne de rhinocéros fossile dans deux positions. Ce dessin, après de longs délais occasionnés par les diffé- rens politiques des deux Empires, vient de me parvenir au moment où je mettois la dernière main à mon travail, et j'ai été transporté d’une joie que j'aurois peine à exprimer en y trouvant la confirmation de tout ce que celui de Messer- schmidt navoit appris. Le crâne qui a servi de modèle est un peu moins complet, Les mâchelières , une partie de leurs alvéoles, sont enlevées, ainsi que la partie moyenne de larcade zygomatique. Mais rien de caractéristique n’y manque : même longueur et même direction des alvéoles ; même grosseur du tubercule la- crymal , même forme générale : tout en un mot nous montre que les crânes fossiles, autant qu'on les connoît, partageoïient les mêmes caractères. J'ai fait graver avec soin ce beau dessin dans ma pl. VII, fig, 2 , au sixième de sa grandeur. Une différence du crâne qui a pu être constatée, indépen- damment du dessin de Messerschmidtei de celui de l'académie PR HA Si. COUR MR AU, ES RAR KR NE NX RENTE AU , 7 LL \ , PL :Z. ja ù Er EPIHANS Z P0 Fu Gien ane VS, LE LÉO LL L LPS: LL LLLOOLL LLC CLLLLLL res Der SK S PZ ZT. ÈS SKNQ EE SK NN SIIY,Y”,.” jh La {1 NV ju À l. “1 NIORE ! À \ (cn RSS KR A f à {SR LUE LE j L tif RS NS Worr 0. EÉLEPHANS,. PL * 1. CL TPS y 72 » Le if 01 gr WU, LCL LIN DO) nn), VLLLZ LUI y DLL, W, (HOLD D? PE Tr ÉLEPHANS . PL.F. SEEN | \ NS 7,14 \N SK N NN N 7 \ Fig 4 É \ NN NN AA € NS KI =) / ASS Z = h +4 SE FU W (l Ÿ / nil : je | Pr ju WIN UT 4 — s 7 17/14 ALI W - 71144 | \ HUM V7 W NT W aa, 71 17/1104 / 1 2222///2/72/; Hé ph) DA NIIN / 2222 Z IN) , LTD JMD P b£ DRE LA f z LL LL, Lu WIN) 2) his TD NA , 4 DJ 4) LRU MAS = D LL, GI. NN NS CCC LL LD) LL cd V7: !LEPHANS PL à Dr = 74 Zom ; 4. } CA RE 7 a LLEPHANS . PL .VIT: o Zom . f . “4 CS 1 ù +) Î = _ NE Ep. LR) Ÿ< ct NO ON \ & de, DÉPFTANS PL. FT LA r PA Ne = \ W }))}) f A L'ig .1. | PHISTOIRE NATURELLE 19 de Pétersbourg, et qui s'accorde aussi avec celles de Ia mà- choire inférieure, c’est le parallélisme des molaires. M. Jœæger me l'assure positivement par rapport à une por- tion de crâne du cabinet de Stutigard, dont il nya adressé une figure qu'on voit pl. IV, fig. 4; une autre portion, des- sinée par Pierre Camper;wnontre à peu près le même ca- ractère (1). J’ai fait copier sa figure, pl. IV, fig. 3, et j'ai fait placer à côté, fig. x et >, celles dés crânes des Indes et d'Afrique, vus en dessous, pour montrer la convergence beaucoup plus marquée de leurs molaires en avant. Nous possédons en ce Muséum une portion de l’occiput et dù temporal d’un éléphant fossile, rapportée de Sibérie par l'astronome Delisle ;(Daubenton), Histoire naturelle, XT, n° DCDLXXXVIIT, qui na donné occasion de comparer ces parties plus exactement que les autres, sur lesquelles je n’avois que des dessins; mais je n’y ai trouvé que de petites différences peu importantes ; cependant je l'ai fait représenter par sa face postérieure, pl. IV, fig. 7, et par la latérale, fig. 8. Ce morceau provient d’un éléphant d’environ 10 pieds de haut. (1) Mém. de Haarlem. , tome XXIIX, pl. D. 156 ANNALES DU MUSÉUM a SUITE DES MÉMOIRES Sur Les fossiles des environs de Paris. PAR M LAMARCK. GENRE LXXIV, Huirre. Ostrea. CHARACT, GEN. Testa bivalyis, inœquivalvis, rudis, adhærens ; cardine edentulo. Fossula cardinalis majoris valyæ ætate cres- cens. Ligamentum semi-internum. Impressio muscularis unica. OBSERVATIONS, Le genre de l’huttre , tel qu'il est maintenant reformé, est un genre très-naturel, lun des plus remarquables parmi les mollusques à coquilles bivalves et à la fois celui dont les carac- tères sont le mieux déterminés. Linné ne considérant dans les Auîtres que le caractère de n'avoir aucune dent à la charnière de la coquille , y avoit as- socié le beau genre des peignes qui comprend des coquilles bien différentes , puisqu'elles sont libres ou non adhérentes, régulières , et qu’elles ont toutes la fossette du ligament com- D'HISTOIRE NATURELLE. 157 plétement intérieure. Born, dans son Muséum , n’approuva point celte association de Linné ; mais il n’osa entreprendre aucune réforme à cet égard. Linné d’ailleurs rapportoit à son genre mytilus de véritableshuîtres, savoir: mytilus crista galli, mytilus kyotis, mytilus frons , et il placoit parmi les huitres le genre entier des pernes dont la charnière est si particulière par la ligne cardinale dentée qui la caractérise. On doit à Bruguière d'avoir établi le caractère de l’huître dans ses principales limites, et d'en avoir séparé les coquillages, qui s’en distinguent d’une manière évidente. Aux réformes très-convenables de Bruguière, j'ai ajouté la séparation des vulselles et des gryphées; ce qui me paroïît compléter le travail qu'il y avoit à faire pour rendre au genre de lhuitre ses véritables limites. La coquille de lhuitre est irrégulière, inégale , rude, rabo- teuse, souvent écailleuse , quelquefois singulièrement plissée en ses bords, et en général susceptible d'acquérir une grande épaisseur. Elle est composée de deux valves inégales , dont l’une supé- rieure et plus petite est plane; tandis que Ft , inférieure et adhérente aux corps marins, est plus grande et plus con- cave. La substance de ces valves est formée de lames lâches ou mal unies entr’elles. IL n’y a pas de dents à la charnière; mais un ligament élas- tique, placé dans une fossètte oblongue sous des crochets qui s'écartent en dehors , entr’ouvre les valves lor sque le muscle qui les tient fermées se relâche. Une particularité fort remarquable qui appartient à un grand nombre d'espèces de ce genre, et qui paroît ne leur être com- mune qu'avec les spondyles , c’est qu'à mesure que l'animal 8. 21 = 158 AN N ACER SU MD TAN SNENTIM grandit et vieillit , il est forcé de se déplacer dans sa coquille et de s'éloigner graduellement de la base de sa valve inférieure: or , en se déplaçant , il déplace en même temps la valve su- périeure de sa coquille, ainsi que le ligament des valves, ce dont aucune autre coquille bivalve n'offre d'exemple, si on en excepte les spondyles. Il'en résulte qu'avec l’âge le crochet de la valve inférieure forme un talon ou une espèce de bec saillant qui est quelquefois d’une longueur considérable. On voiten outre que la fossette danslaquelle le ligament des valves fut successivement placé, ‘allonge à mesure que la coquille s'agrandit, et se transforme en une goutuère striée transver- salement. Les huitres sont de tous les coquillages ceux dont les fa- cultés paroissent les plus bornées : immobiles sur le roc ou sur les corps marins sur lesquels elles sont fixées, eiles n’ont d'autre nourriture que celle que les flots leur apportent, et ne donnent guère d'autre signe de vie que par leur faculté d’entr'ouvrir et de refermer leurs valves. Cependant il paroit que dans certames circonstances il ne leur est pas impossible de se déplacer , et la couleur verdâtre qu'elles acquièrent dans les marais salés des bords de la mer où on les jette et où elles se multiplient, porte à croire qu’elles tirent des végétaux qui y croissent une partie des élémens dont elles se nourrissent. Malgré les réductions qu'il a fallu faire subir au genre de l'huitre, tel que Linné l’avoit établi, ce genre comprend en- core un assez grand nombre d'espèces que lon peut partager en deux sections, en distinguant, 1. Celles dontles bords des valves sont simples et unis; 2. Et celles qui ont les bords plissés, D'HISTOIRE NATUREL KL E! 159 L’irrégularité de ces coquilles rend la détermination des es- pèces souvent très-difficile : voici celles que l’on trouve dans l'état fossile aux environs de Paris. o ESPÈCES FOSSILES. x. Huître beauvoisine. 7’élin, n.57,f.1.a,b,c. Ostrea (bellovacina) orbiculato-ouneata; valv& majore basiradiatim plicatä : alterà planà , lamellis creberrimis ; fossulà cardinali arcuatä. n. L. n. Les environs de Beauvais. Cette huitre paroît très-voisine de l'ostrea edulis, et l'on pourroit croire au premier aspect qu'elle n’en est qu’une variété. Ce- pendant , outre qu'elle est plus grande que les plus grands individus de l’es- pèce commune, sa valve inférieure est plissée en dehors, près de son crochet, en cannelures rayonnantes ; ce qu’on ne voit pas dans l’huître ordinaire : les lames de cette valre sont très-ondulées. Celles de la valve plane ou supé- rieure sont très-nombreuses et serrées ; enfin la fossette cardinale qui recevoit le ligament , est arquée, oblique, et s’avance d’un côté en manière de bec fort court. D'ailleurs le bord interne et inférieur de la grande valve est un peu denté; ce qui, avec les autres caractères, distingue suffisamment cette espèce. "Mon cabinet et celui de M. Defrance. 2. Huitre pied de cheval. J’élin, n.55,f. 8. Ostrea ( hippopus ) ovata : valvä majore crassissima ,intüs irregulariter ex- cavatà basi retusé&; impressione ligamenti latissimä.n. L.n. Roquencourt. Cette espèce est beaucoup plus grande, plus allongée, et sur- tout plus épaisse que lostrea edulrs ; elle est même plus grande que la pré- cédente, et paroïît se rapprocher par ses rapports de l’ostrea denticulata de Chemnitz , Conch. vol. 8, p. 52,t. 75 ,f. 672, 675. À Sa valve inférieure est fort épaisse, composée d’une multitude de lames mal jointes ou même écartées entr'elles en certaines places. La cavité de cette valve est irrégulière , s’avance jusque sous la charnière, et a son bord infé- rieur très-obtus ou coupé carrément. Les vers marins et les fistulanes percent facilement cette valve dans son épaisseur, à cause de l’écartement de ses lames. à La valve supérieure , presque aussi grande que l’inférieure, mais moins épaisse et presque plane, offre en dehors une multitude de lames en recouvrement, à peu près comme dans l'huitre commune. L’impression du ligament est aussi grande et aussi large dans cette valve que dans l’autre ; ce qui me porte à ONE 160 ANNALES DU MUSEUM croire que dans cette espèce, ainsi que dans l’huitre commune et d'autres analogues , la coquille n’acquiert jamais de talon. On trouve cette huitre vivante dans la Manche, vis-à-vis Boulogne; el on l’apporte à Paris, dans le carême , où elle se vend à la livre, après l'avoir sé- parée de la coquille et lui avoir arraché les branchies. On la trouve fossile en différens endroits de la France. Mon cabinet et celui de M. Defrance. 5. Huitre deltoide. F’élin, n. 50, f.6. Ostrea( deltoidea )complanata subtriangularis ; fossulà obliqu& ; margine cardinali Line sulcato. n. L. n. Meudon. C’est une espèce singulière et fort différente par son aspect de toutes celles qui sont connues. Elle est aplatie presque comme une placune , triangulaire ou deltoïde , et n’a de bord arrondi que le supérieur. La fossette du ligament est fort oblique, peu profonde, et constitue sur chaque valve une-goutlière conique, légèrement arquée, striée transversalement. Le bord inférieur de chaque valve, du côté de la fossette, est sillonné transversale ment et avec irrégularité. L'impression musculaire est d’une grandeur mé- diocre. Cette huïître n’est pas beaucoup plus grande que l’huitre commune. Cabinet de M. Defrance. 4. Huitre biauriculée. Ostrea ( biauriculata) ovata, basi truncata, biauriculata : valv& inferiore ventricosa : fossul& cardinali trigonaä. n. L. n. Très-commune près du Mans. Cette huitre , quoiqu'irrégulière , ressemble en quelque sorte à un peigne , et particulièrement à l'espèce qu’on nomme pecten zig zag. Elle est ovale, comme tronquée à sa base, son bord cardi- nal formant une ligne droite. Sa valve inférieure est très-ventrue, concave, fort épaisse dans son disque , à bords relevés, amincis et tranchans; elle forme dans la ligne de sa base une oreillette de chaque côté. La valve supé- rieure est plane, moins grande que l’inférieure, et pareillement biauriculée à sa base. La fossette du ligament est trigone, de grandeur médiocre, et placée presque au milieu du bord tronqué ou en ligne droite. Cette huitre fossile m'a été communiquée par M. Ménard. Mon cabinet, 5. Huitre qsiculaire. Félin, n. 38, f. 10. Ostrea ( vesicularis) semi-globosa, basi retusa, lævis, hinc subauriculat ; valva inferiore ventricosä. n. L. n. Meudon. Cette espèce est très-distincte de la précédente, quoiqu’elle paroisse s’en rapprocher par plusieurs rapports. Elle est pareillement très-obtuse et à LA DR LSIDIO IR EN ANTQU,R EE LE: 101 comme tronquée à sa base , mais plus obliquement, et n’a point la fossette cardinale au milieu de ce bord tronqué. Sa valve inférieure est très-ventrue ; ce qui rend la coquille semi-globeuse; elle est en outre très-concave, n’a que peu d'épaisseur , el s'étend comme une oreillette dans un des côtés de sa base. La valve supérieure est plus petite, plane, même un peu concave en dessus, et n'est presque point écailleuse. La fossette cardinale est fort petite , oyale-oblique , et en trè.-grande partie extérieure. La largeur de cette co- quille est de 54 millimètres (environ 2 pouces. ). La surface de ses valves est lisse, très-peu lamelleuse , et semblable à celle de plusieurs espèces de gryphées. Mon cabinet et celui de M. Defrance. 6. Huitre fausse-came. 7’elin , n. 58 ,f. 1. Ostrea ( pseudo-chama) irregulariter orbiculata, edentula ; fossula ligamenti angustà perobliqua. n. L. n. Longjumeau. Au premier aspect, on peut prendre cette coquille pour une came; mais c’est une véritable Auitre. Elle n’a qu'une seule impression musculaire , et n'offre point cette dent épaisse et oblique qui caractérise les cames. La coquille est irrégulièrement orbiculaire, à valve inférieure plus épaisse que la supérieure, ayant à sa base une fossette cardinale étroite et fort oblique. Son diamètre est à peu près de 5 centimètres ( environ 21 lignes). Lacavité de la valve inférieure se propage un peu sous la fossetie du ligament, Le cabinet de M. Defrance et le mien. 7. Huitre linguatule. Ostrea ( linguatula) elliptico-spathulata, complanata; nate inferiore ros- tratà. D. L. n. Montmartre. Cette huiître semble n’offrir d’abord rien de bien remar- quable ; cependant elle est très-distincte de toutes celles que l’on connci:. Elle est aplatie, ovale , spatulée , linguiforme , et beaucoup plus petite que Y'huitre commune. Les plus grands individus w’ont que 45 millimètres de longueur. La cavité de la valve inférieure est médiocre , et ne s'étend point au-dessous de la fossette du ligament, Cette espèce est une de celles qu'on nomme Auitre à talon. Dans les individus les plus âgés, le crochet de la valve inférieure est prolongé en un bec presque droit qui porte en dessus la fossette également prolongée du ligament. La surface extérieure des valves ‘ofire des lames imbriquées d’une manière un peu serrée. Mon cabinet et celui de M. Defrance. 162 ANNALES DU MUSÉUM 8. Huitre en cuiller. Ostrea ( cochlearia) cuneato-spathulata, subarcuata, basi rostrata; valvà zaferiore cochleariforme. n. L, n. Roquencourt. Cette espèce paroît, ainsi que la précédente, être toujours plus petite que l’huitre commune , car les plus grands individus du groupe que j'ai sous les yeux n’ont pas 45 millimètres de longueur. Ellé est cunéiforme, spatulée et pointue à sa base où elle forme un bec par le prolongement de sa valve inférieure. Ceite valve est creusée en forme de cuiller, et sa concavité s’avance plus ou moins sous le crochet ou la fosselte cardinale. La valve supérieure est plane et lamelleuse. Cabinet de M. Defrance. 9. Huitre à long bec. /élin, n° 58, £ 4. Ostrea (longirostris) rudis ; valvà inferiore crass& : rostro prælongo tor- {uoSs0. n. L. n. Sceaux. Je ne connois de cette coquille qu'une partie de sa valve infé- rieure. Elle est lamelleuse, fort épaisse, et offre un talon ou un bec très- allongé sur lequel la fossette de ligament forme une gouttière longue, un peu torlueuse, médiocrement concave , ayant de chaque côté un bourrelet aplati qui l'accompagne dans toute sa longueur. La gouttière et les deux bourrelets sont slriés transversalement. , Cette huiître paroît différente de l'espèce figurée dans la Conchyliologie de Chemnitz, vol. 5, p. 40, tab. 74, f. 678, et qu'il rapporte à l’ostrea virgi- nana. Cabinet de M. Defrance. 10. Huitre à canal. Ostreu (canulis) oblonga , crassissima, lamellosa; valvæ inferioris rostro canalicu'ato prominente.n. £. Eadem superné latiore. L. n. Montmartre. Cette huître est remarquable par l’éxtrème épaisseur de ses valves et surtout de l’inférieure lorsqu'elle a vieilli , et par la fossette cardinale de sa valve imférieure, qui est concave, prolongée en canal, avec un rebord en manière de rampe ou de trottoir de chaque côté. Le canal dont il est question est strié transyersalement etun peu courbé de droite à gauche à son extrémité. Dans les plus vieux individus , il a jusqu'a 5 pouces [ près de 14 centimètres 7 de longueur, On trouve à Montmartre des valves séparées de cette espèce ; j'en possède aussi un individu complet et fossile trouvé à Saint-Paul-Trois-Chateaux. Cette huitre ne me paroit pas très-différente de l'ossreæ virginiana de Gmelin, qui DH YSŸT'O TRE NATURELLE, 153 est mieux représentée dans l'ouvrage de Zister que dans celui de Chemitz, Elle vit actuellement sur les côtes de la Virginie, de la Pensylvanie et principa- lement à l'embouchure du fleuve Saini-Laurent. Son impression musculaire est coloréeen violet. La variété allongée et étroite se trouve fossile dans les en- virons de Bordeaux : c’est plus particulièrement l'huitre de Virginie. Mon cabinet. 11. Huitre crénelée, Ostrea (crenuluta) ovato-oblonga , depressa, vix lamellosa ; marginibus utrinque crenulatis. n L.n. Houdan. Cette huitre a à peine 4 centimètres [ environ 15 lignes ] de lon- gueur. Elle est ovale-oblongue , aplatie, très-peu lamelleuse, et semble faire le passage entre les espèces à bords unis et celles à bords plissés. Eile a en eflet ses bords crénelés en dedans, et en dehors dans le contour : et leurs crénelures résultent d’un plissement léger qui se fait principalement remarquer en dehors. La fossette du ligament est courte , plus large que longue , et en général peu considérable. Cette espèce me paroït très-distincte de toutes celles que l’on connoîit. Cabinet de M. Defrance. 12. Huitre cyathule. Z’élin, n° 35, f. 7. Ostrea (cyathnla) subrobiculata, lamellis imbricata , inæquivalvis; valsà . inferiore concavà , ad marginem crenulatà : superiore planiusculà. n. L.n. Longjumeau. Cette huître a environ 5 centimètres [15 lignes dans son plus grand diamètre, Elle est presque orbiculaire, et a sa valve inférieure plus grande et bien concave. Le hord de cette valve est comme crénelé par les suites des plis longitudiraux et rayonnans desa surface extérieure. La fossette du li- gament est petite, cenique, quelquefois inclinée enarritre. La valve supérieure est tantôt un peu aplatie, tantôt légèrement convexe et imbriquée de lames nombreuses. Cabinet de M. Defrance. 15. Huitre spatulée. 7/élin , n.° 36, £. 3. Ostrea (spatulatu) oblongo-ovata, curvata , apice dilatata ; fossulà cardinali oblongà , incurvà. n. L. n. Sceaux. Cette coquille est longue de 65 millimètres[ environ 2 pouces 4 lignes |, ovale-spatulée, un peu dilatée à son sommet, et remarquable par une double courbure qui peut servir à la faire reconnoiire. En effet, sa base se courbe en dessous ou en descendant , et son sommet se recourbe en dessus, L'un des côtés de la coquille est plus épais que l’autre. La fossette cardinale est un 164 AN NA 218 ANNALES" DU MUSEUM » et pourtant assez ferme pour qu'ils y demeurassent suspendus » sans gagner le fond.( #oyage dans les Alpes, iome IT, » pag. 324 Xe » Cette description, qui est très-exacte, me dispensera d’en- trer dans de plus grands détails à ce sujet. Je dirai seulement que M. de Beaulieu ayant fait ouvrir autour decette butte des excavations pour en enlever des pierres et y former une route circulaire qui sert d'avenue pour arriver sur le haut du mon- ticule où l’on voit un groupe de cyprès consacrés à la mémoire d'une parente aimable et chérie; ces excavations et Les tra- vaux qu'on a faits pour décorer ce monument, d’une piété et d’une sensibilité touchante et honorable, ont mis à décou- vert des masses considérables de pierres calcaires compactes qui renferment extérieurement , et dans leurs parties intérieures, de gros fragmens anguleux de lave compacte noire de la nature du basalte, et des laves porenses d’un brun-foncé violtre; de manière que tonte la base de la butte , qui est d’une étendue considérable, n’est composée que des mêmes matièreset d’un semblable mélange. J'en ai envoyé un blocremarquable pour le Muséum d'Histoire naturelle de Paris , qui pèse plus de quatre- vingis livres, et qui est digne de figurer dans ceite importante collection des plus curieux objets de la nature. inspection de tant de laves implantées, pour ainsi dire, à une grande pro- fondeur, au milieu du calcaire dur et compacte, ne permet pas de douter que le volcan de Beaulieu ne füt sous-marin , et que les laves compactes et poreuses que ce volcan élançoit dans ses momens d'éruption ne tombassent dans un fond mou et vaseux , formé de matières calcaires qui ont acquis par la suite la consistance et la dureté awelles ont. C’est un D’ A DIS TÜOLINMAME Ni AUPID R'EMLIL E. 214 fait de plus à ajouter à tant d’autres propres à démontrer que les volcans éteints les plus éloignés de la mer ont été baignés, à des époques sans doute d’une date bien reculée , par les eaux de l'antique Océan, qui depuis lors a diminué considérable- ment de volume par les nombreux et puissans moyens qui concourent à la décompositin ji ed de Peau. Ces moyens tiennent, les uns à la multitude immense des polypes de toute ee ar le travail continu et sans cesse re- naissant parvient à former de nouvelles iles, à élever le fond de certaines mers et à rendre la navigation dangereuse dans quelques parages ; aux coquilles , dont les espèces sont si nombreuses, particulièrement celles qui vivent en famille, telles que les huïtres, qu’elles forment des bancs de plusieurs lieues d’étendue ; les autres, aux poissons, aux cétacés et à tant d'êtres organisés qui habitent les eaux ; enfin ces peu- plades immenses de végétaux et d'êtres vivans qui couvrent la surface de la terre, peuvent être considérées avec les premiers comme de véritables instrumens de chimie et de physique vivans qui décomposent l’eau , en séparent les principes élé- mentaires , s’approprient ceux qui leur conviennent, et laissent dissiper , sous forme ‘aérienne , ceux qui leur sont étrangers. C'est là probablement une des grandes causes de la diminution des mers et de l'augmentation de la partie solide du globe, et c’est ainsi que la matière semble être destinée par la nature à rouler dans un cercle perpétuel de formes et de modifications. 220 ANNÂLES DU MUSÉUM NOTICE Sur le gisement des poissons Jossiles et sur les empreintes de plantes d'une des carrières à plätre des environs d'Aix , département des Bouches-du-Rhône. PAR M. B. FAUJAS-SAINT-FOND. Je visita en 1786 les carrières à plâtre des environs d'Aix où l’on trouve des squelettes de poissons aussi curieux et quel- quefois aussi grands que ceux de Monte-Bolca, dans le Vé- ronais, ainsi que des empreintes de plantes (1). Comme M. Darluc avoit fait connoître ces carrières, dans son fistoire naturelle de la Provence, les observations que j'avois faites restèrent dans mes journaux. En 1587, M de Saussure visita ces carrières et descendit avec un de ses fils dans un puits en exploitation, qui avoit cin- quante-cinq pieds de profondeur. ( Foyage dans les Alpes, tome IIL, pag. 327. ) (1) Hexiste à Aix, dans les collections de MM. de Font-Colombe, de Saint- Vincent, et dans celles de M. Giraud , de beaux el grands poissons fossiles des carrières à plâtre des environs d'Aix. D'HISTOIRE NATURELLE. 221 Mais ce célèbre naturaliste ne mesura point l'épaisseur des diverses couches qu’il faut traverser pour arriver au fond de la carrière, Le 17 du mois de septembre 1805, me trouvant à Aix avec M. le comte Marzari de Vicence, mon ami, qui retour- noit en Italie , nous nous rendimes sur ces carrières à plâtre qui ne sont qu’à trois quarts de lieue de la ville, sur la route de Lambesc et sur le haut de la pente rapide connue sous la dénomination de Montée d Avignon. Nous donnämes la préférence à une carrière exploitée par un nommé Antoine Féraudi, située sur la partie droite du grand chemin, en allant d'Aix à Avignon ; l'on nous assura que c’étoit une des plus profondes. Le maître ouvrier, à qui elle appartient et qui habite une petite maison à côté de sa carrière, est intelligent et attentif à recueillir les objets qui intéressent l’histoire naturelle. A ces titres, nous lui devions la préférence, et comme il connoît, d’'aprèsune grande habitude, la disposition, l’ordre et l'épaisseur des couches, et que le puits de La carrière, dans laquelle on descend par des marches ra- pides, a soixante-douze pieds huit pouces de profondeur, nous ne pouvions pas mieux rencontrer. Îl alluma aussitôt des lampes; M. Marzari se chargea de vérifier les mesures par pieds et par pouces avec la plus sévère exactitude,et nous descendimes daàs is puits. Voici le résultat abrégé de nos observations. . l L É à pieds. pences. 1. Schiste marneux d’un gris blanchätre, mélangé d'argile ei de calcaire, dont les petites couches ou feuillets ont, les unes six lignes, les autres un pouce, et les plus épaisses deux pouces: éurtout douze pieds él eee. on. Me ae 8 22 22% DS O4 SI AN NA LES DU) MLU S E UM Argile molle et humide, grise, mélée de cal- caire, plutôt en grands dépôts et en masses qu'en couches distinctes , quinze pieds . . Schiste marneux, dur ,que les instrumens en- lèvent par feuillets et queles ouvriersnomment lore..denx piedsi tue 12 tt Sas Marne pierreuse plus dure encore que celle du numéro 3 et qui porte sur les lieux le nom de pierre froide , deux pieds . . . . . . Argile grise, molle, mélée de calcaire , quatre piedsisix pouces ie, 2.1. ele. Marne schisteuse , noire, où l'argile domine : celle-ci renferme quelques cristaux cunéi- formes et des cristaux rhomboïdaux de gypse, d’une couleur enfumée, mais brillante dans les cassures. Les ouvriers ont donné à cette couche lenom de plâtre de mauvaise qualité : elle ;a an:pied six pouces 2... Schiste marneux, d’un blanc terne, quelquefois grisätre ou d’un gris fauve. On peut en enlever des feuillets de six lignes , d’un pouce et quel- quefois de deux d'épaisseur. Ce schiste est dur. dans certams morceaux , moins dur dans d’au- tres, un peu bitumineux , et renferme des pois- sons de diverses espèces, tous couchés à plat et dans la même situation naturelle qu'ils auroient s'ils étoient morts en place. On en trouve de six pouces , d’un pied, quelquefois de deux et de trois pieds de longueur, ayant pieds. 15 poëcee. D'HISTOIRE NATURELLE. leurstêtes, leurs vertèbres , leurs queues leurs nageoires et leurs parties musculaires forte- ment imprimées dans la matière pierreuse : leur couleur est brune à l'extérieur , et quel- quefois d’un brun-fauve, mais l'intérieur est translucide et d’une couleur de succin-foncé. Ils ont beaucoup de rapports avec les poissons fossiles de Monte-Bolca dansle Véronais. Les espèces en sont variées. M. Darluc, tom. I, pag. 49 de son Histoire naturelle de la Provence, en a déterminé plusieurs , et cite des malar- macs, des mulets barbus, des grandes do- rades et autres poissons exotiques; mais c’est un travail à vérifier ou plutôt àrefaire, l'ycthio- logie n’étant pas avancée alors comme elle l'est à présent. Un bon catalogué des poissons fossiles d’Aix séroit bien important pour la géologie, surtout si l’on accompagnoit cet ou- vrage de bonnesfigures. On vient d’en publier de très - belles sur les’ poissons fossiles de Monte Bolca , qui pourroient servir d'objets de comparaison. Cette couche des carrières d'Aix qui ren- ferme des poissons est à trenté-sept pieds de profondeur: On y trouve aussi de très-belles empreintes dun végétal qui, au premier as- pect, paroît avoir appartenu à une espèce de palmier, mais qui w’est point de cette fa- mille. J’en dirai un mot à la fin de cette Notice. 29 223 pieds. pouer: 224 ANNALES DU MUSEUM La couche dontilest question aquatre pieds d'épaisseur! Gite jet 20e 1e site AE 8. Marnegrisedure,ditepierre froide, deux pieds 9. Marne schisteuse noire, dure , dite pierre noire, huit pouces PT LE A DATI 10. Plâtre en exploitation. Cette pierre gypseuse est grise , disposée en petites écailles plus ou moins brillantes et en couches épaisses. On en détache de gros blocs avec des coins de fer, des marteaux et des pinces. [épaisseur de ce banc est de cinq pieds .. .. . . . . . 11. Marne dure, dite pierre froide et qui succède immédiatement au gypse, dix pouces . . . 12. ÂArgile grise, mélée de molécules calcaires, et renfermant des cristaux de gypse rhomboï- daux et cunéiformes, trois pieds . . . . . 13. Argileschisteuse, marneuse, noire , avec cris- taux de gypse , dite pierre noire ,trois pieds. 14. Argile molle avec des cristaux isolés de gypse, qhatrepleds fe nas ue een 15. Argile marneuse, ayant des zones noires qui alternent avec des zones de marne argileuse blanche, dix-huit:pieds ::.:. 122.48 16. Plâtre gris, exploité. C’est le second banc de gypse; celui-ci a cinq pieds d'épaisseur . . 17. Gypse de forme schisteuse , ou plutôt matière gypseuse , formant une très-petite couche feuilletée, qui porte immédiatement sur d’autres couches ou feuillets très-minces de La 18 5 pieds. pouces. 10 D'HISTOIRE NATURELLE. 355 pieds. pouces marne dure, d’un gris-fauve , sur laquelle on trouve de petits poissons dont la grandeur u’excède pas trois pouces, et qui sont irès- rapprochés les uns des autres sur les échan- tillons que j'en ai vu. Comme ces poissons ne sont pas d’une très-belle conservation , quoi- que bien distincts, il sera difficile d’en dé- terminer les espèces avec précision. Cette pe- tite couche de marne avec des poissons et recouverte de couches plus minces encore de gypse, n’a en tout que deux pouces. . . 2 Ainsi voilà une couche à soixante-douze pieds huit pouces de profondeur dont on n’avoit point encore fait mention, soit qu’on ne füt point parvenu à cette profondeur, soit qu'on eût négligé jusqu'à présent de lobserver : c’est ce qui m'a déterminé à publier cette Notice. On n’a point fait de percement dans la carrière dont il est question, au-delà de la profondeur de soixante-douze pieds huit pouces. Saussure a fait mention, dans sa Description d’une des plà- irières des environs d'Aix, des feuilles d’une plante qu'il croit être de la famille des palmiers , et qu'on trouve quelquefois dans la couche n° 7, où sont les poissons fossiles. « J’ai rapporté , dit ce célébre minéralogiste, tom. IIT , pag. » 330 du Voyage dans les Alpes, une de ces empreintes » que je crois être d’une feuille de palmier. Ce sont des rayons » divergens dont le centre manque aussi bien que l'extrémité 236 ANNALES DU MUSÉU“ » opposée. Ces rayons ont dix pouces dans leur plus » grande longueur; on ne peut pas juger de celle qu'ils auroient » eue du côté où ils divergent ; mais du côté du pédoncule » ou de celui où ils tendent à se réunir , il paroït qu'ils au- » roient eu encore trois pouces de plus. Les côtés ou les ner- » vures de la feuille ont environ une ligne de largeur dans la » partie où elles sont le plus convergentes, et environ le triple » dans celle où elles divergent le plus. Outre les nervures, on » distingue des stries longitudinales très-fines et très-serrées, » mais On ne peut en voir aucune transversale.» Je me suis procuré une de ces empreintes d’une plus belle conservation que celle dont Saussure a fait mention ; elle est remarquable surtout par une portion du pédicule qui est bien distincte, et quimanque presque toujours aux autresempreintes de cette même feuille fossile, Elle n'appartient point à une feuille de palmier, ainsi qu'on lavoit cru jusqu'a ce jour, mais à une grande graminée inconnue. La lettre ci-jointe d’un de nos plus illustres botanistes le prouve. Mon cuer CoccÈquE gr Amr, j'avois Cru d’abord que ‘la feuille pétrifiée sur laquelle vous m'avez fait l'honneur de me consulter , avoit appartenu à un palmier de la division de ceux qui ont les feuilles palmées ou découpées en forme de main ; mais, après l'avoir examinée plus attentivement, j'ai changé d'opinion. Je suis porté à croire que c’est une feuille de quelque graminée dont je ne puis cependant indiquer ni le genre ni l'espèce, parce qu’elle n'offre aucun caractère d'après lequel je puisse le savoir. Ce qui me fait croire qu’elle est une grami« née, c’est le nœud transversal que l’on remarque sur la base de la tige d’où naît la feuille, caractère qui n'existe pas dans Jes palmiers. Voilà , Monsieur et cher Collègue, un éclaircissement bien vague ; mais c’est le seul que je puisse vous donner , parce que les feuilles des graminées offrent très-rarement des dif= férences d'après lesquelles on puisse les reconnoître avec certitude, Cependant jé ne crois pas que celle dont il est mention , si c'en est une, comme je suis porté à le croire, existe dans nos climats. Je suis, etc. — DESFONTAINES. D'H LS FOLRE JN À TOUR EILILÆ. 297 RECHERCHES Sur les plantes d'ornement et sur leur introduc- tion dans nos jardins. PAR J. P. F. DELEUZE. PREMIÈRE PARTIE, S. L°” Observations préliminaires. LL. de cultivateur est de tousle plus paisible, celui où l’on obtient de la manière la plus indépendanté la récompense de son travail , celui vers lequel on soupire au milieu des agi- tations d’une vie tumultueuse et dans la carrière même de Pambition. Les hommes que les emplois éminens de la société retiennent au sein des villes, veulent trouver près d’eux une image de la campagne ; ils rassemblent dans leurs jardins les. beautés de la nature ; souvent ils cultivent des plantes pour se délasser des travaux de l'esprit, et cet amusement simple et rustique leur semble préférable aux distractions que le luxe pourroit leur offrir. La culture des jardins est en effet aussi intéressante par elle-même, que satisfaisante par ses résultats. Les fruits qu’on a fait naître paroissent plus savoureux ; et les fleurs , indépendamment des espérances qu’elles donnent, sont une des sources les plus fécondes de nos plaisirs : elles ont même sur les fruits cet avantage, qu’elles nous procurent des jouissances long-iemps continuées et toujours également 228 A N NUAULUE S Üp-v MOUSE Tr puissantes sur nos sens el notre imagination. Dès l'enfance , leur couleur et leur forme appellent les regards; elles plaisent à tout âge, et les femmes eu ont fait partout leurs délices et leur plus bel ornement. Il en est un grand nombre de char- mantes -qui croissent dans les prairies, sur les rochers, dans les bois : la modeste violette, le muguet odorant, l’élégante marguerite, laubépine n’exigent aucun soin: les orchis qui semblent préférer les lieux incultes, le chévrefeuille s'étendant en guirlandes sur la lisière des bois , lhélianthème en ombelle dont les touffes éclatantes de blancheur , décorent les coteaux escarpés, ont d'autant plus d'agrément, qu’ils le doivent à la na- ture. Mais l'homme aime à varier ses jouissances , et quelque belles que soient les fleurs agrestes et simples, celles dont nous avons enrichi nos parierres les surpassent en beauté. Les unes sont étrangeres:les autres ont été tellement perfectionnées par la culture, qu’elles sont devenues pour lesfleuristes des espèces par- ticulières : il en est même plusieurs dont le type primitif n’est plus connu. L'objet principal de ce Mémoire est de rechercher leur origine et l’époque de leur introduction dans nos jardins. C’est dans les contrées méridionales qu’on a toujours eu le plus de goût pour les fleurs. La douceur du climat en fait naître un plus grand nombre dans les campagnes, elle en rend la culture plus facile, et dispose les habitans à faire plus de cas des sensations agréables qu’elles procurent, Les Grecs les ai- moient passionnément, Théophraste (1) nous apprend qu'ils cultivoient les roses, lesgirofiées, les violettes, les narcisses, les iris; et nous lisons dans Aristopharie (2) qu'à Athènes on portoit tous les jours au marché des corbeilles de fieurs qui étoient (1) Theophr. Hist. plant., lib. 6, c. 6. (2) Aristoph. Acharn., v. 212. D'AISTOIRE NATURELLE. 229 enlevées à l'instant, On voit, par les écrits des philosophes, des poètes et des historiens, que dans toute la Grèce on en faisoit un usage continuel. Non-seulement elles étoient, comme aujourd’hui, la parure de la beauté; non-seulement on en ornoit les autels des Dieux, mais les jeunes gens s’en couronnoient dans les fêtes, les prêtres dans les cérémonies religieuses, les convives dans les festins. Des faisceaux de fleurs couvroient les tables ; des guirlandes de fleurs étoient suspendues aux portes dans les circonstances heureuses, et, ce qui est plus remarquable et plus étranger à nos mœurs, les philosophes eux-mêmes portoient des couronnes de fleurs, et les guerriers en paroïient leur front dans les jours de triomphe. La même coutume avoit lieu dans tout l'Orient. Cependant la culture des fleurs ne fut pas portée chez les anciens au même degré de perfection qu'aujourd'hui. On n'en connoissoit qu'un petit nombre d'espèces, et on n’avoit pas l'art de leur donner cet éclat et cette magnificence qu'elles ont acquis depuis. Les Grecs, doués d’une imagination bril- lante et facile à émouvoir, éloient enthousiastes des beautés de la nature : ils l'imitoient en grand ; mais leur vivacité les rendoit incapables de cette observation lente, de ces soins minutieux par lesquels on en perfectionne les productions. Ils se conten- toient des fleurs simples qui croissoient autour d'eux, et ils en relevoient le charme en leur attribuant une origine mytholo- gique. Théophraste parle avec détail des plantes propres à faire des couronnes , expression qui répond à ce que nous appelons plantes d'ornement (1). Plusieurs de ces plantes nous sont (1) Je crois devoir dire un mot des couronnes , et expliquer l'expression p/antæ coronariæ si fréquemment employée par Théophraste, Pline, Athénée , etc. De tous les usages anciens le plus éloigné des usages modernes est peut-être celui 8. 30 230 ANNALES DU MUSEUM inconnues aujourd'hui, parce qu'elles ne sont désignées dans les écrits des anciens que par un simple nom ou par des carac- ières vagues ; mais parmi celles qui sont bien déterminées, il EL D EE des couronnes. Il paroït qu'il ne s’introduisit en Grèce qu'après l'époque du siége de Troye. Mais il y devint bientôt si général, qu’il n'y avoit aucune circonstance remarquable où l’on ne se couronnât de rameaux de diverses plantes ou de guir- landes de fleurs. Ces couronnes étoient un signe d’allégresse dans ceux qui en or« noient leur front. Mais bientôt elles furent décernées comme prix, comme marque d'honneur , de puissance, de vertu. Coroma( dit Paschalis, lib. 1 , c. 1) est céreu- lare capitis Sestamen, non arcendeæ injuriæ , sed eà ré inventum uf sit lucu- lentum insigne letitiæ, pietatis | morum optimorum , ingentii et doctrinæ , vir- tutis ac strenuitatis , victoriæ et felicitatis, denique summi inter homines fas- Selon les anciens auteurs , l’usage des couronnes s’introduisit dans les repas, parce qu’on imaginoit que les plantes dont elles étoient tressées avoient la vertu de préserver des fumées du vin, de rafraichir la tête, de conserver la netteté des idées et la gaieté de l'esprit. Elles devinrent bientôt un ornement dont on ne put se passer. On en portoit à tous les convives au commencement et à la fin du repas; et les philosophes eux-mêmes en ornoient leur front lorsqu'ils se réunissoient à table, comme on le voit par le 5 livre des Propos de table, de Plutarque. Ces couronnes se nommoïient corozæ conviviales ; elles étoient de lierre, de violettes, de roses. On appeloit corollæ celles qüi étoient plus petites et plus élégantes. On les remplaçoit enhiver par des couronnes de fleurs artificielles qu'on arrosoit de divers parfums. Cet usage qui passa de la Grèce chez les Romains dura jusqu'au 5° siècle de l’ère chrétienne. Alors l’abus des couronnes et des parfums fut porté à tel point, que les hommes graves en furent blessés, les regar- dant comme un signe de mollesse et un raffinement de volupté. Il ne fallut cependant pas moins que la révolution opérée par le christianisme pour y faire renoncer. Tertullien et S.-Clément d'Alexandrie combattirent cet abus avec toutes les forces de l’éloquence. Mais les couronnes n’étoient pas seulement d'usage dans les festins ; elles ornoient les statues des Dieux ; elles décoroient également le front des prêtres et des vierges employées dans les cérémonies religieuses. On en donnoit pour prix dans les jeux publics ; elles étoient même la récompense de ceux qui s’étoient distingués par quel- que action d'éclat, Il résulta de là que le mot couronne devint synonyme de prix, D’ H IS UTO2 ÉURRE, UNI A (TIUIRM E ÉUE 28 en est dont nous faisons peu de cas, et nous pouvons assurer qu'il se trouve très-peu de fleurs doubles. Il paroit même que les Grecs n’en avoient pas d’autres que la rose, la violette, le récompense, éloge , ornement, excellence , perfection, et que le mot corozare fut souvent employé dans le sens de louer, décorer. Il y avoit à Athènes et a Rome des bouquetières dont l’état étoit de tresser des couronnes. Ces couronnes étoient, les unes d’une seule espèce de fleurs, les autres de fleurs diverses , d’autres de rameaux de certaines plantes choisies: à cause de quelque idée symbolique où mythologique. On nomma d'abord coronariæ les plantes consacrées à cet usage, et dont les unes étoient cultivées, les autres cueil- lies dans les champs : mais ensuite ce nom fut étendu à toutes celles qui sembloient devoir être distinguées par leur beauté ou leur parfum. Alors ores coronarti signifia belles fleurs, fleurs d'ornement, comme corona signifioit ornement , ex- cellence. Enfin, comme les fleurs étoient principalement recherchées pour les couronnes, le mot coronæ fut souvent employé pour celui de Aores. On disoit cueillir des cou- ronnes pour cueillir des fleurs : on en voit plusieurs exemples dans les poètes. C'est avec goût et en suivant l’analogie que Linnæus a donné le nom de corolla , dimi- nutif de corona, à la partie la plus brillante de la fleur. Parmi les plantes employées à faire des couronnes, il s’en trouve plusieurs qui n'étoient remarquables ni par leur parfum, ni par la beauté de leurs fleurs et de leur feuillage, comme la verveine, lache , l'asperge épineuse, etc. Leur choix , dé- terminé par les circonstances, n'étoit nullement indifférent : on s’en servoit comme d’un langage emblématique qu'on entendoit alors, quoiqu'il soit devenu fort obscur pour nous. Nec flores nec Lerbæ temerè congerebantur in coronamenta.… Omnia nescio quid peculiare designabant, tempori, rebus, personis , dignitati, spei nascenti aut adultæ, meritis, virtuti, felicitaticongruum. Res mutæ efficaciter loquebantur.( Pasch., lib. 5, c. 1.) Les auteurs ont négligé d'expliquer Le sens de la plupart de ces signes, parce qu’ils étoient alors connus de tout le monde. À cela se joignoient encore des idées religieuses; un grand nombre de fleurs et de plantes étant consacrées à quelque Divinité: comme le lis à Junon, la rose à Vénus, le pavot à Gérès, l’asphodèle aux Manes, la jacynthe et le laurier à Apollon, l'olivier à Minerve, le lierre à Bacchus, le peuplier à Hercule, le cyprès à Pluton, le chène à Jupiter , etc. , etc. Il seroit trop long de donner les preuves de ce que j'avance; on peut consulter x 30 232 À N NA LES » DU MUISNE UM grenadier et la giroflée. Ils n’avoient pas non plüs songé à les rassembler dans des parterres. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les descriptions qu'ils nous ont laissées des jardins des Hes- pérides dans la Mauritanie , de ceux de Sémiramis à Babylone, de ceux d'Alcinoüs dans l'ile de Corcyre. On voit qu’en em- ployant toutes les ressources de la poésie pour en peindre les délices , ils n’ont point dit qu’ils fussent embellis de fleurs. Ces jardins étoient seulement des retraites ombragées ; arrosées , et décorées de divers monumens Ils offroient une image de l'Élysée tant célébré par les poètes , amæna vireta fortunato- rum nemorum. On ne commença même que fort tard à en avoir de pareils. Epicure qui vivoit trois cents ans avant notre ère, eut le premier un jardin dans l'intérieur d'Athènes (1). Les auteurs grecs, connus sous le nom de Geoponici, qui, plusieurs siècles après, ont écrit sur l'art des jardins, nous prouvent assez qu’on n’y élévoit point de plantes curieuses , et que les parterres à fleurs n’étoient point connus. Les Romains, étrangers d’abord à tous les arts d'agrément, ne s’occupèrent point de la culture des fleurs. Sous les rois et dans les premiers temps de la république, leurs jardins ne contenoient que des plantes potagères dont le soin étoit confié à la mère de famille. Mais lorsque le luxe commença à s’'intro- le savant et curieux ouvrage de Paschalis( de Coronis, lib.X, Lugd.Bat., 1671; 8.° ). La matitre y est épuisée , et tous les passages des anciens relatifs aux cou- ronnes y sont expliqués. Il eùt été à désirer que l’auteur eût été plus instruit en bo'anique , et qu’il eût essayé de déterminer à quelles plantes connues aujourd’hui il faut rapporter celles dont il donne l’ancienne nomenclature dans son troisième livre. Voyez aussi Lanzoni , de Coronis et Unguentis ; avec les notes de Baruf- faldus , Ferrare, 1715 , in-8. (r) Pline, Liv. 19, ce. 4. D’ HUINSDRIO URL EU UN A TOUR EN LILLE. 233 duire, ils prirent pour les couronnes une passion si vive qu’on crut nécessaire de la réprimer par des lois; et l'usage des cou- ronnes fut sévèrement défendu à ceux qui n’en avoient pas reçu le droit ou par leur place, ou par une concession par- ticulière des magisirats. Quelques actes de rigueur n’empé- chèrent point que ces lois ne fussent éludées sous divers pré- textes, et enfin totalement oubliées : ce qui étoit une distinction devint une parure générale; les hommes les plus élevés en dignité ne craignirent point d'afficher cet appareil d'élégance et de luxe qui répugnoit au caractère d’une nation belli- queuse , et Cicéron, dans sa troisième harangue contre Verrès, reproche à ce proconsul d’avoir parcouru la Sicile dans une litière, assis sur des roses, ayant une couronne de fleurs sur la tête et une autre à son cou. Sous ceux des successeurs d'Auguste, qui furent la honte de leur siècle par leurs débauches, comme ils étoient la ter- reur des gens de bien par leur cruauté, le goût fit place à la profusion, et le luxe des fleurs fut porté jusqu'à la folie. On ne se contenta plus d'en faire des couronnes et des guirlandes, qui du moins présentoient des idées gracieuses; on voulut les entasser autour de soi, de manière qu’elles produisissent une sorte d'ivresse. Au rapport de Lampride, Héliogabale faisoit joncher de toute sorte de fleurs ses lits, ses appartemens et les portiques de son palais. Cependant on se borna toujours à rassembler dans des champs les plantes destinées à ces divers usages , sans songer à les employer à la décoration des jardins, à en former des parterres, à les élever dans des vases. Les jardins magnifiques que la richesse et le luxe engagèrent à construire étoient de vastes parcs où l’on se rassembloit pour jouir du repos, où l’on faisoit une dépense considérable pour 231, ANNALES DU MUSÉ UM? des statues, des obélisques, des édifices, des viviers , mais où lon ne cherchoit point dans les fleurs l'élégance et la variété. Pline a consacré trois livres de son Histoire naturelle à iraiter des jardins, et il a employé plusieurs chapitres à par- ler des fleurs d'ornement :on voit qu’elles étoient en petit nombre; il dit même expressément que les Romains ne cul- üvoient presque que des roses et des violettes. Paucissima nostri genera coronamentorum inter hortensia novere, ac pæne violas rosasque tantum (1). Haller en a fait lobserva- üuon: mureris parcitatem florum, dit-il , en parlant des plantes mentionnées dans Pline (2). Il y à dans les Géorgiques de Virgile un passage remar- quable qui prouve qu’on semoit quelques fleurs dans les plate- bandes, autour des planches de légumes. S'il n'étoit temps de terminer mon voyage, dit le poète, j'en- seignerois peut-être l'art d’orner les jardins ; je chanterois les plantations de roses de Pæstum; je célébreroisle narcisse tardif, Pacanthe flexible, le lierre pâlissant et le myrthe ami des rivages. Puis parlant du vieillard de Coryce, qui ne possédoit qu'une espace de terrain extrêmement borné , il y avoit cependant, ditle poëte, quelques légumes auiour desquels étoient des Iys, des verveines et des pavots. Hic tamen rarum in dumis olus, albaque circum Lilia, verbenasque premens vescumque papaver Regum æquabat opes animis. Gcorc., Lib. 4, v. 130. On voit que les plantes citées ici le sont bien plutôt comme plantes économiques que comme plantes d'agrément. (1) Pline, lib. 21, cap: 5. (2) Hall, Bibl. bot, 1 , p. 92. D'HISTOIRE NATURELLE. 235 Columelle a composé un poème sur les jardins; il l'adresse à son ami Sylvius. Virgile, lui dit-il, ayant dans ses Géorgiques légué ce sujet à ses successeurs, je me propose de le traiter Le genre de l'ouvrage a dû engager Columelle à parler de toutes les fleurs cultivées;et s’il ne fait mention que d’un petit nombre, c'est que les Romains n’en cultivoient pas d’autres (1). Ainsi, sans parler des plantes venues des deux Indes, nos tulipes, nos jacinthes, nos ccillets, nos renoncules, nos ané- mones, nos oreilles d'ours sont des acquisitions des temps modernes. Les fleurs furent toujours plus recherchées en Égypte , en Syrie, en Perse , dans l'Asie mineure qu'en Europe. Aù rapport d'Hellanicus , cité par Athénée (2), les anciens Egyptiens donnoient beaucoup de soin à leur culture ; comme les Grecs, ils en faisoient des couronnes auxquelles ils atta- choïent un grand prix. Amasis, simple particulier, en ayant offert une au roi Partainis, ce prince, enchanté de la beauté des fleurs qui la compsoient, voulut connoïtre celui de qui il avoit recu ce présents il lui accorda d’abord son amitié et lui donna ensuite le commandement deses armées ; ce qui con- duisit Amasis sur le trône d'Egypte (3).Les Syriens étoient si passionnés pour les fleurs , que le roi Antiochus , pendant l’hi- (1) Le père Rapin a très-bien comparé les jardins des Grecs et des Romains avec ceux des peuples modernes dans l’excellente dissertation De wniversaä culturæ hor- tensis disciplinà , qu'il a jointe à son poème. (2) Ath. deipn., lib. 15. (5) Partamis n’est pas connu dans l’histoire, Amasis étoit le favori et le général des armées d’Apriés dont il usurpa le trône , 569 ans avant l'ère chrétienne. Mais il importe peu que l’anecdote soit vraie ou supposée $ on n’auroit pas attribué la fortune d’Amasis à une telle cause, si les belles fleurs n'avoient été fort recher- chées des Egyptiens. 236 ANNALES DU ;:MUSÉUM ver qu'il passa à Chalcis dans l'ile d'Eubée, en faisoit venir à grands frais des contrées éloignées (1). La culture des plantes d'agrément ne fut pas moins en honneur chez les Perses; mais On S'y livra dans des vues plus sages. On lit dans l'£conomique de Xénophon que le jeune Cyrus faisoit ses délices du jardin qu’il avoit à Sardes, que lui-même en avoit ordonné la distribution, et qu'il avoit planté plusieurs arbres de ses propres mains. Ce goût des Perses pour les jar- dins subsiste encore aujourd’hui : on peut voir dans Kæmpfer (2) la description de ceux d’Ispahan et de plusieurs autres appar- tenant aux princes dans des villes éloignées. Leur plus grand plaisir, dit Kæmpfer , est de se retirer dans leurs jardins, d'en faire construire de nouveaux jusques dans les lieux les plus écartés et les moins fertiles, d’en tracer eux-mêmes le plan et d'en diriger la culture. Outre les arbres fruitiers, on y voit beaucoup d'arbres d'ornement et des parterres de toute sorte de fleurs. Les roses y sont en grande abondance ; les prin; cipaux arbres d'ornement sont le gainier , trois espèces de jas- mins, les rosiers de Chine, l'olivier de Bohême et les saules de Perse appelés bidsmick dont les chätons sont odorans (3). A en juger par quelques ouvrages de poésie nouvelle- ment traduits du sanscrit, les anciens habitans des rives de l'Indus et du Gange , avoient pour les fleurs encore plus de goût que les Égyptiens , les Perses et les Grecs. Plusieurs plantes étoient chez eux consacrées par la religion et des- tinées particulièrement à ses cérémonies : quelques - unes (1) Florus, liv. 2, chap. 8. (2) Amæn. exoL., p. 177 et suiv. (5) Cette espèce n’a pas encore été apportée chez nous, DH k}SJ O LR & NN A TU R E LLyE. 237 même étôient regardées comme l’habitation des nymphes; on leur rendoit une sorte de culte. Le soin d’arroser ces plantes choisies étoit la principale occupation des jeunes vierges éle- vées dans la retraite des brames. Les fleurs qui n’étoient point réservées pour des usages religieux étoient employées à faire des couronnes et des guirlandes ; et, ce que nous n'avons pas vu chez les Grecs, on réunissoit dans des parterres les fleurs auxquelles on attachoit le plus de prix. Le drame intitulé Sacontala, composé près d’un siècle avant l'ère chrétienne , en offre un grand nombre de preuves (1). En avançant vers l'Orient, nous tronvons que les Chinois et les Japonais ont toujours eu pour les jardins une passion ex- cessive : les fleurs leur plaisent à tel point qu'ils en retracent l’image sur leurs vases, sur leurs étoffes et sur les papiers dont ils décorent leurs appartemens. Ces peuples paisibles ont con- servé leurs antiques usages , lors même qu'ils ont été soumis par la conquête : ils sont aujourd’hui ce qu'ils furent dans tous les temps. La difficulté de pénétrer dans leur pays est cause que nous re connoissons la plupart de leurs plantes d'or- nement que par leurs peintures brillantes mais incorrectes. (1) L'empereur s’écrie en apercevant les jeunes filles qui sont dans le bois sacré : « On trouve rarement dans nos palais de semblables beautés , et les fleurs de nos ss parierres coivent céder la place à celles de la forêt, qui les surpassent par leur # couleur et par leur parfum. & 1f 1e beauty of maids who dwell in woodland retreats cannot easily be found in the recess of a palace; the garden flowers must make room for the blossoms of the forest wich excell them in colour and fragrance. Sacontala, Act.1,5c.2, p.6. C'est à sir William Jouesque nous de- ons la connoissance de ce drame intéressant et curieux. Ceux qui} n'entenden! pas l'anglais, peuvent lire la traduction française qu’en a donnée M. Braguière et qu’il a accompagnée d'excellentes notes. Elle se trouve à Paris, chez Treuttel, 1 vol. in-8. L'ouvrage original est à la bibliothôque impériale, écrit sur des feuilles de palmier. Q D] (a A J1 235 ANNALES DU MUSÉU M Plusieurs cependant sont arrivées jusque chez nous à diverses époques , comme la reine-marguerite, le clérodendrum, Phor- tensia , le camelia , etc. Dans le moyen âge, la culture des fleurs fut presque entière- ment abandonnée à Rome:ilne fut plus question de ces champs plantés de roses et de violettes, rosaria et violaria, si célèbres du temps de Pline. Au nulieu des dévastations des Barbares et des factions intérieures, les hommes riches, agités par la crainte, ne cherchèrent point à embellir leurs héritages, et le peuple pouvoit à peine retirer de la terre de quoi fournir à sa subsistance. Le goût des jardins d'agrément se conserva un peu plus dans l'empire grec : là, les grands, souvent éloignés des affaires par les intrigues du palais, alloient chercher la paix dans la retraite , et la culture des fleurs étoit pour eux un amusement. Les Arabes s'étant partagés en deux colonies, au huitième siècle , sous la conduite des califes , étendirent leurs conquêtes en Europe et en Asie. Ils bâtirent en Persela ville de Bagdad , et fondèrent en Espagne cet Empire célèbre où ils rallumerent le flambeau des sciences. Ceux d'Espagne, contenus heureu- sement au-delà des Pyrénées par la valeur des Français, se livrèrent à l'agriculture; ils traduisirent et commentérent les auteurs anciens ; et s'occupant particulièrement de l'étude de la médecine et de celle de la botanique , ils ne négligèrent point la culture des fleurs. Plusieurs d’entr’eux voyagèrent chez leurs frères d'Asie pour faire des recherches d'histoire naturelle , et rapportèrent en Europe des plantes intéressantes. Cest pro- bablement par cette voie que nous sont arrivés le basilic, le samback , etc. Ebn-Alwan nous a laissé la liste des fleurs qu’on voyoit dans les jardins de Séville , au XE° siècle. Elles sont Go) D'HISTOIRE NATURERLE. 259 plus nombreuses que celles que cultivoient les Grecs et les Romains; il y en a quelques-unes que nous ne connoissons plus (1). Lorsque par la prise de Constantinople les Turcs eurent donné de la siabilié à leur Empire et qu'ils commencèrent à jouir de la paix, ils s'adonnèrent particulièrement à la culture des fleurs. Un gouvernement despotique les éloignant des arts et des sciences, ils cherchèrent à se dédommager par cet amu- sement des jouissances de l'esprit. Belon parle avec admiration des jardins qu'il avoit vus chez eux. «{l n’y a gens, dit-il, qui se » délectent plus de porter de belles fleurs, ni qui les prisent » plus queles Turcs. Ils font peu de cas de leur odeur , et ne se » soucient que de la vue. Ils en portent plusieurs seule à seule » dans les plis de leur turban; et les artisans ont plusieurs » fleurs de couleurs diverses devant eux dans des vaisseaux » pleins d’eau. Par quoi ils ont le jardinage en aussi grande » recommandation que nous, et font grande diligence de re- » couvrer des arbres étrangers, et surtout qui portent belles » fleurs,et n’y plaignent point l'argent »(Belon , liv. 3, chap. 51.) Busbeq , ambassadeur à Constantinople en 1550 , nous dit la même chose : il ajoute que les Turcs se donnent fréquemment (1) Voici la liste des principales plantes d'ornement indiquées par Ebn-Alwan, tom. 2, liv. 27, de la traduction espagnole. Plusieurs espèces de roses ; les giroflées de différentes couleurs, dont une, nommée giroflée d’eau , est rouge et fleurit en été ; les violettes ; les lis ; le nymphæa blanc ; la camomille; Le narcisse blanc ; le N. jaune etle N. de Macédoine , jaune en dedans, rouge en dehors ; la matricaire ; sept es- pèces de basilic; lalavande; l’acacia à fleurs blanches, d’une odeur suave; l’althea; lhibiseus ; le lavatera arborea ; le nisrin blanc et jaune, fleur automnale à oignon ; le ward ei le zuani. DENT 2/0 AN NAGES DU MYUISEUN ces fleurs en présent , et que, fort avares d’ailleurs, ils ne ba- lancent pas à les payer fort cher (x). Les Gaulois et les anciens peuples du Nord ne s'occupoient point de la culture des fleurs. Ce goût ne S'introduisit chez eux que lorsque la civilisation eut fait des progrès, lorsque la guerre ue fut plus lPunique profession des hommes libres, lorsque le conmerce et les expéditions lointaines eurent établi desre- laüons avec l'Orient. Charlemagne ne négligea rien pour ap- peler autour de lui les sciences etles beaux arts qui adoucissent. les mœurs , pour encourager l'agriculture et favoriser les plan- tations. [ aima les jardins ; mais quoiqu'il fut en correspon- dance avec le célèbre Aaron-al-Raschild, il ve songea point à les embellir de végétaux étrangers. Dans son Capitulaire de Witiis, donné à la fin du VIII siècle, ce prince indique à ses jardiniers toutes les plantes qu'il veut qu’on cultive dans ses domaines. Ces plantes sont au nombre de soixante-ireize, sans y comprendre les arbres. Les seules qu'on puisse regarder comine d'agrément sont le lis et la rose, par lesquelles com- mence la liste, et quelques plantes indigènes, cultivées peut- être pour leurs usages économiques , comme l'iris , le romarin, lalthea. Ce fut au XTIL° siecle que les fleurs d'ornement com- mencèrent à s'introduire chez nous. Les Croisés en ayant vu dans les jardins d'Egypte et de Syrie, ils en apportèrent plu- sieurs en Europe : quelques-unes se conservérent dans les jar- dins des moines, dont elles charmoient la solitude; mais leur (1) Turcæ flores valdé excolunt, neque dubitant, alioquin minime prodiai, in eximio flore aliquot asperorum sumptum facere. Mihi quoque illi flores, eaque dona , non parvo constabant, ete. Aug. Busbequii Epist. , Hanov. 