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A ee RE TS SG M Em Re RS a RE PET NT dep e T ser s Re SE ras ri RE PER en D 8 , ; PEN T Æou LA EE PE RS Le Pre ISA TS, à RTS Re Ste RO SR RE PR et cr PR + EE RG PS NS TS RÉ nn PRES RE ; RE ve DRE Pr SR RTE RE ÉR TRES SONT RITES LE Se . re | À $ CES RES La er AS + mn Pr Ed ARS OT « LAS? * Fer 4 F- SAT PRE : qe ER RE TS RS TS PMR ge a ; É 8 oc fé L Dee ae Ge gril, ge 1 Mn Th. à PS Lonheene 7 v, É 2. , My 7 RE 3 : Pr DE SE of Fe 2 Pre 2 FAR es Lt RQ eS Ce AR Ed Tee ua 1 < SE e À TP PSS LI re J NÉE 2 A RE és, CR Rs 2 PR se rene RE PRG ER ge RS Se S ÉERe emm, Eee de Sen 2 EL PTS . ram. qu es he : r { D pe NE ap, HS RTE SAT CE Mone 4e RAR RE EP mn nn Ta RSR Tes Pl Re : EE RER pa Em De RP mn EE OS “ps : ps-PÉ 27 a. À 2 =. @ _ Re CRU SR À 1 DE ds - É pa i CR LES RE PSE É F PO Te AT | k sé <> RER RTE ER RE ee TEST GRR TT re: RE er ET Re SR À OR CPS Re Re RS ER pd À M À y DT a &. Lee. es D hote NE: Pr > es Æ à Em en REP RE QE NCIS TE ns LS hot : re - k Pr : F ES ES ea Er CU, pre 22 DS me AS Fer A A He" AR, Les ee, ” AC LS EEE oi: DR À res £ Se. LA PERS A Ge TE Be de ER on ES ee NC ER a RS ST on CE RTS PEINE GE RÉ ao DRE mL tr CSS pe Ne PQ PES PR QE ET de APR ee ' æ-4 re LS à F - Re. F : À # A a pce gt" Er eus but DE LA sa CE Th 7 og LR ee SAN PR Tres Vo 2 Mn A uni LE Ve: A DS Poe ES Er ES e d RES - > Pre PES CEST ER TI PT Re Æ PT mr et ÈS. ne Pa NÉS LL ef RE ei RÉ ane Le nan TS SET a nr I RÉ eh à An Por à CP A 3 en , membre de asie, sous- * directeur pour la région du Sud- Est, à Marseille. Victor Simon €, conseiller à la Cour impériale, sous- directeur pour la région du Nord-Est, à Metz. CnaLze %, sous-directeur pour la région du Centre, à Auxerre. MM LISTE DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES {1}, w S. M. NAPOLÉON III, Empereur des Français. Le comte AzexANDRE DE HUMBOLDT, à Berlin. Le prince Lucien BonaparTE €, sénateur, membre de plusieurs Académies. 3, GrrarDiN 3€, correspondant de l'Institut de France, à Lille, | Le vicomte pe Cussx O > C XK, membre de plusieurs Académies, à Paris ; et à Vouilly ( Calvados). Le GranD à, D. M, : ancien maire de St.-Pierre-sur- Dives, ji LamserT, conservateur de la Bibliothèque publique de Bayeux. Baron pe La FResnayxe 3, membre de plusieurs Acadé- mies, à Falaise. Eroc-Demazt, ancien vimuer “HS R de l'Institut, au Mans. L'abbé LorTin, ancien trésorier de l’Institut , id. L'abbé Bouver, ancien membre du Conseil, id, De Manseuz, chef d'institution, à Laval, Auger, chanoine titulaire de Poitiers. Bourzcer 3, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Clermont-Ferrand, Lecoe €, sr ame dd de l'Académie , à Cler- mont-Ferrand. Léon pe La Mann, avocat, à Alençon, Tarzciar %, conseiller à Ja Cour impériale de Douai. (1) On a suivi pour cette liste l'ordre chronologique des nominations. LISTE DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES. XV MM. Guerrier pe Dumasr X, membre de l’Académie, à Nancy. | | Boxer %, professeur d'agriculture, à Besançon. Buvienter %#, membre de D'amaunt Académies, à Verdun. Soxer-WiLLEMeT $, trésor rieridteli vite de l’Académie, à Nancy. - Croizer , curé de Neschers, près d’Issoire. Weiss O X, bibliothécaire, correspondant de l’Institut de France, à Besançon. MiLLET, naturaliste, président de la Société d'agriculture, à Angers. Bonxer %#, D.-M., professeur à l'École de Médecine, correspondant de l’Institut de France, à Lyon. Fourner %, professeur d'histoire naturelle à la Faculté des sciences , correspondant de l’Institut de France , à Lyon. SeRINGE Xe, professeur de botanique à la même Faculté. Victor Simox <, ancien secrétaire-général du Congrès, conseiller à la Cour impériale, à Metz, Moueror O %£, correspondant de l’Institut de France, à Bruyères ( Vosges). | Herr 3%, professeur à la Faculté. de Droit, à Strasbourg. Mgr. Donxer O €, cardinal-archevêque de Bordeaux. Mg’. Gousser O £, cardinal-archevêque de Reims. FerET, conservateur de la Bibliothèque , à Dieppe. Mg”. Cousseau €, évêque d'Angoulême, De La FareLLe $£, ancien représentant du Gard, à Nimes, L'abbé Desrocues, euré d’Isigny ( Manche). De Cayroz €, ancien député, à Compiègne. Bwzeuz, membre du Conseil général, à Blain (Loire- Juférieure ). | Drouer, inspecteur divisionnaire de la Société française d'archéologie, au Mans. XVI LISTE MM. Marquis De Vigraye, géologue, à Cheverny, près Blois. DucnATELLIER, ancien secrétaire-général de l'Association bretonne, à Pont-l’Abbé ( Finistère } De La Baume %#, conseiller à la Cour impériale, à Nimes, : or QE Comte pe MONTALEMBERT €, ancien pair de France, inspecteur divisionnaire de la Société française d’ar- chéologie pour. la conservation des monuments, à Paris. Reper, conservateur dei ‘Archives de la Vienne, à Poitiers. Ÿ. Hucuer, membre de plusieurs Sociétés savantes , au Mans (Sarthe), Comte ne Tocquevizze O X, ancien ministre, membre de l’Académie française, à Tocqueville (Manche). Tessrer, membre de plusieurs Académies, à Anduse. Comte A. pe Goureurs, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Lanquais (Dordogne). Vauss %, directeur de l'Observatoire, correspondant de l’Institut de France, à Marseille, Gocuez >, membre de plusieurs Académies, quai Schæ pflin, 3, à Strasbourg. L'abbé Voisin, membre de plusieurs Académies, au Mans. Le GLay >, conservateur des Archives, correspondant de l’Académie des inscriptions, à Lille ( Nord ) Kuacman O XK, directeur de la Monnaie, membre du Conseil général du commerce, à Lille (Nord). Hermann, membre de plusieurs Académies, de la Sociélé des Antiquaires, etc,, à St.-Omer ( Pas-de-Calais ). Jourparn, chanoine de la cathédrale, à Amiens. L'abbé DuvaL, membre de la Société française d’archéo- logie pour la conservation des monuments, à Amiens. F, Worcrez, membre de plusieurs Académies, à St.- Quentin. \ DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES. XVII MM. Baron pu Taya %, président de la Société d'agriculture des Côtes-du-Nord, à St.-Brieuc. | Desnoyers, vicaire-général d'Orléans, inspecteur des mo- numents du Loiret, MALHERBE, président | de la Société d'histoire Fhlurelle, à Metz, conseiller à la Cour. impériale. BaLLIN Ÿ£, archiviste de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Rouen. % Bazzy O %£, ancien président de eee de Médecine à Villeneuve-le-Roy (Yonne). Perir €, proviseur du Lycée de Rennes. Comte pe Trisran %, membre de plusieurs Académies, à Orléans. Comte pe LocnarT ÿ£, directeur du musée d'histoire na- turelle, à Orléans, Baye-Mouizzarp O 5%, membre de l’Académie de Cler- mont, conseiller à la Cour de cassation, Beauner La Farce %, ancien sous-préfet, membre de l’Académie de Clermont, Perir-LarirTe, membre de l’Académie de Bordeaux, L'abbé BLararrou, chanoine, professeur à la Faculté de Théologie de Bordeaux, g BarrTaéLemy £, conservateur du musée d'histoire natu- relle , à Marseille. Berruzus #, médecin de la Marine, à Marseille, membre de plusieurs Académies, Coquan» X£, ingénieur des mines, professeur. de : géologie, à Besançon. Casrez, agent-voyer chef, à St.-Lo, L'abbé Devoucoux, secrétaire perpétuel de la Société aca- démique, et vicaire-général d'Autun. H « Niepce, procureur impérial, à Brignolles ( Var). Baron pe CoNrenan O Xe, directeur général de l'admi- nistration des Cultes, à Paris. XVII MM. LISTE Comte OLIVIER DE SESMAISONS, ancien directeur de FAsso- ciation bretonne, à Nantes. Cuampoiseau >, secrétaire général de la XVe, session du Congrès scientifique , à Tours. F z De Sourpevaz €, id., juge d'instruction, à Tours. J. De FONTENAY, membre de plusieurs Académies, à Autun. Mg’. Parisis O XK, évéque PAE ras, ancien Appipentant du Morbihan. | De GLANVILLE, inspecteur des monuments de la Seine- Inférieure, président de l’Académie, à Rouen. L'abbé Le Perir, chanoine honoraire de Bayeux, secré- taire-général de la Société française d’archéologie pour la conservation des monuments, à Tilly ( Calvados). E, De Bois, ancien représentant du Finistère, président de la classe d'histoire de l'Association bretonne, à Quimper. - L'abbé Lacurie, chanoine honoraire de La Rochelle, inspecteur divisionnaire des monuments historiques, à Saintes. MaTHERON, Ph. %, ingénieur, membre de plusieurs Sociétés savantes , à Marseille, De La Tennavr, directeur de la Société Linnéenne, à Bordeaux. De BuzonniÈèRe, secrétaire-général de la XVIIIe. session du Congrèsscientifique de France, membre de plusieurs Académies, à Orléans. La Crosse C 3%, sénateur, ancien ministre des travaux publics, à Paris, | Duraur De Moxtrort %£, ex-président de la Société de statistique des Bouches-du-Rhône, à Marseille. Général Rémon»G O #£, ancien député, membre de plu- sieurs Académies, près Gisors. Gopezze >%, membre de plusieurs Académies, conseiller d'État. Monière, secrélaire-général de l'Association normande, directeur des Cours spéciaux du Lycée, à Caen. DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINGES, XIX MM, Lerrsvri-DururLé C 3, sénateur, inspecteur-division- naire de l'Association normande, ancien ministre, à Pont-Authou Lr Norman, ancien sous-préfet , membre de plusieurs | Sociétés savantes, à Vire. ï Vicomte pe FaLLoUx x, ancien ministre de l’Instruction publique, à Segré (Maine-et-Loire). * De Kenprez, ancien représentant d’Ille-et-Vilaine, ancien élève de l’École des Chartes, à Rennes. Alp. Le FLacuais, membre des Académies de Caen et de Rouen, à Caen. L'abbé Crosnier , protonotaire apostolique du Saint- Siége, vicaire-général de Nevers, "inspecteur des monu- ments de la Nièvre, à Nevers. | AussanT, membre de plusieurs Académies, professeur en Médecine, à Rennes. Taror & , président de chambre à la Cour d’appel de Rennes, secrét. général de la XVI°. session du Congrès. Comte Louis pe KercorLay, ancien secrélaire-général de l'Association bretonne, à Fossieux (Seine-et-Oise ). À. TasLé ÿ£, conseiller à la Cour d'appel de Rennes. Barné, sculpteur, lauréat de l'exposition régionale de l'Ouest, à Rennes. Baron De GirarvorT %, O 3, membre de plusieurs Aca- démies, sous-préfet, à Nantes. GuÉRANGER, ancien président de la Société académique de la Sarthe, au Mans. L. De La Morts, membre de l’Académie, inspecteur des établissements de bienfaisance, à Bordeaux. ManécHaz 3%, ingénieur des” Passer -chaussées, à Bourges. MaAcHARD #&, ingénieur en chef, id. Bertranp 3, maire de Caen, doyen % la Faculté des lettres, à Gaen. Rte XX LISTE MM. Vazrar, ancien recteur de l’Académie du Lot, membre de l’Académie, à Bordeaux. Botucuer-DE-PERTHES >, président de la Société d'’émula- tion, à Abbeville, RaynaL.%f, avocat général près la de de cassation. De LA MonneraAYe, président du Conseil général du Morbihan, à Rennes. 4 Porrier Ÿ£, conservateur de la bibliothèque publique de Rouen. Taévenor, chef d’escadron, secrétaire de section à la VIe, session du Congrès scientifique de France, à Clermont-Ferrand, Marquis DE CHENNEVIÈRES-POINTEL #£, membre de plu- sieurs Académies, inspecteur-genéral des musées de province, à Paris. GuiLrory aîné 3%, secrétaire-général de la X°, session du Congrès scientifique de France, président de la Société industrielle, à Angers. De VenneLu-Puoirazeau, inspecteur divisionnaire de la Société française d'archéologie pour la conservation des monuments , à Nontron ( Dordogne ).. De Surieny , membre de l’Académie de Mâcon, à Mâcon (Saône-et-Loire ). à M. CanaT, président de la Société académique de Châlons-sur-Saône. BouLancé, ingénieur des ponts-et-chaussées, rue Olivier, 7. 27; à Paris. Comte pe Merzer, inspecteur divisionnaire des monu- ments, membre de plusieurs Académies , à Chaltrait ( Marne ). Victor Perir, membre de plusieurs Sociétés archéo- logiques , à Sens (Yonne). Travers, professeur honoraire de littérature latine à la Faculté des lettres de Caen, secrétaire perpétuel de MM DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES,. XXI l'Académie des sciences, arts et belles-lettres, à Caen, Durré La. Manéme, docteur en «Droit, secrétaire de section à-la XVIe, session du Congrès scientifique de France, substitut, à Caen. Rosran, inspecteur des monuments historiques, maire de St.-Maximin (Var). Hanpez, imprimeur de l’Institut, membre du Conseil de la Société française d'archéologie pour la conservation des monuments, à Caen. De Quarreraces $£, ancien professeur d'histoire na- turelle à la Faculté de Toulouse, membre de l’Institut, à Paris. PaurriIN, ancien magistrat, membre de plusieurs Aca- démies, à Paris, boulevard Beaumarchais, 6. Manu , ancien préfet, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Carcassone. Marquis Eugène pe Monrzaur %#, membre de plusieurs Académies, à Moulins {Allier ). L'abbé Boupanr, curé de Chantelle (Allier ). Le PELLETIER-SAUTELET %, docteur-médecin, à Orléans. Comte pe Vieneraz, président du Comice agricole, à Ry (Orne). s De BenacueO X#, Membre du Conseil général de l’agri- culture, à Dampierre (Loiret) ; rue des pures, à Paris. Le Vor #, bibliothécaire de la Marine, à Brest, L'abbé Ciro® pe LAVILLE, membre de l’Académie de Bordeaux. Comte Acawer p'Hémicourr 4k, membre de l’Académie d'Arras. . Baron pe Moxrreuiz %, ancien député, à Gisors. Comte De NiewEnkERKE O € CK, directeur-général des musées, à Paris, XXII MM. LISTE Quanrin, archiviste du département de l'Yonne, membre de plusieurs Sociélés savantes, à Auxerre, D'EsPAULART, président de la Société académique du Mans, adjoint au maire de la même ville, GomarT, membre de plusieurs Académies , secrétaire du Comice agricole de St.-Quentin (Aisne). De Verneuiz O X£, C X, membrede l’Institut de France, à Paris. | Baron James ne Roruscaizp C 3%, membre de plusieurs Académies, à Paris, Ricarp, secrétaire de la Société archéologique de Mont- pellier. r ARRONDEAU, M pedicii de l’Académie de Rennes, en résidence à Vannes. Du Bois O *#, de la Loire-Inférieure, inspecteur-général de l’Université, Comte De VauBLane #£, membre de plusiétrs Académies, à Paris et à Munich (Bavière). GayorT, ancien député, secrétaire de la Société d’agri- culture, sciences et arts de l’Aube, à Troyes, ( L'abbé Tripon, inspecteur des monuments de l’Aube, chanoine honoraire, à Troyes. ALLuAUD ainé 3€, membre du Conseil général de l’agri- culture, président des Sociétés savantes de Limoges. MosseLmax, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Paris, passage Sendrié. A. Rawé, inspecteur divisionnaire 1 monuments, à Rennes. ss " Vicomte Du Moxcez #£, membre de plusieurs Académies, à Cäen. | Pirseau, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Toulouse. Bouer, membre de plusieurs Académies, à Caen. Mg". ‘River %, évêque de Dijon, président de la XXI°, session du Congrès scientifique de France, MM DES MÉMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES, XXIIL Henri Beaupor, secrétaire-général de la même session, pré- sident de la Commission archéologique de la Côte-d'Or. Le marquis DE SAINT-SEINE, vice-président général de la même session du Congrès, De La Grèze %£ , chevalier de l’Étoile-Polaire de Suède et de l'Ordre de Charles TT d’Espagne, conseiller à la Cour impériale de Pau. FranTin, membre de l'Académie de Dijon, . Besnou X, ar UE en chef de la Marine, à Cher- bourg. 4 Le vicomte DE Je, inspecteur divisionnaire de la Société française d'archéologie pour la conservation . des monuments, à Toulouse. Comte pe PonrersaucT, membre de plusieurs Académies, à Fontenay (Manche), Denis aîné, membre de la Société française d'archéologie pour la conservation des monuments, à Fontlaine- Daniel (Mayenne ). Gustave pe Lorière €, docteur en Droit , chevalier de l'Ordre d'Isabelle-la-Catholique, au Mans et à Paris, rue de l'Est, 7, -CaLemMaRD De LarAyETTE, membre de plusieurs Acadé- mies , au Puy (Haute-Loire). _ Le Comte Georges De Soczrrair XX%, inspecteur des monuments de l'Allier, membre du Conseil général de la Nièvre, à Lyon. Magie Ye, maire de Neufchâtel, inspecteur de l’Asso- cialion normande , à Neufchâtel. : Secvrer 4%, membre du Conseil général de la Marne, . président de la Société d'agriculture, sciences et arts, de Châlons. | Le vicomte pe GENOGILRAC, membre de PAASIEUES Sociétés savantes, à Rennes, Albert ne Brives €, secrétaire-général de la XXII, ses- XXIV MM. LISTE sion du Congrès scientifique de France, président de la Société d'agriculture, sciences et arts, au Puy. Dumon, C XX, ancien ministre, rue de la Ferme-des- Mathurins , à Paris. | DE Bouts, D.-M. P., membre de plusieurs Académies, à Paris. Baron Doyen #£, membre de plusieurs Académies, re- ceveur général de l’Aube, à Troyes. Comte Van DER STRATEN Ponrxoz, membre de plu- sieurs Académies, à Metz. D'ALBIGNY DE VILLENEUVE, secrétaire-général de la Société académique de St.-Étienne et inspecteur des monu- ments de la Loire, à St.-Étienne. E. pe BEAUREPAIRE, ancien élève de l’École des Chartes, à Avranches. Mg'. Lanprior, évêque de La Rochelle, président général de la XXIITe, session du Congrès scientifique de France. L'abbé Person, secrétaire-général adjoint de la XXIII°. session du Congrès. | Jouvix 3£, professeur de la Marine, à Rochefort. Nau, architecte, inspecteur des monuments de la Loire- Inférieure, à Nantes, Vazère Marmix, D.-M., membre de plusieurs Académies, à Cavaillon { Vaucluse ). | dr CaiLLaub 4%, conservateur du musée d'histoire naturelle, à Nantes. De La Borperte, membre de plusieurs Sociétés savantes, ancien élève de l’École des Chartes, à Nantes, Semicmon, membre de plusieurs Académies et du Conseil général de la Seine-Inférieure, à Neufchâtel. De LonGuemar X, membre de plusieurs Académies, an- cien capitaine d'état-major, à Poitiers. Oruivier Ÿ£, ingénieur en curl des rider aie à Caen. MM DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES. XXV BLavier %£, ingénieur en chef des mines, à Paris. Campion, chef de division à la préfecture de Caen, membre de plusieurs Académies. L'abbé Jouve, chanoine, inspecteur des monuments, à Valence (Drôme). J. La BarTe 3K, membre de plusieurs Académies, à Paris. Albert Du Boys, secrétaire général de la XXIV<, session du Congrès scientifique de France, à Grenoble. Le comte pe Mary O SX, ancien pair de France, inspecteur divisionnaire des monuments. L'abbé Bargier pe MonrauzT, membre de plusieurs S0- ciétés savantes, à Poitiers. ; MazrTuère O %, médecin en chef. de la Marme, à Rochefort, :Aunoz O %%, ingénieur en chef des constructions navales, à Rochefort, Le baron pe Cuapezain pe Saint-Sauveur, membre de plusieurs Académies, à Mende. Picnon-PrémèLé #, maire de Séez, membre du Conseil général de l'Orne. Gatmarp O %#, ingénieur en chef, directeur des mines en retraite, doyen honoraire de la Faculté des sciences de Grenoble. Lecapre Ÿ£, médecin en chef des Hospices, au Havre. Le Harivez-pu-Rocuer , sculpteur, à Paris. Dupuis, ancien président de la Société archéologique de l'Orléanais, conseiller à la Cour impériale, à Orléans, Pizzor, archiviste du département de l'Isère, à Gre- - noble, XXVI { LISTE Membres Étrangors. S. M. le ROI DE SAXE, président honoraire des Sociétés académiques de Dresde et du Congrès archéologique allemand. MM. Lopez, C X, conservateur en chef du musée, à Parme. Gazzera 3, secrétaire de l’Académie, à Turin. Mg. Renou X, évêque d'Annecy. | Marquis Parerro, G %, à Gènes. Marquis De Ripozri , C >, ancien ministre, à Florence, Pasteur Dury #£, à Genève. Baron pe SeLis-Lonccaamp #£, à Liége, WaewueL, professeur, à Cambridge. James Iares, à Londres. | SAN-QuiNTiINO XX, conservateur honoraire du musée, à Turin. | | Despines, C X, directeur-général des mines du Piémont, à Turin. WaRNKOENIG #£, professeur à l’Université de Tubinge, Ban Y£, professeur à l’Université de Heidelberg. Scnanow O %, directeur de l’École des beaux-arts, à Dusseldorf, Kurrer O %X, professeur de physique, à St.-Péters- bourg. pe Kerec DE Hocurezpex O Xk, ancien directeur des forti- fications du grand-duché de Baden, à Baden. De Brinckeu, conseiller d'État, à Brunswick. D'Homazius-D'HazLoy C > , correspondant de l'Institut de France, à Namur et à Paris, rue Mondovi, 6. Maraviexa, professeur d'histoire naturelle, à Catare (Sicile). DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES. XXVII MM. Duc Serra 1 FaLco je, prince de Santo-Pietro, à Flo- rence (Toscane) et à Palerme, Baron pe Roisin 3%, au château de re près Trèves ( Prusse Rhénane). Marquis DE SANTO-ANGELO GX, ministre de $. M, le Roi des Deux-Siciles, à Naples. Comte ne Fursremgere O >, chambellan de S. M. le Roi de Prusse, à Stanheim, près Cologne, Baron pe Quasr X, inspecteur-général des monuments historiques de Prusse, chevalier de l'Ordre de St.-Jean de Jérusalem, à Berlin, Rouuez X, professeur d'archéologie à l'Université de Gand. Sismonpa >X, professeur de géologie à l’Université de Turin, membre de l’Académie de la même ville, Comte pe Sezmour O #, gentilhomme de la Chambre du roi de Sardaigne, président de l'Association agricole de Piémont. Jacquemont O >%X >, membre du Sénat et président de la Société académique de Chambéry. Mg’, Murer, évêque de Munster, ReicHENSPERGER, Conseiller à la Cour royale et membre de plusieurs Académies, à Cologne, vice-président de la Chambre législative de Berlin, Mg". Geissez Y%, cardinal-archevêque de Cologne, Borowsxki, ancien secrétaire de l’ambassade russe, à Paris. Comte pe La Marmora G >K, directeur de l'École de Ma- _ rine, à Gênes. DonaLsron, secrétaire de l’Institut des architectes, à Londres. ; Le MaISTRE-D'ANSTAING X, président de la Société archéo- logique, à Tournay, Quérecer O *&, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique, à Bruxelles, XXVIII LISTE MM. Jogaro %, membre de plusieurs Académies, à Bruxelles, De Wicmoskr, chanoine de la cathédrale de Trèves, à Trèves. Tavrwan, membre de plusieurs Académies, à Porentruy. Baron pe PLanokerT, docteur en Droit , membre de plu- sieurs Académies, à Bruxelles. Moremison, membre de la Société royale de Londres, correspondant de l’Institut de France, à Londres. Parker, membre de la Société des Antiquaires de Londres, à Oxford. Comte Ernest ne Beusr C K, directeur-général des mines à Berlin, Banurri %, professeur de géométrie à l’Université de Turin. Comte Avoyarno DE Quareeny C %X, professeur de phy- | sique à l’Université de Turin. Comte César Bazso GC >, député, ‘ex-président du conseil des ministres, à Turin, Cigrario C %k, sénateur de Piémont, professeur de chimie à l’Université de Turin. Racozinr Rocu, secrétaire perpétuel de l’Académie royale d'agriculture de Turin. Baron Joseph Manxo C %Xk, président fu Sénat du royaume de Sardaigne et de la Cour d’appel de arenh membre de l’Académie. J. Morris X, sénateur du royaume de Sardaigne, pro- fesseur de botanique à l’Université de Turin. Professeur Canru %, sénateur du royaume de Sardaigne, à Turin. Le comte Joseph Tezexi G k, membre de l’Académie impériale d'Autriche, à Szerach. Joseph Arneru, directeur du cabinet impérial des Anti- ques, à Vienne. Davinson, membre de la Société. ss à Londres, MM. DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES. XXIX D'Ozrers C %X, directeur-général des musées, comman- deur de plusieurs ordres, à Berlin, Le Rérv. Perir, membre de plusieurs Académies , à Londres, Taomsex C >, directeur du cabinet des Médailles, com- mandeur de l’ordre de Danebroc, à Copenhague. Baron Srizrrin, grand-maître des cérémonies du Palais, commandeur de l’Aigle-Rouge, à Berlin, Namur, secrétaire-général de la Société archéologique du grand-duché de Luxembourg. KERWIN DE LETTENHOWE , pe de plusieurs Académies à Bruges. Forster 3, professeur à l’Académie des beaux-arts de Vienne, président de la 26°. classe du Jury inter- national à l'Exposition universelle de Paris. Le baron DE Mayenriscn % %X %, chambellan deS. M. le Roi de Prusse et deS, A. R, le Prince de Holinzoltein- Sigmaringen , à Sigmaringen, Le Roy, professeur à l’Université de Liége. Le docteur pe ViganprT, à Westlard ( Prusse ). Fayper G %e > %, procureur général, à Bruxelles. Mirtrer-Mayer XX >; laut à l'Université de Hei- delberg. Ducpériarx O ee, inspecteur-général des prisons, secré- taire-général du Congrès de bienfaisance, à Bruxelles. D'Ornerre Dr BOuvETTE, membre de plusieurs Acadé- mies, à Liége, SrEINGEL O X, officier supérieur en retraite, à Westlard ( Prusse ). César Canru , membre de plusieurs Académies, à Milan, es 2 Le ee — | CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES DES DÉPARTEMENTS, SOUS LA DIRECTION DE L'INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. SESSION DE 1856. Sr RP EE SÉANCE GÉNÉRALE D'OUVERTURE. (Présidence de M. pe CaAumonr , directeur de l'Institut des provinces, ) La séance est ouverte à 2 heures 172, dans la grande salle de la Société. d'encouragement Pape l'industrie na tionale. Sont appelés au bureau : MM. le vicomte DE Cussy, dé- légué de la Société d'agriculture de Bayeux ; Albert ps BRIVES , président de la Société du Puy; pE MONDÉSIR., colonel du Génie, en retraite, délégué de l’Académie”de Chérbourg: ; DIDRON , anCien secrétaire du Comité des monuments historiques : DE SOmEIROL , délégué dela Société d'histoire naturelle de la Moselle ; le duc Dr MAILLÉ , délégué de la Société d'agriculture du Cher ; le marquis DE BALAINCOURT , délégué de la Société de Vaucluse. Secrétaires-généraux : MM. Raymond BORDEAUX , d'Évreux; Charles Gomarr, de Sf.-Quentin:; RAMÉ, de 2 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Rennes; DE Bouis , de Paris ; SELLIER, de. Chälons-sur- Marne ; GAUGAIN, trésorier. On remarque dans la salle un grand nombre de délé- gués des Sociétés savantes des départements, savoir : MM. | Le comte pE COURCELLES, de Lille. Le comte François VAN DER STRATEN , délégué de l’Aca- démie de Metz. MARCHAL, ingénieur des ponts-et-chaussées, délégué dé Rouen et d’Avranches. DE MonDésir; colonel de génie en retraite , délégué de la Société académique de Cherbourg. Le comte DE TOCQUEVILLE , délégué de la Société acadé- mique de Cherbourg. | Le marquis DE TANLAY, délégué de la Société d'agri- culture de Tonnerre. CHALLES, délégué de la Société d'agriculture ; sciences et arts d'Auxerre. MORTIMER T'EBNAUX , délégué de la Société d'agriculture de Réthel. Auguste BERNARD, délégué de la Société d'agriculture, industrie, sciences , arts et belles-lettres de la Loire. Lemarquis DE JESSÉ CHARLEVAL, délégué des Boughes- du-Rhône. Robert BEAUCHAMP ; Pépité de la Vienne, délégué de Poitiers. Nicias GAILLARD, président à la, Cour de cassation , délé- gué de la Société des Antiquaires de l'Ouest et de la Société académique de Poitiers. DE SAINT-VENANT, ingénieur des ponts-et-chaussées en. retraite, délégué de la Société d'agriculture de Vendôme. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 3 RAMÉ , délégué de la Société d'archéologie de Rennes et de l'Association bretonne. VARIN DE Russy, délégué de l’Association normande. Léonce DE MARGUERIT DE ROCHEFORT, délégué de l’Asso- _ €iation normande, Le docteur BALLY, délégué de l’Académie impériale: de médecine, Dx Bouis , D'.-M., délégué de la Société d’horticulture de la Seine. PrILLIEUX , délégué du Comice agricole de Vendôme: DE FERRÉ DES FERRIS , délégué de la Société d’agricul- ture de Mortain. DE CoussEMAKER , délégué du Comité flamand et de la Société dunkerquoise. Le vicomte pE Cussy, délégué de la Société des arts, scien- ces et bellés-lettres de Bayeux. Le GRAND, membre du Corps législatif, délégué de la _ Société des sciences , agriculture et arts de Lille” Le baron TRAVOT, délégué de la Société d'agriculture d’Avianches. Le vicomte DE GENOUILLAC , délégué de la Société d’agri- culture et d'industrie et de la Société sarchéologique de Rennes. MAHUL, ancien préfet, délégué de la Seciété.des sciences | etarts de Carcassonne. Le marquis LE SENS DE MORSAN , ‘délégué de | Le ciation normande, à Bernay. PILLON , dôcteur-médecin , délégué de l'Association nor- mande, à Forges (Seine-Inférieure ). Le vicomte DE BORELLI, général de division. BRUAND D'UZELLES, délégué'de la Société d'agriculture < sciences naturelles et afts du Doubs, U INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, PICHON PREMÊLÉ, maire de Séez, inspecteur de l’Asso- ciation normande. LE ROYER , délégué de la Société industrielle d'Angers. Le marquis DE BriAs, ancien maire de Bordeaux. GADEBLED , ancien chef de bureau au ministère de lIn- térieur. Le comte pu MANOIR: DE JUAYE , délégué de la Société française d'archéologie. | Le marquis DE BALAINCOURT, délégué de la Société d’agri- culture et d’horticulture de Vaucluse. Le comte D’ESTERNO, membre du Conseil général de l’agri- culture , à Autun. DEBACQ , délégué de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Marne. Le comte pe BARREY, membre du Conseil général de l'Eure, délégué du Comice de Verneuil. Le vicomte Du MoxceL, délégué de la Société des-sciences naturelles de Cherbourg. | SEMICHON , membre du Conseil général de la Seine-In- férieure, à Neufchâtel. | Louarr , délégué du Comice agricole de St.-Quentin. MossELMAN, membre de l’Institut des provinces, à Paris , passage Cendrié. Colonel HENNOQUE , membre du Corps législatif, délégué de la Société d’histoire naturelle de Metz. Albert DE BURE , Secrétaire-général et délégué. de Ja Société d’émulation de l’Allier. | Le comte ne MEeLLer, délégué de l’Académie de Reims et de la Société d'agriculture, siences et arts de Châlons. Armand GUIBAL, délégué de la Société littéraire et scien- tifique de Castres. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 5 Maurice DE BARREAU, vice-président et délégué de la même Société. LANÇON , conseiller général de Vaucluse, délégué de la Société d'agriculture de Vaucluse. Le baron CHAUBRY DE TRONCENOR, membre du Conseil général et délégué de la Société d'agriculture de la Marne. Louis Paris, délégué de l’Académie de Reims. THiac, membre du Conseil général et délégué de la So- ciété d'agriculture de la Charente. DE BRIVE, membre du Conseil général et + sa de la Société d'agriculture du Puy. A. DE KOMAROFF, colonel du corps des ingénieurs des voies de communication de l'empire de Russie. Le duc DE MAILLÉ, délégué de la Société d'agriculture du “Cher. DE VENDEUVRE , délégué de la Société d’agriculture , des sciences, arts et belles-lettres de l’Aube. DE LA ROQUETTE , délégué de la Société de géographie. MANTELLIER , délégué de la Société archéologique de l’Orléanais. _ Desvaux, délégué du Comice agricole de Vendôme. PErROT, délégué du Comice d'Orléans. Ernest BERTRAND , juge au tribunal de ia Seine , délégué de- la Société académique de l’Aube. | Gustave Huor , délégué de la même Société. Le vicomte DE BonNEUIL, délégué de la Société française d'archéologie {Seine-et-Marne). SOLEIROL, délégué de la Société d'histoire no de la Moselle. LAFOND DE LURGY, délégué de la Société d’études diverses du Havre. 6 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. OsWALD-VAN-DEN-BERGHE, délégué de l’Académie d’ar- chéologie de Belgique. Édouard Diprow , délégué de la Société française d’ar- chéologie, Le vicomte DE KERIDEC, délégué de la Société archéo- logique du Morbihan. | Émile GRÉGOIRE, ingénieur des ponts-et-chaussées, dé- légué de la même Société. Le comte D'ERCEVILLE , délégué de la Société française d'archéologie (Seine-et-Marne). Dupuis, délégué de la Société archéologique de lOr- léanais. | CHAZAUD , ancien représentant , délégué de la Société d'agriculture, belles-lettres, sciences et arts de Poitiers. PORIQUET , délégué de l’Association normande (orme THIOLLET , officier d'artillerie, à Paris. CARLIER , délégué de la Société de sphragistique de Paris, de la Société dunkerquoise et du Comité flamand de France. ANISSON DuPERRON , délégué de la Société d'énbioditure de l'Eure. HoLL, délégué de la Société d'agriculture de Poitiers. Gosse, délégué de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève. Le comte p'HÉRICOURT , délégué de l’Académie d'Arras. SELLIER, membre du Conseil général de la Marne, dé- légué de la Société d'agriculture, commerce , sciences et arts de la Marne. Jules LABARTHE, membre de l’Institut des provinces. Alfred de Roïrssy, délégué de Société de l'histoire de France, : Le comte pe BorsreNAUD , délégué de l'Allier, CONGRÈS DES ACADÉMIES. 7 Duval DE FRAVILLE, ancien sous-préfet, délégué de Chaumont , à Coudes, par Chaumont (Haute-Marne ). Le comte D'ERNEMONT, membre du Conseil général et inspecteur de l'Association normande, à Ernemont (Seine-Inférieure }). TAILLIAR , délégué de la Société d'agriculture, sciences et arts de Douai. ANCELON , md Ace EE membre de l'Académie de Nancy. Ferdinand Davip, député au.Corps législatif, délégué de la Société de statistique des Deux-Sèvres. CHAUVIN-DE LÉNARDIÈRE , député , délégué de la Société de statistique des Deux-Sèvres. Bizeuz, membre du Conseil.général et délégué de Kai. à Blain. JULLIOT, délégué de la Société archéologique de Sens. D’ILLIERS , propriétaire , délégué du Loiret, à Orléans. Paul DurAND, délégué de Chartres. Le vicomte de POMEREU, délégué de la Société française. d'archéologie (Seine-Inférieure). CHANDON DE ROMONT , président du Comice agricole d'Épernay. Marius GARCIN, secrétaire de la rédaction de L’ami de la religion, délégué'des Basses-Alpes. Le comte DE Gourcy , de la Société ROPEAIe d'agricul- ture de la Seine. | Le come bE MAILLY , ancien pair de France, ne divisionnaire de la Société française d'archéologie. Le marquis DE GODEFROY DE MESNILGLAISE, délégué de la Société des Antiquaires de la Morinie. FOURNEYRON, délégué de la Société d'agriculture, in- dustrie, sciences , arts et belles-lettres de St.-Étienne. 8 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Le comte DE CHALON, au château de la Davière( Sarthe). Le vicomte BOuRBON LIGNIÈRES, au château de Lignières (Cher). Le comte DE CHABRILLAN , délégué du Comice agricole de Æéthel. Le marquis DE VOGuÉ , délégué de la Société d'agriculture . du Cher. Rossey , délégué de l'Association normande FRE de l'Eure ). DE SAINT-GERMAIN , député, délégué de la Société d'agriculture d’Avranches. Le marquis DE VIBRAYE, membre de l'Institut des pro- vinces , délégué de Blois, à Court-Cheverny. Le prince Albert DE BROGLIE, délégué de Association normande ( division de l’Eure). Clément Muzxær, délégué de la Société académique de l'Aube. Raymond BORDEAUX, secrétaire-général du Congrès. Anatole DE: VENDEUVRE, péeué, de la Société acadé- mique de Falaise. HÉRON DE VILLEFOSSE , inspecteur des monuments his- toriques. PERNOT , délégué de.la Soclété historique et 1 héolbee de Langres ( Haute-Marne ). Le comte DE Bonpy , ancien pair de France, délégué de la Société d'agriculture de Châteauroux. MAURENQ , délégué de la même Société. Le comte DE VIGNERAL , membre de l’Institut des pro- vinces, délégué d'Amiens. D'ALVIMARE , inspecteur des monuments d’Eure-et- Loir. MALLET, délégué de la Société d’agriculture de Bayeux. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 9 VINCENT, délégué de la Société des Antiquaires de la Morinie. Le.comte DE LA FERRIÈRE, délégoé de l'Académie de Caen. DE BEAUCOURT, délégué dé la Société française dar- chéologie ( division de-l’Eure). | Charles ROLAND, ancien représentant, délégué de l’Aca- démie des.sciences, arts et belles-lettres et d’agricul- ture de Mâcon. Le marquis DE VERCLOS , député au Corps législatif, dé- légué de la Société d’agriculture et d’horticulture du Vaucluse. … | Henry DE BONNAND, délégué de la Nièvre. OLIVIER , délégué de la Société d'agriculture et d’histoire du Vaucluse. GIROU DE BUZARINGUES , député au Corps législatif, dé- légué de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron. BiGanT, président à la Cour impériale de Douai, Le comte DE SERAINCOURT, inspecteur de l’Association normande. PeZERIL, capitaine au corps du génie. Le comte p’EsrAINTOT , inspecteur de l'Association nor- mande, délégué d’'Yvetot ( Seine-Inférieure). Léror, délégué de la Société des sciences et arts de Bayeux. Le général BARON PETIET, député au cr législatif, dé- légué de la Nièvre. = AVRIL DE LA VERGNÉE, délégué de la Société de statistique de Niort. Le marquis DE MONTLAUR , membre du Conseil général et délégué de la Société d’Agricuture de Moulins.. 40 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. PARKER , délégué de la Société des Antiquaires de Londres, à Oxford. Olivier pe Roissy , inspecteur de l’Association non: D'OzouviLze, délégué de la Société’ de l’industrie de Laval. L'abbé BRULLÉE , délégué de la Société archéologique de sens. | PAQUERÉE , délégué de la Société Linnéenne.de Bordeaux. Le comte Armand DE HERCÉ, délégué de la Mayenne à au Château de Monguéré (Mayenne ). JOURJOT DE SAINT-HYLAIRE , professeur d'histoire natu- relle au lycée Charlemagne. MARIONNEAU , délégué de la Société arcéologique de Nantes et des Sociétés savantes de Bordeaux. DRÉOLLE , délégué de Libourne. Le marquis D'ANDELARE , député et délégué -de la So- ciété d'agriculture de la Haute-Saône. M. de Caumont ouvre la séance par un discours, dans lequel il jette un coup-d’œil rapide sur le mouvement académique en 1856. Il indique, en terminant, les modifications qui ont élé adoptées, pour la présente session, dans l’ordre des tra- vaux. Chaque jour les rapports des délégués seront én- tendus par une section spéciale, dont M. Sellier sera le président , el qui se réunira à 4 heure. Mais il n’y aura pas d’autres séances de section, comme les années précé- dentes ; les discussions seront portées immédiatement en séance générale, Celle-ci, qui s'ouvrira à 2 heures chaque jeur, sera divisée en deux parties : l'une consacrée aux sciences physiques et à l'agriculture ; Pautre consacrée à l'archéologie et aux beaux-arts. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 11 M. de Caumont indique quels sont les avantages de cette nouvelle combinaison. Ce discours, écouté avec le plus vif intérêt, est accueilli par d'unanimes applaudissements. | M. le Président donne ensuite à l’Assemblée communica- tion de la correspondance et des délégations faites par les Sociétés savantes qui ont envoyé des membres au Congrès. Le secrétaire de S. A. I. Monseigneur le Prince Napoléon adresse à M. le Président du Congrès la lettre suivante : u Palais-Royal, le 13 avril 4857. « MONSIEUR LE PRÉSIDENT, « S, À. I, Monseigneur le Prince Napoléon me charge « de vous remercier, en son nom, de l'envoi que vous « avez bien voulu lui faire de l'Annuaire de l’Institut des « provinces et des autres publications qui accompagnaient « votre lettre du 9 de ce mois. « Le Prince apprécie toute l'importance et l'utilité de « la Société que vous présidez , et il en lira le eompte- « rendu avec beaucoup d'intérêt. Son Altesse Impériale « regrette vivement que ses occupations ne lui permettent « pas d'assister à l’une de vos séances. » Le Secrétaire particulier , HUBAINE. La Société d'agriculture et d’horticulture de Vaucluse a délégué au Congrès M, le marquis de Balaincourt, mem- bre du Conseil général de Vaucluse, et MM. Olivier et de vecelas. La Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire délègue au Congrès MM. G.-A, Leroyer et de la Chauvinière: La Société d'agriculture et des sciences naturelles du 12 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Doubs délègue, pour la représenter, M. Bruand, d’Uzelle, La Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, délègue au Congrès MM, de Bacq, son secrétaire; le comte de Mellet ; Sellier, son ancien président, et le baron Chaubry de Troncenord. Le Comice de St.-Quentin délègue , pour le représen- ter, MM. Charles Gomart, de St.-Quentin, son secrétaire- génétal ; Malezieux du Petit-Fresnoy ; Monnot, de Pontru, et Thery , de Grugier. La Société départementale d’agriculture et d'industrie de Rennes délègue M. le vicomte de Genouillac et M. Alfred Ramé. La Société impériale des sciences, de l’agriculture et des arts deLille délègue M. Legrand, membre du Corps législatif, La Société impériale et académique de*Cherbourg dé- lègue, pour la représenter au Congrès , MM. le comte de Tocqueville et de Mondésir. La Société littéraire-et scientifique de Castres (Tarn), délègue au Congrès : MM. Maurice de Barreau et Arnaud Guibal. La Société archéologique du Morbihan, à Vannes, dé- lègue : MM. de Keridec, inspecteur, pour le Morbihan, de la Société française pour la conservation des monuments historiques , et Grégoire (Émile } ingénieur des Hot chaussées dans le Morbihan. La Société Havraise d’études diverses ex M. La- fond de Lureq. | La Société d'agriculture des sciences, arts et belles- lettres del’Aube, délègue M. Gabriel de Vendœuvre. Le Comice agricole de l'arrondissement d'Orléans délègue M. Alex. Perrot, président de cette association. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 13 La Société d'agriculture, sciences etarts du Puy (Haute- Loire ) a délégué au Congrès M. Albert de Brives, son ancien président. La Société d'agriculture, arts et commerce du dépar- tement de la Charente délègue MM. de La Trenchade , docteur en médecine à Paris, et Mathieu Bodet, avocat à la Cour de cassation, Le Comice agricole de Rethel ( Ardennes ) , délègue au Congrès : MM.-Pauflin, son président ; Reberotte-Labesse, vice-président ; Tisserant, trésorier ; Carré-Collet ; Sorlet- Sorlet : Thiérion(Jules), membres du Bureau. La Société départementale d'agriculture du département de l'Yonne, à Auxerre, délègue M. Challe. Le Comice de Vendôme délègue au Congrès MM. de Saint-Venant, ancien professeur de l’Institut agronomique de Versailles, Édouard Prilleux et Gustave Desvaux. M. Ch. Denis, délégué du département de la Mayenne ; M. “Georges de Soultrait, délégué de la Nièvre; M, le docteur de Cisseville, délégué de l'Association normande ; M. Répécaud, président de l Académie d'Arras et délégué de cette association; M. de baron Chaillou-des-Barres, délégué de la Société des sciences historiques naturelles de l'Yonne ; M. Millet, délégué dû Comice horticole de Maine-et-Loire , à Angers ; M. d’Albigny de Villeneuve, délégué de St.-Étienne ; M. Le Carbonnier, délégué de l'AsSociation norinande , s’excusent de ne pouvoir prendre part aux travaux du Congrès. Mme, la baronne de Montaran adresse au Congrès une pièce de vers, intitulée : A mes amis de Paris. | M. de La Chauviniêre, délégué de la Société industrielle d'Angers, en priant le Congrès d’agréer ses excuses de ne pouvoir assister à la réunion à cause de Ja maladie 1% INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. grave qui l’en empêche adresse un tableau contenant le résnmé comparalif du recensement de la population depuis 4816; il demande s’il ne serait pas à désirer qu’on fit du déplacement de la population l’objet d’une question à traiter dans le Congrès des Sociétés savantes. M. le Président passe ensuite au dépouillement de nom- breux ouvrages, offerts au Congrès, sur lesquels M. Sellier est chargé de faire un rapport. Ces ouvrages sont: Notice sur Charles-Louis-Auguste Foucquet, duc de Belle-I1sle, avec un précis historique des travaux et des embellissements exécutés dans la ville de Metz, de 1727 à 4761 ; par M. F.-M. Chaberts1 volume grand in-8°. Metz, 1856. Notes pour servir à l’histoire de l'h‘pital St.-Nicolas de la ville de Metz; par M. Chabert ( Extrait des Annales de la Charité ), brochure in-8°. Paris, 1856, DÉCOUVERTE DE CONSTRUCTIONS ET SÉPULTURES GALLO- ROMAINES, dans la commune de Menneval près Bernay { Eure }, le 28novembre 1856 ; par MM. Léon Mélayer et Gardin fils (deuxième rapport) ; brochure in-4°. Cartulaire etsarchives des communes de l’ancien diocèse de l'arrondissement administratif de Carcas- sonne ; par M. Mahul. Un vol in-4°. Paris. Bulletin de la Société d'émulation du département de l'Allier (sciences, arts.et belles-lettres), tome V (octobre, novembre et décembre 1856). Bulletin de la Société des sciences naturelles et des arts de St.-Étienne | Loire }. 1856. État actuel de l'agriculture dans le département de Maine-et-Loire et de quelques moyens de lui venir en aide ; par M. P.-A, Millet, Angers, 1856. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 45 Les Chroniques de la noble ville et cité de Metz ; par Jean Le Châtelain ; réimprimées par M. Chabert. Metz, 1856: Congrès archéologique de France, séances générales tenues, en 1855, à Châlons-sur-Marne , à Aix. et à Avi- gnon, par la Société française d'archéologie ; 4 vol. 1856. Mémoires et documents publiés par la Société d’his- ” toire et d’archéologie de Genève; tome 3°, Paris, 18/4. Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire. XXVII*, année. Angers, 1856. Le prince de Ligré ou un écrivain, grand seigneur àla fin du XVIII°. siècle ; par M. Peetermans. Liége, 1856. Journal du siége de Metz, en 1552, recueilli et pu- blié par M. F.-M. Chabert ; un vol, in-4°. Metz , 1856. Fables; par C. Brisson , ancien secrétaire de la mairie de La Rochelle, un vol. sin-8°. La Rochelle , 1856. Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie (années 1854-55 ); X°, vol., in-4°. Paris, 1856. Publication de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques, dans le grand- duché de Luxembourg ; ; un Ne: in-4°. Luxembourg, 1856. Les Chants du soir : par Chéri Pauflin; un vol. in-$°. Paris, 4856. \ Catalogue de la bibliothèque de l’Athenée royÿät; ( grand-duché de Luxembourg), précédé d’une notice historique sur cet établissement ; par M. le professeur A. Namur. 4 vol. in-8. Luxembourg, 1855. Mémoires de l'Académie d'Arras, tomes XXVII°.- XXVILE,,-XXIX®,, 3 vol. in-8°. Arras, 1854, 4855, 1857. 16 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Bulletin agricole, publié par la Société d’agricul- ture du département du Pas-de-Calais. Arras, 1857. Chronique d’Arthois; par François Bauduin, né à Arras en 1520, publié par l’Académie d’Arras; un vol. in- 8°. Arras, 1856. Journal de dom Gerard Robert, religieux de l’ab- baye de St.-Vast d'Arras, publié-par l’Académie 7 che un vol. in-8°. 1852. Discours d'ouverture , prononcé par M. le colonel Répécaud, à l’Académie d'Arras, le 27 août 1855 ; brochure in-8°, «Arras , avril 4857. Origines chrétiennes de la Gaule; supplément aux Lettres du R. P. dom Paul Piolin, religieux, en réponsé aux objections contre l'introduction du christianisme dans les Gaules ; par M. Dozouville; brochure in-8°. Paris. Explication, faisant suite aux précédentes notices, sur l'attribution à Charlemagne de quelques types monétaires ; par ile: Costet ; brochure in-8°. Bruxel- les, 1857. Marché fait avec des maçons, pour la construction de certaines parties du château de Chambord, annoté et publié par André Salmon ; brochure in-8°. Paris, 4856. Statuts de la Société impériale d'agriculture , industrie, sciences, arts et belles-lettres du départe- ment de la Loire; brochure in-8°. St-Etienne. Société des monuments historiques d'Orléans ; bro- chure in-8°. # Discours.prononcé le 5 novembre 4855, à l'audience solennelle de rentrée de la Cour impériale de Poitiers; par M. Jules de La Marsonnière ; brochure in-8°. Poi- tiers , 1855. | Rapport sur les monuments historiques, présenté CONGRÈS DES ACADÉMIES. 17 au Conseil général du département de la Marne, dans sa session de 4856; par M. le baron Chaubry de Troncenord. Recherches sur les peintres-verriers Ghampenois ; par M. Chaubry, baron de Troncenord ; brochure in-8°. Châlons, 1857. Travaux du Comice horticole de Maine-et-Loire, 3°. volume, n°. 43, in-8°. Angers, 1857. Pomologie de Maine-et-Loire, L°. livraison. Angers, 1857. | Réflexions sur les ia philosophiques de Lamar- tine; par Ferd, Loise, de Tongres. Liége, 1857. Impressions d’un touriste dans le monde moral ; par Alb. d’Otreppe de Bouvette (Janvier 1857, 49°, livrai- son). Liége , 1857. Evocation, promesse d'avenir à la Société libre d'émulation de Liége; par Alb. d’Otreppe de Bouvette, (20°. livraison, février 4857). Liége, 1857. Abnégation. et dévouement, hommage au Conseil d'administration de la Société libre d’émulation de Liége, par M. Alb. d’Otreppe de Bouvette is 1856), Liège, 1856. Statuts et réglement de la Société alimentaire de St.-Quentin (Aisne), in-8°. 1856. Procès-verbal de la séance annuelle de la Société alimentaire de St.-Quentin. St.-Quentin, 148 mars 1857. Bulletin du Comice agricole de St.-Quentin, tome V°, 1856, in-8°. Note sur le camp romain de Vermand (Aisne), (extraite du Bulletin monumental) ; par M. Ch. Gomart, membre de l’Institut des provinces, in-8°, Caen, 1856. Exposé d’uneinstitution financière; par J.-A, Pichot, in-8°. Mars 1857. 48 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Rapport sur la situation de la Société d'horticulture ae la Moselle; par M. Chabert, in-8°. Metz, 1856. Culture du Lupin à fleurs jaunes; par M. le comte Conrad de Gourcy. in-8°. De la statistique des subsistances et des Comices agricoles, tomes I et II ; par M. A. Bertin. Kéforme agricole, moyens de faire cesser l’infériorité de la France en agriculture ; par M. Bertin. M. le Président donne successivement lecture des dif- férentes questions portées au programme du Congrès de 1857, en invitant les membres à se faire inscrire pour parler sur les sujets qu'ils désirent traiter. Les membres se font inscrire et des jours sont désignés pour la discus- sion des différentes questions : AGRICULTURE, SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLEX. PROGRÈS DES SCIENCES PHYSIQUES EN 4856. M. Du Moncel n'ayant pu achever le travail qu'il avait projeté sur les progrès des sciences physiques en 1856, donne en échange quelques détails sur.les moyens de reproduction des œuvres graphiques. Voici le résumé de cette communication fait par l’auteur lui-même: Gravure paniconographique de M. Gillot. Les ressources immenses que présentent les gravures sur bois, pour l'intelligence des travaux scientifiques, et même l'agrément qu'elles procurent au lecteur quand elles accompagnent une œuvre littéraire , une relation de voyage, une description quelconque , les ont fait re- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 19 chercher dès l'origine de la typographie, alors même qu’elles étaient dans un état d’imperfection notoire. Il n’y a pas long-temps encore, cêt art, ou plutôt l’art de les imprimer, était dans un tel état d'enfance, que c'était tout au plus si on pouvait distinguer les sujets qui se trouvaient ainsi représentés. C’est ce dont on peut se convaincre, quand on se reporte aux premiers volumes du Musée des familles, la première publication pério- dique qui les ait introduites, à titre d'agrément ou d’or- nementation typographique. Depuis cette époque, les progrès des moyens typographiques, l'amélioration des encres d'impression, et surtout la découverte de la mise en train des gravures-sur bois, au moyen de hausses et de découpures, disposées de manière à empêcher les em- pâtements des parties légères et fines de ces gravures, ont permis de donner à leurs impressions tout le brillant et la netteté des gravures en taille-douce. Dès-lors, cette branche de l’art, jusque-là peu exploitée, prit une telle extension que, dans un moment, il n'y avait pas un ouvrage littéraire ou scientifique+ qui ne voulût être illustré : tel était le nom qui fut donné alors aux ouvrages ainsi ornés de gravures sur bois, nom qui devint le titre d’un recueil important que nous connais- sons tous. Les avantages immenses que présentent les gravures en relief, lesquelles peuvent être faites de plusieurs ma- nières, comme nous le verrons plus tard, sont principa- lement l'économie immense qu’elles réalisent dans le tirage et la possibilité qu’elles donnent de les intercaler dans le texte d’un ouvrage ; ce dernier avantage, tout en donnant au livre plus de coup-d'œil, évite au lecteur le soin d’une recherche qui peut lui faire perdre le sens 20 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. de sa lecture. Malheureusement les gravures sur bois sont très-dispendieuses. 11 faut d'abord qu’on en fasse le dessin directement sur le boïs et qu’on le confie ensuite aux soins du graveur , ce qui nécessite l'intervention de deux artistes de talent. Les gravures de cette espèce sont d’ailleurs longues à exécuter et exigent des soins très- minutieux, quand il s’agit de dessins de précision, puis- qu’on ne peut employer ni la règle ni le compas. Il en résulte que certains genres de dessin, tels que les figures géométriques de machines, d’engrenages, de travaux d'art, etc., ne peuvent jamaisêtre parfaitement rendus. Ce n’est guère que dans les dessins pittoresques, des vues perspectives , des dessins ou figures à l'effet, que la gravure sur bois présente intrinsèquement des avan- tages incontestables. Il était donc à désirer qu’on pût trouver un procédé qui permît de vaincre ces inconvé- nients , et c’est précisément ce procédé qu’a découvert M. Gillot, dans son système de gravure paniconogra- phique. Avec.ce système, toute P HRe de dessin quelconque, pourvu qu’il puisse fournir une épreuve faite avec de encre grasse, peut donner lieu à un cliché en relief susceptible d’être imprimé typographiquement. Ainsi les lithographies au crayon ou à la plume, les gravures sur pierre, sur cuivre et sur acier, et même la gravure litho- graphique peuvent ,; sans aucune retouche de graveur, être reproduites par le moyen des presses typographiques. Or, si l’on considère que le dessin sur pierre n’exige pas un soin plus grand que celui qu’on est obligé de prendre pour dessiner sur le bois ; que, dans certains cas , ce soin est peut-être encore moins grand ; que, par ce procédé, la dépense des bois, qui est si considérable pour les gra- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 24 vures un peu grandes, devient nulle avec le procédé dont nous parlons ; que l’on peut extraire d’une planche gra- vée telle ou telle figure qu'il convient et avoir par ce moyen, des"clichés de machines parfaitement rendus avec toute la pureté de la gravure en taiïlle-douce, on com. prendra immédiatement les avantages immenses que le procédé de M. Gillot met entre les mains de tous ceux qui ont des ouvrages à publier. | Le principe du procédé de M. Gillot est dans sim- plicité extrême; mais l'exécution en est assez délicate et exigeait bien des recherches avant de pouvoir parvenir aux résultats dont nous venons de parler. Quelques mots sufliront pour faire comprendre ce principe: » | Qu’on suppose encré, avec une encre suffisamment grasse, le dessin lithographié , ou gravé, qu’il s’agit de reproduire en relief. Rien ne sera plus facile que d’en prendre une épreuve sur du papier à report ; et cette épreuve , ainsi préparée, étant appliquée avant d’être bien séchée sur une planche de zinc, bien poncée , bien polie , pourra fournir, sur ce métal , une contre-épreuve aussi pure que le dessin sur pierre. Pour obtenir ce dessin en relief, il s'agira donc de faire mordre toutes les parties du zinc qui n’auront pas été recouvertes par l'encre de la contre-épreuve. -Or, c’est précisément dans cette opération que git toute la difficulté; car l'encre d'imprimerie , par elle-même n'offre que bien peu de résistance à l’action des acides, et surtout d’acides assez énergiques pour fournir les reliefs nécessaires pour l’im- pression typographique. On pourrait croire qu’en ména- geant les morsures et en les faisant successivement, on pourrait, jusqu’à un certain point, résoudre cette difficulté ; 22 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. mais le problème est infiniment plus complexe, car le degré de ces morsures devant être différent, suivant les teintes du dessin il faut nécessairement mettre à l'abri les parties suffisamment préparées après chaque opération. Voici comment s’y prend M. Gillot, pour obtenir ce résultat : D'abord, pour donner plus de résistance à l'encre du report, il saupoudre sa planche de fleur de résine qu’il étend délicatement sur le dessin avec un blaireau ; après quoi , il place la planche dans la cuve de gutta-percha où doit se faire le mordançage. Cette cuve doit avoir une disposition particulière en raison du mouvement continuel qu’on est obligé de don- ner au liquide acidulé, pour empêcher la stagnation des sels formés par l'acide et le zinc,et pour qu’il puisse réagir d’une manière nette et uniforme sur la planche. Cette cuve est disposée en bascule et pivote sur deux coussinets fixés sur le bâtis qui la supporte. Le liquide acidulé qu’emploie M. Gillot n'est autre chose que de l’eau acidulée avec de Pacide nitrique. Ce liquide doit être essayé, à chaque opération , au moyen d’une pierre lithographique sur laquelle on en jette quelques gouttes. Par le dégagement, plus. ou moins rapide, des bulles de gaz acide carbonique. qui se trouvent alors formées, il est facile de juger du degré de force du liquide. On commence d’abord par une morsure très-légère , et cette morsure est destinée à attaquer seulement les pe- tites parties blanches qui existent dans les teintes les plus foncées. Pour la faire , on fait basculer successive- ment la euve pendant un temps plus ou moins long ,et on achève l'extraction des sels formés par l’action de CONGRÈS DES ACADÉMIES. | 23 l'acide au moyen d’un blaireau. Ordinairement cette pre- mière morsure exige un quart d'heure environ. Quand on a jugé la morsure de ces parties claires des teintes fon- cées suffisantes , on retire la planche de-la cuve , on l’es- suie, puis on la sèche et on la place au-dessus d'un gril échauffé en-dessous, au moyen de poussier de charbon en- flammé , qu’on a soin de répartir également sous de la cendre chaude. Sous l'influence de cet échauffement , la légère couchede résine répandue sur le dessin, se fond doucement, ainsi que l’encre, et se divise dans toutes les petites cavités formées par cette première morsure. Toute- fois, comme cette couche n’est un peu épaisse que sur les noirs vifs et les teintes très-foncées, ce premier échauffe- ment ne bouche que les petites fentes claires qui se trou- vent au milieu de ces teintes. Aussitôt que cet effet est produit , la planche est retirée de dessus le gril et re- froidie à l’air libre; après quoi, on l'encre fortement avec le rouleau lithographique; comme si on devait en tirer une épreuve. On recommence ensuite à la saupoudrer ‘de fleur de soufre pour la mettre ‘en état de subir une nou- velle préparation, . Cette nouvelle préparation doit attaquer les teintes un peu moins foncées du dessin , et en conséquence elle doit être un peu plus énergique. L'opération d’ailleurs se conduit exactement comme la première fois: seulement le degré d’échauffément de la plaque, quand elle est placée sur le gril, doit être un peu plus élevé ; et, comme le des- sin Jui-même est plus chargé d'encre et «de résine , la fusion de la couche s’étend davantage , ce qui bouche: db cavités ménagées dans la première opération. Après avoir de nouveau. encré le dessin et l'avoir sau- poudré pour la_troisième fois de fleur de résine, on 21 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. commence la troisième morsure qui provoque un nouvel} échauffement de la plaque, puis une nouvelle fusion de la couche protectrice , et on recommence de la même manière quatre, cinq, Six, sept morsures, jusqu’à ce que le dessin ne présente plus qu’une masse noire uniforme sans distinction de demi-teintes (4). Alors on prépare la planche avec de l’eau acidulée très-forte- ment (1 partie d’acide sur 12 d’eau) qui creuse défini- tivement les parties complètement blanches. Cette der- nière préparation se fait toute seule et Eee trois quarts d'heure. Quand Les blancs occupent sur le dessin une surface un peu large, on les recouvre de gomme-laque liquide, avant la première opération , afin de maintenir davan- tage la force de l'acide et de donner du soutien au rouleau lithographique, lorsqu'on encre la planche après chaque morsure. On découpe ensuite ces parties à la scie, avant que d'appliquer sur bois la plaque de zinc qui est devenue un cliché. Maintenant on comprendra quel soin il faut sm à l’action du mordant pour que toutes leslignes délicates, les teintes faibles et les parties fines d’un dessin soient suffi- samment menagées , et c’esten cela surtout que M. Gillot a fait preuve d’une habileté rare qui éloignera de lui d'ici à long-temps les contrefacteurs. Aujourd’hui, le système de gravure paniconographi- que n’est plus-à l’état de simple innovation, il constitue une véritable-branche d’industrie à laquelle ont recours (1) Cet étatde la planche est le résultat des fusions successi- ves de la couche d'encre et de résine qui a rempli successivement toutes lescavités laissées par les parties blanches du ‘dessin. CONGRÈS DES ACADÉMIES, 25 plusieurs publications françaises et anglaises, entre autres le Diogène, le Journal amusant, la Revue anglo- française, elc. , etc. Mais une chose curieuse à consta- ter, c'estque c'esten Angleterre que ce procédé est le plus connu et le plus recherché, Dans l’origine, M. Gillot n’a reçu aucun encouragement , et l’on peut reconnaître en celà, une fois.de plus , la triste prévention qui existe en France contre les inventeurs et qui fait que la plupart des invéntions françaises sont obligées d’aller demander à l'étranger leur brevet de vitalité. Les ‘avantages de là paniconographie que noüs avons énumérés ne soht pas les seuls. On peut , par son moyen, obtenir des planches avec descorrections ou des additions que l’on ne voudrait pas faire intervenir dans la planche- - mère. Bien plus,.on a pu faire revivre des gravures dont les planches étaient usées en refoulant celles-ci et en en- graissant convenablement l'épreuve de report, D’un autre côté, on a pu reproduire les types de la chromoitho- graphie, de manière à reproduire typographiquement des dessins coloriés. M. Desjardins, qui est parvenu à reproduire, à s’y méprendre , les aquarelles et les dessins des artistes en renom , compte bien tirer parti de la paniconographie pour rendre son procédé moinsedispen- “dieux, et en faire profiter le public. Enfin , il, n’est pas jusqu’à la reproduction des auto- graphes, des modèles d’écrituré et des cârtes géogra- phiques qui ne.puissent profiter avantageusement de cet art nouveau. 7 ii da bS Système de gravure électrique de M, Salmon. Le procédé de M. Salmon, de Chartres, s'applique prin- cipalement à la reproduction des dessins, des gravures et > 26 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, des photographies ; il est assez simple pour que toute personne, complètement étrangère à l’art du dessin et de la gravure, puisse le mettre à exécution. | Pour lareproduction des dessins, il faut, autant que pos- sible, que ces dessins soient faits sur du papier préparé à la gélatine et au blanc de zinc avec un crayon de zinc. Cette manière de dessiner, d’ailleurs ,-ne: présente pas plus de difficulté que le dessin à la mine de plomb ordinaire. Ces précautions ayant été une fois prises, on expose la feuille dessinée à la vapeur d’iode, absolument comme quand on iodure une plaque daguerri ienne , et, afin d’éga- liser le dégagement des vapeurs d'inde, on méle à cette substance de la magnésie. Sous’l’influence de cette vaporisation, les particules de zinc, qui sont laissées par le crayon sur le papier préparé, forment un iodure de zinc, de sorte que le dessin, de noir qu’il était, passe au rouge. Immédiatement après cette préparation , on applique la feuille sur une planche de cuivre jaune, et on la soumet, ‘au moyen d’une presse lithographique, à une pression très-rapide qui fixe l’iodure de zinc sur le cuivre. Toutefois, lexdessin n’est pas dans cet état visible sur la planche du cuivre, et , pour le faire apparaître, il est nécessaire de frotter cette planche avec un tampon de coton légèrement imprégné de mercure; il faut même que celte opération suive immédiatement et le plus rapidement possible l’impression du dessin sur la planche,;-afin que l’iodure de zinc nes’évapore pas. Après celte opération , le dessin apparaît en blanc sur un fond jaune. Alors, avec un rouleau d'impression li- thographique imprégné d'encre typographique", on re- couvre de noir toute la planche de cuivre, et il n‘y a que les parties ‘qui ont été recouvertes de mercure qui ne CONGRÈS DES ACADÉMIES. 97 prennent pas l'encre. Après que cette couche d'encre a été séchée, et que le mercure recouvrant le cuivre a été enlevé, au moyen d’une simple évaporation ou d’un lavage au nitrate d'argent ou à l'acide nitrique, la planche est soumise à l’action électrique , en servant d’électrode so- Juble à un bain de sulfate de cuivre traversé par un courant. Pour cela, ilsuffit que cette planche soit attachée au pôle positifde la pile qui doit agir sur le bain de sulfate de-cuivre. Il arrive alors que les portions dénudées de la planche se trouvent attaquées et se creusent sous l'influence «du courant, tandis que les autres parties se trouvent ménagées par l'enveloppe isolante dont elles sont recouvertes. On pourrait, avec ce procédés se passer de l’action électrique en faisant mordre la planche avec.de l’eau- forte, comme pour les gravures ordinaires. Le même procédé peut être employé pour la repro- duction des gravures ; seulement, on est obligé de gé- latiniser le papier sur lequel elles sont imprimées, ce que l’on fait facilement en l’imprégnant par derrière de gélatine très-claire, Comme l'encre grasse est facilement attaquée par l'iode, les traits de la gravure se trouvent exactement dans le même cas que les’traits laissés par le crayon de zinc, et le reste de l'opération se conduit comme nous l’avons expliqué précédemment, Au lieu de faire creusér le dessin par l’action de la pile, on pourrait, par le même moyen, mais en intervertissant la disposition des pôles de la pile et en prenant un bain convenable, faire déposer sur les parties dénudées de la planche de cuivre une légère couche de fer. Alors, après avoir enlevé l'encre grasse dont cette planche est recou- verte et avoir imprégné de mercure toutes les parties 28 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. non recouvertes de fer, ce qui est facile puisque le mer- cure n’attaque pas ce dernier métal, on peut imprimer le dessin à la manière des lithographies, puisque alors l'encre ne s'attache qu'aux parties ferrées de la planche. Pour la reproduction des photographies, le procédé est un peu plus compliqué. 11 faut d’abord prendre un positif de ces photographies sur verre, et polir la plaque de cuivre destinée à recevoir la gravure ‘comme une vé- ritable plaque daguerrienne. On iodure cette plaque comme s’il s'agissait de faire une épreuve au daguerréo- type, puis on place au-dessus le positif, eton expose le tout à une lumière assez vive. Au bout du temps qu'on a jugé nécessaire pour l'opération, et qui est, en général, assez long , on frotte de mercure la plaque de cuivre . Alors, les parties attaquées par la lumière sont les seules qui ne prennent pas le mercure ; par conséquent , ce sont celles qui se trouvent recouvertes d'encre et qui ne sont pas attaquées par la morsure de la planche. Tout le reste de l'opération s'effectue exactement commé pour la reproduction des dessins. | Les autres procédés que nous allons étudier sont dus à MM. Devincenzi, Poitevin, E. Rousseau, E. Bastien. Autres procédés. . Avec le procédé de M. Devintenzi, le dessin doit être préalablement lithographié sur une planche de zinc pré- parée en conséquence, et c’est par l’action du courant électrique que la planche de zinc se trouve creusée de manière à fournir le dessin en relief, Il paraîtrait que cette tranformation n’exige pas, pour se faire, plus de six minutes. Le procédé Poitevin s'applique principalement à la CONGRÈS DES ACADÉMIES. 29 gravure des photographies. Il consiste à couler une couche uniforme de gélatine sur la planche à graver , à trem- per celle-ci dans une dissolution de bi-chromate de po- tasse, quand la couche de gélatine a pris une consistance suffisante , et à l’exposer à l’action de la lumière, soit à l’intérieur de la chambre obscure , si on veut opérer directement d’après nature, soit derrière le négatif trans- parent qu’il s’agit de reproduire. Après cette exposition, la plaque est plongée dans l’eau , et toutes les parties qui n'ont pas subi l’action de la lumière s’imprègnent d’eau, segonflent et produisent des reliefs sensibles à la surface de la plaque ; tandis que les parties frappées par la lumière s’humectent à peine, ne se soulèvent pas, et constituent relativement des creux. Les reliefs, par céla même, correspondent aux noirs du dessin, el les creux aux blancs , de sorte qu’il suffit de mouler cette planche comme on le fait pour les clichés des gravures sur bois, pour obtenir la gravure en relief du dessin ou de la vue que l’on veut reproduire, En prenant pour épreuve type"un positif, au lieu d’un négatif, on aurait la gravure reproduite en creuxet susceptible d’être imprimée comme les gravures ‘en taille-douce. Par. un autre procédé aussi simple, M. Poitevin est parvenu à se: passer de moulage et à fixer directement, sur la planche, le dessin qu’il s’agit de reproduire ; dans des conditions telles qu'il peut être imprimé comme une * planche lithographique, Ce deuxième procédé consiste à appliquer sur une pierre lithographique , une ou plu- sieurs coüches, à volumes égaux, d’une dissolution con- ceñtrée d’ün chromate ou de bi-chromate à base alcaline terreuse ou métallique, Après dessiccation de cette couche, on soumet la planche à la lumière , et, quand elle est 30 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. suffisamment impressionnée , on passe au-dessus le rou- leau à encre lithographique qui la recouvre d’encre, puis on lave à grande eau. Il arrive alors que l’encre se détache de toutes les parties qui n’ont pas reçu l’action de la lumière , et le dessin reste parfaitement tracé sur la pierre. 11 ne s’agit plus alors que de l'encrer , comme on le fait d’un dessin lithographique ordinaire , pour em tirer tel nombre d'exemplaires qu’il convient. Le procédé de MM. Émile Rousseau et Masson a une grande analogie avec celui de M. Poitevin. Il consiste à étendre sur la planche d’acier une couche de gélatine , et puis, lorsqu'elle est sèche, à la recouvrir d’une so- lution de bi-chromale d’ammoniaque et de gélatine, Après. l'exposition à la lumière, on enlève le bi-chromate non at- taqué, on passe rapidement une solution d’acide gallique, et on lave encore rapidement ; on laisse sécher, on borde la plaque avec de la cire molle pour qu’elle puisse re- tenir une couche de liquide ; on verse à la surface une solution assez faible de nitrate de cuivre légèrement acide cette fois ; au bout de quelques instants, le dessin se recouvre d’une couche de cuivre tr ès-uniforme, le reste de la plaque se maintenant à nu; dès queéelte couche de cuivre a acquis assez d'épaisseur, et qu’elle tend: à de- venir moins nette, on enlève la solution de cuivre; on lave et on dépouille la plaque ; le dessin est alors r'epro- duit en creux sur l’acier. * Nous ne parlerons pas du procédé de transport litho- graphique de MM. E. Rousseau et Masson, car il ne diffère de celui de M. Poitevin que par l'addition d’une prépa- ration au savon qui ne constitue certainement pas un per- fectionnement. Le but que s’est proposé M. E, Bastien, est de permettre CONGRÈS DES ACADÉMIES. 31 à un artiste d'obtenir, autant de fois qu’il le désire, la re- production d'un dessin. Pour cela, M. Bastien étend sur une plaque de verre une mince couche de blanc de plomb sur laquelle il trace avec une pointe, ou au burin, le dessin qu'il veut reproduire. La pointe enlevant le blanc de plomb et mettant ainsi le verre à nu partout où elle passe, chaque trait ressort en noir, si on a eu soin de placer un morceau d’étoffe de cette couleur sous la plaque de verre. Le dessin achevé, on pose la plaque de verre à plat dans un tamis qu’on plonge dans un bain de sulfure de potassium dissous dans l’eau. Ce réactif noircit le blanc de plomb, en quelques secondes et on obtient ainsi un véritable cliché dont on peut tirer des épreuves par les procédés ordinaires de la photographie, Pour fixer le cliché et lui permettre de résister au tirage d’un grand nombre d'épreuves, M. Bastien le recouvre d’un vernis dur et transparent. » Parmi les nouveaux procédés de reproduction des Œuvres graphiques, , nous ne devons pas oublier le sys- tème de M. Lachane, au moyen duquelon peut transporter Æt décalquer les écritures nouvelles et anciennes, ce qui permet la multiplication des authographes précieux, que lon peus ainsi reproduire sans les endommager en-aucune manière. Cette apr est accueillie par d’unanimes ap- plaudissements. M. Ch. de Bacq lit un rapport sur une nouvelle théorie de la physique, par M. Grove. MESSIEURS, Il n’est peut-être pas très-facile d’assigner les progrès 32 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. qu’une science a faits dans une année, parce que rien ne reste détaché dans le faisceau immense des connais- sances humaines, auquel chaque époque apporte son contingent. Cependant, pour apporter mon mot à la ré- ponse d’une des questions dé votre programme, je vous parlerai des vues profondes que les temps ont préparées, qu'un physicien anglais, M, Grove, émettail dans une leçon faite à l'Institution de Londres, en janvier 4842 : qu’il a développées plus complètement dans une série de lectures sur le même sujet, en 1843, et qu’il à fait im- primer depuis, Une deuxième édition suivit promptement la première. Une troisième édition, considérablement aug- mentée, a paru dans ces derniers temps. Enfin, en 1856, une traduction française a répandu dans notre pays cette conception nouvelle. Les savants français paraissent adop- ter cette théorie , d’une grande simplicité. Nous pouvons donc prendre la date de la traduction , des Corrélations des forces physiques, par M. Grove, comme celle d’un grand progrès dans les sciences physiques. C’est en considérant la question à ce point de vue que je rap- pellerai, le plus sommairement possible , le principe posé par le savant membre de la Société royale de Lon- dres, Malgré la réserve de l’auteur, ses vues ne tendent à rien moins qu’à changer toute la théorie de la physique. Si quelques personnes trouvent bien hardi de tenter une subversion dans une science aussi étendue et aussi avan- cée que Ja physique, je leur répondrai tout d’abord que c’est précisément l’état avancé de la science qui a amené ces vues nouvelles et présentées d’ailleurs en leur temps, et trouvant dans cette dernière considération l’une des causes d’un succès bien prochain, sinon déjà accompli. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 33 On sait que l'homme, quand il commence à étudier une science, ÿ voit une foule de phénomènes divers, qui, ordinairement, par leur multiplicité ; jettent la confusion dans l'esprit. A mesure que: esprit répand la lumière, les phénomènes se simplifient, se ramènent les uns aux autres, jusqu’à ce qu'enfin la lumière s'étant complè- tement tfaite, lesprit s'étonne de trouver l'unité là où il avait cru voir d’abord une effrayante multiplicité. Ce qui se passe dans la conception d’un homme,-se passe aussi dans l’ensemble des travaux des généra- tions, La physique, la science d’observalion de beaucoup la plus avancée, est composée de plusieurs branches : la mécanique, la chaleur, l’acoustique, l'optique, l’élec- tricité, le magnétisme, Ces différentes parties ne se sont enrichies considérablement, ou même n'ont élé connues que dans ces derniers temps. Ainsi l'optique se divise en optique ancienne et optique moderne. Ainsi le magné- tisme est nouveau ; car il ne faut pas arguer, de ce que fa boussole était connue en 1200 que le magnétisme était alors une branche de la physique ; pas plus que l’élec- tricité, qui doit tant à Ampère , aura été connue des an- ciens, parce qu'ils savaient que l’ambre frotté attirait les corps légers. On comprend dès-lors que, même dans ces derniers temps, les savants ont dà réunir un grand nom- bre de faits. de Le faisceau de tant de matériaux n'a pas plutôt été composé, que des explications heureuses ont constitué une théorie dans chaque branche. Mais chaque ordre de phénomènes était encore complètement détaché des au- tres, Cependant on a bientôt entrevu que les phénomènes de la chaleur se rapprochaient de ceux de la lumière, On disait que l'électricité et la lumière avaient une certaine 34 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. connexion, Le magnétisme , d’abord complètement dis- tinct de l'électricité, a bientôt été considéré comme pro- venant de celle-ci, soumise à des mouvements réguliers. Si le mouvement restait encore complètement séparé des autres branches de la physique ; si la production-du son était due.à un mouvement particulier de la matière; si l'optique, l'électricité , le magnétisme étaient considérés comme provenant de mouvements dans un milieu maté- riel, quoique dépourvu d’une des propriétés qui nous paraissent complètement inhérentes à la matière, la pesanteur; si la chaleur était aussi un agent impondé- rable ; cependant l’unité semblait déjà se faire dans la théorie générale, et par les rapprochements que je citais tout-à-l'heure, et parce que la chaleur était souvent con- sidérée comme une force, et parce que les autres'agents impondérables, qu’on n’osait peut-être pas encore ap- peler forces, étaient cependant regardés comme nés d’un mouvement invisible et capable d’en produire un qui soit palpable. Aujourd’hui, d’après M. Grove, la force serait la cause première de tout phénomène physique. La force qui produit le mouvement , produirait tous les phénomènes de chaleur, de lumière, d'électricité, etc. Ce qui fait que le livre du savant anglais présente une idée neuve, et ramène toute la théorie physique à l'unité, c’est qu’il fait voir que la force qui produit le mouvement et celle qui produit un son, de la lumière , de la chaleur; qui rend aimanté un barreau d’acier ordinaire, ete. , sont identiquement les mêmes. Cependant M. Grove,réservé comme les esprits qui ne courent pas après une réputation éphémère , réservé comme les esprits ardents à la poursuite de la vérité, profond comme les esprits d'élite, n'ose pas trancher la CONGRÈS DES ACADÉMIES … - 35 question qu’il discute avec beaucoup de lucidité: « Je suis « très-fortement enclin, dit-il, à croire que les autres « affections de la matière que j'ai énumérées ci-dessus, « sont et seront finalement résolues en un mode de « mouvement; mais ce serait aller trop loin , pour le « moment, que d'affirmer leur identité avec des formes « de mouvement. » Ne voulant pas s’aventurer, M. Grove suit son idée sur l'unité, mais toujours en posant des faits. Veut-il faire voir que le mouvement peut $e transformer en chaleur, il constate que si le mouvement d’un corps se trouve arrêté, il naît une force nouvelle, ou plutôt un effet nouveau de la force. Au lieu de mouvement visible, il y a production de chaleur : « Je « me hasarde, dit le savant anglais, à regarder la « chaleur qui naît du frottement ou de la percussion « comme une continuation de la force associée d’abord « avec le corps en mouvement, lequel avec le choc cesse « d’exister comme mouvement grossier et palpable, mais « continue d'exister comme chaleur. » Il est remarquable que, dans le choc de deux corps donnés, l’un au repos, l’autre tombant. d’une hauteur * conStante, la même quantité de chaleur est toujours dé- veloppée. —+ Dans le frottement, si les corps frottés sont de même nature, il ne se produit que de la chaleur ; s'ils sont de nature différente, il y a de l'électricité. Le mouvement produit donc immédiatement la chaleur et l'électricité ; el l'électricité, produite par le mouve- ment, engendre le magnétisme, force qui est toujours développée par les courants électriques perpendiculaire- ment à la direction de ces courants, La lumière aussi est facilement produite par le mouvement, soit directement comme lorsqu'elle accompagne la chaleur, née du frot- 56 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE: tement, soit médiatement par l'électricité résultant du mouvement, comme dans l’étincelle électrique qui possède beaucoup des attributs de da lumière solaire. Enfin le mouvement peut, à son tour, être produit par les forces qui émanent du frottement. Ainsi la divergence des _pailles de l’électromètre, la déviation de l'aiguille magné- tique sont des mouvements. La chaleur peut aussi pro- duire tous les autres modes de force. Car nous la voyons dans la machine à vapeur produire de mouvement ; et, si on ne savait pas que, dans bien d’autres circonstances, elle produit les autres modes, au moins nous accepterions que, puisqu'elle produit le mouvement, elle produit médiatement les autres modes. Mais la chaleur ne produit- elle pas l’électricité comme le constate l'appareil de M. Melloni? N’est-il pas à la connaissance de tout le monde qu’elle produit Ja lumière ? Les exemples et de très-belles expériences ne manquent pas à M. Grove, pour constater la tranformation successive- ment de l’un quelconque des modes entre tous les autres. Il y a donc lieu à accepter, l’un des modes naissant suc- cessivement des autres, que l’un n’est qu’une transfor- mation d’un autre, etque le mouvement, l'effet de laforce, la chaleur , la lumière, l'électricité seraient des effets de ja force. Mais, alors la lumière, étant un mode de la matière palpable, ne serait pas produite, pas plus que l'électricité, le magnétisme, par des mouvements dans une matière impondérable, l’èther et les fluides magné- tiques, Mais la lumière qui nous vient du soleil, des éloïles, pour être un mouvement de la matière, exige qu’il y ait de la matière pondérable entre nous et le soleil et les étoiles. M, Grove ne recule pas devant cette hypo- thèse, et je ne vois pas de raison pour la refuser. Celte CONGRÈS DES ACADÉMIES, 37 matière pondérable serait très-rare mais elle existerait partout, Les mouvements palpables se transformeraient en mouvements vibratoires dans le sens des ondes,quand un mouvement palpable se transformerait en un sôn;.en mouvements vibratoires perpendiculaires à la direction . des ondes, quand le mouvement palpable se trausforme- “ rait en lumière. On conçoit très-bien des transformations analogues, quand il s’agirait d'électricité, de magnétisme, d’affinité chimique. M. Grove eskun homme op sérieux pour avoir jeté toute une théorie du premier jet sur lewpapier. Il ne s'ayance qu'avec mesure, Aussi son livre, quoiqu’à la troisième édilion , est-il intitulé : Corrélation des forces Physiques , et non : Nouvelle théorie de la physique. Mais, plus il y a de mesure de la part de l’auteur, et plus ses idées acquièrent de force. Plusieurs comptes-rendus de cette traduction ont déjà paru. L’un.d’eux , inséré dans une des revues scientifiques les plus sérieuses , contient les lignes suivantes : « Partout le même esprit phi- « losophique dans ces pages si "concises, si pleines « «de vérité. Partout domine lidée.de corrélation, et € «par suite celle de la réduction des causes à l'unité ; « partout encore se retrouve ce désir de bannir de la « science’ les hypothèses inutiles, les conceptions abs- « traites, les entités subtiles ou occultes. Le sujet que « M, Grove a traité est, sans contredit, l’un des plus « élevés qu’on puisse se proposer ; mais il esi aussi « l’un des plus difficiles etides plus périlleux. M. Grove « ètait à la hauteur de sa tâche: si la plupart de ses con- « clusions nous paraissent sans réplique, on nous per- « mettra d’avouer que d’autres ont laissé des doutes dans « notre esprit, Il était difficile, au reste, qu'il en fût 53 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « autrement; mis en présence d’un système embrassant « tous les phénomènes du monde matériel, bien que ré- « sumé dans un petit nombre de pages, comment au- « rions-nous pu prétendre saisir,jusque dans ses moindres « détails, une œuvre née d’une vie entière de réflexion «et de travail ? » | Reconnaissons donc, Messieurs, que, si cette théorie nouvelle n’est pas encore faite, ou plutôt n’est pas encore acceptée , elle puise sa source dans des idées trop saines, pour qu’on ne sente pas qu’une très-grande somme de probabilités est en sa faveur. Cette théorie, qui ramènerait tous les phénomènes à une cause unique, la force, serait un merveilleux progrès, et nous permettrait de répéter cette parole de l'abbé Haüy, qui m'a frappé, il y a 27 ans, lorsque mon professeur de physique nous la*eitait à propos de la seule cristallographie : « On reconnait ici « que nous pourrions appeler devise familière de la na- « ture: Économie et simplicité dans les moyens, ri- « chesse et variété inépuisables dans les effets. » M. Des Ferris donne quelques détails sur le nouveau procédé de pralinage des grains de M. d’Illier, d'Orléans , qui a pris de grands développements en 1856.Ce procédé, très-simple, consiste à enduire le grain de blé de matières animalisées, comme poudrette , guano, cornes , colle on autres matières non fermentescibles, de manière à fournir au grain la substance nécessaire à son développement. M. Perrot, président du Comice d'Orléans, dit que ce procédé, qui parait avoir un grand intérêt pour l’agricul- ture, est en voie d’expérimentation dans le Comice d’Or- léans ; la question est à l’étude ; des commissaires ont été nommés , tout fait présumer un résultat favorable ; mais CONGRÈS DES ACADÉMIES. 39 le Comice d'Orléans ne donnera pas sa sanction avant que les résultats n'aient pu être constatés PAR des expé- riences officielles. Après une discussion à laquelle prennent part MM. Dréolle et le comte de Gourcy, la suite de la discussion est renvoyée à la séance du 14, dans laquelle M. d’Illier, d'Or. léans, viendra donner lui-même des détails sur son pro- cédé, La séance est terminée par la lecture d’une pièce de vers de M"°, la baronne de Montaran. SÉANCE DU 14 AVRIL. (Présidence de M. DE GENOUILLAC. ) Siégent au bureau : MM. DE CAUMONT, le baron Tra- VAUX, délégué d’Avranches, G.-A. LEROYER, délégué d'Angers, le comte DE TOCQUEVILLE, DESFERRIS, le comte D'ESTERNO , délégué d’Autun, M. G. Desvaux remplit les fonctions de secrétaire. M. de Caumont lit plusieurs lettres de personnes qui s’excusent de ne pouvoir assister aux séances du Con- grès, ou qui font hommage de: différentsouvrages. 1] en lit ensuite une de M. Albert du Boys, qui annonce, pour le 3 septembre prochain, l'ouverture de la 24°. session du Congrès scientifique, à Grenoble, et qui prie les membres du Congrès actuel de vouloir bien solliciter, auprès de M. Gustave Réal, secrétaire-général du chemin de fer de Paris à Lyon, une diminution de moitié dans le prix des places pour les membres qui auraient donné leur adhésion; puis auprès de M. le duc de Valmy, pour l’em- branchement du chemin de fer deSt,-Rambert à Grenoble. 0 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. On propose de nommer une commission à ce sujet. M. de Caumont lit enfin une lettre de M. le comte d'Héricourt, qui annonce une communication importante, de M. le bäron d'Herlincourt, sur le système Kennedy qu’il à appliqué en grand auprès d’Arras,et dont il a obtenu les meilleurs résultats. M. Mirleau d’Illier vient au Congrès compléter une com- munication qui avait été commencée la veille, en son nom, par M. Des Ferris, sur les semences pralinées : il a monté à Orléans une usine à vapeur pour le pralinage. Il avait d’abord opéré avec du noir-animal et de Ja colle de gélatine, puis il a ajouté du sulfate de potasse, de la dolomie, du guano, etc, , etc., en quantités cal- culées de manière à ne pas brûler le germe de la plante. On a obtenu du succès ; le blé a un beau chevelu, el les tiges sont en raison directe des racines. M. Mirleau annonce un rendement plus fort d’un Liers: ainsi 2% hectolitres de blé à l’hectare, au lieu de 43 récoltés sur un froment cultivé à côté par la méthode ordinaire. Il fait appel aux chimistes, pour composer un mélange qui fournisse tous les éléments du froment. Ses capsules ont trois fois le poids du grain de blé. Dans une expé- rience , après trois mois, les substances avaient disparu et se retrouvaient, en partie, disséminées sur les ra- cines. ? Si on met trop de matières fertilisantes, les jeunes plantes peuvent être brülées. Ainsi de la graine de rave, chargée de trois fois son poids d'engrais, n’a pas levé. Avec de la gélatine, on peut être exposé à voir les germes détruits par la fermentation acide, si la prépa- ration n’est pas bien séchée, Maintenant M. Mirleau CONGRÈS DES ACADÉMIES. LA emploie de la corne, des poils, des cheveux, dissous dans la potasse rendue caustique par la chaux vive. Les capsules sont faites de manière à être facilement désa- grégées par l’humidité du sol, L'emploi de cet engrais présente une grande économie sur celui du noir, qui vaut 30 fr. les 100 kilog., et sur celui des autres fumures. En effet, le blé tallant beaucoup plus, il suffit de 4 hectolitre de grain à l’hec- tare, et on dépense , pour le praliner , 30 fr. de noir et 5 fr. de main-d'œuvre. Avec les bi-phosphates fossiles , on a trouvé encore une plus grande économie. Le Congrès recoit cette communication avec intérêt; il désire que les expériences annoncées par M. Perrot et qui sont faites par le Comice d'Orléâns, viennent fixer” les idées sur la valeur absolue du procédé. | «M. Dréolle cite un jardinier, de St.-Quentin , qui ar- rosait ses jeunes plants avec de la gélatine ; M. de Bouis ajoute que, depuis bientôt vingt ans, l’horticulture de Paris se sert souvent de dissolution de gélatine pour ses arrosages. M. Gomart demande si on a praliné la graine de bet- terave , ce qui serait une très-bonne chose pour activer sa première végétation. On lui répond que les graines ne l'ont pas été, mais bien les racines. On cile M. de Crombecque qui, dans un mauvais sol, défoncé à l’avance, a obtenu de très- bons résultats de betteraves repiquées® M. de Gourcy cite, en Silésie, le baron Croppy qui fabrique spécialement de la graine et du plant, et il dit que les betteraves, repiquées ont donné 17 d sucre de plus que les autres, L2 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. Kœklin emploie cette méthode, et fait son plant sur couche , il fait de même pour le tabac qui a besoin d’être repiqué de bonne heure. Si le tempsest contraire, on peut couvrir les couches avec des paillassons. Le même procédé peut être employé pour les ruta- bagas. M. Perrot signale l'opinion , émise par plusieurs pro- priétaires agriculteurs distingués"des environs de Salbris, que les seigles de semence , venus sur noir-animal", sont moins bons. M. d’Illier dit qu’il a vu le contraire, et que les blés pralinés sont encore plus beaux. M. de Vogué a obtenu, sur 100 hectares ensemencés avec du noir-animal, des seigles aussi bons et se repro- duisant aussi bien que les blés sur fumier de ferme. Le procédé de M. Mirleau est exploité maintenant par une Compagnie. Il a été vendu , en Angleterre , à la maison Barker et Gibson, pour 20,000 livres sterling. Un.membre demande à M. Mirleau si chaque fermier pourrait préparer son blé avec les substances fournies par ses formules. L’opération est simple en elle-même , puis- qu’il suffit d’avoir un cylindre ouvert à ses deux extré- mités, suspendu sur deux courroies, et de verser d’un côté le liquide et la matière pulvérulente qui doit en- velopper le blé, Mais le grain mouillé présente une si grande résistance qu'il est presqu'impossible de se servir de machines à la main, et qu’on doit avoir recours à la vapeur ou à tout autre moteur ina- nimé. A l’usine d'Orléans, il faut 3 heures pour faire l’o- pération avec des cylindres d’une capacité de 3 hectolitres, M. d’Esterno demande si le pralinage est fait avec suc- cès sur des pois et des haricots. M. Mirleau répond que oui, surlout en employant des écailles d’huitres ré- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 43 duites.en poudre. La chaux n’a pas produit les mêmes effets. , Enfin le grand avantage de ce procedé , c’est qu'on peut employer des substances azotées ou des phos- phates , soit qu’on veuille obtenir de la paille ou du grain, et qu’on peut modifier la composition de la préparation de telle ou telle manière , suivant le but on se propose d'atteindre. : M. de Gourey prend ensuite la dates pour rendre compte des améliorations agricoles opérées pendant l‘an- née 1856 , et des observations qu’il a recueillies pendant son dix-huitième voyagé agricole dans l'Est de la France et en Allemagne. Il remet sur le bureau une e noté indiquant des expé- riences de fumure pour betteraves, faites par M. Caird , excellent cultivateur Écossais. 50 mètres cubes de fumier 500 k. guano ont produit par hectare 75,000 k. 650 k. sel de Salaison CR La même fumure , sans sel, n’a donné que, , , 59,000 k. 400 mètres cubes de fumier coûtant 460 fr.” ,. , 52,000 k, 466 k, guano 166 k, super-phosphate 466 k, nitra-phosphate 166 k. sel de salaison M: de Gourcy indique ensuite un remède contre les altises'ou pucerons des crucifères.—L'Oleum spicæ des pharmaciens, versé par gouttes sur la graine et remué de manière à bien l’enduire , empêchera l’insecte de dévaster les jeunes plantes. Il annonce que, d’après M. Stockhaerdt, célèbre professeur de chimie agricole de Dresde, les betteraves repiquées donnent plus de coûtant 120 fr. , , 48,500 k, Lh INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. sucre et de parties nutritives que celles semées en’ place. Les premières donnent 10,33 %, et 17,57 de: parties nutritives ; les secondes donnnent 9,20 ‘> et 46,64. D'après le même savant , les betteraves venues sur térres bien fumées donnent au moins autant de sucre que celles peu ou pas fumées, pourvu qu’ondles tienne serrées dans les Lrirts afin de les empêcher de devenir Brasses, 0 Le Secr étaire, > G. DESVAUX. SÉANCE DU 15 AVRIL, (Présidence de M. le marquis pe VigrAye, membre de l'Institut des provinces. ) La séance s'ouvre à 2 heures. Sont appelés à siéger au bureau : MM. .É comte DE BONDY , MARCHAL, MAURENQ , DE BRIVES et CHALLES. M. SELLIER remplit les fonctions de secrétaire. M. de Caumont donne communication au Congrès des diverses lettres qu’il a reçues depuis la séance d’hier. M. Kervyn, de Lettenhowe , regrette que des obstacles imprévus ne lui permettent pas d'assister aux séances du Congrès ; les mêmes regrets sont exprimés par M. de Fontenay, de la Société Éduenne; par M. C. de Baulny, qui vient d’éprouver une perte de famille; par M. l’abbé Jouve, qu'une maladie très-sérieuse de Mg”, l Évèque de Valence retient dans cette ville. M. l'abbé Jouve envoie un sommaire des travaux de ses compatriotes de la Drôme. Cette analyse trouvera CONGRÈS DES ACADÉMIES. L5 sa place dans le rapport général qui sera inséré dans l'Annuaire. Ilaé été fait hommage au Congrès des publications sui- vantes ; Savoir : Publications de la Société pour la. rechetie et la con- servation des monuments Historiques dans le grand- duché de Luxembourg. Essai sur le système défensif des Mhains dans le pays Éduen ÿ : par M: J.-G. Bulliot. Poésies de Charles-Auguste Grérot, de Châteauneuf- sur-Loire. s: Odorane, de Sens, écrivain et artiste du XI°, siècle; par M. Challe, membre de l’Institut des provinces. Notice historique sur la Compagnie des archers ou arbalétriers , et ensuite des arquebusiers de La ville de Chälons-sur-Marne, et sur la fête donnée par elle en 1754; par M. Sellier, de l’Institut des provinces, l’un des secrétaires-généraux du Congrès. De l'enseignement primaire dans les campagnes, — l’armée ; par M. le comte de Vigneral, de l’Institut des provinces. Wean-le-Victorieux , duc de” Brabant ; étude his- tonique par M. Oswald Van-der-Berghe, membre de l'Académie archéologique de Belgique. Histoire, des congrégations religieuses , d’origine poilevine ; “par M. Ch. de Chergé, membre de la Gommis- sion archéologique diocésaine de Poiliers. Les Wies des saints du Poitou; par le Même. Histoire de sainte Radégonde, reine de France et patronne de Poitiers ; par le Même. Études sur Part de dessécher ; par M. le marquis de Bryas, | A6 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Instruction simplifiée pour l'essai et le choit des eaux d'irrigation ; par le Professeur d’agriculture chargé de linspection agricole du Merartemeis de la Gironde. Collection du Journal d'agriculture pratique, publié par la Société d'agriculture et d'industrie du département d’Ille-et-Vilaine.s Compte-rendu des travaux et concours agricoles du Comice de l'arrondissement de Dinan Modifications à la législation sur le cheptel, pro- posées par le Conseil général de Saône-et-Loire , sur le rapport de M. d’Esterno, membre du Conseil général d'agriculture. Ordonnance de Philippe-le-Long contre les lépreux ; par M. H. Duplès-Ogier (Extrait de la bibliothèque de l'École des chartes). Le castellum gallo-romain de Larçay, près de Tours; par M. de Caumont. Note sur les murs gallo-romains de Dax ; par le Même. Projet d’une mesure morale et financière devant produire annuellement au Trésor au moins 40 mit- lions ; par Auguste Pichat, de Poitiers. Du véritable impôt applicable aux valeurs 2 ‘tières ; par le Même. Circulaire des membres de la Commission ent d'organisation du Congrès scientifique de France, qui doit s'ouvrir, à Grenoble, le 3 septembre 1857. M. Marchal a la parole sur les-6°. et 7°, questions du programme ; il s'exprime ainsi : 5 CONGRÈS DES ACADÉMIES. 47 MESSIEURS, : Quou'inscrit pour parler sur le système Kennedy, je vous demande la permission de dire d’abord quelques mots de la 6°, question, ainsi conçue : « Quels sont les moyens les plus efficaces pour aug- « menter le capital intellectuel en agriculture? A-t-on « employé jusqu'ici tous les moyens qui peuvent sé « duire cet accroissement, si désirable ? » Non certes, on n’a pas employé jusqu'ici ‘tous les moyens qui peuvent produire l’accroissement: désirable du capital intellectuel en agriculture, car nos cultivateurs sont en général d’une ignorance extrême, et leur art, si noble et si utile, se réduit le plus souvent à une pratique qui, mal éclairée, doit s’appeler routine, tandis que, gui- dée par l'intelligence, elle serait de l'expérience. Les statistiques du recrutement nous fournissent quel- ques données sur l’état de l'instruction des classes ouvrières et spécialement des ouvriers ruraux , qui forment plus particulièrement le contingent annuel de l’armée, Ce document prouve qüe près de moitié des cultivateurs n’ont pas encore les premières “notions d'instruction primaire. La première chose à désirer, c’est que l'instruction élémentaire se répande plus vîte et plus complètement dans les campagnes, car l'instruction élémentaire est la première-base du progrès. - Mais le cultivateur, sût-il lire, écrire et compter, ce serait encore peu de chose pour le développement pro- gressif de la culture. Pour réaliser des progrès , il faut pouvoir comparer ce qui se fait dans une contrée avec ce LL L8 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. quise pratique dans une autre, et appliquer les décou-+ vertes et les bonnes méthodes, en leur faisant subir les modifications que le sol, le climat, les habitudes et sur- tout Les ressources rendent nécessaires. Or, le cultivateur ne peut pas entreprendre des voyages d'étude, c’est pour- quoi les progrès restent trop souvent confinés dans un petit cercle. Combien y a-t-il dé départéments encore en France et dans chaque département,même les plus éclairés, combien y a-t-il de cantons et de communes où le drai- nage, malgré les encouragements officiels et officieux , est encore un mot vague , parce que les habitants n’ont pas vu la chose ? Eh bien ! Messieurs, pour arcrottre le capital intellec- tuel de l’agriculture, je ne vois qu’un moyen réellement efficace, moyen déjà pratiqué, quoique timidement, dans quelques départements éclairés, c’est de porter aux cultivateurs la science qu’ils ne peuvent aller chercher . et que des lectures ne suffiraient pas à leur donner, et, pour cela, il faut et il suffit de créer des cours nomades d'agriculture sur une vaste échelle. Loin de moi la pensée d'établir un antagonisme entre l'industrie manufacturière et l’agriculture , ces deux branches de la production sont aussi indispensables l'une que l’autre : si l’une des deux cherchait à nuire à l’autre, il faudrait lui répéter l’apologue de Menenius Agrippa, Mais on ne peut disconvenir cependant que l'industrie manufacturière a reçu jusqu’à présent des faveurs que n'obtient pas l’agriculture. Aussi, pour rester strictement renfermé dans la question, je ferai observer que , dans toutes les villes industrielles, il existe de nombreux cours publics et gratuits d'application de la science aux arts. Ces cours sont à la portée des ouvriers et des manufac- CONGRÈS DES ACADÉMIES. h9 turiers qui peuvent chaque jour faire ou tenter l’applica- tion, dans leurs usines ou leurs laboratoires, des leçons du professeur. Il n’y a rien de semblable pour l’agriculture. Dans quelques départements cependant, dans la Seine- Inférieure , le Calvados, le Doubs, la Manche, des profes- seurs nomades soit bénévoles, soit institués par les con- seils généraux, vont, pendant un mois ou deux, faire des leçons publiques pour les cultivateurs. Ces essais, trop rares encore, montrent que le besoin de ces cours s’est fait sentir et prouvent que la thèse Le je soutiens n’est pas une théorie vague, Aujourd’hui les cultivateurs orale nient lPutilité de la science, comme un aveugle nierait la lumière ; or, ilest d'observation que, plus on sait, plus on éprouve le besoin de savoir ; moins on sait, moins on croit utile d'apprendre. Les cultivateurs rechercheraïent donc la science avec d'autant plus d’avidité qu’ils en auraient d’abord reçu les premiers éléments. Je ne m'étendrai pas davantage sur cette question, je passe à l’application du système Kennedy. 11 y a deux manières de concevoir l'application du système Kennedy, c’est-à-dire de l’engraissement des terres au moyen d’un liquide fertilisant, circulant dans des conduits Souterrains et répandus en arrosage. L'une de ces applications est celle qui est réalisée déjà sur un assez grand nombre de fermes en Angleterre, Elle consiste à transformer en liquide tous, ou presque tous les engrais de la ferme, à réunir ces liquides dans des citernes, puis à fouler, au moyen d’une machine à vapeur, ces engrais dans des tuyaux et à les répandre à la lance sur les terres en culture, à différentes périodes de la végétation. 3 50 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. - L'autre application, qui n’est autre chose que le système tubulaire d'écoulement des engrais des villes, est indé- pendant des fermes et ne peut se faire que par des ad- ministrations municipales ou des compagnies conces- sionnaires. . Le premier mode a été jusqu'ici fort peu imité en France, et je ne le crois pas susceptible d’ici à long-temps de nombreuses applications, malgré les avantages qu'il paraît présenter. Les obstacles sont les suivants: | Le morcellement du sol, la cherté de la force motrice, les frais considérables de premier établissement et l’in- certitude des résultats. Le morcellement, — En signalant cet obstacle, ne croyez pas que je conclue contre la division de la propriété, et que je regrette les substitutions et le droit d’aînesse , seules bases de la conservation des grands héritages. Le morcellement est entré profondément dans nos mœurs et dans nos besoins sociaux. S'il fait obstacle à l'application de certains systèmes de culture dispendieux, il a, d’un autre côté, de si grands avantages que leur somme l'emporte de beaucoup sur les inconvénients. Ainsi, en multipliant les propriétaires, il multiplie le nombre de gens intéressés à l’ordre et à la stabilité. I] fait obstacle à Paccroissement trop rapide des villes au détriment des campagnes. Ainsi, malgré la propension, constatée par les derniers recensements, des populations ouvrières à affluer dans les grandes cités , la population rurale forme , en France, les deux tiers de la population totale : c’est le contraire en Angleterre. Les petites et moyennes exploitations, si elles ne donnent pas la plus grande somme de produit net, donnent certainement la CONGRÈS DES ACADÉMIES. 51 plus grande somme de produit brut. Le propriétaire d’un domaine qu’il exploite lui-même, y donne certainement plus de soins et plus de travail que le simple fermier, et à plus forte raison le métayer. Mais comme toute chose humaine a ses inconvénients à côté de ses avantages, nous devons à la vérité de dire que le morcellement est et sera long-temps encore un obstacle à l'application, dans les fermes , du sytème Ken- nedy , et cet obstacle subsistera tant que l'association n’aura pas reçu, dans la culture, des applications sem- blables à celle que nous lui voyons dans lindustrie, et qui font enfanter à cette dernière de si étonnantes mer- veilles. Lire | Le second obstacle est la cherté de la force motrice. La France n’a pas le bonheur de posséder d’inépuisables mines de houille ; les bois se défrichent tous les jours, et la cherté du combustible ira croissant avec le déve- loppement de l’emploi des machines. Le troisième obstacle est l’énormité des frais. M. Moil, dans le relevé qu'il a fait du coût des machines, tuyaux, et citernes nécessaires à l’application du système, montre que , pour une ferme de 60 hectares , qui est déjà bien au-dessus de la moyenne , en France, la dépense a été de 75,000 fr. ; tandis que, pour une ferme de 200 hec- tares, le prix de revient, par hectare, s’est abaissé à moins de 200 fr. Or, les fermes de 200 hectares sont une très-rare exception chez nous. Il faut aussi tenir compte du prix plus élevé, en France, de la fonte et des ma- chines; la différence est d’au moins 30 p. 070. Puis, pour conduire la machine à vapeur, il faut un homme spécial, un mécanicien ; le nombre en est excessivement li- mité et conséquemment leur salaire fort élevé. 52 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Toutes ces considérations me font donc conclure que ce progrès agricole , encore incertain dans ses résultats, non pas comme produit brut , mais comme produit net, appartient, à très-peu d’exceptions près, à un avenir fort éloigné. Mais iln’en est pas de même du second mode d’appli- cation que je crois au contraire très-immédiatement réa- lisable. Les villes fournissent de grandes quantités d’engrais, dont les habitants ont hâte de se débarrasser, et dans leur empressement à éloigner ces foyers d'infection, ils en jettent une grande partie dans les fleuves, rivières et ruisseaux , au grand détriment de la culture , de la pu- reté des eaux et souvent avec de grandes dépenses. Ces engrais sont de trois sortes ; les balayures des rues, les eaux d’égoût et les vidanges, Autour de toutes les grandes villes, il existe une zône de culture perfectionnée, presque toujours culture ma- raîchère, qui s’est formée naturellement par les besoins , qu'ont les habitants, de légumes etde fruits, pour leur con- sommation, et par la facilité qu'ont les cultivateurs à se procurer les engrais pour les produire. Autour de Paris, dans la plaine de St.-Denis , sur les plateaux sablonneux et graveleux de Nanterre et de Go- lombes , dans les plaines de Vanvres , Clamart et Issy, ce genre de culture a pris un grand développément et donne de magnifiques résultats ; cependant, on n’y emploie à peu près exclusivement. que les boues et im- mondices ramassées dans les rues. Ces abominables tom- bereaux, que nous.voyons chaque matin circuler dans nos rues, se dirigent tous , entre 40 et 2 heures, dans les plaines que je viens de citer ; leur contenu est déposé le CONGRÈS DES ACADÉMIES. 03 long des routes et chemins de la banlieue ; il reste en fermentation pendant deux ou trois mois , puis est ré- pandu sur les terres et se transforme en excellent lait, en fraises, en asperges, fleurs et fruits. L'utilisation de ces immondices est à peu près aussi complète que possible ; mais, ce qui reste à désirer, c’est que leur en- Fèvement soit moins hideux , et surtout que la fermenta- tion puisse s’opérer de manière à ne pas produire ces odeurs aigres et mauséabondes qui font fuir les lieux où on les emploie. Certainement l'odeur des vidanges est désagréable ; toute espèce de fumier répugne, mais je ne connais pas d’odeur plus insupportable que celle des immondices des rues en fermentation ; de plus, je crois cette odeur très-malsaine par ce motif d'observation hy- giénique et physiologique , que la putréfaction des ma- tières végétales est beaucoup plus insalubre que celle des matières animales ; or, dans les immondices des grandes villes, appelées improprement gadoues par les marai- chers de la banlieue, les matières végétales dominent. Les odeurs constatent des pertes de substances qui pour- raient être utilisées. Leur neutralisation par l’acide sul- furique ou la couperose serait à la fois une opération sanitaire et utile. D’après les notes que j'ai recueillies auprès de plu- sieurs cultivateurs, on emploie habituellement 10 m, cub. pour fumer un hectare à chaque récolte : or, dans les cultures maraîchères , on fait en moyenne trois récoltes, soit donc 30 m. cub. par hectare ; c’est la même propor- tion que le fumier employé aux cultures ordinaires ; mais, comme les cultures maraïchères sont forcées , il faut un engrais beaucoup plus énergique ; les boues des villes sont donc un engrais plus puissant que le fumier de 5/1 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ferme , mais il paraît que son action est peu durable, Les fermiers n’emploient jamais la chaux avec ces fumiers : c'est, je crois, un tort. Les eaux d'égoût , envisagées comme engrais , ont fait l’objet d’une note fort intéressante insérée par M. l’ingé- nieur Mangon dans la chronique des Annales des ponts- el-chaussées. M. Mangon rapporte ce qu'il a vu pratiquer à Leicester, où une fabrique élevée par M. Wicksteed a pour objet de neutraliser , avec de la chaux , les eaux d’égoût, de leur enlever toute odeur et toute insalubrité, et d’en extraire, sous forme solide, un engrais particulièrement appli- cable aux terres argileuses. | Ce procédé, sur lequel l'expérience ne s’est pas en- core: suffisamment prononcée, me paraît ne pouvoir être appliqué avec succès , en France, par les motifs suivants: Les eaux d’égoût renferment déjà assez peu d’azote. Les analyses de M. Mangon n'ont constaté que. 0 gr. 057 par litre. Or, la chaux, à l’état caustique , laisse à. Pétat libre tout l’azote de l’ammoniaque, et ne précipite que la faible proportion d’azote à l’état de sel acide, qui ne forme que le tiers de l'azote contenu primitivement dans les eaux. Ainsi les briquettes , obte- nues par ce procédé, n’ont pu prendre aux eaux dégoût que 0 gr. 018 par litre d’azote ; elles ne renferment elles- mêmes que 4,47 p. 070 d'azote. L'efficacité agricole de ce produit est inférieure à celle du fumier de ferme. Or, pour arriver à fabriquer ce produit, si peu efficace, il faut : 1°, élever les eaux à une certaine hauteur; 2°. les mélanger avec de la chaux préalablement dissoute ; 3°. dé- canter la liqueur ; 4°. faire sécher le produit ; 5°. mou- ler les briques; 6°. enfin les faire sécher: toutes manipu- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 55 lations dispendieuses , surtout dans une contrée où, comme chez nous, la force motrice est chère. M. Mangon établit avec raison que les eaux dégoût sont trop peu riches en matière azotée pour être em- ployées directement à la culture. Faut-il d’après cela conclure qu’il n’y a rien à faire qu’à se débarrasser le plus vite possible, dans les rivières, de toutes les eaux d'égoût et renoncer à utiliser les 1,204,500 k. d'azote que renferment les eaux déversées annuellement par les égoûts de Paris ? Je ne le pense pas. L'utilisation des eaux d’égoût se lie intimement avec celles des produits des fosses d’aisances dont il me reste à vous entretenir. Ces produits sont de deux sortes, les liquides et les solides : les liquides representent pour Paris un cube journalier de 700 mètres, soit par an 255,500 mètres, ou de quoi fumer complètement 15,330 hectares; les solides représentent 150 m. cub. par jour, ou 54,750 m. cub. par an ou de quoi fumer 27,375 hectares. Ces matières sont aujourd’hui à peu près complètement perdues , car la fabrication de la poudrette est si barbare, et ce produit se vend si mal qu’il n’y a presque pas à en tenir compte ; les liquides entièrement perdus dans la Seine (ils suivent la rigole de la plaine St-Denis, de Bondy àSt.-Denis) infectent cette plaine et les eaux de la Seine. Malgré les puissants encouragements offerts par la ville de Paris aux cultivateurs , ceux-ci , l’année dernière, n’ont employé que 5,947 m. cub, d'engrais, soit moins de 2 p.: 070. | Des tentatives ont été faites, l’année dernière , auprès des compagnies de chemins de fer et des cultivateurs éloignés de Paris pour déterminer les premières à faire des réductions de tarifs pour le transport de ces engrais; 26 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. les seconds à en faire usage. Deux compagnies de chemins de fer, celles d'Orléans et de l'Est, se sont montrées pleines de bon vouloir et vraiment éclairées ; les autres ont fait la sourde oreille où ont opposé un refus absolu, et parmi ces dernières, nous avons le regret de compter celle de l'Ouest, dont le réseau traverse l’une des con- trées de la France qui a le plus besoin de voir développer sa prospérité agricole, nous voulons parler de la Bretagne. Ce refus a empêché un grand propriétaire d'employer, d’un seul coup, 200 m. cub. de matière fécale. L'expérience à d’ailleurs prouvé que les appréhensions que l’on pouvait concevoir à priori sur l’incommodité de ces matières , sont nulles, car les compagnies d’Or- léans et de l'Est ontfait , à plusieurs reprises , des trans- ports de ce genre, sans que les voyageurs s’en soient doutés, et sans encombrement d'aucune espèce. Voici donc la solution agricole du problème de la voi- rie que j'ai l'honneur de vous soumettre : 1°, Faire converger en un même point les eaux d’égoût et les liquides de voirie , les premières étant trop faibles et les seconds trop forts ; leur mélange, convenable- ment réglé, permettra d'obtenir un liquide propre à être employé immédiatement sur la culture. Ce liquide serait élevé au moyen d’une pompe, et foulé dans un vaste tuyau, ou une série de tuyaux disposés en éventail , aux- quels on donnerait un développement suffisant pour at- teindre les points où le liquide serait utilement employé. Sur ces conduits il serait fait des concessions au moyen d’embranchements, comme les prises d’eau et de gaz dans les villes. Ce serait une application du système Kennedy qui se concilierait parfaitement avec le morcellement du sol et le peu d’aisance des agriculteurs. Il faudrait qu'une CONGRÈS DES ACADÉMIES. 57 : Compagnie , plus ou moins snbventionnée pendant quel- ques années , se chargeât de la gestion et de la distribu- tion de cet engrais ; 2°, Obtenir des Compagnies de CHonins de fer qu’elles opèrent le transport à prix réduit (2 à 5 €. par tonne et kil.) des matières fécales solides, sous la condition que ces matières seraient renfermées dans des vases hermétique- ment clos ; il faudrait disposer des appareils spéciaux fa- ciles à employer, à vider et à laver. La même Compagnie, ou une autre Compagnie, se chargerait de {a distribution de*ces engrais solides. Une instruction courte, claire, répandue à profusion, ferait connaître aux cultivateurs les différents modes d'emploi de l’un et l’autre engrais ; par ce moyen on supprimerait ce hideux établissement de la voirie; on donnerait à l'agriculture un puissant engrais qui lui manque , et on épargnerait une grande partie du parcours des vidanges dans les villes, car les liquides pourraient être jetés dans les égoûts , soit directement, soit dans des conduits parallèles, puisque ces liquides doivent aboutir au même point. Le transport au moyen de haquets dans -les rues , réduit aux matières solides , ne serait que le cinquième de ce qu’il est aujourd’hui comme quantité, etmoindre comme parcours. Chaque quartier enverrait ses vidanges solides à la gare la plus voisine , au lieu de faire tout converger à la barrière de Pantin, en faisant traverser toute la ville aux vidanges des quartiers éloignés. En résumé , Messieurs, je crois que ce serait nous bercer d’une chimère que d'espérer une vaste et pro- chaine vulgarisation du système Kennedy dans les fermes, mais que nous pouvons-espérer voir appliquer d’une ma- nière rationnelle à la culture les engrais des villes ac- 08 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. tuellement perdus ; j’ensai pour garants la multitude d’études qui se font tant en Angleterre qu’en France sur ce sujet , et les résultats déjà obtenus. 11 y a sans doute encore des difficultés à vaincre , mais une volonté ferme, la grandeur du but et l'intérêt si légitime qu’inspirent à toutes les classes de la Société les progrès de l’agricul- ture, feront certainement triompher de tous les obstacles. M. de Caumont demande si, en France, des essais ont déjà été faits du système énoncé par M. Marchal. Celui-ci répond que M. Daru a commencé , mais qu’il n’a pas encore obtenu de résultats, M. de Caumont ajoute que M. le comte de Seraincourt fait exécuter de grands travaux dans le même but, à Lonray, département de l'Orne, et que le général Morin, de l’Institut ; en a fait exécuter dans le Bas-Rhin. M. le docteur de Bouis annonce au congrès qu'un ancien élève de l’école polytechnique, M. Bataillier, a, depuis long-temps déjà, disposé à Nogent-sur-Vernisson un moulin à vent à l’aide duquel il mélange les vi- danges. Les travaux de M. Bataillier sont antérieurs à ceux des Anglais ; c’est un fait qu’il est bon de con- staler, car il n'est pas rare qu’on s’attribue à l’étran- ger des inventions faites en France et dont les avan- tages ne reviennent pas à leurs auteurs. M. Bataillier, dit M. Marchal, employait les engrais liquides, mais les faisait circuler dans des rigoles, et son procédé n'était applicable qu'aux prairies : ce n’était donc pas le système Kennedy. M. Perrot pense que l’exemple de M. Bataillier pourrait être suivi partout où existent un sous-sol argileux et une couche supérieure perméable et d’une assez faible épais- seur pour ne pas s'opposer aux effets de la capillarité. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 59 En réponse à une question qui lui est adressée, M. Marchal donne de nouvelles explications. Le produit brut du système Kennedy est considérable en Angle- terre et il serait le même en France, là où l'application pourrait en être faite; mais il serait impossible d’en connaître le produit net dans notre pays, où 268 dépenses pour l’établir seraient énormes. — Mais ne pourrait-on pas, demande M. de Caumont , l’'employer au moins dans certaines limites ? — Cela serait possible, répond M. Marchal : l'emploi du liquide ne se ferait plus cependant alors au moyen de larrosage. Ainsi, dans les terrains où il y aurait de la pente, on l’amènerait bien dans une mare, comme on a distribué du guano liquide à l’aide de conduits établis sur des versants de coteaux , mais il faudrait encore le retirer de la mare et le distribuer, et c’est là que se trouve la plus grande difficulté et que doivent être faits les plus grands frais. Il semble à M. Perrot qu’à part la question de dépense qui resterait à examiner, le liquide pourrait être avantageusement employé pour le jardinage. M. de Bouis parlage cel avis, mais, selon lui, si l'avantage peut exister pour certains légumes, il faudrait, à cause de l’odeur, se garder de recourir au même moyen de fructification pour d’autres légumes, tels, par exemple, que la salade. M. Maurenq examine la question au point 4 vue de l'efficacité de l'emploi. Si l’on ne peut, en France, appli- quer le système des tuyaux , on peutau moins arriver à la désinfeclion des matières et obtenir des adminis- trations de chemins de fer qu’elles en fassent le trans- port à prix réduil. En Belgique, c’est surtout à l’aide des fosses à purin qu'on utilise ces sortes de matières : 60 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. dans quelques endroits on en compose un purin spécial. M. Moll, professeur au Conservatoire des arts et métiers, prend la parole sur linvitation qui lui est adressée par M. le président. On a parlé, dit-il, de dépenses excessives. Si cependant, on.va au fond des choses, on remarque que l’appli- cation des matières dont il s’agit à l'amélioration du sol n’est pas aussi extraordinaire ni aussi opposée qu’on le croit aux habitudes de l’agriculture. En Angleterre, Pemploi qu'on en fait coûte même moins cher que le drainage, car la dépense par hectare ne s'élève pas à plus”de 200 francs, tandis que la moyenne de celle qu’entraîne le drainage ne monte pas à moins de 250 francs. En France, le même emploi serait beaucoup plus dispendieux. Des essais ont été faits en Bavière, où l’on se sert d’une roue hydraulique , et, au lieu de tuyaux en fonte, de tuyaux en bois qui sont même d'un prix plus élevé; la dépense y est de 400 francs par hectare, mais la fumure coûte cela quelquefois. Dans un voyage que l’honorable professeur fit dans le Nord l’an dernier, il a remarqué que Pemploi de l’engrais liquide par le système flamand entrainait des frais énormes, surtout à cause de la nécessité où l’on est de l’étendre de beaucoup d’eau. Lorsqu'il s’agit, par exemple, d’arroser un champ de betteraves, et, par conséquent de déposer le liquide sur chaque pied, la main-d'œuvre est très-coûteuse, car il ne s’agit de rien moins que de transporter à bras , parfois jusqu’à la dis- tance de 500 mètres, des cuviers contenant 50 à 60 litres. C’est ce qu’il a vu dans une propriété importante , celle de M. de Mesmay, Le système Kennedy est préférable pour la grande culture, mais non pour la petite, qui - ttes CONGRÈS DES ACADÉMIES. 61 doit éviter des dépenses trop considérables; toutefois, l'emploi du système flamand est plus facile sur une terre nue ou dans une prairie, puisque le tonneau peut être transporté, à l’aide de voitures, dans toute l'étendue du champ. Quant à l’effet des matières vertes ou fécales sur les plantes, il n’en résulte aucun mauvais goût. Des véri- fications ont été faites à ce sujet sur les épinards, les” artichauds , les fraises, et l’on n’a remarqué aucune, différence de qualité ou de saveur. M. Maurenq expose qu’en parlant des purins, il n’a fait qu’indiquer l’un des usages de l’engrais liquide. On pourrait recommander spécialement de rendre ces matières solides et inodores, pour qu’elles puissent être ainsi à la portée des cultivateurs; c’est en cela qu'il y aurait avantage. L’opinant: désire surtout que l’on ait recours aux moyens économiques. M. Moll répond qu'aujourd'hui on ne peut cie songer à la solidification des matières, car c’est cet ancien sys- ième qui faisait tout perdre: A Paris, on peut évaluer la quantité annuelle de ces sortes de matières à 4 million de mètres cubes. Sur cette quantité, une forte partie dispa- raît par suite de ce que l’on appelle le coulage; il en résulte un grave inconvénient, car le liquide qui s'échappe ainsi se mêle aux égoûts et contribue à gâter les eaux de la Seine. On n’envoie annuellement à Bondy que 300,000 mètres cubes. Là, les matières sont séchées , et, quoi qu’en disent les intéressés , on les mélange avec de la tourbe, ce qui en diminue évidemment la qualité. Le ré- sultat définitif ne consiste que dans 5,000 tonnes environ qui, d’après les données de la chimie et de la pratique, ne peuvent fumer que 7 à 800 hectares. _ 62 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Si, au contraire, on faisait usage des matières vertes, à raison de 20 mètres cubes par hectare, on pourrait fumer, dans le même espace de temps, 50,000 hectares. Les matières liquides ont, en effet, beaucoup plus de vertu que les matières solides. M, le marquis de Bryas, dans un voyage récent fait en Angleterre, s’est convaincu qu’en utilisant les engrais hu- mains, on peut arriver à produire 2 472 au lieu d’un; il recommande surtout l'emploi des purins. M. Marchal dit qu’il n’y a réellement de question que sur les moyens pratiques. L'expérience prouve que les engrais humains ne communiquent aucun mauvais goût aux plantes. L’opinant appelle cependant les observations des personnes qui ont pu faire des remarques, et les invite à citer les plantes sur lesquelles l'effet aurait été désavan- tageux. Revenant à l'application du système Kennedy, M. Mar- chal répète que cette application, avantageuse pour la grande culture , ne peut être faite à la petite , qui est la plus considérable en France. Le drainage est moins cher sur une grande échelle que sur une petite. Si l’on ne draine , par exemple, qu’un hectare, on pourra dépenser 600 fr. , tandis que, si l’on en draine 50, la dépense ne sera que de 200 fr,, en moyenne, pour une pareille quan- tité de terrain; mais le système Kennedy, en le suppo- sant appliqué à un hectare , coûterait presque autant que pour un terrain beaucoup plus étendu. | Suivant l'opinion de M. Moll, on devrait mor va matières mélangées; mais M. Marchal trouve le chiffre de 20 mètres cubes trop élevé pour un hectare ; la quantité d’azote fournie par cet engrais est telle que la fumure d’un hectare pourrait être faite avec 2 ou 3,000 kilo- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 63 grammes au plus de matières stercorales ; car il est re- connu que 45 à 1,800 kilog. de bonne poudrette sont suf- fisants pour celte contenance de terrain. Les urines pour- raient être réunies aux eaux d’égoût avant d’arriver à la Seine, et l'emploi en serait avantageux. On pourrait, pour cela, opérer, dans la cour même , la séparation des liquides et des solides. M. Moll est d’avis de cette séparation dans l'intérêt des villes. Si un système adopté en Angleterre, recommandé récemment par M. le Préfet de la Seine, et dont l’objet est d’expulser immédiatement les matières solides, pou- vait être accueilli, il y aurait avantage à opérer cette sépa- ration ; mais, en France, le mélange se fait dans la fosse d’aisance même ; au moyen de l’eau qu’on y jette, on produit un liquide qui coule très-bien , et la partie la moins dense s'échappe par les égoûüts. Dans la conduite de Bondy, le surplus des matières est refoulé et employé dans l’état où il se trouve; il sort bien par l’orifice de la lance, quoiqu’elle n’ait que 2 à 3 centimètres de dia- mètre. 20 mètres cubes feraient une forte fumure; cette quantité cependant paraît nécessaire , car, dans les ma- tières de Paris, on n’a pas trouvé plus d’azote que dans le fumier d’étable ; c'est-à-dire quatre millièmes seule- ment, au lieu de près de quarante qui existent dans les ma- tières fraîches. C’est ce qui a été vérifié dans plusieurs la- boratoires , notamment dans ceux de MM. Boussingault et Mangon. M. Moll invoque, à cet égard, non sa propre expérience, mais celle des cultivateurs flamands. Dans ce pays , 4 mètre cube de matières est considéré comme l'équivalent de 3,000 kilog. de fumier. M. le comte de Gourcy, à propos de l'effet de l'odeur sur les plantes, annonce au Congrès que deux sociétés 64 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. exploitent en grand, à Londres, le système Kennedy pour les jardins, et que les maraîchers se félicitent de cet ar- rosement. Quant aux résultats du système, ils existent même pour le produit net ; en effet , dans la propriété de M. Teller , il a vu que 48 vaches étaient nourries exclu- sivement avec le produit brut de 10 hectares arrosés, Le beurre de chaque vache donne, par an, un produit de 250 fr. C’est assez dire que ce produit compense large- ment les frais d'établissement et d’entretien du système. M. le duc de Maillé désire savoir quels sont la valeur et l'avantage comparatifs de l'emploi liquide et de l’em- ploi solide, car, suivant le système Kennedy, tout se con- verlit en engrais. | M. Moll répond qu'il est reconnu , notamment en Suisse, que le purin a beaucoup plus d’efficacité que l’en- grais ordinaire. On y convertit tout l’engrais solide en engrais liquide. Ce dernier engrais est, en effet, dans les conditions les meilleures pour que les plantes puissent en profiter , car elles ne peuvent absorber que les ma- tières liquides; il faut donc, si l’on emploie les matières à l'étatde solidité, qu’elles se transforment, et les plantes ne peuvent pas en profiter immédiatement. En Angle- terre, le mêmé fait a été reconnu; on pense que l’engrais, sous la forme liquide, produit quatre fois plus d’effet que sous la forme solide : peut-être y a-t-il exagération, mais l’effet ne serait-il que doublé, que l'avantage serait encore considérable. On conçoit bien que la rapidité d'action diminue la déperdition. La séance est levée à 4 heures. Le Secrétaire, SELLIER, CONGRÈS DES ACADÉMIES. 65 SÉANCE DU 16 AVRIL. (Présidence de M. Albert ne Beaives, membre de l’Institut des provinces, au Puy.) MM. DE CAUMONT, le comte D'HERLINGOURT , le comte ANISSON DU PERRON, le vicomte DE POMMEREU, le comte D'HÉRICOURT, siégent au bureau. M. De Bouis remplit les fonctions de secrétaire. MM. Gomart, Sellier, Desvaux, lisent les procès- verbaux des séances précédentes, M. d’Herlincourt regrette de n'avoir pu donner à la séance précédente quelques explications sur le système Kennedy, qui auraient pu répondre à quelques-unes des questions qui ont été adressées à l’auteur de la communi- cation. Il a employé le système Kennedy dans sa propriété et il peut dire quel a été le prix de revient de son appli- cation : par hectare il a dépensé 754 francs, 200 francs pour les tuyaux, 554 pour les regards, Cette dépense première des tuyaux est assez considérable; mais si on à soin de:les vider dans la saison rigoureuse, à l’époque où lon doit craindre que la gelée ne les fasse crever, la dépense d'entretien est fort minime, de sorte qu’en calculant sur un capital de 754 francs, et évaluant l'intérêt et l'amortissement à 40 p.070, si on pratique , comme il l’a fait, 6 arrosages dans le cours de l’année, chacun d’eux , en y ajoutant les menus frais accessoires, ne doit pas être évalué à plus de 14 francs. Ce qu'il importe surtout de mettre en première ligne dans l'application de ce système, c’est la proportion des réservoirs à l'étendue de la superficie à arroser comme à la quantité de purin dont on peut disposer. Générale- 66 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, ment on porte beaucoup trop haut la quantité de purin pour un hectare, en disant qu’il faut 30 mètres cubes de purin pur; M. d'Herlincourt a obtenu d'excellents résultats en n’employant que le dixième, c’est-à-dire 3 mètres de purin. Ce précieux engrais, quand il est pur, contient assez d’azote pour être étendu de neuf fois autant d’eau. Ainsi pour les 6 arrosages annuels il faut 18 mètres cubes de purin, pour chaque hectare , voilà une première base; une seconde se trouve dans la quantité rendue par les différents bestiaux élevés dans l’exploi- tation. Une vache fournit une quantité annuelle de purin nécessaire pour l’arrosement répété 6 fois sur h hectares; 3 chevaux, 7 porcs , 21 moutons donnent : des quantités équivalentes. Tels sont les résultats prati- ques sur lesquels on peut combiner les opérations. Les tuyaux dont s’est servi M. le comte d’Herlincourt ont un diamètre intérieur de 3 à 4 centimètres. Le système Kennedy lui paraît résoudre la question de l’arrosage fertilisant à bon marché, car chaque arrosage, dans le système du transport et de l’arrosement par tonneaux iraînés par des chevaux, ne coûte pas moin$ide 20 francs par hectare ; parfois il s'élève même jusqu'à 50 francs, même en n’y comprenant pas les réparations indispensa- bles des tonneaux, des harnais, etc. Quand l’arrosage se fait à l’aide de bras versant l’engrais à l’aide de cuillères, c'est un minimum de 60 francs de dépense par hectare qu'il faut compter. M. le comte d’Herlincourt n’a pas compris dans le prix de revient la citerne à purin, ni la pompe , qu’il suppose exister dans toutes les fermes. Seulement il faut avoir soin de placer en élévation suffisante le réservoir qui doit alimenter les tuyaux d'ir- rigation destinés à transporter partout l’engrais liquide. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 67 M. le marquis de Vogué commence par faire remarquer qu’en présentant quelques observations au précédent orateur, il n’a pas d'opinion arrêtée contre le système Kennedy , ni contre toute autre amélioration ; seulement avant de penser à les appliquer en bon agriculteur, il faut prévoir par le calcul et les chiffres quelles peuvent ètre les conséquences de lopération. Contrairement à ce qui a été dit hier sur les évaluations approxi- matives du prix du drainage en grand ou en petit, il pense qu’il faut toujours partir de ce principe : que la dépense doit être proportionnelle à la quantité de travail, de matériaux employés. Dans la communication qui vient d’être faite, on a signalé combien il était important de placer le réservoir en élévation ou de suppléer à la différence de hauteur par une machine propulsive, une pompe foulante et aspirante. Une autre condition qui doit influer sur le prix de revient, c'est l’agglomération des terres autour des bâtiments de l'exploitation ou leur disgrégation , leur éloignement qui nécessiterait des conduits plus multipliés et plus longs. Avant d'entreprendre une opération de ce genre, il faut se rendre compte de toutes les difficultés ; il prie donc l’honorable auteur de la communication d'ajouter quelques détails sur’ la situation de ses cultures et sur les conditions topographiques où il se trouvait placé. Le nombre de six arrosages est-il adopté par tous ? Arrose-t-on toutes les ae céréales, fourrages, racines ? | M. d’Herlincourt répond que la ferme, sur laquelle il a appliqué le système, étant située en contre-bas des terres qu’il cultive et placée même au-dessous d’un cours d’eau, il a dû élever son réservoir à purin de 68 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. 7 mètres au-dessus du sol; la pompe dont il se sert pour y faire parvenir les liquides fertilisants est mise en mouvement par une roue hydraulique placée sur une dérivation du cours d’eau précédemment indiqué et, dans les moments perdus de cette force motrice , l'interruption des travaux de l’usine voisine permet de s’en servir, la nuit par exemple et les jours de chômage. Les terres sont assez réunies autour des bâtiments , cependant la présence de bois qui ne lui appartiennent pas a obligé M. d’Herlincourt à faire parcourir un assez long circuit à ses tuyaux ; cela n’a pas augmenté sensi- blement les dépenses. Il est d'usage dans la contrée de se servir de purin pour arroser toutes les récoltes, céréales , racines, etc. Le nombre de six arrosages pour l’année est une donnée qu’on peut prendre comme pra- tique et rationnelle. | M. Jourdier prend la parole pour développer son opi- nion sur les progrès de la mécanique agricole en 1856. 1 passe en revue les diverses machines relatives aux opérations de l’agriculture d’origine française ou impor- tées d'Angleterre. Il me semble vrai d'admettre que l’exposition univer- selle de Londres en 1851 à marqué un point de départ dont Paris en 1855 a été la première étape, et le concours universel de 4856 la seconde. A mon sens, nous avons beaucoup progressé par Com- paraison et par circonstances. Un fait qui m'a frappé et sur lequel jé fonde particulièrement de grandes espéran- ces, c’est que de vrais mécaniciens, voyant où on en arrivait CONGRÈS DES ACADÉMIES, 69 en Angleterre , ont compris qu'il y avait pour eux un bel avenir à entrer dans la voie qui leur était tracée, Je ne citerai pas de noms propres , car cela froisserait inutile- ment bon nombre de ceux qui ont fait de la mécanique agricole , sans savoir ni la mécanique ni les besoins de l'agriculture. Ils avaient d’ailleurs sans aucun doute de bonnes intentions, et on doit leur en tenir compte. Afin de ne pas sortir du programme que vous avez posé, je vais vous demander à citer successivement les parties du matériel agricole qui, à mon avis, peuvent être con- sidérées comme un progrès où un commencement notable de progrès, qu’il s'agisse de machine française pure ou importée. Je remonterai peut-être quelquefois au-delà de 1856 ; mais ce sera dans le cas où il m’aura semblé que ce n'est guère que cette année-là (1856) qu’une chose d'existence antérieure aura été adoptée définitivement, ou comprise ou goûtée par le public agricole. Charrue à vapeur de Frowler. — C'est là un grand problème que je crois très-près d’être résolu: Chacun peut voir cette charrue à l’œuvre aujourd’hui sur les terres de la ferme de Villeroy , près Meaux. On y travaille à tâche à raison de 20 et quelques francs l’hectare. La charrue est la même que celle qui a fonctionné l’année dernière à Villers. Elle a seulement été perfection- née. Pour l'Algérie et la Russie , cette charrue peut et doit être extrêmement précieuse. Elle est en France, c’est déjà : quelque chose. —.Dix-sept de ces charrues marchent regulièrement en Angleterre. Piocheuse Barrat. — Vous: avez appris qu'il y avait aussi quelque chose à espérer de la piocheuse Barrat, beaucoup même, Une nouvelle va être mise en construc- 70 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. tion , sur la commande de l'Empereur ; il y a tout lieu de croire qu’elle sera bien plus convenable que la précé- dente, qui, néanmoins, a, en définitive, suffi à la démons- tration. Shan Draineuse à vapeur. — Cette machine, du même inventeur, est également en France. Elle fonctionne pra- tiquement. Si la question économique est résolue favo- rablement, il pourra y avoir beaucoup à espérer de cette application de la mécanique à vapeur aux travaux souter- rains du sol. Charrues. — Comme détail, je considère personnel- lement comme un réel progrès, l'adoption de létrier américain, qui exempte les pièces de bois auxquelles on ajoutait les coutelières, des perforations qu’on était obligé d’y pratiquer pour le passage des boulons; avec l’étrier, une pièce de bois conserve toute sa force , ceci est fort important. | J'estime fort aussi l'adoption de la rasette, sorte de petite charrue qui se met, comme un coutre, en avant de celui-ci, et lui trace préalablement un petit chemin qui empêche l’appareil de bourrer, soit quand on en- fouit du fumier, soit quand on défriche. Afin d’abréger, je vous demande la permission de me borner , dès à présent, à énumérer les objets, qu’à moins d'erreur ou d’omission je pense qu’il serait bon de noter. Aräire Parquin à pointe de soc mobile. — Le corps de l’araire Parquin me semble parfait, maintenant que l'application réellement précieuse , quoique très-an- cienne de la pointe de soc mobile y est faite ; on a une machine très-approchée de la perfection. Dans les sols pierreux, partout où la pointe du soc s’use vite ou se brise, cette charrue rendra de grands services. ‘ CONGRÈS DES ACADÉMIES. 