RENE 2 S F AT IS s GET ES ere EE En TS re EDS En DATE" Er NS Ad a IN DE ERP ee PE NT TA See g: Re A OR RS SR RTS PR se Re Er Poe Par LA Ée $ 4 "ss en re Su st En ax dun, D we + É RL, DÉTRAe DE DE dede LR SG ed Er Es PER TS / RE + 5 GT PL TUE gear PA PE on RE D Rs LS , $ RP La RE mr re PRO DRE re Prog Te V « à % Fe ji FE 4 Se ras PRE, “ 3 : ÉrRe Ps É HE à es A SR ARS Er Rene En 0 LS Po SR LR TER an Po SERRE ee RE RSR Se ET ge RE TOR DR re RUE OT Ph NS cs PR ES De Ta en LR Met de qe D # PR PR RE RS A QT NU ons ES ES RE Te PET PE US DR x, PE Sn TR RS PES RES Le PSE SRE, PS : Th RAA D TA a Mes a ar Ne os Le EPS Er RE A DE eu D. 7 mg EC LT Erette D puce: M Tee de Ch & dr és rs GE SR ENT PT RÉ PT PE TR RS e A RS PE L rs. tn HT PE Per o tai _à RÉ pa NL ul à À nt Al &. « ee RTS me, SE LP ET TS RE Sn Ds. RIT D ER ET RSS PU TR POMÉE Led É : ES À 5 re SET AE ent , A RE TT À RRQ s VE D ES A me Pr Ge DT re Te ge ae RE qe CE A 8 ie Poe En PE ES RE SDS BATTRE A 6 Sr ue RS gnome AVR LE RS jo LE ne ee ur TR RE pe A RM IR PAT > Po PET SRE Le on LR Ph MÈRE NE NE NÉ BE AS TEE D LR Re bte, 2 ot PR ET PER A RE or en AE et 2 Pi PA D qe LT OO Bo re ARE A LES rtf D Lo os I rare RCE Ga qe PTT Ses À ue SR © D R Re er TU 37 RS SA mu RÉ RAS M gi am sr Ft SR Soi oi 2 Gi ax a: , rs bee ge FE ue, RS FORT 3 SR Rd nn RP Sp PRES Er RTS Le PE me 2 FD La IN Ce > po ARR PR PR PR RE En Pr Ep qe RE RE SE pe DS ut 76,20 sfr MT te on LP, ne RIT APE art nn à D à 2 RU pe te MD 63 ie Re AE RCE ET Ml 7 1 24 > = “, M 7 à PE / USE < hr 2. de eh, dy 7 ASE 8 y. x. 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HARDEL, RUE FROIDE, 2; ROUEN, LEBRUMENT, QUAI DE PARIS. NANCY, Mike, GONNET. iii. AS MUSE. $ y + qe NAS LEP LE E3aû Lee 4 %, on EG ES VAT, gd 1% À [A 2: La 2 M Ye x” ”". Vi # K e ae ve - ns sh ti z CRE é FA ; DA ext RP EL AVERTISSEMENT. Llnstitut des provinces de France continue de mériter , par ses travaux , le rang élevé qu'il occupe parmi les So- ciétés scientifiques. Les académies impériales de Vienne et de St.-Péters- bourg, les académies de Berlin , de Munich, de Turin, de Londres, ont, ainsi que beaucoup d’autres , échangé leurs mémoires et entretenu avec l’Institut des SSEESES une Cor- respondance suivie. De tous côtés les notabilités les plus célèbres dans les sciences, les lettres et les arts, sollicitent l'honneur de faire partie de la compagnie, et l'Institut se voit, par suite du nombre limité de ses membres, dans l’impossibilité de satisfaire les ambitions les plus légitimes. Cette année, plusieurs membres titulaires ont été enlevés à l'Institut des provinces et leurs places ont été données à des hommes qui ont dû être choisis parmi trente candidats d'un mérite éminent. Les membres décédés en 1852 sont : MM. Thierry , de Caen; de La Porte, de Vendôme; Gregory, de Lyon; comte de Blois, de Morlaix: Ollivier, d'Avanches : ; de Haldat du Lys, de Nancy ; comte du Coetlosquet, de Metz, et Le Sauvage, de Caen. M. Tarerry, après avoir fait à Caen, pendant trénte ans, le coursde chimie de la Faculté des Seiences , dont il était doyen, avait pris sa retraite, et il partageait son temps entre sa famille, ses affaires et l'étude. Son cours avait toujours été suivi avec empressement ; il savait, par son talent d'exposition, y attirer les gens ŸI _ : l VAVÉRTISSEMENT, du monde en même temps que les étudiants. À une cer- taine époque, plus de quatre-vingts auditeurs se pres- saient pour l'entendre. M. Thierry avait été long-temps l'élève de Vauquelin et des plus célèbres chimistes de Paris. M. Hippolyte ne La Porte est mort le 29 février dernier, au château de Meslay, dans le Vendômois, où il avait vécu près de quatre-vingt-deux ans en faisant le bien. M. de La Porte était né en 177}. F1 avait vingt ans lors que la révolution éelata. Son père, intendant de Lorraine!, dut alors abandonner ses hautes fonctions, et se réfugia dans sa terre de Meslay, où il se crut en sûreté derrière un demi-siècle de bienfaits héréditaires. Mais fl craïgnait pour son fils le contre-coup des commotions politiques; et H l'envoya voyager en Italis, gardant auprès de Jui son héroïque jeune fille {mariée depuis au comte de Salaberry). Son long séjour en Italie avait développé en M. de La Porte, ce goût exquis, ee tact fin et délicat , qui le rendait si bon juge de toutes les œuvres de la pensée et de l’imagi- pation. Il aimait les arts, mais il aimait peut-être encore plus les artistes; il les accueillait avec cet empressement aimable, qui est pour eux le meilleur des encouragements, parce-qu’il leur donne la conscience de leur mérite. Un de ses grands bonheurs était d'aider de ses conseils ; de:sa bourse, de son influence, un talent naissant ou méconnu. Jamais le pauvre ne s’éloigna triste de la porte de sa demeure ; jamais un malheureux n’implora en vain sa géné- rosité. Tous les projets utiles au pays étaient accueillis par Jui avec chaleur. Toutes les bonnes œuvres le comptaient parmi leurs fondateurs ou leurs soutiens. Continuant, dans le village que ses aïeux avaient créé, les traditions de leur charité inépuisable, il voulut compléter leur ouvrage, en AVERTISSEMENT. VI1 -y établissant une école de Frères, à côté de la maison des Sœurs, que sa vénérable mère avait fondée. Pendant de “longues années, il fut maire de Meslay ; la révolution de juillet avait exigé sa démission, le suffrage universel le replaça , en 1848, à la tête de cette population dont il était le père. Peu d'hommes ont été plus sincèrement modestes que M. de La Porte, Car il n'avait pas même la prétention de la modestie, Il ne se posait point en auteur, et pourtant il écrivait avec une pureté de diction devenue rare de nos ‘jours: Outre les Souvenirs d'un Emügré, le plus important “de ses ouvrages est une Notice sur Rivarol, qu'il avait connu à Hambourg ; il a composé de nombreux-_et intéres- -sants articles, dans la Brographie universelle ; et d'autres notices, dont Sainte-Beuve a parlé avec éloge, sur quel- ques femmes de la haute société du dix-huitième siècle, et sur le dernier des maréchaux de Brissac. La Société des bibliophiles perd en lui un de ses mem- bres les plus zélés , et regretteru le concours efficace qu’il prêtait à ses importantes publications. Lorsque M. de Cau- mont fonda les Congrès scientifiques , l'âme expansive de M. de La Porte. embrassa avec ardeur la pensée de ces comices de l’érudition . qui ont tant contribué à répandre dans les provinces la vie littéraire, exclusivement concen- trée jusqu'alors dans la capitale. C'était toujours avec bonheur qu'on le voyait paraître dans ces nombreuses réunions, où il était entouré de tous les témoignages de l'affection et du respect. L'Institut des Provinces , la Société pour la conservation des monuments, celle des Antiquaires de l'Ouest , les Sociétés académiques de Sens, d'Orléans, de Blois, et de Reims avaient tenu à honneur de l'inscrire parmi leurs membres ; il y comptait vtIt AVERTISSEMENT. autant d'amis que de confrères. Jusqu'aux dernières limites de la vieillesse, il fut partout aimé et recherché, car il avait conservé dans toute sa fraicheur la jeunesse du cœur et de l'esprit. {Extrait de la notice de M. de Pétigny }. M. Gregory X avait pris une très-grande part aux travaux du Congrès scientifique de France en 1841, quand le Congrès tint à Lyon sa IX®. session : à Marseille , en 1846, il fut appelé à présider la section d'archéologie et il com- muniqua des recherches de la plus grande valeur sur l'histoire commerciale de Marseille et de l’Italie. M. Gregory avait dès-lors publié d'importants ouvrages et fait des recherches approfondies sur l'histoire des républiques italiennes au moyen-âge. Il avait l'esprit plein de faits, “ane mémoire excellente, l'improvisation facile et abon- dante, aussi était-il toujours écouté avec intérêt dans les réunions du Congrès scientifique. M. Gregory, né en Corse, parent de M. le comte Pozzo di Borgo dont il avait été l'exécuteur testamentaire, fut appelé de bonne heure à faire partie du Conseil général de ce département ; il avait aussi réuni, à une certaine époque, un très-grand nombre de suffrages pour la députation, et tout porte à croire qu’il aurait été appelé à représenter son pays dans nos assemblées législatives , si sa santé,devenue mauvaise, ne l’eùt condamné au repos depuis quelque temps. M. Gregory était membre de l'Institut des provinces depuis 1842 ; il avait été présenté à cette savante compagnie par M. de Caumont , avec lequel il avait débarqué à Marseille en revenant d'Italie. Depuis cette époque, M. Gregory était un des plus fervents apôtres de l'œuvre à laquelle se voue l'Institut des provinces. | - AVERTISSEMENT. 1x Voici l'indication de ses principaux ouvrages : | 1°. Istoria di Corsica dell arcidiacono autori Pietro Filipini. Pisa, 1827-1835. 5 vol. in-8°. et in-4e. Do, Istoria di Corsica di Pietro Cirneo, sacerdote d’Alersa, Parigi, 1834. 1 vol. in-8°. 90, Statuti civili e criminali di Corsica. Lione, 2 vol. in-8°. et in-4°., 1843. : Il a publié : 4e, Histoire du commerce italien étudiée surtout dans les annales de la république de Pise. — (Procès-verbaux des séances générales du Congrès scientifique de 1841). 5. Un grand nombre d'articles dans la biographie uni- verselle de Michaud. Ge, Sampiero Corso, tragedia, Paris, 1832, in-8. Il laisse inédits les écrits suivants : 7°. Paoli, roman historique ; 8. Histoire du commerce des peuples maritimes ; 9°. Histoire de la Corse. M. le comte pe BLors, O XK capitaine de vaisseau, oncle de M. Aimar de Blois, membre de l’Assemblée législative, est mort à Morlaix, dans sa 92°. année. Auteur de recher- ches importantes et de mémoires sur l'histoire naturelle et la statique, M. le comte de Blois avait conservé jusque dans les derniers temps de sa vie une mémoire prodigieuse. Il avait été élu membre de l’Institut des provinces il y a dix ans, après avoir été élu candidat par l'Association bretonne, réunie en Congrès dans la ville de Nantes. : M. Ocravrer % , ancien maire d'Avranches, membre du Conseil général de la, Manche, chevalier de la Légion- d'Honneur , avait rempli les fonctions . de secrétaire- général de l'Association, normande quand elle tint son Congrès provincial à Avranches en 1839. On se rappelle « 4 AVERTISSEMENT. avec quel empressement il reçut la compagnie et combien la session fut intéressante et fructueuse. M. Ollivier, littéra- teur distingué, ami des arts , une des lumières du Conseil général de la Manche , avait alors beaucoup contribué à toutes les améliorations qui s'étaient faites dans sa ville, et notamment à l'érection du musée intéressant qu'elle possède : aussi quelque temps après la session dé l'Asso- ciation, l’Institut récompensa ses efforts en Je nommant membre titulaire. M. pe Harpar pu Lys %, correspondant de l’Institut de France (académie des sciences ), secrétaire de l'Aca- démie de Nancy, et d'un grand nombre de sociétés savantes françaises et étrangeres, inspecteur honoraire de l’Aca- démie universitaire, est mort, le 26 novembre dernier, dans sa 83°. année. Les nombreux mémoires que pendant sa longue vie M. de Haldat avait composés , ont tous de l'utilité et de l'importance, C'était une de ces colonnes que le temps renverse chaque année, un des représentants de cette génération patiente et laborieuse dont les derniers débris s’éteignent chaque jour. A 80 ans, M. de Haldat avait rempli, avec deux de ses compatriotes, les fonctions de secrétaire-général de la XVII. session du Congrès, tenue en 1850 à Nancy. El n’avait pas cessé de travailler depuis. M. le comte De Cogrcosquer %, de Metz, à peine âgé de 60 ans, vient de mourir en revenant de la Terre-Sainte, qu'il était allé visiter. C'est une perte irréparable pour la cause de la décentralisation littéraire. M. de Coëtlosquet comptait parmi ses ancêtres des hommes illustres dans la robe et dans l’armée. L'évêque de Coëtlosquet, son grand- oncle, avait été le précepteur d’un de nos derniers rois. Homme d'étude et admirablement organisé pour le tra- AVERTISSEMENT. xt vail de cabinet, M. de Coëtlosquet fut de bonne heure nommé sous-préfet de la Haute-Saône. En 1830, il rentra dans la vie privée, au milieu de sa famille qu'il aimait et dont il était l'exemple par sa piété, sa douceur, sa haute vertu : au milieu de ses livres qu'il affectionnait : au sein des. hommes lettrés, parmi lesquels il ne comptait que des amis dévoués. En effet qui, avec un peu d'âme, n'eùt pas affectionné cet ange de douceur, de modestie, d'abnégation ; cet homme dévoué à tout ce qui soulage l'humanité et la moralise. L'aspiration que le Congrès scientifique de France a constamment manifestée pour ces nobles sentiments, attira vers lui M. de Coëtlosquet. I avait assisté, depuis 1837, à six sessions dans différentes villes, et il fut à Metz, en 1846, un des secrétaires-géné- raux du Congrès spécial d'archéologie convoqué par la Société française pour la conservation des monuments, dont il était membre. R : En 1848, M. de Coëtlosquèt fut nommé par son dépar- tement, qu’il représentait déjà au Conseil général, membre de l’Assemblée Constituante. M. de Coëtlosquet appartenait à l'opinion légitimiste, non pas au parti aveugle qui a perdu la monarchie , mais à celui qui aurait pu la sauver. M. de Coëtlosquet fut réélu membre de l'Assemblée Lé- gislative et en fit partie jusqu’au 2 décembre. Alors il revint à Metz et à sa campagne devant laquelle se déroule si gracieusement dans le lointain le panorama de Metz et sa vaporeuse Cathédrale. Le désir de visiter l'Orient et Jé- rusalem , l’entraîna loin de ce séjour qu'il ne devait plus revoir. Le journal des Debats annonçait sa mort le 6 dé- cembre dernier. | Long-temps avant son voyage d'Orient , M. de Coëtlos- quet avait visité Rome, Naples et toute l'Italie. XII AVERTISSEMENT. Ses ouvrages de morale et de philosophie avaient obtemn beaucoup de succès : il y a tel de ses livres qui a eu sept ou huit éditions. M. Le SAUVAGE %, membre de l’Institut des provinces et d'un grand nombre de corps savants , ancien président de l'Académie, de la Société d'agriculture et de la Société d'histoire naturelle de Caen, correspondant de l’Académie de médecine, ancien chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, est mort à Caen le 10 décembre. M. Le Sauvage, âgé de 71 ans , avait conservé une vi- vacité et une activité de jeune homme. Non-seulement il avait une clientèle considérable qui l'obligeait à faire pres- que tous les jours des visites à la ville et à la campagne, mais il trouvait encore le temps de préparer ses cours et d'écrire des mémoires sur la physiologie et l'anatomie. Après avoir fait de brillantes études médicales et avoir pendant plusieurs années été élève interne d'un des hô- pitaux de Paris, M. Le Sauvage était venu s'établir à Caen, dans son pays, 1l y a quarante ans. Il rapportait des connaissances approfondies en méde- cine , en chirurgie et en histoire naturelle, M. Le Sauvage était un de ceux qui connaïssent le mieux l'habitat des plantes dans le Calvados. Il avait particnliè- rement étudié la faune du même pays, et possédait la collection la plus complète, peut-être, d'oiseaux indigènes. . Jl en a publié le catalogue dans un des volumes in-4°. de la Société linnéenne de Normandie. Les principaux mémoires de M. Le Sauvage ont eu pour objet la physiologie et l’anatomie ‘comparée. Son travail sur les monstruosités, ses dernières recherches sur les phénomènes de la fécondation, avaient attiré l'attention AVERTISSEMENT. X11i de l’Académie des sciences et il avait été candidat pour une place de correspondant dans la section d'anatomie. M. Le Sauvage était un des hommes savants qui ont pris part à l’œuvre des Congrès scientifiques de France ; il y siégea à Caen d’abord en 1833 , ‘à Tours en 1847 et à Or- léans en 1851, c’est-à-dire lorsque ces assemblées ne se tenaient pas trop loin de Caen et que sa clientèle lui permettait de s’absenter quelques jours. Il avait voulu profiter d’un peu de liberté cette année pour aller à Paris lire un mémoire à l’Institut, et c’est au retour de ce voyage qu'il a été pris d’une fluxion de poitrine à laquelle il a succombé. M. Le Sauvage était vif, franc, désintéressé, dévoué pour ses amis, généreux. et hos- pitalier pour tous. Personne ne recevait avec plus d'em= pressement les étrangers. Nous avons vu sa maison fré- quentée par presque toutes les célébrités scientifiques qui sont venues à Caen. Parmi les membres étrangers, nous avons à regretter M: De Bonarous, qui, connu par ses grands travaux sur le maïs, sur les vers à soie et sur les sciences agricoles en général ; est mort à Paris dans un âge peu avancé. M. de Bonafons, qui passait chaque année six mois en France, avait, il y a quelques années, visité plusieurs pro- vinces. M. de Bonafous avait pris partaux travauxde plusieurs Congrès. et il assistait, à son retour de Londres, à celui qui se tenait à Orléans en 1851. M. de Bonafous employait gé- néreusement sa fortune pour le progrès de la science ; 1l avait fondé une ferme modèle près St.-Jean-de-Maurienne , en Sävoie : on cite de lui des actes nombreux de bien- faisance. M. de Bonafous, chevalier de Malte, de Saint- Maurice et de la Légion-d'Honneur, était directeur hono- raire du jardin botanique et membre titulaire de l’Académie de Turin. XIV COMPOSITION DU BUREAU et du Conseil d'administration. Directeur général : M. ne Caumont OX, fondateur des Congrès scientifiques de France. Secrétaire : M. Eupes-DesconccnamPs %£, doyen de la Faculté des seiences de Caen. Trésorier : M. Gaucain >X, inspecteur de l’Association normande. Administra= teurs. MM. J. Grrarin XX, correspondant de l’Institut de France, à Rouen. Le vicomte pe Cussy O X%, membre de plusieurs Académies, à Paris, et à Vouilly (Calvados . Le Gran X, D.-M., ancien maire de St.- Pierre-sur-Dive. P.A. Lam O XX, ancien doyen du Conseil de préfecture du Calvados. LamserT, conservateur dé la Bibliothèque pu- blique de Bayeux. Baron pe La FRéNaye Y%, membre de plusieurs Académies, à Falaise. Morière, secrélaire-général de l'Association normande, à Caen. XV LISTE DES MEMBRES DE. L'INSTITUT DES PROVINCES, MM. Le prince LOUIS-NAPOLÉON III G %%, Empereur des Français. Eroc-Demazy, ancien secrétaire-général de l'Institut, au Mans, Lorrin (l'abbé), ancien trésorier de l’Institut, id. Bouver (l’abbé), ancien membre du conseil, id. De Marseuz , chef d'institution, à Laval. Le Gaz, conseiller à la Cour d'appel, directeur de la divi- sion de la Bretagne, à Rennes. Auger, chanoine titulaire de Poitiers, directeur de la division du Poitou, à Poitiers. Bouizer X%, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Cler- mont-Ferrand. Lecoo #, secrétaire perpétuel de l’Académie, à Clermont- Ferrand. Léon pe La SicoTière, avocat, à Alençon. TarzLarD %, conseiller à la Cour d’appel de Douai. Guerrier pe Dumasr 3, membre de l’Académie, à Nancÿ. Ricozzor #, président de l’Académie, à Amiens, De Givencuy, secrétaire-général de la IIIe, session du Congrès, à St.-Omer. Bonxer %, professeur d'agriculture, à Besancon. Buvienrer %, membre de plusieurs Académies, à Verdun. CommarmonD #, bibliothécaire du Palais des Arts, à Lyon. D'Howsres-Firmas 3%, à Alais (Gard), correspondant de l’Académie des sciences, &vi LISTÉ MM. Jules Renouviex, ancien président de la Société des Arts, 4 Montpellier. Soyer-WILLEMET X, trésorier-archiviste de l’Académie, à Nancy. Crorzer €, curé de Neschers, près Issoire. Marcel pe Serres X, professeur à la Faculté des sciences, à Montpellier. Weiss O %X , bibliothécaire, à Besancon, GÉRAULT, curé d'Evron, à Evron (Mayenne). Miscer, naturaliste, président de la Société d'agriculture, à Angers. Bonner %, D.-M., chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu, à Lyon. | BouLzée, membre de l’Académie de Lyon. Véricez %, ancien médecin en chef des Hospices de Lyon. Moi, professeur d'histoire à la Faculté des lettres de Be- sançon. … Fourner XX, professeur de géologie à la Faculté des sciences de Lyon. SERINGE, professeur de botanique à la même Faculté. Victor Simon X, ancien secrétaire-général du Congrès, con- seiller à la Cour d’appel, à Metz. Mouceor %, naturaliste, à Bruyères { Vosges ). Herp X, professeur à la Faculté de droit, à Strasbourg. Coururar %X, ingénieur en chef du cours du Rhin, à Strasbourg. Mg'. Donner O &, cardinal-archevèque de Bordeaux. Des Movuziss, inspecteur divisionnaire des monuments, di- recteur de la division du Sud-Ouest , à Bordeaux. Mg’. Gousser O 3€, cardinal-archevêque de Reims. Mg. Barreau, historiographe et chanoïne de Beauvais, Ferer, conservateur de la Bibliothèque, à ge Cousseaw (l’abbé), évêque d'Angoulême, Foucarr #, doyen de l'Ecole de Droit, à Poitiers. DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROYVINCES. XVII MM. De Bzossevize $, membre du Conseil général de l’Eure, à Amfréville ( Eure ). De LA Fareze X, ancien représentant du Gard, à Nîmes. Desrocues (l'abbé) , curé d’Isigny (Manche }), De Cayroz %X, ancien député, à Compiègne. Biseuz , à Blain ( Loire-Inférieure ). Drover, inspecteur divisionnaire de la Société française, au Mans. Marquis ne Vigraye, géologue, à Cheverny, près Blois, Arthur ManTin (le R. P.), auteur des vitraux de Bourges, à Paris. Camier (id. ), membre de plusieurs académies, à Paris. DucHATELLIER, secrétaire-général de l'Association bretonne, à Quimper. De La Baume %, conseiller à la Cour d'appel de Nimes. Comte De MontazemBertr %£, ancien pair de France, in- specteur divisionnaire de la Société française pour la con- servation des monuments, à Paris et à Vesoul (Haute- Saône ). Remer, conservateur des Archives de la Vienne, à Poi- tiers. Gopar», graveur, membre de plusieurs académies, à Alençon ( Orne). V. Hucuer, membre de plusieurs Sociétés savantes, au Mans . (Sarthe). Comte pe Tocquevirze O Ÿk, ancien ministre, membre de l’Académie française, à Tocqueville (Manche). Teissrer , membre de plusieurs ‘académies, à Anduse (Gard \. Le comte A. pe Gouneues, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Lanquais ( Dordogne ). | Wazz #8, directeur de l'Observatoire, à Marseille, Branome, inspecteur des monuments historiques, à Paulhaguet ( Haute-Loire), XVIII LISTE MM. Goeuez XX, membre de plusieurs académies, à Strasbourg (Bas-Rhin ). Voisin (l'abbé), membre de plusieurs académies , au Mans (Sarthe ). Le GLay %, conservateur des archives, correspondant de l'Académie des inscriptions, à Lille (Nord). KunLuan >, professeur de chimie, membre du Conseil gé- néral du Commerce, à Lille (Nord). Herman», membre de plusieurs académies, de la Société des Antiquaires, etc. , à St.-Omer (Pas-de-Calais), Jourpain , chanoiïne de la cathédrale, à Amiens. Duvaz, membre de la Société française pour la conservation des monuments, à Amiens. F. Woizzez, membre de plusieurs académies, à SL,-Quentin. Baron Dp’Haussez O %, membre de plusieurs Sociétés savantes, à St.-Saens (Seine-Inférieure ). Baron pu Taya £, président de la Société d’agriculture des Côtes-du-Nord, à St.-Brieux. Desnoyers, vicaire-général d'Orléans, inspecteur des monu- ments du Loiret. E. Dozrus X, président de la Société industrielle de Mulhouse. BaxpeviLe (l'abbé), membre de plusieurs académies, à Reims. MaALHERBE, juge, président de la Société d'histoire naturelle: de Metz. Le comte ne Cuasrezzux C %, membre de plusieurs Acadé- mies, à Paris. BariLLow, ancien représentant de l'Oise, à Compiègne. Baux %, archiviste de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Rouen. Dusreuiz, professeur d'agriculture, à Paris. Dessogerrs, membre du Conseil général de l'agriculture, dé- puté de Neufchâtel. Bazzy O , ancien président de l’Académie de médecine, à Villeneuve-le-Roy ( Yonne ). DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES. XIX MM. Berruezor OX, secrétaire-général de la Société de géo- : graphie. Vizmori XX, correspondant de l’Institut, aux Barres (Loiret). Berza O Ye, directeur de l’Institut agronomique de Grignon. Perir, proviseur au lycée de Rennes, Le comte ps Trisrax 2%, membre de plusieurs académies, à Orléans. Le comte pe LocarT >, directeur du musée d'histoire natu- relle, à Orléans. Bayze-Mouizzarn O X, membre de l’Académie de Clermont, ancien secrétaire-général du ministère de la justice. Beauper La Farce Ÿ£, ancien sous-préfet, membre de l’Aca- démie de Clermont. Perir-Larirre, membre de l’Académie de Bordeaux, profes- seur d'agriculture. Bzararmou (l'abbé), chanoine, professeur. à la Faculté de théologie de Bordeaux. P.-M. Roux %, membre de l’Académie, secrétaire-général du Congrès scientifique de France, à Marseille. BARTHÉLEMY, conservateur du musée d'histoire naturelle, se- crétaire de l’Académie de Marseille, Drausé %, président de la Société de statistique de Mar- seille. Bertauzus XX, médecin du Lazaret de Marseille, membre de plusieurs académies. . Coquan», ingénieur des Mines, vice-président de l’Académie d'Aix. Casrez, agent-voyer chef, à St.-Lo. Devoucoux (l'abbé), secrétaire perpétuel de la Société acadé- mique et vicaire-général d’Autun. Niæpce, président de la Société d'histoire et d'archéologie de Châlons-sur-Saône. | Le baron pe Conte O %, directeur de l’administration des cultes, à Paris, xx LISTE MM. Le Roy pe Berauxe, membre du Conseil général de l’agri- culture, à Douai. Renauzr, inspecteur divisionnaire de l'Association normande, vice-président du tribunal, à Coutances. Comte OLivrer pe Sesmaisons, directeur de l'Association bretonne, à Nantes. CARTIER, directeur de la Revue numismatique, à Amboise. Lawenon pe Licnim, capitaine de cavalerie, secrétaire-général de la XV°, session du Congrès scientifique, à Tours. Caawpoiseau XX, secrétaire-général de la même session, à Tours. De Sourpevaz %, id. , juge d'instruction, à Tours, J. De FonNTENAY, membre de plusieurs académies, à Autun. Mg’. Parisis 3%, évêque d’Arras, ancien représentant du Morbihan. De GLanvizze, inspecteur des monuments de la Seïne-Infé- rieure, à Rouen. Le Perir (l'abbé) , chanoine honoraire de Bayeux, secrétaire- général de la Société française pour la conservation des monuments, à Tilly ( Calvados). E. Pary, inspecteur des monuments de Seine-et-Marne, Goparp-SainT-Jean (l'abbé), professeur de théologie, à Langres. E. pe BLois, représentant du Finistère, président de la classe d'histoire de l'Association bretonne , à Quimper. La Curie (l'abbé), chanoine honoraire de la Rochelle, inspec- teur divisionnaire des monuments historiques, à Saintes. MarTmeroN, ingénieur, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Marseille. De Bois Le Comre , membre de plusieurs académies, à Tours. De La TERRADE, directeur de la Société linnéenne, à Bor- deaux. De Buzonnière, secrétaire-général de la XVIIIe. session du Congrès scientifique de France, membre de plusieurs académies, à Orléans, PES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES. XXI MM. La Cnrosse C %, sénateur, ancien ministre des travaux pu- blics, à Paris. De Saint-Germain, inspecteur des monuments historiques, à Evreux. Duraur pe Monrrorr X, président de la Société de statistique des Bouches-du-Rhône, à Marseille, Général Rémonr C %, ancien député, membre de plusieurs académies, près Gisors. Gopezce #2, membre de plusieurs académies, conseiller d’État. Morière , secrétaire-général de l’Association normande, direc- teur des Cours spéciaux du lycée, à Caen. Leresvese pu Rurrcé O %, sénateur , inspecteur divisionnaire de l’Association normande, ancien ministre, à Pont-Authou. Le NorwanD, ancien sous-préfet, membre de plusieurs aca- démies, à Vire. | Vicomte ne FazLoux %, ancien ministre de FIRMES pu- blique , à Segré (Maine-et-Loire ). De KerDrez, ancien représentant d'Ille-et-Vilaine, ancien élève de l’Ecole des chartes, à Rennes. Alph. Le FLacuais, membre des Académies de Caen et de Rouen, à Caen. Crosnier (l'abbé), vicaire-général de Nevers, inspecteur des monuments de la Nièvre, à Nevers. Herpin De Metz, docteur en médecine, membre de plusieurs académies, à Paris. Mg’. Dupont C %, cardinal-archevèque de Bourges, à Bourges. Aussanr, membre de plusieurs académies, professeur en mé- decine, à Rennes. Taror X, président de chambre à a Cour d’appel de Rennes, secrélaire-général de la XVIe, session du Congrès. Comte Louis pk KerconLay, ancien directeur de la Revue provinciale, secrétaire-général de l'Association bretonne, à Fossieux (Seine-et-Qise \, XXI1] LISTE M À. TasLé % , conseiller à la Cour d'appel de Rennes. Barré, sculpteur, lauréat de l'exposition régionale de l'Ouest, à Rennes. Baron pe Girarpor, membre de plusieurs académies, sous-prefet à Montargis. Guérancer, président de la Société académique de la Sarthe , au Mans. Succ, sculpteur, lauréat de l’Institut (exposition régionale de Ouest), à Nantes. L. De La Morre, membre de l’Académie, inspecteur des _ établissements de bienfaisance, à Bordeaux. Dezazonpe-Duruir fils, membre de plusieurs acadérnies, à Rouen. De Bency pe PuyvaLée #£, président de la Société d’agri- culture du Cher, à Bourges. Marécnaz, ingénieur des ponts-et-chaussées, à Bourges. MacuarD %X, ingénieur en chef, id, BerTranp Ÿ, maire de Caen, doyen de la Faculté des lettres, à Caen. VaLLAT, recteur de l’Académie du Lot, membre de l’Aca- démie, à Bordeaux. .Boucæer ve Perraes X, président de la Société d'émulation, à Abbeville, Raynaz €, procureur-général près la Cour d'appel de Caen, De La Monxeraye, président du. Conseil général du Mor- bihan, à Rennes. Porrier #, conservateur dela Bibliothèque publique de Rouen. Nicras GarLLarp O %X%, ayocat-général à la Cour de cassation, membre de plusieurs Sociétés savantes, Tuéyenor, chef d’escadron, secrétaire de la cinquième section de la VIe. session du Congrès scientifique de France, à Clermont-Ferrand. Caavin DE MaLLan *#, ancien conservateur de la Bibliothèque du palais du Luxembourg, à Paris. DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES. XXIII MM. Marquis ne CHEeNNEVIÈRES-POINTEL , membre de plusieurs aca- démies, employé au musée des tableaux, à Paris, Gunzory aîné >, secrétaire-général de la X*. session du Congrès scientifique de France, président de la Société in- _ dustrielle, à Angers. Lebaron CnaizzLou Des Barres O %, ancien préfet, président de la Société archéologique d'Auxerre, De VerneiLu-Puinazeau, inspecteur divisionnaire de la Société française pour la conservation des monuments, à Nontron ( Dordogne }. De Surienÿ, membre de l’Académie de Mâcon, à Mâcon (Saône-et-Loire ). Fzecuer , architecte, à Lyon. M. Cawar, secrétaire-archiviste, de la Société académique de Châlons-sur-Saône, | R. Borpearx, docteur en droit, membre de plusieurs acadé- mies ,-à Evreux (Eure ). BLonpcor , secrétaire-général de la XVITI°. session du Congrès scientifique de France, professeur à l'Ecole secondaire de médecine de Nancy. BouLancé, ‘ingénieur des ponts-et-chaussées, membre de l’Académie, à Metz. SiMOnIN, docteur-médecin, secrétaire de l’Académie Stanislas, à Nancy, secrétaire de section à la XVIIe, session du Congrès. Le Pace, membre de l’Académie de Nancy, archiviste du département. de la Meurthe, secrétaire de section à là XVIIe, session du Congrès scientifique, à Nancy. Comte ne MeLzer, inspecteur des monuments de la Marne’, membre de plusieurs académies, président de section à la XVIT°. session du Congrès scientifique, à Chaltrait (Marne). Victor Perrr, membre de plusieurs Sociétés archéologiques, à Sens ( Yonne ). Travers, professeur de littérature latine à la Faculté des | XXxIV MM. LISTE lettres de Caen, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres, à Caen, Dupré LA Manérie, docteur en droit, secrétaire de section à la XVIe. session du. Congrès scientifique de France, sub- stitut, à Cherbourg. Rosran, inspecteur des monuments historiques , maire de St.- Maximin ( Var). PeLLeriN, docteur-médecin, ancien professeur à l'Ecole secondaire de médecine, membre de plusieurs académies, à Caen. Harpez, imprimeur de l’Institut, membre du Conseil de la Société française pour la'conservation desmonuments, à Caen. De Quarreraces #£, ancien professeur d'histoire naturelle à la Faculté de Toulouse, membre de l’Institut, à Paris. PawrriN, ancien magistrat, membre de plusieurs académies, à Rethel ( Ardennes). Mauuz X, ancien préfet, membre de plusieurs Sociétés sa- vantes , à Carcassonne, Le comte pe MonrLaur, membre de plusieurs Académies, à Moulins ( Allier ). Boupaxr (l'abbé), curé de Chantelle ( Allier ). Le PeLLeTter-SAUTELET, docteur-médecin, à Orléans. Le comte pe ViGnerAL, président du comice agricole, à Ry (Orne). De Benacue O , membre du Conseil général de l’agricul- ture, à. Dampierre (Loiret). Le Vor, bibliothécaire de la marine, à Brest, | CiroT De Lavize (l'abbé), membre de l'Académie de Bordeaux. Le comte Acwer »'HéricourT, président de l'Académie d'Arras. CHazie, avocat, vice-président de la Société académique d'Auxerre, membre du Conseil général de l'Yonne. Feurzcer, juge de paix, membre de plusieurs Sociétés sa- vantes, à Lyon. DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES. XXW MM. Le baron ne Monreeuiz, ancien représentant, à Gisors. Comte ne NeuxerQue C %, directeur-général des musées, à Paris. Quanrin, archiviste du département de l’Yonne, membre de plusieurs Sociétés savantes , à Auxerre. »'EspauLanD, président de la Société académique du Mans, adjoint au maire de la même ville. Gomarr, membre de plusieurs académies, secrétaire ‘du co- mice agricole de St.-Quentin ( Aisne ). De Venneurz O %, membre de la Société géologique de France, 7 à Paris, Baron James ne Rorusomio C 3e 3% XX, membre de plusieurs académies, à Paris, Ricar» , secrétaire de la Société archéologique, à Montpellier. Comte ne PEeyronner G 5%, président de la XIX*, session du Congrès scientifique de France. ARRONDEAU, professeur de physique au lycée de Toulouse. Mombros Étrangers. MM: Comte ne Mérone C #, ministre d'Etat de Belgique, inspec- teur divisionnaire de la Société française , au château de Trelon, près d’Avesnes et à Bruxelles. Lopez #£, conservateur en chef du musée, à Parme. Gazzera Xe, secrétaire de l’Académie, à Turin. AvELLINO, conservateur du musée Bourbon, à Naples. Le chanoïne Iorio, à Naples. Mg’. Renpu €, évêque d'Annecy. Marquis ParerTro C X%, à Gênes. Marquis pe Ripozri C XX, ancien INIME à, Florence, Pasteur Dusy, à Genève, Baron »e Seus-Lonccnawp, à Liège, WaewueL, professeur, à Cambridge, XXVI LISTE MM. Jawes Lares, à Londres. Le prince pe CaniNo, à Paris, San Quinrino, conservateur honoraire du musée, à Turin, Hecker (Justus Fiederick Carl) %X, professeur de médecine à l’Université de Berlin. Despines C , directeur-général des mines du Piémont, à Turin. Varnkoœnie X, professeur à l’Université de Tubingue. Baesr, professeur à l'Université de Hiedelberg. Scaanow %, directeur de l’école des Beaux-Arts, à Dusseldorf., Léopold ve Buca C #, naturaliste, à Berlin. Kurrer %, professeur de physique, à St.-Pétersbourg. Kriec pe HocureLnen #, chargé des fortifications du Grand- Duché de Baden, à Baden. De Hammer-Puresrazz GX, membre de l’Académie impériale, à Vienne. De Brinckev, conseiller d'Etat, à Brunswick. BoissERÉE, architecte, à Bonn, D'Homazius D'Hazzoy C #, correspondant de l'Institut de France, à Namur. s MaravienA, professeur d'histoire naturelle , à Catane (Sicile). Duc Serra pr Fauco G Ye, prince de St.-Pietro, à Palerme (Sicile), Berrint O #, membre de la Chambre législative de Sar- daigne, conseiller à la Faculté de médecine, membre de plusieurs académies, vice-président général du tin ci scientifique de France, à Turin. Baron pe Roisin % , au château de pat près Trèves Prusse ( Rhénane). BooxLanD, professeur à l’Université d'Oxford. Marquis pe Sinro AnGeLo, ministre de S. M. le roi des Deux- Siciles, à Naples. Comte ne FursremBerG X%, chambellan de S. M. le roi de Prusse, à Apollinarisberg, près Cologne. | DÉS MEMBRÉS DB L'INSTITUT DES PROVINCES. XXVII MM. Baron ne Quasr, inspecteur-général des monuments historiques de Prusse, à Berlin. Rouez, professeur d’archéologie à l’Université dé Gand. Baron pe Srassarntr GO X, membre du Sénat, président de l'Académie, à Bruxelles. SismonrA %, professeur de géologie à l’Université de Turin, membre de l’Académie de la même ville. | Comte ne Sezmour Ÿ#, gentilhomme de là Chambre du Roi de Sardaigne, président de l'Association agricole du Piémont. JacquemonT Ÿ, membre du Sénat ét président de la Société académique de Chambéry. Mgr. Muicer, évêque de Munster. RercnensPercer, conseiller à la Cour royale et membre de plusieurs académies, à Cologne. Mg’. Grissez #<, cardinal-archevêque de Cologne. Borowskr, secrétaire de l’ambassade russe, à Paris. Comte pe La Marmora C 3£, directeur de l’école de marine, à Gênes. Donazsron, secrétaire de l’Institut des architectes, à Lon- dres. Le Maisrre-D'AnsTainG, président de la Société archéolo- gique, à Tournay. QuéreLer, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Bel- gique, à Bruxelles, Jogaro #2, membre de plusieurs académies, à Bruxelles. De Wizmoskt, chanoine de la cathédrale de Trèves, à Trèves, TacrMan, membre de plusieurs académies, à Porentruy. Le baron pe PLancker, docteur en droit, membre de plusieurs académies, à Bruxelles. Murcisox, membre de la Société royale de Londres, corres- pondant de l’Institut de France, à Londres. Parcker, membre de la Société des Antiquaires de Londres, à Oxford. Le comte Ernest pe Beusr, directeur-général des mines, à Berlin, xXxVIIT LISTE Barurri (l'abbé) #£, professeur de géométrie à l'Université de Turin. Le comte Avoxapro De Quareens C X, professeur de physique à l'Université de Turin. Le comte César Bazso C $%, député, ex-président du conseil des ministres, à Turin, Cisrario C $, sénateur de Piémont, professeur de chimie à l'Université de Turin. Racozini Roc, secrétaire perpétuel de l’Académie royale d'agriculture de Turin, Le baron Joseph Manxo C 4, président du sénat du royaume de Piémont et de la Cour. d'appel de Turin, membre de l’Académie. J. Mons, sénateur du royaume de Piémont, professeur de botanique à l’Université de Turin. | Le professeur Canru , sénateur du royaume de Sardaigne, à Turin. | Davinsox, membre de la Société géologique, à Londres. DES MEMBRES DE L'INSTITUT DES PROVINCES, XXIX Membres étrangers omis dans la liste grésédonte. MM. Le comte Joseph Teceri, membre de l’Académie impériale d'Autriche, à Pest. Joseph Arnera , directeur du cabinet impérial des Antiques, à Vienne. Le docteur Paul-Joseph Scaararik, conservateur de la bi- bliothèque de l’Université impériale et royale, à Prague. Son Excellence M. Andrea conte CITADELLA-VIGODARZERE, se- crétaire de l’Académie impériale et royale des sciences, à Padoue. Joseph comte Kemeng de Gxero-Monasror, membre hono- raire de la Société royale des savants hongrois, à Gerend , en Transylvanie. À, SCHRATTER, secrétaire-général de l’Académie impériale des sciences, à Vienne (Autriche ). Membres Titulaires, DÉCÉDÉS DEPUIS LA PUBLICATION DU PRÉCÉDENT ANNUAIRE, MM. Tarerry, doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Caen, élu le 45 mai 1846, mort le, . . . 1852, remplacé par M. le comte ne NieukerQue C 5&, directeur-général des musées. Le marquis pe La Porre, de Vendôme, élu le 27 juin 1840, mort le 29 février 1852, remplacé, dans la classe des lettres, . par M. »’EspauLarD, président de la Société académique de la Sarthe. XXX LISTE DES MEMBRES DE L INSTITUT DES PROVINCES, Ouvrier Xe, d’Avranches, élu le 23 septembre 1839, mort le «+. + 1852, remplacé, dans la classe des sciences, par M. Gowarr, de St.-Quentin. Grecory %, conseiller à la Cour d’appel de Lyon, élu le 4er, juin 14842, mort le 27 mai 1852, remplacé, dans la classe des lettres, par M. Ricar», de Montpellier. Le comte »e Bois, de Morlaix, O %, élu le 30 septembre 1845, mort lé, . octobre 1852, remplacé, dans la classe des sciences, par M. le baron James de Rorascnizn C #£. Dé Haspar nu Lys #, de Nancy, élu le 44 octobre 1847, mort le 26 novembre 1852, remplacé, dans la classe des sciences, par M. le baron pe Verneuz O Le comte ne Coërzosquer %, de Metz, élu le 19 octobre 4845, mort le... . novembre 1852, remplacé, dans la classe des lettres, par M. le comte De Peyronner G %, de Bordeaux. Le Sauvace , de Caen, élu le 7 juin 1841, mort le 40 dé- :’éembre 1852, remplacé, dans la classé des sciences, par M. ARRONDEAU, de Toulouse, DE SAINT-GERMAIN, d’Evreux, élu le 7 avril 4849, mort le... décembre 1852, remplacé par M. Denys, de Mayenne, membre du conseil général des manufactures. Membres Étrangers. De Bonarous, de Turin, X %%, élu.le 30 septembre 4845, mort le :., , . . 1852, remplacé par M. Davimson, de Londres. XXXI ASSISES SCIENTIFIQUES EN 1853. L'arrêté pris l’année dernière pour la tenue des Assises scientifiques {voir l'Annuaire de 1852, p.xxv}) est maintenu pour l'année 1853. — Les présidents d'assises qui n'ont pas organisé ces réunions Scientifiques en 1852, dans leurs circonscriptions, sont priés de les convoquer eu 1853, avant le mois de juillet, en se conformant strictement aux dispositions de Parrêté de 1852. — Les questions formulées à la suite de cet arrêté devront être exclusivement mises à l'étude. Pour les localités où les assises ont eu lieu en 1852, des questions nouvelles seront transmises aux présidents par le bureau de l’Institut des provinces. Le directeur-général de l’Institut des provinces, A. DE CAUMONT. Page 238, Page 239, Page 240, Page 241, Page 245, Page 246, Page 247, Page 253, ERRATA. ligne 22, sainte Hildu, lisez : Hilda. ligne 7, accessoire, lisez : nécessaire. ligne 30, par sous, lisez : pas avec. ligne 41, pansandi , lisez : pausandi. ligne 41 , cappa/. Les, lisez : cappæ) , les. ligne 45, messe, lisez : mense. ligne 22, ou il enfouissait sa , Lisez : où il enfoncait sæ ligne 21, résiaire, lisez : sériaire. ligne dernière , enlevait, lises : activait. ligne 6 , Houdun, lisez : Loudun. qre, ligne, sanatiles, lisez : saxatiles. ligne 2, bande, lisez : lande. Page 254, 1"€, ligne, glorifiez-les, lisez : glorifiez-la. CONGRES DES DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES DES DÉPARTEMENTS, SOUS LA DIRECTION DE L'INSTITUT DES PROVINCES. SESSION DE 1852. SÉANCE DU 15 MARS. (Présidence de M, pe CAumonr, directeur de l’Institut des provinces ). La troisième session du Congrès des Sociétés savantes des départements est déclarée ouverte par M. de Caumont, di- recteur de l’Institut des provinces, en présence d’une cen- taine de délégués des Sociétés savantes, parmi lesquels nous citerons : MM. Comte Louis pe KerGorLay, de l’Institut des provinces, secrétaire-général de l’Association bretonne. A. DucHaTELLIER , secrétaire- général du Congres des délégués. | De Verneizm, de l'Institut des provinces, inspecteur divisionnaire des monuments, à Nontron (Dordogne). 2 INSTITUT ‘DES /PROVINCES DE FRANCE. Comte ve Merrer, membre de l'Institut des provinces, délégué de l’Académie de Reims et de la Société d’agri- culture , sciences et arts de Châlons-sur-Marne. Comte Georges DE SOULTRAIT, membre non-résidant du Comité des arts et monuments, inspecteur des monu- ments historiques de l'Allier, délégué de l’Académie de Mâcon { Saône-et-Loire), et de la Société nivernaise des lettres , sciences et arts. Vicomte ru Moncez, délégué de l’Académie de Cherbourg. Le chevalier GauGain, trésorier de l’Institut des provinces, délégué de Bayeux. Vicomte ne Cussx, membre de l'Institut des provinces, inspecteur divisionnaire des monuments historiques. Gomarp, délégué de la Société académique de St.-Quentin. R. BorDeaux, membre de l’Institut des provinces, délégué d'Evreux. | Dipron ainé, secrétaire du. Comité historique des arts et monuments, directeur des Annales archéologiques, à Paris. Comte DE SÉRAINCOURT , délégué de Moulins {Allier }. Comte »E ViGNeraL, de l’Institut des provinces, inspec- teur divisionnaire de l'Association normande , aélégué du département de l'Orne. Général baron Perter, député au Corps législatif, délégué de Nevers (Nièvre), grand-officier de la Légion-d'Honneur. Général Raymonp, ancien député, membre de l'Institut des provinces , délégué du département de l'Eure. c'Espauzarp, premier adjoint au maire du Mans, pré- sident de la Société d'agriculture , sciences et arts, délégué de la Sarthe. | De Lesrane, délégué de la Société d'agriculaeee sciences et arts de la Sarthe, De La Bicorriëre, ancien officier-supérieur, délégué de AGEN CT CONGRÈS DES ACADÉMIES. 14 la Société pour la conservation des monuments, section de l'Eure. | Baron re Monrreuis, député au Corps législatif, membre de l'Institut des provinces, délégué du Comice agricole de Gisors. Brausreu, délégué de la Société de statistique des Deux- Sèvres, à Niort. Prnarp, délégué de la Société française pour la conser- vation des monuments, section de Seine-et-Marne. CALEMARD DE LArAyETTE, délégué de la Société académique du Puy ( Haute-Loire ). | Achile Ayraur, délégué de la même Société. Tarozcer , délégué de la Société de Sens. Comte ne Rrencourr, délégué de la Société académique d'Abbeville. | JaBouin, sculpteur, délégué des Sociétés savantes de Bor- deaux. La baronne DE MonrTaran, déléguée de l’Association normande. DE GLANVILLE, membre de l'Institut des provinces , délé- gué de Rouen. De La LonNpe, ancien officier de cavalerie, délégué des Sociétés savantes de Rouen. MaxuL, ancien préfet, délégué de la Société académique de Carcassonne , membre de l’Institut des provinces. De Crocmevizre, délégué de la Société académique de Boulogne-sur-Mer. Vicomte np'Arsuzon , délégué de la Société française pour la conservation des monuments, section de l'Eure. SaizceT , délégué de là Société d'agriculture de la Meuse. PoriQuer , ancien magistrat, délégué de l'Association normande, division de l'Orne. 4 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Baron Mercier, député au Corps législatif, président du Comice agricole d'Alençon. Vicomte Le Jrans, délégué de Marseille. Marquis DE Garrrair, délégué de la Société de statistique de Marseille. DE QuaTReraGes, membre de l'Institut des provinces , ancien professeur à la Faculté de Toulouse. DE SaiNT-GERMaIN, membre de l'Institut des provinces, à Evreux. Mosezmann, inspecteur de l'Anpociation normande , dé- légué de St.-Lo. Paul DE Winr, délégué de l'Académie de Reims. Tesre »'Ouer, délégué de l'Académie de Reims. Comte DE VESVROTTES , délégué de l’Académie de Dion. Le vicomte ne PomEREU, délégué du canton de Duclair (Seine-Inférieure). Comte D'ALvIMaRE, inspecteur des monuments historiques d'Eure-et-Loir, Onésime Le Roy, délégué des Sociétés savantes de Ver- sailles. Baron pe Mesniz-Duranp, délégué de l’Association nor- mande, section de Lisieux. De Buzonniëre, de l'Institut des provinces, délégué de la Société académique d'Orléans. Comte re Trisran , délégué de la même Société. DE VauTeNey, délégué de la Société du département d’Ille-et-Vilaine. | Dr Louviewy, délégué de la Sarthe. Arthur DE La Borperte, délégué de la Société archéolo- gique d’Ille-et-Vilaine. | Micxez, délégué de l’Académie de Metz. Le marquis DE Sr.-Seine, délégué de l'Académie de Dijon. rod CONGRES DES ACADÉMIES. (1 Victor Pærir , de l'Institut des provinces, délégué de la Société archéologique de Sens (Bourgogne). Isidore LeBruN , délégué de l’Association normande. Le baron Travor, délégué de la Société d'agriculture d'Avranches. - De Goperroy, délégué de la Societé de St.-Omer. Gustave DE La RENAUDIÈERE , délégué de Vire. Le comte DE LAMBERTYE , délégué de la Société d’agri- culture de la Marne. Bouzzay, délégué des Sociétés savantes de Seine-et-Oise. Perir DE Rosen, de Tongres, membre de l’Académie d’ar- chéologie de Belgique. F. pu Pzessis-D'ARGENTRÉ, délégué d’Ille-ét-Vilaine. Corprer, délégué de l'Association normande, ancien député. Brian, délégué de l'Association normande (Orne). Cezcier DU Faye, délégué de la Société d’émulation de Rouen. CHAVIN DE MALAN, de l’Institut des provinces et biblio- thécaire du palais du Luxembourg. L'abbé Lecanu, de la Société des Antiquaires de Normandie. DE La CHAUVINIÈRE, ancien directeur du Cultivateur , membre de plusieurs Sociétés savantes. Jules DE Vroïz, délégué de l’Académie de Reims. Gustave DE LoRikre, délégué du Mans. Lrais, délégué de Cherbourg. Albert Du Boys, délégué de l’Académie de Grenoble. Parcker, de Londres. Comte DE BarRé, délégué de Verneuil (Eure). Pernor, délégué de Vassy (Haute-Marne). Le vicomte De Keripec, du Morbihan, ancien député. De BéHacue, du Loiret, membre du Conseil général de l’agriculture. 6 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. De La Boire, président et délégué de la section d'agri- culture de la Société d'agriculture, sciences et arts de Bayeux. | | À. Dréozze, homme de lettres, délégué de Libourne. Le TRONNE , délégué de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe. Brzzuz, de Blain, membre de l'Institut des provinces , dé- Jégué de la Société archéologique de la Loire-Inférieure. Sont présents au bureau : MM. le général Petiet, député au Corps législatif ; le général Raymond, de l’Institut des provinces ; Achille Le Clere, membre de l'Institut; de Buzonnière, de l’Institut des provinces, secrétaire-général des Congrès scientifiques de France ; le marquis de Saint Seine, délégué de Dijon ; d’'Espaulard, président de la So- ciété du Mans; le vicomte de Cussy, de l’Institut des provinces; Duchatellier, de Quimper; le comte de Soul- trait, secrétaires, et Gaugain, trésorier. M. le directeur se livre d’abord à des considérations élevées sur le but du Congrès des délégués, puis il indique quelles seront les matières sur lesquelles porteront particu— lièrement cette année les discussions, et donne lecture des principales questions formulées dans le programme im- primé. M. de Caumont rend compte ensuite de l'état des publica- tions de l'Institut des provinoes et poursuit en ces termes : Il a été, vous le savez, fondé sous les auspices et: la direction de l'Institut un Bulletin analytique et biblio- graphique des publications faites en province, ce Bulletin a paru régulièrement depuis le commencement de l'année 1851. Vous aurez àexaminers’il y a lieu d'apporter quelques modifications à cette publication destinée à faire con- CONGRES DES ACADÉMIES. 7 naître, dans toute l’étendue de la France, les travaux collectifs des Sociétés savantes et les travaux individuels des hommes studieux. | Dès ce moment, om doit de sincères remerciments à ceux qui l'ont rédigée , particulièrement à M. Duchatellier - qui est chargé de la direction. $ J'aurais à vous rappeler, en peu de mots, ce qui à été fait l’année dernière et les principales résolutions du Con- grès , mais vous avez tous entre les mains, l'Annuaire de l'Institut des provinces. Vous avez vu là ce que nous avons fait pour traduire en actes les conseils que vous aviez for— mulés l’année dernière; ces efforts ne se ralentiront pas, ils deviendront au contraire plus puissants à mesure que les résultats viendront les justifier de plus en plus. Aujourd'hui que le calme et la tranquillité sont rétablis, la vie académique et studieuse devra, nous l’espérons, devenir plus active et plus forte: libres des préoccupations politiques et des inquiétudes qu’elles font naître, nous de- vrons nous reporter avec plus d’ardeur vers nos recherches et nos travaux modestes, qui, pour n'être pas toujours appréciés des hommes d'Etat, n’en ont pas moins leur importance et leur haute utilité. J'ai maintenant à indiquer l’ordre des travaux pour la session de 1852. La section des sciences naturelles, physiques et agri- coles se réunira , chaque jour, de 9 heures du matin à 1L heures , sous la présidence de M. le comte de Vigneral. La section des affaires académiques , présidée par M. le vicomte de Cussy , siégera de 11 heures à 1 heure. La section de littérature, beaux-arts et archéologie , se réunira de 1 heure à 3 heures , sous la présidence de M. le comte de Mellet. : 8 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Il y aura séance générale au moins tous les deux jours de 3 heures à 5 heures. | Cet ordre, comme vous le voyez, «est le même que l'année dernière. Il est rationnel ; rien ne devait nous dé- terminer à le changer. M. le président donne lecture de différentes lettres : M. Woillez, de St.-Quentin, annonce l'envoi d’une Carte historique et monumentale du département de l'Oise ; M. Parrat, de Porentruy, fait l’envoi au Congrès d’un nouvel essai d'interprétation des hiéroglyphes ; M. Boulangé, de Metz, s'excuse de ne pouvoir se rendre aux séances du Congrès, et annonce que M. Victor Simon rendra compte des travaux de l’Académie de Metz ; M. le général Pelet, sénateur, s'excuse sur l’état de sa santé de ne pouvoir accepter la présidence de la commis- sion de géographie ; M. Aymard, secrétaire de la Société académique du Puy , annonce l'envoi d’une monographie du genre cynodon et d’une autre du genre entelodon, suivies d’un aperçu paléontologique du Velay : plus une note sur le fossile humain de Desine, la première qui ait paru sur cette curieuse découverte, dont l'importance , dit M. Aymard, est maintenant reconnue par tous les paléontolo- gistes qui ont visité ce beau morceau et le gisement dont il provient ; M. Roux, de Marseille, membre de l'Institut des pro- vinces, regrette de ne pouvoir se rendre à Paris ; Me. Philippe-Lemaitre s'excuse de ne pouvoir assister aux séances du Congrès ; M. le comte de Pongibaud exprime le regret d'être CONGRÈS DES ACADÉMIES. 9 retenu dans son département , où il est appelé à siéger comme juré aux assises ; | M. le baron de Stassart exprime son vif regret de ne pouvoir prendre part aux travaux du Congrès ; La Société de statistique de Marseille désigne MM. de - Caumont, le comte de Villeneuve et le marquis de Gallifet pour la représenter au Congrès ; La Société d'agriculture, des sciences et des arts de Boulogne-sur-Mer , charge M. de Clocheville de vouloir bien la représenter au Congrès ; M. Le Vot, bibliothécaire de la marine à Brest, membre de l’Institut des provinces, s'excuse de ne pouvoir prendre part aux travaux du Congrès ; M. Le Glay , archiviste du département du Nord, adresse une notice sur les travaux scientifiques de la ville de Lille; M. Thibault, de Clermont, envoie une note sur les travaux des architectes diocésains ; La Société des arts et des sciences de Carcassonne, délègue MM. Mahul , Jouy et Dupré pour la représenter au Congrès ; L'Académie de Mâcon délègue M. le comte de Soultraii ; La Société d'agriculture de la Haute-Saône délègue M. le marquis de Saint-Seine pour la représenter au Congrès. Plusieurs autres lettres ou notes renfermant des docu- ments sur les travaux des Sociétés savantes des départe- ments en 1851, et divers mémoires manuscrits ou imprimés sont renvoyés à M. de Cussy , président de la section des affaires académiques. M. de Caumont fait part à l'assemblée de la question suivante qu’il trouve déposée sur le bureau : — « Quelles « sont pour l’avenir les questions à formuler et à résoudre 10 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. « au sein des assises scientifiques convoquées dans les dé- « partements par l’Institut des provinces, » — Il pense que la formation d’une commission est nécessaire pour exa- miner cette question et soumettre à l'assemblée les conclu- sions qu’elle croira utile de, prendre: il désigne MM. de Kergorlay , Gomard, Mahul , du Moncel et Calmard de la Fayette pour faire partie de cette commission. D’autres commissions sont successivement désignées : l°. Pour examiner la carte monumentale de l'Oise par M. Woillez : | 29. Pour indiquer les modifications à introduire dans la rédaction du Bulletin bibliographique : La première sera composée de MM. Victor Petit, de Soultrait, de Bonneuil. La seconde de MM. Duchatellier , Bordeaux , de Soul- trait, de Cussy, Derache. Les membres du Congrès sont ensuite invités à se par- tager de manière à donner leur temps aux études prépara- toires qui se feront dans les sections. M. de Moselmann, délégué de St.-Lo, reçoit la ‘parole pour traiter la question du programme ainsi conçue : « Quelle impulsion doivent donner les Sociétés d'agricul- «ture et du commerce à la navigation intérieure , au per- « fectionnement des canaux et à la recherche de nouveaux « débouchés ? »; il s'exprime ainsi qu'il suit : CANAUX ET CHEMINS DE FER. Une des questions les plus importantes pour l’industrie, l’agriculture et même pour la vie privée, telle que la civi- lisation nous l’a faite, est la question des transports. On ne saurait croire, lorsqu'on ne fixe pas son attention sur ce CONGRES DES ACADÉMIES. 11 point, quel rôle immense il joue dans la vie moderne et combien toutes les questions qui s'y rattachent sont vitales pour une nation. Quel est l'industriel ou l’agriculteur qui, dans son compte de revient, ne voit pas les transports tenir une place considérable en temps et en argent? Quel est le par- ticulier d'une vie un peu active qui ne soit forcé de compter dans sa dépense une proportion énorme pour sa locomotion ? Tout ce qui tend donc à augmenter la vitesse et la facilité des transports tout en diminuant leur prix, mérite une étude approfondie et surtout impartiale; c'est à ce point de vue surtout que nous appelons votre attention sur les courtes réflexions que nous allons vous présenter concernant les chemins de fer et les canaux. Jusqu'à présent la plupart des livres, mémoires, articles faits sur cette matière ont été traités dans un but de riva- lité et de comparaison hostile, soit à un système, soit à l'autre. — Que l'on nous permette de prendre la question d'un point de vue plus élevé, plus philosophique et, selon nous, plus utile.— Pour nous qui reconinaissons l'immense avantage des uns et des autres, qui ne voulons, à aucun prix, Sacrifier ni les chemins de fer aux canaux, ni les canaux aux chemins de fer, nous allons considérer avec impartialité quel pourrait être leur admirable rôle, si, loin de vouloir se faire une concurrence insensée, ils com- prenaient qu'ils sont indispensables les uns aux autres et que leur prospérité dépend de leur accroissement réciproque. Voici, selon nous, le rôle de chacun : 1°. Les chemins de fer. Les voies de fer transporteront tout ce qui a besoin d’être porté rapidement d’un lieu à un autre, lorsque le volume, le poids et la nature des objets à transporter le permettront. 12 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCÉ. Ainsi : correspondance, voyageurs, objets manufacturés où l’on paie le transport seulement de la matière utile, objets précieux représentant un capital important, viandes abattues, poissons dont la qualité serait altérée par une longue route. Mais il est d’autres objets qu’ils ne peuvent transporter qu’à leur propre détriment, à eux, ainsi qu'à celui des matières elles-mêmes : d'autres enfin qu'il leur est com plètemeni interdit de charrier. Les charrois qu’ils ne peuvent faire qu’à leur détriment . sont ceux : des matières pondéreuses , telles que minerais, matériaux de constructions , engrais et tous ceux dont le poids énorme défonce les voies, exige une puissance de traction considérable et représentent un mince capital, et tous les matériaux ou matières qui doivent supporter un déchet avant leur emploi définitif de telle sorte que le prix de transport qu'on leur affecte se trouve augmenté par tout le poids inutilement remué des déchets. Les charroïs qu'ils ne peuvent faire qu’au détriment des matières transportées sont, par exemple, celui des matières qui craignent un tamisage ou. tassement par suite des chocs répétés ; ceux enfin qu'ils ne peuvent faire à aucun prix ; ce sont les pièces toutes faites qui dépassent la lar- geur de la voie ou la longueur des wagons. Reste maintenant une question importante, c'est celle des chargements fractionnés qui exigent une main-d'œuvre extrêmement chère. — Prenons pour exemple les houilles : supposez qu'il vous faut transporter par voie de fer le chargement d’un bateau ordinaire : que de wagons, que de porteurs , que de temps et que de frais ! Nous n’in- sisterons pas sur ces vérités si évidentes et nous dirons encore une fois : aux chemins de fer, les matières ouvrées, A CONGRÈS DES ACADÉMIES. 13 les voyageurs, les dépêches, les matières alimentaires putrescibles , etc., etc. Mais, au nom du ciel, ne donnez pas à un cheval de course la charge d’un éléphant. Voyons maintenant le rôle des canaux ; d’abord comme moyen de transport. Cette question est beaucoup moins connue en France que celle des chemins de fer; car notre pauvreté, à cet égard , est véritablement bien triste ! aux Etats-Unis, on compte un mille pour 5,000 habitants ; en Angleterre, un mille par 9,000 ; en France ur mille par 13,000 !!et encore les canaux faits ne se communiquent pas : l’eau leur man- que souvent. Si la comparaison était faite par mille actif, utilisé, quel chiffre minime nous montrerions ! Nous avons tres-peu de canaux et l’on s’en sert très-peu. On commence par faire de grands travaux, longs et néces- sairement interrompus par le manque de fonds. Les popu- lations riveraines apprennent à mépriser le canal avant qu’il ne soit fait; puis viennent les tarifs à payer, les bateaux à construire, et quand on considère la navigation des canaux en France, on voit qu’elle est presque nulle malgré l'argent qu’on a dépensé pour la créer. Et cependant c’est aux canaux à faire justement l’ou- vrage que les chemins de fer ne peuvent accomplir : les minerais , les pierres, la chaux, le plâtre, la houille, les engrais , les bois, les grands objets en fonte, teis que volants, arbres et autres détails de machines , voilà leurs chargements : ils doivent porter à l’industrie et à l’agri- culture ces matières premières soumises à tant de déchet, que les chemins de fer rapporteront une fois fabriquées. Aux canaux donc toutes ces matières lourdes ou sujettes à d'énormes déchets : puis le transport vers les ports de mer où le chargement peut s'effectuer largement et facilement. 14 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Voici , selon nous, le rôle des uns et des autres quant aux transports. Mais il est deux questions incidentes que l’on ne peut passer sous silence quand on parle des canaux. L'une de ces questions, celle de l'emploi des forces des chutes, intéresse au plus haut point l’industrie , l’autre , celle des irrigations ; est vitale pour l’agriculture. Des chutes. Quand on construit un canal, il existe nécessairement des endroits où une pente très-décidée détermine une chute qui peut être très-faible ou très-forte.-— Eh bien, aujour- d’'hui, ces forces sont entièrement perdues ; et il serait de la plus naute nécessité d'établir la faculté d’exproprier les terrains attenant à la chute, de manière à ce qu’une usine puisse s’y établir. Quand la chute sera faible , elle pourra faire mouvoir des machines agricoles qui ne de- mandent pas une force considérable ; une machine à battre par exemple ; quand elle sera plus forte , un moulin , une tannerie, une machine à broyer des engrais, etc. Irrigation. Quant à l'irrigation, c’est avec un profond sentiment de honte que nous dirons que la France possède à peine 94,600 hectares de terrains arrosés (et l’on sait quel mode d'arrosage imparfait et souvent nuisible est employé ) ! tandis que la Lombardie, ce pays si peu considérable, en possède 400,000 hectares. Et cependant que de facilités la France ne possède-t- elle pas pour établir avec: les canaux de transports de maguifiques canaux d'irrigation. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 15 On ne sait pas encore la valeur d'arrosements bien faits. Voici le compte d’un canal dans les Hautes-Alpes | cana: aes Herberts } fait en 1774 et qui a 28,000 de longueur, pour amener l’eau de la Servèze.-— Avant le canal, les 1,800 sétérées valaient 40 fr. « l’une, immédiatement ._ après l’arrivée de l’eäu , elles s’élevèrent à 300 et sont maintenant à 900 fr. Autrefois le plateau valait 74,000 fr. et ne rapportait que 2,000 fr. de pacage ; maintenant on l'estime 1,600,000 fr. et il en rapporte 80,000 ; et c’est cependant dans une latitude très-froide. Il y a dans les arrosements bien faits des millions de millions à donner à l’agriculture ; et, ne l’oublions pas, c'est là qu'est la richesse, c’est là qu'est la force, c'est là qu'est le pays. Conclusion. Que l’on ne voie pas, nous en serions désolés, dans cet éloge des canaux une attaque contre les chemins de fer : encore une fois, nous répétons que nous: ne concevons pas l’un sans l’autre ; qu’ils ne peuvent que gagner à leur prospérité mutuelle et s’entr'aider de telle sorte que le pays y trouve d'énormes richesses. Il faut que l’un fasse le gros ouvrage, l’autre le travail rapide ; 1l faut qu'où l’un ne peut passer l’autre s’établisse ; il faudra aussi que souvent ils s'ajoutent bout à bout, de manière à se compléter l’un par l’autre. — Souvent on s’entête à vouloir faire passer un canal sur une montagne; ce qui exige des travaux énormes et ne réussit que très- imparfaitement, — Si l'on établissait un rail-way qui püût porter sur des trucs les bateaux d’un revers à l'autre, les frais seraient bien moindres et les travaux plus faciles. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons donner à 16 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. notre industrie et à notre agriculture une impulsion sé- rieuse qui doublera , centuplera nos richesses. MM. le général Raymond, de Buzonnière , le baron de Montreuil et de La Boire, présentent diverses considérations sur le même sujet, après lesquelles l'assemblée décide qu'avant de prendre une conclusion, la question sera ren- voyée à une commission qui en fera son rapport. Cette . commission , désignée par M. le président. se compose de MM. de Montreuil, Moselmann, de La Boire, Raymond et de Buzonnière. | La question de nouveaux débouchés à créer aux produits de l’agriculture et de l’industrie agricole est ensuite posée. M. Moselmann fait remarquer que l'établissement des chemins de fer rayonnant de tous les points de la France sur Paris a créé , au profit des départements du centre de la France et de ceux placés à une certaine distance, une occasion d'apporter leurs produits sur le marché de Paris et de faire ainsi une très-redoutable concurrence aux dé- partements plus rapprochés de la capitale qui, à raison de l'élévation des prix de la terre , n’ont pu baisser leurs prix de manière à soutenir toujours avec avantage la dé- préciation survenue dans les cours ordinaires du marché parisien. — C'est par ces raisons que la Normandie en- trautres a dû s’ingénier pour se créer des débouchés de l’autre côté de la Manche et que les exportations de bes- tiaux et de beurre ont dù surtout appeler toute son atten- tion. Seulement , dit l'orateur, tout n’a pas été fait pour le succès dans ces entreprises , et si la qualité du beurre n’a pas été toujours suffisamment recherchée de la part des expéditeurs, l'engraissement et l'élevage des bestiaux n'ont pas non plus peut-être été dirigés de manière à CONGRES DES ACADÉMIES. 27 satisfaire complètement les goûts du consommateur an- glais. M. de Laboire fournit des détails très-circonstanciés sur la fabrication des beurres d'Isigny et prouve que les produits de cette provenance sont encore les plus recherchés, et qu'ils seront loug-temps encore en mesure de primer, tant à l’étranger qu'à l’intérieur , les produits de même nature qui pourront leur faire concurrence. M. Cordier, ancien représentant , fournit de son côté de très-curieux détails sur les conditions d'âge et d’engrais- sement dans lesquelles doivent se trouver les animaux destinés aux boucheries de Londres et de l'Angleterre. Plusieurs exportations ont été mauvaises et désas- treuses, parce que les animaux expédiés n'étaient pas bien préparés. M. Duchatellier dit en parlant de la Bretagne que les ex- péditions qui ont été faites parle port de Morlaix à desti- nation de l’Angleterre ont manqué leur but par les mêmes causes, et que dans une ou deux circonstances les expédi- teurs , après avoir remis leurs animaux pendant quelques jours dans les herbages voisins de Londres , n’ont pu les refaire assez promptement pour se couvrir de tous les frais de l'opération. Il est cependant officiellement établi par la douane que de très-importantes exportations se font depuis quelques années des ports de la Manche pour l'Angleterre. Il ne s’agit donc, pour conserver ce débouché et le déve- lopper, que d'apporter dans la préparation des animaux à exporter le soin très-arrêté de se conformer aux goûts du consommateur d'Outre-Manche. M. le marquis de Saint-Seine, vice-président de la com- mission départementale des antiquités de la Côte-d'Or, 18 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. appelle l'attention du Congrès sur les travaux qui sexé- cutent en ce moment à Dijon pour l'achèvement de l’ancien palais des états de Bourgogne, aujourd’hui l'Hôtel-de- Ville. Il expose que le 18 septembre 1851, le Conseil des bâti- ments civils à adopté pour ces constructions un plan qui conserve deux monuments d’une haute importance au point de vue historique et archéologique, la Tour de Bar et les Cuisines des Ducs, que postérieurement et au moment même où les travaux adjugés allaient s'exécuter , le Conseil municipal de la ville de Dijon parait avoir décidé qu'un plan nouveau , qui compromet l'existence d'une partie de ces monuments, serait substitué à celui qui avait reçu l’ap- probation du Conseil des bâtiments civils. Par ces motifs, M. le marquis de Saint-Seine demande que le Congrès prête l'appui moral de son influence près de M. le Ministre de l’intérieur, à la conservation de monu- ments classés depuis long-temps parmi les monuments his- toriques. M. Achille Le Clere , membre de l’Institut et du Conseil dès bâtiments civils, appuie la demande de M. de Saint- Seine. Le Congrès prenant en considération la proposition qui lui est faite, considérant que la question soulevée intéresse à la fois l’histoire et l'archéologie, que dès-lors elle ne saurait lui être étrangère, Emet le vœu que M. le Ministre de l’intérieur maintienne pour les constructions à exécuter à l'Hôtel-de-Ville de Dijon le plan adopté par le Conseil des bâtiments civils le 18 septembre 1851. | M. Duchatellier reçoit la parole sur la première question du programme et s'exprime ainsi qu'il suit : CONGRES DES ACADÉMIES. 19 MÉMOIRE DE M. DUCHATELLIER. MESSIEURS, La première question de votre programme, qui est ainsi conçue : « — Quelles modifications les Sociétés savantes de « Paris et des départements devraient-elles introduire dans « leurs statuts pour se mettre en harmonie avec les faits « académiques actuels et avec l’extension des études, » est sans contredit une des plus graves qui püt vous être soumise ; mais aussi certainement une de celles ge méritait le mieux votre attention. Nous appartenons tous , de près ou de loin, à une ou plusieurs sociétés dont les travaux nous sont connus, dont l'existence nous intéresse. — Je pourrais vous demander , Messieurs ; s’il en est beaucoup qui prospèrent ; s'il en est beaucoup dont l’histoire et le passé répondent à tout ce qu'on s'était promis, à tout ce qu’on devait justement attendre. — Elle serait longue, sans doute, la chronique des Sociétés de département, et certainement semée de détails très-curieux, très:instructifs, très-honorables pour le pays; mais elle laisserait voir aussi bien des moments de tiédeur, bien des lacunes de complète improduction ; des époques prolongées de découragement. Vous savez toutes ces choses, Messieurs ; vous les avez touchées du doigt, signalées même : et nous vous avons surpris, Comme nous nous sommes surpris nous-même, profondément affligés de ses résultats , plus ae encore _ de ne pouvoir y porter remède, Et:tout d'abord ne nous en défendons pas : si nous vou- 20 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. lons conserver aux sérieuses et fortes études faites dans les départements l’avenir qui leur est dû, il faut parer à ces désastres, apporter un remède sûr et prompt à cet état de choses , que je ne veux pas appeler de la défaillance, mais que vous reconnaîtrez certainement avec moi pour être, dans beaucoup de cas , un dépérissement alarmant et in- contestable. Comment en douterions-nous ? — Est-ce que les Congrès, cette utile institution de notre âge, qui a déjà rapproché tant d'hommes habiles et puissants par la pensée, qui à remué, depuis bientôt vingt ans, tant d'idées, tant de faits, tant de doctrines, qui a donné des points de réunion à tous les hommes engagés dans la vie intellectuelle du pays; est-ce que les Congrès, dis-je, ne sont pas la preuve avouée et hautement dite de l'insuffisance des Sociétés locales que leur position a isolées ou tenues éloignées des grands cen- tres d’activité. — Dans un autre ordre d'idées , ce que nous faisons ici, en créant un point de réunion, ce que nous avons fait par la création d’un Bulletin bibliographique destiné à relier tous les travailleurs entr'eux et à faire con- naître leurs ouvrages; ce que le gouvernement a fait de son côté en créant les comités historiques de l'instruction publique, en consacrant un bulletin à leurs recherches comme nous avons nous-mêmes consacré les procès-verbaux de nos Congrès à la propre histoire de nos efforts et de nos études ; toutes ces choses, disons-nous , ne témoignent- elles pas du besoin que nous ressentons tous ? Ces faits et ces circonstances ont apporté un très-utile concours au mouvement que nous sollicitons , à l'impulsion réelle des bonnes études : cela est incontestable. Mais ce mouvement lui-même, comment s'est-il fait, qu’a-t-il été au fond , que peut-il garantir pour l'avenir? Ce sont là autant CONGRES DÉS ACADÉMIES. ‘?t de questions qu’il faudrait examiner, une à une, si nous avions le temps; qu'il faut au moins étudier en bloc et rapidement, si nous voulons nous rendre un compte exact de ce que nous pouvons attendre des efforts que chacun de nous accepte et multiplie dans la plus louable intention. Pour répondre à toutes ces questions à la fois il suffit en quelque sorte de rentrer en nous-même, de revenir aux Sociétés locales auxquelles nous appartenons les uns et les autres, et de nous avouer sans honte et sans détour ce qui s'y fait à de très-petites exceptions près. Un homme actif, intelligent, ami dévoué de son pays, adorateur zélé des lettres et de la science, se trouve-t-il dans une cité, au chef-lieu d’un département ou ailleurs, tout, pour un instant, s’anime de son zèle, s’illumine et s'éclaire de ses ardeurs. S'il n’y a pas de Société , il s’en crée une : —c'est ordinairement pour quelque chose d’une utile application qu’elle commence. Quelques hommes plus ou moins lettrés veulent avoir une bibliothèque : on la fonde; un vieux dépôt existait, et il s'enrichit, d’abord de dons particuliers, de dons électoraux, d'immunités gouver- nementales , puis des souscriptions un peu, et des alloca- tions municipales quand il se trouve un conseil éclairé et ami des bonnes études : dès-lors on lit dans la localité ; deux ou trois hommes travaillent ; il se fonde même des collections , soit d'histoire naturelle, soit d’art, soit d’ar- chéologie ; et, à un moment donné, la Société savante, outre ses procès-verbaux , a aussi ses mémoires imprimés, ses collections, voire même ses gloires départementales. — Mais cet apogée atteint, que devient la Socièté; quelle ‘vie a-t-elle :; de quel avenir s'est-elle assuré? enfin quelle loi de progrès et de développement a-t-elle par elle-même ou par ce qui l'entoure? | ms 22 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Vous comprendrez , Messieurs, pourquoi je ne m'éten- drai pas sur cette partie de mon sujet, et pourquoi, au lieu de rechercher toutes les circonstances intimes et de vie privée en quelque sorte qui dominent la matière, je me contenterai de vous rappeler à tous ce qui s’est passé dans le sein de vos propres Sociétés pour procurer des auditeurs , d’abord à ceux qui voulaient bien y faire des communications, des lectures, un public ensuite à ceux qui consentaient à livrer à la publicité le fruit de ieurs veilles. Tout est là suivant nous. Et si chacune de nos Sociétés avait des auditeurs pour ses communications, et des lecteurs pour ses publications , tout serait dit. Mais des auditeurs, Messieurs , jusqu'à un certain point nous les avons trouvés et nous les trouvons toujours dans nos grandes réunions centrales, dans nos Congrès enfin, dans ces nombreuses et bienveillantes assemblées où tant d'hommes avides de savoir et justement tourmentés du besoin de communiquer entr'eux, viennent cordialement et avec le plus aimable abandon , échanger leurs idées et se mettre en rapport avec tous ceux qui, dans la ligne de leurs études, ont un acquis quelconque à mettre en commun. Il ne peut pas y avoir le plus léger doute sur ce ré- sultat; et pour tous ceux qui, depuis un certain nombre d'années, ont suivi les Congrès scientifiques et régionaux de la France, 1l est certain , il est incontestable, que toutes les grandes études faites dans les départements ont été entreprises dans la vue plus ou moins arrêtée de prendre date et rang dans les Congrès et de consigner dans leurs procès-verbaux les résultats acquis ou entrevus. Mais de leur côté les Congrès ont-ils pu répondre com- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 23 plètement à ces désirs et à ces besoins : nous croyons qué non, et notre raison de le dire, c’est qu'en dehors des séances, les Congrès n'ont eu d’autres moyens d'action, que leurs procès-verbaux ; et que ceux-ci nous paraissent très-insuffisants pour cet objet. Qu'est en effet un procès- -verbal de Congrès?—la reproduction bien incomplète, souvent inexacte , presque toujours tronquée, d'une suite de séances rapidement écoulées, pleines de communica- tions qui se pressent, qui ne sont pas toujours classées suivant leur véritable importance , et qui se disputent avec la parole féconde et facile de certains orateurs le très-court espace de quelques feuilles, qui, en brèves interlocutions, doivent donner au Congrès lui-même le plus de relief possible, —Restent quelques mémoires, justement publiés in extenso, mais qui, avec les procès-verbaux eux-mêmes, ne paraissent qu'à des termes fort éloignés et quand tout l'intérêt animé des séances s’est en quelque sorte effacé lui-même de la mémoire des membres de la réunion, seuls appelés ou à peu près à recevoir ces volumes de procès- verbaux quand, le plus ordinairement, une année s’est déjà écoulée. C'est n'avoir fait que Ja moitié de la besogne , et si jusqu’à un certain point l’histoire de nos travaux et encore plus de nos efforts à tous se retrouve dans les procès-verbaux de nos Congrès, nos travaux eux-mêmes ne sauraient y avoir qu’une place bien faible et complètement insuffisante. Là est toute la question et tout le mal aussi de notre propre situation : de grands travaux personnels se sont faits depuis quelques. années, de louables et courageux efforts se sont répétés à bien dire de tous les points du sol, mais nos Sociétés elles-mêmes, ces Sociétés, qui sont dans nos départements notre vie de tous les jours, qu'ont- 24 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. elles fait, qu'ont-elles produit, quelle action surtout ont- elles eu pour l'utile et solide développement des lettres? J'en vois qui ont des séances tous les mois, beaucoup qui ne se réunissent que deux ou trois fois l'an; quelques- unes qui publient un volume par exercice, un très-petit nombre qui essaient de se ranimer par des publications mensuelles... mais le lecteur, le public de ces livres et de ces mémoires où se trouve-t-il? — Un cercle de plus en plus retréci formant le personnel de la Société de l'arron- dissement ou du département constitue la modeste galerie au sein de laquelle ses efforts naissent et s'éteignent ordi- nairement. — Or, je le demande, est-ce un tel cercle, un tel public d'amis fidèles et fort éclairés sans doute, mais sans écho comme sans rayonnement au dehors qui fera germer de grandes œuvres et pourra les échauffer de cette vie qui fait la gloire des lettres et de ceux qui les culti- vent. — Vous ne le pensez pas et vous savez que non, Messieurs. | Nous ne craignons donc pas de le dire : pour ranimer nos Sociétés départementales, il faut leur donner ce qui leur a toujours manqué, un horizon plus vaste, un champ de publication mieux approprié à leurs besoins , un public et des lecteurs qui apprennent à les connaître et à les aimer. Eh bien! nous ne croyons pas cela impossible, nous le croyons même facile, pratique, et tout à notre portée, si le gouvernement justement ami des lettres veut bien nous seconder , si les Sociétés elles-mêmes veulent s'aider, car sans leur concours dévoué rien n’est possible. Dans notre pensée il suffirait que vous voulussiez bien autoriser, dès ce moment, votre commission perma- nente à tenter de réunir en un corps de mémoires les plus grands travaux de la province; et, pour cela, faire un CONGRÈES DES ACADÉMIES. 95 nouvel appel aux Sociétés départementales qui se font habituellement représenter à notre Congrès. C’est déjà pour elles que le Bulletin bibliographique a été créé : —— Nous leur demandons dès aujourd’hui, pour le moment où elles publieront leurs Mémoires, de vouloir bien, à chaque émission de ces écrits, faire tirer à part 100 à 150 exemplaires des Mémoires qu'elles voudraient faire entrer dans le recueil des Archives départementales qu'il est urgent de fonder. Ces Mémoires, tirés à part à 100 ou 150 exemplaires, et presque sans frais, puisque ce serait sur la composition faite au compte des Sociétés pour leurs propres volumes, seront remis à votre commission permanente qui les clas- sera et les réunira à ceux des autres Sociétés qui feront des envois du même genre. Ainsi classés et réunis par les soins de votre commission, ces Mémoires seront assemblés en volumes avec une table raisonnée par ordre de matières , et aussitôt envoyés à toutes les Sociétés qui vous auront elles-mêmes fait des envois, ou qui se seront associées à vos travaux; de sorte que chaque Société et chaque travailleur, au lieu d’être réduits au cercle étroit d’un public resserré dans les limites dépar- tementales , auront de suite toute la France et le monde savant pour juges et pour appréciateurs. Je m'arrête, Messieurs, car cela n’a besoin, ni d’expli- cations, ni de commentaires. Au lieu d’être réduits à trois ou quatre lecteurs dans le sein des Sociétés auxquelles vous appartenez , vous aurez l’occasion de faire parvenir votre pensée à tous ceux qui ont intérêt à la connaître et qui sont capables de la discuter. Je ne crois pas me tromper, Messieurs , en vous disant qu'un pareil mode de procéder changerait presque complè- 2 26 INSTITUT. DES PROVINCES DE FRANCE. tement la vie de nos Sociétés et rendrait à leurs travailleurs l'importance et le rang qu'ils n'auront jamais tant que leurs travaux ne seront ni connus, ni justement appréciés. Je me résume en deux mots : isolés dans les. départe- ments et les villes de province, vous avez créé les Con- grès, et la discussion animée de, la parole a fait connaître tout ce qui se faisait ou se tentait loin de. Paris sur tous les points de la France... mais souffrez que je le dise : ces Congrès n’ont jamais été et ne pouvaient être qu'une sorte de programme, un, cadre pour beaucoup de. travaux à Signaler ou à entreprendre... il faut aujourd’hui faire con- naître plus complètement les travaux qui-ont ainsi été annoncés ou entrepris ; après avoir dit ce qu'onfaisait, il faut montrer ce qu'on.a fait. Les conGRÈs pour éclairer et.activer la pensée nie du travail ; — LES, ARCHIVES .NÉPARTEMENTALES pour montrer ce qu'on à fait; pour, réaliser notre contingent dans les sciences et dans les lettres ; pour livrer enfin à une véri- table publicité ce qu'il peut y avoir d'utile et de pratique dans ce que tant d’humblés travailleurs entreprennent chaque ;our dans le silence de la province. Et pourquoi, dans ces ctreonstances, le gouvernement .»e nous aiderait-il: pas de, son concours; vous remarquiez comme moi, dernièrement, la grâce, toute royale avec laquelle le roi de Prusse, après avoir splendidement res - tauré le palais Barberini à Postdam, en livrait les plus beaux appartements aux Sociétés savantes de cette petite ville : nous n’aurons jamais besoin de rappeler de pareils exemples à l'illustre chef qui nous à permis, depuis si long-temps, de placer son nom à la tête de notre institu- tion. Nous devons être surassurés de trouver en dui le bienveillant appui dont nous pourrons avoir.besoin. CONGRES DES ACADÉMIES, 27 À quoi sert-il que je vous entretienne plus Iong-temps de la gravité de la question. La reconstitution des. hautes études littéraires dans les départements, par le concours des Sociétés savantes, est à la fois une question de morale et d'ordre public : à ces deux titres elle sera comprise de tous. Conclusions. | "Le Congrès fonde, à partir de ce jour, un recueil appelé ARCHIVES LITTÉRAIRES ET SCIENTIFIQUES DES DÉPARTEMENTS destiné, avec LE BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE déjà existant, à élargir les relations des Sociétés départementales avec le monde savant; —la commission permanente chargée de l’exécution de ce projet voudra bien y aviser par toutes les démarches convenables et par une note envoyée à toutes les Sociétés des provinces. | M..R. Bordeaux dit qu'il ne partage pas l’opimion’ de M. Duchatellier sur les moyens qu'il propose dans le bat d'activer les travaux des Sociétés de département. Suivant Jui, l'inactivité de le plupart de ces : Sociétés et le peu d'importance de leurs travaux viennent de ce que toutés les études y sont confondues, et que la science elle-même n'est ni classée n1 hiérarchisée comme elle devrait l'être. Pour donner une direction. et une activité nouvelle aux Sociétés des départements, äl faudrait d'abord les distinguer, les classer entr'elles ; il faudrait régler -à la:fois leurs attri- butions.et leurs circonscriptions ; aux unes les recherches purement locales ou les études dirigées versun but spécial et marqué à l'avance; aux autres des travaux d'une plus grande étendue, d'une plus haute portée aussi, de telle:sorte que la Société d'arrondissement serait différente de celle .de département, et celle-ci: de ‘la. grande circonscription. provinciale, qui: aurait à sa tête une académie: supérieure 98 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCÉ. dont le nombre des membres serait limité et dont l'autorité, par la nr et la nature même des travaux, ne tar- derait pas à s'établir pour les études des Sociétés secon- daires de la circonscription, dont elle prendrait ainsi la direction morale et toute bienfaisante. M. Calmard de La Fayette, répondant à M. Bordeaux, croit que cette organisation est impossible, qu'elle man- querait d’ailleurs son but en ce qu’elle arrêterait souvent, dans les études comme dans les recherches, des dévelop- pements qui ne sont pas toujours faits de la manière la plus utile dans les grandes villes où M. Bordeaux paraît vouloir placer ses académies supérieures. Puis, ajoute-t-il, qui donc serait juge du mérite qui devrait conduire à faire partie des académies ainsi superposées en autorité et en influence sur toutes les autres. M. Vietor Petit voit de son côté un inconvénient très- grave à cette prétendue organisation, qui, au lieu de donner une activité nouvelle aux Sociétés, dont M. Duchatellier veut surtout faire ressortir les travaux, leur eulèverait ce libre arbitre et ce choix des sujets qu'elles devraient traiter, sujets qui sont toujours, et suivant les circonstances, l’oc- casion la plus heureuse pour les travailleurs de la province d'entrer au plus vif des étades qui conviennent le mieux à chaque localité et aux dispositions variables d’ailleurs des membres de chaque Société. M. de Mellet repousse également toute classification ab- solue de travail pour les Sociétés , et eroit que la hiérarchie recommandée par M. Bordeaux ne pourrait que nuire beaucoup à leurs travaux. M. de la Borderie pense qu'il faut surtout s'attacher, avec M. Duchatellier, à des choses praticables et d’une application facile; que l’organisation présentée par M. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 29 Bordeaux réclamerait des décrets et des réglements qui ne sont ni désirables ni pratiques dans l’état actuel des choses. M. R. Bordeaux reproduit une partie de son argumen-— tation en faveur de l’organisation qu’il réclame, et cite à l'appui de ses conclusions quelques faits spéciaux aux localités qu'il connaît. M. Cellier du Fayel lui répond qu’il croit qu'il n’y a rien de réellement applicable que le projet de M. Duchatellier, qu'il faut l'examiner sérieusement et chercher quel parti on peuten tirer pour le plus grand succès de nos travaux, mais que pour lui, il ne croit pas qu'il puisse y avoir désormais en province, pour le rang et l'autorité scientifique, des Sociétés n°. 1, n°. 2 et n°. 3, et qu'à ces Sociétés, comme aux travailleurs qui les composent, il faut laisser assez de liberté et de spontanéité dans les matières sur lesquelles ils peuvent porter leur attention pour que rien des efforts qui sont faits ne soit ni perdu ni amoindri. M. Duchatellier à son tour s'étonne de ce que M. R. Bordeaux demande pour le classement et la hiérarchie qu'il voudrait établir entre des sociétés qui, suivant les circonstances et les hommes qui se succèdent, peuvent rendre pourtant à peu près les mêmes services. Mais à ce sujet, dit M. Duchatellier, ne serions-nous pas en droit de dire à M. R. Bordeaux lui-mêmeique, comme membre de l'Institut des provinces, il est un des exemples les mieux justifiés des distinctions que ses amis et les Sociétés de départements peuvent décerner au mérite et au travail soutenus, qui depuis quelques années a produit pour les lettres et la science tant d'heureux résultats dans nos départements. Quant à ces grandes académies qu’il voudrait appeler à une action directe sur les provinces : mais les Congrès L 30 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. scientifiques et les Congrès régionaux n’existent-ils pas pour cela, et n'ont-ils pas été en quelque sorte fondés dans ce but avec l’avantage de se transporter d'un lieu à l’autre, et partout où l’activité de l'intelligence se manifeste? L'assemblée décide que le rapport et les conclusions de M.Duchatellier seront renvoyés à la commission du Bulletin. ” La séance est levée à 5 heures 1/2. Le Secrétaire-general, DUCHATELLIER. î L | SECTION DES BEAUX-ARTIS. ARCHÉOLOGIE ET LITTÉRATURE, SÉANCE DU 16 MARS. . (Présidence de M. le C!°, de Mezer. ) Là séance est ouverte à 1 heure. A4 | Siègent au bureau: MM. de Caumont , Didron , de la Chauvinière, d'Espaulart et le comte Georges de Soultrait, secrétaire. 18 | ‘M. le président donne communication de la correspon- dance: !: | | sy M. Emile Thibaut ; de Clermont-Ferrand, écrit pour se plaindre des architectes diocésains, dont le monopole est ruineux pour l’Etatet déplorable au point de vue archéo- logique. L'assemblée-décide que cette lettre sera renvoyée CONGRÈS DES ACADÉMIES. 31 à la séance générale, puis insérée dans le compte-rendu du Congrès. M. l'abbé Lecanu, vicaire de St.:Germain-l’Auxerrois , annonce qu’il est sur le point de publier un dictionnaire historique et critique des miracles ; il demande que les membres du Congrès veuillent bien lui donner connais- sance des miracles importants qui ont pu avoir lieu dans les diverses localités qu’ils ont étudiées , avec l'indication des sources auxquelles il pourrait puiser des renseigne- ments. M. le président engage les personnes présentes à faire des communications à M. Lecanu. Puis il pose la première question du programme, relative à l'archéologie : « Quelles ont été, au moyen-âge, les industries dirigées « par les moines et exercées daus les abbayes | ou dans les « maisons qui en dépendaient? » M. de Caumont annonce que M. Chavin de Mallan qui doit traiter cette question n’est point présent ; la question est renvoyée à une autre séance. | La seconde question formulée par M. de Caumont dans le programme est ensuite posée : « Quels étaient les procédés usités au moyen-âge pour « la fabrication du fer? Quelques grandes abbayes se « sont-elles occupées de cette fabrication ? ». M. de Caumont entretient l'assemblée de l’abbaye de Fontenay, près de Montbar, qui offre des restes de con- structions fort curieux, et entr'autres un grand bâtiment du XII. siècle, que. M. Seguin , propriétaire , regarde comme ayant servi à une usine métallurgique : on y trouve deux énormes cheminées et une de ces voûtes rondes comme :on en observe dans quelques cuisines d'abbaye de cette époque. M. de Caumont, persuadé que la fabrication 32 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. du fer dans des usines permanentes n'eut lieu que posté- rieurement au XIII®. siècle, n'admit pas sans preuves l'opinion de M. Seguin , et consulta divers archivistes des départements pour savoir si rien dans les chartes ne sem- blait faire allusion à des travaux métallurgiques exécutés par les moines du moyen-âge. M. Quantin , archiviste de l'Yonne , lui répondit seul, en lui envoyant un mémoire fort intéressant qui confirma l'opinion de M. de Caumont. Il est donné communication de ce mémoire. MÉMOIRE DE M. QUANTIN Sur l'exploitation du fer dans le département de l’ Yonne et Les pays voisins dans les temps anciens et au moyen-âge. Il existe dans le département de l'Yonne dés masses de laitier de fer, qui commencent au Nord-Est, près de Sor- mery, et traversent le pays en se dirigeant du côté de l'Ouest , où elles augmentent sensiblement, puis se pro- longent ensuite jusqu’à la Loire à travers le Nivernais. La Puisaye est particulièrement couverte d'agglomé- rations de laitier qui forment des montagnes sur lesquelles s'élèvent des arbres séculaires. On a depuis vingt ans exploité ces ferriers, c'est le nom qu’on donne à ces dépôts, pour la construction des routes du pays, et ils sont loin d’être épuisés. Ils servent aussi à l'industrie. Des moulins sont employés à broyer le laitier et à le réduire en une poudre qui sert au vernissage des poteries grossières de Ja Puisaye. Ces ferriers exercent depuis long-temps la sagacité des antiquaires. Les uns les attribuent aux Gaulois, les autres aux Anglais qui envahirent nos provinces au XIV®. siècle. CONGRES DÉS ACADÉMIÉS. 33 J'ai vu chez M. Arrault, de Toucy , des débris de poterie romaine et des médailles du Bas-Empire qui ont été trouvés dans des amas de ferriers des environs de cette. ville, preuves évidentes que les Gallo-romains y. ont travaillé. J'ai eu moi-même une pièce du.IlI®. siècle qui provenait des ferriers de la montagne du Puits-Avril, commune d’Aillant-sur-Tholon. Je pense que les ferriers sont au moins aussi anciens que les Romains. Les habitants du pays exploitaient la mine à ciel ouvert et avec leurs bras seulement. À mesure que le sol était épuisé , ils se transportaient plus. loin. On comprend par là la faiblesse des résultats qu’ils obtenaient et qui est telle qu'on trouve, dans le laitier une grande quantité de fer ; et comment il se fait que le sol soit couvert de ces scories dans une aussi grande étendue. Les traces de l'exploitation postérieure au temps des Romains sont difficiles à préciser par des actes, qnoi qu’ikne me paxgiise pas douteux que l’on ait continué à rechercher le minerai de fer, et que les gens du moyen-âge aient ajouté aux monceaux déjà énormes des ferriers romains. Quoi qu'il en soit, nous trouvons dans les archives de l'Yonne différents documents qui établissent la persistance de l’industrie métallurgique du fer dans nos, contrées aux XIV®., XV°. et XVI®. siècle. On voit qu'elle était .très- répandue et morcelée , pour ainsi dire .€n petits ateliers établis sur le bord des rivières. On remarque aussi que des hommes de la noblesse exerçaient sans déroger le metier de maîtres de forges. En 1333, le comte de Bar, seigneur de Sormery, préten- dait que la garde des bois de Franqueil, appartenant aux moines de Pontigny, et que la mine et minerais qui s’y trouvaient dépendaient de sa justice, parce qu'ils étaient 34 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. situés dans sa terre de Sormery. Il se désista de ses pré- tentions moÿennant 300 arpens de bois. J'ai vu chez un notaire de Neuvy, village près de Sor- mery, un pied où tige en fer forgé à trois branches, qu'on m'a dit provenir dés ferriers de Sormerÿ; mais cet objet ñe présentait pas de CRracteres suffisants pour être facile- ment daté. La profession de mineurs , d'ouvriers dé grosse forge, de maîtres de forges, était alors très-répandue. On donnaït le titre de maître âu directeur de la forge, nom qui est resté aux chefs de ces établissements, Les forges étaient nombreuses ef s'exploitaïent par des fermiers qui les prenaient à bail à courte durée. Ainsi, en 1383, l’abbaye St.-Marien d'Auxerre amodia « à Henry Moque et à Henry Hette Alemens, ouvriers de grosse forge, un quartier de terre Situé dans le bois de l'Etang, près Auxerre, pour un an, pendant lequel temps lesdits ouvriers pourront ÿ iraire myne à faire fer, tant qu'ils pourront, pour l'œuvre d'une forge seulement, moyennant 15 francs d’or et 15 pois de fer chacun de 3 pièces de fer. » Précédemment , un autre ouvrier de forges appelé Mai- sières avait loué une autre portion de ce terrain. En 1395, un dénombrement de la terre de Pouy, près Courgenay , arrondissement de Sens, fait mention de Ja mine que l’on prend dans les bois pour faire fer (1). Du même côté, mais dans fe département de l'Aube, à Rignv-le-Ferron, on travaillait le fer dans le XIV®. et le XV®. siècles, car on voit souvent dans les comptes de ce temps des ‘achats de fer et de clous qui se font dans ce (1) Fonds de l’archevêché dé Sens, Archives de l'Yonne. CONGRÉS DES ACADÉMIES. 35 lieu pour l'usage de: la cathédrale de Sens et d’autres édifices. Son surnom l’indique du reste ; mais cette in-- dustrie est éteinte aujourd'hui. Les forges d'Andresy, près de Courtenay, sur la rivière de Clery, sont connues au XV®. siècle: Les moines de St.-Pierre-le-Vif de Sens les fondent en 1446, en donnant à bail à M. de la Hongre, seigneur de Villeneuve-la-Don- dagre, trois saulx de moulins en ruine , à charge d'y élever au moins deux forges à fer. Il devait prendre de la mine dans les bois du prieuré d'Andrésy. La redevance était de 100 sous par an. Les héritiers du premier bailieur donné rent à leur tour les torges à exploiter à des forgerons qui leur payaient une redevance en fer. En 1475, damoiselle Gilette de Hongresse, propriétaire des 23 des forges, re- cevait 2,600 livres de fer par an. | Les moines rentrèrent par la suite dans la possession des forges d’Andresy , et les amodiaient, en 1512, 30 livres tournois et 2000 livres de fer, Quelques années après, ces forges cessèrent d’être en activité (1). l'archevêque de Sens ,: Tristan de Sallazar , autorisa, en 1483 , noble homme Jehan de Pesme, écuyer, maître des forges de Fossemore, .« à prendre la myne pour fere fer dans les minières de la terre de Villefolle, près Ville- neuve-le-Roï. » Le bail fut fait pour 12 ans, à 9 livres par an. En 1487, ce même Jehan de Pesme, maître’ de la forge des Préaux , commune de Chaumot, amodie de nouveaux minerais à Villefolle (2). A Villiers-sur-Tholon, à Escamp, sur le roc Mhvidoit il y avait, au XV®. siècle, des forges qui furent détruites dans les guerres. : (1) Archives de l’abbaye de SL-Pierre-le-Vif. - (2) Fonds de l'archevêché de Sens, 36 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Les archives de l'évêché d'Auxerre nous apprennent aussi qu'en 1480 les forges d'Entrains furent mises sus, c'est-à-dire fondées. A la même époque, il y avait dans les bois de Varzÿ ( Nièvre), à une demi-lieue de Corbelin, un canton qu'on appelait le bois du Laitier. On y tirait de la mine ou laitier « pour faire mine à fer qu'on menoit à la forge de Croisy. » Onen prenait encore dans d'autres parties des même bois, et l'on payait à l’évêque 4 livres par an de droit de ferrage (1). En 1489, le seigneur de Senan , près Joignÿ, avait dans sa terre « des forges à faire fer et des forges à faire acier. » En 1493, l'archevêque de Sens fit établir des forges dans sa terre de St.-Julien-du-Sault , et donna à cet effet 500 livres à messire Le Thegneux, maître de la forge. Cette exploitation acquit ‘un certain développement. En 1518, Jehan Balthazar, qui dirigeait ces forges, les céda à noble homme P. Balthazar, son fils, moyennant 80 livres de rente annuelle. Elles étaient assises sur le grand ruisseau de St.-Julien, et se composaient de bâtiments, maisons, prés et dépendances, avec ustensiles, trois harnois de 14 chevaux, avec le ‘bois, charbon, mynes, etc., à prendre es terres de St.-Julien et ailleurs, et de plus le bail pour prendre de la mine dans la séigneurie de Précy. Le prélat qui avait fondé cette forge la légua en mourant à ses successeurs. Elle rapportait 13 milliers de fer par an (2). | Suivons l'ordre chronologique. En 1514, noble homme M€. Severin Balthazar, probablement parent des maîtres (1) Fonds de l'évêché d'Auxerre, Archives de l'Yonne. (2) Archives de l’évêché de Sens, CONGRES DES ACADÉMIÉS. 97 de St.-Julien, était maître des forges de Villiers-St.= Benoît (1). En 1531, le chapitre de Sens céda les forges de Lompy- _sur-St.-Aubin-Château-Neuf pour 5 sous de rente per- pétuelle. En 1542, Jehan Colas dit Bonnet, maître de la forge à fer d'Alibeau-sur-St.-Martin-des-Champs, loue à Jean Constant, maître de forges à Ronchères, la forge d’Alibeau, moyennant 225 livres, dont une partie était due aux hé- ritiers de Severin Balthazar, qui était précédemment à St.- Julien. La forge d'Alibeau se compose de forge, fourneau , chaufferie, marteau , roues, rouaiges, empallements, biez, cours d'eau, maisons, maréchauderie, halle, cours, eic (2). A Chitry-les-Mines, village de la Nièvre de l'arrondisse- ment de Clamecy, il y a des mines de plomb.et des indices de mines d'argent. En 1469 (70), le roi permit à Parret des Barres, seigneur de ce lieu, d'y ouvrir des fosses d’ar- gent et de plomb, sans être tenu à payer le dixième du produit (3). | Après le premier tiers du XVI®. lala: les documents deviennent de moitis en moins nombreux sur les vieilles forges. Ces usines ont disparu depuis long-temps. Les grandes forges d’Aisy-sur-Armançon datent de la seconde moitié du XVe. siècle. Celles d’ Anexr le-Franc sont toutes récentes. M. de Verneilh, invité à dire ce qu'il sait sur le même (1) Archives de St.-Gefrain, prieuré de St.-Sauveut. (2) Archives du château de Sti-Fargeau. (3) Archives nationales, Reg, 496, n°, 40, Trés. des Ch, 38 INSTITUT DES PHOVINCÉS DE FRANCE. sujet , partage les idées émises par M. Quantin; il a sou- vent trouvé dans le Périgord de grands amas de laitier et de scories, au milieu desquels se reñcontrent divers objets, mais il est difficile de savoir à quellé époque précise ces résidus ont pu être produits ; en effet, les tuiles à rebord, qui abondent dans ces scories , furent en usage non séu- lement à l'époque gallo-romaine , mais encore jusque pendant les X®. et XI°. siècles. Une médaille de Cons- tantin trouvée dans un de ces amas, pourrait seule donner une indication utile. Du reste, il est certain que la fonte du minerai était opérée d’une manière tout-à-fait barbare, au moyén de creusets en terre réfractaire, que l’on plaçait au milieu de bois enflammé et dont les scories sortaient par des trous pratiqués à l’aide d’un bâton. On trouve communément des débris de ces creusets, sur lesquels sont encore imprimées les mains des ouvriers qui les fabri- qüaient. Ces procédés barbares furent en usage jusqu'au XV®. siècle, alors seulemént des établissements mieux organisés furent établis près des cours d’eau. L’orateur ne croit pas, du reste, que les abbayes se soient jamais oc cupées de métallurgie, leurs travaux étaient purement agricoles. | M. Bordeaux est complètement dé l'avis de M. de Verneilh pour ce qui a rapport à la fabrication du fer pendant la première moitié du moÿyen:âge ; il patle de ces forges à bras dont la tradition a conservé le nom dans le département de l'Orne, et qui n'étaient autre chose que les fourneaux établis au milieu des bois : mais il fait observer que beau - coup de grandes forges se trouvent près d'anciennes ab- bayes, et il cite de nombreux exemples à l’appui'de son dire. Il ajoute que certains barons de la Normandie, au moyen-âge, avaient le droit exclusif d'extraire du minerai CONGRES DÉS ACADÉMIES. 39 daus l'éténdue des domaines qui relevaient de leur fief, et il fallait que ce droit füt d'une cértaine importance, puisque ces seigneurs prenaient dans les actes le titre de barons fossiers. Les feudistes ne donnent aucuns détails sur cés droits. L'orateur cite diverses localités où se trouve ‘une grande quantité dé petits tertres formés de dépôts de résidus de la fabrication du fer ; ces tertres se détruisent de jour en jour, parcé qu'on emploie les scories à divers üsages, à réparer les chemins , à faire du mortier. M. de Caumont ajoute que la fonte du minerai se fit d'une manière si impatfaite, que l'on retire encore souvent du fer des scories provenant des établissements du moyen- âge. M. Pasquier Tu à l'appui de ce qu'a dit M. Bordeaux, la Chartreuse de St.-Hugon, sur les frontières du Dauphiné et de la Savoie, près de laquelle étaient de hauts fourneaux. L'industrie métallurgique avait du reste pris én Dauphiné ün si grand développement au moyen-âge, qu’un édit de Humbert II, daté de 1840, éteignit les fourneaux du pays pendant un certain temps de l'année afin d'arrêter le dé- boisement. # M. de Caumont revient sur l’usine de |’ ibblyé de Fon- tenay, et pense que ce ne devait pas être un haut fourneau, _ mais simplement une forge dans laquelle se fabriquaient les charrues et les autres outils dont les moines faisaient usage ; le peu de scories Fos se trouve près de là confirme cette opinion. M: de Verneilh fait observer que l'on employait du bois et non du charbon pour la fonte du minerai ; il a trouvé des tisons , des morceaux de bois à démi consumés êt - même des écailles d’hüîtres , ce qui semblerait faire croire qu’au moyen-âge les moyens dé transport n'étaient pas 40 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. aussi lents qu'on le pense généralement, puisqu'à 50 lieues de la mer des huîtres pouvaient arriver en état d'être mangées. M. le président pose la question suivante : « Quelle était, aux différents siècles du moyen-âge, la « disposition des vergers, et celle des jardins, dans les « châteaux et les abbayes ? » Cette question étant réservée pour être traitée par M. Chavin de Malan , dans une autre séance, on passe à la suivante : « Quelles étaient, au XÏI®. siècle, les pratiques agri- « coles en usage dans chaque contrée de la France ? » M. V. Petit pense que la question est bien difficile à traiter d’une manière un peu satisfaisante dans l’état où se trouve actuellement la science. M, de Verneilh a trouvé dans la Dordogne des chartes du XIII®. siècle qui sembleraient indiquer qu’à cette époque l’agriculture était fort avancée, et que l’on élevait pour le moins autant de bestiaux que maintenant. M. de Caumont cite le savant ouvrage publié par M. Delille , comme renfermant beaucoup de précieux rensei- gnements pour la question. L'opinion du savant directeur de l'Institut des provinces est qu'au XII°. et au XIII*. siècles on cultivait beaucoup de terres qui depuis furent laissées en friche. On a trouvé des traces de sillons dans des landes on ne peut plus sauvages. Les maisons religieuses possédaient de nombreux bes- tiaux. Trois grandes abbayes de Normandie, celles de Troarn , d'Ardennes et de Fontenay-sur-Orne , élevaient des chevaux qu'elles vendaient aux chevaliers à l'époque des Croisades ; elles s’occupaient également de l’amélio- ration des races d'animaux utiles. CONGRES DES ACADÉMIES. 41 M. de Caumont en a donné des preuves dans le 1. vo- lume de sa Statistiqué monumentale, en citant le testa- ment de Henry de Tilly, léguant ses plus beaux animaux à l’abbaye d’Ardennes. Après quelques observations de MM. Raymond Bordeaux et Victor Petit au sujet des divers modes de clôture des champs au moyen-âge , M. le président résume cette dis- cussion , d’où il ressort évidemment que plus on étudie le moyen-âge, plus on voit que cette époque, accusée de barbarie, était dans un grand état de prospérité. M. de Vérneilh appuie ce que vient de dire M. de Mellet, pour le XTIT. siècle; mais il ajoute que le XIV®. et plus tard le XVII®. furent des siècles de décadence et de mi- sère, pendant lesquels la prospérité des époques antérieures décrut sensiblement. | Une discussion incidente, au sujet des inductions que l'on peut tirer de la grandeur des églises au moyen-âge, pour arriver à une appréciation de la population des cam- pagnes à cette époque, s'élève entre MM. Bordeaux et Victor Petit. M. le président engage ces Messieurs à for- muler une question sur ce sujet fort intéressant ; cette question serait soumise au Congrès à la suite de celles du programme. La cinquième question est ensuite posée : « Dans quelle contrée les étoffes de soie usitées en « France au XIII*. siècle ont-elles été confectionnées? à « quelle époque a-t-on commencé en France à fabriquer des « étoffes de soie? » M. de Caumont lit la note suivante dans laquelle il fait ressortir toute l'importance de cette question : 42 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. NOTE DE M. DE CAUMONT. Il règne encore à ce sujet une obscurité qui disparaîtra, nous l'espérons, quand les Sociétés archéologiques et les Congrès auront fait des recherches PH étendues que celles qui ont eu lieu jusqu'ici. L'industrie de la soie était si prospère hs la Péninsule, | au XII. siècle, d'après les recherches de M. le vicomte de Santarem, que le célèbre géographe Edrisi,. qui voya- geait dans ce pays à cette époque, assure qu'il y avait dans le seul royaume de Jaen plus de six cents-villes et ha- meaux qui faisaient le commerce de la soie. "or ‘Dans le siècle suivant, cette prospérité était encore très- grande dans le royaume de Grenade. Conde nous apprend. que le roi maure Aben-Alahmar, qui régnait en 1248, protégea beaucoup la fabrication de la soie ; et il ajoute que, cette fabrication avait été tellement perfectionnée, que la. soie d'Espagne était préférée à celle de la. Syrie. Il n'est pas douteux qu’au XIIL®. siècle on. fabriquait des. étoiles de soie pour la France, c’est-à-dire commandées par. des notabilités de ce pays. Nous voyons en effet sur la chasuble donnée par. saint Louis au bienheureux Thomas de Biville, que j'ai figurée dans le Bulletin monumental, les fleurs de lis, les armes de Castille et autres figures héraldiques qui nes appli quent qu’à saint Louis et à sa famille {V. la page 371 de l’Abéceédaire d'archéologie). Nous voyons également la fleur de lis sur un tissu trouvé à Angers dans le tombeau de l'évêque de Beaumont, qui fonda la cathédrale de cette ville au XIII®. siècle. I] résulte de ces faits et de beaucoup d’autres que, à partir CONGRES DES ACADÉMIES. 43 du XIIIe, siècle , on voit figurer dans les tissus de soie des U} I == = TT = à —— ! ns 6 ZA A — mn = af ne | —_— ee L < = | È mi = A DA (©) EU [ lb) D _ Ne D }2 NN A ne ; mi MN ZE =} du | a Ze, £ il A En héraldiques qui n’ont pu être faites que sur com-— mande. Il importe donc de savoir quelle était la fabrique qui approvisionnait plus particulièrement la France à cette épo- 44 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. que ; était-ce la Sicile, était-ce l'Espagne , était-ce l'Italie ou d’autres contrées, ou bien n’avait-on pas en France des ouvriers qui tissaient des étoffes avec des soies venant de l'étranger ? Il est très-important d'établir, en se basant sur des do- cuments incontestables, à quelle époque le tissage de la soie fut introduit eu France, et c'est ce qui m'a déterminé à poser la question. Le même orateur ajoute que M. de Santarem viendra peut-être lui-même donner des renseignements ; il engage M. Didron à dire quelques mots. M. Didron trouve le sujet très-curieux, mais fort difficile à traiter ; on publie tous les jours des dessins de curieuses étoffes du moyen-âge, mais sans savoir où se fabriquaient ces tissus. M. de Caumont pense que ces étoffes, qui, pour la plu- part, portent des emblèmes héraldiques, pourraient bien avoir été tissées en France. M. Didron dit qu'il serait très-curieux 6e rechercher la preuve, et de trouver aussi où se fabriquaient les vitraux qui sont bien autrement nombreux que les étoffes anciennes. On ne sait rien encore sur cette fabrication ; il convient d'appeler vivement l'attention des archéologues sur la fabri- cation de ces deux produits du moyen-âge. M. de Verneilh trouve que les dessins et le style général de l'ornementation des étoffes des XII. et XIIIe. siècles ont un caractère tout-à-fait national. M. Bordeaux appuie ce qu'a dit le précédent orateur : les dessins des étoffes se trouvent reproduits dans l’ornemen- tation de détail des pierres tombales et des vitraux, jusque sur les fonds des armoiries, qui, de loin, paraissent unis. M. de Caumont cite l'opinion de plusieurs savants selon CONGRES DES ACADÉMIES. 45 lesquels la fabrication des étoffes de soie aurait commencé en France quand on a commencé à cultiver le murier vers le XVI. siècle; mais il croit qu’on a pu faire en France, long-temps auparavant , des étoffes de soie avec des soies venues du dehors. On passe à la question suivante : « Quelle part les Sociétés savantes des départements « doivent-elles prendre dans les recherches et les explora- « tions qui permettront l'achèvement de la géographie an- « cienne de la Gaule? Comment le travail doit-il être conduit « et distribué entre les explorateurs? » Sur la demande de M. Victor Petit, cette question est renvoyée au lendemain. M. de Caumont, toutefois, lit une note imprimée et accompagnée de gravures sur bois, sur la seconde partie de la question. NOTE DE M. DE CAUMONT. Les savants Ont déterminé avec une grande sagacité l'em- placement des villes et des stations mentionnées par l'iti- néraire d'Antonin et la carte de Peutinger, mais les localités non mentionnées dans ces tableaux géographiques et dont le nom est inconnu, n'ont point été décrites ni indiquées sur des cartes. On n’a pas non plus recherché la position des villæ et des édifices publics ou privés qui existaient çà et là dans les campagnes ; on a négligé le plus souvent de noter les découvertes qui peuvent fournir des renseigne- ments pour ce dénombrement. Bref, la géographie des lo+ calités d'origine gallo-romaine, que les géographes anciens _ qui nous sont parvenus n'ont pas citées , ést encore à faire. C'est cette étude des localités dont le nom est complète- ment ignoré, mais dont les vestiges sont plus ou moins 46 INSTITUT, DES, PROVINCES DE FRANCE. importants, que je voudrais recommander et que pour ma part j'ai commencée partout où j'ai pu explorer le sol fran- çais, ou me mettreen rapport avec ceux qui l'avaient étudié, dans leurs contrées respectives. Mais on dira peut-être, à quoi bon replacer sur la carte des vestiges sans nom, ces villæ que de riches colons avaient élevées et qui ont péri, comme leurs possesseurs, sans que l'histoire ait eu à s’en occuper? Cette statistique, qui sera toujours incomplète, est-elle donc digne d'occuper des es- prits sérieu x? A cette objection, je réponds que les recherches dont je viens d'indiquer l’objet, sans avoir, une importance com parable à celle des travaux des savants commentateurs des itinéraires et de la table Théodosienne, s'y rattachent pourtant d'une manière directe, en indiquant sur quels points des Gaules la population a laissé le plus de traces de richesse et d'intensité , en procurant de nouveaux ren- seignements sur la distribution des édifices. Peut-être même rectifieront-elles quelques idées sur la position de certaines localités mentionnées par les documents anciens, et qui n’a été fixée läouon croit les reconnaître, que faute de renseignements plus complets ou d'indices plus concluants, D'ailleurs, en fait d'études, il ne faut pas toujours se poser la question d'utilité; il faut s'efforcer de connaître le -plus possible, ne fût-ce que pour satisfaire la curiosité : les résultats . utiles viendront certainement, qu'ils aient été prévus ou non. | Quoi qu'il en soit, je peux annoncer que depuis 17. ans j'ai constaté la présence sur le sol français de plus de quatre-vingt villæ ou établissements gallo-romains, la plu- part complètement inconnus du monde savant, quelques- ‘uns cités dans des mémoires à peine connus, L1CONGRÈS DES ACADÉMIES. 47 Et que l’on ne croie pas qu'il. soit ici question de véstiges de peu d'importance; je ne parle que de constructions assez cousidérahles et dont presque toutes étaient décorées de marbres et de peintures, Les vestiges d’un ordre inférieur doivent sans doute être indiqués dans la statistique monu- mentale d’un canton ou d'un département, mais elles ne sauraient trouver place sur la carte générale de la Gaule, et je n’en tiens ici aucun compte. Mais ces explorations et celles que d’autres personnes ont faites sur bien des points, celles que les sociétés ar- chéologiques ont recommandées, sont loin d’avoir épuisé le sujet : il reste beaucoup à explorer pour compléter la statistique des localités habitées sous la domination ro- maine. | D'autre part. une quantité considérable d'enceintes entourées de remparts ou de fossés, placées sur des points élevés d’où la vue s'étendait au loin , sur des presqu'iles entourées de vallées plus ou moins profondes , n'ont pas été étudiées ni dénombrées ; quelques-unes ont été indi- quées et désignées sous la dénomination de camps romains. Mais. on s’est arrêté là. On n’a pas cherché, au moyen de fouilles, à savoir si ces camps renfermaient quelques constructions romaines, s'ils avaient été habités long- temps, s'ils étaient devenus des espèces de bourgades , et si, au lieu de les considérer comme des gîtes temporaires pour les troupes, il ne fallait pas y voir plutôt des localités fortifiées habitées par des garnisons attachées au sol, pro- priétaires des campagnes voisines. On n’a pas cherché à faire concorder les faits historiques avec l’origine de ces emplacements. if La Société française pour la conservation des monu- ments a fait explorer plusieurs localités de ce genre.de la 43 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. plus haute importance : ainsi le plateau du Mont-d'Eraines {Calvados}, les enceintes de Benouville, de Banville et d'Escures, même département, ont fourni bon nombre d'objets gallo-romains et d’autres objets probablement mé- roviugiens. Dans d’autres départements, le camp de Cora, \ ; AK S RE ti Massari strate, Déni ge su ; sus Quatre systèmes 4,B,C, 0, composés chacun de trois électro-aimants, sont placés en haut et en.bas d'un fort, _ bâti en bois, ren, de telle façon que leurs pôles sont tous en regard les uns des autres, seulement ils sont.taillés de 179 INSTITUT DES PROVINCES DÉ FRANCE. manière à ce que lé balancier de fer doux ix puissé, à la fin de chaque oscillation, toucher les six électro-aimants qui composent les deux systèmes opposés correspondant a ce mouvement. Il en résulte qu'en reliant deux à deux diagonalement, ces quatre systèmes et les soumettant au commentateur Q, approprié à cet usage, on obtient une force puissante qui agit à la fois sur les deux bras du baläncier et dans le même sens pour chaque oscillation. C'est par l'intermédiaire de la roue à rochet r et dés leviers pr | mu, armés de forts cliquets rw, que le mou- vément 6scillatoire Se trouve décomposé. Voici du resté les conditions de force les plus avanta- geuses que l’on peut retirer des électro-aimants. | | 1°. La force électro-magnétique. croitlavec la surface du fer des électro- aimants ou avec leur nombre, pourvu qu'on enroûle. sur chacun d'eux une faible quantité de fil. 2°. Pour, dés piles qui fournissent beaucoup d'électricité à la fois, comme les piles d'Archereau , la force électro- maghétique. croît avec la section du fil enroulé, mais jusqu'à une certaine limite. qui | est en da avec la sur- face dé la pile et sa charge. | | 3. On peut n'enrouler le fil que sur une seule branche d un électro-aimant, sans affaiblissement bien notable de Sa force, | 49, La force électro-magnétique développée CO électro-aimant a besoin , pour.se manifester tout entière, d’une armature dont la somme des surfaces soit à peu près égale à celles de l’électro-aïmant et dont la masse en soit environ lé tiers. 59; Un électro-aimant en fer creux ayant pourtant une certaine épaisséur, fournit à peu près la même force ma- gnétiqué que s'il était plein. CONGRES DES. ACADÉMIES. 1473 6°. Le magnétisme des pôles. d’un électro-aimant, peut se concentrer tout entier en..un, seul point, ou se distri- buer sur plusieurs, mais l'effet définitif, produit dans les me cas, est à peu près identique. ; . La force inductive des aimants sur les armatures , ah d'autant plus grande que la surface de ces armatures qui leur est opposéeest plus petite, il s'ensuit qu'on à un grand avantage à présenter de jrs De ces armatures à l'action de l’aimant. Pour terminer ce que j'avais à dire sur la force éco magnétique , je vais décrire en quelques mots/un système de transport électrique, imaginé par moi, aumoyen duquel des objets matériels peuvent être transportés à telle dis- tance qu’on veut, par le seul intermédiaire du fluide électrique. | Puisqu’une hélice fixe jbaûte de la propriété d'attirer à son intérieur un fer mobile, placé à sa portée, réciproque- ment, un fer fixe, placé dans certaines conditions; pourra entrainer une hélice mobile. Supposons. done .qie nous ayons posé entre deux points, une verge de fer.coupée de distance en distance par des rondelles de cuivre dont la longueur soit précisément moitié .des parties de fer, et qu'au-dessous de cette verge soit fixé un conducteur métal lique sur lequel on aura collé, vis-à-vis de, chaque partie fer de la verge supérieure, du papier.ou toute,autre sub- stance isolante ; on verra qu'il suffit d'une combinaison bien simple pour arriver à un système de transport élec- trique. — En effet, adaptons sur notre verge, moitié fer moitié cuivre, trois bobines. isolées.les unes.des: autres quoique reliées ensemble, et ayant. chacune une longueur égale à chaque partie de fer de la. verge: prolongeons la plaque d'ivoire qui isole chaque: bobine de sa: voisine; de 174 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. manière à former un anneau’ dans lequel passe le conduc- teur métallique inféneur: et adaptons à cet anneau ün petit. rés ira té dans l'intérieur duquel sera soudé un ressort à boudin qui appuie sur le conducteur métal- lique. Il arrivèra que Si l’on met la verge de fer et le con- ducteur métallique infériéur en communication avec les deux pôles‘ de ‘la pile, et que les! extrémités de chaque hélice aboutissent l’une au canon de la bobine , l'autre au petit canon métallique que ‘porte l'änneau d'ivoire , le cou- rant sera toujours établi dans l’üne où l’autre des trois hélices suivant 14 position de chacune: d'elles par rapport aux parties de fér sur lesquélles elles sont éngagées : ‘il y aura donc-sans cesse une impulsion qui sera exercée dans le même sens'et qui pourra se prolonger à telle distance que l’onvoudra, ‘car-on peut organiser des supports qui soient disposés detelle façon que la partie qui est en con tact avec ces 'verges’ métalliques, soit en fer doux et à la portée d’un électro:aimant , dont l'action ne $é manifesterait CONGRÈS DES ACADÉMIES: ! 175 qu'au passage des bobines! Cette disposition ne nécessite rait qu’un mécanisme très-simple, car 6e seraient les bobines | élles-mêmes qüijoueraient le rôle de commentateur à Pégard de ces électro-aimants auxiliaires. Une fois la-course terminée, il suffirait de renverser les communications avec les canons dé cuivre‘que portent les anneaux ‘d'ivoire ; ou tout simplement de tirer le con- ducteur, métallique inférieure de la distance d’une partie cuivre, si le parcours est dé peu d’étendue ,' pour que le mouvement recommence en‘sens contraire. On conçoit même qu'au moyen d’un électro-aimant, placé à chaque station et agissant par le même procédé que ceux des points de suspension, des vergés' métalliques’; on pourrait obtenir mécaniquément: ce détirement du ‘conducteur métallique inférieur et avoir un long mouvement de va et vient qu'on peut utiliser à une foule d'usages. | Après avoir ainsi exposé le principe de ses machines, M. Du Moncel entame la question de l’horlogerie électrique. Suivant lui, l'horlogerie électrique peut avoir deux buts très-distincts à atteindre, d'abord de fournir l'heure in- dépendamment de tout système d' horlogerie ordinaire ; en second lieu , de la distribuer dans tel nombre d’endroits qu’il convient, par l'intermédiaire de cadrans compteurs. Comme exemple du premier mode d'horlogerie électrique, 11 montre une horloge fort simple et fort ingénieuse, conçue et exécutée par M. Brisebare , mécanicien ; il fait en même temps remarquer que l'avantage de ce genre d'horloge est, en outre de sa parfaite régularité, de pouvoir servir à l'entretien des mouvements d'un pendule monté sur une pointe pour la démonstration du mouvement de rotation de la terre, expérience qui, sans ce moyen, nécessiterait une longueur très-considérable du pendule. Il mentionne 176 INSTITUT: DES. PROVINCES:DE: FRANCE. en même, temps une horloge du même genre, inventée par M. Liais qui l’emploie pour l’astronomie. Comme exemple de cadrans compteurs, M.. Du Moncel présente un système imaginé par Jui, qui peut-être faci- lement et économiquement adapté à toutes espèces de pen- dules ou horloges dont on veut faire le régulateur des cadrans compteurs. Ceux-ci sont disposés à l'italienne et donnent, l'heure par deux guichets, dont l'un présente les heures et l’autre les minutes de cinq encinq. Il profite de la circonstance pour faire remarquer un nouveau genre d'échappement qu'il a employé pour ce système de cadran et qui réunit la sûreté, à la plus grande simplicité. En terminant son exposé, M. Du Moncel prie le Congrès d'engager toutes les personnes qui s'occupent.de science, à faire des observations météorologiques et de s'occuper des applications de l’électro-magnétisme. Ces curieuses expériences, expliquées avec lucidité, et faites sous les yeux du Congrès, au moyen d'appareils fort ingénieux, ont captivé constamment l'attention de l’assem- blée qui vote à M. Du Moncel d'unanimes remerciments. M. de Sussex développe des considérations très-curieuses sur Ja théorie des bases et des sels dans la composition des végétaux. | Ces importantes communications feront l'objet. d’un mémoire. Le Secretaire, Ch. Gowarr. CONGRËS DES. ACADÉMIES. | 197 SÉANCE DU 19 MARS 1852: (Présidence de M, le baron de Conrencin, directeur-général Sont au bureau : MM. de Caumont; le comte de Mon- talembert , membre de l'Académie; Challe, d'Auxerre ; Le Clerc,membre de l’Institut; Duchatellier; Cros-Mayrevieille, président de la Société des sciences et arts de Carcassonne ; Marcel Canat, président dela Société de Châlons-sur- Saône ; Ch. Gomart, remplissant les fonctions de secré- taire-général. “ M. de Caumont donne lecture : }°. d’une lettre de M, Godard-Faultrier, d'Angers, qui s'excuse de ne pouvoir assister à la séance ; dise" | 2, D'une lettre de M. Danjou, délégué de la Société académique, d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, qui présente aussi ses excuses : 3. De M. le comte de Kergorlay, secrétaire-général ‘de l'Association bretonne, qui regrette de ne POUTO assister aux séances du Congrès ; 4, D'une lettre de M. le comte Félix de Mérode qui, retenu à Bruxelles par ses fonctions. parlementaires », T9 grètte de ne pouvoir ‘prendre part aux travaux du Congrès. Cette lettre appelle l'attention du Congrès sur la négligence qu'on apporte à réparer les églises du moyen-âge ré- pandues sur lé Sol de la France , tandis qu’on rassemble tous les travaux sur un et déjà trop central et trop favorisé {Paris ). Un membre demande si le crédit de 400,000 fr. promis pour réparer la cathédrale de Laon a été alloué. 178 INSTITUT! DES ! PROVINCÉS DÉ FRANCE. M. de Contencin répond que la commission des monu- ments historiques;s'estioceupéeravec intérêt es réparations de la cathédrale de Laon ; qu'un projet de loi présenté à l’ancienne. assemblée dégislativeopat Mile ministre ‘a été ajourné, mais qu'il n’est-päs’abañdonné. M. Ch. Gomart, secrétaire de la section d'agriculture , présente un/résumé de la diséussion qui à eu liéu dans le sein de da: RUE au Aa de la A de M. de SuSsexs NU) 7 f LPROPOMETIEN DE M. DE SUSSEX: La théorie de la Substance, de la matière Min md établie par des faits chimiques et des faits, de pratique, tend, comme tous les travaux que nous avons publiés, à intro- duire l'usage du chitre et du çalcul dans l'application des engrais. 