SCIENTIFIQUE MEXIQUE ET DANS L’AMÉRIQUE CENTRALE 0 U \ ' R A r. i ; l*[IHIJÉ I>A1! OliOliK 1)1^ MIMS'iTiK DE l.’INSTRItCTIDA PHUEIOIIE. MISSION AU RECHERCHES ZOOLOGÏQUES l'UliLIKKS SOUS EA DIRECTION DE M. H. Mll.NE EDWARDS, uininnr. de i.’ixstitut. PREMIÈRE PARTIE. /\NTHPi()POLOGIE DU MEXIQUE, PAR M. E.-T. IIAMY. PARIS. IMPRIMERIE NATIONALE. M DCCC LXXXIV. f f 4 * à « M » % » # t' 4 » » \ ♦ \ * # <* 4 « -, K * • • 4 ' •% % 4 m ê vê ^ ■ :. t ** « é >> « « ! * -If ■>. • •• y;..; t ■ # •» MISSIOIN SCIENTIFIQUE AU MEXIQUE ET DANS L’AMÉRIQUE CENTRALE, OUVRAGE PUBLIÉ PAR ORDRE DU MINISTRE DE LTNSTRUGTTON PUBLIQUE. RECHERCHES ZOOLOGIQUES. / w • . ‘V » ' • .. î^-.’.’-v, i T- ÎSvV *c. ■ • 'f::--' ' 'T'^t v:^- -,; J joiiriY.iiJ?. a joi/;-i(^ JA a J / ;i 't; 7i Jl [) : ! ) 1 ) i 11 :\ y L\1 h a a <1 T h :.>;.;i / jt> ji'f'îjy-j'i iroiï:rj/nc/ij :ni lînicKîM !j :-: ■' -r' "Vj. . :V . i .. :rï-, ■• :'; ' , ,A •' . • - \ • »..-t - « • '•" ' ' •v 'l ‘rA’ ' • .. ,.^ , ... . ■ ■ - * J c ',;^ ■ ■ . v’ , 4'^ ■V> i-ü . •' - ^ ‘ . v .■ l _ -à ■% 1 , ■ •• ■r\. ’v .flIJOl/ai/ HO ■IlIXKK^MOHinT/ / rZU- ■ '. -: * ' ,fw/n .T .:i .1/ •;. -VV: ; v.' V!- 1,-. W^: ; t L* ' ■ ' . ,lU«tA«1»W!'rt'î**8 aît-i ttf □=( Hi-îTiTit >VHJ ‘ a lîl** jl'f 3«I'.'T«II*-Î WjV/l» -U ANTHROPOLOGIE. CHAPITRE PREMIER. PREMIERS HABITANTS DU MEXIQUE. S 1 . Sommaire. — Les légendes mexicaines devant la critique historique. — L’école de Prescott et celle de Brasseur de Bour- bourg. — Les sokils de la terre, du feu, du vent, de l’eau. — Les premiers hommes dans la légende quiché. — Géants et éléphants. — Xelhua. — Les Quinamés. — Silex taillés quaternaires du Rio de Juchipila, du Rio Grande de San- tiago et du plateau de l’Anahuac. — Leur comparaison avec ceux du Kansas, du Wisconsin et des Etats de New-Jersey et de New-York. Les légendes mexicaines devant la critique historique. — Les renseignements nombreux et varie's qu’ont fournis, sur l’ancien Mexique, les premiers auteurs espagnols, et ceux que l’on a voulu tirer, plus lard, des manuscrits indigènes, sont très diversement appre'ciés par les historiens modernes. Tandis que Brasseur de Bourbourg accepte sans réserve tout l’appareil légendaire que ces divers ouvrages nous ont transmis et s’efforce de reconstruire sur cette base fragile le passé presque entier de l’Amérique intertropicale', Prescott déclare que ces récits sont cesi pleins d’absurdités et de mensonges, qu’on a dû en rejeter les ' neuf dixièmes 55, et il ajoute que rila cause de la vérité aurait peu souffert du rejet des neuf dixièmes de ce qu’on a conservé ^ 55 . Le jugement de Prescott est assurément trop sévère Mais on sent que si le célèbre historien repousse aussi énergiquement ‘ Brasseur de Bourbourg : Histoire des nations civi- lisées du Mexique et de l’Amérique centrale durant les siècles antérieurs à Christophe Colomb, Paris, 1857, in-S", 1. 1 ; Popol Vuh. Le livre sacré et les mythes de l’antiquité américaine, Paris, 1861, in-S"; Quatre lettres sur le Mexique, Paris, 1868, in-8°; Mamiscrit Troano. Etudes sur le système graphique et la langue des Mayas {Mis- sion scientijique au Mexique et dans l’Amérique centrale): ZOOLOGIE DU MEXIQUE. l" PARTIE. Linguistique, t. I et II, Paris, 1869-1870, in- 4 °. Etc. ^ W. Prescott, Histoire de la cotu/uête du Mexique. Trad. fr., Paris, i 864 , in-8% t. I, p. 9, note 12. ’ Voir, sur la valeur ethnographique des légendes, en général, l’introduction de Basent à sa traduction des contes populaires d’Ashjôrnsen [Popular taies from the Norse with an introductory Essay on ihe origin and diffusion of popular taies). 2"* ed. Ediiihiirgh, 1869. IMPRIMERIE NATION.\l.E. 2 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. tout secours emprunte' aux traditions et aux livres indigènes, c’est qu’il a été' provoqué à cette extrémité par les regrettables écarts des adversaires qui compromettent à ses yeux les études américaines. Il faut convenir, en effet, que l’école dont Brasseur de Bourbourg a longtemps été le chef pousse parfois jusqu’aux dernières limites l’absence de critique, attribuant à de simples légendes d’origine inconnue et quelquefois récente l’autorité de véritables témoignages historiques, ne tenant un compte sérieux ni des interpolations, ni des remaniements, ni des lacunes dans les documents sur lesquels elle appuie sa doctrine, et se laissant ainsi entraîner à des interprétations dénuées de toute espèce de valeur L Cependant l’analyse scientifique des documents traditionnels du Mexique et de l’Amé- rique centrale, dont cette école a si singulièrement exagéré la portée, permet de saisir un certain nombre d’indications générales qui ne sont pas sans offrir un intérêt réel. Nous allons voir tout à riicuro que les études poursuivies de nos jours ont abouti à établir deux ordres de faits très importants, dont ces légendes avaient perpétué le sou- venir, je veux parler de la haute antiquité de l’homme au Mexique et de la diversité des races humaines qui se sont succédé dans ce pays, dès les premiers temps de son occupation. Les quatre soleils. — La tradition des Mexicains, consignée dans leurs manuscrits et dans leurs légendes, faisait assister l’homme à de grands phénomènes naturels, dont le nombre variable était au moins de quatre, et qui s’enchaînaient, suivant les récits, de différentes manières ^ Tantôt une inondation {)récédait des éruptions volcaniques; tantôt, au contraire, des pluies de pierres et de feu étaient placées avant les météores * Cf. Brasseur de Bourbourg, Hisl. des nnl. civilisées du Me.rique, 1. 1 , p. 53 , 55 , et Mamtscril ïroano, l. I et II. — Tvlor, Aiiahuac, or Mexico and llie Mexicnns ancient and modem, I.ondon, iSbi , in-8°, p. 976. — Sime'on, Ma- nuscrit Trminn {Rev. archéolo{j'. , nouv. sé’. , n' aunée. p. 91 3 et aSy, 1870-1871). Etc. * Iliimlioldt e.xpligue une partie de ces inversions de la manière suivante : rDans le Commentaire du père Bios (il s’agit du commentaire lait à la copie du manuscrit mexicain dit du Vatican, par le P. Padro de los Bios, en i 566 ), l'ordre d’après lequel les catastrophes se sont .succédé est entièrement conl'ondu : la dernière, qui est le déluge, y est regardée comme la jn'emière.s d-a même erreur (c'est toujours Huraboldt qui parle) se trouve dans les ouvrages de Gomara, de Clavigero et de la plupart des auteurs espagnols, qui, oubliant que les Mexicains ran- geaient leurs hiéroglyphes de droite 5 gauche en commen- çant par le bas de la jiage, ont nécessairement interverti l’ordre des quatre destructions du monde.» L’ordre suivi par Humboldt, d’après la peinture du Vatican et le texte d’Ixtlixochilt, est le suivant : 1” Age de la terre ou des géants ; 3“ âge du feu ou âge rouge ; 3 ° âge du vent ou de l’air; /i° âge de l’eau. (Al. de Humboldt, Vues des Cordillères et Monuments des peuples de l’Amérique, p. ao^i et pl. XXVI, Paris, gr. in-f, 1810.) M. Cbavero, qui a consacré à cette dilliciie question des soleils plusieurs chapitres de sa dissertation si remar- quable sur h pierre du soleil (Alfredo Chavero, La piedra del sol, seguudo estndio [Anales del Masco nacional de México, t. I, p. 353 , 38 ü]), a adopté un ordre diiïérent : Atonatiuh «le soleil de l’eau» est suivi de Eliecatonatinh trie soleil du vent» et de Tktonatiuk trie soleil du feu»; le Tla- chitonatiuli r soleil de la terre» termine la série. Nous l’en- voyons à cette savante étude les lecteui's qui voudraient se rendre un compte exact des différentes o|)iuions exprimées par les chroniqueurs sur la durée de chacun des soleils, sur les divers noms tpii ont été donnés à ces soleils et sur l’ordre respectif dons lequel ils se classent. ANTHROPOLOGIE. 3 aqueux; tantôt encore les deux ordres de faits se juxtaposaient et se confondaient L Mais toujours ces diverses périodes, appelées soleils au Mexique, soleils de la terre, du feu, du vent, de l’eau, voyaient paraître et disparaître autant d’humanités successivement détruites ou dispersées. Une seule de ces générations avait conservé un nom spécial, celui de Quinamés ou géants; nous verrons tout à l’heure ce que ces êtres semblent représenter. Chez les Quichés, les géants ont joué aussi un rôle considérable, mais qui ne se lie pas directe- ment à l’histoire de la création. Les premiers ho^mnes dans la légende qwehé. — Dans le livre sacré de ces derniers peuples, les premiers hommes sont dits hommes de terre glaise^ et les dieux les détrui- sent; les hommes de bois leur succèdent et sont submergés par une inondation^; puis naissent les hommes de. liège et de moelle de sureau, que les pluies de résine et les trem- blements de terre anéantissent, à l’exception de quelques-uns d’entre eux, qui sont transformés en singes dans les bois**. L’existence du groupe humain pendant une longue succession d’évènements anté- rieurs à la période actuelle et la multiplicité des premières races qui le représentent ne ressortent donc pas moins clairement du texte quiché que de tous les autres textes. C’est d’ailleurs tout ce que l’ethnologie peut demander aux fragments qui constituent ce livre. La légende des hommes-singes n’est pas spéciale au centre de l’Amérique. On en a déjà signalé l’existence en plusieurs points fort éloignés, et si elle se justifie, dans une certaine mesure, par la laideur relative des anciens occupants du sol, elle s’explique bien plus aisément encore par le mé[)ris que ceux-ci ont inspiré à leurs vainqueurs. Quant aux géants, les récits qui les mettent en scène sont encore bien plus géné- ralement répandus; ils tirent leur origine, dans l’Amérique intertropicale, des mêmes sources qui, partout ailleurs, leur ont donné naissance. Géants et éléphants. — L’abondance des débris fossiles des grands mammifères qua- ternaires, dans les deux Amériques, paraissait à Humboldt® avoir eu la principale influence sur les traditions mythologiques qui concernent les géants. Au Mexique, en effet, comme en Colombie®, dans l’Amérique centrale^ et une partie des Etats-Unis®, ‘ Brasseur de Bourbourg : Histoire des nations civilisées du Mexique, t. I, p. 53, 55; Popol Vuh, p. lxv. ^ Popol Vtih, p. 19 . ^ Ibid. p. a3, a5. * Ibid., p. 97 , 3i. ^ Alex, de Humboldt, Vues des Cordillères, p. 2 o 5 . “ Ibid. ’ Juarros, Compendio de la historia de la ciudad de Gua- temala, t. II, p. 1 58 et 35i , ap. A. Dolfus et E. de Mont- serrat, Voy. fféol. dans les républiques de Guatemala et de Salvador (A/*.ss. .scient, au Mexique et dans l’Amérique cen- trale : Géologie, p. 985 , Paris, 1868 , in-4”). ® D. Wilson, Prehistoric man. researclws into the origin 0/ civilisation in the old and new World, 9 ”^ ed. London, 1 865 , in-8° , p. 44 et 45. — Revue américaine, 1 866 , 1 . 