74 Bien que je ne considère pas l’avant-train de ce con- structeur comme parfait, il s’en‘faut, j'estime très-fort l’usage qu’il y fait des roues montées à demi-patent, de telle façon qu’on peut les graisser comme les roues des diligences sans les démonter. De PB la Poire fait bien moins obstacle. . . Fouilleuses. — L'adoption de ces indispensables charrues doit être notée. On ne peut plus s’en passer pour les cultures, racines et fourragères. Charrue tourne-oreille, — Avec la pratique du drainage, cette charrue est celle qui doit dominer un jour. Je n’en connais pas encore une seule qui soit parfaite ; il y a beaucoup à faire ; je crois utile d'appeler l'attention sur ce point. En attendant mieux, on peut se servir assez avantageusement des Brabant doubles. Une fois qu’on sait les.manier , et ce n’est pas difficile , on en tire un bon parti. Déchaumeurs. — Le déchaumeur Dray, pouvant au besoin servir de défonceur, est une précieuse machine importée d'Angleterre. Son usage se répandra rapide- ment, je pense. , Extirpaleurs. — scarificateurs. — Comme en Angle- terre , nous arrivons en France à employer des pièces de rechange pour avoir ces deux indispensables ma- chines. Jusqu'à présent, la grosse difficulté du service était l’engorgement, Le système de MM. Depoix et d’Hérissard y remédie; il suffit maintenant d’appuyer sur les mancherons pour dégorger les dents , sans arré- ter la marche des chevaux. Herse à couperets. — Après un AE NRELS on avait beaucoup de peine à réduire les copeaux de terre détachés en gros rubans. La herse ordinaire écor- 72 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. chait, retournait. Avec la herse importée de Belgique par M. Decrombecque , on parvient à hacher le sol en procédant comme le font en petit les charcutiers pour préparer la chair à saucisse, Herses parallélogrammes accouplées. — J'espère qu’un jour prochain on ne connaîtra pas d’autres herses en France. En Angleterre , elles sont exclusivement em- ployées. C’est le meilleur appareil qu’on puisse désirer pour herser régulièrement, complètement, sans double emploi ni perte de force ou de temps. Rouleaux brise-mottes. — Celui de Crosskill est en- core très-bon, surtout quand les fusées des roues sont coudées. Quand elles ne le sont pas, il suffit de faire un plan incliné avec une planche et une pierre pour éviter de creuser des trous en terre. Le rouleau Cambridge n’a pu détrôner le Crosskill; le Patterson y aurait réussi, parce qu’il se nettoyait mieux lui-même. Aujourd’hui se présente un nouveau Cambridge, qui semble devoir l'emporter. Les lumières, au lieu d’être circulaires, sont triangulaires, à angles arrondis ; de cette façon, quand l’appareil est en marche, il s’opère une remarquable dislocation, qui fait que les … disques sont toujours nettoyés les uns par les autres. Semoirs. — En attendant un semoir compteur qui est en-bonne construction commerciale, on se sert momen- tanément des semoirs Lemaire Maxime, Saïint-Joannis, Jacquet Robillard, et de tous les modèles anglais. C’est là un grand progrès. Semoirs à engrais liquides. — Celui de Chanler est une conquête. Il verse, en même temps que la graine, une dose d’eau pure ou contenant de l’engrais en quantité suffisante pour qu’on n’ait plus à.craindre une de ces (CONGRÈS DES ACADÉMIES. 79 funestes sécheresses qui obligent à tout recommencer, compromettent une récolte , ou tout au moins mettent de beaucoup en retard et en déficit pour les rende- ments. | Land-presser. — Nous ne mettons pas en doute que cet appareil ne détrône un jour presque tous les semoirs. C’est tout simplement une série de sortes de roues de brouette qui, promenées sur le sol à emblaver, y mar- quent des sillons de la forme d’un V, dont la pointe serait tronquée. La pièce étant prête on sème à la volée très-clair, on herse ensuite en iravers, el on a un blé hors ligne, dont chaque grain est dans ce sol ferme qu’il aime tant et que les animaux nuisibles pénètrent beaucoup moins. Je suis convaincu qu’une fois répandu, ce rouleau- rayonneur-presseur rendra de très-notables services et se répandra plus facilement que les semoirs. Planioirs. — Celui de M. Ledocte a rendu et rendra de très-bons services. La brouette à pièces de rechange est excellente. Semoirs à petites graines. — En Angleterre, en _ Allemagne, partout, ces semoirs rendent de: grands | services. Il n’y en a que peu en France. Ils méritent _. d'être propagés. : Semoirs à poudrette. — Il est très-difficile de faire semer la poudrette et le guano par les ouvriers. Au fait, c’est très-pénible. On vient d'importer le semoir Holmes, que je considère comme parfait. Il est fort à __ désirer qu'il se propage rapidement, car les engrais pulvérulents sont bien mal répandus par la main de l’homme, qui met d’ailleurs , dans l’accomplissement de cette tâche , en général, une très-mauvaise volonté. | Li TT | à 1e DM M2 TT W nsnes - A te PE ' ee + mer vs de = qe are _ a Re te = L CONGRÈS DES ACADÉMIES, 75 Houe à cheval circulaire de Hucknale, — Cette pré- cieuse petite machine sarcle en long et en travers. Elle éclaircit, par conséquent, les racines. Je la crois mal- * heureusement peu répandue. “Faucheuses-moissonneuses. — On croit à ces machi- nes, c’est déjà beaucoup. L'année 1855-56 a singuliè- rement été favorable à la vérité prochaine de la substi- tution possible de la machine à l’homme, pour la récolte . des fourrages et des céréales. De toutes les moissonneuses que je connais, aucune ne remplit les conditions qu'on recherche, cependant les trois principales peuvent déjà rendre des services en France, et. en Algérie notamment. Je place en tête la machine système Hussey , bonifiée ‘par le système Polmer, puis celle dite de Amaury, et enfin celle de Mac-Cormick. Nous Croyons pouvoir annoncer qu'avant peu nous verrons fonctionner une moissonneuse conçue par M. le docteur Trousseau et son fils, et exécutée par Le Moythieu. On la dit très-supérieure aux précédentes. Faneuses. — Celles que nous avons remplissent avec “une satisfaction à peu près entière le but qu’on veut atteindre. Quand on peut prévenir le pelotonnement du fanage autour du moyeu, elles ne laissent alors plus guère à désirer. La faneuse est non-seulement un pro- grès pour nous ,.mais c’est encore une conquête des plus précieuses. | Râteau à cheval. — Le râteau à cheval est dans le même cas. "Il ne reste qu’à désirer qu’il soit d’un prix un peu plus abordable, :. FRS % Ne 76 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. RATEAU A CHEVAL DE HOWARD, Machines à battre, — Jusqu'à présent se plaçaïent sur la même ligne celles de MM. Duvoir, Cumming , et Graitot, toutes trois dérivées de celles de Winther : toutes trois brisaient le grain, quand on voulait forcer la besogne. Actuellement celle de M. Cumming se place en têle, à mon avis, à cause d’un contre-batteur nouveau, à surface boutonnée, qui permet au grain de se mettre à l'abri, de fuir dans les rigoles à angles divers, que forment ses lignes de boutons. Locomobiles, — Celles de M. Rousset sont une véri- table conquête pour l’agriculture. Formé à l’école de M. le baron Seguier, ce constructeur est le plus habile que je connaisse. Il y a d’autres machines de ce genre qui sont très- estimables ; aussi je crois qu’on peut les placer, sans conteste, dans la catégorie dont il s’agit ici. ” Tricurs de graines. — Gelui de M. Pernolet remplit CONGRÈS DES ACADÉMIES. 77 bien ce qu’il promet. Je le place sur le même rang que la faneuse et le râteau à cheval. Moulins agricoles. — Celui de M. Bouchon, mu par manège surtout, atteint parfaitement le but, Pompes à purin. — La pompe dite arabe est parfaite pour cet usage ; c’est une bonne acquisition que nous avons faite pour le traitement de nos fumiers. Hache-paille , Goupe-racines. — Bien que cès ma- 2 s te VUE D'UN HACHE-PAILLE. - chines ne soient pas nouvelles, je pense qu’on‘doit les 78 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. considérer comme n'étant entrées en grand dans la pratique que depuis peu. Écorche-racines-Philipps. — Cette séniute machine est encore peu connue, mais elle mérite de l'être. Au lieu de couper la racine à vif, elle l’écharpe comme on le ferait avec une râpe à longues dents. Les morceaux, mêlés avec des tourteaux ou de la paille hachée, entrent bien plus tôt en fermentation que les autres ; on doit donc les préférer, Teilleuse mécanique. —Si le teillage a fait un impor- tant progrès qu'il est bon d'enregistrer, je trouve qu'il serait bon qu’on püt aussi avoir de petites machines à bras pour remplacer celles dont on se sert avec si peu d'avantage dans nos campagnes. J’appellerai, si on veut bien le permettre, l’attention de MM. les délégués sur ce point, en raison du besoin que je sais qu’on a de ces petites machines qui, si elles existent, sont peu connues et surtout trop peu répandues. M, de Caumont annonce que M. Jourdier a bien voulu s'entendre avec lui pour montrer à MM. les délégués la plupart des instruments dont il vient d'être parlé ; que mardi prochain, à 11 heures et demie , M. Jourdier les recevra avec plaisir dans l’établissement du matériel “agricole perfectionné, 35 , rue de Lafayette, et que MM. les membres du Congrès pourront voir fonctionner plusieurs de ces machines. M. Maurenq voudrait que l’établissement , | diriéé par M. Jourdier, pût avoir des dépôts dans les départements qui propageraient la connaissance des machines et des outils perfectionnés. M, Jourdier répond que la demande qui vient d’être CONGRÈS DES ACADÉMIES. 79 faite , entraînerait l'entreprise dans des frais et qu’il lui _ faudrait un capital mort considérable ; que jusqu'à ce jour il n’est pas possible de songer à rien de semblable, On prépare un Album , représentant les instruments, qui sera distribué partout. On enverra sur une feuille à part, et timbrée, le prix correspondant à chaque numéro de L'Album : cela peut suffire pourdes personnes instruites ; pour celles qu'il s’agit d’enséigner d’une manière plus directe, il y a un moyen à la disposition des Comices agricoles , c’est de demander lenvoi , à leurs frais , des instruments ; s’ils ne les gardent pas, ils peuvent les renvoyer. M. le docteur Bally lit une note sur les progrès de la botanique en 1856. 11 s'attache surtout à prouver les applications utiles d’une plante négligée jusqu'ici, le T'yfa latifolia ; qui peut servir à fabriquer des vêtements, des chaussures, etc. M. Albert de Brives appelle l'attention du Con- grès sur une application utile du drainage exécutée par M. Chouvois, directeur de la ferme-école de Nolhoe { département de la Haute-Loire }, et s’exprime ainsi : « Je crois devoir appeler l'attention du Congrès sur une application utile des cours d’eau de drainage à l'irrigation, faite dans le département de la Haute-Loire pendant ces dernières années. « Le problème à résoudre était celui-ci : Enlever les eaux surabondantes du sous-sol pour les ramener à la surface et les employer à l'irrigation. On sait que les eaux produites par le drainage ont des qualités fertilisantes qui manquent aux eaux ordinaires. L’expérience et la science sont d’accord sur ce fait. « M, Chouvois, l'honorable directeur de la ferme-école DA) INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. de Nolhoe , et membre de la Société d'agriculture du Puy, ayant à drainer une prairie qui offrait une pente assez considérable, eut la pensée d'utiliser les eaux du fonds de cette prairie pour en arroser la surface, Il est arrivé à ce but par les moyens suivants : « La prairie représentait un quadrilatère allongé ; la pente était dans la lofñgueur, Après les opérations de nivellement ordinaire , il a divisé sa pente en 5 ou 6 sections. Il à établi les drains de la 1", section dans le sens de la plus grande pente, suivant l'usage , et en a réuni les eaux dans un collecteur placé dans la partie la plus basse, aboutissant sur un point central. Vers ce point un conduit éimenté, et à pente réduite, s'empare des eaux , et les ramène sans effort, à la superficie, sur une partie de la 2°, section de la prairie, dont le point dépend de la pente générale, et d’où elle est dirigée, sui- vant les besoins, par des canaux ordinaires. « La 2°, section est drainée comme la 4°, , et ses eaux ramenécs à la surface sur un point quelconque de la 3°. section , et ainsi de suite jusqu’au bout. « Ce moyen très-simple , d’ailleurs, a produit les meil- leurs résultats, et d’une prairie donnant un herbage rare et de la plus mauvaise qualité, a fait un pré de 1"°, classe qui étonne tous les jours les visiteurs par sa fécondité. « Ce genre de drainage a, aux yeux de quelques per- sonnes, l'inconvénient de ramener constamment à la surface les eaux de drainage , qui peuvent être nuisibles dans les temps pluvieux en entretenant une humidité trop persistante. «Un autre membre de la même Société d'agriculture, M. Nicolas, ancien élève de la Saulsaie, directeur du drai- nage dans la Haute-Loire, a imaginé un autre procédé qui CONGRÈS DES ACADÉMIES: 81 _ conduit au même résultat sans avoir le mêmeinconvénient. Soit donnée la même prairie, Il établit dans le centre, et sur toute la longueur, un collecteur sur lequel viennent s’embrancher successivement, à droite et à gauche, les drains ordinaires, à certaines distances qu'il détermine , suivant la pente et suivant le besoin d'irrigation; il coupe son collecteur par une petite caisse formée de quatre planches ayant la longueur nécessaire pour réunir le fond à la superficie. Cette caisse qui doit servir de con- duit à l’eau était coupée à quelques centimètres au- dessus du fond par une paroi horizontale percée et des- tinée à recevoir la bonde qui est le principal agent du mouvement ascensionnel des eaux. Dans ce système, les eaux arrivent dans la caisse par un trou supérieur à la paroi , traversent cette paroi lorsque la bonde n’est pas placée, et reprennent leur cours dans le drain inférieur par une seconde issue pratiquée dans la caisse un peu au-dessous de la paroi horizontale, « Mais, lorsque la bonde est placée, on conçoit que les eaux, n'ayant plus d’issues par les drains, s'élèvent dans la caisse et viennent jaillir à la surperficie, Une partie de ces eaux est également refoulée par la loi du niveau dans les drains supérieurs; mais l'expérience a prouvé que c'était sans inconvénient. Si la bonde reste long-temps fermée , l'effet naturel est un arrosement de la partie supérieure de, la prairie par imprégnation, qui ne présente aucun danger , puisque , par l’enlève- ment de la bonde , on peut à volonté rendre aux eaux surabondantes leur cours naturel par le collecteur, « M. Nicolas a tout récemment apporté une amélioration à la forme de sa caisse qu’il appelle une fontaine, L’éta- blissement de la paroi horizontale, destinée au place- 82 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ment de la bonde , avait l'inconvénient de procurer un ressaut dans la ligne du collecteur et de faire perdre une partie de la pente. Il a voulu remédier à cet inconvénient et il à imaginé , à cet effet, une paroi coudée qui n’occupe qu’une moitié de la caisse. L'eau arrive dans la partie de la caisse où n’aboutit pas la paroi et au-dessous dusniveau de la partie supérieure de la paroi où se trouve l’orifice. L'eau, arrivée dans la caisse, s’élève jusqu’au-dessus de la paroi, redescend par l’orifice et s’échappe par le collecteur qui vient abou- tir au même niveau que l’orifice d’arrivée. «Ce moyen, également appliqué, a produit les meil- leurs résultats ; mais ce dernier exige une plus grande quantité d’eau, La déperdition qui s’opère nécessairement par le remous des eaux forcées dans des conduits qui ne sont point étanches, peut nuire à l'effet de la fontaine en ne laissant pas, pour l'irrigation de la surface , une quantité d’eau suffisante ; du reste ce moyen a l'avantage de donner ou d’enlever à volonté les eaux suivant le besoin. « Ces deux modes me paraissent donc présenter des avantages ou des inconvénients relatifs et qui feront don- ner la préférence à chacun d’eux, suivant les différentes circonstances dans lesquelles se trouveront les terrains soumis à cette opération. « Mais ils m'ont paru l’un et l’autre ingénieux , d’une application utile en principe, et dignes, en conséquence , d'être soumis à votre appréciation. » M. d’Esterno ne croit pas l’idée de se servir des eaux obtenues par le drainage, pour larrosement de la super- ficie , aussi nouvelle que les draineurs de la Haute-Loire CONGRÈS DES ACADÉMIES. 88 l'ont pensé. M. Rayrol a publié un système qui a beau- coup de rapport avec ceux dont on vient d'entretenir l'Assemblée. ; | M. Perrot pense que ces inventions diverses sont propres à répondre aux objections de ceux qui disaient : « Le drainage est nuisible parce qu’il enlève des eaux . chargées de principes azotés » , puisqu’ainsi on les re- verse et on les utilise à la surface des prés, M. Maurenq ne voudrait pas qu’on se laissât séduire par des applications de ce genre. Selon lui, on aura dans la saison pluvieuse beaucoup d’eau à verser sur le sol déjà trop humide, puisqu’on a cru utile de le drainer ; on n’aura rien à lui donner dans les moments de séche- resse, alors que cela serait utile, Il faudrait, pour com- pléter ce système , établir des réservoirs qui seraient mis à contribution dans la saison de sécheresse. M. de Brives répond qu'il serait toujours facile de ne pas verser l’eau à la superficie, si cela n’était pas utile; le système permet seulement de s’en servir au besoin. Le Secrétaire-général , DE Bouis. SÉANCE DU 17 AVRIL. (Présidence de M. le comte pe VicnErAL, ) Sont appelés au bureau, par M. de Caumont : MM. Dx Gourcyx, MAHUL , OLIVIER , de Vaucluse ; A, de BURE, se- crétaire de la Société de l'Allier. M. Desvaux, secrétaire, M. le marquis de Bryas communique au Congrès plu- 8h INSTITUT DES PROVINCÉS DÉ FRANCE. sieurs volumes du Herd-Book anglais, et. témoigne le désir que nos bonnes races be dt aient également leur généalogie. La discussion est continuée sur les progrès de la phy- sique en 1856. M. André Poëy s'occupe depuis long-temps de recueillir les effets curieux produits par la foudre , et invite les membres du Congrès à lui communiquer tous ceux qu'ils auraient observés. Selon. lui, la foudre produit des effets pathologiques et thérapeutiques. M. Poey cite encore des phénomènes photographiques très-surprenants. M. de Bouis ne nie pas les effets thérapeutiques de l'électricité, mais il observe qu’on doit mettre beaucoup de réserve dans l'emploi de ce fluide, parce qu’on ne sait pas encore le doser. M. Du Moncel parle des bons effets sedits par Pélec- tricité dans les cas d’asphyxie par le chloroforme. il parle d'images électriques à travers des corps isolants, Un membre demande comment des images photogra- phiques peuvent se produire à travers des habits et autres corps opaques ? M, Du Moncel répond que l'expression d'images pho- | tographiques est impropre , parce que, dans ces phéno- : mènes, ce n’est pas la lumière, mais bien l'électricité qui . agit. M. Du Moncel fait ensuite au Congrès une communica- | tion très-intéressante sur la télégraphie électrique. Il Pr | sente et fait fonctionner trois appareils. D'abord le télégraphe écrivant de Morse (1838), qui n’a qu’un fil à la ligne au lieu de deux fils employés en Allemagne. On conserve la prete écrite en lettres ineffaçables, % 4 | : CONGRÈS DES ACADÉMIES. 85 ce télégräphe a été perfectionné par M. Mouilleron. 2, Celuide M. John Thomas, hongrois, qui présente un avantage pour les transmissions transatlantiques. M. Var- ley en a posé un de Londres à Ostende qui permet d'éviter les inconvénients de la condensation des fluides dans les lignes sous-marines. 3°. Un télégraphe Morse transcrivant la dépêche par réaction électro- chimique. La bande de papier est pré- parée avec une dissolution de cyanoferrure de potassium, en prenant une pointe en fer ou en acier pour imprimer le papier, l’action M qe trace les caractères en bleu de Prusse. Ce télégraphe , comme le premier système, nécessite l'emploi de relais. M. Du Moncel parle ensuite des appareils accessoires des parafoudres qui préservent les employés des acci- dents occasionnés par les orages; des horloges.électriques de M. Robert-Houdin, qui peuvent marcher pendant six mois de suite ; de l'emploi de l'électricité pour l'explosion des mines. A Cherbourg, on faisait sauter simultanément 46,000 kilog. de poudre enfouis dans huit puits de 45 *. de profondeur et qui soulèvent le rocher sur une surface d’un hectare. - Le même procédé est employé pour creuser le nou- veau port de Marseille. M. Du Moncel cite enfin l’utile application de l’électri- citépour la télégraphie nautique. Les signaux se donnent ordinairement au moyen de lanternes superposées qu’on allume dans un ordre déterminé à l’avance. On perd beaucoup de temps lorsqu'il faut déplacer ces différentes _ lanternes, tandis qu'il est très-facile, avec des appa- reils très-simples et en tournant seulement des robinets, 86 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. de faire arriver des gazs inflammables dans telle ou telle lanterne et de les allumer au moyen d’un courant élec- trique. On peut opérer ainsi avec la plus grande ra- pidité. Le Congrès vote des remerciments à M. DuMoncel pour ses importantes communications et pour la belle exposi- tion d'instruments de physique qu’il a fait déposer dans la salle. Plusieurs de ces instruments ont été inventés ou perfectionnés par M. Du Moncel qui ainsi a doublement mérité de la science. Le Secrétaire, G. DESVAUX. SÉANCE DU 18 AVRIL. (Présidence de M. le vicomte ne Cussy, membre de l'Institut des proyinces. ) La séance est ouverte à 2 heures. MM. DE CAUMONT, le comte DE Bonpy, le comte D'ESTERNO , DE ROISSY, DE MONTREUIL, DE MARGUERIT DE ROCHEFORT , DRÉOLLE et OLIVIER siégent au bureau. M. SELLIER , l’un des secrétaires-généraux , tient Ja plume. M. de Caumont annonce que M. Geoffroy Saint- Hilaire attendra le Congrès demain dimanche, #une heure, pour: lui faire part des importations ou accli- malations nouvelles faites au Jardin-des-Plantes. Le Congrès est invité, par M. le Directeur , à se réunir : à midi moins un quart à Notre-Dame, à l'effet d'exa- miner les travaux qui ont été récemment faits, et de CONGRÈS DES ACADÉMIES. 87 se transporter ensuite en corps au rendez-vous donné * par M, Geoffroy Saint-Hilaire. M. Barrande exprime le regret de n’avoir pu assister aux réunions du Congrès , si ce n’est mercredi dernier, jour où l’on ne devait pas s’occuper de géologie. . M. Ami Boué a envoyé à M. le Directeur un aperçu sur la géologie dans l'univers entier. Sa leitre est analysée par M. de Caumont, et trouvera place dans l'Annuaire de l’Institut. 1len résulte notamment qu’on s’est occupé beaucoup de géologie partout en 1856, et que d'importants travaux se préparent dans les deux hémisphères. ; M. de Caumont expose que les fouilles opérées pour la construction des chemins de fer ont amené des découvertes. intéressant la géologie; il importerait par- tout où des chemins de fer ont été établis, de faire le relevé graphique des coupes mises à nu dans les déblais. MM. les Ingénieurs des mines consentiront , à n’en pas douter, à faire faire cette constatation. Dans quel- ques années, il serait trop tard pour se livrer à un pareil travail qui deviendrait alors impossible. M. le Directeur de l’Institut propose au Congrès d'émettre à ce sujet un vœu qui est unanimement accueilli. Revenant sur une discussion qui a eu lieu dans la séance du 16 dece mois, à l’occasion de la connais- sance donnée au Congrès, par M. Albert de Brives, de l'application qui a élé faite, dans la Haute-Loire, des eaux du drainage à l'irrigation, M. le duc de Maillé présente deux observations; il lui semble que, dans les temps pluvieux, l'opération qui consiste à ‘ramener 88 INSTITUT DES PROVYINCES DE FRANCE. les eaux du drainage à la surface du sol ne présente aucune utilité, et qu’en temps de sécheresse, Peau manquerait ét ne pourrait par conséquent être ramenée sur le sol. ÿ M. le comte d’Esterno répond qu'il a fait beaucoup d'irrigation et que l'expérience lui a démontré que les cultures ont besoin d'étre irriguées même en temps de pluie, et que, notamment pour les prairies, l’eau du ciel est loin d’être suffisante ; suivant lui, la pluie mouille et n’arrose pas, et celle qui tombe sur dix hectares pourrait à peine en arroser un d’une manière complète. Le drainage, avant d’être perfectionné, existait autrefois, sinon avec sa destination actuelle, au moins comme irrigation, et il importe beaucoup de lutiliser encore pour celte destination. Au moyen du drainage, en effet, les eaux sont rassemblées et il ne s’agit que de les ramener à la surface du sol. L'observation a démontré que le terrain étant sec, si l’on établit une galerie horizontale , on trouve de l’eau, et que, si l’on creusait une suite de puits verticaux, avec des galeries horizontales, il sortirait de l’eau de toutes les galeries. * Une objection a été faite, c'est qu'il est nécessaire d'établir un point d’arrêt pour faire remonter l’eau , ce qui semble devoir neutraliser les effets du drainage; mais il faut remarquer que c’est seulement à une distance minime que le refluement a lieu, ce qui n’entraine pas d’inconvénients : on rétablit d’ailleurs, quand cela devient nécessaire, la circulation dans le sous-sol et le mal n'aurait lieu que si l'interruption se faisait au moment d’une grande pluie , lorsque l’eau dort sur le terrain. M. le marquis de Bryas affirme qu'on ne doit pas CONGRÈS DES ACADÉMIES. 89 drainer indifféremment, soit qu’il y ait, soit qu'il n'y ait pas d’eau souterraine. Le drainage est inutile quand il n’y à pas surabondance. : L'ordre du jour appelle l'examen de la 40°, question du programme, ainsi CONÇUE : « Quels sont les moyens pratiques d’obvier à la déper- « ‘dition des matières fécales et des purins dans les cam- « pagnes ? » M. de Caumont fait connaître au Congrès un moyen in- diqué par M. Girardin, de Rouen. Ce moyen consiste à établir, sur le fumier, une espèce de guérite à l’usage des gens de la ferme ; mais parviendrait-on à obtenir d’eux qu'ils dérogeassent ainsi à leurs habitudes? il est permis d’en douter ; l'essai en tout cas est facile. M. le comte de Vigneral a vu , dans certaines exploita- tions, pratiquer, à RSFTÉRES des étables, 1e petits com- vriers. Une petite cellule peut également être établie auprès des fosses à purin. A un autre point de vue, le même membre voudrait qu’on rapportât de la terre dans les étables , pour y absorber les engrais liquides produits par les bestiaux. Le renouvellement en serait fait tous les huit à dix jours, ce qui, surtout avec la stabulation per- manente , serait d’un immense avantage. M. le cômte de Gourcy parle d’une amende de cinq centimes établie par un propriétaire contre ceux de ses gens qui ne se rendraient pas au lieu indiqué par lui dans le même but. Un autre membre propose de jeter de la glaise calcipée sur le fumier, AE « 49 M. le comte de Gourey expose que, chez M. Crespel, 90 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. de Lisse, on jette aussi sur le fumier de la terre argi- leuse qu’on ramène à la ferme pendant la belle saison , à temps perdu, et qu’on remise sous des hangars , en at- tendant qu’on l’emploie. Rien ne s'empare de l’ammo- niaque comme la terre argileuse sèche. M. le marquis de Caligny dit avoir inventé une pompe à purin, dont il trace le modèle. Cette pompe est très- simple, sans piston ni soupape ; elle est en zinc et ne coûte pas plus de 20 à 30 fr. La partie inférieure , qui est conique, est plongée dans le purin; le mouvement de va et vient s'établit verticalement de bas en haut; sa hau- teur est de 2 à 3 mètres. L’inventeur recommande cette pompe , parce qu’elle enlève tout ce qui se trouve dans la citerne , et, par conséquent, le meilleur engrais qui oc- cupe le fond. On l’a employée pour faire une lessive , et il en est résulté l’inconvénient de retirer les ordures qui s'étaient déposées dans la partie inférieure, de la fosse ; mais, dans lapplication faite à l'extraction du purin, ce qui était un inconvénient devient un avantage. Il est à regretter que cette pompe , que M. Carreau, ingénieur, se propose de faire exécuter, n’ait pas encore été expéri- mentée. u M. le vicomte Du Moncel sait qu’il existe une pompe sans piston ni soupape, employée utilement par un maraîcher de Versailles ; mais, parmi celles qui sont en usage, la meilleure est, sans contredit, la pompe Perrot, du prix de 120 fr. La Société d'encouragement pour l’industrie l’a trouvée excellente; elle est aussi sans soupape. On Pa employée pour les locomotives. M, le duc de Maillé demande à M. de Caligny à quelle profondeur , avec sa pompe, on va chercher l’eau , et si, en sortant, elle a une certaine force d'expansion. La ré- © CONGRÈS DES ACADÉMIES. 9 ponse est que l’eau peut être élevée à une hauteur égale à deux fois et demie la profondeur. On passe à la 11°. question : « Y a-t-il lieu d'établir une amende municipale dont « seraient passibles tous ceux qui laisseraient le purin « s’écouler sur la voie publique, comme cela a lieu en « temps de pluie, dans toutes nos campagnes ? » M. le comte d’Esterno pense que la question doit être résolue négativement ; il faut éviter d'établir législative- ment des pénalités contre les propriétaires , par la seule raison qu’il ne leur conviendrait pas de profiter de lavan- tage que leur procurerait l'emploi du purin. M. de Caumont répond qu’il ne s’agit pas d'établir des pénalités nouvelles, mais simplement d’obtenir que l’au- torité administrative | prenne des mesures pour que, dans l'intérêt de la salubrité publique, l'écoulement du purin hors des mäisons soif interdit, ce qui n’empêcherait pas les propriétaires “défperdre leur purin chez eux, s'ils refusaient de l'employer : il est évident pour lui qu'ils n’ont pas le droit de Île rejeter sur la voie publique. M. Sellier ajoute à ces observations qu’il ne s’agit pas, en effet, d’une pénalité directe à appliquer aux pro- priétaires qui laisseraient perdre leur purin ; mais qu’il est possible d’arriver indirectement au but que l’on se propose d’atteindre , au moyen d’arrêtés qui seraient pris par les maires, en vertu des pouvoirs qui leur sont con- férés par la loi pour sauvegarder les intérêts de la salu- brité publique. Ces pouvoirs sont, en effet, fort étendus, et l'intervention de MM. les Préfets pourrait déterminer l'autorité municipale à en user. Un membre observe que , la loi existant, il sut de 92 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. la faire exécuter, M. Sellier répond qu'il n'existe pas de loi qui prononce directement de pénalité pour le cas prévu. La loi donne seulement aux maires le droit de prendre des arrêtés, et c’est l'infraction à ces arrêtés que la loi punit d’une amende de simple police. M. le comte de Vigneral exprime l'avis qu’il faut in- struire avant de punir : Donnez, dit-il, au propriétaire l'instruction agricole et soyez sûr que, quand il laura reçue, il ne laissera plus perdre son purin. Toute pé- nalité serait donc inutile. * M. Tailliar annonce que la question a été examinée dans le sein de la Société impériale et centrale d’agricul- ture, sciences et arts de Douai. La délibération de cette Société a été adressée à ce sujet au préfet, pour l’engager à prendre, en vertu de la loi de 1837, un arrêté qui tiendrait lieu de ceux que les maires négligent de prendre. M. le duc de Maillé proteste contre la fâcheuse manie de vouloir tout réglementer aujourd’hui; il faut que ceux qui s'intéressent aux améliorations agricoles, donnent l'exemple , et les lois deviendront inutiles: il serait re- grettable d’ailleurs qu’on songeât à menacer les pro- priétaires de l’application de nouvelles lois pénales. Si l’on adoptait les objections qui viennent d’être faites, dit M. de Caumont , il faudrait donc ne pas exiger des propriétaires qu’ils fassent balayer les rues devant leurs maisons. M. le comte d’Esterno fait remarquer, que la loi auto- risant ce qui est demandé, et toute législation nouvelle étant ainsi inutile , la question perd de son intérêt. M. Tailliar prend de nouveau la parole : Au point de vue doctrinal, dit-il, le Congrès peut agir par des con- seils. Sous le rapport légal, la loi de 4790 donne le CPC PR a. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 93 droit aux maires de prendre des arrêtés applicables à leurs communes. Si l’autorité municipale n’agit pas, le préfet peut prendre un arrêté exécutoire dans tout le département. M. Boülatignier, conseiller d'État, ne voudrait pas que le Congrès résolüt la question,sans certaines restrictions. La loi de 1837 a donné aux maires un pouvoir plus étendu encore que la loi de 1790, car ils peuvent prendre, sur tou- tes les matières se rattachant à la police municipale, des arrêtés permanents qui deviennent de plein droit exécu- toires après l’expiration du délai d’un mois, si, dans cet intervalle, ils n’ont pas été réformés par l'autorité supé- rieure. Les préfets ont droit aussi, aux termes de la loi du 29 décembre 1789 — 8 janvier 1790, de pourvoir, par des arrêtés , au maintien de, la salubrité publique. M. Boula- “lignier pense même que, si, ce qu'il est impossible d'ad- mettre, cette haute intervention devenait nécessaire, l'Empereur pourrait, en Conseil d’État, assurer, par un décret réglementaire, l'effet de la mesure demandée. L'opinant propose, en conséquence, que le Congrès, considérant que la mesure intéresse la salubrité géné- rale, émette le vœu que les maires prennent des arrêtés pour empêcher l'écoulement du purin sur la voie pu- blique. II lui semble utile en outre que les préfets fassent sentir aux maires que la mesure se rattache essentielle- ment aux intérêts de l’agriculture. M. le comte de Vignerai exprime l'avis qu si ne serait pas indigne de la sollicitude de l'Empereur de rendre, en Conseil d’État, un décret réglementaire qui aurait pour résultat de dispenser les agriculteurs d’une foule de dis- positions et d’entraves administratives. | M. le comte d’Esternorepousse l'intervention de l’admi- 94 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. nistration dans les intérêts privés. Cette intervention doit s'arrêter aux mesures de police et ne doit pas aller plus loin. M. Boulatignier ne veut pas non plus de l'intervention de l'administration en-dehors de son pouvoir légitime ; mais il faut reconnaître que beaucoup d’administrations municipales restent au-dessous de leur mission. Ce ne sont pas les institutions qui manquent aux maires, mais les maires qui manquent aux institutions. 11 faut donc que l'autorité supérieure agisse sur les fonctionnaires municipaux par l'influence de ses conseils, ou qu’elle sup- plée à leur insuffisance par les mesures qui sont dans ses attributions. M. le duc de Maillé insiste pour dire qu’il ne veut pas que l’on protège les populations contre leur ‘paresse ; on doit repousser cette multitude d’arrêtés qui rendent im- possible l'administration municipale. , La clôture de la discussion étant demandée et pronon- cée, le Bureau propose, pour l'émission d’un vœu, une ré- daction contre laquelle sont faites diverses objections. La discussion déjà close paraissant devoir se renouveler à ce sujet, M. le Directeur de l’Institut pense que la discussion qui a eu lieu, et dont les détails seront consignés dans le procès-verbal , suflira pour attirer l'attention de l’admi- nistration, et qu’ainsi il serait inutile de formuler un 2 vœu. La séance est levée à 4 heures. Le Secrétaire-général , SELLIER. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 95 DIMANCHE 19 AVRIL. Le dimanche 19 avril, le Congrès n’a pas tenu de séances, mais il a été reçu au Jardin-des-Plantes par M. Geoffroy Saint-Hilaire, membre de l'Institut, profes- seur au Muséum d'histoire naturelle et président de la Société impériale d’acclimatation. Après s’être entretenu quelque temps dans ses salons avec les membres du Con- grès, M. Geoffroy, sur l'invitation de M. de Caumont, a, dans une brillante improvisation, indiqué les expériences tentées depuis peu pour l’acclimatation de nouvelles es- pèces animales et végétales : il a rendu compte des résul- tats obtenüs pendant le cours de l’année 1856 , puis il a. invité le Congrès à visiter avec lui les galeries du Muséum. Les yacks , les hémiones et les autres animaux nouvelle- ment importés ont été examinés avec soin, ainsi que les hippopotames et tout ce que le Jardin renferme de curieux.en Zoologie, Le Congrès s’est retiré après avoir remercié M. Geoffroy de sa complaisance et de sa cordiale réception. Le soir, M. de Caumont a reçu les membres du Con- grès dans les salons du restaurant Douix, au Palais-Royal. sp SÉANCE DU 20 AVRIL, (Présidence de M.-Manuz, membre de l’Institut des provinces, délégué de l'Aude. ) Siégent au bureau : MM. DE CAUMONT, directeur du Congrès ; PASQUERÉE , délégué de la Gironde ; l'abbé | # 96 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. BRULLÉE , de Sens ; ANCELON, délégué de la Meurthe ; le comte Du MANoïr ; du Calvados, Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. de Caumont rend compte de la correspondance. Il lit une lettre de M. le marquis de Bryas qui a été obligé de partir pour Vienne (Autriche), et qui se trouve privé de suivre les dernières séances du Congrès, M. le Directeur fait observer que l’ordre du jour est la question portée au programme sous le n°. 44, qui a pour but de faire connaître les emprunts faits par l’architec- ture rurale aux constructions des chemins de fer et quels emprunts. on peut encore lui faire. Il cite des imitations très-heureuses , notamment chez M. le comte de Serain- court, à Lonray, près d'Alençon, et pense qu’on ne peut “trop engager l’agriculture à entrer dans cette voie. M. Perrot fait remarquer que le progrès a eu lieu sur- tout parce que les ouvriers ont appris, dans les ateliers où les nouvelles entreprises de chemins de fer les avaient appelés, denouveaux systèmes de construction qu'ils n’au- raient jamais appris ailleurs; parce que, dans les provin- ces,on se bornait à continuer constamment de bâtir comme avaient fait nos pères : il fallait l’expérience des archi- tectes pour apprendre à ménager les matériaux et à con- struire d’une façon plus élégante et moins coûteuse. M. Maurenq croit que c'est surtout dans le système de charpente des couvertures beaucoup plus légères, qui est adopté maintenant dans beaucoup des constructions ru- rales de nos départements , que consistent les emprunts faits et le progrès réalisé. On a pu voir dans les gares ces systèmes de charpente plus légère , et par suite on est arrivé à les exécuter ou à les imiter dans les campagnes voisines. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 97 M. Gomart signale, parmi les améliorations acquises , l'introduction des charpentes plus légères qui ont rem- placé le chêne et les autres bois dont lé prix va sans cesse croissant , et augmentait d’une manière si considérable le coût des constructions rurales. On le prodiguait vérita- blement : les charpentes, aujourd’hui maintenues par des tiges de fer boulonnées, ont fourni partout des couvertures légères , solides et d’une économie notable. M. Boulatignier voudrait qu’on maintint la question sur ke programme et qu'on s’altachât davantage, dans les années suivantes, à préciser les prix de revient, M. de Gourcy sait que M. de Glaville a pu faire con- struire chez lui de vastes hangars pour abriter ses ré- coltes et au-dessous d’elles les instruments aratoires , à . raison de 5 fr. par mètre de superficie couverte. Il emploie les couvertures en papier enduit de bitume de gaz. M. Gomart estime que l'emploi du carton bituminé, comme couverture, aura de la peine à être adopté dans _ les campagnes. C’est une matière très-combustible qui présente de graves inconvénients. On sait combien la malveillance s'attaque aux hommes de progrès , et com- bien ils ont à lutter contre le vagabondage et, en géné- ral, contre les mauvais instincts de ceux qui attribuent la situation précaire où ils peuvent se trouver à des _ changements dans les usages des agriculteurs, soit par _l’élévation du prix des fermages des terres, soit par l'adoption de machines qui suppriment la main-d’œu- vre, etc. La question n'étant pas épuisée sera maintenue sur le programme des questions à discuter ki le NS ne Congrès. M. Olivier demande à présenter un projet d'utilisation 5 98 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. des engrais humains et autres des villes. Son absence au moment où le système Kénnedy a été exposé dans le Congrès , l’a privé de l’occasion de développer ses idées sur ce point, Elles peuvent Se résumer dans la création de réservoirs én-dehors des villes;ravec adjonction de ma- chines et de canaux de distribution. NOTE DE M. OLIVIER. « Quel parti pourrait-on tirer, pour l’agriculture, d’une « multitude d’immondices qui se perdent sous les égouts « pour aller ensuite salir , infecter et encombrer le cours « des rivières dans leur trajet au centre des villes ? » Je»crois qu’on ne peut pas faire à cette question d'autre réponse que celle-ci : Recevoir toutes ces ma- tières dans des réservoirs, employer les liquides à l’engraissement des terres et surtout des prairies, et répandre les matières solides sur les terres labourables ; cette réponse avec celte nudité peut paraître par trop naïve ; mais n’en ayant pas d'autre jusqu’à présent et cette solution pouvantremplhir le but qu’on se propose, elle mérite au moins d’être examinée et étudiée dans ce qu’elle peut avoir de pratique etde réalisable; c’est ce que je vais tâcher de faire brièvement. À priori, dans cet ordre d'idées rien n’est impossible avec plus ou moins d'argent ; mais, comme nous l’a fort bien dit plusieurs fois l’hono- rable marquis de Bryas, il ne faut pas faire de l’agriculture à tout prix, ou autrement il ne faut me faire de petits écus avec de gros écus,. Examinons donc si la question FR peul per- mettre de réaliser le désir de la Société d'utiliser les eaux : des égouts et d’en débarrasser les rivières. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 99 Je dois commencer par ‘expliquer ma pensée et les moyens de la réaliser ; puis avec quelques chiffres chacun pourra juger, pour les localités qu’il connaît, de l'impos- sibilité, de la possibilité ou de la probabilité de la réussite de ce que je propose ; voici ce que je voudrais : Avoir , à la sortie de la ville, un réservoir assez grand pour recevoir toute l'eau qui s'écoule par les égouts en 24 heures. Sur ce réservoir placer une pompe foulante mue par une machine à vapeur, et beaucoup mieux par un cours d’eau , si la chose est possible. | Au moyen de la pompe et de tuyaux souterrains, con- duire les eaux à 1, 2 ou 8 kilomètres de la ville. Ce réservoir devrait être assez élevé pour permettre l'irrigation , par pente naturelle, d’une suffisante quan- tité de terrains; quant aux parties solides d’un trop gros volume pour être lancées par les tuyaux dans le second réservoir , elles seraient retenues par un grillage dans le premier réservoir et enlevées de temps en temps dans des tombereaux, pour être enfouies comme fumier. Telles seraient à peu près les dispositions générales que je proposerais ; je dois maintenant étudier la possi- bilité de l'exécution, les difficultés et les chances de réussite, * Mais je dois prévenir tout d’abord que, n’ayant pas étudié la question pour une localité spéciale, j'ai dû ad- mettre plusieurs suppositions qui seront vraies pour telle ville’, et fausses pour telle autre ; de sorte que plusieurs des chiffres que je vais poser sont plus ou moins discu- tables : chacun peut les veftiier , ou modifier, suivant son appréciation, Voici le calcul que je fais: 400 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Je suppose que l’expériencewse fait sur une ville de 10,000 âmes. Je suppose que chaque habitant laisse écouler par les égouts 30 litres d’eau par 24 heures, Je suppose qu’il suffira de placer le second réservoir à 2,000 mètres de la ville. Je suppose qu’à cette distance et sur la route on trou- vera 200 hectares à arroser. Je suppose encore que, pour les arroser, il faudra élever les eaux à 20 mètres au-dessus de la ville. Voici Messieurs, bien des suppositions que je vous prie de m’accorder ; ceci étant, je pense en déduire les consé- quences suivantes: En 24 heures, il s’écoulera par les égouts de la ville, 300,000 litres où 300 mètres cubes. Il faudra donc deux réservoirs de 300 mètres cubes chaque ; en théorie, un seul pourrait suflire, on pourrait même s'en passer en faisant fonctionner constamment la pompe et arrosant constamment ; mais je prévois qu’il y aurait trop de diffi- cultés à agir ainsi ; j'admets donc deux réservoirs de 300 mètres cubes, ces réservoirs en bon béton coûteront 3,000 francs. Pour élever à 20 mètres de hauteur les 300 mètres cubes, il faudra une machine à vapeur de deux chevaux, travaillant 40 à 42 heures seulement; elle em- ploiera dans ce temps 200 kilog. de charbon, que je compte très-cher à 5 fr. ; un mécanicien , surveillant , chauffeur à 5 fr., en tout, pour frais journaliers de machine, 15 fr, ; pendant 365 jours, cette dépense sera de 5,475 fr. Cette dépense pourrait être considérablement réduite , si l’on pouvait utiliser une petite chute d’eau, en rempla- cement de la machine à vapeur. | La plus grosse dépense sera celle des 2,000 mètres de CONGRÈS DES ACADÉMIES. 401 tuyaux : en les comptanttout posés à 5 fr. le mètre cou- rant, on arrive au chiffre de 10,000 fr. | En résumant et additionnant les dépenses, nous aurons pour frais d'établissement : TOR En. © Je US SO Ir S'RéseRTOirs. «141 Lie 40e 3,000 A Mächine. 5 core on 1,000 POMPES M ÉSSNRUIES an. 1,000 Batiment: 45% .:; ef, 1,500 16,500 fr. FRAIS ANNUELS. Intérêt à 10 7, sur 16,500 fr. . 1,650 fr. Charbon ; mécanicien, . . . 5,475 Réparations imprévues. +. . 975 8,000 fr. Voilà donc une dépense annuelle de 8,000 fr. qui, répartis sur 200 hectares, produira pour chacun une dé- pense de 40 fr, Qu’obtiendra-t-on pour cela ? Six arrosages par an, à raison de 90,000 litres chaque hectare ou 540,000 litres pour les six; or, un arrosage de 90,000 litres est un très-bon arrosage, s’il est bien réparti. M. d'Herlincourt ne compte par hectare que 30,000 litres contenant 4710 de purin; cette quantité de liquide peut suffire pour mouiller passablement un champ, mais elle est assez petite pour qu’on soit obligé de faire l'opération avec beaucoup de soin , si l’on veut que toutes les parties soient arrosées. 109 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Les eaux d’égouts, dont nous nous occupons, sont chargées d’une assez faible quantité de matières fertili- santes, pour qu’il soit utile de remplacer la qualité par la quantité, si l’on veut obtenir de beaux résultats ; c’est pour cela que je croirais convenable de porter chaque arrosage à 90,000: litres : avec ces quantités, les eaux d’égouts, fussent-elles de l’eau pure, produiraient déjà un très-bon effet comme arrosage seulement; en les con- sidérant comme telles, on obtiendrait donc, moyennant 40 fr. par an, six bons arrosages. Dans le midi, dans les environs d'Avignon, où beaucoup de terres sont arrosées par des canaux alimentés par la Durance ou par la fontaine de Vaucluse, il en coûte; par abonnement, 23 fr. par hec- tare et l’on n’a que de l’eau pure: la différence de prix de 23 fr. à 40 fr, doit, je pence, se trouver très-largement compensée par les matières fertilisantes qui se trouveront dans les eaux d’égouts. Il y a donc tout lieu d'espérer qu’on trouvera facilement assez d'abonnements à Parro- sage pour couvrir les frais de l’entreprise; d’ailleurs, il serait toujours prudent de s'assurer les abonnements nécessaires avant de commencer les travaux. La question ainsi posée, il n’est donc pas impossible de réaliser d’une manière lucrative et peut-être irès-lucrative l’utilisation des eaux des égouts dans la plupart des villes. Gette pensée pourrait avoir une grande portée si un jour une ville, prenant l'initiative, venait, par un exemple heureux, prouver qu’il y a dans l’utilisation des eaux des égouts, motif à de brillantes spéculations. Il se présentéra sans doute à vos esprits encore bien des objections et des difficultés que n’ai pas eu la pré- tention de résoudre toutes dans cette petite note im- CONGRÈS DES ACADÉMIES, 103 promptu : ainsi, On aura souvent de’la peine à obtenir d’une petite ville qu’elle fasse les frais de ruisseaux ou égouts convenables se rendant dans un réservoir commun. | Dans certaines villes , il y a des industries qui rejettent d'énormes quantités d’eaux , pour lesquelles les moyens dont nous avons parlé ne suffiraient plus. | D’autres fois, et peut-être même souvent, les terres ne seront pas disposées à recevoir les arrosages. Dans ce cas, on en serait quitte pour laisser couler momentanément les eaux à la rivière jusqu’à ce qu’on puisse les utiliser ; la pratique , d’ailleurs, apprendra bientôt à faire ce qu’il y a de plus convenable et j'espère qu’un jour la réalisation du désir que vous exprimez viendra récompenser votre sollicitude pour le bien général. Maintenant, Messieurs, permettez-moi de vous entre- tenir, encore un instant, d’une question qui paraît d’abord sortir du sujet, mais qui s’y rattache directement. Je veux parler de la fabrication du béton. ; Pour recevoir les eaux des égouts, ainsi que tous les purins, dans les campagnes , il est nécessaire de faire de grands réservoirs; le moyen le meilleur et le plus écono- mique est sans contredit l'emploi du béton; mais pour cela il y a deux conditions à remplir, c’est de faire du béton bon et à bon marché. Sans doute, parmi vous, il en est plusieurs qui ont fait construire des réservoirs avec du béton el probablement plusieurs ont éprouvé un inconvénient qui se présente assez souvent, c’est celui des dégâts causés par la gelée qui détériore considérablement ces genres de construc- tions, surtout lorsqu'on à employé de la chaux grasse, Eh bien ! il existe un moyen très-simple de parer à cet 40 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. inconvénient, quand bien même on emploierait la plus mauvaise chaux : ce moyen consiste à mêler au gravier 474 ou 475 de son volume, de scories ou mâchefer, provenant de la combustion de la houille dans les four- neaux; il faut avoir soin de piler préalablement ces mà- chefer et on réussira d’autant mieux que la poudre sera plus fine; grâce à cette petite addition de matière siliceuse, à un état particulier, le béton peut impunément rester exposé à la gelée et au dégel. Voilà pour la qualité. Quant au bon marché, si l'on a à exécuter des travaux d’une assez grande importance, il faut faire le béton avec un manège ; de prime abord , l’idée ne paraît pas neuve, et pourtant elle l’est par la manière dont l’opération est faite. Jusqu'à présent on n’a pas fait le béton entièrement au manège , pas même dans les chantiers où l’on a employé les plus grandes quantités, comme, par exemple, au port de la Joliette, à Marseille. On a toujours commencé par faire du mortier avec du sable fin et de la chaux, et exé- cuté le mélange soit avec un manège, soit avec un tonneau vertical que tout le monde connaît; puis le mé- ange du mortier et des gros graviers ou pierres cassées s’est toujours exécuté assez mal à bras d'hommes, parce que le manège et le tonneau font encore plus mal le travail avec les dispositions qu'ont ces outils actuellement. Me trouvant dans la nécessité de faire, toutes les années, fabriquer de grandes quantités de béton, j'ai fini par arriver à disposer un meuleton assez bien pour fabriquer économiquement, d’une manière parfaite et très-rapide, tout le béton dont j'ai besoin: par ce moyen j'ai réduit de 50 sous à 20 les frais de fabrication de 4 mètre cube de béton. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 405 M. Maurenq a attaqué, au point de vue pratique, les procédés et les calculs établis par la note communiquée par M. Olivier. En pratique, M. Maurenq ne croit pas possible d’appli- quer les eaux des égouts des villes à l’agriculture par irrigation. Il cite pour exemple une ville donnant 300,000 litres par 24 heures, envoyés dans un premier réservoir d’un contenu de 30,000 mètres, de là dans un deuxième, de même capacité, placé en contre-haut du premier à 2,000 mètres de distance. M. Maurengq établit l’impossibilité, par la nécessité d'assurer un écoulement constant pour débarrasser les villes de leurs eaux d’égouts, devant un débit inter- mittent souvent à de longs intervalles ; il dit ensuite que le refoulement du premier réservoir dans le second exige- rait une pompe énergique et coûteuse et des tuyaux d’une force et d’une résistance qui entraîneraient un prix de revient par mètre bien supérieur à celui de 5 francs cité par M. Olivier. M. Maurenq ne regarde pas ce système comme pouvant | entrer dans la pratique. La question n'étant pas épuisée sera maintenue par le programme des questions à discuter dans le Don Congrès. 2 | M. Boulatignier présente une proposition dans le but d'engager le Congrès à formuler un vœu qui maintienne, pour l’agriculture , les exemptions de patente dont elle a toujours joui. La tendance actuelle de l’agriculture est évidemment d’adjoindre l’industrie aux exploitations agricoles, ce qui lui permet d'utiliser les produits plus considérables et plus variés qu’on demande aujourd’hui 106 INSTITUT DES PROVINCES DÉ FRANCE. à la terre. On ne peut, suivant lui, assimiler l’agriculteur au commerçant et à l'industriel, La séance est levée à cinq heures et demie. Le Secrétaire général, DE Bours. SÉANCE DU 21 AVRIL 1857. (Présidence de M. Desrerris, ancien député, membre du Conseil général et délégué de la Manche. ) Sont appelés au bureau : MM. Tniac, le comte DE Gourcy, le vicomte DE GENOUILLAC et VARIN DE RussY. M. SELLIER remplit les fonctions de secrétaire. La séance est ouverte à deux heures et demie. L'ordre du jour appelle l'examen de la 46°, question, ainsi Conçue : «Quelles ont été, en 14855, les tendances économiques « en France? Y a-t-il eu progrès dans la moralité des « entreprises et la bonne foi des transactions ? » M. Maurenq se préoccupe de la tendance générale des esprits vers la spéculation. Les agriculteurs n’emploient plus leurs ressources ou leurs économies à l’amélioration du sol ; ils ont pensé qu’ils pouvaient faire de leurs fonds un emploi plus avantageux ; aussi depuis plusieurs années les capitaux de la province ont-ils afflué dans les entre- prises industrielles. L’opinant est loin de. combattre l’es- prit d’association, qui a produit d'heureux résultats, surtout dans l'application qui en a été faite à la création CONGRÈS DES ACADÉMIES., 407 et à l'exploitation des chemins de fer; mais on doit re- connaître que, par suite de la tendance actuelle, l’agri- culture se trouve privée des capitaux qui lui sont néces- saires. D’un autre côté, le développement de l’industrie a été la cause de l’augmentation des salaires, ce qui est, pour l’agriculture, une nouvelle charge. L'avenir peut donc inspirer de l'inquiétude, mais quel remède peut- on apporter au mal signalé ? C’est là ce qu’il serait difficile de décider. La seconde partie de la question, ajoute M. Maurenq, ne peut malheureusement pas être résolue affirmativement. Le genre d’affaires qui absorbe maïntenant les capitaux s'accorde peu avec la moralité des entreprises et la liberté des transactions. Ce n’est pas un cri d'alarme que profère M. Maurenq ; il n’a pas même eu l'intention d'exprimer un blâme ; il a seulement voulu appeler l'attention du Congrès sur les sérieux dangers auxquels est exposée l’agriculture. Le Congrès accueille avec sympathie les réflexions de M. Maurenq, dont il partage l’avis. M. d’Illier, pour confirmer ce qu’il a dit-dans la séance du 44 avril, apporte des tiges herbacées de di- verses variétés de blé qu’il a semées à l’automne dernier, après y avoir appliqué le pralinage. M. Paquerée demande si le pralinage a été employé dans des terrains très-perméables, et s’il n’est pas à craindre que les substances fertilisantes qu’il contient ne soient , dans ce cas, entraînées par l’eau. L’inventeur du procédé répond que ces substances ont une certaine consistance ; qu’à la vérité elles sont solubles, mais qu’il a eu occasion de remarquer qu’elles ne se désagrègent que quand la maturation s'opère. La 106 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. capsule qui recouvre la graine est très-forte et très-résis- tante. Le blé praliné a, en effet, un poids triple de celui qu'il avait à l’état naturel. M. le duc de Maillé désire savoir si le pralinage convient aux terrains calcaires, comme aux terrains siliceux. M. d'Illier dit qu'il la expérimenté dans des terrains de diverses natures et qu’il a réussi partout, à cause des substances azotées qu’il emploie. A une dernière interpellation, faite par M. de Balain- court, M. d’Illier expose enfin que, si le fumier était employé en même temps que le pralinage, la récolte pourrait certainement en profiter, mais que le fumier n’est pas indispensable. La séance est levée à quatre heures. Le Secrétaire général, SELLIER. SÉANCE DU 22 AVRIL 1857. : (Présidence de M. le général BoreLLt. } Siègent au bureau : MM. DE GAUMONT, directeur du Congrès ; le duc DE MAILLÉ, du Cher; le comte DE Gourcy : le baron CHAUBRY DE TRONCENORD, de la Marne. ' ! Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Gomart lit le compte-rendu suivant de la visite du Congrès à l'établissement du Matériel agricole de M. Jour- dier. Ce rapport est entendu avec un vif intérêt, CONGRÈS DES ACADÉMIES. 109 RAPPORT SUR LA VISITE FAÎTE AU DÉPÔT D'INSTRUMENTS ARATOIRES DE LA COMPAGNIE DU MATÉRIEL AGRICOLE PERFECTIONNÉ, Le mardi 21 avril 1857. L’insuffisance des bras qui s’est fait sentir pour l’agricul- ture dans quelques parties de la France, a été l’objet des vives préoccupations des hommes sérieux qui prennent souci de l’avenir de notre production agricole ; aussi c’est aujourd’hui pour l’agriculture une nécessité absolue, une question vitale, que d’avoir recours aux instruments agricoles les plus perfectionnés et d’employer les ma- chines, toutes les fois qu’on pourra le faire dans de bonnes conditions. Le Concours universel agricole de 1856 a été un grand événement, puisqu'il a familiarisé les cultivateurs et les propriétaires ruraux de la France avec tous ces instru- ments qu’à peine auparavant ils connaissaient de nom, Non-seulement on a vu, on a touché ces machines, mais bien mieux on les a vues à l’œuvre et l’on a pu apprécier leurs degrés de puissance et d’utilité. Car aujourd’hui, c’est encore un progrès à noter, on ne se prononce sur le mérite d’une machine ou d’un instrument qu'après des expériences faites en plein champ, si c’est nécessaire, On sait qu’à la suite du Concours agricole universel de 1856, une Compagnie s’est formée à Paris pour exposer, fabriquer et mettre en vente tous les instruments agricoles perfectionnés. Cette Compagnie , créée par des personnes bien connues pour l'intérêt qu’elles portent à l’agricul- ture, compte aujourd’hui 84 fondateurs, dont le but a été 110 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. plutôt de propager et de faire connaître les instruments agricoles les plus perfectionnés, que de tirer des béné- fices de la vente. Le Congrès a donc accepté avec le plus vif empressement l'offre de M. Jourdier, directeur de cette Compagnie, et le matin un grand nombre de mem- bres du Congrès s’étaient donné rendez-vous au Dépôt du Matériel perfectionné, pour y voir fonctionner et exa- miner tous ces instruments nouveaux qui se perfection- nent chaque jour. Parmi les assistants on remarquait MM. de Caumont, directeur du Congrès ; Sellier, de Châlons ; Desvaux, de Montdoubleau : comte d’Herlincourt, d'Arras; comte de Bure, de Moulins ; docteur de Bouis, de Paris ; l'abbé Brullée, de Sens ; Jourdier, maire de Melun ; vicomte de Cussy, du Calvados ; Thiollet, de Paris ; Porriquet, de l'Orne; de Marguerit de Rochefort, du Calvados ; de Genouillac, de Rennes: Olivier, de Vaucluse; comte d’Estaintot, de Rouen; comte Du Manoir, de Bayeux ; Prémêlé , maire de Séez; duc de Maillé, du Cher; Paquerée, de la Gironde ; A. de Brives, de la Haute- Loire : de Bonand, de la Nièvre; de Buyer, de la Haute-Saône; Varin de Russy, du Calvados ; Leclerc, ingénieur ; de Fraville, de la Haute-Marne; vicomte de Vandœuvre, du Calvados ; Target, président de la Société de Lisieux; d’Ozouville, de la Mayenne ; de Saint-Ve- nant, délégué de Vendôme; Godefroy, marquis de Mesnilglaise, délégué de St.-Omer ; comte de Gourcy, de la Seine ; Moore O’Ferrel, propriétaire en Irlande ; comte d’Esterno, de Saône-et-Loire; Maurenq, de l'Indre ; comte d'Héricourt, du Pas-de-Calais; vicomte de Pomereu, de la Seine-Inférieure ; comte Hercé, de la Mayenne; marquis de Vogué, du Cher ; Ch. Gomart, et un grand CONGRÈS DES ACADÉMIES. aii nombre de membres, curieux d’assister aux expériences faites par M. Jourdier , à l’occasion de cette visite. Vous n’attendez pas, Messieurs, que je vous donne ici la nomenclature de tous les instruments exposés; votre secrétaire n’a cru devoir faire ici mention que des instru- mentset machines qui ont paru intéresser plus particu- lièrement les membres du Congrès, ce sont : La Charrue Parquin à pointe de soc mobile, avec étrier américain, qui a paru fort bien établie ; mais elle doit exiger un grand tirage ; La Herse noriwégienne est un bon instrument trop peu répandu. — La Herse-scarificateur avec bascule pour empêcher l'instrument de s’engorger, du prix de 265 fr. ; Le Semoir Arnaud-Robert, semant en lignes, en paquets placés en quinconce ; Le Rouleau compresseur, Land-presser, du prix de 830 fr., qui permet de semer le blé en lignes à la main, sur un terrain comprimé, ce qui est favorable à la culture de cette céréale ; Le Semoir à engrais: pulvérulents, d’Olm, dans lequel l’engrais, continuellement divisé par une foule de lames mises en mouvement par les roues, est répandu d’une manière égale et régulière au moyen d’un registre ; La Houe à cheval, de Bodin, à cinq dents, dont la vente active et facile prouve en faveur de cet instrument et de son prix modéré , 75 fr. ; Le Butoir de St, Tea d'antolé: du prix de 40 fr., à versoir pouvant s’écarier à volonté; . La Machine à battre de Cumming, nouvellement perfectionnée, du prix de 1,800 fr. avec manège et tarare, — La Machine à battre de Legendre, ne brisant pas la paille, avec manège de la force de deux'chevaux , — 112 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. du prix de 800 fr., mais sans tarare, — Le manège est garni d’un tampon en caoutchouc qui modère le coup de collier du cheval ; La Machine à vapeur locomobile de Lotz. — Celle de Rouffet, qui n’a que le défaut d’être d’un prix trop élevé ; La Faneuse anglaise de Smith et Ashbyt, qui fait l'ouvrage de 40 personnes, excellente pour les foins dans les terrains unis, mais insuffisante pour les trèfles dans des terrains accidentés : Le Raleauàchevalde Howard, de fabrication française, à dents indépendantes , solidement établi pour 250fr. ; Le Laveur de légumes, de fabrication française, mu à bras, auquel on a reproché un cylindre trop court et un baquet trop. petit ; | L’Ecorche-racines-Philipps , pour la betterave, qui écrase toutes les cellules des racines. — Le Couype- racines de Samuel Son, à double effet, qui coupe en tubes d’un côté et en lames de l’autre, afin de faciliter ainsi l’alimentation des moutons et des vaches; Le Hache-paille de William Dray, avec un système de contre-poids , et un régulateur pour couper la paille à des longueurs différentes. Le petit modèle coûte 440 fr. ; et le grand modèle, 250 fr. ; Un Cylindre à menue paille de Joly de Ferrières, pour le nettoyage de la poussière ou terre qu’elle con- tient , avant de la donner en nourriture aux bestiaux ; Le Trieur Pernollet, qui donne 4 espèces de grains. — Le Trieur Vachon, dont le brevet, tombé dans le domaine public, permet de l’établir aujourd’hui au prix modéré de 75 fr. ; La Brouette de ferme pour le transport des fourrages, qui se répandra lorsque le prix en sera abaissé ; CONGRÈS DES ACADÉMIES. | 113 Le Parc à moutons en cordes, préparées par le pro- cédé Husson : chaque panneau a 40 mètres de longueur ; le mètre courant coûte 2 fr, 25 c. ; La Pompe arabe, principalement applicable pour le purin ; elle débite 2 litres à chaque coup de piston : le soufflet coûte 55 fr, ; Un Malaxeur à préparer la terre pour fabriquer les tuyaux de drainage, du prix de 650 fr. D’autres instruments ou outils, d’une importance moins grande, ont encore attiré l'attention des membres du Congrès : L’Auge à porcs en fonte. — Le Semoir à betteraves, à la main, du prix de 45 fr, — La Sauterelle pour la sépa- ration des chevaux dans les écuries et la facilité de dégager le cheval empiégé. — La Boucle ardillon à re- trail pour dételer à l'instant le cheval abattu dans les brancards. — La Mesure à bæufs, de Mathieu de Dom- basle, — Les Boules à cornes , pour éviter les accidents. Enfirr, nous avons remarqué des échantillons de graines, de semences, d’engrais, etc, qui sont livrés avec garantie sur commande. Le Secrétaire, Ch. GOMART. M. de Caumont demande que le Congrès vote des re- merciments à M. Jourdier pour la complaisance avec laquelle il a fait les honneurs de son établissement au Congrès. L'Assemblée manifeste son approbation et adopte la proposition. M. le duc de Maillé prend la parole. Ceque dit M. Gomart l’engage à demander si, dans l'opinion des agriculteurs , il y a un grand avantage à se servir du 11/4 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. tarare combiné avec la batteuse, I] lui a été dit que, pour ces machines combinées, la force motrice devait être considérable , quoique le travail fût incomplet. Cet in- convénient peut être irès-grave, surtout dans les exploi- tations qui n’ont pas adopté de machines à vapeur. Dans laplupart de nos fermes on a établi des machines à battre à manége, mu par des chevaux; on est obligé de ménager la force, lorsque le tarare est placé sous la machine à battre; il entre des épis dans la machine, qui la rendent plus difficile à mouvoir ; les chevaux du manège sont obli- gés de déployer plus de force, de se fatiguer davantage ; l’adoption de la machine à battre séparée du tarare lui paraît donc devoir être préférée, ce système ne demandant qu'une faible dépense de force supplémentaire transmise à l’aide d'une construction mécanique fort simple. On lui a assuré que les mêmes hommes employés à ramasser la paille, à nettoyer le grain, pouvaient suffire à servir le tarare. En exposant les doutes qui lui ont été communi- qués, il n’a d'autre but que celui d’amener les explications des hommes compétens qui se trouvent dans le Congrès. M. Gomart pense qu’il y a toujours lieu de revenir sur l'opération faite par le tarare qui ne suffit pas pour net- toyer le grain ; d’un autre côté, les cultivateurs ne doi- vent pas rejeter immédiatement les pailles battues et les livrer à la consommation dans la ferme, il y reste encore assez de grain pour payer les frais d’un battage. Il n’est pas de système exclusif pour la position du tarare. Ce point ne Jui paraît que d’une médiocre importance et devra dépendre des conditions où se trouve placé le cul- tivateur ; il croit néanmoins que la main-d'œuvre sera moins considérable, si le tarare est placé au dessous de la machine à battre, CONGRÈS DES ACADÉMIES. 145 M. Albert de Brives fait observer que, pour le service de la machine de Lotz, un seul homme ne suffit pas ; il faut pour enlever la paille 3 ou 4 hommes. Cette machine donne en moyenne un rendement de 30 à 40 hectolitres par jour. Il désire savoir quels ont été les motifs quiont fait abandonner les cylindres alimenteurs auxquels on semble revenir en ce moment ; il demande si on peut lui donner quelque aperçu sur le prix de revient du travail des machines à battre à vapeur. Ces machines lui ont paru consommer beaucoup de charbon. M. Paquerée répond qu'il faut évaluer à 3 kilogrammes de charbon, par heure et par force d’un cheval, la quan- tité consommée par la machine. Quelques-unes d’entre elles ne demandent cependant que 2 kilogrammes. Dans l'état actuel de nos connaissances, cela ne lui semble pas exorbitant, et constitue un travail fort économique , si l’on veut réfléchir aux résultats obtenus. | M. le comte de Gourcy a vu chez son beau-frère, rece- veur-général de l'Oise , une très-bonne machine à battre, du prix de 4,800 fr., qui peut fournir 200 hectolitres de blé par jour. Dans la Mayenne, il a vu une petite ma- chine à battre, qui ne coûte que 700 fr. et qui donne 10 hectolitres de blé par heure, c’est-à-dire 100 hecto- litres par jour ; le manège , dans ces machines, est mu par quatre chevaux. Il fait remarquer combien sont tombées les objections qu’on avait faites à l'introduction de ces machines à battre, auxquelles on reprochait de briser la paille. La paille brisée est plus avantageuse au cultivateur , soit qu’il veuille s’en servir pour nourrir ses bestiaux, soit qu’il veuille ne l’employer qu’en litière; dans le premier cas, elle nourrit mieux, car elle-est plus complètement assimilée ; dans le second , elle absorbe mieux les urines et toutes les déjections des animaux. 116 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. La parole est à M. le marquis de Vibraye , pour faire connaître les résultats obtenus à Cheverny, en 1856. M. le marquis de Vibraye, avant d’entrer dans la question de la pisciculture pour laquelle il a demandé la parole, croit devoir signaler les heureux effets des eaux ferrugineuses naturelles et du traitement ferrugineux dans le traitement de la cachexie des moutons. Il croit qu’il ne faut pas se borner à ces soins curatifs, qu’il faut drainer les prés trop humides des hauteurs où l’on envoie paître les moutons. Il a vu de si heureux effets de la présence de l’absinthe sur des tas de blé pour en chasser les charançons, qu’il croit aussi devoir profiter de l’occasion qui se présente pour la recommander aux agriculteurs, Après ces communications , il entre dans le sujet qu’il s’est proposé surtout de traiter devant l’Assemblée, 1] fait observer que la pisciculture a continué d’être comme une question de laboratoire jusqu’à ces derniers temps. Rap- pelant les travaux de Jacobi, le rapport du comte de Golstein , les tentatives des pêcheurs des Vosges, Rémy et Geshin, les expériences de M, Coste, il arrive à con- clure que la seule difficulté qui reste à résoudre est celle qui consiste, après la fécondation et l’éclosion qu’on sait bien diriger maintenant, à faire grossir l’alevin et à le conserver jusqu’au sixième mois de son développement, parce qu’alors seulement il a acquis une force de loco- motion suffisante pour échapper à ses ennemis par la rapidité de ses mouvements. Les principaux ennemis des jeunes poissons sont les dytiques , les rats d’eau, les épinochettes. Tous ces ani- maux les poursuivent avec acharnement; ils sont surtout très-friands de la vésicule ombilicale du jeune poisson ; CONGRÈS DES ACADÉMIES, 417 c’est en la coupant que le plus souvent ils le font périr. Le meilleur moyen d'obtenir le résultat cherché est de conserver le jeune frai pendant six mois environ dans de petits bassins en bois blanc, étagés les uns au-dessus des autres ; il faut donner une nourriture abondante , mais proportionnée néanmoins avec le volume d’eau et son renouvellement, de façon qu’elle n’y subisse aucune putréfaction , qui empoisonnerait le liquide et tuerait le poisson qui, à cette époque de sa vie, et principalement au moment de la disparition de la vésicule ombilicale, est d’une excessive délicatesse et sujet à une véritable épizootie. M. de Vibraye pense que les frayères artificielles réussissent mieux que les fécondations artificielles. Il est nécessaire, pour que l’éclosion ait lieu dans les frayères artificielles, que les eaux aient une température de 4° “+ 0. Dans les frayères artificielles, il faut garantir d’autres ennemis encore le jeune frai. Les oiseaux : le martin-pêcheur, le rouge-gorge, viennent manger les œufs qui sont placés seulement à 20 ou 30 centimètres de profondeur. Il faut donc garantir ces frayères par des toiles métalliques. M. de Vibraye croit que les œufs peuvent éclore avec une quantité faible de lumière. Les rayons directs du soleil et même une trop grande quantité de lumière diffuse leur seraient nuisibles et les empêcheraient d’éclore. M. de Vibraye a pu élever ces poissons jusqu’à ce qu'ils aient une taille de 22 centimètres et qu’ils pesassent 750 grammes à 4 kilogr. La truite des lacs devra acquérir un volume plus considérable; les difficultés sont nombreuses pour les saumons, il faut les nourrir avec des œufs de carpe; mais lorsqu'ils ont acquis une certaine taille, on ne les retrouve pas, on ne sait com- ment ils ont pu s'échapper et ce qu’ils sont devenus. 118 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. de Vibraye a vu frayer des truiles : le mâle vient préparer le terrain, creuser le sable avec sa queue ; la femelle y dépose ses œufs, puis le mâle se couchant dessus y dépose sa semence, puis recouvre le nid d’une légère couche de sable. La carpe est difficile à reproduire à cause de la haute température (24° + 0) des eaux qu’elle exige pour que ses œufs qui, comme on sait, sont très-petits, puissent éclore. On a beaucoup parlé, dans ces derniers temps, d’un saumon du Danube, qui pourrait vivre uniquement dans les eaux douces. Les tentatives faites pour l’acclimater, soit au château de Fleury, appar- tenant à M"°, la marquise de La Rochejacquelein ; soit à Cheverny, n’ont pas eu de succès. M. Coste a réussi à en conserver un vivant au collége de France. M. d’Esterno demande si la question de la pisciculture est assez avancée pour qu’on puisse en dire les avantages au point de vue industriel , et quelles inductions peuvent ressortir des expériences faites pour le profit à tirer rela- tivement aux dépenses. M. de Vibraye répond que la fécondation et l’éclosion ne demandent aucuns frais réels : un simple bassin en terre cuite suffit; il n'ya donc que la conservation pour laquelle il faut des réservoirs en terre : tout cela n’est pas dispendieux, mais demande des soins éclairés. Sur l'invitation de M. de Caumont, M. de Vibraye entre- tient ensuite le Congrès des reboisements dans la Sologne, dont le but est de ramener l’état de prospérité ancienne dans cette contrée qui était peuplée et fertile tant qu’elle fut couverte de forêts. On sait, par des témoignages écrits, que la culture y était possible et avantageuse. Il y avait des pâturages, par suite des engrais sans lesquels on ne CONGRÈS DES ACADÉMIES. à 149 peut en faire. La destruction des bois a changé le climat et rendu improductif le travail de agriculteur. En reboïsant, on rétablira les choses dans l’état primitif. M. de Vibraye se justifie d’une accusation portée contre lui dans le Bul- letin monumental , sur la destruction du parc, ou bois du beau château de Cheverny ; s’il a dû détruire, c’est pour restaurer. Déjà il a planté plus de 1000 chênes d’Amé- rique ; il veut surtout introduire le chêne de Mantchourie, utile pour le ver à soie qu’il nourrit. Il se trouvera peut-être quelque espèce parmi celles d'Amérique qui pourra le remplacer. Dans tous les cas, on le multi- pliera par la greffe dès qu’on le pourra, il faut pour cela que le jeune bois ait atteint sa deuxième année, — M. de Vibraye a remis à M. Vilmorin la nomenclature de toutes ses espèces; on sait que l'Ecole d’arboriculture, de syl- viculture , de la propriété des Barres ( Loiret), permet d'établir les noms des espèces d'Amérique, rapportées par M. Michaux, avec beaucoup de certitude. M. de Vibraye pense que’, dans lacclimatation des végétaux, il faut faire grande attention aux lignes isothermes dans la France du Nord et du Centre; on ne peut guère espérer acclimater que les espèces qui croïssent au Nord de San- Francisco. Le climat d’Harcourt (Eure) étant un climat marin , c’est-à-dire jouissant d’une température plus égale, a permis néanmoins à quelques espèces de vivre et de s’acclimater. Dans le centre de la France, on a des variations de température qui embrassent 21°; à Vienne, en Autriche 48°; à Londres 10°; à Angers 8°, seule- ment, ce qui explique pourquoi et comment des végétaux exotiques très-délicats ont pu réussir-dans cette ville. Les tissus des arbres ne se modifient pas facilement ; si cette modification a lieu, cela ne peut être qu’à l’aide 120 INSTITUT DÉS PROVINCES DE FRANCE, de beaucoup de temps et peut-être par des croisements. M. de Vibraye a fecondé l’Abies Douglasii avec l’Abies Fraseri et il a obtenu 600 sujets de graines. On sait qu’une des variétés de l’Abies Douglasii, celle à chatons verts, ne se reproduit pas; la variété à chatons purpurins jouit seule de cette possibilité. M. le général Borelli rappelle que les lignes isothermes peuvent avoir leur importance, mais que l’altitude doit fournir une base d’induction puissante pour diriger dans les essais d'introduction des végétaux étrangers. On peut sous l’Equateur trouver des lieux qui, en raison de leur élévation , n’aient que des températures très-faibles. M. de Bouis croit devoir faire remarquer que le climat d’un pays, et par conséquent les conditions nécessaires aux végélaux, ne repose pas seulement sur la connaissance de la température moyenne de l’année , fournie par les lignes isothermiques. Il n’y a pas seulement à les com- pléter par les lignes isochémeniques, mais il faut savoir quelle est la courbe qui représente leur succession dans l’ordre annuel; il faut savoir l’état hygrométrique, la direction des vents, les conditions géologiques et topo- graphiques de la région, la direction des chaînes de montagnes, l'exposition des pentes. Les botanistes con- cluent plutôt d’un climat par l’ensemble, par l'aspect général de la végétation, qui rapproche certaines espèces. Ce sont là les guides les plus sûrs pour savoir les chances de succès d'introduction d’un végétal dans une contrée. M. de Caumont demande si les magnifiques plantations de M. de Vibraye ont continué leur végétation vigoureuse. M. de Vibraye répond qu’il est toujours fort satisfait de ses plantations ; mais, pour réussir, il faut avoir soin de ne pas semer à la volée dans les bruyères et dans les CONGRÈS DES ACADÉMIES. 194 ajoncs qui étouffent tout; il faut préparer le.sol par une bonne culture et les dépouiller entièrement de.ce qui couvre sa superficie. Pour les arbres verts, la. présence du calcaire lui paraît nuisible. M. Guérin-Menneville communique un ideLe qu il re- garde comme très-utile aux sériciculteurs, pour la con- stitution d’une Compagnie financière dans le but de créer de bonnes races de vers à soie et d’en vendre les produits. La fraude a tellement détérioré les races, qu’il devient absolument nécessaire d'y apporter remède. La séance est levée à 5 heures. pts | Le Secrétaire, ARE DE BOUIS. NOTE SUR LES PROGRÈS DE LA GÉOLOGIE, EN 1856, PAR M. BOUÉ, à Membre de l’Académie impériale de Vienne. _ Parmi lés travaux sur la géographie géologique pro- duits par nos savants, je dois signaler le Mémoire sur les anthracites des Alpes, de M. Studer; la Descrip- _ tion du trias en Lombardie, par M. Curioni. D’après les découvertes des géologues autrichiens Foetterle, de » Hauer, Stur, elc., il est constant que le trias s’étend - le long des Alpes vénitiennes jusqu’en Carinthie et en Carniole; on le rencontre même en Croatie et en Dal- - matie. Derrière ce trias se trouve, adossé à une chaîne . de schistes cristallins, un énorme banc de calcaire de montagne , ou #7ountain lime-stone, et de dévonien 6 1929 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. carbonifère à plantes fossiles offertes, en France, par les anthracites des. Alpes. Cette formation se prolonge du Tyrol jusqu’en Carinthie, tandis que, sur le versant nord des Alpes... il y a, sur les schistes cristallins, du silurien, mais avec une grande pénurie de fossiles. Le muschelkalk a été découvert, par M. Zepharowich, dans les monts voisins de Füred , sur le lac Balaton au milieu de la Hongrie. Le terrain paléozoïque existerait,. dit- on, aussi dans la Dalmatie septentrionale, vers les frontières turco-croates. Des cartes géologiques achevées laissent apercevoir aisément tous ces curieux faits de géographie géologique.—La coupe de M. Franc de Hauer, de Duino sur J'Adriatique à Passau sur le Danube , coupe proportionnelle en tout avec la nature , donne une idée parfaite. de la structure des Alpes autrichiennes. D'une autre part, dans les Carpathes septentrionales et dans la Silésie autrichienne, M. Hohenegger nous montre, sur une belle carte, la série suivante de dé- pôts; savoir: autour de Teschen, la formation du hils de l’Allemagne septentrionale, le néocomien, l'argonien, l’aptien, le gault, l’albien, le plâner, le crétacé supérieur, l’éocène à nummulites, avec les marnes et grès à fu- coïdes; enfin l'argile tertiaire ou tegel néogène. Tout cela a été déterminé par les fossiles et la superposition. Les terrains inférieurs sont au Nord en Silésie, et les au- tres sont superposés sur eux dans une direction qui va du Nord-Ouest au Sud-Est, ou orthogonale à la direction de leurs couches. Les terrains secondaires su- périeurs forment la crête des Carpathes. M. Suess propose la formation d’une Société cosmo-! polite de géologues pour les Alpes. M, Alt de Tschernovitz m’a fait connaître un fait bien CONGRÈS DES ACADÉMIES. 1925 extraordinaire, c’est l'existence de roches trachitiques non loin du della du bas Danube. fl prétend qu’il y en a même au Nord du Danube, non loin du fameux pied de nez des diplomates, de Bolgrad. Jamais dans cette région, assez plate et peu accidentée, on n'avait indiqué pareille chose. Mais si M. Alt, bon géologue du reste, ne s’est pas laissé tromper, le groupe de Babadagh, au Sud du débouché du Danube, pourrait être aussi trachitique ! En Russie, les relevés géographiques de la mer d’Aral et des steppes entre cette mer et la mer Caspienne nous ont fourni des données toutes nouvelles, sur les phases de formation par lesquelles ont passé ces grands affaissements de l'Asie. On avait cru | jusqu'ici que le terrain de ces plaines était surtout formé de dépôts récents. Or, il y a beaucoup de couches coquillières des assises supérieures et tertiaires ; mais en outre ” J'éocène y est en abondance. On doit connaître, en France, les découvertes des frères Schlagintweit, qui ont traversé la chaîne du Kuenlun et visité la province de Ladack, en Asie. En Amérique, nos connaissances sur la partie occi- dentale du Nord de ce continent se sont fort augmentées. Nous avons reçu une série de relevés sur la Californie (parties Sud et Nord), sur l’Orégon, sur l’Utah, etc. Le gouvernement des États-Unis a voté les fonds né- cessaires pour des expéditions autant géographiques que géologiques. Un des derniers rapports de ce genre qui nous sont parvenus est celui qui figure les cinq ou six grandes voies de communication possibles entre les, États-Unis que baigne l'océan Atlantique et ceux que 49% INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. borde la mer Pacifique. Avec la liberté pleine d'action des Américains, leur bon sens pratique, un rail tra- versera bientôt tout ce continent; un travail d’un siècle en Europe sera, en Amérique, l’affaire de cinq à dix ans. L'établissement d’une voie ferrée reliant Vienne à ‘Frieste a demandé dix-sept ans : à ce compte, les Amé- ricains n'iraient de New-York à San-Francisco qu’en Fan de grâce 2000, Pour le Sud de PAmérique, M. le docteur Karsten nous à fait connaître, avec tous les détails désirables, les terrains secondaires des Cordilières entre les plaines de l’Orénoque, et celles que baigne la rivière des Ama- zones. Il à pu distinguer, par les fossiles, la craie in- férieure, ycompris le gault et le néocomien, puis une ” grande zône crétacée à rudistes et polythalamées ; enfin le terrain tertiaire pauvre en fossiles, mais très-riche en agglomérats; et, par-dessus le tout, les alluvions, les cailloux, les dépôts à coquilles marines — lon trouve encore actuellement vivantes. Quant à l'Afrique, les ouvrages de MM. de Barth et de Livingston vont nous donner enfin des notions raisonnées sur les parties centrale et méridionale de ce continent. Le voyage, de huit à dix ans, de Ladisluns Magyar dans les possessions portugaises sera aussi fort curieux. I a déjà donné quelques idées du cours du Zaire. D’après les analogies de la géographie physique, la découverte de grands lacs et même de mers inté- rieures dans le centre de PAfrique n’a rien d'étonnant, parce qu’on y retrouve réunies plusieurs des circon- stances qui ont donné lieu aux mêmes accidents dans l'Asie centrale. Il n’y a que la différence que ces affais- sements y ont eu lieu à des degrés de profondeur tout- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 195 à-fait opposés, et qu'ils sont relativement les uns aux autres dans des directions totalement orthogonales. Le Nil trouve même son analogue dans lIrtisch, en Asie, continent qui, dans la formation de sa partie septen- trionale, est beaucoup moins compliquée que le Nord de l'Afrique, où le désert de Sahara est composé à peu près cependant comme le continent sn par la mer glaciale. Les nouvelles découvertes faites en Agérié abnt faire souhaiter vivement qu'on puisse aborder le Sud du Maroc, pour avoir enfin une notion générale du Nord de l'Afrique. Ces gîtes d’émeraude, .décrits par MM. Bayle et Ville, sont bien intéressants. En fait de cartes géologiques, outre celles de lPEu- rope entière publiées, à Edimbourg et à Bruxelles, par M. Dumont, j'aurais à signaler celle des Alpes autri- chiennes, par M. F. de Hauer. Elle est fort réduite, et annexée à un Essai de statistique, de M. Czoernig , mais malgré cela fort instructive comme coup-d’œil. La carte de la partie orientale des Alpes pour l’époque des alluvions anciennes et le sol tertiaire, par M. Stur, est une ébauche qui mérite des éloges, même des per- sonnes n’admettant pas ses explications théoriques, Il a publié aussi un Mémoire très-curieux sur l’influence qu’exerce sur la végétation la nature du sol ou des . roches sous-jacentes. Sept ans de rudes voyages à pied dans les Alpes l'ont rendu capable, Il prétend qu’on y rencontrerait des alluvions à une altitude de plus de 1,666 mètres. La Société des géologues allemands travaille à une carte géologique détaillée de l’Allemagne, M. G. Rose 2 126 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE., achevé sa carte de la partie orientale du Riesengebirge en Silésie , et M. Beyrich celle de la partie occidentale, y compris une partie des frontières de la Bohème. La communication de cartes autrichiennes de lÉtat-major a seul pu donner à M. Beyrich les moyens de terminer son travail, car les frontières y sont figurées d’après ces cartes et exactement sous les mêmes traits. Une carte balnéographique et géologique de la Tran- sylvanie, de M. Koristka, est un travail présentant un intérêt tout particulier, eu égard à son te et aux idées neuves qu’il révèle. | La Société de Médecine de Yionie travaille à une carte générale des eaux minérales de tout lempire. Des cartes d’un nouveau genre, dites cartes benthéo- graphiques ou du fond des mers, viennent d'être pu- bliées, comme celle de M. Forchhammer pour le détroit entre la Troade et Ténédos, celle du fond de PAtlan- tique entre l'Irlande et la Nouvelle-Écosse, celle plus ancienne de Stevenson établissant la constitution géolo- gique du fond de la mer du Nord, de la Manche, etc. Sous ce rapport, les Américains ont l'air de vouloir prendre les devants, Le lieutenant Maury, non content de nous avoir donné sa carte des vents pour l’Atlan- tique , va bientôt livrer à la science une carte topo- graphique générale des mers, où sera indiqué tout ce qu’il est possible de rencontrer en mer. Naturellement la température des eaux, les courants et le fond de la mer, sa profondeur, la nature du sol sous-marin, ne seront pas négligés. On ne saurait trop louer les efforts tentés, en France, pour la confection de cartes agricoles, cette branche importante de la géologie pratique. J’insiste sur la né- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 197 cessité de faire ces cartes sur une grande échelle, et de donner la composition aussi probable que possible du sol sous-jacent jusqu’à quelques centaines de pieds de profondeur, et cela au moyen de plusieurs cartes se superposant l'une sur l'autre. De cette manière, l'agriculteur étant à même de distinguer la nature des différents terroirs de son exploitation, pourra toujours les utiliser avantageusement quand il lui faudra, sui- vant les exigences de ses: cultures, un sol humide, sec, argileux ou pierreux. -— M. Ravenstein a ouvert une souscription pour des caries, qu’il nomme schichten karten, figurant les différentes couches géologiques par des bandes horizontales qui en déterminent d’une manière approximative l'étendue et l'épaisseur, comme celle de M. Dupin-Triel pour la France, de Oeltzen pour toute l’Europe. M. Strefflen, de Vienne , a com- posé des reliefs présentant, aussi sous des bandes ho- rizontales, les montagnes du Tyrol, des Alpes autri- chiennes et de la Bohême : il est fort regrettable qu'ils ne soient pas dans le commerce. Sur les questions théoriques de géologie, J'aurais à citer plusieurs mémoires; mais cela m’entraiînerait trop Join. Le mode de corroder les minéraux et les roches au moyen des acides, et de les polir ensuite, a porté M. Leitoldt à déduire quelques conséquences du succès de ce procédé. Il a découvert ainsi des cristallisations dans le verre, par exemple, où on n’en voyait pas à la loupe. | La question de la régularité de la surface terrestre devient de plus en plus claire. J'ai publié une petite notice, dans le but de démontrer, en peu de mots, que notre terre n'est point un simple agglomérat de 128 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. matières diverses, sans aucun ordre, Des lois fixes et bien définies ont présidé à sa formation; ces lois doivent avoir produit leurs effets dans un certain ordre, et de là il sera résulté un corps composé, il est vrai, de matière inerte, mais d’une certaine régularité symé- trique. Or, si cette régularité symétrique se manifeste à l’intérieur du globe, elle doit nécessairement se re- produire à l'extérieur. C’est là la source de toutes les observations déjà faites sur la symétrie ou régularité des mers ou des terres à la surface du globe. C’est là la base des systèmes divers des cercles d'action, à différentes époques géologiques. Il est bien curieux de voir que les écrivains contemporains de l’Exposé des douze soulèvements, d’Élie de Beaumont, ont critiqué ce travail, parce qu’il leur semblait établir cette régula- rité dans la composition des couches superficielles de la terre. Mais leur opinion est tombée sans valeur à l'apparition du système du réseau pentagonal ; et voilà que le tracé de ce réseau, dû à MM. Dien et Langol, vient d'empêcher la présentation, à la Société géolo- gique de France, d’un travail de même nature préparé par M. Feldmarschall de Hauslab. Toutefois, MM. Mi- chelin et Collomb ont pu l’examiner à Vienne, au mois de septembre dernier. Ici se présente une dissidence in- téressante à noter : tandis que les entrecroisements des cercles décrits par Élie de Beaumont reposent sur de grands affaissements du globe ou sur des mers pro- fondes, ces mêmes entrecroisements, dans le tracé de M. de Hauslab, s'appuient sur les sommets des plus hautes montagnes connues, comme le Chimboraço, etc. Pour moi, je ne trouve pas seulement la preuve de la régularité de la composition extérieure du globe dans CONGRÈS DES ACADÉMIES. 129 la place des terres et des mers, mais encore dans les plans et directions des chaînes de montagnes, des ri- vières, des lacs, etc., témoignant de la régularité dans la composition des couches intérieures ; je m'appuie aussi sur les phénomènes déjà connus du magnétisme terrestre , les affaissements amenés par les siècles, etc. J'ai recherché la cause des tremblements de terre : je crois qu’on peut les attribuer, comme les aurores boréales et les phénomènes magnétiques terrestres, aux rapports entre la terre et les astres. Peut-être suis-je dans l'erreur : à la science de prononcer sur la valeur de cette opinion ; encore reste-t-il à déterminer d’une manière bien tranchée la différence qui existe entre ces faibles tremblements de terre qui se manifestent dans une localité seulement , et ces grandes secousses qui se font ressentir dans toute la direction du Nord au Sud, embrassant un vingtième, un dixième, et quelquefois même un quart du globe. Quelle que soit la cause qui détermine ces deux chocs, elle ne saurait être la même assurément. J'ai recherché, avec la plus grande attention, dans quelle direction se produisent et le choc propre- ment dit et les vibrations latérales qui le suivent: deux phénomènes entre lesquels on n’a pas jusqu'ici établi de distinction. La coïncidence de fréquence variable, sui- vant les saisons, des tremblements de terre, ou des aurores boréales, est-elle accidentelle ou inexplicable sans liaison réelle des deux phénomènes ? A cela je réponds que je ne crois pas le gite des volcans à une très-grande profondeur dans la terre , et que ces masses ignées sont assises sur d’autres douées déjà d’une plus grande consistance et reposant elles-mêmes sur les massifs primitifs constituant, si l’on peut s'exprimer ainsi, 130 INSTITUT DES PROVINCES: DE FRANCE. l'embryon de notre planète, dans le principe à l'état de vapeurs condensées, Des physiciens ont'été amenés à des considérations toutes semblables, par suite des phénomènes magnétiques _qui leur ont facilité puissamment l'explication des faits. Je ne saurais trop recommander l'usage des instru- ments nouveaux pour l'observation des tremblements de terre, surtout de ceux qui s’enregistrent eux-mêmes: nous’arriverons ainsi à nous rendre compte de nombreux phénomènes qui passent sb nous complètement ina- perçus. | Encore un mot sur la Paléontologie. neo jour amène la découverte de nouveaux fossiles dans le Sud- Est de l’Europe, moins exploité que le Nord-Ouest au point de vue de ce genre de recherches. Je puis, à ce sujet, signaler de nombreux Mémoires , enrichis d’un certain nombre de planches, dus à MM, Reuss, Heckel, Suess, de Hauer, Hornes, Peters, etc. Les Céphalo- podes et Gastéropodes secondaires des Alpes ne sont pas encore tous décrits. Viendront ensuite ceux de la Hongrie. M. Hornes travaille au second volume de sa Description des fossiles tertiaires de Vienne. C'est au Musée impérial, dont il est maintenant conservateur, et où tous ces fossiles ont été déposés, qu’il continue son œuvre, c’est [à que le crayon d’artistes devenus habiles à les dessiner s'exerce à en tracer des images fidèles. Les fossiles tertiaires sont tellement abondants chez nous que l’on a toujours, au Palais de FInstitut géologique impérial, des collections emballées , toutes prêtes à être expédiées en échange d'objets qui peuvent intéresser la science. % L'ouvrage préparé par le docteur Reuss est appelé à CONGRÈS DES ACADÉMIES. 431 faire époque, si je ne me trompe: il doit traiter de tous les genres de Céphalopodes microscopiques connus, dont il donnera des figures ; et offrir , en même lemps, mais avec quelques planches seulement, une descrip- tion de leurs différentes espèces. M. Barrande publiera bientôt, sans doute , la seconde partie de son Encyclopédie paléozoïque. ‘Les plantes fossiles ont provoqué plusieurs ou- vrages intéressants, tels que la Flore tertiaire de la Suisse, par M. Heer, dont nous avons aussi une pu- blication, en 2 volumes, Sur les insectes fossiles d’OEningen et de Radberg, etc. M. Ettingshausen n’a livré à la science qu'un Mémoire sur la botanique fos- sile, ayant été trop occupé de son grand ouvrage, en 6 volumes in-4°,, Sur les nervures des plantes. Les planches qui accompagnent cet ouvrage sont imprimées au procédé dit de pression naturelle, Quoi qu’on ait dit de ce procédé, il est fort commode et réussit très- bien pour la reproduction des nervures. M. le professeur Unger a terminé l’année par la dé- couverte que les prétendus Nullipores (Lamark ) des calcaires tertiaires de Desnoyers, de Dinant, etc. (nos Leithalkalk), sont des restes de végétaux marins cal- caires : il en a divisé en tranches très-minces qu'il a examinées au microscope. Il les a trouvés identiques avec ce qu'il a recueilli lui-même sur les rivages de la Norwége. 11 a retrouvé dans les fossiles la teinte rosée du végétal sur pied, etc.— Chez nous, l'amour de la science paléozoïque va jusqu’à faire rêver à l'existence de l’homme véritablement fossile, c’est-à-dire contem- porain d’Adam et d’Eve. Ennfait d’ethnographie, M. Czoernig fait précis 132 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. sous un format réduit, pour la répandre dans le com- merce, sa Carte ethnographique générale et détaillée de la monarchie autrichienne. Je pense qu’il la pré- sentera au Congrès cosmopolite de statistique qui doit avoir lieu, cet été, à Vienne. En mai, nous avons eu une exposition, semblable à celle de Bruxelles, où se voyaient des meubles nombreux et, en général, tous les objets de nature à intéresser l’économie domestique ; le tout à des prix excessivement réduits. En 1858, nous aurons une grande exposition industrielle. Je pourrais ajouter beaucoup à cette note, si j'entre- prenais, par exemple, de parler de la Société d’agri- culture de Vienne, qui compte plus d’un demi-siècle d'existence. —Mais je m’arrête ici, heureux d’avoir montré que l’Autriche marche résoläment dans la voie du progrès. ve ARCHÉOLOGIE, LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS. SÉANCE DU 14 AVRIL 1857. ( Présidence de M. le comte pe MELLET. ) Sont appelés au bureau : MM. DE CAUMONT , le marquis DE GODEFROY-MESNILGLAISE, le comte DE MAILLY, le vi- comte DE BONNEUIL, BizEuL (de Blain), le colonel SOLEIROL , DUPUIS. M. R. BORDEAUX tient la plume, comme secrétaire- général. Les 17°, et 18°, questions mises en discussion, sont ainsi CONÇUES : CONGRÈS DES ACADÉMIES. 133 « Que doivent faire maintenant les Sociétés archéo- « logiques pour compléter les notions acquises déjà sur « l’état de l’art, durant les périodes mérovingienne et « carlovingienne ? » | « Les études archéologiques ne sont-elles pas dirigées « un peu trop exclusivement vers l’étude des monuments « des XIII, , XIV°, , XV°. et XVI°, siècles ; n’aurait-on « pas dû étudier avec le même empressement l’histoire « de l’art du V°, au XII°, siècle ? » M. de Caumont signale l’importance de ces deux ques- tions, qui roulent sur des points beaucoup trop négligés Jusqu'ici. Il rappelle qu’à Poitiers, l’église St.-Jean est un beau spécimen de l'architecture mérovingienne : le transept et l’abside sont encore debout et les sub- structions de la nef ont été récemment retrouvées dans le jardin de l'évêché. Évidemment cette église, qui était orientée et qui est près de la cathédrale actuelle, a été bâtie pour servir de baptistère à la cathédrale primitive. M. de Caumont ajoute que presque tous les musées de province recèlent des fragments d’architecture méro- vingienne, auxquels la plupart des visiteurs n’accordent pas assez d'attention. Ces fragments mériteraient d’être mis plus en évidence. Quelques-uns de ces débris sont dus à des églises des XI°., XII°., et XIII. siècles, etc. , démolies dans ces dernières années , et dans la maçon- nerie desquelles on a découvert ces restes d’églises antérieures, Plusieurs églises romanes ou ogivales, en- core debout, présentent également, dans leurs mu- railles, de ces débris mérovingiens. Telle est l’église d'Évrecy, près de Caen, dans les murs de laquelle on voit pêle-mêle des claveaux très-curieux provenant d’une église beaueoup plus ancienne, La Société fran- 134 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. çaise d'archéologie se propose de faire mouler et: de publier ces claveaux, jetés dans la maçonnerie du chevet de l’église d’'Évrecy. M. de Caumont termine en rappelant que tout AcbbiEts: ment, à Chartres, M. Durand a trouvé, dans la crypte de St.-Brice , des chapiteaux en marbre identiques avec les célèbres chapiteaux mérovingiens de l’église de Jouarre (Seine-et-Marne ), M. de Mellet, dans une improvisation élégante , résume les causes qui avaient fait négliger jusqu'ici, par les archéologues, l'étude et la recherche de ces monuments antérieurs au XI°. siècle. M. Gadebled voudrait que l’on recherchât s’il peut y avoir encore quelque chose de mérovingien dans l’église de St.- Germain-des-Prés, à Paris. Il indique, dans le tome II de l'ouvrage de Dom Bouquet, p. 722, une curieuse disser- tation, écrite en 4699, par Dom Thierry Ruinert, sur les parties mérovingiennes encore subsistantes de son temps à St.-Germain-des-Prés. En ce moment même, il y a en- core, dans les tribunes de la nef, plusieurs colonnettes dont les füts en marbre, masqués sous le badigeon, sont peut-être des débris de l'église primitive. La discussion est renvoyée à une autre séance. M. le Président donne la parole à M. Tailliar pour la lecture d’un mémoire intitulé : Origines des communes du Nord de la France. Dans ce travail, l’auteur , après avoir signalé la place considérable que tient la Gaule dans l’Empire romain au IV°, siècle, sous Constance Chlore et ses successeurs , re- trace l’état des cités du Nord de la Gaule-Belgique à cette époque. Il décrit le territoire de chacune d'elles, sa dis- tribution en cantons ou pagi. I représente le chef-lieu de rer CONGRÈS DES ACADÉMIES. 139 la cité ou cité proprement dite, son enceinte , ses rem- parts, ses fortifications ; — ses divisions intérieures , ses places, ses rues; — ses principaux temples, sa basilique, son forum, ses thermes ou bains publics, ses autres monuments, ses vici ou quartiers habités par des profes- sions diverses. | Les autres villes ou places fortes a nitee de la cité principale , les bourgs fortifiés, les ports de mer, les bourgs ouverts et les nas sont mentionnés tour à tour. L’auteur indique ensuite les différentes classes de per- sonnes qui habitent les cités et leur territoire : la noblesse impériale et municipale ; les plébéiens, comprenant eux- mêmes plusieurs catégories ; les artisans , divisés en cor- porations ; les affranchis ; les colons et les lètes ; enfin, en-dehors de la vie civile et de l’état social, les esclaves attachés à la personne et les serfs d’héritage. Dans ce mémoire, M. Tailliar, combinant les docu- ments que fournissent le Code Théodosien , les écrivains du IV®, et du V°. siècle , les plus anciennes biographies des martyrs et des confesseurs, et les traditions recueillies dans les histoires locales , s'attache principalement à re- chercher et à constater les éléments gallo-romains gui plus tard entrent dans les communes, Cette lecture est suivie des applaudissements de l’As- semblée, La 49°, question est ainsi conçue : « Quelles sont les études encore à faire pour préci- « ser, mieux qu'on ne l’a fait jusqu'ici, les principes « de classification chronologique des en et des « tombeaux ? » M. Gadebled rappelle l'ip ice des textes que on 136 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. trouve sur cette question, dans l'ouvrage de saint Gré- goire de Tours, intitulé : De gloria Confessorum. Ainsi le chapitre 1v de ce traité, est intitulé: De sancto Martino Turonico episcopo et de sepulcro sancti Gra- ciani. Le chapitre v a pour titre : De segulcro Vitalinæ virginis. Le chapitre 1x, Sepulcri sancti Martini , et le chapitre x contiennent des passages in- téressants. Dans le chapitre xxr, De sepulcro sancti So- lenis, on lit la description d’un tombeau caché dans une crypte où conduisait une série de degrés. Au cha- pitre xxvu, De sepulcris presbyterorum in basilica sancti Martialis, il est question de plusieurs sarco- phages dans l’un desquels le saint évêque Martial reçut la sépulture, conjunctis sarcophagis in eadem crypta. Le chapitre xxx1r parle de deux amants inhumés dans le même lieu, l’un au Nord, l’autre au Midi. Plus loin, chapitres xxxv et xxxvi, il est question de tombeaux de marbre, placés dans la basilique de St.-Vénérand et dans lesquels nonnulli virorum sanctorum et mulierum religiosarum quiescunt. L'auteur y raconte comment ces sépultures furent ouvertes et violées. Les chapitres xxxvir, LIT et LIII contiennent des détails ana- logues. Des récits de déplacement de sépultures ou de violation de tombeaux se retrouvent encore aux cha- pitres Lx et LxI—. Au chapitre Lxxr11, il est question de cœmiterio Augustodunensis urbis, où l’on décou- vrit multorum hominum cadavera funerata. Enfin le chapitre LxxIv et cv ont pour titre, lun: De sepul- cro Cassiani episcopi , et l’autre : De sepulcro Cres- centiæ in vico Parisiorum. M. Tailliar pense que la violation des tombeaux fut généralement l’œuvre des Normands, Tous les tombeaux CONGRÈS DES ACADÉMIES. 4137 ne furent pas cependant violés, témoin celui de Chilpéric découvert à Tournai, au XVII, siècle, et décrit par Chiflet. | M. Gosse apporte de nouveaux documents à l’appui de ce fait si étrange, et pourtant si constant, du bouleverse- ment des anciens tombeaux : il a ouvert plus de 50 tom- beaux aux environs de Genève : tous étaient vides , ex- cepté 2 où se trouvaient encore des fémurs; mais la situation de ces os attestait que le cercueil avait ce- pendant été violé. # M. Perrot, d'Orléans, demande quelles pouvaient être les causes de cette violation. M. Bordeaux répond que l’on possède beaucoup de textes anciens relatifs à cette abominable coutume. On lit, dans les anciens conciles, des anathêmes contre les violateurs , et les lois pénales de nos aïeux ne sont pas muettes à ce sujet. M. l’abbé Cochet, dans sa Norman- die souterraine et dans son volume sur les Sépultures, qui vient de paraître , s’est beaucoup occupé de ces ques- tions. M. Dréollé dit que la violation des tombeaux était fré- quente, dès les temps les plus anciens, chez les Égyp- tiens et les Grecs ; on regarde que c’était par réaction contre la mémoire de certains morts puissants, que ces violations avaient eu lieu. Un membre de l’Assemblée explique que beaucoup de cercueils que l’on trouve vides n’ont cependant pas été violés : c’étaient des tombeaux préparés à l’avance ; mais ceux qui les avaient fait faire n’y furent pas inhumés. M. Bordeaux rappelle que plusieurs textes de légendes et de vies des saints attestent qu’à l’époque mérovin- gienne, on était parfois dans l’usage de louer des sarco- 138 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. phages qui, au bout d’un certain temps , servaient à re- cevoir de nouveaux cadavres. La séance est levée à cinq heures. L'un des Secrétaires-yénéraux , Raymond BORDEAUX. : SÉANCE DU 15 AVRIL 1857. (Présidence de M. Taïzrar, conseiller à la Cour impériale de Douai, ) Le procès-verbal de la séance du 44 est lu et adopté. Sont présents au bureau: MM. DE CAUMONT ; VINCENT, mêémbre de l’Institut ; le comte Du Manor, délégué de la Société de Bayeux ; LE GRAND, député du Nord; le vi- comte DE KERIDEC , délégué de la Société philomatique de Vannes; le général DE BORELL1; Louis PARIS, ancien secrétaire-général du Congrès scientifique. M. Ch. GomarrT remplit les fonctions de secrétaire. M. le Président procède au dépouillement de la cor- respondance. M. le Président de la Société archéologique de Sens annonce que cette Compagnie a délégué M. Julliot , son secrétaire, pour la représenter au Congrès. M. L. Berluc de Pérussis délègue , en qualité d’ins- pecteur des monuments historiques des Basses-Alpes , et de président départemental de la Société française d'archéologie, M. Marius Garcin , secrétaire de la rédaction de l’Ami de la Religion , et M. le docteur Garcin. La Société d'histoire naturelle du département de la Moselle délègue , pour la représenter au Congrès, lPun CONGRÈS DES ACADÉMIES. 139 de ses membres, M. le colonel Soleirol, ancien pro- fesseur à l’école d'application du Génie de Metz. La Société du Berry délègue au Congrès M. le comte de Bondy, ancien pair de France, et M. Maurenq, lun de ses membres. M, le baron de Montreuil , membre du Corps législatif et M. Dupétiaux, de Bruxelles, s’excusent de ne pouvoir prendre part aux travaux du Congrès. M. Dupétiaux an- nonce de plus que le Congrès international de bienfaisance est convoqué à Francfort-sur-le-Mein, pour le 14, La tembre prochain. Il est fait hommage au Congrès des ouvrages suivants : Jehan le Victorieux, duc de Brabant; étude historique par M. Oswald Van der Bergh, membre de l’Académie d'archéologie de Belgique ; 4 vol. in-8°. Louvain ,:1857. Études pratiques sur l'art dedessécher ; par le mar- quis Ch. de Bryas. 4°. partie, Brochure in-12. Paris, 1857. Rouissage manufacturier, par fermentation conti- nue, du lin, du chanvre, etc., avéc emploi de la craie: par M. Louis Terwangne. Lille (Nord). Brochure in-8°. Rapport sur les travaux du Congrès des délégués des Sociétés savantes de France, fait à la Société d’agri- _ culture , commerce , sciences et arts du département de la Marne, par M. Sellier. Brochure in-8°. Châlons. Mémoires de la Société d'agriculture , commerce , sciences et arts du département de la Marne ( année académique 1855-1856 ). 4 vol. in-8°. Châlons. 4857. L'agriculture et l'industrie du département de Vaucluse, à l'exposition universelle de 1855; par R. Lancon. 4 vol, grand in-8°. Avignon, 1856. Esquisse d’un Code criminel de l'armée. — Organi- sation ; — Compétence ; — Procédure; — Délits et peines; 410 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. par M. Legrand, avocat, député au Corps législatif. 4 vol. in-8°, Lille, 1857, Note sur les murs gallo-romains de Dax, par M, de Caumont ( Extrait du Bulletin monumental, publié à Caen, tome XXII. Paris 1857 ). Discours d'ouverture et programme des leçons de l'exercice 1856-57 au Cours d'agriculture de Bor- deaux; par M. Auguste Petit-Laffitte. Brochure in-8°. Le Cultivateur breton, revue agricole , archéologique et industrielle {XIIT*. année , n°, 1), Gérant, M. Aug. De- jars. Janvier, 1857. Réglement de la Société des jeunes gens, amis de la vieillesse, de Lille, et Compte-rendu de l’année 1856. 2 brochures in-8°. £ M. le Président annonce que la discussion va s'ouvrir sur la 22°, question, ainsi conçue : «Les ponts anciens disparaissant partout, par suite des « travaux des ponts-et-chaussées , comment doit-on étu- u dier ces curieux monuments de la civilisation ancienne « que respecte si peu le vandalisme moderne ? N’est-il « pas utile d’en conserver des images en relief, indépen- « damment des dessins plus soignés ? » M. de Caumont expose que les ponts anciens, dont plusieurs remontent à des siècles éloignés , tendent à dis- paraître tous les jours; il croit qu’un dessin n’est pas suffisant pour donner une idée satisfaisante de l’impor- tance de ces monuments; il voudrait que les ponts an- ciens, qui existent encore ; fussent modelés en liége ou en plâtre et que ces modèles fussent déposés dans les musées, de manière à faire connaître l'importance de ces monu- ments avant qu'ils aient disparu. CONGRÈS DES ACADÉMIES. Ali M. Raymond Bordeaux trouve des difficultés dans la reproduction par des modèles ; il préfère la photographie. 11 cite le pont de Pont-de-l’Arche qui a disparu, sans qu’il soit resté de dessins suffisamment détaillés de cet intéres- sant monument, que quelques antiquaires font remonter à Charles-le-Chauve : en effet, ses arches primitives étaient à plein-cintre, et ce pont présentait une chaussée à peu près de niveau. On a retrouvé sous les parapets modernes les vestiges d’un système de créneaux des plus curieux ; un calvaire s'élevait , comme sur beaucoup de ponts du moyen-âge, dans la partie du milieu. A l'opposé de la ville, un château fort, avec donjon du XIII°. siècle en dé- fendait l’allée ; la dernière arche de ce côté n’était pas voûtée, mais un système de corbeaux permettait d'établir un pont de bois qui pouvait être supprimé et intercepter le passage de la Seine. M. Raymond Bordeaux raconte, à ce sujet, la légende du pays qui faisait intervenir le Diable dans la construction de ce pont. Sous le pont se trouvait un radier qui mettait obstacle au cours du fleuve, lui faisait former cataracte et empêchait la navigation. Il y a deux ans, les Ingénieurs des ponts-et-chaussées ont fait démolir la moitié du pont; à la suite de cette dé- molition,un mouvement très-remarquable s’est fait sentir et, peu de temps après, le dernier tronçon, composé de neuf ou dix arches, s’est écroulé. M. Raymond Bordeaux regrette que le pont de Pont-de-l'Arche n’ait pas été pho- tographié. M. Marchal proteste, au nom des Ponts-et-Chaussées , contre le mot vandalisme employé dans la 22°, question. Les ingénieurs détruisent, il est vrai, d'anciens monu- ments; mais c’est pour les reconstruire dans de meilleures conditions : ainsi, au lieu de ces ponts démesurément 442 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. cintrés en accent circonflexe , ils établissent des ponts droits qui donnent de grandes facilités pour la cireula- tion, Les travaux que font exécuter MM. les Ingénieurs des ponts-et-chaussées sont toujours, du reste, ordonnés soit par les pouvoirs publics, soit par les Conseils-géné- raux. Quant à la chute du pont de Pont-de-l'Arche, rien ne démontre que les travaux faits sur ce point aient dé- terminé cette chute. Le radier , qui servait de base solide au pont de Pont-de-l'Arche a pu être miné souterrainement par la chute des eaux, et le pont, ébranlé depuis long- temps, a pu s'écrouler tout d’un coup. Si les Ponts-et- Chaussées ont fait démolir le pont de Pont-de-l'Arche, c'est parce que les piles massives du pont, ses arches étroites, présentaient un étranglement à l'écoulement du fleuve qui, resserré dans son cours, causait des inonda- tions. L’élargissement des arches du pont, la suppression du radier, agrandiront les débouchés et rendront la navi- gation plus facile. M. Marchal est d'avis de faire repro- duire par la photographie les anciens ponts; il suffirait de les signaler à MM. les Préfets. M. Raymond Bordeaux répond à M. Marchal que ce n’est pas lui qui a posé la question. D'ailleurs, dans ce qu’il a dit tout à l'heure, il n’a rien avancé de son chef : il n’a fait que résumer le débat engagé à ce sujet , l’an dernier, dans le Courrier de l'Eure, dans les trois jour- naux quotidiens de Rouen, etc. Le Corps des Ponts-et- Chaussées n’a pas répondu à ces articles reproduits par le Bulletin monumental, V'Illustration, etc. M. Marchal s’est plaint que les antiquaires qualifiassent les ingénieurs de vandales ; parce que les Vandales dé- truisaient sans édifier, et que les ingénieurs ne démolis- sent que pour mieux bâtir. Mais, réplique M. Bordeaux, CONGRÈS DES ACADÉMIES. 4143 il y: a des vandales parmi les antiquaires eux-mêmes , parmi les architectes soi-disant restaurateurs de monu- ments. Les Vandales et les Goths ont laissé eux-mêmes des monuments édifiés par eux. Les ingénieurs bâtissent, mais pas toujours solidement, A Pont-d’Ouilly, dans le Calvados, on a détruit un pont gothique fort solide, qu’on eût pu conserver. Le pont perfectionné qu’on lui a subs- titué s’est écroulé au bout d’un an. I a fallu le rebâtir une seconde fois, et on ignore encore si cette fois il tiendra debout. Qui garantit que le nouveau pont de Pont- de-l’Arche ne subira pas une pareille catastrophe ? L’an- cien pont, lui, durait au moins depuis six ou sept siècles, et il n’était pas besoin d’être archéologue pour reconnaître enluiun magnifique édifice. Les ingénieurs, dit M. Marchal, obéissent aux ordres du Conseil général des Ponts-et- Chaussées ; mais ce Conseil n’est-il pas composé d’ingé- nieurs? Au reste, M. Bordeaux proclame avec bonheur que le goût de l’archéologie pénètre heureusement dans le Corps des Ponts-et-Chaussées, et plusieurs ingénieurs réputés sont de fervents admirateurs des travaux publics: du moyen-âge. - M. le général de Borelli fait quelques rapprochements comparatifs fort curieux entre le pont de Pont-de-l'Arche et l’ancien pont de Cé, qui date de 849 et appartient à l'époque romane. A l’occasion de l'Arche du Diable, M. de Borelli cite plusieurs ponts, surtout en Suisse, qui ont la même légende: il croit que l’arche non cintrée était réservée pour le passage des bateaux sur lesquels les seigneurs percevaient un péage, M: de Borelli regrette la destruction récente d'un monu- ment très-remarquable, le pont de Constantine, destruc- tion qui a été achevée par l'artillerie, La ruine de ce qui Anh INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. restait de ce Curieux édifice était encore bien solide, puisqu'il a fallu une énorme quantité de projectiles pour l’abattre. M. Challe veut ajouter quelques mots pour appuyer la réfutation qu’a faite M. Marchal des imputations de vandalisme dirigée contre le Corps auquel il appar- tient. Si ces accusations ont été méritées dans le temps passé , ce n’est pas seulement par les ingénieurs , mais par les administrations, par le clergé lui-même et parfois par les antiquaires, car on a vu détruire des monuments antiques pour chercher des monnaies dans leurs fondations. M. Challe est heureux d’avoir à citer deux exemples récents qui protestent contre le maintien de ces accusations. Un pont du XII, siècle, voisin et contemporain de la célèbre abbaye de Pontigny, condamné par l’administration municipale, parce qu’il menaçait ruine et s’élevait en accent circonflexe , a été conservé, sur les instances et par les soins de M. Mondot de la Gorce, ingénieur en chef, qui s’est chargé de le consolider par l'emploi du ciment de Vassy et d’en adou- cir la pente par des remblais et des abords, sans rien changer à sa physionomie, Le second fait concerne le pont d'Auxerre, qui est du XII*. siècle et que son peu de largeur allait faire démolir, ou tout au moins dénaturer : M. Hernoux, ingénieur en chef actuel, a obtenu qu’on lui permit de faire, sur les vieilles piles du XITI°, siècle , un élargissement qui pourvoira aux besoins d’une communica- tion plus active, sans altérer l'aspect moyen-àge de cette œuvre monumentale de lassociation des frères pontifes. M. de Caumont croit que la photographie donnera bien l'appareil extérieur des monuments ; mais il estime que, dans beaucoup de cas et lorsque les monuments en vau- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 445 dront la peine, il faudra joindre un modèle pour donner la coupe et le relief de l'édifice. M. Marchal dit que le plan, la coupe et l'élévation, suf- fisent pour reconstruire le monument. M. Raymond Bordeaux cite les pilotis curieux qui ont été extraits de l’eau où ils séjournaient depuis plusieurs siècles, et déposés au musée de Rouen. Ces bois d’une solidité énorme, presque pétrifiés , viennent confirmer le fait, déjà reconnu , du durcissement et de la conservation indéfinie du bois de chêne dans l'eau. L'un des Secrétaires-généraux , Ch. GOMART. SÉANCE DU 16 AVRIL 1857, { Présidence de M. Gonerroy DE MESNILGLAISE, ): Siègent au bureau : MM. DE COUSSEMAKER, DE MELLET, DE BONNEUIL, D’ALVIMARE, MARIONNEAU ( de Nantes Le DE CAUMONT. k M. R..BORDEAUX rédige le procès-verbal. On reprend la discussion de la 22°. question, ainsi conçue : a « Les ponts anciens disparaissant partout, par suite * « des travaux des ponts-et-chaussées, comment doit-on « étudier ces curieux monuments de la civilisation an- « cienne .que respecte si peu le vandalisme moderne ? 4 N'est-il pas utile d’en conserver des images en relief « indépendamment des dessins les plus soignés ? » M. Mantelier dônne des détails sur le pont d'Orléans. 7 446 INSTITUT DES PROVINCES DE, FRANCE, M. Pernot assure que ce pont avait une arche en bois, et qu’il en était de même à Montereau dont le pont füt le théâtre du meurtre de Jean-sans-Peur , duc de Bour- gogne. Plusieurs historiens racontent qu’on avait élevé, sur l'arche en bois de ce pont, une cage en bois pour l'entrevue du Dauphin et du duc de Bourgogne qui ne devait plus repasser le pont en vie. M. Pernot rappelle aussi les maisons qui étaient con- struites sur les ponts, surtout à Paris où la Seine dispa- raissait sous les pontset les ponts sous les maisons. Quant à une arche de bois ou à une arche manquante dans les ponts de pierre , il y en avait une dans presque tous les ponts des villes fortifiées ou des châteaux forts, parce qu’en cas d’invasion on démolissait ou on brülait cette arche pour intercepter momentanément la circu- lation. | Le pont d'Orléans, conduisant de la ville aux Tournelles, est représenté sur un ancien tableau que l’on croit du temps de Jeanne-d’Arc, ou au moins d’une époque assez rapprochée du siége d'Orléans. Il ya une arche de moins, et Ja communication du pont de pierre avec le bastion Fes Tournelles avait lieu au moyen d’un plancher en bois. M. Bordeaux Ste comme présentant de l’analogie avec les ponts, certaines arches pratiquées dans les murs de clôture, afin de laisser passer les cours d’eau dans l'enceinte des monastères ou des bourgs fermés, sans | - interrompre le mur. On voit encore de ces arcades dans » le mur ire des abbayes de St. -Taurin et dei | st.-Sauveur, à Évreux. M. legénéral de Borelli remarque que souvent on. fermait les ponts avec des chaînes. # Li | | % ras Mr PP RS es 2 CONGRÈS DES ACADÉMIES. 4A7 M. Perrot à vu, à Orléans, ‘des arches comme celles dont vient de parler. M. Bordeaux. M. de Caumont à vu’, à Angers, les deux systèmes. M. de Borelli rapporte qu’à Angers, pour se défendre des Normands, on plaça une chaîne, nommée la Basse-Chaîne : moyen si efficace, que les Normands furent forcés de faire une dérivation pour amener leurs bateaux par un autre endroit; alors, on mit la Haute-Chaine sur ce nouveau bras. M. Pernot rappelle aussi les chaînes qui, à Paris, étaient crochées à la tour de Nesle ét à celle du Bois. A l’approche d’une invasion, on tendait les chaînes et Paris dormait tranquille. M. d'Héricourt demande le renvoi de cette question à l’année prochaine. 1! admet emploi des chaînes ; mais à. l'entrée des petits ports il y avait des arches: deux pe- tites, qui restaient libres, et une grande, ‘celle-là où re tendait une chaîne. M. Thiollet dit à ce sujet que l'entrée du port de La Rochelle est flanquée de deux tours dont l'une s RASE | encore Tour de ba Chaine. He Dir. La discussion amène la 24°. question : Mn tr. LS « Quelle a été, durant le moyen-âge , la tete di + | « disposition des fontaines ad Las dans les villes et « dans les campagnes ?» M. de Caumont entretient l’Assemblée de la décou- verte d’une quantité de tuyaux de terre cuite qu’on a faite au Mans. H y a quinze jours, M. de Caumont a vu, au Mans, plusieurs de ces tuyaux vernissés en . dedans et entourés d’une sorte de ciment romain : on | les a déterrés en nivelant les rues. — M. de Caumont a prié d'en conserver quélques-uns au Musée, Il parait 148 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. que ces tuyaux sont du VIII, ou du IX°. siècle, et qu'à une époque très-ancienne il y avait des conduits d’eau dans tous les quartiers. M. Brongniart avait dit que les Romains n'avaient pas connu le vernis de plomb et qu’on ne l’avait employé qu'assez tard, c’est une erreur : des tuyaux , conservés à Sèvres , prouveront le contraire, ainsi que le magni- fique vase plombifère de Néris. Les tuyaux du Mans sont également vernissés à l’aide du plomb. Quant aux bornes-fontaines ou aux monuments plus considérables qui recevaient l’eau pour la distribuer au- dehors, M. de Caumont n’en a pas signalé ; mais il a dit qu’elles devaient offrir des imitations de ce qui existait” auparavant. Un des types les plus simples et les plus ha- bituels a été, à toutes les époques , un réservoir muré recevant les eaux de la source, protégé par une espèce de portique ou de galerie voütée. L'arc qui donne accès au réservoir de la fontaine dut être à plein-cintre ; et, au XII°. siècle , l'archivolte en. fut quelquefois ornée de moulures , ainsi qu’il résulte des ! " renseignements qui ont été recueiliss; mais M. de Caumont . n’a montré que des fontaines appartenant à la Mon ogivale. Il a cité notamment les deux fontaines qui existent à un. kilomètre de l’abbaye de Fontaine-Daniel (Mayenne ).. Ces deux fontaines sont voûtées en ogive, les . ’ A PR re 4 sont revêtus en pierre de taille , le réservoir est carré et l’on peut y entrer par une ouverture ou porte. Une des figures suivantes montre la disposition in Je | térieure d’une de ces fontaines , par suite de la sup, pression idéale du mur qui entoure et surmonte les porte. À CONGRÈS DÉS ACADÉMIES. 49 De ces deux réservoirs, situés à quelques pas seulement l’un de l’autre, l’eau se rendait à l’abbaye dans des tuyaux en terre cuite. HN: œUr Æ Dame IE ape A, FONTAINES DE L'ABBAYE DE FONTAINE-DANIEL (MAYENNE). M. de Caumont a présenté ensuite l’esquisse de deux fontaines du département de l'Yonne, figurées par M. f de de gl pr sL Eee Li Sn pas . F 11 ESQUISSE DE DEUX FONTAINES DU DÉPARTEMENT DE L'YONNE. Victor Petit dans l'Annuaire de ce département, et qui 150 INSTITUT DES :PROVINCES DE FRANCE, offrent à peu près la même disposition que les précé- dentes. CPR | Une autre fontaine intéressante, citée par M. de Cau- mont , existe à Cully, département du Calvados. La source arrive dans un réservoir carré par deux ouvertures cintrées , au-dessus desquelles on remarque une petite niche tréflée : le réservoir , à ciel ouvert, est encaissé de trois côtés par des murs qui ont conservé leurs | EE à _\ T | FREE À vd y | —— Er = ns D RU L Ch De SE Re Le SRE TE < &> CAT CR M 1 4° Y VUE DE LA FONTAINE DE CULLY ( CALVADOS }. tablages primitifs. De ce réservoir , l'eau se déverse à l'extérieur par deux canaux qui correspondent à chacune CONGRÈS DES ACADÉMIES. 454 des ouvertures cintrées qui paraissent abriter les sources principales fort abondantes et d’une grande limpidité. M. de Caumont, après avoir cité plusieurs autres fontaines de la même famille qu'il a visitées dans diverses parties de la France, mentionne celle de Poitiers, connue sous le nom de fontaine Joubert, et présente le dessin qu’en a fait tout récemment M. de Longuemar, membre de l’Institut des provinces, qui a envoyé à ce sujet une notice au Congrès. C'est encore une fontaine voûtée en forme de grotte. La source est abritée ns une arcade ogivale, cou- ronnée d’un fronton au milieu duquel on voit l’écusson de Gaucher de Sainte-Marthe, maire de Poitiers en 4579. -Un autre écusson placé au centre du pignon latéral n'a pu être restitué ; mais il doit remonter au XVI°. siècle, comme le petit monument élevé sur la fontaine. L’écusson qu’on voit au fond de Parcade, sous la voûte, est celui de René Citoys, qui était mi ire de Poitiers en 1663... - En avant de la voûte se développe, à Poitiers comme + Ë à Gully, le réservoir qui reçoit les eaux de la source. --Après cette énumération de ces divers édifices, que l'on peut appeler fontaines-grottes , M. de Caumont a passé aux fontaines à grands réservoirs octogones ou ronds isolés sur les places ou dans les carrefours, dont quelques-unes doivent remonter jusqu’au XIII°, siècle. La plupart de ces réservoirs ont au centre un pié- destal ou une vasque d’où l’eau sort pour venir se ré- pandre dans le réservoir. Au XV°, ou au XVI. siècle, ces fontaines se sont multipliées; on les retrouve représentées fréquemment dans les vitraux et les peintures murales. Quelques-unes ont été fondues en métal. 452 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. 1] faudrait des dessins pour faire connaître les prin- cipaux monuments de ce genre qui existent encore. M. de Caumont s’est borné à citer les fontaines de Bruns- wich, de Nuremberg, et plusieurs autres du XVI. siècle, dans lesquelles on trouve des figures mythologiques. Il a terminé son improvisation en engageant les délé- gués des Sociétés savantes à recueillir et à dessiner les différentes fontaines monumentales antérieures au XVII. siécle qu’ils pourront rencontrer, afin que l’on puisse bientôt connaître tous les types qui méritent d’être obser- vés. | | M. Pernot cite la fontaine du souterrain dit de Sabinus, à Langres. Il fait passer ensuite, sous les yeux de PAs- semblée , un dessin curieux, celui d’une fontaine autre- fois placée sur le parvis de la cathédrale, à Meaux. Des chroniques de Meaux disent que ce fut le comte Thibaut de Champagne qui fit construire cette fontaine ; on ne dit pas l’époque , mais elle est facile à deviner par son style ogival; elle existait de 1492 à 4512, mais était plus an- cienne. Elle fut dessinée, et sans doute recopiée, par un curé de l’église de St.-Thibaut de Meaux ; ilse nom- mait Janvier et écrivit l’histoire de sa ville natale (Meaux); il a laissé six volumes de manuscrits dans lesquels sont de grands dessins très-curieux, quoique laissant beaucoup à désirer. Le sujet de cette singulière fontaine était incon- venant : c'était, dit-on, la Vierge lançant deux jets d’eau par les seins. Aussi plusieurs ont-ils cru reconnaître plutôt, dans cette bizarre statue , Vénus et l'Amour. Un membre rappelle l'existence d’une fontaine ana- logue , à Bruxelles, le célèbre Mankin-piss. À Lyon, le nom de la rue de l'Enfant qui pisse rappelle encore le … souvenir d’une fontaine du même genre. ES TE = = EE :——— a ns ; VUE DE LA FONTAINE PLACÉE DEVANT LA CATHÉDRALE DR MEAUX, ( D’après le dessin de M. Pernot.) 154 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. Bordeaux dit qu'en Normandie la construction des fontaines devint un des grands travaux d'utilité publique, au commencement du XVI. siècle. On possède encore les noms de plusieurs architectes et ingénieurs en ce genre. M. Bordeaux publiera un document curieux sur Marin Lebourgeois, peintre d'Henri IV, qui probable- ment dirigea l'établissement des fontaines de Lisieux et de Falaise, Rouen possède encore des fontaines très- monumentales : celle de la Croix de pierre , bâtie sous le cardinal d’Amboiïse ; celle de la Crosse, aussi du style ogival-fleuri ; celle de la rue de la Savonnerie , groupe de la renaissance représentant le mont Parnasse, _ avec Pégase et les Muses, adossé à l’ancien hôtel des Évêques de Lisieux. Dans la même rue de la Savon- nerie, une plaque de marbre marque l'emplacement de la maison de Jacques Lelieur, poète rouennais, prince du palinod, qui fit exécuter un manuscrit fameux, le Livre des fontaines, dont les miniatures ont été lithographiées en fac-simile par M. de Jolimont, et forment un recueil d’une importance capitale pour la question en discussion. Il ne faut pas oublier non plus la très-belle fontaine , érigée sous Louis XV , au pied de la Grosse-Horloge de Rouen : c’est un bel échan- tillon de sculpture rococo, qui s’harmonise bien avec les édifices environnants, et produit un effet très-pitto- resque. Aussi, a-t-elle été dernièrement photographiée en grand format. | M. Bordeaux nomme aussi les superbes fontaines qui existaient au château de Gaillon , et la jolie fontaine que l'on voit encore à Mantes , devant l’Hôtel-de-Ville. M. Parker rapporte qu’en Écosse la mode des fontaines prit aussi dans tous les châteaux au XVI, et au XVH. RS Lee “us ES 4 x CONGRÈS DES ACADÉMIES. 155 siècle. Il yen a de magnifiques. En Angleterre elles sont rares. M. de Caumont a trouvé, à us de grandes vasques en granit, qui lui ont paru, ainsi qu'à M. V. Petit, appartenir au XILL°. siècle. M. Gadebled dit un mot des fontaines de Dieppe. M. Gosse a dessiné une trentaine de belles fontaines dans la Suisse allemande ; elles sont du XV°. etdu XVI°. siècle. A propos d’une Pret élevée par MM. de Mailly et de Caumont sur l'élargissement des rues , M. Boula- tignier voudrait associer les améliorations modernes avec la conservation des monuments de notre passé. Il n'est pas le partisan absolu de ces éternelles rues droites, longues de plusieurs kilomètres, dont on s’est engoué, et où l’on ne pourra se tenir ni en été ni en hiver. On a trop dédaigné, de nos jours; l'expérience des aïeux, et peut-être faudra-t-il revenir aux lignes courbes pour le tracé de nos rues. Ges paroles ont été vivement applaudies. L'un des Secrétaires-généraux , Raymond BORDEAUX. 156 INSTITUT DÉS PROVINCES DE FRANCE. SÉANCE DU 17 AVRIL: ( Présidence de M. Parker, d'Oxford, ) La séance est ouverte à 2 heures. Siégent au bureau : MM. DE CAUMONT ; le général vi- comte DE BORELLI ; le général PEYTIET, grand-officier de la Légion-d'Honneur, membre du Corps législatif ; le comte de LA FERRIÈRE-PERCY, de l'Orne. M. Victor Perir remplit les fonetions de secrétaire. M. de Caumont, revenant sur l’une des questions qui ont été étudiées la veille, invite M. Pernot à donner de nouveaux détails sur une fontaine érigée à Meaux, au milieu de la place publique, devant la cathédrale. Il présente, au nom de ce dernier, un dessin de la fontaine de Ribeauvillé (Haut-Rhin ). M. Pernot dit qu’il n’a rien absolument à ajouter aux observations qu’il a faites à la séance précédente, sur la fontaine de Meaux, observations qui étaient motivées par la vue d’un dessin qu’on a tout lieu de croire exact, malgré le peu d’habileté d'exécution ; que ce dessin, quia été mon- tré au Congrès, est un calque fidèle du dessin original ; et, qu’enfin, il est impossible de se méprendre ou de ne pasre- connaître le sujet représenté par l'artiste sculpteur. Celui- ci a surmonté la fontaine d’un groupe de la Vierge et de l'Enfant-Jésus accompagnés par divers saints. M. Pernot ajoute que, selon lui, et d’après le dessin, il n’est pas douteux qu’un filet d’eau sortait de chacun des seins de la Vierge, et que l'Enfant-Jésus rappelait l’action du fa- ? meux Manneken-Piss, de Bruxelles. D'ailleurs, cette fontaine a été décrite par. un historien du diocèse de Meaux , dans un grand ouvrage qu’on peut encore Con- Ÿ - UT = SE ——_—— FBREVAL . RE —— " VUE DE LA FONTAINE DE RIBEA UVILLÉ (HAUT-RHIN ), 158 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. sulter , et dans lequel on trouve le nom de l'artiste et aussi la date d'exécution de la fontaine , qui apparte- nait à l’art de la renaissance. M. Victor Petit, demandant à répondre brièvement au préopinant, témoigne le regret de n’avoir pas. vu le dessin qui a été soumis au Congrès , lequel dessin, d’après l'indication de M. de Caumont, sera copié et gravé pour le Bulletin monumental et l'Annuaire de l’Institut des provinces. M. Victor Petit se demande si on ne peut pas révoquer en doute l'exactitude de ce dessin; si même il n’est pas entièrement imaginaire ou apocryphe ; ou si, du moins, on ne doit pas croire que le dessinateur s’est plu, par une étrange fantaisie, à ajouter les trois filets d’eau suspects. MM. Pernotet Thiollet s *empressent d’assurer que, dans le dessin, les trois filets d’eau sortaient bien de la Vierge et de l’Enfant-Jésus ; que le doute n’est pas possible. M. Victor Petit, malgré cette affirmation, repousse comme imaginaire ce détail du dessin signalé au Congrès et croit fermement que si l’art de la renaissance , no- tamment en Italie , s’est montré prodigue de filets d’eau, ces mêmes filets d’eau s’échappent exclusivement. du corps des dieux et des déesses de la Fable, Les admi- rables fontaines monumentales qu’on voit encore dans plusieurs villes d'Italie , témoignent qu’à l’époque de la renaissance les scènes mythologiques étaient seules repro- duites ou représentées avec autant de matérialisme. M. “Victor Petit termine en réclamant, comme une chose utile aux études d’iconographie chrétienne, une sorte d'enquête archéologique relativement à la fontaine de Meaux, dont il ne recuse pas l'existence , mais dont il repousse éner- « giquement les filets d’eau qui font seuls l’objet du débat. : CONGRÈS DES ACADÉMIES, : 159 M. le comte de Mellet, tout en comprenant et approu- vant la pensée du préopinant, croit cependant que Île dessin de la fontaine de Meaux peut être très-exact. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un monument datant du XVIS. siècle, et, qu'à cette époque, les ecclésiastiques eux-mêmes ne se montraient pas bien sévères pour les œuvres d’art. M. le comte de Bonneuil, qui a examiné avec c attention le dessin communiqué par M. Pernot, fait remarquer que la statue de la Vierge est représentée vêtue pudiquement et la robe à peine entr’ouverte, vers l'extrémité des seins. M. de Bonneuil ajoute qu’il aurà bientôt l’occasion de se procurer tous les renseignements possibles, durant'un prochain voyage qu’il compte faire à Meaux. M. de Caumont déclare que l'incident est vidé et veut appeler l'attention du Congrès sur les deux précédentes questions dont l’examen avait été renvoyé à la séance de ce jour. Il s’agit des 17°. et 48°, questions, relatives aux études commencées sur l’état de l’art durant les périodes mérovingienne et carlovingienne, périodes intéres- santes et fructueuses à étudier de nouveau sous le ranger de la statuaire et de l’ornementation. Qui né sait, dit M, de Caumont que, en Italie et dans le midi de la France, on a conservé et utilisé, dans plusieurs reconstructions d’églises , des fûts de marbre et quelquefois des chapiteaux antiques ? En sup- posant qu'une partie de ces fragments, ce qui est certain pour quelques-uns , proviennent de monuments romains et n'aient rien de chrétien, il y en a d’autres incontesta- blement qui ont été taillés à l’époque mérovingienine ; et comme alors on imitait l'architecture antique, : autant que le pouvaient les artistes du temps, en copiant ce qu'on 160 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. avait sous la main, en prenant pour patron tantôt un chapiteau corinthien provenant d’un péristyle , tantôt des chapiteaux et des moulures provenant de la décoration intérieure des maisons antiques, publiques ou privées, il dut en résulter des variétés assez grandes dans les galbes et la composition : il y avait, sous la domination romaine , une assez grande liberté, et, conséquemment, beaucoup de variété dans les ornements ; la fantaisie s’'écartait plus ou moins de la règle. Il dut y avoir, dans quelques cas , dans les édifices privés surtout, autant de dissemblance que nous en voyons entre la décoration architectonique de nos cafés et celle des monuments publics, tels que la Bourse et la Madeleine. L'école mérovingienne qui, dans ses églises générale- ment peu spacieuses, utilisait les chapiteaux qu'elle trou- vait tout faits et les complétait en en copiant d’autres, est done, continue M. de Caumont, une époque qui fournira des données très-intéressantes et très-curieuses. Mais il faut, pour se livrer à cette étude, un œil exercé ; il ne faut pas retomber dans les erreurs de nos devanciers, qui voyaient si souvent des monuments des premiers siècles dans les églises romanes du XI°. On a donc fait sagement d'attendre que la science archéologique fût avancée, et nous touchons à l’époque où l’on pourra, sans danger , recommander cette étude, mais non pas à tous les anti- quaires, Elle devra particulièrement convenir à ceux qui ont beaucoup vu et comparé; ce ne sont pas les hommes sédentaires , et qui n’ont exploré que leur province, qui pourront s’y livrer avec fruit. M. de Caumont a mentionné rapidement ensuite les églises qu’il a précédemment signalées comme antérieures au XI°. siècle et comme appartenant à diverses époques, CONGRÈS DES ÀCADÉMIES. 