7”. | “Ce calcul , si étranger : à Yagriculture est si situe ji réel, qu'il se résume bientôt dans une méthode. générale. Cette HAROLN à nous allons la donner comme conclusion de ce travail. #4 Le fumier de ferme, proue de 1 A es animal , "é- ritable machine à à engrais et production nécessaire , dans l'économie rurale , doit être pris comme base de tous les caléul$ à établir touchant Ja “hatière agricole. F | Ce fumier , k doué de qualités dues à son volume, à. son action comme amendement, doit être apprécié aussi.sous. le rapport de la composition. | Sous ce rapport, nous allons bientôt constater que l'ap- plication du fumier laisse beaucoup. a désirer, «et.que les améliorations proposées par: les chimistes , par..les, agro- CONGRÈS DES ACADÉMIES. - _ 1 nomes, tendant.toutes à fixer ses principes, n’ont pas encore résolu. un-problême qu’il fallait poser d'abord d’une manière complète, afin d'arriver à, une méthode efficace. Ainsi, le fumier de, ferme réunit la matière organique , les sels et les bases indispensables aux végétaux. Mais , Ras la première fois, une observation vient à se produire - 1 JA matière inorganique. he se:rencontre pas dans cette du fumier de terme; dans des rapports ‘tels que les sels et matières fixes ,: éléments de production , soient équivalents aux récoltes, même dans un système d'assolement suivi. D’un autre point de vue, celui de l'excès des principes constitutifs , sous lesquels s'opère. la végéta- tion, le fumier présentant cet excès sous le rapport. de l'azote et des matières organiques ,-est moins économique que si cet excès, portait sur, d’autres principes plus per- manents,. moins dispendieux ,.et pareillement productifs lorsqu'ils sont combinés avec les matières organiques azotees au minimum. | La formule de l'engrais résulte de la composition.des ré- coltes et des fonctions des plantes , qui puisent une, partie de leur nourriture gazéiforme dans l'atmosphère, en-raison de leur état de développement, et par conséquent.en raison de l'excès des principes fixes qu'elles trouvent. dans un milieu donné. L'expérience nous, a seryi à combattre , depuis plusieurs années , et le système d'exclusion de l'azote, et, celui qui tend à faire évaluer les engrais en raison. de. leur dosage d'azote, ce qui semble dire que l'azote est non seulement le plus dispendieux des éléments de production agricole , ce qui est vrai, mais le seul nécessaire, assertion perni- çieuse. | À Ce qui est certain, c'est que lagricolturs la sh avancée 180 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. repose entièrement sur l’action de l'azote en excès, ét que les couvertures, en général, sont de nature à augmenter la dose d'azote apportée dans le sol par les fumiers, Nos principes d'agriculture pratique sont essentiellement différents, et les expériences dont ils ont été déduits prou- vent que tous les constituants des plantes sont , à égal de- gré, nécessaires dans leur production, et que leur maximum de développement a lieu sous un excès limité de sels et de phosphates, comme sous un excès pre limité de matières organiques azotées. Ces propositions ; que les AUS du jour taxent d’hè- résie, ont pour nous la force d'un fait et d'un résultat ; elles doivent avoir pour les cultivateurs assez d'importance pour deveuir l'objet dé leur plus sérieuse attention, car leur confirmation aurait pour résultat de diminuer sensiblement l'énorme dépénse occasionnée par des engrais d’une com- position défectueuse et d’un revient inutilement élevé par l'excès de principes rares , instables et chers, que l'excès de substances plus abondantes, d’un prix moins élevé, remplacerait avec avantage. Hätons-nous , avant de développer par des calculs ce que nous avons avancé par! rapport à la composition défec- tueuse du fumier, de déclarer de la manière la plus posi- tive : que lorsque nous considérons que la culture à lieu sous un excès d’azote, ce fait n’a rien d’absolu et n'exprime que les rapports de l'azote, sels et phosphates qui constituent le fumier, rapports tels, que pour les quantités de sels con- stituants , l'azote est évidemment en excès, ou les sels se trouvent en moins, ce qui revient au même. Au reste, la composition du fumier est non seulement défectueuse au point de vue précité, mais encore parce que si nous comparons les matières inorganiques sous le rap- # CONGRÈS DES ACADÉMIES. 181 port de leurs quantités dans le fumier et de l’absorption des récoltes suivies ou isolées , nous trouvons encore qu'il y a toujours excès d’un constituant par rapport à un autre. Ainsi, 7,500, kil. de fumier produiraient : Par leur azote. Li ele e © 4, ® k,500 kil. de betteraves. Par leurs sels. , + » ee + » 2,812 idem. Au contraire, avec la même quantité de fumier on aurait, sans le concours de l'atmosphère, en céréales (blé) : “Pour l'azote: 41%, « . 118,500 kil, avec paille correspondante, Pour les alcalis ou sels... 5,250 à 4h idem. : Pour les phosphatés, .:.: 8,750 idem. Ce fait, de la plus haute importance économique, pour- rait être rendu évident de plusieurs manières. Nous choi- sirous entr'elles un exemple pris dans une suite de cultures et dans une exploitation rurale dont nous avons relevé les travaux de 1848 à 1851. Cette exploitation a produit : Akalis. Phosphates. kvec paille me correspondante. kil. kil. Colza. CC | 46,650 kil, 4,425 2,051 Bettéraves. . . . , 60,000 277 92 Fourrages. . . ... 499,400 5,992 6,994 pre", C0 L 247,800 “8,517 7,652 Avoine.”, . ..,°! 256,800 8,986 4,364 Seigle, 4 +, 4.4 49,499799027 ‘908 04 28,605: 21,554 Le tinios employé consiste en fumier de bergeries ob- tenu dans la ferme et en crottin de cheval, recueilli dans Versailles. 182 INSTITUT: DES PROVINCES DE:FRANCE. La fumure ainsi.composée représente en } RP PONT les quatre années de culture :. © Alcalis, . . .. ... 1: 12,820 kil. Phosphates, . . . . .... ir “'AUSTEC Cet exemple, pris | sur une grande échelie et Sur une suite de culture [qui, il est vrai, ne mérite pas lé nom d’ässole- ment, quoiqu'’elle eBFFsgnts une variété de produits) }» dé- montre d'une manière évidente que. les sels se trouvent en quantités insuffisantes dans le fumier employé , bien qu'il y ait eu importation d'engrais dans .la ferme:sous forme de crottin decheval. loe no eils [vs Si la culture de la betterave et 4 colza s'était bovée à un chiffre plus important, le déficit, des alcalis se serait trouvé plus considérable ; si au contraire la culture des céréales avait reçu plus de CERTES les phosphates auraient alors été insuffisants. pes Ne prétendant citer qu'un exemple, NOUS cuncluons de ces faits que pour obtenir, sous forme de récoltes , l’équi- valent de l'azote du fumier qui ne contenait pas assez d’alcalis pour produire ces vien. le sol a dû parfaire la différence. pas x Qu'en l'état pris de continu ; “AL Y a épuisement de sol par suite même des cultures fumées., et que dans les cas où l'épuisement serait plus avancé , il Y aurait abaissement dans la récolte en.raison du déficit: actuel des sels et perte d'azote dans le même rapporte; 4: loc ‘Il résulte encore que partie de l'azote n'étant pas Ass par suite d’un déficit de première évidence dans les quau- tités de sels correspondants. à l'azote.du fumier, traduits en équivalents des récoltes, l’agriculture.agit-effectivement _ sous l’action d'un excès d’azote qui, s’il concourt, à l'acte CONGRÈS! DES (ACADÉMIES. 183 de la végétation ,sn’en est pas moins exposé à‘dés pertes prochaines et définitives. Etant prouvé d'ailleurs que” dessels ét des phosphates ajoutés au fumier, dont la dose reste la même, il ÿ a aug- mentation de production , on doit considérer que l'excès d'azote n'était pas nécessaire, et que la perte de cette ma- tière, conséquence naturelle du système ici combattu, peut effectivement être évitée. _Lessmoyens deproduction! n'étant pas éñ rapport avec l'absorption des végétaux ;' la matière de fabrication ; l’en- grais } n'étant pas équivalents; pour tous les constituants, à la composition des produits, c’est.à-dire des récoltes ,'il devient nécessaire de préparer les fumiers d’une manière mieux entendue, afin d'éviter la perte des matièrés en excès où tout du moins leur immobilisation dans le sol: Fixer dans quéls rapports lés matières organiques et lés diverses matières inorganiques doivent être employées dans la culture , c'est éviter à la fois des pertes en nature, l'im- mobilisation des matières excédentes , l'épuisement du sol pour les corps dont il parfait les différences , c'est faire de la production rurale une équation aussi mathématique qu'élle est physiologique et vraie dans son principe. Pour atteindre ce but d'économie ‘agricole , il manque une méthode de fabrication des fumiers résidus de l’éxploi- ta on. Cette fabrication n’a | été lobjet pr l'attention fr chi- mistes et des agronomes que sous un seul rapport, c ‘est-à- dire qu'on ne s’est préoccupé que des moyens. propres à faire absorber les purins, afin d'enrichir la paille d'une dose nouvelle d’ ammoniaque , et, d'un autre côté, tous les soins du cultivateur ont tendu à fixer par des sulfates ou chlo- zure de fer, de manganèse, ou. par des acides ,. l'ammo- 184 INSTITUT LES PROVINCES DE FRANCE. niaque que, sans cette fixation, le fumier dégage en abon- dance. Ces soins sont évidemment Mage isiade importance ; mais le principe auquel ils:se rattachent n'est qu’un des points de la question, La même critique s'applique à Léirain Jauffret, dont la formule ne présenté aucuns rapports quantitatifs avec les récoltes, et dont les nombreuses matières empiriquement combinées peuvent exercer les unes sur les autres des réactions chimiques , dont l'effet serait de causer l’élimina- üon de l’ammoniaque suivant la quantité de chaux vive que l'auteur prescrit (1). Nous espérons que le temps où ..les développements de ce mémoire constitueront des faits reçus n'est pas éloigne , et qu'il deviendra généralement, sensible que ; outre la fixation de l’ammoniaque, le fumier doit.subir dans ‘sa préparation une modification de composition telle que la composition définitive présente, pour les matières compo- saptes, une véritable équation dont. le. terme est, soit la plante qu'on veut produire, soit l'assolement qu'on veut suivre. | | Voici la méthode par laquelle les cultivateurs peuvent atteindre ce résultat, dont l'influence modifierait la condi- tion de l’économie rurale. Méthode de traitement des fumiers, ayant pour effet de fixer l'ammoniaque par des moyens nouveaux et de compléter les fumures basées sur une suite de cultures dans laquelle entrent les betteraves, pommes de terre où colza, suivies s de céréales et terminées par des fourrages. L'application, de notre méthode, suppose une cour de ” (4) Chimie appliquée à l'Agriculture , par G, Gueranger, p. 428. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 185 ferme. où se trouve une fosse à fumier , un réservoir à purin et une pompe: pour l'arrosage du fumier. Ce sont.là. des. dispositions indispensables ,:etqui, par suite des excellents travaux publiés par M. Girardin, de Rouen, font: partie essentielle de l'exploitation rurale. Il s'agit, à présent, de se -procurer du. sel (chlorure de sodium) ou.du sulfate de. soude, ;ou ; mieux encore, des silicates de soude, dont l'emploi raisonné est plus avanta- geux que celui qu’on peut faire des sels de soude combinés à l'acide sulfurique ou chlorhydrique. | : La raison de la. supériorité du silicate de soude tient à sa composition. en. vertu de laquelle iloffre simultanément aux plantes le silice soluble et les alcalis. Les sels, d'un antre radical, m'apportant.que les alcalis et les acides chlorhydriques et sulfuriques qui les composent, étant absorbés parles RARES en quentité très-minimes , deviennent. ainsi superflus. | Il-est nécessaire ensuite; de:se procurer des phosphates de chaux acides (superphosphates des cultivateurs anglais}; c'est ce selique nous conseillons de: substituer aux acides employés àa-néutraliser les purins. Il est, du reste, facile de préparer des phosphates de chaux acides : On prend, dabs ce but, 100 iog d'os en mont dont on:fait un:tas; On: arrose ‘les dtiantités: “se en ni, poudre dont il vient d'être parlé, avec:5 kilog. d’eau. | Alors; avec un:arrosoir en plomb;;;:on répand 25 kilog. d'acide sulfurique sur les:os:en poudre ; ayant soin de re— muer la masse et:de renouveler ainsi les-surfaces ; Définitivement, on forme-un silo avec la poudre d'os ainsi traitée, et après vingt-quatre heures le superphosphate est fabriqué. 186 INSTITUT ! DES :PROVINCES DE (FRANCE. Il se produit dans cette opération ‘un dégagement consi- dérable de chaleur causée par l'eau et * l'acide! sulfurique concentré mis en contact. [l y'a nat dégagement d'acide carbonique. É if us Ces préliminaires étant soon: l'opérateur choisira l'une ou l'autre des méthodés suivantes , conformément aux conditions tr pre de expo où il est #0 vo PREMIÈRE MÉTHODE. Le sol de la fosse à famiér ayant une nr 20 mé- tres cubes, par exemple ; et le'tas devant avoir 1 mètre de hauteur , proportions arr qusgi d 2 “on pret Je calcu] suivant : 20 mètres de fumier ses rt à 650 og: Fun’, égale: 13,000 kilogr. Prin P Pour compléter le fumier, Étradbiéot aux agree. ments donnés précédemment, il est nécessaire d'ajouter 26 kilog. de sels; et pour agir sur'les récoltes avec un excès de phosphate et obtenir en même temps la fixation de l'ammoniaque formé à peu près dans le rapport de 175%. de l'azote présent dans le fumier, il faut 12 ro à de super- phosphate. 154014 9! D'après ces rapports, on mélangera 338 kite FA sels et 156 kil. de phosphates ensemble, :ce qui-donne 494 kilogr. Ces 494 kilogr. seront employés successivement à‘sau- poudrer les couches: de: fumier, aussitôt que de nouvelles quantités de litières viendront s’ajouter les unes aux autres. Il importeque chaque: couche soit de la même épaisseur, afin que les fumiers présententune uniformité parfaite ; et qu’il ne-soit pas-nécessaire de mélaiger des: couches, à l'époque des travaux d'épandage: | CONGRÈS DES 'ACADÉMIES.' 187 DEUXIEME MÉTHODE. Au lieu de Saupoudrer successivement les couches de fumier , il est préférable d'ajouter le sel et les phosphates acides. aux liquides recueillis dans: la fosse. à purin. Ce moyen assure l’uniformité de composition du fumier et permet de se rendre compte de ce qui $ se passe dans les tas d'engrais. En règle générale, les purins doivent toujours présenter uné faible réaction acide lorsqu'ils ont reçu les phosphates et les sels. Après que ces liquides acides ont été portés par la pompe sur les fumiers et qu'après les avoir traversés ils revien- nent au réservoir, s'ils sont très-alcalins, il'est démontré, par ce fait, qu'il faut ajouter encore quelques kilogrammes de superphosphate ; si au contraire, les liquides reviennent au réservoir avec des caractères d'acidité, c’est que Ja marche de l'opération est satisfaisante. Cette seconde méthode, préférable à plusieurs égards à la première ;! présente cependant une difficulté provenant de cé que les litières n’ont pas un pouvoir d'absorption uni- forme et déterminé. En conséquence, il faut observer quelle est la quantité de liquides que peut absorber un mètre de fumier provenant des Le: ae de da ae dans ue LE on est placé. Ce pouvoir d'absorption des litières dépend évidemment de l'abondance de la paille fournié aux bestiaux, du plus ou moins leng séjour dans l'étable. Supposons une moyenne d'absorption égale à 200 par 1,000 : alors pour convertir 20 mètres de fumier en engrais complet et neutraliser l'äimmôniaque, on devra réunir dans le réservoir environ 3 mètres cubes de liquides , et ajouter 188 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. en liquides 338 kilogrammes de sel et 156 kilogrammes de phosphates acides, ensemble 494 kilogrammes. Le complé- ment de l'opération consiste à arroser de temps en temps le fumier avec le liquide du réservoir. Méthode pour utiliser les pailles et résidus des récoltes. Il se présente dans l’agriculture pratique de nombreuses circonstances où il serait très-avantageux de pouvoir. pro- duire sans bestiaux une plus grande masse de fumiers, afin d'utiliser les pailles et autres résidus des récoltes, qu'on ne peut pas soumettre à l’action mécanique ou organique des bestiaux. Pour atteindre ce but au moyen de la rar de fabri- cation que nous offrons aux cultivateurs , il ne suffirait plus d'ajouter les sels et les phosphates ; puisque les pailles con- tiennent moins d'azote que le fumier de bonne qualité, produit par les bestiaux. Cependant la paille contient souvent autant d'azote que les fumiers peu soignés; mais nous ne voyons pas les exceptions quelque générales qu’elles soient ; prenons donc le fumier à 4 par 1,000 kilog. d'azote. et la paille à 3,6. à D'après ces rapports , il devient nécessaire d'ajouter, au fumier fait de toute pièce, 4 p. 1,000 d'azote. Plusieurs matières : guano; tourteaux, vidanges, sang, chair, ete., peuvent être employées dans la fosse à purin, dans le but d'élever le dosage des fumiers. Pour citer un exemple, il suffirait d’ajonter, pour pro- duire 13,000 kilog. de fumier. ou 20 mètres, de 130, à 135 kilog. de tourteaux, afin d'arriver au ji de 4 kil. d'azote p. 1 000 La deuxième méthode, quant aux sels. et phosphates, servirait de guide pour cette opération. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 189 OBSERVATIONS. L'importance de la fabrication raisonnée des fumiers, l'avantage d'un produit en plus grande abondance motive- raient ici de plus grand détails, que nous devons réserver pour l'avenir. Les’ méthodes que nous venons de décrire permettront aux cultivateurs de compléter leur engrais et de fixer les matières volatiles qu'ils développent. Sous lé’ rapport chimique, nous aurions beaucoup à ajouter ; mais , alors, nous serions entraînés au-delà des bornes de cet aperçu. * C’est au praticien que nous nous adressons dés ces conclusions. Nous ävôns établi des proportions rigoureuses, sans égard aux considérations accessoires, parce qu'un fait n’a qu'une expression propre. Sion objecte que, en suivant un ässolement épuisant, comme célui pris ici pour base, les quantités de sels et de phosphates ‘paraissent considérables, nous ferons observer que la fumure étant pour quatre .ans de 75,000 kil. , la quantité de, sels et de phosphates réunis :ne s'élève en définitive:qu’au chiffre: de 712 kil. par ‘année, quantité que consacrent de ‘nombreux ma en Jocaux , Angleterre qu'en France. Il importe surtout de considérer que ces 712 kil. sont un coefficient de récoltes considérables en betteraves, céréales et prairies. tant en _Conséquemment, dans un assolement moins épuisant, il y aurait lieu de diminuer la dose de fumier employé pour les quatre années de culture, où bien encore, dans l'hypo- thèse ou par des circonstances défavorables, les récoltes 190 INSTITUT. DES . PROVINCES. DE-FRANCE. n'auraient évidemment pas épuisé l’engrais, on devrait compter l’engrais en terre dans l'assolement suivant et diminuer d'autant la fumure nouvelle. Quant aux questions économiques que nos méthodes soulèvent, nous conseillons jen principe aux cultivateurs de ne pas juger des dépenses en elles-mêmes ou, d’une manière absolue. À toute dépense, deux termes : l'un de puissance de production; l'autre de forces, d'argent mis en jeu. ; | | Ici la dépense absolue serait pour l’assolement épuisant de quatre années : Pour sel, 4,950 kil, à 42fr., 984 fr. * Phosphate acide, 900 kil. à 25 fr.. 295 459 Cette dépense par année s’élèverait donc à 44 fr, 75 c. Rappelons maintenant, pour mémoire, que le sol restant en état, la puissance de la fumure complète que nous indiquons permettrait d'obtenir les produits suivants : Bettéraves en terre, 72,000 kilogrammes à 48 fr. les ASOODIRMRIAQUNT, GORNENLA DE 7 SC 206 À. Blé, 3,000 kil. à 20 fr. les 400 kil. ; , . . 600 Paille, 7,500 kil. à 24 fr.les 500 kil. , . . 360 Trèfle ou l'équivalent en fourrages, 16,000 kil, à 35 fr. les. 500 kil. ..... .,, 51,2 4,190 HOTR Rs: ‘0 10 cos: 1 05 D 70e Nous ayons la confiance que l’agriculture est appelée à devenir une science rigoureuse quant à |a matière :depro- duction. Un travail, présentant. des garanties si nouvelles aux grands intérêts engagés dans la production.des subsis- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 191 tances et des articles de prémière nécessité, nous assure à l’avance que les cultivateurs verront, dans là persévérance que nous mettons.à hâter! un progrès dont les avantages sont incaleulables, une-raison! de décider: par la voie du fait des. questions qui se présentent avec l'autorité de l'analyse, de l'expérience directe, et qui sont déduites des pratiques-agricoles -de plusieurs loéalités et: de plusieurs pays. M. Ch, Gomart combat l'opinion de M.-de Sussex en ce quelle tend à nerplacer le fumier par des substances ch1- miques! appropriées.à la nutrition des plautes. Le fumier est et.sera toujours le premier .et le plus sûr des engrais. Mais, en. admettant, ce fait, prouvé par l'expérience, le fumier n'est-il. pas lui-même susceptible d’une amélioration, et rend-il toujours.et dans toute circonstance les-emprunts faits. à la terre? Il.ne.le croit pas. Il:cite l'exemple de terres parfaitement cultivées et bien assolées, bien engraissées de - fumier et-dans lesquelles cependant certaines récoltes ten - dent à diminuer: Il:estime que!ce fait tient à ce que le fumier-employé ne contient pas-en quantité suffisante cer- tains éléments réparateurs que demandent la terre, la nu- trition des plantes. L’humusde laterre arable est augmenté, mais la terre a subi-une perte de matières organiques. Aussi, tout en maintenant l'emploi des fumiers comme le premier, comme le plus sûr des engrais dans tous les cas, il pense cependant.que l'emploi de certaines Substances ajoutées au fumier le mettraient à même de,rendre à la terre tous Les SERpERAAS que: lui font annuellement les ‘vé- gétaux. Il demande. que. Moss de fumiers additionnés de cer- taines substances reconnues nécessaires à l'alimentation 192 | INSTITUT DES PROVINCES DÉ FRANCE. des végétaux, soit recommandé à ge spip des sociétés agricoles. vas M. de Morissure appuie cette assé des äl te aussi le fumier comme première base ‘de l'engraïs ‘auquel ôn ajouterait les substances nécessaires pour'arrivér aux cul tures spéciales, mais il demande qué M; de Sussex fasse un manuel, un traité élémentaire pour recommander aux Sociétés ces expériences pratiques et les guider dans les essais à faire. M. de Sussex offre de donner les équivalents de 11 à 12 récoltes ; de déterminer quelles sont les sübstances qu'il conviendrait d'ajouter au fumier pour les diverses plantes à cultiver ; enfin de faire connaître commenñt on peüt se pro- cuürer les substances em résidu. Où pourrait ajouter des ob _servations sur les diverses catégories d’améndemen® par les compost et sur la manière la plus économique de sé les procurer. Mais il désire La un tem bre” Fate soit adjoint pour ce travail. Feel ji | Le Congrès a aérepié avec empréssement Cette offre de M. de Sussex, et elle a désigné M: Gomart pour être adjoint à M. de Sussex dans là confection dé ce traite élémentaire. La commission does abat 29 181q 1°. D'émettre le vœu qué les Sociétés savantes et d’agri- culture soient invitées à faire des éssais variés et réguliers sur l’action des bases et des sels’ dans Tes cultures ordi naires et dans les cultures re du lin, du colza, et de la betterave, etc. 20, Que ces essais soient faits én ajoutant au fumier de ferme les substances dont le traité élémentaire donriéra l'indication et qui seront proposéés comme matières com - plémentaires du fumier lui-même. CONGRES DES ACADÉMIES. 193 Les conclusions de ce rapport mises aux voix par M. le Président sont adoptées. M. de Mellet, président de la section pr rend compte des travaux de cette section. Les conclusions du rapport de M. Duchatellier qui demande que les études orientales prennent désormais un rang sérieux dans nos programmes, mises aux voix par M: lePrésident, sont adoptées. M. Liais (Emmanuel) lit un mémoire sur l’électro-moteur , appliqué à la mécanique, aux chemins de fer, à la marine, et sur une horloge électro-magnétique à force régulatrice constante. Il donne des détails sur un bolide observé à Cherbourg , le 18 novembre dernier, et sur les conséquences qui résul- teraient de l'observation simultanée et suivie de deux points différents. RAPPORT DE M. LIAIS, MESSIEURS ] Je vais ajouter quelques considérations à celles que M. Th. Du Moncel a déjà développées hier devant vous. La force coércitive du fer est l’une des causes qui onf jusqu’à présent arrêté l'application en grand de l'électricité comme force. Une expérience très-simple, guidée d’ailleurs par la théorie, m’a fait voir qu'on peut, à l’aide d'un cou- rant inverse, annuler l'effet de cette force coërcitive ; mais, pour réussir, il faut que ce courant inverse soit d’une durée insensible. Cette condition est facile à réaliser dans les machines. On a dit souvent et on a imprimé que l'électricité pour- rait être substituée avec avantage aux petites machines à vapeur, mais qu'on ne devait pas prétendre la substituer à 9 194 INSTITUT. DES PROVINOES DE FRANCE. la vapeur pour la production des grandes forces. Dans un mémoire du mois de novembre, mais quisn’a été publié que ces jours derniers, je réfute cette opinion et jé fais voir que si, jusqu’à présent, les causes qui affaiblissent la puis- sance des électro-moteurs paraissent croître avec leur force dans un rapport beaucoup plus grand que cette force, cela provient uniquement de l'emploi dans le mécanisme, soit de balanciers pesants , soit de grandes pièces oscillantes. L'électro-moteur n’est pas, en effet, dans les conditions de la vapeur; il n’est pas possible de donner aux, oscillations une étendue aussi longue que la course du piston de cette dernière machine. On ne doit donc pas copier dans l’électro- moteur la disposition de la machine à vapeur lorsqu'on veut lui donner une grande force, et c’est pourtant ce que l'on a fait jusqu'ici, excepté dans les machines à mouvement de rotation direct, qui, d’ailleurs , n’utilisent qu'une faible portion de la force développée. C’est en copiant la machine à vapeur seulement que l’on peut dire que l’électro-moteur _n’est applicable qu’aux petites forces. En faisant disparaître les grandes pièces oscillantes, qui occasionnent une perte de force vive considérable et dont le rapport avee,la force totale croît très-rapidement avec la puissance que l’on veut donner à la machine ; en disposant les grands électro- moteurs de manière qu’ils ne soient, pour ainsi dire, que la somme d’un grand nombre de petits électro-moteurs , le rapport des forces perdues à la force totale restera constant, quelle que soit la puissance de la machine, et l'électricité offrira dans les grandes machines les avantages qu’elle présente dans les petites. J'ai donc cherché un mécanisme réalisant la condition précédente, et je l'ai trouvé, en composant l’électro-moteur d'une série de roues à rochet assujetties à tourner ensemble sur le même axe, et dis. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 196 posées dé manière que le milieu des dents d’une. roue corresponde à l'extrémité de celles dé la roue précédente, dans la direction de l’axe. Un bâti fixe porte les électro aimants disposés en plusieurs rangées dans les intervalles de ces roues , ‘et les lames de fer doux qui oscillent entre Jles électro-aimants agissent ‘directement au moyen. de cliquets sur les deux roues les plus voisines. En disposant ces lames de manière que leurs ostillations soient dans des phases différentes , la somme ‘des impulsions est toujours constante et les régulateurs deviennent inutiles. Je ne vais pas m'étendre davantage sur cé mécanisme , décrit en détail dans mon mémoire. Je dirai seulement qu'il permet aussi bien la construction d'une machine de mille chevaux que celle d’une machine d'un cheval. Le résultat de mes premières expériences et de mes calculs a été que la dépense ne serait guère, au point de vue pécuniaire, que celle d’une machine à vapeur; mais elle serait 14à 15 fois moins forte, au point de vue du poids de matière dé- pensée. La frégate à vapeur qui embarque ‘700 tonneaux de charbon pour la traversée d'Amérique , n’aurait plus besoin que de 50 tonneaux de matière, et au lieu de 300 tonneaux de marchandise , elle ‘en ‘porterait 900: On voit donc que, dans ce cas, il y aurait avantage à employer l'électricité, même quand elle dépenserait en argent le double de ce que dépense la vapeur. Un voyage de plu- sieurs mois sans relâcher, qui est impossible à un navire à vapeur, deviendrait possible, et enfin, on pourra faire marcher les bâtiments de guerre au moyen de l'électricité , tandis qu'avec la vapeur on ne peut parvenir à des résultats bien avantageux. | Je viens de parler des avantages des électro-moteurs appliqués à la marine. Pour les chemins de fer et l'in- 196 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. dustrie, on trouverait également de grands avantages sur lesquels je ne m'étendrai pas , les ayant développés dans mon mémoire. -M. Du Moncel a décrit, à la séance d'hier, une horloge électrique construite par M. Brisebarre, dans laquelle une lame de fer doux, par sa chute, entretient le mouvement du balancier. Sans connaitre l’horloge de M. Brisebarre, j'ai construit, dans le même temps que lui, une horloge électro-magnétique fondée sur le même principe, mais dont les dispositions sont différentes. A cette horloge, j'ai ajouté de plus que M. Brisebarre, une lame intermédiaire entre la lame de fer doux et le balancier, et au moyen de la- quelle j'ai pu rendre la marche de l'horloge indépendante de la force coëércitive du fer. La même addition m'a permis de la rendre également indépendante des variations que l'usure par l'électricité et les variations de la température introduisent dans les instants de rupture et de rétablisse- ment du courant. Enfin, la lame qui agit sur le balancier est, comme lui, compensée des effets de la température. Par là, j'ai rendu la force qui agit sur le balancier rigou- reusement constante, de sorte que mon appareil est sus- ceptible d’une précision au moins égale à celle de la meil- leure horloge astronomique. Il est d’ailleurs disposé de manière à pouvoir distribuer l'heure dans tous les quartiers d'une ville. A l’aide de quelques modifications, je puis le transformer en un chronomètre électro-magnétique, plus précis que les montres marines et pouvant être employé sur les navires. Parmi les questions scientifiques du domaine de la mé- téorologie , l’une des plus curieuses est celle des bolides et étoiles filantes. Le Congrès l'a bien senti l’année der- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 197 nière , lorsqu'il a recommandé à l'attention du Gouverne- ment les travaux de M. Coulvier-Gravier. Une observation que le hasard m'a fait faire, me paraît devoir répandre quelque clarté sur cette question. Je vais vous la commu- | niquer le plus succinctement qu'il me sera possible. Le 18 novembre dernier, un brillant bolide de plusieurs minutes de diamètre a paru à Cherbourg, à 6 heures 31 minutes du soir. J'ai observé avec soin la direction de sa trajectoire apparente et la durée de son apparition. Quelques jours après , J'appris par mon beau-frère que le garde de sa terre duBoïs lui avait parlé de ce météore. Au lieu des’abaisser vers l'horizon, comme je l’avais vu, le bolide s'élevait et avait disparu derrière le pignon d’une grange, très-près du faite. Je questionnai le garde sur les lieux, il m'indiqua la position qu'il occupait et le point derrière lequel le bolide avait disparu, point dont je déterminai la hauteur qui était de 17°, et dirigée dans le S.-E. 2 à 3 degrés S. Le bolide qui, depuis l’instant de l'apparition dans l'E, 10° S. environ, avait été sans cesse en s’élevant, courait alors parallèlement à l'horizon, tendant plutôt à descendre qu’à monter. Il résulte de là que la trajectoire réelle était com- prise dans un plan incliné de 17° à l'horizon, et dont la trace horizontale était dirigée du N.-E. au S.-0. Le bois étant à 6250 mètres dans le S., 23 E. de la position que j'occupais , et à 126 mètres de hauteur au-dessus, ce plan rencontre celui qui était mené du point que j'occupais par le point où j'ai vu paraître le bolide (42° 25! ascension droite, et 0° 37 déclinaison boréale), et celui où je l’ai vu disparaitre (16° 18’ ascension droite, et 23° 15 déclinaison australe), suivant une ligne droite inclinée à l'horizon de 13° 40° et dont la projection horizontale est dirigée dans l'E., 7° 56° S., le point de rencontre de cette ligne avec la 198 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. surface, terrestre étant à 7650 mètres S. de ma position. Cette direction de la trajectoire rend d’ailleurs très-bien compie des apparences qu'a présentées le bolide sur divers points de l’arrondissement. Ainsi, tandis qu'à. Cherbourg le bolide s'abaissait vers la terre. en se dirigeant vers le S.-E., aux environs de Bricquebec, aucontraire ; au Sud de la trajectoire , le. bolide qui avait paru dans l'E. s’abais- sait également, mais en se dirigeant vers le N.-E.; à peu de distance de l'église de Teurtheville-Hague, très-près de laquelle passe la projection horizontale prolongée de cette trajectoire , le bolide. a paru à une dixaine de. degrés. de hauteur, s'abaissant presque verticalement et très-lentement. Sur aucun, point je n'ai pu recueillir de, renseignements précis sur la durée de l'apparition. Pour fixer la vitesse du bolide , il n'existe donc que mon observation , dont voici les, détails. | La durée de l'oppariion a été de sept oc des et dermie. Le boïide a parcouru environ la, moitié de: sa trajectoire apparente dans les trois premières secondes , pendant les- quelles le mouvement angulaire était sensiblément constant, cependant plutôt moindre pendant là première. D'après mes souvenirs, j'évalue ce mouvement pendant la première seconde aux 2. de ce qu'il aurait été s’il y avait eu uni- formité. À partir de la! moitié. de la trajectoire ; le: mouve- ment. angulaire s’est ralenti , d’abord lentement, mais à la fin. il était compris entre la moitié et le tiers de ce qu’il était pendant la première moitié de la trajectoire. Le dia: mètre apparent du bolide ne peut être évalué à moins de 5 minutes. Ce diamètre diminuait vers la fin dela trajec- toire , le bolide était aussi moins brillant et répandait moins de clarté. Pendant toute la durée de l'apparition, le bolide très-blanc a été suivi d’une traînée rouge! étroite, de 40 CONGRÈS DES ACADÉMIES, 199 minutes environ de longueur et légèrement conique, la base du cône dirigée vers le météore. Le bolide à disparu pour moi derrière une maison. C’est la clarté qu'iljetait sur le sol qui m'a fait lever les yeux ; j'évalue à deux secondes le temps compris entre l'instant où j'ai commencé à voir cette: clarté et celui où j'ai aperçu le bolide. Je n’ai pas entendu de bruit; au Bois, quoique plus près de la trajec- toire, on n’en a pas entendu non plus. Cependant il paraît que plus près encore de la trajectoire, vers la limite de Tourlaville et de Brix, ur ouvrier de Tollevast qui revenait d’un travail éloigné, a entendu un faible sifflement. Le garde du Bois a vu paraître le bolide sur le ciel instanta- nément avec tout son éclat. La traînée rouge lui présentait à peu ‘près le même aspect qu'à moi, mais il voyait un long sillon blanchâtre dans la direction qu'avait suivie le bolide. JUS Della position de la trajectoire réelle et des points d’ap- parition et de disparition, il résulte que le bolide a par- couru 35400 mètres pendant que je l'ai aperçu, dont 28300 mètres pendant lès trois premières secondes. Au moment de l'apparition il était à 10050 mètres d’élévation, et au moment de sa disparition à 1675 mètres. Les grandes variations, que le bolide a présentées dans sa vitesse, ré- Sultent de la résistance de l'air. Cependant, si on calcule son diamètre réel d'après son diamètré apparent, on voié qu'il: était au moins de 40 à 50 mètres au moment de Vapparition ; et la résistance de l'air sur un corps de ce volume ne peut pas changer beaucoup sa vitesse en si peu de temps. Mais il faut remarquer que , vers la fin de sa trajectoire, le diamètre apparent du bolide, qui était alors environ cinq fois plus près, était plus petit, de sorte que ‘le diamètre réel n'aurait été alors que de 5 à 6 mètres. 200 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. D'après la direction de sa trajectoire, le bolide du 18 no- vembre est tombé à Tollevast , et, de plus, jusqu'à présent, il ne paraît pas qu'il ait été trouvé. Cela prouve donc que son diamètre réel est beaucoup plus petit que cette dernière détermination de 5 à 6 mètres. On ne peut donc calculer le diamètre réel du bolide d’après son diamètre apparent, qui varie et paraît amplifié ; ainsi, le coefficient de la re- sistance de l'air ne pourra se calculer que d’après les varia- tions du mouvement angulaire du bolide dans l’atmo- sphère. Cette résistance Sur un corps est proportionnelle au carré de la vitesse de ce corps multiplié par la densité de l'air et par un coefficient constant qui dépend de la densité, du volume et de la forme du corps en mouvement. Mais, en cherchant à déterminer le coefficient constant de manière à rendre compte de toutes les variations observées de vitesse angulaire du bolide , on n’y peut parvenir, ce qui prouve que ce coefficient varie, et que, par conséquent, le dia- mètre réel diminue de même que le diamètre apparent dans l’atmosphère. Ce curieux résultat prouve que le bolide se consumait dans l’atmosphère, fait qui s'accorde parfaite- ment avec l'existence des. traînées. C’est à cela sans doute qu’il faut aussi attribuer l’amplification du diamètre appa- rent, L’air comprimé en avant du bolide et fortement échauffé s'échappe latéralement, entrainant au loin les particules incandescentes qui se détachent de sa surface; ces parti- cules rentrent ensuite dans le vide laissé par le bolide derrière lui ; de là résulte l’apparence d’un globe d'autant plus grand que la vitesse est plus grande. Les plus grosses de ces particules restent rouges un instant et constituent Ja queue. Quant à la traînée blanchâtre restant sur la trace du bolide et vue au Bois, elle provient sans doute des CONGRÈS DES ACADÉMIES. 20I poussières laissées ainsi sur sa route par le bolide et éclai- rées par lui. Si je n'ai pas remarqué cette traînée , c'est sans doute parce que j'étais plus loin de la trajectoire. Si l’on considère que les directions du mouvement à l'entrée dans la sphère d'attraction terrestre, qui doivent faire couper la surface du sol à la trajectoire, sont beaucoup plus nom- breuses que celles qui peuvent seulement la faire passer à la limite de l'atmosphère, on est étonné. que le nombre des chutes d’aérolithes constatées soit aussi faible relativement au nombre prodigieux d'étoiles filantes ; maïs la diminution du diamètre dans l’atmosphère explique ce phénomène, en faisant voir qu’elles peuvent se réduire en poussière lorsque leur diamètre primitif est petit, J'ai donc dû chercher des formules pour calculer la ré- sistance de l’air sur un corps dont le diamètre varie, en donnant aux coefficients arbitraires de ces formules des valeurs au moyen desquelles Ja variation du mouvement angulaire du bolide considéré soit parfaitement représentée. J'ai trouvé qu’au moment où je l'ai aperçu, sa vitesse était de 13350 mètres par seconde, et que le produit de son rayon, par sa densité, égalait 9%, 174, en faisant, comme Lombart, le coefficient constant de la résistance égal à 35 La densité des aérolithes étant à peu près moyenne- ment 3, le rayon du bolide était alors d'environ 3 mètres, et 11 tendait vers la valeur 16 centimètres, dont il était très- près au, moment où J'ai cessé de le voir. L’'inflammation ayant eu lieu 2 secondes avant que je ne l’aperçoive, j'en ai déduit qu’il avait en cet instant une vitesse de 15939 mètres et un rayon de 5 mètres 28 cent. Il était alors à 17000 mètres d’élévation au-dessus de la mer, près des rochers du Calvados, dans le N.-E. de Bayeux. :A partir de ce point, le diamètre restant constant, la résistance de 202 INSTITUT DÉS PROVINCES DE FRANCE. l'air atété calculée d’après les formules ordinaires jusqu’à ce que le bolide soit arrivé à 40600 mètres d’élévation , ce qui avait lieu 6 secondes avant son inflammation. A cette hauteur, cette résistance devenait insensible, de sorte que j'ai considéré ce point comme celui d'entrée dans l’atmo- sphère. Ses coordonnées sont 499 21’ 30” de latitude bo- réale et 1° 40’ 30” de longitude occidentale. 11 était alors à Paris 6 heures 47 minutes. La vitesse était de 16900 mètres , mais elle était rapportée à la surface ter— restre animée d'un mouvement en grande partie contraire à celui du bolide. La vitesse par rapport au centre de la terre était donc seulement de 16450 mètres, et la trajectoire était inclinée de 14° 38° à l'horizon du point d'entrée dans l'atmosphère, ét la projection horizontale de cette trajectoire venait dé l'E. 9° 55° S. De là, on déduit que le bolide décrivait autour dé la terre une hyperbole dont voici les éléments : demi grand axe, 0,424409 [le rayon terrestre étant pris pour unité); —excentricité, 3,271675 ; — dis- tance périgée, 0,964106 ; — longitude du nœud ascendant, 43° 47 57”; — inclinaison de l'orbite à l’écliptique, 65° 31’ 2”; — longitude du périgée comptée sur le plan de l'orbite dans le sens du mouvement du bolide à partir du nœud ascendant, 79° 35° 29” = passage au périgée, le 18 novembre 1851, à 6 heures 49 minutes (temps moyeu as- tronomique de Paris };-— sens du mouvement, rétrograde. De là, j'ai déduit que le bolide était entré dans la sphère d’attraction terrestre le 17 novembre à 12 heures 22 minutes (temps de Paris), et j'ai trouvé qu’il décrivait autour du soleil, avant d'entrer dans la sphère d’attraction terrestre, une ellipse dont voici les éléments : demi-grand axe, 1,182312 ; — durée de la révolution, 469 jours 5653 ; —- excentricité, 0,368368 , — distance périhélie, 0,746786 ; — CONGRÈS: DES ACADÉMIES. 203 inclinaison de l'orbite, 9° 25 5°”; — longitude du nœud ascendant, 55° 51’; distance du périhélie au nœud as- cendant, 84° 39° 34” :-sens du mouvement , direct. — Le passage au périhélie aurait eu lieu le 15 janvier 1852 à 11 heures 39 minutes 40 secondes (temps moyen du 1%. méridien }. SARA KR Je n’airélaté ce qui précède et qui résulte de la concor- dance fortuite de deux observations, que pour faire mieux apprécier les résultats auxquels on parviendrait si l’on faisait simultanément, de deux points convenablement éloi- gnés, une série régulière d'observations sur les bolides. On parviendrait alors certainement, en peu d'années, à savoir exactement ce que sont ces Curieux météores. Mais il faut pour cela que les sociétés savantes appellent l'at- tention du gouvernement sur cette question. Une conséquence des observations du bolide du 18 no- vembre . c’est qu’il ne suffit pas de fixer sur le ciel les points d'apparition et de disparition et d'évaluer la durée de l'apparition, pour pouvoir calculer un bolide ; il faut de plus remarquer les variations de son mouvement angu- laire, afin d’avoir une base pour calculer la résistance qu’il éprouvait de la part de l'air. Sans doute, cette observation est souvent très-difficile; mais les grands progrès que l’on a faits dans la. photographie instantanée permettent non seulement d'évaluer-ces variations, mais même de les me surer. En effet, si l'on a deux daguerréotypes voisins, disposés de manière à s'ouvrir simultanément en une petite fraction de seconde; si, dans l’un de ces daguerréotypes , la plaque est fixe , et si, dans l'autre, elle est animée d’un mouvement de rotation régulier et connu, il est clair qu'un bolide passant dans le champ de ces daguerréotypes tracera sur les deux plaques des lignes différentes, dont la com- 204 INSTITUT DÉS PROVINCES DE FRANCE. paraison permettra aisément de trouver le temps que le bolide a employé à parcourir telle portion de sa trajectoire, et, par conséquent , de connaître sa vitesse angulaire à di xers instants. De plus, la plaque fixe ayant été orientée avec soin dans une direction connue, on pourra déduire de Ja direction de la trace laissée sur elle par le météore, la position d’un plan mené du centre optique de l'objectif par la trajectoire apparente du bolide. Avec un seul daguerréo- type, on n’embrasserait qu’une portion fort restreinte du ciel, mais en en employant plusieurs, pointés fixement dans diverses directions, on pourra embrasser une grande partie du ciel autour du zénith. Si l’on avait ainsi une série de daguerréotypes à deux stations différentes conve- nablement éloignées ; si tous ces daguerréotypes pouvaient être ouverts en une fraction de seconde au moyen d’un courant électrique qu'un observateur établirait par une pression du doigt sur un ressort lorsqu'il verrait un bolide, condition mécanique facile à réaliser de diverses manières, il est évident que l’on aurait ainsi tous les éléments néces- saires pour calculer complètement les bolides qui pas- seraient dans la région atmosphérique comprise à la fois dans le champ de l’ensemble des daguerréotypes des deux stations. Cette région pourrait d’ailleurs être très-vaste, en n'éloignant pas trop les stations et en employant plu- sieurs daguerréotypes à chacune d'elles. M. de Caumont propose, sur les conclusions de la com- mission d'archéologie, de décerner à M. E. Woillez une médaille pour sa carte monumentale du département de l'Oise, qui a coûté à son auteur dix-huit années de labo- rieuses recherches. Cette proposition est votée à l’unauimité. CONGRÉS DES ACADÉMIES. 205 M. le comte d'Héricourt lit le rapport suivant au nom d'une commission spéciale à qui avait été renvoyée la question suivante : « Quelle part les Sociétés savantes « des départements doivent-elles prendre dans les recher- « ches et les explorations qui permettront l'achèvement de « la géographie ancienne de la Gaule? Comment le travail « doit-il être conduit et distribué entre les explorateurs? » RAPPORT DE M. D'HÉRICOURT, Messreurs , Vous avez renvoyé à l'examen d’une commission spéciale la recherche des moyens les plus profitables qui devraient être employés pour arriver à l'étude complète de la géo- graphie ancienne des Gaules ; cette question était trop im- portante pour ne pas fixer votre attention. Décrire notre beau territoire avant la conquête romaine, étudier l'importance de contrées qui devenaient le imarche-pied de ce trône du haut duquel l'on commandait à l’univers : voici des problêmes dont la solution doit intéresser au plus haut point l’antiquaire et assurer à ses veilles savantes un incontestable succès. Aussi n'est-ce point d'hier que datent les investigations d'Anville; Sanson et tant d’autres, dont il serait trop long de citer les travaux, en ont fait, dès le siècle dernier, l’objet de leurs recher- ches. M. le baron de Walkenaer, profitant du sillon qu'ils avaient déjà tracé, y a recueilli une utile moisson. Maïs ce n’est point du centre des bibliothèques, ni dans le silence du cabinet qu'on peut rétablir les itinéraires, ni décrire les travaux du peuple roi. Pour retrouver les chemins ; 206 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ces immenses artères qui reliaient Rome aux extrémités du monde connu, Extremique hominum Morini, comme le disait le poète latin ; il faut suivre les voies qu'il a parcourues , et laisser sur leur chaussée l'empreinte du pas de l’antiquaire. C'est donc, ici encore, la province seule qui peut glaner les épis dont se compose la gerbe de la science, suivre les réseaux qui formaient ce magni- fique ensemble de communications. : Dès le début, on le voit, nous recommandons l'étude des chaussées romaines ; c'est que. voyageur, transporté dans des contrées presqu'inconnues, il faut d’abord s’orien- ter, et quel moyen plus sûr d'arriver à ce but que d'étudier les chemins; c'est en les suivant que nous arriverons à ces importantes cités déjà florissantes à cette époque. < Non sine sagis Atrebaticis tuta est respublica, » s’écriait l'empereur Gallien à la nouvelle d’une défaite, à ces oppida dont les fortifications défendues avec ce courage de quiconque combat pour la liberté de,ses foyers surent retarder la marche de César, et les chaussées s’arrêteront à ces inexpugnables, forêts de la Belgique contre lesquelles vinrent se briser les légions habituées à la victoire. Contre ces chemins, sur leurs accotements , comme dirait un ingénieur moderne, nous retrouverons les tombeaux des chefs, les autels aux dieux protecteurs , les camps, man- siones ou stativa, où séjournèrent les vainqueurs d’un: pays qu’ils pouvaient dominer, mais non dompter. Ce sont donc les chaussées romaines qui doivent, dès le principe, fixer spécialement l'attention des sociétés savantes ; et, ici encore, les recommandations des congrès ont été devancées par le zèle de nos-antiquaires de province. Depuis l'Algérie, cette CONGRÈS DES : ACADÉMIES,. 207 terre nouvellement, française, où nous signalerons déjà le travail de M. le colonel Carbuccia sur les voies de la sub- division de Batra,.et celui plus ancien, mais non moins intéressant. de.M..le chef de bataillon Caussade ; sur les traces de: l'occupation romaïne dans la province d'Alger, jusqu’à ces grandes artères qui mettaient en communication Rome et la Grande-Bretagne , nous trouverons des études sérieuses, de louables efforts, d’utiles travaux. Le premier auteur que nous devons citer, non par ordre de date, mais par l’incontestable mérite de ses recherches, est M. Bizeul de Blain. Sans autres ressources que son infatigable dé- vouement à la science, sans appui et sans conseil, äl à dressé. l'itinéraire de l’une de nos plus importantes pro- vinces de la Bretagne ; il a pratiqué des recherches sem- blables dans les contrées voisines, et prolongé ainsi les voies. qu'il avait retrouvées au-delà des limités que l’on pouvait fixer à son zèle ét à:ses efforts, Ce n’est pas dans les livres que notre savant collègue à étudié les voies romaines ; sans doute il n’a point négligé les importants travaux de ses devanciers, ces antiquaires du siècle passé, qui, nouveaux Archimèdes, poursuivaient la solution de scientifiques problèmes tandis que l’ordre social s’ébranlait; mais, la table Théodosienne à la main, il à parcouru toutes les voies qu'il a décrites et fouillé le sol partout où un doute l’arrêtait. À côté de M. Bizeul, et peut-être à son exemple, les voies romaines étaient étudiées dans d’autres parties de notre territoire. Lyon , la métropole des Gaules, fournis- sait à M. de Boissieu un recueil des inscriptions de Lyon où l’on peut puiser d’utiles renseignements sur le sujet qui nous occupe, et M. l'abbé Roux , dans ses recherches sur le Forum Segusianorum et l'origine gallo-romaine de Feurs, 208 INSTITOT DÉS PROVINCES DE FRANCR. y rentrait plus spécialement encore en étudiant les voies romaines qui rayonnaient autour de cette ville. Ne quittons pas cette partie de la France sans rappeler la savante his- toire de Sisteron par M. de Laplane, dont le fils représente auprès de nous une laborieuse société du Nord , tant il est vrai de dire que science comme noblesse oblige. L'histoire de Sisteron contient dans ses premières pages un excellent travail sur les grands chemins des Romains dans cette partie qu’il fallait franchir pour arriver à la riche Provence. L'Institut de France proclame le mémoire du docteur Long sur les antiquités des Vascons comme l’un des plus savants qu’il ait couronnés. Si nous côtoyons le littoral, nous dirigeant vers les cimes élevées des Pyrénées, nous pourrons suivre les voies décrites par M. Rouart, le savant conservateur de la bibliothèque Méjanne à Aix. Dans son discours sur l’im- portance de l’épigraphie, et de l’épigraphie locale en par- ticulier, M. Rouart relève les inscriptions des bornes mil- liaires des environs de la ville d'Aix; citer cette cité, c'est rappeler son importance,et ajouter que le travail est complet, c'est en constater la valeur. Les inscriptions géographiques du musée de Nîmes, de la ville aux arènes, ont fourni à M. le capitaine Colson et à M. Gergner-Durand l’occasion de produire une œuvre durable. Le pays des Vascons n’est pas encore complètement exploré, mais les savantes dis- sertations contenues dans le compte-rendu de la Gironde sont de précieux jalons qui guideront les futurs antiquaires. Nous avons presque rejoint la station de Blain et M. Bizeul nous serait un excellent guide ; mais n'oublions pas le but de ce rapport, et, revenant sur nos pas, hâtons-nous de parcourir l'Est de la France. Qu'il soit permis aux biblio- philes de prendre un moment de repos, et, sans quitter CONGRÈS DES ACADÉMIES. 209 la chaussée romaine, de parcourir l'ouvrage de M. Pasumot, intitulé : Dissertations et mémoires sur différents sujets d'an- tiquités. Cet ouvrage est rare, et nous le regrettons, car il contient pour le sujet qui nous occupe deux excellents traités ; mais employons le tracé dont s'est servi l’anti- quaire, l’un sur les voies romaines de la ville d'Auxerre, et l’autre sur celles des environs de Clermont-Ferrand. Ces dissertations de M. Pasumot, qui ont d’abord paru à part, ont été plus tard réunies en volume par les soins de M. Grevand. Mais suivons nos chaussées et recherchant les traces sanglantes des légions de Varus, nous arriverons sur les bords du Rhin. Plus heureux que lui, nous n'avons pas à le franchir et nous aurons à signaler plus d'une. victoire remportée sur l'ignorance. L’Archéologie de la Lorraine, de M. Beaulieu, est, comme on le sait, plus spécialement consacrée aux antiquités romaines. Durocor- turum , pardon, nous voulions citer les mémoires de l’Aca- démie de Metz, qui contiennent une savante étude de M. le colonel Uhrich , sur les voies romaines des environs de Phalsbourg : ce nom ne se recommande pas seulement aux antiquaires. La station d'Andesina ou d’Indesina a fourni deux savantes dissertations à MM. de Beaulieu et Digot de Nancy ; un fragment de la carte Théodosienne est jointe à ce dernier mémoire. Les Senones habitants de l'Yonne, grâce au zèle de M. Petit, pourront bientôt étudier la période romaine, et re- connaître d’une manière certaine le passage de ses premiers vainqueurs, L'Artois a déjà publié son itinéraire ; une se- conde édition de cette carte, revue avec le plus grand soin, doit prochainement paraître. Si la Picardie n’a pas encore suivi cet exemple, c'est que nos confrères de la Somme apportent dans l'exécution de leur itinéraire ce soin patient, 210 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ces profondes investigations qui font le mérite de leurs travaux. Prenant pour guide la carte de Cassini, ils ont activé le zèle de leurs correspondants ; provoqué des fouilles ou des mémoires, en un mot, se sont entourés des précautions et les plus sages et les plus défiantes. Une commission centrale est chargée de coordonner les recher- ches, d'en provoquer de nouvelles lorsqu'un doute se manifeste , et de se rendre partout où besoin en est pour étudier les voies romaines. Quelquefois ces démarches sont inutiles. C'est ainsi que M. Grave a fait pour le Beauvaisis un travail que nous ne saurions trop recommander aux personnes qui s'occupent de semblables études. Imitons donc la Société des antiquaires d'Amiens, de cette ville qui s’honore d’avoir produit Ducange, de cette ville qur a fait pour ses antiquités romaines ce que ce savant antiquaire a fait pour l'étude du moyen-âge. Sociétés des départements, dont on apprécie maintenant le dévouement à la science, la sincérité des recherches , les patientes investigations , étudiez les origines romaines , soulevez les voiles qui obs- curcissent encore l'origine de nos annales. Nous avons cité de nombreux mémoires publiés sur les antiquités romaines par les antiquaires de nos provinces, cette liste est loin d’être complète; nous avions moins le projet de faire de l’érudition , que de prouver que cette question a fixé l'attention sur presque tous les points de notre beau pays: Nous devons cependant citer encore les persévérants efforts de MM. les abbés Cochet, Lacurie et Voisin. Ces ecclésiastiques aussi savants que modestes ont étudié les voies de la Normandie, du Maïne, ainsi que celles du territoire qui forme aujourd’hui les départements de la Charente et Charente-Inférieure. Mentionnons ainsi M. Léon Renier, correspondant actif de plusieurs so- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 21 \ ciétés savantes du Nord de la France. Nous n'avons pas à parler ici ni de ses excursions au pied de l’Aurès et à Lambresse, ni des 1,600 inscriptions qu’il en a rap- portées ; mais nous ne pouvons passer sous silence l'inté— ressant travail qu'il a publié dans l'Annuaire de la Société des antiquaires de France de 1850. Il à reproduit dans un format commode les itinéraires romaïns de la Gaule, c’est- à-dire la table Théodosienne , l’itinéraire d'Antonin et celui de Bordeaux à Jérusalem ; il ÿ a joint les variantes des manuscrits , des tables de concordance et des notes aussi nombreuses que savantes. Pour ne parler que de la table Théodosienne, il a fait exécuter un fac-simile réduit de la partie supérieure des deux premiers segments de celle publiée à Leipsik en 1824 par les soins de l’Académie de Munich ; et, pour faciliter les recherches locales , il a obtenu de la Société des antiquaires que cette carte serait livrée à un prix réduit, pour ne pas dire minime, aux personnes qui en feraient là demande. Un de nos collègues a exposé à l’une des dernières séances qu'une de nos sociètés savantes les plus actives avait déjà profité de la facilité qui lui était offerte, Mais, dira-t-on, trouverez-vous dans les provinces des hommes aussi dévoués que MM. Bizeul, Petit, Grave, etc., qui consentent à parcourir les voies romaines , à s’ar- rêter, pour ainsi dire, à chaque pierre, et, parmi nos aca- démiciéns, combien n’en auraient pas le loisir? Nous avons une sincère reconnaissance pour les services que les sa- vants dont nous venons de rappeler les noms ont rendu à la science, mais la tâche nous paraît s'être simplifiée à cause même de leurs travaux. Que nos académies donnent un noble élan, qu’elles provoquent des recherches sérieuses, soit en activant le zèle de leurs correspondants, soit en 212 INSTITUT DES: PROVINCES DE FRANCE. | proposant des récompenses aux meilleurs mémoires , et | cet appel sera entendu. Le culte de l'antiquité n’est plus | aussi restreint qu'on le croit, et nos provinces comptent de | nombreux adeptes. Il. sera entendu, cet appel, de ces savants et modestes curés de campagne, qui vous signale- ront les découvertes intéressantes faites dans leurs pa- roisses, et l'autorité épiscopale ne fera nulle difficulté de le leur recommander; ici encore le passé nous répond de l'avenir. En outre, les préfets s’empresseront sans doute de donner les mêmes recommandations à leurs agents- voyers. On ne saurait trop recommander cette mesure déjà expérimentée dans le Pas-de-Calais. Ces laborieux inspec- teurs des chemins sont sans cesse en rapport avec les can- tonniers, rien n'échappe à leur surveillance ; lorsqu'ils le veulent , ils peuvent, par de simples indications, faciliter les recherches des antiquaires. Ce rapport est déjà bien long; nous ne pouvons cependant le terminer sans engager les sociétés savantes à accepter un modèle uniforme , et la commission dont j'ai l'honneur d’être le rapporteur a été unanime à proposer l'emploi des cartes de Cassini, Sans doute celles dressées par les offi- ciers de l'état-major sous la savante direction du général Petit sont plus complètes pour le sujet qui nous occupe, mais moins pour quelques provinces; cet important travail n’est pas terminé, et il ne le sera probablement que dans une dixaine d'années. En outre , ces cartes plus chargées de détails seraient d’un usage moins facile que celles de l'ingénieur du XVIII. siècle. La commission est aussi unanime à engager les sociétés savantes à accepter des signes uniformes ; et elle ne saurait trop appeler leur attention sur le rapport présenté au dernier Congrès par M. Victor Petit et inséré dans l'Annuaire de l’Institut des CONGRÈS DES ACADÉMIES. 213 Provinces de 1852. L'importance de cette mesure n’a pas besoin d’être développée, car il est facile d'en comprendre les avantages. Le Congrès émet le vœu que les sobibtés savantes des départements s'occupent activement d’explorations qui seules permettront l'achèvement de la géographie des Gaules : Que, prenant pour base la carte de Cassini, elles pro- voquent l’étude des voies romaines, soit en faisant appel au zèle de leurs correspondants, soit en mettant ces ques- tions au concours ; Qu'elles recherchent les bornes milliaires si utiles pour fixer les distances, relèvent les inscriptions qu'elles porte- raient encore et notent avec soin les monuments gallo-ro- mains que les fouilles mettraient au jour ; Qu'elles invitent les autorités religieuses et civiles à leur communiquer toutes les découvertes qui seraient faites soit par MM. les Curés, soit par les agents de l’adminis- tration. Ce rapport, écouté avec le plus vif intérêt, reçoit d’una- nimes applaudissements. La proposition de la commission est one Plusieurs membres émettent le vœu qu’une séance spé- ciale soit consacrée à la lecture du compte-rendu des tra- vaux des Sociétés de province. L'assemblée fixe la séance de lundi pour entendre les rapports préparés. La séance est levée. 214 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. SÉANCE DU SAMEDI 20 MARS. sr ra de M. Mamvuc, ancien préfet, membre de l'Institut des provinces. ) Le bureau est composé de MM. de Caumont, Gomart, Chavin de Malan, le président du tribunal de Clermont-en-w Beauvoisis , le marquis de Chennevières, Duchatellier ets R. Bordeaux, secrétaire-général. | M. Gomart donne lecture du procès-verbal de la séance] précédente qui est adopté. — M. l'abbé Cirot de la Ville , membre de l'Institut des provinces à Bordeaux, adresse au Congrès un mémoire de MM. Marcel de Serres et Charles Des Moulins en réponse! au mémoire de M. Lacour intitulé : Origine chez un peuple noir et africain de la langue hébraïque et du monothéisme hébreu. | Le Congrès reçoit en outre l'hommage des deux bro-: chures suivantes : | Mémoire sur les anémomètres à indications continues d’après le système de M. Th. du Moncel. Des observations méléorologiques , de leur utilité et de la manière dont 11 faut les faire, par M. le V'®. Théodose du, Moncel. — M. le comte de Mellet fait un rapport au nom de la! commission d'archéologie et des beaux-arts, et analyse la discussion à laquelle cette commission s’est livrée sur les! questions du programme qui suivent : CONGRÈS DES ACADÉMIES. 215 « On parle beaucoup de réformes à faire dans Je chant « liturgique ; quelle est la première , la plus urgente, celle « qui doit précéder toutes les autres, et, en tous cas , la « seule possible immédiatement ? « Quel doit être le rôle de l’orgue pendant l'office divin ? « Quelle est la meilleure manière de jouer le plain-chant « sur l'orgue ? L'accompagnement de la main droite sur le chant à la pédale ou à la main gauche est-il absolu- «ment condamnable? « Les anciennes -orgues sont-elles. les seules bonnes? Les nouvelles doivent-elles être construites sur le même plan ? « Ne faut-il pas demander aux fàcteurs la plus grande « sobriété dans l'emploi des jeux de mutation , particulie - « rement des composés ? « Doit-on répudier également toutes les inventions de la « facture moderne? » Ces diverses questions ont été surtout débattues par M. Stanislas de Saint-Germain, membre de l'Institut des pro- vinces, à Evreux. À À # — Une sous-commission composée de MM. C'€. de Ves- vrotte, le vicomte de Bonneuil et de Glanville a été priée de se rendre au ministère pour porter les. réclamations de la Société française en faveur de la conservation des con- structions des ducs de Bourgogne à Dijon, menacées par certains projets. contre lesquels Je Congrès a pro- testé. | _ — M. de la Renaudière, au nom de la commission d’agri- culture, lit un rapport sur les discussions qui ont eu lieu au sein de cette commission. 