1605 , 8, ep. », p. 51. ( Cette lettre est datée de Vienne , 1554.) CS en D'HESTOIURE. NATURELLE. ol culture ne se répandit qu'au KVi siècle. Alors la botanique commençant à devenir une sciencé indépendante de la mé- decine, on construisit quelques jardins destinés aux planies curieuses et utiles : pour en auginenter le nombre , on aceucillit celles des pays étrangers : la découverte de Amérique, le pas- sage aux Indes devenu plus facile, en firent connoitre beau- coup de nouvelles : les voyageurs recueillirent des graines qu’ils envoyèrent en Europe: on prit un soin particuher des fleurs qui parurent le mériter ; on fit doubler les unes par la culture ; on fit varier les couleurs et la grandeur des autres ; et peu à peu elles devinrent un objet de luxe et de commerce. Le caprice, la mode et la rareté donnèrent à quelques-unes un prix particulier. À quoi l’excès ne se méle-t-il pas ? El est à ce sujet des aneedotes trop curieuses pour que nous les pas- sions sous silence; maisnous désirerions, en indiquant les fleurs successivement introduité$ :dans nos parterres , engager les hommes de goût à s'attacher de préférence à celles qui se dis- Unguent par leur éclat et par leur parfum, à celles qui durent long-temps, à celles dont la culture est facile. Que des ama- teurs rassemblent sous châssis les diverses espèces de moræa, d'ixia, cela peut étre utile aux progrès de la science; mais il faut attendre ces fleurs plusieurs années pour en jouir quel- ques heures : tandis que les narcisses, les œillets, les roses, les giroflées et une foule de plantes de bordure peuvent nous donner des jouissances presque continuelles. Ces: jouis- sances auroient-elles moins de prix pour être à la portée de tout le monde ? En voyant la belle-de-nuit odorante, lhé- liotrope , la reine-marguerite, le réséda sur la boutique des ouvriers, l'homme sensible bénit les jardins de botanique d’où sont sorties ces richesses qui viennent répandre quelques dou- 23 ANNALES DU MUSÉUM ceurs dans l'atelier de l'artisan et dans la cabane du pauvre: Théophraste séparoit en deux classes les plantes d’orne- ment; les unes cultivées uniquement pour leurs fleurs, les autres à cause de l'élégance où de l'odeur de leur feuillage (1). On peut les diviser d’après d’autres considérations, et les par- tager d’abord en plantes indigènes et plantes étrangères. Parmi les indigènes , les unes, très-anciennement connues, ont fixé d’abord Pattention par leur beauté , et elles sont dans nos parterres à peu près ce qu’elles sont dans nos campagnes, comme Piris , l'ancolie, la perce-neige; d’autres ont été perfec- uonnées par la culture, qui tantôt a produit des variétés de toutes les nuances , conune dans la primevère et l'oreille d'ours; et qui tantôt a multiplié le nombre de leurs pétales, comme dans le bouton d’or, la giroflée jaune, la julienne, etc.; d’autres enfin ont d'abord été négligées, parce qu’elles ne se plaisoient pas dans les jardins: il a fallu les naturaliser , les rendre pour ainsi dire domestiques : telles sont la mélisse à grande fleur , la gentianne , la saponaire à feuilles de basilic, la saxifrage hyp- noide , et plusieurs autres plantes de bordure. Les plantes étrangères se partagent naturellement en an- nuelles et vivaces. Les premières n’ayant point à redouter la gelée , parce qu’elles parcourent tous les périodes de leur exis- ience entre le printemps et l'automne, ont pu être cultivées chez nous aussitôt qu’on s’en est procuré des graines : les autres ne peuvent l'être dans des climats différens de ceux d’où elles sont originaires, qu'avec des soins particuliers ; il faut des couches, des cloches, des chässis, des orangeries , des serres. Il en est même quelques-unes parmi les annuelles qu'il faut a ————————_—_—_—_—_—_—_— . @) Théophr. Hist, plant. lib. VE, c. 6. D'HISTOIRE NATURELLE. 243 semer de bonne heure pour qu’elles fleurissent avant lau- tomne , et qu'on ne peut faire lever qu'avec le secours des chassis. Ainsi, quoique les anciens aient pu se procurer plusieurs plantes intéressantes de l'Orient , de l'Inde et des côtes d'Afrique, ils n’ont point songé à les élever, parce que les moyens d'y réussir étoient inconnus ou trop dispendieux. Ce fut seulement sous les Empereurs qu'on employa le verre à faire des vitres dont les carreaux, quoique fort chers, n’étoient pas d’une grande dimension. On doit donc partager en trois sections les plantes étran- gères vivaces. 1. Celles qui supportent la rigueur de nos hivers : elles viennent des climats tempérés de l'Asie, comme le marronier, lhortensia ; ou de l'Amérique septentrionale, comme le pavia, les aster, les verges d'or. 2.” Celles qui viennent du Levant ou des contrées de l'Amé- rique oùil ne gele point : elles doivent étre abritées dans l’oran- gerie. On doit encore, sous le rapport de la culture, ranger dans cette classe plusieurs plantes de Sibérie, du détroit de Magellan et même des Hautes-Alpes: elles ont besoin d’être abritées pendant hiver, parce que dans leur pays natal la neige couvre la terre avant les gelées, et ne disparoit qu'après le re- tour du printemps. 3. Celles qui sont originaires des pays situés entre les Tro- piques : elles exigent la serre chaude. Enfin on peut encore considérer les plantes d’ornement sous le rapport de l'usage auquel elles sont plus particulièrement destmées. Il en est dont on coupe les fleurs pour en faire des bouquets : CON } 2 ANNALES DU MUSEUM“ ce sont celles queles fleuristes portent en corbeilles dans les mar- chés, commeles œillets, les narcisses, les giroflées, etc. D’autres sont placées en pot dans les appartemens, comme le lis samt- jacques , l'alétris , lhéliotrope, le rosier du Bengale. Quelques unes sont cultivées sans mélange dans des planches qui leur sontuniquement consacrées, comme lestulipes, les renoncules, ou placées dans des vases et disposées avec symétrie sur des gradins, comme les oreilles d'ours. Pour les conserver plus long-temps, on étend au-dessus des toiles qui les garantissent de la pluie et de l’ardeur du soleil. Plusieurs sont propres à faire des bordures, comme lœæillet mignardise, le gazon d’olympe. Un grand nombre décorent les plate-bandes de nos parterres , soit au-dessous de l'œil et sur le premier plan, comme lœæillet d'Inde, la reine-marguerite ; soit sur un plan plus éloigné , comme la rose-trémière, les aster, les hélianthes. D'autres enfin embellissent les bosquets et les grandes allées des jardins, comme Île mérisier à fleur double, le lilas, le sé- rynga ; ou servent à faire des berceaux touffus et parfumés, comme le chevrefeuille, la clématite et le jasmin. Nous avons cru utile d'indiquer ces divers points de vue. Mais dans ce Mémoire nous ferons connoître ce qui est relatif à liniroducion des plantes d'ornement , en suivant l’ordre des fanuiles naturelles, Cette méthode nous conduira à parler de quelques plantes qu'on ne voit chez nous que dans les jardins de botanique , mais qui ont été fort célèbres dans d’autres temps ou dans d’autres pays. Elle nous donnera en même temps Poc- casion de remarquer quelles sont les familles où lon trouve le plus de plantes propres à la décoration ; et l'on verra que quoique les fleuristes aient rarement considéré leur rt sous le point de vue botanique, ils ont cependant choisi quelques D'HISTOIRE NATURELLE. 245 plantes dans certaines familles où les fleurs ont en général peu d'éclat, tandis qu'ils en ont négligé de beaucoup plus belles dans d’autres famiiles, où presque tous les genres ont des fleurs remarquables. Cela tient au plaisir qu’on trouve à voir dans un même local des végétaux d’un aspect différent. Nous n’entrerons dans aucun détail sur les arbres et les ar- brisseaux qui décorent nos parcs, nous bornant à indiquer succinctement l’époque de l'introduction de ceux qui sont uni- quement recherchés pour leurs fleurs, comme le lilas et le mérisier à fleur double. Ce n’est pas que ce sujet ne présente un grand intérêt; mais M. Desfontaines , se proposant de donner un ouvrage sur les arbres et arbustes qu’on peut éle- ver en France , nous sommes surs qu'il ne laissera rien à dé- sirer sur leur histoire. Pour que nous eussions des plantes d'ornement autres que celles qui croissent dans nos campagnes ou qui sont cultivées de temps immémorial , il a fallu que les botanistes allassent les chercher dans leur sol natal : ensuite pour les acclimater (1) (1) I ne faut pas prendre cemot dans un sens absolu et croire qu’en faisant passer successivement les plantes par divers degrés de température ; on puisse toujours Les accoutumer à un climat plus froid , et parvenir à conserver en pleine terre dus les départemens du centre et du nord de la France celles qui croissent dans l'Inde, en Espagne, et mème en Provence. L’oranger, l’olivier, le myrte cultivés à Paris depuis plusieurs siècles, périssent dans les hivers rigoureux , s’ils ne sont abrités, lies arbres des pays chauds qui ont une sève perpétuelle, et ceux qui n’ont pas de bourgeons écailleux, ne pourront jamais supporter la gelée. Mais il est vrai que plusieurs plantes perdent peu à peu une partie de leur sensibilité au froid , sur- tout lorsqu'on, les multiplie de graine pendant une suite de générations. Celles d'Afrique et de l'Amérique Méridionale fleurissent d’abord pendant notre hiver, et on leur fait insensiblement changer d'habitude. Si donc on ne peut naturaliser des plantes d’un climat très-différent, s'il y eu a même sur lesquelles on ne peut 8. 32 216 ANNALES DU MUSÉUM et les multiplier, il a fallu des soins qu’on n’a pu prendre que dans les jardins de botanique. Cest là qu'ont été cultivées d'abord la plupart des plantes étrangères devenues communes aujourd’hui. Nous en citerons une foule qui ont été élevées au jardin de Paris. Les jardiniers fleuristes sont venus plus tard, et le plus souvent ils ont tiré desjardins de botanique les plantes dont ils ont ensuite fait un objet de commerce. Aïnsi la jacynthe est venue d'Orient dans le jardin de Cor- tusus à Padoue; elle a été perfectionnée plus tard par les fleu- ristes de Harlem. L’oreille d'ours a été apportée des montagnes de Suisse par des botanistes, et les fleuristes flamands en ont obtenu, par la culture, un grand nombre de variétés. La reine-marguerite a été envoyée de Chine, d’abord au jardin de Leyde, puis à celui de Jacques Sherard à Eltham, enfin au jardin de Paris. Dans ce dernier , on est parvenu à la rendre double, et on en a distribué des graines aux amateurs; et c'est ainsi qu’elle s’est répandue dans toute l'Europe. On voit que l'existence et la propagation des fleurs d’orne- ment est due à plusieurs circonstances; il a fallu : 1.” Que des souverains ou de riches amateurs établissent des jardins de botanique pour servir de dépôt aux plantes nouvelles. rien gagner, quoiqu'elles soient originaires de pays où la température n’est pas beaucoup plus chaude, il en est aussi qu’on rend moins délicates par une culture bien dirigée. Tout cela est renfermé dans certaines limites qui ne sont pas les mêmes pour les diverses espèces d’un même genre, ni pour toutes les plantes d’un même pays. L'expérience seule peut donner à cet égard des résultats certains. Nous invitons M. Thouin à faire part au public de ses observations sur cet objet inté- J'essant. D'HISTOIRE NATURELLE, 247 2.” Que des naturalistes entreprissent des voyages pour dé- couvrir et envoyer des plantes. Les commercans qui vont dans des pays peu civilisés peuvent bien en rapporter les végétaux qui servent à la nourriture des habitans, parce que ceux-ci les leur font connoïitre; mais ce sont uniquement des botanistes qui vont chercher dans les campagnes les plantes dignes d’em- bellir nos parterres. 3. Que Part de la culture fit des progrès, et qu'on imaginât les serres, les chässis et autres moyens deconserver les plantes, de les acclimater peu à peu ,et même d’en obtenir à force de soins, de patience et de iàätonnemens, des variétés plus remar- quables. 4° Enfin que des jardiniers fleuristes s’occupassent à cul- ver plus particulièrement telle ou telle espèce de fleurs, et qu'ils les introduisissent dans le commerce. Nous allons jeter un coup d'œil sur ces divers objets. Nous commencerons par une histoire abrégée des princi- paux jardins de botanique, antérieurs à celui de Paris. Cette histoire se lie à celle du Muséum : elle est du ressort des An- nales, et n’est nullement étrangère au sujet de ce Mémoire. En effet, quoique la plupart des jardins de botanique ayent d’abord été institués pour la culture des plantes médicinales, ils ont éga- lement répandu les plantes d'ornement et les plantes écono- miques Si dans la suite on désire faire quelques recherches sur l'origine de ces dernières, l'aperçu que nous allons pré- senter servira également de préliminaire, et il ne sera pas nécessaire d'y revenir. 248 ANNALES DU MUSEUM EE ORSERF ATION relative à lextrait d'une notice de MM. Fourcroy et VauqQuErN , imprimée dans le F° cahier de la 4° année des Annales du Muséum, p. 4os. Borsour nous lûmes à l’Institut , dans l'été de l'an HE, notre Mémoire sur la découverte d’un métal jusques là inconnu, et nommé aujourd'hui iridium , dans la poudre noire qui reste après la dissolution du platine par l'acide nitro-muriatique, M. Descotils, ingénieur des mines , lut dans la même séance un Mémoire sur cette substance métallique qu’il avoit décou- verte de son côté dans la dissolution du platine , et lui attribua surtout , comme nous lavions fait nous-mêmes , la propriété de colorer en rouge les sels triples que le platine forme avec le muriate d’ammoniaque. Nous nous fimes un vrai plaisir de citer l'intéressant travail de M. Descotils dans la dernière No- tice lue à l’Institut , le 17 mars 1806; mais comme nous n’en avons pas reparlé dans l'extrait que nous avons fait insérer dans le VI cahier de la 4° année des Annales du Muséum ; et comme M. Descotils paroït désirer que nous reparlions de sa découverte, nous satisfaisons ici très-volontiers à ce désir. Au reste , le Mémoire de M. Descotils, imprimé dans les Annales de Chimie et ailleurs, et lerapport qui en fut fait dans letemps à l’Institut, établissent et fixent assez nettement la part qu'a M. Descostils à cette ‘découverte. D'HISTOIRE NATURELLE. 249 SUITE DU MÉMOIRE SUR LES ÉLÉPHANS VIVANS ET FOSSILES. PAR M. CUVIER. À RACE. IX. Comparaison des mâchoires inférieures des espèces d'élé- phans vivantes et fossiles. Lss machoires inférieures fossiles trouvées séparément et à des distances immenses des cranes de Sibérie , par exemple sur les bords du Rhin et en Lombardie , ont offert des caractères qui sembloient déjà indiqués par ceux du cräne. Il en résulte que les cränes auxquels ces mächoires appar- tenoient devoient ressembler à ceux de Sibérie, et que les caractères de ces derniers n’étoient pas de simples différences individuelles, mais appartenoient à toute l’espèce fossile. Voici les caractères offerts par les mächoires inférieures : 1. L'espèce des /ndes et celle d'Afrique ont leurs dents d'en bas convergentes en avant comme celles d’en haut: d’où il suit que le canal creusé dans le milieu, à la pointe anté- rieure de la mâchoire, est long et étroit. Les mächoires fossiles ont leurs dents à peu près parallèles 8 33 250 ANNALES DU MUSEUM comme les crânes. Le canal est donc beaucoup plus large à proportion de la longueur totale de la mâchoire: mais, 2.” Il est aussi beaucoup plus court, Dans l'espèce des Indes et dans celle d'Afrique , où les alvéoles des défenses ne descendent pas au-delà de la pointe de la mä- choire inférieure, celle-ci peut s’avancer entre les défenses ; elie se prolonge donc en une espèce d’apophyse pointue. Dans les têtes fossiles, au contraire, où ces alvéoles sont beaucoup plus longs, la mâchoire a dù être, pour ainsi dire, tronquée en avant: autrement elle w’auroit pu se fermer. Ces deux différences sauteront aux yeux de ceux qui regar- deront les figures 1, 2, 3, 4 et 5 de la pl. V, qui sont toutes au sixième de la grandeur naturelle. Fig. 1 est de l’espèce d'Afrique. | Fig. 2 est d’unetête des Indes à longues défenses ou dauntelah. Fig. 3 de notre grand squelette des Indes à courtes défenses ou mookna. Fig. 4 et 5 de deux maächoires fossiles trouvées aux en- virons de Cologne. J'ai donné, pl. LE, fig, 4 et F+ le profil de ces deux portions de mächoires node pour qu'on puisse le comparer à ceux des espèces vivantes, représentés même pl., fig: 2 et 3. J'ai aussi marqué avec des points une telle mâchoire, comme elle devoit être sous le crâne fossile, fig. 1. Les mâchoires fossiles du cabinet de Darmstadt, dont j'ai des dessins, et dont Merk en a représenté une (IL lettre pl. HI) , et celle d’un lac de Hongrie, donnée par Marsigli ( Danub. IT, pl. 31), ont absolument les mêmes caractères: d’où l'on peut bien conclure qu'ils sont à peu près généraux dans l'espèce fossile. D'HISTOIRE NATURELLE. 251 Is sont d’ailleurs encore confirmés , ainsi que ceux des dents, par le dessin de mächoire inférieure envoyé par l'Académie de Pétersbourg, et copié pl. VIII, fig. 1. Cependant jene dois pas taire quemon savant ami, M. 4drien Camper, possède une mâchoire de Ceylan qui s'écarte beau- coup de celles de l'espèce vivante dont nous avons parlé jus- qu'ici. Comparée à une mâchoire fossile de dimensions à peu près égales , son canal antérieur s’est trouvé plus large et beaucoup moins profond , et les mâchelières presque aussi parfaitement parallèles ; tandis qu’une autre mâchoire de Ceylan a ce même canal beaucoup plus étroit que la première. C'est ce que M. Camper avoit annoncé dans la Descrip- tion anatomique d'un éléphant, p. 20, et qu'il a bien voulu me redire avec plus de détail dans deux lettres dont il vient de m’honorer. Cette variété individuelle n’empêchoit pas que les dents de cette mâchoire n’eussent les proportions ordi- naires à l'espèce vivante. M. Camper, en me donnant ces des- criptions , ajoutoit que la mâchoire fossile,:comme toutes les autres de cette espèce, offroit des côtés plus renflés, plus bombés que celles des Indes. 33 * [ex > ANNALES DU MUSEUM ARTICLE X. Comparaison des autres os dans l'éléphant des Indes et dans celui d Afrique. — Dernier caractère extérieur des deux espèces, pris du nombre des ongles. — Examen des divers os fossiles d'éléphant que j'ai pu recueillir , ou dont je me suis procuré de bonnes figures. Je n'ai eu pour les objets traités dans cet article qu’un seul squelette de espèce d’Afrique et d’un individu femelle, celui que Duverney avoit préparé sous Louis XIV , et qu'ont décrit Per- rault et Daubenton ; mais j'en ai eu deux de l'espèce des Indes, préparés lun et l’autre sous mes yeux par M. Rousseau, mon prosecteur. Ils sont pris tous les deux d'individus mâles : le premier de la variété dite aux Indes mookna, qui n’a jamais que des défenses très-courtes; l'autre, de celle dite dauntelah, ou à longues défenses. Notre imdividu , qui appartenoit à la variété mookna par ses dents , appartenoit par sa forme à la variété omarea ou trappue; le dauntelah, au contraire, appar- tenoit à la variété merghée ou élancée. Ainsi ils réunissoient à eux deux les principales différences que les éléphans des Indes peuvent offrir. Enfin M. Mertrud avoit conservé quelques os isolés d’une femelle de lespèce des Indes de la variété Æomarea, morte à la ménagerie de Versailles en 1782, et dont la peau bourrée a été donnée par notre Muséum au cabinet de l'Université de Pavie. Nos deux squelettes des Indes m'ont montré que les diffé- reuces de proportion des variétés se réduisent à peu de chose, D'HISTOIRE NATURELLE. 253 Les os de femelle ont prouvé que les sexes ne produisent point dans le squelette de différences sensibles, si ce n’est un peu plus de minceur dans les os longs de la femelle : mais j'ai vu en même temps que les espèces en produisent de telles ; que plusieurs os, examinés chacun séparément avec attention, peuvent faire connoître à eux seuls s'ils viennent de l'espèce LH ique ou de celle des Zndes. * L’omoplate, par exemple, fournit des caractères aussi ‘is que le crâne. Ses trois côtés ont d’autres proportions, et ses angles d'autres ouvertures; enfin son cou est beaucoup plus large, et lapophyse récurrente de son épine est tout au- trement placée dans léléphant des Indes que dans celui d'Afrique. Dans l’omoplate de l'éléphant des Indes, pl. VII, fig. G, l’apophyse est entre le milieu et le tiers inférieur de la lon- gueur de los. Dans celui d'Afrique, cb., fig. 7, elle est au- dessous du quart inférieur. Les omoplates fossiles que j'ai eues à ma disposition ne sont pas assez entières pour être comparées complétement à celles des éléphans vivans ; mais les quatre fragmens du cabinet de Stutgard (pl. VIIT, fig. 8, 9, 10 et 11), et celui du nôtre ( pl. VIT, fig. 6) montrent beaucoup plus de ressemblance avec l’éléphant des Indes qu'avec celui d'Afrique. _ Autant qu'on peut en juger , elles étoient plus massives et présentoient à l'humérus une facette articulaire plus large à proportion. Toutes ces figures sont au douzième. Notre omoplate fossile vient d'un individu d'environ dix pieds. Il y en a deux un peu plus grandes parmi celles de Stutgard. 354 ANNALES DU MUSEUM 2.9 L'Aurnérus donne des caractères spécifiques moins frap- pans que l’omoplate. Cependant celui d’ Afrique est plus grêle que celui des /ndes. Sa crète deltoïdienne descend plus bas; sa crète inférieure ex- terne fait moins de saillie en dehors. Voyez pl [, fig. 4, À, celui d'Afrique , et I celui des Indes. L’aumérus fossile de notre cabinet ( même pl., fig. 4,F) ressemble plus à celui des Indes; il a cependant sa crête in- férieure externe sensiblement plus courte à proportion. Le canal du biceps est aussi plus large dans l’humérus d'Afrique et plus étroit dans le fossile que dans celui des Indes. Voyez pl. I, fig. 3 , où les têtes supérieures des trois humérus sont représentées. Cet humérus fossile qui vient de Casan, et que Daubenton mentionne sous le n° MX XXIIL, est long de 0,88; ce qui in- dique un individu de 8 pieds et quelques pouces de haut seu- lement: aussi n’étoit-il pas adulte, car les épiphyses sont encore séparées. Un éléphant des Indes de 8 pieds de hauteur au garot a cet os de 0,80. 3° L'avant-bras a dans l'éléphant un caractère générique très-remarquable et dont je ne connois point d'autre exemple: c'est que la tête supérieure du radius est saisie et comme en- chàässée entre deux apophyses du cubitus qui sont deux pro- ductions de sa facetie sygmoide. Comme ceite téte n’est pas ronde, le mouvement de rotation est impossible. Le radius traverse obliquement sur la face antérieure du cubitus pour aller se terminer , à son côté mterne , par une tête plus grosse que sa tête supérieure , mais moindre que linférieure du cubitus. Les fig. 16 - 23 de la pl. VIT , toutes au douzième, donnent une idée de cette sin gulière conformation. D HIS TOIRE ,N À T UR:E £ b Fi 255 Elles montrent aussi que ces os sont, coomme les autres, plus grèles dans l'éléphant d'Afrique, fig. 16-19, que dans celui des Indes, fig. 20-23: La comparaison des fig. 19 ei 23 qui montrent les têtes supérieures vues perpendiculairement, fait voir que celle du radius est posée plus obliquement dans l'éléphant des Indes, plustransversalement dans celui d'Afrique. Au moment où j'écris, mon collègue, M. F'aujas, rapporte d'Italie un cubitus fossile, trouvé aux bords du P6, que je regrette de n'avoir pas eu assez tôt pour le faire graver : heu- reusement on peut s'en faire une idée en se le représen- tant un peu plus trapn que celui des Indes , mais lui ressem- blant pour tout le reste. On peut juger de ces proportions par les mesures ci-jointes : CUBITUS | CUBITUS FOSSILE, DES INDES. Hongueur totale 1.5. + - EL. , 0,85 0,72 Eongueur de l’olécräne . . . . . : . . . 0,2 0,17 Largeur de la facette sygmoïde en avant . . 0,27 0,19 La longueur du cubitus fossile indique un éléphant de 9 pieds et demi de haut. 4° Le bassin. Pierre Camper en a publié une moitié mu- tilée, dans le XXIIL° volume des Mémoires de L Académie d'Harlem. Il y en a un entier, assez mutilé aussi , dans le ca- binet de Darmstadt, dont je donne içi (pl. VIT, Hg. 1 et2) deux dessins, réduits sur ceux que m'ont bien voulu envoyer 256 AIN NAME S Un um Ù s T'ÜUM MA. Sckleyermacher et Borkliausen. J'ai placé à côté, fig. 3 et 4, deux vues semblables du bassin de notre éléphant des Indes dauntelah. Les parties mutilées n’étant pointsusceptibles de comparaisons, nous sommes réduits à examiner la figure du détroit et celle des trous ovalaires et des fosses cotyloides avec leurs proportions respectives. Il paroït que le diamètre antéro-postérieur est plus grand à proportion dans le fossile. Ses trous ovalaires sont plus grands que ses fosses cotyloïdes , tandis que c’est l'inverse qui a lieu dans le vivant. Voici une table comparative de ces dimensions: te LE 5 D jé CU EU CU No BASSIN BASSIN FOSSILE, DES INDES. Diamètre de la fosse cotyloide . . . . . . 5" fa Diamètre vertical du trou ovalaire , . . 6" 6" 4° Diameétre transversal. Mu. “NEC. 4" 207 Diamètre antéro-postérieur du détroit. , , 1 6.6" 114 Diamètre transversal . . ,. . . | . . . x" 5" T9 E D'après la largeur de la fosse cotyloide, ce bassin fossile de- voit venir d’un éléphant de moins de 8 pieds. Une portion d'ischion que M. Faujas vient de rapporter d'Italie, n'a offert un autre caractère distinctif que je n’avois pu voir dans ces figures , quoique j'aie remarqué ensuite qu'il est indiqué dans celle de Camper. C’est une fosse assez pro- fonde, à la face supérieure de los ,entre le bord de la fosse D'HISTOIRE NATURELLE. 257 cotyloïde et le bord interne de l’ischion. Je n’en trouve nulle trace ni dans les éléphans des Indes, ni dans celui d'Afrique. Cette portion vient d’un individu de 12 pieds de haut. La moitié , décrite par Camper, venoit d’un éléphant de 9 pieds et demi. Je n'ai pas trouvé entre le bassin de l'éléphant des Indes et celui de l'éléphant d'Afrique de différences assez fortes pour qu'un dessin püt les rendre sensibles. 5° Le fémur. Dans les éléphans en général cet os est très- long et fort aplati d'avant en arrière, L'espèce d'Afrique l'a plus grèle et à cou plus court ; ce qui rend sa partie supérieure moins large que dans l'espèce des Indes. ( Voyez pl. V, fig. 6 et 7.) Le fémur fossile que j'ai pu examiner , pl. V, fig. 8, et qui vient de Sibérie ( Daub., n° MXXXIV }),a sa partie su- périeure mutilée ; mais sa tête mférieure m'a fourni un carac- tère distinctif très-sensible dans son échancrure eñtre les deux condyles, qui se réduit à une ligne étroite ( voyez fig. 12 }), au lieu d’un large enfoncement qu’on voit dans les deux es- pèces vivantes. ( Voyez fig. 9 et 10.) Deux autres têtes infé- rieures fossiles de notre Muséum, fig. 1 r et 13, ont précisément la même particularité, Dès que je me fus apercu de cette diffé- rence notable, je fus curieux de savoir si elle étoit générale à tous les fémurs fossiles. M. Jæger m’a prouvé qu’elle se trouve aussi dans ceux de Canstadt, en m'envoyant le dessin gravé pl. VITE, fig. 5,au douzième. Les autres.de la même partie sont au sixième, Daubenton ,quin’avoit comparé ce fémur qu’à celui d'Afrique, et ne lui avoit trouvé d'autre différence qu'un peu plus de lar- geur proportionnelle, attribuoit cette largeur à l’âge. Cepen- dant ce fémur vient d’un jeune éléphant, car son épiphyse 8, 34 258 ANNALES DU MUSEUM inférieure est encore distincte, et la supérieure est détachée et perdue. Cet os, long de 1,11, indique un individu d'environ 9 pieds et demi de hauteur : notre éléphant des Indes de & a le sien de 0,92; mais on a trouvé des fémurs fossiles beaucoup plus grands. Jacob et Oliger Jacobæus en citent de 4 pieds an- glais de long. Le plus long de tous ceux qui ont été mesurés avec exactitude est celui dont parle Camper (1), et qui avoit 52 pouces du Rhin, c'est-à-dire 137, ou { 2” 7° de France; ce qui indique un animal d'environ 11 pieds S pouces. Le fémur d’un éléphant des Indes , mort de vieillesse, ap- partenant au même anatomiste, avoit, dit-il, 13 pouces de moins. Cependant si l'on pouvoit se fier aux mesures rapportées dans la Gigantomachie, le fémur du prétendu teutobochus auroit été encore bien plus grand, puisqu'il auroit eu 5 pieds de long ; et néanmoins cette dimension n’indiqueroit qu’un in- dividu de 14 pieds de haut : ce qui ne surpasse point ce que les relations nous disent des éléphans vivans dans les Indes. La tête imférieure, pl. V, fig. 11, ne vient que d’un indi- vidu de 10 pieds. 6.” La jambe. Le tibia d'Afrique est beaucoup plus grèle que celui des Indes, et celui-ci plus que le fossile, On peut en juger par les fig. 10,11 et 12 de la pl. VIT, qui représentent le tibia des [ndes, comparées aux fig. 13, 14et 15, qui sont de celui d'Afrique, toutes au douzième. Les dessins fossiles, ib. 7, 8et9, n'ont été envoyés par M. Jæger, et sont pris (1) Nov. acë., Petrop. II, 1788, p. 257. DHL SORTE AN MT OR EEE: 259 d’un des échantillons du cabinet de Siutgard. Cet os indique un individu de 11 à 12 pieds de haut. Du reste, les formes de ces trois os et de leurs facettes offrent peu de différences. Je n’ai pas eu de péroné fossile. La Gigantomachie donne au tibia du prétendu teutobochus 4 pieds de longueur , et 5 au fémur. La mesure du tibia est évidemment exagérée. Elle indiqueroit un individu de plus de 18 pieds, et ne convient point à celle du fémur , qui ne se rap- porte qu’à un individu de 14. Notre éléphant des Indes de 8 pieds a son fémur de 0,92, et son tibia de 0,56. 7 Le pied de devant ne wa offert dans l'éléphant des Indes et celui d'Afrique d’autres différences que plus de grandeur dans tous les os du pouce, et un peu plus de grosseur dans le métacarpien de l'index, et dans celui du petit doigt du premier. Comme les petits os fossiles se recueillent toujours moins soigneusement que les grands, je n'ai eu du pied de devant qu'un seul métacarpien, celui du petit doigt. ( Voyez pl. VIIT, fig. 9, 10 et 11.) de le dois à M. G. 4. Deluc. Il est encore plus gros à proportion que dans l'éléphant des Indes, et an- nonceun mdividu de 9 à 10 pieds. Il est assez probable que dans les grands individus des éléphans tant vivans que fossiles, les os du pied croissent plus en épaisseur que les autres, préci- sément parce qu’ils ont toute la masse à supporter. 8° Le pied de derrière de l'éléphant d'Afrique se dis- tingue de celui des /ndes, x parce que la facette tibiale de son astragale est plus oblique ; 2° la facette péronéenne de son calcanéum plus large; 3.° son premier os cunéiforme plus 3417 260 ANNALES DU MUSEUM petit, appuyant beaucoup moins sur le métatarsien du se- cond doigi; 4° los unique, qui représente le gros orteil, plus petit et plus pointu; 5.° le métatarsien du second doigt beau- coup plus mince à proportion. ( Voyez pl. VIE, fig.6, le pied des Indes, et, fig. 7, celui d'Afrique.) Ces différences s'accor- dent, ainsi que celles du pied de devant, avec celles que nous ferons bientôt remarquer dans le nombre des ongles. Je n'ai pu examiner de tous les os qui composoient le pied de derrière de l'éléphant fossile que le seul astragale. M. Miot, aujourd’hui ministre de l'intérieur du royaume de Naples, a bien voulu m’en confier un qu’il a recueilli dans le val d' Arno. Je l'ai fait graver, pl. E, fig. 2, F., et les deux autres, Let À, Outre sa grandeur, il se distingue au premier coup d'œil, parce que les angles de sa facette tibiale approchent davantage d’être droits, et que la facette elle-même est plus carrée. Ce carac- ière n’est pas plus individuel que les autres. Une portion d’as- tragale du cabinet de Stutgard, dont M. Jæger m'a envoyé un dessin (pl. VIT, fig. 4), est semblable à l'os du val d’Ærno. Tous deux sont de même grandeur , et viennent d’un indi- vidu de 10 à 11 pieds. 9. Digression sur les ongles et dernier caractère extérieur des éléphans vivans. On sait qu'il y a depuis long-temps de incertitude parmi les naturalistes sur le nombre des ongles de éléphant , et que quelques-uns ont pensé qu'il est sujet à varier. | Il se peut en effet qu'un ongle tombe par accident; il est arrivé aussi quelquefois que Fon a pris pour des ongles des excroissances de la semelle du pied ; mais il ne doit pas moins y avoir un nombre naturel, et que les circonstances peuvent seules altérer, D'HISTOIRE NATURELLE. 26 Je crois n'être aperçu que ce nombre n’est pas le même dans l'éléphant d'Asie et dans celui d'Afrique ; et si ma con- jecture se vérifie, ce sera un troisième caractère extérieur à ajouter à ceux que fournissent déjà la forme de la tête et la grandeur des oreilles. Vorci sur quoi cette conjecture se fonde. Tous les éléphans de l'Inde, bien examinés , se sont trouvés avoir cinq ongles devant , et quatre derrière. C'est le cas de l'éléphant modeié à Naples, et représenté par Buffon ,tonie XI; de l'éléphant mort à la ménagerie de Versailles, et disséqué par Mertrud; de celui qui mourut à Cassel et dont parle Zimmermann; du fétus du cabinet de Brunswick , décrit par ce dernier; de celui que représente Séba ; enfin, du jeune éléphant décrit par Camper. Les trois éléphans des Indes de notre ménagerie avoient aussi ce nombre. A la vérité, Blair dit du sien: each shod with 4 hoofes ; mais il donne aussi dans sa figure six doigts au pied de devant gauche, et quatre à ceux de derrière. Je n'ai eu que deux individus d'Afrique à examiner à cet égard : un jeune, empaillé , etun fétus, venant l’un et l'autre du cabinet du Stadhouder. Leurs pieds , surtout ceux du dernier, n’étoient point altérés par la marche, et présentoient distinc- tement , ceux de devant quaire ongles, et ceux de derrière trois. Perrault, seul naturaliste qui ait bien décrit un éléphant d'Afrique adulte, ne lui donne que trois ongles à tous les pieds, mais il est très-possible que les excroissances monstrueuses que son individu avoit à toutes les semelles, avoient masqué un ongle aux pieds de devant. 262 ANNALES DU MUSEUM AR TTC LE NT Résumé général et comparatif de la taille et de la forme des éléphans vivans et des éléphans fossiles. Ainsi, d’après toutes ces rechercherches et toutes ces com- paraisons, L'éléphant à crâne arrondi, à larges oreilles, à mâche- lières marquées de losanges sur leur couronne, que nous appelons éléphant d'Afrique ( elephas africanus ), est un quadrupède dont la seule patrie connue est jusqu’à présent Afrique. On est certain que c’est cette espèce qui habite au Cap et en Guinée; on a lieu de croire qu’elle se trouve aussi à Mo- sambique : mais on ne peut assurer qu’il n’y ait point des mdi- vidus de l’espèce suivante dans cette partie. On n’en à pont vu représenté, ni comparé assez d'individus pour savoir si cette espèce offre des variétés remarquables. C'est elle qui produit les plus grandes défenses. Les deux sexes en portent également. Le nombre naturel des ongles est de quatre devant et de trois derrière. L’oreille est immense et couvre l'épaule. La peau est d’un brun foncé et uniforme. La taille ordinaire est de 8 à 10 pieds. Cette espèce n’a point été domptée dans les temps modernes. Elle paroït cependant l'avoir été par les anciens qui lui at- iribuoient dans cet état moins de force et de courage qu'à l'espèce suivante. D'HISTOIRE NATURELLE. 263 Ses mœurs naturelles ne sont point parfaitement connues. Autant qu'on peut en juger par les notices des voyageurs ; elles ressemblent cependant pour l'essentiel à celles de l’es- pèce suivante. L’éléphant à crâne allongé, à front concave , à petites oreilles , à mächelières marquées de rubans ondoyans que nous appelons éléphant des Indes (elephas indicus), estun quadrupède qu’on n’a observé d’une manière certaine qu’au- delà de l'Indus. Ils’étend des deux côtés du Gange, jusqu’à la mer orientale et au midi de la Chine. On en trouve aussi dans les iles de la mer des Indes, à Java, à Bornéo , à Sumatra , etc. Il ny a point encore de preuve authentique qu'il existe dans aucune partie de l'Afrique, quoique le contraire ne soit pas absolument prouvé non plus. Les Indiens ayant, depuis un temps immémorial, l’habi de prendre cette espèce et de l’apprivoiser, on l'a beaucoup mieux observée que l'autre. On y a remarqué des variétés pour la grandeur, pour la légéreté de la taille, pour la longueur et la direction des défenses. | Les femelles et une partie des mäles n’ont jamais que de petites défenses droites. Ë Les défenses des autres mâles n'arrivent point à une aussi grande longueur que dans l'espèce d'Afrique. Le nombre naturel des ongles est de cinq devant et de quatre derrière. L’oreille est petite, souvent anguleuse. La peau est d’un gris tacheté de brun. Ii y en a des indi- vidus tout blancs. 204 ANNALES DU MUSÉUM La taille varie de 8 à 15 et 16 pieds. Ses mœurs, la manière de le prendre et de le dresser ont été décrites avec soin par une multitude de voyageurs et de naturalistes, depuis Aristote jusqu’à M. Corse. L'éléphant à cräne allongé, à front concave, à très- longues alvéoles des défenses, à mdchoire inférieure ob- use, à mächelières plus larges, parallèles, marquées de rubans plus serrés, que nous nommons éléphant fossile ( ele- phas primigenius , Blamenb.) , est le mammont des Russes. On ne trouve ses os que dans l’état fossile ; personne n’en a vu dans l’état frais qui fussent semblables à ceux des siens par lesquels il se distingue, et l’on n’a point vu dans l'état fossile les os des deux espèces précédentes. On trouve ces os dans beaucoup de pays, mais mieux con- servés dans ceux du nord qu'ailleurs. 4 ressembloit à l'espèce des Indes plus qu’à celle d'Afrique. Ï différoit néanmoins de la première par les mâchelières, les formes de la mâchoire inférieure et de beaucoup d’autres os, mais surtout par la longueur des alvéoles de ses défenses. Ce dernier caractère devoit modifier singulièrement la fi- gure et l’organisation de sa trompe, et lui donner une phy- sionomie beaucoup plus différente de celle de lespèce des Indes, qu'on n’auroit dù sy attendre d’après la ressemblance du reste de leurs os. Il paroit que ses défenses étoient généralement grandes et arquées. Il n’y a point de preuve qu’elles aient beaucoup dif- féré selon les sexes ou les races. La taille n’étoit pas beaucoup au-dessus de celle à laquelle l'espèce des Indes peut atteindre : il paroît avoir eu des formes en général encore plus trapues. D'HISTOIRE, N À % U RELiL E. 265 On ne peut savoir quelle étoit la grandeur de ses oreilles, la couleur de sa peau, ni le nombre ordinaire de ses ongles, encore moins qu’elles étoient ses habitudes naturelles. Mais il est bien certain par ses débris que c’étoit une espèce plus différente de celle des /ndes que l’'éne ne l’est du cheval, ou le chacal et lisatis du loup et du renard. Il n’y a donc rien d’impossible à ce qu’elle ait pu supporter un climat qui feroit périr celle des Indes. ArTiCzre. XI TL Résultats généraux de cette histoire des éléphans fossiles. Les détails où nous sommes entrés nous ont donc fait voir que les os fossiles d'éléphans se rapprochent beaucoup de ceux de éléphant aujourd'hui vivant dans les /ndes, Cependant nous venons de voir aussi que presque tous ceux de ces os qu’il a été possible d'examiner et de comparer exacte- ment à ceux de l'éléphant vivant ont offert des différences sensibles et plus grandes, par exemple, que celles des os du cheval et de léne. Nous en avons conclu que ces deux élé- phans ne sont pas entièrement de la même espèce. Cette conclusion, qui pourroit ne pas paroiître compléte- ment démontrée, si elle ne concernoit que ce seul animal fossile, attendu que les différences remarquées ne sont pas en effet d’une très-grande importance, prend de la force lorsque l’on voit que les espèces dont les os accompagnent ordinairement les siens, telles que les rhinocéros et les tapirs, différent en- core plus que lui de leurs congénères vivans, et que même quelques-unes, telles que les divers mastodontes, n’ont aujour- d'hui aucun congénère existant connu. 8. 35 re 266 ANNALES DU MUSÉUM L'article premier nous a montré que les os fossiles d’élé- phans se trouvent pour l'ordinaire dans les couches meubles et superficielles de la terre, et le plus souvent dans les terrains dalluvion qui remplissent le fond des vallées ou qui bordent les lits des rivières. Ils n’y sont presque jamais seuls, mais pêle-méle avec les os d’autres quadrupèdes de genres connus , comme rhinocéros, bœufs, antilopes, chevaux; et souvent avec des débris d'ani- maux marins, tels que coquillages ou autres, dont une partie se sont même attachés dessus. Le témoignage positif de Pallas, celui de Fortiset de beaucoup d’autres ne permet pas de douter que cette dernière circons- tance m’ait souvent lieu, quoiqu’elle ne soit pas toujours. Nous avons nous-mêmes en ce moment sous les yeux une portion de mâchoire chargée de millépores et de petites huitres. Les couches qui recouvrent les os d’éléphans ne sont pas d’une très-grande épaisseur ; presque jamais elles ne sont d’une na- ture pierreuse. Ils sont rarement pétriliés , et lon ne cite qu’un ou deux exemples où ils y en ait eu d’incrustés dans de la pierre coquillière ou autre; souvent même ils sont simplement accompagnés de nos coquilles communes d’eau douce; la res- semblance, à ce dernier égard, ainsi qu'à l'égard de la nature du sol , des trois endroits dont on a les relations les plus dé- taillées, savoir, T'onna , Cantstadt et la forét de Bondi, est même très-remarquable. Tout paroït donc annoncer que la cause qui les à enfouis est lune des plus récentes. qui aient contribué à changer la surface du globe. C'est néanmoins une cause physique et générale: les osse- mens d'éléphans fossiles sont en trop grand nombre, et il y en a dans trop de contrées désertes et même inhabitables, D'HISTOLRE NATURELLE. 2067 pour que lon puisse soupconner qu’ils y aient été conduits par les hommes. Les couches qui les contiennent et celles qui sont au-dessus d'eux montrent que cette cause étoit aqueuse, ou que ce sont les eaux qui les ont recouverts, et que dans beaucoup d’en- droits ces eaux étoient à peu près les mêmes que celles de la mer d'aujourd'hui, puisqu'elles nourrissoient des êtres à peu près semblables. Mais ce ne sont pas ces eaux qui les ont transportés où ils sont. Les détails du même article premier montrent qu'il yade ces os- semens à peu près dans toutes les contrées que les naturalistes ont parcourues. Une irruption de la mer qui les auroit apportés seulement des lieux que léléphantdes Indes habite maintenant, v’auroit pu les répandre aussi loin,niles disperser aussiégalengent, D'ailleurs l’inondation qui les a enfouis ne s’est point élevée au-dessus des grandes chaînes de montagnes, puisque les couches qu'elle a déposées et qui recouvrent les ossemens ne se trouvent que dans des plaines peu élevées. On ne voit donc point comment les cadavres d’éléphans auroient pu étre trans- portés dans le nord, pardessus les montagnes du Thbet et les chaines des 4ltaï et des Ourals. De plus ces os ne sont point roulés : ils conservent leurs arêtes, leurs apophyses ; ils n’ont point été usés par le frotte- ment; tres-souvent les épiphyses de ceux qui n’avoient point encore pris leur accroissement complet, y tiennent encore, quoique le moindre effort suflise pour les détacher : les seules altérations que l’on y remarque viennent de la décomposition qu'ils ont subie par leur séjour dans la terre. On ne peut pas se représenter non plus que les cadavres entiers aient été transportés violemment. A la vérité, dans ce 5 PR 268 ANNALES DU MUSEUM cas, les os seroient restés intacts ; mais ils seroient aussi restés rassemblés et ne seroient pas épars. Les coquilles, les millépores et autres productions marines qui se sont fixées sur quelques-uns , prouvent d’ailleurs qu’ils sont restés au moins quelque temps déjà dépouillés et séparés au fond du liquide qui les recouvroit. Les os d’éléphans étoient donc déjà dans les lieux où on les trouve, lorsque le liquide est venu les recouvrir. Ils y étoient épars comme peuvent l'être dans notre pays les os des che- vaux et des autres animaux qui l'habitent, et dont les cadavres sont répandus dans les champs. Tout rend donc extrêmement probable que les éléphans qui ont fourni les os fossiles habitoïent et vivoient dans les pays où l’on trouve aujourd’hui leurs ossemens. Ils n’ont donc pu y disparoître que par une révolution qui a fait périr tous les individus existans alors, ou par un chan- gement de climat qui les a empêché de sy propager. Mais quelle qu’ait été cette cause, elle a dû être subite. Les os et l'ivoire, si parfaitement conservés dans les planes de la Sibérie , ne le sont que par le froid qui les y congèle, ou qui en général arrête l’action des élémens sur eux. Si ce froid n’étoit arrivé que par degrés et avec lenteur, ces ossemens , et à plus forte raison les parties molles dont ils sont encore quel- quefois euveloppés , quoique rarement, auroiïent eu le temps de se décomposer comine ceux que l’on trouve dans les pays chauds et tempérés. Ainsi toutes les hypothèses d’un refroidissement graduel de la terre ou d’une variation lente, soit dans inclinaison , soit dans la position de l'axe du globe, tombent d’elles-mêmes. Si les éléphans actuels des Zades étoient les descendans de D'HISTOIRE NATURELLE. 260 ces anciens éléphans qui se seroient réfugiés dans leur climat d'aujourd'hui , lors de la catastrophe qui les détruisit dans les autres, il seroit impossible d'expliquer pourquoi leur espèce a été détruite en Amérique, où l'on trouve encore des débris qui prouvent qu'ils y ont existé autrefois. Le vaste empire du Mexique leur offroit assez de hauteurs pour échapper à une imondation aussi peu élevée que celle qu'il faudroit supposer , étle climat y est°plus chaud qu'il ne faut pour leur tempé- rament. Nous avons montré d’ailleurs que les montagnes de lithsme de Panama n’ont point été un obstacle à leur passage dans l'Amérique méridionale. Les divers mastodontes , le tapir gigantesque etlerhkinocéros fossile vivoient dans les mêmes pays, dans les mêmes cantons que les éléphans fossiles, puisqu'on trouve leurs os dans les mêmes couches et dans le même état. On ne peut pas imagmer une cause qui auroit fait périr les uns en épargnant les autres. Cependant ces premiers animaux n’existent bien certamement plus, et il ne peut y avoir à leur égard aucune contestation, ainsi que nous le montrons à leurs chapitres. Tout se réunit donc pour faire penser que l'éléphant fos- sile est, comme eux, d’une espèce éteinte, quoiqu'il res- semble plus qu'eux à l’une des espèces aujourd’hui existantes. 270 ANNALES DU MUSEUM SUR LE GRAND MASTODONTE, Animal très-voisin de l'éléphant, mais à mâche- lières hérissées de gros tubercules, dont on trouve les os en divers endroits des deux con- tinens, et surtout près des bords de l'Ohio, dans l'Amérique \Septentrionale ; impropre- ment nommé Mammoura par les Anglais et par les habitans des États-Unis. Nox seulement c'est ici le plus grand de tous les animaux fossiles ; c’est encore le premier qui ait convaincu les natu- ralistes qu'il pouvoit y avoir 1des espèces détruites : la grosseur monstrueuse Ge ses dents mâchelières , les pointes formidables dont elles sont hérissées , ne pouvoient en effet manquer d’at- üirer l'attention; et il étoit bien aisé de s’assurer qu'aucun des grands animaux que nous connoissons n’en a de cette forme ni de ce volume. Aussi, quoique Daubenton ait pensé pendant quelque temps qu’une partie d’entr’elles pouvoient appartenir à l’hippopotame (1), il ne tarda pas à revenir à une opinion meilleure, et Buffon déclara bientôt que « tout porte à croire (:) Hist nat. , XIT, in-4.0, p.73, nos MCVI, MCVII, MCVIIL et MCXIHT, D'HISTOIRE NATURELLE. 275 » que celle ancienne espèce, qu'on doit regarder comme » la premiere et la plus grande de tous les animaux ter- » restres, na subsisté que dans les premiers temps, et » n'est point parvenue jusqu'à nous (1) » Néanmoins , il n'étendit pas son assertion au-delà des grosses dents posté- rieures , et continua de regarder les dents moyennes et à demi- usées comme des dents d'hippopotame (2). Il continua aussi à attribuer à l'éléphant le gros fémur trouvé dans le même lieu que ces dents, comme le lui avoit attribué Daubenton en 17062 (3), quoique /#illiam Hunter eût fait voir , dès 1567 (4), qu'il offroit , ainsi que les dents et la mâchoire inférieure , des différences sensibles avec ces mêmes parties dans l'éléphant, - Ce dernier anatomiste étoit tombé de son côté dans une double erreur qui a influé sur les dénominations impropres appliquées depuis à cet animal. Ilavoit imaginé que le mammouth des habitans de la Sibérie, dont il navoit jamais vu d’ossemens , étoit le méme que l’ani- mal de l'Amérique Septentrionale (5); et quoiqu'il ait depuis été réfuté par Pallas, lequel démontra suffisamment, ainsi que nous l'avons vu, que le mammouth est un véritable élé- phant , les Anglais et les habitans des Etats-unis ont continué de détourner , comme #Villiam Hunter , la signification de ce mot et de l’appliquer à notre mastodonte : en quoi ils ont été suivis par presque tous ceux qui en ont parlé. L'autre erreur introduite par ##illiam Hunter est que ce (x) Epoques de la Nature. ( Note 9). (2) Id. 1. (5) Mém. de l’Ac. des Sc., 1762, p. (4) Transact. phil. , tome LVIIT, p. 42. (5) Ibid., p. 58. 272 ANNALES DU MUSEUM prétendu mammouth devoit être, d’après la structure de ses dents, un carnivore (1) inconnu. Quoique Camper ait déjà rejeté cette idée (2), comme elle rendoit encore cet être en quelque sorte plus merveilleux, elle a aussi été adoptée pres- que généralement , et a procuré au mastodonte la dénomima- tion d’éléphant carnivore qui lui convient moins encore , s'il est possible, que celle de mammouth. Depuis lors, les compilateurs ont sans cesse confondu le vrai mammouth de Sibérie, qui est du genre de l'éléphant, avec ce prétendu mammouth d'Amérique, et il en est résulté les récits Les plus embrouillés. C’est ce qui nous détermine aujour- d'hui à proposer pour lanimal fossile d'Amérique un nom générique nouveau qui fasse disparoître ces fausses dénomina- tions de mammouth et éléphant carnivore lesquelles ne peuvent donner que des idées contraires à la réalité. Cette mesure est d'autant plus convenable, que nous ver- rons bientôt que, d’après les règles aujourd’hui généralement recues en zoologie, cet animal doit former un genre particu- lier qui comprend plusieurs autres espèces. Nous empruntons le nom de mastodonte de deux mots grecs qui sigmifient dents mammelonnées, et qui expriment par conséquent son princi- pal caractere. Au reste,ce n'est que par une longue suite de travaux, de réflexions et de comparaisons qu'il a été possible d'arriver aux connoissances plus exactes que nous rassemblons aujour- d'hui sur son sujet. IL y a près de cent années qu’on s’en occupe. | (1) Transact. philos., tome LVIIT, p. 42. (2) Nova Act, Petrop., tome I, p. II, p. 221. | D'HISTOIRE NATURELLE. 273 La première mention qu’on en trouve date de 1912. Le docteur Mather, dans une lettre au docteur Æoodwardt ( Transact. phil.) , annonce des os et des dents d’un volume monstrueux, découverts, en 1705, à {{bany , dans la Nouvelle- Angleterre, aujourd’hui dans l'Etat de New-Forck, près de la rivière d'Hudson. H les croyoit des os de géant, et propres à confirmer ce que dit la Genèse d’anciennes races d’hommes gigantesques. Îl paroït néanmoins que cette annonce ne fit pas grand effet, et que l’on oublia encore ces os pendant près de trente ans. En 1739, un officier français nommé Longueil , naviguant dans l Ohio pour se rendre sur le Mississipt, quelques sau- vages de sa troupe trouvèrent, à peu de distance de ce fleuve, sur le bord d’un marais, des os, des mâchelières et des dé- fenses : cet officier rapporta, l’année d’après, un fémur , une extrémité de défense et trois mâchelières, à Paris, où nous les conservons encore. Ce sont les premiers morceaux de cet ani- mal qu’on ait vus en Europe, et c’est d’après le lieu où ils ont été trouvés qu’on lui a donné généralement les noms d’ani- mal , d'éléphant et de mammouth de l'Ohio, quoiqu'il y ait de ses os dans bien d’autres endroits, comme nous lallons voir Le fémur et la défense furent déclarés par Daubenton ap- partenir à l'éléphant, et les mâchelières, toutes les trois inter- médiaires et qui étoient à six pointes, à l’Aippopotame.« Car » on ne peut guère soupconner (ajoutoit-il ) que ces dents » aient été tirées de la méme tête avec la défense, ou » qu’elles aient fait partie d'un méme squelette avec le fé- » mur dont il s'agit ici; en le supposant, il faudroit aussi » supposer un animal inconnu qui auroit des défenses 8 36 274 ANNALES An vuÉ MOUSE ÙÜ M » semblables à celles de l'éléphant , et des dents molaires » semblables à celles de l'hippopotamé (1).» Il avoit dé- taillé encore davantage les raisons qu'il croyoit avoir de ne point admettre un tel animal dans son Mémoire lu à l'Acadé- mie le 28 août 1762. Cependant cette opinion existoit déjà chez plusieurs per- sonnes. Un autre officier français nommé Fabri avoit annoncé à Buffon , dès 1748, que les sauvages regardoient ces ossemens épars en divers endroits du Canada et de la Louisiane , comme provenant d’un animal particulier qu'ils nommoient le pére aux bœufs (>). Les grosses dents à 8 et 10 pointes, qu’on ne pouvoit rai- sonnablement confondre avec celles de l'hippopotame, étotent déja connues. Guettard, dans les Mémoires de l’Acadénne pour 1752, en avoit fait graver une, trouvée avec d’autres os dans un marais qui occupoit le fond d’un cul-de-sac, entre deux montagnes, et sans doute l'une de celles qu'avoient rap- portées Longueïl et ses compagnons. Les Anglais, maîtres reconnus du Canada par la paix de 1763, ne tardèrent point à donner à ces recherches une nou- velle activité. Le géographe George Croghan trouva en 1765 beaucoup de ces os à 4 milles au sud-est des bords de l Oxo, dans le pays aujourd’hui nommé ÆKentuckey, sur un banc élevé, toujours le long d’un grand marais salé, et probable- ment le même qu’avoient visité les compagnons de Longueil ; (1) Hist. nat., XI, descr. du cab. du roi, MXXXV. (2) Buff., Epoques de la nat., Note just, 9. D'HISTOIRE NATURELLE 275 les denis à tubercules et les défenses y étoient pêle-mêle, sans aucune mâchelière-d’éléphant : Pidée d’un animal particulier se confirmoit donc de plus en plus. Ce M. Croghan envoya en 1767 plusieurs caisses de ces morceaux à Londres, soit à lord SAelburne soit à Franklin, soit à d’autres ,et Collinson en fit passer une grosse dent à Buffon{1), et publia sur le tout une notice dans le 57.° volume des Trans- actions. Il attribuoit encore les défenses à l'éléphant. Dans le nombre des pièces envoyées par Croghan étoit une demi-mâchoire inférieure, aujourd'hui déposée au Muséum britannique : c’est celle que décrivit William Hunter dans les Transactions philosophiques pour 1768 (2). Il s’en servit pour démontrer que l'animal en question , tout en différant sensi- blement de l'éléphant, n’avoit rien de commun avec lhippo- potame, et il lui attribua positivement les défenses trouvées avec ces dents. Mais Buffon ne paroït pas avoir connu ce Mé- moire , et n’en fait nulle mention dans ses Epoques de la na- ture ,imprimées, comme on sait , en 1779. Il yfit connoitre, le premier , que ces mêmes dents à huit et dix pointes se trouvent aussi dans l'ancien Continent. Il en publia une, pl. I et IT, que lui avoit donnée le comte de Vergsennes en 1770, et qu’on avoit découverte dans la petite T'artarie en faisant un fossé. C’est une des plus grosses que lon ait jamais eues : elle pèse onze livres quatre onces. Une seconde, rapportée de Sibérie par l'abbé Chappe, fut représentée pl. IL Nous conservons lune et l'autre dans ce Muséum. (1) Epoques de la nature , pl. IV et V, (2) Tome LVILT, cité plus haut, DO. 256 ANNALES DU MUSÉUM Pallas annonça la même chose, en 1777, pour les dents à six pointes. Il enfit graver une fort usée des monts Ourals (à). À cette même époque et dans ce même volume, p. 219, Camper montra de nouveau que l'animal aux grosses dents avoit de plus grandes analogies avec l'éléphant qu'avec l'hip- popotame , et qu’il étoit fort probable qu’il avoit une trompe; que dans aucun cas il ne pouvoit être considéré comme ear- nivore. C’étoit un grand pas de fait dans la connoissance de notre animal; mais le grand anatomiste à qui on le devoit en {it bientôt un rétrograde. Un morceau considérable du cräne et quelques autres os avoient été trouvés en 1789 par le docteur Brown, et ex- posés à la curiosité publique dans la galerie de peinture de M. Charles IVillson Peale, à Philadelphie, où ils donnèrent à ce dernier l’idée du beau Musénim d'Histoire naturelle qu'il a formé depuis (2). M. Michaëlis , professeur à Marpurg, s'étant procuré des dessins de grandeur naturelle de ces os, les fit voir à Camper , etcelui-ci prenant la partie du palais où les dents se rapprochent, pour la partie antérieure, regarda les apophyses ptérygoïdes comme des os intermaxillaires ; et ne trouva par conséquent aucune place pour .des défenses. Il déclara donc en 1788, Nov. Act., iome IT, p.2591et suiv. , qu'il s’étoit trompé ; que l'animal de Ohio avoit le museau pointu et sans défenses; qu'il ne ressembloit pas à l'éléphant, et que lui-même ne sa- voit plus que penser de sa vraie nature. (1) Acta Petrop., 1777 , part. IL, p. 213, tab. IX. (2) Voyez l’Epitre de Rembrandt Peale a’son père , en tête de la Disquisition on the mammoth, ete, D'HISTOIRE NATURELLE. 