C-' MISSION SCIENTIFIQUE AU MEXIQUE ET DANS L’AMÉRIQUE CENTRALE, OUVRAGE PUBLIÉ PAR ORDRE DL MINLSTRE DE L’INSTRDOTIOS PUBLIQUE. RECHERCHES ZOOLOGIQUES UUBLIKF.S SOUS LA DIRECTION DK M. MILNE EDWARDS, MFÎIBKK HE L’INSTITUT. PREMIÈRE PARTIE. ANTHROPOLOGIE DU AIEXIQÜE, PAR M. E.-T. IIA\IY, \IEMIilti; DK I.’IA.STITIT. PARIS. IMPRIME^RIE NATIONALE. M DCCC \CI. ANTHROPOLOGIE. 97 MESURES DES OS ILIAQUES. HOMMES DE SACRIFICIOS. FEMME de SACRtF. 4 / à ia postéro-supérieure i 5 o 13 ? i 35 1 a 5 ? l à la symphyse sacro-iliaque 97 79 80 81 de l’épine iliaque antéro-supérieure ( à l’échancrure ilio-pubienne 69 76 65 63 1 à l’épine sciatique 128 i 36 ? i 3 i? n ( i l’ischion i 45 i 63 i 5 i 137 de la symphyse sacro-iliaque à la symphyse pubienne 1 1 2 117 ? 96 110 de l’cchancrure ilio-pubienne à l’épine du pubis U Il a 5 a ? Distance i f au sommet do la crête iliaque i 45 i 54 ? i52? H do l’épine sciatique < à l’éminence ilio-pectinée 65 71? 69? II ( à l’épine iliaque postéro-inférieure 74 83 ? 84 ? a de l’échancrure sciatique au sourcil cotyloïdien 3 o 35 35 33 du trou sons-pubien à la symphyse pubienne 27 27 22 a8 de l’épine pubienne à l’angle du pubis // 22 a 3 25 Hauteur maxiiiuim do ia cavité cotyloïdo 48 56 52 44 Largeur maximum 5 a ? Ur. Longueur maximum du trou sous-pubien // 44 ^9 43 Lar/îGur maximLini a6 ? 9 Profondeur de la grande échancrure sciatique 35 36 3 a? // Hauteur de la fosse iliaque interne. 90 85 86 80 Concavité Q Epaisseur ( rainimuin q /, 0 j maximum de la crête iliaque «7 >9 a 3 0 l/l En somme, les deux bassins de Sacrificios qui, par leur faciès ge'néral, demeurent franchement américains, diffèrent cependant Tun de Tautre par leurs dimensions antéro-postérieures, exagérées chez la femme, relativement réduites chez l’homme. DIMENSIONS TRANSVERSALES DD BASSIN. HOMMES DE SACRIFICIOS. FEMME de SACRIF. Diamètre transversc maximum de ia ceinture nulvienne a 65 a 4 o / postérieures supérieures «n 9 des épines iliaques | antérieures supérieures /J . 233 18a 217 171 Distance ( antérieures inférieures 183 des énines du nubis . Diamètre Iransverse maximum du détroit simérieur 117 77? 1 a8 minimum des épines sciatiques nh ? 83 ? ( ilio-sciatiques des échancrures . . < ilio-puhiennes luy 171 i/io? i qn 9 i /■ A 9 Distance ( ischio-pubieimes 126 1 qr» 109 i 117 maximum des ischions ^ qq des trous sous-pubiens 109 h P, 1Î)0 Largeur c le l’arcade pubienne (tuherc.-ischio-pub. inl.l 48 £14/ U n Notons en terminant que des divergences semblables avaient été déjà rencontrées par M. Verneau sur plusieurs des bassins américains qu’il a si complètement étudiés. Les ZOOLOGIE Dll MEXIQUE. l" PiBTIE. q iMi’r.njiiiit: NA-m>xAi.E. 98 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. observations recueillies sont malheureusement trop peu nombreuses encore pour qu’il soit permis de tirer de leur comparaison quelque conclusion fondée. FEMME nÉTKOIT SUPÉRIEUR. IIOM.MES DE SACRIFICIOS. de SACP.IF. 1 antéro-postérieur 100? 1 oh Si 1 00 Diamètre < traiisvorse maximum 192 120 117 ia8 ( oblique // 118 1 13 1 30 ? Indice du détroit supérieur j 81.9 86.6 71.9 8a. 0 Membre inférieur. — La plupart des caractères signalés sur le sujet de Tlaltelolco se retrouvent chez ceux de Sacrificios. La longueur du membre inférieur, comparée à celle du membre supérieur, donne des rapports presque identiques dans les deux séries: ^^=79.33 sur un des squelettes de Sacrificios, et 69.83 sur l’autre; on se rappelle que le meme rapport égalait 7 0.54 sur le squelette de Tlaltelolco. Les fémurs sont minces, le diamètre transverse minimum de sept diaphy^es fémorales est en moyenne de 2 5 millimètres, le diamètre antéro-postérieur au meme niveau n’en atteint pas 26. La convexité est représentée par une perpendiculaire de 61 millimètres et l’angle du col mesure 1 1 5 degrés. Six diaphyses de tibias, larges au Heu d’élection de 91 à 26 millimètres, épaisses au même niveau de 29539 millimètres, donnent des indices de plattjcnémie s’abaissant jusqu’à 61 et atteignant en moyenne 66. Les péronés sont remarquables à la fois par leur cannelure et leur tendance à s’équarrir. Les os du pied sont généralement courts et minces^. Crânes de Sabine. — Les crânes offerts au Muséum d’histoire naturelle de Pans par l’amiral Reynaud, sous le nom de crânes de Sabine, golfe du Mexique^, ne diffèrent point sensiblement de ceux du second type de file de Sacrificios'*. Ils sont au nombre de neuf, sept masculins et deux féminins^. Les mensurations ‘ Voir plus haut, p. ah. ■ Avec les ossements humains qui viennent d’être dé- crits, Fuzier avait trouvé un certain nombre d’anliquilés bien caractéristiques et des débris d’os d’animaux parmi lesquels i\l. Boule a reconnu un chien , un pécari , un ])elit cerf, un lamentin, plusieurs oiseaux indéteiaiiinablcs, un crocodile de jurande taille, une très grosse tortue marine, une tortue d’eau douce du groupe de VEmys oriiata et di- vers poissons, dont un très grand scare. ^ Ils ont été longtemps confondus sons le nom de Sacrificios, mais leur étiquette primitive est bien telle que nous venons de la transcrire. Sabine est le nom d’un golfe et d’une rivière qui forment la limite entre le Texas et la Louisiane. ‘ Notre premier type de Sacrificios ne s’y rencontre point. Deux de ces pièces, h l’état de voûtes crâniennes, ont pu être moulées à l’intérieur, et l’étude des épreuves ainsi obtenues met en évidence certains caractères assez remarquables, tels que la grosseur et la torsion du sinus ANTHROPOLOGIE. 99 qu’ils nous ont fournies et qui sont consignées aux colonnes A et 5 du tableau de la page q2, font ressortir sur ces pièces, en moyenne, un peu plus d’élongation propor- tionnelle et un peu plus d’ampliation verticale. Les indices correspondants sont ainsi ramenés aux chiffres de 109.09, 81.10 et i 33 . 33 . Les caractères faciaux se repro- duisent aussi à peu près les mêmes et l’indice orbitaire est le seul qui offre des varia- tions dignes d'être signalées. De qA.yS cet indice s’abaisse, en effet, à 89. yA. La torsion en arrière du condyle mandibulaire est particulièrement accusée sur un des sujets de cette série L Crâne de Tolonaque moderne. — Ces pratiques spéciales de déformation sont-elles complètement tombées en désuétude chez les Totonaques et les Huaxtèques actuels? Ou bien les descendants de ces deux peuples ont-ils persisté dans leur emploi, en en modérant quelque peu l’application? Gratiolet opinait pour la première solution, lorsque, analysant les caractères d’un crâne totonaque moderne et constatant ses affi- nités morphologiques avec les crânes de Sacrificios^, il se rangea pourtant à l’opinion do M. Lucien Biart, qui affirmait que l’habitude de déformer la tête te était depuis long- temps tombée en désuétude parmi les Indiens'^». Le crâne étudié par Gratiolet et que notre planche X reproduit sous ses différents aspects est cependant, sans aucun doute, légèrement déformé, à la façon de ceux dont nous venons d’exposer les caractères, et, ainsi que le fait observer Gratiolet lui-même, tren le considérant avec attention, en se pénétrant bien de sa physionomie, il est im- possible de ne pas se rappeler à l’instant les crânes trouvés dans les vieux tombeaux de l’ile de 1 os Sacriliciosw. Le savant anatomiste a pris soin d’ailleurs de signaler dans sa description la «vallée ou dépression transversale qui parcourt le bord antérieur des pariétaux et sépare leurs parties saillantes de la saillie subordonnée des régions fron- tales proprement dites 55, et il insiste un peu plus loin sur l’abaissement brusque de la courbe médiane, dont il résulte en ai'rière un aplatissement très marqué du crâne «remarquable par une légère dépression médiane, laquelle se prolonge à sa partie antérieure entre les bosses pariétales'* 51. longitudinal ou la profondeur et les inflexions des em- preintes de la me'ninge'e moyenne, caractères manifeste- ment placés sous i’induence de la compression déforma- trice de la boîte crânienne. ‘ Mesures du maxillaire inférieur de deux crânes mas- culins de Sabine : distance biangulaire, gb millimètres, angulo-syrapLysaire, 77; hauteur de la symphyse, 36 ; hauteur de la branche montante, 48 . ^ P. Gratiolet, Description d’un crâne de Mexicain Toto- naque des envirms d’Orizaha {Mcm. de la Société d’an- ihrop. de Paris, 1. I, p. 3 gi- 3 g 8 et pl, X et XI, i 863 ). — Cf. id.. Sur un crâne de Totonaque (Bull. Soc. d’anihrop. de Paris, i86o, t. I, p. 569-565); Sur la forme et la ca- vité crânienne d'un Totonaque, avec réflexions sur la sÿpni- fieation du volume de l’encéphale (Ibid., t. fl, p. 66-71, 1861). ’ On trouvera plus loin d'autres exemples encore de dé- formations crâniennes chez des Indiens actuels du Mexique. ‘ On pourrait rapprocher, au moins à ce point de vue, du crâne de Totonaque de Gratiolet celui de Tlahuica pu- blié par Morton. On croit reconnaître, en effet, sur ce se- cond sujet, des apparences analogues à celles qui avaient 3 . 