1 , p. 74 . Zi ZOOLOGIE DU MEXIQUE. les légendes relatives à ces êtres fabuleux sont en connexion intime avec les décou- vertes des ossements ou des dents des mastodontes, des éléphants, etc.'. Nous savons, par exemple, que le vice-roi D. Àntonio de Mendoza conservait dans son palais, à Mexico, les petits os du pied d’un prétendu géant^ qui mesuraient chacun presque une palme de haut et qui ne pouvaient avoir appartenu qu’à quelque grand mammifère disparu. Mendieta, qui cite ce fait d’après Olmos, ajoute qu’à sa connais- sance on avait apporté au vice-roi D. Luis de Velasco d’autres portions de squelettes et des molaires de géants non moins terribles. Bernai Diaz avait pu voir à Tlaxcala des os énormes que les chefs tlaxcaltèques lui donnaient pour ceux des géants que leurs ancêtres avaient détruits et Humholdt n’hésite pas à croire que si les Olmèques, suivant Torquemada ", se vantaient que leurs pères eussent vaincu les Quinamés sur le plateau de Tlaxcala, c’est parce qu’on y trouve des molaires de mastodontes et d’éléphants, que dans tout le pays le peuple prend pour des dents d’hommes d’une stature colossale ^ Nuno de Guzman a recueilli à Tala, dans l’État de Xalisco, une légende de géants venus des côtes du sud-ouest et dont l’intervention dans les traditions locales sex- plique très aisément par les abondantes exhumations d’ossements d’animaux de grande taille faites dans la vallée de los Cuicillos®. Acosta, Torquemada, José Arlegui, Hernandez mentionnent à Jesus-del-Monte, San-Agustin, etc. des découvertes de molaires dont la grandeur les émerveille et sur ‘ L'Elephan Colombi, qui est l’espèce mexicaine, remonte au nord jusqu’en Géorgie, et descendrait vers le sud jus- qu’en Guyane. (A. Murray, The geographical distribution of Mammals , London, 1866, in- 4 °, p. 188.) * Fr. G. de Mendieta, Ilistoria eccksiiiMica imliana, obva escriln a fines del siglo xvi... la publico por la pri- mera vez joaqidn Garcia J cazbalcela , Mexico, . 4 nliqua li- breria, 1870, gr. in-8", lib. II, cap. .xiii. De como hubo gigantes en esta tierra, p. 96. ^ trils (les ’l’lnscaltèques) répondirent qu’ils avaient su par leurs aïeux que, dans les temps anciens, avaient vécu au milieu d’eux des hommes et des femmes dune stature très élevée, possédant des os d’une grande longueur; comme d’ailleurs ils étaient fort méchants et avaient de mauvaises habitudes, on en fit périr la majeure partie dans les combats, et ceux qui restèrent finirent par s’é- teindre. Pour que nous pus.sions juger de leur taille, ils nous présentèrent un fémur d’homme de cette race. Il était très gros, et sa longueur dénotait un homme de haute sta- ture. Il était bien conservé depuis le genou jusqu’à la hanche; je le mesurai sur moi et je reconnus qu’il repré- sentait ma taille, qui est des plus avantagées. Ou ap[)orta d’autres fragments d'os, mais ils étaient déjà rongés et défaits. Nous restâmes d’ailleurs fort surpris à leur vue et nous fûmes convaincus que ce pays avait été habité par des géants. Cortès nous dit qu’il serait convenable d’en- voyer le grand os en Castille, pour le faire voir à Sa Ma- jesté. Il y fut, en effet, adressé par l’intermédiaire des premiers commissaires qui firent le voyage. {Histoire véri- dique de la conquête de la Noiwelle-Espagne , écrite par le capitaine Bernai Diaz del Castillo, 1 un de ses conqué- rants. Traduction de Jourdanet, Paris, 1876, in-8% t. 11 , p. 283.) ‘ F'r. Juan de Torquemada, ci. cit., t. 1 , p. 37. Alex, de Iluraboldt, op. cit., p. qo5. “ Ce qui donne une certaine vraisemblance à cette lé- gende, dit I). Matias de la Mota Padilla, c’est que, dans la vallée de los Cuicillos , on a découvert beaucoup d’osse- ments paraissant avoir appartenu à des hommes de forte corpulence, quoiqu’il y ait des personnes qui disent que ce .sont des os de poissons ou d’autres animaux marins, tels que des haleines, qui ont pu, nu déluge universel, rester sur la terre quand les eaux se retiraient dans leur lit. (D. Matias delà Mota Padilla, Historia de la conqiiista de la provincia delà Nueva Galicia, cap. vu [Bol. de la Socied. de geograf. y estadist., 3 ‘ ep’].) ANTHROPOLOGIE. la presence desquelles ils se fondent pour admettre, comme le faisaient les Indiens, l’existence de géants, à une époque reculée, dans l’Analiuac, le Zacatecas, etc. '. De nos jours, M. le docteur Weber a constaté que les os des proboscidiens fossiles portent, parmi les indigènes de l'Etat de Nuevo-Leon, le nom de /mcms de giganle - 1 M. Guillemin-Tarayre, dit qu’au sud-ouest de Chihuahua, «avant d’atteindre le Bolson de Mapimi, on voit dans l’alluvion de très grands ossements qui ont lait nommer cette partie du territoire Llano de los giganies Les mêmes rapprochements sont habi- tuels aux Indiens du district de Sahuaripa, en Sonora'*, et jusque dans ces dernières années, la légende des géants a trouvé des échos à Mexico même^. Xellma, les Quinaniés. — Tous les géants américains ne tirent point d’ailleurs leur origine de la présence des ossements fossiles dans les terrains superficiels. Plusieurs d’entre eux sont la personnification de grands phénomènes naturels, comme Zipacna et Cabrakan dans le livre des Quichés®. Ailleurs, l’existence de ces êtres extraordinaires sert à expliquer l’exécution de certains travaux, comme ceux de Cholullan, qu’il paraît impossible au peuple d’attribuer à des hommes ordinaires et dont 11 fait l’œuvre du gigantesque Xelliua Presque tous ces personnages mythologiques périssent de mort violente. Les géants du premier soleil meurent par la famine et par les bêtes féroces®. Ceux de la tradition quiclié sont successivement massacrés. Enfin les Quinamés sont détruits par les Olmèques, comme nous le rappelions plus haut avec Humboldt®. Ces Olmèques ne sont plus des êtres imaginaires, comme les Quinamés ou Tzocud- loques, les fils de Xelhua et de Vukub-Cakix. Avec les Xicalanques, les Mixtèques, les Zapotèques, ils ont formé une première couche ethnique étendue sur presque tout le Mexique, et dont on retrouve l’équivalent en bien d’autres régions américaines. Mais ces Olmèques sont-ils les premiers indigènes qui aient peuplé le nouveau monde? Leur existence au Mexique remonte-t-elle assez loin pour qu’ils aient vécu aux côtés de YElephas Colombi et des mastodontes? Les restes humains ont toujours fait défaut, jusqu’à présent, dans les alluvions qui renferment les débris de ces animaux; ‘ Acosta, Historia natiiraly moral de losindias, lib. Vil, c. III. — Torqumiiada, op. cit., lib. 1 , cap. xiir. — Fr. José Arlegui, Clironica de laprovincla de N. S. P. S. Fran- cisco de Zamtecas, cap. ii. — Cf. Man. Orozco y Berra, Historia anligiia y de la conquista de Mexico, Mexico, 1880, iii-8°, t. Il, |). ^ Weber, Note sur les ossements fossiles trouvés dans le nord-est du Mexique [Archives de la Commise . scient, du Mexique, l. III, p. 58 , 1867). ^ Guillemin-Tarayre : Rapport stir l’exploration minéralogique des régions mexicaines {op. cil., t. III, p. /joo). ' Ibid., p. Aü8. ‘ M. Payno, Cuadro synoptico de la historia antigua de México de lus tiempos fabnlosos , México, 1869, in-8°. “ Popol Viih, p. .87 et suiv. ’ Cf Brasseur de Bourbourg, Hi.st. des nat. civilisées du Mexique, t. I , p- Soa. * Alex, de HumboldL, lue. cil. ’ Voyez, plus baul, p. l'i. 6 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. il est, par conséquent, impossible de répondre à ces deux questions, dans l’état actuel de la science. fout ce que Ion j)eut affirmer, cest que, conformément à la tradition mexicaine, un homme dont les caractères anthropologiques sont encore indéterminés vivait avant les derniers évènements géologiques qui ont donné à l’Amérique sa conformation actuelle, et qu’au Mexique, en particulier, cet homme fut le contemporain des animaux gigantesques dont, suivant les récits indigènes, les Olmèques ont achevé la destruction. Silex tailles epiateriuwes du Mexieiue. — Nous savons, en effet, depuis les recherches des explorateurs français, que des silex manifestement travaillés par la main de riiomme se rencontrent, de temps à autre, dans les dépôts qui contiennent les dents et les os de lElephas Colombi. M. Guillemin-Tarayre a même consacré à l’exposé rapide de quelques laits se rapportant à cette intéressante question plusieurs pages de l’im- portant mémoire que nous avons déjà cité. Au moment où ce voyageur parcourait le nord du Mexique, les localités dans lesquelles la coexistence do l’homme et des mammifères éteints avait été observée notaient déjà plus rares dans les départements septentrionaux de ce pays. Seulement, les renseignements qui se rapportaient aux découvertes que l’on y avait faites man- quaient encore généralement de précision. On avait signalé, par exemple, à M. Guillemin-Tarayre, dans les alluvions des environs de Chihuahua, la rencontre de «dents d’éléphant ayec quelques indices de la présence de l’homme ' n, sans l’éclairer sur la nature et sur la valeur des preuves de la contemporanéité des deux espèces. M. Calvo, vice-consul de France à Guaymas, M. Etchegeuren, consul d’Espagne à Mazatlan, M. le curé de Xalisco, près Tepic, lui avaient montré des pierres taillées provenant de la Sonora, du Sinaloa et du Xalisco, dont quelques-unes passaient pour avoir été extraites des alluvions anciennes, mais sans que le gisement en eût été scientifiquement établi. A Durango, on lui affirmait, sans plus de précision, que des restes de grands élé- phants avaient été trouves près de cette ville avec des «haches d’une belle dimension», finfin on lui apprenait que quelques instruments de pierre avaient été «accidentelle- ment rencontrés» au pied de la Serrania de Zacatecas, dans les terrains de Ciene- guilla, non loin d’une tête entière d’éléphant avec ses défenses. Absorbé, durant ses courses rapides à travers le nord et le centre du Mexique, par les etudes spéciales qui lui avaient été confiées par le Gouvernement français, M. Guille- min-Tarayre dut se borner à enregistrer les faits qui lui étaient indiqués; il ne put en approfondir 1 étude. Mais l’attention de quelques chercheurs avait été éveillée par ' Guillemin-Tarayre, loc.cil., p. Uoo. ANTHROPOLOGIE. / l’espèce d’enquête archéologique et ethnographique que notre compatriote avait instituée tout le long de sa route, et, peu de temps après son passage, les provinces centrales étaient témoins de deux découvertes qui venaient mettre