257 Il paroït que M. Michaëlis avoit aussi avancé cette opinion dans deux écrits que je n'ai pu me procurer, mais qui sont insérés dans le Magasin de Gættingen, pour les sciences et la littérature, 3° année , 6° cahier , «et 4. année, 2° cahier. M. Autenrieth , professeur de Tubingen , ayant eu la com- plaisance de m'envoyer des copies de ces mêmes dessins, me les expliqua tout autrement et suivant leur véritable situation; mais malgré tout mon respect pour les lumières de ce savant , avec lequel je suis lié d’une véritable amitié depuis ma pre- mière jeunesse, l'autorité de Pierre Camper étoit faite pour laisser encore des doutes. Je n'adressai au fils de ce célèbre anatomiste, M. Ædrien Camper, qui étoit d'autant plus en état d'éclaircir la question, que son illustre père avoit acquis ,peu de tempsavant sa mort, le morceau même qui avoit servi d'original au dessin, cause de tout l'embarras. Ge savant respectable soutint d'abord lopinion de son père avec un zèle bien naturel pour la mémoire d'un si grand homune ; mais après de nouvelles objections de ma part et un nouvel examen de la sienne , il m’écrivit enfin , le 14 juin 1800 : « Le résuliat de mes recherches sur l'inconnu de l'Ohio » m'est pas conforme à ce que j'en avois promis dans ma pré- » -cédente; /e morceau en,question n’est pas le fragment an- » térieur , mais le postérieur des méchoires.» Et il me dé- montra celle proposition par une foule de. raisons nouvelles «et délicates, fondées sur les connoissances étendues d'anatomie comparée, qu'il a acquises auprès .de l’un des plus grands -maîtres que cette science ait eus. | M. Adrien Campera rendu compte de .cette discussion . 278 SNNÂALES Du MUSEUM dans la Description anatomique d’un éléphant mâle, par son père, qu'il a pübliéé en 1002';!p. 22: Mais pendant que nous travaillions ‘ainsi en Europe sur quelques fragmens de cet animal, M. Peale continuoit à en recueillir les os, et il avoit été assez heureux pour en obtenir deux squelettes presque complets qui ont décidé la question pour toujours. C’est au printemps de 18or qu'il apprit qu’on venoit de trouver , l'automne précédent, plusieurs grands ossemens en creusant une marnière, dans le voisinage de Newburg, sur la rivière d'Hudson, rt l'Etat de Vew-York et à soixante- sept milles de la capitale, Il $'ÿy rendit aussitôt avec ses fils, et ayant trouvé une partie considérable du squelette chez le fermier qui lavoit tiré de la terre, il l'acquit et l'envoya à Philadelphie. 11 y avoit un crâne très-endommagé dans sa partie supérieure : la mâchoire inférieure avoit été brisée, les défenses mutilées par la maladresse et la précipitation des ouvriers. Il fallut attendre la fin de la récolte pour continuer les recherches. On les reprit donc en automine:la fosse fut vidée de l’eau qui $'en étoit emparée; des pompes y furent entretenues pour la débarrasser de celle qui y abondoit à mesure que lon avançoit; aucuns frais ne furent épargnés : mais après plusieurssemaines de travail et la découverte de toutes les vertebres du cou, de plusieurs de celles du dos, des deux omoplates , des deux humérus , radius et cubitus, d'un fémur, d’un tibia et d’un péroné, d'un bassin mutilé et de quelques petits os des pieds qui se trouvèrent tous entre 6 et 7 pieds de profondeur , il en manquoit encore plusieurs des plus im- É portans, comme la mâchoire mférieure , etc. Pour tàcher de les obtenir, M. Péale se rendit à onze milles D'HISTOLRE, NATURELLE. 279 de là, vers un petit marais d’où lon avoit üré quelques côtes huit ans auparavant. Îl y fit encore travailler quinze jours, et recucillit diverses pièces, mais non celles qui lui manquoient. Il se retiroit , désespérant presque de réussir, lorsqu'ayant passé le #allkill , il rencontra un fermier qui avoit trouvé quelques os trois ans auparavant, et qui le conduisit sur le lieu de sa découverte. C’étoit encore un marais à vingt milles à l’ouest de la rivière d'Hudson. Après plusieurs jours d’un nouveau travail, il eut le bonheur d'y déterrer une mâchoire inférieure complète ,accompagnée de plusieurs os principaux ; rapportant donc comme en triomphe les précieux fruits de cette pénible campagne de trois mois, il en forma deux squelettes , copiant artificiellement sur les os de l'un ceux qui manquoient au côté opposé. On peut dire maintenant que, d’après ce travail, l’ostéo- logie de ce grand animal est entièrement connue, si l’on en excepte seulement la partie supérieure du crâne. Le plus complet de ces deux squelettes est placé dans le Muséum de M. Peale à Philadalphie ; Yautre a été apporté par l'un de ses fils, M. Rembrandt Peale, à Londres, où on le fait voir publiquement. M. Rembrandt Peale a en donné une description qu'il a bien voulu m'adresser , et dont j’aitiré le récit précédent des travaux de son père : j'en profiterai encore beau- coup par la suite(r). ., DS « On a donné dans divers journaux anglais, français et alle- mands , des notices, soit du squelette, soit de ces deux bro- (x) Account of the Skeleton of the mammouth , etc. Londres 1802 in-4.o, et d’une édition fort augmentée ; 42 Historical Disquisition on te Mammouth, 1b, 1803. 280 ANNALES DU MUSEUM chures (1); et c’est aussi d’après ce squelette qu’a été fait l'ar- ticle inséré par M. Domeyer, dans le IV tome des Nouveaux Ecrits dé la Société des Naturalistes de Berlin ,in-4. Ce que je vais en dire moi-même est pris de différens ma- tériaux. Nous ne possédons en ce Muséum que le fémur rap- porté par Longueil , beaucoup de dents de toutes les sortés, deux défenses , et une demi-mächoire inférieure assez muütilée, Je dois à la complaisance de MM. Michaëlis et FViedemann les mêmes dessins de grandeur naturelle, communiqués autrefois à Camper, et je les ait tous fait graver, réduits au cinquième. M. Adrien Camper , devenu propriétaire des pièces d’après les- quelles ces dessins ont été faits , n'en a envoyé les mesures et les descriptions. Enfin, M. Æverard Home, célèbre anatomiste anglais, a bien voulu me faire faire l’esquisse du squelette qué l'on montre à Londres ; je l'ai fait graver pl. V. Ces secours, joints aux renseignémens et aux figures déjà publiées par d’autres, et que j'ai cités précédemment, m'ont mis en état de donner de l'animal une idée suffisante, et de déterminer sa taille et tous sés caractères. Le dépôt le plus célèbre des os du mastodonte, celui qu'ont visité Longueil, Croghan ettant d'autres, celui qui lui a fait donner le nom d'animal de l'Ohio, porte lui-même celui dé big-bone-strick, où great-bone-lick. IL est à la gauche et au sud-est de l'Ohio, à quatre milles du fleuve , trente-six milles au-dessus de l'embouchure de la (1) Voyez Gazette universelle littéraire de Halle, aàvril1804,n.° 111, p. 82, et divers numéros du Magasin de Physique de M. V'oigt. Voyez aussi dans le Journal de Physique, ventose an 10, p. 200, une notice de M, Falentin. D'HISTOIRE NATURELLE, 281 riviere de Kentockey (1), presque vis-à-vis celle de la rivière dite la Grande Miamis. C'estun lieu enfoncé entre des collines, occupé par un marais d’eau salée, dont le fond est d’une vase noire et puante. Les os se trouvent dans la vase et dans les bords du marais, au plus à quatre pieds de profondeur , suivant le rapport que nous en a fait le général Collaud qui avoit été sur les lieux. Mais , comme nous l'avons déjà dit, il y a des os, non-seu- lement en d’autres endroits des rives de l'Ohio , mais par toute l'Amérique Septentrionale. On lit dans le Journal de Physique et de Médecine de Philadelphie, publié par le savant docteur Barton, L" partie, p- 154 et suiv., une relation détaillée de cinq squelettes pres- que entiers, trouvés en 1762 par des sauvages shawanais, beaucoup plus haut, à trois milles de la rive gauche de l'Ohio, comme à lordinaire, dans un lieu salé et humide, mais à peu près uni jusqu’à une très-grande distance : une mâchelière et un fragment de défense en avoient été portés au fort Pitt. M. le baron de Bock dAnsbach , dans un Mémoire adressé il y a quelques années à l’Institut, donne la descrip- üon d’une dent trouvée sur la rive droite de l'Ohio, entre les deux rivières de Miamis, par M. Craegh, major d'artillerie au service des Etats-Unis. Elle a passé du cabinet de M. ScAmie- del, dans celui de M. Æbel à Hanovre; et c’est la même dont parle Merck ( 3. lettre, p. 28, note ). Le général Collaud assuroit en avoir vu près de la rivière des Grands Osages qui se jette dans le Missouri, peu au- (1) Volney , Tableau du climat et du sol des Etats-Unis d'Amérique, I, p. 100. 8. 37 282 ANNALES DU MUSÉUM dessus de son confluent avec le ÆMississipi. Ils y sont dans des fondrières semblables à celles de Great-bone-lick. M. Smith Barton, professeur à l’université de Pensylvanie, et lun des hommes qui ont le mieux mérité du Nouveau- Monde, en y propageant les connoiïssances utiles, vient de m'adresser une confirmation de ce témoignage. Il n'écrit «qu'un voyageur intelligent a vu dans un en- » droit particulier, près de la rivière des Ixniexs Osacess, des » nuülliers d'ossemens de cet animal, et qu'il y a recueilli, » entr'autres, dix-sept défenses , dont quelques-unes avoient » 6 pieds de long et un pied de diamètre : mais la plu- » part de ces os étoient dans un grand état de décompo- » sition. (x) » ; #7 + M. Barton a même eu la complaisance de m’en envoyer une molaire. M. Jefferson, dans ses Observations sur la Virginie (trad. fr., p. 101), rapporte qu'un M. Stanley , emmené par les sauvages à l’ouest du Missouri, en vit de grands dépôts sur les bords d’une rivière qui couleit elle-même vers l’ouest. Sui- vant le même auteur, on en a trouvé sur la branche de la T'ennésie ,nommée /Vord-Holston, derrièreles 4legannys de la Caroline, par 36° degrés de latitude nord, aussi dans des. marais salés. C'étoit, à cette époque, le lieu le plus méridional où l’on en ait eu connoissance ; mais M. William Dunbar annonce dans le VL° volume des Transactions de la Société améri- caine, p. 4o et 55, qu'il s'en est trouvé en quatre ou cinq en- a (x) Extrait d’une lettre de M. Smit Barton, de Philadelphie, en 1806. D'HISTOIRE NATURELLE. 289 droits différens de la Louisiane, à ouest du Mississpi, mais toujours dans ses alluvions. Quant au nord, M. Smith Barton n\'écrit qu'on n’en a point déterré jusqu'à présent plus haut que le 43 degré, du côté du lac Erie. Ce même savant me donne des détails extrêmement précieux sur une découverte récente, faite dans le comté de /Vithe en Virginie, à l'ouest des trois grandes chaines et près du comté de Green - Bryard où se sont trouvés les os du megathe- rium. M. Barton en a recu lui-même la relation datée de Villian- burg en Virginie , le 6 octobre 1805, de M. l'Evéque Madis- son, principal du collége de Guillaume et Marie en Virginie, et l’un des hommes les plus éclairés des Etats-Unis. M. Pichon, ci-devant consul général aux Etats-Unis , avoit bien voulu me donner aussi une notice de cette même décou- verte. A cinq pieds et demi sous terre, sur un banc de pierre calcaire, reposoient assez d’os pour qu'on espère d’en pou- voir reconstruire le squelette, Une des dents pesoit dix-sept livres. Mais ce qui rend cette découverte unique parmi les autres, c'est qu’on recueillit au milieu des os une masse à demi-broyée de petites branches, de gramens, de feuilles, parmi lesquelles on crutreconnoitresurtoutune espèce de roseau encore aujourd’hui commune en Virginie , et que le tout parut enveloppé dans une sorte de sac, que l'on regarda comme l'estomac de l’ani- mal : en sorte qu'on ne douta point que ce ne fussent les ma- tières mêmes qüe cet individu avoit dévorées, % 37 nQ/ F 284 ANNALES DU MUSÉUM Le fond de toute cette contrée est une pierre calcaire pleine d'impressions de coquillages; les cavernes y donnent beaucoup de nitre et de sulfate de soude et de magnésie. On y a trouvé depuis peu du sulfate de barite, et il y a différentes sources minérales (1). Il ne manque pas non plus de ces os en deçà des trois grandes chaines des {{legannys, des North-Mountains et des Monta- gnes-Bleues. Sans parler des grands dépôts dela vallée de l'Hu- dson ; que nous avons indiqués plus haut et où M. Peale a ras- semblé ses deux squelettes, M. Autenriethnvécrit qu’il yen adans | plusieurs des parties antérieures de la Pensyivanie ; et je vois par une lettre de J. Drayton de Charles-Town à sir John Sin- Clair , dont milord comte de Buchan a bien voulu me communi- quer un extrait, qu'il y en a aussi, de même que des os d’éléphant ou vrai mammouth, dans les parties antérieures de la Ca- roline. Le savant naturaliste M. Bosc a été témoin d’une décou- verte de cinq mächelières en parties décomposées , faite en creusant le canal de Caroline, à quinze milles de Charles- Town, dans du sable pur, à 3 pieds de profondeur. Enfin M. Barton écrit qu’on en a trouvé récemment dans l'Etat de New-Jersey, à quelques milles de Philadelphie. Je n’en ai vu encore aucun morceau de l'Amérique Méri- dionale : toutes les dents apportées du Pérou par Dombey et M. de Humboldt, ainsi que de Terra firme par ce dernier, sont d’une autre espèce, quoique du même genre, ainsi que (1) Extrait d’une lettre de M. Smith Barton, datée de Philadelphie le 14 ectobre 1605. D'HISTOIRE NATURELLE. 285 nous le verrons bientôt. Je soupçonne bien que celles du Brésil et de Zima, mentionnées par William Hunter ( Trans. phil. LVIIT, p. 4o ), sont dans le même cas. Quant à l’ancien continent , si lon excepte les trois dents de Pallas, de abbé Chappe et de Fergennes, citées ci-dessus et appartenant vé- ritablement à la même espèce que celles de l Ohio , toutes celles dont j'ai eu connoissance sont encore d'espèces différentes, Ainsi , autant qu'on les connoït, les os de ce grand animal, irès-communs dans l'Amérique Septentrionale , sont rares partout ailleurs ; mais partout où on les trouve, ils ne sont qu'à peu de profondeur; et cependant en général ils ne sont pas beaucoup décomposés. . Ils ne sont pas non plus roulés, et offrent, comme presque tous les os ossiles, la preuve qu'ils sont aux lieux où on les trouve, à peu près depuis l'époque de la mort de l’animal. Ceux de la rivière des Grands Osages, dont j'ai parlé ci- dessus, avoient quelque chose de particulier dans leur posi- tion : cest qu'ils étoient presque tous dans une situation verticale, comme si les animaux s’étoient simplement enfon- cés dans la vase. Les substances ferrugineuses dont ils sont teints ou péné- trés sont la principale preuve de leur long séjour dans l'inté- rieur de la terre. Des indices d’un séjour ou d’un passage de la mer sur eux paroissent être plus rares que dans les os d’éléphans. Je n’ai point vu de restes de coquilles ou de zoophytes sur les os de grands mastodontes que j'ai examinés, et je ne trouve dans aucune relation qu'il y en ait eu dans les lits d’où ils ont été tirés ; circonstance d'autant plus singulière, qu’on devroit étre tenté de considérer ces marais salans où l’on én trouve le 280 AIN N A LES 2 D U8 MUSÉE UM plus, comme les restes d'un liquide plus étendu qui auroit détruit ces animaux. M. Barton pense que ces eaux salées ont contribué à Ja belle conservation de cette sorte de fossiles. IL a même re- cueilli dans la letire qu'il a bien voulu m'écrire à ce sujet deux témoignages qui paroiïssent prouver qu'on en a de temps en temps déterré des parties molles encore reconnoissables ; ce qui, à cause de la chaleur du climat, est beaucoup plus étonnant que pour les mammouths où vrais éléphans fossiles et les rinocéros du nord de la $ïbérie. Les sauvages qui en virent cinq squelettes en 1762, rap- portèrent qu'une des têtes avoit encore «un long nez, sous » lequel étoit la bouche ». M. Barton pense que ce long nez n'étoit autre chose que la trompe. Kalm, en parlant d’un grand squelette qu’il croyoit d’élé- phant, selon les idées de son temps, et qui fut découvert par les sauvages dans un marais du pays des {linois, dit que la » forme du bec étoit encore reconnoissable, quoique à mot. » tié décomposée ». I y a grande apparence, à ce que croit M. Barton, qu'il s'agit encore ici au moins de la racine de la trompe, Ces deux faits rendroient assez vraisemblable opinion que les parties de plantes triturées, trouvées aupres du squelette du comté de ##yth, étoient en effet les matières qui remplis- soient l'estomac de l'individu dont ce squelette venoit. On montre en ce moment à Paris une pièce qui, si elle. étoit suffisamment authentique, confirmeroit toutes les autres et feroit presque douter que l'espèce füt étetnte, C'est une semelle avec ses cinq ongles. Le propriétaire assure latenir d'un Mexicain, qui lui a dit lavoir achetée à des sauvages de l’ouest D'HLS TO RE SN AMURME BH E. 387 du Missouri, lesquels l’avoient trouvée dans une caverne avec une dent. Mais cette semelle est si fraiche; elle paroït si manifes- tement avoir été enlevée au pied avec un instrument tranchant ; enfin elle-est si parfaitement semblable à celle d'un éléphant, que je ne puis m'empêcher de soupconner quelque fraude, au moins dans le récit du Mexicain. On imagine aisément qu’il n’a pas manqué d’hypothèses sur l'origine de ces os, ou sur les causes de la destruction des ani- maux qui les ont produits. Les Shavanais croyoient qu'il existoit avec ces animaux des hommes d'une taille proportionnée à la leur, et que le grand étre foudroya les uns et les autres (1). | Ceux de Virginie disent qu'une troupe de ces terribles animaux, détruisant les daims, les bufiles et les autres ami- maux créés pour l'usage des Indiens , le grand homme d’en haut avoit pris son tonnerre et les avoit foudroyés tous, excepté le plus gros mäle, qui présentant sa tête aux foudres, les secouoit à mesure qu'ils tomboient , mais qui ayant été à la. fin blessé par le côté, se mit à fuir vers les grands lacs, où il se tient jusqu'à ce jour (2). De pareils contes prouvent suffisamment que ces Indiens: w’ont aucune connoissance de l'existence actuelle de l'espèce dans les pays qu'ils parcourent. Lamanon , après beaucoup d’autres, supposoit que c’étoit quelque cétacé inconnu; mais c'est qu'il n’en avoit vu que les: dents, et qu’il ne savoit point que la forme de ses pieds réfute cette conjecture. (1) Barton, journal cité , p. 157. (2) Jefferson, Notes sur la Virg., trad, fr, , p. 99: 288 ANNALES DU MUSÉUM Un certain M. de la Coudrenière ayant trouvé dans une relation du Groënland , que les sauvages de ce pays prétendent avoir un animal noir et velu, de la forme d'un ours, et de six brasses de haut, en dérive non-seulement le mastodonte, mais encore l'éléphant fossile où mammouth, qu'il confondoit avec lui (1). C’est probablement aussi cette confusion des deux espèces qui aura fait penser à M. Jefferson que le centre de la zone glaciale est le lieu où le mammouTn arrive à toute sa force, comme les pays situés sous l'équateur sont les lieux de la terre les plus propres à nourrir l'éléphant (2). Nous commençons, comme à notre ordinaire, l'examen des os du mastodonte, par les dents. 1. Les mâchelières. Nous avons à en déterminer la forme , les différences, le nombre et les successions. 1. La forme est ce qui a le plus frappé en elles. Leur couronne est en général rectangulaire, un peu plus étroite en arrière dans les postérieures. Elle n'a que deux substances , la substance intérieure dite osseuse, et l'émail. Celui-ci est très-épais; il n’y a point de cé- ment ou cortical. C’est une différence très-importante avec l'éléphant, qui, jointe à la forme, rapproche le mastodonte des animaux qui cherchent les racines, tels que l’këppopotame et le cochon, au EE mm (1) Journal de Physique, tome XIX , p. 563, (2) Jefferson, uhi sup., p. 106, D'HISTOIRE NATURELLE. 209 lieu de le placer avec les purs Lerbivores , tels qu'est l'éléphant ; mais pour tout le reste il yaune grande analogie avec Péléphant. Cette couronne est divisée par des sillons ou espèces de vallées très-ouvertes en un certain nombre de collines transversales, et chaque colline est divisée elle-même par une échancrure en deux grosses pointes chtuses et irrégulièrement conformées en pyramides quadrangulaires un peu arrondies. Cette couronne, tant qu’elle n’a pas été usée, est donc hérissée de grosses pointes disposées par paires. Il y a déjà bien loin de là aux dents des carnivores, qui noffrent qu'un tranchant principal et longiudimal, divisé en dentelures comme celui d’une scie. Au fond même, il n’y a qu'une différence de proportion entre ces collines transverses divisées en deux pointes, et les petits murs transverses à tranchant divisé en plusieurs tuber- cules des dents de l'éléphant. Ceux-ci sont seulement des collines plus nombreuses, plus élevées, plus minces, séparées par des vallons plus étroits, plus profonds, et que le cortical comble entièrement. Néanmoins cette derniere circonstance est essentielle, en ce qu'elle fait que la couronne de l'éléphant est plate de très- bonne heure , tandis que celle du mastodonte est long-temps masmmelonnée. Le mastodonte devoit donc faire de ses dents le même usage que Île cochon et lhippopotame, qui sont dans le méme cas que lui. I! devoit surtout s'attacher aux végétaux tendres, aux racines, aux plantes aquatiques ; mais il ne faisoit point sa nourriture d'une proie vivante. On en trouve beaucoup d’autres preuves dans le reste de ses formes, comme nous le verrons. -8. 38 200 ANNALES DU MUSÉUM Puisqu'il vivoit en grande partie de végétaux , il usoit done ses dents ; et en effet on en trouve dont les pointes sont émous- sées, d’autres où elles sont usées jusqu’à la base des pyramides; d’auires, enfin, où toutes ces bases sont réunies en une seule sarface carrée entourée d’émail. Comme les pointes sont en pyramides quadrangulaires, leur coupe est une losange. Les dents à demi usées offrent donc sur leur couronne des rangées transversales, de deux losanges chacune. Les racines de ces dents ne se forment, comme toutes les autres, qu'après la couronne. On ne les trouve complètes que dans des dents déjà au môins un peu usées, E/émail étant très-épais, le collet de la dent est très-renflé. On distingue les racines de ce mastodonte à des lignes tranverses enfoncées, signes très-marqués des accroissemens successifs. 2° Les différences des dents du mastodonte consistent sur- tout dans le nombre des pointes, et dans le rapport de la lon- gueur à la largeur. J'en connois de trois sortes : De presque carrées, à trois paires de pointes; De rectangulaires, à 8 pointes, Et d’autres encore plus longues, à dix pointes et un ialon impair. Les premières sont toujours celles qu'on trouve le plus. usées. Je n’en connois pas une qui ne le soit à moitié, et plusieurs le sont jusqu'au collet. Les dernières, au contraire, sont très-rarement usées, et ont presque toujours leurs pointes entières. Cette circonstance indique leur position. Les dents à six D'HISTOIRE NATURELLE. 201 pointes sont antérieures et paroissent les premières ; celles à dix, les dernières. L’analogie le confirme ; dans l'éléphant, les lames transverses sont toujours plus nombreuses dans les dernières dents. Enfin , l'observation directe le confirme encore mieux : c’est dans cet ordre qu’on les a trouvées dans les cränes et les maächoires qui en contenoient plusieurs. 3. Leur nombre résulte de ce qui vient d’être dit. Le mastodonte auroiït au moins douze mâchelières, c’est-à- dire trois partout , s'il les avoit toutes à la fois dans la bouche; comme l'éléphant en auroit trente-deux. Il n'y a qu'une objection à faire à cette manière de voir. Comme on n’a point encore vu une dent à dix pointes dans un même morceau avec les restes dune à huit pointes, on pourroit croire que ces deux sortes n’étoient pas destinées à se succéder, mais à se répondre, et que les unes sont les imfé- rieures et les autres les supérieures. J'e n'ai rien trouvé dans ia brochure de M. Peale qni püt éclaircir ce doute; mais il me pa- roit que la comparaison des maächoires inférieures du Museum britannique ( Trans. plul. LVIIT ), de Philadephie ( Essais de Géol. pl: XIV },et de Michaëlis (notre pl. EE, fig. », 2 et 3 };avec celle denotre Muséum (pl. IV , fig. 1 et >), donne @une soiution satisfaisante. Les trois premières portent des dents à huit potes, et la quatrième une à dix. Il faut bien que ces deux sortes de dents se soient succédées: Il seroit intéressant d'examiner dans les deux prenrières ma- choires s'ilnty auroit point en: arrière un germe de dent à dix pointes. Celle’ de Afivhaëhis we le fait soupconner : on ÿ voit vers À des restes dune cavité qui a bien pu être une loge de germe: et] © Xx 292 ANNALES DU MUSEUM Peut-être y a-t-il aussi dans la première jeunesse une petite dent à qnatre pointes en avant, qui tombe de bonne heure. M. de Beauvois w'assure qu'on voit un reste dalvéole en avant des dents à six pointes d’une mächoire qui appartient au docteur Barton. Mais je n’ai jamais vu de ces dents à quatre pointes dans cette grande espèce. | Si elles existent, il faudra encore ajouter quatre mâchelières au nombre total de celle du mastodonte, et il en aura seize. Mais, comme dans l'éléphant, ces dents ne sont jamais toutes ensemble dans la bouche. 4° Leur succession se fait, comme dans l’éféphant, d'avant en arrière. Quand la dernière commence à poindre, celle de devant est usée et prête à tomber. Il ne paroiît pas qu'il puisse y en avoir plus de deux à la fois de chaque côté; à la fin même il n’y en a plus qu'une, comme dans l’éléphant. Dans la mâchoire inférieure de notre Muséum, (pl. IV, fig. x ),où la dent à dix pointes est déjà un peu usée, on ne voit plus en avant qu'un reste d’alvéole à demi rempli. Mais on voit encore une dent à six pointes et une à huit, dans le crâne de la pl. IL Ainsi, le nombre effectif des mächelières qui peuvent agir ensemble est de huit dans la jeunesse, et de quatre seulement à la fin de la vie. « Ce résultat diminue déjà beaucoup les idées que $s'étoient faites de la taille du mastodonte, ceux qui lui supposoient un nombre de dents mächelières approchant du nôtre et qui les croyoient toutes égales aux plus grandes. Buffon, par exemple, dit: « La forme carrée de ces énormes dents mächelières » prouve qu'elles étoient en nombre dans la mächoire de » l'animal, et quand on ny en supposeroit que six ou méme s + D” H LUSUDIONTARTENNN CA CDOUR AL VL-HE: 263 » quatre de chaque côté, on peut juger de lénormité d'une » tte qui auroit au moins seize dents mächelières pesant » chacutie dix ou onze livres. » ( Epoques de la nature. Note justif. o. ) 3 C’est d'après cette idée qu'il supposoit cet aninal d’une gran deur supérieure à celle même des plus grands élénhans ; tandis que nous verrons qu'il n’y a point encore de preuve qu'il ait atteint 12 pieds de hauteur, et que, selon Buffon lui-imème , les éléphans des Indes en ont quelquefois jusqu'à 15 où 16% Notre pl. I représente quatre de ces dents de mastodonte à moitié grandeur. Fig. 5 en est une a six pointes à demi-usées : elle est copiée d'après un dessin qu'a bien voulu m'envoyer M. Blumenbach. Nous en avons au Muséum trois pareilles, anciennement rap- portées par É'abri. Ce sont elles que Daubenton ( Hist. nat. XIT,n° 1106, 1107,1108 ), et Buffon ( Epoques de la ne- ture, pl. V) ont prises pour des dents d’hippopotames gigan- lesques. Elles sont aisées à distinguer par ces losanges, dont notre figure donne une idée fort juste , et qui diffèrent beaucoup des trèfles de lhippopotame. D'ailleurs l’Aëppopotame n'a jamais que quatre trèfles et non pas Six. M. l'aujas possède une dent semblable , beaucoup moins usée, et notre Muséum en a acquis depuis peu une qui l’est de manière. que toutes les losanges se confondent ensemble. (Voyez pl. IV, fig. 4.) Celle de Sibérie, donnée par Pallas( Act. Petrop., 1777; p-IE, pl IX, fig. 4 ), ne les a encore réunies que deux à deux. La longueur de ces dents va de 0,095 à o,1r, et leur lar- 394 ANNALES DÆU MIUSÉUM geur de 0,08 à 0,09 ; et ce ne sont pas toujours les plus longues qui sont les plus larges, de manière qu'il y en a de plus ou moins approchantes de la forme carrée. Fig. 4 de notre pl. I est une dent à huit pointes et un talon dont les sommets commencent à s’entamer. Elle na été com- muniquée par M. T'onnelier ; elle est longue de 0,17, large de 0,08. M. f'aujas en a une à peu près dans le même état. » Celle du cabinet de M. Ebel est usée un peu plus profondé- ment, ainsi que celle de Guettard ( Acad. des Sc., 1752, pl. 11), et celle que M. 4 Hauterive , conseiller d'Etat, a donnée à notre Muséum. Celle que rapportal'zbbé Clappe de Sibérie ne l’est presque point, non plus que celle qu'envoya Collinson à Buffon. ( Voyez Epoques de la nature, pl. XIE et IV.) La mâchoire du Muséum britannique ( Trans.phil., LVIIT, p. 34 ), et celle des Essais de Géol., pl. XV, paroïssent cha- cune porter une dent semblable aussi encore entière. Ladentdepetite T'artarie, donnée par F'ergennes (Epoques de le nat., pl Let H,et Essais de Géol., pl XEV, fig. 3), est la seule dent à huit pointes que j'aie encore vue sans talon. Elle fait donc exception à cet égard, et d’après cela M. F'augas n'auroit peut-être pas dèù la choisir peur exemple et type de l'espèce. Ses. proportions sent même un peu différentes des autres : elle est plus large à proportion de sa longueur, et diminue moins. en arrière. M. Blumenbackh a pris un meilleur exemple en donnant une dent à huit pointes et un talon , encore parfaitement intacte. { Abbild.,. pk XIX.,et Manuel. wad: fr. IX, p. 408.) Notre fig. 2 est une dent à dix pointesetun talon non encore D'HIS TOURE :N à TU MRELIL E. 209 usés, donnés à notre cabinet par M. Du/resne. C'est une des plus grandes que j'aie vues. Elle a 0,225 de long, et o,1 de large. Fig. 1 et 3 en est une autre plus petite, mais du même norubre de pointes, déjà en parte usée, du cabinet de M. de Drée. Sa couronne , fig. 3, est propre à donner une idée des différentes figures que prennent les disques, à mesure que la détrition avance. Celle de notre mâchoire inférieure , pl. IV, est à peu pres dans le même état. “ Elle est longue de 0,207, large de 0,114. 2° La mâchoire inférieure Est la partie qu’on a connue le plus tôt après les dents mo- laires. La moitié, représentée, Trans. phil., LVIIT , en donnoit une idée suffisante. On y voyoii déjà, 1° que cet animal , comme l'éléphant et le morse, n’avoit en bas ni incisive ni canines ; 2.° que sa mà- choire inférieure se termine en avant, encore comme dans l'éléphant et le morse, en pointe creusée d’une espèce de canal; mais que celte pointe est beaucoup moins longue et moins. aiguë qu'à l'éléphant; 3. que l'angle postérieur, quoique obtus, y est prononcé etnon pas arrondi circulairement comme: il l'est dans lélephant. Le condyle, partie la plus caractéristique de la mâchoire inférieure, y étoit mutilé ; mais on peut en prendre une idée dans la fig. > de notre pl. IL, que je dois à lobligeance de M. Rembrandt Peale. La mâchoire du mastodonte y est vue par devant, et peut être comparée à celle de l'éléphant de la Hg. 3. On y voit que le condyle diffère peu de celui de Pélé- 200 ANNALES DU MUSÉUM phant ; ce qui se joint aux formes des dents pour montrer que l'animal n’est point carnivore. Toute la partie montante est moins haute à proportion ; et lPapophyse coronoïde s'élève au niveau du condyle, tandis qu’elle est beaucoup plus basse dans léléphan. La mächoire inférieure du squelette de M. Peale est longue de 2’ 10” angl. ou 0,86, et pèse 63 livres. Notre moitié muti- lée, pl IV, a, de sa pointe jusqu'à quelque distance derrière la molaire( de a en b, fig. 1 et 2),0,54; ce qui fait juger qu’en- üère elle auroit été un peu plus grande. La hauteur de sa partie dentaire est de 0,175 , et son épaisseur de 0,r14. Elle pèse 26 livres 5 onces. Celle d’un éléphant de 5’ n’a que 0,65 de long. . 3 Le cräne. On en a connu d’abord, par les descriptions de Michaëlis et Camper , le propre fragment représenté dans notre pl. IE, fig. 1, 2 et 3, avec lequel correspond Île morceau des fig. 4 et 5 qui a dû tenir à l'autre de maniere que a, b, fig. 5 , tou- choit «Ÿ, fig. 3 ; et que la dent À, fig. 5, se trouvoit être la congénère de la dent À”, fig. 5. Ainsi B est lapophyse molaire de l'os maxillaire; CC, les apophyses ptérygoïdes des os pa- latins ; D , le bord postérieur du palais; &,E, la suture qui sépare les os palatins des maxillaires, etc, Nous avons vu que Michaëlis et Camper avoient considéré ce morceau dans un sens mverse ; qu'ils prenoient l’exirémité postérieure pour l’antérieure, et les os palatins pour les rater- imaxillaires. Il y avoit cependant des lors des raisons suflisantes à allé- grer contre leur opinion. D'HISTOIRE NATURELLE, 207 1 Les mächelières antérieures auroient été plus grandes que les postérieures , au contraire de tous les herbivores , et même de la mâchoire inférieure de cet animal-ci. 2.” Elles auroient été moins usées, chose non moins con- traire à l’analogie et méme au raisonnement. ° 3° Il n’y auroit point eu de trou incisif, etc. Voilà une partie de ce que j'alléguai à M. 4drien Camper, et ce qui le détermina à faire un nouvel examen de ce mor- ceau; examen d'où il résulta de nouvelles lumières qui ache- vérent de convaincre mon savant ami. 1. En nettoyant le morceau de argile durcie qui le recou- vroit encore, il mit au jour lès sutures palatines qui avoient échappé à son père, 2. Il découvrit les trous sphéno-palatins F, F, fig. 2, et la division de leur canal dans les trous G, H, etc., fig. 3, pour la conduite de nerf au palais, etc. Il étoit impossible que de pareils indices fussent trompeurs; aussi la découverte d’un crâne avec son museau, faite par M. Peale, vint-elle bientôt confirmer ce que nous avions re- connu. Mais ce premier morceau nous indiquoit déja à lui seul les caractères suivans pour le mastodonte. 1.” ss mâchelières divergent en avant , tandis que celles des éléphans ordinaires convergent plus où moins, et que celles de l'éléphant fossile où vrai mammouth des Russes sont presque parallèles. Il n'y a que le cochon et l’hippopotame qui se rapprochent un peu du mastodonte à cet égard. 2. Son palais osseux s'étend fort au-delà de la dernière dent: 8 39 LA 298 ANNALES DU MUSÉIUM le sanglier d'Ethiopie seul en approche à cet égard parmi les berhbivores. 3.° Les apophyses ptérygoides de ses os palatins ont une grosseur sans exemple parmi les quadrupèdes. 4° L'échancrure au devant de cette apophyse a quelque rapport avec celle de l’Aippopotame, qui est pourtant beaucoup plus étroite, etc. Le crâne plus complet de M. Peale nous donne encore quel- ques autres caractères. 5° M. Rembrandt Peale nous dit qu'on ne voit point de trace d’orbite à la partie antérieure de l’arcade ; ce qui doit avoir placé l'œil beaucoup plus haut que dans l'éléphant. G.° Les os maxillaires, ainsi qu'on peut le voir par notre pl. Il, fig. 1, ont beaucoup moins d'élévation verticale que dans l'éléphant, et ressemblent davantage aux animaux or- dinaires. 7 Par la même raison, l’'arcade zygomatique est moins élevée surtout en arrière; ce qui correspond d’ailleurs avec la forme de la mâchoire inférieure. La position de l’oreille dé- pend de celle de larcade. 8.° Cette proportion influe beaucoup sur la position des con- dyles occipitaux, si élevés dans l'éléphant au-dessus du niveau du palais , et presque à ce niveau dans le mastodonte. 0.° Mais pour ce quiregarde les grandes cellules qui donnent tant d'épaisseur au crane de l'éléphant, en écartant ses deux lames, et qui sont toutes des prolongemens des différens sinus du nez, le mastodonte paroit les avoir absolument semblables. C'est ce que montrent toutes les figures de notre pl. IL Il est impossible de savoir précisément à quelle hauteur s’élevoit le sommet de la tête, puisque cette partie manque au crâne D'HISTOIRE NATURELLF. 209 de M. Peale. Mais sa pesanteur, celle des mächelières, et plus encore celle des défenses, ne permettent pas de douter que l’occiput ne füt tres-élevé pour donner des attaches suffi- santes aux muscles releveurs; par conséquent , le mastodonte devoit encore à cet égard ressembler beaucoup à l'éléphant. M. Peale wa pas donné la longueur du crâne de son sque- lette ; mais à en juger par les figures, elle doit être à peu près de 1,136. La portion qui est au cabinet de M. Camper ( pl. IL), a 18° angl. ou 0,455, depuis le devant de la dent à six pointes, jusqu'au bord postérieur des apophyses ptérygoides. En calculant sa longueur totale d'après la proportion indiquée par les figures de M. Peale, elle seroit de 0,91. Le mastodonte de M. Peale, supposé haut de 10 pieds, cette tête auroit donc appartenu à un individu de 8. Un éléphant de 8 pieds n’a que 0,8 du bord alvéolaire aux condyles occipitaux. Aïnsi la tête du mastodonte est un peu plus longue, à proportion de la hauteur du corps, que celle de l'éléphant. 4° Les défenses. ” Le devant de la mâchoire inférieure indiquoit bien qu'il devoit y avoir à la supérieure quelques dents sortant de la bouche, comme à l'éléphant ou au morse. Les défenses qui se trouvent assez fréquemment avec les mâchelières de mastodonte le confirmoient : ce fut d’abord l’o- pinion de Camper, avant qu’il eût donné dans l'erreur que nous venons de réfuter. À la rigueur, cependant, il étoit possible que les défenses vinssent d'un autre animal que les dents hérissées de pointes, et Daubenton lavoit conjecturé ainsi. 39! 7 300 ANNALES: D U: MUSEUM C'est donc M. Peale qui a le premier véritablement prouvé que le mastodonte a des défenses, en découvrant un crane encore pourvu de leurs avéoles. Elles sont implantées dans l'os imcisif, comme celles des éléphans. Elles sont composées, comme ces dernières, d’un ivoire, dont le grain présente des losanges curvilignes : il doit être à peu près impossible de distinguer une tranche d'ivoire d'éléphant, d'une d'ivoire de mastodonte. Tel est du moins ce que j'observe sur une défense de cette dernière espèce que j'ai sous les yeux, et qui vient d’être apportée à notre Muséum, de l’ouest des 4llegannys , avec la portion de machoire inférieure dejà plusieurs fois citée. Mais M. Peale s'exprime autrement sur celles de son sque- lette. « Une section transversale de la défense de l'éléphant (dit-1l ) » est toujours ovale ; celle du mastodonte est parfaitement » ronde. L'ivoire des premières est uniforme , les secondes » offrent deux substances distinctes ; interne a le tissu de » livoire, mais sa consistance est beaucoup moindre. L’externe » n'a point ce tissu , est beaucoup plus dure que l'ivoire, et » forme une enveloppe épaisse sur toute la défense ». { Hist. disq. on the mammoth., p. 50.) Mais ces distinctions ne sont point exactes, car, 1.® Les défenses d’éléphant sont souvent plus ou moinsrondes, et au contraire celle de mastodonte que j'ai sous les yeux est elliptique. 2. Celles d'éléphant ont une enveloppe d’une matière dont le ussu n’est pas celui de ivoire, dont les fibres sont con- vergentes versle centre, et qui, quoique moins dure que l'émail ordinaire, en est cependant une espèce. DEL STORE. IN, À TU R ER LE. 301 « La bande de la circonférence { dit Daubenton) est quel- » quefois composée de fibres droites transversales qui abou- » liroient au centre, si elles étoient prolongées ». ( Hist. nat. tome XI, 2-4.) C'efbd'ailleurs une observation que tout le monde peut faire sur les défensés lorsque leur surface n’a pas été usée. Notre défense de mastodonte ressemble en cela à celle de l'éléphant. 3° Ce peut étre une cause accidentelle qui a ramolli l'in- térieur des défenses trouvées par M. Peale, en les décom- posant plus ou moins, quoique les os trouvés en même temps ne fussent presque point altérés. On a découvert récemment que l'ivoire fossile est sujet à être décomposé, en changeant par une cause encore inconnue son phosphate de chaux en fluate de chaux. - Notre défense de mastodonte intacte n’a point d'acide fluo- | rique, ainsi que s’en sont assurés MM. f'auquelin et Laugier, qui ont bien voulu l’analyser. Peut-être celles de M. Peale en ont-elles. La courbure de ces défenses varie autant que. dans les éléphans. Celle du dessin de M. Michaëlis, pl. ALL, fig. 4 et 5, est presque droite La nôtre, pl IV, fig. 3, est légèrement arquée. Une très-grande, trouvée avec la tête du squelette de Philadelphie, est presque courbée en demi-cercle. Comme elle avoit été mutilée, on n’a pu en placer au squelette même qu'une copie en bois. Elle a 10° 7” angl. ou 3,17 de lon- gueur , en suivant la circonférence (1). Leurs alvéoles ont 8” (1) Remb. Peale , Hist, disq., p. 6r. ° 302 ANNALES DU MUSÉUM angl. ou 0,202 de profondeur. La pointe n’est pas tout-à- fait dans le même plan que la base, et forme un commence- ment de tire-bourre. Il paroït que leur direction, à la sortie de lalvéole, est un peu plus oblique en avant que dans l'éléphant. # On les avoit d’abord placées, comme dans l'éléphant, la pointe en haut : dans cet état elles avoient 6” ou 0,15 de distance entre leurs bases, et & 9” ou 2,65 entre leurs pointes (1). M. Rembrand Peale Sest déterminé depuis à les mettre dans une position renversée, c’est-à-dire la convexité en avant, et la pointe revenant en arrière. Il donne lui-même les motifs suivans de ce changement (2). 1.° L’abaissement du condyle occipital , et la forte courbure des défenses , élevoit la pointe de celles-ci à une trop grande hauteur au-dessus du sol, et de la tête même de l’animal. Il n’auroit pu les abaisser assez pour s'en servir à quoi que ce soit. 2° Les défenses trouvées à l’un des endroits mentionnés ci-dessus sont usées à leur extrémité ; de manière qu'il fau- droit, en supposant que cette extrémité ait été en haut, imaginer aussi que l’animal lusoit sans utilité contre des rochers escar- pés et verticaux. Il est plus naturel de croire qu'il les usoit en cherchant des coquillages ou en fouillant les bords des rivières et des lacs. Ces raisons ne paroitront peut-être pas péremptoires à tout le monde. ee (1) Extrait d'une lettre de PAiladelphie, 23 mars 1802, dont M. Everard Home a bien voulu m'adresser copie. (2) ist. disq., p. 52. D'HISTOLRE NATURE L LE. 303 L'éléphant fossile, où vrai mammouth des Russes, avoit souvent des défenses tout aussi fortement courbées que le mastodonte, et cependant elles avoient leur pointe en haut. On ne conçoit guères plus à quoi elles auroient pu servir dans la position que M. Peale leur assigne, que dans celle que lanalogie leur indique. Le morse (trichecus rosmarus ) a, il est vrai, des défenses dirigées vers le bas; mais c’est un animal à membres raccour- cis, destiné principalement à nager dans l’eau, et, dans cet élément , des défenses semblables peuvent servir; mais le mas- todonte, dont les membres sont si élevés, vivoit à terre sans aucun doute. IL a tres-bien pu user le devant ou la convexité de ses dé- fenses en les frottant contre des arbres, contre des rochers ou de toute autre manière. Enfin le babiroussa, dont les défenses se dressent vertica- lement vers le haut, et recourbent leur pointe spiralement en arrière et en dessous, a bien moins encore l'air de pouvoir s'en servir que le mastodonte n’a dù faire des siennes; cepen- dant il s’en sert , et les use précisément par leur côté convexe, comme le mastodonte. Ainsi, jusqu'à ce que l’on ait trouvé un crâne de masto- donte avec ses défenses encore nmplantées, rien n'autorise, selon nous, à les placer autrement que dans les éléphans. 5. 9: le mastédonte avoit unè trompe. Le mastodonte avoit donc une tête volumineuse ; des dents mächelières épaisses et compactes en augmentoient le poids ; des défenses longues et pesantes l'augmentoient aussi, et por- 304 ANNALES DU MUSÉUM toient en outre le centre de gravité encore plus loin du point d'appui: ce sont les raisons qui ont rendu le cou de l'éléphant court; celui du mastodonte devoit donc l'être aussi : comme ses jainbes sont très-élevées, ainsi que nous Pallons voir, il n'auroit pu atteindre à terre avec sa bouche, s'il n’avoit pas eu une trompe; ses défenses l'en auroient d’ailleurs empêché, quand méme les autres circonstances ne l’auroient pas fait. S'il eût vécu dans Peau, comme les phoques ,les morses etles cétacés, ces raisons n'auroient pas été démonstralives ; mais il n'y vi- voit pas, car ses pieds ne sont pas faits pour nager. Il est donc indubitable qu'il avoit une trompe et qu'il res- sembloit aux éléphans en ce point comme en tant d’autres. 6. Les os du tronc. Il n’est guère possible aujourd'hui de vérifier par le fait la conclusion du raisonnement précédent, puisque les parties molles ont dû disparoiïtre dans presque tous les cas; mais on peut constater du moins la partie des prémisses qui concerne le cou. Les vertèbres en sont effeciivement minces , et forment un cou qui est bien loin de permettre aux levres de descendre jusqu'au niveau des pieds de devant. On en peut juger par notre grand squelette, pl. V, et par une figure particulière de l'atlas , pl. VI , fig. 3 et 4; cette prenuère vertébre ressemble beaucoup à celle de l'éléphant. M. Peale dit queles apophyses épineuses des trois dernières vertebres du cou sont moins longues que dans Péléphant. La seconde, la troisième et la quatrième dorsales ont de irès-longues apophyses. Elles décroissent ensuite rapidement D'HISTOIRE NATURELLE. 305 jusqu'à la douzième, après laquelle elles deviennent tres- coutres (1). l'éléphant les a plus uniformes, ce qui suppose plus de force dans ses muscles de lépine et dans son ligament cer- vical. Il y a sept vertébres cervicales ; dix-neuf dorsales et trois lombaires. L’éléphant a une vertebre dorsale et une paire de côtes de plus; mais peut-être celles de mastodonte s’étoient- elles perdues. Les côtes sont autrement faites que dans l'éléphant : minces près du cartilage, épaisses et fortes vers le dos. Cette diffé- rence est surtout très-remarquable dans la première. Les six premieres paires sont trèes-fortes en comparaison des autres, qui deviennent aussi fort courtes à proportion ; ce qui, joint à la dépression du bassin , indique que le ventre étoit moins volu- wineux que dans l'éléphant (2). qe L’'extrémité antérieure. 1° L’omoplate paroït avoir été plus étroite encore que celle de l'éléphant d'Afrique , et avoir eu cependant l’apophyse ré- currente placée aussi haut que dans l'éléphant des Indes, comme on peut s'en assurer en comparant celle du sque- lette de notre pl. V avec les fig. 6 et 7 de notre pl. VIIT sur les éléphans. Du reste, cette omoplate a tous les caractères de celles des éléphans, et en particulier cette apophyse récurrente qui n'appartient qu'à ce genre et à quelques rongeurs. (1) Hist. disq., p. 54. (2) Hisi. disq., p. 56. 8. 40 306 ANNALES DS MUSEUM »” Celle du squeleite de M. Peale a D. lorseueur. angl, ou 0,935 de Un fragment considérable aujourd’hui au cabinet de M. Camper , et gravé pl. VE, fig. 1 et 2, montre que lépine est caverneuse intérieurement. : La facette articulaire est longue de 0,22, large de 0,14, La longueur totale de ce qui reste de los est de 0,75. L’acromion y manque : mais M. Peale le représente très- long et très-pointu (1). 2.0 L'humérus. M. Peale remarque en général que les os longs de l'extrémité antérieure sont beaucoup plus épais à pro- portion que ceux de Pextrémité postérieure, et que la diffé- rence des uns et des autres à cet cgard est plus sensible que dans l'éléphant. En effet, l'humérus du squelette, pl V, ct deux autres du cabinet de M. Camper, pl. VIE, fig. x et 2, et pl VII, fig. 3 et 4, ont surtout leur erète inférieure remontée beaucoup plus haut que dans l'éléphant, quoique leur forme générale soit à peu pres la même. Le plus grand est long de 0,84; sa largeur en bas est de 0,235. Sa crète monte à 0,42, c'est-à-dire à moitié de sa lon- gueur ; tandis que celle de éléphant ne va qu'aux 2 cinquièmes.… L'humérus du squeletie de M. Peale a 2° 10” angl. ou 0,86. | 3° L’avani-bras. Je n’en ai point de renseignement parti- culier. M. Peale se borne à dire que la largeur extrême des (x) EHistor, disquis,, f VIL: D'HISTOIRE NATURELLE. 307 deux os fait que la direction oblique du radius au-devant du cubiius y est plus sensible que dans aucun autre animal. J'en conclus que leur disposition est à peu près la même que dans l'éléphant. Le radius du squelette a 2 5” 6” angl. ou 0,745 de lon- gueur. C’est, avec lhumérus, un peu plus que le rapport de G à 7. Dans l'éléphant ce rapport est comme 6 à 8. Ainsi lavant-bras du mastodonte est plus long , et son bras plus court à proportion que ne le sont ceux de lé- léphant. à Le rapport de l’humérus à lomoplate est encore plus diffé- rent. Daus lé/éphant, ilest comme 8 à 6 et demi; c’est-à-dire que lhumérus est plus long de plus d’un cinquième. Dans le mastodonte, au contraire , il est comme un peu plus de 8 à 9: ainsi l’humérus y est plus court de près d’un neuvième. On ne peut élever de doute sur la vérité de ces rapports, parce que les os des exirémités ayant été trouvés ensemble, il est à peu près certain qu'ils venoient tous du même in- dividu. 8° L'extrémité postérieure. 1.0 Le bassinest beaucoup plus déprimé que dans l'éléphant, à proportion de sa largeur : son ouverture est aussi beaucoup plus étroite ; c'est ce que dit M. Peale, et ce qui se verra aussi en comparant le bassin en profil du squelette, pl. V, avec celui de notre pl. I d’éléphans, et l'esquisse de ce même bassin, vue de face, pl. V, fig. 4, avec la fig. 3 de notre pl. VIL sur les éléphans, Cette forme de bassin devoit rendre l'abdomen plus 40 * 305 ANNALES DU MUSEUM petit et par conséquent les intestins moins volumineux que dans l'éléphant; ce qui saccorde avec la structure des dents pour faire regarder le mastodonte conme moins exclusivement herbivore. M. Peale dit que la largeur du bassin de son squelette est de 5' 8” anglais ; mais je crains qu’il n’y ait à cet endroit une faute d'impression, ou qu'il n'ait entendu le contour. 2° Le fémur est la partie qui a été décrite la premiere: Daubenton fit graver celui de notre Muséum dans les Mé- moires de l’Académie pour 1762. Sa masse énorme frappe véritablement au premier coup d'œil, surtout sa largeur, qui le distingue beaucoup de celui de l'éléphant , même fossile. Il est aussi plus aplati d'avant en arrière à sa partie imfé- rieure, parce que le canal qui répond à la rotule y est plus court. Il est long de 1,088 , large en haut , entre la tête et le grand trochanter , de 0,/4; en bas, de 0,29; au milieu, de 0,18. Son diamètre antéro-postérieur est en haut de 0,15 ; au milieu, de 0,104, et en bas de 0,21. Le diamètre de sa tête est de 0,18. Le fémur du squelette de M. Peale est long de 3 7” angt. ou 1,085. C’est à peu près comme le nôtre. 3° Le tibia. Celui du squelette de M. Peale est long de 2° angl. ou 607; ce qui lui donne avec son fémur un rapport comme de 6 à 10. M. Peale pense que ce rapport est moindre que dans l'élé- phant; mais je n'ai pas trouvé la chose ainsi : nos deux sque- lettes des Indes ont les femurs de 0.92, et les tibia de 0,56. Ce qui donne également le rapport de 6 à 10 à peu près. Neéan- moins si, comme il est problable , l'abdomen du mastodonte DH LS TO IURE :N À TU/R EL E. 309 est moins gros que celui de léléphani, son genou doit paroitre plus dégagé du ventre. Nous donnons, pl. VIIT, les figures d’un tibia du cabinet de M. Camper, au cinquième de leur grandeur : il faut seulement observer que le graveur les a mises la tête en bas. Ce tibia est long de 0,71; large en haut de 0,25, en bas de 0,21; ce qui le rend plus épais à proportion que le tibia deléléphant. M. Ædrien Camper nYajoute que la malléole interne est aussi plus cro- chue et plus allongée que dans léléphant. Je ne puis rien dire sur le péroné. - 0. La taille en général. En additionnant ensemble les longueurs de lhamérus et du radius, et celles du fémur et du tibia, on trouve pour la hauteur de l'extrémité de devant 1,60, et pour celle de der- rière 1,69. L'éléphant de 8 pieds a ces mêmes hauteurs , ou plutôt ces mêmes sommes de 140 et de 148. Ainsi le rapport des extré- mités eutre elles est à peu près ie méme dans les deux especes, quoique celui de leurs parties ne le soit pas. Cette hauteur des extrémités, considérée seule, donneroit 9 pieds, où près de trois méires, de hauteur totale pour le mastodonte ; mais comme Pomoplate de celui-ci est de près d'un tiers plus longue, on peut accorder quelque chose de plus à sa taille. M. Peale à donné à son squelette 11 pieds anglais, ou 10° 1” au garrot. Nous croyons qu'il Pa un peu trop élevé en plaçant les omoplates trop bas, et en ne ployant pas assez les articulations. C'est aussi l'opinion du célèbre ana- 3r0 A N NAÏL'E S "D © Mit US EUM tomiste M. Æverard Home, qui a vu lui-même ce squelette. Au reste, celui-ci eùt-il réellement dix pieds, il seroit toujours au plus de la taille des éléphans les plus communs aujourd’hui dans les Indes , et resteroit fort éloigné de ces dimensions gigantesques qu'on 5e plait ordinairement à attribuer au mas: todonte. Et commeles grandsos que possèdent, soit le Muséum britannique, soit le nôtre, soit celui de M. Camper, ne sur- passent pas beaucoup en volume, ceux que M. Peale a ras- semblés en squelette, on ne peut pas dire que ces derniers sont venus de quelque individu de taille médiocre. En calculant d’après les plus grandes dents que lon ait eues _isolément, calcul souvent sujet à de l’exagération, on trouve- roit tout au plus qu’elles appartenoient à des individus de onze ieds trois on quatre pouces; et le tibia, cité ci-dessus, du cabinet de M. Camper, en indiqueroïit un de onze pieds huit pouces. Ainsi, comme nous l'avons dit au commencement de ce chapitre, il n’y a point encore de morceau qui prouve que le mastodonte ait attemt, encore moins surpassé, douze pieds de roi, de hauteur au garrot. Le squelette de M. Peale à 15° anglais ou 4,55 depuis le menton jusqu'au croupion, comme il s'exprime. Je pense qu'il a voulu dire depuis le bout du museau jusqu'au bord postérieur de lischion. L'éléphant n'a pas cette dimension beaucoup plus considé- rable que sa hauteur. Un éléphant de dix pieds ne seroit pas tout-à-fait long de onze, ou de 3,57. Ainsi le mastodonte étoit. beaucoup plus allongé à proportion de sa hauteur que l'élé- phant. C'est ce dont on peut prendre une idée fort juste, en comparant notre pl. V avec notre pl. I sur les éléphans. D'HISTOIRE (NATUREL TD/E. tt 10. Les pieds. Selon M. Peale ( Hist. disq., p. 55), les os des pieds de derrière sont remarquablement plus petits que ceux des pieds de devant ; mais la même chose a lieu dans l'éléphant. Dans ceux de devant, les deuxièmes phalanges se terminent , selon le même auteur, par des rainures qui semblent indiquer que les troisièmes, ou les onguéales, avoient plus’ de mouvement que dans l'éléphant, et ressembloient davantage à celles de Fhip- popotame. Voilà à quoi se bornent les renseignemens que j'ai pu obte- nir; mais je ne doute pas que les os du tarse et du carpe, examinés séparément, n'offrissent encore des caractères distinc- tifs. De toute cette description il résulte : Que Ze orand mastodonte, ou animal de l Ohio, étoit fort semblable à l'éléphant parles défenses et toute l’ostéologie, les m- chelières exceptées; qu'il avoit très-probablement uneirompe; que sa hauteur ne surpassoit point celle de l'éléphant, mais qu’il étoit un peu plus allongé et avoit des membres un peu plus épais, mais un ventre plus mince; que, malgré toutes ces res- semblances , la structure particulière de ses molaires suffit pour en faire un genre différent de celui de l'éléphant ; qu'il se nour- rissoit à peu près comme l’hippopotame et le sanglier, choi- sissant de préférence les racines et autres parties charnues des végétaux ; que celle sorte de nourriture devoit lattirer vers les terrains mous et marécageux ; que néanmoins il m’étoit pas fait pour nager et vivre souvent dans les eaux comme Fhippopo- 312 ANNALES DU MUSÉUM tame , mais que c’étoit un véritable animal terrestre ; que ses ossemens sont beaucoup plus communs dans} Amérique Septen- trionale que partout ailleurs ; qu'ils y sont mieux conservés, plus frais qu’aucuns des autres os fossiles connus; et que néan- moins il n’y a pas la moindre preuve, le moindre témoignage propre à faire croire qu'il y en ait encore, ni en Amérique, ni ailleurs, aucun individu vivant. MASTODON TE PL Crand + À de 7om . D = , 7 bre sédhi Le D OU AT «& KM RNA | Ut ANA A < 7 Dan ait ro } ie à He 2 fes AZ 2 4 D, y) LA, CO LL, SS ÈXZ NN N 3: à RSR ÈS RS ÈS jt AA | 1] ) SSS RSS SSD S D NN SSS RS ININRE SNS Ÿ SSÈRE SSS V9 DI 17 AT 1H NNDNATTL DURE ETS: CA 2 ——nR = Ke = à D S — NN > S N (ll ! OT | Grand MASTODONTE.PL.1F. Zaurillard dl. Cotet- uréufr - Lz OS Zom RS KW RQ and - MASTODONTE.PL, EF: CG 21° TT MINOGOLS FT P49 ff WI, f SE ISSN EE ZA TI ALNOGOLSFHE PU C NS KT ARS à ASS ERRE ARRRRRRS RSS EE ARR EE IS LILAS CLS LS ‘UIL Td ALNOGOZ SEEN PAP) TN? 2 PL SSÈS SS SSSSSSSSSS SÉÉÈSSSSSSS ÈS SSSR >S SS | 1 WI J] \ D'HISTOIRE NATURELLE. 219 RO VOYAGE GEÉOLOGIQUE Sur le Monre Ramazzo dans les Apennins de la Ligurie. ie Description de cette monlagne.