100 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. Ces caractères sont sans doute fort atténués sur notre sujet, mais assez nettement imprimés encore pour nous autoriser à rejeter l’hypothèse qui ferait de la conformation actuelle, suivant l’expression de Gratiolet, une conformation originelle des Totonaques et comme un prototype de la déformation devenue nationale et probablement aristo- cratique. Les mesures^ prises sur le crâne de Totonaque de la collection Lucien Biart (cat. Mus. , rU 3oo i) nous apprennent qu’il est sensiblement plus petit que ceux des individus de même sexe exhumés à Sacrilicios. 11 est cependant à la fois un peu plus haut et surtout plus allongé, mais ses dimensions transversales sont considérablement réduites (99 millimètres). La face est tout à la fois moins large, en haut surtout, et moins haute, l’indice nasal est de 59 et les orbites, moins tiraillés dans la direction verticale parla déformation, sont plus bas, en conservant les mêmes dimensions en largeur. § 3. Sommaire. — Les Mayas-Quicliés. — Portraits de Sokés. — Statues et statuettes de Palenque', etc. — Crânes de Mayas anciens. — Squelette de Ticui. — Crânes de Mâiida et de Puerlo-Progreso. — Face de Campêclie. — Portraits de Mayas et de Lacandons. — Crânes de la Jamaïque, de Haïti et de Cuba. Les Mayas-Quichés. — Les Quichés et les Mayas ou, comme on dit souvent en ré- unissant ces peuples sous une appellation unique, les Mayas-Quichés sont depuis long- temps rattachés parles linguistes à la famille huaxtèque^, dont ils forment la branche méridionale. On groupe dans cet ensemble (outre les Mayas proprement dits, compre- nant les Lacandons) les Gliontals de Tahasco, riverains de l’Uzumacinta, les Tzendals ou Sendals, leurs voisins au Sud, lesTsotsils, Zotzils ou Tsinacantèques, qui vivent au sud des Tzendals, les Chaneahals, encore plus méridionaux, les Chois de la Haute- Uzumacinta, les Trokeks, les Sokés ou Mixés, les Chortis des environs de Copan, les Kekchés et les Pocomehés de la Basse-Vera-Paz, les Pocomans, les Mams, les Quichés, les Ixils, les Cakchiquels et les Tzutuhils de la frontière du Guatémala^. IVappé le cdlèbro physiologiste quand il dtudiait le pre- mier. (Cf. Morton, Cran, amer., p. i 56 et pl. XVIII.) “ Principales mesures du crâne de Totonaque moderne de M. Lucien Biart : Cire, horiz. , â 85 millimètres ; d. a.-p. , 169 millimétrés; d. tr. raax. , i/i 5 millimètres; d. bas.- bregm. 129 millimètres; ind. cejih., 86.79; 76.38; 88.96; front. max., ii 3 millimètres; min., 98 millimètres; biorb. ext., loa millimètres; bizygoni., i3o millimètres; haut, fac. , 89 millimètres; ind. fac. , 68.07 ! • long. , 5o milli- mètres, larg., 26 millimètres; ind. nasal, Sa. 00; orbite: haut. , 36 millimètres, larg. , 89 millim.; ind. orbit. , 92.80. Orozeo y Berra, Gcogràfia de las longuas, etc., p. 18. — Cf. Balbi, tabl. XXX. — Brasseur de Bourbourg, Ilisl. des liai, cwilis., 1. 1 , p. 10. — Squier, Monographj of Anthors who hâve xvriuen on the Languages of Central America, etc., New-York, 1861, in-S”, passim. — Brin- ton (D. G.), The Maya Chronicles {Library of Ahoriginal American Lilei'alwe n° 1), Philadelphia, 1882, in-8°, p. 1 7. — Etc. * Behrend (C. H.) ap. Brinton, op. cil., p. 17 et 18. — Cf. T. Maler, Mémoire sur l'Élat de Chiewa, Mexique (Bev. d’ethnogr., t. III, p. 396, i88â). ANTHROPOLOGIE. 101 Ces seize tribus sont presque entièrement inconnues des anthropologistes. On n’en a point de crâne dans les muse'es d’Amérique ou d’Europe, et le nombre des portraits photographiés qui les représentent est extrêmement restreint. Le Muséum de Paris ne possède que trois portraits de femmes Sokés photographiées à Tuxtla par M. T. MalerL Tout ce que ce voyageur nous dit de ce petit peuple, c’est quil se distingue par ses belles proportions; la tète est un peu grosse, le front est large et un peu fuyant, le nez droit, la bouche charnue, le menton fort et anguleux, et 1 ensemble de la face tend à prendre une forme suhtriangulaire. Statues et statuettes de Palenqué, etc. — Les monuments peuvent toutefois suppléer, dans une certaine mesure, à la pénurie des documents anatomiques. Si au Tahasco ils sont généralement trop grossiers^ pour être utilement consultés par les anthropo- logistes, dans la Haute-Uzumacinta, comme à Bellote ou à Palenqué, à Tikal ou à Copan ^ on a rencontré des statues, des terres cuites, des bas-reliefs surtout, en bois de zapote ou en stuc, qui représentent quantité de personnages bien dessinés, et dont l’étude permet de se faire une idée assez exacte des traits des constructeurs de toutes ces grandes choses. 11 se dégage de l’ensemble de ces sculptures et de ces modelages un type très homogène, bien différent du type plus ancien, encore aujourd’hui répandu dans toute la péninsule, et que nous avons distingué plus haut sous le nom vague de Vticatèque. Ce second type, qui est celui auquel nous réservons le nom de Maya, se caractérisé par un profil saillant, ou proéinine un très grand nez busqué, à fortes na- rines, dont l’artiste, par une bizarre recherche, prolonge parfois encore la racine au- dessus de la glabelle. Le front plat, parfois même concave, fuit bien vite en arrière et en haut; la bouche est forte, la lèvre inférieure souvent pendante; le menton, rare- ment pointu, est habituellement en retrait, les joues sont pleines et l’angle mentonnier est complètement effacé. Squelettes et crânes de Mayas anciens. - ‘ L’un de ces porlrails a 6lé reproduit par M. T. Mater dans la Revue d’elhnoffraphie de i 884 , p. 997. ® M. D. Charnay a représenté à la page SSy de son ou- vrage deux des nombreuses terres cuites du Gerro de los Idolos qu’il s’est procurées à Fronteras. Nous avons déjà signalé leur ressemblance avec celles du nord do l’État de Vera-Cruz. (E.