464 à partir du V°, siècle jusqu’au X°. Il cite, dans l'Ouest, l’église de Savenières, près d'Angers , figurée pour la première fois, en 1830, dans son Cours d’antiquités monumentales ; la chapelle de Langon, près de Redon ; la Basse-OEuvre , à Beauvais ; l’église de Vieux-Pont-en- Auge (Calvados); les églises de Suèvres et de Gennes (en “partie). Le plus important des monuments mérovingiens est certainement, dans l'Ouest, ce qui reste du baptistère de St.-Jean de Poitiers. Les chapiteaux de cet édifice sont tous en marbre, M. de Caumont, le premier de tous, donna des notions positives sur cet édifice en 14830. On sait qu'il existe extérieurement, entre les fenêtres, des tables de pierre appliquées dans la maçonnerie, et dont la partie supérieure est coupée en forme de fronton. M. de Caumont indique le caractère des moulures en méplat qui ornent ces pièces, et il y trouve le caractère, parfaitement certain, du ciseau de l’époque mérovin- gienne ; il a montré, pour le prouver, un de ces morceaux aujourd’hui dans le musée de Poitiers. Il est maintenant certain que l’on ne possède plus d’ancien que le transept et lechevet de l’église St-Jean; les fondations de la nef pri- mitive , reconnues dans le jardin de l’évêché, ont prouvé que l’édifice était en forme de croix, comme les anciennes basiliques ; on comprend comment quelques pierres sem blables , de forme et de style, à celles qui se voient dans la partie subsistante du baptisière, avaient été placées dans des constructions voisines. C’est le dessin d’une de ces pièces, aujourd’hui au musée de Poitiers, que M. de Caumont a présenté (voir la page suivante); il montre bien le faire des sculpteurs des premiers siècles du moyen-àge. M. de Caumont fait mouler plusieurs des chapiteaux du baptistère , ils seront dessinés d’après 462 . INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. SOA P——#— SSSSS SE FAT N — Le cs moulages et plus tard reproduits par la gravure. M. de Caumont a présenté au Congrès, en atten- dant que ces moulages soient faits, les dessins de deux des chapiteaux du ‘baptistère : l’un, encore en place, se compose d’une corbeille garnie d’un rang de feuilles d’acanthe surmontées de volutes, réunies par une torsade composite , que M. de Caumont signale comme ayant dû ètre très-fréquemment exécuté dans les premiers siècles du moyen-âge. | | DEUX DES CHAPITEAUX DE S',-JEAN DE POITIERS, 4164 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. L'autre, qui provient de la nef supprimée et que l'on a trouvé dans le déblai, sous le pavé, présente au-dessus des feuilles d’acanthe deux rangs de moulures en creux que le dessin, p. 163, fait connaître. On trouve des des- sins à peu près semblables sur des poteries présumées mérovingiennes. M. Victor Petit a pris ensuite la parole : pendant long- temps il avait pensé que l'architecture antique avait été tout entière représentée par les cinq ordres classés par les grands architectes italiens de la renaissance, et notam- ment Vignole, qui a eu la gloire de laisser son nom à une œuvre fort estimée encore et qui n’a pas cessé de servir de point de départ pour les études architecturales de l'antiquité. M. Victor Petit avoue, qu'après avoir copié minutieusement et servilement son « Vignole », il pensait connaître les ordres antiques, et en quelque sorte , les savoir par cœur et pouvoir en reconnaître les moindres détails. Aussi, fut-il grandement surpris en visitant l'Italie , et la ville de Rome tout particulièrement, de ne reconnaître presque nulle part, dans leur rigoureuse simi- litude , ces fameux cinq ordres antiques dessinés et me- surés par Vignole, Palladio et autres architectes illustres de l'Italie. Tout au contraire, les types principaux de l'architecture antique présentent une variété infinie , va- riété qui augmente dans les édifices dont la date de con- struction se rapproche des premiers temps de l’ère chré- tienne, à ce point qu’il devient réellement fort difficile de préciser « l’ordre » auquel appartiennent tels ou tels en- tablements , chapiteaux, bases , colonnes, etc. , qu’on retrouve encore en très-grand nombre dans les églises bâties aux XI°, et XII°. siècles , avec des débris, ou si l’on veut, avec les matériaux de temples ou d’édifices antiques. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 165 Les chapiteaux, notamment, présentent une diversité de forme et d’ornementation qui défie absolument toute elassification ; toutefois ils offrent dans leur agencement une richesse et une souplesse de ciseau extrêmement remarquables. Ainsi les parties creuses sont fouillées pro- fondément et témoignent d’une entente parfaite des effets pittoresques, vus à distance, des ombres et des lumières. Les reliefs sont ménagés avec un soin extrême et gardent l'empreinte d’une main habile et indépendante. En étu- diant les chapiteaux antiques qui furent utilisés, vers les XI°. et XIL°, siècles, pour soutenir la retombée des voûtes de quelques-unes des églises de Rome, on fait cette re- marque qui n’est pas sans importance : c’est que des cha- piteaux d’un style analogue se retrouvent en certain nombre dans différents monuments de la France; que, jusqu’à présent, ils ont été classés uniformément comme appartenant à l’époque mérovingienne et carlovingienne ; tandis qu’on pourrait les faire remonter à une époque plus ancienne , en les rattachant aux édifices publics et privés construits durant la période gallo-romaine. "M. de Caumont appuie fortement l’opinion de M. Victor Petit. Il est évident, dit-il, que les artistes romains vou- laient la variété dans l'unité, tandis que l’école moderne | a voulu l’invariabilité et par suite La monotonie dans l’unité des ordres. Pour preuve de la variété dont les sculpteurs gallo-romains savaient faire usage , M. de Caumont cite les chapiteaux antiques, très-beaux, qui ont été utilisés tout près de Paris, dans l’église de Mont- martre; ce sont des chapiteaux corinthiens dont aucun ne ressemble à l’autre, et pourtant tout porte à croire qu'ils ont autrefois appartenu au même édifice. M. de Caumont croit du reste que, si un très-grand 166, INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. nombre de chapiteaux employés à l'époque mérovin- gienne proviennent de monuments romains préexistants , comme l’a dit M. Victor Petit, il y en a aussi qui ont dû être sculptés à cette époque ; il croit, par “exemple, que les chapiteaux dont il a présenté l’esquissé | ceux de St.- Jean de Poitiers, p. 163 ), ont été faits pour cette église et ne peuvent provenir de monuments préexistants. | Plusieurs membres ont pris la parole. M. de Bouis a expliqué comment Vignole et ses contemporains, rédui- sant l'architecture antique aux types les plus purs, et composant, un cadre nouveau pour les architectes, ont dé- truit. les variétés dont parlaient MM. de Gaumont et Victor Petit : évidemment l'architecture moderne est à larchi- tecture antique ce que serait la langue de Cicéron, com- parée aux idiômes que l’on parlait de son temps dans les provinces et dans les faubourgs de Romé, Reste à savoir si l’art ainsi épuré vaut l’art avec ses inspirations natu- relles, que regrettent si vivement MM. de Caumont et Victor Petit. M. Pernot pense que la variété ou, si l'on veut, la diversité d’ornementation doit tenir au défaut d’écôles architecturales , surtout en ce qui concerne les Gaules, pays conquis, et où les esclaves qui avaient Au talent étaient employés à la construction des édifices publics. M. Gadebled parle de l'influence romaine sur la civili- sation de la Gaule, et sur les œuvres d’art importées d'Italie en France. Il pense que l'influence romaine a été assez puissante pour imposer ses formes, ‘ses goûts et ses traditions d’art. M. le conseiller Tailliar , de Douai, partage le même. avis ; il trouve tout naturel que l’art mérovingien ait con- tinué l’art gallo-romain. La conquête franque a mis un CONGRÈS DES ACADÉMIES. . 467 terme à la puissance romaine; mais elle n’a détruit ni l’ancienne organisation, ni le cadre même de l’adminis- tration impériale. Le monarque gallo-franc prenait le titre de virällustris, titre que la Notice de l'Empire attribue aux premiers personnages romains. Les dignités de pa- trice , de duc, de comte, sont maintenues. Les institu- tions restent debout. La curie ne reçoit que les modifica- tions rendues nécessaires par l'avènement du christianisme et le changement de gouvernement; on peut lire à ce sujet, les Formules de Marculfe et autres. Si les institu- tions romaines se conservent ainsi à travers. les siècles, pourquoi les monuments qui en sont pour. ainsi dire la représentation, pourquoi l’art romain qui les érigeait, n’auraient-ils pas conservé leurs principaux caractères ? Passant à l’époque carlovingienne, ou, pour moins préciser les limites de temps, à une époque un peu moins ancienne que celle des églises précédemment citées, M. de Caumont cite une église très-connue déjà, celle de Germiny-les-Prés, quia été souvent décrite, à cause de la date à peu près certaine de ses parties primitives , puis il renvoie aux détails qu’il a donnés à la Société française d'archéologie sur l’église de Cravan , près Chi- non , dans un rapport qu’il compte imprimer prochaine- ment dans le Bulletin. « Comme on le voit, a dit M. de Caumont , par le des- « sin très-exact que je présente, du côté méridional de « l’église de Cravan, les fenêtres sont garnies d’un en- « cadrement cintré orné de billettes, et alternent avec «des frontons dont les rampants et la base sont garnis “« du même ornement. Ces fenêtres et ces frontons se con- « tinuent sur la façade occidentale ; mais le centre de 2" "+ ax Méta né id \isaul +: À 1 1 # M qe mr ee gg me RC me | Mn on. 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Mais il insiste dès ce moment sur les rapports qu'offre , avec celle de Cravan, l’église de St.-Généroux, dont il avait donné, il y a long-temps , une esquisse incomplète, suffisante {outefois pour indi- -quer cette analogie. En : Tab Al OLIS GRO ROUTES MMS ANT MST AN fé PAR HAT A F4 Pc ù LENS TENL EN AE : D LL LL ES ME AN QUE O4 D M EU D TT | rl 1 | Lee LT LE 421 10 PORTION DES MURS LATÉRAUX DE SAINT-CÉNÉROUX. Si l'église de St.-Généroux {Deux-Sèvres) offre plu- sieurs rapports incontestables avec l’église de Cravan, St.-Mesme de Chinon, quoique du XI°. siècle, présente encore dans ses fenêtres latérales et dans ses appareils, les mêmes dispositions que les églises de Cravan et dest. - Généroux. L'église de Cravan offre un petit appareil irès-caracté- risé, dont les assises sont séparées par des lignes, non 8 170 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. de briques, comme à l’époque romaine ou dans les temps qui ont suivi, mais par des chaînes en pierres de taille. , Ainsi, dit M. de Caumont, on peut trouver la filiation de ces édifices et les rattacher à une souche commune, à un type qui dut être en usage aux époques antérieures au X°. siècle, mais qui it soi origine de plus haut et qu’on pourrait faire remonter jusqu'au baptistère St.-Jean de Poitiers. | | « Je viens de citer en courant, a continué M. de Cau- « mont, quelques Monuments mérovingiens et carloyin- « giens encore debout. it « Mais si nous faisons l'inventaire des fragments, « tels que : chapiteaux , fragments de corniche, mou- « lures diverses, qui ont été replacés dans des édi- « fices postérieurs , ou même déposés dans des « musées, nous aurons à exploiter une mine consi- « dérable. « J'ai décrit et figuré dans le Bulletin monumental « (t. XXII), quelques-uns de ceux provenant de Vertou, « près de Nantes, déposés. dans .le musée de cette ville. « J'ai cité deux chapiteaux anciens dans la crfpte de « St.-Brice, faubourg de Chartres, reconnus par M. Paul « Durand. R « On connaît, par la description que j'en ai donnée, « il y a 25 ans, les chapiteaux et les colonnes en mar- « bre qui existent dans la crypte de Jouarre qui renferme « des tombeaux extrêmement curieux. A 2 2 = CONGRÈS DES ACADÉMIES. 171 « J'ai figuré des chapiteaux de même style et de même ] [A H IUTPAI ( EUR (nul ill m ni LU { NO Wnatiliil . | | f y Ü qu \ LL À { \ f L | | ï 4. \\ = | ( LÀ SEE CHAPITEAU MÉROVINGIEN DU MUSÉE D'ARLES. époque que l’on voit au musée d’Arles. : #: « Le musée de la Société des Antiquaires de Normandie possède quelques fragments mérovingiens, provenant de l’ancienne église de St.-Samson-sur-Risle ; d’autres, provenant de la même abbaye, existent dans le mu- sée d'Évreux. Je.les ai figurés, il y a long-temps, dans mon Cours d’antiquités (pl. XLVII ). « Je citais dernièrement, dans le XXII. volume du Bulletin monumental, des moulures existant dans les murs de la cathédrale du Puy et dans les bâtiments voisins de cet édifice. 172 INSTITUT, DES PROVINCES DE FRANCE. | 4 TT IE | < « Peut-être doit-on citer aussi les sculptures incrustées « dans la tour de St.-Germain d'Auxerre et que nous « avons reproduites dans notre Abécédaire d'archéo- « logie. | « J'ai fait remarquer il y a long-temps, dans mon Cours « d’antiquités, que certains entrelacs, dont j'ai donné « des spécimens et qui offrent quelquefois l’image de « nattes, peuvent caractériser une époque ancienne : \ ll \ \ CS A #/ \ \ \\ |} ins BE) | ! \\ \ au « St.-Samson-sur-Risle et sur un très-grand nombre il A D |} Ë " | à = EEE ———— EE EE a — si) Î I rl gun vingiennes et carlovingiennes. 474 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « Le chapiteau de St.-Samson, qui vient d’être figuré, nous offre encore un détail qui paraît aussi caractériser une époque fort ancienne : ce sont des espèces de pal- mes allongées et peu fouillées qui garnissent les côtés de la corbeille. Cet ornement, facile à sculpter, se voit sur des pierres historiées replacées dans les parements de certaines églises des XI. et XII. siècles, con- struites avec des matériaux préexistants. Et s’il n’est pas toujours partout un caracière certain, au moins annonce-t-il une date ancienne et, en général, anté- rieure à la seconde moitié du XI°, siècle. « Je pourrais indiquer bien d’autres fragments pré- | COLONNE ET CHAPITEAU DE FULDE. - CONGRÈS DES ACADÉMIES. 175 « cieux , notamment ceux qui proviennent du palais de * « Charlemagne à Ingeelhem et qui.ont été récemment « publiés par M. Roach-Smith, de Londres; ceux de « Fulde, signalés par M. le baron de Quast, l’année «€ dernière, etci.-etc. etc. « Mais il faut se borner à des indications: je pré- « pare un mémoire étendu sur ce sujet. Il suffit, et « je crois. lavoir fait, de démontrer que celte étude « est opportune , qu ’elle peut être faite avec cer- « titude de succès et que le. sujet est encore neuf, Il « résultera, de cette discüssion , qu'il existe des carac- « {ères au moyen desquels on peut reconnaître le « travail des époques méroyingienne et carlovin- « gienne, et que les matériaux ne manquent pas à « qui sait les rechercher et les examiner Faneuer « ment. La 19°. question présente également un vif intérêt, en ce qui iouche la classification chronologique des sépultures aux époques mérovingienne et carlovin- gienne. M. de Caumont cite une foule de tombeaux dont les couvercles portent une double croix : une grande partie de ces sarcophages doivent être anciens : bien qu'on ne puisse affirmer que le type ne s’est pas per- pétué jusqu’au XI°. siècle, M. de Caumont affirme qu'ils sont en général antérieïrs à cette date, quand d’ailleurs ils présentent à l'extérieur certaines moulures qu’il in- dique. M. Thiollet qui avait, il y a Pr dessiné la collection de tombes que l’on voit à Civeaux, en Poitou, a présenté ses dessins, M. de Caumont à désigné parmi INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. t antérieurs au XI°. siècle. 1 paraissen il DT CITE HI LE CTI qn | pommes POITOU térieurs au XI°. siècle, SARCOPHAGES DU ( Présumés an } ces types ceux qui lu En voici quelques-uns. 476 =" nn TE n\ \ At 72 72 À 22) JE Après quelques observations présentées par MM. Bor- deaux , Thiollet et Pernot, M, de Caumont reprend la CONGRÈS DES ACADÉMIES, 177 parole et cite deux couverceles de sarcophages déposés au musée d’antiquités de Poitiers, et qu’il croit pouvoir être rapportés aux temps carlovingiens où mérovingiens, En voici l’esquisse. - NN FAN \Z LL, ININYX TL NIK AN VWLIL V2N\Y/ Bouet dele É Pagar sculp. : DEUX GOUVERCLES DE SARCOPHAGES CONSERVÉS AU MUSÉE DE POITIERS. fs portent l’un et l’autre une croix dont la forme offre 178 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. des rapports avec celle que M. Gomart a dessinée dans le caveau qui renferme le tombeau de saint Quentin , et dont l’antiquité ne peut être douteuse. — et mm ul mu Te LT Cr LS nr CT CECPC | (ll T ll | | J | APN ENS | 4 lu 1 nm) Pie 1 St Den N NA £ Fi ELA Lp ol po ie id A ni N'a à Xi AN à 1] LA il AA | (1 SCULPTURES DANS LE CAYEAU DE SAINT QUENTIN. D mr ja Enr ND qi 4 i Mt (1 | il Il (f}l 11] | m cal M. de Caumont a terminé en rappelant les quelques renseignements donnés, dans une séance précédente, par M. Darcel. Ces renseignements, très-sommaires, peuvent être éomplétés par les figures de tombeaux placées dans le VI°. volume de son Cours d’antiquités et dans son Abécédaire d’archéologie auxquels il renvoie, aussi bien CONGRÈS DES ACADÉMIES. 479 qu'aux nombreux mémoires qui en ont traité dans les vingt-deux volumes déjà publiés du Bulletin: monu- mental. | Personne ne demandant plus la par ole, M, le Président pose la 21°, question du programme ; ainsi conçue : « La chronologie des cloches a-t-elle été suffisamment -«- étudiée ? À quelles causes doit-on attribuer la supério- « rité des cloches du moyen-âge, sous le rapport de la « qualité du son ; quelles étaient la nature et la pro- portion des métaux habituellement employés dans leur «fabrication ? » …. M, le comte de Mellet a soulevé de nouveau boit ques- tion qui avait été posée déjà au Congrès de Châlons, mais qui resta indécise. La pensée de l’auteur était de cher- cher à connaître quels pouvaient être les travaux ou les recherches à faire sur les cloches anciennes, au point de vue industriel ou de fabrication. Il en est, continue M. de Mellet, descioches modernes comme des vitraux modernes: elles sont inférieures en qualité et en beauté de son aux cloches anciennes, plus durables et plus pures que celles d’à-présent. Enfin M. de Mellet se demande si cette supé- riorité incontestable tient au mélange de métaux qui. dit-on, étaient jetés dans le métal en fusion, Plusieurs membres du Congrès établissent que l'analyse du métal des cloches n’a pas fait retrouver la trace de métal précieux, ou n'aurait pu la faire reconnaître qu’en infime quantité. . M. Parker, consulté sur la valeur et la qualité des “cloches anglaises , dit que, depuis long-temps, on s’est occupé de cette question en Angleterre, Les analyses les plus précises n’ont jamais fait retrouver d’or ou d'argent. 180 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Plusieurs cloches nouvelles sont excellentes et donnent des sons magnifiques. La qualité et la sonorité des cloches tiennent à la forme donnée au métal et aussi à l'épaisseur de ce métal. M. Denison a fait, à ce sujet , de longues et savantes recherches, Divers membres engagent une discussion sur la com- position du métal dit « métal de cloches » , avec lequel on fabriqua , durant la République, des sous qui avaient une couleur particulière. M. de Caumont pense qu’on n’a pas assez recherché et décrit les clochettes des églises. Il rappelle combien est curieuse la clochette romane dont M. Didron a publié des fac-simile, et voudrait qu’on recherchât toutes celles qui existent encore dans les trésors des églises. Un très- grand nombre remontent au XVI°. siècle. M. Du Chatellier vient de lui envoyer, pour être soumis au Congrès , le dessin d’une clochette de ce genre qui remonte à lan 1575. | M. Parker, répondant à une nouvelle demande sur l’époque où l’on fit en Angleterre les plus belles cloches ; dit qu’on en fit de belles et de laides à toutes les époques ; que les cloches d'Angleterre ne lui semblent pas différer beaucoup de celles de France. MM. Tailliar, Gomart, Dréolle et Parker citent diverses cloches ou clochettes qui étaient durant le moyen-âge déjà célèbres , soit sous le rapport historique au point de vue des coutumes municipales, soit comme objets reli- gieux et reliques. Ces divers membres s'accordent à re- connaître le rôle important que les cloches communales ont été appelées à remplir dans l’histoire des villes du Nord de la France et en Belgique. Plusieurs ouvrages ont été publiés sur ce sujet. = [| ll | AA lue |A \ 182 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M, de Caumont pense qu’il est toujours utile d'explorer les clochers de nos campagnes , pour visiter les cloches qui s’y trouvent et dont quelques-unes peuvent être très- anciennes. Il cite celle de Fontenailles (Calvados), décrite dans sa Statistique monumentale de ce département, et qui est de 1202. Bon nombre de cloches des XVI°., XVII. et XVIII. siècles portent des inscriptions qui méritent d'être relevées et publiées, parce qu'elles mentionnent, avec leurs titres et dignités, les notabilités du pays qui les ont nommées, le curé existant, etc. Tous ces documents sont intéressants pour l’histoire locale, M. le comte de Mailly dit qu’en effet l’histoire des cloches lui paraît fort importante : c’est dans l’étude des inscriptions qui couvrent les cloches anciennes , qu’on peut retrouver plus sûrement les noms des familles éteintes, qu’il serait en conséquence désirable que MM. les ecclésiastiques, au lieu d’engager leurs paroissiens à fondre les vieilles cloches, cherchassent au contraire à les conserver, ou tout au moins , si cela n’était pas pos- sible, ne négligeassent pas de relever et de copier, avec le plus grand soin, les noms et les armoiries des seigneurs bienfaiteurs de la paroisse, toujours inscrits ou gravés sur les cloches anciennes. M. de Mailly cite plusieurs cloches de la province du Maine , dont il a relevé et con- servé les inscriptions; il insiste surtout, pour que l’atten- tion de MM. les Curés de campagne soit de nouveau appelée sur tous les objets anciens qui appartiennent à leurs églises, On pourrait solliciter l'appui des évêques. M. de Caumont, approuvant les idées exprimées par M, de Mailly, est forcé de reconnaître un mouvement de ralentissement pour les études archéologiques dans les séminaires : déjà, plus de quinze cours d’archéologie ont CONGRÈS DES ACADÉMIES. 183 été supprimés, à sa connaissance, après avoir été faits pendant plusieurs années. C’est là un fait bien regrettable, en ce qui touche à l'instruction archéologique des curés de campagne , qui obtiennent souvent de leurs paroïis- siens des sommes assez considérables, destinées presque toujours à défigurer ou à gâter leur église par de préten- dues restaurations. M. de Caumont cite plusieurs traits de curés de village qui rivalisent d’émulation pour tout « remettre à neuf. » : EH Le mal serait moins grand , si l'éducation archéologique . était plus générale dans les séminaires. Je désire, dit l’ora- teur, en terminant, que mes paroles soient consignées au procès-verbal de la séance. L'heure avancée ne permettant plus d'aborder une autre question , la séance est levée à 4 heures ét renvoyée au lendemain. | | Le Secrétaire, Victor PETIT, * De l’Institut des provinces, SÉANCE DU 18 AVRIL 1857. ( Présidence de M. Bouzarrener , conseiller d'État, ) Le bureau est occupé par MM. DE GAUMONT, le comté de MAÏLLY , le vicomte Du MONCEL, PARKER, le DA DE TANLAY. M. pe Bouts remplit les fonctions de secrétaire. M. Raymond Bordeaux lit le procès-verbal de la séance . précédente, qui est adopté. M. Parker développe la pensée qu'il avait émise l’année dernière et qui a fait une nécessité de s'occuper ; dans 184 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. chaque Société archéologique des départements, de donner la date exacte des grands monuments du moyen- âge qui y ont été édifiés; c’est le seul moyen de donner une base solide à l’histoire de l'architecture, qui est celle de la civilisation. Joignant l'exemple au précepte, M. Parker donne la liste suivante des dates pour quelques- uns d’entr’eux : 1152-1182. L'abbaye de Kirstall (comté d’York ). Style roman secondaire avec ogive. 1155-1191. L'église de Senlis. Style de transition. 1157-1211. La maison du Chapitre, à St. -Georges-de- Bocherville (Seine-Inférieure). Style roman secondaire de transition. 1160-1185. Les arcades et la nef de la cathédrale de Bayeux. Style roman secondaire. 1163-1182. Le chevet de l’église de St.-Germain-des- Prés. Style de transition très-lourd, moins avancé que Notre-Dame. re 1168-1219, La cathédrale. de Soissons. L’abside du Midi appartient à la première église, commencée en 1168. M. Parker ne donne pas de date précise pour cette por- tion dont le style lui paraît très-mauvais. 1168. La cathédrale de Sens. Une chapelle et quelques portions des murs sont de cette époque. Elle fut presque entièrement ruinée par un incendie en 1184 : la plus grande partie du monument-est donc postérieure à cette date ; il y a une grande ressemblance avec l’église de Coutances, du style de transition, 4175-1184. Le chœur de la cathédrale de Coutances, rebâti après l’incendie, est dans un style de transition très-remarquable, mais qui se modifiait pour ainsi dire chaque année, L’abside de cette église «est dans un style CONGRÈS DES ACADÉMIES. 185 presqu ‘entièrèment gothique , Sn ES nr d travaux furent achevés en 118/. | 1177-1184. L'hôpital et l’église de SL Jets à Angers, fondés et bâtis dans le temps de Henri If, roi d’Angle- terre, comie d’Anjou et de Poitou, duc de Normandie et de Guyenne. Le style en est entièrement gothique, très- léger. C’est un des monuments les plus avancés. 1186-1996. L'église de la ville d'Eu (Normandie). Style presqu’entièrement gothique très-léger , fort élé- gant, mais avec des restes du style roman secondaire. 1194. La cathédrale de Chartres, ruinée pat un in- cendie sous cette date; le monument fut reconstruit alors, il ne resta de la construction primitive que la crypte et quelques autres portions peu importantes. 4195-1205. La chapelle de la St°-Vierge dans la ca- thédrale de Winchester. Style gothique pur à lancettes. . 4495-1214. Une portion de la nef et la partie occiden- tale de l'église de l'abbaye de St.-Alban, dans le comté de Huts. Style gothique pur. 1195-1200. Le chœur de la cathédrale de Lincoln. Style gothique pur, très-léger. 1198-1215, Le jubé de la cathédrale d’Ely, dans le comté de Cambrigde. Style gothique pur, très-léger, à lancettes tréflées. 1907-1935. Cathédrale de Rouen, rebâtie après l’in- cendie. Style gothique primitif très-élégant et très-léger. M. Challe pense qu’il faut reporter la construction de la cathédrale de Sens à une date plus ancienne. C’est avant 4143 qu'elle fut commencée par Henricus Aper, évêque. Cela est prouvé par la chronique de Clarius, qui donne cette année comme celle où mourut Henri-le- Sanglier, Ce passage de la chronique de Clarius était 186 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ignoré, quoiqu’elle eût été publiée par Duchesne et dans le Recueil des historiens de France ; il a fallu qu’on re- trouvât à la Bibliothèque impériale un manuscrit où ce passage omis dans les ouvrages imprimés peut se lire en ces termes : Hic ( episcopus) incipit renovare ecclesiam S', Stephani et in ecclesia majori nova. — Le pape Alexandre III consacra l’autel de St.-Pierre , en 1160. On sait que le chœur de Sens ressemble beaucoup à celui de l’église de Cantorbéry, on y retrouve le même style de transition du roman au gothique ; ce qui ne doit pas étonner puisque l'architecte de cette cathédrale d'Angleterre fut Guillaume de Sens. M. Challe croit en outre devoir faire remarquer que, dans la tour de plomb accolée à l’église de Sens et qui fut construite, comme on le sait, par Philippe-Auguste, l’architecte revint davantage à l'architecture romane, ce qui aurait pu induire en erreur si on n’avait pas eu de documents écrits qui prouvent qu’elle est postérieure à l’église d'environ soixante années; car on sait, par la chronique du moine Godefroid , que l'incendie qui détruisit l’église eut lieu en 1184. M. Raymond Bordeaux ‘demande qu’on continue à placer cette question sur le programme du Congrès , et à la recommander à l’attention des Sociétés archéologiques. Il signale l’église ogivale des Andelys qui appartient au XIII, siècle , dans laquelle il a découvert dernièrement une inscription dont il a pris l'empreinte : son état illisible présente un problème fort curieux. À M. de Caumont exprime le désir que M. Parker précise mieux qu’on ne l’a fait jusqu'ici les caractères du style Plantagenet. M. Parker répondra à cette question dans une pro= chaine séance, # CONGRÈS DES ACADÉMIES. 187 M. le comte de Mailly croit qu’il faut expliquer le passage ‘du style roman à l’ogival par la nécessité des toits élevés dans notre climat qui à fait élever l’arc des voûtes. M. de Bouis ne peut partager cette opinion , qui ne lui paraît pas justifiée par les toits de nos grands édifices, qui n’avaient pas , à l’origine de l'architecture ogivale, Pélévation qui leur fut donnée plus tard au XIV°. et au XV°. "siècle. M. le comte de Mellet fait observer que l'origine de logive a été traitée bien des fois; qu’elle n’est pas soumise au Congrès en ce moment. M. Parker veut profiter de sa présence au Congrès pour parler des deux églises décrites par M. l’abbé Cochet, dans le Bulletin monumental : la première a été rebâtie au XII°. siècle dans le style ogival; la seconde, du XIIIe, siècle aussi, mais un peu moins ancienne, appar- tient au style roman. | | La discussion sera continuée dans la prochaine séance. Le Secrétaire-général : DE Bouis. SÉANCE DU 20 AVRIL 1857. Présidence de M, Nicias Garzzarp, président à la Cour de cassation). __ Siègent au bureau : MM. DE CAUMONT ; BOULATIGNIER ; l’abbé LALANNE, directeur du collége Stanislas; D'Ozou- VILLE ; le baron ErNour. M.R, BORDEAUX remplit les fonctions de secrétaire. 188 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. La 26°. question est mise en discussion. En voici le texte : F « N’est-il pas utile que les Sociétés savantes s'occupent « d’études hagiographiques plus qu’elles ne l’ont fait jus- « qu'ici? Doivent-elles laisser, comme elles le font, « avancer ou retarder de plusieurs siècles, la venue des « premiers apôtrés de nos diocèses? » : | M. de Caumont voudrait que, au moment où, dans tous les départements on s'occupe de ces D LE les Sociétés savantes intervinssent. M. le comte de Mellet croit que tout le monde doit être d'accord sur l'utilité et l'intérêt des études hagio- graphiques : les saints ont joué un rôle éminent dans notre pays; les uns, comme grands agriculteurs ; lés autres , comme érudits ou comme orateurs; d’autres enfin, comme mêlés aux affaires publiques. - Quant au second point de la question, l'extrême anti quité de l’arrivée de ces premiers missionnaires est plus délicate à traiter pour les esprits modérés. Les traditions anciennes méritent l'examen : il en est qui doivent avoir de l'autorité, d’autres qui doivent être discutées. Il ne faut pas croire que jusqu’au XVII°. siècle tout fût sous l'éteignoir. Cependant, au XVII°, siècle, on a révisé très- sévèrement l’histoire de la vie des saints. Nous voudrions pouvoir dire qu’on l’a fait sans prévention ; mais parfois le vent souffle d’un seul côté et alors il faut que toutes les feuilles soient balayées de ce côté-là , tant l’entraîne- ment est grand! Sans être sévère pour certaine école, il est bon de réviser ces travaux hypercritiques du XVIT°. siècle, et cette tâche doit appartenir légitimement à la moitié du XIX°, siècle, qui sera assurément une époque de réparation. Il est impossible de ne pas tenir compte CONGRÈS DES ACADÉMIES. 189 du livre si savant de M. l’abbé Faillon, directeur au séminaire St.-Sulpice , les Monuments de l'apostolat de sainte Madeleine ; et, dût-on ne pas avoir une convic- tion entière et garder des doutes, il faut reconnaître la hauté valeur de ce livre érudit. * - M. d’Ozouville, qui a publié sur ce Sujet un recueil de lettres adressées au R. P. Piolin, bénédictin de l’abbaye de Solesmes (1), est d’un avis diamétralement opposé, - Suivant lui, tout l’ensemble du volume des Monuments de Provence ne contient, il faut bien l’avouer, qu’une immensé illusion. On peut s'étonner , en effet, que les quinze principaux monuments qui servent de base à cet échafaudage soient restés inconnus jusqu’en 1846. Le principal de ces documents, restés inédits jusqu'alors, est une Vie de sainte Madeleine , attribuée à Raban Maur, archevêque de Mayence vers 850, et trouvée à Oxford, en Angléterre, Cette vie n’a d'autre rapport avec Raban Maur que de porter en tête le premier de ses deux noms: Rabanus, — De vita B. M. Magdalenæ ; elle n’a jamais été comprise dans les œuvres de l’archevêque de Mayence. En examinant cette vie, on trouve une foule de points qui pefmetlent de reconnaître qu'elle a été écrite en Angleterre vers le milieu du XV°. siècle, et on y rencontre des passages motivés par l’hérésie contemporaine de Wicleff, sur le culte des images, la confession et l’abso- lution par le prêtre. De plüs ce manuscrit contient un pa- rallèle entre sainte Marie-Madeleine et saint Jean-Baptiste, (1) Origines chrétiennes de la Gaule: — Lettres au R, P, Piolin : vol. in-8°., avec supplément, ensemble 328 pages. À Paris, chez Julien et Lanier, rue de Bussy, 4. Prix: 4 fr, 190 INSTITUT. DES PROVINCES DE FRANCE. parallèle étrange, car aucun point de comparaison n'existe entre ces deux saints personnages. Or, il faut savoir que le collége d'Oxford, où cette légende a été trouvée , est dédié à sainte Madeleine et à saint Jean-Baptiste. De plus, ce collége a été fondé vers 1450, et c’est précisément l'époque de la calligraphie du manuscrit. Cependant tout. d’un coup , sans autorité et sans l’autorisation de per- sonne , l'éditeur d’une nouvelle édition des Pères de l’Église a inséré, dans sa collection, sous le nom de Raban Maur, cette vie jusque-là inédite de sainte Marie- Madeleine. Et voilà ce qui explique l'engouement nouveau; car, comme l’a dit l'honorable préopinant, il est des temps où le vent se met tout d'un coup à soufller et à balayer du même côté les feuilles. Cette fois, ce ne sont pas seule- ment les feuilles qui ont été entraînées, mais aussi les arbreslesplus forts et les plus verts. Voilà comment on est arrivé à substituer l'autorité d’un texte apoeryphe, soi-di- sant de Raban Maur, à l'autorité admise jusqu'alors de Grégoire de Tours, de tous les autres monuments et de Raban Maur lui-même, dont le martyrologe fait mourir saint Lazare dans l'île de Chypre, où il était évêque , et sainte Marie-Madeleine à Jérusalem. Sur le fond de la question, M. d'Ozouville de en revue d’autres arguments : il rappelle que le premier à avoir contredit Grégoire de Tours et les autres titres de ce côté, est Hilduin, abbé de St.-Denis. A la fin du VIH. siècle et au commencement du IX°., l'Empire grec re- cherchant l'alliance de Charlemagne et ensuite de Louis- le-Débonnaire , le patriarche de Constantinople Tarasius , avait émis l'opinion d’une identité d’origine religieuse entre les deux peuples. En 828, une ambassade célèbre apporta en France les œuvres attribuées à saint Denis CONGRÈS DES ACADÉMIES. 494 d'Athènes ou lAréopagiste, le déclarant le même que saint Denis de Paris. Le manuscrit fut remis , par les or- dres de Louis-le-Débonnaire, à l'abbé Hilduin, avec invi- tation de rechercher ce qu’il trouverait sur saint Denis. L'abbé, au lieu de s’adresser à l’enseignement public üniversellement admis, borna ses recherches dans l’inté- rieur des archives de son monastère ou de l'Église de Paris , et prétendit y découvrir l'identité des deux saints Denis. Mais il y a long-temps que les preuves alléguées sont reconnues frappées de nullité. Quant à l’enseigne- ment public à l'époque d'Hilduin, M. d’Ozouville invoque l'autorité ‘de Fréculphe , évêque de Lisieux , élève de l'abbaye de Fulda, en Allemagne, et employé dans les affaires de l'ambassade grecque de 828; Fréculphe, écri- vant une histoire ecclésiastique pour l'éducation du prince Charles , depuis Charles-le-Chauve, n’a pas d’autre avis que celui de Grégoire de Tours ; il en est de même d'Usuard , qui écrivait son Marlyrologe célèbre dans l'ab- baye de St.-Germain-des-Prés, là précisément où siége le Congrès. Avant Hilduin, sous Louis-le-Débonnaire, on ne parle que d’une lettre de l’église d'Arles au Saint- Siége , en 450. On y voit la mission de saint Trophime at- tribuée à saint Pierre. Maïs, sauf ce seul mot, toute cette lettre est conforme à Grégoire de Tours ; et il faut que ce mot soit une interpolation ou bien que le mot de Pierre ne s’y trouve que comme synonyme d’un successeur de saint Pierre. Ce dernier avis est celui qu'embrasse l’his- torien Fleury , tout partisan qu'il se montre d’une ho Sr apostolique. M. d’Ozouville conclut en disant qu'il serait très-fà- cheux, historiquement et moralement de céder à l’en- irainement dont nous sommes témoins, et il pense qu'il 192 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. est très-important que les Sociétés savantes résistent à un revirement si subit. M. de Bouis constate avec plaisir que notre époque soit revenue à des études si graves, naguères l’objet d’un ignorant dédain. « Il proclame l'importance de l’hagiographie comme étant évidente, incontestable : elle est en quelque sorte à l’ordre du jour ; la Société de l'Histoire de France, en publiant les Opera minora de Grégoire de Tours, et le Marty- rologe romain de Chastelain, répond à ce besoin de notre temps. En Normandie, plusieurs de 208 ecclésias- tiques instruits se livrent à ces études avec “une grande ardeur : on s'attache d'autant plus à ces fglorieuses ori- gines de notre église nationale , qu ‘ilne nous en restera plus que le souvenir. Sans doute, il n’est guère possible que, dans des matières de ce genre , il n’y ait pas d’er- reurs ; ces erreurs peuvent blesser la vérité, mais jamais la conscience de chacun de nous, qui reste libre dans son for intérieur d'accepter ou de refuser les opinions diverses. Dans les légendes, même les plus contes- tables, on trouve des renseignements sur les mœurs, les idées , les pratiques , la liturgie, qui éclairent d'un jour merveilleux beaucoup de questions historiques. Il y a donc un intérêt réel dans ces études méprisées, dé- daignées par le siècle précédent ; et nos confrères, par la discussion qui vient d’avoir lieu, me prouvent que les esprits sérieux attachent beaucoup de prix à de savants travaux sur ce sujet, » | M. le comte de Mellet répond que les légendes du bré- viaire romain, dont l’origine est si ancienne, accordent à nos Saints la plus haute antiquité; car le bréviaire romain, introduit dans la Gaule sous Charlemagne , CONGRÈS DES ACADÉMIES. 193 était récité bien avant le VII*, siècle, dans le reste de l'Occident. M. d'Ozouville réplique que jamais Rome n’a entendu . prononcer ex cathedra. sur ce sujet , elle ne donne à ces légendes qu’une autorité liturgique et non pas historique. Poutrédiger le Martyrologe, Rome a consulté les tra- ditions des églises ; c’est ce qui est arrivé dernièrement à Limoges lorsqu'on a révisé la liturgie , ainsi qu’on peut le voir dans le Mémoire de M. l'abbé Arbellot sur l’apos- tolat de saint Martial. En laissant dans le bréviaire que saint Martial fut envoyé par les apôtres , Rome n’a pas dit que cela. fût démontré historiquement, encore bien moins que l’on fût obligé d'y croire , mais seulement que telle est la tradition de l'église de Limoges. Rome a trouvé cetie église en possession des honneurs apostoliques, et elle ne veut pas les lui ôter. Mais, d’après le pape saint Sozime., saint Trophime d’Arles est le premier évêque arrivé en Gaule , et ce fut de la ville d’Arles que les sources du christianisme se répandirent ensuite sur toutes les Gaules. C’est un enseignement historique que tous les documénts des neuf premiers siècles viennent corro- borer. M. l'abbé Lalanne ne demande pas la parole pour pro- longer la discussion , il veut seulement dire avec quel intérêt il a entendu un entretien si savant. 11 abordera seulement le point de savoir s’il convient que les So- ciétés savantes discutent ces questions. La vérité ne peut que gagner à être examinée, pourvu qu’elle le soit de bonne foi. Ces questions ne sont pas neuves ; il y a long- temps déjà qu’on a abordé ces matières. On trouve dans l'Histoire de l’Église gallicane du P. de Longueval, une dissertation spéciale sur l’antiquité des églises ; or, 9 4194 INSTITUT. DES PROVINCES DE FRANCE. n’admet , comme remontant aux temps apostoliques , qu'un petit nombre d’évêchés. A ce sujet; M. Gadebled résume en ces termes la bi- bliographie des principales sources hagiographiques : « Les sources où l’on peut puiser l’histoire des saints semblent être de trois sortes : 1°. Les monuments matériels : statues, figures, ef gies et inscriptions, qui ont été conservées, OÙ: qui se retrouvent, et qui ont quelque rapport avec la vie des premiers apôtres connus. + On sait que deux publications importantes : celle des Catacombes de Rome et des Inscriptions chrétiennes de la Gaule , de M. E. Leblant, sont en voie d'exécution, sous les auspices du gouvernement français. Elles se- ront, sans nul doute, de quelque intérêt pour l’hagiogra- phie. 2°, Les manuscrits. Le nombre en est grand , et il est douteux que , désormais, on en rencontre beaucoup qui déjà n’aient pas été publiés. 3°. Les livres imprimés. Depuis l’origine de lPimpri- merie, plusieurs grandes publications contenant des Vies des saints ont été répandues. Le plus fameux de ces livres est celui de Voragine, connu sous le titre de Legenda aurea , œuvre du XV°, siècle , pendant le cours duquel il n’a pas eu moins de 70 éditions ; c’est, du reste, un travail un peu mythologique dans lequel lhistoire est quelquefois en défaut. Mais l'ouvrage le plus impor- tant de ce genre est celui qu’a publié Boninus Mon- britius, sous le titre de Vie des Saints. Ce recueil, imprimé à Milan, vers 4480 , d’après des manuscrits extraits des archives de St.-Jean de Latran, offre, les caractères d'authenticité les plus recommandables, Gité CONGRÈS DES ACADÉMIES. 4195 fréquemment jusque dans le milieu du XVII, siècle , il semble avoir été injustement un peu oublié. Ilest vrai que le Sanctuarium de Monbritius est"devenu très- rare. Ru: Nous possédons encore un ouvrage de même nature, le Speculum historiale, de Vincent de Beauvais , tant de fois réimprimé, quoique très-volumineux. Ce travail est conforme à celui de Boninus Monbritius,, et mérite de fixer l'attention. D. Chifflet , dans un de“ses opuscules , a traité des saints primitifs de la Gaule, mais en termes concis, n’en ayant rapporté que ce qui lui paraissait être vrai au point de vue de l’histoire. » | M. d'Ozouville rappelle que Tertullien, parlant de la destruction de Pompéi arrivée en 79 ,»remarquait alors qu’il n’y avait pas de chrétiens en Campanie; et cepen- dant Pompéi était aux portes de Rome. M. l’abbé Lalanne réplique que saint Irénée de Lyon, au [i°, siècle, indique qu'avant lui il y avait des chrétiens dans les Gaules. M. l'abbé Brullée, chanoine de sens, objecte à son tour que Tertullien , au Il°. siècle, parle des églises ré- pandues dans les Gaules. M. d'Ozouville entre dans des détails spéciaux et des applications X' différents évêchés. M. l’abbé Lalanne remercie M. d'Ozouville: de sa sa- vante dissertation : son érudition a vivement .intéressé à et M. l’abbé Lalanne déclare que son sentiment diffère très-peu de l'opinion de M. LOzouvile, M. le comie de Mellet a 2 qu'en formulant. la questionon s’en {int à la première partie, ainsi conçue : 496 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « N’est-il pas utile que les Sociétés savantes s'occupent « d’études hagiographiques plus qu’elles ne l'ont fait jus- « qu'ici ? » Faut-il admettre la seconde parlie : - « Doivent-elles laisser , comme elles le font, avancer « ou retarder de plusieurs siècles selon le bon plaisir de « tels et tels, la venue des premiers Le de nos « diocèses ? » M. de Caumont, qui se déclare l’auteur de cat question, en demande le maintien: il l’a posée, à la demande d’un grand nombre de personnes qui avaient envoyé diverses formules qu'il a fondues ensemble : Sur la proposition de M: Boulatignier, les mots selon le bon plaisir de tels et tels sont seuls supprimés. L'un des Secrétaires-généraux , Raymond BORDEAUX. A Pouverture de la séance suivante (du mardi 21 avril), M. Bizeul à donné communication au Congrès de la note suivante , qui résume son opinion sur cette question de la prédication du christianisme dans les Gaules : Il me semble qu’on s’est un peu jeté en-dehors de la question. Il ne s’agit point d'élever des doutes sur l’exis- tence d’aucun saint ; personne ici ne me paraît être dans l'intention de devenir un dénicheur de saints, comme le docteur Launoy au XVII. siècle; et bien moins encore, Dieu merci, de se produire comme sectateur de la philoso- phie incrédule du XVILE°, siècle : je ne vois parmi nous que des gens pleins de respect non-seulement pour la religion CONGRÈS DES ACADÉMIES. 197 mais encore pour les vénérables personnages que l’Église a canonisés. Les saints sont donc ici tout-à-fait hors de cause. Ce qu’on recherche, c’est l’époque à laquelle quelques- uns d’eux sont venus apporter le christianisme dans Ja Gaule, l'y faire fleuriret y former des agrégations reli- gieuses, devenues plus tard ces évêchés dont la Notice des provinces nous a conservé les noms primitifs, et dont la plupart existent encore aujourd’hui. On a, certes, pendant long-temps cru qu’un assez grand nombre de ces pieux missionnaires avaient été envoyés dès le temps des apôtres. Chaque église aimait à rivaliser d’antiquitéet ne se faisait pas faute Pour y parvenir, d’invo- quer des légendes plus ou moins authentiques; ilen a été ainsi dans l’histoire civile, qui, sous la plume de Tite-Live et de Justin comme sous celle des chroniqueurs du moyen- âge , a enveloppé les premières origines des peuples dans une accumulation de faits peu sûrs et a fabuleuses. Les savants les plus renommés des XV°, et XVI°, siècles ont accepté tout cela, sans la moindre répugnance. La critique historique n’était pas née encore. Mais, avec le X VII*, siècle, sont venus les grands et beaux travaux des congrégations savantes, Les Bénédictins et surtout les Bollandistes ont jeté une éclatante lumière sur la question qui nous occupe. Ils ont jugé avec une juste sévérité ces légendes pleines d’anachronismes, œuvres-pour l,plu- part des XI°, et XIL°, siècles et données en. composition à de jeunes religieux. C'était le roman d’alors. Cette saine critique s’est égarée dansle XVIII, siècle. Ce genred’étude a disparu à peu près, sous le règne tyrannique des opinions philosophiques, et en présence dela triste 198 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. frivolité de l’époque. Aujourd’hui qu’une réaction con- traire s’est manifestée, aujourd’hui que la méthode et les recherches historiques sont loyales et consciencieuses, ne pouvons-nous donc pas reprendre le thème des Bollan- distes et discuter le plus ou le moins de probabilité que présente, sous le rapport des époques, la mission sainte des apôtres de la Gaule ; apprécier ces traditions fort anciennes sans doute, mais qu’on peut, sans hérésie, combattre et ne pas admettre ? Cette étude se lie à une autre grande étude, celle de l'histoire de la Gaule aux IV°., V4 et VI* siècles. Quelques bons esprits l'ont ébauchée, en traitant de l'établissement de la monarchie française. Chacun de nous ne peut-il pas essayer d’en éclaircir quelque partie ? 11 est une chose qui m’a frappé dans la discussion, et que je crois devoir signaler ici, c’est qu’en parlant de l’importation de la religion chrétienne dans la Gaule, on comprend toujours la Gaule dans son intégralité. C'est une faute grave, à mon avis. II me semble impossible que cette importation ait été faite à une même époque. Ilrest sensible que les premières prédications, les pre- miers établissements sérieux, doivent avoir eu lieu dans cette lisière bordant l'Italie, dans cette Gaule narbon- naise, déjà romaine bien avant la conquête; à Arles, à Lyon, à Autun, dans toute cette partie allant de la Méditerranée aux bords du Rhin; dans cette partie de la Gaule que les historiens romains ont seule connue, dont ils ont uniquement parlé, tandis qu’ils ont gardé le silence le plus complet sur tout le reste. Or, ce reste se composait de tout l'Ouest de la Gaule, de ce que la Notice de l’Empire nomme le Tractus Armoricanus, formé de deux des Aquitaines , de deux des Lyonnaises et CONGRÈS DES ACADÉMIES. 199 de la Sénonie; je pourrais même y ajouter le Tractus Nérvicanus, ou la première Belgique. Comment saurions-nous quelque chose de tout ce pays, sous le rapport de l’introduction du christianisme au I[°, siècle. de notre ère, quand nous ignorons complètement ce qui s’y est passé sous le rapport poli- tique ? Réduits à raisonner par induction, comment croire que ce vaste territoire occidental avait dès-lors des apôtres, des évêques, enfin deséglises fondées, quand les premiers martyrs de la Gaule ne remontent qu’à l'an 177 ? L I] faut avouer. que, si les ar d’un apostolat rela- tivement plus moderne n’ont pas une somme bien com- plète de preuves, les plus sages inductions sont vérita- blement pour eux; tandis que leurs adversaires ont à peine à présenter des traditions que la moindre critique fait disparaître, ainsi que l’a si bien prouvé, dans la dernière.-séance , le savant M, d’Ozouville. Dans une pareille question, les. études doivent être larges. Il faut montrer le fort comme le faible et ne rien dissimuler; il faut, s’il est possible, débarrasser la ma- tière de tous ses nuages et nous efforcer de l’élever au rang de thème véritablement historique ; il faut qu’on voie bien clairement que tous nos efforts ont tendu à la recherche de la vérité, si nous ne voulons pas que nos travaux soient. jugés avec un dédain, souvent fort igno- rant , par ceux qui sont hostiles à tout ce qui a rapport à la peliéion , c'est-à-dire par nos vrais adversaires à. tous. 200 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. SÉANCE DU 21 AVRIL. ( Présidence de M. le comte pg Maizy. ) Le bureau est composé de MM: BOURJOT SAINT-HILAIRE, BOULATIGNIER, DE CAUMONT, directeur ; A. DE BURE. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Directeur annonce que l’ordre du jour appelle la discussion des questions 27,28, 29 et 30 du programme, relatives à l’histoire de l’agriculture. Il pense qu’il importe beaucoup que les Sociétés sa- vantes, à l'exemple de la Société d’agriculture, sciences et arts de l’Eure, s'occupent à provoquer des recherches et des travaux sur l’état de l’agriculture et des agricul- teurs au moyen-âge, de manière à faire connaître les procédés de culture, les plantes cultivées, le prix des terres, celui des fermages , la disposition des bâtiments, granges, écuries et autres pièces, destinés à l'exploitation rurale, en même temps que leur construction. Il faut aussi recueillir tout ce qu’on pourra sur les anciens in- struments aratoires et les outils. On a déjà dans les plans des abbayes de bonnes indications, qui peuvent servir de point de départ. Le plan de l’abbaye de St.-Gall a été publié en Angleterre avec d’excellents commentaires , il fournit déjà de précieux renseignements ; un autre ou- vrage excellent à signaler sur'ces études est celui de M. L. Delisle, couronné d'abord par la Société libre de l'Eure , puis par l’Académie des inscriptions, qui appellera bientôt, sans aucun doute, l’auteur à siéger dans son sein. Depuis lors, ajoute M. de Caumont, M. Delisle a continué #compléter ses documents. Le car- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 204 tulaire de St.-Vigor de Bayeux lui a permis de fixer, d’une façon assez positive, le prix des fermages dans cette portion de la France au XIIT°, siècle. Beaucoup de rou- leaux de comptes, jusqu’à ce jour restés inexplorés dans nos archives , amèneront, sans aucun doute, à des conclusions solides ceux qui pourront se livrer à ces études. FPT" | M. le comte de Mailly ajoute aux documents signalés par M. de Caumont, qu’on trouvera des renseignements très-précis dans les anciens aveux et dans un livre fort ancien, intitulé : De la propriété des choses. M. Gadebled pense que M. L. Delisle, dans son savant ouvrage sur l'État de l'agriculture au moyen-äge, en Normandie, s’est trop inspiré des documents fournis par les cartulaires des abbayes ; il aurait désiré qu’à ceux-ci il en eût adjoint d’autres, tirés des archives civiles, c’est ainsi, par exemple, qu’il eût trouvé, dans” cette salle basse et humide, qui est une véritable cave, dans les archives du Palais-de-Justice de Rouen, siriches et si heureusement conservées jusqu’à nous, une collection de plus de 12,000 volumes des actes des tabellions et des notaires, depuis le temps de Philippe-le-Bel jusqu’à la Révolution. Les savants qui voudront écrire sur l’histoire de l’agriculture au moyen-âge, doivent certainement ne pas négliger une source aussi abondante de renseigne- ments. Il rappelle que le livre De la propriété des choses est dû à un moine savant du XIV°. siècle, nommé Bartholomeus. de ‘Brambella, etque la singulière tra- duction de son titre : De proprietate rerum, qui fut adoptée, l’a fait nommer le propriétaire des choses. M. Boulatignier fait remarquer que , dans la mañière dont on avait conçu jusqu’à notre temps l’histoire natio- 202 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. nale, beaucoup de matières se trouvaient comme englobées dans une histoire écrite d’une façon trop générale. Il faut revenir à des études plus spéciales sur des matières trop négligées, comme celle de l’histoire de l’agriculture. Il y a des époques où les documents manquent, et il faut bien se garder de tomber dans cette dangereusepratique de quelques écrivains , signalée par M. Daunou, qui sont d'autant plus affirmatifs qu'il y a moins de preuves et qui commencent à douter lorsque le nombre des monuments écrits leur permettrait d’asseoir leurs jugements. Il y a donc un intérêt réel à poursuivre l'exploration des sources. M. de Longuemar et M. l'abbé Barbier de Montault, de Poitiers, n’ayant pu assister au Congrès, ont envoyé des notes fort étendues, sur les travaux agricoles au moyen-âge, dont les zodiaques nous ont transmis les diverses époques. M. le Secrétaire donne lecture de ces deux travaux qui répondent à la 29°, question du programme. M. Paquerée fait remarquer que l’examen des zodiaques pourrait faire croire que l’ordre des saisons a changé; cependant, si lon veut bien se souvenir qu’il y a des années où l’on vendange exceptionnellement en septembre, quoi- que.cela arrive plus ordinairement en octobre, on pourra penser que les artistes quiont sculpté ou peint les zo- diaques , étaient libres de choisir une des deux époques. Il faut ajouter d’ailleurs que,les artisans maçons ou les moines dessinateurs des manuscrits, qui. en sont les auteurs, voyageaient; qu'ils ont pu adopter pour la représentation du Zodiaque, celle qui était adoptée dans leur province et porter dans le Nord celle du Midi, et réciproquement, Il termine enfin par cette considération CONGRÈS DES ACADÉMIES, 208 que les agriculteurs, même à peu de distance les uns des autres, ont pu avoir des méthodes différentes : ainsi, près de Bordeaux , on taille la vigne en octobre, tandis qu'à dix kilomètres de là, dans la Dordogne, on la taille eh mars. Rien donc ne lui semble prouver le changement-des saisons. M. Sellier appuie l'observation tirée des deux époques pour le provignage qui se retrouve en Champagne. M. de Caumont insiste sur les connaissances utiles, pour la forme et la nature des instruments d'agriculture, qu’on peut obtenir par les représentations de ces zodia- ques. Les charrues, les herses , Les rouleaux, les serpes , les faux , les faucilles, s’y retrouvent avec les formes que nous voyons autour de nous. La séance est TeVée à cinq heures. Le Secrétaire, DE BQOUISs. SÉANCE DE CLOTURE DU 22 AVRIL: se ( Présidence de M. ne KeRipec. ) MM. Rossey, le comte VAN DER STRATEN-PONTHOZ et le vicomte DE Cussy composent le bureau. M.Raymond BorpeAux remplit les fonctions de secré- taire. Aucune discussion ne s’est élevée sur la 30°, question, qui était ainsi conçue : 0 « Les Sociétés d'agriculture ne doivent-elles pas re- 204 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « Cueillir toutes les traditions relatives aux anciens pro- « cédés de culture ; les pratiques qui vont cesser, les « meubles qui vont disparaître, ne méritent-ils pas « qu’on en conserve le souvenir? Ne sont-ce.pas là des éléments précieux pour l’histoire de l’agriculture ? » mn On donne lecture de la 31°. question, ainsi conçue : « Quelle est la puissance des Sociétés savantes pour la production et l'élaboration d'œuvres sérieuses ? Dans quels cas la supériorité des travaux collectifs se ren- contre-t-elle ? Quand et comment la division du tra- vail est-elle possible et nécessaire ? L'association est- elle possible pour les monographies , etc. ? » Cette question ne donne d’abord, lieu à aucune obser- vation, plusieurs exemplaires du programme ne la portant pas à son rang d'ordre. Cependant la question ayant été relue , M. Sellier a formulé son opinion en ces termes : « Il est difficile que le même homme, à moins d’être une rare exception, élabore seul une œuvre qui suppose tout à la fois des connaissances scientifiques ou littéraires très-diverses, Lorsqu'il s'agira donc d’une œuvre de cette nature, la miseen commun des travaux des capacités de diverses sortes qui se rencontrent dans les Sociétés sa- vantes , pourra présenter de grands avantages; il n’en serait pas de même s’il*s'agissait de la confection d’un ouvrage qui dût conserver, par son unité, le cachet de son auteur. L'association serait encore utile pour les mo- nographies, surtout celles qui s'appliquent aux monu- ments, car elles doivent comprendre , avec la partie historique , la description détaillée de l'édifice, celle des objets d’art qui s’y rencontrent et la reproduction du tout par le dessin, Chacune de ces parties du travail pourrait, Pn _ 2 Pa Lai Led = L es CONGRÈS DES ACADÉMIES. 205 on le conçoit, être confiée à autant de spécialités diffé- rentes, et l’ensemble ne pourrait qu’en profiter, » M. Bordeaux croit qu’en fait on supposesaux Sociétés savantes une puissance d'élaboration beaucoup plus grande que celle que ces Compagnies possèdent réelle- ment. Trop souvent, dans le sein même du Congres, quand une question paraît difficile et lourde à traiter, un bon nombre de voix sont d’avis de la renvoyer aux Sociétés savantes des départements. Cependant ces s0- ciétés mènent très-rarement à bonne fin des travaux sé- rieux et de longue haleine : la plupart sont encombrées d’une foule de membres inertes et impropres à tout la- beur soigné. Ceux même qui agissent manquent souvent de persévérance, et ne travaillent que par veine et pour charmer quelques loisirs passagers. Le recrutement de ces compagnies est d’ailleurs parfois difficile, et on se trouve forcé d’admettre dans certaines sociétés des-gens peu letirés, et dont le rôle est tout simplement celui d’un abonné. Les premières académies provinciales, formées au siècle dernier, étaient autrement difficiles sur les ad- missions, et le titre d’académicien, même en province, avait sa valeur. Aujourd’hui, un bon nombre “de sociétés sont des espèces de cercles où lon est reçu pour son argent. C'est même un heureux hasard quand ces associés su- pérflus veulent bien gatder un silence modeste ; car, trop souvent, ils contribuent à grossir les collections généralement encombrantes, de poésies incolores, de dis- .cours verbeux, et de rapports sans portée. Les Sociétés savantes produisent, chaque année, des monceaux de volumes qui vont s’entasser dans les greniers des biblio- thèques , et où les bons mémoires sont vraiment noyés 206 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. dans le pêle-mêle,des articles de remplissage. Trop de sociétés tiennent absolument à faire paraître régulière- ment un volume, 5 ù Mais ces travaux sont rarement collectifs. Les travaux collectifs sont en général l’œuvre de commissions , les- quellesne font rien , ou produisent ces rapports indigestes dont je parlais tout à l’heure. Comment faire un travail collectif dans certaines villes où chaque spécialité compte souvent à peine un seul adepte ? S'agit-il de faire de l’ar- chéologie ? comment entreprendre une œuvre collective si vous n’avez qu’un archéologue ? Si vous en aviez deux, encore faudrait-il qu’ils s’entendissent. Il arrive alors ce que j'ai vu : on compose une commission d'agriculture avec un fermier , un poète, un receveur d’enregistre- trement , un mathématicien et un notaire. Ou bien on donne à juger une question scabreuse d'archéologie à un groupe de membres dans lequel on fait entrer, par exemple, un ou deux employés quelconques, un journa- liste , un instituteur , un horticulteur , un ingénieur et deux .ou trois plaisants bien décidés à rire de l’archéo- logie et de ceux de leurs confrères qui croient en faire sérieusement... Les beaux résultats que l’on obtient alors! ” Cependant cet état de choses, trop général dans la plupart des villes, est fâcheux. Certains travaux, par leur étendue, par leur caractère complexe , sônt au-dessus des forces d’un seul homme. Comment mener à bien, par exemple, la flore d’une contrée sans collaborateurs ? Combien sérait-il profitable de voir unir des spécialités diverses à l’accom- plissement d’un même but? Voici une cathédrale à décrire: qui osera tout seul en entreprendre l'étude ? qui se déci- dera à dépenser plusieurs années de sa vie à exécuter une CONGRÈS DES ACADÉMIES. 207 monographie qui procurerait peu de’ gloire ? Mais sidl’ar- chéologue, promoteur et directeur "de l’œuvre, avait, pour le seconde», des collaborateurs zélés ; si, tandis qu’il rédige le texte, un paléographe scrutait les ar- chives ; si un architecte levait les plans, dessinait les coupes, traçait les profils, cotait les dimensions ; si un ou plusieurs dessinateurs amis faisaient les dessins d’en- semble , les vues, les intérieurs; si un autre photogra- phiait les statues ; si, la besogne se partageant de plus en plus, on trouvait un homme de bonne volonté pour calquer les vitraux , un second pour estamper les pierres tombales , un troisième pour mouler les détails délicats : n'est-il pas évident que l’on élèverait , comme par en- chantement et en quelque sorte sans effort, un monu- ment à l’art et à l’histoire? Mais, supposez qu’une même ville recèle assez d'hommes instruits qui s'entendent pour mener à bonne fin une pareille œuvre, léditeur manquera, et cependant c’est un des services que peuvent rendre les Sociétés savantes, que de publier des ouvrages au-dessus des ressources de simples , parti- culiers. M. le marquis de Ménilglaise ne croit pas que l'on puisse trouver de formule ni de principe pour servir de réponse et de solution à la question. La question est une question de fait, sans conclusion rigoureuse : tout se réduit à dire qu'il faut obéir aux circonstances, Quand quelqu'un peut faire le travail tout seul, qu’il le fasse, sinon que l’on se groupe. on passe à l’examen des questions 32, 35, 3, 3, 36 et 37, ainsi conçues : « Quels principes orthographiques Fr être sui- 208 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « « vis dans la publication des anciens manuscrits ? — Faut-il pousser l’exactitude jusqu’à proscrire la ponc- tuation, les accents et l’usage des capitales ? » « Quelles règles convient-il d'adopter dans la réim- pression des anciens documents et des anciens auteurs Doit-on , lorsque d’ailleurs on conserve la vieille or- thographe, introduire la distinction actuelle entre les I, lesJ, les U et les V ? Jusqu’à quel point faut-il res- pecter les fantaisies orthographiques introduites à la fin du XVIII°, siècle par quelques imprimeurs, telles que la multiplication des lettres capitales, la suppression des lettres doubles , etc. ? » « Pour préciser ces règles , ne doit-on pas distinguer le cas où il s’agit de la reproduction intégrale d’un ancien écrivain , et celui où il s’agit de citations in- corporées dans un ouvrage moderne ? » « Déterminer les principes à suivre pour la reproduc- tion des inscriptions , des lettres et documents auto- graphes, des manuscrits écrits avec soin , desi impres- sions.rares et la publication des simples archives, ou la réimpression d'ouvrages courants Ge sans physio- nomie typographique. » u N’esi-il pas urgent d'adopter, en cette matière, un système raisonné en présence de la bigarrure et des errements contradictoires suivis, dans la plupart des publications faites par les Sociétés des dépar- tements ? » « La rédaction d’un Manuel où les divers systèmes or- thographiques français seraient classés par époques ; où les règles typographiques des divers siècles seraient formulées , ne serait-elle pas utile pour les éditeurs et les imprimêurs ? » CONGRÈS DES ACADÉMIES. 209 M. Bordeaux ouvre la discussion en ces termes : J'ai proposé à M. de Caumont la position de ces ques- tions sur notre programme, à cause de l’embarras que l’on éprouve lorsqu'on a à faire imprimer des textes an- ciens. J'ai éprouvé moi-même cet embarras et je me suis trouvé dans une grande perplexité en présence des méthodes contradictoires et des usages très-différents des imprimeries auxquelles j'ai eu affaire, Il m'a semblé que. le Congrès ferait bien de tracer quelques règles pour : servir de guide en cette matière, où l’on est livré à toutes les variations des protes et des correcteurs. M. Sellier formule ainsi son opinion : « La 32°, question s’applique aux anciens manuscrits ; c’est-à-dire , à des ouvrages qui n’ont pas encore vu le jour. Ces ouvrages peuvent être publiés dans deux buts différents : ou l’on veut en faire l’objet d’une lecture que j'appellerai courante, par exemple , s’il s’agit de manu- scrits contenant, soit des documents historiques, soit des mémoires qui gps euvent intéresser le public; ou “bien la publication de ces manuscrits ne s'adresse qu’à un petit nombre d'hommes éminents, comme une sorte de curio- sité littéraire, scientifique ou artistique. Dans le premier cas, c’est l'orthographe courante qu'il faut adopter, avec la ponctuation et les accents actuelle- ment en usage; dans le second, il faudra se conformer exactement à l’orthographe de l’auteur, et supprimer comme lui, la ponctuation, les accents , l'usage des capitales, et même employer les 1 pour les J et les V pour les U. | Quant à. la réimpression des anciens documents et des anciens auteurs , la même distinction semble devoir être établie, 210 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Les fantaisies orthographiques de la fin du XVIIE*, siècle doivent, à mon avis , être complètement proscrites, car elles n’ont aucune raison d’être. La tentative faite à cette époque, par les imprimeurs qui les ont introduites , est restée sans résultat à cause de la bizarrerie quiavait présidé à cetie innovation et qui à été ainsi condamnée par l'expérience. S’il s’agit de citations d'ouvrages anciens incorporées dans un ouvrage moderne, l'orthographe ancienne devra être conservée, parce que ces citations étant né- cessairement assez courtes, la lecture n’en sera pas pénible , et qu’elles ressortiront mieux, suivant le désir de l’auteur , au milieu de l’ouvrage dans lequel il les aura recueillies, 35°. question. Cette question ne semble présenter au- cune difficulté. 11 faudra , suivant moi, suivre l’ortho- graphe ancienne pour les inscriptions, les lettres et les documents autographes , les-manuscrits écrits avec soin et les impressions rares. Les inscriptions devront être re- produites exactement, avec les caractèrés qui les com- posent, et même avec la ponctuation qui se trouve entre chacun des mots, si c’est ainsi qu’elle a été établie. Quant aux autres publications mentionnées dans la question , il faudra suivre l'orthographe actuelle. Sur la 36°: question , je suis d’avis que l'urgence si- gnalée existe, et quêle Congrès rendra à la bibliogrä- phie un éminent service en excitant les Sociétés sa- vantes à adopter une marche uniforme. | Le Manuel dont parle la 37°, question serait d’une utilité évidente , et il est à souhaiter que le Congrès en ns la rédaction. M. Raymond Bordeaux, notre col- lègue, l’un des secrélaires-génér aux du Congrès, au- CONGRÈS DES ACADÉMIES, 241 teur de cette partie du programme , sera sans doute invité à s’en charger, » M. Gosse a été spécialement chargé, par la Société d’histoire de Genève , d'appuyer sur l'utilité pratique de cette question d'orthographe et de typographie historique. HISTOIRE DE LA RELIURE DES LIVRES. La discussion des 38°, et 39°. questions, relatives à la reliure des livres, a rempli le surplus de la séance. Voici en quels termes le programme formulait ces questions : « L'art de relier les livres intéresse les bibliophiles. « Les reliures exécutées pour certains amateurs fameux, « tels que Grolier, au XVI°, siècle, le comte d’Hoym, etc., «sont justement recherchées, Faire connaître Chronolo- « giquement les diverses époques de cet art, les noms « des principaux amateurs , des artistes les plus réputés, « des graveurs qui ont. dessiné et exécuté des fers et des « ornements. Faire connaître les collections les plus re- « marquables sous ce rapport, qui existent en pro- « vince. » | ‘ « A notre époque très-peu d'ouvriers , Surtout en pro- « vince, savent exécuter des reliures pouvant satisfaire « des gens de goût. Comment relever cet art, principa= « lement dans les départements ?» M. Bordeaux croit que les Sociétés savantes des dépar- tements pourraient trouver, dans ces questions, un aliment nouveau pour réveiller leurs séances. Le côté artistique de la bibliomanie est trop négligé en province. Cependant .cerl taines reliures anciennes sont de véritables monuments, ‘et les gens de goût doivent quelqu’ estime aux cürieuses reliures en bois du XV°, siècle , aux orne- 212 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ments gaufrés des reliures semi-gothiques du commen- cement du XVI: siècle et des reliures de la Suisse alle- mande. L'histoire de la reliure au moyen-âge serait longue à faire. Frère Herman, habile relieur de manuscrits, venu en Angleterre lors de la conquête, devint évêque de Salisbury. On dit que l’emploi du maroquin fut imaginé par le roi de Hongrie Mathias Corvin, bibliophile enragé, dont les volumes sont estampés de sa devise, #n corbeau tenant dans son bec un anneau d'or. 11 paraît que la bibliothèque impériale de Vienne possède encore environ 300 volumes de sa collection. à Plusieurs statues de la cathédrale de Chartres tiennent des livres représentant de riches reliures du XIII°. siècle. Au Louvre , la statue couchée du prince de Carpi, ou- vrage de bronze de Paul Ponce Trebati, tient à la main un livre figuré avec une reliure de la renaissance d’un beau dessin. Le goût exquis des dessinateurs de la renaissance se retrouve dans les Cômpartiments ingénieux exécutés sur le plat des livres, sous Henri IT et Henri III. Vigneul- Marville raconte que l'ambassadeur Grolier dessinait lui- même les combinaisons de filets et d’arabesques élégam- ment tracées sur ses volumes. Les reliures de Le Gascon, de Maioli et de Dusseuil sont encore des chefs-d’œuvre’, et il n’est rien de plus splendide pour orner une biblio- thèque que les beaux volumes, tout semés de fleurs-de- lis, donnés en prix dans les colléges des Jésuites, sous Louis XIII et Louis XIV. Les reliures jansénistes con- trastent, par la sombre couleur de leur dos en veau brun, avec les luisantes enveloppes des volumes reliés en vélin #4 CONGRÈS DES ACADÉMIES. 213 blanc par les libraires hollandais et allemands. Ces re- liures blanches, qui craignent peu les vers et l'humidité, sont devenues le modèle dont Bradel s’est servi, deux cents ans plus tard, pour inventer ses cartonnages. Chez les libraires de Leyde, de Rotterdam et de la Haye, le vélin reste sans dorures ; en Italie, au contraire, où la mode des reliures blanches est aussi fort accréditée, des fers variés viennent rehausser le parchemin. Le vélin cordé donne bonne mine à un livre d’érudition. Mais le maroquin du Levant rivalise, sous Louis XIV et Louis XV, avec le veau fauve dont la blonde couleur fait si bien va- loir les grands écussons armoriés , frappés en or,sur le plat des volumes. Le maroquin Lavallière , avec sa nuance effacée et ses’ tons gris-poussière , apparaît à son tour , précurseur des reliures en veau-écaille , à la mode aux approches dé"la Révolution. L’art du doreur s’exerce sur les almanachs royaux et sur les semaines-saintes des- tinées aux gens de la Cour. Mais ces dorures sont souvent lourdes et confuses, et bien loin. de l’élégance des dorures à mille points et à petits fers. Certains volumes de prix sont revêtus de chagrin, c’est-à-dire de la peau rugueuse et solide du chien de mer. Cependant son grain. offense les mains délicates qui lui préfèrent le maroquin écrasé. Les reliures molles figurent au nombre des reliures singulières. Voici des gardes de toutes sortes, en maroquin, em tabis, en moire et en soie plus légère ; en voici en papier doré, marbré, ondé, veiné de toutes manières, Le papier peigne rivalise avec le papier. tourniquet Sur la garde des in-4°. et des in-12. Des ex-libris finement gravés et ornés d’armoiries, sont collés par les riches amateurs, sur la garde ainsi décorée. Jusqu'au milieu du XVII, siècle, la garde 21/4 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. était toujours blanche (1) ; au XVIII®. on la couvre d’enjolivements, on la polit au fer, on l’entoure d’une large dentelle dorée à petits fers. Tous les livres ont dé- sormais au dos une étiquette ou pièce, en maroquin rouge ou vert, tranchant avec les nerfs. Le veau marbré et le veau granit se partagent les reliures courantes. La tranche elle-même , gaufrée , ciselée , antiquée à la re- naissance, est tantôt rouge, tantôt dorée. La dorure à un reflet verdâtre jusqu’au milieu du XVII. siècle ; plus tard on l’applique sur une assiette à la sanguine , apprêt orangé qui lui donne un ton plus chaud. Sou- ventencore la tranche a été marbrée avant de recevoir l'or , et les marbrures ‘apparaissentsous un certain jour. Dusseuil, Padeloup (2), Derome , Bozerian , Kœhler, Durt, Thompson , Niédrée , Thouvétiie Simier, Beau- zonnet, Capé , Petit, voilà des noms de”relieurs de di- verses époques, dont les ouvrages enflamment la passion des amateurs. Boyet, Ginain, Anguerrand, Purgold , (4) Tallemant des Réaux, dans ses Historiettes, parlant de la Guirlande de Julie, ce manuscrit offert à Julie d'Angennes et qui était écrit de la main du fameux, Nicolas Jarry, dit qu'il avait été relié le plus galamment du monde. Il en décrit ainsi la reliure : « Le livre est tout couvert des chiffres de mademoiselle de Rambouillet, Il est relié en maroquin du Levant des deux côtés, au lieu qu'aux autres livres, il y à du papier marbré seulement. Il y a une fausse couverture de frangipane... » (2) L'usage de signer les reliures estassez récent. Padeloup _‘ mettait quelquefois à l’intérieur des siennes une étiquelle gravée, ainsi conçue : Relié par PaneLouP le, jeune, place Sor- bonne, à Paris. Les reliures ainsi signées de Padeloup sont recherchées à cause de leur rareté, CONGRÈS DES ACADÉMIES. 25 Lortic, Lefebvre, Ottmann-Düplanil, Vogel, le soi- gneux Courteval, Ducastin,. Biziaux, Gruel, Closs, Hardy, figurent aussi au rang des bons artistes. Plusieurs relieurs anglais sont également fameux. On cite surtout parmi eux Robert Payne, qui commença à travailler vers 1766, et dont les reliures-sont. d'un goût et d'une élégance incomparables, Il appelait maroquin à la-vénitienne, un certain maroquin olivâtre qu'il employait pour ses reliures aristocratiques. Il restau- rait admirablement les livres gothiques. Un livre sorti de son atelier a un cachet qui le fait reconnaître entre | mille. jo: Il y a des reliures anciennes, d'ouvriers inconnus , qui sont de vrais C Chefs-d’œuvre. Mais aujourd’hui, en pro- vince, la plupart des relieurs ne sontque de vulgaires ma- nœuvres (1). Beaucoup de bibliothécaires et de soi-disant amateurs font preuve du goût le plus dépravé , en faisant habiller. à la moderne des livres naguèresreyêtus de pré- cieuses reliures originales. Ces gens-là traitent les livres commé. certains propriétaires traitent leurs maisons ou leurs châteaux , en faisant couvrir de plâtre des façades précieusement historiées , ou en abattant des tourelles féodales ou les beaux toits surélevés. L'art de restaurer une ancienne reliure est trop peu connu. Cependant les reliures exécutées pour des ämateurs fameux, tels que Grolier , le cote. d'Hoym, Longepierre , M°°, de Pom- padour, atteignent aujourd’hui, dans les ventes, des prix exorbitants, En présence de cette recherche, que dire du vandalisme indifférent de certaines villes qui, précisément, metfent'au rebut les livres les plus précieux (1} On cite à Rouen les reliures de Gassassus | 216 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. par l'illustration de leur origine? A Évreux , la munici- palité a laissé pourrir de rares volumes à reliures ita- liennes en.vélin blanc ÿ"où brillaient les armoiries du célèbre cardinal Du Perron, évêque d'Évreux. A Lou- viers, ily a quelques années, on vendit les doubles, discrètement, afin d'éviter les formalités ; et les exem- plaires que l’on préféra garder pour la bibliothèque de * la ville, furent précisément ceux dont la reliure était unie. On ne se soucia pas des reliures qui portaient l’em- preinte de la personnalité d’un ancien possesseur , ét des volumes splendides, couverts d'ornements de la renais- sance .et provenant de la Chartreuse de Gaïllon, furent véndus par lots aux fripiers et aux ferrailleurs. Cétaient des volumes aux armes du cardinal dé-Bourbon , malgré lui roi de la Ligue. Ces actes de vandalisme sont fré- quents , et le catalogue de la bibliothèque de M. Ch. Giraud atteste que la bibliothèque impériale de Vienne, en Autriche a elle-même livré à l’encan des douzaines de volumes aux armes du prince Eugène de Savoie, bi- bliophile fameux autant qu’illustre général... F M. Dréolle répond que si les auteurs de ces actes de vandalisme savaient ce que les reliures précieuses se vendent à Londres , au lieu de les détruire , ils les ven- draient. L’Athenœum anglais de cette semaine annon- çait des prix fabuleux. M. Marionneau raconte qu’il existait à Bordeaux, dans la bibliothèque de la ville, un exemplaire des œuvres de Montaigne avec des notes de sa main. On a jugé à pro- pos de lui donner une reliure neuve ; or, en rognant les marges , on a précisément ôté "les annotations auto- graphes... ( Hilarité )… M. Marionneau croit qu'il serait très-utile de popula- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 217 riser un peu le bon goût de ce côté, dans les départe- ments; car dans beaucoup de grandes villes il n’y a que de mauvais relieurs. A Bordeaux, il n’y a pas un seul atelier de reliure où l’on sache exécuter un travail un peu soigné. | | Plusieurs membres prennent la parole pour se plaindre de l’inhabileté des relieurs, dans leurs villes respectives : on signale toutefois un relieur très-intelligent dans la ville de Troyes. M. le vicomte de Kéridec prend la parole pour an- noncer que les questions inscrites au programme ont été examinées; il félicite les membres du Congrès de l'assiduité avec laquelle ils ont suivi les séances, et il les invite à venir tous, l’année prochaine, continuer l’œuvre à laquelle ils ont pris part cette année : il remercie, au nom de tous, M. de Caumont du dévouement qu'il apporte à l’organisation du Congrès et à la direction des séances. M. de Caumont répond qu'il est heureux de voir l'intérêt et l'utilité des congrès appréciée par les hommes les plus éminents de la France, et qu’il continuera d’ap- porter tous ses soins à l’organisation des sessions. Il remercie le Congrès du concours qu'il veut bien lui prêter. L'un des Secrétaires-généraux, Raymond BORDEAUX, 40 [INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. 218 *XAAAVE V SAURE MN + (c0G ‘à : aanqnstu6 ap 2410181] ) Caditivn ANISU VI aa AIMASSIAVL VT SAV, SaIDYIS ‘slX NV SASYUIH SAQ Lai SAAUUVHI SIQ ANGOX TN Ces \Y a 7 CYy — 4) — Pu 2 RAPPORT SUR LES TRAVAUX ET LES PUBLICATIONS ACADÉMIQUES DES PROVINCES pendant l’année 1856, D'APRÈS LES RENSEIGNEMENTS COMMUNIQUÉS AU CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES, PENDANT LA SESSION D'AVRIL 41857; Par M, SELLIER, l'an des secrétaires-généraux du Congrès, - TT ve MESSIEURS , En chargeant, cette année, le rapporteur général des travaux et des publications académiques des provinces _ pendant l’année 1856 de présider la partie de vos séances qui a été consacrée, chaque jour, aux comptes-rendus par- tiels présentés par MM. les délégués des diverses Sociétés savantes, notre éminent Directeur a voulu que votre rap- porteur fût en position d’exciter, d’une manière plus spéciale , le zèle des membres de cette Assemblée et de réunir ainsi les éléments d’un travail plus complet. Ce but, je m’empresse de le dire, a été atteint; et, à quelques ex- ceptions près, je pourrai vous soumettre l’analyse de tout ce qui a été fait de bon et d’utile par chacune des Sociétés académiques dont les représentants se sont fait remarquer, dans cette enceinte, autant par leur dévoue- ment aux intérêts de la science que par leurs talents. |: C'est un progrès, Messieurs; car, il faut bien le recon- 220 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, naître, vous aviez, pendant les années précédentes, à regretter de nombreuses lacunes dans l’exposé qui vous était soumis , et les lecteurs de l'Annuaire publié par l'Institut des provinces étaient privés d’une foule de do- cuments qui ont trouvé place, à la vérité, dans des publi- eations locales , mais auxquels leur rapprochement, dans un travail d'ensemble, peut seul assurer de l’intérêt et une réelle utilité. | Félicitons-nous , d’un autre côté, de voir mieux com- prise, d'année en année, une institution dont Fimmense avantage est de livrer publiquement aux savantes et lumineuses discussions d'hommes compétents des ques- tions scientifiques, littéraires, agricoles et industrielles, aussi variées qu'importantes, et de mettre en commun les connaissances acquises sur tous les points dé la France. L'appel qui a été fait par l’Institut des provinces a été entendu : jamais vous n’aviez compté de plus nom- breuses délégations ; des Sociétés qui, jusqu’à présent, g'étaient tenues éloignées de vous, sont aujourd’hui re- présentées dans cette enceinte; de nombreux rapports, dressés par nos collègues sur les travaux de leurs sociétés respectives, ont été lus et déposés sur votre bureau ; d’autres sociétés enfin vous ont fait hommage de leurs publications annuelles , et la tâche de votre rapporteur . se bornera ainsi, soit à la transcription des notes qui lui | ontété remises, soit à une analyse que les sociétés auraient eu intérêt à présenter elles-mêmes, mais qu’il s’efforcera , de rendre aussi exacte qu’il lui sera possible de le faire. ; La marche adoplée dans les rapports précédents ‘est k celle qui sera suivie dans mon nouveau travail; quoi-* qu’elle ait pour résultat de confondre des travaux dev NE Le TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 294 diverses natures, elle présentera cependant cet avantage, de mettre en même temps sous vos yeux tous les travaux d’un même département, et tous ceux de chaque Société savante. C’est aussi par chaque département que j'aurai à vous entretenir des ouvrages qui ont été offerts au Congrès. Les bornes imposées à mon rapport ne me permettront souvent, à mon grand regret, que de vous en soumettre une analyse très-sommaire ; je serai heureux, toutefois, d’avoir pu appeler votre attention sur des œuvres que la lecture seule pourra vous faire apprécier selon leur mérite. AISNE. Le Comice agricole de l'arrondissement de St.- Quentin (2), qui a fait hommage au Congrès du V*. vo- lume de ses Bulletins, poursuit avec régularité le cours de ses travaux, et l’on peut dire que ses publications, ses efforts , ne sont pas sans influence sur le progrès qu’on voit se révéler dans l’industrie agricole de sa circonscrip- tion. | Ses concours annuels sont toujours nombreux et re- marquables , surtout ceux des bêtes ovines. Le concours universel de 1856 a démontré que le dé- partement de l'Aisne tient le premier rang pour la pro- duction des métis-mérinos, et l’on peut féliciter les éleveurs de ce département d’être arrivés à réunir des qualités qui semblaient inconciliables : la finesse, la longueur et le tassé de la laine, et d’être parvenus à donner à leurs moutons ces formes larges et arrondies {1) Note de M, Ch. Gomart, 229 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. qui annoncent la propension à faire de la viande, et que la nature semblait avoir refusées à la race mérinos primitive. Les essais de culture de plantes nouvelles ou de va- riétés de plantes, les essais comparatifs d'engrais, ont continué d’occuper l'attention du Comice; grâce à son patronage, des associations se sont formées pour l’achat d'animaux perfectionnés, pour l'introduction de variétés de froment plus productives, pour lachat du guano. Ces associations ont rendu les achats plus économiques et l’amélioration accessible à toutes les bourses. Des instruments nouveaux, ou perfectionnés, ont été introduits en grand nombre. C’est une voie nouvelle dans laquelle le Comice de St.-Queniin a cherché à guider les praticiens avec toute la prudence convenable , en réitérant, par des concours , les essais sous les yeux des cultivateurs, afin de les meitre à même d'apprécier quels sont les meilleurs instruments et aussi quels résultats ils peuvent attendre du semage et du sarclage en lignes. Les machines à battre sont nombreuses; et le Bul- letin du Comice de St.-Quentin nous apprend que le nombre s’en élevait, il y a un an, à 422 pour l’arrondisse- ment. Ce nombre, déjà considérable, s’est encore accru depuis. Mais une des améliorations les plus intéressantes, c'est l'introduction, dans chaque canton, de machines à battre locomobiles, mues par la vapeur, qui se trans- portent de grange en grange, de ferme en ferme, pour battre à domicile les produits de la terre. C’est là une grande facilité donnée à la petite culture, atteinte par l'insuffisance des bras, et qui hésile à établir des ma- chines à battre. Aujourd’hui le petit cultivateur peut facilement et économiquement faire battre sa récolte par TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 2923 la locomobile de son canton qui, à un jour donné, l’affranchit d’un travail ingrat et lui donne les moyens de disposer , quand il veut, du produit de sa terre. M, Ch. Gomart vous a offert sa brochure contenant la description du camp romain de Vermand. La notice. de notre collègue vous a fait connaître un établissement intéressant, en même temps qu’elle vous a mis à même d'apprécier de nouveau la science archéologique de. son auteur. ALLIER, # La Société d’Émulation de l'Allier, dit M. de Bure, son délégué, a marché avec ardeur dans la voie qu’elle s’est tracée depuis long-temps et dans laquelle elle a été encouragée par notre savant Directeur. Ses études se sont principalement dirigées vers l’histoireet l’archéologie, et, sous ce double rapport, les résultats ont été assez favo- rables. L'idée d’une bibliothèque formée d'ouvrages con- cernant le Bourbonnais , “ou écrits par des auteurs ori- ginaires du pays, est suivie avec persévérance et succès. Les fouilles faites en différents endroits , et surtout sur les bords de l'Allier, ont enrichi la collection de la Société d’émulation , de manière à lui donner un réel intérêt. La géologie et la paléontologie n’ont pas été oubliées, et de remarquableséchantillonsont été réunis. Lanumismatique et l’art héraldique ont été l’objet de travaux sérieux de MM. Clairefond et de Soultrait. L’armorial publié par ce dernier en fait foi. L’année a été bonne , en somme, et la Société n’a pas déchu; ses efforts lui acquièrent une place honorable parmi les sociétés du centre de la France. « Depuis quelques années, elle a établi des séances com- 2294 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, munes aux Sociétés Éduenne et Nivernaise. Les Assises scientifiques du centre de la France , qui paraissent de- voir se tenir cette année à Moulins, donneront à ces réunions un caractère plus important et une direction plus sûre. Je ne veux pas oublier de vous parler ici de l'ouvrage si considérable, que publie M. Girard , sous les auspices de la Société qui la couronné en 1854 , sur le naturaliste Perron et l’état comparé de la science au commencement de ce siècle et à notre époque. « Les fouilles exécutées , pour les fondations de la ca- thédrale, sur l'emplacement du château de nos anciens souverains, dont le donjon est toujours menacé de de- struction, ont fourni à M. Esmonnot le sujet d’une note in- téressante qu’il a enrichie de planches, Le même membre a fait un travail , accompagné de cinq planches, sur les objets trouvés au domaine des Laris. Ce petit Panthéon a paru à plusieurs d’entre vous digne d'intérêt, M. Tudot a publié une notice sur les marques des potiers romains, une étude historique sur la mairie de Moulins, un pre- mier travail sur les vestiges des voies romainesen Bour- bonnais. Ces trois articles sont ornés de planches exécu - tées avec le talent de ce dessinateur , déjà connu par des travaux nombreux dans l’ancien Bourbonnais et l’an- cienne Auvergne. Il nous a encore donné une notice sur des objets de céramique trouvés dans un puits à Picus , près Dompierre , et une note sur les fouilles de M. l'abbé Cochet à Lillebonne ; cette note est aussi accompagnée d’une planche, | a M. Chazaud a lu un travail très-important sur les communes du Bourbonnais au moyen-âge; une note sur la population de St.-Pourçain aux XIV°, et XV°. siècles ,.et sur la patrie de Jacques Cœur. TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 295 « Des notes précieuses ont été fournies par M. Bertrand sur les fouilles à exécuter dans l’arrondissement de la Palisse, M. Dubief a fait une étude sur don Juan, et une autre sur la condition des femmes dans la famille romaine ; travaux très-soignés et très-intéressants. _« M. Étienne Méplain a continué ses études sur la ju- risprudence et les jurisconsultes bourbonnais ; sa no- tice est remarquable. M, de La Guérenne, sous le titre de : T'ableau de l’origine et des progrès de l'autorité royale en France, a fait un véritable cours d'histoire nationale. | | « On doit à M. l'abbé Boudant une note sur les ca- pitaines gouverneurs du château de Chantelle, dernier séjour du connétable dans son duché, « M. Clairefond a étudié les monnaies et le monnayage dans le Bourbonnais. « M. de Séréville a rédigé une notice sur le généra Rabusson ; et M. Meilheurat, la biographie de M. Hen- nequin , député aux États-Généraux. « Des vers ont été adressés à la Société par MM. de Chavigny et Adolphe Michel; celui-ci est l’auteur d’une grande partie de l'Ancien Bourbonnais qu’il a continué à la mort d'Achille Allier , enlevé si jeune à ses travaux. « La littérature a été représentée aussi par les tra- vaux consciencieux de M. Le Gagneur, proviseur du Lycée, sur le rôle des mères dans nos trois grands tragiques, » ARDENNES. Les Sociétés du département des Ardennes ne vous ont pas fourni l’analyse de leurs travaux, et je n'ai à vous parler ici que d’une publication poétique importante, 226 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. due à la plume élégante, facile, harmonieuse et pleine de sentiment, de M. Chéri Pauflin, de Rethel, membre de l’Institut des provinces. M. Pauffin a mis en vente, au profit des pauvres, la deuxième édition de ses Chants du soir. Trente nouveaux morceaux de poésie ont été ajoutés à la première édition, dont la publication remonte aujourd’hui à dix années. C’est faire suffisamment l'éloge de l'ouvrage , que de vous dire qu’il a été honoré des suffrages de MM. J. Janin, de Lamartine, Alexandre Guiraud et de Pongerville. « L'expression, dit à l’auteur M. Jules Janin, me « paraît simple et châtiée ; le vers est chaste et correct; « le style est de la bonne école; enfin, vous avez ce grand « mérite, celui de vous arrêter à temps, même dans vos « émotions intimes. » « Je désire à votre poésie, écrit à son tour M. Alexandre « Guiraud , tout le succès qu’elle mérite, et c’est lui en « souhaiter beaucoup. » Ai-je besoin d’insister davantage, Messieurs, pour vous engager, quoique dans notre siècle positif la poésie soit peu à l’ordre du jour , à lire cette œuvre consacrée presque tout entière à nos gloires et à nos douleurs nationales ? AUBE. La Société académique de l’Aube (1) se partage en quatre sections : agriculture, sciences, arts, belles-lettres. Quoique ces sections confondent souvent leurs efforts, et se prêtent un mutuel appui, je rendrai compte de leurs travaux par chapitres séparés. (4) Note envoyée par M. A. Gayot, secrétaire de la Société. EN TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 297 Agriculture. — Le premier travail, par ordre de date, concernant la science agricole, est un rapport sur un nouveau mode de cultiver la vigne, et sur un nouveau cépage, introduit à Villenauxe par M. Gentil-Jacob. Ce rapport, œuvre de deux savants viticulteurs, MM. Eu- gène Nay et Cornet, est entièrement favorable à la méthode de M. Gentil-Jacob qui a l’avantage d’être plus économique , plus productive que la culture en usage jusqu'alors. Quant au nouveau plant dit pineau de Mar- seille , il a présenté, dans ces deux dernières années, la propriété de remonter, après la gelée, et de produire de nouveaux bourgeons fructifères , assez abondants pour donner une récolte complète. L’état florissant de ces treilles, à la vendange dernière, contrastait d’une manière significative avec la complète stérilité des anciens cépages. La sollicitude de la Société pour la culture de la vigne qui est la seule richesse de la partie Est du département de l’Aube, a motivé encore deux rapports, d’un vif intérêt : l’un sur un nouveau mode de traiter la maladie de la vigne, indiqué par M. Thiraut, vice-président de la Société des Sciences de St. “Étienne ; l'autre sur un procédé contre la coulure de la vigne , dont l'inventeur est M. Troubat. M. le docteur Prié, membre associé, a continué , de son côté, ses recherches savantes sur . l’oidium, et sur les moyens de le guérir. Je citerai ensuite : 4°, un mémoire de M. Léon Debreuze, membre correspondant, sur {a nature et la propriété des terres ; mémoire concis, clair, tout pratique, où la science est mise à la portée du plus humble cultivateur ; 2, Un rapport de M. Dosseur , membre résidant, sur les essais de culture d’un nouveau froment, nommé blé prince Albert ; 928 INSTITUT DES PROYINCES DE FRANCE, 3°. Enfin, un travail excellent de M. Oudard, pharma- cien , sur la conservation des engrais. La section d'agriculture a continué, en 4856 , l'œuvre commencée en 14853 pour le drainage. Grâce à ses efforts, à ses encouragements, aux exemples donnés par ses membres, les terres, à la fois les plus fertiles et les plus difficiles à cultiver du département, vont être débarras- sées des eaux qui les noyaient et donneront des produits constants et réguliers. C’est encore la section d'agriculture qui a soutenu le poids des comices agricoles, et qui a fourni, en grande partie, les commissions chargées de la visite des fermes et les jurys d'examen. Sciences.— La section des sciences est venue en aide à la section d’agriculture par un mémoire de M. Clément- Mullet, suivi d’un rapport de M. Boutiot, sur les gisements de phosphate caleaire dans le département de l'Aube ; — par un travail excellent de M. Jules Ray, sur quelques animaux réputés nuisibles en agriculture ; — par une note de M. Legrand, sur l'Oidium pini qui a fait mal- heureusement son apparition dans les plantations de la Champagne ; — et enfin , par une notice de M. le docteur Prié, sur la carie du maïs. On lui doit, en outre, un excellent rapport sur la création projetée d’une manufacture de porcelaine à Villenauxe. M. Uhrich, membre résidant, est l’auteur de ce travail, qui contient l'analyse des terres sur lesquelles les auteurs de cette grande entreprise fondent leurs espé- rances de réussite. Je citerai encore un rapport de M. le docteur Bédor sur les accidents qui atteignent le plus souvent les ou- vriers . dans les manufactures ; — et une note, de TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 2929 M. Dutailly, membre associé, sur ses procédés de pisci- cullure. 0 Enfin je mentionnerai, d’une manière toute particulière, deux travaux d’une grande importance : un Mémoire sur la galvanoplastie , par M. Jules Maison , et la Mono- graphie des Unios de France , par M. Drouet. Ce der- nier ouvrage est une histoire et une description complète des coquilles d’eau douce désignées par les naturalistes sous le nom d’Unios ; il prendra rang parmi les traités classiques d'histoire naturelle. Il est accompagné de neuf planches , et a paru dans le premier semestre des Mé- moires de la Société pour 1857. Arts.—La section des arts a rempli sa mission naturelle en présidant aux plans et aux décorations artistiques des monuments en construction dans le département, et notam- ment de l’Hôtel-de-Ville de Troyes. Ellé a poursuivi sa grande entreprise de l'érection d’une statue au pape Urbain IV ; —elle a la direction du musée départemental dont les richesses s’accroissent sans cesse, grâce à son excellente initiative ; —elle a,entre autres services, puissamment con- tribué à la revendication de la magnifique châsse de saint Aubin quiavait été soustraite par la cupidité privée à l’église de Villenauxe;—elle a été moins heureuse dans la demande en grâce si pressante, qu’elle avait adressée à l’Adminis- tration municipale de Troyes, en faveur de quelques restes précieux de l’architecture militaire da moyen-âge, En documents écrits , on doit à la section des arts : 1°. L'inscription gravée sur la porte du château de la Tour, dernier vestige des constructions romanes dues ‘aux comtes de Champagne; 2°. Un rapport, de M. Camusat de Vaugourdon, sur la découverte de 3,500 médailles faite à Cléry ; 230 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. -8,. Un rapport de M. Fléchey sur deux mosaïques gallo-romaines trouvées dans les fouilles du nouvel abat- toir', à Troyes ; 4°. Un rapport de M. le docteur Prié sur les décou- vertes faites au tumulus de Fiel, 5°. Un rapport de M. d’Arbois de Jubainville sur deux nappes d’autel, du XII, et du XV°. siècle, trouvées à Lentilles, et sur une tombe antique à la Ville-aux-Bois; 6°, Une note (avec planche), sur deux vases, du XIV®, siècle, trouvés à Troyes, dans la démolition des remparts. Belles-leitres. — La section des belles-lettres n’a pas été en arrière du mouvement des autres sections. Elle est chargée d’une mission délicate et laborieuse, celle de faire, par chaque séance, l’analyse des ou- vrages envoyés dans le mois par les sociétés correspon- dantes. Ce devoir a été rempli , avec une grande supério- rité, par l'un de ses membres, M. le baron Doyen. On doit, en outre, à la section des lettres une foule de rapports sur des travaux historiques ou littéraires , qu’il serait trop long d’énumérer. Au nombre des travaux originaux qu’elle a produits, on remarque un apologue, de M. l’abbé Tridon , intitulé : La petite vigne et le vigneron; — une note sur la date précise de la fondation de l'Hôtel-Dieu de Troyes, et un document sur les quatre petits hôpitaux de Troyes avant 1225, par M. d’Arbois de Jubainville ; — une traduction (avec commentaires) des poésies attribuées au rabbin Raschi, par M. Clément-Mullet;—une biographie de Ville- hardouin , et une vie de Juyénal des Ursins, par M. l'abbé Etienne Georges ; -— un mémoire de M. Gérost , membre associé, intitulé : Annales de l'abbaye de Nesle; — une note sur le partage des eaux de la Seine au-dessus de TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 231 Troyes, et un mémoire sur une cave romane, découverte à Ramerupt, par M. d’Arbois de Jubainville;—des recherches historiques et archéologiques sur les restes mortels d’Ur- = baïn IV, par M. l'abbé Coffinet; — une monographie de l’église de Bar-sur-Seine, par M. l'abbé Tridon; -— une notice sur Nicolas Bourbon, par M. Jacquot, membre associé. Enfin, comme poésies : des stances, de M. Dosseur, sur Urbain IV, et une ravissante boutade de M. le baron Doyen, intitulée : Promenade autour de mon jardin. Le grand nombre et la diversité des travaux de la So- ciété académique de l'Aube a empêché d’en faire une analyse plus complète. Cette simple nomenclature suf- fira pour faire apprécier le zèle et les connaissances des membres qui la composent. AUDE. M. Mahul, délégué de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne, vous a présenté ainsi qu’il suit, le ré- sumé des travaux de cette Compagnie : « M, Louis Barbès a fait don au musée de la Société de six deniers d’argent, d’Eudes, roi de France, frappés à Carcassonne ; ce qui prouve qu’au IX°. siècle , un atelier monétaire était établi dans cette ville. « M. le Préfet de l’Aude a annoncé qu’il venait de re- cevoir du Ministre de la maison de l'Empereur un fac- simile de la bulle du pape Agapet (951), dont l'original, sur papyrus, faisait partie des titres conservés aux ar- chives de l’abbaye de la Grasse, diocèse de Carcassonne. L’original n’a pu être réintégré aux archives dépar- tementales de l’Aude. Par suite du don que le Préfet du 9232 7 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. département s'était cru autorisé à faire au Roi, en 1826, il est resté déposé à la Bibliothèque! impériale du Louvre. « La Société a reçu de M. Cornet, l’un de ses membres, le don, pour sa bibliothèque , d’un exemplaire des Prin- cipes de la Philosophie de Descartes (Elzevir, in-4°.), donné par Descartes lui-même à un prédicateur du nom d’Ogier, secrétaire du comte d’Avaux de Mesmes, l’undes plénipotentiaires de la France au Congrès de Munster. Cet exemplaire porte, écrite de la main de Descartes , l’anno- tation suivante, placée au bas du titre : « Fr°. Ogier « acris judicii senatore censenda proponit DES CARTES. » — Sur la première garde on lit, écrites de la main d’Ogier , les lignes qui suivent : « Hagà Comitis missus « liber ab autore cum epistola monasterium Westofa- « lorum ubi nunc temporis commoror , in comitatu « Claudii Memmii Avauxii Mecenalis mei ad pac. « — 18 septembre 1644. — F. OGrer. » Ce volume ren- ferme une remarque écrite de la main d’Ogier, en marge de la page 30 du livre intitulé : Dissertatio de Me: thodo, et provoquée par le célèbre axiôme de Des- cartes : « Ego cogito, ergo sum, sive existo. » « La Société a été informée, par le même membre, que la Commission de la Bibliothèque avait cru devoir établir, d'une manière isolée et toute spéciale, la partie de la bibliothèque qui concerne la province, le département et Ja ville. « M. Mahul, membre de la Société, a communiqué une lettre de M, Tournal, secrétaire de la Commission archéologique de Narbonne, qui contient d’intéressants détails : « 4°, Sur les armoiries de l’archevêque Pierre de Mont- brun, sculptées sur une des tours de l’archevêché (au- TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1656. . 235 jourd’hui l’Hôtel-de-Ville), que cet archevêque a fait bâtir ; « 2°, Sur deux bornes milliaires romaines conservées dans l’église de St.-Conat-sur-Aude (ancien Flexus), détruites par la municipalité de 1848 ; « 3°. Sur les fouilles exécutées proche de Narbonne, pour le chemin de fer du Midi, et qui ont mis au jour la statue d’un Faune, et trois inscriptions funéraires chré- tiennes de l’époque des Visigoths (VI°, siècle). « Il a été fait don-au Musée, par M. l'abbé Bize, au- mônier de l’Hôtel-Dieu de Carcassonne, de plusieurs poids anciens de cette ville. « M. Denisse, membre de la Société, l'a avertie qu’une pierre taillée, posée par les astronomes Méchain et Delambre à 1,111 mètres de la tour de St.-Vincent de Carcassonne , et servant à indiquer le passage du mé- ridien de Paris , est dans un état complet de subversion. Il a exprimé le vœu que cette pierre fût remplacée par un monument indicatif d’un caractère simple. M. le Maire de Carcassonne a déclaré s’emparer de la question et a promis d°y donner suite, aux frais du budget municipal. « M. O. Rolland du Roquau a offert à la Société, dont il fait partie, une plaque en métal, trouvée à Azille, ancien diocèse de Narbonne, où sont gravées les armes de la maison de Condé, avec l'inscription d’une loge maçonnique de Carcassonne. | « M. Mahul, membre de la Société, lui a fait hommage du I°". volume de son livre ayant pour titre : Cartulaire et archives de l'ancien diocèse et de l’arrondissement administratif de Garcassonne (in-4°.). » « Enfin, un ouvrage intitulé : Hospices de Narbonne ; Classement des archives antérieures à 1790 (un vol. 23 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. in-/°. ) a été adressé à la Société par M. H. Faure, l’un des administrateurs de ces hospices. » Votre rapporteur doit ajouter que, suivant ce qui résulte des procès-verbaux des séances de la Société, le Cartulaire de M. Mahul, qui témoigne de l’éru- dition profonde et des recherches persévérantes de son auteur, a été accueilli par ses collègues avec la plus vive sympathie. Une seconde publication a été faite par le même auteur, elle est intitulée : Éloge historique d’Armand Bazin de Besons , 71°. évêque de Carcassonne. -Cet ouvrage est aussi remarquable par le talent de l'écrivain que par l'intérêt qui s’attache à la noble vie du saint prélat, objet de sa notice historique. AVEYRON (1). Il y a près de vingt ans que quelques jeunes hommes, mus par l’amour de la science et du progrès, conçurent la pensée de fonder la Société des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron. À leur appel, un grand nombre de compatriotes et d'étrangers vinrent se grouper autour d'eux. On traça le programme des études, on établit la règle qui devait régir la Société. Les fondements du Musée de Rodez furent jetés, et la population, s’asso- ciant au vœu des fondateurs, n’a pas cessé depuis ce moment de l’enrichir de ses dons. Un grand nombre d'écrivains consacrèrent leur plume à des questions d'histoire locale, à l’examen de nos vieux monuments, à l’investigation des sciences naturelles à peine effleurées (1) Communication de M. Léopold Bourguet, au nom de la Société dont il est membre. TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 235 dans un pays où la nature s’est montrée si prodigue. Il en est résulté d'importants avantages : d’une part, on a recueilli des documents précieux et fait d’utiles dé- couvertes ; de l’autre, de sages critiques et des avertis- sements réitérés ont amené la fin ou tout au moins le ralentissement de ces dégradations et de ces restaurations barbares qui, depuis longues années, afligeaient les amis des arts par les travestissements de mauvais goût qu’elles faisaient subir aux monuments légués par les siècles passés. | La Société a exploré toutes les richesses végétales et toutes les productions du règne minéral, si abondantes et si variées sur le sol de l'Aveyron, et dont les nombreux spécimens réunis au Musée mettent à la portée de chacun de faciles moyens d'étude et d'observation. C’est à la Société des Lettres, Sciences et Arts qu’on doit la connaissance de cet amphithéätre romain vague- ment indiqué par quelques-uns de nos annalistes, et dont l’origine se lie au plus précieux souvenir de notre histoire locale, la conversion de nos pères à la foi chré- tienne. On lui doit la découverte de cet antique aqueduc qui, grâce à la persévérance de quelques-uns de ses membres, va retourner à sa destination primitive et doter la ville de Rodez d’un bienfait dont elle était privée depuis tant de siècles. En effet, l’année 1856 a vu commencer l’exécution d’un magnifique travail dont la conception et l'initiative sont dues à la Société. La ville de Rodez, située sur un mamelon dépourvu de sources, est sur le point de voir enfin couler en abondance, dans ses rues, d’excellentes eaux que l’on est allé chercher à une distance de 25 kilo- “mètres, à travers de profondes vallées, Il a fallu, pour 236 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. mener l'œuvre à bonne fin, tout le zèle de la Société et les plus honorables efforts de plusieurs de ses membres. « 11 ya long-temps déja que la Société chargea une commission d'explorer un conduit souterrain, connu dans le pays sous le nom de Cave des Anglais. M. Lunet, secrétaire de la Société, qui s’acquitte de ses fonctions avec un soin au-dessus de tout éloge, publia un mémoire dans lequel il constata que la Cave des Anglais était un aquéduc dont l’origine remontait à l’époque de la domi- nation romaine, et qui avait, sans doute, alors servi à con- duire à Rodez les eaux de Vors. M. Lunet à qui revient en grande partie l’honneur du projet, c’est justice à le procla- mer, invitait le Conseil municipal de Rodez à faire examiner s’il était possible de restaurer l’aquéduc et ‘de le rendre à sa destination primitive. Quelque temps après , en 1840, M. Boissonnade, architecte du département, émit l'avis que l’on pourrait se contenter d’une restauration par- tielle et traverser la vallée de l'Aveyron au moyen d’une conduite forcée. Le Conseil municipal refusa de voter des fonds pour lexploration de laquéduc. Mais on n’aban- donna pas l’idée de fournir la ville d’eaux potables. M. Lunet renouvela, en 1851, sa proposition touchant l’aquéduc romain. La Société nomma une nouvelle com- mission qui fut présidée par M. Commier, ancien ingé- nieur en chef des ponts et chaussées. Elle déclara, le 7 décembre 1852, qu’en réparant l’aquéduc romain et en établissant un siphon de 100 mètres de flèche, on pour- rait amener à Rodez des eaux saines et abondantes. Un nouveau rapport de M. Lunet, et un très-bon mémoire de M. Blondeau, professeur de physique au Lycée et membre de la Société, complétèrent le savant travail de M. Boisson- nade, et déterminèrent enfin le Conseil de la commune TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 237 à voler une somme de 4,000 fr. pour l’exploration de l'aquéduc. Ç « Dès ce moment, la science avait triomphé, Le rapport de M. Romain, agent-voyer en chef du département, fut de tous points favorable au projet de la Société. L’aqué- duc est maintenant restauré en grande partie. Les vallées qui séparent Vors de Rodez seront franchies au moyen de siphons en tôle bitumée de Chameroiï. Le dernier de ces siphons, qui n’a pas moins de 125 mètres de flèche, est peut-être le plus grand qui ait jamais existé. Bientôt Rodez recevra, tous les jours, 450 litres d’eau pour chacun de ses 142,000 habitants, et la Société aura assuré la conservation d’un monument historique de la plus haute antiquité. « M. Boisse, ingénieur des mines, a envoyé à la Société la copie d’une esquisse de la grande carte géologique de Aveyron. Cette carte présente assez de détails pour être du plus grand secours aux savants, aux industriels et aux agriculteurs. On aura une idée de limportance et de l'étendue de ce travail, quand on saura que l’auteur y a distingué vingt-six natures différentes de terrains par vingt-six teintes spéciales, et qu’il n’y a pas, pour ainsi dire, 4 kilomètre carré du département qui ait échappé à son exploration, Les terrains primitifs ou cristallisés qui forment, en quelque sorte, le noyau du département, et.qui constituent notamment tout le massif du Lévezou, y sont étudiés avec le soin le plus minutieux et subdivisés en cinq natures de roches, distinguées chacune par une teinte particulière. « Les terrains de transition, si intéressants dans le département de l'Aveyron par le terrain houiller qui forme leur étage supérieur, y comprennent trois subdi- visions et, par conséquent, trois teintes. 238 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. …. « Le terrain houiller y est surtout, et on en comprend le motif, l’objet de l'étude la plus détaillée et la plus consciencieuse. Toutes les plaques de ce terrain qui affleurent au jour sont soigneusement indiquées ; leurs moindres lambeaux sont exactement relevés, et leurs relations avec les terrains avoisinants, si utiles à bien apprécier pour les explorateurs de mines, paraissent avoir été observées et notées avec autant de sagacité que de précision. « Le terrain de frias, qui comprend ces grès rouges si fréquents dans le département et qui présente une formation gypseuse dans l’arrondissement de St.-Afrique, y est distingué en trois subdivisions par trois teintes. « Le terrain jurassique, grande formation calcaire, dont les cultures forment un contraste si frappant avec celles des terrains à base siliceuse, y présente trois de ses étages habituels, y compris le lias, et s’y trouve subdivisé en cinq Zônes ou horizons par cinq teintes différentes. « Le terrain tertiaire moyen, qui ne forme que de petits lambeaux épars à la surface des autres terrains , au nord , à l’ouest et au sud-ouest du département , est divisé en deux teintes. ….« Ces terrains alluviens, qui remplissent les bas-fonds des vallées et forment quelques dépôts d’origine très- récente sur le flanc des autres formations, comportent également deux teintes. | « Les roches éruptivesenfin, telles que les porphyres, les basaltes, les trachytes, etc., qui se sont fait jour à travers les autres terrains dans un grand nombre de points du département, sont distinguées en six catégories ou six teintes , et ont exigé peut-être, à elles seules, une étude de détail plus minutieuse que tout le reste des autres terrains, TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 239 « M. Boisse n’a voulu rester, en aucune partie de son travail, au-dessous de la tâche qu'il s’était proposée, et il a eu le soin d'indiquer sur sa carte tous les gîtes de minerais métalliques connus dans le département, en les subdivisant, suivant leur nature, en quatre catégories. « Il y a aussi indiqué les sources minérales, les prin- cipales carrières et les diverses usines, « Ily a marqué, enfin, les périmètres de toutes les concessions, soit de gîtes de combustibles minéraux, soit de minerais métalliques , instituées jusqu’ici. « M. Boisse a joint à sa carte une feuille de coupes, présentant sept coupes de terrains prises dans toutes les directions , d’une extrémité à l’autre du département, et combinées de manière à donner une idée exacte des relations de superposition qui existent entre nos diverses formations géologiques ; on y retrouve clairement la trace des principaux mouvements que cette partie de l'écorce du globe a subis à diverses époques, et on y re- connaît la part qu'ont eue alternativement, dans la con- figuration actuelle du relief du sol, les mouvements internes de la croûte terrestre, et les grandes érosions - qui ont labouré sa surface. « Cet exposé rapide présenté à la Société par M. de Nerville , ingénieur en chef des mines, qui en est membre , suffit pour montrer tout l'intérêt scientifique et l’incontestable utilité pratique du remarquable travail de l’un des membres les plus instruits de ce corps savant. » | M. Hippolyte de Barreau a publié le 3°. volume de son ouvrage intitulé : Documents historiques el généalo- giques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue, dans les temps anciens et modernes. 240 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « Dans cet ouvrage, M. de Barreau apprécie l’origine de familles, les suit pas à pas dans leurs transformations à travers les âges, étudie les grands personnages qu’elles ont produits, indique le rang qu’elles occupaient dans l’ancienne société, raconte leurs services éminents, le relations qu’elles avaient entre elles , et revendique celles qui, après avoir quitté la terre natale, sont allées grandir sur un sol étranger. « L'honorable Président de la Société des Lettres , Sciences et Arts de l’Aveyron n’a rien négligé pour rendre son livre aussi complet que possible, et l’on peut dire de lui que, non moins ardent que ces naturalistes qui fouillent dans les entrailles de la terre pour retrouver les antiques races des premiers habitants du globe, il est tout aussi heureux lorsque, après bien des peines et des re- cherches, il est parvenu à reproduire quelques-unes de ces nobles lignées dont le nom, depuis des siècles, gisait ignoré dans la poussière. « M. de Barreau a divisé son ouvrage en deux parties. Dans la première , il donne un coup-d’æil sur l’établisse- ment féodal, pour servir d'introduction à l’histoire gé- néalogique de la noblesse du Rouergue , et examine l’état du pays avant la grande révolution qui en changea le régime. Il y est tour à tour question de la propriété, de la servitude, de l’origine des fiefs et de leur constitution , des droits féodaux, des justices seigneuriales, des lois et coutumes, des guerres et combats privés, des commence- ments de la noblesse et des progrès de sa puissance. M. de Barreau continue en parlant de la chevalerie, des croisades, des armoiries, des troubadours, des costumes nationaux, de l'architecture féodale ; et, après un rapide aperçu des causes qui amenèrent la fin du gouvernement TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 9U1 féodal, il termine par diverses remarques qui RE l’histoire politique de la noblesse. « Dans la seconde partie, le savant historien parle de la noblesse’ moderne, celle de ei et de la Restau- ration. à Cette seconde partie contiendra une notice sur la Légion-d’Honneur et un grand nombre d'articles biogra- phiques sur les membres de cet ordre. ienragnsuite des mémoires sur les anciens Templiers, sur. l'ordre, de Malte, sur les autres ordres équestres existant, avant la Révolution, sur les personnages du pays qui ont occupé des emplois auprès des souverains, sur les évêques , tant anciens que modernes, originaires du Rouergue, et sur les hommes éminents de l’ordre civil et de l’ordre mi- litaire., L'ouvrage se terminera par une notice sur les anciens états du Rouergue et par une liste raisonnée de tous les châteaux du pays, classés par cantons et par arrondissements. « Le quatrième et dernier volume des Documents his- toriques et généalogiques ne tardera pas à être achevé. « M. de Barrau, qui dirige la Société avec tant d'i in- telligence et de. dévouement, ne s’est pas contenté de donner un ouvrage. historique d’une grande valeur; il a entrepris encore d'importants travaux sur les sciences naturelles, et il vient de mettre la dernière main à la Flore de lAveyron, qui était réclamée depuis long- temps. «La Société des Lettres , Sciences, «et Arts, a déjà publié sept volumes de Mémoires, de. « Le huitième est actuellemer mp: il con- tiendra : sn NB ù « 4°, Un travail inédit de l'historien Monteil : 44 249 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « 2°, Un rapportsur l'amphithéâtre et l’aqueduc romain de Rodez, ayant conduit des eaux potables dans cette ville ; « 3°. Des études surles mots patois qui dérivent. -de anglais ; ‘ « 4°. Des études géologiques sur le département ; « 5°. Une promenade scientifique au bassin d’Aubin ; « 6°. Des prudes critiques sur une histoire de saint pre de quelques projets d'amener des aDICS à Rodez ;. 6 7x Le + volume donnera l'Histoire du Jan- sénisme dans le Le ss CALVADOS. Vous pu à M. poulie délégué, et à M, J Travers ; secrétaire de l'Académie des Sciences , des {s et Bellés-Léttres de Caen , le résumé suivant des tra- vaux de cette savante Académie : & | « Dans la note que nous avons eu l'honneur de mettrez l’apnñée dernière, sous les yeux-de l’Institut des provinces t du Congrès des délégués des Socié s savantes des EE nous disions que l Académie des Sciences, . Arts et Belles-Lettres de Caen avait : sous presse un vo- lume. Ce volume; publié vers le milieu de l’année, n’a point paru inférieur aux précédents. Un des mémoires qui le composent, ayant. été connu pendant l'impression , a eu COUP sur Coup. trois éditions : il est vrai que, ce mémoire scientifique € st de notre confrère } M. Th. Du Moncel. De À gs 7e Het « Mais la nouvelle. püblication est aujourd’hui connue. Plus de cent Sociétés correspondantes l'ont reçue; plûs. de TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 243 350 exemplaires ont, en outre, été distribués aux mem- bres résidants, aux membres associés, aux bibliothèques publiques. et aux journaux ; laissons à d’autres le soin d'apprécier les divers travaux qui composent le volume de1856, et ne parlons au Congrès. que ÿ ce que tous où à peu près tous ses membres ignorent. É « On a vu dans l’Annuaire de l institut des provinces accepter deux legs de 12, 000 fr. chacun, quel i avaient faits MM. Le Sauvage et Lair ; et que, grâce à cette double libéralité, elle avait pu ouvrirun double concours. Ainsi, sur la fondation de M. Le Sauvage, elle a offert un prix de [à valeur de 800 fr. au meilleurim rt xémoire sur la ques- tion suivante : Action de. d'électricité sur l'organisation humaine. dans l’'étatde santé et dans l’état de maladie. D’après. l programme , cè prix devait être décerné à la fin de 4856. Le concours n’est pas encore jugé. « La somme léguée par M. Lair à l'Académie et à la Société d'A Agricu ulture de Caen qui doivent en toucher alternativementsl rente annuelle, a donné le. moÿen d'offrir un second prix, d’égale. valeur, au + » moire historique sur le Parlement d Normandie, de- puis” Rue à Caen , au m is. de juin 1589, jusqu'à son relour à Rouen , en avril. «4594. Mais c’est : seulement en 1858 que le CopgQUrs sera clos et que le prix pourra être accordé. NE En indiquant les matières principales traitées dans les douze Fr à séan es me suelles de l’Académie , se terminant à. celle & “juillet 4 18 56 qui clôt l’année aca- démique 4855-1856 , nous trou on$ sommairement : Pour les Éélvarés: — uT rapport de M. Du Moncel 2114 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. sur un savant ouvrage où M. le capitaine de vaisseau Lartigue a exposé son système des vents;—une démons- tration ,; par le même auteur, de plusieurs ‘solutions qu'il a trouvées, our divers problèmes d'électricité ; — un exposé, par le même, de ses découvertes ré- centes , à l'appui duquel il a fait fonctionner un de ses instruments pour rendre ses théories tout-à-fait sensibles par. l'expérience ; —.un mémoire de mathématiques * transcendantes , par M. Girault; — un travail plein de faits curieux sur 1 intelligence des animaux, par M. Eu- des-Deslongchamps ; — des recherches, fort étendues, de M. Pierre, sur la distribution des. matières azotées dans les différentes parties de la betterave ; — enfin un traité de la rage, pa . Le Cœur. « Pour les ArtS'ét les Lettr es : — un fragment de vo- yage, intitulé : Venise et Florence.expliquant le génie de leurs peintres ; — un épisode d’un romanfhistorique tiré de l'histoire de la Normandie, à l’époque de Jean- sans-Terre, par M. Courty ; — une analyse de prûnes inédits du XIL°. siècle, en langue [rase attribués à Mauri ice de. Sully À par M, Hippeau : — biographie de "Pierre du Bosc , minis re du saint Évangile à Caen, de 1645 à1685, parde même ; — un morceau sur les colo-. nies françaises | M sur la Guadeloupe , par . Rabou;— Sur la démocratie athénienne, par M. mr — ‘Tableau de la civilisation musulmane , ar M. François ; — Frâgment d'uné histoire. de ne par le même ; -—Sur la loi d'accroissement et de décrois- sement de la population , par M: 6. Besnard D Rapport eur l'ouvrage de M. Mat lin, intitulé + 2 La vie future, par M. Roger; — Rapport de M. Lecerf, sur Le Devoir, ouvrage de M. Jules Simon # __ Théorie de la traduction, TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 275 par le même ;—Mémoire de littérature, à l’occasion de la théorie de M. Lecerf, par M. Joly; —Mémoire en réponse à quelques assertions de M. Joly, par M. G. Besnard ; — Mon avis Sur la question des théories littéraires de MM. Besnard et Joly, par M. TrAVeS ; — Extrait des livres quon ne lit plus (analyser du. traité des Herma- phrodits (sic) de Jacques Duyal, "médecin de la fin du XVI, siècle et du commencement du XVII*.), par le même ; — Fragment des Mémoires de Vismes, directeur de . l'Opéra en 1778, rédigés et abrégés par Te même ; — Bio- graphie de Jean Simon. Addition à la vie et aux œuvres de Nicolas Vauquélin des Yvetéaux , et Mémoire sur les patois , par le même ; — enfin des. +4 de vers, par M**. Lucie Coueffin, M". de Monte an Michaux et Vieillard. à à « Plusieurs des mémoires ci-dessus mentionnés sont d’une étendue telle, qu’il a fallu les lire en plusieurs séances set 3 les séances ÿE été si nine PARA La Socèté française d 7, die > sous lastive im- pulsion de son illustre et infatigable Directeur, a tenu, en 1856) deux séances généralesfadministratives à Paris, deux-Séances générales à la Rochelle, deux séances . inistratives à Gournay (Seine-Infé] ieure), six séances dministratives à Caen, une séance "générale à Chartres et une autre séance au Mans. Le Congri s archéo ogique de France a siégé pendant six jours à Nantes #7 , La Société françaiseavait, en outre, été réunie pendant quatre Jours à Louviers. Le Compte-rendu du Congrès 246 INSTITUT DES PROWINCES DE FRANCE. archéologique tenu à Nantes ‘etdes séances générales de Louviers est sur le point de paraître. Le Bulletin monumental , publié par la Société , est parvenu à son 23°. volume, et forme une des collections de Mémoires archéolôgiques les plus intéressantes. Le 29°. volume, publié en 4856, se compose de 680 pagés et comprend, outre les chroniques etsles procès-verbaux des séances, trente-trois mémoires d'un haut intérêt, la plupart illustrés de figures. % “ La Société tiendra, en 14857, son Congrès archéologique à Mende, le 24 août, et à Valence, le 2; du même mois. . L'Association normande (4), qui se ‘composait l’année dernière de 1720mer res, en a eu 4740 en 1856; elle a tenu à Gournay (Se eine-Inférieure) son 24° Congrès provincial agricole et industriel, préparé par les soins de MM. Mabire et d’Ernemont, membres du Conseil gé- néral, inspecteurs de PAssociation. Des séances des dis- cussions pleines d'intérêt ; diverses exe jons agr miques; un concours magnifique de best aux el ments ritoird tels sont les faitssqui ont disb cette ” mémorable session, quis "est | lerminée pari solennelle de prix, faite sous la présidence Roy, préfet de lasSeine-Inférieure, par “un “banquet de trois cents couverts el par des fêles pour lesquelles la petite ville de Gournay avait voté 6,000 fr. Cette année, l'Association tiendra#son Congrès provincial ann ue Alençon (Orne), du 45 au 20 juilletss En 1856 , l'Association s’est aussi réunieesix fois à Caen, et une fois à Louviers, en séa ice administrative.ss Ses recettes se sont élevées à on frs, L (1) Note de M. de Caumont. Li TRAVAUX DES xcanËS | Se 56. 947 Ses dépenses, à 11, 078 1 Les primes, Re et récompenses diverses acCot- dées par l'ASs0 tion figurent pour plus de 5,000 fr. dans le chapitre de la dépense. a L'Annuaire imprimé en 1856, et qui a paru en janvier 1857, est, comme ses devanciers, un livre vraiment inté ssant et cofposé de mémoires substantiels. Ce volume , , qui comprend x@ et 575 pages, esi imprimé avec *soin et illustré de vignettes sur bois. Après les mémoires _et les procès-verbaux l es séances générales, vient, comme dans les années précédentes , le chapitre des Nouvelles de l'agriculture, des sciences, de l'industrie et des arts, lequel renferme une série d'articles courts et bien choisis sur des faits constatés en 1856 et qui intéressent particulièrement la province. hi Un chapitre. particulier est consacré à rendreggompte des | COnCOHR agricoles en 1856 dans la province. L'Art St {ermine,sselon l'usage, par desNotices r les membres que l’Association a ré- ires que Eu PR. | et n’en publie de meilleurs, Nous approu vons beaucoup l'usage qu'elle à adopté dé des donner dans un annuaire, qui est, non- seulement reçu par tous ses membres, : mais que le public recherche également, et qui devient chaque année plus répandu. é Société Late de Normandie (4) continue avec (4) Note de M. de Caumont. 218 ne | PROVINGES DE FRANCE. un grand succès $6s + et ses publications ; elle maintient , grâce au talent de son Sec rétaire et de quel- ques autres membres éminemment i struits, sa haute position scientifique ; noush’avons qu'un regret à ex- primer, c'est que ses Mémoirés ne soient tirés qu’à deux cents exemplaires, et que l'échange avec les Sociétés savantes en soit, par suite, assez réstreint. Toutes les grandes Sociétés savantes de l'Allemagne, de u Pr 1sse , des Pays-Bas, de’Angleterre font un tel cas dés Mé-* moires de la Société Linnéenne,; >aque quelques-unes ont offert des collections de trente et quarante volumes in-4°. pour obtenir la collection de la Société Linnéenne, arrivée en 4856 au 10°, volume. Ce volume, in-4°. de Lxxx et 343 pages, est un des plus importants que la Société ait publiés. L'histoire de ” Ja Société, les rappor ts du Secrétaire sur ses. ‘travaux, et les pro ès-verbaux de deux excursions occüpent les 80 pages” numérotées en chiffres! romains. On ee parmi les notices , celle qui est: relative à l'organisa Lion du Nautile flambé, par M. Vrolick, se e de l'Aca- démie des Pays-Bas, accompagnée de deux gl des ches. * M. E.-Deslongchamps donne ensuite une note détaillée sur des empreintes ow traces d'animaux observées depuis long-temps au val d’Aubin, près de Trun, sur des banñcs de grès intermédiaire (grès DC éloc de une planche reproduit ces curieuses empreintes, Un travail, de M. Suess, sur l’appareil brachial des T'hécidées est suivi d’une Note sur le même sujet , par M. E. DeSlongchaïnps (deux planclies). ” La plus grande partie du volt ie est occupée par le travail intitulé : Introduction al istoire naturelle des TRAVAUX DES ACADÉMIE VEN 1856. 229 Brachiopodes vivants et fossiles, par M. Th. Davidson, membre de l’Ins itut des provinces; ce travail est com- posé de près. de 20 o pages, el accompagné de neuf grandes planches renfermant près de 300 figures. On remarque encore, dans ce volume, la Doscriplion d’un nouveau genre de coquilles bivalves fossiles (Elig- mus), par M. Deslongchamps; mémoire accompagné de deuxplanches ; — des Observations sur la bolanique de,la Manche (environs de St.-Lo), par M. l'abbé Talon: — des Observations météorologiques de M. Le Boucher, en 1851, 1852, 1853, 1854 et 1855 ; et plusieurs petits mé- moires sur des coquilles fossiles, par M. Deslongchamps. « ‘La Sociclé d'Agriculture, Beaux-Arts et Littéra- ture de Bayeux, vous à dit M. le vicomte de Cussy, son délégué, toujours animée du même esprit,on a pass cessé de faire rogresser, dans la mesure de son influence et de som pouvoir, le pl ogramme qu'elle s’est imposé. Des réunions pour ‘éueidel : les questions le plus”à l'ordre . du jour sont heureusement suivies : des expositions agri- coles, des concours de charrues, des récompenses aux serviteurs fidèles moralisent la population en lui faisant dûment apprécier les avantages du travail et de la bonne conduite. En un mot, cette Société, présidée par un homme aussi honorable qu'érudit, M. le président Pezet, qui consäére. ses loisirs à faire connaître l’histoire et la législation de cette partie de la Normandie et l’histoire de ses monuments les plus intéressants , “continue de mé- riter la confiance de tous les gens de bien, amis de leur pays. | « La bibliothèque de Bayeux, bide confiée aux soins éclairés de M. Æ. Lambert, s'est enrichie , en 4856, à à NET 250 INSTITUT DES) PROVINCES DE FRANCE, d'un nombre notable d'ouvrages dé choix dus, soit à la - munificence du Gouvernement, soit à celle des particu- liers. Son Musée a vu ses collections diverses également augmentées, et_16S du, ‘es trouvent, dans l'obligeance duMaborieux gar ien de ce précieux dépôt, tous lès moyens possibles de satisfaire leur amour des lettres et des beaux-arts. » M: de Caumont vous a fait hommage de deux brothures intitulées, l’ne : Le Castellum galle-romain de Lar- cay, près de Tours, et l’autre : Note sur les murs gallo-romains de Dax, toutes deux ornées de plusieurs planches. Notre honorable Directeur n’a pas besoin de mes éloges; vous voudrez tous lire, dans le Bulletin mo- numental, l'intéressante description de ces beaux débris «de la Gaule romaine, ebrvous joindrez vo$ protéstations à ci l'auteur contre la: tendance , trop. aujourd'hui, qu'ont certaines villes de vouloir étendre leur enctinte aux dépens et respectables monu- ments de l'antiquité. Espérons. que la conservation des murs de Dax pourra se concilier avec les intérêts de cette cité et que l'influence de lPAdministration supérieure viendra sanctionner les réclamations si bien motivées de M. de Caumont. j M. J2 Travers vous a adressé sa Biographie de M. Louis Du Bois, de Lisieux, dont M. Guizot a dit qi, savant aussi laborieux que modeste , il s'était voué à l'étude de tout ce qui peut intéresser la Normandie, sa patrie, en ajoutant qu’il était connu par d'utiles travaux sur Les antiquités el’ "stalistique de cette belle province. L'œuvre de M, J. Travers se faitremarquer par toutes les qualités qui distinguent cet écrivain. ds À Re PT TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 251 ET | | Vous avez reçu, de M.C. Brisson, membre de PAcadémie de la Rochelle, un recueil de fables. Ag: On remarque, dans les nombreuses fables qui le com- posent, .la qualité du genre, c’est-à-dire, de la facilité, de la clarté, une certaine élégance; elles peuvent se faire lire, même après celles de nos grands fabulistes. CÔTES-DU-NORD. M. le vicomte Paul de Genouillac, délégué du Comice central Agvoe de Dinan, vous a fourni, sur les tra- vaux de cecomice, les renseignements suivants : Cette, Société , qui réunit au chef-lieu de l’arrondisse- ment les com ices de tous les cantons##un seul é*cepté , ignon , donne une vive impulsion à l’agricul- ture, Chaque année, une fête agricole dans lun des cantons vient stimuler le zèle des cultivateurs et réussit presque toujours à leur faire abandonner quelques-unes de leurs vieilles routines. Depuis peu de temps, on a vw les instruments perfectionnés prendre faveur; laraire Dombasle, la machine à battre, les coupe-racines, les coupe-ajones, les pressoirs à nouveaux systèmes se trou- vent maintenant en assez grand nombre dans plusieurs communes , et ce progrès est certainement dû aux efforts du Comice central. Un résultat non moins avantageux se fait aussi remarquer dans les cultures. Les plantes sar- clées commencent à prendre une. large place dans” Pas- solement des terres; les prairies artificielles , pour'cela , ne sont pas négligées, et chaque année en voit augmenter 252 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. la culture ; les conseils des comices obtiennent souvent aujourd’hui ds faire rompre, après les coupes d’un an, cet herbage#que la paresse et l’insouciance faisaient garder trois où quatre ans. 4 À Le drainage aété l’objet de mesures très-efficaces de la part dû Comice. Une machine à fabriquer les tuyaux a été achelée et confiée à un habile ouvrier ; des tuyaux ont été livrés dans l'arrondissement à des prix réduits au moyen d’une indemnité payée pu le Comice. Des travaux ont été entrepris et exécutés" avec succès , et ce n’est peut-êtrepas anticiper sur l'avenir, que de signaler ceux qui sont en cours d'exécution. M. Larère, vice- président du Comice, commence en ce moment un drai- nage qui s’étendra sur 400 hectares. Le canton où il opère est très-arriéré, les terres y sont très-humides. Nul doute que cet exemple, n'aitela plus heureuse influence, en faisant.voir les avantages de l’assainissement d'un sol que l'humidité rend absolument improductif. M Les grèves de nos côtes, et divers guenents dans l’in- térieur des terres nous fournissent dés sables coquiliers dont l’usage prend chaque année plus d’accroissement ; c’est une source inépuisable de richesses pour ceux qui peuvent y recourir sans des frais trop élevés. Malheureu- sement on en fait souvent”äbus; trop fréquemment on les emploie sans égard à leur valeur naturelle, ni à la nature du sol où on les porte, et on néglige la fabrication du fumier d’étable. La vente des pailles est un mal contreJequel luttent les propriétaires ; mais la propriété divisée, cultivée par le petit propriétaire lui-même, se trouve sans défense: Après la diminution des litières vient inévitablement la vente trop précoce des bestiaux et, par suite, l'insuffisance du fumier d’étable, Le Comice, TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 253 par les primes qu’il distribue à ses fêtes agricoles, combal autant qu’il le peut cet Fete r * prrenl avec succès, Les détails contenus dans les procès-verbaux des con- cours donnés en 1855 et1856 feront, sans doute, apprécier les eflorts et les succès du Comice central de Dinan. €” Douss, Ë “ : ; é * Danse compté/rendu par lui, des travaux de la Société d'Agriculture de Besançon et de la Société d’Émulation du département du Doubs, M. Bruand d’Uzelle s'exprime ainsi : « La Société d'Agriculture de Besançon à été station- naire pendant plusieurs années, et .sés travaux ont été peu. considérables. Pourtant, depuis 1854, elle a secoué un peu son apathie, a apporté plusieurs modifications à son réglement , et ses membres paraissent décidés désormais à marcher plus fermement dans la voie du progrès, et à appliquer les diverses améliorations qui surgissent sur tant de points de la France. « Le concours régional de 1854 a certes aidé à ce mouvement, à cette louable tendance; mais j’oserais dire que le voisinage d’une sœur, bien plutôt que d’une rivale, la Société d'Émulation du Doubs, n'a pas été peut-être absolument étranger à la nouvelle activité qui semble devoir remplacer l’ancienne indolence. $ « Le territoire de Besançon offre, à 5 kilomètres en amont de la ville, sur un plateau élevé de 150 mètres environ, une plaine marécageuse, de près de 4 kilo- mètre de large, sur plusieurs de longueur, et qui est enlevée à l’agriculture, La plaine de Saône forme le mt 254 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. premier gradin de l’arête qui nous sépare de la Suisse ; les prairies quila composent n’offrent que de la laiche et des joncs, et on les exploite enstourbières ; le peu de produit qu’on pourrait en tirer autrement, et de qualité très-inférieure , ne saurait souvent être enlevé à cause de "l’abondance de l’eau qui recouvre parfois tout le sol, où dans certains endroits on ne marcherait qu’en enfonçant jusqu'à mi-jambe, et dont quelques autres partieStsont entièrement inabordables." 