— Découverte de la véritable variolite en place; de son gisement ; du calcaire ; de l’arragonite ; des pyrites martiales, magnétiques, cuivreuses, el arsénicales dans la roche stéatitique ; Jfa- brique de sulfate de magnésie. PAR M. B. FAUJAS-SAINT-FOND, M. or Savssurx et M. Pictet visitèrent en 1780 la montagne de la Madona della Guardia, élevée de quatre cent vingt- deux toises au-dessus du niveau de la mer, et dont le monte Ramazzo lorme une dépendance. Après avoir donné une très- bonne description lithologique de la première montagne, voyez tome IV, p. 145 et suiv. des Voyages de Saussure dans les Alpes , ce savant naturaliste s'exprime ainsi:« En montant et » en descendant la montagne de la Guardia, nous eûmes en vue » à l’ouest une montagne dont nous étions séparés par un pro- » fond ravin , et dont on nous dit qu’on avoit tiré du vitriol D. ht G , 314 ANNALES DU MUSEUM » de Mars; maisje n'ai aucune connoissance de la matière dans » laquelle on le trouvoit. De la distance d’où nous voyons cette » montagne, elle paroissoit mélangée d’ardoises et de terres » ferrugineuses. » Ce fut cette montagne ( connue sous le nom de monte Ra- mazzo ) que de Saussure n’avoit pas été à portée de visiter, qui fixa principalement mon attention sous un double rapport: le premier, parce qu'on n'avoit annoncé qu’on avoit fait des fouilles sur le sommet du monte Ramazzo où lon avoit établi depuis peu une fabrication de sulfate de magnésie ; le second, perce que les roches stéatitiques et serpentineuses de cette montagne se trouvant unies au calcaire sur certains points, jétois bien aise d'étudier ce passage instructif, et qu’on ren- contre si rarement à découvert, Ce fut donc la montagne du Famazzo , attachée anciennement à celle della Guardia, dont elle n’est séparée que par une grande et profonde ravine, qui devint l’objet principal de ce voyage. M. Maximilien Spinola, de Gênes, qui cultive différentes parties d'histoire naturelle avec un grand succès, M. Viviani, savant botaniste, et mon ami M. Marzari, de Vicence, ha- bile minéralogiste , voulurent bien m'accompagner : le départ fut fixé à six ‘heures du matin de Gênes. Nous allämes en voiture jusqu'à Cornigliano où nous vimes la riche collec- üon d'histoire naturelle de M. Durazzo; de là à Sestri où M. Alberto Ansaldo , entrepreneur de l'exploitation du sul- fate de magnésie, qui a ses magasins et son dépôt à Sestri, nous attendoit. Il a porté cette fabrication à un haut point de perfection ; et le sel qu'il obtient, livré au commerce, est pré- féré par sa pureté à celui qu’on tiroit autrefois en si grande D''HIST' O TR EN À TU RE LL E. 315 abondance d'Angleterre. C’est une branche d'industrie inté- ressante pour cette partie de la Ligurie. Bi Alberto Ansaldo nous servit de guide dans l’incursion pénible que nous avions à faire; car on ne peut arriver sur le haut du monte Ramazzo que par des sentiers étroits, tor- tueux et rapides; il faut traverser diverses ravines profondes, s'élever d’escarpement en escarpement sur des sommets ro- cailleux et glissans qui exigent une grande habitude des mon- tagnes alpines. Nous laissämes nos voitures à Sestri, et nous entràmes tout de suite et à pied dans le lit du torrent de la Charavagna, qui traverse la petite ville et va se jeter dans la mer. Il fallut remonter ce torrent pendant plus d'une heure. Son lit est large et couvert de toutes parts de blocs de serpen- tines et autres pierres roulées qui annoncent qu'ilest sujet à de terribles débordemens ; mais il n’y a presque qu’un filet d’eau dans la belle saison et hors les temps d’orages. Voici la notice des pierres que j'y observai en le remontant jusqu’auprès d’un four à chaux dont j'aurai bientôt occasion de parler. Notice sur les pierres du torrent de la Charavagna. 1.2 Divers morceaux plus ou moins gros, d’une roche stéa- titeuse, grisätre, d'un grain plus sec que celui des autres stéatites dont il sera bientôt question. Cette roche a des fis- sures ou espèces de retraits remplis d’épidote verdâtre cris- tallisée, semblable à celle des Alpes du bourg d’Oisan, dans le ci-devant Dauphiné. J’ignore comment cette roche a pu échap- per à l'œil attentif et exercé de Saussure. Il est à croire, puis- qu'il n’en a pas fait mention, que le torrent de la Charavagna gr” 316 ANNALES.DU MUSÉU.M n'en charioit point alors, ou du moins dans le moment où il fit le voyage de la montagne della Guardia. 2. Serpentine tendre, d’un vert foncé noiratre, nuancée d’un vert clair, luisante comme si elle étoit vernie, douce et méme onctueuse au toucher, se rayant en blanc, à cassure striée et onduleuse , ayant l'apparence talceuse , fortement at- ürable à Paimant. 3. Serpentine tendre et analogue à celle du ne 2, quant aux parties constituantes; mais sa Couleur est d’un vert plus clair : sa surface est beaucoup plus luisante encore que celle de la pré- cédente, et sa cassure plus généralement onduleuse ; mais ce qui distingue ce bel échantillon , qui a sept pouces de lon- gueur sur cinq de largeur, c’est qu'il est non-seulement très- aturable, mais qu'ilest doué d'une forte poôlarité dans toute sa longueur, et qu'il attire vivement par un bout, et repousse de même par lautre. 4° Serpentine d'un vert foncé noirâtre avec quelques teintes d’un vert plus clair, douce au toucher, mais plus dure que la précédente, ayant une de ses faces striée et comme asbestiforme. Elle fait mouvoir avec rapidité le barreau ai- manté. 5° Autre serpentine, demi-dure, d’un noir verdätre foncé, avec des taches d’un blanc verdâtre, rapprochées , petites et qui paroissent avoir une tendance à la forme parallélipipède ; ce qui donne à cette variété de serpentine un faux aspect de porphyre noir et blanc antique. Mais ce qui rend celle-ci re- marquable, c’est qu’elle renferme dans sa pâte ainsi que sur ses faces extérieures une multitude de petites écailles très- brillantes et comme argentées de diallage métalloïde dont l'éclat est d'autant plus vif et plus chatoyant, qu'il tranche D'HISTOIRE NATURE LL EF. 317 sur un fond noir. Cette serpentine est fortement atürable à l’aimant. 6.° Serpentine demi-dure , attirable, d’unnoir-foncé verdatre, avec quelques lames de diallage métalloïde couleur d'argent, et de petites couches plus ou moins minces, mais dont quel- ques-unes ont une ligne d'épaisseur, d’une substance qui a l'aspect luisant et onctueux de la stéatite, et dont la couleur vert-olive, brillante, et d’une teinte riche et égale, paroït être due au chrôme. 7. Serpentine demi-dure, d’un gris bleuâtre, avec des stries longitudinales comprimées, recouvertes d’une couche légère et transparente, ou plutôt d’une espèce de vernis de diallage d'un bleu azuré clair , dont les reflets soyeux sont un peu chatoyans. On découvre aussi dans les cassures de cette belle serpentine quelques écailles nacrées de diallage métalloïde couleur d'argent; elle est attirable à l’aimant. 8° Serpentine d'un gris-foncé verdâtre, demi-dure, foible- ment attirable, avec de petits globules ronds, quelquefois oblongs, d’une substance blanche un peu verdâtre, compacte, plus dure et plus homogène que celle de la pierre qui les renferme, d’un aspect stéatitique, et offrant , lorsqu'on les observe à la loupe, des linéamens très-fins qui se réunissent vers le centre de chaque globule. C’est ici une véritable vario- lite qu'ilne faut pas confondre avec une amygdaloïde L’échan- tillon que je décris et que je trouvai confondu avec les autres pierres dont j'ai fait mention , dans le lit de la Charavagna , est d'autant plus remarquable, que les globules sont disiinets, un peusaillans et espacés, comme dans les variolites de la Durance, occupant un tiers dela grandeur de l'échantillon; qw’ilssont beau- coup plus rapprochés ensuite et semblent se toucher, et qu'ils 318 ANNALES DU MUSEUM se confondent après et ne forment, vers l'extrémité du mor- ceau, qu'une seule couche où les globules oni disparu, et où la même substance dont ils sont composés n’affecte plus de forme régulière. Cette pierre fixa mon attention , puisqu'elle me donnoit espoir de trouver une variolite analogue à celle de la Durance, dans un lieu où personne ne lavoit rencontrée ni méme soupconnée. Cependant comme les globules de la véritable variolite ap- partiennent à une substance très-rapprochée du feld-spath , et fusible comme lui, et que je n’avois rencontré ni feld-spath compacte ( petrosilex des Allemands ), ni feld-spath sous d’autres formes, je pouvois croire que la variolite roulée que je venois de trouver , n'étoit qu'une de ces pierres de trans- port qui appartiennent à de grandes révolutions, et qu’on ne trouve plus en place. Je faisois ces réflexions en avancant dans le lit du torrent, lorsque tout à coup je découvris une masse pierreuse d’un blanc un peu verdätre, pesant plus de trente livres, qui, au premier aspect, réveilla en moi Fidée de feld-spath : c’est la pierre suivante : 9 Pierre compacte, à pâte fine, translucide sur les bords, douce au toucher , d’un blanc légérement coloré en vert d’as- perge, ayant l'apparence du jade, se cassant en éclats plutôt lamelleux que conchoïdes, rayant fortement le verre , et don- nant quelques étincelles lorsqu'on la frappe avec l'acier ; mais elle est beaucoup moins dure que le jade. Au chalumeau elle bouillonne presque aussitôt que le feu la touche , développe des bulles et fond très-promptement en un verre transparent jaunâtre. En cassant celte pierre, on aperçoit quelques parties D HIS TLONLÈR En NIASTIURLE LILLE. 319 plus vivement colorées en vert de pomme, disposées en petites lames ailongées , plates et d'un brillant soyeux, dues à de la diallage. Je considère cette pierre comme un véritable feld-spath compacte, mêlé d’un peu de serpentine stéatiteuse, et de dial- lage ; c’est ce mélange qui contribue, peut-être ,à sa grande fusi- bilité. J'en trouvai un autre morceau pesant plus de douze livres. Je fis avec le chalumeau Pessai comparatif des globules blancs- verdatres de la variolite n.° 8, que j'avois trouvée dans le lit du torrent, et ils bouillonnèrent et se fondirent avec la méine faci- lité que la pierre que je viens de décrire. Or, comme celle-ci étoit d’un gros volume et ne paroïssoit pas venir de très-loin, car ses angles étoient à peine abattus, je présumai qu’elle devoit abonder dans quelques parties des montagnes voisines, dans la direction du torrent qui avoit reçu ces débris; qu’elle s'y trouvoit peut-être en filon, ou mélangée dans la pâte méme de quelques-unes des serpentines que je ne tarderois pas de voir en place. En effet, il étoit naturel de penser que la réunion des molécules de feld-spath en globules à l’époque de la for- mation de ces montagnes, pouvoit avoir donné naissance à des variolites analogues à celles connues sous le nom de wa- riolites de la Durance ; et dès lors je ne perdis pas l'espoir de irouver ce genre degpierre dans la roche même qui pouvoit avoir concouru à sa formation. 10.° Enfin le lit du torrent de la Charavagna , à mesure que javancois, me présenta divers fragmens d’une pierre calcaire compacte, dure, à pâte fine, susceptible d’être polie, avec quel- ques veines de spath-calcaire qui les traversoient ; je vis aussi du même calcaire adhérent à une veine de quartz blanc. Ces pierres calcaires, en assez grand nombre, à côté des ser- 320 ANNALES DU MUSEUM pentines et autres pierres magnésiennes, et feld-spathiques dont j'ai fait mention , me laissèrent quelque espoir aussi de pouvoir observer les points de contact de la roche magnésienne avec le calcaire, dans un pays tout dépouillé de bois, nu, déchiré par les eaux, offrant de grands escarpemens et de profondes ravines; j'avançcois en m'occupant de ces réflexions, lorsque je me trouvai tout à coup dans une grande sinuosité, où le lit du torrent forme une espèce de coude, et aperçus sur une éminence, à côté de la rive droite dela Charavagna , une habi- tation rustique et un grand four à chaux en activité. De la pierre calcaire propre à étre convertie en chaux ; de son gisement à côté des serpentines. Le four à chaux qui sert à calciner la pierre, dont je décri- rai bientôt le gisement singulier et instructif, est d’une cons- truction si particulière et en général si peu usitée, qu'il mérita de fixer notre attention, C’est à l'extrême rareté du bois et pour économiser le combustible, qu’on a établi ici un four à chaux de cette sorte : il est bon de savoir qu’on ne brüle, pour rem- plir cet objet, que de la bruyère de la grande espèce, qui donne un feu vif, à la vérité , mais peu durable; il falloit donc s’occu- per à en conserver la chaleur, C’est pour y pazyenir qu'on a construit en bonne et forte maçonnerie une espece de tour carrée, surmontée d’un chapiteau pyramidal en pierre solide qui sert de toit, et force la chaleur à se réverbérer sur la pierre calcaire divisée en fragmens, destinée à être calcinée, Une simple ouverture étroite vers le haut de la voûte sert d'issue à la fumée et à l'humidité qui s’exhalent de la pierre calcaire et du combustible, et à établir un courant d'air né- D'HISTOIRE NATURELLE. 321 cessaire pour animer le feu, qui, se trouvant concentré en grande partie par l'obstacle qui s'oppose à sa déperdition, acquiert une intensité plus forte et plus soutenue. Si dans quel- ques circonstances particulières on a besoin d'un plus grand courant d'air, on l’obtient facilement en ouvrant une petite lucarne placée sur une des faces du mur pyramidal qui sert de toit au four. L'on introduit la pierre à chaux par une porte éta- blie derriere le four , et on la retire par la même ouverture lors- qu’elle est calcinée : le combustible est au-dessous sur une grille. La carriere de pierre calcaire n’est pas éloignée, et se trouve à découvert dans lescarpement qui sert de lit au torrent. Comme mon intention étoit de la suivre sur plusieurs points, afin de bien connoïtre son gisement, je continuai à remonter le torrent de la Charavagna, par une route qui devient de plus en plus rapide à mesure qu’on avance; le sol est toujours encombré de serpentines de diverses espèces, analogues à celles que j'ai fait connoiïtre; mais on y trouve de plus des blocs considérables d’une brèche composée de fragmens des serpen- nes ci-dessus décrites, et du même calcaire dont j'ai fait mention, et semblable en tout à celui dont on fait de la chaux: cette brèche est étroitement liée par un gluten spathique cal- caire. Une seconde variété de brèche, disposée aussi en grands blocs , se trouve dans le voisinage de la première : lune et l'autre ont été détachées des montagnes voisines et ne paroissent pas avoir été entrainées de loin; celle dont il est question n’est composée que de fragmens plus ou moins gros des diverses variétés de serpentines qui sont entrées dans la formation des montagnes voisines ; mais on n’y trouve point de calcaire comme dans la première brèche, et le ciment qui a réuni ces serpen- 8. 42 322 ANNALES DU MUSEUM lines n’a rien de calcaire non plus : il est entièrement stéati- tique. On ne tarde pas à retrouver ces deux variétés de brèche en place sur les bords d’un des escarpemens du torrent, d’une part, à côté des serpentines , de l'autre , adossé contre le cal- caire. On pourroit croire , au premier abord, que ces brèches leur servent en quelque sorte d’intermédiaire, et sont le pas- sage d’un genre à l'autre; mais en y réfléchissant un peu, et en examinant de nouveau ces brèches , qui n’ont pu être formées qu'au détriment du calcaire et de la roche stéatitique, qui devoient avoir à cette époque l'un et l’autre la même consis- tance et la même dureté qu'ils ont à présent, on ne sauroit attribuer cette formation qu’à une révolution accidentelle , pos- iérieure de beaucoup, sans doute, aux événemens d’un autre ordre, qui ont donné naissance à ces montagnes de serpentines et aux bancs calcaires qui leur sont adhérens, et qui ont fourni les matériaux de ces deux variétés de brèche. Mais jetons un coup. d'œil sur le calcaire en place, et voyons s’il est contem- porain de la roche serpentineuse, ou s'il est postérieur. C’est à une certaine distance du four à chaux, et non loin du hameau de la Serra, placé en amphithéätre auprès de les- carpement qui borde le torrent de la Charavagna, qu’on peut observer d’une manière très-distincte une partie des couches calcaires dans leurs points de contact avec la roche magné- sienne. Je donne la préférence à cette localité sur celle qui est plus rapprochée du four à chaux, parce qu'on y voit plus distinctement la jonction de l’une et l’autre substance, et que les doutes qu'on pourroit concevoir sur le calcaire juxta-posé secondairement, et après coup, contre la roche serpentineuse, disparoissent entièrement par l'examen des parties que j'in- dique. D'HISTOIRE NATURELLF. 323 En effet, lorsque le torrent dans ses divers débordemens , et lorsqu'après des orages, ses eaux se précipitant de chute en chute avec une violence et une impétuosité qui entraînent tout, a nettoyé et mis à nu les couches calcaires et celles de ser- pentines, de manière à en présenter le tableau à découvert; on remarque alors le calcaire gris, dur et compact, qui se modifie en spath calcaire blanc et forme de grands filets ou linéamens qui se joignent et s’entrelassent avec de très-petites couches ou filets de serpentines stéatiteuses. Ces linéamens s’accroissent quelquefois, et se développent tantôt longitudina- lement et en manière de rubans d’une couleur grise ou ver- dâtre autour des lames longitudinales ou circulaires de spath calcaire, de couleur blanche. Dans d’autres parties voisines, les deux matières forment des espèces de réseaux qui se croisent en divers sens et finissent par se confondre; en un mot, on croit voir dans le rapprochement et le jeu de ces deux subs- tances de nature si différente, les résultats du mouvement du fluide qui les tenoit l’une et l’autre en dissolution dans le même temps, et nous ne connoissons que les eaux de la mer et leur long et antique séjour sur ces parages , à des époques certai- nement reculées, qui aient pu agir aussi en grand sur des masses qui constituent des chaînes de montagnes. Tout porte donc à croire qu'ici le calcaire à été attaché ou plutôt réuni à la roche magnésienne, non après coup, mais dans une même opération, lorsque de grandes accu- mulations de matières calcaires dissoutes , se trouvant dans le voisinage des substances qui ont donné naissance à la roche serpentineuse , leurs molécules flottoient dans le même fluide; ce qui donna lieu à des points de rapprochement, de contact, d'union et de mélange, conformes à ceux qu’on observe ka * 324 ANNALES DU MUSÉUM ici. Rien ne prouve autant que ce mélange s’est fait simul- tanément, que l’état chimique de ces deux substances; car le calcaire le plus pur, celui destiné à faire de la chaux, contient six, sept et même huit pour cent de terre magnésienne , tan- dis que la roche de serpentine a autant de calcaire mélangé dans sa masse. Saussure avoit observé sur la montagne de la Guardia une alternative de couches calcaires et de couches serpentineuses; ce qui est parfaitement analogue à ce que je viens de rapporter. Mais comme une telle opération ne sauroit se faire d’un seul jet, on ne peut s'empêcher de reconnoitre encore ici que la nature ne calcule jamais avec le temps. De la véritable variolite (variolites viridis verus) , dans la roche méme où elle a pris naissance. Comme notre but étoit d'aller visiter l'exploitation des ma- tières qui servent à la fabrication du sulfate de magnésie, sur la partie la plus élevée du monte Ramazzo, M. Alberto Ansaldo, qui dirigeoit notre marche, nous prévint qu'il falloit sortir du lit de la Charavagna , passer au hameau de la Serra, et s'élever sur des pentes rapides dans une direction opposée à celle du torrent; c’est ce que nous fimes. La route ou plutôt le sentier étoit étroit, rapide et glissant ; nous nous trouvions environnés de toutes parts de roches serpentineuses plus ou moins colorées en vert; les unes étoient dures, les autres tendres : leur grain varioit aussi; là il étoit sec, ici il étoit gras et onctueux : des masses énormes, assises sur des masses plus grandes encore, se délitoient spontanément, les unes en feuillets irréguliers plus ou moins contournés, les autres en morceaux striés imitant D'HISTOIRE NATURELLE. 325 lasbeste; la diallage brilloit dans quelques cassures et y répan- doit un éclat argentin ; on ne la trouvoit plus dans d’autres: alors le fond de la pierre d’un noir-verdûtre foncé offroit des parties nuancées d’un vert plus clair. Nous pouvions compter au moins six cents pieds de hau- teur, à partir du hameau de la Serra , lorsqu’étant à cette élé- vation, non loin d’un petit filet d’eau qui traverse le sentier et peutservir de point de reconnoissance, j'aperçus un morceau de serpentine détachée, dont la surface étoit couverte de petits globules d’un vert-blanchätre ,un peu saillans , plus durs que la pâte de la pierre. Je vis avec plaisir que c’étoit une variolite non roulée ni transportée, mais détachée spontanément par l'effet de l'humidité, de l’alterrative du froid et dela chaleur ou par toute autre circonstance, d’une énorme masse de serpen- tine qui étoit à côté. Ce bel échantillon a cinq pouces de lon- gueur sur trois de largeur ; une de ses faces présente tous les caractères d’une belle variolite verte, à petits grains un peu saillans, et d’un vert beaucoup plus clair que le fond de la pierre , tandis que la partie opposée est une véritable serpen- tine d’un vert-foncé noirâtre , sans globules ni taches varioli- tiques. On ne sauroit douter, à l'aspect de ce morceau, que la substance qui s’est réunie en globules pour former cette vario- lite, ne soit le résultat du triage d’une certaine quantité de substance feld-spathique , dont les élémens se trouvoient mé- langés dans la roche serpentineuse, à l’époque de sa forma- tion. Cette espèce de séparation peut être considérée comme le résultat d’une cristallisation globuleuse , imparfaite, déter- minée par la force attractive des molécules feld-spathiques qui avoient plus d'affinité entr'elles qu’avec la terre magnésienne ; et si ces globules variolitiques ne sont, pour ainsi dire, que su- 326 ANNALES DU MUSÉUM perliciels, car la couche dans laquelle on les remarque n’a guère plus de trois lignes d'épaisseur , c’est que la substance du feld-spath n’étoit pas abondante. Au reste lidentité de la substance globuleuse est absolument la même que celle que je trouvai séparée, et en morceaux volumineux dans le lit de la Charavagna, et dont j'ai fait mention au n.° 9 de la descrip- tion des pierres qu’on trouve dans ce torrent. En effet, ayant attaqué au chalumeau des globules de la variolite dont il est question, ils ont bouillonné au premier coup de feu, ont développé des bulles d'air et ont formé un verre jaunâtre trans- parent, comme la pierre feld-spathique citée ci-dessus, Une variolite aussi bien caractérisée, dans le voisinage de la roche dont elle avoit fait partie, me donna de justes espé- rances d'en rencontrer d’autres- Ce que je présumois se réalisa bientôt; car je ne tardai pas, après nous étre élevés encore de trois cents pieds environ, de trouver sur le sentier même qui nous servoit de route, plusieurs morceaux plats, mais an- guleux, de serpentine dure, d’un vert plus ou moins foncé, remplis de globules variolitiques dont les grains étoient beau- coup plus gros et pénétroient dans toute la masse de la ser- pentine: j'en recueillis de beaux échantillons, dont plusieursont six ou buit pouces de longueur, cinq à six de largeur, sur plus d’un pouce d'épaisseur, et d’un caractère si prononcé, qu'on distingue facilement à la loupe les ébauches plus ou moins avancées de l’espèce de cristallisation radiée qui est propre à chaque globule. Plus nous montions, plus je trouvois au pied des rochers de serpentines des morceaux en partie variolitiques et en partie serpentineux. J’observois avec intérêt la tendance gé- nérale qu'ont ces roches magnésiennes à se diviser naturelle- D'HISTOIRE NATURELLE. 327 ment en éclats ou en grands fraginens plats et écailleux ; ce que j'attribue à une altération particulière du fer si abon- dant dans cette sorte de pierre, lorsque j'apercus sur la droite du sentier une masse de serpentine en place qui avoit plus de trois toises de hauteur sur quarante pieds de base, et qui pa- roissoit comme isolée, parce que les autres parties attenantes s’en étoient séparées, soit par la décomposition naturelle et spontanée des parties plus tendres de la roche, soit par toute autre cause; j'aperçus sur cette grande masse des parties beau- coup plus vertes les unes que les autres , qui tranchoient vive- ment par leur ton de couleur sur le fond de cet énorme bloc, qui étoit d’un vert-foncé noirätre, très-obscur. J’approchai de très-près, et je reconnus que la plupart des taches étoient produites par des parties abondantes en véri- tables variolites à fond vert d'herbe et à taches ou grains blancs , lavés d’un vert extrêmement clair. Toutes ces parties formées en variolites paroissent extrémement dures : j'en eus bientôt des preuves en les attaquant à coup de marteau ; elles opposoient une grande résistance; et ce ne fut qu'avec beaucoup de peine que je parvins à en détacher de beaux échantillons. Plusieurs de ces morceaux avoient une multitude de globules analogues et semblables en tout à la variolite de la Durance, quant à la forme des grains et à leur couleur. Mais quelque- fois les taches variolitiques n’entroient qu’à la profondeur d'un pouce et demi dans la pierre, et le reste paroissoit n’être qu'une roche serpentineuse pure; d’autres fois la variolite s'é- tendoit plus avant dans la masse : ici, la surface granuleuse n'étoit guère plus grande que la paume de la main; là, elle avoit le double d’étendue; enfin, en continuant à reconnoître 328 ANNALES DU MUSEUM d'autres variolites en place sur d’autres blocs, j'acquis toutes les preuves que cette pierre singulière n’est point en filon dans les masses de serpentines , mais qu’elle existe indifféremment, iautôt dans une place , tantôt dans l’autre, sans ordre et sans régularité. Il en est de même de la disposition et de l’arran- gement des globules : on les voit rapprochés sur certains morceaux, et comme espacés d’une manière assez égale et d'un diamètre à peu près semblable sur des places, tandis qu'ils sont clair-semés sur d’autres, ou quelquefois si rappro- chés, qu'ils finissent par se confondre, et ne forment plus alors qu'une grande tache blanchätre unie. Je terminerai ces détails trop longs, qui devenoient peut- être nécessaires , afin de ne laisser subsister aucun doute sur lexistence de la véritable variolite à fond vert-clair et à fond vert-foncé , en place, du monte Ramazzo dans la Li- gurie, en observant que j'ai, parmi les nombreux échantillons que je me suis procurés sur les lieux, un morceau remar- quable , très-propre à démontrer à ceux qui ne seroient pas à portée de visiter les lieux, mais qui se sont exercés sur l'étude et la connoissance des roches, que la variolite de monte Ra- mazzO à pris sa naissance dans une véritable roche serpenti- neuse. Je demande la permission de décrire en peu de mots ce rare et curieux échantillon. Sa couleur est la même que celle des autres serpentines dont j'ai fait mention ; mais la roche dont je la détachai avec beaucoup de peine à coups de marteau , est très-dure ; sa con- texture très-serrée est striée en même temps qu'écailleuse, et ses écailles interposées souvent entre les stries, et les coupant iransversalement, rendent cette roche difficile à casser : elle se déchire en quelque sorte plutôt qu’elle ne se rompt; et il D'AI T S D'Or ER Ex À CD OUR EEE EE. 329 faut, dans ce cas, un grand exercice du marteau , et frapper avec force et prestesse : c’est ainsi que je me procurai le bel échantillon , à cassure un peu onduleuse , mais pure et nette, et qui permet d'observer sur les deux grandes faces de la pierre sa contexture, aussi bien que sur la roche même. On voit parfaitement sur une partie qui forme presque la moitié du morceau, et non-seulement sur les faces, mais dans toute son épaisseur , une multitude de globules variolitiques, presque égaux en grandeur, d’un vert-clair, sortant de toute part des stries et des parties écailleuses de la pierre, comme si on les y avoit semées : ces globules deviennent ensuite beaucoup plus petits à mesure qu'ils approchent de la partie de échantillon qui en est dépourvu; et cette dernière partie n’est plus alors que de la serpentine pure , mêlée de quelques linéamens irré- guliers et minces ,de couleur blanche, qui n’appartiennent plus à la variolite, et dont quelques-uns font une tres-légère ef- fervescence avec l'acide nitrique. D'après les faits rapportés ci-dessus, on voit que la véri- table variolite existe en place dans la Ligurie, sur le monte Ramazzo , et qw’elle est contemporaine des serpentines, dans lesquelles on la trouve à la hauteur de plus de mille cinq cents pieds au-dessus du niveau de la mer. Il est à présumer qu’on la trouvera à une plus hante élévation, et peut-étre en plus grande abondance encore dans d’autres parties des Apennins de la Ligurie. De la mine de magnésie sur la partie la plus élevée du monte Ramazzo. La route devient de plus en plus difficile à mesure qu'on Q 43 O. 330 ANNE A EME Sr ÉD min SES er approche du sommet de la montagne escarpée, où sont les exploitations et les établissemens de M. Æ{lberto Ansaldo ,on ne quitte plus les roches serpentineuses ; plus ou moins com- pactes, plus ou moins lamelleuses,striées, luisantes, onctueuses, ou sèches et friables; on traverse plusieurs ravines, et lon s'élève d'étage en étage jusqu’à la hauteur de dix-huit cents pieds environ au-dessus du niveau de la mer, sur le sommet du monte Ramazzo , où l'on trouve un petit plateau sur lequel on a construit quelques bätimens et divers hangards servant à préparer le minerai, à le réduire en morceaux, à le griller, à le lessiver; en un mot, à en tirer le sulfate de magnésie qui forme l’objet de cette exploitation, aussi simple qu’intéres- sante. Elle consiste à recueillir avec soin une stéatite très-pyriteuse, qu’on trouve plutôt en masse et en grands rognons qu’en filons réglés ; à la griller ,après avoir réduite en morceaux, pour en faire évaporer un peu d’arsenic qui $’y trouve combiné. Cest dans cette opération du grillage que le soufre qui se trouve combiné avec le fer, se dispose à quitter sa base, et se porte sur la terre magnésienne de la serpentine pour en former le sulfate de magnésie. On pile grossièrement cette pyrite grillée; on la réduit en grands tas, qu’on arrose légèrement : alors la com- binaison avec la terre magnésienne achève de se faire par un mouvement lent de fermentation qu'éprouve la matière; on lessive ensuite ces terres, et l’on en obtient un sulfate de ma- gnésie très -abondant, qu’on purifie et qu'on rafline dans un autre établissement que M. Æ4/lberto Ansaldo possède à Sestri. Après avoir examiné la préparation première de la pyrite ferrugineuse et arsénicale du monte Ramazzo , nous fümes D'HISTOIRE NATURELLE. 33t empressés d'entrer dans les galeries d'exploitations qui sont tout auprès des hangars : elles sont vastes; mais le travail n'en est point réglé ; on suit la pyrite , et la stéatite pyriteuse partout où on la rencontre, tantôt en ligne droite lorsqu'elle se présente ainsi, tantôt latéralement et en décrivant des plaos inclinés ; on s'enfonce et on se relève plus ou moins, de manière que les galeries forment quelquefois plusieurs étages. Les excavations se font d’une manière peu régulière , et sans les précautions exigées pour la sûreté des ouvriers : heureuse- ment que tout s'enlève à la pointe du pic, et sans faire jouer la mine; car , sans cela, lébranlement et les commotions occa- sionnées par l'explosion de la poudre exposeroient les galeries, qui quelquefois sont très-vastes et nullement soutenues par des étais , à des éboulemens et aux accidens graves qui en résulteroient. Les échantillons divers que j'y recueillis con- sistent : 1.” En stéatite verdâtre dont la superficie, ainsi que la con- iexiure intérieure , est pénétrée d’une espèce de vernis pyriteux, couleur de bronze , un peu chatoyant , mais si léger et si efflorescent , si je puis employer cette expression, qu’il semble que le fond de la stéatite qui est noire, se montre à travers cette sorte de vernis. Celle stéatite pyriteuse est très-pesante, raye en noir le papier, fait mouvoir fortement le barreau aimanté. Elle contient une très-légère portion de cuivre, mais à peine sensible, 2.0 Même stéatite plus riche encore en pyrite, avec ce léger vernis jaune de bronze dont j'ai fait mention, qui semble dorer la roche serpentineuse noire , douce au toucher , noircis- sant les doigts et fortement attirable. On voit dans la même 43% 332 ANNALES DU: M:USÉ-U M roche de la pyrite magnétique arsénicale, très-pesante , à cassure imétaillique d’un gris-blanc. 3 Rare et superbe morceau , ayant cinq pouces neuf lignes de longueur sur quatre pouces de longueur moyenne, dont la base est une serpentine d’un noir foncé, un peu lui- sante, rayant le papier en noir, sans apparence pyriteuse ; mais très-pesante et fortement attirable à laimant, remarquable par des aiguilles d’arragonite blanche transparente, dont un cristal a deux pouces trois lignes de longeur, sur quatre lignes de diamètre, de figure hexagone, mais toujours sans pyra- mide. D’autres cristaux d'un plus grand diamètre encore , mais moins long, se remarquent tantôt dans des espèces de cavités ou vides qui sont dans ce bel échantillon , tantôt dans la masse même de la serpentine pyriteuse , et paroissent s'être formés simultanément avec les élémens pyriteux et magné- siens qui constituent cette roche. 4.° On trouve, à quelques toises de distance des galeries d’où lon tre les matériaux pour la fabrication du sulfate de magné- sie et un peu plus bas, quelques excavations abandonnées , mais moins profondes, avec d'anciens décombres, parmi lesquels on voit une stéatite striée et comme soyeuse , avec de jolies efflorescences vertes de cuivre carbonaté. Cette stéatite est douce au toucher et semée de points ocreux-jaunätres, qui paroissent provenir de grains de pyrite cuivreuse et ferrugi- neuse altérés. M. Æ/berto Ansaldo me dit qu'on avoit exploité anciennement cette pyrite pour en retirer du sulfate de cuivre; mais qu'on fut obligé de l'abandonner parce qu’elle étoit trop pauvre. M. Mojon, qui cultive la chimie avec succes à Gênes, a publié une brochure in-8.° de 26 pages, sur la minéralogie de la Li- D'HISTOIRE NATURELLE. 3353 gurie, dans laquelle il a fait mention de l'exploitation du sul- fate de magnésie ; mais comme son but étoit de traiter cette partie plutôt relativement à l’art et à l'utilité que présentoit cet établissement, que de s’en occuper en minéralogiste et en géologue, il a accompagné sa brochure d’une petite carte de la Ligurie, qui a été dirigée par M. de Ferrari, ingénieur à Gênes, dans laquelle M. Maximilien Spinola, M. Viviani, M. Alberto Ansaldo et moi, avons reconnu, la carte à lagmain, une erreur sur laquelle il est à propos de prévenir; car elle embarrasseroit sans cela celui qui voudroit aller visiter cette mine en faisant usage de cette carte. La route est déjà assez difficile au milieu de montagnes si rapprochées et si coupées de ravines, pour avoir besoin d'un guide ; et la carte de M. Ferrari seroit plus nuisible qu'utile dans ce cas-là. Voici l'erreur qui provient probablement du graveur. Sur cette carte, la partie du monte Ramazzo où est située la mine est placée sur la rive droite du torrent de la Charavagna , qui a son embouchure au milieu de la plaine de Sestri ; ilest cependant certain qu'au pied de la montagne du Gazzo, presque au des- sous de l’église de Notre-Dame , au hameau de Serra, on quitte le torrent de la Chargeagna pour suivre celui des: Cas- sinelles situé à la droite du précédent en montant; et aussitôt qu’on est arrivé à une petite maisonnette, qui a donné au torrent qui est au-dessous le nom des Cassinelles., on remonte au levant pour parvenir à la naissance de la source: qui coule dans le lit du torrent. Cette source est à côté de la mine du monte Ramazzo ; les habitans du pays la désignent sous le nom de Canale della miniera. Co 34 ANNALES DU M'USÉUM OBSERVATIONS Sur les Champignons en général, et particu- lièrement sur quelques espèces peu et mal connues, PAR M PALISOT-DE-BEAU VOIS. Les champignons ont été long-temps regardés par les natu- ralistes , même les plus éclairés, comme des productions éphé- mères dont on ne connoissoit point l'origine. On lattribuoit alternativement au hasard, à la pourriture ou à d’autres causes semblables, aussi peu naturelles et qui ne paroissoient pas dignes de fixer l'attention. Michéli est le premier dont les re- cherches ont commencé à donner sur ces productions des idées plus exactes et plus justes. L’immortel Zinné, en re- cueillant les observations du botaniste italien, les a présentées sous un nouveau jour ; et, depuis lui, les champignons, dis- iribués en genres, ont été soupconnés appartenir à la seconde série des êtres organisés, les végétaux. Les travaux de Batsch, de Sowerby , de Bulliard, de M. Persoon et de Hedwig, ont converti ce doute en certitude; et l'opinion générale des 99+ D'HISTOIRE: NATURELLE. 39 botanistes est aujourd’hui fixée sur ce point. Qu'il me soit per- mis aussi de citer mes recherches antérieures à celles de ces observateurs, consignées par M. de Lamarck dans l'Encyclo- pédie méthodique ; et qui me donnent une priorité que je erois être en droit de réclamer. Linné, comme je viens de le dire, a le premier distribué les champignons en genres ; mais il a négligé un grand nombre de ces productions qui n’ont pas échappé aux recherches de ses successeurs : de sorte que les dix genres établis par ce cé- lèbre naturaliste sont portés à soixante-onze et plus, parmi lesquels il s’en trouve quelques-uns qui doivent être supprimés et d’autres divisés. Il est aisé de juger, par cette augmentation considérable , des progrès rapides et importans qu'a faits cette partie de la science dans le court espace de vingt-cinq années environ. Mais si l’on est parvenu à rendre plus simple et plus facile l'étude des champignons, sous le rapport de la méthode; si dans quelques espèces on a découvert les organes qui servent à leur réproduction , nous n’en sommes pas pour cela beaucoup plus instruits sur un point essentiel, et qui, faute d’être bien connu, est la source de plusieurs erreurs : je veux parler de leur germination et de lear premier développement, que les botanisies ont pris pour des plantes parfaites et dont ils ont formé des genres qui peut-être ne doivent pas subsister. En effet, la même plante , comme je vais le dire, se trouve sou- vent placée dans deux genres différens, dont aucun n’est celui auquel elle appartient réellement. Dans mon travail sur les plantes 4éthéogames , présenté à l'Académie des Sciences en 1783, j'ai fait voir que cette subs- tance soyeuse , cotonneuse et filamenteuse , nommée par les jar- dimiers blanc. de champignons, est le premier état de ces 336 ANNALES DU MUSEUM plantes, leur germination et leur premier développement ; que, comme l’avoit déjà observé Fournefort, cette substance venant à prendre plus de consistance, ellese charge de distanceen distance de petits mamelons, lesquels, à mesure qn'ils grossissent , percent le fumier , la terre ou l'écorce desbois, et produisent ce qu’on ap- pelle ies champignons. Leschampignons ainsi développés me pa- roissent n'être que la fleur, si j'ose m’exprimer ainsi, ou le ré- ceptacle des organes propres à leur réproduction. À cetteépoque, j'aimais sous les yeux de l’Académie des preuves de ce que j’avan- cois. J'en reproduirai quelques-unes auxquelles j'ajouterai les nouvelles preuves que j'ai à donner. Je m'attirerai l'attention des botanistes dans ce Mémoire que sur deux plantes ; elles me paroissent suflisantes pour faire connoître la germination peu connue et les premiers âges de certains champignons que Yon a pris pour des plantes parfaites et d’un autre genre. Michéli ale premier représenté une de ces productions, que Ray et Vaillant avoit décrite avant lui. Il la nomme agari- cum nigrum reticulatum, compressum , € mortuis arboribus inter corticem et lignum, interdüum in ipso ligno innascens , ac latè se diffundens. Quoiqu'il paroisse que ces trois bota- nistes n'aient observé cette plante que dans son second âge, nous ne pouvons cependant pas douter, par ces derniers mots de Michéli : ac late se diffundens, que celui-ci ne Pait vue dans un âge plus avancé, mais qui m'étoit pas encore celui de la perfection. Les modernes n’ont pas été plus heureux: ils ne se sont pas trouvés d'accord sur le genre d’une plante dans laquelle on n’avoit vu que des filamens et aucun caractère déterminé , constant et propre à la faire distinguer. On la trouve sous le nom de Zchen aidælus, Humb. Friberg., pag. 33; et Sowerby, tab. 100, la nomme clavaria phesphorea. Rothbol uit . mr er PERLE TE Zom .« Lig.1. Agaricus radieforrnes S — lig.2 etä. Agaricus Cryplar' ur ’ É 5) É Cane D'HISTOIRE NATURELLE. 337 jugeant que cette production, dans l’état où elle avoit été ob- servée et qu'ilcroyoit être l'état parfait, ne pouvoit appartenir à aucun genre connu, a imaginé, en la réunissant avec quel- ques autres espèces semblables, d’en créer un nouveau dont le nom exprimät la forme de ce champignon. Ce genre a été adopté par M. Persoon, et se trouve rapporté dans tons les ouvrages de botanique qui ont paru depuis , tels , entre autres , Âilldenow, Gmelin , Rebentisch , et la troisième édi- tion de la Flore francaise. On l'y trouve sous la dénomination de rhizomorpha fragilis où subcorticalis. En herborisant en 1780 dansle parc de Meudon où il s’étoit fait une coupe de bois considérable, le hasard me fournit l'oc- casion d'observer cette plante depuis sa naissance jusqu’à son état parfait. J’ai reconnu que son premier développement est comme celui de tous les champignons, c’est-à-dire, un amas de petits filamens cotonneux , plus où moins entremélés et croisés entr’eux. À mesure que ces filamens prennent de la force, ils se convertissent en une espèce de membrane mince ( fig. 1, a) qui s’épaissit imsensiblement , se divise , se ramifie et se couvre d’une espèce d’écorce brune, lisse et luisante, comme on le voit (fig. 1,b). C’est dans cet état seulement qu’elle a été observée par les botanistes et décrite par eux sous les différens noms génériques et spécifiques que j'ai cités, Jus- que-là la plante croit sous les écorces comme les autres cham- pignons, qui, tant qu'ils ne sont que filamenteux , restent cachés sous le fumier, sous la terre, etc. Mais parvenus à cette époque de leur vie, les différentes ramifications grossissent, se rap- prochent et forment entr'elles ceque Michel a tres-bien ex- primé par ces mots ac $e latè diffundens , une masse solide (fig. 1, ce), dont les exirémutés, d'abord marquées par des 8. 41 SAS 338 A NNLAJUE,S. DD, MiUS É EU M points blancs, prennent une extension circulaire et tendent à percer l’écorce que son épaisseur a soulevée ; puis la plante se fait jour à travers les déchiremens de cette même écorce. Alors le point blanc s'étend, s’épaissit, et finit par se charger de pores continus entr'eux et adhérens à la substance des champignons , à la maniere des agarics (boletus, Linn., etc }, son vrai genre, Îl est à remarquer que quelquefois on voit sur les filamens de petites éiminences ou tubercules qu'un œil peu exercé à ce genre d'observations prendroit pour des cap- sules , tels qu’on en voit dans les sphæries ( sphæria, Pers. ): mais si On ouvre ces éminences ou tubercules, on n’y trouve qu’une substance cotonneuse et blanche , semblable à celle qui compose l’intérieur des rameaux , et recouverte par le même épiderme ; ce qui prouve évidemment que ces tubercules ne sont que des excroissances ou de jeunes ramifications naissantes. La seconde plante qui fait l'objet de ce Mémoire réunit encore plus de particularités : elle achève de convaincre de la nécessité d'étudier avec la plus scrapuleuse attention, et avant de prononcer sur leur genre, toutes ces sortes de plantes, depuis leur origine où premier développement, jusqu’à leur état parfait; espace de temps pendant lequel elles subissent des changemens qui ont fait prendre la même plante pour des genres différens. Tout le monde connoït cette substance blanche et filamen- teuse, appelée vulgairement moisissure, et qui croit abondam- ment dans toutes les caves, sur les portes, les planches et autres pièces de bois qui sy trouvent ; mais personne, si nous en exceptons Sébastien Vaillant, ne la encore observée dans tous ses âges, et surtout dans celui où elle prend les derniers ca- ractères qui fixent son vrai genre. Les botanistes, à la tête des- D'HISTOIRE NATURELLE. 339 quels nous devons placer Michéli et Dillenius pour ces sortes d'observations, ont vu et décrit le premier âge de cette plante. Son développement se fait par un assemblage de filamens plus où ioins entrelacés et croisés entre eux, soyeux, très-{ins, et d’un blanc de neige. C’est le byssus floccosa de Dillenius, le de- matium bombycinum de M. Persoon. La méme plante, en grandissant, prend une forme tout-à-fait différente: les filamens s'allongent, ils s'étendent circulairement; quelques-uns s’épais- sissent, se divisent et se subdivisent de manière à imiter par faitement les ramifications des vaisseaux du mésentere. Ces ramifications sont unies par d’autres petits filamens croisés , plus fins et qui occupent lmtervalle-qu’elles laissent entre elles, ainsi qu'on le voit fig. 11, a. Tel est le second âge du byssus floccosa, Dill.; et du dematium bombycinum, Pers. , nommé dans cet état par Faillant corallofungus argenteus omenti- formis ; pa M. Persoon mesenterica argentea; par M. Re- bentisch ha sma floccosum, et qui fait une des variétés du byssus partetina de la troisième édition de la Flore francaise. Ce second äge de la plante n’est pas le dernier changement qu’elle doit subir ; elle a une troisième époqne qui lui donne une forme, un port différens et des caracteres qui, en fixant son vrai genre, prouvent qu'aucun de ceux dans lesquels on la placée ne fui convient. À mesure qu’elle parvient au terme de son accroissement, elle cesse de s'allonger avec la même promptitude; le centre de sa substance s’épaissit, ilse couvre dé plicatures régulières et disposées comme les alvéoles des ruches à miel : c’est dans cet état que je lobservai en 1982, fig. tr, b. La croyant aitors parvenue à son état parfait, je proposai, dans un mémoiré I à l'Académie des Sciences, de la rappro- cher du genre de la morüle, avec laquelle je trouvois qu'elle ji * 9340 ANNALES DU MUSEUM avoit des rapports, quant aux caractères extérieurs. Mais j'étois moi-même dans l’erreur pour avoir négligé, ainsi que l'ont fait les botanistes que je viens de citer, de donner à la description de Vaillant toute l'attention qu’elle méritoit, et pour m'être uniquement attaché à la figure qu'il a donnée de cette plante. De retour de mes voyages, jai eu occasion d'observer cette plante depuis sa naissance jusqu'à son dépérissement ; je me suis convaincu que les plicatures, que j'avois prises pour des organes parfaits, ne sont que les principes de tubes réguliers, continus entr’eux et adhérens à la substance du champignon, à la manière des agarics, boletus, Linn. Ces tuyaux sont tron- qués obliquement à leur extrémité et semblables au taillant d’une plume à écrire , fig. 3. C’est alors seulement que j'ai eu l'idée de lire dans son entier la description de F'aillant ; que je me suis convaincu de mon erreur , de celles des botanistes que j'ai cités, et que ’aillant avoit observé cette plante dans tous ses états. D’après toutes ces circonstances, et avant de présênter quel- ques autres observations qui ont échappé à ce savant bota- niste, je crois devoir rapporter ici la description entière et lit- térale qu’il en donne. « Il naît, dit-il, sur les vieilles planches » des portes et cloisons des caves, et rarement contreles murs. » Il commence par un point blanc, qui paroiît d’abord une » simple moisissure : c’est un brin de cordon cordé qui grossit » insensiblement et forme un coton plus blanc que neige, gros » comme une châtaigne et ensuite comme une petite pomme » aplatie; dans sa convexité, lissu d’une délicatesse extrême » etsitendre que la moindre force est capable de l'écraser et de » la réduire à la grosseur d’une lentille; sa substance est grasse, » gluante, d’un salé qui tire sur laigre, et il pue comme le » savon. Il semble que ce peloton renferme toute la matière » » » D’ H£SIE O LAÛM (EN AT DRE LIU 34t qui doit former tout le reste de la plante; car on voit tout autour une couche de ses fibres, rangés en rayons, s’allonger insensiblement comme de la laine que l’on file. Elle se colle sur la planche et s'étend de tous côtés à >, 3 et 4 pouces et quelquefois jusqu'à un pied et deux; elle forme de grands ramages aussi délicats qu'une feuille de papier, chantournés dans leurs extrémités qui sont comme frangées, fort pro- prement arrondies et découpées en grandes pièces, incisées de moindre dans les bords. La distribution de leurs vais- seaux est très-belle dans les jeunes feuilles; elle imite par- faitement la üssure des plumes : dans les plus grandes on y voit des côtes assez dures par rapport à la mollesse du reste, qui représente assez bien les ramifications des vaisseaux du mésentère. Les plus grandes feuilles finissent en pelotons tuméfiés, eomme le premier, depuis un pouce jusqu’à trois , qui ressemblent assez à ces flocs de neige dont la surface n’est pas unie, mais bossue en divers endroits. » Tels sont les deux premiers états de cette plante singulière, dont M. Persoon a fait deux genres différens , dematium bom- bycinum et mesenterica argentea. M. Rebentisch la nomme hyphasma floccosum ; elle est une des variétés du byssus parietina de la troisième édition de la Flore francaise. Mais continuons la description de Vaillant, et nous verrons, comme je l'ai déjà dit, que cette plante appartient à un autre genre. «€ » » » À travers ces gros pelotons, ajoute-t-il, sortent certains corps que je prendrois volontiers pour lovaire de cette plante; ils tiennent à un des gros cordons des ramifications dont nous avons parlé, et sont d’une structure un peu différente. Je ne saurois mieux les comparer qu’à des rayons de miel tournés ordinairement en petits cylindres d'environ un pouce 342 ANNALES DU MUSÉUM » » de long, de demi-ligne (1) jusqu’à 9 ou 10 lignes de dia- mètre, assez arrondi par le bout : leur partie inférieure est de même tissure que celles des pelotons; mais la supérieure est toute percée de petites cellules fort étroites, d'environ cinq lignes de profondeur, qui représentent dans leur peti< tesse Les cellules des mouches à miel. Il y en a dont lorifice est à cinq pans, quelques-uns à trois et d’autres à quatre: les cloisons qui les séparent sont des feuillets très-déliés , sur lesquels, non plus qu'à orifice, je ne sus remarquer aucune poussière qu'on püt prendre pour la graine. Ce- pendant on peut conjecturer par Panalogie que c’est dans cette espèce de ruche que les œufs de cette plante sont nour- ris, puisque nous les trouvons dans les endroits feuilletés de plusieurs champignons. Cette plante se flétrit après quel- que temps, se roussit et tombe en pièces. L/eau dans laquelle on la met imfuser en tire une teinture qui rougit le tour nesol au même degré que fait celle de Pagaricus foliatus cornua damæ referens ; mais elle ne fait que la laver sans la dissoudre, et le corallofungus devient comme de la bouik- lie où du blanc d'œuf dans lequel on voit des vaisseaux aussi déliés que les cheveux. L’eau-de-vie ne le dissout pas nom plus et ne fait qu'un mucilage. » On voit, par cette description très-étendue et tres-détaillée, que Faillant a parfaitement observé et connu cette produc- tion singulière ; mais il ne décrit pas Fétat dans lequel se trouve la plante lorsqu'elle se charge de plicatures qui sont les com- (1) C’est lorsque ces tuyaux n’étoient parvenus qu’a cette longueur que je les # observés en 1752, ev qu'ils oùt causé mon erreur. D’ H1S TOI R EU N ATUR HWLE. 343 mencemens des tuyaux qu'elle doit produire par la snite; ce qui a occasionné mon erreur en 1782. De plus, ce savant hota- niste l'ayant plutôt considérée sous ie rapport de ses caractères extérieurs que comme physiologiste, il a négligé des détails précieux que j'ajouterai à sa descriplion. Ce champignon commence, comme l’a fort bien décrit Vaillant, par un point blanc qui grossit insensiblement , et forme dans certains cas un peloton aussi blanc que la neige (c’est alors le byssus floccosa de Dillenius, le dematiun bomby- cinum, Pers.). À mesure qu'il s'étend, les bords se disposent agréablement en rayons et forment des ramifications de diffé- rentes grosseurs , semblables à celles des vaisseaux du mésen- tère (c’est le fungus coralloïides omentiformis, Vaill.; me- senterica argentea, Pers ). En même temps le centre s'épaissit; il acquiert plus d'intensité; il se charge de plicatures, fig. 14, b, qui s’allongent insensiblement et forment les tuyaux dont nous avons parlé, et représentés grossis, fig. r1,c. Lorsque ceux-ci sont dégagés des poussières et des graines qui y sont renfermées comme dans tous les agarirs, la plante cesse de croître, les insectes s’en emparent, et elle tombe en pourriture. Tel est le cours ordinaire de la vie de ce champignon, et celui de toutes les plantes de cette famille, sauf les modifications propres à chacune d’elles. Elles se distinguent des autres plantes annuelles par la privation de tiges et de feuilles ; miais,, comme elles, elles portent des graines dont la germination s’opere, ou dans Ja terre , ou dans le fumier , ou sous les écorces des bois morts. Les champignons different encore des autres végé- taux, en ce que les fleurs seules, ou le récetacle des organes propres à leur régénération , sortent de terre, ou de dessous l'épiderme des bois morts. Ce caractere est celui qui dis- 344 ANNALES DU MUÉSU M tingue cette famille des lichens qui germent et croissent toujours extérieurement , et dont les organes , considérés pour être ceux de la réproduction, sont toujours portés ou sur une croûte pulvérulente, ou sur une espèce de feuillage que M. Æcharius nomme thalus. Les autres parties des cham- pignons restent toujours cachées; mais mon objet n’est point de traiter en ce moment ce point inportant de physiologie végétale. Nous avons vu que Vaillant a exactement observé, et dans tous ses états, la production qu'il nomme corallo fungus argenteus omentiformis. Mais il lui est échappé des particu- larités importantes, et qui me paroissent être la cause des erreurs dont j'ai parlé. Si la cave ou le souterrain où elle croit se trouve un peu éclairé et aéré, soit par un soupirail, soit par la porte ou une ouverture quelconque, le champi- gnon se développe, et passe successivement par tous les états que nous avons décrits; mais si la cave n’est ni aérée ni éclairée , il ne paryient pas à sa maturité; 1l s’étiole, et est, en cela, comme toutes les plantes privées d'air ou de la lumiere, fig. 2, d. Lorsque le local est fort humide, ou si la plante prend naissance près de la terre, elle ne s'étend pas en se rami- fiant, et ne forme que des flocons plus où moins gros et blancs, C’est dans cet état qu’elle a été observée par Dille- nius, qui la nommée byssus floccosa, et M. Persoon, d'après lui, dematium bombycinum. Lorsque le souterrain n’est que très-peu aéré, la plante s'étend et se ramifie: alors c’est le mesenterica argentea de M. Persoon, Phyphasma flocco- sum de Rebentisch, et une variété du byssus parietina de la 3° édition de la flore francaise. Si l'air et la lumiere y D'HISTOIRE NATURELLE. 345 pénètrent un peu plus, le centre se charge de plicatures : c'est alors le bolletus aspergilloides de mon Mémoire de 1982 ; mais si elle est suflisaimment éclairée et aérée, les plicatures s’allongent , forment des tuyaux, et offrent tous les caractères d’un agaric parfait., fig, LIL. Mais si le souterrain, comme je l'ai déjà dit, n'est point du tout éclairé ni aéré; ou si, comme je l’ai observé tout récem- ment, la plante croit sur le revers d’une porte toujours ou- verte et appliquée contre un mur humide, elle s'éuole com- plétement ; les filamens s’allongent pour chercher Fair et la lumière ; ils grossissent ; ils ressemblent à des racines fibreuses et régulièrement ramifiées, et se détruisent sans jamais par- venir à un autre état, fig. 11, d. C'est alors qu'en adoptant les genres de M. Persoon, cette plante pourroit être placée dans un autre genre, lhimantia, Il résulte de ces observations des faits bien importans : 1. Qu'il est nécessaire d’étudier avec Le plus grand soin la plupart des champignons byssoides de M. Persoon, avant de les regarder définitivement comme des plantes parfaites. 2. Que les deux exemples cités dans ce Mémoire sont des indices que ces sortes de plantes pourroient bien appartenir à des champignons naissans et d’un autre genre connu. 3.° Qu'il ñe faut pas définitivement considérer comme des plantes parfaites toute substance filamenteuse, soyeuse et cotonneuse, qui n'ont ni tête contenant des poussières, comme les mucor ; ni graines nues au sommet des filamens, comme les botrytis ; ni pores, comme les agarics ; ni lames, comme les amanites ; ni réceptacle sphérique ,commeles sphæries, etc. 4° Quelebyssus floccosa, Dill. ; ledematium bombycinum, Pers.; le mesenterica argentea, du même; l’Ayphasma floc- 5 45 346 ANNALES DU MUSÈÉUM cosum , Rebent.; mon boletus aspersilloides, et une des va- riétés du byssus parietina, FL fr., 3° édit., ne sont qu’une seule et même plante dont le vrai genre n’a pas été connu et qui appartient aux agarics (boletus, Linn. ) 5.” Que la rhizomorpha fragilis ou subcorticalis n’a pas été mieux connu, et appartient également aux agarics (boletus, Linn.). En conséquence, je propose de nommer L'une de ces plantes, fig. 1, agaricus radiciformis , nigro- fuscus coriaceus, intus albus suberosus ; primd membrana- ceus, deinde ramosus, demüm expansus apice albidus , POrOSuS UP L'autre, fig. 2, agaricus cryptarum , albus, lanuginosus , primd floccosus eleganter venosus et ramosus ; deinde ex- pansus, filis dense intertextis panniformis, superficies al- veolatim plicata; demum tubifer, tubis apice fimbriatis et oblique truncatis. D' 14 OS ONE RE UN À IT UMR EL LE. 347 æ SUITE DES MÉMOIRES Sur les fossiles des environs de Paris. PCA PRISES RAIN ANR CE GENRE. LX X V. Came. Chama. CHARACT. GENER. T'esta bivalyis, inœquivalvis , adhœrens : natibus inæqua- libus incurvis. Cardo dente unico , crasso, obliqua, sub- crenato. Impressiones duæ musculares. OBSERVATIONS. Les camed sont des coquilles irrégulières , grossières, ra- boteuses , écMileuses ou épineuses, dont les valves sont très-iné- gales, et dont la charnière n’a qu'une seule dent oblique, épaisse, transverse, Comme calleuse et souvent crénelée ou sillonnée. Lorsque la coquille se ferme, cette dent s'enfonce dans une fossette de l’autre valve, qui est appropriée pour la recevoir. Les deux crochets sont fort inégaux et courbés en - dedans. On voit dans l'intérieur de chaque valve deux impres- sions musculaires, grandes et latérales, 45 * 348 ANNALES DU MUSEUM Linné avoit réuni à ce genre des coquilles très-différentes ; savoir, les cardites, les tridacnes , V hippope et l'isocarde. Ces coquilles sont régulières , libres , équivalves , et ont leur char- nière composée de deux ou trois dents ; conséquemment elles ne peuvent être associées aux véritables cames dont nous ve- nons d'exposer le caractère. Bruguière ayant senti l’inconve- nance de cette association, a réformé le genre chama de Linné, et a réservé ce nom aux espèces irrégulières , inéquivalves , adhérentes et qui n’ont qu’une dent à la charnière. Nous avons adopté sa réforme, parce qu’elle convient à la conservation des rapports, et qu’elle est avantageuse pour la méthode et la connoissance de ces mollusques. Les cames vivent ordinairement à une petite profondeur dans la mer. On les trouve toujours attachées aux rochers, aux coraux , ou groupées les unes sur les autres d’une manière très-variée. Leurs rapports les rapprochent de la dicérate et de la corbule. ESPÈCES FOSSILES. 