216 INSTITUT DES PROVINCES DE PRANCE. RAPPORT DE M. DE LA RENAUDIÈRE. MESSIEURS, Votre section d'agriculture s'était proposé l'étude du meilleur mode d'organisation du crédit foncier. La dis- cussion qui, ce matin, devait s’engagér sur cette intéres- sante question , ne s’est point ouvérte. Elle devenait superflue après la communication de M. de Vigneral, qui nous à appris qué M. Josseau venait d’être chargé par M. Heurtier, directeur du commerce et de l’agriculturé, d'un travail destiné à favoriser la création, sur toute l'étendue de la France, de sociétés de prêteurs et d’emprunteurs. Une instruction détaillée sur ces utiles institutions sera transmise par le ministre de l'agriculture aux agents su- périeurs de l’administration pour être intelligemment dis- tribuée. Le crédit foncier est-il appelé à fonctionner pro- chainement dans ce pays Ccommé il fonctionne depuis de longues années dans le nord et le centre de l’Europe ? — Chez nous, comme partout où il s'est établi, aura-t-il pour résultat de transformer temporairement en capital d'exploitation le capital foncier, c’est-à-dire une valeur qui rapporte 3 en une valeur qui produit de 7 à 20 %,? — Sa conséquence immédiate sera-t-elle d'opérer la conversion de la dette hypothécaire, qu’on évalue à 8 milliards, et de rendre les emprunts aussi avantageux qu’ils sont ruineux . aujourd’hui? — C’est encore là un problème, mais un problême qui dans peu de temps recevra sa solution, -et nous devons ajouter qu'il est permis d'espérer beaucoup de l’organisation du crédit foncier, après avoir lu une brochure de M. Josseau, dont l’auteur a fait hommage à la LA CONGRÈS DES ACADÉMis$. 2]7 commission, brochure dont la publication est antérieure au décret du 28 février et qui laisse entrevoir quel sera l'esprit du travail commandé par le ministre à M. Jos- seau. Aucune autre question n'était à l'ordre du jour. La séance toutefois n'a pas été levée, et nous nous en félicitons puis- qu'il nous a été donné d'entendre une très-instructive conversation sur les engrais chimiques , système d'amen- dement qui triomphe des fatigues de la terre en les ré- parant par la restitution des déperditions et permet ainsi sur le même sol la continuité des mêmes récoltes. Nos honorables collègues MM. de Sussex, de la Boire, Calemard de la Fayette , de Vigneral et Travot, ont pris part à cette conversation dont notre procès-verbal va essayer de reproduire les parties saïllantes, le peu d’ins- tants qui nous est laissé pour recueillir nos souvenirs nous contraignant de nous renfermer dans d'étroites limites. M. de Sussex, qui n'est pas seulement un théoricien , un chimiste distingué, mais encore un habile agriculteur pratique, nous a fait écouter avec un intérêt soutenu les développements de son système sur la combinaison des matières chimiques avec le fumier , car, il faut le répéter, cela n’ayant pas été bien compris, les théories de M, de Sussex n'ont rien d'absolu, rien d’inflexible : les opinions du savant sont toujours en très-cordiale entente, en très- raisonnables accommodements avec les intérêts du prati- | cien. —Des expériences auxquelles s’est livré M. de Sussex, il est résulté pour lui la démonstration la plus évidente que sans phosphate il n’est point possible d’ob- tenir de blé en quantité désirable; sans alcali, de colza: sans soufre » de fourrage; sans chaux, d'avoine ; et à l'appui de cette dernière allégation il nous a cité le fait 10 218 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. suivant. dont il a été témoin et juge. Dans une terre dut département de Seine-et-Oise, qui, avec la fümure ordi naire, avait. donné une bonne récolte de‘blé, on n’obtint qu’une quantité d'avoine très-inférieure au produit en blé: — M. de Sussex constata par l'analyse chimique qu'il n'existait dans ce terrain qu’une trace insignifiante de chaux, 2 °7, je crois, ét pour obtenir une bonne récolte d'avoine, la proportion, selon son: estimation, doit être de 9. L'analyse du grain de l’avoine témoigna d’une égale pauvreté de chaux absorbée.— La conséquence de cette curieuse observation-ést donc que dans une terre qui con tient moins de 9 parties de chaux, l'addition nécessaire au complément de ces 9-parties est indispensable. Ce qui rentre dans cetteloi générale des amendements chimiques : RESTITUTION ÉGALE A LA DÉPERDITION. Pour la culture des avoines de printemps, M. de Sussex conseille l'emploi dé la chaux éteinte en couverture sur les :semailles avant la germination au grain. 1,200 kilogrammes ainsi employés, comme on ferait du plâtre, suffisent pour un hectare. — L'expérience a démontré qu'un hectare d'avoine traité de cette façon a plus que doublé de production. M. de Sussex a aussi entretenu la commission du dyes tème anglais d'amendement par le superphosphate’ dans la culture des navets et dés autres: {urneps. Il nous a donné le procédé et la formulé de Leïbie. Autrefois, en Angleterre, on pulvérisait les os par le moyen de moulins, le procédé Leiïbie a changé ce mode de trituration. Concassés sur un billot ; sous les coups répétés d'une masse de fer à dents , . arrosés d’abord avec de l’eau , puis ensuite avec de l'acide sulfurique concentré ; les os destinés à l'opération se chan- gent bientôt en une matière gélatineuse , ét plus tard, par la dessiccation, sont transformés en poudre, et c'est ainsi CONGRÈS. DES: ACADÉMIES. 248 qu’ils sont employés: 100 kilôgrammes d'os, mouillés de 10 kil. d'eau et de 25 kil. d'acide ‘sulfurique à 1, 8.45 de densité, produisent: environ 2 hectolitres de poudre. 25 hectolitres de cette poudre suffiseat pour un hectare pen- dant quatre’ ans, et un calcul approximatif de notre col- lègue M: Travot ; fixe. le prix de revient de ces 25 hécto- litres à 204 francs, soit 5l:fr. parran. M. Calemard de:la Fayette: ayant signalé l'emploi ag os.en poudre. dans :les prairiés’ humides dés environs de Thiers (Auvergne); remarque! qu’on les considèré comme agissant utilement non seulement sur la qualité, mais encore, sur, la quantité des fourrages. — M. de Sussex, dans les expériences qu'il a été à même de faire ou con- naître, n'a pâs encore constaté ce résultat ; mais l'assertion de M. Calemard de La Fayette a. amené M. de Sussex à parler du: remarquable. effet du superphosphate sur les prairies comme moyen d'accroître et la matière caséeuse du lait et le produit des: toisons de l'espèce ovine. M. de La Boire, partisan du système de l’alternat qu'il croit ‘plus conforme aux lois de la nature , n'accepte pas d’uné façon absolue lesystème de production ‘continue préconisé par M. de. Sussex, Tout en lui reconnaissant un incontestable mérite et de nombreuses applications, il défend les anciens modes d'engrais avec la gratitude d’un agriculteur qui leur a dû et leur doit encore d’excellents rendements. Dans le cours de la séance, M. Travot, si notre mémoire ne nous trompe pas, avait proposé d'émettre le vœu que le gouvernement favorise la vulgarisation du système de drainage à l’aide de subventions. — Cette proposition n'a pas été adoptée.—L'organisation du crédit foncier pourra, selon nous d’ailleurs, ‘la rendre! à peu près inutile. — Si les emprunts deviennent faciles, nos agriculteurs, en effet, 290 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ne manqueront pas d'acquérir des machines à drainer, n'oubliant pas qu'en Angleterre il n’est pas une seule opération de drainage qui n'ait donné au moins 8+7, et quil en est beaucoup qui ont remboursé le capital en trois années. Une lettre que M. Desormes, pharmacien à St.-Dizier, a adressée au Congrès, a été communiquée à la commission. L'auteur de cette lettre vous envoie la formule du chau- lage de son invention. La commission, après avoir écouté avec intérêt la communication de M. Desormes, s’est séparée après lui avoir voté des remerciments. — À l'occasion de ce rapport, M. de Caumont s'étonne que l'on recommande l'emploi de la chaux comme indispen- sable pour les terres à avoine. Il cite l'exemple du dépar- tement du Calvados, où , dans les terres calcaires, on ne fait que des quantités limitées d'avoine. Ce département va chercher le complément d'avoine nécessaire à son appro- visionnement dans la Bretagne, pays non calcaire et dont cependant les avoines sont trés-lourdes. M. de Sussex, dont l'opinion est analysée dans le rapport de M. de la Renaudière, répond qu'il n’a pas recommandé les terrains très-calcaires pour la culture de l’avoine. Il dit seulement qu'il faut un minimum de 9 +7, de chaux dans les terres à avoine. L'excès en tout est un défaut. Mais des terres purement siliceuses sont infertiles. Celles qui sont sans chaux ont besoin d’une addition de ce prin- cipe jusqu’à concurrence de 9 e7.. M. de Caumont se déclare satisfait de cette explication. M. de Vautenet ajoute que les terres de Bretagne qui sont argileuses s’améliorent surtout par l'emploi de la chaux. —M. Duchatellier entretient le Congrès du Bulletin biblio- graphique fondé par l’Institut des provinces, et.des efforts CONGRES DES ACADÉMIES. 991 faits pour le perfectionnement de cette publication. M. Du- chatellier invite les membres de l’Institut des provinces et les délégués des Académies et des Sociétés savantes à lui adresser, comme matériaux, des analyses bibliographiques surles travaux publiés dans leurs départements respectifs. M. le comte de Soultrait émet l’idée de faire servir ce bulletin à ménager entre les savants de province des échanges de brochures , de manuscrits , de médailles , gra- vures, etc., au moyen de desiderata que l’on inscrirait. M. de Lorière fait une observation tendant à ce que l’on donne au Bulletin bibliographique et aux compte-rendus qu’il renferme, un caractère désormais plus concret , plus positif, plus analytique en faveur des travailleurs qui sau- raient par là quel parti on peut tirer du livre, de la bro- chure, du recueil académique annoncé; quels faits, quelles théories nouvelles on peut y découvrir, OS M. Raymond Bordeaux appuie vivement l’idée du préo- pinant et croit que le Bulletin bibliographique doit être rédigé en vue de l’avenir, de manière à former un jour un recueil de matériaux utiles à consulter. Ce ne doit pas être un simple journal d’annonces éphémères, assaisonné d’éloges ou de considérations plus ou moins banales. Les tendances de la commission de rédaction sont dans ce sens, et les collaborateurs ne doivent point les perdre de vue. Le Congrès voté des remerciments à Ja commission du Bulletin bibliographique. — M. le marquis de Chennevières, de l'Institut des pro— vinces et inspecteur des musées des départements, chargé de la direction de l’exposition de peinture au Palais-Royal, -à la parole sur ces deux questions proposées par le pro- gramme : « Quels moyens d'instruction spéciale pourraient être 229 INSTITUT: DES PROVINCES ‘DE ‘FRANCE. À conseillés dans les diocèses pour enseigner régulièrement «au jeune. clergé l'histoire et le goût de l’art, et le respect des peintures et sculptures qui décorent les églises ? « Ne serait-1l pas possible d'obtenir qu'une portion dé- « terminée du budget voté chaque année pour travaux et « encouragements à répartir entre les artistes, fût attribuée « d'une manière .fixe.et particulière aux:travaux et aux « artistes.de la.province ? ». Sur. la première de ces questions ; M. de Chennevières ht l'exposé suivant : | À Massreurs é « En proposant cette question: à-M.:le directeur de l'Ins-. titut des provinces ; je ne me.cachais ‘point que je touchais -à la corde:la plus puissante ; mais la plus délicate à manier entre toutes celles qui sont capables de faire vibrer-dans le peuple de nos provinces le goût et le respect des arts. «. Si je n'avais l'honneur et le bonheur de connaître de vieille date, Messieurs, l'esprit de gravité,et.de bonné vo- lonté qui anime notre réunion de famille provinciale ; je ne m'exprimerais point aussi librement que je vais le faire, et que je-crois utile de le faire. -« Je relisais dernièrement , Messieurs , les considérants de la fondation et de l'ordonnance de réglément de la com- -munauté des maîtres peintres ; sculpteurs :et‘enlumineurs, en 1391; en voici l'étrange début : «Plusieurs: pauvres églises, de, la ville et évêché dé Paris et ‘d’ailleurs -sont souvent déçues, -parce que ceux qui :se mêlent: desdites églises comme marguilliers et autres curés, prêtres: et plu- Sieurs, autres bonnes, et dévotes personnes, qui par: dévo- tion font orner de peintures et d'images , esquelles images et peintures ils-ne se connaissent en rien,et leur grand CONGRÈS DES ACADÉMIES. 293 déshonneur et villenie redonde et vient sur les prud'hommes du dit métier qui n'en peuvent mais. » Cette phrase si sévère et d’une signification bien précieuse, par laquelle le roi très-chrétien, fils aîné de l'Eglise, stigmatisait le mauvais goût des fabriques et des curés , et les dangers que ce goût faisait courir à la décence des lieux saints, ne pouvons-nous la répéter devant un congrès d’archéologues? Parles services infatigables qu’ils ont rendus à son histoire et à ses monuments, les archéologues ne sont-ils pas en notre siecle les‘vrais aînés de l'Eglise? Comme enfants de l'Eglise, n’avons-nous pas le droit, n’avons-nous pas le devoir de veiller à l’honneur de notre mère? « Mon ambition n'est pas grande, Messieurs , ni bien difficile à satisfaire. Je ne souhaite rien de plus que de ” voir notre clergé national étendre le noble élan qui depuis quelques années le pousse et le soutient à la tête de l’ar- chéologie sacrée, étendre, dis-je, ce noble élan à la partie de la science qui n’est en réalité qu’un fragment de l’éru- dition archéologique, mais qui cependant exige une initia- tion spéciale, je veux parler de l’étude de l'histoire de ces deux arts de peinture et de pu cé qui ont éternellement servi, qui serviront éternellement à la décoration des tem- ples divins. à SUSIRIV « Le temps seul suffirait en dvi pour amener ce pro grès dans les études du clergé ; mais ce temps, ‘en con- science, ne se peut guère attendre. La considération du prêtre comme gardien intelligent de la maison de Dieu et des œuvres précieuses qu’elle peut renfermer, se compromet chaque jour davantage aux yeux de l'érudit. Les églises sont les vrais musées populaires. Ceux qui cherchent savent bien que c’est là encore que se découvrent et que se con- servent mal les plus précieuses curiosités de nos arts na- 294 INSTITUT. DES PROVINCES DE FRANCE tionaux. Les églises les plus méprisées ne sont pas parfois, en ce sens, les plus mal pourvues. « Aujourd’hui, quand on pense à restaurer ou à décorer un édifice religieux, on commence par jeter une sorte d'in- terdiction tacite sur le prêtre, qui devrait pouvoir ne céder à personne la conduite des travaux dans le monument qui lui est confié. Et, en effet, le curé, conservateur de ce musée paroissial, est le plus souvent d’une ignorance entière et toute naturelle sur l'intérêt des peintures de telles chapelles, des sculptures de tels rétables. Qui lui aurait appris à distinguer les procédés, les manières et les époques ? D'où saurait-il les précautions conservatrices dont il sied d’user contre l'humidité ou la chaieur ? Nos curés reçoivent de Paris un tableau pour la décoration de leur église : cette œuvre mérite-t-elle de petits ou de grands remerciments ? Dans quelle expérience puisera-t1l ses arguments contre les préventions, ou l'indifférence, ou l'avarice de sa fabrique? Evidemment, Messieurs, il y a une regrettable lacune dans l'éducation du prêtre. Nous n'avons point, Dieu merci, comme certains cultes dissi- dents, affaire à des murailles désertes. « Cette ignorance presque inévitable de nos prêtres sur ce qu'ils devraient savoir le mieux après la théologie, et qui les porte; je ne sais par suite de quelle pente, à pro- téger de préférence les méchantes œuvres dont des aveu- turiers les font dupes, a certainement affligé plus d’un de nous; quant à moi, Messieurs, qui aime l'influence du clergé de France et qui le voudrais voir incontestable sur tous les points, j'ai cherché de mon mieux remède à cette cause minime de discrédit; et le bon sens indique de lui- même que c'est dans les grands séminaires que se trouve ce remède, que se peut combler cette lacune. Le sémina- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 995 riste qui est né dans un village et qui est destiné à ren- fermer sa vie entière dans une bourgade obscure , ne peut recueillir qu’au séminaire quelques notions un peu élevées et justes de l’art et des rares génies qui l'ont illustré. Mais comment comprendre l’art, les progrès, la beauté, la dé- cadence de l’art, s’il n’est possible de lire la merveilleuse biographie de ces génies, et d'en toucher de l’œil et d’en comparer les chefs-d’'œuvre? « Il y a long-temps que le bon sens de l'Angleterre a compris et pratiqué cela; il y a long-temps que les collèges et les universités ont dans leur plus noble apanage une collection de peintures et de sculptures non moins admi- rable que leur bibliothèque ; ainsi ai-je toujours pensé qu'il en devrait être dans tous nos grands centres provinciaux d'étude, mais plus particulièrement encore auprès de nos grands séminaires. Là, surtout ; il est indispensable que le sentiment et le respect de l’art soient imposés, en même temps que le saint caractère du prêtre, à celui qui, toute sa vie, aura sous sa garde et sous sa responsabilité la délicate parure de la maison de Dieu telle que la lui auront léguée les siècles, et dont l’autorité vénérée insinuera, même in- volontairement , au peuple dont il est le pasteur, le degré de respect que ce peuple gardera pour les figures peintes ou sculptées de son église. « J’attacherais d'autant plus de bonheur, Messieurs , à voir notre clergé, si vigilant gardien aujourd’hui de nos monuments d'architecture religieuse , s'occuper aussi ac- tivement de la conservation des fragiles monuments des deux arts plus délicats dont je parle , que nul ne sait mieux que moi la place glorieuse qu'ont tenue certains moines artistes dans notre école, aussi bien que dans les autres pays chrétiens. 226 INSTITUT DES: PROVINCES DE-FRANCE. « C'est précisément parce que nous savons tous quel rôle merveilleux à joué aussi le haut clergé français dans les chefs-d'œuvre qui, couvrent encore notre ‘patrie ,. qu’il est’ de notre devoir de-lui signaler les défaillances patentes qui se sont mänifestées de plus en plus dans son goût pour les arts du dessin, : « Permettez-moi de vous citer.à. ce propos l'imagerie religieuse. Qu’y at-il, depuis long-temps déjà, de plus fade, de plus-mesquin ,-de moins élevé, de plus faux, de moins piéux, de plus-honteux dans l'art? « Dans les plus solénnelles époques de l'art, les plus grands maîtres, je-nommerai Titien et ses élèves ; n’ont point -dédaigné de dessiner de magnifiques compositions , qui évidemment étaient ‘destinées à la décoration des plus bumbles murailles: On trouve de: l'art , et du meilléur, dans l'imagerie-religieuse de tout nôtre beau XVII®. siècle. Jé ne sais aujourd’hui d’où viennent nos imagiers religieux, mais quel tort ne font-ils pas au clergé qui les accrédite et qui sème à profusion leurs œuvres! Pourquoi donc cette infériorité de l'imagerie de piété qui enlaidit la vertu, à l'imagérie mondaine la plus commune , qui enjolive le vice ? Je ne fais, Messieurs, que vous signaler cette question. Certains conciles ne se: sont-ils pas occupés de pareilles vétilles? Je ne les crois pas indifférentes pour ma part, et mon avis est que les formes, qui ; pour les populations croyäntes, représentent la religion, doivent toujours être dignes d'elle; et que pour garder sous le toit d'une pauvre famille le respect des choses saintes ; une bonne image vaut un-bon livre. « Le vœu qui résumerait les considérations que je viens de poser devant vous, Messieurs , en termes bien confus , serait que nos seigneurs les évêques et archevêques créas - CONGRÈS DES ACADÉMIES. 297 sent dans leurs grands séminaires ,'à côté de l’enseignement archéologique que la plupart d'entre eux recommandent, un enseignement régulier et obligatoire ayant pour objet l'histoire de la peinture et de la sculpture. Outre la biblio- thèquespéciale renfermant les principaux documents de cette histoire, les grands séminaires devraient s’efforcer de re- cueillir d'honorables échantillons de ces deux arts, ou, à leur défaut, les mille souvenirs que la gravure nous ait transmis de leurs plus fameux chefs-d’œuvre.—Je deman- derais de plus humblement, que le haut clergé de France portant son attention sur ces grandés questions de la forme extérieure des choses divines telle qu'elle se répand le plus familièrement dans le peuple, organisät, au point de vue de l’art, une sorte de censure des produits de l'imagerie, ré- pandus par l’église elle-même; un conseil supérieur de surveillance et de direction de cette imagerie, conseil mi- parti d'artistes et d’ecclésiastiques. Telles sont, Messieurs, les deux parties du vœu que j'ai l’honneur de soumettre au Congrès. Ce rapport est suivi de vifs applaudissements. Les propo- sitions qui le terminent sont mises en discussion. . .. M. de Riancey parle en faveur des conclusions proposées par M. de Chennevières. Suivant l’orateur , un pareil objet d’études, de semblables efforts font honneur aux archéolo- gues , et jusqu’à un certain point à l’église elle-même. L'imagerie religieuse à plus d'importance qu’on ne le croi- “rait au premier abord, comme question d'art, et comme objet de commierce. A notre époque, l'imagerie religieuse est devenue une industrie qui a pris une extension énorme et dans laquelle on a fait des bénéfices immenses. Et ce- pendant elle est détestable au point de vue du goût, du 228 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. dessin, de la couleur, et surtout de l’ortnodoxie. Il y a de ces images qui sont pleines d’hérésies et qui attestent chez leurs auteurs l'ignorance la plus profonde ou au moins les notions les plus erronnées du dogme chrétien. La surveil- lance du clergé ne.s’exerce guères sur ce point, et sous ce rapport, les prescriptions des conciles sont oubliées. La supériorité de l'imagerie allemande et italienne est hon- teuse pour la France. Les belles compositions d'Owerbeck sont popularisées en Allemagne avec l’äpprobation du clergé et de l’Académie de Dusseldorf. M. de Riancey et le curé de St.-Germain-l’Auxerrois, ont voulu introduire en France ces beaux modèles, mais les marchands de Paris n’ont pas voulu aider la propagation des gravures allemandes. Ils ont refusé les dépôts qu'on leur proposait ; ou ils ne comprenaient pas, ou ils trouvaient cela trop bien et craignaient une pareille concurrence. C’est un libraire non imagier qui a consenti à s’en charger, et heureusement le clergé commence à y prendre goût, car la propagation se fait de plus en plus... | Applaudissements). M. le Président demande le nom du libraire qui a le premier consenti à propager Owerbeck et les images de Dusseldorf. M. de Riancey : c'est Alcan, rue du Vieux-Colombier, 29. M. l'abbé Chavin de Malan ajoute que toutes les images destinées à l’enseignement religieux devraient être ap- prouvées, et que celles mauvaises au fond ou même en la forme devraient être mises à l'index. Quant à l’enseigne- ment dans les séminaires, il voudrait autre chose que des gravures et des plâtres, modèles cependant déjà trop coù- teux pour ces établissements, la plupart si pauvres. Mais il faut bien l'avouer, on néglige trop dans l’enseignement du clergé, d’inspirer le goût des arts. Si les séminaires de CONGRÈS DES ACADÉMIES, _ 92 province sont souvent dénués des ressources nécessaires pour l’enseignement artistique, ceux de Paris sont placés au contraire dans le milieu le plus favorable. Et cependant au séminaire de St.-Sulpice qui a tant d'influence sur les idées du clergé de France, on néglige de s’aider des moyens d'enseignement que l'on trouverait de toutes parts. Le musée du Louvre est ignoré; il n’y a pas dix élèves à St.- Sulpice qui en aient une idée suffisante. Les élèves du sé- minaire du St.-Esprit y ont été conduits plusieurs fois, et le profit de ces simples visites a été incontestable ; les élèves y ont puisé un goût plus épuré, des idées plus élé- vées. M. Bordeaux s’indigne de la barbarie où notre époque est tombée en fait d'imagerie religieuse. Tout en recon- naissant que cette décadence a été l’un des fruits malheu- reux de la pénurie qui entrave l’enseignement du clergé, il fait remarquer qu’en province on dépense chaque année des sommes importantes en soi-disant décorations reli- gieuses. Les confréries gaspillent presqu’absolument Jeurs revenus. Beaucoup de paroïsses ont fait de grands sacri- fices pour de prétendus travaux d'art dont les peintres- vitriers de campagne et les marchands d’ornements d'église ont seuls profité. On organise des souscriptions, des lote- res, et le produit de toutes ces ressources ne sert trop souvent qu’à anéantir ce qui devrait servir de modèles. Dans beaucoup de diocèses, l'autorité épiscopale a adouci l’abstinence du carême en prescrivant comme équivalent des aumônes dont une notable partie est affectée à l'orne- ment des églises. C'est là une ressource nouvelle qui ne manque pas d'importance, mais malheureusement l'emploi n’en est pas dirigé, et les églises sont loin d'y avoir gagné. A la fin du moyen-âge, avec une pareille aumône, on a 230 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, bâti une des plus magnifiques tours de la cathédrale de Rouen « à notre époque , cet argent est dépensé à faire des corniches de plâtre, à acheter des images niaises et fades , des lithographies hideuses , des tableaux du chemin de la croix, par exemple, qui devraient être la honte des indus triels qui les fabriquent à Paris, et qui font promptement leur fortune aux dépens des ecclésiastiques éblouis par les pompeux prospectus et les réclames insérées à grands frais dans les journaux parisiens, Il y a même, j'ai regret de le dire , de ces spéculateurs qui sont parvenus , à force de sollicitations , à obtenir de quelques évêchés des approba- tions dont ils font ensuite parade, et qui vraiment sont compromettantes pour le clergé... M. Chavin de Malan signale dans ce genre certaines lithochromies que l'on vend chèrement pour des copies de tableaux des grands maîtres, et qui sont d’affreux bar- bouillages. M. le comte de Mellet nendesit que les études du clergé fussent surtout bien dirigées , que l’on attirât son attention sur les meilleures écoles, en excluant les écoles trop natu- ralistes, car tout le Titien, tout Raphaël même, n’est pue digne d'approbation au point de vue religieux. Il voudrait que l’on élevât une sorte de barrière, afin de prohiber à peu près tout ce qui est postérieur à la re- naissance, (Dénégations.) Fra Angelico, en s'inspirant d'un monde idéal était supérieur à l’école française du XVII®. siècle, beaucoup trop. réaliste. : Dé: nos jours, l’école d'Owerbeck. n’a acquis sa supériorité qu’en remontant aux sources , aux écoles primitives. Ce grand maître contempo- rain et ses élèves ont pris le style, les poses, les airs de tête des peintres des écoles mystiques, tout en PO à la touche, les procédés matériels. CONGRÈS. DES ACADÉMIES. 9231 M.-de Riancey craint que la discussion ne dépasse les limites et ne s'égare..Il ne voudrait pas que l’on discutât les écoles. Restons dans les limites du rapport-et votons sur ses conclusions, -en-prenant garde que l'on ne nous accuse d’être des iconoclastes, des faiseurs d’exclusions. Quant à l'imagerie , il ne faut pas perdre de vue qu'il faudra lutter contre l’industrialisme, l'esprit mercantile qui contrecarreront ce que pourra faire le Congrès. M..du Boys rappelle que le temps d’études des sémi- naires, étant très-court, il ne reste pas de temps pour l’édu- cation artistique. Il faut donc se borner ä recommander de mettre de bons ouvrages sur.les arts, à la disposition des élèves. bus M: R. Bordeaux répond que cet enseignement, considéré seulement comme délassement, serait encore très-fructueux, et qu'il peut ‘se réduire à une direction d'idées, à une pt impulsion, M. Chavin de Malan craint que M. de Mellet ne soit allé trop loin. Il y a eu de belles choses.en tout. temps. M. d'Espaulart : L'idée que les maîtres primitifs sont les seuls dignes d'imitation , serait une idée dangereuse à préconiser. Les tableaux religieux, pour avoir une action sur, ceux qui les contemplent:, pour remplir leur but de propagande , doivent être attrayants.etinterpréter la nature. M. de Mellet rappelle qu'il.a fait des réserves expresses pour Lesueur, par exemple..Il prie le Congrès de ne pas donner à ses paroles un sens trop exclusif. | | La discussion est close.et les conclusions proposées par M. de Chennevières sont mises aux voix. Le Congrès.les adopte. Sur la seconde question : «.Ne serait-il pas possible d'ob- « tenir qu’une portion déterminée. du budget voté chaque 932 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCÉ: « année pour travaux et encouragements à répartir entre les « artistes, fût attribuée d'une manière fixe et particulière « aux travaux et aux artistes de la province ? » M. de Chennevières continue en ces termes : Messieurs, Bien qu'il ne m’appartienne plus de traiter sans un cer- tain embarras la question qui vous est soumise , je ne puis me défendre de constater avec vous les fruits merveilleux que la province pourrait recueillir de l'assentiment du gou- vernement au vœu que cette question implique. S'il est vrai que le bien dépende presque toujours de la manière dont on le fait, c’est surtout en matière d'éducation pu- blique. Je ne pense pas que la province se rende un très- juste compte de la part énorme qui lui est dévolue dans les commandes et acquisitions ministérielles ; elle n’a jamais calculé peut-être qu’en dehors de quelques œuvres peu nombreuses, réservées pour le musée des artistes vivants, toute cette longue liste d'ouvrages de peinture et de sculp- ture acquis par le gouvernement à la suite de chaque expo- sition annuelle, que de plus, les commandes faites aux peintres et sculpteurs par la direction des Beaux-Arts, qu’enfin , les innombrables copies exécutées d’après les chefs-d'œuvre de l’art contenus dans le Louvre, tout cela se distribue et se disperse entre les musées et les églises des principaux chefs-lieux de nos départements. Paraïît-il que la province ait profité beaucoup, pour l'éducation de ses artistes et de ses populations , des largesses du musée Napoléon qui dota si richement ses premiers musées, et des répartitions plus modernes des divers ministères? Il faut avouer franchement le contraire, et dire qu'il y a un CONGRES DES ACADÉMIES. 233 siècle, quand la province n'avait pas de musées des chefs- d'œuvre de l’art, elle avait des artistes, et que les bons ouvrages de peinture et de sculpture de l'école de Paris, dès qu'ils entrent dans l’un de ces musées, deviennent aujourd’hui lettre morte pour nos pauvres apprentis de province. De son côté , l'administration des Beaux-Arts, à laquelle il n’est point facile, faute de catalogues, d’inventaires et de rapports, de s’éclairer suffisamment sur les besoins comparatifs de chaque département, peut se croire un peu trop aisément quitte envers la province quand elle a épuisé ses distributions annuelles. —Il est certain que ce n'est pas tout d'envoyer des chefs-d'œuvre et des modèles , il faut enseigner aux provinces à comprendre ces chefs-d'œuvre et à se servir de ces modèles.—Or, en tout art comme en tout métier, il est un moyen qui apprend plus vite à faire une merveille que de la regarder fixement, c’est de la voir faire. Vous pressentez déjà, Messieurs, où j'en veux venir : je voudrais qu'au lieu d'envoyer à la province les chefs-d’'œuvre tout faits des artistes renommés, on envoyâtles artistes renommés faire des chefs-d'œuvre dansla province. Les peintres et les sculpteurs parisiens ou du moins tra- vaillant à Paris, sont innombrables. Dans les conditions actuelles , l'administration des Beaux-Arts ne connaît et ne peut connaitre qu'eux; cinq ou six noms d'artistes travail- lant en province lui sont tout au plus familiers. Il y a là une inégalité de protection aussi inévitable que fâcheuse. La France entière fournit le budget des arts, la France en- tière devrait en profiter. Il serait certes de première équité, si possible, que les bienfaits et les commandes de l’admi- nistration atteignissent nos artistes provinciaux dans les villes où ils luttent contre la misère, l’indifférence, le petit 234 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. goût, et le peu de ressources d'étude, enfin contre toutes les plus tristes exigences, Il n’y faut point compter. Cette protection à distance et de confiance n’est guère praticable. Si ces pauvres absents ont tort, la première raison en est que l'administration ne connaît point leurs œuvres, et que ces œuvres ne peuvent lui être désignées que par la faveur publique dans ce grand concours des expositions annuelles x l'abord ne leur est toujours facile. Que pourrait donc demander la province à l'administra- tion? D'abord , d'encourager les’artistes locaux en leur con- fiant, sur la proposition des conseils municipaux, les tra- vaux dont ceux-ci les jugeraient dignes. Et puis, dans l’état où sont les études d’art en province, j'y reviens et je le répète, rien ne serait plus utile, rien ne produirait de plus immanquables résultats , que d'envoyer exécuter sur place, . dans nos départements, des travaux de décoration, des œuvres sérieuses, par nos plus habiles artistes contempo— rains. Rappelez-vous , Messieurs, ce que peut un homme arrivant dans un pays, même quelque peu barbare, si cet homme porte au front l’auréole de son propre talent, et l'étoile dé la féconde école dont il sort. Rappelez-vous , Méssieurs,—que ces grands noms me pardonnent , —ce que put à Milan le Florentin Léonard, à Mantoue, Jules Romäin , Caravage, à Naples, Vandyck, eu Angleterre. Rappelez-vous l’épaisse pépinière que firent éclore deux ou trois Italiens à Fontainebleau. Notez , Messieurs , que dans notre éblouissante école parisienne d'aujourd'hui, si nom- breuse et si variée, chaque province pourrait aisément re- trouver l’un de ses enfants aux premiers rangs de l’une des légions de l’art; et celui-là serait plus à même peut-être de comprendre et de développer le génie de sa province. CONGRÈS DES ACADÉMIES, | 235 Je trouve, Messieurs, dût l'administration des Beaux- Arts estimer qu’une telle mission donnée à un habile artiste équivaut pour une ville à dix bons tableaux expédiés à son musée , je trouve qu’il y aurait encore bénéfice pour’cette ville, car ‘l'artiste renommé, en ‘apportant à ses pauvrès confrères de province les ardeurs'ambitieuses de la rivalité, les secrets si multipliés du métier, les préoccupations dé- licates ‘et élevées de notre école actuelle , déposerait parmi eux ; avec le modèle d'une œuvre glorieuse pour la‘ville qu’elle décorerait, non plus la lettre morte de l’art, mais son esprit qui vivifie. Le Congrès pourrait donc émettre au moins le vœu que l'administration des Beaux-Arts, outre la part qu’elle pour- rait prendre à l'exécution par des artistes locaux de tra- “väux dans nos provinces , fit exécuter sur place , dans les villes dont les écoles pourraient en profiter, des peintures ou des sculptures considérables, par d’habiles artistes de l’école parisienne , appartenant ; autant que possible, par leur naissance, à la province dont ils décoreraient les mo- numénts. Ç M. Albert du Boys, tout en approuvant ces propositions, voudrait qu’au lieu d'envoyer des artistes de. Paris en pro- vince, on employât surtout les artistes de province. Il y a certainement hors Paris des hommes de talent ; témoin les peintres de l’école de Lyon.—On envoie des élèves à Rome pour étudier les modèles des grands maitres et la belle na- ture de la campagne romaine ; il faudrait de même établir hors Paris une école de paysagistes qui irait pendant l'été étudier la beïle nature des provinces du Midi, à Pau, à Grenoble, etc. En dédoublant l’école de Rome , on forme- 236 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. rait ainsi dans l’une de nos villes de province , un centre artistique. M. Alfred Darcel répond que précisément les conclusions de M. de Chennevières ont pour but d'encourager les ar- tistes des départements, toutes les fois qu'ils auront du talent, et lorsqu'il: n'y a pas d'artistes dans la ville qu'il s'agit d'enrichir d’un ouvrage d'art, d'envoyer les artistes _ de Paris travailler sur place, au lieu de les laisser opérer dans leur atelier, loin de la province, Quant à l'école de Rome, il croit aussi qu'il y aurait beaucoup à faire. M. Darcel ajoute que l'inspection des musées de pro- vince, mission nouvelle dont M. de Chenvrevières vient d'être chargé, ne pourra qu'être très-profitable à la pro- vince et lui paraît tout-à-fait dans le sens du Congrès. Les propositions de M. de Chennevières sont mises aux voix et adoptées. | — L'ordre du jour appelle la lecture d'un mémoire de M. Chavin de Malan, de l’Institut des provinces, et qui répond à cette question du programme : | « Quelles ont été, au moyeu-âge, les industries dirigées « par les moines et exercées dans les abbayes ou dans les « maisons qui en dépendaient? » MÉMOIRE DE M. CHAVIN DE MALAN. Au commencement du X®°. siècle, à côté de l’organisa- tion féodale et despotique , s'élève la puissance monastique fondée sur la charité et la liberté, ces deux sœurs immor- telles qui soutiennent et consolent les peuples. Il serait curieux d'étudier de front l’histoire féodale et l'histoire mo- nastique dans nos provinces. Presque partout le seigneur CONGRES DES ACADÉMIES. 237 fonde un monastère qui grandit et devient l’asile du peuple, de tous ceux qui souffrent et travaillent. Pierre-le-Vénérable, abbé de Cluny, établissait déjà, au XII. siècle, la différence de la féodalité et des institu- tions monastiques au point de vue qui nous occupe, au point de vue du travail agricole : « Tout le monde sait de quelle manière les maîtres sécu- liers traitent leurs serfs et leurs serviteurs, ils ne se con- tentent pas du service usuel qui leur est dû ; mais ils re- vendiquent sans miséricorde les biens et les personnes. De là, outre les cens accoutumés, ils les accablent de services innombrables, de charges intolérables, trois ou quatre fois l'an, et toutes les fois qu'ils le veulent. Aussi, voit-on les gens de la campagne abandonner le sol et fuir en d’autres lieux. Mais, chose plus affreuse, ne vont-ils pas jusqu’à vendre pour de l'argent, pour un vil métal, les hommes que Dieu a rachetés au prix de son sang ! Les moines, au contraire, quand ils ont des possessions , agissent bien d'autre sorte, ils n'exigent des colons que les choses dues et légitimes ; ils ne réclament leur services que pour les nécessités de leur existence ;'ils ne les tourmentent d’aucunes exactions ; ils ne leurs imposent rien d’insup- portable : s'ils les voient nécessiteux, ils les nourrissent de leur propre substance ; ils ne les traitent pas en esclaves, ni en serviteurs, mais en frères. » Voilà l'explication morale, entre tant d'autres, des grandes richesses des monastères, et la raison religieuse qui devait faire disparaître la servitude personnelleet l'esclavage. Les moines ont honoré les travaux agricoles et indus- triels, et c'est avec des procédés très-simples qu'ils ont défriché le sol de l’Europe, que l'industrie moderne tra- vaille avec un si horrible fracas. | 9238 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Les-institutions monastiques ont glorifié et sanctifé: la culture. Virgile, le doux poëte des harmonies de la nature, a chanté les Géorgiques ; la vie de plusieurs moines pour- rait former une épopée agricole ; qui à eu.ses temps hé- roïques. Les origines monastiques sont les origines. même de l’agriculture libre , de l’industrie libre dans le monde. Les races:illustres de Rome et de l'Orient s'étaient reti- rées dans-Jles déserts, et les déserts florissaient. Les. pre- miers moines. nous apparaissent tenant l'évangile d’une main et la bêche de l'autre, : Après les invasions barbares, les moines consolent les âmes, et cultivent la terre. Ces, hommes de fer à peine ras- semblés en tumulte sur Ja lisière des. bois et la tête encore appuyée sur leurs lances , devinrent.des hommes doux et laborieux: en voyant des: mains sacerdotales conduire la charrue. L'agriculture-a ses légendes : Saint Kentigern, de-la race royale d’Ecosse, se fit laboureur, et il aimait à dompter les animaux les plus-sauvages, il attelait-quelquefois à sa charrue , un loup et un cerf; saint Florentin appelle un ours à la garde de ses troupeaux;—saint Fechinus frappe de mort les animaux qui ravagent les prés de son abbaye ; — saint Gadwold ressuscite les brebis ;— sainte Hildu protège les moissons;—sainte Julienne soigne les vaches et le lai- tage; — saint Fiacre et Carloman, le frère .de Charlemagne, conduisent les troupeaux au pâturage et cultivent dans les | jardins les humbleslégumes, nourriture des pauvres;-saint : Winoc et saint Ursin exercent-la profession de meuniers. Il paraît que les premiers grands travaux des moines au moyen-âge , ont été les travaux hydrogéologiques qui assai- nissaient le sol, qui donnaient des irrigations abondantes, qui constituaient des : forces motrices puissantes , et met taient en mouvement des usines considérables : tanneries, CONGRÈS DES ACADÉMIES, 9239 moulins , scieries, huilernies, fouleries , qui créaient' des viviers - pour. la. multiplication du poisson. On reconnaît aujourd’hui l'utilité des étangs, qui enrichissent des terrains humides et. malsains et forment encore un des principaux produits dans, plusieurs de nos départements. Ainsi, à Mo- rimond (Haute-Marne), les moines, en formant des étangs, avaient admirablement calculé la pente accessoire, l'im— perméabilité des couches inferieures, le volume d’eau, le grouppement des bassins , la masse des chaussées, le ni- veau. suffisant à la salubrité. Puis quand ces terrains étaient améliorés , quand l’eau-avait apporté assez d’humus et de détritus des végétaux, on exposait cette couche de vase à l'influence du soleil , et: l'étang devenait une ‘prairie ou une culture fertile. ; Exposons la législation agricole d'une: abbaye , à l’aide des précieux fragments conservés par RAGE dans son Menologium cisterciense. Aussitôt après le chapitre.et l'office, la crécelle claustrale donnait le signal du départ, tous les religieux se réunis- saient au parloir;. là Je: prieur les divisait par sections, réglait tout ce qui concernait l'ordre, le lieu et le genre des travaux, et leur distribüait les instruments nécessaires Ferramenta et alia: instrumenta ad: laborem: necessaria. Rien n’exemptait de ces rudes labeurs, ni la naissance, ni les talents, ni le rang. La règle ne voyait dans tous les religieux que des enfants d'Adam, condamnés à gagner leur pain à la sueur de leurs fronts. Dans les champs mo- nastiques , la sueur du fils du seigneur et la sueur du fils du manant se mêlaient dans le même sillon et ennoblis-.: _saient l’agriculture. Les moinesne travaillaiént pas sous l'indolence de l'amateur des champs, qui dans un beau jour, s'amuse à faner .ses, foins où à sarcler sés:hlés : 240 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. non ! ils travaillaient rudement , et j'ai été touché jusqu'aux larmes en lisant dans l’histoire de’saint Bernard les répu- gnances qu'il avait dans les commencements pour les tra- vaux agricoles. Il gémissait d’être trop faible pour scier le blé. Il racontait à ses religieux la victoire qu’il avait rem- portée, et comment Dieu lui avait fait la grâce de devenir un bon moissonneur. F Les travaux étaient accompagnés d'un silence assez ri- goureux : de temps en temps le prieur donnâit le signal en frappant dans ses mains pour annoncer un court repos fpansandi signum/. Alors les frères s'asseyaient, si le sol le permettait, sinon ils s’appuyaient sur le manche de leur bèche et de leur rateau. Les laboureurS pouvaient parler à voix basse jusqu’au retour de la charrue, où, selon une vieille coutume, on devait garder le silence en élevant son cœur à Dieu. Lorsqu'un frère, soit par faiblesse naturelle, soit par excès de travail, tombait de lassitude, il demandait la per- mission de se retirer quelques instants, puis ramenant son capuce sur son visage et inclinant la tête, il restait à l'écart comme pour s’humilier et gémir de son impuissance et de sa misère. [ls mangeaient du pain à heure fixe et pouvaient cueillir des fruits sauvages. Dans le trajet du retour, on gardait le silence, on ne pouvait parler qu'au maître, on ne répondait pas aux passants, à moins que ce ne füt pour indiquer la route ou les traces du bétail égaré. Si le pas- sant indiscret continuait ses questions, on devait répondre que le silence était obligatoire. Les us de Citeaux ordon- naient aux moines de lever toutes les moissons et de rap- porter les gerbes sur leurs épaules. En rentrant au monas- tère, les moines reméttaient au prieur les instruments ara-. toires , à l'exception des fourches, des faucilles, des ciseaux, CONGRÈS DES ACADÉMIES. 241 dés rateaux, qu'ils devaient conserver au dortoir, près de leur lit, pendant le temps de la tonte des brebis, du sar- clage, de la fauchaison et de la moisson. Le jour, ils allaient à l’église chercher un peu de rafraîchissement et de repos devant la sainte hostie qui est en vérité la transfigu - ration de l’agriculture. Sur les terres éloignées, les moines construisirent des granges, des métairies monastiques, sortes de fermes écoles où l’on formait des agriculteurs , Îles frères convers que l’on distinguait par leur barbe et leur costume /fratres barbati cappa) , les bergers, les bouviers, les voituriers, ajoutaient à leurs tuniques un camail de peau de chèvre, et les frères forgerons , une longue chemise noire. Ils avaient le droit d'assister à tous les exercices claustraux, de s'asseoir à la mense commune, d'y prendre la même nourriture que les religieux. « Ils välent, dit le livre des us, ce que nous valons, le prix du sang d’un Dieu. De quel droit établirions-nous pour eux une différence de ré- gime, puisqu'il est certain qu’ils sont nos égaux sous la loi de grâce de la rédemption ; serait-ce parce qu'ils sont plus simples et plus ignorants que nous? Maïs la raison nous conseille alors de n’en prendre que plus de soins et de pitié ? » (Lib. IIT. p. 304.) Les convers , c'était le peuple habillé en moine. Dans les granges, les convers formaient une hiérarchie sous un chef unique appelé le maître / magister con- versorum/, ayant pour coadjuteur le frère hospitalier, dont la mission principale était de recevoir les étrangers et les pauvres qui ne pouvaient aller jusqu'à l’abbaye. Celui qui tenait la charrue /frater stivarius) avait le second rang après le maître, on lui donnait pour associé le frère Bouvier ou Pique-Bœuf, qui aiguillonnait les bœufs 11 249 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. dans le sillon et les menait au retour dans les pâturages, Les frères vachers, bergers et porchers avaient chacun un compagnon plus Jeune qu'eux fjunior suus/, qui ne les quittait jamais dans les champs. Le laitier et son second portaient , le soir, à la-fromagerie de l’abbaye, le lait qui n'était pas nécessaire à la grange. Le frère charretier {carrucarius) conduisait chaque jour au monastère les produits de la grange et revenait chargé de pain et autres grosses provisions, accompagné du frère palfrenier /frater stabularius) ; 11 n’y avait jamais plus de huit ou dix frères dans une grange. À la fin du XIII. siècle, Morimond avait quinze granges, dont plusieurs ont été le noyau des plus beaux et des plus riches villages de la contrée. La haute administration des granges était confiée au cellerier qui devait les visiter de temps en temps , examiner l'état des travaux achevés, en ordonner de nouveaux et s'informer de la conduite des frères..De même qu'on re- trouve la maison romaine dans l’abbaye, ainsi, les granges nous rappellent, à peu de choses près, l'aspect et la distri- bution de la ferme de Varron et de Columelle. Elles étaient ordinairement construites sous la forme. d’un parallélo- gramme, avec une Cour au milieu et deux grandes portes d'entrée, les hébergeages et les écuries d'un côté et le logement des frères de l’autre. Ce logement se composait d'une cuisine, d'un réfectoire, d'un dortoir, d’un caléfac- toire, d’une celle des hôtes et d’un oratoire isolé. Non seulement les moines étaient de bons agriculteurs, mais aussi d'excellents éleveurs. La règle proscrivait comme indigne de la gravité monastique, les animaux de luxe et de récréation, le cerf, la grue, le cygne, le faucon, qui amusaient l’oisiveté des manoirs. Elle n’ouvrait les écuries des granges qu'aux bêtes de somme , aux brebis, aux CONGRÈS DES ACADÉMIES. 243 vaches, aux pourceaux. Au commencement du XIV®. siècle, Morimond avait dans ses quinze granges, 200 che- vaux, 200 bœufs en état de porter le joug, des vaches avec leurs veaux en proportion et d'innombrables brebis, dont les moines tissaient la laine. Les abbayes avaient des droits immenses de pâturages ; mais il était expressément défendu aux frères bouviers de laisser le bétail trop s'écarter de la grange. Les abbayes avaient aussi, dans les forêts, le Fa au gland et à la faine , pour les pourceaux /jus ad glandem et faginam. Le porcest la moitié de la vie des classes agri- coles. Sion enlevait aux gens de nos campagnes, ce mor- ceau de lard dont ils frottent leur pain noir, on opérerait parmi eux une révolution immense. Les moines avaient compris toute l'importance de l'élevage des pourceaux; dans l'intérêt des classes pauvres. Les us de Citeaux per- mettaient d'avoir pour les pourceaux, des écuries à deux ou trois lieues des granges et même plus loin. Morimond avait 20 porcheries disséminées dans la forêt du Bassigny, et chacune contenait près de 300 porcs. Les archives de la Haute-Marne ont conservé les pièces d'un procès relative - ment aux porcheries de Darney et de Neuville dans les Vosges. Ulric, seigneur de Neuville, avait fait saisir les pourceaux des moines. Pierre, évèque de Toul, ne dé- daigna pas d’être arbitre dans cette affaire. L'évêque, dans cette circonstance solennelle, défendait la cause de la charrue et de l'humanité, car, en enlevant aux moines leurs étables , on privait les pauvres des éléments agricoles les plus féconds et les plus essentiels. Un des principaux travaux des moines a été le défriche- ment des bois. Le sol français’ était alors couvert de trop vastes forêts relativement à son étendue, il était ma 244 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. récageux, insalubre, la température était froide et hu- mide. Lés moines percèrent les forêts de canaux , de tran- chées, d'aménagement, de routes d'exploitation; ils dé- frichèrent des portions immenses dont ils abandonnaïent aux ouvriers les produits pour sept ans. Dans l'origine, voici comment ils procédaient. L'abbé, tenant une croix de bois d'une main et de l’autre un bénitier, précédait les ouvriers ; il plantait la croix au milieu du bois touffu , il aspergeait d'eau bénite cette terre maudite et qui ne doit produire que des broussailles, puis, s'armant de la cognée, il abattait un arbre, alors les moines se mettaient à l'œuvre et avaient bientôt ouvert une clairière qui leur servait de centre et de point de départ. Les moines essarteurs étaient divisés en trois sections : - les coupeurs fincisores) qui faisaient tomber les arbres sous les coups de la hache; les extirpateurs /extirpatores) oc- cupés à déraciner les souches, les brûleurs ('incensores ) qui réunissaient tous les débris pour les livrer aux flammes, armés de fourgons ou de longues perches /furgones }, avec lesquelles ils soulevaient les tisons pour raviver le feu {quibus titiones submovebant) ( Annales cister., t. I, p. 96). Les forêts monastiques étaient divisées en deux classes : les unes aménagées de taillis et de futaies sur taillis que l'on coupait de vingt-cinq à trente ans fsilvæ cœduæ), les autres qui restaient en massif de haute futaie pendant près de deux cents ans, selon la nature du sol /silvæ glandariæ); ils avaient ensuite leurs bois sacrés où la hache ne péné- trait jamais et sur le front desquels ils laissaient l’auréole des siècles et de l’antiquité : c'étaient les bois de réserve qui avaient je ne sais quelle mystérieuse harmonie ‘avec les vénérables institutions monastiques. Comme les moines, ils touchaient à la terre, mais ils s'épanouissaient et res- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 245 piraient du côté du ciel. Végétations vierges et solitaires qui coujuraient les orages. La viticulture ne fut pas généralement approuvée au commencement ; elle souleva, à Clairvaux, de vives opposi- tions. Des religieux plus austères voulaient proscrire le vin comme une liqueur trop sensuelle: aux mondaïns, disaient- ils, la couronne de roses et la coupe pétillante de Bacchus, aux moines le diadème d’épines et le calice amer de Jésus- Christ. D’autres pensaient que des religieux assujettis aux pénibles labeurs de l’agriculture ne pouvaient se passer d'un peu de vin, boisson citée dans la Bible comme ré- jouissant le cœur de l’homme; ils disaient qu’il en fallait pour le saint sacrifice, pour les infirmes ; d’autres ajou- taient qu'en supposant même que le vin fût entièrement prohibé dans le cloître , on serait libre de l’échanger au dehors contre d’autres provisions. Alors ïl y eut des mi- racles, des légendes. Un frère Christophe, chargé à Mori- mond de la haute direction des travaux agricoles, essayait une plantation de vigne, le frère de saint Bernard, le prieur Gérard, s'étant efforcé, mais en vain, de l’en empé- cher, s’approcha de lui au moment où il enfouissait sa bêche dans la terre pour planter le cep, et lui cria d’une voix menaçante : mon frère, plantez et cultivez votre vigne, puisque vous le voulez, mais vous ne goûterez jamais de son fruit. Et cette vigne ne produisit pas un seul raisin jusqu'au jour où saint Bernard, plus miséricordieux envers la vigne, lui rendit sa fécondité. La viticulture a été ainsi consacrée par un grand miracle et tous les clos célèbres sont d’origine monastique. Les moines ont créé les jardins potagers et perfectionué Phorticulture ; 1ls avaient d'excellents légumes et de beaux 246 INSTITUT DÉS PROVINCES DE FRANCE. vergers. Les arbres n’y étaient point mélangés au hasard, mais classés par espèces au Nord ou au Midi, selon leur origine et leur nature. Quand une colonie sortait d’une abbaye, elle emportait avec elle des semences et des plants de toutes sortes; ainsi en partant de Morimond pour fonder Ald camp, pres de Cologne, les moïnes emportè- rent le pommier de re nette-grise que d’autres cénobites transportèrent de là en Thuringe, en Saxe, tandis que d’autres moines apportaient en Lorraine et en Champagne les espèces d'Allemagne. Du jardin du couvent , cette espèce nouvelle entrait dans celui du village voisin, et les _ climats échangeaient leurs productions par l'intermédiaire des moines que nous pouvons appeler les courtiers agricoles du moyen-âge. On lit avec étonnement dans les Annales de Citeaux, les travaux agricoles des religieux dans les enclos dés monastères ; c'était un élément essentiel de la vie cistercienne. Il serait curieux d'étudier en regard les entreprises industrielles et commerciales des moines à cette époque. Un monastère était une véritable Cité où s’exer- çaient tous les genres de professions industrielles. Nous y trouvons partout et toujours le travail résiaire, tant pro- clamé par nos réformateurs modernes : jamais l'isolement. Chaque métier était confié à un certain nombre de frères, dont l’affiliation formait une série et les préservait de l’iso- lement. On distinguait les frères meuniers / fratres molen- dinarii), les frères boulangers /yistores }, les frères bras- seurs /brasciarii) , les frères huilliers /’olearii) , les frères corroyeurs f corriari/, les frères foulons f fullones ), les tisserands, les cordonniers , les maréchaux , les charpen- tiers , etc. Chaque série avait son frère inspecteur ou contre- maître, et à la tête de tous ces travailleurs était un père directeur ou patron qui distribuait la besogne, activait ou modérait la main-d'œuvre. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 247 Dès la fin du X°. aisée, il existait dans l’abbaye de St.-Florent de Saumur, une manufacture où les moines tis- saient des tapisseries ornées de fleurs et de figures d’ani- maux. Cette manufacture devint très-florissante, et , en 1133, l'abbé de St.-Florent, Mathieu de Houdun, y fit exécuter une tenture complète pour son église. Dans le chœur, c'était les vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse ; dans la nef, des chasses et des bêtes fauves ([Mabillon 115) . ? AU AVE. siècle, la réforme bénédictine de Jean de la Barrière fut toute industrielle, il appliqua spécialement les religieux feuillants aux arts mécaniques : les uns car- daient la laine, les autres la filaient, d’autres tissaient des draps. | Les monastères étaient les seules hôtelleries des campa- gnes, à une époque où les voyages étaient longs et péril- leux ; et avec quelle charité délicate et prévenante l’hospi- talité y était exercée. Chaque grange devait toute la nuit entretenir une lampe au dehors pour servir de fanal au voyageur égaré dans les ténèbres et ranimer son courage (Annales cisterc., t. II. 50). Nous retrouvons à la trappe cette hospitalité antique et chrétienne. _ Laissez-moi, Messieurs, vous raconter une des histoires touchantes de l'hospitalité. Le comte Evrard, de Mons, revenant de pieux pélerinages et de guerres lointaines, s'arrêta un soir à la porte d’une des granges de l’abbaye de Morimond, sur les frontières de la Champagne et de la Lorraine. Il y fut si doucement accueilli, qu’il résolut de s'y cacher pour le reste de sa vie. Il demanda un emploi dans la grange; il fut frère porcher. Il suivait et gardait des animaux immondes, mais sa grande âme était en Dieu et dans la solitude des bois, il chantait les cantiques du 248 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. roi pénitent. Or, il arriva ‘an jour que deux chevaliers du comte Evrard , très-désolés de sa longue absence , s'étaient mis en route pour le rechercher. Ils arrivèrent près de Mo- rimond ; un de Jeurs valets apercevant un pâtre, courut vers lui pour lui demander le chemin. Le pâtre releva son front, découvrit sa noble figure, et le valet crut y reconnaître les principaux traits du comte de Mons: il courut vers les chevaliers en criant : notre maître garde les pourceaux de cette grange. Ils en rirent tout d’abord, mais par curiosité ils piquèrent droit au pâtre et lui demandèrenten allemand s’il était réellement le comte de Mons. Evrard, pour les déconcerter, leur répondit en langue romane. Ils continuè- rent leurs questions, et le vieux comte, trahi par son émo- tion et par ses pleurs, leur dit enfin : Oui, je suis votre maitre. Alors les chevaliers se précipitent dans ses bras, ils le tiennent embrassé et pleurent sur son cou. Ils descendi- rent tous à la grange, y gémirent plusieurs jours avec leur bon et pieux maître qui refusa de les suivre. Il prit pour toujours l’habit monastique. Je vous affirme, Messieurs , que je n'ai pas trouvé un plus beau trait dans l'antiquité païenne. Il n’y a rien dans Homère d'aussi simplement grand. A la place de ces hôtelleries monastiques sans cesse ouvertes à tous les pélerins de la foi, de la science et des arts, où les plus pauvres trouvaient un abri et le plus cor- dial accueil , nous avons dans la campagne de misérables cabarets où l'on est reçu, selon les moyens de sa bourse, en compagnie des ivrognes de la localité, dans la saleté et l'ordure, Les Annales mouastiques sont remplies de semblables histoires. Voilà comment dans les âges de foi on réparait les égarements et les scandales de sa jeunesse, en don- CONGRÈS DES ACADÉMIES. . 249 nant son cœur à Dieu, l’aumône aux pauvres , etau monde la patience , le travail des richesses nouvelles. Et aujour- d'hui, aujourd'hui, quand un jeune homme a usé dans la débauche les. prémices de sa vie et l'héritage de ses aïeux, et qu’à la place du bonheur, il u’a trouvé que le remord et que le désespoir , au lieu de se retirer dans la solitude des paisibles campagnes , il court dans la grande ville; il ne prend pas la bêche, mais la plume ; il ne se cache pas dans la cellule d’un monastère, mais dans une mansarde : de là cet Achille boudeur jette un regard dédaigneux sur son pays , il cite à sa barre la société entière ; il l’accuse de ses fautes et de ses malheurs ; il la juge, il la condamne; il proclame une ère nouvelle de communauté de biens, parce qu’il a perdu les siens; de communauté de femmes, parce qu'il est repoussé de toutes celles qui sont chastes et pures ; d'égalité et de fraternité , parce que tout ce qui se respecte s'éloigne de lui. Il crée un monde idéal qu’il sème de perles, qu’il illumine de l'éclat de l'or et des pierreries, qu'il embaume de tous les parfums et où l'homme se pro- mènera de volupté en volupté, comme un sultan blasé, à travers des salles de festins et des harems fantastiques. Il jette ses visions à tous les ambitieux, à tous les corrompus, à tous les mécontents : il inspire la haine et communique la fureur des jouissances, et, à un moment donné, la foule descend en armes dans la rue, l'utopie devient l'anarchie et le rêve s'achève dans les ruines et dans le sang. Au XVI®. siècle, les moines dégénérés renoncèrent à l'agri- culture ; ils déposèrent la bêche et le hoyau. Ils dépouillè- rent ainsi leurs austères habitudes, leur force antique, leur majesté patriarcale. Le nombre des frères convers diminua à cette époque, les monastères prirent alors à leur service des manœuvres journaliers, Or, ils rendirent 950 iNSTITÜT DES PROVINCÉS DE FRANCE. encore en cela un immense service en arrêtant le vaga- bondage des malheureuses familles d'Alsace et de Lorraine, race quasi bohémienne qui traîne aujourd’hui son dénue- ment sur toutes nos routes et à l'entour de nos villes. Morimond, en 1780, était encore une précieuse ressource pour les ouvriers séculiers. Il y avait même alors dans l’enceinte du monastère une menuiserie, une tonnellerie, une charpenterie , une boulangerie, une serrurerie, une tissanderie. En outre , les moines employaient cent ma- nœuvres dans leurs jardins, leurs cultures et leurs granges. Depuis le mois de décembre jusqu'à la fin de mai, l'abbaye de Morimond occupait plus de trois cents bû- cherons dans ses forêts , et durant tout l'été et le prin- temps, environ cent cinquante maçons ou tailleurs de pierres dans divers chantiers. Ainsi près de six cents ouvriers gagnaient leur vie et celle de leurs petits enfants au service des moines dans une seule abbaye, et cela sans interruption , sans chômage. Et quand un père de famille mourait au service de l’ab- baye, les moines adoptaient les enfants, qui étaient nourris et élevés à leurs frais. Remarquez bien, Messieurs, que le monastère était un propriétaire qui ne mourait jamais. Ses maisons etses terres ne passaient point en d’autres mains ; Ses futaies n'avaient pas à craindre la hache d'un héritier dissipateur. Les fermiers d’une abbaye n'étant par con- séquent sujets à aucune de ces innombrables incertitudes qui pèsent sur les autres agriculteurs, se regardaient comme des espèces de propriétaires, tandis que les moines ne pouvant rien posséder en particulier , ni rien léguer, n'étaient pour ainsi dire que de simples usufruitiers. Pen- dant près de deux cents ans les mêmes familles se suc- cédèrent de père en fils dans les granges de Morimond. CONGRES DES ACADÉMIES. 