2” « La Société d’Agriculture a naturellement désiré d'appliquer des essais de drainage sur cette localité improductive ; grâce à l'inspiration de M. de La Peyrouze de Bonfils, préfet du Doubs, et de M. Parandier, ingénieur en chef des ponts-et-chaussées , des travaux ont été en- trepris sous la dingetion de M. Jeannenot, ancien élève du Comité agronomique de Versailles, Les avis n'étaient pas | unanimes tout. d'abord sur les chances de réussite; mais le résultat est venu donner gain de cause à M. Jean- nenot. | ri _ « Ces mêmes terrainsen’ auraient jamais pu trouver d’amodiateurs à 40'fr. hectare, et l’on en offre actuel- lement de 410 à 120 fr. « Les agriculteurs de la localité, qui d’abord avaient tourné, en dérision cette innovalion et avaient montré même ün certain esprit d’hostilité au commencement des travaux, ont été les premiers à changer tout-à-fait d'opinion, même avant d’avoir pu s’assurer d’une manière certaine de l'amélioration obtenue. . « Du reste, comme toujours, il y a eu réaction : d’une incrédulité blâämable, ils ont passé à une confiance peut- être exagéree. On eût été heureux, il y a quelques années, de trouver à vendre de ces terrains à raison de 300 fr. & TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. |. dos l'hectare ; aujourd’hui on en demande 1,200, 4,500 et même 1,800 fr. « La portion qu’on a affectée au drainage a élé divisée en plusieurs lots : une partie a été drainée simplement, sans autre opération; une autre a été drainée et éco- buée; une troisième, drainée, labourée et marnée ; enfin, on a läissé une petite portion sans toucher, afin de maintenir tout à côté un point de comparaison entre l’état ancien et la situation nouvelle ; mais, neuf mois après le drainage qui avait été fait en juillet, c’est-à-dire dès le mois d’avril suivant, nous avons pu constater que la laîche et les joncs avaient été immédiatement remplacés par des graminées. Un rapport circonstancié a dû être fait par M. Jeannenot sur tous ces travaux et sur leurs résul- tats. La Société d'Agriculture en a ordonné récemment l'impression. Nous pourrons donc incessamment soumettre ce document aux membres du Congrès. « Je viens de prononcer le nom de la Société d’'Ému- lation du Doubs ; j'aurais eu, sans doute, une délégation à remplie en” son nom, et à vous, ret dre comple de ses travaux, si ni0n départ de Besançon. avait été fixé le jour même d’une séance qui ne devait avoir lieu que le soir, . « Cependant quoique, en | celte circonstance, je ne.sois pas délégué spécialement, je ne crois pas devoir passer sous. silence les œuvres de cette Société, dont j ’ai été l’un des fondateurs, en 1840, le secrétaire pendant 10 ans ( de 1843 à 1853), et dont j'ai eu l'honneur d'occuper la présidence annuelle en 1854. « Depuis 1840, ses publications ont témoigné de son utilité et du zèle de ses membres. Plusieurs mémoires ont attiré l'attention du monde savant : je citerai , v$ M 4 a, 256 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCÉ. en botanique, les notices de M. Grenier (auteur de la Nouvelle Faune française, conjointement avec M. Go- dron); en géologie minéralogique, les mémoires de M. A. Delerre ; en archéologie, la notice de M. A. Delacroix sur l’ancienne Alesia. En entomologie , un catalogue du Doubs, publié par la Société, comprend plus de 4,700 espèces , et peut être regardé, je crois, comme le plus complet de la province. Un travail de M. Delerre, sur les porphyres des Vosges, a valu à la Société une allo- calion de 600 fr. de la part du Ministre; la Monographie des Lépidoptères nuisibles a oblenu deux médailles d'argent : l’une, du Comité central d'agriculture, en 1850 ; l’autre, de la Société impériale d’horticulture du Rhône, à son exposition de 1856. On peut n'être pas de l'avis de M. Delacroix sur Alesia; mais, évidem- ment, la question qu’il a soulevée est pleine d’intérêt ; la manière dont il l’a traitée dénote du talent et des études approfondies, et, selon moi, si M. Delacroix avait tort sur un point, il aurait raison sur un autre, à savoir qu’Alise, en Auxois, ne doit et ne peüt pas être l’Alesia détruite par Jules César. Je ne iétendrai pas - davantage sur un Sujet important que des hommes d’un mérite transcendant sont en train .d’éclaircir, et cela avec un talent que je suis loin d'égaler : je citerai M. Quicherat, professeur à l’École des chartes, etc. « Je mets sous les yeux de la Commission la livraison de 4856, qui pourra donner une idée de la persévérance avec laquelle les membres de la Société poursuivent la tâche commencée en 1840, » TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 257 DRÔME. M. l'abbé Jouve, chanoine de la cathédrale de Va- lence, membre de l’Institut des provinces ; en expri- mant, dans sa lettre du 13 de ce mois, » {ous les regrets qu’il éprouve de ne pouvoir, à cause de la très-grave maladie de l'évêque de son diocèse , venir prendre part aux travaux du Congrès, donne les renseignements sui- vants sur les travaux de quelques-uns de ses compatriotes de la Drôme. N'cite : « 4°, Un Dictionnaire manuscrit (en deux volumes in-4°. de 400 pages chacun), intitulé : Origine , signifi- cation et étymologie des noms propres d'hommes et de localités , disposés par ordre alphabétique , par M. À. de Costou de Montélimart. C’est un travail fort in- téressant, à cause des noms historiques dont il expose l'origine et les diverses phases, et. qui , en dénotant beaucoup d’érudition , suppose de lon ni, gues et patientes T: Fe RE recherches, très-curieuses d’ailleurs. v « 2°, Un manuscrit, de 457 pages note, de M. l’abbé Nadal, actuellement chanoine titulaire de Valence, in- titulé : Les Adhémar et M°°. de Sévigné. Il s’agit de l’illustre famille des Adhémar de Monteil (plus tard Mon- télimart). Si l’on en excepte la partie simplèément généa- logique, on peut dire que l’histoire de celte noble et grande famille, qui tient en même temps au Dauphiné et à la Provence; qui fournit, à la première croisade, un Jégat du pape, dans la personne d’Adhémar, évêque du Puy, à l'église, d’illustres prélats, et à l’armée, de vaillants capitaines , était digne de devenir le sujet d’un ÿ L2 258 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ouvrage spécial, lorsqu'on songe surtout que le nom et l'existence d’une femme célèbre du siècle de Louis XIV, M. de Sévigné, sont venus s’unir étroitement à elle, pour lui donner un nouveau lustre et l’immortaliser, au moment même où elle tendait à son déclin. Ce travail inédit se recommande autant par la facilité et la clarté du style que par les recherches consciencieuses el inté- ressantes les il a donné lieu. Il est divisé en vingt- six chapitres ; on y lit avec plaisir la Notice sur l’ancienne église collégiale (aujourd’hui paroissiale) de Grignan, attenante au château, et sur le chapitre insigne que les Adhémar y'avaient fondé. ” « 8°. Deux notices historiques, de M. l’abhé Vincent, curé dans ce diocèse et membre de l’Institut historique de France, sur les communes d'Etoile et de Livron, près Valence. L'auteur, que le Conseil général de Ja Drômé encourage dans ses recherches et publications par sune allocation annuelle de 300 fr., a déjà publié une dizaine de notices sur diverses autres communes de ce département.” Ces petits volumes, imprimés à Valence avec pea coup de soin, se distinguent par un style de narration facile, coulant et imagé, sur un fond de sdïné érudition, enrichi de détails curieux et inédits. M. l’abbé Vincent est sur le point de terminer deux notices complètes et beaucoup plus importantes que leurs aînées : l’une sur la ville de Nyons-les-Baronnies , l’autre Sur celle de Montélimart. « 4°. Enfin, M. l'abbé Nadal, cité plus haut, a publié un beau volume in-8°. de 700 pages, intitulé : Histoire hagiologique du diocèse de Valence. « Quant à mon Dictionnaire d'esthétique, dit M. l'abbé Jouve, je m’en rapporte à vos soins pour en faire mention TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 259 au Congrès, si vous le jugez convenable ainsi que de EEE . . . mon Guide Valentinois. » Vous suppléerez, Messieurs, au laconisme de l'auteur sur les deux savants ouvrages qu'il ne fait qu'indiquer. DE V4 EURE. M. Emile Colombel, secrétaire perpétuel de la Société libre d'Agriculture , Sciences, Arts et Belles-Lettres de l'Eure, nous a fait parvenir une note sur les travaux de cette Société qui se préoccupe toujours, de la manière la plus efficace, des intérêts agricoles de sa circonscrip- tion” Depuis plusieurs années , ses efforts tendent surtout à introduire dans les’exploitations rurales l'emploi des machines à battre | propager le drainage , à faire com- prendre aux campagnes l'importance des engrais, à en- seigner et répandre les meilleurs procédés pour: leur conservation et leur manipulation. #S Les résultats qu’elle a eu à constater dans les concour ouverts par ses soins démontrent qu’elle ne s’est pas épuisée en vaines tentatives. On peut direé"aujourd’hui que, dans les fermes, la cause des machines à battre éstgagnée. — Pour les engrais, le progrès, quoique plus lent, est ce- pendant remarquable et l’on a trouvé dans plusieurs exploitations des installations irréprochables pour les plates-formes et les fosses à purin. — Quant au drainage, Ja Société ne s’est pas contentée des bulletins périodiques qu'elle publie sur toutes les questions dignes de son attention : elle a fait étirer plusieurs milliers de tuyaux qu’elle donne en primes ou à prix réduit aux cultivateurs qui adoptent'eet excellent moyen d'assainissement, Elle 260 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCÉ. a pu , dans son concours de Pacy, en septembre dernier, décerner huit prix et un plus grand nombre de mentions honorables, pour récompenser des travaux vraiment im- portants. Elle a cru devoir aussi, et c’est là une excel- lente pensée, encourager les ouvriers draineurs, qui manquent encore d'expérience et d’habileté et dont l’ap- titude est si indispensable pour la bonne exécution d’un drainage. Cinq primes ont reçu cette destination. Il faut citer ici un travail que a Société est.en train de publier et qui est l’œuvre de M Antoine Passy, son an- cien président: nous voulons parlende: la carte géologique du département de l'Eure , carte. précieuse. à plus d’un point de vue et qui servira de guide certain pour l'appli- cation du drainage. Le nom de son auteur suffit pour en faire apprécier le mérite. D Gette Société organise en outre, chaque année, un con- cours pour le labourage et pour l’amélioration des bes- tiaux , et, chaque année aussi, elle accorde des récom- penses aux domestiques ruraux dont le dévouement et les longs services ont mérité une distinction. Enfin, on lui doit une innovation récente et qui est destinée à avoir un grand retentissement en France , c’est le concours de chevaux qu’elle a institué à Evreux à l’oc- casion du Concours régional du mois de mai dernier. Ave®ses seules ressources, et grâce à la généreuse ini- tiative de M. le Préfet de l'Eure, son président, elle a fait un essai, sans précédent jusqu'alors , et les résultats obtenus permettent d'affirmer que cette épreuve réussie sera pour elle un titre de gloire. Quoique l’époque ne permit pas d'appeler à la lutte les poulinières, et fit crain- dre que les étalons eux-mêmes ne pussent êlre facilement déplacés pendant plusieurs jours, 94 élevêurs se sont TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 261 cependant fait inscrire, et 74 ont présenté des sujets pour la "plupart admirables, Le rapporteur du jury d'examen exprimait le vœu que l’État, frappé du succès obtenu, voulüt bien subventionner ces sortes d’encouragements. Nous ne pouvons que nous joindre à lui REY une même pensée. & Le Concours régional a été encore, pour la Société, l'occasion de préparer une exposition de produits horti- coles. Cette gracieuse exhibition, à laquelle les départe- _ments voisins avaient élé conviés, élait le meilleur sti- mulant pour les horticulteurs, et les prix € décernés ont récompensé de véritables mérites. ï vaux li téraires de la Société de l'Eure, dans'ces temps, méritent une mention toute spéciale. Où se E rap en effet, ajoute M. Colombel, la fa- meuse découverte d’un cimetière mérovingien due à l’ima- gination féconde de M. Lenormand, de l’Institut. La Société désigna une commission pour examiner la question soulevée par le savant archéologue, et deux rapports remarquables , dont la publication fut accueillie avec une grande faveur, mirent en lumière les résultats de l’en- quête à laquelle on s'était livré. Depuis cette publication, le silence significatif qui se fait, à l’Institut même, autour de la brillante découverte, et de nombreux témoignages venus de divers points de la science, prouvent assez que la Commission est parvenue à jeter quelque jour sur cet étrange mystère. La Société a publié, dans son dernier lécueil, un ou- vrage-important de l’un de ses membres, M. de Beau- repaire; c’est l’Histoire de la vicomté de l'Eau “de Rouen. Éditer de pareilles œuvres, c’est acquérir des droits à l'estime de tous les amis de la science # = 262 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. MM. Léon Métayer et Gardin fils vous ont fait h hop mage de leur deuxième rapport sur la découverte de constructions et sépultures gallo-romaines dans la com- mune de Menneval , près Bernay. GIRONDE. La Société Linnéenne de Bordéaut, représentée au- près de vous par M. Paquerée, à commencé dignement, cette année, la publication de Ja 3°. série de ses actes, en insérant dans son 24°. volume elques travaux scien- tifiques remarquables , parmi fie on peut citer le L° el der Mel EN pplément au Catalogue les plante Hola nérogames de la Dordogne, par. M. Moulins , , pré- sident ; — Prodromus Lichenam Galliæ et Algeriæ, par le docteur Nillander; — une Monographie du genre Thara du dotteur Walman, de Stockolm , traduite du suédois par le savant auteur de l'ouvrage qui précède : —une Monographie du genre Testacelle, par MM. Gas- siès et Fischer ; — enfin, les Relations d’un voyage d'exploration dans l'ile de Crète, entrepris sous les auspices du Muséum d'histoire naturelle de Paris, par M. Raulin, professeur de géologie à la Faculté de Bor- deaux, ancien vice-secrétaire de la Société géologique de France , etc. son Excellence le Ministre actuel de l’instrüction pu- blique a gracieusement accordé à la Société Linnéenné de Bordeaux une somme de 1,000 fr. , pour subvenir aux frais que nécessitait la gravure d’une Carte géolôgique ‘qui accompagne cêt important travail. Cette Compagnie, comme on le voit, travaille sérieusement ; "chaque jour, le cercle.de sa correspondance s'agrandit et, grâce à son LÉ EE. - . TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 263 influence , le goût des sciences naturelles se propage au milieu d’une population nombreuse qui, il ya quelques années à peine, se livrait exclusivement au comme ce et aux pratiques Surannées d’une agriculture routinière. Enfin ; 1 Société Linnéenne n'es! pas étrangère au SuCCès qu ‘obtient le Comité régional, que la Société impériale d’acclimatation vient de fonder à Bordeaux. 3 MM. Marionau et Paquerée, auraient voulu présenter un rapport sur les travaux des sections du Sud-Ouest de l’Institut des provinces et de la Société française d'archéologie , mais les documents leur ont manqué. Ces Messieurs ont dû se borner, en conséquence, à constater le zèle et l’activité des hommes éminents qui les com- posent. Le mandat dont leurs délégués ont été honorés n’est ainsi qu'un témoignage de l'intérêt sympathique qu ‘ils rennent aux savantes recherches du Congrès. Parmi les publications faites dans le département de la Gironde, votre rapporteur doit vous signaler : 4°. Une Instruction simplifiée pour l'essai et le choix des eaux d'irrigation, par le professeur d'agriculture de la Gironde, chargé de linspection agricole de ce dé- partement. Cette brochure contient de précieuses indications pra- tiques, à l'usage des cultivateurs qui voudront convertir leurs terres es arables en prairies naturelles: : *. Des, T4 pratiques sur l'art de llessée ‘her, par è, mar RUE Ch. de Bryas. “1 s 6 udes , qui sont le fruit du travail éclairé d’unx. homme compétent , forment la 4°. partie de ses publi. cations sur 14 même matière , et contiennent la relation æ #., 264 INSTITUT DES PROVINCES DE ii « d’un voyage par lui fait en Angleterre, en Irlande, en Écosse et dans le pays de Galles. ee. ; ILLE-ET-VILAINE. Il y a un an, M. Amédée Bertin, dés pres de vousspar la Société d'agriculture et d'industrie d’Ille-et- Vilaine, vous donnait un aperçu dé l'état agricole de ce département. dus M. le vicomte Paul de Genouillac, délégué actuel de cette Société, vous annonce que , dans le courant de cette année, les travaux de lagriculture ne se sont point ralentis. Ainsi, en 4852, trente-deux comices vous étaient signalés; et, au mois de septembre 1856, qua- rante comices donnaient des fêtes agricoles dont les ré- sultats constatent, sur plusieurs points, des progrès pe La Société n’est point étrangère cetle actions, sou- vent elle a provoqué et encouragé les efforts des co- mices. Elle-même a pris un nouveau développement : aujourd’hui elle compte plus de deux cents membres habitant les diverses communes, même les plus éloignées du chef-lieu du département où se tiennent ses séances. Le Journal d'agriculture pratique, qu’elle publie, répandu à peu de frais dans la campagne, y fait connaître les progrès de l’agriculture et signale aux cultivateurs les améliorations dont leurs terres sont susceptibles. Dans les séances mensuelles de la Société , des questions à d'un véritable intérêt local sont discutées. C’est ainsi qi , c année , l'amélioration de la race bovine. SE lé, l'objet de sérieuses contestations. Cette fois … “encore. on à opposé à l'amélioration obtenue par des croisements ke, celle qu’on obtient par sélection. L'on a voulu exclure F2 s TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 265 äes concours le taureau auquel on reprochait d’être issu * d’un métis, et, sur-ce point, s’est élevée la question de l'ancienneté de la race Rennoise. Ces discussions souvent sans solution , si elles n’aboutissent pas immédiatement , portent cependant des fruits et excitent, des deux parts, les contradicteurs à faire triompher leurs opinions par la production, dans, les ia a d'animaux perfec- tionnés. Chaque année, un concours est donné dans l'un des arrondissements du département. En 1856, il avait lieu à Montfort. Le compte-rendu de cette fête, compris aux numéros du journal des 2 et 16 novembre dernier, fait voir l’impulsion que la Société imprime à l’agriculture du pays, et combien déjà on peut constater de progrès réalisés. Des.plantes sarclées, des prairies artificielles , se trouvent aujourd’hui dans des terres que l’on croyait impropres à ces cultures. Les engrais étrangers, le noir-animal , le guano, le sablon coquillier, la chaux, les marnes de mer, sont transportés, mais toujours à trop grands frais, dans les campagnes. Ces essais font, chaque jour, dé- plorer davantage l’état si impraticable des chemins ruraux. Le drainage a été opéré avec succès Sur de grandes étendues ; la Société fait tous ses efforts pour développer de plus en plus ce moyen. d’assainisse- ment dans un pays où se trouvent tant de. terres froides et humides. Les primes données aux concours de bestiaux sont un puissant mobile auprès des culti- valeurs ; aussi de nombreux prix figurent-ils au pro- gramme pour la race des vaches laitières, qui constitue une portion considérable des produits du département. La race porcine, non plus, n’est pas négligée; la So- ciété croit devoir faire de nouveaux efforts pour substi- 42 266 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. tuer à celle du pays les belles races de divers comtés de l’Angleterre. La fabrique si remarquable d'instruments agricoles de M. Bodin met la Société à même de propager l'emploi de ces nouveaux moyens d'action: c’est ainsi que la plu- part des primes sont transformées en instruments per- fectionnés. La ‘Société essaie aussi de répandre.dans les cam- pagnes des connaissances positives sur l’agriculture. Elle engage les instituteurs primaires à donner des notions à leurs élèves, et à ouvrir des conférehces agri- coles le dimanche. Des ouvrages élémentaires d’agricul- ture, des abonnements à des journaux agricoles , ont été distribués en primes au concours de 14856: de nouveaux encouragements sont inscrits au progrämme du concours de 1857. Outre la publication du Journal d'agriculture pra- tique, paraissant le 2 et le 16 de chaque mois, et dont la collection, pour 1856, vous a été offerte par la Société d'agriculture et d'industrie ; des publications faites par des membres de cette Société ne doivent pas être ou- bliées. M. Malagutti,-doyen de la Faculté des Sciences de Rennes, a fait paraître en 1856 la suite de son Cours de chimie agricole, et, au commencement de cette année, un Petit cours de chimie agricole à l'usage des écoles primaires. M. Bodin, directeur de l’Ecole d’agri- culture de Rennes, a publié, en 4856: 4°, La troisième édition des Eléments d'agriculture, ou leçons d'agriculture appliquées au département d’Ille- et-Vilaine ; so 2°. L’Herbier agricole, pour les élèves des Trois- Croix et ceux de l'Ecole normale, avec 110 figures ; TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 267 8°. Des Lectures el promenades agricoles pour les enfants des écoles primaires ; | L°. Enfin on doit à M. Gagon, conseiller. à la Cour, une brochure, récemment imprimée, sur l'Agriculture de l’ancienne province de Bretagne. Ces divers ouvrages et ceux non moins populaires de M. Bertin, répandus dans le département avec le concours de la Société, y produiront sans doute d’heureux résultats et sont, au surplus, une nouvelle preuve du zèleet de la bonne volonté de leurs auteurs, aussi bien que de l’em- pressement de la Société à profiter de tout ce qui peut hâter les progrès de l’agriculture. | L'intérêt que vous portez à toutes les institutions qui se rattachent à l’agriculture sera l’excuse d’une digression à laquelle je crois pouvoir me livrer : le nom de M. Bodin a été prononcé dans la note qui précède. Ce ne sera donc pas sortir tout-à-fait de mon sujet, que de tran- scrire ici les détails fournis à votre rapporteur sur l'école d’agriculturesque cet agronome distingué dirige avec tant de succès. Quoique déjà une partie de ces détails soit connue de plusieurs d’entre vous, il m'a paru utile de les reproduire, en les rapprochant des ré- sultats nouvellement obtenus ; vous jugerez mieux des progrès que j'ai à vous signaler. Aujourd'hui d'ail- leurs que le Gouvernement se propose d'introduire l’en- seignement agricole dans les écoles normales primaires , il m'a semblé que des documents sur une importante école d'agriculture, quoique sa création remonte à 1840, auraient en quelque sorte le mérite de l’actualité. Un homme dont la carrière a été trop courte, M. Le- grand, recteur de l’Académie de Rennes, constamment 268 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, occupé de faire pénétrer une instruction solide dans les campagnes, eut l’idée neuve et féconde d’allier l’ensei- gnement de l’agriculture à l’enseignement primaire. Il était convaincu que l'instruction primaire ne serait pro- fitable qu’autant qu’elle se rattacherait aux besoins des cultivateurs et à leur profession. En effet, l'instruction dé- pourvue d’une application spéciale, et donnée incomplète- ment, devient plutôt un fléau qu’un bienfait pour la société. Lorsque le jeune paysan, en apprenant à lire, s’habi- tuera aux idées de théorie agricole raisonnée, il ne dé- daignera plus la profession de son père et restera Î fermier comme lui, mais avec cette différence que les bons prin- cipes qui lui auront été donnés par son maître lui per- mettront de tirer un meilleur parti du sol qu'il cultivera. Pour arriver plus sûrement jusqu'aux élèves, M. Legrand pensa qu'il fallait d’abord instruire les maîtres ; il fit, en conséquence, tous ses effol ts pour unir l’enseignement agri- cole à l'instruction qui se donnait à l’École normale pri- maire récemment fondée à Rennes, et réunissant les élè- ves-maîtres des cinq départements de l’ancienne Bretagne. Cette vaste combinaison, qui, au premier abord, ne fut appréciée que de bien peu de personnes, avait besoin d’être appuyée fortement par l’autorilé. Des hommes éclairés et désintéressés sollicitèrent le Gouvernement, qui accorda quelques secours et permit de fonder un cours d'agriculture à l'École normale. Ce n’était pas assez. La volonté ferme de M. Legrand suppléant à ce qui manquait d’ailleurs en appui et en ressources, on obtint enfin du Gouvernement l’autori- sationde louer une petite ferme, et quelques fonds furent votés par le Conseil général pou r cet objet. + La terre de Gros-Malhon, d’une étendue de 8 hectares “TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 269 seulement, et située tout près de l’École normale, fut donc prise à bail en 1832. Une si petile ferme paraît bien peu de chose pour une entreprise de ce genre ; les bâtiments étaient, en outre, comme ceux de presque toutes les fermes de Bretagne, en mauvais état ét mal appropriés à leur destination. "C'était commencer avec des difficultés de toutes sortes et dans une position où plus d’un se fût découragé. Cependant, on avait proposé à M. Bodin de créer et de diri er. l’école projetée. Il venait de passer dix-huit mois à l'école de Grignon, et était revenu cultiver quelques arpents de terre que possédait son père dans le départe- ment de la Sarthe. M. Bodin crut la tâche au-dessus de ses forces; avant d'essayer de l’accomplir, il voulut retourner pendant six mois à Grignon, où il trouva dans les leçons de l’habile directeur ce qui po lait encore lui manquer. Il arriva donc à Rennes en octobre 1832. Il commença à l'École normale des leçons d'agriculture théorique, et mit la petite ferme en état de servir bientôt de base à ces leçons. | D'abord, les personnes qui examinèrent de bien près Ftcbrie furent les seules qui ne trouvèrent pas cette | petite école trop mesquine et presque ridicule, Les débuts inaperçus, pour ainsidire, furent probablement une chance de succès. Si l’école eût été plus, vaste et mieux installée, on eût été plus exigeant , et quiconque a mis la main à l'œuvre sait que les succès en agriculture ne peuvént être que lents. D’un autre côté, une position aussi humble. ne pouvaitexeiter l'envie, et l’on sait encore à quelles jalousies sont enbuite ceux dont la position peul faire ombrage. La troisième année "quelques élèves internes furent admis gratuitement à la” ferme, et, les ressources n'étant 270 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. pas suffisantes pour les entretenir, M. le Ministre de l'agriculture accorda 1,800 fr. pour la pension de six jeunes cultivateurs. Quoique pris au hasard, les premiers élèves eurent des succès, et d’autres sujels se présen- tèrent bientôt. Tous les essais ayant à peu près réussi et les cultures ayant été appréciées, l’utilité d’une école d’agriculture ne fut plus contestée, non-seulement dans ses rapports avec l’École normale, mais aussi et plus particulièrement pour l’avantage de l’agriculture. On songea donc à donner plus d'extension N l'élablis- sement, et le Conseil général, sollicité par quelques-uns de ses membres dévoués aux intérêts de Pagriculture , nomma une commission pour faire un nouveau bail avec le propriétaire de la petite ferme, ou & louer une lerre plus considérable, gg Heureusement pour l'avenir de l’école, ces Messieurs avaient compris toute l’importance de leur mission, et, malgré le peu d’étendue des pouvoirs qui leur étaient confiés , ils n’hésitèrent pas à louer la ferme des Trois- Croix, d’un prix de fermage annuel de 3,500 fr. Le Conseil général avait fixé aux membres de sa Com- mission une allocation de 2,000 fr. seulement ; le sur- plus dut être acquitté par M. Bodin. Du reste, cet arrangement plaçait ainsi le directeur dans la position d’un fermier , et l’entreprise n’inspira que plus de con- fiance, Le bail des Trois-Croix fut continué jusqu’en 1850. A cette dernière date, il fut renouvelé pour quatorze années, avec une augmentation de fermage de 500 fr. , et une autre ferme, nommée Coëtlogon, fut ajoutée à l'école. Ces deux fermes, réunies et contiguës , forment une TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 271 étendue de 65 hectares, que M. Bodin loue entièrement pour son compte, moyennant 8,000 fr. Le département lui donne, sur ce prix de fermage, une indemnité de 2,000 fr. et paie la pension de six boursiers. M. le Ministre de l’agriculture et du commerce accorde aussi à l’école douze boursiers. Les bâtiments des deux fermes, mal appropriés aux besoins de l'exploitation, ont dù être augmentés. M. Bo- din à fait construire, à ses frais, très-simplement et économiquement, des étables et autres bâtiments, et les deux fermes entretiennent soixante bêtes à cornes et six chevaux. | Une. fabrique ‘d'instruments aratoires fut annexée à l’école. On lui doit en Bretagne la connaissance et l’usage des instruments perfectionnés, et maintenant elle en- voie ses produits dans toutes les parties de lasFrance. Cette fabrique, qui commençait, il y a vingt-deux ans, avec un forgeron et un menuisier, occupe aujourd'hui plus de cent ouvriers , et produit, chaque année, environ quinze cents instruments. Les leçons d'agriculture avaient été interrompues à l'École normale, en 1840, par des circonstances indé- pendantes de la volonté de M. Bodin. Sur les instances de l'autorité départementale et de M. le Recteur de l’Académie, elles furent reprises en janvier 1856. Les élèves de l'École normale sont amenés deux fois par semaine à l’École d'agriculture, dont ils suivent les travaux, tout en recevant les enseignements théoriques qui s’y rattachent. M. de Genouillac vous. annonce que déjà les leçons reçues par ces élèves ont produit de bons effets et donnent de justes espérances pour l'avenir; mais,sselon lui, il est 272 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. à regretter qu'une autre école normale, celle qui a été fondée à Ploërmel (Morbihan), par M. l'abbé Jean-Marie de La Mennais , et qui fournit aussi de nombreux insti- tuteurs primaires aux cinq départements de la même province, ne puisse pas profiter, comme celle du département d’Ille-et-Vilaine, des avantages que lui procurerait la fréquentation d’une école d’agriculture voisine de Ploërmel. M. Amédée Bertin, ancien sous-préfet de Fougères et ancien représentant d’Ille-et-Vilaine, dont vous con- naissez tout le zèle pour l’agriculture , a fait hommage au Congrès de diverses brochures, savoir : 1°. Statistique des subsistances et des comices agricoles (deux vo- lumes) ; 2°. le Credo agricole, 8°, édition, entièrement neuve; 3°. Infériorité de la France en agriculture ; moyen de la faire cesser en créant l’enseignement agricole rural général, permanent, sur place, à domicile et énpublic; 4°. Réforme agricole ; moyen de faire cesser l'infériorité de la France en agriculture. A cet envoi, M. Bertin a joint, à l'adresse de M. le Pré- sident du Congrès, la lettre suivante, dont je dois vous donner lecture, parce qu’elle résume les vues de son auteur el qu’elle annonce, en même temps, comment il a lui-même mis en pratique ses recommandations : « Ne pouvant être à Paris au moment de la réunion du Congrès des délégués des Sociétés savantes, j'ai l'honneur de vous adresser, pour en faire hommage au Congrès, divers écrits dont quelques-uns répondent , je crois, à trois des questions.posées dans le programme de la session de 4857. Pour moi, cela ne fait aucun doute ; mais je sais combien il faut de temps pour amener la TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 273 conviction dans les esprits, même lorsque l’on peut invoquer le succès à son appui. Un petit écrit, que je vous adresse pour être distribué, intitulé : Réforme agricole, résume mon système, mes moyens et leurs résultats; il répond à la 2°, question du programme. Je fais l'expérience de tous ces mécanismes dans deux communes d’un esprit différent : dans l’une, à Montaigu, tout marche à merveille: les plus anciens, comme les plus jeunes, sont animés des meilleures intentions ; 60 personnes y ont régulièrement suivi les conférences du dimanche, et, comme ce ne sont pas toujours les mêmes , 8300 au moins y ont assisté; 40 ménages sont inscrits pour la lecture de la bibliothèque, mais un plus grand nombre prennent part à cette lecture. A Sl.- Germain, qui est cependant la commune que j'habite, cela va moins bien; les habitants sont plus mal disposés, mais, néanmoins, ils suivent l'impulsion donnée. « Dans les deux communes, la question de la fabri- cation des fumiers est une question résolué,; mise en pratique par beaucoup de cultivateurs et qui sera très- promptement vulgarisée ; et cependant tout cela date d'hier; c’est l’œuvre de mes Opuscules et du Calendrier- affiche, qui n’est qu'au numéro 40; car les conférences du dimanche ne sont assez nombreuses, pour produire de l'effet, que depuis le mois de novembre et même depuis février, et elles ne réussissent pas encore à St.- Germain. | « J’ai donc raison de dire que, quelque moyen d'en- seignement que l’on emploie, pourvu qu’il y ait repe- tition à domicile et en réunion, il y a succès, parce qu’il y à agitation agricole entretenue. Et, en effet, dans ces deux communes, et même dans les communes 97h INSTITUT DES PROŸINCES DE FRANCE. voisines, on ne parle que d'améliorations agricoles dans toutes les conversations. Le jardin-agricole-école que j'ai créé, attire beaucoup l'attention des habitants, et sera visité par un grand nombre de personnes qui y viendront de très-loin. « Que le Gouvernement crée un Moniteur-agricole- affiche illustré; qu’il fasse prendre aux Préfets des arrêtés de police sanitaire sur la tenue des fumiers (voir celui que j'ai formulé page 167 des Comices agri- coles), l'agitation agricole générale naîtra par ces deux seuls faits; ce sera la meilleure préparation à létablissement et au succès des autres moyens que je propose et que je mets en pratique. Le droit de l’admi- nistration, dans cette matière, n’est pas douteux : si j'étais maire ou préfet, je n’hésiterais pas à prendre un _ arrêté sur cette matière. C’est la meilleure solution des deux questions 6 et 7 du programme du Congrès. L'année dernière, lorsqu’au Congrès vous énonçâtes le titre de mon projet d'arrêté sur la bonne tenue des fumiers rendue obligatoire par mesure de santé publique, un sourire assez général , peu favorable à ce projet, accueillit vos paroles; j'espère que, cette année, l’idée, étant présentée par le Congrès lui-même , recevra un meilleur accueil, » INDRE-ET-LOIRE. Vous avez regretté , Messieurs, que la Société archéo- logique de Touraine , dont les communications sont tou- jours si importantes, n’ait pas été, pendant cette session, représentée au milieu de vous. Je dois cependant men- tionner l’envoi, qui vous a été fait par M. André Salmon, vice-président de cette Société, d’une publication inti- TRAVAUX DES "AcADÉIES EN 1856. 27b tulée : Marché fait avec des maçons pour la constr'uc- tion de certaines parties du château de Chambord. Cet intéressant document, qui se rattache à l’histoire de l’un des plus magnifiques châteaux de France, porte la date du 9 mai 1544. LOIRE. Une société nouvelle, qui a pris le titre de Société impériale d’agriculture, industrie, sciences, arts et belles- lettres du département de la Loire, s’est formée tout ré- cemment à St.-Étienne, nouveau chef-lieu de ce dépar- tement ; elle ne pouvait encore vous faire connaître ses travaux , «et son délegué a dû se borner à vous remettre un exemplaire de ses statuts. Les noms des membres distingués qui composent le bureau de cette société pour 1857, et celui de son délégué actuel, vous permettent de compter, pour les sessions ultérieures du Congrès, sur une active et utile collaboration. Dans le bulletin de la Société des sciences naturelles et des arts de St.-Étienne, publié en 1856, j'ai remarqué, outre le compte-rendu de chacune des séances de cette société, et diverses planches se rattachant à la botanique et à des sujets de tératologie : 1°, une notice nécrologique sur M. Barthélemy Courbon , ancien président de la Société, par M. de la Tour-Varan; 2% le.compte-rendu des travaux du Congrès des délégués des Sociétés sa- vantes de France pendant sa session de 1855. Ce remar_ quable travail, très-lucide et très-complet, est l’œuvre de M. d’Albigny de Villeneuve, secrétaire et délégué de la Société , aujourd’hui membre de l’Institut des pro- 276 INSTITUT DES PROVINGES DE FRANCE. vinces. Permettez à votre rapporteur de regrelter que nos collègues du Congrès ne prennent pas généralement l'habitude de rendre compte à leurs compagnies de tout ce qui se passe dans cette enceinte pendant vos sessions. Les Sociétés représentées au milieu de vous connai- traient beaucoup plus tôt l'importance, toujours crois- sante, de vos travaux, et pourraient ainsi, avant la publication de votre Annuaire, profiter de vos enseigne- ments, se conformer à vos recommandations et pré- parer, pour l’année suivante, la solution des questions restées indécises, ou des questions nouvelles sur les- quelles vous auriez appelé leur attention. Le bulletin de la Société des sciences et des arts se termine par la résolution qu’a prise cette société de se réunir à la Société agricole et industrielle, nouvellement établie à St.-Étienne, pour ne former avec elle qu’une seule. et même compagnie. +4 LOIRE-INFÉRIEURE. Dans une de vos séances, M. Bizeul, de Blain, dé- légué de la Société archéologique de Nantes, vous a lu la note suivante : “ «Il ne vous a pas été rendu compte, l'an passé, des travaux de la Société archéologique de Nantes pour 1855. de ne puis le faire ‘aujourd'hui, mais je crois bon de vous dire que cette Société a continué: avec régularité ses séances mensuelles, et que ces séances-ont presque toutes présenté d’intéressants travaux, ayant principa- lement pour objet des recherches archéologiques et to- pographiques dans le pays Nantois et dans le Bas-Poitou. « Le même zèle, les mêmes travaux n’ont point fait TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 977 défaut en 1856. M. le baron de Wismes, qui prépare un Album du Maine et de l’Anjou , remarquable par de très-beaux dessins des monuments principaux de ces deux provinces, nous a lu le texte qu’il a joint à Ja vue du château-de Lassay , texte plein d'intérêt par la de- scription du monument, et plus encore par la mention fort curieuse et piquante des personnages célèbres qui l'ont habité, | « M. de La Borderie, l’un des élèves les plus distin- gués de l’École des chartes, chargé à Nantes de la clas- sification des archives historiques et ducales de la pro- vince de Bretagne, s’est. occupé de revoir le procès des quatre malheureux gentilshommes bretons décapités à Nantes, en 1720, comme rebelles à l’autorité du roi; il a fait sur cette matière un travail de longue haleine, » et d'autant plus intéressant qu’il pourra jeter un jour tout nouveau sur cette affaire, et amener à discerner les différences et le peu de connexion qu’elle présente avec la conspiration de Cellamare et les intri igues de la duchesse du Maine, « M. Bizeul, de Blain, a lu le commencement d’une description de l'enceinte romaine de Nantes dans les fondations de laquelle on a retrouvé des sculptures, des inscriptions, des pièces d’architecture, comme en tant d’autres villes. Cette enceinte, dont il existe encore d'assez petits fragments, mais dont on peut presque partout reconnaître le périmètre, était à petit pont et à cordons de briques. « M. de La Borderie nous a raconté, dans plusieurs séances, un voyage archéologique fait en Basse-Bretagne, à Landernau, Roscofe, St.-Pol-de-Léon, St.-Erbot. etc, Nous espérons que ces récits pleins d’intérêt seront 278 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. reproduits dans nos Mémoires, et prouveront que cette région si reculée de notre péninsule bretonne, que ce Quimper-Corentin , que ce Landernau , trop souvent l’objet des quolibets parisiens’, méritent qu’on ne s’écrie pas avec le bon, mais malin La Fontaine : du; Dieu nous préserve du voyage ! « La réunion, à Nantes, du Congrès archéologique de France avait stimulé notre zèle. Nous avons hâté l’éta- blissement de notre musée dans l’ancienne et grande chapelle de l’Oratoire. Le catalogue en a été rédigé et imprimé en moins de quinze jours, grâce au zèle si actif de MM. Parenteau et Armand Guéraud, Ce cata- logue , à beaucoup d'articles duquel les auteurs ont joint des notes explicatives, toujours utiles, souvent cu- : rieuses, mentionne 3,825 objets, dont 1,544 monnaies et médailles anciennes et modernes, et 2,281 en terre cuite, pierre, plâtre, bois, métal; des plans, cartes, des- sins, gravures, portraits peints, toiles peintes, étoffes brodées , verres, etc.; et, chaque jour, cette collection s’augmente par quelques acquisitions et surtout par des dons particuliers. Il en résultera que la ville de Nantes sera dotée d’un établissement scientifique qui lui man- quait. « L'absence d’un musée archéologique à Nantes était d’autant plus regrettable, qu’elle a été cause de la perte d’un grand nombre d’antiques de toutes sortes, parce qu’on ne savait où les placer, Aujourd’hui il n’en est plus ainsi, et l’on s'occupe de faire de nouvelles fouilles dans les endroits mêmes où les fondations de nos mu- railles romaines en ont déjà fourni, et d’où sont sorties nos plus importantes inscriptions, M, Bizeul, de Blain , a \! TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 979 été chargé d'indiquer les éndroits qui présenteraient le plus de facilités pour exécuter de nouvelles fouilles dont les résultats satisfaisants sont presque - pate Un mé- moire a été lu à ce sujet. « Les poteries romaines et autres objets en terre cuite de nôtre musée se sont singulièrement accrus par des fouilles qui ont eu lieu en deux endroits principaux du pays Nantois, d’abord à Blain, ancienne ville romaine, mais surtout à Rezay, établissement romain considé- rable , où le percement d’un chemin de grande com- munication, traversant tout le terrain formé de ruines, a mis au jour une étonnante quantité d'objets antiques, tous recueillis avec soin par M. Vandier, l’un de nos membres fondateurs, qui a bien voulu se charger de l'arrangement et de la conservation de notre musée, “tâche fastidieuse , souvent pénible, mais qu’on ne pou- vait confier à de meilleures mains, à un zèle plus généreux. « Je dois rappeler ici que M. Vandier nous tient in- formés, chaque année, par un rapport d’une parfaite exactitude , de tout ce que nous acquérons annuelle- ment de richesses archéologiques, et de toutes les ma- tières qui ont été traitées dans nos séances, Ce travail, fort bien fait, présente en AUS pages la substance de nos procès-verbaux. « Je ne puis terminer cette note sans exprimer le regret qu’il ne vous ait pas été envoyé un précis des travaux de l'Association bretonne, tant sous le rapport agricole que sous le rapport archéologique. La session de St.-Brieuc, en 1856, a dignement inauguré la di- rection générale confiée à M. le comte de Caffarelli. Je ne puis entrer dans aucun détail, n'étant nullement 280 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. préparé à cette tâche. Mais je puis du moins signaler à l’Assemblée deux Lravaux très-remarquables de notre jeune et savant confrère , M. | Ramé, qui a démontré, de la manière la plus convaincante , l’âge et la destinä- tion de ce qu’on a nommé le temple de Lan-Leff ; puis nous a fourni, sur la destination des bâtiments de l’an- cienne abbaye de Beauport, prèside Paimpol (Côtes- du-Nord ), les explications les plus savantes et Jes plus complètes, » M. Dupuis, délégué de la Société archéologique de l’'Orléanais, vous a, dans un rapport étendu, donné d’intéressants détails sur l'origine et la constitution de cette Société, qui date de 1849, sur sa bibliothèque, sur son musée , et sur les excursions que font ses membres pour protéger les monuments ménacés de destruction ; je regrette que la limite dans laquelle doit être renfermé mon rapport ne me permette pas de les reproduire. M. Dupuis s’est ensuite exprimé ainsi : « Nous avons maintenant, Messieurs, à vous entre- tenir de nos travaux proprement dits. * « Ce sont : 1°. nos publications ; 2°. les avis que nous avons donnés; 3°. les découvertes que nous avons pu faire ; 4°. la conservation ou la restauration de monu- ments obtenues par nos soins. | « Quant à nos publications, 26 bulletins trimestriels ont paru: ils renferment, outre le compte-rendu des séances, une foulé de documents, de renseignements sur l’histoire politique , artistique ou littéraire de la pro- vince, sur ses monuments, les ‘objets d'art; ces docu- ments, sans offrir l’ importance ou sans comporter l’éten- due d’un mémoire, présentent parfois un intérêt réel. TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 281 « Trois volumes d’annales ont été. publiés; le qua- trième est sous presse. Les deux premiers contiennent 32 mémoires en plus grande partie relatifs à des événe- *ments ou à des monuments de la localité. Le troisième est consacré à la publication de lettres de rois de France et surtout d'Henri IV, adressées à la ville de Chartres. Il a vivement intéressé les personnes qui se préoccupent de recherches historiques. « Des maires, des curés, des corporations, voulant mettre la science d’accord avec le bon goût, nous ont demandé des avis sur des restaurations et des embellis- sements à faire à leurs monuments, à leurs églises , sur des projets de médailles ou de jetons. « Ainsi, M. le maire d'Orléans a demandé à la Société un rapport sur les restaurations à faire à son Hôtel-de- Ville, et sur la médaille à frapper en commémoration de l'inauguration de la statue de Jeanne d’Arc ; M. le Préfet du Loiret, un projet de la médaille destinée aux médecins cantonaux; notre Institut musical, un modèle de jetons ; M. le Curé de St.-Laurent d'Orléans, un avis sur la dis- position de l’entrée de la crypte de son église. « Parmi les points historiques, que nous avons éclaircis et auxquels des mémoires ont été consacrés , nous signalerons : « Le lieu où mourut Henri I‘. de France ; «Celui où fut donnée la bataille de Patay ; « L'endroit où fut assassiné , par Poltrot, Je bite à de Guise ; « Les détails du siége de Montargis et de sa levée par Dunois, en 4426. — Et, à ce propos, nous avons émis le vœu que le monument commémoratif de Ja première victoire du grand capitaine , détruit en 1793 , fût rétabli. 282 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. # « Parmi les lieux incertains ou inconnus, fixés ou re- connus, nous indiquerons :" 50 « Une mansion romaine à Bazoches : « Un établissement romain à Suèvres ; « L'emplacement de l’ancien Brivodurum à Ouzouer- sur-Trézée, près de Briare ; F « Un théâtre romain à Triguères, monument unique dans nos contrées, où l’on connaît plusieurs cirques ; mais où jamais l’existence d’un théâtre n'avait été si- gnalée. | « Une découverte plus précieuse encore, c’est celle que vient de faire l’un de nos plus zélés collègues , M. Pillon, et à laquelle il s’est empressé d'associer la Société archéologique, l'invention de la grotte de saint Mesmin, ancienne caverne druidique , ‘creusée dans la falaise de la Loire, en face de la vieille abbaye de Mici ; grotte à l’entrée de laquelle se trouvent deux magnifiques piliers mérovingiens et communiquant jadis avec le sanc- tuaire de l’église de la chapelle St.-Mesmin par un esca- lier dont les débris se voient encore, Ce fut là que le saint fondateur de Mici voulut être enterré. Depuis un temps immémorial , cette grotte était bouchée et la tra- dition seule gardait le souvenir de son existence, sans rien révéler sur sa situation. Sa découverte, fruit de per- sévéranies et courageuses investigations , est pour la religion et pour la science un heureux événement. « Mais de toutes les recherches, celle dont le succès qui l’a suivie nous a causé le plus dej joie et qui nous semble vraiment un titre à la reconnaissance publique, c’est celle que, l’an dernier, nous avons opérée dans l’église de Notre-Dame de Cléry. « Là existe une chapelle, mise sous l’invocation de TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 283 saint Jean, et connue sous le nom de chapelle des Lon- gueville. « Bâtie par Dunois, ornée de ses armes et de celles de Marie d'Harcourt, sa femme, et destinée à la sépulture de sa famille , l’histoire et la tradition disaient qu’il y avait été enterré ; mais la tradition disait aussi qu’à plusieurs époques de nos troubles civils, ces tombeaux avaient été violés et qu’ils ne conservaient plus rien des restes glorieux qui leur avaient été confiés. « Des fouilles pratiquées dans cette chapelle nous ont fait retrouver, à côté d’un caveau où quelques ossements de femme et d'enfant ‘étaient mêlés. à la terre qui le rem- plissait, à des débris de sculpture , de meneaux brisés , de pierres et de planches de bières , deux petits caveaux construits côte à côte où reposaient deux cercueils intacts, l’un , en bois, consommé par le temps, c'était celui de François IT de Longueville, fils de Dunois ; l'autre, en plomb, portant une inscription et des armes, contenait le corps embaumé d’Agnès de Savoie, sa bru. De pelits pots, renfermant du charbon, étaient placés autour de ces cercueils. « Dans cette même chapelle, les fouilles ont révélé l'existence d’un caveau s’avançant sous l'autel; caveau d'honneur évidemment. Il avait été violé. De la terre, des débris , le remplissaient et, parmi cette terre et ces débris , , des ossements étaient épars. Ces ossements étaient forts; quelque chose qui inspirait le respect sem- blait émaner d’eux. Recueillis avec un soin religieux et assemblés sur le sol de l’église, ils se sont trouvés re- constituer un squelette complet ; unesseule des vertèbres cervicales manquait; c'était celui d’un homme de haute stature, robuste, âgé, atteint de la goutte , ayant, d’après 284 INSTITUT. DES PROVINCES DE FRANCE. la flexion des jambes , passé à cheval une partie de sa vie. A ces signes, à d’autres encore, il ne restait aucun doute possible : nous avions retrouvé les restes du Bâtard d’Or- léans , du compagnon de Jeanne d’Arc , du libérateur de la France. Ces restes, recueillis avec respect ; renfermés dans une tombe, ont été, à la suite d’une cérémonie re- ligieuse , déposés de nouveau dans leur caveau rendu à son état primitif. a « Quelquefois l'autorité locale a invoqué notre appui et nous a demandé de joindre nos réclamations aux siennes pour la conservation ou la restauration de monu- ments, Plus souvent, c’est d'office et de nous-mêmes que nous avons signalé l’état fâcheux de ces monuments et tâché de les arracher à la dégradation et à la destruction. « C’est ainsi que nous avons obtenu le déblaiement, souhaité depuis si long-temps, de la crypte de St.-Benoît- sur-Loire, et tout récemment de celle de St,-Aignan d'Orléans ; que nous avons contribué à obtenir la restau- ration de la crypte de St.-Avit, construction mérovin- gienne, selon les uns, carlovingienne, selon d’autres, découverte dans le jardin du séminaire d'Orléans. « Ainsi nous à été accordée la conservation du clocher de St.-Martin. de Vendôme, et nous avons attiré l’atten- tion sur les fresques, alors très-menacées, de la chapelle St.-Gilles de Montoire et de la chapelle de St. Cr à Celles-sur-Cher. « Les dessins de ces deux fresques, habilement re- levés, sont dans nos cartons et prêts à être publiés dès que nos ressources nous le permettront. « Ainsi nous-avons conservé, par des plans et des dessins, le souvénir de châteaux, qui, comme celui de Chemault, jadis habité par Henri IV, comme celui de _ TRAVAUX DES ACADÉMIES EN s 856. 985 TO tombaient sous la hache du ndalisme. ei dela bande noire. | « Nous avons tàché de pritétiée contre Piicabià et l'indifférence, soit de l’autorité, soit.de leurs posses- seurs, de précieux restes : ici, les curieuses grottes druidiques de Monioire; là, les vitraux de..Cour-sur- Loire , et la crypte de l’église de,St.-Aignan-sur-Cher , changée en magasin de tonnellerie. « A plusieurs fois, nous avons signalé le péril qui menace les voûtes de notre magnifique église de St.- Benoît : en cesmoment encore, nous réclamons avec instance , et le Ministre vient d'écouter nos doléances. « L'édilité d'Orléans avait ordonné que les façades des maisons de la ville fussent reblanchies ou regrattées. Nous avons, par nos remontrances, sauvé de cet ou- trage les façades de nos vieilles maisons historiques. « Nous venons de faire mieux encore en leur faveur, et je vous demande, Messieurs, la permission d'entrer dans quelques détails sur une idée qui, je lespère, aura votre sympathie , car elle est toute de conservation. + « Orléans renferme un assez grand nombre de maisons remarquables par. l'élégance de leurs façades et les dé- tails de leur architecture. Presque toutes sont de l’époque de la renaissance, qui y a prodigués les plus gracieux caprices de son ornementation. Elles. sont situées dans les vieux quartiers de la ville. Quelques-unes sont in- habitées et servent de magasins; on conçoit à quels dangers elles sont exposées. Celles qui sont habitées sont peut-être sujettes à plus de périls encore. Elles doivent, en effet, être appropriées aux besoins des loge- ments, à ceux du commerce. Les exigences de la vie moderne s’arrangent mal des dispositions anciennes. 286 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Pour avoir plus de jour, on supprime les meneaux des fenêtres , on agrandit des ouvertures; on abat des cor- niches, on déplace ou l’on détruitrun escalier en pierre : de délicates sculptures sont noyées dans le badigeon ou mutilées par le ciseau qui les gratte. Toutes celles à qui on touche ainsi sont déshonorées; quelques-unes ont complètement disparu ; _etles amis des arts gémissaient de ce vandalisme qui ‘continuait ses ravages sous leurs yeux mêmes, sans qu’ils pussent faire autre chose qu’ex- primer des regrets inutiles. Q « Une idée née dans le sein de la Société archéo- logique, approuvée par elle, patr onnée par plusieurs de ses membres s'est réalisée en un projet déjà en cours d'exécution et qui ‘doit soustraire ces maisons à la de- struction plus ou moins prochaine qui les ‘menace. A cet effet, quelques personnes se sont réunies et ont con- stitué une société dont le but est d'acheter, de con- server et de restaurer les maisons remarquables d’Or- léans. Le fonds social est formé à l’aide d'actions de 100 fr. chacune. Les maisons seront louées sous des conditions de surveillance et de conservation. Le ‘prix de cette location servira à donner aux sociétaires un in- térêt de 3 °Lo: Le surplus des revenus sera employé à la restauration” et à la création. d’un ‘fonds de réserve destiné à faire de nouvelles acquisitions. k __ « Déjà une maison, Tune des plus remarquables et des plus menacées, est acquise; et, dans ce moment, trente personnes, par le moyen d’un prospectus, ap- pellent leurs concitoyens à se joindre à elles pour con- courir à cette œuvre de protection. Vingt d’entre elles sont membres de la Société archéologique. Leur appel sera entendu, nous n’en faisons nul doute. Nous ne TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 287 doutons pas non plus que l’élan donné dans notre ville par la Société ne soit pour beaucoup dans ce succès. « Nous bornerons.ici le compte-rendu des travaux et des projets principaux de la Société archéologique de l’Orléanais, ayant à cœur de le faire le plus succincte- ment possible et de ne pas abuser de:vos moments. « Permettez-nous, toutefois , de vous signaler l’entre- prise de trois œuvres de longue haleine et dont l'achève- ment exige le laps de plusieurs années : « 1°. .Une carte archéologique de l’Orléanais; « 2°, Une histoire statistique des fiefs de la province ; « 3°, Et un ‘armorial des feudataires, À villes et com- munautés de cette province. Los Pre « Ces travaux, mis à chef, ofniront. de puissants secours. à Yétude de notre histoire locale. Des commis- sions spéciales sont. chargées de recueillir et de mettre en ordre les matériaux. « Voilà, Messieurs, un aperçu très-abrégé de ce qu’a exécuté jusqu'à ce jour ou entrepris, la Société archéo- logique de VOrléanais. Bien posée dans l'opinion, elle espère tout de l'avenir. Elle a pu déjà, dans la courte durée de son existence, rendre quelques services : elle compte par la süite-en rendre davantage. Elle veut ici témoigner de sa gratitude pour l'appui et les secours bienveillants qu'elle n'a cessé de rencontrer. Elle veut, avant tout’, être juste: en reportant l'honneur de ce qu’elle a pu faire de bien à notre savant et honorable directeur, M. de Caumont. C’est son initiative éclairée qui a ouvert la carrière où elle tâche de le suivre : c’est son Zèle infatigable qui la guide et l’encourage. » M, Charles-Auguste Grivet est un ouvrier-poête, émule 298 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. des Reboul, des Jasmin , des Durand, des Hégésippe Moreau. Son recueil de poésies, qui ne comprend pas moins de 369 pages, est précédé d’une notice sur l’au- teur, par M. Dupuis, vice-président du Tribunal civil d'Orléans, dont je viens de reproduire le ae rapport. À « Vos compositions, disait Béranger à M. Grivet, dans « sa lettre datée de Passy, le 5 décembre 1843, sont « presque toutes conçues et exécutées avec goût et « talent; ce qui me surprend, autant que leur mérite, « c’est que votre nom n'ait pas plus de retentissement « à Paris. Beaucoup d’éloges ont été prodigués à des « vers qui sOnt loinyde valoir les vôtres , et je regrette « de vivre loin du monde des journaux, ce qui m’em- « pêche d’en obtenir la justice qui vous est due, etc. » Mon appréciation, après celle de lillustre chanson- nier, serait plus que iéméraire; aussi me bornerai-je à vous recommander, pour la lecture de ce nouveau vo- lume de poésies, une indifférence moindre que celle du monde des jourfäux parisiens. D JL MAINE-ET-LOIRE. $ La Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire n’est pas restée iDactins pendant l'année qui vient de s’écouler. | Le rapport sommaire sur ses travaux, que vous a pré- senté M. Leroyer, son délégué, vous en convaincra et vous fera voir qu’elle marche dans la voie du progrès, fidèle à la noble mission qu’elle s’est donnée de ‘tra- vailler à la recherche, à la propagation des sciences, et surtout des sciences pratiques , dans l'intérêt de tous; ee TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 289 à l’instruction, et par suite à l'amélioration du sort du cultivateur en particulier, sans négliger les lettres, l’his- toire et les beaux-arts , sources de si douces cs pour les esprits cultivés. Elle vient de publier son vnatentibise Bulletin annuel, usage qu'elle n’a pas manqué de suivre depuis 4830. Ses séances générales mensuelles ont été au nombre de dix. Si je n'étais obligé, dit M. Leroyer, de me renfermer dans des limites aussi étroites, je vous dirais, in extenso, quelques-unes des communications soumises à ses ordres du jour et qui sont consignées dans son intéressant Bulletin; cette lecture, j'en suis . certain, aurait pour vous un vif intérêt. L’exposé des divers comités qui composent la Société, et qui tous, dans le courant de l’année, ont eu à s'occuper des questions de leur ressort, vous donnera du moins une idée de la variété et de l'importance de ces questions. Ces comités sont au nombre de onze : 1. Comité d'agriculture ;: *. = <— des beaux-arts ; 3... — hippique: 4. — d’horticulture et d'histoire naturelle ; 5, — d'hygiène; 6... — de littérature, histoire et géographie ; 7%. — . de mécanique; 8 — de physique et chimie ; 9. —- des prisons; 10% — de statistique et d'économie; 41% — de viticulture et d’œnologie, Parmi les communications les plus importantes con- tenues dans le Bulletin de la Société, je citerai d’abord celles qui ont été faites par son honorable président : 13 290 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. elles sont nombreuses, grâce à l'activité et au zèle qui ne Mo de l’animer : . Communication relative à M. David, d'Angers, à é suite de laquelle il a été décidé que le buste de l'illustre statuaire serait placé dans la salle des séances. 2e, Communication sur des expériences faites sur la nature et les produits de nouvelles espèces de vigne sintroduites dans le département de Maïine-et- Loire. Vous savez, Messieurs, de quelle importance est la question vinicole dans l’Anjou. C’est sous l'empire de cette question que, depuis quinze ans et plus, M. Guil- lory aîné, dans sa propriété de la Roche-au-Moine, consacre environ 3 hectares à des expériences com- paratives sur la culture et les produits de nouvelles éspèces de vigne. Grâce à lui, après des essais longs et persévérants sur des plants de toute provenance, le département s’est vu doté de cépages de variétés plus hâtives , tels que le Carmenet-Sauvignon, pour les vins de choix; le Liverdun et le Mälin, pour les vins rouges communs. Déjà, par ses soins, quarante mille cros- seties environ de ces cépages ont été réparties entre une vingtaine de propriétaires, dans treize communes du département. 3°. Communication sur le drainage en Maïine-et- Loire. I1 résulte, de cette communication, que le dépar- tement de Maine-et-Loire est un de ceux où la pratique du drainage a reçu le plus de développements, et, si ce n'est l’œuvre de la Société, elle y a puissamment con- tribué. MM. Bordillon et Lebanier , membres de la Société, qui ont commencé ces travaux, ont trouvé de nombreux : imitateurs dans plusieurs élèves de M. Lebanier et dans un grand nombre de propriétaires éclairés. Enfin, TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 291 M. H. Pineau, ingénieur agricole à Châteauneuf, a exé- cuté de nombreux et importants travaux ; 750 à 800 hectares ont été assainis par des travaux de drainage, La Société, par l'entremise du Préfet de Maine-et- Loire, a obtenu du Ministre de l’agriculture une sub- vention de 800 fr. pour l’acquisilion de deux machines à fabriquer les tuyaux de drainage, destinées aux arron- dissements d'Angers et de Beaugé. Lh°. Communication à l’occasion de l’établissement , à Angers, d’une école supérieure des lettres et des sciences. Dans cette communication, M. Guillory fait ressortir la part qu’a prise la Société à l'obtention de cette faveur; elle s’est constamment préoccupée depuis 1837 de la question de créer, à Angers, des cours publics et gratuits. Cette communication se termine par des citations de documents historiques cürieux con- cernant l’ancienne Faculté de Droit d'Angers. 5°. Lettre à M. le Préfet sur les moyens de pro- céder au remplacement des récoltes dans les terrains inondés. | 6°. Note sur l'emploi économique des engrais liquides qui s’écoulent des fumiers et des étables. 7°. Communication sur la culture du lin de‘Flandre et régénération des graines. 8°. Proposition ayant pour objet de réunir,dans une suite d'articles, l'indication et la date des brevets d’in- vention et de perfectionnement pris dans le departe- ment de Maïne-et-Loire (liste qui se trouve dans le Bulletin). … Je citerai ensuite un article intitulé : Quelques obscer- _ vations pratiques d'agriculture, dû à M. Bodin, membre de la Société, directeur de l’École d’agriculture de Rennes ; 292 INSTITUT-DES PROVINCES DE FRANCE. nommer l’auteur, c’est dire combien l’article présente d'intérêt. Une note fort intéressante, due à M. E. Chevreul, de l'Institut, membre honoraire de la Société industrielle , intitulée: Gonsidérations sur les ouvrages d'agriculture du XVIII®, siècle, de Duhamel-Dumonceau et du mar- quis de Turbilly. Un premier chapitre des extraits de l'ouvrage du marquis de Turbilly traite du défrichement des mauvaises terres, sables vifs et brûlants ; le chapitre deuxième, du défrichement des terres médiocres; le cha- pitre troisième, des bonnes terres. Dans un appendice qui suit, il est parlé des engrais d’origine minérale et d’origine organique, prescrits par le marquis de Turbilly, et de l’écobuage, au point de vue théorique et pratique. A propos du drainage , je citerai encore un article de M. H. Pineau, intitulé : Une question de drainage ; — une note sur le drainage du cimetière de l'Ouest de la ville d'Angers, et quelques observations sur: le drainage en général, dues à M. Ch. Lebanier ; —enfin, une lettre de M. C. de Jousselin sur divers travaux de drainage exécutés sur le domaine de la Bénaudière. M. de Jous- selin utilise les eaux provenant des drains pour irriguer les prés: Il faut conclure, des expériences nombreuses faites par MM. Lebanier et Pineau, qu’en principe on doit donner la préférence aux drains profonds. Remède infaillible coutre la propagation de la ma- ladie des pommes de terre, par M. Otimann, père, membre honoraire de la Société. Une note sur la construction d'une étable, à la Bé- naudière, chez M. de Jousselin. Rapport, au nom d’une commission spéciale , sur TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 293 le projet d'association pour la vente en détail de la viande de boucherie, par M. Janin, membre titulaire de la Société. Un rapport sur l'ouvrage de M. d Valserres ayant pour titre : Dialogues populaires sur le droit rural, par M. H. Pineau. Rapport, au nom du Comité de Mécanique, sur un système de ferrure de croisée, par M. Varanne-Aubry, membre titulaire. Note sur un mode de fondation économique dans les terrains marécageux, par M. Launay-Pieau, architecte, membre titulaire. Discours d'ouverture du Cours de botanique à l’école d'enseignement supérieur des sciences et des lettres d'Angers, le 30 avril1856, par M. À. Boreau, secrétaire de la Société industrielle. Note sur l'ouvrage de l’abhé Paramelle, intitulé : L'art de découvrir les sources, par M. L. Tavernier , membre titulaire. Rapport, au nom d’un Comité spécial, sur l'ap- p areil à lessive de M. Morel, par M. Janin. Charte et tarif de La cloison d'Angers, en 1373, par M. P, Marchegay, archiviste de la Société industrielle ( Gette note contient des détails fort curieux. ) Le Ministre de Louis XI et le Chapelain de Chäteau- Gonthier , par le même. Prix des grains, en Anjou, depuis le XI°, siècle jusqu’en 1855, par M. L. Raïimbault, membre titulaire. Note sur une boucle d'attelage, avec ardillon à re- traite, par M. Charles de Beauvoys, membre titulaire. Rapport, au nom du Gomité d'économie domestique, sur la silicatisation des pierres tendres et sur un 294 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. enduit hydrofuge, par M. E, Gripon , membre titulaire. Rapport sur plusieurs ouvrages de M. le baron Trouvé, membre honoraire de la Société, par M. Au- bert , membre titulaire. Moyen de prévenir les inondations dans la vallée de l'Authion, par M. V. Houyau , membre honoraire. Récolte des cantharides , par M. Charles de Beauvoys. L'espèce galline au Concours agricole universel de 1856, par M. L. J. Couchet, membre titulaire. Tels sont les titres d'autant de chapitres intéressants renfermés dans le Bulletin. On y trouve enfin la relation des travaux des Comices agricoles : Du canton de Chemillé ; — de Thouarcé; — du Lion-d’Angers; Celle des concours du Comice agricole du canton de Châteauneuf, à Cherré, et du Comice agricole du canton de St.-Florent, à St.-Laurent-du-Mottay ; Et un Rapport sur le 19°°, concours départemental d'animaux domestiques , par M. F. Janin, | L’horticulture a pris , dans l’Anjou , un tel développe- ment , une telle importance , que la Société a cru devoir charger un de ses membres, M. L. Tavernier, de lui faire un rapport sur le Catalogue descriptif et raisonné des arbres fruitiers et d'ornement de l'établissement de M. A. Leroy. M. À. Leroy étend ses pépinières sur plus de 400 hec- tares de terre ; il occupe 200 ouvriers et expédie à l'étranger des arbres fruitiers et d'ornement par centaines de mille. La Société doit à M. Menière, son bibliothécaire , des TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 295 observations météorologiques faites à Angers , obser- vations consciencieuses consignées , jour par jour, pour tous les mois de l’année. Dans le but d'introduire ou de propager les plantes reconnues avantageuses, la Société a fait de nombreuses distributions de graines. Pour entretenir l'esprit de recherche , elle a des expo- sitions mensuelles où figurent des échantillons des pro- duits de l’agriculture et de l’horticulture; les machines aratoires et autres; en un mot, tout ce qui est l’objet des recherches des naturalistes, des géologues , etc. Ces expositions ont enrichi les collections de la Société, déjà nombreuses par les dons des exposants. M. Millet, membre de l’Institut des provinces et de beaucoup d’autres sociétés savantes, vous a offert un ouvrage important, publié à Angers, en 1856, et ne contenant pas moins de 452 pages. Cette œuvre est inti- tulée : Etat actuel de l’agriculture dans le départe- ment de Maine-et-Loire , et de quelques moyens de lui venir en aide. : Dans une classe première , l’auteur traite de l’agro- nomie ou de l’agriculture proprement dite. La première partie de cette classe s’applique aux cultures arables et à l'éducation des animaux domestiques ; la deuxième partie, à l’arboriculture, c’est-à-dire à la culture des arbres fruitiers champêtres, ou fructiculture ; à celle de la vigne, ou viticulture; à celle du houblon; à la culture et à l'aménagement des bois et forêts, ou sylviculture. Dans la troisième partie, l’auteur recherche: 1° les moyens auxi- liaires ; 2°, les causes qui nuisent à l’agriculture ; 3°. les moyens préservalifs et réparateurs, 296 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. L’horticullure fait l’objet de la classe seconde : elle se divise en : 4°. culture maraîchère ou culture des légumes ; 2°, culture des arbres fruitiers. Ce livre contient beaucoup de très-bons renseignements, et il serait à désirer que, dans chaque département, un travail analogue fit connaître les cultures de chaque loca- lité et les produits fournis par elle. On regrette cependant l'absence, en tête du volume, d’une carte du département de Maine-et-Loire, qui eût mis le lecteur en position de suivre plus facilement les descriptions. Vous avez encore reçu deux brochures, imprimées dans le même département : 4°. les Travaux du Comice horticole de Maine-et-Loire; 2°. la Pomologie de Maine- et-Loire, 4°. livraison, publiée par le même Comice. Je regrette, à cause de l'intérêt qui s’y attache, qu’elles ne soient pas susceptibles d'analyse. MANCHE. Le compte-rendu ci-après, dressé par M. Delachapelle, secrétaire de la Société Impériale académique de Cher- bourg, vous fera voir que cette Société n’est pas restée au-dessous de la tâche qu’elle a entreprise : Sciences physiques et naturelles. —M. Besnou a lu deux mémoires importants: l’un, sur POidium auran- tiacum , l’autre sur les subsistances et les denrées des- tinées à l’alimentation publique. M. le docteur Loisel a communiqué à la Société deux rapports destinés à être mis sous les yeux de l'Autorité administrative : l’un, sur quelques cas de fièvre typhoïde observés dans une commune rurale , et que l’on regarde à tort comme constituant une sorte d’épidémie; le se- TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 297 cond, sur le choix d’un emplacement pour le nouvel hospice , à Cherbourg. M. Bertrand-Lachesnée a signalé l’existence, dans des localités de l'arrondissement , de diverses plantes rares, du moins dans le pays, savoir : à Gréville, l’Aguilegia vulgaris, le Carex paniculata, le Rosa tomentosa ; à Tourlaville, l’'Hieracium sylvaticum , le Platanthera bifolia, le Juncus capitatus ; à Cherbourg, le Cepha- laria pilosa, etc. | Histoire et archéologie. — Cette branche de connais- sances est toujours cultivée avec zèle par la Société : on ne fait ici que mentionner les travaux les plus im- portants en ce genre. M. de Pontaumont a lu : Une notice sur deux ex-voto du XII. ou du XII°. siècle , à Gatteville ; Une notice sur les armoiries de la vicomté de Va- lognes ; Une notice sur les extractions de pierres, à Cherbourg, en 1788; Un résumé d’un rapport sur le Pré-au-Roi. M. Noël, directeur de la Société, lui a présenté un mémoire étendu et approfondi sur l'administration mu- nicipale, à Cherbourg, depuis 4800. M. Victor Lesène a lu: Une notice sur les armoiries de Desroches-Orange ; Une note sur le prétendu passage, à Cherbourg, de la reine Marguerite d'Anjou. M, Lesène s’attache à prou- ver que la tradition qui fait venir cette reine à Cher- bourg n’est fondée sur aucun témoignage digne de foi. * . Le même membre a lu une note sur les fleurs, et 298 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. spécialement les roses considérées comme symboles et attributs ; | Un relevé de plusieurs inscriptions, recueillies dans l’église d’Equeurdreville ; Une notice sur les Boucaniers ou flibustiers ; Une autre notice sur les anciens registres de l’état civil , à Cherbourg. Ce travail signale des particularités curieuses. M. Denis-Lagarde a présenté : Un rapport sur la Description du musée iconogra- phique de Lyon, par M. Commarmond ; Une note sur des médailles grecques. M. Lesdos a donné un mémoire sur l'Histoire de La ville de Cherbourg. Littérature. — Biographie. —M. le docteur Dufour a lu une notice sur M. Alexandre, ancien médecin en chef de la Marine, membre titulaire de la Société. Cette notice est un digne hommage rendu à la mémoire d’un homme distingué, d’un excellent confrère , dont la Société acadé- mique regrette la perte , et conservera le souvenir. M. de Pontaumont a lu: Des Souvenirs de l’abbaye de Cherbourg au temps du duc d’'Harcourt ; Une Légende des environs de Cher bourg. Dans ce dernier travail, l’auteur, ordinairement scrupuleux et exact dans les recherches historiques et archéologiques, a donné un libre essor à son imagination ; il en est de même de son histoire du château de Tourlaville. M. l'abbé Leroy a lu un Voyage à Rome. M. Janvier a communiqué à la Société : Des Fragments de Voyages à Fiemenera, à Callao, et autres lieux ; TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 299 Un mémoire sur Taïiti. M. de Lapparent a lu des fables, en vers, pour la plupart imitées de Lessing ; on a remarqué le tour vif et concis de ces opuscules, et la forte morale qu'ils renferment. ( M. Armand Guiffart a présenté à la Société une tra- duction complète des Élégies de Tibulle. Cet ouvrage annonce un talent réel, et atteste une connaissance approfondie de l’auteur latin, en même temps que la vivacité de l'imagination et du style chez le traducteur. M. de La Londe à donné lecture d’une pièce de vers, intitulée : Regrets. M. Bazan, cer ian: a adressé à la So- ciété : Un Coup-d’'œil sur la littérature française pendant la première moitié du XIX°. siècle ; Une Épitre aux Dames ; Une épitre, intitulée : L’homme, Fe de la femme ; et divers autres opuscules. M. E. Delachapelle a présenté : Une Esquisse d’un Cours de Logique , 1. partie ; Un article intitulé : Pope et son École ; Une Épitre à une Paysanne. La Société a reçu un très-grand nombre d’envois et de communications : elle continue à entretenir et à étendre ses rapports avec les Sociétés savantes de France et avec . l’Institution Smithsonienne , à New-Yorck.. M. Besnou, vice-président, pour 14857, de la Société des sciences naturelles, autorisée à prendre le titre d’Impériale par un décret en date du -31 mars 4854, vous à fait parvenir le sommaire suivant des travaux 300 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. compris dans le volume qu’ ’elle vient de publier pour l’année 1856 : Agriculture. — Renouée tinctoriale, sa richesse en indigo, par M. Besnou. Anatomie végétale. — Anatomie des plantes aériennes de la famille des Orchidées , avec planches, par M. Chatin, de l’école de Pharmacie. Astronomie. — Nouvelle planète, découverte par M. Chacornac. Botanique. — Remarques sur la nomenclature géné- rique des algues, par M. A. Le Jolis ; — Synopsis du genre Arthonia, par le docteur W. Nylander ; — Liste des Desmidiées, observées en Basse-Normandie , avec planches, par M. de Brébisson; — Instruction sur la récolte, l’étude et la préparation des algues, par M. E. Bornet ; — Description de 3 nouveaux lichens, avec planches, par le Même; — Sur les anthéridées du Fegatella conica, par M. G. Thuret; — Commu- nication d’un nouveau procédé de dessécher et de conserver la couleur et les formes des plantes, par M. Théod. Du Moncel. Chimie appliquée. — Essai d’un nine d'huiles fixes , constatation de leur nature et des proportions du mélange , par M. Besnou ; — Examen de l’huile de foie de morue, par M. Besnou ; — Moyen de pré- venir les dépôts terreux et salins dans les chaudières à vapeur, par M. Besnou ; — Expériences à ce sujet par M. Verjus, maître mécanicien, et M, L.-L. Fleury ; — Examen chimique et panification de farines étran- gères provenant d'Amérique ; causes de leur infério- rité, par M. Besnou. Electricité. -— Sur le développement des courants TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 301 d’induction, par M. Th. Du Moncel ; — Relais rhéo- tomiques, par le même; — Nouvelle disposition des piles , par le même ; — Transmission des courants dans les conducteurs humides, par le même; — Mesureur électrique, par le même. Entomologie. — Découvertes de genres et espèces nouvelles dans l'arrondissement de Cherbourg, par M. Bertrand-Lachesnée ; — Monographie du genre He- . riades de la famille des Apicides, par M. le docteur W. Nylander. Géographie. — Sur l'expédition du Nil Blanc et la détermination des positions géographiques, par M. E. * Liais. Géographie astronomique.—Détermination des lon- gitudes indépendamment de la verticale, par M. Liais. Géologie. — Notes géologiques sur le département de la Manche, par M. Bonnissent ; — Notes géologi- ques sur diverses localités du département , par M. J. Lesdos. Herborisation.—Topographie botanique , et décou- vertes de quelques plantes nouvelles, par MM. A. Le Jolis et Bertrand-Lachesnée. Horlogerie électrique. — Disposition nouvelle pour ménager le contact des horloges électriques, par M. E. Liais ; — Action du moteur sur la durée des oscilla- tions du pendule, par le même. Hygiène publique.—Analyse des eaux de la Divette, par M. Besnou ; — Considérations sur les causes de l'apparition de l'Oidium aurantiacum dans le pain, par le même. Industrie. — Coût d'extraction des roches sous-ma- rines, par M, le docteur Payerne. 302 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE: Magnétisme.—Sur la force portante et aspirante des aimants, par M. Th. Du Moncel. 4 Mathématiques. — Preuve des règles fondamentales de l’arithmétique , par M. de Lapparent ; —Démonstra- tion des principes fondamentaux sur lesquels repo- sent les caractères de divisibilité des nombres entiers par des valeurs entières quelconques, par le même. Mécanique appliquée. —Appareil destiné à indiquer la vitesse des corps en mouvement et les avantages que l’on pourrait en retirer par l'application aux _ locomotives des chemins de fer, par M. Menant. Météorologie. —Chute de grêle observée, à Garteret, par M. Allix, lieutenant de vaisseau ; — Anémomètres à indications continues, par M. Th. Du Moncel ; — Su les corrections des indications du pluviomètre, par M. L.-L. Fleury ; — Observations udométriques ; par lé même; — Sur le nombre des orages à Cherbourg pendant une longue période, par le même. Orographie.—Essai sur l’histoire naturelle de l’ar- chipel de Mendana ou des Marquises (14°. partie, Géologie et minéralogie}, par M. Édélestan Jardin. Physique. — Sur les longueurs des fils propres à donner aux électro-aimants leur maximum de force, par M. Th. Du Moncel ;— Température de l’air, par M. Em. Liais ; —Sur les relations qui existent entre les chaleurs latentes des dissolutions des sels incom- patibles et les chaleurs spécifiques des dissolutions des mémes sels, par M. L.-L. Fleury. Physique appliquée. — Baromètre et sphéromètre électriques, par M. Th. Du Moncel ;—Moniteurs élec- triques des chemins de fer, par le même ; —Moniteurs électriques pour les hauts-fonds , par le même ; —Per- TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 803 fectionnement à son régulateur électro-solaire , par le même ; — Remarques sur le procédé employé par M. Besnou pour constater les proportions d’un mé- lange d'huiles fixes, et de son application possible par le calcul à un nombre indéterminé dans le mé- lange, par M. L.-L. Fleury ; — Nouveau système pour retirer automatiquement , en temps convenable , un objet quelconque soumis à une action physique ou chi- mique, par M. Th. Du Moncel. Physique du globe. — Influence de la torsion sur les déterminations de la déclinaison avec les bous- soles où l’aiguille est suspendue par un fil, par M. E. Liais : — Sur la détermination du centre de gravité d’un barreau aimanté, par le même ;—Maréographie électrique, par M. Th. Du Moncel ; —Ras de marée, par M. Em. Liais ; —Sur la stabilité de l’état thermo- métrique actuel de la surface du globe, par le même. Toxicologie. — Sur les précautions à prendre pour constater la présence de la strychnine et de la mor- phine dans le cas d’empoisonnement, par M. Besnou. Uranographie appliquée. — Avantages que l’on peut retirer de l'établissement de cartes uranographiques pour conserver , sans aucune altération possible, les dates précises, si nécessaires à l’histoire, par le capi- taine de vaisseau Boutzkoy, directeur de l’École Impé- riale navale de Russie. Pendant l’année qui vient de s’écouler , la Société d'archéologie, sciences et arts d'Avranches n’est point, non plus, restée inactive. La première partie du volume de ses Mémoires actuel- lement sous presse renferme, en effet, de nombreux j 30/4 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. travaux, parmi lesquels on remarque : Des recherches sur l'établissement de la Monarchie française dans les Gaules ; et sur le meurtre de Thomas Becket, par M. Gustave de Clinchamp, président de la Société. Un rapport sur les travaux de l'année , par M. Phi- lippe Loyer , secrétaire. Un curieux travail de M. Beautemps-Beaupré, entrepris sur différentes brochures relatives au dessèchement de la baie du Mont-St.-Michel. Un rapport de M. Le Héricher, sur le dessèchement de la baie du Mont-Michel, envisagé au triple point de vue de l'archéologie, de l’art et de l’histoire. s Un Essai, par le même auteur, sur la botanique po- pulaire de Normandie et d'Angleterre; travail qui témoigne d’une érudition ingénieuse et variée. Diverses notes, de M. André-Marie Laisné, sur l’origine du dicton : « Etre tout évêque d’Ayranches ; » — sur la valeur des formules : « Per cultellum, cum cultello ; Cum missali, per capillum; » — et des notices remplies de détails précieux sur Desrues, sur Alexandre de Ville- dieu et sur le Psalterium justè litigantium , de Jacques de Campront; enfin des recherches archéologiques sur les églises de l’ancien diocèse d’Avranches. Une notice surles tableaux de confrérie, eten particulier sur le tableau du Rosaire de St.-Quentin ; et une étude étendue sur les poésies populaires de la Basse-Normandie, par M. Eugène de Beaurepaire. Indépendamment de ces travaux, la Société a entendu la lecture de beaucoup d’autres mémoires et rapports, parmi lesquels nous citerons les suivants : Revue des constructions nouvelles de l’Avranchin, par M. Ed. Le Héricher. ie TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 305 Excursion en Bretagne , par le même. Analyse de divers travaux publiés récemment à Avranches par des auteurs anglais, par le même. De la civilisation gauloise, par M. le vicomte de Guitton de La Villeberge. Étude sur la religion des brahmes et sur le brah- misme, par M. le capitaine Passart, ancien comman- dant du Comptoir de Mahé. Étude sur les cérémonies funéraires des Indous, par le même. | | De l'éducation dans la famille, par M. Groult, régent de Logique, Nouvelles notes sur Alexandre de Villedieu, par M. Laisné vice-président , membre de la Société Fran- çaise, Notes sur les paroisses de St.-Saturnin et de Notre- Dame-des-Champs, par le même. De l’identité des calendriers de certaines années, par le même, Aperçu de l’ancienne législation relativement aux moulins, par M. Durand, juge. Des croix doubles et de l’architecture du moyen- âge, par M. Parey, agent-voyer. De quelques sermons français du XII°. siècle, at- tribués à Maurice de Sully, archevêque de Paris, par M. Eugène de Beaurepaire. Les poésies allégoriques, et La chasse du cerf privé, par le même. Du mouvement archéologique et littéraire en Nor- mandie, par le même. Sonnet de Courval et son Pamphlet contre les char- latans et pseudo-médecins , par le même. 306 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Histoire de l’Hospice d’Avranches et de quelques institutions charilables, par M. Ch. de Beaurepaire, membre correspondant. | see Poésies, par M. Émile Le Pelletier, substitut à Lourdes, membre correspondant. Traductions en vers, par MM. Lemonnier et Hucley. Rapports divers sur les fouilles de la rue Ormont, du château du Parc, de St.-Aubin, par MM. Renaut, Laisné et de Beaurepaire. Mentionnons, en finissant, les accroissements rapides du musée de tableaux et d’antiquités, et la restauration de la toile de Staccony, exécutée, sur la demande de la Société, par les soins d’un artiste aussi habile que zélé , M. F. Robiquet. MARNE. M. Debacq, secrétaire et délégué de la Société acadé- mique de la Marne, vous a, dans votre première séance, donné lecture de l’exposé qui va suivre , des travaux de cette Société, rédigé par M. Caquot qui la préside : « La Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, grâce à la bienveillance de M. le Ministre de l’Instruction publique, correspond gratuitement avec 223 Sociétés françaises qui s'occupent, comme elle, de tout ce qui tend à l’amélioration et au bien-être du pays. « On conçoit quel intérêt doit résulter de ce mutuel échange de pensées, d’études, d’expériences, toutes dirigées vers un même but, dans des régions diverses, et par conséquent avec des préoccupations et sous des as- pects variés, sinon différents. Cet intérêt est le même dans le Congrès des délégués des Sociétés savantes ; ici TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 307 seulement , il est plus vif, il est en action. Les intelli- gences, les pensées, les expériences y sont en présence et se touchent la main. « M. Sellier, un des délégués de la Société de la Marne, dans un rapport tout à la fois vif et concis, complet et lucide, en passant en revue toutes les matières discutées dans les conférences du Congrès de l’an dernier, nous a fait, en quelque sorte, assister à ses savants débats. « Ca été une heureuse diversion à nos travaux plus calmes , plus isolés , à nos travaux de famille, dont nous allons , en peu de mots, dresser la rapide nomenclature. « L’agriculture est toujours placée par nous au premier rang. « Les rapports de MM. Duguet, J. Lamairesse, Boulard, Salle, ont tour à tour appelé l’attention sur la culture des céréales , l'emploi du blé dur, les avantages du sar- clage, de l'élève et du croisement des animaux de la ferme , sur l'essai de machines agricoles, telles qu’un semoir , une faucheuse ; et, si les résultats n’ont pas tous répondu aux promesses, il faut laisser une bonne part du mécompte à l’inexpérience des manipulateurs , et peut-être aussi des constructeurs eux-mêmes. « Les écrits de M. le marquis de Bryas, de M. Eugène Lamairesse, de M. Van der Straten-Ponthoz, ont beaucoup fait pour le drainage; des essais fructueux , déjà en cours d'exécution dans le département, feront plus encore. L’agriculteur n’accepte les améliorations que lorsqu'il les a vues et jugées par lui-même. « On se préoccupe de ce qu’on appelle, avec exagération, la désertion des campagnes pour les villes. La Société a ouvert une enquête départementale sur ce fait qui inté- resse à la fois l’'économiste , le philosophe et le moraliste, 308 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Avec ses correspondants , et M. Caquot, son rapporteur, elle a été heureuse de reconnaître qu’il n’y avait là qu’un mouvement naturel de mieux-être et de civilisation. « Depuis un demi-siècle, en effet, la situation des culti- vateurs n’a pas discontinué, aussi bien que celle de toutes les classes de la Société, de marcher en s’améliorant. « Les maisons enterrées et sans jour ont fait place, pour l’homme et pour les animaux , à des habitations élevées , bien aérées, où la lumière pénètre aisément, et avec elle , la santé et ses suites. « Le langage s’est amélioré ; on sait écrire, on se rend compte des recettes et des dépenses, Quelques grands- parens, comme une protestation peut-être , ont conservé le costume de leur jeune temps, leurs habitudes rus- tiques; mais, à côté d'eux, une génération non moins robuste , plus soigneuse des facilités de la vie, apporte quelques délicatesses qui la rapprochent des usages de la ville. « Ainsi, le niveau tend à s'établir dans une juste pro- portion. Gette transition, il est vrai, comme tous les changements , ne s’est pas opérée sans quelque pertur- bation ; mais l’équilibre se fera par la force même des choses, et les instruments de culture, les machines agri- coles remplaceront avec avantage les bras qui ailleurs créeront d’autres produits, d’autres richesses. « M. le Ministre de l’agriculture et du commerce a fait relever, dans toute la France, les anciens usages auxquels nos lois se réfèrent, à défaut de réglementation spéciale. « La Société ne pouvait rester indifférente à cette espèce de parère. Deux de ses membres, MM, Caquot et Sellier, ont fait partie de la Commission départementale chargée de coordonner les renseignements obtenus. Ce travail TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 309 d'ensemble , dressé par M. Caquot, fait partie des mé- moires de 14856.. Ce sont des renseignements historiques et réglementaires que l’on consultera toujours avec fruit, même quand ils cesseraient d’avoir force de loi. « A l’occasion de récompenses décernées à l’horticulture, M. Royer a dressé une statistique de la culture marai- chère dans le département , en regard de celle des envi- rons de Paris. « L’apiculture a trouvé, dans M. l'abbé Aubert, un zélé propagateur et , dans la Société, des encouragements et des récompenses. à. « Dès 1855, il aété proposé, pour sujet de prix à décerner en 1857, la rédaction d’un Manuel d'agriculture appli- cable au département de la Marne. Pour étudier la ma- tière dans tous ses détails, et préparer, au besoin, le Manuel lui-même, une Commission est formée et son travail s’élabore. « M. Jules Lamairesse a appelé l'attention de la Compa- gnie sur des essais tentés en Allemagne, avec un certain succès, pour extraire, des feuilles du pin sylvestre , un résidu doux et moëlleux que l’on a nommé laine végétale et qui, pour certains usages assez nombreux , remplace- rait, avec avantage, la laine elle-même. « Un article du Bulletin du Puy-de-Dôme (novembre 1855) avait fait, parmi les viticulteurs de la Société, une certaine sensation. Cet article. indique un moyen de donner au vin un bouquet agréable. Ge moyen est aussi indiqué dans une brochure imprimée à Mulhouse , et qui “ existait dans une bibliothèque de Châlons, trois ans avant la publication de ce bulletin. Une personne qui a habité Bordeaux, signale le procédé du Bulletin du Puy-de- Dôme comme mis en pratique dans les vignobles du 310 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Bordelais. Ce procédé consiste à recueillir les pétales dés fleurs de la vigne après la fécondation, à les conserver desséchés dans des vases de verre bien bouchés et tenus au sec, et à les introduire dans le vin nouveau au moment de sa fermentation. « Il est à remarquer toulefois que le poids des pétales indiqué pour la quantité du vin que l’on veut améliorer a paru en désaccord avec la minime récolte qu’il est phy- siquement possible d’obtenir. « Dans ces circonstances , la Société ne pouvait laisser inaperçu ce projet d'amélioration. Elle l’a publié (Journal de la Marne, 13 février 1856). Elle a sollicité des essais, elle a demandé des explications partout où il lui a paru possible d’en obtenir; elle attend le résultat de cette publicité et des essais demandés. Provisoirement, elle croit devoir consigner ici le fait, ne fût-ce que pour con- stater sa sollicitude toujours éveillée. « MM. Salle, Debacq, Faure et Mohen , en analysant les procès-verbaux des séances de l’Académie des sciences , en ont suivi les constants progrès, et les ont plus spécialement appréciés dans leurs rapports avec la pratique agricole et manufacturière , sans cependant né- gliger le vaste domaine de la science spéculative. « De ces conférences a surgi,notamment,une discussion sur l'emploi des nodules de phosphate de chaux, qui se trouvent en grande quantité dans le département de la Marne, sur les territoires de Sermaize et de Vienne-le- Château, et qui, après trituration, paraissent devoir fournir un puissant engrais. « L'histoire, l'archéologie ont apporté une heureuse variété dans les travaux de l’année. « Rendant compte de publications émanées de Sociétés TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. : o11 correspondantes , M. Garinet a décrit avec détail la co- lonne de Cussy (Côte-d'Or), et a savamment discuté les diverses opinions des archéologues sur la question de savoir quelle est l’époque de son érection, et quelle en était originairement la destination. Il a aussi donné deux notices, l’une sur M. Barbé-Marbois , biographie acci- dentée; l’autre, sur les Mémoires de Saint-Simon, écrivain qui mérite d’être étudié, mais avec une certaine réserve. « M. Sellier a parlé de l’histoire de la ville de St.- Quentin , publiée par le savant et judicieux M. Charles Gomart, et de mémoires d'archéologie, travaux sérieux que M. Raymond Bordeaux fait marcher de front avec les graves méditations du droit et les luttes du barreau. | « La description du musée lapidaire de Lyon par le doc- teur Commarmond, a donné à M. l'abbé Musart l’occasion de louer l’auteur et d'admirer la collection. « M. l'abbé Aubert, dans une monographie de la com- mune de Juvigny, monographie qui lui a mérité une médaille, a su intéresser, et rappeler quelques faits qui touchent à l’histoire nationale. « La grâce et l'esprit de M. d’Otreppe de Bouvette ont trouvé, dans M. Sellier, un gracieux et spirituel inter- _prète, à l’occasion, soit de ses Tablettes Liégeoises, soit de la piquante inauguration de la nouvelle salle de la Société libre d’Émulation de Liége. « Un travail qui a exigé de nombreuses recherches , l'Histoire des arquebusiers de Chälons-sur-Marne , a dignement couronné l’année 1856. L’auteur, M. Sellier, prend la compagnie à sa création, d’abord compagnie d’arbalétriers, formée en 1357 pour servir de garde au Dauphin Charles, fils de Jean IT, alors prisonnier des 812 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Anglais. Il la suit dans-tout le cours de son existence et de ses transformations , jusqu’au 2 juillet 1790, jour où, en exécution d’un décret du 18 juin précédent, elle est venue, entourée des regretset de la reconnaissance de ses concitoyens , déposer son étendard dans la cathédrale, aux voûtes de laquelle, selon le décret, il devait rester suspendu pour y être consacré. à l'union, à la concorde et à la paix. « Mais le décret n’avait pas compté sur le vent des ré- volutions. « M. Joppé, se plaçant à un point de vue élevé, a traité de la responsabilité morale de l'écrivain et a trouvé de dignes et belles paroles pour flétrir la popularité acquise par l’impudeur, et pour honorer le respect de soi-même, qui ne va jamais sans le respect de tous. « M. Demaiche, dans un ingénieux trayail, détachant des Poésies d'Horace tout ce que l’auteur a laissé percer de ses habitudes, de ses affections , de ses goûts, de sa vie intime, a composé, avec ces matériaux ainsi rappro- chés, une piquante étude dans laquelle il montre le voluptueux ami de Mécène , le convive recherché des grands, le chantre du vieux Falerne, du savoureux Cécube, l’amant des Glycères à la ceinture flottante, repoussant, avec ennui, tous ces enchantements, se faisant par goût homme rustique, se promenant à l'ombre de sa chère Tibur, s’asseyant à une table cham- pêtre, garnie d’une coupe pleine d’eau fraîche prise à la Jontaine voisine, et mangeant avec volupté la fève, cou- sine de Pythagore, les légumes au petit lard, l'oignon odorant, l’oseille des prairies et la mauve rafraîchissante. « Oh! paradoxe charmant! que vous venez bien à point dans un temps où réussit tout ce qui est paradoxe ! Mais î TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 313 malgré vous, Horace sera toujours l’homme de la société polie , l'ami des plaisirs élégants, le poêle de la philo- sophie facile , l’auteur aimé des gens de goût, des hommes du monde , des esprits distingués ; Horace sera toujours Horace. « M. Chaubry, baron de Troncenord, soulevant le voile que les peintres-verriers ont jeté sur leur vie et leurs travaux, à fait de savantes recherches pour retrouver ceux d’entre eux auxquels la Champagne peut, à juste titre, revendiquer l'honneur d’avoir donné le jour. Ces artisans que deux vertus inspiraient , la piété et la mo- destie, construisaient, dans les grandes basiliques et jusque dans les humbles églises de villages, ces belles verrières dont quelques-unes ont échappé à la destruction du temps , à la dévastation des révolutions, t_ font en- core ladmiration et le désespoir de leurs” modernes émules. Ils les abandonnaient en quelque sorie , sans songer À laisser à ces enfants de leur génie une marque quelconque de reconnaissance. L’œuvre restait, l’ouvrier disparaissait. Il a fallu à M. Chaubry de longües études pour faire revivre ces compatriotes inconnus, pour re- trouver leur filiation, et leur restituer les œuvres qui leur appartenaient. C’est une belle illustration que M. Chaubry vient de remettre en lumière. « N'oublions pas ici le travail soutenu et remarquable de M. Debacq, sur les travaux de la Société, en 1856 ; il suffit de l'indiquer pour être certain qu'il sera digne- ment apprécié. à . « Toutefois, à celte occasion, nous réparerons ici un oubli involontaire commis par lui, ét bien excusable au milieu des nombreux matériaux qui ont servi de base à son compte-rendu. 11 s’agit d’une traduction française LC ARE à L Pr Le 314 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. du Manuel d’Épictète, par M. l'abbé Cordier, sur laquelle M, Joppé a fait un savant rapport, et des Poésies d'Agnès de Navarre-Champagne, dame de Foix, seizième volume de la collection des poëtes de Champagne avant le XVI*, siècle, publiées par M. Tarbé, membre corres- pondant. | « Enfin la Société, dans les nombreux volumes qu’elle a reçus , a trouvé de riches aliments à son goût pour les lettres : impossible de les rappeler ici, même sommaire- ment. Tout en se reconnaissant inhabile à se poser comme juge et encore moins comme partie, en cette affaire, elle voit, non sans un certain orgueil, que la province se permet quelquefois de rivaliser avec la capitale d’éru- dition, -de saine critique, de goût, de bien-dire et d'élégances | L'Aemie impériale de Reims n’a pas fourni à votre rapporteur la note de ses travaux; je tâchérai ce- pendant d’y suppléer en vous faisant connaître, d’après le compte-rendu imprimé du secrétaire de cette Société savante, ce qu’elle a fait de plus remarquable pendant l’année qui vient de s ’écouler, J'y trouve : 4°. un ‘rapport de M. Elambert, sur une découverte de M, le docteur Gérard , ayant pour objet un procédé fort simple pour préparer l'argent chimiquement pur, et séparer, à volonté,-le cuivre ou l'argent d’une liqueur contenant du cuivre et de l'argent en dissolution ; 2°, l'opinion, émise par M. le docteur Landouzy, que, lors de la paralysie de la face, indépendante des lésions du cerveau, il y a exaltation de l’ouie : opinion confirmée par de récentes expériences d'électricité ; 3°. l’annonce d'un travail important de M. Chevilliet, professeur TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 945 au Lycée de Besançon, membre honoraire de l’Aca- démie ; et, en attendant, une note qui pourrait bien avoir plus de valeur dans la science que n’en ont souvent-de gros livres, car elle explique un théorême arithmologique d'Euler, relatif à la nature des nombres, qui a la plus grande importance et dont la solution n’avait pas été trouvée jusqu’à présent ; 4°. un travail de M. Sornin, consistant en une méthode générale pour obtenir l'équation de la transformée d’une courbe tracée sur un cône ou un cylindre, lorsqu'on développe les sur- faces de ces corps sur un plan; 5°. un ouvrage de M. Garcet, ancien secrétaire de l’Académie, qui, sous une”forme abordable aux intelligences ordinaires, pré- sente les notions les plus précises sur la :cosmographie et l'astronomie physique ; 6°. les Eléments \débotanique, que M. de Meissas a offerts à l'Académie, dont il est membre, et uné” autre commMünication du même auteur, . elative à l’établissement de fortes rampes : ou de courbes d’un faible rayon dans la construction des voies fel rées ; 7°. un mémoire de M. le docteur Gaillot sur l'hygiène” publique et privée de la ville de Reims; 8°. une communication de M. Amé, membre, correspon- dant, sur la mosaïque romaine, qui a été placée, ilya quelques années, dans une des chapelles de la cathédrale de Reims ; et une étude du même architecte sur la cha- pelle de l'archevêché dé Reims, prise comme modèle d’édifices de petites dimensions : 9°, deux mémoires de M. Lorin, intitulés : l’un, Conjectures sur les Duses ou Dusiens des anciens Gaulois, et sur l’étymologie de leur nom ; l’autre, Essai sur le Labarum , et plus spé- cialement sur l'étymologie de ce mot ; 40°. des fragments . de l'histoire de la Ligue à Reims, par M. Henry ; 1% un 316 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. nouveau volume , dont j'ai déjà parlé, de la collection, par M. Fr. Tarbé, des poêtes champenois du moyen-âge ; 12°. la description faite, par le même auteur , de Ja situation morale de l'Amérique du Nord, et parti- culièrement des États de l’Union; 13°. les Études de M. Poinsignon sur les origines de la société moderne, et sur les quatre premiers siècles du moyen-àge , dont il a extrait, pour les offrir à l’Académie, divers chapitres d'un haut intérêt; 44°. le savant rapport de M. Soullié sur cette communication ; 45°. la découverte, par M. Du- quénelle, de collyres revêtus d’une marque indiquant leur QE etd’instruments de chirurgie, encore cou- verts d'ornements en argent, qui prouvent l'aisance de celui qui s’en servait, et le luxe que l’art savait donner aux moindies objets à l'époque où notre pays était sous “x la domination ro: nail Sainte Vierge, €: 1e ; 46°. les. Panégyriques de la M. l'abbé Poussin, et Je savant examen. Lou a fai livre M. Demaiche, _ : Les à En littérature, l’Académie a entendu : Un 1 n mot sur Descartes ,-par M. Robillard ; l’intéressante description de la vie du-monde et de quelques-uns des effets de ses séductions, sous le titre de : Lionel Dutilloy, par le même : un discours de M. Pouss sin _sur l’éloquence des Pères de l'Église, destiné à précéde comme préface, les Extraits des mêmes Pères ar Vient de publier pour servir à la chaire ; la continuation des études de M. l’abbé Bouché, sur Balinès; des remarques sur PAvarc et l’Amphitryon de Molière; une petite pièce,sur la mort de. Mgr. Sibour, archevêque de Paris, et plusieurs fables, qe Lorin ; un conte de MæViolette ; des fables de 1, €licquot; une lecture dé M. Robillard, me a: virails des Pères de l'Église, par. ! TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 317 Réflexions à bâtons rompus, sur la tendance réa- Jiste de la littérature actuelle et du drame en particulier ; et, enfin, la suite de la traduction, en vers français, des Idylles de Théocrite, par M. Soullié, qui, au dire de l’Académie , est toujours à la hauteur de son modèle, dont il reproduit la simplicité et la grâce naïve. L'Académie , qui s'occupe également d'agriculture, a constaté, sur le rapport de M. Sutaine, les essais de diverses cultures et les travaux de dessèchement que M. le docteur Jules Guyot a fait heureusement pratiquer » _sur l’ancien domaine de Sillery, qui appartient aujour- + 1 M. Jacquesson et dont le nom est si connu dans 1onde entier: Me M. concours de l’Académie ont fait naître, Ée der- nier, plusieurs travaux très-remarquables : : #4”, une description de l'icon ographie inture de la cathédrale eims ns ,, par M T'abbé Tourn r, ancien secrétaire- lMaujourd'hui archiprètre ie Sedan et membre honorä Cu 2, un mémoire ‘important de M. Mourin, pr ofesseur d'histoire à Bourges, et membre honoraire , sur la révolution qui a fait arriver les Capétiens au trône , et sur la part qu'ont prise à cette révolution les archeyéques de Reims ; 3°. une histoire de l'imprimerie à Reims, par M. l'bhé Cerf. Les deux premiers de ces travaux, qui oubtatte 3 leurs auteurs : l’un, le prix d'af- chéologie , l’autre le prix d'histoire , sont ou doivent être imprimés. ” Je dois mentionner, avec éloges, le zèle avec lequel ; l'Acadériie continue à publier, en dehors de ses travaux ordinaires , les documénts qui intéressent le plus, pays, | ce ’elle ne reçoivé kpour ainsi dire , aucune sub. ref four l'impression coûteuse de ces documents. A la \ Er 318 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. dispendieuse édition du Marlot français, en quatre gros volumes in-/4°., ont succédé : l'Histoire de Reims, par Flodoard, en deux volumes in-8°. ; la Chronique du même (un vol. in-8°.), etenfin l'Histoire des Gaules, de Richer (un gros vol. in- -8°.). La traduction de ce der- nier ouvrage par M. Poinsignon , avec les notes qui l’ac- compagnent, est un travail tout-à-fait sérieux et qui fait honneur à Académie. Enfin, l'an dernier, elle a commencé à faire imprimer des mémoires fort curieux sur l’époque * de la Ligue, par Pussot, maître-charpentier à Reims. Cette publication, dontle texte est emprunté à un manus- crit de la bibliothèque de Reims, se poursuit avec activité. M. le baron Chaubry de Troncenord vous a fait hom- mage de son rapporb au Conseil général de la Marne, dans sa session de 1856, sur l'état et les besoins des monu- ments historiques de ce département: si HAUTE-MARNE, - Les travaux de la Société historique et archéolo- gique de Langres ont été forcément interrompus; elle vient cependant de les reprendre, et de publier une livraison de ses Mémoires. M. Pernot, son délégué, espère qu'à l'avenir cette société réparera le temps perdu. En attendant, il vous a entretenus des ouvrages ou des travaux personnels des hommes studieux de son pays, correspondants ou non de la Société, à la tête desquels il place, cette année , M. Carnaudet, biblio- thécaire de Chaumont, qui a publié « 4°, Pendant l’année 1846, La Tlaute-Marne, Revue champénoise ; in-4°. Il serait bien à désirer quecet TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 919 important et intéressant recueil qui avait, si l'on peut dire, La variété pour devise, pût se continuer ; 2°, Notes et documents pour servir à l'histoire de Château-Vilain {1 volume in-8°., avec planches); 3°. Annuaire administratif, statistique el commer- cial du département de la Ha üe-Mar ne (1°. année 1856 ; in-19). La publication de ce recueil est une excel- lente idée de M. Carnaudet, qui est aussi, outre son titre de bibliothécaire de Chaumont, rédacteur en chef du journal l’Union de la Haute-Marne. Espérons que l’au=2 teur pourra y insérer, par la suite, quelques articles sur les souvenirs qui se rattachent au nom des sires de Joinville, des princes de Lorraine, de la Maison de Guise, de Marie Stuart, puis.de cette grande figure historique , comme le dit M. Guizot, qui tient de l'ange et du héros, et que l’on nomme Jeanne d’Arc, etc. M. Fériel, procureur impérial à Chaumont, s'oc- cupe sans relâche de l’histoire complète de tout ce qui a rapport au château de Joinville; il veut ainsi augmenter encore tout ce qu’il a écrit de bon sur son “pays natal. Les archives du département lui viennent ensaide , et l’on attend avec impatience son excellent travail. Un ecclésiastique , correspondant du Comité de la fangue, de l’histoire et des arts, connu déjà par d’im- portantes publications sur l’ancienne abbaye de Montié- render, son pays natal, vient de publier une Notice historique sur le prieuré de Coudes, près Chaumont. Get ecclésiastique est M. Bouillevaux, curé de Perthes. Il à recherché, avec une patience de Bénédiclin, tout ce que les établissements monastiques d’uné partie de la Champagne, établissements si long-temps dédaignés, 320 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. avaient eu d'utilité pour la France. Il fait voir, dans Sa Notice sur Goudes, que ces moines, ces religieux du moyen-âge , si méprisés au XVILL*, siècle , n’ont pas seu- lement sauvé du naufrage les sciences , les lettres et les arts, mais qu’ils ont été, selon lui, les défenseurs, les bienfaiteurs des nations et des peuples. Enfin, le plus petit monastère a contribué , pour sa part, la grande œuvre de régénération qui a occupé tout le moyen-âge. Des vues de Coudes, exécutées par M. Hector Guyot, professeur de dessin au lycée de Chaumont, accom- pagnent l’ouvrage de M. l’abbé Bouillevaux. Le même goût de recherches , sur ces pieux établisse- ments, a gagné M. Pernot. Il vient de terminer, après dix- huit mois de recherches consciencieuses, la Nomenclature de toutes les abbayes, monastèresoumaisons religieuses des diocèses de la France. Il donne le nom de chaque mo- nastère, en français et en latin; l’époque de sa fondation, le nom du fondateur, si cela est possible; sous quel saint ou quelle sainte la maison est consacrée ; ildit si le nom du patron ou de la patronne a changé, l’époque de la réforme du couvent, et quel était l’ordre religieux qui Phabitait.m Dans un autre genre de recherches, M. Pernot vient, ‘de terminer une collection de dessins , reproduisant le dra- peau historique que pourrait avoir chaque département de la France, en mettant sur ce drapeau les armes de la ville chef-lieu du département, au milieu dela croix blanche de l'époque des croisades , puis , dans les quatre angles, les couleurs qui distinguaient anciennement les provinces de France, comme cela avait lieu, avant 14789, pour les dra- peaux des milices provinciales : ainsi, pour la Normandie, le rouge cramoisi ; le Limousin et la Bretagne, le blanc ; la Champagne , le bleu de roi ; la Flandre et la Provence TRAVAUX DES ACADÉNIES EN 4856. 591 le jaune ; le Poitou, le rouge ; la Touraine, le violet ; “Ma Bourgogne , le bleu céleste, etc. , etc. ; enfin , la Lor- raine , le noir et jaune. “2 A l’occasion d’une question, bien décidée cepen- dant, celle de savoir si Jeanne d’Arc était Lorraine ou Champenoise , c'est-à-dire, FRANÇAISE , M. Pernot a publié « une. carte; puis, deux mots bien simples, en réponse à la brochure de M. Lepage, de Nancy, sur ce sujet. L'Histoire des Pères de la Mercy, par M. l'abbé Godard, professeur au séminaire de Langres, a paru, par fragments, dans le journal l'Union de la Haute-Marne, et l’on s'occupe d’en faire un volume qui sera. plein d'intérêt. La Un vénérable ébdlébtistique : né à Vignory, cet endroit qui possède une église romane si bien restaurée par M. Boswilwald, architecte diocésain, M. Maupris, fait imprimer , en ce moment, l’histoire, très-intéressante , de Vignory et de son château. Les noms les plus nobles et les plus grands de notre histoire , comme les d’Am- boise, les Béthune, etc., se rattachent aux ruines de ce dc Âteau si pittoresquement placées. M. Pernot a secondé les intentions de l’auteur en exécutant plusieurs vues rappelant des souvenirs historiques et archéologiques , qu'il faut plus que jamais garantir de l’oubli. MAYENNE. J'aurais à vous rendre compte de l'important ouvrage, en 2 volumes, de M. le comte d’Ozouville , intitulé : Origines chrétiennes de la Gaule ( Lettres au R, P. dom Paul Piolin, religieux bénédictin de la Congré- Le 929 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. gation de France, à Solesme, en réponse aux 0b- jections contre l'introduction du christianisme dans les” Gaules au Hfset'au 1H°. siècles), si, dans vos séances du 18 et du 20 de ce mois, vous n’aviez entendu l’auteur lui- même justifier, avec un remarquable talent de discussion et une logique serrée, l’opinion qu’il a émise dans son ouvrage. Tout ce que doit donc aujourd’hui en dire votre rapporteur, c’est qu’il l’a lu avec le plus vif intérêt et qu’il vous engage à suivre son exemple. M M. le vicomte de Kéridec vous"a remis une note sur les travaux de la Société archéologique du Mor- bihan. Cette Société, fondée il y a plusieurs années, s’est livrée , en 4856, sous la présidence de M. Jacquemel, ingénieur en chef des ponts-et-chaussées , à des travaux d’une grande importance et d’un grand intérêt. Ils se di- visent ainsi qu'il suit : Philologie. — M. Le Joubioux a fait connaître à la Soz ciété trente-quatre -provérbes bretons , recueillis” pars M. l'abbé Guillaume de Kergrist, et qu’il a traduits en français. — M. Rosenzweig a donné lecture de frag- ments d’un roman de chevalerie qu’il a pu déchiffrer sur deux feuilles de parchemin servant d’enveloppe à des re- gistres d'audience déposés aux archives départementales, et y a ajouté des réflexions sur IRGPETEOTMARES qui figurent dans ces feuilles manuscriles. Histoire. — M. de Keranflech : Vie de saint Gu- dual, patron de Locoal-Mendon , rétablie sur les docu- ments les plus authentiques comparés avec la tradition TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 923 locale, — M. l'abbé Mouillard : Histoire du chapitre et de la cathédrale de Vannes. — Antiquité de la création du chapitre de Vannes. — Noms des cha- nôines et autres membres du clergé diocésain devenus évêques ou abbés. — Revenus du chapitre. — Constitu- tion du haut et du bas-chœur. — Fondations pieuses en leur honneur. — Travaux de construction de la cathé- drale, — Luttes à la Révolution. — Noms des chanoines à cette époque. — Prestation de serment des évêques de Vannes: leur entrée. dans la ville (4404). — Installation d'un archidiacre (1596).—Bulles de Nicolas V, Calixte IT, Pie IL et Sixte IV, relatives à la construction de la cathédrale et aux indulgences accordées à ceux qui y par- ticiperaient par leurs aumônes.—Études sur l'architecture des diverses parties de la construction. — M. Fouquet : Lettres d'un Breton à un Breton. —Légendes sur Josse- lin. — Établissement de la chapelle de Notre-Dame-du- Roncier. — Les lavandières. —-Ha filandière de nuit. — Usages divers répandus sur plusieurs points du départe- ment.—M. Lallemand : Saint Clair, évêque et confesseur, premier apôtre des pays de Nantes et de Vannes. Sa vie, son culte, notice historique. — Tombeau de saint Clair à Réguiny. — A quelle époque a eu lieu, dans les pays de Nantes et de Vannes, la mission de saint Clair ? — Par qui y a-t-il été envoyé ? — Saint Clair a-t-il élé évêque de Nantes et ya-t-il fondé un évêché?—M, Lallemand répond successivement à ces trois questions. — M. L. Galles : Histoire du prieuré de St,-Martin de Josselin, membre _ de la célèbre abbaye de Marmoutiers , à l’aide de trente- quatre documents authentiques. — M. Rosenzweig : Du droit de quintaine en Bretagne; soulèvement qu'il excite dans deux bourgs des Cites-du-Nord. — # 824 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCÉ. M. Lallemand : Étude historique sur la série des empereurs dont les médailles ont été trouvées dans le monument"gallo-romain du Lodo, en Arradon. Archéologie ‘proprement dite. — M. de Keranflech : Notes recueillies dans une excursion à travers le Fi- nistère.—Description de St.-Divy, du château de Tréma- san; de celui de la Roche-Morice; légende sur ce dernier. —.M. de La Fruglaye : Notes sur un tumulus de la commune de Moustoir:ac, — Dolmens, débris de pote- ries romaines, instruments-en fer, médailles, couteau en silex ; celtæ ; table d’un dolmen soutenue par des pi- liers enmagonnerie ; pierres à cuvettes ; découverte de sept ‘vases. funéraires; traces d’une caisse en bois ; dis- que en terre cuite. — M. de Fréminville : Rapport sur la butte de Tumiac. — Dessin et notice relatifs à une pierre à bassins creusée de cannelures régu- lières, en Moustoir-ac. — Commission composée de MM. I. Galles, de Fréminville, Grégoire et Taslé fils. — Fouilles du Lodo et de Mané-Bourgerel, en Arradon. — Découverte de deux. établissements gallo-romains. — Nombreuses médailles romaines. — Poteries.—Rapports et plans. — M. Rosenzweig# # Rapport sur la borne de Mériadec, en Plumergat, signalée par Cayt-Délandre. — Lecture d’une inscription lapidaire recueillie à Kerplons, en Baden. — M. Jacquemet, président : Notice sur les vitraux de l'église de Beignon et sur les travaux de restauration qui y sont projetés. — M. de Langlais : Notice sur l'église de St: Gildas de Rhuis. — Nécessité des séparations. _— Fouilles exté- rieures près de la chapelle de la Vierge. — Découverte d’un tombeau. — M. L. Galles : Description détaillée du château d’Elven et de ses fortifications. — M, Le TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 325 Bouëdec : Lettre relative à la restaura ti ndu calvaire de Guéhenno. — M. Rosenzweig : Rapp ur le de St.-Ghristophe, en Elven. D Réfu de la lecture qu’on a adoptée jusqu’à ce jour pour dernière ligne de l'inscription. — M. de Fréminville : À ” Notice sur la chapelle de Notre-Dame de Quelven.. M. de Frémin- ville : Dessins et Notice sur quatretpierres tombales placées en-dehors du chœur de l’église de St.-Gildas de Rhuis. — M. L. Galles : Description des cinq pierres tombales situées dans le chœur de la même église. — — M. Mouillard : Notice sur une armoirie. ‘brodée du XVIII*, siècle, provenant de l’église des Sulniac. — — M. de Fréminville : Note sur une pierre sculptée du cimetière de Landaul. — Recherches sur les pierres main-liève ; leur usage 3 dessins et inscriptions qu’elles portent le plus souvent; ymologie de leur nom. Le musée archéologique ; nouvellement créé, possède de nombreux fragments de poteries trouvés sous des dol- mens, et une collection de trois cents médailles romaines recueillies dans le département. Les publications de 1856 sont : Une Vie de No - Vincent Féÿrier , par M. l'abbé Mouillard. Sous presse, une Monographie, fort intéressante , de la cathédrale de Vannes , par le même auteur. M. Lallemand a publié un Annuaire qui contient des documents historiques d'intérêt local ; une notice sur les découvertes archéologiques et numismatiques faites dans l'année , et la se d’un des cantons. Il existe, à Vannes, une société philomathique qui s’oc- - cupe particulièrement d'histoire naturelle, etde la con- servation de la bibliothèque. 326 INSRIPUT | pes PROVINCES DE FRANCE. 4 Mose1z. vouêl devez à M | Société dhstire naturelle à é la ville de Metz, le compte-rendu | ‘des travaux de cette Société. L'intérêt scientifique qu’il. présente , et la difficulté d’en faire l'analyse, m’imposent l'obligation de le transcrire textuel- lement : « Dans l'impossibilité de donner la série des sujets qui ont été traités par la Société d'histoire naturelle de Metz, en 1856, ik niésera question, dans ce court aperçu, que de ceux qui at quelque importance, au point de vue des progrès de la science, ou de son application aux différentes branches de l’industrie. En résumant les travaux de cette Société, on suivra l’ordre naturel des matières. « La géologie départementale vient en première ligne. « Pour combattre la supposition gratuite d’un contact immédiat du grès supra-liasique avec le calcaire oolithique et celle d’une transition insensible de l’un à l’autre, la constitution de l’oolithe a été de nouveau représentée avec détail et reste des mieux étudiées, non-seulement dans la Moselle, mais encore dans la Meurthe, ainsi que dans la a Meuse, L La connaissance de tout ce qui s’y rattache , favorisée par de nombreuses recherches, par des fouilles et d'importants travaux, que les besoins de l’industrie métallurgiqué ont fait multiplier à l’infini , autorise , au lieu d'en admettre la suppression en aucun point , à regarder le gîte d’hydroxyde oolithique comme un horizon géologique des mieux connts ; seulement, il est loin de présenter partout le même développement. "D'une puis- sance remarquable à l'Ouest, et surtout à l’extrémité nord M. le Es ennocque , délégué de la ë du plateau jurassique, il se réduit lement à la hauteur de Metz, ce qui a pu induire eur, quand, en le recherchant, sans disposer des mc suffisants d’ex- FRE on à cru ne pas, le Tr dentin. occupé par la mer jurassique, s’est alraissé au-dessous de son niveau primitif, à mesure qu'il se recouyrait de sédiments nouveaux. « De l’étage oolithique passant aux lias, la conviction de l'importance que présente toujours l'étude comparée des terrains d’une même époque dans des pays différents, pour fixer dans le nôtre avec plus de précision des con- naissances à cel égard , a fait établir une comparaison de ce genre, entre le lias inférieur de la Moselle et celui de la Souabe. L'un et l’autre ont paru identiques, offrir les mêmes fossiles et présenter les mêmes conditions stratigraphiques et pétrographiques. Au-dessous du bone-bed, recouvrant lui-même un grès jaune siliceux appartenant à la formation triasique, se trouve la première assise liasique, désignée sous le nom d’assise à Ammonites psilonotus. Elle se compose de plusieurs bancs de calcaire bitumineux ou gr éseux, ppriois recouverts de minces lits de grès. Moins riches. en fo IS dans nos contrées qu’en Souabe, nous pouvons expliquer KA cette différence par l'insuffisance des exploratio 1 Den les trois points très-peu étendus où seulemeéhtté lle à b reconnue jusqu’à ce jour. Pt à « Une seconde assise, constituée par un massif dé grès que séparent trois lits à cardinies , et parfois un seul , représente le grès de Hettange ou de Luxembourg. On y reconnait un grès à Angulatus et successivement une 328 INSTITUT DES PROVINGES DE FRANCE. roche _cuivreuse. à à' turritelles , une roche tendre où ce dernier fos ile prés omine encore, accompagné de nom- es + SAR) breux gastéropodes ; u une première gryphée s’y trouve aussi, et se É termine par un lit renfermant des fucoïdes. Puis, apparaissent des ( déblais dont les pierres, carriées à leur surface supérieure, semblent indiquer l’action puis- sante des-flots ; tandis qu’à leur surface inférieure, elles présentent des reliefs et des creux d’astéries, ainsi que des tubes allongés de vermiculaires. Dans nos contrées, ce grès renferme cinq fois plus de fossiles, que dans la Souabe ; les lits à cardinies , à gastéropodes et à fucoïdes y sont également plus développés. En outre, dans une carrière, à Zætrich près de Hettange, se remarquent, un lit supérieur, entièrement pétri de perfor nts indices d’un rivage, et des plaques d’une grande. din 1en sion couvertes de tubes allongés, déprimés dans le milieu, el attribuables à des térébellaires. « La troisième assise correspond au calcaire à gryphées proprement dit. Elle se compose d’alternances de bancs calcaires, de marnes ou d'argile. Sa partie supérieure est occupée par un lit à grandes cardinies.et par d’autres lits plus minces, garnis d’entroques, el recouverts par des couches marneuses pétrolières, Les éléments de composition pour cette partie du lias inférieur, : mieux développés et plus abondants en fossiles dans notre département qu’en Souabe, restent néanmoins identiques dans les deux pays Dans l’un, comme dans l’autre, un certain banc, plus homogène et plus continu , est exploité pour en tirer des dalles et des parements de cheminées; mais la couche à grandes cardinies et celle à pentacrines nous font* défaut, la première n’ayant encore été reconnue qu’à Rimogne, ë ou TRAVAUX DES ACADÉMIES! ÆN Je. 329 près de Mézières, dans les Ardennes. Quant aux marnes supérieures pétrolifères que caractéi à ne bélemnite, la première du genre qui apparaisse”, S n'ont jusqu'à ce jour été. ‘constatées qu'au pont di À faguy et sx d’Ars-Laquenexi. | à r ” « Quoi qu’il en soit cependant , et les derniers de ces faits comme quelques autres le laissent pressentir , l'identité dont il est question n’est pas à cons d’une manière absolue et générale: il ya plutôt à pensér, au contraire , qu’une similitude réelle n’existe que dans les environs de Hettange; elle est surtout déterminée par. l’absence des marnes rouges , fournissant ailleurs chez nous un rizon, et par la présence du grès lui-même qui jQuabe, représenterait plutôt l’état > normal d’une formation , que ce qui plus positivement constitue cet état dans les autres parties de notre département , où également le banc de calcaire, exploité pour être converti en tablettes, ne représente qu’une particularité exceptionnelle, qui est loin de se reproduire dans toute l’étendue de lassise, comparée à celle dans laquelle, en Souabe ; c on en indique l'existence. « Comme tribut paléontologique , après les obser- vations et réflexions géologiques qui précèdent; nous avons eu à enregistrer , parmi les mollusques céphalo- podes, assez rares dans la Moselle, la découverte d’un fossile nouveau au point de vue du genre et de l'espèce. Il appartient au lias supérieur et en même us à l'étage oolithique inférieur. var Des traces d’ornements, de tubercules et d'articulations sur quelques portions de cylindres un peu arqués, con- stituant sa partie moyenne, ont paru suflire pour caracté- riser en lui un Ancyloceras , qui, en raison des grandes 330 INSTITUT DES PROVINGES DE FRANCE. dimensions qui l'éloignent des espèces du même genre déjà connues , ER reçu la dénomination 1 de Mosellensis. u + « D’autres tentatives de détérminato appliquées également.à des coquilles fossiles, n'étant pas toujours sans difficulté, surtout dans les cas où les espèces trop voisines, les unes des autres tendent sans cesse à se confondre, il n’a pas paru sans intérêt de chercher , en examinant des séries de gryphées, quels pouvaient être les caractères les plus propres à constituer entre elles des différences invariables, quelles que soient d’ailleurs la taille ou les modifications de forme qu’elles sontsusceptibles de présenter , suivant leur âge ou les sguéions du terrain qu'elles ont occupé. ci À | « Parmi elles, et pour ce qui concer ne le champ d’explo- ration qui nous est ouvert, se distinguent, la Gryphée ar- quée, caractéristique du lias inférieur ; la Gryphée oblique, appartenant au calcaire ocreux, et la Gryphée cymbium, aux grès médiolasiques et aux marnes oxfordiennes. « La première , la Gryphée arquée os se reconnait aisément à sa forme arrondie sur le dos, et plus parti- culièrement à son talon allongé , recourbé en crochet, et à sa nervure latérale, qui, partant du talon, n'arrive pas jusqu’au bord de la coquille. Dans cette espèce, la cicatrice d’adhérence, toujours supérieure , n’est jamais latérale ni inférieure, comme dans les autres, et sa valve paraît coupée carrément pour l'insertion du ligament. Le talon, encore recourbé en crochet et proéminent, est déjà sensiblement comprimé dans la Gryphée oblique, qui n'offre plus de nervure latérale. L'absence de ce der- nier caractère, avec la brièveté du talon, distingue la Gryphée cymbium, qui est en outre plutôt aplatie et TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 991 élargie qu’arrondie et allongée dans sa forme générale. Comme l’un des caractères de celte dernière qui ne sont pas non plus à négliger, sont encore à noter les orne- ments de la Valve supérieure, constitués par des stries fines et régulières, disposées parallèlement entre chacun de ses plis d’accroissement. « Comme l’histoire des corps organisés fossiles, celle des substances minérales appartient à la géologie, et, à ce titre, dans l’ordre de matières que nous suivons, un mot sur le gisement de cuivre carbonaté , vert et bleu, remis en ‘exploitation et observé sur les lieux,aux environs de Vaudrevange, trouve ici sa place. Après avoir suivi les traces de cette ‘xploitation à une époque déjà très-reculée, et apprécié ce v’elle promet d’être aujourd’hui, donnant, en traitant le minerai par l’acide hydrochlorique affaibli, 25 kilogrammes de cuivre métallique pour une surface de 4 mètre carré, on arrive à cette conclusion que de semblables tentatives seraient possibles à Hargarten, à Falck, à Orenthal, près de St.-Avold, et qu’elles fourni- raient une nouvelle ressource dans cette partie de notre département, déjà favorisée par ses forges et par l'étendue de son important bassin houillier. « Les sciences naturelles, bien qu’elles embrassent la connaissance de tous les phénomènes de la nature, ont leurs limites ; la Société, d'histoire naturelle de Metz ne s’est jamais. proposé d’en parcourir en entier le domaine. Cependant , quelquefois elle est entraînée, par l’un ou l’autre de ses membres, en dehors du cercle qu’elle s’est tracé. C’est ainsi que dernièrement Fun d'eux, témoin oculaire et rapporteur obligé de l'événement, a appelé son attention sur quelques effets bizarres, attribuables à l'électricité; voici le fait : 992 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « Le 21 août 1856, après quelques jours d’un temps très-sec et une température de 24 degrés centigrades, de gros nuages, venus presque en même temps de l'Ouest et de l'Est, furent, en se rejoignant, accoOMpagnés d’un coup de vent très-impétueux parti du Sud-Ouest, et la foudre tombait sur une longue pile d’obus de l'arsenal ; à quelque distance de ce point, deux ouvriers en ressentaient également, mais peu gravement, les effets. Au tiers de la longueur de l’une des faces latérales de la pile frappée , et dans laquelle le choc semble s’êt 'e exclu- sivement concentré , 140 environ des projectiles! ont elle se composait furent arrachés et projetés en avant vers la gauche, 11 y laissèrent une brèche, formée aux dépens de la couche d’obus extérieure , et sans dérangement des couches intérieures : seulement dans ces dernières, plu- sieurs obus furent retournés, et leur œil perdit, pour devenir supérieur, la position inférieure qui réglemen- tairement lui est assignée. Il y eut aussi à remarquer dans la couche extérieure , au point où s’est limité l’arra- chement , que plusieurs autres obus, formant une rangée inclinée, restèrent comme suspendus, et dans une situation d'équilibre instable. « La pile ainsi atteinte, orientée à peu près Nord-Sud, distante de 40 mètres des paratonnerres placés sur les bâtiments voisins, repose sur un lit de.pierre calcaire concassée, d’une épaisseur suffisante pour la préserver, par sa perméabilité, de l'humidité susceptible de provenir du sol. Dans cette dernière circonstance , où il n’est plus offert au fluide électrique que de faibles moyens d’écou- lement, jointe à celle de se trouver en dehors de la sphère d'activité des paratonnerres, on peut aisément concevoir TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 333 que la pile a pu devenir elle-même un centre de puissante attraction ; mais on s’explique plus difficilement comment des obus restés en place ont éprouvé un mouvement de rotation, malgré l'énorme pression qu’ils ont à supporter par douze points de contact. Dans ce cas, le fluide électrique, en pénétrant par l'œil dont est pourvu l’obus, représentant une sphère creuse à parois quelque- fois inégales, ya-t-il produit, en se répandant à sa surface intérieure , des forces tangentielles, qui l'ont forcé à glisser et à tourner sur lui-même ? Une supposition è cet égard : ne laisserait aucun doute , si l’on admetfait en preuve des traces circulaires de frottement remarquées à l'extérieur, et qui peut-être eusseni été plus sensibles encore sur destprojectiles plus récemment colcotarisés que ne l’étaient ceux dont il vient d’être question. « Ce qui frappe dans ce fait, c’est l'intervention d’une puissance myStérieuse à rechercher pour en diriger, s’il est possible, l’action. Un pareil sujet, sans doute, est bien digne d’être recommandé à toutes les réflexions. Mais il n’est pas le seul à mériter un semblable pri- vilége, et en quittant la physique, un instant abordée, pour revenir à l'histoire naturelle proprement\dite, nous en citerons d’autres qui, sans se rattacher à des mani- de festations aussi éclatantes des forces répandues | dans l'univers, n’en ont pas moins les leurs dans une mesure assez riche en surprises, pour que l’on soit entraîné à s'occuper d'eux à leur tour, Relatifs à l'entomologie , ils ressortent d’une suited’études ayant pour objet les insectes nuisibles aux arbres fruitiers, et aux poiriersen particulier. Plus de 130 espèces, contre lesquelles de justes préven- tions sont établies, ont été examinées et signalées non- seulement spécifiquement, mais encore d'après leurs 94 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. mœurs et la nature des dégâls qui souvent eñ font de véritables fléaux; et, de ce travail est résulté un traité spécial d’entomologie appliquée , d’une utilité incontes- table, toutes les fois qu’il:s’agit de déployer, contre les aggressions et les ruses infinies des plus petits êtres, toutes les ressources que suggère l’esprit d’observation. « Pour satisfaire des intérêts plus graves encore, parmi les nombreux parasites du blé, une Cécidomyie, dite Mosellane, parce qu’elle a semblé différer des autres espèces déjà décrites, du même genre, et remplacer dans nos contrées la Cecidomyia trilici, reconnue ailleurs, en France, pour faire subir à nos récoltes en rôment les plus déplorables déficits, a participé avec autant d’à-propos aux recherches dont les arbres fruitiers ont d’abord fourni le sujet. « Les larves jaunes, annelées, apodes, de 172 milli- mètre de largeur sur 2 millimètres au plus de longueur, de ce petit diptère, assez généralement accompagné d’un platigaster, son antagoniste providentiel, envahissaient déjà, en juin, un grand nombre d’épis et avaient attaqué, soit le dixième, soit le vingtième des grains que chacun d'eux devait produire. L'époque de leur naissance a coincidé avec celle de la fécondation des ovaires, sur lesquels elles restent fixées tant qu'ils ne sont pas épuisés ou durcis par les progrès de la maturité, qui, en s’avançant vers son terme, indique alors le. moment de leur retraite et celui du choix qu’elles font d’un lieu favorable à leur dernière métamorphose. Dans ce court espace de temps, on a de la peine à se faire une idée de l'étendue des ravageS qu’elles ont causés et des pertes qu’elles ont fait éprouver. Ces pertes, évaluées approxi- mativement et d’après le dépouillement de 300 épis en- EU TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 895 viron, pris au hasard dans 32 communes, s'élèvent au chiffre énorme de 70,000 hectolitres, représentant 2,000,000 en numéraire d’après le prix du blé sur les marchés de Metz, en 1856. «Ce que je viens d’énoncer rapidement, dans le but d’aider à la découverte des moyens propres à sauve- garder,la fortune publique,:ne m’arrèêtera pas dans l'expo- sition non moins succincte qui me reste à faire de quelques communications botaniques, parce que dans celles-ci, à leur tour, on trouvera peut-être autant de valeur que dans les précédentes, si l’on veut, en les considérant au point de vue de la science elle- même , y voir le témoignage d’un grand amour pour elle, ayant pour foyer la société qui vous demande FA de vouloir bien devenir l'interprète de ses efforts. Ges communications , en effet, elle les a provoquées en Ho ant avec empressement à la restauration du Jardin botanique de la ville; et en la poursuivant avec persévérance ; elle pense ainsi pouvoir appeler sur cet étäblissement la faveur qui doit s’y attacher, si l’on est sûr d’y rencontrer, parfaitement classées, un grand nombre d'espèces de choix, et de préférence toutes . celles qui spécialisent davantage la végétation du dépar- lement ; la réunion, enfin, des circonstances les plus propres à répandre et à développer; de plus en plus, le goût. pour l'étude des plantes, affranchie des diffi- cultés qu elle présente toujours. à son début. A tous ces soins” la à statistique phytographique a gagné immensé- ment, Pour: certaines plantes , on est arrivé à reconnaitre un plus grand nombre de stations, et la découverte inattendue d’une vingtaine d’autres a été réalisée avec bonheur, Peu dé flores locales ont pu, dans un aussi æ 336 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. court espace de temps, s'enrichir autant que la flore de la Moselle, Les récentes acquisitions, successivement an- noncées , qui légitimement sont à y introduire, constitue- ront, en réunissant les notices détaillées qui les con- cërnent une intéressante addition aux publications dont + l'initiative est laissée à la Société, « En terminant cet exposé, je dois faire conn aitre à l’Institut des provinces que les travaux de la Socit té d’his- toire naturelle de Metz, tous les j jours mieux appréciés par la population, lui ont acquis le concours de plusieurs jeunes gens studieux qui. s se livrent, avec ardeur et suc- cès , à l'étude des s ects, naturelles, et que plusieurs membres du clergé. même s ’associent tous les jours à ses travaux. La Societé de Metz est heureuse de pouvoir constater ce résultat de ses efforts. » 4 M. F.-M. Chabert, membre titulaire de l’Académie” impériale de Metz, HD honoraire de la Société grand- ducale de Luxembourg , membre correspondant desAc: démies du Gard, de Nancy, elc., vous a adressé plu- sieurs publications importantes qui dénotent, dans leur jeune auteur , avec le goût éclairé des recherches histo- riques, des connaissances variées. Ces ouvrages sont : 4°, Le Journal du siége de Metz den. 1552 (Pdf ments relatifs à l’organisation de l'armé Charles-Quint et à ses travaux dey description de médailles frappées J sion la.levée ” du siége). …. LS c'est une édition nouvelle et compl de ce siége, par Bertrand de Bergerac, ay et les variantes de la réimpression de Coll plan gravé*par Sébastien ua vuguientée, de, dou TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 337 ments importants , entièrement inédits, relatifs à l'or- ganisation de l’armée impériale et à ses travaux devant Metz, faisant connaître les embarras de Charles-Quint, et contenant, en quelque sorte, le journal de sa vie pen- dant son séjour sous les murs de Metz et à Thionville, et enfin les réflexions de ce grand homme sur les causes qui le forcèrent à abandonner son entreprise. Ces docu- ments, extraits du bureau de l’ancienne chancellerie im- périale, sont actuellement déposés aux x archives DUT d’Espagne, dans la ville de Simancas.