3. Came lamelleuse. 7’élin, n. 33, f. 7. Chama(lamellosa ) transversim plicata; plieis concentricis, fimbriatis, laz mellosis : lamellis dentatis , supra canaliculatis. n. e Chama squamosa. Brand. Foss. Hant. n. 86. L.n. Grignon. H paroit que Bruguière a connu cette came f sile , et que c’est celle dont il fait mention sous le nom de chama rugosa, 8° 5; mais il la confond avec une came non fossile , figurée dans Lister et Gubltieri ; qui nous paroit être une espèce très-différente de celle dont il s’agit ici. La came lamelleuse est elliptique, presque orbiculaire, longue de 46 à 48 mil« Kwètres, et fort remarquable par les plis concentriques et transverses de la surface extérieure de ses valves. Ges plis sont tranchans, frangés, et les su- périeures portent des lames linéaires , dentées sur les côtés et canaliculées en dessus : ce qu’on n’observe dans aucune autre came connue. La valve supérieure est plane et a ses plis fort rapprochés les uns des autres ; l'inférieure est très-concave et a ses plis plus écartés et moins frangés. Les no D'HISTOIRE NATURELLE. 349 interstices qui séparent les plis ne sont point striés longitudinalement. Cette came fossile n’est point rare à Grignon. Mon cabinet et celui de M. Defrance. ( Voyez l'avane, pl. 67, fig. F.) 2. Came en éperon. V’élin, n. 55, f. 9 et n. 54, fig. 10. Chama (calcarata) orbiculata ; plicis transversis distantibus : superiortbns spinis prælongis canaliculatis , radiatim ecliinatis. vs L. n. Grignon. Il est possible que cette coquille ne soit qu’une variété de la pré cédente ; cependant elle offre des caractères qui lui sont si particuliers et si constans ; que je crois qu'on la peut considérer comme une espèce distincte, Elle est moins grande que la came lamelleuse, et a une forme plus orbicu- laire. Ses plis transverses sont fort écartés les uns des autres, mème sur la valve supérieure , qui est convexe. Au lieu de lames courtes dentées des deux côtés, les plissupérieurs produisent des épines canaliculées, nues, fortlongues et rayonnantes. Enfin les interstices larges qui séparent les plis transverses ont des rides ponctuées et souvent des côtes longitudinales qui les traversent, Cette coquille intéressante est peut-être le Chama , n° 87 de Brander, Mon cabinet et celui de M. Defranee. L GENRE LXXVL SPONDYLE. Spondylus. CnaRACT. GEN. ‘ Testa bivalvis, inæquivalvis, subaurita , rudis ; natibus inæqualibus : inferiore productiore suprà truncüté, unt- sulcatä. Cardo dentibus 2 crassis recurvis , cum fo- veolé intermediä ligamentum recipiente. Împressio mus- cularis unica. OBSERVATIONS. Les spondyles qu'on nomme valgairement Auftres épineuses, sont des coquilles irrégulières , méquivalves ; rudes au toucher et remarquables dans la plupart des espèces par les pointes nombreuses, souvent très-longues et quelquefois élargies en écailles, dont leurs valves sont hérissées. Ces coquilles sont 350 AN NA LUE Sp om ut SET M ordinairement attachées aux rochers ou aux coraux, comme les huitres et les cames, et s'en rapprochent par leur ma- nière de vivre, par l'inégalité de leurs valves, etc. Mais elles sont éminemment distinguées des unes et des autres par le carac- ière particulier de leur charnière et de leur crochet inférieur. La valve imférieure des spondyles est la plus grande, la plus concave et la plus massive. Elle se termine à son crochet par un talon qui semble avoir été taillé en dessus avec un ins- trument tranchant, et qui présente une facelte triangulaire, inclinée, partagée par un sillon. La charniere de cette valve offre deux dents épaisses, crochues, qui se logent dans deux cavités de la valve supérieure. Entre ces deux grosses dents se trouve une fosseite au fond de laquelle le ligament est at- taché; mais ce ligament pénètre dans le sillon qui partagela facette du talon. Or les différentes longueurs de ce talon dans différens individus de la même espèce prouvent qu'à mesure que l'animal du spondyle grandit et vieillit , if dépose derrière lui tant de matière testacée, qu'il agrandit le talon de sa valve inférieure, avance graduellement la charnière de cette valve, ainsi que son ligament, et se déplace lui-même avec sa valve supérieure : ce qui a lieu pareïllement dans les huïtres, comme je l'ai démontré dans mes cours. La valve supérieure a aussi deux dents cardinales comme l'inférieure; mais ces dents sont plus écartées , parce qu’elles laissent entre elles trois fossettes, dont celle du milieu recoit l'autre portion du ligament. Le crochet de cette valve est petit, ne forme jamais de talon , et se courbe vers la fossette du li- gament. Dans toutes les espèces, cette valve est ornée de stries longitudinales rayonnantes comme dans les peignes. Toutes les spondyles sont auriculées à leur base , mais moins D'e 1, SUTAONTL AE NE Na STÉUN EVENT E. 357 fortement que les peignes. Leur ligament est aussi tout-à-fait intérieur , sauf la portion qui subsiste dans le sillon du talon, Ces coquilles sont ordinairement vivement colorées, assez variées dans leurs couleurs , très-singulières dans leur aspect, et fort agréables à la vue. Aussi sont-elles très-recherchées des amateurs pour l'embellissement des collections. Les spondyles vivent principalement dans les mers des pays chauds et quelques espèces dans celles des climats tempérés: On les trouve attachées aux rochers , à une assez grande PEor fondeur sous les eaux. ESPÈCES FOSSILES. 1. Spondyle rape. 7’élin , n.° 353, f. 8, et n° 55,f. 1. Spondylus (radula) subauritus ; striis longitudinalibus asperis : aliis squa- moso-muricatis, aliis submuticis granulatis. n. L. n. Grignon. Les plus grands individus de cette espèce sont plus petits que le spondylus gaederopus : ils ont à peine 5o millimètres (21 lignes) de lon- gueur, La coquille est ovale-orbiculaire ; oblique, et rude au toucher, comme une rape. Elle est remarquable par les stries rayonnantes de sa valve supé- rieure qui sont Loutés très-fines, nombreuses et serrées. Les unes, néanmoins, un peu plus fortes et plus relevées que les autres, portent de petites écailles relevées, en épines et distantes entre elles ; mais ces stries épineuses séparées les unes des autres par six à neuf stries plus petites ei simplement granuleuses. Il en résulte que les stries chargées de petites épines forment des rayons écartés entre eux, disposés d’une manière assez régulière et même élégante. Les épines de ces stries n’ont pas 2 millimètres de longueur, et la plupart en ont à peine un ou la moitie d’un. Le dessous de la lave infé- rieure est feuillelé par des lames élargies et transversales, Mon cabinet et celui de M. Defrance, 352 ANNALES DU MUSÉUM GENRE LXX VIT Price. Pecten. CHARACT. GEN. Testa bivalvis,inæ@quivalvis , regularis , auriculata ; nati- bus contiguis. Cardo edentulus : foveol& cardinal tri- gon&, ligamentum internum recipiente. Impressio nwus- cularis unica. OBSERVATIONS. Les peignes constituent, dans la Conchyliologie, un des genres les plus naturels, les mieux caractérisés et les plus beaux que l'on connoisse. Aussi l'on peut dire que Linné a eu grand tort de réunir ce beau genre avec les huitres, quoiqu'il en ait formé une section particulière parmi les espèces de son genre ostreu. Au lieu de présenter des coquilles adhérentes , irré- gulières et d’un tissu lamelleux ou feuilleté comme les huïtres, les peignes sont des coquilles libres, régulières, d’un tissu @rré et solide, d'une forme élégante, et remarquable dans presque toutes les espèces par l'éclat et la variété des couleurs dont elles sont ornées. Ces coquilles sont presque orbiculaires, à valve supérieure, le plus souvent aplatie; tandis que l'inférieure est plus ou moins convexe, et toutes ont à leur base ou près de leurs crochets deux oreillettes mégales, conformées de manière que le bord mférieur de la coquille paroît coupé en ligne droite. 9e l’extré- mité des crochets , et principalement sur la valve supérieure, partent une multitude de côtes ou stries longitudinales, régu- lières ct divergentes comme des rayons. nr" D'HISTOIRE NATÜRELLE. 353 Les valves n’ont en général qu’une médiocre épaisseur , et présentent intérieurement une seule impression musculaire, superficielle et peu marquée. Leur bord interne’est plissé par extrémité des rayons. La charnière n'offre aucune dent; mais sous les crochets on voit dans chaque valve une petite fossette trigone, dans la- quelle s’insère le ligament, qui est tout-à-fait intérieur. Ainsi, la position de ce ligament , la contiguité des crochets qui ne forment jamais de talon, et les autres caractères déjà cités, distinguent éminemment les peignes des huftres , ei n’autorisent nullenient à les réunir dans le même genre. Ces considérations ont engagé Bruguière à rétablir ce beau genre, dont toutes les espèces ont entre elles l’analogie la plus frappante. Fous les peignes n’ont point leurs valves exactement closes : car ,dans plusieurs espèces, les valves sont un peu bäillantes dans le voisinage des oreilles, et dans d’autres on aperçoit une ou- verture irrégulière sous l'oreille la plus grande, et qui semble indiquer que l'animal se Bxe par un byssus. Quant à la coquille, elle n’est point adhérente , et si dans certaines espèces l'animal se fixe par un byssus, ce qui n'est pas encore constaté, il se détache sans doute à volonté , eta, comme les autres espèces, la faculté de changer de lieu. Les peignes vivent dans le voisinage des côtes; on en trouve dans toutes les mers. ESPECES FOSSILES,. 1. Peigne plébéien. 7’élin, n. 359, £ ?. Pecten ( plebeius )orbiculatus ; radïis vigenti angulato-striatis ; auriculis scabris inœqualibus. n. £. Idem, auriculä majore angustiore. Vélin, n.59, f. 3. L. n. Grignon. Ge peigne n'offre rien de bien saillant dans son caractère comme 8. 16 354 AN INA LES Lap ge fm wiS#ÉM EM espèce, et cependant il est distinct de tous ceux que l’on connoiît. C’est une coquille presque orbiculaire, peu bombée , élégamment rayonnée en dessus et en dessous par des cannelures anguleuses, striées, nombreuses et diver- gentes. On compte vingt à vingt-quatre de ces cannelures; elles sont mu- tiques, mais dans leurs interstices on aperçoit une rangée d’écailles très- petites et serrées. La grandeur de ce peigne est au-dessous de la médiocre, carles plus grands individus n’ont que 2; millimètres de longueur. Les oreitles sont sillonnées longitudinalement par des rides écailleuses. Cette coquille fos- sile n’est point rare à Grignon. Mon cabinet et celui de M. Defrance. 2. Peigne enfumé. V’élin , n. 30, f. 2. Pecten (infumatus) suborbiculatus ; radiis trigenta rotundatis : lateralibus subasperts ; auriculis inæqualibus. n. L. n. Grignon. Celui-ci n’est pas plus grand que celui qui précède, et même on le trouve toujours d'une taille inférieure. Il offre à peu près la mème forme ; mais ses rayons sont plus nombreux: car on en compte de trente à trente-quatre. Ce sont des cannelures arrondies, non striées ni anguleuses , la plupart lisses où mutiques; mais, dans les plus grands indi- vidus, les cannelures latérales sont un peu écailleuses. Dans chaque in- terstice des cannelures on aperçoit une ligne hérissée de très-petites écailles. Ce petit peigne est d’un gris-brun, comme enfumé; et intérieurement il est presque noirâtre avec une tache blanche à la place qu’occupoit l’ani- mal. Il se rapproche du petit peigne noir ( pecten atratus, n. ) que l'on trouve dans la Manche sur nos côtes ; mais il en est distinct. Mon cabinet et celui de M. Defrance. 5. Peigne en écaille. 7/e/in, n. 59, f. 5. Pecten (sgamula) orbiculatus, minimus , subocto-radiatus; radiis internis.n. L.n. Parnes. Ce peigne singulier est si petit que les plus grands individus ne l’emporteat point par leur taille sur lazomia squamula. Va surface exté- rieure de ses valves est lisse et n'offre aucune cannelure rayonnante ; ce qui peut être dû à quelque encroûtement de cette surface ; maïs l’intérieure pré- sente sept où huit rayons bien distincts qui .n'atteignent pas tout-à-fait le bord des valves. Les oreilles de cette petite eoquille sont inégales et lisses des deux côtés. Cabinet de M. Defrance. \ QT D'HISTOIRE NATURELLE. 3 NOT A. On trouve ailleurs en France différens peignes fossiles que les limites de Ja localité que nous embrassons ne nous permettent pas de décrire. Nous citerons ici les deux espèces suivantes ; savoir , une belle espèce fossile et fort grande que l'on rencontre dans les environs de Bordeaux et qui paroit tenir le milieu entre le pecten pleuronectes et le pecten japonicus : nous la nommerons Pecten ( burdigalensis ) orbiculatus , utrinquë conveæus et radiatus; lateribus hiantibus. n. L'autre espèce est tellement voisine du pectez plicatus ( ostrea plica de Linné}, qu’elle paroit d’abord n’en être qu'une variété; mais elle n’est point striée longitudinalement. La coquille n'a que cinq ou six rayons, dont quatre sont assez larges : nous croyons qu’on peut la nommer et la caractériser ainsi : Pecten ( palmatus ) orbiculato-cuneatus ; radiis subsenis latiusculis lævibus ; auriculis inæqualibus. Mon cabinet. 356 ANNALES DU MUSÉUM NOTICE SUR LES ILES BERMUDES, ET PARTICULIÈREMENT SUR L'ILE SAINT-GEORCES, Adressée à MI. les professeurs du Muséum d'histoire naturelle par FrAncors - ANDRÉ Micuaux, agent temporaire de l'administra- tion impériale des eaux et foréts dans l’Ame- rique Septenirionale. J E m'embarquai à Bordeaux le 5 février 1806 pour les États- Unis :mon voyage avoit pour objet de faire parvenir à Padminis- tration impériale des eaux et forêts une grande quantité de graines et de plants des arbres forestiers qui peuvent se naturaliser en France, et réussir dans des terrains incultes où nes arbres. indigènes refusent de croître. Le 23 mars, le navire améri- cain sur lequel j'avois pris mon passage fui amariné par le Leander, vaisseau de guerre anglais, commandé par M. je capitaine Henri Witheby, qui le SOnpeOnRsns chargé pour le compte des négocians français, lenvoya à Halifax, chef-lieu d'une station anglaise dans la Nouvel eue) pour que le juge D'H1 STIO L'REXNUA UR EXNLIE. 357 de l'atmirauté décidât s'il devoit être retenu. Seul des passagers jeus ordre de me rendre sur le Leander, où je restai pen- dant quarante-trois jours que dura la croisière. Cette circons- tance fâcheuse qui m’éloignoit de plus de six cents lieues de Charles-Town, me procura l’occasion de voir les îles Bermudes où le Zeander relacha le 7 avril pour renouveler ses provisions d’eau. Il y resta huit jours, et j'obtins du capitaine, qui a eu pour moi les meilleurs procédés, la permission de descendre plusieurs fois à terre: j'en profitai pour faire quelques obser- vations que je vais vous communiquer (1). Le nombre des îles qui composent l'archipel des Bermudes est assez considérable, et les habitans disent qu'il égale celui des jours de l'année. Les plus grandes n’ont, dit-on, que 12 à 13 milles de longueur. Les plus petites ne se présentent que comme des pointes de rochers élévés au-dessus des eaux. Leur ensemble occupe une étendue d'environ 35 milles en lon- gueur , sur 20 à 25 milles en largeur. Vers le nord, des bancs de rocher situés à peu de profondeur s'étendent de 30 à 4o milles, et en rendent l'approche dangereuse aux navires. Ces iles, beaucoup moins élevées que les Açores, offrent dans éloignement à peu près la même apparence ,et ressemblent à de hautes et longues collines couvertes d’une sombre ver- dure. Elles ne sont point environnées d’une plage basse et sa- blonneuse comme les côtes des Florides, mais bordées de ro- chers élevés, contre lesquels viennent se briser les flots de lOcéan. Celle près de laquelle viennent mouiller les vaisseaux 1) M. Michaux a été relâché à Halifax, et s’est rendu à New-Yorck. 358 ANNALES DU MUSÉUM anglais, porte le nom de Saint-Georges. C’est aussi le nom du chef-lieu. Hamilton est dans une autre ile, à 15 milles de dis- tance :et ce sont les deux seules villes qui existent aux Ber- mudes. Il n’y a point de réunion de maisons qu’on puisse con- sidérer comme des villages. L'ile Saint-Georges, la seule que j'aie parcourue, est située au nord de l'archipel. Elle est de la deuxième grandeur , ayant 9 milles de long sur une largeur de 3 milles en certains en- droits, et seulement d’un quart de mille dans d’autres. Le détroit qui sépare sa côte méridionale de l'ile Saint-David cons- titue le port, dont l'entrée est fort resserrée par la pointe d'une autre ile. Elle est bordée de rochers noirätres , contigus, dont la hauteur varie de 5 à 25 pieds. Dans son ensemble , elle pré- sente une longue colline dont les inégalités donnent naissance à autant de petits vallons. Sur les hauteurs, le sol est aride et sablonneux , souvent même la roche se montre à nu’; dans les endroits bas, au contraire, la terre est brune, argilleuse, lé- gérement humide, et la vigueur de la végétation annonce lex- irême fertilité du terrain. Les trois quarts de l'ile sont couverts de bois; le reste est en partie cultivé, ou si aride qu'il n'est pas susceptible de l'être. Les plantes naturelles au pays sont peu variées; et quoique mes courses dans l'ile aient été très-rapides, je crois pouvoir assurer que le nombre des espèces n’excède pas cent quarante ou cent cinquante. Parmi ces plantes on en trouve plusieurs de l’ancien continent, qui ne paroissent pas de nature à y avoir été transportées : telles sont verbascum thapsus, ana- gallis arvensis, mercurialis annua, leontodon taraxacum , plantago major, urlica urens , gentiana nana, oxalis açe- D''HES T'OD RE ON Al U'AIENLIUIE, 359 tosella, etc. On y trouve aussi le grand chou palmiste , cha- mœærops palmeto, et le rhus toxicodendrum de V Amérique Septentrionale. Quant aux autres plantes, je n’ai pu en déter- miner qu'un petit nombre ; mais j'ai recueilli des graines de toutes celles qui én avoient conservé de l'année dernière, entre autres, d'un arbuste dont les feuilles aromatiques ressemblent à celles de la sauge : ce qui la fait nommer sagesbash par les habitans; d’une jolie espèce de verbena, et d'un petit medicago, dont chaque pied occupe à peine un pouce de terrain : c’est la plante la plus commune du pays. Elle vient partout , et forme seule presque toute la verdure; car la surface de la terre n’est point , comme en Europe et aux Etats-Unis, couverte princi- palemeut de graminées, et cette famille de plantes est très- peu nombreuse aux Bermudes. Le juniperus bermudiana , nommé par les habitans cedar, cèdre , est le seul arbre forestier de ces iles : toutes en sont ceu- vertes, et c’est cet arbre qui, vu en masse dans l'éloignement, leur donne un aspect triste et sombre. Ïl croit dans tous les terrains et à toutes les expositions; mais, dans les vallées, sa végétation est plus vigoureuse que sur le sommet des collines, et les branches primordiales naissent à une plus grande hau- teur. Son élévation n'excède pas 4o à 50 pieds; et son dia- mètre est d'un pied à 15 pouces. Quoique les branches aient de la tendance à se rapprocher du tronc, celles des arbres adultes se touchent entre elles : ce qui peut donner une idée de la distance à laquelle ils sont placés. Sur les hauteurs et dans les endroits qui, ayant été exploités depuis peu, se sont re- garnis d'eux-mêmes, un quart des jeunes individus forme le buisson ; les branches prennent naissance tout près de a terre et s'étendent à 8 ou 10 pieds à la ronde. 360 ANNALES DUMUSÉUIM Ces bois ne sont pas assujétis à des coupes. régulières : on abat un arbre en tel endroit que ce soit lorsqu'on le juge propre à usage auquel on le destine: on laisse à la nature le soin de repeupier les parties où l’on a fait des coupes ; et c’est certainement à celle imprévoyance qu'on doit attribuer le prix auquel s’est élevé le bois de ces arbres. époque à laquelle je me suis trouvé aux Bermudes étoit celle de la floraison. Les individus femelles sont reconnoissables, à la distance de quinze ou vingt pas, par la couleur plus foncée de leur feuillage : les graimes sont müres vers la fin d'octobre; mais elles tombent dans le courant de lhiver; et, malgré mes recherches , je n'en aperçus que quelques-unes sur les arbres, J’aurois désiré vivement en récolter : car je ne doute pas que cet arbre ne füt une bonne acquisition , soit pour l'ile de Corse, soit pour quelques-unes des parties de nos départe- mens du midi qui avoisinent la Méditerranée. On fait avec ces graines un syrop réputé utile dans certaines maladies du poumon, Le juniperus bermudiana est très-estimé pour la qualité de son bois (1): le grain en est fin, serré et plus chargé de parties résineuses que celui du juniperus virginiana. Comme dans cette dernière espèce laubier n’a que 5 ou 6 lignes d’épais- seur dans un arbre de 12 à 14 pouces de diametre, ce bois est employé à faire des bateaux (s5/00ps) , et ça été de tout temps la principale branche d'industrie des Bermudiens. Ces bâti- (Gi) On peut juger de sa couleur et de son odeur par les crayons de mine de plomb dits anglais : le génévrier des Bermudes cet celui de Virginie sont égale- ment employés à leur fabrication. D'HISTOIRE NATURELLE. 361 mens sont estimés à cause dg leur marche supérieure, et plus encore parce qu'ils sont d’une très-longue durée. On dit cepen- dant qu'ils sont plus exposés à se briser , s'ils viennent à toucher, que ceux en bois de chêne. Depuis quelques mois, six lougres (cutters) doublés en cuivre, du port de 120 à 140 tonneaux, ont été construits aux Bermudes par ordre du gouvernement anglais. : Le juniperus bermudiana fait seul la richesse des habitans; et l'on évalue la fortune de chaque particulier par le nombre d'arbres qu'il possède. On les vend sur pied une guinée la pièce. On n'a assuré qu’il n’y avoit point de quadrupèdes naturels au pays. Les seuls oiseaux que j'aie vus dans les bois sont le cardinal, loxia cardinalis , et oiseau bleu, motacilla sialis, qui, comme l’on sait, appartiennent au continent de l'Amé- rique-Septentrionale. Tous les ans , dans les mois de mars et d'avril, le cachalot s'approche très-près des côtes : quelques habitans, mais surtout des hommes de couleur , libres , se livrent à cette pêche. Les coquillages les plus communs appartiennent aux genres turbo, donax, mytillus. Ceux de cette dernière espèce sont fort abondans et n’ont que 5 à 6 lignes de longueur. L'agriculture, aujourd’hui presque nulle aux Bermudes, y étoit autrefois florissante. On en voit la preuve par les registres de la douane qui font mention de la quantité de sucres et de vins exportés annuellement de la colonie. Les habitans actuels emploient le petit nombre de nègres qu'ils possèdent à cul- tiver des légumes et du maïs, et à élever de la volaille. Ils ont aussi très-peu de bestiaux , et je n’ai vu dans l’île qu’une dou- Ô. #7 362 ANNALES DU MUSEUM zaine de vaches qui paroissoienYpincer avec difficulté l'espèce de medicago dont j'ai parlé. On trouve dans la campagne des enclos propres à faire un meilleur pâturage ; mais ils sont éga- iement plantés en juriperus. Les provisions de toute espèce sont si rares et si chères, que les vaisseaux de guerre qui viennent continuellement aux Bermudes ne peuvent s'ÿ pro- curer que des pomimes de terre et des oignons. Il n'y a dans l'ile qu'une seule espèce de pierre, qu’on trouve partout à quelques pieds de profondeur. À la sortie de la car- rière elle est tres-blanche et si tendre qu'on la réduit en pous- sière entre les doigts; lorsqu'elle a été exposée à l'air , elle de- vient d'un gris foncé, et acquiert assez de dureté. Vue à la loupe, elle n'a paru composée d’un sable très-fin et de co- quillages. Deux carrières sont en exploitation près de la ville, dans chacune desquelles sont employés huit à dix nègres ou mulatres, qui gagnent d’une piastre à une piastre et demie par jour. Le travail est facile : les pierres détachées de la masse sont sciées en dalles d'un à deux pieds de largeur sur six à huit pouces d'épaisseur. On ne voit dans l'ile Saint-Georges, non plus que dans presque toutes les autres, ni sources ni ruisseaux, ét lexpé- rience a prouvé qu'on ne pouvoit y creuser des puits; aussi ne fait-on usage que de l'eau des pluies, qui, par les précau- : üons qu'on a prises, suffisent non-seulement à la consomma- tion des habitans, mais encore à lapprovisionnement des vais- seaux de guerre qui ne relàchent aux Bermudes que pour renouveler leurs provisions d’eau. À environ cent pas du bord de la mer, sont construites, sur un plan incliné, deux immenses terrasses de forme trian- gulaire, destinées à recevoir Les eaux de la pluie, qui coulent D’ HT STORE (NN À °D VU R EMAIL E, 363 dans’des citernes, auprès desquelles on roule les pièces vides, qu'on remplit avec des pompes à bras. Ces terrasses sont construites en maçonnerie, entourées d’un mur à hauteur d'appui, et quoiqu’elles occupent chacune un espace de 450 à 5oo toises, elles ne suflisent pas toujours à lapprovisionnement de tous les bâtimens. La distance des ci- ternes du Gouvernement à la ville est d'environ un mille. Le chemin qui y conduit a 8 à 10 pieds de large et est ombragé par des juniperus. Les vaisseaux de guerre du premier et du se- cond rang ne pouvant entrer dans le port, ils mouillent sur la côte, et sont conduits par un pilote à la distance d’un à deux milles des citernes. La ville de Saint-Georges n’a que 250 à 300 maisons. Elle est coupée d'une douzaine de rues fort étroites, non pavées, et dont une seule peut admettre le passage des voitures; les maisons, dont la moitié seulement ont un étage au-dessus du rez-de-chaussée, sont la plupart badigeonnées en jaune. Toutes sont construites en pierre et couvertes en tuiies maconnées ensemble par leurs extrémités, avec une gouttière autour du toit pour recevoir les eaux des pluies : ce toit, peint en blanc, réfléchit les rayons du soleil; ce qui fatigue beaucoup la vue. Plusieurs maisons ont de petits jardins dont les murs sont couverts de raquettes, cactus opuntia. On n’y cultive que les légumes les plus communs. Jai cependant vu dans quelques- uns le carica papaya, le melia azedarach, le bananier et les geranium roseum et zonale. On rencontre très-peu de monde dans les rues; et les ha- b'tans paroissent d’une extrême indolence. Il n'y a dans la ville que cinq ou six marchands, qui vendent fort cher des épicerles , des clincailleries, des draperies. Les Américains REA 364 ANNALES DU MUSEUM apportent dans le pays des planches, du maïs, de la farine, du beurre et quelques-autres provisions qu’on leur paye argent comptant. La monnoie du pays est la piastre forte. On estime de 8 à 9000 ames la population des Bermudes. J'ignore la proportion entre les blancs et les nègres, qui sont , dit-on, plus nombreux. On accuse les gens de la classe infé- rieure d'épier les navires pendant Îles tempêtes, pour piller ceux qui ont le malheur d’échouer sur la côte; et les corsaires bermudiens ont toujours été redoutés à cause de leur dureté. Ces iles passent pour étre très-saines: c’est ce dont on ne peut douter d’après leur situation et leur conformation inté- rieure. À bord du Zéander, vaisseau de S. M. britannique, pendant son passage des Bermudes à Halifax , le 2 mai 1806. D'HISTOIRE NATURELLE. 365 LE RER UE Adressée à M. nE LacéPine, sur les poissons du golfe de la Spezzia et de la mer de Génes. PAR M. FAUJAS-SAINT-FOND. Gènes, le 20 août 1805. Je eu l'honneur de vous écrire de Nice et de vous faire part que j'avois vu dans cette ville M. Mars, homme d'esprit, versé dans la connoïssance des auteurs grecs et latins, et qui a formé une collection des minéraux de son département, et s'occupe dans ce moment de recherches sur les coquilles ter- restres et fluviatiles du pays; celles-ci doivent être abondantes et variées sous un si beau ciel et dans un climat où la verdure ne leur manque jamais, et où le froid ne les tourmente guère. J'ai vu aussi M. Risau , jeune naturaliste insiruit et plein de zèle, qui s'occupe de son côté et dans la même ville, des poissens, des productions marines et des minéraux; il me remit pour vous un poisson qu'il considère comme non. décrit. M. du Bouchage, préfet du Var, s'est chargé de vous le faire parvenir. Il y a huit jours que je suis à Gênes. J’ai embarqué ma 366 ANNALES DU MUSEUM voiture à Nice, et j'ai fait le trajet, par la Corniche , en quatre jours, souvent à pied et sur la route la plus pénible et la plus périlleuse que je connoïsse, Saussure et M. Pictet,: Spal- lanzani quelque temps après eux, firent autrefois ce même voyage et recueillirent des observations géologiques très-im- portantes ; mon projet éloit de les vérifier , et d'y joindre , si La chose étoit possible, quelques faits de plus. Le mauvais temps contraria beaucoup Saussure : Spallanzani r’étoit point alors initié dans la minéralogie. Le temps me favorisa dans cette traversée pénible, et je pus voir tout ce qui m’intéressoit. A Gênes, le professeur de botanique Viviani a eu la bonté de m’accompagner partout. Je connoissois depuis long-temps I. le comte Hyppolite Durazzo, qui a un charmant jardin , pleim de belles plantes, au Zerbino. Son frère a formé dans son palais de Cornigliano près de Sestri une vaste coliection des diverses productions de la nature dans tous les genres. Je dois à M. Viviani la connoiïssance de M. de Spinola qui a une belle collection d'insectes de la Ligurie, et quelque chose de plusexcel- lent et de plus rare encore, un esprit droit, clairvoyant et solide, Comme je vous avois promis quelques recherches sur les poissons de cette mer, et que j'aimois aussi de mon côté à bien connoitre les coquilies qui y habitent, pour les comparer à celles qu'on trouve dans l’état fossile , sur tant de points de la France et ailleurs, je m’adressai, selon mon usage, aux pé- cheurs du pays. Je visitai les marchés, qui sont toujours abon- damment approvisionnés ; je n’occupai surtout de la nomen- clature locale, utile et commode pour obtenir sur les lieux telle ou telle espèce de poisson on de productions marines dont on peut avoir besoin. Sachant que je faisois chaque jour ce travail, M. Viviani m’évita D'HISTOIRE NATURELLE. 367 beaucoup de peine pour les poissons ; il s’étoit occupé lui-méme avec assiduité et constance, depuis plusieurs années, derecher- ches analogues ; et comme la langue génoise lui est aussi fami- lière que la langue italienne , je pouvois compter sur l'exactitude de sa nomenclature ; j'entendis d’ailleurs plusieurs fois les pé- cheurs nommer les poissons d’une manière absolument con- forme. Je n’empresse donc de vous envoyer , 1.” la nomencla- ture linnéene des poissons de la mer de Gênes et de ceux du golphe de la Spezzia ; 2.° celle des Italiens , et la nomenclature vulgaire du pays, c'est-à-dire, celle des pécheurs et du peuple. J'y aurois joint les noms francais de vos genres et de vos espèces, si j’avois eu votre savant Ouvrage avec moi: mais vous y suppléérez en recevant ce catalogue, qu'il faut considérer plutôt comme louvrage de M. Viviani que comme le mien. Je n'ai pas manqué d'y placer à part le nom de quelques espèces que M. Viviani regarde comme nouvelles , ou qui n’ont pas été bien décrites. Brunnich publia en latin une /chthyologie marseillaise , très-bien faite; mais il se contenta de joindre au nom systéma- tique le nom provençal. Nous aurons dans celle des poissons de la mer ligurienne le nom francais, le nom latin , le nom italien et le nom vul- gaire génors. On pourra avoir recours à l'ouvrage de Brun- mich, pour le nom provencal. Les voyageurs et les naturalistes auront par ce moyen une grande facilité pour obtenir les poissons dont ils pourront avoir besoin sur ces différentes par- lies d'une mer si fertile en belles espèces. 36S A NN A LES, D U MUSÉUM NOMENCLATURE de poissons de la riviere de Gênes et de la Spezzia. £ Ophisure serpent. ÉMurène anguille. A! & Murène myre. Murène congre. SN Ophidie barbu. Fe PRE f| Stromatée fiatole. re S|Uranoscope rat. él | Trachine vive. # Gade merlan. Gade mustelle. : Gade merlus. 4 Blennie méditerran. F Blennie gattorugine. É | Blennie pholis. Cepole serpentiforme. Gobin aphye. ÿ|Gobin boulerot. Scombre thon. à Scombre bonite. IScombre maquereau. Scombre maquereau. Muræna serpens, Muræna anguilla. Muræna myrus. Muræna conger. Ophidium barbatum. Xiphias gladius. Stromatfeus fiatola. Uranoscorpos scaber. Trachinus draco. Gadus merlangus. Gadus mustella. Gadus merluchius. Gadus mediterraneus. Blennius gattorugine. Blennius pholis, Cepola rubescens. Gobius aphya. Gobins niger. Scomber thymus. Scomber pelamis. Scomber scomber. Scomber colias. GÉNOIS. Biscia de mä. Anghilla de mà. Serpente de mà. Grongo. Signoa. Pesce spa. Pesce fiasco. Pesce preve. Pesce agno- Nasello de fondo. Mostella. Nasello. Morone, Ghiggionin. Ghiggionin. Lamia. Rossetto. Ghiggion, Tonno. Paamia. Laxerto. Strombo, ITALIEN. Biscia di mare. Anguilla di mare. Serpe di mare. Signora. Pesce spada. Pesce fiasco. Pesce prete. Pesce ragno, Specie di mustella. D’ HIS MORE NATUREL LE. l|Daranx trachure. [aranx glauque. ÉlEchneis remora, Coriphène hypurus. 1 Coriphène rasoir. |Scorpène marseillaise. à Scorpène rascasse. Ê | Scorpène truye. ; Dactiloptère pirapède. ÿ | Trigle lyre. | Trigle hirondelle. lrigle grondin. l'rigle cavillone. A|Peristédion malarmat. At Ë| Labre girelle. N| Labre canude. Al Labre vert. ; Labre varié. ; 3pare dorade. “| Sparesargue.! ; Spare mendole.| | pare pagel. pare pagre. | pare bogue. pare paupe. 8. LINNÉ. Scomber trachurus. Scomber glaucus, Echneis remora. Coryphæna hippurus. Coriphæna novacula. Scorpæna missiliensis. Scorpæna porcus. Scorpæna scrofa, Trigla volitans. Trigla lyra. Trigla hirundo. Trigla cuculus. Trigla aspera. Trigla cataphracta. Mullus barbatus. Sciæna cappa. Labrus julis. Labrus cynedus. Labrus viridis. Labrus varius. Sparus aurata, Sparus sargus. Spirus maena. Sparus erythrinus. Sparus pagrus, Sparus boops. Sparus salpa GÉNOIS. Sô. Leccia. Remoa. Leccia bastarda, Pesce peltine. Scorpena. Pesce capon. Pesce rondine. Pesce organo. Caussano. Pesce forca. Treggia. Specie di lucerna, Tordo de scheuggio. Specie de tordo. Specie de tordo, Tôrdo d’alga. Oggia. Sagao. Menua, Pagao. Bezugo. Boga. Sarpa. ITALIEN. Remora. Triglia. Tordo di scoglio, Dorata, Sagaro. Pagaros Boga. Salpa. 48 370 LACÉPÈDE. H|Spare denté. M|Spare morme. A\Spare maron. A|Lutjan serran. H| Centropome loup. f'Sciène umbre. Holorentre marin. à Persèque umbre. Zée forgeron. | Pleuronecte limande. El! Pleuronecte sole. {| Pleuronecte carrellet, f Esoce belone. K| Argentine bonuk. N | Athérine Joël. F Muge céphale. Exocet sauteur. 4] Clupée sardine, A |Clupée alose. | Clupée anchois. F|Serpe argentée. Murénophis hélène. ANNALES DU 'MUSÉUM LINNÉ. GENOIS. ITALIEN: Sparus dentex. Dentexo. Dentice! Sparus mormyrus. Mormoa. Sparus chromus. Castagueua. Castagnola. Sparus vioïi blach. Rondanin. Perca cabrilla, Perca labrax. Lovazzo. Sciena umbra. Pesce corvo. Figao. Perca marina. Pompino ( lorsqu’il est petit ). Lnxerno (lors- qu’il est grossi ). Ombrinna, Sciena cirrhosa, Zeus faber. Pesce san pè. Pesce S. Pietro. Pleuronectes limanda. | Lingua bastarda. Pleuronectes solea. Lingua. Pleuronectesrhumbus. | Rombo. Esox belone. Agon. : Argentina sphyraena. | Agheu. Atherina bepselus. Paascatta. Mugil cephalus. Musao. Exocætusexiliens. Pesce rondine, Clupea sprattus. Sardeinna. Sardella. Clupea alosa. Salacea. Clupea enchrasicolus: | Ancina. Acciuga. Salmo gasteropelecus. | Aciua de Barberia. Acciuga di Berbaria. Murena helena. Mueiuna. Morena. D'HISTOPRE NATURE C LE. 371 Je joins ici, sur une colonne séparée, le nom de quelques poissons que M. Viviani considère comme des espèces nou- velles, ou du moins comme des espèces peu connues ou mal décrites. Trigla pygmea. Sciena figaro , appelé par les Génois figao. Cyprinus giganteus , en génois pescere. Espèce très-délicate , rare et non décrite. Labrus sanguineus. Labrus argus. Je demanderai ces cinq espèces de poissons, lorsque la saison sera plus convenable, pour vous les envoyer ; ce qui vous mettra à portée de vérifier les observations de M. Viviani sur les mêmes objets. Je partirai dans quelques jours pour Mantoue ; et lorsque je serai dans le pays vénitien, je ne manquerai pas d'aller à Chiosa pour visiter la riche et précieuse collection de M. l'abbé Stephano Chereghin , qui s'occupe , depuis plus da quarante ans , à recueillir les poissons et les autres productions de là mer Adriatique. J'espère que jaurai le plaisir de vous écrire de Chiosa. Recevez les assurances des sentimens que je Vous ai voués pour la vie. FAUJAS. 72 AN N'AILIE:S) D U: INT UY"SEÉ UN DES COQUILLES FOSSILES DES ENVIRONS,DE MAYENCE. PAR M. FAUJAS-SAINT-FOND. Dans le voyage géologique de: Mayence à Oberstein, inséré dansles Annales du Muséum d'Histoirenaturelle , tom. 5, p. 293, j'annoncai que les collines des environs de Mayence quis’étendent à plus de trois lieues de longueur , et occupent près d’une lieue de largeur, sur une hauteur moyenne de trois cents pieds en- viron, ne Sont composées que de coquilles attachées les unes aux autres; que plusieurs de ces collines, particulièrement les plus grandes, ne renferment en général que deux espèces de bulimes d'une parfaite conservation: et ces coquilles Sont si petites qu'on peut en faire entrer quatre cents dans une case carrée dont les côtés ont quatre lignes de ‘face. Comane mon but m'étoit pas alors d'entrer dans des, détails sur le genre et l'espèce de ces coquilles, jannoncçai que j'en ferois l'objet d'un Mémoire particulier. Cette inconcevable fécondité de la nature dans la forma- tion de certaines espèces de mollusques testacés; le lieu où l'on trouve celles-ci réunies en quantité aussi mmense; la cause qui les à disposées en bancs d’une grande épaisseur et d’une étendue considérable ; la force de cohésion qui les a réunies et \ À D'ÉHYIÈSYTIOUL RE ON À TU'RE LL E. 373 liées sans autre intermédiaire qu’un peu de poussière de ces mêmes coquilles dissoute par leau; leur délicatesse et leur fragilité qui n’auroient jamais permis à des vagues tumultueuses de les arracher du sein d'une mer lointaine, pour les déposer ici à Ja suite de quelques grandes catastrophes de la nature, présentent autant de faits bien dignes de lPexamen et des mé- ditations de ceux qui étudient la géologie avec l'exactitude et la méthode qu’elle comporte, depuis que lon s'occupe avec raison à.en former une science exacte. Je me contenierai de rechercher ici si ces coquilles qui ont, au premier aspect, une apparence fluviaule , sont ma- rines ; et comme elles n’ont jamais été fisurées ni décrites systématiquement, je remplirai cette lacune par une planche gravée avec soin, d’après le dessin le plus exact. M. Deluc nous apprend, dans ses Lettres physiques et mo- rales sur l'Histoire naturelle de la Terre; lettre 103, pag: 367, que rien n'est si étonnant que celle prodigieuse quantité de petits coquillages que son frère remarqua il y a vingt ans. La plupart étoient des buccins , dit M. Deluc, qui n’excé- doient pas la grosseur d'une téte d'épingle. 'extrême peti- tesse de ces coquillages fit douter d’ahord à M. Deluc qu'ils fussent marins ; maiscomme ce naturaliste trouva de très-pe- tites moules mélées avec eux, et à Opphenheim les mêmes petites coquilles, qu'il appelle buccins, pêle-méle avec des vis , il conclut de ces faits et de la disposition des carrières, que tout y est marin. « Je ne trouvai dans ces carrières, dit » M. Deluc, aucun coquillage qui fût plus décidément ma- » rin que les petits buccins et les petites moules. » Après avoir passé Weisenau, qui n’est éloigné de Mayence » que d’une petite lieue, je trouvai dans les pierres rassem- 374 ANNALES DU M UISÉUIM ».bléés lelong de la chaussée, des blocs qui étoient remplis » de cames, coquillage très-certamement marin. Je môntai » aux carrières, el} y trouvai ces cames par couches de demi- » pied d'épaisseur, entre d’autres couches de petits buccins et » de petites moules. Les cames étoient sans ordre les unes sut » les autres, mélées de petits buccins ; la plapart avoient leurs » deux batians :elles ont sept à huit lignes de diamètre. Je trou- » vai d'autres couches avec les petites vis d'Oppenheim, et » enfin de grandes wis de la méme espèce, de grandes moules » nacrées et même des huitres; ainsi toute équivoque est levée : » tous ces coquillages sont marins, ( Letire 103, pag. 367.) D'après les faits rapportés par M. Deluc, et qui sont exacts, tout tend à prouver en effet que ces coquilles accu- imulées en aussi grand nombre sont marines, et c’est bien-là mon opinion. Mais pour arriver à une démonstration plus positive encore , il eùt fallu que ce géologue eût évité de commettre une erreur de nomenclature, que les conchilio- logistes ne lui passeront pas, celle d’avoir donné le nom de buceins à ces petites coquilles qui ne sont pas de ce genre, et celui de cames à des coquilles bivalves qui accompagnent les premières, et qui appartiennent au genre vénus. Mais il faut être juste et honnête dans ses critiques, lorsqu'on relève sur- tout des erreurs qui, à l’époque où M. Deluc publioit ses Voyages (1) , avoient échappé aux conchiliologistes qui l'avoient précédé. Bruguière mavoit pas publié alors son Tableau systématique des vers testacés, dans lequel il forma (1) M. Deluc fit paroître ses Lettres physiques et morales en 1779 , à La Haye, chez Dotune, en G vol. in-8. = N] D H LS TO:1 RE N° A TU R FIL E. 3 7 le genre bulime, qui a été si avantageusement rectifié depuis lors par M. de Lamarck (1). Comme mon but est de ne m'attacher ici qu'aux coquilles qui forment les principales masses des carrières de Mayence, depuis V'eisenau, Monbach,etc ,etquw’onretrouve ensuite au- delà du Rhin, dans les environs de Francfort, c’est-à-dire, de cette quantité innombrable de très-petites coquilles univalves qui n'ont point encore été figurées, j'ai fait représenter celles- ci, de grandeur naturelle ; afin d’en donner une idée exacte À ceux qui n’ont pas été à portée de les observer; j'ai eu at- tention de les faire représenter grossies à la loupe, afin qu’on puisse mieux en distinguer lecaractère. J'en ait fait autant pour deux moules dont une est petite, tandis que Pautre, plus grande, est nacrée en dedans , de méme que pour une vénus, quiaccom- pagnent assez souvent Îes très-petites coquilles anivalves , que je considère comme des bulimes: ces dernières recouvrent à leur tour les moules et l'espèce de vénus qui se trouvent le plus souvent disposées en couches horizontales plus ou moins 1n- clinées. À La figure 1 de la planche jointe au mémoire représente un des petits bulimes de grandeur naturelle, vu en dessus , c’est-à-dire, dans la partie opposée à la bouche. Figure 2 est la même, vue du côté de l’ouveriure. Fig. 3 est la coquille grossie à la loupe, cor- (1) Bruguière publia son excellent Onvrage sur les vers , dans l'Encyclopédie méthodique , en 1789. Lamarek a mis au jour son Système des animaux sans ver- cébres , en 1802 , et il a encore augmenté et perfectionné ses genres depuis celte époque. Voyez dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle ce qu'il a écrit sur les Fossiles des environs de Paris, ainsi que divers Mémoires particuliers qu'il a insérés dans ces mêmes Annales , sur divers genres nouveaux qu'il a établis. 9 356 ANNALES DU (MUSEUM respondante à celle de la fig’ 1. On compte cinq tours de spire ; celui de la base est très-grand. La fig. 4 est la même, vue du côté de la bouche; Favant-dernier tour de la spire s'avance dans l’ouverture , en interrompt la régularité et en rétrécit inégalement la forme. Les caractères donnés par La- marck à son genre bulime conviennent parfaitement à celui- ci: Testa sublurrita, apertura integra, oblonga, longitudi- nalis : in aduliis margine exteriore reflexo : cohimella lœvis, Dast integra , non effusa. (Annales du Muséum, Mémoire sur les Fossiles des environs de Paris, genre 35, pag. 280 du tome 4 ). Quelques recherches que: j'aie pu faire concernant ce bulime, je ne puis le rapporter: à aucune espèce distincte que nous connoissions encore. l'a des rapports avec le bulinus anatinus de, Poiret; mais lon y observe’ des diffé- rences : c'est }vurquoi je lui donne le nom provisoire de bu- lime renflé de Mayence : bulimus énflatus mogontianus, pour rappeler qu'il se trouve en immense quantité däns les carrières des environs de cette ville. Les figures 5 et 6 forment incontestablement une seconde espèce du même genre. Fig. 7 et 8 représentent ce bulime grossi à la loupe; il est beaucoup plus allongé que le précé- dent, plus pyramidal, et a un tour de spire de plus. Son ou- verture est un peu plus oblongue et dans une position plus verticale; je lui donne, puisque je n’ai point pu trouver d'a- salogue qui lui convienne, Îe nom de bulime allongé de Mayence : bulinus elongatus mogontianus. Il se présente ici une question embarrassante : M. de La- warck considère tous les buliines comme terrestres , vivant hors des eaux, mais dans des. lieux frais et ombragés. Ce sont les expressions de ce celebre zoologiste. Cependant il" y D’.Æ MSTI/OVLR EY ON A TU R E EL E. 377 a lieu de croire que les bulimes des environs de Mayence sont marins. Leur nombre immense, les vénus, les moules qui les accompagnent, les couches d’huîtres qui sont au-dessus, semblent exclure toute idée de mollusques testacés terrestres. M. de Lamarck lui-même, dans l’énumération des bulimes fossiles des environs de Paris, dont il a publié quinze espèces, en considéra deux comme pouvant être marines, et par là hors du genre ; et il en a placé cinq autres à part et à la suite des autres , qu'il appelle bulimes d’un genre douteux. Ceci prouve combien dans ces circonstances on auroit be- soin de recourir aux animaux vivans pour obtenir des notions plus positives ; mais les difficultés de se procurer des mollusques testacés marins vivans, où même conservés dans des liqueurs Spiritueuses , sont si grandes, relativement surtout à la quan- tité de ceux qui ne sont pas encore connus , particulièrement dans les petites espèces; et les naturalistes voyageurs éprouvent d'un autre côtéde si grands obstaclesilorsqu'ils sont en mer, pour se livrer à ce genre de recherches, qu'il s’écoulera bien du temps avant que cette partie des sciences naturelles fasse les mêmes progrès que les autres. Cependant le géologue , en S'appuyant sur de fortes analo- gies , plusieurs fois répétées comme dans le cas dont il s’agit, peut se croire autorisé à considérer comme marines, malgré quelques doutes qui tiennent à nos méthodes actuelles, des coquilles qu’on trouve en grand nombre avec d’autres co- quilles non moins nombreuses, sur lesquelles on ne sauroit élever le moindre doute relativement à leur état marin; sur- tout toutes les fois que les unes et les autres ont été déposées dans des bancs calcaires qui sont le résultat de grandes stra- tifications qui ne peuvent appartenir qu'à la mer. 8. 49 378 ANNALES DU MUSÉUM Je dirai, pour venir à appui de ce que avance, et qni s'applique naturellement à nos petits bulimes des environs de Mayence , que des coquilles d’une nature absolument sem- blable, ont été trouvées non loin de Paris par un natura- liste très-attentif et très-exercé dans la connoissance des co- quilles fossiles. Voici la note que voulut bien me communiquer , il y a quelque temps, M. Defrance, dont la belle collection est si souvent citée par M. de Lamarck. « On trouve: entre » » Roquencourt et le Chienay près Versailles une portion de terrain formé de sable quartzeux, de detritus calcaires, mélés d’un peu de glaise et de terre végétale par-dessus, dans lequel on voit des pierres qui ne sont composées que de petits bulimes absolument semblables à ceux que lon trouve dans les pierres des environs de Mayence, dont vous avez apporté une si belle collection. Ces petits bulimes des environs de Roquencourt et du Chenay sont accompagnés de coquilles bivalves minces et petites, diflicites à retirer sans les briser de la pierre qui les renferme; ce qui em- pêche de les détermmer d’une manière bien précise. On trouve dans le méme endroit des groupes d’'huitres fossiles d'une petite espèce et des huîtres beaucoup plus grandes qui ont paru si remarquables à M. de Lamarck, qu'illes a jugées dignes d’être dessinées , et detrouver place dans la magnifique collection des vélins du Muséum d'Histoire naturelle. Des cé- rites, et d’autres espèces de coquilles incontestablement marines , se trouvent dans le même lieu que les petits bulimes. » À On ne sauroit douter raisonablement , d’après ces faits, que les bulimes de Mayence ne soïent de véritables coquilles marines; et sil falloit ajouter encore une circonstance qui D'HISTOIRE NATUREL LE 3:59 confirme ce que javance, je dirois qu’on voit quelques-unes de ces coquilles encore colorées à côté des autres qui ont perdu entièrement leur principe colorant. Les premières ont une jolie teinte égale de fauve clair tirant sur le rôse. Cette couleur agréable et uniforme n’est due à aucune substance colorante étrangère aux coquilles : en cet état, on croiroit “voir une trés-petite coquille qui rappelle en miniature Pidéé de la coquille appelée faisan, qui se trouve dans les mers de la Nouvéile - Hollande, et qui a presque tous les caractères extérieurs d'un véritable bulime : ce qui démontre que dans Ja mer il y a des coquilles rapprochées du genre bulime. Aussi M. de Lamarck s'est-il cru obligé, depuis peu, de former de la coquille du faisan un genre particulier qu'il a appelé phasianclle, phasianella. ( Annales du Muséum, tome 4, pag. 29b. } Il me réste à dire un mot sur les deux moules. La figure rr représente la petite, de grandeur naturelle; n° 12,la même, grossie à la loupe; n° 13, a seconde moule beaucoup plus grande que l'autre, et dessinée telle qu’on la trotive; n° 13, la méme, grossie : celle-ci est constamment nacrée et brillante dans son intérieur. On ne sauroit les rapportér ni Fune ni l'autre à des «y èces analogues connues. Les figures 9 et ro sont relatives à la coquille bivalve à la- quelle M. Deluc a donné improprement le nom de came. Je suis parvenu à ouvrir Quelqués-unes de ces coquilles qui sont pétriliées, et lon voit, par leur charnière et par les dénts, qu’elles appartiennent incontestablémént au genre vénus. J'ai fait besucoup de recherches pour rapporter ces der- uières aux espèces de vénus que nous connoïissons dans les 49% 380 ANNALES DU MUSÉUM coliections , ou dars les figures publiées par différens auteurs; et je n'ai trouvé absolument que la figure D, E, planche 77, de Gualtieri, qui puisse $y rapporter : mais cet auteur ne cite point l'habitat, et renvoie à Bonani dont il a copié la figure. J’ai donc eu recours à celui - ei : j'ai trouvé la planche et la description, classe 2 des bivalves, n° 33. Bonani dit qu’elle se rencontre sur les côtes d’Espagne. Gmelin l'a rap- portée mal à propos au genre telline, sous le n° 8/, et lui a donné le nom de te/lina sinuosa : 1 a puisé chez Gualtieri. Bosc a cité Gmelin sans recourir à Bonani; de manière que cetie coquille, dont plusieurs auteurs ont fait mention, n’a été originairement connue que par Bonani. Or, comme je n'ai pu voir celle-ci nulle part en original pour la comparer sévèrement à celle des environs de Mayence, je ne puis rien aflirmer de po- sitif sur l'identité de la coquille de Bonani , avec celle.qui nous occupe ; car: l’on sait que les coquilles du genre xénus sont très-nombreuses et trop difliciles à déterminer sur de simples figures : le fait le plus important est que ces coquilles sont ma- rines, et qu’elles se trouvent en grand nombre avec les deux espèces de bulimes qui paroissent avoir la même origme. En adoptant cette opinion pour les coquilles des environs de Mayence, je ne préténds pas révoquer en doute qu'il ne puisse exister et qu'il ny ait en effet quelques coquilles flu- vialiles et même terrestres, pétriliées ou dans Pétat fossile ; car les divers bouleversemens occasionnés par des déplace- mens de mers, dont tout retrace les caractères , en entrainant de si loin les restes de tant d'animaux et de végétaux qu’on trouve enfouis dans la terre , ont pu y réunir aussi des coquilles d’eau douce et des coquiiles terrestres : mais alors ces corps D'HISTOIRE NATURELLE. 381 ainsi transportés par des montagnes d’eau qui enirainoïent tout par leur pesanteur et leur vitesse, ne peuvent se rencontrer que dans des terrains d'alluvions, ou au milieu des débris pierreux qui constituent les brèches, les poudingues qui ont formé les amoncellemens de sable, de marnes et de tous les autres matériaux que des courans aussi rapides ont arrachés de toute part du sein des montagnes et de la surface de la terre. Mais il ne doit pas en être de même relativement à ces an- tiques straüfications qui constituent les grandes montagnes cal- caires coquillières, et qui sont le résultat d’une suite de dépôts lents et successifs. Alors sans doute tout étoit sous les eaux de la mer , et ce n’est pas là où il faut s'attendre à rencontrer des coquilles fluviatiles et terrestres; et sil s’en présentoit même dans ces bancs antiques et sous-marins qui portassent la livrée de ces dernières , on s’exposeroit à des erreurs qui retarderoient les progrès de la science, si on les regardoit comme fluviatiles d’aprèsleurs caractères de similitudes , puisés dans les méthodes artificielles. Et quand même, je le suppose, l'identité de forme seroit parfaite pour quelques coquilles , s’ensuivroit-il pour cela qu'on dût les considérer comme absolument étrangères à la mer. On n’a point encore fait attention que puisque tout an- nonce que les eaux du grand Océan ont recouvert les plus hautes montagnes, non d’une manière passagère, mais d’une manière stationnaire, a-t-on suflisaminent réfléchi, disons- nous, sur l'etat dans lequel devoient se trouver ces eaux alors si abondantes et pour ainsi dire si neuves ? L'absence presque totale du sel marin qu’elles contiennent à présent en si grande abondance, ne leur donnoit-elie pas à cette époque des pro- 382 ANNALES DU MUSÉUIM priétés qu’elles ont perdues ? etsielles n’étoient point salées dans ces temps, ou qu’elles ne le fussent que foiblement, ne devoient- elles pas nourrir alors des coquilles analogues à celles de nos lacs, de nos rivières, de nos fleuves, qui n’ont probablement pas eu elles-mêmes d'autre crigine ? Ne pourroit-on pas se demander encore si ce n’est pas à cette grande diminution des eaux de la mer, qui a nécessairement augmenté le rapprochement des molécules salines et rendu ce principe salin trop dominant, qu'est due la perte de plusieurs mollusques testacés que nous ne trouvons plus que dans létat fossile, et qui ont cessé de vivre dans le sein de FOcéan, parce que cet excès de sel étoit nuisible à quelques espèces ? Cette pensée, jetée au hasard et présentée ici d’une manière très-rapide, peut être susceptible d'un développement que les faits seroient bien loin de contra- rier, et qui paroit digne des méditations de ceux qui sont versés dans les connoissances géologiques. “ EU NAT M LORT Zorme 6% ND | D NNE Cogutles eVossilles des CHOL'ONS 72 7/77 CriCe.. Le NC SECUNNIT FA lig.12. \ 1 le «a CO QUILLES L'OSSILES des environs de Paré. PL. NT. l'ig. 6. | 2 2 @ b n Liphl teguenot 0077/ n ce 1 0) + po js 1e j PLNCON OIL: O7 ty äê Fr, -22. A L LUE UNEL LA ea et SULILLI RL S des environs de Paris. PL.N1T. 7 f} COQUILLES FOSSILE Luph. Piquenot 0772 : ZON -0 : . 5 : chi. - COQUILLES F'OSSILES des environs de Paris. PL NUIT. Luph. 4 quenot 07/2 "À 70m . OT È | ) g. “2 S : [14 s « RER ce (4 S lg. 70 ER Ra : 6 EE . ’ et COQUILLES FOSSILES des environs de Paris. PL. XIV. ‘ Zuph. liquenot. seufp ; D''HESTOLRE NATURELLE. 383 ÉD OO LG EXPLICATION DES PLANCHES Relatives aux coquilles fossiles des environs de Paris. ONZIÈME PLANCHE. Fic. 1. Turritelle subcarinée. T'urritella subcarinata, Annales , vol. 4, p.217; n. 3. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. &. La même, vue du côté du dos. 2. Bulle ovulée. Bulla ovulata. Annales, vol. 4 , p. 221, n. 1. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture, D. La même, vue du côté du dos. 5. Bulle striatelle. Bulla striatella. Annales, vol. 4, p. 221, n. 2. a. Coquille , vue du côté de l’ouverture, D. La mème, vue du côté du dos. 4. Bulle couronnée. Bulla coronata. Annales, vol. 4, p. 222, n. 4. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture, b. La même, vue du côté du dos. 5. Bulle cylindrique. Bulla cylindrica. Annales, vol. 4, p. 222, n. 5. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture, &. La même, vue du côté du dos, 6. Bulime eu tarière. Bulimus terebellatus, Annales, vol. 4, p. 291, 0. 3. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture, b. La même, vue du côté du dos. 7. Buline petut-cône. Bulimus conuluss Annales, vol. 4 ,p. 293, n. 7. 382 ANNÂLES DU MUSEUM a. Coquille , vue du côté de l'ouverture, &. La même, vue du côté du dos. 8. Bulime sextone. Bulimus sextonus. Annales, vol. 4, p. 292, n. 6. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture, D. La même, vue du côté du dos. 9. Bulime nain. Bulimus nanus. Annales, vol. 4, p. 205, n. 10. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. B. La même, vue du côté du dos. 10. Bulime lusant. Bulimus nitidus, Annales, vol. 4,p. 292, n. 5. a. Coquiile, vue du côté de l'ouverture, b. La mème, vue du eôté du dos. 11. Bulime cyclostome. Bulimus cyclostomus, Annales, vol. 4, p. 294. * a. Coquille, vue du côté de l’ouverture. b, La mème, vue du côté du dos. 12. Bulime aciculaire. Bulimus acicularis. Annales, vol. 4, p. 292, n. 4. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture, 2. La mème, vue du côté du dos. DOUZIÈME PLANCHE, fie. 1, Phasianelle turbinoide. Phasianella turbinoïdes. Annales, vol. 4 , p. 296 , n.r. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture. b. La mème, vue du côté du dos. 2. Mélanie à petites côtes. Melania costellata, Annales, vol. 4, p. 450 , n. 1. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. b.La même , vue du côté du dos. 3, Mélanie froncée. Melania corrugata. Annales, vol. 4, p. 451, n. 6. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. b. La même, vue du côté du dos. 4. Mélanie bordée. Melania marginata, Annales, vol. 4, p. 450, n. 3. D'HISTOIRE NATURELLE. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture, 2. La même , vue du côté du dos, 5. Mélanie lactée. Melania lactea. Annales, vol. 4, p. 450, n:°9\ a. Coquille , vue du côté de l’ouverture, b. La même, vue du côté du dos. 5. Mélanie brillante. Melania nitida. Aunales, vol. 4, p. 452, n.8. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture, &. La même, vue du côté du dos. 7. Auricule sillonnée. Auricula suleata. Annales, vol. 4, p. 454, n. 1. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture, 2. La mème, vue du côté du dos. 8. Auricule ovale. Auricula ovata. Annales , vol. 4,p. 455, n. 2. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. 2. La mème, vue du côté du dos. 9- Auricule aiguillette. Æuricula acicula. Annales, vol. 4, p. 456, n. 6. a. Coquille , vue du côté de l’ouverture. b. La mème, vue du côté du dos. 10. Auricule en taritre. ÆAuriculæ terebellata. Annales, vol. 4, p. 456, n.7. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. b. La même, vue du côté du dos. - 11. Auricule grimacante. Auricula rirgens. Annales, vol. 4, p. 455, n. 5. a. Coquille, vue du côté de l’ouverture. b. La même, vue du côté du dos. 19, Volvaire bulloide, Z’o/varia bulloïides. Annales, vol. 5 , p. 29. a. Coquille, vue du côté de l’ouverture. &. La mème , vue du côté du dos. (oe! 50 385 Es CS [2} AËNINIA B ES «DL M Ü 8 É UM TREIZIÈME PLANCHE. Fic. 1. Ampullaire sigarétine. Æmpullaria. sigaretina. Annales , vol. 5, p. 52, n. 10. a. Coquille , vue du côté de louverture, D. La mème, vue du côté du dos, . Ampullaire ouverte. Ampullaria patula. Annales, vol. 5, p. 32, n. g. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. b. La meme, vue du côté du dos. 5. Ampuilaire déprimée. Æmpullaria depressa. Annales, vol. 5, p. 52, n. 7. a. Coquille, vue du côté de j’ouverture. b. La même, vue du côté du dos. Vélin, n. 20, fig. 6 et non fig. 7. À 4. Ampullaire acuminée. Æmpullaria acuminatar Annales, vol. 5, p. 51, n. 5. rec nr : a. Coquille, vue du côté de l'ouverture, &. La mème , vue du côté du dos. . Ampullaire pointue. Ampullaria acuta, Annales, vol. 5,p. 31, n. 4. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture. D. La même, vue du côté du dos. 6. Ampullaire pygmée. Æmpullaria pygmæa. Annales, vol. 5, p. 30, n. 1. a. Coquille, vue du côté de l'ouverture, 8. La mème, vue du côté du dos. . Ampullaire à rampe. Ampulluria spirata. Annales , vol. 5, p.51, n.6. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture, 2. La même, vue du côté du dos. 8. Ampullaire crassatine. Æmpullaria crassalin@: Annales, vol. 5,p. 55 ,n. 11. a. Coquille , vue du côté de l'ouverture. &. La mème, vue du côté du dos, Fc. D'HISTOIRE .NATUR E L.LE, : . QUATORZIÈME PLANCHE 1. Planorbe subanguleux. P/anorbis subangulata, Annales, vol. 5, p. 55,n.2 a. Coquille , vue en dessous. b. La même, vue en dessus. 2. Planorbe mitidule. Planorbis nitidula. Anuales, vol. 5,p.35,n.r. La coquille est vue en dessus. 5. Planorbe bicariné. Planorbis bicarinata. Annales, vol, 5,p.56, n.3. La coquille est vue en dessous. 4. Nérite tricarinée, Nerita tricarinata. Annales, vol. 5, p. 94, n.2. a. Coquille, vue en dessous. &. La même, vue en dessus. 5. Natice cépacée. Natica cepacea. Annales, vol. 5,p. 96, n. 5. a. Coquille, vue du côté de l’ouverture. b. La mème , vue du côté du dos. 6. Natice épiglottine. Natica epiglottina. Annales, vol. 5, p.95, n. 2. 7. Discorbite vésiculaire. Discorbites vesicularts. Annales, vol. 5, p. 183. 8. Rotalite trochidiforme. Rotalites trochidiformis. Annales , vol. 5 ,p.184,n. r. a. Coquille, vue en dessous. b&. La même, vue en dessus. 9. Rotalite discorbule. Rotalites discorbula. Annales, vol. 5,p. 185, n. 4. a. Coquille, vue en dessous. b. La mème , vue en dessus. 10. Nummulite lisse. Numulites lævigata. Annales, vol. 5, p. 241, n. 1. a. Coquille entière, vue en dessus. &. La mème coupée, vue dans son épaisseur. 11. Lenticulite rotulée. Lenticulites rotulata. Annales, vol. 5,p. 188, n. 3. 50 387 388 ANNALES DU MUSÈUM 12. Lituolite nautiloïde. Lituolites nautiloides. Annales, vol. 5, p. 243, n. 1. 15. Lituolite difforme. Zituolites difformis. Annales, vol. 5, p. 245, n. 2. a. Coquille entière. &. La même, usée et vue à l’intérieur. 14. Spirolinite aplatie. Spzrolinites depressa. Annales, vol. 5, p. 245, n. 1. 15. Spirolinite cylindracée. Spirolinites cylindracea. Annales, vol. 5, p. 245, n. 2. 16. Variété présumée de la mème espèce , à coquille droite, Annales, 241. a. Coquille entière. & La même, à demi-usée pour montrer le syphon. CA1RPOLOGIE. PL. 17. Fig. Solandra Granditora . Fig.2.Incarvillea Séenses. 3 , pl Eee) # CARPOLOGIE . PL .F. L'ig.r. Sideroxvlum dpunosun Lég.2. Rhizobolus Jaouvaré. ” ‘ \ kr : Je (ORF AS eu Fig. wi N 4 CA1RPOLOGIE . PL . F1. ne , , : v. 1 ne /y . 1. Pte PIQIUM . Cratun Fig.2.1 erreola Zaxgola . “ 1 « D'HISTOIRE! NATURELLE, 389 DES OBSERVATIONS CARPOLOGIQUES. PAR M CORRÉA DE SERRA. VIL SOLANDRA GRANDIFLORA. Tab. IV, fig. 1. (Swartz. Flora Ind. Occ., t. 1, p. 387, & 9)) * FRUCTUS. Induviæ.Calicis perianthii monophylli, laciniæ tres ad quinque, magnæ, lanceolatæ, striato-angulatæ ; erectæ ; exsiccatione et pericarpii incremento ad basim usque dvisæ, persistentes. Pedunculus matu- ritate incrassatus. Pericarpium. Bacca ovalis conica , acuminata, albida quadri- locularis. Cortex membranaceus, tenuis, carni 390 ANNALES DU MUSÉÈUM arcte adnatus. Caro spongiosa, succulenta, glu- ünosa, albida. Dissepimenta loculorum carnoso- membr afldcea , membrana propria tenuissima -vestita. Placentatio. Placentæ quatuor, parietibus baccæ per paria in- serla, unumquodque par, commune exortum habens cum dissepimento intermedio; alia duo dissephnenta liberum et solitarium exortum ha- bent. Placentæ fungosæ succulentæ, quibus se- mina numerosa horizontaliter affixa, funiculis umbilicalibus centralibus longis, im pulpa sub- mersis. Delhiscentia. Nulla. **X SEMEN. Forma. Semen reniforme, rostellatum, scrobicuiatum, ni- gricans.. Hilum in cavitate renis. Jntegumentum. Duplex, exterius crustaceum nigricans ; Inte- rius cartilagineum, fusco pallidum Perispermum. Semini conforme , carnosum, pallidum. Æmbryo. Dicotyledoneus subperiphericus, inçurvus, albus. Cotyledones semiteretes; radicula longa, basi crassior. ExpL. ic. (a) F'ructus integer. (b) Idem horizontaliter dis- sectus. (c) Semen nalurali magnitudine. (4) Idem DA LE SMON RETNATURELLE 301 auctum. (e) Idem verticaliter dissectum cum peri- spermo et embryone. VIIL INCARVILLEA SINENSIS. Tab. IV, fig. 2. (Lamarck, Encycl. 1.5, p. 233.) * FrucTus. nd. Calicis persistentis, quinquefidi tribacteati, reliquiæ fragiles. Peric. Capsula siliquæformis subcompressa , hexagona, longa, acuta, bilocularis, bivalvis. Dissepimentum membrana- ceum planum, valvis parallellum , duplici serie cicatricu- larum notatum, et conflatum duplici membrana, intus substantia spongiosa conferta. Placent. Chorda pistillaris intra duas ‘membranas dissepi- menti ramosa (discapa?); seminaunicuique dissepimenti cicatriculæ affixa, nmbricata. Delusc. Longriudinalis ad valyarum limites. ** SEMEN. Forma. Semina obovata foliaceo-compressa , margine mem- branaceo albo cincta, in medio rufescentia, in latere interiori sulco longitudinali notata. 392 ANNALES, D'U{ MUSÉE U M Integ. Duplex; exterius membranaceum tenue , pellucidum , in marginem ampliatum ; interius embryoni arcte ad- natum fusco viride. Perisp. Nullum. ÆEmb. Dicotyledoneus semini conformis. Cotyledones ovatæ carnosæ compressæ. Radicula supera brevis conica. Expr. ric. (a) Fructus integer dehiscens. (b) Dissepimen- tum. (c) Semen naturali magnitudine. (à) Embryo naturali magnitudine. (e) dem auctus. D'HISTOIRE NATURELLE. 393 IX. SIDEROXYLON SPINOSUM. Tab. V, fig. 1. (Lamarck., Encycl., 1. x, p. 246 }. + AÉPRIDIG US Ind. Calix persistens ,parvus quinquefidus concavus. Peric. Drupa baccata supera, ovali oblonga punctis glandulosis notata, lutescenti viridis, carne duriuscula , fœta nuce bi aut tri loculari, vel potius nucibus totidem arcte coali- tis monospermis. Putamen osseum crassum glabrum. ACER. St SAUT Delhisc. Nulla. X** SEMEN. Forma. Semen ellipticum , utrmque acuminatum complana- tum. Integ. Simplex ,tenue,membranaceum ,perispermo arcte adhæ- rens. Perisp. Semini conforme, carnosum. Embryo. Dicotyledoneus, perispermo paulo minor. Cotyle- 8. 5x 394 ANNALES DU MUSÉUM dones ovato lanceolatæ , foliaceæ, planæ. Radicula teres brevis. Expx. ric. (a) Fructus integer. (b) Drupa horizontaliter dis- secta ut putamen nucis appareat. (b) Eadem nux bilocularis , utroque loculo fertili, horizontaliter dissecta. (c) Nux trilocularis, loculis duobus abor- tivis. (c) Eadem horizontaliter dissecta. (d) Semen nudum. (e) Embryo. X. RHIZOBOLUS SAOUVARI. Tab. V, fig. 2. ( Saouvari glabra, Aublet. PL Guian. p. 599, t. 240 ). * Fraucrus. TRAME CE VON EEE LP RER EPS Le 2 IDE Peric. Nux reniformis rotundata unilocularis, interiore latere margine Ooblongo rectilineo rimaque inciso notata Pu- tamen crassissimum ,ex duplici substantia conflatum. Ex- terior substantia membranacea, obvelans setas innume- ras rigidas, pungentes, ex interiori substantia ortas. Inte- rior substantia, lignosa, extus innumeris processibus se- taceis subulatis echinata. Hi processus in recenti fructu substantiæ drupaceæ olcosæ subditi sunt. D’ H ÉS2T 0 HR E ON A T'URE L L Es 399 Placent. Pér margmis rimam funiculus transit umbilicalis , intus in carunculam latam spongiosam bilobam , cui se- men insidet, dilatatus. PSC ER On M it M Lite ee cdlis CU à ** SEMEN. L'orma. Semen unicum reniforme, dorso carinatum , utroque apice attenuatum , ferrugineum; in latereinteriore, disco excavato notatum , quo carunculæ umbilicahi insidebat. Integ. Duplex , utrumque membranaceum. Perisp. Nullum. Æmb. Dicotyledoneus lacteo albus. Cotyledones parvæ ovato lanceolatæ foliaceæ. Plumula nulla. Scapus inter cotyle- dones atque radiculam medius , longiusculus subulatus anceps. Radicula maxima, totam nuclei substantiam amygdaloideam efliciens, sursum adscendens. Osservario I. Saouvari genus ab Aubletio conditum nullo nititur fundamento, cum flores ipse non viderit, et ejus Saouvari villosa Vahlio observante , Caryocar sit amygdalinum Linnæi, quod Rhizobolus Pekea Gærineri est. Saouvari glabra nimium imcerta remanet , et fas est ex analogia credere Aubletium in tab. 240, fructum delineasse , in quo nux unica fertilis , tres essent abortivæ : nam quas nuces Au- bletius sub Saouvari nomine in Europam advexit , SE 306 ANNALES DU MUSÉU M et in Banksiana , et Jussieuana collectionibus existunt, procul dubio ad Rhizoboli genus per- tinent, nec alris verbis embryonem Saouvari de- signare potui, quam quibus Gærtner embryonem Rhizoboli Pekeæ dudum descripserat. Oserv. IL Genus hoc facile T'erebintaceum crederem ni folia essent opposita. Per eum fortasse a Terebintaceis ad Sapindos transitus. Exp. r16. (a) Nux inteora. (b) Eadem ab hilo ad dorsum dissecta. (c) Semen nudum. (4) Idem excorticatum ut radicula et plumula appareant. (e) Plumula SeOrsim. D'HISTOIRE NATURELLE. 397 XI PTERIGIUM COSTATUM. Tab. VI, fig. 1. (Ex Museo Bankstano. ) * FrRrucTUs. nd. Calix persistens globosus, inferus , sublignosus , cupularis monophyllus quinque partitus , lacimiis foliaceis rigidis inæqualibus , basi auriculato revolutis, tribus minoribus ovatis , duobus majoribus oppositis multo longioribus, omnibustrinerviis reticulato venosis. Ad cupulam, costæ quinque elevatæ, laciniis marginis alternæ. Peric. Nux coriacea unilocularis evalvis, fundo calicis arcte adhærens, elliptico turbinata, in mucronem { styli ves- tigium ) desinens. Basim ejus introrsum in quinque aut sex sinus, costæ tolidem internæ dividunt, cum costis calicinis alternanites. Placent. Chorda pistllaris simplex è nucis base ad stylum lateraliter ascendit. Ejus supernæ parti, radiculam em- bryonis superam per funiculum umbilicalem brevissi- mum connecti reor. Dehisc. Nulla. **X SEMEN. L'orma. Semenunicum nucis ipsius fere magnitudine, ex rotun- data basi pyramidatum , læviter striatum, ferrugineunr. 3098 ANNALES DU MUÉSUM Jnteg. Simplex membranaceum spongiosum , intus variis plicis lamellosis intra nuclei substantiam demersum. Perisp. Nullum. Embryo. Dicotyledoneus. Cotyledones carnosæ multipliciter et irregulariter supra radiculam contortuplicatæ. Radi- cula brevis, crassa , teres supera. Ozservy. Camphoram Sumatranam quæ juxta Kæmpferum ex Daphnæo sanguine non est ex hac arbore produci fertur. Ignotæ ejus partes omnes, præter fructum et folia; suspicor tamen monoicam aut dioicam esse , et ex embryonis structura Fago aut Castaneæ aflinem. Exec. ric. (a) Fructus integer. (b) Idem ad basim horizon- taliter dissectus tam in nuce quam in induvüs. (c) Nux seorsim. (4) Embryo in basi visus. (e) Idem verticaliter dissectus. " D'HISTOIRE NATURELLE. 399 XII FERREOLA BUXIFOELBTA. Tab. VI, fig. 2. ( Roxburgh, PL Coromandel, 1. 45.) PR AQU CUS nd. Calix (perianthium) persistens, inferus, monophyllus, pa- telliformis, trilobus. Styli fragmentum persistens. Peric. Bacca subglobosa , acuminata, gibba , subexsucca , ma- gnitudine pisi majoris, bi vel trilocularis. Cortex exte- rior coriaceus; loculamenta monosperma, vestita mem-- brana propria tenuissima dissepimentis continua. P lac. Chorda pistillaris centralis, cui semina in angulo supe- riore loculorum , funiculo brevi aflixa. Unum tantum- modo perfectum communiter evadit. Delusc. Nulla. FE US EUN EN: Forma. Semen ovale quadrisulcatum, rostellatum , nigres- cens ; sulcus Interior, latior, profundior, Foveola sub- rostello. Integ. Triplex; exterius membranaceam , tenue hyalinum ; sequens crassum, granulatum , nigrescens, intimum exile fusco-ferrugineum, perispermo arcte adhærens. 4oo ANINALES!DU MUSÉUM Perisp. Semini conforme, cartilagineum , tenax, hyalinum. ÆEmb. Dicotyledoneus, foliaceus, inversus. Cotyledones cor- datæ. Radicula supera, longa, teres, ad basim incrassata et discolor. Ossenv. Diospyro et Royenæ affinis. Exec. ic. (a) l'ructus integer. (b) Bacca horizontaliter dis- secta ut loculamenta effæta appareant. (c) Semen nudum auctum. (4) Idem verticaliter dissectum cum perispermo et embryone. { La continuation dans la suite de ces Annales ). D'HISTOIRE NATURELLE. ho SUR DIFFÉRENTES DENTS DU GENRE DES MASTODONTES, Mais d'espèces moindres que celles de l'Oxro, trouvées en plusieurs lieux des deux continens. PAR M. CUVIER. Novs avons , dans le-chapitre précédent, que la première gravnre d’une grande molaire dé l Ohio est cellé que Guettard publia en 1752; mais ces dents et l’anngal dont elles provenoient n'acquirent une véritable célébrité en Europe qu'entre 1760 et1770, par les Mémoires de Collinson et de William Hunte. é Long-temps auparavant il existoit des notices de quelques- unes de celles dont je vais parler; maïs les naturalistes y avoient fait peu d'attention, faute d'objets de comparaison ; et lorsque les dents dé l'Ohio vinrent à être connues , on con- fondit les autres avec elles, de manière qu'il m'a été réservé de montrer les différences spécifiques de celles dont on avoit fait mention ayant moi, et d'en faire connoître pour la pre- mière fois plusieurs: qui étoient ignorées, "où 52 kon ANNALES DU MU SÉUM La première a été publiée par Grew en 1681 ( Mus. Soc. reg., pLr9, fig: Tr) sous le-titre-de- Dent petrifiée- dun -ani- mal de mer. Camper cite cette figure ( Nov. Act. petrop., IT, 259) conrme si elle étoit de l'espèce de F Ofio. En 1715, Réaumur, décrivant les mines de turquoises de Simorre, et faisant voir que ces turquoises n’étoient que des os. et des dents de différentes espèces , pétriliés et imprégnés de quelque oxide métallique, fit graver un fragment d’une dent emblable à celle de Grew, croyant aussi qu’elle pouvoit venir de quelque animal marin. ( Mém. de l'Ac. des Sc. 1715, in- 12, pag. 268.) En 1755, Dargenville en représenta une entière qu'il ju- geoit également d’un poisson inconnu. (Oryctologie, pl. 18, fig. 8.) Anorr en donna une autre dans ses Monumens, sup. pl. VIE, c.; et /F'alch, dansson Commentaire sur ces planches, se borna à renvoyer à Darsenville. Ni Fun ni Pautre de ces ouvrages n'indiqua l'origine de son morceau. , On avoit fait venir dans l'intervalle quelques échantillons des dents de Simorre pur le cabinet du roi: Daubenton les décrivit, mais sans figures { Æüst. nat. XIE, n° 1101, 1710 et r111,et y joignit ( n° 1152 ) le morceau représenté par Réaumur , sous le titre de dents pétrifiées ay ant des rapports avec celles de l hippopotame, tandis qu'il mommoit celles de l'Ohio à six pointes, les’ seules qu'ileonnut alors de cette grande espèce, dents fossiles d'hippopotame. Il distinguoit donc dès lors les unes des autres, jusqu'à un certain point; mais bientôt on les .confondit entièrement. Joseph Baldassari décrivit et représénta én 1767; dans les Mémoires de l Académie de Sienne, tome EE;:p: 243 ; deux portions considérables de mâchoire inférieure, trouvées au D'HISTOIRE NATURELÉE. 403 Monte Follonico près de Monte Pulciano, et en jagea les dents absolument semblables à celle de Guettard. Une de cesdents, très-grande, fut trouvée à Trévouxen 1784, et indiquée par M. de Morveau, dans le t. VI de l'Académie de Dijon, p. 102, comme si elle eût été de l'espèce de l Oo. Camper en parle aussi sous ce nom ( Nov. Act.petrop. I); et Merck en fait autant. ( Z/1° lettre, p. 28, note.) On peut donc dire que les naturalistes n’avoient pas donné à ces dents toute l'attention qu’elles méritoient , et j'eus tieu d'être fort surpris lorsque je n'apercus ; par ma correspon- dance , qu’elles étoient assez communes en différens lieux de l'Europe et de V Amérique. En effet, outre celles de Toscane , de Simorre et de Tré- eoux , jen ai vu de Sort près de Dax, dans le cabinet de feu M. de Borda. M. Defay w’en a prêté de Montabusart près d'Orléans ; M. de Jussieu m'en a fait connoître de Saxe ; M G.-A. Deluc n'en a communiqué une des ‘environs d'Asti en Piémont; M. f'abbroni m'a envoyé des plätres de celle du val d Arno qui sont au cabinet de Florence; M. Faujas men à rapporté les dessins de trois, trouvées en différens points de la Lombardie. Toutes celles que Dombey et M. de ÆHumbold ont rapportées du Pérou, et celles que ce dernier a trouvées au Camp-des-Géans, près de Santa-Fé en Tierra- {'irme, sont encore semblables. Enfin M. 4/onzo de Barce- lonne a bien voulu n'envoyer le dessin d’une qni a été prise dans la province de Chiquitos au Paraguay, presque aw centre de l'Amérique-Méridionale. J'en ai encore cu plusieurs, soit en dessin, soit en nature, dont on n’a pu m'indiquer l'origine, mais qui, jointes aux pré- cédentes et à celles dont on avoit déjà parlé avant moi ,achèvent Dai T ko ANNALES DU MUSÉUM de prouver que les animaux qui les ont fournies doivent avoir laissé une assez grande quantité de leurs dépouilles. Toutes ces dents sont hérissées, comme celles du grand #&45- todonte , de pointes coniques plus ou moins nombreuses qui s'usent par la mastication ; et comme nous verrons par la suite que les formes de quelques ostrouxés avec ces dents ressemblent aussi à ceux du grand #astodonte, et qu'il y a heu de croire qu'elles étoient accompagnées de défenses ; on peut en conclure, avec assez de probabilité, que les animaux dont elles pro- viennent étoient aussi du genre des mastodontes. Mais ces dents se distinguent aussi toutes de celles du grand mastodonte de l'Ohio par quelques caractères spécifiques. Ee primcipal, et le plus général, est que les cônes de leur cou- ronne sont sillonnés plus où moins profondément, et tantôt terminés par plusieurs pointes , tantôt accempagnés d'autres cônes plus petits sur leurs côtés ou dans leurs intervalles : d'où il résulte que la masiication produit d'abord sur cette cou- ronne plusieurs petits cercles, et ensuite des trèfles ou figures à trois lobes, mais jamais de losanges. Ce sont ces trèfles qui ont fait prendre quelquefois ces dents pour des dents d’hippopotame, Nous avons vu ci-dessus que Daubenton leur trouvoit quelques rapports ; et à Particle de l'hippopotame, nous avons aussi rapporté des jugemens sem- blables de Pierre Camper et de M. Faujas : mais il est aisé de prévenir lerenouvellement-de celte erreur. Indépendamment. de la grandeur, les dents de l'hippopotame n'ont jamais que quatre trèfles, et celles dont nous parlons en ont ordinairement six ou dix. Il n’y a que les antérieures, sur lesquelles on pourroit hésiter ; mais nous verrons à leur article qu’on les distingue aussi aisément. D'HISTOIRE NATURELLE. 4o5 Il est plus difficile d’assigner les caractères spécifiques de ces diverses dents entre elles; car elles ne se ressemblent pas entièrement. I y a d'abord les différences de position dans la mächoire , que lon peut juger par le nombre des pointes; il y a ensuite celles de l’âge, qui se déterminent par le degré de la détrition : mais après celles-là 1l s’en trouve dans la gran- deur , les proportions et les détails de leur configuration, qui paroissent devoir les faire rapporter au moins à trois espèces. Examinons et comparons successivement ces dents d’après ces rapports. Je commence par üne dent de Simorre, pl. I, fig. 4. C'est celle que décrit Daubenton, ist nat., XET, n° 1109. Longue de 0,116, large de 0,06, elle est déjà à moitié usée. De ses six paires de pointes les deux antérieures sont confondues en un disque à quatre lobes, &, b; une des mitoyennnes, € , est déjà en trèfle, laissant encore un petit disque rond isolé ; l'autre, d, est elliptique, bilobée ; les dernières, e, f, offrent encore que quatre disques, dont un seulement commence à se lober. On voit qu'un peu plus usée, cette dent auroit eu trois disques à quatre lobes. En arrière, est un talon de deux pointes mousses sillonnées , dont lune, g, est plus haute. Cette couronne est moins usée , et par conséquent plus haute, du côté des disques non lobés , 4, d , e, que nous verrons bientôt être l’externe. Deux grosses racines rompues l’une et l’autre se dirigent en arrière; la postérieure, z, est de beaucoup la plus grosse : enfin il ÿ a en avant, en Æ, un aplatissement qui fait juger que cette dent étoit précédée par une autre dans la machoire. J'ai trouvé la même dent encore implantée dans le palais, dans le cabinet de M. de Borda à Dax. Elles a les mêmes Ao6 ANNALES DU MUSÉOM éminences, avec les mêmes figures et les mêmes proportions, pl. LIT, fig. 2; seulement, elle est un peu plus petite et moins usée, les deux disques antérieurs n'étant pas encore confondus. Elle y est effectivemeut précédée d’une dent à deux paires de pointes, a, b,et lon voit en arrière, c, qu’elle devoit être suivie d’une autre encore. J'ai trouvé une troisième fois la même dent parmi celles que Dombey a rapporiées du Pérou (plf, fig. 7) implantée dans une portion de palais, et parfaitement semblable à celle de Simorre par les contours et les proportions , mais un peu plus usée. Les deux disques du milieu sont déjà confondus en un disque quadrilobé, et les deux postérieurs sont tout prêts de l'être. Il »’y a plus de petite dent en avant; son alvéole a déjà disparu , et le corps de la dent subsistante commencoit méme à s'entamer vers a. En arrière est encore, vers b,un reste de l’alvéole de la dent qui suivoit celle-ci. La dent du Pérou est précisément longue comme celle de Simorre, quoiqu'il en manque un peu en avant, et a 0,05 de plus dans sa plus grande largeur. Malgré léloignement des lieux, il n’est done i impossible de ne pas reconnoitre ces deux dents comme de la même espèce, Ces pièces constatent donc déjà, outre la forme de cette dent, qu'il y en avoit deux autres à la mâchoire supérieure de animal, une en avant qui n'avoit que quatre pointes et une arrière. | Elles constaient de plus que ces dents se poussoient d'ar- rière en ayant comme dans l'éléphant et le mastodonte, et que les antérieures disparoissoient à une certaine époque. Je crois encore qu'on peut en conclure que la dent anté- rieure étoit susceptible de remplacement de haut en has, D'AMISTOMRE NATURELLE. ho comme dans l’Ainpopotame dont les dents de remplacement ne laissent pas de tomber aussi. Ma raison est que cette petite dent de Dax n’est pas encore usée, et qu’il faut qu’elle soit venue après la grande, qui l’est. Le morceau de Dax nous fait aussi reconnoitre une dent de $imorre de notre Muséum (pl, f 2),à demi-usée, et présentant une figure à quatre lobes en avant , et deux disques ronds en arrière. Une dent pareille { pl LI, fig. 14), mais non usée, et n’of- frant que ses quatre cônes, est dans le cabinet de M. Hammer qui en ignore Porigine : seulement elle a un petit talon qui pourroit faire croire que c’est ceile de la mâchoire opposée, par conséquent linférieure; car celle de Dax, qui est la supé- rieure, n’a point de talon, non plus que celle de $morre. L'identité d'espèce des dents de Sänorre et de celles qu’avoit apportées Dombey une fois bien constatée, nous pouvons aller plus loin. Parmi les morceaux de Dombey , est un fragment considé- rable de mâchoire inférieure ( pl. IET , fig. 4, au quart de sa grandeur ). Il se termine en avant par une espèce de bec, comme celui de l'éléphant et du mastodonte. Ainsi notre es- pèce actuelle n’avoit, comme ces deux-là , ni incisives ni ca- nines en bas. Ce morceau contient deux dents : la postérieure , longue de 0,175 , large de 0,075; avoit cinq paires de pointes dont les postérieures sont plus courtes; les deux premières sont déjà réunies en figures quadrilobées; les deux suivantes sont prêtes à l'être; les deux dernières et, le talon sont imtacts. Telle est donc la molaire postérieure inférieure de notre animal. Ici c'est le côté externe qui est Le plus usé : par conséquent 408 ANNALES DU:MUSEÆEUM c'est l'interne qui est le plus saillant ; et cela devoit être ainsi, pour que les denis d’en bas correspondissent à celles d’en haut, où l'inverse a lieu. d Ce sont les pointes externes qui forment des trèfles , et en haut ce sont les internes ; encore suite d’une loi générale dans les herbivores : quand les deux côtés d’une dent ne se ressem- blent pas, ils sont placés en sens contraire dans les deux mà- choires. Ainsi les ruminans ont la convexité des croissans de leurs dents supérieures en dedans, et celle des inférieures en dehors. On voit aisément, par la convexité de cette longue dent en arrière, qu'il n’y en avoit point derriere elle. Celle qui est en avant est tellement usée et mutilée qu’on ne peut distinguer sa figure; mais j'ai bieniot trouvé moyen d'y suppléer. Nous avons au Muséum une dent de Simorre à six potes, qui diffère de la première, parce qu'elle n'a pas de talon, Voyez pl. IH, fig. 3, Daub., XIÏ, n° 1110, El étoit naturel de croire que c’étoit celle qui répondoit à cette première dans la mchoire inférieure. Cela étoit d'autant plus naturel à croire, que les dernières dents inférieures de l’sppopotame difiëpent aussi, par l'absence d’un talon, des supérieures qui leur correspondent. La mächoire inférieure de Baldassari en donne la certi- tude : on y voit celte dent à six pomies en place et sans talon. ne nousreste donc à connoitre que la postérieure supérieure pour avoir toutes les mächelières de notre animal. Il n’est pas difficile de voir que c'est la dent de 7revoux, pl 1,6g 5. D''HE SE OMR EN AUTIUUR FIVE. 4os Ce n’est qu'un germe encore entièrement intact et sans ra- cines, long de 0,185, large de 0,08; haut, depuis le collet jusqu'au sommet d’une des pointes, de 0,06. Cinq sillons pro- fonds le divisent en six rangées d'éminences, chacune sub- divisée en deux, excepté la dernière. Les éminences par- tielles d’un côté ont en avant une partie saillante qui leur auroit nécessairement donné la figure d’un trèfle, si la dent étoit usée à demi. Celles du côté opposé seroient restées ellip- tiques. Celles-ci sont donc les intérieures. La dernière émi- nence, ou le talon, est un gros mammelon impair , entouré d’autres plus petits. Il y a donc-un talon ou un amas nnpair d'éminences de plus qu'à la dent postérieure inférieure ; et c’est encore une analogie avec lhzppopotame et un rapport avec la supérieure moyenne. Toutes ces dents, comparées une à une avec leurs cor- respondantes dans le grand mastodonte de V Ohio, offrent un caractère très-sensible dont je me servirai pour dénommer cette espèce : c’est qu’elles sont beaucoup plus étroites à pro- portion de leur longueur. Une fois ces caractères obtenus, 1l nous a été aisé de re- connoître les dents ou portions de dents isolées de cette es- pèce qu: ‘e sont offertes à nous. PL I, fig. 3 du cabinet de M. de Drée;, estla mottié anté- rieure d’une supérieure postérieure dont toutes les pointes ne font que de commencer à s'entamer. Les racines n’y Sont pas développées. PL IT fig. 10 du cabinet de M. Ælammer, en est une dont la détrition est plus avancée et les racines plus développées. PL IV, fig. ret2, est dans le même état. Elle a été trouvée 8. 53 Lio ANNALES DU MUSÉUM à la Rochetta di Tanaro, près d_Asti, et appartient à M. Dincisa à Milan. M. F'aujas nen a donné le dessin: elle est d’un blanc de cire. Pi. 1,6g. 6, du Pérou, rapportée par Dombey , en est une dont la detrition est déjà profonde en avant ,et, je ne sais par quelle raison , pas encore commencée en arrière. PL IX, Gg. 13, du val d'Arno, envoyée par M. F'abbroni, est la partie postérieure d’une, non encore usée. PL IV, lg. 3, du cabinet de l’université de Padoue , est la même partie, plus usée. J’en dois encore le dessin à M. Faujas. Elle est teinte en roux vif, et son émail est très-luisant. PL I, fig.1,.de Simorre ( Daub. 1111), est un germe d'in- férieure postérieure, cassé en avant. PL IT, fig. 8, du val d'Arno, est la partie postérieure d’une inférieure de derrière, peu usée. PL I, 6g. 6, du Camp-des-Géans, rapportée par M. de Humbold, est la même partie, nullement usée; et fig. 4, une partie moins considérable qui commencoit à s’user. PI. LL, fig. 1, de Simorre, est la première rangée d'une postérieure supérieure non encore sortie ni usée. Quelques morceaux se sont trouvés trop mutilés pour être aussi parfaitément déterminés : tel est le dessin envoyé par M. Fabbroni, d'une dent du val d’Arno, cassée aux deux bouts ( PL IE, fig. 9) ; la dent cassée longitudinalement, trouvée aux environs d'Asti par M. G.-4. Deluc (PLIT, fig. 5 ); celle du cabinet du comte d’_Ario à Padoue , trouvée dans les Alpes cénédoises , et cassée en arrière. ({ PI. IV, fig. 4.) Tous ces morceaux viennent bien de la même espèce que les autres dents, quoique lon ne puisse pas assigner leur place. D HyX:S TOUL KR EN À TIURE RTK E. LEE: Mais j'ai en outre quelques dents bien entières, bién recon- noissables pour appartenir au même genre que les précé- dentes , et qu'il n'est cependant impossible de ranger dans la même espèce. Telle est la dent de Saxe, envoyée autrefois par le profes- seur de Gottingue, Augo, à Bernard de Jussieu, et que Pil- lustre neveu de celui-ci a bien voulu me communiquer, PL IT, fig. 11, entièrement semblable en figure et en propor- üons à celle de la fig. 4, pl. L. Elle est exactement d'un tiers moindre. Je ne connois pas d'espèces sauvages où il y ait des diffé- rences de taille aussi fortes ; et il faut bien se souvenir qu’il ne s'agit pas ici de l'âge, puisque les dents une fois faites ne croissent plus. La dent de Montabusard, pl. HT, fig.6 , correspond si bien à celle de Saxe pour sa largeur, que je ne doute pas que ce ne soit un germe de lune des postérieures de la méme espèce, cassé en avant. Les autres dents sont trop carrées : elles ont les mêmes proportions que celles à six pointes de PO0, et pourroient étre prises pour elles, sans ces figures de trèflés que l'on ‘ne peut confondre avec les losanges du mastodonte de l Ohio. J'en ai eu de deux grandeurs. Les plus grandes ont les mêmes dimensions que leurs cor- respondantes de l'Okio. M. de Humbold en a rapporté une qu'il a trouvée près du volcan d'Anbaburra, au royaume de Quilo , à 1200 toises de hauteur. Elle est assez décomposée et encore enduite de cendres volcaniques. Son émail est teint en roussätre ; elle est longue de o,12, et large de 0,085. Voyez pl dieux. f D AE ANNALES DU MUSEUM Le même célèbre voyageur en a ireuvé un autre échan- tillon à la cordilière de Chiquitos, entre Chichas et Tarija, près Santa-Crux de la Sierra, à 15° de latitude australe. C’est un fragment très-mutilé, dont une racine très-grosse est encore longue de plus de 6 pouces. La substance osseuse est teinte en roux et lémail est noirtre à sa surface. C'est encore à cetie espèce que je rapporte la dent de la même province de Chiquitos, dont M. Æ/onzo m'a envoyé le dessin (PLIT, fig. 12.) Comme elle n’est pas entière en avant, on ne peut assigner sa place ; mais je juge à son talon qu’elle est ou la moyenne où la postérieure d’en haut. Les dents carrées plus petites ont un tiers de moins , et sont par conséquent aux. précédentes comme la petite dent de Saxe est à celle de Szmorre. M. de Humbold est encore celui qui les a découvertes. Jelui en dois une qu’il a rapportée de la Conception du Chili ; elle est fort usée, mais bien con- servée , teinte en noir, longue de 0,08, et large de 0,06. Voyez pl. IL, fig. 5. HR Ainsi l’on peut regarder comme certain qu’outre le grand mastodonte de l'Ohio, et celui de moindre taille qui se trouve également à $imorre et en plusieurs lieux de l'Europe et de l'Amérique , il y en a encore trois autres espèces, savoir : celle de Saxe et de Montabusard, semblable à celle de Szmorre, mais d’un tiers plus petite; et les deux d'Amérique, à denis intermédiaires carrées, dont l’une égale l'espèce de l Ozio, et l'autre est encore d’un tiers moindre. Je nommerai donc la grande espèce , Mastodonte de l'Ohio ; Celle de Simorre et d’ailleurs, Mastodonte à dents étroites ; D'HISTOIRE NATURELLE. b13 Celle des petites dents, Petit mastodonte ; La grande à dents carrées, Mas'odonte des Cordilières ; Et la plus petite, Mastodonte humboldien. Ainsi le genre se trouvera composé de cinq espèces , toutes également inconnues aujourd'hui sur la terre. Après avoir ainsi rapporté toutes les dents des espèces se- condaires de mastodontes à leur place et à leurs espèces, il s'agiroit de reconnoitre et de décrire les autres os; mais nous en avons fort peu, et presque tous appartiennent à l’espèce à dents étroites. Nous ne possédons ici du crâne que les deux foibles por- tions de palais indiquées ci-dessus , et qui étant rompues de toute part ne fournissent aucun caractère. Le palais du Muséum britannique, représenté par Camper { Nov. Act. petr., IL, pl. VIT), appartient à cette espèce, et non pas à la grande de Ohio, comme le croyoit ce savant anatomiste. Un dessm de grandeur naturelle, que je dois à M. Viedemann, montre, dans la molaire postérieure, toutes les formes de nos dents étroites, qui ont été rendues presque méconnoissables dans la gravure. Or nous apprenons par ce morceau que les molaires supérieures du mastodonte à dents étroites divergent en avant comme celles du mastodonte de T'Oluio. L’analogie rend probable que les quatre espèces dont nous parlons aujourd’hui avoient des défenses comme celle de l'Ohio. Nous avons une probabilité de plus par rapport à celle à dents étroites, en ce que Daubenton dit ( Hist. nat. XI, AT ANNALES DU MUSEUM n° 1011) qu'il a reconnu de Pivoire parmi les morceaux en- voyés des mines de turquoises de Simorre. Cet ivoire venoit vraisemblablement des mémes animaux que les mächelières qui donnent les turquoises Mais pour avoir une preuve directe, il faudroit qu'une dé- fense ou au moins son alvéole eüt été trouvé avec une mâche- here adhérente; et cela n’est point arrivé. La méchoire inférieure est bien celle d'un animal à longues défenses. Celle du Pérou, pl. IE, fig. 4, est fort semblable, dans ce que nous en avons, à celle de l Ohio: seulement elle est moins haute à proportion ; son bord inférieur est moins rectiligne, et sa surface ___ bombée. Les trous men- ionniers sont aussi plus avancés. Sa longneur , depuis l’extré- mité de la grande mâchelière jusqu'a l'angle antérieur, est de 0,35. La méme dimension est de 0,40 dans celle de l'Ohio: EE 0 dHng la proportion de leurs grosses dents , longues de 0,20 ei 0,175. Mais la En Se de la largeur de ces dents est bien au :0,115 et 0,075. La ce de mastodonte à dents étroites est donc bien justifiée. La hauteur de la mâchoire du Pérou est de 0,12; celle de l'Ohio, de 0,18. Leur épaisseur, vis-à-vis le milieu de la grosse dent, 0,14 et 0,15. Ainsi la première est moins haute, mais plus bombée à proporuon. Je n'ai en pour tout autre os qu'un &bia rapporté du Camp- des-Gréans par M. de Humbold, et fort mutilé à tous ses angles ; ce qui rend ses caractères peu déterminés, Il est représenté au quart de sa grandeur, pl IT, fig. 8, 3 10 et II: Quoique un peu plus épais à proportion que celui de *Oäio , il ne paroit pas s’en éloigner beaucoup par les for mes D HES "TOM MIEN N° AVTIUIRNEILDALNE. k15 Long de 0,40, large en haut de 0,15, on voil aussi qu'il est plus court, à proportion des dents ; car celles-ci , ainsi que les mâchoires , ne sont moindres que d'un huitieme, et lui Pest de plus d'un tiers. Le mastodonte à dents étroites auroit donc été beaucoup plus bas sur jambes ; ainsi sa trompe auroit été plus courte, etc. Mais ilne faut pas se laisser aller aux con- jectures sur un seul ossement. Si Pon pouvoit s'en rapporter à une mauvaise gravure , on auroit encore une mächoire de ce genre, celle que Joseph Monti a prise pour une portion de tête de morse. Son petit traité à ce sujet est intitulé: De Monumento diluviano nuper in agro bononiensi detecto. Bologne , 1719, in-4.°, 50 pages. Nous donnons, pl. IV, fig. 6 et 7, une copie au tiers de la grandeur de objet dont il sagit. Un coup d'eil jeté sur ces deux figures fera juger sans doute à nos lecteurs comme à nous qu’elles représentent une mâchoire inférieure, dont on voit d'un côté le dessous, et dont les dents percent le côté opposé de la pierre. Les deux branches sont rompues en ar- rière avec la pierre elle-même, et montrent par leur coupe qu’elles sont fort épaisses. Le petit trou qu'on y remarque est le canal maxillaire. En avant elles se réunissent en une pointe allongée qui paroïit n'avoir porté aucune dent. Il n’y a de chaque côté qu'une mâchcliere longue, étroite , et dont toutes les éminences sont usées; de manière qu'on ny voit qu'un disque allongé de matière osseuse , entouré d’un bord d’émuil. Si, corame il est probable , la partie antérieure n’avoit point de dents, cette machoire inférieure ne pourroit appartenir qu’au genre mastodonte. Dans tous les cas, elle ne peut venir d'aucun animal connu; car il n’y en a aucun qui réunisse tous les caractères que le morceau montre, tels que l'épaisseur et h16 ANNALES DU MUSEUM la rondeur des branches, la longueur des dents et la pointe antérieure. Ce fossile avoit été trouvé au pied du mont Blancano, à 10 milles de Bologne , dans une pierre sableuse bleuâtre, mé- langée de coquilles de mer. La portion conservée avoit 7 pouces de long. Chaque branche en avoit 8 detour, et étoit un peu comprimée vers l'insertion de la dent. Celles - ci étoient longues de 3 pouces, à peu près comme les intermédiaires de noire petit mastodonte. Il faudroit donc supposer que la partie de la mâchoire qui contenoit la grosse dent étoit enlevée. Or, en mesurant le contour de notre mâchoire du Pérou, à len- droit de la séparation de ces deux dents, on le trouve de 13 pouces; ce qui est plus considérable qu’il ne faudroit. Son bec antérieur ne paroit pas non plus avoir été à beaucoup près aussi long à proportion que celui de la mächoire fossile de Monir. Cet auteur, quoique botaniste assez habile, entendoit peu de chose à l'anatomie comparée. Il n’avoit jamais vu de tête de morse : mais sachant par ses lectures que cet animal portoit deux longues défenses à la mächoire supérieure ; persuadé d'ailleurs qu'un fossile trouvé avec des coquilles de mer ne pouvoit appartenir qu'à un animal marin , il $imagina que les deux branches de cette mächoire étoient les racines ou les al- véoles de ces défenses, et la pointe formée par leur réunion, une espèce de pédicule qui les attachoit au cräne. On voit qu'il étoit difficile d'arriver à une conclusion plus absurde ; et cependant, sur la seule autorité de Joseph Mont, on a rangé jusqu'à ce jour ce fossile à l’article du morse ( rosmarus trichecus ), dans les listes des genres de mammi- féres trouvés à Pétat fossile. Dargenville, Orict., p. 334; #alch, dans son Commen- D'HISTOIRE NATURELLS. 4 taire sur Xnorr., ed. allem., tom. IT, 2° partie, p. 170; Lan- nœus, Syst. nat., ed. XIL, tome IT, p. 156; Gmelin , edit. Lin. IT , 587, semblent s'être accordés à copier celte erreur bizarre. Il paroït que les mastodontes de moindre taille, et parti- culièrement l'espèce à dents étroites , sont plus souvent enfouis avec des corps marins, que ne l’est la grande espece de l'Ohio. À la vérité, Réaumur n’en parle point dans sa Description des minières de turquoises de $Simorre ; il dit seulement que les dents et les os sont sur une terre blanchätre, recouverts et encroûtés dun sable fin, gris, et quelquefois bleuätre, mélé de petites pierres, sur lequel est un autre lit de sable semblable à celui de rivière. Les grosses dents sont accompagnées de dents plus petites, trop mal dessinées sur les planches pour qu’on puisse les dé- terminer exactement. Cependant les unes m'ont paru les dents antérieures à quatre pointes du méme animal, et les autres, celles du tapir fossile. Je ne sais pourquoi Réaumur, et tous ceux qui ont écrit d'après lui, mettent Simorre en bas Languedoc. Cette petite ville, aujourd'hui du département du Gers, appartenoiït au comté d/'starrac en Gascogne; elle est sur la rivière de Gimont. On trouve des dents semblables, selon Réaumur, un peu plus bas, à Gimont même, ainsi qu'à Auch sur la ri- vière de Gers. Je sais qu’on trouve aussi dans ce dernier en- droit des dents de tapir gigantesque. Il ne reste pas la même incertitude sur le morceau de M. de Borda. I avoit été trouvé à Sort non loin de Dax, dépar- tement des Landes, dans une couche vraiment marine, avec des mächoires d’une espèce de dauphin dont je parlerai ailleurs, 8. 54 418 ANNALES DU MUSÉUM des glossopétres, et des mâchoires que j'ai reconnues pour venir de diodons et de tétrodons , lorsque le propriétaire me les fit voir dans son cabinet. Baldassari ne dit point de quoi la mâchoire qu'il décrit étoit immédiatement accompagnée, mais seulement qu’elle fut découverte par l’éboulement d’un monticule, et que le pays des environs est plein de corps marins; qu'il y a même de grosses vertébres de cétacés au milieu du monte Follonico. La dent de Trévoux avoit été prise par un M. Lollière dans l’intérieur d’un monticule de sable ; on ne dit rien des autres fossiles qui pouvoient s'y trouver. Les os fossiles de Montabusard appartiennent à beaucoup d'animaux différens, et notamment à des palæotherium. Ils sont dans un calcaire argileux rougeätre, à 18 pieds sous la surface, et sur de la craie, avec quelques coquilles que M. de Fay a jugées des imacons de mer(i). Nous avons vu que la mächoire inférieure de Joseph Monts est incrustée dans de la pierre sableuse coquillière. Quant aux os de lAmérique-Méridionale, les anciens auteurs espagnols en ont fait beaucoup de récits merveilleux. Ce sont eux qui ont donné lieu à tout ce qu’on rapporte des géans qui doivent avoir existé autrefois au Pérou, et sur lesquels on peut consulter la Gigantologie espagnole de Torrubia, ou mieux encore le récit de Pedro Creca, copié par Garcilasso, lb. IX , cap. IX. On trouve aussi quelque chose sur ces prétendus os de géans dans divers voyageurs. Legentil dit en avoir vu des restes dans son voyage au Pérou, et même que ses guides lui (1) Defay. La Nature considérée dans plusieurs de ses opérations ; etc., p. 57: D'HISTOIRE NATURELLE. k19 montrèrent les traces de la foudre qui les avoient détruits (1). On conserve encore à Lima, soit dans le cabinet public , soit chez divers particuliers, de ces dents qui passent pour être de géans (2). C’est probablement sur une tradition semblable que l’un des lieux où l’on trouve le plus de ces os, près de Santa-l'é de Bogota esi nommé le Camp-des-Géans. M. de Humbold dit qu'il en a un amas immense. Ceux qu'il a rapportés sont pénétrés de sel marin. On parle beaucoup plus souvent encore des os de géans du Mexique : mais comme nous n’avons pas vu de dents venues de l'Amérique-Septentrionale qui appartinssent aux espèces dont nous traitons maintenant, nous pensons que les os du Mexi- que seront plutôt de la grande espèce de l'Ohio, où même de l'éléphant fossile; car nous savons que l’on trouve l'une et l’autre en ce pays-là. Ce que les os de l'Amérique-Méridionale ont de plus par- ticulier dans leur gisement, c’est l'extrême hauteur où ils se trouvent quelquefois. Le Camp-des-Géans est à 1300 toises au-dessus du niveau de la mer ; l'endroit d'auprès de Quito et du volcan d’/mbaburra, à 1200. Nous avons vu que les dents de mastodonte y sout incrustées dans de la cendre volcanique. Dombey na point laissé de note sur le lieu des morceaux qu'il a rapportés; il dit seulement qu'ils étoient pénétrés de parcelles d'argent natif. Il ne n'a pas été possible d’en retrouver les traces ; mais ils étoient incrustés en plusieurs endroits d’un sable ferrugineux endurci. Comme au Pérou les paillettes (1) Nouv. Voy. autour du monde , par M. Legentil , 1728,1,74 et 75. (2) Journ. littér. de Gœuingen, 27 févr. 1806. 54% 40 ANNALES DU MUSÉUM d'argent se trouvent souvent dans le sable, il est possible qu’il y en ait eu d’attachées à ces os. Don George Juan (1) dit que l'on trouve des filets d'argent dans les ossemens des Indiens qui ont péri anciennement dans les mines. Peut-être ces deux faits ont-ils quelque liaison. Il est fâcheux que les prétendues turquoises que fournis- soient les dents déterrées à Simorre n'aient pas acquis dans le commerce un prix suffisant pour faire continuer les fouilles: nous aurions probablement aujourd’hui un plus grand nombre de parties de l'animal à qui elles appartenoïient; mais, outre que la plupart n’avoient point de consistance et éclatoient quand on vouloit les chauifer, celles même qui résistoient à l'action du feu y prenoient rarement une couleur bien égale et bien vive. RÉSUMÉ GÉNÉRAL De l'Histoire des ossemens fossiles de pachydermes, des ter- rains meubles et d'alluvion. Les terrains meubles qui remplissent les fonds des vallées et qui couvrent la superficie des grandes plaines nous ont donc fourni, dans les seuls ordres des pachydermes et des éléphans , les ossemens d’onze espèces, savoir : un rhinocéros, d'ux kippopotames, deux tapirs, un éléphant et cinq mas- todontes. Foutes ces onze espèces sont aujourd’hui absolument étran- gères aux climats où lon trouve leurs os. ES (1) Voyage au Pérou, trad. fr. in-4. I, 527. Tom Mo: PL "OO DITERS MASTODONTES . PL.1. ei CN ni . Me ne er À Mises Hd Le SALE SEBALT, r 4 ON TE 72 7 s' DITFRS MA: Non D = DUWERS MASTODONTES. PL . HA. on F7 4Or)E ec à D SE S 7 WP LL / WW, S. Couel veuf , DITERS MAS TODONTES. PL .17. LE. FN D'HISTOIRE NATURELLE. kox Les cmq mastodontes seuls peuvent être considérés comme formant un genre à part et inconnu , mais très-voisin de celui de l'éléphant. Toutes les autres appartiennent à des genres aujourd’hui encore existans dans la zone torride. Trois de ces genres ne se trouvent que dans l'ancien conti- nent : les rinocéros , les hippopotames et les éléphans ; le qua- trième , celui des tapirs , n'existe que dans lé nouveau. La même répartition n’a pas lieu dans les ossemens fossiles. C’est dans l’ancien continent que l’on à déterré les os de tapirs ; et il s'est trouvé quelques os d’éléphans dans le nouveau. Ces espèces, appartenantes à des genres connus, différent néanmoins sensiblement des espèces connues, et doivent être considérées comme des espèces particulières, etnon pas comme de simples variétés. La chose ne peut étre sujette à aucune contestation pour le petit hippopotame et pour le tapir gigantesque. Elle est encore bien certaine pour le rhinocéros fossile ; Un peu moins évidente pour l'éléphant et le tapir fossiles, il y a cependant des raisons plus que suffisantes pour en con- vaincre l’anatomiste exercé. Enfin, le grand hippopotame est le seul de ces onze qua- drupèdes fossiles dont on m’ait point assez de pièces pour pouvoir dire positivement sil différoit ou ne différoit point de l’Arppopotame aujourd’hui vivant. Sur les onze espèces , une seule, le grand mastodonte, avoit été reconnue avant moi pour un animal perdu; deux autres , le rhincccros « éléphant, avoient bien été déterminées quant au genre, mais je suis le premier qui ait montré avec quelque exactitude leurs différences spécifiques; sept, savoir : le petit ,» £a ANNALES DU MUSÉUM hippopotame, les deux tapirs et les quatre mastodontes de moindre taille, éloient entièrement inconnues avant mes re- cherches; enfin la onzième, le grand hippopotame, reste en- core aujourd'hui sujette à quelques doutes. Tel est le résultat ostéologique de cette première partie de notre ouvrage. Tels sont les divers degrés de certitude aux- quels nous avons pu amener les différentes propositions dont ce résultat se compose. Quant au résultat géologique, il consiste principalement dans les remarques suivantes. Ces différéns ossemens sont enfouis presque partout dans des lits à peu près semblables; ils y sont souvent péle-méle avec quelques auires animaux également assez semblables à ceux d'aujourd'hui. Ces lits sont généralement meubles, soit sablonneux, soit marneux; et toujours plus ou moins voisins de la surface. Il est donc probable que ces ossemens ont été enveloppés par la dernière ou lune des dernières catastrophes du globe. Dans un grand nombre d'endroits, ils sont accompagnés de dépouilles d'animaux marins accumulées ; mais dans quel- ques lieux moins nombreux , il n’y a aucune de ces dépouilles : quelquefois même le sable ou la marne qui les recouvrent ne contiennent que des coquilles d’eau douce. Aucune relation bien authentique r’aiteste qu'ils soient re- couverts de bancs pierreux réguliers, remplis de coquilles marines, et par conséquent que la mer ait fait sur eux un sé- jour long et paisible. La catastrophe qui les a recouverts étoit donc une grande inondation marine, mais passagere. Cetie inondation nes’élevoit point au-dessus des hautes mon- D.HI STOIRE, NATURELLE. 423 tagnes; car on n’y trouve point de terrains analogues à ceux qui recouvent les os, et les os ne s’y rencontrent point non plus, pas même dans les hautes vallées, si ce n’est dans quel- ques-unes de la partie chaude de l'Amérique. Les os ne sont ni roulés ni rassemblés en squelette, mais épars et en partie fracturés. [ls n’ont donc pas été amenés de loin par linondation, mais trouvés par elle dans les lieux où elle les a recouverts, comme ils auroient dü y être, si les animaux dont ils proviennent avoient séjourné dams ces lieux, et y éloient morts successivement. Avant cette catastrophe, ces animaux vivoient done dans les climats où l’on déterre aujourd’hui leurs os; c’est cette caias- trophe qui les y a détruits, et comme on ne les retrouve plus ailleurs, il faui bien qu’elle en ait anéanti les espèces. Les parties septentrionales du globe nourrissoient donc au- trefois des espèces appartenant aux genres de l'éléphant, de lAippopotame, du rhinocéros et du tapir, ainsi qu’à celui du mastodonte, genres dont les quatre premiers n’ont plus aujourd’hui d'espèces que dans la zone torride, et dont le dernier n’en a nulle part. Néanmoins , rien n'autorise à croire que les espèces de la zone torride descendent de ces anciens animaux du Nord qui se seroient graduellement ou subftement transportés vers l’équa- teur. Elles ne sont pas les mêmes ; et nous verrons, par l’exa- men des plus anciennes momies , qu'aucun fait constaté n’au- torise à croire à des changemens aussi grands que ceux qu'il faudroit supposer pour une semblable transformation, sur- tout dans des annnaux sauvages. Il n’y a pas non plus de preuve rigoureuse que la tempéra- ture des climats du Nord ait changé depuis ceite époque. Les L24 ANNALES DU MUSÉUM espèces fossiles ne diffèrent pas moins des espèces vivantes ; que certains animaux du Nord ne different de leurs congé- nères du Midi; l'isatis de Siberie, par exemple ( canis lago- pus), du chacal de l'nde et de PAfrique ( canis aureus ). Elles ont donc pu appartenir à des climats beaucoup plus froids. | Ces résultats, déja en grande partie indiqués dans l’article de Péléphant, me paroissent tous rigoureusement déduits des faits exposés dans cetle première partie. D’ H*i S'TÈONDER E UNEAÎT UIRIEUL L E. h25 DESCRIPTION D'une nouvelle espèce d'arbre à fruit du genre Pêcher, z2ommé pécher d'Ispaham(amygdalus persica ispahamensis ). PAR A THOUIN. Duxs l'état actuel de notre agriculture , une pareille acquisi- üon est un événement rare dont il convient de fixer l’époque, non moins pour l'histoire de Part du jardinage, que pour les progrès de la botanique. C’est parce que les anciens ont négligé d'indiquer la patrie des végétaux étrangers employés dans leur économie rurale et le moment de leur introduction, qu'il reste autant de doute sur Porigine de la plupart d’entre eux et d’in- certitude sur le temps où ils ont commencé à être cultivés. S'ils avoient eu lattention de les décrire et de les figurer exactement peu de temps après leur arrivée, il seroit facile de reconnoître aujourd'hui les changemens qu'occasionnent ou peuvent occasionner la différence de climats, de terrains et de culture, et l'on pourroit établir des bases plus certaines sur les caractères qui constituent les espèces, et sur les différences accidentelles qui ne forment que des variétés. Ce sont ces 8. 55 426 ANNALES DU MUSÉU M inconvéniens bien sentis qui nous déterminent à présenter ici la description de cette nouvelle espèce, dont une figure coloriée exactement est déposée dans la collection des peintures sur vélin de la bibliothèque du Muséum d'Histoire naturelle, L'arbre qui en est l'objet est dû au voyage en Perse de Bru- guère et de M. Olivier, menibre de l’Institut national. Ils le trouvérent dans les jardins d’Ispaham où il se rencontre fré- quemiment abandonné à la nature, sans que Part de la greffe ni celui de la taille viennent aider à sa culture et ajouter au perfectionnement de ses produits. Les fruits qu'ils mangérent leur parurent d’une saveur agréable; et quoiqu’on fût alors dans le mois de novembre, ils m'éloient cependant qu’à leur point de maturité. Ils en ra- massèrent des noyaux qui formoient un des 738 articles de la collection des semences recueillies pendant leur intéressant voyage , et dont M. Olivier, qui avoit eu la douleur de voir périr son compagnon , enrichit à son retour le Muséum d'His- toire naturelle, en nivose de lan 7 (ou janvier 1800 }). Les noyaux de ces fruits, au nombre de cinq, furent semés au mois de pluviose suivant, dans un pot de terre à oranger, et placés sur une couche tiède à l'exposition du levant. Aucune de ces graines ne germa la première année, mais il en leva trois au printemps de la seconde { ou de l'an 1801). Les jeunes plants pousserent avec vigueur pendant cette année, et s’élevèrent jusqu'a la hauteur d'un demi-mètre. On les rentra pendant l'hiver dans l’orangerie pour les garantir des plus fortes gelées , et dès le premier printemps, avant que les gemma se développassent , les jeunes arbres furent tirés du vase qui les contenoit et placés à racines nues en pleine terre. Deux furent plantés dans la pépmiere, et le troisième mis en D'HISTOIRE NATURELLE. 1427 place dans l'école des arbres fruitiers où, depuis cette époque, ils ont poussé vigoureusemeut. L'année dernière, un des deux pieds plantés dans la pépi- nière produisit, pour la prennère fois, une grande quantité de fleurs, mais une gelée tardive les fit tomber toutes. Quel- ques fruits provenus de fleurs qui avoient paru après les gelées printannières, s’'étoient noués et paroissoient devoir réussir ; ils furent également détruits avant leur maturité par l'effet d’un coup de soleil qui fit périr l'arbre entier vers le milieu de juillet. Mais cette année 1806, l'individu planté dans l’école des arbres fruitiers s’est couvert au printemps d'une quantité - innombrable de fleurs lilas, auxquelles ont succédé plus de 500 fruits d’un jaune pâle, qui sont parvenus en parfaite maturité vers la mi-septembre. Tel est l'historique de l'arbre nouvelle- ment introduit en France. Nous allons passer actuellement à la description de ses différentes parties, en commençant par celle de son port : le caractère générique et ceux qui sont communs à toutes les espèces du même genre étant connus, nous ne les rapporterons point ici; mais comme les caractères des espèces dans les genres naturels, et surtout dans les végétaux amenés à l'état de domesticité sont peu saillans, nous serons obligés d'entrer dans des détails plus étendus, que sil ne s'agissoit que de décrire une espèce dans l'état de nature. 55, 428 ANNALES DU MUSEUM DESCRIPTION DU PORT. Ce pêcher forme un sous-arbrisseau qui ne paroît devoir s'élever qu'a la hau- teur de 5 à 4 mètres. À 2 ou 3 décimètres au-dessus du colet de sa racine , letronc se divise en cinq ou six branches droites, dont aucune ne paroit en être la continuité, ni devoir le remplacer, Ges branches sont garnies de rameaux très-rapprochés les uns des autres, qui donnent naissance à une grande quantité de brindilles à fruits. Ces dilférentes branches forment un buisson arrondi, louffu, dont la cir- conférence est de 5 à 6 mètres, et qui est très-évasé et aplati du sommet. Il se couvre au printemps d’une immense quantité de fleurs couleur de rose, qui en font une sorte de thyrse très-agréable, et à l’automne ses fruits jaunâtres tranchent d’une manière pittoresque sur la verdure tendre de son feuillage. DES RACINES, Les racines de ce pêcher , au nombre de trois ou quatre, sortent à peu de distance au-dessous du collet, et ont une tendance à s’enfoncer en terre plutôt qu'a pousser horizontalement à la surface ; elles sont grosses proporlionnément au volume du tronc qu’elles alimentent ; leur couleur qui, à l'extérieur, est d'un rouge orange , est blanche dans l’intérieur et d’une consistance très-dure. Elles se divisent en un petit nombre de ramifications qui produisent un cheyelu rare, délié et de couleur rousse. DES TIGES ET BRANCHES À FRUIT. L'écorce du tronc et des grosses branches dans lesquelles il est partagé à peu de distance de la terre, est épaisse , lisse et de couleur cendrée. Les branches se divisent elles-mêmes en rameaux droits qui donnent naissance à une grande quaatité de brindilles ou branches à fruit très-rapprochées les unes des autres, et disposées alternativement. Ces rameaux et ces brindilles sont recouverts, la pre- mière année de leur naissance, d’une écorce couleur vert pomme, presque en- ticrement marquée de points globuleux cendrés, Toute la partie de cette écorce, qui est exposée au soleil, devient d’un rouge brun dès le mois de juin, et le reste des tiges prend cette mème couleur avec plus d'intensité, l'année sui- vante. D'HISTOIRE NATURELLE. 429 DES FLUILLES. Les feuilles, placées alternativement à la distance de om. o27c.