à peu près hors de doute le gisement dans les alluvions quaternaires d’instruments travaillés suivant les formes considérées, en Europe, comme les plus anciennes. M. Franco expédiait à la Commission scientifique française, en 1869, parmi d’autres objets recueillis dans le département de Xalisco, une petite hachette découverte dans l’alluvion ancienne du Rio de Juchipila', affluent de droite du Rio Grande de Santiago, près de la vieille ville de Téul. Cette hachette, faite de ce silex grisâtre, à l’aspect un peu gras et à la cassure esquilleuse, qu’on nomme chert aux Etats-Unis, mesure ây millimètres de long sur 3 t de large et un peu moins de 10 d’épaisseur. C’est une réduction des instruments si connus en Europe sous le nom de haclu^s de Sainl-yicheul. Profondément cacholonguée, elle a dû longtemps subir Faction des agents atmosphé- riques, ou du moins se trouver à une profondeur médiocre dans le dépôt d’où l’a fait sortir le pic du fouilleur. Elle ne porte aucune trace de roulis. Les deux faces en ont été obtenues à l’aide de quelques grands éclats; de petites cassures secondaires ont donné assez régulièrement aux bords, rendus partout tranchants, la forme dite eit langue de chat^. C’est dans le Guanajuato qu’a été faite la seconde découverte relative aux habitants primitifs du Mexique central. M. Guillemin-Tarayre avait mentionné la trouvaille, dans le ht des ruisseaux qui débouchent des caiiadas supérieures de la Sierrania de Guana- juato dans la Canada de Marfil, cde nombreuses haches de grandeurs variées 55 et de débris fossiles, parmi lesquels il citait une dent ayant appartenu à un individu du genre bos^. L’admirable collection américaine de M. Alphonse Pinart, qui fait partie du nou- veau Musée ethnographique du Trocadéro, renferme une pièce qui, au lieu de s être rencontrée, comme les pièces dont parle M. Guillemin-Tarayre, roulée dans quelques cours d’eau, gisait, au moment de sa découverte, en plein dépôt quaternaire, non loin de la ville de Guanajuato. Ce n’est plus une hache, comme dans le Xalisco; c’est une lance du lijpc du Momtier qu’a mise cette fois au jour la pioche des mineurs mexicains. J’ai donné dans la Nalure du 20 mars 1878'* le dessin de cette belle pièce. Un seul coup l’a détachée du nucléus et la surface conchoidale ])roduile par le choc, et au départ de laquelle se voit nettement conique le bulbe do percussion, compose à elle seule la face inférieure, comme dans toute pièce appartenant à ce ‘ C’est à (juelqiies lieues au sud de rembouchure de ce rio dans le fleuve, entre les lagunes de San-Marcos et de Zacoalco, qui dépendent du bassin du Hio de Vlixtan, alfluent de gauche du Rio Grande de Santiago, que le capitaine Nicolas a découvert les deux gisements de Pro- boscidiens fossiles qu’il a décrits dans une lettre à M. Dou- Irelaine, iuipriinée dans les Arclikes de la Commission scientifique du Mexique, i8ü6, t. 1, p. ai.5 et aïO. “ Voy. pl. lit, lig. 5 et 6. ^ Guillemin-Tarayre, loc. cit., p. /io:) ’ E.-T. Harny, L’ancienneté de l’homme au Mexique [la Nature, 6' anne'e, i" sem., n° abi, p. aO/i). 8 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. type d’iiislruruents primitifs. La face supérieure est déterminée par deux plans à angle très obtus; la hampe montre quelques encoches destinées à favoriser l’emmanche- ment, la pointe est extrêmement aiguë et les bords, adroitement retaillés à petits coups, divergent, puis convergent d’une extrémité à l’autre avec une remarquable régularité, de manière à donner à peu près à l’ensemble les contours de la feuille du laurier. La longueur de cette pointe de lance est de 107 millimètres, sa largeur de 46 et son épaisseur maximum n’a pas moins de 1 centimètre. Elle est en chéri, comme la hachette du Rio de .luchipila. Sa couleur est d’un gris brunâtre légèrement veiné de brun et de blanc sale ; elle est très faiblement translucide sur les bords èt l’aspect en est un peu cireux; les cassures sont esquilleuses, mais à un moindre degré que nous ne venons de le voir. Dans le mémoire précité, j’ai représenté le troisième témoin qu’il m’a été donné d’interroger sur la contemporanéité de l’homme et des grands animaux éteints dans l’Amérique espagnole. Sa déposition n’est ni la moins nette, ni la moins concluante. C’est un gros fragment de chert d’un gris bleuâtre et noirâtre par places, auquel l’ouvrier primitif a laissé, sur près d’un tiers de ses faces, l’écorce naturelle blan- châtre ou brune, rugueuse et tourmentée. Il est taillé en forme de grattoir et offre une de ses faces brutes; mais il est assez régulièrement travaillé sur l’autre pour présenter, dans les trois quarts au moins de sa circonférence, une courbe obtenue en enlevant obliquement une série d’éclats excentriquement allongés et en retouchant à petits coups les contours ainsi déterminés. Cette pierre, qui devait fournir un outil d’une certaine puissance, ne pèse pas moins de lAy grammes et mesure 77 milli- mètres de longueur, 68 de largeur et 38 d’épaisseur. Elle a longtemps ffguré dans la collection de M. Rohan, acquise en 1876 par M. Alphonse Pinart et annexée en 1878 au Musée d’ethuographie du Trocadéro. M. Rohan s’était procuré ce grattoir pendant une fouille pratiquée dans les dépôts qua- ternaires non remaniés du Cerro delasPalmas, près de Tacubaya, pour creuser les fossés d’un petit fort qui devait défendre la route de Toluca. Le terrain du Cerro de las Pal- mas est presque en tout semblable à celui qui, à Huehuetoca à Toluca^, à Texcoco^, dans le même bassin de l’Anahuac, contient les nombreux débris A'Elephas Colomhi signalés par M. H. Milne Edwards à la Commission scientifique du Mexique en 1860 et en 1866. La tranchée ouverte dans ce dépôt manifestement quaternaire avait déjà plus de 8 mètres de profondeur, quand la pierre taillée y fut découverte ' Milne Edwards, Rapport sur des notes relatives à des ossements fossiles (j4r«/i. de la Conimiss. scientif. du Mexique, 1. 1, 4o3, i865). ^ Milne Edwards, Rapport sur diverses communications relatives à la paléontologie et à la faune actuelle du Mexique (ibid., l. Il, p. 2 i5 , 186G). Ibid. — Les de'bris d’animaux fossiles de Texcoco, recueillis par M. Boban et acquis de ce collectionneur par M. Alpb. Pinart, ont été donnés par ce dernier au Muséum d’histoire naturelle. M. Albert Gaudry doit en publier pro- chainement la description. ‘ E. Boban, Communication orale. ANTHROPOLOGIE. 9 Le regretté général Doutrelaine avait aussi trouvé une pointe en chert dans le loess, au fond des mêmes fossés du Cerro de las Palmas. Cette pointe, qui est déposée dans une des vitrines du Musée d’ethnographie, à côté des trois autres pièces que je viens de décrire rapidement, est longue de 63 millimètres, large de 33, épaisse de lo, de couleur grisâtre, taillée à larges éclats, et elle se rapproche beaucoup de celle de Téul dont il était question plus haut. L’existence d’un homme contemporain des grands proboscidiens aujourd’hui dis- parus semble donc établie plus solidement encore pour l’Anahuac que pour la vallée du Rio Grande de Santiago. Comparaison des silex taillc's du quaternaire mexicain avec ceux des Etats-Unis. — On sait que, depuis quelque temps déjà, des faits de même nature ont été signalés en divers points des États-Unis. Je rappellerai seulement ceux qu’ont fait connaître le pro- fesseur Daniel Wilson et M. Charles C. Abbott É et qui révèlent l’existence, à une époque fort reculée, dans le Kansas, le Wisconsin et les Etats de New-Jersey et de New-York, d’un être humain fabriquant des instruments de pierre qui rappellent presque tou- jours, comme ceux que nous venons de mentionner, les silex taillés quaternaires de la Somme ou de l’Ouse. Si l’instrument de pierre du drift de Pike’s-Peak (Kansas) n’a pas une forme bien caractéristique^, la hache de Lewiston (New-York), trouvée en creusant un puits à une profondeur qui n’a pas été déterminée, est absolument identique aux bâches de Saint- Acheul, d’Abbeville, etc. désignées par M. Evans sous le nom de hachettes amygda- loïdes‘‘. Les nombreux instruments découverts par le docteur Hoy à 9 pieds i/a dans l’argile, immédiatement sous une couche de tourbe, près Racine (Wisconsin), et dont deux exemplaires figurent dans les collections de l’Institution Smithsonienne, à Washington, ressemblent à l’instrument de Lewiston Les hachettes tirées par M. C.-C. '■ D. Wilson : Physical ethnology {Annnal report of lhe board of regents of tho Smilhxoman Institution, 1862, J). 99G-.3ot, Washington, i 86 . 3 , in-8”); Prehistoric man, p. /i6 cl bj. — Charles C. Abbott, Second report on the paleolithic implemcnts front the glacial drift in the valley of the Delaware river, near Trenlon (New-Jersey) (Eleventh animal report of the trustées of the Peabody Mu- séum of americaii arehœology and ethnology, Cambridge, 1878, in-8", p. 220-257). ® D. Viihon. Physical ethnology, fig. 10, p. 297. — Cet outil avait ëté tiouvé par un Canadien, P.-A. Scott, en cherchant de !’or à i 4 pieds de la surface du sol. «Le lieu où celte decouverte a été faite , dit M. Wilson , est dans la chaîne bleue des montagnes Rocheuses, dans un lit d’al- luvioiis et à une distance de quelques centaines de pieds ZOOLOGIE Bü MEXIQDE. — I™ PAHT1E. d’un petit cours d’eau appelé Clear-Creelc. » La coupe se composait de tt h pieds d’un riche sol noirâtres au-dessous duquel se trouvaient trio pieds de graviers, d’argiles rouges et de cjuarlz rouléss. “ Ibid., p. 998 et fig. 11. — La hache de Lewiston a à pouces . 3/4 de long sur 3 pouces 1/2 de large; elle est faite d’une sorte de silex noir, et le travail en est entière- ment seinhlable 4 celui des pièces du même genre des col- lections Boucher de Perthes, Rigollot, d’Acy, etc. ‘ Evans, Les âges de la pierre, instruments, armes et ornements de la Grande-Bretagne. Trad. fr., Paris, 1878, in-8°, p. 628. ® D. Wilson, op.cif.,p. 998. —La plus grande des haches de Racine décrites par M. Wilson mesure 5 pouces i /4 de long et 3 pouces 3/4 de large. 11 y en avait une qua- IMPRIMERIE KATIONALE. 