951 Üu autre avantage agricole des monastères, c'était la dépense des revenus dans la localité. Il faut que la terre appartienne à quelqu'un ; ceux qui en sont les maitres doivent avoir la distribution de ses produits. Si ces produits sont principalement distribués entre le peuple qui les crée par son travail, alors la communauté est heureuse; si, au contraire, la plus grande partie de ces produits est aliénée, si on les transporte à grande distance pour les dépenser parmi des étrangers, la masse de la communauté doit évidemment être malheureuse et remuante , avide de chan- gements et de révolutions. Alors il faut élever à la place du monastère un dépôt de mendicité, une caserne et une prison ; c’est tout ce que notre siècle a su fonder et bâtir. Assistons maintenant à la ruine désolante de ces grandes institutions nationales. On attaqua d’abord les moines par le ridicule. Le rire précéda le drame; on chansonna les moines, et ces in- famies furent chantées par les bergers et les laboureurs; l'enfant les répêta sur la place publique ; les femmes les redisaient sans rougir au foyer domestique et aux fêtes de village, les jours de foire ; un fermier qui convoitait un pré ou un champ de l’abbaye chantait, d'une voix avinée, la gourmandise et l’intempérance des moines ; le théâtre, les romans , les caricatures, tout conspira contre la société à la grande joie des nobles et des bourgeoïs qui espéraient une bonne proie. Ils l’ont eue cette proie. Mais au-dessous il y a une autre couche de REP qui la convoite à son tour. Les monastères ont été ruinés, détruits. Les moines ont été égorgés , et il se trouve encore des hommes assez mi- sérables pour insuiter à ces grands souvenirs en plein collège de France ét dans les feuilletons des journaux. On 252 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ose écrire des sottises comme celle-ci : « Les moines sont les faquirs du christianisme, une imbécile quiétude les ca- ractérise.... » Les bacchanales et les pantomimes des - prêtres de Cybèle se retrouvent dans les courses vagabondes et les momeries des Franciscains (Michelet). Les Domi- nicains qui voient le monde entier dans le capuchon de la Vierge sont une imitation des sectes Brahmaniques qui l'ont vu dans la bouche de Chrisna ou dans la fleur du Lotos.. Les prodigieuses austérités des premiers Cister- cieus n'ont plus rien qui étonne lorsqu'on a lu les légendes des Bickus et des Bickchanis du boudhisme... La compagnie de Jésus rapelle à M. Sue les pieuses escroqueries et l’im- moralité raffinée des Bonzes... Et un illustre professeur , dans un cours public en face de la jeunesse française, s’écrie : que tous les moines sont petits et prosaïques en présence des Druides errants dans les forêts et des Brah- manes tombant dans les bras des Bayadères. Voilà ce qu'on appeile dans le monde un haut FR RRRens et une véritable science historique. De grâce, Messieurs , n’allons pas au der pour in- sulter à la foi, aux travaux et aux larmes de nos pères. Il n'est personne d'entre vous qui n'ait visité, au moins une fois dans sa vie, une ancienne abbaye. Or, dites-le moi, quelle tristesse profonde vous en avez rapporté dans votre cœur. J'ai voulu un jour voir Morimond, cette qua- trième fille de Ciîteaux, dont j'avais lu la belle et excel- lente histoire , écrite avec tant d'amour par M. Dubois et d'où j'ai tiré ces notes. Hélas! qu'ai-je trouvé sur cette terre vénérable et illustre ? je vais vous le dire bien tris- tement. Les grands arbres étaient tombés avec les céno. bites qui les avaient plantés. Sur le sommet croulant de la porte croissaient des touffes de giroflées jaunes et de CONGRES DES ACADÉMIES. 253 graminées sanatiles. Partout le silence de la mort. Les môles de l'étang étaient dégradés. Tout autour une bande couverte d'un jonc stérile. Il n’y avait plus dans ce désert la vie bruyante des ateliers ; on n’y entend plus le son des cloches et la psalmodie sainte. Là où il y avait cent cin- quante ouvriers il y a soixante ans, une misérable famille vivait à grand peine dans une affinerie de pointes. Les beaux jardins sont dépouillés de leurs arbres fruitiers et de leur verdure. Pour franchir le ruisseau on a jeté en travers sur le courant la statue d'un abbé. Le palais abbatial sert d’en- grangeage ; c'est tout ce qui reste des bâtiments immenses et magnifiques. Un hangar remplace l'hôtellerie où, pen- dant une longue suite de siècles, les pauvres et les voya- geurs ont reçu une si généreuse hospitalité. L'église est remplie de déblais et de ronces. Les tombeaux historiques sont brisés et recouverts d’orties. J'oubliais une misérable . Cabane qui conspire à son tour contre le fermier et le clou- tier qui sont devenus pour elle une autre aristocratie qu'il faut absolument détruire. Je m'arrête en m'inclinant avec un respectueux amour devant les terribles jugements de Dieu. J'apporterai ici en finissant la plus grande autorité qu'on puisse citer aujourd’hui. Napoléon, à Ste.-Hélène, après avoir sondé sans prévention la question monastique avec son regard d’aigle, disait: « Un grand empire comme la France peut et doit avoir des trappistes et des moines. » Ce sont aussi mes conclusions pratiques ; j'aurais honte, dans mon ignorance , de vous en proposer d’autres. Moi, prêtre du Sauveur J.-C., je veux parler avant tout à vos cœurs , à ce qu'il y a de plus noble et de plus élevé dans vos intelligences; les intérêts matériels sont pour moi bien secondaires. Je vous en supplie, aimez la foi de vos pères k 254 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. glorifiez-les par vos œuvres. Portez au milieu des populas tions que vous représentez ici, de bonnes et d'équitables pensées : c'est à vous qu'il appartient de corriger, de former l'opinion publique. Etudiez donc avec amour les vestiges de ces grandes institutions religieuses et nationales qui ont fait et peuvent faire encore la gloire, le bonheur et la prospérité de la France. Vous parlez souvent, Messieurs, de réhabiliter l’agri- culture. Vous avez institué des comices agricoles ; vous avez promis des primes à ceux qui amélioreraient la race bovine, la race ovine et la race chevaline, et vous avez bien fait. On vous tiendra compte de vos efforts. Mais laissez-moi vous dire, moi qui suis très-ignorant de toutes ces choses , que le mal n’est pas dans le sol et l'assolement, que le mal n’est pas dans les instruments et les animaux de labourage : le mal est dans l’âme du cultivateur: il lui faut à présent, comme aux autres classes de la société, des jouissances coupables, des émotions, du bien-être, de la gloire vaine aussi. Les paysans veulent aussi habiter les villes à leur tour pour y bien vivre, y bien manger, y gagner beaucoup d'argent. Que ferez-vous donc pour re- lever moralement les agriculteurs ? Vos sénateurs n'iront pas à la charrue, et vos poètes ne chanteront plus les travaux champêtres comme l'antique Virgile. L'agriculture ne sera sauvée et élevée parmi nous que par l’église catholique, qui adore toujours son Dieu dans une étable entre un bœuf et un âne, et qui honore égale- ment les laboureurs et les princes. L'agriculture sera honorée quand les enfants de vos capitalistes et de vos financiers iront, à l'exemple de saint Bernard, dans les champs , pour s’y mêler aux moissonneurs, travailler avec eux et leur apprendre l’inestimable vertu d’une humble CONGRÈS DES ACADÉMIES. _ 255 modération. Il faut que l’agriculteur, pour s'attacher au sol avec résignation et avec amour, voie briller au bout de sa bêche une couronne immortelle. Les ordres religieux seront au milieu de nous comme une croisade agricole. Il faut que nos paysans voient bien de leurs propres yeux, dans la main-d'œuvre des associations re- ligieuses et monastiques , tout ce qu'il y a de ressources ‘infinies dans la religion, qui doit faire leur consolation et aussi leur fortune; car N.-S. J.-C. a dit : « Cherchez d’abord le règne de Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît. » 4 Après cette lecture, interrompue à plusreurs reprises par de chaleureux applaudissements , la séance est levée et plusieurs membres s’approchent de M. de Malan pour le féliciter. Le Secretaire-général , Raymond BoRDEAUX. SÉANCE DU 21 MARS. (Présidence de M. le comte de Monrreuiz. ) Ont pris place au bureau : MM. de Montreuil , de Cau- mont, Duchatellier, de Vesvrotte, de Vauteney , de Qua- trefages. M. Cellier a la parole pour développer sa proposition sur l'admission du public aux séances des Sociétés sa- vantes. | Après avoir démontré l'importance de la publicité, l’au- 256 INSTITUT DES. PROVINCES DE FRANCE. teur insiste sur cette considération qu'un livre, quelque bon qu’il puisse être, trouve souvent peu de véritables lecteurs. Entre l’orateur et l'auditeur, au contraire, il s'établit des communications sympathiques qui, pour être occultes, n’en sont pas moins réelles, Souvent le bon audi- toire fait le bon orateur. Introduisez le public dans l’er- ceinte réservée aux savants, et la parole de ceux-ci aura bien plus d'utilité réelle. Les avantages seront d’ailleurs réciproques. Les hommes qui s’enferment entré quatre murs pour discourir, finissent bien souvent par s'endormir. L'esprit de corps fait bien souvent l'esprit individuel, et faute de connaître ce qui se passe eu dehors du cercle où l’on vit, l’on perd la moitié de ses forces. Les membres les plus éminents du clergé reconnaissent que, faute de vivre assez dans le monde laïque, ils ne peuvent exercer sur lui toute l’action qui serait nécessaire. Après avoir traité le côté théorique de la question , M. Cellier passe à la pratique. On objecterait vainement les questions de local. Il y aura toujours de la place pour un public nécessairement restreint. Une objection plus grave est celle de la timidité qui retiendra souvent un savant placé en présence d’un public à lui inconnu, tandis qu'il aurait parlé devant ses collègues. Mais, laissez votre vanité à la porte et la timidité disparaîtra. Cette publicité aura d’ail- leurs l'avantage d’aider à l'éducation oratoire de la popula- tion française. M. Duchatellier croit que la mesure proposée présente des avantages incontestables, mais elle a aussi ses incon- vénients. L'expérience prouve qu'une mauvaise plaisanteri suffit parfois pour tuer une société. Dans d’autres circon- stances , les engagements pris par des membres et, mal tenus, exposent sociétés et public à des mécomptes regret- CONGRES DES ACADÉMIES. 257 tables. M. Duchatellier cite des exemples frappants à l'appui de son opinion. M. de Caumont croit qu’il y a quelque chose à faire dans le sens de la proposition; mais, selon lui, il y aurait un danger sérieux à admettre le public à toutes les séances d’une société appelée par sa nature à traiter des sujets vraiment scientifiques. Le sérieux des travaux courrait de grands dangers. Pour retenir ce public qu’on aurait appelé, pour lui plaire, on abaisserait le niveau. Ici encore l'ex- périence parle hautement. Il faut donc prendre un moyen terme. Indépendamment des séances privées, il faut or- ganiser des séances publiques qui. venant trois ou quatre fois par an, éveillent l'attention sans la fatiguer, et qui permettent d’instruire les populations sans abandonner les recherches approfondies (approbation marquée). M. Duchatellier parle des essais tentés avec succès à Versailles pour attirer le public à quelques séances. Tantôt M. Gannal est venu exposer ses procédés dlembaumement, tantôt la lumière électrique a fait l'objet d’une communica- tion spéciale. Ces séances ont toujours été très-suivies. M. le président résume le débat et pense qu'il faut traiter du principe sans entrer dans trop de détails. M. Cellier rappelle que la société phrénologique, pour attirer le public à ses séances, les. faisait précéder d’un enseignement oral et d'applications. M. Victor Petit rapporte que dans l'Yonne deux sociétés siégeant dans deux villes différentes se réunissent deux fois par an en séances publiques très-suivies. _M.le président croit qu'on peut formuler ainsi le vœu du Congrès : | Le Congrès émet le vœu que les sociétés savantes aient» à certaines époques de l'année, des séances publiques plus 258 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ou moins rapprochées, selon l'esprit et les besoins des localités. _ Adopté. M. de Caumont appelle l'attention du Congrès sur la question d’infériorité que la plupart des réglements des sociétés savantes, notamment de l’Institut de France, imposent aux membres correspondants. Ainsi l’on semble repousser des membres qu’on aurait tout intérêt à attirer. Sans vouloir rien prescrire , M. de Caumont pense qu'il y ‘aurait quelque chose à modifier à cet égard. M. Duchatellier fait observer que cet abus, d’ailleurs très-regrettable, n’est pas général. M. de Quatrefages indique la hiérarchie des divers mem bres appartenant aux classes de l’Institut et fait observer que dans l’Académie des sciences les correspondants pren- nent la parole sur leur simple demande. Il n’en est pas de même à l’Académie des inscriptions. | M. de Saint-Séine craint que le Congrès, en traitant une question de réglement intérieur, ne blesse quelques so- ciétés de province. M. de Caumont répond qu'il veut la liberté pour tout le monde, mais que, sans rien imposer à cet égard, ilest du devoir du Congrès d'avertir les sociétés de ce qu'il croit leur être utile, au risque même de déplaire pour avoir dit la vérité (approbation générale). M. le président formule dans les termes suivants le vœu à émettre : Le Congrès émet le vœu que les membres correspon- dants des Sociétés savantes soient assimilés aux membres résidants en tout ce qui touche au rang et aux droits litté- rairés et de discussion. Adopté. CONGRÈS DES ACADÉMIES. 259 M. d’Espaulart a la parole pour développer ses idées sur des concours à ouvrir entre les sociétés savantes. La So- ciété des antiquaires de Picardie a demandé que toutes les sociétés archéologiques de France envoient chaque année leurs mémoires à l'Institut, dont cinq membres , réunis en jury, décerneraient un prix de 5 ou 6,000 fr. au recueil renfermant l es documents les plus importants. Si ce prin- cipe était adopté, si on l'appliquait à toutes les sociétés, les résultats en seraient certainement des plus avantageux. M. de Caumont croit que ces concours ne produiraient probablement rien d’utile ; i! fait observer que cette proposi- tion est empruntée à un projet de l’Institut des provinces. Seulement celui-ci demandait que le jury fût eomposé de délégués des sociétés départementales. Paris ne peut juger que difficilement du mérite relatif de leurs travaux faits dans des localités éloignées et qui peuvent avoir un grand in- térêt local sans présenter cet attrait général plus éstimé des savants de la capitale. Quelques sociétés , en outre, et entr'autres l'Académie de Caen , ont repoussé, et elles ont bien fait, le principe même d’un concours qui rappel- lerait trop ce qui se passe dans les collèges. M. le président croit qu'on pourrait prendre les Congrès régionaux pour promoteurs des questions à traiter et pour juges. | | | M. de Quatrefages fait observer que si les savants de Paris. ont quelque peine à être impartiaux, il en sera à plus forte raison de même pour les savants de province appelés à juger des recherches d'intérêt local. M. Cellier combat le principe même de la proposition comme propre seulement à faire perdre du temps. Aucun travail vraiment durable, aucun livre ayant exercé une action réelle n’a été produit par ces programmes de con- cours. { Approbation.) 260 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. d'Espaulart répond que le prix porterait sur un én- semble de travaux nés de la spontanéité même des auteurs. Le prix permettrait souvent et de travailler davantage et de travailler mieux, Il faciliterait, en outre, certaines publications. Au reste , il a voulu seulement appeler l'attention du Congrès sur une question grave et dont la discussion peut très-bien être renvoyée à une session prochaine. M. le Président a la parole sur la question de la méca- nique agricole. M. Duchatellier fait observer que si la mécanique a dé- veloppé l’agriculture anglaise , elle ne tardera pas à exercer en France une influence pareille. Déjà les contrées renommées autrefois par la modicité du prix de revient de leurs céréales ne peuvent plus soutenir la concurrence avec celles où la grande culture s’est développée. La Bre- tagne comparée aux environs de Paris nous offre à cet égard un exemple frappant. Il faut craindre de favoriser ce mouvement outre-mesure, car si l'Angleterre, essentielle- ment industrielle, peut avec avantage attirer ses popula- tions dans les villes, nous devons, au contraire, les re- tenir sur le sol autant que possible. Au reste, l'examen des actes de contribution est rassurant à cet égard, car on voit la propriété moyenne seule se multiplier. : M. Dréol fait observer que jamais en France on n 'anhe tera les mécaniques agricoles si compliquées et si chères mises en œuvre de l’autre côté de la Manche. M. Gomart n'a vu en Angleterre aucune charrue qui, sous le rapport de l'utilité, puisse être comparée au Brabant. | M. le président déclare qu’il a voulu non pas traiter la question si étendue et si importante de la mécanique agri- CONGRES DES ACADÉMIES. 9261 cole, mais seulement éveiller l'attention à ce sujet, dans l'espoir qu'il sera traité complètement à la prochaine ses- sion. M. de Caumont met sous les yeux du Congrès la mé- daille décernée par lui à M. Emmanuel Woillez. La séance est levée à 1 heure 172. Le Secrétaire-général, DE QUATREFAGES. SÉANCE DU 22 MARS. ( Présidence de M. le comte D'HÉRICOURT. ) Siègent au bureau MM. de Caumont, le comte de Mellet, Didron, le vicomte de Cussy, l'abbé Lecanu, de Saint-Germain, le comte d’Alvimare , et le comte Georges de Soultrait , l’un des secrétaires-généraux.. La séance est ouverte à trois heures. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le président donne lecture de la lettre suivante adressée au Congrès par M. Emile Thibaud, de Clermont- Ferrand : MoxSIEUR LE PRÉSIDENT, Au moment où vont s'ouvrir sous vos auspices les im portantes séances du Congrès des délégués des sociétés savantes, je prends la liberté de rappeler à votre attention 262 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. deux questions dont l’une est fort importante et a même déjà été discutée dans les séances de l'annéé dernière. Il s'agit d'arriver à détruire, s’il est possible, un monopole monstrueux, ruineux pour l'Etat, et déplorable au point de vue archéologique ; monopole qui est exercé pour ainsi dire sans contrôle par les architectes du gouvernement, sous le titre d'architectes diocésains. Je dis que ce monopole est exercé sans contrôle, car je ne donnerai pas ce nom aux visites officielles, faites en courant, par des ins- pecteurs souvent d’une incompétence notoire, et le plus souvent d’une indulgence coupable vis-à-vis de nos dévas- tateurs diocésains. Vous savez, Monsieur, qu’un seul architecte diocésain est souvent chargé de l'entretien ou de la réparation des édifices religieux de plusieurs dépar- tements, d’une division en un mot. Lorsque cet architecte réside en province, il peut suffire à l'inspection , mais non à l'entretien consciencieux de ces édifices, car il faut qu'il réponde en même temps à la confiance illimitée que sa position officielle lui attire de toute part. Le plus souvent l'architecte d’une division diocésaine réside à Paris. Alors toutes les affaires de la division sont en souffrance et il faut dire alors : heureux diocèse! Car trois fois malheur aux édifices qui se trouvent sous la coupe réglée du maçon officiel ! Nous avons dans ce département de déplorables exemples de cette fureur destructive qui agite ces mes- sieurs. Le précepte consacré par la Société française est de conserver , non restaurer, consolider , non abattre. Le système de nos architectes est de détruire d'abord, re- construire ensuite si l'on peut ou comme l’on peut. Je ne vous tracerai pas ici le tableau de nos désastres archéologiques, plusieurs de nos collègues les connaissent CONGRÈS DES ACADÉMIES. 263 et pourraient en indiquer autant dans leurs départements, mais je puis vous dire sommairement que la solidité de notre belle et irdestructible cathédrale de Clermont, en laves volcaniques , a été gravement compromise par des dé- molitions et des reconstructions faites sans nécessité et sans méthode. Un rapport de l’architecte le constate lui-même. La curieuse église de St.-Amable de Riom , dont le chœur était un bel et rare exemple, en Auvergne, du style de transition, est livrée au marteau des démolisseurs , l’abside n'existe plus, les belles boiseries du XVII. siècle sont au grenier, les tombeaux des chapelles absidales ont été ouverts et fouillés.—En un mot, St.-Amable n'existe plus! —St.-Nectaire est menacé; St.-Saturnin (style roman) est reconstruit et dénaturé ; les saintes chapelles de l'Auvergne ont subi les restaurations les plus inintelligentes, je ne parle pas des constructions d’églises en style pitoyable, cela est l’affaire du diocésain; mais le nombre des églises anciennes dénaturées est incroyable. — Si M. de Surigny est aux séances; si M. de Montalembert veut reprendre cette croisade , il est possible que le gouvernement éclairé sur ces abus y porte un prompt remède. Je crois que les commissions locales seraient insuffisantes à arrèter les abus, si le gouvernement ne supprime pas radicalement, comme il l'a fait pour le Louvre, l'influence et le monopole des coteries officielles. La seconde question , que je voudrais avoir le temps de développer, parce qu'elle est très-attrayante, se résume dans ce vœu à émettre: Que la fleur de lis ne soit plus considérée comme un symbole de partis ou le signe de ralliement des partisans de telle ou telle dynastie, mais bien comme un glorieux blason historique, que la reproduction de la fleur de lis 264 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. soit tolérée et même que les villes de France ou les norm- breuses familles qui ont l'honneur de les avoir dans leut blason , soient autorisées à les reprendre sans conteste. M. Duchatellier fait observer au sujet de la dernière partie de cette lettre que les fleurs de lis ont été partout rétablies à Versailles, et qu’en ce moment même on peint à Sèvres des vitraux ornés dé fleurs de lis qui sont destinés à la chapelle du château. : M. l'abbé Lecanu, secrétaire de la commission des so- ciétés savantes, donne lecture de son rapport sur les travaux de diverses académies des provinces pendant l’année 1851. RAPPORT DE M. L’ABBÉ LECANU. MEssreuRs, Chargé par votre commission des sociétés savantes de vous faire un rapport sur les travaux auxquels se sont livrées les différentes académies représentées à votre Con- grès, vous me permettrez d'entrer en matière sans autre préambule, et de vous exposer sans aucune prétention littéraire le résultat du dépouillement que j'ai entrepris. Les belles phrases me sembleraient peu de mise en pareille circonstance; et d’ailleurs le temps m'aurait mauqué pour vous faire un discours académique. Je placerai de même sans aucun ordre mes notices sur chacune des sociétés savantes dont j'aurai à vous entretenir. Il eût été préférable, peut-être , de suivre un ordre géographique facile à établir; mais outre que j'aurais eu souvent de grands espaces vides à parcourir, il m'a semblé que ce CONGRÈS DES ACADÉMIES. 965 . . désordre représenterait plus fidèlement le pêle-mêle de nos réunions, où le Nord coudoie si fraternellement le Midi, où l'Est et. l'Ouest se confondent avec le Centre. Je commence donc , et c'est Angers qui a le privilége, si toutefois c'en est un, d'apparaître en première ligne. La Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers vous a adressé les trois derniers volumes de ses publications, remontant à l’année 1838. Je demande la permission de _ne m'occuper que de ceux qui. ont paru depuis votre dernier congrès, quoiqu'il n'ait pas: été rendu compte dans celui- ci des travaux précédents, et quoiqu'il y eût beaucoup à apprendre et à profiter dans ceux que je vais omettre; mais: l'analyse qu'il en faudrait faire, vu leur nombre et leur importance, dépasserait de beaucoup les bornes d'un compte-rendu. | Cette société savante a publié en 1851 un résumé sub- stantiel des travaux du comice horticole de: Maine-et-Loire, dans lequel se trouvent de précieuses indications sur la destruction du puceron lanigère par l'emploi du mastic à greffer ; des Observations non moins utiles sur la culture de la fève de marais; des Nouvelles sur plusieurs plantes exotiques, entre autres l’Agave d'Amérique , et quelques espèces nouvelles obtenues des semis du poirier. La même société a publié en outre le compte-rendu de l'exposition des produits vinicoles du département de Maine-et-Loire dans les années, 1849 et 1850, précédé d'observations générales sur la viticulture et l’œnologie. C'est à regret, Messieurs, queje passe sous silence certains autres travaux qui ont bien aussi leur valeur, tels que la Statistique horticole. de Maine-et-Loire publiée en 1842; l'Instruction sur l'éducation des Abeilles, par M. Desvaux ; | 12 266 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCÉ. membre correspondant de la Société nationale et centrale d'agriculture de Paris, publiée à Angers en 1849 , et la 1", livraison de la Pomologie de Maine-et-Loire, publiée en 1850, et accompagnée de quatre planches coloriées représentant des fruits d’espèces nouvelles ; mais j'ai cru devoir me restreindre aux publications plus récentes, dans la crainte d'établir un fâcheux précédent, en remontant _ ainsi à des travaux de vieille date. Le Congrès étant insti- tué spécialement pour encourager les sociétés savantes à tenter sans cesse de nouveaux efforts, le passé est d'autant moins à compter, sauf les bénéfices acquis, que c’est vers l’avenir qu’il nous faut, voyageurs du progrès , porter nos regards. | La Société industrielle d'Angers marche bien loin en avant de sa sœur, la Société d'agriculture, sciences et arts. La vingt-deuxième année de son Bulletin, contenant ses travaux pendant l’année 1851, est un livre bien rempli, qui renferme beaucoup de science, de longues et sérieuses études, et une multitude de notions infiniment précieuses. Je ne vous eutretiendrai pas des procès-verbaux des séances, de ceux des comices agricoles, des tables d'observations barométriques et thermométriques qui y sont consignées, d'un grand nombre de rapports, de notices biographiques et de communications de toute nature, la simple nomenclature en serait déjà longue: mais laissez- moi vous parler au moins des pièces les plus considérables du recueil, dans lequel tout nous a semblé bon , et beau coup de choses très-importantes ; et d'abord, d’un mémoire de M. Spooner sur l'application et l'économie des engrais, mémoire qui fait honneur à deux savants en même temps : à son auteur et à M. Trouessart, professeur des sciences CONGRES DES ACADÉMIES. 267 physiques au lycée d'Angers, traducteur d’un livre en langue italienne, duquel le mémoiré est extrait; ensuite d'un ouvrage de M. Allard-Goutaud, chef d’escadron d'état-major en retraite, intitulé : Documents relatifs à la taxe de la viande et au commerce de la boucherie. La question qui y est traitée, est une de celles qui préoccu- pent le plus ‘vivement les esprits dans le temps présent, et sur lesquelles la routine et le progrès se livrent les plus durs assauts. = Le même Bulletin contient encore un remarquable traité de -chimie agricole pratique, intitulé : Eléments de chimie agricole et de géologie du professeur Jonston, traduit par M. Trouessart; c'est la science réduite à son expression la plus élémentaire et la plus pratique; un mémoire traduit de l'italien par M. Boreau, directeur du jardin botanique d'Angers, sur la culture de l’apios tuberosa éomparée avec la culture de la pomme de terre; un mémoire de M. Trouessart sur les eaux potables, substance non nutritive, puisque l’économie animale ne s'en assimile aucune partie, mais qui joue cependant un des rôles essentiels dans l'alimentation des hommes et des animaux ; un savant rapport de M. Garot, ingénieur chargé des travaux à l'Ecole des arts et métiers d'Angers, sur le Calcul des machines à vapeur; une intéressante notice historique sur le jardin des plantes d'Angers et sur les progrès de la botanique en Anjou, par M. Boreau. Je regrette de ne pouvoir vous entretenir plus longue- ment de toutes ces choses, et d’être obligé d’en passer tant d’autres sous silence. Je terminerai en vous disant que la Société industrielle entretient des relations suivies avec d’autres sociétés analogues sur les points les plus éloignés du globe : en Italie, en Angleterre, aux États L} 268 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Unis, dans le Canada, et qu’elle s'enrichit de leurs tra- vaux, comme elle les fait participer aux siens. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, t. I°T., année 1851, _ Encore un livre bien rempli, et contenant des travaux importants avec des planches très-soigneusement dessi- nées, beaucoup mieux que les sociétés savantes ne pren- nent la peine de le faire ordinairement. Il s'ouvre par une notice sur le mont Catenoy, dit le camp de César, par M. Ledicte-Duflot. Suit une Notice sur John-Théodore Dupont-Wite, par M. Danjou ; une Notice sur l'église de St.-Martin-aux-Bois et ses stalles si curieuses, par M. l’abbé Barraud. Vient ensuite ur Rapport sur la. statue de Jeanne Hacheite, que nous admirions à Paris naguère encore, par M. Danjou; puis la suite d’un Mémoire sur les insectes du pommier, par M. Delacour; nous avons tort de dire un mémoire, c’est un livre, un savant traité; une Note sur l'origine géognostique des eaux de Beauvais; une autre Note sur un chat bicorps, par M. l’abbé Mail- lard, et le procès-verbal de la séance publique de la Société académique du 26 août 1851. Il est toutefois, relativement à ce volume, une anomalie que nous ne nous expliquons nullement : il est intitulé tome I®T., et contient des suites d'ouvrages qui ont dû. paraître précédemment; nous en ayons indiqué une ; il en est une seconde, intitulée : Enumération des plantes inté- ressantes des cantons de Reiz et de Crépy en Valois, par M. l’abbé Questier. Outre cela, il commence à la page 369, ne contient qu'une partie des matières. annoncées, et se classifie fort mal avec les indications de la table des matières, CONGRÈS DES ACADÉMIES. 969 La Société havraïse d’études diverses vous a fait hom- mage du volume contenant ses publications de 1847 à 1850 inclusivement. Il contient deux mémoires de M. Borely : De la charge et de la caricature en France; quelques cari- catures du XVIII. siècle; et De la familie et de la propriété, de leur rôle dans le développement de la civilisation ; un Coup-d'œil sur les types sociaux à diverses époques, par M. Millet-Saimt-Pierre ; quelques pages dues à la plume de M. d'Houdetot sur l'épisode des Dix amoureux; un essai sur l’Influence de la littérature à l'égard des mœurs, par M. d'André; plusieurs rapports de M. Maire sur les travaux de la Société, et un essai sur l'influence de la mode relativement à la santé des femmes ; l'Histoire du choléra dans l'arrondissement du Havre , en 1849, par M. Lecadre; un rapport de M. Märie, et un opuscule de M. Gallet sur l'influence de la musique relativement au moral et à la santé des équipages; le tout précédé d'un Résumé analytique des travaux de la Société, par son secrétaire, M. Charles Michaud. On pense bien que la savante Aca- démie ne s’est pas bornée aux quelques productions que nous venons d'indiquer : l'infatigable M. Cochet n’a pas interrompu les fouilles auxquelles il se livre avec tant d’ardeur sur tous les points où lui ont été signalées des ruines antiques, et la Société havraise s’est occupée aussi d'études variées sur les sciences naturelles , la médecine, l’agriculture, l'alimentation, la mécanique, l’industrie, la navigation , l’économie sociale, les institutions de bien- faisance, l’histoire locale, et plusieurs autres objets d’un égal intérêt. La Société nationale de médecine de Marseille continue ses travaux. Le docteur Roux, son président, et membre 270 INSTITUT: DES PROVINCES DE FRANCE. d'un grand nombre de sociétés scientifiques et littéraires , vous à adressé le discours d'ouverture qu'il a prononcé à la séance publique tenue le 14 décembre dernier, sur la régénération des sociétés savantes. L'Académie de Rouen vous a adressé quatre notices remplies d'intérêt, la première sur M. Thil, un de ses membres, conseiller à la Cour de cassation ; la deuxième sur Mg’. Fayet, évêque d'Orléans, ancien official de Rouen; la troisième sur M. de Kergariou, ancien vice-président de l'Académie de la même ville; la quatrième sur le comte Marchetti, de Bologne, poète aimé des Romains, auteur d’un recueil de poésies lyriques, et qui a chanté les derniers moments du fils du grand empereur et l’exal- tation du saint pontife Pie IX; ces Notices ont pour auteur M. Ballin, archiviste de l’Académie, et secrétaire de la commission des antiquités. Le même auteur vous a gratifiés d’une lettre sur la statistique, et de la traduction en vers français des deux Canzonettes de Metastase, intitulées : le Départ et la Liberté. Vous trouverez, sans doute, que c'est peu pour une Académie laborieuse et éminemment lettrée ; c'est justement assez pour vous faire regretter les productions qui ne vous ont pas été communiquées. Nous ne devons pas omettre toutefois de mentionner le Tableau décennal des principales opérations faites par le Mont-de-Piété de Rouen pendant les années 1848 à 1851 inclusivement, communiqué par M. Ballin. Ce document est curieux comme élément de statistique et d'économie sociale. La Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de Bayeux vous a adressé le bulletin de ses travaux, CONGRÈS DES ACADÉMIES. 9271 pendant les années 1850 et 1851. Il en résulte que la Société a tenu dix séances générales pendant les deux années, la section d'agriculture cinq séances, la section des sciences, arts et belles-lettres, une seule séance. La Société, dans ses réunions générales, a entendu dix rap- ports d’une grande importance, soit par les matières qui en font le sujet, soit par leur étendue, tel que celui de M. Castel sur l'exposition universelle de Londres; tous les autres roulent sur l'agriculture. Les ouvrages offerts à la Société de la part de ses membres sédentaires ou correspondants, témoignent, par leur grand nombre et leur variété, de la puissance et de l'étendue du mouvement intellectuel qui gravite autour d'elle comme autour d’un centre commun. Si elle embrasse beaucoup d’objets dans son intitulation, assurément ce n’est pas du faste, car, elle remplit son programme et le dépasse. | Je voudrais citer tous les noms propres et tous les ouvrages ; mais au milieu des nombreuses pièces dont le volume se compose, je signalerai, sinon les meilleures, ce qui pourrait être blessant et devenir injuste, du moins les plus considérables par leur étendue. En première ligne, une Notice explicative d'un poème manuscrit du commencement du XIV®. siècle, ayant pour titre la Chapelle de Baïex, par M. Pezet, président du tribunal civil de Bayeux et de la Société. L'auteur du poème serait, d’après les conjec- tures de M. Pezet, Jehan de Justice, chanoine de Bayeux. En second lieu, un Voyage agronomique, descriptif et archéologique dans le Centre et l'Est de la France, par M. Castel, secrétaire-général de la Société. Pour juger de l'importance et de la multiplicité des observations recueillies par le savant voyageur, il faut savoir que près de cent- vingt pages bien remplies sont consacrées à les exposer 272 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. brièvement; nous dirions presque avec la rapidité dont marchait la locomotive qui transportait le pélerin d'une station à une autre, partout où il jugeait convenable de prendre terre pour observer. Le rapport du même auteur sur l'exposition universelle de Londres n'est pas moins étendu, et. d’une plus grande importance encore peut-être par les vues générales qu'il renferme. Dire qu'il à valu à son auteur de chaleureuses félicitations de la part de M. Blanqui, de l'Institut, et de M. Quetelet, secrétaire per- pétuel de l’Académie royale de Belgique, c'est en indiquer suffisamment le mérite et la portée. Dans le cours des deux années, la Société a organisé trois concours d'agriculture , et distribué un grand nombre de médailles, de primes et de prix de toute nature, non seulement aux efforts, au succès, au progrès, mais aussi à la moralité, base essentielle de tout progrès véritable. Vous trouverez, sans doute, comme moi, que jamais Société ne remplit mieux son programme, et ne dut mieux espérer le succès pour prix de ses travaux. Si la Société des sciences, arts et belles-lettres a un peu moins produit en 1851 que dans les années précédentes, et comparativement à la Société d'agriculture, 1l est pour- tant arrivé deux importants mémoires, mais trop tardive- ment pour l'impression : l'un de M. l'abbé Laffétay, l'autre de M. Pillet; il vous en sera rendu compte à votre pro- chaine réunion. La Société d'émulation du département des Vosges vous a adressé les Annales de ses travaux, publiées en 1851 pour les derniers mois de l'année 1850 et 1851. La géologie et l'histoire naturelle du département des Vosges occupent une large place dans les publications de la Société d'ému- LS IN STAR CONGRÈS DES ACADÉMIES:. 273 lation ; mais il ne faut pas s'en plaindre , elle est bien remplie ; elle l’est d’une manière convenable à la richesse métallifère du département. La Société possède un riche musée minéralogique. Il faudrait vous citer les savants mémoires du docteur Mougeot et de M. Jules Laurent sur les objets dont se compose ce musée, qui voit chaque année augmenter ses richesses; ceux du docteur Carrière et de M. de Billy, sur la minéralogie des gîtes de Fra- mont , de Sainte-Marie-aux-Mines et sur la géologie du département. Sans compter que la Société ne se contente pas d'étudier la nature dans sa propre localité, elle va la chercher partout où elle peut la saisir sur lé fait, pour ainsi parler, afin de tirer de la comparaison de ses phéno- mènes de précieuses indications : c’est ce que prouve un savant mémoire de M. Perrey , l’un de ses membres corres- pondants, sur les tremblements de terre aux Etats-Unis et dans le Canada. Cependant l'étude de la géologie n’occupe pas seule les loisirs de la compagnie ; l’agriculture y a part. Elle a publié, dans ce but, un intéressant travail de M. Chapelier, l’un de ses membres associés , sur la culture du mérisier et la fabrication du Kirsch ; ét ce qui le démontre mieux encore peut-être, ce sont les concours agricoles auxquels elle préside, et le nombre des récompenses qu'elle y décerne : quinze médailles d’argent et treize primes , d'une valeur progressive de 50 francs jusqu’à 500 francs, distribuées en 1850; douze médailles, vingt- une primes de valeurs graduées jusqu'à 500 francs et un prix de trois cents francs offerts pendant l’année 1851 pour l'amélioration des prairies, les défrichements et mise de terrains en culture , perfectionnements dans les arts mécaniques et industriels spécialement appliqués à l'agriculture, perfectionnement des voies de communica- 274 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. tion, propagation des bonnes méthodes d’'horticulture, fabrication des fromages, exploitations agricoles les mieux entendues ; tels sont les sacrifices qu’elle s'impose dans le but de faire produire au sol toutes les richesses que l’art peut.en attendre. Nous voyons par le catalogue des nombreux ouvrages qui ont été adressés à la Société par ses membres associés ou correspondants pendant le même espace, que le mou- vement d'idées auquel elle sert de point central, se porte également, à peu d'exceptions près, vers les sciences naturelles dans leur application à la satisfaction des besoins physiques de la nature humaine. Cependant les exceptions dont nous venons de parler montrent aussi que les sciences purement intellectuelles ne sont pas tout-à-fait mises en oubli. C’est que nulle part. sur la terre l'homme ne peut vivre seulement de pain ; vous nous permettrez de citer ici cette parole évangélique, car la vérité vraie sera toujours bien venue parmi vous. Le département du Nord marche rapidement sur les traces de ceux dont nous venons de vous entretenir, si même il n’en précède plusieurs. La Société des sciences de Lille vient de mettre au jour un volume, dont il suffira d’é- noncer les matières pour en faire apprécier la valeur: Descrip- tion d'un daguerréotype panoramique rectiligne, par M. Pen- viou ; — Acoustique : Sur la formule de la corde vibrante, par M. Delezenne; — Sur une cause de rupture de certains appareils à vapeur, par M. Mengy ; — Mémoire sur: les combinaisons définies de l’iode et du phosphore, par M: Corenwinder ; — Essai de géologie pratique sur la Flandre française, par M. Mengy ; — Histoire des métamorphoses de quelques diptères, par M. Perris ; — Diptères exotiques CONGRÈS DES ACADÉMIES. 275 nouveaux, par M. Macquart ; — Observations sur les effets de l'abaissement du droit des sels, par M. Mobroguier ; — Nouveaux analectes pour servir à l'histoire des faits, des mœurs et de la littérature, par M. Leglay ; — L'été, traduc- tion du poème des saisons de Thomson, par M. Moulert; — Fables, par M. Delerne ; — Une nuit chez les trappistes du Mont-des-Kaltes, par M. Pierre Legrand; — Con- trebande littéraire, par le même. Un autre volume non moins important est sous presse, et contiendra de savantes recherches sur les antiquités de l’art musical, art cultivé d'une manière tout à la fois savante et spéciale dans le département du Nord , comme on en peut juger par les travaux déjà cités, par le livre de M. de Coussemacker sur l'Histoire de l'harmonie au moyen-âge, qui vient de paraître, et par la fondation récente d’une association musicale à Lille, dans le but d'améliorer la position matérielle et morale des artistes musiciens, et de seconder leurs talents ou leur ap- titude. La Commission historique du Nord, instituée à Lille il y a un dixaine d'années, en est aujourd'hui au 4€. volume de son Bulletin, dont l'impression est récemment eommencée. Un membre correspondant de cette commis- sion, le docteur Escaliez , de Douai, vient de faire paraître une Histoire de l’abbaye d'Auchin. Le Cercle littéraire de Lille continue à offrir au sabre lettré, dans ses réunions hebdomadaires, des délassements aussi utiles que savants et variés : musique, littérature, cours d'hygiène, d'histoire, d'astronomie, tels sont les sujeis les plus ordinaires de ses programmes. Trois musées viennent de s'ouvrir : un musée de tableaux originaux de l'école italienne, donné par M. Wicar; 216 INSTITUT DÉS PROVINCES DE FRANCÉ. un musée d'armes et d'équipements des peuples sauvages , donné par M. Moillet ; un musée de sculpture, donné par M. Bra, l'habile statuaire. Celui-ci est ouvert au public dans la ville de Douai, les deux premiers sont à Lille, Il résulte de ce rapide exposé, que le département du Nord, qui tient dans la France un rang si élevé par l'industrie de ses habitants, rivalise encore avec les plus avancés sous d'autres rapports par la culture des belles- lettres , des beaux-arts et des sciences positives, La Société de statistique du département des Deux- Sèvres vous à adressé les tomes XIII et XIV de ses Mé- moires, comprenant les années 1849, 1850 et 1851, Cette académie, dont le siége est à Niort, est de celles, vous le savez, qui donnent beaucoup plus que son apellation ne promet ; car sous ce titre de Société de Statistique, elle embrasse la topographie, l’hydrographie, la météorologie, la géologie , la minéralogie , l'hygiène et les fluctuations de la population du département ; les productions natu- relles et artificielles, l’agriculture, l'industrie, le com- merce, la navigation, les sciences positives, l’adminis- tration, l’histoire civile et religieuse , l'archéologie et les beaux-arts. Une bibliothèque , des archives et un musée lui appartiennent en propre; le musée contient des in- struments et des vases celtiques les mieux conservés que l'on connaisse , au dire de savants distingués. Mais c’est spécialement de ses travaux que je dois vous entre- tenir. Outre les discours d'ouverture des séances publiques, les procès-verbaux des séances ordinaires, les rapports lus à la Société et quelques pièces plus courtes, mais non sans valeur, nous avons surtout été frappés de l'impor- tance d’un recueil de documents historiques concernant CONGRÈS DÉS ACADÉMIES. | 277 le tribunal de commerce de Niort, fondé en 1565 par Charles 1X. C'est toute une histoire d’un grand nombre de familles considérables du pays. La Société en est redevable à M. Alfonse Frappier. Vient ensuite une his- toire du siège de Poitiers en 1569, par M. Arnauld. À en juger par cet essai, et par les pièces et documents qui terminent le XIV®. volume des Mémoires de la Société, on peut dire que le département est comparativement riche en Souvenirs historiques sur ces temps de troubles regret- tables , occasionnés par l'introduction de la réforme en Poitou. Fâcheux souvenirs, stérile richesse, qu’il faudrait se hâter d'anéantir, si l'oubli pouvait être un remède ou un préservatif, S'il ÿ a beaucoup pour la curiosité de l'esprit, il n'y a rien pour le cœur, à moins que des tristesses. Ceci soit dit sur le fond même du sujet, mais sans préjudice pour le mérite de ceux qui reconstituent le panorama des temps écoulés. Un épisode du siége de Rome en 1849, ou plutôt une biographie du capitaine de Jouslard , né le 25 août 1816, à Ardin, petit village du département des Deux-Sèvres, et ‘tué à l'attaque de Rome dans la terrible journée du 22 juin, raconté par M. Alfred Monnet, nous a vivement ému. Mais la pièce la plus importante est peut-être un mémoire de M. de Royer de Sainte-Suzanne sur le théâtre et les acteurs chez les Romains : nous devrions dire, un traité complet sur les théâtres et les spectacles. Vous comprendrez par ce rapide exposé, que la Société de statistique de Niort ne fait pas seulement de la statistique, dans le sens restreint que ce mot comporte. Mais pour être juste, nous devons une mention à MM. Lary, auteur d’un rapport sur les voies de commu- nication du département; Alphonse Frappier, d'un 278 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. rapport Sur une recherche manuscrite de noblesse faite dans la ‘province. en 1529 ; de Lastic-St.“Jal , d’une sta- tique littéraire des Deux-Sèvres ; l'abbé Biard, d'un rapport intéressant sur la bibliothèque publique de Niort; Taury, curé de Notre-Dame de Niort, de renseignements topo- graphiques sur le département ; de Meschivet, d'un rapport sur les épidémies de l'année 1849 dans le même département. Et ce n'est pas à dire que ces membres aient seuls apporté le concours de leurs lumières à la savante Société, les procès-verbaux des séances men- tionnent d’autres communications, mais celles-ci ont été jugées les plus dignes de voir le jour, à cause de leur im- portance. 1 Nous devons à l'obligeance de M. d'Espaulart, président de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, les renseignements qui suivent sur la société qu'il préside. Cette savante, et déjà ancienne académie, embrasse dans ses travaux le cercle des connaissances humaines ; rien n'est exclu dès qu'il s’agit de lettres ou de progrès. Ses séances ont lieu deux fois le mois ; une séance publique se tient à la fin de chaque année : ses bulletins paraissent par tri- mestre , et contiennent de quatre à six feuilles d'impression. Voici un aperçu de ses travaux pendant l’année 1851. M. de Hennezel, ingénieur des mines, a présenté, sur l’art des irrigations et du drainage, plusieurs mémoires qui sont un véritable catéchisme en cette matière pour les agriculteurs. M. Guéranger a publié ses leçons de chimie appliquée à l’agriculture, autre catéchisme, non plus élémentaire, mais d’une grande portée, et d’une grande utilité pratique. | M. Eudres, ingenieur des ponts-et-chaussées, chargé CONGRÈS DES ACADÉMIES. 279 des observations météorologiques, qu'il fait à l’aide d’instru- ments appartenant en propre à la Société, les consigne dans des bulletins trimestriels. M. Drouet, dont l’âge ne ralentit ni le zèle n1 les tra- vaux, a commencé une suite de publications d'une haute importance sur les antiquités gailo-romaines et du moyen- âge du département de la Sarthe. M. l'abbé Voisin, tout en continuant le Gallia Chrishana, dont quatre feuilles vous ont été présentées l’année der- nière, annonce, comme devant paraitre très-prochainement, deux volumes sur l’histoire générale du Maine, ét vient de donner au public la première livraison de son Histoire de la ville de St.-Calais. M. de l’Estang, ancien officier de marine, a composé un mémoire sur les invasions des Normands dans le Maine; œuvre de Bénédictin qui ne laisse rien à désirer, ni pour la science, ni pour l'indication des sources, presque toutes inédites où peu connues, et très-nombreuses. M. Billari, archiviste du département, publie une ana- lyse, pièce par pièce, de tous les monuments confiés à sa garde. Ce sera le recueil le plus riche pour les ades historiques de la province. M. Triger a complété la publication de sa carte géolo- gique du département, qui ne comprend pas moins de quinze feuilles grand in-fe, d’atlas. Indications géologiques, géographiques, restitution des véritables noms des lieux et de l'orthographe véritable, rien n’y manque pour en faire un travail consciencieux et complet. La science médicale a aussi d’illustres et savants inter- prètes dans les docteurs Le Pelletier, Mordret, Lechard et Gunssau. M. l'abbé Lottin, chanoine de la cathédrale, publie, 280 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. avec le concours de M. Lassus, architecte et savant anti- quaire, un ouvrage intitulé : l’Ancienne province du Maine, dont le but est la reproduction graphique de monuments détruits ou transformés, avec un texte explicatif. La der- nière livraison contient un plan des diverses enceintes de la ville du Mans depuis son origine jusqu’à nos jours. Rien n’y est livré à l'imagination , les auteurs ne procèdent qu'à l’aide de dessins et de plans contemporains. Telles sont les principales productions de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe depuis votre dernier congrès , c’est-à-dire environ une année; mais son zèle pour l'avancement et la propagation de la science ne s'arrête pas là : en correspondance régulière avec tous les comices agricoles du département, c'est par son entre- mise officielle que l'administration centrale organise les concours et distribue les récompenses. Elle a organisé une exposition d'horticulture au Mans dans l’année 1851], elle en a préparé une pour l’année 1852, et elle y concourt non seulement de ses avis, mais aussi de ses deniers, en fournissant aux agriculteurs les graines rares ou nouvelles ou de.choix dont ils ont besoin. Nous ne devons pas omettre de signaler d'importantes productions littéraires qui, sans appartenir à la ‘Société, appartiennent cependant au département ; telles que l'His- toire ecclésiastique du Maine, par Dom Piaulin, béné- dictin de Solesme, dont le IT. volume est en vente; et l'Histoire littéraire de la méme province, par M. Hauréau , conservateur des manuscrits à la Bibliothèque Nationale, dont le dernier volume vient de paraître. De semblables ouvrages sont au-déssus de tout éloge. Tel est dans la Sarthe le mouvement intellectuel, tels sont les efforts , tels :sont les résultats. | CONGRÈS DES ACADÉMIES. 281 Après vous avoir entretenus de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, je me trouve en face d’un volumineux mémoire de M. Bizeul, député à votre Congrès par l'Association bretonne , sur l’histoire et les travaux de cette savante et laborieuse Académie depuis son origine, quiremonte à l’année 1843. Tout en rendant hommage à la bonne volonté de l’auteur, et au granä intérêt qu'il a su répandre sur son sujet, vous me permettrez d’abréger beaucoup, afin de ne pas reproduire des détails qui se trouvent déjà consignés dans votre Annuaire de l’année dernière, d'autant plus que vous m'avez fait presque un devoir de ne vous entretenir que des travaux accomplis depuis le dernier concours. Cependant il ne pourra en être ainsi, et je serai forcé de suivre l’auteur dans un résumé auquel il n'a point mis de dates, Viennent en première ligne les monuments celtiques, cette richesse enviée à la Bretagne par tant d'autres pro- vinces. Qui n’a entendu parler du dolmen de Lok-Maria- Ker, des pierres de Karnac? MM. Leroy et Bizeul y ont puisé le sujet de doctes études et dé nouveaux aperçus. _Ilest d'autres monuments de la même origine à Commes- quiers , au pays de Rais, à Pornic, au Port-Fessau ; MM. Vandier et Bizeul les ont étudiés et décrits. | L'époque romaine est plus riche encore en souvenirs. L'ancien pays des Nannètes, Nantes, Blain, Rézay et St.-Père-en-Rais , le pays de Mauges, les environs de Beau- préau, St.-Gervais, Guerrande, St.-Nazaire, Pennecé, Fégréac, explorés par MM. Bizeul, Tristan Martin, mem- bres correspondants de la Société, ont fourni de nombreux débris, tels que chapiteaux, pierres milliaires, inscriptions, aquéducs , dont tout ce qui était intéressant et transportable à té recueilli dans le musée de la Société. 282 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. MM. Nau, l'abbé Rousteau, Faucheur, Lasertie, d'Ysarn, Leray, Van-Iseghem, Constant-Verger, Bizeul, le général Allard, ont composé des notices savantes et complètes sur les principaux édifices religieux, civils ou militaires de la province au moyen-âge. Rien n’est demeuré étranger à leurs investigations , les vernières antiques ont êté l'objet d'études spéciales , grâce surtout à l’adjonction à la Société d'un artiste verrier d’un talent distingué, M. Echappé. Un musée renfermant déjà plus de mille objets de toute nature et de toute provenance , a été réuni par les soins de la Société et établi dans un local concédé par la mairie; sans compter le médailler riche de près de neuf cents mé- dailles et monnaies, également de tout âge et de toute pro- venance, mais parmi lesquelles les monnaies bretonnes comptent pour un grand nombre. Plusieurs des objets du musée ont donné lieu à d’intéressantes notices et même à des mémoires ; on peut citer en particulier celui de M. Vaudier, sur des vases, au nombre de 46, provenant de sépultures péruviennes. Depuis votre dernier Congrès, l'activité scientifique ne s'est pas ralentie dans le département de l'Yonne. La So- ciété des sciences historiques et naturelles de ce départe— ment a mis au jour d'importants travaux. Il faut placer en première ligne le mémoire de M. Quantin sur l’histoire du Tiers-Etat au moyen-âge dans ces contrées, qui a obtenu une mention honorable au concours de l'Institut pour les antiquités nationales. Un mémoire de M. le baron Chaillou des Barres , président de la Société, et auteur de l’Hsstoire des grands Châteaux du département, sur les anciennes académies de la province, n’est pas moins remarquable. Il CONGRÈS DES ACADÉMIES. 283 faut citer encore les deux biographies de Jean Cousin, par M. Deligand, et du docteur Bourdoïs de Lamotte, mé- decin du roi de Rome, par M. Duché; et le Catalogue de Médailles antiques trouvées dans le département depuis les temps les plus reculés, par M. l'abbé Daru ; ouvrage précieux pour la numismatique, et digne d'être continué. Les travaux d'archéologie proprement dite, sont peut- être ceux qui ont été poussés avec le moins d'activité : ils se réduisent à une Esquisse sur les cinq monuments élevés en l'honneur des cinq damesromaines quiaccompagnèrent les dépouilles mortelles de l’évêque saint Germain, lorsqu'elles furent rapportées de Ravenne en 448. La section des sciences naturelles a fourni une carrière mieux remplie. Il suffira de citer les Recherches statistiques sur l'influence du sol relativement à la marche et à l’ac- tion du choléra dans le département de l'Yonne, en 1832 et en 1849, par M. le docteur Moret. Cette recherche pré- sente des résultats scientifiques qui paraissent être d’une grande valeur. La géologie a été l’objet de mémoires de la part du docteur Robineau, sur les sables ferrugineux de la Haute- Puisaye, sur un ichtyosaure de la craie de St.-Sauveur, et d'un travail considérable sur l’hydrologie, de la part de M. l'ingénieur Belgrand. La flore départementale continue d'être l’objet des études de MM. Dey et Courtaut ; la météorologie à eu pour inter- prète M. Pelletier. | En dehors de son Bulletin, la Société a entrepris deux publications importantes : la première, une Bibliothèque historique contenant toutes les chroniques, légendes et mémoires du pays, sous la direction de M. l'abbé Daru; 284 INSTITUT! DES PROVINCES DE FRANCE. un volume a paru dans le format in-4e.; la seconde, sur le Cartulaire général de l'Yonne, formé par les soins de M. Quantin, secrétaire de la Société. M. le C'®. de Soultrait, délégué de l’Ac:démie de Mâcon, a fait à la section la communication suivante: La Société académique de Mâcon a été fondée le 1°”. septembre 1805, sous le titre de Société d'encouragement, puis reconnue, sous le titre &e Société d'agriculture, sciences et belles-lettres, par ordonnance royale du 11 juillet 1829. Aux termes de son nouveau réglement , adopté en séance générale le 26 février 1852 et approuvé par arrêté préfec- toral du 14 mars suivant, elle a pris le titre d’ Académie des sciences, arts et belles-lettres et Comice central agricole de Mücon. | L'Académie de Mâcon se compose de membres titulaires dont le nombre est limité à 36 et de membres correspon- dants en nombre illimité. Son bureau est formé de cinq membres : un président, un vice-président, un secrétaire, un secrétaire-adjoint.et un trésorier. L'Académie a trois comités permanents : 19. dos travaux historiques et archéologiques, chargé d'étudier plus spécia- lement l’histoire et l'archéologie locale ; 2°. des recherches académiques, chargé de concentrer les travaux les plus intéressants des sociétés savantes correspondantes ; 3°, de la bibliothèque, chargé de choisir les ouvrages à acquérir pour sa bibliothèque publique à l'entretien et à la conserva- tion de laquelle il est préposé. Elle met tous les ans au concours une question histo- rique, scientifique ou littéraire. Cette question adoptée dans la séance de rentrée du mois de novembre, estimmédiate- . CONGRÈS DES ACADÉMIES,. 285 ment livrée à la publicité. Un délai de vingt mois est ac- cordé aux concurrents qui doivent envoyer leurs mémoires. Le prix consiste en une médaille d’or de 300 francs. Depuis sa fondation, l’Académie de Mâcon a publié à des intervalles irréguliers 14 volumes de comptes-rendus de ses travaux et quelques petites brochures: il résultais de l’irrégularité de ces publications que des, rapports inté- ressants et des mémoires originaux restaient long-temps enfouis dans les archives de la Société, et que ce retard forcé stériisait, temporairement du moins, l’utile influence que devait exercer la mise en lumière de ces travaux. Pour ‘ obvier à cet inconvénient, l'Académie a décidé que les procès-verbaux de ses réunions mensuelles seraient désor- mais livrés à la publicité dans le mois qui suivrait leur adoption. Ces procès-verbaux, dans lesquels sont intercalés les rapports et mémoires originaux, soit textuellement, soit par extraits, constituent une publication dont la moitié d’un volume a déjà paru sous le titre d'Annales de l’'Aca- démie de Mâcon. L'Académie a publiéen 1851 un mémoire de M. l’abbé Cucherat, sur l’Influence religieuse , intellectuelle et politique de l'abbuye de Cluny au XI€. siècle. Ce mémoire avait obtenu la médaille d’or au concours de l’année dernière. En outre elle va publier le 15°. et le 169. volume de ses _ comptes-rendus qui seront les derniers de cette série et elle a voté l'impression du cartulaire de St.-Vincent de Mâcon, important recueil ne contenant pas moins de 638 chartes , du VIIIS. au XIII. siècle. Ce précieux manuscrit renferme des documents du.plus haut intérêt pour l’histoire locale, non seulement du Mâconnais, mais encore de la Bresse Châlonnaise, du Lyonnais et de la Franche-Comté. Ces chartes sont relatives aux donations, échanges, acquisitions 286 | INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, faites par le chapitre de St.-Vincent, aux transactions entre Jes chanoines et les seigneurs du voisinage, à leurs droits respectifs , aux contestations qui s’élevaient entr'eux et ces seigneurs, aux services et redevances des diverses églises à la cathédrale. Accessoirement il offre la nomenclature des comtes et des évêques de Mâcon. L'Académie a fondé à Mâcon, en 1825 , une bibliothèque publique, des collections d'histoire naturelle, d’antiquités, de médailles et de tableaux, la bibliothèque compte au- jourd’hui près de 7000 volumes dont le nombre s'accroît sans cesse par l’adjonction des nombreux ouvrages qui sont offerts à cette socièté. M. le comte de Soultrait, délégué de la Société niver- naise des lettres, sciences et arts, nous a encore annoncé la fondation de cetteSociété qui n'existait point lors de la session du Congrès de l’année dernière. La Société nivernaise a été créée surtout pour s'occuper de l’histoire et des monu- ments du département de la Nièvre. Elle n’a encore fait aucune publication, mais les procès-verbaux de ses séances sont imprimés dans le journal de la localité, puis tirés à part; ces procès-verbaux formeront les Annales de la Société, et seront distribués à tous ses membres titulaires et correspondants , ainsi qu'aux diverses sociétés savantes qui sont entrées ou qui entreront en rapport avec elle. La Société nivernaise se propose en outre de produire d'autres publications historiques ou archéologiques plus importantes ; la première sera sans doute la monographie de la cathédrale de Nevers que prépare M. l'abbé Crosnier, vicaire-général du diocèse et président de la Société. Il à paru à Nevers, au mois de janvier, l’Almanach de la Nièvre pour 1852. Ce volume offre une seconde partie CONGRÈS DES ACADÉMIES. 287- qui, sous le titre d'Archives départementales, publie chaque année des documents historiques, archéologiques et litté- raires intéressant le pays. Voici les articles contenus dans cette seconde partie pour cette année : Statistique monumentale du canton de Pougues, par G. de Soultrait ; — Notice sur le commerce et le flottage des bois dans le département de la Nièvre, par M. Pellault ; — Poésies de l’abbé Cassier (suite), publiées par E. Cougny ; — Origine du mot almanach , par M. Noé de La Rochelle ; — Croisade préchée à Nevers au commencement du XVII. siècle (pièces justificatives), par E. Cougny ; — Notice géologique sur les eaux minérales de Pougues, par À. Brunet ; — Ephémérides nivernaises. La Société d'agriculture de la Nièvre publie aussi chaque année un Journal agricole sous le titre d'Annales de Poussery. Bien que M. le comte Georges de Soultrait ne soit point délégué de la Société d'émulation de l'Allier, il a entretenu la section de cette compagnie : La Société d'émulation de l’Allier a été fondée à Moulins, en 1845, elle a pour but de propager dans le département le goût des arts, des sciences et des belles-lettres, et de se mettre en rapport avec les Sociétés des départements limitrophes ; elle se propose aussi de provoquer des travaux et des recherches, spécialement destinés à faire connaître le département de l'Allier, ses ressources et ses besoins. La Société se compose de trois classes : sciences, in- dustrie, arts, belles-lettres. Elle publie depuis 1848 des cahiers qui forment actuellement un beau volume orné de dessins : ce volume renferme les procès-verbaux des séances et divers mémoires. Les dernières livraisons du second volume ont déjà paru. 288 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. La. ville de Cherbourg, représentée au congrès par MM. Du Moncel et Liais, a quatre Sociétés savantes : une Société académique, fondée en 1755, par Louis XV, une Société des sciences naturelles , qui prit naissance l’année dernière, une Société d'agriculture et une autre. d’horticulture. La Société académique n'ayant. d’autres ressources que celles qui luisont fournies par le Conseil. général, ne publie. qu’assez rarement ses Mémoires; cependant elle a fait pa- raître, em 1852, un volume contenant vingt mémoires. D'abord trois Notices biographiques, par M. de Pontaumont, sur autant de membres de. la Société ; puis une Notice sur Vauban et les, fortifications de. l'ancien Cherbourg, par M. Menant, suivie du Mémoire: rédigé par Vauban lui- même à cette occasion; ensuite une Théorie mathématique des oscillations du baromètre, par M. Tüais, et plus loin une Addition à cette notice; une Charte inédite de Guillaume- de-Conquérant, relative à une des églises de Cherbourg, an- notée par M. Couppey ; un. Précis historique sur l’hépital de la marine de cette ville, par M. de Pontaumont; une Notice hislorique sur les deux ermatages de la montagne du Roule, par M. Lesdos ; un intéressant voyage sur les bords du Rio Numèz, par M. Jardin ; une Notice sur les réclamations faites au dey d'Alger, en 1802, de la part de la France, par M. Lefebvre ; un Coup-d'œil sur la Hague, par M. Digard de Lousta, suivi d'une Histoire du comte Antoine-René Dubel, seigneur de St.