… + 2°, Une notice sur Gharles- “Louis-Auguste Fouquet , duc de Belle-Isle, gouverneur de la province des Trois- Évêchés, fondateur de l’Académie royale de Metz, ma- réchal et pair de France , ministre de la guerre, membre de l'Académie française, avec un précis historique des travaux ét des embellissements exécutés dans la ville de Metz, de 1727 à 1761 ( 219 pages ). 3°, Les Chroniques de la noble ville et cité de Metz, par J ean Le Châtelain, réimprimées pour la première fois, et précédées de notes bibliographiques. —Ces chroniques sont en vers ; elles sont, dit l’auteur, un monufent/sin- cère dans bon nombre de ses parties, et utiles à consulter pour l’histoire de Metz. La manière dont elles sont écrites égaiera de temps en temps le lecteur; elles renferment quantité de particularités curieuses et singulières qui le dédommagerontdes récits apocryphes qu’il pourra rencon- ». trer dans le commencement (97 pages). k°. Des notes pour servir à l’histoire de l'hôpital St.- Nicolas de la ville de Metz | Extrait des Annales de la Charité, comprenant 7 pages ). PA Un rapport sur Ja situation de la Société d’horticul- ture de la Moselle, dont M. Chabert est secrétaire-général. 15 338 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. NORD. M. Taïlliar vous à rendu compte des Mémoires de da Société impériale d'agriculture, sciences et arts de Douai, centrale du Nord. Ces mémoires, concernant l’agriculture, l’horticulture, les sciences exactes et naturelles les sciences morales et historiques, Ja. litiérature et les beaux-arts, com- prennent jusqu’ "ici ( leux. séries : Fe La première série, dont Ja oi publication date de 1826, se. compose de treize volumes. A là fin du treizième volume se trouvent des tables générales, ré- digées avec beaucoup de soin par M. le conseiller Cahier. L'auteur, après avoir _ indiqué la tomaison des treize volumes, donne successivement la table alphabétique des auteurs, ef celle des matières. Il y ajoute une table des matières contenues dans les deux volumes de bulle- tins ‘agricoles publiés par la même Société, du 4°. novembre 1846 au 31 novembre 4848. Cette première série se complète par un volume in- titulé : Recueil d’actes des XII°. et XIIT°. siècles , en langue romane-wallonne du nord de la France, avec une introduction et des notes de M. le conseiller Tailliar, ancien président de la Société (Douai, 4849 ). La seconde série, jusqu’en 1857, comprend trois vo- Jumes. FA , Le tome L (1849 à 1851) a été publ en 1852. H contient notamment : LE | | Un Mémoire sur un fœtus humain mOnstrUEUR ; par M..le docteur Maugin ; Des Remarques sur le Me par le docteur Es: un texte de la RAA de Turpin. de tuite, en 12 FE DA TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 339 calier, suivies d’un vocabulaire RAR. A G. Briston (XEV°. siècle) ; | Un Essai sur l’histoire des institutions dans le nord dela France(1”°. partie, ère coque, par jaiiar, avec Mu quatre planches repr ol Le tome II (185: re- marque ‘plus pa Un Mémoire | l’abbaye de Mc Un coup-d'œil Douai, par M. Cal re ve # De co - souvent: ’usaye des habitants de a Re sur la maiso « queues: avocat. Dans cet o1 Éa l’ordre de Michel de Harnes. Le texte de cette. traduction, du XI. siècle, se trouve à la snistiiipne. de Copenhague à Wa Fr F0 * 0 F ut LA à 14 FR s (à ' %, D Essai sur pe: biniure religieuse , avec une | nolice t flamand par M. Asselin. * 340 INSTITÜT DES PROVINCES DE FRANCE, La Société continue; en outre, la publication de ses but. letins agricoles et horticoles qui forment déjà plusieurs volumes. La Société Dunkerquoise pour encouragement des sciences, des lettres et des arts (4) poursuit toujours avec le même zèle le but de son institution. Les travaux qui vous ont été signal , au Congrès de l'année dernière, ont été mentionnés et donnés en exemple dans les] journaux yes départements limitrophes, et jus- que dans un journal de la Guienne. Ils ont eu du retentissement dans quelques villes de la Belgique. En Espagne, onena parlé dans un journal de Madrid. L'’an- cienne domination espagnole sur nos contrées du nord de la France a inspiré à la Société Dunkerquoise l’idée de se faire des correspondants au centre de la péninsule, Cette heureuse pensée, due à l'initiative de M. Chamomin de Saint-Hilaire, consul. d’Espagne à Dunkerque et membre de la Société, amènera certainement des résul- tats utiles, profitables surtout à la science historique. Une autre inspiration, dont il faut louer la Société Dunkerquoise, a été la création d’un musée naval. On comprend combien la science nautique peut retirer de fruit d’un pareil établissement dans un port de mer. Aucune des sections dont se compose lasSociété n’a négligé les travaux qui la concernent. | La section des lettres a produit : des traductions de poèmes anglais de Chancer et de Byron;par. M. Allard ; — la relation du naufrage du navire les Trois-Sœurs, par (1) Rapport de M. Carlier, délégué de la Société Dunker- quoise, TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. au M. Conseil ; — l'Histoire de la Flandre religieuse, par M. V. Derode; cet ouvrage est sous presse ; — d’autres écrits du même auteur, intitulés : Le procès d’un curé de Dunkerque, en 4599; — De l’importance de la philologie ; — L’Hépital des fous, etc. Les procès-verbaux de la section des arts mentionnent deux plans de Dunkerque, au XVI°, siècle et en 1851, par M. Leblond. On y trouve constatés les éloges accordés par l’opinion publique au tableau de M. Desmidt, repré- sentant une des brillantes actions navales de Jean Bart. Cette toile remarquable est dans les pérortions de quatre mètres sur trois. Les diverses branches des sciences ont été traitées dans les ouvrages suivants : Gourbe comparative du motve- ment de la navigation de Dunkerque, depuis le XIX°. siècle , par M. Decharme, ingénieur ; — Notice sur la poulie Herrebrecht, par M. Everhaert; — Note sur une tige phénoménale de belterave, par M. Ortille ; — Notice sur le Corpus chronicorum Flandriæ; Notice sur l'église de West-Cappel, par M. Bonvarlet; — Notice sur les sei- gneurs de West-Cappel, par M. Cousin ; — Statistique de la population de Dunkerque, pour 1856, par M. v. Derode ; — Observations météorologiques, faites à Dun- kerque , en 14856, par le docteur Bobilier, Je eiterai aussi les œuvres suivantes produites par les correspondants de la Société : Théorie de la fermenta- tion ; —Plan d’une corderie mécanique, par M. Andrieu. — De la tuberculisation des ganglions bronchiques chez ladulte, par MM. Duriau et Gleïze ; — Notice sur une habitation gallo-romaine, trouvée à Fagny (Meuse), avec plans et dessins, par MM. Ortille et Ottman; —Notice sur l'abbaye de Beaupré, par le docteur Le Glay, archi- 942 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. viste du Nord; — Lettres sur des médailles d’or gallo- romaines, découvertes à Ledringhem, par le docteur Morael de Wormhout. La Société prépare, en ce moment, la séance publique qu’elle tient chaque année, le 24 juin, jour de la fête locale. Ces réunions intéressent vivement la population ; elles exercent chaque fois sur elle plus d'autorité et d'influence. La solennité de la distribution des médailles, décernées aux meilleurs ouvrages scientifiques, artistiques et littéraires , envoyés au concours ouvert par la Société, offre un excellent moyen d’émulation, qu’approuveront tous les esprits que préoccupe le progrès intellectuel des masses. L'avenir ne peut qu’en recueillir de bons résultats. La Société Dunkerquoise a adopté une mesure d’un effet certain pour assurer sa marche vers le but pour lequel elle a été instituée. Elle a décidé que la perpétuité serait attachée aux fonctions de son secrétaire, et elle a confié ces fonctions au plus zélé de ses membres fon- dateurs, à M, Victor Derode, sous l'inspiration duquel fut élaboré , en 1851, le réglement qui la régit. M. _Carlier, en sa qualité de délégué du Comité flamand de France, à Dunkerque, vous a fait connaître les travaux de cette Société, instituée, en 1853, pour sauver de l'oubli le passé de l’histoire religieuse et ci- vile, des mœurs et des coutumes de la Flandre ; passé que nous voyons se, démanteler chaque jour , et dont le langage seul nous est encore conservé intact. Au préalable, M. Carlier vous a annoncé que le deuxième volume des Annales du Comité flamand, qui à paru l’année dernière, et dont le Congrès de 1856 a reçu un exemplaire, a valu à la Société les plus honorables éloges. TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 418956. 943 il a été analysé dans la Revue des Sociétés savantes , et de chaleureux témoignages d'approbation lui sont venus de Belgique et d'Allemagne, pays avec lesquels notre langue nous conserve des affinités sympathiques. Depuis lors, un nouveau volume d’Annales a été préparé ; il est sous presse, et ilcontiendra, entre autres mémoires curieux, une notice de M. Victor Derode sur la pénalité, au XVEÉ. et au XVII°, siècles, dans la Flandre maritime , et notamment à Dunkerque. Tous les docu- ments de ce travail émanent des registres des sentences criminelles qui. reposent aux archives de la mairie de cette ville, et sont appuyés de leurs textes flamands. Les contrevenants à la défense de lire certains livres, sans: doute ceux qui traitaient des matières de réforme reli- gieuse , étaient condamnés à payer une amende de 500 carolus ; puis, en cas de récidive, les hommes avaient la « teste copée, » les femmesétaient « mises en terre toutes vives. » Une autre notice, non moins intéressante, est inti- tulée : Ypres et SL-Dizier ; étude sur deux communes du moyen-âge. L'auteur y a étudié, sous toutes ses faces , le fait, unique dans notre histoire nationale, de la juridiction échevinale de la ville d’Ypres, en Flandre, établie en 1228 sur la ville de St.-Dizier, en Champagne, par le-sire de Dampierre etsde.St.-Dizier, qui avait épousé la sœur de la comtesse. Jeanne. de Flandre. Cette suprématie de la ville flamande sur la ville _champenoise fut maintenue, pendant deux siècles et demi, jusqu’en 1470 ; presque toutes les consultations et les sentences qui la constatent ont été analysées dans le curieux travail de M. Carlier, Le Comité flamand a aussi adopté, sur sa pr oposition , SU INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. la publication d’un Bulletin mensuel, destiné à repro- duire l’esquisse de ses travaux intérieurs, et les notices de peu d’étendue, réservant aux volumes de ses Annales les mémoires de longue haleine. Deux numéros de ce Bulletin ont été déposés sur le bureau du Congrès. On remarquera, dans lun d’eux, une notice sur l’argenterie et les ornements qui furent enlevés aux églises de la cir- conscription de Dunkerque à l’époque de la Convention. Le Bulletin mensuel sera adressé à tous les membres correspondants du Comité, et il aura pour effet de les intéresser à l’œuvre du Comité flamand , beaucoup plus que la seule publication annuelle d’un volume d’Annales qui n’était souvent pas envoyé à chacun d’eux. Ces rela- tions permanentes entretiendront le zèle des correspon- dants et les exciteront, sans doute, à prendre eux-mêmes leur place dans les publications ultérieures du Comité. Cette mesure répond aux questions qui avaient été discutées, dans la séance du 30 mars du Congrès de 1856, sur les moyens d'augmenter la mise en circulation des publications académiques, et sur les améliorations à apporter dans la part que prennent les correspondants® des Sociétés aux travaux communs. Elle aura également pour résultat de consolider et d'augmenter l'influence de la Société-mère , suivant le vœu exprimé alors par l’ho- norable directeur du Congrès. En dehors du Comité. flamand, mais s’y rattachant intimement , il a été publié par ses membres , d’abord : la traduction, envers français, d’un petit poème du célèbre Jacob Cats, intitulé : Kinder "spel, ou les jeux de l’enfance. Cette traduction est due à M. l’abbé Bloeme de Roquetoire. Un autre ouvrage a paru ensuite, d’une plus haute portée scientifique et artistique ; il est du pré- TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 3/8 sident du Comité flamand, M. Ed. de Coussemaker, cor- respondant de l’Institut de France. Le volume des Chants populaires des Flamands de France, accompagnés de leurs mélodies originales, a réalisé, d’une façon plus com- plète encore pour la Flandre, le beau travail que M. de La Villemarqué a publié sur les chants de la Bretagne. Il est fait à l’imitation des grands ouvrages des philo- logues allemands sur les chants populaires de leur pays. L'œuvre de M. de Coussemaker est aujourd’hui connue et appréciée des savants spéciaux qui s'intéressent à cette partie de l’art poétique et artistique qui sort directement de la source populaire. Cette œuvre garantit lexcel- lence de la direction d’études donnée au Comité flamand de France, et la continuation active de ses efforts vers le but de son institution. ORNE. Dans la note suivante sur les travaux du Comice agricole de Putanges, M. le comte de Vigneral, son président, vous a fourni des renseignements pratiques dont vous apprécierez l'importance: « Les conférences mensuelles dt Comice ont été pu- bliées jusqu’en 1853. —1Celles. qui ont eu lieu depuis cette époque le seront très-prochainement. J'indiquerai donc brièvement les questions qui ont été QU cette année, aux membres du Comice, « L'étude de l'application des instruments nouveaux a été Pobjet des nombreuses conférences, dans lesquelles on a déterminé les avantages recueillis par l'expérience. « Il est difficile de substituer une chose nouvelle à 346 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. une vieille routine. Ce n’estsque par des exemples que l'on émeut lPhabitant des campagnes. « Aussi, pour faire apprécier les avantages des se- moirs mécaniques, le Comice a-t-il procédé d’abord par la plantation à la main, à l’aide du plantoir Le Docte. Frappés de l’excessive économie de semence et de la beauté des récoltes, les cultivateurs ont compris, de visu , que le semoir mécanique faisait mieux que la main de l’homme. « Le Comice à fait venir un semoir de Jacquet-Ro- billard, d’Arras ; plusieurs cultivateurs en ont fait usage : cet instrument sera promptement propagé. — Que dire contre un instrument qui économise la moitié, et plus, de la semence; d’un instrument dont la propagation nous préserverait du déficit des années ordinaires ? En effet, si 12 millions d'hectares sont, chaque année, consacrés à la culture du blé, on emploie à l’ensemence- ment, par l’ancienne pratique , 2 hectolitres par hectare, soit 24 millions d’hectolitres. La moitié, ou le tiers au moins de cette quantité (c’est-à-dire 12 ou 8 millions d’hectolitres) serait donc ainsi réservée au commerce, et, en comblant le déficit habituel, nous réaliserions, chaque année , une économie de près de 200 millions. « Pour assurer la production du blé, il faut songer à l’engrais que réclament nos champs. Pour le produire en abondance, on doit accroître le nombre et la qualité du bétail : c’est dans cette double vue que le Comice a souvent agité la question de. la nourriture des animaux, parce. qu’elle est pratiquée par l'un des premiers agri- culteurs du Nord , M. Decrombecque, « Voyant l'insuffisance de la production de la viande démontrée par le prix, sans cesse croissant, de cette TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 947 base de notre alimentation , le Comice n’a trouvé de remède à l'insuffisance du bétail qu’en augmentant, par le coupage et la fermentation des pailles et des four- rages ,.les moyens de nourrir, avec les produits ordi- naires de la ferme, un nombre danimaux double et triple même de celui qui était précédemment entretenu surala même ferme. « Pour obtenir cette fer mentation lorsque les pailles etles fourrages sont hachés, on les dépose dans des distri- butions faites en planches, et de grandeur nécéssaire pour que chaque compartiment, renferme la quantité de hachis nécessaire à la nourriture du bétail de la ferme, pendant un jour. On. met 8 litres d’eau pour h0 kilog. de paille ou. de foin. On mélange avec soin, par parties, le tourteau et l’avoine. Quand on a ainsi disposé la nourriture , on la couvre de quelques planches, et l’on marche dessus pour opérer une forte compression; puis l’on rejette un peu de paille hachée par-dessus les planches, afin de prévenir l’évaporation de la chaleur qui bientôt va se produire. ”_« On-prépare, dans des compartiments séparés, le - hachis des chevaux et des vaches, car le hachis pour lesschevaux se compose d'avoine, de paille et de foin: on ne réduit point la quantité d'avoine que l’on est habitué à donner aux chevaux: cetie quantité varie selon la force du cheval, et le travail exigé ; on hache environ 5 kilog. de paille et au plus 4 kilog. de foin par tête. Il faut laisser le mélange quarante-huit heures pour que l’avoine soit suffisamment fermentée et gon- flée. Quelquefois on y ajoute un peu de tourteau. « Pour les vaches à lait, on ne peut pas excéder , sans nuire à la qualité du lait, la quantité de 1 kilog, »—. 048 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. et demi de tourteau ; la ration de paille est de 12 kilog., par tête ; celle de foin, de la même quantité; ces pro- portions dépendent cependant de la taille de l’animal. Pour le bœuf , on élève la quantité de tourteau à 4 kilog. et plus , toujours selon les circonstances. Le hachis destiné aux animaux de l'espèce bovine ne doit rester que 24 heures dans les compartiments. « Il est indispensable d'établir un blutoir qui reçoive la paille hachée, pour la Séparer de toute la poussière qu’elle renferme, et qui serait très-nuisible aux ani- maux. « Les fourrages coupés en vert doivent être hachés, mais non fermentés: on évite ainsi un énorme gas- pillage. « Ainsi, par ce procédé, une ferme qui entretenait 8 vaches, 4 génisses, 4 à 6 porcs et 4 chevaux, a pu élever le nombre de ces animaux à 12 vaches laitières, 10 génisses de un à deux ans, 3 taureaux et 2 bœufs utilisés au service de la ferme. « Il est vrai de dire que, dès aujourd’hui, les en- couragements qui ont été judicieusement accordés pour faire connaître les races bovines les plus disposées à prendre la graisse, et à la prendre de bonne heure, ne sont plus nécessaires, Ce n’est pas la graisse qui nous manque , c’est la matière à engraisser. « Or, s’il est démontré, par la pratique, qu'il est possible, à l’aide de la fermentation et du coupage des pailles et des fourrages même les moins savoureux , de nourrir un nombre triple d'animaux sur la même ferme, le Gouvernement devrait désormais convertir en primes , accordées aux cultivateurs qui nourriraient le plus grand nombre d’animauxsurune surface donnée, é TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 349 les encouragements accordés aux engraisseurs de bétail dans les concours de boucherie. "’« Le Comice a engagé aussi ses membres à essayer l'usage de la marne et de la terre pour la composition des litières : : les fumiers ainsi préparés sont tout à la fois un engrais et un amendement ; et, en employant soit la marne pour les fumiers destinés aux terres d’un sol léger argileux, soit l'argile pour les fumiers destinés aux terres calcaires, on réunit les bases les plus riches et les moins dispendieuses. « Mais, a pensé encore le Comice, il faut, pour assurer le progrès agricole, songer avant tout à l’édu- cation et à l’instruction des populations rurales. « C’est avec raison que, pour combattre la désertion des campagnes , les hommes sérieux réclament un autre enseignement que celui qui est donné dans les écoles des deux sexes. « Avec une.meilleure éducation, avec une instruc- tion agricole pratique , et non scientifique, il sera pos- sible aux cultivateurs intelligents et attentifs de modifier leurs habitudes routinières. Alors, par l’accroissement des produits, il y aura accroissement de salaire ; car, il faut tout dire , on aurait. tort de penser qu’il est pos- sible de prévenir l’émigration des campagnes vers les villes sans la réunion de trois moyens signalés plus haut, savoir : l'éducation, l'instruction et l'élévation du salaire. «Le Comice de Putanges résume donc ses travaux de l’année dernière par les vœux suivants: « 1°, Que, par tous les moyens possibles, le Gouver- nement propage l'introduction des instruments perfec- tionnés , notamment le hache-paille et les semoirs. 390 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « 2°, Que, pour augmenter le nombre des animaux de boucherie, le Gouvernement remplace, par des primes attribuées aux cultivateurs qui nourriront le plus grand + nombre d'animaux sur une surface donnée, les prix décernés aujourd’hui aux engraisseurs dans les concours de boucherie. « 3°, Que, pour combattre la désertion dés cam- pagnes, on s’empresse d’aviser, à une réforme complète de l'éducation et de l'instruction des enfants des deux sexes dans les campagnes. Ce vœu n'est que. trop mo- tivé par les faits cités dans le rapport si remarquable ; de M. Perrot, sur les prisons: ses chiffres ont une éloquence terrible. — En 1851, les prisons recevaient 4,721 garçons, 836 filles, total : 5,557. — En 1855, les prisons s’ouvrirent à 7,908 garçons, à 1,940 filles, total : 9,818, » M. Pichon-Premèlé, maire de Séez, vous a lu, dans une de vos séances précédentes , un mémoire sur l’ensemble des améliorations agricoles qu’il a introduites dans l’ex- ploitation qu’il dirige depuis trente ans sur ses terres réunies.de la Cour-d’Aunou et de la Bouverie, toutes deux situées au territoire d’Aunou-sur-Orne et, pour partie, sur le territoire de Séez. Déjà cette importante exploitation a valu à son pro- priétaire de très-honorables distinctions, entre autres, le titre de chevalier de la Légion-d’Honneur. _ Fo. Vous avez entendu avec un vif intérêt les détails que vous à donnés M. Premêlé sur ses cultures et sur les résultats avantageux qu’il a obtenus, et vous regret- terez avec moi que la nature et les limites de mon rap- port neme permettent pas de reproduire, même par TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 851 extrait, le travail remarquable soumis à votre appré- ciation ; notre collègue trouvera d’ailleurs des juges compétents lors du prochain concours régional qui doit avoir lieu dans le FRAAEENt de l'Orne. + | NPab-pÉ GA. Les mémoires que l’Académie d'Arras (1) publie annuellement étant adressés au Congrès, il suffira d’abord de mentionner , dans ce rapport, les sujets d’un intérêt plus général qui sont traités dans ces mémoires : Considérations sur l'Empire romain, par M. Le- cesne ; Notice sur Comius, chef des Afpébarés, par le même ; Etude sur le jurisconsulte N. Gosson, d'Arras, par le même ; Un procès criminel au XVII, siècle (celui de Saint- Prieul, gouverneur d'Arras), par le mème ; Notice'sur Quènes de Béthune, poëte du XII°. siècle, conseiller desBeaudoin et gouverneur der Pique tinople, par M. d'Héricouri ; Les poétes historiens, — Chateaubriand. Lure lo ; — Discussions relatives à la fondation d'hospices ré- gionaux et à l'aliénation des biens des hospices (pro- cès-ver baux);—Rapport sur les Fables de M. Derbigny, par M.-Delalleau ; La philosophie biblique et e philosophie rationaliste, par M. Robitaille ; (4) Note de M, le colonel Répécaud, président de l’Académie, 392 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Rapport sur un ouvrage de M. de Caumont, par le même ; | Rapport sur l'Histoire de la démocratie athénienne , de M. Filon, doyen de la Faculté de Douai, par M. Broy; Enfin, Tableau succinct des progrès récents des sciences et de l’industrie. — Discussions des divers projets conçus pour le percement de l’isthme de Suez. Après ces indications, disons quelles sont les Douions qui ont particulièrement occupé l’Académie dans ses séances hebdomadaires. Dans la séance du 30 novembre 1855, M. Lestoquoy a lu la première partie d’un mémoire ayant pour objet d'expliquer les battements du cœur: il désirait que l’Académie émît son opinion sur le principe dynamique qui servait de base à son explication. Un membre de la Société, désigné à cet effet, s’est livré à l’examen de cette question, et son rapport, ainsi que le mémoire de M. Lestoquoy, ani déposés aux archives. Or, un an plus tard, en novembre 1856, dans une séance de l’Académie des sciences, äl a: été c donné lecture d’un mémoire dans lequel le docteur Hiffelsheim , phy- siologiste allemand, attribue les battements du cœur à la même cause, en s'appuyant sur le même principe dynamique. Le docteur Lestoquoy est donc fondé à réclamer Ja priorité, et l’Académie a décidé que son président ap- puierait cette réclamation en certifiant les faits qui viennent d’être exposés. M. Billet, archiviste de l’Académie, a lu dans diverses séances : l’Éloge de Turgot ; des Considérations sur TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 353 Lamoignon-Malesherbes ; une Appréciation littéraire des œuvres de J. Delille ; et enfin des observations sur un écrit de M. Vogué , relatif à l’état de l’agriculture en Angleterre, comparé à sa situation en France, M. H, Corne, membre correspondant, ayant adressé à l’Académie un exemplaire de son nouvel ouvrage sur éducation, qui a pour titre : Adrien, M. Laroche a lu une analyse très-complète de cette importante production. M. l’abbé Carton, directeur de lInstitution des Sourds- Muets à Bruges, ayant également adressé à l’Académie un mémoire qu’il vient de publier et qui a été couronné par la Société centrale d'éducation et d’assistance des sourds-muets, M. Auguste Parenty, dàns un rapport développé, a fait ressortir le mérite de la méthode pro- posée par M. Carton, pour instruire les sourds-muets dont l'admission n’a pu avoir lieu dans les institutions qui leur sont destinées; et l’Académie , jugeant qu'il serait très- utile de répandre la connaissance de cette méthode, a chargé son président d'engager M. le Préfet à recom- mander l'ouvrage de M. l'abbé Carton aux maires et aux instituteurs du département ; : ce mess b Ê est, empressé ( de déférer à ce vœu. Tout récemment , M. d'Héricourt, dans une séance de l’Académie , a donné lecture d’une notice sur Isabelle de Hainaut , qui, sans doute, sera insérée dans le volume de Mémoires que la Société doit prochainement publier. La fréquence desséances s'oppose à ce que, dans toutes , il soit fait des lectures aussi importantes ; mais il arrive que les membres s’y entretiennent de questions qui ne sont pas sans intérêt. Ainsi , à l’époque où. des inondations désolaient plu- sieurs de nos provinces, quelques-uns ayant parlé des LU 39! INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. causes auxquelles on attribuait ces désastres , l’un d’eux qui, en 4815, avait eu occasion d'étudier le régime de la Loire et qui, quelques jours avant l'inondation de 1847, visitait les environs d'Orléans, a dit à quoi on pouvait attribuer le déversement du fleuve dans le bassin du Loiret, et par quel moyen, à son avis, on pour- rait prévenir une semblable catastrophe. A l’occasion du projet du docteur Grassi, de Milan, re- latif à l'ascension sur les rampes les plus rapides au moyen de cylindres enveloppés par une hélice, un membre a fait part à ses collègues de l’idée qu’il avait eue, dès long-temps, de remplir le même objet en plaçant contre les rails (sur ces rampes) des sortes de râteliers à dents cycloïdales. L'Académie a jugé utile d'insérer, dans le XXVIIE, vo- lume de ses Mémoires, quelques pièces manuscrites, telles que d’anciennes traductions des Pensées de Varron; une préface des Homélies d'Origène, où il est question de Varron; la suite des Annales de Flandre, de Jacques Meyer , par son petit-neveu, Philippe Meyer. Elle a fait imprimer aussi d'anciens manuser its plus étendus , mais séparément : cal 4° Le Journal de Dom Gérard Robert, “religieux de l’abbaye de St.-Vaast d’Arras, où sont racontés des faits arrivés de son temps (2°. moitié du XV°, siècle), e en la ville d’Arras, et qui ne sont pas étrangers à l’histoire de France ; 2°, La Chronique d’Arthois, de” » François Bauduin , jurisconsulte éminent du XVI, siècle , suivie de son advis sur le faict de la réformation de l’Église. Ces deux publications ont été offertes au Congrès. La notice suivante, sur lés travaux de la Société des TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 39 Antiquaires de la Morinie, est due à M. le marquis de Gôdefroy-Mesnilglaise, qui en est l’un des membres les plus actifs et les plus éclairés. L'un des ouvrages qui y sont cités est le résultat de ses recherches ; c’est ce qui explique le laconisme avec lequel il en parle; vous suppléerez, Messieurs, à la discrétion de l’auteur, en accordant à son œuvre les éloges qu’elle mérite : « Cette Société continue ses investigations historiques et archéologiques. Peu nombreuse et donnant à ses travaux une direction sérieuse, elle procède avec lenteur. Le neuvième volume de ses Mémoires est de 4854 ; l’im- pression du dixième n’est pas assez avancée pour qu'il soit possible. d'exposer les matières qui y sont traitées. Mais deux ouvrages publiés sous ses auspices ont été l’objet de Gislinctions signalées. L'édition de Lambert d’Ardre, chroniqueur de la fin du XII°, siècle, peu connu jus- qu'ici, donnée par M. le marquis de Godefroy-Mesnil- glaise, correspondant, a obtenu de l’Institut une mention très-honorable. au Concours des antiquités nationales de 1855. Le premier volume de l'Histoire des abbés de St.-Bertin, par M. Henri de Laplane, secrétaire-gé- néral, y a été honoré d’une mention pareille, et le suivant a mérité la première médaille au concours de 1856. La Société est fière d’un si beau succès que justifie l’im- portance et l’étendue de ce docte travail, On sait la haute antiquité de l’abbaye de St.-Bertin ; on sait quel rôle considérable elle a eu, dans les premiers temps de la monarchie, et quelle a été son influence sur la civilisation de nos contrées du Nord-Ouest, M. de Laplane, qui précédemment avait exploré ses ruines avec tant d’in- telligence, s’est enfoncévrésolüment dans l'étude de ses volumineuses archives. Ia, entre autres, dépouillé les 306 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE: onze tomes in-folio du cartulaire transcrit par D. de Witte. C’est vous dire qu'il a consacré une patience et un zèle de Bénédictin à faire connaître au monde reli- 4 gieux et savant la grande communauté bénédictine ,. pendant les onze siècles de son existence. Cette patience et ce zèle ne sont point épuisés , Dieu merci, et nous leur devrons bientôt un travail du même genre sur l'abbaye de Clairmarais, voisine de St:-Bértin, monu- ment de la présence de saint Bernard dans la Morinie. Comment, d’ailleurs, ne serait-il pas encouragé à mar- cher dans cette voie, lorsqu'un bref du Saint-Père, conçu dans les termes les plus flatteurs, vient louer l'Histoire des abbés de’St.=Bertin? EUR à « La Société, par les soins de deux de ses. membres + M. le conseiller Tailliar et M, l’avocat Courtois, a publié tout récemment : Les usaiges et anciennes coustumes de la conté de Guysnes , un vol. in-8°. Le texte, reproduit d’après un manuscrit du XV°, siècle, est pré- cédé d’une analyse raisonnée due à M. Tailliar , et d’un aperçu historique sur le comté et ses institutions, par M. Courtois, qui a déjà si bien élucidé la géographie de cette petite région. Un glossaire, et un plan de la ville et du château, gravé d'après un manuscrit de la Tour de Londres, complètent ce volume, témoignage curieux du droit féodal et municipal au moyen-âge. « Le Bulletin de la Société, qui paraît à des époques indéterminées, a mis en lumière, depuis dix-huit mois, plusieurs pièces inédites, intéressantes pour l’histoire locale, entre autres des complaintes sur la destruction de Terouane, par Charles-Quint, événement qui eut un si grand retentissement au XVI°. siècle. « Le dernier concours ouvert par elle a été l’oçcasion TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 857 d’une notice de M. le baron de Melicocq, sur.les artistes _ dramatiques aux XIV°. et XV°, siècles ; notice qui a valu à son auteur une médaille d'argent, à M. . « Le concours prochain pose des questions graves. ” H s’agit d'apprécier les institutions militaires du nord de la France, depuis Charlemagne jusqu'à François I°’, ; de discuter, en général, l’origine de Ia justice seigneu- riale, et, en particulier, la juridiction du monastère de st.-Bertin. | « Enfin M. Vincent, de l’Académie des Inscriptions, que la Société s’honore de compter parmi ses membres, prépare une étude sur, Hesdin, sa ville natale, dont il voudra bien, je l'espère, donner quelque communication au Congrès. » de - mA d'Héricourt , secrétaire actuel de Ia Pr centrale d'agriculture du Pas-de-Calais, a fait re- mettre à votre rapporteur.le. Bulletin apricoie publié par cette société au. commencement de cette année, Parmi les travaux, qui s'appliquent à l’année 1856, j'ai remarqué : 1°. deux discours prononcés, le 20 février, l’un par _M. d'Héricourt , l’autre par M. Clément, sur la tombe de M. Hocedé, excellent: agriculteur, l’un des membres les plus distingués de la Société, dont il était depuis long-temps le secrétaire; 2°. le discours dans lequel, à la séance publique du 9 novembre, M. le baron d’Herlincourt, vice-président, a fait ressortir tout l'avantage que présenterait l’intelligente exploitation .du sol par les propriétaires eux-mêmes ; 3°. le savant rapport de M. d’'Héricourt sur les travaux annuels de la Société : . 4°, une note, par M. d’Herlincourt, sur les expériences "du système Kennedy, pour les irrigations, faites à sa ferme 308 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. 3 d'Etrépagny; 5°. une notice développée sur la péripneu- monie épizootique du gros bétail, par M. Mannéchez, ” J'ajouterai à cette courte analyse la citation entière. d’une lettre adressée à notre honorable Directeur par. M. le comte d’Héricourt; vous jugerez de l’importance de l'essai tenté par notre zélé collègue : … « On a beaucoup parlé, dit l’auteur de cette lettre, du repiquage des betteraves et des plantes d'horticulture. Permettez-moi de vous signaler un moyen employé par mon jardinier pour obtenir des couches à prix réduit. « Dans le Pas-de-Calais, le bois, ou, pour mieux dire , la tige d’œillettes n’était employée qu’au chauffage du four: on s’en servait aussi däns les chaumières pour obtenir un feu actif et brillant; mais les cendres en étaient très-estimées pour les travaux de la buanderie, à cause des sels qui y sont contenus. Le sieur Alexandre Tur- lure résolut d'utiliser ces matières comme engrais, et je crois inutile d’ajouter qu’il obtint d’heureux résultals. Encouragé dans ses efforts, il se servit des tiges d’œil- lettes, les lia par poignées, en forma des lits d'environ 4. mètre de hauteur et les couvrit d’un peu de terre. Pour activer la fermentation, chaque lit doit être abondam- ment arrosé, le mot noyé serait plus exact. Je n’emploie plus que ce système pour les couches de mon jardin et j'obtiens, à un prix réduit, des résultats supérieurs à ceux du fumier organique. Toutefois, lorsque la tem- pérature est froide et que les gelées sévissent encore, les arrosements doivent être faits avec des engrais liquides. Par ce système, j’ai eu des laitues tout l'hiver, et, à plusieurs reprises, la fermentation était telle que l’on a dû saigner la couche: la fumée et la vapeur Séchap- paient très-épaisses. | en TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 359 n « S'ily a avantage à repiquer les betteraves, question que je-regarde encore comme très-controversée, l'emploi .“ides tiges d’œillettes présentera certainement une grande économie. J'ajouterai que M. Decrombecque, maire de Lens, dont je n’ai pas à faire l’éloge après l'appréciation du Congrès, doit expérimenter ce système, et que M. Cavenne, directeur des contributions indirectes, en fera l’essai pour la culture du tabac. Il serait bon que la couche d’œillettes füt étudiée en divers points; et, si je me permets de la recommander, c’est que je m’appuie sur dix-huit mois d'expériences heureuses. « Vous apprécierez sicette communication est de na- ture à intéresser le Congrès et je vous abandonne cette note écrite à la hâte, dans laquelle jevous prie de ne voir que le désir d’apporter, mon faible tribut à une réunion qui, formée sous vos auspices, se montre, chaque année, de plus en plus digne des efforts de son directeur, » Vous devez encore à M. le comte d’Héricourt des détails sur les travaux de la Commission des antiquités départementales du Pas-de-Calais. Fondée par les soins et sous l'administration de M. Desmousseaux de Givré, cetle Commission que dirige, depuis son origine , M. Har- baville, sans autres ressources qune modeste allocation de mille francs que lui accorde le Conseil général, a publié huit livraisons de la Statistique monumentale. Elle a enrichi cet ouvrage de gravures et de lithographies. Déjà ses travaux ont été mentionnés dans le compte-rendu de lInstitut des provinces ; je ne parlerai donc que de la dernière livraison, parue il y a quelques mois. Elle contient la description de deux monuments du XVI°. " “siècle : l'église d’Avesnes-le-Comte, par M. de Linas, | 4 360 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. membre non-résidant des comités historiques, el celie d’Ablain-St.-Nazaire. On peut s'étonner de voir’ réunis deux monuments d’une époque relativement moderne mais ils se complètent l’un par l’autre. L'église d’Avesnes a une architecture intérieure d’une richesse qui ne le cède qu’à la hardiesse de ses formes ; Ablain-St.-Nazaire, au contraire , mérite une place dans la nomenclature des gloires architecturales de la France, par le fini et la légèreté de son ornementation , l'élégance de ses cloche- tons , l'harmonie de toutes ses parties, la beauté de son portail et surtont par ses souvenirs historiques. Elevée par les Bourbon-Carency, elle fut enrichie par la no- blesse artésienne , et je regrette de ne pouvoir raconter la charmante légende de son origine. Outre son Album ou sa Statistique monumentale , la Commission publie un Bulletin dont le troisième fascicule est sous presse. Il comprend lestravaux desmoindre impor- tance : les disserlations historiques, les discussions qui ont eu lieu au sein du Comité, le récit des excursions, la men- tion des fouilles faites dans le pays et desrésultats qu’elles ont produits. Des dessins, confiés au crayon exercé. de M. Robaut, de Douai, accompagnent le texte. Il est difficile de citer, car ce serait faire un choix pour lequel, avec sa modestie ordinaire, M? le comte d’'Héricourt déclare son incompétence. On prend d’abord les sujets qui con- viennent davantage à certaines études spéciales, puis on arrive à connaître tout ce que contient le Bulletin. Tou- tefois, pour me renfermer dans l’espace restreint laissé au compte-rendu de chaque Société, je signalerai les com- munications de M. Grigny, architecte, sur les construc- tions des XI°, et XII°, siècles, principalement en Artois ; celles de M. l'abbé Van Drival, sur plusieurs tableauxe r he. ds <= TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 361 et notamment sur un pressoir mystique, conservé à Baralle , et sur diverses pierres tombales, que les soins de prêtres intelligents ne peuvent pas toujours préserver contre les destructions. M. Dancoisne d’Hénin-Liétard , qui possède une riche collection depuis long-temps connue des érudits, a entre autres travaux, établi de précieux rapprochements entre le scel communal d’Arras et une monnaie qu'on refusait d'attribuer à cette ville. C’est qu’en histoire tout se lie et qu’en vain l’on établit des classifications ; il n’est permis de rien négliger, nous devrions dire de rien ignorer, des documents que nous ont laissés les siècles glorieux du moyen-âge. En dehors de la Commission, des ouvrages ont été pu- bliés ; nous ne parlerons ni des communications faites à M. le Ministre de l’Instruction publique, ni des articles insérés dans les Revues belge et française, car on peut facilement les retrouver. M. Godin, archiviste en chef du Pas-de-Calais, et son collaborateur, ont terminé leur tra- vail sur les rues d’Arras (2 vol. in-8°.). On se rappelle que le but de cet ouvrage est de sauver de l’oubli ces souvenirs que le temps efface chaque jour ; de décrire les rares monuments échappés aux révolutions ; de rappeler des institutions dont on ne connaît présque plus le nom, ni les services qu’elles ont rendus; d’indiquer, rue par rue, tous les établissements religieux, municipaux, féodaux , qui ont eu de l’importance. M. le comte d'Hé- ricourt ajoute que l’on comprendra qu'il ne lui appartient _ pas de juger un travail reçu avec sympathie par les habi- tants d'Arras, et encouragé de si nombreuses souscrip- tions, que les frais d’impression ont été plus que cou- verts par la ville elle-même où ce livre était édité. Vous 16 / 362 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. vous joindrez, Messieurs, à la population éclairée d'Arras pour rendre à l’ouvrage de MM. d’'Héricourt et Godin la justice qui lui est due. En terminant, il faut ajouter que la Commission des antiquités départementales exerceune heureuse influence; qu’elle est souvent consultée pour des restaurations d’églises; qu’on lui signale les découvertes dues à la pioche du travailleur; qu’elle a trouvé, dans MM. les agents-voyers du département, d’utiles et d’intelligents auxiliaires; qu’en un mot, elle a le droit de se dire qu’elle a atteint le but de son institution. SAÔNE-ET-LOIRE. M. de Fontenay, en regrettant de ne pouvoir prendre part aux travaux du Congrès, vous a envoyé, au nom de la Société Eduenne, Essai sur le système défensif des Romains, dans le pays Eduen, par M. J.-C. Bulliot, membre de plusieurs Sociétés archéologiques (publication de la Société Eduenne, en 256 pages). A cette publication est jointe une carte des voies romaines et des retranchements romains de la cité Eduenne. Cet ouvrage contient de savantes recherches sur des retranchements antiques de quelques montagnes du pays Eduen, signalés à l'étude des archéologues au Congrès de la Société française, réunie à Autun, en 1846. L'auteur, qui reconnaît, avec modestie, que le lecteur peut n’être pas d'accord avec lui sur la thèse qu’il a soutenue dans son ouvrage, a fait, sur les lieux mêmes, l'examen de tous les postes fortifiés auxquels il a attribué quelque importance, et ne s’est déterminé qu'après avoir accumulé de nom- breuses preuves. C’est aux personnes qui eront à même TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 363 de les vérifier , à juger le travail consciencieux et érudit de l’auteur. M. le comte d’Esterno vous à fait hommage de son rapport lu, en 1856, au Conseil général de Saône-et- Loire sur un projet de modifications à apporter à la législation sur le cheptel. SEINE. M, le vicomte de Cussy vous a dit que l’Académie na- tionale agricole, manufacturière et commerciale, dont l'administration est toujours rue Louis-le-Grand, n°. 21 (Paris) , est entrée dans la vingt-Septième année de son existence, Gette Société est du nombre de celles qui travaillent sans relâche au progrès de notre agriculture et au développement de toutes les branches de l'in- dustrie nationale. Une promesse avait été faite, il y a deux ans, à tous ceux de ses membres qui ont pris part à l'exposition universelle de 4855 et à l'exposition universelle agricole de 1856. Cette promesse a été lar- gement tenue, le 29 janvier 1857, dans la salle St.- Jean de l’'Hôtel-de-Ville de Paris. Ce jour-là, l’Académie | nationale, en présence de plus de quinze cents pêr- sonnes , a décerné près de sept cents récompenses aux plus méritants: ces récompenses ont représenté une valeur de 24,000 fr. _ Les titres des lauréats sont reproduits dans le procès- verbal de cette Assemblée générale qui a‘offert, jusqu’à la fin, le plus vif intérêt. M. Aymar-Bression , directeur-général, a pu termi- ner, en 1856, le double travail qu’il avait promis de faire, et sur l'exposition universelle de 1855, et sur celle de 1856. | 364 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, Les annales de l’Académie nationale, pour 4856, ren- ferment des questions de la plus haute importance et accusent , au sein des Comités de cette institution, une activité et une intelligence qui doivent servir d'exemple, J'ajouterai, ce que n’a pas dit le délégué de l’Aca- démie, que le nom de M. le vicomte de Cussy brille toujours à la tête de cette Société dont la carrière a été, jusqu'à ce jour, si taborieuse et si utile. M. Carlier, en vous parlant de la Société de Sphra- gistique de Paris, vous a dit: « Permetlez-moi, en ma qualité de membre délégué de la Société de Sphragistique de Paris, de vous de- mander quelques instants, pour appeler votre atlention sur cette Société qui poursuit, modestement et sans. bruit, des travaux extrêmement intéressants pour l’his- toire et pour l'archéologie. Vous êtes tous à même de juger combien la science sigillographique peut apporter de lumière dans les questions obscures et épineuses de l’histoire, combien elle peut rectifier d’appréciations hasardées, de faits erronés. Celte science fait mainte- nant partie de l’enseignement de l’École des chartes. Développée dans les Essais de Paléographie de M. de Wailly, on n’en trouvait précédemment de notions que dans le livre de Vredius sur Les sceaux des comtes de Flandre , et dans quelques ouvrages allemands et italiens du dernier siècle. Il lui manquait un organe spécial, une revue, un journal, qui en propageät la connaissance et le goût. Un artiste plein de dévoue- ment, M. Forgeais, a eu la pensée de réunir les ma- tériaux de la science sigillographique dans un recueil, qui, dès son apparition, a obtenu le suffrage et le TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 365 patronage de tous les érudits. Les sommités de l’Église et de la science s’y sont associées, et la liste des membres de la Société de Sphragistique est réellement resplendissante. On y voit figurer plusieurs membres de l’Institut des provinces et du Congrès des Sociétés savantes: MM. le comte de Soultrait ; le comte de Mon- talembert; Raymond Bordeaux, notre spirituel secré- tairé ; lé comte d’Héricourt, qui, dans une récente réunion, s’est si bien rendu linterprète de nos sentiments pour l’éminent fondateur de l'institution des Congrès. « Les publications de la Société de Sphragistique n’ont pas tout le retentissement qu’elles devraient avoir. Vous approuverez, je pense, Messieurs, que je vous de- mande la mention, dans votre Annuaire, des travaux, aussi utiles qu’intéressants , renfermés dans le recueil de cette Société. Ce recueil, qui paraît en livraisons men- suelles, en est maintenant à son cinquième volume. « Je regrette d’avoir été pris un peu à l’improviste, pour vous parler de cette Société savante , et de n’avoir à vous présenter, comme spécimen de ses travaux, que quelques faïbles essais, tentés par moi-même, dans ce genre d’études. » Parmi les ouvrages qui vous ont été offerts, et qui ont été publiés à Paris, je dois citer : 1°. Le Catéchisme d'agriculture , accompagné de cent figures, par M. Jourdier ; excellent recueil qui devrait être entre les mains de tous les agriculteurs ; 2°. La publication, par M. Duplès-Agier, d’une curieuse ordonnance de Philippe-le-Long contre les lé- preux, sous la date du 21 juin 1321; 3, Le sceau du couvent des Frères-Précheurs de 006 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Bergères-St.-Winoc, par M. Carlier, délégué de la Société de Sphragistique; 4°. L’Astronomie du jeune âge, par M, Taunay ; 5°. Un mémoire sur les ponts suspendus, et les machines pour travailler et polir les verres d'optique, par M. William Stewart , ingénieur civil, à Bordeaux ; 6°. Un mémoire sur la construction et l’exploitation des canaux des landes de Gascogne, par le même; 7°. La Descriplion des: médailles. et antiquités du Cabinet du baron Behr, par M. François Lenormant ; 8°, La Culture du lupin à fleurs jaunes, par M. le comte de Gourcy ; | 9°. Quatre brochures, de M. J.-A. Pichot, contenant l'exposé d’une institution financière ; 10°. Cinq. brochures contenant le compte-rendu des importants travaux de, l’Académie nationale agricole, manufaclurière et commerciale. SEINE-INFÉRIEURE, En vous rendant compte des travaux de la Société libre d’'Émulation, du Commerce et de l'Industrie de la Seine-Inférieure, M. le comte d’Estaintot, son délégué , a cru devoir vous entretenir avant tout d’une œuvre capitale, due à trois membres de cette Société : je veux parler d’un rapport sur l'Exposition universelle de 4855, rédigé par. MM. J. Girardin, membre de l’Institut des provinces et correspondant de l’Institut de France ; Cordier, manufacturier, et E. Burel, ingénieur civil. Après. avoir fait l’intéressant historique des diverses expositions qui se. sont succédé depuis l’an VI, époque à laquelle le ministre François de Neufchâteau eut la TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 367 pensée d'organiser la première fête nationale en faveur de l’industrie, M. Burel, arrivant à la grande exhibition universelle de 1855, s’est occupé spécialement de ces milliers de machines que nous y avons admirées, et les a appréciées dans leurs principes comme dans leurs détails : « Un temps viendra, dit-il, où les écrivains « ne sufliront plus à enregistrer le triomphe de la mé- « canique, de la physique et des autres sciences appli- « quées aux arts industriels, » M. Girardin, avec le talent que vous lui connaissez, a entretenu ensuite la Société de la partie la plus variée et la plus intéressante peut-être de l'exposition, c’est-à- dire, des arts chimiques, ou de l’industrie scientifique proprement dite. L'industrie textile, celle des fils et des tissus de laine, de soie, de chanvre, de lin et de coton, a été l’objet spécial de l'examen de M. Cordier. Votre rapporteur voudrait, Messieurs, qu'il lui fût possible de suivre M. le comte d’Estaintot dans la bril- Jante analyse qu’il vous a présentée du travail dû à MM. Burel, Girardin et Cordier ; mais l’espace qui lui est réservé le met dans la nécessité de vous renvoyer à ce travail lui-même dont la lecture vous fera con- naître toute l’importance des produits exposés par le département de la Seine-Inférieure; il me suffira de vous dire que, sur 365 exposants, 270 ont mérité les ré- compenses suivantes, savoir: une décoration, deux grandes médailles d'honneur, quatre médailles d’hon- neur , cinquante médailles de 4° classe, cent vingt- quatre de 2%,, et quatre-vingt-neuf mentions hono- rables. Le compte-rendu de M, d’Estaintol se poursuit ainsi: 068 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « Les deux bulletins des travaux de la Société libre d’émulation , du commerce et de l’industrie (avril 1856), accusent toute son activité. « Dans son discours à la séance publique, M. A. Lévy, président, membre de l’Académie de Rouen, a fait res- sortir la nécessité, « pour l’homme de science et le « commerçant, de ne plus désormais rester étrangers « aux fortes études littéraires. L'écrivain, à son tour, ne doit pas ignorer les merveilles de la science et de « l’industrie. » Est-il possible, en effet, de fermer les yeux en présence de ces vastes horizons qui s'ouvrent devant nous, et dont la science recule incessamment les limites ? « M. E. Burel, ingénieur civil, dans des notes sur la construction des cheminées d'usine, a fait connaître qu’il n'est pas rare en Angleterre de rencontrer des chemi- nées qui dépassent 125 mètres d’élévation à partir du sol, parfaitement solides et verticales , oscillant majes- tueusement au gré des vents, sans que leur équilibre soit en danger. Comment se fait-il qu’en France, leurs timides rivales soient considérées comme des tours de force , lorsqu'elles atteignent à peine la moitié de cette hauteur, et ne sont même souvent achevées que pour menacer ruine et nécessiter des travaux considérables sans lesquels on ne pourrait les maintenir debout ? « M. E. Ducastel, membre résidant, a fait une commu- nication sur le résidu de défécation du jus de betterave et la potasse de mélasse de betterave. « La Société fait professer annuellement un cours de Droit commercial, de comptabilité commerciale, de mé- canique pratique, de chaleur appliquée aux arts ,et un cours de mécanique et de chaleur. À à { TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 969 « Dix prix et quatorze accessits ont été décernés , en séance publique , aux jeunes élèves les plus studieux. « Cette solennité a eu son cachet de surprise. Lorsque les lauréats ont été couronnés, M. le Préfet s’est levé et a prié M. le Président d'inviter MM. Rigault, E. Burel et Lefort à s'approcher de lui. Ce magistrat, dans une vive et sympathique allocution, a fait savoir que, sur sa pro- position , S. Exc. le Ministre de l’Agriculture et du Com- merce avait accordé, à chacun d'eux, une médaille d'argent , pour les récompenser des services qu’ils ren- dent au commerce en professant , avec tant de désinté- ressement, les cours de la Société. La Compagnie et l'auditoire ont prouvé leur satisfaction par de chaleureux applaudissements. « Au moment où le spectacle des magnificences de l'Exposition universelle était encore présent à tous les yeux, ne devait-il pas paraître téméraire d’oser faire appel aux industriels d’un département qui avait reçu si largement sa part des récompenses accordées par l’État ? A ces craintes, la Compagnie a répondu qu’en France l'intelligence ne se lasse point de produire et que la vue d’un progrès accompli en suggère un autre, La Société libre d’émulation , du commerce et de l’industrie a donc décidé qu'une exposition départementale aurait lieu; et, pour arriver à ce but, elle n’a reculé devant aucune peine , devant aucun sacrifice. 134 industriels ont ré- pondu à son appel. « Plusieurs des récompenses qui ont été décernées sont dues tant à la munificence de S. M. l'Empereur qu’au Conseil municipal de la ville de Rouen. « Les machines, les tissus, la filature, la teinture, la fabrication d’horlogerie, les cuirs, l’ivoire, ont rempli et 970 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. orné la salle de lexposition ; 88 industriels ont été félicités, récompensés ou cités. On a distribué, à cette fête industrielle , six médailles d'or, neuf en vermeil, trente-sept médailles d'argent, et trente-six de bronze, grand et petit module, E « Un homme utile, de conscience et d’honneur , qui avait voué toute sa vie de. médecin au service des, mal- heureux et des infirmes, M. le docteur Nicolle, d’Elbeuf, est venu clore cette série de récompenses, en recevant une médaille d'or de 500 francs pour ses appareils des- tinés à soulager les souffrances du pauvre. | « La Société d’émulation étend son activité sur tout ce qui peut stimuler le progrès et atteindre l’Intelligence et le cœur; les généreuses sympathies qui l’entourent ne. sont-elles pas la plus belle récompense qu’à son tour elle puisse recevoir de l'opinion publique ? » M. Lafond de Lurcy vous a exposé les travaux de la So- ciété Havraise d’études diverses, pendant l’année 1856. L'année a été inaugurée par un discours de M. Marie, président. — Le sujet de ce discours était le médecin, considéré dans les aptitudes variées qu'il a dû acquérir par l’étude. presque. encyclopédique des connaissances humaines, et qui font de lui le membre utile par ex- cellence dans les Sociétés académiques de province, en le recommandant, plus que tout autre, aux distinctions. que confèrent ces Académies. Pendant la présente année, la Société, fidèle à son titre, s’est occupée des questions les plus variées, En littérature, elle a entendu avec plaisir la lecture de plusieurs pièces de vers, parmi lesquelles les sui- vantes ont été particulièrement goûtées : TRAVAUX DES ACADÈMIES EN 1856. 371 Les trois premières, inlitulées: Hymne de l’Asso- ciation des Enfants de Marie ,—Trilogie à la Vierge, — Quelques chiquenaudes (Recueil de pensées), ont été présentées par M. Millet-Saint-Pierre. M. Dousseau a lu: Le Mont-Blanc (Impressions de voyage ). M. le comte Hippolyte Louëêl a offert une pièce sous le titre de: Souvenirs et Regrets, Les trois dernières : le Romancero de l’Impératrice { Traduction de l’espagnol ), — Poésies catholiques , — Le maréchal Bugeaud, sont dues à M. Chéron de Villiers. M. Millet-Saint-Pierre a fait connaître une comédie du temps de Louis XIII, et est entré dans quelques con8idé- rdtions sur l’art dramatique avant Corneilie et Molière, L'Histoire, l'Archéologie , la Géographie ont été représentées surtout par MM. Borély, Herval et Dous- seau. Le premier a rendu compte à la Société des re- cherches faites par lui, sur l'invitation de M. le Ministre de l'instruction publique, dans la partie des archives du Havre qui se rapporte au règne de Louis XIE et à la minorité de Louis XIV. Sons les quatre chefs prin- cipaux de la classification nouvelle. des archives du Havre , tous les documents ont disparu dans l’époque qui correspond à celle qu’embrassaient les recherches de M. Borély. Là, par conséquent, des titres d’une haute importance historique ont été soustraits par une main infidèle et restée inconnue. Mais M. Borély a été assez heureux pour trouver néanmoins quelques pièces, d’une certaine importance, qui rentrent dans le cadre tracé par la circulaire ministérielle, Il s’agit de docu« 872 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ments relatifs à la nomination et à l'installation du gouverneur Armand-Jean du Plessis de Richelieu: lettres- patentes de Louis XIIL , du 28 décembre 1642 ; —instal- lation solennelle du Duc, en mai de l’année suivante ; — letires de Louis XIV et d’Anne d’Autriche, écrites trois jours après la mort de Louis XII. M. Herval, dans un mémoire plein d’érudition, a traité , d’une manière générale, la question des mé- .dailles et a fait connaître à la Société l’état de la collection que possède le Musée-Bibliothèque de la ville du Havre. M. Dousseau a rassemblé dans un album gigantesque cinq cents esquisses où sont reproduits, avec une fidé- lite scrupuleuse , les sites les plus remarquables de la France, en accompagnant chacune d’elles d’une notice explicative. Une descriplion sommaire de la topographie et des singularités les plus frappantes de notre pays sert d'introduction à cet album. Ce travail, digne de lalbum lui-même, est plein d’aperçus nouveaux et ingénieux, de rapprochements curieux à propos des divisions terri- toriales factices ou naturelles, de la position des agi des chaînes de montagnes, etc. | M. Chéron de Villiers a lu deux notices, la première sur un poète aveugle, Joseph Lafon-Labatut ; la seconde, sur Benvenuto Cellini. Cette dernière est remarquable par des faits nouveaux et par des appréciations assez ori- ginales sur l’art à l’époque où vivait le grand statuaire- ciseleur. Une pierre lombale appartenant au XIII. siècle, a été trouvée au Havre (section de Leure). Le savant archéologue, M. l'abbé Cochet, en a fait l’objet d’une notice remarquable. Les sciences philosophiques ont tenu une assez large TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 373 place dans les travaux de la Société, bien qu’elles n'y aient eu qu’un représentant , M. le docteur Maire. Son grand travail intitulé : Psychologie physiologique , est l'essai d’une nouvelle classification de nos passions, fondée sur leur origine et sur leurs dépendances véri- tables, L'Economie publique, appliquée plus spécialement à ce qui touche à une cité marchande, a fourni d’assez nombreuses communications. M. Leudet a présenté plusieurs études de farines amé- ricaines, de pains simples ou mixtes fabriqués dans un but économique, et plusieurs notices sur des productions nouvelles, récemment importées, entre autres le dica, matière de laquelle on extrait facilement une graisse précieuse. M. Borély a lu une notice sur un vin récolté à la côte d’'Ingouville, L'auteur entrevoit la possibilité de livrer à la culture de la vigne des étendues considérables de terrains impropres à tout autre genre d'exploitation. Suivant lui, la nature de ces terrains , leur exposition, feraient entrevoir une chance de récolte, bonne en qualité et en quantité. Le vin d’Ingouville, dégusté au sein de la Société, a été accueilli avec faveur. En chimie, M. Michaud a lu un mémoire sur les propriétés de quelques métaux, qui seraient obtenus à l'état de pureté parfaite, et sur leurs préparations. Il s’est proposé surtout la rectification de quelques-uns de leurs équivalents, En physique , M. Bénard a donné un travail sur {a vision , et en particulier sur le défaut de la vue appelé strabisme. Enfin, en médecine, M, Lecadre a produit un mémoire 37 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. intitulé : De l'aflinité qui existe entre les différents exanthèmes. M. Maire a présenté à la Société des observations curieuses sur le produit de la conception chez la femme, transformé en kydatides ou vers vésiculaires. DEUX-SÈVRES. « Depuis l’année dernière, la Société de statistique des Deux-Sèvres (1) a continué ses utiles travaux, On doit à M. Beaulieu un précieux mémoire sur ce qui nous reste de la musique des Grecs dans les plus anciens chants de l’Église ; à M. Bodin, un travail sur le commerce dans l'arrondissement de Niort; à M. Tonnet, des re- cherches sur les établissements insalubres ; à M. Plasse, des études sur la saumure ; à M. Lescœur , la statistique de nos écoles. Il faut citer surtout l'étude géologique des tranchées du chemin de fer de Poitiers à la Rochelle, sur le territoire des Deux-Sèvres , faite par MM. Baugier et Sauzé. Gette étude a constaté les faits suivants : 4°, De la limite du département de la Vienne à la vallée de la Sèvre, près St.-Maixent, en marchant du Nord-Est au Sud-Est, on rencontre les terrains juras- siques, dans leur ordre chronologique de superposition depuis l'étage oxfordien jusqu’à l'étage liasien. 2°, Les mêmes terrains se rencontrent en sens inverse, de la vallée de la Sèvre à la limite du département de la Charente-Inférieure. 8 La ville de St.-Maixent se trouve placée entre deux axes parallèles de soulèvement des granites qui ont (4) Note déposée par M, Ferdinand David, délégué, TRAVAUX DES ACADÉMIES :EN 1856, 879 relevé à droite et à gauche les couches jurassiques ; ces axes courent du Sud-Est au Nord-Ouest; entre eux, les ter- rains se sont brisés , et ont formé un bassin assez consi- dérable, au fond duquel on rencontre des terrains d’eau douce presque horizontaux et en discordance complète de stratification avec les couches j RIPeIqueR qui leur servent de support. 4°. De ce: que les couches jurassiques sont relevées de: chaque côté des lignes de soulèvement ; de ce que les couches d’eau douce reposent sur elles à peu près hori- zontalement, on peut conclure que le soulèvement des granites a eu lieu entre la période oxfordienne et la pé- riode falussienne à laquelle semblent appartenir les dépôts lacustres, « La Société ne s’est pas contentée de produire d’utiles mémoires. Ses collections géologiques ont été disposées et classées avec le plus grand soin. Les catalogues sur cartes sont achevés; ils démontrent que le nombre des roches et fossiles étrangers au département s'élève à 2,089, et que la collection paléontologique départementale possède et comprend un nombre d'échantillons qui s'élève à 882. La Société a fait ensuite exécuter, à Bessac, commune de Périgné, arrondissement de Melle, des fouilles qui ont produit des résultats intéressants ; elles ont fait découvrir de curieuses mosaïques et une belle inscription qui remonte probablement au deuxième siècle de l’époque romaine, Elle a ensuite contribué à la restauration d’une crypte découverte sous l’église de St.-Florent, près Niort. Cette crypte est un type véritablement précieux: nulle part les dispositions qu’on y remarque ne se sont aussi bien conservées. » 376 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. TARN. La Société scientifique et littéraire de la ville de Gastres (Tarn) vient, pour la première fois, vous a dit M. Maurice de Barrau, vice-président et délégué de cette société , vous demander de l’admettre à prendre part à vos travaux ; toute jeune encore, puisque sa fondation ne remonte qu’au 26 novembre 1856, anniversaire de la fondation de l’Académie de Castres par Paul Pélisson , elle a l'espoir de profiter des lumières d’une assemblée composée d'hommes si éminents, et le désir de pouvoir par la suite vous apporter un concours plus efficace. Jusqu'ici, dans ce beau pays Castrais, où l’agriculture et l’industrie tiennent la première place , tous les travaux de lettres , de sciences, d'histoire locale, d'archéologie et de beaux-arts avaient été isolés. Les auteurs ont écrit ou travaillé avec la conscience de cet isolement qu'ils déplo- raient. Le but des fondateurs de la Société scientifique et littéraire a été de rapprocher ces hommes qui, à des degrés divers et avec des aptitudes différentes, aiment le travail intellectuel et s'occupent d’études sérieuses, de leur fournir un point de réunion, de leur donner l'appui qui résulte d’une communauté d'efforts , de les encou- rager ainsi à persévérer et par cela même de leur assurer de la sympathie et de leur préparer des succès. Faire aimer l'étude, propager les découvertes utiles, vulgariser les procédés que la science met à la portée de , tous, faire connaître les monuments antiques, recon- stituer l’histoire locale si riche et si peu connue , recher- cher les origines et constater les phases diverses de la langue languedocienne qui s’affaiblit tous les jours: voilà TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 377 les buts principaux vers lesquels tendent les efforts des membres de la Société. “ En travaillant elle-même, en provoquant des recher- ches, en encourageant des essais, en récompensant des résultats utiles , la Société espère exercer autour d’elle cette influence, acquise d'avance à tout ce qui est sincère et laborieux. La publication régubkère de ses procès- verbaux dans les journaux de la localité, l’impression de quelques-uns de ses travaux, et, par-dessus tout cette autorité qui résulte d’une concentration d’efforts et d’une persévérance à toute épreuve, lui permettront, elle l’espère, d'imprimer une impulsion vigoureuse aux es- prits, et, en les détournant des préoccupations frivoles ou des tendances exclusivement industrielles, de les pousser dans cette voie où les intelligences s’agrandissent et se fécondent au contact de ce qui est beau, bon et utile. Les premières lectures ont été presque exclusivement _ littéraires, mais plusieurs études archéologiques ou géologiques sont annoncées, Voici la liste des principales lectures déjà faites : Travail, par M. l'abbé Maffre, sur le Rôle de la raison dans les études philosophiques. Etude sur les Académies en France, pa = à 1632, par M. V. Canet, Etude sur les éléments constitutifs de la langue française, par M. Aug. Guibal. Examen de la théorie de l'abbé Paramelle, par M. l'abbé Boyer ; — Application de ses principes aux coteaux qui avoisinent Castres. Note, par M. Maurice de Barrau, sur les deux plus anciennes grammaires françaises, Étude sur le Prædium rusticum et sur les écri- 378 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. vains agronomes qui ont servi au P. Vanière, par M. À. Combes. * Note sur l’importance des observations météorolo- giques et sur la création d’un observatoire à Castres, par M. Tillol. Communication de deux ellipsographes, et démons- tration des principes sur lesquels ils reposent, par M. Valette, Le premier de ces ellipsographes est destiné aux ouvriers; le second , aux travaux graphiques. Étude sur les langues méridionales et leurs transfor- mations, par M. A. Combes. Étude sur les œuvres mélées de prose et de vers, par M. Nayral. Étude sur Horace et ses traducteurs, par M. V. Canet: — Compte-rendu d’une traduction de ses œuvres lyriques, par M. le comte G. de Nattes. VAUCLUSE. MM. le marquis de Balincourt, J. Olivier, et R. Lançon, délégués de la Société d'agriculture de Vaucluse, vous ont présenté le rapport ci-après , sur les travaux de cette Société : « La Société d'agriculture de Vaucluse publie avec succès un bulletin mensuel, destiné à faire connaître et à vulgariser, non-seulement ses propres travaux, mais aussi les découvertes , les améliorations réalisées par d’autres que par elle. Ce bulletin s'adresse surtout aux cultivateurs de Vaucluse, qui y trouvent de bons conseils, et des idées pratiques dans d’excellents articles de M. Fabre, directeur de la ferme-école de Vaucluse. « La garance et la soie, qui sont les principales richesses TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 379 du département de Vaucluse , ont occupé une grande place dans les discussions de la Société. M. Picard, l’un de ses membres, a présenté des considérations très-élevées et très-complètes sur la culture, la fabrication, et le commerce de la garance ; il a surtout appelé l'attention sur les avantages précieux du cabestan à double fonction de M. Garcin (de l'Isle) qui en est l’inventeur, faisant mouvoir simultanément, à l’aide de quatre. chevaux, deux charrues défonceuses , qui agissent en sens con- traire. Get appareil serait susceptible de réduire le prix de revient de la garance, dans la plupart. des cas, si ce n’est dans tous, de 6 fr. à 40 fr, par quintal mé- trique. | « L'éducation des vers à soie a été, et devait être éga- lement l’objet des préoccupations et des études de la . Société. Plusieurs. de ses membres , entre autres M, de Gasparin, ont publié, dans le bulletin, des articles très- remarquables sur ce sujet. Aujourd’hui cette question préoccupe les agriculteurs de la France et ceux de tous les autres pays producteurs de soie. L’épidémie de la gattine est venue apporter la perturbation dans ces contrées, et, comme l’a dit avec raison M, Guérin- Méneville, elle est arrivée à un tel degré d'intensité qu’elle a produit, chez les habitants de ces localités, une gêne analogue à celles dont souffrent les popu- lations des bords inondés du Rhône et de la Loire, « Depuis long-temps, les hommes qui s’occupent de la sériciculture, au point de vue de la science et de la grande pratique, ont compris que le meilleur moyen de régénérer les races de vers à soie, de les rendre plus aptes à résister aux influences qui peuvent déterminer des épidémies, serait de ne pas se borner à prendre les cocons destinés à 380 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. la graine dans le résultat des éducations faites en vue seule du produit. Des éducations spéciales pour la graine ont été conseillées et demandées de tout temps, et les publications des magnaniers en progrès, notamment celles qui émanent de la magnanerie expérimentale de Ste.-Tulle , en font foi; car, outre qu’elles n’ont cessé de propager cette idée, leurs auteurs l’ont, de plus, mise en pratique depuis plus de dix ans, avec le plus grand succès. Cette pensée et beaucoup d’autres, non moins anciennes et non moins justes, forment tout le fond d’un remarquable rapport que le célèbre chimiste M. Dumas a fait récemment à l’Institut sur cette grave question, à l’occasion des cocons blancs, prônés depuis long-temps, au nom de M. Brouski, et enfin sous celui de race André Jean (1). Pour ne pas discuter ici le fond du procédé, dit André Jean, nous croyons devoir renvoyer au bulletin de la Société de Vaucluse, 1857 ,: page 13 , où l’on trouve des observations à ce sujet. Nous terminérons , comme M, Dumas, en disant « que des épreuves prolongées, « variées, et sur une grande échelle, sont les seuls « moyens de fixer l’opinion sur son emploi par un juge- « ment certain. » | « Quant aux causes de la maladie, elles ont été diver- (4) Les pérsonnes qui voudront étudier franchement ces ques- tions si graves en ce moment, doivent lire en même temps le rapport fait à l’Institut par M. Dumas, e4 une brochure publiée quelques jours avant ce rapport, et qui a pour titre: Production de la soie. Situation. Maladie et amélioration des races de vers à soie, par M, Guérin-Méneville; in-8°, Paris , librairie Huzard, TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 381 sement appréciées. En définitive, elles semblent être les mêmes que celles qui ont amené la maladie des végétaux , et surtout de la vigne, comme M. Guérin-Mé- neville l’a démontré dans une notice lue à l’académie des Sciences , le 29 décembre 1856, et reproduite dans beaucoup de journaux. « Dans ce moment, les agriculteurs du midi de la France, de l'Italie, de l'Espagne, etc.. sont dans une grande inquiétude relativement à l'éducation des vers à soie de cette année ; car ils ne peuvent savoir si les graines, qu’ils se sont procurées par le commerce, ne sont pas infectées de la maladie régnante. « Malheureusement nous nous sommes aperçu depuis plusieurs années, que la spéculation avait introduit des graines fraudées ; il serait donc à désirer que des per- sonnes dignes de la confiance des agriculteurs se li- vrassent à des éducations de graines, et que le produit en, fût livré avec des garanties suffisantes. « Le sorgho à sucre , sans avoir été cultivé encore sur une grande échelle dans le département de Vaucluse , a donné cependant déjà d’utiles résultats. Plusieurs mem- bres ont rendu compte à la Société de leurs efforts et de leur expérience. M. d’Albignac, surtout, a écrit dans le bulletin , sur la culture du sorgho, divers articles pleins de science et d'intérêt. M. Olivier s’est également occupé, à différents points de vue, de cette plante remarquable, qui a un grand avenir pour les agriculteurs du Midi. « Les truffes sont devenues l’objet d’un commerce important dans certaines parties du département, et particulièrement à Carpentras. Dans un seul marché, il s’en est vendu jusqu’à 1,500 kilogrammes. Cette inté- ressante production a souvent occupé les instants de la 982 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Société ; devant elle , s’est agitée la question de savoir si la truffe était ou n’était pas, comme la noix de galle, le produit de la piqure d’un insecte aux radicules d’un chêne ou d’un autre arbre ; cette question est restée sans solution. La culture de la truffe a fait l’objet d’études très-instructives, publiées dans le bulletin par MM. de Gasparin et Picard. L’inondation du Rhône, dont le département de Vau- cluse a si cruellement souffert, a donné lieu à de savants mémoires des deux mêmes membres. La Société s’est encore particulièrement occupée du drainage, des engrais, de l'amélioration des races ovines. En résumé, la Société d’agriculture de Vaucluse atteint le but qu’elle s’est proposé, celui de répandre l'instruction parmi les populations rurales du département, etde leur faire comprendre la nécessité des réformes agricoles. ; VIENNE. Voici, d’après les renseignements fournis par M. Trichet aîné, secrétaire de la Société d'agriculture , belles-lettres, sciences et arts de Poitiers, le résumé des travaux de cette Société : | Mémoire sur les Sociétés alimentaires, par M. Garran de Balzon, conseiller honoraire à la Cour impériale de Poitiers, Examen, par la Société, de plusieurs machines à battre, de moulins portatifs à moudre les grains, construits par des fabricants d'instruments aratoires. Examen, par la Société, d’un appareil fumifuge, inventé par M. A. Pichot ; rapport de M. Oudin. TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 41856. 383 Mémoire, par M. de Curson, sur les divers modes d’ex- ploitation des terres, soit par la culture directe du pro- priétaire, soit par la régie, soit par le bail à colonage partiaire , soit par le bail à prix certain. Mémoire , par M. Jolly, docteur-médecin, sur le bail à prix certain. Mémoire, par M. Savattier de Beaupré, sur le colonage partiaire. Mémoire par M. Jules Savattier, sur le colonage partiaire. Enquête ouverte par la Société sur ces ques- tions. Discussion approfondie, Concours , ouvert par la Société, pour l’horticulture maraîchère et florale, et pour l’arboriculture. Inspection des jardins et pépinières par une Commission. Rapport de M. David de Thiais. Prix décernés en séance publique. Essais de culture, par la Société, de l’igname, du sorgho sucré , de la rhubarbe du Thibet, de diverses espèces de courges , provenant d'Angleterre et du Canada, — Sirop de sorgho, présenté par M. Mauduyt. Culture , par la Société , de diverses espèces de blés étrangers, provenant de l’exposition universelle de Paris. Mémoire de M. Bonnet, conseiller , sur le rendement obtenu. Drainage exécuté avec succès sur des terrains tourbeux, par MM. Gaillard, président , et Lafond , membre cor- respondant de la Société. : Note, par M. Mauduyt, sur le rendement en viande nette d’un bœuf Durham abattu. Coup-d’œil sur le domaine de l’homme ; esquisse géolo- gique, par M. de Longuemar, vice-président de la Société. De l'introduction des races étrangères dans le dépar- 384 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. tement de la Vienne , et de l’amélioration des races indigènes par le croisement ; par M. Th. Gaillard. Visite, par une commission , des bestiaux étrangers importés dans le département ; rapport de M. de Longuemar. Renseignements sur l’état des récoltes , fournis par la Société à M. le Sous-Intendant militaire, pour être adressés au Ministre. Note, par M. de Lamarsonnière, docteur-médecin, sur les moyens de prévenir les inondations. Examen, dans l'intérêt de l’agriculture locale , du projet d’un chemin de fer de Nantes à Montluçon par Bressuire, Parthenay, Poitiers, Montmorillon etGuéret, et se reliant à celui de Lyon. Examen d'un autre projet de chemin de fer, de Limoges à Tours et à Paris , et passant par Vendôme; pétition adressée au Ministre par la Société. Rapport, par M. de Longuemar , sur une laiterie établie à Chaumont près Poitiers, et sur un nouveau mode d’ob- tenir le beurre. Note, par M. de Curson > Sur divers +Yéinés usités pour obtenir le beurre. Examen du système de panification inventé par M. Rolland. Enquête ouverte à ce sujet. La Société des Antiquaires de l'Ouest (4) a publié le tome XII°, de ses Mémoires (un vol. in-8°. de 530 pages, avec 44 planches dont 9 doubles). 11 contient le discours du président, M. de Longuemar, sur de curieux souterrains-refuges ; le rapport du secrétaire, M. Ménard, (4) Ce résumé a été fourni par M. Ménard, secrétaire. TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 385 sur les travaux de la Société pendant l’année 4855; —une notice de M. de Longuemar, sur quelques poteries antiques découvertes à Poitiers ; —uneautre de M. Faye, sur la ville de Mauzé, en Aunis ; —une autre, de M. d’Argenson, sur l’ancienne châtellenie des Ormes-St.-Martin ;—une autre encore, de M. de Rochebrune, sur l’abbaye et l’église de Nieuil-sur-Autize ; —une enfin, de M. Pilotelle, sur M. de Blossac , ancien intendant du Poitou, et sur la promenade qui porte son nom à Poitiers, Un essai, de M. Ouvré, sur l’histoire de Poitiers, depuis la fin de la Ligue jusqu’au ministère de Richelieu, complète ce volume. Les quatre bulletins trimestriels, publiés en sus du volume de Mémoires, renferment les travaux sui- vants : note, par M. Bonsergent, sur Pierre Mamoris l curé de St.-Opportune de Poitiers au XV°. siècle ;—note, par M. Duret, sur l’orthographe de divers noms de per- sonnes et de lieux ; — note sur divers objets de poterie gallo-romaine, par M. de Rochebrune ; — notice, par M. Touchard, sur deux abbayes fondées en Angleterre, en l’honneur de sainte Radégonde ; — dissertation, par M. Rainguet , sur l’ancienne maison princière de Pons ; — notice, par M. l’abbé Auber, sur les fresques de St.- Pierre-les-Eglises ; — notice, par M. Bourgnon de Layre, sur la famille Drouauld des Brétignières; — bibliographie archéologique, par M. Ménard ; — liste officielle des mo- numents historiques du Poitou ; — bref des. S. Pie IX, à M. l'abbé Auber, au sujet de son Histoire de la cathé- drale de Poitiers ; — notice, par M. l'abbé Auber, sur saint Maximin de Trèves, et sur saint Maximin de Poitiers ; —notice, par M. l’abbé Barbier de Montault, sur des élégies poitevines relatives à la mort de saint Bruno: —Tapport, par M. Rédet, sur les Mémoires de la Société 17 886 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. historique de Styrie ;— note, par M. Meillet, sur som procédé métalloplastique de reproduction, sur papier, des médailles ou monnaies ; — comptes-rendus trimestriels, par M. Ménard. Divers membres de la Société lui ont, en outre, pré- senté d’autres travaux dont voiei le détail : Etudes historiques, par M. Chemioux, sur Jean Chandos, et sur la lutte entre la France et l’Angleterre au XIV*. siècle ; —notice, par M. Bonsergent, sur Gaspard de Rochechouart, et Jeanne de Saulx-Tavanne, sa femme: —notices, par M. Touchard, sur les communes de Clazay, de St.-Porchaire, de Champdeniers et sur le château Salbard ; —résumé, par M. l’abbé Auber, de la première partie de son Histoire du symbolisme ; — note, par M. Joslé , sur le souterrain-refuge de Seuilly ; — notice, par M. d’Argenson, sur le château de la Fontaine , et la famille Aubéry du Maurier ; — notice, par M. de Lon- guemar, sur l’abbaye , le chapitre et l’église de St.-Hi- laire de Poitiers ; — notice , par M. labbé Carrière , sur l'église St.-Paul de Nimes. Outre ces travaux écrits, la Société a fait de nombreux efforts pour la description des anciennes maisons de Poi- tiers , pour là conservation des châteaux de Chauvigny et de Loudun, et pour celle des arènes de Poitiers. Elle a vu, cette année, appliquer, par l'État, 30,000 fr. à restaurer l’église St.-Hilaire ; allouer 13,000 par le Conseil général de la Vienne ,.5,000 fr. par le Conseil municipal de Poi- tiers, 10,000 fr. par l’État, pour continuer à démasquer l’ancien palais des ducs d'Aquitaine. | Sa bibliothèque s’est grossie de 248 volumes ou bro-. chures , d’une masse considérable de pièces, notes et . documents manuscrits, de 209 gravures ou dessins, Son TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 387 cabinet s’est enrichi de 96 médailles, de 7 sceaux ou em- _ préintes de sceaux, de 67 meubles, armes, ustensiles, objets divers ; 41 autres objets antiques sont entrés dansle musée de la ville joint à celui des Antiquaires de l'Ouest. Parmi les travaux littéraires et scientifiques qui ont été publiés dans le département de la Vienne , je dois mentionner ici ceux qui vous ont été offerts par leurs auteurs et dont les titres suivent : 1°, Histoire des congrégations religieuses Povigine poitevine , par Ch. de Chergé, membre de la Commission archéologique diocésaine de Poitiers (1856, 260 pages). 2°, Histoire de sainte Radégonde, reine de France, et patronne de Poitiers, par le même. 3°. Les vies des saints du Poilou et des personnages, d’une éminente piété, qui sont nés ou qui ont vécu dans cette province. Le produit de ces trois ouvrages, dédiés à Mg’. l'Évêque de Poitiers , est affecté à une fondation religieuse qui doit assurer aux enfants et aux malades d’une pauvre paroisse de campagne les soins dont ils ont besoin. 4°. Les souterrains-refuges découverts dans l’ancien Poitou ; discours prononcé à la séance publique de la Société des Antiquaires de l'Ouest, par M. de re président. 5°. Un discours, sur la modestie, prononcé à l audiéncé | de rentrée de la Cour Impériale de Poitiers, par M. Jules | de La Marsonnière, substitut du procureur-général. 6°. Etudes sur la circulation naturelle des eaux su- perficielles et souterraines dans le département dela Vienne , par M. de Longuemar. Ces études comprennent des considérations sur le drainage et expliquent : 4°, l’ori- 388 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANEF. gine des sources naturelles ; 2°, la théorie du gisement des sources cachées ; 3°. la théorie des puits artésiens ; elles sont accompagnées d’une carte géologique et de coupes. YONNE. Un compte-rendu très-détaillé, par M. Edmond Challe, des travaux de la Société des sciences historiques et na- turelles de l'Yonne, dont ikest le secrétaire, n’a pu, à mon regret, trouver ici sa place que sous forme d'analyse. Cette Société se fait toujours remarquer par l’activité de ses travaux. Elle vient d’achever la publication du X°, volume de son Bulletin, qui contient des mémoires d’une remarquable importance. : Voici l’analyse des principales pièces de ce recueil : M. Cotteau a continué son travail sur les échinides fossiles, qui est en si haute estime auprès des hommes de la science. Il a terminé la partie qui concerne les terrains de formation jurassique, où il a décrit 40 espèces jusqu’à présent inédites. Une assez vive polémique s’est engagée entre Îles Sociétés historiques de la Bourgogne et M. Delacroix, président de la Société d’émulation du Doubs, qui à voulu transporter au sein des àpres montagnes qui séparent Salins de Besançon , et dans un village appelé Alaise , la ville d’Alesia, si célèbre par son long siége, décrit dans le septième livre des Commentaires de César, et que : jusqu'alors tous les savants s'étaient accordés à placer à Alise ou Ste.-Reine, dans le département de la Côte-d'Or. M. Déy a pris part à ce débat, par un mémoire , où la question se trouve discutée de la manière la plus appro- fondie. l È Re TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 389 Le même auteur a continué son histoire de la ville et du comté de St.-Fargeau. M. Camille Dormois a donné une notice historique, très-complète, sur la commune de Villiers-Vineux. M. Barrière avait publié, en 1824, les Mémoires du comte de Brienne, qui, après avoir été secrétaire d’État, sous la minorité de Louis XIV, et ambassadeur en Suède, fut, en 1660 , emprisonné à St.-Lazare, pour des causes assez obscures , mais, à ce qu’il paraît, peu honorables. Le savant éditeur avait regretté la perte d’une relation, qu'avait écrite l’auteur, de ses voyages dans le nord de l'Europe. Le manuscrit original de cette relation a été retrouvé, à la bibliothèque d’Auxerre , par M. Cherest , qui lui a consacré une notice fort intéressante , où l’on trouve de curieux et nouveaux détails sur l'existence intime de la reine Christine de Suède. La biographie des hommes éminents de la contrée tient - une assez grande place dans le bulletin de la Société. On doit à M. Duché une notice biographique sur un diplomate auxerrois, Joseph Villetard, qui fut l’in- strument principal de l’anéantissement de la république vénitienne , en 1797. Ce grand fait historique y est éclairé par des documents jusqu’à présent inédits. M. Salomon a donné l’histoire de son grand-oncle, Claude Salomon, curé de St.-Regnobert, à Auxerre, dont le rôle a été assez actif, vers le milieu du siècle dernier, dans la polémique janséniste qui, après avoir été éteinte dans tout le reste de la France , avait trouvé un dernier refuge dans le diocèse de celte ville. M. A. Challe, membre de l’Institut des provinces, a exhumé , d’après des manuscrits de la Bibliothèque impériale et du Vatican, la figure d’un moine, appelé 390 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Odoranne, qui vivait à Sens, au commencement du XI°. siècle. Par une rare exception aux mœurs de cette époque d’ignorance et de barbarie,cet homme remarquable avait retrouvé et pratiquait avec grand succès les procédés ou- bliés de lasculpture, et, en même temps qu’il émerveillait des œuvres de son génie le roi Robert et sa Cour, écrivait une chronique des événements de son siècle et des deux siècles précédents, des traités sur la musique, sur là théologie, la scolastique., la science. du Droit, et com- posait des œuvres musicales que M.-de Coussemaker va bientôt publier. M. Challe a merveilleusement mis en relief la vie de cet artiste oublié, de ce savant uni- versel, qui ne fut pas exempte d’agitation et de per- sécutions, et qui se mêle. à l’histoire de la ville de Sens, soumise , à cette époque, à de graves et douloureuses vicissitudes. La pelite ville d’Avallon n'avait pas d’histoires; M. Quantin en a recomposé une d’après des comptes derece- veurs, et autres documents originaux. Déjà précédem- ment, il avait fait un travail sur le XV*°, siècle; il l’a continué dans ce volume, pour le siècle suivant. M. Edmond Challe a expliqué, dans une savante notice, un bas-relief antique qui vient d’être trouvé dans le mur romain de la vieille enceinte auxerroise. Le même auteur a fourni un travail sur des sépultures gauloises découvertes près de la même ville. Des membres dela Société ont publié, en dehors du bulletin, d'importants travaux. M. l’abbé Henry a donné,en deux volumes in-8°., une histoire de la ville de Seignelay ; et M. l'abbé Baudiau, une histoire du Morvan, cette contrée âpre, montagneuse et encore si remarquable par les mœurs excentriques de ses habitants, qui se trouve enclavée TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 41856. 391 entre la Bourgogne, le Nivernais et l’Auxerrois. Le bulletin contient des comptes-rendus détaillés, par MM. Quantin et A. Challe, de ces deux compositions historiques. La publication du Cartulaire historique et de la Bi- _ bliothèque historique, compilés sur les chartes et les chroniques des contrées comprises dans le département de l’Yonne, par M. Quantin et par M. l’abbé Duru, pour- suit son cours, "an La Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne est active et prospère. Elle compte plus de cent cinquante membres. Son président a fondé un prix bisan- nuel de statistique qui va’être, cette année, décerné pour Ja première fois. Une table décennale de son Bulletin sera très-prochainement publiée, avec une Histoire de l’impri- merie dans le département de l'Yonne, par M. Ribière. La Société a récemment fait opérer, sur l'emplacement du vieil Auxerre gallo-romain , des fouilles qui ont produit des résultats précieux dans l'intérêt de l’histoire locale, et dont il sera rendu compte dans le prochain bulletin. | L'existence de la Société départementale d'agricul- ture du département de l'Yonne ne date que de la fin de 1856; elle est done trop jeune encore pour avoir des travaux à présenter au Congrès. En la créant, M. A. Challe, qui la préside, a voulu combler une lacune regrettable, Le département de l'Yonne avait bien plusieurs comices cantonaux, et même des Sociétés d'arrondissement ; mais, faute d’un lien commun, ces sociétésignoraient respective- ment les travaux et même l'existence de leurs émules dans la même circonscription départementale, La Société nouvelle sera un foyer central destiné à les éclairer 392 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. et à réchauffer leur zèle. Dès son début, elle a compté 350 membres. Suivant ses statuts, elle doit tenir une séance générale par trimestre, et ouvrir, chaque année, un con- cours dont le siége sera transporté successivement dans chaque arrondissement, où une enquête publique sera faite sur l’état de l’agriculture dans la localité. La distribution des primes et des récompenses, qui aura lieu le lendemain, terminera celte réunion annuelle. Le premier volume du bulletin de la Société paraîtra en novembre prochain. L'œuvre principale de la Société archéologique de Sens (4) est d’arracher aux démolisseurs les débris de sculpture gallo-romaine enfouis dans les murailles qui forment l'enceinte de la ville et que, malgré ses efforts, elle voit détruire chaque jour. Cette année encore, elle a ajouté de nombreux frag- ments à ceux qu’elle a déjà recueillis, et l'emplacement que la ville lui a concedé suffit maintenant à peine pour les contenir. Plusieurs de ces pierres portent des inscriptions; d’au- tres, des personnages sculptés en relief, Trois membres de la Société, MM. Maurice, L. Prou et Boudin ont déjà dessiné quelques-unes de ces pierres avec la plus scru- puleuse exactitude, et leurs dessins accompagneront le savant travail que M. Lallier, président de la Société, achève en ce moment. Si la Société, après avoir donné une description des premiers monuments de son musée, a tardé à publier ses nouvelles richesses , c’est qu’elle avait épuisé toutes ses ressources pour l’achat des pierres; c’est aussi qu’elle manquait de dessinateurs assez habiles (4) Rapport de M, G. Julliot, délégué de la Société, TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 4856. 393 pour reproduire fidèlement ces précieux monuments des temps passés , et qu’elle ne voulait pas donner des à peu près, ou publier des dessins que serait venue embellir limagination de l'artiste, D’autres inscriptions plus modernes se trouvaient dis- séminées à Sens et dans les environs; la Société, pour répondre au vœu des. Exc. le Ministre de l’Instruction publique, a nommé une commission chargée de les re- cueillir, et, par les soins de cette commission, S. Exc. a déjà reçu deux envois de fac-simile et d’estampages. Une autre commission , chargée par la Société de réunir les noms des finages et lieux dits de chaque canton de l’arrondissement, avec les traditions et les légendes qui s’y rattachent , a déjà produit le commen- cement d’un travail qui sera d’un haut intérêt historique et archéologique pour la localité. La Société a entendu , pendant ses séances ordinaires, de nombreuses lectures. M. Al. Hédiard a donné la Traduction d’un obituaire du Popelin, maladrerie située à 2 kilomètres au nord de Sens ; ce manuscrit, qui renferme des détails très-intéressants pour l’histoire des établissements de ce genre en général et pour celui-ci en particulier , remonte au XIIL°. siècle. Le même membre a réuni, dans un travail conscien- cieux, les noms des bienfaiteurs des hospices de Sens et les services qu'ils ont rendus. Une Notice sur M. Mégret d’'Étigny, descendant d’une ancienne famille des environs de Sens, est due à la plume spirituelle et élégante de M. Déligand. M. Giguet a lu un rapport sur la traduction des Odes d'Horace , par M. l’abbé Lallier , vicaire-général de Sens. L'ancienne Agendicum a fourni aussi son champion 394 INSTITUT DÉS PROVINCES DE FRANCÉ. dans la discussion engagée au sujet de l'emplacement de lAlesia des Commentaires de César. M. Giguet, connu déjà par ses ouvrages historiques et littéraires , a donné une courte notice à ce sujet , au mois de janvier dernier. ; M. l'abbé Prunier, membre correspondant et tra- vailleur infatigable, a donné de nombreux travaux : sur les diverses significations et les divers rôles de la lettre Y dans la langue française; sur les tapisseries conservées au trésor de la cathédrale de Sens, et remontant à 4446 ; sur Guillaume-aux-Blanches-Mains , archevêque de Sens, et sur la constitution de Beaumont- en-Argonne , donnée par lui; sur sept proses tirées du Bréviaire de Sens , texte, traduction, notation ancienne et exécution ancienne et moderne; sur la fondation d’une messe d'enfants, en 1495; enfin, sur les exactions commises par les gens du roi envers les habitants de Montachet, en 1651. La Société doit encore à M. Déy, membre correspon- dant, une notice sur le père Laire, bibliothécaire à Sens ; à M. Lallier, un travail sur le produit annuel des terres à diverses époques ; à M. G. Julliot, un armorial des ar- chevêques de Sens, dont quelques planches seulement ont paru. A la fin de juin 1856, la Société archéologique a tenu à Sens, avec le concours de la Société d'Auxerre, sa séance publique ; et, pour rendre cette fête scientifique , artistique et littéraire , plus brillante et plus intéressante à la fois, elle a réuni dans les salons de l’Hôtel-de-Ville tous les chefs-d’œuvre de peinture et de sculpture qu’elle a pu trouver dans la ville, ainsi que les œuvres dues à des artistes Sénonaïis. TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. 395 Une commission avait été chargée de faire exécuter , après la séance, divers morceaux de chants religieux , choisis parmi les chefs-d’œuvre de diverses époques. Ces morceaux , parfaitement sentis des exécutants et rendus avec âme et talent, ont excité l’admiration de l’Assemblée. A cette séance , plusieurs travaux ont été lus : M. l’abbé Carlier, chanoine de Sens, a engagé une savante discussion sur l’auteur présumé du missel, appelé missel des Fous. M. Mondo de Layorse a, par des considérations ingé- nieuses tirées du calcul des probabilités , établi le degré de parenté de deux personnes prises au hasard , et traité cette question piquante : Est-on de la famille de sa mère ? M. Giguet a extrait d’un travail auquel il donne la dernière main, intitulé : Des hôtes illustres dont la ville de Sens a reçu la visite , une notice sur le passage du pape Alexandre HIT, à Sens. M. Quantin, archiviste du département, a fait l’histoire de l'établissement de la commune dans la même ville. Enfin, M. Tisserand a terminé la séance par cette lecture : Sur les beaux-arts aux réunions archéolo- giques, lecture qui n’était qu’une transition pour arriver à lexécution de la musique religieuse confiée à sa di- rection. : Pendant le courant de cette année , comme pendant les années précédentes , la Société a acheté, ou reçu à titre de don, nombre de médailles, d’objets trouvés dans les fouilles, et d’autres objets modernes d’une importance assez grande, parmi lesquels un manuscrit du Koran, annoté par l’émir Abd-el-Kader ; —une lettre du 396 INSTITUT DES PROVINCES DË FRANCE, Sultan à Louis XIV, et divers objets ayant appartenu à l’empereur Napoléon I*.: entre autres, un de ses uni- formes , et plusieurs ouvrages annotés par lui, légués à la ville par M. Saint-Denis, ancien valet de chemin de l'Empereur. La Société archéologique de Sens a perdu, cette année, un de ses membres les plus dévoués, M. G. Dubois, petit-fils de M. Leys, ancien membre honoraire de la Société. A ses derniers moments, M. Dubois a prié son père de remettre, en son nom, à la Société ar- chéologique la riche collection de médailles romaines et byzantines commencée par son aïeul et continuée par lui. Cette belle collection figure actuellement dans la grande salle de la bibliothèque de Sens. SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES. Deux sociétés étrangères , la Société d'archéologie de Belgique et la Société d'histoire et d’archéologie de Genève se sont fait représenter au Congrès, Vous avez à regretter que cette dernière société ne vous ait pas fourni le résultat de ses travaux en 1856; elle ne . vous à fait remettre, en effet, que le tome III°. (année 1844) des mémoires et documents publiés par elle. La date de ce volume ne me permet pas de rendre compte des précieux documents qu’il renferme , notam- ment : 4°. de la relation, par M. Rilliet de Candolle, du procès criminel intenté à Genève, en 1553, contre Michel Servet qui, réfugié à Genève pour se soustraire à la peine du feu prononcée contre lui par des juges catholiques, devait, trois mois après, subir la même TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 41856. 397 peine à laquelle le même crime d’hérésie l'avait fait condamner par des magistrats protestants; 2° d’un mémoire sur les hôpitaux de Genève avant la réfor- mation, par MM. Chaponnière, docteur-médecin , et Sordet, archiviste. La Société d'archéologie de Belgique vous a remis la 4", livraison du tome XIV°. de ses annales. Cette brochure contient le compte-rendu de la séance géné- rale de cette Société du 22 décembre 1856, et, en tête de ce compte-rendu, le discours prononcé, à cette séance, par l’homme distingué qui la préside, M. le vicomte de Kerckove-Varent. Le but de ce discours est de venger l'antiquité et le moyen-âge des dédains de ces. hommes qui, en trop grand nombre aujourd’hui, sont voués aux intérêts matériels. L’archéologie, depuis quel- ques années, a fait cependant de rapides progrès; son domaine s’élargit et s'étend chaque jour, et l’orateur, comme la Société à laquelle il s'adresse, en s’attachant aux traditions du sol belge, trouve, dans le culte de ces traditions et dans les souvenirs de famille, une sainte pensée qui élève et fortifie l’âme des nations comme celle des individus. Vient ensuite le brillant rapport du secrétaire, M; Van der Heyden, sur les travaux annuels de l’Académie, dont les relations sont aujourd’hui très-étendues. De nombreux membres effectifs et correspondants, d’un mérite reconnu, et même d’une grande illustration, ont tenu à honneur d’appartenir à la Compagnie, et lappui de l’autorité ne lui a pas manqué. D’intéres- santes publications faites par elle, depuis. sa séance générale de 1855, sont dues à MM. Diegerick, le baron 398 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. de Fierlant, Le Grand de Reulandt, Wleeschouwer , Casterman, Adolphe Siret, Léopold de Villers, l'abbé Van den Nest , Schayes , l’abbé Stroobant, Ed. Van der Straeten , Ed. Van Cauwenberghe , Carolus, le docteur Broeckx et Van der Velde. Plusieurs membres de l’Aca- démie ont reçu d’honorables distinctions du Gouver- nement belge et des Gouvernements étrangers. Le compte-rendu se termine par de justes regrets donnés à la mémoire de plusieurs membres honoraires ou corres- pondants, entre lesquels je citerai, parce qu’ils sont français , les noms de MM. le vicomte d’Arlincourt , Fortoul , ministre de l'Instruction publique, et Félix Dupuis, président de la Société des Antiquaires dé Poitiers. Une notice biographique plus étendue est enfin consacrée, par le secrétaire de l’Académie , au célèbre baron de Hammer , le plus savant orientaliste de notre époque , et à M. Jules Ketele , l’un des archéo- logues les plus distingués de Belgique. | La même livraison contient : 4°. un rapport, de M. le docteur Broeckx, bibliothécaire-archiviste de l’Académie, sur les échanges faites par elle avec les Sociétés savantes, tant nationales qu'’étrangères ; 2°, une notice sur les - ruines de l’abbaye de Villers, par M. Oswald Van den Berghe ; 3°. une autre notice sur l’ancien prieuré de Sinnigh, du tiers-ordre de St.-Augustin, dans la province de Liége, par M. Arnaud Schaepkens , correspondant ; 4°. la suite des analectes archéologiques , historiques, géographiques , de M. Schayes ; 5°. la suite d’une notice historique sur le chapitre collégial de Ste.-Dympne, à Gheel, par M. l'abbé C. Stroobant ; 6°. un mémoire sur l’ancienne ville de Ghystelles, par M. Legrand ; 7°. un extrait des procès-verbaux et de la correspondance de TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 41856. 399 l’Académie, où je remarque l'éloge mérité de M. le comte Félix de Mérode, enlevé, le 7 février dernier, à l’Académie dont il était l’un des plus anciens membres honoraires , et celui d’un membre correspondant , M. Jacques Azaïs, président et principal fondateur de la Société archéolo- gique de Béziers. L’Athénée royal grand-ducal de Luxembourg vous a fait parvenir le catalogue de sa bibliothèque, ne comprenant pas moins de 835 pages, précédé d’une notice historique sur cet établissement, par le professeur A. Namur, docteur en philosophie, et son bibliothécaire. Vous avez reçu aussi : 1°. Les Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques dans le grand-duché de Luxembourg, constituée sous le patro- nage de S. M. le Roi grand-duc, par arrêté, daté de Wal- ferdange, du 2 septembre 1845. 2°. Le prince de Ligne, ou un écrivain grand- seigneur. à la fin du XVIII*. siècle, par M. Peeter- mans ( Liége). Ce volume est une notice complète et attachante sur l’auteur des Mélanges militaires, littéraires et senti- mentaires, et d'autres nombreux écrits, qui disait que « de toutes les illusions, la plus agréable c’est d'occuper, « après qu’on n'existe plus. Cette fumée de gloire, « ajoutait-il, n’est pas déraisonnable et peut faire faire « de grandes choses. » 3°. Jean-le-Victorieux ; étude bibtarentl. par M. Oswald Van den Berghe, membre de l’Académie d’archéo- logie de Belgique ( Louvain; 104 pages ) ; œuvre inté- ressante, consacrée au vainqueur de Woeringen, au 400 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. chevaleresque duc de Brabant, favori constant de la Victoire , béni par son peuple, qui a inscrit son nom parmi ceux des plus généreux bienfaiteurs de lhu- manité. 4°. Réflexions sur les idées philosophiques de Lamartine, à propos du Cours familier de littérature, suivies d’une Ode à Lamartine, par Ferd. Loise, docteur en philosophie et lettres, professeur de poésie au collége de Tongres ( Liége }. M. Loise félicite l’auteur des Méditations el des Har- monies , à l’occasion de son troisième entretien, d’avoir fait un complet divorce avec les utopies du rationa- lisme moderne , et un véritable retour à cette philoso- phie chrétienne et catholique, que le poète semblait avoir un instant méconnue, pour suivre le courant du siècle, bien qu’il soit toujours resté profondément religieux , mais d’une manière trop poétique et trop peu positive. 5°. Explications sur l'attribution , à Charlemagne, de quelques types monétaires, par L. de Coster (Bruxelles). Extrait de la Revue numismatique belge ; savante disser- tation, dont l'analyse ne peut trouver place ici. 6°. Trois brochures, de M. Alb. d’Otreppe de Bouvette, récemment nommé membre étranger de l’Institut des provinces, intitulées : Abnégation et dévouement ; hom- mage au Gonseil d'administration, et aux membres de la Société libre d’émulation de Liége; — Évocation, promesse d’avenir à la même Société ; — Impressions d'un touriste dans le monde moral, ou course à travers les sentiments et les idées. Ces deux dernières publications sont ia continuation de celles que vous avez déjà reçues, sous le titre d’Essai de Tablettes lié- geoises, Vous retrouverez , dans ces divers écrits , toutes TRAVAUX DES ACADÉMIES EN 1856. HO les qualités du cœur et de l’esprit qui distinguent leur auteur, J'ai terminé ma tâche, Messieurs. Si mon rapport a pris, cette année , des proportions plus étendues que par le passé, c’est qu'ayant à vous entretenir de vastes tra- vaux et de nombreuses publications, il m'était difficile d'être court. Je devais aussi donner une juste satisfaction aux Sociétés qui ont concouru à nos travaux, en vousfaisant connaître d’une manière complète, quoique succincte, la part qu’elles ont prise aux progrès qui se révèlent tous les jours dans les sciences, les lettres, les arts et l'industrie. Peut-être était-ce aussi le moyen d’attirer à vous celles des Sociétés savantes dont nous attendons encore la coopération ; j'aime à croire qu’elles voudront, à leur tour, joindre leurs lumières aux vôtres , et aug- menter ainsi le faisceau des découvertes et des connais- sances profitables au pays. : ASSISES SCIENTIFIQUES TENUES EN 1857. PAR L'INSTITUT DES PROVINCES. ASSISES FCIENTIFIQUES TENUES EN POITOU Les 25, 24,25 et 26 Mars 18557. + (Présidence de M. ne Loxeuemar, membre de l’Institut des provinces, ) Les Assises scientifiques du Poitou se sont ouvertes le 23 mars, et, après cinq séances, ont été closes le 26, Le bureau s’est composé de MM. pe LONGUEMAR, prési- dent ; DE CAUMONT, directeur-général de l’Institut des provinces ; Ouvré, président de la Société des Antiquaires de l'Ouest ; l’abbé AuBer et REDET, membres de l’Institut des provinces; FoucarT, doyen de la Faculté de Droit ; CHENOU, doyen de la Faculté des sciences; MÉNARD, secrétaire de la Société des Antiquaires de l'Ouest; l’avo- cat-général DE LA MARSONNIÈRE , vice-président de la Société des Antiquaires de l'Ouest et secrétaire-gé- néral des Assises scientifiques du Poitou ; TRICHET, secrétaire de la Société d’agriculture de Poitiers, et ARNAUD-MÉNARDIÈRE, Vice-secrétaire de la Société des Antiquaires de l'Ouest ; ces deux derniers secrétaires sectionnaires des Assises. Un nombreux et intelligent auditoire n’a cessé de manifester, par son assiduité à se rendre aux séances, \ ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 103 l'intérêt pris par la population de Poitiers aux travaux de l’Assemblée. On y remarquait : MM. de Sèze, premier président de la Cour impériale .de Poitiers ; Paulze- d'Yvoy, préfet de la Vienne; Damay, procureur-géné- ral; l’abbé Juste, recteur de l’Académie ; Grellaud, maire de la ville et professeur à la Faculté de Droit de Poitiers ; Arnaudeau et Merveilleux , présidents de Chambre; Darnis, premier avocat-général; Baussant, président du Tribunal civil; Bardy et Jules de La Marsonnière , avocats-généraux ; Brochain , Legentil , Pilotelle, Mauflastre, Duverger, baron Chemineau, Sous- selier, Vincent, Molinière, Duclaud, Arnauld de Gué- niveau, Bonnet, Perdriex , Gaillard, Trolley , conseillers à la Cour impériale ; Babinet et de Gennes, substituts du procureur-général ; baron Laurenceau, ancien dé- puté ; Lhuillier et de Vanteaux, colonel et lieutenant- colonel du 2°, Hussards ; Audinet, inspecteur de PAca- démie; Foucart, Ragon, Martial, Pervinquière et Minier, professeurs à la Faculté de Droit de Poitiers ; Trouessart et Chenou, professeurs à la Faculté des sciences; Levieil de La Marsonnière, président de la Société de médecine de Poitiers; Malapert, professeur de chimie à l’École de médecine ; Raynal, professeur de physique au Lycée de Poitiers; Redet, archiviste du département de la Vienne; Mauduyt, conservateur du musée dé la ville de. Poitiers; Ségretain , architecte du département des Deux-Sèvres, et Jolly Le Terme, architecte du Comité des monuments historiques, membres de la Société française d’archéo- logie pour la conservation des monuments; Delastre et Pabbé de Lacroix, botanistes distingués ; Dupré, Oudin, Pabbé Lalanne, l'abbé Barbier, Chemioux, de’ Bois- morand, de La Brosse, de La Tousche, Lecointre, 404 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Dupont, Meillet, Touchard, membres de la Société des Antiquaires de l'Ouest et de la Société d’agriculture, et plusieurs ecclésiastiques au nombre desquels le R. P. Guillermy, de la Société de Jésus. Mg'. l’Évêque de Poitiers n’a pu, à raison d’un voyage, assister aux séances. Il en a exprimé ses regrets par une lettre adressée à M. de Longuemar. Les Assises scientifiques avaient à opérer sur vingt- deux questions, posées par l’Institut des provinces. Vingt- deux mémoires ou notices ont répondu à l'appel fait, aux hommes d'étude du Poitou, par M. de Caumont, La session en est redevable à MM. de Longuemar , Ménard, l'abbé Lalanne , l'abbé Barbier, Raynal, Brouillet, Bardy, de Vézien, Mauduyt, Meillet, de Rochebrune, Trouessart , Pingault , l’abbé de Lacroix, Redet et Pilotelle. La session a été ouverte par un discours de M. de Lon- guemar., L’orateur, après avoir insisté sur l'utilité pra- tique des assises scientifiques, qui offrent aux savants des provinces un lien pour s’unir et une tribune pour se produire, remercie M. de Caumont à double titre : et pour l’œuvre qu’il a fondée, et pour sa présence qui la féconde. M. le Président trace ensuite le plan général des études qui vont occuper le Congrès, signale les mémoires qui doivent répondre aux questions du pro- gramme, et cite, comme devant fixer particulièrement l'attention, les travaux préparés par MM. Raynal, Brouil- let, de Vézien, Malapert, Meillet et Pilotelle, sur la géologie pure ou envisagée au point de vue agricole ou industriel; Delastre et de Lacroix, sur la botanique ; Trouessart, sur la météorologie; Ménard et l’abbé Barbier, sur l'archéologie locale; Bardy , Redet et l’abbé Lalanne, sur l’histoire de l’organisation féodale, ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. h05 A la suite de ce discours, M. de Caumont se lève et prononce l’allocution suivante : « MESSIEURS, « Je tiens à remercier M. de Longuemar des soins empressés qu'il a pris, de concert avec M. l’abbé Auber, pour rendre cette session intéressante et fructueuse. Nous pouvons déjà pressentir qu’elle sera féconde, à n’en juger que par l'indication qui vient de nous être donnée des mémoires préparés en vue de notre réunion. « L'utilité des assises scientifiques, Messieurs, n’est plus hypothétique. C’est un fait désormais acquis. Les Sociétés savantes des provinces travaillent chacune dans leur circonscription, conquièrent chaque jour des faits _ nouveaux, produisent des œuvres souvent excellentes ; mais il leur manque un lien commun qui leur permette de se compléter mutuellement par un échange facile de leurs conquêtes scientifiques. D'un autre côté, parmi les hommes qui travaillent isolément dans les provinces, plusieurs renferment modestement dans leurs cartons des productions dignes de publicité. L'œuvre de l'Institut des provinces vient en aide à tous ces besoins. Relier entre elles, et à un point central, toutes les Sociétés _ savantes de France, interpeller chacune d'elles, dans des assises solennelles, sur ses travaux et sur les lacunes qui, lui restant à combler, peuvent être remplies grâce à l'indication des œuvres qu’une autre a déjà produites ; ouvrir à Paris, une fois par année, aux députations de chaque académie des provinces, une tribune offerte par la Société d'encouragement; prêter soit aux Sociétés savantes, soit aux travaux individuels de la province, 406 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. la publicité de nos annales, telle est l'œuvre de notre Institut. Cette œuvre a déjà conquis de la popularité. La publication de nos annales s’est considérablement accrue. Après avoir commencé par tirer à 400 exemplaires, il nous a fallu, par suite des nombreuses demandes qui nous sont adressées d’Allemagneé, porter à 4,000 exem- plaires notre tirage. Espérons, Messieurs , que nos as- sises seront de plus en plus fructueuses pour la science. Ajoutons que nous comptons particulièrement sur Poi- tiers, cette cité essentiellement parlementaire et aca- démique, d’où sont déjà sortis tant de travaux dont la science peut, à bon droit, se féliciter. » Cette improvisation est accueillie par un sentiment de vive sympathie , que M. de Longuemar exprime à M. de Caumont , au nom des Sociétés savantes de Poitiers. L'ordre du jour appelle la discussion des questions qui se rattachent à la composition géologique du sol du département de la Vienne. Avant de poser les diverses questions du programme , M. de Longuemar présente, dans un mémoire suceinct, des considérations générales sur la position géologique du département de la Vienne, qui lui paraît offrir un sujet d’études particulièrement intéressant. 11 qualifie volontiers d’exceptionnelle la po- sition géologique de notre sol, qui occupe une espèce de détroit entre les deux grands bassins oolithiques du nord et du sud-ouest de la France, détroit resserré d’une part par le massif granitique du Limousin, et d’autre part par les granites de la Vendée. Étagées par les mers primitives, puis remaniées par des cataclysmes posté- rieurs , les couches diverses qui composent le sol offrent, dans un espace resserré, une assez grande variété géo- ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU, 407 logique. Ce département présente donc un sujet d’études d'autant plus intéressant, qu’il peut être considéré comme offrant un caractère exceptionnel. _ Dans la moitié sud du département, dit M. de Lon- guemar , la masse du sol appartient à l'oolithe infé- rieure et à la grande oolithe. Du côté du Nord, et à peu près à la hauteur de Poitiers, leurs assises disparaissent sous l’oolithe moyenne qui paraît recouverte , sans in- termédiaire, par les terrains crétacés inférieurs. Les parties les plus élevées de cet ensemble, et notamment les plateaux compris dans l’est et le sud du dépar- tement, sont revêtus par un manteau interrompu et dé- chiré d’argiles, de sables, de marnes appartenant au terrain tertiaire moyen. A l’est et à l’ouest du dépar- tement, et sur quelques points des vallées intérieures, à Ligugé notamment , se montrent ou affleurent des masses granitiques. Entre ces masses et l’oolithe infé- rieure, s’interposent les marnes et les calcaires du :lias supérieur. On les voit, en effet, poindre dans presque toutes les vallées au sud de Poitiers, et se montrer à découvert sur la lisière de granite, aux abords du Li- mousin et de la Vendée. | M. de Longuemar admet volontiers que ces couches de lias supérieur n’occupent pas leur situation primitive, et ne se rencontrent où on les trouve que par suite de dislocations éprouvées depuis leur dépôt, Gette opinion repose : 4°. sur la constatation faite par MM. de Lon- guemar et Meillet, près de Mézeaux, d’un contourne- ment bien prononcé de couches marneuses qui atteste le soulèvement d’un noyau inférieur; 2°. sur le voisinage des dolomies qui, fréquemment rencontrées dans l’oolithe inférieure, témoignent d’une ancienne perturbation du sol. 08 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Au-dessus de la grande oolithe, M. de Longuemar constate la présence de couches oxfordiennes jusqu'aux portes de Poitiers. Les couches supérieures de l’oolithe paraissent manquer, malgré quelques exceptions obser- vées près de Maillé, sur les bords de la Gartempe et aux environs de Châtellerault; mais il n’affirme rien. Tout est à étudier sur ce point. Aucune trace de dépôts néocomiens , dit M. de Lon- guemar ; mais on rencontre des grès et sables verts, des craies tuffeau et des craies marneuses dans presque toute la partie du département sise au Nord de Mire- beau, Beaumont et la Rocheposay. Le terrain tertiaire recouvre tantôt les assises crayeuses, tantôt les assises de l’oolithe. Il est représenté sur ces plateaux par une série de sables et d’argiles panachés , de marnes d’eau douce et de meulières. Les exceptions à la disposition générale des couches superficielles, ré- sultat de l'inégalité de son épaisseur, jettent dans l’appré- ciation géologique de ce pays une incertitude qui fait _ regretter à M. de Longuemar que la carte géologique du pays ne soit pas encore faite. L'absence d’un tel guide rend fort difficile l'étude de notre géologie locale et ne permettra de répondre qu’incomplètement aux diverses questions du programme. Après avoir esquissé, à grands traits, la physionomie géologique du département, M. le Président pose les trois premières questions du programme , ainsi conçues : « La classification adoptée par les géologues s’applique- « t-elle parfaitement aux formations de ce département ? » « En quoi consistent ces formations ? » « Ne pensez-vous pas, relativement à ces terrains, qu’il ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU, 03 « y ait des modifications à apporter à la classification ad- « mise, et quelles sont, à cet égard, vos observations ? » M. Raynal, professeur de physique au Lycée de Poi- tiers, signale, dans un intéressant mémoire, les obser- vations qu’il a faites dans la partie du département de la Vienne comprise entre Vendeuvre et Pamproux. Son travail a particulièrement pour objet de répondre à la 2°. question du programme par une description des formations géologiques, constatées par lui dans la partie du département soumise à ses explorations. | “M. Raynal prend, pour centre de ses observations sur la carte géologique de France, un point un peu au Sud de Poitiers, où se manifeste l’affleurement des couches déposées par les mers dans le bassin parisien et le bassin pyrénéen. Ce point est un petit îlot de granite à gros grains, tantôt rouge, tantôt vert, tantôt gris, traversé en quelques points par des filons de quartz, et situé à Port-Séguin. À partir de ce point, M. Raynal nous fait explorer, vers le Nord, St.-Benoît, Smarves, Mauroy, Poitiers , le Porteau, Bonnillet, Vendeuvre, Fruissenay; et, vers le Sud-Ouest, Mézeaux, Virolet, Ligugé, Lusi- gnan, Pamproux, jusqu’aux limites du département, _ * Immédiatement au-dessus du granite, M. Raynal trouve le lias. Ce terrain qui a commencé à combler les premiers mégalites du sol, présente trois parties principales : un calcaire très-dur reposant directement sur le granit, une couche d'argile bleue au milieu , et à la partie supérieure des bancs d’un calcaire argileux s'émiettant facilement: Au-dessus de lias, M. Raynal a reconnu, mais sun quelques points seulement, l’oolithe inférieure ;: à Port= Séguin, à Mézeaux , elle n’existe pas, ou est méconnais- sable , mais elle apparaît à Virolet, à Coulombiers. 18 Lt INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. La grande oolithe existe partout, tantot appuyée sur l'oolithe inférieure, tantôt reposant directement sur le lias. Au-dessus des plateaux formés par l’oolithe, M. Raynal a reconnu l’oxford-clay kellovien, dans la direction Nord, à Poitiers, — à Bonnillet, où l’oxford-clay proprement dit est superposé au kellovien; et à Fraissenay, le kim- meridge-clay ; puis, un peu plus loin, des sables et des grès verts et les premières bultes de craies. Les terrains tertiaires, dans les points observés par M. Raynal, n’offrent qu’une première couche formée de diverses variétés de quartz roulés, souvent agglutinés en poudingues par du péroxyde de fer et une couche d'argile plus ou moins calcaire, avec des rognons de silex. On y trouve aussi quelquefois des blocs énormes de matières siliceuses, paraissant jaunies par de l’hydrate. de péroxyde de fer , et des pierres poreuses, analogues. aux pierres ponceuses, M. Raynal signale, comme pouvant se rapporter à des dépôts diluviens, des masses d’argile rouge, rencontrées par lui sur plusieurs points. Quelques particularités observées dans les couches de. l’oolithe sont, de la part de l’auteur du mémoire, l’objet d’une description intéressante, en même lemps que de déductions ingénieuses : il signale, en effet, dans l’oolithe: inférieure un grand nombre de perforations, en forme de canaux, irrégulières dans leur diamètre et dans leur direction, quoique descendant habituellement. Ces cavités, quelquefois vides, sont le plus habituellement remplies par un dépôt calcaire peu différent de la roche primitive, malgré quelques dissemblances dans les teintes ; l'axe de ces remplissages est occupé souvent, surtout vers la partie supérieure, par du silex bleu. ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. Al M. Raynal attribue ces formations à Paction d’une eau marine , agissant comme dissolvant sur des roches pré- existantes, détruisant certains points attaquables, et respectant certains autres. Le pouvoir dissolvant lui pa- raît, en outre, le résultat d'émanations acides de volcans sous-marins dont l’action discontinue aurait fini par s’anéantir , et laisser les dépôts se faire de nouveau dans des circonstances normales. Ces phénomènes de dépôts se rattacheraient donc à la formation des dolomies si fré- quentes dans le departement, M. Raynal signale aussi, sur les flancs à pic des rochers de Mauroy, St.-Benoît, le Porteau, etc. , etc. , des cavernes dont la cause lui paraît devoir être attribuée aux dislocations qui ont accompagné la formation des vallées, et à l'entrainement des déblais par les eaux qui se pré- cipitaient par les fentes du fond. Enfin l’auteur, dépassant les limites du département de la Vienne et explorant la partie orientale du département des Deux-Sèvres, constate, dans la disposition et dans la nature des couches, des changements qui lui suggèrent de hautes considérations sur l’idée que nous devons nous faire de la géographie du sol, à l’époque des formations oolithiques. Les mêmes questions sont traitées dans un mémoire de M. Brouillet, dont M. de Longuemar donne lecture. Ce mémoire complète, pour ce département, les observations du précédent, en ce qu’il décrit les formations géologi- ques de l’arrondissement de Civray, inexploré par M. Raynal. Les observations consignées dans ce mémoire se res- treignent dans le cercle assez étroit du canton de Char- roux. Toutefois, elles présentent des faits nouveaux et 412 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. inobservés dans la partie du département explorée par M. Raynal, Abordant les formations liasiques, M. Brouillet déclare n'avoir aucun renseignement à fournir sur leur couche intérieure; mais il indique des marnes bleues et bitumi- neuses, alternant avec des calcaires bleuâtres, comme formant la couche moyenne, des marnes schisteuses , variant du bleu-jaunâtre au gris-bleuâtre, formant la couche supérieure. Les fossiles de cette formation sont des conchifères, des mollusques , des zoophytes, deux espèces de poissons sauroïdes et des reptiles du genre crocodilien. Ses minéraux et ses métaux sont des ovoïdes ferru- gineux, barytines, calcaires magnésiens noirs contenant de la galène , et enfin des calcaires coquilliers très-durs. M. Brouillet passe ensuite à la formation oolithique. La couche inférieure est une oolithe ferrugineuse com- prenant des calcaires à entroques, reposant sur une masse de sable marneux, souvent dolomitique. Puis, au-dessus de ces couches d’oolithes ferrugineuses , M. Brouillet constate la présence d’argiles marneuses ou terres à foulon , jaunes , bleues ou alternant fréquemment avec des couches d’un calcaire compacte, dur et bleuâtre, | que recouvre un autre calcaire blanc-grisètre, souvent grenu, caverneux et dolomitique. Les fossiles de cette formation sont des conchifères , des zoophytes et des mollusques; les minéraux, des cal- -caires à eniroques, barytines, calcédoine, silex, sulfure de fer, marnes, fer en grains et en rognons , manganèse, el calcaire lithographique. : Les terrains tertiaires sont composés d’argiles et de sables gras, bigarrés de rouge, de jaune et de blanc; AS, 22: nt Gas nn ù De Te D UE ie VU nn ——— À ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. ‘ 13 de marnes calcaires plus ou moins dures, de silex meu- liers , de cailloux roulés. , Des dépôts considérables de cailloux roulés, de sables, de graviers, de fer en grains et souvent concrétionnés, forment le terrain diluvien. Le fait, observé par M. Brouillet , de l’existence de l’oolithe ferrugineuse reposant sur des masses de sables marneux, et surmontés parfois par des argiles mar- néuses, donne lieu à une interpellation adressée à M. le Président par M. Raynal. Ce fait n'existe sur aucun des points où M. Raynal a promené ses investigations. Mais M. Raynal explique cette différence par cette raison qu’il a observé une partie du département, et M. Brouillet une autre. Dans les lieux observés par M. Raynal, l’oolithe a déjà deux facies ; rien n'empêche qu’elle puisse ailleurs en avoir un autre, et, de la sorte, tout est ones sans démenti pour personne. Des observations ci-dessus rapportées, et des sin- gularités géologiques constatées dans ce département , il résulte, pour l’Assemblée, et particulièrement pour MM. de Longuemar et Raynal,-qu’il pourrait y avoir , ainsi que l'indique la 3°, question du programme, des modi- fications à apporter, dans ce département, à la classi- fication admise pour la généralité de la France. Mais on ne peut rien préciser à cet égard, quant à présent, étude géologique détaillée de ce département n'étant pas encore assez avancée, Après cette discussion , l'attention de l’Assemblée est appelée sur la 4°, question du programme , ainsi conçue : « Les terrains de votre département contiennent-ils « beaucoup de débris organiques? Les a-t-on recueillis ht4 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « avec soin? Ces débris appartiennent-ils à des espèces « connues et bien déterminées? » MM, de Longuemar , Raynal et Brouillet ont déjà ré- pondu en partie à celte question ; mais elle est traitée d’une: manière plus spéciale par MM. de Vézien et Mauduyt. M. de Vézien, possesseur d’une riche collection géolo- gique conquise par de longues et intelligentes pérégri- nations à travers le département de la Vienne, pouvait, mieux que personne, répondre à eette question. Un mémoire adressé par lui au Congrès est lu par M. Raynal. Dans ce mémoire, M. de Vézien énumère les fossiles, aussi nombreux que variés, découverts et recueillis par lui dans toutes les localités de ce département. Il si- gnale, comme offrant une mine féconde aux géologues, les gisements de Celle-l’Evêcault ; Vivône , Mézeaux, Maillé , la Grimaudière, Rouillé, Salles et le Moulin- Pochard , près Mirebeau. Dans le lias, M. de Vézien a trouvé, à Celle-PEvè- cault, Vivône, Mézeaux , Maillé et la Grimaudière , des bélemnites variées, des ammonites et des madrepores assez curieux ; à Mézeaux, des bivalves nombreux, variés et bien conservés, dont une modiole parfaitement intacte; à Vivône, une énorme Vénus; à l’Isle-Jourdain, une ammonite ayant son test ; à Vivône et Celle-l’Évécault, des nautiles. Dans les couches oolithiques , les trouvailles de M. de Vézien ont été beaucoup plus nombreuses. Aussi ne cite-t-il que les plus remarquables. A Maillé-sur-Gar- tempe , dans une couche de grès vert, il a recueilli la gryphée colombe, et l’ammonite monile ; au même lieu, dans une couche puissante appartenant à l'étage corallien, il a trouvé, en abondance, les dicérates, les nérinées, ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 15 les polypiers, des encrinites et d’autres fossiles qu’il n’a pu encore déterminer. A Rouillé, dans l’oolithe moyenne, il a rencontré de belles térébratules, des ammonites, . des nautilites; à Salles, des ancylocératites, et des toxo- cératites, de l’oolithe moyenne, espèces fort rares ; à Vouillé , à la Grimaudière, à Migne, à Chasseneuil, à Bonnillet, il a trouvé, dans les mêmes couches, les mêmes fossiles, ainsi que des oursins et de jolis bivalves bien conservés. A St.-Julien-l’Ars , dans des marnes paraissant appar- tenir à la dernière limite du groupe oxfordien, M, de Vézien a trouvé des gervilies, des myes, des gastéro- podes turbinés et des ammonites dont un bullatus par- faitement conservé , avec sa bouche entière et intacte. M. de Vézien ajoute que, dans sa collection, il possède 40 espèces d’ammonites , appartenant aux terrains ooli- thiques de ce département. Le grès vert exploré par M. de Vézien, à Vendeuvre et Lencloître seulement, ne lui a fourni rien de remarquable. Mais, non loin de Mirebeau, au Moulin-Pochard, il a trouvé, dans des carrières de sable, des arches, des cythérées , des pétoncles, des tellines, des ongulines’, des crassines, des chames, des corbules, des peignes, des turritelles, quelques cerithes, un troche fort rare, de beaux oursins , beaucoup de madrépores, des balanes, et des huîtres à foison. - Dans la craie tuffeau, à Beaumont et aux environs de Châtellerault, à Loudun, à Mirebeau et aux Ormes, M. de Vézien a recueilli des spongiaires ét un ancylo- céras de la craie , des oursins, d'énormes pétoncles , des cônes, des pyrules, des volutes, des porcelaines, des polypiers. Mirebeau a fourni à M. de Vézien sa plus belle 16 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. “ conquête: c’est un petit crustacé qui, à ses yeux, est la pièce capitale de sa collection. M. Mauduyt prend, à son tour, la parole et fournit, dans une courte notice, la description d’un certain nombre de fossiles trouvés dans les cavernes à ossements de Lhommaizé, en septembre 14834. : Ce sont : l'os inter-maxillaire d’un cheval ; — trois morceaux des maxillaires de la mâchoire inférieure d’un bœuf ; — une canine inférieure, plusieurs molaires et un morceau de brèche d’un sanglier ; — l’astragale et les molaires supérieures d’un grand cerf ; — le tibia, le cal- caneum et les molaires d’un cerf de moyenne taille ; — l'os maxillaire et la mâchoire inférieure d’un cerf de moyenne taille ; — deux morceaux d'os maxillaires, les canines et les molaires d’une hyène. M. Mauduyt signale aussi d’autres fossiles , découverts depuis septembre 1834 : plusieurs bois de cerf de taille et de forme diverses, une tête de daim avec ses bois, et des bois de chevreuil trouvés dans les alluvions du Clain et de la Vône ; — un fémur, une défense et des molaires d’éléphant, dans les sables de la Folie, près Poitiers ; — des ossements d’hippopolame, dans les sables de Ligugé ; — des têtes, mâchoires, dents et vertèbres de sauriens, découvertes près de Poitiers, dans l’oolithe moyenne ; au même lieu, dans le même gisement, une belle empreinte de poisson , et des restes appartenant à des animaux du même genre, et particulièrement au Lepidotus Fulioni (Agassis). Tous ces fossiles font partie de la collection du musée de Poitiers. M. Raynal cite des sauriens fossiles trouvés dans le pays et faisant partie de sa collection. Il exprime, en ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU, 117 même temps , le regret que l’imperfection des vertèbres recueillies par lui ne lui pérmette pas de déterminer cer- tains animaux. M. de Caumont lui signale les progrès immenses faits, sur celte partie de la science, en Alle- magne et surtout en Angleterre , et il cite l’excellent ou- vrage de l’anglais Owen. Il indique , en même temps, à M. Raynal, M. Deslongchamps, doyen de la Faculté des sciences, à Caen, qui possède pour la détermination des fossiles, des documents excellents que son obligeance met volontiers à la disposition des hommes d'étude par lesquels il est consulté. L'ordre du jour appelle la 5°, question du PHAGPA ASS ainsi conçue : « Dans quelles proportions numériques les espèces « nouvelles ou non décrites sont-elles dans les différents « terrains ? » Cette question ne peut être résolue, à défaut d’études suffisantes; la discussion en est remise à une autre session. M. le Président appelle la discussion sur les 6°. et 7°. questions, ainsi conçues : « Combien y a-t-il d'espèces principales de terrains « meubles dans le pays? — Quelles sont les qualités « relatives de ces terrains, eu égard aux productions agri- « coles ? » M. de Longuemar traite celte question dans un mé- moire intitulé Géologie agricole. La variété des terrains meubles du sol de ce département, et la difficulté d’en fournir une nomenclature exacte, sont indiquées par la va- riété même dont la physionomie géologique du pays porte l'empreinte, par l’irrégularité des distributions des couches remaniées par les cataclysmes et par les affleurements 118 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. divers, sur un espace resserré, du granite, du lias , des oolithes , des grès verts, des craies tuffeau, des argiles, des sables et des marnes, des terrains tertiaires. Aussi M. de Longuemar pose-t-il en fait qu’il ne sera pas possible de répondre pertinemment à la question du programme tant que la carte géologique du département ne sera pas faite. Toutefois, il indique, sur les plateaux et au sud-est d’une ligne qui courrait de la Guerche à Châtellerault, Poitiers et Parthenay, les sables et les argiles du terrain tertiaire moyen , accompagnés parfois de marnes d’eau douce et de meulières. Ce sont des terrains froids, des sols de brandes qui toutefois, par un mélange de marnes d'eau douce, ou de marnes détritiques, appartenant à l’oolithe , deviennent productifs en blé et en trèfle. Par- tout où l’oolithe cesse d’être masquée par ces couches , le sol devient plus particulièrement calcaire. Quelques- unes de ces couches sont profondes et fertiles en fro- ment, orge, luzerne el plantes sarclées. D'une plus faible puissance sur les flancs des vallées, ces couches prennent, à raison de leur mélange avec des dé- bris siliceux, le nom de groges et produisent, à l’aide d’une culture intelligente l'orge, la vigne , le sainfoin et même le froment et la luzerne. Enfin, M. de Longuemar signale certaines parties privilégiées de ce département, où se rencontrent des terrains d’alluvion profonds et puisant en eux-mêmes leur fécondité. Ces sols se com- posent d'éléments calcaires , argileux et sablonneux qui leur donnent à la fois toute la perméabilité désirable, et tous les aliments nécessaires à la végétation variée quiles couvre. C’est au milieu de ces terrains que fleurissent les cultures maraîchères. Les environs de Lencloître en offrent un remarquable spécimen. ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. L19 Tout en fournissant ces intéressants documents sur les terrains meubles du pays et sur leurs qualités rela- tives, M. de Longuemar ne se dissimule pas que les études faites sont insuffisantes pour résoudre complète- ment Îles 6°. et 7°. questions du programme. Il insiste, de nouveau, sur ce fait regrettable que le département ne possède pas de carte géologique, disant que, sans ce guide , il est impossible de procéder méthodiquement et avec ensemble à l’étude des terrains meubles. M. de Caumont invite les géologues du pays à doter le département de cet utile et important travail. Il faut arriver à faire pour les terrains meubles ce qui est déjà fait pour les roches, c’est-à-dire indiquer leurs gise- ments, et les classer dans un ordre méthodique. Tel est le but que s’est proposé l’Institut des provinces en formulant ainsi la question. L'ordre du jour appelle la discussion d’une question posée par M. de Caumont, depuis la rédaction du pro- gramme. Elle est ainsi conçue: A-t-il été fait des études et des coupes des tranchées des chemins de fer ouverts dans le Poitou? … M. Ségretain fait connaître que ce travail a été fait pour le chemin de fer de Niort à Poitiers, par MM. Baugier et Sauzet, et qu’un mémoire communiqué par eux à la Société de statistique des Deux-Sèvres va être incessamment publié. M. Ségrétain, qui a lu ce travail, le considère comme très-fidèle et très-utile. Les argiles, entre la Motte et Saint-Maixent y ont été étudiées avec beaucoup de soin. Il s'engage , au sujet de l'étage auquel appartiennent _ces argiles, un échange d'explications entre MM. Raynal, - Mauduyt et Ségrétain, qui répond, sans toutefois l’affr- 420 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. mer, que ces argilesse rapportent à des étages d’eau douce. L’attention de l’Assemblée est ensuite appelée sur les questions 7 bis et 8 du programme , ainsi conçues : « Quelles sont les terres et les roches utilisées par l’in- « dustrie locale dans le: département de la Vienne ? A « quelles formations géologiques appartiennent-elles ? « Dans quelles localités les rencontre-t-on plus particu- « lièrement ? L'analyse en a-t-elle été faite, et quelle est « leur composition? » M. de Longuemar ouvre la discussion de cette question par la communication d’une note où sont indiquées toutes les terres et roches utilisées par l’industrie locale. — 11 signale d’abord les argiles à tuiles et à poteries du terrain primitif (kaolin),— du lias supérieur, — de l’oolithe, — du grès vert, — du terrain tertiaire. Il indique des dolomies , près Charroux, et à la Châtre, près Genouillé ; de l'argile smectique ou terre à foulon, appartenant à l’oolithe inférieure, à Charroux et Celle-l'Evêcault ; — des pierres à bâtir, granite et gneiss, dans les communes d’Availles et de Ligugé ; — des calcaires, du lias et de l’oolithe utiles à divers degrés ; des meulières appar- tenant au système de marnè argileuse du tertiaire moyen, à Plumartin, dans la forêt de Meulière, à Availles et à Genouillé ; — des marbres lumachelles à la base du ter- rain oolithique inférieur , à Joussé , à Asnois et Chatain; — des marbres gris, jaune et rouge, et des brèches jaunes et rouges , à la Bonardilière, près Civray ; — des pierres à chaux, dans toutes les assises calcaires, et des pierres propres à la fabrication de la chaux hydraulique, dans l’oolithe inférieure et surtout dans le ljas, à Charroux, Ligugé et Croutelle; — des lignites dans le lias, à Joussé, ASSISES SCIENTIFIQUES DUÜ POITOU. 