10 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. Abbott du drift de la Delaware, aux environs de la ville de Trenton, et présentées par ce géologue au Peahody Muséum de Cambridge, ont avec les précédentes d’incontestables analogies L Enfin l’instrument du Texas déposé au musée de l’Institution Smith- sonienne reproduit le même type avec une certaine rudesse et des irrégularités de fabrication r Aux Etats-Unis, comme au Mexique, les premiers vestiges de l’homme sont donc exactement semblables à ceux qu’il a laissés en Europe, et ce n’est pas le côté le moins saisissant de cet ensemble de découvertes que celui qui nous montre, au nou- veau monde comme dans l’ancien, l’humanité, placée dans des conditions de milieu à peu près pareilles, aborder, avec des moyens presque identiques, la lutte pour la vie. S 2. SoMMAiHE. — La période néolithique au Mexique. — Haches polies trouvées à la surface du sol. — Grottes funéraires de Mispayantla et d’Escamela. — L’honune néolithique du Mexique n’est pas plus connu dans ses caractères physiques que riionime paléolithique. Période n-éolühique au Mexique. — La période paléolithique dont nous venons d’éta- blir lexistence au Mexique, à l’aide des documents recueillis par le général Doutre- laine, MM. Franco, Boban, etc., a été suivie, sans aucun doute, d’une période néo- lithique plus ou moins comparable à celle qui porte le même nom dans l’archéologie préhistorique de l’ancien monde. Haches polies recueillies à la surface du sol — On découvre, en ellet, de temps en temps, surtout dans l’Anahuac, des haches polies fabriquées avec des roches dures de natures diverses et qui, si elles étaient ramassées sur notre sol, seraient considérées, sans la moindre hésitation, comme néolithiques par nos archéologues. Mais ces instruments n’ont été jusqu’à présent rencontrés qu’à l’état sporadique sur le territoire mexicain. On ne les a jamais trouvés accumulés dans des stations ou dans des ateliers plus ou moins semblables à ceux que l’on a si fréquemment signalés dans nos contrées ^ On ne connaît pas non plus de sépultures présentant, bien fran- chement, les caractères attribués chez nous aux sépultures néolithiques. rantaine ensemble, et leur dépôt rappelait assez bien celui de Charbonnières, que les recherches de M. de Ferry ont rendu célèbre. Les pierres travaillées de quelques mounds de lOhio, dont on a voulu rapprocher celles de Racine, seraient d un tout autre ordre et pourraient bien ne re- présenter que des ébauches préparées comme objets d’é- change et destinées à subir ultérieurement un travail plus paidail. ‘ Charles C. Abbott, loc. cit., fig. i à /i,p. 229 et suiv. ■ D. Wilson, op. cit., p. 3 oi, lig. 12. ^ Les seuls ateliers de fabrication d’ustensiles de pierre connus jusqu’à présent au Mexique se rapportent à des temps bien postéi’ieurs. Ce sont ceux où l’on confectionnait ces innombi'ables instruments en obsidieime {izlU) dont l’usage était encore si général au temps de la conquête. (Barnal Diaz del Castillo, op. cil., ch. xvi, xiiv, lxu. ANTHROPOLOGIE. 11 Grottes funéraires de Mispayantla et d’Escamela. — Tout au plus pourrait-on citer quelques cavernes plus ou moins remaniées des Etats de Vera-Cruz, de Puebla et de Mexico où gisaient des haches polies, associées d’ailleurs à des objets de date bien postérieure. Ainsi M. Lucien Biart a exhumé d’une grotte ouverte vers le sommet de l’Escamela, montagne isolée, de 608 mètres de hauteur, qui domine Orizava, une hache polie en pierre verte, dont la nature minéralogique n’a pas été déterminée, et deux fragments de haches en granit. Ces trois instruments étaient engagés dans ctun terrain gras et d’une odeur infecte», que surmontait une couche meuble renfermant des amas de débris de figurines brisées L Mais, avec les haches, M. Biart trouvait trois petites écuelles et un vase à deux anses en terre cuite, avec pastillage sur le col et sur le haut de la panse, qui sont assuré- ment des produits industriels sortis de la main de l’un des peuples qui habitaient cette province au commencement des temps historiques'^ . Les fouilles de M. Désiré Charnay dans les abris de Mispayantla, au pied du PopocatepetP, ont révélé des associations plus disparates encore. La surface du sol présentait, dans ces abris, quantité d’objets fragmentés en terre cuite, manches de cassolettes, fragments de vases, de flûtes, etc., relativement peu anciens, avec lesquels, grâce à des remaniements considérables se retrouvaient des écuelles de terre toutes semblables à celles de l’Escamela et une hache de pierre dont la disposition rappelle volontiers les formes que M. Evans a désignées sous le nom de celts à section ovale. L archéologie de la période néolithique ne possède jusqu’à présent, on le voit, cjue des constatations tout a fait insulEsantes Les renseignements anthropologiques sont moins explicites encore. L homme néolithique, qui polissait les plus anciennes des haches dont nous venons de parler, nous est aussi peu connu que son devancier, le contempo- r.xxvm, xci, etc.). Les plus célèbres de ces ateliers sont ceux de Tulancingo et de ïéotihuacan, où se fabriquaient les outils à l’aide des blocs extraits des célèbres mines ex- ploitées par les Mexicains au Cerro de ton Niwajos (mon- tagne des couteaux), à la limite nord du bassin de Mexico. (Guillemin-ïarayre, op. cil., p. 4o3, 4o4. — Cf. Gourtis, Note relative à la fabrication des couteaux aztèques en obsi- dienne [Archives de la Cominiss. scientif. du Mexique, 1. 1, p. 402 et 4.'i3]). ’ L. Biart, Sur la grotte d’Escamela, près Orizava (^Bulletin de la Société d’anthropologie de Paris, i863, t. IV, p. i53; i864, t. V, p. 438 ; i865, t. VI, p. 135). ^ Le vase de l’Escamela, qui appartient à la Société d’anthropologie de Paris, me paraît présenter tous les ca- ractères de la céramique des Olmèques. Cette céramique est engobée de brun, grossièrement lustrée, et le décor, lorsqu’il existe, se borne à quelques appliques rudimen- taires faites à l’aide du pastillage. ^ D. Charnay, Mes découvertes au Me.vique et dans l’A- mérique du Centre [le Tour du monde, t. XLIl, p. QqS et 294 , 5 nov. 1881 ). ^ * ffDes trous et des éminences nous prouvèrent immé- diatement, dit M. D. Charnay, que nous avions été depuis longtemps précédés par d’auti'es chercheurs. n [Ibid., p. 394 .)^ 11 n’est pas inutile de faire remarquer ici que les grottes de la Sierra Madré dont parle M. Guillemin-Ta- rayre n ont pas été jusqu à présent l’objet de recherches scientifiques. (Gnillemin-Tarayre, op. cil., p. 4 o 8 et 409 .) 12 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. rain des grands mammifères éteints. Nous ignorons absolument tout ce qui le con- cerne, et ses alBnités ethniques nous échappent d’une manière complète. Aussi allons-nous aborder, sans plus tarder, l’élude des races qui se sont super- posées dans l’Anahuac et les régions voisines, depuis les origines de l’histoire de ces curieuses contrées. Ces races forment des groupes bien distincts, offrant des caractères différentiels accusés avec beaucoup de netteté. Le premier de ces groupes, dans l’ordre chronologique, comprend l’ensemble des populations qui, sous les noms d’Olmèques, de Xicalanques, d’Otornites, etc., habitaient le Mexique avant l’invasion des Toltèques et la fondation de l’empire de Tula. ANTHROPOLOGIE. 13 CHAPITRE IL LES OLMÈQUES, LES XICALANQUES. § 1 . Sommaire. — La légende d’Iztac Mizcohuatl et d’Ilancueitl. — Les six fils issus de leur mariage. — Olmecatl, Xicalan- catl, pères des Olmèques et des Xicalanques. — Récits légendaires sur les premiers établissements fondés par ces peuples au Mexique. La légende d’Izlac MizcohuaÜ et d’Ilancueitl. — Suivant une vieille légende recueillie par les historiens de la conquête \ les populations qui envahirent les provinces mexi- caines seraient toutes sorties d’une souche unique. Iztac Mizcohuatl ou la blanche cou- leuvre nébuleuse, sa femme Ilanciieitl le vieux jupon, et ses fils Xelhua, Tennch, Olmecatl, Xicalancatl, Mixtecatl et Otomitl, auraient composé cette famille primitive, qu’une seconde union d’Iztac Mizcohuatl avec Chimalman, sur le bouclier, aurait com- plétée par la naissance du grand Quetzalcoatl. Les fils de cette blanche couleuvre nébuleuse, personnification des contrées septen- trionales, qui furent, dans le nouveau comme dans l’ancien monde, une véritable fabrique de nations, représentent autant de peuples qui se sont succédé dans l’Anahuac. Le premier chapitre de ce livre nous a mis en présence de Xelhua, l’aîné de la famille, qui syniholise les premiers habitants de la contrée. Nous laissons provisoirement dans l’omhre les descendants du second fils dTztac Mizcohuatl, parce que nous ne savons pas distinguer nettement le peuple ancien dont ils sont devenus la souche X Les fils cadets, Olmecatl, Xicalancatl, Mixtecatl, Otomitl, vont, au contraire, appeler plus spécialement notre attention. Nous passerons, en effet, successivement en revue les documents positifs que nous possédons sur les Olmèques, les Xicalanques, les Mixtèques, les Otomites, peuples primitifs issus de ces ancêtres légendaires. * Cf. Mendieta , op. cit. , lib. Il , cap. x.xxui , p. 1 45 , 1 46. — Motolinia, îlist. de los Indios de la Nueva Espatia [Colec- cion de docum. para la hisl. de Mexico, publicados por Joaq. Garcia îcazhalcela, 1 . 1, p. 7 - 9 . México, 1 868 , in-S”). Etc. ’ Mendieta orthogi'aphie ce nom Ilancuey. ’ Mendieta n’hésite pas à rattacher à ce Tenuch les Tenuchcas ou Mexicains proprement dits (p. i45), quoi- qu'ils soient les derniers venus dans i’ethnogénie mexi- caine. Nous nous demandons si, au lieu de désigner le fondateur de Tenocbtitlan, l’auteur du récit légendaii'e n’a pas voulu rappeler plutôt le père des Totonaques, que plusieurs voyageurs modernes nous montrent apparentés dans une certaine mesure aux Otornites. On n’aurait pu, d’ailleurs, introduire le Tenoch mexicain dans la généa- logie qu'à une époque récente, pour llatter la vanité des derniers conquérants du sol. ZOOLOGIE DU MEXIQUE. Olmecail et les Olmèques. — Les Olmèques, que plusieurs auteurs font venir par mer au Mexique et débarquer soit à Papuha', dans la lagune de Termines, soit à Panuco^, dans celle de Tampico, sont considérés par d’autres écrivains comme des- cendus du Nord et de cette région en particulier qui porte, dans les traditions mexi- caines, le nom de Chicomoztoc (/es sept cavemes'j, et dont l’emplacement ne saurait être actuellement déterminé avec une rigueur suffisante. Il ne faut pas oublier que ces opinions contradictoires se trouvent formulées dans des écrits rédigés de longs siècles après les évènements qu’ils racontent et sont, par conséquent, sans grande valeur aux yeux de la critique Ces divers récits s’accordent d’ailleurs à donner aux Olmèques pour centre d’ha- bitat le plateau de Tlaxcalla; les plus circonstanciés leur assignent pour résidences successives les territoires de Toclimilco, d’Atlixco, de Calpan et de Huexotzinco, puis nous les montrent fondant la