à 0 m.054 c. ( 1 à 2 pouces) sur toute la longueur des rameaux ou des brindilles, ont depuis om.o27 c. à o m. 108c. (1 à 4 pouces) de longueur, sur une largeur dans le milieu de om. 009 à o m.054c. ( 4 à 15 lignes), etelles se rétrécissent insensiblement jusqu’au sommet où elles finisent en pointes aiguës. Leur pédicule qui a de o m.007 c. à om.otic. (3 à 5 lignes) de long, est creusé en gouttière dans toute sa longueur supérieure, Ces feuilles sont lisses des deux côtés, d’un vert gai en dessus et d’un vert pale en dessous. Elles sont dentelées régulièrement sur leurs bords en ma- nière de scie , et paroissent vers la fin du printemps après l'épanouissement de la plus grande partie des fleurs. Lorsqu’elles ont éprouvé de foibles gelées, elles prennent une couleur rougeâtre , et ne tardent pas à tomber, DES GEMM A4, Dans les aisselles des feuilles des jeunes bourgeons de l’année , se trouvent placés un , Ou plus souvent, trois gemma ou boutons écailleux de différentes formes. Vers le bas des rameaux, le bouton du milieu est ordinairement le plus petit et le plus pointu; les deux autres sont plus gros et plus ronds: mais quelquefois aussi c’est le contraire, surtout vers l'extrémité de ces mêmes bourgeons. Le gemma du milieu est destiné à fournir, au printemps suivant, le bourgeon ou la jeune branche à fruit qui doit remplacer celle sur laquelle il est né. Les deux autres gemma qui l’accompagnent renferment les fleurs qui donneront naissance aux fruits dans le cours de l’année suivante ; lorsqu'une fois ces gemma ont rempli leur fonction , ils disparoissent entièrement, et le même rameau n’en produit pas d’autres pendant toute la durée de son existence. DES FLEURS. Les fleurs ont de o m.o2oc. à om. 029 c. (9 à 15 lignes ) de diamètre dansleur parfait développement; elles sont couleur de rose tendre ou de fleurs de pêcher, et sont formées de cinq pétales attachées au calice par des onglets très-courts. Ce calice porte à la base de ses cinq divisions et à lentrée de sa gorge, 12 à 15 éta- mines terminées par des anthères globuleuses et jaunes. Elles accompagnent un germe ovoide et velu qui supporte un style de la longueur des étamines , lequel se termine par un sligmate arrondi et de couleur verdâtre. Le pédoncule de la fleur a om.005 €. à om.007c. ( 2 à 5 lignes) de long. 430 ANNALES.DU MUSÉUM DES FRUITS, Les fruits parvenus à leur parfaite maturité sont presque sphériques ; ils sont marqués snr l’un de leurs côtés, d’un sillon profond qui prend à l'endroit du pé- doncule, et se continue en diminuant de profondeur jusqu’au point où étoit placé le style. Leur grosseur varie depuis o m. 081. (3 pouces) jusqu'a om. rot c+ (5 pouces 9 lignes } de c'rconférence, dans le sens de leur largeur et dans celui de leur hauteur. Leur couleur est d’abord verte : elle prend ensuite une légère teinte de rouge obscur du côté où ils sont frappés par le soleil. A mesure qu'ils approchent de leur maturité , cette couleur se change en un jaune pale qui devient plus foncé lorsque leur maturité est arrivée ou lorsqu'elle est passée. Dans les an- nées chaudes, c’est ordinairement vers le milieu du mois de septembre que ce fruit est mür. La peau adhérente à la chair est couverte d’un duvet cotonneux tres-serré , court et blanchätre. La pulpe est molle blanche, aun peu rougeâtre près du noyau, bondante en eau, sucrée , de saveur vineuse et agréable au goût ; elle quitte aisément le noyau. DES NOYAUX. Celui-ci, placé au milieu du fruit, est presque rond dans sa circonférence , obtus par la partie qui communique au pédoncule, et terminé en pointe aiguë par son extrémité supérieure. Ïl est marqué longitudinalement, savoir: en dessous d’une rainure profonde,et en dessus , à l'opposé, d’une arète proéminente; l’une et l’autre prennent depuis la base du noyau jusqu'a la: pointe. Le reste de la surface est profondément insculpté de sillons irréguliers qui laissent entre eux des éminences arrondies. Sa consistance est ligneuse, épaisse et très-dure. Dans l'intérieur , est une cavité dont les parois sont lisses et qui est occupée par une amande ovale et pointue par la partie où se trouve le germe, laquelle est recouverte d’une pellicule mince de couleur roussätre. Son intérieur est d’un blanc de lait, et sa saveur amère, Telle est la description de la nouvelle espèce de pécher introduite au Muséum. Nous allons la comparer aux trois variétés connues qui s'en rapprochent le plus, et en mar- quer les rapports et les différences, afin qu’on ne la con- fonde point avec elles. Le fruit de l'avant péche-blanche {1} a quelque ressemblance (1) Persica flore magno , præcoci, fructu albo , minori. ( Duhamel, Traité des Arbres fruitiers, planche 2.) D'HISTOIRE, SN A'TUURE L LE; 43: pour la forme, la grosseur et la couleur avec celui de notre pêcher; mais ceux de cette nouvelle espèce sont plus gros, quittent leurs noyaux, sont d’un jaune plus foncé et mürissent deux mois plus tard : d’ailleurs l'avant-pêche est un petit arbre qui s'élève de 5 m. 847 à 6 m. 497 c. (18 à 20 pieds } de haut , et dont les feuilles sont quatre fois plus grandes que celles du pêcher que nous décrivons. Le pécher-cerise (1) a aussi quelques aflinités pour la gros- seur et l'époque de la maturité de ses fruits avec ceux de la nouvelle espèce. Les fruits de l'un et de Pautre se détachent aisément de leur noyau et mürissent en septembre; mais ceux du second , au lieu d’être lisses et de couleur de cerise, sont jaunes et couverts d’un duvet cotonneux. De plus, les deux arbres n’ont aucune ressemblance dans leur port; le premier s'élève de 6 m. 497 c. à 8 m. 121 c. (20 à 25 pieds), et ses feuilles ont de o m. 108 c. à o m. 162 ce. (4 à 6 pouces ) de long ; tandis que le second ne paroït pas devoir s'élever au- dessus de 4 m. 872 c. à 5 m.197c. ( 15 à 16 pieds), et que ses plus grandes feuilles ont à peine la longueur de om. 108 c. (4 pouces ). Enfin le pêcher nain (2) pourroit avoir quelque rapport pour la taille avec l'espèce dont il est question. C’est comme lui un sous-arbrisseau, mais beaucoup plus petit, puisqu'il ne s'élève guère au-dessus de 1 m. 299c. à 1 m. 624 c. (4 à5 pieds) de haut. Îlest plus touffu ; ses fruits sont du double plus volu- mineux, etils n'arrivent à leur parfaite maturité que vers la (1) Persica flore parvo, fructu glabro , æstivo , carne alba , cortice partim albo, parüm dilute rubente, (Duhamel , Traité des Arbres fruitiers, planche XXL. ) (2) Persica nana, frugifera, flore magno simplici, (Duh., Trait. des Arb. fruit. , pl. XXX[.) 439 ANNALES DU MUSEUM mi-octobre. Toutes ces différences suffisent pour faire distin- guer notre nouvelle espèce de pêcher de celles auxquelles nous l'avons comparé. Mais il est un autre caractère qui suffit seul pour la faire reconnoitre : ce sont ses feuilles infiniment plus petites que celles des autres espèces; elles ont les mêmes di- mensions que celles de Pamandier nain auquel elles ressemblent beaucoup (1), tant pour la forme et la couleur , que pour la dentelure. D'après l'exposé des caractères de cette nouvelle espèce, il est facile de la ranger dans la section du genre à laquelle elle appartient, Duhamel en a établi deux principales qu’il a distri- buées chacune en deux sous-divisions de la manière suivante: 1. Sous-division. Chair quittant le } Pèches proprement dites, noyau et la peau. EL: Division. Fruits velus. ]2.° Sous-division. Chair. adhérente\ puvies. au noyau et à la ; à peau. GENRE DU PÈCHER. 5.° Sous-division. Chair fondante, Violettes, IL Division. quittant Le noyau. Fruits lisses. 4° Sous-division. Chair adhérente Brugnons. au noyau. RES eéne B PUR A LEELES LORS CPR 6 NE QE E ES ER (1) Amygdalus indica nana. H. R. P.( Duh., Trait. des Arb. fruit. n° VIIL) ou amygdalus nana, Lin. Sp. pl. D'HISTOIRE NATURELLE. 433 Ainsi notre pêcher, ayant le fruit velu et même cotonneux, appartient à la première division de ce genre; et comme sa chair quitte aisément le noyau, ilentre dans la première sous- division, et fait partie de la série des pêches proprement dites. Sa place naturelle est à côté de l'espèce nommée avant- pêche blanche, qu'il doit précéder dans l'ordre de l’aflinité des rapports. Nous le caractériserons par la phrase suivante : Persica ( ispahamensis) fruticosa, folits minoribus æqua- liter serratis, fructu parvo , flavo, tenero et saccharato, ou pêcher (d’Ispaham } en arbrisseau , à trois petites feuilles dentées également, à petit fruit jaune , mou et sucré, On avoit présumé d’abord que le pêcher d’Ispaham pou- voit être le type ou le pêcher naturel qui, originairement rapporté de Perse , a donné à l'Europe cette multitude de variétés dont Duhamel a décrit quarante-trois des plus sail- lantes par la beauté et la suavité de leurs fruits; mais cet ar- brisseau n'ayant pas été trouvé dans les campagnes de la Perse, et seulement dans les jardins, on doit suspendre son opinion à ce sujet, jusqu’à ce qu’une plus longue culture, chez nous, ait mis à portée d'observer ses variations. Il y en a déjà une fort remarquable dans l'époque de la maturité des fruits. Ceux qui ont produit les noyaux dont sont nés les arbrisseaux du Muséum, ont été recueillis en Perse dans le commencement de novembre , et ils arrivoient à peine à leur parfaite matu- rité, tandis que ceux venus dans notre climat étoient mûrs complétement, puisqu'ils tomboient de l'arbre sans effort, dès ‘Je 12 septembre dernier ; ce qui donne plus de quarante jours de différence entre les deux époques. Mais d’où vient cette singularité ? Est-ce au sol, à la culture, à la différence de 8. 56 434 ANNALES DU MUSÉUM situation, à l'élévation du terrein au-dessus du niveau de la mer qu'il faut l'attribuer ? ou bien toutes ces causes contri- buent-elles à retarder en Perse la maturité de ces fruits Quoi qu'il en soit, les fruits de ce nouveau pêcher, qui sont en très-grand nombre et qui lèvent aisément, peuvent être employés à fournir des sujets francs pour greffer les espèces de ce genre. Ils donneront des individus plus vivaces et peut- être plus rustiques que ceux qu’on obtient par la greffe sur le prunier, labricotier, Famandier et sur le pêcher domes- tique, seuls sujets sur lesquels on est dans l'usage de les écus- sonner. Peut-être aussi que le pêcher d’Ispaham , étant d'une petite stature, pourra réduire à l’état d'arbres nains les es- pèces qu’on transportera sur lui. Il seroit dans son genre ce que le pommier de paradis est dans le sien , et fourniroit de nouvelles ressources au jardinage pour former des espaliers, ou garuir les bordures des carrés. Mais en attendant que les expériences que nous nous proposons de tenter à ce sujet aient donné quelques résultats, nous croÿons devoir recommander la culture de cet arbrisseau. Il peut figurer avec un égal avan- tage dans les jardins d'agrément par la multitude de fleurs éclatantes dont il se couvre au printemps, et dans les vergers par le grand nombre de fruits d’assez bon goût qu'il produit, et dont il est probable qu’on obtiendra une liqueur fermentée fort agréable. D'HISTOIRE NATURELLE. 435 EXTRAIT D'un Mémoire de M. Vauquelin sur l'analyse de quelques mines de fer limoneuses de la Bourgogne et de la Franche-Comté, à la- quelle il a joint l'examen des fontes des fers et des scories qui en proviennent. PAR M VAUQUELIN. SE, Es parcourant , l'année dernière, différentes parties de la Bourgogne, M. Vauquelin à visité quelques forges à fer, a recueilli des échantillons des mines qui y sont exploitées, des fontes et des fers qui en proviennent, ainsi que des fondans qu'on y emploie et des crasses ou scories d’aflinage. En ramassant ces différens objets, il avoit l'intention de les soumettre séparément à l’analyse chimique, pour connoître, s’il lui étoit possible , ce qui se passe dans les opérations que lon fait subir à la mine de fer , et les différences qui existént entre la mine, la fonte, les scories et le fer. Il lui a semblé qu’en procédant de cette manière, il devoit 56 * 436 ANNALES DU MUSÉUM arriver à la connoiïssance des variétés nombreuses que pré- sentent les fers dans leurs qualités; et le résultat de son tra- vail fera voir qu'il ne s’étoit pas entièrement trompé dans son raisonnement. Il se persuade même que si l’on examine , sur le même plan, les diverses espèces de mines de fer qui sont exploitées en France, amsi que les états par où elles passent avant d’ar- river à celui de fer ductile, et les matières qui s’en séparent pendant le travail, il en résultera des connoissances précieuses pour l'art du maître de forge qui, connoissant mieux alors la nature de ses mines et les effets qui ont lieu dans ses opéra- tons, arrivera indubitablement au maximum du perfection- nement possible dans la purification du fer. S. IL Æxamen des castines qui servent de fondans aux mines de Drambon, département de la Côte-d Or, et de Pesme, département de la Haute-Saône. Pour connoitre les effets que les castines peuvent produire sur les mines de fer pendant la fonte, et en même temps pour s'éclairer sur la nature des produits de cette fonte , il étoit né- cessaire de commencer par faire l'analyse de ces matières. Castine de Drambon. Cette pierre, dit M. Vauquelin, est d’un blanc jaunâtre, enr petits morceaux assez durs; se dissout avec effervescence dans l'acide nitrique; laisse un résidu jaunâtre qui fait environ la cinquième partie de Son poids, et qui est principalement com- posé de sable fin , d’un atome d’alumine et de fer. La dissolu- D'HISTOIRE NATURELLE. 437 tion, qui est sans couleur , a donné, par lammoniaque, un léger précipité blanc-jaunâtre , floconneux et demi-transpa- rent, dans lequel il a reconnu la présence du fer, d’un peu d’alumine et de phosphate de chaux. Castine employée à la forge de Pesme. Cette castine est en roche compacte , d’une couleur blanche- grisätre , d’un tissu assez serré, au milieu duquel on voit des veines de carbonate de chaux transparent. Elle a laissé, après sa dissolution dans l'acide nitrique , environ la vingtième partie de son poids d’un résidu composé de sable et d’un peu de fer oxidé; peut-être contenoit-il aussi un peu d’alumine. La dissolution de cette pierre a fourni, par lammoniaque, un précipité moins coloré que celui de la castine de Drambon, et qui étoit formé de fer, d’un atome d’alumine et de chaux phosphatée. L'on voit par ces deux analyses, dont M. Vauquelin a sup- primé les détails, que les castines employées dans les forges de Drambon et de Pesme sont presque entièrement formées de carbonate calcaire; que cependant celle de Pesme est beau- coup plus pure, puisqu'elle ne contient qu'un vingtième de matière étrangère, tandis que celle de Drambon en recèle un cinquième. Ces analyses font voir en même temps que les pierres qui en font le sujet renferment aussi une petite quan- tité de phosphate de chaux, qui ne s'élève certainement pas à un cinq centième. 338 ANNALES DU MUÜSÉUM , D S. II, Analyse des scories ou crasses d'affinage de la forge de Drambon. Il paroitroit naturel de commencer par l'examen des mines d'où proviennent ces crasses; mais tel a été ordre que M. Vau- quelin a suivi sans aucun motif déterminé: l'on va voir cepen- dant qu'il lui a été utile pour découvrir plus facilement les différentes substances qui existent dans les mines, parce que ces scories renferment dans une plus petite masse les matières étrangères des mines qui se trouvent réunies dans la fonte. Ces crasses ont une couleur noire, brillante à peu près comme certaines espèces d’oxide de manganèse: leur poids con- sidérable indique qu’il y reste beaucoup de parties métalliques. Elles sont remplies dans quelques endroits desoufflures de dif- férentes grandeurs ; dans d’autres , elles présentent une ma- tière compacte dont la cassure est cristallisée en aiguilles ou en James. | PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Cinq grammes de cette scorie , fondus deux fois successive- ment avec un poids égal de potasse caustique, ont communi- qué à cet alcali une couleur verte très-foncée lorsqu'on a lavé la masse fondue avec de l’eau. Cette couleur verte est, comme ont sait, une preuve non équivoque de la présence du manganese; et lalcali est le meil- leur moyen que l'on puisse employer pour découvrir la plus légère trace de ce métal dans une substance quelconque. Tous les lavages de ces scories ainsi traitées furent réunis et soumis à l’ébullition pour en séparer le manganèse. À me- D'HISTOIRE NATURELLE. 439 sure que cet effet avoit lieu, la liqueur perdoit sa couleu verte; le manganèse ainsi séparé, lavé et séché, pesoit 2 déci- grammes : ce qui fait 4 pour 100. La liqueur alcaline, débarrassée du manganèse et filtrée, conservoit encore une couleur jaune-orangée qui y fit soup- conner l'existence du chrôme. Pour vérifier ce soupçon, il falloit, pour plus de facilité dans la suite des operations propres à démontrer le chrôme, séparer l’alumine et la silice qui devoient se trouver dans la lessive alcaline; et pour éviter la présence de l'acide muria- tique qui auroit été contraire au but que l'auteur se proposoit, il employa le nitrate d’ammoniaque très-pur, au lieu du mu- riate dont leschimistes font ordinairement usage pour cet objet: il obtint en effet par ce moyen 2 centigrammes d’un mélange de silice et d’alumine. Il satura ensuite la liqueur par Pacide nitrique très-pur dont il mit un léger exces , et la fit bouillir pendant un quart d'heure afin d’en dissiper entièrement lacide carbonique. Dans lintention d’éprouver cette liqueur amsi préparée, il en méla une portion avec quelques gouttes de nitrate de mercure au minimum; mais au lieu de voir paroitre une cou- leur rouge, comme c’est l'ordinaire avec le chrôme , ce fut un précipité blanc qu'il prit d’abord pour du muriate de mer- eure , mais qui wétoit, ainsi qu'il le reconnut emsuite, que du phosphate de mercure. Ayant acquis cette connoiïssance, il mit dans le restant de la liqueur de l'eau de chaux qui, lorsque l'acide fut saturé, y forma un précipité floconneux. Ce précipité avoit une légère nuance de jaune qui passa au vert par la dessicçation ; effet AAC ANNALES DU MUSÉUM qui lui annonçoit quelque chose d’étranger dans le phosphate de chaux. Pour connoïtre la cause de cette couleur, il fit rougir le précipité dans un creuset d'argent; mais la nuance verte ne disparut pas: elle prit au contraire plus d'intensité. Il en fit fondre un peu au chalumeau avec du borax, et la belle cou- leur verte d’émeraude que ce sel prit confirma son premier soupçon sur l'existence du chrôme dans les scories d’aflinage. Le restant du précipité dont on vient de parler, traité avec l'acide nitrique ne fut pas dissous en totalité; il resta une petite quantite de matière d’un vert très-foncé qui n’étoit que de l’oxide de chrôme , mêlé d’un peu de silice, dont les parties rapprochées et durcies par la chaleur avoient perdu la faculté de se dissoudre. L’acide n’avoit point pris de cou- leur ; l’'oxalate d’ammoniaque en sépara 2 décigrammes d’oxa- late de chaux. La liqueur d’où la chaux avoit été séparée, comme on vient de le dire, évaporée à siccité et le résidu calciné, fournit un acide qui avoit toutes les propriétés de l'a- cide phosphorique. La première liqueur dans laquelle il avoit mis de l’eau de chaux pour précipiter l'acide phosphorique , mélé avec du nitrate de mercure récemment préparé, forma un précipité d'un jaune-brun qui prit une teinte verte par la dessiccation à l'air. Ce précipité , fondu avec le borax, lui a communiqué une couleur verte très-belle ; ce qui prouve que c’étoit un chromate de mercure avec excès d’oxide. Voilà donc la présence du chrôme et de l'acide phosphori- tique démontrée dans les crasses d’aflinage. Ces matières, ainsi que celles dont il serà parlé plus bas, existoient dans la fonte D'HISŒMOIRE NATURELLE. 4h et préalablement dans les mines dé fer; car ; pendant le tra- vail, on n’ajoute rien qui puisse les y porter. $. IV. Examen de la scorie traitée successivement plu- sieurs fois par la potasse , ainsi qu'il a été dit au com- mencement de ce paragraphe. Après avoir séparé de cette maüère le chrôme, l'acide phosphorique, le manganèse et une portion de silice et d’alu- mine, Pauteur a dissous dans l'acide muriatique la partie fer- rugineuse , qui avoit alors une couleur rouge-jaunâtre. Quoique lalcali eût enlevé à cette substance beaucoup d’oxide de man- ganèse , il s’est encore produit une quantité notable d’acide mu- rlatique oxigéné, à mesure que la dissolution a eu lieu. Il est resté au fond de la liqueur une poudre blanche qui, lavée et séchée , pesoit 88 centièmes de gramme, ou près d’un cmquième du poids de la scorie. Par l’'évaporation poussée à siccité, 1l s’est encore précipité une portion de la même subs- tance, qui a été débarrassée, au moyen de l'acide muriatique, d’un peu de fer qui s’étoit précipité avec elle. Cette dernière contenoit quelques traces de chrôme, car elle communiquoit au borax une couleur verte très-sensible : c’étoit de la silice. IL précipita le fer de sa dissolution par lammoniaque , et méla à la liqueur filtrée de l’oxalate d’ammoniaque qui y forma un précipité assez abondant d’oxalate de chaux. Le fer encore humide et très-divisé fut traité avec l’acide acéteux , le mélange évaporé à siccité, et le résidu repris par l'eau. Il reconnut, par différens moyens, dans la liqueur claire et sans couleur, la présence de l’oxide de manganèse , de l’alumine, qui avoient échappé à l’action de l'alcali dans la 8. 57 / 142 AN ON AMLVESS: JD 5 : MUUMS-É DU M première opération , et d’une assez grande quantité de chaux que l’alcali volatil avoit précipité à la faveur de loxide de fer. D'après ces expériences et les résultats qu’elles ont fournis, il est évident que lés crasses ou scories d'aflinage qui en ont fait le sujet, sont formées : 1° d'une grande quantité de fer oxidé au minimum; 2.° de manganèse oxidé; 3.” d’acide phos- phorique ; 4.° de chrôme probablement à l'état d’oxide; 5° de silice ; 6.2 d'alumine; 7° de chaux, dont une parte est peut- étre combinée à l'acide phosphorique. Dn ne peut guère douter que toutes ces matières ne fussent contenues, au moins en partie, dans la fonte qui a fourni les scories : le charbon pourroit tout au plus leur avoir commu- niqué de la chaux, de la silice et du manganèse ; mais l’ana- lyse des mines et de la fonte elle-même apprendra bientôt ce que lon doit penser à cet égard. S. V. Examen des mines de fer limoneuses de la Bour- gogne: Les seules mines de fer sur lesquelles on ait fait jusqu'ici ces expériences sont celles qui se trouvent à quatre lieues de Dijon, et qui servent à alimenter le haut-fourneau de Drambon, celles de Champfort et de Grosbois qui sont fondues au haut-- fourneau de Pesme, dans le département de la Haute-Saône; enfin, celle de Chatillon sur Seine , département de la Côte- d'Or. A la forge de Drambon, on fait usage de deux espèces de mines : lune, située au nord de cet endroit, est exploitée par couches et est facile à fondre; on l'appelle à cause de cela mine douce ; autre, au nord-ouest, s’exploite par puits, et » $ = PE D'HISTOIRE NATURELLE. 445 est réfractaire; on les méle ensemble dans des proportions convenables pour obtenir une fusibilité moyenne. Ces deux mines ont à peu près la même couleur brune ; elles sont for- mées de grains sphériques dont la grosseur est très-variée. On y remarque, surtout dans celle de la partie nord, des frag- mens irréguliers et comme roulés de pierre calcaire. Les mines de Champfort et de Grosbois ressemblent à celles de Drambon par la couleur et la forme; et l'analyse prouvera qu’elles sont aussi de la même nature : celle de Grosbois est mélée d’une assez grande quantité de fragmens de matière cal- caire, ce qui permet de la fondre sans #itermède. Enfin la mine de Châtillon-sur-Seine a une couleur jaune d’ocre , est en grains aussi petits que du millet; on n’y voit point de terre calcaire, mais elle renferme une assez grande quantité d’ar- gile. L'auteur a suivi pour l'analyse de ces mines à peu près la même marche que pour celle des crasses d’affinage , avec quel- ques légères modifications que la réflexion et lexpérience ont pu lui suggérer et qu’on fera connoître en temps:et lieu. . L’exposé de l'analyse d’une de ces mines pourra servir pour toutes les autres, parce qu’elles contiennent les mêmes prin- cipes : seulement ces derniers s’y trouvent dans des rapports différens. Cependant l’auteur avertit que les proportions imdi- quées entre les matières qui composent ces mines ne doivent être regardées que comme approximatives, par la raison que leur nombre très-complexe et leur petite quantité rendent cette détermination très-diflicile , et que la plupart des prin- cipes n’y étant que mélangés, il doit y avoir des différences dans chaque espèce de mine. Eu X 4 ANA ANNALES DU MUSÉUNM Mines de Drambon. 1.0 Dix grammes de cette mine, séparée mécaniquement de la matière calcaire et chauffée avec une quantité égale de potasse caustique et un peu d’eau pour faciliter le mélange, prirent ensemble une couleur verte très-intense qui se com- muniqua à l’eau dont on se servit pour laver la masse. La mine, soumise une seconde fois à la même opération, produisit un pareil effet, seulement moins marqué; mais ces traite- mens ne furent pas poussés plus loin : après avoir réuni les liqueurs, on les fit bouillir pendant le temps nécessaire pour précipiter le manganèse. Ce métal se présenta, comme cest Fordinaire , sous la forme d’une poudre brune : il y en avoit trois décigrammes ; mais en le dissolvant dans l'acide muria- tique, on s'aperçut qu'il contenoit de la silice et un atome de fer. 2.° La liqueur, d’où le manganèse venoit d'étre précipité, conservoit une légère couleur jaune comme celle de la lessive alcaline des scories d’affinage ; et comme il paroissoit naturel de penser que cette couleur étoit produite par fe même corps, elle fut saturée avec de l'acide nitrique et mélée à une dissolu- tion de nitrate de mercure fait à froid ; la liqueur se décolora, et on n'oblüint qu'un précipité blanc, grenu, qui ne coloroit point le borax par la fusion. Comme la liqueur contenoit un excès d'acide très-sensible, lauteur soupconna que le chromate de mercure qui avoit pu se former étoit retenu en dissolution; en conséquence, il versa avec. précaution quelques gouttes de potasse pure: il se forma D: HT STORE UN, LT D RUE DONS LE 445 par ce moyen un précipité rouge brun qui, fondu avec le borax , lui donna une belle couleur verte d’émeraude, Il paroit d’après cela que ce précipité étoit du chromate de mercure avec un excès de ce dernier : il se pourroit qu'il contint un peu de phosphate de mercure. Quoiqu’on n’eût obtenu de la liqueur dont on vient de parler qu'un précipité de chromate de mercure, au moyen de la po- tasse , cependant elle éloit encore acide et retenoit du mer- cure en dissolution. Présumant qu’elle contenoït une certaine quantité de chrôme, on y introduisit quelques gouttes de ni- trate d'argent, dans l'espérance d'obtenir un précipité rouge de carmin ; mais on eut un précipité assez abondant de cou- leur jaune orangée. Ce précipité ne colora point le borax en vert et lui com- muniqua seulement une nuance grise laiteuse, comme font les sels d'argent. On reconnut ensuite que c’étoit de véritable phos- phate d'argent , que lon sait en effet avoir une belle couleur jaune orangée. L'auteur croyoit qu'alors il n’y avoit plus de chrôme dans la liqueur ; mais l'expérience suivante lui fit voir qu’il étoit dans Perreur. En ajoutant de nouveau de la potasse à cette même liqueur, elle fournit un précipité jaune citron , en flocons très- volummeux qui prirent une belle couleur verte en desséchant, et donnèrent par leur fusion avec le borax une nuance grise de perle laiteuse, parce qu'ils contenoient de l'argent; c'était encore du chromate de mercure, contenant de l'argent et une pete quantité d'alumine et de silice. Pour séparer le mercure et l'argent du précipité dont on vient de parler, on le traita à une chaleur douce, au imoyen de l'acide muriatique étendu de deux parties d’eau, pour qu'il 446 ANNALES DU MUSÉUM ne püt dissoudre le muriate d’argent : tout à coup le précipité devint blanc et l'acide prit une couleur verte. La liqueur , éva- porée à siccité, laissa une matière noirâtre qui donna au borax une tres-beile couleur verte. Voilà donc évidemment trois des substances annoncées dans les scories d’affinage qui se retrouvent dans les mines de Dram- bon, savoir : oxide de manganèse, l'acide phosphorique et la- cide chromique. Ces premiers résultats qui présentent quel- que analogie avec ceux que donne l'analyse des aérolites, firent penser à lauieur que ces corps pourroient peut-être tirer leur origine des mines de fer, et l’engagèrent à rechercher dans ces dernières la présence de la magnésie et du nikel, les seules substances qui manquent pour avoir une similitude parfaite, au moins relativement à la nature des élémens. En consé- quence , il traita avec Pacide sulfurique affoibli la mine qui avoit été fondue deux fois avec la potasse, et qui avoit été dépouillée par ce moyen du manganèse, de l'acide phosphorique et du chrôme. Lorsque l'acide sulfurique eût séjourné pendant vingt- quatre heures sur la mine, il filira la liqueur, et la fit évaporer à siccité; sur la fin de l'opération , elle se prit en gelée à cause de la silice qui y étoit restée en combinaison avec de la po- tasse. Il calcina ensuite la masse pour en séparer le fer quis’étoit uni à l'acide sulfurique ; il lava avec de l'eau bouillante , fit éva- porer denouveau et calcina comme la première fois. Pen dant lé- vaporation ,ilse sépara du sulfate de chaux et de l'oxide de fer; enfin il obtint, par le lessivage, une liqueur claire comme de l’eau , qui n’avoit plus de saveur atramantaire et ne contenoit qu'une très-petite quantité de chaux. Îl méla à cette liqueur de l'eau de chaux , qui y forma un précipité floconneux, demi- iransparent el qui prit une nuance jaune légère en desséchant ; DIR DIS ÉT'ONTIRUE CN AT OU R'HLILIE. 447 il pesoit quinze centigrammes ; ce qui fait un et demi pour cent. Cette substance se dissolvit avec facilité dans l'acide sulfu- rique; elle ne laissa qu'un atome de poudre brune, qui étoit de loxide de manganèse; sa dissolution , évaporée spontanément dans une capsule de verre , donna de petits cristaux qui, par la forme et la saveur , ressembloient parfaitement au sulfate de magnésie. Il ne reste donc aucun doute sur la présence de la magné- sie dans cette espèce de mine de fer , et c’est encore un point par où elle se rapproche des aérolites ; mais les recherches faites jusqu'ici pour y découvrir le nikel n’ont pas eu le même succes . Malgré que M. Vauquelin ait trouvé cette terre dans les cinq espèces de mines de fer limoneuses qui ont fait le sujet de ses recherches, il n'ose assurer qu'elle existe dans toutes les mines de ce genre, quoique cela soit présumable. Il a beau- coup plus de raisons de croire quele chrôme et Pacide phospho- rique surtout $ y trouvent constamment. On verra, par la suite de ce Mémoire, sur quoi il se fonde à cet égard. Analyse du fer sublimé dans les cheminées des fourneaux d'affi nage. Ce fer est sous la forme de stalactites, de dimensions plus ou moins étendues, formées de grains agglatinés, bruns en des- sus, rouges en dedans ;-laissant des intervalles très-spacieux entre eux, et leur masse n'ayant qu'une foible action sur le barreau aimanté, enfin possédant tous les caractères du fer pyrocète de M. Haüy. Dix grammes de ‘ce fer réduit en poudre fine ont été cal- 118 ANNALES DU MUSÉUM cinés avec autant de potasse caustique dans un creuset d’ar- gent : le mélange a pris une couleur verte jaunâtre ; l’eau avec laquelle on a lavé la masse, a pris une couleur verte très-in- tense ; chauffée, cette lessive a déposé une poudre brune qui étoit de loxide Ge manganèse , et n’a conservé qu’une couleur jaune assez marquée ; saturée par l'acide nitrique en excès et mélée avec quelques gouttes de dissolution de nitrate de mercure, elle a fourni un précipité citrin. Filtrée et mélée avec une nouvelle quantité de nitrate de mercure, elle a donné un précipité jaune grenu , tirant au rouge; enfin, filtrée pour la troisième fois et mélée avec quelques gouttes de potasse, elle a fourni un précipité jaune päle floconneux encore très- abondant. L'examen des trois précipités formés successivement par la lessive alcaline ci-dessus mélée avec le nitrate de mercure, comme il a été dit, a fait connoïtre qu’ils étoient formés, sa- voir : le premier , de chromate et de phosphate de mercure; car ce précipité, décomposé par une lessive de potasse, noircit sur-le-champ , et la liqueur qui en résulte est précipitée en blanc par Feau de chaux, et ensuite en rouge orangé par le nitrate de mercure; le second n’a paru formé que de chro- mate de mercure : aussi avoit-il une couleur rouge beaucoup plus décidée que le premier, et, à proportion égale, don- noit-il au borax une couleur verte plus intense. Le troisième étoit également du chromate de mercure con- tenant un excès d'oxide de mercure et en même temps de la silice, et peut-être un peu d’alumine. [l y a donc, comme on voit, dans le fer sublimé dans les cheminées du feu d’aflinerie, de l’oxide de manganèse , de la silice, de l'acide phosphorique, et surtout beaucoup de chrôme, Ces matières sont donc vola- D'HISTOIRE NATURELLE. 449 tilisées par la force-de la chaleur , soit en se dissolvant dans ce fluide, soit en cédant à l'impulsion du courant d'air; mais, dans l’un et l'autre cas, elles sortent au moins de la greuse pendant son affinage. Le fer que l’on trouve attaché aux parois des cheminées des fourneaux d’affinage sous la forme destalactites qui ont quelque- fois plus d’un pied de long sur trois ou quatre pouces de diamètre, ne s'arrête pas en totalité dans ces cheminées , non plus que les substances qui l’'accompagnent : il est très-vraisemblable qu'une portion sort de ces cheminées et se disperse dans l'air, et une fois arrivé là, nous ignorons ce qu'il devient. Donne- roit-il naissance aux aérolites? C’est ce que n’ose aflirmer l'au- teur, mais c'est ce qui ne lui paroît pas impossible. Il a recherché avec soin dans ce fer sublimé la présence du nikel; et il avoue n’en avoir aperçu aucune trace ; mais il est. possible qu’il y en ait dans d’autres mines , et la suite qu'il compte donner à ce travail apprendra si sa supposition sur l’origine des aérolites peut recevoir quelques degrés de proba- bilité. Il n’y a pas recherché la magnésie; mais il présume qu'elle y est, puisqu'on la trouve dans les mines qui ont fourni ce fer sublimé, et qu'il se rencontre dans ce dernier de la silice et de Palumime qui ne paroïissent pas plus volatiles que la magnésie. I! résulte en général des expériences rapportées plus haut, que les mines de fer limoneuses de Drambon, de Châtillon- sur - Seine, département de la Côte-d'Or, de Champfort et de Groshoiïs près Pesme, département de la Haute-Saône, ainsi que le fer sublimé dans les cheminées du fourneau d’affi- nage sont composés 1.” du manganèse, 2.° de l'acide phospho- 8. 58 450 ANNALES DU MUSEUM rique , 3.” de chrôme, 4° de magnésie, 5° de silice, 6.° d’alu- mine, 7." enfin de chaux. Qu’une portion de chacune de ces substances reste dans la fonte, surtout le phosphore et le chrôme, puisqu'on les re- trouve en quantité notable dans les scories qui s’en séparent pendant l’aflinage, de sorte que la fonte provenant des mines limoneuses ne diffère pas seulement du fer forgé par la pré- sence de l’oxigène et d’une plus grande quantité de charbon, mais aussi par celle du chrôme, du phosphore, et même d’une portion assez considérable de laitier. Que les cinq espèces de mines examinées ici contiennent du chrôme , de l'acide phosphorique et de la magnésie en outre des autres substances qu’on y avoit reconnues depuis long- temps ; que les élémens de ces mines sont les mêmes que ceux des aérolites, moins le nikel que peut-être par la suite on y découvrira. Il résulte encore de ces expériences que c’est principale- ment de l'opération de laflinage plus ou moins bien conduite , que dépendent les bonnes ou mauvaises qualités du fer ; que conséquemment elle mérite beaucoup d'attention de la part des maîtres de forges. $. VL Examen des fontes provenant des mines limoneuses de la Bourgogne, forge de Drambon. Ayant trouvé de l’oxide de manganèse, du chrôme, de l'acide phosphorique et des terres dans les scories d’affinage, l'auteur devoit naturellement penser qu'il retrouveroit ces mêmes substances dans la fonte, puisque c'est elle qui en D'HISTOIRE NATURELLE. AS S’aflinant fournit ces crasses, au moins pour la plus grande partie : c’est en effet ce que l'analyse à pleinement confiriné. Voici comment il a procédé dans ces expériences. Il a dis- sous dans Pacide sulfurique, étendu de six parues d’eau, dix grammes de fonte grise de Drambon » réduite en limaille. Il recueillit le gaz hydrogène produit pendant cette dissolution ; il avoit une odeur extrémement fétide et trés-analogue à celle du gaz hydrogène phosphoré : cependant elle avoit quelque chese de piquant que n'offre point ce dernier. On reviendra plus bas sur la nature de ce gaz. Passons maintenant à l'exa- men du résidu laissé par la fonte dissoute, Ce résidu étoit d’un noir très-foncé » répandoit une odeur de phosphore extrémement forte; il pesoit cinquante-cinq cenLig. où un peu plus d’un vingtième de la masse de fonte employée. S'étant aperçu que la partie supérieure de la bouteille où s’éloit opérée la dissolution, ainsi que le tube par où l’hydro- gène avoit passé, S’étoient graissées de manière que l’eau ne sy aitachoit pas, M. Vauquelin soupçonna qu'il s’étoit formé de lhuile ainsi que M. Proust la annoncé le premier , il y a quelques années, dans un cas pareil, et ainsi qu'il l’avoit déjà remarqué lors de la dissolution de certaines espèces d’étain. Pour savoir s'il ne restoit pas de cette huile dans le résidu noir de la fonte dissoute dans l'acide sulfurique, il la fit bouillir avec de l’aicool très-déflegmé, et il filtra la liqueur toute chaude, Il vit que cet alcool devenoit laiteux par addition de l'eau , et qu'exposé à une douce chaleur , il s’en séparoit des gouitelettes d'huile à mesure que l'alcool se dissipoit. Cette huile est claire et transparente; elle a une légère couleur ci- trine , une saveur âcre un peu piquante. Elle paroît tenir le milieu entre les huiles grasses et les huiles volatiles. 58 * 452 ANNALES DU MUSÉUM Après avoir séparé, comme on vient de le dire, du résidu de la fonte lhuile qu'il contenoit, il le fit brüler dans un creuset d'argent avec un peu de nitrate de potasse tres-pur. Îl Java la matière avec de l'eau distillée, et il obtint une liqueur d'un jaune léger. Il méla à cette liqueur une dissolution de nitrate d’ammoniaque pour précipiter la silice et l'alumine qu'il pré- sumoit, y être contenues ; ce qui eut effectivement lieu. E/eau de chaux ,, ajoutée ensuite dans la liqueur filtrée, y forma un précipité abondant auquel il reconnut tous les caractères du phosphate de chaux. Pour s'assurer s'il y avoit du chrôme dans cette même li- queur , il la fit bouillir pour en volatliser lammoniaque, et y mit quelques gouttes de nitrate de mercure qui fut précipité en brun-jaunätre à cause d’un peu de chaux qui y restoit : ce dernier précipité donnoit une couleur verte au borax; ce qui prouve qu'il contenoit du chrôme. La lessive provenant du résidu de la dissolution, calemée avec le nitrate de potasse, contient donc de l'acide phospho- rique, du chrôme et de la siliee mélée d'un peu d'alumme:; il y avoit aussi un atome de manganèse. Le résidu ainsi traité et lessivé étoit sous la forme d’une poudre rougeàtre, qui fut dissoute pour la plus grande partie par l'acide muriatique ; il resta cependant une petite quan- tité de matière grisätre qui étoit de la silice mélée de chrôme: car elle donnoit au borax une couleur verte très-marquée. La dissolution muriatique contenoit beaucoup-de fer :elle se prit en gelée par lévaporation; ce qui démontre qu’elle con- tenoit de la silice: il est probable qu’elle recéloit aussi un peu de chrôme et de manganèse. Il y a, comme on voit , dans cette fonte, outre le carbure D'HISTOIRE N&ATURELLE 453 de fer, du phosphure de fer, du manganèse, du chrôme, de la silice et de l'alumine : aprèsle fer et le charbon, il a paru à M. Vauquelin que c’étoit le phosphore qui étoit le plus abon- dant. C’est donc plutôt dans les résidus de la dissolution des fontes et des fers qu'il faudra rechercher désormais le phos- phore, que dans les dissolutions mêmes , comme on la fait jus- qu'ici. C’est peut-être fante d’avoir examiné avec assez d’at- teulion ces résidus, que nous sommes encore si ignorans sur les causes des mauvaises qualités des fers. L'auteur avoue cependant qu'il y a aussi une petite quan- üté de phosphore de changée en acide , et qui se dissout dans la liqueur, probablement à l'état de phosphate de fer, à la faveur de lacide sulfurique. Il lui a paru que lorsque l'acide sulfurique est moins étendu d’eau , il se dissout une plus grande quantité de phosphore dans la liqueur. Pour séparer ce phosphate de fer, il étend la dissolution de sept à buit parties d’eau, et y mêle du carbonate de potasse jusqu'à ce que la presque totalité de Pacide soit saturée : il se forme un précipité blanc plus ou moins abondant, suivant l’espèce de fer employé, qui devient jaunâtre au bout de quelques jours. Iltraite ce précipité lavé et séché avec de la potasse à une chaleur douce, dans un creuset d'argent ; il lessive ensuite la matière avec de Peau, et après avoir saturé la li- queur au moyen de lacide nitrique, et l'avoir fait bouillir pour en chasser l'acide carbonique, il met de l’eau de chaux, qui y forme ordinairement un précipité blanc , floconneux et demi- transparent quand il y a de l'acide phosphorique. Il a trouvé encore une grande quantité de chrôme dans ce précipité opéré par le carbonate de potasse dans la dissolu- tion de fonte par l'acide sulfurique. Ainsi il y a du chrôme 454 A NON ALES (D 6 MMÉGRSNE (UM aussi bien que du phosphore qui s’oxigène et se dissout dans l'acide sulfurique. Il est bon d’éprouver la liqueur alcaline par le nitrate d’am- moniaque , avant de la saturer , pour savoir si elle ne contient pas de la silice et de lalumine en dissolution. Alors , par ad- dition d’une suflisante quantité de ce sel, il faut précipiter ces terres et les séparer par la filtration; car , sans cette pré- caution, elles seroient précipitées par la chaux et l’on pour- roit les prendre pour du phosphate de chaux. Il a trouvé des traces très-sensibles de ce sel { phosphate de fer ) dans la fonte de la forge de Drambon, quoiqu'il eût employé pour la dis- soudre de l'acide sulfurique étendu de six parties d'eau; ce- pendant il y en a beaucoup moins qu'il n’en reste dans le ré- sidu de la dissolution. Il n’a jusqu'ici essayé que cette espèce de fonte; mais il est vraisemblable que toutes celles qui pro- viennent de mines limoneuses contiennent les mêmes corps étrangers. $. VIL Analyse du fer forgé provenant de la fonte des mines de fer limoneuses de la Bourgogne et de Pesme en Franche-Comté, département de la Haute-Saône. Il à fait dissoudre cinq grammes de fer doux de la mine de Drambon dans l'acide sulfurique affoibli de cinq parties d’eau. Il a recueilli le gaz hydrogène qui s'est développé pendant cette dissolution : ce gaz avoit une odeur parfaitement semblable à celle du gaz fourni par la fonte ; seulement elle étoit moins concentrée. Le résidu laissé par les cinq grammes de fer étoit beau- coup moins abondant que celui de la fonte; il a paru aussi < 29 D'HISTOIRE NVAVTNUMRMER DURE. avoir une couleur noire moins intense ; pendant qu’il étoit hu- mide, il exhaloit une odeur fétide très-forte, analogue à celle du gaz hydrogène phosphoré ; il pesoit quinze centigrammes, ce qui fait 3 pour 100. La dissolution du fer avoit également la même odeur, qui ne s’est dissipée que par l’évaporation. Quelques atomes de ce résidu mis sur les charbons ardens répandoit une fumée blanche et une odeur semblable à celle de l’arsenic ou du phosphore. Rougi dans un creuset d’ar- gent , il s’est enflammé et a laissé une poudre jaunâtre, à la- quelle on a mélé un peu de potasse caustique que l’on a fait calciner avec. On a ensuite délayé la matière dans l'eau, filtré la liqueur , et après l'avoir saturée par l'acide nitrique, et soumise pendant quelques minutes à la chaleur, on y a mêlé de eau de chaux qui y a formé un précipité blanc floconneux , dont la plus grande partie étoit du phosphate de chaux con- tenant un atome de silice et d’alumine. IL est certain , d’après ces expériences répétées, que le fer de la forge de Drambon, qui passe pour étre d'assez bonne qualité, recèle encore des traces très-sensibles de phosphore ; on en a retrouvé aussi quelques légers vestiges dans sa disso- lution par l'acide sulfurique. Fer de la forge de Pesme. L'auteur a fait les mêmes expériences sur le fer de la forge de Pesme et il a obtenu les mêmes résultats. E/odeur du gaz de la dissolution et du résidu charbonneux étoit absolument conforme à ce qu’on a dit de ceux fourmis par lefer de Drambon; mais le résidu étoit moins abondant : ilne formoit qu'un cen- tième et demi de la masse du fer. Ïl a présenté un phénomène 456 ANNALES DU MUSÉUM que n’a point offert le premier : en le chauffant au chalumeau , il a exhalé d’abord une fumée blanche et une odeur de phos- phore très-forte; en continuant, il s’est fondu en un globule noir d’où s'exhaloit des bulles de gaz qui s’enflammoient et répaudoient toujours l'odeur du phosphore. La raison pour laquelle ce résidu s'est fondu au chalumeau, tandis que celui du fer de Drambon sy est refusé, c’est qu'il contient moins de parties terreuses , et qu’une fois le charbon brülé, le phosphure de fer se trouve à l'état de pureté. Après avoir calciné le résidu du fer de Pesme, il a donné, au moyen de la potasse , des marques non équivoques de la présence de Facide phosphorique. Ainsi le fer de la forge de Pesme, qui est regardé comme un des meilleurs de la Franche-Comté, et qui est en effet très-nerveux, doux et pliant, contient cependant encore du phosphore ; mais il a paru qu'il ne retenoit pas sensiblement du laitier ; et c’est peut-être à cause de cela qu'il est supérieur à celui de Prambon. L'auteur croit aussi qu'il contient un peu inoins de phosphore; ce qui prouve que laflinage est fait avec plus de soin. / $. VIIL. £xamen du gaz hydrogène produit par la disso- lution dans l'acide sulfurique de la fonte et du fer des mines limoneuses de la Bourgogne et de Pesme en {'ranche-Comté. En soumeitant ce gaz hydrogene aux expériences qu’on va décrire, M. Vauquelin a eu intention de découvrir la cause de lodeur fétide qu'il répand , et dont il a parlé plus haut: il croit y être parvenu. D'HISTOIRE NATURELLE. 457 Comme il soupconnoit qu’elle pouvoit être due à du phos- phore et à de l'huile dont il avoit retrouvé une portion dans les résidus des fontes et des fers, il a fait passer ce gaz hy- drogène à travers de l'acide muriatique oxigéné, moyenne- ment concentré ; il a d'abord remarqué qu’au moment où chaque bulle de gaz arrivoit au-dessus de l'acide muriatique oxigéné, il se formoit une fumée assez abondante qui se pro- pageoit jusques dans la cloche où le gaz se rassembloit; que acide muriatique se décoloroit très-promptement, et que le gaz hydrogène en emportoit beaucoup avec lui: ce qu'on re- connoissoit facilement à son odeur. Après avoir fait ainsi passer le gaz hydrogène , provenant de trente grammes de fonte grise, à travers l'acide muriatique oxigéné , il la lavé en le passant plusieurs fois d’une cloche dans l'autre pour le débarrasser des vapeurs acides; ce qui a parfaitement réussi. Alors ce gaz w’avoit plus aucune odeur : il ne brüloit plus en bleu comme auparavant, mais en blanc-rougeûtre; cependant il contenoit encore du charbon ; car en recueillant le produit de sa com- bustion dans une cloche dont l’intérieur étoit mouillé avec de Feau de chaux, celle-ci s’est troublée très-promptement. Cette expérience prouve évidemment que l'acide muria- tique oxigéné a détruit les substances qui communiquoient au gaz hydrogène l'odeur fétide qu'on lui connoït toutes les fois qu'il est extrait au moyen du fer. Mais que deviennent ces substances ? Elles doivent se trouver dans l'acide muriatique et dans l’eau de la cuve où le gaz a été recu. [acide muria- tique avoit, comme on l'a dit plus haut, entièrement perdu sa couleur et une partie de son odeur ; sa saveur étoit alors acide et non astringente comme auparavant : il rougissoit, sans la détruire , la teinture de tournesol. En mélant à cet acide de 8. 59 458 ANNALES DU MUSEUM l'eau de chaux, et en saturant ensuite l'acide au moyen de lammoniaque , il a obtenu un précipité blanc floconneux , qui a été facilement reconnu pour du phosphate de chaux tenant un atome de fer ; mais il étoit en trés-petite quantité. On ne peut plus douter que la cause de l’odeur du gaz hy- drogène, retiré des fontes et des fers , n’ait four cause la pré- sence du phosphore ; mais M. Vauquelin pense que ce corps n'est pas l'unique cause qui produit cet effet : il est convaincu que l'huile qui se forme pendant la dissolution des fers, surtout de la fonte noire, et dont M. Proust a parlé, y con- tribue aussi; mais cette substance est convertie en eau et en acide carbonique , et ce dernier étant entrainé jusque dans la cuve pneumatochimique, ilest diflicile de le retrouver dans ane aussi grande masse. Il croit cependant que si on opéroit sur de grandes ,quantités de matieres , et que si, après avoir fait passer le gaz hydrogène par l'acide muriatique oxigéné, on placoit sur sa route une dissolution de potasse ou de ba- ryte, on en reconnoitroit l'existence: c'est ce qu'il se propose d'exécuter. Ce qui le porte à penser ainsi, c’est que l'odeur du gaz hydrogène a plus de ressemblance avec une dissolution de phosphore dans l’huile grasse, qu'avec celle du gaz hydro- gene phosphoré. Il paroît que c’est cette huile qui dans ce cas donne au gaz hydrogène la propriété de brûler en bleu; elle doit aussi diminuer sa légèreté. D'HISTOIRE NATURELLE. 459 $. IX. Résumé et conclusions des expériences rapportées dans les paragraphes précédens. Il résulte des expériences rapportées dans le Mémoire de M. Vauquelin, 1.” que les cinq espèces de mines de fer limo- neuses dont il a fait analyse, sont composées des mêmes prin- cipes , lesquels sont la silice, lalumine, la chaux, le manganèse oxidé, l’acide phosphorique , la magnésie et l'acide chromique; 2.0 que ces cinq espèces de mines ayant été prises au hasard et dans des lieux éloignés les uns des autres, il est vraisemblable que toutes les mines du même genre contiennent les mêmes substances; 3° qu'il ne manque à ces mines que du nikel pour ressembler par la composition aux pierres de l’atmos- phère; 4 qu'une partie de toutes ces substances reste dans les fontes, et probablement en plus grande quantité dans les fontes blanches ; ce qui peut-être est la cause de leur plus” grande durete et fragilité; 5° que la plus grande partie de ces matières se séparent pendant l’aflinage de la fonte, quand cette opération est bien faite, puisqu'on les retrouve dans les crasses et dans le fer sublimé dans les cheminées du feu d’af- fineries; 6.” que cependant on en retrouve encore des traces dans les fers même de bonne qualité, et que probablement le chrôme , le phosphore et le manganèse sont les causes principales qui donnent au fer la propriété de casser à chaud et à froid; 7. que l'opération de l’affinage mérite la plus grande attention de la part des maîtres de forges ; car il paroît que c’est de son exécutiou bien entendue que dépendent les bonnes qualités des fers; 8° que ce n’est pas seulement dans la disso- 59 * 460 ANNALES DU MUSÉUM lution des fontes et des fers qu’on doit rechercher la présence du phosphore et du chrôme, mais aussi dans le residu de leur dissolution; ç.° qu'il se forme par l'union de l'hydrogène et du carbone, lors de la dissolution du fer et surtout de la fonte grise, une huile qui, conjointement avec une petite quanlité de phosphore, communiquent une odeur fétide au gaz hy- drogène qui les dissout ; 10.° que c’est à la dissolution de ces deux substances que le gaz hydrogène doit la propriété de brûler en bleu et d’être plus pesant; 11° enfin, que l'huile et le phosphore sont séparés du gaz hydrogène par l'acide muria- tique oxigéné qui les détruit. D'HISTOIRE NATURELLE. A6 SUITE DES MÉMOIRES Sur les fossiles des environs de Paris. PAR M:LAMARCK GENRE LXXVIIL Lime. Lima. CHARACT. GEN. Testa bivalvis, longitudinalis , subæquivaleis , auriculata ; natibus cayvitate separatis. Cardo edentulus ; foveolä cardinali partim intern&, partim extern4 ligamentum recipiente. OBSERVATIONS. Les limes ont de si grands rapports avec les peignes , que la plupart des auteurs les ont confondus dans le même genre , et que Linnæus les rangeoit, ainsi que les peignes, parmi ses ostrea. Mais la coquille presque équivalve des limes , et surtout son ligament en grande partie extérieur , distinguent fortement les limes de tous les peignes connus. » 462 ANNALES DU MUSEUM C’est avec la Loulette que les limes ont les rapports les plus prochains; car elles n’en different qu'en ce qu’elles n’ont pas une échancrure particulière à l'une de leurs valves. Considérées à l’extérieur, les limes ressemblent aux peignes, 1.” en ce qu’elles ont à leur base deux oreillettes courtes, mais distinctes; 2.” en ce qu’elles ont des côtes ou des stries lon- gitudinales un peu rayonnantes. Ces côtes ou stries sont ordi- nairement hérissées de petites écailles qui rendent la coquille un peu rude au toucher; ce qui la fait comparer à une lime. Enfin, dans toutes les espèces, la coquille est un peu bäillante sur les côtés, mais plus fortement d’un côté que de l'autre; en sorte qu'il y a apparence que lanimal des limes s'attache par un byssus à différens corps marins. Les limes sont des coquilles marines, régulières, longitudi- nales et la plupart inéquilatérales. Leurs crochets (rates, Lin.) sont séparés par un écartement qui permet au ligament des valves et à la fossette qui le recoit , de se prolonger en grande partie à l'extérieur. Ce prolongement des fossettes cardinales se termine en dehors par une fissure analogue à celle que lon observe dans la houlette et dans les spondyles, mais qui est fort petite. La charnière n'offre aucune dent , et l'impression du muscle qui attache l'animal à sa coquille est tellement superficielle, qu'il est difficile de Papercevoir. Toutes les limes sont blanches et dépourvues de couleurs particulières ; on n’en connoil qu'un petit nombre d'espèces, Savoir : 1. Lima squamosa.n. Ostrea lima. Lin. 2, Lima asperula. n. Chemn. Conch. 7, t. 68, f. 652, D'HISTOIRE NATURELLE, 463 . Lima mitis. n. Chenm. Conch. 7,168 f1653: . Lima inflata. n. Chemn. Conch. 5, t. 68 ,f. 640. a. . Lima maxima.n. Chemn. Conch. 7, t. 68, f. 654. . Lima bullata.n. Ostrea Lullata. Born. Mus. t. 6, f. 4. . Lima fragilis. n. Chemn. Coneh. 7,t.68 , 650. JO QE »s ESPÈCES FOSSILES. 1. Lime spatulée. Z’é/in , n° 59, f. 4. Lima (spathulata) oblongo-ovata , subdepressa ; radiis squamulosis ;cardine recto; labiis auriculæ anterioris incrassatis hiantibus. n. L. n. Grignon. Cette lime se rapproche par son aspecLet presque par sa forme de l’ostrea bullata de Born ; mais elle est moins renflée, et ses côtes sont pius écailleuses. C’est une coquille oblongue, avale-spatalée , ayant vingt- quatre à vingt-six côles longitadinales assez élevées, imbriquées d’écailles très-courtes. Sa longueur est de 50 à 52 millimètres (environ un pouce 2 : lignes). La ligne de sa charnitre est droite, comme dans le ma bullata et le Zma asperula, et sous l'oreillette antérieure on aperçoit un bâillement formé par l’écartement des deux bords de la coquille épaissis en cet endroit. Le bord supérieur interne des valves est plissé par les iniervalles saillans des côtes extérieures. Celte coquille est un peu inéquilatérale, Mon cabinet et celui de M. Defrance, 2. Lime bulloide. 7’éin, n° 359, f. o. Lima ( bulloides ) oblongo-ovata ,inflata, infra auriceulas clarsa , pellucida ; radiis dorsalibus eminentiortbus. n. L. n. Grignon. Cette petite Hme n'a que 7 à 8 millimètres de longueur, et malgré sa petitesse, ses rapports avec Ja lime hullée sont si nombreux, qu'on peut soupconner qu'elle en est l'analogue où au moins une variété particulière, Elle est oblongue-ovale , très-renflée , à valves minces et transpa- rentes , à oreillettes fort petites et presque égales, enfin à ligne cardinale à peu près droite. Ce qui la rend remarquable et qui paroït la distinguer de la Zima bullata, c'est que ses stries longitudinales ne sont éminentes que sur le dos ou le milieu des valves, tandis que sur les côtés elles dispa- roissent presque entitrement. Ces siries dorsales ont des aspérités extrème- ment petites. La coquille est presque équilaterale , et le bord supérieur in- terne de ses valves est finement plissé. L’une de ses valves, vue séparé- ment , ressemble à une émarginule sans fissure, Cabinet de M. Defrance, 464 ANNALES DU MUSEUM 5. Lime oblique. Velin, n° 39; f. 8. Lima (obliqua ) inæquilateralis, tenuis , pellucida; striis tenuibus , postica latere remoticribus. n. L. n. Griguon. Ceite lime n’est pas beaucoup plus grande que celle qui précède ; mais , en pelit, elle ressemble tellement à notre {ma inflata, qui est l'ostrea hians de Gmelia, qu’on peut penser qu'elle en est l’analogue fos- sile très-jeune. Elle est ovaie, oblique, enflée, à côté postérieur bombé, très-inéquilatérale et à ligue cardinale pareillement oblique, Sa longueur est d'environ 8 millimètres. Ses stries longitudinales sont très-fines, serrées sur le dos et sur le côté antérieur des valves, mais plus écartées ou plus lâches vers le côté postérieur : il y en a plus de 50. Les valves sont minces, fra- giles et transparentes. Leur bord supérieur interne est un peu plissé. Cabinet de M. Defrance. 4. Lime dilatée. F'élin, ne 59, f. 7. Lima ( dilatata) inæquilateralis, obliqua, depressa ; striis longitudinalibus laxis tenuissimis. n. L. n. Grignon. Celle-ci est fort différente de toutes celles que l’on connoit, et constitue une espèce nouvelle et très-distincte. C’est une coquille presque aplatie , en partie orbiculaire , oblique, très-inéquilatérale , dilatée et à peine plus longue que large. Elle a environ 11 millimèires de longueur sur une largeur à peu près égale. Ses stries sont fines, lâches ou écartées les unes des autres, et disparoissent vers la ‘base de la coquille, en sorte que les valves sont lisses dans le voisinage des crochets. Chaque valve est mince, transparente, et ressemble à une écaille ou à un ongle oblique et irrégulier. Les deux oreiileltes sont petites et inégales. Cabinet de M. Defrance. 