-T. Hamy, Rapport sur le concours du prix Logêrot, pi-ésenté à la Société de géographie dans sa séance générale du 9 mai i 884 ; Paris, i 884 , br. in- 8 °, P- 10 -) ^ Cf. Antiquités mexicaines. Relation des trois expéditions du capitaine Dvpaix, ordonnées en i 8 o 5 , 1806 et 180^ pour la recherche des antiquités du pays , notamment celles Ce type se retrouve dans une partie des de Milia et de Palenqué, accompagnée des dessins de Cas- TA~NEDA, etc., par MM. Baradère, de Saint-Priest et plu- sieurs voyageurs qui ont parcouru l’Amérique ; Paris , 1 834 , 9 vol. ^ passim. — John Lloyd Stephens, Incidents of Travel to Central America, Chiapas and Yucatan, London, 1 854 , in-8°, passim. — De VValdeck et Brasseur de Bour- Itourg, Monuments anciens du Mexique. Palenqué et antres ruines de l’ancienne civilisation du Mexique; Paris, 1866 in-f, pl.XlI-XIV, XVl-XVIII, XXI-XXIV, XXIX-XXXII,' XXXIX, XL, XLll. — D. Charnay, Les anciennes villes du Nouveau Monde, Paris, i 885 , in- 4 °, p. i 58 , i 83 , i 85 , ^9^"'97> 2i 3, 918, 391, 398, 899, 409, 4i8, etc. — Cf. Musée d’ethnographie. Galerie Lorillard. — Etc. 102 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. sculptures des grandes cite's ruiue'es des anciens Mayas, et il nous suffira de rappeler les curieux profils déformés de tant de monuments en pierre calcaire, en terre cuite, etc., provenant des Etats du Yucatan ou de Campéclie. L’aplatissement de la tête que présentent toutes ces figures (cahezas-chalas) ^ était d’usage courant chez les Mayas; Landa et Herrera ont dit quelques mots de cette pra- tique ^ et les seuls crânes qui aient jamais été recueillis dans d’anciennes tombes yucatèques en montraient nettement l’action. Squelelle de TicuL — La première de ces trois précieuses pièces fut rencontrée par le célèbre voyageur américain John L. Stephens dans un ancien tombeau de Ticul, ville en ruines à quelques lieues au sud de MéridaL Morton, à qui fut soumise la trou- vaille, la décrivit de la manière suivante : rr Les os sont ceux d’une femme dont la taille ne devait pas dépasser 5 pieds 3 ou h pouces. Les dents sont parfaites et sans usure appréciable, les épiphyses viennent de se souder et indiquent que le sujet a atteint 1 âge adulte. Les os des mains et des pieds sont remarquablement petits et délicats, observation qui s’applique d’ailleurs à tout le squelette. Le crâne a été brisé en de nombreuses pièces, mais les portions postérieures et latérales ont pu être reconstruites. L’occiput est remarquablement plat et vertical, tandis que le diamètre latéral ou pa- riétal ne mesure pas moins de 5 pouces 8 (lây millimètres). . . A la partie supé- rieure du tibia gauche, il y a une bosse, ce que l’on appelle un nœud (a node) en lan- gage chirurgical, mesurant de i pouce à i pouce 1/2 de long et s’élevant de plus d’un demi-pouce au-dessus de la surface naturelle. Cette condition morbide peut être le résultat de causes variées, mais possède un grand intérêt en raison de son extrême rareté chez la population indienne primitive de la contrée'*, n Crâne de Me'rida. — Le crâne de Mérida, qui vient d’un tumulus fouillé entre cette ville et le cap Catoche, a été l’objet d’une brève étude de M. Virchow en 1887^. C’est un crâne d’homme dont la capacité ne dépasserait cependant pas i, 38 o centimètres cubes, et dont la circonférence horizontale ‘ D. Cresccncio Carillo y Ancona, Los Cabezas-Chatas (Anales det Museo nucional deMéxico, L III,p. 279-978). — Cf. ici., llisloria antigua de Yucatan, g'écl. , Mérida de Yucalau, i 883 , c. xin, p. 977. ^ Her rera , liisl. general de los keckos de los Castellanos en las Islas y Tierra firme del niar Oceano, docad. IV, lib. X, cap. ni, Madrid, 1 780 , in- 4 “, p. 909. — Diego de Landa , Eclation des choses de Yucatan (trad. Brasseur de Bonr- bourg, Paris, i 864 , in-8°, p. ii. 5 ). * J. A. Stephens, Incidents of Travel in Yucatan, New- York, i 843 , vol. 1 , p. 276 et suiv. atteint néanmoins 5 o 5 millimètres. Le dia- '* J. A. Stephens , Incidents of Travel in Yucatan , vol. I , p. 981. ^ R. Virchow, Ubereinen Schâdel von Merida, Yucatan (Verhandl. der Gesellsch.für Anthrop. Elhnolog. und Urgesch., 1887, .s. 45 1). — Ces tumulus sont construits en terre et en pierres ; suivant M. Cursebmann , leur hauteur varierait avec iïraportance des sujets qui y sont inhumés. Us con- tiennent, outre les corps, des vases de terre, des figurines d’argile et des haches de pierre. Un masque d’argile ac- compagnait le pre'sent squelette, dont on a recueilli le crâne, les bras et les jambes (s. 45 1). ANTHROPOLOGIE. 103 mètre ante'ro-postérieur mesure 178 millimètres et le transverse en atteint i56; l’in- dice ce'phalique est, par suite, de 90 . 17 . «Le front, dit M. Virchow, montre un aplatissement énergique, avec un tel refoule- ment en arrière de la partie supérieure, que les protubérances sont entièrement effa- cées; l’écaille inférieure de l’occipital est si déprimée, que le crâne, lorsqu’il est posé dessus, se maintient dans cette attitude. Il est, du reste, partout épais et pesant à pro- portion. n M. Virchow signale sur sa pièce divers caractères pathologiques : une synostose double naso-maxillaire et une hyperostose éburnée de la région fontanellaire an- térieure, que nous allons retrouver sur le crâne de Progreso que vient de publier M. Franz BoasL Crâne de Puerlo-Progreso. - — Cette pièce, découverte en décembre i883 dans un tombeau qu’ont mis au jour les travaux de voirie de Puerto-Progreso a été comparée par VP'' Crescencio Carillo, qui l’a vue un des premiers, à une tête de reptile [caheza d’un reptil), tellement elle lui paraissait aplatie et élargie^; elle a été successivement la propriété du docteur Fr. Rubio et de M. Ybarra Ortoli; ce dernier l’a envoyée à M. Stephens Salisbury, et elle est aujourd’hui conservée dans la bibliothèque de l'Anie- rican Anliquanan Sociely de Worcester; Mass. C’est un crâne do femme encore jeune, mais adulte; la suture spbéno-basilaire est parfaitement close, mais les molaires ne sont pas entamées par l’usure. Il est bien plus déformé encore que celui de Mérida; 1 aplatissement de l’occiput est surtout remarquable. «Le crâne est petit, dit M. Boas, et épais en bien des points. Près du bregma se trouve une large hyperostose qui parait setendre un peu en arrière de la suture coronale, ejui a quelque peu l’apparence dune rainure approfondie. L’hyperostose forme sur le front une élévation médiane triangulaire; ses limites sur les pariétaux sont mal définies; elle a quelque peu l’appa- rence de l’ivoire. On rencontre de petites exostoses autonr des trous pariétaux, dont la surface est raboteuse; le gauche a un diamètre de i3 millimètres environ; le droit, un diamètre de i5 millimètres. Toutes les sutures normalement ouvertes sur un sujet jeune sont encore visibles ici; la suture médio-frontale elle-même est ouverte dans ‘ Fr. Boas, Craiiimn from Progreso, Yucatan [Proceetl. of the Americ. Antiquar. Sociely, April 3 o, 1890), Wor- cesler, 1890, br. ia-8’, 2 pl. ^ Le tombeau renfermait , avec le squelette, un joli vase de terre élégamment décoré, dans l’intérieur duquel se trouvaient trois flûtes d’os. (Crescencio Carillo, Los Ca- bezas-Ckatas , p. 276.) Une grande partie de la voûte et, en particulier, le pariétal gauche et la portion voisine du frontal étaient couverts d’une épaisse incrustation qui semblait être de carbonate de chaux. Les os contiennent encore beaucoup de matière animale, et M. Boas ne pa- raît pas éloigné d’admettre, avec M. Ybarra Ortoli, que le sujet avait été momilié. (Fr. Boas, Cranium from Pro- greso, p. 8 et 9.) ® trAl verla no se puede menos que pensar, como in- voluntariamente, en una raza de hombres-serpientes, aun- que constitutida en tal por su proprio artificio y voluntad.71 (C. Cai'illo, loc. cil., p. 272-27 û.) 104 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. toute sa longueur L Le front est étroit, étant donnée surtout cette dernière particu- larité. On trouve un large wormien dans le milieu de la coronale droite, qui paraît déprimée à ce niveau; il est probable qu’un osselet semblable existe à gauche sous 1 incrustation qui le dissimule en partie. Le crâne est d’ailleurs remarquablement mince à ce niveau. L’écaille occipitale est paraboloïde; la protubérance est large, la région basilaire inégale. Le plan du trou occipital coupe vers son centre l’ouverture des fosses nasales. Le palais est plat et large; le processus alvéolaire est bas et prognathe. L’ou- verture du nez est large, ovale; l’orbite est arrondi. L’orifice auditif est rond -n Cette description un peu désordonnée, et que nous abrégeons, montre en somme les plus grandes analogies entre les pièces de Mérida et de Progreso, et le tableau des mesures dressé