ville de Yancueitlapan, devenue plus tard Cholulla, et occupant ensuite Huapalcalco, Texoloc, Mizco, Xiloxuchitla, Xochitecatl,Tepayacac, Totomibuacan, etc., toutes localités assises dans la haute vallée de l’Atoyac ou au pied de la chaîne qui sépare cette vallée de celle de Mexico^. C’est dans ces parages que l’iiistoire nous met, vers i A6o, en présence de leurs des- cendants luttant avec vigueur contre l’invasion aztèque. Xicalancatl et les Xicalmiques. — Les Xicalanques, fidèles compagnons des Olmèques^, se sont établis à l’est de ceux-ci, et l’on retrouverait dans les diverses ruines qui ont gardé le nom de Xicalanco des souvenirs de leur séjour au bord du golfe du Mexique Xicalanques et Olmèques ont cessé depuis longtemps d’exister à l’état de peuples. Le vaste pays qu’ils occupaient n’est plus habité, en apparence du moins, que par des ' Papulia signifie eau boueuse. — Cf. Ixttilxochitl , ap. Kingsboroug'h , Mex. antiq., vol. IX, p. àSg. ’ Veytia, Historia antigua de Mcjico, escrüa por . . . .; la pnhlica con varias notas y un apendice et C. Orlega. Méjico, i836, in-S”, t. 1, p. i5o. “ M. [terrera y Ferez possède, paraît-il, un manuscrit histori(|ue , d’une date encore indéterminée , donnant le Nord pour ])alrie aux Olmèques, ([ui auraient gagné ensuite de l’ouest à l’est les terres qu’ils ont colonise'es. {Revue d’eth- nographie ,t. I,p. i63, 1889 .) '' On trouvera le résumé de toute cette histoire légen- daire des Olmèques, avec l’indication des sources, dans le grand ouvrage de M. H. Bancroft, The native races of the Pacific States of North America. New-York, iSyS, 5 vol. in- 8 °. — Cf. Orozco y Berra, Hist. antig., y de la con- quista de México, t. III, p. la, etc. ® Ces deux noms sont si fréquemment associés dans les récits qui nous sont parvenus, que plusieurs auteurs, Botu- rini en particulier, se sont demandé s’ils s’appliquaient vraiment à deux peuples distincts ou s’ils ne désignaient pas plutôt deux fractions d’un même peuple. (Botuiini Lorenzo Benaduci, Idea de una nueva historia general de la America septentrional fnndada sobre mnterial copioso de figuras, symboles, caractères y geroglijicos , cantares y ma- nuscritosde autores imlios ultimamente descubiertos , Madrid, lyèG, in-4’, p. i35.) ® Il y a une de ces villes de Xicalanco dans la province de Maxcalcinco, au sud-est de la Vera-Cruz, et une autre entre la baie de Tabasco et la lagune de Termines. En outre , le canton maritime entre les bouches de Papaloapan et la rivière de Tlacotenco portait le nom d’Anahuac- Xicalanco. ANTHROPOLOGIE. 15 Mexicains’, c’est-à-dire par des immigrants, dont l’établissement ne remonte pas au delà du xiY® siècle. Mais les sépultures antiques fouillées en certains points de l’habitat des Aztèques modernes renferment des débris osseux partout semblables et dont 1 etude va nous permettre de reconstituer un type anthropologique très spécial, qui ditfere profondément du type bien connu des Aztèques, et que nous retrouverons non moins marque chez les descendants des autres fils d’Iztac Mixcohuatl et d’Ilancueitl. § 2 . Sommaire. Sépultures antiques de Santiago-Tlaltelolco. — Description des ossements humains qui y ont été découverts. — Crânes anciens de Tuyahualco , de Tenenepanco et de Medellin. Sépultures de Santiapo-Tlallelolco. — Le plus important de ces groupes de sépul- tures est celui de Santiago-Tlaltelolco ou Tlatelolco. C’est dans cette localité, en effet, que les fouilles exécutées avec la méthode la plus exacte ont fourni les renseignements les plus détaillés sur l’ancienneté relative des sépultures, les mœurs funéraires de la race qui a creusé ces tombes, etc, Tlaltelolco, qui dépend aujourd’hui de Mexico, dont cette bourgade forme le ftni- bourg septentrional, était jadis une ville bien distincte de la capitale, dont l’histoire nous a été conservée par le Codex Ramirez et les auteurs qui se sont inspirés de ce pré- cieux manuscrit’’. C’était la ville des Tlaltelolcas, fraction des Tenocheas ou Mexicains proprement dits, qui s’étaient séparés du reste de la nation treize ans après la fondation de Mexico ^ Lorsque Tlaltelolco fut occupée par cette tribu de race aztèque, en i338, elle était depuis longtemps le centre d’habitat d’une autre peuplade de même race qui avait fait scission avec le reste de la nation après le désastre de Chapoltepec Mais cette localité avait, dans des temps bien antérieurs, donné asile à des immigrants d’origine différente® dont les recherches de MM. Fischer, Domenech, Boban vont nous permettre de reconstituer le type. C’est aux abords de l’église de Santiago, dans les terrains vagues et les jardins qui entourent ce monument, principalement du côté de l’est, que ces archéologues ont successivement exhumé les ossements, assez mal con- servés du reste, des anciens habitants du pays. Depuis la conquête, les chercheurs de trésors, attirés à Tlaltelolco par la renommée des richesses que la tradition affirmait v * Orozeo y Berra, Carta etmgrafica de Mexico, ap. Geo- graphia de las lengnas, etc. México, i 864 , “ Belacioii del origen de los Indios que kabitaban esta Nueva Espana seguti sus histor. {Cod. Ramirez, ap. Tezozo- moc.Ed. Orozeo, p. 34 . México, i88i , i vol. gr. in-S”). ’ Orozeo y Berra, Hist. anlig,, l. lit, p. 167. * Cf. Garcia Cubas , Atlas geognifico , esindistico é hislôrico de la repiblica mxicana. Mexico, 1 858 , m-ib). , )am. XXXII. ' Gomara dit expresse'menl que position n’olfre rien d’inacceptable. L’usage d’enfermer les morts repliés dans de grands vases de terre cuite était, en effet, suivi par un certain nombre de nations américaines. On l’a notamment signalé, avec de nombreuses variantes, aux Etats- Unis, en Californie, dans le Nouveau-Mexique, l’Indiana, le Kentucky, le Tennessee, la Caroline du Sud, la Géorgie^, au Mexique, dans l’Etat de Cbihuahua et aux environs de Durango'', puis, plus au sud, chez les anciens habitants du Nicaragua de Yeragua®, * Orozco y Berra, op. cit., l. IV, p. 599, 699. ^ Km. Domenech, Correspondance manuscrite. ^ Foster, fretoonc races, 1873, in-8°, p. 199. — Bar- ber, The ancient pottery of Colorado, JJlah, Arizona and New Mexico {Americ. Nalural.,\o\.\,[). A. 55 , 1876). — H.-C. Harrow, A furlher coulribulion to the study of lhe mortuary cusloms of the Norlli American ludians {^First animal report oj lhe Bureau of ethnolopy to the secretary of the Smithson. Institut, 1879-1880, Washington, 1881, in- 4 ", p. 187 et fig. 6. Etc. ‘ Em. Domenech , Correspondance manuscrite. * J. -F. Bransford, Archœological researches in Nica- ragua (Smilhsonian Contribut. to knowledge, n° 383 , Washington, Smithson. Institution, 1881, p. 7 et suiv., figures). ° A. Pinart, Communication manuscrite. ANTHROPOLOGIE. 17 des vallées de l’Orénoque et de POyapok et il a persisté jusque dans ces derniers temps chez quelques peuplades sauvages du BrésiP. Les os, que circonscrivaient les débris de poteries, sortaient du sol en fort mauvais état, pour la plupart; privés de la meilleure partie de leur matière organique, ils étaient extrêmement friables et s’écrasaient entre les doigts et sous les outils des fouilleurs. A deux reprises seulement, M. Domenecb put conserver des crânes à peu près intacts, mais en partie décomposés et couverts d’une patine brun-grisâtre. Un seul de ces crânes était accompagné d’un squelette assez bien conservé; ce squelette féminin a fourni les pièces représentées dans nos planches II à V^; le crâne masculin de TIaltelolco, aux traits excessivement accusés, est figuré dans la planche I de l’atlas joint à ce volume. C’est par l’examen de cette curieuse pièce que nous commencerons notre étude ostéologique Crâne masculin de la couche profonde. — Ce crâne est surtout remarquable par l’exi- guïté relative de la boîte crânienne et le développement exagéré des os de la face; la disproportion qui résulte de cette double évolution en sens inverse a pour résultat de donner à l’ensemble de la tête un aspect particulièrement désavantageux. Le front est surtout fort réduit dans ses dimensions. Immédiatement au-dessus de bourrelets assez saillants, qui dessinent autour de l’angle interne et supérieur de chaque orbite un arc de cercle bien marqué et se réunissent en une glabelle au relief forte- ment accusé, le frontal commence à fuir en s’élevant vers le bregma par une courbe régulière, mais peu développée (108 millimètres). Il fuit en même temps sur les côtés, a partir des bosses, petites, arrondies et bien circonscrites, pour se renfler seulement un peu, au delà des lignes temporales (d. front, min. 120 millimètres). Les pariétaux, relies au frontal par une suture simple et grossière, surélevés le long du quart antérieur de la suture sagittale, qui n’est ni plus fine, ni plus compli- quée que les coronales, s’aflaissent , dans la moitié postérieure de leur écaille, en un large méplat qui descend vers le lambda par une chute très rapide. Ils sont à la fois courts et dilatés, si bien que leur courbe antéro-postérieure (1 15 millimètres) et leur courbe transverse sont à peu près égales. L’occipital, extrêmement étalé (d. occip.max. 1 1 à millimètres), régulièrement convexe. ' J. Crevaux, De Cayenne aux Andes (le Tour du monde, t. XL, p. 36 , 1880). — Exposition universelle de iSôj. Républiques de l’Amérique centrale et méridionale. Notices et catalogues. Yénézuéla, p. <27. Paris, 1867, in-8°. Etc. Debret, Voyage pittor. au Brésil, t. II. Paris, 1890, in- 8 “. Etc. ZOOLOGIE DO UEXIQI'E. l” PARTIE. ’ Ce squelette porte ie numéro 82 de la collection Do- raenech et figure dans la galerie d’anthropologie du Mu- séum d’histoire naturelle de Paris sous le numéro 4961. Il mesure 1 mètre 5 i de hauteur. 11 porte le numéro 33 de la collection Domenech au Muséum d’histoire naturelle de Paris et figure dans la collection générale sous le numéro 4969. 3 IMPRIMERIE îl.\TIOÎTALB. 