-Germain-des-Vaux , par le même; une Procédure du XV®. siècle relative à la confiscation de biens saisis sur un anglais , publiée et aunotée par M. Le- jolis; une Etude sur les poètes de la Grande-Bretagne, par M. Delachapelle; une Notice sur les rosières de Bricquebec, par M. de Pontaumont ; une petite pièce de poésie échappée à la plume du regrettable abbé Legoupils , ancien curé de CONGRÈS DES ACADÉMIES. 289 Cherbourg; un Traité des observations météorologiques, suivi d’une Notice sur un télégraphe écrivant et imprimant, par M. Du Moncel ; une Note des observations faîtes à Cherbourg sur l’éclipse du 28 juillet 1851, par M. Liais , et enfin une autre Note sur l'œdipode voyageuse, par M. Lejolis. Je re- grette, Messieurs, de ne pouvoir vous donner que les noms de ces intéressants mémoires ; mais nous devons avancer, d'autant plus que nous n’en avons pas fini avec la cité la- borieuse de Cherbourg. La Société des sciences naturelles se divise en quatre sections, des sciences médicales, de géologie, minéralogie et chimie, de botanique et zoologie, de physique et astro- nomie. Elle possède pour organe un bulletin paraissant à époques irrégulières, mais constituant un volume par année , intitulé le Propagateur des sciences appliquées. Elle fait des cours publics de physique appliquée, de chimie in- dustrielle, de botanique, et tient une séance publique annuelle, .La Société d'agriculture organise des concours, des expositions de produits agricoles » et distribue des primes : elle n'a pas de séances périodiques. La Société &’horticulture, fondée en 1844. et qui compte maintenant environ cent membres titulaires et un plus grand nombre de correspondants, a établi des cours d’ar- boriculture qui produisent les plus heureux résultats, et des expositions annuelles avec primes et médailles. Elle publie peu, et travaille davantage; elle publie peu, parce qu'elle tient à ne livrer que des résultats utiles et assurés : c’est ce qu'a fait M. Duprey, le président de 1a Société dans les deux seuls bulletins qui aient encore paru. Ces bulletins contiennent en outre une curieuse notice de M. Liais, sur le climat exceptionnel de Cherbourg dans un rayon peu étendu autour de la ville, et un rapport non 13 290 INSTITUT: DES PROVINCES DE FRANCE. moius intéressant de M. Mauger, notaire à Tourlaville, sur les cultures maraîchères de cette même commune ; qui envoie ses produits jusqu'à Paris. La Société s’estime heureuse devousannoncer, entre autres végétaux exotiques, l'introduction du véritable phormium, qui fournit le lin tant vanté de la Nouvelle-Zélande ; plante infiniment pré- cieuse, si ses produits sont les mêmes en Europe. Mais déjà on peut dire qu’elle diffère considérablement du phormium connu jusqu'ici, et qui n’a pu étre utilisé. M. Mahul, délégué de la Société des sciences et arts de Carcassonne, a bien voulu nous communiquer les rensei- gnements suivants sur cette Société. Dès les premières livraisons de ses mémoires , parues en 1850 , elle avait pu- blié les Consuetudines et Libertates civitatis Carcassonæ, do- cument inédit, mis au jour par M. Cros-Mayrevielle. Elle a publié depuis Las costumas et las libertats de la ciudad et del vescontait de Carcassona, et ensuite les franchises et libertés du Bourg-Neuf (de Carcassonne), traductions off- cielles du même document, faites au XIII. et au XVII. siècles. Elle y a ajouté le Tarif de la Leude Mage et Menue, et le précis de la constitution féodale et consulaire des com- munautés du diocèse ‘de Carcassonne. Ces divers documents qui jettent un si grand jour sur les us et coutumes de la principale cité du Languedoc, sont dus à M. Cros-Mayre- vielle, membre de ia Société, et correspondant du comité historique établi près le ministère de l'Intérieur. M. l'abbé Barthe, professeur de philosophie au petit sé- minaire de Carcassonne , a donné une intéressante notice ur Jacques Gamelin, grand prix de l’Académie de peinture de Paris, envoyé à Rome dans le même temps que David, auteur de tableaux remarquables ; et auquel il n'a manqué CONGRÈS DES ACADÉMIES. 291 que des circonstances assez heureuses pour atteindre à la réputation qu’il méritait. . M. Mahul a donné les biographies du comte Dejean, ministre de Napoléon, et du comte Fabre de l'Aude, qui. présida le Tribunat à l'époque impériale. Ces deux biographies, avec celle de Gamelin, sont le commence- ment d'un travail devant embrasser tout le départe- ment, et se combiner avec une galerie iconographique déjà ouverte au musée de Carcassonne. Elles sont ac- compagnées, dès ce premier volume, de plusieurs autres biographies composées par un auteur anonyme à une époque encore peu reculée; plus un Mémoire sur les antiquités et la Topographie maritime de la ville de Narbonne, couronné . au concours départemental de l’an XIII, par M. CSC ingénieur en chef du département. La Société avait déjà l'administration du musée, elle vient d’être chargée en outre, par M. Bosc, maire de Car- cassonne, de celle de la bibliothèque publique, qui reçoit chaque jour de nouveaux accroissements. Les travaux de l’Académie nationale de Metz sont eucyclopédiques ; c'est vous dire assez que nous serons obligé de diviser par ordre de matières le volume de 528 pages in-8°. qu'elle a fait paraître en 1851, afin de pouvoir mieux vous en présenter l'analyse. Nous commencerons par l'agriculture et l'économie sociale : compte-rendu d’une fête agricole, organisée par . l’Académie ; mémoire de M. Collignon sur l'emploi du + fil de fer dans la culture de la vigne; mémoire de M. L André sur la viande de boucherie, de M. Worms sur la : tenue des livres, cette philosophie du commerce, de M. de St.-Vincent sur le patronage des condamnés libérés, 292 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. de M. de Gérando sur les caisses de retraite en faveur des ouvriers agriculteurs et industriels, avec des recherches pleines d'intérêt de M. Emy, président, sur l’art de la serrurerie, tel est le programme de cette première division. Sur les sciences ; MM. Jacquot et Langlois ont étudié, classé, déterminé avec précision la riche minéralogie du département, si important par ses forges et son fer oolitique. M. Virlet a retracé l’histoire de la poudre à canon, et M. Emy celle des efforts tentés: sans succès pour substituer le fer au bronze dans la confection de l'artillerie, M. Schuster a communiqué à l'Académie le relevé de ses observations météorologiques ; M. l'abbé Maréchal, un mémoire sur le mouvement des étoiles fixes. Ssabs Les études archéologiques, qui prennent chaque jour un développement plus grand dans le département, ont eu pour interprète M. Prost, relativement aux chroniques de Metz; M. le colonel Ubrich, sur des monuments funéraires de l’époque gallo-romaine observés près de Phalsbourg et de Saverne, et sur une bague antique ;: M. Reischenberger , sur les chapelles doubles, monuments religieux plus communs en Allemagne ; M. Victor Simon, sur l’origine des postes et des messageries, dont il a cru retrouver des indices sur d’antiques bas-reliefs, et certaines sculptures de l’époque gallo-franque; M. Robert, sur la numismatique départementale, et une fibule provenant de St.-Quentin; M. Boulangé , sur des pierres tumulaires de Fléglise St.-Martin, à Metz, et des médailles trouvées près de Hombourg-l'Evêque en 1850 ; enfin M. Michel, sur la découverte de deux pièces importantes pour l'histoire du pays Messin. La littérature proprement dite se compose de plusieurs CONGRÈS DES ACADÉMIES. 293 morceaux de poésie de MM. Manier et Mucherez, d'une spi- rituelle boutade intitulée Les arts et les artistes, par M. Michel; d'un éloge historique du maréchal Molitor et d'un mémoire intitulé Aperçu géologique, statistique, historique et agricole du canton de Sarrable. Nous aurions dû , sans doute, le classer dans une autre division ; mais nous vous demandons la permission de le laisser ici, pour ne pas rétrograder. Tel est l’aperçu sommaire des travaux de l'Académie de Metz pendant l’année 1851. Dans ce mouvement universel qui remue si profondément le sol de la France, le département du Pas-de-Calais ne reste pas en arrière ; il en précède même plusieurs. Parlons d’abord de la Société d'agriculture de Boulogne, sihabilement dirigée par M. de Ledinghem, son président. Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France, disait le bon Henri, et à ce titre les Sociétés d'agriculture mériteraient peut-être de prendre le pas sur beaucoup d’au- tres. Celle de Boulogne, en particulier, a inspiré à M. Leroy- Mabille de savantes et utiles études sur la pomme de terre, ce froment du pauvre, que ne dédaigne pas la délica- tesse du riche, et qu'un agronome d'Arras, Charles de l'Ecluse , apporta de Vienne au XVI®. siècle. Utiliser pour la culture les plaines de sable du bord de l'Océan, pro- pager la méthode du drainage, étendre la culture de plantes usuelles encore peu connues, favoriser les expositions agri- culturales, distribuer des récompenses aux plus habiles et aux serviteurs qui se distinguent par leurs qualités morales, telies sont ses constantes occupations. Mais nous sommes forcé d’abréger, et de passer sous silence un grand nombre de noms honorables , d'utiles travaux, de savants mémoires. St.-Omer compte plusieurs sociétés savantes : celle d’a- 294 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. griculture, qui comprend une section presque indépendanté d'horticulture , et une commission du musée. La Société des antiquaires de la Morinie tient un rang trop élevé dans le monde littéraire, pour qu'il soit possible de ne pas la nommer ici. Que MM. Delaplane, Deschamps- de-Pas, Le Preux, Garnier, nous permettent de ne citer que leurs noms. | Béthune a sa Société d'agriculture, qui publie des bulle tins à intervallesirréguliers, et entretientl'émulation par des expositions périodiques. Chaque arrondissement d'ailleurs a ses concours , il est mêmé des cantons qui ont les leurs. L'Académie d'Arras , fondée au siècle dernier, à publié 25 volumes de mémoires dépuis son rétablissement, il y a une trentaine d'années. Rien n’est exclu de ses études, ni les sciences positives , ni la poésie , ni les sciences spécu- latives, ni les belles-lettres. Nous n'osons analyser son 25°. volume, paru l'an dernier, crainte de commettre des in- Justices; ni citer, crainte de faire des omissions regrettables. La ville d'Arras compte aussi une Société d'agriculture, qui a ses expositions et ses concours. | Nous ne devons pas omettre la belle publication des an- tiquités du pays, qui se continue toujours sous forme d'album par les soins de la commission départementale pour la conservation des monuments fondée en 1846. Il faudrait encore parler de l‘hagiographie du diocèse, commencée par une société de prêtres et de laïques savants et zélés, et qui se continue sous les auspices de Mg'. Parisis. Mais nous sommes encore forcé d'abréger, afin de ne pas dépasser de justes limites. Ceci suffira pour montrer ce que nous avons avancé, que le département du Pas-de-Calais marche à la tête de la science etdu progrès dans une notable portion de la France. | | CONCRÈS DES ACADÉMIES, 905 Inutile de vous dire que la Société académique du Puy continue avec son zèle accoutumé ses travaux, ses savantes recherches , ses publications, ses essais et ses encourage- ments à l’agriculture. Des études plus spéciales de sciences, d'archéologie et de paléontologie sont le domaine de quel- ques-uns de ces membres ; du plus petit nombre, il est vrai, car les efforts du plus grand nombre se dirigent vers l’agri- culture. Mais il est deux heureuses nouveautés que nous devons signaler à votre attention; d'abord la publication d’un almanach agricole, avec le concours du Conseil général. Cette publication destinée à propager les saines données de la science jusque sous les plus humbles toits, s’intro- duit facilement partout, à cause de son format et de son nom si populaire ; et ensuite l'édification d’un musée, ob- tenu à force de soins et de démarches de la libéralité du Conseil municipal. Ce joli et gracieux monument , déjà en partie terminé, sera approprié à l'usage exclusif de musée d'antiquités, de bibliothèque, de musée de peinture, d’aca- démié pour les cours publics à instituer ou déjà institués, et pour les séances des sociétés savantes. Vous trouverez, comme nous ; que ces exemples sont bons à imiter. La Société jurassienne d'émulation, dont le siége est à Porrentruy, vous à adressé le résumé imprimé de ses tra- vaux pendant l’année1851, par l'intermédiaire de M. Kohler, son secrétaire. C’est nécessairement bien peu de chose que le résumé d'un résumé, cependant c’est le moyen que nous sommes obligé de prendre pour vous en rendre compte. La Société jurassienne en est à sa quatrième année d'existence: le recueil de ses travaux n’est point encore imprimé, sauf ce compte-rendu, et divers fragments qui 296 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ont paru dans la Revue suisse et dans les Mélanges de la Société d'histoire naturelle de Berne. En pareil cas, il nous suffira de vous dire que ces travaux, déjà classifiés sous diverses divisions, ont eu pour objet l’histoire de la localité, la littérature et la phi- losophie , l'éducation, les sciences physiques et naturelles, la statistique et les beaux-arts. Puisse le silence volontaire que nous gardons ici, déterminer la Société à ne pas tenir plus long-temps sous le boisseau la lumière qui se fait dans son sein. De quoi sert-il d'écrire, sion ne doit pas avoir de lecteurs ? Si la Société ne fait pas imprimer , elle provoque toute- fois la publication d’utiles documents, telle que celle du Cartulaire de l'ancien évéché; elle encourage les beaux- arts, contribue à la restauration des monuments et à l'augmentation des collections scientifiques. Ce Coup-d'œil sur les travaux de la Société, qui a pour auteur M. Kohler, se termine par le procès-verbal de la séance générale du 30 septembre 1851, avec le discours de M. Thurmann , membre de l’Institut des provinces, pré- sident, l'analyse d’une Notice sur les us et coutumes. de l'ancien évéché de Bâle, par M. Quiquerez, et plusieurs pièces de poésie, Académie des sciences , agriculture, arts et belles-lettres d'Aix , département des Bouches-du-Rhône; ‘bulletin de ses travaux pendant l’année 1851. Ce volume nous a été remis trop tardivement pour que nous ayons pu l’examiner de manière à vous en rendre un compte raisonné. Il contient 1°. un mémoire de M. Rouard, bibliothécaire de la ville d'Aix, sur des bas-reliefs gaulois trouvés à Entremont, en Provence, accompagné de planches re- CONGRÈS DES ACADÉMIES. 297 présentatives. Ce mémoire a été couronné par l’Académie des inscriptions et belles-lettres, dans sa séance générale du 22 août dernier, sur un rapport favorable de M. Charles Lénormant, ce qui suppose un mérite incontestable; 2°. des Observations sur le reboisement des montagnes et des terrains vagues dans le département des Bouches-du-Rhône , par M. Louis Castagne :il traite des besoins, des difficultés et des moyens de reboisement; 3°, une biographie du pré- sident Louis de Gaufridi, avec portrait, par M. Monau, secrétaire perpétuel de l’Académie d'Aix; 4°. enfin plusieurs pièces de poésie fugitive. Ce n’est qu’une partie, une moitié environ des productions de l’Académie pendant l’année 1851. __ Nous regrettons de n'avoir rien à vous dire de la Société des antiquaires de Normandie, dont le siége est à Caen, ni de l’Académie de la même ville, pourtant si laborieuses. Tout ce qui nous est arrivé de cette ville consiste dans un mémoire sur l'Utelité de l'enseignement de l’horticulture domestique et de l'agriculture dans les écoles primaires des campagnes, par M. Victor Chatel, membre des Sociétés d'agriculture et d’horticulture de Caen. L'auteur démontre bien cette thèse, facile d’ailleurs. Il y a pourtant aussi de graves objections , et on a depuis reconnu les inconvénients de faire des modestes pédagogues de village des professeurs ambitieux d’omniscience. Les docteurs d'autrefois in omni re scibili et quibusdam als étaient moins dangereux. Au surplus, les désirs de l’auteur sont en partie prévenus, car les élèves de l’école normale du département reçoivent dés leçons d'horticulture pratique. M. Duchatellier, secrétaire-général de l'Institut des 298 insrriut DES PROVINCES DÉ FRANCÉ. provinces, vous à fait hommage d'un ouvrage intitulé l'Inde. antique. Nous reconnaissons notre insuffisance pour juger un tel livré, ét vous réconnaitrez que cette parole n’est , nullement de la modestie, lorsque nous vous aurons cité ces quelques lignes de l’auteur dans son introduction. « Les quelques pages que nous publions ci-après, forment le premier livre d'un travail qui embrasse toute l'histoire de l'Inde et de ses institutions dans les anciens âges. — Nous donnerons successivement les autres parties de ce travail, destiné à fairé connaître l'un des pays les plus riches en grands souvenirs. — Notre étudé sur l’Inde formera à son tour l’un des principaux fragments d’un livre beaucoup plus étendu, à l’aide duquel nous voulons essayer de rendre compte des plus profonds mouvements de la pensée humaine dans le laborieux enfantement des sociétés qui ont lentement prépaïé nôtre propre civilisation. « Les récentes découvertes de l’archéologie, ajoute l’autéur, ont justement fait dire que toute l'antiquité était à re- prendre ; nous nous sommes plu et délicieusement diverti à cette longue étude... » M. de Caumont vous a fait hommage d’un exemplaire d’un Rapport verbal sur une excursion archéologique en Lorraine et en Alsace, publié dans le Bulletin monumental. M. de Caumont voyage à vol d'oiseau et écrit de même, il n’y a pas un trait de plume superflu d’une part ni de l’autre, et on ne peut point analyser. De tels rapports sont faits pour inspirer au lecteur le regret de n’avoir pas été du voyage, et ici en particulier, de ne pas avoir visité avec l’auteur les ruines pittoresques du château de St.— Ulrich, à Ribeauvillé, la cathédrale de Fribourg et son * clocher surmonté d’une des flèches les plus légères, les CONGRÈS DES ACADÉMIES. 299 plus gracieuses, les plus finement ouvrées et découpées qui soient au monde; les curieux fonts baptismaux de la cathédrale de Bâle, du XV°. siècle; l’église d'Ottmarsheim, de style roman secondaire; le joli clocher de Than, de gothique quartaire ; l’église romane si importante de Mon- tierender, et tant d’autres vénérables reliques des siècles passés , auxquelles est acquise la dévotion de l’archéologue. Nous n'avons qu’à remercier M. de Caumont de ne pas voyagér pour lui seul. M. Jules Teissier-Rolland , membre du Conseil général du Gard et de l’Institut des provinces, vous a offert un exemplaire de son travail sur les bains et thermes chez les anciens , les Bains romains de Nîmes et le Temple de Diane, extrait d'un plus grand ouvrage sur les Eaux de Nîmes. Il résulte dés savantes recherches et des dé- ductions rationelles de l’auteur, que les bains de Nimes et le temple de Diane appartiennent au règne d’Anto- nin; c'est un point maintenant hors de doute. Nous vou- drions n'avoir qu’à louer dans ce laborieux travail, notre tâche serait plus facile ; mais nous ne saurions nous em- pêcher d'exprimer nos regrets de ce qu’à propos d’eau tiède , l’auteur révoque en doute la sincérité de la con- version de Constantin. Beaucoup d'établissements thermaux portent le nom de Constantin; or, le christianisme ré- prouvait l'usage des bains publics, à cause de l'immo- ralité qu’ils favorisaient; donc le premier empereur chré- tien n’était pas sincèrement chrétien. Une telie déduction, qui n'est guère à sa place ici, et qui demanderait des études plus approfondies, si elles n'étaient déjà faites, tombe devant cette seule observation, qu'il n’y avait pas seulement des chrétiens dans l'empire au temps de Cons- 300 INSTITUT. DES PROVINCES DE FRANCÉ. tantin, et qu'ensuite le nom du prince régnant sur un monument public, n'est pas la preuve qu'il ait concouru à son érection. | M. de la Chauvinière vous a fait hommage de deux volumes intitulés, l’un Des succès ou des revers dans les entreprises d'améliorations agricoles, par Mathieu de Dombasle. Ce petit traité à été publié en 1832 dans les annales de Rosville, et réédité en 1850 pour le Congrès scientifique de Nancy. Je ne crois pas devoir vous en entretenir plus longuement à cause des dates, et d’ailleurs le livre doit être connu de la plupart d’entre vous; quel est l’agriculteur théorique qui ignore Mathieu de Dombasle? Vous savez tous aussi combien M. de la Chauvinière a contribué à l'érection du monument de ce savant agronome dans la ville de Nancy, et vous connaissez la belle mé- daille qu’il lui a consacrée. Le second ouvrage est le compte-rendu des travaux de la ferme-école du Mesnil-St.-Firmin. Vous savez tous en- core combien les comptes-rendus annuels de cette savante exploitation, dont la prospérité s'accroît de jour en jour, ont d'importance et de valeur pratique. Celui-ci doit éga- lement être connu de beaucoup d’entre vous. Il vous a été fait hommage du n°. du 12 mars 1852, du journal l’Echo du Nord, qui contient une notice sur la des- cendance des célèbres imprimeurs Henri Estienne et Robert Estienne , auxquels les lettres et les sciences doivent pour le moins autant et peut-être plus que l’art de la typogra- phie; ce n’est pas ici le lieu de rappeler tous leurs titres à notre reconnaissance : vous les connaissez. Cette descen- dance est représentée maintenant à Valenciennes par deux CONGRÈS DES ACADÉMIES. 301 femmes, seules héritières d’un si grand nom, qui est presque leur seule richesse, Il appartiendrait peut-être à l'Etat de leur venir en aide; pour nous, nous ne pouvons que leur exprimer ici un sympathique intérêt. M. Le Glay, membre de la Société des sciences de Lille, est l'auteur de cette communication. Nous placerons auprès les renseignements relatifs à Pierre Corneille, accompagnés d'un beau portrait du grand poëte d’après Lebrun, communiqués par l’auteur, M. Ballin, archiviste de l'Académie de Rouen. Tel est, Messieurs, l'aperçu qu’un rapide coup-d’œil nous a permis de prendre du mouvement inteliectuel qui agite la France. Nous n’en avons pu apercevoir qu'une, faible partie, les documents nous ayant manqué pour le reste : mais comme il n'est pas nécessaire d’embrasser d’un regard tout l'Océan, pour juger du mouvement qui règne à sa sur- face, de même ici pouvons-nous nous rendre compte de l’universalité par le petit coin que nous avons exploré. Si de grandes et importantes sociétés, si la plupart peut-être des sociétés savantes n’ont pas répondu à l'appel, envoyé leurs délégués, communiqué leurs travaux, cela tient à la tardiveté de la convocation du Congrès, et cette tardiveté elle-même tient aux incertitudes sur le temps et le lieu occasionnés par les événements politiques auxquels nous avons assisté. Peut-être bien aussi, messieurs les secrétaires des Académies auraïent-ils des reproches à se faire sur la lenteur avec laquelle ils ont fait leurs délégations, il en est même qui ne les ont pas remises du tout. Votre com- mission a pensé qu'à l'avenir il serait bon d’obvier à un pa- reil inconvénient; mais encore faudra-t-il le concours des secrétaires des sociétés savantes. Ceux-ci ont été traités en 302 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. termes assez sévères dans votre commission, veuillez me dispénser de les répéter. | Une autre observation non moins importanté, et dont je dois vous fairé part à cause de l'utilité générale dont elle peut-être , a été faite au sein dévotrecommission Des livres de peu de science et de peu de valeur, fastueusement inti- tulés du nom d’une province ou du nom des villes de France, envahissent bibliothèques et salons, et se distribuent à grand nombre d'exemplaires, à cause de l'élégance de leurs formes. de la richesse de leurs illustrations, pour employer le langage à la mode, et de leur luxe typographique ; tandis que les mémoires des sociétés savantes, qui contiennent une science réelle et utile, ne dépassent point le cercle res- treint des Académies quiles ont produits. Ne serait-il pas bon d'essayer de rivaliser de soins et de luxe avec ces futiles productions, pour leur enlever une faveur à laquelle elles n'ont pas droit, ét les remplacer”? Telle a été la question posée. Que chacun , Messieurs, la médite, et en fasse part à la société respective dont il est membre; le surplus dé- pendra des moyens d’exécution dont elles peuvent disposer. Laissez-moi vous dire à cette occasion, que, tout en dé- sirant la plus grande extension et la plus grande publicité possible pour nos communs travaux, il n’y a guère à s'a- larmer de la concurrence qui nous est faite par les etitre- preneurs de littérature par souscription , d'abord parce qu'il serait peu digne de nous de jalouser des succès peu légi= times, ou dé prétendre au Succès par des moyens futilés ; ensuite parce que le peu de bien que contiennent ces publi: cations est notre propriété, et qu’en le créant nous n’avons pas eu pour but de le conserver exclusivement pour nous, mais au contraire de le répandre, comme lé fleuve ses ondes ou le soleil sa lumière. Il n'importe qui nous le prenne, CONGRÈS DES ACADÉMIÉS. 303 poürvü qu'il nous soit pris. Vous connaissez tous ce trait charmant de la biographie de l'illustre Parmentier. Non- obstant ses constants efforts pour introduire en France la culture de la pomme de terre, dont il avait entrevu l’im- mense utilité dans le système de l'alimentation générale, il y avait toujours contre elle nn entêtement dédaigneux, tout à la fois injuste et funeste. Or, un jour, dans un temps de disette , quelqu'un vint lui dire mystérieusement qu’on volait ses pommes de terre, et qu’il fallait faire garder le champ. Ah {'tant mieux, s’écria-t-il avec énthousiasme, tant mieux, la pomme de terre prendra. Et il se donna bien de garde d'inquiéter les voleurs. Je ne voudrais pas terminer mon rapport par cette anec- dote. dont l'expression pourrait être prise d’une part pour une épigramme et de l’autre pour uné injure , quoique ma pensée ne soit pas telle. Permettez-moi donc de vous sou mettre en finissant une considération différente. C’est que les travaux purement littéraires ou dé science spéculative, les hautes études purement intellectuelles sont loin, vous l’ävez compris par ce compte rendu, d’atteindre pour le nombre , l'importance ou la valeur, les travaux en- trepris sur les sciences naturelles. L'agriculturé, la physique, la mécanique , l'économie domestique, l’histoire naturelle, la matière enfin, l'emporte de beaucoup dans lés préoccu: pations des corps savants! A Dieu ne plaise qne nous pré- tendions infliger un blâme à d'utiles travaux, paralyser l'essor qui emporte dans cette direction des intelligences d'élite; mais il te faut pas que les sciences positives pren- nent le pas sur les belles -lettres et la philosophie. Est-ce que l'antiquité n’a plus de secrets, la littérature plus d'ailes, les beaux-arts plus d'inspiration ? Que font donc ceux qui ont reçu du ciel la noble mission de continüer ces tradis 304 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCÈ. tions de nos aïeux qui placèrent la France si haut dans le monde artistique et littéraire ? Attention, leur dirons= nous, ne vous laissez pas devancer, la gloire est aux premiers rangs. M. le Président remercie M. Lecanu de son excellent rapport qui sera imprimé et répandu le plus possible, afin que les sociétés savantes des départéméents sachent bien que le Congrès connaît et apprécie leurs travaux. M. le C'e. de Mellet regrette que M. Lecanu ait oublié dans son rapport de mentionner les deux sociétés de la Marne qu’il représente au Congrès : l'Académie de Reims et la Société d'agriculture et des sciences et arts de Chälons- sur-Marne ; il dit quelques mots sur chacune de ces sociétés : la Société d'agriculture, des sciences et arts de Châlons, étudie toutes les questions agricoles et industrielles, elle organise des expositions, celle de l'année dernière a été fort belle, la Société y a distribué pour 2,000 francs de mé- dailles ; enfin elle a fondé, avec le secours du gouverne- ment et des particuliers, une Société hippique et des courses qui ont réussi et qui ont beaucoup d'avenir. L'Académie de Reims embrasse à peu près le même en- semble de travaux que la Société de Châlons, toutefois elle est plus exclusivement littéraire ; elle est chargée de donner un prix de 1,200 francs qui a été fondé par un anonyme, pour la meilleure monographie de la cathédrale de Reims, ce prix n’a point encore été mérité. L'Académie a chargé une commission d'étudier le plain-chant et de le rétablir dans sa pureté primitive, cette commission compte dans son sein des ecclésiastiques fort distigués ; enfin le comice agricole qui lni est adjoint distribue des récompenses à l’agriculture et à l’horticulture, CONGRES DES ACADÉMIES. 305 M. de Caumont parle des Sociétés savantes du Calvados : l'Académie de Caen avait délégué M. Enault qui n’est point venu; l'Association normande a publié un annuaire fort intéressant, enfin les travaux de la Société française pour la conservation des monuments, qui compte dans l'as- semblée plusieurs représentants, sont bien connus. M. le. V'®. de Pommereu annonce que la Société d'hor- ticulture de Paris prépare en ce moment une fort belle exposition au Luxembourg. M. Albert Dubois parle de l'Académie de Grenoble sur laquelle on n’a pu envoyer de note. | M. de Caumont mentionne aussi la Société archéologique de Boulogne-sur-Mer qui a envoyé une note manuscrite. Le même orateur demande quelle époque le Congrès fixe pour sa réunion de l’année prochaine, il propose le mois de mars, en se réservant, comme directeur de l'In- stitut des provinces , le droit de choisir une autre époque s’il y a des motifs déterminants. M. le baron de Montreuil fait observer que la session des chambres s'ouvrira justement au mois de mars et que les travaux législatifs pourront empêcher les sénateurs et les députés qui font ordinairement partie du Congrès, d’as- sister à ses séances ; le mois de février conviendrait mieux. M. de Caumont remercie les membres présents du con- cours empressé qu'ils ont apporté à la session ; il les prie de prévenir les diverses sociétés savantes que l'année pro- chaine les convocations. pourront être faites plus tôt que cette année ; il recommande surtout à ces sociétés d’en- voyer des comptes-rendus détaillés de leurs publications de 1852, il est nécessaire que le monde savant soit tenu au courant de ces travaux, dont l’ensemble constitue le mou- vement intellectuel de la France. 306 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. le C'. de Riencourt se plaint de ce que des notices qui ont été remises sur le bureau n’ont point été mention- mées , il demande que cette omission soit réparée. M. le Président remercie à son tour M. de Caumont, au nom des membres du Congrès ; en quelques paroles bien senties il parle du mérite de beaucoup de publications faites par les Sociétés savantes, mérite trop inconnu. Il rappelle que le Congrès scientifique de France tiendra sa session à Toulouse cette année et l’année prochaine à Arras, il en- gage toutes les personnes présentes à se trouver à ces réu- nions qui promettent d'être fort brillantes: | La séance est levée à cinq heures. Le Secrétaire, Cie, Georges de SourTrair. UNE VISITE A FERRIÈRE. À la suite du Congrès des délégués des sociétés savantes des départements, plusieurs -de ses membres, MM. de Caumont, le général Rémond, de Travot, de Verneilh, Ch.. Gomart , auxquels s'étaient joints MM. le marquis de Malet, de Forbin, de Rivière de Mauny, sont allés visiter le domaine de Ferrières, appartenant à M. le baron de Rothschild , guidés par M. Lombard qui a bien voulu les accompagner et leur a rendu cette excursion aussi agréable qu’intéressante. Le domaine de Ferrières, auquel on parvient de Paris CONGRÈÉS DES ACADÉMIES. 307 par le chemin de fer de Strasbourg, est éloigné de là station de Lagny de 12 kilomètres. Cette magnifique propriété, successivement augmentée et améliorée par M. de Rothschild, se compose aujourd'hui, indépendamment du bois, des plantations diverses , des terres louées à des particuliers, de huit grandes fermes tenues à baïl par des cultivateurs, plus de deux fermes exploitées par M. de Rothschild, du château de Ferrières avec ses dépendances et du parc contenant plus de 400 hectares ; le tout formant ensemble un domaine de plus de 3000 hectares. | En arrivant au village de Ferrières, on remarque un grand bâtiment d’un aspect original, c’est une buanderie coquette, complète, avec lavoir, coulage à la vapeur, machine à cylindrer le linge, séchoir d’hiver et d'été; c'est là une dépendance fort intéressante du château qui a son utilité au point de vue économique. | Les membres du Congrès ont été reçus par M. Campo- Casso, régisseur-général, qui leur fait visiter dans les plus grands détails le château , les jardins , les serres, les fermes , les terres drainées , la pépinière, la tuilerie, etc., etc., les guidant partout dans ce beau et vaste domaine avec une complaisance qui leur a rendu cette visite aussi intéressante qu'instructive dans tous ses détails. Le château, dont la construction paraît remonter au XVII. siècle, n'est plus aujourd’hui en rapport avec les dépendances modernes qui l’environnent. Les écuries, les remises, le logement du régisseur et surtout l’orangerie, ajoutées par M. de Rothschild, sont d'un goût et d'une richesse d'architecture qui laisse à désirer un château plus en rapport avec ses accessoires, | Les massifs et le parc dont on utilise les accidents de terrain, forment un point de vue dont nous n’avons pu 308 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. apprécier le mérite pittoresque, à cause de l’époque de notre visite (24 mars), l'absence de feuilles ne nous permettant pas de juger l'effet des groupes. d'arbres. Chaque année, M. de Rothschild fait effectuer des manie- ments de terre considérables dans son pare, et il occupe continuellement à ces travaux et à l'entretien des chemins et allées de 300 à 400 ouvriers. En avant du château, une belle pièce d’eau est sillonnée d'oiseaux rares, cygnes noirs et blancs, oies d'Egypte, de Pologne, canards plongeurs, siffleurs de la Caroline, de la mer, des petites et grandes espèces qui s’y rencontrent en foule et présentent un paysage animé. Après avoir circulé dans ce vaste et magnifique parc, nous avons rencontré la faisanderie, bâtiment pittoresque qui renferme un grand nombre de faisans dorés et argentés, de tourterelles d'Amérique, de marailles, poules sultanes, cailles d'Amérique et pigeons voyageurs. Cette faisanderie élève chaque année plus de 500 faisans, indépendamment des perdreaux et des cailles dorées et argentées. M. de Rothschild est très-jaloux de sa chasse et la fait sévère- ment garder par douze gardes qui s’acquittent à merveille de leur emploi, car à chaque instant nous étions arrêtés par le brusque départ d’un lièvre , la course d’un chevreuil, Je vol d'un perdreau ou la fuite d'un faisan qui fourmil- Jaient pour ainsi dire sous nos pas. Les chasses qui se font à Ferrières sont dignes d’un pareil domaine; on nous a cité des chasses dans lesquelles le nombre des pièces tuées est fabuleux. : Les serres, sous la direction de M. Berqueman, sont nombreuses et bien tenues ; elles renferment de très-belles collections de Rhododendrum à fleurs jaunes , une très-forte plante de Rh. javanicum, une collection de camélias , CONGRES DES ACADÉMIES. 309 parmi lesquels nous avons remarqué le General Lafayette, Mincata, Fexillo de flora, Grande duchesse d'Etrurie, etc., etc., des azalées qui se distinguent par les sujetssuivants : la Coquetle de Flandre, Sommetuy, Duc of Devonshire, etc., etc. Les serres hollandaises tempérées sont garnies de très- fortes plantes de Pimelea spectabalis , eriostemon scaber , Waisenia, Corymbosa, trémandra verticillata et Hugelii, Lechenaultia biloba major. La serre chaude renferme un grand nombre de très-belles plantes, le Bonapartea juncea et punicea , ixora coccinea , Stephanotus floribunda, Gardenia Fortuni, Angelonia Gar- deneriane, Franciscea hydrauge æformis, etc. Les ananas cultivés en pleine terre dans des serres con- struites en fer, sont des Cayenne hisse, Charlotte de Rothschild, providence et Repley queen; ces espèces produi- sent des fruits de trois à quatre kilogrammes. Les fraisiers qui garnissent les tablettes des serres sont des princesse royale, comtesse de Marne et Keen Seedling , tous actuellement en pleine maturité. L'orangerie est garnie de 80 orangers de première force, et, parmi les autres arbustes qu’elle contient, nous avons remarqué 8 myrthes élevés en pyramides qui ont plus de 5 mètres de hauteur; une collection de magnifiques arau- caria , excelsa, brasiliensis , cunninghami el glauca , de très- beaux chamaærops et très-forts agave americana. La pépinière annexée au parc, fournit annuellement le domaine de toutes les plantations nombreuses qui s’y font, en rosiers, cerisiers, cornouillers , poiriers, muriers, etc. etc., en frênes, peupliers, ormes, noisetiers, tilleuls, arbres résineux ou autres. = Deux fermes de construction moderne font valoir les 319. hectares de terres arables qui touchent au parc de Fer- 310 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. rières. Ces établissements agricoles sont gérés par des ré- gisseurs pour le compte de M. de Rothschild. Un régisseur principal, M. Campocasso, dirige tout le domaine. Nous avons remarqué dans ces exploitations, d'importantes améliorations agricoles ; nous citerons entr'autres la subs— titution de la charrue simple et économique de grignon que deux chevaux manœuvrent facilement, à la lourde charrue de Brie qui exigeait trois chevaux ; l’emploi de la herse ar- ticulée dans les cultures où la terre est disposée en plan- ches bombées ; la bonne confection des fumiers, opération toujours si mal faite dans la plus grande partie des fermes ; le drainage fait éconnmiquement et sur une grande échelle. Les écuries des fermes sont montées de magnifiques che- vaux percherons , cette belle race indigène que l'étranger nous envie. Les étables auparavant garnies de taureaux et vaches de la race de Fribourg (Suisse) renferment aujourd’hui de ma- gnifiques sujets de la race Cotentine et de Durham, entre autres, un superbe taureau pur sang Durham : Salisbury, pour l'acquisition duquel M. de Rotshchild a fait un saeri- fice de 10,000 fr. les formes de ce superbe animal sont ad- mirables. : : Dans les bergeries nous avons trouvé-des moutons an- glais soush down, animaux qui nous ont paru rustiques et remarquables pour la boucherie. … Le drainage mis en pratique à Ferrières depuis plusieurs années, a été appliqué cette année à 50 hectares de terre auparavant difficiles à cultiver et qui maintenant peuvent se traiter convenablement en toute saison. Les eaux des drains sont utilisées et reçues dans un fossé qui les con- duit grossir l'étang du château. La tuilerie où se fabriquent les tuyaux pour le drainage : CONGRÈS DES ACADÉMIES, 311: a spécialement attiré l'attention des membres du Congrès et nous a paru un établissement complet, fort bien disposé et qu'on peut citer comme modèle à ceux qui entrepren- nent la fabrication des tuyaux de drainage sur une grande échelle. Les terres sont amenées par des tombereaux rou— lants sur un chemin de fer économiquement établi au moyen de rails en bois recouverts de bandes de fer. La terre est, à son arrivée, conduite du réservoir par une toile sans fin dans les mellaxeurs d’où elle sort parfaitement triturée et préparée, elle est poussée dans la machine à faire des tuyaux de drainage. Cette machine fait aussi les briques tubulaires. C’est un seul manège qui conduit la terre et fait mouveoir les mellaxeurs etla machine à faire les tuyaux ou les briques, la main d'œuvre se trouve ainsi réduite à fort peu de chose. Les tuyaux ou briques séchés à couvert sont cuits dans deux énormes fours qui peuvent contenir 39,000 tuyaux chaque et qui sont parfaitement construits pour obtenir à peu de frais une cuisson sûre et égale, aussi M. de Rothschild donne-t-il aujourd'hui des tuyaux parfaits à 21 fr. les 1000 bouts, et nous croyons qu'il pourra encore les établir à meilleur compte, après la mise en activité de cet établissement sur une plus grande échelle. En résumé, les membres du Congrès on remarqué dans cette visite, au milieu du luxe ‘inséparable de ce beau do- maine et de son propriétaire , des améliorations réelles, au point de vue pratique et agricole, introduites dans les exploitations ; ils en ont félicité. M. Campocasso, régisseur général, en le priant d’être leur interprète auprès de M, de Rothschild, | Le Secrétaire, Ch. Gomarr. 312 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. ASSISES SCIENTIFIQUES EN 1852. rer LA L'Institut des provinces ne s'était pas trompé quand il avait,.sur la proposition de M. de Caumont , décidé la convocation d’Assises scientifigues sur différents points de la France, assises pour lesquelles un programme de ques- tions bien choisies avait-été rédigé. Les assises tenues cette année à Metz et dont nous allons reproduire les procès-verbaux ; Celles qui ont été tenues à Auxerre, sous la présidence de M. le baron Chaïllou des Barres , pour plusieurs dépar- tements du Centre ; Les assises tenues à Châlons-sur-Marne , sous la prési- dence de M. le comte de Mellet, pour trois départements de la Champagne ; Celles de Dijon, tenues pendant la session du Congrès archéologique , et plusieurs autres . ont produit des résul- tats de la plus haute importance : il faudrait au moins 2 volumes in-8°. pour publier le compte-rendu de ces assises. Il est donc impossible de les faire entrer, comme on en avait d'abord eu le projet, dans l'Annuaire de l'Institut des provinces et des Congrès. La Commission de l'Institut a provisoirement classé les mémoires qui devront être publiés dans les volumes in- 4e. ; pour le reste, une proposition sera soumise à la prochaine réunion générale de la Compagnie. Nous regrettons vivement de ne pouvoir publier des procès-verbaux si intéressants. Nous allons seulementdonner celui. des assises scientifiques de Metz , qui peut être offert ASSISES SCIENTIFIQUES. | 313 pour modèle à MM. les Présidents qui seront ultérieure - ment chargés de diriger les assises. On a répondu briève- ment et à peu prés complètement dans ce procès-verbal à toutes les questions posées. SÉANCE DU 25 MAI. (Présidence de M. Alfred MALHERBE, ) La séance est ouverte à 6 heures et demie dans la grande salle de lecture de la bibliothèque. MM. Victor Simon, président de l’Académie nationale de Metz, membre de l’Institut des provinces; Amand Bu- vignier, membre de l'Institut des provinces et de la Société philomatique de Verdun; le docteur Grellois, secrétaire de l’Académie nationale de Metz, prennent place au bureau. M. Georges Boulangé, membre de l’Institut des provinces, est prié de remplir les fonctions de secrétaire. MM, Ernest de Saulcy, Terquem, Auguste Prost et Van der Stratten Ponthoz, membres de l’Académie nationale de Metz; Pascal Monnard , Charles Monnard , le commandant Taillefer , membres de la Société d'histoire naturelle de la Moselle, et Adolphe Malherbe, bibliothécaire, assistent à la réunion. | M. Alfred Malherbe ouvre la séance par un exposé rapide du but que se propose l’Institut des provinces de France en appelant simultanément dans chaque province l’atten- tion des hommes d’études et des savants sur une série de questions posées à l'avance. La parole est donnée à M. Buvignier sur l'ensemble des trois premières questions du programme , pour les dépare: tements de la Meuse et des Ardennes. 14 | 314 INSTITUT DÉS PROVINCÉS DE FRANCE. Ces questions sont ainsi conçues : « La classification adoptée par les géologues s'applique- « t-elle parfaitement aux formations de votre département? « En quoi consistent ces fornrations ? + « Ne pensez-vous pas, relativement à ces terrains , qu’il « y ait quelques modifications à apporter à la classification « admise, et quelles sont à cet égard vos observations ? » M. Buvignier, auteur des cartes géologiques de la Meuse et des Ardennes, avait déposé sur le bureau , les premières épreuves de l’intéressant ouvrage qu'il est occupé à publier sur les fossiles de ces deux départements, et tout le mondé avait pu admirer les remarquables planches qui sont desti- nées à l'accompagner. En réponse à la première question, M. Buvignier an- nonce que, dans la Meuse et les Ardennes , les grandes di- visions géologiques se retrouvent dans l'ordre classique adopté par les géologues, les seules différences existent dans les détails. Le terrain ardoisier ou silurien y est plus développé qu'ailleurs; on a prétendu qu'il ne contenait pas de fossiles dans les Ardennes : M. Buvignier indique en avoir trouvé un assez bon nombre, il est assuré qu'avec des recherches on en signalerait davantage. Le lias s'y retrouve avec quelques formations qui ne se rencontrent pas ailleurs. Au-dessus du calcaire à gryphées arquées formant la base du terrain liasique, il existe une formation très-puissante qui atteint jusqu à 1507. de hau- teur, que MM. Buvignier et Sauvage ont défini sous le nom de calcaire sableux , lequel recouvre constamment le terrain des gryphées arquées suivant M. Buvignier, dont l'opinion est partagée par M. Dumont, savant géologue de Bruxelles; le calcaire sableux du Lias se prolonge dans le Luxem- bourg où il n’est autre chose que ce qu’on a appelé le grès ASSISES SCIENTIFIQUES. 315 de Luxembourg. Il y a donc eu erreur, dit M. Buvignier, en plaçant ce grès au-dessous des gryphées arquées. Quand on arrive dans le grand duché de Luxembourg par la Mo- selle, on peut commettre cette erreur, ce qui n'arrivera pas si on l’aborde par l'Ouest. M. Buvignier n’a vu nulle part les gryphées arquées au-dessus du grès d’'Hettange. D'ail- leurs le calcaire sableux n’étant représenté dans la Moselle que par une couche très-peu épaisse, il serait possible que dans la vallée de la Moselle, on trouvât la gryphée obliquata mêlée à la gryphée arquata; ce qui n’a jamais lieu dans la Meuse, où la puissance de la couche est beau- coup plus considérable. Celles que M. Terquem a voulu indiquer comme l’arcata sont des coquilles anormales dont les formes sont douteuses et en tous cas dépourvues du crochet, | Dans la Meuse, au-dessus des 150 mètres de calcaire sa- bleux, on trouve environ 80 mètres de marnes quelquefois micacées contenant des ovoides ferrugineux. Entre ces marnes moyennes et les marnes supérieures, il existe une couche calcaire ferrugineuse, le calcaire ferrugineux du Lias. | Dans la Meuse et les Ardennes, les trois grandes divi- sions de l'étage jurassique sont bien caractérisées; mais, en les examinant en détail, on ne retrouve pas toutes les subdivisions admises par les géologues anglais. Dans les Ardennes, on rencontre, vers le département de l'Aisne , une formation très-développée de calcaire blanc contenant un grand nombre de fossiles quelquefois spa- thiques, quelquefois dissous dans la pierre. On y retrouve les mêmes espèces fossiles décrites par les Anglais; mais ce calcaire très-caractérisé à l'Ouest des Ardennes, se modifie à mesure qu’on avance vers l'Est; il devient gri- 316 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. sâtre , jaunâtre, intercallé de bancs quelquefois crayeux où terreux; à la limite de la Meuse, ces calcaires marneux deviennent de véritables lits de marnes alternant avec des calcaires jaunâtres., La puissance de cette couche est de plus de 100 mètres, elle correspond au pts TRE du département de la Moselle. Les bancs correspondants à ceux qui fournissent la pierre de taille dans la Moselle et que l’on range à Metz dans la grande oolithe, ont été classés dans l'oolithe in- férieure par MM. Sauvage et Buvignier. L'étage moyen présente les formations oxfordiennes et coraliennes très-caractérisées. L'étage supérieur, peu développé dans les Ardennes, a au contraire une grande puissance dans la Meuse. Le dernier groupe des terrains jurassiques est le terrain portlandien. Il est probable que celui décrit sous ce nom . dans la Meuse est différent de celui de la Franche-Comté. La liste des fossiles de ce terrain comprend dans la Meuse plus de cent vingt espèces toutes nouvelles; d’où on peut être autorisé à conclure que le caleaire portlandien de la Meuse n’est pas le même que celui de la Suisse ou de la Franche-Comté. Lequel des deux doit être assimilé à celui | d'Angleterre? Il serait difficile de trancher la question. Terrains crétacés: aucune modification à faire à la classification de ces terrains. | Ontrouve dans la Meuse une formation d’une puissance d'environ 105 mètres, l’agneise, silice hydratée très-tendre qui ne se trouve pas dans les autres parties du bassin crétacé du Nord-Est; elle forme le terrain crétacé de la Meuse, mais dans la Meuse et les Ardennes, elle est surmontée de marnes crayeuses. Elle se distingue du Goldt en ce qu'elle est argileuse; dans les environs de ASSISES SCIENTIFIQUES. 317 St:-Dizier, on en a fait du ciment romain qui paraît aussi bon que celui de Vassy. Elle a été confondue tantôt avec le Goldt, tantôt avec la craie tuffeau. En résumé, dans les deux. départements de la Meuse et des Ardennes : Le lias est bien caractérisé, les divisions qu’il présente ne se retrouvent pas toutes en Angleterre, ni même dans la Moselle. L'étage oolithique inférieur est bien caractérisé dans son ensemble, mais il faut renoncer à y rechercher les détails des couches décrites en Angleterre. L'étage moyen est analogue à celui décrit en Angleterre. L’étage supérieur présente une puissance et des couches qui ne se retrouvent pas aïlleurs et probablement pas en Angleterre. Ses diverses couches ont une puissance très- considérable. Il ne fournit que deux fossiles communs avec ceux décrits dans les couches anglaises. L'épaisseur des terrains affleurants dans le département de la Meuse est de 1640 mètres; dans la Haute-Saône et ailleurs, l'épaisseur des mêmes terrains n'excède pas 6 à 700 mètres. La parole est donnée à M. Terquem , en vue de répondre aux trois premières questions du programme pour le département de la Moselle. M. Terquem énumère les divers terrains dont les couches sont affleurantes dans le département de la Moselle, ïl cite d’abord, dans le terrain paléozoïque , le grès vosgien , qui ne contient aucun fossile, le grès bigarré, qui ne présente que ceux du muschelcalck, le muschelcalck et les marnes irrisées. M. Terquem signale un grès qui, selon lui, serait 318 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. superposé aux marnes irrisées et dont la position aurait été signalée pour la première fois à Ja suite d'une obser- vation de M. Victor Simon qui constate l'existence d’un soulèvement de grès micacés, sous des couches liasiques, auprès du village de St.-Julien. M. Terquem rattache ee soulèvement à celui dont les effets sout si remarquables aux environs de Sierck, où on trouve des quartzites antérieurs à la formation houillière, et conteste à M. Buvignier la vérité de lassertion que le grès de Luxembourg n’est pas le grès infra-liasique. Il donne, à l'appui de son opinion, le résultat de ses explora- tions dans les environs d'Hettange, de Longwy et de Luxembourg. a Suivant M. Terquem, le lias se divise en trois divisions. dans le département de la Moselle, le lias inférieur com- prenant le calcaire à gryphées, le lias moyen et le lias su- périeur comprenant le grès supra-hasique. Le calcaire sa- bleux de M. Buvignier n’existerait pas dans la Moselle. Dans le lias moyen, on rencontre un calcaire particulier que M. Levallois a appelé le calcaire Ocreux de Queuleu. Le lias ne se termine pas dans la Moselle au grès supra- liasique, il se continue par le fer oolithique, au-dessus duquel se trouve le grès qu'il appelle ferrugineux très- remarquable et d’une grande puissance dans Ja Moselle et ne paraissant pas avoir été étudié ailleurs. Quant au terrain aolithique, le département de la Moselle ne présente que l'oolithe inférieure; on y retrouve toutes les couches de la grande oolithe; on y remarque également en grande quantité les polypiers au-dessous de la grande oolithe; leur présence tendrait à indiquer, selon M. Ter- quem , que notre pays a été long-temps un rivage. Au-dessus de la grande oolithe, les. couches sont plus ASSISES SCIENTIFIQUES. 319 agglomérées qu’en Angleterre, trois divisions se confon- dent. La faune des fossiles de la Moselle est excessive- ment riche, une des plus riches de France, un très-grand nombre est encore indéterminé. La parole est donnée à M. Buvignier pour répondre à M. Terquem au sujet du grès d'Hettange. Si le grès d'Hettange était le résultat d’une faille ou d'un soulèvement, dit M. Buvignier, ses contours ne se- raient pas en harmonie aussi parfaite avec les reliefs du sol; on y trouve une grande quantité de fossiles qui appar- tiennent au calcaire sableux, et dans les conditions où il se présente, il n'est pas possible d'admettre l'existence d’une faille. De plus, l'inclinaison des couches du grès d'Hettange concorde parfaitement avec l’inclinaison géné- _ rale des couches géologiques du pays. M. Terquem donne une nouvelle coupe du terrain aux euvirons de Boust qui tendrait à lui donner raison et à faire admettre le soulèvement. Le calcaire de Queuleu est identique, selon M. Buvignier, à la couche moyenne du calcaire sableux. M. Buvignier exprime l'avis que les polypiers présentant d’assez fréquentes lacunes, indiqueraient une mer peu pro- fonde et non pas un rivage; il pense que les polypiers de la Moselle doivent se présenter dans les mêmes conditions que les polypiers du coral-rag de la Meuse. Ces polypiers sont disposés comme les cercles qui entourent les îles de la mer du Sud, d'où M. Buvignier conclut qu'il est très-pro- bable qu'à l’époque coralienne le département de la Meuse était occupé par une mer qui présentait les mêmes disposi- tions que la mer du Sud. M. Terquem déclare partager complètement l’opinion de M. Buvignier à cet égard. Ce dernier demande quelle est 320 INSTITUT: DES PROVINCES DE FRANCE. dans la Moselle la position . de l’oolithe blanche ; elle est supérieure, dit M.Terquem, à l’oolithe jaune à grains fins. M. Victor Simon fait observer que très-souvent cette oolithe inférieure au bradford-klay, n'est pas'jaune, mais blanche. Elle est jaune à Rozérieullés, à Amanvillers, mais blanche sur le Rupt de Mad. Ce calcaire, dit M. Simon, est très-développé dans la Mosélle, M: FRE indique qu'il n'existe pas dans la Meuse. . Nous retrouvons, dit M. Digoide les grands traits avec leurs caractères généraux , mais il ne she pas s’atta- cher à retrouverles détails. M. Victor Simon soutient l'opinion paielipei M. Ter- quem au sujet du grès d'Hettange qu’il régarde comme infra-liasique ; il indique en outre avoir ‘retrouvé dans le département de la Moselle, aux environs de Corny, les deux séries d’ovoides ferrugineux dont a parlé M. Buvignier. M. Simon annonce également avoir trouvé au Hiéraple si entre St.-Avold et Forbach , un grès qu'il croit appartenir au grès rouge. | Relativement aux questions n°, 4 et 5, ainsi conçues : « Les terrains de votre département contiennent-ils « beaucoup de débris organiques ? | | « Les a-t-on recueillis avec soin? « Ces: débris appartiennent-ils à des espèces connues et «bien déterminées? | | «Dans quelle proportion numérique les espèces nouvelles « ou non décrites sont-elles dans les différents terrains ? «. À quels genres appartiennent-elles ? » | M. Terquem répond affirmativement à la question n°. 4 pour le département de la Moselle. Les débris organiques recueillis dans ce département sont en très-grand nombre et plusieurs sont d’une grande rareté; une douzaine des plus ASSISES SCIENTIFIQUES. 321 remarquables n'existe qu’à l'état de moulage dans la collec- tion du jardin des plantes de Paris. MM. Victor Simon et Terquemm, surtout ce dernier, possèdent des collections nombreuses et intéressantes. M. Terquem indique, en réponse à la cinquième quéstion, que la moitié tout au plus des fossiles compris tant dans sa collection que dans celle de M. Simon est déterminée. Le grès d'Hettange seul présente plus de 200 espèces nouvelles; on y retrouve d’ailleurs toute la série analogue aux espèces décrites en Angleterre. | M. Buvignier mentionne, pour le département de la Meuse, environ 2200 espèces de fossiles des terrains jurassiques et crétacés inférieurs, dont plusieurs nouvelles. ÏJl en décrit envion 400; pour un plus grand nombre, 1l n’a pas voulu les décrire encore, ses échantillons n'étant pas assez complets. Les gastéropodes, dit M. Buvignier, se trouvent surtout dans le coral-rag ; 1l en décrit 100 espèces nouvelles et en cite environ 60 ou 100 autres qu'il ne détermine pas. Il mentionne également la présence. de poissons et assez rarement de tortues dans le coral-rag et le calcaire à astartes ; dans les assises supérieures du coral-rag, beaucoup de dents de poissons, de rayons de nageoires, des crustacées, des oursins , etc, La flore fossile, dit M, Terquem , est assez pauvre dans la Moselle. Il annonce néanmoins avoir trouvé dans le grès d'Hettange une quarantaine de plantes. M: Buvignier indique avoir trouvé dans l’Agneise, des ammonites et entr'autres une espèce très-remarquable par la forme de sa bouche ‘qui est terminée par une corne relevée en arrière. Il mentionne la présence d’un assez grand nombre de plantes dans le coral-rag, dont trois conifères assez différentes par leur feuillage, et cite, dans 322 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. le goldt, un cône très-voisin de celui du cèdre du Liban, dans lequel se trouvaient des nymphes de Coléoptères qui l'avaient rongé. Les plantes sont très-rares dans les autres formations. M. Buvignier confirme le fait déjà mentionné que la Moselle aurait été autrefois un affluent de la Meuse, les débris de roches des Vosges qu'elle roule dans son lit le prouvent suffisamment ; on remarque même , à des niveaux différents, des roches de natures diverses, ce qui tendrait à indiquer que les roches de la Moselle n’ont été versées dans la Meuse que progressivement, après la rupture successive des digues formant dans l’origine une série de lacs déversant leurs eaux l'un dans l’autre, comme nous le voyons encore sur le cours de certains fleuves de l'Amérique du Nord. M. Buvignier répond à la question posée par M. Simon : savoir, s’il aurait remarqué que des rivières eussent au- jourd'hui leurs cours en sers inverse de celui qu'elles avaient autrefois : qu’il a constaté un fait à peu près sem- blable pour l'Ornain, à Ligny ; la déviation du cours a eu lieu à partir d'un point voisin de la source, en formant une nouvelle vallée, dans une direction opposée à celle suivie d’abord. M. Victor Simon demande à M. Buvignier quelle est son opinion sur les blocs erratiques des environs de Lon- guion. Ils n’ont aucun rapport, dit M. Buvignier, avec les quartzites des Ardennes. Ils ont des formes arrondies qui tendent à indiquer une formation par concrétion plutôt que toute autre cause. Les ouvriers occupés à l'exploitation du minerai de fer ont remarqué qu'il était inutile de chercher de la mine de fer à une certaine distance autour de chacun de ces blocs. M. Buvignier en conclut qu'ils sont le résultat de concrétions en place, tandis que les ASSISES SCIENTIFIQUES. 323 blocs erratiques des environs de Rhétel sont des meulières détruites. La meulière, ajoute M. Buvignier, est de la silice gélatineuse desséchée et durcie , ainsi que l’a prouvé une expérience toute fortuite et accidentelle, faite par M. Sauvage. La séance est levée à neuf heures et demie. Le President, Le Secrétaire, Alfred MALHERBE. BoULANGÉ. SÉANCE DU 26 MAI. (Présidence de M. Victor Simon. ) MM. Grellois, secrétaire de l’Académie nationale de Metz, Gautier, architecte, Terquem et Van der Stratten, membres de l’Académie nationale de Metz, l’abbé Chaus- sier, supérieur du petit séminaire, Pascal Monnard, Charles Monnard , le docteur Desoudin et le commandant Taillefer, membres de la Société d'histoire naturelle de la Moselle, et G. Boulangé, secrétaire, assistent à la séance. M. Alfred Malherbe, président, n’a pu se rendre à la réunion par suite d’indisposition ; il charge M. Victor Simon de le suppléer. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Victor Simon indique en réponse à la question n°. 6, ainsi CONÇUE : « Combien y a-t-il d'espèces principales de terrain menble dans le pays {circonscrire par sous-régions et appliquer la question à des circonscriptions peu étendues ) ? 324 INSTITUT DES PROVINCES DE: FRANCE. Que, sion considère comme terrains meubles les terrains d’alluvion de nos vallées ; on trouve que : les alluvions dé l'Orne sont calcaires.; les alluvions de la Moselle siliceuses. modifiées par les dépôts vaseux ; le sablon , à l'embouchure de la Seille et de la Moselle, dont nos maraîchers tirent un si grand parti, est. un terrain ancien.ne contenant que de la silice presque pure, les alluvions de la- Seille sont formées par ce qui a été balayé à la surface du lias, ce qui contribue à donner à cette vallée une grande fertilité, aussi est-ce là que, pour la première fois, on a cultivé le colza dans le département de la Moselle. La Moselle donne des productions en tous genres; le sol a été modifié par des'lavages descendus des collines voi- sines. On y retrouve les trois conditions d'une bonne végé- tation , l'argile, la silice et le calcaire. La Nied a des alluvions très-fertiles provenant de lavages du lias et du keuper; ses prairies surtout sont remarquables. La Sarre présente de fort belles prairies; mélange de sable, de calcaire ét du terrain keupérien. Il est répondu à la’ question n°. 8, ainsi conçue : « L'analyse en a-t-elle été faite et quelle est leur com « position ? » | Qu'il n’a été fait d'analyse chimique sérieuse que pour les minerais de fer, objet d’un remarquable travail de MM. Langlois et Jacquot, inséré dans les mémoires de l’Académie nationale de Metz de 1851. En réponse à la question n°. 9 : « Quels sont les amendements qui paraissent le mieux « leur convenir? » On indique pour amendements les marnes calcaires pour la Moselle, les calcaires pour le sablon, le sable pour la Seille. M. Terqueim dit avoir vu exploiter, en allant à ASSISES SCIENTIFIQUES. 