par M. Boas accentue en.core la ressemblance^. Nous n’avons malheureusement à rapprocher de ces deux pièces qu’un fragment de face, dont le front, artificiellement déprimé et très oblique, est bien celui d’une caheza- chata. Il est vrai que le maxillaire que ce frontal surmonte présente une mutilation dentaire du plus haut intérêt, puisqu’elle reproduit celle du Téjar précédemment dé- crite. Face osseuse des environs de Campêche. — Ce fragment osseux (coil. Fuzier, cat. Muséum, n° qBfib), qui comprend une partie du frontal et la face presque entière, a été trouvé, avec quelques figurines d’un bon travail, dans un tombeau ancien des envi- rons de Campêche. Comme on peut le voir dans les figures i et 2 de la planche XXII de notre atlas, la face antérieure des incisives et des canines se montre habilement creusée, vers le centre de figure, de trous cylindriques qui mesurent 3 millimètres de diamètre et dans lesquels ont été insérées des pierres dures, de couleur bleu-verdâtre, qualifiées turquoises par le docteur Fuzier, et dont la partie visible est régulièrement convexe et a reçu un assez beau poli. Une des incisives médianes fait actuellement défaut sur notre pièce; elle se trouvait encore en place au moment de la trouvaille, car M. Fuzier, dans un dessin exécuté d’après nature, montre lessîÆ dents perforées. Deux des pierres ont disparu des alvéoles, celles de la canine droite et de l’incisive médiane gauche, et il est aisé de constater que la perforation, qui atteint sur ces deux dents une profondeur d’un millimètre, a dû être opérée à l’aide d’un emporte-pièce semblable à ceux que l’on employait avant la conquête dans toutes ces régions, pour excaver la diorite, la serpentine, le chalchiuitl ou le cristal de roche. Le percement. ' Elle aboutit sur la coronale à i centimètre à droite de la sagittale (flg. 3 de M. Boas). ^ Nous cmprunlons au tableau de M. Boas les mesures qui suivent : Capacité crânienne, Mérida , 1 38 o centùnètres cubes; Progreso, laSo centim. cubes; circonférence bori- zonlale, M., SoSmillira.; P., â 63 ; diam. ant.-post. max. , M., 178; P., 170; d. transv. max., M., i 56 ; P., i 48 ; indice céphalique, M., 90.17; P., 87.06; diam. basil.- bregm., M., » ; P., 1 35 millimètres; front, min., M. , 98; P., 87; bi zygomatique, M., lâa; P., lâo?; orbite : larg., M. , 4 o ; P. , 38 ; haut. , M. , 34 ; P. , 35 ; nez : larg. , M. , 26 ; P., 27; haut., M., 53 ; P., 5 i. (Boas, op. cù., p. 7018.) ANTHROPOLOGIE. 105 opéré par la rolalion d’un petit cylindre creux manœuvrant indéfiniment sur une mince couche de poudre siliceuse, devait nécessiter un temps considérable, et l’on conçoit aisé- ment qu’une opération aussi prolongée ne pouvait être pratiquée avec succès que bien exceptionnellement sur un individu vivant. L’examen de la pièce de la collection Fuzier prouve d’ailleurs nettement que le tra- vail que nous venons de décrire a été exécuté post morlem, aucune alteration patholo- gique ne se montrant au voisinage de la perforation dentaire. Quelle se pratiquât d’ailleurs sur les vivants ou sur les morts, la mutilation est exac- tement la même au Téjar et a Campêcbe, chez 1 ancien Huaxteque et chez le vieux Maya ', et cette ressemblance vient s’ajouter à tant d autres traits ethnographiques, pré- cédemment recueillis, pour affirmer une fois de plus 1 imite première de ces peuples . Portraits de Mayas et de Laca 7 idom. — Parmi les portraits photographies a Papacal et à Caiikal par M. D. Charnay^ et dont nous avons parlé déjà'*, il s’en trouve plu- sieurs où l’on croit retrouver quelque chose des types des monuments mayas-quiches, et notamment le nez en saillie et le front fuyant. Mais c’est surtout le chef Lacandon du Paso Yachilan® qui rappelle la physionomie Maya; vu de face, il présente en effet une tête en triangle, dont le front large et fuyant est étroitement serré dans une sorte de mouchoir. Son nez est droit, mince, relativement saillant, et ses yeux comme sa bouche reproduisent, sans effort, certaines expressions du visage des pontifes palanqiiéens. Des six Lacandons photographiés en même temps, un seul des quatre hommes est compa- rable à son chef sous ce rapport. Il reproduit, lui aussi, en les adoucissant toutefois, les traits des anciennes sculptures. CîYmcs des Gravides Antilles. — La linguistique a depuis longtemps démontré la pa- renté d’une partie des anciens habitants des Grandes Antilles avec ceux du Yucatan , etc. ; les langues cubaine, haïtienne, borique et jamaïque appartiennent, en effet, à la fa- mille huaxteque maya-qulché. La craniologie apjiorte à son tour un certain contingent de preuves en faveur de l’origine commune des anciens Haïtiens, Cubains et Jamaï- quains, et de certains de leurs voisins de la presquile yucateque, du Chiapas, etc. ' La seule différence, en somme, que l’on puisse con- slaLer entre ces deux pièces, c’est que la mutilation, res- treinte aux incisives sur la pièce de Médellin, s’étend aux canines sur celle de Canqiêchc. * Si l’on étudie de près les objets découverts au sein des ruines yucatèques, disions-nous en i884 en résumant les travaux de M. D. Cbarnay, on leur trouve souvent des affinités très étroites, non point avec les antiquités de Tollau ou de Cholollan, mais avec celles de l’ancienne Huaxtèque et de l île de Sacrilicios dans la baie de Veia- ÏOOIOOIE DU MEXIQUE. — l” l'AKÏIE. Cruz ( Zlît/fcim de laSociélé degéogr., i884 , p. ayC et 277 .) ^ Cf. D. Cbarnay, op. cil., p. 2 33. * Voir plus haut, p. yS. ‘ Cf. D. Cbarnay, op. cil., p. 377 . — Les clichés des Lacandons, comme tous ceux dont il a été précédemment question, recueillis par M. Cbarnay pendant ses longues explorations mexicaines, ont été déposés au laboratoire d’antbropologie du Muséum de Paris. Des épreuves de ces clichés sont exposées dans les galeries du Muséum et au Musée d’etbnographie du Trocadéro. i4 IMIT.IMEHIE >ATrOXALB. 106 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. Crânes du Fort-DaupJun {Haxli). — Les têtes déformées, par exemple, trouvées jadis par Auvray dans les Jrédoches à.\x Fort-Dauphin, aujourdhui hort-Egalite, et dont lune a été décrite et figurée par Arthaud dans le journal de Rozier, Monges et de la Me- thrie\ ne différaient par aucun point essentiel de celles dont il vient detre question. Arthaud avait d’ailleurs parfaitement saisi les caractères imprimés au crâne et à la face par la déformation^, et l’on ne peut que s’étonner qu’il se soit refusé, au nom d’une certaine philosophie sentimentale, à accepter l’existence de pratiques dont les historiens et les voyageurs ont si solidement démontré la réalité. Une autre erreur d’Arthaud consistait à qualifier de Caraïbes les anciens insulaires dont il décrivait les restes; nous ferons seulement observer à propos de cette épithète que si certains indigènes des îles caraïbes, ceux de Saint-Vincent par exemple, se mutilaient le crâne suivant un type analogue à celui qui nous occupe ici, du moins est-il tout a fait impossible d attri- buer avec vraisemblance a une population caraïbe la deformation en usage au Fort- Dauphin. On sait, en effet ^ que les peuples collectivement désignés, dès le premier voyage de Christophe Colomb, sous les noms de Caniba, Canlma, Cariba, Caribes, Carib\ n’ont pas dépassé dans leurs excursions maritimes la moitié orientale de Haïti ' Arlliaiid , Sur la coi^ortnalion de la tête des Caraihes el sur quelques usages bizarres altribués à des nations sauvages ( Observations sur la jdiysique , sur l’histoire naturelle et sur les arts, l. XXXIV, p. 95 o-ü55, 1789, in-h”). ® «Dans la lèlc [caraïbe] rpic nous avons, dit Arthaud (p. a53), le coronal est applati , exceptd dans la partie su- périeure qui pre'sentc une espece de tuhéi'osité; son appla- lissement est plus marqué dans le centre (juc sur les bords ; les pariétaux paraissent