18 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. se fait remarquer par ses surfaces d’insertions fortement prononcées (pl. I, fig. 4 ), l’absence de protubérance externe et la convexité de ses bosses cérébelleuses. Ce qui reste des temporaux se montre fort robuste. L’écaille, délimitée en haut par une ligne à peu près horizontale, est de forme irrégulièrement trapézoïde; la racine transverse de l’arcade zygomatique est relativement fort saillante, l’apophyse mastoïde est volumineuse et les détails anatomiques y sont énergiquement empreints. Toute la base crânienne (pl. I, fig. 4 ) est d’ailleurs vigoureusement sculptée; les con- dyles de l’occipital s’y développent en deux surfaces ovales irrégulières et très obliques d’arrière en avant, de haut en bas et de dehors en dedans. Les tubercules pharyngiens se voient très nettement, et les cavités glénoïdes, dirigées transversalement, sont à la fois larges et profondes. La face est, par rapport au crâne, démesurément volumineuse, à la fois très haute (haut, tôt., 100 millimètres), très large (d. bizygom., i 48 millimètres) et extrêmement massive. Le nez, dont il est difficile, en raison des mutilations qu’il a subies, de fixer rigoureusement les dimensions en travers, paraît cependant un peu étroit pour sa hauteur; le bord antérieur du plancher des fosses nasales n’est limité par aucun relief osseux et le vestibule prénasal se prolonge en pente douce jusqu’au niveau des racines des dents incisives. Les orbites sont presque carrés (bauteur, 36 millimètres; largeur, By millimètres); le squelette de la mâchoire supérieure offre, entre les pommettes, une vaste surface presque plane où s’enfoncent légèrement les fosses canines très peu concaves et qu’interrompent à peine les bourrelets des alvéoles canins et le relief des os malaires. L’intermaxillaire est relativement élevé (28 millimètres) et son progna- thisme est considérable (angl. fac., 78, 63 , 56 degrés). La voûte palatine, de forme parabolique et profondément excavée, porte des dents volumineuses et saines, couvertes d’un solide émail blanc-jaunâtre. La mâchoire infé- rieure apparaît à la fois haute, large et épaisse. Le menton, pointu, a la forme triangu- laire, et la branche montante, insérée presque à angle droit sur l’horizontale, porte sur ses deux faces, et surtout à la face interne, des empreintes musculaires très vigou- reusement sculptées. Crâne féminin de la couche profonde . — Le crâne de la femme de Santiago-Tlaltelolco (pl. II, fig. 1 à 5 ) ofllre les mêmes caractéristiques générales que celui de l’homme que nous venons de décrire. La voûte crânienne, à la fols sensiblement plus longue, un peu moins large, un peu plus élevée, a pour indices 87.84, 79.51 et 91.08; l’ampliation antéro-postérieure porte surtout sur les régions pariétale et occipitale, qui se renflent considérablement; les autres courbes crâniennes diffèrent peu d’un sexe à l’autre, mais la base est moins développée dans le sens transversal chez la femme que chez l’homme. Des variations bien plus grandes s’observent dans le squelette facial, qui est beau- ANTHROPOLOGIE. 19 coup plus réduit dans ses dimensions verticales et transverses, et, par suite, beaucoup moins massif sur notre sujet féminin que sur le sujet masculin. Les arcs sourciliers s atténuent; les orbites sont un peu moins hauts et surtout moins carrés; le nez, dont le squelette est cette fois complet et présente un profil alternativement concave et con- vexe de la racine a 1 extrémité des os propres, se montre, tout ensemble, et plus court et plus large; les maxillaires diminuent de volume, les branches montantes en sont plus excavées, les fosses canines s’y creusent plus profondément; l’intermaxillaire est bien moins développé; enfin le prognathisme se traduit par des angles qui ne s’abaissent plus au-dessous de 85 et de 65 degrés. I .les inalaires ont moins do force, et les arcs zygomatiques en sont beaucoup moins étalés. La mâchoire Inférieure est aussi bien moins puissante chez la femme que chez l’homme; la branche montante en est moins haute, moins large et moins épaisse; l’angle mandibiilaire, relativement arrondi, est fortement introversé. La branche hori- zontale, arrnee de sept dents seulement, parmi lesquelles se distinguent les deux canines, longues, robustes et solidement émaillées, se termine en un menton assez régulièrement arrondi. Colonne vertébrale et cage thotYiciquc. — La colonne vertébrale n’offre rien d’excep- tionnel dans ses dimensions générales; elle atteint exactement la même longueur que celle d’un squelette de Parisienne de même taille (i‘"5i) auquel j’ai comparé pièce a piece le squelette de la femme de Tlaltelolco. Mais les vertèbres des réglons cervicale et lombaire, mesurées séparément, sont un peu moins hautes que les vertèbres corres- pondantes de la femme de race blanche. Le cou est surtout sensiblement raccourci (pl. III, fig. 2 ); l’apophyse épineuse de la cinquième cervicale est à peine bitubercu- leuse (rt), et celle de la sixième (â) ne présente plus trace de bifiditéb Les courbures de la colonne sont plus marquées et les détails morphologiques prennent des reliefs extrêmement remarquables. On voit notamment, à la région lom- baire (pl. III, fig. 3), se manifester des éminences osseuses particulières, représentant les éléments qui , fusionnés dans les races supérieures, constituent les apophyses trans- verses, mais reconquièrent, comme je l’ai déjà fait observer ailleurs^, chez certains sujets de races vigoureuses et sauvages, toute leur indépendance. Des la dixième vertèbre dorsale, ces éléments tendent à devenir distincts sur la femme de Tlaltelolco; les trois processus mamillaire (m), accessoire («) et transverse (/) , ' On sait que les auteurs classiques considèrent la bifi- dité des apophyses épineuses comme constante, ou bien peu s’en faut, sur l’axis, la troisième, la quatrième et la cinquième vertèbre cervicale, et comme très habituelle sur la sixième. Cette bifidite', si généralement observée dans les races blanches, tend à se circonscrire dans les races de couleur, pour disparaître presque complètement chez les Bosjesmans et chez certains nègres. (E.-T. Hamy Etude mr un squelette d’Aëta des eiwirons de Binangonan nord-est de Liiçoii ( Philippines) ( Nouv.Arch. du Mus., 3* sér. , 1879, t. II, p. igS). ^ E.-T. Ilamy, ihid., p. igi. 3 . 20 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. ainsi que les a nommes autrefois Retzius*, se dessinent sous la forme de tubercules qui donnent a 1 apophyse une forme triangulaire. Sur la douzième dorsale, ils sont com- plètement sépare's, et le 'processus accessorius prend déjà une certaine importance. Sur la troisième lombaire, ce prolongement («") mesure 607 millimètres de longueur et li millimètres de largeur à sa base; sur la quatrième lombaire (a") , cest une véritable epine de plus de 1 centimètre, et dont la largeur maximum ne mesure pas moins de 6 millimètres. Enfin, sur la cinquième lombaire, il se transforme en une sorte de mamelon anguleux très nettement dessiné. Les côtes sont relativement robustes et circonscrivent une cage thoracique bien developpee, surtout en travers, et de forme irrégulièrement ovoïde. Le sternum est relativement volumineux, sa longueur totale atteint i 38 millimètres; la poignee en mesure 53 ; chez la femme blanche, ces dimensions sont 197 milli- mètres et à 7 millimètres seulement. Membre supérieur. -La clavicule (pi. IV, fig. ij se montre à la fois moins épaisse (7 à 8 millimètres) et plus large (sa millimètres) à son extrémité externe^; l’omoplate (pl. IV, fig. a) se développe en tous sens, mais surtout en largeur, si bien que Vindice scapulaire, ou le rapport centésimal de la largeur maximum de l’omoplate à la hauteur supposée égalé à 100, se trouve dépasser le maximum observé par Broca^. Vindice sous-épineux, c’est-à-dire le rappoi't de la môme largeur à la hauteur de la fosse sous- epineuse est de 97.36; il égale 89. 5 a sur l’omoplate de la femme blanche. MESURES DE L’OMOPLATE. FEMME (le TLALTELOLCO, FEMME de PARIS. Hauteur 1 à i Largeur maximum 1 1 1 1 oO 9 -' Hauteur de la fosse sous-épineuse 11/1 100 Longueur de l’épine 1/11 1 s 5 Longueur de l’acromion /18 fl 2 L’humérus (pl. IV, fig. 3,3 n et 3 à) s’allonge considérablement: de a7à millimètres qu'il mesure chez la blanche, il s’élève jusqu’à 997 millimètres. Cet os est remarquable par l’exagération de quelques détails d’insertions musculaires, surtout par la saillie con- sidérable que présente le V deltoïdien : sous l’influence du deltoïde, qui paraît avoir été fort robuste, la lèvre antérieure de la coulisse bicipitale s’est soulevée en une sorte de A. Retzius, Ueber die richlige Dcutung der Seitenfovt- ^ Chez ta femme blanche, ces mesures sont i o et 1 9 mit- sàtze an den Hücken-uml Lenden-Wirbeln bcim Menscheii limètres. undbetdenSâugolhiercn{Trad.Mem.dansMülkr’sArcliiv., = Ce maximum, observé sur un nègre, est de 76.6/1. 18/19, 606). L’indice de notre Me,xicame atteint 78.71. ANTHROPOLOGIE. 21 crête qui va se prononçant de plus en plus jusqu’au niveau du V. La saillie qui résulte de cette surélévation est assez considérable pour que l’épaisseur de l’hurnérus à ce niveau atteigne 29 millimètres, tandis que, chez la femme blanche, elle n’est que de 20 ou 21. La diaphyse humérale est d’ailleurs relativement forte; sa largeur mi- nimum est de 1 9 millimétrés, tandis que la largeur minimum de l’autre humérus égale 1 6 millimétrés seulement. Les dimensions de l’extrémité inférieure n’offrent rien de particulier, ni en épaisseur, ni en largeur; l’épitrochlée et l’épicondyle ont presque exactement les memes dimensions sur les deux sujets mis en présence. Mais la cavité olecranienne est perforée d’un trou large de 7 millimètres et haut de 0 sur l’humérus droit, large de 5 millimètres et haut de 3 sur l’humérus gauche. Le radius (pl. IV, Gg. A et h oj, relativement robuste, n offre à considérer que son élongation; cet os mesure, en effet, 22 5 millimètres, tandis que celui de la femme blanche n’en dépasse pas 198. Mais comme l’humérus était aussi sensiblement plus allongé chez la femme de Tlaltelolco que chez celle de Paris, le rapport centésimal des deux segments osseux est bien moins modiüé qu’on n’aurait pu le supposer d’abord; il s’élève seulement de 72.26 à 76.75. Le cubitus (pl. IV, Gg. 6) s’allonge aussi de 217 millimètres à 2A8; mais la main (pl. IV, Gg. 5 ) conserve exactement les mêmes dimensions sur les deux sujets. Aussi paraît-elle proportionnellement plus petite chez la femme de Tlaltelolco, dont le bras et l’avan t-bras réunis dépassent de 5 centimètres le bras et l’avant-bras de la femme de Paris. Bassin (pl. III, Gg. k et 5 ). — Le sacrum est à la fois très large et très bas; il me- sure au détroit supérieur, à la réunion de sa face antérieure et de sa base, 1 10 milli- métrés, tandis que celui de la femme blanche n’atteint que 102 millimètres. Sa largeur en has, au niveau de l’extrémité inférieure de la surface auriculaire, est de 98 milli- mètres; la même mesure sur la Parisienne donne seulement 85 millimètres. En arrière, c’est-à-dire au sommet des apophyses transverses, la largeur est de 77 millimètres, au lieu de 70 qu’atteint, au même point, le sacrum de la blanche. La largeur raaxima de la face supérieure est seule à jieu près égale chez les deux sujets (1 13 millimètres, Tlaltelolco; 1 1 2 millimètres, Paris). En revanche, la hauteur du sacrum de Tlaltelolco est de 98 millimètres pour 102 que mesure celui de Paris. L’indice du sacrum, c’est- à-dire le rapport centésimal de sa hauteur à sa largeur, est de 89 chez l’Olmèqne, de 100 chez la Française. Ce sacrum, court, large et triangulaire, est, en même temps, beaucoup moins courbé que celui dont je le rapproche; la plus grande perpendiculaire abaissée de la face anté- rieure de l’os, ou la Gèche de la corde qui joint les deux extrémités de cette face ne dépasse pas i 5 millimètres; cette perpendiculaire a 2A millimètres sur la femme de race blanche. 