21 à Croutelle et à Queaux:; — un filon d’ampélite graphique ou charbonneuse de 50 centimètres d'épaisseur , trouvé à 16 mètres de profondeur dans un puits creusé à la Ger- monière, commune de Buxerolles ; — des minerais de fer en grains et en rognons, à Charroux, Mauprevoir , dans l’oolithe inférieure, à Verrières et Charroux dans des terrains diluviens ; — des galènes, dans les calcaires du lias et l’oolithe ferrugineuse, à Charroux ; — et du man- ganèse , à Charroux et à Mézeaux. Après avoir donné ces indications, M. le Président prie M. Malapert, professeur de chimie à l’école de méde- cine , de vouloir bien faire connaître à l’Assemblée l’em- ploi qu’il a fait, pour l’industrie locale, des terres ou roches de ce département. M. Malapert fait connaître qu’au hameau de la Châtre, commune de Genouillé, il à découvert sur un terrain appartenant à son frère, un gisement de dolomies d’où il ést parvenu à extraire du sulfate de magnésie dans la proportion de 44 à 45 pour 100. Cette découverte a été utilisée, par lui, pour la préparation des eaux gazeuses. Le sulfate de magnésie ainsi obtenu a, en outre, été employé par lui avec succès pour des empreintes de médaillons. La modestie de M, Malapert lui fait garder le silence sur . un incident qui l’honore; mais M. de Longuemar s’em- pressé de le faire connaître , et lit un rapport de M. Che- valier à la Société d'encouragement, où l’on signale M. Malapert comme ayant rendu un service réel au pays, en lui donnant, à un état de pureté remarquable, un produit pour lequel la France avait été jusque-là tribu- taire de PAngleterre et de l'Allemagne. La parole est ensuite donnée à M. Meillet sur les mêmes questions 7 bis et 8 122 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. Meillet cite les terres à foulon très-pures, près de Celle-l’Evêcault, sur le bord de la route; quelques li- gnites à l’état d'accident à Queaux et Croutelle; des minerais de fer oolithique dans beaucoup de localités, et en particulier à la Maison-Blanche, à Buxerolles ; et enfin du manganèse oxydé à l’état pulvérulent, mais pur, trouvé à Ligugé , dans les dolomies du lias. M. Meillet signale, en outre, une substance toute nou- velle , trouvée par lui sur les terrains du chemin de fer à Ligugé, encaissée dans des argiles que les fossiles lui désignent comme appartenant à l’oxford-clay. Cette sub- stance grasse, facile à couper , bigarrée de nuances di- verses, a reçu de lui, par analogie de consistance d’une part, et à raison de son élément principal de l’autre, le nom de stéargilite (suif-argile). Cette substance n’est comparable à aucune de celles ayant avec elle des res- semblances. Elle diffère de la nontronite par l'aspect et les propriétés physiques; de l’halloysite et des allophanes, à raison de son insolubilité dans l'acide hydrochlorique bouillant. Sa composition, dont M. Meillet s’est rendu compte par une simple analyse qualitative , n’ayant pas eu le temps d’en faire une quantitative, consiste en silice , alumine , eau , oxyde de manganèse et traces de potasse, Elle se trouve engagée dans l'argile sous forme de rognons blancs, jaunes, roses et vert pistache, de nuances très-pures. Elle se coupe au couteau comme la bougie stéarique, se fendille dans l’eau, et offre des caractères assez tranchés pour qu’on doive la considérer comme une espèce nouvelle. | M. de Caumont remercie M. Meillet de cette commu- nication , et lui demande quelques échantillons de cette substance pour être soumis à l’Institut des provinces , dans sa réunion générale, à Paris. ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 4923 A ce moment , les regards de l’Assemblée se fixent sur un fouillis de jolis objets qui doivent leur création à l’in- fatigable et intelligente industrie de MM. Meillet et Augé, et qui révèlent dans notre sol des ressources encore inconnues. Ce sont de charmantes poteries, aux couleurs diverses, blanches, grises, jaunes, roses, violettes et brunes, fabriquées avec des terres du département, modelées sur l’antique , et à qui les malheurs d’un acci- dent donnent une ressemblance de plus avec les précieux débris que, malgré les railleurs, recherche avec tant d’amour l’antiquaire. On dirait du romain, et, convena- blement placés par le vieil Edie Occhiltrée près du camp de Kimprune, ils auraient infailliblement trompé le vénérable M. Oldbuck lui-même, M. Meillet donne des explications sur ces produits de son industrie et sur les matériaux qu’il emploie à leur fabrication. Les argiles de la plus grande finesse, dit-il, sont extrêmement communes dans le département de la Vienne. On en trouve de toutes les nuances. La blanche se rencontre à la Maison-Blanche , à la Douardière, dans loxford-clay , à la Roche-de-Bran, en quantité presque inépuisable , dans l’oolithe supérieure ; la noire, dans les cavernes des dolomies liasiques de Ligugé ; la rouge, qui peut rivaliser de finesse avec ce que les Romaïns nous ont laissé de plus parfait, vient de Château-Fromage , et semble provenir de l’oolithe supérieure; la bleue, qui donne un grès d’une extrême blancheur et d’une grande finesse, a été trouvée à Montamisé ; la violette et la jaune ont été recueillies près du tunnel de la voie de fer qui conduit à Bordeaux , et sur le point où , il y a trois ans, M. Meillet a déjà découvert l’allophane. A ces communications , M. Meillet ajoute la révélation h2h INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. d’un fait intéressant. Il a trouvé le gypse en assez grande abondance à Mézeaux , dans une propriété de M. Paulze- d'Ivoy, préfet de la Vienne. Cette découverte, faite dans une dislocation du lias à sa jonction avec l’oolithe, le porte à penser que la présence du gypse sur ce point est due à la décomposition du sulfure de fer, si abondant dans ces sortes de terrains, et que, par conséquent, on doit trouver là l'indice de couches sous-jacentes plus puissantes encore. Ce fait lui paraît d'autant plus inté- ressant pour l’agriculture, que le gisement qu’il signale se trouve entre des mains guidées par un amour intel- ligent des sciences agricoles et du bien public. M. le Président termine la discussion relative aux questions 7 bis et 8, en donnant lecture d’une lettre de M. le docteur Pingault, fournissant, sur le même sujet, d’utiles renseignements, Dans cettre lettre, M. Pingault fait connaître que les forges de Verrières sont alimentées par des minerais de fer recueillis à une lieue à la ronde, dans la localité et sur la superficie même du terrain. Quelques-uns de ces minerais sont à l’état d'agglomération plus ou moins grossière , d’autres à l’état de péroxyde de fer plus ou moins recouvert de terre glaise ; quelques-uns contien- nent de l'hématite ou protoxyde de fer, Leur rendement enfer, si l’on combine les expériences de M. Pelouse avec celles de MM. Beudant et Dorvault, serait d'environ 55 pour 100. Au milieu même du gisement de ces mi- nerais s'écoule une source éminemment ferrugineuse , contenant le fer à l’état de dissolution ; ses eaux, à peu près inconnues dans notre département, sont utilement employées, dans la localité, pour le traitement des femmes chlorotiques et des individus anémiques. : ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU, | 125 L'Assemblée passe à l'examen de la question 9 du pro- gramme , ainsi CONÇUE : « Quels sont les amendements qui paraissent le mieux -« convenir aux terres arables ? » M. de Longuemar donne lecture d’une note où il indique , à ce point de vue, les emplois les plus généraux des matières rencontrées dans notre sol. Il cite la décou- verte du gypse dans la Vienne, en 1823 , et lés mémoires publiés sur cette matière par M. le docteur Canolle (t, I*'. des Bulletins de la Société d'Agriculture ), et par M. Babault de Chaumont (t. III du même recueil). — 11 signale, en outre, sur les emplois de la chaux un mémoire très-complet de M. de Fayolle (t. IT), et un travail de M. Duval (t. X de ces mêmes Bulletins ). Enfin, il fait connaître que le département possède trois espèces de marnes utilisées pour l’agriculture : 4°. celle du lias, excellente marne, dont les gisements se rencontrent à Lathus, Queaux et Charroux ; 2°, celle de l’oolithe infé- rieure , à Charroux; 3°. celle du terrain tertiaire mg à < que l’on trouve dans le reste du département, Après ces explications, M. le Président donne la parole à M. Meillet pour la lecture d’un mémoire sur cette inté- ressante matière : | Le mémoire de M. Meillet débute par une protestation contre les tentatives faites pour nourrir la plante par les engrais raisonnés, les engrais chimiques et restituteurse. Tout système absolu , en cette matière, lui paraît puéril et dangereux. Il s’autorise des expériences de M. Bous- . singault pour démontrer que la plante peut germiner, fleurir et fructifier sans autres aliments que ceux trouvés par elle dans l'air et dans l’eau. Toutefois, M. Meillet ne nie pas absolument l’action fertilisante de certains engrais. 426 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Le fumier, qui réunit à la fois les substances salines et les substances azotées, lui paraît le prototype de l’engrais. Nul engrais, en dépit des combinaisons des chimistes, ne remplacera le fumier soumis à une putréfaction sa- gement mesurée, de manière à éviter la volatilisation des principes fertilisants. Après quelques développements de cette idée, et après une comparaison entre les poudrettes de Pariset de Poi- tiers , qui, par une singularité remarquable, sont plus ou moins fertilisantes en raison inverse de leur plus ou moins de richesse en principes assimilables, M. Meillet aborde la partie de son mémoire qui répond plus spécialement au programme, à savoir les marnes et la méthode suivant laquelle on doit les employer, M. Meillet s'empare des résultats obtenus par les re- cherches de MM. Boussingault et Deville sur l’eau des puits et des rivières, où ces savants ont découvert des quantités d’azotates quelquefois assez fortes, et établit sur cette donnée tout une nouvelle théorie de l’action de la marne sur le sol, Suivant lui, l’action des marnes ne consiste pas pré- cisément à être un moyen mécanique d’ameublir un sol trop léger ou trop compacte , pauvre de calcaire ou d’ar- gile; elle réside surtout dans les minimes débris orga- niques qu'elles contiennent, et qui constituent pour elles les éléments d’une puissance fécondante. Les débris encore organisés qui s’y trouvent sont, suivant M. Meillet, un ferment qui, par ses évolutions et ses réactions en présence de l’atmosphère, sert à former des azotates à base de chaux, de magnésie, d’ammoniaque qui, inces- samment lessivés par les pluies, vont porter aux racines de nouveaux sucs nourriciers ; d’où il résulte que les ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 497 meilleures marnes sont celles où l’on trouve le plus de principes organiques. En conséquence, M. Meillet a cherché un procédé pour le dosage des matières organiques contenues dans les marnes. Ce procédé a été trouvé par lui et est une dé- couverte dont il revendique la priorité. M. Meillet réalise le dosage de l’azote contenu dans les marnes par le 80- dium et le sulfate de cuivre. A la suite de cette lecture, qui a été écoutée avec intérêt, mais dont certaines conclusions mériteraient un examen plus approfondi, la discussion s’est engagée sur les avantages comparatifs de l’emploi de la marne et de l'emploi de la chaux. Après cette discussion, à laquelle ont pris part MM. Trouessart, Raynal, Meillet, de Caumont , de Longuemar et PiloteHe, on a conclu qu’en pareille matière il n’y avait rien d’absolu ; que l'intérêt du propriétaire était le seul guide à suivre, et qu'il était le seul juge de cet intérêt. M, le Président pose les questions 40 et 40 bis, ainsi conçues : - « Quelle est la nature du sous-sol, et à quelle série de « couches doit-on le rapporter, d’après les données de la « géologie ? — Quels sont les terrains du département « de la Vienne auxquels il convient surtout d'appliquer « le drainage ? » Ensuite il donne lecture d’une note sur cette double question : Les (1) assises calcaires de l’oolithe qui forment la (4) Extrait d'un rapport sur le drainage, fait antérieure- ment à la Société d'agriculture de la Vienne, par M, de Longuemar, 28 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. masse principale du terrain et qui reposent elles-mêmes sur le lias, dit M. de Longuemar, sont recouvertes par deux grands systèmes d’argiles, de marnes et de sables, qui se montrent ensemble ou séparément, sur quelques points, mais plus généralement réunis. Les argiles supérieures forment seules dés couches assez uniformément répandues sur le sol; les marnes subordonnées ne se présentent, la plupart du temps, que par gisements isolés plus ou moins puissants ; les sables et les argiles inférieurs remplissent les dépressions des roches calcaires qui les supportent et présentent de nom- breuses lacunes dans leur assiette. Pour expliquer ces lacunes si fâcheuses pour l’industrie des tuiliers (car cette assise renferme la terre à tuile au milieu de sès bancs de sable }), il suffit de faire observer qu’une formation géologique n’a presque jamais succédé à la précédente , sans que celle-ci n’eût éprouvé préala- blement les ravages qui sont la conséquence naturelle du déplacement violent d’une grande masse d'eaux. Il est donc résulté de cette loi, à peu près générale, que certaines assises ont pu se déposer immédiatement sur une formation très-ancienne , la formation intermé- diaire ayant disparu en grande partie par suite du ravage des eaux; ou bien se concentrer dans une forte dépres- sion du sol, au lieu de s'étendre d’une manière continue et régulière tout alentour. C’est là ce qui explique lirré- gularité du gisement de marnes, sables et argiles infé- rieurs aux couches superficielles. Les deux systèmes dont il vient d’être parlé se Ssuc- cèdent de haut en bas, dans l’ordre que nous allons décrire : Une couche superficielle de sable argileux, mêlé de ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. L29 cailloutis, dépassant rarement 33 centimètres d'épaisseur. Une couche d’argile jaune-rougeâtre , assez ferrugi- neuse pour que la limonite qu'on y rencontre ait formé ces agglomérations de galets quartzeux, qu’on appelle poudingues. Celle-là atteint souvent 1 mètre de puissance; elle est liée à une autre assise argileuse passant à la marne d’eau douce et à la meulière , presque toujours déposées dans les dépressions des terrains inférieurs. Ce groupe appartient essentiellement au terrain ter- tiaire moyen, et sa présence constitue le sol habituel des brandes du haut Poitou et du Berri. Parallèlement aux marnes blanches, se présentent les argiles et les sables panachés par la présence plus ou moins abondante du fer limoneux ou péroxydé, en pla- quettes ou de forme pisolithique, souvent sp comme minerai de fer. Cette assise fort irrégulière, qui atteint souvent une puissance de plusieurs mèires, et qui est remarquable par la présence du mica en paillettes répandu dans la masse , et la nature presque kaolinique de ses argiles , appartient sans doute à la même formation. Nous avons déjà dit que les tuiliers y trouvaient les argiles propres à alimenter leur industrie. Tel est l’ensemble des dépôts sédimentaires ou de précipitation dont les affleurements, plus ou moins irré- guliers, constituent la surface de quelques-uns de nos plateaux. On sent que la détermination régulière de leurs con- tours pourra seule permettre d'en évaluer l'étendue, et de préciser dans quelle proportion les terrains à drainer se rencontrent dans la contrée. 430 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. La question du drainage ne pouvant, eu égard à l’in- suffisance des études faites, être traitée avec la précision commandée par le programme, M. Pilotelle demande la parole pour préconiser l'emploi du colmatage, pro- cédé peu connu chez nous, mais populaire en Italie, où l’on réussit, à l’aide de travaux peu coûteux, à diriger les eaux malfaisantes , à les discipliner, et à les rendre non-seulement inoffensives, mais encore auxiliaires de l’agriculture. MM. Trouessart et de Caumont partagent la bonne opinion exprimée par M. Pilotelle sur ce procédé , et ci- tent, à l'appui , des exemples faits pour le populariser dans ce département. A la suite de cette discussion, la parole est donnée à M. l’abbé de Lacroix, curé de St.-Romain, pour traiter des 11°, et 42°, questions du programme , ainsi conçues : u Quels sont les nouveaux faits constatés relativement à « la distribution géographique des plantes dans le pays ?» « Quelle influence paraît exercer la nature géologique « du sol sur la végétation en général, et sur le déve- « loppement de certains végétaux en particulier ? » Dans un savant mémoire qui résume de longues années d'étude, de laborieuses recherches et d’utiles explora- tions , M. l’abbé de Lacroix énumère les conquêtes nou- velles faites par la science au profit de la flore poitevine. Son travail est divisé en quatre parties principales , se rapportant à quatre groupes d’espèces, classés suivant les zones auxquelles ils appartiennent. Il traite donc suc- cessivement des plantes nouvellement découvertes : 4°. sur les coteaux secs; 2°. dans les bois et les landes : 3°. dans les plaines et les cultures ; 4°. dans les marais ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 31 et sur les bords des eaux, Dans ces diverses catégories, M. de Lacroix signale certaines plantes manquant, non- seulement à la flore française, mais encore à la flore européenne. Grâce à ses laborieuses recherches, combinées avec les savants travaux de M. Delastre, autrefois son maître dans la science et aujourd’hui son collaborateur, M. l'abbé de Lacroix est en mesure de signaler plus de 130 espèces phanérogamiques tout-à-fait nouvelles pour la flore de la Vienne, et dont quelques-unes sont encore introuvées en France, Nous avons remarqué particulièrement, au nombre de ces conquêtes : la Viola pratensis, Mert. et Koch., qu’on n’avait trouvée jusqu'ici que dans le dépar- tement des Deux-Sèvres ; le Fumana Spachii, Gren. et Godr., plante tout-à-fait méditerranéenne ; le Cytisus prostratus , Scop., espèce d’Istrie et de Carniole ; l'Hie- racium onosmoides, épervière à peu près nouvelle pour la flore de France, et l’'Euphorbia angulata, Jacq., plante fort rare et que, dans tout le bassin de la Loire, on n’avait trouvée jusqu'ici qu’à Châteauroux. = Abordant ensuite la section des cryptogames vascu- laires, M. l’abbé de Lacroix a fait passer sous nos yeux les plus rares espèces de fougères, au premier rang des- quelles il a placé le Blechnum spicant, L., dont on n’a pu encore trouver dans ce département qu’une localité. Il à également cité l’Isoetes tenuissima, Bor., plante nouvellement introduite dans la science par M. l’abbé Chaboisseau. Les agames-ont offert à M. l’abbé de Lacroix un vaste champ d’observations et de découvertes importantes. Il qualifie lui-même d’effrayante la nomenclature des espèces nouvelles äcquises à la flore poitevine, et s’est L32 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. vu obligé de se restreindre, dans son mémoire, aux choses tout-à-fait nouvelles ou curieuses, non-seulement pour le département, mais encore pour la science. Citons en particulier les Jungermannia oppositifolia de Lacroix, espèce entièrement nouvelle ; nigrella, de Not., nou- velle pour la France; la Lecidea saubineti, Montagn., espèce extrêmement rare ; la Scutula Valrothii, Tul., dont la découverte en Poitou appartient à M. de Lacroix, l'Hypocrea latericia, Fr., sphériacée très-rare en Eu- rope, qui se développe sur le Lactarius deliciosus ; enfin , le Glæosporium salicinum , et le Glæosporium Delastri, espèces découvertes par M. l’abbé de Lacroix et dont la dernière a été dédiée par lui à son savant maître. La famille des gastéromycètes, qui a fourni à M. l'abbé de Lacroix un autre sujet de fructueuses observations, a été pour lui l’occasion, d’un hommage rendu aux sa- vants travaux de MM. Tulasne, nos compatriotes et les condisciples de quelques-uns d’entre nous; c’est à leurs excellents ouvrages qu’il faut se reporter pour com- pléter le travail de M. de Lacroix sur cette partie de la science. Bornons-nous à revendiquer comme une décou- verte toute poitevine le Mycelium ou blanc de la truffe. Enfin, Messieurs, après avoir cité quelques espèces rares de Lycoperdom , M. l’abhé de Lacroix termine son mémoire par une invocation aussi pieuse qu'éloauente au Créateur de toutes choses, dont la puissance et la fécondité se manifestent dans les plus petites comme dans les plus grandes, dans les plus mystérieuses comme dans les plus éclatantes de ses œuvres. jt Après cette lecture, M. labbé de Lecroix entre dans quelques explications sur les conséquences à tirer de ses ASSISES SCIENTIFIQUES DU: POITOU, 438 études au point de vue de l'influence que peut exercer la nature géologique du sol sur ia végétation. Il ne con- sidère pas que la formation géologique du sol doive nécessairement et invariablement influer sur les produc- tions végétales. Son influence directe est souvent modifiée et:même annihilée par l’interposition de terrains qui leur sont accidentellement superposés, Ainsi l’on voit, sur des terrains calcaires, des plantes appartenant par leur ori- gine aux terres siliceuses, anomalies qui n’en sont pas en réalité, car elles s'expliquent presque toujours par des poussières siliceuses apportées par les hasards du vent, et accumulées , à la faveur des inégalités ou des fissures du sol. Il cite, à ce sujet, l'exemple des digitales et pro- voque, sur les habitudes de cette plante, une discussion à laquelle prennent, part MM, de Caumont, Meillet, Mauduyt et de Longuemar. M. de Longuemar termine la discussion par la lecture d’une note publiée par lui, en 1843, sur ses observations. dans le département de l'Yonne (4), et confirme, par des exemples, l’opinion émise par M. l'abbé de Lacroix. Après celte discussion, M+ Carmignac - Descombes appelle l'attention de l’Assemblée sur les terrains tour- beux de ce département, qu’il considère comme pouvant : être utilisés pour les engrais. Il propose à l’Institut des provinces de mettre à l'étude cette question importante. L'existence de terrains tourbeux dans le département est, dit M. de Longuemar, un objet d'étude et d'essais d'amélioration pour plusieurs agriculteurs. Il cite l’exem- ple de M. de Curzon qui, en sillonnant de fossés des (4) Études géologiques sur les terrains de la rive gauche de l’ Yonne, Auxerre, 4848. 19 43% INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. terrains de cette nature, et en exhaussant les terres avec les déblais des fossés, a complètement assaini ses marais, et les a rendus productifs. Les mottes, c’est le nom que portent en Vendée les planches ainsi formées , lui donnent d'excellentes récoltes en productions maraîchères. M. Meillet propose l’emploi de la chaux comme un excellent moyen pour rendre les terrains tourbeux pro- pres à la culture. L’acide humique, dit-il, s’oppose à la nitrification du sol , essentielle pour la fertilité. Décom- posez l'acide humique avec de la chaux vive, et le sol, désormais susceptible de nitrification, pourra être uti- lement soumis à la culture. L'Assemblée remercie M. Carmignac-Descombes de sa communication, et la recommande à l’attention des agri- culteurs. Elle passe ensuite à l'examen de la 13°. question du programme : | « A-t-on fait, dans le pays, des observations météoro- « logiques suivies ? Quels résullats en a-t-on obtenus ? » La parole est donnée à M. Trouessart, professeur de physique à la Faculté des sciences de Poitiers. Le travail de M. Trouessart sur la météorologie de Poitiers n’est pas seulement une œuvre de science , c'est encore une bonne action: c’est de la piété scientifique. Signaler au respect de notre génération la mémoire d’un savant modeste, sauver de la poussière des archives et des ténèbres de l'oubli l’œuvre consciencieuse de qua- rante années de sa vie, donner à cette œuvre un corps par la méthode, une vie par la pensée , un coloris par le style, c’est faire deux bonnes choses à la fois : une bonne action et un bon ouvrage. M. Trouessart a, en effet, entrepris de faire connaître ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 435 kes observations météorologiques de M. le docteur de La Mazière , œuvre de patience accomplie jour par jour, à trois heures marquées, sans interruption, pendant qua- rante années consécutives, de 1778 à 1819; —— œuvre rare dans l’histoire de la météorologie (1) ; — œuvre de persévérance accomplie au milieu de tous les genres d’orages, sous les foudres mêmes de 1793, avec le calme de l'homme de paix, avec l’impassibilité du vrai savant qui, l'œil fixé sur une idée, ne s’en distrait pas et ne s’'émeut de rien. M. Trouessart ordonne en six parlies son travail sur les observations de M. de La Mazière, Il traite succes- sivement de la température, des vents, des hauteurs du baromètre, de la pluie, des tonnerre, grêle et brouil-: lard, et enfin des particularités météorologiques rela- tives à quelques années. La température moyenne de Poitiers, prise sur les quarante années d'observations météorologiques de M. de La Mazière, serait de 12° 03 centigrades. M. Trouessart, tenant compte des variations diurnes de da température, fait descendre cette moyenne à 11° 33, température habituelle des mois d’avril et octobre. e Les vents sont répartis par M. Trouessart entre quatre régions, qui forment l'horizon de Poitiers. L’une, sise au Sud-Ouest, celle de la pluie , nous menace pendant la (1) Un autre travail de ce genre (quarante-trois années d'observations météorologiques) a été fait, dans un dépar- tement voisin, à Limoges, par M. Juge de Saint-Martin, con- seiller au présidial de Limoges, Averti de l'existence de ce travail par M. Bardy, petit-fils de l’auteur, M. Trouessart se propose d'en faire l’objet d’une nouvelle étude. 136 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. majeure partie de l’année. C’est ce que nous devons conclure des observations de M. de La Mazière, puisqu'il n’est que deux mois, juillet et mars, où elles nous donnent un espoir fondé d’en être exemptés. L'autre région, celle du Nord-Est, nous envoie l'extrême froid en mars et extrême chaleur en juillet. La. troisième, qui règne au Nord-Ouest, souffle, en août , les bourrasques et la quatrième, sise au Sud, donne issue aux. vents pré- curseurs des averses. Au milieu de ces vents pleins de menaces il reste, et c’est une expérience que nous faisons tous les jours, fort peu de place pour le beau temps. M. Trouessart nous entretient ensuite des pluies et fait connaître qu'il a pu, d’après M. de La Mazière, fixer en moyenne le maximum des pluies en octobre, et-le mini- mumen août. Mais il a, dans l’infaillibilité des moyennes, un manque de foi qui va jusqu'à l’incrédulité. Il a trop vu les démentis qui leur sont donnés, chaque jour, par celui qui tient dans sa main le beau temps, les vents et l’orage ! Sur ce point, M. Trouessart est désespérant pour ceux qui font de la statistique toute leur science , et il leur porte un coup mortel lorsque lui, si savant, avoue humblement, comme conclusion, que, malgré les moyen- nes , il ne peut nous prédire le temps qu’il fera demain. Il nous apprend aussi qu'à Poitiers la moyenne du tonnerre est de 16 jours par année, celle des éclairs de 8 jours ; celle de la grèle , 5 jours ; celle du brouillard, 55 jours. Nous entendons gronder la foudre en juillet juin et septembre ; la grêle nous menace en avril, mars et février, et nous vivons dans les brouillards en décem- bre, novembre et janvier. Telles sont les données fournies par quarante-une années d'expérience. Le mémoire de M. Trouessart se termine par un ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. h37 exposé des particularités météorologiques relatives à certaines années. Les grands hivers 1788-89 , 1774-75, 4798-99 , — les hivers doux 1790-91, 1797-98, — les hivers tardifs 4785 et 1696, — les étés les plus chauds 1778, 4793, 1803 , — les étés les moins chauds 1816,— les années de grande sécheresse 4803, 1793, 1807 et 4818, — les années de pluie 1788, 1811, 1816 et 1781, — les années fécondes en phénomènes exceptionnels, tels qu’orages, tremblements de terre, invasion d'insectes malfaisants, neiges tardives, dévastations de récoltes, sont signalés, par M. Trouessart avec un soin minutieux dont la valeur est encore rehaussée par des réflexions aussi ingénieuses que savantes. Cette lecture est écoutée avec l'attention que notre savant professeur de physique est habitué à rencontrer au milieu de tous ses auditoires. L'ordre du jour appelle la discussion sur les questions | du programme relatives à l'archéologie. Avant d'aborder cette matière, M. de Longüemar présente quelques ob- servations pouvant servir de transition de la géologie à l'archéologie, et prouve, par certains faits mal appréciés par plusieurs, que ces deux sciences ont des points de contact et peuvent quelquefois se servir mutuellement . d’auxiliaire. Ces observations portent sur les puits ou excavations affectant la forme cylindrique, si communs dans nos rochers, et attribués à tort, par l'opinion vul- gaire, à des travaux de main d'homme. Suivant les uns, ces exCavations ont été creusées pour servir de silos ; suivant d’autres, elles sont dues au culte qui s’y cachait pour rendre des oracles. Ces excavations, dit M. de Longuemar, ont pu être employées à ces divers usages, mais elles ne doivent pas leur origine à la main de. 38 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, l'homme ; ce sont les eaux lorrentielles qui, aux époques antérieures aux terrains tertiaires, ont attaqué les parties les plus tendres des rochers, fait tarière en tourbillonnant, et perforé le sol. L'espèce de ciment incrusté de galets siliceux , qui tapisse sur certains points les parois de ces puits, est le produit des dépôts laissés par les eaux, et non l’œuvre de la main humaine. Il faut donc restituer à l’action de la nature ce qu’on avait, à tort, attribué à l’industrie des anciennes géné- rations. La géologie est également utile, dit M. de Longuemar, pour expliquer sur certains terrains la présence de dol- mens qui, formés de blocs étrangers au sol sur lequel ils s'élèvent, font supposer un transport lointain par les Gaulois, érecteurs de. ces monuments. Plusieurs per- sonnes font, en conséquence, à nos ancêtres les honneurs de connaissances pratiques très-étendues en dynamique ; c’est une exagération. Ces pierres n’ont pas été trans- portées. La géologie vient en aide à l'archéologie pour faire la lumière sur ce point. Quelques-unes de ces pierres sont des blocs erratiques apportés par les eaux diluviennes sur un sol auquel ils sont étrangers ; d’autres sont des blocs de grès ferrugineux formés dans le sable. Les eaux ont enlevé le sable, et laissé le grès dans un état qui fait contraste avec l’aspect général du sol. M. de Longuemar cite plusieurs de nos pierres levées à l’appui de cette thèse qui est la vraie, et démontre, par conséquent, qu’en échange des services qu’elle peut en attendre, l'archéologie fera bien de vivre en paix avec la géologie. Après cette intéressante communication, M. le Prési- dent donne la parole à M. Ménard, secrétaire de la Société Ces Antiquaires de l'Ouest, qui, répondant à la question ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU, h39 14du programme par un rapport où il a eu l’art de con- denser beaucoup de choses dans un étroit espace, rend compte des travaux de statistique monumentale accom- plis, de 1834 à 1857, par les Sociétés savantes du département. Il nous est impossible d’énumérer, après M. Ménard, les travaux accomplis par les antiquaires de lOuest, pour rechercher, conserver, restaurer, décrire les mo- numents de toutes les espèces et de tous les âges, épars sur ce département et sur les régions circonvoisines. Disons que , si tout n’est pas décrit, la description n’a cependant manqué à aucune matière. Monuments cel- tiques, voies romaines, établissements, monuments, tombeaux romains et gallo-romains, édifices religieux, châteaux du moyen-âge et de la renaissance, tout est re- p résenté dans les Mémoires de la Société des Antiqüaires de l'Ouest, par des descriptions formant un total de plus de 170 mémoires, dont quelques-uns s’occupent de plu- sieurs monuments à la fois. M. de Caumont félicite la Société des Antiquaires de l'Ouest des travaux accomplis par ses membres , pour la description des monuments ; mais il fait remarquer que ces travaux isolés ne constituent pas une statistique du département, œuvre indiquée par la question du pro- gramme. Il importe, dans l'intérêt des monuments d’un département, qu’ils soient tous indiqués et décrits par canton, de manière à former un classement raisonné et méthodique. Le savant Directeur-général de l’Institut des provinces recommande, avec des instances toutes par- ticulières, la direclion de cette œuvre à la Société des Antiquaires de d'Ouest. M. l’abbé Lalanne, curé d'Oiré , annonce qu'il se propose de faire la statistique monu- 40 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. mentale de l'arrondissement de Châtellerault. L'Assem- blée applaudit à ce projet, Après ces observations , l’Assemblée est appelée à dis- cuter la 15°, question du programme, ainsi conçue : « Quelles sont les déductions résultant des études déjà « faites , soit sous le rapport des établissements romains « qui ont existé, soit sous le rapport de l’art au moyen- « âge dans le pays? » Interpellé par M. le Président sur les catastrophes qui, suivant lui, ont fait disparaître du sol poitevin les con- structions romaines dont on retrouve tant de vestiges, M. Bonsergent déduit les conséquences auxquelles con- duisent les observations qu'il a faites : ce sont les torches incendiaires des barbares qui ont fait disparaître les belles constructions dont les Romains avaient doté notre sol. I croit pouvoir conclure ainsi, de ce fait, que presque toutes les ruines découvertes à Poitiers, et particulière- ment sur les terrains de la rue de l’industrie, sont recouvertes d’une couche de charbon et de cendre , indi- quant visiblement les causes de tant de ruines. M. Bon- sergent cite , en outre, les divers lieux de la cité où des fouilles ont fait découvrir les traces laissées par Part romain dans nos contrées. | De ces faits et de l’existence des innombrables villas des environs, des arènes pouvant contenir 52,000 specta- teurs, des aquéducs amenant à Poitiers l’eau de toutes les vallées supérieures , des nombreux débris d’architec- ture romaine que l’on retrouve employés comme maté- riaux dans la construction de l’enceinte visigothe, M. de Longuemar conclut que lantique Limonum a dù jouer un rôle important parmi les stations romaines. ASSISES SCIENTIFIQUES DÜ POITOU. EUR Ces observations sont, pour M. de Caumont, l’occa- sion d’un appel à l’érudition des juristes poitevins : le savant Directeur-général de l’Instilut des provinces se demande si la destruction de certains édifices romains, dont on retrouve les débris dans nos anciens murs d’en- ceinte, ne pourrait pas avoir coïncidé avec quelque dis- position législative des derniers empereurs d'Occident, ordonnant la reconstruction des fortifications. M, Foucart s’empresse de répondre à cet appel : il se livre, de concert avec M. Ragon, professeur de Droit romain, à des recherches qui lui font retrouver , au Code Théo- dosien, des lettres des empereurs Arcadius et Honorius, répondant à l’idée de M. de Caumont. Édicté pour l'Orient, en 396 et rendu obligatoire pour l'Occident en 438, cet ordre impérial prescrivait aux cités la reconstruction de leurs murs. Il est conçu en ces termes : « Omnes provinciarum rectores litteris moneantur, ut « Sciant, ordines atque incolas urbium singularium muros « vel novos debere facere , vel veteres firmiüs renovare : « Scilicet hoc pacto impendiis ordinandis, ut adscriptio « Currat pro viribus singulorum, deinde adscribantur « pro æstimatione futuri operis territoria civium : ne « plus poscatur aliquid quam necessitas impetraverit , « neve minüs : ne instans impediatur effectus. Oportet « namque per singula ( non sierilia) juga certa quoque « distribui, ut par cunctis præbendorum sumptuum ne- « cessilas imponatur, nemini excusatione vel alia præ- « sumplione ab hujusmodi immunitate præbenda. Dat. « IX kalend. april. Arcad. IV, Honor, II, AA coss. « (396). » En communiquant ce tékté M. Foucart présente les observations historiques que voici : hh2 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Lorsque la domination des Romains, dit-il, fut défi- nitivement établie dans les Gaules, une paix profonde, assurée par la constante présence des légions , régna dans nos contrées. Dans l’état de calme où se trouvait alors le pays, les fortifications étaient inutiles, et, en l'absence du stimulant du danger, les municipalités, dont l'esprit est le même dans tous les temps, se sou- ciaient fort peu de faire les frais nécessaires pour la construction ou l'entretien de murs d'enceinte. Les cités gauloises se trouvaient donc dépourvues de murs, lors- que après 406, année si fameuse dans les fastes de la décadence romaine, le péril inspira aux habilants de nos cités la résolution de se mettre en état de défense. Stilicon , préoccupé de ses ambitieux projets, était venu sur les bords du Rhin, où les légions romaines étaient cantonnées, et les avait emmenées à Rome. C'était une imprudence, Dégarnir la frontière des Gaules, c’était la livrer aux barbares. Toutefois, avant de s’éloi- gner, Silicon prit la précaution de s’entendre avec les Francs qui, parvenus à se former un petit établissement vers Cologne, entre le Rhin et la Meuse, promirent de défendre la frontière. Puis il partit. Alors, comme si elle n’eût attendu que ce signal, une formidable horde de barbares fit irruption dans les Gaules. Goths, Gépides, Vandales, Hérules, Suèves , Bourguignons , Saxons, Angles et Juthes se précipitèrent sur ce malheureux pays, pour la protection duquel les Francs ne furent qu’une faible barrière. Leur défaite désastreuse les découragea, et, comme le chien de la fable, qui voit ne pouvoir défendre le diner de son maître, ils se résignèrent à prendre une part du festin. Ce ne fut alors qu’un vaste embrasement dans la ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. ” AH48 Belgique et dans le nord des Gaules. Tout fut mis à feu et à sang,et une immense terreur s’empara de toutes les populations du Centre et de l'Ouest. Ne pouvant plus attendre de secours d’un empire expirant , réduits à leurs propres forces, stimulés par l’imminence du péril, les habitants de nos villes se décidèrent à res- serrer l'enceinte de leurs cités pour présenter moins de prise à l'ennemi , à abattre les magnifiques édifices qui , situés en dehors de l’enceinte, auraient pu couvrir l’as- saillant, et des débris de ces nobles ruines firent des matériaux pour leurs murs. C’est alors que les lettres d’Arcadius et d’Honorius dont nous venons de donner le texte reçurent en Occident leur exécution; c’est alors que tombèrent nos arènes, et les somptueux édifices dont notre sol révèle chaque jour tant de vestiges ; c’est alors que s’entassèrent, pour former des murs d’en- ceinte, les matériaux arrachés à nos belles arènes. M. de Caumont applaudit à la justesse des obser- vations de M. Foucart, et cite, à l’appui de sa conclu- sion, divers exemples analogues , constatés par lui dans des cités de l’ouest et du midi des Gaules (1). (4) Un autre texte , communiqué par M. Ragon , permet d’assigner une autre cause à la destruction des édifices païens dans les Gaules, et à ce fait que leurs débris ont servi de matériaux pour la construction des murs d'enceinte. C’est celui de la loi 15 au Code, titre 42,. De operibus publicis. Ce texte est ainsi conçu : Si aliquando homines emergant, qui a nostra clementia opus publicum sibi præberi postulaverint +: non nisi diruta penitùsque destructa , et quæ parüm sunt in usu civitatum percipiant, Dat. id, decembr,, Honor, 4 et Euthy- choo coss. (398). » Cette loi, en date de 398, constate deux choses : 4°, qu’un hhl INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Après cet incident, la parole est donnée à M. l'abbé Barbier, pour la lecture de son intéressant mémoire sur les signes lapidaires relevés par lui dans nos édifices religieux, civils et militaires. M. l'abbé Barbier, pour rendre ses explications plus faciles à saisir, a figuré au crayon blanc, sur un grand tableau , tous les signes lapidaires qu'il a recueillis à Poitiers. Il initie ensuite son auditoire à la langue des pierres : Lapides clamabunt, dit-il; et il fait ressortir tout Pintérêt que présente l'étude des signes dont se forme cette langue universelle, parlée au moyen-âge et dans tous les pays, par les associations ouvrières. Chaque signe est la marque d’un ouvrier qui fait acte de possession sur son œuvre, afin que les blocs équarris par lui ne soient pas confondus avec d’autres, et qu’au jour fixé il touche son salaire. La variété des signes constatés sur les murs de la cathédrale porte M. l'abbé Barbier à penser que certain nombre d’édifices publics tombaient en ruines, diruta penitüsque destructa ; 2°. que les édifices qui n'avaient plus de destination, quæ parüm sunt in usu civitatum, étaient condamnés à mort ou livrés au premier occupant. Quels étaient cés édifices condamnés à mort? Ceux qui se rattachaient aux usages et au culte païen, proscrits depuis Constantin, et livrés aux représailles des chrétiens qui se vengeaient des outrages reçus par leur foi sur les arènes en- core fumantes du sang de leurs frères. C'est une cause de plus de l'indifférence avec laquelle les habitants des cilés, à la fin du IVe, siècle, jetaient pêle-mêle, dans leurs murs d’en- ceinte, des débris sculptés provenant des arènes, des temples, des pierres funéraires païennes, telles que celles de Sabinus, et tout ce qui pouvait rappeler une époque, un culte et des noms détestés, ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. hu5 plus de 400 ouvriers ont travaillé simultanément à l’érec- tion de ce gigantesque édifice. Cés signes ont été relevés par M. Barbier dans les églises de St.-Hilaire , Montierneuf , Ste.-Radégonde , lecloîtrede Notre-Dame-la-Grande, St.-Pierre, St.-Cybard, les Augustins, St.-Germain, le Puy-Garreau ; sur les restes de l’ancien évêché, sur les murs de l’enceinte fortifiée , sur la tour du Pont-Guillon et sur des édifices modernes, Ils sont empruntés soit à la nature, soit à la géométrie, soit à la guerre, soit au culte, soit à l’alphabet. Quelques- uns paraissent devoir être considérés comme présentant , avec le nom de chaque ouvrier, l’analogie qu’on rencontre dans les armes parlantes ; les autres sont vraisembla- blement des initiales; d’autres, enfin, des signes de pure fantaisie. La cathédrale est , de tous les édifices de Poitiers, celui qui présente la plus grande variété de signes lapidaires : on en compte 220. C’est là qu'ils offrent le plus de précision et de netteté. M. Barbier remarque, du reste, que la perfection des signes lapidaires est toujours en raison directe des progrès mêmes de Part, et il nous amène à celte conclusion , aussi ingénieuse que poétique, qu’au beau temps du moyen-âge tout maçon était artiste, L'étude des signes lapidaires n’est pas seulement, pour M. Barbier, un objet de curiosité, il y trouve un élément précieux pour l’histoire monumentale du pays. L'origi- nalité si saillante de l’école poitevine pendant toute la période romane , signalée par M. de Caumont, trouve son explication dans les signes lapidaires ; car la présence des mêmes signes dans les divers monuments du Poitou, concordant avec l’analogie de leur style, prouve l'emploi des mêmes ouvriers travaillant, par corporations, sous hA6 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. la même inspiration, et se transmettant leur manière aussi bien que leur esprit. M. l'abbé Barbier trouve encore, dans les signes lapi- daires tracés par l’ouvrier en vue de son salaire, un moyen de discerner dans les édifices claustraux les mo- numents dus aux travaux monastiques , de ceux érigés par les corporations ouvrières. Les signes lapidaires pourront vider , dit-il, l’importante question de savoir où finit le travail monastique, où commence le travail laïque. Il nous est impossible de citer tout ce que le mémoire de M. l'abbé Barbier contient de faits intéressants et d’aperçus ingénieux. Le vif intérêt avec lequel il a été écouté par l’Assemblée témoigne du mérite des travaux dont il lui a communiqué le résultat, . M. de Longuemar prend, à son tour, la parole pour communiquer à l’Assemblée des réflexions que lui sug- gère un fait observé par lui dans -un certain nombre d’églises romanes , telles que St.-Nicolas de Civray, St.- Jean de la Ville-Dieu, St.-Jouin de Marne, Notre-Dame de Poitiers, St.-Médard de Thouars, St.-Hilaire de Foussay, etc. ; voici quel est ce fait : M. de Longuemar a remarqué dans l’ornementation de ces églises, des figures en bas-relief, paraissant calquées sur des modèles byzantins , appliquées en placage sur les murs, et souvent mutilées pour être plus aisément enca- drées dans la place qui leur avait été réservée, L'orateur conclut de ce fait que ces bas-reliefs, exé- cutés sur des dalles portatives, sortaient d’un atelier fabriquant les bas-reliefs sur une grande échelle et expé- diant de tous côtés ses produits. On s’expliquerait ainsi très-aisément l’analogie entre les décorations d’églises ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 447 placées à une grande distance l’une de l’autre. M, de Longuemar émet cette opinion qu’il existait dans ces temps anciens : 4°. des corporations ambulantes, exécu- tant sur place une partie de l’ornementation, telles que les chapiteaux , modillons, frises , entablements ; 2°. des corporations à demeure fixe, exécutant les personnages des scènes le plus fréquemment adoptées pour l’orne- mentation. La parole est ensuite donnée à M. l'abbé Barbier , pour la lecture d’une notice consacrée à la peinture sur vélin et à l'application de l’or sur relief, M. l’abbé Barbier aime le moyen-âge comme l'aime un sayant, mais surtout comme un prêtre et un arliste doivent l’aimer. Cette époque, eneffet, est la seule où la religion fut véritabiement dans l’art, et où l’art fut entièrement à la religion. Aussi l’art atteignit-il alors, dans son application aux choses du culte, un: degré de perfection que nul siècle depuis n’a retrouvée, C’est à cette pieuse recherche que se livre M. l'abbé Barbier ; il passe sa vie à consulter les chefs-d’œuvre de l'art et s’ingénie à leur dérober le secret des naïfs, mais ingénieux artistes du moyen-âge. Le mémoire dont il donne lecture a pour objet de nous faire connaître que le secret des charmantes miniatures sur vélin du moyen- âge est enfin retrouvé : « Rien ne manque désormais, nous dit-il, aux mains laborieuses et patientes qui, soit dans les salons, soit dans les monastères, voudront al- terner les travaux délicats de l'aiguille et du pinceau, » Nos lectrices, s’il se trouve des lectrices pour un compte-rendu scientifique, nous sauront gré de leur faire connaître le procédé indiqué par M. l'abbé Barbier. Le papier-carton ou papier Bristol est rejeté par kh8 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. Barbier, comme indigne d’une telle destination ; il n’admet que le vélin, et encore le vélin lisse et non poli, mat et non luisant. Nos fabriques françaises, et en par- ticulier celles d’Issoudun, n’offrent pas de produits qui le satisfassent pleinement, Le vélin de Londres seul ne laisse rien à désirer, Une fois en possession d’un vélin parfait, on doit monter la feuille sur un châssis, auquel on prend soin de la coudre par des fils nombreux permettant de la tendre à volonté : c’est, suivant M. l’abhé Barbier, la meilleure méthode. Si l’on préfère coller la feuille, on mouille légèrement le vélin au moyen de gomme dé- layée, on applique au pourtour du châssis, et quand le tout est parfaitement secet tendu sans pli ni ride, on dessine et on peint. Mais il y a peindre et peindre, et la grande difficulté est de donner à la couleur, et surtout à l’or qu’on emploie, le merveilleux relief que présentent les mi- niatures du moyen-âge; c’est là qu'est la nouveauté du procédé signalé par M. l'abbé Barbier. « Ayez, dit-il, une forte feuille de papier roulée en « cône el collée au point de jonction des deux extré- « mités; tronquez le sommet du cône comme un abat- « jour de lampe de la dimension que vous y placerez, et « pratiquez, le long de ses flancs, de longues et étroites « ouvertures pour donner de l’air à la petite bougie ou « veilleuse qui brülera au centre; prenez un vase de « porcelaine résistant au feu, délayez-y avec de l’eau « une certaine quantité de la poudre qui se vend à « Londres, Fuller’s-Ratisbonne Place, 34, sous le nom « de Miss Robert’s Raïsing-Pouders; suspendez le vase « au somméêt du cône, et chauflez jusqu'à ce que la « ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. kA9 poudre soit parfaitement fondue ; pour y aider, remuez avec. un bâton ou un pinceau. « Quand la fusion est complète, prenez avec un pin- ceau la poudre devenue liquide , étendez-la aux parties où vous désirez obtenir un relief. Cette première couche une fois sèche, appliquez-en une seconde ; laissez sécher, et mettez autant de couches que-votre relief l'exige; puis, avec un grattoir bien affilé, net- toyez de manière que la surface soit unie; cependant, disposez, vers le milieu du relief, pour le jeu de la lumière, une ligne continue un peu plus saillante, et faites fuir les deux côtés en pente légère et presque - insensible. « Prenez ensuite de l’or en coquille; délayez-le et appliquez-le au pinceau. Il faut passer et repasser souvent, afin que la couche soit uniforme et d’une épaisseur convenable. Pour lui ôter sa teinte mate et terne, servez-vous, en le polissant, de l’agate re- courbée qu’emploient les doreurs, ayant soin, avant de commencer votre opération, d’opposer à la pression que vous exercez sur le vélin une palette de porce- laine ou un morceau de verre épais que vous ap- puierez contre le vélin sur le châssis. « Il faut ensuite procéder au pointillage. Vous ferez le pointillé avec un poinçon d’agate dont la pointe ne sera ni trop aiguë ni trop émoussée. N'oubliez pas la palette, qui vous empêchera de transpercer le vélin. « Le gaufrage exigerait une variété de fers que je n’ai pas encore rencontrés. Vous les remplacerez par le poinçon d’agate qui, sous la direction d’une main sûre , tracera des lignes courbes , ou suivra les lignes droites de la règle, 450 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « Je termine par ces deux conseils : n’appliquez la « couleur qu'après votre préparation du relief achevée , « et ornez toujours, d’un filet coloré, l’or qui, à ce « contact, brillera du plus vif éclat. » Cette intéressante el utile communication est accueillie par les remerciments de l’Assemblée, qui s’empressera de lui donner, par l'organe de son secrétaire, une prompte publicité. : L'ordre du jour appelle l'examen des questions 16 et 17 du programme : « Quelle était la hiérarchie féodale des châteaux du « département ? » « Combien y avait-il de fiefs et d’arrière-fiefs dépen- « dant de chaque château ? » La parole est donnée à M. Rédet, qui lit, sur cette importante matière, un mémoire où sont condensées de savantes et laborieuses recherches, dignes en tout point de celles auxquelles nous a habitués l’infatigable archi- viste de la Vienne. Le centre du ressort féodal du Poitou, dit M. Rédet, était la ville de Poitiers, siége des comtes souverains qui, du haut de leur tour Maubergeon, commandaient à de nombreux vassaux. Le pays soumis à leur domination ne comprenait pas la totalité du territoire du département de la Vienne ; mais il y avait compensation, en ce qu’il s’étendait sur une portion de ce qui forme aujourd’hui les départements des Deux-Sèvres, de la Charente, de l'Indre et de la Haute-Vienne. Sept centres féodaux de ce département étaient en ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOUW 54 dehors de l'hommage des comtes du Poitou, C’élaient les baronnies de Moncontour (140 fiefs), Mirebeau (40 fiefs), et la châtellenie de Loudun (70 fiefs), détachées du Poitou, au X°. siècle, au profit des comtes d'Anjou. C’étaient aussi les châtellenies de Lussac-les-Châteaux (46 fiefs), l’Ile-Jourdain (8 paroisses), et Charroux (11 paroisses ), qui dépendaient du comté de la Basse-Marche. C'était, enfin, la baronnie de Couhé he ficfs #4 qui relevait de l’abbé de St.-Maixent. D'un autre côté, 14 paroisses, qui font actuellement partie du département de la Vienne, étaient étrangères au Poitou et dépendaient de la vicomté de la Guerche, des baronnies de la Haye et de Preuilly (Touraine) , et de la châtellenie de Faye-la-Vineuse ( Anjou). | Distraction faite de notre territoire, il restait, dans ce département, aux comtes de Poitou les centres féodaux que voici : — la vicomté de Châtellerault (120 fiefs }, les baronnies de Gençay (25 fiefs), Morthemer (28 fiefs), Dienné {17 fiefs) , Montmorillon (70 fiefs), Gelle-l'Évè- cault (16 fiefs), Chauvigny et Angles (12 paroisses ) ; — les châtellenies de Poitiers (52 fiefs), de Montreuil-Bonin (9 fiefs), Château-Larcher ( 19 fiefs), St.-Savin (21 fiefs), Lusignan (61 fiefs), Civray (140 fiefs), et Champagné- St.-Hilaire. | M. Rédet divise en trois catégories les fiefs de second ordre, se groupant autour de chacun de ces centres féo- daux. La première est celle des fiefs relevant immédia- tement des comtes du Poitou ; la seconde , celle des fiefs n’en relevant qu’indirectement à titre d’arrière-fiefs ; la troisième, enfin, se compose des fiefs qui, possédés par l'Église , étaient affranchis de l'hommage et des autres devoirs féodaux. 52 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Les fiefs relevant directement des comtes de Poitou étaient ceux dépendant des baronnies de Gençay et de Morthemer , et des châtellenies de Poitiers, de Dienné, Montreuil-Bonin, Château-Larcher et St.-Savin. M. Rédet fait connaître d’intéressants détails sur les redevances et charges féodales imposées aux possesseurs de ces diffé- rents fiefs. Il cite, entre autres , et donne in extenso un aveu du seigneur de Bren (la Roche-de-Bran), fait pour piquer la curiosité. Le seigneur de Bren était tenu, lorsque le comte de Poitou faisait sa première entrée à Poitiers, de lui préparer un bain, et, avant l’immiersion du comte, d’en goûter l’eau : charge singulière , mais revendiquée sans doute , dans les temps féodaux , avec l’ardeur dont Walter Scott s’égaie, aux dépens de l'excellent baron Bradwardine de Bradwardine et de Tully-Véolan. La seconde catégorie, celle des fiefs à mouvance intermédiaire , se composait de ceux dépendant de la vicomté de Châtellerault, de la baronnie de Montmo- rillon et des châtellenies de Civray et Lusignan. Ces fiefs formaient un nombre total de 3914. Enfin, la troisième catégorie, celle des fiefs déchargés de l'hommage et des devoirs féodaux, par respect pour l'Église, se composait des fiefs des baronnies de Celle- l’Évêcault , Chauvigny et Angles , appartenant à l’évêque de Poitiers, et de la châtellenie de Champagné-St- Hilaire qui, donnée par Clovis, après sa victoire, au chapitre de St.-Hilaire, a appartenu à cette abbaye pen- dant treize siècles. Ces quelques détails , où nous nous bornons à tracer les grandes divisions, suffiront pour faire apprécier le soin et la méthode qui ont présidé à l'excellent travail de M, Rédet, ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. h53 Après cette lecture , la parole est donnée à M. l'abbé _ Lalanne , curé d’Oiré, pour lire un mémoire en réponse aux 15°, et 16°. questions du programme, déjà traitées par M. Rédet. | M. Lalanne n'aborde pas la question sur un plan aussi général que M. Rédet; il s'attache à l’arrondis- sement qui, depuis plusieurs années, est de sa part l’objet de persévérantes et fructueuses études, et cir- conscrit son sujet dans la reconstitution historique de la hiérarchie féodale à Châtellerault. M. l’abbé Lalanne fixe au IX°. siècle l’origine de la vicomté de Châtellerault. A cette époque, un comte de Poitou la donna en apanage au puiné de ses enfants, et ce titre lui fut conservé jusqu’en 1514, époque à laquelle Châtellerault fut érigé en duché en faveur de François de Bourbon par le roi François I‘, A l’origine, la vicomté de Châtellerault fut divisée en quatre châtellenies principales : Monthoiron , Gironde - (aujourd’hui Lencloître), Puymelriou et St.-Rémy, Ces châtellenies étaient divisées en baronnies, châ-. tellenies et simples seigneuries , formant un total de 123 fiefs. Ces 123 fiefs eux-mêmes se décomposaient en une quantité considérable d’arrière-fiefs ; M, l’abbé Lalanne a suivi la filiation jusqu’au septième degré, en prenant pour point de départ le vasselage envers le comte de Poitou d’abord, et le roi ensuite, après la réunion du Poitou à la couronne, Le démembrement des châtellenies a empêché M. La- lanne de déterminer la hiérarchie féodale pour Gironde, Puymelriou et St.-Rémy; mais il a pu le faire d’une manière complète pour la grande division féodale de Monthoiron. M. Lalanne présente ce travail sous la forme FRA h54 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. la plus méthodique et la plus facile pour le lecteur, par le moyen d’un classement alphabétique. Ce simple aperçu donne une idée de l'intérêt scien- tifique que présente le consciencieux travail de M. l'abbé Lalanne. Ajoutons qu’il l'accompagne de documents pré- sentant tous de l'intérêt , soit comme donnée historique, soit au point de vue de la singularité, Nous ne laisse- rons pas sans mention un droit fort extraordinaire , quoiqu'il n’eût rien dérange à une époque où les ter- ritoires , les juridictions et les droits étaient enchevêtrés. Je veux parler des droits de péage perçus, aux portes de la ville de Poitiers, par une seigneurie qui n’appar- tenait pas même à la châtellenie de la capitale, et dépendait, au contraire, de la circonscription féodale de Châtellerault. C'était la viguerie de l’ancien Puygar- reau, sise dans la banlieue de cetie dernière ville. Elle retirait de ce péage son principal revenu. La communication de M. Lalanne est accueillie par les remerciments du Congrès. La science et la méthode . qui président aux travaux de M. Lalanne nous font favo- rablement augurer de son Histoire du Chätelleraudais, qu’il va prochainement publier, et pour laquelle une souscription est ouverte chez les libraires de Châtelle- rault et de Poitiers. La parole est donnée à M. l'avocat général Bardy, pour répondre à la 18°, question du programme , ainsi conçue : « Comment se rendait la justice dans la circonscription « hiérarchique des châteaux ? » Cette question, la dernière à discuter, a été pour M. l'avocat général Bardy l’occasion d’un véritable suc- cès; ce qu’il a fait est un tour de force. Il a improvisé ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 455 un livre. Admetions qu’un sténographe eût été là, l'improvisation était fixée, et le livre était fait. M. Bardy annonce, en commençant, qu’il étendra l'horizon du programme, et comprendra , dans la géné- ralité de son plan, toute l’organisation judiciaire du comté du Poitou. Après avoir ainsi marqué la voie qu'il doit suivre, il remonte aux temps les plus reculés, et prend à son berceau notre justice féodale. Il commence par une savante dissertation sur l’éten- due qu’il faut attribuer au territoire formant la circon- scription judiciaire des comtes du Poitou. Après avoir vidé cette question et appuyé ses solutions sur des cartes dressées par lui à l’aide de documents dignes de foi, il procède à la division judiciaire de ce territoire, Il détermine les centres de population qui servaient de siége aux viguiers, vicaires institués successivement par le suzerain sur tous les points où les besoins des popu- lations nécessitaient leur création. Il énumère 67 vigueries qui formaient la division ju- diciaire du ressort du comte, et les répartit entre 47 pagi, ou circonscriptions secondaires, de la manière suivante : Poitiers, 22 vigueries; Brion, 43 ; Thouars, 2 ; Herbauge, 4; Talmondais, 3, Châtellerault, 4: Gâtine , 5; Melle, 2; Rais, 1; Niort, 2; Aulnis, 2: Saintonge , 2; Angoumois , 4 ; Tiffauges, 4; Mauzé, 1: Loudunais, 2; Mirebalais, 4. Après avoir ainsi déterminé les siéges des. vigueries et attesté leur existence par une série de titres, s’éche- lonnant de 775 à 1047, M. Bardy aborde lintéressant sujet de l’organisation judiciaire elle-même. Au sommet de la hiérarchie judiciaire féodale il place le comte du Poitou, siégeant dans son mallum. 456 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Son ressort judiciaire est divisé en vigueries occupées par des titulaires qui y rendent la justice, et en vi- gueries faisant partie de son domaine personnel où les fonctions judiciaires sont remplies par des centeni et des decani. Les viguiers jugent, assistés de scabini ou scabinei, assesseurs Choisis parmi les notables, Ils jugent aussi par des délégués, prévôts ou châtelains, qui tiennent d'eux leur autorité, Les viguiers ne jugent que les causes ordinaires, le comte suzerain se réservant les plus graves. A cet effet, il tient périodiquement des assises où le viguier vient s'inspirer de l’exemple du suzerain. Peu à peu cette puissante organisation s’affaiblit. Le morcellement de la souveraineté qu’implique l’idée féo- dale, s’opère dans la justice comme dans tout le reste. Les liens se relâchent, les justices se décentralisent. Les seigneurs du deuxième rang se substituent à ceux du premier pour le fait de la justice, et se passent de l’assentiment du suzerain pour la nomination ou la révo- cation des juges chargés de rendre la justice en son nom. C’est le signal de la chute des viguiers, qui tom- bent au XI°. siècle. A partir de cemoment commence la justice seigneuriale, rendue, au nom du seigneur, par le prévôt ou par le bailli, Le prévôt, juge des roturiers ; le baïlli, juge de tous, juge respecté , dont le nom équivaut à l’idée de protection et de garantie, non-seulement juge local , mais encore juge d'appel. Ces justices seigneuriales, ainsi constituées, variaient _à l'infini, au gré des coutumes, au point de vue de la compétence. Cependant elles se divisaient en trois ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 457 catégories principales : haute , moyenne et basse- justice. | pres La haute-justice comprenait 1out; elle savait pléni- tude de juridiction jusqu’à la mort. Le gibet, le carcan, la prison sûre étaient ses signes, ses charges, ses pri- viléges. M. Bardy évalue à 300 le nombre des hautes- justices dans le Poitou. La moyenne-justice avait pleine compétence au Civil, restreinte au criminel. Elle ne jugeait le fait délictueux que jusqu’à l’effusion de sang , jusqu’à l’amende de 60 sols. La basse-justice avait une tasigeinle limitation. Sa ju- -ridiction ne s’étendait que jusqu’à 60 sols au civil, 7 sols au criminel. Ges justices n'étaient pas seulement un honneur pour les seigneurs , c'était une charge souvent lourde. Ils devaient pourvoir, sur leurs propres revenus, aux frais de justice. Ici M. l’avocat-général Bardy présente à l’Assemblée le tableau de ce qu'était alors la justice: un seigneur pouvant tout sur les juges institués par lui et révocables par lui ; des juges sans autorité, parce qu’ils étaient sans garantie pour la résistance; des abus et des injustices, qui eussent élé irréparables sans l’appel à tous les degrés. Nos tendances actuelles sur l'appel, dit l’orateur , sont toutes différentes de celle qui prédominait dans les temps féodaux. Nous marchons à là restriction de l'appel ; les temps féodaux tendaient à son extension pour deux causes : la première, c’est que l’appel à tous les degrés, forme impliquée par la féodalité même, était la seule garantie du justiciable contre des juges qui n'étaient pas les maîtres de leurs sentences ; la seconde, c’est que la 20 458 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. politique royale était intéressée à favoriser l'appel. L'appel, qui remontait à la royauté comme à la source même de la justice, était en effet l'unique prestige par lequel l’idée monarchique pût se manifester aux turbu- lents vassaux de la couronne. C’est de là que naquit la grande pensée d’où sortit, en 4302, linstitution du parlement. « C’est à cette date que fut institué le parlement de Paris. Ce parlement , Messieurs, c’est le vôtre. Il fut le vôtre, à deux titres : il a siégé parmi vous , etila , chez vous , sauvé la patrie. Au milieu du plus grand danger de la France, aux mauvais jours de l’invasion étrangère, vous reçütes cet honneur insigne de le voir se réfugier dans vos murs.— Pendant quinze ans, vivant parmi vous, il s’est inspiré du même cœur, du même patriotisme. Charles VII vint, et vous lui avez donné Jeanne d'Arc. » Nous ne rendons qu’'imparfaitement Fappel fait à ces grands souvenirs par M. Bardy. Les applaudissements qui l’interrompent attestent l’éloquence de sa parole, en même temps que l’enthousiasme qu'éveille toujours, à Poitiers, un sentiment patriotique noblement exprimé. M. Bardy, reprenant son discours interrompu si hono- rablement pour lui, fait l’histoire du parlement , de sa double autorité judiciaire et politique , et de l’action qu'il exerce désormais sur les justices de son ressort. Après s'être reporté aux missi dominici, inspecteurs austères chargés par les rois de surveiller la justice des comtes, il raconte les Grands-Jours , solennelles députations des parlements, contrôle des justiciers et sauve-garde des faibles, contre les égarements ou les excès du pouvoir ; — les chevauchers des maîtres des requêtes , membres ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITQOU. 59 d'honneur. du parlement , féaux chevaliers redresseurs des torts envers la justice; — les commissaires-députés envoyés, à partir de 4635, dans les provinces, avec mission d’y connaître de certaines affaires délicates ; — en un mot, toutes les hautes juridictions exceptionnelles dont le mandat témoigne de l'amour de nos rois et de nos parlements pour la sainte cause de la justice. M. Bardy termine en énumérant les siéges royaux : présidial, sénéchaussées , bailliages et prévôtés royales ; il fait connaître leur juridiction , leur compétence , leur personnel , leur importance relative ; il s'occupe aussi des juridictions administratives , de la constitution du conseil supérieur, du grand bailliage ; il jette un coup-d’œil rapide sur notre coutume qui lui permet de rappeler deux noms chers à la science, ceux de l'abbé Gibault et de M. Nicias Gaillard ; enfin, il ne cesse d’intéresser son auditoire , qui s’aperçoit à ce moment seulement que deux heures se sont écoulées aussi rapides que cinq mi- nutes. Une dernière question est proposée à l’Assemblée, c’est la question 19, ainsi conçue : « Quelles sont les collections les plus remarquables « du pays, en histoire naturelle, en peinture , en sculp- « ture et objets anciens ? Indiquer quelques-unes des « raretés qui s’y trouvent. » Dès la première séance de la session, M. de Longuemar, devançant l'appel de la question, a voulu initier le Congrès et l'auditoire à la connaissance des merveilles scientifiques et artistiques que contiennent les collections publiques et privées de ce département. C’est un avant- goût des plaisirs qui seront offerts aux membres du Con- 60 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. grès au sein des collections, où l’obligeance et les soins de M. de Longuemar leur donneront accès. M. de Longuemar signale , pour les livres et les ma- nuscrits, la bibliothèque publique de la ville, celle du séminaire, les eollections de M, de la Sayette et de MM. de Boismorand et de Baudus, les archives de la com- mune de Poitiers, celles de la Préfecture. L'histoire naturelle offre aussi dans ce département des collections faites pour intéresser, M. de Longuemar cite, à ce point de vue, le cabinet d’histoire naturelle de la ville , celui de la Faculté des sciences, la collection de M. Garnier, celles de M. de La Sayette, de M”. Des- courtis de La Valette, de M*°, Le Breton, de MM. de Courcy, du Fontenioux, Servant, Pingault, de Vézien, Raynal et Constantin ; enfin les collections de MM. Martin, à Châtellerault ; de La Tourette, à Loudun ; et Brouillet, à Charroux. La peinture est, pour M. de Longuemar, l’occasion de révéler à son auditoire beaucoup de richesses ignorées : il signale de belles toiles et de curieuses gravures dans le musée de la ville, dans les salons ou dans la collection de M”*, la comtesse de Montchal, de M"°. de La Sayette, de M. le président Leydet, de M. Lecoïinte, de M. de Boismorand , de M. Joslé, de M. Moître, de M. Trichet, de M. l’abbé Barbier, de M. Pabbé Auber, de M. le comte de Malartic Saint-Jal , de M. l’avocat-général Bardy, de M. Bonsergent , de M. le conseiller Chemineau. Les objets d’art précieux , soit par leur antiquité, soit. par leur style, soit par les mains qui les ont illustrés en les touchant , sont , à Poitiers, l’objet d’un culte aussi intel- ligent que passionné. M. de Longuemar cite, au premier rang, la collection de M*°. de La Sayette, précieux éerin ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. H6À de richesses artistiques dont la réputation a dépassé le département pour s'étendre au loin, puis il signale la collection de M. de Boismorand, si riche en objets cel- tiques ; celle de M. de La Tourette, à Loudun; de M. Moître, de M. du Puis-Vaillant, de M. le colonel de Vanteaux, de M. Servant , adjoint au maire : de M. le _ comte de Malartic, de M. l’abbé Auber, de M. Brouillet, à Charroux ; de M. l’abbé Barbier , et de M. leconseiller Pilotelle , aussi habile à créer avec le ciseau du sculpteur qu'intelligent à conserver les objets du culte de Panti- quaire. M.. de Longuemar cite ensuite notre cabinet des antiques, riche de précieux débris de l’époque gallo- romaine ; puis les médailliers si complets de MM. Lecointre-Dupont, Eugène Lecointre, de MM. Bonsergent, du Fontenioux, Pichaut, Deniau et de Courey. Cette énumération, dont la sécheresse disparaît sous le charme du coloris que M. de Longuemar sait donner à ses descriptions, est accueillie par l’auditoire comme une révélation. L'Assemblée remercie M. de Longuemar des laborieuses et patientes recherches auxquelles il doit d’avoir pu lui révéler tant de richesses ignorées, et arrête une visite aux collections pour le mercredi 25 mars. Le 25 mars, plusieurs membres des Sociétés savantes de Poitiers accompagnent, dans leur promenade scien- tifique et artistique, MM. de Longuemar et de Caumont. M. Pilotelle est chargé de faire, en séance publique, un rapport sur l’état des collections publiques et privées. Le 26 mars , à la dernière séance , la parole est donnée à M. Pilotelle, pour faire son rapport. Le temps a manqué pour tout voir , dit M. Pilotelle, et c’est l’éloge de nos richesses, Les cabinets de MM. de 162 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Boismorand, du Puis-Vaillant, Bonsergent, l'abbé Auber: les tableaux de M. le président Leydet et de M"°, d’Ansay, n’ont pu être visités soit par ce motif , soit à raison de l’absence de leurs propriétaires: D'un autre côté, les visiteurs ont élé contraints, par le défaut de temps , de s'imposer une dure privation. Ils n’ont pas vu le cabinet de M"°, de La Sayette. M. Pilotelle en a donné à quelqu'un une raison qui est tout un hommage rendu à cette riche collection : « Vous deviez commencer par là, disait le censeur, »—« Si nous avions commencé par là, a répondu spirituellement M. Pilotelle , nous n’aurions pas fini. » Nos promeneurs artistiques, guidés par MM. de Longuemar et de Caumont, ont visité le cabinet de M. Garnier , contenant 240 espèces d'oiseaux du dépar- tement ; — l’hôtel de M. de La Brosse , gracieux édifice du style de la renaissance, dont la construction est due aux plans de M. Godineau et au goût éclairé du propriétaire ; — les curieuses tapisseries du XVI°. siècle, représentant l’histoire de St.-Étienne et appartenant à M. Bruneteau, rue de la Psalette-St.-Hilaire ; — les restaurations de l’église St.-Hilaire; —la riche collection de guipures des XVI, et XVII, siècles , et d'application sur velours pour ornements d'église, de M. l’abbé Barbier, précieux échan- tillons d’un art que M”*, Véïse, habile artiste de cette ville, fait révivre ; — la belle collection d’armes de M. le colonel de Vanteaux ; —la salle à manger de M. Pilotelle, entière- ment meublée de sculptures dues à son ciseau, et d’objets d’art appropriés au style du meuble ;—un magasin d'objets d’artetdecuriosités’élevantrue des Halles,sous la direction d’un sculpteur habile , M. Chalignier, et d’un doreur fort adroit, M. Pelletier ;—-une collection de serrurerie antique, présentée par M. Guyon, contre-maitre de M. Morillon ; — ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 468 les verrières du Palais, dues à la fabrication de M. Hivon- nait ; — enfin, le cabinet et l'atelier de. M. Génin, pré- parateur naturaliste. En terminant, le rapporteur signale les trayaux de plusieurs sculpteurs : MM. Lucas, Cartier, Lecuyer, Marais, Brix, et particulièrement M. Frottier, qui vient de terminer quatre confessionnaux du XIII*,. siècle, et qui sculpte en ce moment douze tabourets dans le style de la même époque, pour une chapelle de Paris. Enfin, il fait connaître à l’Assemblée, comme un fait intéressant pour l’art, la restauration du château de Cremeau, par M, le comte de Croiï ; la construction , à la terre de Mariville, d’un château de l’époque gothique, dite Tudor, confiée à l’habileté de M. Lubac, par M. Lau- rence, beau-père de M. le conseiller Legentil; et le château gothique de Cromacre, que vient de bâtir, pour M. de Lussac, M. Châteignier. Nous devons, pour donner une idée: plus exacte des collections poitevines, reproduire in extenso le mémoire de M. de Longuemar, analysé plus haut : RAPPORT DE M. DE LONGUEMAR. Les collections publiques de. la ville de Poitiers com- prennent : 4°, Une bibliothèque, riche de 24,000 volumes de tous formats ; 8,000.brochures et 417 manuscrits, au nombre desquels se trouve la précieuse collection de chartes originales ou de copies. authentiques que le bénédietin dom Fonteneau fit extraire des chartriers des abbayes, des églises et des monastères de l’ancien Poitou. Au nombre des manuscrits à vignettes , il faut citer un ma- 64 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. gnifique psautier historié, du XV°. siècle, attribué au roi René, et deux livres d’Heures du XVI°. siècle, enrichis de vignettes. N'oublions pas un évangéliaire latin, écrit en onciales du VIII*. siècle, et un missel du XII. , l’un et l’autre à vignettes, et surtout une copie de la vie de sainte Radégonde, reine de France, également du XIF°. siècle , dont les nombreuses vignettes ont la plus grande analogie avec les fresques de la crypte de St.-Savin. — Disons tout de suite que le grand séminaire, M”*. de La Sayette, MM. de Boïsmorand, de Baudus et de La Tou- rette possèdent également de très-précieux spécimens de calligraphie et de l'imagerie du moyen-âge. L'ancienne abbaye de St.-Maixent a fourni à la biblio- _ thèque de Poitiers une suite de chartes très-anciennes, et notamment une copie {de 1359) de ce fameux traité de Bretigny que les États refusèrent d'accepter. Les cinquante articles qui le composent n’occupent pas moins de cinq longues feuilles de parchemin, ajustées bout à bout, sur une longueur de plus de 3 mètres. 214 incunables complètent cette belle collection. 2°. Les archives de la commune de Poitiers présentent une série de titres fort importants qui remplissent tout l'intervalle de temps qui sépare le XII°. siècle du XIX°. 3°. Celles de la Préfecture ne comptent pas moins de 3,000 liasses et un millier de registres, renfermant les précieux rudiments de l’histoire civile et ecclésiastique de notre ancienne province pendant tout le cours du moyen-âge. 4°. Le musée d'histoire naturelle qui comprend une collection remarquable de mammifères, d'oiseaux, de poissons , de reptiles, d'insectes, appartenant pour la plupart au département de la Vienne; une série de co- ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU, 465 quilles vivantes et fossiles, des herbiers généraux ou par- ticuliers au pays. — La plupart de ces richesses sont dues à la générosité de M. Servant, ancien ingénieur aux colonies ; de M. Mongrand, fils, chirurgien de marine, et de M. Delastre, botaniste de Poitiers , à qui l’on doit la publication de la Flore de la Vienne. Les collections particulières d’histoire naturelle sont fort goûtées à Poitiers, et quelques-unes peuvent rivaliser avec la précédente. Citons au premier rang M. Garnier, préparateur habile, qui a monté une suite de 800 oi- seaux pris dans le pays. — Puis viennent les collections d’ornithologie, de conchyliologie, de minéralogie, de Mr°, de La Sayetie, Descourtils et de Courcy ; de MM. de Malartic, du Fontenioux, Servant ; des docteurs Pingault, de La Tourette, et Decoux; de M. Génin, naturaliste ; les suites de fossiles de MM. de Vézien, Martin, de Châtel- lerault ; Brouillet, de Charroux; Raynal, Constantin, de Longuemar , etc. 5°. La salle des antiques contient une série d’inscrip- tions funéraires ou commémoratives, de l’époque romaine et du moyen-âge, formant une chaîne épigraphique presque continue jusqu’à nos jours, et de fragments de statues et de bas-reliefs de toutes les époques, au nombre desquels il faut citer les belles inscriptions romaines de Sabinus et de CI. Varenilla, des autels gallo-romains , des tombes chrétiennes appartenant aux premiers siècles; la cheminée du château de Chitré, œuvre historiée de la Renaissance, et les statues en marbre blanc, d’un fini précieux, de Jeanne de Vivonne et de Louis XIIT. 6°. Le Cabinet d’objets d’art anciens, renfermant une bonne suite de monnaies et de médailles historiques , de cachets et de sceaux d’abbayes, de meubles d’ébène ma- 66 INSTITUT DES PROVINCES DÉ FRANCE. gnifiquement incrustés, des vases, des plaques, des crosses , des reliquaires émaillés, de tous les siècles , et un petit assortiment d'armes offensives et défensives, de diverses époques. 7°, La galerie de tableaux parmi lesquels on remarque quelques pages du moyen-âge , reconnaissables à leur tond d’or, et à la sévérité ou à la naïveté de leurs figures ; une perspective cavalière de Poitiers pendant le siége de la ville par Coligny; de bons portraits et des œuvres estimées d’artistes modernes , au nombre desquels il faut nommer M, de Curson, un des enfants de notre Poitou. Puisque nous venons de terminer la rapide nomen- clature des objets contenus dans nos collections publiques par la galerie des tableaux, disons tout de suite que, si toutes les richesses que le Poitou renferme en ce genre étaient réunies dans un même lieu, on pourrait jouir du beau spectacle, d’une suite considérable d’œuvres d'élite, représentant toutes les écoles et tous les siècles où l’art brilla de quelque éclat. M°*, de Montchal et Descourtils présenteraient de magnifiques portraits de famille, peints par les Lar- guillière et les Vanloo ; — un Van-Dick peint par lui-même, de bonnes toiles et des cartons de l’école flamande ; — M°°, de La Sayette, des natures mortes d’une grande vérité ; un Christ mort de l’école flamande ; une madone du temps du Pérugin ; un portrait du Christ décoré par les byzantins. M. le président Leydet possède une belle série d’originaux des peintres en renom de l’école fran- çaise moderne , les Greuze , les Boilly, les Fragonard, les Demarne, les Taunay, les Duval , et les Bertin ; —M. Le Cointe, deux magnifiques toiles : le Christ descendu de la Croix, et le Sacrifice d'Abraham , dues à l’école italienne et ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU, h67 à l’école espagnole ;—M. de Boismorand, un G. Poussin, un Wouvermans ; —M. Joslé, une sainte Famille debout, de l’école florentine ; — M. Moître, des tableaux de piété, de l’école des Francks , des vues de Rome de Niewlard, des scènes hollandaises ; — M. Lefranc , un portrait, par Ph. de Champaigne ; — M. Trichet , une Naissance de Jésus- Christ, effetde nuit saisissant de vérité ; — l’abbé Barbier, des Vierges sur bois, du XIII°. au XV°, siècle ; — M. Au- tellet, des toiles flamandes, une esquisse authentique du Poussin et de bons tableaux de M. Bruyère, artiste mort à Poitiers; —M. le comte d’Orfeuille, deux petitsta- bleaux espagnols,un Sébastien Bourdon, un christau jardin desOliviers ;— l’abbé Auber, quelques spécimens de pein- tures byzantines rapportées de Bomarsund, des originaux de l’école française et de bonnes copies anciennes de la Vierge-à-la-Chaise et du Sommeil de l’Enfant-Jésus ; — MM. le comte de Malartic et le baron Laurenceau, une suite de sépias et d’aquarelles originales, dues au pinceau des meilleurs artistes contemporains, et provenant du cé- lèbre album de M". Hyde de Neuville, leur belle-mère ; —M. Eugène Lecointre, une Tentation de saint Antoine, de Brauwer ; — M. Deschamps, une Balayeuse de Duval, et de bonnes copies d’anciens maîtres ; — M, le comte de Chabot, une suite de portraits historiques , appartenant pour la plupart à sa famille, peints par des artistes anciens et modernes ; — M. Marganne, des tableaux de différentes écoles; — M. Martin, de Châtellerault , une galerie de 80 tableaux , parmi lesquels bon nombre d’ori- ginaux des maîtres flamands et hollandais, tels que Téniers, Van-Goyen , Huysmans, etc., un Paul Véronèse, un Lantara , un de Marne, etc. ; — M. de Longuemar, de petits Téniers , un Ostade , un Pinaker, un J. Wan-Velde, 168 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. un $. Bourdon. Une foule d’autres noms nous échappent sans doute, et nous pourrions ajouter à ces œuvres de peintres morts en possession de la renommée, des œuvres sans doute plus modestes, mais non sans mérite, des artistes du Poitou : le regrettable M. Bruyère, M. Viguier, MM. Hyvonnait frères, Deschamps, M"*, Voisin, M. Pi- chaut, qui débute dans la peinture religieuse. — Même, si nous n’avions peur d’être taxé d’indiscrétion, nous citerions une foule de noms d’hommes de goût et de talent qui cultivent la peinture parmi nous, pour y trouver un agréable délassement des préoccupations ordinaires de la vie; mais ce serait blesser leur modestie. A la suite de nos tableaux, ou parallèlement à eux, viendraient les collections de gravures , eaux-fortes , aquarelles, litho- graphies, études au crayon, dignes de fixer l’attention. M. Bardy possède, dans ce genre , une série de des- sins originaux, coloriés, de tous les types de la popu- lation algérienne ; une suite de portraits historiques, variés ; des eaux-fortes de Lucas de Leyde, d’Albert Durer, de Callot, d’Ostade, de Rembrandt; des gra- vures de Ville, d’un fini précieux, M. Bonsergent a, dans sa collection de dessins, de belles gravures de Nanteuil, d’Avède, de Dollé, de Nevet , de Masson, de Berwick; une riche série de portraits et un certain nombre de gravures portant l'empreinte de la verve satirique du XVI°. siècle. M. Chemineau a recueilli de bonnes épreuves de gravures espagnoles, reproduisant les magnifiques toiles de Ribeira , de Murillo, de Vélas- quez, de Raphaël Minghs. M°°. veuve Bruyères conserve bon nombre d'œuvres de choix, qui ornent encore ses cartons. M, de La Sayette possède un précieux carton de gravures du plus grand mérite, reproduisant les ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU, 69 œuvres des grands peintres. En outre de sa collection de gravures, de tous les temps et de tous les maîtres , M. Bonsergent, conservateur de la bibliothèque de Poitiers, a réuni une foule d’objets d’art anciens, tels que haches, couteaux, pointes de flèches en silex et en bronze, appartenant aux temps gaulois ou gallo- romains; styles, fibules, anneaux, pierres gravées, cachets , sceaux d’abbayes , poteries sigillées, etc. Mais ce qui rend surtout sa collection remarquable, c’est une suite, fort importante, de médailles formant une chaîne continue depuis les époques historiques les plus reculées de Rome et de la Gaule jusqu’à nos jours, dans laquelle on remarque une foule de pièces rares et cu- “rieuses , notamment dans les monnaies royales et dans les monnaies baronniales. | La numismatique compile, au surplus, à Poitiers et dans le Poitou, un grand nombre de prosélytes. A leur tête, il faut certainement placer le savant M. Lecointre- Dupont , dont le médaillier est aussi précieux par le nombre que par le choix des pièces qu’il renferme ; M. Eugène Lecointre, son neveu; M. du Fontenioux, qui se borne à réunir les monnaies frappées dans nos an- ciennes proyinces; M. Pinchaut, les monnaies baronniales: M. Leniau , les pièces remarquables par leur belle con- servation; M", des Courtils, de La Sayette et d’autres encore, dont les noms viendront à propos de collections variées, Quand on prononce dans le pays le mot de collections, il faut, de toute nécessité, débuter par celle de M°°. de La Sayette, dont le musée particulier a eu les honneurs d’une mention toute spéciale, au Congrès de 1834, et qui depuis lors n’a cessé de s’accroitre. 470 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Là, outre les objets d'histoire naturelle, les tableaux, les médailles, déjà mentionnés précédemment, on ren- contre à profusion des plaques, des vases, des bijoux émaillés, de tous les temps, et notamment des belles époques des maîtres limousins; des encensoirs, des custodes , des crossés , des tryptiques, des reliquaires byzantins ou de la renaissance ; des coffrets en ivoire, en ébène incrusté de nacre ou de cuivre; des siéges, des chiffonnières, des glaces, des pendules précieuses , des Saxe, des Bohême, des grès de toutes formes, de toutes couleurs et de toutes dimensions ; des statuettes, des bas-reliefs en métal, en marbre, en albâtre, en bois ; et, au milieu de tant de raretés, des objets his- toriques, tels que des flambeaux de Diane de Poitiers, et de Louis XIV, un livre d’Heures d'Anne de Bretagne , et la montre de Jeanne d’Albret. Après l'immense galerie de M®°. de La Sayette, il faut jeter un coup-d’œil sur la précieuse et coquette collection de M. de Boismorand. Là, c’est encore une foule de plaques émaillées des Laudin , des Nouaïither ; des émaux byzantins , des statuettes d'ivoire, des vases et des bijoux gallo-romains ; mais surlout et comme trait saillant, la plus belle et la plus complète réunion de haches, de couteaux , de pointes, de flèches et de javelots en silex, en porphyre, en bronze de l’époque gauloise , rencontrés dans les tumulus des bords de la Gartempe. M. le comte de Tusseau a réuni un ensemble remar- quable de vases de Palissy ; des émaux des Laudin , des Courtois, des Nouaither, des Petitot, avec une pro- fusion de menus objets du moyen-âge. M. de La Brosse possède également des émaux de premier choix, des ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU, 74 porcelaines , des coffrets, des statuettes. Plus loin, nous ferons mention de ses meubles du moyen-âge. M. Mar- ganne peut montrer des plaques et des coupes émail- lées ; le docteur Gaillard, deux lampes, des premiers temps chrétiens, sur l’une desquelles se lit cette in- scription, rencontrée fréquemment aux Catacombes : Éyo ee avaataots (1), écrite en vieux caractères grecs. M. de Malartic possède un double médaillon d'ivoire , formant une coquille par leur réunion, et dans chacun desquels ont été sculptées, par un artiste d'Italie, l’'Adoration des Mages et la Circoncision , avec une foule de figures renfermées dans quelques centimètres. M. Moître, à force de patience et de sagacilé, est par- venu à réunir 180 plaques émaillées, portant le nom de tous les artistes Limousins, œuvres parmi lesquelles on distingue : une Cène et un Ecce-Homo, de Noël Laudin ; une sainte Famille, de Léonard Limousin ; un Moïse frappant sur le rocher, de Pierre Raymond. M. le chevalier du Puis-Vaillant est un de ceux qui ont commencé, dans Poitiers, à réunir des objets d’art, et c’est chez lui qu’a pris naissance la Société des Anti- quaires de l'Ouest. Il possède une foule d’objets intéres- sants de toutes les époques; quelques-uns même pré- sentent un véritable intérêt historique. — On voit dans sa collection une balance romaine complète, de nom- breux fragments de vases sigillés, des creusets et coins avec lesquels on fabriquait jadis des monnaies royales, dans son château de Montreuil-Bonnin:; un couteau à manche historié de Louis XI; la panoplie d’un cavalier englouti, en 1557, dans les marais de St.-Quentin, lors (4) Je suis la résurrection ou la vie, 172 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. de la bataille livrée sous les murs de cette ville entre les Français et l’armée de Philippe IL. Mais, quand on parle de panoplies remarquables, il faut se hâter d'arriver au magnifique musée d'armes de tous les temps et de tous les pays qu’a su réunir M. le colonel de Vanteaux : ‘cottes de mailles, casques, ar- mures damasquinées, haches d'armes, arbalètes, épées et poignards de toutes formes appartenant au moyen- âge, en compagnie de claymores écossaises, d’épées de Tolède, de fissahs kabyles, de sabres mexicains, chinois, japonais, de poignards circassiens, indous et malais. Quelques-unes de ces armes ont un intérêt historique. — Une des masses d'armes fut abandonnée sous les murs de Joigny, par un chevalier anglais, après un assaut in- fructueux livré, en 4429, à cette ville défendue par ses seuls habitants ; un large braquemart est l’épée à deux mains du bourreau de Colmar, arme héréditaire de sa famille; une des hallebardes est celle de la corporation des drapiers de Schelestadt, Un nombre considérable de coffrets de bois incrustés, de cuir gaufré, de reliquaires, de custodes émaillés, de terres de Palissy, de grès coloriés, de porcelaines de Chine , de Saxe et de Sèvres , un médailler gallo- romain, des bijoux précieux de plusieurs époques, ac- compagnent la belle collection d'armes de M. de Van- teaux, qui n’est pas seulement un amateur éclairé des arts, mais un peintre habile, comme le prouvent les jolies toiles qui ornent ses appartements. M. Servant , ancien ingénieur , long-temps attaché aux colonies de l'Afrique occidentale, en a rapporté un assortiment complet d’objets usuels et d’armes des peu- plades du pays, et notamment des arcs de bambou , des ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 473. flèches, des zaguaies, des carquois, des gibecières , des ceintures en cuir habilement travaillées , des calumets à quadruple tuyau , des coiffures, des mocassins en écorce d'arbre, un siége sculpté en bois de baobab léger comme du liége, un fétiche hideux, des objets de toilette à l'usage des Dames du pays, des tambourins et des bam- boulas, instruments de leur musique discordante. M. le comte de Malartic a recueilli, dans ses pérégri- nations en Algérie, une panoplie arabe complète dans ses moindres détails : le long fusil de l'Atlas, aux capu- cines d'argent estampé, à la crosse incrustée de corail; le yatagan au riche fourreau, à la poignée étincelante ; la ceinture, le turban, la cartouchière, les pistolets, les longs éperons, les larges étriers de l’Arabe. Un spé- cimen fort rare de pendule turque, rapportée des Échelles du Levant, indiquant, outre les heures, les phases et le couïs de la lune. A côté, il faudrait placer le délicieux service à café, tissé en filigrane d'argent avec l’art des Orientaux, que possède M. le comte de Malartic, et la lampe kabyle à trois becs en grès, rehaussée de vives couleurs, qui appartient à M. Eugène Lecointre, et l’on aurait dans un appartement de Poitiers tout un ameuble- ment oriental, M. l'abbé Auber a réuni, depuis longues années, un grand nombre d'objets d’art correspondant à ses pro- fondes études archéologiques : émaux, cuivres, reli- quaires, statuettes antiques, vases funéraires , monnaies anciennes, manuscrits curieux, incunables sortis des presses de Nuremberg; meubles richement sculptés de la Renaissance, MM. de La Tourette père et fils, de Loudun, pos- sèdent un véritable musée d'objets d’art anciens et 7h INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. d'histoire naturelle, qui a le mérite d'offrir un ensemble bien complet de toutes les raretés du pays. Parmi les objets d'histoire naturelle, notons un riche herbier;, des ossements de grands sauriens et des icthyosarcolithes du Loudunais. Parmi les objets d’art, citons un précieux tombeau des premiers temps chrétiens, couvert de bas- reliefs emblématiques, des panoplies , des émaux, des bijoux gallo-romains, des faïences de Palissy, des mé- dailles; les portraits des Guise, des Richelieu, des Lavallière, des Montespan, œuvres d'artistes contem- porains de ces célébrités historiques; les Heures de Jeanne de Bourbon, de sainte Radégonde; des manus- crits contenant des documents relatifs au Loudunais. Puisque nous avons franchi les murs de Poitiers, donnons , d’après une note communiquée par un de nos confrères de la Société des Antiquaires de l'Ouest (4), une idée des richesses artistiques répandues, çà et là, en Vendée. Les églises de Fontenay renferment des tableaux de Robert Lefebvre, un beau christ en bronze, des ca- lices historiés du XVI. siècle. Les habitants possèdent : M. Béchard, un beau dyptique en ivoire du XV°, siècle ; M. Fillon, numismatiste bien connu du monde savant, des bijoux et bustes gallo-romains, tout l’attirail d’un peintre romain trouvé dans un tombeau, près de Fon- tenay , une vierge processionnelle du temps de Philippe- Auguste, des dessins de maîtres italiens, et vingt mille documents manuscrits, du XI°. siècle à nos jours, sur les chroniques de la Vendée; M'°, Poey-d’Avant, de beaux émaux limousins. M. Oct. de Rochebrune a réuni dans l’ancienne habitation de M*°, Rapin, aujourd’hui restaurée (4) M. Oct, de Rochebrune, ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU, 175 par ses soins, un plafond formé de caissons ornementés provenant du château de Coulonges; une porte de la belle époque de la Renaissance; une cheminée pro- venant du château des Gouverneurs de Fontenay, ornée de nombreuses caryatides; divers portraits historiques , notamment celui de Nicolas de La Reynie, et de Collar- deau, et des objets d’art du moyen-âge. « Les habitants de Poitiers et des environs sont fort riches en vieux meubles sculptés, malgré les tentatives conti- nuelles faites par les brocanteurs pour les enlever. Dans Poitiers, ce sont M. l’abbé Auber, que nous avons nommé déjà; M. de La Brosse, possesseur de magni- fiques bahuts, buffets, fauteuils, cadres d’une grande richesse. du XVI*, au XVII, siècle, ornant une habi- tation reconstruite à neuf dans le style de la Renaïis- sance; le docteur de La Mardière, chez lequel on voit une cheminée sculptée sur bois, provenant du château de Bonnivet, une magnifique porte composée de douze pan- neaux du style ogival flamboyant; M. l'abbé de l’Arnay, M. de Boismorand, qui possèdent des panneaux historiés du meilleur goût , analogues à ceux qui ornent les buffets d’ébène de nos collections publiques; M. du Puis-Vaillant, un trône sculpté à jour et qui provient de sainte Ra- dégonde, Au-dehors, M. le Curé de Bouresse, M. Bouillet, de. Charroux, M. de La Tourette, de Loudun, peuvent montrer les spécimens les plus riches et les plus variés des ameublements du moyen-âge. M. Pilotelle ne s’est pas contenté d’en fecueiftir pour son appartement, à Poitiers; il a fait un tour de force que lon ne peut guère oser, sans être doué d’un goût exquis et d’une habileté de main exceptionnelle. h76 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Sur sa cheminée, une pendule en style de Boule orne un trumeau de sa façon ; sur les tablettes d’un dressoir et d’un buffet, dont il a fouillé tous les détails avec la sûreté d’un maître, il a réuni un nombre incroyable de verres et de faïences des XV°. et XVI°. siècles; des tables, des chaises à dossier, les mille fantaisies du même temps y four- millent, imitées à confondre les connaisseurs, Terminons, en citant les curieuses tapisseries du XVI°. siècle de M. Bruneteau, un tableau à l’aiguille de M”. de La Sayette et de M. Moître, les innombrables guipures du moyen-âge, si élégantes et si variées, trou- vées dans le Loudunais, par M. l’abbé Barbier, et qu’une dame habile de Poitiers, M". Waïsse, a trouvé le secret d'imiter avec tant de perfection qu’il serait peut-être utile de communiquer son talent aux communautés religieuses, pour créer de riches ornements paper à la célébration du culte. Avons-nous dit tout? — Non, certes, il aurait fallu pour cela une enquête de plus longue haleine.—Il aurait fallu parler de nos monuments religieux qui tous recè- lent quelque merveille de l’art, quelque rareté qu’on ne trouverait pas ailleurs. — Nous avons préféré laisser bon nombre de choses à explorer et à décrire, ne füt-ce que pour engager les amis des arts et de la science à nous visiter. Disons-leur à l’avance que, si nous possédons bon nombre de modèles dans plus d’un genre, nous avons aussi bon nombre d’estimables artistes qui savent, au besoin, les imiter et les reproduire. Dans la sculpture, nous avons cité M. Pilotelle et M. de La Brosse, de Poi- tiers; M. Brouillet, de Charroux, qui modèle, dessine et grave ; MM. Hivonnait frères et Pichault, qui se livrent à la peinture religieuse; M. Yvonnait, qui compose des ASSISES SCIENTIFIQUES DU POITOU. 477 vitraux d'église; le père Bény, de la Société de Jésus, qui sculpte admirablement les autels, les chapiteaux, les tympans de chapelles; d’autres sculpteurs encore, qui décorent chaque jour les édifices de Poitiers ; des serru- riers, des ouvriers en bois, des doreurs, des ornema- nistes, capables de eréer des œuvres d’un véritable mérite, guidés qu’ils sont par l’étude intelligente des modèles du moyen-âge. Les questions du programme étant épuisées, M. de Caumont prend congé de l'assistance et exprime aux hommes d’étude de Poitiers sa gratitude, pour l’empres- sement avec lequelils ont répondu à son appel. En même temps, M. de Caumont invite les Sociétés savantes de Poitiers à envoyer des délégués à la session de l’Institut des provincés qui doit s'ouvrir le 43 avril, à Paris, dans les locaux qui lui sont prêtés par la Société d’encourage- ment. L'Institut des provinces, dit M. de Caumont, a eu en vue de créer un mouvement de flux et de reflux intellectuel. Si l’Institut va chercher en province les hommes d'étude, il faut aussi provoquer un mouvement en sens inverse vers Paris. M. de Caumont insiste donc pour que les Sociétés savantes de Poitiers se consultent et désignent des délégués. _ M. le Président des Assises se lève à son tour, remercie l'assistance des sympathies qu’elle a bien voulu mani- fester aux travaux du Congrès par son assiduité à suivre ses séances, et proclame la clôture des Assises scienti- fiques du Poitou. Le Secrétaire-général, Jules DE LA MARSONNIÈRE. 478 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ASSISES SCIENTIFIQUES TENUES A AMIENS, Les ? et 3 juillet 1857. f ( Présidence de M. le comte De VicneraL, ) La quatrième session des Assises scientifiques de Pi- cardie ,-dirigées par l’Institut.des provinces, s’est tenue à Amiensles jeudiet vendredi 2et3 juillet 1857,à8 heures du soir, sous la présidence de M. le comte de Vigneral, membre de FInstitut, de l’Académie d'Amiens et de la Société des Antiquaires de Picardie. De même qu’elle l’avait fait les années précédentes, l’Administration municipale avait gracieusement mis à la disposition de M. le Président, la grande salle de l’Hôtel-de-Ville. Un nombreux concours de personnes avait répondu à l’invitàtion qui leur avait été adressée , au nom de l’Institut des provinces; et.leur présence a prouvé une fois de plus combien, dans cette cité, étaient justement appréciés les avantages qu'offrent, dans l'intérêt de la science de semblables réunions dans lesquelles, suivant une heureuse expression de M. de Vigneral , chacun s'enrichit de ce qu’il reçoit, sans s’appauvrir de ce qu’il donne. Parmi l'auditoire qui a assisté aux séances, on remar- quait : MM. Breuil, membre de l’Académie d'Amiens, président de la-Société des Antiquaires de Picardie; Garnier, conservateur de la Bibliothèque communale, secrétaire perpétuel de la Société des Antiquaires ; de Pouques d'Herbinghem, vice-président ; Barot, trésorier ; Janvier, secrétaire annuel; Dutilleux, Salmon, Forceville, Dusevel, inspecteur des monuments historiques du dé- ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 479 partement; Vion, Corblet, Billoré, secrétaire-général de la Mairie d'Amiens, tous membres de la Société des Antiquaires de Picardie; Eugène Yver, rédacteur en chef de l’Ami de l’ordre, président de l’Académie d'Amiens ; Anselin, conseiller de préfecture , secrétaire perpétuel de l’Académie ; le docteur Andrieu , professeur à l'Ecole préparatoire de Médecine; Descharmes, profes- seur de physique au Lycée impérial; Édouard Gand, dessinateur industriel; Bor, pharmacien, membres de l’Académie d'Amiens; Joseph Ferrand, sous-préfet , secrétaire-général de la préfecture de la Somme; le comte de Renneville, -agronome ; Thuillier, professeur d'agriculture ; Despréaux, propriétaire; Dufetel, horti- culteur ; les docteurs Goze et James, membres de Ja Société médicale d'Amiens; l’abbé Lardé, de St.-Paul d’Abbeville; Macque, chef de division à la Préfecture ; E. Paris, vérificateur des poids et mesures; Scribe, homme de lettres ; Feragu , artiste; etc. SÉANCE DU 2 JUILLET. M. le comte de Vigneral, après avoir appelé au bureau les présidents et officiers des Sociétés savantes du dépar- tement et les personnes les plus considérables qui se trouvent dans la salle, déclare ouvertes les Assises scien- tifiques de Picardie et prononce l’allocution suivante : « MESSIEURS , « M. le marquis de Chennevières, inspecteur des musées de province, avait été désigné par M. de Caumont, pour présider les Assises scientifiques de Picardie , en 4856; mais les occupations imposées par des fonctions 480 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. que M. de Chennevières comprend avec le dévouement qu’il puise dans l’amour de la science et la connaissance parfaite des beaux-arts, ne lui ont pas permis de venir se reposer quelques instants parmi vous. « Bientôt le musée Napoléon, que vous élevez avec une si prodigieuse munificence, sera terminé , et alors nous pourrons , je l'espère, profiter du séjour de M. de Chen- nevières au milieu de nous, pour tenir, sous sa prési- dence , les assises scientifiques. « Depuis notre dernière réunion, grâce à de bien- veillantes initiatives , j’ai été honoré du titre de membre titulaire non-résidant de la Société des Antiquaires de Picardie , et d’associé correspondant de l'Académie des Sciences et Arts du département de la Somme. Je saisis avec empressement la commune présence des membres des deux Sociétés, pour témoigner à mes nouveaux col- lègues ma vive reconnaissance. « Je ne pouvais obtenir une distinction plus flatteuse pour moi, en même temps qu’elle est un témoignage de l'intérêt que vous inspirent les réunions provoquées par la direction de l’Institut des provinces. J'avais reçu la mis- sion de faire connaître, accepter et aimer cette nouvelle institution; en m’admettant dans vos Sociétés, vous m'autorisez à penser que j'ai réussi, et je ne crois pas avoir eu d’autres titres à vos suffrages. « Depuis long-temps, on se plaignait de l'étendue des programmes et de l'impossibilité de donner aux questions difficiles le temps nécessaire pour qu’elles puissent être convenablement élucidées. Le programme de cette année est plus restreint et le temps nous manquerait encore pour l’étudier suffisamment ; mais les personnes dont l'active coopération a rendu les réunions précédentes ASSISES SCIENTIFIQUES DE: PICARDIE. A utiles et brillantes, ont bien voulu préparer à l'avance des réponses aux principales questions, «a Au reste, Messieurs, comme vous le savez déjà, parmi les questions qui vous sont proposées, quelques- unes ne peuvent pas être résolues immédiatement, elles vous sont soumises pour obtenir votre opinion sur leur importance, sur leur opportumité ; pour connaître quels sont les travaux commencés ou ceux qu’elles peuvent susciter, et surtout pour améner, faciliter même les relations entre les hommes ” s’occupent des mêmes sciences. - « Cette pensée, bien comprise, agrandit notre horizon, elle assure pour l’avenir-des études d'autant plus pré- cieuses que la publicité de l’Institut sert tout à la fois à établir des rapports utiles entre les hommes d’étude et à faire connaître et ressortir des travaux qui, sou- veni, auraient de la peine à être connus et appréciés. «Je remercie, et j'en suis sûr, vous remercierez avec, oi, M. Dutilleux d’avoir bien voulu, pendant deux sessions, se charger de remplir les fonctions de secrétaire ; la rédaction si lumineuse de ses procès-verbaux a été récompensée par son entière et intacte reproduction dans l'Annuaire de l'Institut des provinces ; nous regret- tons que ses fonctions aujourd’hui ne lui permettent pas un surcroît de travail, « M. Janvier, qui consacre ses loisirs à des études dont il a bien voulu nous faire connaître et aimer les fruits, a accepté les fonctions de secrétaire ; commencez donc, Messieurs , vos travaux : la plume de notre habile secré- taire va recueillir vos pensées, elle adoucira, par les formes gracieuses du style, les sévérités d’une discussion sérieuse, » 21 [H82 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. De nombreux applaudissements accueillent ces pa- roles de M. de Vigneral, La première question inscrite en tête du programme est celle-ci : « Quels ont été, en 1856, les progrès de la géologie « dans la circonscription ? » M. le Président rappelle qu'aux précédentes sessions des assises scientifiques , la réunion avait eu le bonheur de compter dans son sein un des membres les plus dis- tingués de la Société géologique de France, M. Buteux de Fransart, auteur de l’Esquisse géologique sur le département de la Somme. Peut-être reste-t-il peu de chose à glaner après les lumineux développements donnés par ce savant lors de la session de 1853; mais chaque jour amène des vues nouvelles dans l’horizon des connais- sances humaines et, depuis cetie époque, cette branche de la science a pu s'enrichir de nouvelles découvertes. M. de Renneville voudrait voir déterminer, d’une ma- nière précise, la valeur qu’on doit assigner à l'expression de circonscription. Ge terme désigne-t-il l'étendue du dé- partement de la Somme, ou doit-il s’entendre d’un espace plus considérable, comme de la Picardie tout entière , par exemple ? S'il pose cette question , c’est relativement aux phosphates de chaux, si importants au point de vue de l’agriculture. Des couches considérables de cette sub- stance existent, dit-on, sur les côtes de Picardie, jus- qu’à Boulogne. Après les explications données par M. le Président , en réponse à l'observation de M. de Renneville, et desquelles il résulte que, par suite de la création récente des assises scientifiques du Nord , on doit appliquer le terme de la ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. h83 circonscription au département de la Somme et à une partie des départements limitrophes, de l’Aisne et de l'Oise, M. Vion signale, à Bouquemaison, dans l’arrondis- sement de Doullens, la reprise des fouilles autrefois commencées dans cette localité pour reconnaitre les gisements d’une mine de charbon de terre. A cette occasion, il émet le vœu de voir les agents-voyers , lors de l'exécution de travaux similaires, recueillir et trans- mettre à l'Autorité des observations qui deviendraient précieuses pour constater la nature des couches du sol. Il rappelle, en passant, les découvertes de MM. Boucher- de-Perthes et Rigollot, dans le diluvium de larrondis- sement d’Abbeville et de St.-Acheul, découvertes qui ont soulevé tant de discussions au sein du monde savant. T1 annonce que M. Boucher-de-Perthes prépare, en ce moment , une deuxième édition de son travail. On passe à la question suivante : « Quels ont été les progrès de la botanique, en « 1856, dans la circonscription? » M. Garnier, en réponse à cette question, a le regret de porter à la connaissance de l'auditoire qu’on s’occupe fort peu de botanique dans le département ; il y existait autre- fois une Sociélé Linnéenne qui, depuis long-temps, est dis- soute. Il a été fait dans cette science peu de progrès, et la seule personne qui la cultive encore assez activement, at- testait que, depuis la publication de la flore du département par M. Pauquy, les découvertes nouvelles atteignaient un chiffre fort restreint. En revanche, l’horticulture a beau- coup gagné et l’on doit attribuer sa marche féconde à l'heureuse. influence exercée par la Société d’horticulture fondée, depuis une douzaine d'années, à Amiens. Cette 484 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Société excite l’émulation des pépiniéristes et des jar- diniers par des expositions périodiques qui ont puissam- ment contribué à l'importation, dans le pays, des meilleures espèces de fruits et de légumes, et développé le goût pour les plus belles fleurs. Elle distribue gratui- tement des greffes d’une bonne nature. Un cours théorique et pratique de taille a lieu à l’école normale, 11 a été pro- fessé d’abord par M. Thuillier-Alloux, un des pépiniéristes distingués de la ville; il l’est aujourd’hui par M. Douchin, élève de Lepère. Mais, pour que ce cours puisse produire d'excellents effets, M. Garnier voudrait voir chaque instituteur posséder auprès de l’école communale, con- tigu même à ce bâtiment, s’il se pouvait, un terrain convenable où il pourrait démontrer, d’une manière irré- cusable, la supériorité de cette méthode, On tirerait ainsi, pour l'instruction des campagnes , un parti avantageux de l’enseignement qui leur a été donné à l’école normale. M. d’Herbinghem signale, malgré les progrès obtenus, l'état d’infériorité relative dans lequel se trouve placé l’art de l’arboriculture dans le département , quand on le compare à la Belgique et au département du Nord; il indique le système de taille qui, pratiqué dans ces régions, donne d'excellents résultats pour la croissance des arbres, notamment de ceux qui avoisinent les bords de la mer. M. de Renneville a expérimenté , avec succès, le mode prescrit par M. d'Herbinghem. M. Dufetelle donne lecture d’une note sur un charme commun, Carpinus Betulus, situé dans une propriété, au Caudas, près Doullens, Au point de vue de la botanique, dit-il, cet arbre est très-remarquable, surtout si l’on examine sa forme. C’est un vieux tétard plus que cente- naire: son tronc penche vers le Nord, sur une inclinaison Le ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 485 d'à peu près 45 degrés ; son corps est vide, c’est-à-dire creux, et ouvert au tiers de sa circonférence, Sa végé- tation est luxuriante, ce qui fait voir qu’à défaut du canal médullaire un végétal ne meurt pas; il est démontré par les physiologistes que l'ascension de la sève n’a point lieu par la moëlle de l'arbre, mais bien par les couches ligneuses les plus rapprochées du centre', sans pour cela vouloir dire qu’en s’éloigant du centre vers la circonfé- rence on ne trouve point de sève. Assurément, dans toutes les parties d’une plante existe le suc nourricier, mais en moindre quantité qu’au centre : on peut s’en convaincre en examinant avec attention la cavité du charme dont il s’agit, cavité formée par l'absence des couches internes ; ta couleur livide du bois, résultat de l’exudation du liquide nourricier, fait bien supposer que k plus forte quantité de sève est toujours vers le centre. Sur la partie opposée à la direction de l’inclinaison de cet arbre, ont été ména- gées, à hauteur d'homme, quelques branches formant ombrelle, sur le tétard même, qui n’a pas moins de 2 mètres de diamètre ; on a eu soin de laisser toutes les branches de la circonférence en les dirigeant avec soin pour former une salle de verdure d’une élévation de 2 mètres et pouvant facilement contenir douze personnes. Du milieu du tétard part un axe perpendiculaire, terminé également par une nouvelle salle de verdure d’une dimen- sion moitié moindre que la première. M. le Président remercie M. Dufetelle de son intéres- sante communication, à propos de laquelle M. Goze rap- pelle l'exemple des saules qui vivent peu d’années, il est vrai, mais qui vivent bien qu'étant généralement vides ; et de l’arbre d’Hébecourt, dans la cavité duquel a été élevée une chapelle, M. Formeville cite aussi, à l’appui 186 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. de l'existence d’arbres sans moëlle, des ormes centenaires qu’il possède dans ses propriétés, et des pommiers qui, dans les mêmes conditions, ne se couvrent pas moins d’une magnifique végétation et produisent une fort bonne récolte. On pose la 3°, question du programme, ainsi conçue : « Quels ont été les progrès de l’agriculture dans la « circonscription, en 1856? » M. Salmon, pour répondre à cette question, regrette que des occupations imprévues et indispensables ne lui aient pas permis de retracer les progrès agricoles , sinon dans toute la Picardie ou même dans le département de la Somme, du moins dans l'arrondissement d'Amiens. Il est malaisé de dire quels ont été tous les progrès agricoles accomplis en un an dans un pays. En agriculture, on ne marche pas aussi vite qu’en industrie, ce n’est pas en un seul jour que se font les améliorations ; il est vrai qu’une fois accomplies, elles y sont plus durables. Aussi, M. Sal- mon croit-il devoir faire remonter le progrès de l’agri- culture, en Picardie, à la dernière réunion des assises scientifiques, c’est-à-dire à 4855. Il appelle l’attention sur la culture des champs et l'élève du bétail dans l'arrondissement d'Amiens. Si, au XV°. siècle, on disait proverbialement : Labours de Picard , Humilité de Normand , Patienche d’Allemand , Ces... coses... ne valent pas un bouchon. il y a toutefois déjà long-temps que les Picards ont appris à mieux conduire la charrue : leurs moissons ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. L87 actuelles en font foi. Maïs, sans s'arrêter à signaler leur état général, M. Salmon s’empresse d'aborder les cultures nouvellement introduites dans le département : celle de la betterave sur une vaste échelle doit être citée tout d’abord ; le département possédait déjà un certain nombre de sucreries, mais toutes à peu près situées sur le même point. Depuis 1855, de nouvelles sucreries se sont encore établies , un assez grand nombre de distilleries de bette- raves ont été montées, plusieurs notamment aux environs du chef-lieu. Elles ont nécessité la plañtation d’une très- grande quantité de betteraves qui ont généralement été fort bonnes: encore quelques progrès, et bientôt la Somme n'aura rien à envier au Nord sous le rapport de la perfection de cette culture. La distillation de la carotte a été tentée avec succès; celle du topinambour a donné également un fort bon résultat. Les céréales partagent la même prospérité : il est telle ferme de l'arrondissement de Péronne qui obtient 1,600 gerbes de froment par hec- are, et la première médaille accordée cette année , au concours régional de Melun, pour les produits agricoles du sol picard , est une preuve de la bonté de ses cultures. M. Salmon cite, en passant , l'introduction du sorgho dont on n’a pas encore obtenu assez de résultats pour pou- voir asseoir un jugement à cet égard. 11 en est de même, à son avis, de l'extraction de l’opium d’œillette qui réussit en petit, mais qui a besoin d’être expérimentée sur une plus grande échelle, pour être définitivement classée parmi les produits qu’on peut obtenir de la grande culture. L'opération du drainage a été tenté pour la première fois, en 1855, à St.-Fuscien , près Amiens, et couronné d’un entier succès. Depuis, d’autres travaux de ce genre ont été exécutés sur différents autres points; mais il 188 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, reste encore bien des terres susceptibles d’être drainées, et, sous ce rapport, le AR est loin d’être aussi avancé que celui de l'Oise. De la perfection des instruments doit résulter la per- fection de la culture. De grands progrès ont été réalisés de ce côté. Déjà, depuis plus de vingt ans, la vieille charrue avait été supplantée par la charrue Wasse, in- ventée en 1836. Elle a trouvé, à son tour, des concur- rents redoutables dans le brabant double et dans la charrue anglaise d'Howard , qui menacent de la reléguer au second rang des bonnes charrues. Une commission , déléguée par le Préfet pour visiter l'Exposition universelle au profit des intérêts du département, y a fait l’acqui- sition d’une charrue Howard. Essayée , l’année suivante, au concours du Comice d'Amiens, sa supériorité fut - tellement visible , qu’elle est maintenant employée dans des cultures de l'arrondissement; dans l’arrondissement d’Abbeville , des moissonneuses système Mac-Cormict ont été introduites avec succès ; mais on a essayé, au concours d'Amiens, sans résultat bien satisfaisant, les machines à faucher de William Dray. Dans cette même réunion , des prix et des mentions honorables ont été accordés à des semoirs exposés par des constructeurs du département de la Somme ; et nous pourrions, à la rigueur, dit M, Salmon , nous passer maintenant de nos voisins el avoir cependant, dans notre pays, la plupart des instruments que nécessite une culture perfectionnée. Le bétail du département, surtout dans l’arrondis- sement d'Amiens, est loin d’être satisfaisant. Quelles races amélioratrices doivent être préférées ? Pour Fespèce bo- vine, les uns préconisent le Durham, l’Ayr; d’autres le hollandais. Pour l'espèce bovine, le Dishley jouit d’une : ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE: 489 grande faveur auprès de certains éleveurs; d’autres aiment mieux le South-Down. Quant à lespèce porcine, les races anglaises , notamment le Leicester et le Hamps- hire, n’ont plus que des partisans et des admirateurs. Il est aussi des agriculteurs qui élèvent des races indigènes et déclarent s’en bien trouver. Sans rechercher ceux qui ont tort et ceux qui ont raison, M. Salmon montre le Comice agricole d'Amiens favorisant, depuis une dizaine d'années, pour l'importation de l’espèce bovine, des reproducteurs hollandais ; celui de Péronne ne prime que des animaux de race flamande ou de race du pays, pure ou croisée avec le flamand ; celui d’Abbeville introduit aussi dans son arrondissement la race flamande. pour améliorer celle du pays. Les particuliers, de leur côté, ne restent pas en retard. Dans l'arrondissement de Montdidier, il a été vendu depuis un an plusieurs cen- taines de jeunes animaux hollandais, Cette race commence à s’y répandre surtout dans le canton d’Aïlly-sur -Noye. D'autres propriétaires emploient avec grand succès la race de Durham ; M. Cannet, propriétaire de la ferme du Paraclet, aux environs d'Amiens, à commencé, il ya deux ans , à introduire dans ses étables, le type écossais d'Air; il se déclare jusqu’à présent satisfait des résultats, mais son expérimentation n’a pas encore été suivie pen- dant un temps assez long pour être complètement décisive. En 1856, un prix a été obtenu pour la première fois au concours régional d'animaux de boucherie, à Lille, _ Concours qui rivalise parfois avec celui de Poissy, pour une vache flamande appartenant à M. Douville de Fran- sec. Plusieurs récompenses, pour animaux appartenant aux espèces bovine et ovine, ont encore été décernées à d’autres éleveurs du département dans le concours 490 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. régional de Valenciennes et dans les concours universels de Paris. Enfin, l’orateur se plaît à rappeler les nombreux et magnifiques succès conquis, celte année, au concours régional de Melun, par l'honorable Président des Assises scientifiques qui, en face des habiles cultivateurs de la Bauce et de la Brie a tenu à honneur de soutenir dignement la réputation agricole naissante de la vieille Picardie. Les soins qu’on. apporte maintenant à l’enseignement agricole contribueront beaucoup , et ont déjà beaucoup contribué à l’amélioration de l’agriculture dans nos contrées. Une école normale d'agriculture, la première qui ait encore porté ce nom, a été fondée en 1855, dans une ville Picarde, à Beauvais. Le département possède depuis plusieurs années une chaire d'agriculture, occupée par un homme aussi modeste que savant , dont les ensei- gnements ont fait un bien immense. L'école normale du département de la Somme a un cours d'agriculture théorique et pratique , des instituteurs communaux donnent aussi avec succès des leçons d'agriculture à leurs élèves ; il y a quelques jours à peine, le Comice de Mont- didier récompensait publiquement, dans son concours , l'instituteur qui s'était le plus signalé dans ce genre d’in- struction, et ceux des disciples qui avaient le mieux profité des leçons agricoles de leurs maîtres. M. Vion fait observer que ce n’est point seulement à Montdidier que des encouragements sont accordés aux instituteurs : depuis dix à douze ans environ, le Comice agricole de Doullens leur décerne des primes. M. Thuilliez ajoute que M. le Président du Comice d'Amiens est entré dans cette voie, Cette année encore, un prix sera décerné à un instituteur. Pour compléter l’intéressante communication de M. ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE, 491 Salmon, sur les progrès agricoles de la circonscription , M. Thuilliez entre dans quelques détails sur les opérations de drainage. Il cite celles exécutées à St.-Fuscien par M. Salmon lui-même, et qui ont été couronnées des plus éclatants succès: ses résultats ont été tellement favo- rables que des haricots, qui demandent un sol aride, poussent maintenant sur un terrain qui auparavant ne portait que des joncs maigres. De son côté, l’administra- tion préfectorale a, à plusieurs reprises, appelé l'attention de MM. les Sous-Préfets, Maires, Ingénieurs, Présidents de Comices, Membres des Chambres consultatives d’agri- culture, Agents-Voyers Propriétaires et Cultivateurs du département , sur les avantages de l’assèchement des terres par le drainage, En vue de populariser dans les campagnes ce nouveau système, elle a employé divers crédits, mis à sa disposition, par le Ministre de l’agri- culture et du commerce et par le Conseil général, pour créer dans chaque arrondissement, sur des propriétés communales convenablement choisies, un type complet des travaux à exécuter. Cette opération qui, sans aucun doute, aura une influence décisive sur l'esprit des cultiva- teurs, par suite des résultats avantageux qu’elle ne pourra manquer de produire , se poursuit, en ce moment, sur d'assez grandes étendues de terrains humides et froids , notamment à Bus, arrondissement de Montdidier, sur un terrain communal d’une superficie de 1 hectare 68 ares; à Brouchy, arrondissement de Péronne, sur unesuperficie de 6 hectares ; à Milly-les-Doullens, dans la vallée de Grouches sur 2 à 3 hectares. Là, les terrains drainés viennent d’être loués par la commune elle-même, à raison de 480 fr. l'hectare, tandis que des terres non drainées, dans la même situation, ne produisent que 90 fr. seulement, Ces 49% . INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. faits parlent assez haut. En ce moment, à Airaines , on pratique le drainage sur environ 4 hectare et demi de terrain, et M. le Préfet vient récemment de donner des instructions aux ingénieurs, pour l’étude d’un projet de dessèchement, par le drainage, de la vallée de la Cologne, arrondissement de Péronne ; opération qui doit se faire au moyen d’une association ou sorte de syndicat entre les propriétaires intéressés. Les drains sont généralement, dans le département, posés en suivant les pentes. M. de Vigneral vante le système du drainage par perforation , système qui a si bien réussi à l'Irlande et a transformé ce malheureux pays en une riche province ; il désirerait voir ce pro- cédé appliqué au département de la Somme. M. Salmon fait connaître qu’un agriculteur l’a employé, mais que l’on ignore le succès de son expérimentation. M. Vion appelle lattention sur les tourbières qui occupent une si grande partie du sol de notre dépar- tement, et absorbent ainsi des espaces considérables de superficie; ne serait-il pas possible, à la fin de lex- ploitation, d'arriver au dessèchement de ces tourbières ? M. de Vigneral pense que ce serait alors le cas d’es- sayer le drainage par perforation , puisque les marais tourbeux sont exploités généralement jusqu’à une pro- fondeur de 18 pieds. M. de Renneville ajoute à ces comm iinleation l'exemple de M. d'Herlincourt qui, propriétaire d’un marais assis en contre-bas d’un cours d’eau, et continuellement inondé par suite de ce voisinage a, dans l’espace de moins de trois mois, desséché complètement sa propriété, en fai- sant, par le moyen du drainage , infiltrer les eaux dans les terrains crayeux qui l'avoisinaient. ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 493 M. Thuilliez signale encore une amélioration capitale, produite par des changements de terrains destinés à transformer la nature primitive du sol. A Yzeux, des prés recouverts d’une terre différente, ont produit des cé- réales. Cet exemple a été suivi par plusieurs particuliers, et le sol, parfaitement modifié, a donné d'excellents résultats, | La discussion amène la 15°. question du programme : « Quels progrès la machinerie agricole a-t-elle faits « dans la circonscription en 1856 ? » Aux renseignements déjà fournis par M. Salmon ) M. de Vigneral ajoute l'introduction, dans l'arrondissement de Montdidier, de la moissonneuse Mac-Cormick. M. Thuilliez constate à son tour, par des chiffres élo- quents , l’accroissement rapide qu’a subi la mécanique rurale. il y à dix ans, la culture du département comptait à peine 70 à 80 machines à battre, leur nombre aujourd’hui est de près de 200; parmi elles doit figurer dimanche, au concours d'Amiens, la machine de Varloy-Delos, de Lille , introduite par M. de Gillès , et qui bat jusqu’à 46 hectolitres par jour. Cette machine est du prix de 250 fr. On donne lecture de la 6°. question ainsi conçue : « Quels ont été, en 1856, les progrès pour la che et « les sciences physiques ? » M. de Renneville indique l’extraction de l’acool des tiges du topinambour et l'extraction de l’opium indigène. M. Decharmes regrette que M. Salmon n'ait pas cru devoir accorder une mention plus favorable à la culture de l’opium indigène. Des expériences convaincantes ont été faites par M, Bénard, c’est aujourd’hui aux cultivateurs 94 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. à les faire sur une plus grande échelle; mais il ne faut pas se dissimuler que , si les opérations de l’extraction ne semblent pas encore réussir, c’est que ces opérations fort délicates ont été généralement mal conduites, et . qu’elles demandent un apprentissage. Il n’en est pas moins vrai que cette culture est appelée à donner d’excellents résultats, puisque M. Renard de Puchevillers y a obtenu un bénéfice de cent pour cent, A cette occasion, M. De- charmes rappelle les propriétés de l’opium indigène qui contient le double, le triple et même le quadruple de mor- phine de l’opium exotique. Des essais ont été faits pour connaître la qualité de cette morphine, si, jusqu’à présent : l'on n’est point encore arrivé à préciser exactement le degré exact de richesse de cette substance, il a toujours été constaté qu’elle produisait les mêmes effets que l’opium étranger. Suivant M. de Renneville , la plus grande difficulté qui s’opposera à l'extension de la culture de l’opium indigène, c’est que l’époque de sa récolte vient coïncider avec elle des céréales , et qu’on trouvera difficilement des moyens de la recueillir, tous les bras étant alors occupés à la moisson. | M. Thuilliez annonce que M. Renard de Puchevillers est dans l'intention formelle de continuer , cette année encore , des expériences de cette culture. MM. Decharmes et Gand entretiennent la réunion des observations météorologiques qui ont eu lieu à Amiens , sous la direction d’une commission prise dans le sein de l’Académie. Depuis quelques mois, elles ont été complètement abandonnées ; l’assujettissement qui en résultait pour les personnes qui avaient bien voulu se charger de recueillir ces observations et peut-être le peu ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 1495 d'importance attachée à leurs résultats par l'Observatoire de Paris, auquel elles étaient transmises (sans doute à cause des différences peu sensibles quelles présentaient, avec celles faites dans cet établissement ), paraissent être les causes principales qui ont contribué à leur cessation. La sixième question était ainsi conçue : « Quels sont les moyens les plus efficaces pour au- « gmenter en agriculture le capital intellectuel. A-t-on « employé jusqu'ici tous les moyens qui peuvent produire « cet accroissement si désirable ? » | Suivant M. de Renneville, il n’est qu’un seul moyen, c’est celui de l'instruction dans les écoles. M. Vion signale l'excellence des cours d'agriculture professé par M. Thuil- liez, comme propageant les meilleures doctrines. Il saisit cette occasion pour reproduire les arguments qu’il a déjà fait valoir dans la précédénte session sur Putilité des cours publics préparatoires à l’enseignement des Facultés, Le grand défaut qui nuit au développement et à la fré- quentation des cours communaux actuellement existantes est principalement leur éloignement du centre de la ville et les heures fâcheuses auxquelles ils se tiennent. Tel qui voudrait suivre les enseignements de plusieurs professeurs s’en trouverait empêché par la coïncidence de leurs leçons , la coordination des heures de ces leçons serait surtout la principale réforme à désirer. L'Assemblée approuve ces considérations et M. le Pré- sident annonce qn’un extrait du procès-verbal sera remis entre les mains de M. le Maire d'Amiens, qui se montrera certainement heureux de pouvoir donner une solution favorable aux vœux légitimes que vient de faire entendre M, Vion. | 96 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. On donne lecture de la 7°. question : « Quels sont, dans la circonscription, les établisse- « ments agricoles dans lesquels on a expérimenté les « engrais liquides ? » M. Thuilliez fait connaître les études auxquelles M. de Gillès se livre, dans sa propriété du Saulchoy, sur un engrais de M. Salles de la Magdelaine, mais il ignore encore si ces essais ont produit de bons résultats, M. Salles n’ayant jamais voulu , au surplus , donner com- munication de ses procédés. Quant à M. Salmon, il n’a obtenu aucun succès de l'emploi des blés préparés par ce mode de pralinage. MM. Dutilleux, Thuilliez, de Vigneral , de ter Despréaux , prennent successivement la parole sur les 8°, 9°. et 40°. questions, qui ont pour but de recher- cher quels sont les moyens pratiques d’obvier à la déperdition des matières fécales et des purins; sil n’y aurail pas lieu d’établir une amende municipale dont seraient passibles tous ceux qui laisseraient s’écouler sur la voie publique comme cela a lieu , en temps de pluie, dans toutes nos campagnes, et quel parti l’on pourrait tirer d’une foule d’immondices qui se perdent dans les égouts pour aller ensuite salir , infecter et encombrer les cours des rivières dans leur trajet au centre des villes. I résulte, des diverses communications faites, par ces cinq membres, qu’il existe des dispositions législatives qui permettent de réprimer la négligence coupable de la plupart des campagnes. En effet, en vertu de l’art. 3 du titre XI de la loi des 16 et 24 août 1790, les maires peuvent prendre arrêté, portant défense de laisser s’écouler les purins sur la voie publique. Il y a deux ans, l'Administration a invité les officiers municipaux à user ASSISES SCIENTIFIQUES DE. PICARDIE. 1497 du droit que leur accorde cette loi; des arrêtés ont dû être pris, sont-ils scrupuleusement exécutés ? Mais mieux que les mesures de police, intérêt du campagnard amènera les résultats que l’on désire : lorsqu'il aura été instruit de l’utilité des purins, loin de les laisser perdre, il les recueillera avec soin. Il y aurait donc lieu de l’édi- fier sur les avantages qu’il en peut retirer avant que de recourir à des voies coërcitives. M. Thuilliez indique une mesure qui a produit, à cet égard, de bons effets : c’est la récompense accordée par le Comice agricole d'Amiens à ceux des cultivateurs qui mettent des gouttières à leur toit pour empêcher, durant les grandes pluies, les eaux d’inonder leurs cours, et d'entraîner à leur suite les détritus qui viennent ensuite salir la voie publique. Au point de vue de la salubrité, M. Thuilliez recom- mande l’emploi du plâtre : 1,000 kilog. de plâtre suffisent, en effet, pour saturer les vapeurs ammoniacales de 100 mètres cubes de fumier; ce procédé est peu coûteux, puisqu'il n'exige qu’une dépense dé 18 fr. On obtient encore des résultats plus efficaces en usant du sulfate de fer. : On passe à la 12°, question du programme : « Quels emprunts l’architecture rurale a-t-elle faits, « en 1856, à l'architecture des chemins de fer pour la « construction des hangars; quels emprunts peut-elle « faire encore utilement? » is M. Thuilliez, en réponse à cette question, indique des constructions élevées par un cultivateur de Cavillon et la ferme que vient de faire édifier M. de Chépilly, comme présentant quelques caractères d'imitation de ce genre d'architecture. 