plus élevés dans leur cerilre et dans leur partie postérieure ([ue pi'èa de leur bord. L’occipital est convexe dans sa partie supérieure, et il paroit applati et déprimé inféi-icurement au-dessous de la première lif;ne transversale qui marque l’altaclie des muscles. Les fosses orbitaires n’ont pas une profondeur proportionnée ii leur ouverture, le plancber orbitaire siqiérieure se porte en avant par une inclinaison marquée. rr Celte disposition de l’orbite , l’applalissement du front , le renvcrseraenl de la tète par l’applatissemenl de l’occipi- lal et la voûte relevée des pariétaux, l’élévation des arcades zigomatiques, la dépression des maxillaires, la distance des apopbises orbitaires, l’excavation des os du nez, leur l)eu d’étendue, l’ouverture des narines nous font croire que les yeux éloienl gros et saillans, que la face étoit plate et large, que le nez étoit gros et court, que la position de la tête étoit renversée et que sa conformation n’avoit rien . lo et ii. ^ Ils seraient partis de Iluohuetlapallan en 544 de notre ère et arrivés à Tollantzinco en 645. (Cf. Orozeo y Berra, op. cit., t. III, p. 23, etc.) ' Ces étapes sont Tlapallantzinco, Ilucyxallan, Jalisco, Chimalliuacan- Atenco, Toxpan, Quiahuitlan-Anahuac, Zacallan, Totzapan, Tepctla, Matzatepec, Ziuhcohuatl, Iztachuczucha, et enfin Tollantzinco et Tollan ou Tula. (Ixllilxoehitl, cd. cit., p. ii et 12 .) C’étaient autant de colonies qu’ils laissaient sur leur route. De Jalisco à Tula , l’itinéraire suivi est généralement d’ouesf en est, et c’est ce qui explique que quelques pages plus loin (p. 27 ) Ixtlilxocliitl nous dise qu’ils venaient du couchant. ° Sahagun dit qu’ils vécurent un grand nombre d’an- nées dans la ville de Tullantzinco, rr ainsi qu’en rendent té- moignage un grand nombre d'antiquités et, entre autres, un temple appelé en mexicain Tlapalcalli, qui dure en- coi'e et qui a résisté au temps , parce qu’il a été bâti avec du roc et des pierres. De là, ils furent s’établir sur les bords d’une rivière près de la ville de Xocotitlun, qu’on appelle aujourd’hui Tullan ou Tula. On peut assurer qu’ils y vécurent longtemps réunis en voyant les nombreux tra- vaux qu’ils y tirent,)) etc. {Trad. cit., p. 655 et 656.) La fondation de Tollantzinco date de 645 de notre ère, celle de Tula de 661 . ® Les seuls caractères ethniques que signalent les chroni- queurs , quand ils parlent des Toltèques , se rapportent à leur taille et ’a leur vigueur, grâce auxquelles ils avaient acquis une aptitude toute particulière à la course : Les decian tlan- cuaccmillmiqve , que corrian an dia entero sin descanso. ANTHROPOLOGIE. 113 Les louilles de M. Charnay a Tula et à Te'otihuacan n’ont malheureusement fourni presque aucun document anthropologique *. Les ruines de Huexutla (Hidalgo), de Za- catlan (Puebla), de Quiahuitlan (Vera-Cruz), de Tochpan ou Tuxpan (Michoacan), de Jalisco (Jalisco), les seules stations toltèques qu’on ait pu identilier, n’ont été jusqu’à présent l’ohjet d’aucune recherche sérieuse. Enfin, on ne sait presque rien de positif sur les nécropoles antiques qui jalonnent dans le Nord ^ la seule route qu’aient pu prendre les immigrants toltèques entre la Sierra Madré ^ et le Bolson de Mapimi pour gagner par Durango le littoral de Jalisco. Momies de Casas Grandes de C/iihuahua. — M. Guillemin-Tarayre a bien donné la description rapide d’anciens tombeaux ouverts par MM. Müller, Roger-Dubos et Yrri- goyen aux abords des célèbres Casas Grandes de Cbihuahua^, mais il n’a pu se procurer aucune des momies accroupies rencontrées ' Le seul crâne trouvé â Tiila est le crâne d’Olomite dont il a éld question plus haut (p. 34 ). .M. Charnay a envoyé' de Tdolihuacan une caisse d'ossements liuraains, presque tous brisés , les uns d’aspect très ancien , les autres tout modernes, exhumés de ses fouilles et provenant des remblais qui avaient recouvert les ruines qu'il venait de mettre au jour. Il y avait dans cet envoi, entre autres |)ièces : une clavicule brisée de très gfi-atide taille; deux humérus incomplets, remarquables à la fois par leur gra- cilité et leur longueur; un tibia volumineux, quelque peu aplati eu travers ; cinq fragments de maxillaires iid'érieurs, tous remarquables par la saillie plus ou moins forte de l’angle mandibulaire , transformé en un véritable talon; un débris d’une face à la fois basse et large; un frontal en- tier fort dilaté en largeur (front, min., io4 millimètres; front, niax. , 126) et d'un prolil régulier, mais relative- ment court (courbe frontale tôt., 191 millimètres); une face entière, tout h la fois plus étroite et bien plus élevée et semblant avoir appartenu à une tète acrocéphale par déformation postérieure. Le nez n’a que 48 millimètres de hauteur pour 97 de largeur et les orbites mesurent 36 mil- limètres de large pour 4 o de haut. La collection de Téoti- huacan comprenait encore un crâne mutilé de la base , mais presque complet de la voâte, avec sa mandibule. Ce crâne est de forme normale, brachycéphale à 84.09 (*!• 17C millimètres; d. tr. niax., i 48 ) avec un méplat pa- riéto-occipital très prononcé et des bosses pariétales très saillantes. La face est large (d. bizyg., i 4 o millimètres), mais relativement haute (haut, fac., io 4 millimètres); le nez est long et mince (haut. lot. , 55 millimètres, larg., 95) et les orbites sont presque carrés (haut., 87 millimètres, larg., 3 i). Le prognathisme sous-alvéolaire est très sen- sible, et la mandibule puissante, rentrée de dedans, en ar- ZOOLOGIE Dü MEVIQÜE. 1 " PARTIE. dans ces sépultures. rière, se termine en avant par un menton massif et arrondi (d. bigon., 94 millimètres; angulo-symph., 86 ; branche mont. ; haut., 6i, larg., 38 ; haut., 2' mol., 82; épaiss. , 17; haut, symph., 36 ; épaiss., 16). Il est absolument impossible, étant donnés les mélanges qu’atteste la série d’ossements des fouilles de M. Cbarnay, de se faire une idée quelconcpie de fâge bistorique des sujets qu’il a ainsi très incomplètement exhumés. * Nous admettons en effet, avec Orozeo y Berra, qui a très sérieusement étudié la question (t. III, p. 95, etc.), ([Lie les arguments invoqués par Brasseur et quelques autres pour faire venir les Toltèques des régions méridio- nales n’ont pas assez de poids pour l’emporter sur le sen- timent commun des écrivains indigènes et castillans qui ont puisé au xvi" siècle aux sources des traditions natio- nales : Es el comun sentir de les esentores indiffenos, de los castellanos que leyeron las untiguas piiiluras ij bihieron en las Iradicioncs imcinnales. “ (T Le développement rectiligne de la Sierra Madré, dit très justement M. Guillemin-Tarayre, a certainement guidé toutes les migrations venant du nord. C’est toujours dans les vallées qui s’étendent parallèlement à la chaîne que Ton rencontre les établissements anciens.)