5. Lime fragile. Lima ( fragilis) oblonga, planiuseula, inæquilateralis ; cardine obliquo; auriculis inœqualibus. n. L. n. Grignon, Je possède une lime recueillie dans l'état frais qu vivant, par M. de Labillardière, dans les mers voisines de la Nouvelle-Hollande , et qui me paroit ressembler entièrement au pecten fragilis de Chemnitz. ( Conch. vol. 7, p. 549.) La lime fossile dont il s'agit ici, et que j'ai trouvée à Gri- gnon, esten tout semblable à celle que j'ai reçue de M. de Labillardière , mais elle est beaucoup plus petite. Ainsi voilà parmi les fossiles de Grignon encore l’analogue d'une espèce qui vit actuellement dans la mer des Indes et près de la Nouvelle-Hollande, Cette coquille fossile est oblongue, inéquilatérale , à valves très-peu convexes, D'HISTOIRE NATURELLE. 465 minces , fragiles et transparentes. Les stries longitudinales , au nombre de vingt-cinq à vingt-huit, sont lâches et très-fines. La ligne de la charnière est oblique; les deux oreilleties sont inégales. La longueur de cette lime fos- sile est de 16 millimètres ; celle de la coquille de M. de Labillardière est de 50 millimètres ou 5 centimètres. Mon cabinet. Osserv. Je possède une lime fossile rapportée d'Ttalie par M. Faujas, et qui me paroit différente de toutes les espèces qui me sont connues. En attendant l'occasion de la décrire, je l’ai nommée Lima(mutica ) ovata, obliqua , inæquilateralis, utrinque hians ; striis longi= tudinalibus muticis: transversis tenuissimis. n. GENRE LE X.X TX Corsuze. Corbula. CHaRACT. GEN. T'esta bivalors, inæquivalvis , inæquilatera, subtransversa : natibus prominulis, incurvatis. Dens cardinalis unicus , conicus, recurvatus ,testæ oppositæ insertus. Ligamen- tum internum. Împressiones musculares duæ laterales. OBSERVATIONS. Le genre des corbules paroït jusqu’à présent très-isolé dans l'ordre des rapports; ce qui nous fait présumer qu'il nous manque différens genres qui l'avoisinent, et qui sont encore à découvrir. Ilcomprend des coquilles bivalves libres , régulières, inéquilatérales et plus ou moins transversales. Elles ont les cro- chets renflés, fortement recourbés en dedans, et un de leurs côtés est plus allongé et surtout plus aminci ou moins arrondi que l'autre. Leur forme extérieure semble les rapprocher des donaces , des rupellaires et des pétricoles; mais leurs valves inégales les en écartent considérablement. 8. 60 4GG ANNALES DU MUSÉU M La charnière des corbules se fait remarquer par une seule dent saillante sur l’une et l’autre valve, et placée à côté d’une cavité. Cette dent est ordinairement conique, quelquefois aplatie, courbée, relevée vers le crochet , et s'articule en s’in- sérant dans la cavité de la valve opposée. Le ligament des valves : paroit intérieur et fixé entre les deux dents qui appartiennent à l’une et à l'autre valve. Les impressions musculaires sont au nombre de deux et latérales. | Les corbules sont des coquilles marines encore très-peu connues et rares dans les collections. Bruguière en a figuré plusieurs espèces dans la planche 250 de l'Encyclopédie; mais parmi ces espèces quelques-unes sont fossiles , et il n’y en a qu'un petit nombre qui nous soient connues. Les coquilies fgurées dans la Conchyliologie de Chemnitz, vol. 10,1. 172, 5 y 5 ; st 17 , » \ « . A fig. 1668 à 1671, paroissent appartenir à ce genre. ESPÈCES FOSSILES. 1. Corbule gauloise. 7'élin, n. 40, f. 3. Corbula (gallica ) ovato-transversa , lœvis; valvulà superiore obsolete cos- tatà ; dentibus cardinalibus torr n. Eucycl. tab. 250, £ 5? L, n. Grignon. Cette corbule est la plus grande de toutes celles que l’on con- noit:elle a 55 et même jusqu'à 40 millimètres(environ un pouce et demi) de largeur. C’est une coquille transverse , ovale, trigone, ventrue ou bomhée et très-singulitre, en ce que sa valve inférieure est lisse, tandis que la su- périeure présente quelques côtes longitudinales peu éminentes et écartées entre elles. Comme on ne trouve ordinairement que des valves séparées, on est tenté de regarder cette valve supérieure comme appartenant à un autre espèce. Les deux valves portent chacune uñe dent cardinale; mais celle de la valve lisse naît au-dessous du bord et se courbe vers le crochet, au lieu que celle de la valve supérieure naît sur le bord même, est comprimée et se trouve perpendiculaire au plan de la valve. Gette coquille est assez com mune à Grignon. Mon cabinetet celui de M. Defrance. D'HISTOIRE NATURELLE. 467 2. Corbule ridée, F’élin, n° 40, f. 2. O1 Corbula ( rugosa) ovato-ventricosa , subgibbosa ; brevissime rostrala ; suleis transversis grossiusculis, n. An solen fieus. Brander , loss. Hant., n° 105? £. Eadem sublwvigata ; sulcïs obsoletis vel nullis. y. Eadem minima. L. n. Grignon. Cette espèce est beaucoup plus petite que la précédente, et s'en distingue particulièrement par sa forme presque globuleuse, gibbeuse ou renflée, Elle est à peine un peu plus grosse qu’un gros pois, et son côté postérieur ne forme qu’un prolongement médiocre en bec fort court. Les crochets sont fortement bombés et recourbés en dedans. La surface ex- térieure des valves est sillonnée transversalement par des rides assez gros- sières , qu'on retrouve jusque sur les crochets , quoique plus fines et plus serrées. Dans certains individus, ces rides manquent dans la moitié supé- rieure des valves, comme si une partie de l'épaisseur de la coquille en étoit détachée. En comparant cette coquille avec le corbula sulcata ( Encyel. t. 250, f. 1 ) que je possède, je n’y trouve presque aucune autre différence que celle d’une moindre grandeur dans la coquille fossile. La corbule ridée se trouve plus ou moins complétement lisse; ce qui cons- titue la variété 8, qui alors semble être une espèce distincte. La variété + paroit appartenir à la même espèce ; mais elle est beaucoup plus petite :elle est tantôt sillonnée, et tantôt lisse. Mon cabinet et celui de M. Defrance. . Corbule striée. 7’élën, n° 4o, f. 7. Corbula ( striata) ovato-transversa, subrostrata ; striis éransversis lenuis- , » SENLIS, D. 8. Eadem mujor, subelliptica. Vélin, n. 40 ,f. 8. y. Eadem va'vis crassioribus , externé subplicata. ' L. n. Grignon et Courtagnon. Cette corbule est aliongée transversalement, et beaucoup moins renflée ou gibkbeuse que la précédente. Sa largeur ou lon- gueur transversale est d'environ 15 millimètres. Son côté antérieur est plus court ,arrondi , et le postérieur, plus allongé, forme un bec un peu anguleux, La surface extérieure des valves est finement et élégamment striée en travers ; mais les crochets sont lisses. Une particularité assez remarquable, c’est que dans la plupart des individus les impressions musculaires sont élevées sur une petite saillie ou une callosité dans l’intérieur des valves. Dans la variété y, ce caractère est encore plus exprimé. Go * y 465 AN NA DIE: SUD D'AMRUISIENUIM M. Defranec a trouvé la variété 8 à Longjumeau; elle est un peu plus grande, presque elliptique, à stries transyerses moins fines. La variété y est.assez commune dans les environs de Bordeaux. Ses stries trans- versales sont épaisses, et font paroitre la coquille plissée en dehors. Mon cabinet et celui de M. Defrance. 4. Corbule anguleuse. 7élir, n.° 40 , f. 0. Corbula( angulata)transversim elongata ; latere postico rostrato angulato ; striis transversalibus obsoletis. n. L. n. Crepy. Cette espèce est un peu plus petite que celle qui précède, et a son côté postérieur éminemment anguleux et plus allongé en bec. Elle n’a que 8 à 9 millimètres de largeur. Ses siries transversales sont fines, peu marquées , et paroïssent provenir des accroissemens successifs de la coquille. Le côté antérieur de cetie coquille est arrondi et fort court. Cabinet de M. Defrance. 5. Corbule en bec. 7élin, n° 40, f. 12. Mala. Corbula(rostrata) tenuissima , pellucida; latere postico elongato , rostrato , subangulato. n. Cabinet de M. Defrance. L. n. Grignon. Cette corbule est une coquille très-mince, transparente, fra- gile, et dont le côté postérieur est éminemment allongé en bec un peu an- guleux et tronqué. Ses stries transversales ne sont presque point apparens, La largeur de cette coquille est d’un centimètre ou environ. A la charnière, on observe une dent fort petite et comprimée. Cabinet de M. Defrance. 6. Corbule anatine. 7’élin, n° 40, £ 6. : Corbula( anatina ) ovato-elliptica, transversé striata ; rostro obtuso subtrur- cafo. n, Encycl. tab. 250, f. 3. L,.n. Grignon. C’est une assez belle espèce, plus grande que les quatre qui pré- cèdent, et facile à distinguer de toutes celles qui sont connues. Elle est transversale , ovale-elliptique , élégamment stricte en travers, et son cûté postérieur forme un bec un peu large, obtus et comme tronqué. La largeur de cette coquille est de 2 centimètres, tandis que sa longueur n’en a qu'un seul ou environ. Ses valves n’ont qu’une médiocre épaisseur , et sont con- vexes en dehors. Chacune d'elles a une dent cardinale relevée, de taille moyenne, et placée à côté de la cavité qni reçoit la dent de l’autre valve. Mon cabinet et celui de M. Defrance. 7. Corbule argentée. J’élin , n° 52,1. 4. Corbula (argentea) subtriangularis , fragilés', transversé plicata , intus ar- gentea; latere postico tricarinato. n D'HE STOILRE -NATURELLE. 469 L. n. Parnes. Cette corbule est petite ; mais elle constitue une espèce très-dis- tincte, curieuse et fort remarquable par ses caractères, Elle est presque triangulaire, et a ses valves convexes ou un peu bomhées, minces, très= fragiles, plissées ou ridées transversalement en dehors, brillantes et ar- gentées on nacrées intérieurement. Je côté postérieur de chaque valve est anguleux, et offre trois carènes longitudinales. La dent cardinale de chagne valve est petite, relevée et comprimée. Les plus grands individus de cette espèce n’ont que 8 ou 9 millimètres de largeur. Cabinet de M Defrance. 8. Corbule treillissée. 7/élin, n° 52,f. 11. Corbula( cancellata) fragilis , rostrata; striis minimis et obliquis decussatire cancellata ; rostro attenuato. n. 8. Eadem pellucida, sublævigata; rostro longiore. Vélin, n°. 40, f. 5. L.n. Grignon. Cette espèce, plus pelite encore que la précédente , n’est pas moins remarquable ni moins distincte. C’est une coquille mince, fragile , allongée transversalement d’un côté, tandis que le côté opposé est court et arrondi. Elle n’a que 4 ou cinq millimètres de largeur. Ses valves sont un peu bombées et ont leur surface extérieure treillissée par des stries obliques et extrêmement fines qui se croisent. La variété 8 est très-mince, transparente, paroît presque lisse ; mais à l’origine du bec que forme son côté postérieur, on aperçoit quelques stries longitudi- nales qui se croisent avec des stries transverses à peine perceptibles. Comme elles wa point de stries obliques, il faudra peut-être Ja distinguer comme une espèce particulière, Cabinet de M. Defrance, k70 ANNALES DU MUÉËSU M CORRESPONDANCE. LEerTrre de M. RA4mP155E, ci-devant officier d'infanterie légère corse, à M. Fauras-De- SAINT-F'O N D. Bastia, 8 Janvier 1806. J: réponds , Monsieur ,. au désir que vous m'avez témoigné à mon départ de Paris d’avoir des détails sur mes recherches minéralogiques en Corse, et notamment sur le granit orbiculaire de ‘cette île dont on n’a reconnu jusqu'à présent qu'un seul bloc isolé, je vais avoir l'honneur de vous entretenir de mon voyage, enlautres de l’excursion qui m'a occasioné le plus de fatigue. D'après les renseignemens que j'avois déjà sur diverses localités intéressantas de la Corse et sur celle du granit en question, à la recherche duquel vous nr'aviez iant encouragé en me remetlant vos notes indicatives , je fis mon plan de voyage en conséquence. IL s'agissoit dans ce plan d’aller visiter l'intérieur de la Pieve d’Orezza, jallai d'abord reconnoitre la haute montagne dite Sarto-Pietro-de-Rostino , d’où proyenoient les masses énormes de quartz, mêlé de diallage verte, dont le lit du ruisseau du village de Sazzona est encombré. Je n'entrerai point dans ce mo- ment dans les détails sur les raisons qui doivent faire rejeter la dénomination impropre de verde antico di arezza , qu'on avoit d’abord donnée à cette pierre. Après celte visite, je voulois me diriger sur le Zramone par la Pieve de Caccia, mais la Lempérature excessivement chaude qui régnoit alors m'en empècha : ce ne fut que vers la fin du mois d’aoët suivant, que j'entrepris ce grand voyage, Avant de vous donner des détails sur mon excursion dans le Zramone, que je fis ensuite, permeitez-moi de vous parler d'une nouvelle roche que j'ai décou- DH IS TIONÏRE :NÂT UREDEE Â5x verte dans le Nro/o : elle est d’une composition et d’une contexture particulière ; je ne lavois encore vue nulle part. Voici la marche que j'ai tenuepour arriver à l'endroit où j'ai trouvé cette belle roche. À Me dirigeant sur la ligne que je m'’étois tracée en partant de Bastia, j'ai non« seulement suivi quelques chaines de montagnes du nord-ouest au sud , et de l'est à l’ouest, mais encore j'ai traversé plusieurs vallons et tourné des golfes consi- dérables qui les séparent en sens divers. Lorsque je fus dans la P'eve d'Osrri- conti, où commence la chaîne qui partage l'ile dans sa longueur jusque vers son extrémilé au sud, je parcourus les montagnes les plus élevées qui se pré- sentoient à moi, entr’autres celle du Niolo, nommée dans le pays Monte-Per- tusato ( parce qu’elle est percée à son sommet ). Sa base me parut intéressante par des masses détachées et d’autres qu'on retrouve en place, de jaspes et de porphyres de plusieurs variétés. Je suivis le vallon qui conduit au lieu dit Sunta- Maria-la-Stella. Entre ces deux points, sud-ouest du prémie», et sud du se- cond , à distance égale de l’un à l’autre, est une montagne couverte de bois et assez considérable , sur le flanc de laquelle je découvris, du côté du couchant, un bloc de pierre, presque carré, d'environ quatre pieds et demi sur trois de: largeur, enfoncé dans la terre , laissant voir sur une de ses faces des corps glo- buleux, remarquables par leur disposition et leur couleur, et engagés dans la masse pierreuse ; les uns avoient environ un pouce de diamètre, les autres étoient plus où moins grands; tous offroient dans leur ensemble un caractère particelier que je n’avois encore remarqué dans aucune pierre. Ce bloc ne présentoit dans sa ‘parlie découverte qu'environ six pouces de surface ; et pour connoiître ses dimensions , j'enlevai la terre qui le couvroit : je reconnus alors qu’il avoit deux pieds et quelques pouces d'épaisseur ; j'observai aussi que ses angles étoient droits et tranchans ; ce qui me fit croire qu'il n'avoit jamais été déplacé depuis qu'il étoit là ; d'autant que la partie du talus de la montagne où il étoit est à nu, et que parmi les blocs et les masses de nature différente qui l’avoisineut, il est le seul environné et presque couvert par de la terre végétale ; je ne pus en détacher qu'une masse d'environ quatre-vingt livres : le reste étoit trop vo-- lumineux et trop lourd. Lorsque cette pierre fut détachée et vue au grand jour, elle me parut si belle , si extraordinaire ; elle me parut si digne de faire le pendant du magni fique granit orbiculaire de Corse, dont la célébrité est si connue ; et elle diffé roit en mème temps si fort de ce granit, que je crus ce morceau digne d’être offert comme une merveille de la Corse, à celui qui, né en Corse, est devenu. la merveille du monde. Vous croiriez, monsieur, qu'il y a de l’exagération dans ce que je vous dis, /. 52 ANNALES DU:M USE U'M si je ne vous faisois pas connoitre cette pierre : en voici la description telle que je puis la faire sur les lieux. .& Gette roche , dont le fond paroît porphyroïde , a sa pâte composée d’élémens » pierreux , de nature pétro-siliceuse , irrégulièrement disposés en petits grains, *» en points , en linéamens plus ou moins contournés , se liant les uns aux autres, » et variés de couleur, en raison des divers degrés d’altération qu'a éprouvés le » principe ferrugineux très-abondant dans cette roche ; néanmoins son aspect » général, vu à une certaine distance, est le brun-rougeâtre mêlé de taches 5 blanches lavées de rose, » C’est au milieu d’une telle pâte qu'on observe des corps sphéroïdes régu- » liers d’un à trois pouces de diamètre, épars çà et là à des distances inégales, ss et implantés dans la masse; le système de formation de ces espèces de boules » ne peut être considéré que comme le résultat d’une cristallisation globuleuse 5 qui auroit eu lieu rapidement, et non comme des géodes qui se seroient for- 5 mées à part et qui auroient été enveloppées postérieurement dans une subs- 5 tance porphyritique. » Le mode de cristallisation dont il s’agit a ceci de remarquable, c’est qu’on ss ne sauroit s'en former une idée exacte, qu’en se représentant un cercle dans » lequel une multitude de petits corps pierreux, oblongs et comprimés , de na- » ture pétro-siliceuse, très-rapprochés Les uns des autres, se seroient dirigés en s# rayons, et comme bout à bout depuis la circonférence vers le centre du » cercle; ce qui leur donne l’apparence de rayons divergens ; et il en est résulté » un solide globuleux qu’on pourroit faire partir à coups de marteau de la place » qu'il occupe où il laisseroit alors un vide et comme un nid. La tendance à # la cristallisation étoit telle, qu'on voit autour des corps sphériques dont il » est question, dans la pâte de la pierre et auiour des sphères, la matière de » la pâte même qui, d’après la tendance qu'elle ayoit à se rapprocher d’elle , a » formé une espèce d’auréole ou de zones qui entourent plusieurs des globes; » ce qui est plus facile à observer qu'à décrire. Aussi seroit-il nécessaire de voir cette rare et magnifique roche pour s’en former une idée juste et précise. 53 Voici les dimensions du morceau que j'apporterai. Il a dix-sept pouces de largeur sur douze pouces de hauieur ; sept pouces d'épaisteur dans sa base : le côté que je ferai scier et polir présentera quinze à seize globules, parmi lesquels on en remarquera plusieurs qui sont liés, unis et enchässés les uns dans les autres, Cette découverte, qui étoit bien faite pour séduire un naturaliste , auroit sans doute mérité que je me fixasse pour long-temps dans les environs ; mais comme la saison propice pour parcourir les montagnes étoit trop avancée, je profilai D'HISTOIRE NATURELLE. 478 du temps qui me restoit encore pour me rendre dans le Ziumrone , au golfe de Falinco. Je suis donc arrivé au golfe de Valinco, par le village de O/metto , ainsi que l'indiquoit la note que vous aviez eu la complaisance de me remettre pour la recherche du granit orbiculaire ; il s’agissoit ensuite d'aller à Twravo. Avant de m'y rendre , je reconnus le gisement des masses quirecouvroient les localités dans divers vallons à moyenne hauteur et par un chemin à mi-côte au sud-ouest, je me rendis à la Srazzona (qui est le point dans la plaine de Z'aravo où la petite masse isolée de granit orbiculaire fut trouvée en 1782 par le général Sionville). Je fouillai les makis qui recouvrent une partie du monticule où est située la Sazzona , et j'en parcourus toute l'étendue dans les plus petits détails Je sondai le petit Zac quien est un peu éloigné ; je visitai aussi le bord de la mer : je sondai également la rivière , et la fis visiter par des nageurs sur diffé- rens points; je la suivis même sur les deux rives à plus d’une lieue et demie, et ne trouvant rien par ces moyens, je pris le parti de parcourir quarante-cinq milles de surface au dehors de la S/4zz0na. Je cherchai à m'assurer de la composition des granits qui gisoient:sur les hau- teurs qui forment le grand vallon de Taravo ; j'atiaquai les roches qui se pré- senloient à moi:ce moyen me parut de quelque sucoës, puisque je trouvai des échantillons dont la composition avoit quelque rapport avec le granit en question. Après avoir poursuivi encore mes recherches , je rentrai dans le lit du Zaravo et j'en parcourus les deux rives à plus de deux lieues : au moment où je redou- blois encore d'efforts pour achever en entier cet examen , je fus obligé de dé- semparer la place par l'effet des neiges et des pluies qui se succédèrent ( étant alors au mois de décembre ). Je réunis les divers échantillons de roches que je m’étois procurés au Valinco, el après en avoir fait un examen comparatif avec le granit orbiculaire , jaire- connu que, dans quelques-uns de ces échantillons, l'horn-blende et le feld-spath s'y trouvent , mais ron dans le même ordre ni dans le même arrangement; néan- moins je crois qu'on peut inférer de ces échantillons qu'en achevant la visite que j'avois déjà commencée sur les deux rives du torrent, on parviendroit peut- être à découvrir les masses primordiales du beau granit orbiculaire dont on n'a pu voir jusqu'ici qu'une petite masse partielle, dont les angles éloient abattus ; et qui avoit été trouvée isolée sur le sable de la plage de Taravo, à une demi- lieue de la mer , dans le golfe de J’alineco. ” D'après les renseignemens que je me suis procurés dans cette occasion , je crois avoir acquis la certitude que la petite masse de ce granit , déjà cunnue , n’est provenue d'autre part que de Corse ; car vous savez bien, monsieur, que plu- sieurs naturalistes avoient formé diverses conjectures à ce sujet. o Gr 274 ANNALES DU MUSÉUM Dans le cours de ce voyage pénible, j'ai eu occasion de faire aussi la décou- verte d’une mine de fer dont le filon a une demi -lieue de longueur, et qui n'étoil pas connue. Voici quelques détails à ce sujet. Après avoir passé la rivière de la Sposata, pour arriver à Calvy par la partie du sud, dans une plaine au-dessus du village de Calenzana , et à l’est de Gal- Zleria, je trouvai un filon de mine de fer, placé horizontalement dans urfe terre jaune qui se perd et qui se retrouve à différentes distances dans sa longueur, et dont le minerai se présente sous trais aspects différens. D'abord il paroît avec le caractère de fer limoneux , disposé par couches minces, mêlé à une terre ocracée jaunâtre ; ensuite il se montre en fer noïratre pesant, compact et presque en- tiérement dégagé de toute substance hétérogène : et sous un troisième aspect, enfin, de sphéroïdes allongés , de quatre à cinq pouces de diamètre, s’exfoliant à sa surface, comprimé d’ailleurs de deux côtés; ce qui lui donne des angles par intervailes, etdont la composition et le caractère sablonneux qui le constituent, me feroient lui donner la dénomination de fer arénacé; et je me procurai les échantillons nécessaires pour fournir aux essais que j'avois intention de faire. Ayant reconnu dans mes essais qu’on pourroit tirer un grand avantage de celte mine , j'envoyai à MM. les administrateurs du conseil des mines plusieurs échantillons provenant de ce filon , en les priant de me faire connoître les résultats de leurs opérations. Souffrez, monsieur , que je vous entretienne présentement de quelques réflexions auxquelles mon voyage a donné lieu. C’est dans l'étendue de plus de cent lieues de pays que je viens de parcourir dans les montagnes , dans les vallons, dans les plaines et dans les environs des golfes, que je me suis convaincu que la Corse n'étoit que très-peu connue sous les rapports minéralogiques, et je vais en déduire les raïsons. ! 1. Parce que les naturalistes qui ont vu ce pays, qui est extraordinairement difficile à parcourir, d'abord par le grand éloignement où se trouvent les habi- iations l’ane de l’autre dans l'intérieur, et par l'accès très-pénible de ses mon- tagnes, n’avoient pas eu, je crois, comme moi, la patience de marcher à pied aussi long-temps que je le fis dans ce dernier et long voyage ( car c’est le qua- irième que j'ai effectué dans l'ile }, et n’avoient pu aussi facilement que moi at- teindre des lieux non frayés, ne connoissant point le langage ni les usages de nos montagnards ; avantage bien grand que j'avois sur eux. 2. Que pour parcourir en détail un pays tel que la Corse, il est des priva- tions de première nécessilé auxquelles il faut se soumettre, parce que les habita- tions de l’intérieur des montagnes sont en géuéral dépourvues des commodités de La vie dans des lieux aussi inaccessibles, D'HISTOIRE NATURELLE. 475 3. Et enfin l’on sait fort bien d’ailleurs que pour examiner les choses dans les plus petits détails , il faudroit faire des stations fréquentes et souvent plus longues que-l’on ne penseroit : telle en est la preuve que fournit la roche por- phyritique nouvelle et la mine que j'ai découverte; et je dois vous avouer que j'ai découvert l’une et l’autre dans des lieux où des observateurs fort éclairés avoient passé, mais où ils n’avoient pu séjourner, à cause qu'il n’y a point d'habitations dans cette partie. 4 Je ne vous parlerai pas, monsieur, dans ce moment , de quelques roches que je possède, et que je n'ai vues encore nulle part ; elles feront un sujet particulier dans le tableau minéralogique que je me propose de publier un jour, lorsque la Corse me sera plus connue encore. J'y joindrai des réflexions sur les causes qui m'ont toujours porté à croire que la nature a semblé vouloir donner une sorte de préférence à la Corse, en l’enrichissant de ses plus beaux dons. J'ai l'honneur d’être , etc. RAMPASSE,. 476 ANNALES DU MUSEUM EXTRAIT D'une lettre de M. Dezrze , membre de l’Ins- titut d'Egypte, a M. DErEuze. New-Yorck, 22 septembre 1806. J'« l'honneur de vous envoyer , monsieur et cher ami , le catalogue du jardin de botanique établi à Elgin, à une lieue de New-Yorck. M. le docteur Hosack en a commencé la plantation en 1801 , et bientôt il lui sera facile de faire des envois considérables. Vous remarquerez que, dans l'introduction placée à la tête du ca- talogue, il adresse ses remercimens à MM. Thouinet Desfontaines pour les graines qu'il a reçues du Muséum. Indépendamment des plantes exotiques, M. le docteur Hosack a déjà rassemblé dans son jardin la plupart des plantes et surtout les arbres qui croissent à de grandes distances sur le territoire des Etats-Unis. Le cyprès de Caroline (cu- pressus disticha. Li. ), le gordonia lasianthus , les magnolia, les chênes, les noyers, etc., y sont multipliés en proportion de leur utilité. Comme il seroit très-facile de naturaliser en France les arbres de l’'Amérique- Septentrionale , je veux vous dire un mot de ceux qui seroient les plus utiles. Parmi plus de vingt espèces de chênes, le chêne blanc ordinaire , le chêne blauc des marais, le chène vert de Virginie , le chène quercitron, sont ceux qu'il faudroit choisir. Ce dernier est précieux pour les arts par la belle couleur verte qu'on tire de son écorce. Les autres chênes pourroient être employés à la décoration des parcs; et s'ils y croissoient lentement, la qualité de leur bois s’amélioreroit peut-être, Nous devons au célèbre voyageur André Michaux une histoire complète des chènes d'Amérique, et nous pouvons distinguer parfaitement les espèces. Il n’en est pas de même des noyers, aussi nombreux que les chênes. IL existe beau- DH IÉSUUOE RE" N À T'UIRPLLE 497 coup de confusion dans les espèces décrites. M. Michaux fils, auteur du 7’oyage dans l'ouest des Frats-Urnis, et présentement à New-York où il s'occupe d’envois pour l'administration des forêts, se propose de donner une monographie de ee genre. Il a bien voulu me faire part de ses observations. Les mêmes goûts nous unissent, et nous nous rencontrons souvent dans la belle bibliothèque de M. Hosack , qui nous communique ses livres et ses collections avec la même libéralité que le faisoient à Paris MM. Desfontaines et de Jussieu. M. Michaux m'a fait voir parmi les noyers confondus sous la dénomination de juglans alla, Vin. , et appelés en Amérique Aickory, six espèces qui, par l'excellente qualité de leur bois et l'élévation de leur tronc, méritent d’être cul- tivées en France. Le bois de toutes ces espèces est fort dur, et il n’en est pas de meilleur pour le chauffage. Les jeunes pieds fournissent des cerceaux préfé- rables à ceux de chène, de charme, de bouleau, de chätaignier, de chin- capin , aussi fort employés. Les noix de plusieurs sont assez bonnes. Le noyer pacanier, originaire du pays des Illinois, et dont fa noix est préférable à celle d'Europe ; le noyer noir et le noyer à fruit visqueux , qui sont indigènes aux en- virons de New-Yorck, devroient être multipliés en France où ils sont déja bien connus. Le sol et l'exposition que préfèrent les arbres de l’Amérique-Septentrionale doit encore les faire rechercher. Aux Etats-Unis , des chênes, des noyers, des frênes croissent dans des marais semblables à ceux où il ne croit communément en France que des aulnes et des peupliers. Un terrain frais convieadroit en général aux arbres d'Amérique. J’ai remarqué qu'ils réussissent dans un sol différent, selon la latitude. En Caroline, le cyprès , cupressus disticha, ne croit absolument que dans les terrains inondés : à New Yorck où la température est plus fraiche, il vient dans les jardins. Le liqui- dambar , le tulipier croissent ici comme en France dans des lieux beaucoup moins humides que ceux où on lés trouve en Caroline. On ne doit point se lasser de faire des essais. Aux environs de Philadelphie et de New-Yorck, certains arbres d'Europe réussissent mieux que d’autres. Le noyer commun, Jju= glans regia, par exemple, s'élève autant qu'en France, tandis que le mar- ronier soulus hippocastanunr est loujours médiocre. Il est donc des arbres qui s’accommodent d’un climat beaucoup plus froid hiver et plus chand l'été, aussi bien et peut-être mieux que de celui de France, où la température est plus modérée et plus régulière. Je désire que ces réflesions puissent vous intéresser, etc: 478 ANNALES DU MUSÉUM NOTE Adressée à M. Tous par M. De Boucainvirre, membre de l'Institut, sur une canne à sucre qu'il a cultivée dans son jardin à Suynes, entre Guigne et Brie. Le reçus du jardin des Plantes, il y a quatre ans, l’espèce de canne à sucre que j'avois rapportée de mes voyages à Taïty. Je la plaçai dans une orangerie où j'ai fait pratiquer un poêle qu’on allume pendant les fortes gelées. La première année elle se multiplia de manière que mon jardinier, nommé Cochet , homme intelligent et passionné pour la botanique, crut devoir en risquer deux pieds en pleine terre. Ils furent plantés en face de ma serre dans le po- tager du jardin, tout près d’un puits dont les eaux sont à quatre pieds du sol. La terre est noirâtre et de bonne qualité. C’est une terre franche qu’on a mêlée avec du fumier et un peu de sable pour la rendre plus légère. Deux ans se passtrent sans que la plante parüt avoir souffert : elle prospéra et se multiplia sans autres soins que ceux qu’on donne aux cardons, aux arti- chaux et aux figuiers. Mais mon jardinier m'ayant quitté pour s'établir marchand pépiniériste , il a été remplacé par un autre moins instruit et moins curieux. Celui-ci, prenant la canne à sucre pour un simple roseau , a négligé de la couper et de la couvrir, et il a planté à côté diverses plantes d'ornement qui l'ont étouffée, Je vous en envoie un fragment pour que vous puissiez vous assurer que c’est bien la même espèce que j'ai rapportée de Taïty. Cette canne à sucre ayant résisté pendant deux hivers à la rigueur du froid, je pense qu’on devroit faire de nouveaux essais ; et qu'en prenant, pour la ga- rantir de la gelée, les mèmes précautions qu'on prend à Argenteuil pour conserver D'HISTOIRE NATURELLE. 479 les figuiers, on pourroit obtenir quelques résultats avantageux pour la botanique 5 , P J Le) 1 et même pour le commerce (1). (1) La canne à sucre de Taïty fut portée à l’Ile-de-France par M. de Bougainville , au retour de son voyage dans la mer du sud ; elle s’y multiplia, et M. Martin la transporta à Cayenne d’où elle a passé dans les Antilles. En 1801, M. de Cossigny en apporta plusieurs pieds de l'Ile-de-France an Muséum. Cette espèce donne son produit en onze mois, tandis que l’espèce anciennement cultivée ne le donne qu’au bout de quatorze, quinze ou seize mois. Elle paroît aussi plus riche en sucre ; mais ce qui est plus avantageux , et qui semble prouvé par l’expérience dont M. de Bougainville nous fait part, c’est qu’elle est moins sensible au froid. 11 n’est cependant pas pro- bable qu’elle püt passer plusieurs hivers en pleine terre sous le climat de Paris. Il faudroit trop de soins pour la conserver, et quand on y réussiroit, 1l est à présumer qu’elle ne don- neroit pas autant de sucre que dans les pays chauds. Mais il seroit intéressant d’en essayer la culture dans les départemens du midi. 1] est des cantons abrités où il seroit facile de la pré- server du froid, et où la chaleur, qui continue peudant plusieurs mois, pourroit lui faire acquérir une parfaite maturité, 480 ANNALES DUMUSÉUM SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE BELLE-DE-NUIT, ( Mirabilis , Lx. À yctago, Juss.) Pre Mal E PsE LE TL ER O, cultive depuis long-temps pour l’ornement des jardins la belle-de-nuit du Pérou (rirabilis jalapa , L.) et la belle-de nuit à longues fleurs (irabilis lon- £giflora , Vi.) La première est recherchée pour l'élégance de son port et pour ses fleurs nombreuses et de couleurs diverses; la seconde , à cause de l’odeur suave qu'elle répand dans les soirées d'été. Le hasard vient de produire une troisième espèce qui, réunissant le port de la première au parfum de la seconde , est une acquisition précieuse pour les jardins. M. Fabus, d'Attichy sur Aisne près Compiègne, trouva un seul individu de cette plante en 1802 dans un semis qu’il avoit fait de la belle-de-nuit à longues fleurs ; il m'en céda une racine: elle a fleuri et donné des graines chez moi pen- dant quatre ans, Je l’ai multipliée et j'en ai obtenu plusieurs variétés de cou- Jeur; mais elle a conservé son caractère spécifique. i Cette espèce paroit être une hybride produite par des graines cu’illies sur une belle-de-nuit à longues fleurs qui avoit été fécondée par la belle-de-nuit du Pérou. Pour la faire mieux distinguer, je vais la comparer aux deux autres, MinaBlLis 34LAPA. Floribus congestis, terminalibus : foliis subovatis, glabris ; caule erecto, lævi. Fleurs inodores, longnes d'un pouce à un pouce et demi, réunies en co- rymbes au sommet des rameaux ; feuilles presque ovales ; tiges droites. Toute la plante est glbre. D'Hel STORE NAT ET LE, AS: Miraricis Hybrid. Eloribus congestis, terminalibus : foliis cordatis, pubescentibus ; caule erecto, subresiroso. Fleurs odorantes , longues de deux à trois pouces , ayant le tube pubescent, mais non visqueux. Feuilles en cœur, très-peu velues. Tiges droites , légèrement enduites d’un suc résineux, Minagtcis LONGIFLORA. Lloribus congestis terminalibus , longissimis : foliis cordatis, pubescentibus : _caule decumbente , resinoso. Fleurs odorantes, longues de cinq à six pouces, réunies et sessiles au sommet des rameaux. Feuilles en cœur ; tiges foibles et tombantes. Toute la plante est velue et enduite d’une viscosité résineuse. On voit que la belle-de-nuit hybride participe des deux autres : elle a les fleurs de moitié plus longues que la première dont elle a le port, et de moitié moins que la seconde dont elle à les feuilles : moins lisse que l’une, elle est moins velue et moins visqueuse que l'autre. 11 est une quatrième espèce que Linnæus a décrite sous le nom de M, odorata, dans les Æmænitates. Academiæ, et qu'on a depuis nommée M. dichotoma. Quoique ses fleurs soient odorantes , elle ne peut être confondue avec notre hybride, puisqu'elle ne diffère du M. jalapa que par ses fleurs plus petites, axillaires et ordinairement solitaires. Les fleurs de notre belle-de-nuit hybride varient en couleur comme celles de la belle-de-nuit commune. Le premier individu étoit d’un violet tirant sur l’ou- tremer. J'en ai obtenu de presque blanches, de rouge-aurore, etc. Toutes ont le centre de la fleur violet comme le /o1g1flora. Cette nouvelle espèce n'existe encore que dans mon jardin à Berzy près Soissons, J'en ai donné des graines au Muséum d'histoire naturelle, et je me ferai un plaisir de la communiquer aux amateurs. LA BRELE DES MÉMOIRES ET NOLICES Contenus dans ce huitième volume. M FAUJASSAINT-FOND. Voxace GÉOLOGIQUE au volcan éteint de Beaulieu, dépar- tement des Bouches-du-Rhône, où l'on trouve de grandes quantités de laves compactes et de laves poreuses au milieu des dépôts calcaires, et dans le centre des pierres de cette nature. 206—219 Notice sur le gisement des poissons fossiles et sur les empreintes de plantes d'une des carrières à plätre des environs d'Aix, département des Bouches-du- Rhône. 226—220 Voyage géologique sur le monte Ramazzo dans les Apen- nins de la Ligurie. — Description de cette montagne. — Découverte de la véritable variolite en place ; de son gisement; du calcaire, de l'arragonite, des py- rites martiales , magnétiques, Cuivreuses et arséni- cales dans la roche stéatitique. Fabrique de sul- Jate de magnésie. 313—333 Lettre à M. de Lacépède sur les poissons du golfe de la Spezzia et de la mer de Génes. 365—371 Des coquilles fossiles des environs de Mayence. 37:—382 ii ET (NO TI CNE Si 483 M. VAUQUELIN. Essais analytiques des racines d'ellébore d'hiver (helleborus hiemalis ) et de brione. 80—02 Recherches chimiques sur la couleur verte que prennent certains bois enfouis dans la terre ou plongés dans l'eau. 167—169 Note relative à un article inséré dans le VF volume des Annales. 248 Extrait d'un Mémoire de M. Vauquelin sur l'analyse de quelques mines de fer limoneuses de la Bourgogne et de la Franche-Comté, à laquelle il à joint l'examen des fontes des fers et des scories qui en proviennent. 435—46o M DE JUSSIEU. Sixieme Mémoire sur les caractères généraux des familles tirés des graines, et confirmés ou rectifiés par les Observations de Gærtner. 170—186 M THOUIN. Description d'une nouvelle espèce d'arbre à fruit du genre pécher, nommé pécher d'Ispaham. 425—434 M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. Mémoire sur le genre et les espèces de vespertilion, l'un des genres de la famille des chauve-souris. 187—209 G2 * TABLE DES MÉMOIRES > eo» M. LAMARCK. Suite des Mémoires sur les coquilles fossiles des environs de Paris. 196—166, 345-355, 461—/469 Explication des planches relatives aux coquilles fossiles des environs de Paris. 77—79 , 383—388 M. CUVIER. Mémoire sur les éléphans vivans et fossiles. 1—58,093—155, 2/9—269 Sur le grand mastodonte, animaltrés-voisin de l'éléphant, mais à mächelières hérissées de gros tubercules , dont on trouve les os en divers endroits des deux continens, et surtout près des bords de l'Oluio dans l'Amérique- Seplentrionale, improprement nommé mammouth par les Anglais et par les habitans des États-Unis. 270-0102 Sur différentes dents du genre des mastodontes, mais d'espèces moindres que celles de l'Ohio. &oi—/20 Résumé général de l'lustoire des ossemens fossiles de pachydermes , des terrains meubles et d'alluvion. k20—/24 M:2D:E LU, ZE: Recherches sur les plantes d'ornement: et sur leur intro- duction dans nos jardins. Prenuére partie. 227—247 BEN NO DIT COTES: 465 M: /C'OiR RE AUD'E VS E RER À Observations carpologiques, servant d'introduction à la des- criplion de plusieurs fruits. 59—68 Observationum carpologicarum, ete., où Description anato- tomique de plusieurs fruits. Go—56,389—/00 M PALISOT-DE-BEAUVOIS. Sur les champignons en général, et particulièrement sur quelques espèces peu et mal connues. 334—346 CORRESPONDANCE Notice sur les fles Bermudes , et particulièrement sur l'ile Saint-Georces, par M-F.-A. Michaux. 356—36/ Letire de M. Rampasse à M. Faujas-Saint-Fond sur la minéralogie de l'ile de Corse et sur la découverte d'une roche porphyritique analogue au granit orbiculaire. 47o—475 Lettre de M. Delille, de L'Institut d'Égypte , sur, le jardin du docteur Hosack à New-Yorck, et sur les arbres de l'Amérique-Septentrionale. 476—437 Note adressée à M. Thouin par M. de Bougainville, membre de l'institut, sur une canne à ‘sucre qu'il a culiivée dans son jardin à Suynes , entre Guigne et Brie. Sur une nouvelle espèce de belle-de-nuit. 480—48: En InNDpicarion des gravures du huitième volume. Planche XXXII, XXXIII et XXXIV. Carpologie, ou fi- gure et anatomie de divers fruits, savoir: Dryandra vernicia, Carissa carandas , Averrhoa bilimbi et A. carambola, Broussonetia papyri- fera, Palma maripa. page 79 XXXV,XXXVI, XXXVIL Coguilles fossiles des environs de Paris. 77 XXXVIIT, XXXIX, XL, XLI, XLII XLIII, XLIV, XLV. Ostéologie des éléphans vivans et fos- siles. 155 XLVI, XLVIT, XLVIIL. Fespertilions. 187 XLIX, L, LI, LIT, LIT, LIV, LV, LVL Dents et os- semens fossiles du grand mastodonte. 312 LVIT. Agaricus radiciformis, et agaricus cryptarum. 397 LVIIL. Coquilles fossiles des environs de Mayence. LIX, LX,LXI,LXIL Cogulles fossiles des envi- rons de Paris. 383 LXIIL, LXEV ,LXV. Carpologie, ou figure et ana- tomie de divers fruits , savoir : Solandra gran- diflora, Incarvillea sinensis, Sideroxylum spi- nosum, Rhizobolus Saouvari, Pterygium costa- tum , Ferreola buxifolia. 389 LXVLLXVIT, LXVIII, LXIX. Dents fossiles des petits masiodontes. 420 TABLE ALPHABÉTIQUE D,E SAR TE CE ES à Contenus dans ce huitième volume. À. Ass RADICIFORMIS et Ægaricus cryptarum. Histoirede ces deux champignons, considérés dans tous les degrés de leur dévelop- pement , 556 et suiv. Voyez Champignons. Analyse chimique des racines de brione et d’ellébore d'hiver, 80 et suiv.; du bois mort qui a pris une couleur verte dans la terre ou dans l’eau, 167 et s.; de quel- ques mines de fer limoneuses, ainsi que des fers, des fontes et des scories qui en proviennent, 435 et suiv. Anatomie comparée. Voy. Éléphans. Anatomie végétale. VNoy. Carpologie. Animaux perdus, dont les ossemens se trouvent dans les terrains d’allu- vion. Résumé de leur histoire, 265 et suiv.; 420 et suiv. Il y en à onze espèces , dont les unes appartiennent à des genres inconnus, et les autres, à des genres qui n'existent plus dans les mêmes climats, :4. Énuméra- tion de ces onze espèces, 4. Dans quels lieux et en quel état se trouvent leurs os, 422. Ces ani- maux vivoient autrefois dans les pays où l’on déterre leurs os; quelle catastrophe les a détruits, 4235. Leurs espèces sont diffé- rentes des espèces vivantes , 14. Voy. Éléphans, Mastodontes , Pachydermes, Ossemens fos- siles. ÆAmbrosia (V). Doit former avec le xanthium une famille particu- lière, 182. Quelle-est sa place dans l’ordre naturel, 184 Ampullaire. Figure de huit espèces fossiles de ce genre de coquilles, 386 Arbres de l'Amérique-Septentrionale qu'ilseroit le plus avantageux de naturaliser en France, 476 ÆAverrhoa bilimbi et A. Carambola. Description de leur fruit, 31,75 Auricule. Figure de cinq espèces fos siles de ce genre de coquilles, 385 B. Belle-de-nuit hybride. Description de celle nouvelle espèce qui paroit T, & BLL'E FA M EP avoir été produile par la belle- de-nuit à longues fleurs, fécon- dée par la belle-de-nuit com- mune, 480 Bois. Recherches chimiques sur la couleur verte que prennent Ceï- tains bois enfouis dans la terre ou plongés dans l'eau, 167 ets. Botanique. Articles relatifs à la bota- nique , insérés dans ce volume. Voy. Belle-de-nuit, Bermudes, Canne à sucre, Carpologie , Champignons, Graines, Pé- cher, Plantes d'ornement. Brione ( Analyse chimique de la ra- cine de), 88 et suiv, roussonetia papyrifera. Description de son fruit, 74 Bulime. Figure de sept espèces de co- quilles fossiles de ce genre, 385 Bulimes d'une extrème petitesse qu’on trouve fossiles aux environs de Mayence, 552etsuiv. Bulle. Figure de quaire espèces fossiles de ce genre de coquilles, 353 C. Cadran. Figure de sept espèces fossiles de ce genre de coquilles, 77 Came Ç chama ). Observations sur ce. genre de coquilles, et descrip- tion de deux espèces fossiles, 3 347 etsuiv. Canne à sucre de Taity. À passé deux bivers en pleine terre, dans le jardin de M. Bougainville, 478, Avantages de cette espèce dont HYA @-ÉT-T0 GE on ponrroit essayer la culture dans le midi de la France, 479 Carissa carandas. Description de son fruit, 7x Curpologie. Observations carpologi- ques, gets. Plan que l’auteur a suivi dans la dissection et la description des fruits, z2. On doit considérer dans les fruits huit objets de description au lieu de six qu’ayoit considérés Gært- ner , 6t. Nom et caractère de ces huit objeis,z4. et suiv. Applica- tion des principes de l’auteur à la description de douze espèces de fruits de différens genres, 69 ets.; 589 et suiv. Castines. Examen de celles qui servent de fondant à certaines mines de fer, 4356 Champignons (Observations sur les) en général , sur leur germination, leur développemeut et lesformes diverses qu'ils ont dans leurs divers äges, et description de quelques espèces peu et mal con- nues, 254 el suiv, Ou a souyent pris pour des genres distincts la mème espèce observée à diffé- . rentes époques, 22. Chauve-souris. Voy. Vespertilion. Chimie. Voyez Analyse chimique. Coquilles fossiles des environs de Mayence, 572 etsuiv. Ces co- quilles sont des bulimes d’une extrème pelitesse, des vénus et des moules. Examen de la ques- DES tion si elles sont fluviatiles ou marines , 24. Coguilles fossiles des environs de Pa- ris, décrites ou figurées dans ce volume. Voy. Æmpullaire, Au- ricule, Bulime, Bulle, Cadran, Came, Corbule, Cyclostome , Dauphinule, Huitre, Lenticu- lite, Lime, Lituolite, Mélanie, Natice, Neérite, Nummulite , Peïgne, Phasianelle, Planorbe, Scalaire , Spondyle , Spiroli- nite, Turritelle , Volvaire. Corymbifères. Observations sur les genres de cette famille de plantes. Voyez Graïnes. Corbule. Observations sur ce genre de coquilles et description de huit espèces fossiles, 465 et suiv. Corse, Découvertes minéralogiques, faites dans cette ile. V. Granit, Roche, Mine de fer, Minéra- logie. Couronnes. De l'usage des couronnes chez les anciens, 229 Cyclostome. Figure de deux espèces fos- siles de ce genre de coquilles, 78 D. Dauphinule. Figure de huit'espèces fos- siles de ce genre de coquilles , 78 Dents. Remarquesgénérales sur lesdents, sur leur structure , leur accrois- sement, leursmaladies, etc., 116 ets.; — sur les dents et les défen- ses deséléphans. Voy. Éléphans. Sur différentes dents du genre des mastodontes , 401, 420. Les 8. À R°T JG L'E\Ss. 489 dents de mastodonte déterrées à Simorre ressemblent à des tur- quoises , 414, 420. V. Masto- donte. Driandra vernicia. Description de son fruit, 69 E. Éléphans (Mémoire sur les) vivans et fossiles, 1, 58,93, 155. À quelle époque les premiers éléphans furent amenés en Europe, 5. Sous les premiers empereurs, ils fu- rent très-nombreux à Rome ; ils y propageoient , et ceux qu'on dressoit pour les jeux étoient nés dans la ville, 7. Surles mä- chelières des éléphans, sur leur structure , leur accroissement, leur succession et leurs différen- ces d’après l’âge et la position, 95, 115. Sur les défenses des éléphans, la structure, l’acerois- sement , les caractères distinctifs de l’ivoire et sur ses maladies, 113 et suiv. Comparaison de l’é- léphant des Indes et de l’élé- phant d'Afrique, et caractère distinctif de ces deux espèces, 120, 153, 252,265. Comparaison des éléphans vivans et fossiles, 10. N. Os fossiles d’éléphant. Ellébore d'hiver( Analyse chimique de la racine d’ ), Boets, F, Familles des plantes. Voy. Graines. Fer, Voy. Mines de fer. 63 49o T A Ba Lerreolz buxifolia. Description de son fruit, 599 Fleurs. De la culture des fleurs chez les anciens, -Nao% el suiv. Fonte. Voy. Mines de fer. ; Fossiles. Notice sur le gisement des poissons fossiles d’une carrière à plâtre des environs d'Aix, 220 et suiv. Végétal dont on trouve des empreintes dans la même 229 Fossiles. Voy. Coguillés fossiles , Os fossiles, Végétaux fossiles. carrière, Fruits. Noy. Carpologie. G. Gærtner. Changemens faits dans la mé- thode de cet auteur pour la des- criptiondes fruits. Voy. Carpo- logie. Gaz hydrogène (Examen du) produit par la dissolution dans l’acide sulfurique de la fonte et du fer de certaines mines limoneuses, et recherches sur la cause de 456 Géans. On a pris souvent les os d'élé- son odeur fétide, phans pour des os humains, et c’est l'origine des fables qu'on a racontées sur les géans, 4 et s. Histoire du géant Teutobochus, 15. Les prétendus os de géant de l'Amérique Méridionale sont des os de mastodonte ; on en trouve à 1300 toises au-dessus du 419 Géologie, Voyage au volcan éteint de niveau de la mer, À £ À H À BUÉÏTÜI QU E Beaulieu, département des Bou- ches-du-Rhôneet description des laves calcaires et poreuses dés fossiles ét des minéraux qu'on y trouve au milieu des dépôts calcaires-êt des pièrres de cette pature, 206 et suiv. Voyagesur le = monte Ramazzo dans les Apen- nins. Découverte de la vario- lite en. place; de son gisement ; de l’arragonite et des pyrites. Articles relatifs à la géologie renfermés.dansve volume. Voy. Animaux perdus, Fossiles ,Os fossiles ; et dans la table pré- cédente les Mémoires de M. Cu- vier étde M. Faujas-Saint-Fond. Graines. Sixième Mémoire sur les ca- ractères généraux des familles , tirés des graines , et confirmés ou rectifiés par les observations de Gærtner, 170, 186. Examen des corymbiftres qui ont le ré- ceptacle nu, la graine non ai- grettée et les fleurs radiées, 170 et suiv. Examen de celles qui ont le réceptacle paléacé , les graines couronnées de dents ou de paillettes, et dont les fleurs sont radiées ou plus rarement à fleurons , 177 et suiv. Examen de celles qui ont le réceptacle paléacé, les graines aigrettées et les fleurs radiées, 179 et suiv. Examen des corymbifères à an- thères rapprochées non réunies et à calice commun monoïques 181. Enfin des corymbiferes ano- DES males, à anthères non réunies , et à calices dioïques, 182. Ob- servations sur quelques genres de composées nouvellement éta- blis et qui se rapportent aux sections examinées dans les Mc- moires précédens , 18) Granit orbiculaire. Récit d'un voyage fait en Corse pour trouver celte . pierre, 47oret suiv. V.' Roche. H. Huitre( Ostrea ). Observations sur ce gere de coquillages, sur: leur accroissement et leur :manitre de vivre , 156 et suiv. Descrip- tion de dix-liuit espèces de co- quilles d'huitres fossiles, 159 et sui. Huitre épineuse. Voy. Spondyle. Hybrides (Plantes.) Voy. Belle-de-nuit, I. Tacarvillea sinensis. Description de son fruit, 591 Tnduviæ. Partie nouvellement distiu- guée dans la description des fruits, 61. Voy. Carpologie. Iridium. M. Descotils a découvert ce nouveau métal en même temps que MM. Fourcroy et Vauque- lin, 248 Trosré, Voÿ. Étéphans. { J. Jardin de botanique , fondé par le doc- ANS RIVE ŒMNCA'LUENS. 49x teur Hosack, a Elgin , à une lieue de New-Yorck, 416 L. Laves, Noy. Géologie. Lenticulite. Figure d’une espèce de ce genre de coquilles fossiles, 387 Lime: Observations sur ce genre de coquilles, et description de cinq espèces fossiles, 46r etsuiv. Lihologie. Noy. Géologie. Lituolite. Figure de deux espèces de ee genre de coquilles fossiles, 388 M. Magnésie. De la mine de magnésie du monte Ramazzo en Ligurie; de son exploitation et de la fabrique desulfate de magnésie établie dans le mème lieu, 329 Mamniont où Mammoutk. Les pré- téndues ‘cornés de cet animal fabuleux sont des défenses fos- siles d’éléphant, 45. Voy. Grand : Mastodonte: Mammouth. Noy. Mammont. ; Mastodonte (Mémoire sur le’ grand }, Animal perdu ; voisin de l’élé- phant , dont on trouve les os en - divérs endroits des déux conti- nens et surtout près des bords de l'Ohio ; improprement nom- mé. Mammouth par les Anglais et par les’ Habithns des États- Unis,270, 512, Get animal est différent: du mammouth de Si- GB TioA BB LvE 492 bérie, 571. Histoire des décou- ‘ vertes, des discussions et des fables relatives à cet animal, 4. et suiv. Description de ses dents et de ses ossemens, et compa- raison de son squelette avec celui 288 Aastodontes. Examen et comparaison de l'éléphant , des dents qui ont appartenu à différentes espèces de ce genre aujourd’hui inconnu sur la terre, et indication des lieux où on les trouve dans les deux continens, 4ox et suiv. Distinction de cinq espèces de mastodontes et des- cription de quelques-uns de leurs os, 412 et suiv. Le camp des géans, situé à 1300 toises au-des- sus du niveau de la mer près de Santa-Fé de Bogotta , a tiré son nom de l’amas immense de ces os, 419. Les cinq espèces de mas- todontes forment un genre à part absolument inconnu. En quel lieu et avec quels animaux vi- voientles mastodontes, et quelle révolution les a détruits, 420 et suiv. Mélanie. Figure de cinq espèces fos- siles de ce genre de coquilles , 552 Mine de fer, découverteen Corse, 474. Mines de fer limoneuses de la Bour- gogne et de la Franche-Comté. Analyse de ces mines, de la cas- tine qui leur sert de fondant; des fontes , des fers et des scories qui en proviennent, 455 , 460, Ana- APT PH AN B CÉÊT AQU LE lyse du fer sublimé dans les che- minées des fourneaux d’affinage , 447 et suiv. Une portion de ce fer sort et se disperse dans l'air, 449. Résuméet conclusion des expériences rapportées dans le 459 Minéralogie. Celle de Corse est peu Mémoire, à connue, et pourquoi, 474. Voy. Granit orbiculaire, Roche. Mirabilis hybrida. Noy. Belle-de-nurit. Moules. Coquilles fossiles de ce genre qu'on trouve aux environs de Mayence , 575 et suiv. Mürier à papier. Voyez Broussonetis papyrifera. N. Narice. Figure de deux espèces fossiles de ce genre de coquilles, 3587 Naturalisation des végétaux. Peut-on réussir à acclimater dans nos jardins les plantes des pays 245 Nérite. Figure de trois espèces fossiles 367 Nummulite. Vigure de trois espèces chauds ? de ce genre de coquilles, fossiles de ce genre de coquilles, 387 0. Océan (Diminution des eaux de l) , et cause de celie diminution, 219 Ossemens fossiles d'éléphans. Ques- tion à résoudre pour expliquer ’ comment on les trouve en grande abondance dans tous les climats, DE SPAAAR p. 1. Des différentes ostéologies d'éléphant publiées jusqu'ici, 2 et suiv. Exposé géographique des lieux où l’on a trouvé des ossemens de l'éléphant fossile, 4 et suiv. Ces ossemens ont élé pris pour des os de géans, 74. Examen des diverses relations données à ce sujet, et particu- lièrement au sujet du prétendu squelette de Teutobochus, 14et suiv. Les défenses d’éléphant communes dans la Russie asia- tique ont été prises par les habi- tans pour les cornes d'on ani- mal fabuleux vivantà la manière des taupes ,et auquel on a donné le nom de mammont ou mam- mouth, 45. On a trouvé en Si- bérie des ossemens d’éléphant auxquels étoit encore attaché de la chair , 48. Description des dents , des défenses et des os de l'éléphant fossile, etcomparai- son de toutes ces parties avec leurs analogues dans les espèces vivantes, 93, 155, 249, 265. Résultats généraux de l’histoire des éléphans fossiles, 265 et s. Quelle révolution les a détruits, quels lieux ils habitoient , et quels autres animaux perdus, vi- voient avec eux , 70. Ossemens fossiles de l'animal de l'Ohio et autres du mème genre, Voy. Mastodontes. Ostrea. Voy. Huitre. Del CMLNETSS 493 P. Pachydermes. Résumé de l'histoire de leurs ossmens fossiles, 4or ets, Voy. animaux perdus. Palma maripa. Description de son fruit, 75 Pécher d'Ispahan. Description de cette nouvelle espèce d'arbre à fruit, 425 etsuiv. Peigne ( pecten). Observations sur ce genre de coquilles, et descriptien de trois espèces fossiles, 552 ets. Phasianelle. Figure d’une espèce fos= sie de ce genre de coquilles , 582 Pierre calcaire. Son gisemeut à cdté des serpentines sur lé monte Ra- mazzo en Ligurie, 520 et suiv. Description du four chaux qui sert à la calciner, 72. Planorbe. Figure de trois espèces fos- siles de ce genre de coquilles, 587 Plantes d'ornement. Recherches sur les plantes d'ornement et sur leur introduction dans nos jardins, 227 et suiv. De la culture de ces plantes chez les divers peu- ples de l'antiquité et de l'usage auquel iis Les employoient, 74. Comment et à quelle époque le goût des plantes d'ornement s’est introduit en Europe, 240 etsuiv. Division de ces plantes en plu- sieurs classes, d’après le point de vue sous lequel on les consi- dère , 242 et suiv. Plan de ce Mémoire, 244 494 T A B LE Plantes Lybrides. Noy. Belle-de-nuit. Poissons. Nomenclature de ceux de la mer de Gènes et du golfe de la Spezzia, 565 et suiv. Poissons fossiles. Voyez Fossiles. Pterygiu meostatum.Description deson fruit , 397 R. Ramazzo ( Voyage géologique sur le monte) en Ligurie, et descrip- tion des minéraux et des fabri- ques qui sy trouvent, 315 ets. Révolutions du globe. Voy. Animaux perdus. Rhizobolus Saouvari. Description de son fruit, 5u4 Roche. Description d’une nouvelle es- pèce de roche porphyritique trouvée en Corse, el qui est aussi belle que le granit orbiculaire avec lequel elle a beaucoup de rapport, 47o et suiv. S. Scalaire.Figure de trois espèces fossiles de ce genre de coquilles, 79 Scories. Voy. Mines de fer. Sérpentine. Notice sur les serpentines et sur les autres pierres du tor- rent de la Charavagna au pied du monte Ramazzo en Ligurie , 515 et suiv. Sideroxylum spinosum. Description de son fruit ; 595 Solandra grantiflora. Description de son fruit, 38) At PHMIBEPÉQUE Spirolinite. Figure de deux espèces de ce genre de coquilles fossiles, 388 *Spondyle. Observations sur ce genre de coquilles ,etdescription d’une espèce fossile, 849 et suiv. Sulfate de magnésie. NV. Magnésie. Sréatites pyriteuses du monte Ramazzo en Ligurie. Leur description et leur usage pour la fabrication du sulfate dé magnésie, 530 et suiv. T. Turritelle. Figure de quatre espèces fos- siles de ce genre de coquilles ,79 et583 Turquoises. Voy. Dents. W: Variol'te. Découverte de la variolite en place et de son gisement dans la roche serpentine où elle a pris naissance sur le monte Ramazzo en Ligurie. Sa descrip- tion , 524 et suiv. Passage de la variolite à la serpéntine, 327 et suiv. F'égetaux. Yà chimie y découvre cha- que jour de nouveaux principes immédiats, et forme dé toutes pièces des matières semblables, à 80 et suiv. Pégétaux fossiles. Empreintes d'un végétal dans la pierre à plâtre, 225. Voy. Fossiles. Vénus. Coquilles fossiles de ce genre, D ES qu'on trouve aux environs de Mayence, 572 et suiv. Vespertilion. Observationssur ce genre, l’un de ceux de la famille des chauve-souris, 187 et suiv. Des- cription de dix-huit espèces, 191 et suiv. V'olcan éteint de Beaulieu , départe- ment des Bouches - du + Rhône, Voy. Géologie, APR OTITMCML ES: - 495 lolvaire. Figure d’une espèce fossile de ce genre de coquilles, 383 Voyages géologiques et minéralogi- ques. Noy. Géologie et miné- ralogie. Xe Xanthium(le) doit former avec l'am- brosia une famille particulière, 182. Quelle est sa place dans l’ordre naturel , 184 L'an a #4 nn y " tt 5 Fan UE À: 4 ee 00 E 27 VE Fo atoé fs, 45" | = umo Po : " = ' x L CET ‘ s L ) = sh re, : B ” \ _ : . » à.) ” 2 ù e, = 5 . m . =. Le à à 1 3 , = - : ’ . L * É L n È # rs - : > : ’ = - - h . - 2 + . ï à te à : : * : < ‘ : vi - | a F5 a L2 L s . É = , =- il " L : È . ; “ s ' L = ’ h é n 0 E È = : (} & À L . Ÿ ï = : . ë à : nn . 2 a = Non | 3 9185 00280 _