198 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. le Président appelle l'attention de l’auditoire sur les trois propositions suivantes : « L'histoire dé l’agriculture au moyen-âge n'est-elle « pas une des études auxquelles doivent se livrer les So- « ciétés savantes de la circonscription ? « Quelles sont les recherches déjà faites ; quelle direc- « tion ultérieure doit-on donner à ce genre d’étude ? « Les Sociétés d’agriculture de la circonscription ne « doivent-elles pas recueillir toutes les traditions relatives « aux anciens procédés de culture; les pratiques qui vont « cesser; les meubles qui vont disparaître ne méritent-ils « pas qu’on en conserve le souvenir ? Ne sont-ce pas là des « éléments précieux pour l’histoire de l’agriculture ? » MM. Dutilleux, Thuilliez, Dusevel et Corblet, prennent la parole sur ces questions. L'histoire de l’agriculture est, sans contredit , une étude des plus curieuses, mais elle n’a point encore été faite : il existe cependant certains travaux particuliers, concernant quelques-unes de ses parties. Pour n’en citer que quelques-unes, M. l'abbé Cochet a traité l’histoire de la vigne en Normandie; M. Dusevel a traité le même sujet pour la Picardie, dans les bulletins du Comice ; la Commission des usages lo- caux, instituée par le Gouvernement, a, dans le départe- ment de la Somme, terminé son travail qui pourra bientôt être livré à l’impression : sept ou huit usages seulement présentent le caractère de l’universalité. C’est donc là un champencore vierge à défricher pour les Sociétés savantes. On pourrait trouver de précieux documents pour l'écrire. Ces documents, M. Dusevel les rencontre dans les anciens baux, et les anciens contrats conservés dans les études des notaires. M. Corblet en trouve d’autres, non moins intéressants, dans les règles de plu- L ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 499 sieurs saints, notamment dans celle de saint Bénoît ; elles renferment des détails curieux sur l’agriculture monas- tique qui est la mère de l’agriculture de la France et a réhabilité et sauvé cette science-mère , abandonnée, depuis la conquête des barbares, aux mains de colons et de serfs avilis. La séance est levée à 10 heures et demie. SÉANCE DU 3 JUILLET. A l'ouverture de la séance, M. le Président accorde la parole à M. Gand qui la demande. : M. Gand fait l’analyse d’une méthode de classification ou notation caractéristique des tissus, proposée par M. Alcan, professeur de tissage au Conservatoire des arts et métiers de Paris. Jusqu'à ce jour , personne n’avait eu l’idée de réunir, en un petit nombre de formules simples et faciles à retenir, les énoncés de divers éléments qui entrent dans la composition des étolfes, et cependant elle était de la plus haute importance. En effet, chaque centre de fabrique non-seulement s’est créé un vocabulaire parti- culier et arbitraire pour définir ses procédés de fabrication, mais encore chaque fabricant a donné un nom de fantaisie à toute étoffe, nouvelle ou simplement modifiée; il en résulte, tout à la fois, une confusion regrettable dans les termes employés par les fabricants et les artistes de localités différentes, et une incertitude continuelle, pour ne pas dire une ignorance complète, sur la nature d’étoffes dont les noms bizarres, empruntés à l'arbitraire du caprice, n’ont aucune signification technique. En conséquence, il arrive fort souvent que deux indus- 500 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. triels, n’habitant pas la même ville, ont toutes les peines du monde à se comprendre lorsqu'ils veulent se commu- niquer mutuellement la série d'opérations à laquelle ils ont recours pour la composition d’un tissu donné. Ou bien qu’un fabricant ne reçoive de l'acheteur qu’une déno- mination n’indiquant pas le moins du monde Ja combi- naison de l’étoffe, ni l'espèce de matières employées suivant tels ou téls croisements, ce fabricant , dit-il , se trouve tout d’abord dans l'impossibilité de mettre en œuvre l’article demandé. M. Gand prouve que la méthode de M. Alcan remédie à ces inconvénients ; il entre dans plusieurs détails sur le mécanisme des formules inventées par le savant profes- seur et il applique ces formules aux principaux articles fabriqués à Amiens et dans le département de la Somme, tels que velours de coton, velours d’Utrecht, alépines, satins américains, barpoors, mousselines festonnées , gilets-cachemire , cache-nez , tapis , châles, etc. Quand toutes les villes manufacturières de France auront adopté le système de classification ou notation caractéristique de M. Alcan, les relations seront comme il vient d’être dit, singulièrement simplifiées. Le pra- ticien saisira mieux la variété de faits qui constitue l’industrie des étoffes ; l'artiste pourra, sans difficulté, se pénétrer des conditions d’exécution de son œuvre ; le savant enfin, comme le dit fort bien M. Alcan, aura pour point de départ une série de principes justes et neitement définis. | M. le Président remercie M. Gand de lintéressante communication qu'il vient de faire. Jusqu'à présent, les industriels avaient cru devoir se tenir éloignés des assises scientifiques : dans une cité aussi commerçante que la ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 504 ville d'Amiens, une telle abstention était regrettable. Comme l’agriculture, les sciences ou les arts, l’industrie doit avoir sa place marquée sur les programmes de l’Institut des provinces, et la lecture de la note de M. Gand est d’un favorable augure pour la réalisation de ce désir ; elle fait naître l'espérance que les prochaines assises verront l’industrie locale prendre une part plus active à leurs travaux. L'ordre du jour appelle la discussion de la 13°. question: « Quels ont été en 1856, les tendances économiques « dans la circonscription ? Y a-t-il eu progrès dans la « moralité des entreprises et la bonne foi des tran- « saclions ? » | MM, d’Herbinghem, Asselin et Despréaux, prennent la ‘ parole successivement. IL est difficile de répondre d’une manière excessivement précise sur ce sujet. Il résulte toutefois, des détails qu’ils fournissent , que si le rôle des décisions judiciaires doit être regardé comme le ther- momètre exact de la bonne foi des transactions civiles ou commerciales , les tribunaux n’ont pas eu à s'occuper d’un nombre d’affaires supérieur à celui des années précédentes. L’on passe ensuite à la question suivante : « Quelles sont les études encore à faire pour préciser « mieux qu’on ne l’a fait jusqu'ici les principes de classi- « fication chronologique des sépultures et des tom- « beaux ? » Dans une brillante improvisation où la pureté et l'élégance du style le disputent à la solidité du raison- nement, M. l'abbé Corblet retrace les caractères généraux qui permettent d’assigner aux sépultures leurs dates et 502 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. leurs origines, Au dernier siècle, les études sur cette branche de l'archéologie , si l’on en excepte les travaux de Lebœuf, de Legrand d’Aussy, de Chifflet, l’auteur de l'Anastasis Childerici, étaient plus spécialement portées vers les antiquités romaines que vers les antiquités nationales. C’est en ce siècle qu’on a surtout cherché à établir les principes de la classification des tombeaux : de grandes recherches ont été faites principalement par M. l'abbé Cochet , qui le premier a posé les règles les plus exactes pour déterminer cette classification. M. Arthur Mercier a tracé l’histoire de la sépulture chrétienne en France , d’après les monuments du XI°. au XVI:. siècle ; enfin, il faut signaler les travaux particuliers de MM. Danjou, Mathon et Rigollot. La science a-t-elle dit son dernier mot? M. l’abbé Corblet ne le croit pas. Des jalons ont été posés, la route a été éclairée, mais peut- être reste-t-il encore à apprendre : demeure-t-il encore bien des doutes à éclaircir. La première époque des sépultures est l’époque cel- tique. M. de Caumont a présenté, en 1832, la classifi- cation de ces sépultures. On reconnaissait alors trois périodes distinctes dans l’époque celtique : l’inhumation, l’incinération des cadavres, puis le retour à l’inhumation. Lorsque la dominalion romaine eut conquis la Gaule , elle dut imposer avec ses lois ses usages religieux, et la crémation remplaça alors l’ensevelissement du corps ; plus tard, quand les Francs eurent à leur tour expulsé les vainqueurs , ils imposèrent également leurs coutumes particulières, et l’on revint à l’ensevelissement, Le chris- tianisme aida vraisemblablement beaucoup à ce retour , et peut-être faut-il reconnaître son influence pour faire admettre celte coutume antérieurement même à l'invasion ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 503 franque. M. Corblet se demande si l’incinération chez les Celtes avait lieu partout, on n’en trouve pas trace dans certaines parties de la Bretagne qui surent échapper à la domination romaine. M. Corblet entre ensuite dans l'examen des éléments qui permettent d’assigner aux sépultures l’âge auquel elles appartiennent. Les vases qui les entourent d’or- dinaire constituent un argument d’un grand poids. Il est facile de distinguer les poteries gauloises des poteries romaines. On rencontre aussi dans les médailles qui les accompagnent des lumières sur ce sujet. Dans les sépultures gallo-romaines les cendres du défunt sont renfermées dans une urne de plomb, de verre ou de terre de Samos ; on trouve à côté divers instruments comme des épingles, des fibules, des styles, des bracelets, des médailles, et surtout les vases qui servaient à contenir les provisions que l’on y déposait pour les besoins du voyage qu'entreprenait le mort, et l’obole sans laquelle le nautonnier de l’Achéron eût refusé au défunt le passage du sombre bord. Dans les tombeaux francs, le fr est renfermé dans un cercueil, couché sur le dos, quelquefois assis. M. Corblet n’a point expliqué quels pouvaient être les motifs de cette position. La tête est placée à l'Orient ; à partir du VILI*. siècle , les chrétiens la placèrent vers l'Occident pour qu’au jour du jugement dernier les défunts en sortant du sépulcre puissent apercevoir le visage du juge suprême, Les tombes franques renferment encore les armes du guerrier, l'épée, le sabre ou scrama- raxe, les boucles ou agrafes à plaques du ceinturon , qui servait à les suspendre au côté des vases grossiers en terre noire , affectant presque tous la même forme, Enfin 504 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. sous les Mérovingiens , apparaissent quelques signes, emblèmes du christianisme, tels que la croix, les poissons, symboles du Christ ; les lions. Les cimetières mérovingiens sont à étudier. Ils ne l'ont été par l’abbé Cochet que dans là Normandie, et surtout dans la vallée de l’Eaulne. Faut-il appliquer les caractères découverts par ce savant archéologue à la race franque tout entière ou seulement aux Francs, habitant la Nor- mandie ? En indiquant les différences qui existent entre les sé pultures gallo-romaines des trois premiers siècles , et les sépultures franques des temps mérovingiens , on trouve naturellement la manière de les distinguer les unes des autres. Mais il se présente cependant, au IV*, et au Ve. siècles de notre ère, une époque de transition où la société est en proie à un travail de dissolution et de renovation : le Romain vit en présence du barbare qui bientôt l’expulsera définitivement du sol. Le christia- nisme ébranle déjà les vieilles superstitions païennes, Les sépultures de cette époque de transition présentent donc un caractère de fusion, de mélange entre les traditions et les usages des deux races. Dans ces tombeaux , on trouve quelquefois, à côté du corps, les vases servant , contenant le miel et le vin : que déduire de ces éléments contradictoires? Est-ce là une sépulture païenne ou celle d’un chrétien? Il ne faudrait pas cependant assigner trop exactement à ces derniers signes une idée de pagna- nisme. On conserve encore les habitudes des ancêtres, et bien des usages se pratiquent, encore que la croyance qu’on y attachait aft disparu depuis long-temps. L’inci- nération a été pratiquée aussi plus tard dans les villages que dans les villes , car le christianisme a pris d’abord ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE, 505 racine dans les centres populeux, avant de pénétrer au sein des campagnes. Une remarque assez bonne à con- stater pour les tombeaux du IV°. au V*. siècle, c'est que les cercueils présentent la forme d’un rectangle régulier, tandis que, postérieurement, ils offrent un rectangle retiré vers les pieds, | On n’a pas toujours mis dans les tombeaux , fait ohb- server M. l’abbé Corblet, la médaille de l’empereur qui régnait au moment de la mort du défunt. On.a,, en effet, rencontré, dans des sépultures du X°, siècle, des médailles du Haut-Empire. GUESO Les inscriptions , les sépultures , les vases contenant l’encens et l’eau bénite , indiquent assez l’époque des tombes chrétiennes du moyen-âge , et M. l'abbé Corblet a classé ces dernières poteries; mais cette classification présente des nuances fort délicates. Résumant en quelques mots les intéressants détails dans lesquels il vient d'entrer, M. Corblet pense qu’il y a lieu de diriger les recherches dans le but d'arriver à connaître, d’une manière positive, si l’inhumation a persévéré plus ou moins long-temps dans certains pays qui surent échapper à la conquête romaine ; et quelle a été la part respective de l'influence chrétienne et de l'influence franque. La comparaison de tous les objets trouvés dans les tombeaux barbares de tous pays jette- rait une vive lumière sur l’époque mérovingienne. Pour le moyen-âge, enfin, les recherches ne devraient pas se borner à comprendre la chronologie complète des dates des tombeaux, mais embrasser encore l'histoire du deuil, la liturgie des morts, les coutumes, les usages et les superstitions funèbres de chaque contrée. M. Dusevel, tout en appréciant l'importance de la com- 22 506 INSTITUT DES PROVINCES DÉ FRANCE. munication faite par M. l’abbé Corblet, présente cette observation qu’il ne faudrait pas, pour les tombeaux du moyen-âge, s'en rapporter scrupuléusement à la lettre aux inscriptions qu’ils portent. Quelquefois, à cette époque , l’on faisait faire sa sépulture de son vivant, | M. Goze rapporte qu’il y a environ quinze ans, chargé dé faire, pour le Comité historique des arts et monüments près le Ministère de l’Instruction publique, la statistique du canton de Picquignÿ ; M. Jourdain dé Prouvillé, pro- priétaire du’ château de l'Etoile , commune qui renferme un camp romain assez bien conservé, lui fit voir des objets antiques trouvés dans.un champ de sépultures, situé sur une hauteur; dans la vallée de la Nièvre, entre l'Etoile et Flixécourt, vis-à-vis l’ancienne abbaye de Morreaucourt. On y découvrit des armes en fer, trois tombes en pierre à couvercles cintrés, diminuant de la tête aux pieds et qui étaient tournées au Levant; à chaque extrémité des squelettes étaient cinq têtes renversées, disposées symé- triquement. La tête dé chaque squelette reposait sur trois pierres; autour étaient des vases en: verre ou en poterie noire rayés. Dans lintérieur de ces vases on: avait ren- contré des charbons et des ossements de ‘petits animaux. On trouva aussi une hache en silex, des bijoux en or, un anneau, une espèce d’aigle enrichi de grenats pouvant servir d’agrafe à un manteaw, une rosace # huit pointes décorée d’entrelacs et de: pierres opaques rouges et bleues, placée à la hauteur du bras d’un des squelettes ; elle faisait sans doute partie d'un bracelets des débris de colliers formés de globes à striés coloriées. Ces tombes étaient énivironnées düné enceinte de silex superposés sans rnortier. Dans les environs il en existait d’autres , qui, à cetté époque, n'avaient point encore été’explorées. ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 507 La discussion amène la question suivante : “4 Quelles sont les dates absolues et incontestables dés « “édifices religieux des XII. ét XIII, siècles, que l’on « % pu étudier dans la circonscription ; indiquer le plus « “exactement et, autant que possible, par des dessins « Pétat d'avañcement dé ces monuments? M. Düsevel répond qu'il n'existe dans -la circonscrip: tion dû département de la Somme, qué trois ou quatré églises , au plus, ayant des dates exactes, M. Tabbé Corblet cite l'église de St-Germer de Flaix, près Beauvais, de style romano-ogival qui appartient HHohé testablement ‘au XII°. siècle, c’est dans la Picardie et l‘le-de-France, que l'ogive apparaît pour la première fois. Rien d’ailleurs , dans les antiales de cette Re n md une reconstruction pee Ta 46°. question est ainsi Conçue ; | “'« Commént réparait-on les chemins ; at Mrgiie îge ; « dans la circonscription ju eee Les seigneurs, dit M, Dusevel , étaient chargés de cet entretien. Les routes se réparaient, où par corvée, ou au moyen d'hommes que payaient les seigneurs. M. ‘Janvier ‘ignore quels procédés matériels étaient pratiqués pour le bon état des voies de communication, à cette époque , mais il emprunte à excellente publica- tion des Coulumes locales du bailliage LAiens ; par M. Bouthors , quelques exemples dés ressotréés fat. cières employées à cetté déstination. Ainsi, À Vys-sür- Authie, ‘les voyageurs non privilégiés devaient un droit de de Cauchie de quatre deniers parisis par char, de déux deniers p par charrètte, et d’un denier par üne où plusieurs têtes de bétail. Cette perception étit Te ‘aux 508 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, dépenses de voirie; dans la prévoté de Bauquesne, à Souverain-Bruin et à Riquebourg-St.-Vaast, c’étaient les riverains qui étaient chargés de l'entretien des chemins; en échange de cette obligation , ils avaient l’autorisation de planter sur le bord des routes et de jouir des fruits de cette plantation. Dans la même prévôté, à Broudain, le prévôt pouvait, par cri public, et pour le bien commun, faire rappointer les chemins. Les peines prononcées contre les défaillants, à son injonction, étaient une amende de 60 sols et même le bannissement à temps ou à perpétuité. M. Goze pense que, malgré les dispositions législatives, les chemins étaient très-mal entretenus. Il tire surtout cette induction de l’histoire de la construction de la cathédrale d'Amiens. Cet édifice, commencé avec des pierres des environs de Paris, a été achevé avec des matériaux du pays. C’est au mauvais état des voies de communication qu’il attribue les causes de la modification survenue dans l'appareil. On passe à la discussion de la 17°. question, ainsi conçue : « Quelles ont été, durant le moyen-âge, la forme et la « disposition des fontaines publiques dans les villes et les u campagnes ? » | M. Dusevel répond à cette interrogation de la manière suivante : 11 est probable que cette question ne regarde pas les sources consacrées à de pieuses pratiques, mais bien des fontaines civiles, destinées à l’usage et aux be- soins journaliers du peuple. Gest pourquoi nous répon- drons, à cette question, que la forme et la disposition des fontaines publiques, au moyen-âge, sont bien mieux ‘ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 509 indiquées, que nous ne pourrions le faire par les dessins de plusieurs de ces fontaines que l’on voit encore en France. Comme exemples, nous nous bornerons à citer ici : 4°. La fontaine de St.-Ferréol de Brioude , qui date de l’époque romane et dont la vue se trouve dans la France monumentale , 1 I, pl 74; 2, Une autre fontaine , dont on trouve la parc dans le Voyage en Languedoc, du baron Taylor, t, I p. 159, fontaine qui remonte aussi à l’époque romane; 3°, Celle de la place de Cluny, qui passe pour être du XIV®, siècle , et dont M. Du Sommérard père a donné le dessin dans son Album des arts au moyer-age, pl. VI, dre, série ; k°. Celle de la Cr ix:decPièrre ; à Hotén qui date du milieu du XV*, siècle : la vue de cette fontaine est repro- duite par la Normandie , t. IT, pl. 468; 5°. Enfin, une autre fontaine de la même époque, ou à peu près, dite de St.-Firmin et que l’on voit encore à Amiens, dans la cave d’une maison, située sur la place St.-Firmin, Dans les derniers temps, cette fontaine ayant élé regardée comme une source consacrée à de pieuses pratiques, plutôt qu’à un service publie, on la décora de figures représentant le martyre de saint Firmin. Nous possédons, dans le département de la Somme, plusieurs fontaines consacrées à des pélerinages ou à des exercices de dévotion, telles que celles de St.-Antoine de Conty, de St.-Farsy , à Frohen, de St.-Gautier, à Ber- taucourt, etc. Il est facile de connaître leur forme et leur disposition en les examinant , sur place, avec quelque attention. Mais ce n’est probablement pas de la forme et de la disposition de ces dernières fontaines que l’on 510 INSTITUT DES PROVINCES.DE FRANCE. entend parler. dansla17°,.question inscrite au programme, pas plus que de celles existant autrefois dans les abbayes ou monastères et nos cathédrales. Au reste, on peut con- ter sur ces dernières fontaines, les excellents ouvrages de MM. Albert Lacroixet Jules Gailhabaud. Tout ce que nous devons en dire, c’est qu’il paraît résulter, des recherches faites par ces savants, que les puits ont précédé les. fon- taines pour le service-du.public : la décoration et les dis- positions plus ou moins utiles à leur destination. … M. Dutilleux indique comme. pouvant fournir d’utiles renseignements-sur la forme des fontaines du moyen-âge, les «miniatures, des manuscrits contemporains, entre autres, celui de. la Bibliothèque impériale, renfermant les chants de la Confrérie de Notre-Dame-du-Puy d'Amiens, M. Janvier. eroit qu'il.serait difficile de-répondre. à la question en ce qui touche. la ville d'Amiens , puisque cette cité n’eut, à proprement parler, de fontaines méritant véritablement-le nom de fontaines publiques, qu’à la fin du XVII*, siècle. . La fontaine Bellissent ;, la. fontaine des Frères, la fontaine de Monet. ou fontaine d'Amour, étaient tout simplement des sources, et cette dernière n’a reçu qu'en 1696, le revêtement de grès qui borde son bassin, Les édilités du moyen-àge, malgré les, soins qu’elles apportaient à la gestion de leurs communes, avaient trop de soucis en tête sans y joindre celui des embellissements publics. L'eau d’ailleurs ne manquait pas à Amiens ; la ville-basse, assise sur les bords des nombreux bras de la Somme, trouvait dans l’onde qui coulait à ses pieds, plus d’eau que n’en exigeaient ses besoins, La ville- haute avait, pour combattre. l'incendie, pour le service de ses marchés et ses usages domestiques, des puits nombreux dont quelques-uns étaient comme ceux dela ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 541 rue. Haute-Notre-Dame ou du marché aublé, de véritables monuments contribuant à l'ommerentahon: fi à la déco- ration de la voie RFF On. orne. lecture sr la 25°. question du Se RE ainsi-conçue ; «Quelles ont été les. AE DR LOT PR les « plus intéressantes, faites en, 1856 dans la circon- « scription ? quelles sont celles qui pourraient mériter à « leurs auteurs des médailles d'encouragement de la «Société française d'archéologie.» 2: .: | M: Janvier, sans se flatter de. dresser .un catalogue exact des publications intéressantes. parues: depuis un an, cite parmi elles: la dernière livraison de l’Intro- duction. à l'Histoire générale «de Picardie: de. Don Grenier, éditée par les soins de la Société des Antiquaires de Picardie ; letome XIV des Mémoires de cette Société , qui renferment , entre autres , un travail de M. Peigne- Delacourt, sur l'emplacement du Noviodunum, des Gom- mentaires de César,.qui a obtenu une mention honorable de, l’Institut; une notice de M..Ch. Gomart, sur les Ca- nonniers-Arquebusiers de St,-Quentin ; le mémoire de M. Rigollot , sur les instruments en silex découverts près de St.-Acheul ; la suite. de .la Bibliographie picarde de M. Ch. Dufour concernant Abbeville; la fin de la notice de M. Darsy.sur Gamaches,et ses seigneurs; un discours sur la destruction de l’Empire d’Occident...et. une notice -sur la foire de la St.-Jean-Baptiste à Amiens : tous deux dus à la plume de M. l'abbé Corblet. M, Louis Douchet a publié, cette année, le premier volume des manuscrits de Jean Pagès, marchand d'Amiens, conservés à la biblio- thèque communale de cette ville et quisont-une mine des 512 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. plus fertiles à exploiter pour tous ceux qui veulent s’oc- cuper de l'histoire de cette cité. En ce qui concerne encore Amiens , il faut mentionner : les notices sur quel- ques vieilles enseignes et sur les halles ; la continuation de l'Histoire des rues d'Amiens que M. Goze poursuit avec activité et talent, dans les colonnes du journal Le commerce de la Somme. Le même auteur a également publié la monographie de l’église de la commune et des seigneurs d'Harbonnières. A Abbeville , M. E. Prarond continue la tâche, qu’il s'est imposée, de faire connaître les localités de cet arrondissement. Le deuxième volume de ses Notices his- toriques , topographiques et archéologiques entre dans de longs et intéressants développements sur Rue et le Crotoy. Il a aussi enrichi les mémoires de la Société d’émulation d’'Abbeville du texte latin de la Chronique de St.-Riquier, de Jean de La Chapelle. M. Louandre père , de son côté, a retracé l’histoire de l’Hôtel-Dieu d’Abbeville. M. d'Herbinghem, sous le titre de Projet d'élever à Boulogne-sur-Mer, une statue à Godefroy de Bouillon , a hautement revendiqué , pour cette ville, la gloire d’avoir donné naissance au premier roi de Jérusalem. | Il faut rattacher enfin à la Picardie la publication de la Revue de l'art chrétien , puisque son directeur est M. abbé Jules Corblet. Cette revue s’adresse principa- lement aux membres du clergé, conservateurs naturels des monuments religieux, qui se trouvent souvent appelés à diriger des travaux de restauration, d’embellissements, même de constructions nouvelles ; aux architectes , aux artistes qui ont à cœur d'imprimer à leurs œuvres un caractère vraiment chrétien, Elle a surtout pour but, ASSISES SCIENTIFIQUES DE PICARDIE. 513 l'application de l’esthétique chrétienne à l’art moderne, et désireencourager l’intelligente intention du moyen-âge, en proscrivant les trop nombreux pastiches où l'ignorance, le disputant au mauvais goût, a trop souvent doté nos villes et nos villages d’édifices indignes de leur auguste destination, Des collaborateurs d’un mérite depuis long- temps consacré en matière d’archéologie religieuse , des articles d’un intérèt réel , de nombreuses gravures sur bois, intercalées dans le texte ou tirées à part, la modicité enfin du prix de l’abonnement font, de la Revue de l’art chrétien, une œuvre appelée à rendre de grands services à l’archéologie chrétienne qu’elle contribuera à populariser, M. Vion indique, comme complément de la nomen- clature qui vient d’être faite, le travail de M. l'abbé Decagny sur la famille d’Estourmel , mais il fait observer que M. Janvier n’a traité qu’un peu de la question, en laissant sans réponse la partie qui concerne les encou- ragements à décerner par la Société française d’archéo- logie : la Revue de l'art chrétien , lui paraît avoir droit à ses encouragements, ainsi que les notices de M. Prarond. M. Garnier rend pleine justice au mérite de l'art chrétien , mais la revue est une œuvre collective et l’on ne décerne pas de médaille à une œuvre collective. Les travaux de M. Prarond , au contraire, sont le résultat de ses recherches individuelles. Les rues d'Amiens , de M. Goze, offrent un travail remarquable : ils sont dignes tous deux d’être compris dans une liste de médailles. M. Gaud revendique, comme devant figurer aussi sur cette liste, la notice de M. Janvier sur les corporations d’archers. M. Garnier répond que, s’il a passé sous silence le 14 INSTITUT DÉS PROVINCES DE FRANCE. mémoire en faveur duquel, M, Gaud a fait entendre sa voix, c’est qu'il s’est renfermé dans les termes de la question qui se sert de lexpression de « publications archéologiques. » La notice de M. Janvier.est plutôt his- torique qu’archéologique. Si la Société récompense aussi les travaux REINE. À Las alors l'opinion de M. Gaud. M. le Président annonce que les œuvres de MM. Prarond, Goze et Janvier , qui viennent d'être signalées dans la discussion, seront recommandées à la Société française , comme pouvant mériter à leurs auteurs les médailles d'encouragement que décerne cette Société, Les questions étant épuisées, et personne ne demandant plus la parole , M. le comte de Vigneral remercie les personnes présentes du concours qu’elles ont bien voulu prêter à l’Institut des provinces , et déclare closes: les Assises scientifiques de 1857. y L'Assemblée se sépare en exprimant, de son côté , à M. le Président combien elle & hautement apprécié l’ex- cellente direction qu’il a imprimée à ses travaux, et son vif désir de les lui voir encore score lors des prochaines assises. | Le Secrétaire, Comte JANVIER. es ASSISES SCIENTIFIQUES DE NORMANDIE. 515 ASSISES SCIENTIFIQUES DE NORMANDIE TENUES A ALENÇON, Le Jeudi 23 Juillet 1857. {Présidence de M, Besnou, membre de l'Institut des pro- . vinces, pharmacien en chef de la Marine, à Cherbourg. ) Les Assises scientifiques de la Basse-Normandie ont eu lieu à Alençon, dans la grande salle de l’Hôtel-de-Ville (V. là figure, p. 516), pendant la session de l’Asso- ciation normande. La 4"°, question du programme est ainsi conçue : .« Quels ont été les progrès de la géologie, en 1856, « ins la Basse-Normandie ? » Fer,—M. de Caumont appelle l’attention de la réunion sur les minerais de fer que lon exploite dans l’arron- dissement de Cherbourg, depuis un an surtout, et api existent en grande abondance. M. Besnou fait connaître qu’il a eu occasion d’exa- miner ces minerais dont la nature varie, ainsi que la richesse. Le minerai de Diélette que l’on exploite près des Pieux, à basse mer, est un oxyde de fer légèrement magné-— tique qui contient seulement 20 à 21 pour cent de résidu siliceux, de sable très-fin; le reste est de l’oxyde de fer pur, sans {races appréciables de soufre, de phosphore ou - d’arsenic, Aussi a-t-il, il y a plus de deux ans, signalé ce minerai à l'attention des métallurgistes , comme devant donner un rendement élevé et du fer de première qualité, pouvant rivaliser avec les fers de Suède. La deuxième espèce est une limonite fort abendatée ë 516 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. SÉANCE DES ASSISES SCIENTIFIQUES DE LA BASSE-NORMANDIE, À ALENCON, ASSISES SCIENTIFIQUES DE NORMANDIE. 517 Saux-Mesnil et à la Pierre-Buttée. Cetle espèce présente de notables différences dans sa composition. C'est ainsi que l’analyse a dénoté dans certains: échantillons 2 pour cent de sable où résidu insoluble dans l'acide chlorhy- drique, qui dissout avec la plus grande rapidité loxyde de fer qui y entre pour 90 à 92 pour cent et 6 à 7 pour cent d’eau ; d’autres , au contraire, ne donnent que 60 à 65 pour cent d’oxyde de fer; cette limonite ne contient non plus ni arsenic, ni phosphore, nisoufre en quantités appréciables. Comme le minerai de Diélette, cette limo- nite est susceptible de donner d'excellents fers. Quant à la mine d’Equerdreville, c’est également un oxyde de fer hydraté qui a l’aspect d’une hématite schis- teuse. Elle contient environ 30 pour cent au moins de résidu insoluble siliceux ; la nature de cette roche ne semble pas devoir lui permettre d'entrer en concurrence avec les deux gisements inépuisables signalés plus haut. Plusieurs usines, appropriées à leur traitement et aussi à leur emploi à faire des blocs artificiels, sont à la veille de s'établir. Phosphates des craies. —: M, de Caumont demande à M. Besnou s’il a remarqué que, dans les calcaires du nord du département de la Manche, il y eût des phos- phates en assez grande quantité pour être exploitables, comme on le fait en ce moment dans quelques dépar- tements de l’intérieur ; ces calcaires, dit-il, sont expédiés à Paris où, sans doute, ils reçoivent quelque modification avant leur emploi. M. Besnou répond que certains calcaires pourraient , après un traitement convenable par les acides puissants, tels que le sulfurique.et le chlorhydrique, être employés à faire des phosphates propres à l’agriculture; il croit qu'en ce moment on traite, de cette sorte, en Angleterre 518 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. des phosphates venant d’Espagne pour en faire des en- grais artificiels, peut-être même pour-mêler aux guanos ; il rapporte une analyse de guano qu’il a faite récemment et qui lui suscite cette pensée; mais il n’a point eu occa- sion d'étudier la composition des: calcaires coquilliers du bassin de Valognes. Cependant il conserve peu d'espoir de trouver des quantités de phosphates suffisantes pour compenser les frais que nécessiterait une pareille exploi- tation. Il rappelle ce qu’il a dit en. parlant de l’analyse des tests des mollusques en général , qui ne lui ont pas donné de. phosphates en quantités appréciables (4). M. Morière ajoute.que, depuis plusieurs annéées,en An- gleterre , on fait subir aux os un traitémeént analogue. M. Besnou fait observer, en effet, qu’il existe une formule de guano artificiel fabriqué, en Angleterre , avec les os des animaux supérieurs. M. de Caumont engage les Sociétés savantes de ox cir- conscription à rechercher l’existence des phosphates dans la craie inférieure des départements de l’Orne, du Cal- vados et de la Seine-Inférieure, et il invite M. Besnou à vouloir bien examiner quelques échantillons qu’il lui adressera. Il désirerait que les naturalistes d’Alençon s’occupassent aussi de cette recherche. Chaux. — M, de Caumont demande alors si, dans la Manche, la consommation de la chaux faite Pe l’agri- culture est en grand progrès. M. Besnou répond que la fabrication a beaucoup aug- (1) Les analyses chimiques que M. Besnou a faites depuis cette époque ont confirmé complètement l'opinion qui précède. {1 n’a pu dénoter, d’une façon sensible et nette, la présence des phosphatés dans les divers calcaires si coquilliers de Valognes, quoiqu'il ait eu recours aux sels d'argent et de plomb etc. ASSISES SCIENTIFIQUES. DE NORMANDIE. 519 menté dans les environs de Cherbourg , aux Pieux , par exemple; et que l’agriculture enconsomme infiniment plus depuis une dizaine d'années. Toutefois, c’est dans le sud du département, dansles arrondissements d’Avranches, Mortain, Coutances et St.-Lo que l'emploi de la chaux a pris un développement énorme et que l’on a apprécié les bons effets de cet amendement, effets qu’il ne faut pas con- fondre avec ceux que procurent les tangues de nos baies. Il entre, à cet égard, dans des développements chimiques sur ce mode d'action et il fait ressortir combien l’iufluence de la chaux est grande sur la partie organique de la terre végétale, et aussi sur la nature chimique de l'élément mi- néral du sol proprement dit; il démontre combien les composts à la chaux, sous forme de tombes du Bessin , sont favorables ; mais il signale l'inconvénient qui résul- terait de son mélange immédiat avec des fumiers faits, et avec les gadoues dont elle dissiperait en grande quantité l’un des principes excitants et fertilisateurs. Soudes. — M. de. Caumont demande ensuite si ri nération des varechs se fait toujours sur une grande échelle sur les côtes de la Manche , et si la fabrication de la soude et de ses produits continue toujours dans ce département. M. Besnou fait connaître que rien n’est changé sous ce rapport depuis quelques années, que l’incinération des varechs a toujours lieu comme par le passé, et que les deux usines de Granville et de Cherbourg sont toujours en travail, Toutefois, il: fait remarquer que: les produits iodés ont baissé depuis quelque temps , sans pouvoir ad- mettre que ce soit dû à une moindre consommation faite par la médecine, qui prescrit aujourd’hui liodure, de potassium à d’assez fortes doses. | 6 M, le docteur Prevost fait observer que souvent le mé 520 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. decin exagère la dose, en se basant sur l’impureté habi- tuelle des iodures de fabriques. M. Besnou appelle alors l'attention sur l’iodure de potassium opaque, que certains fabricants vantent comme un produit de première qualité. Ce chimiste regarde l’opacité de ce sel comme portant le cachet de l’impureté de cet agent si précieux pour la thérapeutique. Farines.,— Un membre demande à M. Besnou si une farine très-blutée est réellement supérieure à une farine bise, et si la séparation complète du son est réellement un progrès et une économie bien entendue, M. Besnou entre dans de longs développements sur la composition de la farine brute, dite mouture, sur les diverses issues qu’en sépare le blutage, et il fait res- sortir les avantages qui résulteraient de l’emploi d’une farine blutée à 20 %., farine actuellement destinée au pain de troupe, Ce taux d’épuration, quand il est bien fait et quand on opère sur de bons blés, donne une farine sus- ceptible de fournir un pain assez blanc, fort alibile, qu’il considère comme devant servir , à bien dire , de type. Il examine ensuite la valeur nutritive des sons et les économies que peut donner leur lavage, et, à cet égard, il dit que ce lavage a été conseillé et employé à la manu- tention de la Marine, à Rochefort, sous la direction de M. Rollet, qui le considérait comme avantageux. Toutefois, ce procédé qui rentre dans le système de M. Mouriez, ne semble pas tellement avantageux qu’il y ait lieu de modifier radicalement la fabrication actuelle , et il établit le peu d'économie qui en résulte, si l’on tient bien compte de la matière des sons qui, après leur lavage , reste sans nulle valeur alimentaire pour les bestiaux. ASSISES SCIENTIFIQUES DE NORMANDIE. 524 Cidres.— Un autre membre demande à M. Besnou s’il y a un moyen facile et prompt d'obtenir du cidre artificiel de qualité convenable, et quels sont les éléments qu il faudrait employer. Ce membre entre dans des détails minutieux sur la nature des diverses espèces de sucre: sucres cristallisables et incristallisables, tels que sucres de canne et betteraves, glucoses, miel et mélasse, et après avoir discuté la ques- tion du prix de revient et démontré combien l’économie qui résulterait de l’emploi des derniers est peu no- table eu égard au prix des sucres de canne (cassonade), et combien le goût et l'odeur qu’ils communiquent à la boisson est peu recherché, il donne deux formules de cidre économique susceptibles d’être préparées par le pro- ducteur, au moment du pressurage. Dans le premier cas, il suffit de se servir du moût ou suc de la pomme comme ferment , tandis que , dans le second , c’est le vieux cidre qui remplit cette fonction. Il insiste sur la nature de ces boissons artificielles , qui n’ont, dit-il, aucun rap- port avecles piquettes, mais bien présentent la plus grande analogie avec les cidres naturels allongés d’environ 4173 d’eau, comme cela se pratique dans les années ordinaires. Cette boisson, qui n’a aucun goût spécial apporté par le sucre de canne, est tonique , agréable ; elle contient environ 3 p. 070 d’alcool ; ce cidre supporte parfaitement trois à quatre ans, etle tirageà la clef. M. de Viesville fait part des recherches qu'il a faites ‘sur les mollusques vivants des environs d'Alençon ; quoi- que la région géographique soit assez restreinte , il y a constaté cependant des espèces dont quelques-unes lui semblent offrir de l'intérêt, en ce qu’elles se trouvent bien loin de leur zûne habituelle, 522 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, ASSISES SCIENTIFIQUES DU GHVAUDAN, ci TENUES A MENDE (Lozère), | Les 24 et ès ‘août 1857. 4 | séance DU %4 dan jé ( Présidence de M, DE Cauxowr, directeur- général de. r Intitut des provinces, ) ‘: Les Assises scientifiques du Gévaudan se sont ouvertes, le 24 août , dans la grande”salle de révision de lhôtel de la Préfecture, sous la présidence de M. de Caumont. MM. l'abbé Le Petit et Gaugain, membres de l’Institut des provinces ; baron de Chapelain, de Mende; Théophile Roussel, président de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Lozère ; É. de Moré, secrétaire de la session, et l'abbé Gaillardon , de Mende, siégent aù bureau. On remarque ‘ dans la salle plus de cent personnes, parmi lesquelles on distingue bon nombre de membres du Conseil général de la Lozère. | s L'ordre du jour appelle la première 2 du.pro- gramme, ainsi conçue: . « Quels sont les. caractères distinctifs des terrains pri- « mitifs de la Lozère. et leur étendue ? ».,,. 1, M. Théophile Roussel observe que deux roches sont particulièrement remarquables. dans les terrains cristallins de la Lozère. L’une est le granit porphyroïde., que l’on remarque. formant soit la roche en place, soit l'immense série de blocs.isolés dans toute l'étendue du plateau gra- nitique , au nord du cours: du: Lot; ce granit eoupe la _ ASSISES. SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 528 vallée du Lot:enire Nojaret et la plaine dé Chadenet, pour reparaître , sur divers points, à travers le massif de la Lozère et sur les bords du Gardon , près de St.-Jean-du- Gard. La seconde roche est celle‘que M. Lan; ingénieur des mines, a décrite sous le nôm:de Fraidionite et qui , d’après cet ‘ingénieur , formerait un certain nombré de filons extrêmement, remarquables au milieu des mica- schistes de la Lozère. M. Théophile Roussel pense: que cette roche singulière et peu étudiée joue. un rôle plus considérable encore’ que celui qui lui a été assigné par M, Lan. Il l’a trouvée, sous forme de pierres roulées, sur beaucoup de points de la région:granitique «et loin des micaschistes. Elle abonde particulièrement au Mazel, au voisinage du ravin des sources ferrugineuses et gazeuses. Quant à l'étendue relative des terrains qui forment le sol de la Lozère , les granits occupent la première place et constituent à eux seuls plus du tiérs de la surface du département de la Lozère : ils forment, presque seuls, le sol compris entre les cours de l’Allier, du Rès et du Lot. Dans cet espace, ils sont traversés, suivant plusieurs directions, par les phonolithes et autres roches éruptives ; il s'y trouve un certain nombre d’éles , pour ainsi dire, de calcaires lacustres, de grès et d’anagénites divers, de formation récente ; enfin le grès infra-liasique et les cou- ches inférieures de l'étage sinémurien y forment, au Sud- Est, le territoire si riche en alquifoleux d’Alem et la plaine . de Montbel ; et, âu Sud-Ouest, le terrain de Feybesse et de Lachan, d’où le pays rs ire la chaux néces- saire à sa OR ÉAUE. Cette grande masse granitique est séparée par le cours du Lot , du massif granitique beaucoup plus restreint du mont Lozère , environné de toutes parts par une zône de 52% INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. micaschistes qui s'étend vers le Sud et forme les avenues propr ement dites. ; On passe à la question suivante, ainsi conçue : « De quelle époque et de quelle nature sont les terrains « de Sédiment, et quels sont les divers étages du terrain « jurassique qui existent dans le département ? » M. E. de Moré rapporte qu’il a observé tous les terrains appartenant aux étages sinémurien et liasien, et en partie étage thoarcien de M. d’Orbigny. Parmi les fossiles re- marquables qu’il a recueillis et. dont il présente les échantillons principaux, se trouvent l’Ammonites Mima- tenni el le Pleurotomaria anglica. M. de Caumont donne quelques détails sur les marnes irisées et la formation des grès bigarrés qui commence dans le département de la Lozère et se développe dans les départements de l’Aveyron, du Tarn, etc. , où il a eu Poccasion de l’étudier en 4841, Il fait remarquer que sur la route de Mende à Langogne, on distingue très-bien les couches calcaires reposant sur le granit, mais qu’au con- tact de cette dernière roche, on remarque sur plusieurs points, une zône rougeâtre qui lui paraît sinon repré- senter, au moins indiquer la place des marnes irisées ; il croit même qu’il existe des bancs de sables rougeâtres alternant avec les premières couches calcaires ; en tout cas, la teinte rougeâtre que prennent sur certains points, les calcaires eux-mêmes au-dessus du granit, forme une zône qui frappe les yeux quand on examine les coteaux ou les montagnes dans lesquelles le phénomène se présente. M. de Caumont demande ensuite quelle est la puis- sance totale des terrains de sédiment, M. Théophile Roussel répond que, dans la vallée même de Mende , on ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 525 peut admettre qu’entre les micaschistes et la surface du plateau des Causses, la puissance totale doit approcher de 300 mètres. L’étage le plus considérable en puissance est l’étage sinémurien. On donne lecture de la question suivante : « Examiner quel a été le mode de formation des grottes « et cavernes du département et leurs relations avec les, « différents terrains, en indiquant les caractères par- « ticuliers des fossiles que l’on y rencontre. » M. Émile de Moré pense , d’une manière générale, que les grottes et les cayernes, assez nombreuses , que lon trouve dans la zône calcaire de la Lozère, se sont formées peu à peu.—M, de Caumont demande si ellesappartiennent toutes au même étage de terrain.—M. Théophile Roussel répond à cette question que trois des grottes les plus importantes du pays, celle de Nabrigas sur les bords de la Yonte, où M. Auguste Ignon avait trouvé un grand nombre d’ossements, entre autres un squelette d’'Ursus spælæus, celle de Rocheblare sur les bords du Tarn, et enfin la grotte de Chabries, près de Mende, appartiennent chacune à des étages différents du terrain jurassique. La discussion amène cetle question : « Quel est l’âge du calcaire de St.-Alban ? Le calcaire de St.-Alban, dont M. Émile de Moré présente un échantillon, est un calcaire lacustre récent , déposé au fond d’un ancien lac. L'époque de sa formation n’a pas encore été nettement déterminée. On passe à la question suivante : « Quelles sont les eaux thermales et minérales du « département? » 526 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. “M. Dufresse de Chassaigne, médecin-inspécteur de l'établissement thermal de Bagnols, demandé la parôle pour fairé connaître le résultat de quatre années d’obser- vations, desquelles il résulte que lés eaux de Bagnols ont une efficacité remarquable dans letraitement des maladies rhumatismales du cœur, particulièrement de lhydrocardie rhumatismale.: Il pense que.ces eaux agissent, surtout.en dissolvant, les malières calcaires, qui sont la cause des rétrécissements. des. orifices. du.cœur,: Quoi qu'il. en soit, ilconsidère. ces eaux comme. une grande. richesse pour le département, mais comme une richesse, malatilisée..en ce moment. IlLannonce.que.plus de.4,200 personnes se sont rendues à Bagnols cette année, et ont déjà laissé plus de 150,000 fr: dans le pays. Il pense que. les résultats seraien beaucoup plus importants ,.8i l'étemispemen était Rat dans de meilleures conditions! : M.-Théophile, Roussel, ajoute: à ce, qui: a été. dit, par M..Dufresse de Chassaigne., sur les eaux thermales sul- fureuses de. Bagnols, qu'il. existe ::dans. la. Lozère. un grand nombre .de sources. minérales, qui peuvent se diviser en deux classes ::4°..eaux : thermales ; 2. eaux fer rugineuses et gazeuses. Le premier groupe est formé par les eaux de Bagnolë, dans le massif de 14 Lozère , et par les eaux de la Chäldette, au voisinage de la chaine volcanique d’Aubrac, à lextrémité-du canton de Fournels. Lés eaux de la Chaldette se râpprochent beaucoup, quant à leurs propriétés médicinales des ‘eaux thermales de Néris. L'avenir decetétablissément n’est Timité que: par le volume de la source, malheureusement peu abondante. Les, eaux ferrugineuses, el gazeuses sont disséminées sur des points très-divers du département. Les plus importantes sont celles du Mazel des Laubies, du Mazel- ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 527 Chabrier , de Guézac ‘et de Sarrocel , près St.-Chely d'Apcher. Les plus importantes ‘par leurs qualités et l’'affluence à laquelle elles donnent lieu’ sont les eaux du Mazel des Laubies. Il existe, en ce moment, au Mazel cinq sources aménagées et exploitées par les habitants du’ village. Toütes ces sources sont échelonnées, pour ainsi dire, le long du même ravin et semblent provenir d'üne seule et même fissure, à travers 4 masse du granit porphyroïde. Ce ravin est parcouru par un petit cours d'eau que les chaleurs excessivesét prolongées de la saison actuelle avaient mis présqu'à séc. Cetié circonstänce à permis à M. Théophile Roussel, qui s'ést rendu tout récemment au Mazel , de constater qu’il existe dans le ravin un certain nombre de sources d'eaux minérales qui sonthabituellement inaperçues, parce quelles naissent dans le lit même des eaux de surface , qui forment le ruisseau et seperdent dans ces eaux. Il suit de à que, gi l'on reconnaissait aux eaux du Mazel, très-recherchées présentement par les habitants du pays; assez de mérite et de prix pour! motiver des ‘travaux: d'une certaine importance; on arriverait probablement à en aug: menter considérablement le volume; ‘à l'aide d’un travail qui aurait pour:effet de détourner le ruisseau du‘ lit-qu'fl parcourt présentement dans le-ravin du Mazeli 7 | -: M. de Caumont appelle l'attention: de P Assemblée sur l'utilité des études relatives à la topographie tellurique et parle des cartes agronomiques. Il présenté quelques mo- dèles de cegenre de cartes dont la confection, très-difficile, | sion veut émbrasser de grandes étendues de pays, dévient simple:, au contraire , etaisée ; si Pon se restreint à de petites surfaces, par:exemple, à la surface d’un:domairie ou d’une propriété particulière, ow d’uhe‘commüune. M, de 528 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Caumont a fait hommage à l’Assemblée: et aux membres du Conseil général de la Lozère, d’une notice imprimée qui contient les indications nécessaires pour dresser de semblables cartes. | M. Dufresse de Chassaigne présente quelques obser- vations , tendant à établir les avantages que l’agriculture peut retirer des études géologiques et de la connaissance des sous-sols. C’est à l’aide des renseignements fournis par cette étude que des améliorations importantes ont pu être apportées, dans les environs de Cognac , à la culture de la vigne et à la production des eaux-de-vie renommées de cette partie de la Charente, EXCURSION GÉOLOGIQUE DU 26 AOUT. Le 26 août, une excursion géologique a été faite, à sept lieues de Mende , dans les cantons de St.-Amand et de Sérverette. La Compagnie n’a pas tardé à quitter les terrains de sédiment pour entrer dans la zône granitique, et, pendant cinq lieues, elle n’a cessé d'observer les variétés de cette roche, les accidents produits par les blocs de granit. A Javols, où la Compagnie s'estarrêtée, pour examiner les fouilles exécutées récemment par la Société française d'archéologie et les nombreux fragments découverts précédemment { Voir, à la page suivante, la représentation d’une colonne milliaire et d’un autel votif). Elle a été reçue par M. de Rouville, qui lui a offert à son château la plus aimable hospitalité. De là, la Compagnie est allée à Serverette, où M. de Moré lui a fait voir la remarquable collection géologique et paléontologique des terrains de la Lozère. ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN., 599 ALBANIS E | | NATORIS DOMITIA KV RANDIA AUTEL VOTIF , TROUVÉ A JAVOLS. COLONNE MILLIAIRE, TROUVÉE A JAVOLS. EXCURSION DU 27. Le lendemain 27, plusieurs membres ont fait une excursion à Lanuejols, et visité les montagnes calcaires situées au Sud de la ville. M. de Moré a indiqué à quel étage des terrains jurassiques il rapporte les différentes - zônes qui se dessinent dans les montagnes. Les membres des. Assises présents à cette course sont ensuile allés visiter le curieux. monument de Lanuejols , situé sur le bord d'une vallée , derrière les montagnes de 23 530 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Mende. Cette course a présenté un grand intérêt, au double point de vue de la géologie et de l’archéologie. Les autres séances des Assises scientifiques du Gévau- dan ont été remarquables par le grand nombre de docu- ments fournis par les membres, sur l’agriculture et l’in- dustrie du pays; l’espace consacré aux Comptes-rendus , dans l'Annuaire, étant très-limité, nous nous bornons à publier quelques-unes des notes présentées à la réunion. OBSERVATIONS Sur la distribution des espèces végétales phanérogames dans le plateau et les deux versants de la Margéride (Lozère ), Présentées aux Assises scientifiques du 27 août 1857, à Mende ; Par M. l'abbé J.-B, Ranvrer, vieaire, à Grandrieu, La Margéride , c’est cette chaîne de sommets grani- tiques dont l’axe se relie d’un côté à la Lozère, et se diri- geant entre le Nord et l'Ouest, traverse les limites de notre département pour aller se joindre aux montagnes d'Auvergne. Voilà la partie de notre pays à laquelle s’ap- pliquent les observations que j'ai l'honneur de présenter ici, C’est un espace d’environ 60 kilomètres de longueur sur une largeur moyenne d’un peu plus de 26 kilomètres. [, SOMMETS PROPREMENT DITS ET INTERVALLES { 8 kilomètres }, Point le plus élévé, 1,580 mètres, Sur les sommets dominants on ne voit guère que quatre espèces, représentées par un nombre un peu considérable d'individus. Ce sont : Erica vulgaris, L. ; Vaccinium ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 531 myrlillus, L. ; Vaccinium vitis idæa, L. ; et Alchemilla alpina, L., qui croît autour des rochers et s’établit même sur leurs flancs quand ils sont recouverts d’une légère couche de terre. Mais si l’on se promène sur jdée plateaux qui s'étendent autour des mamelons hérissés de roches granitiques , on marche sur un gazon serré, composé de brins raides, sétacés, du milieu desquels s’élèvent de petites tiges fili- formes portant des épis grêles aux écailles violettes : c’est le Nardus stricta, L., qui est ici comme dans sa patrie. Le Juncus squarrosus, L. , paraît tenir dans ces lieux la seconde place. Ces deux monocotylédones semblent se partager, par le nombre, l'empire de ces solitudes déso- lées par les longs hivers: et l’on dirait que les autres plantes ne peuvent s’y établir qu'avec l'agrément de ces _ vieux possesseurs du désert. | L'Erica vulgaris, L,, y occupe aussi une large place et, en automne , quand toute trace de végétation va dis- paraître, ses grappes roses embellissent encore des plaines entières. Voilà les plantes qui dominent et qui semblent là véri- tablement. chez elles. Les autres paraissent exilées de leur vrai pays : elles n’y acquièrent qn’un développement très-borné, leur floraison et leur fructification sont très- tardives et souvent tellement imparfaites qu’on a de Ia peine à reconnaître les caractères qui distinguent l’espèce. Citons quelques exemples : Le Ranunculus nemorosus, D. C., espèce très-vivace, qui acquiert ailleurs un beau développement, est ici tellement petit, qu’au premier abord, on ne le recon- naît pas , et que plusieurs le confondent avec le Ranun= culus montanus, Widt, 532 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. L’Anemone nemorosa , L. , sy montre aussi, et elle incline ses blanches corolles sur les bruyères noircies par les frimats, mais ses tiges sont frêles et tout-à-fait naines. Le Thlaspi alpestre, L., y est représenté par üne va- riété dont les grappes blanches et les vertes feuilles brisent agréablement, au mois d'avril, la monotonie des gazons encore endormis ; mais ce ne sont toujours que des plantes naines, en comparaison des beaux TA!aspi qui habitent les flanes de la montagne. Ilenest de même des Festuca cærulea, D. C., qu’on rencontre quelquefois dans les endroits humides. Ils y sont d’unégracilité surprenante ; leurs épillets même n’ont jamais qu’une fleur fertile, de sorte qu’on dirait une espèce inconnue jusqu'ici aux botanistes. Deux plantes pourtant font exception à cette règle qu’on peut dire générale; ce sont le Scorzonera plantaginea;, Schil., et le Phyteuma nigrum, Sm. J'ai rencontré de très-beaux individus de ces deux espèces, au sein même de la montagne, notamment entre le rocher de Fenes- tres et le pic de Randon. Je dois faire remarquer aussi que les prairies de Char- pal, situées presque aux sources de Ja Cologne, sont dans des conditions exceptionnelles. Là, en effet. la culture a facilité l'introduction de plantes nouvelles au plateau, et donné à celles qui s’y trouvaient déjà établies un déve- loppement qu'elles n’acquièrent jamais dans les autres quartiers placés à la même hauteur. | Les douze espèces que je viens de nommer ne sont pourtant pas les seules que l’on trouve sur les sommets et les plateaux de la Margéride : on y en rencontre un grand nombre d’autres: voici celles que j’y ai observées : Renonculacées. Ranunculus flammula, L.; Ranun- culus palustris , L, ; Caltha palustris, L, ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 533 Crucifères. Cardamine pratensis, L.; Draba verna, L, ; Teesdalia nudicaulis , R. Br. Violacées. Viola palustris, L. : Viola canina, L, ; Viola tricolor L. ; Viola sudetica, Wild. Droséracées. Drosera rotundifolia, L.; Parnassia palustris , L. Polygalées. Polygala vulgaris, L. (plusieurs variétés) ; Polygala alpestris, Reich. Caryophyllées. Dianthus carthusianorum , L.; Larbrœæa aquatica , Saint-Hill, ; Cerastium pumilum, Curt. (var. alsinoïdes ). Légumineuses. Genista anglica, L. ; Trifolium repens, L, ; Trifolium pratense, L. ; Lotus corniculatus , L. (var. crassifolius ) ; Lotus uliginosus, Schk. Rosacées. Potentilla Tormentilla, Sibth. ; Comarum palustre , L, ; Alchemilla vulgaris, L,:; Poterium sangui- sorba, L. Onagraires. Epilobium palustre, L. Saxifragées. Saxifraga stellaris, L Ombellifères. Carum verticillatum , L. ; Pimpinella saxifraga, Koch. ; Bunium bulbocastanum, Koch. ; An- gelica pyrenaïca , Spreng. Rubiacées. Galium verum, L. ; Galium palustre , 4; Galium pedomontanum, All. (var.). Valérianées. Valeriana dioica , L. Dipsacées, Scabiosa suceisa, L, Synanthérées. Gnaphalium dioicum, L. ; Achillæa millefolium, L. ; Chrysanthemum leucanthemum, L. ; Taraxacum officinale , Vill, ; Hieracium pilosella, LE, ; Hieracium auricula, L. ; Hypochæris radicata , L. ; Leon- todon autumnalis, L. Campunulacées. Jasione perennis, L. (tellement petite #7 nn... 53! INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. qu'on peut aisément la confondre avec le J. humilis , Persoon) ; Campanula rotundifolia, L, Gentianées, Gentiana campestris , L. Personées. Rhinanthus minor, Ehrh.; Pedicularis palustris , L. Labiées. Thymus serpylum, L. Polygonées. Rumex acetosella, L.; Rumex acetosa, L.; Polygonum bistorta, L. Amentacées. Salix repens , L. Orchidées. Orchis divaricata, Bich.; Orchis latifolia, L. Joncées. Juncus effusus, L.; Juneus conglomeratus, L.; Juncus botnicus, Wahlemb.; Juncus lampocarpus, Ehrh. ; Juncus tonagera, L.: Luzula campestris, D. C. Cypéracées. Eriophorum vaginatum, L. ; Eriophorum polystachyum, L.; Carex stellulata, Good ; Garex leporina, E. ; Carex nigra, AÏl, ; Carex montana, L. Graminées. Agrostis vulgaris, With. ( plusieurs va- riétés ) ; Aira cæspitosa, L. ; Aira flexuosa, L. ( variété montana) ; Poa annua, L.; Poa alpina, L.; Festuca ovina, E. variété; Festuca duriuscula, L. ; Festuca rubra, L, ; Festuca poœæformis, Host. De sorte que 27 familles se trouvent représentées dans cette étendue accidentée de sommets arides, de vallées her- beuses, et de plaines couvertes de bruyère. Ces 27 familles donnent environ 90 espèces dont j'ai moi-même récolté des échantillons. J’omets, à dessein, quelques plantes que lon peut considérer comme sporadiques , et qui se trouvent abondamment dans les zônes inférieures de la montagne. | ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 535 I. première zÔôNe ( 9 kilomètres }, Point le plus élevé, 1,380 mètrese - Quoique lespace que nous embrassons dans cette étude soit bien restreint, qu’il me soit permis, de remarquer qu’un des principes élémentaires de la géographie botanique trouve ici son application. Le nombre des espèces végétales diminue à mesure qu’on s'éloigne de l’équateur , et il augmente à mesure qu’on s’en rapproche. De sorte qu'on pourrait dire que le maximum des forces vitales se trouve dans la région limitée par les tropiques, et qu’elles vont en décroissant graduellement jusqu’à ce qu’elles s’annulent tout-à-fait sous les glaces éternelles qui couvrent les pôles. Rien ne prouve mieux l'influence de la chaleur et de la lumière sur les êtres qui jouissent de la vie. Le nombre de leurs espèces et la vigueur de leur organisation paraissent en général être en raison directe de leur participation à ce double bienfait de la Providence. Les plantes qui sont peu nombreuses sur les sommets des montagnes et qui se développent difficilement, sous un ciel presque constamment sombre et nuageux , pré- sentent un aspect tout différent dans les stations infé- rieures , où elles jouissent plus souvent et plus long- temps d’une douce chaleur et d’une vive lumière. Nous ne serons donc pas supris, si, en descendant sur les flancs de notre Margéride, nous voyons nos espèces végétales déjà citées, présenter des formes plus riches et plus vigoureuses; si nous les rencontrons en compagnie d’une foule d’autres végétaux que nous n'avions pas vus dans la partie de la montagne que nous venons de parcourir. 536 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Cette zône est la station presque exclusive de cette variété de Fagus sylvatica , L., connue sous le nom de fayard de montagne, dont la croissance est si lente et le tissu ligneux si compacte , qui s'étend en forêts ver- doyantes quelquefois depuis la eîme des monts jusqu’à leur base, | C'est là aussi qu’on rencontre un grand nombre de fontaines aux eaux fraîches et limpides qui sont les sources d’une foule de ruisseaux et donnent naissance à plusieurs de nos principales rivières. Ces forêts , les vallées d’abord peu profondes, les eollines aux pentes douces, nourrissent une variélé considérable de plantes remarquables. Voici la liste de toutes celles qu’on peut y observer: Renonculacées. Thalictrum aquilegifolium, L. (C’est une des plus belles plantes de la montagne; elle devient plus abondante, à mesure qu’on descend dans les vallons); Anemone pulsatilla, L.; Anemone nemorosa L.; Ranunculus aquatilis, L. (fluitans }; Ranunculus aconi- tifolius , L, ; Ranunculus platanifohus , L. | | Ces deux belles espèces apparaissent presque dès Forigine des vallées ; elles habitent ensemble, et couvrent de leurs touffes luxuriantes les lieux d’où jaillissent des eaux fraiches. Dans la partie la plus élevée de la zône , leur taille ne s'élève pas à plus de 20 centimètres , tandis que, dans la partie la plus basse , elle atteint jusqu’à 80 centimètres. Cette zone de la montagne semble, au reste, être tellement leur station naturelle , que leurs semences entraînées par les eaux sont stériles dans les pays moins froids. Ainsi , dans la vallée de la Truyère, on les observe au-dessus de - la Villedieu , mais pas au-dessous des Estrets; dans la vallée de l’Ance, depuis Fenestres jusqu’au-dessous du ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN, 537 Chambon; dans les vallées du Chapeauroux et de Grandrieu , presque depuis les sources de ces deux rivières jusqu’à Entraygues , où elles mêlent leurs eaux ; jamais je n’ai pu les rencontrer au-dessous de ces trois points. Ranunculus auricomus , L. (Var, naine) ; Ranunculus nemorosus, D. GC; Trollius europæus, L. Papavéracées. Papaver dubium, L. Corydalées, Fumaria claviculata, L. ; Fumaria offici- nalis , L. Crucifères. Raphanus raphanistrum, L.; Brassica Cheiranthus , Will, ; Brassica erucastrum , L. ; Barbarea vulgaris , R. Br, ; Cardamine 'pratensis, L, ; Nasturtium officinale, R. Br. ; Draba muralis, L. Gistées. Helianthemum vulgare, ( Gœrtn. ). Violacées. Viola canina, (var. lucorum, Rchb. ); Viola palustris, L. (var. pyrenaica, Ram. }. Caryophyllées. Dianthus atrorubens, Lois: Dianthus cæsius, Smith ; Silene inflata, Smith ; Silene italica, Viv.:; Stellaria media, Will ; Stellaria holostea , L, ; Cerastium arvense , L. Hypéricées. Hypericum humifusum, L. ; Hypericum perforatum, L. Malvacées, Malva rotundifolia, L. Géranices. Geranium pratense, L.: Geranium sylva- ticum, L. ; Erodium cicutarium, Smith. s Légumineuses. Genista sagittalis, L; Genista tinctoria L, (var, umbrosa); Genista pilosa , L, ; Genista purgans, D. G; Spartium scoparium, L, ; Trifolium arvense, L, ; Trifolium agrarium, Schreb, ; Trifolium filiforme, L, : Vicia Dumetorum, L. ; Vicia cracca , L, ; Lathyrus pra- tensis, L, ; Orobus tuberosus , L, 038 INSTITUT DÉS PHOVINCÉS DE FRANCE. . Rosacées: Spiræa ulmaria, L.; Geum rivale, L.; Rubus hybridus, Vill. Rubus idæus, L.; Fragaria vesca, L.; Rosa alpina, L.; Rosa canina, L. (plusieurs variétés) ; Cratægus oxyacantha, L. (var. apiifolia) ; Sorbus aria, Crantz; Sorbus aucuparia, L. Onagraires, Epilobium montanum, L. Crassulacées, Sedum annuum , L, ; Sedum acre , L. ; Sedum album, L. ; Sedum elegans, Lejeune ; Sedum villosum , L. ; Sedum hirsutum, Al, Grossulariées. Ribes petræum, Vulf, Saxifragées. Saxifraga granulata, L.; Chrysosplenium oppositifolium, L ; Chrysosplenium alternifolium, L, Ombellifères. Conium maculatum , L,; Chærophyllum sylvestre, Vill. ; Chærophyllum hirsutum, Vill, ; Meum athamanticum , Jacq. ; Angelica montana, Schleich. ; Heracleum ii Godron, Caprifoliacées. Lonicera nigra, L,; Sambucus nigra L. ; Sambucus racemosa , L. | Rubiacées. Asperula odorata, L,3; Asperula cynan- chica, L, ; Galium cruciata, Scop. ; Galium mollugo , L. ; Galium aparine, L. Dipsacées. Scabiosa arvensis, L. ( var. _hispide F Scabosia columbaria , L, Synanthérées. Cacalia albifrons, L.; Senecio vulgaris , L.; Senecio artemisiæfolius, Pers, ; Senecio doronicum, L.; Senecio Gerardi, Godron ; Arnica montana, L., Solidago virga aurea, L. C’est une des plantes les plus remarquables de notre montagne. Elle croît souvent entre les rochers, et élève ses panicules d’or au milieu des touffes de hêtre. Chrysanthemum inodorum, L. ; Chrysanthem. leucan- themum , L. ; Centaurea cyanus, 14; Centaurea jacea, EL, ; ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 539 Carduus nutans, L.; Cirsium palustre, Scop.; Cirsium eriophorum, Scop.; Lampsana minima, Lam.; Prenanthes purpurea, L. Encore une autre belle plante de notre montagne : sa taille d’un mètre, ses feuilles si vertes , ses fleurs de pourpre, sé développant en larges corymbes , lui Fons l'aspect le plus attrayant, Hypochæris maculata, L.; Hypochæris pinnatifida, Cyr. … Campanulacées. Phyteuma nigrum, Smith, Cette plante se montre sous un grand nombre de formes. Tantôt elle est robuste, munie de feuilles larges et nombreuses; tantôt elle est grêle ; ses épis sont petits, ses feuilles étroites et peu nombreuses. Du reste, elle est commune sur cetté partie de notre montagne où l’on ne rencontra jamais le. P. spicatum. Campanula linifolia , Lam. - Monotropées, Monotropa hippopitys, Valr. Gentianées. Menyanthes trifoliata, L. ; Gentiana lutea, L. ; Gentiana pneumonanthe, L. Borraginées. Myosotis palustris , Vith, ; Myosotis versicolor, Persoon; Myosotis stricta, Link. - Personées. Orobanche rapum , Thuill, ; Melampyrum pratense , L. Je ne puis m'empêcher de dire qu’il existe sur notre montagne une variété, fort remarquable de cette plante. Elle est entièrement inconnue jusqu'ici, et je pense que les botanistes, après l’avoir observée, lui trouveront des caractères assez tranchés, pour la ranger au nombre des espèces. ; Rinanthus major , Ehrh. ; Euphrasia némorosa , Pers. (var, alpestris ) ; Digitalis purpurea, L, On la trouve quelquefois au milieu des champs incultes, 540 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. C'est dans le bois de St.-Denis qu’on voit la belle variété à fleurs blanches immaculées, Veronica verna, L.; Veronica serpyllifolia, L. : Vero- nica anagallis, L. Labiées. Thymus serpyllum, Pers. : Melissa grandi- flora, L.; Lamium album, L. ; Betonica officinalis , L. (var. glabrata). Plumbaginées. Armeria plantaginea, Wilde. Plantaginées. Plantago major, Bert. ; Plantago lan- ceolata , L. ; Plantago caricinata, Schrad. Chénopodées. Polyenemum arvense, L. Polygonées. Polygonum avieulare, L, Thymélées.. Daphne mezereum , L. Urticacées. Urtica dioica, L, ; Urtica urens , L. Amentacées. Salix cinerea, L. ; Populus tremula , L. : Populus virginea, Desf. ; Betula alba, L. ; Fagus sylva- tica, L. Gonifères. Pynus sylvestris, L.; Juniperus communis, L, Potamées. Potamogeton natans, L. Orchidées. Orchis bifolia, L. Amaryllidées. Narcissus pseudonarcissus, L. ; Nar- cissus poeticus , L. Asparaginées. Paris quadrifolia, L. ; Maianthemun: bifolium , D. C. Liliacées. Allium victorialis, E, Graminées. Alopecurus pratensis, L.; Phleum pratense, L, ; Holcus lanatus, L. ; Holcus mollis, L. ; Anthoxanthum odoratum , L. ; Poa cæspitosa, Lois; Poa sudetica, Hænke ; Poa nemoralis, L. ; Dactylis glomerata . L. ; Fes- tuca spadicea , L,; Lolium perenne , L, ; Lolium multi- florum , Lam, ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 541 Équisétacées, Equisetum arvense, L, ; Equisetum syl- vaticum, L. rio Fougères. Blechnum spicant, Roth. Lycopodiacées. Lycopodium clavatum , L. Ces espèces appartiennent à quarante-trois familles naturelles ; un grand nombre d’entr’elles sont repré- sentées à peu près dans toute la zône à laquelle je les . attribue , d’une manière spéciale. Quelques-unes ne se trouvent que dans une ou deux localités, et ne paraissent pas davantage dans la zône inférieure. C’est ainsi que le Fumaria claviculata L., n’a été trouvé que sur les rochers couverts de mousse , des bois des Merles et de Combrets ; et l’Orchis bifolia, à Colagnes-Basses et à St.-Sauveur. III, seconpe z0NE ( 9 kilomètres ). Point le plus élevé 1,218 mètres, } Dans cette zône , on rencontre à peu près toutes les plantes du plateau et de la première zône. Cette partie de notre montagne est très-accidentée, et renfermant des bois exposés au Nord , offre une foule de. sites conve- nables aux plantes des régions plus froides. Gependant les espèces qui, à elles seules, forment les gazons des plateaux deviennent de plus en plus rares à mesure qu’on s'éloigne des sommets. On comprend que leur organi- sation est faite pour les climats les plus rudes , et qu’une température plus douce les laisse mourir. Si parfois elles essaient encore d'établir çà et là leurs touffes sauvages , c'est toujours sur les points les plus élevés. On voit qu’elles redoutent l’air tempéré des vallées, Ainsi, les hommes nés et nourris sous le ciel glacé du Nord se 542 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, trouvent mal à l’aise dans les plaines riantes du Midi Voici les nouvelles plantes dont j'ai constaté la présence dans cette seconde zône : Renonculacées. Anemone pulsatilla, L, ; Senencehs bulbosus, L. ; Helleborus viridis, L. ; Aquilegia vulgaris, L. ; Aconitum lycoctonum, L, ; Aconitum paniculatuim, Lam. ; Actæa spicata, L, . Papavéracées. Chelidonium majus, L, Corydalées. Corydalis solida, Smith, Crucifères. Sisymbrium officinale, Scop. ; Sisymbrium sophia, L. ; Alliaria officinalis, Andr, ; Arabis hirsuta, D. C. ; Arabis ciliata, Koch. ; Dentaria digitata, Lam. ( variété ); Cardamine hirsuta, L. ; Capsella bursa pas- toris, Mœnch, ; Thlaspi arvense, L,. Résédacées. Reseda luteola, L. Caryophyllées. Dianthus prolifer, L.; Saponaria ocy- moides, L. ; Sagina apetala, L. ; Spergula pentandra, L, ; Spergula nodosa, L.; Lychnis viscaria, L.:; Lychnis dioica, D. C. ; Lychnis flos cuculi , L. ; Lychnis gitago, Lam. ; Stellaria graminea, L. Linées. Linum catharticum, L, - Malvacées. Malva moschata, L. Acérinées. Acer campestre, L. Géraniées. Geranium pyrenaicum, L,; Geranium nodosum, L. ; Geranium Robertianum, L. Oualidées. Oxalis acetosella, L, Légumineuses. Ononis spinosa , L. ; Ononis repens , L. ; Anthyllis vulneraria, L. ; Medicago orbicularis, AI : Melilotus pierranea, Rchb. ; Trifolium sylvaticum, Ger. ; Ornithopus perpusillus, L Rosacées, Potentilla intermedia , L. ; Cerasus padus, ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 543 D. C. ; Rubus cæsius, L. ; Agrimonia eupatoria, L. ; Amelanchier vulgaris, Has Onagraires. Epilobium angustifolium, Lam. Crassulacées. Sempervivum tectorum, E.; Semper- vivum arvense, Lecoq. ; Cotyledon umbilicus, L Saxifragées, Saxifraga tridactylis, L Ombellifères, OEtusa cynapium, L. ; Carum carvi, L. ; OEnanthe ppaediatolns Poll, ; cé TIRE trilobé , ) Lap. Gaprifoliacées. Sambucus ebulus, L.; Viburnum lantana, L. Rubiacées, Galium tenuifolium , D, C. ( variété ); Galium sylvestre, Poll. Valérianées, Valeriana tripteris, L, ; Valerianella olitoria, Wildenow. Synanthérées. Senecio viscosus, L, ; Sendel aqua- ticus, Hud,; Doronicum pardalianches, Wild. ; Doronicum austriacum , Jarq. ; Conyza $Squarrosa , L, ; Gnaphalium sylvaticum, L.; Gnaphalium uliginosum, L.; Filago ar- vensis, L.; Bellis perennis, L. ; Artemisia vulgaris, L.: Artemisiaabsinthium, L. ; Serratula tinctoria, L.; Centaurea montana, L.; Carduus nigrescens, Vill ; Cirsium arvense, Scop.; Girsium acaule, All; Cirsium erisithales , Scop, ; Cirsium canum, Bieb.; Carlina corymbosa, L. ; Lampsana communis, L.; Prenanthes viminea, L.; Sonchus oleraceus, L, ( plusieurs variétés); Crepis virens, Vill.; Soyeria gran- diflora , Monnier. ; Hieracium paludosum , L. ; Hieracium umbellatum , L.; Leontodon crispus, Vill; Tragopogon pratensis, L, Campanulacées, Phyteuma spicatum, L. ( variété cæruleum); Phyteuma orbiculare, L. (variété comosum ): Prismatocarpus speculum, Lhérit, ; Campanula glome- 544 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. rata, L. ; Campanula trachelium, L, ; Campanula persi- cifolia , L. ; Campanula patula, L, ; Walembergia hede- recea , Schrard. Ericinées. Pyrola uniflora, L, ; Pyrola rosea, Smith, ; minor , L. fe Convolvulacées. Convolvulus arvensis, L. ; Cuscuta Europæa, L. Borraginées. Echium vulgare, L.; Lithospermum arvense, L.; Pulmonaria angustifolia , L. ; Borrago offici- nalis, L, | Solanées. Solanum nigrum, L. ( variété )}; Solanum dulcamara, L.; Hyosciamus niger, L.; Verbascum nigrum , L. ; Verbascum thapsus, L, ; Verbascum lich- nitis, L. Personées. Pedicularis sylvatica , L. ; Euphrasia odon- tiltes, Duby; Digitalis lutea, L.; Scrophularia nodosa, L. ; Anarrhinum bellidifolium , Desf, ; Linaria repens, Stend. ; Veronica hederæfolia , L, ; Veronica officinalis, L, ; Veronica chamædrys, L. Labiées. Mentha arvensis, L. (2 variétés) ; Mentha _sylvestris , L. (3 variétés) ; Melissa nepeta, L. ( variété) ; Melissa acinos , Benth. ; Melissa officinalis, L. ; Lamium maculatum , L. ; Lamium purpureum, L. ; Lamium galeobdolon , Crantz ; Galeopsis dubia, Leers ; Galeopsis tetrahit. L. (2 variétés), Ballota nigra , Smith ; Leonurus cardiaca, L, ; Glechoma hederacea , L. ; Brunella vul- garis, L.; Brunella alba, Poll.; Ajuga genevensis, L,; Ajuga repens, Teucrium scorodonia, L.; Teucrium Botrys, L. Primulacées. Primula veris, L.; Primula elatior, Jacq. ; Lysimachia vulgaris, L. Amaranthacées. Amaranthus ascendens, Lois. ; Ama- ranthus blitum, L,. ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 545 Chénopodées. Chenopodium album, L. ( v. viride ) ; Chenopodium rubrum, L. ; Chenopodium hybridum, L. ; Chenopodium bonus Henricus , L, ; Atriplex latifolia, Vahl, ; Atriplex patula, L, Polygonées. Rumex scutatus, L. ; Polygonum amphi- bium, L. ; Polygonum hydropiper, L.; Polygonum du- metorum, L. Santalacées. Thesium alpinum, Thuil. Euphorbiacées. Euphorbia dulcis, Sibth. ; Mercurialis perennis, L. Urticacées. Ulmus campestris , Smith ; Humulus lupulus , L Araliacées., Adoxa moschatellina, L.; Hedera helix, L. Amentacées. Salix daphnoides, Will. ; Salix vimi- nalis, L. ; Salix pentandra, Thuill. ; Alnus glutinosa, Gærtn. ; Quercus robur , L. Conifères. Abies excelsa, D. C. Orchidées. Orchis coriophora, L. ; Orchis ustulata, i Orchis sambucina, L.; Orchis incarnata, Wild. ; Orchis conoposea , L, ; Orchis mascula , L. ; Orchis pauciflora, Ten. ; Orchis viridis, Crantz; Epipactis ensifolia , Sv. 1ridées. Iris pseudoacorus , L. ; Crocus vernus ( AI, } Aspréaginées. Convallaria polygonatum , L. ; Conval- laria verticillata , L. Liliacées, Lilium Martagon, L.; Tulipa celsiana , D. C. ; Muscari comosum, Mill, ; Scilla bifolia , L, ; Ornitho- galum umbellatum , L. ; Anthericum liliago, L, Colchicacées. Colchicum autumnale, L. ; Veratrum album , L. Joncées, Luzula nivea, D. C. Typhacées, Sparganium ramosum, Huds, 546 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Cypéracées. Scirpus uniglumis, Koch. ; Scirpus palus- tris, R. Br, ; Carex ampullacea , Good. Graminées Phalaris nodosa, L:; Phalaris arundinacea, L. ; Calamagrostis montana, D. C. ; Calamagrostis sylva- tica , D. G,; Avena flavescens, L.; Avena pubescens, L. ; Avena pratensis, L.; Avena elatior, L. (var.); Danthonia decumbens, D. C.; Briza media, L. ; Briza minor, L. : Kœæleria valeriana, Good ; Cynosurus cristatus, L.; Festuca Thomasiana, Gay, ; Festuca Michelii, Bert. (var.); Fes- tuca violacea , Gaud. ; Festuca pumila, Will. ; Festuca pratensis, Hudson; Festuca elatior , L. (var. littorea) ; Festuca aquatica, Host. ; Festuca Phœnicoides, L. ; Bro- mus sterilis, L.; Bromus mollis, L. ; Triticum repens, L. . Fougères. Polypodium vulgare , L. ; Polypodium dryopteris, L.; Polypodium calcareum Sm. ; Aspidium filix mas. , Sw.; Aspidium filix fœmina, Sw.; Aspidium fragile, D. C. ; Asplenium septentrionale, Sw.; Pteris aquilina, L. ; Adianthus capillus Veneris, L. . Plantes oubliées. Prunus insititia, L.; Prunus spinosa, L,; Malus acerba , Mérat. ; Pirus malus, D. C.; Achillæa pyrenaica , Sibth. ; Alisma natans , L. _ J'omets à dessein les plantes non spontanées. Les 234 espèces attribuées spécialement à cette zône appartiennent à 49 familles naturelles. Elles sont distri- buées avec une variété admirable autour des villages , dans les champs, sur les rochers, dans les verts pâtu- rages , dans les forêts. Quel délicieux plaisir trouve à les chercher , à les observer, celui que la pensée de Dieu ac- compagne dans ses excursions solitaires! Dans les vastes campagnes , dans l'épaisseur des bois, dans les déserts même , il sent la main du Créateur versant partout des flots de vie, et, dans l’ordonnance et la conservation de ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 547 {ant d'êtres si divers, il reconnaît mille fois que sa sagesse n’est pas moins infinie, moins adorable que sa puissance qui les fit exister. Et maintenant , si nous jetons un coup-d’œil sur les trois listes qui précèdent , nous remarquerons que la se- conde zône contient presque autant d’espèces que les deux autres parties de la montagne. Nous remarquerons encore que la différence numérique des espèces attri- buées aux trois parties est presque la même. De sorte qu’il y a véritablement progression régulière dans le nombre des espèces, à partir des sommets pour se diriger vers les bases des monts. La division géographique que j’ai adoptée dans l'étude botanique de la Margéride pourrait faire supposer que les espèces ne paraissent pas au-dessus des limites que j'ai indiquées. Mais les observateurs savent bien qu’on ne peut ici établir de bornes rigoureuses, et qu’il en est comme de ces couleurs parfaitement tranchées et pourtant mêlées ,. fondues avec tant d’habileté à leur point de contact, que l’œil le plus délicat ne peut déterminer d’une manière précise la ligne géométrique qui les sépare. «De plus, je crois avoir remarqué que, sur le versant sud-ouest , les mêmes espèces s’établissent à un degré d'altitude plus élevé que sur le versant opposé. Citons seulement quatre plantes prises au hasard dans la liste de celles que j’attribue à la seconde zône. Les Aconitum lycoctonum, les Lamium galeobdolon, les Luzula nivea, les Avena pratensis, sur le versant nord-est, ne montent pas au-dessus de Grandrieu, situé à 1,174 mètres d'altitude , tandis que, sur le versant opposé, on les trouve à la Ville-Dieu, dont l'altitude est bien plus considérable. Par contre les Nardus stricta et les Jun- 548 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. cus Squarrosus , qui sont encore assez COMMUNS aux en- virons de Grandrieu , ne paraissent plus à St.-Amans et à Rieutort, qui sont placés au même degré d’al- D ee — MÉMOIRE SUR L'ÉTAT DE L’'AGRICULTURÉ DU DÉPARTEMENT DE LA LOZÈRE ; Par M, le comte de Moranciës. Dans un bon pays il est facile , il est vrai, mais dans un mauvais pays il est très-difficile de faire de la bonne agri- culture. ( Scuwsrz, Préceptes d'agriculture, ) L'agriculture dont je vais parler n’est point celle de la partie méridionale du département , ni de la vallée de Mende, ni de l’arrondissement de Marvéjols. Les terres volcaniques ou calcaires de ces régions, favorisées d’un climat plus doux, voient naître des produits différents de ceux dé la partie granitique qui, presqu'aussi étendue en superficie, contient la Lozère proprement dite. C'est donc là qu’il faut chercher le type de notre agriculture qui , hâtons-nous de le dire, ne brille ni par ses produits ni par ses pratiques : si l’aveu de cette infériorité humilie notre orgueil et blesse notre cœur sincèrement dévoué à la mère-patrie, reconnaissons du moins que l’avenir n’est pas pour nous sans espérance, L'ancien Gévaudan (partie granitique rh la Lozère) renferme les cantons de St.-Chély, Malzieu, Fournels, ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 549 Aumont , Châteauneuf-de-Randon, Grandrieu, Langogne ; partie de ceux de Mende, de Villefort et du Blaymard; quelques enclaves de ceux de Harbinals et de Marvéjols. Traversée ou limitée par les montagnes de la Lozère, de la Margéride et de l’Aubrac, cette région, généralement froide, peu fertile, couverte de neige pendant cinq mois de l’année , offre des expositions et des sites variés, de nom- breuses et étroites vallées qu’arrosent des ruisseaux tribu- taires de l’Allier ou du Lot , et qui vont rejoindre ces deux rivières par les affluents plus ou moins considérables de la Trugère, de la Coulogne , de l’Ance et du Chapeauroux. Le fond de ces vallées, les rampes qui leur servent d’encaisse- ment, les sommets qui les couronnent et s’élèvent gra- duellement jusqu’au pied des grandes chaînes de mon- tagnes, constituent le sol agricole de la Lozère. Les flancs et le sommet des montagnes primordiales, battus par d’éternelles tempêtes, hériss's de rochers, dépourvus de bois, sont recouverts de mousses stériles, de chétifs gazons ou de rares bruyères qui nourrissent les troupeaux transhumans venus des plaines de l'Hérault et du Gard. Lorsque l’on parcourt ces cimes désolées, on comprend que toute culture y devient impossible, moins. encore parce qu’elles manquent de terre végétale, que parce que les moissons ne sauraient y mûrir, et le seul aspect de ces vastes solitudes décourage l’âme de celui qui se croirait assez fort pour venir y planter sa tente et braver ce climat mortel, Si la température est moins rude sur les rampes inférieures soumises à la culture, les froids y sont néanmoins rigoureux, les hivers prolongés, les printemps lardifs, parce que les vents du Nord et du Midi balaient jusqu’à une époque avancée les sommets nei- geux de la Margéride et de la Lozère. Les étés sont courts : 550 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ils comptent des journées brülantes ; mais la température moyenne n’est jamais très-élevée, à cause des courants d'air mulipliés, des fortes rosées qui rafraîchissent la terre , et des pluies fréquentes. Quels que soient les inconvénients du sol et du climat, le montagnard ést attaché à son pays, et, s’il émigre, il aime du moins à revenir au foyer paternel. Simple dans ses goûts, religieux à sa manière, bruyant dans sa joie, rude de mœurs et de langage, souvent doué d’une in- telligence : remarquable, rusé et cauteleux , il devient néanmoins la victime d’usuriers sans pudeur qui exploi- tent son indigence, Généralement pauvre ‘comme son agriculture , il est mal vêtu, puisqu'il n’emploie que les étoffes grossières du pays. La coupe de ses vêtements n'est point propre à le garantir du froid, les tissus indi- gènes, quoique rudes et épais, étant beaucoup moins chauds que des étoffes plus moëlleuses. Sa nourriture n’est point stimulante : elle se compose de pain de seigle, de laitage, d'un peu de viande de porc, de riz, d'orge, de quelques farineux ; pois ou haricots. Le plus souvent il absorbe une masse énorme d'aliments et n’en vaut pas mieux, ne buvant habituellement que de l’eau, il n’use de vin qu’au moment des récoltes et dans ses stations au cabaret. La fréquentation des foires et des marchés pous- sée à l'excès peut être avec raison reprochée à l’agricul- teur lozérien. Pour beaucoup d’entr'eux, ces occasions répétées de déplacement sont une source de dépense et une perte réelle de temps que rien ne justifie, parce que ce ne sont point les transactions commerciales qui les né- cessitent, mais le seul besoin de dissipation. En somme, on peut dire que la population agricole est le plus souvent molle avec les apparences de la force , insouciante pour ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 554 son bien-être sinon pour ses intérêts; peu active, elle tient outre mesure à certaines habitudes de paresse in- vétérée, et laisse facilement échapper, faute d'énergie , les instants propices à l'exécution des travaux d’amélio- ration qui ne peuvent être entrepris que dans la mauvaise saison qu’elle passe dans l’engourdissement, accroupie à côté de l’âtre de ses immenses cheminées qui dévorent le bois sans renvoyer de calorique. Les maisons mal construites, mal distribuées, mal- saines, ayant leur façade postérieure à moitié enfouie dans les terrains en pente auxquels on aime à les adosser, sont humides, peu _aérées, rarement pavées et _ propreté fort équivoque, Les étables, qui font généralement suite aux habite tions et se trouvent en communicatien directe avec elles, ne sont pas construites avec plus d'intelligence. Elles sont basses, étroites, à peine éclairées, mal pavées et remplies d’un fumier croupissant auquel vient se mêler le purin qui n’a pas d'écoulement : au lieu d’enlever les litières, on les accumule pendant des mois entiers au centre ou dans les angles, et c’est au milieu de l’atmo- sphère empestée de ces cloaques que sont condamnés à vivre des animaux mal nourris, jamais pansés , et qui trop souvent sortent de ces foyers de corruption, à moitié dépouillés de poils et rongés par la vermine. - Le bétail qui naît et grandit dans d'aussi mauvaises conditions hygiéniques ne peut être ni beau ni vigoureux, car il ne reçoit qu’une nourriture insuffisante pendant l'hiver : si l'été il a moins à souffrir de la faim, on ne peut assurer qu’il soit jamais complètement rassasié, parce qu’il erre, des journées entières, sur des pâturages souvent peu fertiles et toujours chargés d’un trop grand nombre 552 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. d'animaux. Les prairies , dont l'herbe excellente pourrait contribuer à augmenter la masse de nourriture d'hiver, auraient besoin d’être convenablement irriguées, de re- cevoir quelquefois des engrais, et surtout de ne point être, au printemps, soumises à une dépaissance qui se prolonge jusqu'aux premiers jours de mai. L’irrigation serait d’au- tant. plus facile à pratiquer que des cours d’eau sillonnent presque constamment les nombreuses vallées où elles sont situées, et que des sources, pour ainsi dire intarissables, jaillissent dans les herbages qui couvrent les sommets in- termédiaires et même dans ceux qui se trouvent sur les points culminants du pays. Si l’on cultivait mieux les -pacages consacrés uniquement à la dépaissance; si l’on desséchait les parties où l'humidité surabonde, au moyen de rigoles qui serviraient en même temps à l'irrigation des parties sèches, on en augmenterait considérablement la valeur, et celle-ci ne pourrait que s’accroître encore si on enlevait les plantes adventices et les végétaux parasites qui encombrent le sol. Les communaux, qui forment une part assez considé- rable du domaine agricole, sont la plupart du temps des espaces gazonnés, mais presque totalement perdus pour la dépaissance , quoique l’on s’obstine à y main- tenir constamment la plupart des animaux de la commune. Leur stérilité relative provient uniquement de ce qu’ils sont chargés de trop de têtes de bétail, et de ce qu’on ne laisse pas au gazon le repos nécessaire pour qu'il puisse s’assimiler les engrais qui le recouvrent. Aussi le rendement de ces sortes de terrains ne dé- passe-t-il pas 3 fr. par hectare dans l’arrondissement de Mende, et s’abaisse-t-il encore au-dessous de ce chiffre dans les cantons voisins. ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN, 553 Pour utiliser les herbages de ses montagnes, la Lozère possède deux races principales d'animaux : les moutons et les bêtes à cornes. Quelques cultivateurs élèvent en outre des mulets et des poulains (environ 3,000 pour tout le département). Mais ce genre de produit ne peut entrer en comparaison avec les deux autres, dont l’un surtout, l'éducation des bêtes à laine, semble appelé à devenir la première de nos industries et une source inépuisable de richesses. Robustes, peu exigeantes, pouvant subir sans trop souffrir les privations prolongées, nos bêtes à laine supportent également bien les intempéries et ks diètes forcées auxquelles on a la funeste habitude de soumettre, dans ce pays, tous les animaux possibles : sur les sommets presqu'inaccessibles, sur la pente des col- lines escarpées, dans les anfractuosités qui semblent sté- riles , le mouton lozérien sait trouver une nourriture suffisante à son entretien. Mais, si la viande d'animaux nourris de plantes aromatiques est en général d’un goût remarquable, il faut convenir du moins que ce régime, par trop économique, ne contribue ni à améliorer la laine ni à donner aux élèves la précocité que l’on demande aujourd’hui aux races de boucherie, Les bêtes à laine ne consomment, depuis le jour de leur naissance jusqu’au sévrage, que le lait de leurs mères et un peu de fourrage choisi dont on ne leur permet pas de manger à satiété : une fois la première période de leur existence franchie, c'est presque la seule nature et la Providence qui pour- voient à leur vie. Jamais elles ne reçoivent de grains ou de rations supplémentaires : leur croissance est lente par conséquent, et ce n’est qu’à trois ans accomplis qu'on peut les engraisser; cet âge même est sou- vent dépassé , et, si le régime auquel elles ont été sou- 2! | 554 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. mises jusqu'alors est, jusqu’à un certain point, écono- mique ; il n’en saurait être de même de leur engraisse- ment, parce qu’elles consomment, seulement pour se mettre en chair, une nourriture beaucoup plus considé- rable que celles qui ont été toujours bien entretenues, La conformation des moutons lozériens ne se rapproche nullement du type recherché aujourd’hui pour la bouche- rie. La longueur de leur cou, la hauteur de leurs jambes de devant, la maigreur relative des quartiers de derrière, le peu de profondeur de la poitrine, la carrure insuff- sante des reins en font, sous ce rapport, des animaux défectueux, plutôt taillés pour le saut et la course que pour l’engraissement. Sans méconnaître ce que cette con- formation peut avoir d’avantageux avec les conditions d'existence qui leur sont faites, et en dépit du respect que l’on porte au type traditionnel du mouton indigène , on pourrait peut-être, au moyen de croisements avec des races étrangères , donner plus d’ampleur à leurs formes et amoindrir leur charpente osseuse. La Lozère trouvait autrefois, pour les étoffes de laine qu’elle fabrique, un placement avantageux, non-seule- ment dans le pays, mais à l'étranger ; aujourd’hui ces tissus grossiers sont repoussés de la consommation , et le prix des laines se ressent de cet arrêt de la fabrication. Ge n’est pas, sans doute, à celte cause seule qu'il faut at- tribuer l’avilissement du prix des toisons-: avec des bêtes très-rustiques, mal nourries, mal soignées, dont on ne suryéille ni l’appareïllement ni la jeunesse, on ne peut obtenir des laines remarquables, ni même su- périeures à celles d'aujourd'hui. Cette branche de nes produits aurait besoin d’une réforme radicale ; maisavant de l’entreprendre, il s'agirait de savoir si l’on peut dans le ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN, 555 pays obtenir des toisons fines, d'animaux de boucherie plus précoces et mieux conformés ; et, dans le cas con- traire , on devrait opter entre la production de la laine ou celle de la viande. Enfin, si le commerce des étoffes indi- gènes semble avoir fait son temps, il n’est pas dou- teux qu’il y aurait avantage à introduire la fabrication d'objets ayant cours , tels peut-être que les tapis ou la draperie commune, dont certains départements et usines semblent vouloir s’altribuer le monopole, Quoi qu’il en soit, en raison même de sa position excep- tionnelle , de son climat et de la nature du sol, le pays ne peut que gagner à perfectionner et à multiplier les bêtes à laine : car la Lozère ne compte pas moins de : ‘230,831 hectares de landes, pâtis ou bruyères , 73,993 — de jachères, 72,248 — de terres ensemencées, 838,271 — de prairies fauchables. Total 415,343 — de terres de toute nature, ser lesquelles vivent : 37,000 bêtes à cornes, 373,000 bêtes à laine. Total 410,000. En comptant, selon l'usage, dix bêtes à laine pour une bête à cornes, on obtiendrait un chiffre équivalant à 743,000 moutons : moins de deux têtes par hectare. Ce chiffre serait même. encore réduit, si l’on avait fait figurer, parmi les terres à dépaissance, les châtaigneraies, : les bois et les champs en prairies, d’où, en général , on n'exclut pas les troupeaux. Or, en modifiant tant soit peu lagriculture, en fermant la contrée aux bêtes du Languedoc, dont le nombre monte à 7 ou 800,000. 556 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. on pourrait, je crois, sans peine augmenter de près du double l'effectif de nos troupeaux ; car il est difficile de comprendre pour quelle raison on livre aux étrangers, moyennant une chétive redevance, les herbages que les indigènes pourraient utiliser à leur profit (4). L’accroissement des troupeaux aurait pour conséquence immédiate la production d’une masse plus considérable de laine et de viande. Peut-être qu’alors celle-ci pour- rait commencer à entrer dans l’alimentation de la classe agricole, . qui doit à un régime presqu’exclusivement composé de laitage et de farineux , la lenteur et le défaut d'énergie qui la caractérisent, On abat, dans la Lozère : 8,783 animaux d'espèce bovine représentant, pour (4) L'étendue du domaine agricole est en nombre rond de 598,000 hectares, en comptant les châtaigneraies, les champs de müûriers et les jardins. On doit, de plus, ajouter au nombre des animaux 7,000 chevaux, juments et poulains, 2,102 mules et mulets, 572 ânes ou ânesses, 44,442 porcs, 5,507 chèvres; ces animaux représentent un nombre équivalant à 27,496 bêtes à laine, En ajoutant ce nombre au total pré- cédent, on arrive au chiffre de 770,490 bêtes à laine, ce qui ne change que peu la quantité de ces animaux nourris par hectare de terrain, Je tiens à faire cette rectification pour qu’on ne m’aceuse pas d’exagération, en demandant l’accrois- sement des troupeaux. Je ferai observer que ce chiffre et ceux qui suivent, concernent les trois arrondissements du dépar- tement, Il ne m’a pas été possible d'établir la statistique isolée des cantons granitiques auxquels on doit attribuer, néanmoins, la plus grande partie des moutons, des pâtis, des bruyères et des emblayures en seigle, ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN. 557 chagtethabitant.:. 5:24 2% HORS 2 0 2174 33,665 animaux d'espèce ovine représen- tant, pour chaque habitant. . . , . . 3 56 16,984 animaux d'espèce porcine repré- sentant, pour chaque habitant, , . , , 41 51 Ce qui fait par tête une consommation an- noble Es TR OU ON RES EEE 84 Mais cette évaluation ne peut être considérée comme exacte pour les habitants de la campagne, le chiffre de leur consommation étant, pour beaucoup d’entre eux, au-dessous de la moyenne indiquée. Quoi qu’il en soit, la viande des moutons lozériens aura toujours sur celle des moutons du Midi une supé- riorité incontestable : le placement en deviendra de plus nd ae ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ k TENUES A VALENCE , Les 29 , 31 août et 1°. septembre 1856. 4 SÉANCE DU 29 AOUT. { Présidence de M. l’abbé Jouve, membre de l'Institut des provinces. ) : La séance est ouverte à quatre heures du soir, dans la grande salle de l’Hôtel-de-Ville. _Siégent au bureau: MM. ps CAUMONT, directeur gé- néral: Roux, de Marseille, sous-directeur de l’Institut des provinces ; l’abbé Le Perir, secrétaire-général de la Société française d'archéologie, membre de l’Institut des 604 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. provinces; GAUGAIN, trésorier de l’Institut des provinces ; VALÈRE-MARTIN, inspecteur des monuments, membre de l'Institut des provinces ; Dumas, secrétaire des Assises scientifiques ; BERLUC DE PÉRUSSIS , inspecteur des mo- numents des Basses-Alpes ; le marquis de Sreyès, du Va- lentin (Drôme) ; de MonTRoND, de la Drôme. M. Dumas, professeur de mathématiques au collége de Valence, auteur de La science des fontaines et lauréat de l’Académie des sciences de Bordeaux, pour son ré- cent travail sur les inondations, lit un mémoire manu- scrit sur un nouveau système de fontaines. Ce système est fondé sur quatre faits physiques , admis généralement par la science actuelle. Il donne le moyen de créer de nouvelles fontaines, faites à l’instar de celles de la nature, et d'augmenter le volume ou débit des fontaines naturelles existantes. L'auteur, après avoir défini et expliqué ce que l’on doit entendre par fontaines naturelles, analyse succincte- ment son système; il annonce que, dans son livre intitulé : La science des fontaines, ce procédé est longuement dé- veloppé et appuyé sur une série de théorêmes présen- tant la rigueur et l’exactitude des raisonnements mathé- matiques. Dans cet ouvrage, il est allé au-devant des objec- tions que l’on pourra soulever contre son système de fontaines nouvelles, et d’avance il y donne des réponses à celles qu’il a pu prévoir et qui Jui ont paru sérieuses. M. Dumas termine sa lecture en offrant de faire, à ses propres frais, risques et périls, une première expéri- mentation de son système de fontaines, afin de four- nir une preuve matérielle de la vérité de sa théorie. Il s'engage à créer une fontaine permanente, qui ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. 605 débitera 600 litres d’eau potable par jour de 24 heures. Le prix de cette fontaine serait de 2,000 francs, payables après que les experts auront constaté que cette fontaine est construite dans de bonnes conditions, et qu'elle ne peut pas manquer de fournir la quantité d’eau promise. L'auteur fait remarquer que, par son procédé, on peut obtenir une fontaine permanente de tel débit déterminé d'avance ; que la dépense d’argent est proportionnelle au volume d’eau que l’on veut exiger de la source ; que cette dépense d'argent ne pourra dépasser 5 centimes par hectolitre el par jour, et que souvent il en coûtera beaucoup moins. ‘Après celte lecture, M. Dumas fait hommage d’un exemplaire de La science des fontaines à M. de Caumont, et d’un autre EL du même ouvrage au Congrès de Valence, Le Bureau décide , à l’unanimité, que le mémoire de M. Dumas sera inséré au compte-rendu. M. de Caumont exprime le désir de connaître la nature du ciment qui sera employé à revêtir les faces extérieures du bassin régulateur, afin de rendre ce bassin imper- méable à l’eau. L'auteur répond à cette question que, dans La science des fontaines, il a désigné pour cet effet plu- sieurs ciments hydrauliques, parmi lesquels figure le ciment de Grenoble. M, de Montrond demande quelle sera l'étendue super- ficielle du terrain consacré à l’établissement d’une fon- taine créée d’après ce système, et devant débiter 6 hec- tolitres d’eau par jour. M, Dumas répond que cette étendue superficielle peut L 606 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. varier entre les deux limites, 400 et 600 mètres carrés, par Jà raison que l'épaisseur de la couehe d’eau fournie par la quantité moyenne annuelle des ER n’est pas la même partout. Les observations étant-terminées sur le travail F4 M. Dumas, M. le Président lit successivement : 1°. Au nom de M. Pabbé Vincent, un manuscrit pré- sentant une rte à la question du programme, ainsi conçue : « Quelles ont été, durant le moyen-âge , la forme et «la disposition des fontaines dans # villes et dans les « Campagnes ? » 2 Au nom de M. Delmas, membre de la Société géo- logique de France, un ouvrage imprimé, renfermant, longuement développées , trois propositions sur HA logie et sur l'astronomie, Ces deux lectures, faites par M. le Président , paraïis- sent satisfaire l’Assemblée et ne donnent lieu à aucune discussion ni observation. À la fin de la séance, M. de Caumont signale les importants travaux de M. Fournet, professeur à la Faculté des sciences de Lyon, sur la météorologie, M. Bernard , architecte, annonce, pour la prochaine séance, un travail imprimé, dont il est l’auteur, ayant pour titre : Les cours d’eau considérés au point de vue des inondations ; moyens de prévenir ces dernières, avec indication d’un nouveau système d'irrigation. La séance est levée à six heures du soir. Le Secrétaire , Joseph Dumas. ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ, 607 SÉANCE DU 31 AOÛT 1856. (Présidence de M. l'abbé Jouve, ) La séance est ouverte à 4 heures. Prennent place au bureau : MM. DE CAUMONT, direc- teur cle l’Institut des provinces ; BourLLer , de Clermont, inspecteur divisionnaire des monuments, membre de lPInstitut des provinces ; VALÈRE-MARTIN, inspecteur des monuments ; l'abbé Le P£rir, de l’Institut des provinces: Ricarp, de Montpellier; DE MONTROND: BERLUC DE Pé- RUSSIS, inspecteur des monuments ; GAUGAIN, trésorier de l’Institut; le colonel MARTY ; Dumas, secrétaire des Assises. scientifiques. M. de Caumont commence la séance par une réponse, pleine d'excellentes vues pratiques, à la 6°, question du programme, ainsi conçue : « Quels sont les moyens les plus efficaces pour aug- « menter, en agriculture, le capital intellectuel? — A-t-on « employé. jusqu'ici tous les moyens qui peuvent pro- « duire cet accroissement si désirable ? » M. de Caumont émet le vœu. que les instituteurs. com- munaux soient chargés de contribuer à l’augmentation de ce capital intellectuel, en agriculture. A cette fin, ils pourraient, en puisant dans les: traités spéciaux, ensei- gner à leurs élèves et même aux fermiers les, procédés pratiques, de facile exécution, qui ont déjà été expéri- mentés par les agronomes. Ils feraient ainsi progresser, dans leurs communes respectives, la science agronomique, en remplaçant la routine ancienne par les méthodes nouvelles, 608 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. le colonel Marty partage celle opinion, et émet le même vœu. M. de Montrond abonde dans le même sens et ajoute que le terrain qui rend le plus est celui qui est exploité par le propriétaire lui-même. Donc, il faut que chaque propriétaire acquière les connaissances pratiques et même théoriques, qui peuvent le rendre capable d'exploiter son champ de la manière la plus fructueuse. M. Bernard, architecte , pense que. la petite propriété coûte ce qu’elle rend , et que la grande propriété ne rend pas ce qu'elle pourrait rendre, à cause que les baux étant généralement consentis pour des termes trop courts, les fermiers ne veulent pas el même ne peuvent pas faire des améliorations dont ils ne retireraient aucun profit. Il ajoute que, dans l'intérêt des propriétaires et dans celui des fermiers, les baux à ferme devraient être faits pour un bon nombre d’années ; que l’on doit s’attacher à produire beaucoup de fourrages ; qu’il est de la plus haute importance de consommer dans la ferme tous les four- rages récoltés, car c’est le moyen d'obtenir. beaucoup d'engrais. | | On passe ensuile à la question du programme relative à l'emploi des engrais liquides. Relativement à cette question, M. le Président dit qu’on fait des engrais liquides pour les jardins, dans la cir- conscription , ce que certaines personnes croient nuisible à la saveur des légumes. M. de Caumont pense que cette opinion n’est pas fondée, au moins dans tous les cas. | M. de Sieyès conseille, pour éviter la déperdition des matières fécales, de construire des appareils convenables pour recueillir les engrais liquides, et les transporter ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. 609 dans les champs, où l’ou pourrait ensuite faire des mé- langes. MM. de Caumont et Marly partagent cette opinion; mais ils pensent que ce moyen devrait être appliqué un peu en grand, suivant les localités et suivant la nature et les besoins du sol. Relativement à la question de savoir si des amendes municipales peuvent être encourues par ceux qui laissent les purins couler sur la voie publique, on donne des raisons pour et des raisons contre la mesure de l’amende. Les maires pourront, d’ailleurs, beaucoup s'ils veulent user des moyens que la loi leur donne. Sur la question 11°., relative aux progrès des machines agricoles, M.'de Sieyès signale une machine appelée râteau-faucheur, du prix de 400 fr. Cette machine est d’un très-bon emploi, elle fait beaucoup de travail, mais elle présente l'inconvénient d’exiger le concours d’un grand nombre d'ouvriers. Les machines à battre finiront par s’introduire dans le Dauphiné comme ailleurs. Toutefois, l’Assemblée demeure d’accord que, dans le battage du blé, l'emploi des rouleaux de pierre, géné- ralement usité, est préférable au fléau. On passe à la question 12°, , ainsi conçue ; « Quel parti pourrait-on tirer, pour l’agriculture, d’une « multitude d’immondices qui se perdent dans les égouts « pour aller ensuite salir , infecter et encombrer le cours « des rivières dans leur trajet au centre des villes? » M. de Caumont répond à la question et fait connaître le système tubulaire au moyen duquel, en Angleterre, on transporte dans les campagnes les immondices de certaines villes. Il entre, à ce sujet, dans quelques détails 610 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, sur le système Kennedy , au moyen duquel les engrais liquides sont distribués dans ces terres, M. le colonel Marty signale les avantages d’un nouveau genre de toiture extrèmement mince, fait en carton bi- tuminé. Son poids est très-peu de chose, ce qui permet de soutenir cette toiture par une charpente très-légère et par conséquent peu coûteuse. Le prix des cartons bitumi- nés est de 75 c. le mètre carré, Ce genre de toiture a déjà étéemployé au monastère de la Trappe, à Sainte-Marie- des-Neiges (Ardèche), et ailleurs (4). M. de Caumont donne des détails sur cette espèce de toiture. | | Ea séance se termine par la communication, que fait M. le Président, d’une lettre de M. l’abbé Belle, chanoine- doyen du chapitre de Valence. M. le chanoine Belle prie, dans cette lettre, MM. les membres du Congrès de donner à ses jeunes orphelins-cultivateurs un moyen prompt et économique, pour suppléer aux engrais ordinaires dont l'emploi devient, de jour en jour, plus coûteux et de peu de durée. Plusieurs moyens sont indiqués, mais l’Assem- blée conseille d'employer les moyens usités dans plu- sieurs fermes de la circonscription. La séance est levée à cinq heures un quart. Le Secrétaire, Joseph Dumas. (4) M. le colonel Marty ajoute que cette découverte est ré- cente : il est prudent, avant de faire emploi en grand de ces cartons bituminés, d'attendre que l'expérience ait constaté les avantages réels que peut présenter ce genre de loiture, sous le rapport de la durée, ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. Gil SÉANCE DU 1%. SEPTEMBRE. (Présidence de M. Fercay, préfet de la Drôme.) La séance est ouverte à une heure et demie. Prennent place au bureau : M", GAGNE, née Élisa Moreau , poète; MM. DE CAuMONT, directeur de l’Institut des provinces ; le baron d’ARBALESTRIER, de la Gardette ; le colonel Marty: l'abbé Jouve, chanoine, président des Assises ; BOUILLET , inspecteur divisionnaire des monu- ments d'Auvergne ; VALÈRE-MARTIN, inspecteur des mo- numents de Vaucluse ; Dumas, secrétaire des Assises. On donne lecture de la question suivante : . « A quelles causes attribuer la dégénérescence des « vers à soie? Y a-t-il moyen de diminuer les ravages « de la maladie appelée étisie, qui détruit nos récoltes « de cocons ? » La Chambre de commerce de Turin, dit M. A. Lacroix, a publié, sur la maladie des vers à soie , une relation claire et précise qui mérite d’être portée à la connais- sance des éducateurs. La maladie qui ravage actuellement nos chambrées avec des progrès épizootiques, et qu’il faut se borner à appeler consomption, se manifeste : 4°. Par une odeur particulière d'œufs pourris (gaz hy- drogène sulfureux) qui s’exhale des tables où sont les vers malades ; | | 2°, Par une couleur, en quelque sorte brillante, que prennent les vers au moment d’être attaqués ; | 3. Par l'aspect anormal que présentent les crottins de l'insecte , lesquels ont une couleur vert-claire, une con- 612 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. sistance molle, une forme pointue et nulle trace des sillons ordinaires qu’ils présentent dans leur conforma- tion régulière; une plus grande quantité de liquide, sorte d'urine, accompagne l’éjection de cette ordure. Pendant celte période, que l’on peut appeler d’incuba- tion, les vers apparaissent dégoûtés de la feuille, restent immobiles comme au temps de la mue, ou couchés sur le dos ou sur le côté, sans chercher une autre position. C’est à la troisième et à la quatrième mue que la ma- ladie prend les caractères épizootiques et contagieux, et le plus ordinairement se développe rapidement, :: Une observation exacte a permis de constater le même progrès dans le premier et le second âge. Il arrive sou- vent alors que les vers cessent de jour en jour d’être égaux, diminuant en nombre sans que l’éducateur s’en expli- que la cause ; leur corps se dessèche, noircit et se con- fond avec les crottins, par la forme arrondie qu’a prise l’insecte. Les caractères les plus certains qui distinguent les vers atteints de cette langueur sont ceux-ci : 4°. Leur petite corne caudale se dessèche, souvent noircit, se gangrène et tombe ; 2°, Les petites ailes qui terminent la queue se rétré- cissent ; le ver ne remue que difficilement ses deux der- nières griffes (fausses griffes) et la peau de son dos, au dernier anneau, se ride. Ces signes sont constamment accompagnés de petites taches noires qui, sur quelques sujets, deviennent très- visibles et finissent par couvrir entièrement le ver, du troisième au quatrième anneau. Observées à la loupe, ces taches ressemblent à de la suie, relevées et rudes au centre, plus luisantes au bord, en- ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. 613 tourées d’une auréole jaunâtre et d'apparence humide. Il est facile d'enlever ces taches, et l’on y trouve dessous l’épiderme dans un état d'apparence normale ; les petites rides qui entouraient la tache apparaissent beaucoup moins, et sans doute elles sont l'effet de la traction exercée par le condensement de la matière con- stitutive de la tache. | Dans d’autres cas, lorsque les petites taches sont à peine visibles à l'œil nu , elles ont l’apparence de points circulaires à surface lisse et brillante, Le plus souvent ces taches se montrent à la base des griffes de devant (vraies griffes), en forme de bandelettes noires, luisantes, rangées en cercle à la base de la griffe et formant un étranglement assez visible. La tête (troisième et quatrième anneaux }, les cinquième et sixième anneaux et la base de la petite corne sont de préférence le siége de la maladie. Parfois ce sont les fausses griffes (abdominales) qui sont attaquées à leur extrémité, et , dans cet état , le ver se tient ordinairement sur le flanc, arrive encore à ma- turité, mais n’a pas la force de monter à la bruyère. Les vers ainsi tachés sont capables de faire leur cocon et d’en sortir à l’état de chrysalide, se terminant en une matière ridée et endurcie, d'apparence pierreuse et cal- caire, non encore bien observée; si le papillon se développe, il est plus ou moins taché de noir ou cou- vert d’une poussière noire et partant infecté. Les chrysalides malades, mais susceptibles de se trans- former en papillotes, offrent les mêmes concrétions observées sur les vers, d’une apparence noirâtre et pla- cées ordinairement près du premier anneau. L’autopsie et la dissection du ver montrent des taches noires, identiques à celles de la peau sur les vases mal- 614 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. pighiens, plus développées que d’habitude, et sur les tubes gommifères de la matière soyeuse, L’estomac est presque toujours dilaté irrégulièrement et laisse voir un développement particulier de gaz, rendu manifeste par une multitude de bulles assez per- sistantes. Quelquefois on rencontre aussi de très-petits morceaux de la membrane intérieure de l’estomae, flot- tant ensemble avec la nourriture ingérée. Les conseils qu’on peut donner aux éducateurs sont de tenir les vers clairs, très-clairs, de leur donner souvent de la feuille bien fraîche, de renouveler souvent l'air avec le feu seul, sans autres fumigations à l’aide de substances astringentes, comme vinaigre, rhum, etc. Il faut choisir, aux levées les plus voisines de la montée, tous les vers qui ont la petite corne caudale bien pleine et bien droite, non flétrie ni rougie ; les faire monter à part, et les conserver pour la graine, opération qui demande une attention spéciale sur la couleur et la vigueur des pa- pillotes. Enfin, il convient de préférer les races les plus anciennes du pays et celles de montagne, celles des plaines ayant paru les plus infectées. Il faut, avant tout, reconnaître et confesser, dit le même auteur, que la culture, la greffe et la taille exa- gérée qu’on a fait subir généralement aux mûriers, n’ont pas peu contribué à le rendre plus sensible aux influences météorologiques particulières qu’il éprouve excéption- nellement , depuis plusieurs années, avec presque toutes les autres espèces végétales soumises à la eulture ; que les efforts tentés pour améliorer les races et abréger la vie des vers producteurs de la soie, ont changé leur nature au point de leur enlever une partie des forces et de la santé indispensables pour résister à la multiplicité ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. 615 des causes perturbatrices , plus où moins connues , aux- quelles on n’ignore pas que les espèces transplantées ou dépaysées sont naturellement soumises, La Commission pense, conséquemment, que de ceci résultent les raisons principales et originaires des déceptions éprouvées par les éducateurs , et contre l'effet desquelles ils devront constamment s’efforcer de lutter avec persévérance et courage. Il faudrait, en conséquence : 1°. Chercher, autant que possible, les localités dans lesquelles le mürier n’a pas encore été atteint de ma- ladies, pour y établir les éducations spéciales destinées à la confection des graines : car tout le Midi, ainsi que la Commission, sont d'accord pour reconnaître que les feuilles de müriers malades , en fournissant aux vers une nourriture malsaine, sont la cause principale, sinon unique , de la gattine; 2°, Employer pour ces éducations, autant que faire se pourra, les feuilles d'arbres adultes, c’est-à-dire âgés au moins de vingt-ans, non greffés , cultivés dans des terrains secs, élevés , et non pas , comme on le fait trop souvent, dans des sols gras d’alluvion et arrosés; des feuilles, enfin, minces, fines et nourrissantes : 3°, Faire ces éducations, exclusivement destinées à Ja production des graines, sur une petite échelle , dans des locaux bien aérés, au moins deux fois plus vastes que ceux employés généralement pour élever les vers d’une quantité donnée de graine ; se bien garder, surtout de hâter, par une chaleur artificielle et une alimentation exagérée, le développement de ces vers, dont la vie doit se prolonger de quarante à quarante-cinq jours: ne leur donner que des repas légers, quand ils en manifestent le besoin, en évitant une alimentation trop substantielle ; 616 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. h°. Choisir avec grand soin les cocons pour graine; éliminer tout papillon qui ne se montre pas dans des conditions d’une santé parfaite, d’une remarquable vigueur, pourvu d'ailes bien développées, enfin, d’unegrande ardeur pour la fécondation ; rejeter toute graine donnée par des femelles lentes à la ponte et qui terminent leur vie en se ramollissant et tombant en décomposition , au lieu de se dessécher ; 5°, Comme, depuis l'apparition et l'extension des maladies dont souffrent les vers, le commerce de la graine s’est considérablement développé ; que beaucoup de commerçants n’ont pas craint de livrer aux éducateurs des œufs avariés, falsifiés, provenant de localités depuis long-temps infectées, il sera de la plus haute importance que leur origine et leur qualité soient garanties d’une manière certaine et authentique; qu’ils soient livrés directement aux éducateurs, sans avoir passé par des mains intermédiaires capables d’y introduire de coupa- bles falsifications. La pomme de terre a donné le signal, ajoute M. Eugène Robert, la vigne est venue ensuite; bientôt la plupart des grands arbres de nos campagnes ont été envahis, les arbres fruitiers de nos jardins, les arbustes, les ro- siers, les légumes de toute espèce, les sainfoins, les luzernes et un grand nombre d’autres plantes fourra- gères. Evidemment les mûriers n’ont pu résister à cette influence générale, ils ont payé aussi leur tribut à la ma- ladie, et c’est ainsi que les vers à soie, qui se nourrissent uniquement de leur feuille, ont été consécutivement atteints. L’analogie des faits observés est même lellement com- plète, qu’il est à peu près hors de doute aujourd’hui que ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. 617 ‘les races de vers à soie les plus perfectionnées, les plus civilisées , si on peut s'exprimer ainsi, sont celles qui, comme nos plus beaux fruits, nos raisins les plus fins, ont été plus particulièrement frappées par le fléau. Toutes les théories du monde ne changeront rien à cet état de choses, qui ne cessera dans les pays où règne en ce moment la maligne influence que lorsqu'il plaira à la Providence de l’écarter. Le but que la science et la pratique doivent se proposer en attendant consiste uni- quement, suivant nous, à rechercher les espèces qui ré- sistent le mieux au mal, ainsi que les palliatifs qui peu- vent en atténuer les ravages. Les découvertes de ce genre qui ont été faites pour la maladie de la vigne doivent sti- muler notre zèle, et soutenir notre courage au milieu des tristes épreuves que nous traversons, M. d’Arbalestrier ne serait pas éloigné de croire que la dégénérescence des vers à soie provient du trop grand nombre de müriers greffés. Il pense que la feuille du müûrier sauvage conviendrait peut-être mieux au main- tien de la santé des vers à soie.Il cite, à ce sujet, M. Char- rel, éducateur, qui attribue la maladie des vers à une maladie existante dans le mürier. M. Bouillet pense que la feuille du mürier greffé-est peut-être trop substantielle, et qu’il convient de modérer ou même de diminuer considérablement la ration, lors- qu’on nourrira les vers avec la feuille greffée. M. le Préfet raconte un fait dont il a été témoin. Deux frères, avec de la graine de vers à soie provenant de la même origine, ont élevé chacun une chambrée : Pun dans la plaine, l’autre sur un coteau élevé. Celui-ci a ob- tenu une belle récolte, l’autre à manqué complètement sa champbrée. - 618 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. d’Arbalesirier attribue le mauvais succès de la plu- part des chambrées à l’altération que la graine peut éprouver, quand elle est transportée à de grandes dis- tances. 1] pense que la dégénérescence se communique et se propage par la génération. M. d’Arbalestrier annonce que M. le Préfet lui a com- muniqué un projet qu’il a conçu, dans le but d'empêcher l'entrée des mauvaises graines dans le département, On passe à la 20°, question, ainsi conçue : _« L'histoire de l’agriculture au moyen-àâge n’est-elle « pas une des études auxquelles se doivent livrer les « Sociétés savantes des provinces, dans leurs circon- « scriptions respectives ? » | Cette question est résolue affirmativement. M. le Préfet dit que les Chartreux, dans les abbayes du moyen-âge , ont maintenu l’agriculture et conservé les forêts par de bons aménagements. Il ajoute que ces Char- treux ont introduit dans le Dauphiné l’industrie de la fonte de fer, parce qu’ils exploitaient des mines qu’ils possédaient. Enfin, on donne lecture de la 21°. question: « Les Sociélés d'agriculture ne doivent-elles pas re- « Cueillir toutes les traditions relatives aux anciens pro- « cédés de culture, et les pratiques qui vont, cesser ? » M. de Caumont pense qu’il faudrait chercher à com- parer les produits des terres pendant le moyen-àge et les produits actuels, pour une même étendue superficielle. M. de Montrond veut qu’on étudie les terrains sous le rapport de leurs propriétés à produire des fourrages, - Avant de lever la séance, M. le Préfet, au nom de tout le département , adresse à l’Assemblée en général, et à _ ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. 619 M. de Caumont en particulier, ses remerciments et l’ex- pression de sa reconnaissance pour le séjour que les mem- bres de l’Institut des provinces et de la Société française d’archéologie ont bien voulu faire dans Valence, en y venant donner l'impulsion heureuse vers l'étude des choses utiles. Il témoigne le désir bien vif de voir bientôt le Congrès scientifique de France venir planter sa tente dans le département de la Drôme. A cette allocution si bienveillante de M. le Préfet, M. de Caumont répond, avec la noble aménité qui le caractérise, en remerciant les membres, particulièrement M, l'abbé Jouve, l’organisateur des Assises; il remercie ensuite M. le Préfet d’avoir bien voulu, malgré ses nombreuses occupations, et durant la session du Conseil général, venir présider la séance de clôture, Il félicite le département de la Drôme d’avoir pour premier magistrat un administra- teur aussi éclairé et aussi dévoué à la prospérité morale et matérielle du pays, et l’on se sépare sous l'impression de sentiments de satisfaction générale. . La séance est levée à 3 heures et demie. Le Secrétaire, Joseph Dumas, COMMUNICATION FAITE AU CONGRÈS DE VALENCE, Par M. J. Dumas, Je me félicite d’abord de l’insigne honneur qui ma été fait, de pouvoir siéger dans une assemblée d'hommes éminents venus, de divers points de la France, pour tenir dans cette ville de Valence leurs as sises scientifiques. 620 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. C'est une pensée grande et généreuse que celle de former des assises scientifiques dans les départements. En effet, d’une part, ces paisibles réunions sèment la science dans de grands centres éloignés de Paris ; elles font participer des hommes modestes, mais de bonne vo- lonté, aux travaux d'hommes d'élite qui savent descendre des hauteurs de la science pour se mettre au niveau de ceux qu'ils viennent visiter. Et, d’autre part, ces assemblées mettent en relation des hommes qui ne se seraient jamais rencontrés. Ces relations, établies dans la discussion des questions portées chaque année sur les programmes , peuvent rendre d’im- menses services aux sciences, aux lettres, à l’agriculture, aux arts utiles. Car, beaucoup d’hommes qui ont soif d’in- struction, mais qui, par leur position de fortune ou à cause des fonctions qu’ils remplissent , ne peuvent pas se déplacer aisément pour aller puiser aux sources de l’in- telligence, que possède si abondamment la capitale, trou- vent dans le sein des congrès scientifiques l’explication facile de certaines questions qui les avaient toujours em- barrassés et qu’ils n’auraient pu résoudre dans l'isolement. De plus, au conctact des hommes d'élite, les esprits sérieux se retrempent ; ils acquièrent une énergie nou- velle et deviennent capables de plus grands et plus utiles travaux. Ainsi, par l’action des assises : scientifiques, c’est la lumière qui vient à nous ; ses rayons bienfaisants exercent une heureuse influence sur tous les lieux qui les reçoivent. Honneur donc aux hommes généreux qui ont pris ou accepté l’importante et noble mission de faciliter, par leurs excursions laborieuses la diffusion des lumières de l'intelligence ! ils seront partout les bien-venus, ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. 621 Profitant de celte circonstance, j'apporterai mon con- tingent de communications, à titre de faible retour pour les immenses avantages que je pourrai personnellement retirer de ces assises scientifiques; et j’entretiendrai, pendant quelques instants, le Congrès d’une science nou- velle, science qui se rattache au programme, car elle inté- resse l’agriculture , l’industrie et l’économie domestique, J'ai dit: science nouvelle ; Car je ne sache pas qu'elle ait été appliquée, ni indiquée nulle part. Je veux parler de la science des fontaines, de ce moyen sûr et facile de créer partout des sources d'eau potable et des voies d'irrigation. Cette science est fondée sur quatre faits physiques, savoir : | 4°, Origine des fontaines ; 2°, Pluie moyenne annuelle ; 8°, Perte moyenne annuelle des eaux pluviales ; h°. Quantité moyenne annuelle de pluie absorbée par le sol. Pour bien comprendre et pour appliquer le système- que je propose, il faut savoir ce que c’est qu’une fontaine naturelle. | Or, d’après les meilleurs vocabulaires, une fontaine na- turelle est une eau vive qui sort de terre, d’un réservoir ordinairement creusé par la nature el alimenté par les eaux pluviales. | A cette définition il faut ajouter l'explication suivante : Toute fontaine naturelle provient d’une source souter- raine , qui en est l’origine. Cette source cachée n’existe _pas en bloc et toute faite en un même point. Mais elle se forme, dans un thalweg invisible, lentement et progres- sivement , par la réunion mystérieuse de myriades de fils 622 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. liquides résultant de l’infiltration des eaux pluviales à travers les terres qui appartiennent à ce thalweg : de même qu’à l'extérieur du sol un cours d’eau, soit fleuve, soit rivière, etc., se forme, en vertu de la pesanteur et de la constitution actuelle de la surface des continents, par l’ensemble des ramifications multipliées de cours d’eau divers, aboutissant tous à une vallée: principale qui est leur terme commun etcomme le lieu de leur rendez-vous général. Connaissant ainsi ce que c’est qu’une fontaine natu- relle , et les trois autres faits physiques indiqués ci-avant, il sera toujours possible de créer, dans toute localité dominée par des plateaux ou située en pente, des fon- taines nouvelles , à l’instar de celles de la nature, en exécutant, dans ce lieu, ce que la nature n’a pas fait, mais qu'elle aurait pu faire, et en procédant d’après des moyens analogues à ceux qu'elle à primitivement employés dans la formation des fontaines naturelles existantes. Lestrois autres faits physiques, dont la connaissance est nécessaire pour créer de nouvelles fontaines , se trouvent expliqués dans l'ouvrage que j'ai publié en mars 1856, et les travaux à exécuter pour créer une fontaine per- manente de tel débit déterminé d'avance, sont longue- ment détaillés dans le même ouvrage. Voici, sous forme d’analyse, en quoi consiste le pro- cédé dont je propose l'application : Utiliser les eaux torrentielles qui, dans les pluies as- sez fortes , vont passagèrement grossir les cours d’eau voisins, et occasionner souvent des inondations désas- treuses. Et, pour cela : ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. 623 4°, Arrêter ces eaux dans les vallées où elles courent, en leur opposant des digues ou barrages formant des bassins capables de les contenir dans toutes les circon- stances, même lors des pluies les plus fortes ; 2e, Au moyen de tranchées de recherche et de tran- chées-filtres , pratiquées convenablement sous les. bas- sins des barrages, pour recueillir souterrainement ces eaux ainsi filtrées et dégagées de tous corps étrangers ; 3°, Par la voie d’une tranchée longitudinale qui mettra les tranchées transversales en communication, et qui constituera ainsi la mère-fontaine , conduire ces eaux dans un réservoir souterrain qui sera le point de par- tage. De ce bassin, appelé régulateur , on pourra dis- tribuer, sur les points inférieurs, des fontaines perma- nentes qui fourniront, en toute saison, les meilleures eaux potables. Tel est le principe général pour la création de fon- taines nouvelles , faites à l’instar de celles de la nature. Ce système de fontaines est de facile exécution ; il se prête à une ville, à un village, à un château , à une simple habitation rurale, La dépense d'argent est proportionnelle au volume d’eau que l’on veut obtenir. Mais cette dépense ne s’élèvera pas au-delà de © fr. 05 c. par hectolitre et par jour; souvent même il en coûtera beaucoup moins, | Je dois faire remarquer ici que ces fontaines n’exi- gent l'emploi d'aucune machine ; les travaux, une fois bien établis, ne sont pas susceptibles de se déranger ; ils seront faits pour une longue série de siècles. Conséquemment , on n’aura pas à craindre les chô- mages qui sont inséparables de l’usage des meilleures 62% INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. machines hydrauliques ; on n’aura pas non plus à sup- porter des frais de réparation, ni même d'entretien. Les dépenses de premier établissement sont seules né- cessaires ; et ces dépenses seront toujours moindres que celles qu’exigent les divers procédés employés de nos jours. | Dans mon livre intitulé : La science des fontaines,, une série de théorêmes, présentant toute la rigueur ‘et l'exactitude des raisonnements mathématiques , établit : Que:-les fontaines créées d’après mon système ne diffè- rent point des véritables fontaines naturelles ; Que l’eau des fontaines , établies d’après ce système, réunit toutes les conditions de bonne qualité: c'est-à- dire que cette eau sera claire, pure, fraîche , agréable à boire en toutes saisons : Que ces fontaines posséderont le précieux avantage de ne pouvoir pas dévier , de ne pouvoir pas se perdre , de ne pouvoir pas déplacer leur orifice de sortie, et de donner un débit constamment le même en toutes saisons. | | Je suis allé au-devant des objections que l'on pourra soulever contre mon système de fontaines, et d'avance , j'ai donné les réponses à celles que j'ai pu prévoir et qui m'ont paru sérieuses, telles que les suivantes : On dira , peut-être : Que le bassin régulateur n’est pas autre chose qu’une grande citerne; qu'ainsi, le système proposé ne pré- sente rien de neuf, et ne donne pas des fontaines dans l'acception vraie de ce mot ; Qu'en admettant que les fontaines, établies d’après ce système , soient de véritables fontaines, l’eau de ces ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. 625 fontaines ne sera pas de bonne qualité ; qu’elle ne réu- nira pas les conditions qui caractérisent les bonnes eaux potables ; Que la quantité d’eau fournie par ces fontaines sera inférieure au volume trouvé par le calcul. Toutes ces objections, et d’autres de moindre importance, sont combattues victorieusement et réduites à néant dans le susdit ouvrage. Mon système de fontaines s'adresse à toutes les lo- calités qui manquent d’eau et de moyens faciles d’en obtenir. C’est pour ces localités en souffrance que j'ai publié mon travail, L'application de mon système leur assurera largement de l’eau potable de première qua- lité, et même divers moyens d'irrigation; d’où résul- tera le bien-être pour une foule d'habitations aujour- d’hui trop à plaindre. En résumé , créer de véritables fontaines permanentes dans les localités qui sont totalement déshéritées de sources , et qui sont éloignées des cours d’eau, et augmenter le volume des fontaines naturelles existantes dans certaines localités moins dépourvues ; tel est le but de mon système. OBSERVATION. Avant de terminer, je dois m'expliquer sur le mot _ créer , employé ci-dessus. Je me suis servi de cette expression, parce que je n'en ai pas trouvé d’autre, dans notre langue , qui soit capable de rendre ma pensée et de traduire le fait par un mot, Je ne prétends pas avoir créé une nouvelle chose ; car, à Dieu seul appartient la puissance créatrice. 27 626 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, Je. ne prétends pas non plus avoir fait ce que la na- ture ne saurait faire; car je dis, dans mon livre, que nous empruntons tout à la nature : les matériaux à employer, les modèles à imiter, les enseignements à appliquer , les procédés à suivre. Mais il fallait signaler un fait nouveau ; et l'expression créer des fontaines m'a paru la seule qui puisse peindre ce fait. J’emploie, d’ailleurs, cette expression dans le sens étendu de ces locutions en usage : créer un verger ; créer une industrie; et autres locutions semblables où l’on trouve le mot créer, appliqué aux heureux résultats que l’homme obtient par ses soins, par ses travaux , par son industrie, par les efforts de son intelligence , et qui sont la récompense de sa sou- mission à la loi du travail. Au surplus, la scienee des fontaines , Science nou- velle, science précieuse ( puisqu'elle est destinée à rendre d'immenses services en procurant de l’eau potable aux villes, aux communes rurales, aux localités quel- conaues dont la soif cherche inutilement des fontaines ), prouvera, par ses applications , que créer des fontaines nouvelles est un ouvrage pour lequel Dieu accepte des collaborateurs. Tout ce qu'il y a d'hommes intelligents, bien in- tentionnés, amis du progrès des sciences et des arts utiles, amis de l'agriculture et de l’industrie, sont invités à répandre et à populariser ce système de fon- taines dans ses diverses applications. Par cette invita- tion , je crois les convier à une œuvre méritoire , parce que je suis persuadé qu'il résultera un bien immense de la propagation de ce système de fontaines. Toutefois, je n’ignore pas que les meilleures choses ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ. 627 sont lentes à se produire et à se répandre, C’est pourquoi j'ai compris que, pour mettre en lumière la science des fantaines et obtenir promptement le bien qu’elle paraît destinée à produire , il ne suffisait pas d’avoir publié un livre ; mais que, après avoir démontré à l’intelligence la vérité de ma théorie, il était nécessaire de fournir des preuves matérielles aux yeux les moins clairvoyants ; qu’il fallait, par un fait accompli, par une source créée d’après:ce système, montrer l’infaillibilité de cette théorie. Afin de fournir cette preuve matérielle , j'ai offert, par la voie de la presse périodique de la Drôme, il y a quel- ques jours, et j'offre encore aujourd’hui, à tout proprié- ‘ taire qui voudra lPaccepter , la proposition suivante : ART. Le’, Je me charge de créer, d’après mon système, à mes propres frais, risques et périls, une fontaine per- manente qui fournira 6 hectolitres d’eau potable, par jour de vingt-quatre heures. ART. 2. Si cette première expérimentation de mon système ne réussit pas, le propriétaire ne sera tenu à aucun déboursé envers moi, et toutes les Mure des travaux seront à ma charge. ART. 8. Si cette expérience est couronnée de succès, _le propriétaire me comptera la somme de 2,000 fr., après que des experts auront constaté que la fontaine est con- struite dans des conditions convenables et qu’elle ne peut pas manquer de fournir la quantité d’eau promise. Tous les procédés scientifiques et artistiques à suivre pour l'établissement d’une fontaine permanente, destinée à alimenter , soit une simple habitation rurale, soit une grande cité, se trouvent longuement PHDAQUES & et détaillés dans La science des fontaines. Voici un exemplaire de cet ouvrage, dont je fais hom- 628 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. mage au Congrès et que je vais déposer entre les mains de notre digne Président, Fr me 4 "à — ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE, TENUES A ARRAS, Le ? décembre 1857, PREMIÈRE SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE. { Présidence de M. le comte À. np'HéricourT, membre de l'Institut des provinces ). Par des causes indépendantes de la yolonté de M. le comte d’Héricourt , les Assises scientifiques du Nord de la France , dont l’Institut des provinces avait autorisé la réunion à Arras, n’ont pu être convoquées que pour ke 2 décembre 1857, trop tard , par conséquent, pour que nous puissions en publier le procès-verbal complet. Nous donnons seulement quelques extraits de ces procès-verbaux pris à la hâte dans les journaux d’Arras, au moment où nous terminons l'impression de l’4x- nuaire. - La séance s’est ouverte à neuf heures du matin. Le bureau est composé de: MM. le comte d'HÉRICOURT, président; LaAvocaT, inspecteur d’Académie; LAMARLE, ingénieur , délégué de la Société d'agriculture de Douai ; KUHLMANN , chimiste, membre de l'Institut; GOFFINT- DELRUE, délégué de l’Académie de Mons; GOSsART, secré- taire. ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 629 M. d’Héricourt a pris ensuite la parole : ila montré combien s’est élargi le cercle des études , combien les dé- couvertes géologiques et scientifiques offrent d’intérét. Passant en revue les découvertes modernes, M. d'Hé- ricourt appuie principalement sur le bassin houiller de PArtois et sur les services qu’il doit rendre, non-seu- lement à l’industrie, mais à la science même. Des fouilles nombreuses, exécutées dans des endroits différents, ont fourni de précieux renseignements sur la constitution géologique du département du Pas-de-Calais; il faut donc se livrer avec une nouvelle ardeur à l’étude; les travaux d'histoire naturelle ont un double intérêt : non- seulement ils plaisent par les découvertes que l’on fait dans un domaine où tant de points sont encore ob- scurs, mais ils ont une utilité pratique. La preuve en est dans la vie de M. Macquart, qui fut non-seulement un homme de bien, un savant distingué, mais qui a rendu de nombreux services à l’agriculture, par ses obser- vations sur les insectes qui lui sont nuisibles. Chaque année , pour ainsi dire, amène un progrès ; il faut donc rivaliser de zèle pour le constater, pour en préparer de nouveaux. L'agriculture des Flandres passait pour la plus belle et la plus riche ; et cependant, que d’amélio- rations pendant les vingt années qui viennent de s’écou- ler! L’orateur les résume rapidement, Après avoir constaté l’utilité des assises, il les rattache aux chambres de rhétorique du moyen-âge , aux collo- ques des universités, aux sociétés savantes et aux aca- démies des XVII*, et XVIIL°, siècles, et il paie un juste tribut d’éloges à M. le Directeur de l’Institut des provinces, M. de Caumont, qui a centralisé des efforts tentés sur des points si divers. M. d'Héricourt a trouvé aussi de chaleu- LA 630 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. reuses paroles pour remercier les autorités judiciaires et universitaires du concours qu'elles lui avaient prêté, les savants étrangers, les dames; il a terminé en rappelant cé qu'avait fait Mg”. Parisis, pour activer et développer le mouvement archéologique dans son vaste diocèse. Nous croyons inutile de dire que ce discours a été accueilli par d’unanimes applaudissements. M. Garreau, chimiste, à Lille, a pris la parole pour la lec- ture d'un mémoire, dont il est l’auteur ,' concernant les moyens à employer pour la destruction des charançons. Voici la substance de cette communication , si dd ressante pour les agriculteurs : Appelé, en 1853, à faire partie d’une commission in- stituée dans lé but d'examiner la valeur d’un procédé vanté comme propre à détruire, ou à mettre en fuite, la calandre du blé , l’auteur, à qui l'administration militaire fournit des échantillons de blé charançonné, étudia suc- cessivement l'effet de divers procédés alors préconisés ; savoir : une température élevée, ou l’air desséché, ou le tarare brise-insécte , le pelletage , etc., et il reconnut que tous ces moyens étaient insuffisants, C'est alors qu’il eut recours aux substances to dé gazeuses , et il expérimenta successivement : 4°, les effets de l’acide sulfureux, sulfhydrique, ehlorhydrique, car- bonique et l’oxyde de carbone; 2. l'essence de téré- benthine, le camphre, le chloroforme, le naphte, le sulfate de carbone. Les expériences ont été faites sur des blés fortement charançonnés , placés dans des caisses de 1 mètre carré,rempliesau dixième el parfaitement fermées. Parmi les agents essayés, le sulfure de carbone appela l'attention de l’expérimentateur, par la rapidité avec la- ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 684 quelle il agit et la quantité minime dont il est nécessaire d’imprégner l'atmosphère : 5 grammes de cette substance volatilisée dans 4 mètre cube d’air, sur du blé charan- çonné , suffisent pour tuer ces insectes et leurs larves en 24 heures ; 5 kilogrammes de sulfure de carbone sut- fisent donc pour détruire les insectes de 20 mètres cubes de blé, étalé dans un magasin de 1,000 mètres cubes, les ouvertures étant d’ailleurs fermées. Le sulfure de carbone communique bien aublé, avec lequel sa vapeur s’est trouvée en contact, l'odeur parti- culière désagréable qui le caractérise ; mais cette odeur est très-fugace et ne tarde pas à se dissiper. Gette sub- stance étant très-inflammable, il faut se prémunir contre les accidents qui peuvent en résulter. L'Assemblée accueille cette communication avec les marques d'intérêt qu’elle mérite. La parole est donnée à M. Kuhlmann, membre de l’Institut des provinces, à Lille, qui rend compte de ses travaux sur la silicatisation , ou application des silicates alcalisés solubles au durcissement des pierres et à la peinture, sur les chaux hydrauliques et la for- mation des roches par voie humide. Appelé, un jour, à juger la nature des efflorescences abondantes exsudant des murailles des bâtiments neufs, M. Kuhlmann reconnut, par l'analyse chimique, que ces efflorescences étaient formées de carbonate de po- tasse, de soude et de sulfate des mêmes bases, et qu’il n’y existait nulle trace de produit nitreux; ce qui lui fit penser que les chaux contiennent toutes plus ou moins de potasse et de soude. Déjà, Descroisilles avait dit que la potasse que l’on 632 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. trouve dans l’eau de chaux première, et que l’on ne trouve plus dans l’eau de chaux seconde, provenait de cendres de combustibles ; mais la chaux calcinée en vase clos donne aussi une certaine quantité de potasse. L'analyse ayant démontré que les Chaux grasses doivent leur qualité à leur pureté ,et que les chaux hydrauliques doivent leur qualité à une quantité plus ou moins grande de silicate et d’aluminate de potasse qu’elles contiennent, M. Kuhlmann fut porté à penser que l’on pourrait rendre hydraulique la chaux grasse qui n’est pas hydraulique, en y introduisant préalablement du silicate de potasse s0- luble, qui modifierait sa nature ; en effet, ka chaux, sous l'influence des silicates alcalins et placée dans certaines conditions, peut acquérir une très-grande dureté,au point de rayer le verre. Cet effet du silicate alcalin se produit , non-seule- ment sur la chaux, mais encore sur le carbonate de chaux, sur la craie poreuse et friable, au point que celle-ci devient dure, prend l’apparence d’une pierre, fait feu sous le briquet, et devient inattaquable même par l'acide chlorhydrique. Le sulfate de chaux, ou plâtre, subit la même in- fluence. Soumis à l’action de cet agent, il subit une métamorphose, se fendille, devient très-dur, prend cet aspect semi-transparent des silicates naturels; il a perdu son acide sulfurique et s’est converti en sili- cate de chaux. Dans tous les cas, ces effets sont plus prompts à chaud qu’à froid. Dans certaines circonstances, une quantité relative- ment très-pelite de potasse peut, avec le temps, sili- catiser fortement une partie de calcaire : ainsi, la potasse ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 638 forme d’abord du silicate de potasse soluble ; celui-ci, au contact de la chaux, perd son acide silicique, qui se fixe sur la chaux ; et la potasse, redevenue libre , reprend la molécule de l'acide silicique qu’elle perd de nouveau, par un effet de navette semblable à ce qui se passe dans la fabrication de l'acide sulfurique, quand le deutoxyde d'azote prend à l’air l'oxygène que l'acide sulfureux lui prend à son tour, ; Les applications qui doivent résulter de ces effets si extraordinaires deviendront nombreuses et utiles; mais ce qui empêche leur prompte vulgarisation, c’est l’in- fluence des intérêts opposés, habitués à vivre des in- dustries du passé et aussi l'esprit de routine ; mais l'utilité réelle finira par vaincre les résistances. Le silicate de potasse , ou liqueur de caillou, appelé plus tard verre soluble, se prépare facilement en chauffant au rouge blanc un mélange de carbonate de potasse et de sable fin ; laissant refroidir, pulvérisant la masse et faisant bouillir avec de l’eau. Mais ces manipu- lations devenant difficiles et coûteuses, le savant auteur de la découverte prépare avec la plus grande facilité ce produit par la voie humide, en chauffant sous une pres- sion de huit atmosphères, dans des vases fermés, en tôle très-forte, une solution de potasse caustique dans laquelle on a placé les cailloux ou silex en excès: ceux-ci disparaissent comme du sucre dans l’eau ; la matière bitumineuse se dissout d’abord , colore la liqueur, et les cailloux non dissous deviennent blancs; mais, si ces cailloux sont préalablement chauffés, afin de détruire par le feu cette matière bitumineuse, le silicate obtenu est incolore ; son prix de revient est d'environ 30 francs les 100 kilogrammes. 