!. . . Et un peu plus loin il ajoute que » l’intérieur de la Siei-ra ne contient pas de luines anciennes)). (Guillemin-Tarayre, Riipp. cil. \Arch. delà Commiss, scient, du Mexique, t. III . p. 355 ].) ’ ((Les tombeaux, dit M. Guillemin-Tarayre, offrent la forme de caves en maçonnerie sèche; la section horizon- tale est une ellipse La dépouille, enveloppée d’une étoffe tissée des fibres seirées d’un végétal qui rappelle Tagavé, est accroupie, comme l’indique la figure,)) (/ifd., p. 349.) i5 IMPRIMEIUB NATfOX.il.B. îlâ ZOOLOGIE DU MEXIQUE. Nous sommes heureusement mieux renseignés sur la grande nécropole découverte à Diirango à peu près vers la même époque et dont’quelques crânes fort curieux sont parvenus entre nos mains. Crânes de la ne'cropole de Durango. — C’est à M. Ernm. Domenech que nous en de- vons la connaissance; il était arrivé à Durango au cours du voyage d’exploration dont nous avons fréquemment mentionné les résultats dans les pages qui précèdent, et l’on venait justement de fouiller aux abords de la ville un certain nombre de tombeaux fort analogues à ceux de Chihuahua. Les sujets y étaient ensevelis, comme aux Casas Grandes, dans une attitude accroupie, les jambes ramenées contre la poitrine et le menton ap- puyé sur les genoux; autour des corps, on trouvait des poteries brisées, des flèches en jaspe et des haches polies à gorge Trois têtes seulement ont pu être sauvées par M. Domenech et par lui rapportées au Muséum de Paris. Ce sont deux têtes d’hommes assez bien conservées et une voûte in- complète de crâne de femme (pl. X). Le premier crâne (coll. Domenech, n® 1 1, cat. Muséum, n° Û960) ne diffère, dans sa morphologie crânienne, du type déformé n° 2 du Cerro de las Palmas (pl.VIII, fig. 1 à 5 ) que par un plus grand aplatissement de la région frontale au niveau des bosses^, le sillon post-coronal plus marqué et la dépression occipitale plus sensible. La face, plus massive, est un peu plus courte (haut, face, 9 3 millimètres) et beaucoup plus large (diam. bizygomatique, t/i 5 millimètres, bimaxill. minim., 72). La racine du nez est épaisse (interorbit. , 29 millimètres), le squelette nasal est large (29 millimètres) pour sa hauteur (52 millimètres) et l’indice que donnent ses deux dimensions dé- passe 55 . La projection alvéolaire fait descendre à 5 û degrés l’angle facial correspon- dant^. La mandibule est à la fois plus élargie des angles, plus haute de branche mon- tante et plus basse de symphyse'*. Le deuxième crâne de la vieille nécropole de Durango (coll. Domenech, n“ i 3 , cat. Muséum, n° Û9Û2), déformé dans le même sens que le premier, est toutefois moins refoulé en arrière et a bien moins de dépression frontale et de sillon post-coronal; mais le dernier tiers de la suture sagittale est profondément encavé, et la pièce, vue d’en haut, tend à prendre le contour cordiforme qui caractérise la plupart des vieux crânes de File de Sacrificios. L’ossature de la face est moins lourde et la mâchoire su- périeure notablement moins massive ^ ‘ Plusieurs de ces haches sont au Musde d’ethnographie du Trocadéro. ^ Cette pièce esl, à ce point de vue, l’intermédiaire entre le type n° 9 du Cerro de las Palmas et le type n" 1 de Sacridcios , dont nous l’avons rapproche'e sur notre planche. ^ Voir le tableau ci-après. '■ Pi incipales mesures de la mandibule du crâne n° âgâo : D. biangul. , 87 millimètres; angulo-symphys. , 87; haut, branche montante, 47; haut, symphyse, 39 . ^ J’ignore si le crâne masculin n° 978 de YArmy medi- cal Muséum vient de la même fouille que les noires. Il est CRÂNES DE DÜRANGO, DE SANTA-MARIA (RIO GRANDE) ET DE CHALCO. ANTHROPOLOGIE 115 116 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. La voûte du crâne fe'minin (coll. Domenech, n“ 3â, cat. Muséum, ii“ âg63) est très mutilée et permet seulement de reconnaître, chez le sujet auquel elle a appartenu, un peu moins d’aplatissement d’avant en arrière, plus d’ampliation occipitale et moins de développement frontal que n’en présentent les têtes masculines de la même provenance. Staluellos et bas-reliefs de Téotihuacan, Tula, Xochicalco. — Nous avons dit que la région où les Toltèques ont établi et maintenu pendant quatre siècles et demi leur domination continue n’avait pas donné, jusqu’ici, de restes humains qui pussent être étudiés par les anthropologistes. Cela tient presque exclusivement à l’usage de la cré- mation, qui s’était généralisé dans la nation après son établissement d [Cad. Ramtrez, p. 19.) ° Le nom indien est Tlacopan. Nous avons ddjà dit que ïaeuba est aujoiu’d’hui à moitié otoniite. (Voir plus haut, p. 35 .) Voir p. 35 . " Pour Ailacuihuayan. Voir p. 33 . ' P. Fr. D. Duran, éd. cit., 1. 1 , p. 10 et 1 1. ^ Suchimilco (Bemardino de San-Francisco , ap. Anal. del Mus. de Mexico, l. II, p. 99). — tr Xuchimilca que quiere decir poseedores de las sementeras de Jlores. v ( Cod. Rnmirez, éd. Vigil., p. 18.) ^ Pour Ehecatzinco. " On a vu plus haut que Mizquic faisait une tribu à part pour Bemardino de San-Francisco. ® Jid. cit., ti I, p. 11. trChalcas, que quiere decir gente de las bocas. . . los ANTHROPOLOGIE. 143 Crânes de Xochimilques et de Tépanèques. — Nous n’avons pu nous procurer auçun renseignement sur l’anthropologie des Chalques; mais le Muse'um possède une impor- tante collection d’anciens crânes de Tépanèques et deux crânes de Xocliimilques, que nous allons brièvement faire connaître. Crânes d! Azcapolzalco, — Les crânes de Tépanèques ont été recueillis par MM. Do- rnenech et Boban dans des tombes fouillées à Azcapotzalco, qui était capitale de ce peuple, ainsi que l’on vient de le voirL Ces tombes tépanèques, de forme tantôt arrondie, tantôt quadrangulaire, sont creusees dans 1 alluvion à deux mètres environ de profondeur. On trouve avec les morts de grands masques sculptés en pierre dure, des amulettes en forme de cœur, d’écus- son, etc., taillées dans des roches plus ou moins précieuses et polies avec beaucoup de soin, des vases de terre etc. Les crânes, généralement bien conservés, ont des formes dilîérentes de toutes celles que nous venons de passer en revue (pl. XIX, fig. i à 8). Au Mexique, plus on descend la série des âges pour se rapprocher de l’époque de la conquête espagnole, plus s’accuse la dolichocéphalie chez les indigènes. Les pre- miers habitants de la contrée étaient partout, nous l’avons surabondamment démontré, des brachycéphales vrais, dont l’aplatissement vertical de l’occiput exagérait encore quelquefois les indices céphaliques, déjà très élevés. Les Chichimèques se sont montrés mésaticéphales; les Tépanèques vont descendre à la limite de la sous-dolichocéphalie (ind. ceph. moyen, yy.Si) et les Xochimilques seront franchement sous-dolicho- céphales. Les crânes tepaneques du Muséum sont au nombre de neuf, dont six masculins et trois féminins. Ils forment une série relativement très homogène. Ce sont de petits crânes cubant, les premiers 1,895 centimètres cubes, et les seconds 1,270. Les circon- férences des uns mesurent 5 oi, 43 0 et kqk millimètres, celles des autres descendent à 482, 4 o 8 et 457. Les trois dimensions sont représentées dans rune des séries par les chiffres 176, i 35 et i 32 , dans l’autre par les chiffres 168, i 33 , 127. Les indices céphaliques sont pour les hommes 77.14, 78.42 et 97.77; pour les femmes, 79.16, ‘ Le musée Broca possède , dans ta colicclion du doc- teur Fuzier, un autre crâne étiqueté : Indien mexicain ancien (vallée de Mexico)» et sur la voûte duquel on peut lire, en grosses lettres, le mot Azcapozalco. ]\e sachant pas si cette pièce venait des mûmes fouilles que les neuf autres dont il est question ci-dessus, je transcris ici ses principales mesures : Gap. crân., i ,455 centimètres cubes; cire, lioriz., âgâ millimètres; d. a.-p., 178 millimètres; d. tr. max., i 34 millimètres; d. bas.-bregm., 189 milli- mètres; ind. céph., 77.45, 8 o. 34 , io 3 . 73 ; d. front, max., 112 millimètres, min., 90 millimètres; biorb. exi., 99 millimètres, bizygomatique, 128 millimètres; haut, face //; ind. fac. //; nez, long., 62 millimètres, larg., 25 millimètres, ind. nas., 48.07; oi'bite, haut., 36 milli- mètres; larg., 39 millimètres; ind. orbit., 92.80. ^ Le Musée d’etlmograpbie du Trocadéro possède la plupart des objets trouvés avec les crânes que nous décri- Yons ici. 144 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. 