325 Thiaucourt, une roche désagrégée appartenant à la partie supérieure du bradfort-klay, pour être employée comme amendement dans les vignes situées dans le calcaire fer- rugineux, : Des marnes du bradfort-klay ont été no ie depuis long-temps avec un grand succès dans les férmes de Hirps: aux environs d'Aumetz. « Quelle est la nature du sous-sol et à quelle série de « couches doit-on le rapporter d’après les données de la « géologie? » | M. Victor Simon indique que le sous-sol des grès bigarrés contient souvent des couches d'argile, lesquelles sont dans ce cas favorables à la végétation; sur le Muschelcalck on trouve souvent. le terrain keupérien qui est argileux. Le _lias est dans de bonnes conditions sous ce rapport, la puis- sance de la couche de terre végétale est considérable. M. P. Monnard ne: pense pas qu’on puisse établir rien d'absolu en matière de perméabilité des terrains, il cite comme exemple, les grès bigarrés qui contiennent souvent des sables rendus imperméables parl'argile qu'ilscontiennent. M. Van der Stratten cite le fait de la culture par ados usitée dans la Moselle, quitend à indiquer qu’en général, le sous-sol est peu perméable et que beaucoup de terrains gagneraient à l'application du drainage. « Quels sont les nouveaux faits constatés relativement à « la distribution géographique des plantes dans le pays? » M. Terquem fait observer que, dans la vallée de la Moselle, la vigne ne se cultive que dans le lias, mais que ce n’est pas une donnée générale, car sur le Rupt de Mad , il n'en est plus de même. M. P. Monnard indique pour la flore de la Moselle trois stations spéciales, les grès, les calcaires et les terrains 326 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. alluvionnaires qui reproduisent une grande partie des plantes des grès bigarrés. Le département présente deux végétations distinctes, celle du grès à l'Est et celle des terrains calcaires au Centre et à l'Ouest ; néanmoins, M. Monnard rapporte avoir trouvé dans le bois de Woippy, près de Metz, des plantes des grès. Il pense que les plantes n’empruntent au sol que des conditions météorologiques. Selon lui, ce n’est pas la nature chimique du sol qui détermine les conditions de végétation, elles résultent de l’état de désagrégation des roches, des conditions météorologiques , etc. M. Monnard préférerait voir établir des zônes par nature de plantes, lesquelles, selon lui, ne correspondraient pas aux divisions géologiques. Le colza se cultive actuellement avec succès dans le Muschelcalck, ce qui n'avait pas lieu autrefois. La théorie avancée par M. Monnard tendrait à contredire celle des amendements ; M. Monnard se défend de cette conclusion en répondant que rien n'indique que les amen- dements agissent par une action chimique sur la plante; il peut se faire qu'ils ne fassent que changer les conditions météorologiques du sol; M. Monnard déclare d'ailleurs n’avancer cette théorie que sous forme de doute. M. Van der Stratten cite la théoriedes assolements comme tendant également à contredire l'opinion de M. Monnard. « Quelle influence paraît exercer la nature géologique « du sol sur la végétation en général et sur le dévelop- « pement de certains végétaux en particulier? » M. Monnard a répondu en partie à cette question; il rappelle qu’on trouve à la vérité des essences dif- férentes dans les différents terrains, maïs que rien n’in- dique que cette variété tienne à la nature géologique du sol. ASSISES SCIENTIFIQUES. 327 On remarque dans le lias une végétation plus brillante, mais quant à la qualité des bois, les essences des terrains calcaires sont préférables à celles des terrains argileux. Les arbres résineux semblent plus particulièrement appropriés aux terrains de sable, « A-t-on fait dans le pays des observations métérolo- « giques suivies? Quels résultats en a-t-on obtenus ? » Des observations météorologiques ont été faites avec beaucoup de soin à Metz, par M. Schuster , depuis 1825 et consignées dans les mémoires de l’Académie nationale de Metz ; mais on n’en a jamais tiré aucune induction. M. le docteur Grelloïs regrette que les heures choisies pour les observations thermométriques ne permettent pas d'ob- tenir la température moyenne. Ces heures sont celles de 9 heures du matin, de midi et de 3 heures du soir. Il est vrai qu'en prenant la température à 9 heures du matin on a une moyenne à peu près exacte, il vaudrait mieux alors ne pas tenir compte des deux autres. M. Grellois regrette également qu'on n'ait pas employé le thermomètre à maxima et à minima, malgré son imperfection invoquée par M. le commandant Taillefer. M. Grellois annonce l'avoir employé avec succès en Afrique. Il faudrait, dit-il, faire choix des mêmes heures d'observations pour touie la France, ce serait le seul moyen de rendre les résultats comparables. Des recommandations devraient être adressées dans ce sens par l’Institut des provinces à toutes les sociétés sa- vantes, Cette proposition de M le docteur Grellois est unanime- ment appuyée. La séance est levée à 8 heures et demie. Le Président. Le Secrétaire. V. SIMON. G. BoULANGÉ. 328 INSTITUT DES PROYINCES DE FRANCE. SÉANCE DU 27 MAI. (Présidence de M. Alfred MaLuenge.) MM. Victor Simon et Georges Boulangé, secrétaire, membres de l'Institut des provinces, prennent place au bureau. d'à: ; MM. Robert, Auguste Prost, Terquem, Van der Stratten Ponthoz, Huguenin, Gautiez, Munier, membres de l’Aca- démie naticnale de Metz, Desoudin, Pascal Monnard, Charles Monnard et Taïllefer, membres de la Société d’his- toire naturelle, assistent à la séance. « La statistique monumentale du département est-elle « faite? Quels sont les travaux déjà terminés sur ce sujet? » La statistique monumentale du département de la Moselle n'est pas encore faite; M. Victor Simon a déjà présenté un assez grand nombre de notes à ce sujet : elles sont insérées dans les mémoires de l’Académie natio- nale de Metz. Il rappelle que les principales voies romaines sont connues et que les monuments romains du départe- ment ont été explorés. M. Victor Simon mentionne la station romaine du Hiéraple qui, quoique déjà fouillée, pour- rait donner encore de nouvelles richesses archéologiques ; il cite la fontaine Ste.-Hélène de Hiéraple, comme devant donner lieu à des recherches intéressantes : les petites croix qui y sont déposées par les pélerins accusent des traditions anciennes. Il recommande d'indiquer sur une carte l'em- placement de tous les anciens cimetières considérés comme francs par les uns et comme gallo-romains par les autres, et de noter de la même manière les traces de lieux habités ASSISES SCIENTIFIQUES, 329 à l’époque gallo-romaine ;signalés aujourd’hui par les frag- ments de tuiles romaines qu’on y rencontre. M. Boulangé continue ses explorations archéologiques dans le département, dessinant tous.les monuments qui sont de nature à présenter, quelqu'intérêt, et recueillant des notes en vue d'arriver à compléter peu à peu la sta- tistique monumentale dela Moselle ; il aurait désiré pouvoir donner plus de suite à ce travail, en émbrassant successi- vement chaque arrondissement; mais les exigences de son service l'ont obligé de renoncer à suivre ‘cette marche. Les notes recueillies seront à l'avenir présentées à l'Aca- démie, au fur et à mesure de leur rédaction, de manière à offrir par la suite un eusemble qu'il ne s'agira plus die de coordonner dans un ouvrage spécial. : M. Gautier, architecte, a fait relever avec le plus grand soin tous les détails architectoniques de la chapelle de Morlange ; il.y a fait prendre également de nombreux moulages. Son beau-frère, M. J. Racine, jeune architecte d'avenir et qui a fait une étude toute spéciale de l'époque romane, -est.occupé actuellement à exécuter, sous sa direction ; le même.travail à l’église de Gorze. « Quelles sont les déductions résultant des étudés déjà: « faites, soit sous le rapport des établissements romains « qui ont existé, soit sous le rapport de: l’état de l’art au « moyen-âge dans le pays? » M. Victor Simon conclut des nombreuses: substruc- tions découvertes dans le département de la Moselle, que notre pays a dù être très-habité à l'époque gallo- romaine. On retrouve au milieu des forêts des traces d'habitation et de voies romaines qui n'existent plus au- Jourd’hui, on y a même remarqué des restes de sillons indiqués par les ondulations du sol. 330 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. Les châteaux de la Moselle, ainsi que ceux des bords du Rhin, ont dù être établis primitivement pour la défense du territoire. M. Boulangé rappelle le caractère de simplicité des types de l’art religieux dans la province, tant à l'époque romane qu'à l'époque ogivale. Nos monuments ont toujours affecté une grande noblesse de style, dégagée de toute ornementation superflue ; on chercherait en vain des traces bien caractérisées de l'influence byzantine dans nos églises romanes, et même au XV®. siècle: on a su s'affranchir de la surabondarce d'ornements qui a fait donner à cette époque le nom d'époque flamboyante. M. Victor Simon pense que le mouvement architectural nous est venu de Trèves, capitale ecclésiastique de la province. Il base cette opinion, excessivement plausible, sur ce que le clocher de Cattenom , près Thionville, la tour aux Puces de Thionville, l’église d’'Olley, près d’'Etain, contiennent des fragments de grès bigarré. Les architectes venus du pays du grès, ne connaissant que les matériaux de leur pays, les ont fait employer, du temps de Charle- magne, à Thionville, et!, à l'époque romane, à Cattenom et à Olley. « Quelle était la tiéabchie féodale des châteaux du « département ou de l'arrondissement? » « Combien y avait-il de fiefs et d’arrière-fiefs dépendants « de chaque château? » M. Auguste Prost indique que ces questions paraissent supposer à la féodalité une organisation systématique qu’elle ne semble pas avoir eu dans notre province ; il dit que , sans avoir fait de ces questions une étude spéciale , il lui semble que. chez nous l'organisation des fiefs n'est pas résultée. d'un. démembrement fait ASSISES SCIENTIFIQUES. 331 en vue de leur constitution et réglée d’une manière uni- forme, mais bien plutôt de l'agrégation d'éléments anté- rieurement indépendants. Il croit que la possession du sol par les familles les plus puissantes s’est consolidée dans les désordres politiques des X®. et XI. siècles, qui ont fait perdre la trace de son origine (conquête, usur- pation ou concession à des titres divers). Cette possession étant devenue à peu près indépendante, avait constitué des alleuds qui furent ensuite réduits successivement en fiefs par la soumission plus ou moins volontaire de leurs possesseurs, aux ducs et comtes de Lorraine, Bar, Luxem- bourg, aux évêques, églises de Metz, Toul et Verdun, et à quelques autres seigneurs prépondérants du pays. Quant à la possession de ces alleuds et de ces fiefs, elle était dévolue, aux XI®. et XII. siècles, aux individus appartenant à la classe des nobles. Mais dès le XIII®. siècle et surtout au XIV®., les bourgeois de Metz commen- cèrent à en occuper quelques-uns, par suite de gagières ou d'acquets formels. Les princes souverains voisins luttè- rent quelque temps contre cet envahissement, facilité aux bourgeois par leurs richesses. Plusieurs guerres furent la conséquence de cet état de choses qui finit par prévaloir, et d'ailleurs, pendant les XIV®. et XV®. siècles, la bour- geoisie messine s'était transformée graduellement en une aristocratie qui prit peu à peu rang dans la noblesse du pays avec laquelle elle se mêla par des alliances. Il est à remarquer que le mouvement de transformation des alleuds en fiefs dut être très-général, car, au XVIII. siècle, il ne restait que très-peu d’alleuds dans le pays, comme le remarque Délange dans le commentaire sur la coutume de Metz. « Comment se rendait la justice dans la circonscription « hiérarchique des châteaux? » 332 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. M. Huguenin, professeur d'histoire au Lycée, membre de l'Académie nationale de Metz, a fait à cette question la réponse suivante : S'il se trouve encore dans quelques dnchi bi locales d'anciens documents qui seraient de nature à nous éclairer sur la manière dont la justice était rendue dans les chà- teaux du pays messin pendant la période du moyen-âge, ces documents sont en général très-peu connus. Il ne nous reste donc pour répondre, autant que possible, à la question placée sous le n°. 18 du programme, que quelques pièces relatives à la justice telle qu'elle était exercée au nom des églises, dans l'étendue de leur temporel, et ces pièces elles-mêmes sont d'une extrême rareté. Cependant, comme les formes judiciaires usitées dans les domaines ecclésiastiques étaient à peu prés les mêmes que pour les fiefs laïcs , la connaissance des unes peut conduire à celle des autres, par la voie de l’analogie. Ce principe établi, les trois points Ep à examiner paraissent être les suivants : 1°. Quelle était la loi suivie pendant le sr hrs -àge dans Je pays messin ? 2°. Quelles étaient les personnes investies des fonctions Judiciaires et dans quelles limités étaient renfermées leurs âttributions ? | 3°. Quelles formes étaient usitées dans les jugements ? Pour répondre à la première question, nous dirons, qu'après Charlemagne, la loi salique et les Capitulaires qui en étaient le développement, paraissent avoir été observés à peu près intégralement dans le pays messin, pendant une période d’au moins trois siècles et demi, c'est-à-dire jusque vers le milieu du XII®. siècle. C’est ce qui nous apparaît dans un acte des archives de l'abbaye ASSISES SCIENTIFIQUES, 9333 de Gorze (1), sous l’année 886 (2). Le nommé Tangelrade ayant réclamé, à cette époque, la terre de Wasnou, dans le comté de Scarpone, comme fief indépendant de l’église de Gorze, la. question fut jugée en présence de l'abbé Folcher, par Scenulf, juge de l’abbaye, et par les échevins du lieu, ses assesseurs. Scenulf, qui est appelé. du nom de judeæ, demanda en premier lieu quelle était la loi suivie. Gans la terre dont il s'agissait. La réponse n’est pas mentionnée dans l'acte, mais on voit clairement, par Ja suite de la procédure, que la loi salique fut invoquée : en effet, le juge et les échevins admirent le demandeur au jugement de Dieu, en lui permettant de jurer sur les reliques avec six de ses amis. Mais un autre acte, complètement décisif, puisque la loi salique s’y trouve textuellement citée, est celui par lequel un nommé Ragimbaldus, seigneur de Witreneicourt, dans le comté de Salins, fait, en 957, la donation de sa terre à l’abbaye de Gorze. J'ai, nous dit le donateur, livré la propriété de mon bien à l’église de Gorze, par les mains de mes fidèles serviteurs vivants sous Za. loi salique ; salicä lege viventium (3). Enfin, un troisième document de l’année 1157 nous apprend que Thierry, comte de Montbéliard et frère d'Etienne de Bar, évêque de. Metz, ayant réclamé une famille de colons qui servait sur les terres de l’abbaye de Gorze et qu'il disait s'être enfuie de ses domaines, le nommé Hugues, un des membres de cette famille, fut (1) Située à trois lieues de Metz, (2) Cartulaire de l’abbaye de Gorze, manuscrit sur vélin de la bibliothèque de Metz, (3) Cartulaire de Gorze, sur vélin, p. 450, Bibliothèque de Metz. 334 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE, admis par l’évêque à jurer, lui septième, septimd manu, qu'il était né sur le territoire de l'abbaye {1}. Au XIIIe. siècle, l'étude de la jurisprudence romaine modifia considérablement, sans doute, la loi primitive du peuple franc, mais il semble que les formes et l’esprit de l’ancienne législation subsistèrent encore long-temps dans le pays messin et qu'ils entrèrent, dans la nouvelle jurisprudence, pour une part considérable. L'usage, par exemple, encore en vigueur au XV®. siècle, d’ajourner à sept ou à quarante nuits (2); la solidarité imposée aux parents et aux amis de l'accusé; l'obligation pour eux de le saisir et de le présenter à la justice, ou bien de jurer, chacun avec six autres personnes, qu’ils n’ont pu l'arrêter; le serment de vingt personnes exigé comme moyen de justification dans une accusation de meurtre mon suffi- samment prouvée (3), et beaucoup d'autres dispositions du même genre, sont des traces manifestes et encore vivantes de la vieille législation des Francs. La deuxième question est celle-ci : « Quelles étaient les « personnes investies des fonctions judiciaires et dans « quelles limites étaient renfermées leurs attributions? » La loi salique , celle des Bavaroïis, en particulier, et les Capitulaires associent au comte, dans les jugements, un magistrat désigné sous le nom de Juge, Judex , spéciale- ment versé dans la connaissance des lois, et chargé de prononcer la sentence que le comte sanctionne et fait exé- cuter, comme représentant et dépositaire de la force pu- (4) Cartulaire de Gorze. (2) Chroniques de Metz, passim. (3) Acte pour la commune paix de la ville de Metz, année 1250, cartulaire de la ville de Metz, sur vélin, bibliothèque de Metz, ASSISES SCIENTIFIQUES. 335 bliqué. Le juge est assisté d'un conseil d'échevins dont le nombre varie de sept à douze, et cette Cour prononce en matière civile et en matière criminelle. Au-dessous des comtes et de leurs juges viennent des lieutenants ou vicaires, distribués dans l’étendue du comté et chargés de rendre la justice dans les mêmes matières, mais à la classe des hommes du peuple et avec cette diffé- rence encore que de même que, le comte ne pouvait pro- noncer de sentence capitale sans la sanction du souverain, le vicaire ne pouvait, à son tour, sans la présence du comte, prononcer sur la vie, la liberté ou les biens des hommes soumis à sa juridiction . Comme les vicaires étaient chargés, en même temps, de la levée des impôts, on les appelait aussi villici et majores : au-dessous des vicaires venaient les centeniers, centenarii, qui jugeaient les causes de même nature , mais dans une circonscription moins étendue que les vicaireries et avec appel devant les tribunaux supérieurs. Enfin les decani, dixainiers doyens, formaient le dernier degré de l’ordre judiciaire. Après Chäârlemagne ces diverses magistratures subsistè- rent dans les seigneuries laïques ou ecclésiastiques , tantôt avec les mêmes noms, tantôt avec les dénominations diffé- rentes introduites par l'usage. Nous allons essayer de re- chercher sommairement ce que cette magistrature féodale éprouva de modifications et ce qu’elle garda aussi de sa primitive origine. Les seigneurs devenus à peu près souverains dans leurs domaines, durent se faire remplacer, pour l'administration ordinaire de la justice par des lieutenants investis de leur autorité. Ces lieutenants furent des avoués, advocalti, qui, chargés de soutenir, en matière de droit surtout, les intérêts de leurs maîtres, pouvaient en même temps, à raison de la 336 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. profonde connaissance qu’ils avaient des lois, remplir les fonctions de juges à la tête du conseil des échevins. Dans les seigneuries ecclésiastiques, ils portèrent plus particu- lièrement le titre de juges et de voués ou avoués. Dans les fiefs laïcs on les désigua souvent, sous le nom de prœpositi, prévôts, c'est-à-dire , préposés à la justice par le seigneur. Les magistrats qui avaient anciennément porté le titre de vicaires, le perdirent presque entièrement: pour ne garder que celui de villici, de majores et ce fut le dernier mot qui finit par prévaloir sous la forme romane de muïours, maires. Le titre de maire s’appliqua même par analogie aux an - ciens centeniers dont le nom disparut aussi du langage. Mais ces deux sortes de mairies confondues sous une même dénomination différèrent d’étendue comme les vicaireries et les centaines dont elles tiraient leur origine. Enfin, les decani ou dixainiers Subsistèrent dans la personne des doyens placés au-dessous des maires. Dans les premiers siècles du système féodal, les magis- trats désignés sous le nom de juges, avoués, prévôts, réunissant à Ja science du droit l'usage de la force maté- rielle, dont ils disposaient comme juges et comme défen- seurs de la localité, se rendirent tellement puissants , que nous voyons, dès la fin du XI°. siècle, dans le pays messin, les propriétaires ecclésiastiques ne plus leur permettre de prendre part aux jugements, sans un ordre particulier de l'évêque ou de l'abbé (1). La justice est ainsi dévolue dans les cas ordinaires, aux maires et aux échevins. Les avoués ne sont plus que les gardiens et les défenseurs des che- mins publics où ils ne peuvent même arrêter et juger que les malfaiteurs étrangers à la localité. (1) Charte de l'évêque Poppon, 1095, pour régler les droits des voués d’Amelle (Histoire de Metz par les Bénéd, , t, III. preuves), ASSISES SCIENTIFIQUES. | 339 Cette restriction de pouvoir pour les voués où avounés a lieu dans la ville de Metz, à la même époque ; c’est-à-dire vers la fin de: XI®. siècle. C'est le premier échevin élu Scabinus major, qui prend sa place comme juge, et le voué n'est plus chargé que de gairdeir tous les chamäins (1). A la fin du XII. siècle, entre 1179 et 1200, la justice criminelle qui avait passé, aussi bien que la justice civile, aux mains du premier échevin, est distraite à son tour des fonctions de ce dernier magistrat et déférée au tribunal des treize jurés. Cependant la vouerie subsiste encore à Metz comme magistrature de haute police dans la banlieue, jusqu'en 1345, année dans laquelle la Cité rachète cette charge d’un seigneur nommé Poujoize, pour la somme de mille tour- nOIS. La vouerie disparaît dès-lors de notre histoire. Nous n’avons point trouvé de renseignements sur ses destinées dans les seigneuries laïques ou ecclésiastiques des pays voisins, mais, à défaut de documents précis, l’on peut conjecturer que dès cette époque, elle. subit-partout dans notre contrée le .même déclin, sous l’empiré des mêmes causes. . La troisième question, ést celle-ci : «: Quelles formes « étaient usitées dans les jugements? » Les capitulaires nous apprennent d'abord que la justice était rendue souvent dans les atria ou aitres des églises et des monastères, parce que ces avant-Ccours disposés en forme de portiques couverts, offraient un abri commode contre les intempéries de l'air et les rayons du soleil. A Metz, les voués, ensuite les maîtres échevins et enfin les (41 Lois et atours de la ville de Metz. Manuscrit de la Bibliothèque. 15 336 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. profonde connaissance qu'ils avaient des lois, remplir les fonctions de juges à la tête. du conseil des échevins. Dans les seigneuries ecclésiastiques, ils portèrent plus particu- lièrement le titre de juges et de voués ou avoués.: Dans les fiefs laïcs on les désigua souvent ; sous le nom de præpositi, prévôls, c'est-à-dire , préposés à la justice par le seigneur, Les magistrats qui avaient anciennément porté le titre de vicaires, le perdirent presque entièrement pour ne garder que celui de vilici, de maÿores et ce fut le dernier mot qui finit par prévaloir sous la forme romane de maïours, maires. Le titre de maire s’appliqua même par analogie aux an - ciens centeniers dont le nom disparut aussi du langage. Mais ces deux sortes de mairies confondues sous une même dénomination différèrent d’étendue comme les vicaireries et les centaines dont elles tiraient leur origine. Enfin , les decani ou dixainiers subsistèrent dans la personne des doyens placés au-dessous des maires. Dans les premiers siècles du système féodal, les magis- trats désignés sous le nom de juges, avoués, prévôts, réunissant à Ja science du droit l'usage de la force maté rielle, dont ils disposaient comme juges et comme défen- seurs de la localité, se rendirent tellement puissants , que nous voyons , dès la fin du XI®. siècle ; dans le pays messin, les propriétaires ecclésiastiques ne plus leur permettre de prendre part aux jugements, sans un ordre particulier de l'évêque ou de l'abbé (1). La justice est ainsi dévolue dans les cas ordinaires, aux maires et aux échevins. Les avoués ne sont plus que les gardiens et les défenseurs des che- mins publics où ils ne peuvent même arrêter et juger que les malfaiteurs étrangers à la localité. (1) Charte de l'évêque Poppon, 1095, pour régler les droits des voués d'Amelle (Histoire de Metz par les Bénéd, ,t, IIT. preuves), ASSISES SCIENTIFIQUES. 339 Cette restriction de pouvoir pour les voués ou avonés a lieu dans la ville de Metz, à la même époque, c'est-à-dire vers la fin de. XI. siècle. C'est le premier échevin élu Scabinus major, qui prend sa place comme juge, et le voué n'est plus chargé que de gairdeir tous les chamins (1). A la fin du XII. siècle, entre 1179 et 11200, la justice criminelle qui avait passé , aussi bien que la justice civile, aux mains du premier échevin, est distraite à son tour des fonctions de ce dernier magistrat et déférée au tribuual des treize jurés. Cependant la vouerie subsiste encore à Metz comme magistrature de haute police dans la banlieue, jusqu'en 1345, année dans laquelle la Cité rachète cette charge d’un seigneur nommé Poujoize, pour la somme de mille tour- noIs. La vouerie disparaît dès-lors de notre histoire. Nous n’avons point trouvé de renseignements sur ses destinées dans les seigneuries laïques ou ecclésiastiques. des pays voisins, mais. à défaut de documents. précis, l’on peut conjecturer que dès cette époque, elle. subit-partout dans notre contrée le .même déclin, sous l’empiré des mêmes causes. . La troisième question, est celle-ci : «: Quelles formes « étaient usitées dans les jugements? » Les capitulaires nous apprennent d’abord que la justice était rendue souvent dans les atria ou aitres des églises et des monastères, parce que ces avant-Cours disposés en forme de portiques couverts, offraient un abri commode contre les intempéries de l'air et les rayons du soleil. A Metz, les voués, ensuite les maîtres échevins et enfin les (4) Lois et atours de lawille de Metz. Manuscrit de la Bibliothèque. 15 340 INSTITUT (DES PROVINCES' DE FRANCE. treize tinrent leurs plaids dans le cloître de l’église St. Etienne (ou cathédrale ) jusqu’en 1317, époque où le grand palais fut édifié. Le juge était assis dans ‘une chaire élevée, près d'une tribune formée d’un :bloc de pierre, appelée Stault ou Estault et sur lequel montait celui qui faisait les cris et proclamations usitées dansla procédure. Il est pro - bable que les plaids des juges seigneuriaux où ecclésiasti- ques se tenaient dans les cours des châteaux, ou bien sous ün couvert d'arbres à l'entrée principale du bourg, que dans le pays messin on appelait aussi Atrium (l). L'acte de l’abbaye de Gorze , cité plus haut sous Ja date .de 886, nous apprend que les demandeurs vinrent d'abord se présenter à l'abbé et au juge et leur dirént : nous vous suppliôns par la miséricorde de Dieu tout-puissant de nous permettre d’être jugés suivant la loi. La demande accordée, ils'se présentèrent ensuite au plaid, devant l'abbé etle juge assis l’un près de l’autre : puis le juge Scenulf demanda quelle était la loi invoquée, après quoi il jugea avec les échevins que Tangelzade, demandeur principal, devait être admis avec six de ses amis. A Metz, dès le XIII®. siècle, une formule de demande assez analogue était adressée, avant le plaid, au maître échevin , mais parle maire qui disait : maître échevin, sire, dites-moi le droit du plaid, monseigneur. S'il s'agissait d’une ‘propriété ou d’un bien meuble en litige, l’échevin disait au maire : allons voir les ‘biens et mettez-y une wairde [une garde), ce qui sans doute équi- valait à l'usage actuel des scellés. | La garde posée, le maire ajournait les parties à certain (4) Charte d’Etienne de Bar, 1190 pour l'abbaye de St.-Martin (Hist, de Metz par les Bénéd, t, III. Preuves ). -ASSISES SCIENTIFIQUES. 941 jour devant son tribunal où il était assisté d'un certain nombre d’échevins. Le maire demandait alors s’il y avait quelqu'un qui voulût soutenir la cause.du défendeur. En- suite, on entendait les deux parties ou leurs plaideurs, puis on lisait les pièces écrites pouvant-servir .de preuves ; en- suite sur l’ordre des échevins, le maire invitait le deman- deur à.arhamir (1) son chepteis (2), c'est-à-dire, à jurer qu’ilavait la légitime propriété de ce qu'il réclamait. Le serment prêté, le maire demandait encore à haute voix et par trois reprises : y at-il ici quelqu'un qui veuille aider le défendeur? Après quoi, il disait à l'échevin prési- dent : je le remets en votre jugement. L'échevin prenant l'avis de ses collègues , prononçait de jugement qui com- mençait parcette formule : je dis pour droit (3), etc. Il est probable que ces formalités avaient lieu non-seule- ment pour les tribunaux des maîtres échevins et pour ceux des maires -de la ville, mais encore pour les justices féo - dales ou ecclésiastiques du pays messin, puisqu'elles 4i- raient de l’ancien droit des Francs leur commune origine. M. Huguenin ajoute que le mot plait vient dû mot latin placitum. Le comte ou le juge demandait aux parties à quel jour il leur plairait de comparaître; la convention était signée et s'appelait placttum, plaid. En comparant les capitulaires avec la loi salique, on voit qu'ils n'en sont qu'une extension. Charlemagne a fait peu (4) Adrhamir, expression empruntée à la loi salique et qui signifiait jurer en tenant un fétu ou une petite branche festucam aut ramum. (2) Chepteis. Du latin capitale qui signifie propriété dans la loi salique. pet (3) Droit des trois mayours en leur office, Manuscrit sur papier XVe, siècle. Bibliothèque de Metz, bd 342 CONGRÈS DES ACADÉMIES. de lois nouvelles , il n’a pris que des mesures pero hu tives. M. Robert fait remarquer que la loi militaire actuelle a conservé plusieurs prescriptions des capitulaires. M. Prost indique que les avoués ou voués des élus étaient des laïques puissants qui, à ce qu'il paraît, avaient une part dans l’administration de la justice. C'était au voué qu’on livrait les criminels, comme au bras séculier chargé d'exécuter la sentence. Le voué était chargé de tous les actes que l'abbé ne pouvait pas accomplir. Plus tard on'a été amené à réformer l'influence des voués. M. Prost confirme les assertions de M. Huguenin'au sujet de la perpétration de la loi salique dans notre législation ; il cite l’atour du commencement du XIII. siècle, pour la conservation de la paix publique à Metz où on retrouve une série de détails indiquant une filiation non interrompue avec la loi salique , tels que les parents et amis associés et répondants. La justice se rendait sans dppel à Metz pour le criminel, tandis qu’il n’en était pas de même en matière civile. Ce fait n’a rien qui doive étonner, dit M. Robert, les lois criminelles s’appliquaient au peuple conquis, c’est pourquoi on en faisait si bon marché ; tandis que les lois civiles étaient celles du peuple conquérant des repuaires, elles venaient de la loi salique qui avait été faite avec le plus grand soin: XIX. COLLECTIONS D'HISTOIRE NATURELLE. 1°. Le Muséum de la ville de Metz comprend de beaux mammifères, environ 1800 oiseaux ; collection de reptiles, notamment du Brésil et de ;’ Océanie ; poissons du départe- ment et autres; vaste collection de conchyliologie; crus- ASSISES SCIENTIFIQUES. 343 tacés ; entomologieet arachnides en petit nombre; zoophites; collection de paléontologie et de coquilles fossiles ; géologie ; minéralogie ; botanique. (On y remarque une magnifique défense du baleinoptère Narval, une belle collection de columbidés composée de 150 exemplaires, la collection des cristaux de souffre de la Sicile, collection des marbres de la Sicile, des Vosges, de la Corse, des Pyrénées, de l’Au- vergne, du Palatinat et de l'Italie.) 2, La collection d’ornithologie de M. Alfred Malherbe, vice-président du tribunal de 1'®. instance, à Metz; on ‘y remarque une des collections les plus étendues de Pi- cidés /'picus, picumnus, yunx (Linn.); du genre momotus {(Linn.). 8°. Collection de M. J. Hollandre, à Metz. Ornithologie du département; lépidoptères de France ; roches, coquilles, herbier. 4. D’autres collections moins étendues existent à Metz ; oiseaux du Bengale, chez M. Cornet, fils ; oiseaux du dé- partement, chez M. Vincenot ; oiseaux exotiques et mé- nagerie, chez M. Auguste Rolland, à Rémilly, à une demi-heure de Metz. 49, bis. Collection d'anatomie à l'hôpital militaire de Metz. | 5o. Collection de conchyliologie chez MM. Joba, le co- Jonel Hennocque, de Saulcy, Grellois, Victor Simon, à Metz. 6°. Collections d'entomologie, chez MM. Géhin, phar- macien, Lasaulce, Hollandre, Hennocque, à Metz. T°. Collections de botanique, chez MM. Hollandre, Mon- nard frères, commandant Taillefer, Lasaulce, à Metz , et Doisy, à Verdun. 8. Collections de géologie et de paléontologie, chez 344 INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. MM. Victor Simon, Terquem, Hollandre, Desoudin , de Lamothe, Hennoeque, à l’école d'application du génie et de l'artillerie, à l'école régimentaire d'artillerie, à Metz ; chez M. Buvignier, à Verdun; chez M. Moreau, juge au tribunal de St.-Mihiel ;. à la préfecture du département des Ardennes. COLLECTIONS D'OBJETS ANCIENS , CHEZ : Ie. M. Paguet, rue Vincentrue, à Metz (objets anciens et émaux). 2. Collection de la ville. de Metz (bronzes , médailles, nanuscrits ). de. M. Victor Simon, conseiller à-la Cour d'appel de Metz | objets anciens, bronzes ). . 40, M. Robert, sous-intendant militaire { médailles). 5°. M. Soleirol, commandant du génie en retraite, à Metz {médailles bysantines ). 6. M. Georges Boulangé, ingénieur des Donis-ét:Chaus- sées , à Metz ({médailles). Te. M. l'abbé Perrin, curé à Ancy, près Metz |{mé- daiïlles, série papale ). 8°. M. Hollandre, à Metz | médailles ).. 9. M. Dufresne, conseiller de préfecture, à Metz {médailles , objets anciens , authographes ). 10°. M. l'abbé Ledain, à Sarralbe, arrondissement de Sarreguemines {médailles ). ile, MM, Lhomez, née Perrin, à Metz |{ médailles grec- ques et celtibériennes ). 12, M. Chartener , à Metz { médailles et livres rares). 12°. bis. M. le baron de Salis, à Metz {chartes et ma- nuscrits rares ). ASSISES SCIENTIFIQUES. 345 13%. MM. Clouet, père et fils, à Verdun { médailles et objets d’antiquités,). 14. M. de Fienne , à Bar-le-Duc {médailles ). 15°. M. Servais, à Bar-le-Duc (médailles). 16°. M. Denis, à Commercy. COLLECTIONS DE TABLEAUX ET GRAVURES, 1°. Musée de la ville de Metz. 2. Collection de plâtres de l’école municipale de Metz. 3°. Cabinet de M. Auguste Rolland, à Rémillv, près Metz | beaux pastels). | 4e, Chez Mx°, Lhomez, née Perrin ; à Metz; tableaux de Murillo, de Velasquez , de Teniers. Be. Chez Mr°. veuve Auguste de Beausire ; à Metz ; tableaux de Murillo, de Velasquez. 6°. Chez M. le baron de Dommartin, à Metz. 7, Chez M. H. Collignon, conseiller à la Cour d’ appels à Metz ; tableaux (Rembrandt ), &. Chez M. Buignet , ancien inspecteur de l'Académie, à Metz, collection de gravures, esquisses de Lebrun. 9. Chez M?°, Piquemal, à Metz; collection de gravures. 10°. Chez M, de, Fieune, à Bar-le-Due; collection de . tableaux. | | 11°. Chez M. Paguet, à Metz; beaux vases en. marbre de Coustou. La séance est levée à onze heures du soir. Le Président, Le Secrétaire, Alfred MALHERBE. G. BouLanNGé. 346 Cougrès scientifique de France en 1852. Le Congrès scientifique a tenu sa XIX®. session à Tou- louse du 6 au 15 septembre. Le nombre dés membres inscrits n’était que de deux cent cinquante. Le bureau du Congrès, quisiégeait à Orléaris } trop éloigné de Toulouse pour connaître les habitudes des habitants du Midi, n'avait pas prévu que, le 6 septembre, tous les professeurs et les magistrats seraient en vacances et la plupart dans les Pyrénées ou ailleurs: Cependant le Congrès s'est toujours tenu en septembre depuis 1834 ; il en coûtait à MM. de Caumont et Des Moulins, qui avaient pris à leur charge l'organisation de la XIX®. session, de changer une époque consacrée par dix-huit délibérations de Congrès, époque qui convient aux hommes venant du dehors et dont plu- sieurs sont retenus par leurs fonctions jusqu'au 1°. sep- tembre. Ce ‘ne fut d’ailleurs qu’à la fin de juin que M. Moquin-Tandon et d’autres habitants de Toulouse firent parvenir leurs réclamations sur l’époque indiquée, et alors des lettres de convocation étaient déjà envoyées en Alle- magne, en Angleterre et dans le Nord de la France. Le 6 septembre dut donc être maintenu. On avait choisi le 6, parce que le voyage du prince-président de la Répubiique était annoncé pour les 4 et 5 septembre. Jusque-là Toulouse devait réunir toutes ses notabilités. Le voyage du prince, retardé d’un mois, a dérangé les combinaisons des organi- sateurs du Congrès. Les fonctionnaires ont,en effet, profité du mois de septembre pour faire leurs voyages. afin d'être de retour le 4 octobre. Du reste, ce n’est pas le nombre des membres qui dé- termine l'utilité des travaux, et les résultats du Congrès CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE | 1852 }. 347 de 1852 n'ont pas été moins importants que ceux des Congrès précédents. Parmi les membres du Congrès on a remarqué à Toulouse MM. le Cf. de Caraman, ancien ambassadeur ; l'abbé La Curie, de Saintes ; Ch. Des Moulins, de Bordeaux ; L. Drouyn, de Bordeaux; de Castelneau, de Bordeaux ; Du Mège, de Toulouse ; Feuillet, de Lyon; Roux, de Marseille ; Bertini, de Turin ; l'abbé Basque, du diocèse de La Rochelle; Ricard, de Montpellier; de Leutre, président du tribunal de Gaillac ; Victor Petit; vicomte de Cussy; comte du Manoir , de Juaye; Givelet, de Reims; docteur Bally, de l'Yonne; de Buxon- nière , d'Orléans ; Le Maistre d'Anstaing , de Tournay ; vicomte de Juillac, de Toulouse ; comte de Peyronnet, de Bordeaux ; comte du Peyrat, de St.-Sever (Landes). M. l'abbé Texier, qui avait annoncé son arrivée, a été retenu à Brives-la-Gaillarde par une indisposition. Le savant conseiller Le Gall, de Rennes, secrétaire-général de la XVI®. session, a été aussi arrêté par un malheur de famille , la mort subite de son fils, magistrat distingué. D’autres membres sur lesquels on comptait, notamment M. de Verneilh, de la Dordogne, ont été, par suite d’affaires imprévues , dans l'impossibilité de partir. M. de Caumont, arrivé le 27 août à Toulouse, quelques jours avant M. Des Moulins, s’est mis immédiatement en rapport avec M. le Maire de Toulouse et M. Bonald, architecte de la ville. | Peu de temps avant, sur le rapport de M. de Tauriac, membre du Conseil général et du Corps législatif, le Conseil municipal avait voté une somme de 8,000 fr. pour recevoir le Congrès et subvenir aux dépenses de la session. M. de Caumont pensa que cette somme, ou partie de cette somme, ne pouvait recevoir de meilleur emploi que d'être 348 CONGRÈS SCIENTIFIQUE destinée aux frais d'impression du compte-rendu, et qu'au moment où de splendides fêtes se préparaient pour le passäge du prince Louis Napoléon , il ne fallait pas songer, comme on l'avait fait dans d’autres villes, à donner des soirées et des concerts pour les membres du Congrès. D'ailleurs le Capitole ‘était occupé par les peintres, les doreurs, les tapissiers. M, le colonel Cailhassou, maire de Toulouse, avait cependant mis à là disposition du Congrès, non seulement toutes les salles :du Capitole, mais même la grande galerie du musée de peinture où il désirait que les Séances publiques du Congrès pussent se tenir : M. de Caumont remercia M. le Maire. Effecti- vèment, le musée peut contenir 4,000 personnes, c'est une ancienne église, ét il comprit vite que le Congrès qui ne comptait à Toulouse que 250 membres inscrits serait pérdu dans un aussi vaste local. La galerie ‘des Illustres du Capitole lui parut même un peu trop grande et il choisit de préférence la salle voisine dite Salle dés banquets. Cette salle ; décorée de paysages italiens et d’une grandeur moyenne, puisqu'elle peut contenir environ 400 personnes, était effectivement ce qu'il fallait. M. l'architecte Bonald et M. Pifteau, secrétaire-général de la mairie, qui avait accepté les fonctions de trésorier en chef du Congrès, promirent que les restaurations commencées dans la salle pour le passage du Prince et les dispositions nécessaires pour la tenue du Congrès seraient terminées le 5 sep- tembre, la veille de l'ouverture de la session , et ils ont tenu parole, Une estrade s'élevait pour le bureau à l'extrémité de cette pièce à laquelle on accédait par la galerie des Illus- tres, qui formait la salle des Pas-Perdus. Derrière le bureau on avait, et ceci était très-bien en DE FRANCE (SESSION DE 1852), 349 tendu, ménagé un espace garni dé tables en’ fer à chéval sur lesquelles les livres offerts au Congrès étaient déposés et divisés , selon leurs sujets, en cinq FREE répondant aux cinq sections du Congrès. . La salle de Clémence Isaure, habituellement occupée par le Conseil municipal et l'académie des jeux floraux, fut destinée aux séances de la section de médecine et de la section ‘des sciences physiques et naturelles ; l'académie des inscriptions et belles-lettres avait offért son local pour les autres! sections.! MM; ‘de Caumont et Des Moulins: pensèrent qu'il valait mieux se servir de ‘la salle dés séances générales pour les sections qui se réunissaient le matin à des heures différentes afin de ne pas perdre de temps pour passer d'un local dans un autre, et cet avis fut adopté par les sections elles-mêmes. Ainsi, comme dans plusieurs autres villes, les sections ont tenu leurs séances dans deux locaux seulement, et chaque jour la séance générale s’est ouverte à trois heures. La salle du Trône avait été destinée à la séance publique de l’Institut des provinces et à celles de la Sociêté française pour la conservation des monuments. : 3.9 Ces séances ont eu lieu le soir dans la Salle des ban- quets , plus commode et plus accessible. Enfin, comme à Nancy ét à Orléans, plusieurs soirées ont été, en dehors du Congrès, consacrées ‘à entendre des poésies et des lectures variées. Le bureau général fut oi ainsi “is il suit, le 6 septembre : | Président-général : M. le comte de QE membre de l'académie de Bordeaux: | Vice-présidénts-généraux : MM. de Caumont, de Caen; Roux, de Marseille; Bertini, de Turin; et Du Mège, de Toulouse. 350 CONGRES SCIENTIFIQUE Les secrétaires-généraux, MM. Des Moulins.et V. Petit, avaient été nommés par l'Institut des provinces. — M. Pifteau fut nommé trésorier-général de la session. Le lendemain les sections formèrent leurs bureaux par- ticuliers ainsi qu'il suit : Première section. Président : le colonel Le Blanc: Vice- présidents : M. le colonel Glaize et M. l’intendant Truttat. Secrétaire : M. Arondeau, professeur de physique. Deuxième, section. Président : M. le vicomte de Cussy, de l'Institut des provinces ; Vice-présidents : MM: le comte du Manoir, du Calvados; Cany, docteur-médecin , à Tou- louse ; Audouy, id. ; Arzac, négociant, ancien maire de Toulouse. Secrétaire : M. Donnassan. Troisième section. Président : M. Bally, de LE aire Vice-présidents : MM. -Ribolly, de Turin; Bessières, de Toulouse; Delaye, id. Secrétaires : MM. Combes, docteur en médecine , à Toulouse; Ripoll, id.; Giscaro, id. Quatrième section. Président : M. l'abbé. La Curie, de Saintes. Vice-présidents : MM. Ricard, de Montpellier : Belhomme et d’Aldeguer ; de Toulouse. Secrétaires : MM. de Castelneau et Givelet. Cinquième section. Président : M. de Buzonnière, se- crétaire-général de la XVIIIS. session. Vice-présidents : MM. O.. Seure, de Paris; Feuillet, de Lyon; vicomte de Juillac, de Toulouse; de Mortreuil, de Marseille. Secré- taire : M. Jaybert, avocat, à Paris. La section la plus nombreuse a, par exception, cette année, été celle de médecine. Celles d'archéologie et d’'agri- culture étaient ensuite les plus suivies. Le premier volume comprenant les procès-verbaux a été imprimé pendant les dix: jours qu’a duré la session, par les soins de: MM. de Caumont, Des Moulinsret des .se- DE FRANCE [SESSION DE 1852 ). 391 crétaires des sections. Il renferme 500 pages et plusieurs planches. Le deuxième volume se composera des mémoires pré- sentés au Congrès, dont l'impression a été votée. L'impression de ces deux volumes coûtera tout au plus 4,000 fr. La ville de Toulouse se propose de faire frapper une médaille pour employer le reste des 8,000 fr. votés par le Conseil municipal. Le Congrès scientifique de France avait, cette année, inscrit la question suivante dans son programme : « Tout le monde maintenant sait écrire, c’est-a-dire « exprimer des idées quelconques d’une façon courte, claire, « méthodique, et surtout élégante. Le bien (dans la forme) «est donc devenuchose commune. Quefaut-il, dans chaque « genre, pour arriver au mieux , au très-bien? » M. Travers, membre de l’Institut des provinces, profes- seur et secrétaire de la Faculté des Lettres de Caen, retenu loin de Toulouse , avait adressé sur cette question une note que nous allons reproduire. A M. Arcisse de Caumont. CHER ET ZÉLÉ DIRECTEUR, Je regrette bien vivement de n’avoir pu vous suivre dans la cité de Clémence-Isaure, cité.des fleurs, de la poésie, sans. parfum pour les .odorats vulgaires, mais charme enivrant des esprits supérieurs et des âmes d'élite. Si. je n'ai pu vous accompagner, je vous suis du moins d'intel- ligence et de cœur, et je m’associe de loin à vos savantes et intéressantes discussions, Si vous en désirez une preuve, 352 CONGRÈS SCIENTIFIQUE je vais confier au papier quelques idées sur le n°. 5 des questions de Littérature , Philosophie et Beaux-Arts posées dans le programme du 19£. Congrès. Le rédacteur de cette question décide un peu trop dog- matiquement, selon moi, que’« tout le monde, maintenant, « sait écrire, c'est-à-dire exprimer des idées quelconques « d’une, façon correcte, claire, méthodique et souvent « élégante. » « Le bien, ajoute-t-il, le bien {dans la forme), «est. donc devenu chose commune. » Et ‘il demande, comme moyen sans doute de régénération littéraire : « Que « faut-il, dans chaque genre, pour arriver au mieux, au «-très-bien? » Et: d’abord est-il vrai que tout le monde aujourd’hui sache écrire, même en n’'entendant par écrire « qu'exprimer des idées quélconques d’une façon correcte, claire, métho- dique et souvent élégante ? » Ces qualités importantes du style, la correction, la clarté, la méthode, l'élégance, sont-elles donc si communes que tout le monde en ait le secret à mon insu? Eh quoi ! j'ai fait de vains efforts depuis trente ans pour les acquérir, et tout le monde les possède ! C’est le lot de la foule qui, sans doute; les a en puissance. comme disait l'Ecole; la difficulté n’est que dans l’acte. Le fait est que tout le monde croit savoir écrire , que trop de gens mettent la main à l’œuvre, qu'il en est peu , très - peu qui satisfassent les connaisseurs, je ne dis pas les puristes. Oui, mou cher Directeur, le talent d'écrire est aussi rare, et peut-être plus rare que jamais. Dans les siècles les plus privilégiés de la nature , ce talent n'ap- païtient qu'à quelques grands génies, à des génies du prèmier ordre, et l’on pense aujourd’hui que bien écrire est le partage de la’ foule! L'erreur est grossière. Il faut trop d'intelligence cultivée , trop de délicatesse de sentiment DE FRANCE (SESSION DE 1852). 353 pour « exprimer des idées quelconques d’une façon correcte, claire, méthodique, et souvent élégante. » Tout le monde y échoue ; loin que tout le monde y réussisse, En voulez-vous des preuves saillantes? Jetez un coup- d'œil sur la littérature contemporaine. Les écrivains que le public achète sont probablement ceux qui s'élévent au- dessus de la foule ; ceux qui écrivent mieux que fout le monde. Eh bien ! les auteurs les plus en renom ; loin d’avoir ces qualités rares quilaïissentloin derrière elles la correction, la méthode etc. , sont généralement dénués de ces qualités hutnbles, mais précieuses, que l’on attribue si mal à propos à tout le monde. Je neveux pas faire ici de citations, mais j'en appelle à vos souvenirs. La littérature du XIX®. siècle, à part quelques exceptions ; n’a-t-elle pas donné, pour le fonds et pour la forme, tous les scandales des époques de har- diesse et de décadence? La forme surtout, puisqu'on ne veut parler que de la forme , n’a-t-elle pas été tourmentée de là façon la plus bizarre? L'expression n’a-t-elle pas été incorrecte, obscure, sans méthode, sans élégance? Le gigantesque des figures n’a-t-il pas dépassé toutes les bornes ? Le goût n’a-t-il pas été outragé dans les œuvres le plus en vogue? Le bien n’est donc pas devenu chose commune, et la supposition du RERpnnee est toute gratuite. La question qui la suit est-elle moins soluble ? Je suis loin dé le croire. Le mieux est difficile quand on a le bien. C'est une vérité en grammäire, en littérature, comme dans tout le resté. Mais là où de bien n'est pas, chaque degré vers lui est du mieux ,-et le mieux pour nous est aisé en fait de style : je ne parle pas du érès-bien, sorte de Fo que ne verra point la génération présente. 354 CONGRÈS SCIENTIFIQUE Le mieux, disons-nous, est aisé. Voici dans quel sens : Nous sommes perdus dans l'incorrection d'un laisser- aller sans vergogne ; nous parlons de tout avec une déplo: rable facilité ; notre métaphysique est nuageuse ; nos idées politiques sont obscures ,; comme nos systèmes de régéné- ration sociale sont absurdes; notre poésie est dévoyée : notre didactique ne sait où se prendre dans le dédale des encyclopédies ; notre éloquence n’a rien de sain ; celle de la chaire elle-même compose avec le siècle et l’étonne plus qu’elle ne l'édifie. Où trouver le remède à tant de maux causés par le mauvais sens et le mauvais goùt? Où ?.… Dans le retour à un sens meilleur, à un goùt meilleur. Le moindre succès couronnant le moindre effort: vers ce but donnera le mieux que l’on cherche ; non pas un mieux su- vérieur au bien qui n’est pas, mais un mieux supérieur au mal qui est, un mieux qui nous acheminera vers le bien. Or, ce succès.est infaillible si l’on se livre avec ardeur a des études saines et. fortes; si l’on a un commerce persévérant avec les chefs-d’œuvre de l'antiquité, types éternels . du beau littéraire; si l’on regarde comme les modèles de la langue et du goût français les immortels ouvrages de.nos grands génies du XVII. siècle; si l'on revient au respect de la grammaire , aux lois d’une judi- cieuse logique, aux impérieuses prescriptions de l’inexo- rable sens commun. | Voila, cher Directeur, ce que je pense au sujet de la question. Je crains bien que des solutions moins sévères ne soient plus éloignées de la vérité. : Votre dévoué confrère, TRAVERS. De nombreux mémoires ont été cette année comme DE FRANCE (SESSION DE 1852). 309 l’année dernière communiqués au Congrès scientifique. Sur la maladie du raisin , M. Bertini , de Turin, notamment, a lu un rapport très-détaillé sur l'étude de la maladie faite en Piémont. De longues discussions sur ce sujet ont oc- cupé deux autres séances des sections d'histoire naturelle et d'agriculture. M. Des Moulins, de Bordeaux, a rappelé ensuite que l'altération de la vigne constitue, non pas une maladie unique, mais un groupe d’affections morbides dont il a indiqué trois formes principales. La maladie blanche, c'est l'oïdium qui se développe non-seulement sur l'épiderme du grain de raisin, mais sur la face inférieure et même quelquefois sur la face supérieure des feuilles. La maladie noire attaque, surtout aux environs de Bordeaux, les cé- pages originaires du Midi, tels que les muscat, malaga, aramon, etc. Le grain attaqué noircit, l'enveloppe se perce et laisse sortir le pepin, dont la tête verte se montre au dehors. A cette forme de la maladie on peut rattacher une sorte de carie noirâtre qui se répand sur les rameaux mêmes et qui à été observée pour la première fois, cette année, aux environs de Bordeaux. Enfin une troisième altération a été désignée au Congrès d'Orléans , en 1851, sous le nom d'induration brune. La pellicule du grain s'épaissit , se couvre de taches rougeâtres qui s'étendent et se rejoignent ; mais ii n’y a pas de trace d’oïdium. | | Dans l'opinion de M. Des Moulins , la maladie est: cer- tainement contagieuse : des raisins mis en rapport avec d’autres attaqués n’ont pas tardé à se couvrir des filaments de l'oïdium. Parmi les remèdes proposés, la saignée de la vigne , adoptée en Piémont, a été complètement repoussée par les Bordelais, qui ont trouvé le remède pire que le-mal. Les lavages à l’eau sont inutiles : une grappe, lavée trois 356 CONGRÈS SCIENTIFIQUE fois , a été depuis attaquée par l'oïdium ; ainsi il n’y a pas à compter sur l'action des pluies pour arrêter les ravages du mal. Un propriétaire de Bordeaux a essayé récemment de faire des fumigations de soufre sous les ceps préalable- ment recouverts d'une chemise. L'honorable secrétaire-gé- néral attend le résultat de ces expériences pour se pro- noncer sur l'efficacité et la facilité de ce procédé. Au reste, il ne pense pas que le remède doive être cherché seulement dans des palliatifs qui n’atteindraient que les symptômes du mal sans l'attaquer à sa source. On est persuadé, à Bordeaux , que la maladie est générale, intérieure, qu'elle attaque le végétal entier. | | L'oïdium , il est vrai, ne végète qu'à la surface , il ne projette pas de radicelles dans l'intérieur du grain. Mais son apparition n’est probablement que l’effet d’une affec- tion morbide qui trouble les fonctions du végétal , altère les tissus et produit ainsi les circonstances favorables au développement des sporules de la cryptogame. Dans cette idée, plusieurs agronomes du Bordelais ont essayé d'agir sur la végétation entière par des arrosages faits au pied des ceps avec des liquides contenant diverses subs- tances en dissolution. La science ne doit pas se décourager: la question est complexe, il s’agit de trouver un remède qui réunisse une efficacité bien constatée à une application facile et surtout économique. Au reste, l'honorable secré- taire-général a exprimé, en terminant, la conviction que la vigne ne périra pas , que sa constitution robuste lui per- mettra de survivre à l'épidémie qui s’est appesantie sur ce précieux végétal. S Les cartes agronomiques au Congrès de Toulouse. La cir- culaire du ministre concernant l'exécution des cartes agro- DE FRANCE {SESSION DE 1852). _ 357 nomiques ; à donné lieu à quelques communications au Congrès scientifique. M. de Caumont, après avoir rendu compte de ce qui.s'est fait depuis qu'il a le premier pro- noncé les mots de cartes agronomiques, il y.a vingt ans, a tracé le plan qu’on pouvait suivre pour dresser ces cartes ; il s’est exprimé en ces termes, en terminant un rapport qui occupe près de 50 pages du compte-rendu du Congrès : « Je viens. en terminant, appeler l’attention de la section sur. le système de notation . employé par M. l'ingénieur « Belgrand. J'avais employé pour les deux essais de cartes À RAA RRRAR RAR RAR A À publiées en 1842 : le. les teintes ou couleurs comme on le fait pour les cartes géologiques, 2°. des hachures diffé- remment combinées , mais je n’avais pas réuni ces deux systèmes sur la même carte. C’est ce qu'a fait avec avan- tage M. Belgrand. Il à fait d'abord une carte géologique de l'arrondissement d’Avallon, indiquant, au moyen de hachures différemment combinées, l'étendue des forma- tions qui occupent l'arrondissement; puis, traçant par des teintes superposées aux hachures et assez transpa- rentes pour les laisser voir, l'étendue des différentes cultures , il a ainsi combiné deux cartes en une, sans coufusion aucune. » | | « Ce système offre des avantages incontestables, et nous croyons devoir le recommander comme pouvant être adopté jusqu’à ce qu’un système meilleur encore soit in- « diqué. « Cette année { 1852 }, la question des cartes agrono- miques a pris une face nouvelle, M. Lefebvre du Ruflé, membre de l’Institut des provinces et ministre des tra— vaux publics, ayant, dans un rapport au prince-président de la République, démontré l'utilité de ces cartes, a chargé MM. les ingénieurs des mines d'en commencer 358 CONGRES SCIENTIFIQUE « partout. Cette détermination m'a fait un grand plaisir, ét « j'ai donné à cette résolution toute la publicité que j'ai pu « afin que lés membres de l'Institut des provinces et des « Congrès communiquent, aux ingénieurs qui les récla- « meront, tous les renseignements qu'ils pourront avoir « réunis. Je n’ai eu qu’un regret en lisant le rapport de « M. Lefchbvre du Ruflé, c’est de voir que lui, membre de « l’Institut des provinces et qui connaissait si bien ce que « nous avions fait pendant vingt ans, soit au sein du Congrès, soit ailleurs, l’ait oublié, et l’ait passé sous « silence. Après tout, il suffit que le travail se fasse. Seu- « lement nous revendiquons nos droits et ceux du Congrès, « car c’est dans son Sein que l'idée a été déposée, qu’elle « à germe, qu'elle a grandi avant que le ministre S'en « soit emparé. » M. de Caumont, après avoir insisté vivement pour qu’il soit bien constaté que c'est au sein du Congrès que l’idée des cartes agronomiques a pris naissance, et qu’au Congrès appartient l'initiative morale de cette importante mesure, a mis sous les yeux de l’assemblée la carte de M. Belgrand. La construction des cartes agronomiques donne au prési. dent l’occasion d’insister sur l'avantage qu’il y aurait à ré- pandre la carte de France, ou celle publiée par l'état-major, qui servirait de base à tous les travaux partiels et locaux. En permettant de la reproduire par fragments, par can- tons, par communes même, en mettant ainsi à la portée de chacun la partie qui serait utile à ses travaux et à ses études, le gouvernement agirait dans un intérêt public bien entendu. Le Congrès sera invité à formuler un vœu dans ce sens. ; A M. Arrondeau a lu un travail assez étendu sur la topo- graphie végétale des environs de Toulouse. Après quelques DE FRANCE (SESSION DE 1852). 359 considérations générales sur la distinction des diverses stations et habitations des végétaux, l’auteur a énuméré les principales espèces qui croissent aux environs de Toulouse, dans les diverses stations telles que les bois , les prairies , les lieux cultivés , etc. Cette étude, dit-il en terminant, prendrait peut-être aux yeux du Congrès une importance plus grande si l’on.vou- lait bien la considérer comme une pierre apportée par l’au- teur à un édifice dont la science réclame la construction. Je veux parler d'une flore qui comprendrait. tout le. Sud- Ouest de la France, toute cette grande région géologique et botanique qu'on désigne sous le nom d'Aquitaine. Il serait digne du Congrès de provoquer et d'encourager la création d’une flore d'Aquitaine. La section d'histoire na- turelle compte dans son sein un grand nombre de botanistes, les uns savants , les autres zélés (c’est parmi ces derniers que se range son secrétaire), tous bien placés pour travailler à une flore à laquelle serviraient de baseles travaux déjà publiés par quelques-uns d’entre eux. Serait-il téméraire de former le vœu qu’une réunion passagère et momentanée devint le germe d’une association permanente qui, reliant Toulouse à Bordeaux, se chargerait de donner au monde savant un tableau complet de la végétation de nos belles contrées méridionales ?. | Ce vœu a eté favorablement accueilli par la section. Nous regrettons de ne pouvoir faire connaitre les nom— breux et importants mémoires communiqués au Congrès. Voici l'arrêté pris par le Congrès pour la tenue des sessions de 1853 et 1854: | le Conformément à la décision prise à Orléans en 1851, la 20°: session du Congrès scientifique de France aura lieu à Arras en 1853; elle s'ouvrira le 23 août. 360 CONGRÈS SCIENTIFIQUE - 20, M. le comte d'Héricourt, nommé à Orléans secré= taire-général de la 20%. session du Congrès, prendra toutes les mesures nécessaires pour la tenue de cette session, Il s’entendra, à ce sujet, avec le directeur de l'Institut des provinces, et lui soumettra le programme des questions à discuter. Ce programme ne pourra être imprimé qu'après avoir reçu l'approbation de l’Institut des provinces. - 8°. La convocation sera faite au moyen d’une circulaire adressée aux savants de la France et de l'étranger. MM. les secrétaires-généraux des précédentes Sessions seront priés d'aider M. le secrétaire-général de la 20°. session dans cette distribution dans les provinces qu'ils habitent. 49, Conformément à la demande exprimée par M. le maire et les présidents de l’Académie et de la Société archéologique de Dijon, la 21°. session du Congrès scientifique de France s'ouvrira dans cette ville, le 1®. septembre 1854, dans la grande salle du palais des ducs de Bourgogne. 5°. M. de la Cuisine, président de chambre à la Cour d'appel, et président de l’Académie, M. Beaudot, président de la Société archéologique , M, Destourbet, président de la Société d'agriculture, sont nommés secrétaires-généraux de la 21®. session ; so M. .Foisset, conseiller à la Cour d'appel, est nommé archiviste-trésorier. 6°. Te programme des questions et la circulaire de convocation seront soumis au directeur de l'Institut des provinces, puis imprimés et distribués en France et à l'étranger, après avoir obtenu son approbation. | 79. MM. les secrétaires-généraux et le trésorier de la 19. session seront , selon l'usage , exclusivement chargés DE FRANCE (SESSION De 1852). 361 de la publication du compte-rendu de la session; ils réverront à cet effet les mémoires présentés au Congrès, et choisiront ceux qüi leur paraîtront les plus importants. Ils pourront n'imprimer que par extrait, ou même sup- primer, s'ils lé jugent convenable , les mémoires présentés pendant la session , lors méme que l'impression en aurait été votée en séance. Congrès archéologique de France. Le Congrès archéologique a réuni deux cents membres à Dijon, et cette session préparée par MM. Beaudot et de Fontenay, secrétaires-généraux, a été très-fructueuse : parmi les personnes qui ont répondu à la convocation de la Société, nous citerons M. le comte de Vogue, de la Côte-d'Or; M. le comte de Mailly, ancien pair; M. Gomart, de St.-Quentin, de l'Institut des provinces; M. le mar- quis de Courtivron, de Dijon ; M. le baron de Fontette, ancien député du Calvados; M.Canat, de Châlons, de l'Institut des provinces; M. le comte de Soultrait, de Mâcon, inspecteur de l'Allier; M. Blavignac, de Genève ; M. de Glanmille, de Rouen; M. le général Rémond; M. Ricard, de Montpellier; M.l'abbé Brülé,de Sens; M. de Cissey, de Beaune, inspecteur de la Côte-d'Or ; M. Victor Petit, de l'Institut des provinces; M. le marquis de Clermont - Tonnerre, de Dijon; M. Lavirotte, d'Arnay-le-Duc; M. Seguin, correspondant de l’Institut; M. le baron de La Frenaye, de Falaise; M. Lemaître, de Tonnerre ; M. le comte de Vesvrotte, de Dijon ; M. Rossignol, conservateur des archives de Bourgogne; M. le comte de Béru; M. de Charraît; M. Frantin, de Dijon ; M.le comte d'Archiac ; M. d'Arbois de Bretonnière ; M. le comte de Sarcus ; M. 362 CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE Bataut; M. Chevrier, de Dijon; M. l'abbé! Pschot, de l'Isère; M. Collet, vicaire-général; M. l'abbé Gagey, de Dijon ; M. Hurot, curé de Rouvres ; M. Pinard, de Cor-- beil, etc., etc. Les questions du programme ont été discutées; les monuments de la ville, soigneusement examinés chaque jour, ont donné lieu à d’importantes remarques, dont le secrétaire des excursions, M. Victor Petit, fera le résumé dans lés procès-verbaux. A Beaune, Mg'. l'évêque de Dijon a bien voulu recevoir le Congrès dans la collégiale de Notre-Dame et lui mon- trer tous les détails de cette belle église. M. le sous-préfet et M. le maire de Beaune avaient aussi voulu faire les honneurs de la ville au Congrès qui a visité successive- ment, après l’église Notre-Dame, l’hospice et ses mer- veilleux détails et son magnifique tableau de Jean de Bruges. Les anciennes maisons de la ville et la biblio- thèque publique où quelques pierres antiques et de curieux manuscrits méritaient d’être examinés, la Société française leur a consacré le reste de la journée. Le soir de l’excursion à Beaune (6 juillet}, le Congrès se réunissait, à 7 heures, dans la salle des séances, pour voter des fonds. 2,400 fr. ont été alloués pour réparer divers monuments, pour faire des fouilles dans des Joca- lités où des murs romains abondent, et lever les plans des enceintes militaires qui bordent les voies romaines dans beaucoup de localités. Le 7, a eu lieu la clôture de la session, mais, le 8 et le 9, une bonne partie des membres du Congrès ont fait des excursions dans l'arrondissement de Dijon. Le 8, c'était chez M. le comte de Vesvrotte, à 5 lieues de la ville, que les membres du Congrès étaient reçus. Le beau DE FRANCE (Session DB 1852). 