634 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, APPLICATION. À Si l’on projette, avec une pompe à incendie, une solu- tion de silicate de potasse sur la surface d’un mur en craie tendre, la plus grande partie du liquide est absorbée; la craie change de nature, se durcit, cesse de pouvoir être rayée à l’ongle; en répétant plusieurs fois cette opération, la craie devient très-dure et est ainsi préservée de la dégradation rapide qu’éprouvent les monuments de celte espèce. La chaux hydratée qu’on a l'habitude de déposer sur les murs, le badigeonnage enfin, traité de la même ma- nière , éprouve les mêmes effets. Si l’on veut donner au mur une apparence de vétusté, on mélange à la matière une petite quantité de noir de fumée, celui-ci imprime une couleur noire plus ou moins foncée. C’est ainsi que l’on a traité les murailles du nouveau Louvre. 8 On peut sculpter n'importe quel objet dans la craie tendre, et cet objet, placé ensuite successivement à Pair et dans une solution de silicate de potasse, finira par acquérir une grande dureté : ce que démontrent suff- samment les échantillons présentés, Le silicate de potasse durcissant ainsi, non-seulement la chaux, la craie et les autres oxydes et sels métal- liques, on fait aisément l’application de cet agent à la peinture : on délaie la couleur dans le silicate et on l'applique, au pinceau , sur la pierre ou le badigeon : rien de plus facile ; mais, comme le silicate de potasse, en présence de la .matière organique, se décompose en partie ; que la potasse détermine la formation des acides ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 635 noirs que troublent les couleurs, il est urgent de ne se servir que de couleurs absolument minérales, Ensuite , la peinture sur bois résineux ne doit être appliquée qu'après avoir reçu un fond exécuté par le procédé connu de la détrempe. Lorsque le fond doit être blanc, ce qui arrive le plus souvent, il y a un choïx à faire entre les blancs : le meilleur , pour ce cas, est le sulfate de baryte artificiel ; vient ensuite le blanc de zinc. Les peintures exécutées de cette manière, les RER, par exemple, possèdent cette apparence mate des marbres naturels : ces peintures n’ont point le reflet fâcheux des peintures à l’huile. Cependant , si l’on veut donner aux peintures de cette sorte un reflet brillant , une teinte transparente même, il suffit de les vernir avec le silicate de potasse. Ce vernis a même l’avantage, sur les vernis ordinaires, de ne prendre aucune nuance et de ne pas communiquer aux peintures ces tons souvent si désagréables. Viennent ensuite des considérations sur la formation des roches par la voie humide. M. Kuhlmann admet que la silice, d’abord dissoute dans la potasse, s’est fixée dans la cavité des coquilles à la faveur du carbonate d’ammoniaque, provenant de la décomposition lente de la matière animale, lequel agirait d’une manière continue, de même que l'acide carbonique en excès agit sur le carbonate de chaux de la coquille, pour produire un calcaire coquillier cristallin. Quelquefois le silicate de potasse intervient pour trans- former le corps de la coquille en calcaire siliceux , . comme il intervient pour former des silicates magnésiens ; et, dans toutes ces métamorphoses, la potasse ou la soude n'interviennent que comme moyens de transport. 636 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. La pétrification du bois s’explique suffisamment d’une manière analogue, en présence d’une quantité de silice et de potasse que contiennent les eaux : par exemple, le carbone de bois se transformant en acide carbonique, celui-ci se combine avec la potasse ; la silice prend la place du tissu ligneux. Les incrustations calcaires s’expliquent facilement par la propriété, bien connue, de l’acide carbonique de dissoudre le carbonate de chaux et de le déposer au contact d’un corps, de le dissoudre de nouveau , et toujours ainsi. Les dépôts de carbonate de chaux acquièrent, dans certaines circonstances , une grande dureté. Cet effet se remarque même dans ce qui se passe dans nos chau- dières à vapeur , à une température élevée. Cette sub- stance devient très-dure et elle est la cause de terribles explosions. On obvie facilement à cet inconvénient en jetant dans la chaudière une quantité relativement mi- nime de carbonate alcalin. Le carbonate de chaux de l’eau, qui se trouve dissous au moyen de l’acide carbo- nique est précipité, et il se forme du sesqui-carbonate alcalin, qui est apte à transformer une nouvelle quantité de calcaire ; le dépôt ainsi formé devient vaseux et très- facile à enlever par un simple lavage. Enfin, si l’on examine ce qui se passe dans certaines grottes où existent ces stalactites et ces dentelles si délicates, formées par dépôts successifs de la matière cal- caire des eaux, on remarque dans l’intérieur de ces masses des cristaux, parfaitement définis, de carbonate de chaux; ce qui prouve que , dans certaines circonstances, les dépôts sédimentaires et amorphes éprouvent, avec le temps, un remarquable travail de cristallisation, Si cette opinion n’était pas admise, il faudrait attribuer ces belles ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 637 cristallisations à un arrangement moléculaire spontané, survenu dans des masses assez considérables de carbonate de chaux maintenu à l’état liquide ou gélatineux, par suite d’une inertie des molécules, telle qu’elle existe dans l’eau dont on peut abaisser la température au-dessous de zéro , tout en la maintenant liquide , telle qu’elle existe dans les dissolutions du sulfate de soude, obtenues à chaud et maintenues à l'abri du contact de l’air, Après avoir exprimé à M. Kuhlmann, au nom du Con- grès, les remerciments de l’Assemblée pour cette impor- tante communication, M. le Président donne lecture d’une lettre rédigée par M. Louis Terwangne, de Lille, sur le rouissage manufacturier par fermentation continue (avec emploi de la craie ) du lin, du chanvre, du mélilot blanc de Sibérie, etc. DEUXIÈME SÉANCE. ( Présidence de M. le comte d'HéRicouRT). :_ Prennent place au bureau : | MM, RÉPÉCAUD, ancien colonel du Génie ; LAVOCAT, inspecteur de l’Académie de Douai ; DE VALICOURT , pro- priétaire ; TaïLLrAR, de l’Institut des provinces ; LOUBAT, ingénieur ; GOFFINT-DELRUE , délégué de l’Académie de Mons ; GOSSART , secrétaire. Après quelques mots pleins d’à-propos , de M. le Président, la parole est donnée à M. Loubat, inventeur des chemins de fer dits américains. Parti à vingt-deux ans , et sans ressources, pour l'Amérique, M. Loubat 638 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. y resta pendant vingt-cinq ans , et y acquit une grande fortune ; il est propriétaire de l'hôtel de St.-Nicolas, à New-York, contenant quatorze cents lits, Chaque cham- bre y est approvisionnée d’eau chaude et d’eau froide , à toute heure ; est éclairée au gaz et chauffée; cent vingt chevaux sont employés à aller chercher et conduire les voyageurs aux différents embarcadères. Revenu en France, il a monté l'hôtel du Louvre, qui fait 7,000 fr. de recette par jour, C’est lui qui a établi le chemin de fer, à traction de chevaux, qui va de Paris à Sèvrès et à Versailles. Comme il revenait d'Amérique, le public a supposé que ce chemin avait été établi par un riche propriétaire américain; de là le nom de Chemin de fer américain , donné à cette voie ferrée. 11 a aussi expédié le premier navire chargé d’émigrants pour la Cali- fornie. « J'ai dû vous exposer ces quelques mots de mon histoire, ajoute M. Loubat, pour vous persuader d’abord que je suis entreprenant , persévérant, et que je sais compter. » M. Loubat met sous les yeux du public les modèles et explique le mécanisme de la construction de ses che- mins ; toutes les pièces sont examinées l’une après l’autre , après quoi l'inventeur donne les aperçus sui- vants : il a établi la voie ferrée de Paris à Sèvres pres- qu’entièrement à ses frais. Cette première partie a coûté 410,000 fr. ; celle de Sèvres à Versailles , 600,000 fr. Le trajet de Paris à Versailles (18 kilomètres) se fait en une heure un quart; le prix des places est de 4 fr. les unes, et de 60 c. les autres , par personne. La voi- ture est très-douce: les accidents sont très-rares, la voiture étant très-rapprochée du sol. La voiture pèse 8,000 kilogrammes, Le train de devant est articulé , et ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 639 la voiture peut tourner dans un rayon de 5 mètres ; les aiguilles pour changement de voie sont fixes, Un boudin de fer, qui peut se fixer et être retranché des roues à volonté et en cinq minules, permet à ces voitures de circuler sur les routes ordinaires sans décharger. AVANTAGES DES CHEMINS DU SYSTÈME LOUBAT. : Ces voies, empruntant les grandes routes publiques qu’elles n’entravent nullement, ne prennent aucune par- celle de terre à l’agriculture ; il n’est pas besoin de gare ; elles sont surtout utiles pour relier des centres de po- pulation aux voies ferrées ordinaires. Celles-ci, lors- qu’elles s’établissent sur de petits tronçons, ne font pas leurs frais ; empruntant les routes ordinaires, les voies Loubat vont chercher les agglomérations des popula- tions ; elles sont surtout utiles aux voyages de petit parcours ; les lieux de station sont rapprochés, les départs sont mullipliés , ete... Sur les voies et sur an terrain dont les pentes ne dé- passent pas 4 pour 100, un cheval en vaut huit ; sur les pentes de 2 pour 400, un cheval en vaut cinq. Lorsque la voiture est chargée de soixante voyageurs, deux che- vaux suffisent sur les pentes qui ne dépassent pas 2 pour 100. En temps de neige ou de verglas, de grande pluie, de dégel , etc. , l'avantage de ce système est encore plus grand. | M. Loubat termine son intéressante exposition en fai- sant remarquer que les départements du Nord, où la population est agglomérée, le terrain uni, l’industrie très-développée, offrent, à l'établissement de son sys- ième , des facilités plus grandes qu'ailleurs ; il demande 640 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. qu’une commission soit nommée, afin d’aller à Paris étu- dier celui qui existe déjà. M. le Président pense que la nomination d’une com- mission n’est pas nécessaire ; mais, qu’à un prochain voyage que l’on fera à Paris, on profitera de l’occasion pour se rendre à l’aimable invitation de M. Loubat. M. le Président donne lecture d’une lettre de M. le baron d’Herlincourt , qui exprime d’abord ses regrets de ne pouvoir assister aux séances, et profite pourtant de l’occasion pour faire connaître le résultat qu’il a obtenu par l'établissement du système de culture de Kennedy. M. d’Herlincourt s'exprime ainsi : « La question des engrais liquides, comme toutes les choses de ce monde, a ses partisans et ses détracteurs. Si M. Moll en fait l'éloge, M. Barralen fait une critique acerbe. « Tous les systèmes ont leurs avantages et leurs in- convénients , selon les diverses localités. Quoi qu'il en soit, je crois avoir le premier, en France, appliqué l’ingénieux système Kennedy , transmettant tous les jours à la terre des éléments incessants de fécondité, qui sont souvent perdus dans les campagnes, où ils ne donnent que des embarras et de l’insalubrité ; tandis que l'agriculture demande , chaque jour , à l'industrie des amendements fort coûteux; on va chercher dans des parages lointains un supplément d’engrais fort riche: il est vrai, mais aussi trop dispendieux. « Le bon cultivateur doit savoir se suffire à lui-même, et surtout utiliser toutes ses ressources. Celles qu’il laisse perdre sont un grave préjudice pour son entreprise et une cause fatale de perte, au lieu d’être un précieux élément de succès , de bénéfice et de prospérité. ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE, 6/1 « La conservation des fumiers exige, à la vérité, une humidité constante, mais la grande difficulté est de ne leur en donner ni trop, ni trop peu. Si cette humidité ne leur vient que du hasard des pluies du ciel , ou elle est insuffisante dans les beaux jours d’été , lorsqu'un so- leil ardent les brûle et les consume, ou elle est surabon- dante dans la froide saison d’hiver. Alors, les cours des fermes sont envahies par des masses de neige et des torrents d’eau, qui inonderaient les étables, et les habi- tations, si on ne leur donnait issue, pour s’en débarrasser, sur les voies publiques où, parfois, un cultivateur intelli- gent les recueille en aval , profitant de l’incurie de son voisin. | « Au lieu de perdre ainsi ces précieuses essences, ne vaut-il pas mieux les utiliser ? Pour cela , il ne faut qu'un réservoir ou citerne , des tuyaux courant sur le sol, une , pompe et un moteur quelconque : manége , roue hy- draulique ou machine à vapeur. _« Les frais de premier établissement une fois faits, la dépense d'arrosage est de 17 fr, par hectare, tandis qu’il en coûte 20 pour l’arrosage par tonneau. « Produits. — Les résultats sont prodigieux. Si l’hec- tare ordinaire de prairie donne 200 quintaux de four- rage vert, l’hectare irrigué en rend 600 pouvant ali- menter cent têtes de gros bétail, ou six cents moutons, pendant quinze jours. « Le ray-grass est surtout productif dans ce système. Le bétail ne s’en lasse jamais, tandis qu’il finit par se dégoûter des autres fourrages. « Appliqué à la culture de la betterave, le même système donne, cette année, un rendement de plus de 1,000 quintaux à l’hectare. 642 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « En résumé , l’application de ce système est plus fa- cile qu’on ne pense, et les avantages prouvent que c’est de l'argent bien placé que celui qui est dépensé pour l'installer dans une exploitation. » M. Proyart répond que, selon lui, ce système a fail son temps. La question de la conversion des engrais solides en engrais liquides, dit-il, a vivement préoccupé, depuis quelques années , le monde et la presse agricole. Cinq années environ de l’application du système tu- . bulaire , expérimenté dans diverses fermes de l’Angle- terre et de l'Écosse ont amené des résultats. Ces résul- tats ne nous paraissent pas favorables à ce système préconisé, et dont on avait voulu faire une panacée uni- verselle. En effet, M. Kennedy, qui, un des premiers , en a fait l’application dans sa ferme de Mevyer-Mill, comté d’Ayr, vient d'opérer sa retraite , et son successeur ne parait pas disposé à convertir ses engrais solides en engrais liquides, bien qu’il ait trouvé, dans ladite ferme, tous les engins nécessaires à leur application , et pour lesquels il ne paie pas de rente. M. Méchi, riche négociant , l’un des adjoints du lord- maire de Londres , qui a beaucoup vanté la réduction de tous les engrais solides en engrais liquides, et qui avait organisé le système tubulaire dans sa ferme de Tiptree- Hall , vient de déclarer qu’il se retirait de la lutte; que la farce était jouée. Enfin M, Relfer , négociant à Ayr, qui a aussi goûté du système tubulaire , dans sa ferme de Cienning-Park , a déclaré qu’il ne le considère que comme un moyen de faire absorber aux plantes une grande quantité d’ali- ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 643 ments fertilisants , notamment le guano répandu au préa- lable , sur le sol, à la dose de 500, 1,000 , et même 2,000 kilogrammes à l’hectare. L’arrosage par l’engrais liquide, n’a pour objet absolument que d’enterrer le guano; M. Relfer ne lui attribue qu’une faible puissance fertilisante par lui-même : « Ce n’est qu’un véhicule pour le guano , dit-il : ce qui s’y trouve ne nuit pas, mais ce n’est presque rien. » Telles sont les propres expressions de M. Relfer (1). | D’après ce qui précède, la conversion des engrais solides en engrais liquides est-elle à conseiller ? Est-elle applicable en France , et notamment dans les départe- menis du Nord ? Nous ne le croyons pas, et pour trois raisons prin- _ -cipales. | Nous écartons d’abord la question du capital néces- saire à l’application du système tubulaire : capital con- sidérable , qui pourra être employé d’une manière plus judicieuse, | La première raison qui s'oppose à l'application du système tubulaire, c’est qu’il faut nécessairement que la ferme soit bâtie au milieu du domaine à exploiter , à moins que vous ne vouliez construire plusieurs kilo- mètres de conduits souterrains ; et, quand ces conduits seront placés, supputerez-vous la quantité de liquide, qu’il vous faudra pour les remplir, avant qu’il puisse jaillir ? Or, la généralité de nos fermes sont bâties dans les villages ; celles qui sont dans des conditions différentes forment l’exception. (1) Extrait du Journal d'Agriculture pratique , publié sous la direction de M, J.-A, Barral. 644 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. La seconde raison , c’esi que notre sol, étant essentiel- ment argileux (dans certains arrondissements le mar- nage’ est nécessaire) nos engrais solides , nos engrais- litières , agissent non-seulement comme engrais, mais bien aussi comme amendement. Convertir nos engrais solides, nos engrais-litières en engrais liquides, serait donc nous priver d’un agent mécanique qui a sa grande valeur. Enfin , pour troisième raison , nous dirons : la con- version des engrais solides en engrais liquides convien- drait-elle à notre système de culture ? Dans nos asso- lements nous avons la culture industrielle et la culture céréale ; certainement , dans les cultures industrielles , nous trouvons la betterave qui pourrait s’accommoder de ces arrosages , et procurer à l’agriculture un poids con- sidérable ; mais le fabricant ne trouvera-t-il pas, dans ces betteraves, plus de potasse que de sucre ? Et, quant aux céréales, nous pourrons sans doute obtenir, par les arrosages , une végétation luxuriante, un développement foliacé exagéré, qui amènera la verse; mais pas de grain. De tout ceci, conclura-t-on que je sois opposé à l’em- ploi des engrais liquides ? Pas du tout; aussi, vais-je résumer ma pensée en deux mots : opposition formelle à la conversion des en- grais solides en engrais liquides ; soins les plus com- plets, et emploi judicieux de tous les engrais liquides, purins, etc., produits et recueillis naturellement dans nos fermes. | Maintenant, arrive l'emploi de ces derniers liquides ; le système tubulaire doit-il être préféré à tout autre moyen d'épandage ? | Nous comprenons très-bien qu’un riche agriculteur , ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE, 645 possédant un vaste domaine aggloméré, ayant à sa dis- position un capital d'exploitation inépuisable, nous com- prenons , disons-nous , qu’un agriculteur , dans de telles conditions , accueille, avec une sorte d’enthousiasme , toutes les innovations agricoles tant pour sa propre sa- tisfaction que pour l'édification de tous. C’est donc à chaeun de juger sa position et ses forces. Quant, à nous, qui recueillons, bon an, mal an, 10 à 12,000 hectolitres de liquides, nous nous sommes contenté jusqu’à présent, pour leur épandage, du tonneau classique. | M. d'Héricourt répond que, s’il partage l'opinion de M. Proyart sur les inconvénients que présenterait la conversion de tous les fumiers en engrais liquides, il n’admet pas un blâme aussi complet du système Ken- nedy. Ilcroit que ses avantages sont incontestables dans une ferme située au centre de l’exploïtation et entourée de prairies ou de vergers. Toutefois , il est nécessaire qu'il existe un moteur servant déjà aux besoins de la ferme ; car , si l’on devait en établir un pour l’applica- tion du système Kennedy, les frais seraient beaucoup trop élevés ; mais, à Éterpigny notamment, le moteur est une roue hydraulique; les prairies entourent l’habi- tation dont elles sont en contre-bas, et l’on ne peut nier les avantages que l’application de ce système y présente. MM. Proyart, Gofflint-Delrue, et plusieurs autres membres prennent la parole sur le même sujet. M. le Président résume ensuite la discussion , et l’As- semblée décide : 4°. Que la conversion de tous les fumiers en engrais liquides est une méthode mauvaise, nuisible à la culture; 2°. Que le système Kennedy ne doit être employé 646 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. qu'avec prudence, et dans des conditions, pour ainsi dire , exceptionnelles. M. le Président appelle l'attention sur de magnifiques échantillons de maïs, envoyés par M. Grimbert, d’Achiet ; il donne ensuite lecture d’une lettre dans laquelle ce cultivateur explique le mode de culture qu’il emploie. Cette note est accueillie avec le plus vif intérêt. . M. Goffint-Delrue , délégué de la Société RParRnlneS de Mons, s’exprime en ces termes : La culture du maïs (variétés contenant beaucoup d’azote ou de gluten, ce qui produit le sang }, doit attirer l'attention du Congrès, au même titre que le froment ; à titre supérieur à celui de la bienfaisante culture de la pomme de terre elle-même. J'ai cultivé et je cultive comparativement toutes les variétés principales dans l’enclos de ma campagne : toutes les variétés d'Amérique ne mûrissent pas ; le petit maïs à petit grains de Boston ou du Canada rend trop peu pour la grande culture. M. Weler, professeur de botanique et d'horticulture à l'École gouvernementale de Bruges-les-Gand, m’a en- voyé le maïs jaune de Styrie. Cette magnifique espèce, jaune foncé, épi contenant un grand nombre de rangées de grains, a müûri cette année aussi tôt que le maïs à poulet le plus hâtif; il l’annonce comme étant plus riche en gluten et aussi riche en autres principes alibiles que le meilleur froment , il produit davantage : cela étant, le problème est résolu. Je le cultiverai plus en grand l'année prochaine, et j'en enverrai quelques grains à M. Péligot, qui, comme on le sait, a fait les analyses comparatives des principales céréales de France. ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 6/47 Voici comment je le cultive, en me guidant sur les en- seignements de la science et de la pratique : Je fais tracer un rayon de 6 à 7 pouces de profon- deur ; si c’est au binoir, il faut attacher au derrière de l'instrument un râteau à trois ou quatre dents " gratte et ameublisse le fond du sillon. Je fais planter, à la main, deux grains énsinite ; légèrement distancés, afin de supprimer le plus faible si tous deux poussaient. Le plantoir à la main de Le Docte, coûtant 80 fr., donne célérité, facilité et éco- nomie sur tout autre semoir propre à la grande culture. Je recouvre très-peu la plante ayant produit sa pre- mière couronne de racines; je comble le sillon, la se- conde couronne de racines s’y nourrit, part du premier nœud, produit une troisième et dernière couronne de racines, d’où vient la force d'alimentation et de résistance à la verse. Il faut pincer toute re partant du pied, et les pousses dans les aisselles, en ne laissant qu’une ou deux pousses devant fournir un ou deux épis. En pinceant de bonne heure, on ne fait qu’une bien faible blessure à la plante, qui ne perd ainsi que peu de sève ; pour prévenir les maladies ou la mort de la plante, on retranche des pousses très-développées. Enfin le sarclage et le binage ont lieu avec les instru- ments de grande culture, ainsi que le buttage ; le tout entre les lignes. Lorsque le bouquet d’ovaires , sortant du sommet de l’épi, a été fécondé par l’aigrette des étamines qui occupe : le sommet de la plante, l’aigrette ou le bouquet de fleurs doit être supprimé, avec la partie supérieure de la plante, en ne laissant que deux ou trois feuilles au-dessus de l’épi supérieur conservé. 618 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. On reconnait la fécondation complète , en ce que le bouquet d’ovaires prend la couleur brunenoire ; chaque ovaire tient, par son style, à un grain différent de l'épi. M. Loubat dit qu'ayant essayé la culture de toutes les espèces de maïs en France , en-deçà de la Loire , près de Paris; connaissant d’ailleurs la culture de cette plante pour l'avoir pratiquée pendant de longues années en Amérique, il ne pense pas que la culture en grand du mais puisse avoir aucune espèce de succès en France, en- deçà de la Loire. Ce ne peut être, dit-il, qu’une culture en petit et de fantaisie. M. Garrault réplique qu’il est vrai que le maïs d’Amé- rique ne réussissait pas, mais que le maïs deStyrie a müri en 1857, et quoique l’année soit exceptionnelle, on es- père qu’il mürira chaque année; il pense que l'expérience doit être continuée. M. Auguste Parentz, chef de division à la préfecture, communique à la section un mémoire sur la population du Pas-de-Calais en 1856, comparée à celle de la France, Ce mémoire se divise en trois parties. Dans la première partie, l’auteur compare les résultats du dernier dénombrement en France et dans le Pas-de- Calais. Le dénombrement effectué dans tout l’Empire a fait ressortir plusieurs faits importants, qui peuvent se résumer ainsi: ralentissement dans la progression de la population; déplacement d'individus au profit de plusieurs départements et au préjudice d’un plus grand nombre; accroissement du nombre des habitants des villes, au dé- triment des campagnes. Le ralentissement des progrès de la population en France depuis dix ans est réel; mais il tient à trois causes accidentelles : la disette, le choléra et la guerre, dont les effets doivent disparaitre avec elles, ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 649 Le Pas-de-Calais, qui avait subi une diminution de 2,762 habitants dans la période de 1846 à 1851, a reçu un ac- croissement de 10,175 habitants, déduction faite du chiffre des garnisons exceptionnelles de 1851 à 1856. Il a cependant, comme beaucoup d’autres départements , payé son tribut à l'émigration. En effet, de 1851 à 1855, le nombre des naissances s’est élevé à 95,020 celui des décès à 80,067 d’où résulte un excédant de naissances de 414,953 La population ne s’étant accrue que de 10,175 individus, l’émigration aurait donc enlevé au département près de 5,000 individus. Toutefois, selon M. Parenty, l’excédant notable des naissances sur les décès, dans une période qui aurait subi des épreuves si terribles, est un précieux indice de l’heureuse situation économique du pays. Quant aux déplacements qui ont eu lieu des campagnes vers les villes, l’auteur les attribue principalement aux mouvements de troupes, aux grands travaux qui s’exé- cutent sur divers points, à la cherté des subsistances et aux progrès de l’industrie. Mais la plupart de ces causes sont accidentelles et, en ce qui concerne l'attraction des populations vers l’industrie, elle n’est pas spéciale à la France : elle se manifeste dans d’autres pays et notam- ment en Angleterre où, depuis long-temps, les machines agricoles ont suppléé avec avantage à l'insuffisance des bras. Dans le Pas-de-Calais, des déplacements de popu- lation ont eu lieu aussi ; les cantons voués spécialement à l’agriculture sont restés stationnaires, ou ont éprouvé une faible diminution ; ceux, au contraire, où l’industrie se développe le plus ont reçu un accroissement d’ha- bitants. Mais les résultats constatés sont sans importance 28 650 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. réelle, et ne sauraient compromettre les intérêts de l’a- griculture. | | En résumé, dit M. Parenty , les phénomènes écono- miques qu’a révélés le dernier dénombrement sont loin de justifier l'alarme de certains esprits, qui semblent y voir un indice de décadence. Le développement de l’industrie, l'extension des opérations commerciales tant à l’intérieur qu’à l'extérieur, la progression rapide des revenus in- directs, la décroissance de la criminalité dans les années difficiles que nous venons de traverser : tout prouve que la France est plus grande et plus forte que jamais. Dans la seconde partie, l’auteur résume les documents qui ont été recueillis dans le Pas-de-Calais , à l’occasion du dernier dénombrement. Ces documents ont pour objet la classification des communes suivant leur population ; la répartition de maisons et de ménages par catégories, et de la population par sexe et par âge, par état civil et par profession ; de même que l'indication des diverses popu- lations flottantes et du nombre d’habitants atteints d’a- liénation mentale, de crétinisme , de cécité et de surdi- mutité. AS Le Pas-de-Calais est le département qui renferme le plus de communes: il en compte 903 ayant, en moyenne, une population de 789 habitants et une superficie de 731 hectares ; 436,826 communes de toute la France ont une population moyenne de 979 habitants par une superficie de 1,420 hectares. Le Pas-de-Calais renferme 450,255 maisons dont 82,449 sont couvertes en dur, et 67,804 en chaume ; le nombre des habitants étant de 712,846 ; représente près de 4,747 individus, 747 par maison à 426 individus par ménage. La population se divise ainsi par sexe : ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 654 Sexe masculin. + 4... 859,987 : de féminines true ne deu ru BBD BEOT OUT À TOTAL ÉGAL. . 712,816 Elle se répartit de la manière suivante, par 10,000 hab. Sexe masculin : Enfants ou célibataires... + - 3,003 | 5,050 Hommes mariés. … . … . . 1,796 Vous . SR 5 nu 251 Sexe féminin : Fi Enfants ou célibataires, . . 2,703 Femmes mariées.. . . . 1,786 L,950 Veuves.. "#77 4 à 464 TOTAE ÉGAL: 40,000 Le chiffre de la population flottante est de 28,184 indi- vidus. Le nombre des aliénés a presque triplé en quatorze ans, il est de 4 individus par 40,000 habitants, et le chiffre des aliénés du sexe féminin représente 71 °, de celui des aliénés du sexe masculin. M. Parenty croit pouvoir attri- buer les progrès de l’aliénation mentale aux mauvaises mœurs, à l’amour effréné de la spéculation, et aux préoccupations politiques. | L'étude de la population par âge constate que près des quatre cinquièmes de la population ont disparu à 50 ans ; que la période de la naissance à 40 ans représente, à elle seule, près d’un cinquième. de la population totale ; que trois cinquièmes sont échelonnés de 10 à 50 ans, et que l’âge compris entre 50 et 100 ans et au-dessus forme le dernier cinquième ; de telle sorte que, de 80 à 100 ans et au-delà, on ne compte plus que 63 individus sur 40,000. Cette étude fait aussi ressortir la supériorité du sexe mas- culin jusqu’à 50 ans, et celle du sexe féminin, à partir 652 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. de cet âge jusqu'aux limites extrêmes de la vie, Il n'yavail, en 1857, que deux centenaires dans le Pas-de-Calais. La population par profession donne les résultats sui- vants: Nomb. d’hab, Proport, par 1,000 hab. 4°. Agriculture. . . . 350,924 492 2°. Industrie. :. . . . 217,625 305 0 CoBmMer 80,142 42 4°. Professions diverses, se rattachant à lagricul- ture, à l’industrie et , au commerce. , , 1,928 3 5°, Professions libérales... 37,099 52 6°, Clergé (y compris les personnes attachées aux institutions ecclé- siastiques. . . , :. 83,026 5 7°. Individus sans profession. 72,105 101 ÆOTAUL 5:65 5 212 742,046 4,000 Dans la troisième partie, M. Parenty étudie le mou- vement de la population dans le Pas-de-Calais pendant : l'année 1856. Dans cette étude, qui s’applique à la fois aux naissances, aux mariages et aux décès, il suit, autant que le permettent les limites de la population, le cadre dans lequel M. Legoyt, chef du bureau de la statistique générale de France , a résumé les faits qui se rattachent au mouvement de la population dans tout l’Empire, pendant l’année 1853. Le travail de M. Legoyt permet à l’auteur de faire de fréquentes comparaisons entre les faits qu’a révélés l'examen du mouvement de la popu- lation dans la France en 1853, et dans le Pas-de-Calais, ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 653 celui fait pendant l’année 1856 ; et cette comparaison fait ressortir, pour la plupart des faits observés, une similitude qui leur donne en quelque sorte le caractère de loi. Le nombre de naissances dans le département a été, CBS 6, de... ROUTEURS . 20,086 obiuE des décès, de 31e NP CAR d’où résulte un excédant de naissances de 4,965 Le chiffre des mariages a été de 5,565. L'auteur termine son travail, que nous regrettons de ne pouvoir suivre dans d’intéressants développements, par l’indication des causes de décès qui ont été constatées dans les villes chefs-lieux d'arrondissement, ainsi que dans les villes de 10,000 âmes et au-dessus. L'ordre du jour étant épuisé, M. le Président prend la parole pour remercier, en son nom et au nom de l’As- semblée, MM. Garreau, Kuhlmann , Loubat et Goffint de leurs savantes et utiles communications, et déclare closes les Assises scientifiques du Nord de la France. La section d'histoire et d’archéologie n’a pas été moins laborieuse que la section des sciences ; comme le temps presse, les procès-verbaux de cette section ne peuvent être analysés dans l’Annuaire de l’Institut des provinces; mais ils paraîtront dans le Bulletin mo- numentlal. Nous terminons cet extrait, beaucoup trop court, d’une session dont le souvenir durera long-temps dans le nord de la France, et dont le succès est dû à l’ha- bileté de M. le comte A. d’Héricourt, en reproduisant l'éloquent discours prononcé par Mg’. Parisis, à la séance publique de clôture : 654 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « MESSIEURS, « Ce qui fait la valeur des institutions humaines, c'est leur esprit. Quand Pesprit est mauvais, qu'importe que leur organisation soit puissante et leur influence étendue ? Elles n’en sont que plus à craindre, et le devoir de tout homme de bien est de les désavouer et de les combattre, « Au contraire, même quand leur existence est mo- deste et leur système d’action restreint, si leur esprit est bon,.c’est-à-dire surtout s’il est chrétien, elles sont , à des degrés divers , un bienfait public qu’il faut encou- rager et bénir; et voilà pourquoi, Messieurs, malgré mon incompétence sur la plupart des matières soumises à votre examen, j'ai pu, sans trop de prétention, accepter l'honneur de présider la séance publique de vos assises, «Messieurs, ce qui me plaît dans ces congrès, comme dans toutes les sociétés savantes de nos contrées, ce qui m'y affectionne véritablement, c’est que tout y est inspiré, dirigé, dominé par un sentiment précieux qui souvent a fait défaut en France et qui, s’il s’y fût conservé tou- jours, y eût épargné bien d’irréparables malheurs : ce sentiment, c’est le respect du passé, « Le respect du passé, voilà votre esprit, Messieurs : : voilà l’esprit de vos études, de vos recherches, de vos écrits, de vos réunions; et je tiens à vous en féliciter, parce qu’en cela vous travaillez à réparer un grand tort, pour ne pas dire un grand crime, Vous allez me com- prendre. « Messieurs, on définit une époque d’après ce qui en fait le caractère dominant. C’est pour cela que le XVEFI*, siècle, considéré, en France , dans ses écrivains et dans ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 655 tous ceux qui régnaient sur l'opinion publique, peut être appelé le siècle du mépris. 11 a tout méprisé pour arriver à tout détruire. Eh bien ! c’est contre ce mépris coupable du passé que tous vos travaux nes et c’est là surtout ce qui vous honore. « Il y a dans notre histoire, Messieurs, une époque qui fut particulièrement décriée au dernier siècle : époque cependant la plus importante de toutes , car c’est elle qui nous a formés ; époque de luttes effroyables et de mer- veilleuses transformations, que, pour cela même, on est convenu d’appeler le #noyen-dge ; où l’Église, régnant seule sur le monde , et n’ayant à sa disposition, d’une part, que les débris de l’Empire romain tombant en pourriture, et, de l’autre, que les hordes indomptables d’une barbarie victorieuse, vivifia les uns, adoucit les autres, et de ces éléments désespérés, fit sortir les ss grandes œuvres et les plus hautes vertus. «On s’indigne contre cetle époque, parce qu’on y trouve des vices. Il serait facile de prouver que, dans leur en- semble, ces vices, d’ailleurs très-regrettables , et très- incontestés , n'étaient pas le fait du moyen-âge, mais bien celui des générations précédentes, païennes ou barbares , qui les lui avaient légués et qu’il rendit cer- tainement meilleures, sans les rendre parfaites. Le fait du moyen-âge , c’est ce qu’il a produit par lui-même et de son propre fonds; et je ne crains pas d'affirmer que, par là , c’est une des plus grandes et des plus belles Sotues de l'humanité. « À ceux qu'une pareille appréciation ont: sur- prendre, je me contenterai de dire: trouvez donc dans l’histoire du monde entier un prince plus grand que Charlemagne , ou plus parfait que saint Louis; un génie. 656 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. plus profond que saint Thomas-d’Aquin, un plus puis- sant que saint Bernard ; des édifices plus empreints de l'esprit créateur que nos vieilles cathédrales, ou des déco- rations plus resplendissantes et plus inspirées que leurs verrières ! « Trouvez quelque part plus de générosité courageuse et spontanée que dans les Croisades; plus d'honneur et de délicatesse que dans les Chevaliers; plus de dévouement et d’intrépidité que dans les Ordres militaires; plus de charité sublime que dans les religieux de St.-Jean-le- Matha et de St.-Félix-de-Valois pour la rédemption des captifs! « Messieurs, jamais il n’y eut ni tant de grandes créa- tions, ni tant de vrais grands hommes ; par la raison que jamais, sauf au temps des premiers martyrs, il n'y eut tant de saints. Eh bien! voilà, Messieurs, ce que le XVIII, siècle osa frapper de son mépris, non pas avec - quelque réserve, mais sans mesure et sur tous les points ; non par des attaques isolées et clandestines, mais avec une publicité cynique et un effroyable ensemble. « Mépris pour les mœurs du moyen-âge, dans les- quelles on ne signala que de la barbarie; mépris pour son organisation, où lon ne voulut voir que de fa servi- tude; mépris pour l’époque tout entière, que l'on fit appeler les siècles d’ignorance ; mépris, non pas seulement pour ses grands travaux intellectuels, que généralement on n’était plus capable de comprendre, mais pour ses- ouvrages extérieurs et matériels, dont la perfection frappait les yeux les plus vulgaires, et que cependant on parvint à faire flétrir en masse comme des œuvres de mauvais goût. Et ce qui est le plus étonnant dans cette audacieuse injustice, c’est qu’elle fut partagée par ceux- ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE. 657 là même qui n’avaient aucune raison de s’en rendre cou- pables. l : « Comme évidemment c'était le christianisme que l’on poursuivait dans toutes ses productions et dans tous ses symboles, on ne peut pas être surpris de la fureur avec laquelle les incroyants et les sectaires cherchaient à ré- pandre le discrédit sur un âge qui en fut la plus splendide et la plus féconde représentation. Mais que les hommes religieux se soient unis à tous les impies d’alors, pour décrier ce qui faisait la gloire de leur propre culte; mais que les défenseurs, même les plus éminents et les plus autorisés de l’Église de Dieu, soient entrés hautement dans cette ligue abominable pour jeter dédaigneusement leur pierre contre cet âge de foi catholique, dont la sainte Église fui la seule souveraine ! vraiment on voudrait, pour l'honneur de l'esprit humain, ne pas croire que cette aberration eût jamais été possible. « Et cependant l’histoire est là, lumineuse, certaine, implacable : la conspiration de ce mépris sacrilége , déjà précédemment commencée en partie, fut générale au dernier siècle , surtout dans les classes lettrées , et c’est peur cela que bientôt la dévastation le fut aussi. « Il est facile de faire détruire ce qu’on a fait long-temps conspuer. Aussi est-ce une joie féroce qu'avant d’achever sa course , ce même XVIII*, siècle se rua sur les œuvres innombrables de Part chrétien; qu’il brisa les délicates ciselures et les précieux émaux; qu’il souilla ou livra aux flammes les riches tissus et les fines miniatures ; qu’il fit tomber enfin sous le marteau de son vandalisme, et les statues pieuses, et les ogives élancées , et les églises mo- numentales tout entières. Siècle orgueilleux, qui osais bien prétendre avoir tout régénéré, quand tu ne nous as 658 INSTITUT DES PROYINCES DE FRANCE. laissé que des ruines, on t’appliquera la parole du Seigneur : Malheur à celui qui méprise, car c’est contre lui que le mépris rejaillira. Væ... qui spernis, nonne et ipse sperneris (1) ? « J'ai assez vécu, Messieurs, pour avoir connu ce siècle. Sans parler de ses plus néfastes excès, je dirai, dans un douloureux souvenir, que ma première jeunesse a vu les débris de ces scandales et entendu les échos de ces blas- phêmes. «Oui, Messieurs, j'ai vu vendre à l’encan, comme des objets hors de service, les prodigieux ouvrages de nos saints Pères et de nos Docteurs ; et, quoiqu'’ils fussent offerts à vil prix, nul ne se présentait pour les avoir, tant le mépris durait encore. Et alors, ces œuvres immortelles qu'étudiaient ou que vénéraient même les laïques du siècle précédent, du siècle de Bossuet, il fallut en lacérer les volumes pour leur rendre quelque valeur, et les confondre avec les feuilles inutiles que l’écriture n’a fait que de salir. Et comme, dans mon ignorance, j'en demandais la raison, on me répondit que c'était des œuvres surannées : et, quand plus tard, j'étais tenté de me laisser aller à quelque admiration pour ce que l'on rencontrait encore de monuments du moyen-âge, on réprimait ces élans in- décis de mes sympathies naissantes en me disant, pour toute raison , que c’était du gothique, et que cela n’avait plus aucune valeur : tant on était parvenu à corrompre la-raison publique ! O siècle menteur ! qui as eu le triste succès de jeter ainsi et de maintenir dans le faux le peuple le plus intelligent du monde, nous n’avons pas à t’ap- précier ici sur tes théories et sur tes innovations sociales, (4) Is, xxxurr, 4, ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE, 659 Elles sont à l'essai: l’avenir jugera. Mais, pour ce qui nous occupe en ce moment, et surtout pour ce qui touche à l’art chrétien , n’aurions-nous pas le droit de te rendre le mépris dont tu as osé frapper ce qu’il y avait en ce genre de plus digne de nos égards et de nos études ? Væ... qui spernis, nonne et ipse sperneris ? « Voilà donc ce qui a été le mal. Eh bien! Messieurs , votre gloire est de travailler franchement pour votre part à y apporter remède. « D'abord, en général, comme nous le disions en commençant, vous combattez le mépris par le respect. On avait dit que le moyen-âge était une époque d’ob- scurcissement et de grossièreté, où il n’y avait rien à voir, sinon pour blâmer et pour maudire., Vous avez répondu, et aujourd’hui même vous répondez encore par votre pro- gramme, qu'au contraire il y a dans ces annales trop oubliées et dans ces mœurs trop méconnues beaucoup à apprendre et même beaucoup à imiter, non-seulement pour la science théologique et la pratique de la religion, ce qui n’est plus contesté ; mais aussi pour ce qui rentre dans les intérêts les plus matériels et les plus humbles de ce monde. _ «Oui, Messieurs, vous faites bien de demander si l'histoire de l’agriculture au moyen-âge n'est pas une des études auxquelles se doivent livrer les Sociétés sa- vantes. Certes, malgré les encouragements qui lui sont donnés par les pouvoirs publics, l’agriculture est, de nos jours, si souvent aux aboïs et si souvent incapable de suffire à tous les besoins , qu’elle fera sagement de cher- cher à s’instruire auprès de ces anciens ordres religieux qui, dans ce temps-là même, défrichèrent la France, et furent les nourriciers des peuples, uniquement occupés à s’entre-détruire. 660 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « Vous faites bien aussi de chercher à savoir comment le moyen-âge réparait les chemins, el comment il disposait des fontaines publiques dans les villes et dans les cam- pagnes. Hélas! malgré le bon vouloir des autorités, les chemins aujourd’hui absorbent tant de fonds qu’il n’en reste plus pour nos églises; et, quant aux fontaines pu- bliques, bien loin que nos campagnes en aient toutes la jouissance, nous savons qu'elles ne jaillissent même pas dans toutes nos villes principales. « Vous poursuivrez, Messieurs, ces recherches si utiles et si curieuses. Il y a bien long-temps déjà que votre vé- nérable chef, l’illustre Directeur de l’Institut des pro- vinces, les a commencées. Je me le rappelle, j'étais à peine entré dans le sacerdoce, le système du mépris, dont nous venons de parler, durait encore; le premier de tous, M. de Caumont osa protesier, Je connus alors son nom et sa tendance, mais je me demandais ce que pouvait faire une voix isolée contre une opinion générale et contre un parti pris, soutenu par toutes les écoles en faveur et par toutes les puissances du jour. « Et cependant, c’est de cette volonté première qu'est parti le mouvement de retour au vrai. Bientôt cet heureux mouvement fut favorisé par des publications, puis en- couragé par d’éloquentes paroles prononcées au sein des Assemblées législatives, avec le retentissement qu’elles avaient alors. Dès ce moment, l’art catholique eut ses dé- fenseurs. Plus tard , il eut ses artistes , et maintenant il a reconquis, sinon ses richesses et ses inspirations , du moins sa prééminence dans l’opinion , et la préférence dans le choix des peuples. « Voilà le succès: et, en comprenant avec vous, Messieurs, tous vos collaborateurs passés et présents, ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE, 6614 nous pouvons ajouter : voilà votre ouvrage. Pour arriver à cette grande conquête, il vous fallut puiser votre cou- rage dans vos convictions, et vos convictions dans vos recherches. « Encore une fois, ce sont ces recherches que j’admire, moins peut-être quand elles ont pour objet des mo- numents conservés ou complets que quand elles s’a- dressent à des restes mutilés et à des ruines inconnues que vous allez découvrir pour les reproduire ensuité scru- puleusement et en conserver religieusement la fidèle image. Hit « Oui, Messieurs, il y a dans ces pieuses investigations quelque chose de la vénération empressée avec laquelle nos pères recueillaient les reliques des saints : car, pour vous, ces vieux fragments de chapiteaux, d’archivoltes ou de statues, ce sont aussi des reliques, d’un ordre très- inférieur sans doute, et cependant qui portent à vos yeux comme l’empreinte d’une triple consécration , par la sainteté de leur destination première, par la foi de ceux qui les ont travaillées , et, le dirai-je ? par la persécution même dont elles ont aussi reçu les coups. « Vous voyez, Messieurs, comment je comprends votre œuvre et comment j'explique votre respect. Oh! persévérez donc, d’abord parce que, comme le disait votre infatigable Directeur, dans son dernier bulletin: «la mine n’est pas épuisée ; ces monuments ont « encore besoin d’être vus, revus, dessinés, réétudiés, « sous diverses faces ; » ensuite, et surtout, parce qu’en réconciliant, pour votre part, les esprits avec un âge qui fut la personnification du règne de l’Église militante, vous les rapprochez de l'Église elle-même, c'est-à-dire du fondement de toute société parmi nous. 662 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, « Recevez donc, Messieurs, nos félicitations et nos en- couragements. Je ne m’exagère pas votre action sur uñ monde plus occupé d'industrie que de beaux-arts, et plus curieux des affaires présentes, qui enrichissent , que de ces raretés antiques qui, à son sens, ne rapportent rien. « Et cependant c’est dans ce même monde, et parmi les mêmes préoccupations matérielles, que vos sociétés savantes et chrétiennes ont produit le vrai mouvement civilisateur que j'ai mentionné. | « Vous le continuerez, Messieurs, vous l’étendrez, vous le perfectionnerez ; vous rendrez impossible le retour de ce mépris audacieux, contre lequel je me suis élevé avec une indignation qui doit vous faire comprendre ce que j'ai d'estime, de reconnaissance et d’amour pour ceux qui, comme vous, Messieurs , et notamment comme votre aimable et docte Président (1), professent et pra- “tiquent le respect de ce que firent nos pères dans la foi. » (1) M, le comte d'Héricourt, XXIV‘. SESSION. 663 LES CONGRÈS EN 4857. Congrès scientifique de France. La XXIV°. session du Congrès scientifique s’est ou- verte à Grenoble, le jour indiqué (3 septembre), dans les splendides locaux de la Cour impériale, M. le secré- ‘taire-général, A. Du Boys, assisté de MM. Lory, Pillot et Massé, secrétaires-adjoints, a prononcé le discours d’ou- verture. M. le Maire de Grenoble, qui siégeait au bureau, en a prononcé un autre, au nom de la ville de Grenoble, dont l'hospitalité a été _ pendant tout le temps du Congrès, | Voici quelle a été la composition du bureau général et des bureaux de section : BUREAU GÉNÉRAL. Président-général : Mg'. de Genouilhac %, évêque de Grenoble. Vice- présidents : MM. de Caumont # C %, membre correspondant de l’Institut de France; P.-M. Roux C 3%, docteur-médecin, elc,, à Marseille ; Bally O , ancien président de l’Académie de Médecine de Paris; Giraud 3% , ancien député, à Romans (Drôme ). Secrétaire-général : M, Albert Du Boys, aneien magistrat, vil ti CAT TRUE QU jt | ns (ie (il | juil { | ja = Ca a: al pu LM Ds Ti in Il le W î q! S LE & is 14 41 | de = si) a | LE cl ui ( | a ( LAAL à, fl ail 1e ‘y , >| qi ï wili Il | qe | lu | us NT nn * li | | (US En \ | pe Till ï ED L uX et qttriil a ql | ! ——— | = = ——— ==—— ——— — \ — = === IIA Lu Fille = \— = = == Le == LL ( (À \ À NET LIT VASE EL AE) ÿ Ÿ LEE | l'ERE: 1 ; : “ l (IE | 4 sn {|| A 1 ni | 17 || 111} 4 > LA eg AU D PSRUL TEE l'A ere | | ll Re || SNL A MINE pal Il MES RE 1 + | | Î | LE Le : D = hi (de 1 ET fl A1 l 15 [ tr | Hl 2 TES / | (BI \ W/ 1 À EN Il 1] Peel il Pl Æ]| | | L] Pl f: v | { De { il VE | 3 , | | EME & ; PA 2 D NTIC À ; RATE qe LULU 4 mr T Î 4 v | quant | À AIN } | AA AMC IR il IE} AE 1] QUI TT (1 {|| | _ Il jp! * L = K U Lij ’ + {| 1: | in x {il | me vus are I Li p EE DIE LR à LE PALAIS DE LA COUR IMPÉRIALE DE GRENOBLE, PENDANT LA SESSION DU CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE, XXIV®. SESSION. 665 membre de l'institut des provinces , correspondant du Ministère de linstruction publique pour les travaux historiques. Secrélaires-adjoints : MM. Charles Lory, professeur de géologie et de botanique à la Faculté des Sciences de Grenoble; Pilot, conservateur des archives du département de l'Isère. Trésorier-général : M. An- tonin Macé, professeur d’histoire à la Faculté des Lettres de Grenoble, correspondant du Ministère de l’Instruction publique pour les travaux historiques. Ordonnateur général des fêtes, etc, : M. Charbonnel-Salle, juge au Tribunal de 1"°, instance de Grenoble. BUREAUX DES SECTIONS. SCIENCES NATURELLES ET MATHÉMATIQUES, — A'*, et 6°, sections réunies. — Président : M. Gueymard O #, ingénieur en chef des mines en retraite, doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Grenoble. Vice-présidents : MM. Bonjean, chevalier de plusieurs ordres, chimiste , secrétaire et délégué de la Société d'agriculture de Chambéry; Michaud %, capitaine adjudant-major en retraite, chef d'institution à Sainte-Foy-les-Lyon, membre de plusieurs Sociétés savantes ; Bouillet #, inspecteur- divisionnaire pour les monuments historiques, à Cler- mont-Ferrand ; Baruffi 3, professeur de philosophie et de physique à l'Université royale de Turin. Secrélaires : MM. Séguin, professeur à la Faculté des Sciences de: Grenoble ; H. Breton, pharmacien, à Grenoble; Bos, professeur de mathématiques supérieures au Lycée d'Orléans. L AGRICULTURE, COMMERCE , . INDUSTRIE, — 2°, section. : — Président : MM. Albert de Brives #, membre du 666 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. Conseil général de l’agriculture , secrétaire-général de la XXII°, session du Congrès scientifique. Vice-présidents : MM. Gaugain %, trésorier de l’Institut des provinces , à Caen; Charles de Ribbe, avocat, à Aix (Bouches-du- Rhône); Robiou de La Tréhonnais, propriétaire, à Falmouth (Angleterre ) ; Segond-Cresp, avocat , à Mar- seille. Secrétaires : MM, Arvet # , ancien conseiller de préfecture, à St.-Martin d’Uriage (Isère) ; Auguste La- forte, membre du Conseil général, à Villard-Bonnot (Isère ); Paul Gariel, avocat, à Grenoble, SCIENCES MÉDICALES, — 8°, section. — Président : M. Leroy #, doyen de la Faculté des Sciences de Gre- noble. Vice-présidents : MM. Ancelon, docteur en Méde- cine, à Dieuze (Meurthe); Riboli, docteur-médecin, à Turin; Herpin, de Metz, docteur-médecin, à Paris ; Bonjean, chevalier de plusieurs ordres et chimiste, à Chambéry. Secrétaires : Armand Rey, docteur en Mé- decine, directeur de l’établissement hydrothérapeutique de Bouquéron; Baptiste Charvet, docteur-médecin, à Grenoble. HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE, — 4°, section. —Président : M. de Terrebasse, ancien député, correspondant du ministère de l'instruction publique pour les travaux historiques. Vice-présidents : MM. Ricard, secrétaire de la Société d'archéologie, sciences et belles-lettres de Mont- pellier (Hérault) ; Challe ##, membre du Conseil général de l’Yonne, à Auxerre ; l'abbé Le Petit, chanoine , doyen de Tilly (Calvados) ; le vicomte de Genouilhac, membre de l’Institut des provinces, à la Chapelle-Chaussée (lle- -et-Vilaine). Secrétaires : MM. H. Gariel, bibliothécaire de la ville de Grenoble ; Revillout, professeur d'histoire au XXIV°, SESSION. 667 = Lycée impérial de Grenoble ; Jules Leblanc, bibliothé- caire de la ville de Brioude (Haute-Loire). PHILOSOPHIE, LITTÉRATURE, BEAUX-ARTS.—5°, SeC{ion. — Président : M. Dubeux, O 3%, G X, procureur-géné- ral à la Cour impérial d’Aix (Bouches-du-Rhône). Vice- présidents : MM. l’abbé Hugonin, professeur de philo- sophie à l'Ecole des Carmes, à Paris ; Cousin, ancien ma- gistrat, président de la Société dunkerquoise, à Dunkerque (Nord); vicomte Charles de Cumont, avocat à Crissé, près Sillé-le-Guillaume (Sarthe); Maignien, doyen de la Fa- culté des Lettres, à Grenoble. Secrétaires : MM. Léon Au- zias, avocat, à Grenoble; Maurel de Rochebelle , fils, membre de l’Académie delphinale, à Grenoble; l’abbé Corblet, directeur de la Revue de l’art chrétien, à Amiens (Somme) ; Hatzfeld, professeur à la Faculté des Lettres de Grenoble ; Emile Lacour, avocat, à Grenoble. = Le nombre des membres inscrits sur la liste du Con- grès était de 364, Nous croyons qu’il n’y à jamais eu plus de 250 membres présents. - On voyait figurer sur la liste 4 membre de l’Institut de France (M. de La Saussaye, recteur de l’Académie de Lyon) ; 4 membres correspondants du même corps: MM. Fournet, de Lyon ; Deslongchamps et de Caumont, de Caen; Vicat, inspecteur-divisionnaire des ponts-et- chaussées, à Grenoble. Les membres de l'Institut des provinces figuraient sur la liste au nombre de 32. Parmi eux: MM. Challe, d'Auxerre, secrétaire-général du Congrès de 1858; Albert de Brives , secrétaire-général de la session de 1855; Bally, de l'Yonne ; Albert Du Boys, secrétaire-général de la XXIV°, session ; l’abbé Jouve, de Valence ; Baruffi, de Turin ; Bouillet, de Cler- 668 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. mont ; de Caumont, l’abbé Le Petit et Gaugain, de Caen; vicomte de Genouilhac, de Rennes ; P.-M,. Roux, de Mar- seille, ont rempli des fonctions dans les bureaux et ont pris une part active aux discussions. Les membres de la Société française d'archéologie fi- gurant sur la liste générale du Congrès étaient au nombre de 59. Parmi ceux-ci, nous citerons : MM, La Croix, de Mâcon, qui dirigeait, il y a quelques années dans sa ville, les travaux de la Société française d'archéologie ; Valentin Smith, conseiller à la Cour impériale de Lyon; Émile Thibaut, inspecteur des monuments du Puy-de-Dôme, et l'abbé Corblet, d'Amiens, qui avaient assisté, l’un et l’autre, aux réunions de Mende et de Valence ; Rostan, de St.-Maximin, inspecteur des monuments du Var; Robert de Liesville, du Calvados; de Ribbe , d'Aix, qui a présenté de lumineuses considérations sur le déboise- ment ; Ricard, inspecteur des monuments de l'Hérault ; le chevalier Radulph de Gournay, de Grenoble , ancien conservateur du musée lapidaire ; de Saint-Andréol, de Moirans (Isère); Séguin, d’Annonay ; marquis de Sieyès, de la Drôme ; le comte E. de Pina, de l'Hérault ; le doc- teur Pailloux, de Saône-et-Loire, et M"°, Pailloux ; l'abbé Le Petit, secrétaire-général de la Société française d’ar- chéologie; Gaugain, trésorier de la même Compagnie ; de Leutre, président du Tribunal de Gayac, inspecteur de Tarn-et-Garonne ; l'abbé Guedy, curé de Vesserons (Isère) ; le vicomte Paul dé Genouilhac, d’Ille-et-Vilaine ; Gariel, bibliothécaire de la ville de Grenoble ; Dupuis, président du Tribunal civil d'Orléans; Dardelet, graveur, de Grenoble ; le vicomte de Cumont, de la Sarthe ; Cousin , président de la Société dunkerquoise; Le Blanc, de Brioude (Haute-Loire); Bouillet, de Clermont; XXIV®. SESSION. | 669 Dumas, professeur de mathématiques, à Valence: Mouflet , de la Charente-Inférieure, proviseur du Lycée impérial de Grenoble, l’un des plus anciens membres de la Société française ; Gustave Vallier, banquier, à Grenoble. Parmi les autres notabilités non encore citées qui ont pris part au Congrès, nous citerons : M. le 4°, pré- sident de la Cour impériale de Grenoble, officier de la Légion-d’Honneur ; MM. Bailly de Merlieux, de Paris, secrétaire-général de la Société impériale d’horticulture; Almeras de Latour, premier avocat-général à la Cour impériale de Grenoble ; l’abbé Chambon, vicaire-général du diocèse ; Champollion-Figeac, bibliothécaire de l’'Em- péreur ; Amédée Faure, ancien magistrat ; le comte de Galbert , propriétaire, à La Buisse (Isère) ; le marquis de Béranger, de Sassenage ; Félix Faure, ancien député ; l'abbé Hugonin, supérieur de l’Ecole des Carmes, à Paris ; l'abbé Trépied, de Chambéry ; Sénéclause, de Bourg- Argental ; le comte de Saint-Ferréol, propriétaire des. ‘bains d’Uriage ; Soupé, professeur de rhétorique au Lycée impérial de Grenoble ; Simon, membre de plusieurs Académies, à Nantes ; Félix Réal, O #, ancien conseiller d'État ; A. Périer, membre du Conseil général, conseiller à la Cour des comptes ; l’abbé Ouel , directeur du grand- séminaire d'Orléans; Evrat, directeur de l’asile des alié- nés de l'Isère. . Les travaux du Congrès ont été parfaitement dirigés, et jamais les bureaux n’avaient mieux fonctionné. La session de Grenoble sera comptée parmi les meilleures qui aient eu lieu, Une exposition de peinture avait élé organisée, à l’oc- casion du Congrès; si elle n’a pas produit tout ce qu’on 670 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. en avait d’abord espéré, elle a pourtant donné une cer- taine émulation dans le pays. Elle se composait de 259 numéros, savoir : 207 peintures, 34 morceaux de sculp- ture, 7 cadres d’architecture , 10 de photographies et de lithographies. | L'exposition de légumes, fruits, elc., etc., a élé remar- quable ; celle des fleurs l’était peu, et ce n’est jamais sans quelque surprise que nous voyons toujours, dans le Midi, les expositions florales inférieures à celles du Nord. La ville de Grenoble renferme une Société d’acclimata- tion qui a fait de bonnes choses, et qui, sous ce rapport, nous paraît avoir rendu plus de services qu'aucune autre. La Société, administrée avec beaucoup de dévouement par une commission, a bien voulu exhiber ses produits le jour de l'exposition maraîchère. Enfin , un concours agricole a eu lieu le dimanche 43; la Société d’agriculture avait voulu ainsi offrir au Con- grès une de ces réunions intéressantes , qu’il aime tou- jours à retrouver. M. Albert de Brives, président de la section d'agriculture du Congrès, a été chargé de présider la députation qui a représenté le Congrès à cette fête. Le jour de la clôture du Congrès, M. Challe, d'Auxerre, secrétaire-général de la session de 1858, a prononcé un discours plein d’à-propos, dans lequel il a invité tous les membres à se réunir à Auxerre, au mois de septembre prochain, Ce discours a été couvert d’applaudissements. M. Du Boys a présenté un rapide résumé des travaux de la session, puis Mg’. de Genouilhac a prononcé le discours final et annoncé la clôture de la 24°. session. C'est à Auxerre que la session de 1858 aura lieu. Le Congrès a choisi Limoges pour siége de la session de 1859 ,.et désigné M. Alluaud , membre de l'Institut des XXIV‘, SESSION. 674 provinces, pour remplir les fonctions de secrétaire- général de cette session. Congrès archéologique de France. Le 24 août, le Congrès archéologique de France (1"°. partie } s’est réuni, à Mende , en présence du Conseil gé- néral, de M. le baron de Chappelain, de M. Hippolyte Roussel, président de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Lozère, et d’un grand nombre de notabilités, au palais de la Préfecture. Les membres du bureau central, composé de MM. de Caumont, directeur ; l'abbé Le Petit, secrétaire-général, et Gaugaïin, archiviste-tré- sorier, étaient arrivés, le 22 au soir, à Mende où ils avaient trouvé, à son poste, M. de Moré, secrétaire de la session. Par une coïncidence fort heureuse pour le Con- grès, Mg’. l’'Evèque du Puy était arrivé, le même jour, pour passer une semaine chez Mg’. de Mende, et le ongrès a été honoré de la présence de ces deux prélats. Mgr. de Mende a témoigné de sa sympathie pour les tra- vaux de la Société française d'archéologie, et le clergé du diocèse a été très-nombreux aux séances. Après la discussion des queslions du programme , les 24 et 25 août, le Congrès n’a pas voulu procéder à la répartition des fonds pour les fouilles, sans visiter Javols où , l’année dernière , la Société française d'archéologie avait fait pratiquer des travaux d'exploration assez consi- dérables, dont il a été rendu compte dans le Bulletin mo- numental. En conséquence, le 26, à cinq heures du matin, une diligence transportait à Javols MM. de Caumont, Le Petit, Gaugain, l'abbé L, Vinas et de Moré. MM, de Rouville 672 CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE DE FRANCE. et le docteur Blanquet étaient partis, de veille, pour recevoir la Commission du Congrès. Javols est à sept lieues de Mende, au milieu des mon- tagnes granitiques : la ville romaine , Anderitum, était assise là où se trouve le centre du village actuel, et dans des prairies voisines. M. de Rouville, dont le château est à peu de distance de Javols, avait engagé la Commission à descendre chez lui : elle y trouva le plus aimable accueil de M°*. de Rouville, et un déjeüner excellent qui fit bien vite dis- paraître les fatigues de la route. | Après avoir pris congé de ses aimables hôtes, la Com- mission du Congrès a visité, dans le plus grand détail, non-seulement l'emplacement des excavations exécutées sous la direction de MM. de Rouville et de Moré, mais encore celui des fouilles faites, à des époques plus an- ciennes, aux frais du département, Les fouilles exécutées aux frais de la Societé française d'archéologie ont produit la découverte d’un énorme crypto-portique, et, à l’ex- trémité opposée, vers le presbytère, celle de salles très- probablement destinées à des bains. Outre qu’un aqueduc de décharge se voit sous plusieurs pièces, on a recueilli de magnifiques tuyaux de plomb qui devaient, à un ni- veau supérieur, amener dans les appartements et dans les baignoires cette eau que l’aqueduc souterrain devait porter à la rivière , après qu’on en avait fait usage, La Commission a reconnu, dans tous les murs en pierre qui divisent les propriétés, des bases de colonnes en marbre, des fûts, des chapiteaux, des fragments d’entablements, M. de Caumont a pu, dans ces fragments, constater la présence de deux ordres corinthiens : l’un avec colonnes cannelées, l’autre avec colonnes lisses, et d’un ordre XXIV*. SESSION. 673 dorique que l’on trouve toujours dans les constructions romaines de la France; d’autres fûts et d’autres cha- piteaux, d’un module très-inférieur, provenaient évidem- ment de la décoration intérieure des édifices. Chez M. le docteur Blanquet, la Commission a vu une belle colonne milliaire, haute de 2 mètres 20 centimètres, et de 48 centimètres de diamètre. On y a vu aussi un cippe portant linscription suivante : D. M. ALBINI . SE b NATORIS M. le docteur Blanquet conserve un grand nombre de fragments de poteries et d’objets divers, provenant des fouilles, ou trouvés accidentellement à Javols. Chez M. Portal, la Commission a trouvé de magnifi- ques chapiteaux en marbre blanc, qui n’ont pas encore été dessinés exactement et qui pourraient être moulés, s’il y avait à Mende un mouleur suffisamment habiles, ce qui est très-douteux. On a montré à la Compagnie une table carrée, en pierre, ayant 95 centimètres d’un côté, et 83 de l’autre. Cette table est entourée d’une moulure, dessinant une bordure ou encadrement en relief ; on y lit ces mots : Peregrinus fecit. Après avoir vu ces choses et beaucoup d’autres, notam- ment des füts de colonnes antiques, dans l’église, et un autre fût, près de la boutique du maréchal, la Commission | a pris congé de MM. de Rouville et le docteur Blanquet, après s’être entendue, avec eux et avec M. le Curé, sur les points où de nouvelles fouilles pourraient être faites en 1857 et en 1858. 29 674 CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE DE FRANCE. Ea Commission est revenue par la petite ville de Ser- veretie, où elle a visité les collections de M. de Moré ; elle est rentrée à Mende, à dix heures du soir, après avoir rempli consciencieusement son mandat. | Le 27 , une Commission composée de MM. de Caumont” Gaugain et de Moré, partie à quatre heures et demie du malin , s’est transportée, à pied, au monument romain de Lanuejols : c’est un des plus beaux monuments ro- mains de grand appareil que nous ayons en France: il porte une longue inscription et a été de nouveau dégagé et protégé, par un mur, contre la descente des pierres et des graviers que les grosses pluies apportent des monta- gnes voisines. Ce travail a été fait aux frais du départe- ment, sur le vœu qu’avait émis la Société française, au Puy, en 14855; vœu qu’elle avait chargé M. le baron de Chappelain de transmettre à Fautorité. M. Roussel, pré- sident de la Société d'agriculture de Mende , a lu, sur le monument de Lanuejols, un mémoire qui sera imprimé dans le compte-rendu. La visite de la Commission avait pour but : d’abord, de voir les travaux faits ; ensuite, de savoir sur quels points des environs on pourrait pratiquer des fouilles. 11 est prouvé effectivement que le beau tombeau de Lanuejols n’était que laccessoire d’une vaste villa, appartenant à une riche famille romaine qui fit élever le monument à la mémoire de plusieurs de ses parents. M. de Caumont a transmis ses vues, Sur ce point, à M. de Moré. De midi à quatre heures, le 27 août, a eu lieu la séance de clôture. Un grand nombre de mémoires ont été lus ou présentés; on a fait ensuite le rapport sur les allocations demandées, et une somme de 1,000 fr. a été votée pour des fouilles et des restaurations d’églises dans la région de Mende. s> XXIV*, SESSION. 675 La seconde partie de la session devant s'ouvrir à Va- lence, le 29, le Bureau, accompagné de M. Léon Vinas, membre du Conseil administratif pour le département de l'Hérault, est parti de Mende, le soir même ; il arrivait, le lendemain 28, à Alais, à 6 heures du matin, et à 9 heures, il était à Nimes où, après avoir fait sa visite à M. Pelet, il a inspecté tous les musées lapidaires et les monuments de Nîmes ; puis il a repris, dans l’après-midi, la voie de fer et est arrivé à Valence, à 9 heures du soir, | Congrès archéologique de France (2°. partie). — Valence, sur une ligne de fer, devait offrir aux étrangers plus de facilité d'accès que Mende. Aussi, MM. le com- mandeur Roux, de Marseille, sous-directeur de l’Institut des provinces; Bouillet, inspecteur-divisionnaire de l’Au- vergne ; Martin de Cavaillon , inspecteur de Vaucluse ; le chevalier de Pérussis, inspecteur des Basses-Alpes ; Ri- card, inspecteur de l’Hérault; Thibault, inspecteur du Puy-de-Dôme; de Leutre, inspecteur de Tarn-et-Garonne ; Poncer , d’Annonay ; Séguin, id.; Begouen, sous-préfet de Montélimart ; Valentin, juge d'instruction, id. ; mar- quis de Sieyès , comte de Montrond , de la Drôme, et plus de cent membres assistaient à la séance d'ouverture, Ge succès était dû au zèle actif de M. le chanoine Jouve, in- specteur de la Drôme et membre de l’Institut des pro- vinces. M. le Préfet, M. le Maire de la ville, plusieurs membres du Conseil général, alors assemblé, ont suivi avec infiniment d’intérêt les travaux du Congrès, dont M. le Préfel a présidé une des séances. Ces séances ont été très-nourries, grâce surtout à l’abondante moisson de documents réunis par M. l’abhé Jouve, aux communica- tions pleines d'intérêt de M. Valentin, de Montélimart ; 676 CONGRÈS DE L'ASSOCIATION NORMANDE. de M. Martin, de Vaucluse; de M. le chevalier de Pé- russis; de M. l’Architecte de l’Ardèche, etc., etc. Le compte-rendu seul peut exprimer l'intérêt de ces séances. M. Thibault, de Clermont, inspecteur du Puy-de- Dôme , a fait un rapport sur la visite des monuments et des établissements de Valence. Au bout de quatre jours, la seconde partie de la session a été close à Valence, comme l'avait été la première à Mende, par diverses allocations dont le chiffre s’est élevé à 1,300 fr. environ, non comprises les allocations faites pour des contrées éloignées, la division du Mans, par exemple. Le Conseil général administratif s’est constitué pour élire de nouveaux inspecteurs et des membres du Con- seil : M. de Moré a été proclamé inspecteur des monuments de la Lozère, fonction qui lui avait été confiée, dès l’année dernière, à titre provisoire. | M. le baron de Chappelain a été proclamé membre du Conseil général administratif. | M. l'abbé L, Vinas a obtenu le même titre, pour le dé- partement de l’Hérault. M. Henry Talon, avocat, à Aix, a été proclamé in- specteur des Bouches-du-Rhône. Congrès provincial de l'Association normande. (SESSION DE 1857.) Le Congrès provincial de l’Association normande a eu lieu, en juillet 4857, avec un éclat extraordinaire , dans SESSION DE 4857. 677 la ville d'Alençon. M, de La Sicotière et M. de Vigneral, inspecteurs divisionnaires de l'Orne, M. Chaussepied, in- specteur cantonal, avaient de longue main préparé la ses- sion, M, de Caumont s'était, plusieurs mois auparavant, transporté à Alençon pour s'entendre avec M. Corbière , maire de la ville, qui à mis le plus grand empressement à prendre toutes les mesures qui pouvaient rehausser léclat de la session et du concours provincial agricole, MM. Morière, L. Gaugain, de Prétavoine, maire de Louviers, et Mabire, de Neufchâtel, étaient arrivés de bonne heure pour donner un dernier coup-d’œil aux préparatifs. La belle place dite le Champ-de-Foire avait été pa- voisée , divisée en deux parties égales par une magnifique allée de 20 mètres de largeur. Le côté droit était disposé pour recevoir les taureaux; le côté gauche, pour recevoir les vaches et les génisses sous des arbres dont le beau feuillage les garantissait des rayons du soleil. Les moutons et les autres animaux étaient aussi rangés sous les arbres, Plus loin, dans un vaste carré, une quantité considérable de machines à battre, de moulins, de hache-pailles , de eoupe-racines, etc., etc.', etc. , fonctionnaient, les uns mus par des machines à vapeur locomobiles, les autres par des manéges, M. Ganneron et d’autres fabricants avaient couvert de leurs produits cette vaste enceinte, dont le coup-d’œil était magnifique. La tente du Jury occupait l'extrémité de la place, au bout dela grande allée centrale, Le 98 juillet, la ville d'Alençon était pleine d’étran- gers , la population circulait dans les rues à pleins bords : on attendait, à deux heures, l’arrivée des bannières des vingt-cinq Sociétés d'agriculture des cinq départements de la Normandie, qui allaient faire leur 678 CONGRÈS DÉ L'ASSOCIATION NORMANDE. entrée dans la ville, escortées de la garnison et ayant en tête la Musique de la Garde nationale. Après cette fête vraiment populaire , la session a été ouverte, et M. le Maire a fait, en présence de l’Association , l’inauguration du musée de peinture. On voyait, dans la salle: M, le mar- quis de Chennevières, membre de FInstitut des provinces, l'organisateur des expositions de Paris , que le départe- ment de l'Orne revendique comme un de ses enfants ; M. Le Harivel-Durocher, sculpteur, né près de Tinchebray ; M. le comte de Mailly; M. Hucher, de la Sarthe ; M. Léman, peintre , né à Laigle; M. David, architecte, du Mans; M. Monnoyer, du Mans ; M. Charles, de la Ferté-Bernard ; M. Clay, de Maintenon , et une multitude de notabilités étrangères : car, sur l'invitation de M. de Caumont, les Sociétés agricoles de plusieurs départements avaient envoyé des délégués au Congrès provincial normand. Rentrée dans la salle de ses séances, à l’'Hôtel-de-Ville, l'enquête agricole a été entamée et continuée jusqu’à six heures du soir; elle a été reprise le lendemain, après une brillante et cordiale réception du Congrès par M. le comte de Seraincourt, à son château de Lonray, près de la ville, une des plus magnifiques résidences qui existent en France, et dans laquelle le propriétaire donne l’exem- ple des bonnes pratiques agricoles et entretient un grand nombre d'animaux de différentes races. Le vendredi, le Congrès était reçu avec le même em- pressement , à la Cour-d’Aunou, par M. Prémêlé, maire de Séez, un des agriculteurs les plus éclairés du dépar- tement, et y visitait de magnifiques récolles, des in- struments perfectionnés et un beau domaine parfaitement cultivé; puis il revenait à Séez où il tenait, pendant quatre heures , une séance du plus haut intérêt devant deux cents personnes. SESSION DE 1857. 679 Le soir, à son retour à Alençon, M. Corbière offrait au Congrès une fête brillante qui s’est prolongée fort avant dans la nuit, La journée du samedi 18 était consacrée aux enquêtes sur l’état de l’industrie, et à l'examen des nombreuses machines du concours. Deux faucheuses mécaniques avaient attiré, dans les champs voisins où elles fonction- naient, un grand nombre de curieux. | Enfin, le dimanche 19, jour du concours de bestiaux et de la distribution des primes, 15,000 personnes venues des campagnes et des villes voisines se pressaient dans ies rues. À Les opérations des jurys se sont terminées à midi. Deux heures ont élé données aux rapporteurs pour la mise en ordre de leurs notes. A trois heures, le Congrès, musique en tête et escorté de toute la garnison, allait prendre M. le Préfet de l'Orne à son hôtel pour se diriger avec lui vers la tente élevée à l'extrémité de la place, et pro- céder , sous sa présidence, à la distribution des récom- penses. Après cette séance, un ballon s'élevait dans les airs sur la place de l’Hôtel-de-Ville où, le soir, on a tiré un très-beau feu d'artifice ; les illuminations n'étaient pas moins brillantes. Toutes ces fêtes, données par la ville au Congrès et aux populations laborieuses, avaient été confiées à une compagnie de Paris dont le goût est bien connu ; elles ont été magnifiques. N'oublions pas de dire qu’à l'issue de la séance de clô- ture , un banquet de 250 couverts a réuni dans la halle aux toiles les membres du Congrès, et qu’une brillante exhibition de fleurs et de légumes a été ouverte dans le même local, pendant le cours de la session, par la Société d’horticulture d'Alençon, 680 LES CONGRÈS EN ALLEMAGNE, EN 1857. Les Congrès en Allemagne, en 155%. L'Allemagne, où les congrès ont pris naissance, est toujours le pays où ils sont le plus populaires et le plus nombreux. En 1857, le Congrès scientifique, le plus ancien de tous, celui dans lequel on s’oceupe exclusivement de sciences physiques (physique, chimie, médecine, his- toire naturelle générale, géologie), tenaït sa XXXIII°, session à Bonn; l’année dernière, il siégeait à Vienne (Autriche); lan prochain (1858), ce sera à Carlsruhe, capitale du duché de Bade, que la docte Assemblée se réunira. Les séances générales se tenaient, à Bonn, dans une vaste salle décorée aux frais de S. M, le Roi de Prusse, ami des arts et des sciences, qui a toujours témoigné beaucoup de sympathie pour ces réunions, et dont les sa- vants ont toujours reçu le plus honorable accueil. Dans _J'origine, ce congrès fut présidé par lillustre comte A. de Humboldt, et il avait écrit, cette année encore, pour s’excuser de ne pouvoir assister à la réunion. MM. Killiau et Hooggerath présidaient la session; M. Helmholtz en était le secrétaire-général, En dehors des séances, qui ont été très-nourries, des excursions géologiques, pleines d'intérêt, ont été faites à Cologne, à Coblentz, à Dra- chenfels et ailleurs. Notre illustre et savant confrère, le prince de Furstem- berg, a voulu aussi fêter le Congrès chez lui, à son palais d’Apollinarisberg. Après un souper des plus splendides, offert au Congrès, il lui a donné le spectacle unique d’une LES CONGRÈS EN ALLEMAGNE, EN 1857. 681 illumination de son église d’Apollinarisberg , en feux de Bengale, dont les flammes allaient se réfléchir dans le grand miroir qui se trouve au pied de sa féerique et pit- toresque demeure (le Rhin). Parmi les savants français qui assistaient à la réunion, nous citerons : MM. Élie de Beaumont , Leroy d’Étiolles, Sédillot, Hébert, Verrier (d’Uzès). | Le 15 septembre, s’ouvrait, à Ratishbonne, le congrès des architectes allemands : M. le conseiller Reichéns- perger , de Cologne, un des principaux membres et prési- dent de ce congrès, avait bien voulu inviter M. de Caumont à y assister ; mais il n’était pas possible de se rendre, en deux jours, de Grenoble à Ratisbonne ; et le Congrès scientifique de France ne terminait ses travaux que le 18 : on n'aurait pu arriver à Ratisbonne que le dernier jour du congrès, dont la durée n’est que de quatre jours seule- ment ; M. de Caumont a dû renoncer au plaisir de voir de près l’immense mouvement donné, en Allemagne , à l'étude de l'architecture chrétienne. 150 ecclésiastiques ont siégé au Congrès de Ratisbonne. Le Congrès archéologique allemand, dont M. le baron de Quast, de Berlin, est le principal organisateur, a dû se réunir, quelques jours après, sur un autre point de l'Allemagne. | Le Congrès internalional de statistique s'était tenu précédemment à Vienne, avec beaucoup d’apparat , et nous avons pu en apprendre de bonnes nouvelles de M. Le Gouet, directeur des travaux de statistique au Ministère du commerce, lequel assistait à ce congrès où il avait été délégué par le Gouvernement français. Le Congrès de bienfaisance s’est tenu à Francfort. Nous ne parlerons pas des autres congrès qui sortent 682 LES CONGRÈS EN ALLEMAGNE, EN 1857. du cadre de nos études ; il en existe cinq ou six en Allemagne. Le Congrès allemand des agriculteurs et des forestiers qui avait réuni, à Prague, l’année dernière , 14,900 mem- bres, a dû tenir aussi sa session cette année sur un point quelconque de l'Allemagne ; mais nous n’avons pas encore vu le compte-rendu de ce congrès. On voit que les Congrès, loin de ralentir leur zèle, ne font que se développer de plus en plus au-delà du Rhin, LES , AMÉLIORATIONS AGRICOLES EN EUROPE EN 1856, Mémoire lu au Congrès des délégués des Sociétés savantes des départements (SESSION DE 1857); Par M. le comte de GOURCY. mt Q Q QC MESSIEURS , M. de Caumont m’ayant chargé de vous faire part de ce que j'avais pu apprendre, l’an dernier, en fait de nouvelles améliorations agricoles, je n’ai eu que quelques heures de la matinée à ma disposition , pour me préparer à vous en entretenir: j’ai donc besoin de toute votre indulgenee pour oser employer une partie du temps destiné à nos réu- nions. J'ai parcouru, pendant l’été dernier, qui est le dix- huitième que j'ai consacré à mes voyages agricoles, pen- dant lesquels je visite à peu près tous les joursune nouvelle culture, la partie située à Fest de la France, le sud de l’Allemagne, la Bohême et fait une pointe en Moravie; re- venu à Prague pour assister au dix-huitième congrès des agriculteurs et forestiers allemands, qui a réuni près de 4,900 personnes, j'ai ensuite traversé la Saxe, une partie de la Prusse, sur les bords de l’Elbe et du Rhin; je suis passé par un coin de la Hollande , dont une des îles, peu éloignée d’Anvers, contient une culture d'environ 1,400 hectares, maintenant dirigée par MM. Vandenbosch père et fils, et dont le premier à pris cette direction il y a plus !de trente ans. Je pense que c’est la culture la plus avancée du continent : son nom est Wilhelminadorp, elle se trouve dans l’île de Goes; j'avais fait ce détour pour 68/4 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. visiter plusieurs villages et fermes construits depuis 1853, dans la mer desséchée de Harlem; mais une pluie continue m'en a empêché, à mon très-grand regret. J'ai parcouru ensuite la Belgique et la Campine, pour visiter, dans cette dernière, les immenses prairies irri- guées qu'on y a créées et qui sont très-productives , en recevant chaque année 200 kilos de guano par hectare. Je suis rentré en France par nos départements du Nord, pour revenir dans notre belle Touraine. J'ai vu bien des choses fort utiles pendant ce voyage de quatre mois, mais peu de très-récentes. Je vous demande cependant la permission de vous faire part de ce qui m'a le plus frappé dans cette longue tournée : je vous ferai d’abord remarquer le zèle des agriculteurs de tant de pays, la Hongrie et partie de la Pologne comprises; beaucoup de ces personnes viennent annuellement, de plus de deux cents lieues, pour assister aux réunions du Congrès agricole dont je regrette de ne pouvoir vous entretenir en détail. J'ai visité, dans ce voyage, un grand nombre de cultures, dont quelques-unes méritent de vous être citées. Je commencerai d’abord par la sucrerie de Dusk, près Tœplitz, en Bohème , où le comte de Condenhove , notre compatriote, cultive à merveille plus de 1,000 hectares , partagés en dix fermes situées dans une des plus belles et des plus fertiles vallées qu’on puisse rencontrer. La sucrerie de Schlan, placée non loin de Prague, est dirigée par le baron de Riese-Stalburg, beau-frère du précédent ; ce Monsieur a construit une très-belle et fort grande étable voûtée, qui contient 12 taureaux et 36 va- ches des plus belles espèces, d'Angleterre, de France, Suisse, Hollande et Bohême, achetés, pour la plupart, à nes deux expositions agricoles; le baron a fait voir AMÉLIORATIONS AGRICOLES EN EUROPE, EN 1856, 685 à une cinquantaine de membres du Congrès, qui ont fort bien déjeûné et diné chez lui, après avoir été transportés, aux frais du Gouvernement, sur le chemin de fer et aux siens par voitures, 2 étalons et 4 juments de notre im- payable espèce percheronne, ainsi qu’une. grande quan- tité d'instruments et machines agricoles anglaises et fran- çaises, achetés à Paris. Le prince de Schwazenberg, le président du Congrès, ainsi que la plupart des grands seigneurs de ce pays, cultivent par eux-mêmes leurs énormes et nombreuses terres, dans lesquelles ils intro- duisent les belles races de bestiaux, et les bonnes méthodes de culture. J'ai aussi visité une autre sucrerie, celle de ét. à trois lieues de Prague, qui emploie, dans d'excellentes terres noires et calcaires, 400 bœufs de Hongrie, toujours attelés par quatre à la charrue, afin d’opérer des labours très-profonds:; etj’y ai vu six grands semoirs et autant de houes à cheval, de Garrett qui, ici, comme dans beaucoup d’autres grandes cultures et sucreries de l'Allemagne, n’y sont arrivés que depuis l'exposition de 1855; car, dans mes voyages du sud de l’Allemagne, en 1850, et du nord de ce pays, en 1853, je n’ai vu nulle part, excepté en Mecklembourg, où l’on ne payait aucun droit pour l'importation des instruments et des espèces de bétail perfectionnés, de bons instruments ni des bestiaux anglais, à deux fermes près : celles de MM. Villeroix et Mol, dans la Bavière rhénane, et à Bonn (Prusse Je ne puis omettre de citer d’autres fermes très- remarquables, telles que celle de MM. Bolzé frères, à Saltzmünde, près de l’Université de Halle, qui, ayant com- mencé, il y a environ 35 ans, avec un fort petit capital , sont maintenant propriétaires de 4,250 hectares d’ex- 686 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, cellentes terres, achetées petit à petit, à mesure qu’ils gagnaient de l'argent. Ainsi, en les payant fort cher, ils ont loué 750 hectares d'excellentes terres; le tout forme une culture de 2,000 hectares, qui se partagent en dix fermes, sur lesquelles sont cultivés, par eux, 500 hectares en betteraves pour leur sucrerie, employant tout l'hiver 500 personnes ; 400 hectares de pommes de terre pour leur distillerie, ayant coûté, l’année pré- cédente, 160,000 fr. ; beaucoup de colza pour leur huilerie, de froment pour leur grand moulin, de maïs, fourrage dit dents-de-cheval, dont la graine est importée fort en grand, tous les ans, d'Amérique à Hambourg: car cette culture est très-répandue dans le nord de la Prusse. MM. Bolzé ont une scierie et emploient 15 charpen- tiers, toute l’année, pour construire et réparer leur flotte, de 30 grands bateaux naviguant sur l’Elbe, entre Dresde et Hambourg; ils ont une briqueterie, employant, en été, 150 personnes, et six machines à vapeur, ainsi que six machines anglaises pour faire des tuyaux de drainageet des briques creuses ; on y fait aussi des briques réfractaires et de grosses briques légères : celles-ci sont faites en mélangeant à l’argile des poussiers de lignites qui, étant brülés, forment des briques très-poreuses et prenant bien le mortier. Ils ont monté une grande la- verie de terre à porcelaine, depuis que M. Bolzé, l'aîné, a visité Limoges en 4855. Ces Messieurs emploient 180 ouvriers dans leurs mines de lignites, qui leur fournissent tout leur combustible ; ils ont créé une caisse d’épar- gnes qui prête à petit intérêt. Ils ont formé une co- lonie de garçons, élevés à leurs frais, qui leur pro- eurent des ouvriers habiles. 11s emploient, toute l’année, une moyenne de 4,200 ouvriers , et donnent à ceux 0C- AMÉLIORATIONS AGRICOLES EN EUROPE, EN 1856. 687 cupés à la culture de leurs betteraves une forte gamelle de soupe à la viande el aux légumes, et aux 250 ou- vriers occupés de nuit à la sucrerie, à minuit, un bol de café au lait, afin de les réveiller. Messieurs Bolzé me dirent : ces soupes et ce café donnés en sus des gages en usage dans ce pays, où l’industrie agricole est très-répandue et emploie une im- mense quantité de journaliers, forment une fortedépense : car , lors de l’arrachage des betteraves, qui se fait dès les premières gelées, nous y mettons jusqu’à deux mille personnes; mais cette dépense nous rentre avec un grand bénéfice, par la bonne volonté des ouvriers que le café a réveillés, et des arracheurs de betteraves tout mouillés et gelés que le potage a réchauffés. Cette digne famille est aimée et révérée dans ce canton dont elle fait le bonheur ; les deux frères ont chacun six enfants, qui marchent sur leurs traces et les aident dans leurs tra- vaux; M. Bolzé l'aîné est membre de la Chambre des représentants à Berlin. Comme la population de leurs environs ne peut fournir suffisamment de journaliers, ils ont construit deux casernes contenant des lits, l’une pour les hommes, l’autre pour les femmes, pour loger . des gens qui viennent d’un pays montagneux et pauvre, situé à une vingtaine de lieues ; il y a des cuisines où ils préparent leurs aliments ; ces Messieurs ont établi une grande boulangerie, une boucherie, une boutique où ces gens trouvent ce dont ils ont besoin au prix de revient; il y a aussi une laiterie, car cette culture admirable tient 180 vaches hollandaises. Ces Messieurs nourrissent, toute l’année, environ 300 domestiques. Je passe à la grande culture du château de Hundisburg, à huit lieues de l’autre côté de Magdebourg, où M. de Na- 688 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. thuzins cultive un millier d'hectares de bonnes terres lé- gères ; il a trouvé qu’elles étaient trop fertiles pour nour- rir son grand troupeau de mérinos très-fin, el de petite taille ; il a donc loué, à quelques lieues plus loin, dans le pays nommé l’Altenmarckt, une propriété d’une grande . étendue, formée de terres tellement siliceuses, qu'environ moitié n’en était labourée, comme c’est l’usage dans ces vastes plaines siliceuses du nord de l'Allemagne, que tous les six ou neuf ans, et semée en seigle et graines de pà- turage pour les moutons; culture ne recevant jamais d'engrais et, par suite, ne produisant presque rien ; M. de Nathuzins y a envoyé la partie de ce troupeau la moins petite, et y avait introduit la culture des lupins à fleurs jaunes, imaginée par un paysan de l’Altenmarckt, du nom de Borséhers, qui a pris cette plante annuelle dans son jardin pour en faire une plante fourragère, il y a de cela environ quinze ans, et il a fallu plus de dix ans pour qu’elle commençât à être connue dans le reste de la Prusse; car dans mon voyage de 1853, je n’en ai vu que trois essais en petit, dans les deux Ecoles régio- nales d’agriculture : l’une à Proschkan, non loin de Cra- covie, et l’autre dans celle d’Eldenna , en Poméranie, pas très-loin de Stralsund; enfin, chez un de Messieurs Koppé, fils du fameux agriculteur et fabricant de sucre de ce nom, sur les bords fertiles de l’Oder; et, deux ans après, M. Thaer, fils de l’auteur des Principes raisonnés d’a- griculture (ouvrage qui a été traduit dans toutes les lan- gues), étant venu me voir, car je l’avais visité à Moglin, m'a dit que les lupins jaunes étaient en train d'opérer une révolution des plus favorables dans la culture des pauvres pays de la Prusse ; effectivement , j'ai vu cette plante cultivée, dans les plus pauvres sables, par des AMÉLIORATIONS AGRICOLES EN EUROPE, EN 1856. 689 paysans, et elle formait un fourrage des plus épais, ayant 80 centimètres de haut, sans avoir reçu le moindre engrais. M. de Nathuzins en avait semé 80 hectares dans la ferme siliceuse, que je regrette infiniment de n'avoir pas visitée. Il avait donné, par moitié, aux 800 brebis les plus petites et les plus fines du troupeau, des béliers Dishley et Southdown; j'ai donc vu environ 800 bêtes provenant de ce croisement età peu près autant d’agneaux croisés de même , et M. de Nathuzins compte toujours donner aux femelles des béliers anglais provenant du croisement; ce qui lui réussira, surtout en donnant des Southdown aux brebis provenant de béliers Dishley ou Cottswold. Il avait fait venir d’abord une vingtaine de brebis Dishley et autant de Southdown: les premières, ou Dishley, n’ayant pas réussi, il a fait venir autant de bre- bis de race Cottswold avec des béliers, et ils ont l’air de bien faire ; pareille chose est arrivée dans plusieurs autres cultures que j'ai visitées. M. de Nathuzins a aussi fait venir d'Angleterre des Durham mâles et femelles bien choisis, et des cochons, dont il élève et engraisse une quantité considérable, J'ai trouvé chez lui une grande quantité d'instruments perfectionnés, bien choisis, venus d’An- gleterre. 11 élève beaucoup de chevaux de luxe pour la voiture. M. de Nathuzins fait valoir une sucrerie avec un de ses frères, qui habite un château voisin, et un autre de ses frères est aussi un habile agriculteur. Leur père fabriquait du sucre avant eux. Il faut que je vous parle encore de la culture de M. Rimpan aîné, qui cultive depuis environ treize ou quatorze ans une très-grande ferme domaniale, celle de Schlansted, entre Magdebourg et Brunswick, il n’avait qu’une vingtaine d'années lorsqu'il a loué cette ferme ; LL 690 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, il y a construit, au bout de quelque temps, une sucrerie sur un morceau de terre acquis par lui ; il a assaini une grande étendue de marais, dont la partie la plus basse est transformée en bons prés, et l’autre en excellentes terres. Il a pu, au bout de douze ans, acheter, avec les bénéfices de son excellente culture, une terre de 750 hectares avec un beau châleau ; elle était fort mal cultivée, mais contient environ deux tiers de son étendue d'excellentes terres ; il croise ses troupeaux mérinos avec des béliers Dishley et Southdown ; il a 400 belles et grandes vaches venues de Hollande , et 100 truies d’une grande race anglaise, dont il vend la majeure partie des produits jeunes avec beaucoup d'avantage. Son frère, dont j'ai aussi fait la connaissance au congrès de Prague, et que j’eusse visité s’il fût revenu d'Autriche, où il s’é- tait rendu après le congrès, a acheté une terre dans l’Altenmarckt, province prussienne, dontunegrande partie est en sables ayant une vingtaine de pieds de profondeur. M. Herman Rimpan cultive toute cette grande propriété, qui vient du duc d’Aremberg, et paraît en tirer un fort bon parti, surtout depuis cinq ou six ans qu’il a appris à connaître les lupins à fleurs jaunes , avec lesquels il peut utiliser une grande étendue de sables fins qui étaient improductifs; il m'a mandé qu’il avait 60 hectares cou- verts de cette plante, qui donne, sans semence, de 4 à 5 mille kilos d’un fourrage sec, aussi bon pour les moutons que le trèfle, et qui, par son amertume, est un remède préventif contre la cachexie ; lorsqu'on laisse venir cette plante en semence, elle donne, suivant la terre et la saison, de 15 à 40 hectolitres d’une graine contenant, d'après les analyses, autant d’azote que les fèveroles, qui par conséquent est très-bonne pour le bé- AMÉLIORATIONS AGRICOLES EN EUROPE, EN 1856. 694 tail. M. Rimpan m’a envoyé 2,500 kilos de cette semence, qui a coûté, arrivée à Paris, 16 fr. 76 le scheffel pesant L5 kilos : quantité suffisante pour ensemencer au moins un demi-hectare pour graine; cet envoi, partagé entre une quarantaine de personnes qui m’avaient prié de leur en faire venir, va j'espère, d'ici à quelques années, rendre un grand service aux propriétaires ayant de mauvaises terres, qui ne sont ni humides ni calcaires. M. Wilmorin en a vendu à peu près autant. M. Perrot, d'Orléans, notre collègue, vient de me dire qu’ilen a fait venir 4,000 kilos. Ayant visité, pour la seconde fois, les environs de Clèves, j'ai appris de M. Vandenbosch, ancien officier de l’armée française, qu’une huile, nommée chez les phar- maciens Oleum spicæ, empêchait, lorsqu’on en enduisait les graines de crucifères, les altises de détruire les jeunes plantes ; cet excellent cultivateur ayant appris à connaître cette recette, il y a trois ou quatre ans en a tiré le meil- leur parti pour ses cultures de colza. Son neveu, M. Funk, qui habite au milieu de quatre villages dont la population est d'environ 4,000 âmes et qui est d’origine bavaroise, sa famille étant venue, il ya environ cent vingt ans du Palati- nat, m'a dit qu'ayant fait, en 1843, à Aix-la-Chapelle, la connaissance d’un Anglais, celui-ci lui ayant conseillé d’es- sayer du guano, il en avait fait venir un millier de kilos, dont l’effet avait été si remarquable, que les paysans, ses voisins, le prièrent en grâce d’en faire venir pour eux, ce qu’il fit ; l'exemple de ces gens eut bientôt décidé la plus grande parlie de ces bons, mais pauvres cultivateurs à demander du guano pour en essayer; et M. Funk fut obligé, dans les premières années, de leur faire crédit jusqu’après la récolte ; enfin, ces braves gens se sont si bien trouvés de l’emploi de cet engrais inappréciable, 692 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. qu’ils en ont acheté, en 1856, pour 620,000 fr., somme qui a été payée comptant: car ces pauvres, mais habiles cultivateurs de 1845 sont devenus riches depuis qu'ils emploient beaucoup de guano, malgré la grande augmentation de prix, qui est la même qu’en France. J'avais vu, en 1853, au château de Lanersdorf, chez M. de Rath, excellent cultivateur, ainsi que chez M. Schmitz, un autre propriétaire cultivant en grand, faire, au moyen de deux grandes chaudières en cuivre et d’une presse, une espèce de raisinet, dont le second de ces Messieurs envoya une barrique, en 1852, à un commissionnaire de Birmingham pour voir s’il ne pourrait pas trouver à placer cette espèce de confiture, parmi les ouvriers de cette grande ville manufacturière. On ne fut pas long-temps sans lui en demander plus qu’il n’en pouvait fournir, et depuis lors ces Messieurs, ainsi qu’un grand nombre d’autres cultivateurs , ont continué à en fabriquer le plus possible, qu’ils expédient toujours en Angleterre, avec un tel avantage, qu’ils payaient les betteraves jusqu'à 40 fr. les 1,000 kilos pour en faire cette espèce de mélasse; on m’a assuré, pendant ce second voyage dans les environs de Clèves, que cette confiture, nommée krant dans ce pays, était préférée, lorsqu'elle était faite avec des ca- rottes ; toujours est-il, qu’on gagne beaucoup à ce genre de fabrication. La castration des vaches, opérée par M. Charlier, sans faire d’entaille dans la panse, comme cela a lieu pour les jeunes truies, a le grand avantage, au dire de M. Menard, ancien notaire, qui cultive très-bien, depuis une douzaine d'années, une grande ferme en pleine Sologne, à trois lieues de Beaugency, et qui a déjà fait castrer 76 vaches par M. Charlier, sans qu’il en ait perdu une seule ; a le AMÉLIORATIONS AGRICOLES EN EUROPE, EN 1856. 693 grand avantage , dis-je, d'augmenter chez lui le produit moyen , en lait, d’une vacherie d’une cinquantaine de bêtes, de trois litres et demi par tête, pendant les 365 jours qui suivent la castration, qui ne doit se faire qu’au bout de six semaines du part; ce lait est tellement supé- rieur en qualité à celui des vaches non castrées, que M. Menard fait maintenant 65 petits fromages, au lieu de 50, avec 100 litres ; les vaches sont en bien meilleur état après cette opération qu’elles ne l’étaient avant. Lors- qu’une fois le lait commence à beaucoup décroître , elles sont bien vite grasses, et enfin la viande des vaches cas_ trées est bien meilleure que celle des autres. Un très- bon fermier des environs de Paris, M. Giot, à Chevry, près Brie-Comte-Robert, vient de faire castrer une douzaine de vaches et compte avoir 70 bêtes opérées de la même façon ; les vaches n’ont pas l’air de Souffrir pen- dant la castration et ne se défendent nullement. J’ai vu, avec plaisir, que le nombre des bêtes de race Southdown augmente infiniment en France depuisquelque temps. MM. ‘Allier, à Petit-Bourg ; de Behague, à Dam- pierre, près de Gien; Gernigon, près de Château-Gon- tier, ont importé de très-beaux sujets depuis plusieurs années. MM. Manuel et Pavy en ont fait venir, le premier 139, et le second plus de 400, en 1855 ; M. le comte de Pourtales, près de Rambouillet, en a importé, la même année , une cinquantaine ; M. le comte de Bondy en a aussi fait venir un petit lot sur les bords de la Creuse ; enfin , M. Pioche, au château de Ville-Evrat, près de Neuilly-sur-Marne, a importé, l’automne dernier, 200 belles brebis de cette race, prises en partie dans le trou- peau renommé du duc de Richemond, à Goodwood, et le reste chez M, Salder, l’un des fermiers du duc; ces 691 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. dernières ont coûté 100 fr. la pièce, prises en Angle- terre, et elles ont déjà produit plus de 200 agneaux, quoi qu’une quarantaine d’antenaises n’aient pas agnelé. M. le marquis de Vogué, près de Bourges et le comte de Prant, près de Busançay en Berri, essaient la race Che- viot, qui rend d'immenses services dans les pauvres pà- tures des montagnes d’Ecosse, particulièrement dans le comté de Sutherland, à l'extrémité nord de ce pays. Vous apprendrez avec plaisir que les rizières dans les sables de la Teste (département des Landes) ont donné, l'année dernière, 4,500 hectolitres de riz. | M. Caird, un des meilleurs et des plus instruits cultiva- teurs d’Ecosse, m'a adressé, l’hiver dernier, les résultats de l'emploi de douze fumures différentes pour betteraves : je vous donnerai ici, si vous le permettez, les quatre qui ont produit le plus : 50 mètres cubes de fumier. betteraves, 500 kilos de guano. 600 id. de sel de salaison 75,000 kilos, ont produit, par hectare. La mème fumure, sans sel, n’a donné que 59,500 id. 400 mètres de fumier ayant coûlé 460 fr. 52,500 id. 466 kilos de guano 166 id. de superphosphate 466 id. de nitrophosphate k8,500 kilos. 166 id, de sel, ayant coûté 420 fr,, ont produit: On s'occupe maintenant beaucoup d'augmenter la cul- ture des topinambours en France, car il paraît que d’ha- biles distillateurs savent en tirer, à poids égal avec les AMÉLIORATIONS AGRICOLES EN EUROPE, EN 4856. 695 betteraves de Silésie, un produit en alcool plus considé- rable que celui de ces dernières. M. Giot, fermier, à Che- vry, qui a commencé à distiller la betterave il y a sept ans, ce qui l’a mis, au bout de peu d’années, en état de trans- former une ferme peu étendue en une cultnre bien mon- tée de 400 hectares, m'a dit qu’il espérait que ses topi- nambours, qui lui ont donné, cette année, une moyenne de 34,000 kilos par hectare, lui donneront plus de béné- fice net que ses récoltes de 45,000 kilos de betteraves de Silésie. Je désire attirer votre attention sur un semoir à en- grais liquides, établi en Angleterre par M. Chaudeler, fa- bricant d'instruments aratoires; car les meilleurs fermiers de ce pays en font le plus grand éloge. J’ai vu, avec sa- tisfaction, que M. Jourdier , directeur du Matériel agri- cole perfectionné, l'a importé, ainsi qu’une grande quantité d’autres bons instruments. Je ne dois pas oublier de vous faire connaître une manière plus économique de planter et de cultiver les vignes, qui cependant produisent habituellement au moins autant de vin que les vignes plantées d’après les anciennes méthodes : cette manière de créer des vignes à été imaginée, il y a plus de vingt ans, par un simple journalier et vigneron, nommé Denys Lussandeau, de la commune de Chissay, près de la ville de Montrichard, sur les bords du Cher, département de Loir-et-Cher; Lussandeau , ayant hérité de terres valant : environ 8,000 fr., voulut les planter en vignes, et cepen- dant pouvoir aller gagner des journées, dont le salaire le faisait vivre ; s’il avait planté ses terres en vignes, selon l'usage du pays, c’est-à-dire en plaçant les ceps à 66 cen- timètres en tous sens, il eût été forcé d'employer pres- 696 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. que tout son temps à les cultiver à bras; et, comme il faut plusieurs années à une jeune vigne pour qu’elle de- vienne productive , il eût bientôt manqué de pain; il s'y prit de la manière suivante pour éviter cet écueil : il loua, de son voisin, une charrue avec son attelage, traça un sillon ; sa femme le suivait, plantant, à tous les 2 mètres un bout de sarment dont moitié était du bois de l’an- née et le reste de l’année précédente ; il revint ensuite formant un second sillon qui rebouchait le premier: cela terminait la plantation de la première ligne de ceps ; il en traça ensuite d’autres à tous les 10 ou 12 mètres les uns des autres; voilà la jeune vigne plantée; il la- boura les intervalles des lignes et les combla comme par le passé, en empêchant les troupeaux de la commune de pâturer sur ses chaumes ; au bout de trois ans, lors- que les ceps de vigne eurent pris de la force, il se mit à cultiver à bras 4 mètre de largeur de chaque côté des lignes de ceps, qu’il avait choisis dans une espèce connue dans le pays sous le nom de coo, d’abord parce qu’elle exige d’être taillée fort longue, car elle ne porte du fruit que sur le vieux bois, et ensuite pour son mérile, qui est de donner le meilleur vin; il allon- geait ses verges de ceps, dont la longueur arrive jus- qu’à 5 mètres, aux côtés des lignes, pour pouvoir cultiver les entre-deux des lignes à la charrue, et il a tous les ans, un des deux côtés d’une ligne en froment et l’autre en prairie artificielle: récoltes qui changent tous les ans de place en se remplaçant naturellement ; il faut observer que la prairie artificielle ne lui donne qu’une coupe, car il faut que la terre soit labouréé, hersée et roulée pour la fin de juin, afin qu’on puisse y étendre les verges ou longs sarments des deux lignes, qui bordent ce champ en AMÉLIORATIONS AGRICOLES EN EUROPE, EN 4856. 697 demi-jachère ; ces verges sont supportées par des bouts de bois ayant 50 centimètres de longueur, qu’on enfonce en terre de manière que les grappes soient le plus près possible de la terre sans la toucher, afin de mieux recevoir la réverbération de la chaleur et de n'être pas salie par la terre humectée. Lussandeau a si bien réussi avec ce genre de culture des vignes, qu’il est parvenu , par son intelligence, sa grande activité et son économie , à gagner plus de 10,000 fr. avoués par-lui, mais que ses voisins portent à 50,000 et plus; on a été long-temps avant de vouloir adopter sa méthode ; mais, depuis sept ou huit ans, les propriétaires voisins et les meilleurs vignerons plantent leurs nouvelles vignes comme lui; il y en a même qui arrachent celles qui ne sont pas les plus abondantes en produits, pour les replanter ainsi. J'ai oublié de vous dire plus tôt qu’on cultive dans plusieurs parties de l’Alle- magne, et notamment dans le pays de Luxembourg et les environs d’Arlon, le trèfle hybride, connu aussi sous le nom de trèfle de Suède; on lui trouve les mé- rites suivants: de pouvoir venir peu d'années après le trèfle rouge, sans que ces deux plantes se nuisent mu- tuellement : ainsi, dans l’assolement quadriennal, on peut semer une fois du rouge et, quatre ans après, de l'hybride; il est moins difficile que notre ancien trèfle pour la na- ture du terrain; mais il préfère les terres fortes et hu- mides, pour porter graine qu’il produit en grande quan- tité (elle se vend A fr. le kilo, à Paris). Les frères Simon, grainetiers, à Metz, le font semer dans les terres maigres - des Ardennes ; et l’on m'a assuré, dans ce pays, qu’on en vendait pour plus de 4,000 fr. par hectare à ces grainetiers, qui la payaient alors 2 fr. le kilo, pour l’ex- 30 |! 698 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, pédier en Angleterre et en Ecosse, qui en demandent une grande quantité; ce trèfle dure, dit-on, aussi long-temps que le sainfoin, il fournit plus de foin que le trèfle rouge à la première coupe; mais il en donne moins à la seconde, est moins délicat pour le froid que l’autre ; j'en ai cueilli des tiges longues de 4 mètre sur des terres médiocres du pays de Luxembourg, et de 5 pieds dans de bonnes terres, à l’Institut agricole de Hohenheiïm. Le trèfle rouge est meilleur lorsqu'il n’est pas encore arrivé au complet développement de sa fleur, et l’autre, lorsque celle-ci s’est épanouie ; il est bon à faucher lorsque l’autre est trop dur. A côté des pro- grès agricoles déjà réalisés et livrés au public, nous de- vons mentionner d’autres travaux, non moins importants, qui sont seulement commencés et actuellement en cours d'exécution. | Le grand obstacle au développement de la produc- tion agricole est le défaut d’argent et de crédit; on a refusé jusqu'ici de considérer l’agriculture comme une industrie, et de la faire jouir des ressources que possèdent le commerce et les manufactures. Cette fà- cheuse et injuste inégalité semble sur le point de dis- paraître. Le Gouvernement a nommé, l’année dernière, une Commission de crédit agricole, chargée d’élucider la question et de proposer les moyens d'application. Des mémoires consciencieusement étudiés ont été présentés à cette Commission; leur trop grande étendue ne me permet pas de vous en donner même l'analyse; parmi leurs auteurs se trouvent : M. Mosseliman, et l’un de nos collaborateurs actuels, M. le comte d’Es- terno. La Société forestière a également présenté une demande pour obtenir la création du crédit foncier. AMÉLIORATIONS AGRICOLES EN EUROPE, EN 4856. 699 L'établissement du crédit agricole amènerait, dans la production des denrées alimentaires, une augmentation qu’il est presque impossible de calculer. S'il est une vérité sur laquelle les théoriciens et les praticiens soient d'accord , c’est celle-ci : pour avoir du blé, ayez des en- grais; pour avoir des engrais, ayez des bestiaux; pour avoir des bestiaux, ayez de l'argent et abondance de bonne nourriture ; on arrivera à produire comme les agriculteurs anglais, le jour où l’on fumera aussi abon- damment qu'eux. TABLE DES MATIÈRES. et Personnel de l’Institut des provinces en 1857. . .' + Composition du Bureau. . . . ie :4:00fE Liste des Membres de l’Enstitut des LEE Le x Congrès des Délégués des Sociétés savantes des dé- partements, sous la direction de l’Enstitut des provinces (session de 18537). . . . { SÉANCE GÉNÉRALE D'OUVERTURE, Présidence de M. de Caumont. Liste des Membres présents à la séance. . . . . 2 Lettre de S. A. I. le prince Napoléon . . .+ . ,. 11 Lecture de la correspondance par M. le Président. Zd. Dépouillement des ouvrages offerts au Congrès, par 10 NME: ane ii aitu ie rit Ou an ee AGRICULTURE , SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. Progrès des sciences physiques en 1856. . . . . 18 Communication sur la gravure paniconographique : par M. Du Moncel . . . . AAC P Système de gravure électrique de M. non. CR Autres procédés de différents auteurs sur la même question. . . . PE Rapport de M. Ch. de Bacq sur une nouvelle théore de la physique; par M. Grove. . . . 31 Détails donnés par M. Des Ferris sur le nouveau procédé de pralinage des grains de M. d’Hl- Her d'Oran: TEEN SPAS UT ESS ne SÉANCE DU 14 AVRIL. Présidence de M. le vicomte de Genouilhac, de Rennes, Lecture de plusieurs lettres intéressant la Com- Dane 0 CORRE NS Te 9 TABLE DES MATIÈRES, Communication de M. Mirleau d'iIllier sur les se- MIPACES DIRIMRERR a du No re Compte-rendu de M. de Gourcy sur les amélio- rations agricoles opérées en 1856 . . . . ee ee SÉANCE DU 15 AYRIL. Présidence de M. le marquis de Vibraye, de Loir-et-Cher, Leclure de plusieurs lettres et liste des publications offertes à la Compagnie . . . + . .… . Mémoire de M. Marchal sur les 6°. et 7°. ques- tions du programme, relatives au système Kennedy et à l'augmentation du capital MABLOGEUOR RU ie AU dus j Discussion 2 ce set. 20802 0 ju): Improvisalion de M. Moil . , . . . SÉANCE DU 16 AVRIL. Présidence de M. Albert de Brives, de la Haute-Loire. Explications de M. d'Herlincourt sur le see AOPOOT do ue Nole de M. Jourdier sur les progrès de li: une PR ON MR RS des À Observations de M. Albert de Brives sur une applica- tion du drainage exécutée par M. Chouvois. Opinions de MM. d’Esterno, Perrot et Maureng sur H'théte Aubin, 7, ie thon SÉANCE DU 17 AYRIL. Présidence de M. le comte de Vigneral, de la Somme. Continuation de la discussion sur les progrès de la téPaniqué ER 1856 5 . oO. Communication de M. Du Moncel sur la étroite PT à 701 40 43 43 47 58 60 65 68 79 82 Id, 702 TABLE DES MATIÈRES. SÉANCE DU 18 AVRIL. eee de M. le vicomte de Cussy, du Calvados. Lecture d'une lettre de M. A. Boué, de Vienne (Autriche), sur les progrès de ia géologie en 1856. Observalions de M. de Caumont sur des découvertes intéressant la géologie et amenées par les fouilles opérées pour la construction des chemins de fer. , . . . 87 Observations de M. le duc de Maillé sur lappli- cation des eaux du drainage à l'irrigation. 88 Examen de la 10°. question, ainsi conçue : Quels sont les moyens pratiques d'obvier à la dé- perdition des matières fécales et des purins dans les camipagnes ? MM. de Caumont, de Vigneral, marquis de Caligny, Du Moncel prennent la parole . . . . 89 Examen de la 11°. question: Y at-il ten ‘d'établir une amende municipale, dont seraient pas- sibles tous ceux qui laisseraient le purin s’écouler sur la voie publique, comme cela a lieu en temps de pluie dans nos cam- pagnes ? Prennent part à cette discussion : MM. de Vigneral, Tailliar, Boulatignier, de Maille et d’Eslerno . . .. .: ..... . 9t TRAVAUX DU 19 AVRIL. Visile au Jardin-des-Plantes, le dimanche 19 . . 95 SÉANCE DU 20 AVRIL. Présidence de M. Mahul, de Carcassone. Discussion de la 14°. question, ayant pour but de faire connaître les emprunts faits par l’ar- chitecture rurale aux constructions des che- TABLE DES MATIÈRES. mins de fer et ceux qui pourraient encore MiPétte fatsi TT LE Ro Diseuislon : :: 7. : Vars ; Note de M. Olivier sur un projet d utilisation Fr en- grais humains et autres engrais des villes. Note sur la fabrication du béton, par le Même. . Opinions de M. Maureng sur la note de M. Olivier. Vœu de M. Boulatignier sur le maintien des exemp- tions de patentes en faveur de l'agriculture. SÉANCE DU 21 AVRIL, Présidence de M. Des Ferris. Examen de la 16°. question : Quelles ont été, en 1855, les tendances économiques en France ? — Y a-t-il eu progrès dans la moralité des entreprises et la Eonne foi des transactions ? Réflexions de M. Maurenqg à ce sujet. MM. d’Illier, Paquerée et le duc de Maillé prennent suc- cessivement la parole , . . . . Areas, Bus ae SÉANCE DU 22 AVRIL. Présidence de M. le général vicomte de Borelli. _ Rapport de la visite faile à l'établissement du Maté- riel agricole de M. Jourdier, par M. Gomart, De la Machinerie agricole, question dans laquelie prennent successivement la parole MM. Gomart, Albert de Brives, Paquerée et de Gourcy. . . LPS TR EUR 0 à ommunication de M. de V séasté sur la pisciculture, Communication du Même sur le reboisement, de la Dolegne si, TE é SROSTENN | Le Note sur les progrès de la péoitte en 1856, par M. Boué, de l’Académie de Vienne. . . 703 96 97 98 103 105 Id. 106 108 109 114 116 118 121 70! TABLE DES MATIÈRES, ARCHÉOLOGIE, LITTÉRATURE'ET BEAUX-ARTS. SÉANCE DU 14 AVRIL, Présidence de M. le comte de Mellet, de la Marne, Discussion des 17°. el 18°. questions, ainsi conçues : Que doivent faire maintenant les Sociétés archéologiques pour compléter les notions acquises déjà sur l’état de l'art, durant les périodes mérovingienne el carlovingienne? . — Les études archéologiques ne sont-elles pas dirigées un peu trop exclusivement vers l'étude des monuments des XIEI°., XIV°., XVe. et XVIe. siècles; n'aurait-on pas dû étudier avec le même empressement l'his- toire de l’art du Ve. et du XIE, siècle ? Dé- veloppements donnés par M. de Caumont. Discussion de la 19. question, ainsi conçue : Quelles sont les études encore à faire pour préciser, mieux qu’on ne l’a fait jusqu'ici, les principes de classification chronologique des sépullures et des tombeaux ?. . . . Prennent part à cette discussion : MM. Tailliar, Gosse , Bordeaux, Dréolle. , ms mem 24 SÉANCE DU 15 AVRIL. Présidence de M. Tailliar, de Douai. Liste d'ouvrages offerts au Congrès. . . «+ . . Discussion de la 22, question , ainsi conçue : Les ponts anciens disparaissant partout, par suite des travaux des ponts el chaussées, comment doit-on étudier ces curieux mo- 133 135 137 139 TABLE DÉS MATIÈRES. 705 numents de la civilisation ancienne que respecte si peu le vandalisme moderne ? N'est-i] pas utile d'en conserver des images en relief, indépendamment des dessins plus soignéa ter 45e UN uonS fi 0 AIN AO Exposé de MM. de Caumont et Bordeaux. Réponse de de M. Marchal, au nom du corps des ponts.et.chanssées 53 aile Of 0 nr tt Réflexions de MM. Borelli et Challe sur cette Quest: site ne, RON SE US TES SÉANCE DU 16 AVRIL, Présidence de M. le marquis Godefroy de Mesnilglaise, de Lille. Continuation de la discussion de la 22:. question. MM. Mantellier, d'Héricourt, Pernot , Bor- deaux ,, de Borelli sont entendus. . . , . 145 Examen de la 24e. question : Quelle a été, durant le moyen-âge, la forme et la disposition des fontaines publiques dans les villes et UNS 108 CHIMPDARNES 7758 0 SOLS AT Vues des deux fontaines de l’abbaye de Fontaine- Daniel et de deux autres dans le dépar- tement de l'Yonne, cilées par M. de Cau- Un nt Fra le Vos 4 4 0 HO Vue de la fontaine de Cully (Ealvados), . . . . 150 Improvisation de M. de Caumont, au sujel des di- verses fontaines qu'il a eu l’occasion de VIMCT ON PONS OU RS | 10) Vue de la fontaine placée autrefois devant la ca- thédrale de Meaux, citée par M. Pernol . 153 Citation de fontaines et de constructions de fon- laines , au XVI:, siècle, par M. Bordeaux. 154 Communication de MM. Boulatignier , Pernot, Gadebled, sur le même sujet. . ,. . , 155 706 TABLE DÉS MATIÈRES, SÉANCE DU 17 AVRIL. Présidence de M. Parker, d'Oxford. Continuation de la Giscussion sur les fontaines pu- blogues #.;nclricit fa Biol st MU pli Vue de la fontaine de Ribeauvillé (Haut-Rhin) . . Opinion de M. Victor Petil sur la fontaine de Meaux: ES TE CPS ONE SRE SIA ER Reprise des 17°. et 18°, questions, relatives aux éludes commencées sur l’état de l’art du- rant les périodes méroringienne et carlovin- gienne. Communication de M. de Caumont, à resuielss gs 55 oO TRE NE AA Vue d’une sculpture tirée du baptistère de St.-Jean du POS RS NT de as" Vue de deux chapiteaux du même monument. Observations de M. Victor Petit sur l'architecture antique qu'il avait long-lemps considérée comme représentée par les cinq ordres classés par les grands architectes italiens de la Renaissance. «+ ... hr à Prennent part à celte discussion : Mu. de Cane Pernot, Gadebled, Tailliar . « . . . Vue du mur méridional de la nef de l'église ie CrTAVAN, dise tant ele ocfr der gl Comparaison du style de l'architecture des églises de Cravan, St.-Généroux et Chinon; par M. de Caumont . , issu one Examen de la 19°. question : Classification ds se- pullures aux épuques mérovingienne et car- lovingienne. Prenvent part à cette discus- sion : MM. de Caumont, Thiohet, Bordeaux et:Pernotisssssro ct cftati sale cui Examen de la 21e, question, concernant la are 156 157 158 159 162 163 170 175 TABLE DES MATIÈRES. 707 togic des cloches. Prennent successivement la parole: MM. le comte de Meliet, de Caumont, Parker, Gomart, Dréolle et Talllliar, os du Se NS le ee DIS nt SÉANCE DU 18 AVRIL. Présidence de M. Boulatignier, conseiller d'État. Développements donnés par M. Parker sur la néces- sité d'établir la date exacie des grands monuments du moyen-âge . . . . . . 183 Liste des monuments dont les dates sont certaines; indication précise de ces dates. , . . . 184% Explication de M. Challe sur la date de la construc- tion de la cathédrale de Sens, . . . . . 187 Rest ner SÉANCE DU 20 AVRIL. Présidence de M. Nicias Gaillard, président à la Cour de cassation. Discussion de la 20°. question, concernant les études hagiographiques . . . . ee en NT ES Opinion de M. Mellet sur le grand rôlé « qu'ont joué les saints dans notre DAYS nue ai lose Réponse de M. d’'Ozouviile aux idées émises par Mide Mellek res 6. otre s 2 #89 Opinion de M. de Bouis sur la même deu AS Réplique de M. d'Ozouville . , . . ,. , , . . 193 Quelques mots de M. l'abbé Lalanne, sur le même œujel ss huirant odeur 401 Id, Résumé de M, Gadebled sur la bibliographie # giographique.. 5%. la 0 Le ts: 194 Communication de M. Bizeul sur Ja né lralen du christianisme dans les Gaules . . . , . 196 D 708 TABLE DES MATIÈRES. SÉANCE DU 21 AVRIL. Présidence de M. le comte de Mailly, ancien pair de France. Discussion des 27°., 28°., 29°, et 30°. questions, rela- tives à l’histoire de l'agriculture. Docu- ments fournis par M. de Caumont, sur cette OPRIOR: dei ea 8 te Ce. 200 Indication de sources à consulter, lelles que le livre du savant bénédictin Bartholomeus : De proprietate rerum , par M. Gadebled. . 201 Réflexions de M. Boulatignier sur Ja manière dont on a conçu jusqu’à notre temps l'histoire Dafonaie. dé ds dus gs 208 Communication de MM. de Longuemar et l’abbé Barbier, de Poitiers, sur les travaux agri- coles correspondants aux signes des zodia- ques sculptés sur les églises anciennes. . Id. Remarque de M. Paquerée sur l'examen des z0- GNNMeS nn da mieu dde + nd 40 SÉANCE DE CLOTURE DU 22 AVRIL. Présidence de M. le vicomte de Kéridec, du Morbihan. Opinion de M. Sellier sur la 34e, question, relative à la puissance des Sociélés savantes pour la production et lélaboration d'œuvres sé- TOUNOR SN UT PAM PR NL 2 207808 Considérations sur la composition des Sociétés sa- vantes et la capacité plus ou moins réelle des membres qui les composent; par M. Bordedugs die 12 Mt 205 Examen des 32°,, 33°., 84°., 35°,, 36°. et 37°. ques- : {ions , concernant les principes orthogra- phiques suivis dans la publication des anciens manuscrits; des règles à adopter, TABLE DES MATIÈRES. et de la méthode à suivre pour la repro- duction des inscriptions, etc. . . . Exposé de M. Bordeaux. . ... ., AREA ZA Opinion de M. Sellier sur les 32e., 35e, et 36. ques- HORS: EU MS ENT SE te Réponse aux 38. et 39:. questions, relatives à la reliure des livres, par M. Bordeaux. . . Citation d'artistes qui se sont distingués dans l’art de la reliure , par le Même , + . . .:. Actes de vandalisme signalés, à cette occasion, par MM. Dréolle et Marionneau. , . . . . Rapport sur les travaux et les publications acadé- miques des provinces pendant l’année 1856, d’après les renseignements communiqués au Congrès des délégués des Sociétés sa- vantes pendant la session d'avril 1857 ; par M. Sellier, secrétaire-général Aisne. AR AT DE Aer: dés sr 98 23 5 RL Ardennes 7 25455 0 ANDRE TOUT, ARS EE LOST ER Ps" PEUT OU EN de LR NC PNA OT Calvados . . Se CHAPEAU PR ET RIT PAU TES Côte NO io ni Doubs. hop: eus Dane Te, BIDOU 6 0 NU DU e à RE es J Gironde 4 2 Sion, cover fi Hesse Vilaine, . Je à se Se IngréæebLoire … … PUIS MIS 709 207 208 Id, 211 212 216 Qt Où QC OS =] © D NN 5 N9 NN N QD © = © 1 = 740 boire: &' sr Loire-Inférieure . Maine-et-Loire . Manche. . . Marne . . Marne (Haute-). Mayenne . . Morbihan. . Moselle, . . DR se «€ 4 EE y" Pas-de-Calais, Saône-et-Loire SOne Seine-Inférieure , Deux-Sèvres , TAF lens Vaucluse-,. . FRE Yonne. +. . Sociétés étrangères . TABLE DES MATIÈRES. ASSISES SCIENTIFIQUES TENUES, EN 1837, PAR L'INSTITUT DES PROVINCES. Lost ASSISES SCIENTIFIQUES TENUES EN POITOU , LES 23, 24, 25 ET 26 MARS 1857, Sous la présidence de M. de Longuemar. Ouverture de la session. Discours de M. de Lon- guemar . Allocution de M. de Caumont . ‘ L 402 405 TABLE DES MATIÈRES. Considérations générales sur la position géologique du département de la Vienne . . . . Réponse de M. Raynal à la question du programme ayant pour objet la classification géologique . des roches du département. s:.: 411. Discussion de la 4°. question du programme : Les terrains de la Vienne contiennent-ils beau- coup de débris organiques ? Les a-t-on re- cueillis avec soin ? Ces débris appartiennent- ils à des espèces connues et bien déter- PTT RS A) OR PAPA de ist Réponse de MM. de Vesicen et Mise NN De la Géologie agricole, par M. de Longuemar , en réponse aux 6°. et 7°. questions : Combien y a-t-il d'espèces principales de terrains meubles dans le pays? — Quelles sont les qualités relatives de ces terrains, eu égard aux productions agricoles? , . . . . . Réponse de M. Ségretain à la question posée par M. de Caumont : A-t-il été fait des coupes des tranchées ouvertes dans le Poitou par les chemins de On? us er oi Communication de M. de Longuemar en réponse aux questions 7 et 8 du programme , ainsi conçues : Quelles sont les terres et les roches utilisées par l'industrie locale dans le département de la Vienne? A quelles formations géologiques appartiennent-elles? Dans quelles localités les rencontre-t-on plus particulièrement ? L'analyse en a-t-ellc été faite, et quelle est leur composition ? Autre communication de M. Meillet sur les mêmes QUPSUONS SE Sn See a Analyse, par M. de Longuemar, d'une lettre de M. Pringauilt sur le même sujet. . . 744 406 408 414 416 417 419 4:10 719 TABLE DES MATIÈRES. Note de M. de Longuemar en réponse à la 9°. question : Quels sont les amendements qui paraissent le mieux convenir aux terres MURS De ee 2 te 6 He os US à Mémoire de M. Meillet sur le même sujet. . . . Note de M, de Longuemar sur les questions 10 et 10 bis, ainsi conçues : Quelle est la nature du sous-sol, et à quelle série de couches doit-on le rapporter ? — Quels sont les ter- rains du département de la Vienne aux- quels il convient surtout d'appliquer le DR nn ne Te D dé ouate Opinion de M. Pilotelle sur l'emploi du colmatage. Mémoire de M. l'abbé de Lacroix, en réponse aux 11°. et 12°. questions : Quels sont les nou- veaux faits constatés relativement à la dis- tribution géographique des plantes dans le pays ? — Quelle influence paraît exercer la nature géologique du sol sur la végétation en général, et sur le développement de certains végétaux en particulier? . . . . Étude sur l'existence des terrains tourbeux dans le département, par M. Carmignac-Descombes. Mémoire de M. Trouessart, en réponse à la 13°. question : A-t-on fait, dans le pays, des observationsmétéorclogiques suivies ? Quels résullats en a-t-on oblenus? . . Observations de M. de Longuemar, lendant à établir la transition de la géologie à l'archéologie. Travaux de statistique monumentale accomplis , de 1834 à 1857, par les Sociétés savantes DR POUR + 4 s à dé à 0e Ch: COLE Discussion de la 15°. question du programme, ainsi conçue : Quelles sont les déductions résul- tant des études déjà faites, soit sous le 425 1d. 427 430 439 TABLE DES MATIÈRES. rapport des établissements romains qui ont existé, soit sous le rapport de l’art au moyen-âge dans le pays?. . , . . À Mémoire de M. l'abbé Barbier sur les signes pt: daires relevés par lui dans les édifices religieux, civils et militaires. . . . . , Réflexions de M. de Longuemar sur un fait observé par lui dans un certain nombre d'églises PORN Lo ee LA ne Note de M. l’abbé Barbier sur la peinture sur vélin et l’application de l'or sur relief . . . . Réponse de M. Rédet aux questions 16 et 17 du programme , ainsi conçues : Quelle était la hiérarchie féodale des châteaux du dépar- tement? — Combien y avait-il de fiefs et d’arrière-fiefs dépendant de chaque château? Mémoire de M. Lalanne, en réponse aux 15e. et 16e, questions du programme, déjà traitées par. Rodet, ner. . , Communication de M. Bardy, en NT à la 18°, question : Comment se rendait la justice dans la circonscription SUN des châteaux ? . RER OU Discussion de la question 19:. el Lrbte Quelles sont les collections les plus remarquables du pays, en histoire naturelle, en peinture, en sculpture et objets divers? Indiquer quelques-unes des raretés qui s’y trouvent. Analyse des merveilles scientifiques et artistiques contenues dans les collections publiques et privées du département de la Vienne. . Rapport de M. Pilotelle sur l’état des collections privées. |... ras Mémoire de M. de on sur de tons publiques de.Poiliers. 1,5." 715 440 444 446 447 450 453 454 459 460 461 463 714 TABLE DES MATIÈRES. ASSISES SCIENTIFIQUES TENUES A AMIENS, LES 2 ET 3 JUILLET 1857, Sous la présidence de M. le comte de Vigneral. Allocution de M. de Vigneral ‘ Première question, concernant les broërés dé la géologie dans la circonscription , traitée par MM de Vigneral et de Renneville Réponse de M. Garnier à la 2 question, con- cernant les progrès de la botanique, en 1856, dans la circonscription. … . . . . Communication de M. Dufetelle sur un charme COUR. 4 0 à his M NUS Lait Réponse de M. Salmon à la 3°, quéstbn ayant pour objet les progrès de l’agriculture . en 1856, dans la circonscription. . . . . . . Détails fournis par M. Thuilliez sur les opérations D OT IMAERS 6 Ua se eee Explications données, sur le même sujet, par MM. de Vigneral, Vion et de Renneville. . . Réponse à la 13°. question, concernant la machi- nerie agricole; M. de Vigneral signale l’in- troduction de la Moissonneuse Mac-Cormick dans l'arrondissement de Montdidier. . Accroissements signalés par M, Thuilliez . . . . Discussion de la 6°. question, concernant les pro- grès de la chimie et des sciences physiques. Prennent part à cette discussion : MM. de Renneville, Decharmes, Gand et Thuilliez. Examen, par M. Vion, de la 6°. question, ainsi conçue : Quels sont les moyens Iles plus efficaces pour augmenter en agriculture le capital intellectuel? A-t on employé jus- qu'ici tous les moyens qui peuvent produire cet accroissement si désirable? . ,; . . 479 482 483 484 486 491 492 493 Id, 494% 495 TABLE DES MATIÈRES. . 745 MM. Dutilleux, Thuilliez, de Vigneral, de Renne- ville, prennent successivement la parole sur les 7°.,8°., 9°. et 10°. questions, qui ont pour objet de rechercher les moyens pra- tiques d’obvier à la déperdition des purins. 496 Quels emprunts l'architecture rurale at-elle faits!, en 1856, à l'architecture des chemins de fer pour la construction des hangars (12°. - question ). Réponse de M. Thuilliez . . . 497 Sur les trois propositions suivantes : L'histoire de Pagricullture au moyen-âge n'est-elle pas une des études auxquelles doivent se livrer les Sociétés savantes de la circonscription ? — Queñes sont les recherches déjà faites; quelle direction ultérieure doit-on donner à ce genre d'étude? — Les Sociétés d'agri- culture de la circonscription ne doivent- elles pas recueillir toutes les traditions re- latives aux anciens procédés de culture ; les pratiques qui vont cesser ; les meubles qui vont disparaître ne méritent-ils pas qu’on en conserve le souvenir: ne sont-ce pas là des éléments précieux pour l’histoire de l’agriculture ? prennent successivement ia parole : MM. Dutilleux , Thuilliez, Du- sevel et Uorblet : 5% VAR ON EMUT., 608 SÉANCE DU 3 JUILLET. Analyse, par M. Gand, d’une méthode de classi- fication ou notation caractéristique des tissus, proposée par M. Alcan . . . , . 499 Improvisalion de M. l'abbé Corblet sur les principes de classification chronologique des sépul- ture et des (OBDeaUux. à 4 . . .:. , “S01 Réponse de M. Dusevel à la 16°. question : Comment 716 TABLE DES MATIÈRES. réparait-on les chemins au moyen âge, dans la circonscription? . . . . . ,. . 507 Autre réponse du même à la 17°. question , relative aux fontaines publiques au moyen-age . . 508 Discussion de la 25°. question, ainsi conçue : Quelles ont été les publications archéolo- giques les plus intéressantes faites, en 1856, dans la circonscription ? Quelles sont celles qui pourraient mériter à leurs auteurs des médailles d'encouragement de la Société française d'archéologie? . . . ,. . . . 511 Prennent part à cette discussion : MM. Vion, Gar- Mere OA 7 ENST ELU TT, 5 ASSISES SCIENTIFIQUES DE NORMANDIE , TENUES A ALENÇON, LE JEUDI 23 JUILLET 1857. Présidence de M. Besnou, de Cherbourg. Discussion de la 1°. question, ainsi conçue : Quels ont été les progrès de la géologie, en 1856, dans la Basse-Normandie? . . 515 Développements donnés par M. Besnou sur les mi- nerais de fer de Diélette et sur les phos- phales des raies". à 4e: bs mire » SLT Autres développements du même sur la chaux, les soudes , les farines et les eidres. . . . . 519 ASSISES SCIENTIFIQUES DU GÉVAUDAN, TENUES A MENDE (LOZÈRE), LES 24 ET 25 AOUT 1857. Présidence de M. de Gaumont, directeur de l’Institut des provinces. Observation de M. Théophile Roussel sur Ja pre- L TABLE DÉS MATIÈRES mière question, relative aux caractères dis- tinclifs des terrains primitifs de la Lozère él:jourélendué <55 70.10.46 sa LA Examen de la 2. question, ainsi conçue : De quelle époque et de quelle nature sont les terrains de sédiment, et quels sont les divers étages du terrain jurassique qui existent dans le département? par MM. de Caumont MONO. Seite ane Examen de la 3°. question, relative à la fnhation des grottes et cavernes du département, par M. Émile de Moré. . : . . . . Note de M. de Saint-Alban sur l’âge du calétirs de St.-Alban .. . .… . er a EîMicacité des eaux thermales de nt par M. Dufresne de Chassaigne, en réponse à la 4°. question concernant les eaux miné- rales et thermales du département . . . Excursion géologique du 26 août à Javols et DNS UD) AT a ne ut nu Excursion du 27 à Lanuejols. . . . . i : Observations sur la distribution des espèces végé- tales phanérogames dans le plateau et les deux versants de la on (Lozère), par M. l'abbé Ranvier . LE PAR Mémoire sur l’état de l’agriculture du démasiont de la Lozère, par M. le comte de Mo- Re ii) Sd, Note sur les fabriques de tissus dans la Lozère, par MM. de Moré et Portalié. École de tissage à Mende , par M. Lambert Den: Notice géologique sur le département de la Lozère, par M. Dorihac, ingénieur, directeur des NES... LAN SN eat Din sed 747 522 524 525 Id, 526 528 529 930 548 970 971 574 718 TABLE DES MATIÈRES. d ASSISES SCIENTIFIQUES DU DAUPHINÉ, TENUES A VA- LENCE, LES 29, 31 AOUT ET 1%. SEPTEMBRE 1857. re ° SÉANCE DU 29 AOUT. Présidence de M. l'abbé Jouve. Mémoire de M. Dumas sur la création des fon- taines Ê LA L e L2 D L2 . L [1 LI . . 60% Lecture de plusieurs notes sur le même der ein ei UD SÉANCE DU 81 aourT. Présidence de M. l'abbé Jouve. Réponse de M. de Caumont à la 6°, question, concernant les moyens les plus efficaces pour augmenter, en agriculture, le capital PORC URL ns e nute n ice à Examen de la question relative aux bndoni li- D US D me VU D 0 QU Examen de la 11°. question, relative aux progrès des machines agricoles”... .: : . . 609 Discussion de la 12°. question, relative aux immon- dices qui se perdent dans les égouts et vont ensuite encombrer le cours des ri- vières, au centre des villes. . . . . . . /d. SÉANCE DU 1°. SEPTEMBRE. Présidence de M. Ferlay, préfet de la Drôme. Discussion de la question : A quelles causes doit-on attribuer la dégénérescence des vers à soie ? Y a-t-il moyen de diminuer ies ravages de la maladie appelée étisic, qui détruit les récoltes de cocons? . . ..: . . . re 011 Observations de M, Lacroix sur celte éealiof « + Id Examen des 20°, et 21°. questions, relatives à l’his- toire de l’agriculture et aux traditions rela- Se TABLE DES MATIÈRES. tives aux anciens procédés de culture à recueillir par les Sociétés d'agricullure. . Mémoire de M. Dumas, sur la science des fon- tainesi is). 05 IN ERA EE AR AITiTee 719 618 621 ASSISES SCIENTIFIQUES DU NORD DE LA FRANCE, TENUES A ARRAS, LE 2 DÉCEMBRE 4857. PREMIÈRE SÉANCE DU © DÉCEMBRE. Présidence de M. le comte d'Héricourt, Allocution de M. d'Héricourt. . . . . . : Extrait d'un Mémoire de M. Garreau, ist | sur les moyens à employer pour la des. truction des charançons. Compte-rendu des travaux de M. Kuhlmann sur la silicatisa- tion des pierres calcaires employées en ar- CHUOETIPES 4 de DEUXIEME SÉANCE, Présidence de M. le comte d'Héricourt. Communication de M. Loubat sur les chemins de fer dits américains . . Avantages des chemins du système nt Avantages et inconvénients du système Kennedy. Note de M. Grimbert sur la culture du maïs. Mémoire de M. Auguste Parenty sur la popuiation du Pas-de-Calais . , . . SÉANCE PUBLIQUE. ( 3°. SÉANCE.) Présidence de Mg. Parisis. Discours de clôture, par Mg’. Parisis. . . . . , ne me 629 631 654 720 TABLE DES MATIÈRES. LES CONGRÈS EN 1857. Congrès scientifique de France. . . . . . . . 663 Vue du palais de la Cour impériale de Grenoble. . 664 Congrès archéologique de France . . . . us 674 Congrès provincial de l'Association inst He: 676 Congrès en, Allemagne, ::. : .:. + ,. . . (680 Mémoire de M. le comte de Gourcy sur les amélio- ( rations agricoles en Europe, en 1856. . . 683 _" dd sil Caen, imp. de A. Ilardel, mé PSE Ft G TT RS 5 ae a Ve RU Has k … v ue vs e A Re ne 4 : , TR GS Ce FRET te D RP dr ns te É F SE nes * ne ne PRE TD Fe < RE D GT nt TR RS D ag Se a NE ne TT de ee GT ET ne ee Pere TS Fa Re 2 et 6 ES et mi pre “Je * Fa « … A tn ge SE RES PR M gp D LS > 9 nr nr Te TN Eee Re Sec Vo La en ee en, pur: est ge CDR PR ns de. CRE a . tn E < CS + es ze nt ete Re ET se $ RE ES ie PARC PTS ec S # < e s 7 ER nr eng x De + on me À vs à Rs Dur E RSS En SE Bag JT See NES E27 RE Lis x Eh EUR - à pr" dr re Fo #. Es Wa é < Prey Sas Te Re RS * ne QT En PEER TS LR RSS eu Te TR D Sn NT Te ST à ce D SR = À 2 DÉS ee y ee * è : BE re % 0, Le PL "En hr rt ER OR E P PRT N R ET OR Se Sr RS Te RE eo a NS ET ao PE QE RENE A a SC + a fe. #> Ÿ À eu. à * Lise - +, à 3 : y pe M COTE >. * ? j Ve Mg SE 3 . PS on TR, PE ES or 7 US FT ge + RE + AU LS SE NT GR SE er Lee RE ES RE hf er Se pe EE ee ue OR D A PAR EURS TR D , » eg Se on Ÿ. 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