75.69 et 96.48. Toutes les dimensions crâniennes sont réduites, sauf le diamètre bi- temporal, relativement élargi par un certain degré de convexité des écaillés. La face est tout à la fois diminuée en hauteur et en largeur, mais ses indices n’offrent rien de bien remarquable. Les angles faciaux sont défavorables; le sous-nasal se ferme par 72 et 68 degrés, et l’alvéolaire ne dépasse point 62 degrés. Nous avons dû exclure de nos moyennes divers chiffres exceptionnels donnés par le squelette nasal de deux de nos sujets masculins, atteints l’un et l’autre d’affections poly- peuses qui ont assez profondément déformé l’ouverture des fosses et les parois osseuses qui la circonscrivent. L’un de ces polypes, de nature spongieuse, est une pièce d’ana- tomie pathologique tout à fait intéressante et mériterait, croyons-nous, d’être minu- tieusement décrite par un homme de l’art. Crânes d’Apisco. — Nos crânes de Xochimilques (coll. Domenech, n”* 26 et 27, cat. Mus., lU* 4966 et 4966), tous deux féminins, viennent d’Ajusco, ancienne bourgade, à quelque distance à l’est de Xochimilco, sur la route de Cuernavaca. Les mesures que nous avons groupées dans la première colonne du tableau de la page i 45 montrent les analogies et les différences qu’ils présentent par rapport aux crânes de même sexe recueillis à Azcapotzalco. Ils ont la même capacité moyenne, les mêmes projections ou peu s’en faut, les mêmes dimensions en longueur; mais ils sont plus étroits et plus hauts , de sorte que leurs indices les font passer dans la catégorie des sous-dolichocéphales. A part cela, toutes les courbes crâniennes, les mesures faciales linéaires et angulaires se ressemblent généralement; toutefois, les pommettes sont moins saillantes, ce qui aug- mente l’indice facial , et le nez se dilate plus qu’il ne s’allonge , ce qui agrandit l’indice nasal . Crânes de Izlajuilapan et de Téohliuacan. — La quatrième colonne du mêmn tableau combine les mesures de deux crânes masculins provenant de tombes fouillées par M. Boban à Iztapalapan et à Téotihuacan (cat. Mus., n°^ 6487 et 6438 ), et contenant des objets assez analogues à ceux qu’ont donnés les sépultures d Azcapotzalco L Ces crânes, un peu plus volumineux, plus courts, plus larges et plus hauts que les crânes de Tépanèques du même sexe, se tiennent cependant presque toujours â courte distance de ceux-ci et ne font pas d’écart assez large pour que l’on soit tenté de les retirer du groupement historique dans lequel ils se trouvent ici rangés ^ ' M. Boban, à qui nous devons ces crânes, signale parmi les pièces qui les accompagnaient des terres cuites et un objet en lave poreuse sculptée. ’ Ces deux crânes d’Acolluias ont leurs mâchoires infé- rieures, dont voici tes principales mesures : D. biang. ou bigonial, 89 millimètres: d. angulo-symph., 77 milli- mètres; branche mont. : haut., 6â millimètres, larg. , 28 millimètres; épaiss. à la 2' mol., lâ millimètres; haut, symph. , 3 O millimètres?; épaiss. symph., i 4 millimètres. — L’un de ces maxillaires, celui d’Iztapalapan , porte un énorme odontome dans la région molaire droite , développe principalement aux dépens de la deuxième grosse molaire. CRÂNES DE XOGHIMILQÜES, DE TÉPANÈQÜES ET D’AGÜLHCAS. ANTHROPOLOGIE 145 iMrn[M£r.i£ nationai.e. ZOOLOGIE DU MEXIQUE. 'Iâ6 Les Tetzcocans ou Acoihuas. — Les {jens d’Iztapalapan comme les derniers venus de Téotihuacan , apparliennent en effet à la quatrième des tribus nabnatlaques, dési- gnée par les historiens sous les noms de Tetzcocane ou d’Acolhua. üuran dit de cette tribu Tezcucam^ qu’elle n’était ni moins grande ni moins nom- breuse que celle de Xochimilco et il cite parmi les localités qu'elle occupa UejuÜa, pour Huexolla, Coatlichan, Tcpellaozloc, Acuhnan, Chiaullatocas , TJanUfcchpa, Otonpan, etc.; sa capitale fut Tetzcuco, dont notre auteur vante la haute civilisation relative et qu’il compare à Tolède ^como Toledo en Espanan. Les Tlalhuiques. — Les Tlalhuicas ou Tlalhuiques ^ (la cinquième des tribus nahuat- laques, dans l’ordre d’arrivée de ces tribus), trouvant toutes les rives des lagunes occu- pées parleurs prédécesseurs, se décidèrent à franchir les montagnes dans la direction du sud. Ils renconti’èrent sur l’autre versant l’admirable vallée de Quauhnahuac ou Cuer- navaca, dans laquelle ils se fisèrent et prospérèrent. Yahulepec, Oaxtepec, Acapiclülon , Tlaqmllenmico furent, avec Quauhnahuac la capitale, les principales cités fondées par ces immigrants. Crâne de Tlalhuique d'Acapaminpo. — Une tombe fouillée à Acapancingo, à une lieue et demie de Guernavaca, par William Maclure on i836, a donné le seul crâne Tlalhuica que l’on connaisse. Cette pièce, figurée et brièvement décrite dans les Cranla americana'\ parait ressembler beaucoup à nos crânes Xochimilques. Les mesures que \L Ten Kate a bien voulu prendre pour nous dans la collection Morton® ne permettent de démêler qu’une seule différence de quelque importance, tirée de l’indice nasal, qui descend à /i8 de 58, 56, 55 et 5 i qu’il atteignait sur les autres Nahuatlaques de notre tableau. Âlorton dit quelques mots de la projection de la face, du retrait du front et du redres- sement de l’occiput de cet Indien, dont l’élongation céphalique le frappe (more cloniralcd thaniisual), et insiste sur les dimensions exceptionnelles que présente l’apophyse styloïde. ‘ Izlapalapan se trouvait jadis sur ie bord occidental do la presqu'île cpii séparait le lac de Xochimilco de celui de Tctzcoco ou de Mexico et était isolé, par la large com- munication tjui unissait ces deux masses d’eau, des ter- ritoires occu])és à l’ouest par les Xochimilques et les Tépa- nèques. ^ Cuihuas cque quierc decir gente de la tor 6 corva, porque en la lierra de donde vinieron esld un cerro con la punta encorvada». [Cad. Ilamirez , p. 19.) Aiiilabaca (Bernardino de San-Francisco), Tlalhuica {Codex Bamivet) ffque signiiica gente de luizia la terra -n (P- i9)- '* Morton, Cran, aineric., pl. XVlll A et p. i 56 et loj. — Cf. A. Mcigs, Catalog., p. 87. * Principales mesures du crâne d’ Acapancingo de la col- lection Morton, d'après M. Ten Kate : Gap. cran., // ; cire, horiz., âqo millimètres; d. a.-p., 17/i millimètres; d. tr. max., i 3 s millimètres; d. has.-hregm., i 3 (i millimètr(«; ind. ce'ph., 75. 80 , 78. iG, io3.02; d. front, max., 1 1 It millimètres, min. ,9^1 millimètres; biniii. ext., 9O milli- mètres; liizygom., i 3 o millimètres; haut, face, qâ milli- mètres; ind. fac. , 79.80 ; nez, long. , 5 o millimètres, larg. , üh millimètres; ind. nas., /18.00; orbite haut., Sâ milli- mètres, larg., 37 millimètres; ind. orbil. , 91.90. ANTHROPOLOGIE. 147 Il n’a jamais vu un appendice semblable, assez long, dit-il, pour toucher la mandibule, de façon à empêcher presque le sujet d’ouvrir la bouche. S 2. SoMMAiiiE. — Les TlaxcaUè:|ues. — Leurs affinités ethniques. Crânes de Tiaxcaltèques émigrés, de San-Lniz-l’olosi. Les TlaxcaJlèqiics. — La nation Tlavcaltèque, restée indépendante, malgré les elforts souvent réitérés de ses puissants voisins de la région des lacs, est représentée dans la tradition comme apparentée de près à celles dont il vient d’être question, sortie des fameuses Sept Cavernes après les Tlalhniqnes et avant les Aztèques, et occupant par conséquent le sixième rang sur la liste des émigrants nabuatlaques L Les habitants de la république de Tlaxcala se considéraient pourtant eux-inêmos comme issus d’une tribu chicliimèque, celle des Teochichimecas ou plutôt des Techi- cbimètpies^, et Ixtlilxochitl ne manque ])as de faire observer qu’ils étaient de la même race que Netzabualpiltzintli, lorsqu’il parle des services rendus par la république de Tlaxcala au père et à l’aïeul de cet empereur chicliimèque^. Crânes de Tiaxcaltèques émigrés , de San-Luls-Potosi. — Nous n’avons eu entre les mains aucun crâne de l’Etat de Tlaxcala; mais M. E. Domenech a recueilli pour le Muséum, an cours de son voyage d’exploration, deux crânes de Tiaxcaltèques émigrés, de l’Etat de San-Luis-Potosi, l’un masculin et l’autre féminin; ces deux sujets avaient fait partie de l’une des missions fondées en i588 par les PP. Geronimo de Zarota et Ignacio de Cardona dans les districts de Alezquitic et de Venado, où les descendants de ces Tiax- caltèques émigrés se sont perpétués jusqu’à nos jours'*. Leur examen conlirme la doc- trine d’Ixtlilxoclîitl et des vieux Tlaxcallans. En elfet, le premier de ces crânes (coll. Domenech, n° i 6 , cat. Mus., n“ AqâS), dont nous avons donné les figures sur notre planche XXI et les mesures dans la quatrième colonne du tableau de la page ta y, un peu plus long et plus étroit que les crânes cliicbimèques de même sexe est exactement de même longueur que le crâne moderne de San-Luiz-de-la-Paz et de même hauteur que les crânes des tnmulus de Santa-Fé, etc. Ses trois dimensions égalent 179 , 1 38 et 1 87 millimètres, et les indices correspondants ' P. D. Durai! , fhstorin de tas Indias de la Nueva Es- pnîia y Islas de Tierra firme, ëd. ciL, t. t, p. i 3 . — Cf. II. H. Bancroft, The native Races of the Pacific Siales of North America, vol. V, |). 