22 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. Les os iliaques sont réduits dans presque toutes leurs dimensions. Cependant la hauteur de la paroi latérale est plutôt un peu plus grande chez la femme de Tlalte- lolco (197 millimètres pour igh). La hauteur de la fosse iliaque interne dépasse de 7 millimètres celle de la même fosse mesurée sur la femme de Paris. Les distances qui séparent Fépine iliaque antérieure et supérieure de Féchancrure ilio-pubienne et de 1 ischion sont sensiblement plus considérables sur notre sujet que sur celui auquel je Fai constamment comparé jusqu’ici. Le tableau qui suit permettra de se rendre un compte exact des autres variations moins importantes que subissent d’un type à l’autre les os iliaques. MESURES DES OS ILIAQEES. I à la postéro-supériBure. . . . à la symphyse sacro-iliaque. à l’échancrure ilio-pubienno à l’épine sciatique à l’ischion de la symphyse sacro-iliaque à la symphyse pubienne de l’échancrure ilio-pubienne à l’épine du pubis Distance / 1 au .sommet de la crête iliaque de l’épine sciatique < à l’éminence ilio-peclinée ( à l’épine iliaque postéro-inférieure de l’échancrure sciatique au sourcil cotyloi'dien du trou sous-pubien À la symphyse pubienne de l’épine pubienne à l’angle du pubis Hauteur maximum de la cavité rotyloïde Largeur maximum Longueur maximum du trou sous-pubien Largeur maximum Profondeur de la grande échancrure sciatique Hauteur de la fosse iliaque interne .' Concavité ' . ( minimum Lpaisseur t . ( maximum de la crête iliaque FEMME de TL.\LTELOLGO. FEMME de PARIS. iSg 167 85 ,97 86 65 187 187 169 i53 117 1 36 61 53 i48 i55 70 80 IJ 57 33 39 II 37 II 34 48 56 48 39 46 47 34 37 34 4o 92 85 9 8 3,5 2 î2a *9 Le bassin, considéré dans son ensemble, peut être présenté comme robuste, large et évasé, La crête iliaque suit une courbe régulière d’un tiers de cercle ou environ ; l’épaisseur maximum en est considérable (22 millimètres); les cavités iliaques se des- sinent fort nettement. La région pubienne est saillante en avant en forme de bec, ce qui exagère encore 1 aspect cordiforme du détroit supérieur. Le trou sous-pubien est irrégulièrement triangulaire et les branches osseuses qui le circonscrivent sont larges et bien déve- loppées. J’ai juxtaposé, dans le tableau qui suit, les chiffres fournis par les mensurations ANTHROPOLOGIE. 23 transversales du bassin chez la femme de Tlaltelolco et chez celle de Paris qui me fournit mes termes de comparaison. DIMENSIONS TRANSVERSALES DD BASSIN. Diamètre transverse maximum de la ceinture pelvienne. . i postérieures supérieures, antérieures supérieures. . extérieures inférieures. . ( des épines du pubis. Diamètre transverse maximum du détroit sujiérieur minimum des épines sciatiques I ilio-sciatiques iiio-pul(ieunes ischio-pubiennes maximum des ischions des trous sous-pubiens Largeur de l’arcade pubienne (tuberc.-ischio-pub. int. ) . FEMME de TLALTELOLCO. FEMME de PARIS. 262 260 64 66 219 218 167 182 58 71 i 32 i 33 96 8.'> 173 i 85 i 43 i 5 o 124 121 1 40 i 48 57 53 82 Sa Ce tableau met en évidence quelques détails anatomiques intéressants. On y voit, par exemple, éloquemment exprimés par les chiffres, d’une part la déviation en dedans des épines iliaques antérieures et inférieures et le rapprochement des épines du pubis, de l’autre l’écartement des épines sciatiques. Tandis que la petite échancrure iliaque qui sépare les tleux épines antérieures du même nom s’accroît quelque peu chez la femme de Tlaltelolco, les échancrures ilio-sciatiques et ilio-puhiennes diminuent d’im- portance , et leur écartement n'est plus mesuré que par des distances qui sont de i 2 et de 7 millimètres plus petites que celles dont on constate le creusement chez la femme de Paris. Les dimensions du détroit supérieur sont presque identiques sur les deux sujets féminins que nous juxtaposons. Le diamètre oblique seul est sensiblement plus déve- loppé sur rOlmèque que sur la Française. DÉTROIT SUPÉRIEUR. FEMME de TLALTELOLCO. FEMME (le PARIS. f antéro-postérieur ^ . 1 07 ? 106 Diamètrel transverse maximum i 33 182 ( oblique 182 126 Indice du détroit supérieur 80.4 80.8 Le détroit inférieur ne saurait malheureusement, en raison de diverses pertes de sub- stance, être exactement mesuré dans ses trois dimensions. Nous pouvons seulement con- ■24 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. stater que le diamètre transverse (i 3 /i millimètres) est de 8 millimètres plus grand chez la femme de Paris que chez celle de Tlaltelolco (126 millimètres). Membre inférieur. — Les fémurs (pi. V, fig. 1 et 1 a) sont relativement un peu courts; leur longueur, qui atteint 4 o 3 millimètres chez la femme de Paris, reste à 396 chez la femme de Santiago. La tête fémorale est moins volumineuse, le col est plus mince, plus ramassé et l’angle que forme sou axe avec l’axe du corps de l’os (118 degrés) est de 8 degrés moins ouvert que celui que je trouve sur le fémur de la blanche, qui est de 126 à 127 degrés. La convexité fémorale n’oIFre rien qui distingue les deux sujets mis en présence; chez tous les deux d’ailleurs elle est considérable. Cette convexité est me- surée par la plus grande perpendiculaire (61 millimètres) obtenue en promenant une équerre graduée avec curseur le long de la diaphyse du fémur couché. Dans la même attitude, c’est-à-dire quand le bord postérieur du grand trochanter et les faces posté- rieures des deux condyles s’appliquent exactement sur le plan horizontal, l’angle cjue fait le plan de l’extrémité supérieure de l’os avec ce plan horizontal est seulement de 7 à 8 degrés, tandis que sur la Parisienne à laquelle je compare la femme olmèque, il atteint environ 22 degrés. L’amincissement des diaphyses fémorales est assez considérable pour que le dia- mètre minimum de l’os, mesuré dans le sens de la largeur, descende à 28 millimètres, de 27 qu’il atteignait sur le fémur de la femme blanche. L’épaisseur, au meme niveau, s’abaisse de 29 à 28 millimètres, si bien que le fémur est exactement aussi épais que large en ce lieu d’élection (pl. V, fig. 1 à). L’extrémité inférieure offre presque la même largeur (7/1 millimètres) sur les deux sujets mis en présence. Le condyle interne, pris à part, est un peu moins volumineux. Les rotules sont un peu réduites dans le sens de la largeur (87 millimètres, au lieu de 4o); cette réduction porte naturellement sur la moitié de l’os qui correspond à ce condyle interne dont nous venons de signaler le moindre développement. Les tibias sont comprimés latéralement (pl. V, fig. 2, 2 « et 2 à); la largeur, prise au niveau du trou nourricier, est de 22 millimètres; l’épaisseur, au même niveau, en mesure 3o, et l’mdfce du plalycnémisme est, par conséquent, de 78; il est plus faible encore chez la femme blanche qui nous fournit nos termes de comparaison : la largeur égale 21 millimètres sur cette dernière, l’épaisseur 3 i et l’indice est représenté par 67 seulement. La longueur du tibia est de 34 /i. millimètres, et de 38 o seulement, si, à l'exemple de Broca, on déduit la longueur de la malléole interne; sur la femme blanche, ces deux mesures égalent respectivement 34 o et 826 millimètres. Le tibia est donc absolument plus long chez la femme de Tlaltelolco, comme le fémur est, en meme temps, absolument plus court; le rapport de l’un des os à l’autre est, par suite. ANTHROPOLOGIE. ^5 un peu tliIFérent ; ce rapport est de 86.8 chez la Mexicaine, de 8A.3 chez la blanche. Si l’on de'duit la longueur de la malle'ole, les deux chiffres deviennent respectivement 83.3 et 8 0 . 8 . Les membres inférieurs, ou plutôt les deux premiers segments de ces membres, que nous pouvons seuls rigoureusement mesurer, sont tà peu près égaux sur les deux sujets; l’excès de longueur du tibia étant presque exactement compensé par le raccourcissement fémoral chez la femme de Santiago. Mais comme le bras et 1 avant- bras de ce sujet dépassaient de 5 centimètres les mêmes rayons osseux chez la femme de Paris, le rapport de l’un des membres à l’autre = 70 . sur la femme ol- mèque, tandis que, sur la française, il est de 63.66 seulement. Le péroné de la femme de Tlaltelolco (pl. V, fig. 3) est surtout remarquable par sa tendance à prendre quatre faces au lieu de trois. Son pied (pl. V, fig. h) est plus fin et plus court que celui de la Parisienne. La gran- deur exacte est difficile à déterminer rigoureusement, parce que les phalangettes font défaut sur le squelette envoyé par M. Domenecb; il est néanmoins aisé de constater que si le métatarse est à peu près égal chez les deux individus que nous comparons, le tarse de la femme de Tlaltelolco le cède de 5 millimètres à celui de la femme de Paris. Sépultures de la couche superficielle de Santiago-Tlaltelolco. — La terre meuble super- posée au dépôt qui contenait les ossements dont il vient d’être parlé renfermait elle- même, à 60 ou 80 centimètres de profondeur, des sépultures bien différentes de celles dont nous venons d’examiner le contenu. M. l’abbé Fischer y avait le premier, en 18 Ô 6 , recueilli des crânes en assez bon état de conservation. En i865, M. Domenecb a exhumé de cette même couche super- ficielle diverses pièces osseuses intéressantes. Mais c’est M. Eug. I3oban qui a le pre- mier fixé les conditions de gisement de ces sépultures du niveau supérieur^. Nous allons rapidement étudier les documents anatomiques rapportés en France par ces trois collectionneurs et les comparer à ceux du niveau inférieur, qui nous sont maintenant bien connus. Des quatre sujets du niveau supérieur de Tlaltelolco, dont nous avons les têtes sous les veux^, les trois premiers sont masculins, le quatrième seul est féminin. L’un des crânes d’homme (pl. I, fig. 6 ), qui porte