363 château de M. de Vesvrotte, reconstruit en grande partie dans le style de la renaissance, décoré à l’intérieur avec un luxe princier, était une des curiosités architectoniques que ne pouvait négliger le Congrès. La statue tombale de Philippe Pot, qui était à l’abbaye de Citeaux et qui a été sauvée par le père de M. de Vesvrotte, est aujourd'hui dans la chapelle du château. Ce morceau capital eût à lui seul motivé la visite de la compagnie : la statue est repré- sentée couchée et portée par huit religieux de grandeur un peu moins que nature. Le Congrès a visité sur sa route quelques églises et deux autres châteaux. Le 9, plusieurs membres exploraient d'autres monu- ments, tandis que d’autres étaient reçus par M. Destourbet, président de la Société d'agriculture de la Côte-d'Or, à son château près de Dijon. Le Congrès a décidé que ja session de 1853 aura lieu à Troyes et à Grenoble. A la demande de M. de Soultrait, les villes du Puy et de Moulins ont été désignées pour 1854. M. Ricard a demandé qu’en 1855 le Congrès archéolo- gique tienne sa session à Valence et à Avignon, mais aucune décision n’a été prise à ce sujet. Parmi les monuments visités par le Congrès de la Société française, les anciennes cuisines du palais des ducs à Dijon et l'hôpital de Beaune ont particulièrement attiré son attention. On trouve daus les anciennes cuisines à palais des ducs de Bourgogne, des dispositions qui rappellent ceiles des cuisines de diverses abbayes aux siècles précédents. L'appartement est carré; le centre est de même forme et voûté ; les voûtes portent sur des colonnes et sur les manteaux de trois cheminées jumelles, très-vastes, étables sur trois côtés du carré (D C). 16 364 CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE Dans l'angle K, est le potager ou fourneau, et dans l'angle correspondant Ï, un four; et entre ce four et la cheminée, un second potager dont les trous sont disposés en équerre. Au centre était une table revètue de carreaux de terre cuite qui servait, dit la légende de l’ancien plan, 6: | I] ? Sam; Il E PLAN DES CUISINES DU PALAIS DE DIJON. à déposer les soupes et ragouts sur du feu de charbon, dont les vapeurs et fumées s’exhalaient par un trou qui commence au-dessus de la voüte et monte jusqu'au- dessus du toit, où le tuyau est ouvert par les côtés et couvert par dessus pour ga- rantir de la plune. Cette cheminée centrale , très-bien exprimée sur le plan, sera mieux expliquée encore par la coupe suivante qui montre non-seulement ce conduit central X X, mais celui d'une des trois cheminées adossées aux murs (V V), puis DE FRANCE, 965 DL LLC TTL LL LLC LDLC LLC oo Jo RER) or ÉÈS= NN NN NN N NS N N N un COÛPE DES CUISINES DE DIJON, la disposition de la voûte centrale, le manteau et le foyer d'une de ces trois cheminées jumelles M N. 366 CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE On voit que cette disposition devait se rapprocher beau- coup de celles des cuisines de l'abbaye de St.-Etienne de Caen qui remontait au XIV®. siècle, et dont Ducarel nous a transmis un dessin. =1)}} 1e Eee | put (it TM) ; EL à Bec ï 40 LITS / / 3 PTT TE WI] TT æ 86 RNA TRIE | 1 | ll Mi, ul. CE gui fl LP vT 4 Li J LA ! | \ Dr, w; L 4 A HE AA RER A TI ï: ii Fou ju nn ci — ‘ | Il 1 TR A Re our EXTÉRIEUR DES CUISINES. Mais c'est le seul exemple que l’ou connaisse du XV*. siècle, et l'importance de la maison des ducs de Bourgogne DE FRANCE. 367 motivait sans doute le grand nombre de foyers que nous y voyons. Ces trois cheminées en représentent six, puis- qu’elles sont accouplées sous le même conduit : on pouvait disposer un grand nombre de marmites ou de bouilloires, de broches, etc., etc., devant les six feux de ces larges cheminées. | L'hospice de Beaune est un des monuments civils de France les plus remarquables et les mieux conservés. Ce sont des bâtiments du XV°. siècle disposés en carré autour d’une cour. « Cette cour, dit M. Bard, présente un long carré « formé par le corps de bâtiments consacré au culte, et « par ces constructions d’un jet si attachant, d'un faire « si hardi, si original , si varié, qu'il nous serait presque « impossible de les décrire méthodiquement. La pensée « architectonique du Nord semble s'être unie merveilleu- « sement aux splendides effets de la pensée orientale, « et avoir voulu nous donner l’allambrah et les minarets « mauresques , mariés à la cour du palais italien. — Deux « promenoirs superposés régnant à l'extérieur (image des « cours italiques presque toujours entourées de deux « rangs de loges), soutenus par des colonnettes taillées « à vive arête, des combles d’une immense ampleur, « couverts de tuiles vernissées, une foule de pinacles « saillants d’une intention ferme, se dressant avec une « grâce incroyable et ressemblant à de colossales fenêtres « de grenier, voilà ce qui révèle cette large erteute du pittoresque qui distinguait les artistes du moyen-âge. Dans cette cour digne de Venise, digne de Séville, digne d'Anvers, on se croirait transporté sur les rives de la Dyle et de l’Escault, tant l'esprit architectural des À À À LS 368 CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE DE FRANCE. « À à LS provinces belges au XV®. siècle respire dans des pages monumentales déroulées sous les yeux, tant elles sont embaumées des suaves émanations de la mystique piété de nos pères. Le Nord n’a rien inventé de plus aigu, de plus élancé que nos pinacles , et c’est chose piquante de les voir en une contrée plus intimement pénétrée par l'élément romain que les Flandres, dans une contrée. où, par suite des influences climatériques , les lignes horizontales commencent à prédominer dans l’architec- ture historique, sur les lignes verticales. Ces pinacles en pignons sont subdivisés par des pieds-droits en trois ou cinq baies et l’espace compris entre les pieds-droits, donne ces ouvertures cintrées par l’ogive trèflée. Leur portion pleine et formée d’an torchis, dont plusieurs pièces de bois divisées en X ou entrefiches sont le squelette. La contexture, l'agencement de ces pignons sont curieux : ils sont chargés d'ornements tels que dentelures, gar- gouilles, écussons portés par de petits anges aux ailes aiguës, têtes diverses, couronnes, soleils, girouettes, têtes de chou-frisé. Sur les combles, s’étage un peuple de lucarnes à cintre trilobé ou en croix, qui résument les pinacles et offrent comme eux une inncmbrable quantité de girouettes de fer d’un prodigieux travail : les armes de la maison étaient peintes sur toutes ces girouettes, et l’'éÉcusson est encore parfaitement visible sur deux d’entr'elles. — Tous ces ouvrages sont de bois recouvert de plomb, » Le Congrès archéologique de France s'ouvrira à Troyes vers les premiers jours de juin 1853. Congrès régionaux de 185%. CONGRÈS DE L'ASSOCIATION NORMANDE. — Le Congrès agricole industriel de l'Association normande a été d’une importance tout-à-fait remarquable en 1852. C'est à Flers et à Domfront qu’il s'est tenu à la fin de juin. Flers avait organisé une magnifique exposition de pro- duits industriels. Les étrangers, en grand nombre, qui avaient répondu à l'appel de l’Association normande, ont été frappés de la variété, de la qualité, du bon goût et du bas prix des produits exposés ; ils n’ont pas été moins surpris d'apprendre que Flers, qui n'était il y a quinze ans qu’une bourgade de 3 à 4,000 âmes , compte aujour- d’hui 8,000 habitants. Une enquête industrielle, pleine de faits extrêmement intéressants et habilement dirigée par M. Ph. Schnetz , inspecteur de l'Association pour l'arron- dissement de Domfront , a eu lieu à l'Hôtel-de-Ville. En même temps, les membres du jury d'exposition, partagés en diverses commissions, examinaient les produits, et, à 6 heures du soir , on distribuait les récompenses. Voici le programe des travaux et des fêtes qui ont eu lieu à Domfront pendant le Congrès de l’Association nor- mande dans cette ville les jours suivants : Le 18, séance de l'Association au Palais- Are et enquête agricole. Le lendemain 19, visite à la ferme-école du Sault-Gautier. Le soir , bal à l'Hôtei-de-Ville. Une salve de 25 coups de canon a été tirée le dimanche 20, pour annoncer le concours régional agricole. La journée a commencé par l'exposition des animaux, 370 CONGRES RÉGIONAUX. des produits agricoles et des instruments aratoires, puis a eu lieu la distribution des primes; elle s’est terminée par un banquet offert aux membres de l’Association nor- mande à l’Hôtel-de-Ville, et par une illumination générale. A 9 heures du soir, un feu d'artifice a été tiré par un des _ premiers artificiers de Paris. — Pendant la journée, un grand festival a été exécuté par 70 musiciens. Les vendredi, samedi et dimanche a eu lieu, dans les salles de l'Hôtel-de-Ville, l'exposition des produits horticoles des cinq départements de la Normandie. | Le Congrès de l'Association normande aura lieu aux _ Andelys en juillet 1853. M. R. Bordeaux, inspecteur di- visionnaire de l'Eure, membre de l’Institut des provinces ; et M de Montreuil, inspecteur de l'Association, député au Corps législatif, sont chargés des préparatifs du Congrès. ASSOCIATION DE L'OuesrT. — L'Association de l'Ouest, réunie à Angoulême, a tenu un Congrès qui n’a pas été moins important que les précédents, et dont le programme ‘comprenait des questions très-intéressantes. ASSOCIATION BRETONNE. — L'Association bretonne avait convoqué à St.-Brieux, pour le mois d'octobre, son Con- grès de 1852 ; il a été très-brillant et aussi nombreux que lés précédents. M. le sénateur Lacrosse, membre de l’Institut des provinces, l’a présidé. L'Assocrarion pu Norp s’est réunie en Congrès dans le mois de septembre , à Valenciennes, sous la présidence de M. Dumas , ancien ministre, membre de l'Institut. 371 Congrès des délégués des sociétés savantes (SESSION DE 1853). Le Congrès s'ouvrira à Paris le 20 janvier 1853. Voici quelques-unes ‘des questions qui seront discutées dans cette session : 1. Quel a été le mouvement académique en France de- puis l’année dernière? _ 2. Quelles ont été, dans les départements, les publica- tions les plus importantes et les plus remarquables, soit sous le rapport du fond, soit sous le rapport de la forme ? 3. Convient-il de continuer le bulletin bibliographique , quelles sont les observations faites sur cette publication par les sociétés savantes ? 4, L'histoire des arts et des industries dans chaque con- trée n'est-elle pas un des sujets d'étude les plus intéres- sants et les plus féconds pour les sociétés académiques des départements? 5. Dans quel ordre les recherches de ce genre pourraient elles avoir leu le plus ordinairement ? 6. Quelle direction suit aujourd’hui dans les provinces le mouvement artistique? Quels efforts doivent faire les sociétés savantes pour le diriger? 7. À une époque où l'utilité est le premier but qu’on se propose en toutes choses, où les nécessités industrielles dominent, les sociétés savantes des départements n'ont- elles pas à se préoccuper de la direction à donner à l’ar- chitecture et à la sculpture des grandes constructions mo— dernes ? Comment les écoles de dessin et les collections 372 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS d'art de nos villes de province pourraient-elles être rendues plus profitables au progrès de l’industrie dans les dépar- tements ? 4 8. Les sociétés académiques ne pourraient-elles pas donner à certains arts, notamment aux arts céramiques, dans nos départements , une impulsion nouvelle ? 9. Les sociétés académiques ne doivent-elles pas re- chercher les noms et les dates chronologiques des peintres nationaux les plus anciens, en descendant jusqu'aux temps bien connus ; indiquer leurs œuvres , les lieux où elles se trouvent, et déterminer la part d'originalité qu’il faut faire à la peinture française, et celle qu’elle a pu prendre sous l'influence de l’art en Italie, en Flandre, etc. ? 1. Quelles sont les recommandations à faire aux Sociétés d'agriculture et aux Comices relativement à la confection des cartes agronomiques ? 2. Quelle impulsion les Sociétés agricoles peuvent-elles donner au perfectionnement des races d'animaux domes- tiques ?. Ne doivent-elles pas, chacune dans leur circon- scription , publier des instructions à la portée de tous les agriculteurs? Comment ces instructions devront-elles être conçues ? 3. Vers quelles modifications doivent tendre les efforts des agriculteurs , soit dans le règne animal, soit dans le règne végétal ? 4, Quelles observations les Sociétés agricoles des dépar- tements littoraux ont-elles faites sur l'emploi du varech pour l'engrais des terres ? Quelle en est la valeur com- parée à celle du fumier et des autres engrais ? 5. Que doivent faire les Sociétés agricoles des dépar- DÉS SOCIÉTÉS SAVANTES- 373 tements -littoraux en présence des régleménts qui inter- dissent la coupe des varechs ? 6. Les dépôts de guano devant nécessairement être épuisés dans un temps assez prochain, comment pourrait on remplacer cet engrais en agriculture ? 7. N'importe-t-1l pas de recommander, comme sujet d’études. approfondies , aux Sociétés d'histoire naturelle, d'examiner s’il est bien prouvé que le homard se reproduit dans les parcs où les pêcheurs le conservent pour la vente, quels procédés les Sociétés d'histoire naturelle peuvent-elles conseiller aux habitants du littoral pour obtenir la multiplication de ces crustacés et des autres espèces qui servent à la nourriture de l’homme? 8. Quelles sont les principales différences que présentent les faunes marines littorales de la France ? 9. Ces différences sont-elles explicables par des consi- dérations exclusivement climatologiques ? 10. Quelle influence peuvent exercer à cet égard : 1°. La constitution géologique des côtes ; 2°. Les courants marins en général; 3°. Le voisinage de l'embouchure de divers cours d’eau. 11. Le plan officiel de la statistique générale d’un dépar- tement français n'ayant pas été publié depuis l’an X, et le programme donné plus tard par la Socièté centrale de sta- tistique n'étant plus en rapport avec le progrès de la science statistique , | Quel est le mode de rédaction à suivre pour ce travail, Celui de publication sous le point de vue de la dépense, La statistique doit-elle être publiée périodiquement , tous les dix ans, ou à des époques plus éloignées ? 12. M. Petit, directeur de l'Observatoire de Toulouse , 374 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES. correspondant de l’Institut , a observé par la déviation du pendule que la chaîne des Pyrénées est une soufflure plus ou moins puissante en épaisseur {cette épaisseur demeure nécessairement ignorée }, et qui doit s'élever par un vide également inapprécié. N’est-il pas à propos d'appliquer cette observation à d’autres montagnes, afin de savoir si elles peuvent donner lieu aux mêmes suppositions ? Quelles in- structions doit-on donner à ce sujet aux sociétés savantes ? SECONDE PARTIE. - Mémowes ndressés à L'institut des provinces. QUELQUES IDÉES SUR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE, PAR M, CHARLES DES MOULINS, Sous-directeur de l’Institut des provinces pour le Sud-Ouest de la France. Le travail académique... C'est un mot en vogue parmi les hommes studieux, et chacun en conçoit le sens. Il embrasse à la fois les rapports que les sociétés savantes doivent entretenir entre elles pour se créer une influence utile sur les progrès des connaissances humaines , — la manière dont cette influence doit s'exercer sur les savants eux-mêmes et sur les populations qui sont leurs justi- ciables, — enfin les résultats de cette influence sur la société qui doit, en dernière analyse, y trouver de bons fruits à recueillir. | Mais ce cadre est trop vaste pour que j'aie la prétention, Messieurs, d'en entreprendre le parcours. Je ne me propose pas même de l’entamer, et je me borne à l’exa- men d’un des éléments indispensables à la mise en action de cette grande machine. | Le {ravail académique signifiera donc pour moi, dans cette étude : 376 .. QUELQUES IDÉES Premièrement, la direction que les sociétés savantes doivent donner à leurs travaux intérieurs et à leurs publi- cations; Secondement, la direction que les hommes d'étude doivent donner à leurs travaux personnels, en tant que membres de ces sociétés, Les caractères spéciaux desquels découlent les règles que je veux proposer à ce sujet, ont pour origine les constitutions particulières des diverses sortes de sociétés. Il importe donc, avant d'entrer en matière, d'examiner brièvement quelles sont les différentes natures de ces réunions d'nommes studieux. $ 1T.— Combien d'espèces de sociétés savantes? Il y en a deux : les sociétés spéciales et les sociétés polymathiques, c'est-à-dire celles qui embrassent un nombre plus où moins grand de branches des connaissances hu- maines. Les sociétés d'aiténe: de médecine, d'histoire na- turelle, d'archéologie, de statistique, de géographie, etc., sont dans la première classe. Les académies forment la seconde, dans son sens le plus étendu; et on doit leur assimiler, à des degrés différents, les sociétés qui, sans être absolument poly- mathiqués au point de vue de l'ensemble des connaissances humaines, le sont néanmoins réellement à l'égard des sociétés dont la spécialité est plus restreinte. Ainsi, dans la ville que j'habite, à Bordeaux, il existe une société qui porte le nom de Philomatique. Cette association est spéciale au point de vue de l’universalité des études, puisqu'elle ne s'occupe que des applications SÛR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE. 377 de la science pure à l’industrie et aux arts : mais elle peut être considérée comme polymathique, et en un certain degré académique, par rapport à des sociétés rigoureusement spéciales de mécanique. de peinture, de technologie ou de musique. Il en est de même d’nne société d'histoire naturelle, comparée aux sociétés de minéralogie, de botanique ou d’entomologie. | Il en est de même due société purement, mais uni- versellement littéraire, dans le domaine si vaste et si varié des lettres. Recherchons maintenant s’il n'existerait pas, entre tellés et telles sociétés spéciales , quelque nuance utile à observer, afin d’en tirer parti dans l'appréciation des éléments qui produisent le travail académique en général. Ces nuances existent, en effet, au nombre de deux. Il y a des sociétés spéciales, de forme et d’allure quasi- académiques : ce sont celles dont le nombre de membres est limité par un réglement auquel d'ordinaire est accordée la sanction de l'autorisation administrative. Il ÿ en a d’autres dont la forme est plus large, l'allure plus libre, et qui présentent à à l’observateur une physio- nomie toute particulière. Elles sont fort en faveur chez nous maintenant, et la mode nous en est venue, je crois, d'Angleterre. Ce sont celles qui admettent un nombre illimité de membres, celles où tous sont appelés et où il n'y a pour ainsi dire pas d'élus, celles qui servent par dessus toutes à populariser la science qu'elles culti- vent. Et comment, plus ou moins, selon l'attrait particulier de ces sciences, ne les populariseraient-elles pas? Il est si doux de porter un titre académique et si facile de 378 QUELQUES IDÉES revêtir celui-là ! On ne demande au candidat ni l'hommage de ses travaux accomplis, —on ne s'informe pas même si son zèle s’est exalté jusqu'à la vague pensée d'en entre- prendre un jour, —ni l’offrande d'une œuvre, vierge encore de ses laborieuses recherches. Je me trompe, Messieurs : on lui demande un manuscrit... SA SIGNATURE est exigée : rien de moins! Quelque chose de plus ce- pendant : on lui demande encore sa bonne volonté à l'égard du but que poursuit la compagnie. La bonne volonté! tribut dont le sens et la mesure, au point de vue intellectuel, sont d’une largeur sans limites et laissés à la discrétion de chacun ; mais tribut qui se traduit matériellement en une formule fixe et apart æ francs + x centimes. Eh bien! Messieurs, en laissant de côté ce qui peut exciter un sourire dans cette forme si coulante de postutat, il faut reconnaître que ces sortes de sociétés rendent à la science des services réellement immenses. L'argent de tous, le zèle du grand nombre, le talent du petit, l'ému- lation qui naît du bon exemple , les facultés que l'occasion développe, tout cela forme un capital social qui dépasse souvent les prévisions des fondateurs, un capital fécond, puissant, qui se traduit bientôt en grandes œuvres. En voulez-vous des preuves? Nous n’èn irons pas chercher ailleurs que dans la Société géologique de France et dans la Société française pour la conservation des monuments histo- riques, sociétés fondées en 1830 et 1833, et dont la pros- périté et l’action utile vont toujours croissant. Pourquoi cela, Messieurs? Parce que les sociétés de cette nature sont essentiellement militantes. Elles font dans l’ordre scientifique ce que firent les pionniers amé- ricains dans les forêts inexplorées. Ce sont elles qui SUR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE. 379 portent les coups : ce sont les sociétés académiques qui en jugent. En m’exprimant ainsi, je ne veux point poser ex droit une sorte de hiérarchie qui serait si souvent fausse en fat, pour peu qu’on voulüt considérer chaque membre d’une _ société quelconque comme exclusivement rivé à celle-ci et isolé de toutes les autres. Je ne parle point, et vous allez le voir plus clairement, je ne parle point des indi- vidus ni de leur valeur personnelle; je cherche à assigner à chaque nature de société le rôle au cette même nature l'appelle. Les agrégations de travailleurs, que, pour abréger, Je nommerai sociétés limitées, doivent être examinées les premières, parce qu'elles sont l'élément le plus simple e tcomme primordial de l’œuvre commune du travail aca- démique. Elles sont essentiellement militantes, ai-je dit, surtout quand elles sont vouées à une spécialité restreinte, parce qu’elles sont composées, en majorité, d'hommes jeunes, actifs par conséquent, dont l'esprit est partagé entre moins de soins , de charges et de travaux, qui ont leur réputation scientifique à faire, et qui, ne pouvant gagner leurs éperons par des travaux généraux ou trans- cendants pour lesquels l’acquis et l'expérience leur font également défaut, se rejettent sur l'étude matérielle, sur l'observation directe. En un mot, ces sociétés travaillent sur le terrain, et doivent par conséquent, comme elles le font en effet, rendre beaucoup de services à la science. Elles se chargent d’une bonne partie du travail manuel; elles font le gros ouvrage. | Les sociétés d’un ordre plus élevé, plus intellectuel, pourrait-on dire, —les sociétés de forme académique, — * 380 : _: QUELQUES IDÉES travaillent, au contraire, moins sur le terrain et plus dans le cabinet. Leur majorité se compose d'hommes plus âgés, plus mûrs, plus étroitement enchainés par la tyrannie des devoirs, des emplois, des iravaux même, Ceux-ci sont actuellement moins explorateurs, mais ils ont vu plus long-temps et plus de choses. L'expérience et la compa- raison leur prêtent les secours indispensables aux fonctions de la critique, de la coordination, du jugement. Le temps est comme une montagne, Messieurs. L'homme qui se tient en observation à cent mètres d'altitude. n’a souvent pas un pouce de plus que celui qui part de la plaine pour l'aller rejoindre, mais il à sous les yeux tous les objets qu'il vient de parcourir en détail ; il les embrasse d’un coup-d’'œil, et il embrasse en même temps la vue générale d’une foule d’autres objets qu’il n’a pas eu l’occa- sion ou le temps de scruter à fond : là est le secret de sa valeur et de sa puissance. | Il est aisé de voir combien exactement cette comparaison s'applique aux divers degrés de la hiérarchie académique, je veux dire aux natures diverses des sociétés scientifiques ou littéraires. Les individus ne sont pour rien dans leur diversité ; l'étendue de leurs horisons en mesure toute la différence , et sert à établir le diagnostic des fonctions qui Jeur conviennent. Au sommet de la montagne, siégent les sociétés poly- mathiques , dont les académies sont l'expression la plus exacte et la plus puissante. On a même tenté de s'élever plus haut, par lacréation de compaguies d’une nature encore plus universelle, et qui résumeraient en un seul centre les forces de toutes les académies de leur ressort. Ce but pourrait être atteint si la question du travail académique en général était résolue, si ce travail commun SUR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE. 381 fonctionnait uniformément et régulièrement; mais , disons- le bien, ce même but ne pourrait jamais être atteint que sous le rapport administratif, s’il m'est permis de me servir de ce terme : il restera toujours hors d’atteinte sous le rapport intellectuel. Dans une académie centrale, on pourra trouver un régulateur , jamais un maître réel pour les académies locales. Ainsi, à prendre au pied de la lettre, la pensée créatrice dé l'Institut de France, on dirait qu’il s’agit de nous faire reconnaître en lui comme une institution pantomathique. Mais l'esprit humain, ce polype à qui Dieu a fait les bras si longs, ne les a pourtant pas assez extensibles pour tout embrasser à la fois. Les cinq classes qui sont comme les branches de cet énorme tronc, jointes à l’Académie de médecine et à la Société Centrale d'Agriculture, le décomposent en sept fractions isolées, individuellement et purement académiques : académies quintessenciées, il est vrai, — Académies passées, je le veux, à un double et triple alambic, — mais qui n’ont enfin de degré de force intellectuelle supérieur à celui des académies pro- vinciales que ce que peut leur en donner la valeur per- sonuelie de leurs membres. R L’échelle des travaux et des fonctions académiques a donc pour point de départ les sociétés /imitées, — pour échelon suprême les académies. C'est d'elles que nous allons principalement nous occuper. $ 2. Direction que les sociétés savantes doivent donner à leurs travaux intérieurs et à leurs publications. Si les considérations que je viens de vous soumettre sont exactes, si les réflexions qu’elles m’ont inspirées sont justes, 382 QUELQUES IDÉES il s'ensuit, Messieurs, que les rôles sont distribués dans le vaste champ de l'étude et au profit des progrès de celle- ci : c’est ce que je vais tenter d'établir et de montrer en détail. Les sociétés spéciales fouilleront dans la carrière pour en tirer le bloc de la science, et elles le dégrossiront. Les sociétés polymathiques lui donneront le fini dont l'œuvre a besoin ; — elles détacheront ou effaceront les détails, fruits du labeur primesautier, qui concourront ou qui pourraient nuire à l'harmonie entre la statue et son entourage ; — elles choisiront la place de cette statue, c'est-à-dire qu’elles fixeront ses rapports, qu’elles mesu- reront ses relations avec l’édifice auquel elle est destinée. Mais laissons là les comparaisons : ce sont toutes des filles de la poésie et elles ont, comme leur mère, l'in- curable défaut de dire quelquefois trop, souvent pas assez , toujours d’une manière indécise et vague qui fait chatoyer les objets et vaciller le regard. Allons droit et ferme au but que nous poursuivons. Aux societés spéciales donc les travaux spéciaux, les travaux de détail, d'observation , de description. Aux académies, la critique, fonction suprême qui com— prend l'examen, l'appréciation, la coordination , la mise en ensemble, la direction. êe" La criTiQue. — C'est la mission propre, exclusive, et seule utile des Académies. Otez-la-leur, et dès ce moment elles ne servent plus à rien ; car tout ce qu'elles font hors de cette voie, elles le feraient, et plus utilement encore, en tant que sociétés spéciales. Mais comment les Académies s'acquitteront-elles de ce grand devoir de la critique, qui se réduit en définitive à ceci : guider par leurs exemples, récompenser par leurs SUR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE. 383 éloges, punir par leur improbation ou par le refus de leurs encouragements ? Elles ont trois moyens pour cela, — moyens entre lesquels il n’y à pas à choisir, maïs qu’il leur faut employer à la fois , Le choix de leurs membres; Leurs travaux intérieurs et extérieurs ; Leurs publications. Sur le premier point, ce qu’il y a à dire découle de l'évi- dence la plus parfaitement axiomatique, de l'évidence intuitive. | Pour former une Académie, il faut des hommes spéciaux dans les sciences et dans les lettres, comme dans les arts. Ces hommes seront les confectionneurs des jugements offi- ciels de la compagnie sur les objets afférents à leur spe- cialité : ils seront les organes de ces jugements, ils seront, à vrai dire, les juges réels. Il faut donc qu'ils soient compétents : on n'est Jugé que par ses pairs. Mais, pour que les jugements aient de la force, il faut que la compétence des juges soit reconnue par les justi- ciables, par l'opinion publique, de laquelle on peut dire qu'en matière de science et de goût elle Juge les justices. L'opinion publique, c’est le parterre, qui juge toujours mieux, d’instinct, une tragédie, que ne le feraient des jurés littéraires en la pesant au trébuchet des poétiques. . Pour que la compétence des juges académiques soit reconnue, il faut donc qu’elle soit notoire, c’est-à-dire qu'ils aient fait leurs preuves : il faut encore qu'ils les continuent, car la science et l’art marchent toujours. Et où les prendra-t-on ces juges? Dans les sociétés spéciales , où ils auront fourni caution de leur compé- tence. 384 QUELQUES IDÉES Et où poursuivront-ils leurs études qui doivent durer toute la vie? Où produiront-ils de nouveaux témoignages de la compétence qu'elles auront entretenue en eux? Ce ne peut être dans le sein de l’Académie, qui a son temps mieux employé ailleurs et qu’ils ne doivent pas encombrer de leurs preuves. Il faut qu'ils continuent à militer dans les sociétés spéciales, et qu'ils exercent leurs fonctions critiques toutes et quantes fois ils agissent en qualité d'aca- démiciens. Je le sais bien , Messieurs, cette distinction ne peut et ne doit pas être toujours observée dans la rigueur de forme que je viens d’esquisser. Combien de spécialités dans une académie qui ne répondent pas à une société académiquement organisée en dehors de son sein ! Mais le magistrat, le commerçant, le militaire, l'administrateur , l'orateur ou l'écrivain en général n'ont-ils pas tous les Jours, dans leur profession, un théâtre d'action où ils font leurs preuves et en appellent à la sympathie de l’opi- nion publique ? La profession, pour le citoyen actif, c'est l'équivalent de la Societe scientifique pour le travailleur spéculatif. Dans l’une comme dans l’autre, ces deux sortes d'hommes ont leur atelier de travail ouvert à tous les yeux ; le public les voit faire , et forme son opinion sur leur compétence. Enfin, Messieurs, il peut et il doit y avoir dans les académies comme des spécialités 2nnominées qu’une forte et riche éducation , une grande connaissance du monde et des affaires, une longue habitude de voir et d'entendre, de bien écrire et de bien dire, érigent en arbitres infail- libles du bon goût littéraire et des convenances écono- miques ou sociales. Il faut bien se garder de se priver SUR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE. 385 d'un tel secours dont l'importance est grande et l'emploi fréquent. Voilà donc le personnel des académies largement, mais nettement déterminé. De tout ce que nous avons dit il résulte ceci : qu'un bon membre de société spéciale n’aura pas toujours embrassé un horizon assez étendu pour faire un bon académicien; mais qu’un bon académicien doit toujours réunir, et au-delà, les qualités d'un membre distingué de société ou de profession spéciale. Passons aux travaux intérieurs et extérieurs des Aca- démies. Toutes nos prémisses étant posées , nous n’avons plus que des conséquences à déduire. “Les travaux de détail , les travaux absolument spéciaux appartiennent aux sociétés spéciales. Donc, il faut les écarter des séances académiques, même privées. Il y a d’ailleurs une louable générosité à ne pas se rendre à charge les uns aux autres, et comme les Académies sont des faisceaux de capacités spéciales , il est clair que chaque lecture ou discussion de spécialité pure n'y doit intéresser que deux ou trois auditeurs. En bonne cons- cience, c’est trop peu ! De là la nécessité de porter, autant que possible , les lectures et les discussions orales sur le terrain des géné- ralités, sur les vues d'ensemble, sur les sujets enfin qu'une bonne et complète éducation académique doit rendre , si non familiers, du moins abordables, intelli- gibles à tous les membres. Mais quelques efforts qu’on puisse faire dans ce but , 1l restera toujours, et il devra toujours rester dans les travaux intérieurs des Académies une bien large place à la spécialité. Je ne parle pas des travaux particuliers des commissions , petites sociétés spéciales constituées momentanément dans 386 -_: QUELQUES IDÉES le sein de la compagnie. Je parle des résultats de ces travaux particuliers , résultats qui sont toujours soumis à l'examen, à la discussion, à la décision de la compagnie tout entière. C'est alors que la spécialité surgit et qu’elle doit agir sans entraves et régner en souveraine. C'est alors que s'exerce la fonction essentielle des Académies, la critique — non assurément envieuse et dénigrante, vous le com- prenez bien—mais cette critique scientifique, noble, élevée, dont le meilleur nom serait l’APPRÉCIATION. Voyez ce qui se passe alors! C’est un procès, etil est instruit par une commission ou par un rapporteur. Le jury est assemblé. Le ministère public, c'est encore le rappor- teur ; quant aux avocats, 1ls se nomment d'eux-mêmes. Le jury ne doit rien savoir des faits de la cause : on les déroule dévant lui. Puis viennent les témoins : ce sont parfois les expériences faites par une commission ; ou bien ce sont les lois scientifiques et littéraires qui régissent la matière, et qui parfois ne sont pas familières à tous les jurés ; alors ce sont les experts qui sont entendus comme témoins, ainsi que, dans les tribunaux, on appelle la médecine légale à fixer l'opinion de la justice. Puis les débats seraient clos, si déjà les plaidoiries ne s'étaient pas inévitablement en- chevêtrées dans leurs péripéties et n’avaient pas fourni avec eux une course commune. Enfin , tout cela finit et il faut passer au vote. Mais ici se présente une complication qu’on ne rencontre pas en Cour d'assises : il faut que nos jurés endossent la toge et se métamorphosent en magistrats ; car leur verdict doit renfermer en même temps l'application de la loi, et ils sont obligés, eux, à mesurer d'avance les conséquences de l’arrêt qu'ils vont porter. Hé bien, Messieurs, n'aïi-je pas raison de dire que la SUR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE. 387 critique académique, qui agit ici dans toute sa force, qui apparaît dans toute sa hauteur, est la fonction essentielle , la fonction profonde, et partant la fonction presque unique des Académies ? La présence, dans leur sein, de praticiens spéciaux est donc alors nécessaire ; le déploiement de toutes les res- sources; si minutieuses qu'elles puissent être , que l'étude leur a fournies, est donc alors indispensable. Le détail d'observation le plus mince prend de l’importance, la cir- constance la plus fugitive ne doit pas être négligée, et tout cela est de devoir rigoureux pour les Académies, puisque, dans leur sphère, elles ont à rendre la justice. Les travaux extérieurs des Académies consistent dans leurs rapports avec leurs justiciables par la voie des com- missions , — avec le public, par la voie des séances solen- nelles ,— avec les uns et les autres, et avec les autres so- ciétés savantes , par la voie des publications. Il n’y a rien de nouveau à dire, en général, sous ces trois points de vue. Toutes les règles de conduite que nous venons d'exposer sont exactement applicables aux travaux extérieurs. Cependant quelques détails de plus me parais- sent opportuns relativement aux publications. Je voudrais que Îles spécialités n'y fussent admises , en général, que lorsqu'elles ne trouvent pas d’organe dans le ressort académique ; mais , si ce cas se présente, il est juste et naturel qu’un asile leur soit assuré. Hors de là, agissons dans nos recueils, et plus rigoureusement encore, comme dans nos séances publiques , comme dans nos séances pri- vées ; n’y admettons rien de trop circonscrit, rien qui soit dépourvu d'intérêt pour la majorité des hommes instruits, à moins qu'il ne s'agisse de prouver ou de défendre, d’at- taquer ou d’infirmer une opinion ou un jugement doctrinal 17 388 | QUELQUES IDÉES en matière académique. Dans ce cas, la disposition de nos recueils n'est pour ainsi dire plus à nous ; elle appartient aux fonctions essentielles de notre institution , — à la cri- tique. C'est en considérant sous ce point de vue les devoirs de nos compagnies que je voudrais que tous les rapports fus- sent faits par écrit, et que tous ces rapports fussent publiés ; car ce sont là, il faut le dire, les véritables actes officiels d'une Académie, Les travaux personnels auxquels ses membres se livrent de leur chef ne sont pour eux , et en un sens, que facul- tatifs. S'ils sont spéciaux , ils peuvent trouver place ail- leurs. Si, bien que spéciaux, ils sont faits à un point de vue élevé, transcendant, ils doivent être admis dans le recueil, mais après l’accomplissement du devoir acadé- mique, après LES RAPPORTS, Enfin, chaque rapport doit. être suivi du jugement de l’Académie sur les conclusions qu'il renferme, ainsi que cela se pratique à l’Institut de France. Rien ne serait, j'en conviens, plus monotone qu'un re- cueil uniquement composé de rapports; rien ne serait aussi moins flatteur pour le juste amour-propre d'une compagnie qu'un pareil recueil, où l’on ne verrait point paraître de travaux originaux. Mais on conçoit combien 1l est facile d'éviter l'encombrement de la première sorte de matériaux en ne renvoyant au rapport que les pièces qui, à divers titres, le rendent utile ou nécessaire. $ III.— Archives et bibliothèques des Sociétés savantes. Avant de passer, Messieurs, à la troisième et dernière des questions dont j'ai entrepris l'étude, permettez-moi de SUR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE. 389 w'arrêter un instant sur un objet qui n'appartient ni aux travaux extérieurs, ni aux travaux intérieurs proprement dits des sociétés savantes : je veux parler d’une portion importante de leur administration intérieure, —des ar- chives et bibliothèques. Leur aménagement est presque tou- jours une difficulté, leur richesse est souvent un embarras, leur conservation même est parfois une inutilité. Il n'en serait pas ainsi, Messieurs, si, richement dotées et largement logées, comme l'était autrefois, par exemple, l'Académie de Bordeaux, les sociétés savantes les aca- démies surtout—= pouvaient réserver un de leurs fauteuils à un bibliothécaire généreusement rétribué, dont tout le temps leur appartiendrait, dont la présence à son poste, pendant cinq jours de la semaine, permettrait à chacun de consulter et de compulser les livres et d’en profiter pour ses travaux. Alors les sociétés savantes auraient des archives, alors elles auraient des bibliothèques. Jusque-là peuvent-elles dire qu'elles possèdent ce qui, en général, ne leur sert absolument à rien. | En effet, et presque partout, un des membres ‘de Ja compagnie porte le titre d’archiviste ou de bibliothécaire, et presque partout aussi ses fonctions consistent à ren- fermer dans des armoires les livres présentés aux séances ou qui reviennent du rapport, et à conserver les clefs de ces armoires. S'il est érudit ou laborieux, c'est tant mieux pour la science : au lieu de tenir le magasin toujours fermé, il y pénètre , il y travaille. S'il n’est ni l’un ni l'autre, il se trouve réduit aux humbles fonctions de porte-clefs, et les vrais archivistes, {es vrais bibliothécaires , ce sont les rats. Soyons justes, Messieurs : les archivistes des sociétés 390 QUELQUES IDÉES savantes actuelles ne se trouvent presque nulle part dans les conditions favorables que j'ai indiquées plus haut. Îls ont presque tous, comme leurs autres collègues, leur vie faite et remplie en dehors de la salle des séances, et par conséquent on peut dire que, pour tous les membres de ces compagnies , profiter des richesses enfouies dans leurs archives est, de fait, une chose à peu près et inévitable- ment impossible. Laissons leur régime actuel au petit nombre de sociétés privilégiées entre toutes les autres qui sont assez riches pour s'assurer les moyens de jouir de leurs trésors ; mais disons , dans l'intérêt même de toutes les autres compa- gnies, que la réserve de leurs publications et leurs archives manuscrites devraient seules demeurer à là garde et sous la clef de l’archiviste. | En second lieu, les sociétés savantes devraient statuer solennellement et sans exception, que tout ouvrage imprimé qui leur est offert en hommage, ou qu’elles reçoivent par voie d'abonnement, sera déposé, au 1°f, janvier suivant, dans la bibliothèque communale, contre un récépissé en forme de catalogue, REVËTU DU NUMÉROTAGE DE CET ÉTA- BLISSEMENT PUBLIC. Là, on trouverait un bibliothécairé exclusivement occupé du service de tous, et cinq fois par semaine on pourrait, à toute heure, lire, compulser , extraire. ( Il va sans dire que les doubles etemplaires, inutiles à la bibliothèque publique, seraient ou échangés dans son in- térèt ou vendus à son profit. | Alors , le local particulier affecté à chaque société lui ga- rantirait assez d'espace pour loger le capital de ses publi- cations, ses manuscrits, Sa Correspondance, ses registres. Un rayon, qui resterait obligatoirement ouvert à tous pen- SUR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE: 391 dant la durée de chaque séance, contiendrait et offrirait à tous les besoins possibles du moment ce que la compagnie et son conseil d'administration doivent toujours avoir sous la main, savoir : 1°. Un exemplaire complet des publications. de la com- pagnie ; 20. Un exemplaire sompies de ses règlements successifs ; 3e. Un exemplaire, tenu à jour, du catalogue de la bi- bliothèque communale ; 4. La collection complète des registres des procès— verbaux. Enfin, et comme complément de cette grande et utile réforme administrative, les compagnies savantes d’une même ville devraient toujours avoir sous leur main le con- servateur de la bibliothèque publique, qui deviendrait ainsi le leur, et serait membre-né de chacune d'elles et de chacun de leurs conseils d'administration. $ 4®.— Direction que les hommes d'études doivent donner à leurs travaux personnels, en tant que membres des Societes scientifiques. La loi du travail est une loi divine qui incombe à tous les hommes, et n’admet d’autres exceptions que celles que justifie l'impossibilité morbide. Mais les aptitudes sont di- verses , et les positions aussi : de là, la liberté du choix dans l'emploi laborieux du temps. : On ne peut donc pas imposer à l'homme d'étude à priori telle ou telle direction dans ses travaux intellectuels; mais, dès qu’il devient membre d’une société savante, il s'engage au fravail en général, à un travail quelconque dans le sens des études de cette société. On peut alors lui dire : vous 392 QUELQUES IDÉES aurez cela à faire, avant tout autre labeur scientifique, pour bien remplir les devoirs de votre engagement. Il ÿ a peu de chose à ajouter, et surtout rien de nouveau, à ce que nous avons précédemment reconnu au sujet des attributions des diverses sociétés : il ne s’agit donc plus que d'approprier aux individus ce qui a été dit des compa- gnies. Ainsi, dans les sociétés illimitées beaucoup de travail sur le terrain, beaucoup d'observation, beaucoup de descrip- tion. Libre au membre de ces sociétés de s'élever davan- tage vers la généralisation, de secouer un peu plus les anges de l'étude élémentaire; mais alors il travaille prin- Cipalement pour lui-même : il fait ses preuves pour le degré supérieur. S1 la société a la forme académique, bien que spéciale , la forme du degré supérieur se place de droit dans les œuvres particulières de ses membres, qui travaillent alors directe- ment dans la sphère du corps auquel ils appartiennent. Si enfin la société est polymathique, — si c'est une aca- démie, —toutes les œuvres de degrés inférieurs sont person- nelles et facultatives ; toutes celles qui appartiennent à la sphère de coordination, de généralisation, toutes celles de nature transcendentale sont en rapport direct avec la posi- tion académique de leur auteur ; mais TOUTES, sans excep- tion, doivent céder le pas à son devoir académique, aux œuvres auxquelles nous avons assigné la qualification de CRITIQUES , et particulièrement aux RAPPORTS, qui sont la manière la plus fréquente, la plus utile et la plus obliga- toire de faire acte d'académicien. Si le rapport est la partie la plus essentielle de la littéra- ture académique , on peut dire aussi que c'est une de celles qui offrent le plus de compensations satisfaisantes aux SUR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE. 393 peines qu'elle coûte. Considéré comme genre littéraire, le rapportest, entre tous, celui qui varie le mieux les res- sources disponibles pour l'homme instruit, pour l’homme de style. On distingue l’enseignement en cours élémentaire et cours de faculté, et on trouve qu'il y a bien plus de jouis- sances à professer un de ces derniers, à cause de la plus grande étendue des ressources auxquelles on peut en ap- peler, c’est-à-dire des emprunts qu’on peut faire aux autres branches des connaissances humaines. Eh bien! Messieurs, dans les rapports académiques, le champ est bien plus vaste encore , l'horizon voit reculer indéfiniment ses li- mites. Le professeur de Faculté a toujours un cadre qui l’en- serre ; ilne peut pas supposer toutes les connaissances à l’auditoire auquel il s'adresse, et il est obligé de se ren- fermer par conséquent dans le cercle de celles que ses au- diteurs doivent présumablement posséder. Mais l’académicien parle à tous, puisqu'il parle à une assemblée polymathique, où toutes les spécialités ont droit de séance. Où qu'il pousse ses excursions et cherche les preuves de sa critique, il ne sort ni de son domaine ni de celui de son auditoire; où qu’il aille, il reste chez lui. Au point de vue de la rédaction, rien ne l’entrave, rien ne le gène; tous les tons littéraires, toutes les nuances de style s'offrent indifféremment à son choix, pourvu qu'il les mesure au genre de critique qu'il doit exercer, et à la nature intime du sujet sur lequel il l’exerce. Son rôle est si libre, et les instruments dont il use sont si flexibles qu'il peut, dans le même écrit, en modifier la forme à l'infini. Soit qu'il ait le bonheur d’avoir à louer, à faire ressortir les mérites éclatants ou délicats de l’œuvre qu’il analyse, — soit qu’il faille attaquer , réfuter , confondre une erreur ou 9394 QUELQUES IDÉES SUR LE TRAVAIL ACADÉMIQUE. uue mauvaise doctrine, démêler à la pointe du scalpel ure fibre viciée afin que son venin ne corrompe pas l’en- semble , —toujours sa critique, je veux dire son apprécia- tion , tombe de haut et d'aplomb...... pourvu qu'il agisse en conscience, car alors il agit dans la force de son droit ; et, quelles que soient les nuances de forme qu'il emploie, 1] atteint sûrement son but. Tantôt c'est l’impétueux Borée qui s’engouffre lourd, compacte, irrésistible, dans la vaste gueule d'une porte triomphale; tantôt c'est un zéphir léger qui s’aplatit et se lamine , gracieux ou caus- tique , flatteur ou malin, pour passer dans la fêlure d’un carreau de vitre ; — mais toujours c'est, ou ce doit être, le souffle de l'esprit de justice et d'appréciation qui va où l'envoie une pensée ferme et éclairée, un Jugement müri par l'expérience, un cœur honnèête’et plein du sentiment de son devoir. 395 DE L'ÉTAT DES ARTS A TOULOUSE; PAR M. LÉON JAYBERT. (Extrait du Compte-rendu de la XIX®, session du Congres scientifique de France ), Le travail délicat dont on m’a chargé présente plus d’un écueil à mon inexpérience des choses que je dois traiter. Je vais, toutefois, essayer, après avoir puisé aux sources vives de la science, en consultant les savants directeurs de nos écoles de Toulouse, si non de vous intéresser, au moins de vous faire excuser mon insuffisance. Et d'abord, occupons-nous de l'art musical. On répète déjà depuis bien du temps que Toulouse, sous le rapport musical, est l'Italie de la France. Si cette pré- tention ne décèle pas une modestie excessive de la part de ses habitants, il faut bien reconnaître qu'il F + a quelque chose de vrai dans ce dicton populaire. En effet, tout le monde est doué d'une certaine organi- sation particulière qui rend facile à tous l’art du chant. Je ne veux pas parler, vous le sentez bien, de cet art profond, de cette science complète qui produisent des chefs-d'œuvre : loin de là ! et, du reste, l'expérience nous a toujours appris que les choses trop facilement faites ont rarement le mérite de la profondeuret de la perfection. Aussi faut-il dire que, si 396 ÉTAT DES ARTS tout le monde est musicien à Toulouse, il n’y a p«s ou il y a fort peu de musiciens hors ligne. Et lorsque nous aurons nommé Prosper Sainton, 1°”. violon de la reine d'Angleterre, professeur au Conservatoire de Londres , et violon-solo à l'Opéra italien de Covent-Gar- den, l’un des talents les plus remarquables et les plus gra- cieux de l’époque actuelle; Adrien Talexis, pianiste à Paris, dont chacun se dispute les charmants ouvrages; Cadaux, qui enrichit tous les jours la scène de l’Opéra-Comique ; Deffes, qui remporta, il y a deux ans, le grand prix de composition musicale, et qui a fait exécuter plusieurs œu- vres de lui, à la grande admiration de ses auditeurs, que nous vous aurons dit un mot de M. Homey, du chef d'or- chestre du Grand-Théâtre, et regretté, avec ceux qui ont pu l'apprécier, le travail trop silencieux de M. Mas, notre bagage musical sera étalé devant vous , et nous n’aurons pas conservé la moindre réserve pour appuyer, en cas d'attaque , notre corps d'armée tout entier. Mais si, sous le rapport de la composition musicale, - Toulouse n'est pas à la hauteur de son antique réputation, peut-être peut-elle s’énorgueillir des chanteurs qu’elle a produits, et de ceux qui tous les ans vont en coupe réglée enrichir le conservatoire et les théâtres principaux ss Paris et de la province. A Toulouse tout le monde a le sentiment du chant, et l'organisation musicale des masses y est admirable ; on dirait que Dieu, dans sa munificencé , a voulu que ce ciel bleu, si souvent chanté par les poètes, si envié par les habitants du Nord, n’entendit retentir que des hymnes d'amour. | L'étranger qui passe dans nos murs s'étonne et ne peut comprendre comment, sans savoir une note de musique, À TOULOUSE. | 397 -sans connaitre ce que c’est qu'une mesure à deux ou àquatre temps, encore moins un ton ou un demi-ton, les accords les plus purs et les plus justes viennent frapper son oreille charmée; il regarde et reste en admiration devant un chœur d'ouvriers qui bercent les fatigues de la j psg aux chants les plus harmonieux... L'administration municipale de la cité d’Isaure ne com- prit qu’en 1818 la nécessité de la fondation d’une école de musique, afin, selon l’heureuse expression de M. de Brucq, de ne pas laisser s'égarer d'aussi so éléments de musique. Le succès couronna cet essai, et plusieurs de ces élèves allèrent briller d'un vif éclat sur les théâtres de Paris. Nommer Couderc, Boulo , Laget, suffit à la gloire PAUr ville, Le gouvernement vint intelligemment en aïde à cet heu- reux essai, il déclara cette école succursale du conserva toire de Paris, en lui accordant une dotation annuelle de 3,000 fr.—Cela se passait en 1823. Depuis cette époque, et grâce aux secours alloués d'année en année par le conseil municipal , le conservatoire de Tou- louse a pu s’élever à la hauteur d’une véritable institution nationale. Ses élèves sont nombreux et distingués au Con- servatoire de Paris, et les épreuves des concours publics leur ont toujours été fort avantageuses. Cette année encore, neuf enfants de Toulouse appar- tenaient au Conservatoire de Paris- Voici l'état de leurs triomphes : Bonnehé a obtenu deux seconds prix d'opéra ét un accessit ; Crambade un 1%. accessit de chant, un 3, de grand opéra ; 398 ÉTAT DES ARTS Mie, Rey a remporté trois accessits, celui de chant, celui d'opéra comique et celui de grand opéra. . Mie, Darbès un 2°. prix de grand opéra. Et certainement si MIles. Roubes et Curbale n'avaient pas été sérieusement indisposées au moment du concours, elles auraient ajouté quelques palmes triomphales à celles cueillies par leurs plus heureuses rivales. .: En présence d'aussi beaux résultats dus, 1l faut hautement le dire quand on parle au nom de cette assem- blée, à l'intelligente direction imprimée aux études par M. de Brucq, il faut espérer que le conseil municipal, si désireux de voir s’agrandir la gloire de notre patrie, n'hésitera pas à élever de 1,200 fr. le budget de cette école, ce qui permettra d'y compléter l’étude des scènes musicales par la fondation d’une classe de chant pour les adultes. | Nous ne pouvons pas clôturer notre rapport sur l'état de l’art musical à Toulouse sans rappeler que l'étude de la musique vocale dans les lycées est due à l'initiative si souvent heureuse de M. de Salvandy. Cet exemple a profité à Toulouse, et, en dehors des classes de chant organisées dans les quatre écoles commu nales par les soins de l'autorité locale, il n'est pas un pensionnat où la science du chant ne soit en honneur. Je ne vous étonnerai pas, Messieurs, en vous disant que les frères de la doctrine chrétienne, ces hommes si pleins de dévouement à leurs devoirs, si souvent calom- niés dans leur système d'éducation, ont introduit dans leur enseignement l'étude de la musique vocale et instru mentale. | Et que les fêtes religieuses, auxquelles les populations du Midi tiennent comme à leur nourriture terrestre , bril- A TOULOUSE. 399 lent d’un éclat plus vif par le concours empressé de cette pléiade musicale. | Ma tâche n'est pas encore remplie, ne vous hâtez pas de chanter victoire et de fuir; il faut encore m’écouter quelques moments. Dieu veuille que vous ne mouriez pas à la peine! J'ai à vous parler de la peinture. Mais, hélas! mon tableau n'est pas riant et peint des plus riches couleurs. À qui la faute? Aux rentiers, aux copies et au tabac. Que peut donc le tabac à la peinture, allez-vous dire?.. Patience, vous allez le savoir. L'école des arts du dessin est parfaitement organisée à Toulouse. Les professeurs ont un mérite très-suffisant et : très: réel, les ‘élèves ont de Hp EPS et Toulouse ne produit rien. | Ce n’est pas que les ressources de l’enseignement manquent : la ville entretient à Paris les lauréats de son école; ils pourraient, en remportant le prix fondé par l’Institut, obtenir l'entrée de l’Académie de Rome. Jamais un pareil fait ne s’est produit; un seul élève de Toulouse a concouru : il est mort avant la fin du concours. Et cependant Toulouse possède un musée magnifique qui renferme des tableaux d’un rare mérite ; il s'enrichit de quelques dons du gouvernement, d'acquisitions faites par le conseil municipal, il a reçu un don particulier de la veuve de Gros, exemple excellent sans doute, mais que personne ne s’est empressé de suivre dans la cité des arts. Les expositions quinquennales devraient donner une certaine impulsion à l'étude de la peinture, et il faut bien reconnaître qu'à ces expositions, comme dans les bou- tiques des marchands, les tableaux ne manquent pas. Mais quels tableaux, grand Dieu! on en a vu se vendre 400 ÉTAT DES ARTS au prix fabuleux de 6 fr., enrichis qu'ils étaient d’un cadre gothique. Un principe mauvais a été posé par l'autorité munici- pale quant à la composition du jury d'exposition... Aucun artiste n’en doit faire partie : dès-lors le jugement de leurs œuvres est abandonné à des hommes dont personne ne conteste le dévouement et les bonnes intentions; mais cela rappelle malheureusement à l'esprit cette phrase si connue : « Il fallait un calculateur pour remplir cet em- ploi, ce fut un danseur qui l’obtint. » Si mes renseignements sont exacts, et tout me porte à les croire tels, ce fut un médecin qui fit le rapport sur la dernière exposition de peinture. Etonnez-vous, après cela, de la maladie chronique qui semble avoir atteint les pro- ductions de cet art à Toulouse! Si j'ajoute, Messieurs, que la plupart des restaurations faites aux tableaux de notre musée l'ont été avec une inintelligence telle que, s’il est possible de porter remède td quelques-uns, il en est beaucoup qui sont perdus sans. réssources, on se demande bien plus encore comment, avec tous ces éléments de succès, Toulouse est descendue à ce point que si quelques collections particulières peuvent avoir de bons tableaux, si l’on peut citer le nom de deux ou trois peintres de mérite, la science de la peinture n'existe plus. Pas un atelier n'est ouvert et suivi, et cependant dès le XVI®. siècle c'était Toulouse seul qui fournissait des tableaux aux 22 diocèses qui l’entouraient ; elle a produit des peintres d’un vrai mérite, et l'école appelée Romaine y fleurit pendant bien des années. D'où vient donc cette décadence ? J'en ai indiqué les motifs, prouvons qu'ils ne sont pas erronés. A TOULOUSE. 401 La population de Toulouse se compose de propriétaires, de rentiers , d'étudiants et de militaires. Les deux dernières catégories ne peuvent guère donner aux arts des encouragements utiles. Létudiant place peu sur les fonds publics , et il a fallu toute la verve de Scribe pour montrer un sous-lieutenant achetant un château sur ses économies. Restent doncles propriétaires et les rentiers. Mais à Tou- louse ces deux classes de la société habitent huit mois là campagne, le mode de culture adopté en est l'unique cause; ici pas de fermiers; mais des maîtres-valets qu'il faut surveiller sans cesse. GRR Ce genre d'occupation éloigne quelque peu des arts, aussi les professeurs n’ont-ils d'élèves que pendant les quatre mois restants, le théâtre est presque désert, et les artistes-voyageurs prodiguent leur talent devant les ban- quettes d’une salle vide. Deux autres ennemis acharnés s’attachent plus particu- lièrement à la peinture ; je veux parler de la location des tableaux qui engendre les copies, et les EN immodérés du tabac. La copie, Messieurs, est à la peinture ce que la maladie du raisin est à la vigne; elle la ronge, la dégrade, la détruit. En effet, grâce à ce métier , il est facile de se procurer de fort bons modèles pour une très-faible rétribution. Aussi n’entrez-vous pas dans un salon, dans une chambre à coucher, même dans la loge d’un concierge, sans y rencontrer d'affreuses copies dues au pinceau des fils et des filles de la maison, heureux si la mère n'a pas voulu rajeunir ses cheveux blancs par quelque ébauche informe qui vient trôner majestueusement entre les hor- 402 ÉTAT DES ARTS A TOULOUSE. ribles croûtes que vous fait remarquer l’admiration con- jugale et paternelle. Il nous reste à vous dire quelques mots de l'influence du tabac sur la peinture : | D'un bout de la France à l'autre, dans le plus humble village comme dans la plus orgueilleuse cité, il existe une déplorable habitude qui a modifié profondément nos mœurs , nos usages, — le goût du tabac... Tout le monde y sacrifie. Pour le fumeur le temps s'écoule dans l’oisiveté et il n'enfante pas l'ennui. Tout entier à son extase, 1l néglige tout pour ce plaisir élevé à la hauteur d’une pas- sion. On a vu à Toulouse des ateliers de peinture mer- veilleusement dirigés, fréquentés d’abord par la meilleure compagnie, délaissés ensuite parce qu'on ne pouvait y fumer. Et puis lorsque le cigare y fut toléré, Gosée parce qu'on les avait transformés en véritables tabagies. Espérons, Messieurs, que cette ville, si justement appelée la patrie des arts, la cité palladienne, tiendræ compte de nos observations, et qu'elle saura redonner tout leur éclat aux arts qui firent sa gloire et feraient encore son honneur. TABLE. Droite. de l'Insee Compostrion du bureau et du Conseil d'administration. Lisre des membres de l’Institut des provinces. . . — Membres étrangers, . . . . — Membres titulaires décédés. . le jerente 19e ee AMX — Membres étrangers décédés. . he TE men Se 1e Concrès des délégués des Sociétés savantes des départements, sous la direction de l’Institut des provinces. + + + CSLRCE O0 45 Ar ne a Ne te Le. ré se = ‘Canaux ét chemins de fer. , 4 «4 . + . — Mémoire de M, Duchatellier, ,. , . + « +, Section des beaüx-afts. — "Archéologie et littérature. SÉANCE du 16 mars ‘» o 0 ® ° e o e e e e ° e — Mémoire de M. Quantin sur l'exploitation du fer dans le département de l’Yonne et les pays voisins, dans les temps anciens et au soi del de ee — Note de M. de Caumont, :. , . °. « , — Id. id, do Mains ELA o Séances du 47 mar 5 ee + 6 — - Note de-M. de Caumont, ”. *, :.". 0 7 Dance Qu 48 mars *, "1... ee Ne © 0 — . Note de M. Quantin.:. *5 14 "6 "0 "eo 0e 67 7 30 404 TABLE. SÉANCE du 49 mars + + «+ + + — Rapport de M. Victor Petit, . . — Mémoire de M. Duchatellier, . Séance du 20 mars. + «+ + + + + Séance du 22 mars. «+ + + + + — Conclusions proposées sur les questions musicales, Séances publiques. SÉANCE générale du 16.mars.,. . . . — Rapport de M. le baron de Montreuil. . — Compte des recettes et dépenses du Congrès des délégués des Sociétés savantes en 1851, par M. Gaugain.. Séance du 47 mars. , . . . . : — ‘Rapport de M. Gomart, . . . — Note de M. Bobière. . . : . SÉANCE du 18 mûrs. , . . . . . — Rapport de M. de la Renaudière, — Communication de M. le vicomte Du Moncel. Séance du 49 mars. , . . , . + — Proposition de M. de Sussex. . — Rapport de M. Liais. . . , . — Rapport de M. d'Héricourt, . , Séance du 20 mars. '. . + + +. + — Rapport de M. de la Renaudière. — Mémoire de M. Chavin de Mallan. Séance du 24 mars. :,0.::01.,.8." 110 4118 Séance du 22 mars. +, + + » +. — Rapport de M. l'abbé Lecanu. . Une visrre à Ferrière. . . . + « « Se Assises scientifiques de Metz en 1852. SÉANCE du 25 mai, L L e L L2 LI L] SÉANCE du 26 mai. . + + «+ + + + SÉANCE du 27 mai, . + « + + « + e ? 0 74 72 76 94 100 104 108 110 120 191 123 155 159 Id. 162 177 178 193 205 A4 216 236 255 261 264 306 9315 323 328 TABLE. 405 Concrès SCIENTIFIQUE DE FRANCE en 4852. , , , , . . 346 Conunts ARCHÉOLOGIQUE + à A 4 . . . . . 361 CONS RAGIONAUD 1 ee UE a, . |, . 309 ConcrèS DES DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES d% , . . . 374 SECONDE PARTIE. — Querques méÉes sur le travail acadé- mique, par M. Ch. Des Moulins. . , ,. . ,. . 375 Les Arts à Toulouse, par M. Jaybert . . . . . . . 395 Caen , Typ, de As HARDEL, OUVRAGES APPROUVÉS PAR L'INSTITUT DES PROVINCES DE FRANCE. + 4 nn. de nt ABÉCÉDAIRE OU RUDIMENT D'ARCHÉOLOGIE Pan M. DE CAUMONT. Un volume in-8°, orné de plus de 600 figures gravées sur bois ; 2e, édition. Caen, Hardel, éditeur, Prix : 7 fr. 50. | Le second volume est sous presse. Cons BULLETIN MONUMENTAL. OU COLLECTION DE MÉMOIRES SUR LES MONUMENTS HISTORIQUES DE FRANCE, Publié par M DE CAUMONT. Chaque volume est divisé en 8 livraisons paraissant tous les six semaines, * On trouve à Caen, chez Hardel, éditeur, et à Paris, chez Derache, les 48 volumes de la collection. Prix : 12 fr, chaque volume. PRINCIPES D'ARCHÉOLOGIE PRATIQUE APPLIQUÉS A L'ENTRETIEN, LA DÉCORATION ET L'AMEUBLEMENT DES EGLISES. Par M. R. BORDEAUX. (Extrait du [ulletin monumental. ] Un vol. in-8°, de près de 300 pages, illustré de gravures. A Paris, chez Dumoulin, et dans les principales librairies archéologiques. / & na PA Le * A . bc, PT De etes ES et que a PET One 2 > ONE her Lens. ER EE ET Se. pe be en VU TEE CR TS Aa nr nn. à 173 Se are LA RSR ET ARS d Le 0 QT AR ERE à 4. LE DL, PNR 2 ad LE pu PUS Es Re MP RE re CE PL RR E RE RE M RQ TT PS re RTS D RTL DS em ES ee De us 2 ‘9 D EN D PP an Sante oae bn Sd: 2e A. + “ ” 4 + > « . 2 e s 2 h m2 A RE HOT Er Pa PP GRO pe ES cn Pen QT, 2 PR Pen PES Bar CT ER Te RE CS Re ne ne Se SP = De ça er EE Ponge ER D fs Pt AR RE a pe ART M b ee CS ne an PEN ANT où Se Mara 2. à Re CE EE et man DDR TR RS REP SSP k RS Re PT > SA 3 ge rer Te rs EE LR AT à LG PO RE NE RTS PE Te, mi 2 en PL ME RE 2 ne NP AeT PE ES, RP Eee © ce op LS L'ile à he ER ge Se RL ES TE PE NA RE e RS GT ST ER GS eo SV CA A NS RSS eg ER SE a an Ta 2e SR EL Re nr ne Eee EE Fe Sons Rs REA EP RRE o E TE nn ere £; ES ss a Serres Gr RE ER ETES, er F HER RÉ Sn re A LE Fe. 4 > ée” tes LS ’ Pa » St: g 2 SE Br « 7 2 Cr RS Fe LIE a # >. 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