807. — Le mot Tiaxcultèque se- rait (l’origine nalmalt, suivant le Codex Barnirez : rtquiere deeir ta genle dcl pan, coniponese de Tlaxcalli que es pan. y desta particula lecall-n (p. 19). Les Tecbichimecas , les Chiehimèques de pierre (Orozeo y Berra , Geogrâfia, etc. p. 92), sont les fondateurs de la rëpnblique de Tlaxcala. Sahagun dit que ce nom , (jii’il (‘cril rr Teochichimeca , signifie entihremenl barhusn [irad. cil., p. O60). — Cf H. IL Bancroft, op. cil., t. V, p. 387. /187. ^ Ixtlilxochitl, Histoire des CJiichiinè'jties , Irad. cit., t. II, p. 129 . '' Orozeo y Berra, Geogn'fia, p. 988, U8 ZOOLOGIE DU MEXIQUE. se chiffrent par les nombres 77-09, 76.58, 99.97. Tous ses diamètres crâniens sont un peu amoindris, toutes ses courbes sont diminuées. Son indice facial et son indice orbitaire se placent entre ceux des Cbicbimèques anciens et du Chicbimcque moderne; mais son indice nasal, par suite d’un pincement notable de l’orifice pyriforme, est un peu inférieur à celui des quatre sujets auxquels nous le comparons. C’est la seule parti- cularité un peu appréciable que nous ayons à relever dans la morphologie faciale, le sujet exagérant encore le prognathisme des Cbicbimèques caractérisé à la fois par l étroi- tesse et parla saillie tout exceptionnelle de l’arcade alvéolaire. La projection faciale est de 87 millimètres, c’est-à-dire quelle dépasse celle des Namaquois, qui sont les sau- vages les plus prognathes que Ton ait jusqu’à présent mesurés'. L’angle facial sous- nasal est de 65 degrés, l’alvéolaire descend à 57, et le dentaire, qui faisait défaut sia- les crânes de Cbicbimèques, s abaisse a 5 b degres. Le crâne de femme tlaxcaltèque émigrée (coll. Dornenecb, n” 1 à, cat. Mus. , n" àqàd) est encore un peu plus dolichocéphale que celui de l’homme (pi. XXI, fig. 6); mais en même temps qu’il est proportionnellement plus allongé, il abaisse son diamètre vertical au cbilfre obtenu par les crânes féminins de la Sierra Corda. Ses diamètres étant respectivement de 17/1, 188 et 126 millimètres, ses indices sont représentés par 76.48, 72.41 et 94.78. Des diverses mesures faciales, l’indice orbitaire seul ofl're quelque écart; il descend en effet 5871/2. Tlaxcaltèques émigrés et Cbicbimèques de la Sierra Corda se ressemblent fort, on le voit, dans leur ossature céphalique, et si les pièces, malbeureusement beaucoup trop rares, sur lesquelles nous opérons, reproduisent exactement les traits des populations modernes au sein desquelles elles ont été recueillies, la similitude ainsi établie entie elles sera intéressante à invoquer à l’appui des origines communes assignées aux deux populations par les historiens mentionnes précédemment. Ce que l’on vient de lire justifiera, en outre, le jugement que nous avons porté plus haut^ sur les idées de M. fabbé Fischer en matière de craniologie cbichimèque. Cf. Crania etimica, )). 898. Voir p. 128. 4 é 4 ♦ * 4 ii 4 1 » EXPtDITIOiV SCEENTIFIQÜE ZOOLOGIE. ANTHROPOLOGIE. l" PARTIE. PLANCHE X. Fig. 1 . . . Fig. 2 . . . Fig. 3 . . . Fig. h. . . Fig. 5 . . . Fig. 6 . . . Fig. 7 . . . Fig. 8 . . . Crâne de Totonaque moderne, très légèrement déformé (colJ. Lucien Hiart, cat. Muséum, n“ 3ooi), vu do profil, demi-grandeur. Le même crâne, vu de face, demi-grandeur. Le même crâne, vu par derrière, quart de grandeur. Le même crâne, vu par-dessous, demi-grandeur. Le même crâne, vu par-dessus, quart de grandeur. Crâne de Totonaque du Cerro Montoso, près de Jalapa, vu de profil, quart de gran- deur. Autre crâne de même provenance, vu de profil, quart de grandeur (d’après M. H. Strebel), Le même crâne, vu de face, quart de grandeur (d’après M. H. Strebel). /"/. jForrncLn/ rlfU^ -fr. Pans. r f > /{/!//>ropoAjijie, da^- A/ear-^pu-e^- . ) •V f I I ZOOLOGIE. EXPÉDITION SCIENTIFIQUE DU MEXIQIE. ANTHROPOLOGIE. i' PARTIE. PLANCHE XL ‘ Crâne masculin, artificiellement déformé, provenant de la nécropole de Durango (coll. Domenech, n" ii, cat. Muséum, n° 49^0)1 vu de profil, demi-grandeur. Pig- 2 Le même crâne, vu de face, demi-grandeur. Pjg- 3 Le même crâne, vu par derrière, quart de grandeur. Fig- ^ Le même crâne, vu par-dessous, demi-grandeur. Fig- 5 Le même crâne, vu par-dessus, quart de grandeur. Fig- fi (jrane masculin, artiflciellement déformé, provenant de la même nécropole (coll. Domenech, n° i 3 , cat. Muséum, n° 49/12), vu par-dessus, quart de grandeur. Fig- 7 Crâne féminin, artificiellement déformé, provenant de la même nécropole (coll. Do- menech, n" 34 , cat. Muséum, n° 4963), vu [lar-dessus, quart de grandeur. Fig- 8 Crâne masculin, artificiellement déformé, provenant d’une ancienne tombe de file de Sacrificios, près de Vera-Cruz (coll. Fuzier, n° 5 , cat. Muséum, n” 9861 ), vu par-dessus, quart de grandeur. 1^- Parue.. PI.. //. 1 y ’lC&wBHBW 7 !l -f' 'liBi_^ii Hk^ .h~..- Exp&d sàenU/dxfue. du. Mexi/jiue.. â H . Formojit ciel. /rri^^ ^h. fii/'tA. /Int.h ro-/CioLogùe- du. Ade^ault^uer . ■H' ■ - i-' . vf- WV' ■:.^: Tf 'x .’ "•^ . - ’* ■ ,^ • J ’r î i 9 EXPÉDITION SCIEXTIFIQUE ZOOLOGIE. DU ME5IQIE. ANTHROPOLOGIE. P,\P.TIE. PLANCHE XIX. Fig. 1 Crâne masculin, provenant de la nécropole tépanèque d’Azcapotzalco (coll. Üoine- nech, n° 2 - 2 , cat. Muséum, n° vu de profil, demi-grandeur. Fig. 2 Le même crâne, vu de face, demi-grandeur. Fig. 3 Le même crâne, vu par derrière, quart de grandeur. Fig. k Le même crâne, vu par-dessous, demi-grandeur. Fig. 5 Le même crâne, vu par-dessus, quart de grandeur. Fig. 6 Crâne masculin, provenant de la même nécropole (coll. Domenech, n“ i5, cat. .Muséum, n° âg/iâ), vu par-dessus, quart de grandeur. Fig. 7 Autre crâne masculin, de la même nécropole (coll. Domenech, n° i g, cat. Muséum, n“ 4g48), vu par-dessus, quart de grandeur. Fig. 8 Crâne féminin, de la même nécropole (coll. Domenech, n“ 2.5 , cat. Mus., n°495A), vu par-dessus, quart de grandeur. /tudze-, PL. /â EapécL saent^LC^Tie^ diz Meocic^u AnLprapa^P^Le-^ du- Afeo:iŸ^^ ¥ 1 i i EXPÉDITION SCIENTIFIQUE ZOOLOGIE. ANTHROPOLOGIE. l” PARTIE. PLANCHE XXL Fig- 1 Crâne masculin de Tlaxcaltèque émigré, provenant de San-Miguei-Mezquitic, État de San-Luis-Potosi (coll. Domenech, n" i 6 , cat. Muséum, n° àgâ 5 ), vu de profil, demi-grandeur. Fig. 2 Le même crâne, vu de face, demi-grandeur. Fig. 3 Le même crâne, vu par derrière, quart de grandeur. Fig. 4 Le même crâne, vu par-dessous, demi-grandeur. Fig. 5 Le même crâne, vu par-dessus, quart de grandeur. Fig. fi Crâne féminin de même provenance (coll. Domenech , n° 1 4 , cat. Muséum , n° 4943), vu par-dessus, quart de grandeur. Fig. 7 Crâne féminin de Chichimèque de San-Luiz-de-la-Paz, département de San-Miguel- Allende, État de Guanajualo (coll. Domenech, n° 18, cat. Muséum, n° ûgàj), vu par-dessus, quart de grandeur. fig- ^ Crâne masculin de Guaymas, Étal de Sonora (voyage de la Danaïde, coll. Jaurès et Liotaud, n° 5 , cat. Muséum, n° 1226), vu par-dessus, quart de grandeur. £xféd scientijl(jii£, diiMexMfU£- y Partie. . PI . 91 . AritÂ-ropolü^P c/iz-' Afe- ’-^xxÿ' ue- \ i P PREMIÈRE PARTIE. Texte : 3“ LIVRAISON. Feuilles 13 à 19. — Planches X, XI, XIX, XXI.