le numéro 3 de la collection ‘ Le crâne donl le nonmi verliculis se voit sous le n" 7 de la planche II fait partie de la collection acquise de M. Eug. Bohan par le Muséum d’histoire naturelle de Paris, trll a été trouvé à 80 centimètres de profondeur, dit M. Bohan, dans une sépulture de Santiago-Tlaltelolco dont voici la description. Ifintérieur du tombeau mesurait un mètre cuhe ou environ; les parois étaient formées de lave poreuse [lzonlli);\a base, composée de pierre et de cbaux très dure, avait été brunie avec beaucoup de soin. Le défunt était assis sur un petit siège très bas fait avec les paillassons roulés appelés tiatzazicpalloHlli. J’ai trouvé auprès des restes du squelette des armes d’obsidienne, dos amulettes en pierre dure et des débris de vases en terre cuite. * “ J’ai à peine besoin de faire remarquer qu’il s’est ren- contré bien plus de quatre crânes dans le cimetière supé- rieur de Tlaltelolco. Nos quatre [lièces sont les seules dont l’intégrité presque complète ait assuré la conservation dans les collections parvenues à l’ai'is. ZOOLOCIE Uü .MEXIOUB. l" PAnTIE. !x IMPRIMERIE XATION.M.E. •26 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. Fischer, rappelle, par l’ensemble de ses traits, celui de la première planche de notre atlas. Il est cependant beaucoup plus volumineux dans sa région crânienne, puisque ses trois diamètres atteignent 178, iBy et i 4 o millimètres, que ses trois circonfé- rences égalent 627, et âqi millimètres, et que sa capacité n’est pas inférieure à 1 635 centimètres cubes. Les rapports du crâne avec la face et les proportions faciales générales varient peu d’un sujet à l’autre. Seulement, le nez est un peu plus large et son indice monte à 61.92. Un second crâne de la collection Fischer (n° 8) atténue légèrement les caractères du premier. Il est moins volumineux, parce qu’il est à la fois moins large et moins haut. Sa face est aussi réduite dans ses deux dimensions; les mensurations du sque- lette nasal fournissent un indice de âg.oi. Des deux autres têtes exhumées des tombes superficielles de Santiago-Tlaltelolco par M. Domenech (n° ^960) et par M. Boban (n" 6^29 des collections du Muséum de Paris), la première (pl. Il, lig. 6) est assez voisine du numéro 8 de la collection Fischer; mais la seconde (pl. H, fig. 7), sortie de la tombe décrite dans la note que l’on a lue plus haut, n’est plus que sous-brachycéphale (d. a. p., 169 millimètres; d. tr. max., 187 millimètres; ind. céph., 81.06). Son diamètre basilo-breginatique descend à i 3 i millimètres; ses circonférences ne dépassent point â.91 , 1^20 et ^69 millimètres, et la mesure de la face en largeur diminue considérablement, tandis que le progna- thisme alvéolaire augmente au point de donner un angle de 61 degrés seulement. En moyenne, les quatre pièces de la série supérieure de Tlaltelolco l’emportent par toutes les dimensions de la boîte crânienne sur celles des sépultures inférieures du même groupe funéraire, et les caractères spéciaux y sont moins marqués. La face est relativement moins développée, mais le prognathisme s’y maintient avec toute son exagération L ‘ La colleclion Morlon contient un crâne de Santiago- Tlaltelolco (jue le cdlcbre craniolngnc pensait avoir appar- tenu à un (les nombreux Mexicains qui ont succombé eu défendant la ville contre Gorlez [Procecd. of lltc Acad, of liai. , y''. * K • J.' ■*■'•/•■ - : K / / • ' • * fe-f ‘ ^-rÏT/- r: ‘ • '. V' ' > . / :-Y. A f • ^ •; " i \ 'Y ' ';^\'\ ■ ;'i. / •j. i ' , . . , y V ... EX'PElllTlON SCIENTIFIQUE ANTHROPOLOGIE. ZOOLOGIE. l" TARTIE. T>Ü AIEXIQL'E. PLANCHE IL Fig. t Fig. 2 . Fig. 3 Fig. k Fig. 5 Fig. 6 Fig. 7 Fig. 8 Crâne féminin tle la coiiche profonde du ciinelièrc ancien de Mexico (coll. Domcnecli, n° 32, cat. Muséum, n" fiofii), grandeur. Le mémo crâne, vu de face, demi-grandeur. Le même crâne, vu par-derrière, quart de grandeur. San tiago-Tl al telolco , vu de profil , demi- Le même crâne, vu par-dessous, demi-grandeur. Le même crâne , vu par-dessus, quart de grandeur. Crâne masculin de la couche superficielle du môme cimetière (coll. Domenech, iC 3 cat. Muséum, n" /iqGo), vu par-dessus, demi-grandeur. Cr.âne masculin de la même couche superficielle (coll. Bohan, n” 2 , cal. Muséum, 1 * n° fiânq), vu par-dessus, demi-grandeur. Crâne masculin moderne de Santiago-ïlaltelolco (coll. Domenech séum, 11 “ /jqBS), vu par-dessus, demi-grandeur. n“ 21 ), cat. Mu- i ù c c o;; ’i n { ' i J '•< • / ^ ■:./ 1 ■ ; i r . - _ , J • A 1 * ‘ . ' ' ' ■ ■ . , 1 1 . .. •• ‘r ' ■ , 1) 1 ■ - .1 ' ■i * ■ ■’ i' /. ‘-i, V T ■' 1 ■ t . :./ , i. 1 L] ■* ■’ J V-;' ■ ' r ,: . . .• * . i • i' , . .• J. »; V ; • ; i,. > hu i c ’ ' . StcyitU J^aris. Sn/Aro^o/oyie dic Af^cciyue . EXPÉDITION SCIENTIFIQUE DU MEXIQUE. PLAINCHE TU. Kifj. I et 1 a. . . Silex taillé du type de Saint-Acheul, trouvé dans les alliivions du Uio de Juchipila (Musée d’ethnographie du Troeadéro, coll. Franco). Fig. :i Vertèbres cervicales du squelette féminin de la couche prolonde du cimetière ancien de Santiago-Tlaltelolco (cat. Muséum, n" ighi), vues par derrière, demi-gran- deur; a, apophyse épineuse de la cinquième cervicale; b, apophyse é[)ineuse de la sixième cervicale. Fig. 3 Vertèbres lombaires du même squelette, vu((s |)ar derrière, demi-grandeur; m, m' , »)!', m'", processus mamillaircs; n, n', n", n", processus accessoires; t, t.' t", processus transverses. Fig. ft Bassin du même squelette, vu d’en haut, demi-};randeui'. Fig. b Le même bassin, vu par devant, demi-grandeur. ZOOLOGIE. ANTHROPOLOGIE. ' ™ 'Ht:, S » f I •i r* I i i J 1/ 4 ■ H I « # A'.c/ocd. sc/cnt-cïiyiii^ i/u ï Parfis, P/ . .y. 1 \ ATifArtyjo^oy^c. ^/u Afca'fy/i^. i EX-PÉDtTION scientifique DO MEXIQUE. ANTHROPOLOGIE. Z O O L O G 1 t. l'® PARTIE. PLANCHE IV. 1 Clavicule du squelette féminin de la couche profonde du cimeliere ancien deSantiago- Tlaltelolco (cat. Muséum, n° igdi), vue d’en haut, domi-graiuleiir. Fig. -2 Omoplate du même squelette, vue par derrière, demi-grandeur. Fig. 3 Humérus du même squelette, vu par devant, demi-grandeur. Fig. 3a.... . . Le même, vu de profil, demi-grandeur Fig. 3i Le même, vu par derrière, demi-grandeur. Fig. Il Radius du même squelette, vu par derrière, demi-grandeur. Fig. ha Le même, vu par devant, demi-grandeur. Fig. Cubitus du même squelette, vu par devant, demi-grandeur. Fig. 6 Main du même squelette, vue par sa face dorsale, demi-grandeur. ) i V » ^ • -0 « -•*1 i *1 I ! i ’ ] » i • i i 1 •i I i \ i ‘W- • ■ 0 * -i ♦ . ü i I i 1 i I 1 ^orjTuz/rt c^^Z. ■■47if/77'o^cZvyr£e. eûi ,A/^e<)uyi< /nY>.^ec^ut^yy: ; • 4 EXPÉDITION’ SCIENTIFIQUE ZOOLOGIE. DUMExiocE. ANTHROPOLOGIE. PLANCHE V. Fig. 1 Fëmur du squelette féminin de la couche profonde du cimetière ancien de Santiago TIaltelolco (cat. Muséum, n° /ig6i), vu par devant, demi-grandeur. Fig. 1 rt Le même, vu de profil, demi-grandeur. Fig. \ b Coupe du même, au lieu d’élection, demi-grandeur. Fig. 9 Tibia du même squelette, vu par devant, demi-grandeur. Fig. 2 fl Le même, vu de profil, demi-grandeur. Fig. 26 Coupe du même, au niveau du trou nourricier. Fig. 3 Péroné du même squelette, vu par devant, demi-grandeur. Fig. b Pied du même squelette, vu par sa face dorsale, demi-grandeur. JFormocni /mp.^fcfuetyr./hrùs. ^77fÀ7'o^oloyL&- ihi- Afe.ouy7i-c- . l i ! ) ► t EXPÉDITION SCIENTIFIQUE ZOOLOGIE. ANTHROPOLOGIE. i"’ pAn'fiE, PLANCHE VL Fig. 1 . .y. .. Fig. Fig. h Fig. 5 Fig. 6 Fig. 7 Fig. 8 Grùne de l'emme inixlèqiie de race pure «del Penosode San Geroniiiio, Alla .Misteca », 20 ans (coll. Fuzier, n“ 12, Musée Broca), vu de profil, demi-grandeur. Le même crâne, vu de face, demi-grandeur. Le même crâne, vu par derrière, demi-grandeur. Le même crâne, vu par-dessous, demi-grandeur. Le même crâne, vu par-dessus, quart de grandeur. Crâne de Yucatèque moderne des environs de Campêche (coll. Fuzier, n'" 3 i , Musée Broca), vu par-des.sus, quart de grandeur. Crâne de Yucatèque moderne des environs de Campêche (coll. Fuzier, n" 28, Musée Broca), vu par-de.ssus, quart de grandeur. Crâne de Yucatèque , dit Maya (coll. Fischer, Musée Broca), vu par-dessus, quart de grandeur. I I f A .t • ' : i ' ■ ^ ' ■ / ■■ ■■ ■ A .' , , - : ■ • '■. .j ' .iu'W A • «?'■*' 15 ,>r' U /■•\ ** (V.< .-. ■ji*;-f»!'...''.,'.‘^/' 'ti -vr;!,, '. -MÉ ..■y ■•■. .'i-, V- * . , ^ -■' .*/ . ■.-•Ir •V " ; •. ••*. /. - : ''J}. 'S.' ■ ■• . ■ f ■ ' .* »<• *• '\'K 5'.« * ‘ / ^ ■ 'V 4i ^ J^l. â. // /^orrn-ccTié .r^’/. j^/Tyo. ^t^ytijcdyT'. .T^trût. ylni^t/'cy::>c/û ç'if /ïic A/e-r/yuc . 0 ¥ i « c ♦ • • 41 'f" K ‘i I ■( . ./*. » t V EXPEDITION SCIENTIFIQUE zooL ogh:. ” ™ ANTHROPOLOGIE. PLANCHE XIV. Fig. I Crâne masculin trouvé dans un tctel ou tuniulus près de la route tle Santa-Fé, District fédéral (coll. Doutrelaine, n" 7, cat. Muséum, n“ ()'i 63 ), vu de prolil, demi- grandeur. Fig. y Le même crâne, vu de face, demi-grandeur. Fig. 3 Le même crâne, vu par deriâère, quart de grandeur. Fig. 4 Le même crâne, vu par-dessous, demi-grandeur. Fig. .*) Le même crâne, vu par-dessus, quart de grandeur. Fig. G Portion de voûte crânienne, trouvée dans un dépôt de nature volcani([ue à (iuit- laliuac (coll. Bohan, n" i,cat. Muséum, 11“ G/128). Fig. 7. .' Voûte de crâne masculin de la couche superlicielle du cimetière ancien de Téul (coll. Guillemin-Tarayre, 11“ 3 , cat. Muséum, n” 6/1/17), vue par-dessus, quart île grandeur. Fig. 8 Crâne masculin trouvé dans un letel à Quauhtitlan, Etat de Mexico (coll. Boban, iC 7, cat. Muséum, n° G 4 3 4 ), vu par-dessus, quart de grandeur. .yc/é'y/ûy^^ue du . Fl. U. /m^. .Ae^^ue Farts . /l. Fc7'Uian/ cld. ynt/i7-ojuo7oyie du AdeMy/œ . liXl’IiOlTIOX SCIEMlrlQUE ” ” ANTHROPOLOGIE. PLANCHE XV. 'J’- ^ du squelette d’homme trouvé dans un Mel près de la route de Santa-Fé (coll. üoulrelaine, n“ 7 , cat. Muséum, n“ 6463), vu d’en haut, demi-grandeur. ^ ^ 1^6 meme bassin, vu par devant, demi-grandeur. ^ Bassin d’un squelette de Mexicain moderne de Santiago-Tlaltelolco (coll. Domenech, n 2 q, cat. Muséum, n“ 4qo8), vu d’en haut, quart de grandeur. ^ Le même bassin, vu par devant, quart de grandeur. .■'I i- ! irOrf ' -j-i:'' i ’-i'.J.Î ill* • ' 1 . .'.‘‘i'''. ■* .{‘loi- : / , J., ..'j '•K-;-. •■ ’-'.i . Ÿ*1 'il ... .- -ûf.'M ,)-*! . ; - lii ; .'"f . 1‘-'' • ■'■ . . '. . . ] 1 - ..’■•• 1. -IV- t ;>• A J‘,'Ayned..'r7e/////-/yr/<' i//i J/f-^Kiy77e . ‘ Farfie,I‘l. /S. .//. J^orniant c^e^. /mji>.-Becç'ueé yh-Paj'is. l//////■lY7o/^'Ç'^e (//i ^Tfc^xiyric ■ r \ V PREMIÈRE PARTIE. 1“ LIVRAISON. Texte : Feuilles 1 à 5 el liire. Pl.ANCIIES I, II, III, IV, V, VI, XIV, XV.